NS à SS à NS NS Ÿ RS NS MES SÈ VU UV Vuy ALES VE à De: AU MM UE Ur 4 HV UEU UE © MM JAOPPNERE SE DUOU VU EU ou PUF UE DRE V, SAT AAA VIE È À YUVUUVU Cros V ; VEV JUN ANUS ANAYE AY ù Fe MP | mag au SAT Vi M (& (é JUS “ne VUL 5 © AVAST V PREMIERE y JEU CUS MAC ce oi US 1: KV AV] es VU AT ARTE SIT "VE ENV UVIVOEE JUS: ; Wa VE VUVUVE UE MY ÿ Yv # Ly AOL UHEU V2 Aro le ÜU Ÿ À: A NAT à je PYUOUYU UT EU V RENE Ubemee EEUT ER eu | A VAE LE a À W È S V PERLE te Ve, RO AU EN NOR ENG ELU MOD TE UN UT CU UE Eù CRÉLAAÈUE UN ou UML IS SUN TOUTE TV AUTRE EEE EEE UE CUT NE MTEUUTEUERE MU PONT SEEN CES EVE EENV UV EN PEVEUU UE UE VU \ œ \/V (@ 4 NOM LAINE | UV UE 1 / BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE . Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2 ( E 4 : La A # = —= » k ME En so È SU; 4 d ANS - Fr £ s % j LA Cal > o " ; E | ! “3 (4 — Ç n e gs = | é y d Q ” A Th y ï n # ù CU “ . : . { À y : k Li : n] 4, F BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 40 février 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 26 FÉVRIER 18559 A SÉRIE = TOMENTS TRENTE ET UNIÈME ANNÉE do EE 4 PARIS S AU SIDCEUDE LA MS OCRUPÉ HÔTEL LAURAGUAIS, RUE DE LILLE, 19 1884 D soir Ca C2 san | HODLIEU Roues roruoo ] LE SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1884 Conseil. — Délégués. — Gommissions. — Bureaux des Sections. CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1884 BUREAU Président. MM. H. BOULEY (C. %), Membre de l’Institut (Académie des sciences) et de l’Académie de médecine, professeur au Muséum d’his- toire naturelle, inspecteur général des Écoles vétérinaires. Vice-présidents. MM. Ernest COSSON (0. #), membre de l’Institut (Académie dessciences), ancien conseiller général, membre du conseil d'administration de la Société botanique de France. Le comte d'ÉPRÉMESNIL (#), propriétaire. De QUATREFAGES (C. #), membre de l'Institut (Académie des sciences), professeur au Muséum d’histoire naturelle. Le marquis de SINÉTY, propriétaire. Secrétaire général. M. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE (2%), durecteur du Jardin zoologique d’Acclimatation du Bois de Boulogne. Secrétaires. MM_ E. DUPIN (%), Secrétaire pour l'intérieur, ancien inspecteur des chemins de fer. Maurice GIRARD, Secrétaire du Conseil, docteur ès sciences. C. RAVERET-WATTEL (%), Secretaire des séances, sous-chef de bureau au ministère de la guerre. P.-L.-H. FLURY-HÉPRARD (%), Secrétaire pour l'étranger, banquier du corps diplomatique. VI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Trésorier. M. Saint-Yves MÉNARD, sous-directeur du Jardin zoologique d’Accli- matation du Bois de Boulogne, professeur à l’École centrale des arts et manufactures. Archiviste-bibliothécaire. M. Amédée BERTHOULE, avocat, docteur en droit. MEMBRES DU CONSEIL MM. Camille DARESTE, docteur ès sciences et en médecine, directeur du laboratoire de tératologie à l’École pratique des hautes études. Alfr. GRANDIDIER (%), voyageur naturaliste. Henri LABARRAQUE (#%), docteur en médecine, propriétaire. Edouard MENE (#), docteur en médecine, médecin de la maison de santé de Saint-Jean-de-lieu. A. MILNE EDWARDS (#), membre de l’Institut (Académie des sciences), professeur au Muséum d'histoire naturelle. Aug. PAILLIEUX, propriétaire. P.-A. PICHOT, directeur de la Revue britannique. Edgar ROGER, conseiller référendaire à la Cour des comptes. Le marquis de SELVE (%#), propriétaire. Léon VAILLANT (%), professeur au Muséum d'histoire naturelle. Henry de VILMORIN (#), ancien membre du tribunal de commerce de la Seine. N*'# Vice-présidents honoraires. M. RICHARD (du Cantal), ancien représentant du peuple, propriétaire. Membres honoraires du Conseil. MM. Fréd. JACQUEMART (%#), manufacturier, membre de la Société nationale d'agriculture de France. DE RUFZ pe LAVISON (0. #), membre de l’Académie de méde- cine. Agent general. M. jules GRISARD (& A.), gérant des publications de la Société. ORGANISATION. VII DÉLÉGUÉS DU CONSEIL EN FRANCE Boulogne-s.-M ,MM.CARMIER-ADAM. Poitiers, MM. MALAPERT père. Douai, L. MAURICE. | Saint-Quentin, THEILLIER - DES- La Roche-sur-Yon, D. GOURDIN. JARDINS. DÉLÉGUÉS DU CONSEIL A L'ÉTRANGER Cernay (sac), MM. A. ZURCHER. Québec, MM. Henry Jocy DE Lort- Mexico, CHASSIN. BINIÈRE. Milan, Ch. BRoT. Rio-Janeiro, DE CAPANEMA. Odessa, P. DE BOURAKOFF. Téhéran, THOLOZAN. Pesth (Hongrie), Ladislas pe WaGner. | Wesserling, GROS-HARTMANN. COMMISSION DE PUBLICATION MM. le PrÉsipENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, Membres de droit. D' E. Cosson, Vice-Président. E. DuriN, Secrétaire pour l’intérieur. Maurice GirarD, Secrétaire du Conseil. RaverEeT-WATTEL, Secrétaire des séances. FLury-HéraRD, Secrétaire pour l'étranger. Saint-Yves MÉNARD, Trésorier. Docteur Ed. MÈNE, Membre du Conseil. COMMISSION DES CHEPTELS MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, membres de droù. Membres pris dans le Conseil. Membres pris dans la Societe. MM. Amédée BERTHOULE. MM. DE BARRAU DE MURATEL Maurice GIRARD. Xav. DYBOWSKI. Saint-Yves MÉNARD. Jules FALLOU. Docteur Ep. MÈNE. | Jules GAUTIER. A. PAILLIEUX. | HATJOnY: COMMISSION DES FINANCES MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, Membres de droil. MM. Amédée BERTHOULE. MM. Eug. Dupin. FLeury-HÉBRAR?. Saint-Yves MÉNARD. VIN] SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. COMMISSION MÉDICALE MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, membres de droit. MM. E. Harpy. E. DEcRoIx. MARAIS. MM. Édouard MÈNr. Saint-Yves MÉNARD. Léon VAILLANT. COMMISSION PERMANENTE DES RÉCOMPENSES MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, Membres de droit. Déléques du Conseil. Amédée BERTHOULE. Maurice GIRARD. MM. MM. A. PAÏILLIEUX. RAVERET-WATTEL. Delèqués des sections. Première section. Deuxième section. Troisième section. Quatrième section. — Zns:ctes. Cinquième section. — Végétaux. Oiseaux. — Mammiferes. Poissons, etc. — MM. Saint-Yves MÉNARD. G. MATHIAS. Amédée BERTHOULE. == Jules FALLOU. Docteur E. MÈNE. BUREAUX DES SECTIONS 4° Section. — Mammifères. MM. Geoffroy St-Hilaire, d. du Cons. E. Decroix, président. Saint- Yves Ménard, vice-président. Gautier, secrétaire. Xav. Dybowski, vice-secrétaire. 2° Section. — Oiseaux. MM. Edgar Roger, del. du Conseil. Baron d’Avène, président. N. Masson, vice-président. E. Joly, secrétaire. Vicomte d’Esterno, vice-secrétaire. 3° Section. — Poissons, etc MM. L. Vaillant, délégué du Conseil et president. DeBarrau de Muratel,vice-président. Léon Vidal, secrétaire. Marquis de Ginestous, vèce-secret. 4° Section. — Insectes. MM. Maurice Girard, deléqué du Con- seil et president. Jules Fallou, vice-président. N**, secrétaire. Xav. Dybowski, vice-secrétaire. 5° Section. — Végétaux. MM. Henri de Vilmorin, délégué du Conseul et président. Paillieux, vice-président. Jules Grisard, secrétaire. Jean Dybowski, vice-secrétaire. LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DE LA Société nationale d’Acclimatation de AU 3 MAI 1884 MEMBRES PROTECTEURS EUROPE Belgique S. M. Léorozp II, Ror DES BELGES. Espagne S. M. ALPHONSE XII, Ror D'ESPAGNE. Grande-Hretagne S, À. R. lo PRINCE DE GALLES, à Londres. Grèce S. M. GEorGes l‘* Ror pes HELLÈNES. Xtalie France S. À. R. le PRINCE EUGÈNE DE SAVOIE-CARIGNAN, [membre à vie]. S. A. S. le PRINCE DE MonNACo, [membre & vie]. Pays-Bas S, M. GuiLLAUME III, Ror pes Pays-Bas. Portugal S. M. Don Luis I, Ror DE PorTuaaz. Foumanio S. M. le Ror CHarLes I pe ROUMANIE, [membre à vie], à Bucarest. b. ASIE Cambodge S. M. SonpacH-PRÉA-NORÔDON-PREN-CHAN-CRUNG-CAMPUcHEA, [membre à vie), Roi du Cambodge, à Phnom-Perh. Indes-Orientales S. À. Daru TummonGconG, Maharajah de Johore et ses dépendances, à Singapore. S. À. TUANVIN wAN ABOOBAKAR, Bin DATU TUMMONGGONG, DAING IBRAHIM. SRI MAHARAJAH, à Singapore. S. A. TUANVIN WAN ABDULRAHMAN, , BIN DATU TummonGGconG, BaAING IBRAHIM SRI MAHARAJAH, à Singapore. Perse S. M. Nasser-Ep-DiN, SCHAH DE PERSE. Siam S. M. PHrA BAT SoMDETcH PHRA: PARAMENDR MAHA CHULALONGKORN, Roi de Siam. AFRIQUE Égypte S. À. IsmaiL-PAcHA, [membre à vie], ancien khédive, à Naples (Italie). États barbaresques S. À. MOHAMMED ES SADOK, Bey DE Tunis. Zanzibar S. À. SEiYD BARGHACH IBN Saïip, sultan de Zanzibar. AMÉRIQUE Brésil S, M. Dom Pepro II, EMPEREUR DU BRÉSIL. LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DE LA Société Nationale d’Acclimatation de France MM. Abaquesné de Parfowæu (Gaston), propriétaire, au château derSeLieny, °DATROOUTANCES Re RARE ÉCUENEEN Abaye (Léon), au château du Tremblay, par Montreuil-Largillé. . Abbadie (Antoine d’), membre de l'Institut, à Urugne, près Béhobie tetrue du Bac le0R Me ARNO NSRURE CON AE RIRE About (EGmoud), homme de lettres, rue de Douai, 6 ............ Abraham-Pacha (S. Exc. A. K.), [Membre à vie], à Beicos, présiConstantanople EME NERPIRONER TEEN EDS ot à Abrantés (le duc d’), au château de Bailleul, par Gorran......... Abzae (le général marquis €’), [Membre à vie], rue Beile- CASSEL AA ET ULA AMAR PRES AU RS AS A A ES OR NE Aeloque (André), rue de Lisbonne, 53............,............. Adam (Alexandre), ancien président du Conseil général du Pas-de- Calais, rue Victor-Hugo, 18, à Boulogne-sur-Mer............... CCC CE CC CE CE] CC CT CC CE Adam fils (Achille) banquier, rue Victor Hugo, 6, à Boulogne- CU ERA RENE GR AN DIE ADI AE NA AN EN Adhémar de Case-Vieille (le vicomte d'), à Saint-Maurice, DA VIE ZÉTONDES MS de PRIE SONNERIE TENTE Aguado (le vicomte), place Vendôme, 10.................,..... Aguirre-Miramon (Severo de), [membre à vie|, ingénieur, à Saint-Sébastien. 4: 0eme Ur ant RATER ORNE Aguirre-Momtufar (Juan), [membre à vie], à Quito........... Aguirre-Montufar (Carlos), [membre à vel, à Quito......... Albuquerque (Frédérico', [imnembre à viel, propriétaire, rua dofBraz LOOMaNS AO Paulo AA OR ee et ù ns Alexis, 63, avenue de Neuilly, à Neuilly Allain (Gaston), rue Godot de Mauroy, 12..........::.......,.., Allaire (Emile), ancien notaire, 3, rue Jacques-Dulud, à Neuilly... Allard (Jules), président de la chambre syndicale des ébénistes, TUCI Le LORS ACDC EEE ONE En RARE CERN Allemagne (d'), rue des Mathurins, 30........, ....... SSD bn be Manche. Eure. P. Basses-Pyré nées. P. TurqQuis. Mayenne. P. P: Pas-de-Calais. Pas-de-Calais. PA Pas-de-Calais. Gard. pe ESPAGNE. EQUATEUR. EQUATEUR. BRÉSIL. Seine. 1 Seine. P, » XII Allen (le vicomte Alfred de Villar d'), propriétaire, à Porto....... Alligné (Ch.), propriétaire, à Vix.......... Pied aebe Amaral (le docteur Antonio Joaquim Gomez do), [inembre à vie], chirurgien-major, à Santarem AMAEONE). 1. 0 Ameuil (Pierre), négociant, 22, cours de l'Intendance, à Bordeaux. Anatolie, rue des Mathurins, 51......... Andelle (Georges), directeur des Verreries d'Epinac........... Andigné (le général marquis d') ancien pair de France, sénateur, au château de Monet, par Beaufort-en-Vallée, et rue de Lille, 77... Andigné (le comte Amédée d'), propriétaire, rue de la Chaise, 3.. André (Adrien), référendaire au sceau de France, rue Montaigne, 9. André (Edouard), [membre à vie], architecte-paysagiste, rédacteur en chef de la Revue horticole, et rue Chaptal, 30............... André (Edouard), [membre à vie], ancien député, propriétaire au château de Rentilly, par Lagny, et boulevard Haussmann, 158. André (Jean-Baptiste-Auguste), propriétaire, rue de la Pépinière, 21. André (le baron d'), rue de Marignan, 14....................... Aninat (Antoine), négociant, 10, boulevard de Courcelles........ Aranda, comte d'Humanes, 2, rue Aumont-Thiéville.......... Archiac (le comte d'), au château de Villiers-Saint-Paul, par Creil MODITONDIOIOOIIOENTNOIE Arcos (Santiago), [inembre à vie], rue Nitot, 14................ Armand [mnembre à& vie|,directeur de l'administration péniten- ie claire Cayenne rer." Sao doc doRbDosnoceboncoudube Armand(le comte Ernest), ministre plénipotentiaire, au château d'Arcis-sur-Aube et rue Fortin, l.... Armet de Lisle, industriel, à Nogent-sur-Marne .............. Armieux (Barthélemy), [membre à vie], ingénieur, avenue d'An- (HMS ete ÉD Se UE DE Arnaud-Bey (d'), !imembre à vie|, colonel du génie, ancien ingé- nieur en chef des travaux maritimes et du barrage du Nil, à Chatou. Arnault (Louis), conseiller maitre honoraire à la Cour des Comptes, rue du Refuge, 14, à Versailles, etrue Fontaine, 38 bis. Aron (Eugène), boulevard Magenta, 84................... Aron (Henri), rue de Grammont, 14............ Aron (Jules-Lazare), négociant, rue Lafayette, 90................ Aronssohn (le docteur Paul), boulevard Haussmann, 130....... Aronssohn (Léon), à Lagny-le-Sec ........ ès Arosa (Gustave), [membre à vie], rue Prony, 5....... Artin-Bey (Joseph), [membre à vie]............................ nn CCC EEE ss... nn Assézat de Boutèyre (Louis-Roger), propriétaire, ancien sous- préfet, aux Munots, par La Charité-sur-Loire...... rss nn à vie], au chà- ss... ss... . ss... Auberjonois (Gustave), propriétaire, à Lausanne, canton de Vaud. Aubet (Mathieu), propriétaire, à Mounet, Eauze.. CR Aubigny (le baron Arthur d'), rue Barbet-de-Jouy, 17. Ruabry (Thomas), place Nationale, à Courbevoie....... Aubusson (Louis Magaud d'), au château de Paulagnat, par Rochefort-Montagne, et rue de Maubeuge, 55 ..…. ÿ ss. ss... ss Audap (Alfred), propriétaire, à la Terre de la Boulaie, commune de Haute-Goulaire..... * Aude (Sextius), [membre àvie]|, trésorier payeur général, à Ajaccio. Audeville (André d'), au château d'Andecy, par Baye PorTuGAL. Vendée. BRÉSIL. Gironde. P> Saône-et-Loire. P. Maine-et-Loire, . Indre-et-Loire. P. Seine-et-Oisa. Guyane. P. Aube. Seine. Pz Seine-et-Oise. P. Seine-et-Oise. Nièvre. Pay-de-Dôme. Lot-et-Garonne. SUISSE. Gers. Dordogne. Ex Seine. P. Puy-de-Dôme. Loire-Inférieure. Corse. Marne, Audiffred (Francois-Joseph), [neñbre à vie], avocat, ancien Juge au Tribunal de commerce de la Seine, boulevard des Capucines, 8 Augy (Guillaume d'), rue de l’Arquebuse, 45, à Chälons-sur-Marne. Aumale (le duc d'), [iembre à vie], membre de l'académie fran- caïise, au château de Chanülly.......... D A EE 1 NES AI ÆAummomt (Paul), propriétaire, avenue de Mines CEE do bo e Auréliano, directeur de l'Ecole centrale d'agriculture de Rou- manmematburares tement PE LA a le LL ; Auvrecher d'Angerville (le marquis Noé d'), Ne a vie], propriétaire, au château de Martinville, par Ussy. Hobbnbon 0e ë Auzoux {le docteur Hector), Bar & vie], à Saint-Aubin- d'Ecrosville, par le ee SON aUé Éd tr An re bd be bb ob Avène (le baron Gustave d'), propriétaire, au château de Brinche, par Trilport, et rue Troncon du Coudray, 5......,.............. Avemiez (Jules), à la Chesnaye en Basse-Goulaine, par Vertoux. Avit (Octave), médecin-vétérinaire, à Ecouen.................... Ayen (le duc d), propriétaire, au château de Champlatreux, par Mareil-en-France, et boulevard Latour-Maubourg, 60........... Aymé (Léo), substitut du Procureur général, à Poitiers....... Ce Babault de Lépine, à Douvy, par Brézé...................... Babert de dujillé (E.), propriétaire, à Montmorillon......... DE Bachelez (E. Victor), propriétaire, rue du Marché, 34, à Neuilly. Bachelier (Paul), rue des Mathurins, 64.:.....,......... OU 6 Baequias (le docteur Eugène), à Troyes............ QE D EPA Baillargeau (Léopold), PRRIARe, à Pontoise, et°rue Saint- acte te0e PETER RC DE AE RD EN OI De SE CM EIRE I DD AS Baïillarger (le docteur), médecin des hôpitaux, membre de l'Aca- démie de médecine, rue de l'Université, 8............. CPE EEE Baillet (Victor) Mruerae Laborde, 40 Mi MEN ONE et Baïilleé (Henri de), propriétaire, à Sireyg nn par M en db È Baïlly (Louis-Joseph), chef d'escadron en te rue Charles- Bartitie, TNA INentllye eee NN RE AeNENtrS JbOHbo UT Ob Abe Bailly (Joseph), avenue de Neuilly 85, à Nous bretonne Bain, pharmacien, rue de Londres, 15..... AE Le AE Le PEU Baird (le professeur Soencer F.), [inembre honoraire], secrétaire de l'Instituiion Smitbsonienne, commissaire général des on ries des Etats-Unis à Washington ................ Are AA EN Balearee (Mariano), envoyé extraordinaire et ministre en ce tiaire de la République Âvrentine, ruelde Berlin, 5... do ue Balmes [membre à vie], notaire, à Ginestas....... Re Balorre (le vicomte de), [membrea vie]...... 2 Ba 3 D ba di Da Dur Di Baloy (René de), Ru bre & vie], ministre plénipotentiaire de France NA MLehérAn, AU MIRE RANCE MUR a a D Balsan (Auguste), ancien député, A au château du Parc à Chateatroux etivueiden la Baume See PEN), Balsam (Charles), manufacturier,au château du Del à Chateauroux Baltet (Charles), horticulteur-pépiniériste, faubourg Croncels, 14, ANETOMNES EE CE CT MATE EEE ER RER LAN Dose Bamberger (Auguste), rond-point des Champs-Élysées, lee Bapterosses (Félix), manufacturier, ancien membre du Conseil général du département du Loiret, à Briare.......... spa Baraudiaram (G. de), [inembre à vie], ancien ministre du Mexique, amMerey ec tue ccbb on opt DR OUS dododobon to be Barba (Rafaël) [membre à vie], à Quito........,......... DCE Barbeau (Louis-Adrie»}, Avenue Wagram, 145....,.......... DE Barbey (A), de New-York, boulevard Malesherbes, 170..,.,..... XII P2 Marne, Oise. BP: ROUMANIE. Calvados. Eure. P. Seine-et-Marne. Loire-Inférieure. Seine-et-Oise. P. Seine-et-Oise. Vienne. Maine-et-Loire. Vienne. Seine. JP Aube. P. Seine-et-Oise. ne R: Dordogne. Seine. Seine. PE ETarTs-Unis. Be Aude. PA PERrsE. P. Indre. Indre. Aube. 1822 Loiret. SUISSE. EQUATEUR P 10 XIV Barbey (Théodore), [membre a vie], armaieur, au château de Saulcy, par Saint-Dié, et rue Auber, 7.................... ste ER; Barbier (Maxime), ancien magistrat, avenue de Paris, 25, à Ver- norte sas a dde OR abumnedencoe daét este uni Seine-et-Oise, Barbieux (Jules), receveur des hospices, à Abbeville" EHAreees Somme. Barboza du Bocage, professeur à l'Ecole polytechnique et di- recteur du Muséum d'histoire naturelle, à Lisbonne ........,... PorTUGAL. Baré (le docteur Em.), à NOR er 2e ve = out eee CC ie ET eee Loire-Inférieure. Barenton (de), place du Palais-Bourbon, 9.................... MIE Baril (l'abbé), curé, à Avernes-sous-Exmes.................... .. Orne. Barillet (F.), architecte-paysagiste, avenue du Perreux, 9, à ! Nogent-sur-Marne............................................. Seine, Barnsby (Robert-David), directeur du Jardin des plantes, profes- seur suppléant à l'Ecole de médecine, pharmacien en chef de l'hospice général, à Tours..................................... Indre-et-Loire. Baron (Gustave), propriétaire, avocat, rue de Rennes, AD: ae P? Baron (Raoul), professeur de zootechnie à l'école vétérinaire { d'Alfort, Villa des Fleurs, 3, à Charenton :.................... Seine. Baron (Edgar), propriétaire, à Fontenay-le-Comte............... Vendée. Barrachin, [membre à vie], rue Saint-Florentin, 4............. P: Barrat (Maurice), avenue Frizac, 14, à Toulouse................. Haute-Garonne. Barratt (le Rév. A. À ), Glenwood Thames, Ditton, Surrey ..... ANGLETERRE. Barrau de Muratel (Maurice de), [membre à vie], membre du conseil général du Tarn, propriétaire à Montagnet, par Ssrèze, et rue de Varenne O1 sm AL RS RE INTER Eee ME Tarn: Barre de Nanteuil (le baron de la), à la Berthelière, près Loches Indre-et-Loire. Barros (Francisco Aguiar de), [membre à vie], à Sâo Paulo.... BRésir. Barthélemy (le marquis de), ancien préfet, propriétaire, à Au- bagne; et rue Cambacéres, A15-0P 20e eee CREER ER ENT P. Bouches-du-Rhône Bary (Francçois-Eléonore), notaire, à Boulogne-sur-Mer.......... Pas-de-Calais. Bass (W. J, M. de), notaire, à La Haye........................ Pays-Bas. Basset (le docteur), boulevard du Temple, 12.................. F: Bassy (Salvador), [membre à vie], directeur des télégraphes, à Cordoue rer ARTE te an om nn SC EL TEE ESPAGNE. Bastard (le baron de), au château de Saint-Denis, par Layrac.. Lot-et-Garonne. Bastide (Scévola), au château d'Agnac, par Fabrègue........... Hérault. Baudoin (Henry) true Royale SNA RENTE ANNEE PRE ES E° Baudon (Adolphe), propriétaire, place du Palais-Bourbon, 6.... P. Baudouin (Alexandre), propriétaire, place de la Madeleine, 9... P. Bauduy (Henri-Eugène de), propriétaire, boulevard Malesher- bes 50e ee DT PR net Le LS OR IN ONS IR? Baume-Pluvinel (le marquis de la), à Marcoussis et rue de Goureelles 0 mm dante nie sels (ele ele alete ele es EIRE P. Seine-et-Oise. Baye (le baron J. de), au château de Baye, à Baye et avenue de la Grand-Arménio8}. . sas dass ne HR ECERE P. Marne. Baye (le baron Christian de), [membre à vie], au château de RAY SR MDAYE SE. cree ne ae cote nn a re Ne E AN CR LUE Marne. Baylen (de), [membre fondateur], ancien chef de la division des haras au ministère de l'agriculture, rue de Vienne, 2..... “be BP: Béarn (le prince de) Henri-Gaston de Galard de Brassac Prince de Viana, |nembre à vie], rue Saint-Dominique, 39.. ph Beauchaince (Gustave) à Chatellerault.......................... Vienne. Beauchamp (Louis de) avenue Friedland, letusine de Lhommaizé. P. Vienne. Beaufour (Charles), rue La Boëtie, 8.......................... EX Beaumont (comte de), rue Washington, 20...,.............,.. IT Beaumont (le marquis de), rue de Laborde, 11................. PE Beaumont (le vicomte F. de), [membre à vie], rue Galilée, 56.. Beaumont (Henri de), rue de la Faisanderie, 3 ter......... Do 8 Beaupréau (le comte de), au château de la Rive-du-Bois, par Neuville-aux-Bois, et 6, place de l'Opéra..................... ; Beaurecueil (le comte E. Philibert de), au château de Vernon, Beavrepaire-Rohan (le maréchal Henrique de), rue de la Praia, 39, à Nicterohy (Rio-Janeiro)....... Bob bou Job ae Topo 0bbe oo 0 Beauvoir (le marquis de), rue de la Baume, 3............. LA Bégin (Ch.), [membre à vie]. général de brigade d'infanterie de marine, hôtel du Danube, rue ”Richepanse. dites. SD CIS EN psne (le comte Octave de), [membre à Ho avenue Bos- HE obbponoobon co QUE EE LOEB 110 coiib C0 ee E soso Béhie (Armand), ancien ministre, En de la nent des Messageries maritimes, rue Volney, 6 Hot DATA TOO DU0 bre Bélizal (le vicomte Louis de), re au château des Granges, près Moncontour........ Sa db be Habbo Cove nos BA Bellanger (Charles), rue de la Victoire, 58..................... Bellecombe (André Fee homme de lettres, rue Jacques Dulud, ASMN GUYANE D NU DE Le En A DTA Pt POS A Bellecourt (Pierre de), rue Jde Miromesnil, 1. hote ob eoo Bellot (Emile), propriétaire, à Poitiers............... 0000 : Bellot de Busy (Adrien), popusres boulevard ‘de la A SL, Versus too doon eee a vtourobabanonue Belmontet GAL nn route ÉRRAIES 15, à Sainte CLOSE PR te ele ob ee bob oo opens osé oc Rene uitoux banal directeur du Jardin des plantes, à La RodnAlS soocc rech ose aa Don D bp ut don bob ae DR Re ce Rendedaky (pride Déméts ius), [nembre à vie], propriétaire, au château de Chambourg, à Longjumeau sBbbcoooebdoono save Beneck, propriétaire, au château de l'Abbaye, à Bièvre, et boule- vard St-Germain, 202........ A An a ee a au D STE PC ON PME NES Benedeétti (V.), ancien ambassadeur de Krance, boulevard AUS Sn anal AO TN AR ELES RARE SRE AT En RO Sn A EN Bemi-Barde (le docteur), avenue de Messine, 30................ Bemoit (Constant), avoué, avenue de l'Opéra, 4....... RAC AN HAE Benoit-Chamypy (Gabriel), propriétaire, au pavillon Thoureau, pariMontbard, et avenue, Nrel 28e MM EEMRRRRR EE AU oo e Bérard (Edouard), ancien sous-préfet, Rp boulevard Haussmann, 160...:...... PNA NP AA LG OL INDION HU ES Berchkeim (le g nt baron de), rue de Berri, 22........ eus e Berenger (le vicomte Marie-Camille-Frédéric-Ollivier de), [membre à vie|, rue Christine, 29, à Cherbourg........ dati nadia Berenger (0. Camille), à ie Ro a nan ee ia Sale CAS Berge fils (Réné), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 240........... Berlandier (P.-B.), négociant, à Barbentane................... Berly (de), référendaire au sceau de France, 26, rue Godot-de- Nauro eee Pate eee Obnb bee SOC Lolo à DOC DUO DOC Un de Bernard (Emile), négociant, Doulran Magenta 66.1. Bernard (Salomon), négociant, avenue de Neuilly, 31, à Neuilly. Bernard (Henri), industriel, à Ambert...............4.100:2. 0. Bernier (Emile), Re e a vie], juge d'instruction au tribunal de la Seine, boulevard Saint-Michel, 85............ Ode Lau D Bernon (le baron P. de), ancien maitre de requêtes au Conseil d'Etat, ancien membre du Conseil général de la Drôme, 3, rue des SAINTS PR ÈTES MMM En rie sH082 SR EME DE D EDP IAE ER Berset (de), rue Vignon, 26......:........ satooodobobaonovodou Berson (Eugène), propriétaire, à Meulan....................... XV Pi Ê: P. Loiret. Loir-et-Cher. BRÉSIL. P 1e 122 Ée Côtes-du-Nord. PA Seine. pe Vienne. Seine-et-Oise. Seine-et-Oise. Charente-Inférieure, Seine-et-Oise. P. Seine-et-Oise. P: EP: P. Côte-d'Or. Ê: E: Manche. Vienne. P2 Bouches-du-Rhône. P: B: Seine. Puy-de-Dôme. Fe Fe P} Seine-et-Oise. XVI Berthault, au chalet de Malgré-Tout, Pornichet, commune d'Es- PORDLAC RM Ce pbereeceueececer-crre PMP LU Berthéol (Marius-Gabriel), industriel, rue de Poitou, 7........ 5 Berthois (le baron Alphonse de), conseiller référendaire à la Cour des Comptes, rue Saint-Lazare, 87............................. Berthoule (Amédée), avocat, à Besse, et rue de SElDO TON ‘ Berton (Théodore), ingénieur, rue Saint-Martin, 30, à Versailles. Bertoni (Moïse), rédacteur de la Revue scientifique suisse, à Lottigna (Tessin)...... MST OC RDS Or 08 0 ec DOS DB D be Bertrand (Georges), propriétaire, boulevard des Sablons, 2, à Neuilly ERee-0e EC Pereee HQE Hé ot Ta do PAT 00 c Bertrand tien), propriétaire, à Boukandoura, commune de l'Arbah, près Alger.......... onde doc de a 0e C0 ta 100 Mano Bessette (le docteur Edmond), à Angoulème............ RSR A Béthune-Sully (le comte de), au château de Sully, à Sully...... Beurges (le comte de), propriétaire, boulevard Latour-Mau- obiis atbamoccoonoddoebnereoae Fo0doouop Savvbo ao ooove 5886000 Beurges (le comte Gaston de), propriétaire à Ville-sur- SA par Saudrup....... 04 AD eo ne ee uno Bboncdbonado ot 286 10000 Béville (le général baron de), ax chateau do vi ignoOrY, DE Champ cenestiebrue delPonthieu, otre crereecrree CCC EE Bezansen (Charles), [membre à vie], à Savigny............... Bezanson (Paul), à Breuches, près Luxeuil........ Sales nee Æ Bibesco (le prince Georges), aux soins de M. Berge, rue de la WLCLOIRE MODS RS en nn M A eee FOURS RE RER RUN Bichelberger (Paul), directeur de Ia EE de Claire-Fon- ATOM AMV EEARARNT da2er nA nan A RAR DA LEE Nr: Bicknell, [membre à vie], Onslow Gardens, 23, à Londres...... Biencourt (le marquis de), au château d'Azay-le-Rideau, et rue de Poitiers, 12........ LR RUE RTE RUE ROM RARE HR Bigeau (Edmond), [membre à vie], château de Boumois, com- mune de Saint-Martin-de-la-Place, par Les Rosiers............ Bignon (Louis), [membre à vie], RL à Theneuille, par Cérilly, et avenue “du Bois de Boulogne, 12.. Bigot, ancien vice-président de la Société FHOAORSnRe “e France, UCI AMOR ATEN RE dass s 0e ee ren delete 1e jets Billaud (le baron Frédéric), rue Notre-Dame FE RAA SÛLE Ballet ruo ROSSINL 20e -Lrene ceu te VE ARE TE spl Billitzer» (Joseph), rue Scribe, 11........... Foie Aou o donc ad Binder, membre du conseil municipal de Paris, avenue des Champs- E:ysées, 102... MAPS AUS ME UU OU e RAD EURE CN DIE Le Binet, professeur de RpNOAUAUES au collége Ghapla, rue Proxy, 40, ….. rt . . . . Blol!ay (Paul- Emile), pere à vie], conseiller référendaire, à la Cour des Com: a boulevard Malesherbes, 74............ Biré (le général de), rue de l'Université, 101.................... Blaauvw (Joseph-N.), à Ryswyk, près La Haye.................. Blacque (Alfred), [membre à vie], rue du Helder, 3............ Blain (Maurice), au château du Cyprès, à Saint-Rémy-en-P rovence er directeur de la Colonie agricole de Mettray, près SU ne Sort oO PAT On me 4 CU Blanchard (Charles), banquier, boulevard des Italiens, 4 Blanche (le docteur), rue des Fontis, 15.......... ; Blanchetaiïs (Ch. de la), à Cannes......... EDGE Blanchon (A.-iHenri), à Etoile Blandin (Ferdinand), ingénieur civil, manufacturier, à Nevers. Loire-Inferieure. P ID: P. Puy-de-Dôme. Seine-et-Oise. SUISSE. Seine, Algérie. Charente. Loiret p° Meuse. P. Seine-et-Marne. Haute-Marne. Haute-Saône. 182 Vosges. GRANDE-BRETAGNE. P. Indre-et-Loire, Maine-et-Loire. P. Allier. 192 P: 1 Pays-Bas. Pi Bouches-du-Rhône. Indre-et-Loire. Ê: pe. Alpes-Maritimes. Drôme. Nièvre XVII Blaseo (Antonio), professeur à l'école d'agriculture, Calle de los Moriscos, 6, à Cordoba (Cordoue)...........,.................. EsPpAanes. Blazy (Léon), négociant, rue Turbigo, 15.........,.... bo uen P. Blay (Léon), propriétaire, à Nallières, arrondissement de Fontenay- a Comte RE serment aies ete aies TNT ET C2 LR Vendée. Bleicher (A.), directeur du domaine de Oued-Bellah, à Cherchell. Algérie. Blinières (Célestin de), propriétaire, homme de lettres, rue de OnSCHAMIP SAS AAMN EU LIT PARRE NES EM PANNE PIE E NEC Seine. Bloch (Emile), rue du Nord, 30, à Neuilly................ CREER Seins. Bloch (Lucien), négociant, boulevard Malesherbes, 81........... PF: Bloch (Simon), rue Charles-Lafftte, 40, à Neuilly............... Seine. Bloeman (Henri), rue des Pyramides, 18....................... 12e Blet (Alexandre), rue Charles-Laffite, 62, à Neuilly............... Seine. Blot (Hippolyte), professeur agrégé à la Faculté de Paris, membre de l'Académie de médecine, avenue de Messine 24............. PA Bochet (L.-P.), boulevard Magenta, 5,........................, P: Bocauet (Jules), avocat, propriétaire, rue de l'Université, 3..... P: Bodinus (le docteur), directeur du Jardin zoologique de Berlin.. Prusse. Bœuf (P.-C.), pharmacien-chimiste, rue de Lourmel, 19......... D: Boigues (Emile), au château de Brain, à Decize, et rue des Hcuries-d'AntOiB A. A CM Ne Rent P. Nièvre. Boinvilliers, ancien sénateur, rue Caumartin, 3............... EX Boishébert (le marquis Jean de), [membre & vie], au château de é ; Sassetot, par Valmont-en-Caux, et rue du Bras-de-Fer, 7,à Rouen. Seine-Inférieure. Boissard (Yves), propriétaire, à Dijon........................, Côte-d'Or. Boiïssières (de), propriétaire, à Audenge....... DÉROULEMENT . Gironde. Boïttelle, [membre à vie], ancien sénateur, avenue de OPEN OL GOODIES OL T MALO UE SCENE OUENLE doovobe P. Bom-Retiro (le vicomte de), sénateur, à Rio-Janeiro ........... BRÉSIL. Bonamd (Adolphe de), à Zaouia Sidi Medjar, oued-el-Halleug (province d'Alper) nine Goo 04 0.00 0 D dAG à de LED 0 HA DCE Aigéris. Bonaparte (le prince Napoléon-Charles), à Rome .............. ITALIE. Bondy (le comte de), ancien pair de France, sénateur, rue;Mon- LATIN CLR TRUE ENNEMI IE A CANATIRES Ge AA À DIS 0H 0 De P° Bonnarie (Joseph). rue de Rome, 69..............,............ P° Bonmefons (Edouard). président du Tribunal civil, à Aurillac.... Cantal. Bonnmin, boulevard Malesherbes, 37........................,.... P: Bontoux (Nosky), directeur des mines de Pontgibaud, à Pontgi- LEE PRE © € à De MU A BA EE AO SU EEE CO CDR ER ARR EEE Puy-de-Dôme. Bony (le vicomte Gaston de), au château de Bujaleuf............. Haute-Vienne. Boppe-Hermite, propriétaire, à Nancy........................ Meurthe-et-Moselle. Borde (Paul de), à Saint-Bonnet-de-Joux...................... .. Saône-et-Loire. Bordé (Alphonse), à Saint-Gond, commune d'Oryes, par Baye....., Marne. Bordier (Frédéric), juge d'instruction, à Parthenay .........,... Deux-Sèvres. Bordier, (le docteur), avenue Marceau, 44...................... 18 Borelli (Georges), [membre & vie] au ehâteau de Vert-Pré, à Sainte-Marguerite, près Marseille et Cours Pierre Puget, 29, AMTATS ET LeS ASP DRM EE LA RO AR RIENEnn RE Bouches-du-Rhône. Horot (A%)\rue Spontini, is em Us see SAONE LE RENE p2 Borsella (Joseph), propriétaire, à Castropignano, Molise........ IraLte. Bose (le comte Charies), [membre à vie], propriétaire, président honoraire du Jardin zoologique de Franctort-sur-Mein, à Baden- Baden (grand-duché de Bade) DOTE THB Los bob RCE ele ÂLLEMAGNE Boscary (Isidore), notaire, à Saint-Côme-sur-le-Lol....,,...,... Aveyron XVII Bosg (G. P. R.), [membre à vie], rue de la Fontaine, 9, à Chä- tillon-sous-Bagneux ......... 20 EC PPCECRE TO DD D 20 AE Bosquette (Albert), propriétaire-gérant de l'Echo Vouzinois, à VAE Donchag ape ds sac DRE RSR AE TUE ee Bosquillon de Senlis (Ernest), [membre à vie], attaché d'am- bassade, Villa d'Oxelaëre, par Cassel ...... QE A ARTNRNS FE Bossot (Benoit), négociant, à Ciry-le-Noble........... M ÉRO EN Bossut-Plichon (J.), négociant, Grande-Rue, 3, à Roubaix...... Hetiey (Louis) 1210harroux,- ec LACET TOO Ne Bouchardat (le docteur), professeur à la Kaculté de médecine, rue du Cloître-Notre-Dame, 8 .............. D CT OC Re. Bouchaud de Bussy (le comte Louis de). au château de Curis, par Neuville-sur-Saône et quai de Tilsitt, 27, à Lyon....,...,.. Bouchereaux (Altred), fabricant d'appareils d'élevage, 30, rue du Pont, à Choisy-le-Ro1 CREER RES EEE Rte es Bouchez (Auguste), [membre à vie|, propriétaire, à Seurre..... Boudent de la Godelinmière (Auguste), au château de la Gode- linière, par Ia Haye-Pesnelf Rte ten attente sas Boudinhon (Adrien), [membre à vie|, ingénieur, à Saint-Cha- monts... TB TOO 100 IT OUUD Er ave er Dé noeMaDee Tan on code Te Bouet, (Hippolyte), au château de Pouy-Roquelaure, par Castera- Lectourois sise CEE RCE REE RCE SO ee Soc ; Bouexie de la Driannays (Lionel du), [membre à vie], rue Monceau, 29....... 5 AN CA AIME RAA ARE PP a A Bougarel (Julien), propriétaire, au château du Parc, rue du Cherche-Midi, a MoulEnS RER MERE PRE EE ere ee Re Bouguet (J ), negociant, à Huningue..... sA3baedacnéanacueadelonn Bouillod (Ernest), propriétaire, à Saint-Léger-sur-d'Heune...... Boulard (Gustave), Boulevard de la Madeleine, 17.......... ne Boulaye (Paul de la), ambassadeur de France, à Lisbonne... Bouley (Henri), membre de l'Institut et de l'Académie de médecine, professeur au Muséum d'histoire naturelle, inspecteur général des Ecoies vétérinaires, rue des Saints-Pères, 81....... Bouley (le docteur Paul), vétérinaire, rue des Saints-Pères, 61. Boullay-Lambert, négociant, boulevard Maillot, 40, à Neuilly. Bourakoff (Paul de), propriétaire-agriculteur, membre correspon- dant de l'Institut du ministère des domaines, délégué de la So- ciété nationale d'Acclimatation, rue de la Poste, 34, à Odessa.. Bourdais, curé de Beaumont-en-Véron, par Avoine ............. Bourdel (Antoine), avenue du Roule, 60, à Neuilly............. Ë Bourg (le comte Antonin du), au château de Prye, par Saint-Benin- d'Azy, et rue Pierre-Charron, 45.............. inner et ter Bourgain (Gabriel), avocat, boulevard Saint-Germain, 106...... Bourgarel (Adrien), [membre à vie], vice-consul d'Espagne, à HLOURDNE EE EPS 2600 b0 coco no 0 où dde et ds SAUCE Bourgaut (Henry), île de Puteaux........... nee Le ta veS cf 2 RUN Bourgoing (A.), au château de la Saussaye, par Marolles-en- HHMO TORRES eat Dmese me ee na EE ee HS 0 08 ae Boo Sdosade Bourjuge (A.), avocat, à ATTÉTSNNRIS Lae ele ee lee es ele lieiete sos Bourran (À. Léonce de), ancien receveur principal des douanes, 15/#ue Jpuis-Philippe/NeUIly.. 2028 ROME LE Boursier (Charles), aviculteur, à Houdan...... Hbc belote à Boussineau (Ollivier de), à Sucé, près Nantes........ Le. ANÉG I Bouts (Alfred), rue Saint-James, 8 bis, à Neuilly....... sa ORNE Bouvaïist (Alfred), rue de la Chaussée d'Antin, 43.......... Ua Bouvier (Aimé), [membre à vie], voyageur naturaliste, rue Tey- nière, 49,14 BOUM LILI ISSUE REC TS Le Seine. Ardennes. Nord. Saône-et-Loire. Nord. Vienne. P2 Rhône. Seine. Côte-d'Or, Manche. Loire. Gers. pe Allier. ALSACE. Saône-et-Loire PE PorTuGaAL. PA B2 Seine. RusSre. Indre-et-Loire. Seine, P. Nièvre. E: Var. Seine. Seine-et-Oise. Maine-et-Loire Seine. Seine-et-Oise. Loire-Inférieure. Seine. ie Bouvret (Euc.), chef du secrétariat dela compagnie des Chemins de fer du Midi, 11, passage Massena, à Neuilly................ Bouygues uso receveur de l'enregistrement, à Nonan- COUT 0e te Boyenval (L.), ancien conseiller général, propriétaire, au château DES de Bellecourt, par Châtillon-sur- -Loing, et avenue d'Antin, 25. Royer Vidal 2 Besse PE LC cc crc Ce CE ARTS Boyrom (le D' Georges), secrétaire du Conseil LAN de je Creuse, à Cha Mar. RTS ner En at late A Braconier (Ivan), rue Hasinelle, à Irc ASE ARE res ele Braine (Auguste), rene à vie], notaire, rue du Collège, à DAS NT ENS ee CIS Lee Dés SUB Le AE ENS ES SU PER NET SU EEE Braithwaïite (John), négociant, rue Belletond, 31. Lépubecec c Branicki (le comte Constantin), [membre à vie} » rue de Pen- IE ADO De 0800 NP TO RTE AR 2 AE : PRE POLE À Brasseur (Prosper), [inembre à vie], propriétaire, 10, avenue de Courbevoie, à Asnieres , Brasseur (le docteur E.), rue Mogador, 6...... Braun (Alfred), à Rosheim.............. PRE Braun (le capitaine Gaston), receveur particulier des finances, à ANETeCR'E AMP MR EEEINENE ss... gosses... rss om eee Bravard (J.-Alfred), DD ne oa maire de Grandrif........... Bréham (Paul), boulevard des Sablons, 5, à Neuilly....... EE Brémant (Léon), rue Denis Gogue, à Clamärt....... RAA ES Brémare (Ant.), propriétaire, ingénieur civii, à l'Ecole centraie, boulevard Sébastopol, 1822.10 2000 0E0NE Re eo Ne ee Ve Brémont-Caqué, propriétaire, au moulin des Ormes, à Coupe- ville, par Châlons-sur-Marne.......................... HAE Ne Brémomd (le docteur Paul), 67, rue Caumartin......... ME TA Li Brenier de Montmorand (le vicomte), [membre à vie], ancien ministre plénipotentiaire de France, à Saint-Marcellin.......... Bresson, député, propriétaire, à Monthureux ................... Breteuil (le comte Henri de), rue François 1er, 28.......... se Brethomeau (Aristide), rue Monsieur-le-Prince, 22............. Bretocq (A.) directeur de la Compagnie d'assurance la Garantie, avenue de l'Opéra, 32. Brette (Armand), rue Guérous, 25, à Poe. DoHOPRo Ge Aa Briand (Louis), pÉpppet taire, à ia Hunière, près Vimoutiers et rue Bonaparte, 9 Bricard (E.), négociant, boulevard Arago, Re NRA INR Bridiers (Ludovic de), rue de Valois, 2. Brierre, [membre à vie]; ancien receveur particulier des ones propriétaire, à Saint-Hilaire de Riez, par Saint-Gilles. ......... Brigode de Kemlandt (le vicomte Henri de), avenue de ANA CE ae EN an Roue 2e) AU er ee LES Brimont (le ‘comte A. de), au château de Meslay- -le-Vidame, et rue des Belles-Feuilles, 40. Brisay (le marquis de), à Auray ...................... Brivin (Paul-Félix), notaire, à Lucon......... Broissia (le comte de), au château de Rochefort, par Signaz- le Duc renier SAN: PEN Er Brocchi (Paul), à Sèvres ............. Broquette, à Seine-Port.. Brosse (Gustaye de la), maire AGE Ne. das ié viser Brosser (Victor), propriétaire, rue de la Briche, 80, à Saint- Dane Brot (Charles), [membre à vie], banquier; déléqué de la Soctété nationale d'Acclimatation, rue Alessandro Moanzoni, 14 à Milan CRCRCRCEC ECC ECC ECC ss... ss... ..... ..…... ORCRCRC CCC CCC CCC CCC CC ss... ss ss... OC CC CT sr... …. Brousseau (Jean-Docile), [membre à vie], membre de l’Assem- blée législative du Canada, et éditeur- -propriétaire du journal Le Courrier du\Carada, à Québec. M ACNUINT RCA UN ER XIX Seine. Eure. P. Loiret. Puy-de-Dôme. Creuse. BELGIQUE. Pas-de-Calais. PA P. Seine. PA Alsace-Lorraine. Sarthe. Puy-de-Dôme. Seine, Seine. 6° Marne. PA Isère. Vosges. P° 5e P. Seine. P. Orne. PB: 12% Vendée. PA P. Eure-et-Loir, Morbihan Vendée, Côte-d'Or. Seine-et-Oise. Seine-et-Marne, Puy-de-Dôme. Seine. ITALIE. CANADA. XX Brousset (P.), négociant, à Cette, et rue Szazaia,; 4 Tunis... Bruce (lecomte Ch. de), propriétaire, avenue de Paris, 66, à Fe Batllese NUE ina M Rte ee OPEN EE Brucker, [membre à vie], curé, à Bournan, par Trois-Moutiers . Bruguière (Henri), à Mouviers. M BENETENNTIEE CEE SOS AUS Brun (F.-Eugène, médecin-vétérinaire, rue Casimir Perrier, 9,.. Bruneau (Alcide), propriét taire, à Thouars Brunet (Jules) [membre à vie], avenue de Neuilly, 107, à Neuilly. Bruyère (Ernest), pro priétaire, à Pont-Saint-Esprit........... Bruyère (Robert), propriét taire, à Pont-Saint-Esprit....... Buchet (Alexandre), propriétaire, au Mesnil-Aubry, par Ecouen. Buequet (L.-Th.), négociant, rue Pavée-Marais le ee RER Buhler (A,-J.), rue Vignon, 80.................. 4300 Buisseret (le comte À. de), rue de Ponthieu, 52 Buisseret (comte R. de), 55, rue de Satory, à Versailles........ Bullier (Théodore), propriétaire, avenue de l'Observatoire, 29... Bureau (Albert), 73, boulevard Haussmann, Bureau fils, (Charles-Albert), pharnagien rue Saint-Aubert, 7, Arras Bureau (le docteur), professeur au revers quai de Béthume, 24 Burky (Jean), [inembre à vie], propriétaire, à Longpraz-sur- VAN RD TP TU be res dd uno de nn ou ET deb Danse Busche (Paul), rue Taithout, 80 Bussierre (le baron Edmond de), rue de Lille, 84............. de Bussière de Nerey receveur de l'enregistrement et des do- maines, Melun." -REectrer . ss ….... Butin (Adolphe), régisseur, au château de Dampierre........... Buxareu (Juan), [inembre à vie], manufacturier, calle de la Griudad AL 10/2 Barcelone ren SEE PEER Ter elec te ë Buxéres y Abat (José-Antonio), (rerbie & vie]. REApENIaire, calle del Palau, 3, à Barcelone... Buyer de Mimeure (le comte Fan Gen Grande- e-Ruey 102, BESANCON PRE eee To de Cabanes (Joseph), avocat, à Aurillac....... MerErercrcheer ter … Cacaud (Richard), à Loudun.. Cahen (le comte), banquier, rue Boissy d'Anglas, 9............. Cahuzac (H.), propriétaire, rue d'Athènes, 12...... AN . Caillard (Paul), propriétaire, au château des Bordes, commune dealer eee terre CC . eee reel ce Caïllebotte (Gustave), boulevard Haussmann, 31. Cailliot (René), propriétaire, rue Monceau, 65.... Cairon (de), au château d'Amblie, par Creuilly................. Cajanello (le duc de), [membre à vie], Grottone, 75, à Naples Callac (le comte non ae a vel au château de la Haye, par Brain et rue de Varenne, 58. Callot (Ernest), direteur de la Ce vénenaes rue Vinti- NUE SR RE 5 hit AE EN RE TR RTE CEE € sat Calvet-Rogniat (comte), au ehâteau de PR par Cré- DER a RIT etats à simioie ele à cuc.oe etes ce COLA CT ANSE CL ÉELRE Cambourg (le comte de), au château" de Marchais, par Thouarcé. Camino (Eduardo, A. del), [membre à vie], à SRI (Ile de ancien notaire, propriétaire CU) Rs eeee dre MALE AE AS. à ne RE Late Le Re 0 NS Camondo (le comte J. de), rue Monceau, 61......,............ Camozzi (Jean-Baptiste), propriétaire, à Bergame... NBA Camp (Maxime du), homme de lettres, rue de Rome, 62..,...... Hérauit. Tunrserx. Seine-et-Oise, Vienne. Eurs. Pe Deux-Sèvres. Seine. Gard. Gard. Seine-et-Oise. P. P: 187 Seine-et-Oise, 1. Ip: Pas-de-Calais. 12 SUISSE. PE 15 Seine-et-Marne. Seine-et-Oise. ESPAGNE. ESPAGNE. Doubs. Cantal. Vienne. P. Seine-et-Oise. EP? Loiret. pi P. Calvados. ITALIE. P. Ille-et-Vilaine. P. Isère. Maine-et-Loire. ANTILLES. L: 1raie. PE: Campana (le docteur), Eneène à vie], station zoologique de Naples, à Naples. ER TC LE MAR ARE Camus (le docteur Edouard), autCateau HOTEL EE b Camuset (Eugène), avenue Malakoff, 141.............. 1 Canelaux (le comte de), [membre à ne an château Me Joue tue SDAaNMennEUtIER MERE MCE RER EEE CL EE EC OT E CREME Dee Canäamo (Carlos Gonzalés), [membre à qi au château de Conde "pres Breteuil ettruelBeau)on, 20 PAR ER EENEN CREER Canesie (Jules), homme de lettres, rue Pigalle, 5 SE DRE GATE Be Canisy (le vicomte de), avenue Bugeaud, 22.................... Canto (Joseph de), propriétaire, à l'île Saint-Michal.............. Cantrelle, propriétaire, à Beauvais ....................... È Capanema (le baron de), [imembre à vie], délégué de D Société nationale d’ à Rio-Janeiro.…........ BD Capmartim (Edmond), pharmacien, à Blaye .........,...,..... ie Carearadece (le comte À. de) au château de Heron par Lannion, Carcemac (Henri) maire du 2° arrondissement, rue Neuve-des- Cotes AC Ho 0 004080040008 00 08 HobBo 000000 dou Ue DO OR EST Cardoso (Domingo, Ferreira), rua do Bomfin, 83, à Porto....... Cardoso (Edouard), [membre à vie], boulevard Beauséjour, 25. Cardose (Nunc Alves Pereira de Mello), [membre à vie], capi- taine de la marine brésilienne, à Manaos (Province des Aima- ADS) ES AE 0 deb AS 0 ae EMEA DE 0 RES LE CAE A ER EOIE HAE MORIN Carmier-&äam (Emile), ne délégué de la Société natio- nale d’'Acclimatation, à Boulogne-sur-Mer........ LE brote B bb ba aiu Carmier (Etienne), banquier, rue Victor Hugo, 6, à Bobo eneE SUN ET MN RENE entre ne TE DOUDOU à Carpentier (Fernand), au château de Juvigny, par Soissons... Caroly (François), avenue du Roule, 94, à Neuilly......:....... Caroly (Joseph), avenue du Roule, 94, à Neuilly.............,.. CarontHenni)\ruebdu\Cirque, 23/44 Re AMEN, Carriére (Louis-Auguste-Edouard), rue Borghèse, 5, à Neuilly. Cartier-St-Réné (Henry), avenue de Neuilly, 53, à Neuilly... Caruel de Saint-Martin (Didier de) [membre à vie], avenue 18 O0) CNE (PR PANNES RARE A SL APN AI EI QU AA A A AE SE Carvalhail (le comte de), ce à CH opens à l'île de Madère sien aan CE CN EE PR PA EEE Eu Carvailo (Jules), [membre à De ingénieur des Lo et chaus- sées et agriculteur, avenue du Bois de Boulogne, 56, villa Said, 19. Casati (le comte Gabrio) rue Vicenzino, 8, N Milan le ent Casaux (le marquis de), Ta à vie] à Bourron, par Ne- D OUT SE ÇA A son AMATEUR MAR AS ie der Rte eee Cassan-Filoyrae (le comte Do de), propriétaire, avenue de Neuilly LOL AN eu RPM En AE do db obama e Castries (le duc de), rue de VAL LINE NU ADN VE MN cet bre ELA Castro fils (de), rue du Pont Louis-Philippe, 4.............,... Causans (Paul de), au Château de Relibert, par Evaux......... Cavaré (Gabriel), boulevard Malhesherbes, 35..,.........,:...... Cavé (François), au château de Notz-Marañn, par Mézières-en- Brenne Are TerEEE DOC UT do Da bb do UeUU ee ÉCOCCE Je MA ete Cavélius (Paul), [membre & vie], rue de La Chapelle, 55. Cazrenove (Raoul de), propriétaire, rue Sala, 8, à Lyon. Cépian (Camille Don de), propriétaire, Grand'Rue, à MORE et au chateau de Vic, par Conques........ Sa RER CA ALTALEL A Chabammnes (le comte Joseph de), à EU par Avranches .. Chabert (Emile), trésorier-payeur-général à Vannes... ......... Chabot (le comte Aususte-Jean-Francois de), au Fou de Parc- Soubise, RCE ten pi Re A8 PAL RAR es XXI ITALtE. Nord. PE Eure. P. Eure PE 2 AIÇORES. Oise. Brésis. Gironde. Côtes du Nord P. PorrTuaaL P. Bresir. Pas-de-Calais. Pas-de-Calais. Aisne. Seine Seine 1e Seine. Seine. 196 PorTuaaL. P! ITALIE. Seine-et-Marne. Seine. P JP Creuse. P Indre. 10 Rhône. Aude. Manche. Morbihan, Vendée. XXII Chabot de Pechebrun (Joseph), propriétaire, à Fontenay-le- Comtesse NME EUR MR EE ET Cet ;: Chabrier (Ernest), propriétaire, au château de Willemain, par Brie-Comte-Robert et avenue du Coq, 4, rue Saint-Lazare, 89 Chabrol-Chaméane (le comte de), au château de Saint-Patris, par Tours, et rue de Lille, 81 Chaigneau (Félix), propriétaire, à Vouvant................... : Challandon (E.), 7, rue Peyrat, à Lyon...... RE NS Chamaillard (Urbain), [membre à vie], à Saint-Remy-de-Sillé-le- Guillaume... Re ne OR CRE ARCE EME RRL Te Chambrun (le comte A. de), sénateur, rue Monsieur, 12...... Chambry (Tristan) sous-directeur au Dépôt d'étaluns, rue de la Butte, à BLOIS 5.24 AN SR ERA CEA ANT UNIMARC: nn nm Chamiso (le comte Henri de), à Vaux Sainte-Menehsuld........ Championniére (docteur Just), rue du Faubourg - Poisson- nie ren tD0S A SNL. RNA EIRE ROME URS Rs see Championnière (Pierre), propriétaire, à Braine, par Le Pelerin. Chanteau (Maurice de), au château de Peyrieu, par Belley..... : Chantin, horticulteur, avenue de Chatillon, 82................ Chantraine (Paul), propriétaire, à Rethel..................... Chantreuil (Paul), brasseur, au Cateau....................... Chapelle (de la), au château de la Brosse, par la Celle-Bruère.. Chapelle (Alphonse Boby de la), ancien préfet, à Champloret, pari Sainte Servant M CRT MAR LEE eh cet eee nee eee Chaperon (Charles), négociant, facade des Chartrons, 96, à HOUICEUR cos uomma die emboonnandodo der nnabennadeino 5 Chapin (Edmond), au château de Varrains, par Saumur....... Chappellier (Paul), boulevard Magenta, 8......... DAT POS Chaput fils ainé, horticulteur, à Bourges, ................. HER Charette (Louis de) au chätsau de Ponthuc, par Nort:......... Charlot, ancien notaire, à Borest, près Senlis, et rue Prony, 54.. Charlton-Parr», [membre à vie], Groppenbhall Heyes, War- He HS onto otiano e god 7 01 IT TO O00O T0 PTE TINONO LAB OR CT DE IC Charon (Emile), au château du Petit-Chatenay, commune de Saint- Valerien, par bermendaquitie serpent RE Charpentier (Arthur), professeur agrégé à l'Ecole de médecine, ruelMiromesnil, M60 0 RE EURE sais ass dada des Charvet (Edouard), rue Jacques-Dulud, 70, à Neuilly........... Chassaing, pharmacien, avenue Victoria, 6................... à Chassaigne (le comte Henri de la), à Loupiac et rue de Ver- DOUTE Serie ue à du ST D ET Tee De lt et Chasteigner (baron de), au château de Borie-Petit, par Péri- DUBUX see a léieele s'oteraisiers eee ee CS Ie Le eee nina Led le UE ie et : Chatard (Alfred), [membre à vie], ingénieur civil, à Coulonges, par Damaillé et ruetde Berlin AUPRRE ER ECS Chatel (Victor), propriétaire, président fondateur du comice com- munal, agricole et horticole de Valcongrain, à Valcongrain, par AUnay-sur-OdNn. 222,0 t M SR ETS CU s'asttte Chatin (le docteur), [membre à vie], membre de l'Académie de médecine, directeur de l'Ecole supérieure de pharmacie, avenueddenlObservatoire 412 NEA EN ETRRRE se .…. Chauchat (Emile), au château d'Escorpain, par Laons, et rue La Boëtie, RD: 46,260 RER Je RE PER TRES ES Chaudordy (le comte de), ancien député, rue de l'Elysée, 22... Chauvassaignes (Frank), [nembre à vie], propriétaire, au chà- teau du Theix, par Clermont-Ferrand.........,.......... JÂdox Chauvassaignes (Paul) [membre à vie], inspecteur des lignes télégraphiques, avenue Alsace-Lorraine, 5, au Vésinet.....,... Vendée. P. Seine-et-Marne. P. Indre-et-Loire. Vendée. Rhône. Sarthe. P. Loir-et-Cher. Marne. Ja Loire-Inférieure. Ain. 1e Ardennes. Nord. Cher. Ille-et-Vilaine. Gironde. Maine-et-Loire P: Cher. Loire-Inférieure. P. Oise. GRANDE-BRETAGNE. Vendée. 12, Seine. 14 P. Gironde. Dordogne. P. Eure. Calvados. Pe P. Eure-et-Loire. 12. Puy-de-Dôme. Seine-et-Oise. Chauvelot (Alfred), propriétaire, rue des Mathurins, 64......... Chauvin, propriétaire, à Lannion .........:.0 1.4... 10800. Chauviteau (Ferdinand), ancien agent de change, boulevard Haussmann re Nr Net CA PNR Chavagnae (le comte René de), aux Bordes, par Saint-Ennemont. Chavisny (Ernest de) Moulins MEME NME EENAnE Chavigny (Ch. Leroy de), au château du Riau, par Villeneuve-sur- LTÉE DR se CE D EN EEE AREA RÉ D ot A Chemellier (le baron Georges de), à Blaison, par Brissac, et place dela, Madeleine)ARO ECRIRE CRE RER INR Rnnnt Chemet (Louis), concessionnaire du buffet, au Jardin Zoologique d'Acclimatation du Bois-de-Boulogne, à Neuillv................ Chenu (Charles), au château du Côteau, par Mehun-sur-Yèvre.... Cherleval (le vicomte Antome Jessé de), [membre à vie], avo- cat, villa Geneviève, à Sainte-Marguerite, par Marseille ........ Chévron (P.-E.), rédacteur au Ministère du Commerce, 56, avenue LePNeuLLy MAN EURE PL CAEN ARR TUER OR SENS Chéront Je EP) PAMIEAT Aya AN RAA NUE RAS ANUS Chesnel (A. Henri) rue Montrosier, 5, à Neuilly................. Chevalier (Léon), conseiller référendaire à la Cour des comptes, rude RIVOL HAINE SR AMENER QUE d'ANQRR RER RAC ER PI SE RARE ERA CAEN Chevalier (Jean), propriétaire, boulevard du Temple, 10........ Chevallereau (Gustave), membre du Conseil général de la Ven- déevarSamtie-Henmine ts As RMENUOE th ONE TA ET re Chevaïlier (Adrien), [membre à vie], avenue de Messine, 7... Chevigmé (le comte Adhéaume de), avenue Percier, 1......... Chevigné (le comte L. de), [membre à vie], au château de Boursault, près Damerpis ee er RANCE eC ET A RARE Chevreuif ( Victor), à la Fontaine, à Saint-Cyr, et rue de A D NE LS SEE AP RARE LS A AE OR S EAGE SES UE SN CEE ANNE EEE Chevrey-Rameau, |[r1embre à vie], sous-directeur au Ministère des affaires étrangères, rue Blanche,,23:::..1.2:...4444.00 Chevrier, pharmacien, rue du Faubourg-Montmartre, 21..... b Chibret, trésorier de la Société d'agriculture du Cantal, à Au- TROP EM. ue de RO DRILEE A AU ea ER Le ne Chifflet (A.), propriétaire, à Chateaubriand ..................... Chil (le docteur Grégorio), [inembre & vie], à Palmas, (Grande CARE) ANRT DUR he tale rh le het p MEN ON EURE RER AR Choiseui-Daillecourt (le comte G. de), rue de l'Université, 57. Cholet (le comte de), ancien pair de France, au château de Beauregard, près Cellettes, et rue de l’Arcade, 23.............. Chollet (Maxime), à Coutencon, par Montigny-Lencoup......... Choppin (Louis), rue Mogador prolongée, 2...............:.... Chouet, juge au tribunal de commerce, place de l'Opéra, 8..... Chovet (Clément-Alexandre), rue Eugénie, 22, à Levaillois-Perret. Cintré (le vicomte de), au château du Breuil, par Effendic, et Tueras- Cases TS MERCURE RP EUR NE En dE AS Clarté (Joseph), [membre a vie], aux cristalleries de Baccarat.…. Clary (le vicomte J.), [membre fondateur], 125, avenue du Tro- CARE LO etes eee do re a DIU Hbbo ss Mmeocovurone Clausse (Jules), [membre à vie], boulevard Malesherbes, 77.... Clément, directeur de la Société générale des eaux minérales de Mal se abat sise 241880 2 MMM pet Clément (A. L.), dessinateur, rue Lacépède, 34............. 500 Clémot (Benjamin), curé de Vouneuil-sous-Biard, par Poitiers. Clere (Urbain), route Nationale, à Hyères..........,..,........ Clerc (Hugues), inspecteur primaire de la Seine, rue Saint-Fer- dinand, #90 NAN EU ER te D AE ONE à OR TER ER fete XXII 120 Côtes-du-Nord. P}; P. Allier. Allier. Allier. P. Maine-et-Loire Seine. Cher. Bouches-du-Rhône. Seine. Seine-et-Oise. Seine 12 1 Vendée. P> PE Marne. PA P: 102 Cantal. Loire-[nférieure. CANARIES. jee P. Loir-et-Cher. Seine-et-Marne. PA PA Selne. P. Jile-et-Vilaine. Meurthe-et-Moselle PP: P- Ardèche. P: Vienue. Var. P: Cleregq (Louis de), propriétaire, rue de Masseran, 5............. P. Clermont (Gaston de), aux Ormes, par Varennes................ Loiret. Clogenson (Paul), au château du Pérou, par le Chatelet........ Cher. Cloquet (Jules), rue du Petit-Moulin, 9, à Sèvres.......... .... Seine-et-Oise. Cles (Dominique), [membre à vie], professeur à la faculté des sciences et directeur du Jardin des Plantes de Toulouse, Jardin Royal, 3, à Toulouse.........................................e Haute-Garonne. Cloties (Gustave), ancien payeur du trésor, passage Masséna, 5, , SR NeUtLys- cer rerckecede Jchetee CN CERER DA EU RS Seine. Cocchi (Igino), [membre à vie], professeur de géologie à l'Institut des études supérieures de perfectionnnement, à Florence........ ITALIE. Cochet (Scipion), [membre à vie], pépiniériste, à Suines, par } Brie Comte-Roberte---hecr--cec TELLE Le RER PIE Ge ....... Seine-et-Marne. Coëtlosquet (Maurice du), propriétaire-agriculteur, à Ramber- RTE ado ntanoaor cn dibaeoe ooc ue 1080000040 shogo 06 da .. Vosges. Coignard (Octave), [membre à vie], garde général des forêts à Sablé-sur-Sarthe cn. CARRE L Eee ne dodo ages seu .. Sarthe. Coiney (Léon de), à Le Roc, par Le Mouleydier................ Dordogne. Coicombet (Aimé), quai de Tilsitt, 15, à Lyon...... CCELLE . Rhône. Colcombet (Francois), à la Séauve, par Saint-Didier-la-Séauve.. Haute-Loire. Colette, chef des travaux aux usines du Creusot, propriétaire à Manmarne par /Montcenis CPE ReRP EC PEER ER CEE Saône-et-Loire. £olieau (L. Charles), à La Ferté-Gaucher..........,,...... Wei Seine: Colienot (Jean-Jacques), propriétaire, à Semur.......... re uCote-d'Or: Collin (A. F.), juge de paix, à Lussac-les-Châteaux......... .... Vienne. Collinet (Edmond), Avenue de Neuilly, 53, à Neuilly.......... . Seine. Colpaert (Emile), [membre à vie], à Cuzco................... Pérou. Combe (le vicomte de la), au château de la Bretèche, près Hédée, pariMonteuil-sur-Ilie. 406 2e Re EN er RE te Ille-et-Vilaine. Condé (Antouo) [membre à vie], propriétaire Calle de San Jose delGracia, 1912 Mexico en OR PR Sen DORE PAS EEE .. Mexique. €onfevren (de) ancien receveur particulier des finances, à Langres. Haute-Marne. Connelly (A), [srembre à vie], négociant à Tullamore (King's Gounty) (Erlande) SERRE ARR PENAIES suisses ARR ENS GRANDE-BRETAGNE. Cenquista (don Jacinto Ozellana Pizarro, marquis de la), [mem- brelaivie|; a Druylo (Estramadune) RER EEE EsPagxe. Censtans, député de la Haute-Garonne, ancien ministre de l'In- térieur, à Toulouse et rue de Miromesnil, 18......,............ P. Haute-Garonne. Conte (Gustave), [membre à vie], domaine de Sainte-Lucie d'Ausson, commune de Boutenac, par Lezignan................ Aude. Conte (Tony), ministre plénipotentiaire, rue du Général-Foy, 37. P. Contenseau (Léon), boulevard Maillot, 46, à Neuilly........... Seine. Coquereau (Ch.), négociant, rue Claude, à Alfort........ ee TOeINe. Coquillaræ& (Emile), receveur du timbre en retraite, rue du Marché, 15 bis, à Neuilly ...... DU ne AU MT PAS D QUE Seine. Corbera (le baron Louis-Antoine de), rue de Boulogne, 1....... P. Cerberon (le baron de), au château de Saint-Maurice, à Trois- sereux, par Beauvais Corcelies (de), [membre à vie], ancien député, à Essai........ Orne. Cordier (Gustave), [membre à vie], propriétaire, à Saint- QUE ESS LE 0 A Ce EE ER SEE seu SE SAPANSTE: Corio (le marquis Joseph de), prince de Castelecicala, [membre a vie], ancien ministre plénipotentiaire, à Naples.............. ITALYS. Cernely (Joseph-M.), [membre à vie], au château de Beaujardin, : en de es PO Ré PO a P Lo 21e Mic te EE LEE ........ Judre-et-Loire. Cornillon (Paul), Compania de Maliano, à Santander... ... se ESPAGNE. Cornu (Maxime), inspecteur général de la sériciculiture, des ser- vices du phylloxera et des maladies parasitaires, rue des Boulan- CERN eee stte Eh TR PS AE Cornulier (le vicomte de), au chateau de Lucinière, par Joué-sur- Brdrests ie RPM Ait ae NP NN arte Mets Correnson (H.), [membre à vie], à La Grandgrange, à Orange... Cory Esq. (Charles B.) ornithologiste, 8, Arlington Street, Boston, MERE GE Gon no8 à AO M RUES E EE ES ER Cossé-Brissac (le comte Arthur de), avenue Tourville, 12..... Cossé-Brissac (le marquis Antoine de), au chateau dela Chabrerie, Pat PÉTIQUEUXS Ne lee dise eee I aelNe etat ere el cle elfe AUS ANR Cosson (le docteur Ernest), [membre a vie], membre de l'Institut, ancien conseiller général, propriétaire, rue La Boëtie, 7....... Cottim (Auguste), [membre à vie], propriétaire, rue Tronchet, 15. Cottin (Ernest), [membre à vie|, rue de Clignancourt, 13....... Cottin (Eugène), [membre à vie], propriétaire, à Véretz, par Jp oo Le sbanov bouc etes be ton to br bob had Dabbbac do Coudoint fils aîné, à Montmorillon...... A CA PRE CHERE dés à Ceudray (J.-F.), [membre à vie], notaire, à Cheiles............. Courcel (le baron Alphonse de), ambassadeur de France, à RD ORITAT Rd EC pe ARR A L'ANPE AUS ARS OR LU A A AU AU Couwurcy (le vicomte Max de), rue de Verneuil, 15,.............. Cœurey (le vicomte Ernest de), [membre à vie], rue Fran- CONELCRSS SRE AREA Le LL RE LS AE ARR ANAL PA LEE D DT AE DE ARR Courcey (le général comte de),au château de. Korn-er-Houet, par Colpotetiruerd AStore 91 AS ANIME RAR ANNE ANTAIE | Courteille (F.-A.), rue Charles-Laffitte, 37, à Neuilly........... Courtin, avenue du Bois-de-Boulogne, 68..................,..... Courtois (Emile), négociant, rue d'Aboukir, 111.......... Son0ë Courvoisier (Eugène), industriel, rue de Maubeuge, 49.....,... Cousin (L. Antoine), propriétaire, rue des Pyramides, 16...... Cousin (Ernest), négociant, rue Turbigo, 28............,...,... Cousté, propriétaire, Pavillon Royal, près Seine-Port et avenue MAR CE AU US ES di 2e A re LE A a OA ER SCOTIA A D EU AU Couvant, notaire, à Château-Renault..................... Ne Couville (Henri de), ancien membre du Conseil général de la Manche, au château de Querqueville, par Cherbourg........... Couvreux, [membre à vie], propriétaire, à Vigneux, par Mont- geron Re CON) CPI RE A AR AT SE LE A A LU AC AU CS Cewley (S. Exec. le comte), ancien ambassadeur de S. M. Brita- HUE A MONTE MR RUE NCA APT EE Eee EN TRE Crabathi (F.), avenue de Neuilly, 147, à Neuilly. ....... PE Crépeau (Symphorien), rue Labie, 6......,................. Gao Crepey. agent de change, rue du Quatre-Septembre, 19......... Créput (le capitaine), à Misserghin près Oran.................. Crespin aîné (J.-Francois), négociant, boulevard Barbès, 11..... Cretté de Paliuel (Albert), à Dugny, par le Bourget, et rue CAD ON AL EE VS ee PAIN LA CR ER TER EE EAP EE OR Crévecæur (Auguste-Ch. Asselin de), [membre à vie], au chà- teau d'Irreville, par Evreux, et rue Labruyère, 56....... oc Criseney (le comte A. de), propriétaire, rue Las Cases, 11..... Croad (Albert), Manor House, Durrington, Worthing............. Croix (Crucius de la), propriétaire, au château de Cocherel, par ÉACYESUT EURE EAN EE PES CODE DS TMS E 06 0 00 DE D BI EE Cromau, directeur des chemins de fer de l'Alsace, à Strasbourg. Cros (le docteur), [membre à vie], major de l'e classe, à l'hôpital militaire de Rouen......... ADD O0 SPL 0 CU TOO 0 SH Sc ER XXV Loire-Inférieure. Vaucluse. ErTaTs-Unis. PF: Dordogne. 19 19 E: Indre-et-Loire. Vienne. Seine-et-Marne. Prusse. 1% P: P. Morbihan. Seine, 12 PA PE 12 PA P. Seine-et-Marne, Ardennes. Manche. Seine-et-Oise. GRANDE-BRETAGNE. Seine. 182 127 Algérie, P? P. Seine. P. Eure. PA GRANDE-BRETAGNE. Eure. ALSACE. Seine-Inférieure. pa XXVI Crouzat (Léon), [nembre à vie], propriétaire, à Castelnaud d'AnTEAPANILÉZIEnAN.: CR ceL-ce--be--ve-eer-reLece Job roro : Cruz (Jean), propriétaire, à Séville.......... tadarcecinc MEL OS . Cullerre (Denis-Joseph), [membre à vie], vice-consul de France, HN dote dnamdi ob acacocon das aeaacceocodcone Cunha e Silva (Jose Pereira da), rua do Almada, 479, à Porto. Cunningham (Edwards), [membre à wie], associé de la maison américaine Rosselt et Ce, à Shanghar. 2. Curial (le comte Henri), au château de Chauvigny, par Alençon. Czartoryshi (le prince Ladislas), rue Saint-Louis-en-l'Ile, 2.... Dabija (le prince), [membre à vie], chambelian de $S. M. l'Em- pereuridetRussie MOdessa re EPRRe nee Re Re Dabry de Thiersant, [membre honoraire], consul général et chargé d'affaires de France à Guatémala...................... Daguerre (Léon), négociant-commissionnaire, avenue de Ma- lakoff, 141. Dailly (Adolphe), membre de la Société nationale d'agriculture de Erance SCueNBIealle MO EEE Teener nee Eee E CE an Daix (Victor), avenue de Neuilly, 104, à Neuwilly................ Dalaut (Francois), avenue de la Grande-Armée, 43......... ARE Dalgleis (John James), Atholil crescent, 8, à Edimbourg (ECOSSE) RE ee cc DO 2 Damas (le marquis de), au château de Cirey-sur-Blaise Damoiseawu, propriétaire, boulevard Clichy, 60............,... Damourette (Emile), membre correspondant de la Société cen- trale d'agriculture de France, à Châteauroux.............. cet Dampierre (René de), au château de Saint-Simon, par Jonzac.. Dampierre (le marquis de), membre de ja Société nationale d'agriculture de France, au château de Plassac, par Saint- Genis de Saintonge. 2e... Hochebéoe too To Danelle (Alfred), au château de Chatelier, par Louvemont..... Danican-Philidor, ancien directeur de la Banque de la Marti- nique, au Rosier, par Loury, et boulevard des Filles-du-Cal- RAC bot Cube benoit Bad dpi SATD NE Danne (le comte Léon de), rue des Arênes, 7, à Angers......... Dantu (Daniel), agriculteur, à Steene, par Bergues........... oc Darblay (Aymé), [membre à vie], propriétaire, au chiteau de Saint-Germain-les-Corbeil, à Corbeil et rue de Rivoli, 156...... nn mn mn mms Dareste (Camille), docteur ès-sciences et en médecine, directeur du laboratoire de tératologie à l’école pratique des hautes etudes, rue de Fleurus, 37 Dargent (A.), référendaire à la Cour des Comptes, rue Saint- nn nn mm mms Dominique, 13........ nc 00 aobotoocaadacpaoe coco me DEEE en . Dasnières (Charles), négociant, rue Perronnet, 132, à Neuilly. Daaphinot (Simon), à Isles-sur-Suippe, par Bazancourt........ Dautreville, pharmacien, rue St-Paul, 34.................. ch Dauvois (Charles), boulevard Sébastopol, 27............ détodoc Daux (l'abbé Emmauuel), faubourg Sapiac, 47, à Montauban... Daviau (Gabriel), curé, à Joué-Htiau......................... David (Emile), au Tlélat, province d'Oran .................. (8% Davila (le docteur), [membre à vie], médecin-inspecteur en chef demilice valaque” 4 Bukarest-citte 2e ee FENTE Davin (Eric), avenue de l'Opéra, 15.................... UE Debray, rue des Bûcherons, 10, à Saint-Germain-en-Laye....... Debrou (Paul), avocat à la Cour de cassation, au Mazuray, par Menestreau.....ss....., M: Decauville (Paul), agriculteur industriel, à Petit-Bourg.... nn tunrnrunesssrse sus CON EE. GC . Aude. ESPAGNE. BRESIL. PorTuaaz. Caine. Orns. 1e Russie. AMERIQUE CENTRALE. PE F2 Seine. P2 GRANDE-BRETAGNE. Haute-Marne. PE Indre. Charente-[nférieure. Charente-Inférieure. Haute-Marne. P. Loiret. Maine-et-Loire. Nord. P. Oise. ) pe Seine. Marne. 12} 12 Tarn-et-Garonne. Maine-et-Loire. Algérie. ROUMANIE. pe Seiue-et-Oise. Loiret. Seine-et-Oise: Deeazes (le baron Théodore-Charles), ancien chargé d'affaires de EranceNa Donne Er NPA NE RER TR RE AN ERA où Décle”(Ch)#ruenCondorcet382 ME TEMPLE Le -ebhrt Decroix (Jules), fabricant de sucre, au château d'Andelain, par DER CE PAR AE BAT SRE LULU HRDRERRS UE Decroix, (Félix), fabricant de sucre, à la Fère................. Decroix (E.), [membre à vie], vétérinaire principal de l'armée, en retraite, rue du Pré-aux-Clercs 4 NN Decrox-Donau, [membre à vie], négociant, à Givet......... Deforge, avocat, propriétaire, à la Rochelle... VARIE Ets Defrance (Achille), [membre à vie|, boulevard d’Argenson, 14, DANCE Rene E DT De OR en A He Defrance (Charles), [membre à vie], ingénieur des mines, 33, poulevardiéopold apAnyers Aster nr At et ë Degron (Henri), [membre à vie], à Crespières................. Deguise (le docteur Gustave), à la Pajoterie, à Chäteauneuf-en- CR YALE LAS PNA LUE I AU PA AU A RER US RS Dehaymim (Camille), [membre à vie], rue du Faubourg-Saint- MANS TS OS ASE RERUnNAcnn JR SU ter ne NE Q LORS ET ERRT rer Dehaymim (Gabriel), banquier, rue du Faubourge-Saint-Honoré, 16. Delabarre-Debæy (Edouard), architecte, rue Notre-Dame-des- Champs, ONU MR ee SES AE, Has SR er de Delacourtie, au château de la Planche, par Ponthierry......... Delagrave (Ch.), éditeur, rue Souffot, SAME A AU PT AT ie Delahogue-Moreau, boulevard Flandrin, 5 ..... GHeiiTIuIe BE Lois - Delalande (Jules), propriétaire, à Bayeux...................... Delaloge (Pierre), propriétaire, avenue du Roule, 131, à Neuil- Delannoy (Jules), rue des Prètres, 19, à Calais................… Delapalme (Emile), notaire, rue de la Chaussée-d'Antin, 15.. Delaquys (E:)ruerFavart, 4220 R CLEAN NES En Delaroche (Henry), négociant, déléqué de la Société nationale DACCUIMAALION, MOAUNELAVLE NP EN EE RE EE RS Delaurier aîné (A.), à Ansgoulême............,...,..,., HUE ; Delbende (Jules), négociant, à Aire........................... Delbos (André), boulevard Malesherbes, 52......,......... ë Delchevalerie (G.), architecte-paysagiste, à Chaumes ......... Delgrange, rue d'Outremont, à Valenciennes.................. Delicourt (Gustave), propriétaire, rue Pasquier, 25....,....:... Delidon (Pierre-Wrnest), notaire, à Saint-Gilles-sur-Vie........ : Delmas (Monseigneur), membre à vie, pronotaire aposfolique, avenue Victor Eugo ele AR tre En REIN fre Delisse (E.), facade des Chartrons, 1, à Bordeaux.............. Belizy (Alphonse), notaire, rue de Paris, 82, à Saint-Germain-en- Laye ei ONE MU RU EIRE OT LOU : Delloye-Orban, banquier, aux Hauchis-Mareinelle, près Charleroi Delondre (Paul), rue Léonie, 6....:.,....,4.....:.440.4 ai À: Belore père (Eugène), banquier, rue La Boëtie, 33............. Beltour (P.-F.), rue Labordère, 8, à Neuilly ............:...... Delvaille (le docteur Camille), à Bayonne.......... DAS DOUTE Denizet (René), notaire, à Beaugencye...........,:....:,...... Demay (Ernest-Pierre), ancien avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, rue de Berlin, 38.....,..:.... CEE Demay (Louis-Ch.), propriétaire, quai des Bains, 5, à Boulogne- sur-Seine, et rue Duperré, 10, à Neurlly................... 50e Demerson (Paul), au château de la Touche, commune d'Yvoy- le-Marron, par Chaumont-sur-Tharonne et avenue de Villiers, 87. XXVIL Gironde. 12 Aisne. Aisne. 12) Ardennes. Charente-Inférieure. Seine. BELGIQUE. Seine-et-Oise. Eure-et-Loire. P: P: PB? Seine-et-Marne. Rx 12 Calvados. Seine. Pas-de-Calais. 1 P. Seine-Inférieure Charente. Pas-de-Calais. PA Seine-et-Marne. Nord. IP? Vendée. PA Gironde, Seine-et-Oise. BELGIQUE. Pa 1% Seine. Basses-Pyrénées. Loiret. 1% Seine. P. Loir-et-Cher. XXVII Demonchy (Gaston-Louis), [membre à vie], à Tipaza, par Ma- TENBON emmenés assises isceseseceseePsheeeere eee Denisart (P.-V.-Narcisse), propriétaire, avenue de Neuilly, 7, à Neuilly...........ss..seeesmeeeeeseceeserecees 0200000 Depaire (Claude), négociant, rue Hurel, 7, à Neuilly............ Dépinay (Georges), négociant, rue de la Faisanderie, 59....... Dépinay (Léon), rue duiColisee AO VERRE PAPE ES PE à D Derby;-Welles, [membre LA E cbacoddae sado sand Derenty (Amédée), rue Nationale io maille EP er PE RRERRE : Dériard (Louis), maître de verreries, à Rive-de-Gier........... Déro (le docteur), au Hâvre....:............................... Berouet (F.), [membre à vie], rue Lavoisier, 4................ Desbrosses (Charles), propriétaire, rue Jacques-Dulud, 13, à Nenllbradegdaunsaidonodanaocnonudonohnosonoddoonnndooe asotoe Descele (Pierre), rue Ancelle, 18, à Neuilly..................... PDescors (Francois), à Savigny-sur-Orge........................ Déséglise (Victor), quai Malaquais, 15...,.................... Deshayes-Labiche (Amédée), à Mesvoisins, par Maintenon.... PDeshayes (Eugène), rue Pajou, 9.............................. Deshayes (Pierre-Albert), négociant, boulevard des Italiens, 27. Desmottes (A.), professeur de sciences naturelles au Eos Char- lemagne, boulevard St-Germain, 15................4.......... Besprez (Auguste), négociant, rue St-Honoré, 265.............. Desroches (Eugène), curé de Sainte-Catherine de Fierbois, par Sainte-Maure-en-Louraine mp ee ERREUR ceUboe Dessirier (Ernest), directeur de l'Usine à gaz, à Aurillac....... Desurmont (Félix), à Tourcoing.............................. Desurosne (Jean-Francois), boulevard d'Argenson, 14, à Neuilly Desvignes, propriétaire, à Bazouges-sur-le-Loir ....... Sd0000 ac Dettwiller (David), 19, rue Cambon...............,........... Devalois (Edouard), rue de Rivoli, 210....................... Devay propriétaire, rue du faubourg Saint-Denis, 155, et à Con- MNT EN AO ec codgé en bor depot beabobousesacoodomuochdoc Devés (Alexandre), [membre à vie], propriétaire, avenue du Roule 161 4a Neuilly EPP ER ECERE RE A DS TES EN Didion (Emile), rue Legendre, 25..:.: 44e ntete heure Didot (A.-Firmin), éditeur, directeur de la Chusse illustrée, rue de Varenne, 61. mm re SIN eee ete oetalele te inVerele let lee lentes 21e Dieterlin, industriel RONA TER ne er -eeerer-ecc-ceccree Dion (le baron A. de), au chàteau de Maubreuil, par Carquefou etiquad'Orsay, diese cree EC Ste eee ue sk ER Diot ainé, propriétaire, à la Tour de Brion, près Autun......... Dieu (Alexandre-Victor), rue de Chartres, 17, à Neuilly......... Dodemont-Delloye (Juies), banquier, à Huy.................... Dognin (Camille), Valetta-Californie, à Cannes................ Dollé (Jules), à Gibercourt, par Montescourt-Lizerolles......... : Dolléans (Ernest), boulevard de la Madeleine, 17.............. Dollfus, propriétaire, avenue Marigny, 1................ Hoagae Dollfus (Paul), [membre à vie], rue La Boëtie, 50......,...... Doméère (Arthur), propriétaire, à Houilles, canton d'Argenteuil. Donon, [membre à vie], consul général de Turquie, avenue Ga- DOME UE BO US. dodo Un een NM OT ce Dorides (le baron Louis des), au château de la Fautraise, par BIErn 6 MR = tel ioiele ajete cialis elles eee dE ES OCR EE Dorin (Victor-Alfred), rue du Collège, 18, à Châlons............ Dorléans, fabricant, route du Landy, 13, à Clichy-la-Garenne.. Algérie. Seine. Seine. P: P: Nord. Loire. Seine-Inférieure. IP? Seine. Seine. Seine-et-Oise. Te Eure-et-Loir. 12 PE FE: 1 Indre-et-Loire. Cantal, Nord. Seine. Sarthe. P. 1 P. Seine-et-Oise. Seine. PA P, ALSACE. P. Loire-Inférieure. Saoue-et-Loire. Seine. BELGIQUE. Alpes-Maritimes. Aisne. 2 pe P* Seine-et-Oise. P: Mayenne, Marne. Seine. Dormoy (Alphonse-Antoine), vétérinaire, à Chaumont........... Dortan (le comte de), rue Martignac, 16...................... : Doublat (Alfred), [membre à vie], rue de Rio 214. Soc oc à Douladoure (F.-L), directeur général de La Garantie fédérale, Duerles BOuLTONNAlS, SEEN NN PEAR DRE SON CAD CRE Douicet (J.), 4, place du Palais-Bourbon..........,............. Doumet-Adansom, [membre à vie], président de la Société d'horticulture de l'Hérault, au château de Baleine, près Moulins Drake del Castillo (le docteur Emmanuel), rue de Vigny, 7... Dreuille (le comte de), [membre à vie], au château de Dreuille, pariCressances ne AE PEE RER R RE PROD DO UE à d'A ao mo dolce Brevet (Charles), rue de Lisbonne, 18........ NOEL US TAATSE Dreyfous (Léon), rue Richer, 19............ En AIO A TERT Et EU Briesens (Victor), [membre à vie], rue del else e, à Hellemer- LiNerARIenUe DABDDEE rer ST OD TA T TO E 0 NA Dee Le TER EU Driom (O.), RSR & Al propriétaire, au château de Mar- lagne; par ANamurs. 2er Ent Eent odece crie leeiere Ge Drion-Deslinsei taire à Onnaing....…. lei eee ee Drouilhet de Sigalas (le baron Paul), [membre à vie], rue du Moubnià Matmnan lentes Rent AR Aus HHaB Re Dubard (Paul), à Velars-sur-Ouche ........... GNÉdoobebe node | Bubief (Alfred), [membre à vie], propriétaire, rue de Montmo- rency, ll, à Boulogne. ........ AS IAE DD A Be LEONE EE BTE : Dubois Gran propriétaire, boulevard du Sud, à Avran- CHERE ER er oo oR da db oo nee Con ethelelalele eee Due Dubois (Jules), da TuerAe ar BanUe TRE NAME Dubourg (A.), rue du faubourg Saint-Honoré, 91....,.,....... ad DBuburquois (le docteur), [membie à vie], rue Saint-Yves, 25, à Brest etre 00 dB ob Ho ARR SRE OM nOT Meet RH LS BE RARES BA ; Ducatel (Emile), rue Clapeyron, 9............... ÉD OC OC en er Duchastel (Ch.), percepteur, à Vernantes.............. GA AE Ducerf (Jules), 12, rue de Longchamp, à Neuilly............... Bucot (Jules), avenue de Neuilly, 105, à Neuilly..............., Baucros-Auberé, Rae & vie], ancien ministre plénipoten- tiarevrueldet Tale éOM NL UE ETATS RE BR EP OTEL TrREAe Ne Dufort (Aimé), Diiéotour d l'enregistrement et des domaines, ANMONEPE LETTRE TAN RE A art Dufour (Edouard), [membre à vie], propriétaire, à Saint-Quen- CIN AC CARRE DH ob DA OP no Pb ioIaLn 0e 6: Hdi oLBtO EE 8 0 nie on Dci de o LHIHEE MOT a ANNE AN PAST RQ as UC A RO A RERO A AT ENS Dufour (Léopold), président de la Chambre consultative d’agri- culture et de la Société d'agriculture de Boulogne-sur-Mer. ..... Dufoure (André), au château des Moules, par Villeneuve-de- Marsan entente N RAR NN REC PIONEER Dufour de Neuville, propriétaire, au château de Combes, par Macnac-le-Bouroebrue Bonaparte or An MANN Dufresne (Ernest), rue Jacques-Dulud, 25, à Neuilly............ Pugied (Hilaire), rue Saint-Lazare, 101....................... 5 Dugué (Eugène), cultivateur, à Neuilly-Saint-Front............ 5 Dujardin, rue du Marché, 19, à Neuilly............,.,........ à Duijoncquey (Alf), propriétaire, à Villebrun, près Dourdan.. Dulong du Rosmay (le comte), rue du Hauboure- Sani Ho. DORÉ DE EAN NE FREE de NE RE LE a ee AR de A AE Duméril (G.) au château d'Ambleville, près Evreux... AS RENE XXIX Haute-Marne. P: P: Nord BELGIQUE. Nord. Lot-et-Garonne, Côte-d'Or. Seine. Manche, p* P, Finfstère. 1 Maine-et-Loire. Seine. Seine, P: Hérault, Aisne. Aisne. Pas-de-Calais. Landes, pa Seine. px Aisne, Seine. Seine-et-Oise, Eure. XXX Dumesnil (Henri), rue de Berlin, 31.......... Ed co 6 6 bn Ga) ON Dumézil (Frédéric), propriétaire, an château de Beaurech, et rue Daviau, 24, à Bordeaux............... Se AE AR, 2, Aer Dumont (Henri), propriétaire, rue de Médécis, 9.......... a pee de Dumont (Louis-Stanislas), propriétaire, avenue de Neuilly, 182, IN abonandoebdeneo dodo de on TD UACE GURT Dunae (Pol), propriétaire à Tarascon................. 508000 Seat Dupin (Eugène), [membre fondatewr], propriétaire, ancien ins- pecteur des chemins de fer, boulevard Maiïesherbes, 80......... Duplantier (Louis), propriétaire, à Saint-Léger-Ce-Montbrun, par Mhouars VER E PÉTER EEE CR CE PP ECC PER ES TE ERP ONE Duployé (Emile), professeur à l’école Saint-Cyr et à l'Ecole supé- rieure de Commerce, quai de l'Horloge, 23................,... Duployé (Gustave), sténographe, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 12 nn nm mn ns m sms Dupouet, notaire, à Mauves ..................... Sen ne eee Duprada (Jean), docteur médecin, à la Réole.................. Dupressoir (Ch.-Michel), cultivateur, à Ereuse, par Estrées-Saint- Denis 2e Ne Re ae nn Ti etai elera te la lee let Le Dupressoir (Lucien), propriétaire, à Choisy-la-Victoire, par Blincourt Duquesnay (Jules), Ingénieur, passage Masséna, 8, à Neuilly. Duquesne (Prosper), médecin-vétérinaire, 68, rue de Rivoli...... Duranti (le vicomte Paul de), propriétaire, rue de Téhéran, 15.. Dureau (Lucien), rue Dupleix, 21........................... RE Durfort (le comte), [membre à vie], propriétaire, au château de Villereau, près Neuville-aux-Bois, et rue de l'Université, 99... Durousseau-Dugontier (Elie-Guillaume ), propriétaire, à Montbron nn mn mms Durrieu (Henri), vice-président de la Société générale de Crédit industriel et commercial, à Larrivière et rue de la Chaussée- d'Antn, (O6 ER A entame NUE Dussel (Louis), propriétaire, au château de Saint-Palavy, par les Quatre Routes aie eee Nb enr Ese Dutoecq (Victor), architecte, avenue de Neuilly, 45, à Neuilly Duval, horticulteur, rue Duplessis, 64, à Versailles Duval (E.), à la Mettrie-aux-Chanoiïines, par Paramé............. Duval (Charles), au Parc, commune de Hézo, par Theix........ ARC SE (Jean-Baptiste-Marie), propriétaire, à Chantilly-Cau- DE SE nn AS BUT U AGE à n UOTE OU e Dybowvski (Xavier), directeur de la Ferme du Pré-Catelan, au Boisde/Bouloone/ANeuIL PRE RE ARC ER EEE CCR CEC CRC LE CE Cr Dybowvski (Jean), professeur à l'Ecole d'agriculture de Grignon. Dzieduszyeki (le comte Waldimir), [inembre à vie], conseiller in- time de S. A. Royale et Impériale l'Empereur d'Autriche, à Lem- …... Egal (A -Pierre) {propriétaire à MSSDIrE.. essor Eichthal (Adolphe d'), [membre fondateur], administrateur du Crédit mobilier et des chemins de fer de l'Est et du Midi, rue des Mathurins, 42 Eichthal (Louis d'), aux Bézards, par Nogent-sur-Vernisson. .... Elmore, au château de La Remonte, au Petit-Courgain, près St- Pierre les CAS TER LR ET EME RER Enault (Alphonse), ancien agent de change, rue du Havre, 3... Engelhard (Jean-Frédéric), propriétaire de l'Illustrirte Geflügel Zeitung, à Nuremberg Eprémesnil (le comte d'), [membre fondateur], au château de Thibermont par Dieppe, et 15, rue de Marignan 15 Gironde. 15 Seine. Ariège. 1 Deux-Sèvres. P. 122 Loire-Inférieures Gironde. Oise. Oise. Seine. 12 18e Pe P. Loiret. Charente. P. Landes. Lot. Seine. Seine-et-Oise. Ille-et-Vilaine. Morbihan. Gironde. Seine. Seine-et-Oise AUTRICHE Puy-de-Dôme P: Loiret. Pas-de-Calais. PE ALLEMAGNE. P. Seine-Inférieure, Erlanger (d'), banquier, rue Taithout, 20....................... Ermoul (Jean-Edmond), avocat, ancien ministre de la Justice, 123, rue de Lille, et à La Borderie, près Lussac-les-Eolises... Errazu, (de), Cours la Reine,/36,....4 540 Re en. OR Escherny (le comte Gustave d'}, [merbre à vie], propriétaire, MUORJOUDEL END EME Le NEA AA EE a NE ASE EP os VARIE Esperon (A.), négociant, rue de l'Observance, 9, à Bordeaux... Espéronnière (Le comte René de l’), propriétaire, au chateau de la Saulaye pres CAN. NN SN RE UE OI NE EN AA AIS Espeuilles (le comte d’), débats place du Palais-Bourbon, 6 ... Espeuilles (le général marquis d'), ancien sénateur, rue LaBoëtie 08 1000 AU LeMAnERERNE AE SATA RU AA AMNr LAN En UT RER Estermo (le comte d’), à La Celle, près Autun et rue de Gre- DV DEN 2 A A A NE POS SCAN EG Estienne (d'), [membre à vie], capitaine de vaisseau, avenue Vauban lai Too n Re RUN ant AA A SA UN ANUS Estienne (Louis-Philippe), propriétaire, à Brunoy, et rue d’Au- MAT NAS A Len AE CU, a Data PA den PE Le A Estoille (le comte Max del’), propriétaire, président de la Société d'éemulation delAllrer a Moulins ERP EAANNESnnIEeE ates Ettling (Guillaume), [membre à vie], propriétaire, Villa Madrid, AACAINES MM RRQ RON Te AE UTAPEETRREt BAGUE Evans) (Dh); avenue de MalaKoN, 090 AE RAA Eu (S. A. I. le comte d'), [membre à vie], à Rio de Ja- NC EN DAS A PA Po LE a A A NO UE Ezpeleta (le baron d’), rue Cambacérès, 31..................... KHabrel (Adrien) Ben Dien AN PME entente nantes Fabre père, (Henri), propriétaire, au château de Garnès, près antassnsinus t Are ans SERA ERA RAA AA ERA EU RUE Fabre-Firmin (L.), propriétaire, à Narbonne..,............... Faïivre (Gustave), avenue du Maine, 43......................2. Fallou (Jules), à Champrosay et rue des Poitevins, 10 .......... Fantoni (le R. P.), missionnaire au Chantoung................. Fauche, (Eug.), [membre à vie], auchâteau de Villezay-Candé- sur-Htine, etre Miromesnil el sn M EN Faulcon de la Goœudalie (Albert), propriétaire, villa Gou- dal 4rSamt-Vaastide la) Houeue APR tas Era Faure (Gaston), manufacturier, à Périgueux.................... Faure-lMiäller (le docteur John), rue Matignon, 28...... deteste Fauvel (Albert-Auguste), à Han-Kéou.......................... Favre (Philippe), négociant, avenue du Roule, 59,:à Neuilly... Fays (Gaston de), chef de gare, à Templeure.......,............ Féchoz (Francois-Julien), libraire, rue des Saints-Pères, 5...... Fedit (Charles), quai de la Mégisserie, 6.................,...... Feldtrappe (Henri), rue Pelouze, 9.........1.....44202.410 0 Féligonde (Gabriel de), [membre à vie], au chäteau' de Saint- Genès-l'Enfant, par RO A Re en ren Félix (Paul-Francois), agent de change, rue Le Peletier, 31...... Fenouillet (Léonce de), propriétaire, au château de l'Hom, près ISPORREAAODMAME URLs RNA Li AAA SEA VE nr Ferary (Claude-Achille), [membre à vie], propriétaire, à Aurillac Ferdut, (le docteur Eugène), rue du Regard, 5................. XXXI P. Haute-Vienne. PL P+ Gironde. Maine-et-Loire. P. P. P° P. Saône-et-Loire, Var. P. Seine-et-Oise Allier. Alpes-Maritimes 1 BRÉSIL. SUISSE. Fe Pyrenées-Orientaies Haute-Garonne. Aude. 12 P. Seine-et-Oise. CHINE. P. Orne. Manche, Dordogne, 1 CHINE. Seine. BELGIQUE. P. P. P. Puy-de-Dôme. 5 Lozère. Cantal. IE XXXII Fernandina (le comte de). | membre à vie], avenue des Champs- Miysees, 20.00. -.pesesmer-cseceekeveee PR Lo TARN d'OEEE Fernan-Numez (le duc de), [membre à vie]. propriétaire, calle de Santa lsabels a Madrid Prec c--LTECCEECEELE CL CCE ter Ferreira Lage, [membre à vie], rua des Pescadores, 40, à Rio- Maneir os: MNT AN MENACE RER ER PRE PTE ET EEE Ferreira Penna (D. S.), président de l'Association philomathique, destinée à l'établissement du Musée paraens, au Para........ à Ferret (Eugène), ingénieur agronome, 24, rue Billancourt, à Boul boosactdodeecdosdonoocodoiodooconanocoodnentosonponc Ferrière (Théophile), sous-directeur de la maison Crespin, bou- levard Rochechouart, 23 Ferté (Georges), [membre à vie], propriétaire-agriculteur, à Bonnemaison, par Coucy-le-Chäteau.............. Dacoo des do Féry-d'Esclands (Alphonse), avocat général près la Cour des comptes, lieutenant-colonel commandant le 44° régiment territo- raltirue ChristophenColomhME Pere EEE rene eerereeceLhreee Fessart (Emile), agent de change, propriétaire, rue du Quatre- SONEINDET Boouc 1200000 E dos ogdocob-ber0P00 had anne Feuilloy (Gédéon), propriétaire à Senarpont, par Oisemont ..... Fiennes (de), au chateau de Montvillers, par Sedan, et faubourg Saint-HOnore RAR RE Re Di detecte electrical lie non CPC CP CCC CECI CECI Fiévet-Perinet (Emile), négociant, au Cateau................. Filippini (Angelo), rue La Boëtie, 122.......................... Finaz de Benevent, place Belcourt, 21, à Lyon............... Fischer (Ernest), | membre à vie], ancien membre du Conseil gé- néralidemliMsne CG HanICMDAnIUnCel EEE PPPEPEEEE REC PEER Fitz-James (le duc de), cours la Reine, 36..................... Fleury (Victor), à la Drouetière, à Mauves .................... : Flury-Hérard (Paul-Luce-Hippolyte), [membre à vie], banquier du Corps diplomatique, rue Saint-Honoré, 372................. : Focet(Jules) propriétaire 4 Bernay Mere Eee cer erreeee . Foerderer, rue de la Station, 5 bis, à Alfortville .............. : Folseh (Ch.-Henri), [membre à vie], consul de Suède et Nor- wège et de Danemark, Prado, 80, à Marseille. .....,........... Fonein (P.), inspecteur général de l'instruction publique, 87, rue de Rennes. see M NS AA SN MIN AE Fontaine (Raymond), propriétaire, à Boulogne-sur-Mer.......... Fontaine (Alfred), propriétaire du Domaine et des chasses de la Bristinière et de la forêt de l'Epar, près Rambouillet, et boulevard Haussmann D ER RER EN EP PEER EEE CCC CE Fontanès (Gabriel de), au château de Châtel, par Feurs........ Fonteinne (le R. P. Dom Aug.), bénédictin, cellérier de l'abbaye de Solesmes, par Sablé-sur-Sarthe............................. Fontette fils (Pierre-Francoisde), avocat, propriétaire, à Aurillac. Forbin-Janson (le marquis de), [membre à vie], ancien consul général, de France, rue des Mathurins, 37%................... Forest (Jules), négociant, rue Marsollier, 15.............. doc Forestier de Coubert (le comte Félix-Henri de), au château de la Boisnière, à Château-Renault et boulevard de Cour- celles, 70 “ploEnipiola te tieletn eo tetoratntelel lee totote li ieletelelnlsis ton ielote Vretpinte far iv iele sn 0 Forgemol de Bosquénard (le docteur), à Tournan........... Forgeot (E,), négociant, quai de la Mégisserie Forget (Georges), [membre à vie], à la Terre de Gourvillette, par Bed VAS SU MAR Eee ee celte ee cc A SEINE 25 Forth-Rouen (le baron), | membre à vie], ancien ministre pléni- potentiaire de France, boulevard de la Madeleine, 17........... 1 ESPAGNE. BRÉSIL. BRésIz. Seine, P2 Aisne. PE somme. P. Ardennes. Nord. JD Rhône. Aisne, 1 Loire-Inférieure pe Eure. Seine. Bouches-du-Rhône. PA Pas-de-Calais. P. Seine-et-Oise. Loire. Sarthe. Cantal. P: FE P. Indre-et-Loire. Seine-et-Marne. > Charente-Inférieure. Fortin-Herrmannm, ingénieur, boulevard Montparnasse, 138... Foubert (Alfred), sénateur, propriétaire, à Saint-Sauveur-le- Nicomteñetrue de Varenne dd MR Meter dati tle Foucaucourt (le baron de), [membre à vie], propriétaire, à Belloy, DÉS IMMO SÉÉoboonodoncn vod omoascooosaosoccu oc eco bcuure Fouquier d’'Hérouël, propriétaire, maire de Foreste.......... : Fouquier de Mazières, inspecteur des forêts de l'Etat, à Saint- Germain-en-Laye, et rue de Moscou, 3....................... , Fourment (le baron Auguste de), propriétaire, au château Cer- camp, par Frévent et rue Pierre Charron, 51.................. Fournel, [membre à vie], négociant, à Vitry-le-Francois....... Fournés (le comte de), au château de Cambes, par Caen...... : Fournier (Gaston), rue de Berlin, 21........................... Fournier (Henri), [membre à vie], ancien ambassadeur de France, au château des Pâtis, près Vouvray, et boulevard Mont- DARNA Se A PE che ele eee tee cpecee Ce Fournier (P.-Félix), HE & vie], propriétaire, à Kichbühl, prés Thoune (canton de Berne), et rue de l'Université, 119...... Fournier (G.-A.), apiculteur, à Issoire........................ Foy (le comte Fernand), faubourg Saint-Honoré, 85 Fraiche (Félix), professeur au collège Stanislas, rue de l’abbé Creome hrdaoudebeséosonteltoosobhatobcboeubobé avons out Francquevile (le comte Roger de), capitaine d'état-major, rue des Carmes; 45/41Cae ne Re RAT er ER ete En Le Fremeur (comte de), propriétaire, au château de Pierrefitte, par Château-Renault........... DODBL6DO0Ob LOL ÉD BLUE bÉDÉbob une Fremont (Ch.), mécanicien, rue de Clignancourt, 124........... Frémy (L.), ancien gouverneur du Crédit Foncier de France, rue de Lisbonne, 28 ............ DAS DEEE UE HA AIG S DD Frémy, membre de l'Institut, rue Cuvier, 33............,..... : Frémy, avocat et propriétaire, rue des Ponts, 5, à Loches..... ° Frère, au château de la Barre, par Ouzouer-sur-Trézée......... Fresne (Eugène de), place de la Madeleine, 10................. Freté (Jules), boulevard de Sébastopol, 12, à Paris et boulevard Maillot MON eu LE RAR PRE eee ete be Fréville (Eugène), propriétaire, rue Taitbout, 91.............. : Fruehier (Charles), secrétaire de la Société d'agriculture et d’acclimatation des Basses-Alpes, propriétaire, à Mezel......... Fuisseaux (Léon de), avocat, 123, avenue de Villiers........... Frys (le comte de), [membre à vie], au château de Frysemborg, DADPAATAUS ES eee Me see nee EN a ele A Ce ee NA RE Fumouze ainé (le docteur), boulevard Magenta, 89...... ....... Funcek, directeur du Jardin zoologique de Cologne, à Cologne... Furet (l'abbé), [membre honoraire], curé de Notre-Dame, à Ava RE NN TE RAR a RE An Fuzier-Herman, propriétaire, à la Houssière, par Ligueil...... &adala (Ch.), à Saint-Prix, par Saint-Leu-Taverny............. Gadeau de Kerville (J.-V.), [membre à vie], manufacturier, 7, rueidu Passage-du-Pont,à/Rouen 400.1 ee en ent Gage (le docteur Léon), rue de Grenelle, 9..................... Gaïllard (Alexandre), squarre du Roule, 2, faubourg Saint- Honoré, 228 LA amsn sg NS DNINR Lure) : Gaïllard (Paul), à Menucourt, par Vaux, et rue Laferrière, 10... Gaillard de Ia Diomnerie (Henri), [membre à vie], conseiller a lacour d'appelide Poitiers Ne Ni RUE ur UML LU : Galard de Béarn (comte Roger de), à Mendeville, près Caen. Gallaïs (F.), à Mamora, commune de Daouda, par Coléah, et au château de Ruffec.......,.. SU DR AR Re É XXXIII P. P. Manche. Somme. Aisne. P. Seine-et-Oise. P. Pas-de-Calais. Marne. Calvados. P. P. Indre-et-Loire. P. Suisse. Puy-de-Dôme. P. P- Calvados, Indre-et-Loire. P* PE P} Indre-et-Loire, Loiret. 12 P. Seinc. P. Basses-Alpes. P° DANEMARK. P ALLEMAGNE. Mayenne. Indre-et-Loire. Seine-et-Oise. Seine-Inférieure. PE P. Seine-et-Oise. Vienne. Manche. Algérie. Charente. XXXIV Galland (F.), vétérinaire à Mon-Idée-Saint-James .............. Manche. Galle (le docteur), [membre à vie], médecin de la marine, à Sisteron ana nenrraons tante bien SENS Basses-Alpes. Gallimard (Gustave), [membre à vie], rue Saint-Lazare, 79..... P: Gallo (Charles), sous-chef au ministère de l'intérieur, rue de Douai 2921. R4R in... 0 00 dates MIO LION FHRSNPEMENRRS 1 Gallotti (le commandeur), à Naples............................ ITaur.. Ganivet (A.), juge de paix, à Douvres......................... Pas-de-Calais. Ganneval (Auguste), rue Saint-Lazare, 70...................... E: Gardame (le comte), [membre & vie]......................... 12) Gardin (Auguste), ancien maire, chemin du Hallage,6, à Marguy- les Compièbne PE ERP ERP EEE POP CELUI-CI Oise. Gareau (Eugène), membre de la Société d'agriculture de France, ancien député, rue Duphot, 14%:.:...:...:4....:.0.:......40. PS Garnier (Charles), propriétaire, au château d'Orainville, par : Athis-Mons, et avenue de Messine, 15......................... P. Seine-et-Oise. Garnotel (A.), à Fremeuse, par Bonnières.................... Seine-et-Oise. Garnot (Emile), président de la Société d'agriculture de la Man- che, propriétaire, pavillon de Beilevue, près Avranches ......... Manche. Gaspard (Félix), notaire, à Saint-Jean-de-Bournay.......... 2: NOUISÈTE: Gastinel-Bey, [membre à vie], professeur de physique et de chimie à l'Ecole de médecine et directeur du Jardin d’'acclima- tation, au Caire: 222 NRA RE AMNTLENRE LA ONE CEE AR EEE ARMES Re Favere. Gattiker (3.-G.), boulevard Bonne-Nouvelle, 31.................. P: Gaudim, sous-directeur au ministère de la justice, rue du Fau- Dour SaMtEAOROTE AMI PEN PAUSE Re ERREUR P. Gaudinot (Philibert), propriétaire, avenue de Neuilly, 63, à à Neuilly 2 RU RE USE EN AMAR AA RALENTIR Seine. Gaullier (Henri), au domaine agricole de Bourmont, près Candé. Maine-et-Loire. Gauthier (J.-M.) avenue de l'Etang, 16, à Saint-Mandé......... Seine. Gautier (Jules), banquier, au prieuré de Baiïllon, par Viarmes, Ë et'rue d'AruessBaur ls a AE EM MENU TEE RER P. Seine-et-Oise. Gautier (Jules), avocat à la Cour d'appel, rue de Trévise, 43... P. Gauttier-Faugères, négociant à Issoire ......,................ Puy-de-Dôme. Gavet (Emile), architecte, boulevard du Palais, 11 bis........... 12 Gaviria (J.-A.), [membre à vie], rue Duban, 2................ 15% Gay-Lussac (Albert-Joseph-Louis), propriétaire, avenue Fried- LR C0 D AE es PANNE TNA QE OR SA RES PAS LE: Géliot (Adrien), propriétaire, à Plainfaing, par Fraize......... Vosges. Geillée (J,-B.), boulevard des Sablons, 2, à Neuilly............. Seine. Gelot (Paul), notaire, à Saint-Cyr-des-Gatz..................... Vendée. Gennadius, inspecteur de l'Agriculture, directeur du Jardin Dendrolôpiquetde HEtatMArRANREnES RENE LR EC RER eee GRÈCE. Geoffroy (Jules). rue du Centre, 3, à Neuilly.................... Seine. Geoffroy-Château (Hippolyte), propriétaire, juge honoraire, à Bernay sit ete 2 ROME ces Te ER diese rot Eure. Geoffroy-Saint-Hilaïre (Albert), [membre fondateur], direc- teur du Jardin zoologique d'acclimatation du Bois de Boulogne, à NU LyR es maietdes aus ces ace ee UE ON ER R NE ÉREE Seine. Geoffroy de Villeneuve (René), au château de Chartreuse, par FISMOSSP Ceres ceslielien à de sel U Ten Cie ie a Marne. Geofroy (de), ancien ministre plénipotentiaire de France, villa Clémentine, aUMMUYe es. ee Arte de e Le ee Var. Gérard (Alfred), [membre à vie], industriel, à Yokohama....... Jaron. Gérard (le baron Maurice), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 85.. P. Gérard (le baron), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 85.......... E: Gérard (Charles), négociant, à Toulon.......................... Var. XXXV Gérard (Louis), propriétaire, rue de Fleurus, 22.......... 46 OCR TE Gérard (Albert), rue Drouot, 8................................ P: Géré (Omer), propriétaire, parc de Montretout, à Saint-Cloud... Seine-et-Oi Germain (Rodolphe), vétérinaire principal de l'armée, faubourg À denNantes tlliMatRennes. 2-0 Pere CLEA UE A Ille-et-Vila Germann (le colonel), avenue de Neuilly, 4%, à Neuilly.......... Seine. Germeau (Léon), à Chambon-sur-Voueize, et rue de Clichy, 71: ! P: Creuse. Gevelot (Jules), manufacturier, rue Notre-Dame-des-Victoires, 30 P. Gibert (Edouard), [membre à vie], boulevard Suchet, 55........ Fe Gibert (Gustave), maire de Puissieux, et rue Malher 20000 P. Seine-et-Marne Gibez (Eugène), négociant, à Sens.............................. Yonne. Gignoux (Léon), avoué, avenue de la Grande-Armée, 64........ 19 Gilbert (le docteur A.), à Givet................................ Ardennes. Gildas (le R. P.), frère trappiste, au monastère de la Trappe de Saint-Paul-Trois-Fontaine, près Rome...............,...... ITALIE. Gillet de Grandmonmt (le docteur Anatole), rue Halévy, 4...... P: Gillet-Rompard, propriotaire, à Vitry-le-Français............ Marne. Ginestous (le marquis de), ancien membre du Conseil général du Gard, président du Comice agricole du Viggn, au Vigan, et ruertde Madame Den EreSEeeNeNerRntensenR Rene P. Gard. Ginestous (le comte Raymond de), rue de Madame, 54......,... Fe Ginoux, [membre à vie], propriétaire, au chàteau de Sucy-en- L ER bone sb on Des Ron RE LEGS bob 0 ee Seine-et-Oise. JAN ON VA RUE PAL + LA Seine-et-Marne. Giquel (P.), [membre à vie], rue du Faubourg-Saint-Honoré, 27. P. Girard (Maurice), docteur ès sciences naturelles, rue &ay- LUSSA CASE RTS ne PE ARE P: Giraud (E.), avocat, à Alexandrie.....................,........ Ecypre. Giraudeau-Saint-Gervais (Abel), rue Richer, 12.............. P. Giraud-®liivier (Savinien), rue Orbe, 39, à Libourne.......... Gironde. Giraulé de Prangey, àla villa Girault, par Prauthoy.......... Haute-Marne. Girodon (Fernand), boulevard Haussmann, 137................. TP Gironde (le vicomte Bernard de), avenue de Messine, 29.......... PE Glatigny (Edouard de), rue Sainte-Anne, 14.................... 12 Gleïize (Francois), rue Jacques-Dulud, 37, à Neuilly............ Seine. Gmecehi (Joseph), [meinbre à vie], ingénieur, à Milan.......... ITALIE. Godart (Louis), ancien notaire, à Loches...... SR AN PRE RAS Indre-et-Loire. Godart (Léopold), propriétaire, à Saint-Gobert.,................ Aisne. Godeaux (Ernest), [meinbre à vie], ancien consul de France, RUONTE PA IS DOUTE MIE ANCIENNE RER ete rl eNelLOlS À Godefroy-Lebeuf, horticulteur, à Argenteuil................... Seine-et-Oise. Godillot (Alexis), [membre à vie], rue Rochechouart, 52........ 1 Godillot (Alfred), négociant, rue de Madrid, 23................. 10e Godin (Paui), [membre à vie], à Huy, province de Liège........ BELGIQUE. Godin (Fernand), rue d'Orléans, 26, à Neuilly.................. Seine. Godin (Edouard), rue Layette, IL................,.,............. Je Godineau (Eus.), à Surgères.................................. Charente-Inféri Godry (Edouard), au château de Galmanche, près Caen........ Calvados. Goffard (Auguste), propriétaire, au château de Burtin, par Nouan- le-Fuzelier, et rue Chaptal, 210.20" 002. 0e RE ER P. Loir-et-Cher. Goguet (Adolphe), à Gript, par Beauvoir...................... Deux-Sèvres. Goll (Hermann), à Lauzanne.................................... SUISSE. Gombault-Darnaud (le baron Paul), rue Demours, 20.......... p° Gombault (le docteur), rue Ancelle, 1, à Neuilly....... DEA Seine. ure. XXXVI Gombault (Charles), éleveur, à la terme de la Touche, près Gombert (vicomte Maxime de), rue Chaptal, 17................. Saint DentSsSUrT-Sarthon ti M eRREMEELE RECRUE MEET ERP ER CEE Gomez (Juan-R.), propriétaire, à Malaga......................... Gommecourt (le baron L.de), propriétaire, au château de Gomme- court, par Franqueville, et boulevard St-Germain, 209.......... Gonzalez (le général don Ignacio Maria), [membre à vie |, ancien président de la République dominicaine........................ Gorry-Bouteau, à Belleville, près Thouars..................... Gosvwvin de Séverin, [membre à vie], à Sorinne-la-Longue, près Assesses par INAMUT Ferrer ereelemenlen eee nee ciecnac DE Goubeaux (Armand), [membre « vie], membre de l'Académie de médecine, professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, à Allort..... Goubie (Jean-Richard), [membre à vie], à Chatou, et avenue de MWapram:, 125 RENE PR RE EE PRE NE A RENE Goudechaux (E.), banquier, boulevard Maillot, 52, à Neuilly... Goujon (le docteur), place Daumesnil...........,........,,..... Goupil (Albert), éditeur, rue Chaptal, 9......................... Goupil (Adolphe) true Chantal MO ER Re rem Croce Gourey-Serainchamps (le comte de), au château de Champotran, par 'Rozoy-en Brie REC A Let ie ie eee re MI te CET Gour»din (Delorme-Dominique), juge au tribunal civil, délégué de la Société nationale d’'Acclimatation, à la Roche-sur-Yon... Gourraud (Charles-M.), juge de paix, aux Brouzils, par l'Herber- Goury du Roslan (le baron C.), ancien ministre plénipotentiaire de France, avenue des Champs-Elysées, 27..................... Gowland (Raphael-Henri), au châtean de Kérien, à Quimper... Graëlls (Mariano de la Paz), [membre à vie], conseiller d'agri- culture et d'instruction publique et membre de la Commission centrale des Pêches au ministére de la marine, calle de la Bola, EU EN CE bond nine door a Ed babe Graffenried-Willars (le baron de), au château de Carlepont.... Gramont d'Asté (le comte de), avenue de l'Alma, 68.......... : Grandidier (Alfred), [membre à vie], rue de Berry, 14....... Grandin (Léon), rue Frémicourt, 10........................... ë Grandmaison (Georges de), avenue Montaigne, 55............. : Gratiot (Ernest), à la Ferté-sous-Jouarre.........,...... sobidec : Grazais (le docteur E.), à Guérande........................... : Greffulhe (le vicomte Henri de), rue d'Astorg, 10............, jee Greffulhe (le comte Charles de), rue d'Astorg, 10...........,... Gréham (Laurent), avenue de Neuilly, 1%5, à Neuwlly.......... Grehan (Albert), consul général de S. M.le roi de Siam, rue Pierre- le= Grandin. AE ae à enter ete tc lee none et a Grellou (Henri), propriétaire, à Verrières, près Sceaux, et rue François er, 610. bRe RER eee EN HENTAI Grisard (A.-V.Jules), agent général de la Société nationale d'Ac- climatation, gérant de ses publications, rue de Lille, 19, et avenue defPans, 6 41Ch015y-1e-R01 2. Rene enr EURE Gros (Fernand), ingénieur des Arts et Manufactures, à Wesserling. Gros-Hartmann (Edouard) délégué de la Société nvtionale d'Ac- cho on aNW'eSSerlin ee. tete EEE RENNES Grottanelli-Ugurgieri (le comte), à Florence et Torre del Lago, PrOSSOMEAS A ee hietisisieeeele nelle anses ee ON CDTI Gruëre (le docteur Victor), rue Bassano, 11, à Dijon............ Guénot,.rue Montpensier, 32.,..,......., Re CRE Guérie (Ferdand), [membre à vie], percepteur des contributions directes, arBacquenillerse, ss. cts APR GUIRRRE Orne. ESPAGNE. P. Pas-de-Calais. Deux-Sèvres. BELGIQUE. Seine, P. Seine-et-Oise. Seine. Seine-et-Marne. Vendée. Vendée. 12 Finistère. EsPaaxe. Oise. P: PA PA IP? Seine-et-Marne Loire-Inférieure. P. 1e Seine. P: P. Seine. P. Seine. ALSACE. ALSACE. ITALIE. Côte-d'Or. E2 Seine-Inférieure. XXXVII Guérin de Sossiondo (J.-Ch.-Paul), au chateau de Fonfrede, ÉMRQUIIE Loc BST oo de oo obbov baba 0 bo 0e pe Charente. Guesnot (Louis), artiste-peintre, rue Bassano, 36.,............. P Guibert, pharmacien, à Trévières.............................. Calvados. Guichard (Jules), [membre à vie|, avenue de Messine, 10....... P. Guilhou (Ernest), propriétaire, à Laclau, par le Boucau......... Basses-Pyrénées. Guillaume, directeur de l'École de jardinage, à Villepreux..... Seine-et-Oise. Guillaumet (Emile), rue Castellane, 8.......................... 2 Guillaumet (Léon), manufacturier, 1 bis, avenue du Bois de EUGENE onocodeéoedodbeobbobba bound noel ado oc 0000 Re Guillebert (Louis), propriétaire, à la Foulerie, Valognes....... Mauche. Guillemain (Paul), ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue depBellechasse por P RECONNU RER ES PE Guillemet (Gaston), négociant, rue des Loges, à Fontenay...... Vendée. Guillemot (Léon), avenue Sainte-Foy, 4, à Neuilly............. Seine. Guillon (Gustave), percepteur, à Château-la-Vallière. ........... Indre-et-Loire. Guillotaux (Hippolyte), propriétaire, au château de la Cardomière, commune de Quéven, arrondissement de Lorient, et rue de Chartres la OT ent PNA AENBUeAC MERE Eten ne AIO AN AE AR Morbihan. Guiton (le vicomte de), au château de Bonnefontaine, par Antrain. Ille-et-Vilaine. Guittonm (Henri-Ernest), notaire, à La Roche-sur-Yon............ Vendée Gury (Prosper), [membre à vie], vétérinaire militaire, rue Jouf- oye Je bcoaccaocovdobdoouoononpoontee AS DO be à DAlbie ID be aoie 18E Guy aîné, [membre à ciel propriétaire , ancien directeur de l'A quarium toulousain, rue Saint-Jérôme, 7, à Toulouse............ Haute-Garonne. Guy (Joseph), [membre à vie], propriétaire, à Aïigre............ Charente. Haber (le baron de), au château de Courances, par Milly, et rue Rabelaisaulurs AR PR EU nr A NA ARE Ven SE Re P. Seine-et-Oise. Hagembecl (Carl), à Hambourg............................... ALLEMAGNE. Halim-Pacha (S. À. le prince), [membre à vie], à Constantinople. Turquie. “alloy (Léon d'), rue Porte-Paris, 19, à Amiens................. Somme. Halphen (Constant), au château de Batailley, par Pauillac, et rue GS A0 1 ES de PS AU JA A CA P. Gironde. Halphen (Eugène), propriétaire, avenue du Trocadéro, 111...... 15 Hameau (le docteur), médecin-inspecteur, à Arcachon......... Gironde. Hamel (Casimir), négociant, rue de Bapaume, 8, au Havre....... Seine-Inférieure. Hamonville (le baron Louis d')}, [membre à vie], propriétaire, au château Manonville, par Noviant-aux-Prés................... Meurthe-et-Moselle. Harcouwuré (le marquis d'), au chiteau de Saint-Eusoge, par Rogny, et'rue de Grenelle 142204) MALE ARE AR AGE Let AS P. Yonne. Hareourt (le comte Bernard d')}, ancien ambassadeur de France, puede VarennesOO MR RM AO er EN ARE A OR A a pe Haremberé (baron d'), rue de Saint-Pétersbourg, 14........... 1e Harding (Palmer), banquier, rue de la Chaussée-d'Antin, 15 .... P. Hardon (A.), conseiller général de Seine-et-Marne, ingénieur, avenue des iChamps-Elysees 22e PEER PCR ESC R> Hardy (le docteur Ernest), chef des travaux chimiques de l’aca- démie de médecine, rue de Rennes, 90...............,........ 12 Hardy (Ch.-Gust.), manufacturier, rue du Rocher, 35............ F2 Hardy(Céon) true Galilée Mol NEA EEE RENE SULEe Harel (Alfred) fruerde Dur Me EMEA RAR En P: Harel (Emile), boulevard Haussmann, 146.................,..... > Hatin (Eugène), notaire, rue Saint-Honoré, 231..... à HAN AA ARRET P° Haussonville (le comte d'}, membre de l'Institut, sénateur, TU AS Cases OI ENS CRU AR NAUNE en EE RTE Un AU AAA EMANc FX Hautpoul (le comte), à Trouville-sur-Mer, et place du Palais- BOuUTDONN ET ENS MAR NE RAT APP RR OL LR CDI P. Calvados. XXXVIIT Hauvel (le comte du), au château du Pin, par Moyaux, et ave- nue des Champs-Elysées, 129................,............... : Hays, filateur,[membre à vie], à Saint-Maixent............... 2 Hébert (Ernest), membre de l'Institut, artiste-peintre, boulevard Rochechouant 990 rec: Pete ER ELEC St Hecht (Etienne), négociant, boulevard Haussmann, 140......... Hédiard (Ferdinand), négociant, rue Notre-Dame-de-Lorette, 15. Heine (A.), [membre à vie], banquier, avenue Marceau, 85... = Hély d’Oissel (Paul-Frédéric), [membre à vie|, ingénieur civil des Mines, rue de Chaillot, 70................................ : Hennessy, rue Miromesnil, 30....... DDR Dre gone Joe cave Henning (Ernesi), avenue de Wagram, 129...................... Herbelin (Elie), rue des Graviers, 3, à Neuilly ................ : Herelle (Paul), [membre à vie], rue Marignan, 21,............ c Héricourt (A. d'), rue de Berri, 17............................ o Héricourt (Edgard d'), au château de Théribus, par Fresneau- Montchevreuil, et rue de Berri, 17.............. TR ERA Hernoux (Eug.), négociant, avenue de Neuilly, 21, à Neuilly... Heroguelle d'Amiens (Victor), à Saint-Pol.................. KHerran (Jean-Victor), ministre plénipotentiaire de la République de Honduras trueDECAmps ME CE CARPE ELEC EEE LEONE ENT Hervey de Saint-Denys (le marquis d’), [inesmbre à vie], au château de Bréau, par Ablis, et rue du Bac, 126................. Hesse (Ernest), à Marseille....................... Meet LaAe Heughebaert, avocat, à Peter onen ai NP PEER Heuzey-Deneirouse, ancien manufacturier, administrateur du Crédit foncier, place de la Borde, 6....:...................... Hibert (Charles), [membre à vie], rue Saint-Lazare, 62......... Hiélard (Charles-Léon), [membre à vie]. négociant, rue de Maille MO PER EE CEE TERRE demo 8 Dose stine 45 Het ncio he Hignet (E.), rue de Saint-Pétersbourg, 55....... npodcaocosnnoete Hirigoyen (le docteur), rue de Cursal, 38, à Bordeaux........... Hirsch (Isidore), négociant, rue Charles-Laffitte, 59, à Neuilly. Hiss (Auguste), au château du Verger, à Vernon, commune de Beaugency "tie eee elelielbelce ce spieseeieeceeeglise ss Hiver (A.), à Crouy-sur-Ourcqg................................ c Hocédé du Æremblay (Pierre), au château de Rubelles, par Melune CR UP PELLE TE LILI cet sh eee Hocquart de Æurtot (le vicomte), au château de Filières, par Saint-Romain, et rue Las-Cases, 10......... Maya a tdopers cfa ie KGreye Hofèle (Charles), [membre à vie], avenue du Bois-de-Boulogne, 64. Hofer (Edouard), manufacturier, à Nieder-Morschwiller........ Hogg (Th.-P.), pharmacien, rue Castiglione, 2................... Hohenlohe (S. A. le prince), ambassadeur d'Allemagne, rue de Lille, 78:42. e 20158 28e LUN 1 Le ARE EAN A ARTE TC SUR Homans;,tavenue de l'Opéra M9 SREMMENCE RENE RE T ORAUEES Hooker (le docteur), [membre honoraire], directeur du Jardin royal'de Kew, pr stLondres;: 2, ASSURER ner Hornsby (Edou:: i), [membre honoraire], secrétaire du Bureau des travaux publics et des pècheries d'Irlande, à Dublin (Irlande). Hosteins (Pierre), boulevard Voltaire, 30....................... Hottinguer (Joseph), [membre à vie], rue Lafftte, 14........... Hottinguer (Jean), [membre à vie], rue Laffite, 14............ Hottinguer (François), [membre à vie], rue de Provence, 38... Houdard (Adolphe), avenue de Neuilly, 136, à Neuilly........ Houpin (Ernest), industriel, à Reims......,.,,,.,............... P, Calvados. Deux-Sèvres. P. Lise. Seine. Pas-de-Calais. P° P. Seine-et-Oise. Bouches-du-Rhône. BELGIQUE. IP: Giroude. Seine. Loiret. Seine-et-Marne. Seine-et-Oise. P. Seine-Inférieure. P2 ALSACE. 1e EPA E- GRANDE-BRETAGNE. GRANDE-BRETAGNE. Huard (Noël), rue du Port, à Mauves................. PNA 2 A 2 Huber (Charles), de la maison Ch. Huber frères et Cie, horticul- Cours Ma Eyeres is ARS neE CRAE RPM MESSE DANS ve Hubert (Charles), à Sainte-Néomaye, par La Crèche............ Hubert-Brierre (A.), propriétaire, rue d'Aumale, 18..,... debae Hubert de Sainte-Croix (Anastase-Charles-Emmanuel), | membre & vie], propriétaire, Grande-Rue, 151, à Sèvres et à Gastonville. KHuchet (Ernest), négociant, boulevard Bonne-Nonvelle, 18...... Huet (Léonce), [membre à vie], propriétaire, à Etampes... HA Huet, aide-naturaliste, rue Cuvier, 51......................% Be Hugues (Guillaume), rue des-Mathurins, 49..................... Hugues (Louis), à Etoile et rue de Cluny, 3.................... Hulot (Albert), rue Lafayette, 450......::...,............. . Humières (Fernand d’), au château de Conros, près foie Huot (Gustave), propriétaire-agriculteur, à Saint-Julien, par TOVES Lo 0 do 0 da Ole STATE OMAN ERA Ent Huret-Lagache, fabricant. au Pont-de-Briques, arrondissement de Boulogne-sur-Mer RS Renan entente lee Huyot (Ernest), ingénieur des mines, directeur du chemin de fer duMidr rue duACirque iO0 EE NORRnIARNNRNtr EN AE Huyot (Jules), graveur, rue des Saints-Pêres, 34................. Imbleval (Raymond d'), au château de Romesnil, par Blanzy-sur- BR STONES NTI NS AN AE HE ER EE Ee LC A AE IE DOUÉ Innes (Walter), au Caire................. ARC E AO NORE HÉRLEE Jachkisom (James), [membre à viel, propriétaire, avenue COPA OT AUS A ANR Ra QI A RACE ER A OR RAS Le Jacquemart (Frédéric), [membre fondateur], propriétaire, membre de la Société d'asriculture de France, ancien élève de l'Ecole polytechnique, à Quessy, par Tergnier et rue du Fau- bourse POiSSONMIÈTE, 1000 PT A ER Re eee Ù Jacquemart (René), à Quessy, par Tergnier, et rue du Fau- boure=-Poissonnieres 581 Nm Ne NAENenn ra ee nn At ent Ë Jacquemart-Fonsin (Adoïiphe), place Godinot, 4, à Reims... Jacques (Jules), propriétaire, au chateau do Bel-Eau, par Dorzere.." DR A EEE CA BIS LOI AO CAO IE ARS EE CU EE AOIO ON UT : Jadin (Emmanuel), rue Jadin, 5 bis........................ QUE Jaeger (Philippe), [membre àvie]|, négociant, à Versoix........ Jagerschmidé, ancien sous-directeur, au ministère des affaires étrangères, rue de l’Arcade, 24.......... DA AE Re ER E Cou 0 dde Jameson (Conrad), propriétaire, Pare à Douai, et boulevard Malesherbes 2l/favenuel de Valois 5 AL RUN Jamrach (William), [membre à vie],6, Somerset Villas Lordship road, Stoke Newington, N., à Londaedes ni die Ait nt Jansse, propriétaire, boulevard Malesherbes, 39................ Janzé (le vicomte Frédéric de), propriétaire, rue de Marignan, 12. Janzé (le comte Albert de), [membre à vie|, à Neufchâtel...... dJaucourt (le marquis de), rue de Varenne, 62....,............. Jaumez (Gustave), propriétaire, sous-lieutenant de réserve au 2e de ligne, à Mont-Jarry, près Avranches.................... Jaurand, propriétaire, ancien maire de Vichy, au château de Quantilly, canton de Saïint-Martin-d'Auxigny.................. Jean (G.), propriétaire, rue Oudinot, 12:.....4..:4..44024....... Jeannel (le docteur), Villa Bleue, à Villefranche-sur-Mer...... Jeltrup, négociant, rue de la Banque, 16............. CARRE Jobert, professeur à la Faculté des sciences, à Dijon........... Joffriom (Ludovic), rue Saint-Francois, 12, à Niort......... sb Joinville (le prince de), [membre à vie]................. DA Joly (Charles), rue Boissy: JPADOTAS LT RENE ARE AE Seite XXXIX Loire-Inférieure. Var. Deux-Sèvres. pe S.-et-Oise. Algérie. Be Seine-et-Oise. PA E, P. Drôme. F- Cantal. Aube. Pas-de-Calais. 192 Fe Seine-Inférieure. EcyerTe. F° P. Aisne P. Aisne, Marne. Drôme. IP; SUISSE. LÉ P. Nord. GRANDE-BRETAGNE. p} PF? Seine-inférieurse, F2 Manche. Alpes-Maritimes. Côte-d'Or. XL Joly(Eug.), propriétaire rue du Rond-Point, 13, au Grand-Mont- à PONS -es mes sphere cesser EDr-- 12 F7 P2 SUISSE. Dordogne. P. Lot-et-Garonne. P. Seine. 1e Seine. Seine, IP? Loire-lnférieure. BRÉSIL. P. Seine-et-Oise. P. Seine-et-Marne. 18) io Seine. Paris. Loire-Inférieure, Seine. Eure-et-Loire pe 1 Aveyron. Seine. Vendée P. Loire-Inférieure, Maistre (C. Edouard), à Villeneuvette......................... Malazoli (Guisepp), directeur des Colomblers militaires à BOULOGNE PA EE ET AE RAA LER ONEPEUAETERNENATENS NEA RS ESC Malapert père, professeur à l'école préparatoire de médecine de Poitiers, déléqué de la Société nationale d'Acclimatation, rue destHalles MESA MROItIeRS RACE PER MONOE EMA ERP TNEE EI EUR Malart (Ernesc), 8, avenue Victoria............................ Malard (Auguste), négociant, à Commercy ...................., Malassagne (Pierre), Avenue de Neuilly, 139, à Neuilly........ Maleissye (Le marquis de), propriétaire, Villa des Roses, avenue du Chemin de fer, à Fontainebleau, et rue de Lille, 9......... Malézieux, [membre à vie|, propriétaire, au Petit-Fresnoy-Gri- Court pres iSaint- QU'EN, NM PANNE RARES RENTRER Mallac (Albert), boulevard Malesherbes, 10.................... Mallet (le baron Alphonse), rue d'Anjou-Saint-Honoré 37...... Mallet (Arthur), rue d'Anjou-Saint-Honoré, 37................. Mallet (Charles), rue d'Anjou-Saint-Honoré, 31................ Malmenayde (Joseph), rue de Bordeaux, 15, à Charenton..... Mame (Alfred), [membre à vie|, imprimeur-éditeur, à Tours... Manceau, 12, place de l'Eglise, à Clamart..................... Mandrot (Bernard), avenue Montaigne, 64..................... Mazouk-bey (le colonel prince Grégoire), de Russie, rue Charles- Patntte, To MatmNeuntly AE AMROPERRerE Rs Re RAR LR art Mansigny (le comte de), au Plessis, par Avranches.....,...... Maquaïire (A.), négociant, boulevard de Strasbourg, 5........... Marais, [membre à vie], ancien pharmacien de 1'e classe, rue INFO Z an GO DONNER = AR AG RE PE A TA Maraïs (Paul), rue Claude-Bernard, 31......................... Marchand (Amédée), rue Lafayette, I08....................... Mareial (D. Soto), [membre à vie], à Santiago de Chili........ Mare (de), ancien consul général des Pays-Bas, rue Beaujon, 7, et au château Bell:fontaine, par Juvisy ....................... Margarot (Ali), banquier, à Nimes............................ Margat (Pierre), [membre à vie]. propriétaire d'un établissement d'horuculture et d'acclimatation, à Montevideo................. Mariani (le général, baron), [membre à vie|, commandant la 6e brigade de cavalerie à Commercy......:132 2220 Marie, aviculteur, rue de Wattignies, 59...:.................... Marienval (Gustave), quai du Louvre, 30...................... Marigny (de), capitaine de vaisseau, en retraite, boulevard Ma- le Sh'erD es GAME 2 AR AE AA AN ALLER Lt A PRE Marinoviteh [membre à vie], ancien président du Sénat de Serbie, ministre plénipotentiaire de Serbie, rue de Rivoli, 240. Markham (Cléments-Robert), [membre honoraire], Eccleston square SW MPIMNCo Manon Are SARA ET Marlim, fabricant de bronzes, rue du Chemin Vert, 3 et 5...... Marme (le vicomte de), avenue Marceau, 51, et au château de Bumaucourt parent ERA RER DENT ENNT Maroin (le docteur), directeur du service sanitaire, à Marseille Marois (le comte le), avenue d'Antin, 9........................ Marotte (Amédée), capitaine au 10° régiment territorial d’infan- tee vavenuerdeVilliers 22 Per AE Res Marozeau (Philippe), à Wesserling.............,.,.:..,..,..... Marquis (Philibert), propriétaire, au château de Lillemanière, près Avranches jetiruenVivienne ter CR SNMP EI ERA EE Marquiset (Léon), 87, rue de Rennes..,,............,............ Marre (Auguste de), administrateur de la Société des agricul- teurs d'Igny, commune d’Arcis-le-Ponsard, par Fismes ......... XLVII Hérault. Italie. Vienne. P. Meuse. Seine. P. Seine-a-Marne. Aisne, P. P. B: PA Seine. Indre-et-Loire. Seine. Seine, 8 15 P Cuizr. P. Seine-et-Oise. Gard. Uruauay. Meuse. PE IP JE EP: GRANDE-BRETAGNE. je P. Pas-de-Calais. Bouches-du-Rhône. PE P ALSACE. P Manche. XLVIII Marronnière (Gustave de la), au château de Ja Marronnière, DAT AIZEN AV eme ehielee.se ss erleiel AIN EE CRE UNE, L'AGSUS SL ES Vendée. Martel-Houzet (Ernest), propriétaire, au château de Tatinghem, pariSaint- Omer... Meet Acer PR CEE PCIE EE Pas-de-Calais. Martial, propriétaire, à Paulhaguet................,............ Haute-Loire. Martin (Andre), rue Perdonnet, MEET ER EC RER PA Martin (Odile), concessionnaire, au Jardin zoologique d'Acclima- tation: a MNeuilly Ont Es RNe Ten Te ER NET SP SRE Seine. Martin (Albert), rue de Richelieu, 62... ....................,2.. Fe Martin (Blaise), horticulteur, rue la Chaussée, 11, à Nevers. ..... Nièvre Martineau (Jules) a Niort) PEER CEA Re EE PR ER TRE Deux-Sèvres. Martinet (Emile), imprimeur, rue et hôtel Mignon, 2........... PE Martins (Dionisio Goncalves), [membre à vie|, à Bahia........ BRésiz. Le Marty (Félix), propriétaire, au château de Caillac, par Aurillac Cantal. Martray (le général Bonnmeau du), Impasse Jouvencel, 3, à Ver- SALES 02H Re Pre Re a EPP ET LE NE A A Seine-et-Oise. Mary (Alfred), propriétaire, rue Jacques-Dulud 46, à Neuilly. Seine. Massias (Osmain), propriétaire, au château de Longueville, près Mornanto eesereen ete nc ReECR RACE Cette Peer Lot-et-Garonne. Massias (Gabriel), négociant, rue Vivienne, 13.................. ID Masson (Narcisse), constructeur, rue de Maistre, 28............ FE: Masson (Emile), capitaine de frégate, rue de Copenhague, 6... P. Masson (Georges), libraire-éditeur, boulevard Saint-Germain, 120 P. Masurel (Jules), manufacturier, à Roubaix ..................... Nord. MasurelM(Paul) Mar où ba RARE AR ONNtmnen AUS Nord. Mathey (F.), greffier du tribunal delre instance, à Rochechouart Haute-Vienne. Mathey (Jules), pharmacien, à Neuchâtel. ..................... SUISSE. Mathias (Georges A), à Bourg-la-Reine ........................ Seine. Mathieu (Raoul), [membre à vie], boulevard Si-Germain, 113... P. Mauban (René-Francois), propriétaire, rue de Solferino, 5 bis.. P. Maupoint (le docteur C:); àalCaen. ME Calvados. Maurice (Léon), conseiller à la Cour d'appel, délégué de la So- ciété nationale d'Acclimatation, à Douai..................... Nord Maxivell, substitut du procureur de la République, à Périgueux. Dordogne. May (Henry) rue en MINES CR ERP ER Rene P: May (Ernest), secrétaire général de la banque Franco-Egyptienne. avenue de Villers, 27....... RE CRT Re NN ANT PIE TR EAU EL TES 12 Mazue (Emile), propriétaire, à Pézenas........................ Hérault. Medina (Crisanto), |nembre à vie], ministre plénipotentiaire du Guatemala,rue Piérre-Charron lb PAPE EEE ER P£ Meffray (le comte de), rue de La Ville l'Evêque, 32 ............ 1 Meignan (Charles), industriel, à Sablé-sur-Sarthe............. Sarthe. Meinadier (le docteur), à Etoile......................,......... Drôme. mellié (Albert); rue Vezelay Te ee RNA nee P: Mellis (Maxime de), propriétaire, à Bives, par Saint-Clar....... Gers. Menant (Louis-Marie-Léon), notaire, à Conches-les-Mines .. Saône-et-Loire, Ménard (Saint-Yves), professeur à l'école centrale des arts et manufactures, sous-diretceur du Jardin zoologique d'Acclimata- Lion AN ORIERSNR LENS CT, CINRON Seine, Mène (le docteur Edouard), rue Oudinot, 20..................... 12 Mennechet (Eugène), conseiller à la Cour d'appel, rue Lemer- chier, SSMAMANMIeNS Pre. nent ate rt A RE MINE Somme, Mengin (Maurice), capitaine au 107+ de ligne, à Angoulême... Charente. Mennesson (Henry), négociant, Esplanade Cérès, à Reims... Marne. Mérat (Léon), propriétaire, à Vaudes.......,................... Aube. XLIX Merceron (Gustave), au château ae Sommières-du-Clain........ Vienne. Mercié (Paul), avoué, rue du Sentier, 33...................... NIUE Mercier (Léon), [membre à vie|, au château de Beaurouve, ù canton d'Illiers, et avenue Friedland, 4......................, P. Eure-et-Loir. Mercier (Alfred), à Saint-Nazaire.............................. Loire-Inférieure. Mercier (Achille). avenue d'Eylau, 44.......................... j22 Merland (le docteur Constant), rue Copernic, 3, à Nantes....... Loire-Inférieure. Merlato (Lucien), [membre à vie], à Ain-Marmora, par Coléah. Algérie. Mertzdor»f (Charles), [membre à vie], manufacturier, à Thann.. ALSACE. Mesnil du Buisson (le vicomte Victor du), au château de Cham- pobert, par Exmès, et rue de la Tourelle, 15, au Bois de Bou- GENE CE A sn NA EN AS ANS AG A Orne. Seine. Messey (comte G. de), rue de Grenelle, 122.................... Pi Métra père, boulevard d’'Inkermann, 22, à Newilly............. Seine. Métra fils (Claude), boulevard d'Inkermaun, 22, à Neuilly ..... Seine. Metternich-Vinneburg (S. Exc. le prince de), ancien ambassa- deur d'Autriche, rue de Varenne, 73........................... EP. Meunier (Emile), négociant, boulevard Contrescarpe, 30 bis..... Je Meurand (Jean-Louis-Joachim), directeur honoraire des consulats et affaires commerciales au ministère des affaires étrangères, nuerDenter-ROCREREAU, SMART Ann an ns ne 1 Meuriot (docteur), [membre à vie], Maison-Blanche, rue Bur- CONS A REA Et LS REA CA UN RAP EU LA US P. Meyer-Jacob, négociant, rue Hurel, 17, à Neuilly............. Seine. Meyer (Nicolas), traaucteur interprète juré, rue du Château, 9, à ISSo sono 0obanpdo De Soobbgbnno on o0bbbe hosp durnas Ho Seine. Meynard, propriétaire, au château de Montlau, par Pujols...... Gironde. Michel (Marius) avenue Hoche 2225722 ENPPNere tr 1% Michely, directeur du Jardin des plantes et d'acclimation de CAYENNE PR EN MARA EE Pa et AE EE ETAGE AN A Re APE Guyane française. Michon (Joseph), docteur en médecine, licenciés ès-sciences, rue de Babylone Su Meter PLAN NAN ARE A AR AA AE 1 Migmon (Alexis), propriétaire, à Saint-Germain-en-Laye......... Seine-et-Oise. Mignon (Edouard, [membre à vie], propriétaire, rue de Flo- ANT GU TE UU ND)EEPROENPNES EE ONE AU EN ES LS A OS RON P. Millereau (Pierre), avenue de Neuilly, 85, à Neuilly........... Seine. Miilon (Claude), ancien député, au château des Merchines, par Vaubecourt.. ae een bi tite AU Eee RUN AMAR AE RUE Ar ATES Meuse. Millot, propriétaire, avenue de Neuilly, 153, à Neuilly........... Seine. Milne Edwards (Henri), membre de l'Institut, doyen de la Fa- culté des sciences, professeur au Muséum d'histoire naturelle, DUC CUVE D USA ee PE A A RAGE P: Milne Edwards (Alphonse), [membre à vie], membre de l'Ins- titut, professeur au Muséum d'histoire naturelle et à l'Ecole supérieure de pharmacie, rue Cuvier, 57...............:...... D: Minoret (Eugène), rue Murillo, 6.............................. EN Mion (Georges), rue Rondelet, 11, à Montpellier................ Hérault. Miomandre (A. V. de) à La Poterie, par les Aydes........... Loiret. Miquel-Paris, rue Miromesnil, 99 .......:...........,.4.4,0 P: Mirabaud (Albert, banquier, rue Taitbout, 29.................. PA Mistral (Bernard), à Saint-Remy-en-Provence....,............. Bouches-du-Rhône. Mitivié (Albert), à Chantambre, par Gironville et boulevard SALE GOT AIT DE Es pan PAGE NRA EUR U EC P. Seine-et-Oise, Mohammed-el-Zebdi (S. Exc. Sidi El-Adj), [membre à vie|, ambassadeur de S. M. l'empereur du Maroc................. . Maroc. Moisset (Adolphe), boulevard Haussmann, 85.................. P: Moïtessier rue d'Anjou-Saint-Honoré, 42......, 4 L Molembaix (le baron V. de), [membre à vie], au château de Bellignies, près Bavey......................,....4 D -DE On Molinier (Emile), négociant, à Meze.........,. EE de Lee due Molinos (Léon), ingénieur civil, rue Klachat................... Moller (Ed.), propriétaire, à Bourneau, par Lhermenault....... Mondain (Alexis), curé de La Breille, par Allonnes....,....... Mondion (le vicomte A. de), au château d’Artigny, par Loudun. Monnier (Edouard), notaire, à Douai..............,,,......,.. Monslivaut (vicomte de), rue Cambacérès, 3................... Montaignac (le comte R. de), ancien officier d'ordonnance du ministre de la guerre, Pavillon de Gisors, par Lyons-la-Forêt . Montaigu (le comte de), [membre à vie], au château de la Bre- téche Apar Pl anEChAteAL PEER ERREUR ER ARE Montalembert (comte Geoffroy de), rue de Grenelle, 52........ Montalembert d'Essé (le marquis de), au château de Vaudreuil, par Notre-Dame de Vaudreuil, et boulevard Haussmann, 133... Montalvo (J. de), rue Pierre-Charron, 51...................... Montblane (le baron A de), [membre à vie], rue d'Athènes, 8... Montbron (le comte Robert de), au château de Forsac, par MASSE LE RER ea ee ee ns linear D se ee er MAN A ae Le à Montesquiou (le comte Thierry de), au château de Charnizay, par DoChe SR ER EE Eee eme ide Lee eee Montés (Edouard), journaliste, rue Charles-Lafitte, 90, à Neuilly. Montesquiou (le comte F. de), rue Pierre-Charron, 36......,.. Montesquiou-Laboulbème (le docteur Louis-Antoine de), au château de Lussac, par Villefranche-du-Queyran...,.......... Montfleury (de), rue de l'Hermitage, à Versailles.............. Monthiers (Jean-Victor), rue d'Amsterdam, 70...,............. Montlezun (le comte A. de), à Menville, par Lévignac-sur- DAVE à eee Ce Ale: cles eu nca Luie UTC LEP MER C ECS Montmaur (Louis de), au château de la Rue, par Roc-à-Madour. Montmort (le marquis Jean de), au château de la Boulaye, par Toulon =SUREART OX. CURE CE CE RER SERRE etat eee Montpensier (le duc de), [membre à vie]..............,...... Montreuil (E. de), avenue d'Antin, 57...............,..,..,.., Montrol (Henri de), à Juzennecourt....,.,..........,.......... Montrouge (Louis), [membre à vie], propriétaire, rue Scribe, 15, et à Ver-sur-Mer, PrÉSAOONTSONNIIRS EPP EPP CEEEEE CCE CRE Montsaulnin (le vicomte Louis de), à la Grande-Garenne, par Neuvy-sur-Barangeon.e PIERRE RE Montulé (Victor Dubois de), négociant, trésorier de la Société des chasses de la Braconne, faubouræ Saint-Cybard, à Angou- 1ème: ER SU NN en ee At e ee Re Moquin-Tandon (Olivier), [membre à vie], à Saïgon.......... Moraiïn, artiste peintre, à Cheffes............................., Moreau (Alfred), notaire, bouleyard Montmartre, 19...,........ Moreau (le docteur Henri), [membre à vie], aux Herbiers...... Moreau (J.-M.), notaire, à Couhé-Vérac........................ Moreau (Paul-Emile), conseiller à la cour d'appel de Poitiers, à PORN Read RE dsoideeuies ‘ Moreau (le docteur-Emile), rue du 29 juillet, 7................. Morel (Nicolas-Eugène), propriétaire, rue du Faubourg-Saint- Dents 210 ES RE A RS R d SI RARE SAR NS RECU Morel (Alfred), à Vigneux, par Draveil.....,..,,...,..,.,...4... Nord. Hérault, 122 Vendée. Maine-et-Loire. Vienne. Nord. Seine. P. Eure. Loire-Inférieure. P. Eure. Corrèze. Indre-et-Loire, Seine. P: Lot-et-Garonne, Seine-et-Oise. P. Haute-Garonne. Lot. Saône-et-Loire. PF: PA Haute-Marne. P. Calvados. Cher. Charente. Cochinchine. Maine-et-Loire. Pl: Vendée. Vienne. Vienne. P. 122 Seine-et-Oise. LI Moreno (Antoine-Gonzalès), 63, avenue Friedland.............. D Moret (Jules), filateur, propriétaire, à Le Gard-d'Etreux...,..... Aisne. Morieeau jeune, faubourg St-Honoré, 240.......... Nr 12 Morin (Eugène-Alexandre), propriétaire, rue Jacques-Dulud, 70, k Er INUHI br ODA AR dd bhntOU ur o In OBS CHOSE 0 clé 0 Seine, Morisseau, propriétaire, rue Cambon, 45...................... p° Moritz, naturaliste, rue de l'Arbre-Sec, 46..................., ê Mormay (le marquis de), [membre fondateur], avenue Mon- AT M Rad M MOMAMORAAAI nd ner A An NS NT AE PE Morogues (le baron Gonsalve de), quai d'Austerlitz, 53......... BE Mosbourg (le comte de), quai Voltaire, 9...................,.. 138 Mouchy (le duc de), au château de Mouchy, par Noailles......, Oise, Mousset (Pierre), avenue de Neuilly, 127, à Neuilly ............ Seine, Moutis (Henri des), avenue du Nord, à Maisons-Lafitte...,.... Seine-et-Oise. Mueller (le docteur baron Ferdinand Von), [membre honraire], directeur du Jardin botanique et zoologique de Melbourne. .... AUSTRALIE. Muizon (de) rue de Tille, 34/06 eLeR 0-0 ER CR LEE 122 Mulot, à l'administration pénitentiaire, à Nouméa.............. Nouvelle-Calédonie. Mun (le comte de), avenue de l'Alma, 51.................. Sante P: Mumier, ancien notaire, maire, à Pont-à-Mousson.........,. ... Meurthe-et-Moselle. Munster (Louis), propriétaire, rue des Écuries-d'Artois, 16..... 18 Muntadas (Federico), [membre à vie |, Piedra, à Ateca (Aragon). EsPpaGne. Hurard (le vicomte Henry de), au château de Bresse-sur-Grosne, etrue detUNIvTEr Ste ND ANIME ARMES DE 2 LUNA AR AUINE P. Saône-et-Loire. Murat (le prince Joachim), rue Saint-Lazare, 56................ 1 Muret (Henri), place du Théâtre-Français, 4............. Snpuoo UE Muwga (José-Maria de), [membre à vie|, propriétaire, à Marquina, présiBilbaoN(Biscaye) tee eee eee RAA D AR ANNE GA En ESPAGNE. Murray (G.), major en disponibilité dans l’armée des Indes, Pool ADS 00000 bobo bobo does 0n Faopo and en nn Corse. Murs ({illet des), conseiller général, à Nogent-le-Rotrou ..... Eure-et-Loir, Mussalli (le général Elias), [membre à vie], directeur au mi- nistère des affaires étrangères du bey de Tunis, à Tunis ,.... TUNISIE. Narbonne-Lara (le marquis de), [membre à vie], rue de TRS ON AS 2722 EE NE A AL P: Nareïllae (le comte Ernest de), au château de Germanie, à GampAis D AL MAO NERINE MEME MARS Een rene Seine-et-Oise. Nattes (le comte de), avenue Montaigne, 26.................... P Nawdin (Louis), rue des Bois, 13, à Fontainebleau............. Seine-et-Varne Navers (Emile), à l'Effougeard, par Azay-le-Ferron ..........., Indre. Navoït (J.-M.), propriétaire, rue Morère, 17..........,...:...,. 1 Nazare-Aga (le général), [membre à vie], ministre plénipo- tentiaire de Perse avenuelCarnotML RENE NA en ! Nelson-Pautier (J.-A.), notaire, à Lisle..,.......,...,....... Dordogne. Nétumières (le comte Réné de), au château de la Mayenne, par S AUD INE PAU D 10 NV AR RAR te ONENNtRUAs Ille-et-Vilaine, Newumaxnn (Louis), [membre à vie], ancien jardinier en chef des serres du Muséum, Palais de Compiègne ..............,.,... 0 Oise. Neveriée (le comte Philippe de), rue de Balzac, 21...,...,,... 2 Nicard (Pol), propriétaire, rue de Sèvres, 38..............,.... R° Nicolas (Louis), propriétaire, rue Paradis-Poissonnière, 22..... RE Nicolas (Charles), [membre à vie], inspecteur général adjoint de l'agriculture, à Bou-Daroua, département de Constantine. Algérie. Nobillet (Auguste) [membre à vie], rue Nouvelle, 8....,,,..... 1 Noblet, médecin, agriculteur, à Château-Renard............... Loiret. Nocard (Edmond), professeur à l'Ecole vétérinaire d’Alfort, à PAILÉO Ne D ERA 2 A ete AC ACT RSR VA APR EN Seine. Nodé-Langiois (Léon), rue Charles-Lafitte, 45 bis, à Neuilly... Seine. LIT Noinville (le comte Paul de), au château de Bienfaite, à Saint- Martin-de-Bienfaite, par Orbec.........:.2.2..0MR nm. Noiïrmont (le baron de), rue Royale, 6........................ Normand (Charles), propriétaire, rue du Bois, 51, à Levallois- Sa NN RO 0000 oO 0 Ta ot Normand (Achille), boulevard Beaumarchais, 68............... Normand (Edouard), sénateur, quai des Constructions, 12, à N'ANLES bee escec er br ee eEi nie mbUen eeneee Noualhiér (Armand), ancien député, à Limoges................ Nounez (Eéon) ArBayonne terre PER CREEELCE CEE CRC CE CEE CEE Nourry (Gaston), à Sainte-Pezenne, par Niort.................. Nouvel (Georges), [membre à vie], propiétaire, au château de la Ronce, commune de Fontaine-sous-Jeuy..................... Nozeilles (Ch. de), pharmacien de la marine, rue de Valois, 19. Nubar-Pacha (S. Exc.), [inembre à vie], à Alexandrie....... Nueros (Perez de), 22, 3e San Géromino, à San-Sébastien...... Nugent (le vicomte Pierre de), rue du Bac, 101................ Nye (Gédéon), [membre à vie], New-Bedford Public-Library, à New-Bedford (Massachusetts). ................................ Nypels (Paul), rue Rouvray, 3, à Neuilly....................... Oberthur (René), imprimeur, à Rennes........................ OGdent (H.-F.-Xavier), négociant, boulevard Saint-Michel, 11.... Odent (Xavier), [membre à vie], négociant, boulevard Saint- DU ONE AVE La D NEO RS AU AU ES PS PE RS Offoy ainé (Griffon d'), [membre à vie], propriétaire, ancien membre du conseil général de la Somme, à Mérelessart, près 2 UEMIAER 00 00 2.0 00.0 2bBBCT TT HT 0 TOO NO TOP LUE TE VTT De Ogerdias (Théophile), rue Jouffroy, 15......................... Ogier d'Evry (le comte), rue Raynouard, 48.................... Oldenbourg (S. A. le prince d'), [membre à vie], à Saint-Pé- terSbourg EE, SEE ORNE ER TEA EU LL CAR RE Te Olivier (Ernest), aux Ramillons, près Moulins................. Ollivier, négociant, rue Richelieu, 41.......................... Ondarza (Juan), [membre à vie], colonel d'ingénieurs de la Bo- livre a tS anti Ré RE Re Etes Nolan sale O’Neïill de Tyrone (le vicomte Francois-Henri), avenue Ma- 0 die do stade do a ane Orban (Albert), industriel à Quareux, par Ayrrailles........... Orglandes (le comte d’), rue de Penthièvre, 2................. Ormiéres (le docteur), 19, rue Bergère........................ Ornano (le comte L.d'), au château de la Brauchoire, par Joué- less Tours ER SE DE Lio chlaR le de Ornellas (le docteur Antonio-E. d’), rue Logelbach, 7......... Ospina (Pedro), [membre à vie], aux soins de MM. Prevost et Despalangies, rue d'Hauteville, M18.---.2e--ee-- cc -heele Osuna (S. Exc. le duc d’), palais Osuna, à Madrid........., Ottajano-Médieis (le prince d’), [membre à vie], palazzo Mi- randa, Chiaja, 142, à Naples nn mme Oulry (Godchaux), propriétaire, avenue de Neuilly, 104, à Neuilly. Ounous (Léo d'), propriétaire, à Saverdun..................... Oustalet (E.), aide naturaliste, 20, rue Monsieur-le-Prince..... Pabot-Chatelard (Juste), sous-préfet à Saint-Nazaire Pacquetau (Charles), avoué, à Fontenay-le-Comte CCC CC Pagès (Léon), ancien attaché à la légation de Chine, rue du Bac, 110 CCC CRC DE DOC OO OO OO Calvados. Seine. Loire-Inférieure, Haute-Vienne. Basses-Pyrénées Deux-Sèvres. Eure. PA EGYPTE. ESPAGNE. F2 Erars-UNis. Seine. Ille-et-Vilaine. Somme. RUSSIE. Allier. 102. BOLIVIE. PA BELGIQUE. ID 12 Judre-et-Loire. 1 1 ESPAGNE. ITALIE. Seine. Ariège. PE Loire-Inférieure. Vendée. Sarthe, Païllart (Louis-Stanislas), [inerbre à vie], propriétaire-agri- culteur,au château d'Hymmeville, par Abbeville, et place de la Madeleine 20. EE MRELLIER OR OA RME RTE DEA rorde Païillieux (Auguste), faubourg Poissonnière, 21, et à Crosne, par Villeneuve-Saint- Georges. EN PNA RAP AE LAS ADHÉ DA our Bo Pailloux (le docteur), maire de Saint-Ambreuil, près Sennecey- le-Grand, et rue du Faubourg-Poissonnière, 21................ Pain (Agenor), député, à Poitiers ............ ACT AI AA Païva (le baron du Castello de), [membre à vie], à la Biblio- thèque municipale, à Oporto .. Palaminy (marquis Gaston de), au château de Palaminy, par Caron SERA Per A A NIUE cr a A Ie Palffy (le comte Jean), [membre à vie|, avenue Montaigne, 18.. Palmer (Frédérick), de New-York, avenue de Paris, 17, à Ver- SALES NN EN ABAO Aer An te AAA LS ABC AE bee EME 2e Palyart (Victor), rue du Fe ER SO Donne SRLeat os Eee Panhard (Félix), [membre à vie], rue Royale, 5............... Paquier (Gustave), au château de la Barre, près Sainte-Hermine. Pâris (le marquis de), [membre à vie], membre du conseil d'arrondissement de qe et-Marne, au château de la Brossse, par Montereau, et rue Marignan, JG 2 Gb cs AA AE Paris (le comte de), [membre à vie|, au château d'Eu.. Parlier (Louis), [membre à re négociant, rue al Adam awMontpellier HELENE RAI CID DU EN LIRE EEVAs HAb O0 On H be se Parodi (Domingo), [nembre à vie|, drogueria de A. Demarchi Calle Defensa, 179 à 185, à Buenos- -Ayres ee Parra-Bolivard (le docteur), consul de Av au Havre... Partiot (Gaëtan), consul de France, à Barcelone.........,.,.... Partridge (W. Daniel), directeur de l’Aquarium, au Havre ...… Paseaud (P.-E.), propriétaire, rue Porte-Jaune, a Bourges... Pasquet-Labroue (Edouard), juge de paix, à Charroux....... Passy (Frédéric), de l'Institut, rue Labordère, 8, à Neuilly... Passy (Edgar), secrétaire d'ambassade, avenue de Messine, 27... Paul (le docteur Constantin), rue Cambon, 45............,..... Pauliau (Louis), rue Labordère, Paultre (E.), 92, boulevard Malesherbes............., Paumelière (Maurice-Mabille de la), OMAN EUINERE PAPERS dSaint-BTIACE EN MMLEMUN RIR Paumier, [imenbre w al pasteur de l'Eglise réformée, rue de l'Université, 14.. Ra A A A Se Pauthonnier (le se) Sélim-Bey), [membre à vie|, aide-de- camp de $S. À. le vice-roi d'Egypte, rue du Grand-Pont, 3, au d'ÉSTELeoppvocoebteoe Home t DÉRORA UE SOS EE 0 MM ON néoeo Pavie (Théodore), propriétaire, à Chazé-sur-Argos, par Segré.… Pays-Meilier (Georges), à la Pataudière, par Champigny-sur- MOULE RER RATER EAN HD ES DUDÉDE SELS JbÉroo50000 ue Peck (Prosper), négociant, rue des Moulins, 20... RUN ANUS Peirière (Léon), boulevard Saint-Germain, à Carcassonne ....... Pellan (le comte Albert de) [membre à vie], PRopRÉtARe, au château de Seneffe, à Seneffe.................... locobconoscese Pelletier (Emile), bijoutier, rue Greneta, 64.. CODE OS Pellon y Rodriguez (Julian), [membre à vie], Reina, 9, Pral, RDA ENS DO 0 OR ER RE ER RE EE at SD Dee EP AN pre Pénabert (Georges), passage du Hayre, 31.... Peneau (Emile), 5, rue de Rome... roro res stores eos LIT P. Somme, P. Seine-et-Oise. P. Saône-et-Loire, Vienne. PorTUGAL. Haute-G 12 aronne. Seine-et-Oise. P: EX Vendée, P. Seine-et-Marne Seine-Inférieure. Hérault. RÉPUBLIQUE ARGENT. Seine-Inférieure. ESPAGNE. Seine-Inférieure. Cher. Vienne. Seine. P: F2 Seine, 12 Ille-et-Vilaine. 1 Seine-et-Oise. Maine-et-Loire. Indre-et-Loire P. Aude. BELGIQUE. 12 ESPAGNE. P, PE LIV Pépinster (Louis-Emile), rue du Marché, 10, à Neuilly......... Peraccea (le comte Mario H.), à Chivasso, par Boschetto, près DE Uno à NOR CPS TEE NC AN SR DE SO oo Pérales (S. Exc. le marquis de), [membre à vie], à Madrid..... Pereira de Lima (José-Joaquim), propriétaire, à Porto........ Perez Arcas, [membre à viel, professeur à l'Université de Madrid, calle de las Huertas, 14, à Madrid..................... Perin (Marcel), conseiller général, au château de Loisy-sur- Marneeretee EE PRO DEA OU AA Le eq Perny (Paul), [membre honoraire |, ancien-provicaire apostolique de Chine, rue Borome il eee ERP AR RE RSR Perraudière (Joseph de la), au château de la Devansaye, par SR boooouo ado de Dcrdo cdoitra roma ihe BIO cHION Bibi CAE ERP Perrelle (Maurice de la), propriétaire, rue de Lancry, 17...... Perrelle (Marc de la), rue de Lancry, 17..... PATES ECC Perrier (Edmond), professeur de zoologie au muséum d'histoire naturelle eue AY EUSS ACL O ER EC ERA EC ECC E CEE E EC Perrigny (le comte de), rue de Gravelle, 5, à Versailles. ....... Perron, éleveur, à Goux, près Dole..............:............. Perronne (Auguste), percepteur, à Nozay....................... Perrot (Julien), [membre à vie |, avenue de Déols, à Chateauroux. Persae (Ch.-Georges-Ernest), | membre à vie], juge au Tribnnal dela Seine, rue de RIVE UIG MR EN ET Persin (Jules), président du comice agricole de Montier-en-Der, à Boulancourt, par Montier-en-Der............ At MAUR APP o Petich {louis}, consul dItalié, à Anvers... .. 0... Petin (H.), [membre à vie], ancien membre du conseil général de la Loire, à Rive-de-Gier...... sssseeies RE ee BAHRNE Bed Petit (Albert), conseiller référendaire à la cour des comptes, rue dUVCITAUC, 9 2e ee eee ser ÉSoa-congocsour Sas Petit (Auguste), négociant, rue de la Paix, 7.......... SO IO TOC Petitfrère (Jules), avenue de Neuiily, 94, à Neuilly. ..... SA TARE Pétot (Auguste), |eémbre à vie], château de Thoirès, par Brion- sur-Ource, et place St-Martin, à Beaune, .......... valstéi mé dus Peyramaure, pharmacien, à Civray...........:............ Te Piccolomini d'Arragon (Charles), propriétaire, au château de Bougon, commune de Couffé, par Oudon, et villa di Chiatina Buonconvento, près Sienne (Toscane).........:.:........... Di Pichon (le baron), ancien ministre plénipotentiaire, au château de Tournedos-sur-Seine, par Saint-Pierre-du-Vouvray, et rue du Vieux-Colombier:\ 202 MR ERREURS RE er In MN Re Pichon, rue Fontaine-au-ROI, 15 Mae net. ENS Pichot (Pierre-Amédée), [membre à vie], directeur de la] Revue Britannique, boulevard Haussmann, 132.............. J680800e Picquart (Anatole), ancien sous-prélet, villa italienne, à Cham- pisny-SUEMArRO ON. ee MR PME TE Se Re suce Jontiséc Pierre, [membre à vie], à Pont-Lesnay, par Mouchard..... bosa Pigeron, propriétaire, à Annet-sur-Marne, canton de Claye, et boulevard Beaumarchais, 67 Pigouche | embre & vie], commandant supérieur des batteries à cheval de Lunéville (Meurthe-et-Moselle), et au château de Vespeilles, près Rivesaltes Piguet (Francois), rue Perronnet, 43, à Neuilly............. SE Pihoret, ancien préfet des Bouchss-du-Rhôné, rue Vaneau, 29.. Pilastre (Edouard), avoué de première iustance, rue Notre- Dame-des-VictolreS AG RME PRINPNENNE TETE ELA RRMERNERE FL Lette Pillon (Abel), à Oued-el-Alléug...................... notable Seine. ITALIE. Espace. PorTuGaL. ESPAGNE. Marne. 2 Maine-et-Loire. P° PB: De Seine-et-Oise. Jura. Loire-Inférieure. Indre. 18e Haute-Marne. BELGIQUE. Loire. PA P2 Seine. Côte-d'Or. Vienne. Loire-Inf. ITALIE. P. Eure. P: IP: Seine. Jura. P. Seine-et-Marne. Pyrénées-Ormentales, Seine. % F: Algérie. LV Pimont (G. P.), à Vilainville, par Criquetot d'Esneval........... Seine-Inférieure. Pinatel (A.), 9, boulevard Malésherbes, et à Ris-Orangis ..... P. Seine-et-Oise. Pinaud (H.), négoc., à Santiago, et rue Magenta, 14, à Asnières. Seine. Cuir. Pinéyro (F.), propriétaire, boulevard Malesherbes, 75........... P: Piola (Albert), à Libourne: nie MR RME En Gironde. Pisami (le comte Almoro III Jean-Joseph), [membre à vie|, pa- lazzoNBarbaro) aiVienise FE MR RAM NN RS ITALIE. Pitard (Francois-Charles), économe du Lycée, à Périgueux....... Dordogne. Planchat, ancien notaire, rue de Bondy, 54.................:2. P Plantamour (Philippe), propriétaire, à Sécheran, près Genève.. Suisse. Plantevigne (Louis), anciën élève de ete pro- priétaire, maire de Marcillac-Lauville, près Aigre........:..... Charente. Plaut (Julien), au château du Parc, commune de Saint-Pience, près Avranches, et ruë Mozartii18::4:4 4244.00 Niort P. Mancne. Plessis (Gustave du), avenue d’Antin prolongée, 22.............. P. Plessis-Quinquis (Louis du), propriétaire, au château de Kergoff en Saint-Frégant, par Lesheven::...:................. Finistère. Pleurre (le marquis de), au château de Pleurre.......,......... Marne. Plezza, [membre à vie], Sénateur du royaume d'Italie, à Turin Iraute. Plœue (le marquis de), sous-gouverneur de la Banque de France, puede Marionans LORS ERA AC MNNCER ME ARS RONA RS Fe Poinsignon (Auguste), au château de Lussaudière, près Celles- SU BOITE. 6 en MAN RUN et AU AUS AE MA DR ET Deux-Sèvres. Pointelet, aviculteur, à Louveciennes.......................... Seine-et-Oise. Poirel (Auguste), [membre à vie], rue de la Providence, 8, à Boulogne-sur-Mer (Haute Valle) nee EU Pas-de-Calais. Polack (Jules), avenue de Neuilly, 189, à Neuilly................ Seine. Poli (vicomte de), au château du Rostay, par Romoratin, et rue des ACAaCIAs UN ERREURS PEUT FRE A Re RE P: Poligmace (le comte Ch. de), au château de Kerbastié, commune : de Gnidel,) par Gestélige Nan ss Ses RENE Re RU Morbihan. Pomereu (le marquis Armand de) [membre à viel, rue de À LD ERNEST ee PNR COR FE Pomereu (le comte Robert de), rue de Lille, 67................. 1 Pommereul (baron de), propriétaire, au chateau de Marigny, : PAT OURÈRS 2 PME ARS TES AU QE D NA RARE MR TRE Ille-et-Vilaine. Pompe Van Meerdervoort (le docteur), [membre honoraire], rue Anglais, 38, à Bérgen-op-200m........................... Pays-Bas. Ponceau (Théodore), docteur-médecin, à Gohier, par Saint-Ma- : ’ LA D BE EE RON NE ER A Maine-et-Loire. Poncet (Paul), boulevard des Italiens, 9........................ 12 Ponsard, propriétaire-agriculteur, président du comice agri- colerd'e aiMarn ea nee Rene enr ere Marne. Pons-Peyrue, [membre à vie|, ingénieur civil, boulevard Hauss- mann, 1015222000 NS RE ste A EE EE En A LL La P. Pontet (Francois), propriétaire, allée du Barra, à Aurillac...... Cantal. Pontoi (le marquis de), au château de Villebon, par Courville, ; etrue Montalivet, 8.25: cs. 2eRRis ete AURCIENX enn P. Eure-et-Loir. Portalis (le baron), ancien trésorier-payeur général, à Versailles TueMNernet; RDeiN eee EE A EE EL PS P. Portalis (A.), [membre à vie], sériciculteur et filateur de soie, à Beyrouth (Syrie) ......... ANA ARNORNIE AN EN ES SE TurQuIE D'AsIE. Porte (Arthur), secrétaire de l'administration du Jardin d'Accli- matation du Bois de Boulogne, avenue de Neuilly, 106, à Newlly. Seine. Porte (Etienne), directeur des Courses d'Enghien, et de Maisons- Lafitte, rue de la Chaussée-d'Antin, 23,...................... P: Porte (Léon), propriétaire, rue Jacques-Dulud, 30, à Neuilly.... Seine. LV1 Pothier (Francois), Ingénieur, rue de Penthièvre, 6...,.,...,... P. Potiche (vicomte Michel de), [membre à vie], à la Fère, et rue À DuPhOt 20: Mises sacse mehr. cehores RC ÉCOLE RE. É P. Aisne. Potron (Charles), propriétaire, rue de l'Arcade, 14............. PA Potron (Auguste), [membre à vie], ingénieur, rue Saint-Honoré, ï 368, et au château de Courcelles, par Presles................. P. Seine-et-Oise. Pougin (Paul),.rue de Miroménil 4 ee Tee 18e Poupain (Ch.), avenue de Neuilly, 105, à Neuilly............... Seine. Poupinel (Jules), propriétaire, rue Murillo, 8.................. 12 Pouriau (Armand), ingénieur, à la Varenne Saint-Hilaire....... Seine. Poussineau (Auguste), propriétaire, au château de Bel-Air, ; près. Mettnav et RSR RNA OA PAT RS Eee CR Indre-et-Loire. Poydras de la Lande (Julien), rue d'Argentré, à Nantes...... Loire-Inférieure. Praia (vicomte de), [membre à vie], pair du royaume du Por- tusalaarsordo Rat 2 /Msbonne se CC MEN EE PorTuGAr. Prampain (Victor), percepteur, à Rennes..................... Ille-et-Vilaine. Prampero (Antonin de), propriétaire, à Udine (Frioul)........ ITALIE. Praslin (le duc de), [membre à vie], au château de Praslin, par Mélun le a 7A ae cio neD Nart nee OR GOT RE CAR EE RAT EAST An S.-et-Marne. Corse. Préville (Léon), rue du Marché, 2, à Neuilly.................. Seine. Prévost (Léon), graveur, rue Mouton-Duvernet, 8.............. 12 Prévost (Albert), propriétaire, au château du Bosquet, par Bourg=Achard. 2 +7 eue ee Rene a RAR ee Eure. Prévost-Bousseau (Antoine), maire de Champigny........... Seine. Preux (comte Gustave de), [membre à vie], au château de la Vil- lette-Saultain, pres Valenciennes 4. M NN OP EMI rU ne Nord. Prillieux (Edouard), membre de la Société nationale d'agri- culture de France. propriétaire, à la Maleclèche, près Mondou- À bleau, et'rue Cambaceres 14 AN ae RTE P. Loir-et-Cher. Prin (Ch.-A.), [membre à vie], entrepreneur des travaux publics, Tue d'Aleray 40. AMAR AMAR. MEL ENT le QU En ERE PE Proutière (Auguste), [membre à vie], rue des Chanoines, 13, à ; Saintes ne MAR E ee AA Ma te NERO RATER Charente-Inferieure. Proyart (Ferdinand), au château des Morchies, par Bertincourt. Pas-de-Calais. Prudhomme (Gustave), à Oulchy-le-Château, et rue David, 20. P. Aiïsne. Pruns (le marquis d'Apchier de), délégué cantonal pour l'instruc- ton primaire, au chateau de Brassac, à Brassac-les-Mines.... Puy-de-Dôme. Pugh-Desroches (Georges), au château de la Bouillie, près VEPS AE SERRE ARE A AN RUE RENE AA AE ARE ARE ER Seine-et-Oise. Pujalet (J.-B.), propriétaire, boulevard de Clichy, 29........... 1 Puyberneau (Henri de), président de la Société d'émulation de de la Vendée, au château de Buchignon, par la Chaise-le-Vi- COMTE 427 0 RENNES ARS, ER Une Vendée. Puyfontaine (le comte de), 34, avenue Friedland.............. E: Puyo, architecte, vice-consul de Suède et de Norwège, à Mor- 1e aix pr JO 0 08 J00e Mo oo co doc dde asso ioseucbobuaooncsoc Finistère. Quatrefages de Bréau (de), [membre à vie], membre de l'Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle, rue de BON RE Le bare de eue liste eee DS RE NRA 1 Quenedey (Emile), aux Riceys....… A A re LA SEieaE Aube. Quevreux (Amédée-Ernest), [membre à vie] propriétaire, à : Na MM EE à Les 44 des OUT PO RME Basses-P yrénées. Quyo (Ch.), avenue de Madrid, 11, à Neuilly................. .. Seine. Radout (Victor), 51, rue Maubeuge.......... AT NE AIG P. Habuté, pharmacien, à Doullens............:............... .. Somme. Ragot (Edouard), rue du Faubourg-Poissonnière, 177......... ge: © Rainneville (comte J. de), sénateur, rue de La-Ville-l'Evêque, 3: P. Ralli (Etienne), [membre à vie, allées des Capucines, 18, à Marseille nn mms seusens.es Ramelet (Joseph), propriétaire, à Neuvon, commune de Plom- biéres-le7-Di)oOn EE ELEC CRE te eee cc LE Rampinm (G.), avenue d'Antin, 59............... Denis lala era tele else Rainviller (Louis de), au château de Vallalet, par Aumale...…. Rambaud (Francois-Casimir), [membre à vie|, courtier de com- merce, boulevard de la Liberté, 25, à Marseille Rambaud (Antonin), rue d'Antin, 23........ CAE oO AAA : Rambourg (Louis), [membre à vie], propriétaire, au château de la Ferté, par Chantenay-Saint-Imbert, et rue La Boëtie, 24... Ranst de Berchem (le baron Henri de), avenue Percier, 10... Ranst de Saint-Brisson (le comte de), avenue Percier, 10.... Rathelot (Félix), avenue de la République, 59, au Grand-Mont- ROUE ea nee eee mec ele le moult (Jules) true Demours, 14% 10 EN RP ERP CE PORE ISERE Ravenez (Louis), arbitre-rapporteur au Tribunal de commerce, boulevard Gouvion St-Cyr, 91, à Neuilly........... no alnuise so Hide Raverdy (Félix), rue de Chartres, IS, à Neuilly Raveret-Wattel (Casimir), sous-chef de bureau au ministère de la guerre, rue des Acacias de l'Etoile, 20 Ravetier (J.-Baptiste), avenue des Ternes, 83................. Raymond (le docteur), rue de Greffuhle, 8................... be Raymal-Boissaux, au château de Couflandrey, Haute-Saône et 44, rue Francois Ier nn nn nn nm mms ses css ss. Raynaud, industriel, rue Saint-Honoré,207............., PS PEU Récipon (Emile), [membre à vie|, rue de Bréa, 9, à Nantes, et au château de la Roche-Giffard, par Bain Redon (de), au château de Grezès, près Brioude.............. Regnier (Georges), propriétaire, à Dijon....... SAR ENN Regny (Georges de), propriétaire, à Orgeval................ do Reiïeh (Louis), à L'armillière, par Sambuc.............. 16900800 Reinaeh (le baron de), [membre à vie], ancien secrétaire d'am- bassaderdo)Prancetr Berne: een Ier nent Reine (Charles), papeterie de Brouains , près Sourdeval........ Reïnach (le colonel baron de), au château d'Hirtzbach, par BENIN SAND NON S.à AANENE ANNE ARS A MRUIE DIRE BEN ABRIS opodb on Reïset (le comte de), [membre à vie], ancien ministre plénipo- tentiaire au château du Breuil, par Dreux, et rue de Miro- mesnil, I01........ DO 0 DOUBS DO GE DH 0 SOL USE Pa REA snera T Rémi de Montigny (Dominique), [membre à vie], rue Saint- Georges 43 rene bobo DJ00 ED 00 0 DE Cocabd ob Remisa (le marquis de), [inembre à vie], à Madrid........ Sante Renard (Edouard), ancien délégué de l'industrie parisienne en Chine, rue du faubourg Saint-Honoré, 10.. Renard (Henri), [membre à vie], rue d'Anjou-Saint-Honoré, 50. ss... Rendu (Jacques), à Moignelay, et rue de Saint-Pétersbourg, 16. Renesse (comte Frédéric de), château de Schoonb Bilsen....…, à choonbeerk, par rss. Trio rihanssssrsesseoseeoers0e tetes LVIl Bouches-du-Rhône. Côte-d'Or. P- Selne-Inferieure. Bouches-du-Rhône. 19 P. Nièvre. P: Seine. Seine. P. Fe P: 1 P: Loir-Inf, llle-et-Vil. Haute-Loire. Côte-d'Or. Seine-et-Oise. Bouches-du-Rhône. P. SUISSE. Manche. ALSACE. P. Eure-et-Loir. P. ESPAGNE. 1 Fe P. Indre-et-Loire. E P. Oise, BELGIQUE. [qu LVii Renesse-Bredbach (le comte de), [inembre à vie|, rué des Arts; 5, à Bruxellés.......,..... DNS TRS DENTS UNE NE ds Rennesson (Henri), rue de la Chaussée-d'Antin, 23......:..,.. Benou, avenue de Neuilly, 89, à Neuilly....... etre cure Renouard (Charlemagne-Alex.), propriétaire , banquier, rue de la, Victoires Tia: cpu MR TE A te ae np 2e eau tie Rersaint-&illy (le comte de), villa Bignot, à Etables .....:.:., ï Réveraz (Arthur), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 29.....:... Revillon (Eugène) boulevard Richard- Wallace, 9, à Neuilly... ... Révillon (Adolphe), rentier, avenue des Ternes, 19....,....... Révillon (Théodore); rue de Rivoli, 19 et 83........,:.,...:... Rey (Gustave), au château de Viguier, vallée de Sauvebonne, près 1 OEbocon nm oubedooobe oc oc dooiodt onu UoioubLdon dot Re ynal fils (Léonce), propriétaire, au château de Plaucheix, près Périgueux =ercereeceree DessbasensGoseresnéosèestéerseteeneiese Rhem (Edmond), propriétaire, rue Pigale, 59................... Riant (Ferdinand), [membre à Riel ancien élève de l'Ecole po- lytechnique, propriétaire, rue de Berlin, 36................... Riant (Théodore), [membre à vie], propriétaire, au château de la Salle, par Core nr Le ATP ANA ER OR Riant (le comte Paul), [membre à vie], ancien membre du Conseil général de Seine-et- Oise, boulevard de Coüreëllés, 51:....:... Ribeaud (Georges), propriétaire, à Porrentruy................. Ribon (José-Manuel), consul général du Salvador, rue d'Hau- evil DR ER EU LE US pate Ua TE Mate ere lee 2 ae a Richard (du Cantal) (le docteur), [inembre fondateur et mem- bre honoraire], ancien représentant, ancien directeur de l'Ecole des Haras, à Souliard, près Pierrefort, et rue Jean-Jacques- ROUSSEAU Tee eee GR D: EU na SAT AE tasse Richard (Charles), ancien notaire, à Lucon........ NE AREAS Richard (Maurice), ancien ministre, membre du Conseil géné- ral de Seine-et-Oise, rue Prony, 35...,.....,...: is éssade tiers Richard-Bérenger propriétaire, à Mens, et quai Voltaire, 29. Richard-Hennessy, au château de Bagnolet, près Cognac..... Richemont (le comte de), avenue Marceau, 51...:....:... JodO0c Richer-Delavau (Raoul), au château de Montveillé, par La Châtre . ER MR NE Eee MA Re AE testé Riehes pere (le docteur), professeur à la Faculté de Médecine, rue l'Université; 152,17. LAINE een as SAN res Richet fils (le docteur Charles), rue de l’Université, 15......... Ricord (le docteur), [membre & vie], rue de Tournon, 6........ Rieffel (Gustave), PROPERTIES au chäteau de Menillet, par Bor- nel; C0 TUC' GE VON Ay; SNA MATE Fetes ceese Riencourt (comte Hugues de), rue d'Aguesseau, 72:.,..... dog Rieunier (l'amiral), boulevard Malesherbes, 29..,..,.... censée à 2 € Riffault (Georges), négociant, à Chaunay...,.......:, LEE ee Rigal (Léon), membre du Conseil général, à Cannes::,.1.:.:5:.: Rigaud (Charles), rue des Signaux, 2, à Boulogne-sur-Mer. : Rihouel (A.), conseiller référendaire à la Cour des comptes, rue JOUHROM ADD Rs ete eee SU, VÉRINS ER AE DIES 1e re em ee Ringel (Emile), [membre à vie], station Schtschurow, chemin de fer de Rjasan et. citttéses te 0 MUR INR PNR ATNONEE : Riom (Emile), administrateur des hospices, à Nantes.....:..... Riquier, propriétaire, à Gazereau, près Rambouillet, et rue d'ATEENSONNOMEMEE: 1 ee dite as sunaua M ENT rose BELGIQUE. P- Seine. F2 Côtes-du-Nord. Fr Seine. P2 P: Var. Dordogne. P: pe Allier, PA SUISSE. PA P. Cantal. Vendee, E: P. Isère. Charente. j DA Indre. P: P: de P. Seine-et-Oise. PF: P: Vienne, Alpes-Maritimes. Pas-de-Calais. P. Ruüussi£. Loire-Inférieuré. P. Seine-et-Oiss. Risceal (marquis de), RReQte & vie], Atocha, 80, Dupl., à Madrid." HSE see Eee: LS Ar A PA a D PRET TE Rivaud de 1a Rafünière, [membre à vie], au château de la Raffinière, par Chaunay, et rue d'Edimbourg, 20.......... A Rivière (A), rue Denfert-Rochereau, 98........ ANA ae SRE AR : Rivière (J,-B.), avenue de Neuilly, 95, à Neuilly........ PAL Rivière (Charles), directeur du Jardin d'essai du Hamma, près Alger, Mustapha CENTRES (PEN LONI RE SENS ES LU CNP Op CS PRO Rivoiron (E.), pisciculteur, à Servagette, commune de Mirtbel- lez-Echelles.......:.: SARA MUR MEENOIE DAS UNEENNS PE DEN EE Robardey (Joseph), huissier, à Troyes......................... Robert (Alexandre), maire de Droyés, par Montier-en-Der..... Robert (le docteur Henri), à Ligny.....................,........ Robin (Ch) rue de Vieny, AG PIANO EnIANNtAnUrs a Re Robineau (Francois de), au château de Vallière, près Candé.. Roccagiovime (le marquis de), à Rome............ ACL A ET CRUE Rocñe (Albert), propriétaire, à Saint-André-de-Sangonis....... Roche (le docteur Vicente de la), [membre à vie], à Medellin. Rochebrechard (Louis de la), rue de Beauchamp, 2, à Niort etlautchateau de Champdenters AE PAPETERIE Rochecouste (Jérome-Louis de), à Port-Louis ......... FT ea Rochefoueauid (de la), duc de Bisaecia, rue de Varenne, 47 Rochefoucawuid (de la), duc de Houdeauville, rue de Va- M NITE NO SE A SN AE A NET IE N ARB I Pate BA ANA AU AE A PP PRE Rochejaqueileïn (le marquis dela), à Bressuire, et rue de Gre- nelle Shan AIR LE see ele NS ARR a 'ELE Safi as USE d'a Rochemacé (Félix de la), au château de la Roche, commune ce Coufré HE ren NI Re CUS VAE PRE DENON AU PENSE à Bochequaiïirie (le marquis de), au château de La Morts Gian, par St-Julien-de-Vouvantes..... SARL TRUE EN Re AE RS A ts Rocher, rue Vintimille, 20..... A qA NA NE PR EURE A sen Roches (Léon), [inembre honoraire], aneien ministre plénipo- tentiaire de France, à Tain......., DO OL ARE Rochet (Alfred), [meïbre à vie], rue Téhéran, 11... Rocheterie (Maxime de la), rue de la Bretonnerie, 58, à Orléans Rodellec du Porzie (E. de), à Kermani, par Landerneau... Rodocanachi (Pierre), banquier, avenue Gabrielle, 42...,.,.... Rodriguez (Juan), [membre à vie|, à Guatemala... ....,,..... Roëst d'Alkémade on [inernbre à ae au château de la Hulpe, près Bruxelles. . ss... CRCECECECECECEC ECS CNE SC CR ET Rogelet (C Ce propriétaire industriel, boulevard du Temple, JON ANRELIIS NS UBUNTU TOE PANTIN EE 3 Roger Edgar), propriétaire, conseiller référendaire à la Cour déscomptes ruensaint-azare O2 20 MON Roger (Georges), [aneinbre à vie], fabricant de Meules, à la Ferté-sous-Jouarre....... TUE Rogeron (Gabriel), au château de l'Arceau, près Angers. ...... Roland (Alfred), à Orbe (canton de Vaud)...........: Rolland-d'Estage (Lucien), propriétaire, à Brinon-sur-Sauldre, shot. iin Romain (le commandant L.-P.), avenue de Madrid, 11, à Neuilly. Roman (Gaspard), à Wesserling,.:................... 2 ss... Romana (le marquis de la), [membre à vie], grand d'Espagne, calla de Segovia, 11, à MS dits PAL LEA Re Rata RTS KRomanet du Caillaud en avocat, àu chateau du Cail- laud, par Limoges........... DANS ten tee ss rrssssreree LIX ESPAGxE. P. Vienne. Aube. Haute-Marne, Nord. Fe Maine-et-Loire. ÎTALIÉ. Hérault. CoLomeis. Deux-Sèvres. ILE Maurice. ide EX ii Loiré-Infériéure, Loire-Inférieure. BX Drôme. JE Loiret. Finistère, P: AMÉRIQUE-CENTRALE BELGIQUE. Marne. De Seine-et-Marne, Maine-et-Loire. SUISSE, Cher. Seine. ALSACE. ESgPaGne, Haute-Vienne. LX Romans (baron de), [ixembre & vie], propriétaire, au chäteau de la Planche-d'Andillé, près la Villedieu-du-Clain............... Romeuf (le baron Maurice de), rue Taitbout, 3................. Rondeau (Daniel), négociant-commissionnaire, rue des Petites- ROUTES ARR nee eee nie Rice ee LLC TE CES Roquette (Alexandre de la), [snembre fondateur et membre à vie], rue de l'Université,:83...°-:;.. "MER 0 PE CARPE Re Rosen (le docteur J.). [membre à vic|, professeur de chimie et de botanique à l'Ecole supérieure de Kuremonde (Limbourg).... Rostan (le général), [membre à vie], au service du bey de Tunis Rostand, administrateur du Crédit industriel, boulevard Males- herbes: 89: HR Re INNNr ALES RTE SU Le A ent Rothschild (le baron Alphonse de), [membre fondateur], rue Sant-Florentina ie ee NME MR E rene ee ee al DATA AN Rothschild (le baron Charles de), [membre à vie], consul géné- ral de Bavière, à Francfort-sur-Mein "Fe men Eee Rothschild (le baron Guillaume de), [inembre à vie], consul général d'Autriche, à Francfort-sur-Mein...................... Rothschild (le baron Gustave de), avenue Marigny, 23.......... Roublot (Emmanuel), [membre à vie|, négociant, rue Malker, 20 Rouïllé (Augustin), juge au tribunal de La Roche-sur-Yon...... Roulina (Charles), rue Charles-Lafütte, 49, à Neuilly.......... Roullier-Arnoult, fabricant d'appareils d'incubation artificielle, 2UGamMbaIS PAL MEAOUTAN EE EME PE REP RE ER C RCE Ce cie Roulland (Claude), principal clerc de notaire, à Gesté......... Rousse (Alfred), propriétaire, à Fontenay-le-Comte............. Rousseau (Aug.-Alfred), architecte, rue de Chabrol, 69........ Rousseau (Ernest), commissaire-priseur, rue Richer, 10........ Rousseau (Ferdinand), maire, à Joinville-le-Pont.............. Rousselet (Ferdinand), conducteur des ponts et chaussées, ave- nue dusRoule TINTIN AM A NE Roussen (Léon de), boulevard de Clichy, 14.................... Rousset (Henri), fabricant d’horlogerie, rue Turbigo, 51........ Roussin (Alfred), commissaire-adjoint de la marine, rue du Commerce fAaMliOorIent: cesse teurs ee et Re "Cr Roussin (Paul), [membre à vie, à Sainte-Marine, par Pont- LRQ A OL A Roussy (Emile), [membre à vie|, propriétaire, à Nimes......... Rouvière (J.-A.), ingénieur civil, à Mazamet.................. Rouville, ingénieur des ponts et chaussées, boulevard Hauss- mann;, 1084 Mer see Let ee men one ste de MUR LE NT Roux (Victor), [membre à vie], à Bormettes, près Hyères. ..... Roux (Albert), à la Coulerette, près les Salins d'Hyères......... Roy (Gabriel), avocat, propriétaire, à Villehois-Lavalette ....... Rozet (Arthur), propriétaire, à la Davrais, à Saint-Géréon, par AMCENIS- Rec Sonde DNA LE LCA AA AMEN a «LR LE RARES Rue (Ad. de la), inspecteur des forêts, à Corbeil................ Rufz de Eavison (le docteur de), ancien président du Conseil général de la Mrtinique, professeur agrégé de la Faculté de médecine de Paris, membre correspondant de l'Académie de mé- decine, boulevard Maillot, 42, à Neuilly......................, Russ (le docteur Ch. F.), Belle-Alliance, 73, I, à Berlin ......... Rutherford-Aleoek [membre à vie], ancien ministre plénipo- tentiaire de S. M. Britannique à Pékin, et Athenæum Club, Pall Mall, à Londres! agua LATO. CEUINNIPANE SN PE Ruyssenaërs (L. H.), [membre à vie], secrétaire de la Légation des Pays-Bas, place de l'Industrie, 27, à La Haye.............. Vienne. 122 1Pe 15 Pays-Bas. BARBARIE. P: pe ALLEMAGNE. ALLEMAGNE. PE P Vendée. Seine. Seine-et-Oise. Maine-et-Loire. Vendée. 182 P. Seine. Seine. P:: 12» Morbihan. Finistère. Gard. Tarn. P Var. Var. Charente. Loire-Inférieure. Seine-et-Oise. Seine. ALLEMAGNE. GRANDE:BRETAGNE. Pays-Bas. Sabaté (Isidore), propriétaire, au château de Cadarsac, par Li- DOUTE rs de ei de ele Le bou b 9 a bte 20 0 . Sabatier, propriétaire, à Pierrefond........................... Sabatier-Mandoul (Alphonse), propriétaire, Grande-Rue, 63, à Carcassonne et à /AZIIlen se ANT NN In CN eeUR TPE : Sachs (baron Ferdinand-Georges de), au château de la Ville-au- Bois par Joncheny-sur-Vesle er REP EPP CCR ÉPERR ANR ô Safont (Jaime), [embre à vie], propriétaire, plaza de Palacio, AM RATCELONEN TE ur near Se EVA a PR Ne ES DUR Saïint-Alary (Ernemont de), boulevard Haussmann, 85 ......... Saint) mue du Mon ENS EPP REPÉRER ER re eee ee Saint-Ange père, rue de Rivoli, 86............................ Salnt-Ange fils, négociant, rue de la Lingerie, 6............... Saint-Didier (Maurice de), capitaine de cavalerie, boulevard de atour-Maubourc A lee RPeUMeARNNAERAnAAn Rent sn Rae ne Saïint-Evrom (Paul), [nembre à vie], agent de change, place de laMate l'en en 20 NOR ee OR AP A nn ER A RAA nr te Re Saint-Georges (le vicomte de), au château de Fragne, par Mont- lucon (Allier), et rue Casimir-Périer, 49................,.,.... Saint-Hilaire Dufour (Charles), au château de Bimare, près BUS GED a LRU 2 AL AU a is ES AAA OR NP RS Saint-Ennecent (le comte G. de,, au château de Reclesne, par ucenay=-lBvéqueds ist ERAnseR EI DR CERN NT SEE NS Saint-James (de), | nvweinbre à vie], propriétaire, avenue du Tro- CATELOS EDS DAT EN AIR RO EE AT RER SIREN ME AE ECC CANR AU ASS RENAN Saint-Léon-Boyer-Fonfrède, | membre à vie], rue de Lyon, 35, Bordeaux, et au château de Victoria, à Vertheuil-en-Médoc... Saint-Meleuc fils (A. de), au château de la Haute-Forét, à Bréal-sous-Montfort, et à Rennes, contour de la Motte, 3....... Saint-Paul (de), au château de Laingeard, canton de Saint-Pois. Saint-Pierre (le vicomte de), boulevard Haussmann, 116........ Saint-Prix (C. de), au château de Troffunteniou, près Morlaix... Saint-Quentin (Edorard de), percepteur, à Blanquefort ....... Saint-Quentin (Auguste de), trésorier de la marine, à Cette... Saint-Quentin (de), ancien receveur général des finances, avenue AUBETOCA der OMIS EMUENENENEN JPA EEE NPE EUAAR EN Na EN ER Saint-René Tallandier, à la Paillade, par Tarascon......... SaintSeine (vicomte Maurice de), au château de Morlaize, par (CONS AMORR Se DORE PRO ERR ONE SRE AO PRE NE ARR Saint-Simon (Alphonse de). membre du Conseil général, au chä- teaurde Montauquier,,par.Guq-Loulza: 04 Lei. Saint-Victor (Gabriel de), rue du Bac, 108..................... Sainte-Aldegonde (comte Emmanuel de), au château de Troissy, DAS HORS BUSO DE RUSSE RATS RAR At Et PUCAT PON RRENRER N Sainte-Anne (B. de), propriétaire, au château de Champvallon, DANCE NE Ce A CT EDR NP A EN RSA AC NEA Sainte-Croix (Paul de), rue d'Anjou-Saint-Honoré, 4........... Sainte-Marie (Robert de), avenue de Ségur, 13........ Bnbuouat Sajou (A.), rue de Fontenay, à Nogent-sur-Marne.............. Salanson (Fernand), juge d'instruction au Tribunal de Florac.. Salignae-Fénelon (le comte de), avenue de Madrid, 21, à Neuilly, et avenue des Champs-Elysées, 38................. AE DORA 2 Salle (P.-Amédée Laisnel de la), receveur particulier des con- rributions indirectes, rue d'Orléans, 26, à Neuilly............. Salmon (Auguste), propriétaire, au Val d'Ornain, à Abainville, par Gondrecourt, et rue Saint-Lazare, 91........ PTS ED LU PRET Salmon (Edouard), à Clichy, et boulevard des Filles-du-Calvaire, L 2 piolpho le r]p elalelslolpNe le) oNvlerelelp ler ele ts serv a lelo pro telolris ts ve else sise ele soett + +10 610.0 LXI Gironde, Oise. Aude. Marne. EsPAGNe. Pe P. Allier. Seine-Inférieure. Saône-et-Loire. 1920 Gironde, Ille-et-Vilaine. Manche. E? Finistère, Gironde. Hérault. BE Bouches-du-Rhône. Saône-et-Loire. Tarn. P} Marne. Yonne. RS 12e Seine, Lozère. P. Seine. 12 P. Meuse. LXII Salmon (Charles-Gaston), rue de la Boëtie, 5............,..... Salmon-Coubz2rd, propriétairo, à Baugé....................... Salm-Keiferseheiïd (le comte de), [membre à vie], membre de la Chambre haute d'Autriche et de la diète de ons. à Prague (Bohéme)........ non db do data Put 0 A/S Salvago (Nicolas), [membre & Fee à . Alexandrie (Egypte), e allées des Capucines, 28, à Marseil Salvert (Charles de), propriétaire, 4u château de Bellenave..... Salve-Vachères (vicomte S. de), au château de Pinet, par Reil lannernernete nt Mes pete lien tee AD PPS I EN SRE ME 2e Sambucy (Henri), notaire, [inembre à vie], à Nimes. Sanford, [membre à vie|, ancien ministre des Etats-Unis, à Bruxelles . Sanglebæœuf (Eugéne), à Chissay, par Montrichard.. Sangrier (Ferdinand), propriétaire, boulevard de Courcelles, 49. Sangre (le duc Nicolas de), [membre à vie|, strada Nilo, 7, Pa- lazzo Sangro, à Naples.. 2 Sans (Charles), au château des FRS, près Daumazan- sur- Larize cer Santini (Jean), bureau Dlceraontquel Narbonne. 240604 Sardäa (Aug.), au château de Caumon, à Cet par Lésignan. propriétaire, à la _…... . . CE Sargenton (Frédéric), Chapelle-en-Serval, et vue VROMEMT ADN NE EIRE RE NE RE CRT Saba be ce Sarlande (Albert), au château de la Borie, par Champagnac de BOAT RSS AE PAR NAME REA EEREA ACIER APR A ANUS RC RE SAN PAR ; Sarrazin (Alfred), sous-directeur des études, à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, boulevard des Filles-du-Calvaire, 18. Sarrus (Jean), curé, à Fraysse, par Lacroix de Barrez.. Satriano-Filangieri (le prince de), [membre à vie], boulevard Haussmann, 40%... Sauley (Ernest), officier de marine en retraite, place Saint-Mar- tin, 8 aMetr ee Ne Saury, pharmacien, à Aurillac.......... Sautuola (M.-S. de), à Santander (Vieille-Castille)............. Sauvadon, [membre à vie|, au jardin d'Acclimatation de Gezi- reth, près le Caire Sawyerr (Alfred-James), 162, Rawdon street, Sierra Leone, Freetown West coast of Africa......... UE Be Saxe Cobourg-Gotha, duc de Saxe, he prince Ferdinand de), |membre à vie], à Vienne. de Say (Henry), [membre à vie, PRE au château de Lor- moy, par Montléry LE Sayette (comte Raoul de la), au Piessis-Beaudin, commune de JOUÉ-H AU MMM Ce RE ER Le Le PAUL RCE Ceses Sayvé (Abel), 9, rue de Noailles, à Versailles............ Scey de Brun {le marquis de), propriétaire, au château de Bu- thiers, par Virayäur-l'Ognon Steel QUE Sehaffer (A.), directeur du buffet de la Gare d'Orléans... Sechedoni (le marquis Joseph de €Camiazzo), boulevard Haussmann, 12] Sehickler (le baron Arthur de), DRQne à vie], place Ven- dome LTÉE Ce she SE HR RE AE Schildge (Pierre), avenue de Nehilys 146, à Neuilly. Schlossmacher (J.), [membre à »' …..... ss... [membre à vie], nn ms... Béranger, 19... Schiumberger (Jules), négociant, 4 Guebwiller ss... “ss... Schmidt (Edouard), [inembre à vie|, quai dé Valmy, 5 Schneider (P. Louis), né gociant, rue Ponsardin, 6, à Reims... Maine-et-Loire. AUTRICHE. Bouches-du-Rhône. Aiïlier. Basses-Alpes. Gard. BELGIQUE. Loir-et-Cha2r, 1 ITALIE. Ariège. Aude. Aude. P. Oise. Dordogne. PE Aveyron. €: LORRAINE. Cantal ESPAGNE. Eaypre. SIERRA LEONE. AUTRICHE Seine-et-Oise. Maine-et-Loire. Seine-et-Oise. Haute-Saône, BP. Fe, P; Seine. 1 ALSACE. BR. Marne. Schælcher (le colonel), [membre à vie], au château de Moni- pinen par Maninec ee CR eee erLe re DRE ee cL RCE Schwester (Albert), [membre à vie], rue des Princes,2, à Meudon Secrétat, are au château d'Ardinalie, près Saint-Pierre de Chignac Etats sonne cc DD NN TO Ron a Sédillot (Maurice), rue de l'Odéon, ROC A PE M PR Séguier (Alfred de), [membre à vie], à Orléans,,., ...,,.,,... Séguier (le baron Tony), ancien préfet, au château d Hautefeuille, DariGhannymetrneldeAs one CeCEPE REP PRE CRPREREEC EURE Seignette fils (Henri), à La Gripperie, par Saint-Agnan....... Selve (le marquis de), [membre fondateur], au châteeu de Vil- liers, par la Ferté- Allais, et'avenuetHoehe p0, hu ---ce-Leeette Selys-Longehamps (le baron Ed. de), [membre à vie], séna- teur belge, boulevard de la Sauvenière, Ge ce LE AE AE One Semallé (René de), [inembre à vie], à Saint-Jean-d'Heurs, par Lezoux, et rue de l'Hermitage, D ANINIe RS ALES NE AREA Sendrwal (A.), propriétaire, à Soual-l'Estap, par Castres........ Sénéquier (Théophile-Prosper), propriétaire-agriculteur, à Ras- ce de ET anOLS SR AR AM AA AR nee non Senet (E.), boulevard d'Argenson, 10, à Neuilly, et rue Boissy- C'ÉTAIT ORNSS ARE OA A ee Or RARES ET AR A PRET 6 Sens (Laurent), propriétaire, place Dauphine, 19, à Bordeaux ... Sentis (Louis-Francois), consul général de France, à Calcutta, ebrueldle la Ron TS AUSSI NE AU NES een A PL Séré-Depoin (Pierre-Ernest), Président si Conseil d'arrondis- sement, rue Charles-Laffitte, 56, à Neuilly......:......1........ Sers (le DR Le [membre à vie], PROS TEAESs rue Pierre- CHATEON EAN LP AURA A AT nn AAA A EMA PA LE Éne (A.), ne à vie], négociant en pelleterie, rue de Braque, ê PSP RCE CE PA ES ONE UNTICI OS ANUS Sesmaisons (le comte Hervé de), conseiller général de la Man- che, jau chéteauide Hlamonville. 4440 rite tele de Sevin de Sesgougnac (Louis de), au château de Larroque, par Gimont, et rue de la Madeleine, 4, à Toulouse ..,,..,.....,,. Sevrez (A.), station du Parc-St-Maur,.............. AE NL Sharland (Henri), propriétaire, à la Fontaine, à St-Cyr, près OURS, 12 PAS PAT A Ur NEA NE ele Aer ARE EEE AA ‘A Shrimpton (le docteur), [membre à vie], 11, Willswood Parts KOTOT PERL NH LE SOSONNN ESA PAIN RES A ER AE PONS A ES TN AUS Sicard (le docteur Adrien), [membre à vie], rue d'Arcole,5, à ER ETS AO be Mo MR EE CAE LUE DD D 0 AR TR SRE Siebold Esq. (Alex. von), [membre à vie], à la Légation du Japon ratBenanne07 uN Ne Rss TU MON UE PURE à Sifait (Ernest), au château de la Gérardière, par Oudon....... Signoret\(Edonard) A1Cannes Lt auch ne ue de even Sillan (Edouard), deléqué de la Socicté nationale d’Acclimata- tion, à New-Orléans, Post office (Louisiane)......,............ Simiau (AATien)) 2 VOTEONS. ee ee SR nee deu : Sion (Fidèle), député, au château de Plessis-Bardoux, “é AA RE ee olene te eee NOUS NME AU PAT, ARMES ETAT RGANN CIR F CANET Simon (A.), rue de l'Ascension, 14, à Bruxelles................ Simon (Samuel), rue Saint-James, 11, à Neuilly,................ Simon (L.), négociant, à Bapaume, et rue Lafayette, 146...., Simon (G.-Eugène), [membre honoraire], rue du Faubourg- SAINT ANONRE 2 LUEUR MEN LES AN AC OMAN MOI PER, Simon (Léon), rue de la Ravinelle, à Nancy....... on bo chone Simon (Louis-Hyacinthe), capitaine d'artillerie, rue Saint-Péters- bourg, 20, et à Ars-sur-Moselle.,.,,.,.......... 4 DE IS SHOT BE LXIIT Tarn. Seine-et-Oise. Dordogne. 127 Loiret. P. Yonne. Charente-Inférieure. P. Seinc-et-Oise, BELGIQUE. Puy-de-Dôme.S.-et-0 Tara. Var. P, Seine. Gironde. P. INDE. Seine. P, P. Manche. Gers. Haute-Garonne Seine. Indre-et-Loire. GRANDE-BRETAGNE. Bouches-du-Rhône. ALLEMAGNE. Loire-Inférieure. Alpes-Maritimes. Erars-Unis. Isère. Ille-et-Vilaine. BELGIQUE. Seine. P. Pas-de-Calais. P. Meurthe-et-Moselle- P. Lorraine. LXIV Simon-Legrand, château de Madrid, avenue Rictard-Wellace, DINeUIIy Re Ce creerescoce So g0abebbonuo Éoouove AIT de Sinéty (le marquis de), [membre fondateur], à Villeneuve-la- Guyard (ligne de Lyon), et boulevard Saint-Germain, 173 ....... Siredey (le docteur), rue Saint-Lazare, 23................... ka Siroteau, restaurateur, rue de Tournon, 33................... Sivadon (Fortuné), rentier, rue Pergolès, 12.................... Skousès (Paul), [membre à vie], à Athènes.................... Smith (James), armateur, à Kralingen, près Rotterdam.......... Sæhnlin (Dagohert), rue de l’Abbé-Groult, 83................... Sohier (Léon), propriétaire, boulevard Malesherbes, 74.......... Soller (Charles), explorateur, rue Nouvelle, 7.................. Soims (S. A. S. le prince Albert de), au château de Braunfelds, par Wetzlar Prusse rhone EE Ce ceecre-ceee Sommier (Eugène), propriétaire, à Flavy-le-Martel............. Sonnay (F. de), au château de Sonnay, par l'Isle-Bouchard..... souencé (Charles de), [membre fondateur], propriétaire, à RTE ans CL EE ERP NES EP EE SE OO Soubies (Henri), 10, rue de la Victoire et à Manaud, par Beaumont-de-Lomanne ttes ile eelerielelele cet Souchier (Paul), propriétaire, maire de Chantilly, et boulevard Montmartre 10122: LANDEADRNT ARE VON AU Ven Eee ee Le : Souillier (Jules-Maurice), propriétaire, à Bazancourt .......... Ô Sourdisse de la Valette (Charles), maire de Villiers-Charle- Sousa (Joseph-Augusto de), [membre à vie], administrateur des royales propriétés de l’Alfeite, près Lisbonne.................. Sousa (le docteur Pedro Luiz Pereira de), [membre à vie], 12, rue San-Benito, à Rio-de-Janeiro.........................,.... Spinelii (Francois), des princes de Scalea, à Naples............ : Stahmann (Gustave), rue Basse-de-Lonchamps, 3, à Neuilly .... Steindachner (le docieur Franz), membre correspondant de l'Académie I. R. de Vienne etLisbonne, aidenaturaliste au Mu- séum d'histoire naturelle, à Vienne...................... bts Sturne (Gustave), rue Parmentier, 25, à Bois-Colombes......... Subervielle (Aristide), faisanderie de Sénart, par Corbeil, et rue UGON SC MORE REA EL Re A ME IL Sudrot, négociant, juge suppléant au tribunal de commerce, rue Lafayette LS EE RE en RNA ER RAR ER LAN Surell (Al.), rue du Parc de Clagny, 11, à Versailles........... Surineau (le marquis de), au château de la Gaudinière, près Champs-Saint Pere) 0 ARANMERPRE TN a EEE Rn Surville (Léopold), notaire, à la Roche-sur-Yon................ Swann, pharmacien, rue Castiglione, 12........................ Tainturier (Henri), rentier, #, rue de Constantinopla et boule- vard de la Courterie, à Bar-sur-Aube.............. RE TOUE Talabot (Paulin), [membre a vie], à Preyssac, par Thenon et QUO VOIES MO ae e Dee a AN ECS Eee NO CL UNE ER Ealbot (A); 2 Parameé....... 0 (ir CARRE ner Talmier, pharmacien, Faubourg-Saint-Denis, 102.............. Tanaka-Yosiwo, [nembre a vie], botaniste, Caiï-sei-dzjo, à Yeddo Tanerède (Léon), 27, boulevard Suchet........................ Tandeau de Marsae, notaire, place Dauphine, 23............. Tansard, notaire, rue du Grenier-Saint-Lazare, 5............. = Tardieu (le docteur, V. S.), [membre à vie], à Arles......,.... Seine. P. Yonne. Ip: P: e2 GRÈcE. Pays-Bas. F2 P. PE ALLEMAGNE. Aisne. Indre-et-Loire. Seine-et-Oise. P. Lot-et-Garonne. P. Oise. Marne. Mayenne. PORTUGAL. BRÉSIL. ITALIE. Seine. AUTRICHE. Seine. P. Seine-et-Oise. PB: Seine-et-Oise. Vendée. Vendée. Pi P. Aube. P. Dordogne. Ille-et-Vilaine: P: JAPON. Bouches-du-Rhône, LXV Tarin (Ch.), [membre à vie], pharmacien, place des Petit-Pères, 9, P. Tarlier (A.), rue de Paris, 15, à Douai....................... . Nord. Tartenson (le docteur), rue de Châteandun, 10................ P. Tasocher (Louis-Elie de), au château de Boissier, par Savigné- NEUTRE N APN NN er ARE ee RSR . Sarthe. Taule (Henri Pinel de la), propriétaire, au château de Truilhas, arSsalelles A AUTde RTE PR PERTE PRE PELLE EE elIee CEE Aude. Taveau (Constant), propriétaire, rue de la Victoire, 71......... P: Taveira de Carvalho Pinto de Menezes (José), ingénieur avil et propriétaire, à Amarante.............................. PorTUGAL. Taverna (comte Joseph), [membre à vie], Bulciago, via Barzano, Mandamento di Missaglia (province de Como).................. ITALIE. Schihatcheff (Pierre de), conseiller d'Etat actuel de S. M. l'em- pereur de Russie, associé étranger de l'Académie des sciences de Berlin, membre de la Société royale de Londres, Piazza degli Zuavi, 4, à Florence........ RL NES En RATS AN COR AB AE ITALIE, Teil (le baron Xavier du), [membre à vie], à la propriété du Teil, pres Bscuntit (Guatemala). 0e eee, CRETE ARR E RE AMÉRIQUE CENTRALE. Teixera-Leite, [membre à vie], propriétaire, province de Minas- Cerats NN nee REA R E N BRÉSIL. Thellier [membre à vie], banquier, avenne de Messine, 9..... P. Tenré (L.), [inembre à vie], banquier, consul de la République du Paraguay, avenue des Champs-Elysées, 121................. 14 Terriilon (Edmond), [membre à vie], quai de la Mégisserie, 12 P. Tertrais (Victor), maire de Vertou, près Nantes............... Loire-Inférieure. Texier (Ernest), [membre à vie], sculpteur, rue Gaudot-de- IMAU LOVE PE ER SR et A ne A RSR UENE P: Tezanos (Jorge de Pinto), [membre à vie[, à Lima........... PÉROU. Tharel (Louis-Léon), négociant, rue de la Banque, 18.......... 18 hauvin, notaire, a Orléans ele sen ue ee Loiret. Theiilier-Desjardins, propriétaire, délégué de la Société na- tionale d'Acclimatation, à Saint-Quentin ..................... Aisne. Thellusson (le comte de). rue d'Aguesseau, 11, et au château de Vaupien Dan ChevReusc EEE ER eee PR AMERENS P. Seine-et-Oise. Thénard (le baron Paul) membre de l'Institut, propriétaire, place Saint-Sulpice) VO MAMAN PAIN RE NN NR AUPE nes P, Théry (André), square de Jussieu, 33, à Lille................... Nord. Thierot (Charles), avenue du Roule, 69, à Neuilly.............. Seine. Fhierry (Edmond), propriétaire, rue des Mathurins, 39 ........ Fe: Tholozan (le docteur), [membre à vie], médecin conseiller du Shah de Perse, délégué de la Société nationale d'Acclimata- tion vanTéhéranmet rue Dronchet, 23-22 ME RAA Ne ete P. Perse. Fhomas\(Béon)true de la Tour, 119 RER PR TERRRr P: Mhonras!(Alcide)PAtMezc rene ENTREE Le ne Hérault. Thomas-Piétri (Eugène-Louis), propriétaire, au chäteau de la Rouquette, commune de Mèze, par Villeyeyrac, et avenue Mar- Cat O M nes en eg en er AA OR AE 2 à RAS P. Hérault. Thomassin (le général A.), commandant le 4° corps d'armée, au UE A CR a qe SL PS Era DS Elo D'tE L0 Sarthe. Thomassin (Cyprien), [membre à vie], boulevard Malesherbes, 7. P. Thomeguez (Albert), boulevard Haussmann, 106.............. PF: Thory (Sosthène), rue des Ecuries-d’Artois, 42................. LE: Tibiriça-Piratininga (Joao), [membre à vie], propriétaire, à li (provinco/de/San-Pauro).. 22e Se nee ra Ann BRÉSIL. Tilly, propriétaire, avenue du Roule, 28, à Neuilly.............. Seine. Tinguy (Georges de), au château du Plessis, par Laterrière ..,. Vendée. LXVI Tirant (Gaston), rue Faraday, 7..........., LAC RPENNE de ee té Tissié, [membre à vie], banquier, Grande-Rue, 20, à Montpel- Men ls gerer 5 à ele Oise ei ei Se CESSE COTE Titeux (François), 22, rue de la Bienfaisancey...,,.,,..,,...., Tocqueville (vicomte René de), [inembre à vie], membre du conseil général de la Manche, au château de Tourlaville, par Cherbourp, el rue, YZCLEMLOIE ec ecremere cc CER Todaro (Agostino), avocat près la cour de cassation, professeur et directeur du Jardin botanique royal de Palerme (Sicile) ..... Tolin/(Camile)/muerdelGrenee nor PP PP PEER ERA EEE Tondelier, rue Saint-Placide, 34...,,..,,..,,.,..,,...,....... Tondreau-Loiseau (Auguste), banquier, à Peruwelz, province du Hamaut:. SSSR er AR ee eee Torrelli (Louis), sénateur du royaume d'Italie, à Tirano en Val- Ad ELA ee le an fe dan ire "AE RE NE Torres Caïicedo (J.-M), ministre plénipotentiaire de la répu- bl'quetdutSalvator ne Honiuny 20 Re RENE Tortat (Gaston), | membre à vie|. avocat à Saintes. .....,..,,,.. Touchard (Arthur), propriétaire, à Courcelles, près Pontoise et pue Galilée 9.2 RAR NMRONURSE PRIRENT QE OR CSN Touchardiére (Emmanuel de la), au château de Chouteil, com- munetde/Mérol, par Ciullé en ete A EU Eur Touche (le marquis Edouard-Robert-Marie de La), à Saint- Brieuc PER Re nr eat LEl Ca E CLR CL Toulmon (de), proprietaire, au château de Mervilly, à la Vespière, par Orbec-en-Auge, et rue des Saint-Pères, 7 bis......,....... Tour (le comte Edouard du), consul général de France, à Naples. Tournade (J.-A.), rue Louis-Philippe, 6, à Neuilly............. Ærasbot (Léopold), professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort.... Trébucien (Ernest), [membre à vie|, manfacturier, avenue de Vincennes np Re MR PE ele tt Le lee en a Tredern (le vicomte de), propriétaire, rue Montaigne, 21........ Ereilhard (comte), rue de Rivoli, 252, etau château de Marolles- enSHurepors PEER EE Te AR Re a de stotc he ÉfOtate Yrémeau (Maurice), rue Perronnet, 44, à Neuilly.............. Trempé, rue du Canal-St-Martin, 83............1:...:1:::..... Freuille (Raoul), rue de Rivoli, 15$, et château de Chitre, par VQUTR EUR RTE AR RAR LT AT CRE EACR AE Sr ARR EU Trévise (le duc Napoléon de), ancien attaché à la mission extraor- dinaire de Chine, avenue Friedland, 18:...,..:... 408,000 Tricotel (Alphonse-Charles), rue de Ponthieu, 6................. Trieste (Maso), [membre a vie], propriétaire, à Padoue (Vénitie). Triol (Louis), chef d'institution, 39, rue Charles-Laffite, à Neuilly... ER ER Ron dRGBOFT, M Triou (Paul), propriétaire, à la Châtaignerae.................... Triponé fils (Adolphe), négociant, à Belfort .................... Trotter (le major Henry), [membre à vie], attaché militaire de l'ambassade britannique, à Constantinople........,............ Troubetzkoy (prince Pierre), à Intra-la-Villé, Lac Majeur ....… Trouette (Emile), membre du Conseil privé du gouverneur de l'Ile de la Réunion, et à Paris, rue St-Antoine, 163-165........ Trouette (Edouard), ex interne des hôpitaux, pharmacien de 1re classe, rue Saint-Antoine, 163-165...,...:.................. Trubert (E.), propriétaire, à Saint-Barthélemy, et rue de Miro- menil, 31%..:... 00008 MMM QUEUE RIRE Een Truchy (Emile), négociant, rue de Rivoli, 158..,....,....,..., : Trutat (Paul), propriétaire, rue La Boëétie, 110.,.,.. ki: TRS dx P, Hérault 2 P, Manche. IrALtE. sa R: BELGIQUE, ITALIE, P Charente-Inférieure. P. Serne-et-Oise, Mayenne. Côtes-du-Nord. P. Calvados, IrALIE. Seine. Seine. ef 1 P. Seine-et-Oise. Seine. P? P. Vienne. 127 PA ITALIE. Seine, Vendée. Haut-Rhin. TurqQuIE. ITALIE. P. Réunion. P. P. Landes. 14 Tryon de Montalembert (comte de), au château de la Vielle- Ferté, par La Ferté-Loupière Tureæne (le marquis de), [meinbre à vie], rue de Berry, 26.... Eurpin (A.), propriétaire, à Sillats, commune de Lucbardez.... Turquand (Ernest), Les Ecuries, commune de Saint-Pierre-de- Me MEL ee umeurekerbu bi MARMITE CENT CAMES Tuzellet (Marcellin), aux Hameaux, près Thouars . Ugo delle Favare (le marquis Pietro), [membre à wie], Pa- zzoNroNa Palerme ANR EEE LEE CEE Uruguay (le vicomte de l'), [membre à vie], ancien envoyé extraordinaire et ministre plémipotentiaire de S. M. l'Empereur du Brésil en France eten Angleterre. à Rio-Janeiro......, SL ANNE Ussner (Alexandre), [membre à vie|, 165, Great-Postland Street, AMIÉON TES INRA AMEN NANTERRE Er AE ETS Vacher (Charles), farinier et pisciculteur à Evreux............. Vacquerel (Eugène), boulevard Magenta, 46.............. SAME Vaillant (Léon), [membre à vie], répétiteur à l'Ecole pratique des hautes études, quai Henri IV, 10.,....,...,...,,. ARE ne Velasquez (le marquis de),|membre à vie] à Madrid, rue du Pradom22hetaiParisteterDauno ROMANE Ie Ba Valero de Urria (le marquis de), [membre à vie|, proprietaire à la Havane, (île Cuba), et boulevard Haussmann, 151.....,... Vallières (des), receveur des finances à Meaux ...........,.... Valloïs (F.-V.), rue de Labordère, 5, à Neuilly.............,.... Vallombresa (duc de), rue du Bac, 46, et villa Vallombrosa, à CANNES M AAC AE SEL er Poe Re EL NU A PSE SEA Ananas Valom (comte _de), membre du Conseil général de l'Eure‘ rue Sainte lOLEINTELTR SET NN TN EUMEMENNE RUE ENS An NE CN EU NE Van Blarenberghe, ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue de la Bienfaisance, 48 ..…... Vanderkemp (le docteur), [membre à vie|, boulevard Eugène, SA Neue snee haale ne SRE nn URLS UE RS Van der Laan, (le docteur), à Lisbonne....................... Van-der-Sluys, vice-consul de Suède et de Norvège, à la Pa- piaunerie,. prés la Caillère een A Ripe ne AU dr so ENTER Que Vam-Gorkom [membre honoraire|, ancien inspecteur en chef des cultures de quinquina à Java, à Baarn..,......... en 8 Van Thuvli-Van-Seroos-H{erkem (baron K.-W.-C.-H), à Velsenn(NordHoland eee EL are ee Ver AT NEA. ; Varin (Jules), propriétaire, au Boulne, près la Ferté-Alais...... Varnier (Paul), avenue du Roule, 71, à Neuilly.............,... Vasmier (Henry), maison Pommery, rue Vautier-le-Noir, à Reims. Vatel (Eugène), boulevard Malesherbes, 137,,......,..,.., ë» Vatimesnil (Henri de), au château de Vatimesnil, par Etrepagny, etiboulevard Latour-Mautonre Ne0L- EN A" MEPMERNS ASE PTS Vaucher (E. Gustave), à Loochristy, près Gand..........., net Vauguerin (Albert Rivière de), ancien directeur des contribu- tions indirectes, avenue du Roule, 26, à Neuilly...... RATE Vauguyon (le comte Félix de), au château de la Jupelière, près Meslayieeetecnn tre BP ERP 0 SE EM SEP Par RTS PACE UNE Vauguyon (Henri de), [membre à vie], place de Hercé, à Laval. Vauquelin de la Brosse (R.-A. de), [membre à vie], ancien magistrat, au chateau de Drumare, à Surville, par Pont-l'Evêque. Vautier (Emile), ingénieur civil, à Larmeillière en Camergue, et rue Centrale, 46, à Lyon........... Le sms. CCC Vauvert de Méan (A.), [membre à vie], consul de France à San-Francisco sr... “..s LXVIT Yonnne. Fe Landes. Vienne. Deux-Sèvres, ITALIE. BRESIL, Grande-Bretagne. Eure. 12: 2e P. ESPAGNE. P, ANTILLES. Marne, Seine. P. Alpes-Maritimes. 1 LE Seine. PorTUuGAL. Vendée. Pays-Bas. Pays-Bas. Seine-et-Oise. Seine, Marne. PA P. Eure. BELGIQUE. Seine. Mayenne. Mayenne. Calvados. Rhône. Erars-UNIs. LXVIIL Vavin (Eugène), président honoraire dela Société d'agriculture et d'horticulture de Pontoise, boulevard Bineau, 52, à Neuilly... Vekemans (Jacques), [membre à vie], directeur du Jardin 20 ae LC NT OT ONE née 8 bit a 108 OE co PEER Verdier (Eugène), horticulteur, rue de Clisson, 37............. Verne (Victor du), propriétaire), au château de la Croix, com- mune de Varennes-les-Nevers: 2e MN REN EL RENE AMNRNNE Vernet-Lecomte (Horace), agent de change, rue de Saint- PéterSbourg, 20: PAU P EMEA RER CE Re RAT RE Vernon (lord), [membre à vie], à Sudbury Park, Derby........ Verrier (Alfred), avenue de Neuilly, 103, à Neuilly............. Veyrassat/(J=Jatques) MA1SAMOoIs.. cer eerer eue. Vezins (Jacques de), [inembre à vie], au château du Bois-Saint- Louis, par Maulevrier........, 1 0 ESS SEE RE ne Vialar (le baron À de), propriétaire, rue Dauvin, à Mustapha. Vianelli (Albert), avenue des Champs-Elysées, 84.............. Vidal (Léon), propriétaire rue Talma, 3........................ Vidal (le docteur A.), ancien médecin de l'arsenal impérial mari- time, de YOokKOSKA, 4 MAZELBS en cet ane OMAN PCR Vieillot (Jules). avenue de Neuilly, 58, à Neuilly ............... Vieira (Auguste), propriétaire, rue Lafayette, 43, et à Nogent- SUT=MArNe 2e es ARE MON ARR ARR ER CE ER OR DER ie Viette (Théodore), propriétaire, rue de Ponthieu, 63........... Viéville (Etienne), batteur d'or, président de la chambre syndi- cale PrueñSt-Maur 209 0e ne AE EE RETENU E Eee Vigier, médecin vétérinaire, rue de Lille, 45.................... Vigier (Lucien), avenue de Neuilly, 31, à Neuilly............... Vignaux (Alphonse), propriétaire, à Saint-Sauvy, par Gimont .. Vignes (Louis), [inembre à vie], capitaine de vaisseau, avenue du Bois-de-Boulogne, 56, villa Saïd, 15........................ Vigour (Jules), notaire, à Saint-Servan ........................ Viguier (Paul),tquai Voltaire;#l7." 20. 500 ON Me RU Vilcoeq (Léon), au château de La Neuville, par Marla .......... Villa-Franea (le baron de), [membre à vie], Fréguezia de Nossa- Signora do Desterro de Quissaman, province de Rio de Janeiro. Villanova y Piera (Don Juan), [membre à vieb rofesseur de aléontologie au Musée d'histoire naturelle de Madrid, calle de San Vicente "Lana Madrid te alta lee ee FEU ae Villars (Gabriel), [inembre à vie], propriétaire-agriculteur, rue de Paris, à Macon. TR Te Rte e EE Villaux (Adolphe), banquier, rue Drouot, 7..................... Villebois-Mareuil (baron Godefroy de), au château de La Fer- Mère, APAT DOTE. ee Tee see ee eee ee ee re ee ele ET Villebrune (le comte Raoul de la), au chäteau de Vilhoet, près Dol-de-BrefaBTe se. AR AR RS RENE ANNE Villedon (le comte Léonce de), [membre à vie], au château d'Aytré; [prés ia ROChellé 502.077 eee TEA Villegontier (Comte Gérard de la), au château de la Villegon- tier, près Fougères, et 5, place du Palais-Bourbon..... ao Seine. BELGIQUE. P: Nièvre, P. GRANDE-BRETAGNE. Seine. Seiae-et-Marne, Maine-et-Loire. Algérie. pe PA Ariège. Seine. P. Seine. F2 Be: 1 Seine. Gers. Pz Ille-et-Vilaine 2 Aisne. BRésIL. ESPAGNE. Saône-et-Loire. PE Maine-et-Loire. Ille-et-Villaine. Charente-luférieure. P. Ille-et-Vilaine. Villeneuve (le marquis Ludovic de), au chäteau d'Hauterive, prés Castres rl RRIRANMNENNNTEUE M ENN Cannes EAN ARE Villeneuve (de), propriétaire, square et avenue de Messine, 13.. Jilley (P.), avocat, rue Bicoquet, 12, à Caen ............0... Maillot (Pouis) au Broc par issoire tete CR CNRC PÈRE Vilmorin (Henry de), boulevard Saint-Germain, 149............ Vincendon-Dumoulin (Constant), à Chevrières, par Saint-Mar- CENT AA, D PTE RARE DA TA TE A ADN APN RON a Vincent (Emile), au château de la Guipière, commune de Vallet, etraiNontesqmuelGolbent ASE RE RE Ion Ur UE QE ER Jinet (Jean-Baptiste) Va Anolést RERO MERE) DRE Viot (A.-Eug.), ancien notaire, rue Charles-Laffitte, 32, à Neuilly. Vogué (comte de A. de), rue Matignon, 18..................... Voisins (comte Georges des), [membre à vie], allée des Capu- eines 2 /Marsenile a eee ss Ne Et A Lee ur gg Voiteilier, fabricant d'appareils à incubation artificielie, à Mantes. Vougy (le vicomte de), ancien directeur général des télégraphes, à Chamarandes, par Saint-Germain-Lespinasse................ Vroil (Jules de), propriétaire, au château de Roquincourt et rue De MANTEAU EE EURE NRA Sn AR AN It MARNE EA NALUTE NPA EAES N 2E Vuillefroy de Silly (Georges de), rue Neuve-Saint-Augustin, 17. Vuillefroy de Silly (Henri de), rue Neuve-Saint-Augustin, 17. Wagner, propriétaire, à Courcelles, par Braisne ............... Wagner (Ladislas de), eng & vie], professeur à l'Ecole royale polytechnique de Pesth, délégué de la Société nationale d’Acclimatation, Elisabeth platz, 10, à Pesth................. Wagram (Berthier, prince de), au château de Gros-Bois, et rue Saint-Lazare, 56 (avenue du Coq, 4)....................... Wagram (le prince A. de), rue Cristophe Colomb, 11.......... Waïlly (Alfred), Tudor Villa, Tudor Road, Norbiton, Kingston ONRDRAMES SUR PÉME Tee ae eine NAN Cho nn APCE E R Wailly (Gustave de), banquier, rue Taitbout, 20................ Wallut (Ch.), docteur en droit, rue de Rivoli, 210............, _. Waru (Pierre de), rue de Téhéran, 14, et à Vallery............. NVautier) (J); rue d'Hauteville 120.20 EN ne : Weber (le docteur), médecin-directeur, au 3° corps d'armée à LOMME 01 DE à LOL DIEE 0 CEA ONE AE PAS AE RENE EUR Weil-Crémieux (Alfred), directeur du Jardin zooligique de Mans ele RAR AR EL EN Re LATE A EP A Man Weïll (Léon), avenue de Neuilly, 189, à Neuilly...........,.... Westermann (G.-F.), directeur du Jardin zoologique d'Ams- ELA Ne ee eee en D Une Éd CHOO MAPS AMOR DOTE ES OU OEU Werlé (Ch.-Barbe-Alfred), [snembre à vie], boulevard du Temple, D RSR NA à UC D YA AE APR OS ER OU SR AS AG EE UE SENS Weytland, notaire, à La Haye............,............. LCA Wickham (le docteur Georges), rue de la Banque, 16..,...... : Williams (John), industriel, rue Piccini, 14 Wodianer (Maurice de), | membre à vie], banquier, directeur de la banque nationale d'Autriche, à Vienne ns bsenss rs se nues essor LXIX Tarn. PE Calvados. Puy-de-Dôme. P. Isère. Loire-Inférieure. Vendée. Seine. D Bouches-du-Rhône Seine-et-Oise. Loire. P. Marne, PA PA Aisne. AUTRICHE. P. Seine-et-Oise. P. GRANDE-BRETAGNE. P. Yonne. Seine-Inférieure. Bouches-du-Rhône; Seine, Pays-Bas. Marne. Pavs-Bas. 12 1 AUTRICHE. LXX Wolbock (le baron Henri de), au château de Kerkado, par Woronmzew (S. A.le prince Simon), [membre a vie], à Aloupka, près Yalka (Crimée), et chez M. Cart, rue Desbordes-Val- Fi Ge TOM ADIRE 00 6 On Code notons deco Wuirion (Edmond), inspecteur au Jardin d'Acclimation du Bois de Boulogne, avenue de Neuilly, 173, à INBUNLIY rem Pr ee Xambeu (P.-J.-Vincent), capitaine-adjudant-major, au 22e d'in- fanterie dethigne a Montélimart er TEEN VER EnenTe Yela (le docteur Joaquim), professseur de botanique à l'Université de Guatemald tiGüatemala 1.00 eme RER Yver de Ia Vigne-Bermard (Léon), au château de Quesnot, Par CAISSE cc Yzac (Louis), avenue de Neuilly, 83, à Neuilly .................. Zaman (Félix), au château de Vasseyes, par Hannut ........... Zedäde (Charles), propriétaire, rue de Chabrol, 71,.:.........::. Zemk (F), directeur de l'Association de Pisciculture de la Basse- Hrancomer aa UTizboure, NERO Ee ENU er Zeiller, |nembre à vie |, rue de Villers, 92, à Lunéville ........ L ’ , Æéky-bey, [membre à vie], attaché au secrétariat des comman- dements de S. A. le vice-roi d'Egypte......................... Ziégler (Jean-Jacques), ingénieur, à Meggen (canton de Lucerne), et9l;placeuMalesherbesh ne. MON te etes Æ£ureher (Alphonse), manufacturier, délègué de la Société d'accli- matation, a CéTHAVE:: 2222 RES ee PRIME PRR RS EN ee Morbihan. P. Russie. Seine. Drôme. AMÉRIQUE CENTRALE. Manche. Seine. BELGIQUE. IP? ALLEMAGNE. Meurthe-et-Moselle. P. SUISSE. Alsace. SOCIÉTÉS AFFILIÉES BT COMITÉS RÉGIONAUX FRANCE ET COLONIES Société des sciences physiques naturelles et climatolo- giques et Comité régional d'Acclimatation, à Alger.. Algérie La Société centrale d'agriculture, d’horticulture et d° tele matation de Nice et des Alpes-Maritimes, à Nice....,... Alpes-Maritimes La Société d’horticulture et d'acclimatation du Tarn-et Garonne, à MONTAUDAI HAS EN SES AR ARMES UT NAN Tarn-et-Garonne. La Société d'horticulture et d’acclimatation du Var, à LOULOR ENS RER SAR ES ee NE NE Rat Var. La Société d’horticulture et d’acclimatation du Cantal, à ATELIER CP RSR A AANNIERRRE CAN CARO RAR EUR ARR EE eRA te Cantal. ÉTRANGER La Société d'acclimatation et d'agriculture de Sicile (Società d'acclimazione e d’agricoltura in Sicilia), à Palerme.. ITALIE. La Société royale d’horticulture et d'acelimatation de Liège, A liège MARRANT RER 9:09 oldiaiasatcio d'o/d o!g:4'at0 BELGIQUE, La Société d’acclimatation de l’île Maurice. .:........... MAURICE. La Société impériale d'acclimatation de Moscou.......... Russie: La Société royale zoologique d’acclimatation de La Haye.. PAts-Bas. À 814 À SOCIÉTÉS AGRÈGEES FRANCE Le Comice agricole et Société de viticulture de Brioude... Haute-Loire, Le Comice agricole de l'arrondissement d’Alais.......... Gard. L'Ecole d'agriculture de Montpellier, à Montpellier. ...... Hérault. La Ligue du Reboisement de l'Algérie, à Alger .......... Algérie. La Société d'agriculture de la province de Constantine, à CONSLADUNE SR ARE ADR en SERA ARTE RAGE Algérie. La Société linnéenne du Nord de la France, à Amiens... Somme. La Société d'agriculture de l'Ardèche, à Privas. .......... Ardèche. La Société d'agriculture des Bouches-du-Rhône, à Mar- SOLE SM USE, he RU QE Se di NURNE Bouches-du-Rhône. La Société d’horticulture de la Côte-d'Or, à Dijon. ....... Côte-d'Or. La Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de LEUFENATENTeUR:. RAS RER ASS NE RE Eure. La Société d’horticulture de la Gironde, à Bordeaux... ... Gironde. La Société d'agriculture dela Haute-Garonne, à Toulouse. Haute-Garon ne. La Société d’horticulture et de botanique de Limoges...:. Haute-Vienne. La Société d’horticulture de Nantes..........:.......... Loire-Inférieure. La Société d'agriculture, industrie, sciences et arts de la HOZETEN AMIENS PMR ARPRANS MARRAINE Lozère. LXXIT La Société d agriculture de Verdun.....,..,....,...,.... Meuse. La Société départementale d’horticulture de la Nièvre, à NeveRe RE din eee: odéiebiee GRECE ":---HiINioyre. La Société centrale d'agriculture du département du Pas- de-Calais a Arras: Se, RO ee PRINT SCT ARE Pas-de-Calais. La Société d’agriculteur de l’arrondissement de Saint- Omer see es RER PE RE ee Eee Pas-de-Calais. La Societé d'agriculture de Melun. EL EMOOMAEC RAA Seine-et-Marne. La Société d'agriculture et de l’industrie de Tonnerre..... Yonne. La Société d’horticulture des Vosges, à Epinal............ Vosges. La Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire, à Châlon-sur-Sa0 ne RE Len Rletleliene arrete Saône-et-Loire. ÉTRANGER L'Athénée louisianais, à la Nouvelle-Orléans. ......... .. Erars-UNis. Le Conseil impérial d'Aragon, [membre à vie], à Saragosse (Junta del canal imperial de Aragon, Zarogosa) ...... ESPAGNE. La section d'industrie et d'agriculture de l’Institut géne- Vois a NGenere pee HEIN EG APR D RS SUISSE. La Société des sciences naturelles de Neufchâtel.......... SUISSE. Le Jardin zoologiqueide Bâle". ..0 PR cneteent SUISSE. La Société d'agriculture de Ponta Delgada, [membre à vielle Sainte MIChE le MERE IN MERE ARC RER ACÇORES. La Société de l’Union des chasseurs, à Saint-Denis........ La REUNION. La Société d'agriculture de Angra, do Heroismo [membre a.vie].. eue. end iee RRNMAERE ERP RrNE AÇORES. Le commissariat d'agriculture de Bogata [membre à vie]. (CoLoMBIE Imp. spéciale du Jardin d'Acclimatation, 52 bis, rue Jacques-Dulud, à Neuilly. VINGT-SEPTIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE PROCÈS-VERBAL La Société nationale d’Acclimatation de France a tenu sa vingt-septième séance publique annuelle de distribution des récompenses, le vendredi 3 mai 1884, dans la salle du théâtre du Vaudeville, sous la présidence de M. H. Bouley, membre de l’Institut, président de la Société. Sur l’estrade avaient pris place MM. les membres du Conseil, les membres du bureau ‘des diverses Sections, les membres de la Commission des récompenses, et un grand nombre de notabilités françaises et étrangères. Une très nombreuse et très brillante assemblée occupait la salle. L’orchestre du Jardin d’Acclimatation, dirigé par M. Mayeur (de l'Opéra), prêtait son concours à cette solennité. La séance a été ouverte par M. Bouley, qui s’est exprimé en ces termes: MESDAMES ET MESSIEURS, est aujourd’hui le trentième anniversaire de la Société d’Acclimatation. Ce chiffre est un hommage à la mémoire de son illustre fondateur, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, car l’œuvre qu’il a accomplie a été une œuvre féconde, dont la valeur est attestée par les trente volumes de ses Bulletins, remplis de travaux originaux, qui donnent à la Société d’Ac- elimatation un caractère scientifique d'ordre supérieur. « Et cependant, ce n’est pas une Société fermée, où l’on ne peut entrer que par voie d'élection, à mesure des vacances 4° SÉRIE, T. I. — Séance publique annuelle. LXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. que la mort fait dans les rangs des membres qui la compo- sent. Non, la Société d’Acclimatation est ouverte à tout le monde, c’est-à-dire à tous ceux qui sont curieux des phéno- mènes de la nature et veulent appliquer leur activité aux études et aux recherches que ces phénomènes comportent. Petits ou grands peuvent entrer dans ses rangs; elle accepte le concours de tous et donne à chacun la possibilité de rendre ses loisirs studieux, en offrant un but à son activité intellec- tuelle. Que de bons travaux elle a ainsi déterminés et recueillis dans la collection de ses mémoires ! travaux dont un grand nombre, sans doute, n’auraient jamais vu le jour si la Société d’Acclimatation n'avait offert à leurs auteurs l’occasion de les produire et ne leur avait fourni les moyens de les répandre. C’est là ce qui caractérise essentiellement la Société d’Accli- matation. Très compréhensive par les matières qu’elle em- brasse, elle fait appel à tous ceux qui aiment la science et veulent concourjr à ses progrès, et elle les paie de retour par ces grandes satisfactions que donne la science à ceux qui se vouent à son culte. La science qui, dans les temps qui pré- cèdent le nôtre, était restée enfermée dans les temples et dans les académies, appartient aujourd’hui à tous ceux qui sen- tent en eux le désir de connaître ; tout le monde peut l’em- brasser, et jamais on ne s’en lasse, car ses charmes sont éter- nels. Elle a ce privilége de préserver l'esprit contre les atteintes du temps et de le maintenir Jeune et en possession de toutes ses activités dans le corps qui vieillit. Témoin, pour ne citer qu'un exemple, ce grand savant que l’on appelle J.-B. Dumas. Les annéee se sont accumulées sur sa tête etse mesurent par plus de quatre-vingts, et M. Dumas est resté jeune par l’es- prit; ses discours comme ses écrits en portent tous les jours un témoignage dont ceux qui l’écoutent ou le lisent sont tou- jours charmés. La science, on le voit, c’est la fontaine de Jouvence où les énergies intellectuelles se retrempent sans cesse. « Le trentième anniversaire de la Société d’Acclimatation sera signalé par un fait nouveau, un banquet, mais un ban- quet qui sortira de la formule banale, par l'introduction dans PROCÉS=VERBAL. LXXV le menu de mets nouveaux fournis par la faune et la flore des pays étrangers. C’est une grande expérience culinaire que nous proposons de faire. Uné Société fameuse, qu'on peut aimer ou ne pas aimer, — cette formule un peu ambiguë me donne l'air d’en être quelque peu Je disciple, — une Société fameuse s’est acquis des droits immortels à la reconnaissance des estomaes du vieux continent par l'importation du Dindon, qui à enrichi nos basses-cours. La Société d’Acclimatation aspire à de semblables conquêtes. L'épreuve de ce soir dira si elle y à réussi. «Maintenant, Mesdames et Messieurs, je vais céder la parole à M. Xavier Marmier, de l’Académie française, grand explo- rateur du globe et grand observateur des peuples qu'il a visités. IL va vous faire une lecture pleine d'intérêt et toute remplie de cette grande passion de la Patrie qu'on ne saurait trop s’efforcer d'entretenir dans les âmes, à une époque où, par la plus étrange des aberrations du cœur, on fait effort pour l’étouffer. » Après cette allocution vivement applaudie par l'assemblée, M. Marmier a fait une conférence fort intéressante intitu- lée : La patrie. Enfin M. le Secrétaire général a présenté le rapport au nom de la Commission des récompenses. Il a été décerné cette année : 4° Une médaille d’or offerte par le Ministère de Pagricul- ture. 9° Üne grande médaille d’or de 300 francs (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. 3 Quatre grandes médailles d’argent (hors classe) égale- ment à l’effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. % Un prix extraordinaire d’une valeur de einq cents francs. 5° Trois primes d’une valeur totale de huit cents francs. 6° Seize médailles d'argent. 7° Quinze médailies de bronze. 8 Quatre mentions honorables. LXXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. 9% Trois récompenses pécuniaires d’une valeur de deux cents francs. 10 Les deux primes de 200 et de 100 francs fondées par feu Agron de Germigny. 11° Quatre primes de 100 francs, deux de 50 francs et deux de 25 francs offertes par l'administration du Jardin d’Acclima- tation. Le Secrétaire des séances, C. RAVERET-WATTEL. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER GÉNÉRALITÉS 1° — ÆSS82. — Prix de 1000 francs fondé par M. BEREND, membre de Ia Société, Un prix de 1000 franes sera décerné à l’auteur du meilleur tra- vail faisant connaître, au point de vue historique et pratique, les travaux relatifs à l’acclimatation et les résultats obtenus depuis 1854. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 2609 francs. 2 — 18683. — Prix pour les travaux théoriques relatifs à l’acclimatation. $ I. Les travaux théoriques sur des questions relatives à l’accli- matation, publiés pendant les cinq années qui précèdent, pourront être récompensés, chaque année, par des prix spéciaux de 500 francs au moins. La Société voudrait voir étudier particulièrement les causes qui peuvent s'opposer à l’acclimatation, et les moyens qui peuvent servir à prévenir ou à combattre leurs effets. SIT. Il pourra, en outre, être accordé dans chaque section des primes ou des médailles aux auteurs de travaux relatifs aux ques- tions dont s’occupe la Société. Ces travaux devront être de nature à servir de guide dans les ap- plications pratiques ou propres à les vulgariser. Les ouvrages (imprimés ou manuscrits) devront être remis à la Société avant le 1°" décembre de chaque année. 3° — 2867. — Prix pour les travaux de zoologie pure, pouvant servir de guide dans les applications. La Société, voulant encourager les travaux de zoologie purée (mo- nographies génériques, recherches d'anatomie comparée, études embryogéniques, etc.), qui servent si souvent de guide dans les ap- plications utilitaires de cette science, et rendent facile l'introduction d'espèces nouvelles ou la multiplication ou le perfectionnement d’es- pèces déjà importées, décernera annuellement, s’il y a lieu, un prix de 500 francs au moins à la meilleure monographie de cet ordre, publiée pendant les cinq années précédentes. Elle tiendra particulièrement compte, dans ses jugements, des applications auxquelles les travaux de zoologie pure appelés à con- (1) Le chiffre qui précède l'énoncé des divers prix, mdique l’année de la fon- dation de ces prix. Tous les prix qui ne portent pas l'indication d’une fondation particulière sont fondés par la Société. at) LXXVII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. courir auraient déjà conduit, que ces applications aient été faites par les auteurs de ces travaux ou par d'autres personnes. Un exemplaire devra être déposé avant le 1° décembre. 4° — 4875. — Des primes où médailles pourront être accordées aux personnes qui auront démontré, pratiquement ou théoriquement, les procédés les plus favorables à la multiplication et à la conserva- tion des animaux essentiellement protecteurs des cultures. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. 5° — 1867. — Prix perpétuel fondé par feu M" GUÉRINEAU, née DELALANDE. Une grande médaille d’or, à l’effigie d'Isidore Geoffroy Saint- Hilaire, et destinée à continuer les fondations faites les années précédentes, dans l’intention d’honorer la mémoire de illustre et intrépide naturaliste voyageur, Pierre Delalande, frère de M"° Gué- rineau. Celte médaille sera décernée, en 1886, au voyageur qui, en Afrique ou en Amérique, aura rendu depuis huit années le plus de services dans l’ordre des travaux de la Société, principalement au point de vue de l’alimentation de l’homme, . Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant le 1° décembre 1885. | 6° — 1861. — Primes fondées par feu M. AGRON DE GERMIGNY. Deux primes, de 200 franes et de 100 francs, seront décernées, chaque année, pour les bons soins donnés aux animaux ou aux vé- gétaux, soit au Jardin d’acelimatation (200 francs), soit dans les établissements d’acclimatation se rattachant à la Société (prime de 100 franes). Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant ie 4er décembre de chaque année. PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES 14° — 4864. — Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d’une valeur de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle utile ou ornementale d’un réel intérêt. 2° — 4830. — [Introduction en France des belles raçes asines e FOrient. On devra faire approuver par la Société d’Acelimatation les Anes éta- PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXIX lons importés, et prouver que vingt saillies au moins ont été faites dans l’année par chacun d'eux. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 4009 franes. 3° — 4868.— Domestication complète, application à l’agricul- ture ou emploi dans les villes de l’'Hémione (Equus Hemionus) ou du Dauw (E. Burchelli). La domestication suppose la reproduction en captivité. Concours prorogé jusqu'au 1% décembre 1885. — PRIx : 160€ franes. 4 — #867. — Métissage de l’'Hémione ou de ses congénères (Dauw, Zèbre, Couagga) avec le Cheval. On devra avoir obtenu un ou plusieurs métis âgés au moins d’un an. Concours prorogé jusqu'au 1% décembre 1885.— PRIX : 1000 franes. 9° — #867. — Propagation des métis de l’Hémione ou de ses congénères (Dauw, Zèbre, Couagga) avec l’Ane. Ce prix sera décerné à l’éleveur qui aura produit le plus de métis, (1 devra en présenter quatre individus au moins.) Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 1000 frames. 6° — 4867. — Élevage de PAlpaca, de l’'Alpa-Lama et du Lama. On devra présenter au concours douze sujets nés chez l’éleveur et âgés d’un an au moins. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. PRIX : 4500 francs, 1° — 41869. — Prix perpétuel fondé par feu M": Ad. DUTRONE, née GALOT. Une somme annuelle de 100 francs sera, tous les trois ans, con- vertie en prime de 300 franes (ou médaille d’or de ceite valeur), et décernée, par concours, au propriétaire ou au fermier qui, en France ou en Belgique, aura le mieux contribué à la propagation de la race bovine désarmée SARLABOT, créée par feu M. le conseiller Ad. Dutrône. Ce prix sera décerné en 1885 et 1888. 8° — 4873. — Chéèvres laitières. On devra présenter 1 Bouc et8 Chèvres d’un type uniforme, et justifier que trois mois après la parturition les Chèvres donnent 5 litres de lait par jour et par tête. Les concurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes occasionnées par l’entretien du troupeau, et faire connaître à quel usage le lait a été employé (lait en nature, beurre, fromage). Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 5300 franes. 9 — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Wapiti (Cervus Canadensis), du Cerf d’Aristote (Gervus Aristotelis) ou d’une autre grande espèce. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à LXXX SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885. — Prix : 1500 frames. 10° — 2874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans an graud parc clos de murs ou en forêt), du Cerf axis (Cervus axis), du Cerf des Moluques (Cervus Moluccensis) où d’une autre espèce de taille moyenne. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à Vétat de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885.— PRIX : 1600 franes. 14° — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf-Cochon (Cervus porcinus) ou d’une autre espèce analogue. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1e décembre 1885.— Prix : 500 franes. 49° — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Pudu (Cervus Pudu) ou d’une espèce analogue. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu'au 1% décembre 1885. — Prix : 500 franes. 43° — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de l’Antilope Canna (Bos elaphus Oreas) ou d’une autre grande espèce. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un au. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885.—- Prix : 15@0 franes. 44 — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de l'Antilope Nylgau (Por- tax picta) ou d’une autre espèce de taille moyenne. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 1000 franes. 45° — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), d’Antilopes de petite taille. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 500 franes. 46°——#878.— Introduction en France de l’Hydropotes inermis (Ke ou Chang). On devra avoir introduit au moins trois couples de Xe ou Chang, et faire constater que trois mois après leur importation, ces animaux sont dans de bonnes conditions de santé. Concours prorogé jusqu’au 1% décembre 1885. — PRIX : 50€ franes. PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXXI 1T—4838. — Multiplication en France de l’'Hydropotes inermis (Ke ou Chang). On devra faire constater la présence de dix individus au moins âgés de plus d’un an et issus des reproducteurs importés. Concours prorogé jusqu’au 1°* décembre 1885. — PRIX : 2060 francs. 18° — 48635. — Domestication en France du Castor, soit du Ca- nada, soit des bords du Rhône. On devra présenter au moins quatre individus mâles et femelles, nés chez le propriétaire et âgés d’un an au moins. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 50@ frames. — Le prix sera doublé si lon présente des individus de seconde gérné- ration. 19 — 483%. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de Kangurous de grande espèce. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 4000 frames. 20° — 4873. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand pare clos de murs ou en forêt), de Kangurous de petite taille. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix : 500 franes. 21° — 4882. — Multiplication en France du Lapin géant des Flandres, à oreilles droites. On devra présenter 5 mâles et 5 femelles adultes, nés chez l’éleveur, du poids moyen de 8 kilogrammes. Concours ouvert jusqu’au Le décembre 1885. — Prix : 8@@ franes. 22° — #882. — Alimentation du bétail par le Téosinté (Reana luxurians). On devra présenter un compte établissant le rendement obtenu, en poids, d’une plantation de Téosinté couvrant au moins 95 ares et fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients que présente ce mode d'alimentation pour le bétail. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIx : 369 frames. 23° — 4882. — Alimentation des animaux par le Soya. On devra fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients que présente ce mode d’alimentation pour les ani- maux soit à l’état vert, soit à l’état sec. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 360 frames. LXXXII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX 1° — 4864. — Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle utile ou ornementale d’un réel intérêt. 90 —_ 4835. — Un prix de 900 francs sera accordé à l’inventeur d'un genre de nourriture artificielle ou composition pouvant rem- placer partout et à un prix modéré les œufs de fourmi (nymphes et larves), pour lélevage des Perdrix et des Faisans. On devra justifier du plein succès du procédé et livrer ce genre de nour- riture à un prix qui ne sera pas plus élevé que celui des œufs de fourmi. Concours ouvert jusqu'au 1* décembre 1885. — PRIX : 506 frames. 3°— 4864. — Introduction et acelimatation d’un nouveau gibier pris dans la classe des Oiseaux. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. On devra présenter plusieurs sujets vivants de seconde génération, Concours prorogé jusqu'au 1% décembre 1885. — Prix : 506 à 1000 francs. 4° — 4830.— Multiplication et propagation en France ou en Algérie du Serpentaire (Gypogeranus Serpentarius). On devra présenter un couple de ces oiseaux, de première génération, et justifier de la possession du couple producteur et des jeunes obtenus. Concours ouvert jusqu'au 1* décembre 1885.— Prix : 1009 franes. 5° — #Æ86S. — Acclimatation du Martin triste (Acridotheres tristis) ou d’une espèce analogue, en Algérie ou dans le midi de la France. On devra présenter cinq paires de ces oiseaux, adultes, de seconde génération. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — PRix : 560 franes. 6° — 4870. — Multiplication en France, à l’état sauvage, de la Pintade ordinaire (Numida Meleagris). On devra faire constater lexistence, sur fes terres üu propriétaire, d'au moins quatre compagnies de Pintades de six individus chaçune, vivant à l’état sauvage. Concours prorogé jusqu'au 1% décembre 1885. — Pix : 250 francs. 1°— 48735. — Multiplication en France, à l’état sauvage, du Faisan vénéré. On devra faire constater l’existence d’au moins dix jeunes sujets vivant en hberté et provenant du couple ou des couples làchés. Concours prorogé jusqu’au 1% décembre 1885. — PRIX : 500 franes. 5 — 1870. — Création d’une race de Poules domestiques pondant de gros œufs. PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXXIIT On devra présenter au moins douze Poules de 3° génération, constituant une race stable, et donnant régulièrement des œufs atteignant le poids de 15 grammes. Cette race, créée par la sélect on ou par croisement, devra pré- senter les caractères d’une variété de bonne qualité pour la consommation. Concours ouvert jusqu'au 1% décembre 1885. — PRIX : 500 frames, JG — 1839. — Reproduction en captivité du Lophophore (Lo- phophorus refulgens) en France. On devra présenter au moins six sujets vivants nés chez le proprié- taire et issus d'oiseaux nés en Europe. Concours ouvert jusqu’au 1*" décembre 1885. — PRIX : 5300 franes, 10° — 486%.— Introduction et multiplication en France, en par- quets, du Tétras huppecol (Tetrao Gupido) de l'Amérique du Nord. On devra présenter au moins douze sujets, complètement adultes, nés et élevés chez le propriétaire. Concours prorogé jusqu'au 1* décembre 1885. — PRIX : 250 francs, Le prix sera doublé si la multiplication du Tétras huppecol à été obtenue en liberté. 41° — 4870. — Multiplication en France, à l’état sauvage, de la Perdrix de Chine (Galloperdix Sphenura) ou d'une autre Perdrix percheuse. On devra faire constater l’existence Sa moins six sujets vivant en liberté et provenant du ou des couples lâchés. Concours ouvert jusqu’au 1 décembre 1885. — Prix : 309 franes. 42% 48277. — Importation des grosses espèces de Colins (ori- ginaires du Mexique et du Brésil) et des petites espèces de Tina- mous de l'Amérique méridionale. On devra avoir importé au moins six couples de ces oiseaux et justifier que trois mois co leur importation ils sont dans de bonnes conditions de santé. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 25@ franes. 43° — 4877. — Multiplication en volière des grosses espèces de Colins originaires du Mexique et du Brésil, ou des petites espèces de Tinamous de l'Amérique méridionale. On devra présenter dix sujets vivants nés des oiseaux directement im- portés du pays d’origine. Concours ouvert jusqu'au 1 décembre 1885. — PRIX : 360 franes. 14° — ASSE.— Reproduction de la grande Outarde que tarda) à l'état sauvage. On devra prouver que trois couples au moins de grandes Outardes ont couvé et élevé leurs jeunes en France, sur les terres du propriétaire. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — PRIX : 300 franes. 15° — 4870. — Domestication en France ou en Algérie de l’Ibis sacré (Ibis religiosa) ou de l’Ibis falcimelle (/bis falcinellus), ou d’un autre oiseau destructeur des Souris, Insectes et Mollusques nui- sibles dans les jardins. LXXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. On devra faire constater l’existence de quatre sujets au moins de pre- mière génération, vivant en liberté autour d’une habitation et nés de parents libres eux-mêmes dans la propriété. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix : 5300 franes. 16° — 4863. — Domestication de l’Autruche d'Afrique (Stru- thio camelus) en Europe. On devra justifier de la possession d’au moins six Autruches nées chez le propriétaire et âgées d’un an au moins. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885.— PRIX : 4500 franes. 17 — #879. — Création en Algérie d’une ferme d’Autruches. On devra être possesseur de dix couples, au moins, de reproducteurs, et avoir fait naître et élever dans les trois années précédentes cent jeunes autruchons. Les concurrents ne seront pas tenus d’entretenir chez eux tous les jeunes produits; mais ils devront fournir des documents authen- tiques justifiant de la destination qui leur a été donnée. Les concurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes occasionnées par l’entretien du troupeau; faire connaître la valeur des plumes livrées au commerce; les procédés à employer pour la multiphi- cation des jeunes (incubation naturelle ou hydro-incubateurs), et adresser à la Société un rapport circonstancié donnant tous les détails propres à l’éducation de l’Autruche en captivité. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1883. — PRIX : 1669 franes. 18° — 4S38. — lNomestication d’un nouveau Palmipède utile. On devra présenter au moins dix sujets vivants de seconde génération produits en captivité. Concours prorogé jusqu’au 1% décembre 1885. — PRIX : 1000 franes. 19 — 4882. — Un prix de 300 francs sera décerné à l’auteur du meilleur travail sur les nichoirs artificiels pour la protection et la propagation des espèces d'oiseaux qui nichent dans les creux ou trous des arbres, des murailles ou des rochers. L'auteur devra produire des modèles de nichoirs en indiquant leur mode de construction et leur prix de revient, et justifier des résultats obtenus depuis cinq ans au moins. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1890. — PRIX : 300 franes. 20° — 4882. — Un prix de 500 francs sera accordé à l’inven- teur d’un genre de nourriture artificielle ou composition pouvant remplacer les pätées fraiches, pour les oiseaux insectivores entre- tenus en volières. On devra faire connaître la composition et le mode de préparation, jusulfier des avantages que présente l'emploi de cette composition au point de vue de sa conservation, de ses qualités nutritives et de son prix de revient. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Puix : 300 franes. PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXXV TROISIÈME SECTION. — POISSONS, MOLLUSQUES, ETC. CRUSTACÉS, ANNÉLIDES 1° — 4864. — Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d’une valeur de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle utile ou ornementale d’un réel intérêt. 2% __ 4882. — Recherches sur les propriétés physiques et chimiques des eaux douces au point de vue de l’aquiculture. L'auteur devra faire ressortir, par des observations et des analyses pratiques, les conditions favorables au développement des diverses espèces de Poissons, Crustacés, Mollusques et Végétaux. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885. — PRIX : 509 frames. 3 — 41888. — Recherches sur les propriétés physiques et chi- miques des eaux de mer et saumâtres au point de vue de l’aquicul- ture. L'auteur devra faire ressortir, par des observations et des analyses pratiques, les conditions favorables au développement des diverses espèces de Poissons, Crustacés, Mollusques et Végétaux. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 50@ franes. 4° — 4884. — Alimentation du Poisson. Le prix sera accordé à la découverte d’un procédé véritablement pra- tique, peu coûteux et réellement industriel, pour fa production rapide et en quantité illimitée d’une nourriture vivante (Daphnies, Gyclopes, etc.) propre à l’alimentation du poisson et en particulier de l’alevin de Sal- monide. On devra faire connaître en détail le mode de production employé et justifier du plein succès obtenu. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1890. — Prix: 560 franes. BATRACIUNS 9° — 4870. — [Introduction et multiplication en France de la Grenouille bœuf (Rana mugiens) de l'Amérique du Nord. On devra justifier de la possession de vingt-cinq sujets nés chez le pro- priétaire. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885.— Prix : 250 franes. POISSONS 6 — 8838. — [niroduction dans {es eaux douces de la France d’un nouveau Poisson alimentaire. LXXXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — Prix : 506 francs. 70— 4873. — Acclimatalion dans les eaux douces de la France d’un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885.— PRIX : 4060 franes. 8° — 4873. — [Introduction dans les eaux douces de l'Algérie d’un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins; ôn devra justifier qu’ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 560 franes, Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gourami (Osphrome- nus olfax). 9° — 4878. — Acclimatation dans les eaux douces de l’Algérie d’un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — PRIX : 1660 franes. Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami (Osphrome- nus olfax). 10°— 24878. — Introduction dans les eaux douces de la Guade- loupe et de la Martinique d’un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. — PRIX : 560 franes. Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gowrarni (Osphrome- nus olfax). _ A1 — #8728.— Acclimatation dans les eaux douces de la Gua deloupe et de la Martinique d’un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 100@ franes. Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami (Osphrome- nus olfax). 12°— 4874. — Introduction en France du Coregonus otsego de l'Amérique du Nord. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins, et l’on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. — PRIX : 560 franes. Si des multiplications du Coregonus olsego ont été obtenues en France, le prix sera doublé. 43° — 4879. — Multiplication en France du Saumon de Cali- fornie (Salmo quinnat) de l'Amérique du Nord. On devra présenter au moins 500 alevins, âgés d’un an, nés de parents existant dans les eaux du propriétaire depuis au moins dix-huit mois. L'état des reproducteurs devra être constaté au moment du frai par des pièces authentiques. On devra également faire constater l'époque de léclosion des œufs et faire connaître dans un rapport eirconstancié les observations auxquelles donnerait lieu l'éducation de ces jeunes poissons. PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXX VII Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. — PRIX : 500 franes. 14 — 4879. — Propagation dans les eaux douces de la France de la grande Truite des lacs (Salmo Lemanus). Concours ouvert jusqu'au 1 décembre 1885. — PRIX : 500 franes. 45° — 8879. — Propagation dans les eaux de la France du Corégone Lavaret. © Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. — PRIX : 500 frames. 16° — ASSA. — Protection des Poissons migrateurs. Un prix de 500 francs sera décerné à l’auteur du meilleur travail indi- quant, au point de vue pratique, les moyens les plus propres à assurer la reproduction des Poissons migrateurs dans les eaux douces de la France. L'ouvrage devra particulièrement faire connaitre les avantages et le mode de construction des appareils ou passagés, dits échelles à stumons, permettant aux poissons migrateurs de franchir les barrages, chutes d'eau et obstacles divers, dans les cours d’eau. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 566 frames. 17 — 4882. — Etablissement d’échelles pour les Poissons mi- grateurs. Un prix de 500 francs sera décerné aux usiniers ou propriétaires qui auront établi, dans des conditions pratiques, des échelles pour le passage des Poissons migrateurs. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — PRIX : 5300 frames. 48 — 4888. — Multiplication des Cyprinides. Il pourra être accordé des primes ou des médailles à toute personne qui aura obtenu, dans des eaux closes, de l’alevin de Cyprinide, notam- ment la Carpe et la Tanche, et qui justifiera en avoir introduit en grand nombre dans les cours d’eau de larégion et aura ainsi contribué le plus efficacement à leur repeuplement. Concours ouvert jusqu’au 1 décembre 1885. — PRIX : 500 franes. MOLLUSQUES 19° — 486%. — Acclimatation et propagation d’un Mollusque utile d'espèce terrestre, fluviatile ou marine, resté jusqu'à ce jour étranger à notre pays. — Gette acclimatation devra avoir donné leu à une exploitation industrielle ; ses produits alimentaires ou autres seront examinés par la Société. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1 885. — PRIX : 560 franes. 90° -— 1869. — Reproduction artificielle des Huîtres. — Un prix de 4000 francs sera décerné pour le meilleur travail indiquant, 4w point de vue pratique, les méthodes les plus propres à assurer celle reproduction artificielle. L'ouvrage devra, en outre, faire connaitre d’une manière précise les conditions à remplir pour obtenir les au- LXXX VIII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. torisations de créer des établissements huîtriers, et énumérer les travaux que comportent les banes d’Huitres naturels, aussi bien que les caractères auxquels on peut reconnaître qu’un banc est exploi- table ; enfin quelles sont les mesures qu'il convient de prendre pour l'enlèvement du coquillage. En un mot, ce travail devra constituer un véritable manuel d'ostréiculture. Concours prorogé jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix: 4000 franes. 21° — 4879. — Culture de la Moule sur les côtes méditerra- néennes. On devra justifier d’une superficie d’un hectare mis en culture, soit sur fond horizontal, soit sur bouchots, et ayant donné des produits alimen- taires au moins une année. Les concurrents devront joindre à l’appui de leur demande un mémoire indiquant, au point de vue pratique, les moyens les plus propres à assurer le succès de semblable industrie, et présenter un compte des dépenses occasionnées pour l'établissement de l'exploitation et des bénéfices qu’on peut en tirer. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix : 1000 franes. CRUSTACÉS 22 — 4867. — Introduction et acclimatation d’un Crustacé alimentaire dans les eaux douces de la France, de l'Algérie, de la Martinique ou de la Guadeloupe. Concours prorogé jusqu’au 1* décembre 1885. — PRIX : 500 franes. QUATRIÈME SECTION. — INSECTES 1° — 4864. — Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle utile ou ornementale d’un réel intérêt. 2° — 4865. — Acclimatation et multiplication soutenue pen- dant trois années au moins en Europe ou en Algérie d’un insecte producteur de cire, autre que l’Abeille ou les Mélipones. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX: 1000 francs. SÉRICICULTURE 3° — 1881. — Acclimatation et multiplication soutenue pen- dant trois années au moins, en France ou en Algérie, d’une nouvelle espèce de Ver à soie produisant de la soie bonne à dévider ou à carder pour employer industriellement. Le prix ne sera accordé que sur preuve d’une production annuelle de trois mille cocons au moins. PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXXIX Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 1000 franes. 4 — 4884. — Application industrielle de la soie de lAt- tacus Cynthia vera, Ver à soie de l’Ailante. On devra présenter plusieurs coupes d'étoffe formant ensemble au moins 50 mètres, et fabriquées avec la soie dévidée en fils continus de l'Attacus Cynthia et sans aucun mélange d’autres matières. Les tissus de bourre de soie sont hors de concours. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 1000 franes. 5° — 4878. — Encouragement, en France, à un établissement industriel pouvant livrer à la consommation, et prêtes à être tissées, des soies grèges ou des filoselles des cocons d’une des espèces ci- après désignées : Attacus Yama-maï, Pernyi, Cynthia, Cecropia, Polyphe- mus, ete. espèces qui ont déjà été l’objet d’édueations en France sur une échelle plus ou moins étendue. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — Prix : 4009 franes. 6° — 4877. — Vers à soie du Mürier. — Études théoriques et pratiques sur les diverses maladies qui les atteignent. Les auteurs devront, autant que possible, étudier monographiquement une ou plusieurs des maladies qui atteignent les Vers à soie, en préciser les symptômes, faire connaitre les allérations organiques qu’elles entraînent, étudier expérimentalement les causes qui leur donnent naissance et les meilleurs moyens à employer pour les combattre. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — PRIX : 406€ franes. 1—4830. — Vers à soie du Mürier. — Production dans le nord de la France de la graine de Vers à soie de races européennes par de petites éducations. Considérant l’intérêt qu'il y aurait à encourager la production de la graine saine des Vers à soie du Mürier de races européennes, les prix sont institués pour récompenser dans les bassins de la Seine, de la Somme, de la Meuse, du Rhin, ainsi que dans la portion sep- tentrionale du bassin de la Loire, les petites éducations qui permet- tront de mettre au grainage des cocons provenant d’édueations dans lesquelles aucune maladie des Vers n’aura été constatée. La Société n’admettra au concours du grainage que les graines de Vers à soie de races européennes. Elle ne primera aucune éducation portant sur plus de 30 grammes de graine pour une même habitation. Mise au grainage de plus de 50 kilogrammes de cocons Deux Prix de 500 frames chacun. Mise au grainage de 25 à 90 kilogrammes de cocons : Deux Prix de 250 frames chacun. Mise au grainage de 10 à 25 kilogrammes de cocons : QUATRE Prix de 150 francs chacun. 4° SÉRIE, T. L. — Séance publique annuelle. J XC SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Mise au grainage de 9 à 10 kilogrammes de cocons : Dix Prix de 400 frames chacun. Ces primes seront distribuées chaque année, s’il y a lieu, jusqu'en 1885. Les concurrents devront (cette condition est de rigueur) se faire con- naître en temps utile, afin que la Société puisse faire suivre par ses dé légués la marche des éducations et en constater les résultats. APICULTURE & — #870.— Études théoriques et pratiques sur les diverses maladies qui atteignent les Abeilles, et principalement sur la loque ou pourriture du couvain. Les auteurs devront, autant que possible, en préciser les sym- ptômes, indiquer les altérations organiques qu’elle entraîne, étudier expérimentalement les causes qui la produisent et les meilleurs moyens à employer pour la combattre. Concours ouvert jusqu'au 1% décembre 1885. — PRIX : 50€ franes. 9 — 4870. — Propagation en France de l’Abeïlle égyptienne (Apis fasciata). | On devra justifier de la possession de six colonies vivant chez le pro- priétaire depuis au moins deux ans, en bon état, sans dégénérescence ni hybridation, et de six bons essaims de lPannée parfaitement purs, prove- nant des ruches mères ci-dessus désignées. Concours ouvert jusqu'au 1% décembre 1885. — Prix : 50@ franes. 10° — 4830. — Introduction en Franee d’une Mélipone ou Tri- gone (Abeille sans aiguillon) américaine, australienne ou africaine. Présenter une colonie vivant depuis deux ans chez le propriétaire. Concours ouvert jusqu'au 1% décembre 1885. — PRIX : 500 franes. CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX. 1° — 2864. — Introduelion d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d’une valeur de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle utile ou ornementale d’un réel intérêt. 2° — 1838. — Plantes de pleine terre utiles et d'ornement, in- troduites en Europe dans ces dix dernières années. Les auteurs devront indiquer dans un livre, ou dans un mémoire étendu, les usages divers de ces plantes, leur pays d’origine, la date de leur in- troduction, la manière de les cultiver; les décrire et désigner les diffé- rentes variétés obtenues depuis leur importation, ainsi que les différents noms sous lesquels ces végétaux sont connus. En d’autres termes, les ouvrages présentés au çoncours devront pouvoir servir de guide pratique pour la culture des plantes d'importation nouvelle, les ouvrages (manuscrits où imprimés) devront être remis à la Société avant le 1° décembre. PRIX EXTRAORDINAIRES. XCI Concours prorogé jusqu'au 1° décembre 1885. — Prix : 506 francs. 3 — #866. — Introduction en France et mise en grande cul- ture d’une plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture des bestiaux. Concours prorogé jusqu’au 1% décembre 1883.— 1er PRIX : 500 francs. - 2° PRIX : 306 franes. 4° — 1880. — Prix de 200 francs, fondé par M. GODEFROY-LEBEURF. Un prix de 200 francs sera décerné à la personne qui présentera un double décalitre de graines d’Elæococca vernicia récoltées sur des plantes cultivées à l'air libre, en Europe ou en Algérie, sans autres abris que les rangées d ‘arbres nécessaires à leur protection dans le jeune âge (comme au Se-tchuen). Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1890. — Prix : 266 franes. 9° — 48 70.— Utilisation industrielle du Lo-za (Rhamnus utilis) qui produit le vert de Chine. On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les documents relatifs aux méthodes et procédés employés. On devra également présenter des spécimens d’étoffes teintes en France avec les produits du Lo-za préparés en France. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — PRIX : 500 francs. 6° — 488%. — Utilisation industrielle de l’Ortie de Chine, ré- coltée en France ou en Algérie (Bæhmeria utilis, tenacissima, ete). On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les documents relatifs aux méthodes et procédés employés. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix : 56€ franes. 1 — ÆSSE. — [Introduction et culture en France du Noyer d'Amérique (Carya alba), connu aux États-Unis sous le nom de Hickory (bois employé dans la construction des voitures légères). On devra justifier de la plantation sur un demi-hectare de Noyers d’A- mérique ou de la pussessien de 500 arbres hauts de 1",50 au moins. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix : 500 frames. 8° — 881. — [Introduction et culture pendant deux années successives d’une Igname (Dioscorea) joignant à sa qualité supé- rieure un arrachage facile. Concours ouvert jusqu'au 1* décembre 1885. -— {7 Prix : 66€ frames. — 2° PRKX : 408 franes. 9 — 4870. — Culture du Bambou dans le centre et le nord de la France. Le prix sera accordé à celui qui aura : 1° Cultivé avec succès le Bambou pendant plus de cinq années, et dont les cultures couvriront, au moins pendant les dernières années, un demi- hectare ; XCII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. 2 Exploité industriellement ses cultures de Bambou. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. Deux Prix de 4@8® franes chacun. 10° — 4878. — Culture de l’Eucalyptus en Algérie. Le prix sera accordé à celui qui aura : 1° Cultivé avec succès l’'Eucalyptus pendant plus de cinq années et dont les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, 8 hectares; 20 Exploité industriellement ses cultures d'Eucalyptus. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885.— PRIX : 1600 franes. 11° — 42838. — Culture de l'Eucalyptus en France et particu- lièrement en Corse. Le prix sera accordé à celui qui aura : 1° Cultivé avec succès l’Eucalyptus pendant plus de cinq années et dont les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, 2 hectares ; 20 Exploité industriellement ses cultures d'Eucalyptus. Concours ouvert jusqu'au 1% décembre 1885. — Prix : 4000 franes. 129 — 4876. — Guide théorique et pratique de la culture de lEucalyptus. Les auteurs devront surtout étudier, en s'appuyant sur des expériences, et comparativement, quelles sont les espèces d'Eucalyptus qui peuvent être cultivées sous les divers climats; faire connaitre la nature du sol qui leur convient, les soins spéciaux de culture que chaque espèce exige, le degré de froid auquel elle résiste et leur valeur relative. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 5300 franes. 13° — 1876. — Culture du Jaborandi (Pilocarpus pinnatus) en France ou en Algérie. Le prix sera décerné à celui qui aura : 1° Cultivé avec succès le Jaborandi pendant plus de cinq années et dont les cultures couvriront, au moins pendant les dernières années, un demi-hectare ; 2° Exploité ‘commercialement ses cultures de Jaborandi. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix : 500 franes. 14 — 2839. — Reboisement des terrains en pente par V’Aïlante. Considérant que l’Ailante s’accommode facilement de tous les sols, que les troupeaux ne touchent ni à ses feuilles ni à son écorce, et qu'il serait par conséquent essentiellement propre au reboisement de certains terrains pauvres servant actuellement de pâture, la Société institue un prix de 1000 francs, qui sera décerné à la personne ou à la commune qui, en France ou en Algérie, justifiera de la plantation de 5 hectares de cette essence. Les concurrents devront établir que le reboisement est fait depuis plus de cinq ans. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1890. — PRIX : 100€ franes. 15° — 4884. — Utilisation, pour le reboisement en Algérie, d’essences étrangères à la colonie. PRIX EXTRAORDINAIRES. XCIII On devra faire connaître les espèces employées, la date des planta- tions, la nature du sol etles précautions prises pour assurer le succès de la plantation, enfin l’étendue consacrée au reboisement. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1890. La Société décernera : Un prix de six cents (600)francs ; un prix de quatre cents (400) francs ; un prix de deux cents (200) francs. 16° — 4882. — Alimentation du bétail par le Téosinté (Reana luxurians). On devra présenter un compte établissant le rendement obtenu, en poids, d’une plantation de Téosinté couvrant au moins 25 ares et fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients que présente ce mode d’alimentation pour le bétail. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885.— Prix : 3@®@ franes. 17° — 4882. — Alimentation des animaux par le Soya. On devra fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients que présente ce mode d’alimentation pour les ani- maux, soit à l’état vert, soit à l’état sec. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix : 300 franes. 18° — ÆSS2. — Jardin fruitier exotique en Algérie ou sur le littoral méditerranéen français. On devra faire connaître les espèces et les variétés d'arbres fruitiers exotiques entretenues, indiquer la date des plantations, la nature du sol, et les précautions prises pour assurer le succès de la plantation. Ce travail devra faire connaître les variétés les plus recommandables pour la localité où l'expérience aura été faite. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1895. — PRIX : 500 franes. 19 — 1888. — Culture du Phaseolus radiatus. Le prix sera accordé à la personne qui aura cultivé avec succès le Haricot radié dans un champ d’un demi-hectare au moins. S'il se présentait plusieurs concurrents, la préférence serait donnée à celui qui produirait les plus beaux spécimens de préparations alimen- taires, obtenues avec les graines du Phaseolus radiatus. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1890. — Prix : 360 franes. LA PATRIE Par M. Xavier MARMIER de l’Académie française MESDAMES, MESSIEURS, Un des célèbres philosophes de l’antiquité, Sénèque, a dit : «Aimez la patrie, non point pour sa grandeur et sa beauté, mais parce que c’est la patrie. » | L’ambitieux, l’opulent stoïcien ne se souciait guère de mettre en pratique son précepte. Il était né en Espagne, dans la ville de Cordoue, et n’aspirait qu’à vivre à Rome. Mais combien de pauvres gens restent attachés au sol natal, d’une façon touchante, dans de pénibles conditions ! J’en ai vu de nombreux exemples. Voulez-vous me permettre d'en citer quelques-uns? ; En Suède, sur le sol aride, sous le climat rigoureux du Nordland, est le Nybyggure (le défricheur). L'État lui livre une certaine étendue de terre et l’exempte de toute imposition pendant une trentaine d'années. L'État lui donne en outre trois tonnes de grain pour son installation, et plus tard trois encore, puis deux, puis plus rien. Le brave colon bâtit lui- même sa cabane en bois, arrache les racines d’arbres et les quartiers de rocs de son champ, creuse, bèche et prie Dieu de lui venir en aide. Des premiers temps de son labeur dépend son avenir. Si alors 1l ne fait pas quelque bonne récolte, s’il ne peut rien épargner, si ses semailles périssent quand il a épuisé les dons du gouvernement, il est ruiné. Cependant il ne cessera pas d'aimer le pays où il est né, où il a eu son foyer, où il vivra pauvrement par un autre pémible labeur. Plus loin, sur les rives du Muonio, les Finlandais s’obstinent à cultiver l’orge, malgré leurs perpéluels insuccès. A cette haute latitude, ils ont au mois de juin les nuits lumineuses, les uièdes et charmantes lyse natlare. Mais bientôt reviennent LA PATRIE. XOV les jours sombres, les froides bises. Souvent, par la crainte d’une gelée subite, ils récoltent leur orge à moitié verte. Pour la mürir, ils la mettent dans un four dont la chaleur doit remplacer celle du soleil. Lés minimes brins de farine qu'ils en tirent sont pétris avec la paille hachée, et de ce rude mélange ils font leur pain de ménage. Le pain que nous äviôns à Paris vers la fin du siège me semblait venir de ces lointainés boulangeries. Plusieurs fois des hommes intelligents ont représenté au paysan du Muonio qu'il devrait renoncer à son infructueuse culture ét transformer ses champs en pâturages. Vaines re- montrances ! [1 répond qu'il véut faire comme ses péres ont fait. Jeune, il s’est réjoui de conduire la charrue dans son domaine; vieux, il veut la conduire encore. [l a pour le sol qui lui appartient uné tendrésse énfanline, et pour sés travaux de laboureur une préférencé qué nulle déception ne peut affaiblir. € Oh! voyez, disait un jour un de cés Finlandais, voyéz, la terre est noire; il me semble qu’elle est couverte d’ün voile de deuil, qu’elle souffre, qu’elle à faim. Comment voulez-vous que je l’abandonne, que je la laisse languir, quand je peux avec un sac de seménce la rendré si riänte ét si béllé? » Les Finlandais savourent le dur aliment qu’ils ont conquis par leur patiente culture, et ils ne connaissent pas celui dont parle Dante, le pain amér de l'étranger. Sur les confins de la Suède, de la Norvège et des possessions de la Russie, sont les Lapons nomades. Geux-là ne peuvent penser à cultiver leur sol rocailleux où marécageux. Le renne est leur principale, sinon leur unique ressource. De léuï troupeau de rennes ils tirent le lait, la chair dont ils sé nour- rissent, là péau dont ils façconnent des vétements et des chas: sures, les musclés et les nérfs dont ils font du fil, lés cornes dont on fabrique des manches de couteau. Dans les migrations de l’été, le renne porte les piquets de la tente et les ustensiles de ménage ; en hiver, on l’attelle aux traineaux. Une remarque philologique donne une idéé particulière de l'importance du renne dans cette région stérile. La langue est XCVI SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. le vêtement de la pensée, le reflet des mœurs et de la civilisa- tion d’un peuple. Dans le vocabulaire du pauvre Lapon, on chercherait vainement un mot qui signifie luxe ou volupté; vainement aussi des termes de science ; mais chaque parcelle du renne, jusqu’à la plus petile, a sa distincte dénomination. Après avoir erré toute sa vie avec ses rennes et stationné partout où il trouvait du lichen, plus d’un Lapon compte che- miner avec de pareils troupeaux dans l’autre monde. Il y a environ deux siècles que cette peuplade de pasteurs a été con- verlie au christianisme par ies missionnaires protestants de Suède et de Danemark. Mais son ancienne idolâtrie n’est point entièrement anéantie. Il y a des Lapons qui enfouissent avec soin des pièces d'argent, espérant les retrouver dans les ré- oions souterraines où ils doivent descendre après leur mort. Par la même raison, ils veulent avoir dans leur cercueil divers ustensiles, surtout de l’amadou et des pierres à feu, pour s’éclairer dans le long chemin noir qu’ils suivront pour arri- ver à leur future demeure. Autrefois ils avaient en médecine des idées d’un curieux spiritualisme. Quand l’un d’eux tombait malade, ils attri- buaient sa débilité à l'absence de son âme, partie pour aller voir quelque parent ou quelque ami dans l’autre monde. Alors ils appelaient le savant, le docteur, le sorcier de la com- munauté, lequel apportait son tambour couvert de caractères mystérieux et frappait à coups redoublés sur cet instrument magique, en poussant de grands cris, en conjurant l’âme fu- oitive de rentrer dans le corps qu’elle avait délaissé, qui sans elle dépérissait, qui allait mourir si elle ne venait lui rendre la vie. Parmi les Lapons de notre temps, cette pensée de l’autre monde produit encore de singulières préoccupations. Un jour, avec le pasteur de Karesuando, je visitais une vieille Lapone malade. Elle était étendue sur une peau de renne, le visage pâle, les veux rouges, dans sa tente enfumée. De sa main décharnée, avee un regard supphant, elle m’in- diqua une pipe en terre complètement vide. Je lui donnai ce qu'elle désirait : du tabac. LA PATRIE, XCVII Lorsque nous fûmes sortis de ce douloureux gîle : « Ce n’est pas pour elle, me dit le prêtre, que lhonnète créature vous a adressé cette demande. Elle ne fume point. Mais elle songe que bientôt elie ira dans les champs souterrains rejoindre son mari, et elle cherche à recueillir pour les lui porter les diverses choses qui lui plaisaient ici. » Elle a jadis occupé les provinces méridionales de la Suède, cette race lapone, qui n’est ni petite ni chétive, ainsi qu’on pourrait le croire en lisant certaines relations de voyage. Comme les Peaux-Rouges de l'Amérique, elle à été dépossédée de ses domaines et refoulée vers les déserts septentrionaux par une race plus forte. Gomme les Peaux-Rouges, graduelle- ment elle s’amoindrit ; mais elle n'ira pas chercher ailleurs un moyen de prolonger son existence. Ses derniers descendants seront ensevelis là où sont ensevelis les aïeux. Dans la mer du Nord, près du cercle polaire, est l'Islande, celle ile célèbre par ses phénomènes géologiques, célèbre par ses œuvres littéraires, ses chants belliqueux, ses poèmes my- thologiques. Elle a été autrefois bien différente de ce qu’elle est aujour- d’hui. À en juger par ses récits historiques, ses sagas, il y a eu là jadis des familles riches, des maisons luxueuses, des champs cultivés, des forêts. Les éruptions volcaniques ont bouleversé son sol, les épidémies ont décimé sa population. Maintenant on aperçoit çà et là quelques petites plantations de pommes de terre, çà el là quelques bouleaux nains surgis- sant à peine à la surface du sol : c’est tout. Le gouverneur de Reykiavik me montrait un jour dans un jardin un pâle arbuste de deux à trois pieds d’élévation, et me disait : « Voilà le plus bel arbre du pays; mais dès qu’il arrivera à la hauteur du mur, 1l périra. » Sur la côte méridionale de l’île, le Gulf-stream du Mexique jette parfois des troncs ou des rameaux d’arbres qu’il a roulés dans ses flots, et les riverains en font bon usage. Ailleurs, il n’y a pas le moindre bois de charpente, el pas d'autre com- bustible qu'une tourbe qui répand une odeur infecte ou des ossements de poissons et des lambeaux de varech desséchés. XCVIIT SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Maintenant, ce qu'on appelle en Islande une importante propriété, c’est un certain espace de terrain qui a échappé au débordement de laves, et où l’on récolte dans les bonnes an- néés assez d'herbe pour nourrir quelques bestiaux. À ce pro- duit agricole on joint de différents côtés la chasse aux oiseaux de mer, et ce qui est surtout recherché, le duvet des eiders, c’est-à-dire des canards, qui à certains endroits Viennent ré- oulièrement nicher en grand nombre. Gette récolte de l’édredon se fait d’une facon un péu cruelle. Quand un couple d’eiders a préparé son nid, la femelle, pour le garnir, arrache avec son bec une partie de ses plumes. Immédiatement l’Islandais les enlève. Elle recommence son sacrifice, et sa couche ést de nouveau dévalisée. Enfin, ellé en vient à se dénudér presque éntièrement. Alors on la laisse couver. Pendant ce temps le mâle, come un beäu Monsieur, se pr'ornène tranquillement. Si parfois la pauvre mère, fati- ouée, s’avise de se lever et de sortir un instant de son lit pour respirer le grand air, aussitôt le mâle, qui tout én fiânant ou en caquetant avec ses voisins la surveille, se précipité vers elle, et à grands coups de bec la ramène à son gite. Ah! ily a des ménages d'hommes et de fémmes qui res- semblent à ces ménages d'oiseaux. La ressource essentielle des Islandais, c’est la pêche. Froid, aride, dénudé est le sol de l’île. Riche est la mer qui l’enlace, si riche qu’elle attire même chaque année, par centaines, nos pêcheurs de Dunkerque, de Calais, de Boulogne. Une ordonnance maritime leur défend très sagement d’en- treprendre leur périlleuse traversée avant la fin de mars. Mais dès le mois de février, quand le ciel brumeux de l’islände n’annonce que des orages, quand une pâle lueur crépuseu- laire perce à peine les longues nuits, l’'Islandais quitte sa fa- mille, sa chaumière, et s’en va avec sa frèlé barque commencer son rude labeur. Le soir, il revient harassé de fatigue, avec ses vêtements et ses chaussures trempés par la neige ou l’eau de mer; il rentre dans sa cabane humide, où jamais le soleil ne pénètre, où nul feu ne pélille, où il n’a pour se réconforter qu'un peu de lait mélangé d’eau ét du poisson séché. LA PATRIE. XCIX De là les maladies qui désolent les Islandais, la lèpre et l’éléphantiasis. Cependant ils sont attachés à leur pays, et un de leurs poètes modernes s'écrie dans l’ancienne langue des scaldes : Ma vieille et noble Islande, oh! ma chère patrie, Reine des monts glacés, tes fils te chériront, Tant que la mer ceindra la grève et la prairie, Tant qu’au soleil de mai nos champs reverdiront. Plus pauvre que l’île des volcans est le Groenland, un im- ménse plateau de neige et de glaces dont on ne connait pas les limites; sur ce plateau, des pointes de rocs noirs et des py- ramides de glaces éternelles; sur la mer qui l'entoure, des montagnes de glaces flottantes ; pas le moindre sillon agricole, pas un vert enclos, pas d'arbres”: seulément çà et là SES plantes chélives, des mousses, et par une grâce providen tielle, du cochléaria, le remède du scorbut. Le Groenlandais chasse et pêche. Mais l'oiseau de mer ne lui donne qu’une ressource insuffisante; le renne n’est pas commun; la capture d’une baleine est un grand, mais rare événement. Le phoque est pour le Groenlandais l ul pro- videntiél, comme le lama pour les hauts plateaux du Pérou, le chameau pour les déserts de l'Orient, le renne pour la Laponie. Le phoque fournit à la famillé groenlandaise l'huile qui l'éclaire et la réchauffe, la chair qui la nourrit, les intestins dont elle féra des vitres, des sacs, des cordages; les muscles dont elle fera un fil menu, là peau qu’elle emploiera à tapisser les murs humidés de son foyer, à couvrir la légère charpente de sa nacelle, à façonner des vêtements. Toute l’année l’Esquimaü est occupé de cette chasse pré- cieuse. L'été, il va à la recherche de sa proie assis dans son kayak glissant sur les flots comme un poisson. L'hiver, ilcreuse ün trou dans la glace, et son harpon à la main, attend le mo- ment où le phoque, sans défiance, s'approche de la perfide ouverture pour respirer. Mais si le froid exéessif se prolonge au delà d’une certaine limite, si les blocs de glace s’amon- C SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. cellent et se condensent dans les fiords de facon à rendre la pêche et la chasse impossibles, c’est un désastre mortel. Alors le Groenlandais est obligé de tuer ses chiens, qui lui sont si utiles; puis il mange les peaux tannées et desséchées qu'il gardait pour couvrir la tente ou le kayak. Si pauvre que soit sa terre natale, 1l aime, il ne peut s’en éloigner. L'hiver, quand les aurores boréales flamboient au- tour de lui, il croit que ce sont les âmes des morts qui re- viennent à la surface du ciel voir le pays où elles ont vécu. Jeune, j'ai parcouru ces contrées avec un profond sentiment de sympathie et souvent de gratitude pour leur population si honnête, si courageuse, si patiente dans son labeur, si pauvre, et dans sa pauvreté si cordialement hospitalière. J'ai admiré leurs sites étranges, sauvages, quelquefois gran- dioses, quelquefois gracieux. A toute heure cependant je son- geais à la France ; je revoyais la vallée de la Seine, les côteaux de la Bourgogne, les montagnes de Franche-Comté. Entre ces riches provinces et les plages boréales, quel contraste ! Mais, pour faire apprécier tels que je les conçois les privi- lèces de la France, je ne veux pas me borner à la mettre en regard des arides contrées du Nord. Alions d’un autre côté, vers les splendeurs du globe, vers les tropiques. Ceux-là, dit le Psalmiste, ceux-là dont les navires voguent sur les mers ont vu les œuvres du Seigneur et ses miracles sur l’abime. ; C’est bien un admirable miracle, cette mer qui occupe les trois quarts de notre planète, et dont les plus longs câbles en fil d'acier ne peuvent sonder les profondeurs. Dans mon ignorance, hélas! je n’en ai vu d’un hémisphère à autre que la surface ; au Spitzherg, à la lueur de l'étoile polaire; à Montevidéo, avec la Croix du Sud et les nuées magellaniques. Mais M. de Quatrefages, M. Moquin-Tandon, M. Milne Ed- wards, le savant fils du savant zoologiste, les officiers du Tra- vailleur, du Talisman et du Chancelor peuvent dire ce que l'Océan renferme dans l’immensité de ses lames. A travers les LA PATRIE. CI zones polaires : la colossale baleine, le phoque au poil luisant, le morse avec ses deux défenses d'ivoire comme l'éléphant ; à travers les zones tropicales, une innombrable multitude d’a- nimaux de toute sorte, des plantes d’une longueur sans pareille, des fleurs d’un éclat étonnant, el les curieux ma- drépores, les rameaux de corail et les perles qui, par leur origine, doivent nous inspirer un sentiment particulier de respect. Une légende cingalaise raconte que les exilés de l’Éden, après avoir dans leur deuil longtemps erré à l'aventure, s’ar- rêtèrent à Ceylan, qui leur rappelait par ses plantes embau- mées le Paradis perdu. ve ne pouvait se consoler de la faute qu’elle avait commise. Sans cesse elle pleurait, et ses larmes coulaient dans les flots, et de ses larmes de repentir ont été faites les perles. On voit encore à Ceylan l'empreinte du pied de notre pre- mier père sur la montagne qui s’appelle le Pic Adam, et il est bien démontré que les perles n’ont pas l’insensibilité du ma- tériel diamant, ni des autres pierres que l’on gratifie du nom de pierres précieuses. Les perles doivent être sardées avec une attention assidue et des soins délicats; sinon, elles jau- nissent et deviennent malades. Un des plus grands agréments que l’on puisse avoir en ce monde est de naviguer dans un courant régulier de vents alisés, sous le ciel bleu, sur les vagues phosphorescentes de la mer des tropiques, en songeant que l’on s’en va vers une de ces îles qui par leurs parfums se révélaient à une longue distance aux premiers descubradores. Dans ces îles, nul froid hiver; les fleurs et les fruits toute l’année, les plantes les plus belles et les plus utiles, les pro- diges de la végétation. Je me rappelle mon étonnement dans mes premières excur- sions autour de la Havane. A la porte de la ville, les champs d'ananas et les forêts d’orangers; plus loin, les grandes plan- tations où dans la même enceinte on peut voir le tabac re- nommé dans le monde entier, la canne à sucre, le caféier, le bananier chargé de grappes savoureuses, l’aguakatte qui CII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. donne le beurre végétal, l'arbre à pain de la mer du Sud, et le cocotier dont les noix sont remplies d’un lait onctueux. Dans les régions tropicales, il y a encore d'immenses ter- rains inexplorés, des forêts où l’on ne peut pénétrer que la hache à la main. Là sont les arbres séculaires enlacés dans des réseaux de lianes, les longs rameaux des ceïbas couverts dans toute leur étendue de fleurs roses, auxquelles succèdent trois fois par an de grosses gousses dont on tire un fin duvet, Là sont les beaux bois de teinture et d’ébénisterie, le bois aromatique, comme le santal et le camphre, les bois de con- struction, comme le tek, et les géants de la terre, le baobab, le banian, et les plantes bénites, les plantes hygiéniques, le coca, le cacaoyer, le quinquina. Là sautille et gazouille, et soupire et chante une multi- tude d'oiseaux étincelants, qui n’émigrent point, qui n’ont nulle envie de traverser la mer pour venir voir nos modestes pinsons, nos gentilles fauvettes. C’est le Montézuma, si mignon avec son nom d’empereur, qui suspend son nid à une feuille de palmier; le colibri, diamant ailé, qui disparaît dans le calice d’une fleur; les douces petites colombes, modèles d'union conjugale, qui vont constamment deux à deux, et que l’on appelle les insépa- rables. Dans la profondeur des bois retentit l'accent mélanco- lique du Whip poor will, et, à des intervalles réguliers, la voix vibrante du campanero, cloche vivante. Deux de ces oiseaux semblent avoir une mission providen- tielle dans ces contrées des tropiques, où parfois, sans que rien dans l’air le fasse présager, tout à coup éclate Peffroyable ouragan, dans ces contrées où la nuit arrive subitement sans crépuscule. Un de ces oiseaux, qu’on appelle l'organiste, an- nonce l’approche de la tempête; l’autre, une demi-heure avant que le soleil disparaisse à l'horizon, monte sur un arbre, et par un cri sonore avertit le bûcheron et le voyageur que la null va venir. ” Ah! ce monde des tropiques! Quelle féerie, quelle gran- deur ! Quel monde merveilleux ! Ceux qui l'ont vu en gardent une sorte d’éblouissement. LA PATRIE. CHI Mais là aussi est le mauvais côté, le wrong side, selon l’ex- pression des Anglais, la paresse corporelle, la torpeur, lPhi- bernation de la pensée, produites par la chaleur du climat, les bêtes fauves, les reptiles monstrueux, les nuées d'insectes malfaisants, les armées de fourmis, devant lesquelles fuit le lion, et qui peuvent en une nuit dévaster une plantation ; les tremblements de terre, les cyclones, les maladies pestilen- telles, La France est affranchie de tous ces fléaux, et c’est la France avec son doux climat, ses plaines fertiles, ses belles montagnes couvertes de forêts et ses grands fleuves, grands chemins qui marchent, a dit Pascal. Cest la France constituée territorialement et politiquement, a dit M. Mignet, par la royauté. Cest ce magnifique carré de terre européenne, dev ant le- quel s'ouvrent la Méditerranée, la mer du Nord, l’Atlantique, les immenses routes des régions du monde antique et du nouveau monde. Nul pays, dit M. Élisée Reclus, n’est si bien situé pour l’é- laboration générale des idées. IE faut ajouter que nul pays n’a été doué de plus de qualités de cœur et d'intelligence pour accomplir cette œuvre d'élaboration et de propagation. C'est la France qui s’est distinguée entre toutes les nations par ses œuvres chrétiennes, par sa générosité, par ses facultés d'attraction, par la promptitude et la clarté de sa pensée, par son esprit d'initiative. C'est la France dont on a de toute part admiré la courtoisie autant que le courage, dont l'élégance a charmé l'Europe en- tière, dont la langue est devenue, au siècle de Louis XIV, la langue des savants étrangers et des princes, des écoles et des salons, du commerce et de la diplomatie, la langue uni- verselle. Tête d'armée, murmurait Napoléon à sa dernière heure. Il pensait aux légions avec lesquelles il avait remporté tant d’écla- tantes victoires et subi de si cruelles défaites. Mais il y a d'autres légions qui n’excitent aucune frayeur et ne font verser aucune larme, qui ne détruisent pas, qui vivifent, les CIV SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. légions consacrées aux établissements de religion et de cha- rité, aux sciences, aux lettres, aux arts. Pour celles-là constamment, glorieusement, la France a été tête d’armée. Longtemps avant l'Angleterre et l'Écosse, l'Italie et l’Es- pagne, la Bohême et l'Autriche, la Saxe et la Prusse, la Suède et le Danemark, la France avait son université, qui a produit, dit Étienne Pasquier, « une infinité de personnages dont le monde bruira tant que le monde sera ». On venait de loin chercher les lecons de l’école de Paris. Celui qui avait fait ce voyage d'étude était, à son retour dans son pays, décoré du titre de clerc parisien et gardait ce titre touie sa vie, comme le musulman qui a été en pèlerinage à la Mecque garde le titre de Hadiji. La France a aussi constitué les premières grandes biblio- thèques, les premières vastes collections d'œuvres d’art ou- vertes libéralement au publie, le premier musée d’histoire naturelle, le premier Conservatoire de musique, les premières savantes associations. Notre Scciété de géographie est antérieure à celles de Lon- dres, de Pétershbourg, de Berlin; et la Société d’Acclimatation, nous pouvons aussi nous plaire à la citer comme un exemple des œuvres que la France accomplit par une lumineuse in- tuition. Il y a trente ans que cette Société fut fondée par une réu- nion d'hommes d'élite, selon les doctrines scientifiques de M. Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, notre célèbre naturaliste, et les enseignements spéciaux de son fils, membre comme lui de l’Institut, professeur comme lui au Muséum d'histoire naturelle. Quatre ans après, elle prenait possession du terrain qui lui était concédé au Bois de Boulogne, etbientôt, serres et volières, parc et aquarium, tout était habilement organisé. Tout s’ac- croissait et prospérait, quand vint la Prusse, puis la Commune. Dans ces deux guerres, le pacifique, linnocent Jardin, placé en dehors des fortifications, fut cruellement bombardé, lacéré, dévalisé, LA PATRIE. CV Peu à peu, ses désastres ont été réparés, grâce à de oéné- reux efforts, grâce au zèle et à l’intelligence de son directeur, M. Albert Geoffroy Saint-Hilaire, digne héritier d’un noble nom. À l’époque de sa fondation, la Société publiait un programme qui semblait un peu téméraire. Elle n’en a pas dévié; elle ne l’a pas restreint, elle l’a au contraire agrandi. Maintenant le Jardin d’acclimatation n’est pas seulement une très curieuse et charmante promenade. C’est pour l’homme désireux de s’instruire un vaste champ d’études : c’est un ter- rain où l’on peut voir toutes les plantes et tous les animaux qui sont utilisés par l’homme dans les diverses parties du olobe. C’est, comme l’a dit M. Pierre Pichot, une école pra- tique d'agriculture et de zootechnie. Pour accomplir sa généreuse mission, la Société étend de tout côté ses recherches. Elle a des agents et des auxiliaires dans les pays les plus éloignés. Elle fait venir d'ici, de Jà, tout ce qui peut éclairer quelque question ethnographique, indus- trielle, agricole, médicale, tout ce qui mérite d’être observé, tout ce qui peut fructueusement être employé dans notre pays où dans un autre. Si le prodigieux oiseau des Mille et une Nuits, le Rock, existait réellement, elle le ferait descendre de sa montagne et le mettrait en cage. Si le soleil voulait lui donner les rayons qu'il répand sur une autre terre, elle pianterail à la porte de nos pauvres l'arbre à pain des tropiques. Quand La Pérouse, prêt à partir pour son voyage autour du monde, vint prendre congé de Louis XV, qui avait lui- même rédigé ses instructions : « Allez, lui dit le saint roi ; répandez partout de bonnes semences, de bons enseigne- ments, et faites bénir le nom de la France. » Quand on voit dans leur étendue les œuvres de la SOCICLÉ d’Acclimatalion, on peut dire que ceux qui y coopèrent font bénir le nom de la France. ΰ SÉRIE, T. L. — Séance publique annuelle. h RAPPORT ANNUEL SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE EN 1883 Par M. C. RAVEREE-WATTEX Secrétaire des séances. MESSIEURS, S'il est utile, à la fin de chacune de nos sessions annuelles, de jeter un coup d'œil rétrospectif sur l’ensemble des travaux accomplis pendant la période qui vient de se terminer, un semblable regard dans le passé ne peut qu'offrir un intérêt plus grand encore le jour où notre Société célèbre le tren- tième anniversaire de sa fondation. Trente années d’existence sont pour une institution telle que la nôtre, la plus solide démonstration de sa raison d’être, le plus sérieux de tous les brevets d'utilité publique. Une société libre, où tout relève uniquement de l’initiative privée, ne saurait grandir et prospérer, vaincre toutes les difficultés qu’elle rencontre sur sa route, résister aux vicissitudes des temps, sortir victorieuse des épreuves causées par les malheurs de la patrie et les ébranlements politiques, survivre aux pertes cruelles que les coups de la mort lui infligent dans la personne non pas seulement de ses membres, mais aussi de ceux qui tiennent la tête et qui dirigent, si celte œuvre n’élait pas lexpression d’une pensée jusle et féconde, si elle ne répondait pas à un véritable besoin. Je n’entreprendrai pas de rappeler ici tout ce qu’a fait la Société nationale d’Acclimation depuis sonorigine. Mais il me paraît du moins nécessaire de constater qu’elle n’a cessé de travailler activement au bien-être matériel des populations et qu’elle est devenue pour le pays une nouvelle source de richesse par les acquisitions qu’elle lui a permis de faire dans le règne végétal, comme par l’heureuse influence qu’elle a exercée sur l’amélioralion des espèces anciennement domes- RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CVIL tiquées et la propagation des races de choix. Grâce à elle, le goût de l'élevage se répand de plus en plus. Aujourd'hui, chacun, à la ferme comme au château, tient à posséder les types les plus beaux et les meilleurs. Tout le monde comprend l'utilité d'accorder au bétail plus d'attention qu’on ne Île faisait autrefois, et les conséquences s’en font sentir dans les expositions, dans les concours agricoles, où les animaux qui Y fisurent mettent en évidence les progrès réalisés. Ces progrès, évidemment, tiennent à des causes diverses ; nous n'avons certes nullement la prétention d’en reporter la source à la Société d’Acclimatation seule; mais ilserait injuste de lui en dénier sa part, et une part importante, surtout en ce qui con- cerne la volière et la basse-cour. Reportons nos souvenirs à l’époque où notre association Inaugurait ses travaux, el nous verrons que telles espèces qui étaient alors à peines connues, ou dont la présence dans lesjardins zoologiques constituait une véritable rareté, sont aujourd’hui répandues partout else mul- tiplient chez nous comme les espèces les plus vulgaires. Parmi ces récentes acquisitions, certaines espèces resteront proba- blement toujours des oiseaux de luxe; mais d’autres devien- dront ou sont déjà devenues des gibiers; d’autres, enfin, aug- meunteront le nombre des espèces domestiques, au grand profit des éleveurs, comme à celui de la consommation publique. En rappelant ces heureux résultats, fruits d’efforts persévé- rants, pourquoi faut-il, messieurs, que nousayons à regretter aujourd’hui l’absence de plusieurs des courageux ouvriers auxquels on les doit? Pendant cette dernière session, des vides douloureux se sont produits dans nos rangs. * Dès le commencement de l’année, la mort nous enlevait un de nos vice-présidents honoraires, M. le prince Marc de Beauveau, ancien conseiller général, qui, dès la fondation de la Société, avait apporté à notre œuvre un concours des plus actifs et des plus utiles. Peu après, nous avions la douleur de perdre M. le baron Jules Cloquet, membre de l’Académie des sciences et de l’A- cadémie de médecine. Membre de notre Société presque depuis l’origine, M, Cloquet fut, pendant de longues années, CVIIL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. un des membres les plus actifs du Conseil, et il s’occupait avec un zèle tout particulier de l’introduction des végétaux exotiques dans le midi de la France. La Société et la science ont fait en sa personne une perte sérieuse. Depuis longtemps, il est vrai, M. Cloquet s’était retiré, accablé par l’âge ; mais il a laissé dans la science une trace qui sera considérable, et dans la Société d’Acclimatation des souvenirs qui ne se per- dront pas. Un peu plus tard, une autre perte bien sensible également venait affliger notre Société : la mort enlevait à ses travaux M. Pierre Carbonnier, ce naturaliste plein de zèle et de dévoue- ment, ce travailleur ardent et convaincu auquel on doit de si intéressantes observalions sur les poissons, de si nombreux travaux sur la pisciculture, industrie dans laquelle il avait acquis depuis longtemps une grande notoriété. Passionné pour la science, chercheur infatigable, M. Carbonnier, sans négliger un instant ses chères études ichtyologiques et ses travaux d’acclimatalion, trouvait encore le temps de s'occuper de recherches préhistoriques, et il avait recueilli une belle collection de haches en silex. D'autres coups encore sout venus frapper parmi nous, et nous avons vu disparaître de nos rangs MM. Ch. Husson, Galignani, L. Davillier, Ravisy, Dussumier, Aymard Bression, le général Chanzy, le R. P. Jouen et le comte d’Esterno. Heureusement, la science ne meurt pas. Héritiers des recher- ches de ceux qui nous ont quittés, vous recueillez, messieurs, tout entier le fruit de leurs travaux et vous étendez à votre tour le domaine de leurs précieuses et pacifiques conquêtes. Aussi bien, votre tâche d’introducteurs d'animaux exoti- ques n’est pas près de finir. Les espèces à conquérir sont pour ainsi dire sans nombre, et les nouvelles importations qui se font sans relâche vous fournissent de nombreux sujets d'expériences. Pour ne citer qu'une seule des régions exploi- tées et mises à contribution, l'Inde anglaise, que d'animaux intéressants mis, dans ces dernières années, à la disposition des éleveurs! Il est vrai qu'un amateur passionné d'animaux, votre infatisable confrère, M. William Jamrach, a pris cette RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CIX région pour centre de ses recherches et n’a pas peu contribué à nous en fournir les richesses, grâce à la prodigieuse activité qu’il déploie dans cette entreprise. Depuis dix-huit ans, M. William Jamrach en est aujourd’hui à son trente-neuvième voyage, et, presque chaque fois, les cargaisons consiuérables qu’il rapporte renferment quelque espèce entièrement nou- velle. C’est ainsi qu’à son dernier voyage, tout en rapportant quantité d'oiseaux encore rares, des Pucrasia, des Perdrix du Boutan, des Tragopans, etc., cet intrépide chercheur intro- duisait pour la première fois en Europe la perdrix d'Hod- eson (Bambusicola longirostris), gallinacé des montagnes neigeuses de l'Inde, dont l'éducation et la multiplication pré- sentent un intérêt sérieux (1) car il s’agit d’un oiseau qui sera probablement d’une rusticité parfaite (2). Le même convoi comprenait une importation plus intéres- sante encore : celle du Sanglier nain des jungles du Bhootan, le Porcula Salviani, dont la taille n’excède pas celle d’un gros lapin-bélier et qui, adulte, ne pèse que 6 kilogrammes. Ge Sanglier nain est une espèce méritant vraiment l’attention. Si elle reproduit en captivité, comme nous devons l’espérer. elle pourra donner à nos basses-cours un Cochon-Lapin qui four- nirail à l’alimentation des ressources importantes, des pro- duits bien supérieurs à ceux que nous obtenons du Rongeur qui peuple aujourd’hui nos clapiers (3). Parmi les Mammifères, d’autres espèces sont en voie d’ac- elimatation ou de domestication. Tel est, par exempie, le Cerf-Cochon (Cervus porcinus), pour lequel l'expérience est aujourd’hui faite, et dont la reproduction en liberté, dans les pares, n’est plus un fait isolé (4). D'après les résultats obtenus (1) Procés-verbaux (Bulletin, 1883, p. 187). (2) I convient d'ajouter que M. William Jamrach ne limite pas son activité aux seules importations d'animaux; ses voyages sont aussi pour lui l’occasion d’exportations nombreuses. Tout dernièrement, il partait d'Europe emportant, pour l'Exposition de Calcutta, une collection considérable d'animaux utiles, ou seulement curieux, formant le chargement de trois navires. La nourriture em- barquée, nécessaire à celle cargaison, pour une traversée de quarante jours, représentait une dépense de plus de 10 000 francs et les frais de transport dé- passaient 50 000 fr. (Procès-verbaux, Bulletin, 1883, p. 717). (3) Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 269). (4) Ibidem, p. 1935. CX SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION, chez nos confrères MM. Persin (1), Pays-Mellier (2), Roger (3) et Lepelletier (4), il est incontestable que le Cerf-Cochon peut réussir chez nous comme gibier. Si l’on ajoute que la chair, plus blanche que celle du Chevreuil, en est excellente, on voit que l’importation de cette espèce a été des plus utiles. Elle complète, en effet la gamme, si l’on peut s'exprimer ainsi, des diverses espèces de Cerfs, du plus petit au plus orand, et permet aux chasseurs de peupler leurs bois avec des animaux appropriés à leur étendue. Au-dessus du CGerf- Cochon, gros comme un chien d'arrêt, se trouve le Daim, puis le Cerf, et enfin le Cerf du Canada, le plus grand de tous. Selon le désir qu’en avait exprimé notre confrère M. le marquis de Pruns (5), la Société a cru devoir s’occuper depuis quelque temps de la question de l'élevage de la Chèvre (6). II a paru intéressant de recueillir des informations sur l’impor- tance de cet élevage en France et sur la valeur des produits que l’on en tire. Par suite de l’émiettement et de la disparition. chez nous de la grande propriété, il peut y avoir avantage pour l’agriculture à propager sur certains points les animaux de petite laille et d’une nourriture facile et peu coûteuse. La Chèvre, qui est par excelience la vache du pauvre, pourrait sans doute, si on lui accordait de meilleurs soins, rendre des services plus sérieux que ceux que l’on en obtient, tant au point de vue de la production du lait qu'en ce qui concerne ses autres produits (poils, pelleteries, ete.) utilisables dans l’industrie, Des renseignements utiles vous ont été fournis à sujet par Île rapport dans lequel Jules Gautier a bien voulu se charger de résumer les notes adressées par plus de 130 cor- respondants, pour 63 de nos départements (7). (1) Procès-verbaux Li nt 1883, p. 184). (2) Zbidem, p. 193. (3) Zbidem, p, 193. (4) Ibidem, p. 608. (9) Ibidem, p. 42, 121, 194. (6) Des renseignements sur les races de Chèvres de la Suisse ont été adressés à la Société par M. Neukomm, inspecteur des forêts à Schaffhouse (Bulletin, 1885, ». 431). — M. Félix de la Rochemacé el M. André Théry ont aussi fait parvenir des informations concernant d'autres races caprines (Bulletin, p. 469, 470). (1) J. Gautier, Enquête sur la Chèvre (Bulletin, 1883, p. 209). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXI Les notes que M. Huet a bien voulu continuer cette année à vous fournir sur les naissances, dons et acquisitions de la mé- nagerie du Muséum (1), font ressortir — particulièrement en ce qui concerne les Ruminants — la rusticité remarquable de beaucoup d’espèces, qu’on ne s'attendait pas à voir sup- porter aussi bien notre climat, et qu’on peut considérer désor- mais comme se reproduisant sans difficulté dans nos jardins zoologiques. Les mêmes notes vous ont aussi fourni d’intéressants détails sur les mœurs de l’Oie de Magellan (Ghloephaga Magel- lanica) et de l'Oie des Sandwich (Bernicla Sandwicensis), comme sur celle du Talégalle et sur la durée de l’incubation chez ce singulier oiseau, le premier inventeur de la couveuse artificielle. M. Fernand Lataste vous a présenté l’intéressante mono- graphie d’un petit Rongeur des hauts plateaux de l'Algérie, le Dipodillus Simoni (2), qu’il est facile de faire produire en captivité, et qui, en raison de sa fécondité très grande, peut servir à l’étude des effets de la domestication sur les races. Chez cette espèce, qui est facile à élever et qui n’a pas l'odeur désagréable qu’on trouve chez beaucoup d’autres Rongeurs, le nombre des portées est régulièrement de six par an, et les petits reproduisent au bout de deux mois. En un temps res- treint l'observateur aura donc vu un nombre considérable de générations, ce qui n’est pas possible avec la plupart des espèces de mammifères (3). Des notes, que vous avez enregistrées avec intérêt, vous ont été adressées par M. Patard-Chatelain, sur l'élevage du Lapin angora (4); par M. Nelson-Pautier, sur la somme extraordi- naire de résistance vitale que peut présenter le Lapin ordi- naire (5); par M. Reynal, sur la multiplication en liberté du (1) Huet, Note sur les naissances, dons et acquisitions du Muséum d'histoire naturelle (Bulletin, 1883, p. 95, 323, 609). (2) Fernand Lataste, Sur l'acclimatation et la domestication d’un petit ron- geur originaire des hauts-plateaux algériens (Bulletin, 1883, p. 369). (3) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 194). (4) Ibidem, p. 709. (») 1bidem, p. 45. CXII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Cobaye au pic du Midi, ete. (1). De son côté, M. Jean Kiéner vous a signalé de nouvelles observations à l'appui des faits dont il vous avait déjà entretenus et qui l’ont conduit à ad- mettre l'existence de croisements entre le Rat etle Cobaye (2). Dans une communication pleine d'humour, M. de Fiennes vous à fait part de ses observations sur les mœurs de la Loutre el vous a indiqué la méthode qui lui à toujours réussi pour la capture de ce rusé carnassier, si grand destructeur du poisson (3). M. Gabriel Rogeron, qui a porté à votre connaissance des faits curieux de croisements obtenus entre diverses espèces de Canards (4), vous a aussi présenté une étude d’un réel intérêt sur le Cygne de Bewick (Cygnus minor), auquel la peti- tesse de sa taille assignerait une place dans bien des pièces d’eau et jardins plus ou moins restreints, dont ses congénères sont exclus à cause de leurs grandes dimensions (5). MM. Camille O. Bérenger, Mercier, Pays-Mellier et le doc- teur Clos (6), directeur du Jardin des plantes de la ville de Toulouse, vous ont fait connaître leurs succès dans l'élevage du Nandou ou Autruche d'Amérique (7), dont l’espèce peut être considérée aujourd’hui comme définitivement acquise. Les résultats obtenus par MM. Mercier et Bérenger (8) prou- vent, en outre, qu’on peut tirer parti des couveuses artifi- cielles pour l'élevage de cet oiseau. De son côté, M. Bouchereaux a employé avec succès la cou- veuse artificielle dont il est l'inventeur, pour l’incubation des œufs d'Emeu ou Casoar de la Nouvelle-Hollande (9). Le fait présente d’autant plus d'intérêt que le Casoar, bien que déjà (1) Procés-verbaux (Bulletin, p. 121). (2) bidem, p. 116, 121, 184, 360. (3) De Fiennes, Note sur la destruction des Loutres (Bulletin, 1883, p. 432). (4) Gabriel Rogeron, Croisements de Canards(Bullelin, 1853, p. 569). — Pro- cès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 424 et 717). (5) Gabriel Rogeron, le Cygne de Bewick (Bulletin, 1883, p. 116, 220). (6) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 473). (7) Bérenger, D° Clos, Pays-Mellier et Mercier, Acclimatation du Nandou en France (Bulletin, 1883, p. 1). (8) Procès-verbaux (Bulletin, p. 474). (9) Bouchereaux, /ncubation artificielle d'œufs de Casoar (Bulletin, 1883, p. 203, 262, 361). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXIII en partie acclimaté chez nous, n’a pas encore modifié l’é- poque de sa ponte, fort peu favorable à l’incubation naturelle sous le climat de la France (1). Des renseignements satisfaisants vous ont été donnés sur le développement de élevage de lAutruche en captivité pour la production de la plume, industrie qui n’est pas sans impor- tance puisqu'on peut citer une maison ayant livré 220 000 pièces à l’industrie plumassière (2). L'incubation artificielle des œufs se pratique aujourd’hui sur une assez grande échelle. Les résultats obtenus à Aïn-Marmora (Algérie), par M. Lucien Merlato (3), tendent à prouver qu’à quelques mo- difications près, l'élevage industriel de l’Autruche peut être tout aussi pratique dans notre colonie que sous d’autres lati- tudes, où elle a, déjà depuis longtemps, acquis une très grande importance (4). Le même éleveur vous a fourni des détails intéressants sur la viande d’Autruche au pot de vue alimentaire (5). | Dans une note consacrée au Colin de Virginie ou Colin Ho-oui (Ortyæ Virginianus), M. Jules Grisard a rappelé l’u- tilité qui s’attacherait pour nous à la possession définitive de cet oiseau (6). D'un naturel peu farouche, le Colin Ho-oui, qui ne craint ni la grande chaleur ni les froids même rigou- reux, se prête facilement à toutes les tentatives de domesti- cation et d’acclimatation. Au moment où l’on se plaint de la disparition de la Perdrix, il serait à désirer que les essais de repeuplement se portassent sur cette espèce qui se reproduit facilement, ne quitte guère son cantonnement et assurerait au propriétaire une chasse productive. C’est, du reste, une accli- malation accomplie depuis longtemps en Angleterre, surtout dans les comtés de Norfolk et de Suffolk. l) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 352). 2) Jbidem, p. 362. 3) 1bidem, p. 251, 266. 4) Lavenère, Note sur l'élevage, le traitement, eic., des Autruches dans l'A- frique australe (Bulletin, 1883, p. 450). (5) Lucien Merlato, La viande d'Autruche au point de vue alimentaire (Bul- letin, 1883, p. 8). — On doit aussi à M. Merlato une note sur la chaleur déve- loppée par Fembryon pendant l’incubation (Bulletin, 1883, p. 11). (6) Jules Grisard, Le Coiin de Virginie (Ibidem, 1883, p. 61). ( ( ( CXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Une autre espèce, celle-ci nouvellement introduite, paraît apte à devenir une précieuse recrue pour nos chasses; c’est la Perdrix percheuse du Boutan, originaire des régions nei- seuses du versant méridional de l'Himalaya, et apte, par cela même, à supporter nos températures les plus froides. Chez M. Leroy, qui a obtenu la reproduction en volière de la Perdrix du Boutan, cette espèce s’est révélée comme un oiseau d’une acclimatation facile, résistant bien à humidité qui, depuis quelques années, tend à devenir la température dominante de notre pays (1). De remarquables succès dans l'élevage de différentes espèces d'oiseaux vous ont été signalés cette année. M. De- laurier aîné a, comme de coutume, obtenu des reproductions fort intéressantes : Lophophores resplendissants, Pintades vulturines, Tragopans satyres, Perruches érythroptères, Per- ruches à front pourpre, etc. (2). M. le marquis de Brisay a, lui aussi, obtenu la reproduction de la Perruche érythrop- tère (3), espèce robuste, au plumage splendide, appelée à faire prochainement l’un des plus beaux ornements des volières d'amateurs, M. le comte de Montlezun vous a rendu compte des faits observés pendant la ponte et l’incubation des Ganards Casarka qui ont reproduit chez lui (4). M. Mairet, faisandier chez M. Pierre Rodocanachi, au château d’Andilly, a réussi l’éle- vage du Goura Victoria, ainsi que des Faisans d’Elliot et de Sommering (9), deux espèces de grand avenir comme gibiers, étant originaires du nord, l’une de la Chine, l’autre du Japon. Ces deux Faisans, remarquables par la beauté de leur plu- mage, se recommandent aux amateurs de chasse par leur rusticité à supporter nos hivers, en mème temps qu'ils ont une grande valeur comme oiseaux de table. (1) E. Leroy, Étude sur la Perdrix percheuse du Boutan (Bulletin, 1883, p. 497). — Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 185, 251, 424). (2) Delaurier aîné, Education d'oiseaux exotiques (Bulletin, 1883, p. 649). — Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 118, 251). | fs de Brisay, Education de Perruches erythroptères (Bulletin, 1883, a Comte de Montlezun, Notes sur le Canard Casarka (Bulletin, 1883, p. 65). (o) Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 171). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXY D’autres élevages importants ont été également menés à bonne fin par MM. Julien (1), A. Weill (2), Oscar Coignard (3), Delaunay (4), Vigour (5) et Courtois (6), eux aussi amateurs de premier ordre, pour lesquels réussir est chose habi- tuelle. Poursuivant activement son œuvre, votre commission de la chasse s’est occupée de l'élaboration d’un projet de loi sur les animaux nuisibles, destiné à compléter le projet de loi sur la chasse auquel la Société a déjà donné son approbation. Ge nouveau projet, avec le rapport sérieusement étudié qui l’ac- compagne (7), a été, comme le précédent, transmis à M. le rapporteur de la Commission du projet de loi sur la chasse, à la Ghambre des députés, ainsi qu'à MM. les ministres de l’intérieur et de l’Agriculture (8). Vous devez à M. le docteur Henri Moreau un travail smpbr tant sur l’hygiène des basses-cours et des volières (9). L savoir et la longue expérience de l’auteur donnent à ses observations une valeur particulière. Tout ce qui à trait à lincuhation, naturelle ou artificielle, présente pour l’éleveur une importance considérable ; aussi avez-vous accueilli avec tout l'intérêt qui s'attache à des tra- vaux de ce mérite les diverses communications que M. le doc- teur Camille Dareste a bien voulu vous faire concernant ses belles études expérimentales sur l’incubation (10), et vous avez (1) M. Julien s’est occupé de l'élevage du Canard du Labrador, espèce qu'il a beaucoup contribué à répandre dans le département de la Loire-[nférieure (Procès-verbaux, Bulletin, 1883, p. 108). (2) M. Weill, directeur du Jardin zoologique de Marseille, a obtenu la repro- duelion de l'£uplocomus erythrophtalmus (Proces-verbaux, Bullelin, 1885, p.476). (3) M. Oscar Coignard a réussi l'élevage des Céréopses (Procès-verbaux, Bulletin, 1883, p. 261). (4) Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 477, 719). (5) 1bidem, p. 719. (6) Zbidem, p. 719. (7) J. Gautier, Rapport présenté à la Société nationale d'Acclimatation au nom de la Commission de la chasse (Bulletin, 1883, p. 129). (8) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 178). (9) D' H. Morceau, Observations et réflexions sur l'hygiène des basses-cours et des volières spécialement destinées aux Faisans (Bulletin, 1883, p. 438). (10) D° Camille Dareste, Etudes expérimentales sur l'incubation (Bulletin, 1883, p. 137). — Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 263, 430, 727), CXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. tenu à décerner à ces travaux une de vos plus hautes récom- penses. En matière d'élevage, la question de la nourriture pré- sente aussi beaucoup d'importance. C’est pourquoi vous avez accueilli avec intérêt les communications de M. Decroix sur les avantages, au point de vue économique, de l’intro- duction de la farine du Cocotier dans l'alimentation des chevaux (1), comme celles de M. Dautreville (2), de M. Ed. Plannenschmid (3) et de M. l'abbé Bétin (4) sur l'emploi de nouveaux produits de leur invention pour l'élevage de la volaille, des faisandeaux, ete. Les résultats des travaux de pisciculture accomplis pendant la dernière session ne sont pas moins satisfaisants que ceux enregistrés les années précédentes. Il convient de rappeler tout d’abord, le mesure bienveil- lante prise en notre faveur par M. le ministre des Travaux publics. Les envois d’alevins et d’œufs embryonnés de Salmo- nides que la Société distribue chaque année aux personnes qui s’occupent du repeuplement des eaux, réclament des soins tout particuliers en route. Sur votre demande, M. le ministre des Travaux publics a bien voulu adresser aux grandes com- pagnies de chemins de fer, ainsi qu'à l'administration des chemins de fer de l’État, une circulaire les priant de veiller à ce que leurs agents observent exactement les précautions indiquées par les étiquettes spéciales que nous apposons sur nos colis (5). Cette mesure a déjà porté des fruits. De nombreux rapports vous ont été adressés sur les tra- vaux de repeuplement des eaux, entrepris sur divers points; il convient de mentionner spécialement les communications de MM. Lefebvre (6), Delgrange (7), Hedde (8), le vicomte de (1) Decroix, Note sur lu farine de Cocolier (Bullelin, 1883, p. 573). — Pra- ces-verbäaux (Bulletin, 1883, p. 178). (2) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 183). (3) 1bidem, p. 195. (4) 1bidem, p. 265. (5) 1bidem, p. 171, 266. (6) Zbidem, p. 46. (7) 1bidem, p. 110, 279. (S) /bidem, p. 110. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CX VII Causans (1), Després (2), Rathelot (3), Martial (4), Ch. Re- nouard (3) d'Halloy (6), Rivoiron (7) et Bernard-Talhan- dier (8). Des renseignements utiles à enregistrer vous ont été donnés sur le développement de la pisciculture à l’étranger, notam- ment en Hollande (9) et dans le duché de Luxembourg (10), et vous devez à M. le baron de Sélys-Longchamps (11) un mé- moire d’un grand intérêt sur le repeuplement des cours d’eau de la Belgique (19). Deux poissons américains de grande valeur sont en voie d’acelimatation chez nous. L'un est le Salmo fontinalis, dont la multiplication n’est plus aujourd’hui un fait rare (13), l'autre est la Salmo quinnat où Saumon de Californie, espèce des plus rustiques (14) dont on a déjà obtenu également des reproductions (15) et dont la présence a été signalée dans plusieurs de nos cours d’eau (16). 1) Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 117). 2) Ibidem, p. 165. 3) Ibidem, p. 256. 4) Ibidem, p. 173. o) Ibidem, p. 173. 6) Ibidem, p. 266. 1) Ibidem, p. 710. (8) 1bidem, p. 722. (9) M. Noordhæk-Hegt a rendu compte de la situation prospère de l’établisse- ment de pisciculture créé par ses soins à Apeldoorn (Pays-Bas), et servant au repeuplement de l’Yssel (Procès-verbaux, Bulletin, 1883, p. 428, 616). (10) Raveret-Wattel, L'établissement de pisciculture d’'Ettelbruck (Bulletin, 1883, p. 696). (11) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 57). (12) Baron de Sélys-Longchamps, Repeuplement des cours d’eau en Belgique (Bulletin, 1883, p. 143). (13) Aux succès déjà obtenus par differentes personnes dans l'élevage du Salmo fontinalis, est venu s’ajouter celui dont nous a fait part M. d'Halloy, qui a réussi, lui aussi, cette année, à multiplier cette précieuse espèce (Pr'ocès- verbaux, Bulletin, 1883, p. 93). (14) M. Rathelot (Bulletin, 1883, p. 165) et M. Noordhœk-Hegt (Bulletin, 1883, p. 428, 616) ont donné des détails extrêmement remarquables sur le degré de rusticité du Saumon de Californie, qui résiste à de très fortes chaleurs el se montre peu exigeant sous le rapport de la qualité de Peau. (15) Raveret-Wattel et Bartet, Reproduction du Saumon de Californie à l’a- quarium du Trocadéro (Bulletin, 1883, p. 205). — M. Noordhæk-Hegt a égale- ment obtenu la reproduction du Saumon de Californie en eau close (Bulletin, 1883, p. 616). (16) Proces-verbaux (Bulletin, 1885, p. 110, 723). ( ( ( ( ( ( ( EXVIL SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Grâce à la bienveillance de M. le professeur Spencer K. Baird, commissaire des pêcheries des États-Unis, il vous a été pos- sible de poursuivre cette année les essais d’acclimatation com- mencés sur d’autres espèces, fort intéressantes elles aussi. Vous devez, en effet, à M. Baird de généreux envois d'œufs (1) de grande Truite des lacs américains (Salmo namaycush), de Corégone blanc (Goregonus albus) et de Saumon des lacs (Salmo salar, var. sebago), trois poissons dont l’acquisition pour nos eaux douces serait très avantageuse : le Salmo na- maycush est une truite de croissance extrêmement rapide, comme nous avons pu déjà le constater (2); le Coregonus albus, à chair délicate et fine, prendrait avantageusement place à côté de la Féra et du Lavaret; enfin, le Saumon des lacs, ou Land-locked Salmon, comme on l'appelle aux Etats- Unis, qui est un Saumon non migrateur, conviendrait particu- lièrement pour l’empoissonnement des eaux fermées (3) et peut-être même pourrait-il être employé au repeuplement des rivières coupées par des barrages non munis d’échelles. Malgré la longueur du voyage, les différents lots d'œufs nous sont parvenus dans le meilleur état possible. Ge résultat satis- faisant doit être attribué surtout aux excellents soins donnés aux envois par M. Fred. Mather, membre adjoint de la Com- mission des pêcheries des États-Unis, qui avait bien voulu procéder lui-même à l'emballage des œufs. Au moment où ces envois nous faisaient contracter envers M. Spencer F. Baird une nouvelle dette de reconnaissance, d’autres présents nous étaient généreusement faits par l’As- sociation allemande de pisciculture. L’éminent président de celte association, M. de Behr, nous faisait adresser des œufs de différentes espèces de Salmonides fort intéressantes à pro- pager (4): l’Omble-Chevalier (Salmo salvelinus), la Truite du (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 108, 117, 173). (2) M. des Vallières a vu des alevins de Salmo namaycush croître avec uné telle rapidité, qu'ils dépassaient en deux mois des alevins de Truites des lacs, éclos trois semaines plus tôt. Cette espèce lui paraît être très robuste et d’une acclimatation facile (Procès-verbaux, Bulletin, 1883, p. 427). (3) Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 173). (4) Tbidem, p. 48, 53, 109. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXIX lac de Garde connue sousle nom de Carpione (Salmo carpio) et deux espèces de Corégones (Coregonus maræna et C. al- bula) qui doivent être rangées parmi les meilleurs poissons alimentaires (1). Votre attention a été appelée sur les conséquences fâcheuses des irrigations au point de vue de la conservation du poisson dans les rivières (2), et vous avez signalé à l'Administration la nécessité de certaines précautions sans lesquelles une des pratiques les plus propres àaugmenter les richesses agricoles du pays deviendrait une cause certaine et très active de dé- peuplement pour les cours d’eau (3). Vous vous êtes égale- ment préoccupés des inconvénients que présentent le curage et le faucardement des rivières dans les conditions où ces travaux sont malheureusement presque toujours effectués (4). Des renseignements intéressants vous ont été donnés à ce sujet par M. Abel Leroy, qui a fait ressortir, d’une part, la nécessité d’une application sérieuse et rationnelle des règle- ments sur la police des cours d’eau, si l’on ne veut pas stéri- liser complètement les efforts faits en vue du réempoissonne- ment; d'autre part, l'utilité de ne pas se borner dans les travaux de repeuplement, à la multiplication des seules espèces les plus recherchées, telles que la Truite ou le Sau- mon, et d'accorder une égale attention aux poissons plus communs, aux Gyprinides, qui, tout en créant une certaine ressource pour la pêche, serviraient à la nourriture des espèces carnassières devenues rares dans nos cours d'eau faute d'y trouver une alimentation suffisante (9). La même question a été traitée par M. René de Sémallé, qui a donné la description d’un procédé permettant de multi- plier abondamment et à peu de frais la Carpe dans les canaux et d'arriver ainsi à un repeuplement rapide des eaux (6). (1) Procès-verbaux (Bulletin. 1883, p. 109). (2) Raveret-Wattel, Les irrigations au point de vue de la conservation du poisson (Bulletin, 1883, p. 251). (3) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 190, 274). (4) Zbidem, p: 263. (5) Zbidem, p. 426. (6) Zbidem, p. 190. CXX SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. M. Coutance, président de la Société académique de Brest vous à soumis le résultat de ses recherches sur l’action biolo- gique des sels de l’eau de mer au point de vue de l’entretien des animaux marins (1). Une note de M. Amb. Gentil, président de la Société d’a- oriculture, sciences et arts de la Sarthe, vous a signalé l’exten- sion progressive de Phabitat de la Grémille commune (2) ou Perche goujonnière (Acerina cernua). Enfin, d’intéres- santes Communications vous ont été faites sur la maladie des Écrevisses, maladie qui gagne chaque jour du terrain et qui ne pouvait manquer d'attirer tout spécialement votre atten- tion (3). Cette dernière session vous a encore fourni de nombreux rapports sur la sériciculture et sur les différentes espèces de Vers-à-sote. M. Alfred Wailly, qui poursuit, avec une persé- vérance digne des plus grands éloges, ses importations de Bombyciens séricigènes exotiques, vous a rendu compte de ses éducations pendant l’année 1882. Malgré des pluies per- sistantes et une saison exceptionnellement défavorable, M. Wailly a su mener à bien l'élevage à l'air bibre de plu- sieurs espèces délicates (4). Vous devez à M. J. Fallou un rapport détaillé sur une ten- tative d'élevage de l’Antheræa Frithii (5), espèce asiatique encore mal connue, dont un échantillon de cocons vous avait été adressé de Cochinchine par M. 0. Moquin-Tandon. M. Fallou s’est, en outre, occupé d’un essai très intéressant: il a réussi à élever en plein bois, dans la forêt de Sénart, le Ver à soie du Chêne de la Chine (Attacus Pernyi). Le succès de celle éducation mérite d'autant plus de fixer l'attention que l’espèce s’est montrée disposée à devenir univoltine, ce (1) H.-A. Coutance, Action biologique des sels de l’eau de mer au point de vue de l'entretien des animaux marins (Bulletin, 1883, p. 98). (2) Amb. Gentil, Note sur la présence de la Grémille commune dans la Sarthe (Bulletin, 1883, p. 551). (3) Proces-verbaux (Bulletin, p. 124, 798). (4) Alfred Wailly, Éducations de Bombyciens séricigènes faites à Londres en 1882 (Bulle. 1883, p. 624).— Proces-verbaux (Bullet., 1882, p. 167, 258, 269). () 4. Fallou, Observations sur un Lépidoplere hélérocère séricigène (Bulletin, 1883, p. 318). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CNT qui en rendrait la naturalisation à peu près certaine en France (1). La même observation a du reste été faite par M. Cloquet (2), ainsi que par M. Hignet, de Varsovie, qui s’occupe toujours avec beaucoup de zèle de l’acclimatation de différentes espèces de Bombyciens séricigènes et plus spécialement de lAtlacus Pernyi (3). Vous avez également trouvé dans MM. Douchy (4), Pontet (5), Mollinger (6), Casati (7), Baltet (8) et Zeiller (9) des collaborateurs dévoués pour l'élevage, soit de races parti- culièrement intéressantes du Ver à Soie du Mürier, soit des différents auxiliaires de ce précieux insecte. M. Huin a consacré ses soins à l'éducation de PActias selene et de métis des Aftacus Roylei et Pernyi. D’intéressantes observations ont été faites au cours de ces essais, conduits par leur auteur avec le zèle qu’on lui connaît (10). Rappelons aussi la communication de M. Louis Boutan sur l'invasion du Phylloxera dans la province de Victoria (Aus- tralie) et sur les moyens employés dans cette colonie pour combattre le redoutable insecte (11); celle de M. Decroix sur le procédé simple et pratique inventé et propagé en Algérie par M. Félix Durand, pour défendre les cultures contre l’in- vasion des terribles Criquets (12) ; celle de M. de Lorgeril sur (1) J. Fallou, Sur une éducation de l'Attacus Pernyi dans la forét de Sénart (Bulletin, 1883, p. 552). — Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 120, 127, 266, 271, 363). (2) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 256). (3) Ibidem, p. 54, 111, 165. (4) Douchy, Essai d'acclimatation de l’Attacus Pernyi (Bulletin, 1883, p. 793). (5) Procès-verbaux (Bulletin, 1883. p. 258). (6) M. Mollinger, de Godesberg, près Bonn, a bien voulu adresser à la Société un lot de cocons de différentes espèces de Vers à soie, tous de provenance amé- ricaine (Bulletin, 1883, p. 268). (1) La Société doit à la générosité de.M. lé comte G. Casati l’envoi de 40 grammes de Ver à soie du Mürier, de la race milanaise dite Brianza Verdo- lina Casati. Cette graine, obtenue par le système cellulaire, est très saine (Bullelin, 1883, p. 117). (8) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 258). (9) Ibidem, p. 724. (10) J.-B. Huin, Educations de l'hybride des Attacus Roylei et Pernyi et d’Ac- tias Selene, fuites en 1882 (Bullelin, 1883, p. 463). (11) Louis Boutan, le Phylloxera en Australie (Bulletin, 1883, p. 35). — Proces-verbauæx (Bulletin, 1883, p, 169, 198). (12) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p, 113). 4° SÉRIE, T. L — Séance publique annuelle. t CXXI SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. la destruction du Puceron lamigère (1); enfin, celles de MM. Maurice Girard (2), Millet (3), J. Fallou (4) et de Confé- vron (5) sur diverses questions d’entomologie appliquée. Des rapports détaillés vous ont été adressés par plusieurs de nos confrères sur la culture des plantes qui leur avaient été confiées par la Société. Ii convient de mentionner tout particulièrement l’intéressante communicalion de M. Pal- lieux sur la culture expérimentale qu’il a faite de plantes chi- noises adressées à la Société par M. le docteur E. Bretsch- neider, médecin de la légation russe à Pékin et auteur de savants travaux sur la flore chinoise (6). M. de Behr, président de l'Association allemande de pisei- culture a appelé votre attention sur les services que la Balsa- mine géante (Jmpaliens glanduligera) lui parait appelée à rendre comme plante mellifère (7), et il a bien voulu joindre à sa communicalion un gracieux envoi de semences de cette Balsamine, dont la graine, oléagineuse et très abondante, peut, ainsi que l’a fait connaître M. le docteur Gilbert, être utilisée pour la nourriture de la volaille pendant l’hiver (8). De nouvelles pages ont été ajoutées par M. le docteur Mène à son travail si important et si remarquable sur les produc- tions végétales du Japon (9). M. Vauvert de Méan, consul de France à San Francisco, a fait connaître à la Société le développement de la culture des Eucalyptus en Californie, où dix millions de pieds environ ont été plantés (10). D’autres mémoires importants vous ont été également sou- (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 429). (2) Ibidem, p. 126, 276, 558, 366. (3) Ibidem, p. 113, 127, 358, 306. 4) Ibidem, p. 276. 5) Ibidem, p. 126. ) Paillieux, Culiure expérimentale de plantes chinoises (Bulletin, 1855, 21). — Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 120, 128). (1) De Behr, La Balsamine géante comme plante mellifère (Bulletin, 18835, p. 63). — Procéès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 168). (8) Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 712). (9) Édouard Mène, Des productions végelales du Japon (Bulletin, 1883, p. 68, 109). 10) Vauvert de Méan, Cullure des Eucalyplus en Californie (Bulletin, 1883, P- 286). ( ( (6 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXXIII mis concernant différents végétaux. Vous avezparticulièrement remarqué les communications faites : par M. Naudin, sur quel- ques Chénopodées d'Australie, dont il y aurait grand imtérêt à essayer l'introduction dans la région saharienne de PAI- série (1); par M. Paillieux, sur diverses plantes potagères peu connues, utilisables pour la composition de pickles d’excel- lente qualité (2), comme vous avez pu vous en assurer par la dégustation des échantillons qu’a présentés notre honorable confrère; par MM. Renaut, Bertin et Boschi, sur la Ramie ou Orte de Chine et.sur son utilisation industrielle (3); par M. Jean Dybowski, sur le Gô-bô ou Bardane comestible du Japon, nouveau légume qui paraît appelé à prendre place dans la culture de tous les potagers (4); par MM. Decroix et Jules Grisard, sur le Noyer Pacanier (Garya olivæformis) et autres Noyers américains (9). M. Naudin vous a entretenus de l’importante question du reboisement de l'Algérie et du choix qu’il y aurait lieu de faire de certaines essences d'arbres, soit pour les planta- tions forestières, soit simplement au point de vue de l’utili- sation du feuillage pour la nourriture des bestiaux (6). Votre savant correspondant vous a également fourmi des éléments de réponse à une demande de M. S. Châtelier, officier aux affaires indigènes, en mission à Ouargla, qui s'était adressé à la Société en vue d’obtenir des instructions sur les cultures à entreprendre dans celte oasis (7). Vous devez à M. Moïse Bertoni une étude très complète sur le Noisetier (Corylus avellana), arbuste dont on pourrait tirer un parti plus avantageux qu'on ne le fait en général (8), et (1) Ch. Naudin, Quelques mots au sujet des Chénopdées d'Australie (Bulletin, 1883, p. 678). (2) Paillieux, Nouvelle composilion de Pickles (Bulletin, 1883, p. 235). — Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 365). (3) Renaut, Bertin et Boschi, La Ramie (Bulletin, 1883, p. 327). (4) Jean Dybowski, La Bardane du Japon (Bulletin, 1883, p. 445). (5) E. Decroix et Jules Grisard, Sur le Noyer Paeanier et œutres Noyers américains (Bulletin, 1883, p. 157). (6) Ch. Naudin, Eucalyptus et Cytisus (Bulletin, 1883, p. 682). (7) Proces-verbaux (Bulletin, 1883, p. 43). (8) Moïse Bertoni, Le Noisetier (Bulletin, 1883, p, 282). — Proceès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 267). Ta CXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. qui, suivant la remarque de notre confrère, semblerait, si on lui accordait quelques soins, appelé à devenir l’'Olivier du Nord. Beaucoup de renseignements vous sont ®ailleurs parvenus, de différents côtés, sur l’utilisation et sur la culture d’un grand nombre de végétaux. Nous devons rappeler, à ce sujet, les communications de M. Sant-Yves Ménard (1) et de M. Huin (2), signalant à votre attention des procédés qui permettent de mettre les Vignes à l'abri des gelées printa- nières, si fréquemment désastreuses dans un très grand nombre de nos départements viticoles. IL convient de mentionner également celles de MM. Alli- oné (3), Latour-Marliac (4), Bouchaud de Bussy (5) et docteur Jeannel (6), relatives à la végétation des Bambous et du Cha- mærops excelsa; de M. Vavin, sur l’utilisation du Physalis edulis (7); de M. Paillieux, sur la culture du Daïkon (8); de MM. Chapellier (9) et Mathey (10), sur les qualités de la Pomme de terre Heymonet, variété tout particulièrement remarquable par l'abondance de son rendement, aussi bien que par l’excellence des produits, etc. Comme les années précédentes, des dons précieux d’ani- maux, de plantes et de graines ont été faits à la Société. Nous devons spécialement rappeler ceux de MM. Sandford (11), Jules Leroux (12), Baltet (13), Evrard (14), Godefroy Mollin- ) Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 357). ) 1bidem, p. 356. ) 1bidem, p. 175. À) idem: ip p. 6. ) 1bidem, p. 174. } Ibidem, p. 620. ) Ibidem, p. 190, 201, 278. 8) Ibidem, p. 279. (9) Zbidem, p. 128. Un lbiden, p 128, 619. (il rt ancien ministre des Étais-Unis en Belgique, nous a fait, de la re un important envoi de Noix fraiches de Pacanier (Carya olivæ- formis), en vue de faire essayer la culture de cet arbre intéressant . (Proces-ver- baux, Bulletin, 1883, p. 49, 118, 198). (12) Des Noix de Juglans nigr'a ont été adressées à la Société par M. Jules Le- roux (Bulletin, 1883, p. 117). (13) M. Baltet nous a adressé des fruits et des graines de Loza (Bulletin,p. 117). (14) Le R. P. Evrard, de Yokohama, a fait à la Société l’envoi de vingt et une espèces d’Érables (Bulletin, 1883, p, 356). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXXV ger (1), François Sarazin (2), Brierre (3) et Romanet du Cail- laud (4). Il convient de ne pas oublier dans cette liste l’envoi fait par M. Bernay, consul de France à Tauris, de plantes et de boutures de différentes Vignes de Perse (5), et celui dû au R. P. Gauthier, missionnaire apostolique, qui nous à fait par- venir de la semence d’un Riz, dit de montagne, moins exi- geant que les autres variétés sous le rapport de la chaleur et de l’humidité (6). Rappelons enfin, en terminant, que, de même que nos collections, notre bibliothèque s’est encore enrichie cette année d’une facon importante (7), grâce à la générosité de nombreux donateurs (8), auxquels nous devons renouveler ici l'expression de notre reconnaissance. (1) Diverses graines, qu'il venait de recevoir des États-Unis, ont été offertes à la Société par M. Mollinger (Bulletin, 1883, .p. 430). (2) M. Sarazin nous a adressé de Tokio des semences de Rhus vernicifera {Bullelin, 1883, p. 430). (3) Procès-verbaux (Bulletin, 1883, p. 711). (4) Un envoi de graines de Thé à feuilles blanches, de Vilis Pagnucci et de Vitis Romaneti nous a été fait par M. Romanet du Caillaud (Bulletin, 1883 p. 711). (5) Bernay, Vignes de Perse (Bulletin, 1883, p. 64). (6) Gauthier, Sur le Ris de montagne (Bulletin, 1883, p. 008). — Proces- verbaux (Bulletin, 4883, p. 269, 560). (7) Bulletin, 1883, p. 743-749. (8) I1 convient de rappeler particulièrement les dons faits à la bibliothèque par MM. les ministres de l’agriculture, de la marine et du commerce (Bulletin 1883, p. 747, 148). RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES Par M. Alb. GEOFFROY SAINT-HILAIRE Secrétaire général. MESDAMES, MESSIEURS, Dans le discours auquel vous avez fait un chaleureux ac- cueil, M. Marmier, que je veux moi aussi remercier, vous à parlé de la Patrie. Il vous à dit, il vous a prouvé que pour tous les hommes, que pour tous les peuples, füt-ce sous les glaces du pôle, sous les ardeurs d’un impitoyable soleil, la patrie est toujours le lieu cher par excellence. Si on la quitte, on emporte l'espoir d’y revenir. Renonce- t-on à la revoir, on cherche à s’entourer de tout ce qui peut rappeler le sol natal. Dans le monde antique on emportait avec soi les dieux protecteurs du foyer ; aujourd’hui on cherche à réunir les animaux, les plantes, les fleurs du pays, tout ce qu'ont aimé les parents, tout ce qui vivait autour de la maison où s’est écoulée l'enfance. Combien de fois la Société nationale d’Acclimatation n’a- t-elle pas récompensé des efforts qui tendaient à reconstituer de l’autre côté des mers, cette faune et cette flore qui appor- tent aux expatriés le souvenir de la patrie abandonnée comme le parfum de cette terre natale dont on s'éloigne sans l'oublier jamais. Mais ces richesses : animaux, plantes, que la vieille Europe (1) La Commission des récompenses était ainsi composée : Membres de droit : MM. le Président et le Secrétaire général. Membres délégués du Conseil : MM. Berthoule, Maurice Girard, A. Paillieux et le marquis de Sinéty, Membres délégués des seclions: MM. Saint-Yves Ménard, Mathias, Raveret- Wattel, J. Fallou, le docteur E. Mène, RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CXXVIT aime à partager avec ces lointaines régions, d’où les tenons- nous ? Ne sont-elles pas venues, presque toutes, de l’extrème Orient, notre premier berceau! Elles nous ont été apportées ici par ces peuples de l'Est qui ont pris possession des con- trées de l'Occident. Ce que font les expatriés d’aujourd’hui, les expatriés d’au- trefois l’ont fait déjà. C’est vous montrer, messieurs, que l’Acclimatation est aussi vieille que l’histoire. Qué sont nos efforts auprès des résultats que je vous ai rappelés ? Et cependant notre œuvre est féconde. Elle a déjà donné dans le passé, elle donnera dans l’avenir, car aujourd’hui notre association est en pos- session de moyens d'action sérieux. PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES. Prime de 200 franes. Parmi les livres publiés dans le cours de ces dernières années, les Portraits zoologiques de M. Fulbert DumonreiL méritent une attention particulière. Œuvre d'imagination, cet ouvrage est en même temps un livre d'histoire naturelle. Les faits présentés sont précis, exacts, mais 1ls sont racontés par un poète. Sans cesser d’être rigoureusement vrai l’écri- vain, par les grâces de son style, par des rapprochements éle- vés, ingénieux, conduit le lecteur à l'admiration, à l’enthou- siasme pour les harmonies de cette sublime création dans laquelle l’homme, malgré sa faiblesse, a su devenir ie maitre. Les Portraits zoologiques sont une lecture atiachante, c’est un livre auquel on revient toujours avec plaisir ; il est écrit par un homme sincère aimant la nature et sachant la peindre. M. Fulbert Dumonteil reçoit une des primes de la So- clété. Médailles de première classe. Au cours d’un voyage dans le Turkestan M. le comte de MaïLLy-CHALOoN et M. le baron Benoistr-MÉCHIN, ont eu la CXXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. bonne fortune de pouvoir acquérir plusieurs chevaux et juments de race turcomane. Ces chevaux qui jouissent dans l'Asie centrale d’une haute renommée, achetés à Merw même, ont une authenticité certaine. Gette introduction intéressante mérite à ses auteurs une médaille de première classe. Dans son livre intitulé Les Animaux utiles, M. Raoul BouLarrT fait connaître les ressources de toutes sortes que trouve lespèce humaine dans les êtres si nombreux qui vivent à la surface du globe. Ce petit livre est rempli de notions utiles, et la Société entend le recommander en décer- nant à son auteur une médaille de première classe. Nous remettons une médaille de première classe à M. B.- H. Carew qui, le premier, a importé en Europe le sanglier nain de l’Inde connu sous le nom de Porcula Salviani. Nous avons dit l’an dernier, à pareil jour, l'intérêt de cette intro- duction qui promet peut-être à nos clapiers un cochon domes- tique nain. Médaille de seconde elasse (Rappel). En publiant de nombreuses notices sur les animaux utiles et aussi sur les espèces étudiées depuis longtemps par la Société, M. Albert HumBEerr, instituteur à Raddon (Haute- Saône) a fait une œuvre de vulgarisation utile. La Société veut l’encourager dans cette voie en lui accordant un rappel de médaille de seconde classe. DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX. Médaille d’or offerte par le Ministère de l'Agriculture. La grande médaille d’or offerte par le ministre de l'Agri- culture est décernée à M. le docteur Camille DARESTE pour ses recherches scientifiques sur l’incubation artificielle. En poursuivant les travaux d’embryogénie dont 1l s'occupe depuis longtemps déjà, M. Dareste a été amené à déterminer RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CXXIX scientifiquement les conditions de l’évolution des germes contenus dans les œufs. Ces conditions sont les unes antérieures, les autres poslé- rieures à la mise en incubation. Il est aujourd’hui démontré que son succès dépend de la température, de la qualité, de l’état hygrométrique de l'air où sont placés les œufs, de l'état de propreté de la coquille, de la disposition, de la tenue des locaux habités par les volailles pondeuses. On sait mainte- nant que la plupart des œufs au moment de leur formation emprisonnent des germes divers venus de lextérieur qui, se développant dans certaines circonstances déterminées font parfois périr le jeune poulet avant son éclosion. Enfin les travaux de M. Dareste l’ont amené à produire à volonté des animaux anormaux, c’est-à-dire à pouvoir modifier à son gré l’évolution normale des êtres. Ces résultats, messieurs, ne sont pas des résultats empi- riques, ils sont dus à la méthode expérimentale. Notre lauréat est un homme de science éminent qui est arrivé à la vérité par l'observation scrupuleuse des faits. Médailles de première classe. M. E. DAUTREVILLE, de Paris, reçoit une médaille de pre- mière classe pour le progrès qu'il a su apporter à l’alimen- tation des oiseaux entretenus dans les basses-cours et les volières. Sous le nom de poudre toni-nutritive, M. Dautreville a mis dans le commerce un produit qui lui a valu de nom- breuses et favorables attestations d’éleveurs expérimentés. La commission des récompenses a pensé que les résultats signalés méritaient une de vos médailles. M. E. Leroy, de Fismes, s’est occupé avec succès de la mul- tiplication en volière de la Perdrix percheuse de l'Himalaya connue sous le nom de Perdrix du Boutan. Les membres de la Société savent avec quels soins M. Leroy observe, ils savent aussi que le succès récompense le plus souvent les efforts de CXXX SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ce savant et consciencieux éleveur. Nous offrons à M. Leroy une médaille de première classe. En nous envoyant un mémoire important sur l’industrie des Autruches domestiques dans l’Afrique australe, M. Lave- NÈRE, consul de France au Cap de Bonne-Espérance, a donné une preuve nouvelle de lPintérêt que les représentants de la France à l'étranger prennent à nos travaux. Les renseignements fournis par M. Lavenère sont impor- tants. L'un d’eux résultant d’un recensement officiel, établit que le nombre des Autruches existant dans la colonie était de quatre-vingts environ il y a vingt ans, tandis qu'aujourd'hui il dépasse cent mille. M. Lavenère reçoit unemédaille de première classe. Notre collègue M. L. MacauD n’Aupussow, publie sous le titre: Les Oiseaux de la France un ouvrage important dont le premier fascicule vient de paraitre. Cette publication, éditée avec luxe, conçue dans un esprit excellent, peut intéresser à la fois l’homme du monde et le naturaliste. La Société félicite l’auteur d’avoir eu le courage d’entre- prendre une œuvre aussi considérable et lui décerne une médaille de première classe. Parmi les éleveurs amateurs qui ont concouru dans ces dernières années à la vulgarisation des espèces de Gallinacés nouvellement introduites. M. A. MAILLARD, du Croisic, tient une des premières places. Ses succès dans l’éducation des Crossoptilons ou Faisans oreillards présentent un intérêt par- ticulier, car cette espèce chinoise se montre inféconde dans la plupart des volières. M. A. Maillard reçoit une médaille de première classe. C’est avec l'expérience d’un praticien consommé, avec le jugement d’un amateur exercé que M. N. Masson à écrit les mémoires intéressants récompensés aujourd'hui par la RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CXXXI Société. Ces travaux constituent une sorte de manuel de l'amateur d'oiseaux que nous devons recommander. Une médaille de première classe est accordée à M. Masson. Dans une étude consciencieuse sur le genre Cygne, M. le comte de MONTLEZUN a réuni un grand nombre de faits. Ce travail est accompagné de dessins d’une précision parfaite qui représentent les diverses espèces du genre. Il serait à désirer que cet excellent observateur fasse pour d’autres groupes un travail de même nature. M. de Montlezun reçoit une médaille de première classe. Médailles de seconde classe, La multiplication en volière de la Perruche soleil du Brésil a été obtenue à Rouen par M. Henri GADEAU DE KERVILLE. Ce résultat mérite l’attention car cette espèce de Perruche des plus décoratives n’avait pas encore produit en France. Nous offrons à M. Gadeau de Kerville une médaille de seconde classe. M. Alfred Werz, directeur de notre jardin zoologique de Marseille, reçoit une médaille de seconde classe pour avoir élevé dans le courant de 1883 plusieurs jeunes Faisans à queue rousse de Malaisie. Cette espèce, rare encore il y a peu d'années, sera bientôt dans toutes les volières. Mentions honorables. Transformer une race, lui faire perdre un caractère, lui en substituer un autre, c’est pour nos amateurs chose facile avec un peu de temps et de savoir. M. AupapP a fait de la Poule nègre chinoise une Poule à peau rose; 1l possède aujourd’hui la troisième génération de la variété qu'il a fixée après avoir fait divers croisements et de nombreuses sélections. CXXXII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Ce résultat scientifiquement intéressant mérite à M. Audap une mention honorable. M. abbé BéTIN à cherché à trouver un produit économique permettant aux éleveurs de se passer d'œufs de fourmi pour l'éducation des oiseaux. Les témoignages qui nous ont élé communiqués donnent à penser que le produit inventé par M. l'abbé Bétin n’est pas sans valeur et nous lui décernons une mention honorable. L'élevage des Perdrix en captivité est devenu une des res- sources de nos chasses. [l pourrait, s'il était bien entendu, fournir des résultats plus importants. M. L. CRoQ a fait avec succès des éducations de Perdrix bartavelles et a pu au moment de l'ouverture de la chasse mettre en liberté un nombre assez considérable d'élèves. Get effort nous a paru mériter l’atten- tion et nous offrons à M. Croq une mention honorable. TROISIÈME SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, ETC. Grandes médailles d'argent (Hors classe) A l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. En 1882 nous avons décerné à M. BoucHon-BRANDELY une médaille de première classe pour ses recherches sur l’em- bryogénie de l’Huître et pour ses expériences sur la féconda- tion artificielle de l’'Huitre portugaise. Aujourd’hui c’est une orande médaille hors classe que nous donnons à M. Bouchon- Brandely. On lui doit, en effet, de nouveaux travaux, des des observations interessantes sur le frai des Huîtres et sur le développement du naissain. Il s’est aussi occupé avec succès de la culture de l’'Huitre portugaise et a démontré qu'elle pourrait vivre et prospérer dans les étangs, même peu salés, du littoral méditerranéen. Nous ne saurions trop en- courager les efforts de notre lauréat. M. le professeur Noviert (de Cracovie) a entrepris de RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CXXXIII vulgariser dans la Pologne autrichienne les procédés de la pisciculture. Son effort n’a pas été stérile, car les rivières et les fleuves de cette région ont reçu déjà de grandes quan- tités d’alevins. [l s’agit pour M. Novicki de rendre aux eaux de son pays la richesse dont elles jouissaient autrefois. Grâce à l'appui des autorités locales le succès est certain. Ces efforts méritent d’être signalés et nous offrons à M. Novicki, avec nos vœux, une grande médaille hors classe. Médailles de première classe. M. le colonel Marchal Mac-DonaLzp, membre de la commis- sion des pêcheries des États-Unis, lauréat de la Société en 1883, pour une échelle à Saumon dont il est l'inventeur, reçoit aujourd'hui une médaille de première classe. Nous récompensons un appareilnouveau autant qu'ingénieux pour l’éclosion des œufs de poissons. Cet appareil peut recevoir aussi bien les œufs flottants que les œufs submergés. Ce système est aujourd'hui généralement adopté par les pisci- culteurs de l’autre côté de l'Océan. L'ouvrage de M. le docteur H. E. SauvAGE, directeur de -la station aquicole de Boulogne-sur-Mer, intitulé : La grande Pêche, est une œuvre de vulgarisation scientifique. L'auteur y passe en revue les poissons de mer et les poissons d’eau douce les plus intéressants au point de vue de l’industrie des pèches. C’est un livre utile, à la publication duquel la Société d’Acclimatation applaudit. Nous décernons à l’auteur une médaille de première classe. Notre collègue M. René DE SEMALLÉ s'occupe avec succès d'élevage et répand autour de lui, dans sa terre de Saint-Jean- d’'Heurs, les bonnes races. Le repeuplement des cours d’eau le préoccupe à juste Utre, mais il estime, et il a raison, qu'avant d'enrichir les rivières d’espèces ichtyophages il faut assurer leur alimentation en y plaçant en abondance des r r poissons qui se nourrissent de végétaux. Prêchant d'exemple C CXXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. M. de Semallé a fait lâcher dans les cours d’eau du Puy-de- Dôme, voisins de sa résidence, un grand nombre de jeunes carpes. M. de Semallé reçoit une médaille de premiére classe. Médailles de seconde classe, D'intéressantes expériences sur la fécondation artificielle des Huiîtres portugaises ont été faites par M. Pierre LAURENT. Nous lui décernons une médaille de seconde classe, et nous espérons que notre lauréat sera en mesure de nous signaler bientôt des résultats pratiques, 1ls auraient une grande im- portance pour l'avenir de l’industrie huitrière. Une médaille de seconde classe est accordée à M. VALERY Mayer, professeur à l’école de Montpellier, qui nous a donné le plus utile concours dans la vulgarisation des Saumons américains. Ces poissons du nouveau monde sont chaque année plus appréciés et se trouvent aujourd’hui dans la Mé- diterranée, grâce à notre lauréat. QUATRIÈME SECTION. — INSECTES. Prime de 309 franes. M. Alfred Warzzy, de Londres, continue depuis plus de quinze ans ses importations et ses éducations de vers à soie exotiques. Sous le climat de l'Angleterre ces essais ont des chances diverses, mais l'effort est intéressant. M. Waiïlly a noué des correspondances dans tous les pays du monde et aujourd’hui il est devenu, en quelque sorte, l'intermédiaire obligé de ceux qui veulent se livrer à des éducations de vers à soie exo- tiques. La Société offre à M. Wailly une prime de 300 francs. Prix de 200 francs Une prime de 200 francs est accordée à M. Georges pe LAYENS, pour la seconde édition de son livre intitulé l'Ele- RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CXXXV vage des À beilles. Cette seconde édition est, à vrai dire, une œuvre nouvelle des plus recommandables. Partisan des ruches mobiles, apôtre de l’apiculture rationelle. M. de Layens préconise dans son livre les méthodes qui permettront de généraliser, comme il mérite de l'être, l'élevage des abeil- les. Il est temps de faire renoncer aux procédés empiriques, car aujourd'hui les nouveiles méthodes ont fait leurs preuves. Médailles de première classe. Les publications didactiques de M. E. SavarD, de Paris sur les insectes utiles et nuisibles, sont faites pour intéresser la Société, car elles vulgarisent d’une façon pratique la con- naissance des insectes que nous devons protéger et celle de ceux que nous devons détruire. Les collections scolaires pré- parées par le lauréat ne sont pas son moindre titre à la mé- daille de première classe que nous lui décernons aujour- d'hui. Médaille de seconde classe. Une médaille de seconde classe est accordée à M. LESUEUR, de Paris, qui s'occupe avec zèle d'histoire naturelle; ses études ont principalement pour but de faire connaitre dans la classe des reptiles les animaux qui se rendent utiles en dé- truisant des insectes nuisibles. CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX. Grande médaille d'or de 300 franes (Hors classe). La grande médaille d’or de la Société est offerte à M. le cénéral KorALKoW qui a introduit en Europe divers végétaux originaires de l'Asie centrale et en particulier du Turkestan. M. le général Koralkow, en ce moment à Samarkand, n’a cessé depuis plus de vingt années de faire profiter les sciences de ses nombreux voyages en Asie. Son concours précieux a enrichi les collections botaniques et horticoles d’intéressan- CXXX VI SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. tes conquêtes. La Société est heureuse de pouvoir offrir au Général une des plus hautes récompenses dont elle peut disposer. Grandes médailles d'argent (Hors classe). A leffigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. M. L. ARMAND, actuellement directeur des établissements pénitentiers à Cayenne, lorsqu'il résidait en la même qualité à Nouméa a introduit à la Nouvelle-Calédonie un grand nom- bre des arbres fruitiers de l’Europe. Ces introductions ont donné des résultats très satisfaisants et seront une richesse pour la colonie. La Société décerne à M. L. Armand une grande médaille d'argent hors classe. M. BoucHEREAUx, de Choisy-le-Roiï, a été récompensé en 1882 pour avoir employé le bois d'Eucalyptus à des travaux d’ébénisterie. Ces essais méritants avaient de l’intérêt. Aujourd’hui nous remettons à M. Bouchereaux une grande médaille d'argent hors classe pour l'emploi véritablement industriel de ces bois. La démonstration est complète, pratique. Les objections failes contre l’utilisation de la myrtacée austra- lienne n’ont plus raison d’être. À M. Bouchereaux revient l'honneur de l'avoir péremptoirement démontré. Prix de 53090 francs. Fondé par la Sociélé pour un guide pratique pour la culture des plantes d'introduction nouvelle. La Société décerne à MM. Parzzreux et Bois le prix fondé en vue de récompenser l’auteur d’un guide pratique pour la culture des plantes d'introduction nouvelle. L'ouvrage de MM. Paillieux et Bois, intitulé le Potager d’un curieux, rentre complètement dans les conditions du prix. I est fait avec soin et précision et sera utile à ceux qui vou- dront enrichir leurs cultures des végétaux alimentaires nou- vellement introduits. RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CXXXVII L'ouvrage de M. Charles BaLrer, intitulé la Culture frui- lière, a été l’objet de l'attention de la Commission des récompenses. L'auteur reçoit une médaille de première classe pour cette utile publication. Riédaille de première classe. Envoyé en mission à Bornéo, aux Célèbes et dans l’Indo- Chine pour rechercher les origines de la Gutta-Percha, M. Se- LIGMAN-LUI à publié un rapport intéressant. Les détails recueillis sur les lieux de production ont une valeur sérieuse. La Société décerne à M. Seligman-Lui une médaille de pre- mière classe Riédnille de seconde classe. Le Révérend Père Evrarp, missionnaire apostolique au Japon, nous à fait l'envoi d’une collection très complète d'Erables à beau feuillage. Heureux de pouvoir remercier le père Evrard, la Société lui offre une médaille de deuxième classe. Une médaille de seconde classe est accordée à M. Bipaz, instituteur dans la Haute-Sadne, qui s'occupe activement de propager parmi ses élèves le goût de l’acclimatation. De plus le lauréat cultive divers végétaux peu répandus dans la contrée et donne ainsi à ses élèves des exemples pratiques. En 1869, M. le comte L. de Boucaaun De Bussy a recu une mention honorable pour ses essais de culture des Bam- bous. Aujourd'hui notre ancien lauréat a réuni une collection nombreuses de ces précieuses graminées et les cultive avec succès. La Société décerne une médaille de seconde classe à M. le comte L. de Bouchaud de Bussv. Lorsqu'il parcourait les forêts de la Cochinchine pour rechercher les origines de la Guita-Percha, M. Seligman-Lui a trouvé dans M. de CoucGeaxs, chef de bise télégraphique l* SÉRIE, T. 1, — Séance publique annuelle. 5 CXXX VIII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. dans la colonie, un collaborateur dévoué. Dans son rapport M. Seligman-Lui apprécie comme 1l convient le concours de M. de Coulgeans, que la Société a voulu remercier en lui remettant une médaille de seconde classe. M: Dupair, vicaire apostolique de Mantchourie, et le ré- vérend père GAUTHIER, missionnaire au Kouangtang, ont envoyé à la Société du Riz de montagne, qui pourra sans doute être cultivé avec succès en Provence et en Algérie. L'envoi des semences était accompagné d'instructions détail- lées sur les soins que demande cette culture. La Société, reconnaissante de la sollicitude des deux mis- sionnaires pour notre agriculture, décerne à chacun d’eux une médaille de seconde classe. MM. Kozy, tourneur, PrLLoy, chaisier, PROFFIT, ébéniste, ont donné à M. Bouchereaux pour l'exécution des meubles en bois d'Eucalyptus un concours précieux que la Société veul récompenser en offrant à chacun d’eux une médaille de seconde classe. Il appartenait à des ouvriers parisiens, curieux du nouveau, adroits et industrieux, de s’associer à cet essal. Mentions honorables. M. HEpraRp reçoit une mention honorable pour le zèle per- sévérant qu'il met à faire connaître les produits alimentaires d'outre-mer et surtout des colonies françaises. Les nom- breuses présentations de fruits faites aux séances intéressent vivement. RÉCOMPENSES PÉCUNIAIRES Primes offertes par la Société. Une prime de cent cinquante francs est accordée à M. FRan- çois LEepuc, faisandier chez M. Maillard, au Croisic (Loire- inférieure). Cet éleveur consciencieux a réussi dans ces der- RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CXXXIX nières années un certain nombre d’éducations de Gallinacés exotiques. Parmi les multiplications les plus intéressantes ob- tenues il faut mentionner les Faisans oreillards de la Chine (Grossoptilon). Une prime de cinquante francs est accordée à M. PIREYRE et une autre de même importance à M"° MARIE FERRIER. Tous deux sont les serviteurs dévoués de M. René de Semnallé et donnent depuis nombre d’années leurs soins intelligents aux essais que poursuit notre fidèle collègue dans sa terre de Saint-Jean-d’'Heurs en Auvergne. Primes fondées par feu Agron de Germigny Pour récompenser les bons soins donnés aux animaux où aux plantes. La première prime, celle de deux cents francs, est accordée à M. CoLLiAux, qui fait partie du personnel du Jardin zoolo- gique d’Acclimatation (service des Oiseaux), depuis seize ans. C’est un serviteur soigneux et ponctuel. La seconde prime, celle de cent francs, est remise à M. CorNu, gardien à la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle. Chargé des soins à donner aux Ruminants précieux, M. Cornu s’acquitte de sa tâche à l’entière satisfaction de ses chefs. Primes offertes par l’administration du Jardin zovlogique d’acclimatation à ses employés. M. BLONDEL, qui appartient à l'établissement (service des Mammifères) depuis sa fondation, reçoit une prime de cent francs. C’est un serviteur expérimenté et dévoué, dont nous apprécions les mérites. M. THUILLIER, du service des Mammifères, reçoit une prime de cent francs. Il se montre soigneux, attentif auprès des animaux qui lui sont confiés. : CXL SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. M. Rouvière, du service des Mammifères, est un employé instruit, déjà ancien, qui connaît à fond son métier. Il reçoit une prime de cent francs. M. DEMANDRE, du service des Mammifères, remplit avec zèle ses fonctions. Il reçoit une prime de cent francs. MM. Baupoux et Aux, l’un et l’autre brigadiers aux écuries, reçoivent des primes de cinquante francs. Ces jeunes gens appartiennent à notre personne! depuis cinq ans déjà et sont devenus des employés sérieux et méritants. MM. GEBERT et DECLERCQ, grooms à l'écurie, reçoivent l’un et l’autre une prime de vingt-cinq francs, Is sont intelligents et travailleurs. RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ SUR LES EXERCICES 1880, 1881, 1882, 1883 SÉANCE DU 14 MARS 1884 MESSIEURS, Votre Commission de comptabilité a l'honneur de vous rendre compte des recettes et des dépenses de notre Société pendant lexercice 1883 et de vous exposer la situation financière au 31 décembre dernier. Pour combler une lacune, nous vous présentons dans un même tableau, d’une manière comparative, les comptes des trois années pré- cédentes. Tableau des Recettes et des Dépenses. ————@ 1880 1881 1882 1883 Recto Me | 58,357 60 | 57,267 50 | 55,809 90 | 60,063 10 Déco en NU 50,522 40 | 52,495 65 | 62,610 05 | 61,064 60 Vous êtes frappés immédiatement de l’augmentation des dépenses dans les deux dernières années; elles excèdent de dix mille francs environ celles des années 1880 et 1881. Mais je vais vous expliquer que c’est là un résultat apparent en passant en revue les divers chapitres de la comptabilité. Les recettes sont distinguées en recettes ordinaires et recettes extra- ordinaires. Les premières sont celles qui appartiennent en propre à chacun des exercices et qui sont disponibles pour faire face aux dépenses courantes. Les secondes sont afférentes à plusieurs exercices à venir ou pro- viennent des fonds placés. — En bonne administration elles doivent s’employer pour la plus grande part en augmentation de capital. Telles sont les cotisations définitives payées par les membres à vie et destinées à représenter, par leur revenu, la part des dépenses de ces membres pendant un nombre indéterminé d’années; tels sont les bénéfices réalisés sur nos valeurs lorsqu'elles nous sont remboursées. (1) La Commission de comptabilité se compose, pour lPannée 1883, de MM. Dupin, Flury-Hérard et Saint-Yves Ménard. Rapporteur : M. Saint-Yves Ménard. CXLII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. TABLEAU DES RECETTES Recettes ordinaires 1880 1881 1882 1883 Cotisations annuelles.............. 45,532 » | 45,528 » | 44,058 » | 46,122 » Droits d'entrées EEE erEC rec Tee 1,440 » 1 A0 ET OU) 1,910 » Revenus des valeurs de la Société. .| 6,196 15 5,279 80 6,303 70 6,967 60 Subvention du Ministère........... 2,000 » 2,000 » | 2,000 » 2,000 » Tirages ApAMtES eee ce EC -e 969 70 167 85 183 40 | 173 15 Ventes diverses: rt ner. 130 » 60 » 44 50 30 » Bulletin (abonnements, annonces et ventes) re ec e -Erre CE NE 1,166 95 1,241 35 7104 70 934 35 Chronique (abonnements et annonces.| 1,277 80 | 1,504 70 725 60 | 1,118 50 à la Société contre l’abus dutADACS TER 85 » 85 » » D) » » à la Société centrale de Location médecine-vétérinaire... » » » ) » » 957 50 de à la Société contre la vi- la salle ; $ MISECÉION ME ER ee » ) » » » } 50 » des géances Bee Société centrale de médecine-vétérinaire... », » » ) » ) 250 » à la Société centrale de médecine-vétérinaire... » ) » » EUR 250 » 55,809 90 | 60,063 10 EXCÉDENT DE DÉPENSES..... 6,800 15 1,001 50 58,357 60 | 57,276 70 | 62,610 05 | 61,064 60 Recettes extraordinaires 1° Reçu de M. le comte d'Eprémes- BAM ana gt doc denis ste » » » » | {7,000 » » » 2 Cotisations définitives.....,...... 6,250 » 4,500 » 2,500 » 2,250 3° Différence en notre faveur entre le prix d'achat et le prix de rem- boursement d'obligations. ........ 2,525 15 » .» | 2,438 95 018 80 8,715 15 | 4,500 » | 21,938 95 2,828 80 SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. ET DES DÉPENSES. Dépenses ordinaires Allocation au jardin de Cannres.... Bulletin (pour l’année 1880 10 mois). DIE so 'seédbonoe. EEE Chauffage et éclairage............ Cotisations et droits d'entrée perdus Hrals CÉNÉTAUX ee Lee te Eraïside DUTeAUX ee ec CC re Impressions diverses............. Frais de correspondance.......... Frais de recouvrements........... Personnel (appointements et grati- Rcalions) ERREUR BLENOPTADhe EE CR RU R RREe DÉANCEDUDIQUE Er ere Redevance au Jardin sur cotisations CNCAISSÉ CSA AN En EXCÉDENT DE RECETTES., 1880 2.200 » 11,214 925 4,478 75 | 442 10 535.» 9,784 15 AM 15 2,653 80 1,501 80 261 30 310 60 3,500 9,700 ». 700 » 50,522 40 1,835 20 58,357 60 301 60 2,625 » 8,719 » 700 » 8,141 70 2,345 » 1,326 10 52,495 65 4,781 05 01,216 70 1882 16,373 55 4,694 05 407 60 2,095 » 3,522 45 175 95 3,809 50 1, 137025 613 60 291 25 3,900 » 9,882 50 600 » 6,914 10 7,025 ». 968 25 62,610 05 CXLIIT PT QU QU Gé QU 1883 0,930 » 986 85 61,064 GO CXLIV SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. BILAN AU D r— ACTE | | | | Valeurs disponibles | 2880 PP sait Dee Caisse PA Rec ce eue Pete Us 1 632 35 | 3,370 65 | 4,800 05 | 3,245 75 sBanquetientrance CEPCPrECEE CCE 192,953 25 6,425 70 14 25 ! 11,386 05 Obligations de chemins de fer et AUTTES Lee A NRNES SRE. 112,364 25 [118,841 » |141,634 25 |140,733 80 Titre de rente Dutrône.......... 92,100 » 2,700 » 2,700 » 2,700 » Cotisations à recouvrer ........... 465525» | 14/2460 SDS. 5 818 » Droits d’entrée à recouvrer....... 10 » 140 » SOUMIS 20 » Jardin d’acclimatation de Paris..... D » ) 1,766 15 » » CrÉdÉAYONNAIS EE PRE EME CE ELITE » ) » ) » ) 6 30 Valeurs réalisables | Biliothequepeeee--cccreer ete 3,282 69 DENT) 3,991 10 4,555 40 Mobilier tre Me ee eue 3,198 15 4,104 25 4,264 25 4,806 10 Valeur des animaux chez les chep- ETES A eee opte 2 SPAO DT 5,044 95 4,827 70 4,410 15 5,730 85 Divers 100 actions du Jardin d’acclimata- (On Te SPArTIS PEN PE CETTE 25,000 » | 25,000 » | 25,000 » | 25,000 » 10 actions du Jardin de Cannes..... 5,000 » 5,000 » » ) » )» 172,397 60 |185,6231 30 |192,267 20 |199,002 25 l D SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. CXLV 31 DÉCEMBRE. OC EEE ES I PRE EE SP EE EEE I DE SEC ET EC ER PASSIF Jardin d’acclimatation de Paris. 1,387 65 669 70 » 0) 1,521 40 Recettes faites pour l'exercice sui- 1,080 50 2,194 » 155 05 146 » Gréditélyonnais eee RE EC Don Béren de mme En ————————— 5,485 70 | 9,438 35 4,931 19 9,722 90 Excédentide Lacie eee 166,911 90 |176,192 95 |187,336 05 |189,279 35 1880 | 1881 1882 1883 Divers a MpAYER PER creer 3,017 55 | 2,574 65 | 3,176 15 7,085 50 397 60 [185,631 30 |192,267 20 |199,002 25 CXLVI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Recettes ordinaires. Cotisations annuelles. Les chiffres du tableau indiquent le produit net des cotisations de chaque année, après déduction de celles des membres démissionnaires, décédés ou supprimés. L'année 1883 est en progrès : Nous avions au 31 décembre dernier : 1,833 membres ou sociétés agrégées payant cotisation à 25 fr.... 45,895 fr. 33 membres ) » AMONT 20 fr: Total des cotisations annuelles............ 46,122 fr. 15 membres honoraires. 4714 membres à vie. 10 sociétés affiliées. 2,365 au total. Les droits d'entrée indiquent aussi l’activité croissante de notre recrutement. Nous avons eu : FnIISSO EEE UE 144 membres nouveaux. 1 OO LS bo ca oue da aa — ASS RE ee 179 — AIS EE Eee 191 — Les revenus de nos valeurs sont satisfaisants. Nos obligations, qui représentent, au prix d'achat, 140 733 francs, produisent 6966 fr. 60 en 1883, c’est-à-dire près de 5 pour 100. La subvention du ministère de l'Agriculture (2000 francs) nous est allouée régulièrement, comme par le passé. Les chapitres suivants (tirages à part, abonnements et annonces du Bulletin et de la Chronique) sont de peu d'importance. Enfin, l’année 1883 profite d’une ressource nouvelle résultant de la location de la salle des séances, 2? jours par mois à la Société centrale de Médecine vétérinaire. Recettes extraordinaires. En 1882 figure une recette importante (17 000 francs). La Société d’Acclimatation avait obtenu de la ville de Cannes la concession d'un jardin d’essai pour lequel elle avait fait une première dépense d'instal- SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. CXLVII lation de 5000 francs. — Cet établissement était entretenu sous la sur- veillance de M. le comte d’Epremesnil et recevait une subvention fixe de 2200 francs. Votre conseil a jugé opportun, en 4882, de renoncer à la concession de la Société moyennant le remboursement d’une somme de 17 000 francs, représentant une partie des avances qui avaient été faites. Cotisations définitives. Nous ohbservons ici une diminution continue du nombre des membres à vie nouveaux : 25 en 1880 18 en 1S81 10 en 1882 9 en 1883 Enfin pour le bénéfice sur nos obligations remboursées, nous sommes soumis aux chances des tirages. Le montant de ces recettes extraordinaires est venu successivement et pour la plus grande part possible, grossir le chiffre de nos valeurs. Dépenses. Le Bulletin, la Chronique, le chauffage et l'éclairage occasionnent des dépenses assez régulières. J’appelle votre attention sur les cotisations et droûîts d'entrée perdus : 535 fr. en 1883 400 en 1881 2,095 en 1882 3,178 en 1883 À la fin de chaque exercice, les cotisations non payées figurent à notre actif comme de bonnes créances; puis celles qui sont recon- nues plus tard comme non recouvrables nous causent un déficit qui grève l’exercice courant, comme une véritable dépense. Or, en 1882 et 1883, le recouvrement des cotisations arriérées a été poursuivi avec plus d'activité que dans les années précédentes. Votre conseil, ne voulant pas continuer le service des publications à des membres dont il n’espérait plus recevoir les cotisations, a cru devoir faire toutes les radiations nécessaires. De là une dépense notable qui frappe sur les exercices 1882 et 1883 et qui est tout entière. afférente aux trois au quatre exercices passés. À l’avenir ce chapitre ne doit plus comporter que des chiffres insi- gnifiants. Le montant de nos cotisations arriérées au 31 décembre 1883 n’est plus que de 818 francs et la liste nominative des retardataires permet de voir que nous ne perdrons presque rien sur cette somme à recouvrer. CXLVIII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Les frais généraux représentent une dépense assez régulière de 3000 à 3900 francs par an, comprenant : Les frais de convocation; Les timbres de quittances; Les cartes des membres ; Les jetons de présence ; Les frais d'achat de poissons et d'œufs, de graines, de cocons, ete. ; L'assurance ; Les gratifications. En 1883 les frais généraux s'élèvent à 4443 fr. 60, mais il y a eu une dépense exceptionnelle de 1425 francs pour l’envoi de 20 000 circu- laires destinées à faire connaître davantage la Société d’Acclimatation. Les impressions diverses (bandes, lettres de convocation, diplôme, circulaires, etc.) coûtent de 2000 à 2500 francs par an. L'année 1882 a eu de ce chef une dépense plus élevée (3809 francs) en raison de la con- fection des 20 000 circulaires mentionnées tout à l’heure. Le loyer était resté jusqu'ici au chiffre de 3500 francs, mais nous avons dù subir une augmentation brusque de 2500 francs qui le porte désormais à 6000 francs. La séance publique coûte environ 2000 francs pour la location de la salle, la décoration, le concert, les programmes ; puis les prix et les primes, les médailles, les diplômes constituent une dépense qui varie de 3000 à 6000 francs. Redevance au Jardin d’'acclimatation. Vous savez, Messieurs que par suite d’un traité intervenu entre notre Société et le Jardin d’acclima- tation, un certain nombre d'avantages sont assurés à nos membres pour une certaine période, tels que : entrée au Jardin d’acclimatation, remise de 10 pour 100 sur le prix des produits du Jardin. En échange de ces avantages notre Société paye au Jardin d’acclima- tation une redevance annuelle de 5 francs par membre définitif et 10 francs par cotisation encaissée au delà de 1500. Cette redevance a varié suivant l’activité du recouvrement des cotisa- tions ; elle s’élève en moyenne à 5000 francs par an. Enfin les cheptels confiés aux membres de la Société sont l’occasion d’une perte de 1000 francs par an environ. Situation au 31 décembre. Notre situation financière va en s’améliorant. L'actif excédait le passif de 166,911 fr. 90 en 1880 176,192 95 en 1881 187,336 05 en 1882 189,002 25 en 1883 SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. CXLIX Et vous pouvez, Messieurs, prendre ces chiffres pour absolument réels comme je vais vous le démontrer en exuminant successivement les divers éléments de notre actif au 31 décembre 1885. Actif. L’encaisse (3245 fr. 15) et le dépôt en compte à la Banque de France (11 386 fr. 05) sont à mentionner simplement. La plus grosse part de notre actif est représentée par des valeurs mobilières de premier ordre (obligations de chemin de fer, obligations foncières, ete.), qui figurent au bilan, suivant les prix d'achat, pour 140 733 fr. 80. Or, si nous comparons aux prix d'achat les cours au 51 décembre dernier, nous voyons que nos valeurs atteindraient au chiffre de 161655 fr. 65. Notre actif est donc garanti en quelque sorte par une plus-value de 20 921 fr. 85. Les cotisations et droits d'entrée à recouvrer (en retard) repré- sentaient en 1882 (3687 fr.) et surtout en 1881 (11 605 fr.) de fortes créances que la suite à démontré n'être pas absolument bonnes. Au 31 décembre 1883 ces chiffres étaient réduits à 838 francs et désormais nous ferons tout le possible pour achever les recouvrements avant la fin de l’année et pour éviter ainsi de perdre des cotisations. La bibliothèque est estimée 4555 fr. 40; mais elle vaut certainement davantage, car tous les livres offerts à la Société ne sont comptés que pour mémoire. Le mobilier a été acheté 4806 fr. 10. Votre conseil a prescrit de diminuer ce chiffre désormais chaque année par un léger amortissement. Les cheptels confiés à divers membres sont à notre actif pour 5130 fr. 85, ce qui n’est que la moitié de leur valeur; l’autre moitié appartient aa Jardin d’acclimatation. Enfin, les 100 actions du Jardin d'acclimatation souscrites par la Société au prix de 25 000 francs ont toujours figuré au bilan en dehors des valeurs mobilières parce qu’elles sont de nature plus variable ; mais vous savez qu'aujourd'hui elles valent à peu près Les 25 000 francs souscrits. Passif. Quant au passif, il comprend les diverses sommes dues pour des fac- tures et mémoires non encore réglés au 51 décembre ; plus 1000 francs offerts à la Société par feu M. Bérend, pour être donnés en prix. Ces 1000 francs, nous les avons encaissés, mais nous les devons et nous les payerons le cas échéant : ils doivent donc figurer à notre passif. Au résumé, Messieurs, on peut dire que notre situation financière est CL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. excellente : Au 31 décembre dernier, nous avions un excédent d’actif réel de 199 002 fr. 25, qui donne à notre Société une assise solide. Et si nous faisons la moyenne des résultats des quatre exercices der- niers, nous voyons que chaque année présente un bénéfice de 1207 fr. 30. Nous sommes donc en mesure de poursuivre le but indiqué par les fondateurs de la Société et de continuer à donner, comme par le passé, des encouragements vers ce but, sous forme de prix, de primes, de médailles. Quel résultat n’obtiendrions-nous pas si des ressources matérielles plus importantes encore venaient seconder les efforts que nous faisons en commun ! N'oublions pas, Messieurs, que tout membre nouveau nous apportera à ce point de vue un précieux concours. JARDIN D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE RAPPORT PRÉSENTÉ AU NOM DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Par M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE DIRECTEUR DU JARDIN À l’Assemblée générale ordinaire des Actionnaires du 19 mai 1884. PRÉSIDENCE DE M. EDWARD BLOUNT, Vice-Président du Conseil d'administration. M. le Président expose que l’Assemblée ordinaire, convoquée pour le 29 avril 1884, n’a pu tenir séance, attendu que le nombre des actions déposées dans la caisse sociale, en conformité des prescriptions statu- taires, n’a pas atteint le chiffre exigé par l’article 29 des Statuts. De nouvelles convocations ont, en conséquence, été faites pour ce jour, 19 mai, et il en résulte que l’Assemblée est régulièrement constituée et peut délibérer valablement. La feuille de présence constate la présence de seize Actionnaires for- mant un total de cent cinquante actions, soit un capital de 75 500 francs. Les journaux dans lesquels ont été faites les premières et les secondes insertions, à savoir les Petites Affiches des 28 mars et 26 avril 1884, le Journal officiel des 28 mars et 26 avril 1884, l'Événement des 28 mars et 26 avril 1884, et la France des 28 mars et 26 avril 1884, sont dépo- sés sur le Bureau à la disposition des Scrutateurs. Conformément aux dispositions de l’article 35 des Statuts, les deux plus forts Actionnaires présents, MM. Jonas et Robillard, sont appelés au Bureau et y prennent place en qualité de Scrutateurs. Le Bureau, ainsi constitué, choisit pour secrétaire M. Arthur Porte. M. le Président expose que l’Assemblée générale ordinaire a spéciale- ment pour objet d'entendre et d'approuver les comptes de l’année 1883, dont un tableau a été remis à chaque Actionnaire au moment de son entrée en séance ; et 11 invite M. Geoffroy Saint-Hilaire, Directeur du Jardin zoologique d’acclimatation, à donner lecture du rapport présenté à MM. les Actionnaires au nom du Conseil d'administration. CLII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Ce Rapport est ainsi conçu: MESSIEURS, Au nom du Conseil d'administration, nous avons l’honneur de vous présenter les comptes de l’année 1883. Cet exercice a donné des résultats satisfaisants. Notre institution a vu l'activité de son exploitation augmenter, et l'importance des recettes a permis d'exécuter des travaux dont la nécessité s'imposait. Vous trouverez ci-dessous les chiffres du bilan arrêté au 31 dé- cembre 1883. Bilan au 31 décembre 1883. ACTIF. Valeurs immobilisées. Créatton dut a LAN ee PET LE 1,024,110 50 Travaux neufs et appropriations diverses 1,685,487 25 exécutés depuis la création du Jardin.. 661,376 73 0] Le capital employé (1,685,487 fr. 23) fera retour à la Ville à la fin de la concession. Valeurs réalisables. ABIMAUXS gite SAM NE Mes AE 414,238 55 AD DrOVISIONNEMENTSE ER ETES EE LCR CC CE 187,817 20 | ee Cautionnemente sens vente eee elle 10,000 » 199,994 10 Mobilier NME AD a RARE RU 187,938 39 , Valeurs disponibles. Caisse ARE Etes HS Le siege MAN 3,105 25 Efletslagrecevoins ee Meet PE EE ESS pe D 95,476 65 DÉDIEUrSAIVEES eee cer tre 91,571 40 POTADALENTEERRATRTSS 2,980,957 95 PASSIF. Capital immobilise. Sommes employées en immobilisation (VOy-LCÉCONtre) ASS ERERSSES Sréeonr 689,487, 23 Engagements sociaux. Capital-Actions (2000 actions à 500 fr. 1,000,000 » 1,653,487 23 SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. CLIIT Engagements envers les tiers (à terme). Dette consolidée : 801 obligations à 470 fr. (Solde des 1060 obligs émises sur l'emprunt autoriséde 1200.) ... 376,410 » (Exigibles.) Service de l’emprunt: obligations sor- ties aux tirages et intérêts des cou- DONS As es UNS 95,862 50 Créanciers divers....... 411,310 15 467,172 65 843,642 65 Réserve. 5 ‘°/, du bénéfice de l’exploitation en 1883 (108,155 85).. 5,406 80 EXCÉDENTIDES RECETDES Chem snie etes cialis sleereeicennlele lee 46,421 30 MOTAL ER IN AARE CREME 2,580,957 98 Passif. Nous trouvons au passif du bilan ci-dessus : 1° Le capital immobilisé en travaux neufs depuis la création du Jardin d’acclimatation, 685487 fr. 23, dont nous vous entretiendrons de nouveau en nous occupant de l’actif ; 2° Le capital fourni initialement par les actionnaires, soit un million de francs ; 3° Ce qui reste dû sur l’emprunt émis en 1876, déduction faite des obligations amorties jusqu'au tirage du 15 décembre dernier (1883), soit 376470 francs. Au premier janvier 1884 deux cent cinquante-neuf obligations avaient été extraites de la roue et successivement rem- boursées ; 4° Dans le passif que nous soumettons à votre examen les engage- ments exigibles comptent pour 467172 fr. 65, c’est-à-dire que l’im- portance de notre dette s’est notablement accrue. En examinant l'actif, vous constaterez des augmentations actives qui compensent et au delà les sommes dont nous sommes aujourd’hui débi- teurs. De ces explications il résulte que l’ensemble des engagements con- tractés envers les tiers par la Société s’élève à 843642 fr. 65. Actif. L’actif porté au bilan qui vous est soumis comprend : 1° Les valeurs immobilisées. La création du Jardin a coûté 1024110 fr. 50. 4° SÉRIE, T. |. — Séance publique annuelle. k CLIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Les appropriation diverses, les travaux neufs, exécutés depuis l’ori- gine de la Société, ont employé une somme de 661 376 fr. 73, c’est- à-dire que la création et les développements ultérieurs de l’établisse- ment que vous avez fondé sur la concession municipale ont occasionné, à la date du 31 décembre 1883, une dépense totale de 1685 487 fr. 23. Ce capital inmobilisé figure à votre actif pour représenter le capital initial qui nous a été fourni par les actionnaires, et aussi pour expliquer l'emploi des bénéfices réalisés (1) successivement par l'exploitation. Mais nous ne devons pas oublier que nous avons seulement la jouis- sance (pour un long temps, il est vrai) de l'établissement créé, puis qu'en 1938 il fera retour à la Ville avec tous les aménagements divers qu'il contiendra. Pour expliquer clairement cette situation, nous avons fait figurer au passif, dont nous vous entretenions tout à l'heure, un chiffre exactement égal aux sommes employées en immobilisations et qui sont inscrites à Pactif. Dans le courant de l’exercice 1883 le compte des travaux neufs s’est (1) Résultats annuels de lexploitation du Jardin zoologique d’acclimatation de 1860 à 1883. Insuffisance Excédent des Recettes. des Recettes. ISEUMÉAMOIS) PEER ELTE 4,982 40 SOA MARNE. RATE. RAR! 39,341" 54 TOO DAME PEER E A RERT ETES 90,186 17 RERO ROSE EN 24e 18,461 52 SOA re le 02,967 8S SO DE nr AN ele 15,053 05 » h AOC MARÉES. MMS nn el 25,217. 265 LS OR a ne ER 45,243 70 1868740 HE RSS. SE. 40,145 64 » » AGO ES. Mr. mere RSR. 2 19,608 à SD SR ER ee 51,799 85 » » Lo het td us ÉnOti 41,551 16 » » TEA ARS PA UE NE 22,356 » NOTE) Po OS ne MER DO TOR 31,250 05 LOS ANR en nn celte ete OL 10,382 40 DST SE AN. COR NE. 97 ,151741 60 » » LOTO SM ENMARNEER A REErARTE 17,004 75 DORA RES ET 83,852 05 1STS AMENER, RUN, A 96,049 90 STE ee PLUS: : 91,734 SS ) » SSP Ne er nue 46,829 80 » » SO LA SN IA ES ALERTER 102,746 20 See rot aldiasame: 146,295 65 LB MCE RQ s de my pee 108,135 85 TOTAL URL ITR 314,871 98 1,010,011 71 Le total des insuffisances de recettes, les années 1870 et 1871 (guerre franco- allemande et Commune) comprises, est de 314,871 fr. 98. Le total des excédents de recettes réalisés, de 1 010 O11 fr. 71. Depuis son commencement jusqu'au 1* janvier 1884, l'exploitation a donc produit 695 139 fr. 73 de plus qu'elle n’a coûté. SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. CLN augmenté sérieusement. Divers travaux de peu d'importance, puis l’achèvement des parquets de commerce, l'amortissement de la con- struction du manège et surtout l'édification des nouveaux bureaux ont occasionné une dépense qui s'élève à 61936 fr. 40. Cette somme est venue s’ajouter au chiffre des valeurs immobilisées figurant dans actif. Parmi ces utiles dépenses, il en est une qui était absolument indis- pensable, nous voulons parler de la construction des nouveaux bureaux. Ceux d’entre vous, Messieurs, qui viennent assidüment au Jardin z00- logique d'acclimatation savent combien nos anciens locaux étaient exigus; la place y manquait aussi bien pour le personnel que pour le publie, toujours plus nombreux, qui fréquente nos bureaux. Nous avons pu édifier le bâtiment nouveau à des conditions inespé- rées, grâce au zèle pratique de M. Deniau, un entrepreneur méritant que nous vous demandons la permission de nommer ici. Nos installations sont simples, modestes, mais elles donnent toute satisfaction, car nos divers services y fonctionnent avec convenance. Constructions nouvelles faites en 18835. Parquets de commerce, achèvement................. 8,693. » Amortissement du manège....., DE D 00 co oO D EME DS Va 9,519 30 Construction des nouveaux bureaux..............,.. 42,604 10 Divers ....:. SRE LOREUR A LENRARESRELERRETE AQU PES 1,160 » TOTALE 61,936 40 2% Les valeurs réalisables comptent pour 799 994 fr. 10 dans le bilan que nous vous présentons. Le tableau suivant vous fera connaître les éléments constituant ce chiffre important : 1379 1880 1881 1882 1883 A. Collection des animaux. 363,835 35 368,591 85 341,878 65 366,733 15 414,238 55 B. Plantes diverses dispo- NET Re erTeore 34,504 40 55,385 55 96,614 » 116.458 35 123,043 55 C. Mobilier et Outillage. 77,012 10 91,402 90 99,058 90 102,937 15 126,390 25 D. Approvisionnements di- vers, chauffage, nour- riture, librairie, ete. 32,923 45 41,841 75 40,870 40 50,093 05 57,194 95 E. Tramway extérieur, voie et malériel......... » » » » 65,062 80 69,922 10 65,421 95 F. Cuutionnement déposé dans les caisses de la ville de Paris....... 5,000 » 5,000 » 5,000 » 5,000 » 40,000 » G. Outillage et Materiel à Méta 919 25 1,408 90 1,518 » 5,601 » 3,105 55 ——_— 199,994 10 Il résulte des chiffres ci-dessus que la valeur de collection des ani- CLVI SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. maux a augmenté de 48 000 francs environ depuis le précédent inven- taire. Les besoins de notre commerce aussi bien que l’entretien des collections avaient nécessité des achats nombreux. Ils ont mis l’exercice 1884 en possession d’un stock important, qui, à ce jour, est déjà en partie réalisé. Le mobilier et l'outillage représentent une valeur de 126390 fr. 25 supérieure de 24000 francs environ au chifire du précédent inventaire. L'installation des nouveaux bureaux, diverses acquisitions nécessaires expliquent l'importance de cette augmentation d’actif. Il n’est pas inutile de faire remarquer ici que le mobilier et l'outil- lage sont chaque année sévèrement amortis, de telle sorte que le chiffre inscrit à l'inventaire se trouve de fait inférieur à la valeur du matériel existant. Nous devons, Messieurs, attirer votre attention sur le chiffre du cau- tionnement qui est double maintenant de ce qu’il était dans le passé. Lorsque l’Administration préfectorale, autorisée par le vote du Conseil municipal du 31 juillet 1882, accorda à notre Compagnie (arrêté du 2 décembre 1882) une prolongation de concession, on nous imposa de doubler le cautionnement versé. Aujourd’hui la Ville a donc reçu la somme de 10 000 francs dont elle paye régulièrement l'intérêt à 3 pour 100. 9° Les valeurs disponibles figurant à l'actif représentent 95476 fr.65. Elles sont en augmentation de plus de 20 000 francs sur le chiffre cor- respondant du précédent bilan. Vous voyez, Messieurs, par les chiffres que nous avons mis sous vos yeux, que si le passif a augmenté dans le cours de l’exercice 1883 d'une façon sensible, par contre, les valeurs actives réalisables ont pris une importance considérable. Nous trouvons dans ces valeurs actives, dans nos approvisionnements de toutes sortes, bien plus que la contre-parlie des comptes créditeurs. En somme, l’exercice 1883 améliore la situation de 108135 fr. 85. Le compte d'exploitation que nous vous soumettons plus loin vous mon- trera les éléments auxquels nous devons le résultat qui, sans être aussi important que celui de 1882, est encore satisfaisant. Obéissant à l’article 41 des statuts nous avons porté à la réserve (5 pour 100 de la somme de 108135 fr. 85.) 5406 fr. 80. Cette somme figure au bilan comme vous pouvez le remarquer. A la fin de 1882 le bilan présentait un excédent d’actif s’élevant à 9628 fr. 65. Aujourd’hui, il atteint 46421 fr. 30. Il n'est pas inutile de vous expliquer comment s'établit l'excédent d’actif porté sur le tableau ci-dessus : SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. CLVII Au 31 décembre 1882 le bilan présentait un excédent d’ac- He 2 0 is TN Re fr. 5628 65 Au 31 décembre 1883 l’excé- dent des recettes s'élève à. fr. 108135 S5 Nous avons à déduire de l’ex- cédent des recettes de l’an- née 1883: 1° Ja somme ortée à la réserve....... fr. 5406 80 2 Ja somme employée en constructions nouvelles.... fr. 61936 40 fr. 67343 20 fr. 67343 20 Reste : fr. 40742 65 fr. 40792 65 L’'excédent d’actif réel au 31 décembre 1883 est donc de fr. 416421 30 Compte d'exploitation de l’exereice 1883. Recettes. Subvention du Ministère de Agriculture ........... 9,000 » Participation sur cotisations des membres de la Société d’Acclimatation......... 5,930 » Entrées du Jardin ....... ° 260,244 80 Abonnements....,........ 7,150 » Promenades": 47,262 » Location des chaises ...... 14,667 20 Exposition permanente.... 5,927 15 Hoyerdutbutfet "ne." 23,415 20 Manene sc REC CEPE ECC CE 15,269 20 Dons d'animaux .......... 849 » Bénéfice du compt° animaux, mortalité déduite....... 38,910 65 Salles sie th t 4,459 » Ventes des œufs.......... 9,866 85 Bénéfice du compte graines EPIPIANLES. ete CERN ERERE 28,998 90 Pibrainer nee Mean 281 85 Prénfatelansses.hiicut 8,405 30 Succursale de Meulan..... 816 79 ÉLATAWANSe 2 RE DAE ee cie 57,039 55 HOTALEE ENPER 835,593 40; Dépenses. PErSONNE AMENER 166,471 60 NOMME RARE RNA 14,688 35 Nourriture des animaux... 174,192 95 AQUATIUMET I PR RRE 2,152 15 Entretien des bâtiments. .. 27,171 30 Entretien des clôtures..... 12,913 55 Entretien du Jardin....... 5,146 35 Abonnement des eaux..... 3,251 50 Chauffage et éclairage. ... 15,219 65 Mobilier industriel et outil- Poeme MEL: 29,043 10 Outils de jardinage ....... 3,011 15 CONCERÉS PES SSP a e 39,719 49 Frais de bureaux......... 4,998 85 Frais de correspondance... 6,524 20 PUDIICILÉ SEE. CET. conne 11,047 35 DOVErS pen SEA 4,931 35 ASSILANCES are nee 2,691 30 Impositions.............. 4,868 60 Timbre et impôt des ac- tions et obligations .. ... 2,173 80 Assemblée générale....... 196 70 Frais généraux. .......... 29,018 25 RIUGN ER ASS NRA ER RR 1,305 50 Ginehalars PAU AMAR 69,887 10 AITAUCANIENSN EE EP CINE 2,338 55 KaÏMONCKS ANUS ENNE 35,115 30 Peau ROSES Eee ere 37,3. 6 80 Intérêts des obligations... .. 20,787 50 ToTAL des dépenses de l'exercice 1883... ..... 127,457 55 EXCÉDENT des recettes de l'exercice ASS3 Re 108,135 85 839,593 40 CLVII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Dépenses. Le total des dépenses pour l’année 1883 s’est élevé à 727457 fr. 55. J'aurai à attirer votre attention surle chiffre atteint dans cet exercice par les frais généraux. Vous vous souvenez, Messieurs, que l’Assemblée générale extraordi- nare du 21 avril 1883 a décidé la transformation de la Société anonyme, autorisée par décret du 2 avril 1858, en une Société anonyme libre. Cette transformation nous était imposée, le Conseil d'État ne permet- tant pas les changements nécessaires à nos statuts. La Ville de Paris ayant prolongé notre concession de quarante années, nous étions dans l’obligation de modifier le pacte qui nous lie pour pou- voir profiter des avantages accordés. La transformation de la Société a entrainé des frais divers qui s'élèvent à 6156 fr. 25, que nous avons dù porter au compte des frais généraux. Les autres dépenses faites dans le cours de l’exercice 1883 sont res- iées normales; comme toujours le personnel et la nourriture des ani- maux conslituent les grosses charges du budget. Nous vous parlerons seulement des frais résultant pour l'exploitation des exhibitions ethnographiques faites en 1883. Quatre exhibitions se sont succédé. ÆEn juin arrivaient les habitants de Ceylan avec leurs dix éléphants dressés au travail. Eu août, les Kalmoucks des steppes de la Russie d'Asie sont venus camper avec leurs chameaux de charge, leurs chevaux et leurs bêtes à laine. Puis en octobre, une tribu de Peaux-Rouges, qui avait quitté quinze jours auparavant le territoire indien de l'État de Nebraska, dressait ses tentes sur l'emplacement précédemment occupé par les Kalmoucks nomades. Evfin, un hasard ayant amené (juillet) au Jardin deux familles d’Arau- cans, nous avons conservé ces hôtes pendant quelques jours. Nous ne pouvons entrer ici dans des développements étendus sur ces exhibitions qui ont présenté à nos visiteurs, des Asiatiques originaires des régions les plus opposées ; des indigènes des deux Amériques pris pour ainsi dire aux deux extrémités du Nouveau Monde. Qu'il nous suflise de dire que le public, aussi bien que le monde savant, ont assisté, avec le plus vif intérêt, aux scènes de la vie de ces peuples di- vers (1). (1) Pendant le séjour des différents groupes d'étrangers qui se sont succédé au Jardin zoologique d’acclimatation plusieurs commissions de membres de la Société d'Anthropologie se sont livrées aux études les plus approfondies sur les SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. CLIX Si ces quatre exhibitions ont été l’occasion de recettes importantes, elles ont causé par contre des dépenses très considérables, car elles atteignent ensemble : 145277 fr. 79. Néanmoins l'opération a été fructueuse, aussi bien au point de vue purement financier, qu’au point de vue scientifique. Recettes. En 1883, le Jardin zoologique d’acclimatation a été visité par 917501 visiteurs. Les recettes des entrées ont donné 560244 fr. 80. C’est l’un des chiffres les plus élevés que nous ayons obtenus à nos guichets depuis que l'établissement existe. Nous le devons, nous l’avons dit plus haut, aux exhibitions ethnographiques. Le bénéfice réalisé par le compte de graines et plantes mérite de vous être signalé, car cette année il atteint 28998 fr. 90 (1), dépassant de 5000 franes le chiffre déjà très satisfaisant du précédent exercice. L'insuffisance des locaux dont nous disposons ne nous permettra pas de donner à cette branche de notre exploitation tous les développements qu’elle comporte. La place nous manque pour pouvoir répondre à tous les besoins de la clientèle qui, connaissant la qualité de nos produits, grandit chaque année. Les recettes du tramway-miniature sont en progrès. Comme l’an der- nier, nous pouvons répéter aujourd'hui que si les frais de premier éta- blissement ont été onéreux, que si les frais d’exploitation sont chers, nous ne saurions cependant nous féliciter assez d’avoir pu donner à nos visiteurs cet inappréciable moyen de transport. En nous autorisant à construire ce chemin de fer, l'administration supérieure s’est acquis des titres sérieux à la reconnaissance de notre nombreux public. spécimens des races humaines présentes. La Commission pour les Cinghalais et les Araucans se composait de MM. Topinard, Manouvrier et Hervé. Les rapports rédigés au nom de cette commission par M. le D' Manouvrier ont été insérés à la page 713 et à la page 727 du Bulletin de la Société d'anthropologie, année 1883. Pour les Kalmoucks, la Commission se composait de MM. Topinard, Deniker et Goldstein. Le rapport rédigé par M. Deniker a été inséré page 704 du Bul- lelin de l’année 1883. La Commission pour les Peaux-Rouges se composait de MM. Manouvrier, Deniker et Hervé. Le rapport rédigé par M. Manouvrier n’a pas encore été lu à la Société d'anthropologie. (1) Le commerce des plantes à produit : EnMO SU ER $ 9,105 fr. 30c. Dino 16,408 60 ENS Se AETR Do DE TE) » EnMÉST AR ERTE 28,098 90 CLX SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. En résumé les recettes de toutes natures se sont élevées En SE RP EC DD a D DO 0 200 6 06 000 5 Pad 839,993 fr. 40 Les dépenses à........ Ado OOo T Abo cv nb o0o due 727,457 99 D'où il résulte que l'excédent des recettes est de..,,..... 108,135 85 Cet excédent de recettes a été employé de la façon suivante : 1° Travaux neufs (voy. détail plus haut)............ ... 61,936 fr. 40 2% Différence entre l’augmentation des valeurs réalisables et Les dettes exigibles (augmentation active)............ 46,199 45 TOTAL égal... Le. 108,135 fr. 85 Nous devons en terminant, Messieurs, vous demander l'approbation des comptes présentés, et le renouvellement du mandat des administra- teurs sortants. La parole est donnée à M. Gaston Buron, Commissaire des comptes, pour lire son Rapport sur les opérations de l'exercice 1883. Ce Rapport conclut à l’approhation des comptes présentés dans le Bapport lu par M. le Directeur du Jardin zoologique d’acclimatation au nom du Conseil d'administration. Après avoir consulté l’Assemblée, M. le Président met aux voix l’appro- bation des comptes. Ils sont approuvés à l’unanimité moins une voix, celle de M. Robillard. Il est ensuite procédé au renouvellement des membres du Conseil d'administration sortants : MM. Comte de CAMONDO, Ad. d'EICHTHAL, Baron GÉRARD, P. A. PICHOT. Ch. de SOUANCÉ, administrateurs sortants, sont réélus à l’unanimité, moins une voix, celle de M. Robillard. M. le Président, d'accord avec les membres du Conseil d’administra- tion, propose à l’Assemblée de renouveler pour une année le mandat de M. Gaston Buron, Commissaire des comptes. La réélection de M. Buron est prononcée à l'unanimité moins une voix, celle de M. Robillard. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures trente. Le Gérant: JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Päric BULLETIN MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 RECGONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 26 FÉVRIER 1855 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1) À ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L’'INCUBATION (Deuxième partie.) Par M. le D' Camille DARESTE J'ai lu, devant la Société, dans la séance du 19 janvier 1883, un mémoire contenant les premiers résultats de recherches expérimentales sur la détermination des conditions de l’évolu- tion normale de l’embryon du poulet (2). Dans cette première partie de mon travail, je m'étais attaché à faire connaître diverses influences qui peuvent agir sur les œufs pendant la période qui sépare la ponte de la mise en incubation. Ce sont : l’âge des œufs, les secousses imprimées aux œufs, le déve- (1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. (2) Etudes expérimentales sur l’incubation (Bulletin de la Soc. d'Acclim., 1883, 3° série, t. IX, p. 137). 4° SÉRIE, T. [. — Janvier 1884. 1 7 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. … loppement dans leur intérieur de végétations microscopiques. J'ai complété ces premières indications par une communica- tion orale dans la séance du 8 juin, en montrant que les se- cousses imprimées aux œufs ne sont pas toutes également nuisibles. Si l’on secoue les œufs placés dans une position verticale, le petit bout en haut, l’évolution est presque tou- jours modifiée. Elle l’est beaucoup plus rarement lorsque les œufs sont secoués dans une position verticale, le gros bout en haut, ou bien dans une position horizontale. Je me propose aujourd’hui de faire connaître les conditions physiques de l’incubation. La première de ces conditions est évidemment la chaleur. J'ai cherché depuis longtemps à déterminer exactement les températures dans lesquelles se produit l’évolution normale. Mais pendant longtemps j'ai été arrêté par l’imperfection de mes appareils, qui ne me permettait pas d'obtenir des tempé- ratures constantes. J'avais vu seulement qu’il ya, dans l'échelle thermométrique, un certain nombre de degrés qui donnent l’évolution normale, et qu’au-dessus et au-dessous il y à des degrés qui donnent une évolution anormale. Reprenant ces expériences avec des appareils à température constante, j'ai reconnu que l’évolution normale se produit de 35 à39 degrés; tandis que les températures de 40 à 44 degrés, de 54 à 28 de- orés, donnent des évolutions anormales. Dans ces conditions, l'embryon se développe, mais il devient monsirueux, et il périt à une époque d'autant plus rapprochée du commencement de l’évolution, que la température dans laquelle il se développait était plus éloignée des températures normales. Ces faits paraissent en contradiction avec les idées généra- lement admises. Quand on place un thermomètre sous l’abdo- men d’une poule couveuse, on voit cet instrument monter à 40, 1 etmême 42 degrés. Aussi considère-t-on ces degrés comme les degrés de l’incubation normale. Mais cette contra- diclion n'existe qu’en apparence. Dans ma couveuse, l’échauf- lement des œufs ne se fait pas comme dans l’incubation na- turelle. Ils sont placés dans un bain d’air également chaud partout, et s’échauffent, par conséquent, par tous les ÉTUDES SUR L'INCUBATION. 3 points de leur surface. Sous les poules couveuses, il en est tout autrement. L'œuf ne recoit l'influence de la chaleur que par une partie plus ou moins considérable de sa face su- périeure. [1 en est de même dans un certain nombre de cou- veuses artificielles; dans celles, par exemple, où l’œuf s’échauffe par son contact avec un sac de caoutchouc rempli d’eau chaude. Évidemment, dans ces conditions, là tempéra- ture de la surface de chauffe doit être un peu plus élevée que la température de l’air de mes étuves. Il faut ici dire un mot des variations considérables de {a température des appareils. La possibilité de ces accidents est d’ailleurs considérablement amoindrie par les progrès effec- tués dans la construction des couveuses. Elle est presque annulée dans les couveuses sans feu, qui ne peuvent s’échauffer ou se refroidir que par l’incurie des personnes qui les em- ploient, si elles versent trop d’eau chaude dans l'appareil ou si elles oublient de réchauffer l’eau en temps utile. Les ré- gulateurs de température, quels qu’ils soient, maintiennent également la constance de la température dans les appareils à gaz et l’empêchent de s'élever. Toutefois, le gaz peut s’éteindre par accident, et par conséquent l’étuve se refroi- dira plus ou moins. Or mes expériences m'ont appris depuis longtemps qu’un abaissement notable et même assez prolongé de la tempéra- ture de l’appareil n’est pas toujours nuisible à l'embryon. J’ai fait souvent, il y a cinq ans, l'expérience suivante. Des œufs mis en incubation depuis trois jours étaient retirés de la cou- veuse, puis abandonnés, dans mon laboratoire, à l’air libre, dont la température était alors de 8 à 10 degrés (février etmars 1878). Deux jours après, les œufs étaient replacés dans la couveuse. Dans plusieurs de ces œufs, l’évolution a recom- mencé, et, même dans l’un d’eux, elle s’est continuée jusqu’à l’époque de l’éclosion. Seulement l’éclosion eut lieu, comme on pouvait le prévoir, le vingt-troisième jour de l’incuba- tion, au lieu du vingt-et-unième. L'étude que j'ai faite des œufs pendant cette suspension de l’incubation m'a montré qu’il y a alors dans l’embryon une 4 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. véritable suspension de la vie. Les battements du cœur perdent progressivement leur force et leur fréquence, et finissent par s'arrêter complètement. La circulation s’arrête complètement et le sang reste immobile dans les vaisseaux périphériques de l’aire vasculaire. Il est curieux que cette suspension des phé- nomènes de la vie n’entraine pas toujours la mort de l’em- bryon, et que le poulet qui éclôt après avoir été soumis à un arrêt passager de l’évolution peut être aussi vigoureux que ceux qui n’ont pas subi une pareille épreuve. Le poulet dont j'avais ainsi suspendu temporairement la vie est devenu un très beau coq, qui vivait encore 1l y a deux ans et qui vil peut- être encore aujourd’hui, sans avoir éprouvé la moindre dimi- nution dans ses facultés génératrices. La chaleur est la condition essentielle, fondamentale, de l'incubation et par conséquent de l'évolution, puisqu'il n’y a d'évolution, normale ou anormale, que conséquemment à l’action de la chaleur sur le germe. Les autres conditions phy- siques de l’incubation n’agissent sur l'embryon qu’en le met- tant à l'abri d’influences nuisibles qui pèseraient sur lui. Elles ne déterminent pas l’évolution, mais elles empêchent la mort prématurée de l'embryon. Ces conditions sont : la ventilation, l’état hygrométrique de l’air, le nettoiement de la coquille. J'ai constaté depuis longtemps que les incubations réus- sissent d'autant mieux qu’elles s’opèrent dans de l'air plus fréquemment renouvelé. Mais ce n’est que tout récemment que j'ai reconnu la véritable cause de ce fait. Je pensais, en effet, que la nécessité de la ventilation devait se ratta- cher à la respiration de lembryon dans l’œuf; que l'air modifié par la respiration devait entraver l’évolution, soit par la diminution de l’oxygène, soit par la production de l’acide carbonique. Des expériences récentes m'ont prouvé que le principal effet de la ventilation n’est pas dans l’enlève- ment de l'air vicié. En effet, j'ai fait couver des œufs dans une couveuse dont J'avais fermé toutes les ouvertures, et qui est ainsi restée parfaitement close pendant les vingt et un jours de l’incubation. La capacité de la couveuse était environ de 12 litres ; le nombre des œufs était de 8. Cette expérience, ÉTUDES SUR L’INCUBATION. ) plusieurs fois répétée, m'a toujours donné les mêmes résul- tats. Plusieurs embryons sont arrivés jusqu’à l’éclosion, et parmi eux plusieurs sont éclos. Ils étaient parfaitement nor- maux et n'avaient, par conséquent, subi en aucune façon l’in- fluence de l’altération de l'air. Mais, à côté de ces œufs, il y en avait un certain nombre dans lesquels l’embryon ne s'était pas développé, ou bien avait péri à une certaine époque de l’incubation. La cause de la mort était bien évidente. Elle résultait tantôt de la putréfaction, tantôt du développement de végétations cryptogamiques dans l’albumine, et parfois aussi dans la chambre à air. J’ai souvent, depuis quelques années, entretenu la Société de ce développement de végétations dans l’intérieur des œufs. Il importe de bien établir aujourd’hui les résultats dé- finitifs de mes études à ce sujet; car, dans les communica- tions successives que J'ai faites à la Société, j'ai constamment modifié mes idées par suite des faits nouveaux que j'arrivais à constater. Or voici les conclusions générales de mes re- cherches : Il existe dans un très grand nombre d'œufs, avant la mise en incubation, des spores de moisissures ou des germes de microbes. Ces spores et ces germes, dans le plus grand nombre des cas, se rencontrent dans l’oviducte de la poule au moment de la formation de l’œuf. Ils sont incarcérés dans l’œuf par la formation de la coquille. Ces spores et ces germes sont très difficiles à reconnaître dans l’œuf étudié après la ponte; mais on peut très facilement démontrer leur existence par l'expérience suivante, que j’ai irès souvent répétée. Je prends un œuf, je nettoie la coquille en la frottant énergiquement avec une brosse enduite d’une solution d’acide salicylique : opération dont le but est d’en- lever ou de détruire tous les germes adhérant à la coquille. J'introduis l’œuf ainsi préparé dans un flacon de 1/2 litre de capacité, préalablement chauffé à 150 ou 160 degrés, aussitôt que la température de l’étuve s’est abaissée à 100 ou 90 de- grés. Cette opération a pour but de détruire les germes adhé- rant aux parois du flacon ou existant dans l'air. Le flacon est 6 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ensuite fermé hermétiquement par un bouchon en caoutchouc, préalablement lavé dans une solution d’acide salicylique. Le flacon ainsi préparé et contenant l’œuf est placé dans une étuve à Ja température de l’incubation. Au bout de quelques jours, la surface de la coquille de la plupart des œufs se couvre d’une végétation cryptogamique plus ou moins abondante. Quand on ouvre le flacon et qu’on casse la coquille de l’œuf, on ren- contre dans l’albumine, et particulièrement contre la mem- brane coquillère, des amas de mycéliums qui se développent en plus ou moins grande abondance. Puis ces mycéliums pénètrent dans la chambre à air ou dans des chambres à air adventives qui se produisent en d’autres points de l’œuf, et alors ils émettent des rameaux sporifères. Tous ces faits peuvent se rencontrer dans l’intérieur d’œufs dont la coquille ne présente extérieurement aucune trace de végétation. Il y a, par conséquent, lieu de considérer les végétations extérieures comme produites par la végétation intérieure. Dans d’autres cas, que j'ai rencontrés beaucoup plus rarement, l’œuf est pourri. Or nous savons par les expériences de M. Pasteur sur la putréfaction en général, et par celles de M. Gayon sur la putréfaction des œufs en particulier, que les altérations putrides de l’albumine et de la substance du jaune sont pro- duites par des microbes (vibrions et bactéries). Les précautions que j'ai prises pour tuer tous les germes adhérant à la coquille de l’œuf, au flacon qui le contient, au bouchon et à l'air lui-même dans lequel l’œuf est baigné, me pa- raissent suffisantes pour écarter toute idée de pénétration d’or- sanismes provenant de l'extérieur et s’insinuant au travers de la coquille. Mais l'existence de germes inclus dans la coquille est mise parfaitement en évidence par ce fait que les œufs, mis en incubation dans ces vases de très petite capacité, ne sont pas tous le siège de ce curieux phénomène. Il y en a toujours quelques-uns dans lesquels on ne voit le développe- ment d'aucune moisissure ou d’aucun microbe. Il y a, par conséquent, dès l’époque de la ponte, des œufs sains et des œufs infectés. Dans mes expériences sur cette question, le nombre des ÉTUDES SUR L'INCUBATION. 7 œufs infectés à été très considérable. Je l’évalue à peu près aux trois quarts de ceux que j’ai soumis à étude. Cette grande fréquence des œufs infectés est un fait bien étrange, et, par conséquent, l’un des résultats les plus curieux et les plus inattendus de mon travail. J'ai cherché depuis deux ans s’il ne serait pas possible de rattacher cette infection des œufs à des conditions détermi- nées (1). Y a-t-il des localités infectées et d’autres non infec- tées? L’infection des œufs se produit-elle en tout temps ou seulement dans certaines saisons? Mes études ne m'ont point permis de reconnaître une re- lation quelconque entre l'infection des œufs et certaines con- ditions de temps et de lieux. D’ailleurs la nature de l'infection est elle-même très variable. Elle peut être produite par un assez grand nombre d’espèces différentes de moisissures. Je dois dire toutefois que, depuis que je m'occupe de cette ques- tion, l'infection était le plus ordinairement produite par une espèce d’Aspergillus, que M. Van Tieghem, si compétent en pareille matière, considère comme pouvant bien être nou- velle. Évidemment l’albumine de l’œuf forme un milieu de culture des plus favorables pour cette plante. Mais il n’est pas impossible que d’autres espèces de moisissures puissent, suivant les localités ou Les saisons, se produire en aussi grande abondance que celle que je viens de signaler. L'évolution des œufs infectés se produit-elle de la même manière que celle des œufs sains? Il est évident que cette question se présente tout de suite à l'esprit. Mes observations me permettent d'y répondre (2). Quand l’air se renouvelle dans (1) J'aurais éprouvé de très grandes difficultés dans l’exécution de ces re- cherches, si je n'avais été généreusement aidé par le concours d’un certain nombre de personnes qui m'ont envoyé des œufs de divers points de la France. Je dois citer ici: MM. Rouyer, Santerre, Passy fils, le D' Capitan ; et, parmi les membres de la Société, mes collègues: A. Geoffroy Saint-Hilaire, marquis de Sinéty, vicomte d’Esterno et Jules Gautier. Je. saisis cette occasion de les re- mercier cordialement. (2) 11 peut arriver cependant que les germes d’infection se soient développés dans l'œuf avant l'incubation. J'ai rencontré, très rarement il est vrai, des my- céllums dans l'albumine d'œufs qui n'avaient pas été couvés. Il en est de mème des microbes de la putréfaction. Leur présence donne à l’albumine une teinte verdâtre. Ces faits doivent sc produire assez fréquement si les œufs 8 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. les étuves, les germes d’infection ne se développent point. Fait capital que mes expériences ont mis en pleine lumière. Ces germes ne se développent que dans l’air non renouvelé. Et alors leur développement fait tôt ou tard périr l’embrvon à une époque quelconque de l’incubation. Le rôle essentiel de la ventilation dans l’incubation artificielle consiste donc à empêcher le développement de tous les germes d'infection. Pourquoi les germes se développent-ils dans l’air confiné? Je ne puis actuellement répondre à cette queslion d’une ma- nière absolument péremptoire; mais j'ai tout lieu de croire que cela tient à la saturation de l'air. En effet, l’évaporation de l’œuf, ou ce que Réaumur appe- lait la franspiration insensible, charge l’air confiné d’une quantité toujours croissante de vapeur d’eau. J'ai vu d’ailleurs, dans mes expériences sur des œufs isolés dans des flacons de demi-litre, que cette saturation de l’air se produit très rapi- dement. Or c’est alors que j'ai vu les moisissures percer la coquille ou venir fructifier à sa surface. Tel est donc, d’après mes expériences, le rèle principal de la ventilation. Toutefois je ne prétends pas qu’elle ne serve point aussi à purifier l’air. Il est très possible que des œufs sains, placés en plus grand nombre dans ma couveuse de onze litres, ou isolément dans des flacons de demi-litre, soient atteints dans leur évolution par la viciation de l'air. Je n’ai pas encore fait d'expériences à ce sujet. J’ai cherché également à déterminer l'influence que l’état hygrométrique de l’air pourrait exercer sur l’évolution de l'embryon. J’ai fait à ce sujet de nombreuses expériences, en plaçant daus mes étuves des cuvettes pleines d’eau, ou bien de substances desséchantes, comme la pierre ponce imbibée d’acide sulfurique et le chlorure de calcium; j'ai pu également, gràce à mon ami M. le baron Thénard, qui a nus généreuse- ment son laboratoire à ma disposition, faire couver des œufs dans des courants d’air saturé d’eau,ou desséché par lechlorure de calcium et la pierre ponce imbibée d’acide sulfurique. Dans que l’on conserve pour les mettre en incubation un certain temps après la ponte. sont conservés dans de l’air humide. ÉTUDES SUR L’INCUBATION. 9 ces conditions, j'ai pu obtenir de l'air complètement saturé ; au contraire, je n’ai pu dessécher l’air que jusqu’à une fraction de saturation que j'estime approximativement à 20 pour 100, parce que l’évaporation des œufs introduit constamment dans l’air une certaine quantité d'humidité. Or toutes ces expé- riences m'ont prouvé que l’état hygrométrique de l'air n’exerce en réalité aucune influence sur l’évolution de l'embryon, à moins qu’il n'arrive à la saturation ou du moins qu'il ne s’en rapproche considérablement. Dans ce dernier cas, j'ai observé des faits très remarqua- bles. Pour obtenir facilement la saturation de Pair, j'avais fermé toutes les ouvertures de la couveuse, comme dans mes expériences sur l’air confiné. J'avais, de plus, placé au fond de ma couveuse un vase plein d’eau, et dont l’eau se renou- velait incessamment au fur et à mesure de son évaporalion. Dans ces conditions, l'embryon s'est développé; mais il a toujours péri pendant l’incubation ou au moment même de l’éclosion. Ici la cause de la mort était double. Les œufs in- fectés ont péri par suite du développement des moisissures. Les œufs sains ont péri par une autre cause. L’albumine, au lieu de diminuer progressivement en augmentant de consis- lance, comme cela se produit dans l’incubation ordinaire, s'était complètement liquéfiée en absorbant l'humidité atmo- sphérique. Et cette liquéfaction de l’albumine se manifestail par un fait curieux. Sur la plupart des œufs, l’albumine liquéfiée avait suinté au travers de la coquille, et s'était en- suite desséchée à la surface. Dans deux de ces œufs, les Pou- lets avaient atteint l’époque de l’éclosion et commencé à briser la coquille. Mais l’albumine avait suinté par cette ouver- ture, qu’elle avait fermée en se solidifiant. Le bec des Poulets s'était trouvé emprisonné dans cette masse d’albumine soli- difiée et les Poulets avaient péri par asphyxie. | Je ne parlerai que pour mémoire du nettoiement de la coquille. Elle est souvent salie et rendue partiellement imper- méable à l'air par des couches plus ou moins étendues de sang ou de fumier solidifié. Des expériences déjà anciennes m'ont appris que la destruction partielle de la porosité de la 10 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. coquille par des applications d'huile produit des anomalies qui font plus ou moins rapidement périr l’embryon. Le lavage et le brossage des œufs ont donc pour résultat de rétablir complètement la porosité de la coquille, et, par suite, de per- mettre l’évolution normale. J'ai déjà montré plus haut qu’ils ont aussi pour effet d'enlever tous les germes qui pouvaient être adhérents à la coquille et qui pourraient peut-être péné- trer dans son intérieur pour y continuer leur végétation. Une croyance très générale, et qui date de l’antiquité, attribue à l’électricité atmosphérique, et particulièrement au tonnerre, une influence très nuisible sur l’embryon pendant l’incubation. Un grand nombre d’embryons périraient pour cette cause. Ce sont des faits que, pour ma part, je n'ai ja- mais observés. Dureste, les parois en cuivre de mes couveuses, ainsi que les paniers en fil de fer qui contiennent les œufs, empêchent toute accumulation d’électricité dans mes appa- reils, comme cela m’a été affirmé par un habile physicien, M. d’Almeida. En est-il de même dans l’incubation naturelle ou dans les appareils d’incubation qui n’ont pas de parois métalliques? Évidemment, je ne puis rien affirmer sur ce sujet. Tout ce que je puis dire, c’est que l'emploi d'appareils à parois métalliques préserve complètement les œufs de sem- blables dangers, si ces dangers existent réellement. En terminant, je dois rappeler ce que je disais en com- mençant, que la détermination des conditions de l’évolution normale est un problème qui contient un nombre indéterminé d’inconnues. Je n’ai certes pas la prétention de les faire con- naître toutes, et, par conséquent, de faire disparaître com- plètement les insuccès, malheureusement trop nombreux, qui se produisent dans l'incubation naturelle ou artificielle. Mais j'ai la conviction qu’en tenant compte de tous les faits que j'ai constatés on arrivera à restreindre, dans une pro- portion considérable, le nombre des embryons qui périssent pendant leur évolution. Il me reste maintenant une dernière question à étudier, celle de l’éclosion. Comme je l’ai dit déjà, si j'ai pu conduire mes embryons d’une manière à peu près certaine Jusqu'au ÉTUDES SUR L'INCUBATION. 41 moment de l’éclosion, j'en ai vu mourir un très grand nombre, soit un jour avant l’éclosion, soit pendant l’accomplissement de cet acte physiologique. Je n’ai pu jusqu’à présent étudier expérimentalement les conditions qui, dans mes appareils, empêchent trop souvent les Poulets de venir au monde. Dans certains cas, rares il est vrai, l'obstacle à l’éclosion consiste dans une position vicieuse de l'embryon. La tête est placée au petit bout de l'œuf, et le Poulet, qui n’a pas respiré avant l’éclosion, ne peut que très difficilement percer lui- même sa coquille. Il ne peut donc éclore que d’une manière artificielle. J'ai reconnu également qu’une cause très fré- quente d’insuccès consiste en ce que le Poulet se colle plus ou moins complètement à la membrane coquillière, ou bien que certaines de ses parties se collent entre elles. Dans cet état, le Poulet ne peut faire les mouvements nécessaires pour briser la coquille. Il faut alors le laver avec de l’eau tiède pour dé- truire ces adhérences qui forment obstacle à l’éclosion. Je suppose que cet inconvénient pourrait être évité si l’on avait soin de rendre très humide l’air de la couveuse pendant les derniers jours de l’incubation. Jai l'intention d'étudier prochainement les conditions de l’éclosion, et je pourrai alors vérifier l’exactitude de mes con- jectures sur ce sujet. Note sur l’inutilité du retournement quotidien des œufs dans l’incubation artificrelle. Dans les deux communications que j'ai faites à la Société aux mois de janvier et de décembre de l’année dernière, rela- tivement aux conditions de l’évolution normale de léclosion du Poulet, je n’ai point parlé d’une pratique recommandée dans la plupart des ouvrages qui traitent de l’incubation arti- ficielle, celle du retournement quotidien des œufs. La Poule qui couve retourne ses œufs tous les jours. Ce fait, déjà signalé dès l'antiquité, avait conduit les Égyptiens à re- tourner les œufs dans leurs fours à incubation. On a tout ré- 49 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. cemment imaginé des procédés mécaniques pour opérer ce retournement dans les appareils d’incubation artificielle. On m'a demandé souvent pourquoi je n'avais pas parlé du retournement des œufs. Un très habile physiologiste de notre époque, M. Hermann Fol, dans un mémoire récemment publié sur la tératogénie, admet que l’immobilité absolue des œufs pendant l’incubation est une cause très fréquente de mons- truosités ; il suppose que c’est ainsi que j'ai obtenu un grand nombre des faits tératologiques que J'ai décrits dans mes mé- moires. Voici ma réponse. Je n’ai pas pas employé cette pratique du retournement des œufs; je ne l’ai pas employée parce qu’elle est inutile. Dans les nombreuses expériences que J'ai faites, j'ai conduit souvent l’incubation jusqu’à bon terme, c’est-à-dire jusqu’au vingt-et-unième jour. J’ai vu souvent des Poulets éclore. Et cependant les œufs étaient restés parfaite- ment immobiles. Ce n’est que très exceptionnellement que, dans mes recherches, j'ai changé la position des œufs, et seu- lement lorsque je voulais constater par le mirage l’état de vie ou de mort de l'embryon. J’ai cru toutefois, pour répondre à M. Hermann Fol, devoir faire une expérience directe. J’ai mis six œufs en incubation dans les conditions de l’évolution normale. Je les ai ouverts au bout de sept jours. Deux étaient inféconds. Les quatre autres m'ont présenté des embryons parfaitement normaux. Maintenant 1l faut ajouter que cette expérience a été faite dans une étuve, où les œufs s’échauffaient également par tous les points de leur surface. Aurais-je obtenu un pareil résultat sous la Poule couveuse ou dans une couveuse sans feu, là où les œufs ne s’échauffent que par une partie de leur surface? Évidemment l'expérience seule peut répondre à cette ques- tion. Mais, en me guidant par des considérations théori- ques, je crois pouvoir supposer que l’immobilité absolue des œufs doit, dans ce cas, donner les mêmes résultats que dans l'étuve. En effet, dans quelque position que l’on place un œuf, le jaune, qui est plus léger que le blanc, vient toujours se placer ÉTUDES SUR L’INCUBATION. 13 au point culminant; et le germe, puis l’embryon qui se dé- veloppe dans le germe, viennent toujours se placer au point culminant du jaune. Le retournement de l’œuf n’a donc au- cune influence sur la situation absolue des substances qu'il contient. Sous la Poule comme dans la couveuse sans feu, le serme et l’embryon, dans l’œuf retourné comme dans l'œuf non retourné, sont toujours placés à la partie culminante, c’est-à-dire dans le voisinage immédiat de la source de cha- leur. Quelle est donc l'utilité du retournement des œufs par la Poule? On ne peut s’en rendre compte qu’en admettant que la Poule qui couve échauffe inégalement les œufs sur lesquels elle repose; que les œufs du centre s’échauffent plus que ceux de la circonférence. La Poule, en changeant les œufs de place, établit peu à peu entre tous un échauffement égal. LES POISSONS MIGRATEURS ET LES ÉCHELLES À SAUMONS (1) Par M. €, RAVERET-WATTEL Secrétaire des séances. NOTE PRÉLIMINAIRE Le présent travail à trait principalement aux moyens de faciliter la remonte du poisson dans les rivières, et de four- nir aux espèces migratrices la possibilité de franchir les obs- tacles qu’elles peuvent rencontrer sur leur route, en se dirigeant vers l’amont. La question de la descente n’est certainement pas sans importance; mais les difficultés et les dangers qui attendent le poisson, dans son voyage vers l'Océan, sont, en général, beaucoup plus facilement surmon- tables qu’à la remonte. En fait, que le poisson soit jeune ou adulte, dans la plupart des cas, aucun aide ne lui est néces- saire pour descendre. Quand une nappe d’eau suffisante se déverse par-dessus les barrages, les poissons y passent très volontiers et très aisément, sans que la hauteur de la chute leur soit nuisible. C’est seulement lorsque la configuration des lieux ou le manque d’eau peuvent les obliger à s’engager (1) La plupart des renseignements consignés dans la présente étude ont été recueillis au cours des diverses missions relatives à la pisciculture que la Société nationale d’Acclimatation m'a fait l’honneur de me confier. Mais à ces infor- mations, prises sur place, j'ai joint de précieux éléments empruntés à plu- sieurs travaux publiés à l'étranger sur le même sujet. Parmi ces travaux je dois citer spécialement : Reports on Salmon-ladders, par M. Francis Francis, Lon- dres, 4870, — Ueber die Anlequng von Fishwegen mit besonderer Rücksicht auf Lachse, par M. Fastenau, Berlin, 1872. — On Fish-ways (United States Commission of Fish and Fisheries, IN, Report for 4872 and 1873), par M. Charles G. Atkins. — Bericht des Ingenieurs Brüssow zu Schwerin, betrefjend ein Reise nach England Zwecks Besichtigung von Fischwegen (Circulare des deut- schen Fischerei-Vereins, 1882, N° 1). — J’ai également trouvé dans les Annuals Reports of the Inspectors of Salmon Fisheries of England and Wales, des renseignements très utiles; passim, et particulièrement 1873 et 1875. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 12 au milieu de rochers dangereux ou sous la roue d’un moulin, qu’il y a lieu de prendre certaines précautions dont je par- lerai plus loin. HABITUDES DES POISSONS MIGRATEURS Avant d'étudier les différents systèmes d’échelles ou pas- sages pour le poisson, il convient de jeter un coup d’œil sur les mœurs, les habitudes, les allures spéciales des espèces migratrices pour lesquelles ces passages sont ménagés, afin de tenir compte, autant que possible, des besoins du poisson dans le choix des dispositifs à adopter. Le Saumon et la Truite de mer, l’Alose et la Lamproie sont à peu près, — en Europe du moins, — les seules espèces anadromes (1) dont on cherche à seconder les instincts mi- grateurs par l'établissement d’échelles. Ces poisssons remon- tent les fleuves pour gagner les régions dans lesquelles a lieu le frai. Le Saumon, qui fait son apparition bien avant l’époque de la ponte, se rend promptement dans la partie supérieure des cours d’eau, où se trouvent ses frayères habituelles. Là, il se tient dans les endroits tranquilles, dans les trous profonds, attendant l’automne, époque du frai. La Truite de mer a des habitudes analogues. L’Alose se montre en même temps que les crues du prin- temps et fraye, peu après son arrivée, dans les endroits qui ne présentent qu’un faible courant. Enfin la Lamproie, elle aussi, remonte, au printemps, en eau douce, où s’effectuent la ponte et la naissance des larves ou ammocètes (2). Il est probabie, comme M. Aug. Müller le {4) A l’époque de la reproduction, certains poissons abandonnent la mer pour remonter les fleuves, ou quittent les fleuves pour descendre à la mer. Les pre- miers sont dits aradromes (ava, en arrière; dpsues, course), c’est-à-dire pois- sons qui nagent contre le courant pour remonter vers la source ; les autres sont dits cotadromes (4274, en bas), qui nagent dans le sens du courant pour des- cendre vers l'embouchure des fleuves et de là dans les mers. (2) On sait que les Lamproies, fort recherchées comme aliment, sont les plus imparfaits de tous les poissons. Comme les batraciens, elles subissent des méta- morphoses et naissent sous une forme qui n’est pas celle qu'elles doivent 10 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. fait observer, que les larves se développent dans les rivières, —- puisque la Lamproie y fraye, — qu’elles y achèvent leurs métamorphoses et qu’elles descendent ensuite à la mer (1). Un fait, qui pour être aujourd’hui bien connu, n’en est pas moins curieux, c’est que les poissons migrateurs retournent toujours, pour se reproduire, dans les eaux où ils ont pris naissance. De telle sorte que chaque fleuve, chaque rivière a sa population propre, population qui va se nourrir et grandir à la mer, d’où, chaque année, de nombreuses phalanges reviennent en eau douce vers les lieux d’origine, pour assurer la perpétuation de l’espèce. Évidemment, l'instinct qui guide ces poissons vers leurs eaux natales n’est pas absolument infaillible. Toutefois, bien peu d'individus se trompent de route : si un barrage ou tout autre obstacle vient à être établi et à couper la route qu'ils suivaient d'habitude, on les voit s’efforcer de franchir cet obstacle plutôt que d’entrer dans un autre bras de la rivière, dans un affluent quelconque, qui leur offrirait cependant d'aussi bonnes frayères (2). L’attitude, les allures du Saumon et de l’Alose devant les obstacles qui leur barrent la route, participent un peu des habitudes que montrent les deux espèces dans leurs migra- tions. Le Saumon, qui remonte plus loin et dans de plus petits cours d’eau que ne le fait l’Alose, entre plus volontiers conserver. C’est à M. Aug. Müller que sont dues les observations très précises qui ont amené à ces conclusions (voy. Annales des sciences naturelles (Zoolo- gie), 4° série, 1856, t. V, p. 375). (1) Cette opinion n'est pas toutefois partagée par certains auteurs allemands (v. Benecke, Fische, Fischerei und Fischzucht in Ost- und Westpreussen ; Kô- nigsberg, 1881, p. 194). (2) Ce fait avait amené à supposer que, pour frayer, les Saumons ne remontent jamais plus haut en rivière que l'endroit où ils ont pris naissance, et que, par suite, il n’y avait aucune utilité, au point de vue de l’empoissonnement des eaux d’amont, à la suppression d'obstacles ayant toujours été infranchissables pour le poisson. L'observation a prouvé que cette opinion était mal fondée. En Ecosse, en Irlande, en Norvège, etc., l'installation d’échelles sur des cascades jusqu’a- lors infranchissables a suffi pour amener le peuplement des eaux d’amont, dans lesquelles les Saumons se sont empressés de remonter en profitant du passage qui leur était ménagé. Il est certain, toutefois, que les Saumons auxquels on ouvre ainsi un chemin artificiel ont moins de propension à s’y engager lors- qu'ils ne sont pas nés en amont des barrages. De là l'utilité de semailles dans les parties supérieures des cours d’eau. LES ÉCHELLES A SAUMONS. 17 que celle-ci dans les passages artificiels qu'on lui ménage. Doué d’une force, d’une vigueur remarquables, le Saumon franchit sans difficulté des chutes que l’Alose n’essayerait même pas d'aborder. Les contractions musculaires de la queue, principal agent de la locomotion, sont tellement puis- santes, que le Saumon s’élance jusqu’à 3 et 4 mètres hors de l’eau (1). Je reviendrai plus loin sur ce point important. LE SAUMON, qui, pour frayer, a besoin d’eaux vives, lim- pides, courant sur un fond de gros gravier non mobile, a na- turellement beaucoup plus de chances de trouver ces condi- tions réunies dans les ruisseaux que dans les rivières. Aussi, dans les fleuves où il s'engage, le voit-on d'ordinaire remonter à des distances considérables de la mer, cherchant les petits affluents qui lui offrent un milieu favorable pour déposer ses œufs. Dans la Seine, où il en entre encore chaque année plus qu’on ne pourrait le supposer (2), les Saumons, d’a- près M. Belgrand (3), passent, sans y entrer, devant l’em- bouchure de la Marne et celle du Loing. Fort peu s'engagent dans l'Oise, puis dans l’Aisne ; la plupart quittent la Seine à Montereau pour s’engager dans l'Yonne, rivière qu’ils aban- donnent à son tour pour pénétrer dans la Cure et arriver ainsi, par le plus court chemin, dans les ruisseaux du granit, dans lesquels ils alevinent. Semblable fait se produit pour les autres fleuves dans les- quels remonte le Saumon. Dans la Loire, l'Allier, le Lot, ce (1) A la grande saumonerie de Bucksport (Etat du Maine), où les Saumons- reproducteurs étaient autrefois parqués dans un étang au moyen de barrières verticales en filet, on voyait souvent ces poissons s’élancer hors de l’eau à plus de 2 mètres de hauteur et franchir ainsi les barrières, qui dépassaient de 2 mètres environ la surface de l’eau. (2) D’après les renseignements donnés par la Statistique des pêches que publie chaque année le Ministère de la Marine, le produit de la pêche du Sau- mon dans la Basse-Seine (quartier de Rouen) varie généralement entre 42 000 et 15 000 francs. On manque complètement de données précises sur la quantité de Saumons pêchés dans le reste du fleuve et ses affluents ; aucun document officiel ne fournit de renseignements à cet égard; mais, d’après les informations que j'ai pu recueillir moi-même, principalement en ce qui concerne le départe- ment de l'Yonne, il est certain que cette quantité est encore assez considérable. (3) Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, 30 mars 1874, p. 878. 4° SÉRIE, T. I. — Janvier 1884. 2 A 18 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. poisson parcourt chaque année des distances considérables, cherchant pour frayer les petits affluents qui peuvent lui offrir des eaux limpides. Guidé par un instinct infaillible, jamais il ne s'engage dans les ruisseaux qui, par la nature des ter- rains qu’ils traversent, peuvent subitement se troubler lors- que les eaux grossissent (1). C’est également ce qui a lieu et d’une façon très remar- quable pour les affluents de la Garonne et de l’Adour. Le Saumon s'engage régulièrement, chaque année, dans la Nive et les divers gaves qui descendent des terrains de transition des Pyrénées, tandis qu’on n’en voit jamais dans les affluents provenant des terrains tertiaires du plateau des Landes, dont les eaux ne présentent n1 la limpidité ni surtout la fraicheur nécessaires. Certaines conditions de température sont, en effet, indispensables à l'existence du Saumon et contribuent à limiter l'habitat de cette espèce (2). Un détail intéressant à noter, c’est que le Saumon ne parait pas aimer à passer subitement de l’eau salée à l’eau douce; cette transition immédiate semble lui déplaire. Ce qu’il y a de certain, c’est que les rivières qui se jettent brusquement dans la mer sont toujours moins fréquentées par les Saumons que celles où la marée remonte fort loin, et où la limite de la salure des eaux s’avance, dans lintérieur de terres, à 10, 15, 20 kilomètres et plus de embouchure. D’après les ob- (1) M. le vicomte de Beaumont, qui s’est particulièrement oceupé de cette question, a constaté, par exemple, que dans l'Aveyron, près de Rodez, les Sau- mons ne s'engagent jamais dans le ruisseau de Lauterne, rougi aux moindres pluies par le passage d’une de ses ramifications dans des terrains de grès bigarré ; ils se rencontrent, au contraire, non loin de là, dans les deux Bryannes, dans le ruisseau de Vors, etc., qui proviennent de terrains schisteux de formation primi- tive, et dont les eaux ne se troublent jamais d’une manière sensible (Z{udes théor. et prat. sur la Pisciculture, p. 162). (2) Le Saumon, qui fréquente — il serait plus exact de dire qui fréquentait — la plupart de nos cours d’eau tributaires de l'Océan, ne s’y est, toutefois, jamais montré aussi abondant que dans les régions du Nord. À partir du 55° degré de latitude, l’abondance de cette espèce diminue graduellement du nord au sud, Comme le fait remarquer M. Blanchard (Les Poissons des eaux douces de la France, p. 463), on ne rencontre guère le Saumon au delà du 42° degré, ce qui explique son absence dans les eaux méditerranéennes, le détroit de Gibraltar étant situé par le 36° parallèle. Aussi voyons-nous une assez grande étendue de notre territoire — c’est-à-dire l’ensemble des bassins de tous nos cours d’eau tri- butaires de la Méditerranée — complètement privée de Saumon. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 19 servations de M. de Saint-Prix, sur les vingt-six principales rivières de la Basse-Bretagne qui étaient autrefois fréquentées par le Saumon (1), dans presque toutes, le mouvement de la marée se fait sentir fort loin. Dans la Garonne, qui ne pré- sente cependant aucun obstacle à la circulation des poissons migrateurs, mais dans laquelle le mouvement de la marée se fait peu sentir, le Saumon est toujours moins abondant que dans la Dordogne, où les barrages de Bergerac et de Mauzac l’empêchent de se rendre dans la partie haute de la rivière, mais où la marée se fait parfois sentir jusqu’à Pessac, sur la limite du département de la Gironde, à une distance de 91 kilomètres de l'embouchure. Bien que la rivière soit con- sidérée comme douce dans toute l'étendue de son parcours, elle présente néanmoins des proportions assez considérables d’eau salée, surtout comparée à la Garonne; c’est très vrai- semblablement aux courants d’eau salée qu’elle reçoit ainsi que la Dordogne doit d’être, plus que la Garonne, visitée par le Saumon (2). Il semble donc qu'avant d'abandonner l’eau salée, le Sau- mon veuille s’habituer peu à peu à ce changement, en se plaçant, pendant quelque temps, dans un milieu intermédiaire entre l’eau douce et l’eau de mer. Ce qui vient corroborer cette opinion, c’est que « les Saumons remontent toujours avec le premier flot. [ls se laissent porter par la marée qui, refoulant l’eau douce, forme une eau mélangée et saumâtre qu’ils n’ob- tiendraient plus en attendant plus tard pour remonter (3) ». D’après un auteur anglais, les fleuves que le Saumon re- monte le plus volontiers sont ceux dont le cours est le plus long et dont le niveau se maintient le plus constamment le même. Dans les fleuves de 20 kilomètres de longueur seule- (1) Savoir : le Trieux, La Roche, Lannion, Pont-ar-Hiar, Pont-Menou, Dourdu, Morlaix, Penzé, Plouvorn, Saint-Jacques, Lannévez, Aber-Wrac'h, Aber-Benoît, Aber-lldut, l'Elorn, Daoulas, Le Faou, Pont-de-Buis, Châteaulin, Pont-Croix, Quimper, Pont-Aven, Bellun, Quimperlé, Je Scoriff et le Blavet. (2) M. Millet a le premier, je crois, signalé ce fait dans un travail couronné par l’Académie de Bordeaux : Considérations générales et pratiques sur le re- peuplement des eaux de la France et en particulier de celles du département de la Gironde, Bordeaux, 1856. (3) C. de St-Prix, Question de pisciculture en Basse-Bretagne, Morlaix, 1862. 20 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ment, le Saumon ne remonterait jamais qu’en nombre fort restreint. Il y a lieu de remarquer, toutefois, qu’en France, certaines rivières peu importantes (1), qui se jettent directe- ment dans la mer, étaient jadis très fréquentées par le Sau- mon; on pourrait citer, comme exemple, de nombreux cours d’eau de la Bretagne, — tels que la rivière de Châteaulin, le Trieux, le Couësnon, elc., — ou de la Normandie, — comme la Sée, la Sienne, la Sélune (2), — dans lesquelles le Saumon élait autrefois très abondant. On a longtemps cru que les Saumons ne venaient en eau douce que pour frayer. Mais il est parfaitement établi aajour- d’hui qu'après un séjour de moins de deux mois dans la mer, séjour pendant lequel ils prennent un accroissement consi- dérable (3), les Saumons commencent à remonter dans les rivières (4), bien avant la ponte, laquelle n’a lieu très sénéralement qu'en novembre ou décembre. Toutefois, en Écosse, au Canada, aux États-Unis, et probablement ailleurs, il a été constaté que certains Aie commencent à frayer dès la fin de septembre, et que, pour d’autres, au contraire, le frai se prolonge jusqu’en février ou mars. La tempéra- (4) Certains cours d’eau où fraye le Saumon ont quelquefois des eaux très basses pendant l'été, ce qui peut amener la perte de grandes quantités d’ale- vins. Il y aurait, par suite, utililé à y ménager des refuges pour le jeune poisson. C'est une précaution qui a été employée avec avantage à Tremadoc, dans le comté de Merioneth (pays de Galles), par M. le capitaine Peel. Un ruisseau, très fréquenté par les Saumons au moment du frai, s’asséchait presque complète- ment en été. M. Peel a fait creuser dans le lit de ce ruisseau une série de petits bassins, que séparent entre eux des barrages formés des plus grosses pierres re- tirées des déblais. Ces barrages, qui déterminent des cascatelles de 25 à 30 cen- timètres de hauteur, contribuent à retenir l’eau et à l’aérer. Quand vient la saison chaude, les-alevins de Saumon savent très bien profiter de ces bassins et s’y réfu- gier. Cette précaution bien simple pourrait être très utilement prise pour un grand nombre de ruisseaux à Truites. (2) Je tiens de M. L. Quénault, vice-président de la Société académique du Cotentin, que le Saumon se montre encore tous les ans dans la Sienne; il re- monte également la Sélune jusqu'à Ducey, où il se trouve arrêté par le barrage d’un moulin. (3) Le Saumoneau, où Smolt, qui a vécu dansles rivières une, deux et jusqu’à trois années pour atteindre la longueur de 0,12 à 0®,20, devenu Grise au bout de moins de deux mois de séjour dans l'Océan, est un poisson d’un kilo- gramme et demi à deux kilogrammes. (4) A cette époque les ovaires et la laitance ne sont pas encore développés et la chair est d’une couleur plus foncée que lorsque le poisson a séjourné quelque temps en eau douce. LES ÉCHELLES A SAUMONS. 91 ture de l’eau dans laquelle vit le Saumon exerce certainement une influence considérable sur l’époque du frai. Dans les rivières qui sortent des lacs, où l’eau s’est échauffée, je frai à lieu plus tôt que dans celles qui, descendant directe- ment des montagnes, roulent des eaux très froides provenant de la fonte des neiges (1). Le degré de rigueur de l’hiver joue un grand rôle à cet égard. Les mêmes causes influent, du reste, également sur l’époque de la remonte (2). Pendant son séjour à la mer, où 1l trouve une nourriture (1) Dans le nord de lÉcosse, les Grévses, c'est-à-dire les Saumons qui n’ont pas encore frayé, remontent, dès janvier ou février, dans les cours d'eau de la côte Est, tandis qu’ils ne remontent guère avant mui ou juin dans ceux de la côte Ouest. L’explication donnée de ce fait par M. Archibald Young, inspecteur des pêcheries d’Ecosse, paraît très plausible. Sur la côte Ouest, la température de la mer est de 2 à 3 degrés plus élevée que sur la côte Est. D’un autre côté, les rivières tributaires de la mer du Nord, qui ont un plus long cours que celles tributaires de l'Atlantique, ont aussi des eaux moins froides, les montagnes nei- geuses qui les alimentent étant plus éloignées. De telle sorte que, sur la côte Est, le poisson est poussé à quitter de bonne heure l’eau froide de la mer pour entrer dans les rivières qui lui offrent une température plus douce ; tandis qu’au contraire, sur la côte Ouest, où la mer est relativement tiède, il attend pour remonter que l’époque de la fonte des neiges soit passée et que la température des rivières se radoucisse. | (2) D’après les observations de M. Frank Buckland (a), qui a fait de cette question une éiude approfondie et qui a dressé, à ce point de vue, une carte très intéressante des cours d’eau de l'Angleterre, la précocité plus ou moins grande de la remonte du Saumon dans les rivières dépendrait aussi d’autres lois, que le savant Inspecteur des Pêcheries formule ainsi : 4° Le degré de précocité de la remonte est subordonné au rapport qui existe entre la longueur du cours d’eau et la superficie de son bassin de réception; 2° Dans une rivière ayant un long cours, mais un bassin de peu d’étendue, la remonte est tardive; 3° Dans une rivière relativement de peu de longueur par rapport à la super- ficie de son bassin, la remonte a lieu de bonne heure. A peu d’exceptions près, toutes les rivières de la Grande-Bretagne obéissent à ces lois, qui paraissent également régir tous les cours d’eau du continent. Ainsi, par exemple, le Rhin, dont le cours mesure 4350 kilomètres de longueur, avec un bassin d’une superficie de 145 125 kilomètres carrés (soit 107 de sur- face pour 4 de longueur), est un des fleuves où la remonte s’effectue le plus tôt. J1 résulte des relevés dressés par M. Buckland que, sous le rapport de la pré- cocité de la remonte, les cours d’eau peuvent être ainsi classés : Rivières ayant moins de : Remonte : 5 kil. c. de superficie de bassin pour 4 kil. de long. de cours d’eau très tardive 7 -- — tardive 8 à 10 —— — moyenne 10 et au-dessus — = précoce 20 —- — très précoce. na FOUT annual Report of Inspectors of Saïmon Fisheries (England and Wales), , P Li 99 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. extrêmement abondante et substantielle, le Saumon accu- mule, dans diverses parties de son corps, une quantité con- sidérable de matière grasse (1). C’est aux dépens de ces dépôts graisseux que vit le Saumon quand il remonte en rivière pour frayer, époque où il cesse de manger. Une partie de la matière graisseuse se loge entre les muscles et la peau ; mais l’accumulation la plus considérable est celle qui se produit autour des appendices pyloriques. D’après M. Frank Buckland (2), ces petits cæcums, extrêmement nombreux (leur nombre varie de quarante-cinq à soixante- cinq), ont certainement pour rôle, sinon principal, au moins accessoire, d'emmagasiner des éléments de nutrition pour le temps que le poisson passe en eau douce (5), et de loger les matériaux nécessaires au développement soit des œufs, soit de la laitance (4). Les figures 1 et 2 ci-contre mettent ce fait en évidence. Chez le Saumon qui arrive de la mer, les appen- dices pyloriques sont presque méconnaissables tant ces organes disparaissent sous la graisse ; mais la laitance est encore dans un état de développement peu avancé. Chez le saumon prêt à frayer, au contraire, la graisse a complètement disparu des appendices pyloriques et la laitance a pris un très gros volume. Après le frai, le poisson, dont les forces sont épuisées, rega- gne la mer pour y reprendre une nouvelle vigueur et reconsti- tuer les amas de graisse sur lesquels il a vécu pendant son séjour en eau douce. La descente se fait assez lentement ; mais, à la remonte, le voyage est beaucoup plus rapide (5). Les Saumons qui se dis- posent à frayer gagnent promptement la partie supérieure (4) M. Franck Buckland a trouvé 150 grammes de graisse dans les appendices pyloriques d’un Saumon du Rhin de 24 kilogrammes. (2) Nénetieth annual report of the Inspectors of Salmon Fisheries (England and Wales). Londres, 1878. (3) Sir Robert Christison a constaté que chez un Ke/t, c’est-à-dire chez un Saumon qui ayant frayé redescend à la mer, la chair renferime seize fois moins de matière graisseuse que la chair d’un Saumon à l’époque de la remonte (Pro- ceedings of the Royal society of Edinburgh for Session 1871-72, p. 695). (4) La laitance et les œufs sont extrêmement huileux chez le Saumon. (5) D’après des observations faites en Ecosse, dans le Tweed, on estime que les Saumons remontent avec une vitesse de trois kilomètres à l’heure (David Milne Home, Sa/mon and Salmon Fisheries. Londres, 1883). LES ÉCHELLES A SAUMONS. 23 des cours d’eau, et c’est avec une extrême ardeur qu'ils cherchent à se rapprocher de plus en plus des sources, quelles que soient les difficultés qu'ils aient à surmonter. S'ils ne réussissent pas du premier coup, rarement ils rétrogradent pour aller chercher un autre cours d’eau. Ils multiplient les tentatives et souvent, en cherchant ainsi à franchir les obsta- Fi6. 1 (*). Fig. 2 (*). Laitance et appendices pyloriques Laitance et appendices pyloriques d'un Saumon nouvellement ar- d’un Saumon prêt à frayer. rivé en eau douce. (*) æ, œsophage; à, intestin ; p, appendices pyloriques ; m, laitance. cles, ils vont, dans leurs efforts infructueux, tomber et se tuer sur les rochers des cascades, ou sur les murs et les pièces de bois des barrages. Quand la hauteur de l’obstacle à franchir dépasse cer- taines limites, il est donc nécessaire de recourir à un expé- dient pour ménager un passage au poisson. Get expédient, ce sont les échelles à Saumons. Inventées par un Écossais, M. James Smith, en 1898 (et non en 1834, comme on l’a sou- 94 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. vent imprimé par erreur), ces échelles donnent des résultats excellents partout où elles sont convenablement établies. Elles permettent au poisson de franchir les barrages naturels ou artificiels, soit à l’aide de plans inclinés, soit au moyen d’ar- rêts qui, disposés de distance en distance, fractionnent les orandes chutes en une série de chutes plus petites. De nombreux faits démontrent toute l'utilité de ces échelles et le préjudice considérable que l'existence des barrages sur les rivières cause à la reproduction des espèces migratrices. Depuis la canalisation de l’Yonne, le Saumon a presque complètement disparu de cette rivière. On l’y vit néanmoins apparaître, ainsi que dans un des affluents (la Cure), en quantité tout à fait inaccoutumée à la suite des événements de guerre de 1870-1871. Toute navigation sur la Seine et sur l'Yonne ayant été suspendue pendant plusieurs mois, la remonte du Saumon s'était effectuée à peu près librement par beaucoup d’écluses laissées ouvertes (1). Des observalions non moins concluantes ont été faites dans la Grande-Bretagne. Il y a une vingtaine d’années, la Tyne était coupée près de son embouchure, à Bywell, par un for- midable barrage qui empêchait complètement la remonte du Saumon. Les quelques poissons qui échappaient aux bracon- niers après la fermeture de la pêche, ne trouvaient à frayer que dans un petit cours d’eau débouchant dans la Tyne juste au-dessous du barrage. Quant à tous ceux qui remontaient pendant la période où la pêche est permise, ils étaient infail- liblement capturés par les propriétaires de ce barrage. Aussi le nombre en allait-il diminuant chaque année, quand inter- vint, en 1842, un arrêté disposant que chaque semaine un passage pour le poisson serait laissé libre au barrage de Bywell, de dix heures du soir le samedi jusqu’au lendemain deux heures de l’après-midi. Bien que, par sa position, ce passage ne fût réellement praticable que dans de rares cir- constances, le poisson ne tarda pas à se montrer plus abon- dant en amont, et dans tout le cours de la rivière la pèche (4) Procès-verbaux des séances du Conseil général de l'Yonne (1871-1872). LES ÉCHELLES A SAUMONS. 25 devint sensiblement plus fructueuse. En 1861, une forte crue ayant en parlie détruit le barrage, une amélioration bien plus grande encore se manifesta immédiatement, et l'obstacle n'ayant pas été rétabli, les Saumons eurent un libre accès à de vastes frayères, s'étendant sur une longueur de plusieurs milles en amont de Bywell. Dès lors, le produit de la pêche fut tel, que les propriétaires s’empressèrent de faire dispa- raître également tous les autres obstacles en aval qui pou- vaient gêner la remonte du Saumon. Aussi, bien que plusieurs barrages dans la partie haute du cours d’eau, et les matières résiduelles provenant de nombreuses usines, dans la partie basse, nuisent considérablement encore à la reproduction du Saumon dans la Tyne, les pêcheries de Saumons de cette rivière (lesquelles auraient sans doute complètement disparu sans la suppression du barrage de Bywell) sont aujourd’hui les meilleures de toute l'Angleterre et du pays de Galles, et fournissent environ 50 000 Saumons par an (1). Un fait analogue s’est produit dans l’Usk. Cette rivière, si riche en Saumons et si favorable à la multiplication de cette espèce, eut pendant plusieurs années ses pêcheries gravement compromises par l'établissement d’un barrage de moulin à Trostrey, à 7 milles environ du point où la marée cesse de se faire sentir. Sauf pendant les plus fortes crues, ce barrage était absolument infranchissable pour le Saumon. Le poisson disparaissant, les propriétaires riverains commençaient à s'émouvoir de l’existence du barrage, quand celui-e1 fut em- porté par les eaux dans l'hiver de 1823-24. Dès le printemps suivant, la pêche en amont fut plus abondante qu’elle ne l’avait jamais éLé en aucun temps. Sur le barrage avaient été installées trois trappes ou pièges à Saumons qui étaient loués 100 livres (2500 francs) par an, et qui en rapportaient, disait-on, cinq fois autant. Quant à la pêche en amont, elle était affermée, sur une longueur de 10 milles, pour la somme de 30 livres (790 francs) par an. Après la reconstruction du bar- rage, la pêche commença de nouveau à décliner, et dans une (1) Ch. E. Fryer, The Salmon fisheries. Londres, 1883. 926 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. telle proportion, que, vingt ans plus tard, la pêcherie de Trostrey, y compris un moulin, une maison d'habitation, un jardin et quelques acres de bois, n’était plus louée que 27 li- vres (475 francs) par an. Quelques propriétaires formèrent alors une association pour l’amélioration de la pêche; ils louèrent le moulin, réduisirent la hauteur du barrage, dans lequel, en outre, plusieurs ouvertures furent pratiquées pour que le poisson püût passer même pendant les basses eaux. Peu de temps après, on pouvait en amont prendre à la ligne des centaines de Saumons, quand précédemment on en cap- turait à peine un ou deux chaque année. Aujourd’hui, grâce à des soins intelligents, les pêcheries de l’'Usk se sont telle- ment améliorées que, bien que la rivière ail beaucoup à souf- frir des eaux d’égout, bien que ses plus importants affluents Soient tolalement ruinés par les eaux résiduelles d’impor- tantes usines, ces pêcheries ne fournissent pas moins de 10000 Saumons par an. Bien qu’on admette généralement qu’une chute d’eau ver- ticale de 2 mètres est le maximum que le Saumon puisse franchir, il est certain que, dans des circonstances favorables, ce poisson peut escalader des chutes d’une hauteur de plus du double. On cite, à ce sujet, des faits très remarquables. M. Atkins, directeur du grand établissement de pisciculture de Bucksport (Maine), rapporte (1) que des Saumons par- viennent souvent à franchir la cataracte de Carratunk, sur le Kennebec, où ce fleuve, resserré dans une gorge de 30 mètres de largeur, se précipite, presque verticalement, d’une hau- teur de plus de 5 mètres. La profondeur de l’eau au pied de la chute ést inconnue. Parfois le tronc d’un sapin, de 40 à 15 mètres de long, charrié par les eaux, tombe dans le souffre; jamais on ne l’entend toucher le fond, et quand il reparait, au bout d’un temps assez long, il remonte avec une telle rapidité, qu'il jaillit hors de l’eau dans presque toute sa longueur. Ces détails peuvent donner une idée de la force du courant; il n’est pas rare cependant que des Saumons sur- montent cet obstacle. On les voit s’élancer obliquement en l'air et venir toucher la nappe d’eau descendante à 3 ou LES ÉCHELLES A SAUMONS. 97 % mètres de la base; puis, de là, remonter en nageant dans la chute même jusqu’à ce qu'ils aient atteint le bief supérieur. Ils ne réussissent cette difficile et périlleuse ascension que quand, dans le bond prodigieux par lequel ils la commencent, ils atteignent la nappe d’eau la tête la première et pénètrent ainsi dans le courant. Selon toute probabilité, le poisson ne réussirait jamais à franchir une pareille chute sans la grande profondeur de l’eau au pied de la cataracte, profondeur qui permet aux Saumons de prendre tout l'élan possible. On sait, en effet, que, pour franchir les barrages qu’ils trouvent sur leur route, les Saumons prennent toujours comme point de dé- part les excavations les plus profondes creusées par l’eau au pied de la chute. C’est de là que tous partent invariablement, soit qu'ils se décident à sauter, soit qu'ils cherchent seule- ment à remonter en nageant dans la nappe d’eau qui se dé- verse par-dessus le barrage. [l y a-là, comme nous le verrons plus loin, une indication très importante à noter au point de de vue de l'établissement des échelles. Ce n’est, du reste, qu'à la dernière extrémité et quand il lui est impossible de faire autrement que le Saumon tente l'escalade par un bond hors de l’eau; il ne s’y décide que quand il a reconnu l'impossibilité absolue de passer en nageant dans la chute. Encore, pour qu’it saute, faut-il que la configuration des lieux le lui per- mette. Aussi le poisson ne franchit-il jamais certains barrages naturels ou artificiels, qu'on pourrait, en raison de leur peu de hauteur, s'attendre à voir escaladés aisément et d’un seul bond. D'un autre côté, pour que le Saumon puisse remonter en nageant dans la nappe d’eau tombante, il faut que cette nappe ait une épaisseur suffisante ; car, si le poisson se trouve avoir une parie du corps hors de l’eau, il perd de sa force, faute de point d'appui, et, entraîné en arrière par le courant, il retombe au pied de la chute. C’est donc moins la hau- teur de l'obstacle que l'insuffisance du volume d’eau ou la manière dont l’eau se déverse, qui peuvent rendre néces- saire l’établissement d’une échelle (2). Si la nappe d’eau (4) Ch. Atkins, O2 fish-ways (2) Dans la Grande-Bretagne, on fait rarement d’échelles pour des chutes de 28 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. est assez volumineuse et que la profondeur soit suffisante au pied de l'obstacle, une chute de 1 ou 2 mètres n'arrête pas le Saumon, qui la franchit aisément. Si, au contraire, la tranche liquide qui couvre le fond est peu épaisse, le poisson est arrêté net devant une chute verticale, aussi bien d’ailleurs que devant un barrage présentant un talus vers l'aval, mais où la lame de déversement est trop mince. Le Saumon voyage aussi bien la nuit que le jour. Presque tous les naturalistes européens assurent même qu'il franchit plus volontiers les barrages pendant l’obseurité. Cette opi- nion n’est pas celle des pêcheurs américains, qui auraient observé au contraire que jamais, ou bien rarement, les Sau- mons n’abordent pendant la nuit les passages difficiles, en- droits où la pêche est ordinairement fructueuse pendant le jour, parce que le poisson s’y rassemble et s’y attarde, tandis qu’elle cesse de l’être dès que la nuit tombe, attendu que les Saumons ne cherchent plus à franchir l'obstacle qui les arrête. Ce qui est certain, c’est que, dans le jour, ils préfèrent, pour passer, un temps sombre et des eaux troubles. C’est toujours à la suite d’une forte ondée, ayant troublé l’eau et augmenté le débit de la chute, qu’ils remontent en plus grand nombre. La présence d’une forte quantité d'électricité dans Pair paraîl exercer sur eux une cerlaine influence et les exciter à remon- ter le courant. L’ALOSE visite au printemps la plupart des fleuves tribu- (aires des mers qui baignent les côtes de l'Europe (1); elle moins d’un mètre et demi de hauteur, car dans ces conditions, un simple van- nage, convenablement organisé, est, en général, très suffisant pour permettre la remonte du poisson. (1) Avant qu’on eût bien étudié les mœurs de l’Alose, on supposait que ce pois- son formait chaque année un banc considérable, se morcelant peu à peu au pro- fit de chaque rivière qu'il rencontrait sur son passage. Mais on sait qu’il en est de l’Alose comme du Saumon, et que ce poisson ne remoute jamais que dans le cours d’eau dans lequel il est né ; les mêmes individus visitent donc toujours les mêmes rivières, ce qui exerce une certaine influence sur la qualité du poisson, aussi bien que sur quelques caractères superficiels et, entre autres, sur la colora- tion. Les Aloses du Rhin ont une réputation justement méritée. Aux Etats-Unis, un connaisseur ne confondra jamais une Alose pêchée dans le Connecticut avec une Alose provenant de l’Hudson. Les Aloses du Connecticut sont les plus esti- mées de toutes. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 29 s’y montre plus ou moins tôt, suivant la latitude et aussi sui- vant les circonstances atmosphériques. L’époque de la re- monte est cerlainement soumise, comme nous le verrons plus loin, à l'influence de la température; les froids prolongés la retardent; elle avance, au contraire, si la saison reste moins longtemps rigoureuse. En général, l’Alose remonte moins haut dans les cours d’eau que ne le fait le Saumon, et elle s’engage moins volon- tiers que celui-ci dans les petites rivières. La cause en est sans doute que ce poisson n’a pas besoin, comme le Saumon, de déposer ses œufs sur le gravier, dans une eau aussi lim- pide et aussi courante. Les œufs de PAlose sont plus légers que ceux des Salmonides ; leur densité est telle, qu’ils flottent presque et qu’ils seraient entraînés si le courant avait quel- que force. En outre, ces œufs éclosent très promptement ; ils n’ont donc guère le temps d’être recouverts d’une façon nui- sible par les matières terreuses que les eaux de rivière tiennent souvent en suspension et qui sont si funestes aux œufs des Salmonides. Quoi qu'il en soit, dans un Aa nombre de nos cours d’eau, les Aloses remontent à des distances considérables de la mer, particulièrement dans la Loire, l'Allier, le Rhône (1). Dans l'Isère, elles dépassent Grenoble; dans la Saône, elles remontent Jusqu'à Gray. D’après M. Pouchet, celles qui s’en- gagent dans la Seine ne dépasseraient presque jamais Petit- Quévilly, près de Rouen, à 90 kilomètres de l'embouchure du fleuve. Qu'elles ne se montrent très abondantes que dans la basse Seine, le fait est certain (2); mais il est non moins positif que, tous les ans, quantité d’Aloses dépassent et de (1) On trouve également l’Alose dans la plupart de ceux de nos cours d’eau qui débouchent dans la Méditerranée, tels que l'Hérault, le Vidourle, etc. Elle pé- nètre dans presque tous les affluents du Rhône ; chaque rivière tributaire en reçoit au passage, principalement le Gardon, la Core et l'Ardèche. Le canal de Beaucaire en reçoit aussi, mais en petit nombre. (2) On sait que, de tous nos cours d’eau, la Seine est, dans la partie inférieure de son cours, le plus abondant en Aloses; dans certaines années, le produit de la pêche, pour celte espèce, s'élève, dans le quartier de Rouen, à plus de 60 000 francs (voy. la Statistique dés péches publiée annuellement par le Ministère de la Marine). 30 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. beaucoup la limite indiquée ci-dessus, puisqu'on en pêche jusque très haut dans l’Yonne (1). Elles entrent également dans l'Oise et aussi dans l’Aisne, quand les eaux se trouvent suffisamment hautes au moment favorable; elles remontent jusqu'à Evergnicourt, sur la limite des départements de l'Aisne et des Ardennes; un barrage de moulin les empêche d'aller plus loin (2). Dans le Rhin et ses affluents, elle re- monte à des distances considérables de l'Océan. Elle y est d'excellente qualité et se présente presque toujours en légions nombreuses. Ce poisson est si abondant parfois dans la Prusse rhénane, que les fermiers de pêche n’en trouvent plus la vente (3). L’Alose nage avec rapidité; on la voit, la nuit, traçant à la surface de l’eau un sillage dont l’œil peut à peine suivre les sinuosités. Doué d’une grande vigueur, ce poisson remonte de très forts courants ; il franchit aisément les rapides et nage (1) Renseignement fourni par l’administration des Ponts et Chaussées. (2) Ibid. (3) Bericht des Rittergutsbesitzers R. Eckardt-Lübbinchen über die im Auf- trage des Deutschen Fischerei-Verein im Jahre 1876 angestellten Versuche zur Vermehrung der Maifische, sowie über die Fortsetzung und glückliche Ausfüh- rung dieser Versuche im Jahre 1877 durch Künstliche Befruchtung, Erbrütung und Transport wie Aussetzung in Elbe und Neisse. Berlin, 1877. D’après des observations faites par M. Christian Schieber, surintendant de pêcheries à Hameln, on capturerait toutefois bien rarement des sujets prêts à frayer, au moins dans les environs de Wesel, de Neuwied, de Coblentz, ainsi que de Neuendorf et de Berncastel, dans la Moselle. Les pêcheurs affirment que quand les Aloses y frayent, ce qui ne se produit pas tous les ans, la ponte ne commence pas avant juin et même quelquefois juillet. Dans le Neckar, le frai a lien généralement dans la seconde quinzaine de mai, et se prolonge souvent jusque vers la fin de juin. On peut l’observer prin- cipalement depuis Manheim jusqu’au-dessous d’Heilbronn. Trois districts sant particulièrement favorables : celui de Seckenheim, où le frai à lieu de bonne heure, quand la température est assez douce; celui de Bergheim-Mill, qui sé- tend d’Heidelberg jusqu’à Ziegelhausen ; enfin celui de Neckarsteinach et Nec- karhausen, qui va jusqu’à Hirschhorn. Ce district est plus froid et les eaux ont un fond rocheux ; aussi le frai y est-il plus tardie. A Neckarhausen, il n’est pas très rare de prendre 300 ou 400 Aloses d’un seul coup de senne. Ces pois- sons s’expédient sur Mannheim, Francfort-sur-le-Mein, Strasbourg, etc. ; mais la vente cesse à partir du 34 mai, car bien qu’en juin on puisse pècher encore de superbes et excellentes Aloses, un préjugé empèche qu'on en mange dans le courant de ce mois. Les pêcheurs, du reste, savent mal conserver le poisson; ils l’entassent dans leurs bateaux en le couvrant seulement d’un peu d'herbe pour le protéger contre l’ardeur du soleil. Les prix sont très bas : au com- mencement de la saison, une Alose de 3 à 5 livres vaut de 1 fr. 25 à 2 francs ; mu peu plus tard, elle re se vend guère que 0 fr. 75 ou 1 franc (Robert Eckardt, oc. cit.). LES ÉCHELLES A SAUMONS. 31 avec facilité au milieu des plus violents remous (1); mais il ne se risque pas, comme le Saumon, à passer, en sautant, par-dessus les obstacles naturels ou artificiels qu’il rencontre sur sa route. Toute échelle à gradins serait donc absolument inefficace pour le passage des Aloses, et l'on ne peut compter sur quelque effet utile que par l'emploi d’échelles à plan im- cliné. Du reste, l’Alose remonte très bien les chutes d’eau formées par les barrages en maçonnerie lorsque ceux-ci sont peu élevés, que l’inclinaison du talus n'excède pas 1 sur 5, et que la nappe d’eau est suffisamment épaisse. À Saint- Denis, sur le Rhône, les Aloses remontent une chute de 1 mètre de hauteur, où les eaux ont à peu près l’inclinaison indiquée ci-dessus. Lorsqu’elles remontent, au printemps, les fleuves et leurs affluents dans lesquels le frai s'effectue, les Aloses voyagent de préférence à certaines heures de la journée : de 8 à 11 heures du matin et de 4 à 6 heures du soir. Les pêcheurs de la Garonne le savent si bien, que, dans les heures intermé- diaires, ils arrêtent leurs filets tournants pour éviter une usure inutile de ces engins (2). Dès la tombée du jour, les Aloses commencent à se recher- cher pour le frai. Souvent quatre ou cinq mâles à la fois poursuivent la même femelle, qui se dérobe plus ou moins, suivant qu’elle est plus ou moins prête à pondre. Cette pour- suite, ces attaques, qui se font à fleur d’eau, sont désignées par les pêcheurs d’un mot expressif : « les Aloses jouent (3) ». (1) C’est presque toujours au milieu des courants les plus rapides qu’on trouve V’'Alose. Quand on en pêche ailleurs, c’est que, fatiguées, elles ont cherché les endroits abrités pour réparer leurs forces. (2) Le filet tournant, désigné par les pêcheurs sous le nom de #écanique des Aloses, est très employé dans la Garonne, Cet engin est composé de deux trubles tournant autour d’un arbre de couche, comme les ailes d’un moulin, sous l’ac- tion du courant. Pendant la saison favorable un semblable filet capture quelque- fois plus d’un quintal d’Aloses par jour (Edmond du Sayé, La Péche de l’Alose dans la Garonne, 1874, p. 155). (3) En Angleterre, où ces habitudes de l’Alose ne sont pas moins connues qu'en France (a), les pêcheurs disent que ce poisson « bat l’eau » avant de frayer (b). L'observation s'applique aussi bien du reste à l’Alose finte (4/osa finta) qu’à l’'Alose ordinaire, laquelle n’est pas très commune dans les rivières (a) Yarrel, British Fishes, 3° éd.. I, p. 130. (b) Franck Buckland, Familiar History of British Fishes, p. 191. 32 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. — Ce jeu, dont le bruit s'entend de fort loin dans le calme de la nuit, se prolonge souvent jusqu’à une heure très avan- cée; mais c’est vers minuit que la ponte est dans sa plus grande activité. Pour frayer, les Aloses abandonnent les endroits profonds ; elles se rapprochent des bords et se portent de préférence sur des graviers dont la pente insensible donne, sur un long parcours, une profondeur moyenne de 50 centimètres. C’est là qu’elles se livrent à tous leurs ébats; elles bondissent hors de l’eau, la font jaillir en gerbes, s’élancent, fuient, se joignent, et, par groupes de huit ou dix, décrivent mille évo- lutions capricieuses. Ces allures, ces habitudes ne sont pas spéciales aux Aloses d'Europe. L'espèce qui fréquente les fleuves américains (Alosa præstabilis, De Kay; A. sapidissima, Storer) fraye dans les mêmes conditions. Les mâles et les femelles, nageant en groupes serrés, décrivent des cercles plus ou moins ra- pides si près de la surface de l’eau que souvent leur nageoire dorsale émerge complètement. Soudain, comme frappés d’une commotion électrique, toute la bande fait un soubresaut et projette brusquement son frai, qui forme dans l’eau un nuage d'œufs et de laitance (1). Bien peu de ces œufs réus- sissent, à peine un sur mille, sans doute (2). La plupart pé- rissent faute de tomber dans un milieu favorable, ou bien ils sont dévorés par d’autres poissons qui attendent, dans le voi- sinage des frayères, la ponte des Aloses (3). Les œufs éclosent en 60 ou 70 heures, dans une eau à de la Grande-Bretagne. Elle n’est guère abondante que dans la Severn et la Wye. Ou la trouve parfois dans le Tweed. L’Alose finte, beaucoup plus répan- due, fait son apparition en bancs considérables dans le courant de mai, ou un peu plus tôt, et retourne à la mer en juillet. Il en est de même dans la plupart des contrées du nord de l’Europe (c). (A) W. Clift, Shad culture (Proceedings of the American fish culturisEs As- sociution), (2) W. Clift, ibid. (3) De là l’utilité des fécondations artificielles et des mesures de protection qui donnent aux Etats-Unis des résultats si remarquables, dont j'ai fait mention dans un précédent travail (voy. Rapport sur la situation de la pisciculture à l'étranger, in Bull. Soc. Acclim., 1882). (a) Krüyer, Danmorks Fiske, III, p. 317, 318. LES ÉCHELLES A SAUMONS. dE 20 degrés centigrades; mais il leur faut environ une semaine si l’eau n’est qu’à 16 ou 18 degrés (1). Ces œufs sont à peine plus lourds que l’eau, et, bien qu’ils aillent au fond, ils sont en- trainés par le moindre courant, car ils n’adhèrent pas, comme ceux de la plupart des autres Clupéides, aux corps qu’ils ren- contrent. Feu le docteur J.-H. Slack, de Bloomsbury (New-Jersey), qui fut aux États-Unis un des créateurs de la pisciculture industrielle, a constaté que l’Alose fraye souvent très bas dans les fleuves, et même sur les points où la marée se fait sentir (2). Bien qu’elles recherchent de préférence les en- droits couverts de gros gravier, cette nature du fond ne semble pas leur être absolument nécessaire, car on prend beaucoup d’Aloses sur des fonds envahis par les herbes aqua- tiques (3). Une température relativement assez élevée étant néces- saire pour l’éclosion des œufs de l’Alose, ce poisson fait d’abord son apparition dans les régions méridionales ou tem- pérées, et se montre ensuile de plus en plus au nord (4). Guidé par son instinct, il sait, d’ailleurs, fort bien éviter les affluents des fleuves et des rivières dont les eaux seraient défavorables à sa ponte (5). Un printemps froid retarde tou- (1) Report of the Commussioner of Fisheries of Massachuselts, for 1867, p. 36. (2) On prend, bien en deçà du point où le mouvement de la marée cesse d’être sensible, des Aloses si près de frayer, qu’il est impossible de Jes manier sans amener. des œufs ou de la laitance. A Mulls Fisherey, sur l’Hudson, où chaque année des millions d’Aloses sont capturées sur les frayères, le mouve- ment de la marée est très fort. [Il en est de même à Camp Baird, où, pendant le jour, on voit des quantités de mâles et de femelles attendre, dans les endroits profonds, le moment de frayer. Une heure après la tombée de la nuit, ces pois- sons sortent de leurs retraites, gagrent les bas-fonds et commencent la ponte, qui se prolonge jusque vers le milieu de la nuit (J. H. Slack, United Slates Commassion, Fishand Fisheries, I, p. 460). (3) À Mull's Fisherey la végétation de ces herbes est telle, que souvent la pêche an est gènée (J. H. Slack, loc. cit.). (4) Cette observation a été faite aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe. L’A- losa præstabilis, qui visite toute la côte américaine, depuis la Floride jusqu'aux possessions anglaises, s'approche, dès le mois de février, des côtes de la Caro- line, tandis qu’elle ne se présente qu’en avril à l'embouchure des rivières de la Nouvelle-Angleterre. (5) De là l’inutilité d’efforts qui tendraient à {l'introduction de ce poisson dans des rivières où la température de l’eau serait trop basse au printemps et en été. 4e SÉRIE, T. I. — Janvier 1884. 3 934 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. jours la remonte (1) et surtout le frai (2), qui peut même, pour cette cause, manquer plus ou moins complètement, sur- tout lorsque de fortes pluies ont sali les eaux (3). Une tempé- rature trop élevée n’est pas moins défavorable à la reproduc- tion. On a constaté aux États-Unis que quand l’eau marque plus de 80 degrés Fah. (26°,5 centigrades), il est très difficile de mener à bien l’éclosion des œufs. Sous l'influence de cette température, les Aloses semblent du reste perdre de leur vigueur, et, vers la fin de la remonte, les œufs que l’on ré- colte, bien que mürs et parfaitement sains en apparence, ne donnent aucun résultat, quelque soin qu’on apporte à leur incubation. Aussi, quand les eaux dépassent 25 degrés de chaleur, peut-on considérer la récolte des œufs comme ter- minée (4). La LAmProïIE, qui abandonne périodiquement les eaux sa- lées pour s'engager dans les fleuves, les rivières et les canaux, remonte fort loin dans l’intérieur des terres. En France, elle remonte le Rhône et ses nombreux affluents jusqu’à des dis- tances prodigieuses ; on la trouve au barrage de Gray, sur la Saône, à 700 kilomètres de la mer. On la prend dans l'Isère, à Grenoble et jusqu’en Savoie. Dans la Loire, où elle se montre surtout abondante, on la trouve jusque bien au-dessus (1) Duméril, Les Poissons voyageurs (Annuaire Dehérain, 1866, p. 217 et suiv.). (2) R. Eckardt, loc. cit. (3) D’après les observations de M. le colonel Mac-Donald, commissaire des pêcheries de l'Etat de Virginie, c’est la température de l’eau qui règle l'époque de la remonte de l’Alose. La durée du séjour de ce poisson en eau douce serait entièrement subordonnée à une question de température. Les alevins quitteraient les rivières pour se rendre en eau salée non pas à telle ou telle époque, mais quand l’eau atteint tel ou tel degré. De même les Aloses adultes ne remonteraient en rivière, pour frayer, que quand l’eau marque de 15 à 21 degrés cenligrades. Ainsi, par exemple, dans la rivière Saint-John (Floride), c’est seuiement quand l’eau atteint cette dernière température que la remonte s'effectue. Dans la baie de Chesapeake, les Aloses stationnent près des estuaires, tant que l'eau de la baie marque 10 degrés centigrades, et que l’eau des rivières est plus froide. Mais dès que les pluies chaudes du printemps viennent grossir les rivières et élever la température de leurs eaux à 145 ou 16 degrés centigrades, la remonte des Aloses commence (Proceedings of the eleventh annual meeting of the American Fish cultural Association). (4) United States Commission, Fish and Fisheries, I, Report of the Com- missionner, P. XLVIL. LES ÉCHELLES À SAUMONS. DE) d'Orléans; mais Ancenis est le grand quartier général de la pêche de ce poisson. La Gironde et les rivières qui s’y versent en reçoivent également (1). On est généralement peu d'accord sur l’époque de la re- monte de la Lamproie, époque qui varie, sans doute, avec la situation géographique du cours d’eau. Dans la Loire, ce poisson se montrerait, paraît-il, dès la fin de janvier (2), tandis que, dans le Rhin, il ne remonte qu’en mars (3). D’a- près les observations de M. Baldner, c’est à ce moment que la Lamproie est de meilleure qualité ; elle est alors chargée de frai, car la ponte s’effectue en avril (4). M. Auguste Duméril (loc. cit.) estime que le séjour de la Lamproie dans les eaux salées, « où les œufs et la laitance acquièrent toute leur maturité, ne se prolonge pas plus que celui du Saumon. Peu de temps après l’accouplement, qui a lieu durant la montée, elles redescendent à la mer, ou bien, comme les insectes qui meurent après la réunion des sexes, et quand la ponte est effectuée, peut-être succombent-elles au milieu des eaux douces ». Cette dernière opinion est partagée par un grand nombre d'auteurs qui assurent qu'après le frai, on voit souvent des quantités de Lamproies adultes mortes, charriées par les eaux. Le fait a été notamment observé sur le Pà (5), à Pouizza, près Pavie (Italie). Toujours est-il que, l’acte de la reproduction accompli, les Lamproies adultes dis- paraissent des fleuves et des rivières. La locomotion de la Lamproie est très lente ; ce poisson ne (4) Dans le quartier maritime de Libourne seul, il se pêche annuellement pour 10 000 à 15 000 francs de Lamproies (Sfatistique des péches). (2) Aug. Duméril, loc. cit. Il paraît en être également ainsi dans le bas Rhône, où les pêcheurs disent que la Lamproie commence à remuer vers Noël. Ce n’est cependant qu’en avril que les Lamproies affluent réellement de la Méditerranée et se montrent abon- dantes dans les hautes parties du fleuve ou de ses affluents. Elles arrivent au pied du barrage de Gray, sur la Saône, vers le milieu de mai, après avoir ac- compli un trajet qu'on ne saurait évaluer à moins de 700 kilomètres et sur- monté, depuis Verdun-sur-Saône, d’assez nombreux ouvrages fixes établis en rivière pour améliorer la navigation. (3) Sur d’autres.points, d’après quelques auteurs, la Lamproie remonte d’avril à Juin. (4) Docteur Berthold Benecke, Fische, Fischerei und Fischzucht, p. 196. (5) Docteur B. Benecke, loc, cit. 90 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. peut que ramper, à peu près comme l’Anguille et encore avec moins d’agilité. Comme il remonte cependant les fleuves et les rivières à des distances énormes des côtes, quelques ich- tyologistes, et notamment le D' Günther (1), ont été amenés à penser que les Lamproïes, qui apparaissent en eau douce au printemps, à peu près à la même époque que les Saumons et les Aloses, s’attachent peut-être à ces poissons, par leur suçoir, pour se faire transporter. « Le fait, dit M. Blanchard (2), n’a pu, toutefois, être constaté, et l’on s’imagine difficilement qu’une Alose de taille ordinaire puisse traîner une lourde Lamproie, car pour le Rhône et ses affluents, on ne peut at- tribuer le transport des Lamproies aux Saumons, auxquels d’ailleurs personne ne les a vues attachées (3). » Il est assez rare que la Lamproie s’aventure en plein jour sur les barrages ou obstacles quelconques qui interrompent sa route. C’est presque toujours la nuit qu’elle en effectue l’escalade, en s’aidant de son suçoir puissant, qui lui sert à se fixer à la maconnerie des barrages et des déversoirs. Arrivée au pied du barrage, la Lamproie commence par en recon- naître avec soin la continuité; puis, après avoir bien constaté l'impossibilité de trouver une issue, et pressée par cet instinct impérieux, irrésistible qui la pousse à remonter le cours d’eau dans lequel elle s’est une fois engagée, elle se décide à franchir résolûment l’obstacle. D’un premier effort, elle s’é- lance sur le barrage, dans la lame d’eau même qui semblerait devoir l’entraîner; elle s’attache immédiatement, par une (4) Die Fische des Neckars, p. 1385, 1843. (2) Les Poissons des eaux douces de la France, p. 514. (3) M. le docteur Benecke (/oc. cif.) affirme cependant en avoir trouvé atta- chées à des Saumons. De son côté, M. Edmond du Sayé rapporte avoir fait la même observation en ce qui concerne l’Alose. « Ce poisson, dit-il (La péche de l’Alose dans la Garonne), a une grande vigueur et remonte les plus forts courants. Nous signalerons à ce sujet un fait que nous avons observé. La Lamproie, qui remonte à la même époque dans les eaux douces, ne peut, au contraire, dépasser les rapides; arrivée à un point qu’elle ne saurait franchir sans aide, elle s’abrite derrière une pierre ou un obstacle, s’y maintient, et, là. attend le passage des Aloses ; quand l’une d’elles nage à sa portée, elle s’élance et la saisit à la queue ; l’Alose effrayée précipite sa course, fait un effort et franchit le passage difficile ; la Lamproie . lâche prise aussitôt. Nous avons vu prendre dans les filets tournants des Aloses ainsi accrochées ; or ces filets sont placés dans les courants les plus forts. » LES ÉCHELLES A SAUMONS. 37 succion énergique, au corps sur lequel elle touche, ety adhère solidement. Remise de ce premier effort, elle en fait un deuxième, puis un troisième, s’élance de nouveau, et, finale- ment, parvient à surmonter l'obstacle et à gagner le bief supérieur. | Très abondante autrefois (4) et très estimée pour la table, la Lamproie est devenue infiniment moins commune aujour- d'hui. Comme pour les autres poissons, et surtout pour les espèces aux habitudes migratrices, une pêche à outrance et les nombreux barrages, écluses, etc., établis en rivière pour les besoins des usines ou de la navigation, en sont la prin- cipale cause (2). ÉTABLISSEMENT DES ÉCHELLES A SAUMONS Principales conditions à remplir. Dans l'établissement d’une échelle, plusieurs conditions importantes sont à observer. Il faut d'abord, pour le poisson, que le passage soit facilement accessible, attractif, aisé à par courir. Pour le service qui supporte la dépense d’installation et d'entretien, il importe que la construction soit économique et qu’elle n’exige pas de fréquentes réparations. Enfin pour l’usinier qui utilise la chute d’eau, il convient que le fonc- tionnement de l'échelle n’exige qu’une prise d’eau sans in- fluence appréciable sur la force motrice. Pour satisfaire à toutes ces exigences, il est nécessaire (1) Une ordonnance du roi Jean, de 1387, nous apprend qu’au quatorzième siècle, des marchands de poisson faisaient uniquement le commerce de Lam- proies. Cette ordonnance, qui a pour but d'interdire les revendeurs, nous fait voir aussi que le fléau des intermédiaires entre les producteurs et les consom- mateurs date de lôin. (2) Cest ainsi que les Lamproies qui, par la Gironde et la Dordogne, viennent de la mer à Libourne, s'engagent d’abord dans l'Isle, puis dans la Dronne, mais se trouvent bientôt arrêtées par le barrage du moulin de Coutras qu’elles ne peuvent franchir. Celles qui continuent à remonter la Dordogne sont également arrêtées par les barrages de Bergerac et de Mauzac. Toutefois, depuis les améliorations apportées en 4872 et 1873 aux échelles à poisson de ces barrages, la Lamproie commence à se remontrer un peu dans la haute Dordogne (Séatistique des péches). 38 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. d'apporter une attention sérieuse aux questions d’emplace- ment, de dimensions, de forme, de mode de construction et de choix des matériaux. La première condition essentielle à remplir, c’est que le pied de l'échelle, c’est-à-dire l’orifice inférieur, servant d’en- trée au poisson, soit d’un accès facile pour celui-ci. En remontant un cours d’eau, les Aloses, les Truites, les Saumons se tiennent toujours de préférence au milieu du courant. Rencontrent-ils un barrage, ces poissons l’explorent dans toute la largeur pour trouver un passage; ils vont, viennent, s’agitent au pied de l’obstacle qui leur coupe la route ; mais rarement ils cherchent en arrière, le long des rives. S'il y a peu d’eau au pied même du barrage, ils redes- cendront parfois légèrement en aval pour gagner un gite momentané dans une eau profonde à leur convenance; mais ce ne sera que pour remonter bientôt, comme la première fois, au plus fort du courant, et venir se heurter de nouveau contre l’obstacle qui les arrête. Aussi passeront-ils presque certainement sans la remarquer devant l’entrée d’une échelle débouchant trop en aval du barrage. Ces allures du poisson doivent guider dans le choix de l’em- placement comme de la direction du passage à lui ménager. Une échellè peut sans inconvénient déverser ses eaux dans ‘un tout autre sens que le courant de la rivière. L'important, c’est qu’elle les déverse le plus près possible de l'endroit où afflue le poisson, c’est-à-dire au pied même du barrage, au point où la nappe d’eau est tout à la fois la plus abondante et la plus vive. Quand le barrage est peu élevé, l'échelle est naturellement assez courte, même si elle est construite en ligne droite et avec une faible pente; dans ce cas l’entrée en est peu éloi- onée du barrage et le poisson peut la trouver facilement. Mais si une différence considérable de niveau entre les deux biefs oblige à donner une grande longueur à l'échelle, 1} con- vient d'adopter pour celle-ci la forme en retour, afin d’en placer toujours l’entrée dans l'endroit où la nappe d’eau de Ja chute présente la plus grande épaisseur et où le bouillon- LES ÉCHELLES À SAUMONS. 939 nement étant le plus violent appelle naturellement le poisson. Dans certains cas, il est possible de placer le sommet de l'échelle dans un canal débouchant un peu en avant du bar- rage, et l'entrée ou orifice inférieur au pied même de la chute d’eau. On à aussi installé des échelles, soit sur le mas- sif même de la digue ou du barrage, soit dans son épaisseur. C’est une excellente disposition à adopter toutes les fois que la forme du barrage et les autres circonstances locales le permettent. Quand le barrage coupe la rivière obliquement, il convient sénéralement de placer l'entrée de léchelle dans l’angle d'amont, où le poisson, arrêté par l'obstacle, tend toujours à se porter. Pour en finir avec la question d'emplacement, disons qu’il peut arriver que l’approche du barrage soit rendue difficile au poisson par la force même de la chute d’eau, ou par quelque autre cause. En pareil cas, il est évidemment néces- saire de mettre le pied de l’échelle un peu en aval; mais ce n’est qu'avec une extrême prudence qu’on doit s'affranchir ainsi de la règle générale. On peut du reste quelquefois gui- der le poisson, le diriger vers l’entrée de l’échelle au moyen d’un obstacle quelconque (clayonnage, enrochements, elc.), placé en travers du courant. Cet obstacle est, autant que pos- sible, disposé obliquement, et l’on met l'entrée de l’échelle vers l’extrémité d’amont. Bien placé, un épi de ce genre peut rendre de grands services. Malheureusement, dans les grands cours d’eau, ou dans ceux qui servent au flottage du bois, ce moyen est rarement utilisable. La seconde condition essentielle à remplir, c’est que l'échelle soit attractive. Il faut que le poisson se trouve en- gagé à y entrer, et, à cette fin, il importe que le débit de l'échelle soit suffisant. Certaines échelles défectueuses dé- versent un si faible volume d’eau, qu’elles peuvent échapper longtemps à l'attention du poisson cherchant un passage. En aval d’un barrage, le poisson est souvent sollicité par plusieurs courants dans autant de directions différentes : 40 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. courant du déversoir, courant de la machine motrice, cou- rant des vannes de décharge, du canal de fuite, etc.; tous entrent en lutte avec le courant de l'échelle pour attirer le poisson. Généralement, celui-ci se laisse d’abord guider par le courant le plus fort, et, quand il est engagé dans une fausse voie aboutissant à un obstacle insurmontable, ce n’est qu’a- près de longs efforts infructueux, souvent après des journées entières passées en vaines tentatives d'escalade de l'obstacle, qu'il se décide à chercher un autre chemin. Or, plus le cou- rant qui débouche de l’échelle sera fort, plus tôt Le poisson le remarquera et s’y engagera. Toutefois, les dimensions de l’échelle ne doivent pas être calculées seulement au point de vue du débit convenable pour attirer le poisson, mais aussi au point de vue de la faci- lité du passage. Sur une petite rivière où l’on ne peut souvent emprunter qu’un véritable filet d'eau pour le service de l’é- chelle, il peut y avoir utilité à réduire la largeur de celle-ci au strict minimum nécessaire. Or l'expérience a démontré que le Saumon s'engage très volontiers dans une ouverture de moins de 0",35 de côté (1), dimension qui peut donc suf- fire au besoin, pourvu que la veine liquide qui traverse cette ouverture produise, par rapport au débit total de la rivière, un courant assez fort pour attirer le poisson. Si, en arrêtant les dimensions d’une échelle, :l faut tenir compte des besoins du poisson et donner au moins le mini- mum de largeur nécessaire, on doit aussi, d’un autre côté, éviter l’excès contraire pour ne pas, tout en augmentant la dépense sans nécessité, s’exposer à provoquer des plaintes de la part de l’usinier. La question de dépense est certainement la plus importante ; elle sera examinée plus loin. Quant au préjudice que causerait la prise d’eau nécessaire au service de l’échelle, il est toujours plus apparent que réel, attendu que : (1) M. Charles G. Atkins rapporte avoir vu, à Bucksport (Maine), des Saumons cherchant dans un ruisseau un endroit favorable pour frayer, passer en grand nombre par un couloir de huit pouces de large et de moins d’un pied de haut (Ch. G. Atkins, On Fisch-ways). LES ÉCHELLES A SAUMONS. AM 1° Le volume de la prise d’eau peut généralement être limité à un cinquantième environ du débit total de la ri- vière ; 2 A chaque barrage, le service du moteur hydraulique de l'usine, ou les écluses nécessaires à la navigation, réduisent beaucoup le volume de la nappe d’eau qui passe par-dessus le déversoir et qui constitue la chute proprement dite où le le poisson vient chercher un passage; or moins cette nappe est forte, plus le débit de l’échelle peut être restreint ; 3° Enfin la période de l’année pendant laquelle le fonction- nement des échelles est utile coïncide précisément avec l’é- poque habituelle des hautes eaux, où le débit de la rivière dépasse de beaucoup les besoins de l’usine, les moteurs hy- drauliques étant généralement installés en vue de pouvoir fonctionner même pendant les basses eaux. La troisième condition essentielle d’une bonne échelle, c’est d’être facile à parcourir. Tous les poissons voyageurs remontent avec la plus grande aisance de très forts courants. Dans certains cas, l’échelle peut donc consister en une simple passe droite en plan incliné, où la veine liquide, ne subissant aucune déviation, acquiert une vitesse considérable, qui peut s'élever jusqu’à 10 ou 12 kilomètres à l'heure. En Penn- sylvanie, les commissaires des pêcheries ont fait construire, pour la remonte des Aloses, une échelle droite où la vitesse du courant atteint 10 milles (16 kilomètres) à l'heure. Cette échelle, établie sur un barrage de 1°,50 d’élévation, présente une inclinaison d’environ 4 centimètres par mètre (1). Ce type d'échelle ne saurait convenir pour un barrage plus élevé; la vitesse de l’eau, qui croît avec la longueur de l’é- chelle, deviendrait excessive, et, d’un autre côté, pour adou- cir la pente, 1l faudrait exagérer la longueur de la construc- tion, ce qui augmenterait la dépense el reporterait l’entrée de l'échelle trop loin du pied du barrage. Aussi est-il préfé- rable de donner, au contraire, une pente plus forte et de ra- (1) Report of the State (Pennsylvania) Commissioner of Fisheries for the year 4873. Harrisburg, 1874. 49 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. lentir le courant au moyen de cloisons transversales, qui lui impriment de nombreux changements de direction. Dans quelques types d’échelles qu'on trouvera décrits plus loin, tels que l’échelle Brackelt, par exemple, la vitesse descend à 30 mètres environ par minute, ce qui permet de faire dévier la veine liquide à angle droit sans qu’elle bouillonne à la sur- face. Dans les échelles Smith et Forster, la vitesse est du double environ; elle ne paraît pas devoir dépasser beaucoup 75 mètres par minute (soit environ 5 kilomètres à l'heure) dans tous les types analogues. Le frottement de l’eau contre les parois de l’échelle peut être utilisé comme moyen de ralentir le courant. Dans une rigole en pierres brutes, et surtout dans un ruisseau, le mou- vement de l’eau est naturellement tout autre que dans une échelle construite en bois ou en pierres régulièrement tail- lées. À pente égale, le courant est bien moins rapide. C’est que les inégalités du lit du ruisseau constituent autant d'obstacles à l'écoulement régulier de l’eau. Les parois d’une échelle, au contraire, présentent généralement des surfaces unies, recouvertes en outre par l’eau d’une sorte d’enduit limoneux qui les rend parfaitement lisses et glissantes. L’eau y coule sans rencontrer la moindre résistance, acquiert facilement une grande vitesse et va se heurter violemment contre les cloisons transversales. Il y a donc utilité à rendre artificiel- lement les parois le plus irrégulières, le plus raboteuses pos- sible. Aussi, en Angleterre, où les échelles sont presque toutes en maçonnerie, emploie-t-on de préférence les matériaux les plus bruts, au moins pour la construction des bajoyers et du dallage ; les cloisons seules sont en pierres taillées. Mais on a soin d'éviter la formation de tourbillons, de courants en sens divers, qui pourraient embarrasser le poisson et le rendre hésitant sur la route à suivre; car, en remontant, il n’est guidé que par le courant. Peu importent les sinuosités, les zigzags que décrit le courant, s’il ne se divise pas. Grâce à son agilité, à sa facilité d'évoluer, le poisson passe dans une rigole aussi contournée qu'on puisse l’imaginer, avec la même aisance que dans un LES ÉCHELLES A SAUMONS. 43 couloir rectiligne, pourvu que la direction du courant l’incite à se porter en avant. Au milieu de tourbillons, au contraire, le poisson hésite, s’attarde en cherchant le chemin, tourne sur lui-même et peut facilement renoncer à franchir le passage. Or, dans les échelles dites à gradins, composées d’une série de bacs étagés, communiquant entre eux par un étroit cou- loir, il se produit presque toujours dans chacun des bacs un courant circulaire dont le poisson suit quelquefois le mouve- ment pendant très longtemps au lieu de chercher à franchir un nouvel échelon. Ces retards sont toujours fâcheux, car le poisson prend facilement peur, et si, par suite d’une cir- constance quelconque, il vient à s’effrayer pendant qu’il est engagé dans l'échelle, il retourne brusquement en arrière et peut tarder ensuite longtemps à s’y engager de nouveau. Donc, plus une échelle est rapidement franchie, meilleure elle est. On a cru parfois nécessaire de ménager au poisson des points d'arrêt; des échelles présentaient, en conséquence, un certain nombre de paliers. L'observation a fait reconnaître non seulement la complète inutilité, mais encore les incon- vénients de cette disposition. Les poissons franchissent beau- coup mieux et plus rapidement un passage direct qu’une succession de bacs et de couloirs. Ce qu’il faut, par suite, chercher surtout à obtenir, c’est un courant unique, égal, uniforme, dans toute la longueur de l'échelle. La perfection complète sous ce rapport est difficile et souvent, du reste, inutile à atteindre. Il ne manque pas d'exemples d’échelles présentant de violents remous et fonctionnant toutefois d’une façon très satisfaisante. D'ailleurs, jusqu’à présent, même dans les meilleurs systèmes, le tourbillonnement de l’eau n’a Jamais été complètement évité. (A suivre.) LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES, EXOTIQUES, PEU CONNUES OU INCONNUES . Par M. A. PAILEIEUX Membre de la Société nationale d’Acclimatation, et M. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséum. INTRODUCTION Depuis tantôt dix ans, nous cultivons un grand nombre de plantes comestibles exotiques peu connues ou inconnues. Nous considérons comme peu connues celles dont on lit les noms dans quelques traités d’horticulture, mais qu’on ne rencontre que peu ou point dans les jardins. Nous citerons comme exemple, parmi vingt autres, la Bardane, la Baselle, la Glaciale, la Bénincasa, qui, selon nous, sont des plantes peu connues. Nous considérons comme inconnues celles qui ne figurent que dans les nomencelatures botaniques et qui ne sont culti- vées nulle part. Nous pouvons citer comme telles la Moutarde tubéreuse, le Stachys tubéreux, le Miôga, le Kudzu, l'As- perge tubéreuse, etc. Il existe bien peu de plantes alimentaires qui soient abso- lument inconnues. Chez les peuplades qu’ils ont visitées, Les explorateurs n’ont eu qu’à ouvrir les yeux pour voir ce qu’elles mangeaient. Les sauvages se nourrissent de tous les végétaux qui, croissant spontanément, n’exigent aucun soin. Chez des peuples d’une civilisation différente de la nôtre, mais fort avancée, on cultive tout ce qui rémunère le travail ; on arrache dans les terrains vagues et dans les bois tout ce qui est alimentaire. Au Japon, en Chine, les populations sont tellement pauvres, qu'aucun végétal mangeable n’est négligé par elles. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 45 Un de nos correspondants nous disait au sujet du Zilium tigrinum : « Dans la province que j'habitais, on ne le culti- vait pas pour la table; cependant les pauvres le mangent, mais quel légume les Japonais pauvres ne mangent-ils pas ? » Un autre correspondant, à propos du Momordica charantra, nous écrivait : « Les Chinois le mangent aussi; ils mangent tout. Zl serait plus facile d'énumérer les choses de provenance végétale que les Chinois ne mangent pas que celles qu'ils mangent. » De ce qui précède, on doit conclure que tous les végétaux alimentaires sont connus ; que si l’on peut en rencontrer en- core qui n'aient pas été signalés, ce cas sera bien rare; enfin, que nous n'avons pas la prétention d’avoir introduit des plantes absolument nouvelles, et qu'on ne fera pas, en nous lisant, un voyage de découvertes. Si nous consultons l’ouvrage de M. A. de Candolle : L’ori- gine des plantes cultivées, nous voyons que l’Europe centrale et septentrionale était, en des temps plus ou moins reculés, extrêmement pauvre en plantes potagères, et que notre sol n’en produisait spontanément qu'un très petit nombre. Les espèces que nous possédons aujourd’hui, et dont nous avons oblenu d'innombrables variétés, nous sont venues successive- ment de pays plus chauds que le nôtre. Une seule plante po- tagère, d’aiileurs insignifiante, l’Arroche, nous est venue du Nord. Réduite à ses seules productions naturelles, la France n’au- rait, pour ainsi dire, pas de légumes. Les Fèves, les Pois, les Haricots (1), les Oignons, les Salsifis, les Pommes de terre, les Melons, les Citrouilles, les Tomates, les Fraisiers à gros fruits et trente autres plantes potagères usuelles lui feraient défaut; ce qui démontre deux choses : premièrement, qu’on ne peut introduire dans nos cultures des plantes potagères nouvelles qu’en les demandant à des contrées plus chaudes que la nôtre; secondement, que ces plantes, entourées de (1) L'origine du Haricot commun n’est pas connue; mais il est trop sensible au froid pour être né sous notre climat. 46 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. soins appropriés à leur nature, peuvent prospérer sous notre climat. Après dix années de recherches plus ou moins fructueuses, nous croyons le moment venu de rendre compte d'essais dont nous ne verrions jamais le terme. La tâche que nous avons entreprise est de telle nature, qu’elle ne peut pas être achevée. L'expérience nous a prouvé que telle plante qui se montre rebelle à la culture sous notre climat, présente quelquefois des variétés hâtives qui, n’exigeant pas un aussi long cours de végétation que leur type, peuvent prendre place dans nos jardins. [l faudra donc découvrir ces variétés. Ce n’est d’ailleurs pas à quelques lieues de Paris, dans le jardin dont nous disposons, que l’expérimentation des plantes potagères exotiques doit se poursuivre. Comme nous l'avons dit, toutes celles dont on peut tenter l'introduction appar- tiennent à des climats beaucoup plus chauds que celui des en- virons de Paris. Des cultures qui échouent dans notre jardin réussiront souvent entre la Loire et la Méditerranée. Ce que nous n’obtenons qu’à l’aide des procédés de la culture marai- chère peut, dans le Midi, s’obtenir en plein air et devenir l’objet d’un trafic lucratif. Les chemins de fer facilitent un commerce de légumes que les distances rendaient impratica- ble autrefois. Nous espérons que l’expérimentation des plantes sur les- quelles nous appelons l'attention se fera sur divers points du territoire, dans des conditions plus favorables que celles qui nous étaient imposées. En ce moment déjà des eflorts mé- ritoires sont faits dans nos départements méditerranéens. Nous formons des vœux ardents pour leur succès. Nous présentons les résultats, bons ou mauvais, que chaque essai nous à donnés. L’expérimentateur à venir pourra donc éviter des expériences inutiles, ou du moins choisir les plantes qui lui sembleront offrir le plus de chances de succès. Instruit par les synonymes que nous avons eu soin d'indiquer, 1l ne sera pas exposé à recevoir SOUS un nom Inconnu, et par Con- LE POTAGER D'UN CURIEUX. 47 séquent comme plante nouvelle, une espèce qu’il possèdera peut-être depuis longtemps, et que, quelquefois même, il aura rejetée de ses cultures. Nous avons pour but l'extension du domaine de l’horticul- ture potagère; s’il arrive que nous ayons aidé à la propaga- : tion de plantes utiles, en si petit nombre que ce soit, nous nous estimerons très heureux. Accoub de Syrie. GUNDELIA TOURNEFORTII L. Fam. des Composées. Plante laiteuse comme le Scolyme. Tige assez forte, ra- meuse, atteignant 0",30 à 0",40 de hauteur. Feuilles radicales longues, profondément incisées, à lobes bordés de dents épi- neuses. La nervure principale est grosse, blanche et couverte de duvet; feuilles caulinaires sessiles, semi-amplexicaules. En juin-août, fleurs purpurines, en capitules ovales, ressem- blant à ceux de certains panicauts (Eryngium). Involucre unisérié, monophylle, plus court que les fleurs, à écailles terminées par une pointe épineuse. Corolle régulière, glabre, à cinq lobes plus longs que le tube. Étamines 5, non sail- lantes. Stigmate bifide. Les quatre fleurons de la circonfé- rence sont mâles ou stériles ; celui du centre est hermaphro- dite. Fruit (achaine) assez gros, ovale, dépourvu d’aigrette. Plante vivace, originaire de l’Asie Mineure, où elle croît dans les lieux incultes. Tournefort lPobserva dans son voyage au Levant et la nomma Gundelia, du nom de Gundelsheimer, son ami, qui l’accompagna dans ce voyage. On la cultiva longtemps, au Jardin des plantes de Paris, de graines prove- nant de ce voyage; on la perdit ensuite, mais on ne tarda pas à se la procurer de nouveau. On y possède aujourd’hui de forts pieds de Gundelia, mais ils produisent très peu de graines fertiles ; d'autre part, comme chez beaucoup de plantes à racines pivotantes ou lactescentes, la division des touffes 48 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. n’est guère praticable. Le Gundelia est donc d’une multipli- cation difficile. Sa culture présente aussi quelque difficulté. Originaire d’un pays où la saison humide et végélative est de courte durée et suivie d’une période de sécheresse absolue, il arrive que, cultivée chez nous, la plante a achevé sa végélation vers le milieu de l’été ; à partir de ce moment commence pour elle la période de repos, qui correspondrait justement, dans son pays d’origine, à la saison sèche. Nos automnes étant ordinaire- ment pluvieux, il faut donc garantir la plante contre l’humi- dité en la couvrant d’une cloche ou d’un châssis, sous peine de la voir bientôt atteinte par la pourriture. Une lettre adressée par M. Blanche, consul de France à Tripoli de Syrie, nous a été obligeamment communiquée. Elle fait connaître un usage de la plante que nous ne soupçon- nions pas : « En fait de plantes qui vivent à tous les milieux, je vous en envoie une sur laquelle j'appelle toute votre sollicitude : c’est le Gundelia Tournefortii L., à grosses racines, épi- neuse. Les Arabes l’appellent Accoub, d'où Vaillant avait bien sûr formé le genre Hacub. » Il y a de nombreuses années que j'ai le désir de l’aceli- mater chez nous; j'ai dû vous en envoyer autrefois; j'en ai envoyé à Decaisne et à Palerme, etc., etc., et je n’ai pas réussi; je recommence mes essais de naturalisation cette année. L’est surtout comme plante potagère qu’elle mérite l'attention. Les jeunes pousses dépouillées de leurs épines, et surtout les ca- pitules à l’état de boutons naissants, constituent un légume extrêmement estimé des Arabes, et qui, à mon avis, vaut l’ar- uichaut. » En Syrie, selon Boissier (Flora orientulis), on mange les Jeunes tiges de cette plante après les avoir fait cuire. On la connaît sous le nom de Accoub. CM. Olivier, dans son voyage en Orient, remarque que les racines de cette plante sont plus savoureuses, bien moins fades que celles du Salsifis et de la Scorsonère. Il n’est pas douteux que cette plante ne réussisse très bien dans toute la France LE POTAGER D'UN CURIEUX. 49 méridionale, et ne puisse y devenir une de nos meilleures plantes potagères. » (Lamark, Encyclopédie, suppl.) On voit par ce qui précède que les racines, les tiges, les capitules de l’Accoub sont également comestibles, en un mot, que la plante entière constitue un excellent légume. Il n’avait pas été dit, avant que la lettre de M. Blanche nous l’apprit, que les capitules à l’état de boutons naïssants fussent particu- lièrement recherchés. Nous sommes très portés à accorder une foi entière à ce renseignement, et nous regrettons beau- coup de ne pouvoir fortifier cette foi par le résultat d’une dégustation; mais nous ne possédons, au moment où nous écrivons, que deux ou trois pieds d’Accoub, produits par des oraines de M. Blanche, semées au printemps, et nous ne savons pas comment ils passeront l'hiver. Nous appelons toute l'attention des amateurs sur le Gun- delia. Les difficultés que peut présenter sa culture dans les environs de Paris n’existeraient pas dans le Var, dans les Bouches-du-Rhône, etc., où la distribution de l'humidité et de la sécheresse est à peu près la même qu’en Syrie. Il est très désirable qu'un essai sérieux soit fait et qu'un résultat heureux soit Le prix du zèle persévérant de notre consul. Ail à fleurs comestibles. ALLIUM ODORUM L. Mant. 62. A. senescens Miq. Prol. 318. À. uligino- sum Don.Monogr. 60. Fam. des Liliacées. Bulbe tuniquée, brune. Hampe nue; feuilles linéaires, planes, canaliculées. Ombelle multiflore. Fleurs blanches, dressées, assez grandes, portées sur des pédicelles de 10 à 15 millimètres; bractées hyalines. Spathe bifide, membraneuse, trois ou quatre fois plus courte que l’ombelle. Anthères d’un lilas fauve. Ovaire à trois loges, vert, surmonté d’un style court. L’Ail odorant est une plante potagère du Japon, de la Chine et de la Cochinchine. Nous en avons reçu les graines de Yoko- 4 SÉRIE, T. [. — Janvier 1884. 4 0 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. hama et de Saïgon. Elle est assez jolie pour être également considérée comme ornementale (1). L'Allium odorum se trouve partout à l’état sauvage dans les montagnes de Pékin. On le cultive aussi dans tous les jar- dins. Les Chinois mangent la plante entière à l’état cru. Elle fleurit au mois d'août, et, à cette époque de l’année, on en vend aux marchés les fleurs coupées, qu’ils mangent égale- ment (2). Les renseignements qui précèdent nous ont suggéré l’idée d’un essai qui a réussi. Nous avons décoré une salade de chicorée de fleurs d’A Zlium odorum, comme on le pratique avec celles de la Capucine. Mèlées à la salade, ces fleurs lui ont communiqué un parfum spécial, qui n’est pas sans analogie avec celui que recherchent les amateurs lorsqu'ils introduisent dans la salade de chicorée ce qu'on appelle communément le chapon. Nos amis, après dégustation, ont donné leur approbation à notre tentative, et il y a peut-être là un emploi qui ne serait pas à dédaigner. On peut, en effet, cueillir les fleurs de l’Aïl odorant pendant deux mois, du 1* août au 1" octobre, et peut-être plus long- temps encore. La plante donne en abondance des graines que l’on sème au mois d'avril; en procédant ainsi, on n’obtient de fleurs que la seconde année; mais, sur plantation de bulbes, elles apparaissent dès le 1* août. L’Allium odorum est une plante vivace, absolument rus- tique. (1) 1 ne faut pas la confondre avec l’Ail odorant, Allium fragrans Vent. Notho scordium fragrans Kunth. (2) Docteur E. Bretschneider LE POTAGER. D'UN CURIEUX. 51 Alstræœmère Liuto. ALSTRŒMERIA LIGTU L.; A. Ligta Ruiz et Pav.; Bot. mag., tab. 195 Red. Liliac., tab. 40 ; Delaun., Herb. de l'amateur, vol. 2. Fam. des Amaryllidées. Tiges, les unes stériles, hautes de 7 à 8 pouces, terminées par une rosette de feuilles; les autres, 3 à 6 flores, hautes de 1 pied à 1 pied 1/2. Feuilles petites, lancéolées, linéaires ; celles des rosettes spatulées, oblongues. Fleurs grandes, penchées, comme bilabiées, disposées en ombelle simple. Pédoncules plus longs que les feuilles florales. Sépales ex- ternes blanes, tachetés de rouge. Sépales internes écarlates, immaculés, Racines fasciculées, arrondies, épaisses, revè- tues d'une écorce brune, un peu noueuse. Cette plante croît sur le bord des ruisseaux, au Pérou et au Chili. Dans ce dernier pays, elle se nomme Ziuto. Elle dra- geonne, et, selon M. Ketteler, elle peut, de semis, donner des fleurs dans l’année. « L’A Istræmère Liuto parait être celle qui donne le véri- table Chuño, fécule que l’on extrait des tubercules des ra- cines par le même moyen que l’on extrait la fécule des Pommes de terre: Au Chili, on l’emploie fréquemment, surtout pour les malades et pour les personnes dont l'estomac est délicat. Elle pousse surtout dans les provinces de Cauquenes et É Concepcion. » (Claudio Gay, Flora Chilena, vol. VI, p. 85, trad. Verlot.) Tout l'intérêt de la présente note est dans les renseigne- ments que nous avons recueillis sur la précieuse fécule du Liuto. Nous ne changerons pas une syllabe aux réponses qui ont été faites aux questions que nous avons posées, Le Liuto pousse uniquement dans des terrains sablonneux et humides, à température tempérée, semblable à celle du département de la Seine. Une seule espèce est connue dans le pays (Concepcion). On n'y connaît pas le À. pelegrina dont parle CI. Gay. 52 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Le nom chilien de la plante est Liuto, le seul connu dans le pays de production. Le Chuño est dans le commerce pour la consommation locale. Il s’en fait un grand commerce au Chili. Il s’en exporte peu. Le Chuño n’est fabriqué ni dans des usines, ni dans les familles. Les pauvres gens arrachent les racines. Les femmes s'occupent exclusivement de la fabrication, qui se fait en mars et avril, et portent au fur et à mesure sur le marché le produit de leur travail. On pourrait en demander au Chili et en recevoir une cer- taine quantité. Il se vend à la mesure : 10 à 12 francs le dé- calitre. Il se conserve parfaitement. Opinion de M. le docteur Thévenot sur la valeur alimen- taire du Chuño de Liuto. M. le docteur Thévenot a exercé longtemps la médecine au Chili, où il jouissait de la plus haute considération. Il habite maintenant Paris et nous lui avons été présentés par un de nos amis, M. A.., grand propriétaire au Chili. Voici le ré- sumé de l’entretien que nous avons eu, au sujet du Chuño, avec l’éminent praticien : « Le Chuño est un excellent ali- ment, moins riche peut-être que certaines autres fécules, mais léger, de digestion très facile, très utile aux enfants et aux convalescents. On en fait des pâtisseries très estimées. » M. A... a poussé l’obligeance jusqu’à nous apporter du Chili des racines de Liulo et une certaine quantité de Chuño qui, à la dégustation, a répondu à l’opinion que nous nous en étions faite. Nous ne savons pas encore ce qu'il adviendra de la culture du plant que nous essayons de faire vivre. Il est arrivé très épuisé. La quantité reçue aurait permis d’en faire 100 pieds ; huit ou dix seulement sont vivants au moment où nous écri- vons. Nous n'avons besoin de rien ajouter à ce qui précède pour que lon apprécie les services que rendrait le Liuto si on pouvait en pratiquer la culture. Le climat n’y apporterait LE POTAGER D'UN CURIEUX. 53 vraisemblablement aucun obstacle. On sait que plusieurs Alstræmères se montrent rustiques sous le climat de Paris et nous avons depuis plusieurs années une touffe de À. pele- grina qui a résisté, sans abri, aux hivers. Amarante oléracée. Brède, Epinard marron. AMARANTUS OLERACEUS L.; Euxolus oleraceus Moq.; Albertia oleracea Kunth. Fam. des Amarantacées. Plante annuelle à tiges dressées ou ascendantes, hautes de 0",30 à 0°,50, garnies de feuilles d’un vert pâle, pétiolées, ovales, très obtuses, échancrées, un peu rugueuses. En juil- let-août, fleurs verdâtres disposées au sommet de la plante, ainsi que dans les aisselles supérieures, en épillets plus courts que les pétioles des feuilles et formant des épis termi- naux, dressés, obtus, denses; calice une fois plus long que les bractées. Fruit utriculaire, ovale, lisse, aigu. Indes orien- tales. « Gelte plante utile et comestible est très commune aux Antilles. On la rencontre partout. Les habitants en mangent les feuilles assaisonnées, comme celles des épinards de France, auxquels elle ressemble assez par son port. On la fait entrer dans le fameux ragoût créole nommé Calalou en lui associant des bourgeons de Giraumon, du Pourpier, du Gombo, de la Morelle laman, une volaille, un morceau de jambon, des crabes, des écrevisses et surtout beaucoup de piment. » (Descourtilz, Flore des Antilles.) L’Amarante oléracée et ses variétés sont cultivées sur une grande échelle par les indigènes dans l’Inde entière. On en fait usage pendant les pluies. La partie de la plante qui se mange est sa tige, qui est tendre et succulente. On la coupe en petits morceaux et on la prépare comme les hari- cots. À mon goût, c’est un légume très insipide, à peine ac- D4 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ceptable lorsqu'on ne peut pas se procurer un autre légume frais. Le docteur Roxburgh dit qu’il en existe plusieurs variétés cuitivées comme légumes, parmi lesquelles on doit distinguer les suivantes : a. viridis. — Vert, ordinaire, très cultivé. 6. ruber. — Belle variété, à tige rouge clair, brillant. Les branches, les pétioles, les nervures, les veines et les feuilles elles-mêmes sont plutôt couleur de rouille. y. albus. — Toutes les parties qui sont rouges dans Île précédent sont chez celui-ci d’un blanc clair et brillant. Très cultivé dans le Bengale. à. giganteus. — Haut de 5 à 8 pieds, avec une tige grosse comme le poignet. Les sommités tendres el succulentes de ses tiges, ainsi que ses branches, sont quelquefois servies sur nos tables comme succédanées de l’asperge (1). On remarquera qu'aux Antilles on mange, comme épi- nards, les feuilles de l’Amarante, tandis que, dans l'Inde, les tiges sont consommées comme les asperges. En somme, les Amarantes potagères sont en usage parmi de nombreuses populations, c’est à ce titre qu’elles figurent ici. Nous n’en recommandons pas la culture. Angourie des Antilles. Concombre des Antilles. — C. marron. — (, à épines. — C. sauvage C. épineux d'Amérique. CUCUMIS ANGURIA L. Fam. des Cucurbitacées. Plante annuelle. Tiges rampantes, anguleuses, hispides, longues de 2 mètres à 2",30. Feuilles pétiolées, palmées, pro- fondément sinuées et rudes au toucher. Fleurs jaunes, axil- laires, petites comme celles de la Bryone. Les fleurs femelles sont remplacées par des fruits ovoides, d’un vert blanchâtre, (1) À manual of gardening for Bengal and upper India, by Thomas A. C. Fir- minger, M. A, Chaplain on the Bengal establishment. London, 1864. LE POTAGER D'UN CURIEUX. D) hérissés partout de petites pointes spinuliformes. Pédon- cule très long. Le petit volume du fruit et les épines molles dont il est hérissé lui donnent l’apparence d’un marron d’Inde. Ce concombre figure depuis longtemps dans les catalogues sous le nom de concombre Arada, qui ne lui appartient pas. Le concombre Arada, décrit par Descourtilz, tire son nom d'une conformation particulière qui le fait ressembler, en un certain point, aux femmes de la tribu des nègres Aradas. Nous n'avons pas jusqu'ici réussi à nous le procurer. C’est le Cucumis compressus de Linné. Le concombre Angourie croît partout naturellement aux Antilles, et principalement dans les savanes sèches et près des rivières dont les bords offrent une riche végétation. On le rencontre dans la Nouvelle-Grenade, au Brésil, près de Bahia, dans toute l'Amérique du Sud, principalement dans sa partie orientale, où il est fréquemment cultivé dans les pota- gers. La culture de l’'Angourie ne présente aucune difficulté. Cinq mois s’écoulent entre la date du semis et celle de la ré- colte. On sème sous châssis en mars ; on met le plant en pots en avril; on le met en place, sous cloche, du 15 au 25 mai; on récolte du 10 au 15 août. La fructification est d’une abon- dance extraordinaire; on peut compter sur une centaine de fruits par pied; mais, si les plantes reçoivent la pluie pen- dant plusieurs jours, la récolte est entièrement détruite. On n’est assuré de récolter: qu’autant qu'on préserve la planta- tion de l’eau du cielau moyen de châssis vitrés. L’Angourie n’exige pas de couche neuve ou vieille ; il suffit de la planter en poquets garnis d’un peu de fumier consommé. Le 10 août 4876, nous avons présenté à la Société centrale. d’horticulture des Angouries admirablement bien venues, semées le 16 mars, et chargées d’une multitude de fruits à point pour la récolte. Sous le climat de Paris, c'est une plante d’amateur que nous avons pris grand plaisir à culti- ver. Dans le Midi, sa culture serait certainement rémunéra- trice, comme on en pourra juger par ses usages. 26 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Les fruits de l’Angourie se mangent en salade. A la Basse- Terre (Guadeloupe), nos soldats de l'infanterie de marine les recueillent dans leurs promenades autour de la ville et les ajoutent à leur ordinaire. On prépare de diverses manières ce joli petit concombre, en sauce, en calalou, en conserves au vinaigre, notamment dans celles qui portent aux colonies le nom d’Acharts. Selon Descourtilz (Flore des Antilles), pour le préparer, on le coupe par le milieu et on enlève les graines qu’il con- tient en nombre infini, puis on le fait cuire seul, ou avec du jambon, ou des crabes, ou des tomates, ou bien encore avec de la morue. Pour le confire au vinaigre, il faut le dépouiller de ses graines et ajouter des tiges, des pampres et des fruits verts de piment. Le docteur Sagot, dans le Bulletin de la Société d’A cclima- lation, 2° série, vol. VI, 1872, p. 550, nous dit que le jeune fruit cuit du Cucumis Anguria est tendre et très agréable. La plante, dans un bon terrain, fructifie beaucoup. C’est le Pepinhodo mato des colonies portugaises. M. Naudin, dans les Annales des sciences naturelles, a publié sur le C. Anguria une note instructive et intéressante à laquelle nous renvoyons le lecteur. Selon lui, la plante est bien d’origine américaine, ce dont il avait douté d’abord. Elle est considérée comme potagère et cultivée comme telle dans une grande partie de l'Amérique. Il semble que sous ce rapport on en ait liré quelque parti en Italie, dans le sièele dernier, comme nous l’apprennent, dit-il, Gilii et Xuares, dans un opuscule, aujourd’hui fort rare (Osservatione fito- logice, etc.), qui fait partie de la LUE ac de M. Deles- sert et de celle de l’Institut. Nous avons conservé dans du vinaigre, préparé avec fleurs de sureau, piment, etc., des fruits du C. Anguria, sans leur enlever leurs graines. Nous considérons cette précaution comme inutile et nous employons les fruits entiers sans les couper. Cette conserve est très jolie, très bonne. Il ne faut pas confondre l’Angourie avec tous ces légumes insipides, véri- LE POTAGER D'UN CURIEUX. Sy tables éponges à vinaigre, qu’on a l'habitude d’associer aux cornichons. On devra cueillir les fruits avant leur entier dé- veloppement; leur peau dureit assez vite. Pour conclure, nous recommandons vivement la culture de l’Angourie aux amateurs de la région de Paris et aux horti- culteurs ou maraichers du Midi. La vente de ses fruits nous semble assurée. Apios tubéreuse. GLYCINE APplos. L. Apios tuberosa. Mœnch. Fam. des Léqumineuses. Plante vivace, herbacée, glabre; tiges de 2 mètres, grim- pantes, naissant d’une racine tubéreuse; feuilles imparipen- nées; en aoûlt-septembre, fleurs pourpre foncé, panachées de rose-chair, odorantes, en grappes axillaires. Vers 1845, le monde agricole fut en proie à une véritable panique. La Pomme de terre était tombée malade et malade à ce point que l’on pouvait redouter sa disparition complète. On se demandait comment on pourrait se passer de la pré- cieuse solanée, comment on pourrait la remplacer. Des po- pulations entières, sinon en France, du moins en divers pays, étaient menacées des horreurs de la famine. La terreur était grande, grande aussi était l’ardeur avec laquelle on expéri- mentait la culture des plantes proposées comme succédanées du tubercule malade. La Pomme de terre n’a pas disparu, la maladie non plus; mais elle ne fait éprouver au cultivateur que des pertes accidentelles. Nous pouvons donc, sans trop de tristesse, con- stater que les efforts méritoires qui ont été faits pour rem- placer la pomme de terre ont été absolument vains. L’Arracacia ne peut pas être cultivé en France. La Pico- tiane ne produit rien; l’Olluco, pas davantage; enfin, l’Apios dont nous nous occupons en ce moment est à peine comes- üble et son rendement est à peu près nul. Nous aimerions à la passer sous silence, mais son nom a fait quelque bruit pen- D8 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. dant les années qui ont suivi l’invasion de la terrible maladie et nous lui devons au moins une mention. Sous ce titre : Culture de l’Apios tuberosa comparée à celle de la Pomme de terre, G. Moretti, professeur à l'Université de Pavie, a publié une note étendue que les curieux pour- ront lire dans la Revue horticole, vol. I, 1852, p. 84. Nous en donnons ici un résumé aussi suceinet que possible : € Jacques Cornut, médecin parisien, fit connaître, le pre- mier, l’Apios tuberosa, en 1635. La plante était originaire du Canada; elle se répandit promptement dans tous les Jardins botaniques de l’Europe et se naturalisa en Italie, en Autriche et en Bohême. » M. Payen communiqua dans le Compte rendu de l’A cadé- mie des sciences, février 1849, p.194, l'analyse chimique des tubercules de l’Apios. Matières azatées ER OM En On hs med MRC L,5 Substance: 2fasSbie sr et arts ne tar. e STE 0,8 Fécule amylacée, dextrine, matière sucrée, matière analogue, acide pectique, pectine, etc............ 99,09 Cellulose, compris l’épiderme........... = rotin 1,03 Matières minérales........ HER VER. AAA PHARES IT EEE È 2,25 Eau. Susoenetiie DIRE: GET FEI TE ME ER 57,06 100,00 » À la même époque, M. A. Richard communiqua à l’Insti- tut de France une note sur les qualités alimentaires de l’Apios et proposa même une méthode de culture que le professeur, dont nous résumons la note, considère comme impraticable. » Dans les premiers jours de mars 1848, MM. Barbieri et Moretti avaient planté 2 kilogrammes de tubercules d’Apios [ls récoltèrent 3 kilogrammes le 8 novembre suivant: » Un second essai, faiten plantant 1 kilogramme de tuber- cules, donna 1,185. Une culture comparative d’Apios et de Pomme de terre démontra que celle-ci fournissait six fois autant de substance nutritive que celle-là. » Une notice de Mérat sur plusieurs tubercules proposés pour remplacer la Pomme de terre (Revue horticole, vol. IV, LE POTAGER D'UN CURIEUX, 59 p. 13-14) présente des conclusions absolument défavorables à PApios. » Le Bon jardinier dit que lorsqu'on mange une certaine quantité de ces tubercules, ils laissent Sur le palais et l’arrière- bouche une sorte de happement singulier et désagréable, qui est dû à la présence d’un suc laiteux très analogue au caout- chouc. On peut cultiver l’Apios par curiosité. Il produit chaque année des jets souterrains qui se renflent de distance en dis- tance, et présentent un chapelet de tubérosités d’un aspect lort original. C’est d’ailleurs une plante grimpante propre à couvrir des treillages el des tonnelles. Arachide. Pistache de terre. ARACHIS HYPOGÆA L. Trew., Ehrel., tab. 3, fig. 3; Rumph., 4mb., 9, tab. 136; Turpin, Dict. des sc. nat. Fam. des Légumineuses. Plante annuelle, à racines fibreuses, donnant ordinaire- ment plusieurs tiges hérissées de poils mous ; feuilles alternes, pétiolées, à deux paires de folioles obovales, entières, oh- tuses; stipules adnées au pétiole; fleurs petites, jaunes, axillaires, sessiles, ordinairement géminées. Après la fécon- dation, le jeune fruit se recourbe vers la terre, où il s'enfonce pour accomplir sa maturité. Ce fruit est une gousse oblongue, cylindrique étranglée, 2-4 spermes, sillonnée en tous sens de veines qui la font paraître réticulée. On dit la plante originaire de l'Amérique équatoriale; on la cultive généralement en Chine, au Sénégal et dans le midi des Etats-Unis. Les plus grands pays de production sont ceux de la côte occidentale d'Afrique. Dans la Caroline du Nord, on obtient de 80 à 100 hecto- litres à l’hectare. Au Sénégal, le rendement est moindre de moitié. Lés Paistuches de terre ont la grosseur des noisettes et une 60 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. saveur analogue ; mais ce goût est accompagné d’une certaine âcreté qui ne disparaît que par la torréfaction. Ces graines sont saturées d'une huile grasse égale en qualité à la meil- leure huile d’olive et se conservent longtemps sans rancir. On assure que les Pistaches de terre sont la meilleure des sub- stances avec lesquelles on ait essayé de remplacer le Cacao dans la fabrication du chocolat (voy. l’article étendu et inté- ressant du Dict. des sciences naturelles). M. Petit-Radel s’est occupé d’une manière particulière de la culture de cette plante. Elle exige, dit-il, un terrain sablon- neux, qui se laisse aisément pénétrer par les pédoncules des fruits. Elle a produit cent pour un sur le territoire de Rome. Il prétend qu’elle pourrait produire jusqu'à deux cents dans un terrain plus convenable. Le port de Marseille reçoit des chargements considérables d’Arachide, soit de 500 000 à 600 000 quintaux métriques en coque, et 50 000 à 60000 quintaux métriques d’amandes décortiquées. La fabrication de l'huile d’Arachide a pris une très grande importance, et le cours de ce produit est réguliè- rement coté à la Bourse. L’Arachide brute donne 31 pour 100 d'huile et 69 pour 100 de tourteaux. L’Arachide décortiquée donne 40 pour 100 d'huile et 60 pour 100 de tourteaux. Nous ne devons pas nous étendre davantage sur ce sujet, mais nous recommandons aux amateurs de nos départements du Midi la culture de la Pistache de terre, qui leur fournira une amande d’un goût agréable et le spectacle de la plus singulière fructification. Nous avons cultivé la plante dans le département des Landes. Nous savions que des essais y avaient été faits pen- dant le premier Empire. Le sol et le climat sont, en effet, favorables. Nous n’avons ensemencé qu’une planche de jardin formée d’un sable fin, noirci par des détritus de Bruyère et de Fou- ère. La végétation s’y est faite régulièrement, mais sans grand développement. Nous avons cependant eu le plaisir de faire une petite récolte. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 61 Arracacia. ARRACACIA XANTHORRIZA Bauer (1). Arracacha esculenta. D. C. Conium Arracacha Exot. fl. Tab.152. Bot. mag. Tab. 3092. Fam. des Ombellifères. Racines très charnues; tige de 60 à 90 centimètres, her- bacée, peu rameuse, striée, glauque, garnie de quelques feuilles plus petites que les radicales. Feuilles radicales lon- guement pétiolées, de 0",40 à 0",50 de longueur, irrégulières, biternatiséquées, à segments ovales irrégulièrement trilobés, acuminés, grossièrement incisées-dentelées, glabres et d’un vert foncé ; en juillet-octobre fleurs d’un violet foncé ou jau- nâtre, disposées en ombelles peu nombreuses, légèrement concaves. Nous ne croyons pas devoir passer sous silence cette plante précieuse, qui jusqu'ici s’est montrée rebelle à toute tentative de culture sous notre climat. Nous n’avons pas été plus heu- reux que nos devanciers dans l'essai auquel nous nous sommes livrés. Une caisse de tubercules d’Arracacia nous a été apportée du Venezuela par un obligeant ami. M. le D' Ernst, professeur d'histoire naturelle à Caracas, avait présidé au choix et à l’em- ballage des racines. Nous avons partagé avec le Muséum le contenu de cette caisse, qui était dans le meilleur état. Nous avons planté nos tubercules dans la première quin- zaine de juin sur couche et sous châssis aéré. La végétation s’en est faite admirablement et les Liges se sont élevées avec rapidité. Au mois d'août elles étaient garnies de boutons à (1) Dans l'Amérique centrale les Arracacia sont célèbres pour leurs racines comestibles, principalement celles de l'A. Xanthorrhiza qui se mangent en Co- lombie, bouillies, comme nos Pommes de terre, et servent à l'extraction d'une fécule analeptique, comparée à l’Arrow-root et à la fabrication d’une liqueur fermentée qu’on dit stomachique. _L’A. moschata sert aux mêmes usages au Mexique (H. Baillon, Histoire des Plantes, vol. VII, p. 193). 62 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. fleurs, mais ces boutons ne se sont pas ouverts et les Liges se sont cassées à demi-hauteur. Lorsqu’au mois d'octobre nous avons relevé les plantes, leurs tubercules primitifs pourris- saient sans qu’il s’en fût formé de nouveaux. Notre échec était complet. Nous ne nous étendrons passur le mérite, d’ailleurs incon- testé, d’une plante qui a déjoué tout essai de culture. Nous n'avons pas réussi à nous en procurer des graines et bien d’autres que nous en ont demandé aux pays d’origine sans en obtenir. Le semis aurait-il donné un bon résultat ? Il est per- mis d’en douter. Quoi qu’il en soit, les essais qui ont échoué Jusqu'ici seront sans doute renouvelés et cette prévision nous engage à indiquer à nos successeurs les sources auxquelles ils pourront puiser tous les renseignements désirables. Nous accompagnons de nos vœux leurs futures tentatives. Publications à consulter : Bulletin de la Sociélé centrale d'horticullure de France, vOLV, p.251, 1829. Annales des sciences physiques et naturelles de la Société d'agriculture de Lyon, t. I, p. 206, 1838-39. Note sur la racine de l’Arracacha, par M. L. Vilmorin. Bulletin de la Société centrale d'horticulture, vol. XXV, p.16, 1839. Revue horticole, vol. VIE, p. 64, 1845-46. Culture de l’Arracacha et possibilité de l’introduire en Europe, par M. Boussingault, de l’Académie des sciences. Revue horticole, vol. VIE, p. 356, 1845-46. Note sur l’Arracacha, essais de culture, par Vilmorin. Revue horticole, vol. XIIT, p. 42, 1851. Note sur quelques plantes féculentes exotiques, par M. Po- sada Arango. Bulletin de la Socièté botanique de France, XV D 21 Sr LE POTAGER D'UN CURIEUX. 63 Asperge tubéreuse. ASPARAGUS LUCIDUS : Lindl. Bot. reg. 1844, misc. n° 36. Asa Gray, Bot. Jap. 403. Miq. Prol. 315. En japonais: Tomo Roki; Ten mado, selon Miquel ; Ten mon dû, selon X. Fam. des Liliacées. Plante grimpante, sarmenteuse, atteionant environ 1",50 de hauteur; rameaux munis de petites feuilles blanchâtres analogues à des écailles, à l’aisselle desquelles naissent des rameaux fertiles ou des ramuscules verts (cladodes) que l’on prend généralement pour les feuilles ; ces ramuscules sont solitaires, linéaires, falciformes, d'un vert luisant ; pédoncules uniflores. « Cette plante est voisine de l’A. falcatus, dont elle diffère par ses feuilles solitaires plus petites et par ses fleurs qui ne forment pas de grappes. » (Lindl., Loc. cit.) « Dans cet Asparagus, ce sont les racines et non les turions qui sont alimentaires. » (Miquel, loc. cit.) L’asperge tubéreuse nous a été signalée, il y a quelques années, par M. Eugène Simon, ancien consul de France, qui en avait mangé les tuhercules el avait envoyé du plant au Muséum. Après cinq ans d'attente, nous l'avons enfin recue du Japon. Elle pousse vigoureusement chez nous; laissée sans pro- lection, elle a bien passé l'hiver 1889-1883. Nous aurions été plus sages cependant en la couvrant d'un peu de litière. Jus- qu'à présent, elle ne nous a donné que des tubercules très petits, de la forme et du volume de l’olive. À la dégustation, ces tubercules ne se sont montrés ni fari- neux, n1 exempts d’amertume. En même temps que l'espèce précédente, nous avons reçu du Japon une forme curieuse de l’Asparagus trichophyllus bunge. Cette plante est très naine; elle atteint à peine 0",15 de 04 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. hauteur ; elle croît en touffes compactes et donne, comme l'A. lucidus, des griffes charnues. Ces asperges peuvent être considérées comme plantes ali- mentaires en Chine et au Japon; mais elles auront probable- ment peu de succès chez nous. Bardane du Japon Bardane comestible. — Gob6. LapPpA MAJOR Gærtn. var. EDULIS L.; L. edulis Sieb. Fam. des Composées. Plante bisannuelle, haute de 2",10 à 2°,50. Involucre gla- bre, à écailles à peine dentelées à la base, le reste parfaite- ment lisse ; les intérieures mutiques, rayonnantes ; capitules disposés en corymbes. En juillet-août, fleurs pourpres. Ra- cines fusiformes, grises extérieurement, blanches intérieure- ment, longues de 40 à 45 centimètres après quatre mois de végélation. | Le Gobô du Japon est considéré, non comme une espèce, mais comme une simple variété de la grande Bardane, Lappa major, plante commune partout en France où, selon Du- chesne, elle porte selon les lieux, les noms de Bouillon noir, Gloutteron, Grippe, etc. Le même auteur dit qu’en Ecosse on mange ses racines, ses feuilles etses jeunes pousses. Il est probable que les indigents seuls en font usage. Voici ce qu’en dit Poiret dans la Flore médicale : « Toutes les fois que je goûte la racine de Bardane, je suis étonné de ne pas la rencontrer plus souvent dans les cuisines que dans les pharmacies. Elle peut s’apprêter de même que celle de la Scorsonère, tandis que les jeunes pousses, cueillies au prin- temps, se mangent comme les artichauts, les cardons et les asperges. » Quoi qu’il en soit, les Japonais possèdent une variété supé- rieure à la Bardane commune et tout à fait digne de notre attention. | LE POTAGER D'UN CURIEUX. 65 Le Gobô est généralement cultivé au Japon et ses graines faisaient partie de tous les envois que nous avons reçus de ce pays. Dans la dernière collection qui nous est parvenue se trouvaient trois sachets de ces graines, l’un étiqueté : Gobô, tout court, l’autre: Hockate Gobô, un troisième : Umeda Gobô. Ce dernier était donné comme plus grand ou plus gros que les deux autres, et sa culture n’a pas justifié cette 1udica- tion. Nous devons dire que, sauf la hauteur des tiges, nous n'avons reconnu aucune différence entre les (rois variétés ; les tiges du Umeda Gob6 se sont élevées moins haut que celles des autres. Nous avons présenté des racines de Bardane du Japon à la Société centrale d’horticulture de France le 96 août 1880. Ces racines provenaient d’un semis fait le 10 mai précédent el étaient à point pour la consommation; mais nous ne con- seillons pas de nousimiter et de semer au printemps. La séche- resse de l’été durcit les racines et d’ailleurs ce genre de plante polagère est moins utile dans la saison où abondent les lé- oumes frais. Nous proposons donc de semer le 15 juillet, en lignes dis- tantes l’une de l’autre de 20 centimètres, et d’éclaircir le semis de façon que les plantes jouissent en tous sens de cet espace de 20 centimètres. Il est bon de semer dans une terre défoncée à deux fers de bêche pour que les racines puissent y pénétrer aisément et ne se ramifient pas trop. Les bifurcations ou ramifications nombreuses des racines sont en effet un sérieux inconvénient pour la vente sur les marchés. Quelquefois, du collet de la plante descend un vrai faisceau de racines trop menues pour la vente. On doit donc éviter ce dommage autant que possible et les moyens les plus efficaces sont le défoncement du sol, le semis tardif et, en temps sec, l’arrosage qui active la végé- tation. Au bout de cent à cent vingt jours, les racines sont aussi orosses et plus longues que les salsifis les mieux venus. L'hiver est proche, la végétation s’arrête ; les feuilles encore saines sont données aux lapins, qui en sont avides ; la récolte com- 4° SÉRIE, T. |. — Janvier 1884. 5 66 SOCIÉTÉ, NATIONALE, D'ACCLIMATATION. mence et se poursuit malgré les gelées, si la plantation est couverte de litière. La préparation du Gobà, pour la table est la même que pour les Salsifis ou les Scorsonères. Ilserait bon cependant de faire cuire à deux eaux les racines de la plante japonaise pour faire disparaitre une très légère saveur sauvage que quelques per- sonnes leur reprochent; mais comment obtenir des cuisinières qu’elles. commencent la cuisson dans une première eau et l’achèvent dans une seconde ? Nous doutons fort qu’on y par- vienne. On ne lira pas sans intérêt deux notes sur la Bardane du Japon publiées par M. le D' Sacc et. par M. J. Dybowski (1). Celui-ci ne présente le Gobô qu'au point de vue de la culture potagère, qui est le nôtre. Le D’ Sacc le propose aux agricul- teurs comme plante fourragère. Nous croyons en effet qu’elle pourrait, comme telle, rendre des services, mais il ne nous appartient pas de traiter cette question. Comme légume, le Gobô nous paraît inférieur aux Salsifis et aux Scorsonères ; il ne peut, à aucun degré, supporter la comparaison avec le Scolyme d'Espagne ; mais sa végétation rapide, la longueur de ses.racines qui lui permet de se nour- rir sans épuiser le sol, sa résistance au.froid et à la sécheresse, la date à laquelle on le sème et qui en, fait,, à quinze jours près. une culture dérobée comme celle du Navet, ne per- mettent pas de le négliger. S'il était connu dans les campagnes, 1l. y serait probablement utilisé. (1) Description, culture. et usage de la Bardane comestible, Lappa edulis, Sieb., par M. le D' Sacc (Bull. de la Société d’acclimatation, t. VI, p. 30). Note sur la Bardane dû Japon, par M. J. Dybowski (Journal de la Soc. nat. et centr. d'honticulture:de.Krance, 3° série, t, III, p: 7170): LE POTAGER D'UN CURIEUX: 67 Baselle blanche. Épinard de Chine. BASELLA ALBA L. Spec., p. 390, n° 2; Wight Icon. Tab. 896 Gandolu alba Rumph. Herb. Amb., 5, p. 417.Pluko. Phyl.,t. 63, fig. 1. Fam. des Chénopodées. Plante grimpante, munie de tiges et de feuilles très succu- lentes, employées comme potagères à la façon des épinards ; cultivée par les indigènes et tapissant leurs habitations dans toutes les parties de l'Inde, mais à peine admise comme plante potagère par les Européens (Thomas A. CG. Firminger). La Baselle blanche pourrait n'être considérée que comme une variété de l’espèce rouge. Ses feuilles et ses tiges sont constamment verdâtres et non rouge pourpre comme celles du B.rubra. Nous pensons que, comme cullure et usages, elle ne diffère en rien de ce dernier. Baselle rouge. Épinard du Malabar. Brède d’Angola. Brède Gandole. BASELLA RUBRA L. Spec. plant., p.390, n° 1. Gandola rubra Rumph. Herb. Amb., 5, p. 417,t. 154, fig. 2. Busella rubraLam. Ill, T. 215. fig. 1. Plante annuelle ou bisannuelle. Tiges grêles, charnues, ra- meuses, d’un rouge pourpre, s’élevant à 4 pieds de hauteur environ, en se roulant autour des plantes qui les avoisinent. Ces tiges sont munies de feuilles alternes, ovales, entières, légèrement acuminées, épaisses, charnues, d’un rouge pour- pre comme les.tiges et portées par un pétiole court et épais. Les fleurs sont petites, rougeâtres ou d’une couleur pourpre claire et disposées en épis axillaires sur des pédoncules plus longs que les feuilles. Gette plante est originaire des Indes orientales. Aux Indes 68 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. et en Amérique on la cultive dans les jardins et l’on en mange les feuilles cuites (brèdes), assaisonnées de diverses manières et surtout épicées et pimentées ; ce qu’on appelle alors Cala- lou-Baselle. Chaque pied peut fournir trois bons plats dans le cours de l’été. Toutes les Baselles, hors la blanche, sont plus ou moins rouges, et leurs baies, comme celles du Phytolacca, fournissent un suc d’un très beau pourpre, qu'on n’a pas en- core pu fixer (Descourtilz, Flore des Antilles). Nous n'avons cultivé que la Baselle rouge. Nous l'avons semée sous châssis, sur couche chaude, et nous l'avons mise en place en pleine terre vers la fin de mai. Les murs du potager devant être exclusivement consacrés à la vigne et aux arbres fruitiers, la Baselle ne peut y être appliquée. Nous l’avons dressée sur untreillage grossier, à très larges mailles, élevé sur des piquets à l'exposition du midi et, dans ces conditions, elle s’est bien développée et a bien müri ses graines. | La nécessité de palisser la Baselle sur un treillage ne per- met pas aux maraichers de s’en occuper, mais les jardiniers peuvent l’admettre dans le potager. C’est un assez bon lé- gume. On cueille ses feuilles épaisses pendant tout l’élé, à partir du moment où les Épinards, qu’elle est destinée à remplacer, ont à peu près disparu des jardins. Baselle à feuilles en cœur. BASELLA CORDIFOLIA Lam. Dict., 1, p. 382, n° 3; B. cras- sifolia Wight. Cette espèce diffère des B. rubra et B. alba par la forme de ses feuilles, qui sont grandes, presque arrondies et échan- crées en cœur à la base. On la cultive dans les jardins, au Malabar. Elle est charnue et succulente, d’une saveur compa- rable à celle de la poirée, mais un peu inférieure; elle est laxative et nourrit peu. On en mange les feuilles cuites et mê- LE POTAGER D'UN CURIEUX. 69 lées avec la Brède (Amarante épineuse), à peu près comme nous mangeons nos épinards (Lamk, loc. cit.). Bénincasa cérifère. BENINCASA CERIFERA Savi. Cucurbita cerifera Fischer. Fam. des Cucurbitacées. Plante annuelle, originaire de l’Inde et de la Chine. Tiges de 2 mètres environ, feuilles cordiformes à cinq lobes aigus, crénelés, vrilles simples ; en mai-juillet, fleurs jaunes, grandes, pédonculées, axillaires, solitaires; fruit vert, pendant. Inde, 4827. Nous avons cultivé souvent le Bénincasa et nous n'avons éprouvé aucun échec; mais nous l'avons cultivé sous châssis et nous ne l’avons exposé à l’air qu’à la fin de l’été, lorsque les fruits étaient déjà gros. Nous croyons qu’il est sage d’agir ainsi. Le Bénincasa cérifère est un aliment délicat, léger, qui, préparé comme le Concombre, lui est, à notre avis, bien pré- férable. Les auteurs qui en ont parlé avant nous expriment la même opinion. M. Naudin, dans les Annales des sciences naturelles, 4 série, L. XIT, cahier n° 2, p. 9, nous apprend que le B. ceri- fera est un des légumes classiques et les plus estimés de l'Asie austro-orientale et particulièrement de la Chine. Il eite Loureiro, qui, parmi toutes les Courges, n’en connait pas de plus salubre ni de plus propre à servir d’aliment. Son intro- duction en Europe, dit encore M. Naudin, remonte à près d’un demi-siècle, et cependant c’est à peine s’il est connu, hors de quelques jardins botaniques. Le volume de son fruit, qui est celui d’une petite citrouille et quelquefois beaucoup plus gros, sa conservation facile pendant plusieurs mois et quel- quefois même pendant toute une année, l'excellence de sa chair et, enfin, la facilité de sa culture, auraient dù depuis longtemps le faire admettre dans les potagers. On s'explique difficilement l'oubli dans lequel on l’a laissé. Ce fruit est 70 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. remarquable par l’abondante exsudation cireuse et pulvéru- lente dont il se couvre à l’époque de la maturité et qui se con- tinue bien longtemps encore après qu'il a été cueïlli. Je ne connais jusqu'ici que deux variétés de Bénincasa et encore très peu différentes l’une de l’autre. La première, qui est celle de nos jardins botaniques, se reconnaît à ses fruits QU nes longs de 0",95 à 0",40. Le plus bel échantillon que j'en aie vu avait été envoyé d’ Alger à l’Exposition universelle de 1855; il mesurait près de 0,60 dé longueur sur 0,20 à 0,25 d'épaisseur. La seconde variété, arrivée récemment de la Chine, s’en distingue par des fruits simplement ovoïdes, plus courts et en même temps plus:gros. Peut-être aussi Ja sécrétion en est-elle moins abondante. MM. J. Monnier et Cie, dans leur livre intitulé : Les plantes potagères, disent que le Bénincasa est resté longtemps dans Voubli, mais qu’introduit de nouveau depuis quelques années par la Société d’Acclimatation, il semble avoir repris, sinon quelque vogue, du moins la place qu’il mérite parmi les plantes potagères... Il a beaucoup d’analogie avec le Con- combre et est préféré à ce dernier par de nombreux amateurs à cause de sa chair plus légère et de sa saveur moins pro- noncée. Selon Thomas A.-C. Firminger, le Bénincasa est une très crosse et très belle Courge ovoide (1), qui semble couverte d’une fleur cireuse d’an blanc pâle et verdâtre. Il me sait pas si les Européens en mangent beaucoup, mais les imdigènes en font une grande consommation. Elle est d’un très agréable effet sur les chaumières, où l’on peut souvent la remarquer dans la situation la plus exposée et la moins protégée. Lors- que j'ai voulu savoir, dit1l, si ses fruits n’étaient pas en danger d'être fréquemment dérobés, il m'a été assuré que d’autres fruits en pareille situation seraient assez vraisembla- blement volés, maïs que le Bénineasa jouissait d’un respect spécial par certaines considérations religieuses +. lui valaïient une parfaite sécurité. (1) H s'agit ici sans doute de la variété chinoïse. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 71 Au Bengale, on sème ses graines pendant Îles pluies et le lécume est consommé dans la saison froide. Le Bénincasa est, selon nous, digne de l'attention des ama- teurs. Le 26 octobre 1889, nous adressant à la Société centrale d'horticulture, nous disions (1) : Les fruits du Bénincasa, noués sous le verre, sont toujours très beaux, tandis que ceux qui reçoivent la pluie et qui sont soumis aux influences atmosphériques son! toujours tachés, déformés. I n’est donc pas douteux que la plante ne doive être cultivée de préférence dans les régions du Melon de pleine terre. Et d’ailleurs, ce ne pourrait être ici qu'une plante d’amateur. On r’obtient sous un panneau que trois fruits, dont la valeur vénale ne saurait égaler celle de Cantaloups, qui auraient occupé la même place. C’est done au delà de la Loire qu'il serait avantageux de cultiver le Bénincasa. Ses fruits se conservent aisément tout l’hiver, voyagent bien et pourraient se vendre à Paris à un prix à la fois modéré et rémunérateur. Boussingaultie. BOUSSINGAULTIA BASELLOIDES Kunth. Fam. des Chénopodées. Appareil souterrain très développé. Racines peu nom- breuses, fibreuses et charnues. Tubercules abondants, agglo- mérés et rameux, de forme allongée, irréguliers et pourvus, sur toute leur étendue, d’une quantité de bourgeons souter- rains plus ou moins allongés, qui leur donnent une forme irré- gulière, et comme hérissés de grosses pointes. Extérieure- ment, d’un gris terreux noir. L'intérieur est homogène, d’un tissu très blanc, abondant en mucilage épais et filant. Les tiges rameuses et longues, atteignant jusqu’à 10 mètres d’éten- due, déliées, grèles, feuillées, ne se soutenant qu’à l’aide d’un support, et, couchées sur terre, S'enracinant facilement; les (1) Journ. de la Soc. centrale d'hort. de France, 3° série, 18892, t. IV, p. 720. 72 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. feuilles abondantes et charnues. La plante fleurit et ne fruc- tifie pas, quelque bien exposée qu’elle soit. La Boussingaullie est originaire du Mexique et du Chili. Cette plante peut avoir quelque utilité dans les jardins d'agrément; mais nous n’avons pas à nous en occuper à ce point de vue. Nous avons dégusté ses feuilles, apprêtées comme les épi- nards ; elles sont à peine mangeables. Les tubercules ne valent pas mieux. D’après Mérat: Leur nature visqueuse et leur saveur désagréable ne permettent pas d’en faire usage comme ali- ment (1). D’après Philippar : Ils ont une saveur très fade et sont tellement abondants en mucilage, même après la cuisson, qu’il est impossible d’en manger (2). D’après Louis Tellière : Lors de l'installation du Boussin- gaultia baselloides dans notre pays, on avait pensé que l’on pouvait manger ses feuilles comme celles des épinards et ses tubercules comme les pommes de terre, mais bientôt on reconnut que ni les unes ni les autres ne pouvaient servir d’aliment, les feuilles étant très sures et grasses, et les tuber- cules étant mous et gluants. J’ai mangé des feuilles et des tubercules el j'avoue que c’est très mauvais (3). Ces témoignages prouvent suffisamment que la Boussin- gaultie n’a droit à aucune place dans le potager, et, par cette raison même, elle nous fournit un sujet de méditation. Comment se fait-1l que, pour remplacer la Pomme de terre, on ait proposé des plantes sans valeur aucune ? Comment a-t-on pu croire un instant que le Dahlia, l’Apios, la Boussingaultie, la Picotiane, l’Olluco, la Poire de terre Cochet, pourraient remplacer la Pomme de terre ? Parmi ces plantes, les unes se refusent à toute culture, les autres sont immangeables. Les chercheurs de plantes nou- (1) Notice sur les tubercules proposés pour remplacer la Pomme de terre. Dasacq, librairie agricole de la Maison rustique, rue Jacob, 26. (2) Notice descriptive, culturale et économique sur deux plantes tuberculeuses (Bull. de la Soc. d'agriculture, 2° série, t. IV, p. 425, 1848). (3) Boussingaullia baselloides (Revue horticole, 1869, p. 419). LE POTAGER D'UN CURIEUX. 73 velles sont-ils donc invinciblement enclins à toutes les 1llu- sions ? Instruits par leur exemple, nous nous promettons de ne pas céder aux mêmes entraînements que nos devanciers. Le pourrons-nous ? Camassie comestible. CAMASSIA ESCULENTA Lindl. Anthericum esculentum Spr. Phalangium esculentum Nutt. Phalangium Quamash Pursh. Scilla esculenta Sims. — Flore des serres, 3, 275. Botanical register, t. 1486. Bot. mag., t. 1486. Fam. des Liliacées. Cette plante tire son nom générique du nom américain Quamash ou Camash, que porte l’espèce-type dans son pays natal. ; Bulbe moyenne, ovoïde, lisse, brune; feuilles linéaires, pliées en gouttière d’un beau vert; hampe de 3 à 5 déci- mètres, dressée, portant de nombreuses fleurs disposées en grappe allongée, et accompagnées d’une bractée scarieuse ; fleurs pourpre bleu dans une variété, blanches dans une autre. Périanthe à six divisions linéaires lancéolées ; six éta- mines insérées à la base des divisions du périanthe ; ovaire arrondi triquètre, surmonté d’un style plus long que les éta- mines, terminé par un stigmate trifide. Cette belle plante est digne de figurer dans nos jardins comme plante d'ornement; elle rappelle un peu par son port le Lis de Saint-Bruno. Elle est originaire du nord-ouest de l'Amérique septentrionale, dans les vallées rocheuses, le long de la Colombie, etc. Elle fleurit en juin-juillet. € La Camassie, dont la bulbe est bonne à manger, peut être cultivée en pleine terre sous le climat de Paris. » (Jacques et Hérincq). « Les sauvages mangent ses bulbes cuites ; ils les récoltent pour l'hiver et en consomment beaucoup. » (Répertoire des plantes utiles, Duchesne.) € On dit cette plante parfaitement rustique, même sous le 74 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. climat de Paris et dans les départements plus au mord, où üi sera cependant plus prudent d’en conserver quelques bulbes sous châssis ou de garantir celles qu’on a laissées dehors, contre les brusques variations de Ja température et l’excès du froid, au moyen d’une couche de feuilles ou de paille. L’hu- midité parait être ce que celte plante redoute le plus (1); il conviendra donc de la placer de préférence dans une terre saine, légère et inclinée au midi. Si le :sol était compact.et humide, 1l serait nécessaire de l’ameublir et de le drainer au besoin. » L'époque la plus convenable pour la multiplication de cette plante est de juillet en septembre. La floraison a lieu en plein ar de juin en juillet, et dès le mois de mai pour les bulbes tenues sous verre. Dans le pays natal de cette plante, les indi- sènes en mangent les bulbes, qui, paraïit-il, sont farineuses et assez bonnes cuites sous la cendre à la facon des Pommes de terre; mais on prétend qu'il en existe une variété dont les bulbes sont vénéneuses. » (Les fleurs de pleine terre, Vilmo- rin-Andrieux et C°.) L’herbe disparaît sous les fleurs du Quamash dans les prai- res des environs d'Orégon-City. Les indigènes font une énorme consommation des bulbes. (Renseignement donné par un ancien habitant d'Oregon- City.) La Camassie nous a fait éprouver la plus lamentable décon- venue. | Après une culture d'essai qui n’avait rien de décourageant, après une dégustation très satisfaisante, nous nous sommes procuré 1000 à 1200 bulbes de Quamash, que nous avons plantées à demeure dans un sol sain, léger, sec, bien exposé et suffisamment fumé. Nos soins se sont bornés à des binages pratiqués dès qu'il en était besoin. Les hivers ne nous ont pas paru nuire aux (1) « Cette plante n’est pas cultivée dans l’Orégon, du moins dans la partie que j'ai habitée. Les Indiens la recueillent dans les prairies un peu ‘humüdes, où elle croît en assez grande abondance. » (Extrait d’une lettre que nous avons reçue d’un ancien ‘habitant de l'Orégon.) LE POTAGER D'UN CURIEUX. 75 ‘plantes; le climat de l’Orégon n’est pas moins froid que le nôtre. Cependant nos Camassies ont jauni et leurs bulbes ont fondu successivement. Nous avons fait notre plantation en1879, el en 1883 il n’en restait plus rien. " Cet échec nous à été d'autant plus sensible, que nous avions conçu la plus favorable idée de l’utilité de la plante. Broyées avec un peu de sucre et considérées soït comme aliment, soit comme friandise, ses bulbes sont excellentes. En cet état, elles ont été dégustées par les professeurs X et X, par M. Henri Vilmorin, par nos familles et par nos amis, et il n’y a eu qu’une voix pour les déclarer parfaites. Elles sont plus grasses que farineuses, mais d’une saveur si franche et si pure, d’une blancheur si appétissante, qu’elles nous paraissent devoir se prêter à maint emploi culinaire. ‘On nous pardonnera de sortir, au sujet de la Camassie, de notre réserve, nous ‘allions dire de notre neutralité ordinaire. Nous désirons que la déception que nous avons éprouvée n'arrête personne et que l'essai se fasse de nouveau. Nous avons été évidemment malhabiles et nous savons que, dans un pays voisin, la multiplication de la Camassie s’opère largement et régulièrement dans un but commercial. (A suivre.) . TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LA QUESTION DU REBOISEMENT DANS LE TERRITOIRE DE COMMANDEMENT DE LA DIVISION D’ALGER RÉDIGÉ par le Bureau divisionnaire des affaires indigènes d’Alger. Le territoire de commandement de la division d’Alger, lequel ne comprend plus guère aujourd’hui que la région des steppes ou hauts plateaux et le Sahara de l’ancienne province d'Alger, renferme d’immenses espaces dépourvus d’arbres et des montagnes complètement dénudées; aussi les pluies y sont peu fréquentes, leurs effets bienfaisants sont de courte durée ; les sources permanentes sont rares, à tel point que les indigènes sont souvent obligés de quitter de bons pacages faute d’eau, à une distance convenable, pour abreuver leurs troupeaux; les vents ne rencontrant aucun obstacle sont vio- lents, et lorsqu'ils soufflent du sud, ils dessèchent tout sur leur passage et anéantissent les récoltes parfois au moment où elles donnaient les plus belles espérances ; la température présente des variations considérables dans une même journée ; nos colonnes expéditionnaires ont eu souvent plusieurs de- grés au-dessous de zéro pendant la nuit, et 30 à 40 degrés de chaleur la journée suivante. Sous un pareil climat, les cultures sont fort aléatoires, et on ne peut guère compter que sur celles, bien restreintes, qui sont irriguées ; les autres sont abandonnées à la Provi- dence. Il y aurait un immense intérêt à reboiser ces régions, soit au moyen des essences du pays, soit au moyen d’essences exo- üiques ; les essais pourraient être faits directement ou en fai- sant succéder les arbres à d’autres végétaux, par exemple sur les montagnes complètement dénudées. QUESTION DU REBOISEMENT. To. Ïl y aurait aussi à doter les ksours du Sud d'arbres fruitiers, de légumes et de plantes industrielles d’un meilleur rapport que ce qu'on y trouve actuellement. La présente note a pour but de donner des indications qui permettent aux personnes compétentes de juger quelles sont les plantes et arbres qu’on pourrait, avec chances de succès, acchimater dans le territoire qui nous occupe. Nous allons prendre successivement les différents cercles de la division, donner quelques renseignements sur la struc- ture du pays, sur l'altitude des plaines et des massifs monta- gneux, sur la nature du sol et du sous-sol, sur les tempéra- tures maxima et minima qui ont été observées. Nous indiquerons ensuite, dans un tableau, quels sont les végétaux et les arbres les plus remarquables, par leur utilité ou leur abondance, qu’on trouve dans chaque cercle, et ceux qu’on à réussi Jusqu'à présent à acclimater. Nous donnerons une note sur les différentes variétés de palmiers cultivées dans les oasis du Sud et sur les plantes les plus utiles qu’on trouve dans le Sahara. Nous terminerons enfin en donnant quelques indications sur les essais de reboisement qui ont été faits depuis l’année dernière. SUBDIVISION DE MÉDÉA. — CERCLE DE BOGHAR. Structure du pays. — Le cercle de Boghar est compris presque en totalité entre le 35° et 36° degré de latitude Nord, 0° 30° et 1° 30 de longitude orientale. On peut le diviser en deux parties bien distinctes : 1° La partie nord, comprenant les Tittery-Sahari et Dheimat et les Oulad-Allan ; 2° La partie sud, de beaucoup la plus étendue, à laquelle appartiennent les autres tribus du cercle. La partie nord, qui appartient à la limite septentrionale de la région des steppes, est montagneuse et fertile; on y trouve d'assez nombreuses sources et de vastes terrains de labour. Les montagnes font partie du soulèvement souvent désigné sous le nom de moyen Atlas. Les massifs principaux les plus 78 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. voisins et les plus remarquables sont le Djebel-Dira (Aumiale) à l’est, l’Ouarsénis (Temiet-el-had) à l’ouest. Cette ligne de hauteurs, dont la direction est sensiblement parallèle à la: mer, est interrompue en son centre par un abaissement brusque formant la brèche par laquelle passe le Chéliff. Les montagnes telliennes du cercle de Boghar sont situées à l’est de cette brèche; leur versant nord ou méditerranéen atousles caractères du Tell, dont il formela limite, tandis que le versant sud, sur lequel se rencontrent encore de: nom- breux terrains cultivables, forme transition entre le Tellet la région des hauts plateaux, qui commence au pied des der- nières pentes. | Les eaux se partagent suivant quatre versants : 4° Versant nord ou de la Méditerranée par l’Oued-Isser. Le cercle de Boghar ne comprend que les hautes vallées de quelques ravins tributaires de ce fleuve ; | 9% Versant nord-ouest et ouest, conduisant aussi les eaux dans la Méditerranée et les bas-fonds de Boughzoul, voisins du Chéliff; % Versant est, par lequel les eaux se déversent dans le bassin intérieur du Hodna (province de Constantine) ; % Versant sud ou du Zahrez-Cherguy,, dont une très petite partie seulement est comprise dans le cercle de Boghar, La ligne de partage des eaux entre le bassin du Chékff et le bassin intérieur du Hodna est formée par des ondulations peu sensibles, dont la direction générale est nord-sud, et qui se rattachent aux montagnes du Tell vers Aïn-Bou-Sif. Elles passent à l’est et près du point de Birin, pour se relier vers Bordj-el-Hammam à la chaîne du Djebel-Sahart. La majeure partie du cercle de Boghar appartient donc au haut bassin occidental du Hodna. Altitude des plaines et des massifs montagneux. — La région nord, de beaucoup la plus élevée, attemt au Kef- Lakhdar (Oulad-Allane) l'altitude de 1414 mètres. L'altitude moyenne de cette région est d’environ 1100 me- QUESTION DU REBOISEMENT. 79 tres. Les collines qui séparent les bassins du Hodna et du Chéliff ne présentent pas de sommets élevés; elles,se tiennent au niveau moyen de 950 mètres. La vaste plaine située entre ces collines à l’ouestet le cerele d’Aumale à l’est, est à l’altitude de 800 mètres. Enfin les sommets les plus élevés de la chaîne du Djebel- Sahari, à la limite sud du cercle de Boghar (Oukeit-Chergui, Sebaa-Rous, Djebel-Touiïl, Tilurguint), ne dépassent pas l’al- titude de 1200 mètres. Il en résulte que le cercle de Boghar est formé d’im- menses plaines ondulées à l'altitude moyenne de 800 mètres, comprises entre deux massifs montagneux situés l’un au nord, à l’altitude moyenne de 1100 mètres, l’autre au sud, à celle de 1000 mètres. Nature du sol et du sous-sol. — La crête des montagnes du Nord, particulièrement dans le Djebel-Lakhdar, affecte la forme de sierras rocheuses et abruptes; mais les hautes: vallées dominées par ces erêtes sont fertiles et éminemment propres à la culture des céréales. | Dans les plaines, au contraire, 1l n’y à de terrains culti- vables que le long de thalwegs, où se dépose l’humus entrainé par les torrents, et dans les bas-fonds appelés dayas, où se réunissent les eaux pluviales et les parcelles de terre végétale qu’elles charrient. Les parties élevées: de la plaine sont généralement impro- pres à la culture, d’une aridité extrême, et ne présentant au regard qu’un sol pierreux et désolé ou des pâturages immenses composés des plantes, d’ailleurs nombreuses, de la végétation spontanée. Au point de vue géologique, la partie montagneuse, com- prenant plusieurs fractions des Tittery-Sahari-Dheimat et Oulad-Allane, se compose de terrain tertiaire, moyen ou mio- cène, helvétien. Il est caractérisé par de profondes assises de marne, par les argiles, les calcaires concrétionnés et les grès. Dans la région de Birin, et principalement vers l’est de ce point, se trouve un îlot de terrain secondaire, crétacé supé- SU SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. rieur ou nummulitique. Ge terrain est caractérisé par la pré- sence de coquilles dites nummulites (qui ont la forme de pièces de monnaie) (Nummularius). Cette formation se trouve aussi à l’ouest de la tribu des Sahari-Dheimat. Elle y est caractérisée par des couches de marnes ou d’argiles très gypseuses. Les couches qui contien- nent les coquilles sont quelquefois calcaires et contiennent des rognons de silex. | Au sud de l’ilot de Birin, dans les Sahari-Oulad-Brahim, les Oulad-Sidi-Aïssa-el-Adhab et dans la région de Guelt-Es-Stel, se rencontre le terrain crétacé moyen, de période secondaire, caractérisé par les assises argileuses du gault, la craie dite supérieure, les marnes et les schistes. Toutes les autres parties du cercle sont formées de terrains quaternaires d’alluvion, comprenant les parties les plus basses des hauts affluents de droite du Chéliff ou des thalwegs abou- tissant à la daïa Kahla (Boughzoul). Température minima et maxima observée. — Dans la région montagneuse, la température à l'ombre, par les plus fortes chaleurs, n’atteint que très rarement et ne dépasse pas 40 degrés centigrades. En hiver, elle ne descend habituelle- ment pas au-dessous de 4 degrés centigrades. Dans la plaine, la chaleur est beaucoup plus forte; le ther- momètre marque fréquemment sous la tente 40 degrés et même 45 degrés par les temps de siroco. En hiver, les nuits claires sont quelquefois très froides, et 1l n’est pas rare d’ob- server des températures de 1 et 2 degrés au-dessous de zéro. ANNEXE DE CHELLALA. Structure du pays. — La latitude du territoire de Chellala est sensiblement la même que celle du cercle de Boghar (35 et 36 degrés Nord); il est compris comme longitude entre 050! de longitude occidentale et 0°30' de longitude orientale. On peut aussi diviser l’annexe de Chellala en deux sections bien distinctes : QUESTION DU REBOISEMENT. 81 La première, qui présente encore quelques-uns des carac- tères de la région tellienne, comprend la partie des Beni-Lent, des Beni-Maïda et des Bou-Aïche, qui se trouve au nord du Nahr-Ouanel, et les Douï-Hasseni ; La deuxième, tout ce qui se trouve au sud du fleuve jusqu’à Taguin. La première de ces deux parties, en effet, sans être très montagneuse, est cependant assez mouvementée; elle com- prend les derniers contreforts de la grande chaîne dont nous ‘avons parlé dans le paragraphe relatif au cercle de Boghar, et qui s'étend parallèlement à la mer, de Boghar à l’Ouar- senis, en passant par Teniet-el-hâd. La partie sud comprend le plateau du Sersou, les plaines de Fedoul et de Bel-Kreitar, et enfin la grande et large vallée de l’Oued-Touiïl. Cette dernière région est traversée par la petite chaîne de hauteurs, au versant nord de laquelle est adossé le ksar de Chellala. Les thalwegs suivis par les eaux de ce territoire font tous partie du bassin du Chéliff, par suite, la pente générale du territoire de l'annexe est inclinée vers le nord-est, à lexcep- tion du pays qui forme la rive gauche du Nahr-Ouassel. La direction de tous les ravins de ce pays est nord-sud. Les cours d’eau principaux, qui se réunissent au sud de Boghar pour former l’Oued-Chéliff, sont tout d’abord le Nahr- Ouassel, que quelques géographes regardent comme source du Chéliff. Ge leuve descend des montagnes de Tiaret (pro- vince d'Oran) et coule de l’ouest à l’est, traversant toute la partie nord de l’annexe de Chellala. Son principal affluent est l’Oued-Belbela. Le pays compris entre cet affluent et le Nahr- Ouassel est connu sous le nom de Sersou. Après le Nahr-Ouassel vient l’Oued-Touïl, qui descend du Djebel-Amour (province d'Oran) et est généralement consi- déré comme la véritable source du Chéliff. L’Oued-Touil tra- verse, sur le territoire de Chellala, les Ouled-Sidi-Aissa-Soua- eni, les Ouled-Sidi-Aissa-el-Ouercq et les Abadlia ; son affluent de gauche, l'Oued El-Ouach, traverse le parcours des Ouled Ahmed-Recheïga. Le principal affluent de droite de l’'Oued- 4° SÉRIE, T. I. — Janvier 1884. 6 89 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Touïl est l'Oued-Guernini, qui vient des hauteurs de Guelt- Es-Stel et passe dans les tribus des Rahman-Gheraba (Boghar). Ainsi que nous l’avons fait remarquer, le territoire de l'annexe de Chellala appartient pour la plus grande partie au versant méditerranéen; nous devons cependant mentionner l'existence de quelques ravins qui conduisent les eaux plu- viales dans les bas-fonds situés au sud de Boughzoul, tels que Daïet-el-Hadjel et Daïa-Kahla. Ces quelques thalwegs, d’im- portance secondaire, constituent, avec les Daïas dont nous venons de parler, un bassin intérieur analogue à ceux des: zahrez du cercle de Djelfa. Altitude des plaines et des massifs montagneux. — L'alti- tude du ksar de Chellala est de 840 mètres. La partie montagneuse du cercle ne dépasse pas la hauteur moyenne de 950 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le Sersou etla plaine de l’Oued-Touïl n’ont que 800 mètres d’élévation. Nature du sol et du sous-sol. — Le sous-sol du territoire de Chellaba est généralement composé de roches très dures. Dans la partie nord, les terres que l’on rencontre à la surface sont très bonnes ; elles contiennent un peu de glaise qui retient les eaux et conserve l'humidité. Ces terrains sont extrêmement fertiles et paraissent convenir particulièrement aux cultures maraichères. Dans les bonnes années, le rendement de la récolte y est de beaucoup supérieur à celui des terrains 1rri- gables du sud. Aux Beni-Maïda, aux Beni-Lent et aux Doui-Hasseni, on trouve des prairies naturelles qui pourraient être utilisées pour l'élevage du cheval et des bêtes à cornes. Dans le sud, aux Oulad-Ahmed-Recheïga, Bou-Aïche, Ze- naka-el-Gourt, les terres sont moins bonnes; elles contiennent moins d’humus; continuellement exposées à l’action des vents du sud, elles sont devenues très sablonneuses. Aux Ouled-Sidi-Aïssa-el-Ouercq et aux Meggan, il y a de très belles prairies qui fournissent un fourrage très fin et très QUESTION DU REBOISEMENT. 83 nourrissant. Enfin, on trouve encore des terrains de première qualité aux Oulad-Sidi-Aïssa-Souagui. Ces terrains peuvent donner un rendement d’autant plus considérable, qu'il est facile de les irriguer tous. Au point de vue géologique, le territoire de l’annexe de Chellala présente la plus grande analogie avec celui du cercle de Boghar. La partie nord, comprenant la rive gauche du Nahr-Ouassel, pays assez mouvementé, est formée de terrain tertiaire, moyen ou miocène, helvétien, et présente les carac- tères indiqués de ces formations. Au sud de la Daïa-Kahla, dans les Oulad-Sidi-Aïssa-el- Ouercq, Oulad-Mokhtar et Mouïadat-Gheraba, se trouve un ilot de terrains de période secondaire, dits crétacés moyens, où la craie se rencontre en abondance, ainsi que les marnes et les schistes. La partie relativement élevée, située au sud de Chellala, entre l’Oued-Touil et l’Oued-el-Ouache, et dont le point cul- minant, le Djebel-Retila, atteint 1060 mètres, appartient à la période secondaire et se compose de terrains jurassiques su- périeurs, composés en grande partie de calcaires oolithiques, avec des couches d’argile et de marne. Cette formation se retrouve dans un petit ilot situé aux Oulad-Tabet, à la perte de l’Oued-Sussellem. Le reste du territoire de l'annexe de Chellaba est formé de terrains d’alluvion appartenant à la période quaternaire. Température maxima et minima observée. — Depuis l'installation du poste de Chellala, il n’a pas été fait d’obser- vations rigoureuses; cependant, à l’aide d’un petit thermo- mètre centigrade portatif, on a pu constater que la tempéra- ture, même au plus fort de l’été, n’a jamais dépassé 40 de- grés ; en hiver, elle ne s’est jamais abaissée au-dessous de 4 degrés. CERCLE DE DJELFA. Structure du pays. — Le cercle de Djelfa est tout entier compris dans la région des hauts plateaux, dont il forme la S4 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. partie la plus élevée; son territoire fait suite, au sud, aux cercles de Boghar et de Chellala; il est compris presque en totalité entre le 34° et le 35° degré de latitude Nord. Toutes les eaux du cercle de Djelfa se réunissent dans les bassins intérieurs, à l’exception de quelques torrents insi- enifiants de la région nord-ouest, tributaires de l’'Oued-Touil. Ces bassins intérieurs sont : 1° Ceux des Zahrez-Chergui et Rarbi ; 2 Celui du Hodna ; 2° Celui des chotts de la province de Constantine (chott Melrir), où se perd l’Oued-Djedi. Ces bassins sont séparés par deux massifs montagneux prin- cipaux, dont la direction générale est-ouest est parallèle à la mer. La chaîne septentrionale, qui forme limite entre les cercles de Boghar, de Chellala et de Djelfa, sépare à l’ouest la vallée de l’Oued-Touil (Ghéliff) du bassin du Zahrez-Rarbi, et au nord-est, le bassin du Hodna de celui du Zahrez-Chergui. Le point de Guet-Es-Stel (cercle de Boghar) marque à peu près le centre de celte chaîne, qui se continue vers l’est sous le nom de Seba-Rouss, Djebel-Sahari, etc. A l’ouest de Djelfa, le massif du Senalba marque le point culminant de la région. C’est là que se trouvent les plus belles, on peut presque dire les seules forêts dignes de ce nom des territoires de commandement de la division d’Alger (1). Les hauteurs, qui se trouvent à l’est de la grande route d'Alger à Laghouat, forment la prolongation du massif des Senalba; elles séparent les versants du Zahrez-Chergui, du: Hodna et de l’Oued-Djedi. Nous mentionnerons au nord les hauteurs du Rocher-de-Sel, et au sud le Seba-Mokran. Cette région est assez tourmentée, et, bien que la direction générale des soulèvements soit toujours est-ouest, les massifs n’en pré- (1) Il y a dans le cercle d’Aumale, tribu des Ouled-M’selem, quelques beaux bouquets de pins d’Alep, qui ne constituent pas, à proprement parler, des forêts. Dans le cercle de Bou-Saàda, il y a de grandes étendues de terrain forestier, dans lequel les broussailles dominent ; cependant en plusieurs endroits, notam— ment dans le Djebel-Menad et à Aïn-Ograb, il y a de beaux peuplements de pins d'Alep, de chênes zéens et de genévriers. QUESTION DU REBOISEMENT. 89 sentent pas moins, dans la direction nord-sud, une notable épaisseur. D’après ce qui vient d’être dit, on voit que le nord du cercle de Djelfa préserte la forme d’une longue cuvette, dont les points les plus was sont le Zahrez-Chergui et le Rarbi. - Le centre du cercle est, au contraire, montagneux et élevé, tandis que la partie méridionale s’abaisse insensiblement vers le sud, dans la direction de l’Oued-Djedi et de Laghouat. Enfin, vers le nord-est, une pente également peu sensible conduit les eaux pluviales dans le bassin du Hodna. Altitude des plaines et des massifs montagneux. — Les points les plus élevés du massif montagneux situé au nord du Zahrez-Rarbi n’atteignent pas 1200 mètres (Djebel-Ousseraïa, 988 ; Oukeït-Rarbi, 1193). La ville de Djelfa est à 1167 mètres. : Dans la chaîne des Senalba, on trouve des sommets de 1500 mètres d'altitude. A l’ouest, du côté de l’Oued-Seddeur, le Djcbel-Sera atteint 1483 mètres. Le Seba-Mokran, qui lui fait suite à l’est de la route, est coté 1486 mètres. D'autre part, les parties les plus basses du cercle, les Zahrez, se trouvent à 890 mètres. L’altitude moyenne des plaines du cercle de Djelfa est un peu supérieure à 900 mètres. Nature du sol et du sous-sol. — La partie montagneuse et boisée du cercle de Djelfa présente un aspect agréable; les sources y sont assez nombreuses, et l’on y trouve de nom- breux terrains de culture. Dans les parties basses, l’eau est plus rare; la région voisine de Zenina, à l’ouest du cercle, est notamment d’une aridité exceptionnelle ; on y trouve quelques rarcs dayas. Les terrains boisés du cercle occupent une superticie totale de 175 600 hectares, et se divisent en vingt-cinq cantons. Les plus remarquables sont : au nord, ceux de Ben-Tamen, Kef-Tin, Djebel-Menna, qui couvrent les hauteurs au sud du Zahreg-Chergui. Le peuplement est composé de hautes futaies 80 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. de pins d’Alep et de chènes verts ou zéens; on y trouve aussi quelques genévriers. Le massif le plus important de tous est situé directement à l'ouest de Djelfa et se prolonge jusqu’à la source de Ben- tacoub. Il comprend les deux chaînes du Senalba-Rarbi et Chergui, le canton de Zebbacha, déjà soumis au régime forés- tier, le Djebel-Haouas, le Djebel-Besserab, le Djebel-Charef et Ben-Yacoub. Ce massif se prolonge au sud par le canton remarquable de Takarzane, qui vient d’être l’objet d’une dé- limitation régulière. À ce canton fait suite, au sud du massif des Senalbas, la crête également boisée du Djebel-Sera. Tous ces cantons sont peuplés de belles futaies de pins d'Alep et de chênes zéens; on y rencontre aussi des genévriers, mais en petite quantité. Nous citerons encore, à l’est de la route nationale d'Alger à Laghouat, une ligne de hauteurs boisées qui prolongent le Djebel-Sera sous le nom de Seba-Mokran, et plus loin de Djebel-Guedid, Tlila et Seba-Chouaïa. Le Seba-Mokran est couvert de hautes futaies en tout sem- blables à celles du Djebel-Sera. Le Djebel-Guedid, où croissent les mêmes essences, est moins beau. Sur les hauteurs de Tlila et de Seba-Chouaïa, on ne trouve que de petits bois de gené- vriers. Enfin, c’est encore cette seule essence qui peuple les deux cantons les plus méridionaux de Mekhbar-el-Ouiïssal et de Bou-Sednin. Ces forêts, dont quelques parties sont admirables, méritent d'attirer l’attention du service forestier. Une exploitation rai- sonnée et méthodique, la vidange des massifs encombrés de bois morts, permettraient de renouveler le peuplement et d'utiliser les ressources considérables en bois, si précieuses dans cette région. Un atelier de scierie a déjà été installé à Djelfa, dans le but de débiter les bois de fort diamètre et de les utiliser ainsi pour les délivrances aux indigènes usagers, afin d’éviter les destructions des jeunes sujets. Les forêts de Djelfa sont donc appelées à un grand avenir ; car, bien que les essences résineuses dominent, le terrain est essentiellement QUESTION DU REBOISEMENT. 87 favorable à la production forestière. Des travaux judicieuse- ment conduits et dirigés par des agents compétents permet- tront, sans aucun doute, l’introduction et le développement d’essences plus utiles et moins sauvages. Ce sont les forêts de Djelfa qui fournissent le bois nécessaire aux habitants et à la garnison de Laghouat. Le cercle de Djelfa compte un grand nombre de ksours, villages indigènes établis près des sources, qui permettent d’irriguer les jardins et quelques terrains de culture. Les plus connus sont ceux de Messad, de Demmed, Zakkar, Aïn- el-Ilel, etc., situés sur des affluents de gauche de l’Oued-Djedi et sur le versant incliné vers le sud. Les grandes plaines qui se trouvent au nord du cercle (Zahrez), à l’ouest entre Zenina et Taguin, à l’est sur la limite du cercle de Bou-Sañda, et au sud-ouest non loin de l’Oued- Djedi, présentent le caractère des steppes des hauts pla- teaux, où l’on ne trouve que les plantes de la végétation spon- tanée, et qui forment d'immenses pâturages déserts. Au point de vue géologique, la région montagneuse située au nord du Zahrez appartient à la période secondaire et se compose de terrains crétacés moyens dans lesquels domine la craie. Cette formation se rencontre encore dans presque toute la partie orientale du cercle, sur le territoire des tribus Sahari-el-Attya, Ouled-Laouar, Ouled-Oum-el-Akhoua, et au sud de Messao, dans les Oulad-Toaba. La partie centrale du cercle, comprenant les hauteurs des Senalba, le Djebel-Serdoun, le Djebel-Sera, et d’une manière générale toute la partie sud-ouest du cercle (Oulad-Sidi- Younès, Oulad-Khenata, Oulad-Reggad, Oulad-Yahya-ben- Salem) appartient à la période secondaire et se compose de terrains crétacés inférieurs ou de formation néocomienne, où l’on remarque principalement des alternances de grès et de marnes. Au Rocher-de-Sel et des deux côtés de la route nationale se trouve un ilot de formation tertiaire, dont les terrains appar- tiennent à la catégorie des tertiaires moyens ou miocènes ; celte formation, qui comprend une partie du territoire des te SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Sahari-el-Attya, est elle-même traversée par un petit îlot de roches éruplives. Ces roches ont été observées au nord du caravansérail de Rocher-de-Sel et à l’est de la grande route. Toutes les autres parties du cercle, notamment les bords des Zahrez, la région des Oulad-Oumhani et des Abbaziz, les bords de la rivière de Djelfa, une partie du bassin de l'Oued- Seddeur et le pays au nord de Messad, se composent de ter- rains d’alluvions de période quaternaire, AppÊles quelquefois terrains lacustres. Température minima et maxima observée. — La tempé- rature se ressent de l’élévation générale du pays. Moins forte en été que dans les cercles voisins, elle ne dépasse générale- ment pas 37 degrés; mais elle descend en hiver à moins de 11 degrés centigrades. Toutefois, dans les parties basses, particulièrement dans les Zahrez, dans la plaine de Zenina et les parcours de l’est, 11 n’est pas rare en élé d'observer des températures de 37 à 40 degrés. CERCLE DE LAGHOUAT. Laghouat en deux parties, qui offrent chacune un aspect par- ticulier : la partie nord, qui présente les caractères de la ré- sion des hauts plateaux ; La partie sud, ou Sahara algérien, qui diffère totalement de la première. La partie nord comprend le pays situé directement au sud du cercle de Djelfa; on peut lui donner comme limite méri- dionale le cours de l’Oued-Djedi, nommé à Laghouat Oued- M'zi, et celui de son affluent de droite, l’Oued-Messa 4. C’est dans le territoire ainsi délimité que se renconurent les montagnes dignes de ce nom du cercle de Laghouat. Nous citerons le Djebel-Lazereg, long soulèvement qui s’é- tend dans la direction du sud-ouest au nord-est, le Guern-el- QUESTION. DU REBOISEMENT. 89 Meilok, le Guern-el-Haouïta et le Djebel-Tisgrarin, à Laghouat même. Nous reviendrons sur ces hauteurs en parlant de la nature du sol et du sous-sol. Entre les hauteurs de cette région s'étendent de vastes plaines, pour la plupart inelinées vers le sud, dont quelques- unes portent le nom d’El-Guentra (le pont), notamment à lPouest du Djebel-Lazereg. Ces plaines sont en tout semblables à celles des hauts plateaux. Dans la partie sud, on ne remarque pas de montagnes pro- prement dites. Les thalwegs sont séparés par de simples on- dulations de pays; le regard embrasse un horizon immense, mais le pays a changé de caractère, on ne voit plus d’alfa ; par contre, les daïas abondent et rompent agréablement la mono- tonie du désert; de tous côtés émergent de petits groupes de bétoums correspondant chacun à une daïa et indiquant les seuls terrains susceptibles de porter la végétation arbores- cente. Le pays ne change d’aspect qu'aux approches de la Chebka, enchevêtrement inextricable de soulèvements rocheux, dont il sera question quand nous parlerons du cercle de Ghar- daïa. Toutes les eaux du cercle de Laghouat se déversent dans des bassins intérieurs. Le grand collecteur de la région est l’Oued-Djedi, qui naît dans le Djebel-Amour (province d’Oran) et porte jusqu’à l’est de Laghouat le nom d’Oued-M’zi. Les torrents qui lui portent après les orages le tribut de leurs eaux ont, sur la rive gauche, la direction nord-sud; lOued-Messad et l’Oued-el-Hamar, qui sont les principaux affluents de droite, coulent du sud-ouest au nord-est. Après avoir traversé de l’ouest à l'est, dans le cerele de Laghouat, la région des Ksours, l’Oued-Djedi s’infléchit vers le nord, traverse les immenses steppes du sud du cercle de Djelfa et va se perdre dans le chott Melr’ir. Comme plusieurs cours d’eau du Sahara, l'Oued-Djedi est une rivière souterraine dont les caux filtrent à travers les sables qui encombrent son lit et apparaissent en certains points 90 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. à.la surface du sol, notamment dans les environs de Tadje- mout, au Recheg et à Laghouat (Raz-el-Aïoun). Le bassin de l’Oued-M’zi est séparé de la région des daïas par une ligne de collines dites Ras-Chaâb (tête des ravins) ; tous les thalwegs situés au sud de cette ligne de partage con- duisent les eaux pluviales.vers le sud-est, dans les directions des bas-fonds d’Ouargla. Cette région se présente sous.la forme d’un immense plateau à pente insensible inclinée vers le sud-est. La région nord forme le bassin supérieur de POued- M'zi, dont la rive gauche, montueuse et tourmentée, forme contraste avec les plaines de la rive droite. Altitude des plaines et des massifs montagneux. — C'est dans le Djebel-Lazereg que l’on trouve les points les plus élevés du cercle de Laghouat ; le pic de Dra-el-Marga atteint 1915 mètres. Les autres massifs, tels que le Djebel-Oum-el- Deloua, le Guern-el-Haouïsa, le Meïlok, ne dépassent guëre 900 mètres. La ville de Laghouat est à l'altitude de 750 mètres, que l’on peut donner comme altitude moyenne de la plaine de l’Oued-Djedi. L’altitude moyenne de la région des daïas est sensiblement la même, car l’ondulation de Ras-Chaab ne dépasse pas 800 mètres. Le peu d'observations rigoureuses faites dans l’intérieur du cercle ne permet pas de donner plus de renseignements sur l'altitude de cette région. Nature du sol et du sous-sol. — Les chaînes de montagnes qui constituent la région nord sont dénudées ; de loin en loin quelques genévriers isolés représentent seuls la végétation arborescente. Elles appartiennent à la période secondaire. Le Djebel-Lazereg, le Meilok et les hauteurs du nord de Tadjemout présentent les caractères des terrains crétacés in- férieurs ou de formation néocomienne. Les roches qui avoisinent Laghouat et le Guern-el-Haouïta appartiennent à la même période, mais rentrent dans la ca- tégorie des terrains crétacés moyens. QUESTION DU REBOISEMENT. 91 Tout le reste du pays, notamment la région des daias, est formé des terrains d’alluvion de la période quaternaire. La plupart des montagnes du nord appartient à un système très remarquable de cuvettes, dont le Meilok est le type le plus curieux. C’est une sorte de cirque elliptique formé par une série de cuvettes de même forme, mais de grandeurs décroissantes, empilées les unes au-dessus des autres. La cuvette inférieure, qui est la plus grande, repose sur un terrain sensiblement horizontal qui sert de base à tout le sys- ième. Une brèche qui entaille toute cette pile de cuvettes, depuis le bord de la cuvette supérieure jusqu’au fond de cette dernière, donne un écoulement aux eaux de pluie tombées dans l’intérieur. Le Djebel-el-Guern constitue ainsi une sorte de forteresse naturelle, utilisée autrefois par les indigènes, qui, en temps de troubles, y enfermaient leurs troupeaux et Ieurs biens. Le système de cuvettes signalé au Meilok se retrouve, plus ou moins modifié dans sa ire dans les autres hauteurs de la région. Ainsi les montagnes dites Oum-el-Deloua, Dakhla, Djebara et Ras-el-Aïoun dessinent grossièrement avec leur crête une courge à deux panses, dont l’étranglement correspond à la coupure de l’Oued-Mz1. On pourrait faire des remarques analogues sur le Guern-el- Haouïta, sur le Djeleb-Djeloug, le Djebel- Tisgrasin et la Se- ridja. Ainsi que nous l'avons dit, ces hauteurs rocheuses appar- tiennent au terrain dit crélacé moyen où domine le calcaire ; il est généralement à structure saccharoïde et de couleur va- riable. Le blanc grisâtre y est très répandu. Ce calcaire donne, à la cuisson, de la chaux grasse. Il renferme de grandes as- sises de grès quartzeux variant de couleur et de dureté. Ces erès renferment eux-mêmes de petits galets de silex transpa- rents et diversement coloriés. Par la désagrégation du grès, ces galets s’isolent, les agents météorologiques enlèvent le sable et il reste alors sur place de véritables plages couvertes de ces galets. 92 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Au milieu des grès on rencontre des assises de marnes vertes ou rouges, remarquables par la variété de leurs couleurs. L’assise inférieure de calcaire est caractérisée par la présence des couches stratifiées de gypse. Une zone gypseuse s’observe sur tout le pourtour de Meïlok ainsi qu’à l’intérieur de cette montagne. | Cette même zone se rencontre encore dans les hauteurs de Ras-el-Aïoun. Elle est exploitée par les indigènes, qui en font un assez bon plâtre. Dans les couches supérieures, on trouve quelques rares fossites, ammonites, échinides, bivalves, appartenant aux ter- rains crétacés moyens (étage turonien d’Orbigny). Ainsi que nous l'avons dit, la région plate qui s'étend au sud de Laghouat est formée d’alluvions anciennes. Ce terrain se compose, au pied des montagnes, d’un dépôt de cailloux roulés, empâtés dans une gangue calcaire. Quand on s’éloigne des montagnes, le sol n’est plus formé que par une couche calcaire siliceuse d’un blanc jaunâtre qui forme comme une sorte de carapace, très dure à la surface, assez friable à une certaine profondeur, où elle se mélange avec l'argile. Dans la région des daïas, la croûte calcaire du terrain forme une série de petites cuvettes peu profondes où se réunissent les eaux de pluie, les produits terreux et les détritus orga- niques arrachés aux plateaux environnants. Ce sont ces pro- duits qui, en s’accumulant, forment une couche assez profonde de terre végétale où ont pu se développer des arbres (betoums) plusieurs fois centenaires. La région des daïas, qui s’étend des limites de la division d'Oran à celles de la division de Constantine, sur une profon- deur d’environ 60 kilomètres, a une superficie totale de plus d’un million d'hectares. La superficie de la plupart des daïas ne dépasse pas 2 ou 5 hectares, cependant il en est quelques- unes de beaucoup plus grandes : celle de Tilremt notamment a 103 hectares. Les daïas disséminées sans ordre sur toute la zone ci-dessus indiquée, y forment de petits ilots de verdure, qui émergent de toute part au-dessus de la surface dénudée QUESTION DU REBOISEMENT. 9% des plateaux environnants. Comme végétation arborescente, on ne rencontre guère dans les daïas que les betoums et les. Jujubiers sauvages. Les betoums (pistachier térébinthe) attei- gnent une quinzaine de mètres de hauteur; certains arbres mesurent au tronc 4 ou 5 mètres de circonférence. Le bois em est très dur et peut être employé non seulement comme com- bustible, mais encore dans l’ébénisterie et la marqueterie. Ik est susceptible d’un très beau poli. Les jeunes betoums croissent toujours au milieu des touffes protectrices des jujubiers sauvages, dont les épines enchevé- trées éloignent les animaux, friands des jeunes pousses vertes. En grandissant les betoums étouffent les jujubiers qui les ont protégés ; ils n’ont plus rien à craindre de la dent des trou- peaux, mais on remarque qu'ils sont tous rasés en parasol à la hauteur où peut atteindre le chameau. Une reconnaissance d'une partie de la région des daïas a élé faite en 1879; elle a porté sur une superficie d’environ: 300 000 hectares, sur lesquels on a relevé 622 daïas d’une superficie totale de 32000 hectares contenant environ 930 000 betoums de toutes dimensions, ce qui donne à peine. dix arbres par hectare. Les betoums sont généralement très espacés dans les daïas et ne se présentent que rarement par bouquet de quelques arbres. Le boisement des daïas constitue une ressource extrême- ment précieuse; malheureusement les daïas qui sont à proxi- mité de Laghouat ont été dévastées depuis l'occupation de cette: ville et aujourd’hui on ne trouve pas un seul betoum dans un rayon de 50 kilomètres. Des mesures radicales ont d’ailleurs été prises pour arrêter ces exploitations déréglées. Nous avons dit à propos du cercle de Djelfa que tout le bois nécessaire à la ville de Laghouat. était pris dans les forêts de Takarzane à l’exclusion absolue des betoums des daïas. Nous parlerons plus loin des tenta- tives de reboisement faites dans cette région. Température maxima et minima.— Chaque région par- 94 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ticulière du cercle de Laghouat a un elimatqui lui est propre. Les pluies y sont généralement très rares. Des vents violents qui dessèchent tout et chassent des nuages de sable y règnerit à la fin du printemps, en été et en automne. La température minima observée à Laghouat n’a pas dé- passé — 3 degrés centigrades, tandis que la température maxima s’est élevée jusqu’à 46 et 47 degrés. Dans le Sahara de Laghouat les maxima sont sensiblement les mêmes : 46 et 47 degrés; les minima, au coniraire, al- teignent — 9 et 10 degrés. | Cet abaissement doit être attribué au rayonnement consi- dérable qui se produit dans ces régions. CERCLE DE GHARDAÏA tructure du pays. — Le cercle de Ghardaïa peut se divi- ser en trois régions différentes : 4° Région de la Chebka ; 2 Région des Gantra ; 3° Région des dunes. Le pays d’Ouargla fera l’objet d’un chapitre spécial. La région de la Chebka, au milieu de laquelle se trouvent les villes du M’Zab, est caractérisée par des soulèvements ro- cheux se recoupant et s’enchevêtrant dans toutes les directions, d’où le nom de Chebka (filet) donné à ce pays. Ces massifs confus de hauteurs rocheuses sont traversés dans la direction du nord-ouest au sud-est par de véritables tranchées natu- relles à bords escarpés el à fond sablonneux qui constituent la partie la plus basse du pays. C’est dans ces tranchées que se réunissent les eaux pluviales. Il est bon d’ajouter que ces thalwegs, auxquels on ne saurait donner le nom de rivières, sont presque toujours à sec. Certains de ces oueds ne coulent que tous les trois ou quatre ans, après les grands orages qui éclatent quelquefois dans le Sahara. Alors les eaux torrentueuses s’enflent et, se précipi- tant avec une force et une rapidité extrêmes, causent souvent, par la soudaineté de leur arrivée, des désastres nombreux. QUESTION DU REBOISEMENT. 95 C’est au fond de ces tranchées, au milieu de cette région sauvage, que les Mozabites ont construit leurs villes:et ont pu, à l’aide de labeurs sans cesse renouvelés, créér des oasis dont la richesse étonne le voyageur. | Les Mozabites trouvent l’eau indispensable à leurs cultures - dans despuits profonds creusés dans les sables de leurs oueds. Un retire constamment de l’eau de ces puits et on ne saurait aller au M’Zab, sans entendre le grincement continuel des poulies qui servent à élever le précieux liquide. Quand, par extraordinaire, la rivière coule, les Mozabites, pleins de joie, captent à l’envi ces eaux torrentielles, qui leur permettent des récoltes exceptionnelles de dattes, de fruits et de légumes. A la région de la Chebka succède, vers le sud-est, la région du Gantra, vastes plateaux dénudés qui séparent les thalwegs des trois oueds principaux de ce pays: l'Oued-el-Nessa, l’'Oued-MZab et l’Oued-Metlili. Nous ne parlerons pas plus longuement de cette région, ni du pays de dunes qui lui fait suite au sud ; 1l ne présente, en effet, actuellement que peu. d'intérêt au point de vue de l’arboriculture. C’est là que com- mence réellement le grand désert africain. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, tous les thalwegs du cercle de Ghardaïa convergent vers les bas-fonds d’Ouargla ; l’inclinaison générale du pays est donc de l’ouest à l’est. Altitude des plaines et des massifs montagneux. — L'’alti- tude de la Chebka est de 700 à 800 mètres dans la partie nord- ouest, dans la partie sud-est elle descend jusqu’à 300 mètres. La région du Gantra est encore plus basse, et l'altitude di- minue jusqu’au bassin de l’Oued-Mya, qui n’a que 160 mètres au-dessus du niveau de la mer. Nature du sol et du sous-sol. — La région de la Chebka et tout le pays qui s'étend de Metlili à El-Goléa des deux côtés de la route suivie par les caravanes pour se rendre d'une de ces localités dans l’autre, appartient à la période secondaire et se compose de terrain crétacé moyen, recouvert en certains points d’alluvions tertiaires. 96 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Le plateau de la Chebka, formé de calcaire dolomitique très dur, est découpé dans tous les sens par de petites vallées irré- gulières, où des alluvions récentes permeltent un peu de cul- ture. Le sous-sol est absolument calcaire ; quant au sol lui-même, sauf dans les vallées dont nous venons de parler, il est formé de cailloux roulés. Au M'Zab, à 20 ou 25 mètres au-dessous des vallées, se trouve une nappe d’eau, utilisée, ainsi qu'il a été dit, par les Mozabites, au moyen de leurs puits. Toute la région est du cercle de Ghardaïa appartient à la période quaternaire et se compose d’alluvions anciennes. Les Gantra, au point de vue géologique, présentent la plus grande analogie avec la région des daïas décrite dans la partie de ce travail qui concerne le cercle de Laghouat. Température maxima et minima, — À Ghardaïa et géné- ralement dans tout l’Oued Mya, la température en été est tor- ride, le thermomètre marque fréquemment 40, 41, 42 degrés et s'élève même jusqu’à 45 degrés, quand souffle le vent du sud, ce qui est très fréquent. L’agha d'Ouargla nous aaffirmé que la température à l'ombre élait arrivée à certains jours à 94 degrés, mais 1] n’a pas en- core été fait à ce sujet d'observations bien sérieuses (1). L'année prochaine nous serons en mesure de donner des renseignements certains sur la température à Ghardaïa et à Ouargla. La température des nuits est toujours très chaude en élé. En hiver le thermomètre descend quelquefois pendant la nuit jusqu’à 4 degrés au-dessous de zéro. (1) Voyez néanmoins le paragraphe relatif à la température dans les notes con— cernant Ouargla. QUESTION DU REBOISEMENT. 97 RÉGION D'OUARGLA Structure du pays. — L'Oued-Mya, dans le lit duquel s’é- lèvent les différents ksours, est une vaste dépression à berges nettement accentuées depuis Hassi-Djemel, à 150 kilomètres sud d'Ouargla, jusqu’au confluent de lOued-En-Nsa à 40 kilomètres nord, et dont la largeur varie de 5 à 15 kilo- mètres. Vallée d’érosion et probablement déversoir, sans écoule- ment permanent, des eaux de toute la région avoisinante, son thalweg, autrefois plus profond, a été comblé par les sables de transport aqueux qui se sont déposés en strates régulières. Une grande partie de ce sol naturel est restée dénudée et constitue le terrain de Sebkha autrefois périodiquement dé- trempé par les crues des grandes pluies, aujourd’hui complè- tement asséché, sauf dans quelques petites dépressions. Les jardins des ksours et les dunes formées par le transport éolien des sables de désagrégalion, constituent, avec quelques “ours, anciens témoins du relief primitif, les seuls accidents de la couche superficielle du lit du fleuve. Cette longue cuvette est creusée dans le manteau de grès quaternaires qui recouvrent le terrain crétacé dont les couches plongent vers le sud à partir de la Chebka du M’Zab. Ces grès affleurant en maint endroit forment une Hamada dont la nudité n’est modifiée que par les Sebkha ou les Aregs amoncelés çà et là, ou par les dépressions latérales ou per- pendiculaires à l’Oued-Mya : Ouled-Mellala, Oued-M'Zab, Oued- En-Nsa. Plus au sud et à l’est un grand thalweg, autrefois similaire, celui de l’Igharghar, forme une cuvette qui semble avoir été différente de celle de l’Oued-Mya, en ce sens que son écou- lement était plus incontestablement permanent, mais que les sédiments aériens ont comblé sur une majeure partie de son cours, ne laissant plus que des dépressions, isolées par des chaînons de dunes, là où se déroulait autrefois une large vallée qui roulait des flots tumultueux. 4° SÉRIE, T. [. — Janvier 1884. 7 98 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. A l’est de l’Igharghar et au sud des deux fleuves qu’elles coupent normalement, s'élèvent les grandes dunes, énorme massif de sables qui constituent au pays la plus formidable frontière géologique et géographique qui puisse exister. Les chaînons avancés, Hassel-Siouf, Ghourd, couvrent ses abords d’un filet inextricable d'obstacles multiples et forment ainsi entre la Hamada et l’Areg une région de transition qui tient de l’une et de l’autre. Altitude. Nature du sol et du sous-sol. — L’altitude moyenne de ce pays, très plat d’une manière générale, n’at- teint pas 200 mètres : le lit de l’Oued-Mya n’a guère plus de 160 mètres à Ouargla même et celui de l’Igharghar est à peine un peu plus bas. Les berges de deux fleuves dominent leur lit d’une trentaine de mètres seulement et, seuls, les sommets des gours, anciens témoins du plateau détruit par les mers quaternaires, et les grandes dunes, dépassent çà et là de 250 ou 900 mètres. Dans toute la région le sol est de formation sédimentaire, partout l’écorce même est constituée de grès, plus où moins mélangé, sur quelques points isolés, d’argiles gypseuses ou agrégées par des ciments calcaires; les courants aériens, en battant leurs surfaces, ont fini par en détacher les molécules les moins résistantes, qui forment çà et là, parfois même sur des grands espaces, une couche légère d’un terrain moins réfractaire à toute végétation. Aïlleurs, le transport ne s'étant plus effectué dans les mêmes conditions, les couches se sont superposées el forment ainsi les massifs de sables. Enfin par- fois aussi le sol même reste dénudé. Mais partout le sol naturel est le même : grès plus ou moins argileux, plus ou moins calcaire, dont les assises puissantes descendent jusque sur les terrains crétacés. C’est dans le lit des grands fleuves seulement qu’une éro- sion profonde, enlevant toute cette couche, a laissé la place aux dépôts aqueux, sables meubles, grès et marnes blanches, qui recouvrent les sables gris où coule la nappe artésienne, nappe puissante dans l’Oued-Mya et plus riche encore dans l'Igharghar, où elle reste inutilisée. QUESTION DU REBOISEMENT. 99 Température. — Le climat de la région est essentiellement continental, comportant par conséquent des variationsbrusques et des extrêmes, non pas de froid, à cause de l’allitude et de la latitude du pays, mais de chaleur. Pendant l’hiver le thermomètre descend jusqu’à —8 degrés la nuit, s'élève à 30 pendant le jour sous abri. En été, au mois de juillet, il oscille de 30 ou +35 degrésla nuit, à + 54 degrés le jour : maximum observé tout dernière- ment à l’ambulance de Rouiïssat, dans des conditions de pré- cision qui permettent de considérer Ouargla comme le plus chaud de tous les pays du globe où habitent des Européens. Le régime climatérique comporte enfin une alternance de vents périodiques (nord-ouest pendant l’hiver, sud-ouest pen- dant l’été) qui, par leur influence sur l’abaissement et la chute des eaux pluviales, n’en est pas un des caractères les moins essentiels. (A suivre.) II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU 21 DÉCEMBRE 1883. Présidence de M. H. BoULEY, président, puis de M. LAVALLÉE, membre du Conseil. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par fe Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. BosqueTTE (Albert), propriétaire-gérant du { H. Bouley. journal l’Echo Vouzinois, à Vouziers (Ar- { J. Grisard. dennes). Raveret-Wattel. EUR à : Ne , ( Saint-Yves Ménard. CHAMPIONNIÈRE (Pierre), propriétaire, à bac Brains, par Le Pellerin (Loire-Inférieure). FOR es . 5) D CHÉRON (Pierre-Emile), rédacteur au Minis- { E. Aron. tère du commerce, 56, avenue de Neuilly, ; H. Bouley. à Neuilly (Seine). Raveret-Wattel. LEJARS (Charles-Gabriel), comptable de la { Saint-Yves Ménard. mairie de Neuilly, 93, avenue du Roule, à { A. Porte Neuilly (Seine). E. Wuirion MiomanNDRE (Anatole-Victor de), propriétaire : DORES à La Poterie, par Les Aydes (Loiret). ù Feu £ Raveret-Waittel. Gurv. Leudet. Saint-Yves Ménard. RENNESON (Henri), propriétaire, 23, rue de \ SERRIN (Ferdinand), membre du Conseil gé- H. Bouley. la Chaussée-d’Antin, à Paris. néral de l'Oise, maire de Neuilly-en-Thelle ; E. Cosson. (Oise) et boulevard Saint-Martin, 23, à Paris. ( E. Dupin. Bouchereaux. TONDELIER, rue Saint-Placide, 34, à Paris. 4 J. Grisard. A. Porte. V RÉ Lu . ( H. Bouley. ACHER (Charles), farinier, pisciculteur, à | Évreux (Eure). | JAREUT Raveret-Wattel. — MM. Gauttier-Faugères, Godefroy-Lebeuf et Lehec font parvenir des remerciements au sujet de leur récente admission dans la Société. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Zeiller, Daux, PROCÈS-VERBAUX. 101 Mengin, Bouchez, Colette, E. Puyo, Bouguet, Gauttier-Faugères, Martel- Houzet, Didion, E. Viéville, Le Guay, E. de Saint-Quentin, Roulland, de Sevin de Segougnac, Em. Baré, marquis de Scey de Brun, Guibert, Bernard-Talhandier et Godart. > — Le Père Camboué, missionnaire apostolique, écrit de Tamatave (Madagascar): « Expulsé de Tananarive, la capitale de la grande île africaine, avec tous les résidents français, après un mois d’intéressant voyage à travers les riches et curieuses contrées de l’intérieur et du littoral Est, Je suisarrivé à Tamatave, où j’ai trouvé quelques numéros du Bulletin de la Société d’Acclimatation qui m'ont donné la pensée de renouer les relations entre la mission de Madagascar et votre estimable com- pagnie. * » Daignez donc agréer les offres de service d’un pauvre missionnaire malgache, qui se met à votre disposition pour ce qui touche à la Faune et à la Flore de notre île encore si peu connues et cependant si riches. » La Botanique et l’Entomologie, les Lépidoptères en particulier, surtout les Bombyciens séricigènes, seraient les parties plus spéciales des objets de mes recherches, envois et renseignements. Malheureuse- ment les ouvrages spéciaux me font tout à fait défaut (Boisduval, etc.), ayant dû laisser à Tananarive notre bibliothèque, actuellement sans doute pillée et dévastée par les Hovas. Quoi qu'il en soit, je vous offre de grand cœur mes humbles services comme correspondant de la Société dans l’intérieur de la grande île africaine, où nous pourrons, je l’espère rentrer avant peu. » Inutile de vous dire combien je serais heureux de recevoir votre intéressant Bulletin, comme aussi tous les documents que vous croirez utiles de répandre dans la grande île de Madagascar pour le progrès et l’avancement des sciences naturelles. » — M. A. Dautreville, pharmacien à Paris, adresse une note sur un produit dit poudre toni-nutritive, de son invention, pour la nourriture des Gallinacés, et demande que ce produit soit soumis à l’examen de la Commission des récompenses. — M. Narcisse Masson adresse, pour être soumis à la Commission des récompenses, plusieurs mémoires relatifs à l'élevage et aux maladies des oiseaux de basse-cour. — M. Pays-Mellier adresse une note sur son élevage de Nandous (voy. au Bulletin, p. 111). — M. Le Guay écrit du Cluyou : « Vers la fin du mois de février der- nier, les deux petites Chèvres du Sénégal qui m'ont été confiées à titre de cheptel ont donné une chevrette chacune. » Dans le courant du mois de novembre dernier ces deux Chèvres ont eu deux chevrettes chacune; lorsqu’elles seront en état d’être transpor- tées, j’en enverrai deux au directeur du Jardin zoologique d’Aeclimatation du Bois de Boulogne, et j’en conserverai deux pour ma part de cheptel. 1092 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. » Je me permets, Monsieur le Président, de vous faire remarquer que la chevrette née en février 1883 (ma part de cheptel) était pleine et que son produit, parfaitement conformé du reste, est mort avant sa nais- sance, dans les premiers jours du mois de novembre 1883. » J'ai cru devoir vous signaler le cas de fécondité des deux Chèvres mères et celui de la chevrette qui avait à peine dix mois. » — M. Mathey écrit de Rochechouart : « Le Bouc et les deux Chèvres du Sénégal qui n’ont été confiés en cheptel sont en bon état et en bonne santé. Ges animaux n’ont pas eu l’air de souffrir des froids exceptionnel- lement rigoureux de ces derniers jours, pendant lesquels je les ai con- stamment tenus à l’étable. » Les deux Chèvres m'ont donné de nouveaux produits; la plus jeune a mis bas le 23 juillet; le chevreau a été adressé au Jardin d’Acclima- tation le 22 octobre dernier. » Cette Chèvre, quelques jours après la mise bas, étant en chaleur, sans aucun doute, et voulant aller rejoindre le mâle duquel je l'avais séparée, craignant qu'il ne fit du mal au chevreau, s’est arrachée une corne en voulant sortir de l’espace où elle avait été renfermé. La corne a un peu repoussé ; je doute cependant qu’elle, atteigne la longueur de l’autre. » Un autre Chevreau, un Bouc encore, est né le 6 octobre dernier. Sa mère, la plus âgée des deux Chèvres, l’a parfaitement nourri. Il profite et s'élève bien. Il a une petite touffe de poils blancs au milieu du front. » — M. Charles Renouard écrit à M. le Secrétaire général: « Je viens vous rendre compte du résultat des essais d’acclimatation faits avec les œufs de divers Salmonides américains que la Société m’a gracieusement attribués dans les années 1881 et 1882. Les premiers œufs reçus étaient de l'espèce Salmo Salar (variété Sebago), les derniers, des Salmo fontinalis. Mes lettres antérieures vous ont fait connaître les résultats favorables obtenus pour leur éclosion et l'élevage à l’état d’alevins. Depuis, je n'avais pu constater leur présence dans mes étangs et les cours d’eau, lorsqu’au mois d’août dernier on pêcha à la ligne et au ver rouge deux beaux poissons pouvant provenir de l’une des deux espèces améri- caines ci-dessus dénommées, mais que je n’ose appeler Saumons, parce qu'il me semble qu'ils seraient plutôt des truites saumonées. En voici le signalement exact : longueur totale, de tête en queue, 320 millimètres; largeur au ventre, 70 millimètres ; poids, 336 grammes. Les na- geoires sont rouges à leur partie inférieure, se fondant au brun vers le corps. Le dessous du ventre est d’un blanc rosé, allant au brun bleuâtre de la peau du Saumon. Tout le corps est truité ou moucheté de gros pois de couleur jaune saumon, allant au violet. La chair est ferme, saumonée et excellente. » En somme, ces poissons sont beaux et bons et de croissance rapide. Quels sont-ils? Salar, Fontinalis ou Truite saumonnée. Les Saumons PROCÈS-VERBAUX. 103 Salar (variété Sebago) ont été mis dans les étangs en février 1881. Ils auraient trente mois. Les Fontinalis ont été mis en liberté enfévrier 1882. Ils n'auraient eu que dix-huit mois le 17 août dernier. » J'ai lu dans vos comptes rendus que les Saumons Salar n’avaient pas réussi loin de la mer. Les Fontinalis sont encore bien jeunes pour avoir atteint les dimensions relevées. Aussi je pense que ces poissons pour- raient bien être de espèce connue dans le pays et qui devient saumon- née dans certains viviers. 11 est possible qu’il se soit opéré un échange entre mes élèves américains et les jeunes Truites libres du pays qui au- ront facilement remonté les ruisseaux qui sortent de mes étangs, tandis que les autres auront gagné la mer en suivant le cours de nos rivières normandes. Je soumets ces résultats et ces réflexions à votre apprécia- tion, me réservant de vous rendre compte des faits nouveaux qui pour- raient advenir. » — M. le docteur Maslieurat-Lagémard, président de la Commission départementale de la Creuse, écrit de Grand-Bourg : « Jai à vous an- noncer, je serais presque tenté de dire, une grande nouvelle. » Au mois de novembre 1879, vous m’adressâtes une boîte d’œufs de Salmo quinnat. Par suite de crues d’eau et de gelées prolongées, une centaine environ d’alevins bien conformés, après être restés cinq ou six semaines sous la glace, furent mis dans la rivière de Ja Gartempe par un temps très favorable. Resterait-il de ces petits poissons, et les quelques survivants de l'Océan retrouveraient-ils leur chemin pour re- monter jusqu'ici? Je vous affirme l’exactitude du fait. » Hier, j'ai pris un de ces Saumons, qui a eu trois ans au printemps dernier ; son état de maigreur me donne la certitude qu’il a frayé dans la rivière, et on doit présumer qu’il n’était pas seul. 1] pèse 1 kilogramme ; de l'œil à la naissance de la queue il a 45 centimètres, la tête a 11 centi- mètres, ce qui est bien le quart de la longueur totale. La tête pointue avec une bouche peu large, le dos régulièrement arqué, la queue pro- fondément fourchue, beaucoup plus que celle du Saumon ordinaire, il y en avait un avec lui et il était facile d'établir la comparaison. » La teinte du dos et des côtés est très foncée et d’une teinte verdâtre, les côtés argentés et le ventre très blanc, quelques taches très noires, pas une seule rouge ou jaune. » Ce sont très exactement les caractères que vous avez si bien décrits. » Dans l'été, et alors qu’il avait tout son embonpoint, il aurait pesé de 3 à 4 livres. C’est une croissance très rapide, car je ne mets pas en doute qu'il ne soit un de ceux que nous avons mis en 1880. Ces Sau- mons, si précieux par leur fécondité et la rapidité de leur croissance, seraient donc acclimatés dans nos rivières, résultat bien fait pour en- courager les efforts de votre Société. » Je vous annonce aussi que cet été nous avons eu dans notre petite rivière une quantité de très gros Saumons. Le poids moyen était de 104 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 15 et 16 livres. Tous les jours il y en avait sur le marché de Guéret où ils se vendaient 2 francs et 2 fr. 50 le kilogramme, on en prenait des cinq ou six par pêche, on en a pris du poids de 25 et 26 livres. » Les alevins de Truites que nous déposons chaque année ont si bien réussi, qu'elles sont aujourd’hui très abondantes. » J'ai écrit ces jours derniers au garde-pêche de la Haye-Descartes et de la Guerche pour me rendre compte de cette plus grande abondance du Saumon. 1] me dit qu’un grand nombre étaient remontés en Creuse ; mais ce qui avait surtout favorisé la montée dans nos rivières, c’étaient d’abord les eaux favorables en février et mars, et ensuite l'interdiction de la pêche en aval des barrages dans une étendue de 2 kilomètres. On voyait des Saumons autour des barrages essayer à les franchir ou à monter les échelles ; si l’eau n’était pas favorable, ils attendaient et ne tardaient pas à remonter. Vous voyez que nos efforts et notre persévé- rance ont eu tout le résultat qu’on pouvait désirer. » Si vous avez l’amabilité de nous envoyer des œufs, et, en raison de ma capture d'hier, je vous demanderai du Saumon de Californie, ayez Pobligeance de les faire adresser directement à M. Dubois, ingénieur en chef des ponts et chaussées à Guéret. Ils arriveront plus prompte- ment à notre petit établissement. M. Dubois est un ancien collaborateur de M. Coste ; il remplace à Guéret M. Mondelet, qui est à la retraite. » — M. Émile de Lafon, officier de la marine en retraite, adresse une note sur les Vignes de l’Amérique centrale qui lui paraîtraient pouvoir être utilement introduites en Europe pour servir de porte-grefte. — Me Ve Simon, née de Fuisseaux, adresse de Bruxelles un compte rendu de ses nouveaux élevages d’Attacus Yama-mai et Pernyt, et elle fait connaître que plusieurs médecins belges ont constaté Putile effet obtenu de l’emploi de plastrons en soie brute de ces deux Bomby- ciens dans certaines affections de la poitrine ou des intestins. — M. Alexis Bidal, instituteur à Mignavillers (Haute-Saône), cdhesse un mémoire sur ses travaux tendant à la propagation de végélaux exo- tiques utiles. — Renvoi à la Commission des récompenses. — M. Mathey, de Rochechouart, adresse le rapport suivant sur les résul- tats obtenus de graines provenant de la Société : « J’ai semé le 24 mars, dans un terrain de bonne qualité et bien préparé, les Souchets comes- tibles ; le 10 juin, ils ont commencé à pousser et bientôt des touffes de feuillage assez épaisses se sont formées. Le 23 novembre, voyant les tiges se faner, j'arrachai les plants et je trouvai une certaine quantité de petits tubercules, dont j'adresse un spécimen à M. lAgent général. » La graine de Pin de Sabine a été semée le 2 avril, dans un bon ter- rain, un peu trop fort peut-être pour ce genre de cotes rien n’a en- core poussé. Il en est de même de la graine de Spénovitis Davidi qui, bien que semée conformément aux indications contenues dans le Bulle- lin de la Société, n’est passortie de terre, où elle avait été mise le 26 mai PROCÈS-VERBAUX. 405 » Pour ce qui est des Noix de Pacanier, croyant obtenir un meilleur résultat que l’année dernière, au moins quant à la quantité des sujets, je semai mes Noix dans un sol très ombragé et aussi humide qu’un ter- rain élevé et en pente peut l’être. Je dois ajouter que ce terrain est très compact et de qualité inférieure. Depuis le 23 mai, jour auquel les semis ont été faits, rien n’a encore poussé. » J'ai observé parmi mes semis de l’année dernière, que plusieurs Noyers avaient poussé cette année seulement, plus d’un an après l’époque à laquelle ils avaient été semés. Ce qui me fait supposer que mes semis de cette année pourront encore pousser l’année prochaine. » J'ai constaté par expérience que la transplantation de cet arbre se fait très facilement lorsqu'il est jeune. Au mois de juin dernier, je m’aperçus qu’un de mes Noyers était en très mauvais état, ses feuilles étaient jaunes et étiolées. Supposant que cet état maladif pouvait pro- venir de quelque cause locale, je résolus de le transplanter. Je l’arra- chai avec toutes les précautions possibles, en ayant soin de conserver une assez grande quantité de terre autour du pied, mais, malgré tous mes soins, la terre se détacha et les racines se trouvèrent à nu. Je le plantai et l’arrosai, la pluie survint ensuite; je vis bientôt les feuilles reprendre leur couleur verte et il ne resta aucune trace de cette trans- plantation, faite dans des conditions si peu favorables. » Pour terminer, j’ajouterai que plusieurs des sujets de l’année der- nière sont très vigoureux ; un surtout est très beau. » — M. Godefroy-Lebeuf écrit d'Argenteuil : « J'espère un jour ou l'autre pouvoir être utile à la Société en lui transmettant des graines et des boutures de plantes intéressantes. Je compte, au printemps prochain, remettre, pour les membres de la Société, un certain’nombre de pieds de Kummara (Convoloulus chrysorhizus de Forster), plante légumière cultivée par les Maoris de la Nouvelle-Zélande et dont les voyageurs parlent avec éloges. » — M. Giuseppe Gnecchi écrit de Milan : « Les noix de Pacane, que la Société d’Acclimatation a eu la bonté de m’adresser le printemps passé, ont été mises en pleine terre vers la mi-mai, et les premiers plants se sont montrés à la fin de juin. Un quart environ des noix semées ont levé. A la fin de l’automne, le sujet, mieux venant, avait 0",15 de hauteur à peu près. Mes anciens pacaniers, bien que vigoureux, n’ont pas donné de fruits cette année. » Le Reana luxurians m'a donné une nouvelle preuve de la néces- sité absolue d’avoir de la graine de bonne qualité. » — M. Charles Baltet, de Troyes, adresse, pour être soumis à la Com- mission des récompenses, le nouvel ouvrage qu’il vient de publier sous le titre : Traité de la culture fruitière, commerciale et bour- geoise. — M. Guy aîné écrit de Toulouse : « Une maladie m'a empêché de 106 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. vous répondre plus tôt sur les résultats que j'ai obtenus des graines de Vigne (Spinovitis Davidi) et de Soya à graines noires. » Le 30 avril, je fis mettre les graines de Vigne à stratifier, dans deux vases de sable, tenus constamment dans l’eau jusqu'aux deux tiers du vase. Le 5 mai, m’étant aperçu qu’elles avaient un peu gonflé, je les fis semer, en plate-bande, en plein air, dans un terrain sec et graveleux. Des graines commencèrent le 25 mai à germer successivement ; je les laissai venir naturellement, sans autres soins que de faire enlever les mau- vaises herbes qui les entouraient. Il en poussa à peu près les deux tiers, mais, soit les fortes chaleurs, soit les changements brusques de la tem- pérature, elles fondirent beaucoup; aujourd’hui, il ne m’en reste que neuf pieds de la variété à fruit blanc, et quatorze de la variété à fruit noir; elles varient de 15 à 30 centimètres de hauteur. » Quant au Soya noir que je reçus (50 grammes environ), j'en fis deux parts égales, l’une semée aussi le 30 avril, par touffes de 3 graines à chaque; et puis aussi en rayons, en espaçant les uns et les autres de 40 centimètres ; une moitié fut semée dans une terre forte, en plein air. Ces graines levèrent mal; c’est tout au plus si un dixième poussèrent leurs tiges avec des ramifications très courtes; elles ne s’élevèrent que de 30 à 50 centimètres, et cette moitié (25 grammes environ) ne m’a pro- duit que 250 grammes de graines. » L’autre moitié fut semée en rayons, dans le même terrain que les Vignes ci-dessus (sec et graveleux, en plein air). Ces graines germèrent bien, et le 15 mai, elles avaient toutes poussé. Le 4 juin, je les fis sarcler et hutter; leurs tiges, bien ramifiées et très feuillues, avaient jusqu’à 12,10 de hauteur. Ces 25 grammes environ m’ont produit 850 grammes de belles graines ; je dis belles, parce que j'ai remarqué qu’elles sont plus grosses que celles que vous m’envoyâtes. J'ai fait la récolte de ces graines, qui ont été recueillies simultanément le 30 octobre dernier. S'il peut vous être agréable de les voir, je me ferai un plaisir de vous en en- voyer. Je crois que, si j'avais reçu ces graines plus tôt pour les semer, j'aurais eu de meilleurs résultats; aussi, cette année, je me propose de les semer de bonne heure, dans l'espoir d’en obtenir une bonne récolte, qui me permettra alors d’en essayer la consommation sur divers bes- tiaux, et aussi pour l’alimentation du ménage. » Je m'étais procuré 50 grammes du Soya hispida à grains jaunes ; cette variété, cultivée dans les mêmes conditions, m’a donné un pro- duit beaucoup plus abondant ; ces 50 grammes m'ont donné 2k,325 de bonnes graines, et leurs tiges, bien ramifiées, se sont élevées à 17,250» — M. le docteur Bordier, professeur à l’École d'anthropologie de Paris, dépose sur le bureau un exemplaire du volume dans lequel il vient de résumer les leçons qu’il a professées à cette École, depuis quelques an- nées, sur la Géographie médicale. — Remerciements. PROCÈS-VERBAUX. 197 — M. Pierre Pichot fait la communication suivante : « Le Père Heude, missionnaire à Zikawei (Chine), nous écrit, à la date du 2 octobre, qu'il n'avait pas encore pu répondre à certaines demandes qui lui avaient été adressées concernant le Ver à soie sauvage (Bombyx mori). Il avait ren- contré ces cocons sur divers points, mais il n’avait pas encore pu voir le Ver. Ces jours-ci, un des Pères de la mission en a récolté un certain nombre, les a nourris, et maintenant ils ont tous filé. Le Père Heude me prie de porter ce fait à la connaissance de la Société et de demander l'avis des spécialistes. Si une notice avec des dessins pouvait être de quelque utilité pour le Bulletin, le Père Heude se ferait un plaisir de nous envoyer les documents qu’il possède, et, s’il y avait lieu, d’intro- duire en France de la graine de ces vers; il nous propose son obligeante entremise pour nous en procurer. Je serais désireux d'appeler l'attention de la section d’entomologie sur les offres du Père Heude, et je me tiens à sa disposition pour lui répondre d’après les instructions qui me seront données. » (Renvoi à la 4° section.) — M. Raveret-Wattel fait une communication sur l'établissement de pisciculture d’Ettelbrück et sur le repeuplement des eaux dans le grand- duché de Luxembourg. (Voy. au Bulletin.) — M. Grisard donne, au nom de M. Leroy (de Fismes), lecture d’un travail sur la construction et l'aménagement des volières. (Voy. au Bul- letin.) — M. Tony Conte fait connaître l’arrivée en France d’étalons et de juments, ramenés du Turkestan par MM. le baron Benoît-Méchin et le vicomte de Mailly-Chalon. Ces animaux, de grande taille et d’une race très renommée dans le pays, proviennent du sud des provinces turco- manes, entre Khiva et les frontières de la Perse. Le convoi comprend, en outre, deux chevaux, qui paraissent devoir faire d'excellents chevaux de chasse, et un poulain kirghis, qui est un trotteur de grande allure. M. Tony Conte fait remarquer qu’il y aurait peut-être intérêt à ce que quelques membres de la Société se rendissent à Alfort pour voir ces animaux, dont l’acquisition présenterait de lutilité, au point de vue de l'amélioration de nos races de chevaux. — M. le Secrétaire général estime qu’il serait intéressant, en effet, d'étudier ces chevaux; mais il craint que cette importation n’ait pas plus de résultats que d’autres qui l'ont précédée. M. Geoffroy Saint- Hilaire rappelle, à cette occasion, que les Chevaux si remarquables ra- menés du Dongola par MM. Abatzopoulo et Essler et conservés, pendant quelque temps, au Jardin d’acclimatation, n’ont pas été achetés par la France. Ces animaux sont devenus la propriété du gouvernement du Brésil, qui s’est empressé d’en faire l’acquisition, et qui a lieu aujourd’hui d'être très satisfait de cette importation. — M. Pierre Pichot désirerait qu’il fût donné suite à la demande de M. Tony Conte. et qu’une note fût, s’il y a lieu, adressée à l’adminis- 108 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. tration compétente, concernant les chevaux ramenés par MM. Benoit- Méchin et de Mailly. — En signalant la grande valeur de certains Chevaux du Turkestan, M. le Président fait remarquer qu’il est ordinairement très difficile de se procurer de ces Chevaux. Un officier général russe, qui avait réussi à grand peine à faire, pour son gouvernement, l’acquisition d’un étalon, ne put emmener cet animal, lequel, bien qu’atteint d’une légère tare, n'avait pas coûté moins de 50 000 franes. Malgré les soins de surveillance pris par son acquéreur, ce cheval, un matin: fut trouvé mort, les sentinelles qui le gardaient avaient été assassinées pendant la nuit. — M. Tony Conte dit que MM. Benoît-Méchin et de Mailly ont rencontré, en effet, de grandes difficultés pour l’acquisition des chevaux ramênés par eux, et qu'ils n’ont pu réussir que grâce à un concours heureux de circonstances. Le Secrelaire des séances, CG, RAVERET-WATTEL, IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE La pisciculture en Pologne. L'exploitation des étangs fut longtemps florissante en Pologne; elle y avait même atteint d'assez bonne heure un degré remarquable de déve- loppement et de perfection, si l’on en juge par quelques ouvrages publiés anciennement sur cette industrie, et notamment par le remarquable traité dû à la plume du chanoine Kluk: Des poissons et de la culture des étangs (O rybach à gospodarstwie stawowem), qui parut à Varsovie en 1798. Peu de livres aujourd’hui traitent de la culture des eaux avec autant de conscience et surtout avec autant de renseignements pra- tiques que ce traité datant de près d’un siècle. Malheureusement les secousses politiques, qui ont amené la ruine de tant d'industries, n’ont pas épargné celle de la culture des étangs. Le poisson, qui était jadis en Pologne une des principales bases de l’alimen- tation du peuple, le poisson a presque complètement disparu, à ce point, qu’en Galicie, par exemple, il est plus cher que sur les marchés de Paris. D’après M. Szretter, auquel on doit une intéressante étude de la question, les causes de ce regrettable état de choses seraient : 4° Le complet abandon des étangs à eux-mêmes et, par suite, leur envasement, leur dessèchement et enfin leur disparition ; 2 Le manque de lois réglant la pêche et garantissant la reproduction et la croissance du poisson; 3° La destruction des forêts. M. Szrelter ne voit là qu’une conséquence forcée de la situation excep- tionnelle faite à la Pologne depuis la fin du siècle dernier. Aussitôt après le premier partage de la Pologne, les confiscations, les condamnations à l'exil, à la prison, etc., jetèrent une stagnation complète dans les affaires ; l'argent était rare, et nul n’aurait songé à faire les dépenses nécessaires pour l'entretien des étangs. Ceux-ci s’envasèrent et, plus tard, au lieu de les remettre en état, on trouva plus économique de les dessécher. Le poisson disparaissant, le prix de cette denrée augmenta considéra- blement ; par suite le braconnage, devenant très lucratif, prit un déve- loppement effrayant, favorisé d’ailleurs par les événements politiques, grâce auxquels la répression était complètement nulle. D’un autre côté, les plus belles forêts disparurent, livrées à la hache de Juifs et de spé- culateurs allemands, et ces défrichements modifièrent d’une façon très fächeuse l’état climatologique. Ils eurent pour conséquence des périodes de sécheresse et d’inondations, aussi nuisibles les unes que les autres à la multiplication du poisson, qui disparut des rivières comme il avait déjà disparu des étangs. Aujourd'hui toutefois un mouvement d’heureux augure se manifeste. 410 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Dans la Galicie, qui jouit d’une liberté relative, des efforts sont tentés pour réagir contre l’engourdissement général, et l'opinion publique semble se prononcer en faveur de la régénération de la culture des eaux. À la tête de ce mouvement se trouve M. le docteur Max Nowicki, professeur à l’Académie de Cracovie, qui,"par ses écrits, son zèle, sa per- sévérance, a su faire passer sa confiance dans l'esprit de ses compa- triotes. Après bien des efforts, M. Nowicki est parvenu à mener à bonne fin l’organisation de la Société des pêches de Galicie (Krajowe Towarzystwo Rybacckie). Grâce à lui, le repeuplement des cours d’eau paraît n’être plus qu’une question de temps, car la Société des pêches, constituée dans ce but le 24 août 1879, prospère et compte déjà plus de 600 membres répartis en 21 sections, chaque section réunissant des habitants riverains d’un même cours d’eau ou de ses affluents. L’appui du Wydzial Krajowy, de l'administration provinciale et du gouvernement de Galicie, du ministre Ziamialkowski, du comte Alfred Potocki, est assuré à la Société. Malgré sa récente organisation et la faiblesse de ses ressources, cette Société a déjà fourni à la Vistule, au Styr, au Dniester, 680 000 Saumoneaux ou Truites; la plupart provenaient d’éclosions dues à l’infatigable président de la Société, au professeur Max Nowicki. Ces efforts sont déjà suivis d’effets : les Truites et les Saumons reparaissent dans des endroits où ils n'étaient plus connus depuis long- temps. Mais ces efforts seraient vains sans la promulgation de lois pour la réglementation et la protection de la pêche, lois réclamées depuis vingt ans par la Société agronomique, depuis quatre ans par le pro- fesseur Nowicki, et enfin adoptées, le 7 octobre 1882, par la diète de la Galicie. En outre de ses démarches officielles, M. Nowicki a cherché à instruire le pays sur tous les points de la question par des brochures au nombre desquelles il convient de citer : Les eaux et les poissons de la Galicie ; — L'art d'élever les jeunes Salmonides et d’en peupler les rivières ; — Les régions poissonneuses de la Vistule, etc.; enfin, il prépare une carte de la Galicie, où seront indiquées les régions favorables au dévelop- pement des diverses espèces de poissons. D'après les résultats déjà obtenus, il est permis d'espérer que d'ici dix ou douze ans les cours d’eau descendant des montagnes en Galicie, fourniront des poissons de luxe à la chair délicate, et, gràce à leur position géographique, ne tarderont pas à repeupler les grandes rivières de la plaine polonaise. RAVERET-WATTEL. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 111 Reproduction de Nandous. Extrait d’une lettre adressée à M. le Secrétaire général. Je m'empresse de vous faire connaître ma réussite de Nandous : Dès le 19° mai, une des femelles pondait un œuf; le 14, j'avais six œufs, et le mâle, qui faisait sans cesse des nids dans le sable, mani- festait déjà le désir de couver. Voulant absolument lui faire adopter le nid que je lui avais préparé sous l’abri, afin d'éviter l'accident de l’année dernière... (Vous avez su, en effet, que les vingt œufs, alors en incubation depuis trente-quatre jours, avaient été noyés pendant la nuil par un orage épouvantable), je détruisais toujours, chaque fois, les trous qu'il s’entêtait à creuser dans son pare, et je mettais des épines sur les endroits qu'il paraissait affectionner, en reportant toujours les trois premiers œufs dans le nid sous l’abri. Enfin, le 25 mai, après avoir bataillé bien longtemps, je vous assure, j'eus la joie de voir l’entêtement du Nandou vaincu ! Il était couché sur ses trois œufs dans le nid qui lui avait été préparé! Le 26 mai, je ne le trouvais pas encore assez sûr; il se levait sans cesse et poursuivait ses femelles en faisant encore entendre son fort rugissement. Mais le 27, je criai victoire! Depuis le matin jusqu’au soir, les trois œufs ne furent pas quittés! Ce même jour, alors, à sept heures du soir, pendant que le Nandou se levait pour manger, je fis enlever prestement les trois œufs Qui avaient été sacrifiés, et je mis à leur place les huit œufs frais que je possédais! À partir de ce moment, mon brave Nandou s’est admirablement bien comporté; nous étions obligés de lui mettre sa nourriture à portée du bec, il passait des jours entiers sans bouger ! Quelquefois, mais bien rarement, nous le voyions se lever tout dou- cement, puis faire au galop deux ou trois tours de pare et revenir bien vite couvrir ses œufs ! Pendant ses si courts moments d’absence, j'avais apercu douze œufs dans le nid le 1% juin; le 5, j'en comptais quinze! Je n’avais qu'une seule femelle pondant, mais pensant que ces der- niers œufs ne devaient plus être fécondés, et en trouvant d’ailleurs un assez grand nombre sous le mâle, je me décidai à séparer les femelles. Le 6 juin, mon mâle Nandou était donc seul, bien tranquille avec ses quinze œufs! Le mercredi 4 juillet, j'eus peur, mon pauvre oiseau avait admirable- ment couvé jusqu’à ce jour et le voilà qui quitte son nid trois ou quatre fois de suite; il paraissait inquiet et fatigué! 112 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Allait-il donc abandonner sa couvée au dernier moment ?.… Le 5, dès le lever du jour, je le trouvai calme, réchauffant ses œufs! A neuf heures, j'étais dans le jardin avec quelques amis, lorsque mon faisandier nous appelle... Nous courons, redoutant un malheur! Mais nous apercevons le Nandou à moitié levé et laissant voir cinq petites têtes! L'oiseau quitte son nid aussitôt et les cinq petits le suivent en trébu- chant un peu ! Pendant que nous étions ainsi en admiration, l’un de nous aperçoit encore, tout à coup, un autre petit sortant de sa coquille, puis un sep- tième se montre encore! Enfin, à dix heures, je comptai neuf jeunes courant déjà auprès du père, qui avait abandonné les six œufs restants! Le soleil dardait ses rayons brûlants sur le nid, les six œufs avaient conservé un peu de chaleur. Je ne voulus pas les abandonner! Vite, je. fis amener du fumier de cheval; j'en fis faire un tas, je plaçai mes six œufs au milieu, avec des couvertures en laine par-dessus, et j’obtins immédiatement une très grande chaleur, que je pus maintenir au moyen d’un thermomètre ! Et le soir même, à huit heures, j'eus la satisfaction de voir éclore deux autres petits vigoureux! Les quatre autres œufs n'étaient pas fécondés. Aujourd’hui 15 juillet, les onze jeunes Nandous se portent à ravir, malgré ces mauvais temps si humides. Dès le second jour de leur naissance, ils adoptèrent facilement une pâtée composée de salades et feuilles de choux, d’œufs durs, de pain, avec un peu de farine de maïs et du sang desséché et broyé, le tout haché et bien mélangé ensemble. Ils mangent souvent et beaucoup maintenant : le père s’en occupe peu, il se couche cependant lorsque la pluie tombe trop fort et ses petits s’abritent sous ses ailes; mais son plus grand souci a toujours été de dévorer leur pâtée, qu’il trouve assurément excellente, sans jamais les y convier ! Aussi j'ai dû faire un renfermé, qui ne laisse passage qu'aux jeunes. En somme, l'éducation du Nandou est facile; la seule difficulté, comme le dit fort bien un de mes confrères voisins, résulte de l'habitude qu'a le mâle de commencer l’incubation avant que la ponte de la femelle soit complète. Il faudrait donc, pour bien réussir, avoir une bonne couveuse artificielle et lui confier les œufs en retard. C’est ce que j'espère faire l’année prochaine. î Veuillez agréer, etc. G. PAYS-MELLIER. Le gérant : JULES GRISARD. BOURLOTON. — lmprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LA CHÈVRE EN ALGÉRIE Par M. DURAND Vétérinaire militaire, en retraite (Extrait du compte rendu sténographique.) M. Decroix : Vous avez lu dans le dernier Bulletin que j'ai été chargé, 1l y a deux ou trois mois, de prendre des infor- mations auprès de M. Durand, vétérinaire militaire en retraite, ancien directeur de la bergerie nationale de Ben-Chicao, sur les Chèvres qui existent en Algérie. J'avais bien par devers moi quelques documents, mais M. Durand étant présent dans cette assemblée, si M. le Président veut bien lui donner la parole, il pourra donner des renseignements plus complets que je ne pourrais le faire moi-même. M. le Président : M. Durand a la parole. M. Durand : Voici ce que j'ai à dire sur l'introduction des Chèvres angoras en Algérie. Vers 1857 ou 1858, la Société d’Ac- climatation, qui était alors nouvellement née, adressait à M. le gouverneur général de l'Algérie un petit troupeau de Chèvres angoras. Ces Chèvres furent d’abord mises en cheptel chez un propriétaire du Sahel, à Cheraga. Quand la bergerie nationale fut installée à Ben-Chicao, ces animaux y furent envoyés au nombre de 44 ou 45, je crois. Depuis cette époque, l'établissement à vendu 150 à 160 mâles étalons, je ne me rappelle pas exactement le nombre, et à peu près 200 Ch- vres. Ces animaux se sont merveilleusement acclimatés en Algérie. Il ÿ a contre l'élevage de la Chèvre, en Algérie, un préjugé qui est, je crois, fâcheux : l’Algérie est exposée à un déboise- ment très grave en ce moment-ci, et par principe, le gouver- 4° SÉRIE, T. [. — Février 1884. 8 114 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. neur général ne veut pas encourager l'élevage de la Chèvre. C'est, je crois, une faute et voici pourquoi. Quoi que lon fasse, il y aura toujours une grande quantité de Chèvres dans notre colonie. La population caprine est d'environ 5 millions et quelques centaines de mille têtes. Eh bien, puisque ces Chè- vres existeront toujours, quoi que l’on fasse, il y aurait un très erand avantage à faire substituer à la Chèvre peu productive du pays la Chèvre blanche d’Angora. La Chèvre d'Angora présente cet avantage de posséder une toison qui pèse de 3 à 600 grammes par Chèvre, et jusqu’à 1 kilogramme pour les boucs. La moyenne est de 550 gram- mes pour les Chèvres. Cette laine est très recherchée. L'honorable M. Geoffroy Saint- Hilaire m’a donné, dans le temps, l'adresse d’un commerçant de Boulogne, M. Lebeau, qui achetait les poils de Chèvre du troupeau de Ben-Chicao. Ces poils furent expédiés en Angle- terre, et une seule maison de Bradford en achetait à elle seule pour 3 millions à Smyrne. Cette maison demandait instam- ment à se créer des relations en Algérie; elle désirait savoir quelle serait la quantité de poils que l’on pourrait s’y procu- rer. Nous n'avions que le troupeau du Ben-Ghicao et les quel- ques sujets qui avaient été répandus dans les tribus. C’était peu de chose, mais il fallait alors les répandre sur une plus grande échelle. Cette Chèvre, à peu près analogue à celle du climat d'Algérie, comme je le disais tout à l’heure, s’est par- faitement acclimatée dans ces régions. Pendant les mois de juillet, août et septembre, elle se tient en plein soleil et sup- porte parfaitement bien les grandes chaleurs de PAlgérie. Par contre, en hiver, elle résiste beaucoup mieux que la Chèvre arabe aux intempéries du climat, sous les gourbis, dans les régions du Tell. Partout où il y a des broussailles et de la végétation arbustive, il y a une grande quantité de Chèvres. La Chèvre arabe souffre énormément, parce qu’elle a une toison très peu fournie, tandis que la Chèvre d’Angora, pro- tégée par sa toison, résiste parfaitement bien aux froids des régions du Tell. Ainsi, d’un côté, elle supporte beaucoup mieux que la race indigène la température des chaleurs de LA CHÈVRE EN ALGÉRIE. 4145; l'été; de l’autre elle supporte beaucoup mieux les froids de l'hiver. Cette race d’Angora, croisée avec la race indigène, donne aussi, comme caractère, des Ghevreaux très disposés à l’en- graissement. Il y a une grande différence entre un Chevreau de lait arabe et un Chevreau de lait métis angora. On pourrait en faire une industrie particulière, qui donnerait à la fois du poil et de la viande. La Chèvre angora est eue laitière que la Chèvre indi- gène. À Lous les points de vue, on peut done, avec avantage, la substituer à la Chèvre du pays. Il n°y a qu’un seul inconvé- nient, et le voici : Aux Chèvres il faut des habitudes de pro- preté que les indigènes n’ont pas; les toisons se trouvent salies par la mauvaise tenue de leur étable; les Chèvres. couchent pêle-mêle, elles n’ont pas d’abri. Les indigènes forment un entourage avec des branches d’arbres, et les Chèvres, comme les Moutons et comme les autres animaux, couchent dans la fange. C’est un des grands inconvénients que présente la Chèvre d’Angora. Mais à côté de l’indigène, il y a considérablement d'Euro- péens qui ont de grandes exploitations en plein Tell, où il y a de vastes pâturages, où 1l y a de vastes régions forestières ; Là surtout il n’yaurait aucun inconvénient à substituer la Chèvre angora à la Chèvre indigène. Je crois donc que cette précieuse race peut rendre de grands services à l’agriculture. Et quoique n'étant pas partisan de l’élevage de la Chèvre, parce qu’elle détruit beaucoup et qu’elle est hostile au peuplement forestier, il y a une chose certaine, c’est qu'il y aura toujours, quoi que l’on fasse, une grande: quantité de Chèvres en Algérie, et autant vaut-il avoir des animaux d'un rendement certain qu’une race qui ne présente pour elle absolument aucun avantage. La valeur de la toison de la Chèvre arabe est de 30 à 40 cen- mes au plus, tandis que la toison de la Chèvre angora va de 5 à 10 francs, autant que je puis me le rappeler. L'industrie anglaise achète le poil de Chèvre à raison de 4 fr. 50 la livre anglaise, ce qui ferait donc qu’une toison 116 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. de bouc donnerait à peu près un prix de 9 à 10 francs, tandis que la Chèvre arabe ne donne que 30 à 40 centimes. A tous les points de vue, je crois donc qu'il y a de grands avantages à substituer la race angora à la race indigène. Quant aux autres races que l’on trouve en Algérie, elles sont très peu nombreuses. On n’y trouve que la race maltaise. Cette race n'existe que dans les grands centres de population : Alger, Bône, Constantine, etc., où elle est affectée à la production du lait. On les voit tous les matins par bandes qui parcourent les rues pour fournir le lait aux habitants. Elles sont entre- tenues par de petits propriétaires maltais qui les nourrissent abondamment à l’étable. Mais en pays arabe, en pays de colo- nisation surtoul, il ÿ a un grand avantage, je le répète, à éle- ver la précieuse race d’Angora. J'ai vu vendre des dépouilles de bêtes angoras en plein mois d'hiver, qui se sont élevées jusqu’à 30, 40 et même 50 francs. La peau s'emploie dans une foule d'industries, comme fourrure, comme jouets d’enfants, etc.; mais le principal rendement des Chèvres consiste dans sa toison sur- tout, et dans sa chair comme bête de boucherie. Voilà, Messieurs, ce que j'avais à vous dire sur la race d’An- cora en Algérie. (Applaudissements.) M. le Président : La communication que vous venez d’en- tendre sera insérée au Bulletin. M. Decroix : Je désirerais faire une question à notre col- lègue. M. Durand est resté vingt-six ans, je crois, atlaché à ces troupeaux de Chèvres et de Moutons. Quand j'ai quitté le 1* chasseurs d'Afrique, on essayait, sous le haut patronage de M. le maréchal Randon et de M. Bernis, vétérinaire en chef de l'Algérie, on essayait, dis-je, de naturaliser le Mouton mérinos dans notre colonie. Je crois que nos collègues seraient bien aises de savoir quels ont été Les résultats obtenus. D'autre part, il est une autre question qui doit nous inté- resser aussi. M. Durand a été chargé par le gouvernement, pendant je ne sais combien d'années, d’aller dans les tribus afin de châtrer tous les mâles qui avaient de la mauvaise laine, LA CHÈVRE EN ALGÉRIE. 4117 de la jarre, de manière à éteindre en quelque sorte tous ces mauvais reproducteurs. Je crois qu’il serait intéressant pour nous de savoir égale- ment quels sont les résultats auxquels M. Durand est arrivé. M. le Président : Si. M. Durand veut bien reprendre la parole ? M. Durand: L'introduction des Mérinos en Algérie date de 1854, autant que je puis me rappeler. A cette époque, l'Algérie commençait à exporter une certaine quantité de laines indi- gènes, et le chiffre des exportations s'élevait à 4500 000 francs environ. Depuis cette époque, le chiffre des exportalions s’est élevé jusqu’à 9 millions. Les laines indigènes furent d’abord lancées sur les différents marchés de la métropole. Mais jetiens de source certaine que, pour les draps et les nouveautés, ilne se consomme pas unseul kilogramme de laine indigène dans les filatures d’Elbeuf. Il en est à peu près de même dans celles de Reims etde nos principaux centres industriels : on n'emploie la laine arabe que pour la bonneterie grossière, pour les étoffes extrêmement communes. En un mot, elle ne répond nullement aux besoins de l’industrie française; je dirai même de l’in- dustrie européenne. On ne fait que des vêtements extrême- ment grossiers et de la matelasserie avec la laine arabe. Préoccupé de cette question, M. le maréchal Randon, se- condé par M. Bernis, a fait essayer le croisement du Mérinos avec la race indigène. Les premiers essais furent faits en 1856. Tout d’abord, la question de l'amélioration de la race indigène avait été ainsi posée : Îl y avait deux théories en présence. Les uns voulaient améliorer la race indigène par elle-même, par la sélection; d’autres prétendaient (et je suis de ce nombre, avec beaucoup de nos collègues) qu’il était bien préférable d'arriver d'emblée au croisement, qui donnait de suite une toison excellente. La loison, au premier métissage, donne. une laine intermédiaire, qui se prête à tous les besoins de l’industrie ordinaire, c’est-à-dire que les laines croisées, les laines provenant de Mérinos et de Brebis arabes, répondent aux besoins de la grande consommation. C’est la matière pre- mière qui se consomme le plus en France. 118 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Après avoir essayé dans les cercles de Laghouat l’améliora- tion de la race indigène par elle-même pendant trois ans, je fus amené à cette conclusion que cette opération était exces- sivement longue. Il me passa entre les mains peut-être 200 000 têtes ovines. Sur ce nombre je n’avais pu réunir que 2000 têtes environ présentant un caractère à peu près con- venable comme toison. Bien que les reproducteurs fussent choisis avec soin, les produits qui en résultèrent furent tous de qualité détestable. Et cela s'explique très bien: c’est que les qualités que j'avais trouvées dans les troupeaux arabes élaient des qualités individuelles, des accidents, des qualités qui ne sont pas transmissibles par la génération. Tandis qu’en attaquant la race indigène par une race ancienne, comme le Mérinos, on arrive à supprimer la jarre, à donner à la laine du suint qui arrive jusqu’à l'extrémité du brin et qui conserve à la laine, dans toute sa longueur, une élasticité égale. Quelques échantillons de ces laines croisées furent envoyés en France. Ils furent essayés à diverses reprises pour toute espèce d’étoffes, et les résultats furent très concluants. La Société industrielle d'Elbeuf s’exprimait ainsi : «Ces laines sont d’un débouchéillimité. Produisez-en beau- coup, et vous aurez rendu un très grand service à l’Algérie. » Comme 1l y avait des partisans de la sélection, on hésitait encore. Il fallait évidemment essayer aussi de faire de la sé- lection, mais alors dans des conditions spéciales. Elle fut entreprise en masse. Pendant six ou sept années consécutives, des instructions furent envoyées dans tous les cercles par le gouverneur général de l'Algérie ; pendant six ou sept ans, je fus moi-même chargé de passer l’inspection de tous les troupeaux dans les cercles de Médéah, de Boghar, de Djelfa et de Laghouat. A chaque tour- née Je pratiquais la castration sur des milliers de Béliers, et voici dans quelles conditions : À cette époque, les indigènes conservaient presque autant de mâles que de femelles dans leurs troupeaux. Il y avait à ce mode d'opération un très grand inconvénient; c’est que tous les Béliers se livraient des luttes insensées, et les indigènes LA CHÈVRE EN ALGÉRIE. 119 n’apportaient, en quelque sorte, aucun soin au choix des repro- ducteurs. En prenant les plus beaux types, les mieux confor- més, en éliminant tous les mauvais Béliers, nous sommes arrivés à une grande amélioration relative. Nous conservions cinq, six, sept Béliers pour 100. C'était beaucoup plus qu'il n’en fallait; mais enfin, dans ces conditions, nous faisions véritablement de la sélection. Les indigènes acceptaient cette mesure sans aucune espèce de résistance. Je n’ai vu nulle part se produire l'ombre de protestation. Il en est résulté ceci : c’est que les indigènes se sont mis alors à pratiquer la cas- tration eux-mêmes. Je prenais parmi les indigènes les chà- treurs de profession, parce qu'il était impossible à un seul opérateur de châtrer 1500 à 2 ou 3000 Béliers dans une seule journée. Eh bien, la castration s'étant généralisée en Algérie, il est arrivé que les Moutons, absents autrefois de nos marchés, sont devenus l’objet d'une exportation très considérable. Les indigènes y ont trouvé leur compte, et c’est ainsi qu'il y a eu amélioration des troupeaux. Il y a donc eu un succès incon- testable qui, de la province d'Alger, s’est étendu sur toute la colonie. En ce qui concerne le métissage, je suis arrivé à constituer un premier troupeau, qui était d’abord cantonné à Laghouat, à Taadmit; il fut transféré ensuite dans le Tell, dans un vieux bordj, et de là il revint dans les plaines du Sud, à Birin, où M. Geoffroy Saint-Hilaire vint précisément nous trouver avec M. Richard (du Cantal), en 1857. Nous passâmes en revue les troupeaux que nous avions à cette époque-là. Et l'opération s’est ainsi continuée à Birin jusqu’en 1864. À cette époque, une insurrection éclata. Je fus prévenu par le général Yusuf d’avoir à me replier sur le Tell, parce que j'élais menacé par les tribus révoltées. Trois jours après, la bergerie était incendiée et complètement détruite. Depuis l’insurrectiou de 1864, la bergerie a été installée à Ben-Chicao, puis à Berrouaghia : elle est maintenant à Moud- jebeur!, ce qui fait que le seul établissement d'élevage créé par le gouvernement, dans une période de vingt-sept ans, a été déplacé sept fois. Aujourd’hui, il est détaché des attributions 190 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. de la guerre et rattaché au ministère de l’agriculture. Le souvernement se dispose à créer une bergerie par province. Dans ces conditions, l'administration peut alors être en mesure de livrer chaque année une grande quantité de Béliers aux agriculteurs. Le mode d'opération que nous avons suivi dès le principe était la vente publique, comme cela s’est fait pendant de longues années dans les bergeries nationales de France. Il y eut, en 1866 et 1867, une famine épouvantable, qui en- leva 500 000 indigènes. La colonisation française seule ré- sista à ce déchainement terrible de calamité publique, ainsi que les indigènes enclavés dans cette colonisation ; mais les autres indigènes mouraient par centaines, par milliers sur toutes les routes. À partir de cette époque, le gouvernement songea à prendre, comme on dit vulgairement, le taureau par les cornes. I fallut faire de l’enseignement. Nous avions là 2 500 000 indigènes, qui élaient propres surtout à faire des ouvriers agri- coles. En ce qui me concerne, j'insistai vivement auprès du souverneur général pour ouvrir une première école à Ben- Chicao, et comme elle était entretenue par les fonds arabes d’une commune indigène, il n’y eut d’abord que les indigènes qui furent admis à cetie école. J'avais 28 élèves lorsqu'elle fut transférée à Berrouaghia; aujourd’hui elle en possède 76 et a été transférée à Moudjebeur. L'enseignement agricole marche parallèlement avec l'amélioration de l’espèce ovine. Pour en revenir à l’espèce ovine proprement dite, au lieu de continuer les ventes aux enchères, comme primitivement, je proposai le système admis pour les étalons de l'espèce cheva- line. J'avais déjà environ 380 Béliers, qui chaque année étaient envoyés dans toutes les directions. Ces étalons étaient mis gra- tuitement à la disposition des éleveurs. Après la lutte 1ls ren- traient à l'établissement central. Cette opération était des plus simples et extrêmement pratique. Vers le mois de mars, J’en- voyais au gouverneur général le nombre de Béliers que l’é- tablissement pouvait mettre à la disposition des éleveurs. La répartition était faite à la subdivision de Médéah, puisque LA CHÈVRE EN ALGÉRIE. 491 j'étais dans le cercle de Médéah, et les chefs indigènes étaient appelés à venir chercher les béliers qui leur étaient destinés. Une marque particulière était donnée à chaque lot : tel lot allait dans telle tribu, tel autre dans telle autre. Ces animaux partaient avec le berger, sous la conduite d’un cavalier et arri- vaient à destination. Le caïd faisait la répartition entre ses administrés. [ls restaient dans les tribus, et quand la lutte était finie 1ls rentraient. Jis n'avaient plus à subir les intem- péries et la disette de pâturage qui arrivent périodiquement chez les indigènes. . C'était un excellent mode d'opération, il fut supprimé par l'amiral Gueydon, qui n’était pas très fort dans ces questions; on préféra revenir au mode de la vente publique. Depuis cette époque, la question a été controversée, l’éta- blissement à élé de nouveau déplacé, il est actuellement à Moudjebeur. j Eh bien, l’amélioration des espèces indigènes est une grosse question. Par le croisement avec les Mérinos, il y a améliora- tion de la viande, dont le poids s’élève à 10 kilogrammes envi- ron par tête; la conformation des métis est de beaucoup supé- rieure aux bêtes indigènes. Et chose remarquable, c’estque les métis Mérinos sont toujours, et toutes choses égales, dans des conditions sanitaires et d’embonpoint plus satisfaisantes que celles des animaux de race indigène proprement dite, et ne perdent en rien la rusticité des bêtes arabes. Quant au point de vue de la laine, il n’y a pas de comparai- son à établir. La laine indigène se vend 150 franes le quintal, landis que nos laines métisses mérinos ont atteint le prix de 270 à 275 francs environ. (J'ai envoyé des béliers reproduc- teurs dans la province de Constantine, à l’établissement d’Aïn- el-Bey où l’on a obtenu les mêmes résultats). Chose curieuse, ces laines, métisses vendues aux enchères publiques, étaient presque toujours achetées par des indi- gènes, et rarement par des Européens. Mais il est arrivé que le courant d'exploitation étant établi sur une marchandise donnée, de peu de valeur : la laine indigène, nous avons trouvé de l’hostilité à cette amélioration, de la part des 199 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Israélites indigènes et des Européens, qui font le commerce d'exportation. Je crois qu’il en est de même pour toutes les questions. Chaque fois qu'il s’agit d’un progrès quelconque dans un pays, on trouve toujours la routine qui vient barrer le passage. Mais nous pouvons être certains que, si cette question de l’amé- lioration des laines, et surtout de l’amélioration des procédés d'élevage, était résolue en Algérie, ce serait pour notre colo- nie une des principales sources de sa richesse. Nous n’expor- tons actuellement que 4 500 000 têtes ovines, année moyenne. Je maintiens que, du jour où des voies ferrées auront pénétré dans l’intérieur de l’Algérie; quand nous aurons des lignes de pénétration vers le sud, ces vastes plaines qu’on désigne sous le nom de Hauts Plateaux, et qui embrassent une surface de 40 à 50 millions d'hectares, ces vastes surfaces qui ne peu- vent donner que des Moutons, pourraient en nourrir peut- être plus de 50 millions. Mais pour cela il faut y introduire les procédés de la civilisation. Tant que l’Arabe (et actuelle- ment il n’y a pas un seul éleveur européen sur les Hauts Pla- teaux) y sera seul maître, il ne fera rien, il ne cultivera rien. Il ne fait aucun approvisionnement, et de temps à autre 1l y a des mortalités qui se chiffrent par # et 5 millions de têtes de Moutons. Voilà, Messieurs, dans quelles conditions se fait l’élevage en Algérie. Je prie la Société zoologique d’Acclimatation de vouloir bien intervenir dans cette question, qui est une des grosses affaires de la colonie. M. Geoffroy Saint-Hilaire : Je remercie, pour ma part, bien vivement M. Durand de l’intéressante communication qu'il nous a faite. Et à propos des Chèvres d’Angora, dont il a été question tout à l'heure, je lui demanderai de vouloir bien ajouter aux renseignements si complets qu’il nous a donnés, deux ou trois chiffres qui n’ont pas été présentés. Le troupeau de Chèvres d’Angora de Ben-Chicao existe-t-il encore ? Quelle est son importance ? M. Durand : Il est très affaibli. Cette année-ci, il a été vendu à peu près les deux tiers du troupeau, sur la demande LA CHÈVRE EN ALGÉRIE. 193 du ministère, parce que l’industrie des Chèvres est considérée comme offrant des inconvénients. M. Geoffroy Saint-Hilaire : Il en reste combien ? M. Durand : Xl y en a encore une quarantaine à peu près. M. Geoffroy Saint-Hilaire : Seulement! M. Durand : Oui. M. Geoffroy Saint-Hilaire : C'était le point principal. Cette opération des Chèvres d’Angora a pour la Société d’Acclima- tation un très réel intérêt. Je dirai plus; elle a pour des pays comme l'Algérie une très grande importance. Si j'avais besoin de vous le démontrer, je vous rappellerais ce qui s’est fait il y a maintenant vingt à vingt-cinq ans pour la colonie du Cap de Bonne-Espérance. A l’époque dont je parle, vers 1854 et 1855, la Chèvre d’Angora était uniquement en Asie Mineure, et c’est sur l’initiative de la Société (les membres peuvent se le rappeler) que des troupeaux de cette intéressante race furent introduits. Ces importations attirèrent l'attention des colons du Cap sur la question, et plusieurs négociants, plu- sieurs armateurs qui avaient là-bas des relations importantes ou des établissements lrès sérieux, eurent l’idée d’essayer à leur tour dans la grande colonie du Cap, l’élevage de la Chèvre d’Angora. M. Julius de Mosenthal, notre ancien collègue, au- jourd’hui décédé, fut l’un des plus ardents propagateurs de cette introduction, laquelle prit une importance si considé- rable, qu'aujourd'hui le marché de Bradford et en particulier la maison Forster, dont parlait tout à l'heure M. Durand, tirent du Cap de Bonne-Espérance une grande partie des laines avec lesquelles se font ces magnifiques velours d'ameublement qui ne miroitent pas, ces étoffes connues généralement sous le nom de mohair. La question de la Chèvre d’Angora est peut-être (je vous demande pardon si j'entre dans quelques détails) au point de vue de l’acclimatation des animaux, et en particulier des ani- maux agricoles, une des plus avancées qu’il nous ait été donné d’étudier depuis que la Société d’Acclimatation existe. En effet, quand on veut introduire, conquérir une espèce, on se trouve en face de difficultés de plus d’un genre, sans parler des diffi- 124 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. cultés de transport qui, pour certaines espèces, sont presque insurmontables (ce n’est pas le cas pour la Chèvre d’Angora). Il faut démontrer que, dans le pays où on veut l'implanter, l’es- pèce conserve les qualités qui la rendent digne d’être recher- chée dans son pays d'origine. Exemple : la Chèvre du Thibet, transportez-la dans une localité où elle ne reirouvera pas les conditions de froid, les conditions climatériques générales qui font que le duvet prend naissance, le duvet cessera de se produire, et au lieu d’avoir une Chèvre susceptible d’être peignée et de donner un produit textile d’une haute valeur, vousaurez une Chèvre blanche en tout semblable à nos Chèvres laitières ordinaires, qui ne fournira pas à l’industrie autre chose que du poil de Chèvre, c’est-à-dire rien ou presque rien. Il faut donc que la Chèvre puisse conserver ses qualités industrielles. 11 faut qu’elle se reproduise et qu’elle trans- mette à ses descendants les qualités qui la font rechercher. Eh bien, Messieurs, toutes ces démonstrations diverses, nous pouvons les obtenir dans ce que J'appellerai nos labora- toires, dans des fermes expérimentales, dans des jardins z00- logiques, chez des particuliers. Nous pouvons faire cette démonstration en ayant en main un petit lot d'animaux; mais pour ce qui est de la démonstration économique, pour ce qui est d'établir le compte, doit et avoir, de l'expérience, ce n’est possible que le jour où l’on peut disposer d’un cheptel sufli- sant, d’un stock d’animaux assez considérable pour qu’il puisse supporter des frais généraux, des frais de berger, etc., etc. J'avoue que je suis absolument désolé de voir que l'expérience qui avait été commencée qui aurait pu prendre un si grand développement, que l’expérience qui aurait pu nous donner en Algérie cette solution économique que nous recherchons sans avoir jamais pu l'obtenir jusqu’à présent, n’ait pas été continuée : nous ne pourrons pas obtenir ces renseignements précieux, si les administrateurs de l’Algé- rie ont la Chèvre ordinaire en suspicion (je ne dis pas qu'ils n'aient pas absolument raison), la Chèvre d’Angora ne mérite pas celte suspicion, attendu que cette Chèvre, fort différente de l'espèce ordinaire, n’est ni vagabonde, ni destructive au LA CHÈVRE EN ALGÉRIE. 195 même degré que sa congénère. M. Durand pourrait en rendre témoignage. Nous sommes donc obligés de constater que, malgré l’appréciation d’un homme éclairé par l'expérience comme M. Durand, qui reconnaît que la Chèvre d’Angora est aussi laitière que la Chèvre indigène, que la Chèvre d’Angora donne, par sa toison, des produits importants; que la Chèvre d'Angora (nous en avons tous fail l'expérience) donne de la viande de très bonne qualité, très supérieure à la Chèvre ordi- naire; Je suis absolument désolé, dis-je, de constater que, dans l'Algérie, où l’espace ne manque pas, où la science d'hommes compétents et instruits, comme M. Durand, ne fait pas défaut, l'expérience n’aura pas lieu, et que par conséquent il n’y aura pas de suite donnée à cette intéressante tentative qui était de nature à mettre notre pays en possession d’une matière indus- tielle que nous allons, dans ce moment-ci, chercher au loin. Les filateurs de Roubaix ont acheté en Angleterre des filés de mohair qu'ils auraient pu faire eux-mêmes, si nous avions eu la volonté et l'énergie de créer ces troupeaux pratiques, ces troupeaux producteurs sur le sol francais. M. Decroix : Est-ce que notre Société, d’après ce que vient de dire notre secrétaire général, ne pourrait pas écrire à M. le ministre? Sortirions-nous de notre rôle en appelant l'attention sur les services que la Chèvre pourrait rendre à l'Algérie ? Je propose d'écrire à M. le ministre dans le but de faire propa- ger le plus possible dans ces régions la Chèvre d’Angora. M. le Président :.… Et de donner les raisons à l'appui. M. Decroix :.… Pour la substitution de la Chèvre angora à la Chèvre indigène. NOTE SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE Pendant les mois de septembre, octobre, novembre et décembre 1883 Par M. HUET Aide-naturaliste chargé de la ménagerie. Dans les quatre derniers mois de l’année, la Ménagerie à eu quelques naissances intéressantes, non seulement à raison de la rareté de quelques-unes des espèces, mais aussi au point de vue de l’acclimatation. Les résultats que l’on peut obtenir par la reproduction d'animaux venant des contrées chaudes, vivant sous notre climat toujours froid et sombre pendant l'hiver, sont fort remarquables, car nous voyons ceux-ci se reproduire régulièrement, quoique insuffisamment abrités, et supporter des températures souvent au-dessous de zéro. Le 6 septembre, il est né une femelle de Bubale du Soudan (A lcelaphus tora); cette jeune bête est maintenant assez dé- veloppée pour supporter des froids de plusieurs degrés, puisque, étant plus jeune, elle a eu à endurer pendant queique temps une température de 7 degrés au-dessous de zéro; elle: était triste, il est vrai, pendant ces jours de gelée, mais elle n’a pas un seul instant perdu l’appétit; ces animaux cepen- dant sont loin de trouver sous notre ciel les conditions de lumière et de chaleur dont ils auraient tant besoin pour leur faire oublier leur captivité et surtout l’espace qui leur manque. Sur la côte occidentale d'Afrique, principalement au Sé- négal'et au Gabon, vivent plusieurs espèces de Guibs. Nous en possédons deux espèces à la ménagerie ; la plus commune est le Guib ordinaire (Tragelaphus scriptus), qui habite la Sénégambie ; nous avons vu souvent reproduire cette jolie Antilope ; mais ce sont, comme toutes les espèces de ce groupe, des animaux délicats, qui supportent assez bien Ie froid lors- NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 127 qu’ils sont adultes, mais dont les jeunes succombent infaillhible- ment à une température de 6 degrés au-dessous de zéro, sur- tout si elle se prolonge quelque temps. C’est ce qui estarrivé à un jeune Guib, né le 20 septembre il a résisté aux premiers froids, mais ceux du mois de dé- cembre l'ont fait mourir; il est donc certain qu'il faudrait pour ces animaux, sinon un abri chauffé, du moins une étable où l’on pourrait agelomérer un certain nombre d'animaux, qui, réunis, chaufferaient suffisamment cette retraite pendant la mauvaise saison. Malheureusement, le défaut absolu d'in- stallations convenables fait que souvent nous perdons des jeunes qui non seulement ont un grand intérêt scientifique, mais encore une valeur réelle, due à leur rareté, qui rend souvent impossible d'en remplacer l'espèce. On peut dire hardiment que nous sommes en retard d’un demi-siècle sur tous les autres jardins zoologiques, que nous n’aurions qu’à imiter, car ils sont tous pourvus de locaux bien agencés et confortablement établis, espérons cependant qu'un jour viendra où des installations meilleures seront faites, et qu'alors il sera possible de poursuivre des observa- lions qui, si elles ne sont pas continuées pendant longtemps, ne donnent que des résultats douteux ou fort incomplets, desquels on ne peut tirer aucune conclusion. Une autre espèce de ce même genre, le grand Guib (Tra- gelaphus gratus), tout nouvellement décrite par M. Sclater, et dont nous possédons depuis longtemps déjà un mâle et une femelle, nous a aussi donné un jeune; c’est le troisième que nous obtenons de ces animaux, dont nous devrions avoir maintenant un petit troupeau, si des accidents provoqués par la température ne nous avaient pas enlevé nos jeunes de cette espèce, qui n’est représentée dans aucun des jardins zoologiques d'Europe. Enfin, pour terminer ce qui est relatif aux naissances, nous mentionnerons encore : 1 Antilope [Isabelle (Eleotragus reduncus) du Sénégal. 4 Cerf d’Aristote (Cervus Aristotelis) de l'Inde. 1 Algazelle (Oryx leucoryæ) du Sénégal. 1 928 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 2 Nylgauts (Portax picta) de l'Inde. 1 Maki à front noir (Lemur nigrifrons) de Madagascar. La Ménagerie a reçu en dons : 1 Callitriche (Cercopithecus pygerythrus) d'Afrique, don de M. Matté. 1 Magot (Macacus inuus) d'Afrique, don de M. Luiller. idem, don de M. Duval. 4 Macaque (Macacus cynomolgus) de l'Inde, don de M" Rosa Suquet. 4 Macaque (Macacus Sinicus) de l'Inde, don de M. Collet. 2 Ouistitis (Hapale jacchus), Amérique méridionale, don de M. P. Fournier. 2 Putois (Mustela putlorius), de France, don de M. Pichot. 4 Gerbille (Gerbillus albipes) d'Afrique, don de M. Lataste. À Guib(Tragelaphus scriptus) du Sénégal, don de M. Bellot. l l — Sanglier (Sus scrofa) de France, don de M. Donau. Bouc et une Chèvre des Açores, rapportés par M. le pro- fesseur Milne Edwards, au retour de l’expédition du Talisman dans l'Océan Atlantique. Nous signalerons aussi quelques acquisitions : 1 Cerf d’Aristote (Cervus A ristotelis) de l'Inde. 1 Semnopithèque à lunettes (Semnopithecus cucullatus) de l’Inde. Nous possédons maintenant un mâle et une femelle de cette curieuse espèce, rare dans les ména- geries. 2 Cynocéphales Amadryas (Cynocephalus A madryas), Afrique orientale. 30 Makis (Lemur nigrifrons et L. albifrons), de Mada- gascar. 1 Makis rouge (Lemur ruber), de Madagascar. 3 Makis noirs (Lemur niger), de Madagascar. % Cheirogales de Samat (Cheirogalus Samati), de Mada- gascar. 2 Aves-Aves (Cheiromys Madagascariensis). Genettes de Schlegel (Genetta Schlegeli), de Madagascar. to NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 199 Tous ces Lémuriens, ainsi que les Amadryas etles Genettes, ont été rapportés de Madagascar par M. Humbiot, où il était parvenu à grands frais à réunir 35 Ayes-Ayes, un grand nombre de Makis de différentes espèces, des Cryptoproctes féroces, etc. Malheureusement, les événements politiques l'ayant forcé de quitter subitement Tamatave, son voyage a été fort difficile ; il lui a fallu attendre dans différents endroits que des navires puissent le prendre avec tous ces animaux, qui ont eu beau- coup à souffrir de cette longue traversée, retardée encore par une quarantaine. Quoi qu’il en soit, le nombre encore important de mammi- fères et d'oiseaux arrivés en France, prouve le zèle que ce voyageur naturaliste met à enrichir la science. Les oiseaux donnés sont les suivants : 2 Cacatoès à crête blanche (Cacatua cristata), don de M"° Fleury. 2 Buses (Buteo vulgaris) de France, don de M. Delafon- taine. Busard (Circus æruginosus) de France, don de M. Hau- teserpe. 1 Vautour du Bengale (Pseudogyps Bengalensis), don de M. Moquin-Tandon. 2 Chouettes Hulottes (Strixæ aluco) de France, don de M. Guernier. 1 Caille (Coturnix communis) de France, don de M. Masson. 1 Hybictère (Wilvago Scheriway), de Patagonie. 2 Nandous de Darwin (Rhea Darwini), de Patagonie; don de M. Martial, commandant de la Romanche. 2 Oies à tête cendrée (Chenalopex poliocephala), de la Terre-de-Feu, don de M. Hyades, médecin de la mission au cap Horn. Les oiseaux acquis sont : 1 Pygarguevocifère (Haliætusvociferoides), de Madagascar. 3 Grand Vasas (Coracopsis vasa), de Madagascar. 9 Petits Vasas (Coracopsis nigra), de Madagascar. 4° SÉRIE, T. I. — Février 1884: ( 130 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 4 Colombe peinte (Columba piclurala), de Madagascar. 4 Caille à plastron (Coturnix pecloralis), de Madagascar. 9 Pintades à tiare (Numida tiarata), de Madagascar. 9 Canards du Chili (Mareca Chilensis), acquis par échange. 9 Bernaches à crinière (Bernicla jubata), d'Australie, acquis par échange. 4 Grands Courlis (Numenius arquatus), de France. 4 Courlis courlieu (Numenius phæopus), de France. 6 Mouettes rieuses (Larus ridibundus), de France. 90 Mouettes communes (Larus canus), de France. 6 Huiîtrier pie (Hæmalopus ostralequs), de France. 4 Paons ordinaires (Pavo cristata). 9 Toucans à gorge blanche (Ramphastos vitellinus), du Brésil. RÉSUMÉ DES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS POUR L'ANNÉE 1883. Mammiferes. Nés a Ma) ménage Ce eee 46 Donnés era ess SERRE CR RREErR 93 173 ACCNUTRADE S MIS 0T cet ob r ee Poe 94 Oiseaux. Nés 44la ménagerie. "ELLE RARE 100 DONTESEER EL TE Eee 45 ( 319 ACHUISÉRE ed e sisateiess ocre 174 Bnsemble ss nee TRS SE 492 LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES, EXOTIQUES, PEU CONNUES OU INCONNUES Par M. A. PAILEIEUX Membre de la Société nationale d’Acclimatation, et M. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséum, (Suite.) Canna discolore. Balisier à deux couleurs. CANNA DISCOLOR, Lindl. Bot. reg., tab. 1231. Fam. des Cannacées. Rhizome à jets tubéreux ; tiges de 3 à 4 mètres, rougeâtres ; feuilles ovales oblongues, colorées en dessous en rouge sang, les inférieures lavées de pourpre, les supérieures colorées seulementsur les nervures. Grappes dressées, à rachis rouge, sortant d’une spathe enroulée couverte d’une poussière glauque abondante; fleur rouge très vif en dehors et jaune pâle en dedans. « Gette espèce est originaire de l’île de la Trinité, où elle est cullivée très en grand. Elle fournit la fécule appelée Can- na-root. » (Heuzé.) Elle est moins productive que le Capacho (Canna edulis). Sous le climat de Paris cette espèce fleurit rarement. Une dégustation comparative, faite avec la plus scrupuleuse attention par plusieurs personnes que MM. V. A. et C° avaient convoquées à cet eflet, a démontré que le Canna discolor était d’une qualité supérieure à celle du Canna edulis. Plusieurs variétés de Cannas d'ornement, dégustées à cette occasion, ont été déclarées immangeables. 132 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Nous pensons que, dans les jardins d'amateurs, le Canna discolore devra être cultivé de préférence au Capacho. On connaît plusieurs Cannas alimentaires que nous n’avons pas cultivés. Dans la Flore du Pérou, de Ruiz et Pavon, tous les Cannas portent le nom de Achira, Le C. paniculata est l'Achira Cimarrona. Le C. indica est l’Achira tout court. Le C. iridiflora est le Sumac Achira. Son rhizome n’est pas tubéreux. Selon eux les racines du C. paniculata sont comestibles, mais insipides. Les Péruviens, disent-ils, mangent les racines du C.indica, préparées de diverses manières. «€ Ganna indica. — On le cultive beaucoup en Colombie pour extraire la fécule de ses racines, qu’on donne aux ma- lades, comme l’Arrow-root où Amidon de Maranta..……. » (Note par M. Posada Arango, Bull. Soc. Bol. de France, t. XVIIL, 1871, p. 372.) « Quatre espèces de Cannas fournissent la fécule de Tolo- mane. Ge sont les C. edulis, coccinea, discolor et glauca. Cette fécule appelée aussi : de tous les mois, nous vient des Antilles et a été importée en Angleterre en 1836. Elle est remarquable par son éclat satiné et composée de grains tout à fait aplatis et d’un volume considérable. » (Pennetier, Matières organiques premières, p. 150.) Liste de Cannas alimentaires. C. edulis, Ker. Roscoe Scit. 5. Bot.mag., tab. 2498. Pérou. C. discolor, Lindl. Bot. reg., tab. 1931. Trinité. C. indica, Lindl. Roscoe Scit. 2. Bot. reg., tab. 776. Indes occid. C. paniculata, Ruiz et Pav. Pérou. C. gigantea, Desf. Roscoe Scit. 4. Bot. Mag., tab. 2316. Bot. reg., tab. 206. Brésil. C. coccinea, Ait. Roscoe Scit. 11. Amér. mérid. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 133 C. glaucu, Lin. Roscoe Scit. 7. Caroline mérid. C. flaccida, Dill. Roscoe Scit. 6. Redouté, Lil. 107. Caroline. C. Achiras, Gillies. Bot. reg., tab. 1358. Mendoza. Tous fournissent une précieuse fécule et plusieurs se pré- parent, comme légume, de diverses façons. Pour ce dernier usage, nous pensons qu'ils doivent être récoltés avant leur floraison. Canma comestible. Balisier à fécule, Capacho, Achira. CANNA EDULIS, Ker., Roscoe, Monandrian plants of the order Scitamineæ, pl. 5. Bot. mag., lab. 2498. Rhizomes tubéreux, volumineux et féculifères; tiges de 3 à 4 mètres, arrondies et rougeâtres; feuilles grandes, ovales lancéolées, à nervures très prononcées; spathe lancéolée aiguë, verte, à bords pourpres; corolle à divisions externes rouge orangé clair, les internes plus foncées. « Cette espèce est originaire du Pérou, où elle est cultivée comme plante alimentaire. On la nomme souvent Toloman. » On exirait de son rhizome une fécule qu’on a appelée fécule de Chouchoute, fécule de Toloman, fécule de Tolo- mane. Le C. edulis est désigné à l’île de la Trinité sous les noms de Toulema ou Tulema (tous les mois). La fécule qu’on extrait est appelée fécule de Tulema (Heuzé, vol. IT, p. 527). € Un article vendu dans les boutiques sous le nom de tous les mois, présente une très étroite ressemblance, comme qua- lité et comme aspect, avec l’Arrow-root manufacturé, auquel il est considéré comme supérieur pour l'alimentation des enfants, parce qu’il est moins constipant. Le docteur Lindley suppose qu'il est le produit du Canna edulis. S'il en est ainsi, la plante prospérant parfaitement dans l’Inde, la fabri- cation en serait extrêmement facile, en procédant comme on le fait pour lArrow-root. Il en serait de même si, comme 134 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. M. J. M. Jones le dit (1) : «Il y a aussi une espèce géante d’Arrow-root (Canna coccinea) dont le produit est connu sous le nom de {ous les mois. » (Firminger.) « Je n’ai trouvé dans les étiquettes d’herbier aucune indi- cation sur l’usage alimentaire des racines de Canna et je n’ai aucune idée nette de la distinction des espèces dans ce genre très difficile où elles se ressemblent toutes, où il y en a dans toutes les parties du monde et où l’horticulture ignore leur provenance certaine et a déjà créé des hybrides. » Je crois que beaucoup de Cannas, tous peut-être, ont le tubercule euit comestible, au moins la partie nouvelle du tu- bercule, bourgeon terminal et bourgeons latéraux. Toutefois, il doit y avoir des espèces où le tubercule est un peu plus gros et plus tendre. La culture et le climat doivent influer sur la qualité comestible du tubercule. En un sol très fumé, 1l doit être meilleur et plus gros. Je présume que le climat du Nord est aussi favorable à sa qualité. J’ignore si la qualité marécageuse du sol a une influence. » Tous les Cannas ont ceci de remarquable, que, quoique originaires de pays chauds, ils croissent facilement l'été, dans nos jardins, y fleurissent en pleine terre (sauf quelques grandes espèces, hautes de 3 mètres, qui ne peuvent fleurir que dans le Midi ou en serre) et, pour la plupart (exceptons les C. lilai- flora et iridiflora), forment un tubercule facile à conserver l'hiver dans une orangerie, une cave, ou une serre froide. » Les petits Cannas ont une élévation de 80 centimètres ou 4 mètre, les grands 3 mètres dans les pays chauds. Le même pays présente souvent plusieurs espèces à la fois. J’en ai vu deux à la Guyane et, en herbier, j'en ai un troisième de ce pays : » C. indica e parte, petite espèce, à fleur rouge avec une tache jaunâtre. » C. coccinea, Ait., assez petit, feuille large, fleur d’un rouge superbe. » C.glauca, Lin., feuille plus étroite, tige de moyenne hau- (1) The naturalist in Bermuda. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 135 teur ou un peu haute, couleur glauque de l’axe floral. » Simmonds cite, parmi les Cannas, dont le tubercule râpé fournit de l’amidon : C. Achiras Gillies. C. glauca, Lin. C. flaccida, Dill. CG. edulis, Ker. Le C. edulis a été porté en Australie et s’est répandu du Jardin botanique dans les propriétés. € Il me semble qu’il faut cuire à part les nouveaux tuber- cules en formation, non encore montés à tige, ni pourvus de racines ; ils sont beaucoup plus tendres et plus délicats. Les tubercules plus âgés ont parfois quelques fibres. Le Canna edulis n’a pas de goût propre et marqué. C’est une racine farineuse, tendre et un peu aqueuse. Les nouveaux bourgeons du tubercule forment le tiers au moins de la souche, peut- être la moitié. Ils peuvent s’utiliser, soit pour l’homme, soit pour les animaux. Il me semble qu’il vaut mieux les utiliser à part. » (Extrait de nos correspondances.) Au printemps de 1879, un de nos amis nous a apporté de Caracas des rhizomes de Capacho (Canna edulis), que nous avons plantés sur vieille couche. Les plantes ont végété vigou- reusement et ont atteint une hauteur de 2",30 ; elles n’ont pas fleuri. Nous avons détaché des souches les bourgeons nouveaux et nous les avons fait cuire à l’eau de sel; nous en avons enlevé l'enveloppe fibreuse et nous avons obtenu un bon légume, tendre, féculent, ressemblant un peu au fond d’artichaut comme saveur et comme consistance. Nous avons poursuivi pendant quatre ans la culture et la dégustation du Capacho et nous pensons que ce Canna peut figurer utilement dans nos potagers. La Société d’Acclimata- tion a libéralement récompensé nos expériences et MM. Vil- morin-Andrieux et C*° ont introduit la plante dans leur ca- talogue. La culture du Capacho est celle de tous les Cannas, soit qu’au printemps on le mette en végétation sous châssis, soit 136 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. qu’on le laisse en place pendant l’hiver, sous la protection d’un peu de litière. Il ne fleurit pas sous le climat de Paris et c’est à cette condition qu'il est comestible; s’il fleurissait, s’il mürissait ses graines, 1l deviendrait certainement trop fibreux pour être ulilisé. Nos horticulteurs pourront tirer profit de ce légume, qui est à la fois très productif et de facile conservation. Capucine tubéreuse. TROPÆOLUM TUBEROSUM Per. Ruiz et Pav. F1., 314. Bot. mag., tab. 3714. FI. des serres, 5, 452. Belg. hort., 2, 36. Fam. des Tropæolées. Racines tubéreuses; tiges nombreuses, rameuses, glabres, de 0",50 à 0",60. Feuilles cordiformes à la base, à 5 ou 7 lobes entiers, échancrés, quelquefois bilobés ; pétioles deux fois plus longs que le limbe, tortillés en forme de vrille; pédoncule beaucoup plus long que la feuille; calice rouge cramoisi plus court que l’éperon; pétales d’un Jaune orange, dentés, striés de noir sur l'onglet, à peu près aussi longs que les sépales. Fleurit en juillet-octobre. Tubercule piriforme, presque sphérique, atténué à la base, variant comme grosseur depuis celle d’une châtaigne jusqu’à celle d’une poire de moyenne dimension. Il est d’une couleur jaune pâle, bigarrée de taches sanguines. Sa surface est cou- verte de mamelons peu saillants. « On dit que les tubercules de cette plante sont alimen- taires dans l’Amérique méridionale. Iei on n’a pu jusqu’à présent en tirer parti. J’ai essayé de les mariner au vinaigre comme les cornichons, mais saus avoir été satisfait du ré- sultat. Un abonné de la Revue horticole a eu la même idée et en a apprécié autrement le produit... Que faut-il en con- clure? C’est encore apparemment qu’il ne faut pas disputer des goûts, ou bien que mon terrain ne convenait pas à la plante. Notre abonné a laissé mariner ses tubercules pendant LE POTAGER D'UN CURIEUX. 137 trois mois, n’a ajouté aucun assaisonnement et a trouvé que « dans cet état, ils offraient une espèce de cornichons beau- coup plus agréables au goût que les véritables, outre que le vinaigre a acquis un parfum convenable pour servir dans les sauces et dans les salades ». » La culture ordinaire de la Pomme de terre convient à cette plante, que l’on butte légèrement. Les tubereules com- mencent seulement à se former en septembre et l’on ne doit les récolter qu’au dernier moment où l’on peut le faire pour leur éviter l'effet de la gelée. » (Capucine tubéreuse, par Neumann. Rev. hort., 1845-46, p. 17.) « La Capucine tubéreuse, Tropæolum tuberosum, ou Ysaño (pron. Ysagno), est regardée par tout le monde en Europe comme un légume si détestable qu’il n’y a absolument aucun parti à en tirer. En effet, lorsqu'on tire du sol les tubercules de l’Ysaño, ils sont d’une âcreté des plus désagréables, âcreté qui est accompagnée de l’odeur particulière à toute espèce de Capucine. » Eh bien! en Bolivie, on a trouvé le moyen de faire dis- paraître ces défauts, et on a réussi à faire de l’Ysaño, simon un légume usuel, du moins un légume très comestible. ». La coction ne suffit pas pour produire le résultat désiré ; on y joint la congélation. ». C'est donc cuits et gelés que l’on doit manger les tuber- cules du Tropæolum, et encore faut-il les manger avant qu'ils ne dégèlent, c’est-à-dire croquants. A cet état, je puis affirmer, car j'en ai fait l’essai maintes fois, qu'ils constituent un mets assez agréable. » [1 n’y a guère de jour qu’on ne voie sur le marché de La Paz une ou deux rangées de marchandes qui ne vendent autre chose que ces Ysaños gelés, ou Taiachas, comme on les appelle, qu’elles protègent contre l’action du soleil en les enveloppant d’une étoffe de laine ou de paille. Les femmes de La Paz en sont toutes extrêmement friandes et elles ont l’habitude de les prendre comme rafraîchissement pendant la chaleur du jour, en les trempant dans de la mélasse. » (Note de M. Weddell, Rev. hort., 1852, p. 148.) 138 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Que les tubercules de Capucine, gelés et trempés dans la mélasse, soient un agréable rafraîchissement pendant les chaleurs de l’été, nous n'avons garde de le contester, mais nous n’espérons pas que nos Françaises se le fassent jamais servir chez Tortoni. Nous serions donc encore en présence d’un beau tuber- cule, facilement obtenu, mais sans emploi, si abonné de la Revue horticole, que cite plus haut Neumann, ne nous ensei- gnait pas l’usage que nous en pouvons faire. Il y a quelques années déjà, nous avons confit dans le vinaigre les tubercules de la Capucine et le résultat nous a pleinement satisfaits. Ils ont été dégustés par notre famille et par nos amis, et notre préparation a été unanimement approuvée. Nous étions loin de croire alors que nous avions été de- vancés et que trente ans auparavant l’abonné avait confit ces tubercules dans le vinaigre, sans addition d’aucun condiment et avait fait connaître le succès de sa tentative. Entre l'opinion défavorable de Neumann et celle de l’abonné, nous pouvons donc nous prononcer et nous le fai- sons sans hésitation ; l’abonné a raison, cent fois raison. Nous devons dire que nous avons préparé les tubercules de Capucine comme toutes nos conserves au vinaigre, en leur adjoignant l’estragon, la fleur de sureau et le piment. Ils teignent le vinaigre en rose, mais cette coloration ne se main- tient pas longtemps. La Capucine tubéreuse, confite dans le vinaigre, conserve, un peu atténuée, la saveur qui lui est propre, et c’est un avan- tage que ne possèdent pas les légumes qu’on associe habituel- lement aux cornichons. Nous avons proposé (1) une nouvelle composition de Pickles dans laquelle entre à juste titre la Capucine tubéreuse, com- position qui comprend : La Ciboule de Chine ou Oignon Catawissa ; Le Concombre angourie, des Antilles; (1) Nouvelle composition de Pickles (Bull de La Soc. nat. d'Accl. de France, 1883, p. 235). LE POTAGER D'UN CURIEUX. 139 Le Miôga, du Japon ; Le Stachys tubéreux, de Chine; La Capucine tubéreuse. Nous croyons qu’à cette liste on pourra ajouter les jeunes fruits, très amers, des Momordica Charantia, M. Balsamina et M. muricata ; le premier se mange en Chine et en Cochin- chine et les deux derniers sont également comestibles. Le M. muricata se prépare de diverses façons, à la Réunion, pour la table et entre dans la composition des Acharts. La culture de la Capucine tubéreuse est des plus simples. On plante ses tubercules au commencement du mois du mai, en pleine terre, à 0",50 de distance en tous sens ; on bine la plantation jusqu’au moment où ses tiges, en s’étendant sur la terre, la couvrent entièrement. L’arrachage ne doit se faire qu'en novembre après les premières gelées, les tubercules ne se formant que tard et ne craignant pas les effets du froid, tant qu’ils sont en terre. Publications à consulter : Note de M. Boussière (Bull. Soc. centr. d’Hort., vol. XXVI, 1840, p. 160). Annales des Sc. phys. et nat. de la Soc. d’Agr. de Lyon, t"IN; p'068: Chervis. Berle des potagers. Chirouis. Girole. SIUM SISARUM, Lin. Fam. des Ombellifères. Plante vivace à racines tubéreuses, fusiformes, fasciculées, longues d'environ 0",20, charnues, roussâtres à l’extérieur, blanches intérieurement. Tiges cylindriques haute de 0",30, rappelant celles du Panais ; feuilles pennatiséquées, celles du sommet à 3 segments, oblongs-aigus, dentelés ; involucre à 9 folioles réfléchies ; fleurs petites, blanches, ayant un calice à limbe denticulé ou presque nul. Fleurit en juillet-août. 140 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Jacques et Hérinceq assignent à l'introduction de cette plante en Europe la date de 1548. Elle serait venue de la Chine. On a dit cependant que le Chervis était une des plantes alimen- taires des anciens. M. Edouard Martens est loin de l’affir- mer (1). Poiret ne le met pas en doute : « Pline, dit-il, nous apprend que l’empereur Tibère, durant son séjour en Alle- magne, trouva les racines de Chervis si délicieuses qu’il en exigea chaque année une certaine quantité en forme de tribut ; » mais A. Dupuis, après avoir cité Poiret, ajoute: «Il paraît que le Chervis des anciens n’est autre que le Panais. » Dans l’ouvrage qu'il vient de publier (2), M. Alph. de Can- dolle fait une étude approfondie de la question, mais sans la résoudre. Nous y renvoyons le lecteur. Nous avons essayé, à diverses reprises, la culture du Chervis et nous devons avouer que nous n'avons pas obtenu ces ra- cines tendres et délicates qui faisaient les délices de nos pères. Nous sommes disposés à croire que nous avons été malhabiles et que nous n’avons pas su cultiver le Sium Sisarum. Dans notre opuscule intitulé : Nouveaux légumes d'hiver, nous disions : Le Chervis n’est plus guère connu que de nom dans la région de Paris et dans le nord de la France. IL était autrefois très estimé et généralement cultivé. On s’en est déshabitué ; mais les amateurs des jardins lui rendront peut- être une place dans le potager, lorsqu'ils apprendront que ses racines se prêtent à deux usages très différents. Ce sera en- core une culture à deux fins. En effet, ses pousses étiolées donnent une salade aroma- tique, d’une saveur agréable, qui peut être mangée avec ou sans mélange. C’est une acquisition intéressante. On re- viendrait aussi à la préparation des racines de Chervis, comme la pratiquaient nos pères, et l’on nous permettra de repro- duire ici une recette de l’an 1656. L'auteur des Délices de la campagne disait : « Cette racine (1) Les Plantes alimentaires des anciens, par Edouard Martens (Rev. de l'in- struction publique en Belgique, nouvelle série, t. I). (2) Origine des plantes cultivées, par Alph. de Candolle. Paris, Germer Baillière et C'°, 1883. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 141 est si délicate qu’elle ne veut presque qu’entrer dans l’eau chaude pour ôter sa peau; puis on la frit, l’ayant poudrée de farine et trempée dans la pâte comme la Scorsonère. Le jus d'orange est sa vraie sauce. Si, étant cuite et pelée, vous la voulez manger au beurre, à la sauce tournée ou d'Allemagne, ou bien à l’huile, en salade avec du cerfeuil d'Espagne, au temps qu'il commence à pousser sa feuille, c’est un manger délicat et friand. » La Carotte, le Panais, le Céleri, ont produit de nombreuses variétés ; il n’en est pas de même du Chervis. Il est immuable depuis son introduction, c’est-à-dire depuis environ trois cent quarante ans. Peut-être a-t-il dégénéré. Sa culture était générale autrefois ; ses racines figuraient sur les meilleures tables, et Linné rapporte que, de son temps, ou le cullivait dans presque tous les jardins. Grandeur et décadence ! Quelle peut être la cause de l’oubli dans lequel il est tombé ? Nous serions mal venus à enseigner la culture du Chervis après avoir avoué que nous l’avons sans doute mal faite. Nous la décrirons d’après M" Aglaé Adanson: « Le Chervis de- mande une terre franche, douce et profonde. On le sème clair, au 1° mars, dans une terre nouvellementbêchée, en planches de cinq rayons, profonds de 0",04, qu’on recouvre au râteau. Lorsque le plant est assez fort, on l’éclaircit à 0",10 de dis- tance ; on le sarcle, on le serfouit et on l’arrose de temps en temps. Il est bon à manger depuis novembre jusqu’au mo- ment où 1l monte. Quoiqu'il soit vivace, on fera bien de le renouveler chaque année ; il sera beaucoup meilleur. » Selon M°° Adanson, sa durée germinative est de quatre ans et, selon M. Vilmorin, elle n’est que de trois ans. Nous conseillons de cultiver le Ghervis; c’est un légume d’une saveur excellente, qu’on obtiendrait, paraît-il, abondant et tendre par une culture attentive. Publications à consulter : Note sur le Chervis, par M. le docteur Sacc (Bull. de la Soc. d'Acclimatation, vol. II, 1855, p. 561). 149 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Le Chervis, par M. Huzard (Bull. de la Soc. centr. d’Hort. de France, deuxième série, 1856, vol. IT, p. 147). Chervis. Note, par M. À. Dupuis (Rev. horticole, deuxième série, 1856, vol. V, p. 302). Ciboule Catawissa. Oignon Catawissa. ALLIUM FISTULOSUM L., var. - Fam. des Liliacées. Très grande Ciboule, vivace, prolifère, c’est-à-dire produi- sant de petites bulbes au lieu de fleurs, à la manière de l’oignon Rocambole. Plantées au printemps ou à l’automne, car la plante est parfaitement rustique sous Le climat de Paris, ces bulbilles donnent, la première année, des pieds à deux ou trois tiges surmontées de bulbilles, qui, à peine constituées, développent elles-mêmes des tiges nouvelles couronnées de nouvelles bulbilles, lesquelles donnent très fréquemment naissance à un troisième étage de pousses, le tout s’élevant de 75 à 80 centimètres. Après un an ou deux ans, la végétation se modifie. Les touffes deviennent très vigoureuses, se composant de vingt à trente montants, dont chacun porte dix à vingt bulbilles, mais développant beaucoup moins souvent des tiges secondaires. Le goût des bulbes et des pousses est à peu près celui de la ciboule commune. Les bulbilles peuvent aussi être consom- mées, après en avoir cependant enlevé la première enveloppe qui est très dure (Vilmorin-Andrieux et C*°). L’oignon Catawissa a été considéré jusqu'ici comme étant d’origine américaine, mais tout récemment, en parcourant le livre du docteur E. Bretschneider intitulé : Early european researches into the Flora of China, nous avons eu la satisfac- tion de découvrir sa véritable patrie. Un Français, nommé Louis le Comte, se joignit en 1687 aux jésuites missionnaires en Chine et publia à Paris, en 1696, un LE POTAGER D'UN CURIEUX. 143 ouvrage en deux volumes intitulé : Nouveaux mémoires sur l’état de la Chine. L'auteur, né en 1655, mourait à Bordeaux, en 1799. Le Comte parle (1,178) d’un oignon chinois particulier dans les termes suivants : «J’y ai vu une espèce d’oignon, qui ne vient point de graine comme ceux d'Europe, mais, à la fin de la saison, on voit sortir de petits filaments sur la pointe ou sur la tige des feuilles, au milieu desquelles se forme un oignon semblable à celui qui germe dans la terre. Ce petit oignon pousse avec le temps des feuilles comme celles qui le sou- tiennent, de manière néanmoins que leur grosseur et leur hauteur diminuent à mesure qu'ils s’éloignent de la terre. » Cette description ne serait sans doute pas suffisamment probante, si le docteur Bretschneider n’ajoutait pas ce qui suit : « Get oignon paraît être celui qui avait été décrit sous le nom de Lou {z'tsung (oignon poussant en étages), dans le Kiu huang pen ts'ao, publié à la fin du quatorzième siècle. On y trouve aussi une bonne figure. La description porte qu’au sommet des feuilles poussent de quatre à cinq petits oignons, et que sur ceux-ci d’autres oignons se produisent encore, for- mant ainsi de trois à quatre étages. Ces oignons ne donnent pas de graines... » L’oignon Calawissa a été importé d'Amérique par M. A. de Lentilhac aîné, et mis en vente par M. Gagnaire fils ainé, hor- ticulteur à Bergerac. Nous l’avons cultivé dès qu’il a été intro- duit et nous dirons plus loin ce que nous en pensons. M. Ga- gnaire s'exprime ainsi dans la Revue horticole, année 1875, p. 57: « Personne n’ignore que l’oignon qui se mange en vert au printemps, à Paris comme en province, est, d’un côté, le résultat des semis que les jardiniers exécutent dans le courant du mois d'août, tandis que de l’autre, et notamment dans notre région, l'oignon vert est obtenu en mettant en terre, en septembre et octobre, des bulbes impropres à la consomma- tion, qui, au printemps, émettent trois ou quatre tiges vertes, quelquefois plus, que l’on détache de la souche selon les be- soins de la maison ou de la vente. » Quels que soient les moyens employés, il n’en reste pas 144 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. moins avéré qu'il faut semer, repiquer et planter annuelle- ment à l'automne l’oignon que l’on veut consommer en vert au printemps; el si, d’un autre côté, il s’agit d'obtenir au jardin du petit oignon pour confire, je n’ai pas à dire les soins que ce travail exige, sans compter qu'il n’est pas toujours facile d'arriver à des résultats satisfaisants. Or, avec l’oignon Catawissa, ces inconvénients disparaissent puisqu'il possède la faculté de donner à chaque printemps, et pendant trois ou quatre ans, des oignons verts en abondance, en été des bul- billes en quantité pour confire, et qu'il ne demande d’autre culture que celle que je vais signaler. » L'oignon Catawissa est une plante potagère, à souche vivace, émettant à la base, au printemps, de vingt à trente tiges, grosses comme des poireaux, longues, tendres et excel- lentes à manger en vert; plus précoce d’une quinzaine de jours ou même d’un mois que les oignons plantés à l’automne. On le multiplie de bulbilles que l’on met en place depuis le mois d'octobre jusqu'en février et que l’on traite de la ma- nière suivante : » Le terrain destiné à l’oignon Catawissa ayant été travaillé et copieusement amendé préalablement à l’aide d’une forte couche de fumier ou d'engrais, on trace au cordeau plusieurs sillons espacés de 40 à 50 centimètres chacun, dans lesquels on place les bulbilles que l’on distance également de 40 à 50 centimètres Les unes des autres. Cette distance, de laquelle on peut tirer aisément parti la première année en cultivant entre les rangs des chicorées, des laitues, des carottes, etc., est indispensable par la suite à cause du développement que ne manquent pas de prendre les souches à la deuxième année de plantation. Les bulbilles mises en terre d'octobre en fé- vrier pousseront vigoureusement au printemps, mais elles ne donneront cette première année qu’une seule tige, que l’on maintiendra à l’aide d’un petit tuteur. Dans le courant de l'été, cette tige produira au sommet un ou deux étages de bulbilles que l’on utilisera pour la plantation, ou desquelles on tire parti en les confisant au vinaigre à la manière des cornichons. » La seconde année est celle de la première récolte. Dès la LE POTAGER D'UN CURIEUX. 145 fin de février jusqu’à la fin d'avril, quelquefois même jusqu’en mai, à la place des bulbilles que l’on a plantées l’année pré- cédénte, on trouve une touffe d'oignons verts, gros comme des poireaux, contenant de vingt à trente tiges d’une saveur et d'une qualité qui ne le cédent. en rien aux meilleurs oignons cultivés; et comme avec cent touffes d’oignon nee un ménage ordinaire ne consommera pas, au printemps, les tiges vertes qu'elles fournissent, celles qui restent aux pieds se développent, atteignent une hauteur de 0",80 à 4 mètre et se couronnent au sommet, en été, de un ou deux étages de bul- billes que l’on utilisera comme je l’ai indiqué ci-dessus. » À partir de ce moment les touffes d’oignon Catawissa produiront pendant deux, trois ou même quatre ans, et à chaque printemps, des tiges en abondance, en été des bulbilles en quantité, et cela sans autres soins que quelques binages appliqués pendant le cours de la végétation et un bon labour au printemps, un peu avant l'apparition des tiges... » L'oignon Catawissa est d’une rusticité sans ile puisqu ’1l supporte sans altération 20 à 30 degrés au-dessous de zéro. » La note de M. Gagnaire est suivie de quelques observations de M. Carrière, qui a reconnu que l'oignon Catawissa est ab- solument distinct de l’oignon Rocambole : ce qui était con- testé. Nous n’ajouterons rien à ce qui précède, relativement à la culture de l'O. Catawissa, si ce n’est pour l’approuver. Quant à ses usages, il en est dont nous ne pouvons ni reconnaitre, ni nier l'importance. Nous savons qu’il se consomme une cer- taine quantité d’oignon vert, mais nous n’en avons jamais mangé et nous n’avons jamais vu personne en manger autour de nous. Nous n’avons même pas eu la pensée d’employer en cet élat le Catawissa. Nous ne savons donc pas si ses tiges ont la saveur de l’oignon commun, mais nous pouvons affirmer avec M. Gagnaire que ses souches sont d’une grande fécon- dité. Nous nous bornerons à apprécier le mérite et l’utilité de ses bulbilles. Le Catawissa s’appelle oignon dans le commerce, ciboule en botanique et peut-être échalote en cuisine. Il serait. 4 SÉRIE, T. I. — Février 1884. 10 146 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. plus vrai de dire que l’Allium chinois a une saveur qui lui est propre et qui n’est précisement ni celle de loignon, ni celle de la ciboule, ni celle de l’échalote. Cest ce qui nous en fait conseiller la culture. En effet, les bulbilles du Catawissa, con- fites dans le vinaigre, sont excellentes et diffèrent de toute préparalion analogue. De plus, la plante est très curieuse. On en trouvera une figure, très exacte, accompagnant une note de M. Carrière, dans la Revue horticole, année 1875, p. 455. Claytone perfoliée. CLAYTONIA PERFOLIATA, Willd. C. cubensis, Bonpl. Fam. des Portulacées. Plante annuelle. Feuilles sans nervures, celles du sommet opposées, arrondies, soudées par la base de manière à former un cornet, les radicales pétiolées, ovales rhombées; en mars- juin, fleurs blanches, pelites, pédicellées, disposées en grappes, les inférieures fasciculées; pétales entiers ou légè- rement échancrés. Nous avons cultivé la Claytone pour avoir le droit d’expri- mer sur son compte une opinion personnelle. L'expérience ne lui a pas été défavorable et, cependant, nous ne l'avons pas renouvelée, par économie de temps et d’espace. La Claytone est un bon succédané des épinards. Comme la plupart des plantes destinées à remplacer ces derniers, elle n’a ni vices ni vertus. Elle appartient d’ailleurs, et c’est tout dire, à l’innocente famille des Pourpiers. Le mot souligné appartient à la note qu’on va lire (Revue horticole, 1829-31, vol. [, p.357): « La Claytone, plante annuelle, haute de 12 ou 15 pouces, originaire de Cuba, à été rapportée par M. de Humboldt en 1804 et donnée au Jardin des plantes de Paris, où elle s’est presque acclimatée, puisqu'elle y lève Loute seule dans plusieurs endroits. Elle avait été considérée jusqu'ici comme une plante inutile, ou plutôt on avait négligé de l’exa- miner, quoique sa succulence et sa tendreté eussent dû la faire LE POTAGER D'UN CURIEUX. 447 soupçonner d'être bonne à manger; d’autant plus qu’elle appartient à la famille innocente des Pourpiers. Néanmoins, depuis vingt-six ans que les bolanistes l'avaient vue reparaître à chaque printemps, l’idée ne leur est pas venue de la sou- mettre à aucune expérience. [Il est vrai que l'utilité des plantes ue les occupe guère; leur science se borne à en compter et mesurer les parties, rien de plus. » Heureusement, il y a aussi quelques hommes qui exa- minenl les plantes sous d’autres rapports, qui cherchent à les appliquer à nos besoins, sans toutefois négliger la science un peu aride des botanistes. De ce nombre est M. Madiot, direc- teur de la pépinière de naturalisation du département du Rhône, à Lyon. Il a expérimenté que la Claytone à feuilles perfoliées est bonne à manger crue en salade, et, cuite, à manger comme l’oseille ou les épinards, sous un fricandeau. C’est ce qu’il nous marque par l’une de ses lettres, du 4 dé- cembre dernier. Il nous dit de plus que la graine de cette plante est mangée avec avidité par les petits volatiles. » La culture de la Claytone n'offre aucune difficulté. On la sème au printemps, très clair, parce qu’elles se ramifie beau- coup dès sa base, sur une planche bien ameublie, bien ter- reautée, à bonne exposition. On arrose et on sarcle au besoin ; elle lève et grandit promptement, se ramifie tellement dès la base, si elle est semée clair, que M. Madiot a compté jusqu'à. 63 branches sur un seul pied, susceptibles d'acquérir 45 et 18 pouces de longueur; mais on les coupe à 2 ou 3 pouces de terre avant la floraison complète et il en repousse d’autres que l’on peut couper encore deux ou trois fois. Il suffit de laisser quelques pieds pour graines. On fait usage des tiges qui sont tendres et succulentes et des feuilles qui sont en co- quilles ou en oreille, placées à de grandes distances sur les tiges. » Duchesne dit de la Claytone : Ce légume aqueux et rafrai- chissant est mangé comme le pourpier dans l'Amérique du Sud. Selon nous, on peut cultiver la Claytone comme tout autre épinard d'été ; c’est un aliment acceptable. 148 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Concombre du Sikkim. CucuMIS SATIVUS, var. Sikkimensis, J. D. Hooker. Fam. des Cucurbitacées. Le Concombre du Sikkim est la variété de concombre le plus remarquable par sa taille et par le volume de ses fruits. Les feuilles en sont presque aussi grandes que celles des po- tirons et montrent assez souvent 5 et même { lobes. Les fruits, à peu près de la grosseur et de la forme de beaux melons de Cavaillon, sont ovoïdes-allongés, très réguliers, à contour arrondi et contiennent habituellement cinq placentas au lieu de trois; la chair en est blanche et très épaisse et la peau fine- ment marbrée de blanc jaunâtre et de roux. Je ne connais celte variété que par un dessin colorié qui est en la possession de M. J. Dalton Hooker et par quelques fragments desséchés de l’Herbier de Kew. D’après ce savant voyageur, le con- combre du Sikkim est cultivé dans toute l'Inde anglaise, mais particulièrement dans la province dont il porte ici le nom. C’est un excellent légume que les indigènes mangent indiffé- remment cuit ou cru. Il serait à désirer qu’on l’introduisit dans les potagers de l’Europe (Naudin, Cucurbitacées). Nous avons été assez heureux pour réaliser ce vœu, mais dix-huit ans s'étaient écoulés depuis qu'il avait été formé. M. le docteur Hooker, que nous ne saurions trop remercier de sa courtoisie, nous a adressé en mars 1877 des graines du Cucuinis sikkimensis, qui n'existait encore que dans les jar- dins Royaux de Kew dont il est le directeur. Semées sur couche et sous châssis, ces graines nous ont donné des plantes vigoureuses et des fruits abondants d'excellente qualité. Leur volume est celui des plus gros concombres blanes, et leur robe, vraiment curieuse, à la maturité, est nettement ré- ticulée. Il semble qu’un filet à petites mailles soit étendu sur leur fond brun. C’est d’ailleurs leur moindre mérite. Ils sont également bons, servis dans le ravier en hors-d’œuvre, ou apprèlés comme les concombres ordinaires. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 149 En cultivant pour la première fois le Cucumis sikkimensis, nous avons pris toutes les précaulions nécessaires pour assu- rer le succès, mais, plus tard, nous en avons laissé plusieurs pieds en plein air et nous avons pu constater sa rusticité. Le 12 juillet 1877, nous avons présenté à la Société centrale d’horticulture de France (Henri Véniat, jardinier) des fruits du C. sikkimensis, sur lesquels un rapport a élé déposé le 26 du même mois par MM. Arnould-Baltard et Hédiard qui ont déclaré que, chargés par le comité de culture potagère d'en apprécier le mérite alimentaire, ls les avaient reconnus evcellents, à chair très fine et beaucoup pius délicate que celle du concombre ordinaire. Nous en avons également présenté à l'exposition ouverte par la même Société, en octobre 1877. Plus récemment, nous avons distribué des graines du co n combre du Sikkim aux membres de la section des végétaux dans la Société d’Acclimatation, et nous poursuivrons cette œuvre de propagation d'une plante que nous considérons comme une heureuse acquisition. Nous terminerons en donnant un extrait d’un article du Botanical magazine, janvier 1876, pl. 6206 (J. de la Soc. centr. d'Hort., 1876, p. 369) : « Cette singulière variété de concombre est cultivée com- munément dans la partie orientale de la chaine de l'Himalaya, c’est-à-dire dans le Sikkim et le Népaul, où on en oblient et consomme le fruit en immense quantité, et où les cultures de cette plante s'étendent sur de grandes surfaces de terre jusqu’à 1500 mètres d’altitude.. Son fruit atteint 0",38 de longueur sur autant de circonférence.. M. D. Hooker dit qu’en 1840 il voyait tous les habitants du Sikkim, hommes, femmes et enfanis mangeant de ces concombres à peu près du matin au soir.» Nous espérons que la culture du €. sikkimensis se généra- lisera dans notre pays. 150 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Corette potagère. Mauve potagère, Mauve des Juifs, Mélonkie. CORCHORUS OLITORIUS, L. var. edulis (1). Fam. des Tiliacées. Plante annuelle, originaire des Indes et de l’Afrique tropi- cale. Tige de 0°,50 de hauteur, cylindrique, lisse; feuilles alternes, péliolées, ovales-oblongues, dentées, à dentures in- férieures souvent terminées par un filet sétacé; fleurs pelites, d’un jaune orange, pédonculées ; fruit (capsule) siiquiforme, long glabre, graines anguleuses, verdâtres. D’après Poiret (Voyage en Barbarie, vol. If, p. 179), la plante est cultivée, tant dans le Levant qu’en Barbarie. On lPemploie dans les cuisines. Selon MM. Vilmorin-Andrieux et Cie ,ses feuilles se mangent en salade. Enfin, le rapport de M. Delchevalerie sur l'exposition égyp- tienne de 1878 nous apprend, les jardins n’existant pas en Égypte, qu’elle est cultivée dans les champs sous le nom de Kolbesch et que les Égyptiens mangent ses feuilles comme celles des épinards. C’est, dit-on, un aliment mucilagineux et fade, comparable au Gombo. Nous avons cultivé sous châssis, par curiosité, la Corette potagère. Nous ne lui avons consacré qu'un panneau et notre récolte ne nous a pas permis d’en faire un plat pour notre table; nous avouons donc n’avoir dégusté ses feuilles, ni comme salade, ni comme épinard. Il nous semble certain qu’on ne peut cultiver utilement le (1) Les fibres du Corchorus olilorius et de plusieurs autres espèces, surtout du C. capsularis, L., connues dans le commerce sous le nom de Jute, sont em- ployées, mêlées au coton, au chanvre et au lin, à la fabrication d’étoffes et de toiies, à bon marché, mais qui n'ont aucune résistance et qui ne supportent pas les lessives. Les déchets servent à fabriquer de la pâte de papier. Ces fibres sont l'objet d’un commerce assez actif. L'importation du Jute, en Angleterre, était en 1877 de 200000 tonneaux et de 25 000 en France. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 151 Corchorus olitorius sous le climat de Paris; d’ailleurs le nombre des salades et des succédanés de l’épinard est sigrand, que cette plante nous paraît absolument dépourvue d'intérêt. Cornaret jaune. Bicorne jaune. Martynie jaune. MARTYNIA LUTEA, Lindi. Fam. des Pédalinées. Plante annuelle, haute de 0",50, pubescente glanduleuse feuilles cordiformes-orbiculaires, un peu dentées; en août, fleurs jaunes, ampies, infundibuliformes ; fruit à bec beau- coup plus long que le corps. Originaire du Brésil. Semée à la fin d'avril sur couche et sous châssis, repiquée en godels et tenue sous verre, comme les melons, jusqu’à la fin de mai; mise alors en place sur une vieille couche et gé- néreusement arrosée, elle acquiert d'énormes proportions. Ses branches sont grosses comme des manches de bêche et ses fleurs jaunes forment d’abondants épis coniques, auxquels succèdent de grands fruits cornus. Si curieuse que soit la Martynie, nous ne nous occuperions pas delle si ses fruits, cueillis aussitôt après leur formation, ne se mettaient pas dans le vinaigre comme les cornichons. Elle peut donc être classée parmi les plantes potagères. Voici ce que dit William Darlington d’un Martynia, dans son Agricultural Botany (Philadelphie, 1847) : « Cette plante, originaire du Mississipi et des plaines du Mexique, est beau- coup cultivée depuis quelque temps pour ses fruits singuliers. qui, dans leur jeunesse, avant de devenir durs et ligneux, sont employés à confectionner le condiment qui porte nom de Pickles. » Clémenceau, dans la Revue horticole (1867, p. 109), donne le même renseignement : « Les fruits cueillis très jeunes et alors qu’ils n’ont que quelques jours, sont confits dans le vinaigre el mangés à la façon de nos petits cornichons verts. 152 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Dans cet état, ces fruits sont fermes, croquants et d’excellente qualité. » Alors même que les Wartynia ne seraient pas alimentaires, les amateurs les cultiveraient comme plantes ornementales, produisant des fruits extrêmement curieux; mais nous re- commandons d'éviter de toucher aux feuilles du Martynia lutea, le seul que nous ayons cultivé. Elles laissent aux doigts une odeur stercoraire, infecte, abominable. Duchesne dit que les habitants de Carthagène (Colombie) mangent les racines du M. Craniolaria, Swartz, avec le bœuf, ou le confisent au sucre pour le dessert; mais M. Triana nous a assurés que les indigents seuls en faisaient usage. Duchesne ajoute que dans l'Amérique septentrionale on pré- pare avec ces racines une bière amère et rafraichissante (1). Courge de Siam. CUCURBITA MELANOSPERMA, A. Braun. Fam. des Cucurbitacées. Plante vivace, cultivée comme plante annuelle sous le cli- mat de Paris. Tiges grèles, longuement rampantes ; feuilles à 9 lobes, sinués; fruits ovoïdes, arrondis, marbrés de blanc, pleins et couverts d'une écorce subligneuse. Chair douce, blanche, fibreuse; graines noirâtres ou même très noires. Nous empruntons à M. Ch. Naudin les notions historiques qui s'offrent à nous dans un mémoire intiluté : Nouvelles recherches sur les caractères spécifiques et les varielés du genre Cucurbila (Annales des sciences naturelles, 4 série, t. IV, 1856): « Le Cucurbita melanosperma avail été annoncé, dès l’année 1824, précisément sous ce nom de melanosperma, par Al. Braun, dans le catalogue des plantes du jardin de Carlsruhe; puis, en 1837, par M. P. C. Bouché, de Berlin, sous celui de C. ficifolia. Elle est enfin décrite avec détail (1) La maison Vilmorin vend des graines de M. Craniolaria sous le nom de M. proboscidea. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 153 sous son premier nom par M. Al. Braun dans l’A ppendix Specierum novarum, etc., du jardin botanique de Berlin, en 1855, et, d’après le même auteur, dans le tome [°', p. 869, de la 4 série des Annales des sciences naturelles, en 1854. « Cette espèce, beaucoup plus éloignée des trois autres que celles-ci ne le sont entre elles, n’est guère connue en Europe que depuis le commencement de ce siècle. On ne sait préci- sément ni d’où, ni par qui elle y a été introduite, mais son nom vulgaire de Courge de Siam autorise à croire qu’elle vient originairement de l’Asie méridionale. » Elle n’a encore donné aucune variété en Europe etesttelle aujourd'hui que le premier jour où elle y a paru. » On a donné quelquefois le nom de Courge du Malabar au Cucurbita melanosperma; mais nous lui maintenons celui de Courge de Siam, sous lequel elle figure dans le Manuel de l'amateur des Fins Elle est annuelle dans le nord de la France, où elle gèle pendant l'hiver, et vivace dans le Midi, à Hyères, par exemple, où ses Liges peuvent passer l'hiver sans être atteintes par le froid, s’'endurcissent, deviennent un peu ligneuses et durent plusieurs années. Dans ces conditions, elles prennent un dé- veloppement démesuré, par exemple 80 à 40 mètres de lon- gueur (1). La Courge de Siam est belle. Elle est grosse comme la Pas- tèque et lui ressemble un peu. Elle est verte, lachetée de blanc, avec des lignes blanches, semblables à des rubans, qui partent de l’ombilic et courent en se rétrécissant vers le pé- doncule. Ses graines sont grosses et noires, quelquefois brunes. Sa culture est des plus faciles et ne diffère en rien de celle des Potirons ou des Courges habituellement cultivés en France. Son produit est considérable. En 1877, 20 pieds plantés par nous sur un gazon retourné, ont donné 130 fruits, d’un poids total de 670 kilogrammes. En 1878, 4 pieds nous ont donné 70 fruits, pesant ensemble 370 kilogrammes. (1) Manuel de l'amateur des jardins, t. IV, p. 255. 154 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. La Courge de Siam court beaucoup et exige un grand espace; comme elle se marcotte spontanément, l'hiver seul peut arrêter son développement. A la maturité, ses fruits s’enveloppent d’une croûte ligneuse qui en préserve long- temps le contenu de la pourriture, à tel point qu’on peut les conserver intacts pendant un an, deux ans et peut-être plus longtemps encore, comme des Coloquintes. C’est ce dont peu- vent témoigner les marchands de comestibles el les restaura- teurs qui, sans en faire autrement usage, les placent comme ornement dans leur étalage. En France, la Courge de Siam est jusqu'ici un simple objet de curiosité, mais, en Chine, on l’emploie à la nourriture du bétail. On sait que le troupeau d’Yacks envoyé en France par M. de Montigny, notre consul général en Chine, en 1854, était accompagné d’une provision de Courges mélanospermes destinées à son alimentation. Nous citerons encore à ce sujet M. Naudin : « Lors de l’envoi des Yacks de Chine en France, par M. de Montigny, en 1854, une grande quantité de Courges mélanospermes avaient été embarquées à Shang-Haï pour servir de nourriture à ces animaux durant le voyage. A leur arrivée au Muséum, où l’on sait que les Yacks séjournèrent près d’un an, il restait encore plusieurs tonneaux de ces. fruits parfaitement conservés. IL semblerait, d’après ce fait, que la plante est cultivée en Chine sur une grande échelle. Sa semi-rusticité jusque sous la latitude de Paris, sa culture facile et la longue durée de ses fruits, en feront peut-être un iour une plante économique d’une certaine importance, en Europe, pour l’alimentation du bétail, surtout pendant l'hiver. » D’après ce qui précède, 1l nous était permis d'espérer que le bétail accepterait celte nourriture, mais l'essai que nous avons fait à l’Orphelinat de Crosnes nous a désabusés. Les vaches ont refusé obstinément de manger nos Courges. Peut- être sont-elles trop bien nourries dans cet établissement et moins disposées par conséquent à accepter un aliment inac- coutumé. Il faudrait renouveler cette expérience sur des ani- maux moins bien pourvus. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 155 Cueillies encore jeunes, les Courges de Siam peuvent être apprêtées et mangées comme les Concombres, dont elles n’ont d’ailleurs pas le goût. Nous en avons fait cet usage et nous avons obtenu un mets agréable et délicat. Aux Canaries, on cultive la Courge de Siam comme légume sous le nom de Pantana (1). En Espagne, à Cuba, dans l'Amérique du Sud, on en fait des confitures estimées, qui portent le nom de Cabellos de Angel ou Cheveux d'ange; on en trouvera plus loin la recette. La pulpe de la Courge à graines noires contient des filarnents qui ne sont pas détruits par la cuisson; on les retrouve donc à la dégustation, et l'impression qu’on ressent est singulière. Les Cheveux d’ange n’en sont pas moins une bonne confiture. Nous avons dit plus haut que la Courge de Siam n’était encore en France qu’un objet de curiosité, et qu’elle servait unique- ment à garnir ou à décorer quelques ,devantures de traiteurs ou de marchands de comestibles ; nous nous sommes pro- posé de démontrer que cette Courge peut être admise sur toutes les tables; que sa longue et facile conservation en fait un aliment disponible en tout temps et particulièrement utile en hiver; qu’il y a donc lieu d’en encourager et d’en propager la culture. Tout l'intérêt de la présente note est dans cette démonstration. M. J. Mamoz nous en a fourni les moyens. Ce praticien habile, toujours animé du désir d’être utile, a cherché et trouvé plusieurs modes de préparation de la Courge de Siam, qui tendent à prouver qu’elle devrait prendre place : parmi nos légumes usuels. Nous donnons d’abord la recette des confitures, recette pratiquée depuis longtemps dans les pays espagnols, mais absolument inconnue en France : Confitures de Courge de Siam, dites Cheveux d'ange. (Cabellos de Angel.) On doit faire usage d’une grande bassine afin que le mou- (1) De la végétation aux iles Canaries, par le docteur V. Pérez et le docteur Paul Sagot. 156 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. vement de rotation soit facile. Lorsque l’eau qu'on y a mise est bouillante, on y jette les Courges, cassées en morceaux, croûte et pulpe, et même les graines. Au bout d’une demi-heure, de trois quarts d'heure au plus, la pulpe se détache sans trop de difficulté de la croûte, et l’on s'assure ainsi qu’elle est cuite à point. On retire du feu et l’on jette les morceaux de Courge dans l’eau froide. On les lave successivement dans deux ou trois eaux, puis, avec le manche d’une cuillère étamée ou d’une cuillère d'argent, on détache la pulpe de la croûte, et cette Pope est de nouveau plongée dans l’eau froide. On en désagrège les filaments afin que chacun d’eux soit isolé. On lave encore. On enlève les graines et tout ce qui pourrait altérer la blancheur de la confiture. On presse, à la main, dans un linge, ou à l’aide d’un pressoir, pour exprimer toute l’eau. On fait bouillir du sucre à 32 degrés, ou au plus petit filet, et l’on y jette les filaments de la pulpe. On laisse bouillir lentement, en remuant le fond avec une spatule, pen- dant un quart d'heure. Quand le sirop est au petit filet, on retire du feu. On jette dans la confiture l'essence qu’on préfère : citron, orange, vanille, etc., et l’on met en pots. La quantité de sucre em- ployée doit être suffisante pour que la pulpe s’y baigne aisé- ment et trempe entièrement dans le sirop. Nous allons donner maintenant les recettes nouvelles pro- posées par M. Mamoz. Nous les transcrivons textuellement; nous n'avons plus rien à dire; la parole est au praticien. Quelle que soit la façon dont on veut préparer la Courge de Siam, on doit la faire cuire de la manière suivante : casser ou couper une Courge en quartiers, soit en douze ou quinze morceaux et les mettre dans une bassine d’eau bouillante. Faire cuire à grands bouillons pendant une heure. On recon- naît que la Courge est assez cuite lorsque la pulpe se détache sans difficulté de la croûte. Alors on relire du feu ; on Jjelte les morceaux dans l’eau froide; on détache la pulpe de la croûle avec une cuillère; on désagrège cetle pulpe qui se divise en gros fils blancs. On la presse pour en exprimer l’eau LE POTAGER D'UN CURIEUX. 197 qu’elle a gardée. En cet état, elle est propre à être accom- modée de diverses façons : 1° Si l’on veut faire un potage gras, 1l faut couper un peu menue cette pulpe et en employer gros comme un œuf de pigeon pour autant de potages que l’on aura à servir. [] va sans dire que le bouillon gras doit être salé et assaisonné comme pour tout autre potage ; 2 Pour potage au lait, mêmes proportions. On coupe les fils moins courts, et ce potage ressemble beaucoup à du ver- micelle au lait, avec cette différence que les fils sont moins fondants à la bouche. Ce potage est, à notre avis, préférable au potage gras ; 3° Assaisonnée à la sauce poulette, la Courge de Siam donne un très bon plat de légume qu’on peut comparer, pour son goût, à la Carde poirée ou aux Cardons ; 4° La Courye peut être préparée à la sauce tomate. C’est un mets agréable, mais que nous ne plaçons pas au premier rang ; 9° Préparée comme le macaroni, c’est-à-dire par couches alternantes de fromage râpé et de pulpe, avec beurre, chape- lure, etc., notre Courge fournit un plat excellent ; 6° Les beignets de Courge de Siam sont peut-être ce qu'il y a de mieux encore. Dans une pâte à frire, toute préparée, on met des filaments bien pressurés et bien divisés qui s’y amalgament, et l’on jette une forte poignée de ces filaments dans la friture bouillante. Le beignet obtenu est doré, appé- tissant, très agréable à manger. Pour terminer, nous transcrivons une lettre adressée à M. Mamoz, qui nous l’a communiquée : « Colonies agricoles et industrielles de Moisselles et de Fouilleuse, administration, boulevard de Clichy, n° 8. » Mon cher Monsieur Mamoz, » Vous me demandez si je disposerai d’un espace plus orand, cette année, pour faire une plantation de Courges de Siam. 158 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. » Je suis tout disposé, en raison du résultat obtenu la première année, à planter une plus grande quantité de ces Courges, et je vous serai obligé de vouloir bien me procurer les graines nécessaires. » J'ai été très satisfait de la récolte dernière, quoique pour la première fois nous n’ayons pas agi comme il aurait fallu le faire quant à l’époque de la plantation et aux soins à lui donner. » Relativement à l'emploi du produit, au nombre des re- cettes que vous m'avez indiquées, il en est trois surtout qui ont réussi; c’est le gratin, les beignets et les confitures. Il est un autre emploi, bien plus général, c’est le potage. Je me propose de mettre à profit ces divers moyens avec la récolte prochaine et j'espère bien tirer de ce genre de Courges un très bon aliment. » Signé : L.-P. Bocxer, directeur-fondateur. » (A suivre.) 11. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LA QUESTION DU REBOISEMENT DANS LE TERRITOIRE DE COMMANDEMENT DE LA DIVISION D’ALGER RÉDIGÉ par le Bureau divisionnaire des affaires indigènes d’Alger. (Suite.) CERCLE D'AUMALE Structure du pays. — Le cercle d’Aumale, situé à l’est du cercle de Boghar et sous la même latitude, se compose comme lui de deux parties bien distinctes: la partie montagneuse et tellienne, située au nord; les steppes du sud, qui font partie des hauts plateaux. Les points culminants de la barrière qui sépare ces deux régions sont, en allant de l’est à l’ouest, le massif de l’Ouen- nougha, le Djebel-Dira, le Kéf-Lakhdar. Ces hauteurs forment la ligne de partage des eaux entre le versant de la Méditer- ranée (Oued-Sahel et Oued-Iner) et le bassin intérieur du Hodna, auquel appartient presque en entier le cercle d’Au- male. Une seconde ligne de hauteurs présentant le caractère des montagnes de la région des hauts plateaux sépare le bassin du Hodna, au sud, de celui du Zahrez-Chergui, du cercle de Djelfa. De sorte que la plus grande partie du cercle d’Aumale ap- parait sous l'aspect d’une vaste vallée, au centre de laquelle court de l’ouest vers l’est le thalweg de l’'Oued-el-Ham. Dans le nord du cercle, et parallèlement à la chaine princi- pale jalonnée par l’Ouennougha, le Dira et le Kéf-Lakhdar, on remarque une seconde ligne de soulèvements également diri- 160 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. oée dans un sens parallèle à la mer et dont les massifs princi- paux sont: à l’est, le Djebel-Mehazzen-el-Kebir, puis le Dje- bel-Amrès, le Djebel-Abdallah, le Djebel-Naga et le Djebel- Afoul; le versant sud de ces montagnes est d'une aridité exceptionnelle et présente l’aspect le plus désolé. Le pays conserve ce caractère sur toute la rive gauche de l'Oued-el-Ham ; sur la rive droite commencent les terrains à alfa parsemés de quelques rares daias. Les terrains de labour sont nombreux et d’excellente qua- lité sur le versant nord des montagnes des Oulad-Msellem et des Adaoura. Dans l’Ouennougha on trouve même de beaux peuplements de pins d'Alep. Les montagnes des Adaoura sont dénudées, mais leurs pentes inférieures sont couvertes de terrains très fertiles. On trouve encore des terrains cultivables d’une grande étendue tout le long de l’Oued-el-Ham et de ses principaux affluents. Les indigènes qui possèdent des barrages obtiennent dans les bonnes années des récoltes magnifiques. | La rive droite de l’Oued-el-Ham présente, relativement, peu de terrains susceptibles de culture. Altitude des plaines el des massifs montagneux. — L'’alti- tude de l'immense plateau de l’'Oued-el-Ham décroît de l’ouest vers l’est, mais la pente est peu sensible. Cette altitude varie entre 790 et 800 mètres. La partie nord du cercle est beaucoup plus élevée : l’'Ouen- nougha a 1500 mètres, le Djebel-Naga 1000 mètres, le Kef- Afoul 1130 mètres, le Djebel-Amrès 1000 mètres, le Kèf-Lakh- dar 1460 mètres, les collines de Kerba 900 mètres. Quant aux hauteurs situées au sud à la limite des cercles de Boghar, Djelta et Bou-Saäda, elles ne dépassent pas 1000 à 1100 mètres (Djebel Sahari). Nature du sol et du sous-sol. — La montagne de l’Ouen- nougha présente cette particularité qu’elle est recouverte jus- qu’à son sommet de terrains de culture. Mais les autres mon- tagnes, le Kêf-Lakhdar, Kèf-Afoule, Djebel-Naga, Mehazzem QUESTION DU REBOISEMENT. 101 La L4 ont des crêtes rocheuses et dénudées. Les terres végétales d'excellente qualité abondent aux Adaoura. Dans la région qui s'étend du pied de ces montagnes au thalweg de l’Oued- el-Ham, le sol est généralement pierreux et aride; il change souvent brusquement. de nature aux approches des Oueds, généralement bordés d’humus ou de dépôts alluvionnaires. Sur la rive droite de l’'Oued-el-Ham et à quelque distance de ce thalweg on ne trouve plus de terrains susceptibles de culture que dans les daïas; le sol est ondulé, couvert de pierres calcaires, le sable s’y montre en certains endroits, mais en petite quantité. Aux Oulad-Sidi-Hadjerès (à la limite des cercles de M’sila et de Bou-Saâda) existe une ligne de collines dite la Chebka des Oued-Sidi-Hadjerès, dont le sol est formé de roches calcaires extrêmement dures. Au point de vue géologique la région du nord est de pé- riode tertiaire ; les terrains sont tertiaires moyens ou mio- cènes et présentent les caractères de ces formations. Dans le travail relatif au cercle de Boghar, nous avons parlé de l’ilot de Birim qui appartient à la période secondaire et se compose de terrain crétacé supérieur ou nummulitique. Cet îlot se prolonge sur le territoire du cercle d’Aumale situé sur la rive droite de l’Oued-el-Ham. La tribu des Sellamates et une partie des parcours des Oulad-Sidi-Aissa et Oulad-Ali-ben-Daoud sont formées deter- rain crétacé moyen, tout le reste du cercle, c’est-à-dire les bas-fonds du sud et les parties voisines du thalweg de l’Oued- el-Ham, sont des terrains d’alluvions de la période quater- paire. Température maæima et minima. — Dans la partie mon- tagneuse la température en été et sous l'influence du vent du sud ne dépasse pas 38 degrés. Pendant les plus froides nuits d'hiver, elle descend fréquemment jusqu’à — 4 degrés cent. Dans la plaine de l’Oued-el-Ham et dans la région des daïas le thermomètre marque sous la tente jusqu’à 45 degrés parles temps de siroco. Dans cette même région, mais particulièrement dans les 4 SÉRIE, T. |. — Février 1884. 41 162 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. plaines dénudées des Oulad-Ali-ben-Daoud, Sellamates, Oulad- Sidi-Hadjerès, les nuits claires sont, par suite du rayonnement terrestre, excessivement froides et 1l n’est pas rare de voir le thermomètre marquer À et 2 degrés au-dessous de zéro. CERCLE DE BOU-SAADA Structure du pays. — Le cercle de Bou-Saâda appartient en majeure partie au bassin intérieur du Hodna; la pente oénérale du terrain de ce cercle est donc inclinée vers le nord-est. Quelques ravins seulement sont tributaires du Zah- rez-Chergui et dénotent l'existence d’une autre pente inclinée vers le nord et l’ouest sur laquelle se trouve la tribu des Oulad-Amour-Dahra et une partie des Ouled-Rerib. Enfin les torrents qui ravinent les flancs méridionaux du Djebel-Bou-Kahif conduisent les eaux dans l’Oued-Djedi qui forme le troisième bassin du cercle. On remarque dans le cercle de Bou-Saâda plusieurs massifs montagneux importants qui séparent de vastes plaines. Bien que Bou-Saâda soit une oasis et que le palmier y donne des fruits comestibles, quoique de qualité inférieure, la ma- jeure partie du cercle n’en présente pas moins les caractères de la région des hauts plateaux et il convient de ranger ce cercle dans celte région. Les principaux massifs montagneux du cerele de Bou-Saäda sont : au nord, le Djebel-Meketsi qui prolonge à l’est la chaîne du Djebel-Sahari, dont il a été plusieurs fois question; le Djebel-Zemra fait suite au Djebel-Meketsi, formant la ligne de partage entre le bassin du Hodna et celui du Zahrez, les hau- teurs du Djebel-Zemra et du Djebel-Baten complètent vers le sud-est la ceinture du bassin du Zahrez ; au nord de Bou-Saäda l’épais massif du Djebel-Sellat marque le point culminant de la tribu des Sahari-Oulad-Brahim. La partie nord de cette tribu, qui est traversée par l'Oued-el-Ham, est basse et peu mouvementée. Toute la partie nord-est du cercle de Bou-Saäda, qui est la plus rapprochée du Chott-el-hodna, est plate et basse. QUESTION DU REPBOISEMENT. 163 Au centre du cercle s'élève le massif du Djebel-Messad, qui se relie par le Djebel-bou-Dennezir aux hauteurs qui dominent le bassin du Zahrez. Au sud du Djebel-Messad se trouve l'immense plaine de l’Oued-Chaïr, bornée au sud-est par une ligne de hauteurs dont la direction générale est du sud-est au nord-est et qui se ter- mine dans les Beni-Sliman par le massif du PIGDBE Bou- Drine. Nous avons parlé de la grande plaine de l’Oued-Chaïr : les plaines les plus remarquables après celle-ci sont: 4° celle de l’Oued-Bou-Sañda, nommée Oued-Dermel dans la partie supé- rieure de son cours et qui naît dans le pays de Selim. La rive droite de l’Oued-Bou-Sañda est dominée aux environs de la ville par la crête du Kerdada; 2° la vallée de l’'Oued-Maïta, affluent de gauche de l’Oued-Bou-Saâda ; et 3 la vallée de VOued-Djedi, qui termine le cercle de Bou-Sañda au sud. Le principal affluent de l’Oued-Djedi, dans cette région, est l’Oued-el-Djourf qui, sous le nom d’Oued-Ain-Kahla, traverse du nord au sud tout le massif du Bou-Kahil. Altitude des plaines et des massifs montagneux. — La ville de Bou-Sañda est à 370 mètres au-dessus du niveau moyen des mers; c’est l’altitude que l’on peut donner à la plaine formée par l’Oued de ce nom. L’altitude de la plaine de l’Oued-Chaïr n’a pu être rigou- reusement constatée. D’après la configuration du pays et l’al- titude des points voisins on peut lui donner la cote approxi- mative de 650 mètres dans la partie moyenne du cours de la rivière. Les points les plus bas sont dans la tribu des Oulad-Sidi- Brahim. Le caravansérail d’Aïn-Kermame est à 495 mètres et l’on trouve dans cette tribu des de a ne Lace pas 400 mètres. Le sommet du Djebel- re mr est à 045 mètres. Le point le plus élevé dont l'altitude ait été constatée est le Djebel-Mi- mouna à la limite sud-est du cercle qui est à 1635 mètres. L’altitude du Boukahil est probablement aussi grande. Le 164 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. point d’Aïn-Kahla dans la gorge formée par Oued de ce nom au milieu de Bou-Kahil est à 967 mètres. Aïn-Riche est à 1016 mèêtres. Les puits de Selim dans la haute vallée de l’Oued-Bou-Saâda sont à 1195 mètres ; le point d’Aïn-Ograb dans le Djebel-Messad se trouve à 1097 mètres. Nature du sol et du sous-sol. — Les montagnes du cercle de Bou-Sañda sont en général dénudées et escarpées; quel- ques-unes, dans la partie nord surtout, se terminent par des assises horizontales d’un effet singulier. Dans le Djebel-Messad il existe de belles forêts de pins d’Alep. Le sol du cercle présente de grandes surfaces de terre ara- ble, mais non cultivable par suite du manque d’eau ; lesabords des oueds et quelques daïas sont seuls cultivés. On peut donc diviser les terrains susceptibles de culture en deux catégories : 1° Celle des terrains irrigables au moyen de barrages établis sur les cours d’eau constants, tels que l’Oued-Medjedel, prin- cipal affluent de Zahrez-Ghergui, lOued-Chair et l’'Oued-Bou- Saâda ; 2° Lesterrains dits Djelefs, qui ne sont arrosés que par l’eau du ciel, tels que les daïas et les bas-fonds de même nature. L’étendue de ces terrains est beaucoup plus grande que celle des terrains irrigables, mais le rendement en esttrès aléatoire. Le sable se trouve en plusieurs points, notamment dans le thalweg de certaines rivières et au nord d’Aïn-Kermame. Il existe aussi entre le Hodna et le Zahrez sur une longue bande de direction est-ouest sur une épaisseur moyenne de 4 à 6 ki- lomètres. Au point de vue géologique le terrain crétacé domine. Les terrains quaternaires d’alluvions sont assez rares. On lestrouve principalement sur les bords du Zahrez, du Hodna, dans la basse vallée de l’Oued-Bou-Saäda et près de l’Oued-Djedi. Les environs d’Ogla-Slim appartiennent aussi à cette for- mation. Les terrains crétacés de période secondaire, dits crétacés supérieurs ounummulitiques, s’observent dans la haute vallée de l'Oued-Bou-Saâda, au sud de Slim. QUESTION DU REBOISEMENT, 165 Les terrains crétacés moyens se rencontrent dans les ré- sions voisines du cercle d’Aumale, dans la vallée de l’Oued- Medjedel, à Demel et dans les Oulad-Ferad). Les terrains crétacés inférieurs ou néocomiens sont très nombreux ; on les trouve dans les Oulad-Sidi-Brahim, à Eddis, à Bou-Saäda et dans la plus grande partie de la haute vallée de l’Oued-Chaïr. Les terrains jurassiques, également de période secondaire, sont également représentés dans le cercle de Bou-Saäda ; il en existe un petil ilot au sud de Bou-Saâda, un second vers Me- razem, entre Aïn-Ograb et Aïn-Malha, et un troisième au sud- ouest de Bouferdjoum. Enfin, ces terrains apparaissent sous forme d’une longue bande dirigée du sud-ouest au nord-est vers les sources des affluents de l’Oued-Djedi. Le terrain menonien est représenté par de vastes espaces situés sur la gauche de l’Oued-Djedi. . Le terrain calcaire est donc très développé dans le cercle de Bou-Sañda ; aussi y trouve-t-on sans difficulté de la chaux et du plâtre d'excellente qualité. Quelques filons de houille ont été découverts dans l'Oued- Bou-Saäda et dans l'Oued-Chaïr. On trouve du sel à Ain-Malha et au Zahrez. Tempéralure maxima el minima. — À Bou-Sañda, en 1882, la température maxima a été de 41 degrés (8 juillet), la température minima 0° le 21 mars. Toutefois l’année a été exceptionnellement tempérée. En 1880, le thermomètre a marqué plusieurs fois 47 degrés et en 1881 la température a été journellement pendant un mois de 41 et 42 degrés. Dans les parties élevées du pays, au Djebel-Messar, au Dje- bel-Boukahil (etc), la température doit être bien moins élevée et ne pas dépasser 38 degrés. TABLEAU DES ARBRES ARBRES ET PLANTES DE LA VÉGÉ NOMS CERCLE des ARBRES ET DES PLANTES DE BOGHAR PINNA'AIEp- SÉPARER Au Djebel-Sahari et au Kef-Lakhdar. Thuya:. 55 2er Assez répandu au Dje- bel-Sahari. Rare au Kef-Lakhdar. Genévrier...... PARERE Se trouve en abondance aux mêmes points. Chêne ballot....,..... » Ghénezéen. m0 Quelques pieds au Dje- bel-Sahari et au Kef- Lakhdar. Bétoum. ;2 mue Commun dans les Daïas- des Oulad-Mokhtar. Olivier’... 8 mt On en trouve quelques- uns dans les tribus du Nord. PhYIIVrÉ A... Re Rare. LAMATIX. ARENA Se rencontre au Djebel- Sahari et aux Oulad- Allane. Myrte ....… RAA VAE Rare dans le Nord. Epine = ceE tre tn Eee » Jujubier sauvage ...... Très abondant dans tout le cercle. L'entisque-..Férrererer Rare, existe au Kef- Lakhdar et Djebel- Sahari. Genêt épineux (Guen- | Abondant au Djebel-Sa- CN ES 060 0 hari et au Kef-Lakh- dar. Fauriertrose etre Se trouve partout, sauf aux Oulad-Mokhtar et Rasman. RON Iso nascosenoe Se trouve dans la partit tellienne. ANNEXE CERCLE DE CHELLALA DE DJELFA » Essence très répandue dans toutes les forêts. » Assez rare, se trouve dans les forêts de l'Est. ) | Assez répandu, principa- lement dans les forêts de l'Est. » | Assez répandu dans la plupart des forêts. » | » 1 En grande quantité, no- tamment au Merksem Se rencontre dans les Daïas du sud du cer- cle. Très rare. Existe à l’état sauvage dans les gorges du Ksou de Zakkar. » » En grande quantité, no- tamment au Narh- Ouassel. Rare, existe dans le lit de quelques Oueds. » Rare dans les forêts. » Se rencontre dans les environs de Djelfa. Se trouve sur tout le| Existe en petite quan- territoire de l’annexe.| tité sur plusieurs | points. » Très rare. Se trouve seulement | Très rare, existe du côté | aux Oulad-Sidi-Aissa- de Messad. el-Ouerq. Commun dans le lit des En grande quantité, no- rivières. tamment aux Douïi- Hassein. » Très rare. ET PLANTES TATION SPONTANÉE CERCLE DE LAGHOUAT Djebel-Lazereg. Commun dans le Dje- Rare, se trouve dans le bel-Lazereg. Très rare. Très rare. Commun dans la région des Daïas. Existe dans le Djebel- ) Commun dans l'Oued- M’zi. Com mundans lesDaïas. Très rare. Très rare. Commun dans le lit des rivières. Rare. CERCLE DE GHARDAIA Cet arbre se rencontre dans l’Oued-en-Nessa. » Atteint de grandes pro- portions dans l’Oued- en-Essa et l’Oued-Mya. » » Commun dans les Oueds de la Chebka, entre Metili et El-Goléa et au sud d'Ouargla. » Existe dans le lit des af- fluents de l'Oued-Mit- lili. » CERCLE D'AUMALE CERCLE DE BOU-SAADA | —_——_———————_—me Quelques beaux peuple- | Belles forêts notamment ments sur les monta- gnes du Nord-Est, Ouennougha. au Djebel-Menad et au Djebel Bou-Kakil. Assez rare dans la mê-| Existe en assez grande région. abondance aux mêmes points. Se rencontre dans l’Ou- | Mème remarque. ennougha et au Dje- bel-Lakhdar. » Onenrencontre quelques pieds dans la partie montagneuse et dans les Daïas du Sud. Existe à l’état sauvage dans les Oulad-M’sel- lem (Ouennougha). Existe en très petite quantité. Commun dans le lit des rivières. Très rare dans le Nord. » Très commun dans tou- tes les tribus. Se rencontre dans le Nord-Est, notamment au Djebel-Tagdit. Cormmun dans la région montagneuse. Commun dans presque tous les Oueds. N’existe que dans la ré- gion tellienne. Abondant aux Oulad- Amour, Oulad-Kérib, Djebel-Messad. Abondant dans les forêts du nord du cercle. Dans quelques Daïas, Ouled-Sidi-Ziam, Da- iet-el-Betoum. Se rencontre dans les forêts des Oulad-R'’o- rib, Oulad-Ameur,Dje- bel-Messad. Très rare. Abondant, notamment à l'Oued-Chaïr et dans l’'Oued-Bou-Saàda. Existe dans quelques forêts. Se rencontre en abon- dance dans l’'Oued- Bou-Saàda, borde les jardins de l’oasis. Se rencontre principale- ment dans les Daïas. Dans toutes les forêts, notamment au Djebel- Messad. Abondant, se trouve dans les parties sablnnneu- ses. Se trouve en abondance dans certaines rivières. Se rencontre parfois dans les forêts. 168 NOMS des ARBRES ET DES PLANTES CERCLE DE BOGHAR ss Rare dans les monta- gnes du Nord. » ss... Rare. Quelques-uns au Rah- man-Cheraga. Commun dans les par- ties marécageuses. ss Coloquinte............ Assez rare. Eénules MRC TE » Fenouil ere EE . | Rare Asphodèle............ Un peu partout dans le cercle. SCIE RENE ER CENNEe Existe au Djebel-Sahari et au Kef-Lakhdar. Ortier FE RER EEE Se rencontre aux Oulad- Allane et Tittery. Plantaine ee" retro. Un peu partout dans le cercle. Acanthe-T###Frereete » Datura..... "Orne ] Pied de veau (Begouga). ) Existe aux Oulad-Alla- ne et au Kef-Lakhdar. Petite centaurée....... Particulièrement au Tit- tery, Oulad-Allane, Mouaidat et Sahari. Guetaf (Atriplex hali- mus L. SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ANNEXE DE CHELLALA Commun à Serguin, Se- mir et Tagguin. En grande quantité à Semir, Tagguin, Bel- bala. » Existe en plusieurs en- droits. Serencontre à El-Ouercq. Commune dans toutes les tribus. Se trouve à El-Ouercq et à Chellala. Existe en grande quan- tité dans le N.-0., no- tamment à Tinemsil. ) Abondant, notamment à El-Ouercq et dans le Nahr-Ouassel. Très rare. Très rare. Assez commun VÉGÉTATION SPON CERCLE DE DJELFA emmener rare, se trouve dans les montagnes. Rare, se rencontre aux environs des massifs boisés. » Existe dans les maré- cages. Rare. Rare. Très rare. Rare. Dans quelques forêts du cercle. Très rare. Abondant dans le sud du cercle. N. B. Les noms botaniques des plantes sont extraits du Vocabulaire polyglotte des noms de plantes, TANÉE (Suite) CERCLE DE LAGHOUAT Assez rare, l’oasis. Très rare. | Commun. (: ! Commun. * Commune. |} Commun. | Commune. M'ai. { Commune. | Commune. existe dans Commun dans l’Oued- QUESTION DU REBOISEMENT. CERCLE DE GHARDAIA En abondance dans tous les bas-fonds. Dans l'Oued-M’zab l'Oued-en-Nessa. » et Abonde dans l'Oued-Me- haïguen. dl Vient dans les Oueds après les grandes pluies. D] » ) » Dans Ja plupart des Oueds de la Chebka. Se trouve dans la seb- ka d’el-Goléa et d’Ouar- gla. CERCLE D'AUMALE Existe dans la forêt des Oulad-M'Sellem. 2) Rare, se rencontre aux Oulad-M’Sellem. Très rare. » Commun. ] D] Assez rare, se trouve dans le Nord et dans l’'Oued-el-Ham. Se rencontre en abon- dance dans les tribus du Nord. » rencontre dans le nord des Adaoura. Se L] » » Se rencontre dans les tribus des Adaoura. Très commune dans tout le cercle. D] tde M. Alphonse Meyer, interprète militaire en retraite. CERCLE DE BOU-SAADA Se rencontre quelque- fois dans les forêts. » Assez abondant. Rare. Très abondant dans cer- taines rivières, no- tamment dans la tri- bu Roumana. Commun, notamment à Aïn-Kermame et Aïn- Kahla. Assez commune dans les sables. ) Assez rare, on en trouve aux Oued-Ameur. Assez commune. Assez commune. Se trouve çà et là dans l’oasis. Quelques pieds aux en- virons de Bou-Saàda. ) En abondance dans les tribus du Sud et de l'Est. 170 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. VÉGÉTATION SPON NOMS des ARBRES ET DES PLANTES CERCLE DE BOGHAR Zefzaf (Ziziphus spina Christi, Wild Sud)... Zeita (Limoniastrum Guyonianum, D. R.). Retem (Retama ralam, Webb; Genista Saha- ræ, Coss. et D. R.).. Nedjem (Cynodon dac- tylon, Pers.)........ Merkaîa (Genisla Saha- ræ, Coss. et D. R.).. Alenda (Ephedra fragi- NSADES MIE ER EP PENCE Remetz (Caroxylon arli- culatum, Moq.; Sal- sola articulata, Coss.). Adjerem (Salsola fructi- cosa, Le; Suada, FOrSKA)A EEE LERCRENT Metenane ( Passerina RITSULQAIR) EP EEE Isref (Salsola vermicu- MS ados one Diss (Ampelodesmos te- nax, Link; Arundo festucoides, Desf.).... Alfa (Stipa tenacissim a, Luhl.; Macrochloa te- nacissima, Kunhl.)... Drinn (Aristida pun- gens, Desf.; Arthiale- rumpungens,d.deBot). Djel (Salsola sodu, L.). Chih (Artemisia heroa alba, Anc.; À. odora- lissima, Desf.)....... Sennok (Lygeum spar- CU, Le) EEE Goulguenane |(Mathiola ut, D: C5) Degoufet (Artemisia campestris, L.; Arte- misia herba alba, As- so.; Echiochylon fruc- ticosum, Desf.)...... En grande quantité dans toutes les tribus. » En grande quantité, no- tamment dans le Sud. » » En petite quantité dans le Sud. Dans toutes les tribus du Sud. En grande quantité dans le sud du cercle. Dans toutes les tribus. En grande quantité au Rahman-Cheraga et Reraba. Abonde aux Oulad-Al- lane. Se trouve en abondance partout, sauf aux Tit- tery. En grande quantité aux Sahari et aux Oulad- Mokhtar. Dans plusieurs tribus, notamment aux Rah- man et Oulad-Mokhtar. En grande quantité dans les tribus du Sud. En grande quantité par- tout. » En grande quantité par- tout. ANNEXE DE CHELLALA Partout en grande quan- tité. Dans la plupart des tri- bus. Très abondant. Ne se trouve que dans les Meggan. Se trouve dans toutes les tribus. Dans toutes les tribus. Id. Commun dans les tribus du Sud. En grande quantité dans l'Oued-Touil Narh-Ouassel. Dans toutes les tribus. Dans toutes les tribus. » Abonde à Feiïd-Retem, El-Ouereq, Tagguin. et Jle| CERCLE DE DJELFA Existe dans le sud du cercle. Abondant. Abondant, particulière- | ment dans le Sud. » » Existe. Existe dans la partie saharienne. L » » Se trouve sur les mon- | tagnes. | Couvre la plus grande | partie du territoire. Existe dans les parcours | sahariens. | Dans les parcours saha- riens. Assez rare. » Dans les parcours saha- riens. » TANÉE (Suite) CERCLE DE LAGHOUAT Commune dans l'extrême lESUuA: Commun. , Commun. Commun. Rare dans le cercle. Commun dans l’extrè- me Sud. Commun. Commun. Commun. Très rare. Un ‘peu du côté de Taljemout. Commun dans la partie nord. L Commun. Commun. Commun. Commun. Commun. Commun. QUESTION DU CERCLE DE GHARDAIA Commun dans tous les Oueds. Devient arborescent dans la Sehka de Goléa et d'Ouargla. Abonde dans les Oueds. Commun dans les bas- fonds. » Plante arborescente, at- teint 0,3 dans l’Oued- Myaetl’Oued-Seggeur. Très commun partout. Ne se trouve que dans l’Oued-Louah. Croît dans tous les en- droits sablonneux. » Très rare, existe dans quelques Oueds. Très commun. Assez rare. Commun. » Pousse au printemps et meurt en été. )» REBOISEMENT. CERCLE D’AUMALE Très commun partout. Commun près des sour- ces dans les lieux hu- mides. ‘ Existe dans le sud de presque toutes les tri- bus. Très commun dans tout le cercle. Commun dans tout le sud du cercle. Se trouve dans toutes les tribus. Très commun dans tou- tes les tribus. Commun aux Adaoura (Nord),aux Oulad-Msel- lem et Oulad-Amor. Se rencontre sur toute la rive droite de l’Oued- el-Ham. Assez rare, se trouve à Daya-Tarfa, Daya-el- Abbaziz et au Djebel- Merazem. Existe dans touteslestri- bus, particulièrement le long des rivières. Très commun dans les tribus du Sud. Très commun dans le sud des tribus. » Abonde dans tout le cer- cle. 171 CERCLE DE BOU-SAADA » Le long des canaux, no- tamment à Bou-Saäda. Abonde dans tout le cer- cle. Assez abondant dans les régions sablonneuses. Assez abondant sur les hauts plateaux. Assez commun dans le nord du cercle. Assez commun dans la région nord. Existe dans la région nord. Couvre 172 000 hectares. Région du nord et du centre. Commun aux environs de Bou-Saàda et aux Oulad-Ameur. Commun,notammentaux 0-Sidi-Brahim, Of- Amour , O1-Chaïr. Abondant dans tout le cercle. Id. » Abonde dans tout le cer- cle. 172 NOMS des ET DES PLANTES ARBRES Goundal (Anthyllis tra- gacanthoides, Desf.).. Adzem(Sfipa parviflora, Desf.) Damran (Traganum nu- j datum, Debb.)...... Harmel (Peganum har- MOD AL)E ER MREEEAET ss... | Baguel (Anabasis arti- culata, Moq.; Salsola, HDMROTSLA)EE ET EC EEE Defna ( Gymnocarpum fructicosum, Debb.; Gymnocarpum decan- drium, Forsk.)...... Arfedj (Rhantissium ad- pressum, Coss., D.R.). Kobbeïz (Malva parvi- TUTO) eee eee Reguig (Helianthemum ellipticum, Pers.)... | Bou-Nafa (Thapsia gar- | ganica) | Chendgoura (Ajuga iva, SCHL) EPS ECC CRCRCC CRC Chebrog (Zilla macrop- tent CSS) EC Eee ee Djaïda (Temrium po- lium, L.; Sideritis de- serti, de Noé) Thym. ss... Menthe Absinthe Mélisse : AR mere Vesce (Djilbane)....... sms Luzerne sauvage NON: ceci ER SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. CERCLE DE BOGHAR Rare, en grande quan- tité aux Sahari. En petite quantité dans les tribus du Sud. En petite quantité dans les tribus du Sud. Assez commun dans tout le cercle. Existe dans les tribus du Sud, assez rare. » Rare, existe dans les tribus du Sud. ? Existe dans les terrains de culture. le Rare, existe dans Sud. En grande quantité dans tout le cercle. Partout, mais en petite quantité. Id. En grande quantité dans tout le cercle. Un peu dans tout le cercle. Id. | Assez rare. | » | Se trouve aux Tittery et | Oulad-Allane. | Aux Tittery et Oulad- | Allane. | Se trouve à l’état sau- vage dans tout le cer- cles ANNEXE DE CHELLALA ————————n Se trouve surtout à El- Ouercq et à Tagguin. » En grande quantité, n0- tamment à El-Ouercq, Tagguin et à Chellala. » En grande quantité à El- Ouercq et Tagguin. Se trouve dans toutes les tribus. | | Se trouve sur toute l'é- tendue de l’annexe Sur toute l'étendue de l'annexe. Se trouve dans les Beni- Maïda et les Beni- Lent. A Chellala seulement. Assez rare. » 0] » On en trouve dans les Oulad -Sidi-Aïssa et El-Ouercq. VÉGÉTATION SPON CERCLE DE DJELFA Existe dans le cercle. Existe dans les parcours sahariens. l Dans les parcours saha- riens. s Assez commun. | | | Dans les parcours saha- || riens. Dans les parcours saha- riens. | Id Très répandu dans la! région sud. A Djelfa et dans les Ksours. Rare. ) Dans tous les terrains cultivables. | TANÉE (Suite) QUESTION DU REBOISEMENT. RD EE CERCLE | | DE LAGHOUAT | | | | Commun. Commun. | Rare, se trouve dans l'extrême Sud. | Commun. 1 Commun. | | Rare. Commun. : Commun. | Commun. : Commun. Commun. CERCLE DE GHARDAIA ) Plante arborescente, as- | sez commune. En abondance dans les bas-fonds des Aregs. Existe dans les bas-fonds de la Chebka. Existe en abondance dans l’Oued-Metlili. » » Dans l’Oued-Neca et les jardins de l’oasis. Abonde partout. En abondance dans les jardins du M’Zab et d’Ouargla. CERCLE D'AUMALE h ) Commun, sauf aux Ou- lad-M'Sellem et Ou- lad-Si-Amor. » » | Commun,notamment aux CERCLE DE BOU-SAADA | | ER ON RARE | | | 0.-Krabd et dansle Sud. Assez rare, existe dans les parcours du Sud. ) Commun dans tout le, cercle. | Assez commun dans le. sud du cercle. Ne sé trouvé qué dans} l'Oued-Djedi. Use En assez grande abon- | Assez commun dans tout dance dans la région nord. Ne se trouve qu’au Dje- bel-Afoul {Adaoura). Rare. Se trouve dans toutes les tribus du cercle. En assez grande quan- tité dans presque tou- tes les tribus. Assez rare, se trouve dans les montagnes. Abonde dans toutes les tribus. Existe notamment aux Adoura et Oulad-Sidi- Aissa. M] Assez rare. » Se trouve dans les ter- rains de culture de la partie tellienne. » Assez commune dans presque toutes les tri- bus. le cercle. Id. Assez commun dans les |: parties sablonneuses. Assez commun, notam- ment dans les terrains pierreux. d. Assez commun, notam- ment dans les monta- gnes, d°. Assez commun dans les montagnes de la ré- gion nord. Vient dans les jardins de l’oasis. On en trouve dans la ré- gion nord du cercle. 174 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. VÉGÉTATION SPON 0 NOMS CERCLE ANNEXE CERCLE des ARBRES ET DES PLANTES DE BOGHAR DE CHELLALA DE DJELFA ———————————— — Sorgho ec, RAM En petite quantité aux ) » Oulad-Allane, Tittery, Dahman et Sahari Figuier de Barbarie.... | Dahman et Sahari. A Chellala seulement et | Existe à Messad. en petite quantité. Caprier sauvage....... | » » Existe dans les forêts. | Cresson seen en e » Abonde à El-Ouercq, Se- | Commun dans les riviè- k mir, Chellala. res. ITEMS SAT onseroconbe En petite quantité dans | Abonde dans toute l’an- | Dans les prairies natu-| | tout le cercle. nexe. relles. | Lavande.....:........ » S De | | | Clématite DID MIDPOTIOIOINI ) % D Rare. | Réséda ns PRE eCRES . | Un peu partout à l’état » » | sauvage. | Chèvrefeuille.......... Djebel-Sahari et Kef- » Rare. | Lakhdar. Rosier (Églantier)..... Aux Oulad-Allane-Zekri. » » Jartichaut sauvage (Kor- | Abonde. Abonde. Dans les terrains boisés. sl? L.; Gyvarà uni- STEP ECS PE CRC Surtout dans les tribus | Assez rare. Dans les montagnes. | du Nord. QUESTION DU REBOJSEMENT. 175 | TANÉE (Suite) \ CERCLE CERCLE CERCLE CERCLE DE LAGHOUAT DE GHARDAIA D'AUMALE DE BOU-SAADA ) ] » ) » Abonde à Bou-Saâda et dans toutes les oasis. Commun. Arbrisseau rampant et Existe dans les forêts. | _ épineux qui se ren- | contre dansles vallées | entre Metlili, El-Goléa. 00 ! Commun. » Se trouve partout où il | Commun auprès des y a des eaux vives. sources et Canaux. {Très commun dans la ) Pousse spontanément » + | prairie de Taduit. dans les terrains cul- | tivables humides. | » » » Assez commun dans les régions montagneuses, | » » ) » ) » )) ) » » » En petite quantité aux environs de Bou-Saà- da et Djebel-Messa. h » )» )) Rare. » ) Abonde. Très rare. ) ) Dans les montagnes. 176 D NOMS des ARBRES ET DES PLANTES a Aulne. nn Œremble eee er Peuplier....... . OCRC ECC ECC CCE Acacia. CCC CECI Vernis du Japon ss... ess... SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. CERCLE DE BOGHAR ————__—————— ————————…—_—_—_—_—_—_—_——* Acclimaté ancienne- ment aux O0-Allane et Tittery. Quelques-uns acclima- tés anciennement aux O°-Allane et Tittery. Même remarque. : Of- Allane. Aux O‘-Allane, Tittery, | O%-Mokhtar à Toula. TABLEAU DES ARBRES ANNEXE DE CHELLALA ——_—_—_——_—_—_———————— » Les essais faits dans la pépinière n’ont pas réussi. ) Existe dans la pépinière | de Chellala. | Dans la pépinière de Chellala. Id Il en existe à Chellala. En quantité à Chellala, Semir, Tagguin, Del- bela, etc. A Chellala. A la pépinière de Chel- lala. | À la pépinière de Chel- lala. » | À la pépinière de Chel- | lala. | A Chellala et à Bou-Ha- mada. ACCEL- CERCLE DE DJELFA Il en existe quelques- uns au Rocher de Sel. » En existe quelques-uns au moulin. » Rare, se trouve au Ro- | Il en existe à Djelfa. | cher de Sel. | Abonde à Djelfa. Se trouve sur les bords de l’Of-Djelfa. Réussit très bien à Djelfa. » En grande quantité à Djelfa. ET PLANTES | MATÉS QUESTION DU REBOISEMENT. : 477 CERCLE DE LAGHOUAT Assez rare dans les jar- dins de Laghouat. Assez rare à Laghouat. Commun à Laghouat. » .| Commun à Laghouat. Id. En quantité à Laghouat- Tadniet. Existe seulement dans la pépinière. Rare. Id. Id. Échantillons dans les pé- pinières. » Échantillons dans les pé- pinières. Rare. Id. Commun à Laghouat. CERCLE DE GHARDATA Les essais n’ont pas réussi. » Semis réussis à la pépi- | nière de Ghardaïa. Signalé sur un point de l'O-Mya où il y en aurait une vingtaine (Végét. spontanée). » La plupart des semis ont réussi. - Semis très bien réussis à la pépinière. Semis assez bien réussis. Semis nombreux, ont réussi pour la plupart. Résultats médiocres par | semis. Id. Des plants de trois ans ont très hien réussi. 4 SÉRIE, T. I. — Février 1884. CERCLE D’AUMALE » Quelques-uns acclimatés anciennement. ) Il n’en existe qu’un pied au bordj de Chellala. » Des essais tentés autre- fois à Chellala n'ont pas réussi. » CERCLE -: DE: BOU-SAADA Un échantillon dans les - jardins du cercle mi- litaire. )) Quelques échantillons dans les jardins. Un. assez grand nombre de pieds à Bou-Saàda, Aïn-Ograt,. Aïn-Ker- mame. Même remarque. Plusieurs échantillons à lä pépinière. En assez grand nombre à la pépinière, à Aïn- Ograb et Aïn-Kerma- me. Il en existe plusieurs pieds à Bou-Saâda et Aïîn-Ograb. Nombreux échantillons à la.pépiniere, Réussit très bien à la pé- pinière, à Aïn-Ograb et à Ain-Kermamne. Même remarque. Même remarque. » Quelques échantillons dans la pépinière com- munale. Quelques échantillons dans le jardin du gé- nie. ) Quelques échantillons à la pépinière. | Nombreuxé chantillons à la pépinière desglacis. 12 178 NS NOMS des ARBRES ET DES PLANTES Figuiers "02e 5 focuc Bananien. ere ce Figuier de Barbarie.... Grenadier. 0-20 Orange EE EEREERER EEE Gitronniern- ++ seau Cédratier........ fHoac Néflier du Japon....... Abricotier 2 -teeete Poirier... 4er Cognassier....... DS AO Cerisiert A. "mb DE Amandier 2e eLten-nid. GhAtAIgNIer EEE CES Caroubier:. 42414100" Néfliersuiss .. ae er NIgne.. Mt Framboisier......,.... Groseillier. ...... EralSier tafs Miele. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. CERCLE DE BOGHAR Aux Oulad-Allane et Tit- Lery. » » Rare, se trouve aux Of-Allan et aux Tit- tery. Très rare aux O‘-Allan et aux Tittery. Même remarque. Même remarque. Même remarque. Quelques pieds. D» Très rare aux Of-Allane et aux Tittery. ) » D) ANNEXE DE CHELLALA ARBRES ET PLANTES CERCLE DE DJELFA E——— ———_—_—_— En quantité à Chellala, | Acclimaté anciennement Bou-Hamada, Zerguin et Ain-Kadra. A la pépinière de Chel- lala. D’importation ancienne, rare. D'importation ancienne, à Chellala. Quelques-unsdans la pé- pinière de Chellala. Il en existe quatre à Chellala. » À la pépinière de Chel- lala. En abondance à Chellala, B.-Hamada, Zerguin. Même remarque. A Chellala. Quelques arbres à Chel- lala, B.-Hamada, Zer- guin, etc. A Chellala. Id. Quelques-uns à Aïn-el- Aneb (B'-Maïda). A Chellala. Id. A la pépinière de Chel- lala. Essais à Chellala. Pépinière de Chellala. Quelques pieds aux 0°- | Ancienne à Aïn-Arrel. Allane et Tittery. » ) Les nouvelles planta- tions réussissent. » A la pépinière de Chel- lala. Même remarque. dans tous les ksours. ) D'importation ancienne. D'importation ancienne à Messad. Rare, existe dans quel- ques jardins. | Acclimaté anciennement dans tous les jardins. ) Se trouve dans beaucoup de jardins. Dans les jardins euro- péens. Mème remarque. Dans les jardins euro- péens et à Messad. Rare, on en trouve au moulin de Djelfa. » Rare. Très rare. Rare, existe dans quel- ques jardins. Réussit sur points. quelques D Il en existe au moulin de Djelfa. Au moulin et dans les jardins. QUESTION DU REBOISEMENT. ACCLIMATÉS (Suite) CERCLE CERCLE DE LAGHOUAT DE GHARDAIA Très commun. Abonde dans les jardins. Très rare. » Sert de clôture à beau- coup de jardins. Dans tous les jardins des oasis. Rare dans l’oasis. Essais réussis à la pépinière. Acclimaté anciennement et très commnu. Abonde dans les oasis. Assez rare. Id. Id. Très rare. ‘ Id. Rare. » Commun. Abonde sous les dat- tiers de l’oasis. Id. Quelques plants ont réussi à la pépinière. Id. Essais infructueux. Id. Assez commun sous les palmiers des oasis. Id. Quelques plants ont réussi. Id. Se trouve dans plusieurs jardins de Beni-[sguen. Id. ÿ » Id. Quelques plants ont réussi. » Essais infructueux. » 1d. Pare. » Très rare. » Abonde dans les jardins de Ghardaïa. Abonde dans l'oasis. Très rare dans l’oasis. » Ü » Assez rare. Essais infructueux. CERCLE D'AUMALE Acelimaté anciennement dans toute la région nord. ) Acclimaté très ancienne- ment dans le Nord. Quelques pieds aux. Adouara, 0%-M'Sellem, 01-Si-Amor. Il en existe deux aux O%-Sidi-Aissa. » Il existe quelques mau- vais pommiers aux Adaoura. Il y en a deux pied aux Adaoura (Aïn-b.- Amor). » » Il en existe un aux Adaoura. D] Quelques pieds aux Adaoura et O-M'Sel- lem. CERCLE DE BOU-SAADA Abonde dans toutes les oasis. Quelques rares échantil- lons. (Croît spontanément.) Abonde dans les oasis. Quelques échantillons dans les jardins de Bou-Saàda. Même remarque. ) Quelques pieds dans le jardin du génie. Réussit très bien dans tous les jardins des oasis. Quelques plants dans les jardins de Bou-Saàda. Quelques échantillons médiocres. Quelques médiocres à Bou-Sañda. Même remarque. Même remarque. » Quelques pieds à la pé- pinière de Bou-Saàda. ) ) Quelques échantillons dans les pépinières. D) Très abondante dans tou- tes les oasis. » » Mauvais pieds dans les jardins européens. SR EE I NOMS des CERCLE DE BOGHAR ARBRES ET DES PLANTES Boïssasar mise LATICOIS NS CEE » DONIQUE RECETTE » Pois chiche........... Sont cultivés aux Of-AI- lane et Tittery. Révesaitet a il IA. Pommes de terre...... Peu cultivées aux O1-AI- lane, Tittery, Rahman. Pataten ns tt ere Peu, Ot-Allane, Tittery. Topinambour.......... » Tomate 2 meunt Quelques cultures aux Of-Allane, Tittery, Rabman. Arlichauts-#rterreate » Carotte. RER Peu cultivée. O%-Allane, Tittery. Navet. 2:22 e, Id ASperce rer tree 1 » Betterave... 1... » Aubergines eee rte. Très rare. Concombre. #""#:"-2r2 Peu cultivé. Tittery et O-Allane. Piments{sts#t4.. tte Même remarque. SAlSIfS- 20e eee » ÉRIDArAS ee Re » DSellle.:s 52m » Chou ee Lure » Uhoufleur: AT ER » SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ARBRES ET PLANTES CERGLE DE CHELLALA DE DJELFA I n'y en a qu’à Chellala. ANNEXE Dans tous les jardins. Même remarque. Même remarque. ” Se récolte dans les jar- dins arabes et fran- çais. ) Quelques colons les cul- tivent. Se cultivent dans toutes | Abondent dans tous les les tribus. Jardins. A El-Ouercq et à Chel- lala. Se cultivent à Djelfa prin- cipalement. » Id. Il n’y en a qu'à Chellala. Très peu à Chellala. » Dans tous les jardins. Quelques pieds à Chel-| Peu cultivés. lala. A Chellala. Dans tous les jardins. Id. Id. Réussit bien à Chellala. | Cultivée à Djelfa. A Chellala. Dans tous les jardins de Djelfa. ) Id. Id. Dans tous les jardins. Anciennement déjà con- Id. nu et cultivé partout. A Chellala. Dans quelques jardins de Djelfa. d. Id. Id. Id. Id. Dans tous les jardins de Djelfa. Id. Id. oo à mm om ACCLIMATÉS (Suite) QUESTION DU REBOISEMENT. D CERCLE DE LAGHOUAT Communs dans les jar dins des ksours. Même remarque. ) Assez rares. Communes dans les jar- dins des ksours. Assez rare dans les oasis. Assez rare. ) Commune. Assez rare. Commune dans les jar- dins. Id. Assez rare. Dans quelques jardins. Commune. Id. Abonde. Très rare. Communs. Id, Commun dans tous les jardins. Commun. CERCLE CERCLE DE GHARDAIA D'AUMALE Résultats médiocres. » Pas de résultats. » » » » » Cultivées dans les oasis. | Il s’en cultive quelque peu aux Adacura. N’ont pas donné de ré- » sultat. » » ) ) Cultivée dans les jardins. » Résultats médiocres. » Très cultivée, vient très ) bien. [d. ) Lesessais ont bien réussi. N Id. » Se cultive dans les jar- » dins d’Ouargla et de Ghardaïa. Id. » Id. Cultivé dans les jardins (Adaoura, O-Si-Amor). Assez bons résultats. » Essais infructueux. » Se cultive dans tous les » jardins : a très bien réussi à la pépinière. N'a pas réussi. ) HA CERCLE DE BOU-SAADA Viconent bien à Bou- Saäda, mais sont peu cultivés. Sont assez cultivés à B.- Saàda. » D) Cultivées par les indigè- nes dans tous les en- droits irrigables. Cultivées sur une assez grande échelle. D'Amérique. (Cultivée come plante d’agré- ment., La patate co- mestible n'existe pas. ) Vient très bien abondance. et en Vient bien dans les jar- dins européens. Très cultivée par les in- digènes et les Euro- péens. Cultivé dans les jardins indigènes. Se cultive peu, maisréus- sit bien. Vient bien dans les jar- ..dins européens. En petite quantité dans quelques jardins. Abonde dans toutes les oasis. Cullivé par tous les indi- gènes. ) Assez abondants dans les jardins des Européens. Abonde. Très cultivé dans les jar- dins. Peu cultivé, réussit mal. 182 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ARBRES ET PLANTES = . a NOMS des ARBRES ET DES PLANTES CERCLE DE BOGHAR ns Géleri tu ONE » Cerfeuil. #27 2088RRRre Ô » Persili A ARRMEREUE » A2: OUEN RE RER Connu et un peu cultivé, O°-Allane, Tittery. Oigrnon-ere-ceseerse Id. PoOILEAU LE Eee ue » Echaloteïtme, Ame Min, » Métragoner Pret rer » CHICOr ESA MEN » Romaine. : ecran » Faite: 22e RE » Citrouille. Dans tout le cercle Melon’... ERSNRRANn Id. Pastèque ACTA ENTER Id. Créssons. fente » SeIDI Se RARE ee » SOTSNO Ne eee Eee » Maïs, AMEN Cultivé aux Tittery et O- Allane. Vesce sir Nr » SAINFOINES RU PMERRE » DUzerne.r.... Er » Dréfles 2. ee Cet (Voy. Végétation spon- tanée.) ÉRROMERS E ON NRRES » COLOR SFA ER AS » ATACHIAeS: :-- 0: 10 h Garance Er. » HeEnNNnÉ TA eecieercrr » ANNEXE DE CHELLALA A Chellala. Id. Très peu à Chellala. A Chellala. En très grande quantité à Chellala et El-Ouercq. A Chellala. Id. ) A Chellala, Id. Id. Cultivée depuis long- temps à Chellala, Zer- guin, El-Ouercq, Tag- guin. A Chellala. Id. Cultivé avant la con- quête dans toute l’an- nexe. Cultivé depuislongtemps à El-OuercqetZerguin. » » Les essais ont très bien réussi à Chellala. (Voy. Végét. spont.) CERCLE DE DJELFA Dans quelques jardins. Id. Id. Dans tous les jardins. Id. Dans quelques jardins. Id. N'a pas réussi. Dans les jardins Djelfa. pe mi ksours. Dans les jardins des Id: Très rare, vient très bien là où il en a été semé. Cultivée par quelques co- lons de Djelfa. Id. Id. — ACCLIMATÉS QUESTION DU REBOISEMENT. 183 CERCLE DE LAGHOUAT Commun. Id. Id, ld. Très commun. Commun. Id: Très rare. Commune, Id, Id. Très commune, Commun dans les jardins des ksours. Dans quelques jardins. Assez rare. Id. Id. Rare. Id. ld. Id. Commune dans les jar- dins des ksours. Très rare. CERCLE DE GHARDAIA N'a pas réussi. Id. Abonde dans tous les jardins. Est cultivé dans Les oasis. Est cuitivé dansles oasis. Réussit très bien. Résultats médiocres, Id. » Résultats médiocres. Bons résultats. Abonde dans les oasis. Id. Id. A donné de bons résul- tats. Semble devoir réussir dans le pays. | Bons résultats. | Résultats médiocres, se- mé tardivement. D] ))] Vient très bien. » Les essais tentés à Ouar- gla ont réussi en 1875. Cultivé dans quelques jardins d'Ouargla. CERCLE D'AUMALE Cultivé dans les jardins de la région nord. Cultivée dans les jardins des Adaoura et Oulad- Sidi-Aissa. Id. Cultivé dans tous les points où il y a de l’eau. ) D] D) Quelques champs l'Oued-el-Ham. sur CERCLE DE BOU-SAADA Assez abondant dansles Jardins européens. Id. Id. Id. Très abondant dans tous les jardins. Dans les jardins euro- ropéens. Très cultivée dans les jardins indigènes. Dans tous les jardins des oasis. Dans les jardins arabes et sur le bord du Se- bha. Importé et acclimaté dans les jardins européens. » Quelques échantillons dans les jardins de Bou-Saàda. Quelques plantations à Bou-Saàda. » » Dans les jardins, à la pépinière, sur les gla- cis. On en trouve quelque peu dans l’oasis. » 184 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ARBRES ET PLANTES DOMS CERCLE ANNEXE CERCLE des F ARBRES ET DES PLANTES DE BOGHAR DE CHELLALA DE DJELFA TADACEE RE REA RATE » » » Chèvrefeuille.......... (Végét, spont.) » Rare. Clématite......, coco » » Rare. NÉS ECO 06e0080000.0 (Végét. spont.) » Dans quelques jardins. Lavande. "Pre CPS EEre » » » JERNN ed ousdosoecos » » On en trouve au moulin. GIVCINE MANN » » .» Lilas. NES » Quelques-uns à Chellala. | Au moulin, dans les jar- dins et pépinières de Djelfa. : Rosiense Mmes enr (Végét. spont.) Id. Dans quelques jardins. QUESTION DU REBOISEMENT. 185 ACCLIMATÉS (Suite) CERCLE CERCLE CERCLE CERCLE DE LAGHOUAT DE GHARDAIA D'AUMALE DE BOU-SAADA Quelques pieds dans les » » » jardins. Assez rare. Essais infructueux. » (Végét. spont.) Rare. » » » Id. » » » Id. » » (Végét. spont.) Commun. » » » » ( » » » » » » Échantillon dans le jar- din communal, sur le glacis. Commun. » » Assez abondant dans tous les jardins. (A suivre.) I. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 4 JANVIER 1884. Présidence de M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, secrétaire général, : re fl puis de M. HENRI BOULEY, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. -— M. le Président proclame les noms des membres récemment admis par le Conseil, savoir : MM. AUDEVILLE (André d’), propriétaire, au ch - | » | ; teau d’Andecy, par Baye (Marne). "4 CHASTEIGNER (le baron André-Xavier-Eu- ! trope), propriétaire, au château de Borie- : Petit (Dordogne). CoupoinT fils aîné, industriel, à Montmorillon \ (Vienne). DENIZET (Henri), notaire, à Beaugency (Loi- ret). FoNcIN (P.), inspecteur général de linstruc- | tion publique, rue de Rennes, 87, à Paris. / GALARD-BÉARN (le comte Hector Roger de), \ à Mondeville, près Caen (Calvados). ) Hecur (Etienne), négociant, 140, boulevard | Haussmann, Paris. ) LesriBoupois (Jules), commissaire du Gou- vernement près le Conseil de préfecture de : la Seine, 41, rue d'Amsterdam, à Paris. LEVARDAIS (Paul), inspecteur d'assurances, rue de Geôle, 52, à Caen (Calvados). | PorTE (Léon), propriétaire, 30, rue Jacques \ Dulud, à Neuilly (Seine). ViLLor (Louis), propriétaire au Broc, par Issoire (Puy-de-Dôme). PRÉSENTATEURS. H. d’Andecy. Eugène Dupin. A. Geoffroy Saint-Hilaire. E. Dupin. A. Geoffroy Saint-Hilaire. . Nelson-Pautier. Dupin. A. Geoffroy Saint- Hilaire. . Maurice Girard his A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. Desmattes. ; Dupin. A. GeoffroySaint-Hilaire. / E. Dupin. A. Geoffroy Saint-Hilaire. | Nelson-Pautier. A.Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. _ A. Porte. Eugène Dupin. A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Giraudeau. Dupin. A. Geoffroy Saint-Hilaire. E. Villey. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. \ À. Porte. A. Berthoule. Dupin. A.Geoffroy Saint-Hilaire. } PROCÈS-VERBAUX. 187 — M. le Secrélaire procède au dépouillement de la correspondance. — M.H. Rennesson adresse des remerciements au sujet de sa récente admission dans la Société. — M. le Maire de Nice annonce l’ouverture de l'Exposition interna- tionale qui va avoir lieu dans cette ville, et adresse une carte d'invita- tion pour cette cérémonie. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Lehec, docteur Jeannel, E. Godry, Fremy, Gust. Conte, G. Boyron, Egal, A. Harel, comte de Chabanne, comte de Rivaud de la Raffinière, C. de Kervénoaël, Daviau, A. Bravard, Mathey, Julien, N. Masson, Leprevost-Bourgerel, Nelson-Pautier, de la Brosse, Gourraud, Carpentier, de Muizon, Picquart, de Roussen, V. Fleury, Vigour, J. Cloquet, L. du Plessis Quinquis, Dupouet, G. Guillemet et Maurice Le Pelletier. _—— M. le docteur J.-J. Lafon, de Sainte-Soulle (Charente-Infé- rieure), annonce le renvoi de la femelle survivante de son cheptel de Lophophores. —— M. Merceron demande des renseignements sur les soins à donner à son cheptel de Perruches calopsittes. — M. de Boussineau écrit de Lucé (Loire-Inférieure) : « Mes Canards mandarins sont en brillante santé; mais pondront-ils enfin ? Voilà deux ans que je les ai. » Mes Lapins géants des Flandres sont beaux et vigoureux, et malgré cela la femelle refuse le mâle. » — M. Victor Fleury écrit de la Drouetière (Loire-Inférieure) : « Mon cheptel de Poules de Dorking, qui m’est arrivé malade de la diphtérite, comme vous le savez, ne m’a donné que trois poulettes d’arrière-saison, qui ne sont pourtant que des produits médiocres. Ces oiseaux, dont deux ont perdu un œil au cours de cette cruelle maladie, malgré les soins qu'on leur a prodigués, sont aujourd'hui fort bien portants et me donneront en 1884, je l'espère, de beaux produits. » — M. Fernand Laval rend compte de la situation des cheptels qu'il tient de la Société : « 1° Le couple de Faisans de lady Amherst est toujours en très bonne santé, la femelle a bien pondu, mais aucun œuf n’a été fécondé. Espérons qu’au printemps prochain, le mâle se comportera mieux; car je ne crois pas qu’il y ait eu accouplement, la femelle n’ayant jamais eu les plumes salies sur le dos. » 2 Poules de Houdan : Les œufs ont été bien fécondés, mais sont mal éclos. II me reste huit sujets jeunes. Dans les premiers, du printemps, il y a quatre Coqs et uné Poule. Dans les trois derniers, du mois d’août, le sexe n’est pas encore déclaré complètement; je crois bien qu'il ny aura que deux Poules et six Coqs. Les parents sont en très bonne santé, et si le temps n’était aussi froid, je crois que les deux Poules au- raient pondu de nouveau. » 188 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. — M. Delaurier, d'Angoulême, adresse une note sur ses éducations de Tragopan de Hasting, de Tragopan de Blyth et de Faisan d’Elliot, pen- dant l’année 1883 (voy. au Bulletin). — M. Henry, de Gudmont, par Donjeux (Haute-Marne), demande l'indication d’un moyen véritablement efficace pour la destruction des Loutres. — M. Després écrit de Nanteuil-en-Vallée : « La Société d’Acclima- tation à bien voulu m'envoyer, l'hiver dernier, des œufs fécondés de Salmo fontinalis, pour encourager les essais d’élevages que je fais, comme Directeur gérant de l'Établissement de pisciculture de Nanteuil- en-Vallée (Charente). D'un autre côté l’État, après un rapport favorable émanant de la Préfecture, m’a accordé personnellement une petite sub- vention pour seconder mes efforts. » Je viens demander, pour celte année encore, à la Société d’Ac- climatation, de me confier un petit lot d'œufs fécondés de la même espèce. » Les précédents envois qui m'ont été faits ont donné des résultats. J'ai actuellement une centaine de Salmo fontinalis, ägés de vingt mois environ, dont quelques-uns dépassent la taille de 20 centimètres ; ce sont ceux qui ont reçu, comme alimentation complémentaire, de Ja viande de cheval hachée menu. Les autres, qui n’ont eu à leur disposition que l’ali- mentation naturelle qu'ils ont pu recueillir dans un bassin assez spacieux, meublé de plantes aquatiques, présentent un moindre développement ; mais Jeur santé et leur vivacité ne laissent rien à désirer. Cette expé- rience comparative me prouve qu'il est nécessaire de leur distribuer, vers l’âge de sept à huit mois, une alimentation artificielle complétant celle qu’ils peuvent rencontrer dans les eaux, et qui est sans doute insuffisante pour leur permettre d'arriver à un beau développement. » Les sujets de l’année dernière sont également jolis; ils sont encore trop petits pour que je puisse en préciser le nombre. Une crue d’eau m'en a fait perdre une partie, par suite d’une mauvaise disposition du bassin qui les contient; j'y ai porté remède et je veillerai désormais avec soin à ce que pareil accident ne se renouvelle pas. Les sujets échappés vont probablement s'élever dans la petite rivière qui coule à la suite de l'éta- blissement. » J'espère réaliser quelques fécondations artificielles sur les plus beaux sujets de deux ans; mais je ne suis pas assez sùr du résultat pour m’en contenter, et c’est pour cela que je serais heureux d’obtenir un nouvel envoi d'œufs de la Société d’Acclimatation. » — M. Igino Cocchi, de Florence, sollicite un envoi d'œufs de Salmo Quinnat et de Salmo fontinalis. — M. Fallou adresse plusieurs notes sur divers Lépidoptères hété- rocères, Attaciens séricigènes, savoir: Antherea Frithii, Attacus Pro- metheus, Attacus Cecropia, et Attacus Pernyi (voy. au Bulletin).! PROCÈS-VERBAUX. 189 — M. Fleury sollicite un envoi des végétaux ci-après : Bonapartea gracilis, Grœvillea robusta, Dracæna indivisa et Cassia falcata. M. Fleury adresse en même temps les renseignements suivants : « Les graines de Vignes (Spinovitis) rouges et blanches ne m'ont donné que trois ou quatre sujets par espèce. Les graines de Chameærops excelsa m'ont donné, au contraire, un grand nombre de plants d’une belle venue. » — M. Igino Cocchi écrit de Florence : « J'ai fait semer la graine de Téosinté. dans ma propriété d’Arezzo, à environ 80 kilomètres à l'est de Florence. Bien qu’elle fût en petite quantité, je la fis partager de façon à en essayer la culture sur les terrains de différentes qualités. I parait que les terrains frais lui conviennent mieux que ceux qui ressentent les effets de la’ sécheresse; les terrains profonds et riches sont ceux où le Téosinté acquiert le plus grand développement, surtout s’il peut y pro- fiter de lirrigation. Alors les touffes sont énormes, et la hauteur des tiges principales est vraiment extraordinaire. Au commencement de novembre, il y avait pour chaque souche au moins six ou sept tiges, ayant 1°,50 de hauteur et même plus. Les feuilles grandes, bien développées, à bords très réguliers. Je les fis couper, n’en laissant que deux ou trois au plus pour chaque plante, et je les fis essayer en plusieurs fois comme fourrage. Sa principale propriété étant la grande quantité de sucre que renferment les tiges surtout, il est aisé de comprendre que les Vaches aussi bien que les Chevaux en sont très friands. Haché convenablement je l’ai fait donner aux Volailles et aux Faisans, et tous l’avalaient avec plaisir. » Du 7 au 10 décembre, la température baissa dans la nuit à — 20,6 et cet abaissement suffit pour détruire complètement tiges et racines. » Les tiges plus hautes que j'avais fait laisser ne montraient pas encore le moindre indice de floraison. » Ilest vrai que les pluies continuelles de mai et de juin en avaient retardé le développement, et que l’été, de courte durée et d’une grande sécheresse, qui se prolongea à octobre, malgré l’abaissement de tempé- rature, ne fut pas trop favorable au Téosinté ; sous ce double point de vue, il serait utile d’en répéter l’essai dans des conditions climatologiques plus propres à son développement, surtout au printemps. Cependant je ne crois pas qu'un mois de plus aurait suffi, cette année, pour me donner, je ne dis pas de Ja graine, mais des fleurs. » Si, malgré cela, on pouvait se procurer de la graine facilement et à bon marché, on devrait regarder le Téosinté comme un fourrage vert excellent, au point de vue de la quantité et de la qualité. En l’état, il me semble qu'on ne peut pas remplacer le Sorgho ou Saggina. Cette espèce est très rustique et supporte la sécheresse, même dés sa nais- sance, jusqu'aux pluies d'automne, sous l’action desquelles elle donne un bon fourrage pour octobre et même novembre. 2 190 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. » Reste toujours à résoudre le problème d’un fourrage vert prenant place entre le Maïs et la Saggina; le Téosinté s’y prêterait très bien si on pouvait l’acclimater au point de le faire fructifier avant les premiers froids. Ge problème est d’autant plus important à résoudre, que l’indus- trie du pays où est placée ma propriété susdite, est l’élevage du bétail, et que ce bétail forme la plus belle race d'Italie. C’est un plateau à 210 mètres environ au-dessus de la mer, plat et fertile, où l'irrigation est à peu près inconnue. » Le Soya jaune et le noir réussissent bien, le jaune surtout. Le noir donne beaucoup de feuilles et peu de graine. » — M. le docteur Jeannel écrit de Villefranche : « J'ai l'honneur de vous adresser un paquet de graines d’un petit Melon à chair verte qui se vend sur le marché de Nice. Ce Melon, très sucré et très parfumé, a le mérite de se laisser conserver Jusqu'au mois de janvier sans perdre de son excellente qualité. La culture de ce Melon n’exige rien de parti- culier : il demande du fumier, du soleil et de l’eau en abondance. » — M. Fallou adresse la lettre suivante : € Craignant de ne pas pouvoir assister à la séance de demain, j'ai recours à votre ohligeance pour vous prier de vouloir bien soumettre à la Société le spécimen de Courge qui a été exposé à la dernière séance. » Cultivée à Champrosay (Seine-et-Oise), cette Courge est le produit de graines provenant, je crois, d’un envoi de Chine, de M. le docteur Bretschneïder. Ces graines nous ont été obligeamment remises par notre honorable confrère M. Paillieux, sous le nom de Courge longue de Chine; elles ont été mises en terre, sous cloche, au mois d’avril 1883, dans une ancienne melonnière, puis ensuite laissées à Pair libre. Plusieurs rameaux se sont développés, ils n’ont subi aucune taille. Un seul pied a produit huit fruits semblables à celui que j'ai présenté; ils ont été récoltés les premiers jours d’octobre. » Cette Courge nous a paru d'une qualité supérieure ; sa chair sucrée permet d'en faire d’excellents potages et des purées dignes d’être appréciées. » Je mets des graines de cette Courge à la disposition de la Société. » — M. le Président dépose sur le bureau deux sacs de Riz de mon- tagne, adressés à la Société par M. Gauthier, missionnaire apostolique. Cette graine est mise en distribution. M. le Président signale ensuite la reprise prochaine des travaux des sections, et exprime l'espoir qu’un grand nombre de membres de la Société voudront bien, cette année, prêter leur concours à l’étude des questions qui seront envoyées à l’examen de commissions spé- ciales. — M. Raveret-Wattel donne quelques renseignements sur l’établisse- ment de pisciculture créé à Grenat (Ain), par M. Lugrin. PROCÈS-VERBAUX. 191 — M. Millet fait une communication sur la maladie des Écrevisses et rend compte de la situation actuelle de l’épidémie en faisant connaître les régions envahies. — M. Geoffroy Saint-Hilaire demande si M. Millet est en mesure de donner quelques renseignements sur les faits si remarquables de mor- talité subite observés dans certaines localités, où l’on a vu toutes les Écrevisses périr à la fois sans cause apparente. — M. Millet dit qu'il ne peut que se montrer très réservé dans ses appréciations sur les causes de la maladie. Les cas de mortalité fou- droyante sont très difficiles à expliquer lorsqu'il ne s’agit pas de l’empoi- sonnement des eaux par le déversement de quelque substance délétère, car on ne semble pas pouvoir les attribuer à l’action d’un parasite, à la présence du Distoma cirrigerum. — M. le Président prononce le renvoi de la communication de M. Millet à l’examen de ja troisième section. — M. Millet demande l'insertion dans la Chronique d’un question- naire sur Ja maladie des Écrevisses, en vue de réunir des informations propres à compléter l'enquête qu’il poursuit. —- Renvoi à l'examen du Conseil. — M. Raveret-Wattel fait connaître que, sur divers points de l’Alle- magne où l'épidémie a d’abord sévi avec la plus grande violence, le mal semble aujourd'hui disparaître; les eaux tendent à se repeupler. Des importations d'Écrevisses tirées des régions non contaminées sont, d’ailleurs, faites par l'Administration en vue d'obtenir un repeuplement plus rapide. — M. le Président fait remarquer qu'il est, en effet, permis d’espérer que l’excès même du mal fera disparaître la maladie, car il y a une grande somme de probabilités qu'on se trouve en présence d’une ma- ladie parasitaire. Or le parasite a besoin de son habitat pour vivre; cet habitat n’existant plus, les eaux se purifient, attendu que le parasite meurt faute de trouver les conditions nécessaires à son existence. Il faut arriver à un moment où les eaux sont assez purifiées de tout para- site pour que l’animal qui sert d’hôte puisse retrouver toutes les con- ditions de sa vie propre. — M. Dareste fait connaître que, d’après les observations qu'il a faites, la pratique du retournement quotidien des œufs, recommandée dans un très grand nombre de traités sur l’incubation artificielle, est absolument inutile quand on se sert de couveuses dans lesquelles l’œuf est échauffé par tous les points de sa surface. Les faits se produiraient- ils de la même façon dans un appareil où l'œuf n’est en contact avec la source de chaleur que par une certaine étendue de sa surface ? Il est permis de le supposer, attendu que, dans quelque position qu’on place les œufs, le jaune vient toujours se placer de telle façon que le germe d’abord, et ensuite l'embryon qui se développe dans le germe, vient 192 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. toujours occuper la partie culminante de l’œuf. Quant à la Poule cou- veuse, si elle déplace chaque jour ses œufs, c’est très vraisemblable- ment pour que tous reçoivent successivement la même quantité de calorique. — M. Geoffroy Saint-Hilaire fait une communication sur le bois d'Eu- calyptus et sur son utilisation industrielle (voy. au Bulletin). SÉANCE GÉNÉRALE DU 18 JANVIER 1884. Présidence de M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, secrétaire général. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MN. PRÉSENTATEURS. AMEUIL (Pierre), négociant, 22, cours de l’In- a PRE saintiDlte. tendance, à Bordeaux (Gironde). | L. ans CARTIER-SAINT-RENÉ (Henry-Selim), avenue | de Hilaire. de Neuilly, 53, à Neuilly (Seine). hote va San DELABARE DE BAY (Édouard), architecte du { A. Geoffroy Saint-Hilaire. gouvernement, 7», rue Notre-Dame-des- ; Saint-Yves Ménard. champs, à Paris. A. Porte. E. Dupin. A. Geoffroy Saint-Hilaire. E. Roger. Ch. Guyo. Lecoq. H. Roussel. E. Roger. Raveret-Wattel. LC. Weiïll: DumériL (G.), propriétaire, au château d’E- | A. Geoffroy Saint-Hilaire. | à mableville, par Evreux (Eure). LE BourGEois-DESMARAIS (Roch-Oscar), ca- pitaine en retraite, avenue de Madrid, 11, à Neuilly (Seine). LENEVEU (Zacharie-Alexandre), propriétaire, 134, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). MAISTRE (Casimir-Edouard), à Villeneuvette, par Clermont-l’Hérault (Hérault). MERE ENRNEI Ë. Roger. Maurice Girard. Métra père. Eug. Vavin. A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Leisse. Porte. MErrA (Claude-Marie-Toussaint), proprié- taire, 22, boulevard d’Inkermann, à Neuilly (Seine). PÉPINSTER (Louis-Emile), rue du Marché, 10, à Neuilly (Seine). PROCÈS-VERBAUX. 193 MM. PRÉSENTATEURS. PROYART (Fernand), propriétaire, au château À. Geoffroy Saint-Hilaire. de Morchies, par Bertincourt (Pas-de-Ca- : L. Maurice. lais). | Raveret-Wattel. À. Geoffroy Saint-Hilaire. P. A. Pichot. Tony-Comte. RAYNALD-BoissAUx, au château de Couflandey { P. Gaillard. (Haute-Saône), et 44, rue François [*, à : Maurice Girard. Paris. Raveret-Wattel. | Godin. A. Laisnel de la Salle. l A. Porte. | T. Godin. Laisnel de la Salle. | A. Porte. TREUILLE (Raoul), propriétaire, 158, rue de | À. Geoffroy Saint-Hilaire. Rivoli, à Paris, et au château de Chitré, : P. A. Pichot. LT E IF \ PUYFONTAINE (le comte de), propriétaire, 34, avenue Friedland, Paris. RicHeR-DELAvAU (Raoul), au château de Mont- veillé, près La Châtre (Indre). TRÉMEAU (Maurice), attaché au ministère des finances, 44, rue Perronet, à Neuilly (Seine). par Vouneuil-sur-Vienne. ony-Comte. ugène Dupin. TirEux (François), 22, rue de la Bienfaisance, a ee à Paris. Frémont. VARNIER (Paul), employé à la Caisse des dé- / Coquillard. pôts et consignations, 71, avenue du Roule, ? E. Dupin. à Neuilly. Leblond. , x à E. Roger. VAUCHER (E. Gustave), éleveur, à Loochristy, : Raveret-Wattel. près Gand (Belgique). nee Voitellier. — M. le Président fait part à l’Assemblée de la perte regrettable que la Société vient de faire dans la personne de M. Millet, dont il rappelle les nombreux et importants travaux : € Le nom de M. Millet, dit M. le Président, évoque en nous le souvenir de tous les services rendus à notre association par ce regretté collègue. M. Millet, qui appartenait à la Société depuis sa fondation, laissera parmi nous un souvenir qui ne s’effacera pas. Il fut un des ouvriers de la première heure, et jus- qu’à la fin de sa carrière, qui s’est terminée à l’âge de soixante-dix ans, il s’est rendu utile en travaillant à la pisciculture et dans toutes les branches de l’histoire naturelle appliquée. » — M. Foncin adresse des remerciements au sujet de sa récente admission. — MM. Denizet, Lang, La Peyre, Larrieu, Claude Lefèvre, Lehec, Pontet, marquis de Pruns, Rivoiron, V. Tertrais et Treuille font par- venir des demandes de cheptels. — Renvoi à la Commission spéciale. 4° SÉRIE, T. [. — Février 1884 13 194 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. — M. Huet, aide naturaliste au Muséum, adresse une note sur les naissances, dons et acquisitions de la Ménagerie du Muséum pendant le quatrième trimestre 1883 (voy. au Bulletin). — M. Ed. Barrachin écrit à M. le Secrétaire général : « J'ai l’hon neur de vous informer qu'ayant une paire de Crossoptilons, j'ai, l’année dernière, élevé une jeune femelle, et que, cette année, la jeune et la mère ayant produit, J'ai élevé sept de ces oiseaux. Mon mâle, le père, west pas tout à fait de l'espèce ordinaire, du moins il est plus gris de couleur (1). » — M. Léon Menant écrit de Couches-les-Mines (Saône-et-Loire) : « Mon couple de Faisans de Lady Amherst n’a pas cessé d’être en par- faite santé. Ces Oiseaux sont beaucoup plus gentils et familiers que ceux improductifs que j'avais reçus en 1880. Leur mue a été superbe, et, ce qui promet pour l’an prochain, e’est que sans les avoir poussés à la reproduction, vu leur jeune âge, J'ai la conviction qu'ils ne seront pas inféconds : trois œufs ont été pondus à l’arrière-saison, je ne les atten- dais pas, et le Coq les a mangés gloutonnement. A la prochaine ponte, je sépareraile couple un jour sur deux, afin de pouvoir recueillir les œufs. » Je continue à n’avoir dans mes volières, grandes ouvertes et exposées au midi, aucune maladie, aucune perte d'adultes. Mon seul remède pré- ventif est la grande propreté et beaucoup de verdure. Je ne m'explique pas les échecs de M. Moreau et encore moins son procédé de bitumer ses parquets; la constitution des pattes du Faisan s’oppose formellement, sous peine de déformation complète, à ce parquet dur où les ongles doi- vent s’user. » — M.]le marquis de Pruns adresse du château de Brassac, à la date du 20 décembre, les renseignements suivants sur son cheptel de Colombes Lumachelles : « Je les ai mises, pour passer l’hiver, dans une chambre voûtée, avec murs très épais, à côté d’un appartement chauffé, dont on ouvre les portes la nuit; aussi j'espère qu’elles ne se ressentiront pas trop des longs froids secs de nos contrées; elles ne se sont pas repro- duites, elles ont laissé tomber de leur perchoir de nombreux œufs, tous sont arrivés brisés à terre. Je serais très aise qu’on voulüt bien m'indi- quer la meilleure manière de faire nicher ces espèces exotiques, d’au- tant plus que je vais faire construire, dès que ma santé me le permettra, des volières de reproduction. | » Permettez-moi en même temps de vous parler d’une nouvelle plante, — bien vieille, hélas ! et bien acclimatée partout, — que j'ai mise dans mes volières, où elle a été très appréciée. (1) Les Crossoptilons, dont parle M. Barrachin, sont issus du croisement du -Crossoptlilon cœrulescens avec le Crossoptilon aurilum; mais les reproducteurs -du membre qui nous écrit ont à peine un quart de sang de C. cœrulescens. (Note de la Rédaction.) PROCÈS-VERBAUX. 1495 » Dans les basses plaines de la riante et riche Limagne d'Auvergne, qui s’étend de Coudes à Vieille-Brioude, soit une longueur d’environ 60 kilomètres, nous avons eu une sécheresse désastreuse ; tout l’été s’est passé sous un ciel torride, sans une goutte d’eau. Les sources ont tari ; aussi, dans mon jardin je ne trouvais plus ni Mouron, ni Seneçon, ni Salade. Sur les bords desséchés d’un ruisseau poussait une plantureuse forêt d'Orties élevées et très grenées. Jai fait creuser dans de grosses branches bien saines de chêne des vases rustiques (1), conservant l’eau, j'y faisais mettre deux fois par semaine de grosses bottes de ces Orties qui, grâce à l’eau qui baignait les pieds et que l’on changeait tous les jours, s’y conservaient très fraîches. » Tous les Oiseaux se sont montrés très ane et avides du sommet de ces tiges, et depuis que l'humidité automnale à fait reprendre de la verdure, ils n'ont cessé, jusqu'aux gelées, de visiter ce nouveau plat. » Si vous trouvez quelque intérêt à cette communication, veuillez en faire part, dans le Bulletin, à mes collègues en Aviculture. » Cette plante, qui croît partout et presque dans tous pays, peut rendre des services aux éleveurs d'Oiseaux. » J'ai remarqué surtout que, pendant que les Orties étaient bien grenées, les Oiseaux visitaient beaucoup moins les greniers à grains. C’est donc une économie et une plante très saine. » Lorsque la plante était flétrie ou sèche, les Oiseaux n’y touchaient pas ; je peuse donc qu’elle doit leur être offerte le bas de la tige baiï- gnant dans l’eau, changée tous les jours, cette plante la corrompant très vite. » — M. le comte de Montlezun adresse une note sur le Canard siffleur du Chili (Mareca Chiloensis, Eyton) (voy. au Bulletin). — M. Max von dem Borne, de Berneuchen, annonce l’envoi qu'il va prochainement faire à la Société, de la part de l'Association allemande de pisciculture, de 40 000 œufs embryonnés de Coregonus maræna. — M. le colonel Marschall Mac Donald, membre de la Commission des pêcheries des États-Unis, adresse une notice sur les appareils d’é- closion dont il est l'inventeur. Il annonce en même temps l'envoi d’un travail qu’il va prochainement publier sur les échelles à Saumons. — — Remerciements. — M. le Professeur Malmgren, d'Helsingford (Finlande), adresse une note sur la pisciculture au Canada. — M. Amédée Berthoule fait parvenir quelques renseignements sur ses travaux de pisciculture au lac Chauvet (Puy-de-Dôme); il y joint (1) Ces vases rustiques sont de 50 centimètres d’élévation et sont très branchus pour permettre aux Oiseaux de se percher à portée de la botte d’Orties. 196 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. le moulage en plàtre d’une grande Truite des lacs provenant de ses élevages. — M. Rivoiron écrit de Lyon: «€ A plusieurs reprises j'ai fait la de- mande à la Société d'œufs embryonnés de Saumon de Californie, dont je suis désireux de faire l’élevage. Comme je sais qu’il n’est plus possible, vu la saison avancée, de compter sur ces œufs, ne pourriez-vous pas me procurer des alevins ? On me dit qu’au Trocadéro les éclosions ont bien réussi. J'ai fait faire un appareil dans le genre de celui de M. Schuster, mais qui, tout en étant aussi commode, est beaucoup moins coûteux; il pourrait servir au transport de ces alevins, si j'obtiens de la Ci° P.-L.-M., au moyen d’un tarif spécial, de faire fonctionner l'appareil pendant le trajet. » L’espèce de Saumons que vous m’avez envoyée l’année dernière, ne profite pas depuis quelque temps, malgré l'abondance de nourriture d'insectes, autant que me l’avaient fait espérer les progrès des premiers mois; c’est pour cela que je voudrais essayer la véritable espèce, dite de Californie. » J'ai beaucoup regretté que vous n'ayez pu prendre en considération la demande réitérée que je vous ai faite, de venir visiter mon établisse- ment de pisciculture. J'aurais été très désireux de vous montrer mon établissement qui, de l’avis de personnes très compétentes, ne laisse rien à désirer sous tous les rapports et se rapproche beaucoup de l’état naturel. » Le fond de mes bassins n’est pas en ciment et se trouve garni de plantes et herbes aquatiques qui facilitent la reproduction d’une multi- tude d'insectes de toutes sortes. » Je puis chaque année faire éclore 300 000 œufs, et doubler ce chiffre sans grandes dépenses; le débit de ma source varie de 300 à 1000 litres à la seconde... » — M. Vacher fils écrit d'Évreux : « J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien me faire participer aux distributions d'œufs ou d’alevins que la Société pourra faire cette année. Je dispose d’un laboratoire de pisciculture, que j'ai fait construire cette année, à l'instar de celui du bois de Vincennes, et qui peut recevoir 200 000 œufs. Jai en ce moment en incubation 10000 œufs de Truites de la rivière lton, sur laquelle est située ma propriété. » — M. Raveret-Wattel signale l’abondance de Loutres, constatée de- puis quelque temps sur divers points de l’Allemagne. Plusieurs Asso- ciations piscicoles du Hanovre ont adressé aux autorités provinciales des pétitions tendant à obtenir l'intervention de l'Administration pour la destruction des Loutres, dont le nombre va sensiblement en augmen- tant. De novembre 1882 à novembre 1883, 451 Loutres ont été tuées dans la seule province de Hanovre, où ces animaux causent un tort considérable à la pêche. Dans d’autres parties de l'Allemagne, des PROCÈS-VERBAUX. 197 chasses régulières ont déjà été organisées pour la destruction de ces carnassiers. — M. G. Wemens signale l'emploi efficace qui lui paraît pouvoir être fait du jus de tabac pour la destruction du Phylloxera. — Renvoi à la quatrième section. — M. P. Gaillard rend compte qu’il a obtenu la levée de cinq Noix de Carya alba, provenant d’un envoi fait par la Société. — Des demandes de graines de petit Melon, à chair verte, don de M. le docteur Jeannel, sont adressées par MM. Burky, A. Mercier, doc- teur J.J. Lafon, Louis Naudin, P. Peck, Émile Lafont, Coudray, de Marigny, Duchastel, vicomte G. de Bony, A. Dumézil, F. Mathey, Ch. Hubert, Mennechet, Fernand d’Humières, Vincendon-Dumoulin, E. Rogeron, comte de Forestier et Émile Navers, ainsi que par la Société nantaise d'Horticulture. — M. Dupré, Président de la Société d'Horticulture de l’arrondisse- ment d'Étampes, accuse réception et remercie de l’envoi qui lui a été fait de semence de Riz de montagne. — M. le docteur Jeannel écrit de Villefranche-sur-Mer : « Je reçois votre lettre en date du 10 janvier, par laquelle vous me faites l'honneur de me demander un second envoi de graines de petit Melon à chair verte. Je m'empresse de satisfaire à cette demande, car ce Melon se trouve encore actuellement sur le marché de Nice à très bas prix (95 c. la pièce). Il est vrai que les fruits tardifs sont loin de valoir ceux qu’on achète en automne ; mais je présume que les graines produiront d’excel- lents fruits moyennant la chaleur de l'été. » J'ai reçu, de San-Francisco, un paquet de graines de Sequoia sem- pervirens, provenant de la maison Thos. A. Cox et C°, grainetiers, 406, Sansome street, San-Francisco (Californie). Cette maison envoie son catalogue gratis sur demande affranchie. » Mon correspondant assure que le Sequoia sempervirens est au moins aussi gigantesque que le S. gigantea, et qu'il fournit un bois rouge très usité en Amérique pour les constructions maritimes. » Vous trouverez ci-joint un petit paquet de ces graines qui seront peut-être jugées intéressantes par quelques-uns de nos confrères. » J'ajoute un petit paquet de graines d’un Acacia d'Australie que je crois être le Linifolia. Dans tous les cas, c'est un des plus beaux parmi ceux qui fleurissent sur le littoral des Alpes-Maritimes. » — M. le Secrétaire dépose sur le bureau un numéro de l’Album de Thiers, rendant compte des travaux d’empoissonnement entrepris par M. René de Semallé, dans le département du Puy-de-Dôme. Environ 3000 alevins de Carpe, généreusement mis par M. de Semallé à la dis- position du service des Ponts et Chaussées, ont été versés dans la rivière de Dore. M. Doumet présente à l’Assemblée des Ignames rondes provenant 198 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. de ses cultures du château de Baleine (Allier) et remarquables par leur grosseur. Plusieurs de ces rhizomes atteignent un poids de 500 grammes. M. Doumet ajoute que ce développement paraît tenir au mode de cul- ture. Au lieu de laisser les Ignames en terre pendant plusieurs années, on les a changées de place chaque année, et le produit en a été beaucoup plus satisfaisant. — M. Hédiard considère les Ignames présentées par M. Doumet, comme appartenant à une variété complètement distincte de toutes celles qu’il a eu occasion de voir jusqu’à ce jour. La chair, comme l'aspect extérieur, en sont tout différents. — M. Doumet veut bien mettre à la disposition des membres de la Société, qui désireraient en essayer la culture, des bulbilles de cette va- riété d’'Igname. — Remerciements. — M. Maurice Girard fait hommage à la Société du deuxième fas- cicule, qu’il vient de publier, de son Traité de Zoologie, principalement destiné aux instituteurs primaires et aux élèves des Écoles normales. M.Maurice Girard dépose également sur le bureau trois nouvelles séries de bons points instructifs d’entomologie, publiés à la librairie Hachette, bons points dont le texte, rédigé par notre confrère, met à la portée des enfants une foule de renseignements utiles concernant les Insectes. — M. de Barrau de Muratel saisit cette occasion pour signaler com- bien serait utile un ouvrage qui, traitant des Insectes utiles à protéger et des Insectes nuisibles à détruire, serait livré à assez bas prix pour pouvoir être mis entre les mains des instituteurs, lesquels se trouve- raient ainsi en mesure de donner aux enfants des notions fort importantes à répandre. — M. Maurice Girard fait observer qu’un semblable ouvrage, sufli- samment complet, et surtout s’il est orné de planches, ne peut pas être vendu à très bon marché, attendu que la publication en est coûteuse. La partie, consacrée aux Insectes, de l’ouvrage que publie M. Maurice Girard, répondra dans une certaine mesure, au desideratum signalé par M. de Barrau de Muratel. — A l’occasion de l'envoi fait par M. Berthoule d’un moulage fait sur une Truite provenant du lac Chauvet, M. Raveret-Wattel rappelle que le poisson désigné communément sous le nom de Truite des lacs, ne sau- rait être considéré comme une espèce distincte. Il s’agit d’une simple forme ou variété, due au milieu spécial dans lequel vit le poisson. Par le fait d’un changement dans l’alimentation, celui-ci peut subir des mo- difications importantes, non seulement dans son aspect extérieur, dans ses dimensions, mais aussi dans la conformation de ses organes. C’est ainsi qu'on a vu le Salmo fario transporté dans les rivières de la Nou- velle-Zélande, prendre complètement l'aspect du Salmo ferox de la Grande-Bretagne et présenter le même nombre d’appendices pyloriques que l’on trouve chez ce dernier type PROCÈS-VERBAUX. 199 -- En déposant sur le bureau un échantillon des Goyaves qui lui sont envoyées de l’Algérie, M. Hédiard fait remarquer que ce fruit, dont le goût est excellent et qui peut s’utiliser de différentes façons, a l'avantage de se conserver très longtemps. On peut s’en procurer en Algérie depuis le mois d'octobre jusqu’à la fin de janvier. 1] y aurait intérêt à ce que ce fruit fût plus connu, car il trouverait certainement en France un facile débouché, et la production en serait très aisée dans notre colonie d'Afrique, M. Hédiard a reçu aussi d'Algérie une autre espèce de Goyave, très petite et originaire de la Chine; mais elle lui a paru de qualité inférieure. — M. le Président fait ressortir le caractère d'opportunité de la com- munication de M. Hédiard. Le Conseil s’est, en effet, occupé récemment de l’intérêt qu'il y aurait à stimuler le zèle des colons algériens pour la culture des jardins et pour l’introduction des meilleures variétés de fruits et de tubercules. La Société ne laissera certainement point passer inaperçus les efforts tendant à enrichir la colonie de fruits étrangers. — M. Doumet demande si le petit fruit originaire de la Chine, dont il vient d’être question, ne serait pas une espèce de Diospyros. — M. Hédiard répond qu'il s’agit bien d’une Goyave, mais que cette espèce, très différente de celle qu’il a placée sous les yeux de l’Assem- blée, ne dépasse pas la grosseur d’une Cerise. — M. le Président donne communication à l’Assemblée : 1° D’une lettre de M. Thomas, faisant à la Société l'offre de plants de Maté; 2° D'une lettre par laquelle M. Pierre Petit fils offre de faire, gratui- tement, le portrait photographique de tous les membres de la Société. — Remerciements. — M.le Président dépose sur le bureau un mémoire de M. Naudin (de l’Institut), ayant pour titre : Mémoire sur les Eucalyptus introduits dans la région méditerranéenne, travail dans lequel notre éminent collègue a entrepris la détermination si difficile des nombreuses espèces d’Eucalyptus aujourd'hui cultivées sur le littoral de la Méditerranée. — M. Jules Grisard donne lecture, au nom de M. Delaurier, d’une note sur l'éducation d'Oiseaux exotiques. (Voy. au Bulletin.) Le Secrétaire des séances, C. RAVERET-WATTEL. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE La maladie des Écrevisses en Allemagne. La maladie des Écrevisses, qui fait en France de si grands ravages, sévit avec peut-être plus d'intensité encore dans quelques parties de l’Allemagne et de l’Autriche, où cette épidémie est l’objet des recherches de nombreux observateurs, dont les travaux ont été plusieurs fois men- tionnés dans le Bulletin de notre Société. Un des derniers numéros parus du Recueil de l'Association allemande de Pisciculture (1) ren- ferme sur cette question des renseignements qu’il m'a paru intéressant de résumer, parce qu'ils font connaître quelques faits nouveaux, certai- nement utiles à enregistrer. M. Max von dem Borne, créateur de l'important établissement de pisciculture de Berneuchen, à suivi la marche de la maladie dans la Mietzel (2), cours d’eau de 60 kilomètres de longueur, qui sort du lac de Soldin et se jette dans l’Oder, près de Clewitz. La Mietzel, malheureu- sement coupée par huit barrages qui gênent la circulation du poisson, est une rivière très poissonneuse et réputée, en outre, jusqu’à ce jour, pour l’abondance et la grosseur de ses Écrevisses : « À Berneuchen, dit M. Max von dem Borne, où la rivière m’appartient sur une longueur d'environ 10 kilomètres, nous avons encore cette année (1883) pêché beaucoup d’Écrevisses qui ont été utilisées au moment de la reproduc- tion. » Dans la première quinzaine de septembre on commença à voir de ces crustacés sortir de l’eau et s’écarter sur les rives, à plusieurs toises de distance. Le 10, on put encore faire une belle et bonne pêche. Mais bientôt une sorte d’émigration se produisit; les Écrevisses sem- blaient fuir, abandonner la Mietzel. Chaque jour on en trouvait en quan- tité, des petites et des grosses, mortes ou mourantes, sur un treillis métallique horizontal, placé à l'embouchure d’un ruisseau à Truites. La plupart étaient mutilées, ayant perdu un ou plusieurs membres. Le 14 septembre, une soixantaine de ces crustacés, conservés dans une boutique en pleine rivière, mouraient en bloc et, le 16 et le 17, en pro- cédant à la pêche de la rivière, on constatait qu'il ne restait plus une seule Écrevisse vivante. C’est en 1880 que, de l’Oder, la maladie commença à envahir le cours inférieur de la Mietzel. L'année suivante, elle remontait jusqu’au barrage de l’usine métallurgique de Kutzdorf. En 1882, elle apparaissait plus haut; enfin, en 1883, on la voyait, de mois en mois, gagner du terrain (1) Girculare des Deutschen Fischerei Verein. 1883, n° 5. (2) Max von dem Borne, Die Krebspest in der Mietzel. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 201 et accélérer sa marche, car, pendant le seul mois d'octobre, elle fran- chissait deux barrages. Les eaux de la Mietzel ne sont souillées par les matières résiduelles d’aucun établissement industriel; on ne peut donc attribuer à cette cause l'apparition de l'épidémie. Jamais, du reste, des symptômes de maladie n’ont été remarqués chez les poissons qui peuplent cette rivière. M. Max von dem Borne a procédé à des expériences qui semblent prouver que le principe de la maladie se trouve, sinon dans l’eau, au moins dans la vase de la rivière : « Je me faisais, dit-il, envoyer par un maître pêcheur de Soldin (localité en amont de Berneuchen et non encore contaminée), des Écrevisses parfaitement saines, que je plaçais dans un bac cimenté de mon établissement. Ce bac était traversé par un fort courant d’eau, venant de la Mietzel, et le fond en était garni d’une couche de vase tirée de la même rivière, aucun débris d'Écrevisse malade ou morte n’était placé dans ce réservoir. Néanmoins, régulièrement au bout de neuf jours, toutes les Écrevisses bien portantes que j'y avais placées commençaient à donner des signes de maladie; un jour ou deux après; tout était mort. J’ai toujours observé les symptômes suivants : l’Écre- visse se contracte de côté; elle se frotte constamment la tête et les yeux avec les pattes ambulatoires; la couleur blanchâtre de la partie irfé- rieure de l’abdomen devient rouge; l'animal se couche sur le dos et meurt. » Il n’est pas inutile de dire, toutefois, que des Écrevisses que j'ai mises en observation le 18 et le 26 novembre dernier, sont restées jus- qu'ici parfaitement saines; elles se sont même occupées de s’unir et de pondre. » Sur la demande de M. Max von dem Borne, M. le D" von Linstow (1), médecin d'état-major à Hameln, s’est, de son côté, occupé de la morta- lité des Écrevisses, et l'examen qu’il a fait d’un grand nombre de ces crustacés l’a conduit à admettre qu’on se trouve certainement en pré- sence d’une maladie parasitaire. M. von Linstow a constaté, lui aussi, que la maladie se propage en remontant les cours d’eau. Dès qu’elles sont atteintes, les Écrevisses deviennent agitées; généralement elles sortent de l’eau, circulent sur les rives, et, chemin faisant, perdent d'ordinaire des pattes et souvent leurs pinces ; finalement, elles se couchent sur le dos et meurent. Comme M. Max von dem Borne, M. von Linstow considère l’eau comme renfermant la cause du mal et comme lui servant de véhicule. Il a vu, en effet, que, si l'on place des Écrevisses bien portantes et provenant de localités encore indemnes, dans des rivières où sévit l'épidémie, ces (1) Mittheilungen des Herrn D' von Linstow in Hameln über die sogenannte Krebspest. 209 SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION. crustacés sont promptement atteints par la maladie et détruits en peu de temps. « Les recherches faites en vue de découvrir la cause du mal ont donné lieu, dit-il, à des opinions différentes. » D'après M. le professeur Harz, de Munich, la maladie serait déter- minée par le Trématode, depuis longtemps connu sous le nom de Dis- toma cirrigerum, qui envahirait en abondance les muscles de l’Écre- visse. Mon attention devait donc se porter tout d’abord sur ce parasite; mais je n’ai pas trouvé un seul Distome sur les nombreuses Écrevisses malades ou mortes que j'ai examinées. Il est, par suite, tout à fait dé- montré pour moi que ce n’est pas cet Helminthe qui produit le mal. J'en dirai autant de quelques sangsues, des Branchiobdella Astaci, Odier, et B. parasita, Henle, de même que de ces corpuscules psorospermiques de Oum, 15 de longueur, que l’on trouve en petite quantité dans le thorax de certaines Écrevisses. » Par analogie avec ce qui a lieu dans différentes maladies conta- gieuses, quelques personnes ont été amenées à penser qu’une production cryptogamique pourrait être la cause du mal. Mais les résultats des re- cherches faites dans cet ordre d'idées ont été complètement négatifs. Par contre, il est certain que presque tous les organes de l’Écrevisse malade, les tissus du cœur, la cavité de l’estomac, celle de l'intestin, les faisceaux nerveux, la plus grande partie des muscles, le tissu adipeux, les branchies, les testicules, etc., sont remplis d’une multitude de petits corps cellulaires ovoïdes, accumulés parfois en telle quantité sur cer- tains points, que les organes se déchirent; de là l’explication de la chute fréquente des pattes. Ces corpuscules ovoïdes mesurent 0"%,02 dans leur plus grand axe, et 0m®,013 dans le plus petit. Ils peuvent être facile- ment colorés en rouge par l’acide picrocarminique. » Comment ces corpuscules s’introduisent-ils dans les organes de l’Écre- visse ? C’est ce qu’il est difficile de s’expliquer. On ne les trouve animés d'aucune espèce de mouvement, même quand on les recueille sur des Écrevisses qui ont à peine cessé de vivre. Il est à présumer que ces cellules se répandent progressivement dans l’eau pendant la décompo- sition des Écrevisses mortes, et que, dans cette nouvelle condition, elles poursuivent un certain développement. « Qu’elles appartiennent au règne animal et à l’ordre des Protozoaires, le fait pour moi n’est pas douteux, dit M. le docteur von Linstow, et il est probable qu'à l’état parfait le parasite doit se ranger parmi les Grégarines ou les Amibes. » La question de savoir d’où viennent ces corpuscules et comment on pourrait protéger les Écrevisses contre leur invasion, reste encore en- tièrement à résoudre; mais c'est déjà un pas de fait que la découverte de l’ennemi à combattre. Le problème à poser désormais, continue M. von Linstow, serait, comme le pense M. le docteur Leukart, la culture du parasite en dehors des organes de l'Écrevisse, et, si l’on parvient à FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 203 en obtenir le développement dans ces conditions, on arrivera sans doute à déterminer par quel moyen et de quelle manière le parasite s’introduit jusque dans les tissus du crustacé. Étant donnée la difficulté qui existe à distinguer, sans le secours du microscope, les Écrevisses contaminées de celles qui ne le sont pas, on peut se demander si le consommateur n’a pas quelque risque à courir de la mise en vente d'Écrevisses qui seraient déjà atteintes de la ma- ladie. La réponse, affirme M. von Linstow, est que les Écrevisses, même malades, peuvent être consommées sans aucune crainte, attendu que le Protozoaire, cause de la maladie, ne figure pas au nombre des parasites de l’homme, et qu'il est, d’ailleurs, inévitablement tué pendant la cuisson de l’Écrevisse. En terminant, je dois He que, d’après M. Oscar Micha, qui fait, à Berlin et à Cologne, le commerce des Écrevisses sur une échelle consi- dérable, on commencerait à revoir quelques Écrevisses, mais toutes très jeunes, dans plusieurs cours d’eau où l’extermination avait été complète, et dans lesquels aucun essai de repeuplement n’a encore été tenté. Or, comme dans ces cours d’eau aucune Écrevisse adulte n’a pu échapper à la destruction; que, d’un autre côté, l'immigration d’indi- vidus provenant de localités non contaminées ne semble pas vraisem- blable, et que, d’ailleurs, on ne rencontre aucun sujet d’âge à se repro- duire, on est amené à penser que les jeunes Écrevisses qui apparaissent étaient nées avant l'invasion de l’épidémie, à laquelle elles ont été seules à résister. Dans ce cas, l’immunité dont elles auraient joui tien- drait à ce que les très jeunes Écrevisses ont l'habitude de se terrer, et de passer la première partie de leur existence à une très grande pro- fondeur dans le lit des rivières. Dans leurs terriers, où elles se trouvent souvent à plus d’un mètre de l’eau, elles doivent sans doute échapper à l’action de certaines influences nocives, de certains principes de maladie charriés par les eaux. Ainsi s’expliquerait comment l'épidémie, qui paraissait avoir fait dis- paraître toutes les Écrevisses d’une rivière, a pu néanmoins épargner ceux de ces crustacés qui se sont trouvés hors de sa portée, sous la pro- tection d’une épaisse couche de terre. De nouvelles observations permet- tront, sans doute, d’être prochainement fixé à cet égard. RAVERET- WATTEL. V. BIBLIOGRAPHIE Les semences suédoises. (Catalogue de la collection des semences suédoises à l'Exposition d'Amsterdam en 1883, par M. L.J. Wahlstedt, Commissaire de la Suède à l'Exposition. Broch. in-8°, 78 p. Lund, imp. F. Berling.) En thèse générale, les plantes peuvent être importées et cultivées dans une région autre que leur pays d'origine, pourvu qu'elles y rencontrent une température et des saisons analogues, une illumination solaire et une humidité atmosphérique équivalentes, un régime pluvial semblable, leur apportant en même quantité les éléments organiques qui leur sont nécessaires. Dans ces conditions, leur aire de production s’élargit, et l’on reconnaît que la nature n’a pas circonserit les végétaux dans un espace déterminé. Certaines plantes se montrent faciles, et se natura- lisent même spontanément, sans le concours de l’homme, lorsqu'elles viennent à être introduites par suite d’une circonstance souvent inconnue. D’autres, au contraire, sont plus rebelles à l’acclimatation,; des soins intelligents parviennent à les faire prospérer et les amènent à se repro- duire, mais cette adaptation complète à un climat nouveau demande souvent un temps plus ou moins long pour s’accomplir. C’est ainsi, par exemple, que la Chrysanthème, originaire de Chine, introduite en France en 1790, n’a commencé à donner des graines fertiles qu’en 1852, c’est-à- dire après soixante-deux générations; c’est ainsi que l’Acacia dealbata, importé d'Australie dans l’Inde, a mis trente-cinq ans pour modifier sa floraison de manière qu’elle concorde avec les saisons de sa nouvelle patrie. Mais, lorsque le milieu nouveau est entièrement différent de celui d’o- rigine, on a cru longtemps que, dans ce cas, l’acelimatation était im- possible. Cependant, l’état actuel de la science permet d'avancer que toutes les plantes peuvent s’habituer dans des milieux autres que le leur, pourvu que leur transport d’une région dans l’autre ait lieu par étapes successives, et qu'elles puissent atteindre leur développement parfait pen- dant la période estivale de leur nouvelle patrie. En faisant dès lors abs- traction de la question de temps, lequel peut embrasser de longues périodes d'années, on admet volontiers aujourd’hui que l’acclimatation est toujours susceptible de s’effectuer, dans les limites naturelles, maxi- mum et minimum, passé lesquelles les fonctions végétatives ne peuvent plus s’accomplir. IL faut reconnaître cependant que l'adaptation de Ja plante à an milieu différent ne s'opère presque toujours qu’au prix de transformations souvent considérables, lesquelles dénaturent — ou amé- liorent — sa taille, son port, ses feuilles, ses fleurs ou ses fruits. Mais BIBLIOGRAPHIE. 205 on croit pouvoir dire néanmoins que la même règle préside aux migra- tions du règne végétal et à celles du règne animal. Cependant, nos céréales ordinaires paraissent échapper à cette néces- sité de se modifier, alors même qu’elles sont placées dans des conditions différentes de climat et de température. On constate, en effet, qu'elles s’acclimatent peu à peu, sans que leurs caractères extérieurs de races ou de variétés subissent des transformations sensibles. C’est ce qui est parfaitement démontré pour les céréales transportées sous un climat plus septentrional. Ainsi, lorsqu'on importe à Christiania des semences d’Orge tirées des latitudes tempérées, la première année elles arrivent à matu- rité dans le même temps que dans leur pays d’origine ; mais si on sème successivement l'Orge récoltée, on s’aperçoit qu’elle mürit de plus en plus hâtivement, et qu'après la quatrième ou cinquième génération, il n'y à plus de différence entre elle et l'Orge de Norwège. Des expériences bien précises n’ont pas été faites encore sur les céréales importées d’une latitude septentrionale dans des pays plus chauds. On sait cependant que la culture du Blé à Siérra-Leone n’a pu s'établir qu'après plusieurs récoltes ; que l'influence du milieu a détruit d’abord les pieds trop faibles, et que ceux qui ont pu résister se sont pliés aux exigences d’un climat différent (1). Cette particularité n’a rien qui doive surprendre : elle n’est que la confirmation de ce qui précède, et elle s'explique par ce fait que les céréales sont des plantes dont la domestication remonte aux temps antc- historiques, que leur nature s’est assouplie à toutes les exigences, et que, selon une expression de M. Naudin, elles sont devenues en quelque sorte des plantes artificielles. Il faut donc tenir pour constant que les céréales (comme aussi les plantes fourragères les plus usuelles) sont susceptibles d’une acclima- tation complète et presque immédiate, qu’on les transporte soit au nord, soit au midi; mais, en même temps, il à été remarqué que si l’on em- ploie pour semences des graines provenant de régions plus septentrio- nales, ces graines germent plus facilement et prospèrent mieux que si l'on emploie des graines nées sur les lieux mêmes, ou provenant de lati- tudes plus méridionales. Ajoutons cependant qu'il ne faudrait pas géné- raliser cette observation, et des céréales, l’appliquer à d’autres plantes. Des expériences faites en commun pendant l’année 1876, par M. Naudin, à Collioure (Pyrénées-Orientales), et par M. Radikofer, à Berlin, sur un certain nombre de plantes sauvages communes aux deux pays, prouvent que la provenance septentrionale d’une graine, autre que celles des céréales, n’entraine pas nécessairement, pour la plante qui en sortira, (1) V. Tisserand et Schübeler, La végétation dans les hautes latitudes ; Rousset, Culture el exploitation des arbres, p. 272 ; Journal d'agric. pratique, 26 août 1870. 206 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. plus de précocité que pour celle qui aura mûri sous un climat plus chaud (1). En restreignant donc aux céréales ordinaires la remarque à laquelle elles ont donné lieu, et en l’étendant même à quelques plantes fourra- gères, on est amené à conclure qu'il peut y avoir avantage à demander des semences à des contrées plus septentrionales que celles qu'on habite. Les considérations qui précèdent nous sont suggérées par la lecture de l’Introduction dont M. L. J. Wahlstedt, commissaire du gouverne- ment suédois à l’Exposition internationale d'Amsterdam, en 1883, a fait précéder le Catalogue des semences suédoises présentées à cette Expo- sition. L'auteur rappelle d’abord que les recherches faites pendant plus de trente ans par le professeur Schübler, de Christiania, l’ont amené aux constatations suivantes : 1° Quand on déplace peu à peu un végétal du sud au nord, ou bien qu'on le cultive à une altitude plus élevée, ce végétal s’accoutume, au bout de quelques années, à son nouvel habitat, et y parvient à son par- fait développement en un temps plus court qu'auparavant, quoique la température moyenne de cet habitat puisse être sensiblement inférieure à celle de la localité primitive. 2 Presque tous les végétaux croissant sous des latitudes élevées pos- sèdent une qualité d’arome et de pigment plus forte que les mêmes plantes cultivées à des latitudes inférieures; les plantes septentrionales ont des feuilles plus grandes et d’un vert plus foncé que celles des loca- lités plus méridionales. 3° Les graines de la plupart des végétaux augmentent jusqu’à un certain point en dimension et en poids, à mesure qu'on ne les transporte vers le nord; mais dans leur rapatriement vers le sud, les graines re- prennent au bout de quelques générations leurs dimensions primitives. 4° Les graines provenant d’une localité septentrionale ont une écorce plus mince, germent plus promptement et mieux, et donnent naissance à des plantes plus vigoureuses et plus rustiques que les graines d’une provenance plus méridionale. Il a été reconnu, d’un autre côté, que les graines de Trèfle, de Phléole, de Sapin et de Pin, récoltées en Suède, se distinguent de celles récoltées daus des pays plus méridionaux : 1° par leur pouvoir germinatif, c’est- à-dire par le nombre de graines aptes à germer et par l’énergie avec laquelle la germination s'engage ; 2° par leur haut degré de pureté, et (1) Naudin, Recherches au sujet des influences que les changements de climat exercent sur les plantes (Annales des sciences naturelles, Botanique, 6° série, t'aIV): BIBLIOGRAPHIE. 20 7 3 par leur poids absolu moyen élevé. En ce qui concerne spécialement le Trifolium pratense (Trèfle rouge) et le Trifolium hybridum(Trèfle d’Alsike), il peut être, en outre, intéressant de signaler que les échan- tillons suédois sont exempts de cuscute (1). Il a été également démontré que le pouvoir germinatif des graines suédoises est de beaucoup supérieur à celui des semences allemandes, belges et françaises. Les graines de Trèfle allemandes n’ont en moyenne qu'un pouvoir germinatif de 60 à 70 pour 100, tandis que celui des semences suédoises est fréquemment de 90 pour 100 et même au delà. Quant aux semences suédoises de céréales communes et de légumineuses, elles ont un pouvoir moyen de germination de 90 à 100 pour 100. La graine suédoise se distingue tout spécialement par son énergie germi- native, puisque dans des expériences faites avec des graines suédoises de céréales communes, de diverses espèces de Trèfle, de Navets, etc., plus de 90 pour 100 ont germé fréquemment dans l’espace de 3 fois 24 heures (2). Les observations qui précèdent concernent plus particulièrement les graines des céréales communes et celles des plantes fourragères ; mais, d’après M. Wahlstedt, elles s'appliquent à peu près tout aussi bien aux graines des abiétinées, à celles des légumes et des fleurs de la Suède. Spécialement la graine des conifères possède un pouvoir germinatif très élevé qui comporte fréquemment 95 pour 100 et au delà, alors que les graines allemandes dépassent raremment 30 à 40 pour 100. À quelles circonstances faut-il attribuer ces qualités des graines sué- doises ? L'une des plus importantes paraît être la lumière continue et tempérée que le Nord possède pendant l'été, la longueur insignifiante des nuits pendant cette saison, qui fait qu'après le coucher du soleil, ni le sol ni l'air n’ont le temps de se refroidir d’une façon sensible avant l’arrivée du matin; l’arrosement égal que les végétaux reçoivent pendant presque toute la durée de leur période de croissance, tant par les pluies douces et chaudes qui tombent à ce moment de l’année, que par l'humidité atmosphérique générale. En fait, depuis longues années déjà, l'Angleterre demande d’assez grandes quantités de semences à la Suëde, et elle en a obtenu de bons résultats; mais l’Europe méridionale et moyenne ne s’est encore adres- sée à ce pays qu'uniquement à titre d’essai. M. Wahlstedt pose en prin- cipe qu'il y aurait tout profit pour le Midi à employer des graines du Nord, et il résume ainsi les avantages qu’on pourrait en retirer : La germination de ces graines est meilleure et plus égale que dans (1) Prof. Pétermann, de Gembloux, Recherches sur les graines originaires des hautes latitudes, Bruxelles, 1877. () Nobbe, Ueber Samenzucht und Samenkontrolle in Schweden, Berlin, 1881. 208 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. celles du Midi; les jeunes plantes deviennent plus homogènes et plus fortes, surtout pour les racines; à un âge plus avancé, elles sont plus volumineuses, et se développent avec une sûreté et une vigueur plus grandes; la récolte est plus abondante, au point de vue de la paille et de la graine. Si l’on ajoute à ces qualités le pouvoir germinatif élevé des graines du Nord, le développement rapide et la prompte maturation des céréales (particularité souvent précieuse pour le producteur), on trouve que les dépenses plus grandes, occasionnées par l’achat des semences, pourraient être largement compensées. Il convient d’ajouter à ces indications que les agriculteurs de certains districts de la Suède s’occupent presque exclusivement de la production de la graine comme semence, pour l’exportation ; qu'il s’est formé des Sociétés de culture de semences (früodlarefüren ingar), à l’effet de pro- pager les connaissances nécessaires pour cela, et qu’il existe actuelle- lement seize stations officielles de contrôle. Tels sont, en substance, les éléments de l’enquête. Ils peuvent être de nature à provoquer de la part des agronomes du Midi des expériences qui pourraient avoir des résultats pratiques intéressants. Toutefois, afin de ne pas éprouver de mécompte, ils ne devront pas perdre de vue qu’ainsi que nous l’avons dit plus haut, les céréales ordinaires, après quelques générations, et quelle que soit leur provenance, s'adaptent à leur nouvel habitat et perdent leurs qualités originaires. Il faudrait donc avoir le soin de se procurer régulièrement des semences septentrionales. Cette réserve faite, nous reconnaissons que la grande énergie de germi- nation des graines du Nord et leur poids absolu élevé semblent pro- mettre, aux cultivateurs des régions plus chaudes, une précocité avan- tageuse et un rendement plus rémunérateur. AIMÉ DUFORT. Le yérant : JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, A, ruc Mignon, 2, Paris. i. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ IMPORTATION DE CHEVAUX DU TURKESTAN NOTE Par M. TONY CONTE Le baron Benoist-Méchin et le vicomte de Maïlly-Chalon m'ont chargé d'informer votre Société de l’heureuse arrivée en France d’un convoi de Chevaux dont ils ont pu faire l’acquisi- tion à leur passage à Merw, dans le Turkestan. Ce convoi est composé de trois étalons, trois juments et d’un poulain, remarquables spécimens de la race des Chevaux Tekkis, recherchée dans toute l’Asie centrale pour ses qua- lités de fond, de vitesse et de beauté. Ces animaux sont de taille relativement élevée; elle varie de 1,55 à 1,60. Les chevaux ont de trois à cinq ans, et les juments de quatre à six ans. Les trois juments ont la robe foncée avec des poils blancs de place en place. Des trois étalons, l’un est isabelle, l’autre bai brun et le dernier bai avec quelques poils gris. Ces Chevaux sont les premiers échantillons de race turkmène importés en France. Deux étalons de cette espèce ont fait partie des écuries de l’empereur de Russie, et l’on en aurait amené un autrefois en Angleterre. Jamais les Turkmènes n'avaient consenti à vendre des juments, et c’est au bon vou- loir de Kara-Koul-Khan, chef de l’oasis de Merw, que nos compatriotes doivent d’avoir pu se procurer ces précieux ani- maux. Lorsque MM. de Mailly et Benoist-Méchin, partis de Pékin au mois d'août 1881, arrivèrent à Khiva, après avoir traversé toute la Sibérie de l’est à l’ouest, ils y trouvèrent Kara-Koul- Khan, venu dans cette ville pour tâcher de conclure un arran- gement avec le général Tchernaïeff, commandant des forces russes dans cette partie de Asie. Le général, sur les instances 4° SÉRIE, T. [. — Mars 1884. 14 910 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. des deux voyageurs français, demanda au chef turkmène de les conduire de Khiva à Mesched, en les faisant passer par Merw, et obtint pour eux la promesse qu’on leur vendrait un certain nombre de Chevaux, qu'ils auraient la faculté de choisir parmi les plus beaux de la race du pays. L’accomplis- sement de cet engagement devait être, aux veux du gouver- neur de Khiva, la preuve de la sincérité et du bon vouloir du chef turkmène. Kara-Koul-Khan tint parole, et c’est ainsi que nos compatriotes purent se procurer et ramener en France ces Chevaux, qui sont les échantillons les plus complets de la race arabe pure. | Outre les pièces établissant la généalogie des animaux ra- menés par eux, MM. de Mailly et Benoist-Méchin ont entre les mains une lettre qui leur a été remise par Kara-Koul-Khan, et dont voici la traduction : «Au comte de Mailly-Chalon et au baron Benoist-Méchin. » Moi, Kara-Koul-Khan, gouverneur de Merw, déclare avoir acheté et livré aux susdits, pour leur être utiles, trois étalons de grande race, reconnus comme excellents coureurs, et trois juments de grande race, renommées dans toutes les tribus Tekkis. » Plaise à Dieu tout-puissant que les Chevaux en question soient trouvés beaux el agréés dans les pays français. » (Signé :) Le fils de Kilidj, » KARA-KOUL-KHAN. » Cette lettre, dont l'importance, Messieurs, ne peut vous échapper, a été enregistrée et légalisée, après traduction, à la légation de France à Téhéran, ainsi que les pièces relatives à la lignée de ces Chevaux, dont la provenance est incontes- table. Ces animaux sont venus en caravane de Merw à Trébizonde, où ils ont été embarqués pour l’Europe; ils avaient accompli sans fatigue apparente un parcours de plus de 5000 kilo- mètres. Ne crovez-vous pas, Messieurs, qu'il v aurait lieu pour IMPORTATION DE CHEVAUX DU TURKESTAN. 211 notre Société de signaler à l'administration l’arrivée de ces Chevaux, en émettant le vœu qu’ils soient acquis par l’État, qui trouverait là une occasion nouvelle d’améliorer nos races françaises et algériennes? MM. de Mailly et Benoist-Méchin ont ramené en même temps un Poney kirghize, trotteur, de la taille de 1,39, qui a gagné à Tadhkench, monté par M. de Mailly, une course de 9 verstes, soit 2134 mètres, en quatre minutes dix secondes; un Aigle de chasse, c’est le célèbre Aigle doré des monts Tian-shan, connu sous le nom de Bourkout d’Atkinson; il a quatre ans, est dressé et prend des renards et des loups. Le fauconnier kirghize qui l’a dressé est avec lu. Enfin, ces Messieurs ont aussi pu se procurer deux Lévriers et deux Levrettes turkmènes. Ce sont les chiens avec lesquels on chasse la gazelle. [ls ont des qualités de fond incompa- rables. Cette belle race est presque perdue, car les Musulmans regardent le Chien comme un animal impur ; il est très difli- cile aujourd’hui de se procurer des sujets de race sans mé- lange. ÉDUCATIONS D’OISEAUX EXOTIQUES N FAITES A ANGOULÈME Par M. DELAURIER. J'ai honneur de vous remettre la notice de mes élevages de l’année courante. Vous en connaissez déjà les résultats ; ils se résolvent par un insuccès complet de mes éducations de Tragopans de Hasting, ainsi que des Tragopans de Blyth et des Faisans d’Elliot, que le Jardin avait bien voulu me con- fier. Voici, du reste, ce que j'ai obtenu avec les différentes espèces d'oiseaux que je tiens en volière : Tragopans de Hasting (2 couples). — Ces oiseaux sont arrivés chez moi en juillet 1882; ils étaient en bonne santé, mais assez maigres, fort déplumés et d’une sauvagerie exces- sive. Ils furent tous quatre installés dans mon plus grand parquet, où ils se rétablirent si rapidement que pendant la mue, en septembre, une des Poules pondit deux œufs qui donnèrent une naissance; le jeune fut emporté par la diarrhée à l’âge de sept à huit jours. J’attribuai cette mort aux soirées pluvieuses et aux nuits fraîches de septembre. Cette année, les deux couples furent séparés, et les deux Poules pondirent l’une six œufs, l’autre huit, sur lesquels j'ob- tins huit naissances ; l’éducation de cette nouvelle espèce se fit de la même manière que celle des Temminck et des Satyres, qui avaient bien réussi ici. Suppression des boîtes d'élevage, installation immédiate des jeunes dans de vastes parquets ensemencés d'herbe tendre, distributions répétées de mouron frais, lentilles d’eau, pâtée composée d’œufs, de salade, de flan, chènevis et pain mouillé, ainsi qu’œufs de fourmi et vers de farine. Dès leur naissance, les ‘jeunes Hasting absor- baient beaucoup de mouron et de lentilles d’eau; ils man- seaient avec avidité les vers de farine et touchaient à peine aux œufs de fourmi et à la pâtée; malheureusement la diar- ÉDUCATIONS D’OISEAUX EXOTIQUES. 913 rhée s’empara d’eux sept à huit jours après leur naissance, et malgré les soins les plus attentifs, tous périrent les uns après les autres. Cette éducation me paraît plus délicate que celle des Sa- tyres et des Temminck ; je crois qu’il est nécessaire de sous- traire les jeunes oiseaux, pendant le premier âge, à l'humidité et aux fraicheurs, et d'adopter pour cette espèce, de même que pour le Blyth, qui me paraît cependant plus rustique, les boîtes à élevage, que je n’employais plus pour les Satyres Temminck et Lophophores. Le Coq Hasting, surtout au moment des amours, est un très bel oiseau. Ses appendices charnus et érectiles sont plus développés que chez les autres variétés de sa famille; au printemps, ses cornes sont toujours apparentes, et le rouge carmin qui orne sa poitrine paraît d’un coloris plus vif. Tragopans de Blyth. — Un Coq et deux Poules, qui m'ont été envoyés en cheptel par le Jardin et me sont arrivés le 46 juillet 1882 en excellent état et très familiers ; cependant une des Poules avait une boiterie de hanche qu’elle a conservée. Le Coq, jeune, n’a pris son plumage complet d’adulte qu’en mars dernier. À cette époque-là, tous étaient d’une glouton- nerie extrême et mangeaient de tout : herbes variées, vers de terre, escargots, flan, etc. Le Coq était très doux pour ses Poules, qui venaient lui prendre au bec les vers de farime que celui-ci venait chercher dans la main; fréquemment il faisail entendre un cri ressemblant assez à un fort miaulement de chat, auquel les femelles répondaient sur une note moins forte. Le 4 avril, l’une des Poules pondait son premier œuf dans un panier d’osier fixé sur une des planches hautes de la volière, et le 7 ou le 8, la seconde Poule s’emparait d’un panier semblable, placé sur la même planche et à l'extrémité opposée. Les pontes, plus régulières que chez les poules Hasting, avaient lieu tous les trois et quatre jours; les œufs, plus volumineux que ceux des poules Houdan, étaient soi- gneusement recouverts après chaque visite au nid; après le quatrième ou le cinquième œuf pondu, ia Poule réparait son nid, se jmettait à couver, et ce n’était pas sans essuyer de 214 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. violents coups de bec qu’on parvenait à retirer les œufs. La quantité d’œufs pondus par les deux femelles à été de vingt- huit, confiés successivement à des Poules couveuses. Sur ces vingt-huit œufs, il n’y a eu que treize éclosions ; quinze étaient clairs, probablement à cause du Jeune âge du Goq. La diar- rhée, qui avait emporté tous les Hasting, a atteint également les jeunes Blyth, et j'en ai perdu sept peu de jours après l’éclosion. Six restaient encore, sur lesquels deux paraissaient atteints de rachitisme à la suite de cette première maladie; sont morts vers l’âge de deux mois à deux mois et demi. Les quatre survivants, forts et vigoureux, mangeaient abon- damment du mouron, cresson, lentilles d’eau, gazon; ils fai- saient la chasse aux sauterelles vivantes, que je faisais attraper et que l’on jetait sur les gazons; ils mangeaient des vers de terre et des escargots dont on brisait les coquilles, et n’accep- taient d'œufs de fourmi qu’en petite quantité et lorsque ceux-ci étaient bien frais. Leur croissance était rapide; à l’âge de quatre mois, trois Coqs avaient déjà la coloration rouge du cou; ils avaient traversé heureusement toutes les crises du jeune âge et avaient êté mis au régime des adultes, dont ils possédaient la vigueur et la rusticité. Vers la fin d'août, sollicité par un ami, j’allai faire un voyage pédestre sur les côtes du Médoc; pendant cette absence, une lettre m'annonçait que tous mes oiseaux mangeurs de verdure venaient d'être empoisonnés par du cresson achetéau marché, et que le Coq Blyth adulte était mort. Ce n’était que trop vrai, hélas! À mon arrivée chez moi, le cadavre du Blyth avait été expédié au Jardin; tous mes oiseaux étaient plus ou moins orièvement atteints, suivant les quantités de cresson absor- bées par chacun. Les deux Poules adultes et les quatre jeunes Blyth burent sans manger pendant trois jours. Les Tragopans Hasting, qui préfèrent l’herbe de leur parquet à la verdure apportée du dehors, de même qu'un mâle Pintade vulturine, n'avaient que de fortes diarrhées; enfin, une paire d’'Elliot, qui becquette uniquement le gazon, avait conservé sa bonne santé. N'ayant pu voir l'herbe distribuée, 11 m’a été impossible de me rendre compte de cet accident, qui a eu les plus fu- ÉDUCATIONS D'OISEAUX EXOTIQUES. DA EN) nestes conséquences pour mon élevage. Les deux Poules Blyth adultes se sont rétablies, de même que les autres oiseaux moins malades ; mais les quatre jeunes Tragopans ont langui pendant près d’un mois et ont pris toutes les apparences d’oi- seaux atteints de diphtérie, toux, mal aux yeux, émission de mucosités nasales; bref, je les ai perdus les uns après les autres. Faisans d'Elliot. — Gette paire de Faisans, née au Jardm d’acclimatation en 1882, m'est arrivée à la fin de septembre de la même année; le Coq avait pris son plumage d’adulte en octobre; néanmoins je n’ai obtenu aucune ponte cette année. Gette jolie espèce paraît fort rustique ; J'espère sur des résultats la saison prochaine, d'autant mieux que je viens de recevoir deux nouvelles Poules. Colins de Sonnini. — Ces oiseaux occupaient le comparti- ment des Faisans d’Elliot. Je n’ai pu les y laisser à cause de leur méchanceté ; ils ont habité successivement avec les Trago- pans de Blyth et avec les Hasting : ils battaient ou effrayaient les uns et les autres, et finalement je les ai remisés avec des Colombes Lophotès, qui à leur tour les obligeaient à se cacher une partie de la journée. Ces déplacements ont, je suppose, empêché la reproduction de cette espèce, qu! n’est ni si jolie ni si grosse que celle si répandue du Colin de Californie. Colombes poignardées. — Une seule paire m'a donné vingt- quatre œufs, dont un seul n’était pas fécondé; seize jeunes ont été élevés par des Colombes ordinaires, et la dernière couvée de septembre par la paire poignardée. La fécondité de cette espèce n’a d’égale chez moi que celleide la Perruche Nouvelle-Zélande. Lorsqu'on la nourrit fortement avec grains de toute sorte, pain mouillé, vers de farine, œufs de fourmi, asticots, la Colombe poignardée donne ses deux œufs tous les huit jours environ, sans que cela paraisse jamais l’épuiser. La ponte ne s'arrête que lorsqu’en octobre on sépare le mâle de la femelle; elle recommence en avril, à l’époque de leur réunion. Pour la bonne réussite des couvées, il y a un choix à faire parmi les Colombes nourrices; peu de celles-ci man- sent les vers de farine, mais la plupart aiment les asticots en 216 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. chrysalides, qu’elles dégorgent alors aux jeunes poignar- dées. Cette nourriture insectivore convient admirablement à celles-ci, et les nourrices, installées par couples dans des boîtes d’un mètre carré, avec un nid d’osier fixé dans le haut de la boîte, élèvent les jeunes Colombes mieux que leurs pa- rents véritables. Ces nourrices fontaussi l'éducation des autres espèces de Colombes rares, d’une taille égale ou supérieure à la leur. Colombes Lophotés. — Un couple m’a donné quinze jeunes, élevés soit par lui, soit par des Colombes ordinaires. La Lo- photès est généralement méchante; le mâle surtout bat ou inquiète ses compagnons de captivité, il est nécessaire et possible, dans l'intérêt de ceux-ci, de choisir un couple d’un tempérament moins querelleur que la généralité de l'espèce, chaque animal ayant une individualité de caractère qui lui est propre. Perruches de la Nouvelle-Zélande à front pourpre (deux paires). — Ces oiseaux couvent etélèvent chez moi depuis no- vembre 1882; l’un des deux couples s’est arrêté en août, pen- dant la mue; après un repos d’un moiset demi, il a repris ses travaux ; l’autre couple, dont la dernière couvée de sept Jeunes est d'octobre dernier, va pondre incessamment. Les saisons ne paraissent exercer aucune influence sur la reproduction des Cyanoramphus ; les couvées d’hiver réussissent aussi bien que celles de la belle saison, et jamais il n’y avait eu ici de nichées aussi nombreuses et ausi répétées que celles de cette année (six, sept, huit, neuf jeunes). Les deux paires ont donné depuis un an soixante et onze petits, dont soixante-cinq ont pu être élevés et expédiés. La tâche la plus dure chez ces fé- conds époux est celle du mâle; il faut qu'il broie et emmaga- sine les aliments de deux familles : 1° une première couvée que la femelle abandonne vers l’âge de quinze jours pour pondre dans une autre boîte ; 2° cette femelle pendant toute la durée de l’incubation, et plus tard les premiers jeunes sortis du nid et ceux de la seconde couvée, toujours nés avant l'éducation complète de leurs aînés. Les journées suffisent à peine au laborieux père pour ce grand travail de trituration ÉDUCATIONS D'OISEAUX EXOTIQUES. 217 et de distribution; mais, grâce au zêle et à l’activité qu’il dé- ploie, il arrive à satisfaire tous ces ventres affamés. Perruches Auriceps (une paire). — La fécondité et la rusticité des Cyanoramphus à front pourpre m'ont engagé à essayer l'élevage de cette nouvelle variété de Perruches de Nouvelle-Zélande ainsi que de la variété qui suit. Après plu- sieurs tentatives infructueuses, j'ai enfin réussi à conserver une paire de l’une et de l’autre de ces deux espèces. Quelques mois après leur installation chez moi, les Auriceps s’accou- plaient, et la femelle pondait dans une boîte quatre œufs qu’elle couva assidûment, nourrie par son mâle, pendant vingt-cinq jours. À ce moment les œufs furent abandonnés ; ils étaient tous clairs. Quelque temps après eut lieu une se- conde ponte de trois œufs, qui donna deux naissances; l’édu- cation se fit comme celle de la grosse espèce, et actuellement le nâle et la femelle se recherchent de nouveau. Perruches Alpinus. — Espèce un peu plus petite que la précédente; le bandeau rouge de l’Auriceps est orange chez l'Alpinus, et le plumage vert de la première est d’une teinte légèrement plus foncée chez la seconde ; à part ces quelques différences, elles se ressemblent en tout point. Ces deux petites variétés sont peut-être encore plus vives et plus actives que la crosse; elles sont tout à fait inoffensives pour leurs compa- gnons de captivité, et malgré la modestie de leur livrée elles sont charmantes en volière. L’unique paire d’Alpinus que j'ai pu conserver à fait cet été une première couvée de quatre jeunes ; en ce moment, la femelle couve de nouveau. Je ne doute pas que les jeunes nés 1ei ne posséderont les mêmes qualités reproductives de leurs congénères de la grosse es- pèce, auxquels ils ressemblent en tout point. Aprosmictus erylroptherus. — Dans une précédente note, j'ai déjà parlé de l'élevage de cette espèce de Perruche; la paire que j'avais était ici depuis 1879; elle n’a donné qu’un jeune en 1881, deux en 1882, un en 1883. Je n’ai jamais pu habituer ces Perruches à pondre dans des-boîtes ou dans des troncs d'arbre; elles nichaient à terre, dans une encoignure entourée de fagots. Ceci a été la cause de la mort du jeune de 218 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. celte année, qui, à l'âge de huit jours, est allé sous un fagot et n’a pu être abrité la nuit par sa mère ; le lendemain, il était mort de froid. J’ai renoncé à ces Perruches, qui sont par trop peu prolifiques et ne sont adultes qu’au bout de plusieurs an- nées. Le jeune mâle, né en 1881, était encore, après la der- nière mue, en tout semblable aux femelles, et rien ne faisait supposer au moment de son départ de chez moi, un change- ment de livrée. Comme beauté de plumage et rusticité, les Perruches aux ailes écarlates ne laissent rien à désirer. Elles paraissent complètement insensibles au froid, et dans toutes les saisons, celles que j'ai possédées ont toujours passé les nuits dans les basses branches d’un arbre vert, sans s'inquiéter ni de la pluie, ni de la neige. Angoulême, 20 décembre, 1883. DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON Par le docteur Édouard MÈNE (Suite) e OLÉACÉES. Sous l’auvent de la petite maison japonaise du jardin du Trocadéro, on remarquait dans un pot un pied d’Olea aqui- folium (Hiragi) et deux pieds de ZLigustrum Ibota (Ibota noki). Dans la collection des bois de la galerie des machines, on trouvait un échantillon de Hiragi (Olea aquifolium), de 6 cen- timètres de diamètre avec 0",002 d'épaisseur d’écorce. Dans la série des bois avec écorces, feuilles et fleurs, avait été exposé un échantillon de bois de Hiragi blanc jaunàtre, ressemblant un peu au Gitronnier, léger, à fibres irrégulières. Dans la vitrine des cires, il ÿ avait des pains de cire végé- tale de Ligustrum Ibola et lucidum. OLEA AQUIFOLIUM. Hiragi. — L'Olea aquifolium de Siebold et Zuccarini (1), de Miquel (2), de Franchet et Savatier (3), nommé aussi Osmanthus aquifolium par Siebold et Zucca- rini, {lex aquifolium de Thunberg (4), est désigné dans le Phonzo-Zoufou (5) sous le nom de Kirgi, et dans le travail de la Commission japonaise de l’Exposition (6) sous celui de Hiragi. Le Hiragi, qui a l'aspect du Houx, est très commun au Japon, dans les îles de Kiusiu et de Nippon, principalement dans la province d’Ako. Son bois, blanc jaunâtre, dur, à fibres (1) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 562. (2) Miquel(F. A. W.), Prolusio floræ Japonice, p. 152. (3) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 312, n° 1141. (4) Thunberg, Flora Japonica, p. 79. (5) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXVIIT, fol. 11. (6) Le Japon a l'Exposition universelle de 1878, t. Il, p. 119, n° 80. 290 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. irrégulières, est employé en ébémisterie pour confectionner des peignes, des plateaux, des boites, des petits meubles et des objets de tournage. Suivant M. Dupont (1), l'Oleu aqui- folium, à qui les Japonais donnent aussi le nom de Chiragni, est usité pour fabriquer les jeux d'échecs et les petites billes en bois enfilées sur les fils de fer des machines à calcul des Japonais et des Chinois, ainsi que pour les caisses de tambour de qualité supérieure. ) L’écorce de l’Olea aquifolium contient de la glu. D’après M. Dupont, les feuilles du Chiragni, desséchées et réduites en poudre, sont préconisées dans la médecine japo- naise comme remède dans les morsures de rats. C’est aussi une plante ornementale des jardins. Une autre espèce très commune est l’Olea fragrans de Thunberg (2), de Miquel (3), de Franchet et Savatier (4), Osmanthus fragrans de Loureiro (5), donné dans le Phonzo- Zoufou (6) sous le nom de Tô sei, et dans les livres Kwa-wi (7) sous celui de Mokouzei. On le trouve au Japon presque à l'état sauvage ; mais il est fréquemment cultivé, principalement dans plusieurs provinces des îles de Kiusiu et de Nippon. Suivant M.le D'Savatier, il varie dans sesfeuilles, dentéesou entières, ovales ou oblongues, lancéolées ou bordées de dents épineuses. [ldonne enseptembre despetites fleurs jaunes, d’une odeur agréable, se rapprochant de celle de l’fris de Florence. Il est très usité, au Japon et en Chine, dans la préparation du thé, auquel on mêle les fleurs pour lui communiquer une odeur parfumée. Les Chinois ajoutent de plus très fréquem- ment au thé les fleurs du Magnolia Yulan, du Nycanthes sambac, du Camellia sesanqua et de l’Anis étoilé. Dans la médecine japonaise, les fleurs de l'Olea fragrans (1) Dupont (E.), Les essences forestières du Japon, p. 65, 1879. (2) Thunberg, Flora Japonica, p. 18, tabl. 2. (3) Miquel (F. A. W.), Prolusio floræ Japonicæ, p. 132. (4) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 312, n° 1140. (5) Loureiro, Flora Cochinensis, I, p. 35. (6) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXVIIE, fol. 8. (7) Kwa-wi, Arb., vol. IV, p. 119, n°18. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 991 sont données en infusion pour calmer les maux de dents. On les emploie soit fraîches, soit sèches. Les Chinois confisent les fleurs de lOlea fragrans. D’après M. le D’ Bretschneider (1), les habitants du Céleste- Empire ornent souvent les oreilles des chevaux avec les fleurs de l'Olea fragrans (Kui hua). C’est aussi une plante très fréquemment cultivée dans les jardins du Japon, de même qu’en Chine et en Cochinchine. Plusieurs espèces d’'Osmanthus ont été introduites du Japon et sont cultivées en Europe. M. Veitch a rapporté en 1860 l'Osmanthus Tlhicifolius, qui a l'aspect d’un Houx, à rameaux nombreux, à feuilles épi- neuses d’un joli aspect. Cet Osmanthus Tlhicifolius est cultivé au Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne depuis 1869 (2), ainsi que l'Osmanthus nanus variegatus. Get Osmanthus nain, à feuilles panachées, a le même aspect que le précédent ; il est très ornemental par la panachure de ses feuilles. On trouve aussi au Jardin d’acclimatation l’Olea fragrans, cultivé comme plante ornementale d'orangerie. M. Lavallée, qu'une mort inattendue vient de ravir à ja science, cultivait dans son magnifique parc de Segrez (3), de provenance japonaise (4) : L'Osmanthus fragrans Lour.: Olea fragrans Thunb., avec var. reliculata et var. floribus rubris. L’Osmanthus aquifolium Sieb. et Zuc. : [lex aquifolium Thunb., avec var. folirs piclis, foliis aureo-variegatis, folis ar- genteo-variegalis. L'Osmanthus Ilicifolius Hort., avec var. foliis variegalis. L'Osmanthus latifolium Hort., (1) Bretschneïider (E.), Zarly european researches into flora of China, p. 12- 13. (2) Bullelin de la Société d'Acclimalation, p. 221, année 1870 : Rapport sur les cultures failes au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne en 1869, par M. Quihou. (3) Lavallée (A.), Arboretum Segrezianum, p.169, 170, 171, 172, (4) Ibid., p. 163 et 168. 999 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. avec var. foliis marginatis. L'Osmanthus aquifolium et ses variétés étaient repré- seniés à l'Exposition de Nancy, exposés par M. Muller (1). On rencontre aussi au Japon : Le Ligustrum Ibota de Siebold, de Franchet et Savatier (2), nommé aussi Ligustrum obtusifolium par Siebold et Zucca- rini (3), ainsi que par Miquel (4), connu au Japon sous le nom de Zbota noki, suivant le botaniste japonais Keiske, qui fleurit en juin dans l’île de Kiousiou, surtout aux environs de la ville de Nagasaki et dans la partie centrale de l’île de Nippon, non loin des villes de Simoda, de Yokoska et de Yokohama, d’après M. le D' Savatier. Le Ligustrum japonicum de Thunberg (5), de Miquel (6), de Franchet et Savatier (7) : Ligustrum lucidum et Ligustrum glabrum Hort., désigné au Japon sous le nom de Natzumi matzi. C’est un Troëne à larges feuilles, qui donne en juin des fleurs blanches en grappes, et qui est cultivé dans les jar- dins dans les îles de Kiousiou et de Nippon. MM. Franchet et Savatier (8) en indiquent deux variétés : var. ovalifolium de Miquel et var. rotundifolium de Blume. Le Ligustrum Tbola au Japon, de mème qu’en Chine les Ligustrum lucidum et sinense, qu’on trouve principalement dans les provinces du Se-tchuen et du Yun-nan, est d’un fré- quent usage. L'exposition chinoise (classe 45, Produits de la chasse et des cueillettes), contenait : N° 1578, des spécimens de cire végétale provenant du Li- qustrum Tbota et du Ligustrum lucidum, provenant des douanes de Chefoo. Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires) : 1) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 60, n° 1646, 1880. ë ) ) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. [, p. 312, n° 1143. ) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 567. ) Miquel (F. A. W.), l’rolusio floræ Japonicæe, p. 151. ) ) ) ) ( (2 (3 (4 (5) Thunberg, Flora Japonica, p. 17, tabl. I. (6) Miquel (F. A. W.), Prolusio floræ Japonicæ, p. 152. (7) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. If, p. 313, n° 145, (S) Jbid., vol. FE, p. 3192, n° 1145. { ) y S PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 293 N° 1679, un échantillon de cire de Ligustrum lucidum pour chandelles, provenant des douanes de Hankow. Les Ligustrum Tbota et lucidum (de même que le Fraxi- nus sinensis) fournissent une grande partie de la cire végé- tale usitée au Japon et en Chine pour faire les chandelles (celles-ci se font aussi avec le suif végétal qu’on tire des graines du Stillingia sebifera). Gette cire est employée aussi pour graisser les armures, les bronzes, les gardes de sabre. Cette cire provient de la sécrétion d’un insecte, le Coccus Pelah, que les Chinois nomment La-tchong. Cet insecte dépose ses œufs sur les branches, et la cire qu’on récolte est blanche, de qualité supérieure, mais en pe- tite quantité. Les fruits et l’écorce du Ligustrum lucidum sont recom- mandés au Japon et en Chine contre les rhumatismes et la coutte. D’après MM. Soubeiran et Dabry de Thiersant, les feuilles servent à préparer des cataplasmes qu’on place sur les parties douloureuses du corps. Le Ligustrum Tbota et le Ligustrum J'aponicun, par leur floraison abondante et l'élégance de leur aspect, sont des plantes ornementales utiles pour les massifs des jardins. Le Ligustrum sinense Lour. (1) a été introduit en France par Fortune (2). Le Ligustrum quihoui à été introduit en 1874 par la So- ciété d’Acclimatation. A l'Exposition de Nancy (3) se trouvaient représentés le Ligustrum Ibotta Sieb. comme plante d'ornement rustique, exposé par M. Gallé, et le Ligustrum quihoui, présenté par M. Alix (4). On trouve au Jardin d’acclimatation, comme Troënes du Japon, les Ligustrum contortus, quihoui, spicatum, et une variété à feuilles panachées. (1) Loureiro, Flora, HgK, 215. (2) Gardener's chronicle, p. 364, 1878. (3) Calalogue de l'Exposition de Nancy, p. 99, n° 1647. (4) {bid., p. 60, n° 1648. 22% SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Sont cultivés à Segrez (1) : Le Ligustrum Ibota Sieb. Le Ligustrum Japonicum Thunb.; c’est le L. glabrum ou L. lucidum Hort. Le Ligustrum syringæflorum, avec var. coriacea ; c’est le Ligustrum coriaceum de Carrière (2), avec var. macrophylla et var. foliis variegatis. Le Ligustrum ovalifolium ; c’est le Lig. A murense de Car- rière (3), avec var. foliis variegatis et var. foliis tricoloribus. La famille des Oléacées, au Japon, fournit aussi : Le Forsythia suspensa de Siebold et Zuccarini (4), Syringa suspensa de Thunberg (5), arbuste sarmenteux de 2 à 4 mé- tres, rustique, qu’on trouve cultivé à Segrez, chez le regretté M. Lavallée (6). Les médecins japonais et chinois ordonnent les capsules et les feuilles du Forsythia suspensa comme médicament diurétique et emménagogue. On en trouvait des spécimens dans l'exposition chinoise (classe 47, Produits chimiques et pharmaceutiques, n° 1798), provenant des douanes de Tien- tsin. Le Forsythia suspensa se rencontre surtout dans le Honan. Outre le Forsythia suspensa, deux autres espèces ont été introduites en Europe : Le Forsythia Fortunei, du nord de la Chine, et le Forsy- thia viridissima, également d’origine chinoise. Le Fraæinus longicuspis de Siebold et Zuccarini (7), de Miquel (8) : Fraæinus Sieboldiana de Blume (9), que le bota- niste japonais Keiske donne sous le nom de Oho dako, et qui se nomme aussi au Japon Toneriko. Il fleurit en avril dans les régions montagneuses de l’île de Nippon, sur les Alpes de ) A. Lavallée, Arboretum Segrezianum, p. 171-172. (2) Revue horticole, 1874. ) Ibid., 1861. 4) Siebold et Zuccarini, Flora Japonica, tab. ) Thunberg, Flora Japonica, tab. 3. ) Lavallée, Arboretum Segrezianum, p. 168. ) Sichold et Fo Hamlte nalurales, n° 570. D 9) PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 995 dd oi Niko, sur les montagnes d’Hakone et sur le mont Tikosa, d’a- près M. le D' Savatier (1), ainsi. que deux autres espèces : le Fraxinus pubinervis de Blume (2), désigné au Japon sous le non de Toneriko, du même nom souvent que le Fraxinus longicuspis, et le Fraxæinus obovata, que Blume, Miquel et le botaniste japonais Keiske affirment exister au Japon. La collection des bois de la galerie des machines de l’Expo- sition contenait un échantillon de bois de Toneriko. Le Toneriko est employé au Japon pour faire des manches d'outils. On s’en sert aussi comme bois de chauffage. Les feuilles et les fruits du Fraxinus longicuspis sont re- sardés par les médecins japonais et chinois, d’après MM. Sou- beyran et Dabry de Thiersant, comme remède astringent et fébrifuge. Le Fraxinus longicuspis est cultivé à Segrez, chez M. La- vallée (3). Il était exposé à Nancy, présenté par MM. Louis frères (4). OMBELLIFÈRES. CRYPTOTÆNIA CANADENSIS. Mitsuba-zeri. — Le Jardin du Trocadéro renfermait dans une plate-bande un certain nombre de pieds de Cryptotænia Canadensis. La collection du laboratoire du bureau de l’agriculture du ministère de l’intérieur de Tokio comprenait, au n°145, le Cryplotænia Canadensis, désigné dans le Somoku-Dusets (5) sous les noms de Maiisuba et de Mitsuba-zeri. D’après la Commission japonaise (6), le Mitsuba-zeri est une plante comestible, dont on recouvre les racines pendant l’hiver avec des détritus végétaux et des feuilles ; on en mange les sortes de tubercules cuits. D’après MM. Franchet et Sava- (1) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 310, n° 1137. (2) Blume, Mus. Lugd. Bat., p. 311, n° 718. (3) Lavallée, Arboreltum Segrezianum, p. 163. (4) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 59, n° 1645. (5) Somoku-Dusets, vol. V, p. 44, n° 29. (6) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. If, p. 137. 4 SÉRIE, T. 1. — Mars 1884. 15 290 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. tier (1), le Cryptotænia Canadensis de de Candolle (2), qui a été relaté par Asa Gray (3) el par Miquel (4), Sison Cana- dense L. décrit sous ce nom par Thunberg (5), fleurit de juin à août, à l’état sauvage, dans les bois des îles de Kiu-siu, de Nippon et de Yeso, et est cultivé dans un grand nombre de provinces. (ŒNANTHE STOLONIFERA. Seri. — On trouve aussi au Japon l'Œnanthe Stolonifera, que les Japonais nomment Seri (6), qui a été observé au Japon par Miquel, Maximowicz, Textor, Franchet et Savalier, ainsi que par le botaniste japonais Keiske, dans l'ile de Kiu-siu et dans la partie centrale de l’île de Nippon. Suivant la Commission japonaise (7), on cultive fré- quemment le Seri, qui entre dans l'alimentation et se mange cuit à l’eau et salé. On le rencontre aussi à l’état sauvage dans les terrains bas et humides et dans les endroits maréca- geux. Daucus caroTa. Ninjin.—Le Daucus carota, var. maxima, marqué dans le Somoku-Dusels (8) sous le nom de Ninjin, est surtout cultivé autour des habitations. On trouvait dans l'Exposition, au n° 179 du tableau du bureau de l’agriculture du ministère de lPintérieur de Tokio, des spécimens de dessins de carotte, rouge, grosse, allongée. En dehors de ses usages dans l'alimentation, la carotte est ordonnée par les médecins japonais et chinois pour combattre les maladies du foie et des reins. CORIANDRUM SATIVUM. Xoyendoro. — On cultive aussi au Japon le Coriandrum sativum L., qui n’est pas spontané. Il (1) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. 1, p. 182, n° 691. (2) De Candolle, Prodromus, vol. IV, p. 119. (3) Asa Gray, Botan. japon., p. 391. (4) Miquel (F.-A.-W.), Prolusio floræ Japonicæ, p. 246. (5) Thunberg, Flora Japonica, p. V8. (6) Somoku-Dusets, vol. V, p. 42, n°18. (7) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. If, p. 137. (8) Somoku-Dusets, vol. V, p. 40, n°2. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 997 est connu sous le nom de Koyendoro (1). Les fruits de la Co- rlandre sont employés comme condiment. En Chine, le Coriandrum sativum est désigné sous ie nom de Xe-hu-yu. el est beaucoup cultivé dans les provinces du nord et du midi de l'empire. Cette plante est classée parmi les plantes alimentaires dans le Pents‘ao-Kang-mu (2) et dans le Shou-shi-l'ung-k‘uo (3). Ses fruits aromatiques sont consi- dérés comme remède tonique et stimulant. ANETHUM FŒNICULUM. Ui-higo. — L’'Anethuim fœnicu- lum L., nommé au Japon Ui-kijo et Kurenoomo (4) et aussi K&æko (5), est fréquemment cultivé au Japon, où ses fruits sont employés comme condiment; mais c’est principalement en Chine que le Fenouil, connu sous le nom de Hoei-kiam (6), est usité dans la nourriture, car les Chinois mangent ses tiges, ses feuilles ainsi que sa racine, soit crues, soit cuites. Le Fenouil est principalement cultivé dansles environs de Pékine. L'exposition chinoise (classe 47, Produits chimiques et pharmaceutiques), contenait : N° 1846, un flacon de fruits d'Anethum fœniculum, pro- venant des douanes de Tien-tsin. N° 2065, des spécimens de fruits de Fœniculum dulce, des douanes de Hankow. En Chine, on attribue au Fenouil des propriétés diurétiques et toniques. Les feuilles servent à faire des infusions em- ployées en lotions contre les inflammations des paupières et des conjonctives. Avec ses fruits, on prépare une tisane car- minative et excitante pour relever les forces et combattre les douleurs d'estomac. On recommande aussi le Fenouil pour: augmenter la sécrétion du lait. La racine est regardée comme apéritive. (1) Somoku-Dusets, vol. V, p. 45, n° 37. (2) Pen-ts‘ao-Kang-mu (Matière médicale chinoise), écrite par Li shi chen de 1552 à 1578). D' Bretschneider, Bolanicon sinicum, p. 55. (3) Sou-shi-l'ung-k‘ao (Traité d'agriculture et d’horticulture en 78 volumes), publié par ordre impérial en 1742. D' Bretschneider, Botanicon SURICUM, p. 84. (4) Somoku-Dusels, vol. V, p. 45, n° 38. () Phonzo-Zoufou, vol. XLVIT, fol. 20 verso. (6) D'Bretschneider, Early Europ.researches into flora of China, p.154, n°249. 298 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ANETHUM GRAVEOLENS. [nondo.— Les Japonais cultivent aussi l’Anethum graveolens, que le Somoku-Dusets (1) marque sous le nom d’{nondo. [’Aneth odorant s'emploie comme condiment. Ses fleurs jaunâtres sont ordonnées comme remède stimu- lant et carminatif. On trouve aussi cultivé au Japon l’Anthriscus cœrefolium. Le Cerfeuil est indiqué dans le Somoku-Dusels (2) sous le. nom de Shaku ; quant au Persil (Apium petroselinum), il se trouve dans les jardins japonais. Sa racine est ordonnée comme apéritive et diurétique. L'Apium graveolens, que le Somoku (3) donne sous les noms de Oranda-Mitsuba et de Kiyomasa-Ninjin, se ren- contre aussi dans les jardins. C’est surtout en Chine que le Céleri, nommé K'u-kiu, est cultivé comme aliment et est em- ployé en médecine comme plante légèrement laxative. D’après MM. de Soubeiran et Dabry de Thiersant (4), il est recommandé contre les maux de tête, et on en fait des lotions sur les plaies et les blessures. Le Japon possède plusieurs espèces d'Angelica : L'Angelica japonica À. Gray, connu sous le nom de Shishi-Udo (5). L’Angelica decursiva Miq., que les Japonais appellent Nodake (6). L’Angelica refracta Er. et Schm. Oba-senkiu (7). L’Angelica Kiusiana Max. qu’on trouve dans l’île de Kiu-siu, et qui porte les noms de Ashitaba et de Hachijôso (8). L'Angelica florenti, espèce nouvelle, Fr. et Sav. (9) : Shi- rane Ninjin, d’après le Somoku-Dusels (10), qui croît, d’après (D) Somoku-Dusets, vol. V, p. 45, n° 39. (2) Ibid., p. 41, n° 8. (3) Ibid, p. 42, no 14. ni Soubeiran et Dabry de Thiersant, La matière medicale chez les Chinois, . 195. 1874. | o) Somoku-Dusets, vol. V, p. 44, n° 34. 6) Ibid., p. 44, n° 32. 7) Jbid., p. 40, n°2. 8) 1bid., p. 41, n° 13. 9 I ) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 188, n° 709. ( ( ( ( (10) Somoku-Dusets, vol. V, p. 42, n° 17. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 999 MM. Savatier et Maximowicz, dans la partie centrale de lil: de Nippon, dans la province de Nambu, sur le volcan Fudzi- yama et sur les montagnes d'Hakone. L'Angelica inæqualis, qui vient, d’après M. Maximowicz et le D’ Savatier, dans les endroits humides et ombragés, sur les montagnes d'Hakone et aux environs de la ville de Yokoska. L'Archangelica Gmetini, mentionné par A. Gray (1), par MM. Franchet et Savatier (2) dans Pile de Nippon, et par M. Maximowicz dans l'ile de Yeso. Le Phonzo-Zoufou le donne sous le nom de Doku-kwats (3). L’Angélique n’est pas cultivée au Japon comme plante ali- mentaire; mais on se sert de sa racine au Japon, de même qu'en Chine, comme plante médicinale. Elle est indiquée dans les écrits chinois : (le Shen-nung-Pen-ts‘ao-King) parmi les médicaments toniques, stomachiques et carminatifs. Elle est marquée dans le Pen-ts‘ao-Kang-mu parmi les plantes de montagnes, et elle est citée dans le Kiu-Huang-Pen-ts‘ao (4) au nombre des plantes à feuilles alimentaires. L'exposition chinoise (classe 47, Produits chimiques et pharmaceutiques) renfermait un certain nombre de spéci- mens des Angelica et Archangelica employés en médecine ; on remarquait : N°176%. Racines d’Angelica sp., provenant des douanes de Newchang. N° 1941. Angelica decursiva el officinalis, des douanes de Cheloo. N° 2093. Angelica decursiva du Se-tchuen. N° 2097. Angelicu sp. du Kansuh, ju Shenst et du Hupeh, des douanes de Hankow. N° 84). Racines d’Archangelica du Honan, venant des douanes de Tien-tsin. © (1) Asa Gray, Bolan. japon., p. 391. (3) Frauchet et Savatier, Enumeralio, vol. [, p. 188, n° 711, (3) Phonzo-Zoufou, vol. VII, fol. 16 recto. (4) Kiu-Huang Pen-ls'ao (Traité des plantes), par Chou ting wang, cinquième fils du premier empereur Ming, Hung Wu, qui régua de 1368 à 1398. La 2 édi- tion parut en 1559, avec une préface par Lu Tung. D’ Bretschneider, Bolanicon sinicum, p. 49-50. t 930 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. N° 2321. Angelica decursiva, des douanes de Shanghaï. N° 2473. Angelica decursiva, des douanes de Wênchow. N° 2510. Angelica sp., des douanes de Foochow. On trouve aussi au Japon plusieurs espèces de Bupleurum. On cultive dans les jardins de la partie centrale de l’ile de Nippon le Bupleurum falcatum : Mishima-saiko, d’après le Somoku-Dusets (1), désigné dans les livres Kwa-wi (2) sous le nom de Zaiko, à feuilles ressemblant à celles du Bambou, donnant en août de petites fleurs jaunes, ainsi qu’une autre espèce, le Bupleurum multinerve, que le Somoku (5) marque sous le nom de Togä-ku-saiko, auquel le Phonzo-Zoufou (4) assigne celui de Fotarou-so et le Kwa-wi (5) celui de Fotarou- kousa, à fleurs jaunâtres, qui croît dans le voisinage des habi- tations ; observé au Japon, de même que le précédent, par Miquel (6), Franchet et Savatier (7), ainsi que le Bupleurum sachalinense de Franz Schmidt (8) et de Franchet et Sava- er (9): Bupleurum aureum de Miquel (10), classé dans le Somoku-Dusets (11) sous les noms de Holaru-sù et de Maruba- saiko, qui croît à l’état sauvage dans la partie centrale de l’île de Nippon et dans l’île de Yeso. Le Somoku-Dusets (12) désigne, de plus, un autre PBupleu- rum sous la dénomination de Kakusan-saiko. Plusieurs Bupleurum sont usités en Chine dans la matière médicale. Le Pen-ts‘ao-Kang-mu (15) cite le Bupleurum fal- catum comme plante de montagne usitée en médecine. Une espèce, le Bupleurum octoradialum, est employée comme antigoutteuse et antirhumatismale. On en fait une | Somoku-Dusets, vol. V, p. 45, n° 40. Kwa-wi, Herb., vol. IT, p. 47-48, n° 20. (1) (2) (3) Somoku-Dusets, vol. V, p. 45, n° 42. (4) Phonzo-Zoufou, vol. VIT, folio 11 verso. (5) Kwa-wi, Herb., vol. I, p. 14, n° 10. (6) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 246. (7) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 179, n° 6S0. (8\ Franz Schmidt, Reesen auf der Insel. Sachal., p. 135. (9) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 179, n° 681. (10) Miquel, Prolusio flore Japonice, p. 246. (11) Somoku-Dusets, vol. NV, p. 46, n° 43. (12) Ibid., p. 45, n° 41. (13) Pen-ts‘ao-Kang-mu {Matière médicale chinoise), par Li Shichen, publiée de 1552 à 1578. Dr Bretschneider, Botanicon sinicum, p. 97. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 231 tisane sudorifique, qu’on prend pour diminuer la fièvre et dans les cas de phlébite. On en trouvait des échantillons dans l'exposition chinoise (classe 47, Produits chimiques et pharmaceutiques). N° 1578, provenant des douanes de Newchang. N° 1837, des douanes de Tien-tsin. N° 1951, des douanes de Chefoo. N° 2085, des douanes de Hankow, provenant de Honan. N° 2171, des douanes de Hankow. N° 2199, des douanes de Wuhu. N° 225$, des douanes de Chinkiane. N° 2376, des douanes de Ning-Po. N° 2511, des douanes de loochow. Quant au Chervis (Siuwm sisarum), 1l a été cité par Thun- berg (1) comme cultivé dans certains endroits du Japon; mais, suivant le D' Savatier (2), il ne parait pas y avoir été retrouvé depuis Thunberg. Le Sium sisarum a été mentionné par Linné et par diffé- rents auteurs comme une plante originaire de la Chine ; mais, d’après Maximowiez, il provient de la Perse, et, suivant M. le D' Bretschneider (3), il ne se trouve pas en Chine. D’après le Somoku-Dusets (4), il existe au Japon le Sium Nipponicum , mentionné par Maximowiez (5), connu sous les noms de Sawa-zeri et de Numa-zeri, ainsi que le Sium Ninsi de Thunberg (6), auquel les Japonais donnent le nom de Mukago-Ninjin. Le Sium Ninsi existe aussi en Chine, où il est appelé Chouy Kin nintzin. Sa racine est employée par les médecins chinois comme remède apéritif et vulnéraire. On en remarquait un spécimen dans l'exposition chinoise : (1) Thunberg, Flora japonica, p. 118. (2) Franchet et Savatier, vol. I, p. 181, n° 685. Observation. (3) D' Bretschneider, Early European researches into flora of China, p. 99, n° 106. (4) Somoku-Dusets, vol. V, p. 42, n° 19, et p. 43, n° 27. (5) Maximowicz, Mélanges biologiques, vol. IX, p. 17. (6) Thunberg, Ælora japonica, p. 118. D’après M. Maximowicz (Mélanges bio - logiques, vol. 1X, p. 18), le Sium ninsi (Thunb.) doit être rapporté en synonyme au Panax Giuseng (Fr. et Savat., vol. [, p. 181, n° 686, observ.). 239 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION: N° 1975, provenant des douanes de Chefoo. On trouve aussi au Japon le Cicula virosa, observé par Siebold, par Miquel (1), par MM. Franchet et Savatier (2), indi- qué dans le Phonzo-Zoufou (3) sousle nom de Kawa, et dans le Somoku-Dusets (4) sous celui de Kawazengô, ainsi qu'une autre espèce marquée sous la dénomination de © zeri (5). Suivant MM. Soubeiran et Dabrvy de Thiersant (6), l'espèce chinoise qui croît dans les provinces du Chen-si et du Kiang- nan ne semble pas avoir l’âcreté de l’espèce européenne. On se sert de la tige, des semences et de la racine, comme remède stimulant, antispasmodique et antiarthritique. L'exposition chinoise contenait au n°1663 (classe 47, Pro- duits chimiques el pharmaceutiques) plusieurs échantillons de racines et de semences de Cicula virosa, provenant des douanes de Newchang. Parmi les Ombellifères usitées en médecine, on doit aussi cller : L'Hydrocotyle Asiatica; Tsubohusa, d’après le Phonzo- Zoufou (7) et le Somoku-Dusels (8), mentionné par Thun- berg (9), par Miquel (10), par MM. Franchet et Savatier (11), qui croît dans les îtes de Kiusiu et de Nippon. Gelte plante s'emploie contre la syphilis et la scrofule. (1) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 245. (2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. [, p. 180, n° 683. (3) Phonzo-Zoufou, vol. VII, folio 13 recto. (4) Somoku-Dusels, vol. V, p. 43, n° 21. (5) Zbid., p. 42, n° 20. (6) Soubeiran et Dabry de Thiersant, La matière médicale chez les Chinois p. 199, 1874. (7) Phonzo-Zoufou, vol. XXX VII, folio 2 verso. (8) Somoku-Dusets, vol. IV, p. 39, n° 60. (9) Thunberg, Flora Japonica, p. 116. (10) Miquel, Prolusio flore Japonicæ, p. 243. (11) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. [, p. 178, n° 676. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 22 PALMÉES. CHAMxroPs EXCELSA. Shurô. — Dans le jardin du Troca- déro, sur le bord d’une petite pièce d’eau, s’élevaient deux beaux pieds de Chamwærops eæcelsa exposés par M. Kan-n6- Kiokou (classe 86, Fleurs et plantes d'ornement). Le tableau des productions utiles enregistrait au n° 140, le Chamærops excelsa (Shuro noki), avec un échanüllon de fibres brunâtres avec partie de la feuille et du pétiole, ainsi qu'un spécimen de ficelle brun rougeâtre. Un tableau des différents bois japonais, offert au Muséum d'histoire naturelle, contenait des morceaux de bois de Shuro. La collection des bois de la galerie des machines renfermait au n° 89, un morceau de bois de Shuro, de couleur blanc brunâtre. Dans une des salles de lPExposition, on remarquait une série d'objets fabriqués avec les fibres du Chémœærops ex- celsa : tapis de couleur brun marron, à couleurs rouge et verte, très durables pour escaliers ; balais élégants et solides, de couleur marron ; cordes très résistantes, de couleur brun rougeâtre de plusieurs grosseurs; paquets de fibres natu- turelles ; série de paniers de différentes grandeurs ; nattes tressées ; paillassons ronds et carrés, très souples; plusieurs malles, faites en fibres tressées. Le Chamærops exæcelsa de Thunberg (1), de Kæmpfer (2), de Miquel (3), de Franchet et Savatier (4), de Martins (9): Trachycarpus Fortunei de Wendland (6) et de Gay (7), est désigné dans le Phonzo-Zoufou (8) sous le nom de (1) Thunberg, Flora Japonica, p. 130. (2) Kæmpfer, Amænilatum exolicarum, p. 898. (3) Miquel, Prolusio flore Japonicæ, p. 329. (4) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. If, p. 1, n° 1700. (5) Martius, Palm., 125. Le Chamærops excelsa Mart. (non Thunb.) est la var. grandis du Trachycarpus Fortunei. (6) Wendland, Collectio plantarum. (7) 3. Gay, Bulletin de la Société Botanique, VIT, p. 429. (8) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXV, fol. 16. 234 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Shiro. La Commission japonaise (1) le donne sous celui de Shurô. On le rencontre à l’état spontané dans les îles Liou-Kiou, Kiousiou, Sikokou et dans les parties méridionales de l’île de Nippon, où il n’est pas spontané, mais seulement cultivé. Suivant M. le D'Savatier, sa végétation est encore vigoureuse à Yokoska et à Tokio. Il y fructifie à l’exposition du midi et à l'abri du vent, suivant M. Dupont. Il est commun sur les collines, le long du littoral. Il est difficile d'affirmer s'il est indigène. Si on le regarde comme identique avec le Chameæ- rops Fortunei de Hooker, ou comme une variété de ce pal- mier, 1l serait originaire des montagnes de l’île de Chusan (Chine). D’après M. de Kerchove de Denterghem (2), le Trachy- carpus Fortunei diffère peu du Trachycarpus excelsus pro- prement dit; dans l’espèce dédiée à Fortune, qui conserve plus longtemps ses feuilles et qui est plus vigoureuse et plus rustique, les petioles sont plus longs et plus gros et les divi- sions du limbe plus larges. Le Chamcærops excelsa, connu sous le nom de Palmier- Chanvre, est très élégant d’aspect ; il est garni d’une bourre épaisse formée de filaments entrelacés à la base engainante des feuilles. Ces feuilles sont disposées en éventail, elles sont étroites, à longs pétioles; leurs frondes flabelliformes sont d’un vert grisâtre. Le Shurû est très employé dans l’industrie japonaise. D’après M. Dupont(3), au mois de septembre de chaque année, on coupe les feuilles âgées de plus de deux ans, ainsi que les gaines fila- menteuses et on ne laisse que les feuilles supérieures des deux dernières années. On soumet ces feuilles à l’action de la vapeur d’eau pour les désagréger et les blanchir ; on s’en sert pour fabriquer des éventails, des paillassons, des tapis, des nattes, des paniers, des coussins. Les filaments résistants de la base engainante des feuilles sont employés pour faire des brosses, des balais, des ficelles, des cordes, des cordages, des tresses (1) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. IF, p. 119, n° 89. (2) Oswald de Kerchove de Denterghem, Les Palmiers, p. 62 et 331, 1879. (3) E. Dupont, Les essences forestières du Japon, p: 101, 1879. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 935 de couleur brun rougeâtre. Suivant M. Dupont, ces filaments sont aussi usités pour confectionner les crins des chevaux de jouets d'enfants et les perruques des poupées. On en fait des chapeaux et des vêtements imperméables. Quant au bois de Shurô, il est recherché en menuiserie et dans la construction des maisons pour les poutres et les pilotis. Comme plante ornementale, le Shurà est très apprécié des Japonais, qui le cullivent souvent autour de leurs habitations et dans leurs jardins ; ils en garnissent des vases, qu’ils placent dans l’intérieur des appartements. En Chine, le Chamærops excelsa croît spontanément et est cultivé dans les provinces du Chèhkiang, Kouantoung, du Kwangsi, du Yun-nan, dans les îles de Hainan, de Chusan et de Formose. Il est cultivé sur les côtes orientales de l'empire chinois entre le 25° et le 35° degré de latitude. Le R. P. David, en 1868, l’a trouvé spontané dans les vallées du Chêéhkiane. *obert Fortune l’a rencontré dans l’île de Chusan (30° degré latitude); à Péking, 1l est cultivé, mais on l’abrite pendant l'hiver. À Canton, d’aprèsle R. P. David, il est cultivé sans abri dans les jardins. Il est employé aux mêmes usages en Chine qu’au Japon et l'exposition chinoise contenait (classe 38, Objets accessoires du vêtement) une série d’éventails el d'écrans à la main, en feuilles de Chamærops excelsa. Ces éventails s’exportent, par quantités considérables, dans l'Inde, aux États-Unis, dans l'Amérique du sud et en Europe. Classe 38, Habillements des deux sexes : N° 1211. Vêtements imperméables en fibres de palmier. N° 1212. Vêtements ordinaires én fibres de palmier, pro- venant des douanes de Ning-pô (province du Chèhkiang). Classe 44, Produits des exploitations et industries fores- tières : N° 1477. Ouvrages en fibres de palmier (tapis, balais, brosses), provenant des douanes de Wenchow (province du Chéhkiang). 2306 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Classe 46, Produits agricoles non alimentaires : N° 1679. Fibres de Chamærops excelsa, Ch. Fortunei et fils de palmier pour cordes, cordages et brosses, provenant des douanes de Hankow (province du Houpeh). N° 1734. Fibres de Chamcærops excelsa, provenant des douanes de Kiungchow (province du Kouantoung). Le Chamærops excelsa est connu en Europe depuis 1712, époque à laquelle Kæmpfer l’a signalé, mais il est surtout apprécié et introduit depuis les voyages de Robert Fortune dans les provinces du nord-est de la Chine de 1845 à 1845 et de 1893 à 1856. On cultive actuellement le Ch. excelsa partout où la tem- pérature ne s’abaisse pas au delà de 14 degrés au-dessous de zéro car 1l supporte les froids de 12 et 14 degrés. Le Palmier de Fortune se recommande comme arbre à acclimater, par l’élégance de son aspect, la beauté de son feuillage, sa rusticité et son utilité. D’après M. de Kerchove, dans son bel ouvrage sur les Pal- miers (1), il est cultivé avec succès à Hyères dans les magni- fiques jardins de la villa de M. Bonnet. MM. Gambard, Vigier et plusieurs amateurs à Cannes età Nice en ont degrandsexem- plaires. M. Naudin à Collioure, d’autres personnes à Bordeaux et à Cherbourg, s’en occupent avec succès; à Paris 1lven a de beaux spécimens au jardin du Luxembourg et au Jardin d’acclimatation. On trouve à Segrez (2) le Trachycarpus Fortunei avec var. grandis ei var. lomentos«. Tous les grands horticulteurs cultivent avec succès ce beau Palmier, qui était représenté à l’exposition de Nancy (3), exposé par M. Crousse, ainsi que des semis présentés par M. Gallé (graines, obtenues en plein air chez M. Lavallée, à Segrez, sur des sujets ayant perdu toutes leurs feuilles en 1870-1871, el ayant fructifié en 1878). L'exposition d'automne de la Société nationale d’horticul- (1) Oswald de Kerchove de Denterghem, Les Palmiers, p. 62, 1878. (2) A. Lavallée, Arboretum Segrexianum, p. 103. (3) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 35, n° 1501. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 937 ture de France en 1883 contenait de beaux spécimens de Chameærops excelsa exposés par M. Saison-Lierval, horticul- teur à Neuilly. Notre sympathique coliègue, M. Duval, horti- culteur à Versailles, possède dans les serres de son magnifique établissement un pied de Chamcærops excelsa de quatre mètres de haut. Dans l’île de Wight et dans les jardins royaux d’Osborne, en Angleterre, le Chamærops excelsa est cultivé avec succès. Il en est de même à Herrenhausen, près de Hanovre, dans la superbe collection de Palmiers, faite par les deux frères Wend- land, et chez M. Oswald de Kerchove de Denterghem, à Gand, qui a publié sur les Palmiers un ouvrage très intéressant, en 1878. 4 RHAPIS FLABELLIFORMIS. T0 shiro. — On remarquait aussi dans le jardin du Trocadérole Rhapis flabelliformis Aiton (1), observé au Japon par Ktempfer (2), par Miquel (3), par Fran- chet et Savatier (4), décrit par Martius (5), connu au Japon sous le nom de T6 shiro, d’après le Phonzo-Zoufou (6), et aussi sous celui de Sô dzikon. Le Rhapis flabelliformis, originaire des iles Liu-Kiu, suivant Siebold, ainsi qu’un autre Rhapis, le R. major de Blume également cultivé au Japon, s’élève rarement à plus de 2 mètres ; sa hauteur moyenne est de 1 mètre à 1 mètre 1/2 ; son slipe, de la grosseur d’une forte canne, est garni de nombreux filaments entre-croisés, de couleur brun noi- râtre ; il porte des feuilles, petites, étroites, flabelliformes, à pétioles durs, petits et longs de 0",50 ; ces feuilles sont disséminées dans la hauteur de la tige. Le Rhapis flabellh- formis forme des touffes d’un aspect gracieux et très orne- mental. Avec la tige on fabrique des lignes de pêche et des cannes (1) Aiton, Hortus Kewensis, ed. 1, vol. IT, p. 473. (2) Kæmpfer, Amænitatum exoticarum, p. 798. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 329. (4) Franchet et Savatier, Enuwmeratio, vol. I, p. 2, n° 1701. (5) Martius, Palm., 253, tabl. 144. (6) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXW, fol. 17 verso. 258 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. qui sont l’objet d’un grand commerce avec lAngleterre. Comme plante d'ornement, le ÆRhapis flabelliformis est souvent placé dans des vases qui décorènt l’intérieur des ap- partements. Le Rhapis flabelliformis est cultivé dans la Chine méridio- nale et dans l’île de Hong-Kong. Le Rhapis flabelliformis a élé introduit en Europe en 1774; on en a fait une variété à feuilles panachées chez M. Van Houtte. IL est très rustique et est cultivé à l'air libre chez M. Naudin, à Collioure. Il y en a plusieurs beaux spécimens dans les serres du Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne. On le rencontre chez presque tous les grands horticul- teurs. Il était représenté à l'exposition de Nancv, exposé par M. Blaise (1). A l’exposition de la Société nationale d’horticulture de France en 1882, on remarquait plusieurs pieds de Rhapis [labelliformis, exposés par la direction des travaux de la Ville de Paris (Établissement horticole de la Muette). A l’exposition d'automne de la Société nationale d’horti- culture de France, en 1883, on pouvait admirer deux beaux exemplaires de Rhapis flabelliformis, exposés par M. Saison- Lierval, horticulteur à Nancy. M. Duval, horticulteur à Ver- sailles, possède deux cents pieds de Rhapis flabelliformis, en pleine terre, en serre. Il est cultivé en Hanovre, à Herrenhausen, dans les belles serres de MM. Wendland frères, et à Gand, dans la remar- quable collection de Palmiers de M. Oswald de Kerchove de Denterghem, qui l’a décrit dans son intéressant ouvrage sur les Palmiers (2). LIVISTONA GHINENSIS. Birô, — On rencontre aussi au Japon le Livistona Chinensis de Brown (3), de Miquel (4), de (1) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 93, n° 1899. (2) Oswald de Kerchove de Denterghem, Les Pulmiers, p. 62, 180-181, 227, 264, 293-294, 297, 335, 1878. (3) Brown, Prodrom., 268. (4) Miquel (F. A. W.), Prolusio floræ Juponice, p. 329. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 939 Franchet et Savatier (1), de Martius (2) : Chameærops Biroo de Siebold (3), Latania borbonica de Lamarck (4), désigné dans le Phonzo-Zoufou (5) sous nom de Biroo. Le Biroo, originaire de la province du Se-Tchuen, dans la Chine méridionale, est cultivé dans les parties chaudes du Japon. Les feuilles, de couleur vert clair, sont larges, disposées en éventail, les pétioles longs et gros sont garnis d’aiguillons verdâtres dans la moitié de leur lon- gueur. Cest un Palmier d’un bel effet ornemental. Le Livistona Chinensis a été introduit en Europe en 1827. Il est très répandu et se cultive en serre froide. Il existe de- puis longtemps au Jardin du Hamma, en Algérie, de magni- fiques exemplaires de Zivistona Chinensis. On le trouve dans la belle collection de Palmiers de M. Os- wald de Kerchove de Denterghem, qui le décrit dans son ouvrage sur les Palmiers(6), et dans les serres de MM. Wend- land, à Herrenhausen, où il existe un Livistona Chinensis, dont le stipe est haut de 7 mètres et dont le magnifique feuillage mesure 8 mètres de circonférence. PAPAVÉRACÉES. PAPAVER SOMNIFERUM. Keshi. — Dans une des parties du jardin du Trocadéro il y avait plusieurs pieds de Papaver somniferum à fleurs blanches. Sous le n° 10% du tableau des productions utiles était classé le Papaver somniferum L. sous le nom de Æeshi, avec une certaine quantité de graines blanches de Pavot. La collection des graines employées dans l'alimentation comprenait un bocal de graines blanches de Pavot. Dans la 1) Franchet et Savatier, Znumeralio, vol. IX, p. 2, n° 1702. 2) Martius, Palm., 140, tabl. 146, £. 1-3. 3) Siebold, in Mart., p. 252. 4) De Lamarck, Encyclopédie méthodique, IL, p. 427. 5) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXV, fol. 19 verso. 6) Oswald de Kerchove de Denterghem, Les Palmiers, p. 333-334, 1878. ( ( ( ( ( ( 210 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. classe 47 (Produits chimiques et pharmaceutiques), on remar- quait des spécimens d’opium du département de Miye (pro- vince de Ise). | Le Papaver somniferum L. est désigné au Japon sous le nom de Xeshi d’après le Phonzo-Zoufou (1) et Le Somoku- Dusets (2). Il a été observé au Japon par tous les voyageurs; il est relaté dans les ouvrages de Miquel (3) et de Franchet et Savatier (4). On le rencontre souvent cultivé comme plante ornementale dans les jardins des Japonais, où il existe de belles va- riétés de Pavot à fleurs doubles de toutes les nuances, variant du blanc au rouge violet. Il vient aussi, à l’état demi-sauvage, dans le voisinage des habitations, ainsi qu’une autre espèce, le Papaver Rhæas L. Cette espèce de Pavot rouge sauvage, connue sous le nom de Coquelicot à fleurs simples, porte le nom de Hina-geshi suivant le Somoku- Dusets (5). Le Coquelicot est fréquemment cultivé dans les jardins, et les horticulteurs Japonais en ont fait des variétés à fleurs doubles, qui sont connues sous le nom de Bidjen-sû d’après le Phonzo-Zoufou (6). En dehors de sa culture comme plante ornementale, le Papaver somniferum est surtout intéressant comme plante alimentaire (7), industrielle et médicinale. Les graines du Xeshi, qui ont une saveur douce, font partie de la nourriture japonaise; on les mange crues, grillées et mélangées avec les légumes, d’après la Commission Japo- naise (8). Ces graines, très petites, existent en très grand nombre (1) Phonzo-Zoufou, vol. XLIL, fol. 7 et 14. (2) Somoku-Dusets, vol. X, p. 93, n° 1. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 179. (4) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. 1, p. 28, no 112. (5) Somoku-Dusets, vol. X, p. 93, n° 2. (6) Phonzo-Zoufou, vol. XLI, fol. 15 recto, fol. 14 verso. (7) Eu Perse, en Turquie, en Égypte, les graines de Pavot sont usitées dans l'alimentation. En Italie, on les enrobe de sucre, on les mélange à des pâtis- series et souvent aussi au pain. (8) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. II, p. 139. Épices. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 341 dans les capsules des Pavots; celles du Pavot blanc sont blanches, celles du Pavot noir (Papaver nigrum), à fleurs d’un rouge violet, présentant une lache noire à la base des pétales, sont noires; une variété de Pavot, qu'on nomme le Pavot pourpre, est à fleurs blanches et à graines pourpre. Les graines de Pavot sont exemptes du principe vireux con- tenu dans le reste de la plante, principalement dans les cap- sules; elles sont formées de mucilage et contiennent une erande proportion (le quart de leur poids) d'huile grasse, de couleur ambrée, qu’on sépare par broiement el par expres- sion des graines; cette huile, connue sous le nom d'huile d'œillelte où d'huile blanche, ne se fige pas par le froid, elle est alimentaire et on la mélange fréquemment à l'huile d'olive ; elle est aussi employée par les peintres comme huile siccative. Cette huile s’extrait surtout du Papaver nigrunr. Le principal produit qu'on retire du Pavot est l’opium. La variété de Pavot qu’on cultive de préférence pour l'extrac- tion de l’opium est le Pavot à fleurs et à graines blanches, parce que ses capsules sont plus volumineuses et qu’elles con- tiennent une plus grande proportion d’opium que celles du Pavot noir. | L'extraction de l’opium se fait de la manière suivante : très peu de temps avant la maturité des capsules, avant qu'elles passent du vert au jaune, le matin, quand la rosée est dis- sipée, on fait des incisions obliques sur les capsules des Pavots. D'après Kæmpfer (1), ces incisions sont faites superficiel- lement afin de ne pas percer le péricarpe et de ne pas empê- cher les graines de mürir, quelques jours plus tard, on renouvelle les incisions sur une autre face. Ces incisions se font avec un couteau spécial. On recueille sur des lames de bambou le suc blanc laiteux qui suinte par les ouvertures; ce suc devient jaunàtre, puis brunâtre, et forme le lendemain matin des gouttes à demi (1) Kæmpfer, Amænilalum eæolicarum, p. 643, 1712. 4 SÉRIE, T. [. — Mars 1884. 16 949 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. concrètes, qu’on réunit dans des vases en bambou; c’est ia première qualité d’oprum connue en Europe sous le nom d’Affiun (1). Cette qualité d’opium est moins âcre, moins amère ; c’est la plus chère et on la trouve rarement dans le commerce, car elle est consommée sur place par la classe riche. Une qualité secondaire s’obtient en pilant les capsules et la partie supérieure des tiges, puis en évaporant jusqu’à siccité, ou en exposant le produit au soleil jusqu’à ce qu’il soit devenu suffisamment consistant pour former un extrait qui est malaxé avec les doigts et divisé en masses brunâtres, qui sont enve- loppées dans des feuilles de Pavot, de Rumex, d’Aréquier ou de Tabac : c’est l’opium du commerce, désigné en pharmacie sous le nom de Wéconium. Le bon opium est sec, brunâtre, se casse facilement avec une cassure brillante, résineuse ; son odeur est vireuse, sa saveur amère, nauséabonde, persistante. Il se ramollit quand on le pétrit avec les doigts et qu’on le chauffe avec l’haleine, ou qu'on l’approche du feu; il s’enflamme à la flamme d’une bougie. On obtient aussi un opium de qualité inférieure, nommé Poust, en faisant bouillir et évaporer les résidus du Méco- nium. Gette qualité sert fréquemment à falsifier l’opium du commerce. On le falsifie aussi en y mélangeant soit de l'extrait de réglisse ou de laitue, soit du goudron, soit de la noix d’Arec, soit des gommes-résines brunâtres ressemblant exté- rieurement à l’opium, soit en y ajoutant les résidus des pipes à opium. Cet opium est souvent en usage parmi la classe pauvre. L’opium, surtout celui qui doit être fumé, est souvent mé- langé au tabac, principalement en Chine et en Cochinchine. On prépare avec le Pavot, qu’on fait bouillir avec de l’eau, du tabac et des plantes aromatiques, un liquide qu’on fait éva- porer jusqu’à consistance de pâte et qui porte le nom de Chandoo. Gette pâte est vendue sous forme de petites boules (1) En chinois, A-fou-iang. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 943 pour être fumée. L’opium est aussi mélangé au bétel (1). Les Chinois mêlent souvent l’opium de provenance turque à l’opium indien afin de donner à celui-ci plus de force (2). Très fréquemment les Chinois riches ajoutent à l’opium, ainsi qu'au tabac, quelques gouttes d'essence de roses. La proportion de morphine contenue dans l’opium n'es! pas toujours la même, elle varie de 6,94 pour 100 et même moins, jusqu'à 25 pour 100 (suivant MM. Reveil, Guibourt et plusieurs autres auteurs, l’opium extrait des capsules du Pavot pourpre contient jusqu'à 25 pour 100 de morphine). En pharmacie, comme la très Justement fait remarquer M. le professeur Bouchardat, on ne doit admettre que l’opium titré à 10 pour 100 de morphine. Au Japon, l’opium qu’on recueille de la culture du Pavot n’est pas destiné à être fumé, n1 à être mangé ; car les Japo- nais ne sont n1 mangeurs, ni fumeurs d’opium. Il est, du reste, peu employé dans la médecine japonaise. Cest en Chine, au Tongkiny, dans l’Annam et dans la Co- chinchine, que l’opium (3) est employé sur une immense échelle; moins cependant en Cochinchine, où, suivant MM. Bouiïnais et Paulus, dans leur intéressant ouvrage sur la Cochinchine contemporaine, il n’y aurait que 5 pour 100 de la population qui serait adonnée à l’opium (4). Il se fait une importation considérable d’opium dans le Céleste-Empire, importation qui, d’après le journal l’Union (1) Le bétel est le masticatoire recherché des Chinois, des Annamites, des ha- bitants de l’Indo-Chine, du Cambodge, de Siam et du Laos. Il est formé de chaux éteinte, de noix du Palmier arec et de feuilles de Poivrier bétel. On y ajoute quel- quefois un peu de tabac. Ce masticatoire noircit les dents, rend les gencives et les lèvres extrêèmement rouges et teint la salive en rouge. Les Asiatiques qui se livrent à l'usage du bétel ont sur eux une boîte laquée à plusieurs comparti- ments, dont l'un, garni d'une garniture métallique, contient de la chaux en sorte de pâte et les autres renferment des morceaux de noix arec et du tabac. Ils ont pendu à leur côté un petit sac qui contient des feuilles de bétel, Ils frottent les feuilles de bétel avec la chaux, enveloppent la noix d’arec dans la feuille et en forment une sorte de boule qu’ils chiquent et gardent dans la bouche. (2) P. 0. Reveil, Recherches sur l'opium. Des opiophages et des fumeurs d'opium, p. 72, 1856. (3) D’après M. le D° E. Martin, dans son travail sur l’opium en Chine, lopium se nomme A-pien dans le dialecte cantonnais. (4) A. Bouïnais et Paulus, La Cochinchine contemporaine, p. 235, 1884. 244 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. médicale (1), aurait été, suivant M. Garnier, consul général de France à Shanghaï, de 315 millions de francs (2), représen- tant la valeur de l’opium étranger consommé dans le courant de l’année 1880 par la population de l'empire chinois. L'in- troduction générale de l’opium étranger a augmenté pendant les dix dernières années de 13,50 pour 100, et l'importation dans les Treaty Ports, pendant cette période, s’est accrue de 43,50 pour 100. L’opium importé en Chine provient de Malva, dans la pré- sidence de Bombay, qui, dans certaines années, à expédié plus de 15000 caisses, contenant chacune 135 livres d’opium; de Patna, qui en a envoyé, en moyenne, 5500 à 6500 caisses, et de Bénarès (3), dans la présidence du Bengale, qui en fournit annuellement 1500 à 1800 caisses. Une grande par- tie des chargements d’opium arrive à Canton dans la province du Kouang-toung, à Tien-tsin dans la province du Tchili, et à Shanghaï, qui est une station d’emmagasinage d’opium, dans la province du Kiangsou. En dehors de l’opium importé régulièrement par les navires et qui acquittent les droits de douane, il s’en introduit beau- coup par contrebande. D’après M. Hausmann (4), un des endroits où se fait le plus cette contrebande est le village de Hou-Song, non loin de la ville de Shanghaï, sur la rivière Hou-Song, qui se jette dans le fleuve Yang-tze-kiang. Il y à souvent dans le port de Hou-Song plus de dix navires contre- bandiers chargés d’opium. Un des grands centres de la vente de l’opium, en même temps'que du thé en Chine, est la ville de Fou-tchaou-fou, capitale de ia province du Fo-kien, située sur la rivière Min. Indépendamment de l’opium indien, il en arrive aussi, d'après M. le D'E. Martin (5), des ports du golfe Persique, (1) L'Union médicale, n° 165, 3 décembre, p. 924, 1882. (2) Le prix de l’opium varie de 40 à 80 francs le kilogramme. (3) Suivant M. Reveil (Flore médicale, t. III, p. 29), les opiums de Patna, de Malva et de Benarès, destinés à la consommation des Chinois, sont toujours fraudés et falsifiés. (4) Aug. Hauemann, Voyage en Chine, tome 1°", (848. (5) D' E. Martin, L'opium en Chine, p. 14, 1871. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 945 qui en envoient chaque année environ 1500 caisses de 73 kilogrammes chacune. Cet opium est expédié à Batavia pour être ensuite porté sur les côtes chinoises. Le droit de douane fut d’abord fixé par le gouvernement chinois, dans le traité de Tientsin, à 30 taels (1) (plus de 240 francs) par picul (2) d'opium. Le picul d’opium se vend en moyenne 900 taels (près de 4000 francs) (3). Plus tard, ce droit d'entrée fut porté de 30 taels à 50 taels (4). En dehors de l'immense quantité d’opium importé en Chine, le Céleste-Empire en produit considérablement. Il est impossible de déterminer d’une manière précise la consom- mation totale de l’opium dans l'empire chinois, car le Pavot étant cultivé dans les deux tiers des provinces, 1l y a une pro- duction d’opium indigène tellement grande, qu’elle a fait baisser l'importation de l’opium étranger. La culture du Pavot (Yn {chou hou) a été introduite depuis longtemps. Elle a été commencée en 1736 dans la province du Yunnan (9), de Pavots provenant de l'Inde; puis, malgré la défense du gouvernement, qui édicta les peines les plus sévères, même la peine de mort, contre les cultivateurs de Pavot et les producteurs d’opium, elle s’est étendue non seu- lement au Tchi-li, mais aussi à la Mongolie et à la Mandchou- rie, et aux provinces du Chêhkiang, du Setchuen, du Kouit- chou, du Honan, du Hou-pe, du Kian-si, du Shan-toung, du Shan-si, du Shen-si et du Kan-sou, et comme le fait remar- quer M. le D' Martin dans son remarquable travail sur l’opium en Chine, il est permis d'avancer que la culture du Pavot est devenue générale dans l'empire chinois (6). Le climat et le sol du sud de la Chine conviennent admira- blement à la culture du Pavot, qui donne deux récoltes (1) Le tael vaut 8 fr. 33. C’est une valeur fictive, qui n'existe pas comme monnaie. (2) Le picul équivaut à 60,300. (3) D°E. Martin, L'opium en Chine, p. 16. (4) bid., p. 23. (5) Suivant MM. Soubeiran et Dabry de Thiersant, la culture de l'opium dans e Yuanan à fait disparaître presque complètement les- abeilles, autrefois très abondantes dans cette province. (6) D' E. Martin, L'opium en Chine, p. 10. 9246 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. annuelles (1) et quelquefois trois (2); on alterne avec le Blé (Me), le Soja (Hoam-teu), les Haricots (Liu-leu) ; après la récolte, on coupe les tiges de Pavot, on les fait sécher et on les emploie comme combustible ; on irrigue le sol et on sème du Riz (Mi). Un acre de terrain planté en Pavots rapporte environ 200 taels d’opium (3). Dans certains endroits, à Kirin par exemple, le sol est presque entièrement couvert de Pavots, el on apporte annuellement au marché plus de 300 piculs d’opium; ce qui diminue, dans cette région, le commerce de l’opium indien. L’opium indigène contient environ 6,94 pour 100 de mor- phine et 8,87 pour 100 de narcotine (4), d'après l'analyse du D° Jameeson, et vaut comme valeur commerciale vingt fois moins que l’opium indien, qui est préférable comme qualité et qui est recherché de préférence par les Chinois riches. Déjà en 1869, d’après le rapport des délégués de la Chambre de commerce de Shanghaï, la production indigène de l'opium dépassait la quantité d’opium envoyée de l'Inde. L'exposition chinoise (classe 46, Produits agricoles non alimentaires) renfermait un certain nombre d’échantillons d’opium indigène : | N° 1615. Opium indigène du Papaver somniferum, cultivé en Mandchourie, provenant des douanes de Newchang. N° 1710. Opium indigène des préfectures de Wenchow et de Taichow, province du Chêhkiang, provenant des douanes de Wenchow. Cet opium contient à l'analyse : EU SEE RE .. 99 pour 100 Cendress PLEIN 6,5 Morphine ..... DE HEUTR TS Narcotine een 0 01 (1) Soubeiran et Dabry de Thiersant, La maliere médicale chez les Chinois, p. 214. (2) D'E. Martin, L'opium en Chine, p. 11. (3) Jbid., p. 17 (4) Soubeiran et Dabry de Thiersant, La maliere médicale chez les Chinois, p. 214. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 927 N°1730. Opium indigène, venant des douanes de Canton. N° 1731. Opium préparé. N° 2141 et 2142. Opium du Set-chuen, provenant des douanes de Hankow. Le Pavot est usité en Chine depuis longtemps. Les graines sont employées comme aliment. D'après le Pen-ts'ao-Kang-mu (1), qui fut publié de 1599 à 1578, il en est fait mention dans la 2 division des graines, chapitre 11. L'opium est ordonné par les médecins chinois contre Îles inflammations intestinales, la diarrhée et la dysenterie. Les capsules du Pavot sont prescrites en décoction contre Îles inflammations externes et internes. Les fleurs sont admi- nistrées en infusion calmante. Dans l'exposition chinoise, on remarquait dans la classe 47 (Produits chimiques et pharmaceutiques) : N° 1910. Capsules du P. somniferum, remède sédatil et astringent, venant des douanes de Chefoo. N° 2054. Capsules du P. somniferum, du Se-tchuen et du Yunnan, provenant des douanes de Hankow. N° 2235. Capsules du P. somniferum, remède calmant, venant des douanes de ChinsKiang. En Cochinchine, le Pavot n’est pas cultivé. M. Spooner, commissaire près de l’ancienne ferme d'opium, à cherché à l’acclimater à Saïgon et a obtenu des capsules grèêles de Papa- ver somniferum de graines provenant du Bengale (2). Les Annamites pensent trouver dans l’opium, qui est importé de Bénarès, une sorte de panacée à tous les maux et un remède à toutes les affections dont ils sont atteints. Ont-ils des migraines, ils s'appliquent de l’opium sur le front et se font dans les oreilles des injections d’eau-de-vie de riz saturée d'opium. Pour faire disparaître les douleurs intesti- nales, ils mâchent deux à trois grains d’opium, jusqu'à ce que les coliques soient calmées. Ils combattent les accès de fièvre avec du thé, auquel 1ls ajoutent un peu d’opium. L'opium est la base de leur médecine. (1) D: Bretschneider, Botanicon sinicum, p. 59. (2) A. Bouïnais et Paulus, La Cochinchine contemporaine, p. 260, 1884. 9248 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. En Chine, au Tongkine, dans l’Annam et dans la Cochin- chine, de même que dans l’Inde, en Perse et en Turquie, l'opium est souvent pris en nature ou fumé, et cette passion est aussi répandue que pernicieuse. On distingue les buveurs, les mangeurs et les fumeurs d’opium. Les buveurs d’opium prennent l’opium soit dans une infu- sion de thé, soit en solution dans l’eau, ou bien encore ils le font macérer dans l’eau-de-vie de riz (que les Anna- mites et les Cambodgiens nomment Choum Choum), et y ajoutent un peu de noix d’arec et l’absorbent à la dose de 100 à 160 grammes et plus. Les Persans mêlent aussi l'opium à l’eau-de-vie, et on vend dans les cafés persans une décoction de capsules et de graines de Pavot nommée kokenaar (1), qui est bue bouillante, qui détermine une gaieté exubérante et une ivresse qui finit par un sommeil lourd et profond. D’après M. le D' Réveit (2) (dans sa remarquable thèse sur lopium, Les opiophages et les fumeurs d'opium), les Tartares du Caucase ajoutent sou- vent des capsules non müûres de Pavot dans les tonneaux où fermente le vin. Les mangeurs d’opium chinois et annamites prennent l’opium en nature sous forme de petites boulettes pesant de 1/2 centigramme à 2 grammes et même davantage, et ils répètent cette consommation plusieurs fois par jour; certains mangeurs d’opium consomment jusqu’à 19 grammes et même jusqu'à 30 grammes dans les vingt-quatre heures. Les vieux Chinois pauvres mangent quelquefois les résidus des pipes à opium, qu’ils nomment mieu «. Un assez grand nombre de ces opiophages, au lieu de l’absorber en boulettes, en mettent un peu dans leurs ali- ments, principalement dans le riz, qu'ils saupoudrent d’opium réduit en poudre. Ils prennent souvent l’opium comme forti- fiant; ainsi font les Theriakis lurcs ou mangeurs d’opiun ; il en est de même des courriers tartares et indiens, qui (1) P. 0. Reveil, Recherches sur l'opium. Des opiophages et des fumeur d'opium, p. 59, 1856. (2) bid., p. 59. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 949 ont toujours sur eux une provision d'opium qu'ils partagent avec leurs chevaux (1), et qui puisent dans cet ingrédient la force de voyager plusieurs jours et plusieurs nuits sans se reposer. Ils prennent aussi l’opium comme calmant et pour se pro- curer un sommeil qui leur apporte des rêves agréables. Ils n’avalent pas de suite l’opium, ils le gardent longtemps dans la bouche de manière à en imprégner la salive qu'ils avalent ensuite. A petites doses, l’opium est excitant, soutient les forces, et son premier effet est d'amener une gaieté loquace, des propos extravagants, une irascibilité et une tendance aux disputes. Plus tard, une ou deux heures après qu’il a été absorbé, il dé- termine un assoupissement, puis un sommeil particulier, qui est d'autant plus lourd et plus long que la dose a été plus considérable. Quand ils sentent venir l’assoupissement, ils s'étendent sur une natte et restent alors immobiles, les yeux ouverts, dans un élat qui a, disent les mangeurs d’opium, d'autant plus de charme que l'habitude est plus ancienne. La durée du sommeil est de sixä huit heures. [Il n’est pas rare ce- pendant de voir des mangeurs d’opium rester quinze, dix-huit et même vingt-quatre heures dans la même position, sans manger, et, quand l'effet de l’opium est dissipé, se lever etaller à leurs occupations. Il n’y a pas que les hommes qui aient cette passion, les femmes el quelquefois aussi les enfants con- tractent l'habitude de manger de lopium, et cette passion est telle, que les mangeurs d’opium cherchent par tous les moyens, mème par le vol, à la satisfaire. [ls commencent par en absorber quelques centigrammes et augmentent rapide- ment la dose, et arrivent à des quantités considérables, puis- qu'ils en mangent jusqu’à 30 grammes en vingt-quatre heures. J'ai soigné des mangeurs d’opium qui avaient pris cette habitude dans un long séjour en Chine et en Cochinchine, et J'ai pu me convaincre par moi-même de la terrible influence de cette passion sur le physique el sur le moral. Ces mangeurs (1) En Europe, on donne souvent aux chevaux de course, pour les exciter, des pilules qui contiennent de l’opium. 250 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. d’opium étaient considérablement amaigris, la face pâle, jaunâtre, les yeux, par instants, atones, sans expression, les pupilles contractées de manière à ne laisser qu’une ouverture comme une tête d'épingle, le corps porté en avant par la cour- bure de la colonne vertébrale, la démarche incertaine, les membres fréquemment rigides par la contracture des muscles, la soif ardente, l'appétit nul, des vomissements plusieurs fois répétés dans la journée, une constipation habituelle, une grande diminution de virilité, les facultés intellectuelles con- sidérablement affaiblies, semblant renaître par moments très courts, pour diminuer rapidement. Toutes les exhortations, tous les conseils, tous les avertissements sont vains pour les faire renoncer à leur terrible et dangereuse passion; c’est un grand chagrin de les en priver, el il n°y a pas de supplications qu'ils ne fassent pour tâcher d’en obtenir, et ils s’en procurent maleré toutes les défenses. Dans son rapport annuel, M. le D' Ayres (1), médecin en chef des prisons de Hong-Kong, en mentionnant les effets de l’opium, dit « qu'il a expérimenté sur lui-même et qu'il à mangé jusqu’à une once d’opium par jour, et qu'il reconnait la fascination de cette habitude et la difficulté de l’'abandonner ». Après un temps assez court, les effets de l’opium mangé se font sentir sur la constitution; d’après des renseignements sérieux qui m'ont été donnés à cet égard, les enfants chinois et annamites qui se livrent à l’usage de l’opium (et ilyena fréquemment qui s’y adonnent dès l’âge de sept à dix ans), ne sont pas bien portants, ils sont peu forts, ont perdu leur gaieté, sont peu intelligents et d’un appétit presque nul. Les mangeurs d’opium ont quelquefois aussi la passion de fumer l’opium. La plus grande parte de l’opium consommé en Chine est fumée. Le nombre des fumeurs d’opium est con- sidérable. Après avoir commenté en 1666 à être fumé à Canton et à Macao, l’opium a été recherché par une grande partie de la population, et, suivant M. le D' Martin (2), «plus de la (1) The effect of opium smoking (The London and China Telegraph, p. 8, 19 septembre 1883). (2) Dr E. Martin, L’opium en Chine, p. 15. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 251 moitié du peuple chinois se livre à l’abrutissante drogue ». D’après le même auteur, et suivant le rapport des délégués de la Chambre de commerce de Shanghaï, dans certaines pro- vinces, le Se-tchuen, par exemple, huit hommes sur dix et cinq femmes sur dix se livrent à l'usage de l’opium. Les en- fants, même de huit, dix et douze ans, commencent à fumer lopium. Dans les neufautres provinces où on cultive le Pavot, l'usage de lopium fumé est presque aussi répandu. Dans les huit autres provinces de lPempire chinois, on peut affirmer qu'un liers de la population s’adonne à l’opium. Cette passion existe dans toutes les classes. M. le D' Martin (1) dit que l'empereur Ton-Cheu, père du souverain actuel, fu- mail l’opium. À Péking, parmi les princes et les hauts digni- taires, un certain nombre fument l’opium. 1l en est de même des eunuques du palais impérial. Les mandarins donnent aussi le mauvais exemple en famant eux-mêmes, et 1ls favorisent secrètement la vente de l’opium, malgré les interdictions du gouvernement, parce qu'ils y trouvent, en dehors de leur jouissance personnelle, un bénéfice considérable. Les Chinois offrent une pipe d’opium comme en Europe on offre un cigare; pour eux une pipe d’opium est le nec plus ultra du bonheur, et beaucoup d’entre eux se priveraient plutôt de nourriture que de fumer le soir une ou plusieurs pipes d’opium. Les Chinois riches, de même que les Anna- mites, s’invitent souvent pour fumer lopium, et ils ont chez eux une pièce destinée à cet usage et un domestique spécial chargé du soin de rallumer les pipes des fumeurs. Un assez grand nombre d’Européens contractent, pendant leur séjour dans l’extrème Orient, l'habitude de fumer l’opium. On trouve des maisons d’opium dans toutes les villes ; à Péking, les restaurants, les marchands de tabac, les épiciers, les barbiers, les maisons de jeu et de débauche tiennent de Popium en vente. M. le D° Martin (2) rapporte que les bouti- ques d’opium se distinguent souvent par leur élégance, et que beaucoup d’entre elles ont cette annonce : Yan-iao-pou (bou- (1) D' Martin, L'opium en Chine p. 24-95. (2) Zbid., p. 18. 939 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. tique à remèdes). Dans un grand nombre de villes chinoises, les endroits où se fume l’opium sont des salles basses, entou- rées de sortes de lits en bois ou en bambou, inclinés, garnis de traversins pour la tête et d’un rebord pour les pieds ; sou- vent ce ne sont que des nattes ou bien de longs fauteuils en bambou sur lesquels s'étendent les fumeurs ; à une des extré- mités de la pièce se tient le marchand, assis devant une table couverte de pipes, de balances et de vases remplis d’opium, pour fournir aux consommateurs. En Cochinchine, dans l’Annam et dans le Tongking, il existe dans tout village annamite des maisons qui ont la double spécialité de recevoir les joueurs et les fumeurs d’opium. Ge sont presque toujours des cabanes en bois, n'ayant qu’un rez- de-chaussée. Ces établissements sont fréquentés dans la jour- née, mais principalement le soir et la nuit. Ge sont toujours des Chinois qui tiennent ces sortes de maisons. On paye en entrant un liên (1) (un sou); cette somme donne droit à participer au jeu ou à prendre place sur une naite où le fu- meur peut fumer l’opium s'il en a apporté ; mais il est obligé de payer un supplément si l'établissement lui fournit la pipe et l’opium. Il est rare que les Chinois et les Annamites aillent de suite s'étendre sur une natte sans avoir tenté la fortune; après avoir joué, ils vont se placer dans un coin, sur le lit qu'ils ont choisi; alors un jeune domestique attaché à la maison, ou dans beaucoup de fumeries une femme, va lui présenter une pipe et une petite lampe spéciale, allumée. La pipe à fumer l’opium se compose d’une pelite tige de bambou, à l'extrémité de laquelle est adapté un récipient bombé, en cuivre ou en argent, uni ou ciselé. Ge récipient est percé d’un petit trou. Cest à cet orifice qu’on applique un peu d’opium visqueux presque toujours torréfié, de la gros- seur d’une petite lentille, au moyen d’une aiguille ou d’une longue et droite spatule en fer qu’on chauffe préalablement à la flamme d’une petite lampe, en ayant soi de tourner l’ai- quille pour chauffer l’opium. Puis, quand l’orifice du récipient (1) Le tièn est une monnaie annamite qui représente 30 petites sapèques de cuivre enfilées les unes aux autres. Ces 30 petites sapèques valent un sou. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 953 en est enduit, le fumeur a la précaution de laisser une petite ouverture pour le passage de l’air et de la fumée ; il enflamme l’opium au moyen d’un charbon allumé ou de la lampe, et il aspire par l'extrémité opposée du bambou, en gardant le plus longtemps possible la fumée dans la bouche et en la rendant ensuite par le nez. En général, la pipe contient une bou- lette d’opium de 5 à 15 centigrammes ; elle se fume en une minute, par une vingtaine d’aspirations. Les fumeurs d’habi- tude ne font qu’une seule et longue aspiration, qui dure le temps de la pipe d’opium. Comme l’opium brüle assez diffi- cilement, il est souvent nécessaire de rallumer les pipes qui viennent à s'étendre, et le domestique préposé à £e soin veille à les rallumer. Les Annamites emploient souvent pour fumer l’opium des petites pipes dont le tuyau est en bambou plus ou moins orné, mais dont le fourneau est invariablement de terre rougeâire, vernie, à surface évasée, convexe, percée d’un petit trou dans le milieu, et qui s'adapte sur le tuyau qui est fermé à une de ses extrémités. Les fameurs fument l’opium étendus ou couchés; ils fu- ment quelquefois dans la journée, mais c’est principalement le soir, après avoir terminé leur travail et pris leur repas, qu'ils se livrent à leur passion. Il n’est pas rare de voir dans les maisons de jeu, où se réu- nissent les fumeurs d’opium, des individus qui y sont depuis plusieurs jours et qui fument l’opium de temps en temps, pour rester ainsi sous son influence. Du reste, en entrant dans la maison, le fumeur déclare s’il a l’intention d’y passer la nuit. Le premier effet que produit l’'opium fumé, chez ceux qui n’en ont jamais usé, est de déterminer des nausées et des vomissements, une SRE une sécheresse de la gorge, et souvent les Européens éprouvent des sortes d'accès passagers d aliénation mentale. Suivant deux fumeurs d’opium à qui J'ai donné mes soins, et dont je traduis les paroles, l'effet de l’opium fumé commence à se faire sentir un quart d'heure après: on éprouve des hallucinations, on voit en beau les choses qui vous occupent l'esprit; il survient une sorte de 9254 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. torpeur telle que le fumeur laisse souvent sa pipe s’éteindre sans avoir la force de la rallumer ; dans cette période, aucune idée fixe ne s’arrête dans esprit; après environ deux heures, une idée s'implante en quelque sorte dans le cerveau et suit une évolution qui ne cesse que lorsque l'effet de l’opium est dissipé. Dès que linfluence de l’opium commence à se faire sentir, les veux deviennent fixes et vitreux et ressemblent à ceux d’un mort; la ressemblance est d'autant plus frappante que les paupières restent souvent à demi ouvertes et plusieurs mi- nutes sans mouvements. Le regard est fixe, ne bouge pas, et parfois reste pendant plusieurs heures fixé sur le même point ; il survient des démangeaisons sur le corps, surtout au nez, et une agitation des mains et des jambes. Dans certains cas le corps est immobile; aucun mouvement, aucune parole; les fumeurs ressemblent à des cadavres. Alors le domestique prend le fumeur parles pieds et le tire de manière à l’étendre tout de son long sur la natte, en ayant soin qu’il soit placé sur le dos, la tête appuyée sur un traversin et les pieds contre le rebord dulit ou dela natte. Le fumeur reste dans cette posi- tion, sans bouger, jusqu’au moment où l'influence de l’opium se dissipera, c’est-à-dire pendant sept, huit ou neuf heures après la dernière pipe fumée ; le nombre de pipes varie sui- vant l'habitude plus ou moins invétérée; les uns en fument deux, quatre ou cinq; d’autres en fument une douzaine, et souvent bien plus. D’après M. Réveil (1), certains fumeurs vont jusqu’à vingt-cinq et trente pipes. Il en est qui en fument bien davantage. Les pipes contiennent très peu d’oplum (en- viron 5 à 10 centigrammes); on comprend que les fumeurs qui s’habituent à l’effet de l’opium arrivent à fumer un certain nombre de pipes, d'autant plus que l’opium étant si souvent fal- sifié, il peut en falloir une quantité assez considérable pour produire peu d'effet. Du reste, certains fumeurs, par l'effet de l'habitude, n’ont pas le sommeil de l’opium après avoir fumé ; la pipe d’opium semble leur rendre momentanément un peu (1) P. 0. Reveïl, Recherches sur l'opium, p. 74. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 955 d'énergie, de force, qui les abandonne quand ils reviennent à la vie ordinaire et quand l'effet de l’opium est dissipé. Dès que l'action de l'opium tire à sa fin, le fumeur com- mence à se remuer en agitant les jambes ; la voix n’est pas encore revenue, mais au premier mouvement, le domestique de service s'approche du fumeur et le tire par les épaules pour l’asseoir sur son séant; les veux s’animent, la parole revient ; alors il fait prendre au fumeur une lasse de thé et souvent une cerlaine quantité d’eau-de-vie de riz, dans laquelle on a fait macérer de la noix d’arec. Souvent les Chinois en absor- bent 100 ou 155 grammes. Quelquefois, dès son réveil, le fumeur prend une chique de bétel, puis on lui apporte à manger une écuelle remplie de riz, qu’il avale avec une rapi- dité prodigieuse ; enfin il se lève et s’en va pour se livrer à ses occupations. Un certain nombre de fumeurs éprouvent en se réveillant un violent désir de manger et de boire, surtout de manger. En dehors de ce désir de manger qui succède au réveil de lopium, les fumeurs d’opium ont peu d’appétit. Les effets consécutifs de l’opium fumé sont nets à observer. Un fumeur d’opium se reconnaît facilement. Une des consé- quences est un amaigrissement du corps; les joues sont creuses, les pommeites saillantes, les veux jaunâtres, sans expression, cerclés de noir, les pupilles fixes, l'air hébété ou plutôt étonné, la parole trainante, les mouvements lents et comme automatiques. Le changement dans le moral est aussi caractéristique ; le fumeur d’opium est rarement gai et joyeux; il est triste, indifférent à tout ; il a toujours l’air de vivre en dehors de ce qui l'entoure ; son énergie, sa virilité diminuent. Après quel- ques années, les fumeurs d’opium deviennent fréquemment idiots, et beaucoup arrivent à perdre complètement l’usage de la parole; 1ls sont alors penchés en avant par la courbure de la colonne vertébrale. Leurs enfants sont peu intelligents et souvent scrofuleux. Les enfants qui s’adonnent à l’usage de l’opium fumé vers dix ou douze ans parviennent rarement à l’âge de vingt-cinq 956 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ans; ils ont l’air de squelettes ambulants et n’ont rien de la oaielé de leur âge. Suivant cerlains auteurs, les effets de l’opium ne seraient pas aussi pernicieux ; ainsi le D' Macpherson dit que « malgré leur habitude de fumer l’opium, les Chinois sont robustes, d’un tempérament musculeux et athlétique, et que le peuple est intelligent ». Le D' Eatwell, qui a séjourné longtemps en Chine, pense que les effets de l'abus de l’opium se présentent rarement ; mais il a cependant remarqué que les enfants des fumeurs d’opium sont faibles, peu intelligents et décrépits. M. je D' Ayres, médecin en chefdes prisons de Hong-kong, a dit, dans son rapport annuel (1), qu'il n’y à pas de preuve que l’usage de l’opium fumé amène de l’amaigrissement, et il assure que le fumeur d’opium souffre moins de la privation d’opium que le fumeur de tabac de celle de la pipe ou du cigare. Il pense que fumer l’opium estabsolument inoffensif, et il ajoute qu'entre l’opium qui contient 7 pour 100 de morphine, celui qui contient 25 pour 100 de morphine et l’opium dont on a extrait toute la morphine, le fumeur ne reconnait aucune dif- férence, et qu’on ne nole aucun changement ni dans le pouls ni dans la température. Quoi qu'il en soit, la majorité des auteurs et des observa- leurs qui ont vu de près les fumeurs d’opium ont constaté l'attrait irrésistible de cette funeste passion et sa pernicieuse influence sur le physique et le moral. 3 De la famille des Papavéracées, on doit aussi mentionner : Le Bocconia cordata Wild, relaté par Miquel (2) ; Mu- cleya cordata (Rob. Brown), indiqué sous ce nom dans lPou- vrage de MM. Franchetet Savatier (3), classé dans le Somoku- Dusets (4) sous celui de Champagiku et de Takeniqusa, et dans le Phonzo-Zoufou (5) sous celui de Xarakachiba. (1) The London and China Telegraph, 19 septembre 1883, p. 841: The effect of opium smoking. (2) Miquel (F. A. W.), Prolusio floræ Japonicæ, p. 199. (3) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. 27, n° 114. (4) Somoku-Dusets, vol. X, p. 94, n° 7. (5) Phonzo-Zoufou, vol. XXI, fol. 25 recto. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 957 Le Bocconia cordata est une plante d'ornement très com- mune au Japon. Il fleurit en juillet autour des habitations. On le rencontre à l’état sauvage sur les montagnes peu élevées des îles de Kiusiu et de Nippon. Il est introduit en Europe depuis la fin du siècle dernier. À l'exposition de Nancy (1), il était exposé, ainsi que sa variété Yeddoensis (Haag et Schmidt), par MM. Gerbeaux et Gallé. Le Dicentra speclabilis, mentionné par Miquel (2), par Franchet et Savatier (3), désigné dans Île Somoku-Dusets (4), dans le Phonzo-Zoufou (5) et dans les livres Æwa-wi (6) sous le nom de Xeman Sû. Cette plante ornementale, ori- oinaire de Chine, à tige de 0",30 à 0,60 de haut, à nom- breuses fleurs roses, est, suivant les livres Awa-wi, très re- cherchée des Japonais, qui la cultivent beaucoup dans leurs jardins. Plusieurs espèces de Corydalis, parmi lesquelles : Le Corydalis ambigua, que le Phonzo-Zoufou (7) et les livres Awa-wi (8) marquent sous le nom de Ænko-Sakou. Cette plante, à racine jaune, à fleurs violacées, se trouve prin- cipalement dans les provinces d’Ise, d'Owari et de Mino. Le Somoku-Dusets indique aussi comme Corydalis japo- NAIS : Le Coryd. decumbens — Bilchiri et Yabo-yengosaku (9). Le Coryd. incisa — Murasaki-Keman (10). Le Coryd. bulbosa, var. rotundifolia — Koba-no-yengo- salu (11). Le Coryd. racemosa — Miyama-Kikeman (12), que (1) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 45, n° 1560, 1880. (2) Miquel (EF. A. W.), Prolusio floræ Japonicæ, p. 200. (3) Franchet et Savatier, vol. [. p. 28, n° 117. (4) Somoku-Dusets, vol. VI, p. 60, n° 50. (5) Phonzo -Zoufou, vol. XLVII, fol. 16. (6) Kwa-wi, Herb., vol. IV, p. 59-60, n° 12. (7) Phonzo-Zoufou, vol. VIT, fol. 26 verso; fol. 27 verso. (8) Kwa-wi, Herb. 2, p. 28, n° 10. (9) ph ne vol, XIIL, p. 125, n° 6. (10) Ibid., p. 124, n° 1. (11) Zbid., | 194, n°5 2) Ibid, p. 124;/n°3° ° SÉRIE, T. L. — Mars 1884. 17 298 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. MM. Franchet et Savatier (1) notent, avec l'observation de M. Miquel, sur le témoignage du botaniste japonais [too-Keiske «comme une plante très vénéneuse, dont une seule feuille suffit pour tuer un homme ». Le Coryd. Wilfordi — Kikeman (2). MM. Franchet et Savatier (3) désignent de plus les Cory- dalis Yesoensis, aurea et pallida. (1) Franchet et Savatier, vol. 1, p. 30, n° 124, observ. | (2) Somoku-Dusels, vol. XIII, p. 124, n° 2. (3) Franchet et Savatier, vol. [, p. 29 et 30, n° 120, 125 et 127. LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES, EXOTIQUES, PEU CONNUES OU INCONNUES Par M. A. PAILEIEUX Membre de la Société nationale d'Acclimatation, et M. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséum. (Suite) Crammbé de Tariarie. CRAMBE TATARIA Jacq. Miscell., 1, p. 274. — Jacq. Icones rariores, tab. 129,— C. tatarica Willd. Species, vol. IX, p. 419.— C. laciniata Lamk. Dict., vol. Il, p. 163. Fam. des Crucifères. Le Crambe Kafaria. » Dissertation inaugurale médicale soumise à la discussion publique, par Alexandre Sebéok de Szent-Niklôs, noble Hongrois. Vienne, 5 juin 1779 (1). Crambe tataria foliis multfidis. Tataria ungarica Clus. Hist., p. CXCI. Tataria ungarica edulis, panacis heraclei folio, semine hhanotidis cachryoferæ. Bauh. Hist., vol. 3, part. 2, p. 163. Panaci Ileracleo similis ungarica. Bauh. pin., 153. Cachrys ungarica, panacis folio. Tourn. Inst., . 325. Le premier, le plus célèbre et le plus infatigable de tous (1) Jacquin, Miscellaneu austriaca ad bolanicam chemiam et historiam natu- ralem spectantia, cum figuris, vol. II, p. 274. Nous devons la traduction de cette intéressante note à M. le D' Ed. Bamberger, bibliothécaire-adjoint au Muséum. Nous sommes heureux de pouvoir lui témoi- gner ici toute notre reconnaissance. « Je dois consigner ici quelques remarques sur la manière dont j'ai traité certaines parties de ma traduction. » Tout en serrant le texte autant que possible, il m'a fallu recourir à quelques périphrases et sacrifier parfois la version rigoureuse ainsi que la correction du style pour faire saisir la pensée de l’auteur; j'étais, en effet, ici en présence d’un triple écueil : 1° texte latin rempli de tournures de basse latinité ; 2 pas- 260 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. les chercheurs de plantes de Pannonie et d'Autriche (1), Charles Clusius, offrit au monde savant une Notice sur cette plante; il n’est pas inopportun de reproduire ici sa descrip- tion tout entière. Il s'exprime ainsi : « On ne trouve point communément celte plante, dont la racine est très épaisse et fort longue; en effet, Je me souviens d’en avoir reçu de la grosseur d’un bras et de la longueur d’une coudée, et quelques-unes plus grandes, de lillustre seigneur Balthasar de Bathyan, qui, en ma faveur, ordonna d’en apporter de la Hongrie transdanubienne (2) pour que je les importasse dans le jardin de Vienne. Elle émit des feuilles peu différentes de celles de la Rave (3) par les incisions et les découpures, plus courtes cependant, approchant plutôt de la forme des feuilles du Panax Heracleum, garnies d’un duvet rude et hérissé, tranchant sur la verdure par leur päleur (4); d’autres, divisées par des découpures un peu moins profondes, également rudes, du milieu desquelles émergeait une tige haute d’une coudée ou davantage, d’un pouce d'épaisseur, striée, concave et noueuse, rude comme les feuilles; elle est embrassée au moyen d’un large pédicule par des feuilles pelites, multifdes et également rudes grâce au duvet qui les recouvre. L’extrémité de la tige se terminait en ombelle, sem- blable aux ombelles du Panax Heracleum, dans lesquelles sage d’une langue ancienne au français toujours périlleux en matière scientifique ; 30 travail de critique datant d'une époque scientifique antérieure à la nôtre de plus d’un siècle. » Aussi ai-je eu soin : 1° de citer le texte latin dès qu'il offrait quelque obs- eurité, pour laisser les hommes compétents libres de critiquer la version choisie ; % de mettre toujours le nom latin à côté du nom français et fort souvent de m'en tenir au premier dans les cas où je courais risque d'attribuer à telle plante un nom porté de nos jours par une autre: 3° de mettre les noms géographiques latins à côté de leur traduction, parfois même de me borner au premier, telle région moderne ne concordant pas rigoureusement avec telle région ancienne. » Qu'il me soit permis de remercier le vénérable M. Desnoyers, bibliothécaire en chef du Muséum, qui a bien voulu m'éclairer dans l'interprétation de certains passages et M. Jobin qui a revu avec soin mon travail. —: D' Ed. BAMBERGER bibliothécuire-adjoint au Muséum. » (1) Stirpium pannonicarum austriarumque. (2) Ungaria transdanubiana. (3) Rapi. (4) Ex viridi pallentia. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 261 les fleurs sont pareilles par la forme et la couleur (1). Aux fleurs fanées succédaient des fruits rares (car quelques fleurs ne sont pas lécondées), très épais, assez analogues au fruit orand et strié du Libanolis cachryfera. » J'ai cultivé ces racines pendant deux ans, avant qu’une seule produisit une tige, des fleurs et de la semence; puis elles pourrirent et répandirent une odeur tellement fétide qu'on les jeta hors du jardin. » Les Hongrois, voisins d’Erlau (2), de même que ceux qui habitent immédiatement au delà des frontières de la Dacie, s'en nourrissent dans les années de disette et de misère, à la place du pain; cela m'a été assuré non seulement par cet homme illustre (3), mais par d’autres hommes distingués qui vécurent dans cette province. Il en résulta ceci que je restai dans le doute si elle n’était pas identique avec le Baltracan qui nait en Tartarie (4), dont se souvient Josaphat Barbarus, patricien de Venise, dans une lettre à Pierre Barocci, évêque de Padoue, ajoutée à la fin du dernier chapitre de sa narra- lion publiée lors de son départ pour la Perse. » Les Hongrois furent instruits par hasard de l’usage de celte racine par les Tartares, d’où ils donnèrent le nom de Talaria ; en effet, comme les Allemands, ils nomment com- munément Talars ceux que nous appelons Tartares. » Ainsi conclut Clusius; Jean Bauhin le copia dans son Histoire des plantes ; mais il est à croire que, ni lui, ni aucun autre auteur de ceux qu’il a cités, sauf Clusius, n’a vu la Tar- tarie hongroise (5). Tous, imitant Clusius, la rangèrent à tort parmi les Ombel- lifères. Il faut avouer que, dans le premier mois de la crois- sance de la Lige, lant que la plante porte encore ses feuilles enroulées, plhiées (6) et ses fleurs fermées et agglomérées sur (1) Summus caulis in umbellam desinebat, Panacis Heraclei umbellis similem, in quibus flores et forma pares et colore. (2) Agriæ vicini. (5) Heros ille illustris ? (4) An eadem esset cum Baltracan in Tartaria nascente. (5) Sed nee hunc, nec præter Clusium autorem alium ex citatis ullum Tatariam ungaricam vidisse, credibile est. (6) Dum planta folia adhucdum sua rugose complicata.. gerit. 9262 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. les ramuscules, elle ressemble, en quelque sorte, à un Hera- cleum, de facon à pouvoir en imposer à un botaniste; mais elle en diffère beaucoup après son épanouissement, si bien que je ne puis assez m'étonner que Clusius, l’homme le plus exact d’ailleurs, ait pu confondre une plante Cruciforme (1) avec une Ombellifère. Ce n’est d’ailleurs que, dans les dernières années qu’il vécut à Vienne, qu’elle paraît lui avoir été connue ; en effet, nous n’en trouvons aucune mention dans son Histoire des Plantes de Pannonie et d'Autriche, éditée en 1583, et, avant son retour, il mourut à Vienne en 1587. Il s’ensuivil peut-être que cette description fut moins bien élaborée par lui; peut- être est-ce de mémoire qu'il la confia au papier aprés la mort de la plante; ce qui semble devoir corroborer cette conjec- ture, c’est qu'il n’a pas figuré une plante aussi rare, et que, contrairement à son habitude, Clusius n’a rien dit de sa sa- veur, de son odeur, ni de l’époque de sa floraison. Depuis longtemps déjà, l’illustre professeur de Jacquin était possédé du désir de voir et d'examiner la plante qu’il connaissait d’après Clusius; une occasion se présenta bientôt: le célèbre Maximilien Hell, astronome impérial, partait pour Agria (VErlau des Allemands, l’Eger des Hongrois), ville du comitat de Hevesch (2), en Hongrie; Jacquin lui demanda s’il rencontrait la plante appelée Tataria par les habitants, d’avoir l’obligeance de la lui rapporter à son retour, ou de la lui envoyer. Cet homme distingué eut soin de transporter à Vienne deux racines qu'il avait fait déterrer, 1l rapporta lui-même des échantillons desséchés de la plante en fleur, et, pendant le retour, s’occupa des racines qui, après un voyage de six se- maines en été, arrivèrent putréfiées et fétides. L’une d'elles était longue de quatre pieds et, quoique tronquée, offrait presque l'épaisseur de la jambe. Les échantillons desséchés indiquaient, contre toute attente, une plante cruciforme. (1) Tournefort nommait ainsi les plantes qui composaient la cinquième classe de son système. (2) Comitatus Hevessiensis in Hungaria.… LE POTAGER D'UN CURIEUX. 263 Le très savant et très adroit chirurgien du régiment de Caramellia, H. Engelsdorfer, lui aussi, s’acquitta, et plus heu- reusement, de cette mission en 1777; il envoya au Jardin Botanique, à la demande de lillustre professeur, plusieurs racines qu'il avait pu recueillir plus courtes et plus minces; elles y reprirent fort bien et produisirent Ltous les ans des fleurs et des fruits mûrs. Il répondit à plusieurs questions (quoiqu'il ne püût satis- laire aux autres à cause de son brusque départ pour l’armée de Bohème) : 1° que la plante était aujourd’hui appelée Talaria par les habitants; 2° qu’elle poussait dans les champs au milieu des moissons, dans un sol composé d’une terre fer- tile noire de la profondeur d’un pied, sous laquelle s’étendait une couche d’argile jaunâtre de trois pieds: puis enfin, et au-dessous, du sable ; que la racine de la plante adulte péné- trait jusqu’à cette profondeur ; qu’en raison de cela, on pou- vait difficilement la retirer entière, parce que le trou, dès qu’on était arrivé au sable, se remplissait abondamment d’une eau Jaillissante ; 3° que tous les ans, les racines étaient déchi- rées et coupées par la charrue, et que, même ainsi blessées, elles repoussaient encore; 4 qu'il ne découvrit nulle part autour d’Erlau qu’on en consommât, si ce n’élaient les en- fants qui mangeaient la racine cuite à cause de son goût sucré (1); 9° quil y en avait de rongées et de dévorées par les lèvres, très nombreux en cet endroit. Elle ne pousse pas seulement autour d’'Erlau, mais encore dans d’autres endroits de la Hongrie. Le domestique d’un très savant professeur, lequel domestique était de nation hongroise, en ayant vu que l’on avait apportée, la reconnut sur-le-champ, la désigna du mot hongrois : Tatar-Kenyér ou Pain de Tartarie, et déclara en avoir mangé à Debrezin. Sur son indication, on fit une salade de la racine fraiche et crue, en la pelant, en la coupant en travers en tranches minces et en l’assaisonnant d’huile, de vinaigre et de sel; elle plut à tous. (1) Oh dulcedinem. 264 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. On obtient aussi un mets agréable en faisant cuire la tige encore tendre, avant le développement des fleurs, et en la préparant comme le Chou-fleur (1). Son usage n’est cependant pas fort commode, si l’on n’a soin d'enlever ‘es fibres de l’écorce, nombreuses, résistantes et difficiles à mâcher. À cette époque, le Révérend Norbert Boccius, supérieur de l’ordre de Saint-Jean-de-Dieu, à Feldsperg, infatigable cher- cheur des plantes de la Moravie, fit aussi connaître cette plante découverte par lui et un savant professeur dans ce pays. Il la trouva poussant abondamment dans les vignes, dans un sol argileux, près du village de Hurtau, voisin d’Aus- sitz; elle y est connue, dit-il, sous le nom de Hieronymus- Wäürzel (2) ou racine de Saint-Jérôme, et on la transporte en Bohême, où les paysans la donnent aux vaches pour augmenter leur lait. La conjecture de Clusius, que notre plante est identique avec le Batracan des Tartares, est détruite par ceci : Josaphat Barbarus fendit, au moment de la maturation, l’écorce de la tige du Batracan, la sépara de la partie ligneuse (d’où la con- clusion que la tige parait être vivace et frutescente) et ajoute que la graine était d’une odeur forte, mais toutefois d’une saveur agréable ; rien de tout cela ne se rapporte à notre plante. Je crois bien plus digne d’attention ce que dit Clusius, d’après autrui, il est vrai, que dans certaines parties de la Hongrie. les habitants se nourrissent de celte racine aux épo- ques de disette et de misère. En tout cas, la longue durée de vie de la racine, son volume à l’état adulte, sa résistance même à des lésions profondes, sa résistance aux froids de nos hivers, etc., encouragent à sa culture ou au moins à sa pro- pagation en nombre dans nos forêts (3) pour les cas de disette imprévue. (1) Brassicæ cauüfloræ adinstar.. (2) Sie dans le texte : Racine de Saint-Jérôme me paraît devoir être la tra- duction; le mot saint est souvent négligé par les Allemands, ils donnent au fruit du Caroubier, vulgairement Pain de Saint-Jean, le nom de Johannisbrod. (Note du traducteur.) (3) Les conditions dans lesquelles cette plante croit naturellement et qui ont LE POTAGER D'UN CURIEUX. 26% Son nom hongrois de Tataria, que Clusius pensait être dérivé des Tartares, préoccupa si bien notre illustre profes- seur, qu’il envoya un dessin de la plante au célèbre Pallas, à Pétersbourg, en lui demandant s’il l'avait rencontrée dans ses voyages. Voici la réponse de ce savant : « Le Crambe, dont vous m'avez soumis le dessin, correspond de tous points avec celui qui croît chez nous, dans cette vaste plaine méridionale, qui s’étend du Dniepr (1) au Jaïk, le Rymnus des anciens. Nulle part elle ne s'étend au delà du 51° degré de latitude nord. I} aime les terrains secs tout comme les terrains limoneux (pourvu qu’ils ne soient pas salés), sablonneux et riches en humus. Toutefois il préfère les dépressions qu’on rencontre dans les plaines arides, variant quant à la taille, mais n’at- teignant jamais, dans un terrain sec, la taille du dessin qui n’est transmis. Il l’atteint dans les terrains succulents, près des fleuves où elle se répand aussi ; il produit alors les racines les plus grandes et les plus âcres au goût. Dans les terrains secs, il acquiert le goût du Navet (2); les Cosaques qui habi- tent les déserts du Don (3) le mangent avidement cru ou cuit. Son nom vulgaire dans ce pays est Xaträn, avec l’épithète bjeloi ou blanc pour le distinguer d’une sorte de Stutice croissant dans les mêmes régions, mullicaule, très rameux, à racines épaisses, que l’on récolte avec abondance à défaut d'écorce de chêne pour la préparation des cuirs, parce qu’elle est très propre à cet usage; on l'appelle Krasnoi Katrän à cause de ses fleurs rouges. J’ai trouvé près de llruisch (4) de très rares individus de Crambe à feuilles moins laciniées et quelques-unes en fleur, de façon à pouvoir juger de leur dif- {érence. D'ailleurs, on rencontre en abondance sur notre Crambe, qui fleurit près du Volga, un Meloë particulier, qui se rapporte tout à fait avec le Meloë de Syrie (5) de Linné, été indiquées plus haut, font supposer qu’elle préférerait plutôt les lieux dé- couverts. (1) … A Borysthène. (CB) ANapie (3) … Tanaensibus in desertis..…. (4) Ad frtin… (5) Meloe syriaca. 266 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. mais toujours plus petit que le Meloë vésicant (1), et à têle noire et non bleue comme le reste du corps. » Voici la description de la plante, d’après des échantillons vivants du Jardin, et d’autres desséchés provenant des fo- rèls (2), ainsi que d’après des esquisses : Racine vivace, longuement fusiforme, épaisse comme le bras et davantage à l’état adulte, de deux à quatre pieds de long, cylindrique, simple ou divisée inférieurement en façon de membres (3) ; elle noircit à l'air; fraîche, elle est même noire; lavée et desséchée, elle est plutôt grisâtre ; elle émet peu de fibrilles dans toute son étendue. A l’intérieur, elle est nettement charnue, blanchâtre avec une légère teinte jaune sale, avec des lignes rayonnées irrégulières; la saveur en est douce, sans aucune àcreté réelle. Conservée à l’air elle se rétracte peu à peu, devient rugueuse et couverte de saillies, durcit, cesse d’être semblable à elle-même (4) et devient sans usage. Les feuilles radicales qui paraissent d’abord sont souvent petites et entières; puis elles-mêmes, ainsi que les feuilles caulinaires et celles des rameaux inférieurs (5) sont diverse- ment et irrégulièrement multifides, quelquefois très amples, pinnatifides, de forme décomposée ou surdécomposée (6), parfois divisées en lanières oblongues, dentées et aiguës, d’un vert légèrement glauque, glabres sur les deux faces; les feuilles supérieures de la tige et des rameaux sont simples et oblon- gues. Les pétioles, anguleux, sont glabres dans les plus grandes feuilles, mais les pétioles des plus petites, comme aussi les côtes qui sont très épaisses et saillantes, enfin les nervures sont hérissés de poils blancs. Cependant cette hispi- dité, et la forme des feuilles non seulement varient dans les divers pieds, mais encore dans les diverses parties de chaque (1) Meloe vesicatoria. (2) Au lieu de forêts, il faut entendre toujours, sans doute, l’état de na- Lure. (3) … Aut inferne in crura divisa. (4) Fitque sui dissimilis. (2) Et caulina atque ramea inferiora. (5)... Decomposite vel supra decomposite pinnatifida. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 267 plante, si bien qu’une description qui conviendrait à toutes et à chacune, serait en vain applicable ici. Les fleurs, très nombreuses, étalées en corymbhes rameux terminaux, exhalant une odeur miellée forte et agréable, si bien que l’on dirait qu'on approche les narines d’un rayon d’abeilles; le calice est d’un jaune verdâtre; les pétales d’un blanc laiteux, les anthères verdûtres, les ovaires verts, le stigmate jaune, le fruit de la grosseur d’un pois, consistant en une enveloppe charnue d’un vert luisant, mais sèche rugueuse et peu colorée à la maturité, et en une semence à enveloppe noirâtre et à embryon (1) d’un jaune pâle, d’un goût légèrement âcre et désagréable. (l commence à fleurir vers le milieu d'avril, les fruits müûürissent en juin; peu d’entre eux parviennent au développement voulu; la plupart, en effet, restent petits et ne mürissent pas (2). On doit ad- mettre comme telles les considérations relatives à la fructifi- cation (3). Calice tétraphylle à folioles oblongues, obtuses, concaves- canaliculées, étalées, caduques. Corolle à quatre pétales, à face ovale, très obtus, plans, de longueur presque double du calice, insérés sur un onglet court et dressé. Étamines. Filets au nombre de six, épais, dressés, dont deux opposés, de la longueur du calice et simples; les quatre autres plus longs que les premiers et bifurqués à leur sommet, l'une des branches de cette bifurcation dirigée vers l’ovaire et stérile, l’autre légèrement inclinée au dehors et anthéri- fère. Anthères incombantes. Une glandule verte alterne avec les filets appartenant aux grandes élamines. Ovaire ovale, style nul, stigmate capité. Fruit globuleux, uniloculaire, indéhiscent. Semence unique, subarrondie. Sur la planche (que l’on n’a pas jointe aux Mélanges, à (1). Nuclco…. (2) Steriles perstant. (3) In fructificatione character observatur nune subjungendus 268 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. cause de sa grandeur, mais que l’on peut étudier dans le fas- cicule de dessins) (1) sont représentés une des moins grandes racines, entière, mais fort réduite; puis la partie supérieure de lamême, de grandeur naturelle; le sommet offre plusieurs jets privés de feuilles comme ils le sont en hiver; à l’un des jets, à l'encontre de la réalité dans cette saison, sont peintes les bases de trois feuilles parfaitement reconnaissables. Au sommet du dessin, où commence la partie caulescente, on n’a pas figuré de feuilles radicales (2). Puis se trouve un rameau florifère, le premier qui naît de la tige. J’en ai vu sortant en si grande abondance de la tige dans la plante cultivée, qu’elle occupait un espace de quatre pieds de diamètre de ses fleurs serrées (3). Il s’y trouve aussi la moitié d’une grande feuille, une feuille radicale, entière et dentée, d’un jet récent, enfin un rameau lructfère, et Pembrvon de la graine. Contre toute attente, l'analyse de la racine, traitée par dis- üllation, a offert des résultats bien différents de ceux que l’on obtient habituellement avec les plantes cruciformes. Elle a donné un muecus aqueux, un esprit (4) acide, une huile em- pyreumatique; après avoir obtenu ce qui précède, on la traita dans un nouveau récipient et à une plus haute tempé- rature; on en retira une faible quantité d’un esprit volatil alcalin, comme avec d’autres plantes on obtient abondamment nn esprit acide. Le résidu fournit par incinération du sel alcalin végétal fixe en grande abondance. » Il est difficile de se procurer les graines du C. Talariu. Nous les avons demandées en vain à Pesth et à Vienne; elles nous sont enfin venues de Saint-Pétersbourg, grâce à la bien- vetllante entremise de MM. V.-A. et C* qui les ont obtenues, à notre intention, de M. Regel. (1) Le fascicule de dessins dont il est question ici n’est autre chose que le remarquable ouvrage de Jacquin, intitulé : 2cones plantarum rariorum. La planche consacrée à notre plante est la cent vingt-neuvième. Une partie du dessin est coloriée. (2) Caput autem caulescens caret plerumque fohis radicalibus. (3) ... Ut hæc aream occuparet diametri quatuor pedum densissimam. (4) ..…. Spiritum..… LE POTAGER D'UN CURIEUX. 269 Mais le savant directeur du Jardin Botanique de Saint-Pé- tersboure n’a pas pu nous fournir les renseignements que nous désirions recevoir sur la culture et les usages de la plante. Aux deux questions que lui a posées pour nous M. le docteur Bretschneider, avec l’obligeance qu’il ne cesse de nous témoigner, M. Regel a répondu : que le Crambe tala- ria se trouvait à l’état sauvage dans la Russie méridionale; qu'on ne le cultivait nulle part; qu’il n'avait iui-même fait aucune expérience concernant cette espèce et sa culture; qu'à Saint-Pétersbourg on ne pouvait pas le cultiver du tout. Les graines que nous avons reçues nous ont donné cinq pieds au printemps de 1881 ; ils n’ont pas fleuri. En 1882, la plante a pris un certain développement, mais n’a pas encore fleuri. Enfin, en 1883, elle a fleuri et nous a donné une quantité extraordinaire de graines, lesquelles, semées immé- diatement, c’est-à-dire vers juillet-août, n'ont pas encore levé. | On voit que nous sommes bien peu avancés dans la cul- ture expérimentale du C. Tataria. Nous doutons fort que ce soit jamais un légume à introduire dans nos potagers, mais il nous intéresse cependant beaucoup et nous allons dire à quel point de vue. On fait en France peu d'usage de ces fécules légeres, de facile digestion, particulièrement propres à l’alimentation des enfants et des convalescents, dont on importe en Angle- terre des quantités considérables et qui portent le nom d'Arrow-root. (Voyez les chapitres concernant le Maranta arundinacea et le Canna.) Le nom d’Arrow-root est abusivement donné aux fécules obtenues de divers Canna, du Tacca pinnatifida et, selon Simmonds, de quelques autres plantes encore. C'est he M. arundinacea qui donne le véritable Arrow-root, mais nous ne saurions dire si ce dernier est supérieur aux fécules similaires qu’on lui substitue souvent. Les Anglais attachent une certaine importance au com- merce de ces fécules, et nous avons lu récemment dans une 270 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Revue que leurs missionnaires protestaient auprès du Parle- ment contre l’annexion éventuelle des Nouvelles-Hébrides au domaine colonial de la France, par la raison que ces îles pou- vaient produire une quantité considérable d’Arrow-root de Tacca pinnatifida. Le Chuño de Liuto est encore une sorte d’Arrow-root (voyez le chapitre concernant l’A {stræmère Ligtu); ce qui porte à quatre espèces principales le nombre des plantes dont on extrait de bienfaisantes fécules : Le Maranta arundinacea ; Le Canna (CG. edulis, discolor, indica, elec.) ; Le Tacca pinnatifida ; Le Liuto (Alstræmeria Ligtu). Or nous sommes disposés à croire que les racines du C. Talaria sont également propres à la production d’un Arrow-root, et, si nous réussissons à le cultiver, nous ne manquerons pas d'en extraire la fécule et de soumettre ce produit à l'examen de la Société d’Acelimatation. Le C. Tataria est classé parmi les plantes alimentaires des anciens. « Le Crambe Tataria Jacq., plante de la Hongrie, parait être le Chara dont les anciens ont nourri les soldats de César en Albanie (Caes., B. C., 3, 48) : les Hongrois en font encore du pain en temps de disette (1). » Cyclanthère pédiaire. CYCLANTHERA PEDATA Schrad. Fam. des Cucurbitacées. Plante annuelle, à tiges orimpantes, glabres; vrilles bifides; leuilles alternes, pétiolées ; en juillet-septembre, fleurs ver- tes, petites, axillaires, les mâles en corymbes longuement pédonculés, les femelles solitaires, sessiles, à la base des leurs mâles. (1) Les plantes alimentaires des anciens, par Édouar1 Martens, (Rev. de l’'Inslr. publ, en Belgique. Nouvelle série, t. [). LE POTAGER D'UN CURIEUX. 271 Le Gyclanthère pédiaire est originaire du Mexique. C’est une plante, traînante où grimpante, d’une fécondité extraor- dinaire. Nous ne nous étendrons pas sur sa cullure, qui est celle des Gourdes. Nous avons laissé traîner des tiges qui ont donné pendant plusieurs mois des fleurs et des fruits en abondance. Soute- nues par un lreillage, ces liges atteignent jusqu'à 4 mètres de hauteur. Les feuilles ressemblent à celles de la Vigne vierge et garnissent bien. Les fruits doivent être cueillis chaque Jour. [i ne faut pas, si l’on veut les utiliser, qu'ils sotent plus gros que des olives ; ils deviennent bientôt mous et spongieux. Récoltés à point, ils peuvent être confits comme les cornichons. Leur défaut est de n'être pas croquants. [ls ont une forte odeur de con- combre qu’ils abandonnent pour prendre le goût du vinaigre dans lequel ils sont immergés. Il en est de même de presque tous les légumes qu’on associe aux cornichons. Les Cyclan- thères ne valent ni plus ni moins que d’autres. Ge sont de jolies petites éponges à vinaigre. La graine est noire et curieuse. La plante est plus rustique que le Cornichon de Paris. Cyclanthère comestible. CYCLANTHERA EDULIS NDN. Pepino de comer des Espagnols de l'Amérique du Sud, qui mangent les fruits accommodés de diverses manières. La plante ne diffère du C. pedata que par ses dimensions plus fortes et par la grosseur du fruit, qui à six à sept fois le volume de celui-ci et dont il conserve d’ailleurs la forme tout en étant plus lisse. Forte plante annuelle, grimpante, à larges feuilles d’un vert clair; fleurs mâles en longs épis inter- rompus, d’un blanc verdâtre ; fleurs femelles, ordinairement solitaires et subsessiles aux aisselles des feuilles ; chair spon- gieuse avant la maturité, exhalant une forte odeur de con- combre. Groissance rapide, plante trèsramifère, très féconde 29 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. (Catalogue de Ch. Huber et Ci°, horticulteurs à Hyères). Le Cyclanthera edulis parait être origimaire de la Colombie, et, si notre mémoire est fidèle, M. Triana nous a dit qu’on en mangeait habituellement les fruits, coupés en deux et farcis comme les concombres et les aubergines. Les fruits, ainsi préparés, sont done, selon toute apparence, beaucoup plus 2ros que ceux du C. pedala, et c’est d’ailleurs ce que dit le Catalogue de MM. Huber et Ci, cité plus haut; mais c’est un fait qu'il ne nous a pas été possible de vérifier. Nous avons reçu de ces messieurs les graines portées à leur Cataloque et nous en avons donné la moitié à un habile jar- dinier de notre voisinage. Nous avons semé sous châssis et sur couche et nous avons obtenu des plantes très fortes, sem- blables au C. pedata, des fleurs, mais de fruits, point. Notre voisin a obtenu des fleurs et des fruits, mais ceux-ci n'étaient ouère plus gros que ceux du C. pedata. Voici ce que rapporte M. Naudin au sujet du C. edulis : « Nous avons reçu de la Nouvelle-Grenade, sous le nom de Pepino de comer, par l'entremise de M. de Geoffroy, consul de France à Bogota, les graines d’un Cyclanthera qui, s’il n’est pas identique avec le C. pedala, comme je suis tenté de le croire, en est extrêmement voisin. Nous l'avons cultivé au Muséum en 1858, mais, par suite de divers accidents, les trois ou quatre individus vivants que nous avons eus ont été si retardés, qu'ils n’ont fleuri qu'à l’arrière-saison et n’ont pas noué un seul fruit. Les ovaires étaient parfaitement lisses, et c’est à peu près la seule différence que je leur ai trouvée avec le C. pedata, où 1ls sont quelque peu muriqués. » D’après ce que nous a dit M. de Geoffroy, les fruits sont comestibles avant leur maturité et se mangent cuits. Cette espèce est probablement le Womordica pedala pomis striatas du P. Feuillée…. » Journal des observations physiques, mathématiques el botaniques, faites par ordre du roi, sur les côtes orientales de l'Amérique méridionale et aux Indes orientales, par le R. P. Louis Feuillée. Paris, 1795, vol. IL. p.754: Momordica fructu striata. « Tous les Péruviens, chez lesquels on trouve LE POTAGER D'UN CURIEUX. 973 cette plante, mangent le fruit dans leurs soupes ; il est extré- mement rafraichissant et fort nécessaire, par conséquent, dans le Pérou, où les chaleurs sont excessives. » L’échec éprouvé au Muséum par M. Naudin dans la culture du GC. edulis, celui que nous avons éprouvé nous-mêmes, l’époque avancée à laquelle notre voisin a obtenu quelques fruits, démontrent suffisamment que la Cyclanthère comes- tible diffère de la pédiaire, celle-ci étant de beaucoup meil- leure composition, à la fois très hâtive et très produclive ; mais il ne nous est pas prouvé non plus que la plante cata- loguée par MM. Huber et Ci° soit celle dont nous a parlé M. Triana. Il y a là un desideratum qui n’est pas satisfait. Daïkon ou Radis du Japon. RAPHANUS SATIVUS L. var. Fam. des Crucifères. Bien que les Daïkons aient été décrits par Henri Rivière comme appartenant à une espèce particulière, nous ne croyons pas devoir adopter cette manière de voir, ces plantes, comme les variétés de Radis que nous cultivons en France, variant à l'infini, tant par la forme de leurs feuilles que par celle de leurs racines. Nous pensons qu’elles doivent être rattachées au Raphanus sativus de Linné. Nous avons fait présenter à la Société nationale d’horticul- ture, par le jardinier Henri Véniat, une collection nom- breuse de Daïkons. Si nous ne nous trompons, c’était la pre- mière fois qu’on présentait à cette Société plusieurs variétés de cette plante, encore peu connue. On s'était jusque-là borné à exhiber un spécimen quelconque et à dire : voici le Daïkon, sans considérer que ce légume, comme tant d’autres, présente des propriétés, des qualités, voire même des dé- lauts, qui varient à linfini, selon la variété que l’on a cultivée. Nos Radis sont d’origine chinoise, mais nous en avons obtenu des variétés sans nombre qui figurent dans les cata- 4° SÉRIE, T. [. — Mars 1884. 18 974 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. logues des marchands grainiers. Ronds et courts, longs et demi-longs, hâtifs et tardifs, blancs, roses, rouges, violets, jaunes, gris, noirs, petits ou énormes ; c’est à s’y perdre. Il en est à peu près de même des Daïkons. Il en est qu’on sème en printemps, d’autres, plus nombreux, qu’on sème en août et dont on fait usage pendant tout l'hiver. Ilen est un, de végétation très rapide, qu’il faut employer après quelques semaines de semis, sous peine, si l’on tarde, de le manger creux. Les uns sont d’une longueur démesurée et exigent un la- bour à deux fers de bèche ; les autres sont courts ou demi- lonss et n’exigent qu’un labour ordinaire. Toutes les variétés que nous possédons sont blanches. Il en existe, dit-on, qui sont rouges extérieurement et intérieu- rement et qui seraient les meilleures. Nous les avons inuti- lement demandées au Japon; nous n’avons reçu qu’un Radis rose d’hiver de Chine, dégénéré. En juin 1878, nous avons reçu trois variétés, très estimées au pays d’origine : les Sakurassima, Tuhri, Nérima Daïkon. Nous les avons semées immédiatement; ces plantes ont monté à graine si vite qu'elles n’ont pas formé de racines utilisables ; mais nous savions dès lors qu'il fallait semer tard. En 1881, nous avons reçu de nouvelles graines, que nous avons semées le 1” août. Le résultat a été très satisfaisant et les horticulteurs de la Société d’horticulture de Montreuil peuvent se souvenir d’une présentation de très belles racines qui leur a été faite par Henri Véniat. Nous donnons ici les noms des variétés que nous possédons. Nous en marquons deux d’un point d'interrogation parce qu’ils sont douteux pour nous; nous considérons les autres comme exacts : Shirimain nedzumi; Hosone; Mia shige ; Arkie (7); Nedzumi ; Maru nerima ; Ku nicli ; Songetti (?); “Nerima; Ninengu. Nous avons perdu le Sakurashima et le Tsuri. Nous n’a- vons pas reçu le San Guwaisu, qui est cité le premier par l’auteur japonais du Japon à l'Exposition universelle LE POTAGER D'UN CURIEUX. 975 de 1878, et dont le nom signifie Daïkon du troisième mois (avril). Nous dirons quelques mots de chacune des variétés que nous avons cultivées en 1881 et 1882. Shirimain nedzumi. Ce Daïkon est gros et court. Ses racines ne s'élèvent pas hors terre. Il n’exige pas un labour plus profond que celui qui se pratique dans les jardins : c’est un mérite qui doit le faire rechercher. Hosone. Ses racines s'élèvent à 0",20 hors terre. [l n’en exige pas moins un labour profond. Sa végétation est rapide. I de- vient creux dès les premiers jours d'octobre. Mia shige. Ses racines font saillie d'environ 1",10 hors terre; il Lui faut un labour profond. Selon l’auteur japonais déjà cité, le Mia shige Daïkon est un produit renommé de la province d’'Owari. Arkie (?). Ce Daïkon exige un labour profond. Ses racines n’ont que 0",5 à 0",10 de hauteur hors terre. Nedzumi. Il exige un labour profond. Ses feuilles ne ressemblent à celles d'aucun autre Daïkon. Maru nérima. 15 centimètres hors terre. Labour profond. 976 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Nérima. 20 centimètres hors terre. Labour profond. Ku nicht. 10 centimètres hors terre. Labour profond. Son nom signifie : Daikon de neuf jours. Songetty (?). Labour profond. Ninengu (1). 90 centimètres hors terre. Labour profond. Toutes ces variétés se sèment le 1* août et s’emploient en hiver. Nous en possédons une cependant qui, semée au prin- temps, n’est montée à graine qu’à la fin de l'été, si bien que nous avons craint de n’en pas récolter de semence et que nous avons dû attendre longtemps avant que les siliques en fussent sèches. Cette variété, à laquelle l’auteur Japonais cité plus haut donne le nom de Natsu Daïkon, c’est-à-dire Daïkon d'été, faisait partie d’une collection de quarante-deux sachets de graines recueillies par l’intrépide voyageur, M. Cotteau, collection qui nous était parvenue par l’obligeante entremise de M. le docteur Paul Sagot. Elle renfermait plusieurs autres variétés de Daïkon, qui, semées au printemps, sont montées à graine sans rien produire d’utile. Il est donc bien établi que, à l’exception du ou des Natsu (1) MM. Vilmorin-Andrieux et C'° (Les plantes potageres) disent que, pour atteindre tout le développement dont il est susceptible, le Ninengo (ou Ninengu) doit être semé dès le mois d'avril. [l demande une terre profondé- ment travaillée et abondamment fumée. Quelques Daïkons, d’après des autorités qui semblent dignes de foi, attein- draient le poids fabuleux de 15 à 20 kilogrammes. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 97 Daïkon, on doit semer vers le 1* août, et plus tard encore dans le Midi, sur un labour ordinaire pour Daïkon court ou demi-long, et sur un labour à deux fers de bêche pour les variétés à longues racines. On doit semer en lignes, et, si l’on veut obtenir des plantes très développées, éclaircir à 15 centimètres au moins. Quant à la fumure, nous citerons, pour en contester cer- tains points, ce qu’en a dit M. le comte de Castillon dans le volume IV, p. 519, 3° série du Bulletin de la Société d’A ccli- malation : « Frappé des résultats négatifs obtenus en France dans la » culture du Daïkon, j'ai voulu en rechercher la cause. Pour cela, j'ai cru ne pouvoir mieux faire que de consulter l'ou- vrage japonais intitulé : Sô moku so date qusa; or voici ce » qu'il dit au sujet du Daïkon, et qui suflirait amplement à montrer les raisons de l’insuccès dont on se plaint généra- » lement: au printemps et en été, on défonce profondément » le terrain; on y incorpore avec soin un mélange de cendre » et de poudrette, et on sème, du premier au dixième Jour de l'automne (fin septembre), en lignes et sur billon. Il y a aussi des Daïkons entièrement rouges, non seulement à » l’extérieur, mais encore en dedans; ils sont très tendres et » ont un goût délicat. » La culture japonaise se résume donc dans les trois points suivants : 1° défoncement profond; 2° engrais pulvérulents » très actifs et promptement assimilables; 3° (et c’est un point capilal) semis d'automne. Il est évident, en effet, que, si les » Japonais ne sèment pas le Daïkon au printemps, c’est qu'ils » ont reconnu que les semis faits à celle époque montaient à » graine lrès facilement (tout comme en France) et sans donner de racines volumineuses. Quelque chose d’analogue » nous arrive avec certains végétaux, les Navets par exemple. » Il est encore à remarquer que la variété de Daïkon la plus estimée au Japon, pour ses qualités comestibles, est le » Daikon rouge. C’est donc sur elle que devront porter de » préférence les plus prochains essais. » Nous ne doutons pas qu’on n’obtienne un très bon résultat ŸY 4 Ÿ 4 Ÿ A4 ŸY 4 2 Ÿ A 278 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. en défonçant profondément le soi, en l’amendant avec de la cendre, en le fumant avec de la poudrette; mais nous ne considérons pas ces pratiques comme nécessaires. Les Daïkon sont extrêmement rustiques et végètent admirablement dans une bonne terre de jardin. Ils se ressèment spontanément, et les graines qui se répandent de côté et d’autre donnent nais- sance à de superbes plantes. Nous avouons ne rien comprendre aux difficultés que paraissent avoir rencontrées les premiers expérimentateurs. Nous appelons lattention sur lopinion émise en janvier 1876 par M. Rivière et consignée dans le Bulletin de la Société d’Acclimatation, vol. IH, p. 39, 9° série : «M. Rivière signale les avantages que lui paraît devoir » offrir la culture du Daïkon ou du Radis du Japon (Rapha- » nus acanthiformis). I avait reçu quelques graines de ce » Radis, provenant d’un envoi de M. Kreutzer, attaché à la » légation du Japon, les a fait essayer dans un domaine de » M. Talabot, près de Limoges, et en a obtenu une quantité » de semence suffisante pour pouvoir propager la plante » qu’il croit appelée à beaucoup d’avenir. Ses qualités nutri- » tives, précieuses pour les vaches laitières, qui s’en montrent » très friandes, paraissent la placer entre la Carotte à collet » vert et la Betterave. Le Daïkon pourra d’ailleurs, sans doute, » jouer un grand rôle comme culture dérobée. Sa végétation » est très rapide ; semée dans la seconde quinzaine de juillet, » la plante est bonne à récolter en octobre; elle n’occupe » donc la terre que fort peu de temps et se montre ainsi dou- » blement précieuse. » L'usage que nous devons faire du Daïkon diffère absolu- ment de celui qu’en font les Japonais. Ils en mangent toutes les variétés cuites ou salées; ils s’en servent aussi comme d’un condiment en le ràpant lorsqu'il est frais, ou en le fai- sant sécher. Ils en mangent aussi les feuilles préparées comme les racines. On doit chez nous en user tout autrement. Nous mettons les racines en jauge au mois de novembre et les y prenons fraîches au fur et à mesure de nos besoins. Elles sont tendres, LE POTAGER D'UN CURIEUX. 979 plemes d’eau de végétation, moins piquantes que le Radis noir et même que le Radis rose d'hiver de Chine. Elles plaisent infiniment aux personnes de nos familles et aux mar- chands de comestibles auxquels nous les avons fait déguster. Cuites, nous les trouvons inférieures aux Navets. I reste à expérimenter le Daïkon comme plante fourragère, en culture dérobée. IT ne nous appartient pas de résoudre cette importante question. Daikon de Satzoumx. Cette variété mérite une mention particulière. Pour la faire connaître, nous reproduisons une note de M. Louis Sisley, publiée dans la Revue horticole, année 4874, p. 444. € Nous extrayons des lettres du docteur Hénon, d’Ikouno (Japon), quelques passages ayant rapport au Radis japonais dit Daïkon : » Les Daïcons, gros Radis blancs, ont à peu près partout » remplacé les Blés, les Chanvres, les Pois et les Fèves là où » il n’y a pas de rizières. Dans les parties du terrain où l’on » n’a pas amené d’eau et où l’on ne peut, par conséquent, » cultiver le Riz, on y fait succéder aux céréales des Raves ou, » plus généralement, un énorme Radis blanc ou Raïfort, dont » il se fait une consommation immense, soit frais, soit Cru, » conservé dans le sol. Il existe partout au Japon et en Chine ; » mais les graines que je vous envoie appartiennent à une » variété particulière, au fameux Daïkon, le Radis de » Salzouma, qui diffère notablement des autres variétés » répandues dans le pays, puisqu'il atteint jusqu’à un pied » de dramètre, ce que l’on ne voit jamais ici, ni à Osaka, ni à » Kioto, ni à ledo. Je ne crois pas qu’on l'ait importé en France, car nos compatriotes qui sont allés à Satzouma ne » sont pas nombreux. » Ce Radis atteint souvent dans le bon terrain 90 centi- mètres de longueur. On le sème en juillet-août et on le » récolte en automne et en hiver. Dans les temps fabuleux, il » yeut, dit-on, à Sacourasima un Daïkon qui avait une lieue A A 280 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. r L L4 » de tour. Ceux-ci n’en sont que des enfants dégénérés, mais » ils sont encore d'une belle grosseur. » Le bétail est très friand des Daïkon et on lui en donne » une grande quantité, mais ce sont les hommes surtout qui » en font une très grande consommation. On les mange crus, » en salade, coupés par tranches très minces, cuits dans la » sauce japonaise appelée shoyu, et surtout crus, après les » avoir laissés confire dans le sel pendant un ou plusieurs » mois; ainsi préparés, ils sentent très mauvais, du moins à » notre goût; mais ce n’est pas aussi détestable à manger » qu’à sentir. Les Japonais, du reste, trouvent que le fro- » mage sent encore plus mauvais et s’étonnent que nous » puissions avaler quelque chose d’aussi infect. » Le Daïkon confit dans le sel est l’assaisonnement habituel » du riz bouilli, chez les pauvres comme chez les riches. » Épiaire à chapelets. CHORO-G1, Japon. STACHYS AFFINIS Bnge., Enum. Chin., n° 289; $S. SiEBoLDI Miq., Prol. FI. jap., p. 44. Fam. des Labices. Chine boréale. Japon. Plante vivace. Souche émettant de nombreux rhizomes souterrains, tubéreux. Tubercules for- més par une succession de nodosités, ressemblant assez aux collets de racines renflés de lAvoine à chapelets (Arrhena- therum elatius, var. bulbosum Gaud. Avena precatoria Thuill.). Tige simple ou rameuse, dressée ou couchée à la base, quadrangulaire, haute de 25 à 40 centimètres, couverte sur les angles de poils hispides. Feuilles opposées, pétiolées, rugueuses hispides, à base cordée, acuminées, dentées, cré- nelées; lesinférieures ovales, les supérieures ovales oblongues, graduellement plus petites à mesure qu’elles s’insèrent plus haut. Fleurs sessiles, réunies par 6-4 en faux verticilles dis- tincts. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 281 Dans nos cultures, cette plante s’est montrée d’une vigueur extraordinaire et nous a donné des tubercules en abondance; par contre, sur plus de 50 pieds adultes, nous n’avons observé que quelques fleurs. La fleur se compose d’un calice subcampanulé ou infun- dibuliforme obconique à dents égales aiguës. Corolle de 10 à 14 millimètres de longueur, purpurine, à tube exert, ayant un anneau de poils à l’intérieur. Au printemps de 1882, nous avons reçu de la Société d’Ac- climatation une boîte contenant des rhizomes de Stachys affinis, qui lui étaient envoyés par M. le docteur E. Bret- schneider, médecin de la légation russe à Pékin. Ces rhizomes, sauf cinq ou six, avaient pourri pendant le voyage ; mais la puissance de multiplication de la plante est telle, que la perte du plus grand nombre ne nous a pas laissé de regrets. Dès la première année, chaque tubercule, planté sur vieille couche, nous a donné une multiplication satisfaisante, et, dès la fin de la seconde année, les touffes laissées en place nous donnaient deux ou trois cents pour un. C’est ainsi que nous avons pu distribuer du plant à la section des végétaux (Société d’Acclimatation), et, suivant l'exemple des Japonais, intro- duire dans nos pickles une assez grande quantité de tuber- cules. Le résultat nous a pleinement satisfaits. Depuis cinq ou six ans, nous demandions en vain au Japon le Choro-gi. Ce Stachys est rustique. Il a bien passé, sans protection, l'hiver 1882-83, qui, il esl vrai, n’a pas été très rigoureux. Îl résistera probablement aux hivers les plus froids, car il appar tient à la Chine septentrionale. Les tubercules du Choro-9i se confisent au Japon dans du vinaigre de prunes. On n’en fait pas le même usage en Chine, mais M. le doc- teur Bretschneider, questionné par nous à ce sujet, n’a pu nous dire comment on les préparait pour la table. Ces tubercules, d’un blanc nacré, de très petil volume et d’une jolie forme, n’ont pas de saveur propre, mais demeurent 289 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. croquants tout en buvant le vinaigre aromatisé -dans lequel ils sont immergés. Nous les recommandons comme s’asso- ciant parfaitement aux Angouries, aux Capucines tubéreuses, aux Miôga, etc. Il suffit de regarder les jolis petits rhizomes de lEpiaire à chapelets pour les destiner aussitôt à la friture; soit dans leur état naturel, soit plongés dans la pâte à frire et relevés d’un peu de jus de citron; dans ce dernier mode surtout ils con- slituent un mets agréable dont on peut user tout l’hiver. Nous ferons observer, toutefois, que ces tubercules ne peuvent pas être conservés hors du sol, ou hors du sable de la serre à légumes. Exposés à Pair, ils ne tardent pas à se flétrir et à notrcir; en peu de jours, ils sont perdus. Fenouwil doux. FœNnICULUM DULCE C. Bauh. Anethum dulce DC. Fam. des Ombellifères. Tiges un peu comprimées à la base, hautes de 1",30. Feuil- les radicales presque distiques, à segments allongés, capil- laires ; ombelles à 6-8 rayons. Le Fenouil doux d'ftalie est une plante annuelle. On le dit originaire de Pltalie. Miller, dans son Dictionnaire des jardiniers, n’affirme rien. On croit, dit-il, qu’il a été importé des Açores. HI Iui donne le norn de Fœniculum azoricum. L'abbé Rozier, dans son Cours complet d’agriculture, se borne à dire que le Fenouiïl doux d'Italie, au rapport des voyageurs, est beaucoup moins doux que celui des Açores. Il cite les côtes d'Afrique parmi Les pays les plus renommés pour cette plante. On sème le Fenouil doux en février et en mars, en pépi- nière, sous châssis ; plus tard, en pleine terre, jusqu'à la fin de juillet. En Italie, on en sème encore au mois d'août. On met en place, dès que le plant est à point, à 0",35 en tous sens. Cet espace facilite l'opération du buttage, qui se [2 () pratique une ou deux fois. La partie de la plante qw’il s’agit d'obtenir blanche et tendre n'ayant guère plus de 0",10 de hauteur, il est rarement utile de butter plus de deux fois. Il faut au Fenouil.une terre légère où le terreau domine. Nous le cultivons, depuis plusieurs années, sur vieille couche et nous obtenons des plantes superbes. Il faut biner à propos et arroser abondamment. Grâce à ces soins, les pétioles agglomérés au-dessus du collet de la plante forment une pomme blanche, épaisse, aplatie, seule en usage pour la table, à l'exclusion des tiges et des feuilles (1). Le Fenouil monte à graine trop vite en été; la pourriture l’at- teint souvent. Il faut le surveiller et l’arracher à temps. Il se conserve assez longtemps hors de terre. Mieux vaut d’ailleurs avoir des pommes moins belles que de s’exposer à tout per- dre. | Le semis qui se fait à la fin de juillet est le plus important. Cest celui qui doit fournir du Fenouil pour la table jusqu’au mois de janvier. On le met en place en septembre, sur trois rangs, de manière à pouvoir le couvrir de châssis lorsque l'hiver approche. Il suffit, pour que la plante continue à végé- ter et à se développer, que la température ne tombe pas au- dessous de zéro. On place donc, comme il est d’usage en pareil cas, de la paille ou des feuilles autour des coffres et des pail- lassons sur les châssis et l’on donne de l’air toutes les fois que le temps le permet. Quand le Fenouil a formé sa pomme, on le conserve sous châssis, ou bien on l’arrache pour le mettre dans la serre à légumes. On atteint aisément le mois de janvier et nous croyons qu’il est facile de dépasser cette époque. La graine de Fenouil dégénère promptement et tous les traités d’horticulture s'accordent sur ce point. Il faut chaque année la faire venir d'Italie. Nous apprètons le Fenouil doux de trois manières dontnous sommes également satisfaits. Nous l’accommodons à la crème, au Jus, au Parmesan. Cette dernière recette nous a été fournie LE POTAGER D'UN CURIEUX. (1) Les Plantes polagères. Vilmorin-Andrieux et Ce. 284 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. par le Bon jardinier, année 1873, dont nous reproduisons les renseignements. « On consomme une grande quantité de Fenouil en Italie. Il se mange cru, comme les artichauts à la poivrade, généralement sans assaisonnement. Il est très bon pour garniture de ragoûts, soit de volaille, soit de grosse viande ; à la sauce blanche, au jus, au gratin ou macaroni. Pour ces trois dernières manières, on le fait cuire à l’eau auparavant. Pour lapprêter au gratin ou macaroni, on prend une casserole, dans laquelle on met du beurre, ensuite un lit de Fenouil déjà cuit et égoutté, coupé par quartiers; on le sale et poivre légèrement; on saupoudre avec du fromage de Parme râpé et de petits morceaux de beurre, et on continue jusqu’à ce que la casserole soit pleine. On fait cuire à feu modéré, couvrant la casserole ou tourtière de son couvercle, sur lequel on doit mettre de la braise. M. Audot à recueilli, dans un voyage en Jlalie, de nouveaux renseignements que nous don- nons comme complément de ce qui précède. A Naples, sur- tout dans les États Romains, et, plus loin encore, du côté de Venise, on fait un usage si général du Fenouil, que l’on ne peut faire un pas dans les villes ni traverser un village sans en rencontrer. Nulle table où il n’en soit servi, et cela, depuis janvier jusqu’en Juin. » À notre tour nous citerons M. Audot : « Comme le céleri, on sert le Fenouil à la sauce blonde et en salade, ou bien encore dans une soupe, à la manière des choux ; mais l’usage le plus général est de le servir au dessert avec les fruits, où il décore la table, planté dans l’eau d’un bol de verre et élevant comme des parnaches son feuillage fin et élégant, on le mange aussi sans aucun assaisonnement. Je n’ai pas manqué de commen- cer par rire de cet usage, qui me rappelait celui, pratiqué en Angleterre, de servir les radis au dessert, et même d’en avoir dans sa poche pour manger à la promenade; mais je n’ai pas tardé à m'habituer au Fenouil, dont la saveur douce et le goût agréable me plaisaient: seulement je le préférais en hors- d'œuvre, comme les radis et les petits artichauts (1). » (1) Extrait des notes sur les jardins du sud de l'Italie, recueillies pendant un LE POTAGER D'UN CURIEUX. 9285 Le Fenouil ne jouit pas chez nous de la même faveur qu’en Italie, et c’est en vain que la plupart des traités d’horticulture présentent le Fenouil aux amateurs comme un excellent lé- oume à introduire dans leurs jardins. Nous pensons qu'il a toujours été cultivé en France sans que l’usage püût s’en gé- néraliser. L'obstacle est assurément dans sa légère saveur d’anis. Ce- pendant nous acceptons celte saveur dans l’anisette, dans les pains d'épice, dans les croquets, etc. Nous acceptons les grai- nes de Fenouil doux converties en menues dragées.Les pommes du Fenouil, confites comme l’angélique, sont excellentes. Une boîte de Fenouil confit faisait partie du lot exposé par le Jar- dinier Henri Véniat (Soc. d’hort.) en octobre 1877. Cette pré- paration a été très favorablement appréciée par tous ceux qui l’ont dégusté. Nos pères recherchaient le Cerfeuil d'Espagne, qu’ils fai- saient blanchir. Il avait une saveur d’anis très prononcée. Les Allemands font un grand usage du cumin, dont le goût est très voisin de celui de l’anis; ils en mettent dans le pain. Les Anglais, les Arabes l’emploient comme condiment. Les Russes en font la liqueur nommée Kümmel. Les Hollandais en mettent, dit-on, dans leurs fromages. Les Italiens ne sauraient se passer de leur Fenouil. Du Fe- nouil et du pain ! disent-ils. Dans la province de Venise, on en met dans le pain, comme on y met du cumin en Allemagne. Les gourmets italiens se servent de la tige tubuleuse du Fenouil, comme d’un chalumeau, pour humer le vin, et la liqueur acquiert, au passage, un arome exquis. En Espagne, sur la côte d'Afrique, aux Açores, l2 Fenouil n’est pas moins recherché. Il nous semble bien prouvé que la saveur de l'anis, qui est commune au cumin et au Fenouil, est tenue pour excellente dans toute l'Europe. En France, elle n’est pas encore acceptée partout le monde dans le légume qui nous occupe, légume voyage en 1839-1848 et lues à la Société royale d'horticulture de Paris, par M. Audot, éditeur du Bon jardinier (Revue horticole, vol. V, p. 16). 286 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. de culture facile et de toute saison: c’est une question d’habi- tude, d'éducation du goût. L'abbé Rozier, dans son Cours complet d'agriculture (1786), nous apprend qu’on cultive le Fenouil doux dans les jardins du nord du royaume. Ce qui s’est fait autrefois se fera sans doute encore. Malgré sa légère saveur d’anis, disons-nous; à cause de cette saveur, disent les [taliens, le Fenouil doux est, selon nous, un excellent légume. Nous le recommandons aux ama- teurs. Glaciale. Herbe à la glace. Ficoïde cristalline. MESEMBRYANTHEMUM CRISTALLINUM L. De Candolle, Plantes grasses, pl. 128. Fam. des Mésembryanthémées. Plante annuelle, originaire du Gap, des Canaries, etc., im- portée, selon Miller, du cap de Bonne-Espérance ; culuvée depuis longtemps au point de vue ornemental. Herbe couchée, charnue, couverte sur toutes ses parties de vésicules transparentes et pleines d’eau, qui feraient croire qu’elle est couverte de glace. En juillet-octobre, fleurs blanches insignifiantes. D’après Duchesne (Répertoire des plantes utiles), on mange très souvent les feuilles de la Glaciale, comme légume, à Bour- bon. MM. Vilmorin-Andrieux et C*, dans les Fleurs de pleine terre, disent que cette Ficoïde s'emploie quelquefois en guise d'épinards pendant les chaleurs. Culture : semer en mars-avril à bonne exposition, ou, de préférence, sur couche. Repiquer en plate-bande bien ter- reautée dès que le plant à quelques feuilles, à 0",60 en tous sens ; ne pas négliger les arrosements. La plante prend bien- tôt un développement extraordinaire et l’on peut cueillir pen- dant toute la belle saison. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 987 La Glaciale a sa place marquée dans les potagers des cu- rieux. Elle est à la fois belle et utile. Il n’est personne qui n’ait admiré, par une belle matinée d'hiver, l'effet merveilleux de la lumière du soleil sur les arbres couverts de givre. C’est le ‘spectacle que nous offre la Glaciale en plein été. Malheureu- sement, elle rampe, elle s’étale sur le sol; il faut se bais- ser pour l’admirer tout à l'aise. Ce n’est donc pas précisément une plante ornementale et ce n’est d’ailleurs pas à ce titre qu’elle aurait sa place dans ce livre. Nous la considérons comme une plante potagère très estimable et semblable à la Tétragone par sa culture et par son emploi. On cueille ses feuilles tendres et l'extrémité de ses tiges. Nous les préparons comme les épinards et toutes les person- nes auxquelles nous en avons fait faire l’essai ont reconnu que la Glaciale était un bon légume, d’une saveur particulière, un mets sui generis, très recommandable. M"° Henriette Davidis, que nous citons volontiers lorsqu'il s’agit de légumes inusités en France, s'exprime ainsi sur cette Ficoïde: « La Glaciale est une admirabie plante d'ornement des jardins et fournit en même temps un délicat légume pen- dant l’été. Ses feuilles et ses tiges, tant que celles-ci sont tendres, ne devront pas être hachées, mais seulement cuites, avec de la chapelure un peu roussie dans du beurre frais, as- saisonnées avec du sel, de la muscade ou de la fleur de Mus- cadier et servies avec des pommes de terre. Durée de la cuisson à peine un quart d'heure. » Nous donnons cette recette pour ce qu’elle peut valoir, mais, en recommandant la Glaciale comme légume, nous nous autorisons encore d’une note de M. Siroy qu’on trouvera dans le Journal de la Société nationale d’'horticulture, deuxième série, t. XI, p: 525. Nous pensons qu'il faut cultiver, admirer et manger la Glaciale. Une autre Ficoïde, d’un moindre intérêt, trouvera iei sa place. 288 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Ficoide à feuilles en cœur (Mesembryanthemum cordifolium L.). Plante originaire du cap de Bonne-Espérance, d’où elle a été apportée par M. Bruyère. Quoique vigoureuse, elle est loin d’être aussi productive que la précédente. Sa saveur est aussi moins agréable. Elle mérite cependant d’être classée parmi les succédanés de l’Épinard, ou, pour mieux dire, de la Chi- corée, dont une légère amertume la rapproche. Multiplication par boulures faites à l’automne, hivernées sous châssis et mises en place au printemps, ou par semis faits comme nous l’avons indiqué pour la Glaciale. La plante est très feuillue. Elle s'étale beaucoup; il faut donc lui accorder environ 2 mètres d'espace. Il suffit de 5 ou 6 pieds, placés au mois de mai en bonne terre et libéralement arrosés, pour assurer le service de la table. IT EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU 1+ FÉVRIER 1884. Présidence de M. Henri BouLEY, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. Je Président proclame les noms des Membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. CRUE À. Geoffroy Saint-Hilaire. 3ANBERGER (Auguste), propriétaire, 14, Rond- ( Ù ee point des Champs-Elysées, à Paris. | Au à À. Geoffroy Saint-Hilaire. Mallassagne. . À. Porte. FuISSEAUX (Léon de), avocat, ancien membre ( À. Geoffroy Saint-Hilaire. de la Chambre des représentants de Bel- Ÿ Jules Grisard. gique, 123, avenue de Villiers, à Paris, ( Simon fils. À. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Porte. us À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. Tony-Conte. CRABATHI (Frédéric), 147, avenue de NGUISE \ à Neuilly (Seine). GRÉHAN (Laurent), 175, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Lorois (Léon), propriétaire, au château de Saint-Maurice, par Quimperlé (Finistère). / A. re ScHiLDGE (Pierre), propriétaire, 146, avenue | À CA Saint-Hilaire. de Neuilly, à Neuilly (Seine). anse — À l’occasion du procès-verbal, M. Raveret-Wattel fait connaitre que dans des établissements de pisciculture de ja Nouvelle-Zélande, on nourrit la Truite avec de la chair de Lapin, animal qui, introduit dans Ja colonie, y a pullulé au point de devenir très nuisible; aussi peut-on se le procurer à bon marché, car sa tête est fréquemment mise à prix. — M. Ed. Maistre adresse des remerciements au sujet de sa récente admission. — Mi Perny adresse un exemplaire de l'ouvrage de M. Isidore Hedde, ayant pour titre : Hôa-fa-ti-h-ich. Géographie chinoise et française. — Remerciements. — M. Rieffel remercie la Société du cheptel de Chiens des prairies qu’elle lui a accordé, et de l’envoi de semence de Riz de montagne qui lui à été fait. 4 SÉRIE, T. |. — Mars 1884. 19 290 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. — En adressant un travail sur les différentes espèces de Cygnes, M. le comte de Montlezun sollicite un cheptel de Mareca Chiloensis. — M. Rogeron écrit de l’Arceau : « Depuis la petite note sur mes croisements de Canards que je vous ai adressée vers le mois de juin, j’ai pensé qu'il serait peut-être intéressant de la compléter par la descrip- tion de ma nouvelle couvée de cette année, où, cette fois, se trouvent plusieurs mâles au plumage assez singulier. L'année dernière je n’avais pu obtenir que des femelles. » — M. Mairet, faisandier de M. Pierre Rodocanachi, au château d’An- dilly (Seine-et-Oise), écrit en date du 22 janvier : € Nous avons obtenu un jeune Pigeon nicobar, né le 14 du courant. Depuis vingt ans que je soigne des oiseaux de celte espèce, c’est la première fois que J'ai des jeunes en janvier et deux pontes la même année. » — M. Gadeau de Kerville adresse une note sur la reproduction de la Perruche Soleil (Cornurus solstitialis Less.) en France. (Voy. au Bulletin.) — M. Narcisse Masson fait parvenir un travail ayant pour titre : Traité d'élevage du Pigeon voyageur. — M. Kleiter, directeur de l'établissement de pisciculture de Munich, annonce l’envoi de 2000 œufs embryonnés de Salmo carpio, qu'il est chargé de faire à la Société de la part de lAssociation allemande de pisciculture. — A l’occasion de cet envoi, M. Raveret- Wattel rappelle que le Saltmo carpio, du lac de Garde, est une excellente espèce de Truite, qui ne devient jamais très grosse, mais dont la chair est très saumonée et d’un goût exquis. Un seul établissement de pisciculture, sur les bords du lac de Garde, s'occupe de la multiplication de cette espèce, intéressante à propager et remarquable, en outre, en ce que la période du frai se pro- longe pour certains individus jusqu’en juin. — M. Charlot, de Borest (Oise), sollicite un envoi d’œufs de Truite. — M. Dubard, de Vilars-sur-Ouche, solhcite également un envoi d'œufs de Truite : « Je suis encouragé à vous faire cette demande, écrit M. Dubard, par un précédent qui m'assure presque la réussite. L’année dernière J'avais acheté, de différentes personnes, 3000 œufs de Truite fécondés, qui sont presque tous éclos ; après les avoir conservées dans les appareils d’éclosion pendant une quinzaine de jours, j'ai lâché ces petites Truites dans un ruisseau d’eau vive de 20 mètres de long sur 1%,50 de large, et là je les ai alimentées avec du poisson haché, jusqu’à l’âge de trois mois, sans avoir fait de pertes appréciables. À ce moment, ces jeunes poissons atteignaient en moyenne 35 millimètres de longueur. Alors, croyant qu'ils n'auraient plus rien à craindre, je les ai mis en liberté dans ma pièce d’eau, alimentée par plusieurs sources d’un grand débit. Je dois dire que depuis je n’en ai aperçu que très peu; mais cela s’ex- plique en raison de la profondeur du bassin, de son étendue et de là PROCÈS-VERBAUX. 291 quantité d'herbes qui en garnit le fond. Si cela était possible, je préfé- rerais recevoir des œufs de Truite des lacs, qui grossit, ainsi que j'ai pu le remarquer, beaucoup plus vite que les autres espèces. » — M. Berthoule accuse réception et remercie de l’envoi d'œufs de Coregonus albula qui lui à été fait : « Ces œufs, écrit M. Berthoule, sont arrivés en très bon état. C’est à peine s’il y enavait une trentaine de morts. Aussitôt après éclosion, les alevins seront versés dans le lac Chauvet, d’une étendue de plus de 50 hectares, et dont la profondeur est d'environ 80 mètres. » — M. Wagner, conducteur des Ponts et Chaussées, régisseur de l'Éta- blissement de pisciculture de Bouzey (Vosges), écrit d’Épinal pour accuser réception des œufs de Corégone qui lui ont été adressés. — M. Hignet, directeur de la magnanerie de Sieltze, près Varsovie, adresse la lettre suivante : «€ Mon départ de Varsovie, vers la fin de l’été dernier, a retardé la communication que je me proposais de faire à la Société sur les éducations de Vers à soie sauvages, dont je m'occupe en Pologne. La Société a bien voulu, au printemps dernier, m'envoyer quelques cocons vivants de Cecropia, je n’ai pas eu à me louer des résultats : aucun papillon n’a voulu s’accoupler; la plupart sont sortis mal conformés, et la présence des mâles n’a pas toujours coïnecidé avec celle des femelles. Des œufs de ce même Cecropia, que j'ai reçus plus tard du professeur Wailly, de Norbiton-Surrey (Angleterre), m'ont donné quelques cocons ; mais la lenteur du développement de la chenille et la grossièreté de la soie ne font pas de cette espèce une acquisition pré- cieuse pour la sériciculture, en Pologne du moins. Il en est de même d’un autre envoi de ce même professeur Waiïlly, le Saturnia lo, char- mante bête comme chenille et comme papillon, mais nulle complètement sous le rapport de la production de la soie. L'espèce est à peu près po- lyphage, au dire de M. Wailly; toutefois, les chenilles, que j'ai élevées à grand’peine, n’ont voulu prendre que de la feuille de chène. Elles s’enve- loppent à peine de quelques fils pour se protéger pendant leur vie latente de chrysalide, » Ceci dit, je passe à mes éducations de Yama-Mai, et de Pernyi en Pologne. Pour le Yama-Mai dont l’éclosion, chez nous, devance la venue des feuilles, jai fait construire une petite serre où j'ai forcé de jeunes chênes; j'ai gagné ainsi une quinzaine de jours, et mes vers, éclos dans cette serre, ont pu être transportés au dehors lorsque les chènes de la plantation ont été feuillés. » Sur une surface de taillis de chêne de 2 mètres à peu près de hau- teur et de 15 mètres de longueur, sur 1",50 de largeur, j'ai récolté quelques centaines de cocons sains et bien conformés, que j'ai remisés pour l’hiver dans une galerie fraîche et bien aérée. Voilà donc une expé- rience concluante, et si quelques papillons, cette année encore, comme les années précédentes, sont sortis vers le mois de septembre-octobre, 209 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. je puis néanmoins regarder comme acclimatés, dans nos contrées du Nord, les Vers à soie du chêne, originaires de pays où la température est beaucoup moins rigoureuse qu’en Pologne et en Russie. Mes expé- riences faites en Pologne peuvent profiter à la Russie, si celle-ci veut s'appliquer mes méthodes. La routine malheureusement est de tous les pays; la France le prouve bien en mettant si peu d’empressement à généraliser la culture des Attacus du chêne, dont la soie est brillante, nerveuse et plus abondante que celle du Bombyx mori. » Les Attacus du chêne ont un grand avantage, c’est de coûter peu de soins et d'argent, et d’être à l'abri, par le milieu (le grand air) dans lequel ils vivent, des nombreuses maladies qui affligent les magnaneries dont le mürier est la base. » Je voudrais, à ce propos, dire un mot des divers moyens proposés pour produire de la bonne graine de Bombyx mori. L’accouplement cellulaire est, de tous, celui qui paraît le plus sûr; mais est-il à la portée de tous? Vous m'avez dit, Monsieur, avoir eu connaissance de la méthode de M. Rollat, de Collioure (Basses-lyrénées). M. Rollat, en effet, doit avoir adressé à la Société une brochure où sa méthode, portée d’ailleurs à la connaissance du Ministère de l'Agriculture, est exposée dans tous ses détails. Que la Société recherche la brochure en question, qu’elle l’étudie avec soin et peut-être sortira-t-1l de cette étude la régénération de la branche la plus ancienne de la sériciculture en France. M. Rollat m'a envoyé en Pologne de la graine obtenue par son procédé; je lai expérimentée concurremment avec celle dont je me suis servi jusqu’à présent, sans avoir à subir de mortalité, et j'en ai été si satisfait que j'ai jeté ma propre graine au fumier. Celle de M. Rollat m'a donné des sujets plus vigoureux, plus actifs que ceux auxquels j'étais habitué; les cocons plus petits ont donné autant et plus de soie que ceux de ma graine polonaise et avaient tous cet étranglement vers le milieu qui est la marque, dit-on, des cocons de forme normale. » Je demande à la Société la permission de lui présenter un échan- tillon de la graine Rollat, la priant de la faire soumettre à un examen sérieux. Si cette graine tenait ses promesses, peut-être serait-ce le cas d'attribuer à son auteur ou plutôt producteur, M. Rollat, un des prix que décerne la Société d’Acclimatation à ceux qui font faire un pas à la science dans certaines conditions. » M. Rollat, dans son rapport au Ministère de l'Agriculture et dans sa brochure sur l’art de produire de Ja bonne graine de Ver à soie, demandait qu’on installàt sur plusieurs points de la France, ou ailleurs, des stations où l’on s’occuperait uniquement de la production d’une bonne graine et du traitement à lui faire subir pendant la morte saison. Ces stations seraient de vrais comptoirs où les éleveurs iraient s’appro- visionner, sinon gratis, du moins à bon marché, de graine saine. L’ins- tallation de ces comptoirs affranchirait la France du tribut énorme PROCÈS-VERBAUX. 203 qu’elle a payé et qu’elle paye encore peut-être à l'étranger pour achat de graines. On se rappelle les achats faits au Japon; l'or envoyé à Tiflis pour le même objet, faisait l’étonnement de notre consul général, le baron Finot, qui, plus d’une fois, m'en a parlé à Varsovie. M. Rollat, confiant dans ses méthodes, ne se refuserait certainement pas à se mettre à la disposition de la Société si elle faisait appel à ses lumières. » (Conformément au désir exprimé par M. Hignet, les graines envoyées par notre correspondant ont été confiées à l'École de Grignon, à la sta- tion séricicole de Montpellier et à M. Cornu, avec prière de les mettre en expérience.) — En sollicitant un envoi de semence de Riz de montagne, M. le docteur Lecler, de Rouillac (Charente), ajoute : « Si la Société voulait quelques pieds de Bambous, je pourrais lui adresser, en février ou mars, du mitis, du Quilioi, du vüridi-glaucescens. En revanche, si la Société pouvait me faire parvenir du Bambou quadrangulaire, je lui en serais reconnaissant. » — MM. Riefel, Mathey et le docteur Moïse Bertoni adressent des demandes de semence de Riz de montagne. — M. le Secrétaire général donne à. l'assemblée communication d’une lettre de M. le Ministre de l’Instruction publique annonçant le Congrès ornithologique qui doit avoir lieu à Vienne en 1884. — M. Maurice Girard fait, au nom de l’auteur, hommage à la Société d’un exemplaire de l’ouvrage que M. le docteur Henri E. Sauvage, ancien aide naturaliste au Muséum, aujourd’hui inspecteur des pêches à Bou- logne-sur-Mer, vient de publier sous le titre : La grande pêche, et dans lequel l’auteur passe en revue, au point de vue de l’histoire natu- relle, comme à celui de la pêche proprement dite et des résultats com- merciaux, les poissons de mer les plus importants, et ceux qui, tels que le Saumon, l’Alose, ete., remontent de l'Océan dans les cours d’eau. « Ce premier volume, ajoute M. Maurice Girard, sera prochainement suivi d’un second, traitant des Mollusques et des Crustacés comestibles. » — M. Camille Dareste fait une communication sur la formation des races. (Voy. au Bulletin.) — M. Raveret-Wattel donne lecture de la traduction suivante d’un article publié par le Pharmaceutical Journal, de Londres, sur la pro- duction du Quinquina à l’île de Ceylan : « D’après le Times of India, la quantité d’écorce de Quinquina exportée de Ceylan pendant le dernier trimestre 1883, s'élève à 124 422 kilogrammes, dont 631 828 kilogrammes d’écorce de tronc et 92 594 kilogrammes d’écorce de branches. Cette quantité représente un excédent de 96 648 kilogrammes sur le chiffre de l’exportation pour la période correspondante en 1882. Environ les deux tiers de cette expor- tation ont été dirigés sur l'Angleterre. L'Italie a acheté une forte part du tiers restant; les villes de Gênes et de Venise ont reçu, à elles seules, 294 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 207 389 kilogrammes. Les États-Unis figurent pour 3473 kilogrammes. » Dans un aperçu de la situation actuelle des cultures de Quinquinas à Ceylan, un journal du pays, le Ceylon Observer, n'évalue pas à moins de 22 millions le nombre des arbres de deux ans et au-dessus qui exis- tent aujourd'hui dans les plantations de la colonie. Le même journal estime que, d’après les demandes du commerce, les exportations faites de Ceylan pourront prochainement s'élever et se maintenir pendant une longue période au chiffre de 5 millions de kilogrammes d’écorce par an. La consommation atteint, en effet, partout un chiffre très élevé. Nous trouvons dans une brochure publiée récemment à Londres par M. Jobn Hamilton (Notes and statistics of Cinchona Bark), que la Grande- Bretagne devient de plus en plus le principal centre du commerce du Quinquina. En 1882, il a été importé cn Angleterre 7799960 kilo- grammes d’écorce, soit un excédent de 750 000 kilogrammes sur l’année précédente, excédent qui représente, à lui seul, environ les trois cin- quièmes du chiffre total de l'importation en 1871. La France, elle aussi, importe des quantités considérables de Quinquina; en 1882, elle en a acheté 5 031 609 kilogrammes. L'Allemagne en a importé 2336 340 ki- logrammes et l'Italie 3,075,000 kilogrammes. » D’un autre côté, il résulte d'informations sérieuses que la produc- tion diminue rapidement dans la patrie des Quinquinas. Le commerce d'importation se trouve donc reposer en grande partie sur le produit des cultures faites à Java par les Hollandais, et dans l'Inde par les Anglais. » M. Raveret-Wattel fait remarquer, à cette occasion, l’intérêt qui s’at- tacherait à l'introduction de la culture des Cinchonas dans toutes celles de nos colonies dont le climat se prêterait à cette exploitation. — M. le Président dépose sur le bureau une collection de graines provenant de la Nouvelle-Calédonie, et offerte à la Société par un offi- cier de la marine, M. le capitaine Boll. — Remerciements. — M. Jules Grisard donne lecture d’un travail adressé par M. Charles Rivière, directeur du Jardin d'essai du Hamma (Algérie), et ayant pour titre : Essai d’une végétation assainissante au Gabon. (Voy. au Bulletin.) — M. le docteur Cosson estime que plusieurs des vues émises dans ce travail sont mal fondées. Contrairement à l'opinion de l’auteur, les plantations d'Eucalyptus lui paraissent pouvoir exercer un rôle assai- nissant sérieux, à cause de la puissance d’absorption remarquable de ces végétaux; tandis que les plantations de Bambous, conseillées par M. Rivière, contribueraient, au contraire, à entretenir l’humidité du sol et, par suite, l’insalubrité du pays. M. Cosson veut bien promettre une note sur cette importante question, | — M. Vavin s'étonne que l’on représente le Gabon comme un pays malsain. Un de nos collègues, M. Masson, qui habite la colonie depuis PROCÈS-VERBAUX. 9295 deux ans, lui écrit que le pays, au contraire, est très sain. M. Vavin ajoute qu'il à fait parvenir différentes espèces de graines à M. Masson, par l'intermédiaire de M. de Brazza, lequel, à son tour, lui a promis des graines de végétaux africains. — M. le Secrétaire général communique à l'assemblée une lettre adressée au Journal de l'Agriculture par M. Piquet, maire de Nantua (Ain), concernant la maladie des Écrevisses. — M. Cosson fait remarquer qu'il serait facile de vérifier si, comme le suppose l’auteur de cette lettre, les variations de température sont une des causes de la mortalité des Écrevisses; il suffirait de placer un certain nombre de ces Crustacés dans des eaux assez profondes pour conserver une température à peu près constante. L'expérience prouve- rait si, dans ces conditions, les Écrevisses échappent aux causes de destruction signalées. M. Cosson ajoute que dans certaines localités on met de jeunes Écrevisses dans des mares tourbeuses, où elles prennent un très grand développement. — M. le Président constate l’exactitude du fait, mais il ajoute que ces Écrevisses sont en général très mauvaises. SÉANCE GÉNÉRALE DU 15 FÉVRIER 1884. Présidence de M. Henri BOULEY, Président, puis de M. le marquis de SINETY\, Vice-Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — À l’occasion du procès-verbal, M. Michon donne d’intéressants dé- tails sur les résultats très satisfaisants, au point de vue de l’assainisse- ment du pays, obtenus en Algérie, en Corse et en Italie, à l’aide de plantations d'Eucalyptus. Il communique, à ce sujet, une lettre que la Société vient de recevoir du R. P. Gildas, du monastère de la Trappe de Saint-Paul-Trois-Fontaines, près Rome, et qui confirme cet ren- seignements de la façon la plus complète. (Voy. au Bulletin.) — M. de Barrau de Muratel fait connaître que, d’après des renseigne- ments qu'il tient d’un ingénieur de la Compagnie du chemin de fer du Midi, plusieurs stations, situées entre Narbonne et Perpignan, et autre- fois très maltraitées par les fièvres, auraient été complètement assainies par des plantations d’Eucalyptus. Les agents de la Compagnie, chefs de gare, cantonniers, elc., ne pouvaient précédemment y séjourner plus de quinze jours sans être atteints par la maladie. Aujourd’hui ils peuvent y rester impunément ; le mal a, dit-on, totalement disparu. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : 296 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. MM. PRÉSENTATEURS. Bailly. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Raveret-Wattel. A. André. J.-B. André. Dépinay. BOuvRET (Eugène), chef du secrétariat de la {/ Th. Berson. Compagnie des chemins de fer du Midi, 11, : Surell. passage Masséna, à Neuilly. Saint-Yves Ménard. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Jules Grisard. ALExIs, 63, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). BERLY (de), référendaire au sceau de France, 26, rue Godot de Mauroi, Paris. ER. ee BRAUN (Alfred), pippriétane, à Rosheim (Al- \ sace-Lorraine). po —" | G. Rieffel. DASNIÈRES (Charles), négociant, 132, rue Per- # ue NUE 6 . A. Laisnel de la Salle. ronnet, à Neuilly (Seine). me J. Vieillot. Chenet. DucERr (Jules), propriétaire, 12, rue de Long champs, à Neuilly (Seine). À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. Bourdel. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Maurice Girard. Chenet. Poupain. Saint-Yves Ménard. Bailly. Maurice Girard, Raveret-Wattel. A. Berton. Surell. Saint-Yves Ménard. Jules Grisard. Paillieux. Raveret-Wattel. Baron Goury du Roslan. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Raveret-Wattel. F. Gallais. PEYRAMAURE, pharmacien, à Civray (Vienne). ; Maurice Girard. Jules Grisard. SOURIES (Henri), propriétaire, 10, rue de la { J. Grisard. Victoire, à Paris, et à Manaud, par Beau- ? A. Geoffroy Saint-Hilaire. mont de Lomagne (Tarn-et-Garonne). | Paillieux. LEMAIRE (Auguste), 2, passage Masséna, à Neuilly (Seine). LÉVY (Nathan), 109, avenue de Neuilly, à | “| l (ose | Neuilly (Seine). | LHERBODIÈRE, 141, boulevard Pereire, à Paris. | l LüuYT (Charles-Jules), chef du contentieux adjoint de la Compagnie des chemins de fer du Midi, rue du Nord, 18, à Neuilly. MarqQuisET (Léon), propriétaire, rue de Rennes, 87, à Paris et à Apremont (Haute- Saône). MAXxIVELL (Joé), substitut du procureur de la \ République, à Périgueux (Dordogne). / PROCÈS-VERBAUX. 907 MM. PRÉSENTATEURS. SOUCHIER (Paul), propriétaire, maire de Chan- { Maurice Girard. tilly (Oise), et 16, boulevard Montmartre, j Jules Grisard. à Paris. Paillieux. - . ARE Simon Bloch. [rioz (Louis), chef d’Institution, 40, “all aurice Girard. Charles-Laffitte, à Neuilly {Seine). | a »] b) 0 _ M. le Président annonce ensuite la perte regrettable que la Société vient de faire dans la personne de deux de ses membres: M. Bérend et M. le docteur Court. __ M. Je Secrétaire général rappelle que M. Bérend avait, il y a deux ans, fait don à la Société d’une somme importante destinée à la fondation d’un prix. « L'idée, ajoute M. le Secrétaire général, qui avait porté M. Bérend à donner à la Société ce témoignage d'intérêt lui avait été inspirée par le désir de consacrer la mémoire de M. Drouyn de Lhuys, dont il était l’ami. Le Conseil et la Commission des récompenses ont décidé que ce prix serait décerné à l’auteur du meilleur travail ré- sumant les œuvres et les travaux de la Société. Nous devons espérer que ce prix sera hientôt gagné, car il permettra de faire constater au public tout le chemin utilement parcouru par Association depuis son origine. » __M.le Président annonce l’ouverture du scrutin pour l'élection du Bureau et d’un partie des membres du Conseil, et il désigne pour faire le dépouillement des votes une commission composée de MM. Tony Conte, Xavier Dybowski, Jules Grisard, Ménard, Sœhnlin et Jules de Vroil. —_ M. le Secrétaire procède au dépouillement de la correspondance. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. G. Duméril, Braun, Pitard, Saury, Fuzier-Hermann, Tarlier, de Sainte-Croix, baron d’Avène, Touchard, Proyart, Charlot, d’'Imbleval, Dessirier, vicomte de Poli et Edouard Godry. — MM. Didion, Em. Baré, Aug. Bouchez, G. Conte, G. de Kervénoaël, E. Viéville, Leprevost-Bourgerel, Roulland, Vigour, Collet, Gourraud, de Sevin de Segougnae, Ed. Godry, F. de Carpentier, Le Guay, Du Plessis- Quinquis adressent des remerciements au sujet des cheptels qui viennent de leur être accordés. — La direction du journal {a France forestière remercie de l'envoi qui lui a été fait du programme des prix proposés par la Société. — M. le général du Martray communique la note suivante: «Un des numéros du Bulletin de la Société d'Acclimatation (année 1883) ren- ferme une notice de M. Neukom, inspecteur des forêts à Schaffhouse, sur les Chèvres de la Suisse. » Cette notice signale trois races comme particulièrement recomman- 298 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. dables, savoir : de Toggenburg, à cou noir (Schwarzhals) et du Haut Valais. » La dernière, d’après des renseignements adressés par M. Neukom, est la meilleure. Elle donnerait en moyenne environ 900 litres de lait par an, tandis qu’une bonne Chèvre de France, à quelque région qu’elle appartienne, n’en donne que 500 litres. » Le prix moyen du litre de lait de Chèvre étant en France de 15 cen- times, le produit d’une Chèvre du Haut-Valais serait de 135 francs, alors que celui d’une Chèvre française n’atteindrait que 75 francs. Si chaque bête vaut 30 francs, l’une rapporte deux fois et demie, et l’autre quatre fois et demie sa valeur. » On voit par là le grand intérêt qu’il v aurait à acclimater en France la Chèvre du Haut-Valais. Elle coûte ordinairement 30 francs, pleine de sa deuxième portée. Cette année, par suite d’un achat considérable que vient de faire le canton de Berne, le prix serait de 40 francs. » M. Schatzmann, directeur de la station laitière de Lausanne (mai- son Villard), se chargerait d’acheter et d’expédier ; il pense que l’on serait au moment le plus favorable pour l’acquisition. L'envoi partirait de Brigg. » — M. Alfred Rousse, de Fontenay (Vendée), adresse deux exemplaires de la seconde édition de sa brochure : Perruches d'Australie et d'Ameé- rique, Perroquets, Aras, Cacatois. — M. le directeur du Jardin zoologique d’acclimatation communique l'extrait suivant d’une lettre qui lui est adressée par M. l’abbé Betin, en date du 5 février : « Vous savez que ma recette pour l'élevage des Faisans, etc., est aujourd’hui reconnue comme excellente et la meil- leure : la nourriture à base de sang cuit ou desséché. Voilà des imita- teurs qui ont profité de ma méthode et qui fabriquent une nourriture semblable en la vendant très cher. » En Belgique, en Angleterre, en France, tous préparent leur nour- riture à base de sang cuit ou desséché. Est-ce que la récompense pro- : mise ne sera pas donnée à l'inventeur ? Trouvera-t-on mieux et plus nourrissant ? M. Daviaud, le grand éleveur, mon voisin, ne le croit pas: et chaque fois que je le vois (tous les mois) il me demande si j'ai reçu quelque chose. : » J'ai encore trouvé quelque chose sur l’élevage, et qui intéresserait assurément les éleveurs. J'attends. » — M. G. Mathias écrit de Bourg-la-Reine : «Je suis heureux de vous annoncer que j'ai réussi cette année mon élevage de Lophophores 11 œufs pondus, 10 petits (un œuf cassé bon) et 6 Lophophores à gros- seur aujourd’hui : 4 femelles et 2 mâles. On ne peut se figurer la satisfac- tion que vous donne l'élevage de cette sorte d'oiseaux. Un fait fort curieux que je ne puis attribuer qu’à l'hiver fort doux de cette année : 2 jeunes Tourterelles Lophotes sont descendues il y a huit jours du nid et j'en ai PROCÈS-VERBAUX. 299 en ce moment un autre couple qui couve. Je vais essayer cette année des croisements de Lophophores, si je réussis, je me ferai un plaisir de vous le faire savoir. » — M. 0. Moquin-Tandon, directeur du Jardin botanique et zoologique de Saïgon (Cochinchine française), écrit en date du 4 janvier à M. P. Ro- docanachi de Paris: «J'ai parfaitement reçu vos lettres m’exprimant le désir de posséder une paire de PArgus de Rheïnart ; vous m'avez aussi adressé une belle aquarelle de cet oiseau dont la vue doit faciliter les recherches. » Quelques jours après je quittais la Cochinchine, toutefois je m'étais occupé de votre demande, j'en avais chargé mon ami M. de Champeaux, quelques jours avant son départ pour Hué où il est, comme vous le savez, le représentant de la France. » Il me promit de faire son possible tout en ne me cachant point que, pour le moment, il ne croyait pas que les circonstances se prêtassent à ces recherches. » Cet oiseau vit dans les bois d’une région distante de 250 à 300 kilo- mètres de Hué, vers l’ouest. IL y a la plus grande partie de la chaîne des montagnes à traverser ; ce pays est peu habité. Les indigènes sont des tribus à demi sauvages qui ont peu ou point de relations avec les pays voisins ; de loin en loin un Chinois, jouant le tout pour le tout, parcourt les sentiers plus que rares qui conduisent dans ce pays, pour échanger une pacolille de sel, de tabac, d’aiguilles, de petits couteaux, contre de la poudre de corne de rhinocéros, de l’ivoire et certaines gommes et résines auxquelles les Chinois attribuent toutes sortes de vertus. S'il n’est point dévalisé par ceux avec lequels il vient commercer, s’il n’est point mangé par quelqu'un des nombreux tigres qui foisonnent, si enfin il rentre en Chine avec ses bénéfices, oncques plus on ne le voit recom- mencer son voyage. » J'ai fait faire plusieurs copies de l’aquarelle, car il faut donner un exemplaire à chaque personne que l’on charge du soin de chercher ; c’est le seul moyen de n’être pas exposé à ce qu’on vous envoie les ani- maux les plus disparates. » Avoir ces oiseaux n’est donc pas une chose facile; toutefois on pourra y arriver. Mais que de temps ! Ceux qui sont au Muséum étaient des oiseaux envoyés en cadeau annuel de suzeraineté par un groupe de tribus au roi Tuduc, l’empereur de Hué, mort il y a quelques mois. Ils arrivèrent vivants à Hué, mais deux jours après l’un mourut sans raison connue et l’autre ne lui survécut que quelques jours. » Vous pouvez compter que je ferai tout mon possible pour réussir. » — M. Charlot, Dubard, des Vallières, d’Halloy, Le Fort, Mackenzie, Tuncq et Vacher accusent réception et remercient des envois d'œufs embryonnés qui leur ont été faits. y —M. G. d’Augy écrit de Châlons-sur-Marne : « Les œufs de Saumon que 300 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. vous m'avez envoyés ont bien réussi. Les alevins ont été déposés à l’Epine, dans une dérivation de la Vesle; ils paraissent déjà gros. Je vous tiendrai au courant de leur croissance. » Jai été moins heureux avec les noix de pacanier ; je n’ai obtenu qu'un sujet sur trente noix. » — M. Focet écrit de Bernay : « En réponse à votre lettre du 31 janvier dernier, me demandant les résultats que j'ai obtenus des quelques envois d'œufs de Salmonides, que notre Société a bien voulu me confier l’année dernière, je vous dirai que le résultat a été généralement bon. En effet, sur une incubation d'environ 12 000 œufs de Salmonides divers, j'ai ré- colté environ 10 000 alevins qui se sont généralement bien conduits pendant les quatre mois où je les ai nourris avec des viandes cuites et râpées, du frai de grenouille et des œufs de morue. Mais j'ai dû à la fin de cette période, ne pouvant plus ni les nourrir, ni les retenir dans mes appareils, les mettre en liberté dans les rivières de Ja Risle et de la Charentonne. J’ai bien gardé quelques spécimens dans mes réservoirs, mais en pelite quantité, ayant de la peine à les soustraire à deux grands inconvénients : {° les variations dans la hauteur et l’état des eaux, puis 29 à la voracité des Rats d’eau et des Loutres. » En un mot, les rapports sur la pisciculture que je fais depuis dix ans, ont été jusqu'ici et seront à l’avenir, jusqu'à nouvel ordre, les mêmes, tant que je ne pourrai mettre à exécution la pisciculture indus- trielle, c’est-à-dire fabriquer du poisson pour le livrer à la consomma- tion après trois ou quatre ans de nourriture en bassin clos. Toutefois, mes travaux n'ont point été sans résultats très sérieux. J'ai repeuplé deux cours d'eau sur un parcours d'au moins 24 kilomètres. La Truite y est si abondante que, dernièrement, par suite d’un accident arrivé aux réservoirs d’une usine à gaz, les eaux amnoniacales ont fait périr plus de mille cinq cents Truites sur un parcours de 2 kilomètres au plus dans les eaux de la Charentonne. Plus de 1500 francs d’indemnité ont été imposés à l’usinier. Vous voyez par ce fait seul quelle était l’abondance du poisson. Le mal était réparé quelques mois après, à mon grand étonnement. Le poisson d'aval a suffi seul, en remontant le cours d’eau, à le repeupler comme avant. ! » En ce moment loutes nos frayères naturelles sont nombreuses et en bon état. Nous en attendons les meilleurs résultats. » Une seule remarque, c’est le peu de Saumons que nous retrouvons proportionnellement aux alevins mis en liberté. Année commune j’aban- donne environ huit mille alevins de Truite de mes achats contre environ deux millealevins de divers Salmonides qui me sont offerts. Nous devrions donc les retrouver dans les mêmes proportions. Il n’en est rien. On me signale par an environ quinze ou vingt de ces sujets, c'est bien peu. comme vous voyez, et cependant, depuis quelques années, j'ai mis sur- PROCÈS-VERBAUX. 301 tout de la Truite des lacs et du Saumon de Californie. Emigrent-ils aussi comme le Saumon commun? » — M. Després écrit de Nauteuil-en-Vallée (Charente) : « J'ai reçu, l’année dernière, de la Société d’Acclimatation des œufs de Salmo fon- tinalis, dont l’éclosion s’est faite dans les meilleures conditions ; la perte a été presque nulle. » Aprés la résorption de la vésicule, qui s’est opérée aussi presque sans perte, les alevins ont été lâchés daus un bassin de forme oblongue, avec un petit courant continu, sur fond de sable et de gravier, avec plantes aquatiques. J'ai jugé que l’alimentation était suffisante, par les larves et les infusoires, sans avoir recours à l’alimentation artificielle. » J’ai recueilli, au bout de huit mois, un tiers environ des alevins, d’une taille variant de 8 à 10 centimètres. » Le développement serait plus considérable, je crois, en ajoutant une nourriture artificielle appropriée à celle que les alevins rencontrent na- turellement dans les eaux. » Je compte essayer, cette année, des deux méthodes avec les œufs de Salmo carpio qui m'ont été expédiés. Je serais heureux d'essayer aussi avec des œufs de Salmo fontinalis, si la Société peut en disposer dan petit nombre. » La meilleure alimentation, celle qui n’occasionne aucune perte par engorgement des branchies. serait les proies vivantes ; mais il est pres- que impossible de s’en procurer suffisamment pour alimenter des bassins de laboratoire. À défaut, j’ai donné, avec assez de succès, de la viande crue tendre et réduite presque en pâte, délayée ensuite avec de l’eau ; la chair pilée de petits poissons donne le meilleur résultat. » Mes Salmo fontinalis sont encore dans mes bassins. Je désirerais savoir s'ils peuvent vivre longtemps en captivité, contrairement au Sau- mon commun de France; je suis tenté de le croire, parce que leur robe et leur conformation m'indiquent qu’ils ne sont qu’une variété de la Truite, soit commune, soit saumonée. » — M. Raveret-Wattel rappelle, à l’occasion de cette lettre, que le Salmo fontinalis, plus généralement et plus justement désigné aujour- d'hui sous le nom de Salvelinus fontinalis, est une espèce américaine d'Omble-Chevalier, qui habite plutôt les petits cours d’eau que les lacs, d’où son nom vulgaire de Brook-Trout aux États-Unis. C’est un excel- lent poisson, aux habitudes sédentaires, qui peut être facilement et avan- tasgeusement élevé dans les eaux closes. — M. le comte de Malartic écrit de Dijon: « J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien m'indiquer le nom et l'adresse d’un sériciculteur se livrant sur une grande échelle à l’éducation des Bombyx Pernyi. En Espagne et en Bavière, je crois, cette industrie a pris, m'assure-t-0n, une assez grande importance. Je voudrais avoir des renseignements précis, émanant de source certaine; c’est pour cela que je désirerais 302 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. me mettre en rapport avec un éducateur sérieux. Subsiste-t-il encore des sériciculteurs possédant quelques cocons du Bombyx de l’ailante?” Pour- rait-on trouver un kilogramme de ces cocons pour faire un essai de dévidage”? » — M. Philippart, directeur de l'École nationale d'agriculture de Gri- gnon, accuse réception de l’envoi qui lui a été fait d’un lot de la graine de Ver à soie (graine Rollat), adressée à la Société par M. Hignet, de Varsovie. — M. Ferd. Nemetz, instituteur à Wiener-Neustadt (Autriche), sollicite l'envoi d'œufs ou de cocons d’une espèce quelconque de Bombycien séri- cigène exotique déjà acclimatée, afin d’en essayer l'élevage. — M. Louis Fuzier et M. Loew, notaire à Strasbourg, adressent des demandes de graine de Melon à chair verte. —_ M. Lesur, de Forges-les-Eaux, adresse la description d’un procédé qu'il croit infaillible pour la destruction du Phylloxera. Cheptels. — M. Théophile Lépine, de la Haye-Descartes, demande à restituer son cheptel de Tragopans de Temminck, dont la femelle est atteinte de la goutte. — M.]le marquis de Brisay rend compte de la perte de la femelle de son cheptel de Canards mandarins. — M. le comte de l’'Esperonnière adresse les renseignements ci-après sur son cheptel de Cygnes à col noir: « Ces oiseaux ont toujours joui de la meilleure santé. Ils sont d’un caractère très doux et familier, et vivent en bonne intelligence avec mes autres oiseaux d’eau; comme les Cygnes blancs, ils ne se contentent pas des grains qui leur sont donnes, mais paissent continuellement sur les pelouses. » Ces deux Cygnes à col noir n’auront que deux ans, cette année-ci. Je pense donc qu’ils ne produiront pas encore, mais dans les conditions où ils se trouvent, j'espère bien, par la suite, obtenir leur reproduc- tion. » — M. Raveret-Wattel dépose sur le bureau : 1° Un numéro du 24 janvier 1884 du journal Forest and Stream, de New-York, rendant compte de la création aux Etats-Unis d’un Comité pour l'étude des migrations des oiseaux ; 2 Un numéro du recueil de la Société des arts de Londres, renfer- mant un article intéressant sur l'exploitation des arbres producteurs de la Gutta-percha ; 30 Un numéro du Pharmaceutical Journal, annonçant une tentative entreprise par le gouvernement anglais pour l'introduction de la culture du Quinquina à la Jamaïque. — M. Lavallée fait hommage à la Société d’un exemplaire de l'ouvrage aw’il vient de publier sur les Clématites à grande fleur. — Remercie- ments. — M. le Secrétaire général fait, au nom de l’auteur, hommage à la PROCÈS-VERBAUX. 303 Société d’un exemplaire du premier fascicule que M. Magaud d’Aubusson vient de. publier d’un ouvrage sur Les Oiseaux de la France. Dans cette publication, l’auteur s'occupe des Passeraux déadactyles cultrirostrés, c’est-à-dire des Corbeaux, des Pies et des genres voisins. Édité avec grand luxe, format in-4, orné de grandes planches en couleurs, cet ouvrage est intéressant à plus d’un titre. Les descriptions sont faites avec précision, les faits de mœurs relatés avec soin. Enfin l’auteur a reproduit, ou résumé tout ce qu’on sait sur ce groupe intéres- sant. Le côté pittoresque, historique, mythologique, anecdotique n’a pas été négligé. Aussi la lecture de l'ouvrage présente-t-elle autant d’attrait pour les gens du monde que pour les naturalistes. C’est une publication savante sans aridité, sans sécheresse. Les planches ont été exécutées avec un soin scrupuleux par un peintre de talent, M. J. Terrier, qui joint au mérite de l'artiste le savoir du natu- raliste. Il serait à souhaiter que l'exemple donné par M. Magaud d’Aubusson, par la publication de ce premier fascicule des oiseaux de la France, ait des imitations, car des ouvrages comme celui-ci sont faits pour rendre l'étude de l’histoire naturelle attrayante. M. le Secrétaire général annonce ensuite la puplication d’un question- naire sur la maladie des Ecrevisses, rédigé par la 3° section, en vue d'ouvrir une enquête sur les causes probables de cette épidémie et sur les moyens d’en arrêter les progrès. Enfin M. le Secrétaire général dépose sur le bureau une lettre de Mgr Dubail, évêque de Bolina, vicaire apostolique de Mantchourie, ren- fermant d’utiles renseignements sur la culture du Riz de montagne. (Voy. au Bulletin.) — M. le directeur du Jardin zoologique d’acclimatation rend compte de la perte que cet Etablissement vient de faire d’une Autruche mâle, morte, après trois jours de maladie, pour avoir ingéré un morceau de bois du poids de 100 grammes et d’une longueur de Om,12. Ce morceau de bois, qui s’est engagé dans le pylore, ayant mis obstacle aux fonctions digestives, l'oiseau est mort d’inanition. M. Geoffroy Saint- Hilaire signale, à ce sujet, de curieux exemples d'objets très volumineux avalés impunément par des Autruches, et il fait remarquer que, dans ces divers cas, il s'agissait presque toujours d'objets métalliques pius ou moins flexibles et pouvant être réduits par les contractions de l’intestin. Avec un morceau de bois rigide, les conséquences devaient être plus graves ; l'accident a déterminé la mort. — M. le Président rappelle qu'on cite, chez l’homme, des faits très curieux aussi d'objets de fort volume ingérés sans qu'il en soit résulté d'accidents. De semblables observations ne sont pas rares, principale- ment sur les enfants. 304 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. —. M. Maurice Girard donne, au nom de M. Fallou, lecture d’une note re- lative à des éducations de différents Bombyciens séricigènes (voy. au Bul- letin). Il présente, en même temps, plusieurs spécimens de papillons provenant de ces éducations et offrant de curieux exemples de mons- truosités, tels que : avortement d’une aile (ectromélie), aberration dans la forme des ailes, ete. Dans le cadre qui renferme ces papillons, se trouvent également exposés des spécimens d’un Ichneumon américain de grande taille, lOphion maclurum, qui est un parasite assez fré- quemment trouvé sur l’Attacus cecropia et l'A. Prometheus. — M. le Président fait connaître le résultat du scrutin. Le nombre des votants était de 357 (Outre les billets de vote déposés dans l’urne par les membres présents, beaucoup de bulletins avaient été envoyés sous pli cacheté et contresigné). Les votes ont été répartis de la manière sui- vante : Président : MMAHennBouley Le 0TE PR 904 Vice-Présidents : Docteur Ern. Cosson........... 909 Comte d'Éprémesnil............ 304 De Quatrefages MAPENECRErEEEE 500 Marquis de SIM EEE PE PREE 302 Secretaire général : A. Geoffroy Saint-Hilaire. ...... J4S Secrétaires : EfDupinse-#rne MS IERER EC PRE 304 MauriceuGirarde. AIRE MEN 204 Raveret-Wattel AP MR RER RENE 302 PlurvéHÉr Ar dE SENE RL ER CRETE 302 Membres du Conseil : AlphaEavallées en UREs + 900 Aueuste Paie Er RER 301 Léon Vaillant. .... RME 909 Henry deWilmorine-ors Are O0! En outre, d’autres membres ont obtenu des voix pour diverses fonc- {ions. En conséquence, sont élus pour l’année 1884: President : MM. Henri Bouley. Vice-Presidents : D' Ernest Cosson. Comte d’Éprémesnil. De Quatrefages. Marquis de Sinéty. Secrétaire général : A. Geoffroy Saint-Hilaire. Secrétaires : E. Dupin. Maurice Girard. Raveret-Wattel. Flury-Hérard. — Qt PROCÈS-VERBAUX. 90 Membres du Gonseil : MM. Alph. Lavallée. Auguste Paillieux. Léon Vaillant. Henry de Vilmorin. SÉANCE GÉNÉRALE DU 29 FÉVRIER 1884. Présidence de M. Henri BouLEY, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir: MM. PRÉSENTATEURS. CHARVET (Edouard), 70, rue Jacques Dulud, ( a A à Neuilly (Seine). | RE | A. Porte. Dauvois (Charles), 27, boulevard Sébastopol, | Fr à Ve RAA Saint- Yves Ménard. | H. Bouley. PERRON, éleveur, à Goux, près Dôle (Jura). ? Dautreville. ( E. Roger. Il est admis en outre au nombre des Sociétés agrégées: L'UNION DES CHASSEURS, à Saint-Denis, la Réunion. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la correspondance. — M. le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts annonce que la vingt-deuxième réunion des Sociétés savantes aura lieu à la Sor- bonne, les 15, 16, 17 et 19 avril prochain. — M. de Ferrières, président du tribunal civil de {"° instance de Saint- Denis (Réunion), président de la Société l’Union des chasseurs, adresse la lettre suivante : «Au nom du conseil d'administration de la Société Union des chas- seurs, récemment fondée à l’île de la Réunion, j'ai l'honneur de vous adresser une demande d’agrégation de cette Société à la Société z0olo- gique d'Acclimatation de France. » À l’appui de cette demande, je joins un exemplaire de nos statuts pour lequels ont été empruntées au règlement de votre Société celles de ses dispositions applicables à une œuvre beaucoup plus modeste et res- treinte. 4e SÉRIE, T. [. — Mars 1884. 20 306 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. » La Société Union des chasseurs, définitivement constituée le 29 décembre dernier, compte actuellement cent trente membres, et s’est déjà mise en relations avec l’Inde et Madagascar pour lacquisition de diverses espèces de gibier. » Elle se propose d’avoir aussi des correspondants en Australie, et, lorsque son fonctionnement et sa prospérité seront assurés, elle espère pouvoir élargir le but de son institution en introduisant à la Réunion des animaux utiles à l’agriculture. » Si la demande que j'ai l’honneur de vous transmettre, Monsieur le Président, est favorablement accueillie, je m’empresserai de vous faire tenir, aussitôt avis, le montant du droit d’entrée et de la cotisation an- nuelle pour l’année courante. Je vous serai reconnaissant aussi de m'adresser les notes et instructions que vous jugerez nécessaires pour les envois ou échanges qui pourraient s'établir entre les deux Sociétés. » — M. Petitpierre-Pellion, ingénieur civil, écrit de Saint-Dominique (Antilles): « .. J’ai consacré trois années consécutives à l'exploration de cette île, sans relâche, couchant sous la tente ou sous les arbres avec ma caravane. Plus de 20,000 dollars ont été dépensés à cette étude sur un pays mal connu. Peut-être pourrai-je à l’occasion vous fournir quelques renseignements utiles ». —Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Massias et Braun. —MM. Leprevost-Bourgerel, G. Guillemet, L. de Sevin de Segougnac, E. Viéville, Durousseau-Dugontier, G. Boyron, Gauttier, N. Masson, Lehec, Em. Baré et le marquis de Brisay accusent réception et remer- cient des cheptels qui leur ont été accordés. — M. Garnier, président de la Société linnéenne du nord de la France, adresse un rapport de M. Lefebvre sur les résultats obtenus d'œufs de différentes espèces de Salmonides provenant de la Société. M. Lefebvre fait connaître qu’il a réussi la multiplication du Salmo fontinalis, et qu'au moyen de fécondations artificielles 1l a obtenu des hybrides de cette es- pèce et de Truite commune. Les œufs et la laitance ont été fournis tour à tour par l’une ou l’autre espèce. Le croisement de l'Omble-Chevalier (femelle) et du Salmo fontinalis (mâle) a moins bien réussi ; quelques alevins seulement ont été obtenus. — MM. Bernard-Talhandier, R de Bouteyre, Charlot, Delgrange, F. Gallais, T. Martial, Renouard et Vacher accusent réception et remer- cient des envois qui leur ont été faits d'œufs de Salmonides. — M. Leroy écrit du château de Roussainville: « J'ai l'honneur de vous accuser réception des œufs de Truite. Ils sont arrivés en bon état, sauf cinq, qui, je le crains, sont perdus, et une dizaine dont l'existence me semble compromise; je ne les ai point jetés cependant, mais je les ai mis en incubation dans des vases différents. » Mes trois appareils à incubation sont placés chacun sous un robinet d'où s'écoule sans cesse une eau de source à +8, letout dans une cham- PROCÈS-VERBAUX. 307 bre où règne un demi-jour. Ces œufs me paraissent dans une période avancée d’incubation; j’en ai déjà deux ou trois d’éclos. » Je vous tiendrai au courant du résultat. » La Société pourrait-elle me procurer des œufs de Saumon Quinnat ? » J'ai reçu l’an dernier des graines de Balsamine géante, que la So- ciété avait reçues d'Allemagne. Aucune n’a germé. Je ne crois pas qu’elles aient été mangées par des insectes, puisque, sous le même châssis, j'avais semé cinq ou six espèces de graines de fleurs annuelles (des PBalsamines ordinaires entre autres) qui toutes ont bien levé. » Si la Société veut bien m’en donner d’autres, J'espère être plus heu- reux cette année. » Mes graines de Bardane du Japon ont bien levé; mais il faut attendre encore une année avant que je puisse vous en parler en toute connais- sance de cause. j » J'avais également reçu des graines de Pe-Tsaï de Mongolie. Craignant que ce ne soit le même végétal que celui qui figure dans le catalogue Vilmorin sous le nom de Pe-T'saï(Brassica sinensis), j'ai acheté un petit paquet de ces graines et je me suis convaincu que ce sont deux végétaux différents. J'ai traité ces graines de la même manière. Je les ai semées dans deux carrés de mon potager. Lorsque le semis eut pris un certain développement, j'ai desserré une moitié et j'ai repiqué les pieds arrachés comme des choux ordinaires, de sorte que j'avais du plant très serré tel qu'il avait levé, un autre éclairci et un troisième repiqué. C’est celui-ci qui a le plus mal fait. Le plant éclairci a commencé de bonne heure à monter à graines (c’est un effet peut-être de la douce température de cet hiver); enfin, c’est celui qu'on a laissé croître tel quel, qui m’a donné le meilleur résultat. Les vaches mangeaient ces feuilles avec plaisir; je n'avais pas assez de ces feuilles cette année pour me rendre compte de la qualité du lait. Si j'ai le bonheur de récolter beaucoup de graines, je compte à l’automne prochain en semer 1 ou 2 ares dans un chaume de blé avec un hersage avant et après. Je vous tiendrai au courant du ré- sultat qui, s’il est satisfaisant, pourrait donner pendant l’hiver une nour- riture fraiche aux bestiaux. » — M. Wagner, conducteur des Ponts et Chaussées, régisseur de l’éta- blissement de pisciculture de Bouzey, écrit d'Epinal: « Dans le courant de l’année dernière (1883) nous avons reçu de la Société d’Acclimatation des œufs de Salmo namaycush, S. fontinalis, Landlocked-Salmon, Co- regonus albus et C. maræena. » Ces œufs, en très bel état, ont bien éclos, dans la proportion de 80 pour 100, à l'exception des Landlocked-Salmon qui n’ont donné que 50 pour 100. » Les alevins des Corégones ont été répandus, après la résorption de la vésicule, dans le réservoir de Bouzey, qui est alimenté par le ruisseau de l’Avière ainsi que par les eaux de la Moselle, et dont la profondeur 308 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. maximum peut atteindre 15 mètres. Nous avons, en outre, réussi à é- lever une centaine de chacune de ces deux espèces sur les tables d’in- cubation avec de pelites larves de mouche, des insectes microscopiques et de la cervelle de bœuf passée au tamis fin; ces alevins se trouvent dans un bassin de 1°, 50 de profondeur et ont atteint une longueur de 0x,09. » Les alevins de Salmo namaycush, Salmo fontinalis et Landlocked- Salmon ont été élevés sur les tables d’incubation avec des insectes, des larves de mouche et de la cervelle. Au mois de juin on les a placés dans des rigoles d'élevage de 0,40 à 0®,50 de profondeur alimentés par de l’eau courante, et leur nourriture a été continuée avec de la viande de cheval hachée. » Les alevins de Salmo namaycush et S, fontinalis ont bien réussi et ont atteint une taille de 0%,10 à 0,12 de longueur ; mais les Landlocked- Salmon n’ont pas donné le même résultat. — Tous ces alevins ont été conservés pendant l’hiver dans les rigoles inférieures de l'atelier d’incu- bation et vont être répandus au printemps dans les bassins extérieurs et conservés à l’établissement. » En 1881 nous avons reçu de létablissement de pisciculture de Hu- ningue des alevins de Salmo quinnat, dont six cents ont été répandus en 1882 dans la Saône et cent cinquante ont été conservés à l’établisse- ment dans les bassins extérieurs. » L'automne dernier nous avons remarqué que les mâles étaient pleins de laitance, mais que les femelles n’avaient pas d'œufs; de plus, plu- sieurs femelles ont péri. Il nous reste encore une soixantaine de ces alevins qui pèsent de 250 à 500 grammes et nous tàcherons de les con- server pour la reproduction, si c’est possible. » En 1882 nous avons répandu des alevins de petite Féra du lac de Constance dans le réservoir de Bouzey et nous avons eu la satisfaction de pêcher cet hiver des sujets de 18 à 22 centimètres de longueur. » Je profite de cette lettre pour prier la Société de nous envoyer, sil ya possibilité, des œufs de Salmo quinnat, de S. namaycush et de S. fontinalis pour en répandre les alevinus dans le réservoir de Bouzey et dans les réserves de la Moselle, tout en conservant une certaine quantité de chaque espèce à l’établissement. » — M. Bartet, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, adresse le compte rendu ci-après des résultats obtenus d'œufs de diverses espèces de Salmonides, distribués par la Société et mis en incubation à l'aquarium du Trocadéro : « Les alevins ont bien éclos et dans la proportion de 60 pour 100. La nourriture qu’on leur à donnée était au début des vers de vase hachés et ensuite du poisson blanc haché également. La croissance n’a pas été rapide, les jeunes poissons sont encore dans les eaux closes et ils n’ont pas été lâchés en rivière. » Dans les quatre premiers mois qui ont suivi l’éclosion on a beau- PROCÈS-VERBAUX. 309 coup perdu de ces poissons et aujourd’hui ilw’enreste guère qu'un dixième. Avant de les mettre dans un des bacs de l’aquarium et en sortant de l'appareil d’éclosion on leur a fait passer environ deux mois dans un bassin intermédiaire de 0",50 de profondeur à fond de cailloux. C'est dans l’appareïl d’éclosion que s’est produite la moins grande mortalité. » Cet appareil consiste en huit auges élagées de 0",50 de longueur sur 0,20 de largeur et 0",15 de profondeur, dont les parois intérieures sont des feuilles de verre jointes hermétiquement. Il est alimenté par l’eau de la Vanne qui se filtre préalablement à travers une éponge contenue dans un pot en terre cuite et dont le débit est d'environ 150 litres à l'heure. Les œufs étaient placés sur des celaies formées d’un cadre en bois et de baguettes en verre. » L’éclosion s’est faite normalement, c’est-à-dire a eu lieu environ six semaines après la fécondation, et la résorption de la vésicule ombilicale s’est faite dans le même temps. La température de l’eau a varié entre 9 et10 degrés centigrades. Les poissons survivants, mis en mélange dans un bac commun, sont bien portants. » — MM. Rathelot et Lugrin rendent compte des résultats qu’ils-ont oh- tenus d’œufs de Salmonides provenant de la Société. — M. Fabre-firmin adresse une réponse au questionnaire sur la pis- ciculture. — Des demandes de graine de Riz de montagne sontadressées par MM. A. de Montrol, Gallais, Turpin, Salmon-Coubard et le comte de Montlezun. — M. le docteur Badour, médecin en chef de l'hôpital militaire de 3ône, écrit à M. le Président : « Il est incontestable que les plantations d’Eucalyptus sur les bords du lac Fedzara ne peuvent qu'être très utiles au point de vue sanitaire. » Seulement, ce qui existe actuellement n’est rien en comparaison de ce qui serait nécessaire, vu la grande surface des bords vaseux du lac et Ja nature marécageuse des terrains environnants. » Et la preuve en est dans l’insalubrité permanente et trop manifeste des localités voisines : Aïn-Mokra et le Mokta-el-Hadid, pour citer celles sur lesquelles j’ai des données précises. » Les gendarmes d’Aïn-Mokra sont tous malades, et je suis, à chaque nouvelle inspection, obligé de demander un déplacement pour la plupart d’entre eux. » Les détenus militaires employés au Mokta et les zouaves qui les sur- veillent fournissent seuls dans cette saison les fiévreux de l'hôpital mili- taire. » Pendant l'été, la proportion de ces malades est si grande que lan dernier le commandant à pris le parti de supprimer le travail. » Et il en est résulté ce fait remarquable, à savoir que les hospitali- sations ont diminué des deux cinquièmes. » Il importe d’ailleurs d’ajouter que l’élévation presque constante de 310 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. la température et de l’état hygrométrique de l'air, sur un sol aussi riche en humus que possible sont des éléments pathogéniques avec lesquels il faudra toujours compter dans cette contrée. » Même sur des points relativement élevés il n’est pas de détachement de soldats préposés l’été à la garde des forêts, qui ne fournisse un énorme contingent de malades telluriques. » — M. le général Loysel, commandant la division d’Alger, écrit à M. le Secrétaire général : « J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre du 4 février et vous remercie de l’intérèt que vous voulez bien porter à nos tentatives de reboisement. Les appréciations de M. Naudin, avec lequel j'ai déjà eu la bonne fortune de me mettre en relations, me sont très précieuses ; comme lui, j'avais pensé que c'était surtout aux espèces de l’Australie que nous devions avoir recours et j'ai fait appel à quelques personnalités très importantes et très compétentes de ce pays, M. Karl Howitz, conservateur général des forêts, et M. Joubert, qui a été commissaire général pour l’Australie à l'Exposition de 1878. D’après ce qui m’a été dit de l’obligeance et des bonnes dispositions de ces mes- sieurs, je ne doute pas qu'ils ne cherchent à nous venir en aide, soit par d’utiles renseignements, soit par des envois de graines. » Nous recevrons également avec grand plaisir celles que vous m’an- noncez et nous ferons tous nos efforts pour en tirer bon parti. » — En annonçant un envoi de graines de Pawpauw (Asimia triloba), M. Godefroy Mollinger, de Wageningen (Hollande), adresse les renseigne- ments ci-après sur cet arbrisseau du centre et du sud-est des États-Unis : «Il demande un terrain fertile et croît généralement sur la lisière des bois ou sur le versant des collines découvertes. Les fruits, qui renferment de cinq à six fèves, se vendent 5 centimes pièce. À l'air hbre, il ne pourrait sans doute réussir que dans le sud de l’Europe. Mes graines viennent de l'Ohio. » Cheptels. — M. Blandin fait connaître que le mâle de son cheptel de Canards mandarins vient de mourir d’apoplexie. — M. Leblan écrit de Couvonges (Meuse) : « Les Canards de la Caro- line que la Société a bien voulu me confier au printemps de l’année dernière sont toujours beaux et bien venants ; mais ils restent infé- conds. » — M. Raveret-Wattel signale un article publié dans le Journal of the Society of Arts (n° du 22 février 1884), de Londres, qui fait connaître, d’après des renseignements fournis par le consul général d'Angleterre à Shangaï, que la sériciculture chinoise est aujourd’hui atteinte par les maladies des Vers à soie, la pébrine et la flacherie, qui ont causé tant de mal en Europe. — M. le Directeur du Jardin zoologique d’acclimatation rend compte des démarches qu'il fait faire en ce moment auprès du roi du Choa, en vue d'obtenir l’envoi de Zèbres de Grévy (Zebra Grevii), espèce nouvel- PROCÈS-VERBAUX. 311 lement découverte, qu’il y aurait grand intérêt à posséder dans nos collec- tions. D’après la lettre qu'il a déjà reçue du roi Ménélic et dont il donne lecture à l'assemblée, M. Geoffroy Saint-Hilaire a lieu d’espérér que ces dé- marches auront une heureuse issue. (Voy. au Bulletin.) — M. Maurice Girard fait hommage à la Société d’un exemplaire de la sixième édition, récemment publiée, de son ouvrage ayant pour titre : Les métamorphoses des Insectes (1). Ce volume, qui est un ouvrage de vulgarisation scientifique et qui a été couronné par l’Académie française, a reçu, dans la nouvelle édition, d’assez nombreuses additions, notam- ment celle d’un chapitre consacré au Puceron lanigère du Pommier, d’après les récentes observations de notre collègue M. Lichtenstein. — M. Jules Grisard présente divers échantillons de tissus en fil de Ramie et donne lecture d’une note sur l'emploi industriel de cette ma- tière textile. — En rappelant le don que notre honorable collègue M. Lavallée a fait à la Société, dans la dernière séance, d’un exemplaire de son ouvrage sur les Clématites, M. le Directeur du Jardin d’acclimatation signale une erreur qui s’est glissée dans un passage de la préface de cet ouvrage, au sujet de la collection de vignes du Luxembourg. M. Geoffroy Saint-Hilaire fait connaître que cette collection précieuse, donnée au Jardin d’acclimatation, en 1867, lors du morcellement du Luxembourg, n’a nullement été détruite, comme M. Lavallée l’a écrit dans son ouvrage. Cette collection a été transportée à la succursale du Jardin d’acclimata- tion à Meulan, où elle se trouve dans des conditions de sol et de climat beaucoup plus favorables qu’au Bois de Boulogne. — M. le Secrétaire général donne lecture d’une note de M. Rogeron sur le croisement qu'il a obtenu de différentes espèces de Canards et fait passer sous les yeux des membres de la Société un certain nombre d’aquarelles représentant les produits métis obtenus entre diverses espèces de Palmipèdes. (Voy. au Bulletin.) (1) Paris, 1884. Librairie Hachette. Le Secrétaire des séances, C. RAVERET- WATTEL. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Les Chiens des Fuégiens (1). On peut discuter à loisir sur les origines du Chien, tantôt lui don- ner pour aïeul le Loup, tantôt lui attribuer pour ancêtre le Chacal, faire descendre les différentes races domestiques de plusieurs espèces primilives, sans jamais tomber d'accord; mais, quelle que soit la race humaine que l’on considère, fût-elle Ja plus arriérée, la plus sauvage, on constatera presque toujours qu’elle à su associer à son existence le Chien, qui est devenu fatalement l’esclave de sa destinée. Le Chien a suivi les développements de la civilisation et s’est modifié à l'infini, au gré des nécessités et des caprices de l'Homme : « C’est la main de l'Homme, écrivait d’Azara à la fin du dernier siècle, qui fait des pro- diges dans tous les animaux et dans tous les végétaux qu’elle dirige. » Autant les Hommes offrent de races et de variétés individuelles, autant les Chiens présentent de diversité; aussi peut-on dire avec certitude que le polymorphisme du Chien est solidaire du polymorphisme de l'Homme. ' On comprendra d’après cela l'intérêt considérable qu'offre l'étude du Chien dans ses rapports avec l'Homme; plus un peuple sera primitif, c'est-à-dire aura conservé les mœurs des temps préhistoriques, plus les Chiens qui seront ses conipagnons seront rapprochés d’un type que l’on peut considérer comme primordial : © Il est permis de penser, disait déjà Frédéric Cuvier en 1811, que les Chiens qui se rapprochent le plus de la race primitive sont ceux de ces peupiades qui, vivant dans un vé- ritable état de nature, n’ont pu exercer qu’une très légère influence sur des animaux imparfaitement soumis qui sont leurs associés beaucoup plus qu’elles ne sont leurs maîtres. » L'étude de tous les documents qui peuvent nous permettre d'acquérir des convaissances approfondies sur les premiers âges de lhumanité, a le don d’attacher et de passionner ; cette étude n'est-elle pas la base la plus solide sur laquelle puisse reposer l’histoire des origines des civili- sations ? Maintenant que l’on a exploré le monde entier, que l’on a fouillé (4) Nous devons à l'obligeance de M. Kunckel d’Herculais et de MM. J.-B. Baïilliere ct fils, l'autorisation de reproduire ce travail, qui a paru pour la première fois dans Science et Nature. Nous profitons de l'occasion pour signaler à nos lecteurs cette Revue hebdoma- daire des progrès de la Science et de l'Industrie, qui, depuis sa création (décembre 1883), a publié de nombreux travaux d'Anthropologie et d'Histoire naturelle qui ne manqueront pas de les intéresser. Nous citerons: les Peaux-Rouges au Jardin d'Acclimatation, les Hovas, les Touaregs, les Herborisations d'hiver, un Nid de Fourmis, ele. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 913 le sol au nord et au sud de tous les continents, une magnifique vérité se dégage : sur toutes les régions du globe, même dans des contrées civilisées depuis des milliers d'années, vivaient aux temps les plus recu- lés, des Hommes dont les habitudes, les usages, le genre de vie ont été conservés par quelques peuplades, derniers vestiges des populations qui 314 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. erraient jadis sur toute la terre. Les anciens habitants de la Scandi- navie, de notre vieille Gaule, avaient des instruments de chasse et de pêche identiques à ceux des sauvages qui végètent encore çà et là sur quelques points du globe; il y a longtemps que Swen Nilson a fait re- marquer qu’on ne pouvait saisir aucune différence entre les pointes de flèche taillées par les habitants primitifs de la Suède et ceux de la Terre de Feu : « Même examinées à la loupe, écrit-il, elles se ressemblent d’une manière si frappante, qu’on les croirait faites de la même main et le même jour. » Sur quelques points des côtes du Danemark, de la Scanie, de l'Écosse se trouvent des amoncellements de coquilles d'Huitres, de Moules, de Bucardes, de Littorines auxquelles sont mélangés des fragments d’os de Mammifères, d’Oiseaux, de Poissons, des débris de Crabes, ainsi que des témoins de l’industrie humaine, haches, poinçons et autres grossiers instruments, en silex taillés, divers objets servant d’engins de chasse et de pêche, en os et en corne ; ces amoncellements ont reçu le nom danois de Ajôkkenmüddings, qui signifie amas de rebuts de cuisine. Chose intéressante, parmi tous ces débris, on a trouvé en grand nombre des os de Chien, et Steenstrup, à la suite d’une série de belles déductions, a été conduit à admettre que le Chien vivait, à l’état domestique, à cet âge reculé que, par de savants calculs, on reporte à cinq ou six mille ans avant notre ère. Or, comme le fait très justement remarquer sir John Lubbock, les Hommes primitifs, qui nous ont laissé ces amas, témoins de leur existence, menaient à peu près la même vie que les habitants de la Terre de Feu. Malgré leur perpétuel changement de rési- dence, revenant souvent aux mêmes endroits, les Fuégiens laissent çà et là, comme témoignage de leur séjour, des amoncellements considéra- bles de coquilles, amoncellements absolument comparables aux Kjôk- kenmôüddimgs. La constatation de ces faits nous permet de tirer quelques conclusions : les habitants de la Terre de Feu, dont nous connaissons maintenant parfaitement les mœurs, grâce aux observations de Cook, de Fitz-Roy, de Darwin, de Byron, de Bove et de la Mission française envoyée au cap Horn en 1883, peuvent être considérés comme des sauvages occu- pant les derniers degrés de l’échelle de la civilisation; or ces misérables ont un Chien qui partage leur triste existence; n'étant pas suffisamment intelligents pour pratiquer une sélection raisonnée, comme le suppose Darwin, — il était fort jeune alors, — ils laissent la nature agir à sa guise et conserver ses droits; en réalité le Chien qui est leur compagnon est un sauvage comme eux. En exposant le rôle que ce Chien joue dans la vie fuégienne, nous retracerons, sans nul doute, l’histoire du Chien à l’âge de pierre, à l’origine de l'humanité. Les seuls renseignements que l’on possédait jusqu’à ce jour sur les caractères physiques des Chiens de la Terre de Feu, aucun dessin n'ayant FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 919 jusqu'ici fixé leur physionomie, ont été recueillis par Fitz-Roy (1); frappé de l'intérêt que présentait l'observation de ces animaux, le docteur Hyades, médecin de première classe de la marine, chargé de la direc- tion des études de la Mission scientifique française envoyée au cap Horn (expédition de la Romanche), s’attacha non seulement à les observer sur place, mais résolut d’en amener en France quelques représentants. À son instigation, la Mission, pendant son séjour à la baie Orange, fit l'acquisition, en janvier 1883, d'une Chienne (Katekita) et en février d’un Chien (Tapan) (2); tous deux furent achetés peu de jours après leur naissance; c'est d’après ces deux animaux, aujourd’hui bien déve- loppés, que nous pouvons tracer définitivement les caractères zoologiques du Chien fuégien. Au dire de Fitz-Roy, le Chien de la Terre de Feu, « petit, actif, ner- veux, ressemble à un Terrier croisé de Renard; son pelage est ordinai- rement rude, quelquefois soyeux, sombre ou noirâtre, cependant, il est souvent complètement blanc ou agréablement tacheté. Tous les spéci- mens examinés avaient le palais et la bouche noirs, les oreilles droites, grandes et pointues, le nez effilé comme celui du Renard, la queue tom- bante avec une tendance à devenir touffue. » Dans ses traits généraux ce portrait est fidèle, mais il demande à être plus nettement accusé; mais laissons la parole au docteur Hyades, qui nous a fort obligeamment communiqué ses notes: « Bien pris dans sa petite taille (3), le Chien fuégien se fait remarquer par ses oreilles droites, grandes, pointues, par son nez allongé, très pointu; aussi a-t-1l l’aspect d’un animal plutôt sauvage que domestique, ayant de grands rapports de forme avec le Chacal; la couleur de son pelage est extrême- ment variable; elle est souvent uniforme, gris fauve, ce qui contribue à augmenter sa ressemblance avec ce dernier animal; fréquemment aussi, la couleur blanche formant le fond, le corps est marbré de larges taches noires (Tapan) ou fauves (Katekita); c’est ainsi que Katekita semble avoir une livrée plus voisine de l’état de nature. Les pattes sont franchement palmées. Tel est le portrait physique : voyons le portrait moral. (1) Narrative of the surveying Voyages and Adventures of the Beagle between the years 1826 and 1836, t. II, 1839. (2) Ces noms, donnés par le docteur Hyades, ont été empruntés au vocabu- laire fuégien ; ce sont des locutions adverbiales. Dans la langue fuégienne yahgane parlée au cap Horn, le Chien s’appelle yachalla : yachalla oua, mâle; yachalla kipa, femelle. (3) Voici les dimensions exactes des deux Chiens que nous avons repré- sentés : Tapan, Katekita, le mâle. la femelle. Hauteur à l’épaule...:....... ee nee eo cree 49 44 Longueur de l’extrémité du nez à la naissance de la queue. 80 72 Longueur de la queue.......... 2 CE LR INRA 26 23 316 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. » Extrêémement agile et fort, relativement à ses petites dimensions, le Chien de la Terre de Feu est sobre, dur aux privations, fidèle à son maître qui lui est attaché, mais ne le caresse jamais, et le bat souvent; d'une vigilance très active et qui ne se lasse Jamais, il est rusé, défiant, et, par-dessus tout, sournois; voilà les qualités sociales : elles rappellent sur plusieurs points les qualités du maître. Comme son Chien, le Fuégien résiste aux privations, à la faim et au froid; toujours en éveil pour sa sûreté, enclin à la ruse, — qui, chez l'Homme, devient le mensonge passé à l’état d'habitude, — il est toujours plein de défiance dans ses rapports avec un étranger. Notre Chien, non content d’aboyer à l’étranger qui s'approche d’une hutte et qu'il reconnait à son pas et à son odeur, cherche toujours à mordre le nouvel arrivant; n’attaquant jamais en face, mais toujours par derrière, sans donner de la voix, il disparait aus- sitôt qu’il a fait sa morsure; de sorte que l’on se trouve mordu, généra- lement au mollet, et quelquefois assez cruellement, sans que la présence de l’ennemi se soit révélée. C’est toujours au moment où l’on pénètre dans la hutte, lorsqu'on est engagé dans l’étroite ouverture qui fait Pori- fice de porte, ou bien lorsqu'on s'éloigne, que l’on est attaqué inopiné- ment; dans ce dernier cas, le Chien, que son maître avait fait temir tranquille pendant la visite, se précipite sans bruit sur les talons pour lancer son coup de dent. » En raison de leur jeune àge, Tapan et Katekita se sont habitués sans difficulté à leurs nouveaux maîtres, et ont accepté facilement la vie domestique à la baie Orange, au contraire des Chiens adultes qui ne se laissent pas apprivoiser; nous avons vu, en effet, dans le canal du Beagle, ceux-ci demeurer en hostilité ouverte avec les missionnaires anglais, qui fréquentaient depuis plusieurs années les huttes fuégiennes. D'ailleurs, si nos deux Chiens se sont accoutumés avec ceux qui les ont connus très jeunes, adultes ils n’ont accepté que difficilement des rela- tions pacifiques avec les Européens. Pendant les huit mois qu'ils ont passés à la baie Orange, ils allaient très souvent rendre visite aux Fué- giens, mais ils revenaient tous les jours à la mission. Pendant le voyage de retour, enfermés ensemble dans une même cage, ne sortant à l’attache qu’une demi-heure chaque jour, ils n’ont pas souffert de ces deux mois de détention et sont arrivés en France en bonne santé. » S'ils ont conservé ce caractère défiant vis-à-vis des inconnus, après de longs jours d'absence, ils manifestent une grande joie lorsqu'ils revoient leur maître, et nous les avons vus donner au docteur Hyades des témoi- gnages de l'affection la plus grande, jappant de plaisir et le couvrant des caresses les plus démonstratives. Mais reprenons notre récit et donnons la parole au docteur, qui nous racontera les mœurs du Chien de la Terre de Feu. « Le Fuégien attache une grande importance à la conservation d’un animal qui lui est d'un grand secours et surtout dont la nourriture ne FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 317 lui coûte rien; car le Chien chasse très bien pour son compte et même, lorsque la faim se fait sentir, suivant la plage, sait détacher les Moules des rochers et, chose plus étonnante, a l’adresse de retourner les galets à la marée basse pour rechercher les Poissons et les Crabes qui se sont cachés; toutefois il est bon de reléguer parmi les légendes ce que ra- conte Byron du Chien qui plonge dans la mer pour se livrer à la pour- suite du Poisson et seconder les Fuégiens dans leur pêche. » Ce qui est vrai, c’est le récit que nous a laissé Fitz-Roy : € La nuit, au clair de lune, on prend les Oiseaux quand ils sont perchés; les Hommes sont aidés dans cette chasse par les Chiens qu’on envoie saisir les Oiseaux endormis sur les rochers ou sur la plage. Ces Chiens sont si bien dressés, qu'ils rapportent fidèlement à leur maître tout ce qu'ils prennent sans faire le moindre bruit, et se remettent ensuite en quête du butin. » Ce qui est vrai, C’est qu'il va de lui-même chasser le Chien de Magellan (Cunis magellanicus), connu sous le nom de Renard de Magellan, et qu’il le rapporte à son maître; c’est qu'il est l’auxiliaire le plus précieux des Fuégiens dans la chasse de la Loutre et du Guanaco. La description la plus intéressante de ces chasses nous à été donnée par le docteur Hahn, qui accompagnait la Romanche dans ses excursions dans les parages de la Terre de Feu; nous sommes heureux de mettre ses notes à contribution. « Le Chien fuégien n’a pas beaucoup de flair pour la chasse aqua- tique ; c’est le Fuégien qui, voyant des Oursins frais mangés, reconnait Ja présence de la Loutre; c’est plutôt lui qui guide le Chien que le Chien ne le guide; malgré cela il est un auxiliaire des plus précieux. » Le naturel de la Terre de Feu chasse la Loutre (Lutra felina) par de belles journées de calme; au petit jour il entre en campagne et suit les côtes à grands rochers, là où se trouve seulement son gibier favori. Apercevant la Loutre qui vient respirer à la surface de l’eau, il va droit à elle pour la harponner lors de sa deuxième apparition; manquée, la Loutre cherche à gagner la terre : à ce moment le chasseur jette ses Chiens à la mer — il est généralement accompagné de deux Chiens — pour lui fermer la retraite et rejoint la rive. Connaissant d'avance l’em- placement des retraites, il va se poster à l'ouverture ou près des ouver- tures des terriers. Les Chiens l'ont rejoint; l’un d’eux, si la configuration du sol le permet, pénètre de lui-même dans le terrier, sinon le Fuégien l'y introduit de force. Une lutte s'engage, le Chien cherche à étrangler la Loutre, ce qui réussit quelquefois ; mais généralement celle-ci se défend bravement, tient tête à l'ennemi, en sifflant (makou, terme fuégien), mord cruellement son adversaire, qui laisse souvent sur le carreau la moitié de sa figure ou son nez tout entier; le plus souvent le Chien triomphe, déloge la Loutre, et le Fuégien aux aguets la harponne au débücher; souvent notre chasseur casse son harpon; avec la dextérité du sauvage, sans craindre morsures ni déchirures, il bondit sur sa proie, 318 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. la saisit, l’étrangle, ou, s’il craint qu’elle ne lui échappe à la course, la prend par une patte et lui brise le crâne sur un rocher. » Encore manquée, la Loatre retourne à l’eau; le Fuégien saute dans sa pirogue et se met en poursuite; celle-ci ayant un long trajet à faire pour trouver un nouvel abri, se montre fréquemment à la surface pour respirer, et c’est dans une de ces apparitions que le Fuégien, debout à l’avant de sa nacelle, réussit malgré tout à atteindre le rivage; le Chien est là qui la guette pour l’étrangler au passage. » Notre Chien chasseur de Loutre est aussi chasseur de Guanacos. Les Fuégiens (Yahgans) du canal du Beagle et de l’île Navarin poursuivent ces Ruminants sur les rochers abrupts, mais ils trouvent un concours précieux dans leurs Chiens, qui, cette fois, véritables Chiens courants, poussent le gibier sans relâche en le rabattant vers la mer; nos sau- vages à l’affüt attendent le gibier au passage et le tuent à l’aide de flè- ches à pointe de schiste ou de verre. » En résumé, le Chien de la Terre de Feu est pour le Fuégien un associé, un collaborateur des plus précieux; il n’y a donc rien d’étonnant à ce que tous les voyageurs aient signalé les difficultés que l’on éprouve à obtenir la cession d'un de ces animaux; aussi Darwin a-t-il motif de dire « que les naturels de la Terra del Fuego, poussés par le besoin, tuent leurs vieilles femmes pour les manger, plutôt que leurs Chiens, en don- nant pour raison que les vieilles femmes ne servent à rien, tandis que les Chiens prennent les Loutres ». Quoique la faim soit un grand maître, comme dit le proverbe, ce n’est donc pas sans quelque hésitation que nous admettrons, à l’exemple de beaucoup d’auteurs, que les Hommes qui peuplaient la Terre à l’âge de pierre mangeaient leurs Chiens, leurs meilleurs auxiliaires; nous aimerons mieux supposer avec quelque cer- titude que l’égoïsme les rendait plutôt anthropophages. J. KUNCKEL D'HERCULAIS. Oiseaux aquatiques. ÉLEVAGES DE 1883. Extrait d'une lettre adressée à M. le Secrétaile général. Pensant vous être agréable, je viens vous donner quelques renseigne- ments sur mes élevages de l’année. J’ai obtenu 110 œufs de Canard Mandarin, 90 jeunes, élevé 80. J'ai eu oo œufs de Canard de la Caroline, j'ai élevé 25 sujets; 5 œufs Bernache Magellan, élevé 4; 36 œufs Bernache Jubata d’une seule femelle, 24 jeunes FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 49319 perdus d’un accident; 20 œufs Mareca chiloensis, élevé 15; 10 œufs Pœciloryncha ou Budelair, élevé 5; 5 œufs Casarka variegata, 6 œufs, élevé 3; la cane a eu un accident. Sarcelle de Formose, 5 œufs, 3 jeunes. Tous ces oiseaux sont ensemble dans un grand parquet, sauf les grandes Bernache et les Casarka. Des niches sont placées à 50 centimètres au- dessus de l’eau et tout pond pêle-mêle; tous les jours, je les fais déni- cher et je donne de suite les œufs à couver à des poules. J’ai eu 85 cou- veuses en même temps. C’est tout ce qu'il y a de plus primitif, comme vous voyez. Avec chaque espèce dans des parquets séparés, on obtien- drait plus d'œufs, surtout de Mandarins, mais il y aurait aussi plus d'œufs clairs. Obtenir des œufs n’est pas le plus difficile. Amener les jeunes à bien, voilà qui est autre chose, surtout lorsqu'on en à une quantité et qu’on ne peut se procurer d'œufs de fourmi. Tous mes oiseaux ont été élevés avec du pain, des œufs, du grain, blé, sarrasin, millet, chènevis, moules, et mêlé avec de la chicorée sau- vage ou de la salade, le tout haché et mêlé ensemble. Je n’envoie mes Mandarins à la rivière que lorsqu'ils sont aux trois quarts élevés, jusque-là on leur met à boire dans des plats. Pendant trois semaines, ils restent, dans des petits parquets, dehors une partie de la journée. Le soir, on les rentre dans une grande pièce, où chaque couvée a son petit parquet; ils sont, avec leur poule, sur de la paille renouvelée chaque jour. Une lampe éclaire la pièce le soir. On donne à manger à toute la famille avant de se coucher, et le matin, à la pre- mière heure, on renouvelle la nourriture. Au bout de trois semaines, je mets mes jeunes, le jour, dans un jardin, la poule sous un châssis et les jeunes en liberté. Dans le jardin, il y a de la chicorée semée et de la salade ; ils ravagent tout, mais poussent à merveille. Vous savez, Monsieur le Directeur, que M" Courtois s’est passionnée pour ce genre de distraction, qui pendant trois mois est un vrai travail. Tout se fait par ses ordres et souvent par ses mains, et cependant elle ne reste pas l'hiver dans notre propriété. Vous savez tout ce que nous vous avons fait reproduire : Canards de la Caroline. — Mandarins. — Bahama. — Mareca chiloensis. — Pæciloryncha. — Casarka variegata. — — rulila. — Grande Bernache de Magellan. — Bernache mariée ou jubata. — Sarcelles de Formose. Toutes les espèces que nous avons possédées, et si vous avez des nou- 320 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. veautés, nous sommes tout prêts à les essayer, toujours en aquatiques, n'étant pas organisés pour les autres oiseaux. Je crois que peu de personnes avaient fait reproduire le Casarka variegata avant nous. Quant à la Bernache Jubata et à la Sarcelle de Formose, nous sommes les premiers qui ayons eu des jeunes. Je voudrais arriver à vous annoncer un lot de 20 ou 25 Sarceïles de Formose. J'y arriverai. J'ai eu avec ces oiseaux accidents sur accidents en dehors de l'élevage. Oiseaux élevés par M. Courtois, en Eure-et-Loir, 1883. NOMBRE ŒUrs | ÉCLOS | ÉLEVÉS de femelles MRNCAINS 5 10 600 2000 0000 110 90 SU 10 [Toutes iles canes n'ont pas pondu. Canards de la Caroline... 39 97 95 9 Bernache Jubata ........ 36 24 99 I — de Magellan ... D D 4 1 Mareca chiloensis........ 20 |" 16 15 2 Une cane a pondu 16 œufs; la 2 a eu un accident. Pœciloryncha Budelair .… 10 8 9 1 Casarlia variegata........ 6 o 5] 1 |La cane a eu un accident. Sarcelle de Formose..... o 3 3 l 227 | 176 157 19 Résuléat de quatre années. Une paire Bernache Jubalu. 1% année 12 œufs {1 jeunes livrés chez vous. AN — 11m tous volés dans une nuit. 38 L— 11 — [0 jeunes. 4 — 36 — 24 jeunes, 2 {ues élevés. 13 œufs E. Courtois. Le Gerant : JULES GRISARD. BOURLOTON,. — inprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris l. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. LES POISSONS MIGRATEURS ET LES ÉCHELLES A SAUMONS Par M. €. RAVERET-WATTEL Secrétaire des séances. (Suite. PRINCIPAUX TYPES D’'ÉCIHELLES. Dans une échelle à Saumons, la forme et les dispositions générales, comme les détails de construction peuvent varier à l'infini, suivant les circonstances locales, la configuration des lieux et aussi les préférences du constructeur. Aussi les mo- dèles les plus divers ont-ils été proposés. En passant en revue ceux dont l'essai à été fait, j'indiquerai pour chacun d’eux les qualités ou les défauts que l'expérience a permis de con- stater. Les différents types d’échelles peuvent se classer suivant quelques-uns de leurs détails, ou suivant leur arrangement général. L. Si l’on considère les détails, on peut les grouper ainsi : Pertuis simples, ou baies. Pigoles. Sillons obliques : 1° Sillons simples ; 2° Sillons composés. Escaliers, comprenant les types suivants : 1° Échelles à auges, subdivisées elles-mêmes en : a) Échelles à auges ordinaires : b) Échelles à auges avec passages ménagés dans les cloisons (système Smith) ; c) Échelles à auges avec passages submergés (sys- tème Carl). 4° SÉRIE, T. [. — Avril 1884 91 322 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. % Kchelles à galeries ; 3% Échelles à gradins inclinés transversalement. Plans inclinés sans gradins, se subdivisant en : 4° Plans inclinés simples ; de Plans inclinés avec cloisons à angle droit : a) Dispositif simple, ou à compartiments reclangu- laires ; b) Modèle Brackett; 3° Plans inclinés avec cloisons obliques : a) Système Forster ; b) Système Swazey. I. Si l’on s’en tient à la forme générale, on peut les classer en : 1° Échelles en nn droit ; 9 Échelles repliées (Ces deux Fee ont été appliquées à presque tous les types, soit d’escaliers, soit de plans inclinés) ; 3 Échelles en spirale. Pertuis. Le plus simple de tous les passages pour le poisson est un pertuis ménagé dans le barrage. C’est ce qu’on a parfois dé- sioné dans la Grande-Bretagne sous le nom de pertuis de la Reine (Queen’s gap). Cet expédient ne peut guère être utilisé que dans des circonstances toutes spéciales de courant et de niveau. il réussit très bien pour le Saumon quand le barrage est peu élevé (4). (4) On obtient de même un bon résultat de l'ouverture partielle, en hautes eaux, des barrages à aiguilles. C’est une excellente mesure, proposée il y a déjà longtemps par le service des ponts et chaussées. M. le ministre des travaux publics de signalait en ces termes dans une circulaire adressée aux préfets en 4875 : Ce procédé consiste à pratiquer, dans la partie mobile des barrages, une ou Me ouvertures entre le seuil et une barre d'appui sur laquelle re- posent des aiguilles plus courtes que les autres. Les poissons s’élancent vers ces ouvertures, puis, après leur ascension, ils se reposent un moment à l’abri de l'écran protecteur formé par les aiguilles bordant le trou, et continuent leur mouvement daus le biei supérieur. » Ce procédé n'est évidemment pas applicable à tous les cours d’eau, mais il constitue une des solutions qui peuvent servir à résoudre d’une manière simple et peu coûteuse le problème de la remonte des poissons sur les rivières d'un LES ÉCHELLES A SAUMONS. Rigole. Lorsque la hauteur du barrage rendrait un simple pertuis insuffisant, on peut quelquefois pratiquer dans la maçonnerie une sorte de tranchée ou rigole, dans laquelle la vitesse de la veine liquide qui s’y engage est modérée par les rugosités du fond et des côtés, par la direction en ligne‘brisée qu’on donne à cette rigole, etc. Celle-ci présente, en général, une série de fossettes, où l’eau est relativement assez calme, mais qui sont reliées entre elles par un courant plus rapide. Bien établi, un semblable passage donne souvent d'excellents résultats, et comme, de plus, le système est très économique, il semble préférable à tout autre, quand la forme et la nature du bar- rage permettent de l’employer sans qu’il en résulte une con- sommation d’eau trop considérable. Aux États-Unis on trouve un assez grand nombre de passes à poisson (fish-ways) de ce modèle, qui est connu dans le Massachusetts sous le nom de € Cap Cod fish-way ». Sillons obliques droits. Sur divers points de la Grande-Bretagne, de même qu’en Irlande, on a souvent essayé l'emploi d’un sillon oblique, en alignement droit, creusé dans la maçonnerie des barrages en talus. Sauf lorsque le talus n’a qu'une faible pente, ce sys- tème, bien qu'économique, doit êlre rejelé, car le résultat obtenu laisse beaucoup à désirer. La veine liquide qui s’intro- duit dans le sillon acquiert une vitesse très grande, en même temps qu’elle diminue graduellement d'épaisseur, au point débit assez abondant, et où, par conséquent, l'installation d’échelles à poissons serait superflue. » On peut ajouter que bien souvent il suffirait aussi, pour fournir un passage au poisson, de mauœuvrer, à des moments déterminés, les parties mobiles des barrages, soit en enlevant des aiguilles dans des points convenablement choisis, soit en ouvrant plus ou moins des vannes ou des pertuis. Il ne faut pas perdre de vue, toutefois, que le Saumon ne profitera guère de semblables passages que s’il ñ "existe pas à proximité un déversoir dont la chute d’eau l'attirerait infailli- blement. 924 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. de devenir impraticable pour le Saumon. Il est vrai que, quand une certaine quantité d’eau se déverse par-dessus le barrage, cette eau est recueillie par le sillon, qu’elle achève de rem- plir. Mais elle y arrive de côté ; en sorte que le poisson qui remonte se trouve nager diasonalement contre le courant, ce qui est contraire à ses habitudes. De plus, si la quantité d’eau qui passe par-dessus le déversoir est un peu forte, le poisson court risque d’être entraîné hors du sillon. En étiage, au contraire, le filet d’eau qui coule dans ce sillon est tout à fait insuffisant, aussi bien pour attirer le poisson que pour lui permettre de remonter. Il existe toutefois en Angleterre quelques exemples d’un emploi avantageux de ce système, qui a pu notamment être appliqué avec assez de succès au barrage de Bansford, sur la Teme (affluent de la Severn), grâce au peu de hauteur du barrage (1",80)et à la faible inclinaison du talus. L’obliquité du sillon, établi diagonalement sur ce talus, adoucit d’ailleurs encore la pente, qui n’est que d’un huitième environ. Quand les eaux sont suffisamment hautes pour se déverser par- dessus le barrage et pour que, dans le bief inférieur, leur niveau atteigne le pied du sillon, le poisson remonte aisé- ment. Ce sillon mesure 0°,25 de profondeur ; en outre, un madrier, placé de champ sur le côté droit et solidement assu- jetti, arrête l’eau qui se déverse par-dessus la crête du bar- rage el contribue à la formation d’une sorte de ruisseau très convenable pour la remonte du Saumon. D'un pont qui do- mine le barrage on peut voir arriver le poisson, qui effectue prestement l’ascension de la pente et qui, arrivé au sommet du barrage, disparaît aussitôt en plongeant dans le bief d’amont. Peu coûteux à établir, ce genre de passe n’est malheu- reusement utilisable que pour les barrages peu élevés et en talus à pente très douce, ce qui se rencontre assez rarement. Si l’inclinaison est trop forte, il est à peu près impossible d'obtenir un courant convenable. Il convient d'ajouter qu’en temps de crue ou à la suite d’une débâcle, les eaux peuvent emporter le madrier placé diagonalement et, en arrachant LES ÉCHELLES À SAUMONS. 929 celte pièce de bois de ses attaches, détériorer la maçonnerie. Sur la rivière de la Teme le cas s’est produit à un barrage voisin de celui de Bansford, le barrage de Powick, où des réparations assez coûteuses furent nécessaires. Sillons obliques brisés. M. James D. Brewer, de Muncy (Pennsylvanie), est l’inven - teur de deux modèle d’échelles où le mouvement de l’eau se trouve ralenti par les zigzags qu'imprime à la veine liquide une suite de sillons obliques disposés sur un plan incliné. Dans le premier type, il n’y a qu’un seul courant, alternative- ment dévié à droite et à gauche sous un angle très aigu (fig. 3). Dans le second type, qui est d’une construction fort originale, le courant se dédouble et se reforme successive- ment et à des intervalles égaux (fig. 4). Ces deux systèmes ont été présentés comme pouvant fonctionner quel que soit le niveau de l’eau. Mais, en temps de crue, la violence du mou- vement rotatoire de l’eau dans les sillons devient un grave 326 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. imconvénient; et, en lout temps, la vitesse trop grande du cou- 4 … . Die nl vant, et la force des remous dans les coudes des sillons, rendent le chemin assez difficilement praticable pour le poisson. Il existe toutefois à Niskayuna (Etats-Unis) une échelle Bre- LES ÉCHELLES A SAUMONS. 327 wer qui fonctionne d’une manière satisfaisante. Construite en vertu d’une décision de la Législature (1), cette échelle, dont le croquis ci-contre (fig. 9) fait connaître la disposition, est établie sur un barrage de 1,90 de hauteur. Elle mesure 12",30 de longueur sur 6 mètres de largeur entreles bajoyers BB, et l’in- clinaison en est de 1/10, c’est-à-dire que la base du plan est dix fois plus grande que la hauteur à franchir. Le passage en zigzag A, ménagé pour le poisson entre les angles saillants €, C, a 0",45 de largeur sur 0",38 de profondeur. Escaliers. Dans son Voyage sur le hitoral de la France et de l'Italie, M. Coste a donné la description de ce genre d’échelles. «Ce système, dit-il, consiste en une série de réservoirs carrés, posés les uns au-dessus des autres, comme autant de grandes caisses. Ces bassins, dont le dernier communique de plain-pied avec le haut de la chute, pendant que le premier se trouve au niveau de la partie inférieure du fleuve, sont construits et superposés de telle sorte que l’eau, se précipitant dans le ré- servoir le plus élevé, rencontre à angle droit la paroi qui iui fait face, et est forcée de s’écouler par une ouverture latérale. Elle tombe ainsi dans le second bassin, puis dans le troisième et successivement dans tous les autres par des échancrures qui alternent et produisent dans leur ensemble une série de cascades serpentantes… » Les bassins formant escalier peuvent aussi être rangés sur deux files parallèles adossées l’une à l’autre par un de leurs côtés (fig. 6). Gette forme n’est qu’une modification de la pré- cédente : l’eau, en passant des compartiments de droite dans ceux de gauche et, alternativement, de ceux-ci dans ceux-là, y serpente également ; mais les points de repos y sont plus mullupliés et les chutes moins élevées. » Les échancrures par lesquelles l’eau s'écoule d’un bassin dans un autre, au lieu d’être sur l’un des côtés des cloisons (1) L'emploi de l'échelle Brewer a été, pendant quelque temps, obligatoire dans l’État de Virginie. On a renoncé à ce modèle en raison du prix élevé de la construction, 328 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. transversales et d’alterner, peuvent occuper le milieu de ces cloisons, de manière à produire non plus des cascades serpen- tantes, mais une série de chutes qui se succèdent en ligne droite, depuis le haut jusqu’au bas de l’escalier. » Le système, très défectueux, des escaliers est malheureuse- ment celui qu’ona le plus généralement adopté en France, dans la pensée qu’il convenait mieux au régime habituel de nos ri- vières, et c’est à cette erreur qu’on doit les si nombreux insuc- cès, la si fréquente inefficacité des travaux, presque toujours lrès coûteux, qui ont élé exécutés déjà sur divers points (1). On a pensé que les divers systèmes d’échelles en plan incliné, si généralement adoptés en Angleterre et en Amé- rique, étaient inapplicables chez nous parce que le régime des cours d’eau y est moins régulier, et lon a cru pouvoir, en adoptant les échelles à réservoirs, ou vasques en gradins, obtenir des passages praticables même en étiage. C’est là une illusion, reposant sur une connaissance imparfaite des habitudes et des allures du Saumon. La précaution, en effet, est tout à la fois inutile et inefficace : inutile, parce que le Saumon ne remonte jamais pendant les basses eaux, et attend toujours au moins une légère crue pour voyager; inefficace, attendu que, si les eaux sont très basses, l'échelle n’est ali- mentée que par un mince filet d’eau, tout à fait insuffisant (4) Depuis quinze ans il a été construit en France cinquante-quatre échelles à Saumons. D’autres — une dizaine environ — sont en construction ou projetées. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 329 pour attirer le poisson. Le Saumon qui saute volontiers et franchit avec la plus grande facilité un obstacle d'un mètre de hauteur, quand une chute d’eau suffisamment importante l’engage à passer, ne se décidera jamais, dans une échelle, 4 franchir de simples gradins de quarante ou cinquante cen- mètres de hauteur et à remonter en sautant de vasque en vasque, si unie mince nappe d’eau seulement se déverse sur les degrés de l'escalier. Cette observation a été faite depuis long- temps par nos voisins d’outre-Manche, et M. Coumes, ingénieur en chef des ponts et chaussées, l'avait déjà signalée dans son remarquable Rapport sur la pisciculture et la pêche fluviales en Angleterre, en Écosse et en Irlande (1). « En observant, dit-il (p. 23), les allures des Saumons qui cherchent à fran- chir les chutes, on voit que la forme des échelles qui leur convient le mieux n’est point une succession de cascades, mais plutôt une dérivation fortement inclinée, sur laquelle l'excès de vitesse que prendrait la nappe liquide se trouve modérée par linterposition de cloisons. Car, lorsque le poisson s’intro- duit dans un passage de cette sorte, où il ne se sent point en sûreté, 1l veut le franchir, non pas en jouant et par bonds successifs, mais avec la plus grande rapidité. Aussi traverse- t-il le défilé comme une flèche. » En Amérique, où le système des échelles à auges ou esca- liers à été plusieurs fois essayé, on l’a partout trouvé fort mauvais. Quand l’eau d'alimentation est surabondante, tout l'appareil est noyé et fonctionne mal. Quand, au contraire, les eaux sont basses et qu'un filet d'eau seulement se déverse d’une vasque dans la suivante, le poisson ne s’engage pas vo- lontiers dans l'échelle. En pareil cas, d’ailleurs, il se produit presque toujours dans les auges (surtout quand elles sont de orande dimension) un courant circulaire qui déroute le pois- son. D’un autre côté, des bassins plus petits et surtout peu profonds (2) ne donnent pas au Saumon la possibilité d’évo- luer et de prendre l’élan nécessaire pour franchir les degrés. (1) Strasbourg, imprimerie de Ve Berger-Levrault, 4863. (2) Une profondeur de 0,70 au minimum est nécessaire, 390 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Échelle Smith. — L'’échelle à auges, si défectueuse sous tant de rapports, peut être transformée en un très bon système par une simple modification. Que l’on pratique, en effet, une ouverture dans chacune des cloisons qui séparent les auges, et l’on reproduit ainsi l'échelle à simples gradins (fig. 7), qui n’est autre, d'ailleurs, que l'échelle Smith, dispo- sitif où les degrés sont assez peu élevés pour que le poisson remonte en nageant dans la veine liquide, dont les nombreux lacets ralentissent l'écoulement. Dans l'échelle de Deanston (la première qui ait été con- struite), établie par M. James Smith, la pente est de 1 sur 27. Aussi cette échelle est-elle très longue : elle mesure 75 mè- tres du sommet à la base et elle présente celte disposition singulière — qu’on retrouve, du reste, dans plusieurs échelles des rivières d'Écosse — que les bajoyers, au lieu d’être pa- rallèles, vont en s’écartant vers le pied. Il en résulte que l'échelle, qui n’a que 2",75 de largeur environ au sommet, en a près de 12 à la base. Les cloisons transversales, de 0",30 d'épaisseur, sont espacées entre elles de 3",60, sauf les trois supérieures, qui le sont respectivement de 2,40, 2,70 et 3 mètres. Cette échelle passe pour la meilleure de toute l'Écosse, et le même système, appliqué, mème sous une inclinaison beaucoup plus forte, réussit généralement bien, quand lemplacement en est convenablement choisi. La figure 8, ci-contre, représente une échelle Smith où la pente AR CL DOI PTT TT TT TT N = — EE — ee : il Ÿ Ÿ JA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. est de 1/7. Les ouvertures des cloisons ont 0",30 de large et représentent 1/5 environ de la largeur totale de l'échelle entre les deux bajoyers. La nappe d’eau à une épaisseur de 0",35. Cette échelle, qui fut construite sur un barrage du Teith, en 1840, fonctionne parfaitement bien. Échelle Steck. — Un ingénieur de Pennsylvanie, M. Da- niel Steck, est l'inventeur d'un modèle d'échelle qui diffère de l'échelle Smith en ce que les cloisons transversales sont très rapprochées (fig. 9) et ne laissent entre elles que de longs et étroits couloirs présentant chacun une inclinaison en sens inverse du courant. Les avantages de cette disposition sont: 1° le peu de longueur à donner à l’échelle, dont il devient possible de placer lentrée au pied même du barrage; 2° l'absence de remous, dont l’étroitesse du couloir ne per- met pas la formation. M:uis des inconvénients se trouvent à côté de ces avantages ; d’abord, l'échelle occupe sur le bar- rage une largeur souvent sênante; en second lieu, quand l’eau d'alimentation est peu abondante, le passage d’un degré à l’autre devient difticile pour le poisson, qui ne remonte pas mieux que dans une échelle à auges. Échelle Cail. — M. Richard Cail, ingénieur civil, maire de Newecastle-sur-Tyne, est l'inventeur d’un modèle extrêmement Fi. 10. ingénieux et très original, qui peut être classé parmi les échelles à gradins ou escaliers, mais dans lequel, toutefois, le poisson LES ÉCHELLES A SAUMONS. 933 remonteuniquement ennageant.Cette échelle se compose d’une série de bacs ou bassins quadrangulaires, disposés en gradins (fig. 10 et 11) et communiquant de lun à l’autre par une ouverture pratiquée à la partie inférieure de chacun d’eux. Cette ouverture est ménagée alternativement à droite et à gauche, pour faire zigzaguer le courant (1); elle mesure 0,30 de côté, sauf dans le bassin supérieur, où elle est sen- siblement plus grande, afin de laisser passer un excès d’eau, qui se déverse ensuite par-dessus les séparations des bassins, en maintenant par conséquent ceux-ci constamment pleins. L’échelle doit être disposée de telle sorte que le premier bassin, c’est-à-dire le plus élevé, ait sa prise d’eau dans le bief d’amont, au-dessous du niveau des plus basses eaux, et que le dernier ait son ouverture inférieure noyée dans le bief d’aval. Une communication est ainsi établie d’une manière permanente entre les deux biefs, et la vilesse du courant qui traverse l'appareil est très modérée, attendu que la différence de niveau d’un bac au suivant est peu considé- rable, et qu’en outre la veine liquide subit sur sa route de nombreuses déviations. Les bassins peuvent être indifférem- ment établis sur une seule ligne (fig. 11), comme. de simples oradins, ou superposés et disposés en spirale (fig. 12). C’est au constructeur à adopter la disposilion la plus simple et la plus économique, suivant la configuration des lieux (2). (4) Par suite d’une erreur de dessin, la figure 10 représente les bassins ayant tous leur ouverture sur le même alignement. (2) L’onifice inférieur de l’évhelle, qui n'est pas indiqué dans la figure 12, est une ouverture ménagée en un point quelconque du mur exté ieur ; le choix de la place à lui assigner est subordonné à la configuration des lieux. 394 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. L'entrée de l’échelle, c’est-à-dire l'ouverture inférieure du dernier bassin, sera toujours placée aussi près que possible de l’endroit où se porte le poisson qu’arrête le barrage. Quant à l’ouverture par laquelle s'effectue la prise d’eau, on peut, suivant les circonstances, en faire varier le niveau, à la condilion néanmoins de ia placer toujours beaucoup plus bas que la crête du barrage, afin qu’autant que possible elle ne cesse pas d’être entièrement noyée (1). Les dimensions en seront réglées de façon à laisser passer une quantité d’eau convenable pour l'alimentation de l'échelle, tout en sauve- gardant les intérêts de l’usinier, c’est-à-dire en tenant compte de l'importance du cours d’eau et de la nécessité de ne point amoindrir la force motrice. La dimension à donner aux bas- sins et le choix des matériaux à employer dans leur construc- tion sont deux points à déterminer d’après les circonstances locales ; en général, un à deux mêtres de longueur et de lar- geur, sur un mètre de profondeur, sont des dimensions salisfaisantes pour chacun des bassins qui, dans la plupart (1) Si l’eau du bief d’amont venait momentanément à ne plus recouvrir tout à fait cette ouverture, l’échelle s’assécherait immédiatement, pour se remplir de nouveau, du reste, dès que l’eau reprendrait son niveau normal. Cet arrêt dans le fonctionnement de l’appareil serait, d’ailleurs, sans inconvénient réel, le poisson ne voyageant pas quand les eaux sont très basses. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 339 des cas, peuvent être avantageusement construits en bois. Le fond de ces bassins sera toujours horizontal et de niveau, dans le bassin le plus élevé, avec le seuil de l'ouverture for- mant la prise d’eau. Quant à la différence de niveau entre chaque bassin, elle doit être, autant que possible, limitée à 0",35, et, dans tous les cas, ne jamais dépasser 0",45. On oblient ainsi un courant très convenable, sans bouillonne- ment de l’eau, sans remous gênants pour le poisson. Celui-ci remonte avec la plus grande facilité et passe de bac en bac, à peu près comme un bateau parcourt successivement les divers biefs d’un canal. Dans presque toute la longueur de chacun des bacs, la vitesse du courant ne dépasse guère 95 mètres à la minute, et elle n’atteint pas 95 mètres à l’en- droit où l’eau se déverse d'un bac dans le suivant, par l’ou- verture ménagée dans chaque cloison ou séparation. C’est donc une vilesse sensiblement inférieure à celle du courant de beaucoup d’autres types d’échelles fonctionnant très bien. A Dinsdale, sur la Tees, une échelle construite d’après le système Cail donne d'excellents résultats. Le barrage vertical qui existe en cet endroit était à peu près infranchissable pour les Saumons, même pendant les plus hautes eaux. Actuellement l'échelle met en communication les deux biefs et fournit un passage facile au poisson, qui, d’après le témoignage de M. Frank Buckland, « ne trouve pas plus de difficulté à remon- » ter par les ouvertures des bacs, qu’un chat à passer par la » chatière d’une porte de grange ». (Rapport aux commis- saires pour la conservation des Pêcheries de la Tyne. — Avril 1873.) « Le système de M. Cail, dit ailleurs M. Buckland (1), est un grand progrès dans l’art de la construction des échelles à Saumons, et je félicite vivement l’auteur de cette invention, remarquable non seulement par son côté ingénieux, mais aussi par le succès pratique qu’elle a obtenu à Dinsdale. » D’autres échelles du même système fonctionnent aujour- d'hui d’une facon non moins satisfaisante à Felton Dam, sur (4) Twelfth annual Report of the Inspectors of Salmon Fisheries, 1873, p. 40. | | po | D | . | i \l Fi. 13 (1). (1) Dans cette figure, des portions du mur extérieur ont été enlev compose de deux tours de spirale complets et d' s pour laisser voir l’intérieur de l'échelle, qui se un tiers de tour, représentant une hauteur totale de 3 mètres. ce / LES ÉCHELLES A SAUMONS. 20 le Coquet, à Warkworth, dans le domaine du duc de Nor- thumberland, etc. Échelle Pike. — On doit à M. Robert G. Pike, membre du bureau des pêcheries du Connecticut, un modèle d'échelle en spirale établi en vue d'économiser l’espace et la dépense de construction. Cette échelle (fig. 13 et 14) se compose d’une suc- Fic. 14 (1). cession de galeries longues et étroites, à peu près horizon- tales et ne présentant entre elles que des différences de niveau de 7 à 8 centimètres. Chaque pas ou gradin est donc aisé à franchir pour le poisson. La rapidité du courant est (4) Dans le plan ci-contre, les flèches indiquent la direction du courant. A, commencement du circuit; B, extrémité du circuit; €, c, c, gradins; &, d d, murs extérieurs; f, f, f, cloisons intérieures. Quand le courant, parti du point A, atteintle point B, il a parcouru une longueur de 22",50 et il est descendu de 4",15. En franchissant un gradin de plus, il s’engage sous le point À et recommence un second tour de spire. 4° SÉRIE, T. |. — Avril 1884. 99 7 2A AIS = At NS il à k fi il! } ul dt ( #1 { | M | à : Qu ENS i | nr (ti FE = fl NE Ne LAN Ï : L | E f pt! | À ) 1744 || e (| | Ÿ NELZANE on | RDDDDND ZAÏ] # f RINI ALL LOL TS PE ZZZZ ll 10222727 1 / Î (ll ii LES ÉCHELLES A SAUMONS. 399 d’ailleurs modérée par les changements de direction des gale- ries et par le non-parallélisme de leurs parois latérales. — «Les couloirs, dit l'inventeur du système, d’abord larges de 0",80, se rétrécissent jusqu'à n'avoir plus que 0",45. L'économie dans la construction d’une semblable échelle est de 35 pour 100 au moins sur les autres types. » L'eau parcourt successivement dans un seul circuit 7 cou- loirs ayant ensemble une longueur totale de 22,50, et se déverse par-dessus quatorze gradins c, €, e, de 0",08 chacun, représentant, en totalité, une hauteur de 1",15. Arrivé à l'extrémité B du circuit, le courant, qui est descendu d’un étage, pénètre sous le premier couloir, pour continuer sa course en décrivant un nouveau tour de spire, en tout point semblable au premier, et ainsi de suite. Chaque étage de l'échelle, c’est-à-dire chaque tour de la spirale, représente ainsi une hauteur de 1",15. Dans les murs intérieurs, des ouvertures de 0",50 à 0",35 de hauteur sont ménagées pour laisser pénétrer la lumière dans les galeries latérales. Des ouvertures plus petites, dans les cloisons intérieures, per- mettent d'éclairer aussi les galeries du centre. ÉCHELLES EN PLAN INCLINÉ C'est à ce genre d'appareils que M. Coste appliquait spé- cialement le nom d’échelles, en donnant plus généralement le nom d’esvaliers aux systèmes à réservoirs en gradins. Ces échelles sont constituées par une sorte de couloir en pente, coupé de distance en distance par des cloisons transversales qui présentent des ouvertures contrariées, c’est-à-dire oppo- sées les unes aux autres. La presque totalité des échelles amé- ricaines sont construites d’après ce système, qui est aussi presque uniquement adopté dans la Grande-Bretagne et en Irlande, et qui est de beaucoup préférable aux escaliers. Échelle à compartiments rectangulaires. — C’est le type le plus simple. Les cloisons transversales, perpendiculaires aux bajoyers (fig. 15), forment avec ceux-ci des comparti- ments rectangulaires, communiquant entre eux par des ouver- 340 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. ures qui ont de 1/8 à1/3 de la largeur totale del’échelle. Par la disposition générale, ce modèle se rapproche beaucoup de l'échelle Smith (fig. 7); mais, à cause de l’absence de tout échelon, il présente plus de facilité que celle-ci pour la re- monte du poisson, quand la nappe d’eau n’a qu’une faible épaisseur. Afin d'éviter des remous trop violents, il est souvent utile d'augmenter l’épaisseur de la nappe d’eau dans les compar- timents à l’aide de traverses de quelques centimètres de hauteur placées à chaque ouverture des cloisons et reposant sur le dallage. Ces traverses sont en talus du côté de l’aval, ou sont précédées d'un plan incliné (fig. 16), pour ne pas former de gradins à franchir par le poisson. Dans le but d’amoindrir la vitesse du courant, qui arrive de côté devant les ouvertures des cloisons, et qui, s’il allait se heurter violemment contre les bajoyers, pourrait former des <= FIGE tourbillons gênants pour la remonte du poisson, on ajoute Fig. 18 349 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. fréquemment à chaque cloison transversale un bras formant angle droit et dirigé vers l’amont (fig. 17). On peut aussi empêcher le tourbillonnement de l’eau et, en même temps, économiser l’espace en rapprochant le plus possible entre elles les cloisons transversales. Quand l’espace qui sépare ces cloisons est simplement égal à la largeur des ouvertures ou passages (lesquels ont, comme 1l a été dit ci-dessus, 1/4 ou 1/3 tout au plus de la largeur de l'échelle), les remous ne sont guère à craindre, surtout si l’on a soin de donner une certaine profondeur d’eau dans chaque compar- timent au moyen des traverses mentionnées plus haut. L’échelle à compartiments rectangulaires est le type le plus répandu dans la Grande-Bretagne, mais les détails d’installa- tion varient souvent beaucoup. De là aussi, parfois, des diffé- rences notables dans les résultats obtenus. Quelques exemples le démontreront. La figure 18 représente l'échelle établie sur la Severn, au barrage de Holt, lequel est construit en talus et mesure 1°,75 de hauteur sur 9 mètres de largeur. Installée sur le barrage même, l'échelle se prolonge toutefois un peu en avant et en arrière du massif de maçonnerie, qu’elle dépasse de 1 mètre en amont et de 1",70 en aval. Son inclinaison, bien que de 1/6, n’a rien d’excessif; mais quelques points défectueux rendent le fonctionnement de l’appareil peu satisfaisant, et c’est précisément ce qui me conduit à mentionner en parti- culier cette échelle, en vue de faire ressortir l'importance de tous les détails d’une semblable construction au point de vue du résultat à obtenir. L’échelle, qui a 1°,50 de largeur, est divisée, sur la longueur, en cinq compartiments à peu près égaux. Les passages ménagés dans les cloisons ont 0,23 de large seulement, tandis que l’ouverture supérieure de l’échelle, qui donne accès à l’eau, est d'une largeur presque double (0",45). Il en résulte que la veine liquide qui s'engage dans l'échelle est trop forte. Dès que les eaux sont un peu hautes et que la nappe qui se déverse par-dessus le barrage a 0,25 ou 0",30 d'épaisseur, l'appareil se trouve complètement noyé. Même pendant les basses eaux le courant y est presque VUE DR Y/ Dh SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. toujours trop violent. Un vannage permettrait de remédier jusqu’à un certain point à cet inconvénient, et de modérer un peu le courant; mais l'emplacement de l’échelle au milieu du barrage s'oppose à l'emploi de ce moyen. Le constructeur n’a pas suffisamment tenu compte des variations de niveau de la rivière, et 1l n’a été guidé, dans le choix de l'emplacement de l’échelle, que par une seule considération : celle de placer l'appareil dans un endroit difficilement accessible aux bra- conniers. On doit, en effet, éviter, autant que possible, de mettre une échelle près des rives, à la portée de tous les maraudeurs, afin que cet appareil, construit pour assurer la libre circulation du poisson, ne soit pas transformé en instru- ment de braconnage. Du reste, il est toujours utile d'interdire la pêche dans le voisinage d’une échelle. Aux États-Unis, il est généralement défendu de pêcher dans un rayon de 400 yards (364 mètres) en amont comme en aval des échelles. La disposition de l’échelle (fig. 19) du barrage de Powick (1) sur la Teme, est bien préférable à celle de l’échelle de Holt. D'abord, l’inclinaison de Pappareil n’est que de 1/7. En second lieu, la hauteur des bajoyers et existence d’une sorte de brise-elaces au sommet de l’échelle empèchent celle-ci d’être trop facilement noyée pendant les hautes eaux. Gette échelle établie en 1863, sous la direction des Conservateurs des pêcheries de la Teme, est construite, partie en briques, partie en bois (tout le bajoyer de gauche est formé de solides madriers); elle a 15",30 de longueur et 2 mètres de largeur. Primitivement, les cloisons transversales avaient toutes une hauteur de 0",48 ; mais, pour qu’elles ne fussent pas noyées, on a dû surélever les quatre premières, chacune au moyen d’une planche fixée par des pattes et arrondie à l'extrémité opposée au bajoyer. Tout d’abord aussi, le courant était un peu fort et le bouillonnement de l’eau trop vif dans les coudes. On y a remédié en rétrécissant légèrement l’orifice supérieur de l'échelle. Cet orifice est actuellement un peu plus étroit (1) Ce barrage a 2",20 de hauteur. ‘08 ‘914 346 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. que les passages ménagés dans les cloisons (lesquels ont 0",32 de large), et la quantité d’eau qui se déverse par l'échelle est maintenant très convenable pour la remonte du poisson ; il n’y à excès que dans les temps de crues extrême- ment fortes. Aussi le fonctionnement de l’appareil peut-il être considéré comme très satisfaisant. Une autre construction du même type, qui mérite égale- ment d'être mentionnée pour son bon fonctionnement, est l'échelle (fig. 20) établie sur la rivière Corrib, à Galway (Irlande). Construite par l’administration des travaux pu- blics, sur un barrage de 1°,50 de hauteur, cette échelle à beaucoup contribuë à l'amélioration de la célèbre pêcherie de Saumons de M. Ashworth (1). Le poisson, en effet, la franchit avec la plus grande facilité, et, chaque année, elle sert à la remonte de milliers de Saumons. D’une construction (14) Quand M. Thomas Ashworth prit possession de la pêcherie de Galway, en 1852, il la trouva à peu près ruinée par l'existence du barrage qui inter- ceptait presque complètement la remonte du poisson dans la rivière Corrib. L'établissement d'une échelle sur ce barrage et la protection des frayères en amont modifièrent bientôt de la façon la plus heureuse le rendement de la pêche, ainsi qu'il ressort des chiffres suivants : Années. Nombre de Saumons Années. Nombre de Saumons capturés. capturés. 11853 PAPE 1,663 118596 RENE 9,249 ASS 155 1186 0 DA 1185 D APN .. 05,940 AS 0 LETTRE 11,051 18560 CPP ES 7 HSC2E:- Re, 15,431 AS 57 RER S 57 1863 17,995 LSSS NPA 9,639 AS GAME ENT 20,512 Ainsi le produit a été plus que décuplé en l’espace de donze ans, et cela malgré certaines circonstances, d'autre part, peu favorables à la propagation du poisson, telles que des déboisements dans la région, le développement de l’agri- culture, la création d'usines sur le cours d’eau, etc. Aujourd’hui, le nombre des Saumons qui profitent de l’échelle et franchissent chaque année cel étroit pas- sage de 0®,45 d'ouverture n’est certainement pas inférieur à 40 000 (voy. Prize essay on the practical cultivation of a Salmon Fishery, by Thomas Ashworth, p. 21). D’après M. Samuel U, Roberts, ingénieur civil, qui s’est beaucoup occupé en Irlande de la question des échelles à Saumons. l’excellent fonctionnement de l'échelle de Galway est d’autant plus remarquable que : 1° le barrage mesurant 182 mètres de large, l'onifice supérieur de l’échelle occupe à peine 1/300 de cette largeur ; 2° la quantité d’eau nécessaire à l’alimentation de l'appareil n’est que de 720 pieds cubes par minute, soit 1/160 seulement du débit total (120 000 pieds cubes) de la rivière en temps de basses eaux (voy. Salmon Lad- ders in Ireland, 1869). LES ÉCHELLES À SAUMONS. 347 très simple, l’appareil mesure 14",40 de longueur et une largeur de 3",05 entre les bajoyers. L’inclinaison est de 1/9.Au sommet, un pertuis de 0",60 de largeur et de même hauteur, pratiqué dans le barrage, laisse pénétrer l’eau dans l’échelle, où des passages de 0",45 de large lui sont ménagés dans les cloisons transversales, espacées entre elles de 2",70 environ. Ces cloisons, faites en maçonnerie et de 0",30 d'épaisseur, sont plus hautes près des bajoyers, où elles ont environ 0",50, qu'à l’autre extrémité, où elles ne mesurent plus guère que 0",30. Il est très rare que léchelle soit complètement à sec. Le fait se produit seulement quand les eaux sont exception- nellement basses. À la moindre crue suffisante pour que le Saumon puisse voyager, la veine liquide qui s'engage dans l’appareil recouvre la partie basse des cloisons sur une épaisseur de 0",20 environ, de sorte que le poisson qui re- monte peut, à son gré, soit traverser les pertuis, soit fran- chir facilement les cloisons, ce qui abrège sa route. Dès que la rivière dépasse un certain niveau, les eaux envahissent la partie inférieure de l'échelle, en passant par-dessus le mur &, & (fig. 20), et le débit de l'échelle, se trouvant aug- menté, l’appareil n’en atlire que mieux le poisson. Quand les eaux sont basses, la pente étant un peu raide au bas de l'échelle, la nappe d’eau y manque légèrement d'épaisseur. Pour remédier, au moins en partie, à cet inconvénient, on a placé, sur une même ligne, quelques grosses pierres (voy. fig. 20) qui s'opposent au libre écoulement de Peau et for- ment, en quelque sorte, une cloison transversale supplémen- taire. Somme toute, l'échelle fonctionne très bien, et elle fournit au poisson un passage facile. Aussi exige-t-elle, à l’époque de la remonte, une surveillance continuelle, car le braconnage y serait facile et singulièrement productif. Comme échelles à compartiments rectangulaires, il convient de mentionner aussi les fameuses échelles de Colloony et de Ballysadare, près de Sligo, en Irlande, si fréquemment citées en raison de l'importance des résultats qu’elles ont permis d'obtenir. Avant 1852, la rivière de Ballysadare, qui est DAS SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. formée par la réunion de l’Arrow et de l’'Owenmore, ne rece- vait pas un seul Saumon; des cascades, que forme cette rivière près de son embouchure, ne permettaient à aucun poisson de remonter. Les échelles installées sur ces obstacles ont ouvert un passage aux Saumons, qui en profitent si bien que la rivière est devenue l’une des plus riches de l’Irlande. Chaque année il s’y pêche de 8 à 10 000 Saumons représentant une valeur de 75 à 80000 francs. Le propriétaire de la pêcherie, M. Cooper, a donc été largement indemnisé de ses frais de construction d’échelles, montant à 925 000 francs environ (1). Les échelles sont au nombre de trois. La première, instal- lée sur une chute d’eau de 6 mètres, mesure 74 mètres de longueur et présente une inclinaison 1/13 ; sa largeur est de 3 mètres entre les bajoyers. Les passages ménagés dans les cloisons transversales ont 0°,52 de large. Un vannage au sommet de l’échelle permet de régler à volonté l'alimentation etd’entretenir une veine liquide de 0",35 environ d'épaisseur. Comme les deux suivantes, cette échelle est repliée sur elle- même (fig. 21), de façon que l'extrémité aval, c’est-à-dire (1) Il est vrai que d’autres dépenses ont été nécessaires pour la mise en valeur de la pècherie de Ballysadare ; elles représentent un chiffre total d’en- viron 130 000 francs. ‘66 ‘M = nt — nn gi | LU M mis #1 | 1. FN HAN Û NA APS N WE je l AE \ Nul = À k Lu | U | | | D Do Le = ES Are RANGÉE LR ail 1 f ÙE < Û KR SN À N N a > | NS k | ES FAUNE 390 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. l’orifice inférieur servant d'entrée au Saumon, se trouve aussi rapprochée que possible de la chute d’eau. La seconde échelle a été établie dans un endroit où la rivière forme une succession de rapides et de petites chutes avant une hauteur totale de 4 mètres environ. Dans un but d'économie, cette échelle avait d’abord été construite en ligne droite ; l’entrée de l’appareil se trouvait, par suite, à 80 mè- tres en aval de la chute, c’est-à-dire loin de l'endroit où le bouillonnement de l’eau attire le poisson. Aussi le but qu'on se proposait n’élait-il pas atteint : aucun Saumon ne profitait du passage. Mais, dès que l’on eut modifié la construction, pour piacer l’orifice inférieur de l'échelle au pied même de la chute, les résultats les plus satisfaisants furent constatés. Enfin, la troisième échelle de la pêcherie de Ballysadare est celle construite sur l’'Owenmore, près de Colloony, pour racheter une chute presque perpendiculaire de 5°,50. De chaque côté de cette chute sont installés des moulins, dont le service, en temps de basses eaux, absorbe presque le débit total de la rivière, qui suflit tout juste à alimenter le canal usinier ; aussi l'échelle se trouve-t-elle alors complètement à sec (voy. fig. 22). Sa longueur totale est de 60",30, avec une pente générale d'environ 1/12. Un palier horizontal, situé au tournant, contribue à modérer la vitesse du courant. L’orilice supérieur est muni de deux vannes qui permettent de régler à volonté l'alimentation. L’une d'elles au moins est toujours soulevée en entier, afin de ne pas obliger le poisson à tra- verser, au terme de son ascension, une veine liquide animée d’une trop grande vitesse, comme le cas pourrail se produire sous une vanne soulevée en partie seulement. C'est là, soit dit en passant, une précaution utile à observer dans toute espèce d'échelle. Comme on le voit dans la figure 22, les trois premiè- res cloisons transversales de l'échelle de Colloony diffèrent de celles du reste de l'appareil. Tout d’abord, elles n'avaient que 0",50 de hauteur, avec un oritice de 0°,22 de large; mais l’eau passant facilement par-dessus ces cloisons, on dut les surélever de 0",30 au moyen d'une planche qui, placée transversalement, laisse un passage de 0°,50 de haut sur (082) 9.1Jau pd 00 ‘0 2P UML 4 # . 4 ÿRQEY 2 gr) — = , murs) à G “ É ù HirÉ ) j — & Fi 4! PARU: un é PL, RS ST A Éæ, LE 2227777774 EE e *INDITA . PE 27 : Æ RE ENN L 77 i = = LE ——— ——— 3992 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. 0",22 de large. Les autres cloisons ont une hauteur de 0",48, avec une ouverture large de 0",28. L'expérience fit aussi reconnaître que souvent la nappe d’eau ne présentait pas une épaisseur suffisante sur le palier ; on dut, par suite, pro- longer une des cloisons transversales sur une partie de sa hauteur (voy. fig. 22), pour mettre légèrement obstacle à l'écoulement de l’eau. Il n’est pas inutile d’insister sur ces petits détails, qui font voir que, même dans les échelles qui ont été le mieux combinées, il est fréquemment nécessaire d'apporter, après coup, quelques modifications, quelques retouches aux dimensions des cloisons, pour donner à la nappe d’eau l’épaisseur et la vitesse convenables. De simples planches clouées ou maintenues au moyen de crochets en fer, suffisent en général pour ces légers chan- sements. Comme exemple d'échelle à cloisons transversales, je ne saurais omettre de mentionner l’échelle construite en 1865, dans le département de l'Aveyron, au barrage du moulin dit de Lacoste (commune de Sonnac), sur le ruisseau de la Diège, affluent du Lot. Cette construction, dont la figure 93 donne le plan et une coupe en long, présente d'autant plus d'intérêt qu’elle est un des très rares spécimens d'échelle en plan incliné que nous possédions en France. Afin d'augmenter la force motrice nécessaire au moulin, on avait, à Sonnac, ex- haussé le barrage, qui était devenu ainsi tout à fait infran- chissable pour les poissons et notamment pour la Truite (1). L'absence inaccoutumée de cette espèce dans leurs eaux fut bientot remarquée par tous les propriétaires riverains en amont du barrage, et de nombreuses réclamations se produi- sant, l’usinier fut contraint de faire établir une échelle sui- vant le modèle que lui communiqua le service des ponts et (4) Les échelles ne servent pas que pour les poissons migrateurs ; elles contri- buent aussi à la propagation des espèces sédentaires. Ces dernières, en effet, ne rencontrent pas toujours dans les cantonnements où elles vivent des conditions favorables pour frayer, et elles savent très bien, elles aussi, profiter des échelles pour changer de station à l’époque du frai et se rendre dans les endroits les mieux appropriés au dépôt de leurs œufs. LES ÉCHELLES A SAUMONS. JD chaussées. La conséquence ne se fit pas attendre: peu de temps après, on constatait la réapparition de la Truite et, par suite, toute l'efficacité de l'appareil,dont la construction n'avait entrainé qu’une dépense d’environ 300 francs. Gette échelle pourrait servir de type pour la plupart de celles qu'il serait si désirable de voir établir en France sur une multitude de barrages d'usines. Échelle Brackett. — Dans le système d’échelle dont il est ’inventeur, M. Edouard A. Brackett, de Winchester, Com- missaire des pêcheries du Massachusetts, s’est particulière- ment attaché à modérer la vitesse du courant par une dispo- sition très ingénieuse (fig. 24, 2, 26, 27 et 28) des cloisons Fig. 24. transversales ; sous ce rapport, ce modèle est complètement satisfaisant. L’eau s'écoule régulièrement, sans à-coup, sans remous violents, et les poissons remontent avec la plus grande aisance. Deux détails importants sont à signaler en outre dans l’é- 4° SÉRIE, T. |. — Avril 1884. 93 Ù = > LES ÉCHELLES À SAUMONS. 29) chelle Brackelt: d’abord (autant que possible), Pécheile est prolongée plus ou moins en arrière, c’est-à-dire en amont, du barrage qu’elle traverse (fig. 26) ; en second lieu, le sommet de Péchelle est pourvu de plusieurs ouvertures, qui y laissent pénétrer l’eau à différentes hauteurs, ce qui permet de régler le débit de l’appareil suivant le niveau dela rivière, et d’éviter un courant trop violent en temps de crue. La figure 26 donne une coupe verticale, 1, une vue de profil, 2, et un plan, 3, de l'échelle. Dans ces trois croquis, À représente le barrage tra- versé par l'échelle B, qui est en forme d’auge ou de couloir rectangulaire. Le pertuis à sert à la sortie de l’eau, qui pé- nètre dans l'appareil par les ouvertures b, b', b?, munies cha- cune d'un ais c, servant à les fermer complètement ou en partie, selon les besoins. Situées à des niveaux différents, ces ouvertures servent, non pas simullanément, mais suivant Ja hauteur de Peau dans la rivière. L’inclinaison donnée à J’é- chelle varie suivant les circonstances locales; elle n’est géné- ralement que de 1/10, mais elle peut aller jusqu'à 1/7 et même 1/6, sans inconvénient pour la remonte du Saumon. Grâce à toutes les déviations successives, que lui impriment les cloisons transversales d et leurs ailes ou annexes e, f, le courant n’est pas très rapide, et la vitesse n’en est pas sen- Job SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. siblement plus grande vers la partie inférieure de l'appareil qu’au sommet. La disposition de l’échelle Brackett a, en outre, l'avantage de se prêter à peu près à toutes les combinaisons de formes que peuvent exiger les circonstances locales ou la configura- FrG. 27. tion des lieux.Que la construction soit en ligne droite (fig. 25), brisée (fig. 27) ou complètement repliée sur elle-même(fig. 28), CU = — ÉRIC | — mes d- a CAE ASE À À \ TYAFN \ LA JD8 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. le fonctionnement n’en est pas moins satisfaisant. Le plan donné par la figure 27 est celui de l’échelle construite, en 1873, à Brownville (Maine), au barrage d’une scierie méca- nique. Gette échelle, d’une longueur de 97 pieds anglais (29,50), présente une pente de 1/10; les passages ménagés entre les cloisons qui forment les compartiments ont une lar- geur variant de 2? pieds à 2 pieds 8 pouces (0",60 à 0",80). Quant à la figure 28, elle montre la disposition générale de l’échelle de South Hadley Falls (Massachusetts), construite pour la remonte du Saumon et des Aloses, auxquels un bar- rage d'environ 10 mètres de hauteur coupait la route. [nstallée sur la rive gauche du fleuve (le Connecticut), elle forme d’abord un coude brusque, s’infléchit ensuite légèrement vers le milieu de sa longueur, pour suivre la direction de la berge, puis, à sa partie inférieure, se replie totalement en arrière, sur une longueur d'environ 15 mètres, pour venir déboucher dans un endroit où l’eau présente beaucoup de profondeur et de courant, ce qui y atlire toujours le poisson (1). L'inclinai- son de l'échelle est de 1/15, et sa longueur de 1352 me- tres, mais le chemin que la veine liquide se trouve en réalité parcourir est de plus du double {270 mètres) à cause des innombrables détours que l’obligent à faire toutes les rami- fications des cloisons transversales. La pente se trouve donc réduile, en somme, à 1/27 environ. Aussi la vitesse du cou- rant ne dépasse-t-elle guère 3 kilomètres à l'heure, même vers la partie inférieure de l’échelle. Comme la presque totalité des échelles à Saumons améri- caines, l’échelle de South Hadley Falls, large de 3",90, est construite en bois; mais elle repose, dans toute sa longueur, sur une solide maçonnerie, avec pilotis dans quelques endroits. (1) D’après MM. Henry C. Robinson et F.-W. Russel, Commissaires des pè- cheries du Connecticut, pour qu’une échelle puisse fonctionner sûrement, il est absolument indispensable qu’au pied de cette échelle se trouve une excavation d’un mètre de profondeur au moins, fournissant toujours un refuge et un poiut de départ au Saumon, quel que soit le niveau de la rivière (Report to the ge- neral Assembly, May Session, 1867, p. 17). Un point ézalement important, c’est de ne pas placer l'échelle dans le voisi- nage de machines (moteurs hydrauliques, ete.), dont le bruit et le mouvement peuvent facilement effrayer le poisson et l’éloigner. LES ÉCHELLES A SAUMONS. 399 Les bajoyers ont une épaisseur de 0",30, mais les cloisons transversales n’ont que 0",15 environ. Les passages qu'elles laissent libres ont 0",60 de largeur ; telle est également la profondeur de l'échelle, et, à peu de chose près, l'épaisseur de la veine liquide qui la parcourt. Dans le Massachusetts et dans plusieurs autres États de la Nouvelle-Angleterre, presque toutes les échelles à Saumons sont établies d’après le système Brackelt, lequel a déjà été appliqué avecavantage en Europe. C’est celui qui à été adopté pour une échelle des plus remarquables, récemment construite en Norvège sur la rivière Sire, échelle dont les plans figu- raient à l'Exposition de pisciculture d’Edimbourg (1). La rivière Sire, dont le cours mesure 135 kilomètres envi- ron, n’élait, naguère encore, accessible pourle Saumon quejus- qu'à quelques centaines de mètres seulement de son embou- chure. Une cataracte de 8",50 de hauteur, le Logfos, forme un obstacle absolument infranchissable pour le poisson. Environ 1200 mètres plus haut se trouve une autre chute perpendicu- laire de 27 mètres; c’est le Rukanfos. En raison du peu d’é- tendue de la partie accessible au poisson, la rivière n’était généralement visitée que par un petit nombre de Saumons, et la pêche ne donnait que des résultats insignifiants eu égard à l’importance du cours d’eau. Aujourd'hui, les échelles élablies au Logfos et au Rukanfos permettent au poisson de surmonter ces obstacles, et plus de 75 kilomètres de rivière ont été ouverts à la circulation du Saumon. Dans les lacs pro- fonds, aux rives escarpées, que traverse la rivière Sire, le Saumon trouve de sûres retraites, et, plus en amont, le cours d’eau offre au poisson d'excellentes frayères. Aussi la valeur de cette rivière, au point de vue de l’industrie de la pêche, se trouve-t-elle augmentée dans une proportion d'autant plus considérable que la Sire arrose une région où l'influence nuisible des très grands froids sur la reproduction du poisson se fait moins sentir que dans beaucoup d’autres localités de (4) Ces plans m'ont été communiqués avec une extrême obligeance par M. le Commissaire de la section norvégienne, auquel je suis heureux de renouveler ici l’expression de mes remerciements. 360 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. la Norvège. L’échelle de Logfos est d’une construction rela- tivement très simple. Elle consiste, dans la plus grande partie de sa longueur, en un canal creusé dans une dépression na- turelle du sol, sur la rive gauche de la rivière, à travers une couche de pierres et de gros gravier. Ce canal, qui est une saignée faite à la rivière, à 300 mètres en amont de la cascade, déverse ses eaux à quelques mètres seulement en aval de celle- ci, et juste à l'endroit où viennent affluer les Saumons. Dans presque tout son parcours (320 mètres environ) ce canal pré- sente une largeur de 20 à 22 mètres, sauf à son embouchure dans la rivière, où 1l n’est plus qu’un simple passage, d’un mètre de largeur sur 2 mètres de profondeur, ouvert au moyen de la mine, à travers un rocher épais et solide. Afin que l’eau puisse s’engager plus facilement dans cet étroit passage, le canal commence à se rétrécir à 16 mètres en amont, entre deux murs cimentés de 2",50 de hauteur. On obtient ainsi un courant rapide, qui se déverse dans la rivière en bouillon- nant, et qui ne manque pas d’attirer le Saumon. Dans la par- (ie supérieure du canal et même sur une assez grande lon- sueur, la pente est seulement de 1/200 ; mais elle augmente peu à peu et atteint un quinzième dans les 70 derniers mètres du parcours. C’est donc uniquement dans la partie étroite, resserrée entre les deux murs en maçonnerie, qu’il a paru utile de modérer la vitesse de l’eau. Tous les 5 mètres, la force du courant est rompue par une cloison transversale, dont la crète est à 0",30 plus bas que celle de la cloison qui précède. Beaucoup plus importante et plus compliquée est l'échelle de Rukanfos, qui, par ses dimensions et par les difficultés vaincues, surpasse certainement toutes les constructions de ce genre établies jusqu’à ce jour. Comme il a été dit plus haut, la chute qu'il s'agissait de racheter ne mesure pas moins de 27 mètres; l’escarpement des roches bouleversées qui oc- cupent les deux côtés de la cascade ne laissait qu’un espace très limité pour l'établissement d’une échelle ; enfin, des crues énormes font très souvent varier de plus de 6 mètres le ni- veau de l'eau, en amont comme en aval de la chute. Il était donc indispensable d'adopter un dispositif occupant peu de LES ÉCHELLES A SAUMONS. 3061 place, n’ayant rien à craindre de la violence des eaux et pou- vant fonctionner quel que fût le niveau de la rivière. C’est pourquoi l’on fit choix du modèle E. A. Brackett, qui permet de donner beaucoup de pente à l'appareil, et qui peut ainsi ètre installé dans un espace assez restreint. L’échelle est presque entièrement construite en bois ; mais, sur un espace de 73 mètres, un passage a dû être ouvert dans le roc à l’aide de la mine. L’inclinaison est de 1/8 dans la première moitié de l'appareil et de 1/7 pour le reste; mais elle se réduit à 1/180 pour la section qui à été creusée dans le roc. L’échelle mesure une largeur de 2",80 et (sauf dans la partie la plus voisine de l’extrémité aval) une pro- fondeur de 1",29. Sa longueur est de 285 mètres; mais en raison de toutes les sinuosités que lui font décrire les eloisons destinées à ralentir la vitesse du courant, le chemin que le poisson se trouve, en réalité, parcourir est de 785 mêtres. Vers l'embouchure de léchelle dans la rivière, les bajoyers sont très élevés. Sur une longueur de 23 mètres, en effet, leur sommet forme une ligne horizontale, alors que le radier de l'échelle présente en cet endroit une pente de 1/7. Aussi les bajoyers finissent-ils par avoir 4",20 de hauteur. Cette disposition était nécessaire pour que le fonctionnement de l'échelle ne füt pas fréquemment entravé. Par suite des va- rlations considérables du niveau de la rivière, la partie infé- rieure de l'échelle se trouverait totalement noyée en temps de crue ; le courant qu’elle déverse serait annihilé et n’attirerail plus le poisson. Mais, par suite de l’élévation des bajoyers, le courant subsiste même en temps de hautes eaux, et l'échelle continue à fonctionner d’une façon très salisfaisante. On a, du reste, la possibilité d’augmenter, pendant les crues, le débit de léchelle. En effet, un peu en amont de la cascade, un canal auxiliaire emprunte, à l’aide d’une vanne, une assez forte quantité d’eau à la rivière et vient déverser cette eau dans l'échelle, dont le débit est alors presque doublé. On aug- mente ainsi considérablement la force du courant, afin de mieux atlirer le Saumon. Les deux échelles de Logos et de Rukanfos fonctionnent de 502 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. la façon la plus satisfaisante, et font grand honneur à MM. Land- mark, inspecteur des pêcheries du gouvernement, et Saetern, ingénieur, qui en ont dressé les plans et dirigé la construc- ion. Ce n’est pas un mince succès que d’avoir trouvé la pos- sibilité de frayer un chemin au Saumon au milieu d'obstacles comme ceux que présentaient les cascades de la rivière Sire. Les dépenses de construction, montant à 33 000 francs envi- ron, ont été supportées par la Compagnie des pêcheries de Saumon de la Sire, qui a fait dans cette entreprise une excel- lente opération commerciale; car, bien que létablissement des échelles soit encore tout récent, le produit de la pêche commence déjà à augmenter dans une proportion très sen- sible. | (A suivre.) LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES EXOTIQUES, PEU CONNUES OU INCONNUES Par M. A. PAILELIEUX Membre de la Société nationale d'Acclimatation, et M. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséum. (Suite.) Gommboe. Ketimie comestible. Fam. des Malvacées. Plante annuelle. Tige de 6-7 décimètres, simple; feuilles cordiformes à 9 lobes obtus, dentés; pétioles plus longs que les fleurs; en juin-juillet fleurs jaune-soufre, avec le centre pourpre, solitaires, axillaires ; capsule pyramidale ou conique; calicules de dix folioles décidues; calice se déchirant longi- tudinalement. Amérique méridionale. Nous ne nous avançons pas trop en disant que le Gombo est l’un des plus précieux légumes qui nous soient connus. Il est d’un usage journalier en Égypte, en Syrie, en Grèce, en Tur- quie, aux Indes, dans la Louisiane, aux Antilles et dans toute l'Amérique du Sud. Nous ferons connaitre plus loin ses di- verses applications culinaires ainsi que ses propriétés comme succédané du café et du cacao. Sa culture est à peine connue dans la région de Paris, dont le climat lui est défavorable. Il faut semer les graines sur couche en février, repiquer les jeunes plants également sur couche et attendre les derniers jours de mai pour les placer à demeure sur une couche neuve, sous un châssis élevé ou sur une côtière bien abritée, en terre légère et bien fumée. Lorsque l'été est chaud, on peut réussir en plantant le 1% juin 304 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. sur une vieille couche. La récolte est alors plus tardive. Il est nécessaire d’arroser abondamment pendant les grandes cha- leurs. Le Gombo ne sera jamais, sous notre climat, qu’une plante d'amateur, peu productive, et les maraîchers ne la cultiveront pas. Ses capsules voyagent parfaitement sans s’altérer, et, si elles étaient recherchées à Paris, la Provence, qui nous en envoie déjà, pourrait en produire et en vendre, à bas prix, en quantités égales à la demande. Nous connaissons des Français établis dans les colonies qui déclarent le Gombo excellent. Cependant rien n’annonce pour lui un succès prochain. Les étrangers qui résident à Paris sont jusqu'ici seuls à acheter lorsqu'il est mis en vente. Nous le voyons toutefois occuper une place honorable dans une bonne maison, d’une tenue très parisienne el très distinguée. Il y figure fréquemment sur la table et le Cordon bleu qui le prépare nous à communiqué obligeamment sa recette. Le Gombo semble n'être qu'un accessoire dans les mets dont il fait partie. mais iln’en est rien ; 1l est essentiel et, sans lui, ces mets ne seraient pas. On trouvera des renseignements intéressants sur le Gombo dans les publications suivantes : Flore des An illes, par Descourtilz, vol. IV, p. 169. Note par M. le D' Sagot (Journal de la Société centrale d'hort. de France, 2"° série, 1872, vol. VE, p. 545). Manual of gardening for Bengal and upper India, bv Thomas A. C. Firminger. Agricultural botany, by William Darlineton. Nole par Léon Rattier, 1854 (Revue horticole, p. 171). De celte dernière note, très étendue et très instructive, nous croyons devoir extraire quelque passages: « Pendant mes voyages en Orient, je l’ai presque toujours entendu nom- mer par les Grecs Grekika kerala (Cornes grecques), et par les Turcs Bamieh. Ce dernier nom paraît adopté en Égypte, d’après M. Bové (Observations sur les cultures de l'Égypte, extraites des Annales de l’Inst. hort. de Fromont, t. VE, avril 1534)... Partout où la plante est cultivée, elle offre nne im- LE POTAGER D'UN CURIEUX. 260 portante ressource à l'alimentation et à la médecine. Aux Antilles, les indigènes la mangent cuite à l’eau salée ou cruc en salade. Elle forme la base du Calalou, très estimé des in- digènes et d’un usage populaire. On ne dédaigne pas non plus de servir ses diverses préparations sur les tables les plus somptueuses, mais alors, presque toujours, on l’associe à des aliments ou à des assaisonnements de haut goût pour relever sa saveur un peu fade; elle devient un mels très agréable, mais ne possède plus les qualités qui la font rechercher pour usage médical … » M. Bové dit qu’en Égypte la Ketmie est un des légumes les plus communs du pays; qu'elle est très estimée dans les di- verses contrées où on la cultive et que les Européens en font une grande consommation pendant sept à huit mois de l’an- née. » La pâte et le sirop de nafé, que l’on prépare à Paris avec le mucilage de la Ketmie comestible, ont donné de bons ré- sultats à la thérapeutique. > Enfin, l’infusion des graines torréfiées de la Ketmie a été recommandée comme pouvant suppléer le café, et M. Vilmo- vin, dans la dernière édition du Bon jardinier, signale cette préparation comme une des moins mauvaises parmi celles que l’on a voulu substituer au moka. » Je doute que M. Vilmorin ait expérimenté par lui-même, car, pour ma part, j'ai bu en Orient l’infusion des semences de la Ketmie, bien souvent préparée avec plus que de la né- oligence, et toujours elle m’a paru une très agréable boisson, offrant une supériorité marquée sur les qualités inférieures de café et quelquefois égalant presque le moka. Mais, pour obtenir ce résultat, il faut employer des semences bien choï- sies, arrivées à parfaite maturité et torréfiées avec beaucoup de soin. Le procédé qui m’a le mieux réussi consiste à renfer- mer les graines dans un brûüloir à café et à chauffer pendant tout le temps que la crépitation se fait entendre. Dès qu’elle cesse, il faut les étendre sur une table de marbre ou sur tout autre objet qui puisse les refroidir avec rapidité. On pile et l’on passe au filtre. 506 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. » J'ai essayé de ne pousser la torréfaction que jusqu’à un degré suffisant pour colorer en noisette-clair Pintérieur de la oraine ; alors la fécule qu’elle contient demeure soluble. Après l'avoir réduite en poudre fine et passée au tamis, on la mèle avec du lait où de Peau sucrée; si on procède alors comme lorsqu'on veut obtenir une bouillie de farine, on ob- ent un produit assez semblable au chocolat, irès agréable au soût, et conservant une bonne partie de l’arome spécial qui distingue la graine... » Préparation du Calalou. . Voici les recettes que nous nous sommes procurées. Nous les donnons telles quelles, sans y changer une syllabe. Recette de la Louisiane. Calalou préparé avec le Gombo séché.— Prenez 500 grammes poitrine de bœuf, 500 grammes jambon que vous faites revenir dans du samdoux bien chaud. Quand le bœuf et le jambon sont bien revenus, vous mouil- lez avec ce qui suit: Têtes de crevettes écrasées dans un mortier, dé- layées avec de l’eau et passées dans une passoire fine. Ajoutez dans la casserole les queues des crevettes, &u homard ou des crabes, piment, sel, poivre. Mettez le Gombo dans l’eau bouillante et faites-le revenir ainsi pen- dant une heure. Ajoutez-le en mêine temps que vous mouillez (note de M. H.). On a oublié de dire la quantité de Gombo proportionnée aux 1000 grammes de viande, mais je pense que 125 grammes de Gombo séché doivent suffire. Recettes de la Martinique. Première. — 250 grammes de jambon que l’on fait cuire. Lorsqu'il est cuit, ajouter dans le bouillon 250 grammes de Gombo coupé. Remuer ot cuire quinze minutes. Ajouter 250 grammes épinards ; remuer bien et cuire encore quinze minutes. Ajouter un peu de beurre si la préparation n’est pas assez grasse, du sel, un piment. Faire cuire encore quinze minutes. On peut manger avec ce mets du riz cuit à l’eau et salé comme un gateau de riz. Deuxième. — Prendre ct faire cuire des épinards. Lorsqu'ils sont presque cuits, ajouter du Gombo coupé en rouelles, du jambon tout coupé, des crabes coupés ou des crevettes. Ajouter un peu de beurre, LE POTAGER D'UN CURIEUX. 9307 sel, piment. Mélanger et broyer le tout ensemble el faire cuire à feu doux. On peut manger avec ce plat du riz cuit au beurre, ce qui est très bon. Cette recette a été expérimentée à l'Exposition de 1867. Recette de la Guadeloupe, donnée par un habitant de la Pointe-à-Pitre. On fait cuire ensemble du Gombo haché et des feuilles de Séguine (1). On y ajoute du lard ou un crabe; puis, quand le tout est très cuit, on mêle au moyen d’un instrument analogue au moussoir à chocolat. D'autre part, on a du riz cuit à l’eau et l’on mange l’un avec l’autre. Le Riz Calalou est un mets qui se vend, sou à sou, dans les rues de la Pointe-à-Pitre, comme les pommes de terre frites à Paris. On goûte souvent chez les habitants, à quatre heures, avec deux sous de Riz Calalou par personne. Recette parisienne. Prendre une livre de rumsteak, le couper en petits carrés, faire re- venir à la casserole avec un peu de beurre ; ajouter un peu de farine, mouillée avec du bouillon ou de l’eau. Faire cuire doucement pendant quatre heures ; mettre deux fruits de piment et un poulet, cuire avec le tout et 250 grammes de saucisson. Le Gombo doit cuire deux heures avec le tout. On doit donc le mettre au commencement de la troisième heure et servir. Pour manger avec cette soupe, au goût de certaines personnes, on sert sur une assiette à part une livre de Riz, pas trop cuit. Chacun s’en sert à son goût el à sa volonté. Gombo file. Prenez poitrine de veau, poulet, jambon, huîtres ou moules, homard. Faites cuire à petit feu pendant cinq ou six heures. Ajoutez comme bouil- lon l'eau dans laquelle à cuit le homard et l’eau des huitres; puis, quand le tout est encore sur le feu et bouillant tout doucement, ajoutez une cuillerée à bouche, pour six personnes, de Gombo filé. Remuez, comme on, fait pour le tapioca, jusqu'à ce que cela file. (1) El est très douteux qu'il s’agisse ici des feuilles de l'Arum segquinum qui est très vénéneux. On emploie aussi la Madére, autre Aroïdée. Séguine et Ma- dère isont des noms locaux. 308 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Haricot radié. PHASEOLUS RADIATUS. Lin. sp.; DC. Prod. 11, p. 395. P. minimus Rumph. Amb. V, p. 384, tab. 239, fig. 2; P. hirtus Retz. ; P. Max. Roxb.; P. subvolubilis Ham.; P. aureus Ham.; P. viridissimus Tenore ; P. humilis Hassk. Fam. des Légumineuses. Plante annuelle, haute de 50 à 60 centimètres; tiges cylin- driques, velues, rameuses ; feuilles à trois folioles ovales ou ovales lancéolées, acuminées ; stipules géminées, oblongues lancéolées ; pétioles longs ; pédoncules axillaires anguleux, portant des fleurs ramassées en tête; fleurs jaunâtres dans la variété que nous avons cultivée; gousses cylindriques, horizontales, velues, de 5 à 6 centimètres de longueur sur 5 à 4 millimètres de diamètre, contenant de six à quinze graines fort petites, glabres, vertes, blanches, noires, jaunes, rouges, suivant les variétés, d’un vert jaunâtre dans celle que nous avons observée, ovales, tronquées aux deux extrémités; hiie linéaire. Le P haseolus radiatus est originaire de la Chine, du Japon, de Ceylan, de Malabar et de Java; il est généralement cultivé dans l’Inde. LE HARICOT RADIÉ, EN CHINE. M. le D'E. Bretschneider nous écrivait récemment : « Je crois que le Soja hispida et ie Phaseolus radiatus ont un orand avenir en Europe. » Le Phaseolus à très petits grains qu’on cultive à Pékin sous le nom de Lou teou (pois vert), et dont on fabrique le vermicelle, est le vrai Phaseolus radiatus. C’est une plante très importante pour les Chinois. Ce vermicelle est très bon à manger. Je vous en procurerai des échantillons de Pékin, mais plus tard... » Le docteur nous avait précédemment écrit: « Je suis fâché 69 que vous n'ayez pas reçu les pâtes fabriquées avec les graines du Ph. radiatus (1). Ge sont de longs fils, comme les vermi- celles. On prépare la pâte avec la farine des graines du Lou teou et de l’eau chaude et on fait passer cette pâte semi-liquide par un tamis. ©9 LE POTAGER D'UN CURIEUX. A JAVA. À son retour de Java, M. le D' de la Savinière nous signalait l'importance de la culture du Ph. radiatus dans le pays et nous prenions sous sa dictée des notes intéressantes. La plante porte à Java le nom de Xatjang heedjah ou hied- joe (pron. Katian idiou). On en fait, entre autres usages, ce- lui-ci: on sème très serré sur un fond imperméable: on couvre d’un centimètre d’eau. Au bout de deux jours, on récolte les pousses qui ont envi- ron 0",07 de longueur et dont la couleur est celle de la Barbe de capucin. Ces pousses, présentées sur le marché en quan- tités considérables, y portent le nom de Taugee (pron. : Taugué). On en fait le Gado-Gado, ainsi préparé : mettre un peu d'huile dans la poêle; y jeter les pousses du Phaseolus radiatus ; au bout de dix minutes de cuisson, ajouter la sauce noire (Ketjap), le jaune d'œuf, le curcuma, etc. AU JAPON. Le Haricot radié est une des plantes japonaises que nous cultivons depuis le plus longtemps. Nous en avons recu les graines de M. le D' H* en juin 1878, accompagnées de cette note : € Ge haricot réussit très bien ici (Haute-Savoie) et mû- rit jusqu'à sa dernière gousse. Il faut le semer très espacé, au moins 90 ou 60 centimètres, et ne mettre que deux graines à la touffe, qui devient très forte. » Au mois de novembre suivant le docteur nous écrivait: «Je joins à ma lettre une variété d’Adzuki différente de celle que (1) Ces pâtes, adressées à la Société d’Acclimatation, ne lui sont pas parve- nues. P. B. 4° SÉRIE, T. [. — Avril 1884. 94 370 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. je vous ai envoyée. Elle s'appelle Ai Adzuki, c’est-à-dire Adzuki d'automne, parce qu’elle se sème en juillet pour se récolter en novembre ; celle que je vous ai envoyée aupara- vant s'appelle Natsu Adzuki, c’est-à-dire Adzuki d'été, parce qu’on la sème en mai pour la récolter fin août. Je crois qu'ici les deux variétés ont besoin de tout l’été pour müûrir leurs zraines. » Septembre 1879. « Je vous envoie un échantillon de la pâte ou confiture qu'on fabrique au Japon, sous le nom de Yo-kan avec des Adzuki, du sucre et une sorte de gélatine extraite d'algues marines. Cette gélatine, absolument sans goût, est connue au Japon sous le nom de Xan-len. Les Japonais en font un grand emploi culinaire et on en exporte de grandes quantités pour l'Europe. Je crains qu’il soit difficile de vendre en France de la pâte d’Adzuki à bon marché; le sucre y est trop cher. » Voici la recette du Yo-kan telle qu’on la pratique au Japon et que je l’ai employée souvent ici: Faire tremper pendant vinot-quatre heures les Adzuki dans de l’eau non calcaire; ici je me sers d’eau de pluie ; au Japon, on prend tout sim- plement de l’eau de rivière qui ne contient pas {race de chaux. Les faire cuire avec de l’eau, puis les passer de ma- nière à obtenir une purée un peu épaisse ; ajouter moitié de sucre (en poids), puis faire cuire de nouveau et ajouter, à la fin de la cuisson, de la gelée obtenue en faisant dissoudre à chaud du Kan-ten (colle d’algue marine). Je ne puis pas in- diquer la proportion de Xan-ten à employer, car la force du Kan-ten varie beaucoup selon les qualités. Un bâton carré de Kan-ten, de 0",57 de long sur 0,03 de côté, fait, quand il est de bonne qualité, prendre en gelée très consistante un litre de liquide quelconque ; j'oubliais de vous dire qu’il faut, pen- dant que la dissolution de Kan-ten est chaude, la passer à travers un linge pour retenir quelques impuretés ou parties non dissoules. » Je n’ai cultivé les Adzuki (Natsu Adzuki), qu’en très pelite quantité pour mon usage ; ils viennent assez bien ici ; cependant je crois qu’on serait plus assuré d’avoir une bonne LE POTAGER D'UN CURIEUX. 7 | maturité dans des terrains plus calcaires et moins compacts. Ici les toulfes deviennent énormes et les gousses de l’intérieur pourrissent souvent... » Quoique je n’aie pas beaucoup d'Adzuki à récolter cette année, si vous vouliez en faire un essai un peu en grand, je pourrais vous en envoyer pour semence, car il n’en faut pas beaucoup, les plantes devant être semées très espacées. » Avril 1881. & Au Japon, on fait tremper dans l’eau des Adzuki, P. radiatus, puis on les fait germer, au chaud et dans l’obscurité, dans des vases de terre; puis on les lave à grande eau pour emporter les peaux et on mange les plan- tules sous le nom de Moyashi (œil et jambes). Il va sans dire qu’on les fait cuire d’abord dans l’eau salée, puis dans le Shoyu. C’est assez bon et c’est un moyen facile de se procurer un légume frais en hiver. » EN FRANCE. En 1862, M5 Guillemin, évêque de Canton, offrait à la Société d’Acclimatation une très nombreuse collection de graines dans laquelle figurait le Phaseolus radiatus, ainsi désigné : Lou teou, pois vert dont les Chinois font un vermi- celle fin, Lou teou sze, et un vin très estimé, Lou teou tsieou. À la même époque, M. P. Dabry offrait aussi à la Société une collection qui comprenait deux espèces ou variétés de P. radialus sous le nom de Tsin teou. En juin 1880, M. Eugène Simon envoyait au Muséum une collection considérable dans laquelle se trouvait aussi le Low teou. À la même époque, M. GC. Ford, directeur du jardin bota- nique de Hong-Kong, adressait à M. Giquel, qui avait bien voulu la lui demander pour nous, une collection dans laquelle le Lou teou était compris, avec cette mention: Medicine in fever. Syn. Liu teou. C’est à cette époque encore que M. Faivre, de Beaune, re- cevait de Chine et distribuait des graines de Lou teou, plante dont on lui signalait l’importance. 379 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Nous cultivons depuis 1878 le P haseolus radiatus en plan- ches de jardin et, chaque année, nous en avons récolté des fruits mûrs. La maturité en est cependant très tardive et nous ne saurions trop recommander de laisser beaucoup d’espace entre les pieds et de ne pas semer plus de trois graines dans chaque trou. Nous avons essayé la culture de quatre ou cinq variétés dont les gousses ne sont pas venues à maturité et nous n’avons réussi qu'avec l’Adzuki d'été (Natsu Adzuki) dont les graines sont relativement grosses et d’un rouge terne. Les touffes en sont fortes et le produit égal à celui de nos haricots com- muns. Nous mentionnerons à part le Yaye nari ou Bundo, Lou teou des Chinois, dont le grain vert et extrêmement petit est employé à fabriquer des pâtes alimentaires. Toutes les fois que nous l’avons semé seul, ses pousses à peine sorties de terre ont fondu et il n’en est rien resté ; mais le hasard ayant fait que quelques graines mêlées à celles de l’'Adzuki fussent semées dans les mêmes trous, nous avons vu avec plaisir, et non sans surprise, que, sous la protection de ce dernier, l’Yaye nari végétait passablement et donnait une petite récolte. Nous considérons comme un échec un résultat ainsi obtenu et nous supposons que, sous un climat un peu plus chaud que celui de Crosnes, la culture du Haricot radié vert ne présentera aucune difficulté. Nous avons fait avec l’Adzuki hâlif une purée que nous avons trouvée fort bonne. Sa saveur est voisine à la fois de celle du haricot et de celle de la lentille; c’est un bon légume. Nous attendons avec un extrême intérêt les échantillons de vermicelle de Lou teou que M. le D' Bretschneider a bien voulu demander pour nous à Pékin. Si la dégustation leur est favo- rable, nous espérons qu’on s’efforcera de gagner le prix offert par la Société d’Acclimatation pour la culture du Phaseolus radiatus : « Le prix sera accordé à la personne qui aura cultivé avec succès le Haricot 1adié dans un champ d’un demi-hectare au moins. LE POTAGER D'UN CURIEUX. O1 » S'il se présentait plusieurs concurrents, la préférence serait donnée à celui qui produirait les plus beaux spécimens de préparations alimentaires obtenues avec les graines du Phaseolus radiatus. » Concours ouvert jusqu'au 1* décembre 1890. Prix : 300 francs. » Isname. ORIGINES. Il ne semble pas qu’il existe d’Ignames spontanées dans l'Inde. A Ceylan, M. Thwaites indique six espèces indigènes. En Chine, le Dioscorea Batatas n’a pas été trouvé à l’état sauvage. D’autres espèces ont existé vraisemblablement à l’état spontané. M. le D' Bretschneider indique trois Dioscorea comme cultivés en Chine et ajoute: « Le Dioscorea est indi- gène en Chine, car il est mentionné dans le plus ancien ou- vrage de matière médicale, celui de l’empereur Schen nung. » Au Japon, le Dioscorea japonica (Thunb.), généralement cultivé sous le nom de Naga imo, est probablement indigène ainsi que le D. Batatas, Yama imo, qu'on ne cultive pas et qu’on arrache dans les Hors Le Dioscorea alata cultivé dans les îles du ati en est probablement originaire, sans qu’on l'y ait encor® rencontré à l’état sauvage. En Amérique, le Dioscorea triloba est vraisemblablement indigène. On y trouve quelques autres espèces qui ne sont que peu ou point cullivées. En Afrique, on compte encore moins de Daioscorea spon- tanés qu’en Asie et en Amérique. En résumé, plusieurs Dioscorea sauvages en Asie, surtout dans l’Archipel asiatique, et d’autres, moins nombreux, croissant en Amérique et en Afrique, ont été introduits dans les cultures comme plantes alimentaires à des époques pro- bablement moins reculées que beaucoup d’autres espèces (1). (1) L'origine des plantes cultivées, par Alph. de Candolle, 314 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Nous sommes heureux de présenter au lecteur l'étude iné- dite qui va suivre el que nous devons au savant professeur, au travailleur infatigable, M. le docteur Paul Sagot. Il ne pouvail nous faire un don auquel nous fussions plus sen- sibles el nous lui en sommes profondément reconnaissants : Du genre botanique Dioscorea. Le genre Dioscorea contient plus de deux cents espèces, dont la très grande majorité habite les pays chauds. Un nombre assez nolable d'espèces croît cependant hors des tro- piques, au Chili, au cap de Bonne-Espérance, en Australie, en Chine et au Japon, aux États-Unis, une petite espèce sur le versant méridional des Pyrénées, où elle a été découverte, il y a quinze ou vingt ans, à l'extrême surprise des botanistes. Beaucoup d'espèces sont de grandes lianes s’élevant très haut sur les arbres ; beaucoup sont. de plus modestes propor- tions, quelques-unes (particulièrement au Chili) sont de très petites plantes de 2 ou 4 décimètres de haut, à tubercule gros comme une noiselte où un pois. Presque toutes ont une souche vivace tuberculeuse et les tiges quoique élevées ne sont qu’annuelles. Le D. villosa des États-Unis a cependant un rhizome li- oneux, grêle, allongé, courant sous terre. Les botanistes ont varié sur la nature du tubereule : pour les uns, c’est un rhizome, c’est-à-dire une tige souteraine ra- diforme parce qu’il émet des bourgeons et a une structure qui rappelle celle d’une tige; pour d’autres, c’est un organe de la nature des racines, se gorgeant de fécule et de sues nu- tritifs accumulés. Dans les échantillons d'espèces de médiocre dimension, dont on a récolté la racine, il semble qu'un grand nombre des fibres radicellaires sorte du collet de la plante au-dessus du tubercule. Le tubercule est tantôt tendre et farineux, tantôt dur et coriace, doux au goût et comestible, ou âcre et vénéneux, LE POTAGER D'UN CURIEUX. 31 simpie ou lobulé, fasciculé, multiple, concentré ou diffus à tubercules partiels pédicellés. IL est placé sous terre à une profondeur moindre ou plus grande. La tige est grimpante, volubile à gauche. Elle est tendre ou coriace, de la grosseur d’une plume à écrire, ou un peu plus, ou très grêle, inerme ou épineuse, ronde ou anguleuse et relevée d'ailes membraneuses. Les feuilles sont le plus sou- vent du type cordiforme, acuminées, atténuées au sommet, polynerviées ; jamais leur bord ne porte de dents. Elles sont fermes-coriaces ou membraneuses - minces, le plus souvent glabres, quelquefois un peu tomenteuses ou pubescentes, sur- tout par-dessous. Elles varient d’une espèce à l’autre, grandes, médiocres ou petites, plus étroites ou plus larges, fortement cordées à la base, obtuses ou même arrondies subatténuées. Quelques espèces ont les feuilles lobées où même 3, 5 et 7 foliolées. Les feuilles sont opposées ou alternes, mais sur les espèces oppositifoliées on trouve un certain nombre de feuilles alternes, surtout sur les petits rameaux terminaux. Ces détails, peut-être un peu longs et minutieux, feront aisément comprendre que le genre Dioscorea est encore mal connu, difficile à étudier et à classer dans les herbiers; que l’on peut très aisément y supposer distincts spécifiquement des échantillons de la même espèce (tige principale ou ra- meaux terminaux, fleurs ou fruit de forme anormale...) ; que, si des sections botaniques ont été établies dans le genre par rapport à la graine, au fruit ou aux étamines, beaucoup d’é- chantillons sont d’un classement impossible, s'ils n’ont que des fleurs mâles, des fleurs femelles sans fruit mûr, de trop jeunes fruits... ete.; que, suivant que le botaniste aime à dis tinguer minutieusement beaucoup d'espèces, ou à réuni beaucoup de formes sous un seul nom, 1l y aura beaucoup plus ou beaucoup moins d'espèces admises. La dernière monographie des Dioscoréacées est de Kunth (en 1850) : Enumeralio plantarum.…. Elle comprend cent cin- quante-neuf espèces de Dioscorea et trente espèces d'Helmiu, cenre que la plupart des botanistes réunissent au Dioscorea aujourd’hui. 376 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Si j'en juge par quelques espèces cultivées ou américaines que j'ai vues vivantes, et que je connais familièrement, je crois que Kunth à trop multiplié les espèces. D'une autre part, les herbiers ont reçu, postérieurement au travail de Kunth, un certain nombre d'espèces nouvelles, notamment du Brésil, du Mexique, d'Afrique. Diverses Flores locales ont aussi publié des espèces, ou réuni en une seule espèce plusieurs espèces antérieures. Le chapitre consacré aux Ignames par M.de Candolle, Ori- gine des plantes cultivées, fait entrevoir les nombreuses incer- tiludes que laisse la connaissance de ce genre très difficile. PRINCIPALES ESPÈCES D’IGNAMES CULTIVÉES. Dioscorea globosa Roxburg, Excellente espèce, classée au premier rang dans l’Inde anglaise; très estimée des Euro- péens. Racines blanches arrondies, souvent très grosses. Roxburg n’a vu celte espèce que cultivée. On peut rapprocher d’elle, comme variétés, les D. rubella Roxb. et D. purpurea Roxb. Je n’ai pas trouvé ce D. globosa dans l’herbier du Mu- séum. Sa description a quelque ressemblance avec le D. alata. La tige est ailée, le pétiole aussi est ailé ; la forme de la feuille est analogue, mais il y a des différences. Le bas de la tige est aculéolé, les feuilles sont alternes ou opposées, le pétiole est plus long, les fleurs sont odorantes. D. triloba Lam. Excellente espèce américaine. Tubercules très tendres et très farineux (M. Paillieux l’a cultivé, reçu de Caracas). D. alata. Bonne espèce, moins fine cependant comme qua- lité que les deux précédentes. Objet d’une culture considé- rable en Océanie où elle est (avec le Taro) la plante alimen- taire principale. Bien productive quand elle est cultivée avec soin. Cultivée à Java, à Maurice. Variétés assez nombreuses. D. Berteroana. D. Cayennensis. Espèce de l'Afrique ocei- dentale, qui est cultivée en Amérique où elle a été importée. Espèce robuste, de grande production, très rustique. Tuber- cule unique, arrondi, discoïde, un peu dur quelquefois, LE POTAGER D'UN CURIEUX. OM Feuilles un peu coriaces, résistant à l’ardeur du soleil. D. atropurpurea Roxb. Espèce asiatique, très cultivée à Malacca, dans le Pégu et dans les îles orientales. Tubercule très gros, à chair violacée au moins près de l’écorce. Parait être une espèce très productive. La description ressemble un peu au D. alata qui a des variétés à racine violacée. D. eburnea Loureiro. Sauvage et cultivée en Cochinchine ; grosses racines longues, incurvées, blanches, d’une vague ressemblance de forme avec une défense d’éléphant. Point d’épines, feuilles alternes, cordées. D. aculeata L. Sauvage et cultivé dans l'Inde, lArchipel malais et l'Océanie. D. pentaphylla. Tubercules très tendres, farineux, de vo- lume médiocre, subarrondis, multiples. D. sativa L. Espèce incertaine, mal connue, ayant prêté à diverses confusions. Feuilles cordiformes alternes, bulbilles axillaires, fruit obovale cunéiforme. Linné a reçu la graine de l'Amérique et l’a cultivée dans un jardin où le tubercule a per- sisté en terre sans que la tige ait fleuri (voy. Hortus cliffor- tianus). Les auteurs de Flores : Miquel, Flora Indiæ batave ; Bentham, Flora Hong Kongensis ; Bojer, Hortus mauritia- nus, là mentionnent comme sauvage et cultivée dans l’Inde, à Maurice, aux Moluques. Linné, qui l'avait élevée de graines reçues d'Amérique, assure qu’elle croit aussi dans l'Inde. Parait ressembler beaucoup au D. bulbifera, ne différant que par une végétalion moins vigoureuse, un tubercule sans äcreté, un fruit plus large. D. Schimperiana. Récolté sauvage en Abyssinie par Schim- per. Racine cuite, comestible d’après étiquette de Schimper. Jeunes pousses pubérulentes. Ressemble au D. sativa L. D. bulbifera L. parait pousser sauvage dans l’ancien et le nouveau continent. La plante américaine (Guyane et Antilles) a été décrite sous le nom de D. lutea Mey. Végétation vigou- reuse, floraison abondante, feuilles cordiformes, grandes, d'un vert clair, bulbilles axillaires nombreuses et très grosses. Tubercules probablement gros, mais ayant de l’à- creté qu'il faut détruire par le lavage à grande eau. 378 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. D. japonica Thunb. et D. Balatas. Espèces pouvant vé- oéter dans les climats tempérés, où cependant les premiers froids surprennent leur tige feuillée avant qu’elle ait fourni tous ses sucs aux tubercules; se cultivant cependant aussi dans des climats chauds, dans le midi de la Chine, à Java. Bulbilles .axillaires nombreuses. Tubercules fusiformes, al- longés. Je n’ai pas pu savoir si, à Alger, les tiges feuillées du D. Batatas jaunissaient et séchaient à l’automne avant la récolte des racines, mais j'ai su qu’il y fallait plusieurs années pour qu’un pied, élevé de bulbilles, devint un plant vigou- r'eux. D. triphylla L., syn. de D. dæmona Roxb., D. dume- lorum. Espèce croissant sauvage en Asie, dans l’archipel malais et l'Afrique orientale, végétation très vigoureuse, tige aculéolée, élevée, subligneuse ; feuilles grandes trifoliolées ; inflorescence mâle paniculiforme par la réunion de très nom- breux épis floraux, denses, courts, bractéolifères ; fruit ovoide oblong, trigone, grand. Tubercule volumineux, discoïde, probablement un peu dur, souvent (toujours?) d’un goût nau- séeux (Roxburg). D. oppositifolia, D. nummularia. Espèce sauvage, crois- sant en abondance dans toute l’Asie méridionale, autour de laquelle se groupent diverses espèces voisines, qui n’en sont peut-être que des variétés, vigueur de végétation moyenne, Jeunes pousses plus ou moins pubérulentes. Feuilles ovales, un peu acuminées au sommet, nullement cordées à la base, brièvement pétiolées. Floraison abondante. Epis mâles, courts, groupés, fasciculés sur un axe floral court. Fruit ovoide ar- rondi, trigone, aplati, coriace. Racines dures et un peu ligneuses, d’après Roxburg, de volume médiocre d’après d’autres auteurs, mangées par les les indigènes. A. Reynoso dit que certaines Ignames peuvent se multiplier de bouture ou de marcotte (je suppose qu’il énonce le D. tri- loba), que je n’ai jamais vu cependant multiplier de bouture à la Guvane. En général, les tubercules d’ignames coupés et lavés dans LE POTAGER D'UN CURIEUX. 319 l’eau sont glissants et glutineux, exsudant une gomme par- ticulière. Ils sont denses et vont au fond de l’eau. On les suppose plus nourrissants que les Patates. Les espèces inermes à feuilles tendres pourraient donner de bons fourrages verts. Bulbilles aériennes abondantes ou se produisant au moins assez souvent : Dioscorea Batatas ; D. japonica ; D. sativa ; D. bulbifera ; D. crispata Roxb.; D. toxicaria Bojer, de PAfrique orien- tale ; D. alata. Wubercule unique volumineux ou tubereules en petit nombre fasciculés, réunis, ne croissant pas à une profondeur qui en rende l'extraction incommode : D. Berteroana; D. alata; D. eburnea; D. atropurpurea ; D. aculeata Roxb.; D. fasciculata Roxb.; D. globosa Roxb. Tubcrcules pédicelles multiples. un peu diffus, mais d’une extraction facile: D. trioba Lam.; D. pentaphylla. Tubercules àcres à quelque degré ou mème vénéneux : D. bulbifera; D. triphylla et sa variété D. dæmona (Roxbure dit de ce dernier : terriblement nauséeux, même après avoir élé mis dans l’eau); D. toæicaria Bojer, de la côte orientale d'Afrique (Monbaze). Vigneron-Jousserandier dit qu'au Brésil une [gname origi- naire d'Afrique, à tige épineuse et à gros tubercule unique, qui me semble devoir être le D. Berleroana, à le tubercule quelquefois un peu amer. Espèces sanvages dont le tubercule est bon. ou au moins d’un usage acceptable en cas de disette : Bon : D. pentaphylla ; D. aculeut«. Assez bon: D. anquina Roxb., Inde. — D. oppositifolia, Inde. 380 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Assez bon: D. Schimperiana, Abyssinie. — D. tomentosa, Ceylan (Thwaites, Flor. Ceylan), ressemble cependant au D. triphylla. —— D. intermedia Thwaites. — D. spicata Roxb. Notes communiquées, à diverses dates, à M. le docteur Paul Sagot. En 1854, les journaux agricoles des États-Unis préconisaient la culture des Ignames dans les états du Sud: D. sativa (?), D. alata(?) ; on affirmait qu’elle rapportait beaucoup, 17 000 kilogrammes à l’hectare (Patent Office Reports). On a essayé en France, mais sans succès, l’Igname de là Nouvelle-Zélande. C’est M. le professeur Chatin qui a publié une brochure sur cette espèce. M. Hardy en avait obtenu de beaux tubercules à Alger. Quelle espèce botanique était cette Igname de la Nouvelle-Zélande, D. alata, var.?? On Pavait reçue de Calcutta de M. Piddington (Rapport de M. Hardy, Bull. Soc. d’Accl., vol. V, p. 546, 1858). La flore de la Nouvelle-Zélande à l’herbier du Muséum ne parle d’aucun Dioscorea. M. Hardy, au jardin du Hamma à Alger, a fait beaucoup d'observations sur les Ignames. Il en avait exposé une très belle collection à l'Exposition universelle de 1867. À l’'Expo- sition de 1878, il n’y en avait pas. En 1877, à la suite de cultures multiples, M. Hardy avait publié le tableau de rendements comparés suivant : Kil. l° Igname aiïlée blanche......... .. 12580 l’hectare. DIPAMENCUTIVÉe nr Ce ee 20 960 » SeMEGname violetLE RE AR PRE REURENE 23 700 ù 1 Igname de la Nouvelle-Zélande... 23 700 » SotlonamendenChine meer Re 33 000 » 6° Iguame de léléphant......... .: 197040 » 10TonamettrIfoliée ARRETE 46 660 » 8° Joname patte destortue- "fe ."te0 OL TSÙ » LE POTAGER D'UN CURIEUX. al L'Igname étant une culture estivale irriguée peut difficile- ment se répandre beaucoup en Algérie. On dit que les tubercules blessés pourrissent facilement. Dansla multiplication par fragments de tubercules M. Hardy expliquait qu’il fallait que le fragment portât de l'écorce pour qu’il en sortit une pousse. La plantation d’une bulbille d’fgname de Chine ne donnait à Alger la première année qu'une racine grosse comme le petit doigt; cette racine pouvait servir de plant pour l’année sui- vante. Les plus grosses racines de l’Igname de Chine, dans les premiers essais de culture, avaient pesé 675 grammes. Plus tard, on en a obtenu de beaucoup plus grosses. Je ne puis deviner quelles espèces botaniques représentent les noms vulgaires de M. Hardy, si ce n’est Z ailée blanche, D. alata, I de Chine, D. Batatas, I trifoliée, D. triphylla. Je n'ai pas su si l’Igname de Chine, à Alger, arrivait à pleine maturité, c’est-à-dire jaunissait et séchait. Je ne sais si le jardin botanique d'Orotava, Ténériffe (Cana- ries) a cultivé des Ignames. Aux Canaries, par ubus de mots, on appelle Ignames les Colocases, Aroïdées tuberculeuses. La même dénomination vicieuse s’emploie parfois au Brésil, où les vraies Ignames s'appellent Caras (Vigneron-Jousseran- dier). Je ne sache pas qu’on en ait cultivé des collections au Jardin d’acclimatation d'Antibes, ni à celui de Collioure. Je crois que c’est au Jardin botanique de Calcutta qu'on en a cultivé le plus. Les pluies ne commençant à Calculta que vers mai ou juin, il serait facile de demander du plant pour la France en mars ou avril. Il y a dans les serres du Muséum un grand pied de D. «lala. Comme il est tenu dans la serre la plus chaude et la plus humide, sa tige y végète, je crois, d’une manière continue. 382 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Indications glossologiques sommaires. Le mot Igname parait venir du mot américain Namain (dictionnaire caraïbe) ou du mot américain Jnicomu. Les auteurs disent qu’on les appelle Yam dans une partie de la côte occidentale d'Afrique et que ce mot signifie aussi manger. Dans l’île de Cuba, on appelle Aje le D. triloba, Igname américame et Name le D. Berteroana, ou Igname apportée d'Afrique (A. Reynoso, Agriculltura de los indigenas de Cuba el Haïti). Il se distingue aussi au Brésil, dans les Ignames que l’on v appelle Caras, tandis qu'on y nomme parfois fnhame une Aroïdée à tubercule comestible, une espèce apportée d’A- frique, à gros tubercule unique, à tige épineuse, se plaisant dans un sol sableux et résistant bien à la sécheresse : D. Ber- teroana ? À Maurice et à la Réunion, les Ignames se nomment Cam- bare. A Taïti, en Océanie, dans l’Archipel malais Ubi, Oubi, Oebi. À Calcutta, Aloo (alou), Kam aloo, D. alata. En Chine, Sain-In, Chou-Yu, Tou-tchou, Chan-yu (de Candolle, Origine des plantes cultivées). En général, les Ignames sont bien plus cultivées dans les pays chauds et humides que dans les pays chauds et secs. En Océanie, on désire vivement des pluies suivies aussitôt après leur plantation. Dans les pays chauds, elles restent ordinairement six ou huit mois en végétation avant d’être récoltées. Si le plant est fort et si le sol est fertile, la végétation se prolonge plus long- temps. Si un plant est faible, on peut attendre deux ans avant de la récolter. RÉSUMÉ. L'étude de la culture de l’Igname se complique de ce fait * que le nombre des bonnes espèces cultivées s'élève à quinze ou vingt, et qu’elles sont très différentes les unes des LE POTAGER D'UN CURIEUX. 389 autres. L'Amérique intertropicale, l'Afrique, l'Inde, l'Archipel malais, la Chine, cultivent des espèces particulières,et, quoique plusieurs des bonnes espèces aient été portées d'un continent à l’autre, il n’est pas possible de les comparer sur place ou avec une égale connaissance des unes et des autres. Chaque espèce a en outre plusieurs variétés de mérite inégal, et tel auteur a pu apprécier une espèce sans connaître ses meil- leures variétés et son meilleur mode de culture. Aucun jardin botanique des pays chauds n’a encore réuni une collection de toutes les Ignames cultivées, et, si un jardin arrivait à le faire, il ne pourrait encore y être établi une comparaison complète et rigoureuse du mérite relatif des espèces, le climat de la localité pouvant à quelque degré favoriser la végétation d’une espèce el contrarier celle d’une autre. Sans sortir, en effet, des pays chauds, telle espèce peut demander des pluies plus abondantes et plus prolongées, telle autre une saison sèche plus accusée et plus longue, telle craindre une trop vive radia- tion solaire et telle autre la supporter. La culture des Ignames, même dans leur pays natal, est délicate et montre de grandes variations de rendement. Rien n’est plus incertain qu'une appréciation générale tirée pour elles de l'essai partiel d’une espèce et surtout d’une espèce étrangère. : Les cultures dans les serres d'Europe, et même les cultures au Jardin botanique d'Alger, n’ont pas pu fournir beaucoup de documents solides, À Alger, le climat est beaucoup trop sec l'été, seule saison où la chaleur soit suffisante, et les Ignames n’y sont arrivées que de quelques pays, sans déter- mination botanique précise, le plus souvent avec de simples noms vulgaires locaux. Il est même possible que quelques- unes des espèces réunies par M. Hardy ne se soient pas con- servées dans le jardin. Dans les serres, on ne peut donner aux Ignames ni espace suffisant, ni sol suffisant, ni chaleur suffisante, ni cette alter- nance qui leur est absolument nécessaire de six où huit mois de chaleur humide avec six ou quatre mois de chaleur sèche _et de repos de végétation. 384 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Dans les cultures sous châssis, on peut, pour quelques espèces, réussir un peu mieu x qu’en serre, mais onn’obtiendra jamais un résultat général, s’appliquant à toutes les espèces et pouvant conduire à des résultats réellement pratiques ; une racine farineuse, si bonne qu’elle soit, ne peut en effet espérer un prix de fantaisie comme un fruit exotique. Les conditions générales de succès des cultures d’Ignames des pays chauds sont : — Choix d’une espèce excellente. — Plantation de plant robuste. D’un bourgeon grêle etjeune ne peut sortir, sous le meilleur climat et dans ie meilleur sol, qu'un pied grêle et improductif, qui mettra au minimum deux, trois ou cinq ans à se bien former el à arriver à l’état de bon plant. — Un sol fertile et très ameubli, un large espacement et un système de support pour soutenir les tiges grimpantes et les bien exposer à l’air et au soleil. — Une chaleur suffisante, soutenue, humide pour la végé- tation foliacée qui dure normalement de six à huit mois et qui, par une température insuffisante, devrait se prolonger davantage pour acquérir son plein développement. — Une chaleur sèche de quatre mois au minimum pour la formation du tubercule, résorbant les sucs nutritifs des tiges feuillées qui doivent jaunir et sécher pendant que le tuber- cule grossit et se gorge d’amidon. ‘ L'étude qu’on vient de lire traite scientifiquement la ques- tion des Ignames. Elle ne fait connaître ni le rang que chaque variété occupe dans l'estime de ceux qui la cultivent, mi les détails de culture et d'usage, particuliers à chaque pays, qu'il ne faut pas ignorer. Nous trouvons ces diverses notions dans les écrits des bo- tanistes, dans les publications et dans les correspondances des voyageurs, des planteurs créoles ou européens, et nous croyons utile de les présenter à nos lecteurs. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 389 L'Igname EN . CHINE ET AU JAPON. L’Igname semble n’occuper qu’une place très secondaire dans les cultures de la Chine et du Japon, et n’y être repré- sentée, à peu d'exceptions près, que par le Dioscorea japonica et une ou deux variétés de l’espèce. Voici ce que nous écrit à ce sujet M. le D'E. Bretschnei- der : « À Pékin, on ne cultive que le D. japonica (je ne sais pas si vraiment cette espèce diffère du D. Batatas, comme feu M. Decaisne l’a prétendu)... Les Chinois se plaignent comme vous de la grande difficulté que présente l’arrachage des rhizomes fragiles de cette plante. Ils sont obligés de défoncer le terrain pour-les arracher. À Pékin, on ne cultive l’'Igname que dans les jardins. Les indigènes l’es- timent moins que la Patate (Batatas edulis), qu’on cultive dans les champs sur une grande échelle. » On lit dans le Japon à l'Exposition universelle de 1878 : « Le Tsuku imo (Dioscorea japonica) se mange cuit. Une de ses variétés, nommée Jecheimo (1), a des tubercules aplatis ; ses graines, que lon désigne sous le nom de Nukago, peu- vent se manger (2). » Le Jinen 30 (Dioscorea japonica, var.) est une plante sauvage dont l'usage est à peu près le même que le précé- dent; il fournit un amidon très estimé. » Le Nuga imo, ou Dioscorea juponica, sert aux mêmes usages que le précédent; il comprend une variété nommée Shisen imo. On peut aussi en faire une espèce de gruau, que l’on mange avec une sauce spéciale, si l’on a le soin de le râper et de le piler préalablement; ceci s'applique également aux deux précédents. » On voit par ce qui précède que le Dioscorea japonica est seul cultivé au Japon, et que le Nuga imo paraît être le Lype, dont on compte quatre variétés. (1) I faut sans doute lire Jeche imo. (2) Ne s’agit-il pas ici des bulbilles ? 4 SÉRIE, T. [. — Avril 1884. 95 380 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Nous avons reçu le Naga imo (1) et une autre variété à longs rhizomes; nous n'avons trouvé entre ces deux Ignames aucune différence appréciable. Nous avons reçu aussi une variété à rhizomes arrondis; elle végète mal et ses tubercules ne grossissent pas. Nous avons recu de M. le docteur H°”, sous le nom de Kiri imo, deux petits tubercules d’une Igname cultivée au Japon, où le D. Balatas n’est récolté qu’à l’état sauvage. Le docteur nous écrivait de la Savoie : « Gette Igname vient très mal ici. Je l’ai essayée successivement dans de la terre argi- leuse, puis dans de la terre graveleuse, toutes deux de bonne qualité, et elle n’a bien poussé ni d’un côté n1 de l’autre. Au Japon, on la cultive de préférence dans des sables gras con- servant un peu d'humidité et très fortement fumés, ce qui est indispensable pour récolter des Ignames un peu grosses. » Voici d’autres extraits des lettres du docteur : « Naga imo, longue racine tuberculeuse alimentaire, car le mot mo s’ap- plique à toutes les racines féculentes alimentaires. Cest le nom qu’on donne à une des variétés cultivées du D. Batatas. Le même, à l’état sauvage et plus estimé alors comme aliment, s’appelle Yama imo, racine de montagne. Je ne connais ni le Tsuku imo ni le Jinen 70. » Dans la partie du Japon que J’habitais, on ne cultive pas le D. Batatas ; on se borne à recueillir ses tubercules, qui sont très communs dans les bois, mais très difficiles à arracher. Ils sont plus estimés que les Ignames cultivées. Pour les Kiri imo (D. Decaisneana), on se borne, pour les petites plantations, à conserver les collets au fur et à mesure de la consommation; on les plante en avril et on les arrache en hiver. » Pour de plus grandes plantations. on recueille les bul- billes, on les sème au printemps, et en automne on les ar- rache. Elles ont alors un volume variant de celui d’une noix à celui d’un petit œuf, et fournissent du plant pour l’année suivante. (1) Naga imo, longue racine. LE POTAGER D'UN CURIEUX. J87 » Lei, c’est tout différent ; cette Iename pousse très peu et ne donne point de bulbilles (1); c’est dommage, car elle est d’une culture beaucoup plus facile que le D. Batatas. » L'Igname AUX INDES ORIENTALES. W. Roxburg, Flora indica, vol. INF, p. 797 à 808. Extraits. , Dioscorea globosa R. Beng. Choopuree aloo. 4. Tubercules arrondis, blancs. Je n’ai trouvé cette espèce qu'à l’état cultivé. Elle tient la première place parmi lesracines tubéreuses dont se nourrissent les Hindous de ces contrées, et est aussi celle que les Européens estiment le plus. D. alata Willd., EV, 792. Beng. Kam-aloo. 2. Cette espèce est cultivée dans les différentes parties de l'Inde. Sur la côte de Coromandel, elle est, je crois, la seule qui soit cultivée comme aliment. Au Bengale, elle occupe seulement le second rang, le D. globosa étant plus estimé. Elle n’en est pas moins très cultivée. Elle fleurit à la fin des pluies. D. rubella Roxb. Beng. Guranya-aloo. 3. Je n’ai rencontré celte espèce qu’à l’état cultivé. Les Hindous la placent immédiatement après le D. purpurea; par conséquent, elle ne tient parmi les Dioscorea que la qua- trième place dans leur estime. Elle est très cultivée près de Calcutta. Tubercules oblongs, à peau rouge. (1) Nous avons récolté des bulbilles, mais en petit nombre. P, B. 388 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. D. purpurea K. Beng. Lal-quranya-aloo. 4. Tubercule oblong, coloré dans toutes ses parties en pourpre plus ou moins foncé, mais toujours teint profondé- ment, et les fermiers et les cultivateurs de cette espèce disent que cette couleur est permanente. Je n’ai rencontré le D. purpurea qu’à l’état cultivé, et je ne sais pas où il existe à l’état sauvage. Sa racine est estimée égale à celle du D. alata, et, par conséquent, occupe le troi- sième rang parmi les aloos. Cette espèce est très cultivée. D. atropurpurea K. 5. Tubercules sub-arrondis, de couleur pourpre dans toutes leurs parties. Cette espèce est celle qui est l’objet d’une culture si étendue à Malacca, Pegu et dans les iles orientales. Ses tubercules sont très gros, de forme irrégulière, lisses, presque ronds et poussant si près de la surface du solque, dans les temps secs, ils se laissent voir à travers les fissures qu’ils produisent en soulevant la terre. Ge fait et la couleur très foncée des tiges font reconnaître aisément l'espèce. D. aculeata Roxb. 6. Originaire du Bengale. Ses racines sont ovales, pèsent généralement deux livres ou plus, sont d’une blancheur agréable, et, pendant la saison froide, s’arrachent dans les bois, car la plante n’est pas cultivée, etsont portées au marché de Calcutta, où elles sont connues des indigènes sous le nom de mou-aloo. Extérieurement, cette igname ressemble beau- coup à l’espèce que nous avons nommée D. fasciculata, Soosni-aloo des Hindous. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 389 D. fasciculata KR. Beng. Soosni-aloo. 7. Cette espèce est cultivée sur une très grande échelle dans le voisinage de Calcutta, non seulement comme aliment, mais aussi pour extraire l’amidon de ses racines. Ces racines consistent en tubercules nombreux, du volume et de la forme d’un œuf de jeune poule, liés par de grêles filaments à la base des tiges. La culture et l’usage des racines des différentes espèces mentionnées ci-dessus ou ci-après sont trop connus pour exiger que Je m'étende ici sur ce sujet. Mon but est de dis- siper l’obscurité dont les plantes utiles de ce genre ont été enveloppées jusqu'ici, non seulement en vue de satisfaire les botanistes, mais en vue d'indiquer à ceux qui ne sont pas botanistes les signes auxquels ils peuvent distinguer les es- pèces ; et les plus sûrs se trouvent généralement dans la forme et dans la couleur de la racine. Ces caractères sont perma- nents et guident le cultivateur Hindou ; mais je crains d’être blâmé par les botanistes pour m'être écarté de la règle de Linné, qui défend de se fier à la couleur. En ce cas, ils de- vront considérer les D. globosa, rubella et purpurea comme des variétés d’une même espèce, ce à quoi je consens volon- tiers, s'ils trouvent que ce soit une méthode meilleure que celle que j'ai suivie. D. pulchella K. 8. Tubercules presque ronds, assez petits. Originaire de Ghittagong, et si exactement semblable au D. crispata qui va suivre, qu'on ne peu l’en distinguer que par sa peau, parfai- tement douce et lisse, et ses branches colonnales, qui ne pré- sentent pas la moindre apparence de côtes ou de nervures. Il fleurit à la fin de la saison des pluies dans le Jardin botanique. 390 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION, D. crispata R. 9. Grande et élégante espèce, originaire de l’intérieur du Bengale, et introduite par le D' Carey, en 1798, dans le Jardin botanique, où elle fleurit pendant la saison des pluies. Racines tubéreuses, à peu près rondes et petites relalive- ment aux grandes dimensions de la plante, avec des fils nom- breux, rameux, ténus, sortant de toutes les parties du tuber- cule... Comme les pommes de terrre, les vieilles racines périssent lorsque les nouvelles sont formées... Tubercules axillaires, souvent nommés bulbes, et, dans cette espèce, à la fois nombreux et gros, et pouvant servir à la reproduction. D. anguina R. Beng. Kookoor-aloo. 10. Tubercules cylindriques. J’ai trouvé cette espèce à l’état sauvage dans les bois voisins de Calcutta. Elle fleurit à la fin des pluies. Sa racine n’est pas très estimée, quoique les pauvres gens la mangent lorsqu'ils sont pressés par la faim. D. nummularia Willd., IV, 792. Hind. et Beng. Shora-aloo. 11. J'ai pris d’abord cette espèce pour le D. opposihfolia ; mais, en trouvant quelques vieilles plantes ligneuses et ar- mées de nombreuses et fortes épines, j'ai acquis la conviction qu'elles appartenaient à une espèce très différente. Elle est originaire des bois voisins de Calcutta. Elle fleurit à la fin des pluies. Sa racine parait être impropre à l'alimentation. D. glabra R. 12. Tubercules petits, subfusiformes, originaire de SilheL. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 291 D. heterophylla KR. 13. Originaire de Pulo-Pinang et des Moluques. D. oppositifolia Willd., IV, 797. Teling. Ava-tenga-liga. 14. Spontané dans les terrains secs, parmi les buissons, sur la côte de Coromandel. Fleurit pendant la saison des pluies. Les indigènes mangent ses racines. D. tomentosa Kôüen. mss. 15. Racine tubéreuse, vivace, de la forme de l’Igname commune ; succulente et exigeant pour sa préparation moins de soin que celle du D. triphylla. D. dæmona Roxb. 16. Cette espèce, très distincte, est originaire des forêts de Goruckpore et aussi des Moluques. Des plantes de ces deux origines sont en ce moment sous mes yeux dans le Jardin botanique de Calcutta, où elles prospèrent et fleurissent vers la fin des pluies. Leurs racines sont horriblement nauséeuses, même après avoir été bouillies. D. pentaphylla Willd., IV, 789. Beng. Kanta-aloo. 17. Je n’ai trouvé cette espèce qu'à l’état sauvage, quoique sa racine soit grosse, blanche, considérée comme très salubre, d’une saveur agréable e mangée par les indigènes. (4 suivre.) Il. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. SUR LA QUESTION DU REBOISEMENT DANS LE TERRITOIRE DE COMMANDEMENT DE LA DIVISION D’ALGER RÉDIGÉ par le Bureau divisionnaire des affaires indigènes d’Alger. (Suite.) NOTE SUR LES PLANTES LES PLUS UTILES QUE L’ON TROUVE DANS LA RÉGION DES HAUTS PLATEAUX ET DU SAHARA DE LA PROVINCE D’ALGER Nous placerons en première ligne trois plantes qui dans plusieurs régions forment presque la nourriture exclusive d’une notable quantité de pauvres indigènes, particulière- ment au printemps, lorsque les grains étant devenus rares et la moisson nouvelle n'étant pas encore mûre, les nécessiteux en sont réduits aux expédientis pour vivre. Ces trois plantes sont les suivantes : 4° Le KorCHEr ou Artichaut sauvage (Cynara humilis). Cette plante croît en très grande abondance dans les ter- rains susceptibles de culture. Elle appartient plutôt à la région tellienne qu’au Sahara; toutefois on la rencontre encore dans de nombreuses tribus de la division d'Alger et elle est d’un précieux secours aux malheureux. % Le Kroggeïz ou Mauve (Malva parviflora), dont les tiges tendres servent aussi de nourriture aux pauvres gens. Cette plante abonde dans toute la division, elle devient arborescente à Laghouat. 9° Le GugTar, de la famille des Chenopodées (4 triplex halimus de Linné), que l’on trouve dans toutes les tribus de la division. Cette plante sert aussi de nourriture aux Arabes, qui en font cuire les feuilles et les accommodent à la façon des épinards. Elle est d’ailleurs très recherchée par les chameaux à cause de sa saveur saline. Les chevaux la mangent également. QUESTION DU REBOISEMENT. 393 Les plantes les plus appréciées pour les troupeaux sont, après celles-ci : Le Cain (Artemisia alba), sorte d’Armoise ressemblant quelque peu à une bruyère. Cette plante, très odoriférante, est très recherchée des moutons, des chameaux et même des chevaux. L’Acra (Slipa lenacissima), qui est mangée par tous les animaux, est surtout précieuse comme plante textile ; son usage se répand de plus en plus dans l’industrie, elle s’ex- ploite dans la division d’Alger sur 220 000 hectares ainsi ré- partis : Boghar, 170 000 hectares ; Chellala, 20 000 hectares ; Djelfa, Laghouat, Aumale, 30 000 hectares. Bou-Saâda (la commune indigène est en pourparlers avec un industriel pour la location de ses alfas). Le DriNn (Aristida pungens Desf., Arthraterum pungens O. d. B.), plante très estimée des bestiaux, croît dans les sables, où elle atteint quelquefois 2 mètres de hauteur; elle conslitue le seul vrai fourrage du Sahara. Le Senxok (Lygeum spartum Linné), qui ressemble à l’alfa et pousse plus particulièrement dans les oueds. Elle est médiocre comme fourrage, mais les Arabes la rouissent et en font d'excellentes cordes. Le GounpaL (Anthyllis tragacanthoides Desf.). Les Ara- bes, avant de la donner aux chameaux qui en sont très friands, la passent au feu pour la débarrasser de ses épines. Le RereM (Retema Ræœlem), espèce voisine du Genêt d’Es- pagne, qui forme un véritable arbrisseau de 2 et 3 mètres de hauteur et constitue le seul bois de chauffage de la Chebka et d'Ouargla. Le Dyez (Salsola soda), dont les chameaux sont très friands. L’ADJEM (Stipa parviflora), graminée qui constitue un four- rage passable pour les chevaux. Les meilleures herbes pour les chameaux sont ensuite : Le Damran (Traganum nudatum Delile), le BAGuEL (Anabasis articulala Moq.), le DJELNA (Gymnocarpum fru- 394. SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. bicosum Pers.), PARFEDI (Rhaulerium adpressum Coss.), le Nessi (Aristida oblusa Delile), le Nenyeiz (Bromus), le Ganpan (A nlirrhinum ramosissinum Cosson et D. R.). Citons encore : Le Zeira (Limoniastrum Guyonianum), que certains mé- decins arabes emploient comme remède dans les maladies scorbutiques. METENANE (Passerina hirsuta), dont les feuilles sont utili- sées par les Arabes comme remède pour les aux d’yeux des animaux et médicament pour les plaies. HARMEL (Peganum harmala), dont les graines servent à préparer un onguent pour les douleurs rhumatismales. Comme végétation arborescente, nous citerons : le Pix D’ALEP, le CHÊNE verT, le BETOUM, qui servent ou peuvent servir de bois de charpente et de chauffage. Le Betoum produit en outre un fruit de la grosseur du pois renfermant une amande amère et un peu acide que les Arabes mangent après l'avoir fait griller. [ls en retirent encore une huile que les femmes emploient pour leur chevelure. Le Betoum produit une résine blanche très odoriférante, qui n’est autre que la térébinthe. Le GENÉVRIER, d’où les Arabes tirent leur goudron, sub- stance précieuse employée par eux comme médicament pour les hommes et les chameaux. — REMARQUE. Après la tonte des chameaux il est d'usage chez les Arabes de goudronner entièrement les animaux tondus. Ils en enduisent leurs peaux de bouc et les récipients en alfa tressé destinés à con- tenir l’eau. Le CEpRA, Jujubier des Lotophages (Zizyphus ou hamnius Lotus), arbrisseau qui peut s'élever à 3 ou 4 mètres et atteindre 1 mètre à 1,20 de circonférence; son bois, très doux, peut être employé dans l’ébénisterie, il fournit un ex- cellent chauffage et un charbon très estimé. Son fruit, jaune rouge, de la grosseur d’une cerise, est doux et sucré ; les no- mades le mangent frais el, quand il est très see, ils font avec la pulpe une sorte de farine. Les branches tortueuses et garnies d’aiguillons du Jujubier QUESTION DU REBOISEMENT. 999 sont universellement employées pour former l'enceinte des parcs, voisins des tentes, où les Arabes renferment leurs troupeaux pendant la nuit. Nous citerons encore le Laurier rose, dont les branches sont employées dans certaines régions par les indigènes pour confectionner des sortes de corbeilles formant mangeoire pour les chevaux. Le Tamarix (Tarfa des indigènes), qui sert de combustible, mais médiocre. INDICATIONS SUR LES ESSAIS DE REBOISEMENT/, FAITS DEPUIS L'ANNÉE DERNIÈRE Nous avons indiqué d’une façon générale en parlant des forêts de Djelfa et des daïas de Laghouat les mesures prises dans la division d’Alger pour assurer la conservation des boi- senrents existants ; nous dirons ici quelques mots sur les essais tentés dans le but de créer de nouveaux boisements. CERCLE DE BOGHAR Cinq pépinières ont été créées : 1° Dans un terrain dépendant du bureau arabe ; 2 A Harmela, à côté de la propriété du bach-agha Ben- Yahya-ben-Aïssa du Tiltery ; 9° À Aïn-Bou-Sif, près d’un ancien bord) ; 4 À Sidi-Ali-ben-Malek, dans le Tittery; 9° À Aïn-Oussera, près du caravansérail. On y a semé plusieurs variétés de Pins et d’Acacias, des Frênes, des Cèdres et des Cyprès. Les semis du bureau arabe paraissent avoir seuls réussi. À Aïn-Oussera on a en outre planté plusieurs centaines de Betoums, de Saules et de Peupliers, qui viennent très bien jusqu'à présent. ANNEXE DE CHELLALA Une pépinière a été créée à Chellala, sur un terrain com- munal. On y a transplanté de nombreux pieds d'arbres de 396 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. diverses essences, notamment des Sycomores, des Vernis du Japon, des Müriers, des Platanes, des Peupliers, des Krênes, des Chênes, etc.; on a aussi planté 300 pieds de Vigne. Le tout a très bien réussi. Des semis d’arbres forestiers indigènes et d'Eucalyptus ont également été faits au même point. En outre plusieurs pépinières ont été établies pour semis de Pins d'Alep, notamment : À Aïn-Fédoul, dans les Zenakra-el-Gourt ; À Aïn-Belballa, dans les Oulad-Tabet ; À Ksar-ben-Hammade et à Ojla-Smir, tous deux dans les Oulad-Ahmed-Recheïga ; À Tagguin, dans les Meggan, et en cinq endroits du ksar de Chellala. 9000 boutures de Saules, Müriers, Figuiers, Abrico- tiers, etc., ont été plantéesà Tagouin, Ain-Kradra, Bel-Kreïtar, Aïn-Fudoul. Les semis et boutures paraissent avoir assez bien réussi Jusqu'ici. CERCLE DE DJELFA Des pépinières ont été créées à Messad, à Zenina et au ksar Ben-Yacoub ; dans les deux pépinières on a semé des Pins d'Alep, des Acacias et des Cyprès. Ces semis paraissent avoir réussi. À Ben-Yacoub on a semé des Cèdres, qui n’ont pas levé. À Mouila, sur la route de Bou-Sañda, on a planté 3000 bou- tures de Saule et de Peuplier, qui ont bien pris; on a semé sur le même point des Pins d’Alep, des Cyprès, des Frênes et des Acacias. Enfin, à Djelfa même, où il existe une pépinière d’ancienne création qui fournit principalement des arbres fruitiers, on a semé des essences forestières; de plus, le long de la rivière, sur une longueur de 3000 mètres, on a planté 2000 bou- tures de Peuplieret de Saule, qui prospèrent d’une manière remarquable. CERCLE DE LAGHOUAT Les essais de reboisement ont été tentés à une dizaine de QUESTION DU REBOISEMENT. 997 kilomètres au sud-ouest de Laghouat sur deux parcelles d’une étendue totale de 263 hectares, connues sous le nom de Oued-el-Aroug et Oued-Messad, où il a existé autrefois un orand nombre de Betoums et où l’on rencontre encore une certaine quantité de Jujubiers sauvages. Nous avons dit ailleurs que le Betoum devait pousser dans les touffes de Jujubier sous peine de périr par la dent des troupeaux ; l’intérieur des toulfes a été préalablement ameu- bli, puis on a semé de la graine de Betoum achetée au MZab. En même temps une pépinière a été créée à El-Krenesg ; on y a semé des Betoums, des Pins d'Alep, des Pins maritimes, des Thuyas et des Caroubiers. Ces divers semis ont été mis sous la garde d’un gardien de daïas, installé au Kreneg, et les terrains ensemencés sont ré- oulièrement protégés par un arrêté de mise en défends. Les semis de Betoums faits directement n’ont pas donné de résultat appréciable : ils avaient été faits un peu tardivement et d’ailleurs les rats et les gerboïses. très friands des graines de Betoum, leur ont causé un grand préjudice. En revanche, les Betoums semés à la pépinière d’EI-Kreneg et à celle de Laghouat ont parfaitement réussi et de dix à quinze mille sujets pourront être transplantés à la saison favorable. D'un autre côté 190 pieds de Betoum environ, venus naturellement dans les jardins de Laghouat, ont été transplantés à Kreneg et y ont repris en grande majorité. Cette année toutesles graines de Jujubier et de Betoumqu'on pourra recueillir seront conservées pour être semées: les Jujubiers dans les daïas qui en manquent et les Betoums par- tout où on trouvera des buissons de Jujubier suffisants pour protéger le jeune plant. Un instrument particulier est à l'étude pour arriver à faire facilement les ensemencements à l’intérieur des massifs de Jujubiers, dans lesquels 1l n’est pas possible de pénétrer. La pépinière de Laghouat a été rendue à sa véritable desli- nation ; on y fait des plants de bonnes espèces d’arbres frui- tiers et on y a effectué des semis assez importants d'arbres forestiers, qui poussent avec vigueur. 398 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Pour arrêter les sables qui menacent d’envahir les jardins de Laghouat du côté de l’ouest, on a mis en défends un bou- quet de Tamarix qui existe de ce côté et témoigne une grande puissance de végétation. Cet arbuste, qui constitue un des meilleurs obstacles à Pen vahissement des sables, va être propagé du côté menacé par- tout où on lrouvera un terrain suffisamment frais pour qu'il puisse réussir. Dans la prairie de Tadmit, arrosée au moyen d’un barrage établi sur l’oued, 2000 boutures de Saule et de Peuplier ont été plantées et se développent. CERCLE DE GHARDAÏA Dès que le MZab a été définitivement réuni à Algérie, une pépinière a été créée par les soins du commandant supérieur de Ghardaïa. Un terrain acquis par la commune indigène de Laghouat a été nivelé, divisé en plusieurs planches et arrosé par l’eau extraite des puits au moyen d’une canalisation ren- due étanche par du ülchent (sorte de plâtre que l’on trouve dans le pays), des graines d’arbres fruitiers et d'arbres fores- tiers y ont été semées; loutes lèvent en foule et montrent une srande vigueur; elles comprennent des Betoums, des Pins de diverses sortes, des Acacias, des Cèdres, des Euca- lyptus, des Genévriers, des Chênes verts. Pour protéger ces jeunes plants contre les rayons d’un soleil trop ardent, Bou- Sañda a fourni 10000 Roseaux et Djelfa a donné les branches des arbres destinées au sciage, pour servir de montants. De nombreuses boutures d'arbres fruitiers ont également été plantées dans la pépinière pour être plus tard greffées et on y a transplanté un certain nombre d’arbres résineux, provenant de Bou-Sañda, qui paraissent devoir réussir. | Déjà quelques semis de Pins ont été faits au pied de la mon- tagne dans des trous creusés à cet effet ; s’ils ne poussent pas, on y mettra de jeunes plants. Des transplantations seront aussi faites dès l'hiver prochain sur différents points de la montagne. Des semis de Betoums ont encore été faits dans l’oued Necça à Hassi-Rebib, et à El-Hachama ; enfin de petites pépinières ont été créées à Berryan, à Métlihi et à Ouargla. QUESTION DU REBOISEMENT. 309 CERCLE D'AUMALE Dans le cercle d’'Aumale on a fait des semis de diverses espèces forestières au pénitencier agricole d’Aïn-Si-Belkas- sem ; tout a levé, sauf les Cyprès. Diverses pépinières ont en outre été créées dans les tribus ; à Aïn-Chebouba, dans les Oulad-Msellem, on a semé des Cèdres, des Pins d'Alep, des Frènes, des Cyprès et des Acacias: les Pins et les Gyprès ont seuls réussi. À Chellala, dans les Adaoura, on a semé les mêmes arbres, mais rien n’a levé ; à Aïn-Tolba, dans les Oulad-Sidi-Missa, on a semé des Pins d’alep et des Frênes, qui ont réussi; à Djenan-bou-Hamara, aux Oulad-Si-Amor, les Pins d'Alep ont très bien réussi. Enfin à Aïn-el-Hadjel, dans les Sellamates, les semis de Pins d'Alep n’ont rien donné. CERCLE DE BOU-SAADA Dans le cercle de Bou-Saâda, des semis importants ont été effectués dans la pépinière de la commune mixte : l’Acacia lophanta, le Pin d'Alep, le Frêne ont complètement réussi, les autres graines n’ont donné aucun résultat. Des semis directs ont été exécutés sur les dernières pentes du Djebel-Kerdada ; on y a mis des Pins d'Alep, des Chênes verts, des Acacias ; par suite de la sécheresse qui a régné dans le pays et qui a anéanti cette année les récoltes dans la ré- glon, aucun de ces semis n’a réussi. À Daïat-Sidi-Alia, sur la route de Bou-Sañda à Aumale, on a planté 255 Pins et 25 Genévriers sur une superficie d’un hec- tare. On a en outre fait au même point des semis de Pins, d’Aca- cias et de Ricins. Ces essais ont échoué à cause de la sécheresse. De tout ce que nous venons de dire, il résulte que les ten- tatives de reboisement dans le territoire de la province d’Alger n'ont encore produit que des résullats incomplets ; mais avec de la persévérance, il pourra être fait bien davantage, l’hiver prochain, surtout si les ressources pécuniaires sont moins restreintes et si les graines, qui font défaut, arrivent en plus grande abondance. 400 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. VARIÉTÉS DE PALMIERS CULTIVÉS a = É NOMS DES PALMIERS NOMS DES DATTES APM ATOUT ET LT CLS APIMHElOUA EE PAPA PRE NPER REE SMMLoun=el=-Helouar. At eue fRoum BINtHeloua ee PRE ER DPI RAS dite EPA UR Nee er RATS OR Le ste A IAE AAIDecletiNoUR Er ee beC ed RENTE SDeclet NOUR-=F ue rer CEE 5ilNakhelet Zian- #1... "CE. Nakhelet/zran- ACER CE ERERRE G'AMELARATIAT NE LEA Lula El RAUTAR EE dit OL ATOS HANBIAHON Al EEE Cr rCCE Te Tee MAD ED TERMS ML ASE ce 8 | 'Helouet Rire. ANA PES MUECSE APIMHOUCEA RIT... 0 CCC TEREE OMMESSouhonbiter cire. ARE Es Souhoule (Retob)........... AO PT ada la er RONA METRE FTadalatéree ST. RELNOARRRME d AAPANEAHaMTATA EP PART. PAT ee El Hamraïa (Retob).. 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QUESTION DU REBOISEMENT. 401 DANS LES OASIS DU SUD RENSEIGNEMENTS DIVERS D NT Le Palmier de cette espèce est grand et mince, la datte est moyenne, très douce, couleur jaune doré et bonne à manger. Arrivé à maturité au mois d'octobre. 12 régimes, Palmier du même genre. 12 régimes. Datte beaucoup plus petite, bonne aussi, mürit en octobre. Palmier moyen. Dattes molles, brunes se mettant en pain. Dimension de cette datte (entre les deux premières espèces), müûrit en octobre. Palmier de 3 ou # mètres seulement de hauteur. Fournit 6 ou 8 régimes de bonnes dattes. (C’est la datte de Biskra.) Palmier de taille moyenne. Datte brune de taille moyenne, bonne. 12 à 15 régimes par Palmier. Palmier de taille moyenne et a de gros nœuds. 8 à 10 régimes. La datte est très bonne, brune, juteuse et laissant tomber son suc comme du miel (disent les Arabes). Palmier de taille moyenne. 10 à 12 régimes. Datte jaune clair. Grande, sèche. Palmier provenant de lOued-Rhir. Taille comme le premier. Datte sem- blable, mais beaucoup plus petite. Couleur rouge clair. Palmier de grande taille ayant beaucoup de branches. 13 à 15 régimes. Datte blanche assez estimée. Palmier petite taille. Datte grande, blanche, sèche, très préférée par les Arabes. Palmier moyenne grosseur. Datte grande, rouge. 10 à 12 régimes par Pal- mier. Palmier de taille moyenne. 12 à 13 régimes. Datte couleur café au lait, grande et très bonne. Palmiers très espacés les uns des autres. Palmier moyenne grosseur de tronc et de branches. 12 à 15 régimes. Datte longue, très serrée, blanche, sèche. . Palmier moyen trop gros. 10 à 11 régimes. Datte très grosse, vert-olive, très bonne. Palmier très grand, moyenne grosseur, Datte blanche, sèche, cassant sous la dent. 13 à 15 régimes. Palmier élevé. 12 à 13 régimes. Dalte longue, fendue et crevassée, bonne à manger. Palmier gros et élevé. 16 à 17 régimes. Blanche, longue, à saveur légère- ment acidulée, ayant le goût du lait de chamelle, Palmier de taille moyenne, gros. La datte est noire et ronde, douce. Palmier élevé et mince. Datte verte. Taille moyenne, sucrée. Palmier grand et gros à palmes très fortes. 15 à 20 régimes. Datte blanche, sèche. Palmier ressemblant au précédent, gros, a beaucoup de palmes. 14 régimes. Datte molle, jaune, rouge, moyenne. Palmier à tronc très gros et élevé. 20 à 25 régimes. Datte rouge, molle, grosse. Palmier élevé, mince. 7 à 10 régimes. Datte verte, sèche, moyennee Palmier élevé, grosseur moyenne. 10 à 13 régimes. Datte rouge, longue, molle. MES 1 Palmier élevé, moyen. 8 à 10 régimes. Datte rouge, moyenne, sèche. Palmier élevé, moyen. 10 à 12 régimes. Datte en forme de fève, jaune tachée comme la fève, petite. Les autr?s veulent être mangées de suite et ne se conservent pas. 4 SÉRIE, T. I. — Avril 1884. 96 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. NOMS DES PALMIERS ———————————————— EINMecheco ace PPer PE EE CCC" Mo sesoobance dons ous 0 GheDhata se MERE HISMOUM er Arr PRET TRE ER hara tar RE AN RER Nakhelet Kholeifs "te" "Cie HMechterka eee EEE ECC ROUS ele BEL Al ENNENENSPERM ENT EMPelhel re eee EME PERCÉE EL Deglafas.. "000. eu. ee Baar el Djahch................. HISRRITA MAMMA PME CECER EC RIM aa la Rate ee ee ARE LE Na Ne le SET er EE EEE EE Ratbet el teben....... QE RAA PE CHA A ee PARU SRMREPR LIENS SSI A ER ET EURE TAN SE ARE Dom CROUILRAANEEMRAENIETENNNAE Semne'el Moftah 77m ELMT AT ARR AERN Re. HIT AEURS Baar tel MANIERE SEAT Er AROTD A AE ul us Defar el Rat MR NP LAC El Merabta-Kheïra ............. Te To ee SL AA RE RE Rothet Zin-ed DIN EME TETE 1e LS Be tnee AIO A LRS SAELIUES Euch-el-Adjour.......: -...... HIVASTAT ASS PAT PE ERA ASSab ed DID ee CPP PSROUTR ERA PEER PE RSPAEAPEE Nakhelet-ed=-Dour,......... Nakhelet el Mekouana.......... El Megrounat..:.......... Oum Oudjihat................. NOMS DES DATTES El Moumena (Retob)........... El Kharaïa (idem)............. *Ed Deguel el Hor...........- *Baar el IDE OS DEEE co 0 2 Die een semer bonté ose se *Deguel *Oum Chouika (Deguel)......... *Senine CL MONANEE AE EE BlEMrara (Desuel) CPC PRRre HBaar CL Maar ECC CCE FEMRGLOD EEE A RNA ÉDelar-el-RAT TER PEER AE EEE *Deguel *Deguel *Deguel CR CCC QUESTION DU REBOISEMENT. 403 PEER D NOMS DES PALMIERS —_————————@> mm, Palmier moyen, tronc gros. 10 à 12 régimes. Datte blanche, sèche. Palmier moyen, gros. 8 à 10 régimes. Datte longue et grosse, verte, molle. Palmier élevé, gros. 7 à 8 régimes. Datte rouge, taille moyenne, sèche. Palmier moyen. 6 à 7 régimes. Datte vert foncé, moyenne, molle. Palmier gros, taille moyenne. 12 à 15 régimes. Datte rouge, jaune, moyenne, sèche. Palmier moyen de taille et de grosseur. 8 à 12 régimes. Datte jaune, moyenne, sèche. Palmier très gros, taille moyenne. 8 à 12 régimes disposés en éventail. Datte grosse, verte, blanche. Palmier élevé, gros. 13 à 14 régimes. Datte verte, petite, ronde, sèche. Palmier gros, moyen, beaucoup de palmes. 8 à 10 régimes. Datte grosse, verte, sèche. Palmier élevé moyen. 10 à 12 régime. Datte moyenne, jaune, sèche. Palmier petit gros. 10 à 11 régimes. Datte petite, rouge et ronde, sèche. Palmier moyen mince. 6 à 7 régimes. Datte verte, mauvaise, se donne aux animaux, mais ne peut se garder. ; Palmier élevé, mince. 15 à 20 régimes. Datte jaune, moyenne, sèche. Palmier bas, grosseur moyenne. 10 à 12 régimes. Datte petite, jaune, molle. Palmier élevé, gros. 13 à 15 régimes. Datte longue, rouge, ni molle, ni sè- che, très bonne, achève de mürir après avoir été cueillie et sur la paille. Palmier moyen. 10 à 13 régimes. Datte moyenne, rouge, blanche, sèche. Palmier gros et moyen. 12 à 13 régimes. Datte moyenne, rouge, sèche, très hâtive, mürit en septembre. Palmier mince, moyen. 7 à 8 régimes. Datte petite, jaune, sèche, bonne, à la base terminée en piquant. Palmier élevé, mince. 8 à 9 régimes. Datte verte et mince, ressemble aux dents de la clef arabe. Palmier gros, moyen. 10 à 12 régimes. Datte moyenne, verte, molle, bonne. Palmier moyen. 15 à 17 régimes. Datte petite, rouge, ronde (forme de cro- tin de chèvre), sèche. Palmier moyen et mince. 10 à 12 régimes. Datte petite, verte, molle. Palmier petit et gros. 10 à 12 régimes. Datte blanche, longue (en forme de griffes de chat), sèche. Palmier élevé, gros. 12 à 13 régimes. Datte jaune, moyenne, très bonne, sèche. (Les Arabes de Bou-Saàda ont une espèce de vénération pour ce Palmier qui domine la ville; ils lui attachent des mouchoirs, chiffons de toutes espèces au tronc et aux branches. Palmier pousse en touffe (3 ou 4 palmiers du même tronc, pas très gros, 11 à 12 régimes chacun). Dattes jaunes, moyennes, sèches. Palmier moyen. 8 à 10 régimes. Datte longue, rouge jaune, molle. Palmier gros, moyenne taille. 7 à 8 régimes. Datte grosse, longue, blanche, molle. Palmier moyen, réuni en touffe ayant beaucoup de palmes. Datte moyenne, blanche, sèche. Palmier moyen, gros. 10 à 12 régimes. Datte moyenne, rouge couleur miel, molle, ne se garde pas, sèche. Palmier élevé. 12 à 15 régimes. Datte mince, longue, jaune. Palmier moyen, gros. 10 à 12régimes. Datte moyenne, rouge couleur miel, ne se garde pas, sèche. Palmier moyen. 8 à 10 régimes. Datte jaune, moyenne, sèche. Palmier moyen. 10 à 12 régimes. Datte moyenne, ronde, jaune, sèche. Palmier élevé, gros. 10 à 10 régimes. Datte moyenne, jaune, sèche, tardive, mürit en dernier lieu. Palmier petit, gros, 8 à 10 régimes. Datte longue, jaune, rouge, sèche. 404 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. A £ 5 NOMS DES PALMIERS NOMS DES DATTES | =] J 62 1|(Guerndlemarae el Me RL FRhadriitter seb a es RER | GAL BenRQUKA SEE MORT SAN MRelOD. 2282 9484 Hate 0 CRE 64 'ElMechaDéslat "nee En ADeguel #4. ts tire 65 0Oumelrouabee RM RC ÉDegueliA et: Pa Re G6MINakheletthatma "Peter Er *Deguel cer RTE. C0 ER IREKIKA EE ANT ER HN CRIE *Deguel. sf. 28. 2100 GS AMEL Mouadmate RE EEE FDegueler 4419. re ee 69 |El Euch-el-Messous............ Retobt 5 Li rats Aa eee TOM IPIERRASSASSA EEE EEE ECC CET FDeguel.".:...... Lee seb AM PA Onda M RERET SARME EME. fDeguel ?. LL ee Me EME 72 | Djeloub-el-teb................. RetoD Seat MOI RE 73 NElMalRat(Malha) FE SAP TE Deguel t.19044e0 289921 Nm HA ul Aïn=el=Fas sn nt HEC FAïn=el=Fast is. sit 200 THMIGROUSARr ARENA AOC EC EEE Decuelsas aus. entfe HMS 764 DemaettellKelhinas. HAE A Deguell.£ ie LE ed HMS e LE KATLOUDANN AMEN PPTEEE SIISEEKAROUDE- AE CE TSAINEIMDAGD a RE ERREUR. AD'eguel sr. ARMES ANT: CE IR 79 | Nakhelet Oum Hami............ *Deguel....... fente 58H HER 80: |'R’ar-el-Gueltouta ...........2. Decuel.#. "1840. Ves ti AMEN SAM APIEMASUeDAlA REC EEE CEE. Retob.- res: ae. HN Are. 82 |El Meufoukha.......... MAIS 6 Kara (Retoh) ET RIRMEE SSP OLMIOUTRE ET UE. tr NN *Deéguel er He tte 84 |:SakteldRieral ie 2H. one Retohil atrths bi Hour. 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EPA NAMRERE 102 |Er Rotba-el-Kabela............ Retob. 2.4.0. AMOR 103 2} Tazaouti et 20e HAL MEN. R'etoh}2.85 22 JAUNE ARINRRRRL QUESTION DU REBOISEMENT. 405 CE A RENSEIGNEMENTS DIVERS ——_—_————p—p—— Palmier très gros, petit. 6 à 7 régimes. Datte grosse, verte, sèche. Palmier élevé, gros. 9 à 13 régimes. Date longue, jaune rouge, molle. Paimier élevé, moyen. 12 à 15 régimes. Datte longue, jaune, sèche. Palmier élevé, gros. 15 à 22 régimes. Datte moyenne, blanche, sèche. Pal- mier unique à Bou-Saàda ; il y en avait deux, l’un est tombé. Palmier moyen. 6 à 7 régimes. Datte longue, jaune clair, molle. Palmier moyen, de taille mince. 7 à 8 régimes. Datte longue et mince, jaune, sèche. Palmier moyen et gros. 12 à 13 régimes. Datte moyenne, grosse à la base, réunies 2 à 2, rouge jaune, sèche. Palmier petit. 10 à 12 régimes. Datte ronde, jaune, non juteuse, médiocre, sèche. Palmier petit, mince. 6 à 7 régimes. Datte grosse, verte, mauvaise, se donne aux animaux, sèche, reste à la gorge et fait tousser. Palmier élevé. 13 à 20 régimes. Datte longue, verte, sèche. Palmier moyen. 10 à 11 régimes. Datte moyenne, verte, molle, ayant beau- coup de peau. Palmier élevé, de grosseur moyenne. 6 à. 8 régimes. Datte ronde, rouge, sèche. Palmier élevé, moyen. 10 à 12 régimes. Datte grosse, verte, molle. Palmier moyenne taille, gros. 15 à 18 régimes. Datte moyenne, jaune, sèche. Palmier moyen. 10 à 13 régimes. Datte ronde, blanche, sèche. Palmier moyen. 10 à 12 régimes. Datte longue (ressemblant à la graine de la caroube), jaune, sèche. Palmier gros, moyenne taille. 8 à 10 régimes. Datte moyenne, verte, sèche. Palmier mince, moyen. 12 à 15 régimes. Datte longue, jaune, sèche. Palmier moyen. 5 à 7 régimes. Datte moyenne, jaune foncé, sèche. Palmier gros et petit. 10 à 12 régimes. Datte grosse, verte et blanche, molle. Palmier gros et petit. 10 à 12 régimes. Datte grosse, ronde, verte, molle. Palmier élevé, moyen. 7 à 10 régimes. Datte longue, mince, jaune, verte, sèche. Palmier mince, peu de palmes. 3 à 4 régimes. Datte longue, molle. Palmier moyen. 6 à 8 régimes. Datte longue, rouge, molle. Palmier gros, moyen. 10 à 12 régimes. Datte moyenne, noire, molle. Palmier moyen. 6 à 7 régimes. Datte grosse et longue, verte et noire, molle. E Palmier moyen. 9 à 13 régimes. Datte grosse, ronde, verte, molle. Palmier élevé, gros. 10 à 12 régimes. Datte grosse, blanche, sèche. Palmier long, gros. 8 à 10 régimes. Datte ronde, sèche, jaune, donne la soif. Palmier élevé, gros. 18 à 20 régimes. Datte longue, molle. Palmier moyen, gros. 7 à 8 régimes. Datte longue, blanche, sèche. Palmier moyenne grosseur. 10 à 12 régimes. Datte moyenne, rouge foncé, molle. Palmier long, mince. 12 à 15 régimes. Datte jaune clair, moyenne, molle. Palmier élevé, gros. 13 à 14 régimes. Datte grosse, jaune clair, hâtive. Palmier gros, petit. 7 à 8 régimes. Datte verte, très sèche. Palmier petit. 40 à 12 régimes. Date blanche comme des œufs de pigeon, molle. ; Palmier gros, élevé, beaucoup de branches, ne donne pas de dattes. Palmier petit, gros. 8 à 10 régimes. Datte longue, jaune, sèche. Palmier élevé, gros. 8 à 9 régimes. Datte grosse, molle, verte. Palmier moyen. 12 à 15 régimes. Datte ronde, petite, verte, sèche. Palmier élevé, gros. 7 à 8 régimes. Datte longue, grosse, jaune, rouge à la base, molle. Palmier gros. 10 à 12 régimes. Datte jaune, grosse, sèche. 406 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. [es] LA [=] S NOMS DES PALMIERS NOMS DES DATTES ALES 104 | Rotbeld-el-Madjen.............. Retobsah ins der ar Aa 105 1Nakheletelpeft ter Re DES UE A TRE CEE LCL LEE 106 PBARhammadias "+ ÆrrAr Ce R'efoD+. 22 Re CALE 107MIPESISeTacha EEE EC ETE EE FDestel os RSS EE EL 1DSASeDAAa Bedraaeee Lee re Denver er CE CCE CCC DOME dbra RE Eee EC Le ADCQUOS PSS ER MAX ne 0e 110. | Er Rotb-er-Safra............... RelObDE PEER ET ER PERCÉE CCE CEE LME TM CnIAt CPR MERE EEE TEE RéloDS RE. dt crc ee A2 PAM ATEDOUPAT ONE EEE CEE CEE HDeouel Eee c ter OneeEES ON EKERNNEe ZA PREE EP ER E ET ELLE FDeguel, dents ue ve RS ANIME lPANSINAUEEPRRE EPP CCR RE Fheguele fr en. LAC CNED 115 | Nakhelet Ras el Ford........... ADEME EE CE CE LLC LELEAECES lIGMIBar= Bel Re teen ÉDESUCl REA EEE EEE CET ELE ETES LTMIENakhele Er NOUNEE EP ERPERE CEE Retobii st Rec tiE 1MSM I /Rotbeties Sata EEE Eee R'etOD ANRT RS EE 119 NESDaa el ArOUS ER REE ECC cer R'ELODE TER ÉE EEE LECIPERE 120M PE UuchReROUAAA EE PET PENEEE R'ELOD ER EE RER EC 191//SehemielMAgherah ee "rer *Decuels vertes nice alREl 192% Keraïn Medieddel:5"....... DévUel M MU ue eee ee Ie ETS IS M AFIMEREUTICRA PERRET PEER Er R'ETODP AR ETES ES LEP 124 | El Euch-el-Akehal ............. SDÉQUCLASEREME PE CEE EE CCCECES 125 EPA deNAN ONE PERE EP EEE CE EPA TeNNNOUTIE EEE Crete 1260 |BufMenelSra EEE ee ee FDeouel- RES CEE CEEC 1ATNINEIERODANAREREEEPET CEST ICE ADESMONML EE Rae e ane ce 128 |Senin-el-Oussif................ Retoprer. SAME EE CREER 129 OumiesSonale EEE EEE ere Deguele-RETE LE RALERR ee 130 | Nakhaiet Aïcha bent Salem..... OURS > han en bshndtoue, c QUESTION DU REBOISEMENT. 407 RE RENSEIGNEMENTS DIVERS Palmier petit. 10 à 14 régimes. Datte longue, vert foncé, molle. Palmier moyen. 10 à 12 régimes. Datte mince, jaune, molle, fort usitée dans la cuisine arabe, mürit très tard. Palmier élevé, gros. 7 à 8 régimes. Datte jaune pourri. Palmier élevé gros. 12 à 15 régimes. Datte jaune, sèche, ne nourrit pas et se donne aux animaux. Palmier élevé, gros. 10 à 12 régimes. Datte longue. 7 dattes forment 0",50 en longueur, verte, sèche. Palmier élevé. 7 à 8 régimes. Datte moyenne, jaune, rouge et blanc, sèche. Palmier élevé, moyen. 7 à 8 régimes. Datte longue, jaune clair, molle. Palmier petit, gros. 8 à 12 régimes. Datte longue, grosse, molle (unique). Palmier moyen. 10 à 15 régimes. Datte grosse, moitié rouge, moitié verte, molle. Palmier élevé, mince. 10 à 12 régimes. Datte longue, mince, sèche. Palmier élevé, gros. 10 à 12 régimes. Datte moyenne, rouge foncé, sèche. Palmier petit, gros. 7 à 8 régimes. Datte ronde, rouge, sèche. Palmier gros, moyen, 10 à 12 régimes. Datte ronde, vert foncé, sèche. Palmier élevé, gros. 10 à 12 régimes. Datte moyenne, brune, molle, se met- tant en pain, bonne à manger. Palmier élevé, gros. 10 à 12régimes. Datte longue, rouge, molle et se séchant ensuite. Palmier petit, moyen. 6 à 7 régimes. Datte longue, rouge, en forme de doigt, sèche. Palmier gros et long. 15 à 20 régimes. Datte longue, verte, sèche. Palmier élevé, gros. 17 à 18 régimes. Datte grande et grosse, verte et rouge, très aimée des corbeaux, sèche. Palmier moyen. 10 à 12 régimes. Datte moyenne, jaune, molle. Palmier gros, élevé. 7 à 8 régimes. Datte moyenne, rouge foncé, sèche. Palmier long, mince. 7 à 10 régimes. Datte longue, noire, sèche. Palmier gros, élevé. 15 à 20 régimes. Datte moyenne, blanche, bonne à manger, sèche. Palmier très gros, moyen. 12 à 15 régimes. Datte ronde, jaune, noir, molle. Palmier élevé, mince. 10 à 12 régimes. Datte petite, longue, jaune, sèche. Palmier moyen, gros, grandes palmes. 7 à 8 régimes. Datte grosse, blanche, tachée de noir, molle. Palmier élevé, gros. 10 à 12 régimes. Datte moyenne, jaune, sèche. Palmier élevé, mince. 8 à 10 régimes. Datte moyenne, Jaune rouge, moile. PR PE PDP INR EI III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIETE SÉANCE GÉNÉRALE DU 14 MARS 1884. Présidence de M. Henri BOULEY, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. -- M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. BRÉMOND (le D' Paul-Alexis-Ernest), 67, rue Caumartin, à Paris. DELAPALME (Emile), notaire, 15, rue de la | Chaussée d’Antin, à Paris. | DELMAS (M1), protonotaire-apostolique, 21, avenue Victor Hugo, à Paris. DUQUESNE (Prosper), médecin-vétérinaire, 68, rue de Rivoli, à Paris. GERMAIN (Edouard), 40, avenue du Roule, à Neuilly (Seine). \ HAGENBECK (Carl), à Hambourg. | HerBELIN (Elie), rue des Graviers, 9, à Neuilly | (Seine). ) Hiss (Auguste), propriétaire, au château du Verger, à Vernon, commune de Beaugener (Loiret). HuET, aide-naturaliste, au Muséum d'histoire | naturelle, 57, rue Cuvier, à Paris. l LEGRAND (Jules-Gaston), 122, avenue de | Neuilly, à Neuilly (Seine). | LoyseL (le général), commandant la division | d'Alger (Algérie). l PRÉSENTATEURS. E. Dupin. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. A. Chatin. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. H. Bouley. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. E. Dupin. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Vves Ménard. Garnier. J. Grisard. Romain. J. Cornely. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. E. Wuirion. H. Denizet. A. Geoffroy Saint-Hilaire. . Saint-Yves Ménard. H. Bouley. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. E. Dupin. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. E. Cosson. H. Bouley. A. Geoffroy Saint-Hilaire. PROCÈS-VERBAUX. 409 MM. PRÉSENTATEURS. OusraLer (E.), aide-naturaliste au Muséum { H. Bouley. d'histoire naturelle, 20, rue Monsieur-le- À. GeoffroySaint-Hilaire. Prince, à Paris. ( Saint-Yves Ménard. Picner (le D' Charles), professeur agrégé à | D' Le Fort. la Faculté de médecine, 15, rue de l’Uni- ; D' Richet père. versité, Paris. Saint-Yves Ménard. \ l \ ffre t-Hilaire SIROTEAU (Gustave), restaurateur, 33, rue a A Geo en Eten Lesserteur. Tournon, à Paris. Paullieux. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la correspondance. — M. le Sous-préfet de Mascara (province d'Oran) écrit à M. le Prési- dent : « J'ai l'honneur de vous accuser réception de la lettre que vous m'avez adressée en vue de me faire connaître le programme des travaux de la Société d’Acclimatation et les récompenses qu’elle se propose d'attribuer aux personnes qui seconderont ses vues. » Mon concours le plus dévoué est acquis aux efforts de la société et je me propose dans ce but de donner toute la publicité dont je puis disposer au programme que vous m'avez adressé. » Je vous serai donc reconnaissant, Monsieur le Président, de vouloir bien me faire parvenir, pour être transmis aux différents services inté- ressés, quelques exemplaires de la brochure précitée. » — M. le général Loysel, commandant la division d'Alger, adresse la lettre suivante : « Monsieur le Président, vous m'avez adressé, à la date du 20 février, un exemplaire des statuts de la Société d’Acclimatation de France et vous avez, en même temps, appelé mon attention sur les travaux de la Société. C’est un véritable honneur de faire partie d’une association qui a rendu déjà tant de services au pays et à la science, et je serais très heureux que vous voulussiez bien me donner votre patronage pour être admis dans ses rangs. » Recevez, etc. » — M. le Sous-préfet de Sétif écrit à M. le Président : « J'ai l'honneur de vous accuser réception des statuts de la Société d’Acclimatation dont vous avez bien voulu me faire l’envoi au mois de février dernier. » Je mets à la poste aujourd’hui un numéro du journal de la localité contenant la nomenclature des prix qui intéressent plus particulièrement l'Algérie. » J’ai l'honneur de vous faire connaître également qu’indépendamment de l’avis que j'ai fait mettre dans le journal, j'ai adressé votre notice à M. le Président du Comice agricole de Sétif, en le priant de porter votre programme à la connaissance des intéressés. » — M. Rogeron écrit du château de l’Arceau (Maine-et-Loire) « Aujourd'hui il m’est tombé sous les yeux le Petit Journal de Muine- 410 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. et-Loire, que je vous envoie et où se trouve un article qui-est la triste confirmation de ce que je vous disais récemment : 4500 pièces de gibier venues de nos départements de l'Ouest pour être lâchées (et détruites) dans les grandes chasses des environs de Paris! Et combien cela a-til dù se renouveler de fois, malgré nos protestations, malgré les promesses du préfet de la Sarthe l’année dernière à son Conseil général d’y mettre ordre ! Et ce braconnage effréné (car évidemment c’est le résultat du braconnage) est encouragé par l'administration, qui donne son visa aux permis de circulation! Sous peu on viendra ainsi entièrement à bout du gibier, et il est même étonnant que ce ne soit pas déjà fait; ce sera encore une richesse de moins pour notre pays. » — M. Ludovic Joffrion adresse une demande de cheptel. — MM. Tertrais, Charlot, Fuzier-Hermann, Proyart, Pitard, Dessirier et le cavitaine Mengin adressent des remerciments au sujet des chep- tels qui viennent de leur être accordés. — MM. le capitaine Braun, Feuilloy, de Muizon, Ponté, Mathey, Guibert et Bernard-Talhandier accusent réception et remercient des cheptels qui leur ont été adressés. — M. Gédéon Feuilloy, de Sénarpont (Somme), adresse une note en réponse au questionnaire sur la maladie des Écrevisses. — M. le colonel Marshall Mac-Donald, membre de la Commission des pêcheries des États-Unis, à Washington, annonce l’envoi, par l'intermé- diaire du Ministère de l’Agriculture, de deux modèles des appareils de pisciculture dont il est l'inventeur. — M. Bernard-Talhandier fait connaître la réussite des œufs de Truite qui lui ont été adressés ; il sollicite, en même temps, l'envoi de Grenouilles-bœufs. — M. Julien écrit de Quimperlé : « Je suis heureux de vous annoncer l'éclosion des œufs de Truite des lacs que vous avez eu l'obligeance de m'envoyer. J’estime à un millier le nombre des alevins, qui sont très vigoureux ; ils sont toujours dans la boîte d'élevage, d’où je les sortirai dans une quinzaine. » — M. Abel Leroy rend compte ainsi qu’il suit de l’éclosion des œufs de grande Truite des Lacs que la Société a mis à sa disposition : « Comme je vous l’ai dit dans une précédente lettre, j'ai trouvé en arri- vant 10 œufs malades et 5 morts, les autres bien portants ; je plaçai ces derniers dans des appareils Carbonnier. Le lendemain j'étais consterné : non seulement les 10 œufs malades étaient morts, mais encore un grand nombre d’autres étaient atteints. J’en retirais environ 200 en plusieurs jours. Je ne jetai point toutefois ces œufs; mais je les mis à part et bien m'en a pris, puisque parmi ceux-ci une douzaine sont éclos. L'éclo- sion des œufs sains s’est faite successivement, la dernière a eu lieu le dimanche 24 février. Voici le résultat définitif : morts, 220; vivants, 415; en tout 695. PROCÈS-VERBAUX. A1 » Il y avait des œufs de deux grosseurs différentes qui sont éclos aussi bien les uns que les autres, avec cette différence que les alevins sortis des gros œufs sont bien plus gros que les autres. Ils paraissent aussi plus noirs et les petits plus transparents ; sont-ce deux espèces de Truites différentes ou n’y a-t-1l qu'un effet de l’épaisseur des tissus ? » Je vous écrirai une dernière lettrel orsque la vésicule sera résor- bée et je vous dirai à quoi j'aurai employé les alevins survivants. » — M. le vicomte de Causans adresse une note sur ses travaux de pis- ciculture et sur les installations dont il dispose. — M. Alfred Wailly annonce qu’il espère pouvoir fournir à la Société les cocons et les graines de Vers à soie exotiques qui lui ont été deman- dés. « Une caisse de Mylitta, écrit M. Waiïlly, est à bord du vapeur Téhéran, qui est en route et doit arriver vers la fin de ce mois. Espérons que les cocons seront vivants pour la plupart. » J'ai plusieurs nouveaux correspondants aux Indes, qui m'ont fait de magnifiques promesses; si elles sont tenues à moitié, je recevrai un grand nombre de cocons. » Les cocons de Mylitta ont été expédiés de Calcutta; mais il paraît qu'ils sont récoltés dans l’Assam. J'attends des cocons de diverses espèces dun correspondant de l’Assam, d’autres de Bombay, de Madras, de Rangoon (Birman), etc. Je n’ai en ce moment qu’une centaine de Promethea et un petit nombre de Cecropia et de Polyphemus. » — Me veuve Simon, née de Fuisseaux, écrit de Bruxelles : « Je remercie la Société d’Acclimatalion des encouragements qu’elle a bien voulu nous adresser. Nous qui connaissions les qualités industrielles de l’Attacus Pernyi, nous étions persuadés de voir des filatures de soie du chêne se former dès que la production se chiffrerait par milliers de kilo- grammes de cocons en Europe. Le moment est arrivé de voir apprécier la précieuse Chenille qui confectionne, à notre avis, le plus parfait cocon parmi les fileuses de soie. » Inspirés par le désir de voir se propager les élevages, nous mettons gratuitement à la disposition des instituteurs français des graines de l’Attacus Pernyi. Nous réclamons donc la publicité de la Chronique pour nous aider dans notre tâche. Initier les enfants d’une manière pra- tique à l'élevage du Ver à soie du Chène, est une propagande utile en même temps qu’un amusement. Nous vous remercions d’avoir bien voulu donner notre adresse à M. le comte de Malartie, qui nous a entre- tenus longuement de la possibilité de fonder un établissement pour la filature des cocons des Vers à soie du chêne et particulièrement de l’Attacus Pernyi. Soyez persuadé que nous nous occuperons de notre mieux de ces questions séricicoles qui ont fait l’objet de nos études et que la Société a bien voulu récompenser. Propager lélevage, aider à l'industrie par notre expérience, telle est notre tâche. Croyez, je vous prie, à notre dévouemeni. » 419 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. — M. Félix Lévy écrit de Lyon : « Nous avons appris que, depuis deux ans, dans une région du Midi, on a cherché à cultiver le Ver à soie dit Tussah ; comme cette question nous intéresse beaucoup, nous pre- nons la liberté de vous demander si vous pourriez nous donner des indications plus précises et surtout nous indiquer les localités où ces tentatives ont eu lieu. » — M. Roche, trésorier de la Ligue antiphylloxérique du canton d’Au- beterre, sollicite l’envoi de renseignements sur la culture de la Ramie, sur la valeur industrielle de cette plante et sur la possibilité d’en tirer parti dans le département de la Charente. — M. Mackenzie fait parvenir à la Société une collection de 23 espèces de graines envoyées de la Nouvelle-Zélande par M. Charles Iraill. — Remerciments. — M. Ludovic Joffrion écrit de Niort : « J'ai l'honneur de vous rendre compte des résultats donnés par les graines de Spinovitis Davidi que vous avez bien voulu m'adresser à Ja fin d'avril 1883. — Le semis a été fait le 7 mai, dans du terreau, moitié sous châssis et moitié dans des terrines, à l’air libre. — Les pépins de raisin noir ont mis pour lever environ dix-sept jours, et ceux de raisin blanc, dix jours. — Les diffé- rentes graines avaient été espacées de 7 centimètres, et jai remarqué que celles de raisin rouge ont mieux réussi que celles de raisin blane, car, pour beaucoup de ces dernières, la germination n’a pas eu lieu. » À Ia fin de l’automne, certaines tiges avaient une longueur de 80 centimètres; mais les gelées ont détruit la partie tendre de ces üges, et aujourd’hui elles ont de 10 à 35 centimètres de longueur. » Sous peu de jours, ces jeunes plants vont être installés dans une terre un peu fraiche à 50 centimètres de distance les uns des autres ; certains seront placés dans des pots; puis, dans un an, ils seront déli- nitivement mis à la place qu'ils devront occuper et à une distance soit de 12,50, soit de 2 mètres et même plus, suivant le développement qu'ils auront atteint dans le courant de l’année. — Quant à l’oïdium dont ces jeunes plants ont déjà été atteints, je pense le prévenir ou m'en débar- rasser à l’aide du soufre. » J’ai obtenu 30 à 40 pieds de Spinovitis Davidi. » Les graines de Chamwærops excelsa qu’on avait eu la gracieuseté de joindre à cet envoi de Spinovitis Davidi ont produit une trentaine de Palmiers parfaitement réussis. » Il va sans dire que je mets à la disposition de la Société la moitié et même plus du résultat que j'ai obtenu. » — Des demandes de Riz de montagne sont adressées par MM. le baron de Chasteigner, A. Roussin, Turpin, G. Boyron, Vilmorin, Guillaume, À. Duméril et Lerenard-Lavallée. — M. Henry de Vilmorin accuse réception et remercie de l’envoi qui lui à été fait d’un paquet de graines de la Nouvelle-Calédonie ; il ajoute PROCÈS-VERBAUX. MS que plusieurs de ces graines sont faciles à reconnaitre ; que les autres seront semées et que les résultats, bons ou mauvais, seront communi- qués à la Société. — M. Charles Naudin écrit de la villa Thuret à Antibes : « J’ai reçu et je vous prie d’en recevoir mes, remerciments, les graines de la Nouvelle-Calédonie que vous avez bien voulu m'envoyer. Soyez assuré que nous en tirerons le meilleur parti possible. | » J'ai expédié à M. le général Loysel, à Alger, une première provi- sion de graines, la plupart d'Australie, qui me paraissent pouvoir être utiles dans la région saharienne. Une lettre de M. le général Loysel, reçue ce matin, mapprend qu’elles sont déjà distribuées entre diverses localités, où elles recevront tous les soins nécessaires. Si le terrain n’est pas trop aride, j'ai tout lieu de croire qu’elles y réussiront. » Il y a trois ou quatre ans, j'ai reçu de la Société d’Acclimatation quelques graines de Quebracho colorado du Paraguay. Get arbrisseau est le Loxopterygium Lorentzii, encore très peu connu des botanistes, car je ne le trouve cité dans aucun des ouvrages (Endlicher, Lindley, etc.) que j'ai ici, mais il en est question dans les Select Plants de Ferdinand Mueller. C’est un arbre dont le bois, excessivement dur, pèse 38 kilo- grammes par pied cube (pied anglais), et qu'on exporte déjà en grande quantité en Europe, pour la teinture et le tannage des cuirs, qui s’effec- tue en un temps de moitié moindre qu'avec les écorces de chêne. » Des graines que m’a envoyées la Société d’Acclimatation, j'ai obtenu deux petits sujets, dont un a succombé pendant l'hiver de 1881-1882. L'autre subsiste toujours, mais il croît lentement et craint manifeste- ment le froid. J'espère cependant le conserver. Cet arbre réussirait certainement en Algérie, et d'autant mieux que, dans son pays natal, il est, de temps en temps, exposé à de terribles sécheresses, qu’il endure sans dommage. » Je pense donc que ce serait une intéressante acquisition à faire pour notre colonie, et qu’on en obtiendrait aisément des graines par notre compatriote, M. Balansa, botaniste bien connu, qui est établi au Para- guay, où il cultive l’indigo sur une grande échelle. » Il y a un autre point sur lequel je voudrais appeler l'attention de la Société d’Acclimatation : ce sont les plantes mellifères, dont jusqu'ici on ne pe pas s’être particulièrement occupé. [l y a là un desideratum pour les apiculteurs. Il faudrait trouver quelques plantes richement fleurissantes et bonnes productrices de miel, assez rustiques pour résister à tous nos hivers, même en pays de montagnes. Il en existe certainement dans la nature, et c’est dans les pays tempérés ou tempérés- froids qu’il faudrait les chercher, par exemple dans le centre et le nord de la Chine, en Mongolie, en Sibérie, dans l'Himalaya, etc. Les voya- geurs qui parcourent ces différentes régions, ou les Missionnaires qui y sont établis, pourraient faire d’utiles recherches à ce point de vue. A4 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Beaucoup de plantes mellifères sont en même temps fourragères, ce qui est un autre service à leur demander. » — M. le général Loysel, commandant la division d’Alger, écrit à M. le Secrétaire général : € J’ai l'honneur de vous accuser réception du Riz sec de Chine que vous m’aviez annoncé par lettre du 7 février; les graines ont été envoyées sans retard à Médéah pour être réparties entre les différents centres de la subdivision. Elles seront l’objet de soins tout particuliers et je vous tiendrai au courant des résultats qui pourront être obtenus. D’après les renseignements que j'ai pris, des essais ont été déjà faits, vers 1869, par le général de Neveux pour acclimater ce Riz en Algérie et, à cette époque, aucune graine n’a germé; j'espère que cela à pu tenir à la qualité du Riz et que cette fois nous serons plus heureux. » — La Société centrale d'Agriculture, d'Horticulture et d’Acclimata- tion de Nice accuse réception de l’envoi qui lui a été fait de Riz de montagne. — MM.Vilmorin, Andrieux et Ci°, en adressant également leurs remer- ciments pour un envoi semblable, ajoutent : « Nous remarquons que, dans la lettre du Père Gauthier accompagnant son envoi de graines, il annonce « deux variétés de l’espèce dite Riz de montagne ». Pourriez- vous nous dire si le paquet que nous avons reçu comprend les deux variétés en mélange, ou s’il n’en contient qu’une seule? Dans ce der- nier cas, pourriez-vous avoir l'obligeance de nous faire parvenir un paquet de graines de l’autre variété, aussi fort qu'il vous sera pos- sible ? » Il y a très longtemps déjà (peut-être quarante ou quarante-cinq ans) que nous avons commencé à nous occuper du Riz sec de montagne, dont il est d’ailleurs question dans l’Almanach du Bon Jardinier. Mais, depuis plusieurs années, déjà nous avions perdu cette espèce et nous nous préoccupions de la ravoir quand nous avons eu communica- tion de l’offre de la Société. Vous savez dans quel but nous cherchons à nous procurer de ces graines; si les résultats sont satisfaisants, nous nous occuperons de la multiplication et de la propagation de cette espèce; il serait donc bon que, dès maintenant, nous en fussions appro- visionnés aussi largement que possible et nous vous serions très recon- naissants si, en l’état de votre provision, vous pouviez nous céder soit un autre paquet des mêmes graines, au cas où les deux variétés annon- cées y seraient en mélange, soit la seconde variété, si le paquet que nous avons eu n’en contient qu’une seule. » — M. Léo d’Ounous met à la disposition de la Société des graines et des végétaux divers provenant de ses cultures du département de l'Ariège ; il demande à recevoir, en échange, les plantes dont on pour- rait disposer en sa faveur, ainsi que des œufs de Truite des lacs. — M. Fréd. Romanet du Caillaud adresse une note ayant pour titre : PROCÈS-VERBAUX. 415 « De la guérison empirique de certains cas de surdité par les paysans des environs de Pékin. » CHEPTELS. — M. Bernard-Talhandier annonce qu'il vient de perdre le mâle de son couple de Lapins géants des Flandres. — M. Durousseau-Dugontier rend compte de la situation satisfaisante de son couple de Faisans versicolores. — M. Martin écrit de Nevers : « Depuis la réception du couple de Faisans de lady Amherst que la Société a bien voulu me confier il ya une quinzaine de jours, j'admirais leur vigueur. Mais, depuis quelques Jours, je m'aperçois que le mâle n’est plus aussi gai, il tousse et a une sorte d'humeur aux yeux qui lui sort par les narines. Je me suis em- pressé de le séparer de la femelle qui est bien portante. Voyant qu’il ne mangeait plus, je l'ai gavé et lui ai fait prendre du vin sucré. Cependant, s'il existe un remède plus puissant, veuillez, je vous prie, m’en donner connaissance. Je ne puis m'expliquer la cause de cette maladie, car les oiseaux sont parfaitement installés. » — M. Victor Tertrais écrit de Nantes : « Les Faisans vénérés que vous m'avez confiés sont toujours bien portants, seulement jusqu'ici le mâle ne semble pas s'occuper de sa femelle. Cependant je pense que c'est que la saison n’est pas encore venue, car j'ai quatre autres espèces de Faisans et aucun jusqu'ici ne cherche à s’accoupler. » — M. Jean Dybowski fait connaître qu'une des Colombes Lophotes de son cheptel est morte subitement; l’autopsie a permis de constater une hémorragie du foie. — M. de Fiennes rend compte de la perte du mâle de son couple de Canards Casarkas. — M. Blandin annonce que, par suite de la perte successive de ses deux Canards mandarins, il eroit devoir renoncer au cheptel de Canards de la Caroline qu'il avait sollicité. — M. Blanchon écrit d'Étoile (Drôme) : « J'ai à m’excuser du retard que j'ai mis à vous donner des nouvelles de mes cheptels de Crèvecœur et de Canards Aylesbury. Malheureusement, elles ne sont pas bonnes, car la diphtérie et l'humidité aidant ont produit de tels ravages, que je ne puis vous donner que la moitié de ce que je vous dois, soit un coq et deux poules. J'espère que cette année-ci me sera plus favorable. » Quant au Canard d’Aylesbury, il a été complètement improductif, ce qui n’a pas empêché la convoitise des maraudeurs qui me l'ont volé, et mes recherches pour le retrouver ont été inutiles. » — M. Raveret-Wattel signale, dans le numéro du 14 février 1884 du journal Forest and Stream, de New-York, un article faisant connaître la création, à Philadelphie, d’une association pour la propagation de l’éle- vage de la Carpe; il donne, à cette occasion, quelques renseignements relatifs à l’acclimatation de la Carpe et du Cyprin doré aux États-Unis. — M. de Barrau de Muratel fait connaître qu’à l’occasion du Congrès 416 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION ornithologique qui doit avoir lieu à Vienne (Autriche) au mois d'avril prochain, la deuxième section s'occupe de réunir des documents pour la discussion d’une des questions qui doivent être étudiées dans ce Congrès, à savoir : Plan d’une loi internationale sur la question des Oiseaux. La section à décidé, en conséquence, d'établir, pour l’envoyer à tous les membres de la Société habitant la France, un questionnaire sur la diminution progressive du nombre des Oiseaux dans notre pays. M. de Barrau de Muratel, qui a bien voulu se charger de la rédaction de ce questionnaire, en donne lecture à l'assemblée; il donne également lecture de la réponse qu’il a déjà préparée audit questionnaire en ce qui concerne le département du Tarn, Notre confrère ajoute quelques renseignements sur la diminution de différents animaux sauvages dans le même département. Il fait con- naître notamment que les Loups, autrefois nombreux, ont complètement disparu depuis quatorze ans. — M.de Barrau de Muratel signale le fait curieux d’un Chien de chasse qui, ayant été mordu à la tête par une Vipère, fut, peu de temps après et étant à peine guéri, mordu de nouveau par une autre Vipère, mais, cette fois, sans en éprouver aucun mal. M. de Barrau de Muratel se demande si la première inoculation du venin n’aurait pas mis le Chien à l’abri des effets d’une seconde morsure, comme l’inoculation d’un virus atténué rend un animal réfractaire à l'invasion de la maladie virulente. « Il convient toutefois d’ajouter, dit M. de Muratel, que mon fils, pro- priétaire du Chien, n’avait pas hésité, la seconde fois, à sucer la plaie. » — M. le Président fait ressortir l’intérêt que présente cette observa- tion. « Si l’inoculation du venin de la Vipère, dit-il, est un moyen de prévention, l’expérience nous le dira. Si c’est la succion qui a préservé le Chien, il faut encourager cette manière de faire; mais comme elle ne laisse pas cependant que de présenter quelque danger, on pourrait, dans les laboratoires, se servir de ventouses, » — M. le Secrétaire général annonce que la deuxième section, qui s'occupe avec activité de l’étude des différentes questions qui doivent être discutées au Congrès ornithologique de Vienne, sera en mesure de présenter un rapport d'ensemble à l’Assemblée générale, dans la séance du 28 mars. — M. le Secrétaire général donne ensuite lecture d’une lettre par la- quelle M. Nordenskiüld, l’illustre chef de l’expédition de la Wega, lui annonce l'envoi d’une certaine quantité de semences de différentes variétés de céréales cultivées dans des régions tout à fait septen- irionales. Ces variétés ont, par suite, une rapidité de croissance, une précocité des plus grandes. On les recherche beaucoup aujourd’hui, pour ses qualités, en Suède, en Danemark et en Allemagne. « Il se pro- duit pour les plantes, dit M. le Secrétaire général, un phénomène ana- logue à celui qu’on observe chez les animaux. Un végétal élevé dans un PROCÈS-VERBAUX. A17 sol très pauvre et au milieu de conditions d'existence difficiles, donne, s'il est transporté sur un sol riche et dans des conditions plus favorables, des résultats très satisfaisants; tandis que le contraire a lieu quand on transporte une plante d’un sol riche dans un sol pauvre. Dans le règne animal, on peut citer comme exemple la Vache bretonne, qui, trans- portée en Normandie, au milieu de gras pâturages, donne des résultats si étonnants; par contre, ia race de Durham, transportée en Bretagne, dans les conditions où vivent les vaches bretonnes, donne des résultats absoluments négatifs. » Les semences reçues par M. le Secrétaire général seront remises aux membres de la Société le mieux en situation pour les étudier, et notam- ment à M. Vilmorin. Par une curieuse coïncidence, M. Geoffroy Saint-Hilaire a reçu presque en même temps un lot de graines provenant des régions antarc- tiques. M. le commandant Martial, de la Romanche (le navire de la mission du Cap Horn), lui à remis une certaine quantité de semences qu'il a recueillies dans le détroit de Magellan. Ces semences ont été divisées en trois parts, remises, savoir : l’une (composée de graines d'arbres) à M. Alphonse Lavallée; une autre à M. Blanchard, Directeur du Jardin botanique de Brest, qui se trouve dans un climat reproduisant, dans une certaine mesure, les conditions d’hu- midité du détroit de Magellan; enfin, la troisième, au Directeur du Jardin botanique de Copenhague, botaniste éminent, qui pourra, mieux que personne, lirer parti de ces semences. — NM. le Secrétaire général fait connaître qu’une commission compo- sée de MM. Bignon, J. Grisard, Hédiard, Leserteur, Ménard, Paillieux et Raveret-Wattel à été chargée par le Conseil d'examiner la proposition tendant à l’organisation d’un banquet annuel, dans lequel les membres de la Société pourraient se réunir pour déguster les produits nouveaux que notre associalion s'occupe d'introduire. Cette Commission à déposé son rapport, dont les conclusions ont été approuvées par le Conseil, et il a été décidé que le banquet aurait lieu le jour de la séance publique annuelle, fixée au samedi 3 mai prochain. Le prix de ce banquet, auquel les membres de la Société sont invités à souscrire, est fixé à 25 francs. Le nombre des souscriptions est limité à 200, afin d'assurer un service convenable. Le Conseil! se propose de demander aux principaux lauréats de la séance publique de vouloir bien assister au banquet à titre d'invités. M. le Ministre de l'Agriculture, de même que les Ambassadeurs des pays auxquels appartiendraient des lauréats étrangers, seront également priés d’honorer le banquet de leur présence. M. le Secrétaire général complète ces renseignements par la communication du projet de menu établi par la Commission. — M. Decroix demande si tous les produits compris dans ce menu sont acclimatés en France ou dans nos colonies. 4° SÉRIE, T. I. — Avril 1884 27 MAS SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. — M. Geoffroy Saint-Hilaire répond qu’ils sont acclimatés pour la plupart, et que les autres sont susceptibles de l'être. — M. Decroix désirerait que la Société qui, sous l’inspiration de son illustre fondateur Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, s’est intéressée à la pro- pagation de l'usage alimentaire de la viande de cheval, fit aussi figurer cette viande dans le banquet projeté. Notre confrère estime qu’il vaut mieux utiliser ce produit placé sous notre main, que de chercher à introduire dans l’alimentation certains animaux qui ne se substitueront probablement jamais aux espèces domestiques actuelles. M. Decroix demande, en outre, que le nombre des souscriptions au banquet soit illimité. — M. le Secrétaire général fait remarquer que la Société ne s’est occupée qu'indirectement de l’usage alimentaire de la viande de cheval ; cette viande est d’ailleurs entrée aujourd’hui dans la consommation courante. Sa place ne paraît donc pas indiquée dans le menu du banquet. Quant aux animaux dont l'introduction nous occupe, s’ils ne sont pas destinés à remplacer un jour ceux que nous possédons déjà, on est autorisé à croire qu'ils pourront du moins figurer très utilement à côté des espèces anciennement acquises. La place que le Dindon a prise dans nos basses-cours est une preuve de l'importance que peut présenter Pacquisition d'espèces nouvelles. _— M. Saint-Yves Ménard donne lecture, au nom de la Commission de comptabilité, du rapport sur la situation financiere de la Société. Les conclusions de ce rapport sont adoptées à l’unanimité, et des remerci- ments sont votés à M. le Trésorier pour son excellente gestion. — M. Raveret-Wattel rend compte d'expériences faites en Allemagne sur la maladie des Ecrevisses (voy. au Bulletin). — De retour d’une mission en Algérie, qui lui a été confiée par le Ministère du Commerce, M. Renard donne d’intéressants renseignements sur la végétation de plusieurs espèces de Bambous et sur l’élevage de l’Autruche en domesticité dans notre colonie d'Afrique. M. Saint-Yves Ménard met sous les yeux de l’assemblée des modèles de boîtes et de caisses, d'invention anglaise, pour le transport des œufs. De légers ressorts, disposés trois par trois, de manière à comprimer l’œuf et à le maintenir en place, dispensent de tout autre emballage. Chaque œuf est isolé des autres et ne peut être choqué. — M. Geoffroy Saint-Hilaire estime que, pour des œufs à mettre en incubation, ce système présente l’inconvénient de ne placer aucunement l’œuf à l’abri de l’air ; l’évaporation des liquides qu’il renferme est ainsi facilité, au détriment d’une longue conservation. De plus, dans les expé- ditions par chemin de fer, les ressorts de l'appareil exposeraient sans doute l’œuf à des trépidations très nuisibles. PROCÈS-VERBAUX. 419 SÉANCE GÉNÉRALE DU 28 MARS 1884. Présidence de M. Henri BOULEY, Président, Le procès-verhal de la séance précédente est lu et adopté, après une observation de M. le Président. — M. le Président proc'ame les noms des membres nouvellement admis par le conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. CARNOTEL (Amable), propriétaire, ex-emoloyé sé | Molinois. à la Cour des comptes, à Fremeuse (Seine- { Paillieux. et-Oise). ( À. Potron. LÉNE PV AURS À. Geoffroy Saint-Hilaire. GiLLET-BOMPARD, propriétaire, à Vitry-le- ar HéantiNlare Français (Marne). ( D ï À. Geoffroy Saint-Hilaire. GUILLEMOT (Léon), associé d’agent de change, \ re ySaint-Hilaire 4, avenue Sainte-Foy, à Neuilly. | D as À. Geoffroy Saint-Hilaire. HENNING (Ernest), propriétaire, 129, oi Fe RARE ESS ; ; MESURE Saint-Yves Ménard. LauetH (le marquis Henri de), château d’He- / H. Bouley. nencour (Somme), et 113, rue de l’Univer- Comte de Riencourt. sité, Paris. | Saint-Yves Ménard. LEROY (Ch.-François), horticulteur, 3 ter, | Hargss A SC à Hédiard. avenue d'Italie, à Paris. | à | Paillieux. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Maurice Girard. Raveret-Wattel. | Maurice Girard Paillieux. Raveret-Waittel. SCHAFFER (Alexandre), directeur du buffet { Bouchereaux. de Ja gare d'Orléans, quai d’Austerlitz, à À Jules Grisard. Paris. A. GeoffroySaint-Hilaire. OLIVIER (Ernest), propriétaire, aux Ramil- lons, près Moulins (Allier). RApouT (Victor), propriétaire, rue de Mau- beuge, 51, à Paris. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la correspondance, — Des remerciements au sujet de leur récente admission sont adressés par MM. Garnotel et Hiss. — MM. Blanchon, le baron de Dion, Fabre, Giraud-Ollivier, Hugues, Massias et Villot, font parvenir des demandes de cheptels. 490 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. __ MM. Charlot, Duméril, Massias, comte Rivaud de la Raffinière, Victor Tertrais et Zeiller, adressent des remerciements pour les cheptels qui viennent de leur être accordés. __ M. Dautreville écrit à M. le Président : « Au moment où la saison de l'élevage des Gallinacés va commencer, j'ai l’honneur d'adresser à la Société une certaine quantité de poudre toni-nutritive au sang de bœuf desséché, afin que ceux des membres qui voudront bien se charger des expérimentations puissent, en en donnant dès maintenant à leurs repro- ducteurs, constater l’action de cette préparation sur la ponte, tant au point de vue de la quantité des œufs produits que de leur qualité sous le rapport de la réussite des couvées. » Je mettrai sous peu une autre quantité de mes produits à la dispo- sition de la Société, pour les essais à faire sur les jeunes élèves. » — M. Maurice Trémeau adresse la réponse ci-après au questionnai relatif à la diminution des oiseaux sauvages : « 1 et 4. Le département de l'Indre, que j'habite, était il y a vin ans, — c’est la durée de la période d'observations, — une terre pro- mise pour les oiseaux. » 2. Divisé en trois parties distinctes : Boischaut, Brenne et Cham- pagne, son climat tempéré, son altitude moyenne, ses cours d’eau peu importants, mais très nombreux, aidaient à la croissance d’une foule de productions spontanées : bruyères, balais, prairies, pacages, bois de diverses essences. La région du Sud, de beaucoup la plus étendue et celle que je connais particulièrement, le Boischaut, offrait surtout un caractère particulier. On y trouvait, à peu de distance les unes des autres, des vignes, des landes incultes, des plaines et des vallées fécondes, de belles forêts. Des haïes très épaisses séparaient chaque champ; jointes à de grands pacages, à beaucoup de taillis, elles donnaient à tout le pays l'aspect d’un bosquet, d’où le nom de Boischaut (boschetum). » 3. Aujourd'hui on déboise, on défriche le Boischaut ; assez lentement il est vrai, mais de façon à chauger dans un temps donné la physionomie de ce pays. Les perfectionnements de la culture, l'introduction des prai- ries artilicielles, ont apporté, avec leurs avantages pour l’agriculture, tous leurs inconvéuients au point de vue de la reproduction des oiseaux. » 5, a. Aussi que d'oiseaux nichant sous tout ce couvert! Les Mésanges, les Fauvettes, les Roitelets, les Rossignols, les Moineaux, les Loriots, les Pies, les Pics-verts, les Merles, les Perdrix rouges et grises de diffé- rentes espèces, pullulaient dans ces abris, où le chasseur les troublait rarement. . » Cependant la diminution des Mésanges. Fauvettes, elc., est peu sen- sible ; elle est plus apparente pour les Merles; enfin elle est si ter- rible pour les Perdrix, qu’on se demande où s arrêtera la destruction. Dans nos bois et sur nos collines, nous avions beaucoup de Perdrix rouges, de Bartavelles; ces magnifiques oiseaux, uous ne les aurons plus long- PROCÈS-VERBAUX. A91 temps. Quant à la Perdrix grise, qui se trouvait dans les plaines en com- paguies nombreuses, elle tiendra peut-être davantage, mais le collet est si perfide ! » b. Les Pinsons, Chardonnerets, Linottes, paraissent rester à peu près stationnaires; ils arrivent avec les Alouettes, que l’on détruit par centaines dans quelques endroits du département, où on les chasse avec appeaux et appelants; la Grive se montre toujours par bandes au prin- temps et à l’automne. » c. On constate une diminution dans les passages d’Ortolans, Étour- neaux, Vanneaux, grosses Grives, Pigeons, Bécasses, Pluviers, Canepe- tières, qui arrivaient autrefois en troupes considérables dans nos plaines ou dans nos bois. Je ne dis rien des Canards et oiseaux d’eau en général, qui ne viennent guère que dans la Brenne. Il y a toujours beaucoup de Tourterelles, d'Hiroudelles et de Corbeaux. Le Râle de genêt était devenu presque introuvable, lorsque l’an dernier il en est apparu une véritable nuée ; je ne sais comment expliquer ce fait. La Caille se montre encore; seulement, tel chasseur qui en tuait dix par jour, en tue maintenant dix par an; ces chiffres se passent de commentaire. » 6. Il est certain que le déboisement et les prairies artificielles nuisent aux oiseaux; mais la cause principale de leur destruction, c’est la chasse incessante qu'on leur fait. Et il est facile de remarquer que la rapidité de disparilion des diverses espèces est en raison directe de la valeur, comme gibier, des individus de chacune de ces espèces; la Perdrix dis- paraît, le Corbeau reste. Autrefois, dans l'Indre, le gibier tué était con- sominé sur place; le prix en était très modéré ; aujourd'hui on expédie tout vers les villes; le Perdreau, à partir de novembre, ne coûte pas 50 centimes plus cher à Paris qu’à la Châtre, mon chef-lieu d’arrondis- sement; c’est dire quelle est sa valeur actuelle. Aussi quelle destruction organisée! Chasseurs de profession ou d'occasion, avec le fusil, le collet, l’appeau, pendant l’automne, l'hiver, le printemps, l'été, traquent les pauvres oiseaux avec une patience de Peaux-Rouges perfectionnés. La Perdrix, recherchée comme paillette d'argent de 3 francs, porte en elle un terrible germe de destruction. » T. Pour remédier à ce triste état de choses, il faudrait, à mon humble AVIS : » Retarder l'ouverture de la chasse, la fermer une fois pour toutes au milieu de janvier, et punir sévèrement les vendeurs, recéleurs, col- porteurs de gibier en temps prohibé. » Faire exercer une surveillance sérieuse sur les braconniers et colle- teurs. Ce serait d'autant plus facile, qu'à la campagne on connait très bien tous ces honuètes industriels; il suffirait de vouloir leur dresser des procès-verbaux Eh bien, c’est pourtant là un nœud gordien que ne tranche jamais le sabre de nos gardes champêtres et gendarmes, — à moins qu’on ne le leur aiguise. 429 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. » Prendre des mesures contre la capture des oiseaux de passage. » Provoquer le repeuplement des oiseaux gibier. » 8. Nos forêts sont encore assez riches en Chevreuils et Sangliers; c’est qu’elles n’ont pas été exploitées, comme les pays voisins, par des sociétés qui ne laissent rien après elles. Le Lièvre se reproduisait au- trefois en grande quantité dans toutes les parties du département; il abonde encore sur certains points; sur d’autres, chez moi par exemple, il a presque disparu. Ceux que nous avons viennent, vers la mi-no- vembre, des montagnes et des grands bois; le chasseur qui chasse pour le plaisir (le nombre tend à diminuer) en aperçoit rarement. Par contre, - les pauvres bêtes n’échappent pas à l’œil exercé et avide du chasseur- braconnier ou au collet du garçon de ferme. » On trouvait le Lapin dans nos vignes; il n’en reste que très peu maintenant, par suite du colletage. » J’oubliais de faire remarquer qu’il faut distinguer dans l’Indre la chasse libre et la chasse réservée. Dans tout ce qui précède, je n’ai na- turellement entendu parler que de la chasse libre; c’est, du reste, celle qui comprend la grande majorité du département. » J’arrêterai ici ces observations, si attachantes pour tous ceux qu'in- téresse l’importante question du dépeuplement de nos campagnes. Au moment où j'écris, l’Écrevisse n’existe plus dans nos ruisseaux ; les petits poissons eux-mêmes y sont détruits chaque année par la pêche à l’aide de paniers et de filets à mailles serrées ; dans nos champs, où la Gaille n’élève plus sa couvée, la Perdrix se fait de plus en plus rare. Quelle navrante perspective pour l’avenir! Puisse donc le Congrès de Vienne produire quelque chose de vraiment utile; je le souhaite de toutes mes forces. » — M. Delgrange remercie des œufs de Truite qui lui ont été adressés, et fait connaître qu’il va installer chez lui quatorze appareils d’éclosion de modèle allemand. — M. le docteur Sicard fait connaître que les œufs de Salmo fonti- nalis qui lui ont été expédiés sont arrivés en médiocre état de conser- vation. — M. Berthoule rend compte de Ja réussite des œufs de Salmonides qu’il a reçus; les alevins ont été versés dans le lac Chauvet. — M. Wagner, conducteur des ponts et chaussées à Épinal, régisseur de l’établissement de pisciculture de Bouzey, annonce l’arrivée en bon état de l’envoi d'œufs de Salmo fontinalis qui lui a été fait. — M. de Behr, président de la Société allemande de pisciculture, an- uonce que de nouveaux renseignements sur la maladie des Écrevisses seront prochainement publiés dans le recueil de cette association. — M. Alexis Bidal, instituteur à Mignavillers (Haute-Saône), annonce lenvoi d’un mémoire détaillé sur les plantes dont il cherche à répandre la culture. PROCÈS-VERBAUX. 495 — M. Despond écrit de la Grange-Rouge (Loiret) : « Depuis plusieurs années je cherche à acclimater les Vers à soie du chêne : Yama-mai et Pernyi. Jusqu'à ce jour, je n’ai pas réussi. Je voudrais cependant tenter un nouvel essai, et pour être bien certain de la provenance de mes Vers, je vous prierai de ne faire participer aux distributions de graines de Pernyi et de Yama-maï que fera cette ammée la Société d’Acclima- tation. » — Des demandes de Riz de montagne sont adressées par MM. Gischard, Andrés Llaurado, Minangois, Julio Henriques, Lasserre, Dion, M. Fau- drin, Jore, Albert Devès, Charles Gossin, René Formet, Williot, Nouga- rède, E. Fleury, Jules Aveniez, Chabaud, Valdy, Lange, D' Louis Gau- cher, André Leroy, Chizzolini, Nourisson-Bey. — MM. J.-A. Henriques, Eyssette, Nougarède et Vilmorin-Andrieux, remercient des envois de Riz de montagne qui leur ont été faits. MM. Vil- morin-Andrieux remercient également des semences d’Orge et de Seigle qu'ils ont reçues. — M. Clément sollicite des graines de Cytisus proliferus. — M. Léo d'Ounous met à la disposition de la Société différents végé- taux provenant de ses cultures du département de l’Ariège. — M. Charles Naudin éerit de la Villa Thuret (Antibes) : « J’ai recu, et je vous prie d'en recevoir mes remerciements, le Riz de montagne que vous voulez bien m'adresser de la part de la Société d’Acclimatation. Soyez sûr que je lui donnerai tous mes soins. » Jai lu avec beaucoup d'attention, et à deux reprises, les documents que M. l'abbé Gautier ef M£' Dubail nous donnent sur la culture de cette céréales et l’impression qui m'en reste est qu’elle a très peu de chances de suecès en France. Deux conditions, en effet, dominent cette culture : une température relativement élevée, soit 15 degrés centigrades de chaleur annuelle moyenne au minimum, et des pluies abondantes ou des ivrigations répétées. Nous aurions la chaleur, au moins le minimum requis, dans quelques parties du Midi, en Corse et en Algérie; mais où trouver l’eau dans nos pays, que la pluie semble déserter de plus en plus” On à beau faire : Non omnis fert omnia tellus. » Si la Bretagne, où il pleut deux jours sur trois, avait 4 ou 5 degrés de chaleur de plus, le Riz de montagne pourrait y rendre de très bons services ; mais la température y est insuffisante. On ne pourrait guère y semer le Riz avant la fin de mai, il végéterait tant bien que mal pendant l'été, et n'aurait pas le temps d'y mürir son grain avant les fraicheurs de l'automne. Rien n’empêcherait cependant d'essayer, et M. Blanchard, jardinier-chef du Jardin botanique de Brest, et homme habile, se prête- rait volontiers à en faire l'essai. » Un autre point qui semble offrir de meilleures chances, parce que la température y est plus élevée et les pluies ordinairement abondantes, quelquefois excessives, est le département des Basses-Pyrénées, princi- 49% SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. palement au voisinage de la mer. Le sol montagneux s’y prêterait d’ail- leurs aux irrigations, à l’aide des, petits cours d’eau qu'on pourrait utiliser de cette manière. J’ai lieu de croire que M. Antoine d’Abbadie, membre de l’Institut et propriétaire près d’Urrugne, d’ailleurs grand amateur de culture, nous rendrait avec plaisir le service de faire cultiver une petite planche de Riz sec dans son jardin. Il faudrait aussi essayer sur les sables des Landes, où l’humidité ne manque pas. Qui sait, quelquefois ? Venture and win, comme disent les Anglais. Il faut risquer quelque chose pour avoir la chance de gagner. » Mais s’il y a peu de probabilité de succès pour la culture du Riz sec en France, il en serait, je crois, tout autrement dans plusieurs de nos colonies intratropicales. À priori, la Nouvelle-Calédonie se présente en première ligne, et je crois que des essais sérieux devraient y être faits. J'en dis autant du Gabon. Les rizières inondées sont ordinairement très malsaines, el si on pouvait les remplacer par des rizières qui se conten- teraient de la pluie, ou dont la pente permettrait l'écoulement continu de l’eau d'irrigation, ce serait un grand avantage pour les pays où ce système de culture paraît praticable, car toutes les variétés de Riz don- nent des produits relativement énormes. | » La provision de graines que m'envoie la Société d’Acclimatation est assez forte pour me permettre d’en distribuer à divers expérimentateurs, en France et ailleurs. Je vais en envoyer à M. Blanchard, à M. d’Abbadie et à un ami que j'ai à Bordeaux, et qui prend grand intérêt aux expé- riences de naturalisation. J’en enverrai aussi en Portugal et en Algérie. A force de frapper aux portes, on finit par se faire ouvrir. » — M. Henri Trouche, ingénieur des Arts et Manufactures à Arles, écrit à M. le Président: « J’ai l'honneur de vous demander de vouloir bien me faire parvenir la quantité de Riz de montagne nécessaire pour ensemen- cer { ou ? hectares, si cela vous est possible, soit 80 à 10 kilogrammes. » Depuis six ans je cultive en Camargue, de concert avec mon père, des variétés de Riz du Piémont, les Riz hertone et francone. Les sur- faces ensemencées annuellement en Riz ont varié de 15 à 40 hectares, et celte année même nous comptons mettre en rizières 65 hectares. » Le climat de lile, malgré la fréquence et la violence des vents, permet la culture de cette céréale. Des essais avaient été faits déjà à diverses époques par de puissantes Compagnies, mais les frais de cul- ture et spécialement les frais généraux avaient toujours dépassé le chiffre du produit net. Dans notre culture plus économique, nous avons obtenu des résultats quinous engagent à les poursuivre ; notre exemple a été suivi. » Nous avons d’abord semé le Riz dans des terrains d’une altitude supérieure à l’étiage moyen des eaux du Rhône, et l’eau nécessaire à la submersion des rizières a été élevée mécaniquement à l’aide d’une loco- mobile et d’une pompe centrifuge lorsqu'elle ne pouvait y être amenée PROCÈS-VERBAUX. 495 par pente naturelle. Les partènements étaient établis sur des terrains présentant de faibles peutes où les terrassements, canaux et bourrelets étaient toutefois assez importants. Le sol était de argile mêlée de sable et de calcaire; il était stérilisé par le sel qui l’imprégnait, surtout dans ses couches inférieures par suite de leur formation par le dépôt des alluvions du Rhône au sein de la mer. Sur les 15 000 hectares cultivés dans Pile, dont la superficie totale est environ de 72000 hectares, 10 000 sont ainsi partiellement stérilisés par le sel. Les années de séche- resse se succèdent ici presque sans interruption depuis quinze ans et les efflorescences salines s’etendent dans les terres cultivées où elles forment des taches de plus en plus larges, des sansouires ; le Blé, la Luzerne, la Vigne, n’y pourront plus végéter tant que des pluies abondantes ou des submersions artificielles ne les auront pas adoucies. D'autre part, 30 000 hectares environ sont entièrement incultes, recouverts çà et là par la triste et monotone végétation de plantes salifères, et parsemés de quelques arbustes rabougris, des Tamaris. C’est que leur niveau s’abaisse progressivement au-dessous de celui des terres cultivées et que leur couche superficielle est plus proche du sel qui imprègne le sous-sol. Lorsque des pluies abondantes et répétées dessalent la croûte supérieure de ces terres vagues pendant les saisons d'automne, d'hiver et de prin- temps, quelques graminées germent et croissent dans Îles interstices laissés libres par les plantes salées; elles forment dans les parcelles les meilleures, les plus élevées, un gazon fin et sapide qui s'étend d'autant plus, que le dessalement produit par les eaux de pluie est plus complet et que toutes les autres conditions atmosphériques du dévelop- pement des plantes sont plus favorables. Malheureusement les saisons propices à cet enherbement sont rares et, même dans les bonnes années, de grandes surfaces restent entièrement nues dans la végétation clair- semée des plantes salifères. Quelques troupeaux de moutons métis mérinos parcourent alors ces pauvres pâtures dont ils utilisent pour leur précaire subsistance les maigres et critiques ressources, puis ils trans- hument dans les Alpes lorsque vient l'été et que les graminées dispa- raissent brülées par le soleil, par les vents et surtout par le sel que l’évaporation et la capillarité font alors remonter jusqu’à leurs racines. » La culture du Riz était indiquée pour ces terres dont la submersion devait produire le dessalement au moins superficiel et momentané, en mème temps qu’elle permettrait la végétation de cette céréale. Teis ont été en effet ses résultats, mais ils ont été chèrement achetés. Les frais considérables de lélévation mécanique des eaux, les dépenses d’aména- gement des rizières, les frais de culture et de récolte ont fortement grevé le produit brut, qui, faute de rizerie, a dû être livré à la consom- mation par le bétail. La machine élévatoire avait pourtant d’autres uti- lisations; elle servait aussi pendant la belle saison à l’arrosage artifi- ciel de luzernières et de prairies, à l'automne elle était employée à la 496 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. submersion des Vignes et la locomobile aidait au battage des céréales et du Riz. » Afin de réduire les frais de production, nous avons ensuite établi des rizières dans d’anciens marais, directement submersibles par les eaux du Rhône qui suivent la pente de canaux creusés à travers des terrains plus élevés. Le sol fortement argileux ne présente qu'une très faible pente; il a été labouré et aménagé aussi économiquement que possible; les dépenses de la submersion ont été réduites aux appointements de lPaiguadier et aux frais d'entretien des canaux d’amenée et de colature. Le produit net s’est élevé, mais il a été encore gravement réduit par le chiffre important des dépenses de la moisson et de la récolte. C'est que la submersion oblige à faire la moisson à la faucille, c'est-à-dire à grand renfort de bras, et à grands frais de main-d'œuvre, pendant qu'elle rend fort diflicile et très coûteux l'enlèvement des gerbes par les voitures et les attelages embourbés dès avant le chargement. » Aussi sommes-nous très désireux d'entreprendre la culture du Riz sec. Il suflira sans doute de quelques arrosages pour assurer la végéta- tion de cette varièté, dont nous pourrons peut-être tenter de faire la récolte en fauchant avec la moissonneuse; la perte en grains secoués par la machine ne sera probablement pas supérieure à celle faite dans la moisson à la faucille, et nous pourrons réaliser en même temps qu'une importante économie de main-d'œuvre une grande accélération de la moisson et de la rentrée de la récolte. Ce dernier avantage nest pas moins précieux que les précédents, car les pluies risquent d'autant plus de contrarier ces travaux exécutés en fin septembre et octobre, qu'ils se prolongent davantage. » Le succès de nos essais serait très désirable pour la Camargue pour vivifier les grandes surfaces stérilisées par le sel et la sécheresse. Le dessalement superficiel et momentané du sol pourra être obtenu si le Riz de montagne germe et croît dans la terre maintenue humide par des arrosages peu fréquents et peu copieux : l'expérience journalière atteste que le sel disparaît dès que la terre est abritée par une plante qu'il ne peut détruire, par des pailles ou des litières étendues en couverture à sa surface. Les machines élévatoires qui se multiplient journellement dans l'ile pour la submersion des Vignes trouveraient dans arrosage du Riz de montagne une meilleure utilisation que dans lasubmersion des autres variétés puisqu'il procurerait les mêmes résultats à moindres frais. » Nous voudrions faire un essai de semis à la volée sans sarclage ni buttage, et un semis en sillon, sarelé et butté. Nous nous engageons à vous tenir au courant des opérations et des résultats. » — M. Chapellier adresse deux exemplaires de la brochure qu'il vient de publier sous le titre : Note sur une culture antiphylloxériqueet met des exemplaires de cette brochure à la disposition de ceux des membres de la Société qui en désireraient. PROCÈS-VERBAUX. 497 CaepreLs. — M. d'Imbleval écrit de Romesnil : « La femelle de mon cheptel de Cochon siamois a mis bas le 14 courant. Comme chaque fois, elle est inabordable, et malgré tous les soins qui lui ont été donnés, elle a écrasé trois porcelets sur huit. » Il en reste donc cinq, qui paraissent se bien porter. » M. Pontet, d’Aurillac, adresse les renseignements suivants sur son cheptel de Porcs de Siam : « Ces animaux étaient au début d’un carac- tère sauvage, le moindre bruit les épouvantait, et il était assez difficile de les réintégrer dans leur loge; grâce aux bons soins et à la douceur du domestique chargé de les soigner, leur humeur s’est complètement mo- difiée. La Truie avait été saillie, son développement s’effectuait dans de bonnes conditions, lorsque le 11 mars le porcher remarqua qu’elle parais- sait moins vive, on lui donna du lait, mais à peine l’eut-elle goûté, qu’elle tomba foudroyée. Je fis faire l’autopsie, mais aucune constatation ne put être faite, du moins sur la cause de sa mort; elle était pleine et portait trois petits, deux noirs et le troisième blanc et noir, presque à terme. Le mâle est très vigoureux, il doit peser environ 50 kilogrammes. » — M. Savinien Giraud-Ollivier annonce le renvoi de trois Perruches calopsittes mâles provenant de son cheptel. — M. Goubie rend compte de la perte d’une de ses deux Colombes Lophotes. — M. A. de la Brosse fait connaître qu'il vient de perdre le mâle de son cheptel de Canards de la Caroline. — M. Colette rend compte de la perte du mâle de son couple de Canards de la Caroline. — M. Raveret-Wattel signale un travail publié dans le Journ. ofthe Soc. of Arts, du 21 mars, sur les mœurs des Éléphants à l’état sauvage et en captivité, par M. G.-P. Sanderson, surintendant des opérations de capture des Éléphants pour le service du Gouvernement, au Bengale. — M. le Président donne lecture de la note ci-après déposée par M. Vavin: « Le Dictionnaire des jardiniers et des cultivateurs, publié à Bruxelles en 1788, nous apprend que, parmi les seize variétés d’Alke- kenge, qui y sont décrites, l'espèce connue sous le nom de Peruviana est originaire du Pérou, d’où M. de Jussieu le jeune a envoyé les semences; nos chers collègues Vilmorin et Andrieux, dans leur supplé- ment du catalogue de 1851, annoncent l’Alkekenge Peruviana comme de nouvelle introduction, ils font donc erreur. » L’Alkekenge Peruviana est annuelle, elle s'élève à 1",30 environ, les fleurs sont larges, en forme de cloche ouverte et d’un bleu clair; elles produisent des baies de la grosseur d’une cerise ordinaire, renfermées dans une grosse vessie gonflée à cinq angles aigus. Cette plante fleurit en juillet et ses'semences mürissent en automne. » Le semis doit se faire à 20 centimètres de distance, car si la terre est bone, les tiges deviendront fortes. 428 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. » Le Père Feuillée, qui le premier a trouvé cette plante au Pérou, en a beaucoup vanté les propriétés; il dit que les Indiens font un grand usage de ses baies, pour chasser le gravier et soulager dans les réten- tions d'urine ; il donne la manière d’en faire usage; elle consiste à broyer quatre à cinq baies dans de l’eau ou dans du vin blanc que l’on fait boire au malade, il assure que le succès de ce remède est étonnant. » — M. Maurice Girard fait, au nom de l’auteur, hommage à la Société, d’un catalogue des animaux vertébrés du département du Doubs, récem- ment dressé par M. Ernest Olivier. — Remerciements. — M. de Barrau de Murate! donne lecture du rapport présenté au nom de la deuxième Section sur les questions mises en délibération au Congrès ornithologique de Vienne. — M. le Secrétaire général estime que les conclusions de ce rapport ne répondent pas entièrement aux questions posées par les organisateurs du Congrès, notamment en ce qui concerne le projet d’une loi interna- tionale pour la protection des Oiseaux. — M. de Barrau de Muratel croit que la Section pouvait seulement émettre le vœu qu'une entente entre les puissances fùt provoquée par le Congrès. Quant au rapport, il ne fait naturellement que résumer les déli- bérations Jde la Section. — M. Oustalet, qui est chargé de représeñter le Ministère de linstruc- tion publique au Congrès de Vienne, considère comme pouvant être fort utile la création d’un réseau ornithologique couvrant une partie de la France; mais il craint qu'on n'arrive qu'à un ensemble de renseigne- ments tout à fait insuffisants en confiant, comme le propose le rapport, aux agents du service forestier, le soin de noter le passage des oiseaux. Il lui paraïtrait préférable que ces observations fusseut faites par des personnes ayant au moins une certaine connaissance de la faune locale, et il pense qu’on pourrait obtenir de nombreux renseignements en faisant appel à la bonne volonté des naturalistes qui résident dans les régions à étudier. — M. de Barrau de Muratel dit que la Section n'a pas cru qu'il serait possible de trouver un nombre suflisant de savants pour s'occuper des observations demandées; qu’elle a été ainsi amenée à songer aux ser- vices que pourraient rendre les agents forestiers, les employés de la douane, les gardiens des phares, etc., en recueillant des spécimens, lors des passages d'oiseaux, et en les adressant à des personnes assez com- pétentes pour déterminer les espèces sans erreur possible. C’est dans ces limites seulement que la Section a pensé à l’utilisation du concours de ces agents. — M. Oustalet fait remarquer qu'il conviendrait que les renseigne- ments fussent ceutralisés et vériliés par un cerlain nomb:e de stauons régionales, qui les drigeraient ensuite sur le Conuté de Paris. — M. le marquis de Sinéty pense que ces stations pourraient être peu PROCÈS-VERBAUX. 499 nombreuses, les routes suivies par les oiseaux étant limitées. Ainsi, une station établie, par exemple, sur les côtes de la Somme, une autre sur la Loire, une autre dans les Pyrénées, du côté de Bagnères-de-Bigorre, une autre, enfin, dans le bassin du Rhône, seraient sans doute suffisantes. — M. Geoffroy Saint-Hilaire considérerait comme très utile Pétablis- sement d'une carte des routes fréquentées par les oiseaux, afin que les observateurs pussent signaler les faits anormaux, très intéressants à enregistrer. — M. Dareste estime qu'il y aurait là, en effet, un important sujet d'étude. Les voyages anormaux des oiseaux méritent une attention spé- ciale, des faits extrêmement singuliers se produisant parfois. C’est ainsi qu'il y a seize ou dix-huit ans l’on a constaté, sur divers points de la France, notamment dans le département de la Somme et de la Marne, le passage du Syrrhapte paradoxal (Syrrhapte paradoxus), espèce du nord de l’Asie et absolument inconnue en France. — M. le Secrétaire général confirme l’observation de M. Dareste, en ajoutant que l'apparilion de cette espèce asiatique a été également con- stalée en Bretagne. Ce sont précisément les faits de cette nature que M. Geoffroy Saint-Hilaire désirerait voir relever avec soin. — M. le marqnis de Sinéty fait remarquer qu’il ne faut pas confondre les passages véritablement anormaux avec les passages qui ont lieu de temps en temps pour certaines espèces, et qui sont généralement déter- minés par un mauque de nourriture obligeant les oiseaux à se déplacer. — M. Masson donne, au nom de la deuxième Section, lecture du rap- port préparé en réponse à l’une des questions comprises dans le pro- gramme du Congrès ornithologique de Vienne, savoir : l’origine de la poule domestique et les mesures à prendre pour le perfectionnement de lPélevage de la volaille. — Tout en s’associant aux idées émises dans ce rapport sur la néces- sité d’avoir de bons reproducteurs, M. le docteur Michon regretterait que par des importations quelquefois mal raisonnées ou par des croisements, on fit disparaitre notre Poule paysanne, qui west pas sans mérite. — M. Saint-Yves Ménard dit qu'il est mutile de recourir à l’importa- tion de races étrangères, puisque nous avons, sans croisements, les Poules les plus belles qu'il soit possible de rencontrer, tant comme finesse de chair que comme ponte et délicatesse des œufs. — M. de Barrau de Muratel fait observer que beaucoup de races de choix ne prospèrent pas partout, et dégénèrent rapidement quand on les transporte dans certaines régions; mais elles peuvent servir à améliorer la race locale, et des croisements intelligemment faits donnent ainsi d'excellents résultats. —— M. le Secrétaire général estime, lui aussi, que la Poule paysanne doit être conservée. Ne sout-ce pas les Poules du pays qui, bien trai- tées, sélectées avec soin et intelligence, ont produit les belles races 430 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. gallines que nous possédons aujourd’hui ? Quant aux croisements, s'ils sont à proscrire dans certains cas, ils peuvent aussi rendre souvent de très utiles services pour l’amélioration des races, et c’est d’ailleurs, en partie à l’aide de cet instrument qu'ont été créées beaucoup de nos races de choix. — M. Saint-Yves Ménard croit qu’il n’est pas inutile de faire remar- quer que le sentiment de la Commission n'a pas été tout à fait aussi absolu que le rapport semblerait le faire ressortir. Il lui paraîtrait regreltable qu’on püt penser que la Société d’Acclimatation, ou une de ses Sections, s’est prononcée d'une manière aussi formelle sur un sys- ième de reproduction qui, somme toute, a du bon, mais qui n’est pas le seul. — M. Masson dit queles seuls croisements qu’il puisse préconiser sont ceux ayant pour but d'améliorer la Poule commune en lui infusant du sang de nos belles races françaises. À son avis, la sélection dans une race pure donnera de plus beaux sujets que dans une race croisée. Le Secrétaire des séances. C. RAVERET-WATTEL. IV. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS PREMIÈRE SECTION SÉANCE DU 8 JANVIER 1884 Présidence de M. DECROIX, président. La Section procède à la nomination du bureau et d’un délégué dans la Commission des récompenses. Le vote donne les résultats suivants : President, M. Decroix. Vice-président, M. Ménard. Secretaire, M. Jules Gautier. Vice-secretaire, M. X. Dybowski. Délegqué dans la Commission des récompenses, M. Ménard. MN. Geoffroy Saint-Hilaire et Ménard s’excusent de ne pouvoir assister à la séance. Il est déposé sur le bureau une brochure de M. le D' Boudard ayant pour titre: Allaitement artificiel ou instiluts nationau pour l'éle- vage des nouveau-nés. — Renvoyé à l’examen de M. J. Gautier. M. de Confévron adresse un mémoire sur Pacelimatation. — Renvoyé à l'examen de M. Millet. Une note de M. de la Rochemacé sur la destruction des Mulots est éga ement renvoyée à l’examen de M. Millet. Uu membre de la Société qui désire conserver l’anonyme adresse di- verses observations relatives au rapport et au projet de loi sur la chasse présentés par M. Gautier. — Renvoi à l'examen du rapporteur. Pour le Secrétaire, JULES GRISARD. DEUXIÈME SECTION SÉANCE DU 8 JANVIER 1884 Présidence de M. MILLET, président. Il est procédé au début de la séance, à l'élection du bureau pour Panuée 1884. Sont élus: President, M. Millet. Vrce-president, M. le baron d’Avène. Secretaire, M. E. Joly. Vice secretaire, M. le comte d’Esterno. Delegué dans la Commission des récompenses, M. Millet. 439 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. M. le Secrétaire donne lecture d’une lettre de M. Winkler, sur un vol remarquable de Pigeons voyageurs. A ce propos M. Masson cite le fait de Pigeons nés à Paris et transpor- tés à Vitry fréquentant les deux endroits. M. Joly fait observer que ce fait de dressage n’est possible que sur une petite distance. MM. de Glatigny, de Barrau de Muratel, Lenglier, Millet présentent di- verses observations à ce sujet. M. Lataste donne lecture d’une note sur les Rapaces nocturnes (voy. au Bulletin). M. Millet confirme l’observation de M. Lataste que l’on ne trouve gé- néralement que des crânes de Souris dans les pelotes ramassées dans les granges. M. de Barrau de Muratel à propos des canards Labrador fait remar- quer que leur ponte ayant lieu fort tard, les canetons s'en ressentent. M. de Muizon pense que par une nourriture appropriée on parviendrait à une légère modification de la ponte. Le Secretaire. E. Jozx. TROISIÈME SECTION PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 16 JANVIER 1884 Présidence de M. Léon VAILLANT, président. « Dés l’ouverture de la séance il est procédé à la formation du bureau de la section pour l’exercice 1884-1885. Le scrutin donne les résultats suivants : President, M. Vaillant. Vice-président, M. de Barrau de Muratel. Secrétaire, M. Léon Vidal. Vice-secretaire, M. le comte de Ginestous. Délégué dans la Commission des récompenses, M. Léon Vidal. M. Grisard dépose sur le bureau une brochure et un plan, relatifs à un projet d'établissement de pisciculture pratique, adressés à la Société par M. Barras, conducteur de travaux à la Compagnie du chemin de fer de Clermont-Ferrand à Tulle. Ce travail est confié à l'examen de M. Léon Vidal, qui est chargé de présenter un rapport sur le projet de M. Barras. M. de Barrau de Muratel a la parole pour la lecture d'une lettre de faire part de la mort de M. Millet, membre de la Société et de la Section, dont les ohsèques sont fixées au lendemain jeudi, 17 juillet. M. le Président exprime tant en son nom qu’au nom de la Section tout entière les regrets qu'inspire cette mort soudaine, que rien ne faisait PROCÈS-VERBAUX. 433 prévoir. C’est, dit-il, une grande perte pour la Société nationale d’Aecli- matation dont M. Millet était un des plus anciens membres et aussi un des membres les plus actifs et les plus savants, notamment dans les questions relatives aux insectes et aux poissons dont il s’occupait avec un dévouement qui ne s’est jamais ralenti jusqu’à la dernière minute de son existence arrivée à son terme au moment où il semblait qu'il pour- rait rendre encore à la Société de longs et utiles services. M. le Président engage les membres de la Section à donner à leur si regretté collègue une marque de leur vive sympathie en se rendant à ses obsèques. La Section s'associe par l'expression des regrets bien vifs de chacun de ses membres aux paroles émues de son Président. M. René de Semallé informe la Section qu’il possède sept pièces d’eau dans lesquelles il a récolté deux mille sept cents alevins de Carpes qu’il a remis à l'administration des Ponts et Chaussées pour être déposés dans la rivière de Dore. Le poids de ces deux mille sept cents alevins s'élevait à 183 kilo- grammes. Il a été constaté que les jeunes sujets étaient doués d’une très grande vivacité trois quarts d'heure après leur introduction dans l’eau de la Dore, ce qui permet d’espérer que cet apport contribuera au re peuplement de cette rivière. M. le Président remercie M. René de Semallé et lengage à persévérer dans cette voie, qui ne peut que conduire à des résultats sérieusement utiles. La question de la maladie des Écrevisses devait faire l’objet d’une dis- cussion dans la première séance. Le regretté M. Millet s'était même engagé à apporter des renseignements sur des faits relatifs à cette ma- ladie. M. Fallou avait à cet égard pris quelques informations auprès de M. Simon au sujet des Écrevisses de la Gironde. En l’état, il y a lieu de renvoyer un nouvel examen de ce point important à une autre réunion. M. Grisard présente au nom de M. Berthoule un moulage d’une Truite des lacs provenant du lac Chauvet. M. Chopin demande, à propos des procédés de M. Lugrin, si la Société d'Acclimatation ne pourrait sanctionner par un rapport spécial les ré- sultats qu'obtient M. Rivoiron quant à la production artificielle des Da- phnies. Le procédé employé ne serait pas indiqué, puisqu'il constitue une valeur industrielle qu’on ne saurait sacrifier, mais il y aurait peut- être un moyen de fournir la preuve que les multiplications des Daphnies en nombre considérable atteignent bien et par des procédés dont est maitre l’inventeur du procédé, les proportions extraordinaires que l’on a indiquées et dont il s’agissait de constater l’exactitude. M. le Président répond à M. Chopin que la Société ne saurait s’occu- per d’un procédé dont la méthode lui est cachée. Le but de la Société est d'encourager, de répandre les procédés d’acclimatation et de culture, et elle ne peut atteindre ce but si elle n’est mise en état d’examiner et con- 4e SÉRIE, T. [. — Avril 1884. 28 41354 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. naître la nature des procédés employés; il lui faut des preuves scienti- fiques et non des preuves industrielles, qu’eile ne serait jamais en me- sure de contrôler avec assez de certitude. A propos de l'avis de M. Edward Carll relatif à l’envoi à la Société d’un modèle d'échelle à Saumons, la question des échelles défectueuses revient sur le tapis. La Section est d’avis qu’on ne saurait trop s’occuper d'amener le public et l'administration compétente à adopter des modèles convenables. M. Geoffroy Saint-Hilaire pense qu'il conviendrait de provoquer une certaine agitation autour de cette importante question. Il appartient à la Société d’Acclimatation d'étudier les meilleurs modèles à proposer et d'entreprendre une campagne dans le but de faire adopter ces modèles ; une circulaire serait rédigée dans ce sens et répandue ensuite dans toutes les localités où cela paraîtrait nécessaire. La Section partage cette opinion; elle désirerait seulement avoir sous les yeux les divers types d’échelles parmi lesquels elle ferait choix de celui qui lui semblerait le meilleur. M. le Secrétaire adjoint est prié de s'entendre avec M. Raveret-Wattel pour que ces types soient à la disposition de la Section lors de sa prochaine séance ; il serait aussi fort utile que M. Raveret-Wattel, qui est parfaitement au courant de cette question, pût donner à ce sujet quelques explications techniques, car il a été en relations directes avec M. Mac Donald, auteur d’un travail im- portant sur les échelles à Saumons, et nul mieux que lui n’est en mesure de renseigner la Section sur ce point qui intéresse à un si haut degré le peuplement de nos cours d’eau. Toutes questions épuisées, la séance est levée. Le Secretaire, LÉON Vipar.. QUATRIÈME SECTION SÉANCE DU 22 JANVIER 1884 Présidence de M. Maurice GIRARD, président. il est procédé à la nomination du bureau et d’un délégué près la Com- mission des récompenses. Le dépouillement du scrutin donne les résul- tats suivants : Président, M. Maurice Girard. Vice-président, M. J. Fallou. Secrétaire, M. Bigot. Vice-secrétaire, M. X. Dybowski. Délégué dans la Commission des récompenses, M. J. Fallou. M. Grisard présente, au nom de M. de Layens, la seconde édition de Son ouvrage: Élevage des abeilles par les procédés modernes. PROCÈS-VERBAUX. 439 Il est donné connaissance d’une note de M. P. Pichot sur un Serica- ria sauvage de Chine (voy. Bulletin., p. 107). M. le Président pense qu’il y aurait lieu de faire quelques tentatives d'éducation sur lieu pour être bien fixé sur la valeur de la soie. Dans tous les cas l’envoi de l’insecte à divers états ou de bons dessins ne peuvent qu'intéresser vivement la Section. Le R. P. Camboué fait ses offres de service à la section pour les insectes de Madagascar. M. Fallou signale parmi les espèces à demander : le Borocera Ma- dagascariensis Boisduval (syn. : Comètes), qui vit sur les légumineuses ; le Bombyx radama Coquerel; le B. Diego Coq.; le Saturnia Apolli- naris Butler (syn. : Alsinæ, Cramer); le S. Cajani Vinson, Bdv., la plus belle des Saturnines dont le cocon est inconnu et d’une façon générale tous les Lépidoptères donnant des cocons soyeux. M. Fallou fait une communication sur le Saperda scalaris des pom miers et le Rhynchiles populi de la vigne. M. Maurice Girard présente les séries 3, 4 et 5 des « Bons points in- structifs », édités par la maison Hachette. M. le Président dépose sur le bureau des tiges de poirier détruites par les larves de l'Agrilus viridis, syn.: piri, faisant ses galeries entre l'écorce et laubier, comme des scolytes. Pour le Secrelaire, JULES GRISARD. CINQUIÈME SECTION SEANCE DU 29 JANVIER 1884 Présidence de M, PAILLIEUX, Vice-président, La Section procède à la nomination de son bureau et du délégué près la Commission des récompenses. Le scrutin donne les résultats suivants : President, M. H. de Vilmorin. Vice-président, Aug. Paillieux. Secrétaire, Jules Grisard. Vice-secrétaire, 3. Dybowski. Déleque dans la Commission des récompenses, M. Mène. M. le Secrétaire donne lecture: 1° d’une lettre du R: P. Camboué, missionnaire apostolique à Tananarive, faisant ses offres de services à la Société, — Remerciements. Des instructions seront transmises à notre gracieux correspondant. 2 D'une lettre de M. Godefroy-Lebeuf annonçant qu'au printemps prochain il espère ‘être en mesure de mettre à la disposition de nos 450 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. collègues des graines ou des boutures de Kummara (Convolvus chryso- rhisus Forst.), plante alimentaire cultivée par les Maoris de la Nouvelle- Zélande et dont les voyageurs parlent avec éloge. M. le Président fait remarquer que les essais tentés en Angleterre avec cette plante ont donné des résultats négatifs. 3 D’une lettre de M. A. Thomas, capitaine au long cours, informant la Société que, s’occupant de la vulgarisation du Maté, 11 vient de rece- voir du Parana un envoi de plants et qu'il se fera un plaisir d'en mettre une partie à sa disposition. M. Grisard met sous les yeux de la Société des échantillons de Ramie à divers états préparés par les soins de la Société de crédit à lindus- trie. | M. de Barrau de Muratel rend compte de ses cultures de divers végé- taux et dépose sur le bureau des graines de trois espèces de Cucurbita- cées américaines qui sont distribuées en séance. Notre confrère signale une variété de Fève d'excellente qualité qu donne neuf graines à la gousse, et qui lui paraît tout à fait recomman- dable. M. le Président remercie M. de Muratel de son intéressante commu- nication. M. Doumet-Adanson fait remarquer l'intérêt que présente la culture du Zapallito, qui, chez lui, a toujours donné d'excellents résultats; la qualité dépend du reste de l’époque de la récolte. M. Fallou dit que cette plante est sujette à varier; il à obtenu des fruits groupés autour du tronc, mais aussi des tiges qui s’allongeaient sans rien produire. Chez M. Paillieux, les fruits se sont toujours produits près du tronc ct ce n’est que plus tard que les tiges ont pris un certain développement. M. Doumet-Adanson présente des échantillons de ses cultures d’Igna- mes qui lui ont donné des tubercules ramassés et d’un arrachage facile; notre confrère croit qu'il doit ces résultats à des conditions particulières de plantation, les tubercules semences ayant été enfouis très peu profon- dément. M. le Président demande quel mode de multiplication à été employé. M. Doumet répond que ce sont les bulbilles qui ont donné les tuber- cules présentés, après trois années de culture. Notre confrère ne croit pas du reste que cette plante soit d'un grand avenir, elle restera toujours confinée dans les jardins et ne deviendra jamais de grande culture. Le tubercule de l’Igname est plus délicat que celui de la pomme de terre, mais ce sera toujours un légume de luxe. M. Paillieux met en distribution des Haricots de Baria reçus trop tard l’année dernière pour en essayer la culture ; il espère que nos collègues en obtiendront de bons résultats et il les prie de rendre compte de leurs essais, quels qu'ils soient. PROCÈS-VERBAUX. 43 Notre collègue remet ensuite à chaque membre présent un flacon de pickles avec invitation de vouloir bien faire connaître son appréciation. M. Paillieux donne enfin lecture d’une note sur la Margosse, cucurbi- tacée des Antilles. M. Sœhnlin présente trois espèces de Courges provenant de graines distribuées, en séance de la Section, l’année dernière. M. le Président présente un sachet d’Orge du Japon remarquable par sa précocité. M. le baron d’Avène veut bien se charger d’en faire l'essai et de rendre compte du résultat qu'il obtiendra. Le Secrétaire, JULES GRISARD. V. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Reproduction en volière du grand Cacatois à huppe ijaurme. (Psitlacus galeritus). Extrait du journal Die gefiederte Well, n° 51 et 52, décembre 1883. Depuis longtemps déjà je désirais faire couver la paire de Cacatois, dont j'ai déjà souvent entretenu les lecteurs de ce journal. En 1881 et en 1882, j'oblins deux œufs chaque fois, mais j'ai eu un résultat satisfaisant seulement cette année-ci; en effet, je possède deux magnifiques jeunes Cacatois dans ma volière. Cette volière qui est petite et abritée d’ormes, est dans un coin retiré de mon jardin, situé dans le faubourg de Berlin appelé Friedrichshagen. Dans ce quartier tranquille je pouvais donner à mes oiseaux une retraite convenable. Je possède la femelle de Cacatois depuis l’année 1869; J'eus quelque peine à me procurer un male. Après divers essais infructueux J'y parvins ce- pendant. La distinction des sexes est assez difficile, mais cependant après avoir bien saisi les caractères, tout le monde arriverait à reconnaitre le male de la femelle. Celui-ci a le bec plus fort, les yeux plus saillants, le front plus large, la tête plus ronde ; son corps est plus arrondi, plus lourd. La femelle est d’une structure plus ramassée et moins élancée que celle du mâle. Les jambes sont plus écartées, le ventre semble plus plat. Comme les années précédentes, je plaçai mes Perroquets dans leur maison d'été, construite en pierre et mesurant 2 mètres sur mères; ils avaient hiverné pendant hiver dans une antichambre non chauffée. L'arrangement intérieur de leur nouvelle maison d’été est fort simple : quelques fortes perches pour se reposer; pour nicher un vieux tronc de Saule creux et assez gros, avec un trou de sortie artificiellement établi au côté, en plus des mangeoires et des augets en briques. Dès les premiers jours le nid fut visité et puis travaillé à fond. Les deux oiseaux rongeaient le bois avec un zèle infatigable pour agrandir le trou d'entrée, et puis ils restèrent souvent longtemps ensemble dans le nid. Je n'en inquiétai peu, j'observai leurs manières de loin et je FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 459 m'aperçus que, vers la fin de mai, la femelle restait continuellement au nid. Au commencement de juin, je pus voir le premier œuf. Peu de temps après, deux incidents fâcheux se produisirent, et je dus renoncer à tout espoir de résultat. Un dimanche, mon attention fut éveillée par un petit bruit, je m’élançai à la fenêtre et vis mon Cacatois mâle, qui était le moins apprivoisé, au haut des Peupliers, devant ma maison, Comment rattraper mon oiseau? Inutile de chercher le moyen. Mon oiseau, déployant ses ailes, s’envola vers la forêt voisine, qui est à une distance de dix minutes environ. Hasard heureux ! ma fillette y cueil- lait des fraises ! Elle vit tout à coup à côté d’elle mon Perroquet épuisé de ce vol, qui se laissa prendre et rentra ainsi dans ma possession. Peu de jours après, nouveau malheur : la femelle, si apprivoisée, avait passé sa Lête à travers les mailles du grillage et ne pouvait plus se dégager. Le secours lui arriva à temps, elle fat délivrée. Ces événements avaient causé de formidables émotions à mes oiseaux. Aussi je renonçai à m'inquiéter d'eux et je me résolus à les vendre. Heureusement, je n’y parvins pas, car les Cacatois se mirent à couver, et le vendredi 28 juin, j’entendis dans le nid un son strident, comme sidde, sidde, les jeunes étaient éclos et commencaient à pépier. Ce nouveaux venus m'obligèrent à ajouter au chanvre la nourriture presque exclusive des oiseaux, du pain blanc trempé, de l'orge cuite et séchée et des œufs durs. Ces aliments, renouvelés quatre fois par jour, eurent grand succès. Le jaune d’œuf leur convenait surtout, le blanc fut à peine touché; le pain était également bien accueilli. Après quelques semaines, mes élèves mangeaient quatre œufs et pour 10 centimes de pain par jour. Les parents les nourrissaient en dégorgeant, et l’un d’eux se tenait continuellement dans le nid pour réchauffer les petits. Le mâle en sortait toujours vers le soir pour laisser pendant la nuit la place à la femelle. Quatre semaines se passèrent de la sorte, et les grands oiseaux, ordi- nairement doux et familiers, se montraient excessivement irrités et mé- chants. Pour renouveler la nourriture il fallait de grandes précautions, car la femelle faisait le guet pour s'attaquer à qui approchait. Quoiqu'il me fût impossible de voir les petits, j'étais persuadé de leur état de bonne santé par l’augmentation de leur consommation et le bruit de leurs voix, qui devenait de jour en jour plus fort. Enfin, après deux semaines, j'avais la joie de découvrir deux jeunes. Placé sur un point élevé, je pus regarder dans le nid : Je vis les deux enfants, ils me regardaient d’un air anxieux, en dressant déjà leur huppe. Sauf ces grandes plumes mobiles et les petites plumes du front, la tête est nue, les yeux gros et saillants ne sont pas beaux à voir. Le bec était couleur de chair et non pas noir comme chez les vieux. Les parents remplissaient leur devoir si consciencieusement, que je ne me gênai plus pour les déranger. Les changements de couleur du bec 440 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. fixèrent mon attention. D'abord, il y eut une tache foncée sur la crête du bec, cette tache grandit peu à peu vers le front. Après quelques semaines le bec était entièrement gris noir. Tant que j'étais en observation, les petits restaient silencieux, mais aussitôt qu’ils se sentaient délivrés de ma surveillance, ils se faisaient entendre et les parents les nourrissaient. Enfin, le 6 septembre, onze semaines après l’éclosion, le premier sortit du nid et le second le 8 septembre. Le plumage était complètement dé- veloppé, sauf les petites plumes du côté de la tête; ces dernières pous- saient très lentement; à la fin d'octobre, on voyait encore des places nues. La taille des petits égalait en ce moment celle des parents. Ils se comportent bien, grimpent joyeusement d’une perche sur lautre, jouent ensemble, en s’arrachant mutuellement des petits morceaux de bois; quelquefois il y a bataille et coups d’ailes, coups de bec, bref ils font comme les parents. A l'âge de douze semaines, ils mangeaient seuls des grains de chanvre, ce qui n’empêchait pas les parents de les faire manger en- core, et surtout le mâle, qui se montrait plus soigneux encore que la femelle. La mère, en effet, se montre brutale : quand je donne à chacun des quatre oiseaux un petit morceau de sucre qu'ils prennent de ma main, elle jette son morceau de côté pour pouvoir ravir ceux du mâle et des petits. Cela me prouve que les liens de famille se relàchent. Les aliments que j'ai énumérés suffisent complètement, les autres, tels que fruits, noix, amandes, choux-raves, salade, furent à peine re- marqués ; seuls les navets, les radis et les fraises étaient goûtés de temps en temps, ces dernières surtout. Gela me parut d'autant plus curieux, que mes oiseaux méprisaient les fruits savoureux. Vers la fin du mois de septembre, le mâle commença à nettoyer à fond le nid, en sortant tout par le trou d’entrée. C’est en, grattant avec son bec et ses pieds qu'il nettoie. Ces préparatifs me donnèrent à penser que mes oiseaux voulaient faire une seconde couvée; je l’empêchai à cause de la saison avancée. Ernest DUDLITZ. Le Gérant : JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ NOTE SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE Pendant les mois de janvier, février, mars et avril 1884. Par M. HUET Aiïde-naturaliste chargé de la ménagerie. MAMMIFÈRES. Pendant les premiers mois de l’année, les naissances ont été, comme d'ordinaire, peu importantes; cependant nous en avons quelques-unes qui, entre autres, méritent d’être mentionnées ; ce sont : 1 Anülope éléotrague (Eleotragus reduncus) du Sénégal mâle, née le 6 Janvier. Guib (Tragelaphus scriptus) du Sénégal, né le 9 février. Cerfs-cochons (Cervus porcinus) de l'Inde. Moufflons à manchettes (Ovis tragelaphus) d'Afrique. Moutons. Chèvres d'Islande. Dauw (Equus Burchellii) du Cap. | Muntjacs, hybrides de Cervulus lacrymans mâle et de Cervulus Reevesi femelle. 1 Maki front noir (Lemur nigrifrons). 4 Maki noir (Lemur niger). C’est le troisième jeune Maki que nous obtenons des indi- vidus rapportés de Madagascar par M. Humblot, en 1883. Il est bien intéressant de suivre l’éducation des Jeunes Makis et de voir quels soins les mères prennent de leurs pe- tits. Aussitôt que le jeune est né, la mère, après l'avoir net- toyé, le place sous son ventre, où 1l s'attache des quatre mains 4° SÉRIE, T. [. — Juin 1884. 29) ? > & NO KO KO 19 149 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. aux poils, qu'il ne quitte que lorsqu'elle le prend pour le faire téter. Cette première éducation dure à peu près deux mois, et ce n’est qu'après ce temps que la mère commence à habi- tuer son petit à la quitter; pour cela, elle le dépose par terre en se tenant un peu éloignée, mais cependant sans le perdre de vue ; le jeune, se voyant délaissé, pleure et appelle; il s’en- suit des scènes vraiment touchantes; la femelle, voyant le désespoir de son enfant, s’empresse de le reprendre, le serre contre elle, l’enlaçant de ses bras et l’embrassant; puis, peu à peu, elle le laisse plus longtemps, jusqu’à ce quentin il soit assez fort et aguerri pour retourner de lui-même se mettre sous sa protection, qui ne lui fait jamais défaut. Au bout de quatre mois, le jeune Maki vit libre et va chercher sa nourri- ture; mais lorsqu'un danger le menace, il se rapproche de sa mère, et ne la quitte pas qu'il ne soit tranquille et sûr d’être en sécurité. DONS. 2 Macaques Maimon (Macacus nemestrinus) de l'Inde, dons de MM. Errington de la Croix et Herpin. 2 Gerbilles Simon (Gerbillus Simoni) d'Afrique, don de M. Deguez. 1 Ouistiti (Hapale jacchus), don de M”° Dehors. 1 Gibbon nasique (Hylobates nasutus) du Tonkin, don de M. Harmand, commissaire civil de la République, qui l’a ramené en France. Cette espèce, nouvelle pour la science, et à laquelle M. le professeur Milne-Edwards a appliqué le nom de Nasutus, mérite bien cette appellation par son nez proéminent, qui lui donne un caractère de physionomie tout à fait original. Ce Singe est, comme tous les représentants du même genre, d'une familiarité remarquable, d’une dextérité extraordinaire, comme les autres anthropomorphes, il semble dédaigner la société des autres Singes ordinaires, et, au contraire, recher- cher celle de Phomme. À part le nez, qui est très remarquable, les caractères exlé- NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 443 rieurs le feront aussi reconnaitre des autres espèces, en ce que tout le pelage est noir; il se rapprocherait, sous ce rap- port, de l’Hylobates syndactylus ; mais ce dernier est beau- coup plus grand, et les doigts des paltes postérieures sont soudés jusqu'aux phalanges unguéales, caractère qui lui à valu son nom spécifique; il ne pourra donc Jamais être con- fondu avec la nouvelle espèce du Tonkin, chez qui les doigts sont parfaitement libres. M. Harmand a souvent enrichi le Muséum du fruit de ses recherches, et cette fois encore on lui doit cette nouvelle es- pèce dans le groupe si intéressant des Anthropomorphes, dont les Gibbons font partie. ACQUISITIONS. 1 Raton crabier (Procyon cancrivorus), de l'Amérique méridionale. 1 Douroucouli (Nyctipithecus felinus), id. 1 Mangouste loempo (Herpestes loempo), Afrique occiden- tale. 1 Crossarque obscure (Crossarchus obscurus), id. 1 Pecari à collier (Dicotyles torquatus), Brésil. 1 Cephalophe Maxwil (Cephalophus Maxwili), Afrique oc- cidentale. 1 Gorille (Gorilla Gina), Gabon. C’est ia première fois que l’on a vu ce genre d’Anthropo- morphe vivant en France, où nous aurions bien voulu le con- server plus longtemps ; malheureusement, notre climat est peu convenable pour ces animaux, auxquels il faudrait beau- coup de chaleur en même temps que beaucoup d'air; aussi, au bout de quatre mois et malgré tous les soins dont il était entouré, est-il mort d’une inflammation d’intestin. Son passage à la ménagerie du Muséam, quoique de courte durée, aura au moins permis d'étudier ses habitudes et son caractère, qui est loin de ressembler à celui de ses congénères les Orangs et les Chimpanzés ; 1l est triste, taciturne, et sur- tout d’un fond méchant, cherchant loujours à mordre, mème 44% SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ceux qui lui donnaient des soins ; et, quoique très jeune, c’é- tait un animal dont il fallait se défier, tant sa force était orande. OISEAUX. IL est né : 3 Oies des Sandwich (Bernicla Sandwicensis). D Cygnes noirs (Cygnus atratus), d'Australie. 6 Cygnes blancs (Cygnus olor). DONS. l Buse (Buteo vulgaris), don de M. Berquier. 3 Cresserelles (Falco tinunculus), dons de MM. le profes- seur Blanchard et Roy. 1 Chouette effraie (Strix flammea), don de M. Blaize. 1 Paon (Pavo cristata), don de M. Deltrieux. ACQUISITIONS. 2 Paons. 1 Chouette à collier (Athene collaris), d'Afrique. 1 Casoar emeu (Dromaius Novæ-Hollandiæ). DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON Par le docteur Édouard MÈNE (Suite) PAPAVÉRACÉES (Suite). MM. Franchet et Savatier marquent aussi comme Corydalis Japonais : Le Corydalis Vernyi, Enko Sakou, espèce nouvelle trouvée par M. le D’ Savatier (1) aux environs de la ville de Tokio. Le Corydalis Senanensis (2), espèce nouvelle, qui fleurit en mars sur les montagnes, dans la province de Sinano. Le Corydulis laæa (3) et le Corydalis Raddeana (4), qui fleurissent en juin dans les montagnes de la province d’Idsou et dans les endroits pierreux des montagnes de Niko. PHILADELPHÉES. PHILADELPHUS CORONARIUS, var. Salzumi. Satzouma Oui- souqui. On rencontre au Japon le Philadelphus coronarius, var. Satzumi, de Maximowiez (5), de Franchet et Savatier (6); Philadelphus Satzumi de Siebold (7); Philadelphus Satzu- manus Hort., que le botaniste japonais Tanaka donne sous le nom de Saizouma Outsougui, et qui est marqué dans le Phonzo-Zoufou (8) sous celui de Szz’ma outz’gqui. Le Seringat japonais fleurit en juin dans les forêts et sur (1) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. IL, pars 2, p. 275, n° 2511. (2) bidi. n°195192; (3) Id. ibid., n° 2513. (4) Id., ibid., n° 2514. (5) Maximowicz, Revisio Hydrangearum, p. 36. Pétersbourg, 1870 (6) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 156, n° 610. (7) Paxton’s Flower Garden, vol. IF, n° 375. Icon. 188. (8) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXIX, fol. 9 recto. 446 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. les montagnes, dans plusieurs provinces des îles de Kiusiu, de Nippon et de Yeso. Il est introduit en Europe et est cultivé à Segrez avec var. Schrentii (1). Il était représenté à l'Exposition de Nancy (2), exposé par MM. Simon Louis frères, ainsi qu'un autre Philadelphus, le Philadelphus Yokohama. DEUTZIA SCABRA. Kawa uisuki. — Le Japon produit aussi le Deutzia scabra, Kawa utsuki, relaté par Thunberg (3), par Siebold et Zuecarini (4), par Miquel (5), par Franchet et Savatier (6), arbuste de 1,50 à 2 mètres, à feuilles rudes, opposées, couvertes de petits poiis à leur face inférieure, donnant de mai à juin des grappes terminales de fleurs sim- ples ou doubles, et qui croît le long des chemins et dans les plaines sablonneuses, dans les îles Kiusiu, Ousima, Takou- nosima, Nippon et Yeso. Le Deutzia scabra est introduit en Europe et se trouve chez un certain nombre d’horticulteurs ; il est cultivé à Se- grez, avec var. foliis variegatis. Une autre espèce de Deutzia japonais est le Deutzia cre- nata de Siebold (7), qui vient dans les haies et dans les terres sablonneuses. Cette espèce est introduite en Europe avec variétés L. pu- ñiceo, fl. purpureo pleno, fl. albo pleno, foliis variegalis, Fortunei et Sieboldi. Une autre espèce japonaise est le Deutzia gracitis de Sie- bold et Zuccarini (8), de Miquel (9), de Franchet et Sava- tier (10), quele Phonzo-Zoufou (11) désigne sous les noms de Ouno hama et de Koots”’gi ; pelit arbuste, qui fleurit en mai (1) A. Lavallée, Arboretum Segrezianum, p. 115. @ Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 87, n° 1800 et 1801-1880. (3) Thunberg, Flora Japonica, tabl. 24. (4 (5) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 263. (6) Franchet et Savatier, vol. I, p. 154, n° 607. (7) Siebold et Zuccarini, F1. Jap., tabl. 6. (8) Zd., ibid., tabl. 8. (9) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 263. (10) Franchet et Savatier, vol. I, p. 156, n° 609. (11) Phon+o-Zoufou, vol. LXXXIX, fol. 6 recto et verso. ) ) ) ) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., I, p. 19, tabl. 6. :) ) ) ) PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 447 dans les vallées humides des régions montagneuses de l’île de Kiusiu, au pied du mont Hikosan, d'après M. Maximowiez, et dans l’île de Nippon, près de la ville de Yokoska, et dans les montagnes d'Hakone, d’après M. le D' Savatier. Le Deulzia gracilis est cultivé au Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne comme plante ornementale de plein air. PITTOSPORÉES. PirrosPoruM ToBirA. Tobira riba. Kaido kwa (1). — On observe au Japon le Pittosporum tobira relaté par Aiton (2) par Franchet et Savatier (3), Evonymus tobira de Thun- berg (4) et de Miquel (5). Le Pittosporum tobira est un arbre haut de 3 mètres en- viron; ses feuilles sont oblongues, épaisses, persistantes; ses fleurs jaunissent aux premières gelées; ses graines sont rouges. Il vient à l’état sauvage dans l’île de Kiusiu et dans l’île de Nippon, principalement sur le mont Kimbosan, dans la province de Figo, d’après le botaniste japonais Keiske, et dans les environs des villes de Yokoska et de Yokohama, sui- vant M. le D' Savatier. Ses feuilles sont usitées, d’après M. Dupont (6), mêlées à du sel, pour combattre les maladies de l'espèce bovine. POLYGALÉES. POLYGALA JAPONICA. Himé hagi.— La collection des graines de l'Exposition japonaise contenait un flacon de graines de Polygala Japonica, petites, irrégulièrement arrondies, de la grosseur de têtes d’épingle et de couleur brunâtre. Le Polyqala Japonica Houtt (7), Polygala vulgaris de ) Kwa-wi, Arb., vol. IV, p. 117, n° 14. ) Aïton, Hortus Kewensis, éd. 2, vol. II, p. 27. ) Franchet et Savatier, vol. 1, p. 44, n° 182. ) Thunberg, Flora Japonica, p. 99. ) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 273. ) Dupont, Les essences forestières du Japon, p. 111. 1) Houtt, Syst. &, tabl. 67, fig. 1. 1448 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Thunberg (1), de Miquel (2), de Franchet et Savatier (3), est désigné dans le Phonzo-Zoufou (4) et dansle Somoku-Du- sels (5) sous la dénomination de Himé hagi, et dans les livres Kwa-wi (6) sous les noms de Wonchi et de Himé-baki. Le Polygala Japonica, à tige de 0",30, se rencontre dans les montagnes. Il donne en juillet des fleurs violacées. On le trouve dans la partie centrale de l’île de Nippon ; une variété à fleurs de couleur pourpre verdâtre croît, d’après M. le D' Savatier (7), aux environs des villes de Yokohama et de Yokoska. Suivant le Somoku-Dusets (8) et les livres Kwa-wi (9), on observe aussi au Japon le Polygala Senega, connu sous le nom de Kaki-no-Hagusa (10), principalement dans les vallées des montagnes de Cheiïdan et sur le mont Sirakawa. Le Polygala Senega a une racine contournée, rugueuse, gris jaunâtre, de la grosseur du petit doigt, qui contient une matière colorante jaune. Dans le commerce, les racines de Senega sont souvent mélangées de morceaux de racines de Ginseng (Ninjin) (Panax quinquefolium). Les Japonais retirent des racines des Polygala Japonica et Senega une matière colorante jaune. Les médecins japonais, à l’instar des médecins chinois, se servent de la racine du Polygala Senega pour faire une in- fusion expectorante dans les maladies des bronches. Une espèce, le Polygala glandulosa, désignée en Chine sous le nom de Yanfoo, est employée aussi en médecine ; on ordonne la poudre de la racine comme vomitif, de la même façon que la poudre d’ipécacuanha. (1) Thunberg, Flora Japonica, p. 271. (2) Miquel, Prolusio flor. Japon., p. 148. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 45, n° 184. (4) Phonzo-Zoufou, vol. VI, fol. 8 recto. (5) Somoku-Dusets, vol. XIII, fol. 7, p. 195. (6) Kwa-wi, Herb., vol. I, p. 15, n° 13. (71, Franchet et Savatier, vol. I, p. 45, n° 184. (8) Somokiu-Dusets, vol. XIII, p. 125, n° 9. (9) Kwa-wi, Herb., I, p. 10, n° 3. (10) D'après MM. Franchet et Savatier (vol. Il, pars 2, p. 292, n° 2533), le Ka-kino-Hagusa est une autre espèce de Polygala qui est le Poly-Reinii, espèce nouvelle recueillie par M. le docteur Rein, sur le mont Hakousan, dans la pro- vince de Kanga, où il fleurit en juillet. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 449 En Amérique, la racine du Senega est usitée contre la mor- sure des serpents, surtout contre celle du serpent à sonnettes. D’après Siebold, Miquel (1), Franchet et Savatier (2), on trouve aussi au Japon le Polygala Siberica, souvent mélangé au Polygala Japonica. Il est surtout très commun en Chine, dans les provinces du Nord, suivant M. le D' Bretschneider (3), où il est employé depuis des siècles contre la bronchite et la syphilis (4), et marqué parmi les plantes médicinales usitées en Chine d’après le Pen ts’ao Kang mu (5) et le Kui Huang Pen ts'ao (6). M. Debeaux (7) cite aussi le Polygala tenuifolia, Yuen tche, qui croît en Chine, dans les provinces du Chen-si et du Hon- nan, dont les racines sont prescrites contre les maladies de la gorge, dans les furoncles et les abcès, et dont les feuilles sont recommandées en infusion diurétique dans les affections des voies urinaires. POLYGONÉES. POLYGONUM TINCTORIUM. Ai.—Dans la classe 44 (Produits des exploitations et industries forestières), on remarquait parmi les matières premières des teintures végétales exposées par le bureau agricole du ministère de l’intérieur de Tokio, un flacon rempli d’Indigo (8). Dans la classe 47 (Produits chimiques et pharmaceutiques) avaient été exposés des spécimens d’Indigo en morceaux, du département de Kochi (province de Tosa) et de Tokio. (1) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 148. (2) Franchet et Savatier, vol. I, p. 44, n° 183. (3) D' Bretschneider, Early European researches into the flora of China, p.138. (4) 1d., Botanicon sinicum, p. 31 et 51. (o) Pents’ao Kang mu (Matière médicale chinoise par Li-Schi-Chen). (6) Kiuw Huang Pents’ao (Traité des plantes, publié en 1559). Herb., chap. Feuilles. (7) Essai sur la pharmacie et la matière médicale des Chinois, p. 248, 1865. (8) L’Indigo du commerce est fourni par l’{ndigofera tinctoria, de la famille des Légumineuses, qui se trouve au Japon, où il est désigné sous le nom de Ko Matsou nagi, d’après le botaniste japonais Tanaka. On l’obtient en faisant fermenter les tiges et les feuilles et en traitant le produit par l’eau de chaux, puis en exposant le résidu au soleil jusqu’à ce qu’il ait acquis assez de consis- tance pour être divisé en petites masses. 490 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Le Polygonum tinclorium, relaté par Loureiro (4), Mi- quel (2), Franchet et Savatier (3), désigné au Japon sous le nom d'A, d’après le Somoku-Dusets (4), est originaire de Chine et est souvent employé au Japon, surtout dans l’île de Nippon. Suivant M. Dupont (5), il est commun dans les en- virons de la ville de Niigata, où on en trouve de grandes plan- tations, et il est devenu un article d'exportation. Le Polygonum tinctorium a une tige de 0,50 à 0",60; ses feuilles sont larges, ses fleurs rouges en épis. D’après la Commission japonaise (6), il se sème à la fin des grands froids; on plonge les graines pendant six à sept jours dans l’eau et dans une infusion de thé; on fait sécher à l’ombre sur des nattes pendant vingt-quatre heures et on sème dans un terrain hersé, nivelé et divisé en sillons; on recouvre de ter- reau. La plante apparait après vingt-quatre à vingt-cinq jours ; on fume alors avec de la terre mélangée à des sardines des- séchées (lwashiro) et à des résidus de la fabrication d'huile de coton et d'huile de colza ; on fume le terrain une deuxième fois au bout de douze jours, et une troisième fois après dix autres jours. On transplante soixante-quinze jours après les semis, puis on sarele et on fume à cinq reprises différentes. La récolte a lieu soixante-quinze jours plus tard, quand les feuilles présentent des marbrures bleuâtres. Dans les pro- vinces du Midi, on pratique trois coupes par an. On coupe les plantes au pied, on les étale sur la terre et on les retourne de temps en temps. Quand les feuilles ont pris une teinte noirâtre, on enlève tous les morceaux de tiges et on les place dans un sac en paille. D’autres fois on coupe les plantes le matin et on les fait sécher sur place, puis on les bat pour séparer les feuilles des tiges ; on verse alors de l’eau sur les feuilles et on les recouvre de nattes pendant quatre à cinq jours ; on les retourne et on les arrose de nouveau. On 1) Loureiro, Flora Cochinchinensis, vol. I, p. 297. 2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 299. 3) Franchet et Savatier, vol. [, p. 394, n° 141. 4) Somoku-Dusets, vol. VII, p. 72, n° 74. 5) Dupont, Les essences forestières du Japon, p.122. 6) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. IN, p. 147 ( ( ( ( ( ( PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 451 répète cette opération vingt-cinq à vingt-six fois. On pile alors les feuilles pendant un jour et demi dans un mortier conte- nant de l’eau, et on en fait des boules qu’on laisse sécher, et qui sont ensuite livrées au commerce. En Chine, le Polygonum tinctorium, connu sous le nom de ho-lam et de siao-lan, introduit en Angleterre en 1776, est cultivé dans les provinces du Nord (1). Dans le Shèn-king, dans le Ghihili, dans le Shantounsg, il est cultivé sur une grande échelle et produit la couleur bleue de Péking. Dans le sud de l'empire, l’Indigo est fourni par l'Indigofera tinctoria (tien) (2). Dans le Shensi (3), Kansub et dans la vallée du Vantze- Kiang, la couleur bleue provient de l'Zsatis linctoria, qui porte le même nom chinois, tien (4), que l’Indigofera tinc- toria. Au Chêh-Kiang, la couleur bleue est obtenue d’un Ruellia et d’un J'usticia. L’Exposition chinoise contenait dans la classe 42 (Produits agricoles non alimentaires), des spécimens des différents In- digos chinois : N° 1667. Indigo du Polyg. tinctorium, provenant des douanes de Chefoo. N° 1682. Indigo du Polyg. tinctorium, des douanes de Hankow. N°172%. Indigo d’Isatis tinctoria, des douanes de Canton. _ N°1737. Indigo de Ruellia, des douanes de Kiungchow. Dans la classe 10 (Papeterie, papiers de tenture) : N° 20. Papiers de tenture colorés en bleu avec l’Indigo du Polyq. tinclorium, des douanes de Chefoo. Dans la classe 30 (Fils et tissus de coton) : N° 790. Cotonnades bleues fines et communes, provenant des douanes de Chefoo. (1) D’ Bretschneider, Early European researches into the flora of China, p. 169, n°467, et p.125; n° 7. (2) Catalogue de l'Exposilion chinoise, p. 52. (3) Dans certaines parties de l’Inde, on extrait l’Indigo, qui se nomme Pala ou Palar, du Wrighlia (nerium) tinctoria, de la famille des Apocynées. Le Wrightia tinctoria croît dans les lieux arides. Cet Indigo est souvent mélangé aux autres Indigos qu’on trouve dans le commerce. (4) Dr Bretschneider, £arly European researches into the flora of China, p. 35. 452 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. N° 793. Cotonnades bleues, provenant des douanes de Hankow. N° 806. Cotonnades bleues, provenant des douanes de Chinkiang. Dans la classe 38 (Habillements des deux sexes) : N° 1194. Souliers de femmes en satin bleu, provenant des douanes de Chefoo. Les Chinois, pour obtenir l’Indigo du Polygonum tincto- rium siao-lam ou lan, font fermenter les tiges et les feuilles dans l’eau et y ajoutent de la chaux en poudre, puis ils ver- sent le liquide en l’agitant dans une cuve, où ils recueillent le précipité. D’après M. Haussmann (1), les Chinois ne préparent l’In- digo qu'à l’état demi-solide; ils prétendent qu'il n’est pas aussi bon comme matière tinctoriale quand il a été exposé au soleil. Suivant le même auteur (2), les teintures à l’Indigo se font, à froid, par tâtonnement, dans de grandes cuves, en employant une quantité de couleur proportionnée à la nuance qu’on veut chtenir. On laisse la pièce d’étoffe à teindre pen- dant une demi-heure à une heure dans Ja solution d’Indigo; puis on la retire et on la suspend à une perche pour l’exposer au soleil; ensuite on la trempe de nouveau dans la cuve el on l’expose une seconde fois au soleil, ce qui détermine l’oxy- dation parfaite; on recommence l’opération de cinq à vingt fois, selon la couleur qu’on veut produire. Les soies blanches qu’on teint en bleuâtre sont passées à l’alun, puis à une faible dissolution d’Indigo. Dans la teinture de couleur gris-souris, on emploie la noix de galles, l’eau ferrugineuse, l’écorce de Myricu nageya (Yama-momo) et une dissolution d’Indigo (3). Parmi les autres Polygonum japonais, on doit citer : Le Polygonum cuspidatum, noté dans le Phonzo-Zoufou (4) sous le nom de Sae-ta-lsouma, et dans le Somoku-Dusets (5) (1) Aug. Haussmann, Voyage en Chine, t. IL, p. 368, 1847. (2) Id., ibid., p. 370: (3) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. IL, p. 91, n° LE. (4) Phonzo-Zoufou, vol. XX, fol. 12 recto et verso. (5) Somoku-Dusets, vol. VIE, p. 72, n° 75. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 453 sous celui de Ztadori, indiqué par Siebold et Zuccarini (1), par Meisner (2), par Miquel (3), qui fleurit de mai à juin dans Pile de Kiousiou, près de la ville de Nagasaki; dans la partie centrale de l’île de Nippon, aux environs de la ville de Yokoska et dans l’île de Yeso, près d’Hakodate, où on le trouve à l’état spontané, d’après M. le D’ Savatier (4). Le Somoku-Dusets (5) indique une variété du Polyg. cuspidatum sous le nom de Meige-tsusÿ. Le Polygonum cuspidatum est la Renouée cuspidée, qu’on trouve au Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne comme plante ornementale de plein air. Il était exposé à Nancy (6) par M. Gallé, avec var. variegatum. Le Polygonum bistortaL., Tbuki toranoo, d’après le Phonz0o- Zoufou (7), le Somoku-Dusets (8) et les livres Kwa-wi (9), décrit par Thunberg (10), par Meisner (11), par Miquel (12), par Franchet et Savatier (13), qu'on observe dans les endroits bas et humides, les terrains marécageux des parties monta- oneuses du Japon, principalement dans les montagnes de la province de Totomi. On le rencontre dans les îles de Kiou- siou et de Nippon. La racine de Bistorte, noueuse, tordue, de couleur brun rougeñtre, est usitée comme remède astringent dans la méde- cine japonaise. Les médecins chinois emploient aussi comme médicament tonique et astringent la racine de Bistorte, qui porte le nom de kieu-seng, suivant MM. Soubeiran et Dabry de Thiersant, et de {sao-ho-tche, d’après M. Debeaux. (1) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 131. (2) Meisner, Ann. Mus. Lugd. Bat., vol. ET, p. 64. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 300. (4) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. [, p. 402, n° 1439. (5) Somoku-Dusets, vol. VIF, p. 7%, n° 76. 6) Catalogue de l Exposition de Nancy, p. 88, n° 1822 et 1823. 1) Phonzo-Zoufou, vol. VIT, fol. 95 recto. 8) Somoku-Dusets, vol. VIT, p. 69, n° 51. Kwa-wi, Herb., vol. IV, p. 57, n° 8. ) Thunberg, Flora Japonica, p. 163. ) Meisner, Ann. Mus. Lugd. Bal., vol. IF, p. 61. ) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 300. ) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 397, n° 1495. ( ( ( (9 (1 (1 (1 (l ) () 1 2 3 454 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Le Somoku-Dusets marque comme variétés du Polygonum bastorta : Le Kurinyu kifude (1), qui est la var. minus de Meisner (2) et de Franchet et Savatier (3), qui croit dans la partie septen- lrionale de Pile de Nippon. L'Aru torano (4), désigné aussi sous le nom de Zrohatü (Polygonum bistorta, var. foliis ovatis) ; c'est la variété nana de Meisner (5), qui, suivant M. le D' Savatier (6), fleurit en mai sur les sommets couverts de neige du mont Para et du volcan Foudzi-yama. Le Somoku-Dusets (7) marque de plus : Le Bontoku-tade : Polygonum barbatum de Thunberg (8), de Meisner (9), de Miquel (10), de Franchet et Savatier (11), ainsi que le Sakura-tade (12), Polygonum japonicum à fleurs blanches. Dans la médecine des Japonais, de mème que dans celle des Chinois, les graines du Polygonum barbaium sont usitées dans les cas de diarrhée avec coliques et dans le choléra. (Quant aux feuilles, elles servent à faire une décoction pour lotionner les plaies ulcéreuses ei de mauvaise nature (13). Le Somoku-Dusets indique, sous les noms de Tade et de Matade (14), un Polygonum japonicum, qui est employé comme condiment, soit cru, soit salé, soit mélangé à du vi- naigre de prunes, pour servir de sauce avec le poisson (15). (1) Somoku-Dusets, vol. VIT, p. 69, n° 54. (2) De Candolle, Prodromus, 14, p. 126. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 397, n° 1425. (4) Somoku-Dusets, vol. VIT, p. 69, n° 52. (5) Meisner, Ann. Mus. Lugd. Bat., vol. II, p. 61. (6) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. 397, n° 1425. (7) Somoku-Dusets, vol. VII, p. 71, n° 64. (8) Thunberg, Flora Japonica, p. 165. (9) Meisner, De Candolle, Prodromus, vol. XV, p. 112. Ann. Mus. Lugd. Bat., II, p. 59. (10) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 299. (11) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 396, n° 1419. (12) Somoku-Dusets, vol. VII, p. 71, n° 70. (13) Soubeiran et Dabry de Thiersant, La matière médicale chez les Chinois, p. 148. (14) Somoku-Dusets, vol. VIE, p. 69, n° 55. (15) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. II, p. 139. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 455 Le Nebari-tade (1): Polygonum hydropiper L. décrit par Meisner (2), par Franchet et Savatier (3), qui fleurit en septembre dans les endroits humides du Japon, dans les îles de Kiusiu et de Nippon, où l'ont remarqué Siebold, Buerger et le D° Savatier. Le Polygonum hydropiper est recommandé comme remède diurétique et dépuratif. On en fait une décoction usitée à l'extérieur pour calmer le prurit dans les maladies de la peau. L'O-ke-tade (4) (Polygonum orientale L.), décrit par Meisner (5), par Miquel (6), par Franchet et Savatier (7), qui croit sur la lisière des champs, dans l’île de Kiusiu, près de Nagasaki, et dans l’île de Nippon, aux environs de la ville de Tokio; d’après M. ie D° Savatier, cette plante à tige de 2 mètres, à larges feuilles, à nombreuses fleurs d’un rouge vif en épis pendants, est d’un Joli effet et très ornementale. Les autres Polygonum cités dans le Somoku-Dusets (8) sont : | Le Polygonum humile Meisn. Tami-soba et Soba-tade. Le Polygonum Sieboldi Meisn. Unagi-tsukami et Unagi- zuru, qui fleurit en septembre, ainsi qu’une variété dési- gnée sous le nom de Nagaha-no-Unagitsukami et de Nagaha- no-Unagidzuru. Le Polygonum Chinense (9) L. Tsurusoba. Le Polygonum gramineum Meisn. Hosoba-tade, qui fleurit en septembre; c’est le P. Maximowiczii de Regel (10) et de Franchet et Savatier (11). Le Polygonum nodosum L. Yanagi-tade (12), qui fleurit (1} Somoku-Dusets, vol. VII, p. 71, n° 66. (2) Meisner, Ann. Mus. Lugd. Bat., LE, p. 58. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 396, n° 1417. ) 1bid., p. 68-69, n° 50. 0) Regel, Ganten/l., tabl. 468, 1864. {) Franchet et Savatier, vol. [, p. 396, n° 1418. 2) Somoku-Dusets, vol. VIE p. 70, n% 58 et 63. 2456 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. d'août à septembre, et le Polygonum nodosum Pers. Udzu- tade, qui vient dans les marais. Le Polygonum Posumbu Hamilt. Inu-tade (1), qui fleurit en octobre dans les rizières. Le Polygonum filiforme. Midzuhi-Kigqusa (2), qui fleurit d'août à septembre le long des chemins. Le Polygonum persicaria L. Sanaye-tade et Matsu-tade (3), qui fleurit en août et en septembre dans les lieux humides. Le Polygonum cespitosum Meisn. Hana-tade (4), qui fleurit d'août à octobre dans les endroits bas et humides. Le Polygonum Blumei Meisn. Sakura-tade (5), qui donne en septembre des fleurs rouges, et le Sakura-tade à fleurs d’un rouge clair. Le Polygonum lapathifolium Ait. O-inu-tade (6), qui fleurit de juillet à septembre dans les lieux incultes et hu- mides. Le Pol ygonum viscosum Hamilt. Nioi-tade (7), qui fleurit de juillet à août dans les terrains bas et marécageux. Le Polygonum multiflorumThunb. Tsuru-doku-dami (8), qui fleurit pendant les mois d'août et de septembre. Le Polygonum Maackianum Reg. Sadekusa (9), qui fleurit en août. Le Polygonum perfoliatus ou chylocalyx perfohiatus. Shimikawa (10), qui fleurit d'août à septembre. MM. Franchet et Savatier indiquent de plus (11) : Le Polygonum senticosus ou Chylocalyx senticosus Meisn. Mama-konoshirinugqui (12). 1) Somoku-Dusets, vol. VIT, p. 70, n° 60. 2) Ibid., vol. IV, p. 30, n° 2. 3) Ibid., vol. VIF, p. 70, n° 61. 4) Ibid., vol. VIL, p. 70, n° 62. (5) Ibid., vol. VI, p. 71, n°° 68 et 69. Ibid., vol. VIL, p. 72, n° 71: Ibid., vol. VII, p. 72, n° 72. Ibid vol. VII, p..72, n° 77. Ibid., vol. VII, p. 66, n° 37. ) 1bid., vol. VIT, p. 68, n° 49. ) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 395-403, n° * 1407- 1408. 2) Somoliu-Dusets, vol. VII, p. 66, n° 36. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 457 Le Polygonum equisetiforme. Niwanagogi (d’après Sie- bold). Le Polygonum marilimum. Le Polygonum propinquum, Maisi Yanagi. (D'après M. Maximowicz, c’est une variété du P. aviculare (1).) Le Polygonum flaccidum (2). Arri, qui fleurit en sep- tembre. Le Polygonum Nepalense (5). Soba-tade (d’après le bota- niste japonais Tanaka). Le Polygonum Hastato-trilobum (4). Mirou-soba, qui fleurit en octobre. Le Polygonum muricatum (5). Kawadzou-soba (d'après Tanaka), qui fleurit en octobre. Le Polygonum debile (6), cité dans le Phonzo-Zoufou (7), qui fleurit en août. Le Polygonum convoluulus (8). Le Polygonum pauciflorum (9). Le Polygonum paniculatum (10). Le Polygonum Weyrichii (11). FAGOPYRUM ESCULENTUM. Soba. — De la famille des Poly- gonées, on rencontre aussi le Fagopyrum esculentum, qu’on trouve indiqué dans l'Encyclopédie agricole japonaise, No- geo-zen-Syo (12), et dans le Somoku-Dusets (13), sous le nom de Soba, relaté dans les ouvrages de Mœnch (14), de Meis- ner (15), de Miquel (16), de Franchet et Savatier (17). (1) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 394, n° 1409, observat. (2) 1d., ibid, vol. I, p. 394, n° 1416. (3) 1d., ibid., vol. I, p. 398, n° 1426. (4) Id. ibid., vol. I, p. 399, p. 1429. (5) Id., ibid., vol. 1, p. 401, n° 1432. (6) Id., ibid., vol. I, p. 401, n° 1433. (7) Phonzo-Zoufou, vol. XIX, fol, 18 recto. (8) Franchet ct Savatier, Enumeratio, vol. [, p. 402, n° 1436. (9) Zd., ibid., vol. I, p. 402, n° 1437. (10) 1d., ibid., vol. I, p. 402, n° 1440. (11) Zd., ibid., vol. I, p. 402, n° 1441. (12) No-geo-zen-Syo (Encyclopédie agricole en 11 volumes, par Miya-Sakian-tei). (13) Somoku-Dusets, vol. VII, p. 58, n° 44. (14) Mœnch., Meth., p. 290. {15) Meisner, Ann. Mus. Lugd. Bat., p. 65. (16) Miquel, Prolusio floræ daponicæ, p. 300. (17) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 405, n° 1442. 4° SÉRIE, T. I. — Juin 1884. 20 458 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Le jardin du Trocadéro renfermait un certain nombre de pieds de Sarrasin du Japon. La collection des graines contenait plusieurs flacons de oraines de Sarrasin. Dans les aquarelles du bureau de l’agriculture du ministère de l’intérieur de Tokio, étaient dessinés : N° 57. Le Sarrasin du printemps. N° 58. Le Sarrasin d'été. N° 59. Le Sarrasin d'automne. En dehors des usages alimentaires du Sarrasin au Japon, où sa farine sert à fabriquer des espèces de gâteaux et des galettes, ainsi que des pâtes nommées Soba-kiriet Hori-sobu, le Sarrasin est usité dans la médecine japonaise. La bouillie de Sarrasin est ordonnée contre les inflamma- tions intestinales et la diarrhée ; à l’extérieur, on en fait des cataplasmes préconisés pour guérir les abcès et les anthrax. RuMEx ACErosA. Suiba. — On observe aussi le Rumex acetosa L., désigné sous lesnoms de Suiba et de Sukampo (1), relaté par Meisner (2), par Franchet et Savatier (3). L'Oseille se rencontre au Japon, à l’état sauvage, dans les lieux incultes, où elle fleurit de juillet à septembre, dans la partie centrale de l’île de Nippon, principalement aux envi- rons de la ville de Yokoska, d’après M. le D' Savatier. Ses racines sont employées par les médecins japonais et chinois, suivant MM. Soubeiran et Dabry de Thiersant (4), comme remède purgatif et vermifuge. On les administre en décoction pour calmer les accès de fièvre chez les femmes en couches. RHEUM UNDULATUM. Karadaio. — Le Somoku-Dusets (5) marque aussi comme existant au Japon le Rheum undulatum Lin., sous les noms de Xaradaïiô et Ohoshi. C’estla Rhubarbe ondulée à racine épaisse, brunâtre, à tige de 2 mètres, à (1) Somoku-Dusets, vol. VII, p. 65, n° 28. (2) Meisner, Ann. Mus. Lugd. Bat., p. 50. (3) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. [, p. 393, n° 1406. (4) Soubeiran et Dabry de Thiersant, La malière médicale chez les Chinois, 149. (5) Somoku-Dusets, vol. VII, p. 74, n° 88. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 459 fleurs d'un blanc jaunâtre. Cette Rhubarbe est originaire de Sibérie. Les graines de cette espèce ont été apportées en Eu- rope en 1740. Mais la vraie Rhubarbe, Rheum palmatum ou Rheum of- ficinale de Baillon, à racine pivotante de la grosseur du bras, de couleur jaune foncé, à tige de 2 à 3 mètres, à grandes Teuilles alternes de 4 mètre à 1",50 de long, d’un diamètre de 0",80, à longs pétioles rougeâtres, à petites fleurs d’un blanc jaunâtre en panicules terminales, provient de la Chine, où elle est désignée sous le nom de lai huang. Elle est connue depuis longtemps par les Chinois. Déjà, sous la dynastie Ming, la province du Shensi était renommée pour ce produit. L’Exposition chinoise (classe 47, Produits chimiques) con- tenait : N° 1818, des spécimens de racines de R. palmatum du Shensi et de Se-tchouen, provenant des douanes de Tien-tsin. La Rhubarbe se rencontre surtout dans les provinces chi- noises du Se-tchouen, du Shensi, principalement dans les mon- tagnes de Si-ning-fou et dans celles qui avoisinent le lac Kou- Konor (1), qui ont une altitude moyenne de 3500 à 4000 m&- tres. Elle croît aussi dans le Kansou, dans le Kouang-si, et dans le Houpe. D'après M. le D' Bretschneïder (2), les graines observées près du lac Kou-Konor, par Col. Prezowalsky et expédiées par lui en 1872, sont de la même espèce que celles envoyées en 1750 en Europe et cultivées depuis cette époque (3). On rencontre aussi la Rhubarbe dans la province du Yun- nan. Au Tibet, elle vient à l’état sauvage sur les hautes montagnes, à la limite des neiges, à 4000 mètres; mais on la cultive aussi sur une grande échelle sur les plateaux qui dé- (1) Dr Bretschneider, Early European researches into the flora of China, p. 19, n° 40. (2) Id., ibid., p. 107, n° 213. (3) En 1750, Kaw-Boerhave, médecin de l’empereur de Russie, fit venir de Chine, par l'intermédiaire du sénat russe, des graines de Rhubarbe, qui, semées Saint-Pétersbourg, produisirent deux espèces, le Rheum palmatum et le Rheum undulatum. 2460 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. pendent des lamaseries. D'après M: Dabry de Thiersant (1), et suivant les renseignements de M Chauveau, les lamas ferment dès le mois de mai les montagnes où est cultivée la Rhubarbe, afin de protéger la croissance de la plante, et ils ne les rendent à la circulation qu'après la récolte, en sep- tembre ou octobre. Les infractions sont punies par des peines religieuses et corporelles. La récolte se fait quand la plante a quatre ou cinq ans; dans certains cas, deux fois par an, au premier ou au deuxième mois, quand la plante n’a pas encore de feuilles, et la deuxième récolte au mois de septembre. D'après M. le D' Farre, le Rheum palmatum est commun sur le mont Kaw-lun, sur la frontière nord du Tibet, dans les montagnes du Sud, à Kan-zu. Dans la Mandchourie, la Rhubarbe forme avec le Millet et le Ginseng un des pr Haine principaux du commerce. La Rhubarbe du Tibet est transportée en partie en Perse, en partie à Canton, où elle est vendue surtout aux Anglais. La Rhubarbe du Shensi et du Kansou est expédiée à Kiakhta, en Sibérie, par les marchands Boukkars de la Tartarie chinoise ou par les Chinois du Shensi, qui s'occupent en même temps du commerce du thé. Des agents spéciaux du gouvernement russeexaminent les morceaux deracines de Rhubarbe, achètent ceux qui sont d’une bonne qualité et les font diriger sur Saint-Pétersbourg. La Rhubarbe la plus estimée est celle qui provient de la province de Se-tchouen. La Rhubarbe du commerce est sous forme de morceaux arrondis, souvent couverts de tubérosités. Ces morceaux sont quelquefois plats d’un côté et convexes de l’autre (Dans ce cas, la Rhubarbe est désignée sous le nom de Rhubarbe plate, qui provient surtout de la Perse, où croit principalement le Rheum lalaricum). La Rhubarbe est pe- sante, compacte, de couleur jaune, à veines rougeätres el blanches; elle craque sous la dent; sa saveur est-amère et astringente ; elle colore la salive en jaune ; son odeur est assez Me oubviran et Dabry de Thivrsant, La malièré médicale ciez les Chinois, . 148. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. AG forte. Elle est souvent piquée par les vers; aussi les mar- chands chinois dissimulent-ils ces trous au moyen d’une solu- lion de gomme et de poudre de Rhubarbe. Elle doit être ferme et sèche. Si la cassure est verte ou noirâtre, c’est qu'elle est de mauvaise qualité. Les morceaux sont souvent percés d’un trou, qui a été fait immédiatement après la récolte, après que les morceaux ont été débarrassés de leur partie extérieure ; on y passe une corde pour les faire sécher à l'ombre; les Chi- nois prétendent que la Rhubarbe perd sa force si elle a été séchée au soleil. Dans certains endroits cependant, ils atta- chent ces morceaux aux cornes des bœufs et des chèvres. Dans certains districts, ils font sécher les morceaux sur des pierres chauffées préalablement, et ils ont soin de retourner plusieurs fois les morceaux pour les sécher également. La Rhubarbe est employée dans la médecine chinoise depuis des siècles. Elle est citée dans la matière médicale de l’em- pereur Shen-nung (1) (Shen-nung Pen-ls’ao), parmi les cent vingt-cinq drogues de la troisième classe, et dans les cinquante-quatre espèces de poisons (Herb., 4 chapitre), comme utile pour chasser le froid et ramener la chaleur du corps, pour corriger l’haleine, pour dissiper les obstructions, et comme remède curatif des maladies internes. Les médecins chinois la prescrivent pour relever les forces, pour stimuler les fonctions de l'estomac, et comme remède purgatif. D'après MM. Soubeiran et Dabry de Thiersant, ils font cuire la Rhubarbe sept fois à la vapeur d’eau et la font ensuite sécher sept fois au soleil, et ils l’administrent pour restaurer le sang (2). Dans certains cas, les Chinois colorent le Samchou (eau-de- vie de riz) avec la racine de Rhubarbe, qui lui communique une belle couleur jaune. En France, on s’est préoccupé depuis un certain nombre d'années de l’acclimatation et de la culture de la Rhubarbe. En 1867, M. Dabry de Thiersant envoya à la Société d’Ac- (1) D’ Bretschneider, Botanicon sinicum, p. 50. Londres, 1882. (2; Soubeiran et Dabry de Thiersant, La matière médicale chez les Chinois, p. 148. 402 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION climatation le Rheum officinale, originaire du Tibet, qu'il avait eu par l'intermédiaire du R. P. Vincot, missionnaire au Se-tchouen. À cette époque, le Rheum officinale fut cultivé au jardin de botanique de l’École de médecine de Paris, sous la direction de M. le professeur Baillon, qui, en 1872, décrivit les caractêres botaniques de la plante qui furent rélhtés dans les procès-verbaux de l’Association française pour l’avance- ment des sciences, le 9 septembre 1879, à Bordeaux. En 1807, M. le D' Giraudeau Saint-Gervais cultivait le Rheum officinale dans sa propriété de Bouffemont, et depuis cette même ‘époque, M. Gallais la cultive à Ruffec (à 96 mé- tres au-dessus du niveau de la mer), provenant d’œilletons qu'il a eus de M. Giraudeau Saint-Gervais. M. Gallais a publié sur la Rhubarbe du Tibet et sur sa culture à Ruffec une note intéressante dans le Bulletin de la Société d’Acclimatation (1). Dans le Morbihan, près de Lorient, avait été créé un éta- blissement qui n’existe plus aujourd’hui, où on cultivait le R. palmatum, le R. undulatum et le R. compactum, intro- duit de Tartarie en Europe en 1758. A Clamart, près Paris, se trouvent les R. undulatum et Rhaponticum, qui donnent des produits qui sont confondus dans le commerce sous le nom de Rhubarbe de France (2). D’après M. Guibourt, la Rhubarbe de France n’est pas assez compacte ; elle ressemble à une matière gorgée d’eau; elle est mucilagineuse ; sa saveur est sucrée; elle contient moins d’oxalate de chaux que les Rhubarbes exotiques (3). M. Garot à fait paraître il y a quelques années un travail intéressant sur le principe colorant de la Rhubarbe. En trai- tant la racine par l'acide azotique, il a obtenu une matière colorante rougeâtre, à laquelle il a donné le nom d’Érythrose. Cette matière colorante n’a pu être fixée par un mordant et a été abandonnée. Pendant la préparation, il se forme un prin- cipe qui a une forte odeur de musc. (1) Bulletin de la Société d'Acclimatation, n° de novembre, p. 667, 679 (1880). (2) Ibid., p. 670 (1880). (3\ Ibid., p. 674 (1880). PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 463 M. Gallais, dans son article sur la Rhubarbe du Tibet (1), relate les lignes de Liebig dans son Traité de chimie orga- nique (p. 409) sur la Rhubarbarine ou jaune de Rhubarbe, base qu’on extrait des racines des différentes sortes de Rhu- bar be en épuisant les racines par l'alcool, en évaporant l’ex- trait à siccité et en traitant par l’eau tant que le mélange se trouble. On lave le résidu à l’eau froide, puis on le dissout dans l’eau bouillante; la matière colorante se précipite par le refroidissement ; on la dissout par l'alcool absolu, et après avoir chassé l’alcool par la distillation, on épuise le résidu par de l’éther tant que le liquide jaunit. En Angleterre, les feuilles de certaines espèces de Rhu- barbe sont usitées pour faire des tartes et des confitures. Les feuilles du Rheum Emodi et du Rheum Ribes sont vendues sur les marchés de Londres pour être mangées en guise de légumes. PRIMULACÉES. De la famille des Primulacées, le Somoku-Dusets indique : Le Primula Cortusoides L. Sakura-Sû (2), qu’on trouve mentionné dans Thunberg (3), dans Miquel (4), dans Franchet et Savatier (9), qui vient à l’état spontané dans plusieurs pro- vinces des îles de Kiusiu et dans l’île de Nippon, principale- ment aux environs des villes de Yokoska et de Yokohama, ainsi que dans les montagnes de Niko, d’après M. le D' Sava- tier; ainsi qu'une autre forme de Pr. Cortusoides, connu sous le nom de Zwa Sakura (6). Le Primula Cortusoides a été introduit en Europe par Veitch, en 1860, à son retour du Japon. Le Pr. Japonica À. Gray. Kurin-Sô (7), qui fleurit en mai (1) Bulletin de la Société d'Acclimatation, p. 678 (1880). (2) Somoku-Dusets, vol. III, p. 22, n° 18. (3) Thunberg, Flor. Japon., p. 82. (4) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 283. (5) Franchet et Savatier, vol. 1, p. 299-300, n° 1092, (6) Somoku-Dusets, vol. III, p. 22, n° 19. (7) Ibid; vol. III, p. 23,1n° 23. 464 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. et est fréquemment cultivé comme plante ornementale dans ies jardins de l’île de Nippon et dans l’ile de Yeso, près de la ville d'Hakodate. Le Pr. macrocarpa Max. Nankin-Kazakura (1), relaté par Maximowicz (2), par Franchet et Savatier (3), qui se rencontre dans les hautes montagnes de la province de Nambu. Le Pr. Kisoana. Katsu-Koso (4), que Miquel (5), le bo- taniste japonais Keiske et MM. Franchet et Savatier (6) don- nent comme croissant sur les montagnes de la province de Kiso. MM. Franchet et Savatier (7) indiquent de plus : Le Primula Yesoana, qu’on rencontre dans l’île de Yéso. Le Pr. farinosa, var. luteo farinosa, qui fleurit en juin sur les montagnes de l’île de Nippon. Le Pr. cuneifolia, qui croît dans les provinces de Kanga, ainsi qu’une espèce nouvelle, le Pr. Reinii, que le D° Rein a trouvée sur le mont Haksan. Le Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne possède le Primula Japonica comme plante ornementale de plein air. (A suivre.) (1) Somoku-Dusets, vol. IIT, p. 23, n° 21. (2) Maximowicz, Mélanges biologiques du Bulletin de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, vol. VI, p. 269. (3) Franchet et Savatier, vol. [, p. 300, n° 1093. (4) Somoku-Dusets, vol. III, p. 23, n° 22. (5) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 283. (6) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 299, n° 1091. (7) Id., ibid., vol. IE, pars 2, p. 248 et 249, n° 2667 à 2669. LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES EXOTIQUES, PEU CONNUES OU INCONNUES Par M. A. PAILEIEUX Membre de la Société nationale d’Acclimatation, et M. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséum. (Suite.) L'Iename AUX ÎLES FIDJI. Flora viliensis, by Berthold Seemann. Art. Dioscorea, p. 305. Londres, 1865-73. Dans toute la Polynésie, l’alimentation de l’homme repose, à l'exclusion de tous grains et de tous légumes, sur l’Igname, le Taro, le Bananier, l’Arbre à pain et le Cocolier ; mais la plus grande part est fournie, dans les différentes îles, par un seul de ces végétaux. Dans le groupe Hawaïien, le Taro domine, tandis que le fruit du Cocotier est considéré comme un mets délicat, dont les femmes étaient autrefois absolument privées. Dans quelques-unes des îles de Corail, plus petites, les habi- tants se nourrissent presque exclusivement des noix du Coco- lier. Les Samoans placent au premier rang les fruits de Arbre à pain. Les Fidjiens préfèrent l’Igname à tout autre aliment, bien que les autres végétaux que nous avons cités croissent parfaitement dans leurs îles et y présentent un nombre infini de variétés. Une preuve frappante de l’impor- tance qu'ils attachent à l’Igname résulte de ce fait, que sa culture et la saison où elle mürit servent de base à leur calen- drier, et que le seul des onze mois entre lesquels ils divisent l’année, et qui ne porte aucun nom qui se rapporte à l’Igname, est celui où la récolte n’exige aucune attention particulière ou a été mise à couvert. Une version de ce calendrier a été publiée par Wilkes dans 466 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. The narrative of the united states exploring expedition, et est placée en regard de celle qui m'a été dictée par un intel- ligent chef Bauan et par l'interprète du consulat, M. Charles Wise (1). Les noms que j'indique et l’ordre dans lequel je les place ne sont pas tout à fait d'accord avec ceux de Wilkes. Cette différence tient en parle à ce que Wilkes a écrit sa liste d’après le dire d'Européens imparfaitement versés dans le Fidjien, et a adopté une orthographe inexacte. Les noms des mois peuvent aussi varier dans les différentes parties du oroupe. Le sujet toutefois réclame une étude ultérieure Calendrier Fidjien, selon Seemann. 1. Vula à werewere. Juin-juillet. Mois de balance. Lorsqu'on défriche et nettoie le sol. 2. Vuia à cukicuki. Août. Lorsque les champs d’Igna- mes sont défoncés et plantés. 3. Vula à vavakadi. Septembre. Lorsqu'on donne aux Ignames des roseaux sur les- quels elles puissent grimper. 4. VulaiBalololailai. Octobre. Lorsque le Balolo (Palolo viridisJ .-E. Gray), remarquable annélide, fait en petit nombre sa première apparition. >. Vula à Balolo levu. Novembre. Lorsque les Balolo se montrent en grand nombre. Le 25 novembre est généralement le jour où l’on en prend le plus. 6. Vulai Nuga lailai. Décembre. Un poisson, nommé Nuga, paraît en petit nombre. 1. Vulai Nuga levu. Janvier. Le Nuga arrive en grand nombre. 8. Vula i Sevu. Février. Lorsque les offrandes des premières Îgnames arrachées (ai Sevu) sont faites aux prêtres. (1) La version de Seemann nous parait suffire, et nous ne donnons pas celle de Wilkes. P.B. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 467 9. Vula à kelikeli. Mars. Lorsqu'on arrache les [ona- mes et qu’on les place sous des abris. 10. Vula à Gasau. Awril.Lorsquelesroseaux (Gasau) recommencent à pousser. 11. Vula à Doi. Mai. Le Doi (Alphitonia zizy- phoïdes A. Gray), arbre des îles Fidji, qui donne des fleurs à profusion. L’Igname principalement cultivée estle Dioscorea alata L., qui a une tige grimpante quadrangulaire, sans piquants. Les naturels en distinguent de nombreuses variétés, qui sont toutes connues sous le nom collectif de uvi. Quelques-unes ont de grosses racines, quelques-unes en ont de petites, soit blanches, soit tirant plus ou moins sur le pourpre, et diffè- rent aussi bien par la forme que par l’époque de leur matu- rité. Ces variétés se nomment Daunini, Keu, Kasokaso ou Kasoni, Voli, Sedre, Lokaloka, Moala, Uvi ni gau, Lava, Namula, Rausi, Balebale, etc. À Nuava, dans Viti levu, le chef Kuruduadua nous a montré un lot d'Isnames longues de six pieds et du poids de 100 livres, qui ne sont nullement rares dans le groupe. D'habiles cultivateurs affirment que, pour obtenir de grosses et abondantes racines, les plantations doivent être faites dans un sol dur et non préparé. Selon eux, l’Igname doit rencontrer de la résistance, ou, comme ils le disent quelquefois eux-mêmes, s’irriter avant de déployer toute sa force. J’ai même entendu parler d’un pari gagné par une femme qui avait pratiqué ce mode de culture, et qui avait parié qu'elle obtiendrait une racine assez grosse pour nourrir vingt personnes, tandis que l’homme qui pariait conire elle n’en avait produit qu'une insuffisante pour nourrir le tiers de ce nombre, quoiqu'il se fût donné beaucoup de peine pour ameublir et préparer la terre destinée à sa plantation. Le signal général donné pour la plantation est la floraison du Drala (Erythrina indica L.). Aussitôt que ses fleurs commencent à paraître, ce qui a lieu vers le mois de juillet 468 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ou au commencement d’août, tous les bras s’y emploient. Le sol ayant été déjà nettoyé pendant les mois précédents, des monticules de deux pieds de hauteur environ, et distants l’un de l’autre de quatre ou cinq pieds, sont élevés; ces monti- cules sont connus sous le nom de Buke, d’où la montagne la plus haute de Kadavu, dont M. Pritchard et moi avons fait pour la première fois l'ascension le 6 septembre 1860, et dont la forme ressemble à celle de ces monticules, tire son nom de Buke levu ou grande butte à Ignames. Il n’y a pour labourer ni bêche, ni aucun outil en fer. Tout se fait avec des perches de manglier et par la seule force des bras. Des tronçons de vieilles fenames sont plantés au sommet des buttes, et, après le court espace de temps que la plante met à pousser, moins d’un mois, elle exige des roseaux pour y grimper, il suffit ensuite de débarrasser le terrain des mauvaises herbes. Vers février, les premières Ignames commencent à mürir et servent d’offrandes aux prêtres dans les districts paiens. En mars et avril se fait la principale récolte, qui est emmaga- sinée dans des hangars couverts en feuilles de Gocotier. Pen- dant la saison, le contenu de ces hangars doit être visité au moins une fois par mois; les racines qui présentent la moindre trace de maladie sont retirées, pour éviter qu’elles infectent celles qui sont saines. Les Ignames sont mangées cuites au four, bouillies ou cuites à la vapeur, et les naturels peuvent en consommer de grandes quantités. Des cargaisons entières ont été quelquefois expédiées à la Nouvelle-Galles du Sud et à la Nouvelle-Zélande, et les baleiniers et les navires de com- merce ne touchent jamais à Viti sans en faire d’amples pro- Visions. Une autre espèce, le Kawai (D .aculeala L.), est aussi plantée sur des monticules artificiels, quoique moins élevés que ceux où l’on plante l’Igname ailée. Ses tiges rampantes sont rondes et garnies d’épines, mais on ne les élève pas sur des Roseaux, comme celles de l'espèce dont nous avons parlé plus haut. Le D. aculeata mûrit vers le mois de juin; le 27 de ce mois, il n'avait plus de feuilles. Au dire des naturels, il ne donne LE POTAGER D'UN CURIEUX. 409 jamais ni fleurs ni graines, et jai cherché en vain dans les champs avec l'espoir de les convaincre d’erreur. On le mul- üplie en plantant de petits tubercules qui, comme les vieux, sont oblongs, de couleur brunâtre extérieurement et d’un blanc pur intérieurement. Lorsqu'il est cuit, sa peau se détache comme l'écorce du Bouleau, selon lexpression de Wilkes. Sa racine est très féculente, comme celle d’une bonne Pomme de terre fari- neuse, mais d’une plus grande blancheur. Son goût rappelle celui de l’Arracacha de l'Amérique du Sud. Il possède une légère saveur sucrée très agréable au palais ; en somme, le Kawai peut être considéré comme la meilleure racine alimen- taire qui soit au monde, et je recommande énergiquement sa culture à tous les pays tropicaux qui ne la possèdent pas encore. Plusieurs espèces d’Ignames sauvages, telles que le Tikau, le Tivoli et le Kaile, sont suspendues en gracieux festons aux branches des arbres et des arbustes de presque tous les bois. Le Tivoli (D. nummularia Lam.) a une tige épineuse comme celle du Kawaï cultivé et grimpe très haut. Ses racines sont longues, cylindriques et aussi grosses que le bras d’un homme. Souvent, lorsqu'ils pénètrent dans les forêts, les naturels arrachent ses racines à l’aide d’un bâton, le font oriller et le mangent sur place. Ils Le trouvent excellent. Le Kaile (D. saliva L.) a quelque peu l'aspect du Tivoli et se rencontre souvent enlacé à ce dernier, mais ses Liges el ses branches sont rondes et inermes, et l’âcreté de ses racines oblige à les macérer dans l’eau avant de les faire bouillir. Le mets préparé avec elles a Papparence de Pommes de terre, assez écrasées pour ne pouvoir être mangées qu'avec les cuil- lères que fournissent les feuilles, résistantes comme du cuir, de l'arbre à cuillères ou Tatakia (Acacia laurifolia Willd), ou toutes autres feuilles suffisamment solides qu’on a sous la main. O4 JE] Le Kale-tokatolu (D. pentaphylla L.) est quelquefois: cul- tuivé, selon M. Storck, et son tubercule est un bon aliment. Je n'ai pas pu me procurer de spécimens de l'Igname sauvage 470 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. que les naturels nomment Tikau, mais il est établi dans le Dictionnaire Fidjien (p.323 et 324%) qu’elle diffère du Tivoli et que son nom est en usage dans quelques dialectes du groupe au lieu du nom générique Uvi. Serait-ce le D. pen- taphylla ou bien est-ce une espèce de plus? La liste suivante donne la clef des espèces de Viti : Caule inermi. alato. D. alata. tereti. D. sativa. Caule aculeato. Foliis oppositis. D. nummularia. ; ... ( integris. D. aculeata. lis alternis | 9" AURAS | digitatis. D. pentaphylla. L'Igname DANS LA NOUVELLE-CALÉDONIE (1). L’Igname est particulièrement exigeante sous le rapport de la légèreté du sol, qu’elle soit naturelle ou acquise. Ce n’est que dans des terres légères et profondes que l'on obtient des tubercules si gros, qu’il faut parfois deux hommes pour les transporter. Quant à la composition qu’elle paraît pré- férer, c’est un mélange de sable et de calcaire, tel qu’en offrent les sols reposant sur le corail, et fortement mélangés de matières organiques en décomposition. Une autre qualité essentielle que doit posséder la terre destinée aux [gnames, c’est de n’avoir rien à redouter de l'humidité. Peu de plantes sont aussi sensibles aux effets dé- sastreux de l’eau stagnante et de l'humidité persistante. Toutes les variélés viennent généralement dans l’intérieur, comme sur le bord de la mer. Il en est cependant qui redou- tent l'influence du vent de mer. Telle est la variété nommée Kilira dans le Nord, et Cocodyi dans le Centre, qui ne vient pas au bord de la mer. (1) Lettre de M. V. Perret, ancien directeur du Pénitencier agricole de la Dumbéa, 20 décembre 1883. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 471 En somme, bien que la Nouvelle-Calédonie soit une terre essentiellement argileuse, néanmoins l’Igname y vient partout, pourvu que la terre ait été suffisamment bien préparée. Cette préparation consiste dans l’ameublissement et le net- toyage. Voici comment opèrent les indigènes, en Nouvelle-Calé- donie : quand vient le mois de septembre, qui est l’époque de la saison sèche, ils ont choisi l'emplacement de leur plan- tation et l’ont marqué par un pieu, au sommet duquel est attachée une poignée d’herbe ; c’est une prise de possession. Quelque temps après, quand le jour est favorable, ils mettent le feu aux herbes et, avant l’arrivée des Européens, la Calé- donie brülait ainsi tout entière. Après avoir débarrassé le sol des arbustes et autres obstacles que l'outil peut rencontrer, l’indigène l'attaque au moyen d’un pieu de 2",50 à 4 mètres, sur 6, 7 ou 8 centimètres de diamètre à la base, aiguisé et durei au feu. Les indigènes n’emploient à cel usage que cer- tains bois spéciaux, lourds et durs. [ls enfoncent violemment cet instrument dans le sol, en le projetant, à plusieurs re- prises, de haut en bas, dans le même trou, jusqu’à ce qu’il ait pénétré à 0",30 environ. En quelques pesées, une fois les premières mottes enlevées, ils culbutent un bloc de terre de plusieurs décimèêtres cubes, quelquefois même plus volumi- neux que ne pourraient le faire des ouvriers armés d’outils, surtout lorsqu'ils sont trois ou quatre à défoncer ensemble. Cés blocs renversés passent aux mains des femmes qui s’avan- cent lentement, à genoux, en débitant sur leur passage toutes ces mottes, d’abord avec de petits bâtons, puis avec les doigts, jusqu’à ce qu’elles soient réduites en poussière et que toutes les racines adventices soient extraites. Quand ce travail d’ameublissement est achevé, la couche de terre meuble est accrue par son amoncellement. Si la portion cultivée est en plaine, les indigènes creusent deux sillons profonds de chaque côté et relèvent fortement la terre en dos d’âne. Pour une largeur de 6 mètres, je suppose, la différence de niveau peut atteindre 1",50. Les principales vallées de la colonie sont couvertes de ces sillons. Si, au contraire, la culture a été faite 479 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. sur le flanc d’un coteau, la terre est ramenée de toutes les extrémités et entassée dans le milieu en forme de planche, ou de croissant le plus souvent, à moins qu’elle ne soit dans le thalweg dont elle suit alors les sinuosités. Ils préparent ensuite leurs plants; ce sont des morceaux coupés du volume d’un demi-décimètre cube environ, préfé- rablement le sommet de la plante. On les divise plusieurs jours d'avance pour laisser sécher les plaies. L’Igname craint beaucoup l’humidité et pourrit très facilement ; ils en mettent deux morceaux à chaque pied, presque à fleur de terre et les recouvrent d’un petit dôme de terre très fine. Quand la pousse est sortie, ils fichent de grandes perches inclinées à l'opposé du vent régnant et plantées à 0",40 en- viron du pied de l’Igname pour ne pas la déranger. Aussitôt que la pousse a 0",30 de long environ, ils fichent à sa base une petite baguette de bois ou de bambou qui relie le pied de la plante avec la perche voisine, et l'Igname est conduite le long de cette baguette inclinée, jusqu’au tuteur qui doit lui servir d'appui. Là se bornent à peu près les soins que cetle plante reçoit ; trois à six mois après, suivant les espèces, les tubercules sont mûrs. Suivant les espèces ou les variétés, il y en a de 1 à 19 ou 18, et il y en a de toutes les grosseurs. On a vu des Ignames, des Nouvelles-Hébrides notamment, venues en terre de corail, atteindre plus de 2? mètres de long et excéder la charge d’un homme. Les indigènes prennent beaucoup de soins pour l'extraction. La conservation de l’Igname dépend de son intégrité et, si elle a été retirée saine et entière, elle peut se conserver sepl à huit mois dans un local approprié. Cette plante ne fleurit jamais en Nouvelle-Calédonie ; elle est certainement importée. Il y en a au moins une trentaine de variétés. Toute la surface de la peau de l’Igname est bourgeonnante malgré l'absence d’yeux visibles. En voici la liste en deux langues de la colonie, dont l’une, la Falanguite, est des plus répandues : LE POTAGER D'UN CURIEUX. 473 Noms des principales variétés d'Ignames en Nouvelle-Calédonie. DÉSIGNATION DES VARIÉTÉS. Formeet grosseur de la Pomme de LANGUE DE Voy. | terre vitelotte,sucrée,parfumée.| Oundi. Violette, longue, grosse....... Ouitoupila. Blanche, longue, grosse. ...... Fuapendo. Blanche, courte, petite........ Cocathi. Blanche, courte, grosse........ C’h’ oun. Blanche, assez longue, petite...|Teinha. MPATUMEÉE eee de ee °..| Aoui. Grosse, longue........... -.-lHepe. | Blanche, très courte, petite..... Coubar. Rouge, courte, très petite...... Ghéléath. | Rouge, très courte, petite... Moindah. Longue, grosse, blanche.......|Bou-aou. Rouge, très longue, assez grosse.| Dipou. Rouge, grosse, longue....... ..|Ti-ôman. Grosse longues cr ..| Cathia. Blanche, très longue, grosse...| Goin. Blanche, longue, grosse........ Hon-da. Un seul nom pour deux variétés, l’une blanche, l’autre violette.| Ouacoulouta. Blanche, très petite, courte.....| Ghéléhate. Rouge, moyenne, assez courte. .! Dila. Rouge, moyenne, courte....... Tha-ate. Blanche, longue de 2 mèt., mince.| Opou-àli. Rouge, fourchue, aplatie, courte (main à 2 ou 3 doigts). Pocouta. Rouge, courte, moyenne....... Dahambou. Blanche, assez longue, mince..|Matoh. Blanche, assez courte, petite...| Pouan. Rouge, courte, petite....... ...| Tikaë. Blanche, courte, petite.........|Konndap. Blanche, longue, grosse........ Deh-enh. Blanche, très courte, moyenne..| Mouènne. Rouge, courte, petite... 2. Onombitio. Blanche, très courte, petite. ...|'Tapouar. Rouge, courte, moyenne. ...... Dié-Nambué. Rouge, longue, mince..... ....| Nakaan. touge, assez longue, grosse....| Fémafai,. Courte, moyenne, rouge. ... Boounden. Blanche, aplatie, main à 2,3, 4, 5 doigts. Grand. d’unegrosse main| Boutanhénn. Blanche, longue, grosse...... ..| Tanoa. Blanche, courte, assez petite...| Llop. Rouge, longue, moyenne, feuilles et” ISO VENTES... no oobee Founambouate. Rouge, courte, moyenne.......|Kidétite. Rouge, courte, moyenne.....,.|Coumandioh. Blanche, assez longue, grosse. .| Taquheth. Blanche, courte, moyenne...... 4 SÉRIE, T. 1. — Juin 1884. Toundo-onn. LANGUE D’ATÉ, FALANGUITE OU BAYE. | Ware. Grabon. Fuapendo. Cocathi. Ndhé. Teinha. Aoui. À Saint- Louis : Initua. Hèpe. Coubar. N’existe pas. Moindah. | Bou-aou, Dipoû. Ti-ôman. Cathia. Goin. Hon-da. Ouacoulouta. Ghéléhate. Dila. Tanneh. Dé-émi. Pocouta. Him-boueh. Matoh. Pouan. Tikaé. Konndap. Deh-enh. Ta-qui-Ouà. Onombitio. Tapouar. N’existe pas. Nakaan. In-Dioh. Caboui. Coutanham. Tanoa. Toqui. Brarou. Diomali. Coumandioh. Tiagandou. Top-Ondou. QUALITÉ. 19 RS RO CO C2 19 HO RO RO 19 RO RO CO > RO > > me O9 OU = Q9 19 HO RO CO = RO RO C9 FO rO La meilleure. 5 © C9 L9 RO F9 19 474 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. L'Igname A LA GUYANE (1). Les espèces cultivées à la Guyane sont : L’Igname indienne (Diosc. triloba), cultivée de toute anti- quité par les indigènes d'Amérique. C’est l’espèce dont les tubercules sont le plus agréables au goût. L'Igname pays-nègre ou Igname de Guinée. Igname épi- neuse, Diosc. cayennensis Kth. (D. altissima Lam.). Ses tubercules sont très volumineux, mais moins délicats. L’Igname franche, appelée souvent mal à propos Igname française (Diosc. alata), moins répandue que les précé- dentes. Voici leur courte description : L’Igname indienne, D. triloba L. (D. affinis Kth, D. trun- cata Miquel, D. trifida Meyer), a la tige sans épines, relevée de crêtes membraneuses saillantes. Les feuilles sont larges ; elles ont, les inférieures 7 ou 5 lobes, les supérieures 3, qui ne vont pas jusqu’à moitié de leur longueur. Le feuillage est d’un vert jaunâtre clair. Les tubercules sont nombreux, ovoides ou arrondis, couverts d’une écorce noirâtre et cre- vassée. Cette espèce, qui est américaine, est cultivée au Brésil et aux Antilles, comme à la Guyane. C’est une excellente espèce. L’Igname pays-nêgre, Diosc. cayennensis Kth (D. allis- sima, D. Berteroana Knth), vraisemblablement apportée anciennement d’Afrique, a la tige épineuse. Les feuilles sont entières, cordiformes, d’un vert foncé, luisantes, assez petites. Son tubercule est généralement simple, aplati, plus ou moins ovoide. Il est très volumineux, mais plus dur et moins délicat au goût que celui de J’Igname indienne. C'est, d’autre part, une espèce plus productive et moins exigeante sur la qualité du sol. (1) Bull. Soc. bot. de France, 1871, t. XVIII. D° Paul Sagot. > LE POTAGER D'UN CURIEUX. 413 L’Igname franche, Diosc. alata L., originaire de l'archipel Malais et de l'Océanie, a la tige sans épines, relevée de crêtes membraneuses saillantes, les feuilles cordiformes, entières, d’un vert jaunâtre. Le tubercule est ovoïde, plus ou moins allongé. Cette espèce est moins répandue dans la colonie que. les deux précédentes. Son tubercule n’est pas aussi délicat. que celui de l'igname indienne. On cultive encore quelquefois dans la colonie le Diosc. pubescens Poir.; mais je n’ai pas eu l’occasion de l’observer. On recueille quelquefois les tubercules de l’Igname-bois, D. bulbifera, qui vient sauvage dans les forêts. Les Indiens du haut des rivières cultivent, à ce que m’a rapporté M. Le- prieur, outre l’Igname indienne, une espèce particulière que les colons ne possèdent pas. L’Igname AU VENEZUELA (1). Parmi les différentes espèces d’Ignames cultivées dans le pays, on en distingue trois principales, vulgairement connues sous les noms de Name de Santo-Domingo, Name liso et Name de espina. Ces trois espèces n’ont pas encore été classées, que je sache; toutefois, la première, ou l’Igname dite de Saint- Domingue, semblerait répondre au Dioscorea bulbifera. C’est une plante à tige sarmenteuse dont la principale pro- duction consiste dans les bulbilles ou tubercules qui se déve- loppent sur la partie aérienne de la plante, à l’aisselle des feuilles ; la racine souterraine n’est qu’un produit accessoire ; aussi y forme-t-on à l’entour une espèce de treillage sur lequel elle puisse grimper et étendre ses rameaux. Cette Igname est la moins prisée; sa fécule conserve un certain soût d’amertume peu agréable, mais qui serait sans doute susceptible de correction. (1) Plantes alimentaires du Venezuela, par A. de Tourreil. (Bull. Soc. d'Accl., vol. VI, 1859, p. 581). 476 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. L’Igname lisse serait-elle le Dioscorea sativa ? Elle donne des racines plus ou moins allongées, en forme de massue, à tissu charnu, compact, féculent et d’un blanc cpalin. Sa surface, d’un brun fauve, est unie et offre les organes de la génération autour du collet (1). Ses racines pivotent quelque- fois jusqu’à une grande profondeur; mais, en général, les renflements souterrains qui constituent le produit essentiel de la plante, sont presque ronds el d’un arrachage facile. Les tiges portent également leurs fruits et l’on a soin d’y placer auprès des tuteurs pour soutenir. L'Igname épineuse appartient au même genre. Elle diffère seulement de la lisse en ce que sa surface offre des yeux analogues à ceux de la Patate et des radicelles en forme d’épines. Sa fécule est grasse, moelleuse et succulente; ses tiges sont aussi grimpantes et parviennent à plusieurs mètres d’élévation, mais on ne les pourvoit de tuteurs que pour leur servir d'appui; on ne fait aucun cas des bulbilles qu’elles portent. Ces deux espèces ont beaucoup de rapport avec la Dioscorée chinoise. Il est une autre racine farineuse, connue dans le pays sous le nom vulgaire de Mapuey, dont la forme et la tige sarmen- teuse indiquent qu’elle appartient aussi à la famille des Dioscorées (2). Elle se présente sous deux espèces différentes, l’une de couleur violette, l’autre blanche. Le Mapuey violet est préféré ; ses renflements radiciformes sont gros et courts; Sa fécule est très friable et d’un goût savoureux ; cuit à l’eau de sel, au four ou sous la cendre, on le mange comme du pain. C’est aussi une plante potagère par excellence, Ces plantes aiment les climats chauds, mais elles s’habituent aussi à un climat tempéré. Leurs rhizomes mürissent dans l’espace de dix mois, à 600 ou 700 mètres d’élévation au-dessus du niveau de la mer, mais à une plus grande altitude, à 1600 ou 1700 mètres, il (1) Par organes de la génération il faut entendre les bourgeons. P. B. (2) Dioscorea trifida, D' Ernst. P. B. LE POTAGER D'UN CURIEUX. AT leur faut quatorze ou quinze mois pour atteindre à leur maturité. La reproduction de l’Igname se fait ici par tubercules en- tiers ou par tronçons de la partie supérieure du rhizome. Souvent même celte opération s'exécute sans détruire la partie aérienne de la plante; on en découvre la racine, on la coupe à environ un pouce au-dessous du coliet, on comble de nouveau l’excavation et l’on remet à sa place la portion supérieure de la racine, qu'on recouvre de terre végétale. L'Igname aime la terre molle et elle s’étend ordinairement selon lespace qu'on lui a préparé; d’un terrain creusé à 1 mètre de profondeur et 1/2 mètre de largeur on a retiré des Ignames en proportion de cette grandeur. L’Igname est susceptible d'acquérir de très grandes dimensions; on en a vu au Venezuela pesant jusqu’à 400 kilogrammes. . [l'arrive souvent que, ne pouvant opérer leur entier déve- loppement dans la partie souterraine, soit par faute d'espace, soit par la rencontre d’un obstacle quelconque, les rhizomes de l’igname s'élèvent au-dessus du sol à plus d’un quart de mètre; on à soin alors de les tenir recouverts de terre, ce qui, d’ailleurs, n’offre aucun obstacle à leur production. Le rendement de l’Igname est supérieur à celui de la Pomme de terre; elle contient presque autant de fécule farineuse que celle-ci et elle renferme un principe azoté qui la rendrait nutritive. Sa substance est reconnue comme très nourrissante et d’une facile digestion; elle sert, au besoin, en qualité de pain aux habitants des campagnes et, en général, de plante potagère d'un usage journalier. Elle se prête, en outre, sous différentes formes, à la composition de divers ragoûts et sa cuisson s'obtient en peu de temps, soit à l’eau de sel, soit au four ou sous la cendre chaude. Les climats chauds sont les plus favorables à l’Igname : plus la chaleur est vive et intense, plus sa végétation est active et vigoureuse. La température moyenne sous laquelle elle végète est d'environ 22 degrés du thermomètre centigrade etle maximum de froid de15 à 16 degrés, tandis qu’elle sup- porte très bien un maximum de plus de 29 degrés de chaleur. 47S SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. La rusticité de l’Igname est telle que sa culture n’exige ici aucun engrais; elle croit même sylvestre, et les oiseaux se chargent souvent d’en répandre la semence. L'Igname EN FRANCE. 2 L'Iename de Chine, Dioscorea japonica, introduite en 1848 par M. de Montigny, est la seule dont on se soit sérieusement occupé en France. Nous serons muets sur cette Dioscorée, qui a été l’objet de cultures expérimentales persévérantes et qui est encore cultivée dans les jardins d'amateurs. Nous nous bornerons à donner la liste des notes et mémoires qui ont été publiés à son sujet et qui sont d’ailleurs résumés dans l’ar- ticle que lui consacrent MM. Vilmorin-Andrieux et C° aux pages 283-285 des Plantes potagères. Une Igname introduite de Chine au Muséum, en 1862, à laquelle M. Carrière a donné le nom de D. Decaisneana et qui n’est qu'une variété de l’espèce précédente, nous intéres- serait davantage si elle était plus productive. Elle a le mérite. de ne pas plonger profondément dans le sol et d’être par conséquent d’un arrachage facile. Elle est de bonne qualité et absolument rustique; malheureusement, le tubercule que l’on plante périt et est simplement remplacé par un tubercule un peu plus gros ; il n’y a donc pas de multiplication. Il faut recourir aux bulbes aériennes que fournit la plante en petit nombre et dont le volume alteint rarement celui d’une noi- sette. On plante ces bulbilles en pépinière et, trois ans après, on récolle des tubercules de forme très irrégulière et de mé- diocre grosseur. M. Doumet-Adanson s'occupe depuis longtemps du D. De- caisneana avec tout le succès qu’on peut en attendre. Il en a présenté de très beaux spécimens à la Société d’Acclimatation et en continue la culture. Nous y avons renoncé, faute d’es- pace, tout en reconnaissant que cette Igname est de bonne qualité, qu’elle occupe peu de place en pépinière et qu’elle mérite les soins des amateurs. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 479 Les essais de culture d’autres espèces qui ont sans doute été faits, ont été assurément fort rares; nous ne pourrons parler que de nos expériences personnelles. Il ya huit ou neuf ans, nous avons tenté sous châssis la culture de deux variétés de Dioscorea alata avec un. résultat absolument négatif. Plus tard, et à deux reprises, nous avons planté des tuber- cules du Mapuey branco (D. trifida blanc) et du Mapuey morado (D. trifida violet), du Venezuela. Ce dernier n’a pas formé de tubercules. Le premier nous a donné des tubercules imparfaits, mais la culture sous châssis n’est peut-être pas impraticable; malheureusement, le Wapuey blanc est beau- coup moins estimé que la variété violette. Celle-ci nous a été particulièrement recommandée par M. le docteur Ernst, pro- fesseur d'histoire naturelle à Caracas. On a vu plus haut en quelle estime M. le docteur Sagot tient cette espèce (D. tri- loba, syn.). Nous avons dégusté le Mapuey violet et nous déclarons qu’on ne saurait trouver une racine meilleure. Sa saveur est excellente et elle est farineuse au point de s'effondrer dès qu’on y touche, comme ces pâtés de sable que font les enfants. À notre grand regret, nous tenons la culture de cette Igname comme impossible sous le climat de Paris. Nous avons planté sous châssis plusieurs espèces de la Nouvelle-Calédonie, mais nous les avions reçues trop tard et les tubercules que quelques-unes nous ont donnés, n’étant pas arrivés à maturité, ne se sont pas conservés pendant l'hiver. Nous excepterons cependant l’Igname bulbifère sauvage qui a mûri ses tubercules et ses bulbilles, succès sérieux en ce qu'il permet d'espérer que d’autres espèces, choisies parmi les plus hâtives, pourront aussi donner d’heureux résultats. La Société d’Acclimatation propose un premier prix de 600 francs et un second prix de 400 francs pour l’introduc- üon et la culture pendant deux années successives d’une Igname (Dioscorea) joignant à sa qualité supérieure un arra- chage facile. 280 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Ces prix seront-ils gagnés? Nous en doutons, s’il s’agit de présenter une Igname de grande culture; nous n’en doutons pas s’il s’agit d’une fgname considérée comme plante potagère et traitée par les procédés de la culture maraïichère. Ces procédés suffisent pour obtenir parfaitement mürs et de bonne garde les tubercules et les bulbilles du D. bulbifera, Igname originaire des contrées les plus chaudes du globe, spontanée aux Indes, à la Guyane, etc. Cette Igname n'est pas particulièrement hâtive et les ren- seignements que nous avons recueillis nous ont appris que la végétation de plusieurs autres espèces es de moindre durée. Il faut donc trouver ces dernières, et nous sommes fondés à croire que cela ne tardera pas. Nous avons donné plus haut une liste de 42 espèces ou variétés d'Ignames cultivées dans la Nouvelle-Calédonie. On nous signale une variété bulbifère, très productive, très hâtive, qui n'exigerait dans le pays que trois mois de végé- tation ; une autre précoce, dont chaque pied donnerait 10 à 12 tubercules, courts et de facile conservation; une troisième, sucrée et parfumée, légèrement musquée, précoce, produi- sant en abondance des tubercules courts, bourgeonnés, se conservant mieux en terre que dehors, s’arrachant et se plan- tant toute l’année. On peut estimer que la Nouvelle-Calédonie ne possède pas moins de 950 espèces ou variétés d'Ignames qu’il s’agit de cultiver ici expérimentalement, et de comparer entre elles, en exceptant cependant celles dont les racines sont très grosses. On en trouvera plusieurs qui accepteront la culture maraichère. NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. Revue horticole. Note sur ie Dioscorea Batatas, 1854, p. 242 et 443. Dioscorea batatas, par M. J. Decaisne, 1855, 4° sér., vol. IV, p. 69. Description comparative des D. Batatas et japonica. Analyse chimique des tubercules. Culture. Multiplication. LE POTAGER D'UN CURIEUX. AS1 Dioscorea Batatas. Succès et revers de sa culture, par M. Naudin, 1855, 4° sér., vol. IV, p. 422. Dioscorea Batatas. Sa culture, par M. Naudin, 1855, 4° sér., vol. IV, p. 442. Dioscorea Decaisneana, par M. Carrière. Description, origine, cul- ture, 1865, p. 111, 215, 407. Bulletin de la Société Centrale d'Horticullture de France. Note sur la culture de ligname de Chine, par M. Vuitry, 2° sér.» vol. V, p. 110. Culture de l’Igname, par M. Lassausse, 2° sér., vol. IV, p. 495, 1870. Culture de l’Igname de Chine, par M. Colardeau, 2° sér., vol. IV, p. 210, 1870. Nature et végétation du tubercule de l’Igname de Chine, par M. Ch. Royer, 2° sér., p. 739, 1873. Note sur l’Igname de Chine, par M. Vuitry, 2° sér., vol. VITE, p. 546, 1874. Bulletin de la Société d’Acclimatation. Note sur l'Igname de Chine, par M. Richard (du Cantal), vol. I p.271, 1855. Indications sur la culture de l’Igname, par M. le baron de Montgaudrv, vol. II, p. 337, 1855. Sur une nouvelle Igname de la Nouvelle-Zélande, par M. Piddington, vol. IT, p. 156, 1856. Note sur l’Igname de la Nouvelle-Zélande, par M. Chatin, vol. HIT, p. 159, 1856. Sur la grande culture de l’Igname de Chine entreprise par M. Rémond, de Versailles, dans les dépar tements de Seine-et-Oise, de la Drôme et des Landes, vol. IE, p. 571, 1856. Acclimatation de l’Igname de Chine, par M. Moquin-Tandon, vol. V, p. 62, 1858. Sur les résultats de la culture de diverses espèces d’Ignames, par M. Chatin, vol. V, p. 26, 1858. Sur la culture des Ignames en 1857, à la Pépinière centrale du Gou- vernement, à Alger, par M. Hardy, vol. V, p. 546, 1858. Note sur divers modes de culture de l’Igname de Chine, par M. Henri de Calanjan, vol. V, p. 589, 1858. Culture et pain de l’Igname de Chine, suivant le système de M. de Montigny, 2° sér., vol. IV, p. 111, 1867. Note sur lIgname, 2° sér., vol. V, p. 347, 1868. Dioscorea alata. Rapport sur la culture faite au Jardin d’Acelima- tation, par M. Quihou, 2° sér., vol. VI, p.134, 1869. Note sur l’Igname, par M. Vavin, 3° sér., vol. V, p. 69, 1878. 489 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Note sur l’Igname (multiplication), par M. le docteur Lecler. 3° sér., vol. V, p. 188, 1878. Flore des Serres et des Jardins de l’Europe, de Van Houtte, Vol. IX, p. 167; vol. X, p. 184 ; vol. XI, p. 26; vol. XII, p. 22. Ketmie acide. Oseille de Guinée. HIPBISCUS SABDARIFFA L. Fam. des Malvacées. Plante annuelle. Tige de 7 à 8 décimètres, glabre, rou- geûtre, rameuse. Feuilles dentées, les inférieures ovales, les supérieures à trois lobes cunéiformes. En juin-septembre, fleurs jaunes, à fond pourpre, solitaires, axillaires, presque sessiles. Calicule à 12 dents. Indes orientales, 1596. Nous avons cultivé l’Oseille de Guinée sous châssis, et nous avons obtenu sans difficulté des fleurs et des graines; mais nous ne pouvons nous dissimuler que cette culture ne sera jamais profitable dans la région de Paris. Elle peut trouver place dans le potager d’un curieux, mais elle n’en sortira pas. C’est une plante d’amateur. € Après la floraison, le calice s’allonge, devient épais, charnu, d’un rouge foncé et d’une saveur acide. Cette acidité fait qu'aux Antilles on le substitue à l’Oseille, dont 1l a d’ail- leurs les propriétés. Les cuisiniers et les chefs d’office l’em- ploient, d’après la nature de leurs fonctions respectives, en lui associant des coulis, du beurre, tirent un bon parti de ses calices et des feuilles pour les farces glacées, sur lesquelles doivent paraître différentes viandes ; les confiseurs réservent aux mêmes parties un emploi plus distingué et en font des conserves et des confitures d’une acidité agréable et rafrai- chissante. » La Ketmie acide croît naturellement en Guinée, dans les Antilles et dans toute l'Amérique méridionale... » (Descour- ülz, Flore des Antilles.) Nous donnerons encore une note tirée de À Manual of LE POTAGER D'UN CURIEUX. 483 Gardening, for Bengal and upper India, by Thomas A. C. Firminger : Roselle-Indian Sorrel. » Plante annuelle, originaire des Indes occidentales, mais cultivée aujourd’hui dans la plupart des jardins de l’Inde. » La partie de la plante dont on fait usage n’est pas le fruit lui-même, mais le calice, dont les sépales larges, épais et succulents servent à confectionner des tartes et des puddings délicieux, ainsi qu’une gelée remarquablement belle, qui diffère à peine de la gelée de groseille rouge, dont elle est, à bien des égards, un excellent succédané. » I y a deux sortes d’Oseille de l’Inde, l’une rouge et l’autre blanche, à peu près semblables, si ce n’est qué la blanche paraît être un peu moins acide... » Nous avons acheté chez M. Hédiard des confitures d’Oseille de Guinée, que nous avons dégustées et qui nous ont paru agréables. La formule nous a été envoyée par un habitant de la Pointe-à-Pitre : Confitures de Groseille-pays. (Lettre de M. B**.) Quand le fruit a été cueilli, l’on doit d’abord séparer le calice péta- loïde rouge du réceptacle vert auquel il adhère. Ici, où l’on redoute l'acidité des fruits sous le prétexte qu’ils sont surs, et où, d’un autre côté, l’on n’aime pas les fruits mûrs, disant qu’ils sont passés, ici, dis-je, on commence par jeter de l’eau bouillante sur ces quasi-fleurs pour leur enlever l’excès de leur aigreur, et on n'utilise pas cette première infu- sion. C’est dans une seconde opération que l’on fait cuire les calices rouges dans l’eau et qu’on y fait fondre le sucre. Les proportions de sucre sont au moins celles qui servent à préparer tous les sirops de fruits acides, sans tenir compte de la pectine que le suc peut contenir; car il arrive quelquefois que les confitures que nous mangeons sont presque prises en gelée, et, d’autres fois, qu'elles restent en sirop. Reste à savoir s’il convient d'utiliser la première eau que l’on rejetie ici à cause de son excès d’acidité. N’y a-t-il pas à craindre que cette eau n’entraîne tout ou partie de la pectine en même temps que l’acide? Dans l’un et l’autre cas, on sacrifie l’un des principes à l’autre. Ce sera donc à vous à voir celui que vous préférez conserver. Je me figure qu'on pourrait peut-être faire une première infusion concentrée, destinée à préparer la gelée acide, et, avec les mêmes fruits, préparer une confiture qui serait encore suffisamment aigrelette… A8 / SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Koniaku. AMORPHOPHALLUS RIVIERI. Durieu var. B. Konysac Engler, Morogra- phiæ Phanerogam. DC., vol. 1, p. 213. Conophallus Konjak Schott ex Miq., Prolusio flor. jap., p. 134. Amorphophallus Konjac GC. Koch, in Berl. Allq. Gartenz, 1858, p. 166. Arisæma Conjac Sicb. Fam. des Aroïdées. M. le D' Vidal à publié dans le Bulletin de la Société d’Ac- climatation (n° de juillet 1877) un mémoire du plus haut intérêt sur le Konniyakou. Ce mémoire occupe quinze pages, et son étendue ne nous permet pas de le reproduire in eæ- tenso ; mais nous croyons devoir en extraire les parties essen- tielles et conseiller aux agriculteurs de recourir au mémoire lui-même, lorsqu'ils entreprendront la culture de la plante. Extraits du mémoire de M. le D'J. Vidal. € M. le D' Vidal a été témoin de la grande consommation que font les populations japonaises des tubercules du Cono- phallus konjak. la pu en étudier le mode de culture et aussi le genre de préparation que l’on fait subir à son tubercule pour l’employer comme aliment. » Le nom spécifique de Konjak, qui a été donné à la plante par le botaniste Schott, n’est évidemment qu'une mauvaise transcription du mot indigène Konniyakou, parce que géné- ralement ly est remplacé par le j dans l'orthographe des mots Japonais adoptée par les Hollandais et les Allemands. » Description. Le Konniyakou est une Aroïdée vivace à racine tubéreuse. Sa tige est une hampe d’un vert assez clair, mouchetée de taches brunes et noirâtres, laquelle peut atteindre 1 mètre environ de hauteur avec une circonférence de 0",7 à 0,8 à la base ; elle se termine en donnant naissance à trois grandes LE POTAGER D'UN CURIEUX. 459 feuilles qui s’écartent obliquement, en formant entre elles ét avec l’axe de la tige des angles égaux ; le limbe de ces feuilles est profondément et un peu irrégulièrement découpé, de sorte qu’elles sont presque pennées ; la nervure principale médiane est accompagnée de chaque côté d’une bande de limbe, qui se continue avec celui qui entoure les nervures secondaires des folioles. À trois ou quatre pouces de profondeur sous terre, la tige s'implante sur le milieu de la face supérieure d’un tubercule, plus ou moins développé suivant l’âge du sujet; ce tubercule, qui est à peu près hémisphérique, repré- sente assez exactement la moitié d’une sphère qui aurait été divisée en deux parties égales; et c’est au milieu du plan de section, légèrement concave, que se forme le collet de la plante ; quant à la surface convexe du tubercule, qui est la plus grande, elle donne atlache à quelques radicelles, et se trouve pourvue d’yeux, à la façon des Pommes de terre. Le docteur n’a pas vu les organes de la floraison et de la fructification du Konniyakou, qui, dit-on, ne donne de fleurs que tous les deux ans et ne fleurit vraisemblablement pas dans les provinces centrales du Japon. Il est donc probable- ment originaire des provinces méridionales. D’après les ren- seignements qui ont été fournis à l’auteur du mémoire, la fleur du Konniyakou a un spadice portant les fleurs mâles en haut et les fleurs femelles au-dessous, et entouré par une grande spathe de couleur rouge, lancéolée, aiguë, qui se re- courbe à angle droit par son milieu, de telle sorte que sa moitié supérieure, devenue horizontale, s'appuie sur l’extré- mité du spadice. Les fruits consistent en un grand nombre de petites baies rouges implantées sur la partie correspondante du spadice, fortement renflée. Cullure. La culture du Konniyakou est des plus simples et des plus économiques, et voici de quelle manière le docteur la vu pratiquer dans un des districts où elle réussit le mieux, à une trentaine de lieues au nord-ouest de Yedo, dans la province de Jo chiou. 486 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Dans ce pays, qui est montagneux, les paysans choisissent de préférence, pour établir une plantation de Konniyakou, un terrain aride, non irrigable, partant impropre à la culture des céréales, et le plus souvent situé sur le versant plus ou moins abrupt d’une montagne ; la préparation du sol ne consiste guère qu'à enlever les grosses pierres et à couper les orandes herbes ; on pratique ensuite à la bêche des trous de quatre à cinq pouces de profondeur, et espacés les uns des autres d'environ deux pieds; on dépose alors dans chaque trou un tubercule que l’on se contente de recouvrir de terre ; on n’ajoute jamais le moindre engrais, et l’arrosage en est aussi inutile. On met les tubercules en terre au printemps, à la fin de mars ou au commencement d’avril, en prenant la précaution de ne faire usage que de tubercules de moyenne orosseur, c’est-à-dire provenant de un ou deux ans au plus, car il paraît que les gros tubercules réussissent moins bien. » Une fois la plantation établie, on ne s’en occupe plus guère, et les tubercules se multiplient de la manière suivante : Pen- dant que la tige sort de terre, il sort des yeux situés sur la convexité du tubercule un certain nombre de rameaux ou stolons souterrains plus ou moins gros, et, lorsqu'ils ont atteint une longueur de quelques pouces, ils se renflent en une masse qui est le commencement d’un jeune tubercule; celui-ci se développe rapidement, en fournissant à son tour des radicelles et en produisant une tige aérienne qui ne tarde pas à sortir de terre peu de temps après celle qui provenait des premiers tubercules plantés. Chacun de ceux-ci donne ainsi naissance autour de lui, et dans un rayon d'environ un pied, à une quinzaine de nouveaux tubercules. » La récolte se fait régulièrement tous les ans, à l'automne, dans la dernière quinzaine d'octobre et en novembre. Elle consiste simplement à faire l’arrachage des tubercules, exac- tement comme s’il s’agissait de Pommes de terre, de Patates douces, etc. On se contente ensuile de niveler grossièrement le terrain, et l’on ne s'occupe plus que d’utiliser le produit de la récolte. Si l’on ne doit mettre les tubercules en consomma - tion que dans un temps plus ou moins éloigné, il est néces- LE POTAGER D'UN CURIEUX. A87 saire de les débarrasser le plus possible de la terre qui peut leur adhérer et de les conserver dans un lieu sec, aéré, et sur un plancher autant que possible. » On pourrait croire qu'après une première récolte de Kon- niyakou il est nécessaire de faire, comme habituellement en Europe, une nouvelle plantation pour en obtenir une seconde ; mais tel n’est pas le cas, et les Japonais ne se donnent pas cette peine ; et, chose qui, pour sembler bizarre, n’en est pas moins réelle, ils obtiennent tous les ans, sans nouveaux frais comme sans nouveau travail, une récolte aussi importante que celle de l’année précédente. Les Japonais expliquent ce fait en disant que d'abord il est bien difficile de ne pas laisser en terre, au moment de l’arrachage, quelques tubercules qui passent inaperçus; qu’ensuite on en néglige volontairement un certain nombre de ceux qui paraissent trop petits. Il résul- terait de là qu’il reste toujours dans le sol assez de tubercules pour produire l’année d’après une récolte normale. » Pendant l’hiver, la tige du Konniyakou se flétrit, se des- sèche et meurt; elle est remplacée au printemps suivant par une nouvelle tige qui sort du collet immédiatement à côté de la place occupée par la précédente sur le même tubercule. » On voit donc, par ce rapide exposé, que rien n'est plus simple et moins dispendieux que la culture de cette Aroïdée ; et, à vrai dire, c’est à peine si l’on peut appliquer le nom de culture à des procédés aussi réduits. Ainsi, nul embarras pour le choix du terrain, puisque ce sont justement les terrains les plus ingrats qui sont choisis de préférence par les Japonais ; nulle dépense non plus, tant en fait d'engrais, dont on ne fait jamais usage, qu’en fait de main-d'œuvre, celle-ci se rédui- sant à une plantation faite une fois pour toutes, et ensuite à un simple arrachage. » Cependant, de ce que les Japonais ne consacrent à celte culture que leurs terrains les moins fertiles et même arides, il ne faudrait pas conclure que ces sortes de terrains sont né- cessaires au succès de l’exploitation ; ce serait une erreur, car j'ai pu constater que le Konniyakou réussit encore bien mieux lorsqu'il se trouve dans de meilleures conditions, lorsque, par 488 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. exemple, il s’en trouve un peu par hasard quelques pieds aux environs des fermes, en bonne terre, et qu'ils peuvent béné- ficier des engrais et des arrosages distribués aux autres cul- tures au milieu desquelles ils ont poussé. Les Japonais m'ont d’ailleurs affirmé qu'ils plantent le Konniyakou en mauvaise terre uniquement pour utiliser un sol impropre à toute autre culture, et c’est ce qui fait qu'on ne le cultive guère que dans les districts montagneux ; partout en effet où, dans les plaines et dans les vallées, le sol est de meilleure qualité ou irrigable, il est toujours consacré à la culture des céréales, et surtout à celle du Riz, qui est de beaucoup la plus importante pour les populations japonaises. On voit néanmoins dans les districts séricicoles, où les plantations se trouvent souvent disposées en bordure autour des champs, des rangées de Konniyakou aussi en bordure, à l’abri de ces mêmes müriers ; et à ce propos, il convient de dire que, bien que cette plante soit très rustique, il faut éviter, s’il est possible, de l’exposer trop di- rectement aux rayons du soleil, au moins dans les pays un peu chauds; car il ne faut pas oublier qu’elle appartient à la famille des Aroïdées, et que la plupart des plantes de cette famille se plaisent dans les lieux humides et ombragés ; aussi ai-je souvent vu des plantations de Xonniyakou dans le voisi- nage soit des müriers, soit des buissons de thé; mais tout autre arbre ou arbuste pourrait remplir aussi bien les mêmes fonctions de protection, à l'exception toutefois des arbres résineux. » Il a été déjà dit que chaque tubercule mis en terre donne naissance en moyenne à une quinzaine de nouveaux tuber- cules dès la première année; cela suffit pour donner une idée du rendement d’une plantation; de plus, comme la plante est vivace, on peut laisser les tubercules grossir pendant plu- sieurs années ; mais, pour l'usage alimentaire, les Japonais ne font leurs préparations qu'avec ceux de la première ou de la deuxième année, parce que ceux qui sont plus âgés perdent en bonne qualité ce qu’ils ont gagné en grosseur. Le poids el le volume des tubercules varient beaucoup suivant leur âge ; ceux de la première année pèsent en moyenne de 75 à LE POTAGER D'UN CURIEUX. 489 100 grammes, ayant en moyenne aussi une circonférence de 0",18 à 0",20. J'ai trouvé que le poids d’un tubercule de la troisième année élait de 1,700, avec une circonférence de 0",50. Ces tubercules sont recouverts d’une pellicule mince, brunâtre ; leur masse est formée d’un parenchyme blanc, ré- sistant, qui, à la coupe, rappelle l’aspeet du navet ou de la rave; ils laissent dégager une odeur forte, caractéristique, peu agréable, que ne leur fait pas perdre la cuisson dans l’eau; lorsqu'ils sont cuits et simplement divisés avec les doigts, ils présentent un aspect, grenu et féculent. Leur saveur est forte, piquante, âcre, et provoque dans la bouche et dans l’arrière-corge un sentiment de picotement et d’'ardeur fort pénible, qui peut persister plusieurs heures. Par consé- quent, soit cru, soit étant cuit à l’eau, le tubercule du Kon- niyakou n’est comestible ni pour l’homme ni pour les ani- maux; heureusement il suffit d’un traitement aussi |simple que peu coûteux pour le transformer en un aliment sain et agréable ; tout Le secret de l’opération consiste à lui faire subir l’action d’un peu de lait de chaux, au moyen des procédés que l’auteur a vu mettre en usage par les Japonais, qui en préparent de grandes quantités. » Les Japonais emploient le tubercule du Konniyakou comme aliment, sous trois formes différentes ; mais la pré- paration fondamentale est la même, et 1l n’y a que les mani- pulations qui diffèrent un peu, ainsi que la forme donnée au produit fabriqué. Ainsi ils préparent une sorte de vermicelle qu'ils appellent Chira take, une galette appelée simplement Konniyakou, et enfin une sorte de gâteau sec connu sous le nom de Chiro ko. » L'auteur décrit les procédés dont on fait usage pour fabri- quer le Chira take. Il donne même deux dessins qui font connaître l'appareil employé. Le produit a l'aspect d’un gros vermicelle blanc et constitue un aliment sain et d’assez bon coût. Le docteur en a fait l’usage qu’on fait en Europe des pâtes d'Italie. Les galettes qui portent le nom de Konniyakou sont un peu inférieures au Chira Lake. Le mémoire en décrit la fa- 4 SÉRIE, T. 1. — Juin 1884. 32 290 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. brication, et aussi celle du Chira ko. Quelle que soit la forme que l’on donne à la pâte obtenue de la pulpe du Konniyakou, la base de la préparation est la même, et elle consiste tou- jours à ajouter à cette pulpe une petite quantité de lait de chaux. Une chose bien certaine et démontrée par une expérience séculaire des populations japonaises, c’est la parfaite inno- cuité et la salubrité des tubercules du Konniyakou préparés comme l’auteur Pa exposé. Le mémoire dont on vient de lire les extraits était publié depuis plusieurs années lorsque nous avons reçu une notice, traduite pour la première fois du Japonais, que son traduc- teur, M. le comte de Castillon, a bien voulu nous commu- niquer. Cette notice comprend : 1° des notions historiques rela- tives au Xonniyakou ; 2° sa description botanique; 3° les pro- cédés en usage pour sa culture; # ceux qui sont employés dans la fabrication des produits alimentaires qu'il fournit; 5° enfin elle fait connaître les usages de la plante autres que les usages alimentaires. Ce document présente un sérieux intérêt. Il confirme en divers points les renseignements fournis par M. le D' Vidal, mais il ne dit mot de ces récoltes qui, selon lui, se perpétue- raient sans plantation nouvelle et sans engrais. Il est donc probable que les cultures, si économiques et si simples, dont parle l’auteur du mémoire, ne réussissent que dans la pro- vince citée par lui. On va lire, extraite de la notice traduite par M. le comte de Castillon, une description de la culture du Konniyakow, dont la précision et la clarté ne laissent rien à désirer : Culture. « Après l’équinoxe de printemps, on déterre les tubercules conservés pour semence, et on les plante en billons dont la largeur est ordinairement la même que pour la culture du Salo-imo (Colocasia antiquorum.) Quoique le prix de Ja semence varie suivant les lieux, en général un poids de LE POTAGER D'UN CURIEUX. 491 24 kuwan me (90 kilogrammes) vaut environ 2 yen (10 fr. 50). Cette plante, quoique les terres ombragées et sèches au re- vers des montagnes soient favorables à sa culture, est cepen- dant sujette à la pourriture dans celles qui sont très om- breuses. Les endroits, sous le couvert des arbres, où le soleil ne donne que de dix heures à midi, sont excellents. Pour engrais, on emploie la litière de cheval, qui, en se décompo- sant, sert de fumure. Elle a en outre pour objet d’intercepter pendant la saison chaude les rayons brûlants du soleil. A la fin de l'automne, lorsque les tiges sont légèrement flétries par les premières gelées blanches, on procède à un arrachage général. On détache les petits tubercules qui se sont formés autour des racines. Les gros sont convertis en Konniyakou, et les petits, destinés à servir de semence l’année suivante, sont enterrés, comme s'il s'agissait de conserver des tuber- cules de Sato imo, en terrain chaud, dans une fosse couverte de planches et ensuite de terre, formant un petit tertre à l'opposé du nord et face au midi, où ils seront à l'abri des froids, de la pluie et de la rosée. » Quoique le produit varie suivant que l’année est plus ou moins favorable, dans de bonnes conditions, 1 {an (9 ares 91 centiares) peut donner 70 {awara (1) de tubercules, tels qu’ils sortent de terre, c’est-à-dire non lavés. Les règles de culture que nous venons d'exposer varient un peu suivant que le sol est froid ou ardent. Dans les terrains chauds, on cul- _tive en billons dans les hata, champs en coteaux, et l’on fait la récolte dans le courant de la même année. Dans les sols froids, on déterre les tubercules et on les ensile. Au prin- temps suivant, on les replante en hata. L’ensilage se pratique comme nous l'avons déjà dit. » Usages autres que les usages culinaires. « Lorsque les rats commettent des dégâts, on les éloigne en répandant par places, dans les endroits ravagés, cette racine (1) Tawara. Dans la vente en gros des /mo, etc., un Tawara représente un poids de 16 kuwan-me, nets, à Tokio et de 20 kuwan-me à Kioto. 1 kuwan me — 1000 me, 3“ 750. 499 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. crue coupée en tranches, comme si l’on voulait en faire un emplâtre. » On prépare avec ces tubercules, également crus, une colle à papier qui lui donne une telle adhérence qu'il ne peut plus être décollé, et qui sert en outre dans la fabrication des en- cas. » On dit, dans le vulgaire, que la décoction de cette racine est bonne contre les vents. » (A suivre.) I. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 18 AVRIL 1884. Présidence de M. le marquis de SINÉTY, vice-président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président proclame les noms des membres nouvellement ad- mis par le conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. Jules Grisard. A. Paillieux. PRaveret-Wattel. s L'ART o, ( Marc de la Perrelle. FERRET (Eugène), ingénieur-agronome, 24, | SE Dont lle rue de Billancourt, à Boulogne (Seine). ) en j a à Comte d’Esterno. CALVET ROGNIAT (le comte), au château de \ Ecole Sac Hilaire Chamagnieux, par Crémieux (Isère). ! D LAS En AUTE Comte d’Esterno. CHALLANDON (E.), rue du Peyrat, 7, à Lyon, | \ Geolfroy Sarre (RD Paul de Sainte-Croix. DerrwiLcer (David), propriétaire, 19, rue Cambon, à Paris. ie ù ne Chanlot MALARD (E.), commissaire-priseur honoraire, Don 8, avenue Victoria, Paris. à a, Marquis de Sinéty. Dupin. PETICH (Louis), consul d'Italie, à Anvers (Bel- | ANCeotroy Sa btiiene, gique). | | Saint-Yves Ménard. — M. le Ministre de l’Agriculture annonce qu'il mét à la disposition de la Société une médaille d’or pour être décernée lors de la distribution des récompenses. — MM. E. Ferret et Ernest Olivier adressent des remerciements au su- jet de leur récente admission dans la Société, — M. Sclafer adresse, pour être transmis au Congrès ornithologique de Vienne, un travail ayant pour titre: Liberté de chasser. « En ma qualité de vieil oiseleur, écrit M. Sclafer, il me semble que je vois un peu clair dans cette question de la prétendue utilité agricole des oiseaux, on n'ose pas dire du gibier. » Ce qui me paraîtrait utile à l’agriculture, ce serait de ne pas enle- ver à nos travailleurs de terre la satisfaction de chasser ces oisillons 2494 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. que la nature a bien véritablement "placés dans « les plaisirs du paysan. » — M. le Préfet d'Alger écrit à M. le Président : « Jai l'honneur de vous accuser réception de la lettre que vous avez bien voulu n’adresser pour appeler mon attention sur les travaux de la Société nationale d’Ac- climatation, ainsi que de la brochure qui s’y trouvait annexée. » Je m'empresse de faire porter à la connaissance des intéressés les bienveillantes dispositions de votre association, et de leur faire con- naître le programme des prix et récompenses auxquels ils seront admis à concourir. » Pour répondre au dernier paragraphe de votre lettre, relative à la fondation de prix nouveaux, propres à encourager les travailleurs de l'Algérie, je vous proposerai, Monsieur le Président, d’en établir un ou plusieurs, en vue d’encourager les efforts constatés en vue du reboise- ment de l'Algérie. » Cette question est aujourd'hui à l’ordre du jour, et depuis trois ans, une ligue s’est fondée pour favoriser soit l'établissement de pépinières, soit des plantations d’arbres de toutes essences, suivant les climats et les qualités des terrains. » C’est là, en effet, une question capitale pour la colonie, ravagée périodiquement par des incendies de forêts, et qui, par suite, se voit progressivement privée d’eau. » La Ligue du reboisement, institution libre et toute locale, a déjà établi diverses primes pour les particuliers qui contribuent le plus au développement des plantations; mais ses ressources minimes limitent nécessairement ses moyens d'action, et je serais heureux qu’une associa- tion plus puissante, telle qu'est la vôtre, Monsieur le Président, voulüt bien consentir à contribuer, par ses encouragements, au reboisement d’une partie de nos montagnes. » Suivant que vos ressources le permettraient, il pourrait être insti- tué, si vous le jugez convenable, un ou plusieurs prix, tant pour les pé- pinières les plus remarquables que pour les plantations proprement dites. » Je vous serai obligé, Monsieur le Président, de vouloir bien sou- mettre des propositions dans ce sens à votre Société, et de me faire con- naître la suite qui aura pu leur être réservée. » Par courrier de ce jour, j'adresse aux présidents des comices agri- coles, de la Société d'agriculture, de la Ligue du reboisement, aux direc- teurs du Jardin d’acclimatation du Hamma, de l’autrucherie du Maza- fran, aux sous-préfets, administrateurs et maires de mon département, une circulaire destinée à faire connaître votre Société, les dispositions du programme des prix, etc. » Je vous serais reconnaissant de me faire parvenir un certain nombre de brochures (extraits des statuts et règlements et programme des prix PROCÈS-VERBAUX. 495 à décerner) — cinquante, si c’est possible — pour être mises à la dis- position des Sociétés ou des chefs de service qui seraient à même de vous prêter utilement leur concours. » Agréez, etc. » — M. le préfet d'Oran écrit à M. le Président : « Vous avez bien voulu, en appelant mon attention sur le but d'intérêt général que poursuit la Société nationale d’Acclimatation de France, me prier de porter à la con- naissance du public son programme et celui des récompenses qu'elle décerne. « J'ai l'honneur de vous faire connaître, Monsieur le Président, que pour répondre à votre désir, j'ai adressé à tous les maires du dépar- tement d'Oran, et aux principaux journaux, un extrait de ce qui concerne les prix particuliers à l’Algérie, de la brochure que vous m'avez CoM- muniquée ». __ M. de Confévron adresse une note sur la rareté croissante du gibier et des oiseaux en général. — M. Delgrange accuse réception et remercie de l'envoi d'œufs de Truite qui lui à été fait. Ges œufs sont parfaitement éclos. __ M. Cocchi fait connaître que les œufs de Salmo fontinalis qui lui ont été adressés, étant dans un état de développement très avancé, se sont gàtés en route. _ M. Dousse, conducteur des ponts et chaussées à Lezoux (Puy-de- Dôme), rend compte de la mise en rivière (dans la Dore, en amont du pont de Peschadoires) de quatre cent dix Tanches pesant ensemble 61,500, de onze Carpes adultes rouges et de onze Carpes du pays, offertes par notre confrère M. René de Sémallé. — M. le Directeur du Jardin d’acclimatation communique le passage suivant d’une lettre qui lui est adressée d'Autriche : « L’abondance des Écrevisses dans les eaux de la Gallicie est si grande que, faute d'autre émploi, on brüle des quantités considérables de ces Crustacés simple- ment pour en tirer de la chaux. » __ MM. les Ingénieurs en chef des ponts et chaussées des départements du Pas-de-Calais, de Lot-et-Garonne et de la Meuse, ainsi que du service de la rivière d’Allier, adressent des réponses au questionnaire sur la maladie des Écrevisses. — Remerciements. — M. le docteur Maslieurat-Lagémard, Président de la Commission départementale de la Creuse, écrit de Grand-Bourg : « Dans la Creuse, il n’y a qu'une seule variété d'Écrevisse qui ne prend qu’un très petit développement. On ne la rencontre que dans les tout petits ruisseaux. Les rivières coulant sur un sol granitique ont un courant trop rapide. » Depuis quelques années, les prairies ont été augmentées et mieux tenues ; partout où l’on a pu faire arriver l’eau on a fait des prés. » C’est vous dire qu’on a détourné presque tous les ruisseaux, qui Pété deviennent à sec. Gette cause surtout, ajoutée à une pêche sans frein, 496 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. les a fait presque complètement disparaître. C’est à peiue si aujour- d’hui on en trouve quelques-unes de la grosseur du doigt. Pour mon compte, il ya plusieurs années que je n’en ai pas aperçu. Aussi ne puis- je vous fournir aucun des détails que vous me demandez. Je ne sais si le peu qui reste a été atteint par la maladie, mais il n’était besoin de celte cause pour les faire à peu près complètement disparaître. » Il serait grandement à désirer que la Société püût faire venir d’Amé- rique, l'année prochaine, des œufs de Salmo quinnal. C’est le Saumon le plus utile à acclimater dans nos rivières. Il y réussira, puisque j’en ai pris un de ceux que j'y avais déposés. » — M. B. Leroux écrit d'Houdonville (Eure): « Dans l’Iton, la maladie des Écrevisses s’est déclarée au milieu du printemps de 1878. Elle s’é- tend, d’après ce que j'ai pu savoir, depuis Serquigny jusqu'au-dessus de Navare, auprès d’Évreux, soit sur une longueur de 30 kilomètres à peu près. L’invasion a été subite et s’est déclarée immédiatement dans toute sa violence. La destruction a été complète et il ne reste plus un seul sujet. J’en ai remis que j'avais achetées en 1880 et je n’en ai revu aucune trace; cependant je les avais placées dans un endroit tout à fait favorable, là où il y avait des souches d'arbres le long de la rive et où les Écrevisses abondaient autrefois. » À quelle cause doit-on attribuer la maladie? Selon moi, aux établis- sements industriels bâtis sur le cours d’eau, tels que les moulins à fou- ler le drap, les tanneries, les papeteries, et notamment toutes les indus- tries où l’on emploie des acides et des alcalis. Quant aux variations de température et aux diverses circonstances météorologiques, je ne crois nullement qu’elles aient eu une influence quelconque sur l’apparition de la maladie, puisqu’on a eu de tout temps des périodes de pluie, de sé- cheresse, etc., sans que des maladies se soient déclarées. » Quelques personnes prétendent que ce serait le chlore que l’on em- ploie dans certaines industries qui en serait la principale cause. Le fait est qu’en remontant le cours de l’Iton, là où il n’y a pas d'industrie, on trouve des Écrevisses. Le Goujon, l’Ablette et la Loche ont à peu près subi le même sort que ces dernières et une diminution notable est aussi constatée pour les autres espèces de poissons. Je crois que l’on ne s’est nullement occupé du repeuplement. » — M. Maxime Cornu sollicite l'envoi de quelques œufs de Ver à soie du Ricin pour M. Maillot, directeur de la station séricicole de Mont- pellier. — M. Alfred Waiïlly annonce qu'il attend d'Amérique un envoi de co- cons d’Attacus cecropia, Prometheus, Ceanothi et Luna, et qu'il vient de recevoir de Calcutta une caisse de beaux cocons d’Attacus Mylitta, récoltés dans l’Assam. Dans une autre lettre, M. Wailly fait connaître qu'il n’a pas encore reçu les cocons qu’il attendait d'Amérique. PROCÈS-VERBAUX. 497 — M. Maxime Cornu transmet une demande de semence de Riz de montagne formée par M. Gennadius, inspecteur de l’agriculture en Grèce. — M. Lecointre écrit de Poitiers : « Les graines de Spinovitis Davidi que vous avez bien voulu m'envoyer le 24 avril 1883, ont été semées le > mai en pleine terre. » Le semis a fort bien réussi; j'ai maintenant un assez grand nombre de Spinovitis blancs et noirs. Les premiers sont plus longs et semblent plus vigoureux; mais tous sont des Spinovitis sans épines, du moins jusqu’à ce jour. Je viens d’en faire planter deux rangs à la campagne, en terrain calcaire, au milieu de Riparias greffés. Il est temps de replanter le reste, la chaleur de ces derniers jours fait développer les feuilles plus vite même que celles des Vignes françaises et américaines. » — Des demandes de Riz de montagne sont adressées par MM. Lecointre, Octave Déjardin, Marcel Guiet, Jérôme Géhin, Delbosq, A. Hardon, Marque, docteur E. Tison, Guerrapain et Octave Rabier. — MM. Llaurado, Morimont, Émile Fleury et André Leroy accusent réception et remercient de l’envoi qui leur a été fait de semence de Riz de montagne. — M. Charles Naudin écrit de la villa Thuret (Antibes) : «J'ai envoyé, avec des instructions ad hoc, des provisions de Riz sec ou Riz de mon- tagne, à diverses personnes qui me paraissent, par les localités qu’elles habitent, en mesure de faire l'expérience requise. J’en ai envoyé en Al- gérie, en Portugal et dans le sud-ouest de la France. » Il y a, pour cette céréale, deux conditions qui dominent toutes les autres, et sans lesquelles le succès ne me paraît pas possible: une somme de chaleur estivale suffisante (au minimum 20 degrés centigrades) et abondance de pluie pendant la végétation de la plante. Je ne sais si on trouvera ces deux conditions réunies en France. La Provence est pro- bablement assez chaude, mais elle est très sèche en été, et alors il fau- dra suppléer à la pluie par l'irrigation, comme dans les cultures marai- chères, et là où l’on trouve l’eau en abondance, à Hyères par exemple, je crois qu’il sera possible de cultiver le Riz de montagne. La Société du Jardin d’Acclimatation, qui a de vastes terrains à Hyères et qui n’y manque pas d’eau, pourra très bien en faire l’essai. On verra, au résultat obtenu, si cette culture peut être profitable. » Dans l’ouest et surtout le sud-ouest de la France, la Gironde, les Landes, les Basses-Pyrénées, la quantité de pluie qui y tombe annuelle- ment et en toute saison, pourra suffire ; mais la question est de savoir si le Riz de montagne y trouvera assez de chaleur, et une chaleur assez prolongée pour mürir son grain. Ici encore c’est à l'expérience qu'il faut demander une réponse. En Algérie, mais surtout dans la partie monta- gneuse de la province de Constantine, où il pleut beaucoup plus que dans le reste du pays, on trouvera peut-être tout ce qu'il faut pour réus- 498 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. sir, et alors j'engagerai la Société d’Acclimatation à envoyer un petit pa- quet de Rizsec à M. Ch. Nicolas, inspecteur de l’agriculture à Boudarona, province de Constantine. D'ailleurs, dans un pays boisé comme cette pro- vince, on trouverait aisément des pentes irrigables à l’aide de quelque ruisseau. » La Bretagne est très pluvieuse, mais la chaleur y est faible ; néan- moins on pourrait encore essayer (à tout hasard, bien entendu) d’y cul- tiver le Riz sec, et je suis persuadé que M. Blanchard, jardinier chef du jardin botanique de Brest, se chargerait volontiers de faire cet essai. Cependant il n’y a pas à se dissimuler qu’il y a de meilleures chances de succès dans le midi de la France et de l’Europe, à condition qu'il y ait de Peau. Si le Sud algérien avait de l’eau à discrétion, le Riz sec y ferait merveille. » Que cette céréale ne réussisse pas au Gabon, il n’y a guère lieu de s’en étonner. Le pays est trop chaud, et il peut y avoir d’autres raisons encore qui nous échappent. Non omnis fert omnia tellus. Ni le Blé, ni la Vigne, ni POlivier, ni le Mürier, ni le Dattier ne réussiraient mieux au Gabon ; mais ce qu’on pourrait faire, ce serait d'essayer la culture du Riz sec à la Nouvelle-Calédonie, surtout dans la partie montagneuse de Pile Ce serait peut-être une bonne fortune pour cette colonie, ainsi que la Ramie (Urtica ou Bæhmeria utilis), qui serait là tout à fait dans son climat. » Dans trois ou quatre jours, je ferai un semis de Riz sec, et on arro- sera copieusement. On verra ensuite. » Cheptels. — M. Delloye-Orban écrit des Hauchies (Belgique) : «& FPai l'honneur de vous rendre compte de l’état et des résultats du cheptel de Cerfs nains de la Chine (Cervulus Reevesii) que la Société d’Acclimata- tion à bien voulu me confier. » Ces petits Cerfs me sont arrivés le 30 mai de l’année dernière. Ils ont été placés dans un enclos de plus de 3000 mètres de superficie, formé d’un bosquet très fourré avec une clairière gazonnée. Ils y ont trouvé ample nourriture de feuillage, d'herbe, de ronces, etc. » Ces animaux me paraissent friands du feuillage de toutes les es- sences de bois qui constituent les taillis de nos forêts. » Dès le quatrième jour de leur arrivée, je remarquai que le mâle poursuivait la femelle, et le 8 juin je surpris un premier accouplement. Pendant cette période de rut, nous les entendions bramer à de longs in- tervalles. » Aussi longtemps que le taillis de leur bosquet fut garni de feuilles, nous n’aperçümes les Cerfs que le matin de très bonne heure et le soir après le coucher du soleil; lorsqu'ils se trouvaient à découvert, ils ne se laissaient pas approcher à plus de vingt à trente mètres. » Après la chute des feuilles, ils devinrent immédiatement plus con- liants et bientôt ils vinrent manger dans la main le pain qu’on leur offrait. PROCÈS-VERBAUX. 499 et qu'ils aimaient beaucoup. Pendant l'hiver qui a été très doux, ils furent nourris de carottes, d'avoine, de son et de foin; le foin leur plai- sait peu. Celte nourriture était placée dans une cabane dans laquelle ils se retiraient parfois. Cependant ces animaux se montrent résistants au froid, car ils passent les nuits à l’air, même pendant les gelées et la neige, choisissant parfaitement les endroits abrités pour former leur couche. » Plus tard, j'ajoutai à leur nourriture un mélange de farine d’orge et de son légèrement mouillé, qu’ils aiment beaucoup. » Au bout de quelques mois, la Biche parut s’arrondir et bientôt j'ac- quis la certitude qu’elle était pleine. La gestation s’accomplit dans les meilleures conditions et le 24 mars, deux cent quatre-vingt-dix jours après le premier accouplement constaté, la Biche mit bas un petit Cerf bien constitué, mais qui malheureusement mourut une heure après sa naissance, malgré les soins que lui donna sa mère. Je ne sais à quoi attribuer la mort de cette petite bête qui paraissait pouvoir vivre. Peut- être la jeunesse des parents en est-elle la cause ? » Je regrette, Monsieur le Président, que ce premier résultat ne soit pas plus complet. Il témoigne cependant des chances que l’on a de par- venir à acclimater dans notre pays ce charmant petit animal si doux et si familier, et j'espère que l’année prochaine j'aurai le plaisir de vous an- noncer un succès complet. » J’oublie de vous dire que depuis son arrivée, le bois du mâle ne s’est pas modifié. Il reste à l’état de dague, dont le pivot garni de poils a8 à 10 centimètres, la pointe nue qui le surmonte ayant 3 à 4 centimètres. » Je saisis cette occasion pour vous rendre compte de l’état de mon cheptel de Cygnes noirs. Ces beaux oiseaux, qui sont en excellente santé et qui ont à leur disposition un vaste étang avec de la verdure à profu- sion, n'ont pas encore reproduit cette année. Ils sont maintenant âgés de 3 ans et ils devraient pondre ce printemps. » Je n’ai pas perdu tout espoir d’un résultat cette année, mais je n'y compte guère, bien qu'aucune espèce de Canards n'ait encore pondu chez moi ce printemps, malgré la douceur de la température dont nous jouissons depuis le commencement de mars. » Les Casarka de Paradis et les Sarcelles de la Caroline, qui sont d’ha- bitude les plus précoces, n’ont pas encore pondu, bien que lagitation de ces oiseaux démontre que la ponte est proche. » — M. Fernand Laval écrit de Castres : « Je viens vous rendre compte de la situation de mes cheptels: » 1° Le couple de Faisans n’a pas encore commencé sa ponte et, quoique en très bon état de santé, la femelle n'a pas encore Pair de vouloir pondre. » 2 Du cheptel de Poules de Houdan il ne me reste qu’une Poule et le Coq provenant du cheptel; la seconde Poule à été prise par une Buse 500 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. qui a causé beaucoup de ravages dans ma basse-cour et que je suis par- venu enfin à abattre. Avec ce lot se trouve un Coquelet et deux Pou- lettes, produits de lan dernier. Je n’ai pas encore pu poser des œufs, la vieille Poule ne pond que depuis une quinzaine, etles jeunes commencent à peine. » Les Houdan sont en vaste parquet bien séparé, et, pour éviter tout croisement avec des Cogs étrangers, j'ai mis à la ferme où j'ai ces poules un Coq Houdan à la place du coq commun, ce qui fait que lors même que les Poules sortiraient par accident du parquet, je n’ai pas à craindre de mésalliance. » — M. Pichot communique à l'assemblée d’intéressants renseigne- ments qui lui sont adressés par plusieurs de ses correspondants: 1° sur l’existence de Chameaux retournés à l’état sauvage en Californie et en Espagne ; 3° sur des essais de repeuplement des chasses de la forêt d’Ep- ping (Angleterre); 3° enfin, sur l'introduction en Irlande du Cerf Sika, du Japon. (Voy. au Bulletin.) — A l’occasion de la lettre de M. Naudin relative au Riz sec, M. le commandant Masson fait connaître que cette variété de Riz donne au Gabon de très bons résultats; si elle n’y est pas cultivée, c'est unique- ment parce que les noirs ne veulent pas en manger et se nourrissent seulement de Manioc et de Bananes. Au concours agricole de 1882, le jury a récompensé un planteur allemand, M. Souillaud, de la maison Biermann (de Berlin), qui avait exposé plusieurs bottes de Riz de mon- tagne et de Riz ordinaire. — M. le Président annonce que la séance publique annuelle aura lieu le samedi 3 mai; en faisant connaître le programme de cette séance, il donne aussi des renseignements sur le banquet organisé par la Société à l’occasion du trentième anniversaire de sa fondation, et il invite ceux des membres présents à la séance qui désireraient souscrire pour ce ban- quet à s'inscrire en sortant. —, M. Jules Grisard donne lecture d’une note de M. Alp. Lavallée sur les végétaux introduits par M. le général Koralkow (voy. au Bulletin). — M. Masson donne lecture d’un mémoire adressé par M. Delaurier sur ses éducations d'Oiseaux exotiques (voy. au Bulletin). — M. Pichot donne un résumé de notes envoyées par M. Ed. Rodigas, directeur du Jardin zoologique de Gand, sur la reproduction de Ja Grue couronnée bleue du Cap. PROCÈS-VERBAUX. 501 SÉANCE GÉNÉRALE DU 16 MAI 1884. Présidence de M. CAMILLE DARESTE, membre du Conseil, puis de M. HENRI BOULEY, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. : à ‘ H. Bouley. BEAUMONT (Henri de), 3 ter, rue de la Faisan- | Pass DERO AL derie, à Paris. { Dr Ps À : H. Bouley. Paul de), propriétaire, à Saint-Bon- 4 Hu ; Roue RE | P. de Sainte-Croix. Broccut (Paul), maître de conférences à l’In- / A. Grandidier. stitut agronomique, à Sèvres (Seine-et- : A. Milne Edwards. Oise). CL. Vaillant. BuIssERET (comte Raymond de), proprié- { H. Bouley. taire, 55, rue de Satory, à Versailles (Seine- | De la Roquette. et-Oise). Raveret-Wattel. H. Bouley. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Ch. de Souancé. CHÉRON (J. T.), propriétaire, à Lardy (Seine- et-Oise). TL Deul (Oie À. Geoffroy Saint-Hilaire. : A. Porte. ronde). Saint-Yves Ménard. H. Bouley. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. H. Bouley. Bretocq. Callot. Ga-raND (DElx) médecin-vétérinane,à Mon) Gouron (le docteur), directeur de la Maison H. Bouley. Idée Saint-James (Manche). Gougerr (le docteur), 219,. rue Lafayette, à Paris. de santé et maire du XIL° arrondissement, ? Raveret-Wattel. place Daumesnil, à Paris. Saint-Yves Ménard. H. Bouley. A. Paillieux. Marquis de Sinéty. LEFORT DES YLOUSES (Arthur), 43, avenue de Son ere main deu (ru À Geoloy Saintlire 2 HagN (Carlos), propriétaire, 6, rue du Cirque, à Paris. 02 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. MM. PRÉSENTATEURS. : H. Bouley. S C. rl 1 c m- | : Lousserr (C.), greffier au tribunal de co CAR merce, à Issoire (Puy-de-Dôme). | A. Geoffroy Saint-Hilaire MALAGOLI (Giuseppe), directeur des colom- \ DPRRPREEE L ‘ A.Geoffroy Saint-Hilaire. biers militaires, à Bologne (Italie). ) ae Hand Ge Comte d’Epremesnil. Vicomte de Montreuil. Marquis de Selve. NAZARETH (Augustin), inspecteur des Postes { J. Bailly. et Télégraphes, 85, avenue de Neuilly, à { H. Bouley. Neuilly (Seine). Marquis de Sinéty. *oLLAND (Edouard), conservateur des hypo- / H. Bouley. thèques en retraite, 43, rue Perronnet, à ? Germain. Neuilly. ( Varnier. MoNTLIVAUT (le vicomte de), 3, rue Camba- cérès, à Paris. — M. le Président adresse à l’assemblée les paroles suivantes : « Nous avons la douleur de vous annoncer le décès de M. Alphonse Lavallée, frappé subitement dans son beau domaine de Segrez, au milieu des riches collections végétales qu’il avait réunies si laborieusement. » Président de la Société nationale d’horticulture de France et tréso- rier perpétuel de la Société nationale d’agriculture, M. Lavallée appar- tenait à la Société d’Acclimatation depuis 1859, et en 1882 il avait été nommé membre du Conseil. » Animé d’un zèle ardent, M. Lavallée a consacré toute son intelli- gence à la création d’un Arboretum unique au monde. » Cet établissement, dû à l’initiative privée, est un modèle du genre; on y trouve réunis tous les végétaux susceptibles de vivre en plein air sous le climat de Paris. » Au moment où la mort l’a surpris, notre collègue commençait la publication d’un ouvrage d’une haute importance et d’un intérèt seienti- fique considérable sur les collections qu'il possédait à Segrez, et, tout dernièrement encore, dans une de nos séances générales, il présentait une remarquable monographie des Clématites. » La Société fait en la personne de M. Alp. Lavallée une perte qui sera vivement sentie. » — MM. Paul de Borde, le D' Brocchi et le comte R. de Buisseret adressent des remerciements au sujet de leur récente admission dans la Société. — M. Guy de Ferrières, président de l'Union des chasseurs, de Saint- Denis (ile de la Réunion), remercie la Société d’avoir admis cette asso- clation au nombre des sociétés agrégées. — S. Exc. l'ambassadeur d'Italie, M. le ministre de Suède et Norwège, PROCÈS-VERBAUX. 503 et MM. les Ministres de la Marine et des Colonies, des Finances, des Travaux publics et des Postes et des Télégraphes expriment leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique annuelle de la Société. — En adressant des remerciements pour la médaille qui lui est dé- cernée, M. Raoul Boulart, préparateur au Muséum d’histoire naturelle, exprime ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique annuelle, en raison de son départ pour un voyage d’exploration en mer avec M. le professeur Robin. — Des remerciements pour les récompenses qu'ils ont reçues sont adressés par MM. le comte de Mailly-Chalon, Hédiard, René de Sémallé, Dautreville, H. Gadeau de Kerville, N. Masson, Magaud d’Aubusson, Lesueur, D' Sauvage, Pilloy, Koly, E. Savard, le comte de Bouchaud de Bussy, le comte de Montlezun, MY Dubail, les RR. PP. Evrard et Gau- thier, Weil, A. Bidal, L. Croq, T. Leduc, A. Mayet, Audap, Leroy, Maillard, Marie Ferrier, Annet Piréyre, A. Wailly, P. Laurent et le D' Nowicki. — MM. Achille Adam, Salmon-Coubard, Menant, Henri Fabre, Lehec, Lefebure, G. Ribeaud, vicomte de Poli et Decrox-Donau demandent à être compris dans la distribution de la poudre toni-nutritive mise gra- cieusement à la disposition des membres de la Société par M. Dautre- ville pour l'élevage des Faisans, Perdreaux, etc — MM. le comte de Galard-Béarn, le comte R. de Buisseret et M. le vicomte de Guiton adressent des demandes de cheptels. — M. Goguet demande la liste des animaux et des végétaux donnés en cheptels par la Société. — M. le Ministre de la Marine annonce qu’il désire souscrire à trente exemplaires du « Rapport sur la situation de la pisciculture à l’étran- ger », publié par la Société. — M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire des pêcheries des États-Unis, annonce l’envoi qu’il veut bien faire à la Société de trois mille œufs de « Rain-bow Trout » ou Truite arc-en-ciel (Salmo iridea), espèce qui habite les cours d’eau des montagnes de la Californie. Ces œufs, qui nous seront transmis par les soins de M. Fred. Mather, pro- viennent de l'établissement de pisciculture de Northville (Michigan), placé sous la direction de M. Frank V. Clark ; ils ont été récoltés sur des sujets capturés dans la rivière Mac-Cloud (Californie). « Cette espèce, écrit M. Spencer F. Baird, est de plus en plus estimée chez nous, surtout parce qu’elle atteint un poids de 3 à 5 livres vers l’âge de trois ans, époque où elle commence à se reproduire. ,; » M. le D' Bean pense que notre Salmo Gairdneri n’est autre que le Salmo iridea ayant fait un certain séjour dans la mer. Dans une expo- sition récente, on remarquait un sujet de cette espèce pesant 35 livres. » (Les œufs annoncés par M. Spencer F. Baird sont arrivés en parfait état.) 504 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. __ M. Louis, de Gouville, accuse réceplion et remercie de l'envoi qui lui a été fait d'œufs de Salmo iridea. — M. Wagner, régisseur de l'établissement de pisciculture de Bouzey, fait connaître l’arrivée en parfait état des œufs de Salmo iridea qui lui ont été expédiés. Il ajoute que les alevins de Salmo fontinalis provenant d'œufs envoyés par la Société sont très beaux. — M. le baron de Sélys-Longchamps, membre de l’Académie des sciences de Belgique et président du Sénat belge, annonce l’envoi pro- chain de documents sur la pisciculture. — Des réponses au questionnaire sur la maladie des Écrevisses sont adressées par MM. Courvoisier, Chapuset, Focet et Dauphinot, ainsi que par un grand nombre d'ingénieurs et d'agents du service des ponts et chaussées. — Remerciements. _— M. Victor Rollat, de Collioure, adresse une note résumant les ré- sultats de ses recherches sur la maladie des Vers à soie. — M. Alfred Wailly adresse un rapport sur ses éducations de Bomby- ciens séricigènes en 1883, et met à la disposition de la Société un lot de cocons d'A ctias luna et d'Antheræa mylitta. — Me V° Simon, née de Fuisseaux, annonce que beaucoup d'institu- teurs, mettant ses offres à profit, lui ont demandé de la graine d’Attacus Pernyi ainsi que des instructions pour l'élevage de cette espèce sérici- gène. Par une autre lettre, M" Simon veut bien mettre à la disposition de la Société 50 grammes de graines d’Attacus Pernyi, variété bivoltine, et annoncer, en outre, l'envoi d’un autre lot de graine univoltine. — Des demandes de Riz de montagne sont adressées par MM. L. Sou- lages, D' Pallas, D' Ferrari, J. Pascal et comte de Tinseau. — M. Déjardin remercie de l'envoi de semence de Riz de montagne qui lui a été fait. — Me V° Turpin adresse de la semence d'une variété de Maïs remar- quable par sa rusticité et son rendement abondant. — Remerciements. — M. Alphonse Lavallée écrit à M. le Secrétaire général : « A la suite de la récente communication de notre éminent confrère, M. Naudin, sur les plantes mellifères, vous m'avez fait l'honneur de me demander de vous signaler ceux des végétaux cultivés à Segrez qui me paraissaient les plus propres à être propagés dans ce but. Malgré mon absolue in- compétence, je crois pouvoir vous signaler les espèces suivantes sur lesquelles j'ai remarqué que les Abeilles venaient de préférence butiner. Ce sont toutes plantes dont la floraison est un peu prolongée. » Je puis vous indiquer : » Les Nandina, petits arbustes de 1 mètre environ, très élégants, originaires de la Chine et du Japon. Azara, Bixacées du Chili. » Tilia, tous, mais surtout notre espèce indigène, le T. silrestris. PROCÈS-VERBAUX. 505 » Citrus trifoliata, qui fleurit abondamment au delà de la Loire. » Amorpha. Ces arbustes de la famille des Légumineuses constituent de grands arbrisseaux, dont la floraison se prolonge plusieurs mois et attire tout particulièrement les Abeilles. Ils sont rustiques et s’accom- modent de tous les terrains, même arides et secs. » Indigofera. Ne conviendrait qu’au delà de la Loire. » Robinia pseudo-acacia, var. semperflorens. Arbre de moyenne taille, toujours en fleur. » Robinia viscosa, dubia, hispida et macrophylla. » Lespedeza bicolor, arbuste très rustique de la région de l'Amour. » Sambucus nigra, var. rosæflora. » Sambucus pubens et Viburnum nudum. Floraison très prolongée. » Abelia. Petits arbustes dont les fleurs se succèdent longtemps. » Oxycoccos arbutus. Ces Ericacées attirent puissamment les Abeilles et sont rustiques dans la région du bassin de Paris. On peut faire avec les Oxycoccos des bordures analogues à celles du Buis ; leurs fruits sont comestibles et bons. On consomme les fruits du macrocarpus dans tout le uord des États-Unis, surtout au Cauada; ceux du 0. palustris sont extrêmement recherchés dans tout le nord de l’Europe; à Hanovre, le marché, au moment de la récolte, est toujours abondamment pourvu des fruits de cette espèce. » Buxus. Les fleurs de toutes les espèces et variétés de Buis sont tou- ours habitées par les Abeilles. » J'ajoute à ces renseignements, bien sommaires, que je vois constam- ment les Abeilles butiner dans les champs de Sainfoin, ceux de Sarrasin, sur les Jusquiames, les Aconits, etc. J'ai enfin remarqué qu’elles recher- chent toutes les plantes de la famille des Labiées. Tels sont les seuls renseignements que je suis à même de vous fournir. » — M. Joseph Clarté écrit de Baccarat: « J'ai déjà entretenu à diffé- rentes époques, et notammeul au mois d'octobre 1878, la Société d'Ac- chimatation de la culture d’un arbuste japonais, que je considérais comme devant avoir beaucoup d'avenir; mes divers essais depuis cette époque n’ont fait que confirmer cette opinion; je veux parler du Goumi du Japon (Elæagnus edulis). » Je vous adresserai d’ici peu de temps une note relative à l’usage qu’on peut faire des fruits de cet arbuste. » l’année dernière, ayant récolté une certaine quantité de fruits de Goumi, j'en ai fait distiller une partie, et j’ai obtenu une eau-de-vie qui, de l'avis des personnes qui l’ont goûtée, a un mérite réel et peut, jusqu’à un certain point, rivaliser avec le kirsch de cerise. » Si voulez bien me le permettre, j'aurai l'honneur de vous offrir, pour être servi à la fin du banquet, ce dont je puis encore disposer d’eau-de-vie de Goumi, au moins un litre. » — M. Gallais, de Ruffec, met à la disposition du Conseil, pour le ban- 49 SÉRIE, T. [. — Juin 1884. LE 906 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. quet organisé par la Société, deux flacons d'une liqueur dont il est l’in- venteur et qui est préparée uniquement avec des plantes algériennes. — Remerciements. €heptels. — M. d’'Imbleval demande à faire le renvoi de son cheptel de Porc siamois. — M. Fontette demande des instractions sur la destination à donner au Porc siamois qu’il a reçu en cheptel. — M. Bourjuge fait connaître que la femelle de son cheptel d’Agoutis vient de mettre bas; la portée a été d’un seul petit. — M. Meynard rend compte de la situation de son cheptel de Faisans versicolores; la femelle a commencé à pondre régulièrement, le 25 avril. — M. le Président fait connaître que M. Saint-Yves Ménard, trésorier de la Société, qui a contracté une pleurésie grave, le jour du banquet, en donnant des soins à une personne qui s'était trouvée subitement in- disposée, est heureusement aujourd’hui tout à fait hors de danger. L'assemblée accueille cette nouvelle avec une grande satisfaction et les marques de la plus vive sympathie. — M. le Secrétaire général présente, au nom de la Commission spé- ciale, un rapport sur le banquet du 3 mai. (Voy. au Bulletin.) — M. Raveret-Wattel donne lecture d’une note sur la maladie des Ecrevisses, d’après les observations de M. le D' Leuckart. (Voy. au Bui- letin, p. 9516.) — Sur l'invitation de M. le Président, M. le D' Brocchi, qui assiste à la séance, veut bien donner quelques renseignements sur la même question. M. Brocchi ne voit pas sans un certain étonnement attribuer la maladie à l’envahissement du Crustacé par quelque Saprolégniée. « Que l’on trouve, dit-il, de ces végétations dans les corps en décompo- sition dans l’eau, et même sur les corps non en décomposition, cela est évident ; mais que ce soit la cause de la maladie, je ne le croirai pas avant d’avoir vu des Écrevisses vivantes absolument envahies par des Saprolégniées. » On m’a fait dernièrement l’envoi d’une Écrevisse morte de la maladie, paraît-il. Elle était en décomposition, et, dans toutes les parties du corps, on trouvait en quantités Imnombrables des Bactéries, ressemblant beaucoup aux corpuscules que mentionne la note du D' von Linstow précédemment communiquée à la Société par M. Raveret-Wattel. Quant au Distome, il est certain que cet Entozoaire peut se trouver sur des Écrevisses; mais il me semble qu’il y reste enkysté dans les muscles ; d'après M. Harz, ce serait surtout dans les muscles que se trouvent les Distomes enkystés. Or nous savons que les Écrevisses résistent admira- blement à de graves lésions des muscles. Un point qui avait semblé extraordinaire, c'était de voir le Distome enkysté et muni de ses organes complets de reproduction; ce n’est pas l'habitude des Distomes. Cepen- dant ce ne serait pas la première fois que ce cas aurait été signalé. Un PROCÈS-VERBAUX. 507 auteur anglais, Linton je crois, a signalé des Distomes enkystés munis de leurs organes de génération, chez d’autres Crustacés, chez des Gam- marus. » Il y a un fait certain, qui est en dehors de la pathologie : c’est que la maladie (cela résulte de toutes les observations faites aussi bien en France qu’en Allemagne) remonte toujours et assez rapidement d’aval en amont. Ce fait doit évidemment éveiller l'attention. D’après les observa- tions publiées par le docteur Harz, il est certain que des barrages ont semblé s'opposer à l'invasion de la maladie. » Je crois que d’autres causes que les maladies parasitaires ont fait périr les Écrevisses. Dans quelques endroits, on a signalé l’empoisonne- ment des eaux; le fait est certain pour plusieurs localités. On à signalé aussi des épidémies, ou plutôt une mortalité pour ainsi dire subite des Écrevisses. Eh bien, il est rapporté dans l’ouvrage de M. Carbonnier une observation qui, peut-être, pourrait éclairer ces faits de mortalités subites. Dans l'établissement de M. le marquis de Selve, la foudre étant tombée près de l’endroit où se trouvaient les Écrevisses, il y eut morta- lité presque instantanée de ces Crustacés qui sortirent de l’eau et ne tar- dèrent pas à périr. Je crois qu'en résumé, nous devons rester un peu dans le doute et que la question demande encore de nouvelles observa- tions. » — M. de Sémallé demande si les Écrevisses à pattes rouges sont aussi sujettes que les autres à la maladie. — M. Raveret-Wattel dit que, d’après les renseignements adressés à la Société par MM. les Ingénieurs des ponts et chaussées, la malade sévi- rait aussi bien sur les unes que sur les autres. — M. le Président désirerait savoir si des études expérimentales ont été faites, si des expériences de contamination des eaux ont eu lieu. — M. Brocchi rappelle que le D' Harz, qui attribue la maladie au Distome, et qui pense que le premier hôte de ce Distome est un poisson, a fait l'expérience suivante : Il a nourri des Écrevisses seulement avec des végétaux, et les a vues, assure-t-1l, rester bien portantes ; tandis que nourries, comme on le fait en Allemagne, avec des intestins de pois- sons, les Écrevisses gagnaient la maladie. Ce ne sont là toutefois que des indications, et non des observations vraiment scientifiques. — M. le Président fait remarquer qu’il y a, en faveur de l’action es sible du Distome de l'Écrevisse, ce fait de Patoldete comparée qu'un autre Distome est extrêmement nuisible au Mouton. La cachexie aqueuse se rattache certainement à l'invasion du Mouton par le Distome qui va se loger dans un organe essentiel et principal, le foie, et qui, en suppri- mant les fonctions hépatiques, finit par amener l’anémie. Il y a là un rapport de causalité certain entre une maladie déterminée, chez un her- bivore domestique, et un parasite dont l’évolution a été bien étudiée par les naturalistes. On se trouve par suite amené à penser que [’Écre- 08 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. visse pour: ait être victime du Distome; mais ce n’est qu’une simple induction. — M. le D' Brocchi dit qu'il serait disposé à l’admettre si l’on avait signalé plus souvent la présence du Distome dans d’autres organes que dans les muscles. Les Crustacés subissent des lésions énormes des muscles et restent bien portants. Ainsi, par exemple, dans les réservoirs à Crustacés, pour empêcher les Homards de se battre entre eux, on leur coupe, aux pinces, des muscles particuliers. Cela ne les empêche pas de se porter très bien. — M. Raveret-Wattel rappelle que M. le D'° von Linstow a trouvé des Distomes en quantité considérable dans les muscles d'Écrevisses bien TRRANEE et que, par contre, il a vu périr des Écrevisses chez les- quelles il n'existait pas un seul Distome. — « Que les Distomes DEN causer la mort des PRESS dit M. Geoffroy Saint-Hilaire, cela n’a rien de bien extraordinaire; mais qu'ils soient l1 cause de l'épidémie qui préoccupe en ce moment la Société, cela ne supporte guère l’examen, car il faudrait expliquer com- ment le Distome cause la mort, au même moment, des Écrevisses de toute une zone. Ainsi, dans la Cure, où les Écrevisses à paites rouges étaient autrefnis très abondantes, elles ont disparu, ce n’est pas en un mois, c'est en quelques jours; et, sije voulais même prendre à la lettre les renseignements que nous avons reçus, je dirais en quelques heures. Du jour au lendemain il n’y a plus d'Écrevisses. Et ce fait si saillant, si net, que nous avons observé dans la Cure, les ingénieurs de la navi- gation de la Meuse nous l’ont raconté dans les mêmes termes, en quel- que sorte. Dans la Meuse, comme dans la Cure, auprès de Namur, auprès de Verdun, les Écrevisses disparaissent dans les mêmes condi- tions, c’est-à-dire tout d’un coup! Comment expliquer que cette cause , le même jour, causé la mort des Écrevisses? C’est absolument inadmissible. Le Distome du Mouton ne détruit pas un troupeau en bloc. Le troupeau disparaît peu à peu, mais il n’est pas foudroyé; tandis que toutes les Écrevisses périssent simultanément dans une même zone de 4, 5, 6, 8 et 10 kilomètres! » — M. le D' Brocchi fait remarquer que la difficulté signalée par M. Geoffroy Saint-Hilaire resterait la même pour le Saprolegnia. — M. le Président constate que la question est encore fort obscure; mais il émet l'espoir que les investigations entreprises amèneront la découverte de La vérité. — M. Jules Grisard donne lecture de la lettre suivante, adressée par M. Joseph Lafosse : « J'ai eu la bonne fortune d’avoir le premier in- troduit et cultivé en plein air en Normandie le Chamcærops Fortunei au nord de la Chine. » À présent, ce magnifique Palmier est acquis à tout le littoral de la Normandie et de la Bretagne. PROCÈS-VERBAUX. 209 » Les hivers très rigoureux que nous venons de traverser m'ont donné la preuve qu'il est plus rustique que le Laurier commun (Laurus nobilis) et que le Figuier. Il supporte sans souffrir 15 degrés de froid, et il ne périt pas toujours complètement à 18, bien qu'il soit fort mal- traité. » Le Palmier de Fortune ainsi que l’Araucaria imbricata, sont deux véritables trésors pour l’horticulture ; ce sont probablement les deux plus belles introductions de notre siècle. » J'ai cru vous être agréable en vous adressant deux régimes de Chamærops Fortunei dont les fruits sont arrivés à pleine maturité. » Ces régimes proviennent du premier pied planté en plein air en 1860 ; il avait été envoyé au Muséum par M. de Montigny, ii mesure de hauteur totale 5 mètres. Je possède deux Chameærops de cette force et un assez grand nombre de plus jeunes et de différentes tailes. Ces arbres donnent un cachet tout à fait tropical à la partie de mon jardin que je leur ai consacrée. » La Société Linnéenne de Normandie m’a offert une médaille à l’ef- figie de Linné pour l'introduction et la culture du Chamærops de For- tune en Normandie, et les membres de la Société sont venus, sous la direction de M. Morière, planter un Palmier à côté de ceux que j'avais anciennement introduits, Palmier qu’ils ont adopté et nommé Palmier de la Societe Linncenne. » J'ai commencé à réunir les matériaux d’une étude sur le Palmier de Chine et sur les Bambous en Normandie; lorsque cette étude sera achevée, j'espère que vous l’accepterez avec la même bienveillance que les autres notices antérieurement publiées, auxquelles vous avez bien voulu donner place dans le Bulletin. » Dans une de ces notices (Études sur les espèces de Bambous à in- troduire, octobre et novembre 1867, p. 12), j'avais été quelque peu prophète, il faut en convenir, lorsque j'ai écrit : » Ce n’est peut-être pas complètementune utopie que de voir dans un » avenir, que l’on ne saurait cependant préciser, les côtes de la Nor- » mandie et de la Bretagne revêtir un aspect nouveau, où le Palmier de » l’extrême Orient viendra mêler sa forme étrangère à celle des Chênes » druidiques et des Bouleaux du nord. » » Aujourd’hui ce rêve est à peu près réalisé. » Les deux régimes que je vous adresse proviennent du premier pied planté en Normandie, sur lequel je les ai coupés il y a quelques jours; l’arbre en portait quatre de la force de ceux-ci, et tous les ans il se charge de fruits. » Si vous en désiriez davantage, l’an prochain, pour être distribués par la Société, je me ferais un plaisir de vous en faire parvenir. » 210 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. SÉANCE GÉNÉRALE DU 30 MAI 1884. Présidence de M. Maurice GIRARD, Secrétaire du Conseil. Le procès-verbal de ia séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir: MM. PRÉSENTATEURS. FONE BorROMEO (le comte Giberto), place Bor- \ F. KA A romeo, 7, à Milan (Italie). ) ane _… Benions (Palo) Mirecteuride forces Alt ee URATE champs (Haute-Marne). Sn HENRIONNET (Henri), propriétaire, à Vouziers \ ns Re Marquis de Sinéty. LABORDE (vice-archiprêtre), curé de Landi- HRURE A. Geoffroy Saint-Hilaire. Marquis de Sinéty. H. Bouley. Meignan. Marquis de Sinéty. LILLERS (marquis de), 23 bis, avenue Mon- | LA RE CHERE ES l Marquis de Sinéty. J. Varin. MeTscHERSKY (André), à Moscou (Russie). \ H. Bouley. | Marquis de Sinéty. SAUVAGE (docteur H.-E.), directeur de la { H. Bouley. station aquicole de Boulogne-sur-mer (Pas- { Lonquéty aîné. de-Calais). . L. Vaillant. ran (Gironde). Le, LaFosse, surveillant des propriétés de Mr: la | duchesse de Chevreuse, à Sablé (Sarthe). } — M. Seligmann-Lui adresse des remerciements au sujet de la ré- compense qui vient de lui être décernée, et fait parvenir deux exem- plaïres de son rapport sur l’acclimatation des arbres à gutta-percha dans la Cochinchine française. — Des demandes de poudre toni-nutritive sont adressées par M. l’abbé Sarrus, M. le marquis d’Angerville et M. le comte R. Cahen. — M. Braun écrit de Rosheim : « Le dernier Bulletin porte à la connaissance des sociétaires que l’on a trouvé la nourriture propre à PROCÈS-VERBAUX. 511 remplacer les œufs de Fourmi pour l'élevage des Faisans et Perdreaux. L’année dernière j'ai fait éclore 64 œufs de Perdreaux. Sur cette quan- tité, j'en ai sauvé 52 que j'ai lâchés ce printemps, c’est-à-dire complète- ment adultes. Tous ces Perdreaux avaient été élevés avec des œufs de Fourmi et de la salade hachée. » Cette année-ci, j'ai la bonne fortune d’avoir obtenu dans un parc de 2 ares, installé dans mon jardin, des œufs de Perdrix. J'ai également dans ce même parc des Canards mandarins que la femelle couve depuis 18 jours. Vous savez que les Mandarins, pour les mener à bonne fin, de- mandent, comme les Perdrix et les Faisans, pendant les 18 ou 20 pre- miers jours, des œufs de Fourmi; je viens vous prier d’être assez ai- mable pour m'envoyer, à titre d'expérience, de quoi élever environ 18 Perdrix et une douzaine de Mandarins. » — M. Leroy écrit de Fismes : « J'ai l'honneur de vous rendre compte du résultat de ma première couvée d'œufs de Perdrix du Boutan. J':i confié à une poule nègre, le 17 mars dernier, à quatre heures et demie du soir, 6 œufs de cette espèce, dont un fêlé pour être tombé du per- choir et raccommodé avec du papier gommé. Ce sixième œuf, plus entamé que je ne l’avais présumé, a laissé évaporer ses liquides et s’est complètement desséché. Quant aux cinq autres, ils ont donné naissance, le 10 avril, entre trois et sept heures du soir, après vingt-quatre jours d’'incubation, à cinq jeunes sujets que j'ai confiés à une éleveuse La- grange, et qui sont actuellement vigoureux et bien portants. » Je leur ai donné : » 1° De la pâtée à l’œuf à laquelle ils n’ont pas touché; » 2 Des petits vers de terre dont ils sont très friands et 4 ils avaleur entiers, vivants, d'un seul trait; » 3° Des vers de farine, auxquels ils u’ont pas touché durant les deux premiers jours, mais qu'ils ont fini par apprécier, et dès le troisième jour ils se jetaient sur cette proie vivante. » Je n’ai pas encore d’œufs de Fourmi à leur offrir, et l’an dernier ils me paraissaient faire moins de cas de cette nourriture inerte, que de celle consistant en insectes vivants : mille-pieds, mouches, cloportes, et surtout vers de terre. » J'ai encore 6 œufs en incubation, et 5 œufs sont au nid d’un couple de Perdrix du Boutan né chez moi l’année dernière. » P. S. Ce soir les petits Boutan commencent à manger de la pâtée à Faisan (mie de pain, œufs durs, chènevis écrasé). » — M. le Secrétaire général communique l'extrait suivant d’une lettre par laquelle M. A. Burger, ancien inspecteur des forêts, lui adressait une brochure ayant pour titre : Du déboisement dans ses rapports avec la disparition des Oiseaux utiles à l’agriculture « La question de la conservation de nos Oiseaux indigènes m'a toujours préoccupé. Plus à mes loisirs depuis 1871, j'ai obserté plus attentivement encore ce qui 512 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. se passait, et pris le parti de consigner toutes mes observations, anciennes et nouvelles, dans une étude, que j'ai l'honneur de vous adresser, et que la Société d'agriculture de Meaux a fait imprimer à ses frais. Je ai répandue le plus possible. Malheureusement, tout au moins en Brie, je ne m'aperçois pas qu'on tienne compte des observations qui y sont contenues relativement à la police, pour la conservation des nichées d’Oiseaux, et relativement au maintien du boisement, indispensable à la retraite, au refuge nécessaire aux petits Oiseaux, au moment de Pac- couplement. » L’appât du gain, chez nos paysans, l’emporte toujours; on continue à détruire les haies, les lisières de prés, les petits bocqueteaux et même les buissons inoffensifs aux cultures, en des places où rien autre chose ne peut venir. » L’agrément de la campagne y perd aussi beaucoup : nous tournons aux steppes et à la Thébaïde... en France!! » Les efforis que poursuit la Société d’Acclimatation m'ont suggéré la pensée de porter à votre connaissance ce qu’un pionnier isolé, mais passionné, des questions qui occupent votre utile Association, a pu faire, de son côté, et de recommander à votre haute influence la question de conservation et de protection de nos espèces indigènes d'Oiseaux, et tout spécialement celles qui, par leur régime alimentaire, sont, notoire- ment, si utiles à l’agriculteur, ‘à l’horticulteur et au viticulteur, et je dirai même aussi au silviculteur. En effet, j'ai plus d’une fois constaté, dans nos forêts, le bienfait des Oiseaux insectivores; et il y a peu d’an- nées, dans la forêt domaniale de Malvoisine (arrondissement de Cou- lommiers), l’heureuse intervention de pléiades d’Hirondelles voletant et perchant en masse sur de vieux chênes, d’une coupe en récolement, dont les jeunes pousses étaient dévorées par les chenilles. .…. » Je viens de nommer les Hirondelles! mais le nombre en décroit d'année en année; et bientôt, nous n’en verrons plus. » 1° On les assomme, à leur arrivée et à leur départ, sur les côtes. » 2 On ne veut plus endurer leurs nids aux fenêtres et sous les voûtes. » — M. le Directeur du Jardin d’acclimatation écrit à M. le Président : « Vous me demandez de vous confirmer ce que j’ai dit récemment dans l’une des Sections, à savoir, que des Grenouilles-bœufs lâchées dans un des bassins extérieurs de l'aquarium du Jardin zoologique d'acclimata- tion se sont multipliées. » Les œufs sont restés en incubation dans la mare, et, aussitôt leur éclosion, les têtards ont gagné le Bois de Boulogne et sont arrivés à l'étang de Maürid d’abord, Une fois devenus Grenouilles, ils ont re- monté le cours d’eau qui alimente le bois, et se sont installés dans l’île des Cèdres, où l’on en a capturé plusieurs. On en a pris aussi dans dif- férents autres endroits. » PROCÈS-VERBAUX, 313 — M. le Secrétaire général communique l'extrait ci-après d’une lettre adressée de Zurich : « L’an dernier, l’établissement de pisciculture de l’État a élevé 40 000 Saumons, 10 000 métis de Saumon, 51 000 Truites des lacs et de rivières, 30000 Ombles-Chevaliers, 100 000 Rougets, 71000 Murènes d'Allemagne, 20 000 Saumons américains et 18000 Coré- gone, qui ont été lchés dans le lac de Zurich et dans la Limmat. » Dans l'établissement de la forèt de Sihl, on a employé 30 940 œufs et transporté 28 000 poissons obtenus de ces œufs dans la Sihl, depuis le milieu de janvier jusqu’à la fin de mars. » — MM. les Ingénieurs en chef des ponts et chaussées des départe- ments de l’Ain, d'Ille-et-Vilaine, de la Manche et de la Somme adressent des réponses au questionnaire sur la maladie des Écrevisses. — Remer- clements. — Mwe Samson adresse de Chinon un petit lot de graine de Ver à soie du Mûrier, en accompagnant cet envoi des renseignements ci-après : « Cette graine est de la race dite « petit Turin », bien connue pour la qualité de sa soie. Je la mets à l’éclosion à 12 degrés Réaumur; j'élève jour par jour jusqu'à 18 et reste là. Éclos, je ne fais que les préserver du froid, ne voulant pas faire de frais, excepté pour la mue et la monte. Je ne m’étendrai pas davantage sur l'éducation de ces Vers, car depuis cinq ans que je les possède, leur force de santé a été à toute épreuve : je n’ai jamais pu voir le moindre cas de maladie ; leur existence n’a rien laissé à désirer, même dans les années les plus contraires à leurs be- SOINS. » — M. Maillot, directeur de la station séricicole de Montpellier, et la Société d’horticulture, d’acclimatation, des sciences et arts du Cantal, accusent réception et remercient des envois de graine d’Attacus Pernyi qui leur ont été faits. — Des demandes de graines en distribution sont adressées par MM. Rieffel, V. Fleury, Saint-Léon-Boyer-Fonfrède, D° Leclerc, comte R. de Montbrun, et par l’Orphelinat horticole-agricole de Béthanie (Basses-Pyrénées). — La Société agraire de Trieste sollicite l'envoi de plants et de se- mence de différentes espèces de Bambous. —_ M. Fréd. Romanet du Caillaud écrit à M. le Secrétaire général : « J'ai l’honneur de vous envoyer des graines de Vitis Romaneti (Vigne chinoise du Chen-si, Chine) dont j'ai déjà fait faire des distributions par la Société en 1882 et en 1883. La récolte ayant été mal faite, il est possible que ces graines soient mélangées de graines de Vitis Pa- gnucii. » Cheptels. — M. Fernand Laval écrit de Castres: « Mes Faisans de lady Amherst sont toujours en bonne santé et très familiers. La femelle a pondu six œufs que j'ai donnés à une petite Poule ; comme lan der- nier, tous les œufs ont été clairs. Jai de nouveau six œufs, que je met- 514 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. trai à couver dès que la femelle Amherst aura fini sa ponte. Elle ne pond que tous les trois jours. » Comme l’an dernier, je m'aperçois que, quoique très bien portant, le mâle ne dit rien à sa femelle et ne la coche pas. » Si les œufs (ce qui arrivera sûrement) ne sont pas fécondés, il me semble inutile de conserver ce cheptel. » La femelle pond bien, et si les œufs avaient été fécondés, j'aurais eu sûrement à envoyer pas mal de produits à la Société. Tout est de la faute du mâle, qui cependant est magnifique comme grosseur et comme plumage. Les Faisans sont seuls dans un compartiment moitié couvert et moitié découvert; ils ont comme nourriture, du blé, du maïs, du chè- nevis, du blé noir, avoine, le tout mélangé à de la verdure tous les jours; une couche de sable fin de 25 à 30 centimètres à la partie couverte, et la volière exposée au sud-est. Ils sont, vous le voyez, dans de honnes conditions, et le compartiment qu'ils habitent a 6",50 de long sur 2 mètres de large, muni de perchoirs. » — M. Em. Barré n’a encore remarqué aucun signe d’accouplement chez ses Bernaches de Magellan. — M. Saury demande à conserver son cheptel de Perruches de Pen- nant, malgré la mort de la femelle. — M. Léon Mérat fait connaître que son couple d’Oies du Canada ne paraît pas devoir reproduire encore cette année. — M. Victor Tertrais rend compte de la perte de la femelle de son cheptel de Faisans vénérés. — M. Maurice de Muizon rend compte de la perte de son mâle de Lapin de Sibérie. — M. Chambry écrit de Plois : « En 1883, la Commission des chep- tels a bien voulu me confier un couple de Pores siamois. » Ces animaux, qui étaient très jeunes lorsqu'ils me furent envoyés, ont eu en 1883 une portée de onze porcelets, dont j'ai envoyé deux à la Société d’Acclimatation. J'ai essayé, mais en vain, de vendre dans les foires une partie de ceux qui restaient ; personne n’a voulu les acheter, les trouvant bien inférieurs à la race du pays, dite race des Pores de Saint-Yriex. » Gette espèce, à laquelle notre climat semble très bien réussir, me paraît tout à fait acclimatée; mais je crois qu’on ne réussira jamais à la faire accepter par le consommateur. » — M. Vavin remet la note suivante : « Depuis 1846, j'ai adopté dans mon jardin le mode de culture suivant pour les Fèves de marais dont je dépose quelques pieds sur le bureau : » Vers la fin d'octobre, je sème des Fèves de Windsor, à une bonne exposition et autant que possible le long d'un mur, dans un sol bien fumé à l’avance. Lorsque les graines commencent à lever, je mets un fort paillis sur toute la planche, et si le thermomètre descend à 4 ou PROCÈS-VERBAUX. 519 5 degrés, je pose des cerceaux sur lesquels je place des paillassons. » — À l’occasion de la lettre par laquelle M. Chambry rend compte des difficultés qu’il a rencontrées à écouler, dans la région qu'il habite, les produits de son cheptel de Porcs siamois, M. Geoffroy Saint-Hilaire fait remarquer combien sont malheureusement fréquents encore, parmi nos populations rurales, ces exemples d’un esprit de routine et d’entêtement, € I1 convient de remarquer, ajoute M. le Secrétaire général, que le Porc siamois esi un animal qui a fait ses preuves depuis longtemps et qui est remarquable par la qualité de sa chair et par la précocité de son déve- loppement. Cette espèce a, sur les grandes races françaises et sur la race craonaise en particulier, l'avantage d’être d’un petit volume, et, par conséquent, d'être d’une alimentation relativement économique; elle peut donc convenir aux petits ménages, aux petites ressources, ce qui n’est pas le cas des grandes races du Poitou et de la Normandie. Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que le Porc siamois est l’ancêtre du Cochon Yorkshire, d'Angleterre, qui jouit d’une réputation absolument générale et que tout le monde sait apprécier. » — M. Maurice Girard met sous les yeux de l’assemblée deux spéci- mens vivants, l’un mâle, l'autre femelle, d’Actias luna, provenant d’une éducation faite dans les bureaux mêmes de la Société. « L’Actias luna, dit M. Maurice Girard, est un Attacien à queue fourchue de l'Amérique du Nord. On l’a déjà plusieurs fois élevé en Europe, où il réussit très bien; malheureusement la soie de cette espèce n’est que de médiocre qualité. » — M. Pichot annonce qu’il vient de recevoir du P.Heude, de Shang-haï, une nouvelle lettre relative au Ver à soie sauvage (Bombyx Mori) dont il a déjà entretenu la Société, et qui provient d’une région très reculée de la Chine. Un envoi de graine de ce Ver à soie est en route et va pro- chainement nous arriver, avec des renseignements sur celte espèce et sur sa culture. — M. Faivre fait une intéressante communication sur l’apiculture in- tensive et pastorale, et indique une méthode à l’aide de laquelle il est possible d'augmenter dans une proportion considérable le rendement d’un rucher. Il met en même temps sous les yeux de l’assemblée un modèle de ruche d’un emploi commode, qui lui a constamment réussi et qui lui paraît tout à fait recommandable (voy. au Bulletin). Le Secrétaire des seauces, C. RAVERET-WATTEL. II. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Les causes de la maladie des Écrevisses D’après M. le docteur LEUCKART. Le recueil de l’Association allemande de pisciculture vient de publier une note très intéressante dans laquelle M. le docteur Rudolf Leuckart, de Leipzig, fait connaître le résultat de ses recherches sur les causes de la mortalité qui a déjà complètement détruit les Ecrevisses dans un très grand nombre de cours d’eau, et qui s’étend chaque jour davantage (1). Il paraît utile de donner une traduction de ce document, qui apporte quelque lumière sur une question restée jusqu'ici bien obscure. Tandis, en effet, que quelques observateurs ont cru devoir attribuer la mortalité des Ecrevisses aux attaques de quelque Branchiobdella ou à l’invasion d’un Distome, vivant libre ou enkysté dans les muscles du Crustacé, d’autres ont cherché la cause du mal dans la présence, soit de Protozoaires, soit de productions cryptogamiques. Enfin, on a supposé aussi que cette maladie revêtait des formes très différentes n'ayant de commun que le résultat destructeur. M. Leuckart a successivement contrôlé les différentes opinions émises, et c’est sur des observations faites avec le plus grand soin qu’il s'appuie pour donner, à son tour, une explication de la maladie. « Je suis arrivé, dit-il, à me convaincre que l’Astacobdella aussi bien que le Distome ne sont absolument pour rien dans la mortalité des Ecre- visses. Parmi les nombreuses Ecrevisses mortes de la maladie que j'ai examinées, beaucoup ne présentaient aucune trace de ces parasites. D’autres, où jai trouvé des Astacobdella, n'en renfermaient qu’à l’état d'œuf. D'ailleurs, les branchies des Ecrevisses ne sont infestées de parasites que chez les jeunes sujets. Je ne prétends pas dire que la dis- tomatose n’existe pas; mais cette maladie ne doit pas être confondue avec la peste des Ecrevisses(Krebspest), qui se communique directement d'Ecrevisse à Ecrevisse, tandis que la distomatose ne peut se transmettre que par l'intermédiaire d’un animal appartenant à une autre espèce. Je dois ajouter que, dans la région que j'habite, les Distomes se rencontrent rarement. Je n’en ai trouvé que dans les Ecrevisses venant de Bohème et sous la forme du Distoma isostomum. Par contre, on trouve, pendant les mois d'été, des Astacobdella en quantité considérable sur les Ecre- visses, sans que celles-ci paraissent en être incommodées. » Quant à l’assertion de M. le docteur von Linstow (qui attribue la maladie au parasitisme d'organismes microscopiques appartenant au groupe des Grégarines et revêtant la forme de corpuseules de 15 à 20 micromillimètres répandus dans toutes les parties du corps de l’Ecrevisse), elle me paraît encore moins fondée que les autres. M. von Linstow n’est cependant pas seul de son opinion. Zopf a de même annoncé (1) Die Ursachen der Krebspest. — Circular des deutschen Fischerei-Verein, 1884, n° 3. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 917 la découverte, sur des Ecrevisses malades, de Protozoaires pouvant être rangés parmi les Grégarines ou les Psorospermies. » En étudiant avec soin l’histologie de l’Ecrevisse, je suis arrivé à me convaincre que les corpuscules en question ne sont point des parasites, mais une des formes que revêt le tissu de certains organes. Ces corpus- cules se trouvent aussi bien chez les individus parfaitement sains que chez ceux qui sont malades. Ce n’est pas là, du reste, une découverte de ma part. Haeckel a, dans son travail sur les tissus des Ecrevisses (1), donné tout au long la description de cette forme ; il dit que ces corpus- cules capsulaires et embryoniformes se trouvent sous un aspect iden- tique chez certains Isopodes et même chez des Insectes. On les observe, d’ailleurs, également chez des animaux d’une organisation plus élevée, où le doute sur leur nature n’est plus possible. » Après avoir ainsi acquis la conviction que les observations de M. von Linstow ne nous apprenaient rien sur la maladie des Ecrevisses, je restais, continue M. Leuckart, dans une incertitude complète sur la cause de cette maladie, quand un envoi qui me fut fait d'Ecrevisses con- taminées vint me fixer à cet égard. Toutés ces Ecrevisses me parvinrent mortes; leurs membres se détachaient et les chairs se décomposaient. Un examen microscopique me permit de découvrir un développement très abondant de végétations cryptogamiques présentant de fines ramili- cations, dans lesquelles on distinguait une quantité plus ou moins grande de petites capsules d'apparence jaunâtre et brillante. Cette pro dustion végétale appartient sans doute à la famille des Saprolégniées. La présence de ce Gryptogame ne se manifestait pas seulement dans les muscles des membres lésés ; les différentes. parties du corps et presque tous les organes étaient envahis. Je n’observai pas le fait simplement sur une seule Ecrevisse, mais absolument sur toutes celles qui faisaient partie du même envoi. Il est vrai que, comme je l'ai déjà dit, elles m'étaient arrivées mortes, Ce qui pouvait laisser quelque doute sur ja question de savoir si l’invasion du Cryptogame n’était pas postérieure à la mort du Crustacé. » Mais, à quelque temps de là, je reçus un nouvel envoi d'Ecrevisses atteintes de la maladie et presque toutes encore vivantes ; sur toutes, sans exception, je conslatai la présence du Cryptogame. La végétation se montrait toutefois moins abondante, et le développement des ramifica- tions était encore peu distinct, surtout dans les muscles. Sur un des sujets, le mycélium formait le long de l'intestin, de volumineux amas que l’ablation des somites de l'abdomen laissait à découvert, et que leur couleur rougeâtre rendait bien apparents. Chez une autre Ecre- visse, le pédoncule de l’œil était détruit parle champignon. » En poursuivant mes recherches, j'ai constaté que l'invasion s’opé- (1) Haeckel, Uber die Gewebe des Flusskrebses (Müllers Archiv für Anat. und Physiol., 1857), D18 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. rait surtout par le derme tendre des articulations. Dans ces endroits le tégument est traversé par des couches épaisses de mycélium ; tandis que rien de pareil ne s’observe dans les parties dures de l'exosquelette. Le Cryptogame se propage dans toutes les directions, à travers les cellules qu'il détruit ; il suit les fibres des tissus, gagne de proche en proche, et envahit tous les organes. » Comme il est reconnu que le parasitisme du Saprolegnia amène la mort, au bout d’un temps plus ou moins long, chez les Poissons et autres habitants des eaux, on peut facilement admettre que la même cause doit entrainer aussi la mortalité des Ecrevisses. » Ce n’est pas, du reste, la première fois que l’on signale le Sapro- legnia comme la cause de la maladie. M. le docteur Harz lui-même parle d’un Mycosis astacina qu'il considère comme une des formes de la maladie des Ecrevisses; mais il est d’avis que, dans la plupart des cas, la mortalité est due aux Distomes. Tout d’abord, il attribuait même exclusivement à la distomatose la destruction des Ecrevisses ; ce n’est que plus tard qu’il admit que le parasitisme du Saprolegnia produisait également une maladie. » On n’a jamais remarqué de végétation cryptogamique en voie de développement sur des Ecrevisses vivantes, «mais, à peine mortes, elles » sont, dans l’eau, recouvertes d’un épais Achlya, qui, au bout de peu » de jours, étend dans tous les sens et en forme de rayons, ses milliers » de fils longs d’un centimètre. On est arrivé à inoculer à des Ecrevisses » saines le cryptogame en question, qui a déterminé la mort dans un » délai variant de quatorze à vingt et un jours » (Harz). » Je viens de recevoir, dit en terminant M. Leuckart, un extrait du Journal de l'Association agronomique bavaroise (n° de février 1884), relatant une nouvelle communication de M. le docteur Harz sur la mala- die des Ecrevisses, et je constate avec satisfaction que ce savant se trouve en communaulé d’opinion avec moi; non pas qu'il suppose comme moi que les parasites protozoaires signalés par M. von Linstow ne sont que des granulations cellulaires naturelles chez l’Ecrevisse ; mais il a constaté, de nouveau, sur des Ecrevisses malades la présence de végétations cryplogamiques et il a fourni à ce sujet un nouveau rap- port sur le Mycosis astacina. En somme, l'opinion du docteur Harz ne diffère de la mienne qu'en ce qu'il admet à la fois le Distome et le Saprolegnia comme principes de la mortalité des Ecrevisses, » Comme mesure prophylactique à conseiller contre la maladie, M. Leu- ckart place, en première ligne, la propreté absolue de l’eau. Il importe d’écarter de celle-ci toute matière animale en putréfaction. En second lieu, il convient d’éloigner les poissons envahis par les végétations cryp togamiques. Ces végétations étant détruites par le sel marin, peut-être pourrait-on recourir à l'emploi du même agent pour traiter les Ecre- visses contaminées. RAVERET-WATTELs FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 919 Essais de culture dans la mousse. La culture des végétaux dans la mousse n’est pas une chose précisé- ment nouvelle ; on a pu en voir des spécimens aux Expositions d'Horti- culture, notamment à Paris. Toutefois ces tentatives ne semblent pas jusqu'ici avoir donné de bons résultats. J’ai fait moi-même quelques expériences à ce sujet; je me propose de les renouveler cette année, encouragé par les succès que j'ai obtenus. Voici la liste des végétaux que j'ai soumis au régime de la mousse et qui tous ont parfaitement opéré leur évolution complète : Chelidonium majus, Senecio scandens, Tropæolum Lobbianum, Pelargonium z0- nale, Mentha piperita. Je continuerai, cet été, avec des végétaux ligneux et bulbeux. On remarquera que les fleurs sur lesquelles j’ai agi, appartiennent à des familles différentes. Tous mes sujets ont poussé aussi bien que ceux plantés en terre, dans des godets de même capacité; J'ai conservé le Chelidonium. Planté en octobre 1882, il à fleuri et fructifié ; actuelle- ment, il est très bien portant. La Menthe a été détruite accidentelle- ment après avoir fleuri; les autres plantes ont également bien végété jusqu’à l’automne, mais la gelée les a détruites en novembre, avant d’avoir été rentrées. Je vais indiquer mon mode de plantation, qui est très simple. Il ne s’agit ici, bien entendu, que de la culture en pot ou en caisse. Les Mousses que j'emploie sont des Hypnum, je les ai choisies de préférence aux autres espèces, d'abord, parce qu’elles croissent en abon- dance dans le pays où je suis (Saint-Maur) et ensuite parce que leurs tiges assez longues et douces m'ont paru offrir les qualités désirables à cette plantation. Ces Hypnum une fois récoltées, sont débarrassées des herbes et débris qu’elles contiennent, puis lavées avec soin, pour en enlever la terre. Ge lavage a son importance ; si on néglige de le faire, la mousse pourrit et les plantes en souffrent. Le végétal que l’on veut soumettre à ce traitement doit, pour la même raison, être lavé, de manière à en obtenir les racines à nu. Alors on entasse une couche de mousse au fond du godet, très serrée, on étale les racines le plus possible, et on recouvre de mousse, toujours en serrant beaucoup de façon que la plante soit aussi solidement fixée que dans la terre, ce qui est de la plus haute importance. Si on néglige de bien appuyer en plantant, la réussite est compromise. L'ouverture du fond du godet devra être agrandie, afin d'éviter la stagnation de l'eau. L’opé- ration terminée, il faut arroser, et puis il ne reste plus qu’à traiter comme pour les cultures ordinaires. Un détail à noter: si vous avez affaire à des racines formant con- cavité, comme cela a lieu fréquemment pour les arbustes, bourrez de 0920 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. mousse tous les vides, comme si vous prépariez des oiseaux. Je ne saurais trop m'appesantir sur la nécessité de faire adhérer toutes les racines et radicelles à la mousse, à ne laisser aucun vide, à presser, enfin, le plus possible, pour éviter l’action trop directe de l’air sur des parties habituellement souterraines. Avant de terminer, qu'il me soit permis de faire connaître, le plus brièvement possible, l'utilité ou l’agrément que j’entrevois par l'emploi de cette culture nouvelle. Au point de vue pratique, les horticulteurs pourraient y trouver des avantages sérieux. Les boutures, marcottes, etc., ainsi enracinées, s’expédieraient très commodément. Le moussage serait tout fait, le fice- lage inutile, les mottes enchevelées se maintenant solidement; les plantes ne souffriraient pas, n’étant pas. dérangées; enlin, et ce dernier point a sa valeur, le poids des colis se trouverait considérablement diminué. Pour l’amateur, il y trouvera l'agrément d’une manipulation propre, facile; les fenêtres et balcons, souvent incapables de supporter la pesan- teur des pots et des caisses de terre, pourront recevoir des fleurs ainsi plantées. La facilité de retirer les végétaux en motte, qui ne se défont pas, permet de garnir momentanément des paniers, des corbeiïlles et des jardinières, qui restent légers et maniables. De plus, la mousse con- serve mieux la fraîcheur que la terre, et il n’est pas nécessaire d’arroser aussi fréquemment. Un dernier mot: je n’ai jamais donné d’engrais à mes plantes, et elles sont bien venues. En terminant, je crois devoir recommander aux amateurs d’horticul- ture, membres de la Société d’Acclimatation, d'essayer, d’expérimenter, le plus possible, ce mode de plantation; ils pourraient, sans doute, y apporter des modifications et des améliorations. De mon côté, je tiendrai mes collègues au courant des résultats nouveaux, bons ou mauvais, que j'obtiendrai à l’avenir. CH. MAILLES. Le Gérant: JULES GRISARD. BOURLOTON. = Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. ACCLIMATATION DU CHAMEAU AUX ÉTATS-UNIS ET DU CERF SIKA EN ANGLETERRE Par M. PIERRE-AMÉDÉE PICHOT (Extrait du Compte rendu sténographique.) (Séance du 18 avril 1884.) M. Pichot : Je demande la parole à propos de la corres- pondance pour une communication. Jai pensé que les extraits de quelques lettres que jai reçues de mon côté de divers correspondants pourraient vous intéresser. Elles sont rela- lives à des acclimatations d'animaux assez curieuses. - Vous savez que la domestication de la plupart de nos ani- maux domestiques remonte à des temps si reculés que nous en avons perdu toute trace. Il est intéressant, dans ces con- ditions, &e voir comment quelques-unes de nos races domes- tiques ont regagné leur indépendance. Ce n’est que tout récemment par les voyages de Prejwalski, qu’on a soupçonné l'existence du Chameau à l’état sauvage dans quelques parties reculées de Asie. Mais voici qu’en Amérique et plus près de nous encore, on vient de retrouver des Chameaux domes- tiques vivant libres et affranchis de toute influence humaine. - En 1855, le Chameau avait été introduit aux États-Unis sur la demande de l’administration militaire. Jefferson Davis, qui fut plus tard président de la Confédération du Sud, fut chargé, avec une commission d'officiers, de faire venir une assez grande quantité de chameaux, et il existe un rapport de lui sur cette introduction. On les fit venir en plusieurs lots. L'un d'eux comptait trente-quatre têtes et arriva sur les bords du Mississipi en 1855; un autre de quarante animaux fut introduit dans le Texas en 1897. Ils furent employés au trans- port des fournitures militaires et aux travaux des routes. 4 SÉRIE, T. |. — Juillet 1884. 34 999 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Lorsque éclata la guerre de sécession, on abandonna ces pre- miers essais d’acclimatation, et après la guerre, deux Fran: çais, établis dans la Nevada, achetèrent à Benicia, dans la Californie, quelques-uns de. ces chameaux, et s’en servirent pour transporter du sel à Virginia-city, dans la Nevada. Mais les chemins de fer pénétrèrent vite dans cette région, et, devant ce réseau de communications rapides, l'emploi des chameaux devint à peu près nul ; on les abandonna dans la prairie sur le désert Mohave, près du fort Yuma,bas Colorado. Aujourd’hui les voyageurs qui parcourent ces régions constatent avec surprise que ces chameaux ont prospéré, qu’ils se sont reproduits et qu'il y en a de très grandes quan- tités tout le long de la côte du golfe de Californie. Mais l'existence du Chameau redevenu sauvage vient encore d'être constatée d’une façon plus curieuse dans une autre par- tie du globe, presque à nos portes, sur la côte sud d’Espagne, dans les maremmes du Guadalquivir, en Andalousie. Au mois de mai de l’année dernière, M. Chapman, en chassant dans les bruyères, dans les grands marais de cette région, fut surpris de voir, sur le sable, des empreintes d'animaux qui lui étaient inconnus, et, comme l'existence des chameaux n'avait pas été constatée, même comme intro- duction, dans Le pays, 1l ne prit pas garde que ce pouvaient être en effet des chameaux qui avaient laissé ces traces. Tout à coup, à l'horizon, il vit des êtres à forme bizarre, dont il chercha à s'approcher. Quand il arriva à 400 mètres de ces animaux, ceux-ci se levèrent, et quelle ne fut pas sa surprise de voir un chameau suivi de son jeune, déguerpir avec la rapidité d’un train express. Il les poursuivit, el quoique très bien monté, il ne put les rejoindre. Lord Lilford et M. Chap- man ont pris depuis des informations dont il est résulté que les chameaux vivent dans toutes ces maremmes depuis assez longtemps en pleine liberté. Ils ont été amenés des îles Canaries, il y a quarante à cinquante ans par Domingo Castel- lano, régisseur des propriétés du marquis de Villafranca, qui les employait au transport des bois et des charbons ; ils firent tellement peur aux chevaux sur les routes, que bientôt, + DU CHAMEAU ET DU CERF SIKA. "029 comme en Amérique, on cessa de s’en servir et on les aban- donna dans la lande. Les frères Barrera d’Almonte, héritiers de ce Domingo Castellano, en comptent aujourd’hui une qua- rantaine sur leurs terres, vivant à leur guise dans les maremmes. Ils se tiennent dans d'immenses solitudes maré- cageuses et traversent les lagunes à la nage avec facilité. Lord Lilford, dont les travaux sur l’ornithologie espagnole sont bien connus, avait entendu parler de ces chameaux en 1856. Il les rencontra pour la première fois en 1879, et depuis il a souvent eu occasion de les revoir. Ces chameaux sont cités dans le Catalogue des mammifères d’Andalousie d’An- tonio Machado y Nunez, publié à Séville en 1869. En 1833, le troupeau comptait quatre-vingts têtes et travaillait à la route de Port-Sainte-Marie, à Saint-Lucar de Barrameda. En 1869 don Rafaël de Barrera les employait encore au labour. Partout aujourd’hui on s'occupe de repeupler les forêts dont la faune sauvage a été détruite d’une façon regrettable. n’y a pas de pays où l’on s'intéresse plus à ces repeuplements des forêts qu’en Angleterre. Aux environs de Londres, la contrée boisée connue sous le nom de forêt d’Epping vient d’être entreprise, pour ainsi dire, par une société de natura- listes : Essex Naturalist Society. Cette société s’est proposée de réintroduire toutes les espèces sauvages, depuis le cerf jusqu'à la fouine et aux bêtes puantes. Ce programme a un côté pittoresque assurément, mais qui ne serait peut-être pas tout à fait du goût de nos chasseurs ou de nos agriculteurs ; chacun prend son plaisir où 1l le trouve, nous n'avons pas à y contredire. Cest dans ces circonstances que M. J.-E. Harting, un de vos anciens lauréats et un des plus aimables écrivains sur les choses de l’histoire naturelle de l’autre côté de la Manche, est allé panneauter, dans le Dorsetshire, une demi-douzaine de chevreuils, dans une des rares forêts de l’Angleterre où ils existent encore à l’état sauvage. Ces animaux ontété transportés dans la forêt d'Epping, qu'ils vont coloniser rapidement, orâce à la protection que tous les riverains ne manqueront pas de leur accorder. 524 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. A propos de lintroduction de ces chevreuils, M. Harting signale un fait curieux. Il existerait dans cette forêt d'Epping un troupeau de quatre-vingts à cent têtes de Daims. Ces daims y habitent depuis un temps immémorial. Aucun des gardes du pays ne se rappelle en avoir vu introduire, et ces daims vivant sur eux-mêmes, vivant en petite troupe, se croi- sent dans la même famille et ont insensiblement changé d’as- pect et de forme. Ils sont devenus excessivement petits; leurs bois ne se sont pas développés, si bien que les palettes qui constituent un des plus beaux ornements de la tête du Daim ordinaire ont à peine deux pouces de largeur. De plus ils présentent une particularité assez curieuse. Vous savez que tous les animaux de l'espèce des Daims naissent avec une livrée, même ceux qui, plustard, prennent un pelage uniforme. Eh bien ! les Daims de la vieille race de la forêt d'Epping naissent absolument monochromes ; ils sont d’une seule cou- leur en naissant, et conservent le même pelage pendant toute leur existence. On me signale maintenant une introduction beaucoup plus intéressante, qui n’est plus seulement, commenous dirions en vénerie, un simple « changement de forêt », mais une acelima- tation véritable. C’est celle du petit Cerf sica du Japon. Cette introduction a été faite par lord Powerscourt, un grand pro- priétaire de lirlande, que vous avez récompensé d’une médaille, il y a plusieurs années, pour des introductions Ge Cerfs d’Aristote et d’Axis. Ces Cerfs avaient mal réussi dans les forêts d'Irlande, dans la partie de bois d’une étendue de 1000 arpents, que lord Powerscourt avail mis à leur disposition. L’humidité était très grande, et ces animaux, se tenant, comme dans l’Inde, au fond des fourrés les plus épais pendant toute la journée, contractèrent des maladies qui les firent peu à peu disparaître. Cependant le Cerf d’Aris- tote s'était croisé avec le Cerf ordinaire. Il y a encore chez lord Powerscourt des spécimens de ces croisements. Voyant qu'il ne réussissait pas comme il aurait désiré avec l’Axis, le Cerf d’Aristote et quelques espèces d’Antilopes, lord Powers- courta voulu essayer une espèce nouvelle, et c’est ce pelitCerf DU CHAMEAU ET DU CERF SIKA. 929 du Japon, Cervus sica qui a été le nouvel objet de ses expé- riences. Cet animal avait été introduit en Angleterre en 1860 par M. Wills, qui en avait envoyé un couple au Jardin zoologique de Regent's Park. Plus tard il vint une autre femelle, et pres- que tous les cerfs sica de nos jardins zoologiques descendent de ces premiers animaux. Les animaux que lord Powerscourt a lâchés chez lui proviennent également de ce couple. C’est en 1853 qu’il a commencé à en mettre en liberté dans ses bois. En 1860, l’acclimatation avait pleinement réussi, sans exiger d’autres soins que ceux que l’on donne aux espèces ordinaires dans un parc clos où la nourriture est forcément limitée. Ces Cerfs mangent du foin pendant l'hiver, du mais qu'ils ramassent avec le plus grand soin, et dans les allées du parc on place quelques blocs de sel gemme dont ils sont très friands. On a essayé de tourteaux aussi pour les nourrir et de fèves; mais cette nourriture paraît leur convenir beaucoup moins. Le troupeau de Cerfs sica japonais de lord Powerscourt compte non moins de cent têtes, existant actuellement sur sa propriété, mais il en a produit un nombre beaucoup plus considérable, car lord Powerscourt met depuis quelque temps son troupeau en coupes réglées pour envoyer de ces petits Cerfs du Japon sur le marché de Londres, où ils sont vendus comme venaison. Leur chair est excellente ; ils pren- nent la graisse avec une très grande facilité, et leurs gigots se chargent d’une véritable couche de lard excessivement apprécié des amateurs. Étant bien nourris, leur taille a légèrement augmenté, et cette observation, du reste, avait été déjà faite par le capitaine Saint-John, qui a beaucoup chassé au Japon, et qui avait noté que le poids et la taille du Cerf sica changeaient du sud, où la nourriture est rare, au nord, où elle est abondante. Dans Île sud du Japon, d’après ses calculs, le Cerf sica dépassail rare- ment 400 livres, tandis que, dans le nord, il atteignait 200 à 290 livres. Les Cerfs de lord Powerscourt sont en train d'atteindre le maximum de poids auquel ils pouvaient pré- tendre. LES POISSONS MIGRATEURS ET LES ÉCHELLES A SAUMONS Par M. €. RAVERET-WATTEL Secrétaire des séances. (Suite.) Échelle Forster. — Dans ce système les cloisons transver- sales, au lieu d’être perpendiculaires aux bajoyers, sont placées plus ou moins obliquement (fig. 29, 30, 31 et 32), en vue de retenir une nappe d’eau plus épaisse. C’est un type particu- lièrement employé dans l'État du Maine, où l'inventeur, M. Nathan W. Forster, aujourd’hui décédé, exerçait les fonc- tions de commissaire des pêcheries. Généralement construite en bois, cette échelle peut aussi bien être établie en maçon- nerie. ( Elle présente, dit M. le colonel Théodore Lyman, commissaire des pêcheries du Massachusetts, un simple plan incliné, système infinment préférable aux modèles à éche- lonset à bacs ou compartiments en gradins, dont l'emploi est presque toujours une faute. Dans ces compartiments super- posés, qui constituent autant de points d'arrêt pour le poisson, celui-ci s’attarde volontiers, reste indécis sur la route à suivre, à cause des tourbillons que le courant forme dans les baes, et souvent il renonce à suivre une route aussi peu commode. Avec un plan incliné à pente uniforme, comme dans l'échelle Forster, la remonte est beaucoup plus facile et plus assurée. » Tout en adoptant la disposition générale de l'échelle Fors- ter, dont le plan est donné ci-contre (fig. 30), quelques con- structeurs ont fait varier l’inclinaison et l’espacement des. cloisons. La figure 31 donne le plan d’une modification adoptée pour une échelle construite sur la rivière Pemma- quan (Maine). Cette disposition particulière a pour but d’évi- JIOA 198S1e] anod ‘uOrejuoLurfe 9IN9H9JUI UOrISOdSIp I p ouura° E[ 9P 91nJou9y ej ded 929$ e oSIU 9SIO O[[PUIH — ‘6% EUR Qi Wa 1/4 el 1 AW! fi} FF) 4 | al 928 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ter le tourbillonnement d’eau qui peut se produire parfois, RIGA91 — surtout si les cloisons sont trop séparées, — comme on le FIG. 32. voit dans la figure 30, où les flèches indiquent la direction du courant. LES ÉCHELLES A SAUMONS. 599 Une autre disposition assez bonne est celle proposée par M. Aifred Swazey, de Bucksport (Maine), dans laquelle (fig. 32) les passages se trouvent presque au milieu de l'échelle, mais où la vitesse du courant est néanmoins beaucoup ralentie par les déviations qu'impriment à la veine liquide la direction des cloisons et la forme spéciale des compartiments qu’il lui faut successivement traverser. M. Charles G. Atkins, directeur de l'établissement de pis- ciculture de Bucksport, a, par une légère modification (fig. 33) FIG. 33, de ce Lype, obtenu un dispositif qui fonctionne, paraît-il, de la façon la plus satisfaisante. « Dans une échelle de ce genre, ayant de 1,30 à 1°,50 de large et une pente convenable, le mouvement de l’eau ne laisse rien à désirer. » (Ch. G. At- kins, On fish-ways.) L’échelle Forster se prête à toutes les combinaisons de F16. 34, — I, plan de l’échelle, indiquant l’obliquité des cloisons transversales et montrant les longrines qui servent à consolider les bajoyers. If, vue de l'échelle en élévation. IT etIV, plans d’échelles coudées et ex retour, montrant la façon de disposer les cloisons transversales pour obtenir une régularité convenable du courant, dont la direction est indiquée parles flèches. Vet VI, coupe verticale et vue de face de la vanne d’alimentation de l'échelle. Cette vanne, qui sert à régler le débit de l'échelle, ne doit jamais se mouvoir qu'horizontalement, pour éviter l'excès de vitesse qui, en temps.de hautes eaux, se produirait dans la veine liquide passant sous une vanne verticale en partie soulevée. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 991 forme désirables, comme le montre la figure 34, qui repré- sente différentes dispositions de cette échelle, perfectionnée par M. E. A. Brackett. Échelle Rogers. — Un excellent modèle d'échelle à cloi- sons obliques, très répandu aujourd’hui dans les possessions anglaises du nord de l'Amérique (Canada, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick), est celui qu’on doit à M. William H. Ro- sers, inspecteur des pêches à Amherst (Nouvelle-Écosse). Ce modèle (fig. 35 et 36) convient surtout pour les barrages de peu d’élévation, comme il s’en trouve en si grand nombre sur la plupart des petits cours pour le service des moulins et autres usines. M. Samuel Wilmot, surintendant de la pisci- culture au Canada et commissaire de la section canadienne à l'exposition de produits et d'engins de pêche de Londres en 1883, m'a fait le plus grand éloge de ce système d'échelle, qu'il regarde comme le dispositif le plus simple, le plus effi- cace et le moins coûteux à établir, toutes les fois que la confi- ouration des lieux permet de l’adopter. Au Canada, où le bois est relativement à très bon marché, on construit toujours cette échelle entièrement en bois (1). Un revêtement également de bois, ou plutôt une sorte de garniture faite de jeunes trones de sapins, disposés comme on le voit dans la fig. 35, protège l'échelle contre les avaries que pourraient lui causer, en hiver, les glaçons, et en toute saison les bois charriés par les eaux. L’échelle Rogers présente deux avantages principaux, sa- voir : | ; 1° D’être placée en arrière du barrage, qu’elle traverse et au pied duquel elle débouche, ayant ainsi son orifice infé- rieur juste sur l'alignement de la nappe d’eau qui se déverse par-dessus le barrage, c’est-à-dire à l’endroit même ou le poisson cherche un passage pour remonter. (1) La pierre ou la brique pourraient toutefois être aussi bien employées, et peut-être tout aussi économiquement dans certaines circonstances, comme le pense lui-même l'inventeur du système, qui a eu l’obligeance de m'adresser des renseignements détaillés sur ce type d'échelle, resté jusqu’à ce jour inconnu en Europe. ‘cg ON LES ÉCHELLES À SAUMONS. 595 2° De pouvoir fonctionner également bien à la plupart des niveaux que peut présenter la rivière, ce qui est un point fort imporlant au Canada, où, comme chez nous, le résime des cours d’eau est très variable. [l est satisfait à ce desideratum au moyen d'orifices ménagés à différentes hauteurs dans les bajoyers. Ces orifices latéraux, qui ressemblent un peu à des chatières, sont munis de portes à coulisse ou pelites vannes (vOy. fig. 35), permettant de les ouvrir et de les fermer à volonté. Ils forment, à différents niveaux, autant d’issues pour le poisson qui remonte dans l'échelle, et de prises d’eau pour lalimentation de celle-ci. En les utilisant à tour de rôle, suivant la hauteur de l’eau dans la rivière, on assure un fonctionnement à peu près constant de l'échelle. Cette der- nière doit, autant que possible, être construite de facon à ne pas être recouverte par les hautes eaux, ce qui, du resie, en cas de crue exceptionnelle, est saus inconvénient pour sa conservation. Dans la figure 35, une partie de l’un des bajoyers (celui de gauche) a élé enlevée pour laisser voir la disposition intérieure de l'échelle, dont les cloisons obliques, placées sous un angle de 45 degrés par rapport aux bajoyers, impriment à la veine liquide un mouvement en zigzag. La largeur de l'échelle est de 1,50; celle des orifices des cloisons, de 0",35. Le cou- rant y est régulier, sans remous violents, et d’une remonte facile pour le poisson, qui trouve aisément l’entrée de l’é- chelle située juste sur l'alignement du barrage, ainsi qu'on le voit dans la figure 36, représentant cette entrée vue de face. D'après les renseignements que je tiens de M. Rogers lui- mème, la construction d’une semblable échelle coûte au Canada de 100 à 400 dollars (de 500 à 2000 francs), suivant la hauteur du barrage et les circonstances locales. Convena- blement établie, cette échelle est très solide, n’exige pour ainsi dire jamais de réparations, et peut durer au moins une cin- quantaine d'années. C’est le type généralement adopté par l'administration, qui, tout en travaillant activement au repeu- plement des eaux à l’aide de la pisciculture et par la pro- teclion des frayères naturelles, ne néglige rien pour faire D34 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. disparaitre les obstacles qui entravent la circulation du pois- son dans les cours d’eau. Les nombreux barrages établis sur les rivières par les scieries hydrauliques constituaient na- guère autant d'obstacles plus ou moins infranchissables pour les poissons migrateurs. L'exploitation de ces scieries pré- sente pour le pays une importance telle que, malgré l'intérêt majeur qui s'attache au rempoissonnement, l'administration a dû user de tous les ménagements possibles à l'égard des usiniers. Partout néanmoins où la mesure a été reconnue nécessaire, ceux-ci ont été invités à établir à leurs frais, soit des échelles, soit tout autre passage pour le poisson. Dans la seule province de la Nouvelle-Écosse, plus de cent de ces échelles ont été construites en l’espace de trois ans, et, détail intéressant à noter, presque toutes ont été établies sur la simple invitation de l’administration, sans qu’il ait été né- cessaire de recourir à aucune mesure de rigueur. ÉCHELLE MAC DONALD. Il me reste à parler maintenant d’un système d’échelle dont l'invention, assez récente (1878), est due à M. le colonel Marshall Mac Donald, commissaire des pêcheries de l'État de Virginie, aujourd’hui chef du service des distributions de LES ÉCHELLES A SAUMONS. DS la Commission des pêcheries des États-Unis. Très ingénieux et complètement différent de tous les modèles ci-dessus décrits, ce système, d’une construction en apparence assez compliquée, est, en réalité, facile à établir et très peu coù- teux. L'appareil peut, sans inconvénient, recevoir une incli- naison considérable, ce qui économise l’espace et la dépense. Aussi, par les avantages sérieux qu’elle présente, l’échelle Mac Donald justifie-t-elle la faveur qu’elle s’est rapidement acquise aux États-Unis (1) el même en Europe (2). Pour la description de ce système et l'exposé des considé- rations qui ont guidé l’inventeur dans l’établissement de ce dispositif tout nouveau, je ne puis mieux faire que de repro- duire en partie une intéressante communication faite par M. le colonel Mac Donald à l'Association américaine de pisci- culture, le 7 juin 1883 (3) : « Une échelle à poisson doit, pour être vérilablement elfi- cace, remplir certaines conditions que, dans une excellente étude sur cette question, M. Charles G. Atkins définit ainsi qu'il suit, savoir : » 1° Etre facilement accessible pour le poisson ; » 2° Déverser une quantité d’eau suffisante pour attirer le ») poisson ;) : » 9° Ne présenter jamais qu’un courant assez modéré pour » que le poisson puisse franchir l’appareil sans difficulté. » » À ces trois conditions j'en ajouterai une quatrième, à savoir : fournir au poisson un chemin aussi court et aussi direct que possible, et simuler, autant que faire se peut, le lit d’un ruisseau. (1) L'’échelle Mac Donald, brevetée pour les Etats-Unis, le Canada, la Grande- Bretagne et l'Irlande, est aujourd'hui d’un emploi obligatoire dans plusieurs États de l’Union, notamment la Virginie, l'Etat de New-York, etc. En Virginie, l’administration a, moyennant une somme de 3000 dollars, effectué le rachat du brevet, afin d'épargner aux usiniers que les règlements obligent à employer ce système la dépense qu’entrainerait l’acquittement du droit de brevet. (2) Le Bureau des pêcheries de Saumons du district du Tay (Écosse) a tout récemment adopté ce système pour une échelle qui va être établie aux chutes du Tummel. La construction en sera dirigée par M. Mac Donald lui-même, qui doit, à cet effet, venir prochainement en Europe, (3) Transactions of the American Fishcultural Association, twelfth an- nual meeting. New-York, 1883, 520 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. » La première condition est facilement réalisable en dispo- sant l'échelle de façon qu’elle déverse son eau au pied même, ou tout au moins le plus près possible du barrage qui arrête le poisson. » La seconde condition est moins aisée à remplir. On sait que plus la quantité d’eau déversée est forte, plus l’échelle est efficace. Or, même avec les meilleurs types employés dans la Nouvelle-Angleterre, le volume de la veine liquide, néces- sairement limité par la disposition même de la construction, est ordinairement insuffisant pour attirer le poisson d’une manière tout à fait satisfaisante. L’inconvénient d’un volume d’eau limité est inhérent à toutes ces échelles. » L’attention des constructeurs s’est, par suite, portée principalement sur les différents moyens de modérer la rapi- dité du courant dans l’appareil. » L'expérience a démontré que, pour des barrages d’une hauteur de 3 mètres et au-dessus, il ne faut pas donner, pour les échelles en plan incliné, une pente de plus de 1/12, maximum extrême; ce qui représente une longueur de plus de 42 mètres pour une échelle installée sur un barrage de 3 mètres de hauteur. Mais le chemin que parcourt la veine liquide descendante est deux ou trois fois plus long que le plan incliné ; de sorte que le poisson qui remonte dans une pareille échelle, pour franchir un barrage de trois mètres, se trouve parcourir une distance mesurant quarante ou cin- quante fois 3 mètres. C’est ainsi, par exemple, que dans l'échelle de South Hadley Falls, sur le Connecticut, où la lon- oueur totale du plan incliné est de 136 mètres, la longueur du chemin que le poisson doit parcourir est de 456 mètres, pour franchir une hauteur de 8",80. » Tous les différents types d’échelles établis d’après le sys- tème à plan incliné ont, au moins pour certaines espèces de poissons, donné des résultats plus ou moins satisfaisants, quand ils ont été judicieusement installés. Dans tous cepen- dant, la forme en labyrinthe du passage ménagé au poisson, et le faible volume de la veine liquide que parcourt l'échelle, sont deux inconvénients qu’il ne faut pas se dissimuler. LES ÉCHELLES A SAUMONS. 531 » S'il était possible, au moyen d’un système de construction quelconque, que la totalité du volume d’eau d’une rivière se déversât par-dessus un barrage avec une si faible vitesse que le poisson le moins bien doué sous le rapport de la force musculaire püt remonter le courant sans difficulté, le barrage ne présenterait plus d’inconvénients au point de vue de la reproduction du poisson, les espèces migratrices n'étant plus arrêtées sur leur route et pouvant gagner sans difficulté leurs lravères naturelles. » Évidemment, dans la pratique, cette disposition idéale ne peut être réalisée que dans des cas tout à fait exception- nels, attendu que le besoin des usines ou la considération de la dépense obligent forcément à limiter les dimensions de l'échelle et le volume d’eau que celle-ci débite; mais, plus nous nous rapprocherons de ce type idéal d'échelle, plus près nous serons de la solution du problème qui nous pré- occupe : rendre la liberté du mouvement au poisson dans les cours d’eau. » Quand une Commission des pêcheries fut instituée dans l'État de Virginie en 1875, une des plus importantes ques- tions qui s’imposalent tout d’abord à ses études était celle du moyen de fournir aux poissons anadromes un passage vrai- ment praticable à travers les innombrables barrages qui coupent les principaux cours d’eau de cet État et leurs divers affluents. » L’Alose (Alosa sapidissima) est un des plus importants poissons alimentaires de tous les cours d’eau tributaires de la baie de Chesapeake, et jadis elle était l’objet d’une pêche aussi active que lucrative. Rendre à cette industrie son an- cienne prospérité, tel devait être, de ce côté, le but des efforts de la Commission. Le Rappahannock et la rivière James sont, à partir de la limite des marées, coupés de barrages absolu- ment infranchissables pour les poissons anadromes. Or, avant l'établissement de ces barrages, les voyages périodiques de l’Alose s’étendaient, dans larivière James, jusqu’au cœur des Alleghanys, à 400 kilomètres de la mer, et dans le Rappa- hannock jusqu’au pied des montagnes Bleues. La réduction 4° SÉRIE, T. |. — Juillet 1884, 90 D38 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. de l'aire de reproduction de ce poisson a naturellement amené une diminution correspondante dans le rendement, et, une exploitation abusive aidant, des pêcheries autrefois d’une richesse exceptionnelle sont devenues presque complètement improductives. Trouver un système d'échelle qui permettrait à l'Alose de franchir librement les barrages et qui restituerait ainsi à cette précieuse espèce tout l’espace propre à sa mul- liplication, d’où elle a été exclue, ce serait fournir la possibi- lité de rendre aux pêcheries leur richesse première. » Lors de l'exposition de Philadelphie, la Commission des pêcheries de la Virginie voulut bien me confier la mission d'étudier les différents modèles d’échelles que cette exposi- tion renfermait, et de voir s’il se trouverait parmi ces appa- reils quelque système répondant au desideratum de la Com- mission. Un examen approfondi des divers systèmes exposés me fit constater qu'aucun d'eux ne présentait les conditions requises, et J’acquis la conviction que s'il ÿ avait d’excel- lentes échelles pour le Saumon, une bonne échelle pour l'Alose était encore à trouver (1). » Les conditions à remplir sont les suivantes : » 1° Déversement de l’eau en ligne directe, sans déviations pour ralentir le courant; » 2 Volume d’eau suffisant pour attirer le poisson; » 3° Courant assez modéré pour que le poisson puisse re- monter sans la moindre difficulté ; » Pente aussi forte que possible, afin de réduire les frais de construction. » Deux movens de résoudre le problème se présentèrent à mon esprit. Le premier élait de modérer la vitesse du cou- rant en l’utilisant comme force motrice : par exemple, au moyen d’une modification de la turbine ordinaire, obtenir un appareil servant à la fois de passage pour le poisson et de moteur pour une usine. Je dus bientôt renoncer à celte idée; (1) L’Alose s'engage beaucoup moins volontiers que le Saumon dans les pas- sages artificiels qu’on lui ménage. C’est un poisson extrêmement craintif. On a constaté, en Amérique aussi bien qu’en Europe, qu’il suffit parfois de l'ombre projetée par un pont sur un cours d’eau pour effrayer les Aloses et les empé- cher de passer. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 939 l'appareil eût été trop compliqué et se fût trouvé d’un emploi fort limité. » La seconde idée était plus pratique et reposait sur le rai- sonnement suivant : » Si l’on obligeait chaque molécule d’eau à suivre une route telle que, dans la dernière partie du trajet, son mouvement se fit dans un sens contraire à celui des lois de la pesanteur, on pourrait l’'amener en un point — inférieur à celui qu’elle occupait — où elle se trouverait avoir perdu, par suite du frottement et de sa course ascensionnelle finale, une partie de la vitesse qu’elle aurait d’abord acquise en descen- dant. La molécule, abandonnant son point d'arrivée pour des- cendre de nouveau, en décrivant successivement une série de trajets semblables au premier, atteindrait finalement un ni- veau donné, inférieur à son point de départprimitif, sansqu’elle soit, à la fin de sa course, animée d’une vitesse plus grande que celle qu’elle aurait acquise dès le premier de ses trajets partieis. Trouver une disposition par suite de laquelle chaque molécule de la veine liquide qui traverse une échelle devrait suivre une telle route, ce serait fournir la possibilité d’avoir, dans toute la longueur de l'échelle, un courant modéré et absolument uniforme. » Comment ce problème a-t-il pu être résolu pratiquement ? C’est ce que nous allons essayer d'expliquer en peu de mots. » Si, dans un vase hémisphérique (fig. 37), nous placions une bille en A et que nous l’abandonnions à elle-même, cette bille, en roulant, passerait par A’et viendrait s'arrêter en A”, un peu au-dessous du bord du vase. La différence de niveau entre les positions A et A” marque ce que la bille a perdu de force d’impulsion, par suite du frottement et dela pesanteur, dans son trajet de A’ à A”. 540 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. y Si maintenant nous prenons un nombre quelconque de FIG. 98. vases semblables au premier, que les coupant dans le sens de la ligne À A" et que, les disposant comme dans la figure 39, nous y fassions rouler une bille partant du point D, cette bille, qui est obligée de décrire toute une série de mouve- ments curvilignes successivement descendants et ascendants, se rendra de D en CG, sans acquérir plus de vitesse, dans tout ce trajet, qu’en roulant simplement de À A" (fig. 37). Si au contraire la bille avait roulé directement de À en A (fig. 38), en descendant le plan incliné DC, elle aurait acquis une vitesse à peu près égale à 8 |/D4. Fic. 39. » Nous voyons donc qu'il est possible de faire descendre une molécule d’un niveau quelconque à un niveau inférieur donné, sans qu’elle acquière, à beaucoup près, autant de vi- tesse qu’en tombant librement sous l’action de la pesanteur, ou en roulant sur un plan incliné. » Faisons maintenant aux liquides l'application du sys- FiG. 40. » Supposons une série de tubes courbes, rangés comme dans la figure 40, ct admettons que des dispositions soient LES ÉCHELLES A SAUMONS. 541 prises pour que la plus longue branche du tube le plus élevé soit constamment remplie d’eau. Le liquide, s’échappant par la plus courte branche de chaque tube, s’élèvera à une cer- taine hauteur, en raison dela poussée qu’exerce la colonne d’eau contenue dans l’autre branche plus longue; puis il se déversera dans le tube suivant, pour décrire un trajet sem- blable au premier, et ainsi de suite, jusqu’à la fin de la série, où il arrivera sans avoir acquis plus de vitesse qu’il n’en avait pris dès son parcours dans le premier tube. » Prenons maintenant un grand nombre de tubes analogues, mais ayant leurs deux branches rapprochées et se touchant même; coupons obliquement l'extrémité supérieure de leur plus longue branche, de façon à permettre l’entrée de l’eau : groupons-les côte à côte, dans une position oblique, sur un plan incliné constituant le fond d’une rigole (fig. #1), et nous aurons un appareil donnant la solution du problème posé. Si nous supposons, en effet, une nappe d’eau se déversant par la rigole, le liquide remplira les tubes, dans lesquels un courant s'élablira. L'eau, pénétrant dans chaque tube par la branche la plus longue, s’échappera par la plus courte, avec une vitesse correspondant à la différence de niveau qui existe D42 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. entre les deux orifices d'entrée et de sortie. La direction finale du liquide étant oblique par rapport à la pente, chaque particule d’eau suivra la route indiquée par les flèches. Nous obtiendrons ainsi, sur le côté de la rigole où se trouve la branche courte des tubes, un courant ascendant, s’atténuant progressivement jusque vers le milieu de la rigole, lequel est occupé par une ligne de remous; au delà existe un courant descendant, qui se montre de plus en plus rapide au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’autre bord de la rigole ; là, enfin, nous trouvons un courant descendant, uniforme, qui est de même vitesse que celui qui s'échappe de l’orifice infé- rieur des tubes, si l’alimentation de ces derniers et leur capacité ont été convenablement réglées. C’est ce courant, toujours modéré et facile à remonter, qui sert de passage au poisson. » Dans l'application, M. Marshall Mac Donald a dû naturel- lement modifier la disposition toute théorique qui vient d’être indiquée pour son appareil, et des compartiments d’une forme spéciale ont été substitués aux tubes ci-dessus mentionnés. Le système se prête, du reste, à une foule de combinaisons diverses, suivant les exigences locales. Pour de petits cours d’eau, l'installation peut être très simple, comme le montrent les figures 42, 43 et 44 ci-contre. La figure 42 représente l’échelle fonctionnant. L'appareil est construit en bois et fixé sur des enrochements par de so- lides attaches de fer. Les supports ou piliers de soutènement peuvent être de bois, de pierre ou de briques. C’est au con- structeur à choisir les matériaux les plus convenables suivant la localité et les circonstances. A la tête de l'échelle est un brise-glaces en forme de V, qui sert aussi à écarter les bois flottés et dont le bord inférieur doit descendre à quelques centimètres au-dessous du niveau de la crête du barrage. La figure 43 donne une vue perspective de la partie supé- rieure de l’échelle. Une ouverture a été ménagée dans un des bajoyers, pour laisser voir la disposition intérieure. La figure 44 représente une section de l'échelle. La direc- lion de l’eau-est indiquée par les flèches. Dans sa construction Etc. A2. 544 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION, la plus simple, l’échelle se compose d’une rigole rectangulaire de bois, d’une largeur et d’une profondeur intérieures de 0",60. Une de ses extrémités s'appuie sur la crête du barrage; l’autre est noyée dans le bief inférieur. Solidement fixée au / 2 D / barrage, ainsi qu'au fond de la rivière, elle est, en outre, soutenue par des piliers intermédiaires en autant de points qu'il peut être utile. Des tasseaux transversaux E, de (”,07 d'épaisseur, espacés entre eux de 0,33, sont cloués sur le fond de la rigole. Deux planches B, de 0,025 d'épaisseur, sur 0",25 ou 30 de largeur, mises debout et reposant sur les lasseaux, divisent l’auge en trois sections longitudinales. La section médiane est divisée, par les cloisons inclinées C, en une série de compartiments ou augets, comme on le voit dans les figures 43 et 44. Les sections latérales sont divisées de même par des cloisons D, inclinées en sens inverse, pour lormer également des augets, qui communiquent, par les ouvertures existant entre les tasseaux E, avec les augets cor- LES ÉCIELLES A SAUMONS. 545 respondants de la section médiane. La division des sections latérales est complétée par une série de cloisonnettes G. L’eau entre dans l’échelle par un pertuis ménagé dans le barrage. Ce pertuis a 0",30 de large et 0",15 de profondeur; le seuil en est exactement de niveau avec le fond de l’échelle. Les deux épaulements F empêchent l’eau de pénétrer sur les côtés de l’échelle et d’v gêner les remous intérieurs. L'eau qui se déverse par le pertuis tend continuellement à tomber dans les augets de la série médiane, pour ressortir Fic. 44. par ceux des côtés, à un niveau inférieur. La différence de niveau el la position inclinée des lames G l’obligent à s'élever sur les côtés pour retomber vers le milieu. Il en résulte que, dans toute la longueur de l'échelle, la nappe d’eau présente une épaisseur uniforme, et que la vitesse du courant est par- tout la même, du sommet à la base (1). (4) M. Mac Donald avait envoyé à l'Exposition de Londres un appareil ingé- nieux pour montrer l'efficacité de son système. C'était une rigole de bois pré- sentant une inclinaison de 0",30 par mètre. Sur la moitié de sa largeur, cette rixole laissait un libre passage à l’eau ; dans l’autre moitié était installée une échelle. Du côté libre, le courant présentait naturellement une grande force, comme on pouvait le constater en plongeant la main dans l’eau, tandis qu’il était peu sensible du côté de la rigole occupé par l'échelle. 46 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. La facilité avec laquelle le système se prête à toutes les exigences locales permet de l’employer n'importe où. On peut aussi bien s'en servir pour ménager un passage au poisson en utilisant le plus modeste filet d’eau (1), que pour installer une échelle qui suffirait à déverser toute l’eau d’une rivière. Construit tout simplement en planches, l'appareil ne coùte qu'une somme relalivement insignifiante (2), et peut suffire pour rendre la libre circulation au poisson dans une infinité de cours d’eau aujourd’hui coupés de barrages infran- chissables. € Il est possible, dit M. Mac Donald, de construire ces échelles assez légèrement pour les rendre portatives (3). On peut alors les démonter, à l’époque où ie poisson ne voyage pas, pour les remiser, pendant cette période, à l’abri de toute chance de détérioration. Dans des pares publics, où la ques- üuon de dépense importe peu, une échelle de ce genre peut être construite sur un modèle élégant, et, tout en remplis- sant son rôle utile, contribuer à l’ornementation du paysage. » Solidement construite en pierre et en fer, et dans des di- mensions proportionnées à l'importance du cours d’eau, elle peut défier l’action des glaces el des hautes eaux, et, en four- nissant un passage facile à l’Alose, au Saumon et aux autres poissons anadromes, rendre possibles la restauration et la con- servation de nos importantes pêcheries fluviales, malgré tous les barrages qui sont la conséquence nécessaire et inévitable du développement de l’industrie et de la navigation. » Comme modèle de construction, nous donnerons, dans la figure 45, l'élévation et le plan d’une échelle construite (1) L’appareil peut très bien fonctionner avec la faible quantité d'eau qui se déverse par une ouverture de 0,15 de côté. (2) D’après les renseignements que je dois à l’obligeance de M. le colonel Mac Douald, l’appareil peut être établi à raison de 410 dollars (90 fr.) par chaque pied de hauteur du barrage. Pour un barrage de 3 mètres, la dépense de construction de l'échelle ne dérasserait donc pas 500 francs. Encore ce chiffre est-il calculé d’après les prix de la main-d'œuvre et des matériaux en Amerique, où ils sont beaucoup plus élevés qu’en France. (3) La compagnie qui s’est formée pour l'exploitation du brevet de M. Mac Donald établit des échelles en fer qui se démontent facilement et peuvent s'expédier au loin sans grands frais. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 547 entièrement en bois. Elle consiste en une rigole inclinée en planches, dont le fond et les côtés sont supportés par une charpente très simple. Dans cet exemple, l’inclinaison de l’ap- pareil est d’un tiers, c’est-à-dire que la base du plan n’est que trois fois plus grande que la hauteur à franchir. Le sommet de l'appareil s’appuie sur le barrage, dont la crête est affleurée par le bord supérieur de la rigole. Quant au pied de échelle, noyé dans le bief inférieur, il est solidement assujelti à l’aide de pieux enfoncés dans le lit de la rivière ou par tout autre moyen. » La rigole inclinée, ainsi établie, sert à l’installation de l'échelle proprement dite, dont la figure 46 donne les détails de construction à l'échelle de 1/48°. Dans la partie médiane de la rigole, des cloisons transversales 4, à, à, sont disposées à des intervalles de 0",30 à 0",35. Ces cloisons sont faites avec des planches de 0,039 d'épaisseur, de 0",60 de longueur et de 0",35 de largeur, placées de champ et solidement fixées au plancher «, a de la rigole à l’aide de clous ou de chevilles. Des supports k, de 0",04 d'épaisseur, de 0",25 à 0",30 de largeur et de même hauteur que les bajoyers b, b, ou pa- rois latérales de la rigole, sont fixés le long de ces parois, en face des cloisons transversales et avec un même espacement. Ces supports sont reliés aux cloisons transversales 2, 2, à, par de minces solives c, ce, e, de 0",35 de largeur, placées de champ et disposées obliquement. Ges solives supportent le plancher d, qui y est cloué, et sur lequel reposent les cloi- sonnettes m, m, fixées aux supports h, h, et disposées dans la même obliquité que les solives c, c. Une couverture k, k, e, e, fixée aux bajoyers b, b, aux supports k, h, et aux cloison- netles m», m, complète l’ensemble de l'appareil (1). » La di- rection du courant est indiquée par les flèches. Cette construction, un peu différente de celle décrite plus haut (fig. 43 et 44), repose sur le même principe; elle repro- duit, elle aussi, sous une forme pratique, la disposition gé- nérale de l'appareil théorique représenté par la figure 41, et (4) Mac Donald, Loc. cit. A} DAS D 4 ue DSTI 45 [NTER C2 eu om Le {10 : ! ' ' Does = des Si === | TT TT L_INUN IE ê. EPS ONTCEZ EE Lez? C2 ATENT] EE _—Z_Â_Z Pente 1/3. 9, cou en AA. - “helle, 8, coupe en BB, l'éc , fractions du plan de 7 520 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. le mode de fonctionnement en est absolument le même. M. le colonel Mac Donald préfère ce dernier modèle parce qu’il est d’une construction plus simple que l'autre et, par suite, plus économique. Les réparations, plus aisées à faire, sont aussi moins fréquentes, attendu que les divers comparti- ments ont plus de solidité que dans l’autre modèle et sont moins exposés aux détériorations que peuvent produire les bois et autres matières charriées par les eaux. Lorsque Pali- mentation est suffisante, la nappe d’eau qui recouvre le plan- cher d, d, présente une épaisseur moyenne de 0",30. Si la quantité d’eau fournie est supérieure aux besoins de Pé- chelle, l’excédent se déverse latéralement par-dessus les bords ; le fonctionnement de l’appareil est donc toujours régulier, quel que soit le niveau de la rivière. Dans la fig. 46 (7, 8 et 9) une grille f, f, dont les barreaux gsont très rapprochés, recouvre la partie médiane de l'échelle, ainsi que son sommet, où l’eau s’introduit sous le plancher d, d. Cette grille n’est pas partout nécessaire; elle n’a de raison d’être que quand du bois ou des glaçons charriés par la rivière pourraient, en s’engageant dans l'échelle, venir heurter les cloisons transversales à, à, à, et les détériorer, ou se loger darts les intervalles des cloisons el gêner le fonction- nement de l’appareil. « Comme avec tout autre système d'échelle, le choix de l'emplacement, dit M. Mac Donald (1), est un point de la plus haute importance. Aussi, quand la dépense de construclion doit monter à un chiffre élevé, convient-il de faire ce choix avec le concours d’un ingénieur compétent et après une étude sérieuse de la localité. Partout les conditions suivantes sont à observer dans l'établissement d’une échelle : » 1° Régler le débit de l'appareil d’après l’importance du cours d’eau. Plus le débit sera important, plus l’échelle aura d'efficacité. » 2 Tenir compte du niveau le plus habituel de l’eau dans la rivière, et placer le sommet de l'échelle à la hauteur voulue (4) Loc, cit. FX LS NRC PILE ES) 992 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. pour assurer à l'appareil une alimentation aussi régulière que possib e. » 3 Mettre le pied de l’échelle dans le voisinage immédiat du barrage. » 4° Choisir un endroit où l'appareil soit à l'abri des glaces et des bois flottés, et donner le plus de solidité possible à la construction. » Quand il a été satisfait à ces diverses conditions, on peut compter sur des résultats entièrement satisfaisants. Les plans ei-contre d’échelles actuellement en service peuvent servir de modèles pour de semblables installations... » La figure #7 donne une vue de l'échelle construite sur le Rappahannock (Virginie), au barrage de Fredericsburgh, lequel mesure 5",85 de hauteur, Gette échelle, alimentée par un petit aqueduc qui traverse lépaulement du barrage, à 2? mètres de largeur ct une pente d’un tiers, c’est-à-dire qu’elle forme un plan incliné à 3 de base sur 1 de hauteur. Coupée en deux sections, elle décrit un angle très aigu, dont ie sommet est disposé en un large palier, et elle vient aboutir au pied même de la chute d’eau. Depuis deux ans qu’elle est installée, son fonctionnement n’a rien laissé à désirer. Toutes les espèces de poissons qui peuplent le fleuve franchissent l'appareil avec la plus grande aisance ; ces poissons s'engagent dans le couloir sans plus d’hésitation qu'ils n’en mettraient à traverser un de ces rapides si nombreux dans les cours d’eau américains, et ils passent comme en se jouant au milieu des remous formés par le courant: ces remous ne semblent même que les exciter à remonter. La dépense de construction s’est élevée à 800 dollars (4000 francs). L’échelle de Bosher’s Dam (fig. 48), sur la rivière James (Viroinie), à 9 milles au-dessus de Richmond, bien que construite d’après les mêmes principes que celle de Frede- ricksburgh, est installée sur un plan meilleur encore. On a, de plus, tiré habilement parti de la configuration des lieux pour placer l'appareil à l'abri des fortes crues. Une large rigole d'alimentation prend l’eau un peu en amont du bar- mn] rage, haut de 3 mètres, et aboulit au sommet de l’échelle. 4° SÉRIE, T. |. — Juillet 1884. 36 Fi1G. 48. ÉCHELLES À SAUMONS. 559 Malgré l’inclinaison très forte (un quart) que présente celle-ci, l’eau y acquiert si peu de vitesse, qu'une personne a pu remonter le courant dans un élroit batelet manœuvré à la gaffe (1). | Le plan que donne la figure 49 est celui de l'échelle du barrage dit Canal Dam n° 4, sur le Potomac, près de She- pherdstown (Virginie). Construite pendant l'hiver de 1889, cette échelle a résisté aux intempéries de la mauvaise saison. Les personnes qui en ont observé le fonctionnement s’en dé- clarent très satisfaites. Le Black Bass et les autres espèces qui peuplent la rivière franchissent l’appareil avec la plus erande facilité (2). | En résumé, d’après les renseignements qui précèdent, on voit que les principaux avantages de l’échelle Mac Donald sont les suivants : a 1° Fonctionnement régulier et toujours satisfaisant ; 2 Possibilité de donner à l'appareil une pente très forte ; 3° Économie dans la dépense. L'économie résulte tant du mode de construction, qui est peu coûteux, que de la forte inclinaison de l’échelle, dont la longueur se trouve considérablement réduite (3). Il devient (1) M. Mac Donald n'écrivait dernièrement qu’il étudie en ce moment le moyen d'étendre au service des bateaux son système d'échelle, pour affranchir la navigation des inconvénients qu’entraine l’emploi d’écluses, et il ajoutait qu’il ne désespère nullement d’arriver à une solution favorable. (2) Comme échelles importantes du système Mac Donald, on peut encore citer celles des chutes (Great Falls) du Potomac ; des barrages de l’'Oswego, dans l'État de New-York; de Colombia, sur la Saluda (Caroline du Sud), et d’Augusta, sur la Savannah (Géorgie). Ces deux dernières ont été principalement établies en vue de la remonte de l’Alose. (3) C’est cette dernière considération surtout qui a motivé le choix fait du système Mac Donald pour l'échelle à construire aux chutes du Tummel (Écosse). Le Scotsman, d'Édimbourg, donnait à ce sujet les renseignements ci-après dans son numéro du 6 mars 14884: « Plus de 500 milles de nos rivières — sans compter les lochs — sont encore aujourd’hui barrés au Saumon par d’infran- chissables chutes : les cascades de Rogie, les chutes du Conon, celles de Mo- nessie sur ka Spean, celles du Polly dans le Ross-shire, etc. D’autres chutes moins importantes ferment également l'accès de grands espaces d’eau, qui four- niraient au poisson d'excellentes frayères. Jusqu'à présent la configuration des lieux et le chiffre qu’aurait atteint la dépense ont empêché la création d’échelles à Saumons sur ces obstacles naturels. L'expérience a démontré, en effet, qu’une échelle en plan incliné dont la pente dépasse un huitième ou un neuvième est rarement praticable pour le poisson. Si l1 chute qu’il s’agit de racheter est de 10 pieds, la longueur de l'échelle doit donc être de 160 à 180 pieds. Dans 596 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. dès lors possible d'installer lPappareil où d’autres systèmes ne pourraient être employés à cause, soit de la configuration des lieux, soit du chiffre élevé qu'atteindrait la dépense de construction. (A suivre.) l’échelle qui passe pour la meilleure de l'Écosse, celle de Deanston, sur le Teith, la pente est même beaucoup plus faible, puisqu'elle n’est que de 1/27. Naturellement, plus la pente est forte, plus l’échelle est courte et la dépense restreinte. L’échelle Mac Donald, qui permet de donner une pente d’un quart et même d’un tiers, constitue un grand perfectionnement sur tous les systèmes employés jusqu’à présent chez nous. D’après les renseignements envoyés par l’inventeur, l’échelle projetée aux chutes du Tummel,— où la différence de ni- veau à racheter est de 16 pieds, — devra ètre faite avec une pente d’un quart, et la dépense de construction pourra varier de 100 à 250 livres sterling, selon la configuration des lieux et la solidité plus ou moins grande qu’il sera néeessaire de donner aux fondations. Il ressort de ces données qu’une échelle aux chutes de Monessie (sur la Spean), où la hauteur est de 22 pieds, coûterait environ un tiers en plus. Aux chutes du Conon, — près du Loch Luichart, — qui n’ont égale- ment que 22 pieds, mais où la construction présenterait des difficultés particu- lières, la dépense serait problablement doublée. Elle resterait cependant bien au-dessous de ce que coûterait l'emploi de tout autre système d'échelle. Sur la Moriston, qui sort du loch Clunie et se jette dans le loch Ness après un par- cours de 25 milles, se trouve une chute de 20 pieds, qui, jusque dans ces der- niers temps, empêchait complètement la remonte du Saumon. Une échelle or- dinaire en plan incliné y a été construite et terminée en 1880. Cette échelle, qui a 240 pieds de long, a coûté 1800 livr. sterl. ; si elle avait été construite d’après le système Mac Donald, sa longueur ne serait que de 80 pieds, et la dépense, qui n’aurait certainement pas dépassé 400 livres, aurait pu descendre peut-être à 160 livres. » SUR LA DESTRUCTION DES SAUTERELLES PROCÉDÉ DE M. DURAND communication faite Par M. DECROIX Vétérinaire principal de l’armée, en retraite. (Extrait du compte rendu sténographique.) M. Decroix. J'ai habité longtemps l'Algérie et j'ai eu l’oc- casion de voir quelquefois les dévastations faites par les Sau- terelles. Lorsque j'en suis parti, il y avait bien un moyen employé par les Arabes pour détruire ces Sauterelles, mais il ya eu depuis, pour atteindre ce but, une invention due à un vétérinaire militaire, directeur de la bergerie nationale de Ben-Chicao, M. Durand, dont nous avons reçu une communi- cation il y a environ un mois. Aujourd’hui je crois devoir appeler voire attention sur les résultats qu’il a obtenus contre ces Insectes. Il y a longtemps qu'on parle des Sauterelles. Nous les trou- vons mentionnées dans la Bible (1). Il v est question d’une huitième plaie d'Égypte, qui consistait en Sauterelles venues en vingt-quatre heures et ravageant le pays. Depuis, l'histoire nous à conservé le souvenir d’une foule d'invasions de Sau- terelles ; elles sont arrivées jusqu’en Corse, jusqu’en Italie, et cela assez souvent. Elles se sont abattues sur lile de Chypre il y a cinq ans. Elles vont souvent jusque dans l’Inde, Je crois. Mais en ce moment je m'occuperai seulement de notre colonie de l'Algérie. L'espèce qui ravage l'Algérie est appelée par M. Blanchard Acridium migraltorium. Nos colons français l’appellent Sauterelle lorsque l’insecte est à l’état parfait, et Criquet lorsqu'il n’a pas encore d'ailes, et ne peut voyager qu’à petites journées à l’aide de ses pattes. C'est généralement au printemps qu'on voit arriver les (1) Exode, ch. vir, 4-19. 58 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION, Sauterelles ; elles forment comme d'immenses nuages, quel- quefois même le soleil en est obscurci. Dans une expédition, nous en avons vu s’abattre sur le nez des chevaux, dont on n’était plus maîlre; elles tombaient comme des grêlons. Ces insectes sont aussi gros que le petit doigt; leur longueur varie de 6 à 8 centimètres. Il en resta fort peu à l’endroit où nous étions bivaqués, ils sont allés s’abattre plus loin. Les mi- grations de ces insectes se produisent au printemps et l'été en Algérie. En hiver, il fait suffisamment froid pour qu'il n’y en ait pas. C’est seulement vers avril ou mai que l’on voit de petftes volées, de petits nuages de Sauterelles qui viennent du Sud, on ne sait pas au juste d’où, mais en lout cas du sud de l'Algérie. Elles s’abattent par légions, sans trop faire atten- tion si le Lerrain est cultivé ou non, cependant elles s’abattent de préférence sur les terres meubles. Alors à lieu l’accouplement. Au bout de sept ou huit Jours de fécondation, arrive la ponte des œufs. Les insectes creusent la terre avec leur extrémité abdominale et y déposent leurs œufs à 6 ou 8 centimètres de profondeur. Chaque femelle, d’après M. Durand, pond de 90 à 100 œufs. Après l’accou- plement, beaucoup d’insectes femelles meurent, mais les mâles, qui sont plus gros que les femelles, reprennent leur vol et s’en vont dans une direction ou une autre. Comme on n’a pas trouvé trace de leurs cadavres dans le nord de l'Afrique, près de la Méditerranée, M. Durand croit qu'ils retournent dans le Soudan. Mais ceci est une affaire secondaire. Nous voilà vers la mi-mai; les insectes ayant déposé leurs œufs, 11 faut, pour que ceux-ci éclosent, un peu plus d’un mois, trente à quarante jours, car les femelles ont pondu pendant cinq ou six jours. Il y a, en effet, des millions de remelles, et quelques-unes sont plus avancées, d’autres sont plus en retard; mais en six ou huit jours toute la ponte est lerminée. Pour l’éclosion, il en est de même, elle ne se fait pas en un seul jour, elle s'opère en septou huit jours. Dans les endroits où s’arrètent les femelles, où elles dé- posent leurs œufs, la terre est comme émiettée : les Arabes reconnaissent facilement l'endroit où les Sauterelles ont fail DESTRUCTION DES SAUTERELLES. 229 la ponte, et l’on sait bien où doivent être envoyés les habi- tants lorsqu'on les emploie à détruire les œufs. Mais cette destruction des œufs n’est pas une chose toujours facile, car ils ne sont pas toujours dans des endroits habilés ou aux environs des centres de population, mais bien quelquefois sur les bords du désert, où ne se trouve pas assez de population pour leffectuer. Au bout d’un mois, vers la mi-juin, les œufs, qui ont à peu près la grosseur d’un grain de seigle, éclosent. Je parle toujours d’après M. Durand, parce que je n’ai pas d’obser- vations personnelles sur ce point-là. Après leur éclosion, les Criquets sont gros comme des fourmis : ils sont blancs, mais en une journée, par le contact de l’air et de la lumière, ils deviennent noirs. Les jeunes commencent à marcher d’abord tout doucement; ils font à peine quelques mètres dans une journée. Après quatre ou cinq jours, ils arrivent à parcourir une centaine de mètres; au bout de quinze jours environ, un kilomètre de distance; à l’âge de trente jours, ils parcourent 3 à # kilomètres. Ils mettent quarante jours envi- ron pour arriver à l’état de Sauterelles. Avant d’avoir des ailes, ils se pendent à des herbages, à des branches d'arbres, et ils y restent la tête en bas. C’est là que s'opère la méta- morphose, et cela en trois ou quatre jours. Puis ils prennent leur vol, et vont, comme une volée d'oiseaux, exercer leurs ravages à une certaine distance, puis reviennent ensuite à leur point de départ. Au bout d’un certain temps, ils s’envolent soit vers le sud, soit vers le nord. Ce ne sont pas les premières Sauterelles ailées qui sont à craindre; elles ne font pas grand mal, à ce qu’il parait. Car, à l’époque de la saison où elles arriveni, elles ont assez d'herbe pour se nourrir sans avoir besoin d’aller attaquer les terrains où se font les cultures industrielles. Les Criquets sont au contraire beaucoup plus dangereux. Partout où ils passent, tout est dévoré, et à l’époque où ils existent il ne reste plus généralement que les cultures industrielles ; l'orge est récoltée, le blé est mür ou à peu près. Ces Criquets ou Jeunes Sauterelles mangent les herbes, les feuilles d'arbres, 200 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. l'écorce des arbres et même jusqu’à l’aubier. Je parle des années où il y a eu beaucoup de ravages, comme en 1866, 1874 et 1877. A cette époque, lorsqu'on savait que les Sauterelles aïlées Gtaient à un endroit, les bureaux arabes faisaient prévenir la population indigène pour leur faire la chasse; on criait, on frappait sur les casseroles, on faisait un grand vacarme afin de les éloiyner des récoltes. Après l’éclosion, et pour détruire les Criquets, les Arabes formaient, avec de longues bandes de coton de leurs haïks, un immense cercle qui se rétrécissait peu à peu, et lorsque les insectes élaient ramassés au centre, on les écrasait, on les piéünait, on les tuait à coups de bâton. Il y avait là beaucoup de travail pour aboutir à des résultats peu satisfaisants, car les champs étaient dévastés quand même. Depuis 1845 jusqu’en 1866, les moyens de destruction ne furent pas perfectionnés; mais enfin, en 1866 eten 1874, M. Durand a fait des expériences et est arrivé à de bons résultats. M. Durand, qui était à la bergerie de Ben-Chicao pendant l’invasion de 1866, vit tout le sol couvert, pour ainsi dire, de Criquets, et ses plantations d’arbres fruiliers presque com- plètement détruites. Il s’était renfermé chez lui. Les Criquets montaient à la porte, aux murs, sur les toits, et passaient ensuite du côté opposé. Mais un fait l’intrigua et fut l’origine de la découverte dont je vais parler. [l remarqua que les Criquets ne pouvaient pas monter aux carreaux de vitre, et qu'ils trouvaient là un point d'arrêt. Il se demanda si l’on ne pourrait pas établir, où besoin en serait, quelque chose de lisse qui arrêterait la marche de ces insectes ? Alors il a mis une bande de zinc autour des arbres fruitiers qu’il voulait préserver, et il a eu la satisfaction de constater que les Cri- quets montaient bien à ces arbres, mais qu’arrivés à la petite plaque de zine, plaque qui ne mesurait que 3 ou 4 centimètres de largeur, ils ne pouvaient plus monter, et que, par ce fail seul, ces arbres se trouvaient protégés. Il n°y avait plus qu'un nouveau pas à faire pour arriver à l'invention qui nous occupe. DESTRUCTION DES SAUTERELLES. 561 M. Durand avait fait une autre remarque importante, c’est que constamment les Criquets vont du sud au nord, sans même se laisser arrêter par les petits ruisseaux qu’ils rencon- trent (en Algérie 1l n'y en a guère de grands) : les premiers se noient ; bientôt ils forment une couche qui surnage, et le reste de la troupe passe dessus. M. Durand a donc eu lidée d’arrêter la marche des Criquets en déroulant une bande métallique sur le sol ; mais ce mode d'opération étant d’une application assez difficile, il le modifia en plaçant des planches bout à bout, de champ et en barrière continue, au sommet desquelles une bande de zinc fut clouée en formant une saillie de 3 à 4 centimètres du côté de l’arrivée des Criquets. Ce procédé réussit fort bien ; mais il avait encore l’inconvé- nient d’être encombrant, lourd et difficile à manœuvrer dans un pays souvent sans voie de communication. M. Durand eut alors l’idée de modifier encore son appareil en roulant sa bande métallique dans une bobine, comme une chaîne d’arpenteur, et en remplaçant les planches par une bande de coton de 20 à 95 cent. de hauteur, supportée par de petits piquets ; le tout réuni par des agrafes métalliques. Cette barrière étendue en travers et perpendiculairement à la marche des Criquets, leur barre le passage d’une façon absolue. [ls se dirigent alors à droite et à gauche et viennent se jeter dans une série de fosses d’enfouissage placées à 100 mètres environ de distance les unes des autres. Au bord du trou, on a placé une petite planchette dont le rebord est garni de quelques plaques de cuivre en dessous. Lorsque les Criquets sont arrivés à cet endroit, 1ls sautent dans la fosse et ne peuvent plus en sortir. Ainsi les Criquets, arrivant à la bande de toile, montent une première fois et retombent quand ils arrivent à la bande de zinc; ils montent une deuxième fois, et retombent encore ; rarementils font une troi- sième tentative. Les Criquets, voyant que leurs essais sont inutiles, s’en vont dans la direction où vont les autres; ils suivent le courant, comme on fait dans les foules; ils vont jusqu'à la fosse et ils y tombent. 262 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Ordinairement en un jour l’armée tout entière est enterrée. Quelquefois cette armée a 10 et 19 lieues de largeur, mais rarement cependant; elle en a plus souvent 5 ou 6, et 4 à 2 kilomètres de profondeur. M. Durand à calculé le prix de revient de son appareil, le prix de la main-d'œuvre nécessaire pour le placer et le prix de Pengrais que l’on retire des insectes, qui contiennent de l’azote en grande quantité : l’engrais qu’ils donnent est peut-être supérieur au guano. On a cet engrais sur place, dans le champ même que l’on doit cultiver; ce qui est très avantageux. Pour éviter l'infection, il suffit d’un peu de sulfate de fer qui fixe les principes ammoniacaux ; on en met lorsque la fosse est pleine. D’après M. Durand, cet engrais peut payer par lui-même tous les frais de la destruction des Criquets. Ce procédé a été appliqué par ordre du gouverneur de l'Algérie, le général Chanzy, en 1877. Comme il était à Alger à cette époque, il a donné des ordres, après une enquête faite par des cultivateurs, pour que ce procédé fût employé en grand. M. Durand a été chargé de faire confectionner de ses appa- reils pour les envoyer dans diverses communes, où on lestient en réserve comme les pompes à incendie, pour s’en servir au besoin. Son procédé a été demandé dans l’île de Chypre, 1l y à trois ou quatre ans, lorsque les Sauterelles s’y sont mon- tirées si nombreuses; mais le temps d’écrire au gouverne- ment, le temps nécessaire pour que M. Durand allât en Chypre, les Sauterelles avaient disparu (1). Si je ne me trompe dans mes appréciations, on n’aurait plus à redouter aucunement les ravages des Sauterelles : c'est là ma conclusion. J'ai entendu M. Durand parler avec M. Millet des œufs de Sauterelles, qui sont gros comme un grain de seigle, et par conséquent, plus gros que ceux des fourmis. Il me semble que (1) Dans ces derniers temps, M. Durand s’est adressé à M. S. Lambert, 3S, rue Volta, à Paris, pour la confection en grand de ses appareils. DESTRUCTION DES SAUTERELLES. 563 M. Millet a dit qu’on pourrait peut-être en nourrir les faisans ; jé laisse à ce sujet la parole à M. Millet. M. Millet. Je ferai remarquer que le procédé de M. Durand n’est qu’une copie perfectionnée d’un procédé imaginé par un pacha, gouverneur de l’île de Chypre. Ce pacha a envoyé une communication à ce sujet à la Société d’acclimatation; elle est dans le bulletin de 1871, et cela avec figure. Cette communicalion étant de 1871, est donc par conséquent anté- rieure à 1874, époque à laquelle M. Durand a fait l'essai de ce procédé. Je dois dire cependant que le procédé du gou- verneur de Chypre est beaucoup moins perfectionné et moins efficace que celui de M. Durand. Il n’en est pas moins vrai que ce pacha a eu l’idée d’opposer un barrage à la migration des Criquets et de faire des fosses dans lesquelles ils devaient se tuer. Pour les empêcher de remonter, il avait garni la partie supé- rieure des fosses d’un cercle de cuivre ou de laiton huilé. Je dis cela, non pas pour critiquer les perfectionnements de l’ap- pareil de M. Durand, qui rend d'immenses services à toute la région méditerranéenne. J’ajouterai une observation assez importante, c’est que l’ap- pareil tel qu’il est confectionné par M. Durand, a ce résultat avantageux que, placé sur 1 kilomètre, il peut en préserver 30; d’où il résulte que la dépense est à peu près de 1 franc par hectare de culture industrielle préservée {1). | Comme le disait M. Decroix, cet appareil, qui est en dépôl depuis à peu près cinq ou six ans, aurait été très ulile dans cer- taines années formidables. Ainsiles dégâts causés par les Saute- relles sont évalués de 50 à 55 millions pour l'Algérie. Vous (1) A cette observation M. Decroix expose la rectification suivante : L'appareil dont parle M. Millet peut très bien avoir été créé par un pacha turc, parallèlement au procédé inventé par M. Durand. Nous avons pris, à ce sujet, des renseignements précis, d'où il résulte que si la découverte de M. Durand remonte bien à l'invasion de 1866, elle n’est indi- quée et décrite, pour la première fois, que dans un rapport officiel adressé par l'inventeur au gouverneur général à la date du 12 mai 1869, date conséquem- ment antérieure à celle de 1871 indiquée par M. Millet. D'un autre côté, les détails que nous avons donnés pour l'appareil Durand indiquent suffisamment que les deux procédés, ture et français n’ont, dans tous : les cas, aucune origine commune. 904 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. voyez que cela en vaut la peine. J’ajouterai qu’on pourrait em- ployer pour les appareils de M. Durand l'argent qu’on emploie- rait pour la récolle des œufs, qui est à peu près impossible ou très coûteuse, car il faut piocher la terre, enfoncer de petits appareils dans les trous, et de plus on en laisse toujours beau- coup sur le terrain. On a remarqué, en effet, qu'après avoir dépensé beaucoup pour enlever les œufs, il en restait toujours dans la terre des quantités colossales. Ce qu’on pourrait em- ployer utilement, ce sont les Criquets eux-mêmes qui sont dans les fosses, dans les puits; on peut les reiever à la pelle et les rejeter de l’autre côté de la toile. Ils sèchent vite au soleil; on peut en récolter ainsi des centaines de mille d'hec- tolitres. Les volailles en sont très friandes, les becs-fins surtout. Je crois que pour l’élevage des faisans ces Criquets rempla- ceraient avantageusement les œufs de fourmis. Je crois qu’il y à aussi un avenir considérable pour les Criquets dans l’in- dustrie des pêches. Vous savez que l’on pêche la sardine en amorçant avec la rogue ou gueldre, produit d'œufs de morue et de poissons de mer. Cette amorce finit par être coûteuse. A Douarnenez seul, où la pêche maritime se sert de rogue, elle emploie, dans une année moyenne, 17000 hectolitres de rogue à 49 francs l’hectolitre. Lorsqu'on aura prouvé aux po- pulations que la chasse aux Criquets sera rémunératrice, elles se livreront avec ardeur à la destruction des Criquels. Un membre. Il y a Lrois ans, une partie du centre de l'Es- pagne fut envahie par les Sauterelles ; le gouverneur espagnol dépensa 600 000 franes pour leur faire faire la chasse, et cela sans grand succès; la famine est venue ensuite, et les habi- tants qui avaient conservé ces insectes en faisaient leur nour- riture. M. Raveret-Wattel. L'idée d'utiliser les Sauterelles à la préparation d’une rogue artificielle n’est pas nouvelle. Il y a quelques années, à l’époque d’une terrible invasion, le doc- teur Morvan (de Douarnenez) avait pensé à l’utilisation de ces Saulerelles pour préparer de la rogue; il avait obtenu du gouverneur général de l'Algérie l'envoi d’un certain nombre de barils de ces insectes, et le commissaire général DESTRUCTION DES SAUTERELLES. 569 lui avait prêté son concours. On a essayé la rogue avec des Sauterelles pures, et la rogue avec d’autres éléments mélangés. Cette rogue avait les éléments de la rogue de morue ordinaire; mais c’élait une rogue trop sèche. La rogue de morue a l'avantage de posséder un caractère huileux. Lors- qu’on jette un petit baril de rogue sur les côtes de Bretagne, on a de longues nappes que l’on tend devant le banc de Sardines ; on jette la rogue, et lorsque le poisson arrive pour la saisir, on jette une cuillerée d’eau à la mer. Les Sardines s’effrayent et vont se prendre dans les mailles des filets qui sont disposés pour cela. Il ne faut pas que la rogue soit trop lourde ou trop légère. On a essayé d’en fabriquer avec d'autres matières, de la farine, des Sauterelles, des corps oras, mais ces mélanges n’ont pas produit de bons résultats. On avait compté beaucoup sur ces essais. M. de Bon, qui a été à la tête du service de la marine, avait fait voter des primes d'encouragement. On a dû y renoncer pour des raisons sé- rieuses. Un est bien arrivé à fabriquer de la rogue passable, mais toujours inférieure à celle de la morue, et l’on est arrivé à des prix aussi élevés. D'abord il y a les frais de transport qui sont très considé- rables. On a essayé les transports par les chemins de fer, à laide des tarifs réduits; mais cela ne suffit pas. Le transport le plus coûteux, c’est le transport dans l’intérieur des terres; là il faut des charrois, il n’y à plus de vapeur. En résumé, cette rogue artilicielle coûtait cher, presque aussi cher que celle de morue, et était loin de la valoir. Le capitaine de vais- seau qui a été chargé de suivre ces essais m'est connu, 1l m'a dit qu'il avait dû v renoncer, découragé surtout devant cette considération que le prix était assez élevé. M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. Millet disait qu'avec le Criquet on pouvait nourrir avantageusement des animaux. Plusieurs fois déjà on a entretenu la Société du parti qu’on peut ürer de la farine de Hannetons. Les insectes sont passés au four et réduits en farine au mortier ; cette farine de Hannetons est très précieuse pour l’alimentation des oiseaux au moment de la ponte, qu’elle stimule. Mais comme la farine de Saute- 00 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. relles est àemployer avec une grande modération et beaucoup de prudence, car elle est trèsirritante et donnerait aux oiseaux des maladies sérieuses, si l’on en abusait, 1l faut s’en servir plutôt comme d’un médicament. M. Maurice Girard. J'abonde dans le sens de ce que vient de dire M. Geoffroy Saint-Hilaire. Ces animaux se trouvent en Algérie lors des migrations, lors des invasions, en quantité tellement considérable, qu’il ne faut pas compter sur eux pour la nourriture des Faisans, 1ls en seraient bien vite dégoütés ; les nécessités de nourriture des Faisans sont hors de propor- tion avec la quantité immense de Sauterelles qui viennent alorss’abattre. Cela me paraît puéril. Le procédé de M. Durand se rapporte aux larves, mais il ne donne pas le moyen de détruire les émigrations des adultes, qui constituent un dan- ver beaucoup plus grave. M. Durand reproduit une erreur commune, celle d'appeler larve le Criquet, et adulte la Sau- terelle. Les Sauterelles ne font pas de dégâts, c’est là un point d’entomologie que je tiens essentiellement à établir. Le point important serait d'empêcher les bandes d'adultes de s’arrêter ; c’est contre ces bandes que l’on fait du bruit pour les effrayer ; on sonne les cloches, on frappe des casseroles; en Hongrie on vamême jusqu’à tirer le canon. L'espèce de Hongrie est le Pachitilis migralorius ; c’est le même genre qui a été dédou- blé. L'Acridium peregrini est celui qu’on trouve en Algérie. Le point important c’est de pouvoir détruire les migrations desin- sectes ailés. Ce sont ceux-là quicachent le soleil, la lune et sont quelquefois cinq ou six heures à passer. Ils recouvrent des. étendues immenses, des centaines de lieues de mètres carrés. Ils cachent des pestes et laissent après eux la famine. M. Millet. Quelques explications me paraissent nécessaires. La rogue dont on s’est servi et qui avait été faite avec des Cri- quets, avait été fabriquée avec des Criquets mal séchés, qui n'avaient pas été préparés pour cette destination. Le transport de ces Criquets, lorsqu'ils sont secs, n’est presque rien. Ainsi les chrysalides de vers à soie desséchées ne pèsent presque rien pour À hectolitre. Il y a là tout simplement une question de préparation. J’ai sous Les yeux les expériences faites pour rem- DESTRUCTION DES SAUTERELLES. 967 placer larogue de morue par d’autres préparations, elles n’ont pas satisfait d’une manière générale. Jai vu des pêcheurs qui s’en servaient, mais avec circonspection, même à Concarneau. Je crois qu’il faudrait mélanger avec de la rogue de morue et faire subir à ces nouvelles matières certaines préparations ; cela se fera un jour. Lorsqu'on aura bien préparé les Criquets, qu'on les aura bien desséchés, on pourra les employer, mais toujours en les mélangeant. En ce qui concerne l'élevage des oiseaux, plusieurs de nos collègues se sont servis de chrysa- lides de vers à soie. On élève des Faisans en mélangeant des chrysalides de vers à soie avec de la pomme de terre. Ce mé- lange n’est pas coûteux. Moi-même J'ai élevé des Rossignols, des Fauvettes par ce procédé, ils s’en sont trouvés très bien ; aussi de la farine de Hannetons, mais surtout des chrysalides de vers à soie; cette farine mélangée avec quelques fécules de pomme de terre notamment, le tout aggloméré à l’aide d'huile d'olive. Je me sers de cette pâtée pour mes becs-fins, et grâce à cela leur nourriture me coûte à peine 1 centime par jour, et cela depuis trois ans. M. le Président Bouley. J'ai eu le plaisir, il y a quelques se- maines, derencontrer M. Durand qui venait exposer soninven- tion, qui n’est peut-être pas absolument de lui, mais qui cepen- dant en est une. M. Durand est vétérinaire attaché à l’armée d'Afrique. Il disait que c’était une légende que les ravages de nuées de Sauterelles, que les Criquets, et surtout les larves, sont avant elles cause de tousles dégâts; 1l fallait lutter contre les Criquets et les larves, et qu’avec son procédé la lutte était possible el avantageuse, non seulement en ce sens qu’on tue les insectes; mais aussi en ce sens qu’on les transforme en valeur utile, en engrais. Il a reçu du comité de l'Algérie un vote de remerciements; c’est un témoignage de satisfaction, une attestation de la réussite du procédé Durand bien appli- qué. fl serait intéressant, en supposant qu’on ne puisse pas s'attaquer aux nuages, de s'attaquer à l’origine de ces nuages. Il me semble qu’il y a là quelque chose qui mérite que la Société présente à la reconnaissance publique les services ren- dus qui ont été affirmés par des comices agricoles. Le nom de D08 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ce pacha ture mérite d’être connu. M. Durand ne connait sans doute pas son invention; ilsera bon, dans la note que publiera M. Decroix, qu’on veuille bien relater le nom de ce pacha, pour qu'on lui consacre la part qui doit lui revenir (1). M. Decroix. D’après ce que J'ai vu, les Sauterelles ailées sont peu dangereuses; il n’en n’est pas de même pour les Criquets : l'Algérie n’est pas ravagée par les insectes ailés comme par les Criquets. Les premières volées de Sauterelles se montrent au printemps, vers le mois d’avril; elles sont en petit nombre et ne font pas grand mal; elles déposent des œufs, et ce sont les œufs de ces Sauterelles ailées qui de- viennent ces Criquets qui ravagent tout. Les Sauterelles ailées forment comme des volées d'oiseaux qui passent, tandis que les Criquets marchent à petits pas ; c’est alors qu’on peut les détruire, et non quand ils sont à l’état de Sauterelles. Le bul du moyen indiqué par M. Durand est d'empêcher les Criquets de devenir à l’état ailé ; il arrête le mal à sa source. Quant à l'usage du Criquet comme aliment, je ne me rappelle pas qu’en Algérie je l’aie vu employer pour la nourriture, soit des volailles, soit des animaux; on les laisse perdre, et voilà tout. J’en ai vu des tas qui étaient capables d’infecter l'air à 1 kilomètre de distance, lorsqu'on n’avait pas pris de pré- cautions pour les enterrer. S'il était reconnu que ce soit un aliment qui puisse être utilisé, ce serait avantageux, puisque ces insectes contiennent beaucoup d'azote ; en tout cas, c’est une substance riche, soit comme engrais, soit comme sub- stance alimentaire. Si elle était séchée et réduite en farine, elle pourrait êtreemployée commecondimentdans des propor- tions déterminées. Je suis heureux que celte petite commu- nicalion ait appelé votre attention sur ces insectes, dont il ya sans doute à tirer parti. M. le Président. Que Dieu veuille vous entendre! M. Girard. Je crains bien que les Sauterelles ne fassent, elles aussi, beaucoup de mal. Puisque nous sommes dans une (1) Mehmed Saïd pacha, Moyens employés pour la destruction des Saute- relles à Chypre (Bull. de la Soc. d'acclimat., 1871, p. 610). DESTRUCTION DES SAUTERELLES. 569 question de préservation, je crois que le danger est dans la migration des individus ailés qui viennent du désert et qui pondent leurs œufs. Tuez la larve; mais tant que reviendront les insectes ailés qui les apportent, vous aurez toujours des larves. Ce sont les insectes ailés qu'il faudrait pouvoir dé- truire… M. le Président. En détruisant les Criquets, nous détrui- sons l'avenir. M. Girard. Is prennent leur origine dans des endroits dé- serts où nous n’avons pas action. [l faut donc les tuer tout de suite. Je crois que le meilleur moyen, on l’a pris en France depuis des années, lorsqu'il y vient des émigrations. Les villes d'Arles, de Tarascon, ont dépensé 20 et 30000 francs par an pour faire ramasser les œufs. M. le Président. Ce procédé est un procédé antique pour lequel la population entière serait insuffisante. Voilà un brave inventeur qui vous dit: Au lieu d’aller cher- cher des œufs dans des millions de trous, je vais étaler une bande et laisser venir les œufs qui marchent, et j’en ferai du fumier. Je suis étonné que puisqu'il y a une invention, on ne pense pas à la favoriser. SÉRIE, T. I. — Juillet 1884. 37 LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES EXOTIQUES , PEU CONNUES OU INCONNUES Par M. A. PAILEIEUX Membre de la Société nationale d’acclimatation, et M. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséum. (Suite.) Kon niy2ku d'Ii Numa. « Dans le village d’'Ji Numa, district d'Unu- Gami, pro- vince de Simosa, on trouve une plante que l’on appelle Kon niyaku d'Hi Numa; mais ce n’est pas celle dont nous venons de parler, c’est le Tsuno mata (Gymnogongrus pinnulatus), qui, une fois bouilli, ressemble par sa consistance au vrai Kon niyaku, ce qui lui a valu ce nom. On le fait cuire avec le Shô yu, ou bien on le mange après l'avoir conservé dans le miso. » (Meï ji, cinquième année, onzième mois.) La lecture du mémoire de M. le docteur Vidal ayant pro- duit sur nous une vive impression, nous avons demandé à Yokohama des tubercules de Koniaku que nous avons recus et plantés. Nos observations personnelles semblent justifier les assertions de l’auteur relativement à la rusticité de cette aroïdée, dont l’importance a singulièrement grandi à nos yeux lorsque la notice de M. le comte de Castillon nous a été communiquée. Le Koniaku n’est pas une plante potagère; il appartient non à l’horticulture, mais à l’agriculture, dont le domaine n’est pas le nôtre; mais, lorsque nous rencontrons une plante d’un tel intérêt, nous ne pouvons nous résigner à la passer sous silence. 1 = [a LE POTAGER D'UN CURIEUX. Kudzu (Japon), pron. Koudzou. Ko (Chine). DUERARIA THUNBERGIANA Benth., Journ. of the Linnean Society, vol. IX, p. 122. Pachyrrhizus Thunbergianus Sieb. et Zucc., Fam. nat. F1. jap., A, 113. — Neustanthus chinensis Benth., Flora Hongk., 86. — Doli- chos hirsutus, Thunb., in Linn. Transact., I, p. 339. Fam. des Léqumineuses. Plante à tiges grimpantes, tomenteuses. Feuilles ternées à folioles latérales médiocrement pédicellées, arrondies, à deux lobes mucronés, pâles et réticulées en dessous, légèrement velues sur leurs deux faces, longues de trois pouces, la termi- nale plus grande, entière. Fleurs purpurines, disposées en orappes longues de six à sept pouces; pédoncules tomenteux, longs d’un pouce. Gousses linéaires, comprimées, longues de trois pouces, terminées par une pointe recourbée, couvertes de longs poils jaunâtres. Gette plante croît au Japon. (Thunpb.) LE KO EN CHINE. Dans son Novus Atlas sinensis (1655), Martini rapporte que dans la ville de Li-ping (prov. Quei-chen) : «Pannos con- ficiunt incolæ ex cruda cannabe, seu herba cannabi prorsus simili. Co Sinæ vocant. Ex his vestes pro tempore œæstivo eximiæe plane sunt ac commodissimcæ. » (P. 102.) Pueraria Thunbergiana Benth. (Pachyrrhizus Thunber- gianus S. et Z.), Sin. Ko, P. trilobus DG., porte le même nom chinois. [ semble que les deux plantes soient textiles (1). Dans ses Nouveaux Mémoires sur l’état de la Chine (1696, Paris, 2 vol.), Louis Le Comte rapporte que, outre le coton, les Chinois portent en été des tissus fabriqués avec l’Ortie et avec une autre espèce qu'ils nomment Xo pou et qu'ils es- üment beaucoup. Ges derniers sont fournis dans le Fokien par une plante nommée Ko, arbrisseau rampant, qu'ils laissent (1) Bretschneïder, Early European Researches, p. 14. Londres, 1884. 579 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. pousser dans les champs et qui est souvent extrêmement long. Il a des feuilles arrondies, plus grandes que celles du lierre. Elles sont molles, vertes en dessus et couvertes en dessous d’un duvet blanc. La tige est grosse comme le doigt. Pour obtenir les fibres textiles, on plonge lestiges dans l’eau, comme nous le faisons pour le lin, et, après les avoir dépouil- lées de leur écorce extérieure, on se sert des fibres de la seconde écorce pour fabriquer une toile qui est très belle, transparente et fraîche. ([, 242.) Pueraria Thunbergiana Benth. Déjà signalé par Martini. Ko en chinois (1). Industries anciennes et modernes de l'empire chinois, par MM. Stanislas Julien et Paul Champion (2). Renseignements sur des graines d’une plante textile en- voyées de Chine par un missionnaire français : « La plante Ko s'appelle aussi Hoang-kin, Lan-ho et Khi- thsi. On la rencontre partout, mais surtout dans les provinces de Tche-kiang et de Kiang-nan. Elle vientaussi bien dans les lieux incultes que dans les champs cultivés. Elle commence à pousser au printemps, et étend sa tige, qui est de couleur violette, jusqu’à la longueur de 1 me 2 tchang (3 à 6 mètres). On récolte les tiges, et, après une préparation convenable, on en tire des filaments textiles. Sa raciné est violette en de- hors et blanche à l’intérieur; elle acquiert la grosseur du bras et la longueur de 2 à 3 mètres. Ses feuilles sont trilobées, comme celles de l’arbre Fong, mais elles sont plus longues; leur surface est verte et leur revers d’une teinte pâle. Dans le septième mois, cette plante donne des fleurs rouges et vio- lacées, disposées en grappes. Après les avoir séchées au soleil, on peut les cuire dans l’eau et en préparer du bouillon. » Les fruits de cette plante ressemblent à de petits haricots jaunes. Il convient de les cueillir dans le septième ou le hui- ième mois. (1) Bretschneider, Loc. cit., p. 28. (2) Paris, Eugène Lacroix, libraire-éditeur, 1869. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 573 Récolte. » Les tiges de la plante Xo sont ordinairement mûres en été; c’est à cette époque qu’on les récolte. On laisse celles qui sont encore vertes et courtes. Celles qui ont environ 3 mètres de long se récoltent avec la racine, qui, suivant quelques auteurs, donne une fécule nourrissante. On les appelle Theou-ko, ou tiges de Xo de première qualité. Lorsque les tiges sont d’une longueur extraordinaire el qu’on remarque des points blancs près de la racine, elles ne sont bonnes à rien. Quant à celles qui ne présentent pas de points blancs, on coupe 2 ou 3 mètres de chaque tige; on les appelle eulko, c’est-à-dire tiges de Ko de seconde qualité. Préparation. » Après avoir recueilli les tiges, on les fait bouillir dans l’eau devant un feu ardent. On enlève les filaments à l’aide de l’ongle; ils sont aussi blancs que ceux du chanvre, mais ils ne sont pas adhérents à la partie verte de la plante. Le tillage des filaments étant achevé, on les lave dans une eau courante, on les bat, et, après les avoir bien nettoyés, on les fait sécher au grand air. Leur blancheur s’augmente si on les expose à la rosée pendant une ou deux nuits. Après cela, 1l faut les metire à l’ombre ; 1ls craignent les rayons du soleil. Enfin on les file et l’on en fait de la toile. Lavage des vêlements de Ko. » Si on lave ces vêtements dans une eau pure où l’on aura écrasé des feuilles de Mei (Amygdalus nana, suivant M. Abel de Rémusat: Arbutus, suivant le P. d’Entrecolles), ils reste- ront empesés pendant tout l'été. Quelques personnes les lavent dans un bassin de porcelaine avec de l’eau bouillante, où elles ont écrasé des feuilles de Meïi Il est essentiel de ne pas faire usage d’un baquet de bois, autrement les vêtements de Æo deviendraient noirs. » D’après l’opinion de M. de Jussieu, la plante dont il s’agit 974 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. paraît être une Phaséolée voisine des Dolichos et particulière- ment du Dolichos bulbosus. » LE KUDZU AU JAPON. Nous lisons dans le livre intitulé : Le Japon à l'Exposition universelle de 1878 : « Le Kudzu (Pueraria Thunbergiana) est une plante sauvage dont les racines donnent de l’amidon. Ses feuilles servent à nourrir les bestiaux et ses fibres à faire des étofles. » Nous devons à l’obligeance de M. le comte de Castillon deux notes qu'il a traduites du japonais, et qui font connaitre, avec les détail$ les plus instructifs et les plus complets, l’em- ploi que l’on fait au Japon des racines et des fibres du Kudzu. Celle de ces notes que l’on va lire décrit le procédé usilé pour l'extraction de la fécule. L'autre, publiée dans les Mé- moires de la Société des études japonaises, années 1878-1879, décrit la fabrication de la toile de Kudzu. On la trouvera, ainsi que l’avant-propos qui la précède, à la suite de ce chapitre : LE KUDZU KO (fécule de Kudzu) ‘(extrait de la Notice sur les plantes à fécule du Japon). «Le Kudzu (Pueraria Thunbergiana) est une plante grim- pante qui croît à l’état sauvage dans les montagnes et les friches. Au printemps, les jeunes pousses sortent de la vieille tige. Chaque pétiole porte trois feuilles semblables à celles de l’Ingen mame (Phuseolus vulgaris); feuilles et pétioles sont garnis de poils. En automne, sortent de l’aisselle des feuilles des grappes de fleurs semblables à celles des mame (légumineuses), de couleur violet vineux, et qui produisent des gousses. C’est à partir des neuvième et dixième mois et jusqu’au deuxième, époque où les yeux font leur évolution, qu'on arrache ces racines avec un pic de fer ou une houe. On les lave pour enlever la terre, et on les écrase avec soin sur une pierre plate avec un maillet de bois ou de métal. On rem- plit d’eau un baquet, dans lequel on les malaxe pour extraire OT LE POTAGER D'UN CURIEUX. y! les parties solubles. On filtre; on met la pulpe dans un sac de toile de chanvre que l’on soumet à la presse. On jette le résidu. Immédiatement après, on filtre au moyen d’un sac de toile de coton. On laisse reposer un jour. On décante l’eau de dessus et l’on fait sécher le dépôt, que l’on divise au moyen d’un couperet. On racle et l’on Jette la fécule noire qui se trouve en dessous. On met une seconde fois dans le sumasi-oke (ba- quet à laver) avec une grande quantité d’eau, et l’on remue en tournant. Au fur et à mesure que le dépôt se précipite, on retire successivement le fausset des cannelles superpo- sées, en commençant par celles du haut, pour soutirer l’eau de la partie supérieure. Ce lavage est pratiqué deux ou trois fois. Après avoir fait sécher Le précipité, on l’enlève avec une petite truelle; on lPétend dans le sara-si (caisse plate) garni d’une toile saupoudrée de cendre, et l’on fait sécher au soleil. On a alorsle Kai Kudzu (Kudzu cendré, Kudzu gris), et, pour rendre cette fécule parfaitement blanche, on en met dans ur baquet la proportion convenable et l’on agite cireulairement dans l’eau comme précédemment. On filtre au moyen d’un sac à trame serrée; on laisse reposer un jour, au bout duquel on décante; on change une troisième fois l’eau, on laisse se précipiter le dépôt, et, en répétant cette opération sept ou huit fois, on enlève toutes les parties solubles. Quand la fécule est sèche, on la met dans un sara-si tendu de papier épais, et, en la mettant tous les jours à sécher au soleil, elle forme des grumeaux parfaitement blanes, et l’on a alors le Xudzu ko (fécule de Kudzu). » En 1879, nous avons semé, contre un mur exposé au midi, des graines que nous avions reçues de M. le docteur Hénon. Elles ont donné des tiges vigoureuses qui atteignaient bientôt le chaperon du mur. Elles n’ont pas fleuri, et, l'hiver venu, elles ont été gelées. La souche n’a pas souffert. En 1880, les tiges ont été plus fortes que celles que le semis avait produites, el 30 degrés de froid n’ont gelé que les par- ties qui excédaient en hauteur 1",50. Les parties inférieures, 576 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. devenues ligneuses, ont donc résisté au grand hiver; elles n'avaient pas fleuri. En 1881, les tiges, dans toute leur hauteur, ont bien passé l'hiver. La plante n’a pas fleuri. Nous avons donc constaté chez le Kudzu une rusticité rela- tive, une végétation luxuriante, mais en même temps, sous le climat de Paris, une complète stérilité, qui ne permet pas de multiplier la plante par des semis. Au Muséum, où il existe quelques pieds de Kudzu, les plantes ont, comme les nôtres, résisté aux hivers; il est vrai qu’elles sont placées dans la partie du jardin qu'on appelle les couches, c’est-à-dire dans le lieu ie mieux abrité. Elles n’ont pas fleuri. On a essayé de faire des boutures; on a échoué. Le couchage des tiges a donné an meilleur résultat; on a obtenu par ce procédé un ou deux pieds nouveaux. De notre côté, nous avons obtenu un premier pied par le même moyen; puis, la plante mère ayant acquis une vigueur et un développement extraordinaires, nous avons pu coucher une vingtaine de tiges qui nous ont donné autant de pieds nouveaux. La multiplication est donc facile et illimitée. Ce point est capital, la plante ne donnant pas de graines sous je climat de Paris. On a vu que la tige du Xudzu fournit une précieuse fécule, et que ses feuilles sont recherchées par le bétail; mais le Pueraria Thunbergiana est d’abord et avant tout une plante textile. Il ne semble pas cependant qu’au Japon il soit cultivé pour ses fibres aussi généralement qu’en Chine. Récemment ques- tionné par nous à ce sujet, M. le docteur Hénon nous a écrit le 29 juillet 1883 : « Si je ne vous ai pas parlé des usages du Kudzu comme plante textile, c’est que je n’en ai jamais vu faire cet emploi. Dans la partie du Japon que j’habitais, le Kudzu croît partout dans les taillis; 1l y végète avec une crande puissance, pousse des tiges de 8 à 10 mètres de long, fleurit très abondamment, et se couvre de gousses, lesquelles, à la vérité, contiennent peu de graines. Il n’est pas cultivé; mais, en hiver, les pauvres gens en arrachent, non sans LE POTAGER D'UN CURIEUX. 577 peine, les racines, et l’on en fabrique un amidon excellent. L’empois obtenu par cet amidon est bien meilleur, plus résistant, sans être cassant, que celui du riz ou du blé. On se sert quelquefois de cet amidon comme fécule alimentaire et on le fait entrer dans des gâteaux. » La culture du Xudzu se pratique donc à deux fins : d’une part, on extrait de ses racines une excellente fécule, et, d’autre part, 1l fournit la matière d’une fabrication de tissus dont M. Eugène Simon, ancien consul de France, nous signalait, il y a quelques années, l’importance industrielle. Les tiges du Pueraria Thunbergiana émettent des jets si longs, si nombreux, si fibreux, qu’on re peut douter du profit qu’on en tirerait si la plante était naturalisée ou cultivée en France. Nous croyons à l'exactitude des renseignements qui présentent sa toile comme remarquablement belle. On devrait, ce nous semble, faire venir des pays d’origine des graines de Xudzu ou Ko. Il est assez rustique pour qu’on puisse le cultiver partout en le laissant ramper sur le sol. Il serait en effet impossible de fournir des supports assez éle- vés à une plante dont les tiges atteignent 8 à 10 mètres de longueur. Il faut donc la laisser ramper, comme le font d’ail- leurs les Chinois et les Japonais. Dans une lettre, en date du 16 août 1883, M. le comte de Castillon nous disait : « Dans le San kaï mei San dzu ye, le Kudzu est figuré à l’état de plante rampante sur le sol, et le dessin représente les paysans japonais en opérant l’extrac- tion. Il n’est donc pas nécessaire de le faire grimper. » La culture du Æudzu ou Ko se ferait par conséquent en laissant ses tiges s’étendre sur le champ, et ses souches don- neraient, pendant un temps indéterminé, d’abondantes ré- coltes obtenues à peu de frais. Une plante vivace, textile et extraordinairement produc- tive mérite une expérimentation sérieuse et décisive. Quant à nous, nous avons cru pouvoir nous autoriser de ses pro- priétés alimentaires pour en parler aussi longuement que nous venons de le faire. SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Qr | ®_+) LA TOILE DE KUDZU. Notice traduite pour la première fois du japonais par M. le comte de Castillon (voy. les Mémoires de la Société des études japonaises, 1878-1879). Avant-propos. Le-Kudzu (Pueraria Thunbergiana) estune plante aïimen- taire et industrielle d’une très grande valeur. Elle est en outre ornementale, et la fougue de sa croissance, jointe à l'ampleur de son feuillage, la rend très propre à tapisser les murs et les berceaux. Elle possède aussi des propriétés mé- dicales qui mériteraient d’être sérieusement étudiées. Ses ra- cines, ses fleurs et ses gousses sont employées comme remède en Chine et au Japon. Dans ce dernier pays, on utilise ses feuilles comme fourrage, etses rameaux longs, minces et très résistants, y servent de ficelle. La fécule que fournissent en abondance ses longues et vo- lumineuses racines, qui peuvent atteindre une longueur de 3 mètres sur un diamètre de 0,10 à 0,19, est d’une qualité tout à fait hors ligne. Sa finesse, sa blancheur éclatante, sa saveur agréable, lui assurent le premier rang parmi les ali- ments de ce genre. M. le D' Filhol, le savant chimiste tou- lousain (1), a reconnu à cette racine un pouvoir nutritif égal à celui de la Pomme de terre. Le seul pied de cette plante qui existe, croyons-nous, en Europe, a été introduit par nous, 1l y a trois ans et demi, au printemps de 1875 (voy. les Annales de la Société d'horti- culture de la Haute-Garonne, 1875). Tout fait présumer que ce végétal si précieux s’accommodera parfaitement de notre climat. Ajoutons qu’il ne demande aucun soin de culture. Enfin, sa tige grimpante fournit une toile douée de pro- priétés particulières, mais fabriquée par des procédés que notre industrie trouvera vraisemblablement moyen de sim- plifier. C’est ce dont on pourra juger après avoir entendu l’auteur japonais auquel nous laissons la parole : (1) La science porte son deuil récent, 1883. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 579 « Le Kudzu (Pueraria Thunbergiana), plante vivace de la famille des Lécumineuses, ressemble beaucoup au Fudzi mame (Dolichos cul- tratus Thunb.) et à l’Ingen-mame (Phaseolus vulgaris L.); mais sa tige etses feuilles sont garnies de poils ; sa tige sarmenteuse est extraor- dinairement vigoureuse ; ses graines ne sont pas comestibles. » Cette plante croît à l’état spontané dans les diverses provinces sur les montagnes ou dans les friches, suivant les lieux. Partout on prépare avec ses racines une fécule nommée Kudzu ko et en outre, au relais du poste de Kake gava, dans le Yen siu (province de Totoïini), on retire de sa tige un fil avec lequel on tisse une toile de la plus grande réputation. Ce Kudzu provient des montagnes et des friches du village de Kura-ma, au nord-est du relais de poste dont nous venons de parler, des localités nommées Matsu-ba et Oho-zawa et du village de Tomi-da situé au sud de Naka-yama, de Koya, etc. On regarde plus spécialement comme étant de qualité supérieure celui qui croît sur les montagnes du village de Musi-bu, qui fait face au côté nord de Mari-matsi, dans le district de Sudzi, et sur celles du village de No-be. » Si maintenant nous recherchons depuis combien de temps on a com- mencé à exploiter le Kudzu, bien que ce point ne soit pas encore élu- cidé, comme nous possédons une chanson composée par son Exc. Ta- meai (1) sur la toile de Kudzu de ce lieu, il y a aujourd’hui quelque chose comme plus de 680 ans que l’on doit fabriquer cette étoffe. » Nous allons maintenant décrire d’une façon générale la fabrication de ce tissu. Quant à la fécule de Kudzu, il en sera traité à part, lorsque nous parlerons de ce genre d'aliments. » Quoique les tiges de Kudzu se trouvent, lorsque arrive l’automne, avoir atteint une longueur qui varie de 2 à 3 zyau (3 à 9 mètres) et au delà, il faut, pour la fabrication du fil, les couper pendant un laps de temps de cinquante jours environ à partir de la première quinzaine du cinquième mois (5-21 juin). Leur longueur, qui à ce moment n’est que de 7 syaku (2",10), atteint au milieu de cette période 9 syaku (2,70), pour arriver dans les derniers jours à { et 2 zyau (3 à 6 mètres). Mais, comme les 3 ou 4 syaku (0,90 à 1,20) au-dessus des racines sont de mauvaise qualité, il faut les laisser, ce qui réduit la longueur exploitée de 3-4 à 6-7 syaku environ (0",90-1m,20 à 1m,80-2m 10). » I] faut (car les tiges, une fois coupées, redoutent d’être laissées dans cet état), et le jour même de cette opération, les plonger dans une chau- dière pleine d’eau bouillante. On les y agite dans tous les sens pendant un temps très court (2 secondes 1/2, 5 de nos secondes européennes). On les remet dans l’eau après les avoir ainsi remuées et on les y laisse pen- dant le même nombre de secondes, puis on les en retire. » On les met ensuite à tremper dans une eau courante où on les laisse un jour et une nuit. On étend sur le sol un paillasson sur lequel on les (1) Tame-aï, poète, noble de la cour de Kyau-to, au xu° siècle. 80 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. entasse ; on en étend un autre par-dessus comme couverture et on Îles laisse ainsi enveloppées pendant deux jours et deux nuits, et, lorsqu'on les découvre, les tiges en pleine fermentation laissent exhaler des va- peurs; on les arrose, ce qui met fin à cette fermentation. C'est ce qu’on appelle naha midzu (eau du milieu, deuxième eau). On replace les paillassons comme précédemment, et les tiges restent dans cet état un jour et une nuit. » On les met ensuite à tremper dans une eau courante peu profonde, où on les foule avecles pieds; puis on enlève les écorces et l’onjette le cœur de la tige. On égalise la longueur des bandes d’écorce, que lon met par paquets de trente, puis, prenant deux de ces bandes à la fois d’une seule main, on les introduit entre les branches d’une petite fourche longue de 2 tan (0w,06), que l’on tient de l’autre. » On les racle dans l’eau à plusieurs reprises, et, lorsqu'elles sont deve- nues blanches, on les suspend à une perche horizontale de bambou pour les faire sécher au soleil. Avant que la dessiccation soit complète, on les enlève, et, en les secouant vivement, les fibres de l’écorce se séparent par leur frottement réciproque, et l’on obtient ainsi la filasse qu'on laisse ensuite sécher complètement avant de la convertir en Kudzu wo (fil de Kudzu). » Pour faire celui-ci, on choisit ce qu'il y a de meiïlleur parmi les brins de la filasse ; avec le pouce et l'index on les divise par déchirement aussi finement que possible ; puis on les ajoute hout à bout en les nouant solidement. On coupe ras avec des ciseaux les extrémités des fils qui dépassent les nœuds. On donne aux fils dont on a ainsi tondu les nœuds le nom de tsuguri. On les enroule dans le w0-oke (boîte à fil, de forme ronde et dont le fond est à elaire-voie), et, ayant mis celle-ci dans un panier de même forme, on plonge le tout dans l’eau; on retire immédia- tement et l’on secoue pour faire égoutter. » Ensuite, en entrelaçant les fils en forme de 8 autour du pouce et du petit doigt (littéralement : comme dans le jeu que les enfants appellent aya, berceau du chat), on en forme de petits écheveaux, et ils sont prêts à servir pour la trame. Comme c’est jà leur seul usage, il faut néces- sairement employer pour la chaine des fils de soie, de chanvre ou de coton. » Le métier à tisser ne diffère en rien du métier ordinaire; seulement on mouille avec de l’eau ce fil de trame avant de le mettre dans la na- vette, et, lorsqu'il passe devant le peigne, on en soulève les nœuds, que l’on tond avec des ciseaux quand le tissage est terminé. Le tissu est alors rincé à l’eau propre, séché, puis mouillé de nouveau; on l’enroule sur le maki-ginuta (cylindre à foulonner), et on le frappe lentement à petits coups, ce qui donne du brillant à l’étoffe, que l’on teint ensuite de diverses nuances, après quoi on la tend au moven du séisi(1), et l’on passe à (1) Instrument de teinturerie destiné à faire disparaître les plis d'une LE POTAGER D'UN CURIEUX. 581 l’envers avec une brosse à colle une couche de nori, apprêt composé de 10 momme (371,50) de Kudzu ko (fécule de Kudzu) et de 400 me (1kil,500) d’eau, et alors la toile de Kudzu est terminée. » Cette étoffe ne se ramollit point sous l’action de l’eau, et, comme une fois mouillée elle sèche rapidement, on l'emploie pour les Æappa (1), les hakama (2), etc. Les pièces étant tissées en grande largeur servent en outre pour l’entoilage des fusuma (3), et cette fabrication a pris de nos jours un grand développement. È » Le premier fabricant de fil de Kudzu au relais de poste de Kake gava est Sudzuki gen pe. Les principaux fabricants de cette étoffe au même lieu sont Naru hira Kiu meï, Satô Kuni yosi, Matsu moto yosi naga, etc. La principale maison pour la toile de Kudzu est celle de Hyo-do, au village de Taka-mura. » On fabrique, année commune, dans les lieux dont nous avons parlé, et par quantités égales dans les trois sortes, supérieure, moyenne et in- férieure, un total de 60000 tan (le tan vaut 8",50) de cette toile (500 000 mètres), d’une valeur en or de 49,200 yen (263,809,65) .» re impériale, mei dzi, 5° année. Hiver. Maranta arundinacé. — Herbe à la flèche. MARANTA ARUNDINACEA L., Redout. Liliac., 1, tab. 57; Bot. Mag., tab. 2307. Maranta indica, Tussac, Flore des Antilles, I, tab. 26. Fam. des Cannacées. Souche produisant des drageons souterrains, charnus, cy- lindriques, écailleux, longs d'environ 1 pied sur 12 à 18 lignes de diamètre. Tiges hautes d'environ 3 pieds. Feuilles glabres, ovales-lancéolées, pétiole engainant. Panicule lâche ; fleurs blanches. étoffe ; il se compose de plusieurs arcs de bambou élastique qui maintiennent l’étoffe bien tendue dans sa largeur. Cet instrument se nomme aussi mogari (voleur). Le bambou généralement employé pour cet usage est le Ma-daké (B. Quilioi), ce qui lui a valu le synonyme de mogari take. (1) Manteau pour la pluie; un des rares mots que les Japonais ont empruntés à la langue portugaise. (2) Espèces de pantalons très amples. (3) On désigne sous ce nom les portes à coulisse qui séparent les appartements japonais; elles sont ordinairement tapissées de papier des deux côtés et aussi de toile, et notamment de toile de Xudzu, plus large que la toile ordinaire. 02 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Cette espèce, au témoignage de M. de Tussac, a été intro- duite de l’Inde aux Antilles, où on la cultive en grand comme plante alimentaire. C’est de ses drageons charnus qu’on ex- trait la fécule connue sous le nom d’arrow-root. Ces drageons se mangent aussi en nature, soit bouillis, soit préparés de diverses manières. La fécule arrow-root du Maranta arundinacea est nommée aussi : À. de la Jamaïque, A. des Antilles, A. des Bermudes, A. de Saint-Vincent. Ge produit féculent nous arrive princi- palement de l'Amérique; il est également l’objet d’une cul- ture importante dans l’Inde et dans certaines parties de Afrique, notamment à l’île Bourbon ou de la Réunion. Il tire son nom de l’usage qu’en faisaientles indigènes pour ouérir les blessures produites par les flèches. Le M. arundinacea est le Toulola des Caraïbes. Il est cul- tivé aux Antilles, à la Jamaïque, dans l'Amérique du Sud, où il est appelé Anvert, à la Guadeloupe, à la Réunion, à la Guyane et dans les Indes. La fécule que contient son rhizome est désignée sous le nom de arrow-root des Indes occiden- tales. Cette fécule y existe dans la proportion de 22 pour 100. Le Maranta présente deux variétés au Brésil et à la Jamaï- que, l’une qui porte le nom d’Anvert blanc et l’autre celui d’Anvert rouge : ce dernier est moins estimé. Au Brésil, la variété à racine allongée est plus estimée dans la province de Para que la variété à rhizomes arrondis. A la Guyane, les Caraïbes mangent sa racine après l'avoir fait cuire sous la cendre. Ces rhizomes sont âcres et rubé- fiants, mais la cuisson les rend comestibles. Les Maranta demandent un sol profond et toujours frais, sans être humide. On les multiplie à l’aide de leurs racines rampantes et vivaces. Les tronçons doivent être plantés sur des terrains divisés et défoncés. On les espace les uns des autres de 1 mètre à 1",20. Ces plantes pendant leur croissance n’exigent que des bi- nages ; on arrache leurs rhizomes à la fin de la première ou de la seconde année. Un hectare donne en moyenne 900 à 600 kilogrammes LE POTAGER D'UN CURIEUX. D89 d'arrow-root et 1500 à 2000 kilogrammes de couac ou résidu pulpeux. L’arrow-root est un aliment nutritif et léger. [l convient spécialement aux personnes délicates et aux enfants. A Cuba, la fécule de WMaranta sert à faire d’excellentes crèmes qui se conservent longtemps dans les bouteilles. En Angleterre, chaque année, on consomme de grandes quantités d’arrow root importées de Ceylan, de l'Hindoustan, des Antilles, des îles Bermudes, du Nicaragua et de la Méla- nésie. Le couac, ou farine grossière, est utilisé dans l'alimentation des animaux domestiques. On lit dans le Botanical Magazine (loc. cit.) : « Le Maranta arundinacea est une plante d’un intérêt considérable, fournissant pour la table un aliment distingué, vendu sous le nom de arrow-root de l'Inde, extrait de ses ra- cines, non, comme on l’a dit, en les faisant sécher et en les broyant, mais en les faisant macérer dans l’eau de la même manière qu’on extrait l’amidon du blé, de la pomme de terre et d’autres substances farinacées. » Dans ces dernières années, l’amidon de Maranta a été importé en grande quantité des Indes occidentales en Angle- terre, et recommandé comme aliment pour les jeunes enfants et comme nourriture légère des malades. » La plante est originaire de l'Amérique du Sud et cultivée dans toutes les îles des Indes occidentales. Elle doit, chez nous, être tenue en terre, où elle donne en juillet et août ses fleurs, qui passent très vite. » Zntroduile par le D' William Houston, avant 1732, — Communiqué par l’honor. et Rév. William Herbert. Nous avons tenté sans succès la culture du Maranta arun- dinacea. Elle n’est pas possible sous le climat de Paris. D84 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Margose à piquants. Pandipane, Gatole, Caïqua du Pérou, Momordique à feuilles de vigne, Momordique Papareh, Papareh Herva, Melon de San-Gaëtano. MomorpicA CHARANTIA L., Spec. ed. 1, p. 1009 ; DC. Prodr. I, p. 311; Naud., Ann. sc. nat., sér. 4, vol. XII, p. 151; Revue hort., 1859, p. 629, fig. 134 et 155; Flore des serres, X, p. 193, tab. 1047; the Garden, XI, p. 161; Cogniaux, CucurBiT., Monogr. Phanerogam., vol. IT, p. 436. M. Balsamina Descourt., F1. des Antilles, UT, p. 62, tab. 164. — M. oper- culata Well., F1. flum., 10, tab. 92 (non Linné). — Cucumis africa- nus Lindl., Botanicul Register, XI, tab. 980 (non Linné). — Momor- dica jagorana G. Koch, Belgique horticole, XE, p. 92. Fam. des Cucurbitacées. Plante originaire de l’Asie et de l'Afrique, naturalisée dans les régions tropicales des deux mondes, annuelle ; à tiges crêles, grimpantes, rameuses, poilues, munies de vrilles ordi- nairement simples, pouvant atteindre 2 mètres de hauteur. Feuilles alternes, profondément 5-7-lobées, d’un vert foncé en dessus, pâle en dessous, quelquefois presque glabres, excepté aux nervures, plus souvent pubescentes aux deux faces; lobes ovales-aigus, dentés. Fleurs jaunâtres, monoïques, portées par des pédoncules aussi longs, défléchis ; pédoncules des fleurs mâles portant une bractée cordiforme, entière, in- sérée vers leur milieu ou à la base; pédoncules des fleurs femelles pendants après l’anthèse. Fleurs mâles groupées ou solitaires, plus grandes que les femelles; calice à cinq divi- sions moitié plus courtes que celles de la corolle. Fleurs fe- melles solitaires, à pédicelle un peu plus court, assez grandes, d’un jaune pâle. Fruit pendant, oblong, long de 3 à 5 pouces, aminci aux deux extrémités, obscurément trigone, couvert de tubercules disposés en lignes régulières ou crêtes entre lesquelles se trouvent d’autres lignes de dents plus petites et de dimensions inégales. Ce fruit, qui d’abord est vert, devient d’un beau jaune orangé à la maturité. Son écorce, épaisse el charnue, se déchire en trois lambeaux irréguliers sur lesquels LE POTAGER D'UN CURIEUX. 585 adhèrent les graines enveloppées d’une tunique pulpeuse qui est d’une teinte sanguine éclatante. Les graines sont plates, échancrées en écusson aux deux bouts, couvertes sur leurs deux faces d’un dessin en relief d’une chinoiserie parfaite C’est cette structure de la graine, qui parait comme rongée et mordue, qui a fait donner au genre le nom de Momordicu. Petite Marsgose à piquants. MomorpDiCA CHARANTIA L. var. abbreviata, Ser.in DC. Prodr., WU, p.314. M. zeylanica Miller, Dict. des jardiniers, n° 3. M. senegalensis Lamk, Encyclop. méth., IN, p. 239. M. muricata Willd., Spec. IV, p. 602; Belgique hort., XE, p. 95. M. Roæburghiana Don, Gen. syst. Gard., HE, p. 55. M. Charantia var. minor Naudin, Ann. sc. nat. M. Charantia var. muricata Griseb., F1. Brit. W. ind. Isl., p. 287. Cette plante n’est qu'une simple variété de la précédente, dont elle ne diffère que parce qu’elle est un peu plus petite dans toutes ses parties. Elle est originaire des mêmes con- trées. Le M. Charantia est une plante potagère cultivée sous di- vers noms en Chine, en Cochinchine, au Malabar, au Pérou, à Maurice, à la Réunion, etc. Elle est connue à la Réunion sous le nom de Murgose, et l’on y cultive principalement la variété, de petit volume, nommée par M. Naudin M. Charantia var. minor. Sa culture est celle du Melon de châssis, la taille exceptée ; et cependant, lorsqu'un très grand nombre de fruits sont formés, il convient de pincer, de couper une partie des feuilles pour aérer la plante, et modérer les arrosements pour éviter la pour- riture. La végétation de la Margose est très active, et sa fructifica- tion, jusqu’à la fin de la saison, est d'autant plus abondante qu'on ne laisse jamais les fruits mürir et qu’on les emploie à l'état vert. On peut, à la rigueur, après avoir fait lever les graines sous châssis, mettre le plant en place, à l’air libre, vers le 4° SÉRIE, T. |. — Juillet 1884. 38 80 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. 1° juin, près d’un mur exposé au midi; mais les fruits qu’on obtient sont souvent courts et difformes. Nous ne pouvons pas conseiller la culture en plein air sous le climat de Paris. On cultive quelquefois en France le M. Charantia comme plante curieuse. Ses fruits bien mürs sont d’un beau jaune orange, s'ouvrent d'eux-mêmes, et laissent voir des rangées de graines enveloppées d’une pulpe rouge-cerise très appé- tissante. C’est, sans contredit, un admirable plat de dessert, et l’on suce volontiers ces graines; malheureusement la pulpe qui les couvre est peu abondante et de saveur nulle. L'usage que l’on fait des Margoses dans les pays chauds est tout autre et beaucoup plus intéressant. Nous ne savons pas corument on les prépare pour la table en Chine,au Pérou, etc., mais nous devons à l’obligeance de M. Edouard Wilmann, membre de la Société des botanistes français, des renseigne- ments précis sur l’usage qu'on en fait à la Réunion: « Ge fruit, qui atteint une longueur moyenne de 0",7 à 0",10, se cueïlle et s'emploie toujours avant maturité. Mür, 1l ne vaut rien au point de vue culinaire. Quelques-uns l’aiment tout tendre, d’autres Le préfèrent lorsqu'il a déjà quelque con- sistance ; 1l est en tout cas excellent jusqu’à la maturité. Pour la table, on le prépare : » En achards: 1] suffit de retirer les graines et de mettre le fruit, fendu en deux sur la longueur, dans la sauce préparée à cet effet : vinaigre, huile d'olive, gingembre, ail, piment, sel, etc. On y ajoute ordinairement : concombre, choux, carottes, mangues, etc. » En rougaille : On coupe par rouelles, toujours après avoir éliminé les graines, et l’on assaisonne avec jus de citron, piment, gingembre, etc. » En cari : On fait cuire le fruit, partagé en deux, avec du larà frais. ou salé, du poisson frais ou salé; avec ou sans la poudre de cari, mais avec les condiments ordinaires de la cuisine créole. » Nous devons dire que nous avons tenté sans succès d'introduire dans nos Pickles les fruits de la petite Margose à piquants. Leur extrême amertume les rend impropres à cet usage. LE POTAGER D'UN CURIEUX. Qt (o'2} =] Marsose. Pomme de merveille. MomorpicA BALSAMINA Lin., Spec., edit. 1, p. 1009; Lamk, Encycl. méth., IV, p. 237, tab. 794, fig. 1; Dict. sc. nat., tab. 208, 209; Revue hort., 1857, p. 180, fig. 75 ; Naudin, in Ann. sc. nat., sér. 4, vol. XIT, p. 132; série 5, vol. V, p. 20 ; Cogniaux, Cucurs., Mono- graphiæ Phanerog., vol. HE, p. 237. M. vulgaris Tournef., Inst., p. 103, tab. 29. Cucumis agrestis Miller, Dict. des jardin. Neurosperma cuspidata Raf., Journ. phys., 1819, p. 101. — Momor- dica Charantia Descourt., FI. des Antilles, VIII, p. 995, tab. 594. Fam. des Cucurbitacées. Cette espèce diffère du HW. Charantia par ses feuilles, qui sont glabres et d’un vert luisant; par la bractée des fleurs mâles, qui est dentée et insérée au sommet des pédoncules. La plante entière est plus petite dans toutes ses parties. Le fruit est ovale-arrondi, et ne dépasse jamais la grosseur d’un œuf de pigeon. « Les fruits du Womordica ont des propriétés balsamiques et vulnéraires, qui leur valurent une réputation d’autant plus grande, qu’ils venaient de l’Inde, pays des jongleurs et des miracles. » Ils sont, à la rigueur, comestibles comme les concom- bres. » (Dict. se. nat., t. V, p. 387.) Nous n’avons pas de renseignements sur l’usage de la Pomme de merveille, considérée comme plante potagère. Elle pourrait sans doute être employée aux mêmes usages que les autres Margoses. D88 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Melon Dudaïm. Melon de la reine Anne, Melon des Canaries, Melon de senteur, Citrouille odorante, Pomme de Brahma. Cucumis MELO var. L. Dupaim Ndn. (Melo rotundus parvus G. Bauhin, C. Dudaim L.,C.sativus Schemmam Forsk., C. pictus Jacq., C. peda- tifidus et C. Reginæ Schrad., C. Schraderianus Rœm., C. odoratis- simus Mœnch). Vélins du Muséum, t. LXI, tab. 24, 95, 26, 28; Morr., Belgq. hort., t. IL, p. 205. Fam. des Cucurbitacées. «Les Dudaïims, si l’on s’entient à la forme type, constituent une des races les mieux caractérisées et les plus stables dans l'espèce du Melon; mais, comme ils se croisent facilement avec toutes les autres, ils ne tardent pas à dégénérer et à perdre leur caractère lorsqu'on les cultive quelques années de suite dans leur voisinage. On voit alors naître des métis qui, par leurs variations de forme, de taille et de couleur, rappellent toutes les modifications qu’on observe dans les autres Melons comestibles. » Le tvpe de cette variété a le fruit sphérique, lésèrement déprimé d’avant en arrière, jaune orangé plus ou moins vif à la maturité, avec des macules ou bariolures longitudinales d’un rouge terne, exhalant une odeur de Melon extrêmement prononcée. Gelte odeur est quelquefois si forte, que certaines personnes se lrouvent incommodées de la présence d’un ou deux fruits de cette variété dans un appartement. Sa taille varie du volume d’un petit abricot à celui d’une orange. Il se détache du pédoncule dès les premiers symptômes de matu- rité. La chair en est peu épaisse, d’un blanc jaunätre ou lé- cèrement rosée, faiblement sucrée et laissant toujours un arrière-goût qui suffit pour le rendre immangeable. » Cet arrière-goût se retrouve dans tous les métis que le Dudaim produit avec les autres Melons, quelque excellente que soit la variété. On devra donc l’éloigner des melonnières LE POTAGER D'UN CURIEUX. 589 quand on tiendra à conserver aux bonnes races les qualités qui les distinguent. » Le Dudaïim bien franc mérite, pour la gentillesse de ses fruits, qui peuvent servir à orner les desserts, de trouver place dans quelque coin écarté du jardin, mais il ne saurait jamais être pour nous qu'un objet de simple agrément ou de curiosité. » Probablement, à cause de son arome si développé, le Du- daim est en grand honneur dans la plupart des pays musul- mans. [l abonde en Perse, en Égypte et dans tout le nord de l'Afrique. Je l’ai même vu vendre sur les marchés de PAI- série. Les Espagnols l’ont depuis longtemps porté dans leurs colonies d'Amérique, où ils lui donnent le nom de Melonsilo de olor, ainsi que nous l’apprennent Gilii et Xuares. On en trouve d’assez bonnes figures dans divers auteurs. » (Naudin, Espèces el variétés du genre Gucumis, Ann. des sciences na- turelles.) Nous venons de cultiver pour la seconde fois un Melon dont les graines ont été envoyées de Pékin, sans observation particulière, par M. le docteur E. Bretschneider. Le docteur les avait antérieurement adressées à M. Decaisne, qui les avait considérées comme appartenant au Cucumis Dudaïm. Nous avons récolté des fruits de la forme et du volume d’une grosse orange, à écorce lisse, zébrée de dix raies d’un vert foncé tranchant sur un fond jaune orange et descendant du pédoncule à Pombilic. Hauteur du fruit, environ 0",8 ; largeur des raies variant de 0",1 et 0,11/2 à 0",2; poids moyen, 310 grammes. Le petit volume du fruit le ferait ranger parmi ces Melons portatifs auxquels on a donné le nom de Melon de poche ou Melon chasseur, s’il pouvait avoir le même emploi; mais il manque. de sucre et ne peut être mangé qu’au dessert. En Chine, il est bon, sucré et parfumé. M. Naudin reconnaît qu’au dessert il peut faire l’ornement de la table. [l nous apprend qu'il est en grand honneur dans la plupart des pays musulmans; qu’il abonde en Perse, en Égypte, dans tout le nord de l'Afrique; qu’il l’a trouvé sur 590 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. les marchés d'Algérie; qu’il existe depuis longtemps dans les colonies espagnoles d'Amérique. Il n’est donc pas immangeable. Sa chair est blanche, juteuse, parfumée, lorsqu'il est très mûr. Nous proposons d’en faire l’usage que voici : Pour une table de vingt couverts, on étagera en pyramide ou l’on dis- posera dans une corbeille douze à quinze fruits, qui forme- ront un très beau plat de milieu et qui charmeront les regards des convives. Au dessert, le maître d'hôtel enlèvera le plat, coupera les fruits en deux, remplacera rapidement les graines par du sucre en poudre et servira à chaque personne un demi-fruit en forme de coupe, qui sera mangé à la cuillère comme une glace. Ce dessert sera bon el très élégant; nous nous en som- mes assurés. Un de nos correspondants nous confirme dans celte appré- ciation. Il nous écrit de Setubal (Portugal) : « Hier, je mis la main sur un Melon zébré de Chine, que j'avais exposé depuis quinze jours sur une étagère; il était devenu à peu près tout jaune, même dans sa partie verte, qui avait pris cette teinte : il était à point pour ce que j'en voulais faire. Je le partageaï, J'y goûtai et je lui trouvai un semblant de goût d’ananas. Je mangeai ainsi une moitié, tout en me disant qu'on pourrait bien en faire autre chose. Poursuivant l’expérience, je vidai de ses graines l’autre moitié, et dans ce vide je mis du sucre, puis d’un vin de hqueur très bon, qu’on appelle icr bastardo. Je laissai infuser un quart'd’heure, puis, avec une cuillère à café, j’entamai comme on fait d’une glace, et la pâte y res- semblait fort. Ce fut délicieux. Je me dis alors qu’on pourrait glacer ces moïtiés de melon ainsi préparés de diverses facons. » Je vous livre mon essai; c’est par ces moyens tout de hasard qu’on arrive aux découvertes. Je suis un converti, et je me hâte de vous le confesser. Ne füt-ce que pour manger ainsi ce petit melon, je le cultiverai ». Le C. Dudaim ne produit que douze à quinze fruits par panneau; son prix serait toujours assez élevé. Nous recon- LE POTAGER D'UN CURIEUX. 991 naissons qu'aux environs de Paris il ne pourra être fructueu- sement cultivé, et qu’il demeurera ce qu’il a été jusqu'ici, une plante d’amateur. Melon blanc du Japon. SHIRO URI. Cucumis Melo L., var. Fam. des Cucurbitacées. Pour toute description, nous dirons que ce Melonressemble, à s’y méprendre, au gros Concombre blanc de Paris. Nous le cultivons depuis plusieurs années sous châssis. Nous ne le taillons pas, de peur de le déformer en le grossis- sant. En effet, sa forme se prête parfaitement à l'usage que nous en faisons. Nous le cueillons bien mûr ; il est alors agréablement par- fumé. Il manque malheureusement de sucre, comme tous les Melons que nous avons reçus de la Chine et du Japon; mais, coupé en rondelles minces, plongé dans la pâte de beignets, frit par une main exercée et libéralement saupoudré de sucre, il forme un excellent entremets, qui garde un léger goût d’a- nanas et est fort bien accueilli par tout le monde. Cet emploi du Shiro uri n’est pas le seul qu'on en puisse faire. En 1879, à l'exposition d’horticulture de Brie-Comte- Robert, le jardinier Veniat présentait ce Melon qu'il eultivait depuis deux ans sous châssis, de la même manière que le Can- taloup, la taille exceptée, et, dans une note relative à cette présentation et publiée par le Journal de la Société centrale d'horticulture, nous disions : «Chaque pied donne en moyenne quatre fruits, dont la forme et la couleur sont celles des Con- combres blancs de Paris. Le Shiro wri est un péu plus gros cependant. Sa peau est mince; ses graines tiennent peu de place, il est tout en chair. Cette chair manque de sucre; ce n’est donc pas après le potage qu'il faut manger ce Melon japonais, mais au dessert, 292 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. coupé en rondelles comme l'ananas, avec accompagnement de sucre en poudre. LelShiro uri confit est très bon. Le confiseur Mamoz en a fait, en 1879, un excellent dessert, Plus tard M. Robineau- Boissier en a commandé deux cents fruits à M. Millet, horti- culteur distingué de Bourg-la-Reine, qui les lui a exactement livrés. Le célèbre confiseur en a coupé la chair en dés, l’a confite et nous à gracieusement offert une certaine quantité de cette friandise, qui a été dégustée avec un sensible plaisir par vingt membres de la section des végétaux (Société d’ac- climatation). Nous considérons le Shiro uri comme préférable à la plu- part des Melons de lPextrème Orient. Il peut rendre des ser- vices et être fructueusement cultivé dans le Midi. Comme il exige autant de soins et de frais que les Canta- loups, nous n’espérons pas que sa culture se propage dans les environs de Paris. Melon Belle Angevine. Cucumis Melo L., var. Fam. des Cucurbitacées. Fruits piriformes, de couleur verte pointillée de jaune, marqués de raies longitudinales d’un vert plus foncé que l'écorce. Longueur, 0",15; circonférence au point le plus dé- veloppé, 0",29. Ce Melon, dont les graines ont été envoyées de Chine à M. A. Geoffroy Saint-Hilaire par M. E. Bretschneider, a la forme et la couleur d’une grosse poire. Son écorce est très mince; sa chair est verte, juteuse, fondante et parfumée ; mais il a le défaut de tous ses congénères, il manque de sucre. I] faut donc le cueillir bien mür, le servir au dessert, et ne le manger que largement saupoudré de sucre. Nous ne répéte- rons pas ici ce que nous disons au sujet du Melon chayote. Comme celui-ci, le Melon Belle Angevine est une plante d’a- maleur, inférieure aux variélés que nous cultivons. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 093 Melon charyote. Cucumis Melo L., var. Fam. des Cucurbitacées. Fruit petit, piriforme, à écorce lisse, couleur vert-pomme, divisé en dix côtes à peine indiquées par des lignes d’un vert plus foncé que l'écorce. Longueur, 0,16; circonférence du côté du pédoncule, 0",20; du côté de l’ombilic, 0,27. Poids, 370 grammes. Écorce très mince; chair épaisse, blanche, parfumée, juteuse et très fondante. Ce Melon est l’un des meilleurs que nous ayons reçus de l'extrême Orient. Les graines ont été adressées à M. A. Geof- froy Saint-Hilaire par M. le D' E. Bretschneider, sans mention particulière. Gultivé sous châssis, 1l nous a donné successive- ment une dizaine de fruits, sur lesquels nous ferons con- naître notre opinion. Ces Melons de la Chine et du Japon ont une saveur spéciale, qui ne peut en aucune façon être assimilée à celle des Melons cultivés en Europe. On ne les accepterait pas en France, après le potage, comme les Cantaloups, les Sucrins, etc. On ne peut, selon nous, les manger qu'au dessert. Il faut cueillir le Melon chayote très mûr et ne le manger que lorsqu'il est un peu amolli par la maturité et cède sous la pression du doigt. C’est alors qu’au dessert, après l’avoir pelé comme une poire et coupé en deux ou quatre parties, on le mange, abondamment saupoudré de sucre. Ainsi pré- senté, il paraît bon à beaucoup de personnes; mais on doit le considérer comme un fruit à part, oublier qu’il se nomme Melon, et ne pas vouloir à tout prix, comme on le fait commu- nément, qu’il ressemble à ce que nous possédons déjà. Les Melons d'Orient se prêtent à la confiserie mieux que les nôlres, qui sont aqueux. Malgré tout, sauf peut-être le Shiro uri du Japon, ce sont des plantes d’amateur qui exigent au- tant de soins que les plus beaux Cantaloups. Ils ne seront donc pas généralement cullivés. 194 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. La singularité de leur forme provoquera peut-être des essais d’hybridation. Mélothrie pendante. MELOTHRIA PENDULA L., Pluk., A/m., tab. 85, fig. 5. Fam. des Cucurbitacées. Plante annuelle, grimpante, commune dans la plus grande partie de l'Amérique du Nord, signalée même à la Guyane et au Brésil par les vovageurs qui ont visité ces pays. Elle existe aussi en Chine. M. Fontanier, consul de France à Macao, en a fait parvenir des graines au Muséum. Cette plante atteint trois à quatre pieds de hauteur; ses feuilles sont cordiformes, quinquélobées ou anguleuses, sca- bres. Fleurs fertiles (hermaphrodites), naissant sur des pé- doneules simples plus longs que les feuilles, filiformes, pen- dants. Fleurs mâles en grappes portées sur des pédoncules longs d'environ deux pouces. Denis calicinales subulées. Pétales obovales, profondément échancrés. Fruit vert, glabre, ellipsoïde, en forme d'olive. Sloane dit que les habitants des contrées où croit cette plante font quelquefois mariner ses fruits quand ils sont en- core verts. Nous avons cultivé la Mélothrie pendante avec un succès complet. Nous l'avons semée sur couche et sous châssis, et mise en place à la fin de maï. Dressée sur un trerllage gros- sier, à très larges mailles, elle s’est couverte d’un feuillage abondant et d’une multitude de jolis fruits pointillés de blane, de la couleur, de la forme et du volume d’une olive. Nous avons mis ces fruits dans le vinaigre, comme des cor- nichons ; mais nous ne saurions les recommander pour cet usage. On ne doit faire entrer dans la composilion des pichles que des fruits plus ou moins croquants. Ceux de la Mélothrie sont creux et mous. Ils plaisent par leur jolie forme, leur couleur et leur abondance, mais ils sont sans réelle utilité. La Mélothrie est une plante d’amateur. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 99 Miôga. ZiGiBerR MioG4 Rose. — Amomum Mioga Kæmpfer. Fam. des Zingibéracées. Plante vivace. Rhizomes écailleux qui s'étendent horizon- talement. Tiges aériennes annuelles, hautes de 0",50 à 0",60, simples, revêtues par les gaines des feuilles. Feuilles cauli- naires alternes, distiques, simples, longues d'environ 0",20 et larges de 0",5 à 0",6, lancéolées acuminées, d’un vert clair, à peine pétiolées, ligulées; de la côte médiane du limbe des feuilles partent des nervures latérales. Pédoncule naissant de la souche, s’élevant souterrainement, portant une inflo- rescence ovoide, composée de bractées imbriquées pomtillées de rouge brun, venant épanouir au ras du sol cinq ou six fleurs; calice tubuleux, fendu d’un côté et transparent; corolle à tube court, formée de trois lobes extérieurs, égaux, lancéolés, longs de 0",3 environ; labelle trilobé, obovale, long de 0",02 1/2. Étamine unique à filet portant une anthère latérale à deux loges enveloppant le style. Ovaire infère à trois loges, renfermant plusieurs ovules, surmonté d’un style grèle prolongé au delà de l’anthère en un long bec arqué; stigmate en entonnoir. Fleurit en août-septembre. Le Miôga est originaire du Japon. I à été déerit par Kampfer dans son ouvrage intitulé : Amoœnilulum exolica- UM... fascieuli, p. 826. [ a été recueilli par Thunberg, Siebold, Buerger et Moh- nike (1), près de Nangasaki. Il croit spontanément, mais il est généralement cultivé. Dans le livre intitulé : Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, nous hisons : « Le Miôga est une plante dont on mange les jeunes tiges et les fleurs. Les fibres de ces tiges peuvent servir aussi à faire des cordes. » M. le D' H° nous écrivait Le TE avril 1879: «Je vous en- voie une petite racine d’une espèce de Gingembre, appelée au (1) Thunberg, Flora japonica, p. 24; Miquel, Prolusio flore japonice, p. 30. 596 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Japon Miôga, et par Thunberg Amomum Miôgu. On en mange les inflorescences avant l'épanouissement des fleurs; c’est assez bon. Bien que toutes les Zingibéracées soient considé- rées comme de serre chaude, cette plante passe parfaitement les hivers chez moi depuis trois ans, en pleine terre, plantée à 0",10 de profondeur et recouverte en hiver d’un peu de feuilles sèches. Elle a bien fleuri l’été dernier. Si le morceau que je vous envoie est un peu petit, c’est que je ne l’ai encore guère multipliée. » Le docteur nous écrivait encore le 7 juin de la même année : € Mes pieds de Miôga ont parfaitement passé l'hiver en pleine terre et poussent de tous côtés. Si le trop petit pied que Je vous ai envoyé ne poussait pas, Je pourrais vous en envoyer aulant que vous le désireriez l'hiver prochain. » Nous n'avons pas demandé un second envoi à notre obli- geant correspondant. Le tronçon qu’il nous avait envoyé avait si bien végété, que nous pourrons, au printemps prochain, faire une plantation de 400 pieds. Notre Miôga, on le voit par la date à laquelle nous l’avons reçu, a supporté le grand hiver. Il était, il faut le dire, pro- tégé par une épaisse couverture de neige; mais en 1880-81 et 1881-82, rien ne le défendait contre le froid. Nous sommes donc arrivés sans échec à notre quatrième année de culture. Il n'existe pas, croyons-nous, de plante plus rustique que le Miôga, ni d’une plus rapide mulliplication. Nous ne l'avons vu atteint par aucune maladie, attaqué par aucun insecte. Nous plantons les tronçons de rhizome dans une planche de jardin large de 1,30, sur deux lignes parallèles, distantes de 0",50. Il reste donc un espace de 0",40 entre les lignes et les sentiers, ce qui n'empêche pas les plantes de porter sous ceux-ci leurs tiges et leurs inflorescences. Il ne se montre dans la planche que fort peu de mauvaises herbes, dont un binage ou deux font justice. Arrosage facul- Latif. Il ne faut pas biner après le 81 juillet; on risquerait de couper des turions et des inflorescences. On peut sarcler à la main. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 597 Vers le 15 août commence la récolte. On surveille la plan- tation comme celle de l’Asperge; comme les turions de l’As- perge, on coupe tout près du rhizome, dès que l’inflorescence laisse voir sa pointe aiguë à la surface du sol. Nous n’avons jamais coupé les turions, sauf quelques-uns seulement, pour les déguster, de peur d’amoindrir la multi- plication. On les récolte comme les inflorescences, et nous n'avons pas trouvé de différence appréciable entre la saveur des uns et celle des autres. Nous supposons qu’il faut attendre deux ans avant de ré- colter les turions d’une plantation, et ne les couper qu'au printemps, bien qu’il s’en produise aussi pendant l'automne. On aurait donc régulièrement, ce nous semble, une récolte d’inflorescences d'août à septembre, et une récolte de turions de la fin d'avril à la fin du mois de mai. Il ne serait sans doute pas prudent de prolonger la coupe au delà de ce terme. Nous n’insisterons pas sur la rusticité du Miôga et sur sa rapide multiplication. Nous parlerons de l’usage qu'on peut faire de ses turions et de ses inflorescences. Notre correspondant nous écrivait le 18 août 1880 : «€ Si vous voulez essayer de goûter ces Miôga, 1l faut les laver soi- oneusement pour dler la poussière ou la terre qui pourraient ètre restées entre les bractées; les faire blanchir à l’eau bouil- lante un peu salée, les passer à l’eau froide, puis les faire cuire un instant dans une sauce au Jus, comme des oignons, des poireaux ou des céleris. Cela a un goût très différent de ce que nous sommes habilués à manger; mais, à mon avis du moins, Ce n’est pas Mauvais. » Nous avons dégusté les inflorescences de Midga préparées au gratin comme le macaroni, en couches allernantes de lé- oumes et de Parmesan râpé : c’est assez bon. Nous les avons mangées en salade, après les avoir simplement blanchies à l’eau bouillante. Nous les avons trouvées bonnes. Un léger goût de résine disparait à la deuxième ou troisième bouchée, et la saveur légèrement piquante du légume se marie assez bien avec celle de l'huile. Enfin, nous avons associé, pour faire des pickles, les inflo- 298 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. rescences du Miôga aux Anguries des Antilles, aux bulbes de l’Oignon Catawissa et aux Piments doux d'Espagne. Le résultat nous à pleinement salisfaits, et nous recommandons tout par- ticulièrement cet emploi. Nous espérons qu'on essayera avec un peu de persévérance diverses préparations culinaires; il reste beaucoup à faire. A ceux qui nous demanderont si notre légume ressemble à tel ou tel autre en usage chez nous, nous répondrons : Non; le Miôga n’a le goût ni du chou, ni du cardon, ni de l’artichaut, ni d'aucun de nos légumes. 1l a le goût du Midga. (A suivre.) Il. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU 13 JUIN 1884. Présidence de M. Henri BOULEY, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. —— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. E. Dupin. LHOMER (P. F.), 1, rue Andrieux, à Paris. Lesserteur. Marquis de Selve. ; : à ‘ E. Dupin. GIRERD (Cyprien), ancien député, 11, rue de A lire. Saints-Pères, à Paris. de Roussen. — M. le Président donne lecture de la lettre suivante, qui lui est adressée par M. le Président de la république du Salvador, actueliement à Paris : « Monsieur le Président, » Je viens de recevoir la lettre que vous m'avez fait l’honneur de m'adresser et par laquelle vous voulez bien m'informer que le Conseil de la Société nationale d’acclimatation m’a admis au nombre de ses membres protecteurs. » Je suis fier et reconnaissant, M. le Président, de la haute distinc- tion que je viens de recevoir du Conseil de la savante Société que vous dirigez avec tant d'éclat. » Dès mon retour à mon pays, je m’empresserai de faire parvenir à la Société, qui m'a ouvert ses portes avec tant de générosité, toul ce que je croirai digne des études des savants membres, aujourd’hui mes col- lègues. » Je vous demande en même temps la permission de faire la modeste offrande à la Société d’une somme de cinq cents francs. » Veuillez agréer, etc. » — M. Edward Earll, secrétaire de la Société américaine de pisciculture (American Fisheries Society), annonce que cette Société a, dans la ses- sion tenue à Washington, au mois de mai dernier, élu M. Raveret- Wattel au nombre de ses membres correspondants. — M. Arbillot, instituteur à Chalindrey (Haute-Marne), adresse un compte rendu de ses observations concernant les brouillards de mars et les gelées de mai. — En adressant des remerciements au sujet de la récompense qui 600 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. vient de lui être décernée, M, le colonel Marshall Mac Donald, membre de la Commission des pêcheries des Etats-Unis, fait connaître qu'il doit se rendre prochainement en Europe, et qu’en allant à Arcachon pour s’occuper d'études relatives à l’industrie ostréicole, il compte passer par Paris, où il sera heureux de se rencontrer avec quelques-uns des membres de la Société d’acclimatation. L — M. Gustave Conte, de Sainte-Lucie d’Aussou (Aude), écrit à M. le Secrétaire général : « Dans la Chronique du 5 mai, M. Dautreville met à la disposition des membres de la Société de la poudre toni-nutritive pour l'élevage des Faisans. La Société demande si les expérimentateurs peuvent se passer d'œufs de fourmi dans l'élevage des Faisans. Je me permets de répondre à ce sujet. » Depuis deux ans j'ai supprimé, dans mon élevage de Faisans, toute espèce de produits et toute espèce d'œufs, soit œufs de fourmi, soit œufs durs. » Il s'ensuit que j'élève tous mes Faisans avec succès de la même manière que les volailles de basse-cour, et avec la même nourriture : petit son, millet, blé, verdure à discrétion, et mie de pain trempée dans du lait deux fois par jour. » Je me fais un devoir de vous donner ces renseignements, espérant qu’ils seront suivis avec un succès égal au mien. » Le couple de Lophophores que la Société a bien voulu me donner en cheptel n’a pas encore donné d'œufs. » Le traitement que je leur ai fait suivre à leur arrivée chez moi au sujet de la diphthérie les a remis en bonne santé ; mais le mâle est aussi boiteux que lorsqu'il m'est arrivé. » Je désirerais savoir s’ils sont trop jeunes pour reproduire cette année, ou bien s’il faut attribuer leur nou-reproduction à toute autre cause. » — M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire des Pêcheries des Etats-Unis, écrit à M. le Secrétaire des séances pour l’informer qu'il met à la disposition de la Société un certain nombre de Black Bass qui seront déposés à l'aquarium du Havre par M. le capitaine Briand, commaudant l’un des paquebots de la Compagnie transatlantique. Dans une seconde lettre, M. Spencer F. Baird fait connaître que ces poissons ont malheureusement péri pendant le voyage. — M. le colonel Marshall Mac Donald, membre de la commission des Pécheries des Etats-Unis, adresse de nombreux plans et autres do- cuments relatifs aux projets d’échelles à Saumons dont l'étude lui a été confiée pour rendre praticables aux poissons migrateurs les chutes du Potomac connues sous le nom de Great Falls. — Remerciements. — M. le Secrétaire des séances communique lextrait suivant d’une lettre qui lui est adressée par M. Léon d'Halloy : « Il y a dix-huit mois, nous avions mis dans le lac, à Gouville, 1400 Truites d’un an et demi. PROCÈS-VERBAUX. 601 L'année d’avant nous en avions déjà mis 6000 âgées de six mois. De ces dernières, pas une n'a été retrouvée. Elles étaient probablement trop petites pour se défendre dans cette étendue d’eau (4 hectares 1/2). » Cette année nous avons pêché 1016 Truites de trois ans, semblables à celles que nous vous avons envoyées. Ces Truites se sont vendues 2 francs, en moyenne, aux halles. » Nos fontinalis ont grandi moins vite que les Truites d'Ecosse ou la Truite des lacs. » Nous remettons en ce moment des Truites de deux ans dans le Jac. La Truite des montagnes Rocheuses (Californie) est une magnifique variété. J'avais fait venir des œufs, sur votre conseil, il y a deux ans. Cette année j'en ai encore eu 20 000 qui sont bien éclos. On a cependant de grands déchets après un aussi grand voyage. » Nous avons maintenant de beaux reproducteurs. » Cette année nous avons obtenu 40000 œufs. L'année prochaine (1884-85), j'espère en récolter 100 000. » Je pense que maintenant le problème de la pisciculture industrielle est résolu ou sur le point de l’être. k » Voici nos frais: » Un homme, 1200 francs ; viande pour les Truites, 300 francs : total, 1500 franes par an. (Nous n'avons jamais dépensé plus.) | » La pêche du lac aurait donné 2000 francs si nous n’avions pas gardé quelques reproducteurs. Les différentes pêches que nous faisons dans la rivière peuvent donner, au moins, 1500 francs par an: total, 3500 francs. » Cette année nous espérons mettre 2500 Truites de deux ans dans le lac, ce qui augmenterait beaucoup la pêche. J'espère que d’ici à quel- ques années nous arriverons à en mettre 5000 à 6000 par an. Je crois qu’il peut en contenir 20 000. » Nous avons bien moins de mortalité dans les alevins provenant d'œufs récoltés à Gouville que pour ceux achetés au dehors. Le voyage n'empêche pas l’éclosion, mais il rend l’alevin plus délicat. » J’oubliais de vous dire que, dans le lac, les Truites n’ont pas reçu de nourriture depuis dix-huit mois. Elles ont vécu d'insectes, de Vérons, etc. » Cette année nous avons eu, y compris les œufs étrangers, 100 000 éclosions. Nous avons maintenant des poissons blancs. » — M. Raveret-Wattel communique les renseignements suivants sur les progrès Jde la pisciculture en Suède et en Allemagne: « Les expériences d'incubation artificielle qui’ ont eu lieu durant ces dernières années dans loute la Suède, mais spécialement dans le district d'Halland, et les distributions d'alevins faites dans les rivières de Lagan et de Nissa, ainsi que dans le Klara-elf et dans les nombreux cours d'eau tributaires du Kattégat et du lac Wener, ont amené une augmentation considérable dans le rendement de la pêche. Dans la Lagan et surtout la Vissa, la 4° SÉRIE, T. [. — Juillet 1884. 39 602 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. pêche est devenue très abondante et les captures fort importantes depuis trois ans. L'année dernière, le produit de la pêche du Saumon a été de 18000 francs dans la Vissa et de plus de 12000 francs dans la Lagan, rivières où l’on ne pêchait pas un seul Saumon il y a dix ans. » Dans le Weser, la pêche du Saumon devient de plus en plus fruc- tueuse. Le nombre des alevins qui ont été versés dans le fleuve, à Hameln, s'élève à 238 000, savoir : 31 000 en 1859, 29 000 en 1860, 39 000 en 1864, 31 000 en 1865, 28 000 en 1866 et 80 000 en 1875. » Dans le Hanovre, on s'occupe beaucoup de la destruction des Loutres ; pendant les huit derniers mois de l’année 1883, il a été tué 726 de ces earnassiers, pour lesquels il a été payé 4356 mares (5445 francs) de primes. » — Des réponses au questionnaire sur la maladie des Écrevisses sont adressées par MM. les ingénieurs en chef des départements de l’Aisne, du Calvados, de la Creuse, du Jura et du canal de l'Est. — Remercie- ments. — M. Jean de Pulligny, mgénieur des ponts et chaussées à Auxerre, fait parvenir de nouveaux documents relatifs à la maladie des Écrevisses. — Remerciements. — MM. le docteur A. Lecler, F. Mathey et Reynal remercient des envois de graines qui leur ont été faits. — La Société nantaise d’horticulture sollicite un envoi de graines de Vignes chinoises et de Chamærops Fortunei. — M. le docteur Jeannel adresse de Villefranche-sur-mer le rapport ci-après sur une culture de Fèves Agua dulce : « Les graines semées le 17 février 1884 dans une bonne terre de jardin très meuble, qui avait été fumée à l’engrais humain en octobre 1883, étaient levées le 6 mars; la floraison a commencé le 14 mars ; les gousses étaient formées le 15 avril. La récolte en vert, commencée le 15 mai, a été terminée le 5 juin. La plante est aussi rustique que la fève commune cultivée simul- tanément, et n’enjdiffère réellement que par la longueur des gousses, qui atteignent de 20 à 25 et même 50 centimètres, et contiennent quelque- fois jusqu’à 10 graines. » Ni la saveur ni la quantité v’offrent rien de remarquable. Si les gousses sont plus longues que celles de la Fève commune, elles sont moins nombreuses. La somme de substance nutritive produite par la plante est la même et semble en raison de la fertilité du sol. » En résumé, les Fèves d’Agua dulce ne me paraissent recomman- dables que par la longueur des gousses, qui peut les faire rechercher comme hors-d'œuvre d’un bel aspect, lorsqu'elles sont encore vertes. » J'ajoute qu’elles sont déjà répandues chez les maraichers des environs de Nice, qui les portent au marché et ne les vendent pas beaucoup plus cher que les Fèves communes. » -— M. le comte de Bouchaud de Bussy écrit de Lyon: « J'ai honneur PROCÈS-VERBAUX. 003 de remettre aujourd'hui à votre adresse, une petite caisse de graines de Chamærops excelsa recueillies en Provence. J'espère que, malgré l'époque tardive, elles pourront être utilisées encore par quelques-uns de mes confrères, et je serais tout heureux, dans ce cas, d’aider la Société d’acclimatation à donner satisfaction aux désirs de certains de ses socié- taires. » L’an prochain, ou pour mieux dire cet automne 1884, je pense pou- voir mettre de nouveau à votre disposition un certain nombre de ces semences, si elles peuvent vous être agréables. Dans ce cas, je prendrai mes dispositions pour vous les faire parvenir en temps plus opportun. » Mes Bambous continuent à se développer avec vigueur et à émettre des chaumes d’une beauté et d’une venue qui ne laissent rien à désirer. Outre les B. mitis, aurea, nigra, viridi-glaucescens, Quilioi, gracilis, scriploria, violascens, Metake, j'ai planté plus récemment quelques nouvelles espèces introduites du Japon et le B. quadrangularis. Je ne puis encore me prononcer sur les avantages et qualités de ces nouveaux venus. Cependant je crois que cet été plusieurs d’entre eux doivent déjà donner dés pousses vigoureuses. J'aurai alors l’hiver prochain l'avantage de vous faire part de mes appréciations à leur sujet. Le B. quadrangularis, à en juger par sa végétation de l’été passé, émettra des chaumes bien développés. » Si vous aviez à l’étude quelques autres Bambous peu connus, je me mets à voire disposition pour en planter quelques rhizomes et juger de leur mérite. » Sans avoir assuré à ma production de cannes de bambous des dé- bouchés certains pour l'avenir, toutefois je suis entré dans une voie qui me permet l’espoir d'y arriver d’une façon régulière. Ainsi, depuis un an, j'ai livré pour des cannes de pêche, à des fabricants, toute ma coupe de Bambous. Je les conserve chez moi pendant un an et ne les livre qu’entièrement secs, après avoir écarté tous les chaumes qui se sont fendus en se séchant, ce qui arrive encore quelquefois. C’est au nombre de plusieurs centaines que j'ai écoulé mes Bambous, et cela dans les différentes grosseurs et longueurs obtenues, ainsi que dans les différentes espèces. » Ne livrant que des Bambous irréprochables, j'ai tout lieu de pouvoir non seulement maintenir pour plusieurs années mes conditions de vente avec mes preneurs actuels, mais même étendre mes relations d’affaires de ce genre. » Ayant remarqué que des Bambous coupés dans certaines circon- stances se fendent moins que ceux coupés dans les conditions recomman- dées, je me propose de poursuivre mes essais, et j'aurai l'honneur de vous en faire connaître les résultats, s’ils continuent à me paraître concluants. » Je n’ajouterai rien des Chamærops excelsa à ce que je vous en ai déjà dit 1l y a quelques moïs, sinon qu'ils continuent à se développer et 60% SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. à prendre des proportions vraiment remarquables. Ils entrent mainte- nant tous ou à peu près en production de graines. » J'oubliais de vousdire que les Noix de Juglans olivæformis(Pacanier) que vous avez bien voulu m'envoyer l’an passé ont très bien germé. Vous n’auriez pas en distribution encore des graines ou plantes des nouveaux Nymphæa roses ou rouges rustiques introduits d'Amérique, de Suède et de Chine ? » Ayant chez moi en Provence des eaux admirables, je serais fort dé- sireux d’essayer ces jolies plantes. » Sila Société pouvait me confier quelques grains de Vignes chi- noises, je lui en serais reconnaissant. Jai chez moi en Provence de nom- breuses Vignes américaines et hybrides cultivées avec succès et serais bien aise d'essayer des Vignes chinoises. » Cheptels. — M. Anatole Picquart fait connaître que la femelle de son couple de Léporides a mis bas récemment; la portée se composait de deux petits, qui n’ont pas vécu. — M. Feuilloy, de Sénarpont (Somme), donne des renseignements sur la situation de son cheptel de Casarka rutila ; ces oiseaux ne repro- duiront pas cette année. — M. Léon Menant écrit de Couches-les-Mines (Saône-et-Loire): « Je pensais, cette année, pouvoir vous envoyer un excellent rapport sur mon cheptel de Faisans de lady Amherst. Jusqu'au 18 mai au matin, tout allait bien ; les oiseaux, très gais et très gentils, avaient pondu cinq œufs qui m'en faisaient présager d’autres ; j'avais cependant remarqué que la ponte était tardive et longue, elle n'avait commencé qne le 1°* mai et ne se produisait que tous les trois jours. » Le 18, je voyais ma femelle sur son nid et j'attendais qu'elle en sortit pour aller prendre l’œuf, dans la crainte que le mâle n’en fit son déjeuner. 11 y avait cinq minutes que j'attendais, lorsque je vis ma Faisane faire tout à coup un saut sur son nid et y retomber inerte sur le dos. Vite je l’expédiai au vétérinaire de l'Acclimatation (Journal Deyrolle), et la réponse qui m’est parvenue lundi 31, m'a appris qu’elle avait été foudroyée par la diphthérie. » Je me suis hâté de faire changer le sable des volières, et planter du gazon en mottes, l’autre ayant été mangé par les Faisans, et je fis un lavage et badigeonnage complet au chlorure de chaux. C’est le premier cas de perte d’un adulte dans mes volières : de ce jour je me tiens sur mes gardes. » — Me Perny, qui assiste à la séance, fait la communication sui- vante : « Messieurs, la mission qui m'avait été confiée en France, mission scientifique et religieuse, est à peu près terminée, j'achève en ce moment les derniers travaux dont j'avaisété chargé concernant la langue chinoise. Il est maintenant question de me confier une autre mission en Chine, PROCÈS-VERBAUX. 605 pays où j'ai passé déjà vingt-neuf ans de ma vie. Voici quel serait le but de cette mission scientifique. » Il y a près de six mille ans, une grande migration partit de l'Asie centrale et vint se fixersur le sol de la Chine actuelle. Cette migration por- tait alors le nom de tribu aux cent familles. C’est proprement le peuple chinois d'aujourd'hui. En arrivant sur le sol actuel de la Chine, dans la province qu’on appelle aujourd’hui le Chen-si, cette migration chinoise, ce peuple aux cent familles, trouva une migration qui l'avait précédé. Cette migration qui l’avait précédé, les Chinois lui ont donné le titre de Miao-tseu. C’est un terme qui équivaut au terme Barbarus des Latins. Miao-tseu, dans la langue chinoise, signifie sauvage, bar- bare, étranger. Dès ce moment-là, ce peuple Miao-tseu s’est trouvé en antagonisme avec la tribu aux cent familles, qui lui a fait constam- ment la guerre, sans jamais avoir pu ni le vaincre, ni le soumettre; elle l’a seulement refoulé dans les montagnes de quelques provinces. Aujourd’hui, ce peuple Miao-tseu est encore existant; il est divisé en 82 tribus qui se gouvernent elles-mêmes, et ne sont nullement dépen- dantes de l’empereur de Chine. Il vit pacifiquement avec les Chinois sans pourtant se mêler à eux. Ce peuple Miao-tseu n’a pas de ressem- blance avec les Chinois. Le type, la figure, le costume, la langue, tout annonce une race différente. Depuis six mille ans, la même antipathie subsiste entre ces deux peuples, qui ne se sont jamais mélangés. » Au point de vue de la science, de l’histoire, de l'anthropologie et d’autres considérations, bien des savants, en France, désirent beaucoup avoir des renseignements sur ce peuple si curieux des Miao-tseu, dont on ne connaît guère que le nom en Europe. J'aurais donc à me rendre au milieu de ces tribus que je connais, auprès desquelles j'ai habité, notamment celle qu’on appelle la tribu du milieu, les Yun-kiang, et dont je connais certains chefs. Je ferais une étude de leur langue, de leurs mœurs, de leurs coutumes et surtout de leur origine. » Si cette mission, Messieurs, m'est définitivement confiée, je porterai mon attention sur différents autres points qui peuvent intéresser les Sociétés savantes de France, et notamment la Société d’acclimatation, dont j'ai l'honneur d’être membre honoraire. » Je serai tout dévoué aux intérêts de la Société pour lui faire con- naître les produits des provinces méridionales de la Chine où je devrai habiter. Il y a une tribu Miao-tseu, peu connue, entre le Tonkin et la province de Yun-nan; celle-là est la moins connue parce que les Européens n'ont jamais pénétré jusque-là. C’est par là que commen- cerait ma mission. Je me proposerais, en me mettant tout entier à la disposition de la Société, en lui demandant un questionnaire, de faire connaître les produits de ce pays-là, du Haï-nan, du Tonkin, par lequel j'entrerai, de la province de Koui-tcheou, où j'ai habité dix-huit ans, du Tsu-chuen et du Yun-nan. Ce sont les principales provinces où 606 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. vivent les Miao-tseu. Je serai très heureux de contribuer à tout ce qui peut être utile à notre pays et honorer la Société d’acclimatation. » (Applauissements.) — $e faisant l’interprète des sentiments de l’assemblée, M, le Prési- dent s'exprime en ces termes : € Je suis sûr d’être l'organe de la Société en remerciant Mgr Perny de la proposition qu'il veut bien nous faire. Je suis heureux de lui adresser les félicitations de la Société pour cette vie si entière de dévouement à la science, aux intérêts sociaux, à la religion qu'il professe, et pour cette continuation de dévouement à la science. Mgr Perny sera notre correspondant, et, à coup sûr, nous aurons à béné- ficier largement de tout ce qu’il recueillera pour nous; nous l’en remer- cions d'avance. » (Applaudissements.) — M. le Secrétaire du Conseil fait connaître : 4° Que M. le Ministre de l’Instruction publique a invité la Société à proposer un certain nombre de questions pour être comprises dans le programme de la réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne, en 1885 ; 90 Que les bureaux des cinq sections, réunis en commission spéciale, pour préparer un projet de réponse au Ministre, proposent d'indiquer les sujets d’études suivants : Première et deuxième sections. — Etude comparative des types de Mammifères et Oiseaux dont les espèces analogues existent en Europe et dans l'Amérique australe (Chili, Patagonie), en se bornant aux es- pèces domestiques ou objets des chasses habituelles. Troisième section. — Étude sur l'établissement économique d’échelles pour les poissons migrateurs. Quatrième section. — Etude des Insectes producteurs de miel et de cire dans les divers continents. Étude des insectes qui, par la singularité de leurs formes ou leurs couleurs éclatantes, peuvent être l’objet des préparations artistiques et décoratives. Cinquième section. — Influence des plantations d'Eucalyptus au point de vue de lassainissement des terres marécageuses. Étude des conditions propres à la culture des Quinquinas et des arbres à Caoutchouc et à Gutta-percha dans nos colonies. Les propositions de la Commission sont mises aux voix et adoptées à l’unanimité. __ M. le Secrétaire du Conseil annonce que, sur la demande qu'il lui en a faite, M. Moller, attaché au laboratoire d’entomologie du Muséum d'histoire naturelle, prépare en ce moment un travail intéressant sur les Crustacés comestibles et les Insectes comestibles, travail destiné à la Société d’acclimatation. — M. Pichot fait une communication très intéressante sur quelques oiseaux de sport de la Chine. (Voy. au Bulletin.) — M. Decroix désirerait que Mgr Perny voulût bien renseigner la PROCÈS-VERBAUX. 607 Sociélé sur la question de savoir si les détails donnés par M. Pichot sont applicables à toute la Chine, ou ne concernent que certaines provinces. — Mgr Perny dit que les usages sont presque partout les mêmes. Un genre de sport très répandu est la pêche au Cormoran. Cet oiseau se dresse facilement et montre beaucoup d’habileté. Il est surtout curieux de voir parfois des (iormorans se mettre à deux ou trois pour capturer un fort poisson et l’apporter à leur maître. — M. Pichot rappelle qu’il s’est occupé, il y a quelques années, de ce genre de sport, en même temps que de fauconnerie. Il a possédé en 1861 les premiers Cormorans dressés qu’on ait eus en Europe. Depuis, beaucoup de personnes en ont dressé d’après ses indications ou par d’autres méthodes. L'éducation du Cormoran est, du reste, assez facile, et ne demande guère qu’une quinzaine de jours. Néanmoins il est né- cessaire de laisser toujours au cou de l’oiseau un anneau qui l’empêche d’avaler les petits poissons. — M. Raveret-Wattel dit qu’à l'Exposition de Londres, en 1883, dans la section chinoise, on pouvait assister tous les jours à une pêche au Cormoran, spectacle qui intéressait vivement les visiteurs. À la clôture de l'Exposition, les oiseaux ont été achetés par S. A. le prince de Galles. — M. Maurice Girard rappelle que l’on trouve dans le Bulletin de la Société des renseignements sur le dressage du Cormoran, fournis par M. de La Rue, ancien inspecteur des forêts. — M. Pichot ajoute que M. de La Rue tenait précisément de lui et de son fauconnier les indications qui lui avaient servi pour l’éducatien de ses premiers OISeaux. — M. Decroix fait une communication relative à l’influence de lhip- pophagie sur la population chevaline. En terminant, il demande à Msr Perny si usage alimentaire de la viande de cheval et de la viande de chjen est répandu en Chine. — Mgr Perny répond que dans toutesles provinces qu’il a parcourues, c’est-à-dire à peu près dans la moitié de la Chine (neuf provinces sur dix-huit), ila vu la viande de chien être consommée par la classe pauvre, où on ne laisse rien perdre. Les malheureux mangent de tous les chiens. Dans la classe riche, on en mange beaucoup moins, seulement une fois ou deux par an, et uniquement dans la croyance que cette viande est un stimulant des fonctions digestives. On recherche une espèce à poil rouge, dont la chair passe pour la meilleure sous ce rapport; on en fait une sorte de civet. Quant à la viande de cheval, l'usage en est très répandu en Chine ; on trouve des boucheries chevalines dans toutes les grandes villes. Le Secrétaire des séances, C. RAVERET-WATTEL. III, EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS PREMIÈRE SECTION. SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1884. Présidence de M. DECROIX, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser- vation. M. le président communique, au nom de M. le général du Martray, une note sur les Chèvres suisses (voy. au Bulletin, p. 297). M. Ménard place sous les yeux de la section la figure coloriée du Porcula Salviani, espèce reçue récemment par le Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne. Sur les huit sujets qui composaient l’envoi, 3 sont morts; il reste donc aujourd'hui 2 mâles et 3 femelles parfaitement guéris de la galle, et qui donnent l’espoir d’une reproduction prochaine. : Pour le Secrétaire, JULES GRISARD. DEUXIÈME SECTION. SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1881. Présidence de M. le baron d'AVÈNE, Présiden t.. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Par suite de la mort de notre regretté confrère M. Millet, il est pro- cédé au début de la séance à l'élection d’un nouveau président. M. le baron d’Avène, vice-président, est élu par 16 voix sur 17 votants. A la deuxième épreuve, M. Masson est élu vice-président par 10 voix sur 17. M. Mathias, par 16 voix sur 17, est nommé délégué dans la Commis- sion des récompenses. Il est donné ensuite lecture d’une lettre adressée par M. le Ministre du commerce à la Société, sur J’ouverture d’un congrès ornithologique international, qui sera tenu à Vienne le 15 avril prochain. Le but du congrès est l'élaboration d’une loi internationale de pro- tection des animaux utiles à l’agriculture. A ce sujet, M. de Barrau de Muratel demande la parole, et dit que M. Millet, dont la perte se fera sentir tous les jours, s’occupait d’une série d'enquêtes diverses sur les oiseaux, pour lesquelles M. de Barrau de Muratel lui avait souvent fourni des renseignements. Il y a quatre ans, la Société d’acclimatation avait approuvé un projet PROCÈS-VERBAUX. 609 d'enquête faite parmi tous nos confrères habitant les différentes parties de la France, sur la diminution progressive du nombre des oiseaux de toute espèce, fait hors de doute, bien qu'il soit quelquefois contesté. M. de Barrau de Muratel avait même été chargé de préparer un ques- Honnaire à cet effet. Jusqu'ici il n’a pas été donné suite à ce projet. M. de Barrau de Muratel a ébauché le questionnaire qu'il voulait soumettre à M. Millet avant de le présenter à la section avec le résultat de ses observations pendant quarante ans. Signaler le mal, ce n’est certes pas le guérir ; mais du moins, en atti- rant à plusieurs reprises et sans se lasser l’attention sur cette impor- tante question, on peut espérer de provoquer la recherche du remède. Cette enquête, si elle était faite avant le Congrès de Vienne, pourrait fournir des documents utiles aux membres de la Société qui s’y ren- dront et leur permettrait d'apporter des documents positifs dans la dis- cussion qui aura lieu au sujet de la loi internationale pour la protection des oiseaux utiles. Certaines espèces en effet ne peuvent être prote- gées que par des mesures internationales, les Cailles par exemple, dont la capture a lieu sur une grande échelle sur les côtes d'Italie et en Syrie. ] M. de Muratel ajoute qu'il a assisté, il y a quelques années, à l’arrivée des Cailles dans la baie de Naples, que toutes les côtes étaient garnies de filets doublés d’une haie de chasseurs qui exterminaient sans peine les malheureux oiseaux échappés aux filets. Un chasseur du pays lui à affirmé que, dans un seul jour, il avait été pris au filet, dans une ile voisine, le nombre prodigieux de 17 000 Gailles. Notre confrère ne garantit pas ce fait, mais il a vu charger des navires entiers de Cailles à destination de l’Amérique. M. de Muratel termine en offrant d'apporter à la prochaine séance de a deuxième section un projet de questionnaire, ainsi que le résultat de ses observations dans le département du Tarn. Cette offre est acceptée par la section. M. Masson prend la parole sur les expériences que la Société l’avait chargé de faire avec La poudre toni-nutritive de M. Dautreville, et dit que cette poudre, tant au point de vue de l’analyse que de la pratique, ne laissait rien à désirer. M. Dautreville communique quelques lettres d’éleveurs, membres de la Société, et dit que si chez quelques personnes les résultats n'avaient pas été satisfaisants, cela tenait à la manière défectueuse dont la poudre avait été donnée aux volailles. M. Masson croit que cette poudre est appelée à rendre de grands ser- vices à tous les éleveurs. M. Dautreville fait remarquer que sa poudre augmente la ponte et la rend plus précoce. M. Geotfroy Saint-Hilaire demande si les œufs des poules nourries avec la poudre toni-nutritive ne contractent pas un goût spécial ? 610 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. M. Dautreville dit qu’il n'avait jamais remarqué que les œufs et la chair eussent un goût, bien que ses poules soient nourries exclusivement avec la poudre toni-nutritive. Notre confrère se met gracieusement à la disposition des membres de la Société qui voudraient expérimenter sa poudre et lui faire part de leurs observations. Le Secrétaire, E. JoLy. TROISIÈME SECTION. ‘SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1884. Présidence de M. LÉON VAILLANT, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté, sauf rectifi- cation d’une erreur de nom. Il est dit à ce propos que M. Rivoiron ne tient pas secret le moyén de produire des Daphnies ; il exprime au contraire le désir qu’une com- mission soit déléguée pour aller chez lui examiner ses procédés de pro- duction. Malheureusement la résidence de M. Rivoiron (à Servagette, Isère) est trop éloignée, Notre confrère sera prié de vouloir bien fournir à ce sujet quelques détails à la Société. M. Grisard fait la proposition de créer un prix destiné à récompenser l’auteur d’un procédé véritablement pratique, peu coûteux et réellement industriel, pour la production rapide et en quantité illimitée d’une nour- riture vivante (Daphnies, Cyclopes, etc.) propre à l’alimentation du poisson, et en particulier de l’alevin de Salmonide, La section s’associe à cette proposition. M. Vidal donne lecture de son rapport sur le travail de M. Barras. Les conclusions de ce rapport sont approuvées, et l’on décide le renvoi à la commission du Bulletin. M. Barrau de Muratel montre à la section deux Crevettes de dimen- sions fort remarquables: c’est une sorte de Palémon connu vulgairement sous le nom de Langoustin ; on le pêche sur les côtes d'Afrique et d'Es- pagne. M. Vaillant se charge, après vérification, d'indiquer le nom exact de l'espèce à laquelle appartient ce beau crustacé. M. Raveret-Wattel donne lecture du questionnaire relatif à la maladie des Écrevisses. La rédaction en est approuvée en principe; puis, après une nouvelle lecture article par article, quelques modifications de détail sont proposées, discutées et finalement acceptées. On convient de donner à ce questionnaire la plus grande publicité PROCÈS-VERBAUX. 611 possible; mais sa longueur paraissant dépasser celle des articles dont les journaux admettent l'insertion, il paraît nécessaire d'établir, soit pour le Journal officiel, soit pour les autres journaux, un résumé dudit questionnaire. M. Geoffroy Saint-Hilaire espère que des renseignements relatifs à cette épidémie de la maladie des Écrevisses seront adressés d'Allemagne à la Société d’acclimatation. M. Raveret-Wattel donne lecture d’un article de la Creuse agricole. Il s’agit d’une lettre de M. le D" Maslieurat-Lagémard, relative à un Sau- mon de Californie pêché dans le Gartempe. Ce poisson avait 45 centi- mètres de longueur, son poids était de 1k1,100; il était âgé d’environ quatre ans, Sa peau a été conservée. Il serait intéressant de savoir si cette espèce a frayé dans cette région. M. Raveret-Wattel donne quelques intéressantes explications relatives aux échelles à Saumons. En France, dit-il, on a le tort d'employer des échelles formées de gradins. Le régime d’eau n’est pas chez ñous assez régulier. Si les eaux sont hautes, il s’en déverse trop et le Saumon a à lutter contre un cou- rant trop fort. S'il y a peu d’eau, les Saumons ne sortent jamais du bief d’aval dans de petites pièces successives. Le Saumon et les autres pois- sons, tels que l’Alose, la Truite, etc., cherchent à remonter le courant en nageant ; il faut donc qu'il y ait une quantité d’eau suffisante se déver- sant par le barrage. La Truite remonte encore plus facilement que le Saumon, qui ne re- monte qu'au moment du frai et est gêné par son abdomen. M. Raveret-Wattel pense que les échelles doivent être brisées et non en ligne droite. C’est toujours au pied du barrage que le poisson cherche à monter, et il ne va pas chercher le pied d’un escalier. 1l convient done de le ramener dans un endroit profond. La difficulté la plus grande à vaincre actuellement, c’est celle qui consiste dans les dépenses considérables qu'entrainerait l'amélioration des échelles existantes. L'administration des ponts et chaussées ne peut guère les modifier, et toute campagne entreprise au profit d’une con- struction d’échelles à Saumon mieux comprises ne pourrait profiter qu'aux créations futures d’échelles nouvelles. Il paraît donc difficile d’ar- river à un résultat pratique avant longtemps. Les membres de la section n’en sont pas moins d’avis qu’il y a lieu de tenter tout ce qu’il sera possible de faire au profit d’une aussi impor- tante question. Le Secrétaire, LEON VIDAL. 619 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL. Rapport sur un projet de pisciculture industrielle, par M. Barras, conducteur des travaux à la Compagnie du chemin de fer de Cler- mont-Ferrand à Tulle. Le but que s’est proposé d'atteindre M. Barras est de fournir des indications aux propriétaires riverains de cours d’eau pour tirer de la situation de leurs propriétés un parti avantageux. M. Barras est convaincu, d'après les expériences scientifiques et les applications pratiques tentées dans le domaine de la pisciculture, que cet art est destiné à devenir une branche nouvelle de l’économie rurale. Il prend pour base de son projet la quantité d’eau qui est nécessaire pour l'élevage d'un demi-kilogramme de Truite; il suffit, dit-il, de 0,533 renouvelés à raison de 25 litres par heure. L'auteur du travail que nous examinons a parcouru dans le Puy-de- Dôme, le Cantal, la Corrèze, un grand nombre de cours d’eau, et il ya reconnu maints endroits admirablement disposés pour une exploitation de ce genre. Le plan qui accompagne le projet en question représente des bassins d’une capacité totale de 11551 mètres cubes et d’une superficie de 4 hec- tares. Nous ne suivrons pas l’honorable M. J. Barras dans les détails de ses appréciations relatives au coût probable d’une installation de cette na- ture et au revenu qu'il est permis d'en attendre. Ce sont des matières délicates au sujet desquelles il y aurait fort à discuter, et nous ne voulons citer qu’une évaluation, celle des dépenses comparées aux recettes : le capital étant de 120 000 francs, le bénéfice net serait de 28 870 francs, soit d'environ 25 à 30 pour 100. Il n’y a pas d'industrie agricole, dit M. Barras, qui puisse approcher d’un résultat semblable. Sans nous laisser entraîner à admettre et encore moins à rejeter de pareilles évaluations, qui pourraient bien d’ailleurs être très près de la vérité, nous terminons ce rapide compte rendu d’un travail sérieux en vous proposant de féliciter M. Barras de ses efforts pour aider à la créa- tion d'établissements de pisciculture. — Quels qu’en soient les résultats, plus ou moins avantageux, suivant les conditions dans lesquelles se trou- veront ces exploitations, il est bien certain qu’à moins d’être les vic- times de chances exceptionnellement défavorables, leurs propriétaires y trouveront une rémunération convenable de leurs frais et de leurs travaux. Nous ne voudrions pas pourtant les pousser à se faire de trop grandes illusions en appuyant, ainsi que le fait M. Barras, sur un quan- tum de bénéfices nets très élevé. Car, s’il est incontestable que toutes ies sortes de cultures sont exposées à des insuccès au moins momenta- PROCÈS-VERBAUX. 0613 nés, il est juste de reconnaitre que les industries basées sur la culture des eaux sont peut-être encore plus sujettes à subir les effets d’in- fluences nuisibles et sur lesquelles il faut compter dans une large part, quand on organise une installation comme celle qui a fait l’objet de notre examen. Ajoutons que toute tentative de cette sorte honore toujours celui ou ceux qui s’en occupent. La pisciculture est en effet loin d’avoir dit son dernier mot encore et doit rendre service à notre pays. C’est conduire à l'augmentation de ses sources de richesses que de propager et d’exploiter des procédés de culture et d'élevage des poissons, procédés trop peu ré- pandus et susceptibles d'accroître nos ressources alimentaires tout en di- minuant le coût, actuellement trop élevé sur nos marchés, d’une nourriture aussi saine, aussi riche en principes nutritifs, et par suite aussi précieuse pour l'alimentation publique. LEON VIDAL. QUATRIÈME SECTION. SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1884. Présidence de M. MAURICE GIRARD, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Grisard donne lecture d’une lettre de M. Petitpierre-Pellion, ingé- nieur civil à Saint-Dominique (Antilles), faisant ses offres de service à la Société pour les renseignements dont elle pourrait avoir besoin. — Re- merciements. M. Fallou recommande à notre correspondant l’étude de la larve de l’Hercule, qu'il serait intéressant de posséder. Notre confrère présente ensuite un cadre renfermant des Papillons, cocons, etc., de diverses espèces de séricigènes dont l'éducation a été faite par lui en 1883; on y remarque également un Ophion, dont la piqûre est, paraît-il, très douloureuse. M. Maurice Girard place sous les yeux de la section des larves de Diptères ayant donné des pupes desquelles sont sorties des Tachimaires dont l’examen est renvoyé à M. Bigot. Ces pupes ont été recueillies dans un envoi de cocons de Polyphemus reçus des États-Unis. M. le Président présente une sorte de petit tapis de soie de Paon-de- nuit, obtenu en empêchant la chenille de filer; la soie, blanche grisâtre et brillante, ne peut être utilisée industriellement. M. Fallou veut bien se charger de revoir les instructions générales pour les voyageurs et correspondants de la Société, et de les compléter s'il y a lieu. Pour le Secrétaire, JULES GRISARD. 614 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. CINQUIÈME SECTION. SÉANCE DU 4 MARS 1884. Présidence de M. VILMORIN, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. MM. Prillieux et Meunier s’excusent de ne pouvoir assister à la séance. M. Paillieux donne lecture d’une lettre qu'il a reçue de la Nouvelle- Calédonie, et qui renferme des détails intéressants sur les Ignames de notre colonie. Une variété hâtive, qui ne demande que trois mois de végétation, serait particulièrement intéressante à se procurer. M. le Président fait remarquer qu'il règne une grande incertitude dans la classification du genre Dioscorea,et que pour déterminer sérieu- sement cette espèce, il serait indispensable de posséder les organes flo- r'aux. M. Paillieux donne ensuite communication d’une note sur l’Allium odorum, qu'il ne faudrait pas confondre avec l’Allium fragrans, et sur le Camassia esculenta. MM. de Barrau de Muratel, baron d’Avène, Sœnhlin et Souchier veulent bien se charger d’essayer la culture des bulbes mis à la disposition de la section par notre confrère. M. Paillieux offre des plants d’'Igname de Chine et des porte-graines de Moutarde tubéreuse (Sinapis juncea). M. le Président fait remarquer que cette Moutarde est une espèce de navet sec, tendre et sans saveur piquante après cuisson; eile est très bonne et se rapproche du Navet de Freneuse ; très hâtive à pousser, elle montera de bonne heure au printemps. Le Secretaire, JULES GRISARD. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE De la reproduction de la Perruche soleil (Conurus solslilialis, Less.) en Franee. Ma mère, qui s'occupe beaucoup d’ornithologie et qui possède à Rouen des volières spacieuses, a pu obtenir, l’année dernière, la reproduction de l’une des espèces de Perruches les plus rarement importées en Eu- rope, la Perruche soleil (Conurus solstitialis Less.), originaire de la Guyane et du nord du Brésil, où elle est connue sous le nom de Kessi- kessi. Désirant savoir si cette belle Perruche s'était déjà reproduite en France, j’ai fait, à ce sujet, de nombreuses recherches bibliographiques, qui toutes m'ont donné un résultat négatif. Il m'est donc permis de croire que cet élevage n’a pas encore été fait en France, et c’est ce qui me décide à le porter à la connaissance des amateurs d’ornithologie. En 1872, ma mère acheta au Havre un très beau couple de Perruches soleil qui arrivaient directement de leur pays d’origine. Placés pendant la belle saison dans une volière à l’air libre, pourvue cependant d’un appartement fermé dans lequel ils pouvaient se réfugier pendant les nuits froides ou les trop grandes chaleurs, ces oiseaux étaient rentrés au mois d'octobre dans une chambre chauffée qu’ils ne quittaient que le mois d'avril suivant. Leur nourriture se composait d’alpiste, de millet rond, de millet en grappes, de pain trempé dans du lait bouillant, qui est pour eux un objet de friandise, de pain humecté d’eau et mélangé à du chènevis moulu, de fruits, particulièrement avec des poires, et de beau- coup de verdure, telle que salade, seneçon, mouron, pissenlit, cres- son, etc. Ces Perruches, bien que vivant dans d'excellentes conditions, restèrent néanmoins quatre ans sans pondre. Les quatre années suivantes, la fe- melle pondit 29 œufs, malheureusement tous clairs, qui furent ainsi répartis : en 1877, une ponte de 4 œufs; en 1878, deux pontes, la pre- mière de 6 œufs et la seconde de 5; en 1879, également deux pontes, la première de 6 œufs et la seconde de 4; enfin en 1880, une seule ponte de % œufs. Le mâle mourut subitement au mois de mai 1881 et fut im- médiatement remplacé. Le nouveau couple vécut pendant deux ans sans donner aucune pro- duction. En juillet 1883, la femelle pondit 4 œufs qui étaient clairs comme les précédents. Elle fit dans le courant du mois d’août une se- conde ponte de 3 œufs, qu’elle couva avec son assiduité ordinaire; au bout de trois semaines environ, deux petits éclosaient, le troisième œuf n'ayant pas été fécondé. Les jeunes, nourris alternativement par le père et par la mère, qui leur dég'orgent des aliments dans le bec comme le 016 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. font les autres Psittacidés, grandirent peu à peu. Ils restèrent trois mois sans sortir de la boîte de sapin accrochée au mur de leur apparte- ment, dont les parents avaient déchiqueté les parois pour construire leur nid. Vers le 15 décembre, ils commençaient à manger seuls et furent nourris comme les adultes. Cet élevage, qui s'était, il est vrai, fait beau- coup attendre, n’en a pas moins parfaitement réussi, et les jeunes, au- jourd’hui (23 janvier 1884) en parfaite santé, auront bientôt atteint la taille de leurs parents.— La reproäuction en France de cette rare espèce, qui n’exige pas plus de soins que les autres Conures, doit donc être con- sidérée comme un fait accompli. Je crois utile, avant de terminer cette note, de donner la description de l’œuf de la Perruche soleil et du jeune à l’âge de quatre mois. Œur. — Ovoïde et d’un blanc pur. Grand diamètre, 28 à 32 millim.; petit diamètre, 23 à 25 millim. JEUNE (4 mois). Parties supérieures vertes, légèrement variées de jaune; rémiges et rectrices d’un vert à peine teinté de jaune à la base et d’un bleu foncé dans la partie terminale. Dessus, derrière et côtés de la tête, d’un jaune orange plus ou moins verdâtre. Iris brun foncé; cercle des veux nu et de -ouleur chaïr pâle, entouré de plumes rougeûtres. Bec brun noir. Gorge et poitrine d’un jaune verdâtre. Abdomen de même couleur, plus où moins teinté de rouge. Pattes brunâtres; ongles noirs. En naissant, les jeunes sont couverts d’un duvet court et d’un gris blan- châtre. Henri GADEAU DE KERVILLE, Secrétaire de la Societé des amis des sciences naturelles de Rouen. Le gérant : JULES GRISARD. BOURLOTON. — lmprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. INFLUENCE DE L'HIPPOPHAGIE SUR LA POPULATION CHEVALINE Par M. BECROIX Vétérinaire principal, en retraite. Lorsque, après J. Geoffroy Saint-Hilaire, je me suis occupé de propager l’usage alimentaire de la viande de cheval, jai fait à la Société d’Acclimatation, en 1869, une communication à la suite de laquelle le Conseil d'administration a versé à la souscription que j'avais ouverte, une somme de cinq cents francs pour m'aider à couvrir les frais de propagande. Je crois donc devoir, pour témoigner à la Société ma reconnaissance, faire connaître si la part pécuniaire qu’elle a prise dans cette œuvre de bienfaisance a contribué à obtenir un résultat utile. Voici, sommairement, quelques faits qui vous permettront, Messieurs, d'apprécier la question en connaissance de cause. C’est en Afrique, à la fin de 1869, pendant la désastreuse expédition du Maroc, que j'ai pris la résolution de propager l’hippophagie. Je me suis mis à l’ouvrage aussitôt rentré à Alger avec mon régiment, Le 1* chasseurs d'Afrique. Nommé vétérinaire en 1* de la garde de Paris, en 1862, j'ai poursuivi mon idée, ou plutôt l’idée du fondateur de notre Société, en commençant par la lecture d’un mémoire à la Société protectrice des animaux, qui, de son côté, a versé mille francs à la souscription. | Quelque temps après la lecture de ce mémoire, un Comité de la viande de cheval s’est constitué. Nous avions nommé le docteur H. Blatin président, Bourrel trésorier, et l’on m'a confié Les fonctions de secrétaire (1). Après bien des démarches, bien des luttes contre l’indiffé- rence ou l'opposition administrative, une premiére boucherie fut ouverte en 1566. Le succès fut tel, que peu de temps (1) Actuellement, c'est M. Goubaux, directeur de l’École vétérinaire d’Alfort, qui est président. 4° SÉRIE, T. |. — Aoùt 1884. 40 GLS SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCEIMATATION. après, d’autres boucheries furent établies successivement dans tous les quartiers ouvriers de la capitale. Aujourd’hui, il y a dans Paris plus de quatre-vingts bouche- ries chevalines. Voici des chiffres qui indiquent la marche progressive de la consommation de la viande de cheval. Dans ces chiffres, je comprends les mulets, dont la chair est meil- leure que celle des chevaux, et les ânes, dont la chair est meilleure que celle des mulets. ÉTAT DES CHEVAUX, ANES ET MULETS Livres à la consonunation, à Paris, du 9 juillet 1866 au 31 décembre 1883. (Le rendement en viande nette a été fixé par l’administration à 190 kilogrammes pour chevaux et mulets, et 50 kilogrammes pour les ânes, de 1866 à 1881, et à 225 kilogrammes à partir de 1882 pour les chevaux et mulets, le poids des änes restant le même.) : POIDS NET ANNÉES CHEVAUX ANES MULETS TOTAL TOTAL 1866 2 tr. 902 » » 902 171,380 1867 2,069 29 24: 2,152 400,620 1868 9,297 97 11 2,405 443,370 1869 2,622 182 4 2,158 905,940 1870 1% tr. 1,904 86 9 1,992 366,440 1870 2° tr. | PE 64,362 635 3 65,000 | 12,261,100 Commune. , EUR uree 1,863 250 17 2,130 369,700 1872 5,034 675 23 5,132 994,580 1873 7,834 1,092 51 8977 | 1,552,1750 1874 6,659 496 29 1,184 1,295,520 1875 6,448 394 93 6,865 1,249,190 1876 5,693 043 39 9,274 1,685,170 1571 10,008 508 09 10,619 1,939,490 1878 10,800 458 31 11,319 2,082,290 1879 10,281 229 26 10,836 1,982,620 1880 9,012 307 32 9,351 1,732,520 1SS1 9,293 349 3 9,613 1,789,020 1882 10,891 940 Bt 11,265 9,479,115 1853 12,776 406 52 13,234 9 ,528,660 Toraux ....| 183,748 7,436 481 191,665 35,825 ,080 La viande est vendue environ moitié du prix de la viande de bœuf par morceaux correspondants. INFLUENCE DE L'HIPPOPHAGIE. 619 Ces chiffres montrent qu’à Paris l’hippophagie a fait des progrès d'année en année, bien qu’il y ait eu quelques 1rré- qularités dans la progression. Mais je crois qu’il ne faut pas s'attendre à voir la consommation continuer à augmenter encore longtemps ; il me parait probable, au contraire, que, dans les conditions ordinaires, les boucheries chevalines de la capitale ne débiteront jamais plus d’une quinzaine de mille chevaux par an. En province, lhippophagie n’a pas fait des progrès aussi rapides, excepté dans les grandes villes. Il y aurait donc encore un peu de propagande à faire et quelques encouragements à donner dans certaines localités populeuses. Dans les petites localités, les boucheries spéciales réussissent difficilement. Le premier encouragement à donner serait de faire con- naître aux municipalités qu’elles n’ont pas le droit d'imposer le nouvel aliment, tant qu'une loi ne les y autorisera pas. Mais au mépris du droit des industriels et de Rintérêt des travailleurs, certains conseils municipaux, celui de Lyon no- tamment, font payer pour la viande de cheval des droits relativement plus élevés que pour celle de bœuf. Quoi qu'il en soit, l’hippophagie est admise en France, grâceau Comité de la viande de cheval et à la générosité des personnes et des Sociétés qui ont pris part à la souscription ouverte par ce Gomité (1). Ce progrès profile aux riches, aux pauvres et aux chevaux. A. Les riches. — Autrefois les chevaux hors de service étaient vendus aux équarrisseurs 10 à 15 francs et sou- vent moins. Aujourd'hui, ils sont vendus environ 80 à 190 francs, selon le poids et l’état d’embonpoint. La nouvelle industrie donne à chaque cheval une plus-value moyenne de 100 francs environ, soit approximalivement, pour toute la population chevaline de la France, de 400 millions de francs. Et ce n’est pas là une valeur fictive, conventionnelle, comme celle d’un bijou ou d’un objet dont la mode fait le (1) La souscription, au 1° janvier 1884, s'élevait à 7642 francs et les dépenses à 7602 francs. 620 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. principal mérite : c’est une valeur réelle, répondant au plus pressant de nos besoins naturels : celui de manger. Un philanthrope dont je ne me rappelle pas le nom disait : « À côté d’un pain naît un homme.» — On peut ajouter : « A côté d’un kilogramme de viande il en naît deux. » B. Les pauvres. — Tout ce qui augmente nos ressources alimentaires profile aux pauvres, aux travailleurs. Quelle que soit la pénurie de viande, le riche aura toujours sa ration. L’addition de la viande de cheval aux viandes des autres animaux profite donc aux elasses les moins favorisées de la fortune, que j'avais principalement en vue lorsque j'ai suivi J. Geoffroy Saint-Hilaire dans son entreprise philanthropique. J'ai entendu objecter que le nouvel aliment n’empêchera pas la disette de viande ; que celui qui n’a pas le sou ne peut pas plus acheter du cheval que du bœuf; que l’on fait venir maintenant des viandes d'Amérique, etc. Je craindrais d'abuser de votre bienveillante attention, si je me livrais à l’examen critique de ce qu'il faut penser de ces objections. Je dirai seulement que la viande de cheval livrée chaque année à la consommation profite à ceux qui en font usage, et que, s'il n’y avait pas de boucherie chevaline, ces chevaux seraient perdus pour l'alimentation publique. C. Les chevaux. — Relativement aux chevaux, la question doit être examinée au double point de vue du bien-être de ces précieux auxiliaires, et des avantages qui résultent pour l’homme d’avoir à son service des serviteurs pouvant lui don- ner la plus grande somme possible de travail. Les chevaux sont d'autant plus malheureux, d'autant plus à plaindre, qu'ils sont plus âgés, plus infirmes. Les mauvais traitements sont d'autant plus prodigués, que les pauvres bêtes sont plus dignes de pitié. L'hippophagie tend à raccoureir cette période des infirmi- tés et des cruautés. Un cheval trop maigre, trop fatigué est refusé pour la boucherie. Un mauvais cheval, un cheval impropre au travail occa- sionne aulant de frais pour le logement, les soins, la nourri- ture, le vétérinaire qu'un bon cheval. Le propriétaire a done INFLUENCE DE L'HIPPOPHAGIE. 621 intérêl à le remplacer, sans attendre qu’il soit épuisé au point d’être impropre à la consommation. Les personnes qui peu- vent faire la comparaison constatent que, depuis une ving- taine d'années, c’est-à-dire depuis la fondation du Comité, l’état des chevaux de place s’est considérablement amélioré ; on voit beaucoup moins de chevaux maigres, boiteux, exté- nués qu'autrefois. À l’appui de celte assertion, je citerai les pesées qui ont élé faites en 1866 et en 1881 pour obtenir la moyenne de rendement des chevaux. A la suite des premières pesées, la moyenne du poids des chevaux en viande nette, c’est-à-dire sans les viscères, a été fixée à 99 kilogrammes. D’après les pesées de 1881, la moyenne a été fixée à 225 kilogrammes. L'amélioration est donc notable. Certainement 1l y a encore des chevaux bien détériorés, bien maigres sur la voie publique de Paris; mais il yena moins qu'autrefois. L'hippophagie offre en outre un débouché aux éleveurs : lorsqu'ils voient qu'un poulain de quatre ou cinq mois ne pourra jamais faire qu’un cheval mauvais ou médiocre, la boucherie leur permet de le vendre comme poulain de lait, aussi bon que le veau. — On peut se demander s’il n’y à pas quelquefois substitution, comme on a vu le cheval substitué au bœuf. — Les mauvais poulains coûtent autant à élever que les bons, et ne peuvent faire que des animaux de peu de va- leur. Ainsi l'hippophagie améliore la population chevaline. (Pour améliorer la race il faut agir par des reproducteurs.) En résumé, l’hippophagie profite aux riches, aux pauvres et à l’espèce chevaline. En terminant, je rappellerai que la chair de cheval se prête aux mêmes préparations culinaires que celle du bœuf. Voici quelques recettes que j'ai rédigées à l’époque du siège de Paris. La viande d’un animal qui vient d'être abatiu est toujours plus dure que si elle a été un peu reposée. Quoique plus ferme que la chair du bœuf, la viande de 629 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. cheval est plus saine, plus nourrissante et plus propre à four- nir un bon bouillon. La chair de l’âne est meilleure que celle du mulet et la chair du mulet est meilleure que celle du cheval. Les chevaux livrés à la boucherie, étant plus âgés que les trop jeunes bœufs consommés à Paris, donnent une viande qui doit cuire un peu plus longtemps. Pour les préparations culinaires de la viande de cheval, on peut se servir des indications fournies pour la viande de bœuf; néanmoins, voici les bases de quelques recettes desti- nées à guider les personnes qui, par ignorance et préjugé, accommodent le cheval de manière à en diminuer plutôt qu’à en augmenter les qualités gustatives et nutritives. Pot-au-feu. — Prenez 1 kilogramme de viande de seconde catégorie (la l'*catégorie doit être réservée pour d’autres plats); mettez dans 3 litres d’eau; salez; placez sur un feu modéré; enlevez l’écume lorsqu'elle est bien formée, un peu avant l’ébullition. Après deux heures environ de cuisson, ajoutez les légumes : navets, carottes, panais, poireaux, céleri, etc. ; con- tinuez à faire bouillir modérément pendant trois à quatre heures, soit cinq à six heures en tout. Si l’on tient plus au bouillon qu’au bouilli, il faut prendre de la viande fraîche et la placer dans l’eau froide; si l’on tent davantage au bon bouilli, il faut choisir de la viande reposée et la mettre dans la marmite lorsque l’eau est en ébullition. En jetant la première eau après quelques minutes de cuis- son, comme le font plusieurs personnes, on perd une partie des principes nutritifs déjà dissous et on n’obtient qu'un bouillon affaibli. Si on le juge à propos, on peut dégraisser le pot-au-feu avant de le servir; maisil ne faut pas jeter la graisse : il faut la recueillir avec soin pour des préparations culinaires ulté- rieures. Bouilli. — La chair de cheval cédant beaucoup de ses prin- cipes au bouillon, le bouilli de cheval est ordinairement plus ferme, plus sec que le bouilli de bœuf. Si on ne le mange pas au naturel, on peut l’accommoder : INFLUENCE DE L'HIPPOPHAGIE. 6923 1° En miroton. — Mettez dans une poêle quelques cuille- rées de bouillon, du persil, de l’ail, de la ciboule, le tout ha- ché bien fin; ajoutez du sel et du poivre; placez le bouilli coupé en morceaux; recouvrez d’une couche de persil, ci- boule, etc., et faites cuire à petit feu pendant une demi-heure. 2? En hachis.— Faites fondre de la graisse de cheval dans un poêlon, mettez dedans de l’oignon et des fines herbes; après une dizaine de minutes, ajoutez une cuillerée de farine pour faire un roux; mettez 4 ou 5 cuillerées de bouillon ou de vin; lorsque l’ébullition a repris son cours, mettez le bouilli haché avec de la chair à saucisse (qui peut être rem- placée par la pomme de terre ou la mie de pain); ajoutez quelques champignons, si vous en avez; faites bouillotter pendant une demi-heure. 3 A la vinaigrette. — Dans un plat proportionné à la quantité de bouilli : mettez du sel, du poivre, de la moutarde, de l’oignon ou de la ciboule coupée menu: versez du vinaigre et de l'huile, mélangez bien le tout; ajoutez le bouilli coupé en morceaux et remuez comme une salade. On peut ainsi rendre appétissante la viande la plus maigre. Cheval à la mode. — Choisissez un morceau de première catégorie, un peu reposé : piquez-le au lard si vous en avez; faites-le revenir en le plaçant et le retournant dans de la graisse de cheval bien chaude; après huit à dix minutes, reti- rez-le et ajoutez danslagraisse une cuillerée de farine ; chauffez jusqu’à ce que le roux soit fait; remettez la viande ; mouillez avec du bouillon ou du vin rouge; faites cuire à petit feu pen- dant quatre heures environ ; mettez sel, poivre, carottes, petits oignons, bouquet garni; continuez à faire mijoter Jusqu'à cuisson convenable. Civet de cheval. — Prenez un morceau de filet ou de faux- filet, coupez en morceaux; faites revenir dans de la graisse de cheval bien chaude et du lard coupé en dé; ajoutez en- suite un peu de farine en remuant pour faire un roux; mettez sel, poivre, oignons, champignons, bouquet garni; versez vin et bouillon de manière à baigner la viande; faites cuire à feu doux. 024 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Haricot de cheval. — Coupez en morceaux du plat de côtes ou du pis : faites revenir dans dela graisse de cheval ou du lard; mettez de la farine en remuant pour faire roussir ; ajoutez sel, poivre, ail, oignons, bouquet garni ; faites cuire à petit feu pendant deux ou trois heures ; mettez pommes de terre et navets; continuez à faire mijoter jusqu’à cuisson de la viande et des légumes. Horsesteak.— Pour le horsesteak (bifteck) au naturel, il faut un morceau de choix, filet ou au moins faux-filet, sinon, il sera dur et peu agréable. Si l’on ne peut avoir qu’un mor- ceau ordinaire, il est bon de le faire mariner pendant deux ou trois jours dans l’huile de cheval ou le vinaigre. — Faire cuire et servir comme le bifteck. Rôti de cheval. — Le rôti est aussi un plat qui exige un morceau de choix; on en augmente la qualité en piquant au lard et faisant mariner dans du vin blanc ou du madère avec petits oignons, fines herbes; retournant et arrosant plusieurs fois par jour pendant trois ou quatre jours, selon la saison et l’état de la viande. Le filet, ainsi mariné, est souvent donné pour de bon chevreuil. Faire rôtir comme le filet de bœuf. Langue de cheval braisée. — Plongez dans Peau bouillante jusqu'à ce que la peau se détache par le grattage; piquez de lard; placez dans une casserole dont le fond est garni de bandes de lard; ajoutez sel, poivre, persil, laurier, champi- onon ou trufle, si vous voulez et si vous pouvez; ajoutez un peu de bouillon ou de vin blanc ; recouvrez de bandes de lard ; mettez le couvercle de la casserole et placez sur un feu doux jusqu’à cuisson convenable. Le cœur de cheval braisé se prépare comme la langue, ex- cepté qu’il n’y a pas lieu de le plonger dans l’eau avant de piquer au lard. Cervelle de cheval à la graisse noire. — Enlevez les enve- loppes et les caillots sanguins qui peuvent exister; plongez dans l’eau chaude non bouillante pour faire degorger ; coupez en tranches; placez dans une casserole sur des bandes de lard ; ajoutez le même assaisonnement que pour la langue braisée; faites cuire à feu doux et servez avec de la graisse INFLUENCE DE L'HIPPOPHAGIE. 625 noire, préparée de la manière suivante : Placez la graisse dans une casserole, chauffez jusqu’à ce qu’elle prenne une couleur chocolat; ajoutez sel, poivre, persil, vinaigre. Foie à la chevaline. — Prenez un morceau de foie, laissez- le reposer un ou deux jours, selon la saison; piquez-le de lard ; placez sur des bandes de lard dans une braisière ; ajou- tez sel, poivre, clous de girofle, muscade, oignons, carottes; couvrez de bandes de lard; mouillez avec du bouillon ou du vin, plus un peu de jus de citron et du vinaigre; faites cuire à petit feu. Le foie sauté à la poèle est généralement trop dur. Le foie peut aussi être cuit dans le pot-au-feu, dont il aug- mente la qualité. Les rognons peuvent être préparés comme ceux de bœuf, mais ils sont généralement durs. En tous cas, on ne doit pré- parer que la couche extérieure, l’intérieure ayant presque toujours un goût désagréable. Le mou et la rate doivent être donnés aux chats. Pâté de cheval. — Prenez : faux-filet, 1 kilogramme ; Jjam- bon, 250 grammes ; foie de cheval, 250 grammes; veau, si l’on peut en avoir, 250 grammes; sel, poivre, laurier, persil, ail, quantité suffisante ; hachez le tout bien fin; placez le hachis dans un vase avec 250 grammes de bandes de lard disposées en trois couches : une au-dessous, une au milieu et une au-dessus du hachis ; faites cuire au four. Saucisson de cheval. — On fait avec la chair de cheval du saucisson ordinaire, à bas prix, et du saucisson de qualité supérieure à un prix plus élevé. Gelée de cheval. — Prenez les extrémités des membres à partir des genoux et des jarrets; cassez les os en plusieurs morceaux ; jetez le sabot; mettez dans autant de litres d’eau qu'il y a d’extrémités ; faites bouillir pendant six à sept heures avec sel, poivre, oignons, bouquet garni et les derniers os de la queue si vous les avez ; passez à travers un linge; dégrais- sez s’il y a lieu. Par le refroidissement, on obtient une gelée parfaite pour les assaisonnements culinaires. La graisse de cheval, meilleure que celle de pore, de mou- 626 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ton ou de bœuf, remplace le beurre dans les préparations cu- linaires ci-dessus. L'huile de cheval peut remplacer l'huile à manger. Elle se fige par le froid comme la bonne huile d'olive. Pour obtenir la graisse et l'huile de cheval : Achetez un kilogramme de graisse brute chez le boucher; coupez en morceaux; placez dans une marmiteavec un demi- verre d’eau ; faites fondre à feu doux ou au bain-marie ; pas sez dans un linge; laissez refroidir. Une partie se précipite, c’est la graisse; l’autre surnage, c’est l'huile. La séparation est plus complète par la filtration à travers le papier à filtrer. — Salez, si vous voulez conserver. SUR LES OISEAUX DE SPORT DE LA CHINE Par M. PIERRE AMÉDÉE PICHOT Extrait du compte rendu sténographique. {Séance du 13 juin 1884.) M. Pichot : Messieurs, j'avais intention de vous présenter aujourd’hui une collection de dessins qui, grâce aux soins de M. Albert Bourée, notre dernier ministre en Chine, vient de m'être envoyée de Pékin par M. Collin de Plancy, un des in- terprètes de la légation. Ces dessins étaient faits par des artistes Chinois sur un papier de Chine excessivement mince et léger ne supportant pas facilement le feuilletage, et j'ai dû, avant de vous les soumettre, les faire coller sur des bris- tols plus forts, malheureusement l’ouvrier qui m'avait promis ce travail pour aujourd’hui, m'ayant manqué de parole, je ne puis vous communiquer aujourd’hui que les renseignements qui accompagnaient ces dessins ou qui m’ayant été envoyés en diverses circonstances par mes correspondants, auraient servi de texte à cette collection intéressante. Mais il y a une chose qui m'embarrasse bien plus que l’absence des dessins, c’est d’avoir à parler des choses de la Chine devant une auto- rité aussi compétente que M® Perny, que vous venez d’en- tendre. Lui, qui a sans doute observé toutes ces choses dans ses nombreux voyages à travers le Céleste-Empire, aurait pu vous en parler avec beaucoup plus d'autorité que je ne puis le faire; mon rôle se bornera à celui de simple écho, et je ne puis que vous répéter plus ou moins exactement, mais avec tout le soin dont je suis capable, les renseignements de mes divers correspondants. Les dessins dont M. Collin de Planey a bien voulu faire la collection à mon intention, ont trait à l'apprivoisement de certains oiseaux de la Chine. Si le cheval est la plus noble des conquêtes de l’homme sur les animaux, l'oiseau en est cer- 528 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. tainement une des plus merveilleuses. Il nous est facile de concevoir la domestication des quadrupèdes, des gros ani- maux sur lesquels nous avons prise soit par la force, soit par la douceur; notre puissance, notre autorité s’exercent dans ce cas sur quelque chose de solide, de tangible, mais en peut-il être de même avec l'oiseau, celle créature délicate, fugitive, presque Insaisissable, qui tient des fleurs par ses couleurs et son plumage et que son chant et son vol rendent encore plus éthérée ! Quels seront les leviers assez délicats pour peser sur ses muscles sans briser tout son organisme, par quels moyens lui faire comprendre notre pensée souvent grossière, notre commandement souvent brutal ? Comment réduire ces indé- pendants par excellence à vivre de notre vie et à abandonner l'infini de l’espace pour accepter les chaines de la servitude et les barreaux de la domestication? L'homme est cependant arrivé à résoudre ce problème et c’est ce qui fait pour moi l’un des plus grands charmes de la fauconnerie et de tout ce qui s’y rattache. Les oiseaux de sport, représentés dans la collection de M. Collin de Plancy, forment deux catégories : La première nous donne la figuration de quelques oiseaux que j'appellerai de sport violent, les oiseaux de combat, les oiseaux de faucon- nerle. Quel malheur qu'ils n’y figurent pas tous! Il nous manque d’abord dans cette iconographie le grand Aigle à sourcils blancs qui, depuis de longues années, est employé dans certaines provinces de la Chine comme en Europe nos petites espèces de Faucons, mais pour prendre des Loups et des Renards, des Gerts et des Chevreuils. Le Shèng-Ching-t’ung- Chih rapporte que l'Empereur Kienlung vers le milieu du dix- huitième siècle chassait le Chevreuil en Mandchourie avec le Hai-tung-Ch'ing. Le Hai-tung-Ch'ing c’est notre Aigle à sourcils blancs dont le Père du Halde dans sa description de la Chine dit: «On compte avec raison parmi les beaux oiseaux celui qu'on appelle Haitsing. On n’en prend que dans le district de de Han-tchong-fu, dans la province de Chensi, et dans quel- ques cantons de la Tartarie. Il est comparable à nos plus beaux Faucons, il est cependant plus gros et plus fort. On OISEAUX DE SPORT DE LA CHINE. 629 peut l’appeler le roi des oiseaux de proie de la Tartarie et de la Chine, car c’est le plus beau, le plus vif et le plus coura- geux; aussi est-il si estimé, que dès qu’on en a pris un, on doit le porter à la Cour, où il est offert à l'Empereur et remis aux officiers de la fauconnerie. » Dernièrement M. Tony Conte vous a entretenu du voyage dans le Turkestan de MM. Benoist-Méchin et de Mailly. Ils ont rapporté un de ces Aigles. C’est, lje crois, autant qu'il n’est permis de le supposer, la même espèce que celle qu’on trouve en Mandchourie, l'Haliaëtus albicilla. Get oiseau est aujourd’hui entre les mains d’un de mes amis et émules en fauconnerie, M. Paul Gervais. Il Pa dressé, ou du moins il à continué son dressage, car l’animal est venu en Europe conduit par un fauconnier du pays et avait déjà de nombreux exploits à son actif. Dans les plaines de la Brie 1l n’y a pas de Loups à chasser aujourd’hui; l'aigle de Meaux doit se con- tenter d’un gibier plus humble; quelques Chats tombent seuls de temps en temps dans ses serres. Je ne sais pas si les ménagères des villages environnants goûtent beaucoup ce senre de sport tartare, mais toujours est-il que lAigle de M. Gervais s’y montre fort habile et qu'on regrette de n'avoir pas de plus noble proie à lui offrir. Par exemple c’est un oiseau un peu lourd à porter à la chasse, car il mesure 70 à 8û centimètres de hauteur. Comme tous les animaux de proie. il ne chasse que lorsqu'il a faim et comme il peut supporter un jeûne de plusieurs jours sans paraître en souffrir, ce n’est pas toujours aisé de le melire en condition et de le temir en baleine. Les vérilables espèces de Faucons paraissent être moins employées en Chine qu’elles ne Pont été dans nos pays. Ainsi je n’ai encore pu recueillir aucun renseignement précis sur emploi du Faucon pèlerin en Chine. Il m'est très difficile de reconnaître, dans les dessins anciens ou modernes qui m'ont été envoyés à diverses reprises, le véritable Falco peregrinus. Au contraire, lAutour {Astur palumbarius) et quelques es- pèces à ailes courtes y sont facilement reconnaissables. Ce sont des oiseaux puissants qui peuvent prendre des 530 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Grues et des Lièvres, même du plus gros gibier. Mais c’est surtout le petit épervier qui semble être d’un usage très général et qui est représenté sous diverses formes dans la col- lection de M. Collin de Plancy. On l’emploie au vol de la Caille et de la Bécassine ; ce dernier vol nous parait, à nous autres, fauconniers européens, très difficile, à moins, ce qui est pos- sible que la Bécassine de ces pays ne soit d’allures plus lentes et plus lourdes que la nôtre. Je ne crois pas qu’il existe dans nos annales de fauconnerie européenne de récits de vols de Bécassines faits régulièrement avec des oiseaux de proie. En Chine au contraire le fait est constant; cependant le dressage des Faucons chinois paraît être poussé moins loin que chez nous, car le plus généralement, au lieu de faire voler leurs oiseaux en liberté complète, les Célestials les tiennent atta- chés à une bobine de fil excessivement bien tressée et enroulée dans leur manche. Quand ils lancent leurs oiseaux sur des Bécassines ou sur des Cailles, au moment où celles-ci s’enlè- vent après s'être laissé approcher d’assez près, ia bobine de fil se déroule avec une rapidité merveilleuse, et l'oiseau ayant lié «étant Hé lui-même » ne peut charrier sa proie et fuir son maître qui s'approche pour le reprendre. Voici ce que J'avais à dire sur les oiseaux qui composent la première catégorie de la collection de M. Collin de Planey. C’est ce que J'ai appelé la catégorie des oiseaux de guerre ou de combat. La seconde s'occupe des oiseaux de sport, doux et tranquille ; c’est la catégorie des oiseaux de paix. Toutes choses en Chine sont, plus que partout ailleurs, affaire de mode et de saison. À certaines époques de l’année, vous voyez l'air se remplir de cerfs-volants. Puis, lorsque la saison des cerfs-volants est passée, arrive celle d’une espèce de jeu qui a quelque analogie avec ce que nous appelons « le diable », qui a, lui aussi, eu sa vogue en France au commen- cement du siècle. C’est une toupie à gorge, qu'on tient en équilibre sur une ficelle, qu’on lance à une grande hauteur lorsqu'on l’a mise en mouvement, el qu’on s'exerce à raltraper de différentes manières. Lorsque la saison du diable revient en Chine, tout le monde se munit d’un de ces instruments, OISEAUX DE SPORT DE LA CHINE. b31 tout le monde en joue dans les rues et dans les maisons. Un autre jeu de saison, c’est la promenade des oiseaux. Cela me paraît quelque chose d’excessivement singulier, que cette promenade des oiseaux. À cette époque, tout le monde se promène avec quelque volatile à la main, non pas sur le doigt ni sur l’épaule, mais un oiseau perché sur une petite potence, entourée à sa partie supérieure d’une étoffe de lin ou de coton, pour que l’oiseau ne s’abime pas les pattes sur son perchoir; il a une petite ficelle passée autour du cou; mais il est si bien apprivoisé, qu'il ne cherche point à fuir et qu'il se tient sur cette petite potence comme s’il était em- paillé. Les Chinois portent alors ces petites potences de place en place à travers les rues, les tenant gravement comme on tient un cierge ; ils s'arrêtent dans les rues, dans les carre- fours, pour se congratuler, pour se montrer leurs captifs, et paraissent aussi réjouis, chacun avec sa petite potence, que lorsque le printemps revient chez nous mettre des fleurs à nos boutonnières. Il y a trois oiseaux surlout qui sont employés pour ces promenades : la Pie-orièche à queue rousse (Lanius lucio- nensis), dont le nom chinois, U-po-la, veut dire : oiseau- tigre ou grive-tigre, sans doute à cause de leur caractère fé- roce et de leurs mœurs cruelles. On dresse parfois ces Pies- orièches à voler les petits oiseaux, et les Chinois les consi- dèrent comme plus difficiles à dresser que les Faucons. Le D’ Mollendorf a vu prendre des Moineaux avec le Lanius buce- phalus ; mais c’est surtout pour les promenades au bout de petits bâtonnets qu’on les apprivoise. Une autre espèce fort employée de la même manière est la orande Pie bleue à pattes rouges de Chine, l’Urocissa sinensis, qui, comme toutes les Pies en Chine, passe pour porter bon- heur. Aussi les nomme-t-on en Chine Hsi-ch'ueh, oiseau pro- pice, et le Pén-ti’ao dit : « Elles annoncent la joie, aussi les appelle-t-on oiseaux de joie. » Enfin, une troisième espèce, également fort employée dans les promenades, est une sorte de Mésange, Suthora Webbiana de Gray, que les Chinois appellent Hsiang-sse-niao, c’est-à- 632 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. dire oiseau amour, parce qu’elles se tiennent serrées les unes contre les autres sur leurs perchoirs et paraissent excessive- ment affectueuses. C’est ainsi que, d’une manière indirecte et par des allusions transparentes, les promeneurs chinois échangent sur l'aile de leurs captifs leurs témoignages d'affection et leurs souhaits de prospérité. N'est-ce pas plus délicat et plus raffiné que le simple coup de chapeau dont nous nous saluons au passage ! Mais une nouvelle saison ramène bientôt un autre sport: c’est le jeu des Gros-becs, dont nous reconnaissons trois va-. riétés : l’une tout à fait semblable à la nôtre, mais une plus particulièrement remarquable, avec son gros bec couleur de cire, d’où son nom chinois de La-tsui ; c'est l'Eophona per- sonata de Schlegel, le Gros-bec du Japon et de la Mandchourie. Ces oiseaux sont d’une docilité incroyable, et lorsque les pro- menades d'oiseaux ont cessé, alors les Chinois fichent sur le devant de leurs habitations des petits perchoirs, auxquels les Gros-becs sont attachés. Il y a des propriétaires qui ont dix, vingt, jusqu'à trente Gros-becs attachés par le cou. On les touche, on les manie sans qu’ils montrent de frayeur. Voici le sport auquel on les utilise. Le Chinois détache le lien qui enserre le cou de son oiseau; il se met à une certaine distance et lui montre un grain de millet qu'il place dans sa bouche. Puis il a une petite boule en terre glaise, qu'il lance en l'air à tour de bras, à une très grande hauteur. Le Gros-bec s’élance de son petit perchoir, monte en Pair et rattrape la petite boule au moment où, ayant fini sa course ascension- nelle, elle va retomber à terre; puis 1l vient se poser sur l'épaule de son maitre, qui le récompense en lui donnant le petit grain de millet. Quelques-uns de ces oiseaux sont telle- ment habiles dans ce genre d’exercice, que, non contents de rapporter une seule boule, ils en rapportent une seconde lancée en même temps que la première. Mais comme la boule est un corps rigide, soit en terre glaise, soit en ivoire, et que le bec de l'oiseau n’est pas élastique, on se sert d’un petit truc qui leur permet de rapporter ces deux boules en même temps. 1 faut que la première boule lancée soit plus petite OISEAUX DE SPORT DE LA CHINE. 633 que la seconde, si bien que la première se place dans le fond du bec et que la plus grande trouve encore à se caser à l'entrée des mandibules, sans que l'oiseau, ouvrant le bec pour la saisir, soit forcé, comme le Corbeau de la fable, de laisser tomber sa première proie. Tel est, pendant toute une nouvelle période, l’amusement général dans certaines provinces ou villes du Géleste-Empire. Des bateleurs de la place publique, si nous passons aux arustes de grand opéra, j'ai quelques mots à vous dire de l’Alouette de Mandchourie. Elle est beaucoup plus grosse que celle que nous avons chez nous. Elle a un chant merveilleux de souplesse, détendue, et non seulement elle débite son chant personnel, mais encore il est facile de lui apprendre le chant de beaucoup d’autres oiseaux, voire même le eri de cer- lains animaux, M Gray, la femme d’un missionnaire protes- tant à Canton, a raconté, dans l’ouvrage qu’elle a écrit sur son séjour dans le pays, qu’elle a vu une fois à Gambon une Alouette qui imitait l’aboiement du Chien et le miaulement du Chat, comme le ferait chez nous un Sansonnet. Au prin- temps, on peut voir les Chinois sortir leurs cages à Alouettes et les promener dans les rues. Ils établissent des concours de chant et nomment des jurys pour décerner des prix. A l’é- poque de certaines fêtes religieuses, ils apportent leurs cages dans les temples et les suspendent aux solives du plafond, afin que le chant de ces oiseaux fasse honneur aux divinités qu’ils vénèrent. J'espère, Messieurs, à la rentrée, l’année prochaine, pouvoir vous montrer l’album dont je vous ai entretenu au- jourd’hui, et dont les images fort intéressantes vous feront mieux comprendre le caractère plaisant et naïf des sports auxquels je vous ai initiés. M. le Président : Personne ne demande la parole sur la communication si intéressante que vient de faire M. Pichot? M. Decroix : Pourrions-nous demander à M‘ Perny si ce qui vient d’être dit au point de vue de ces jeux est très ré- pandu, si c’est la généralité des Chinois qui se livrent à cet exercice, ou bien si c’est un fait exceptionnel, par exemple, du Midi ou du Nord, de l’Est ou de l'Ouest? 4° SÉRIE, T. [. — Août 1884. 41 634 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. M. le Président : M. Decroix demande si ce qu'a reialé M. Pichot est un fait général dans toute la Chine. Mgr Perny : Ce qui regarde le travail de M. Pichot se passe surtout dans certaines provinces de la Chine. Les usages sont à peu près les mêmes partout, seulement avec des variantes. Ainsi, dans les provinces du Szu-tchouan et du Kouang-tchéou, c’est moins fréquent. M. Pichot : Les renseignements que j'ai proviennent sur- tout de Shanghaï et de Pékin. Mgr Perny : X y a un autre oiseau très intéressant en Chine : c’est le Cormoran, dont M. Pichot n’a pas parlé et dont les Chi- nois se servent surtout pour la pêche. On dresse très bien ces oiseaux. Un pêcheur en a une douzaine sur sa barque, et, quand il est arrivé à un endroit où 1l y a des poissons, il lâche ses Cormorans. Les Cormorans disparaissent dans le fleuve, et, au bout de cinq minutes, on les voit revenir apportant du poisson aux pieds de leur maître. Ce qu’il y a de très intéres- sant, c’est lorsqu'ils se mettent à deux ettrois pour rapporter un poisson un peu considérable. C’est une pêche très fruc- tueuse et très intéressante. M. le Président : Cette addition complétera très bien le travail de M. Pichot. Le Cormoran chinois serait-il susceptible d’être introduit chez nous ? M. Pichot : Le Cormoran est un oiseau de nos pays. L’es- pèce chinoise, quoique plus petite, diffère très peu de la nôtre. On les appelle Lu-{ze en Chine ou Shui-lao-ya, ce qui veut dire corbeau de mer. J’ajouterai à ce sujet qu’il y a une quinzaine d'années m'occupant de fauconnerie, J'ai été tout naturellement entrainé à m'occuper dela pêche au Cormoran. J'ai eu, en 1861, les premiers Cormorans dressés qu’on ait vus depuis longtemps en France, car jadis la pêche au Cor- moran a été un des sports de la Couronne. J'avais à cette époque à mon service un fauconnier écossais, John Barr, qui était habile à dresser toutes espèces d'oiseaux et qui avait longtemps habité l'Inde avee le Maharajah du Punjab, Dhul- cep Singh, aujourd’hui interné en Angleterre, où il possède une des plus belles installations de chasse que l’on puisse OISEAUX DE SPORT DE LA CHINE. 639 rèver. John Barr me dressa des Cormorans dans la perfec- ton. Depuis cette époque-là, mes amis ou moi, nous avons presque constamment eu des Gormorans dressés, et j'ai même fait manœuvrer quelques-uns de ces oiseaux sur la rivière du Jardin d’Acclimatation. Je ne sais pas si, actuellement, il y a de mes amis qui ont encore des Cormorans, mais il y a envi- ron dix-huit mois, pendant les vacances d'automne, en quinze Jours j'ai parfaitement dressé pour la pêche deux Cormo- rans que J'avais tout bonnement pris sur le lac du Jardin d’Acclimatation ; en quinze jours, ils étaient absolument dres- sés allant à l’eau chercher le poisson et le rapportant un peu malgré eux, cela va sans dire, car 1l faut, comme vous savez, leur mettre un anneau autour du cou pour les empêcher d’avaler les tout petits poissons. M. le secrélaire Raveret-Wattel : J’ajouterai qu’à PExpo- sition de pisciculture de Londres, l’année dernière, il y avait une assez grande quantité de Cormorans qui étaient exhibés par des Chinois, ct tous les jours, sous les yeux du publie, on donnait une pêche qui était très intéressante, qui était la great attraction de l'Exposition. Tous ces oiseaux étaient, en effet, garnis d’un anneau, afin de les empêcher d’avaler les plus petits poissons. Je crois qu’à la clôture de l'Exposition, cette collection d'oiseaux a été achetée par le prince de Galles. M. Maurice Girard : Il y a eu un inspecteur des forêts qui s’est beaucoup occupé de cette question, et je ne sais même pas s’il n’a pas fait une communication à la Société d’Acclima- tation sur ce sujet. M. Pichot : Oui, c’est M. Delarue, ancien inspecteur des forêts de la Couronne, et c’est justement avec John Barr et avec moi qu’il a appris à dresser ses premiers oiseaux. M. Maurice Girard : Il me semblait bien que nousavions, en effet, dans nos Bulletins, des notes de M. Delarue relative- ment à ces pêches au Cormoran. LES POISSONS MIGRATEURS ET LES ÉCHELLES À SAUMONS Par M. €. RAVERET-WATTEL Secrétaire des séances. (Suite et fin.) ÉCHELLE MOBILE PIETSCH. Je mentionnerai enfin, en terminant, une échelle mobile d'invention hongroise, d’une disposition très originale. Ilexiste sur le Poprad (affluent du Dunajetz), près de Kurc- zyn, un barrage en bois, anciennement construit et presque toujours infranchissable pour le Saumon, lequel, par suile, se montre peu dans le cours supérieur de la rivière, bien qu'il soit assez abondant jusqu’en aval du barrage à l’époque de la remonte. Ce barrage, qui occupe toute la largeur (120 mètres) de la rivière, a 3 mètres de hauteur, et, sauf en temps de crues, la nappe d’eau qui s'y déverse ne présente pas assez d'épaisseur pour fournir un passage au poisson. À l’ins- tigation du président de l’Union piscicole de la haute Hon- grie, M. le comte Guillaume Migazzi, qui prit à sa charge les frais de construction, le préposé du service forestier à Kurezyn, M. Antoine Pietsch, s’est, il y a deux ans, occupé de l’instal- lation d’une échelle à Saumons sur ce barrage. L'appareil, qui se démonte et qui n’est mis en place qu’à l’époque de la remonté du Saumon, est, en outre, construit de façon à sui- vre les variations de niveau du cours d’eau. L’échelle proprement dite est une sorte de rigole en bois (fig. 90, d, e), longue de 5",60, large de 1",90 et profonde de 0",30, dans laquelle des demi-cloisons g, g, placées de biais, servent à ralentir la vitesse du courant. Cette rigole repose °06 914 7 TN —S rl TU] RO 2) & | Une, il Te l Ur PE. E | | 638 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. sur un cadre solide », portant sur les côtés des fiches à, à, à, qui contribuent à la solidité des parois latérales f de échelle. L’extrémité supérieure de l’échelle porte sur le chevalet #, L, et l’extrémité inférieure sur un flotteur formé de poutrelles ñn, n, longues de 5",60, larges de 0",95, et réunies par des traverses r. Sur ces traverses se trouve fixée une pièce de bois o, arrondie en dessus, sur laquelle repose l'échelle entre deux montants p, et qui est destinée à donner à l’appareil la mobilité nécessaire. Le chevalet qui supporte la partie anté- rieure de l'échelle se compose de deux pilotis k, reliés par une traverse {, que les crampons # assujettissent au barrage. Quant au flotteur, 1l est maintenu en place au moyen de deux fortes perches s, garnies d’anneaux à leurs extrémités. Le passage u, v, qui précède l'échelle et qui est établi sur un plateau &, a, b, b, reposant sur la crête du barrage, a pour but de recueillir une partie de la nappe d’eau et de l’obliger à se déverser dans l’échelle. Les parois latérales v ont, comme celles de l’échelle, 0",30 de hauteur. A l’entrée, c’est-à-dire du côté de louverture w, w, ce passage mesure 3",80 de large, tandis qu’à l’autre extrémité, près de d, il n’a plus qu'une largeur égale à celle de l’échelle. C’est par l'ouverture w, w haute de 0",16, que pénètre l’eau d'alimentation et que passe le poisson. La traverse z, qui repose sur deux supports æ, +, sert à éviter un excès d’eau et à régler le débit de l'appareil. Cette échelle, dont la construction n’a entraîné qu’une dé- pense de 60 marks (75 francs), fonctionne depuis deux ans. Mise en place à l'automne, un peu avant l’époque de la re- monte du Saumon, elle est enlevée en hiver, quand l’action des glaces serait à craindre.iLes frais d'enlèvement et de réin- stallation, ainsi que la dépense d'entretien, s’élèvent annuel- lement à 12 ou 14 marks (de 15 à 17 francs). D’après M. le docteur Max Nowicki, professeur à l’université de Cracovie, les résultats donnés par cette échelle sont très satisfaisants (1). L'installation de l'appareil est encore trop récente pour que l’on ait pu constater déjà l'existence du Saumon en amont du (1) Prof. D'-M. Nowicki, Mobile Lachsleiter. (Circulur des Deutschen Fischerei-Vereines, 1884, n° 4, p. 79). LES ÉCHELLES A SAUMONS. 639 barrage; mais on à vu fréquemment des Saumons franchir l'échelle, et l’on est d'autant plus en droit de croire que le poisson profite du passage qui lui est ménagé, qu’à l’époque de la remonte on ne le voit plus, comme précédemment, stationner au pied du barrage ou s’y épuiser en de vains efforts pour chercher à passer pendant les crues. L’emplace- ment de l'échelle a, du reste, été très bien choisi, et l’on a eu soin de faire déboucher la rigole dans un endroit où la profondeur de l’eau attire toujours le poisson. M. l'ingénieur Brussow, de Schwérin, qui s’est beaucoup occupé de la ques- ion des échelles à Saumons, et qui fait en Allemagne autorité en celte malière, parle, lui aussi, lrès avantageusement de l'échelle Pretsch ; 11 déclare toutefois qu'il conviendrait, selon lui, de donner plus de hauteur à l'ouverture w, w, servant de passage au poisson, et de charger de quelques pierres le flotteur x, n, pour que le pied de l’échelle plonge plus qu'il ne le fait dans le bief d’aval, et devienne ainsi plus facile- ment accessible au poisson. MESURES DIVERSES POUR LA PROTECTION DES. POISSONS VOYAGEURS. Outre l'emploi des échelles, destinées à procurer au poisson la liberté du mouvement, ilest, pour la protection des espèces migratrices, certaines mesures que j'ai vu employer à lé- tranger, et dont je crois devoir dire quelques mots. Les barrages ne font pas que mettre obstacle aux migra- Lions des poissons voyageurs ; ils ont aussi pour résultat de transformer des rivières au cours rapide, excellentes pour le Saumon et la Truite, en canaux à faible courant, parfois à eau presque stagnante, très favorables à la multiplication de la Perche et du Brochet. Or, voisin si dangereux pour tous les poissons, le Brochet est surtout un terrible destructeur de Parrs et de Smolls (1). Les pêcheurs anglais disent, avec (1) Noms sous lesquels les jeunes Saumons sont désignés en Angleterre ; les Purrs sont les Saumoneaux ayant encore les couleurs ternes de la livrée du premier âge; sur nos cours d’eau on les désigne sous les noms de 1acons, 640 SHCIÉTÉ NATIONALE : ACCLIMATATION. yeaucoup de raison, que « tolérer du Brochet dans une rivière à Saumon, c’est admettre des loups dans une bergerie (1) ». Aussi font-ils une guerre en règle aux Brochets dans les cours d’eau où fraye le Saumon. C’esi, le plus généralement, de bonne heure au printemps qu'on procède à la destruction de ces poissons déprédateurs, en les capturant dans les eaux tran- quilles et peu profondes qu’ils recherchent pour frayer (2). Quand, au printemps, les Saumons descendent à la mer, les eaux ne sont pas toujours assez hautes pour pas- ser par-dessus les barrages et fournir ainsi une route au poisson. En cherchant alors un chemin, celui-ci peut aisément se laisser guider par le courant du bief de quelque usine, et, s’engageant ensuite dans le coursier, il va se faire assommer par les aubes de la roue hydraulique, ouhacher par la turbine. Afin d’obvier à cet inconvénient, il convient, à l’époque où le poisson va se mettre en route, :e barrer chaque bief d'usine par un grillage galvanisé, que l’on place de biais, pour ne pas gêner le courant : ce qui amoindrirait la force motrice (5). Le grillage métallique peut, sans inconvénient, être remplacé par une nappe, ou filet à larges mailles, lestée dans le bas par quelques plombs. Une autre précaution excellente, c’est de ménager sur le déversoir un passage pour le poisson. Celui-ci choisit presque toujours un même point du barrage pour chercher à passer. Renés, Saumonelles, etc. Les Smolts sont les Saumoneaux dont les écailles ont pris les reflets métalliques, le bel éclat argenté du second âge, et pour lesquels le moment est venu de descendre à la mer. (4° Un Brochet d’un kilogramme pond environ 35 000 œufs, c’est-à-dire plus qu’un Saumon d’une trentaine de livres. Or, en même temps qu’il est ainsi beau- coup plus prolifique que le Saumon, le Brochet compte beaucoup moins d’ennemis que ce dernier ; d'où la nécessité de veiller à sa trop grande multiplication. (2) En Angleterre, on les tue fréquemment à coups de fusil. Nous n'avons pas besoin de rappeler qu’en France ce procédé de pêche est interdit (art. 45 du décret du 40 août 1875). (3) Ea Ecosse, une amende de 5 livres (125 francs) peut être infligée à l’usi- nier qui néglige d'installer un semblable grillage, lorsqu'il y a été invité par l'autorité compétente ; en Irlande, cette amende est de 10 livres. En Angleterre, l'amende est de 5 livres par jour de retard, après l’expiration du délai qui a été accordé pour l'installation du grillage. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 641 Quand, avec un peu d'observation, on a reconnu l'endroit où il se porte ainsi de préférence, on lui facilite la route en abaissant légèrement en cet endroit la crête du barrage sur une largeur d’un pied ou deux. Guidés par leur instinct, les poissons qui descendent ne manquent jamais de trouver ce passage et d’en profiter. Pour fournir au Saumon une route commode, il convient, toutes les fois qu’une usine chôme el que son moteur hydrau- lique ne foncuonne pas, d'ouvrir la vanne de décharge aussi iargement que possible. Il est très important de faciliter ainsi la descente des Sau- mons à la mer. En effet, quand ils sont forcés d'attendre en rivière qu'une forte crue vienne leur fournir la possibilité de franchir les obstacles qui leur barrent la route, ces pois- sons, pressés par leur impérieux instinct d’émigration, s’obs- tinent à chercher un passage, et beaucoup d’entre eux péris- sent par suite d'accidents ou deviennent une proie facile pour le braconnier. D’autres inconvénients résultent encore de leur séjour trop prolongé en eau douce. Épuisés par l’acte de la reproduction, les adultes ont besoin de regagner prompte- ment les eaux salées, où ils lrouvent un milieu et une alimen- tation spéciale nécessaires au rétablissement de leurs forces. Contraints de prolonger leur séjour en rivière, ils sont fré- quemment attaqués par des parasites végétaux, Lels que le Sa- prolegnia ferax, par exemple, dont les spores trouvent, dans l'organisme débilité de ces poissons, un milieu favorable à leur développement; aussi une mortalité très grande se dé- clare-t-elle bientôt (1). Pour les Saumoneaux, le danger est moins grand. Il y a néanmoins tout intérêt, au point de vue de leur rapide crois- (4) C’est aux obstacles 2pportés par les barrages à la descente des Saumons à la mer que beaucoup d'auteurs croient devoir attribuer la maladie qui sévit depuis quelque temps avec une si grande intensité sur le Saumon dans beaucoup de rivières de la Grande-Bretagne. Dans l’Eden, la Lune, la Wse, la Dee, l’Usk, l’Esk, etc., c’est par centaines que l’on recueille les cadavres de Saumons enva- his par le mycelium du Sapr'oleqnia ferax. Dans la Tweed, une des rivières les plus poissonneuses, mais aussi les plus maltraitées par la maladie, les Commis- saires des pêcheries ont fait enlever, chaque année, depuis 1879, de 2000 à 4000 Saumons morts ou malades. 549 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. sance, à ce que ces jeunes poissons puissent se rendre à la mer dès que leur instinct les y pousse. Le développement si remar- quable que prennent les Saumoneaux dès leur arrivée dans les eaux salées ou saumâtres, tientà ce qu’ils ytrouvent une nour- riture abondante et substantielle, fournie par les alevins de poissons de mer qui éclosent par millions et fourmillent au printemps dans tous les estuaires. Si, par suite des difficultés de la route, les Saumoneaux arrivent dans le bas fleuve avec un retard d’un mois ou six semaines, tout le fretin qui devait servir à leur nourriture a, pour le plus souvent, déjà gagné le large ; dans tous les cas, ilest devenu beaucoup trop gros pour être une proie aussi facile que plus tôt en saison. Moins abon- damment nourris, les Saumoneaux grossiront moins vite et remonteront plus tardivement en rivière. En outre, ayant pâti dans leur jeune âge, ces poissons ne deviendront jamais aussi oros que s'ils avaient eu toujours une nourriture largement suffisante, et le produit de la pêche pourra ainsi se trouver plus tard notablement réduit. Une excellente mesure protectrice du poisson est celle prescrite par la législation anglaise en ce qui concerne les canaux de dérivation des rivières, construits pour les besoins de la navigation, Palimentation des villes, etc. Lorsque ces canaux partent de rivières à Saumon, ils doivent être garnis, à l'entrée, d’une ou plusieurs grilles (1), selon les instructions des commissaires des pêcheries, afin d'empêcher le Saumon de s’y engager. En Écosse, les Conseils des districts de pêche ont aussi le droit d'employer tel moyen qu'ils jugent conve- nable pour empêcher les Saumons d’entrer dans les pelites rivières où ils ne seraient pas en sûreté (2). (1) Cette prescription qui a, sur le repeuplement des rivières à Saumon, un effel excellent, n’a malheureusement pas été étendue, par l’acte de 1878, aux cours d’eau renfermant du poisson ordinaire. Beaucoup de personnes s’occupant des intérêts de la pêche désireraient qu’on rendît obligatoire l'établissement de semblables grillages dans ces dernières rivières, notamment à l’entrée des ca- naux d'irrigation, dans lesquels des quantités prodigieuses d’alevins périssent chaque année. (2) Celle précaution ne paraît pas inutile quand on se rappelle qu’à l’époque du frai les Saumons remontent jusque dans des ruisseaux assez étroits pour LES ÉCHELLES A SAUMONS. 643 Je cilerai enfin un moyen qui est indiqué en Angleterre par les commissaires des pêcheries, pour empêcher les Sau- mons adultes de s'engager, au moment de la remonte, dans le coursier des usines qu’ils rencontrent sur leur route, et de se faire tuer par le moteur hydraulique. Ce moyen consiste à placer dans lecoursier, en aval du moteur, un appareil qui res- semble un peu à un cheval de frise. Une poutrelle, placée ho- rizontalement et montée sur pivots, est garnie de quatre ran- œées de tringles en fer ou de minces perches en bois formant la croix. Get appareil, plongeant en partie dans l’eau, laquelle lui imprime un mouvement de rotation, éloigne les poissons qui, attirés par le courant, chercheraient à s’aventurer dans le dangereux passage. CONCLUSIONS. De l’ensemble des développements contenus dans le présent travail, on peut tirer les conclusions suivantes : La construction d’une échelle n’est généralement néces- saire (au moins pour le Saumon) que quand la hauteur de la chute dépasse 1",50 environ. Pour de plus petites chutes, comme celles qui existent d'ordinaire aux barrages des moulins, il suffit pour le plus souvent des précautions suivantes : Si le barrage est construit en talus vers l'aval, établir une poutre en travers du talus ; Si le barrage est vertical, manœuvrer à propos un vannage convenablement organisé. Ces précautions, qui n’imposeraient aux usiniers qu’une charge insignifiante, devraient être exigées partout. Sauf de très rares exceptions, les échelles en plan incliné sont de beaucoup supérieures, comme fonctionnement, aux échelles à gradins ou escaliers. Quand, par suite de la configuration des lieux, on croit être facilement enjambés, et si peu profonds que les poissons ont le dos presque hors de l’eau et peuvent, sans peine, être pris à la main. 044 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. devoir donner la préférence à ce dernier genre d’échelle, il faut : Limiter, autant que possible, à 0",50 la différence de ni- veau entre chaque gradin ou échelon; Donner, au minimum, à chacun des bassins partiels, les dimensions suivantes : largeur, 2 mètres ; longueur, 2°,50 ; profondeur, 0",70. Dans les échelles en plan incliné, il faut éviter que la pente moyenne dépasse 0",10 par mètre. Cette pente et la grandeur à donner aux orifices du sommet. du pied, et des cloisons intermédiaires, sont à régler en har- monie avec le volume d’eau à débiter. Les orifices des cloisons intermédiaires et celui du pied de l'échelle doivent avoir au moins 0",30 de largeur, pour offrir un passage commode au poisson. Il est utile que celui du sommet soit plus large, la vitesse initiale du courant étant plus faible. La largeur du coursier entre les deux bajoyers doit être au moins triple de celle donnée aux orifices des cloisons. Il en est de même de la distance entre les cloisons, dont on règle l’espacement de façon à éviter des sinuosités trop brusques. Une hauteur de 0",30 est généralement suffisante pour les cloisons. Bien que le choix du type à adopter soit subordonné avant tout à la configuration des lieux, les modèles les plus simples doivent, autant que possible, avoir la préférence. A ce titre, parmi les échelles en plan incliné, les modèles Rogers, Forster perfectionné et Brackett semblent particu- lièrement recommandables. Ils se prêtent, d’ailleurs, à peu près à toutes les combinaisons possibles. D'une construction un peu plus compliquée, l'échelle Mc Donald présente l’avantage d'occuper peu de place, de fonc- lionner plus sûrement et d’être peu coûteuse. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 645 LÉGISLATION. Après avoir passé en revue les différents types d’échelles à Saumons les plus généralement employés, 1l n’est pas inutile de jeter un coup d’œil sur la législation étrangère concernant lesdites échelles, afin de montrer l'importance que l’on attache à l'emploi de ces appareils dans les pays où la question du repeuplement des eaux est l’objet d’une attention sérieuse. Pour fournir un terme de comparaison, voyons d’abord quelles sont, en France, les dispositions législatives en vigueur sur le même objet. France.— Alors que dans presque tous les pays étrangers où le législateur s’est occupé des échelles à Saumons, l’em- ploi de ces appareils est rendu obligatoire par des dispositions dont la non-exécution peut entraîner l’application de peines sévères,en France, la mesure est purement facultative. La loi se borne à donner à l'administration la possibilité d'établir des échelles sur des barrages reconnus gênants pour la circu- lation du poisson. Encore, cette mesure touchant aux inté- rêts des tiers, ne peut-elle être prise qu’en vertu d’un décret rendu en conseil d’État, el après une enquête à laquelle il est procédé dans les formes prescrites par l'ordonnance du 18 fé- vrier 1834. Les Conseils généraux des départements doivent, en outre, être appelés à donner préalablement leur avis (1). (1) L'art, 4€ de la loi du 31 mai 1865, qui règle la matière, est ainsi ADS décrets rendus en Conseil d’État, après avis des Conseils généraux des départements, détermineront : nt ARR he vec te Cr D A UE ne Ar Se ec ne Rd ce » 2° Les parties des fleuves, rivières, canaux et cours d’eau dans les barrages desquels il pourra être établi, après enquête, un passage appelé échelle, des- tiné à assurer la libre circulation du poisson. » D’après les renseignements qu'il m’a été possible de me procurer, mais dont je ne saurais nullement garantir l’exactitude, il existerait en France : Dans le bassin de la Seine. . . . . Ps 3 échelles, — (HOME LO TRTEMEMPNETENS 105 — — AUMRNONENE MUTAPETE 9 — Parmi ces échelles, 23 seulement auraient été signalées comme fonctionnant bien; 21 fonctionneraient mal; les autres ne donneraient que des résultats in- cerlains. 2 ’ 646 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Toutes ces formalités contribuent naturellement beaucoup à restreindre chez nous l'installation d’échelles à Saumons. Il convient d'ajouter que l'établissement d’échelles dans les barrages existants peut donner lieu à des indemnités, qui sont réglées par le Conseil de préfecture, après expertise, conformément à la loi du 16 septembre 1807 (1). Allemagne. — La loi prussienne du 30 mai 1874, sur la pêche, — aujourd’hui adoptée et mise en vigueur dans la plupart des États de l'Allemagne, — a rendu obligatoire l’em- ploi des échelles à Saumons; elle indique les conditions et es formalités à remplir. Voici les dispositions principales de cette loi : Quiconque construit des barrages ou digues dans les en- droits où le mouvement des poissons est libre, est tenu d'établir et d’entrelenir à ses frais des passages ou échelles permettant la libre circulation du poisson. Les exceptions à cette prescription ne peuvent être accor- dées qu’à titre précaire et provisoire. Les travaux nécessaires pour assurer, à travers les barrages, la libre circulation des poissons, sont spécifiés et prescrits par l'autorité administrative, après examen d'hommes com- pétents (art. 35 de la loi). Les propriétaires des barrages, écluses, digues ou autres ouvrages hydrauliques établis dans les cours d’eau naturels, et de nature à empêcher ou simplement à gèner la circulation des poissons, sont tenus de souffrir la construction des échelles lorsque ces passages sont jugés nécessaires par l’État dans l'intérêt public, ou lorsque des particuliers ou proprié- laires de la pêche dans les eaux d’amont ou d’aval ont l’in- ‘ention de construire à travers ces barrages des échelles dont le projet a été approuvé par l’autorité provinciale, après avoir entendu préalablement les propriétaires de ces bar- rages (art. 36). Le constructeur d’un passage ou échelle à poissons est tenu (1) Article 3 de la loi du 31 mai 1865. LES ÉCHELLES A SAUMONS. 647 de dédommager le propriétaire d’un ouvrage hydraulique auquel la construction porterait préjudice (art. 37). Il n’est rien dû pour la diminution du produit de la pêche par suite de l'établissement d’une échelle (art. 38). Le projet d’une échelle à poissons doit, dans tous les cas, ètre approuvé par l'autorité provinciale, qui veille à ce que la largeur du passage n’excède pas le strict nécessaire, et que les règlements de police des eaux et de la navigation soient observés (art. 39). Les propriétaires d’un terrain nécessaire à établissement d'une échelle conforme à un projet approuvé sont tenus de céder ce terrain dans les conditions des règles relatives à l’expropriation pour les endiguements (art. 40). Les époques de l’année où l’échelle devra être fermée sont déterminées par l'autorité provinciale (art. 41). Toute espèce de pêche est défendue dans l'étendue d’une échelle pendant qu’elle est ouverte. Les propriétaires du droit de pêche seraient indemnisés en cas de préjudice causé par la défense de pêcher pendant l'ouverture de l'échelle (art.42). Est puni d’une amende allant jusqu'à 150 marks(187 fr. 50), ou de prison, celui qui pêche, de quelque manière que ce soit, dans les passages ou échelles à poissons, ou dans les espaces réservés à l’amont ou laval de ces ouvrages (art. 90). Grande-Bretagne et Trlande. — Dès une époque très re- culée, la loi exigeait déjà que, dans les barrages construits dans un but de pêche, une partie de la largeur du lit de- meurât constamment libre, et que, dans les barrages desser- vant l’industrie ou l’agriculture, sur les rivières fréquentées par les poissons migrateurs, des ouvertures fussent prati- quées afin d’y laisser couler l’eau à des époques périodiques et de fournir ainsi un passage au poisson. Depuis l'invention des échelles à Saumons, de nouvelles dis- positions sont intervenues pour réglementer l'emploi de ces appareils. IL y a été tenu compte des droits antérieurs des usiniers et des progrès industriels. Les distinctions suivantes ont, en conséquence, été établies : 048 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Les propriétaires des barrages construits sur les rivières à Saumons, postérieurement aux lois traitant cette matière, doivent établir et entretenir, dans les formes et dimensions approuvées par l’autorité supérieure, un passage spécial qui demeure ouvert à des époques déterminées, pour donner au poisson la faculté de monter ou de descendre. Les propriétaires des barrages existant antérieurement aux lois qui prescrivent l'établissement d’un libre passage pour le poisson, dans les rivières fréquentées par le Saumon, sont assujettis à laisser établir ce libre passage par les inté- ressés à la pêche, si ceux-ci expriment l'intention d’effec- tuer la dépense à leurs frais, pourvu qu'il ne résulte pas de ces travaux une altération nuisible à la force motrice des usines, ou un dommage pour la navigation. Voici la manière de procéder à cet égard : En Angleterre, suivant la loi du 6 août 1861, les proprié- taires ou usagers de la pêche qui désirent établir des passages à Saumons, doivent préalablement demander le consentement des personnes auxquelles les barrages appartiennent, et leur remettre un dessin de l’ouvrage qu'ils se proposent de con- struire. Les possesseurs des barrages légalement établis ont le droit d'adresser leurs objections au Ministère de l'intérieur (Home office), qui examine si ces objections sont fondées ou non, et dans le cas seulement où le bureau ministériel recon- nait que le projet n’est préjudiciable, n1 à la force des usines, ni à la navigation, il l’approuve et le rend exécutoire. En Écosse, les Commissaires des pêcheries (1) sont investis du pouvoir de faire enlever les obstacles gênant la circula- tion du poisson, et d'ordonner l'ouverture dans les barrages de passages pour les espèces migratrices (2). En Irlande, les dispositions de la loi (3) sont encore plus explicites qu’en Angleterre et en Écosse. Les propriétaires (4) Ces fonctionnaires, nommés par le Secrétaire d’État de l’intérieur, sont investis de pouvoirs étendus et rendent des décisions réglementaires qui, en France, exigent des décrets ou des arrêlés préfectoraux. (2) Loi du 7 août 1862. (3) Loi du 44 août 4850, amendant celle du 10 août 1842. LES ÉCHELLES À SAUMONS. 649 qui, d’après leurs titres légaux, ne.sont pas obligés d'établir ou de supporter un passage pour les poissons dans leurs bar- rages, peuvent y être contraints moyennant une indemnité. Dans ce cas, les Commissaires des pêcheries indiquent la forme ei les dimensions du passage à construire, et les dé- tenteurs du barrage doivent, dans le délai d’un mois à dater de l'avertissement qui leur a été notifié, faire connaître leurs objections contre le projet, ainsi que l'indemnité qu'ils ré- clament des intéressés de la pêche. Les Commissaires ont qua- lité pour régler cette indemnité à l'amiable ; s’ils n’y parvien- nent pas, ils notifient le montant de indemnité qu'ils jugent convenable. Un nouveau délai d’un mois est accordé aux in- téressés pour réclamer au sujet du montant de l'indemnité. A l'expiration de ce délai, les Commissaires rendent une décision qui détermine : la valeur de l'indemnité, les per- sonnes appelées à les payer, et, le cas échéant, le partage entre ces personnes. Les intéressés sont ensuite convoqués à une réunion générale, dans laquelle, après avoir entendu toutes les observations, les Commissaires rendent un juge ment qui devient définitif s’il n°y a pas appel dans les vingt et un jours qui suivent (1). Un délai de trois mois est accordé pour opérer le verse- ment de l'indemnité entre les mains des Commissaires, qui en remettent le montant aux ayants-droit et invitent ceux-ci à exécuter les travaux. S'il n’est pas obtempéré à cel avis, les Commissaires font ouvrir d'office une brèche dans le barrage, à l'endroit proposé pour le passage à poissons, sans qu’ils aient besoin de compléter les travaux selon le projet ap- prouvé. En Angleterre, la détérioration d’un passage à poissons est punie d'une amende de emq livres sterling (125 francs) au maximum. En Irlande, lusinier qui profite pour capturer le poisson de léchelle installée sur son barrage est passipie d’une amende de 20 livres (500 francs) au maximum; celui qui néglige d'alimenter l'échelle quand les eaux ne sont pas (1) En cas d’appel la cause est portée en Cour d'assises. 4 SÉRIE, T. I. — Aoùt 1884.  650 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. nécessaires à la marche de l’usine, est passible d’une amende de 2 à 10 livres (50 à 250 francs). États-Unis. — Dans presque tous les États de l’Union Américaine, des actes législatifs rendent obligatoire l’établis- sement d’échelles à Saumons sur les barrages et déterminent les conditions dans lesquelles doit avoir lieu l'installation de ces appareils. Les mesures prescrites ne sont pas partout les mêmes; mais les dispositions principales diffèrent peu. À titre d'exemple, je donnerai le texte même de l’acte actuelle- ment en vigueur dans l’État de Virginie; cet acte porte la date du 29 avril 1874 : Q Art. 1*. — Toute personne possédant ou utilisant dans une rivière de l’État une digue ou un barrage quelconque pouvant nuire à la circulation du poisson, devra, dans un délai de six mois, munir celte digue ou ce barrage d’ouver- tures, pertuis ou échelles, de façon que le poisson puisse passer librement, tant à la remonte qu’à la descente, pendant les mois de mars, avril, mai et juin de chaque année, à moins que, pendant lesdits mois, le niveau de la rivière ne soit trop bas pour que l’eau puisse passer par-dessus la digue ou le barrage. Ces passages pour le poisson devront être con- stamment entretenus en bon état. » Art. 2. — Toute personne qui négligerait de se soumettre aux prescriptions de l’article précédent serait punie d'une amende de cinq dollars (25 francs) par jour de retard apporté à l’exécution des travaux, à partir de la date de la sommation qui lui sera faite par l’autorité compétente. En cas de refus d'exécution, la Cour du comté devra faire exécuter les tra- vaux d'office, aux frais du propriétaire. » Art. 3. — L’inspecteur de chaque comté devra procéder, au moins deux fois par an, en avril et en octobre, à une ins- pection des cours d’eau et des barrages, et s'assurer que les prescriptions des articles précédents sont partout observées. » Art. 4. — Le Bureau des Travaux publics de l'État aura à adopter tels plans qu’il conviendra pour les échelles ou passages à établir, et devra fournir aux intéressés des ins- LES ÉCHELLES A SAUMONS. 6o1 tructions imprimées pour l’exécution des travaux. Un exem- plaire de ces instructions sera déposé au greffe de chaque comté et tenu à la disposition du public. » Art. D.— Lesdispositions qui précèdent ne sont pas appli- cables à la Shenandoah ni aux branches nord et sud du Roa- noke. » Art. 6. — Le présent acte sera exécutoire à dater du jour de sa publication (1). » Dans d'autres parties des États-Unis, la législation est plus sévère encore. Dans le Maryland, tout propriétaire de barrage doit établir et entretenir à ses frais une échelle à poissons (2). S'il néglige de se conformer aux presciptions de la loi, après y avoir été invité par l'autorité compétente, il devient passible d’une amende de 300 dollars (1500 francs) au moins, et de 500 dollars (2500 francs) au plus. En outre, le barrage peut être détruit d'office par Administration. Dans l'État d’lowa, quand un propriétaire de barrage né- olige de faire construire une échelle, l'Administration a le droit d’en faire établir une d'office. Les frais de construction, majorés de 20 pour 100 à titre d'amende, sont mis à la charge du propriétaire et perçus en même temps que les impôts. Il est opéré de même pour la réparation des échelles que les propriétaires négligeraient d'entretenir en bon état. Toute espèce de pêche est interdite dans les échelles, aussi (1) En conséquence de l’acte du 29 avril 1874, le Bureau des travaux publics de l’État de Virginie a, dans sa séance du 34 juillet 1879, pris la décision sui- vante : « Le Bureau des travaux publics, » Vu la nécessité de pourvoir les digues et barrages de passages propres à permettre la libre cireulation du poisson, » Vu le prix élevé des échelles du type actuellement adopté et connu sous le nom d’échelle Brewer, » Décide : » Le système d’échelle inventé par le colonel M. Me Donald et breveté par lettres patentes en date des 19 septembre 1872 et 5 août 1879, réunissant tous les avantages d'efficacité, de solidité, d'économie et de commodité, sera adopté pour l’avenir ; | » Le Secrétaire du Bureau est chargé de préparer des circulaires concernant la description et les plans de cette échelle et de les adresser aux greffiers de chaque Comté, conformément aux prescriptions de l’acte du 29 avril 1874. » (2) L’échelle Mc Donald est le modèle adopté par l'Administration et celui dont l’emploi est rendu obligatoire dans toute l’étendue de l'Etat. 652 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. bien que dans un rayon de moins de 100 yards (91 mètres) de ces appareils; la violation de cette défense entraine l’ap- plication d’une amende de 5 dollars au moins, et 50 dollars au plus, dont le montant est versé à la Caisse des écoles du comté (Acte du 25 mars 1880). LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES EXOTIQUES, PEU CONNUES OU INCONNUES Par M. A. PAILEIEUX Membre de la Société nationale d’Acclimatation, et M. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséum. (Suite.) WMorelle des anthropophages. Morelle des cannibales. Borodina. Solanum anthropophagorum Seeman. Fam. des Solanées. La correspondance relative aux îles Fidji, présentée aux deux Chambres du parlement anglais par ordre de Sa Majesté, en mai 1862, est accompagnée d’un appendice intéressant, consistant en un rapport du docteur Seeman sur les produc- tions et les ressources végétales des îles Viti ou Fidji, dans lequel un chapitre, à la page 58, est consacré aux légumes mangés avec la chair humaine, rapport dont nous donnons l'extrait suivant : «Puisque, grâce à l'influence du commerce, de l’enseigne- ment chrétien et à la présence d’un consul britannique, le cannibalisme ne survit que dans un petit nombre de loca- lités et devient chaque jour, et de plus en plus, un simple sujet historique, il peut être important de savoir ceci : la chair humaine, des Fidjiens me l’ont maintes fois assuré, est 694 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. extrêmement difficile à digérer, et les hommes les mieux portants souffrent pendant deux ou trois jours après en avoir mangé. Afin sans doute d’aider à la digestion, le Bokola, nom technique donné à la chair de homme mort, est toujours mangé avec addition de légumes. Il ven a principalement trois sortes qui, dans l'opinion des Fidjiens, doivent accom- pagner le Bokola : les feuilles du Malawari (Trophis anthro- pophagorum Seem.), le Tudana (Omalanthus pedicellatus Benth.) et le Borodina (Solanum anthropophagorum Seem.). Les deux premiers végétaux sont des arbres de moyenne taille, croissant spontanément dans beaucoup de parties de l'archipel; mais le Borodina est cultivé, et il y en a généralement plu- sieurs oerosses touffes auprès de chaque Buré (ou maison des étrangers), où sont toujours portés les corps des hommes tués dans un combat. » Le Borodina est un arbuste touffu,ayant rarement plus de six pieds, avec un feuillage sombre et luisant et des baies de la forme et de la couleur des tomates. Ce fruit a une légère odeur aromatique et est accidentellement préparé comme la sauce tomate. Les feuilles de ces trois végétaux sont roulées autour du Bokola, comme celles du Taro autour du pore, et cuites avec lui sur des pierres chauffées. Le sel n’est pas oublié. » Tandis que toutes les autres sortes de légumes. et de viande sont mangées avec les doigts, on ne touche à la nourriture des cannibales qu'avec des fourchettes, généralement faites avec le bois du Nokonoko (Casuarina equisetifolia) ou du Vesi (A fzelia bijuga À. Gray), portant des noms curieux et ayant trois ou quatre longues dents. La raison donnée de cette dérogation à la manière habituelle de manger est la croyance généralement répandue que les doigts qui ont touché ie Bokola peuvent engendrer des maladies cutanées quand ils sont en contact avec la peau délicate des enfants, et, comme les Fidjiens aiment tendrement leur progéniture, 1ls font scrupuleusement usage de fourchettes dans les occasions in- diquées. » Le Borodina mentionné ci-dessus est le sujet de notre LE POTAGER D'UN CURIEUX. 655 planche de ce jour (1). Nos plantes ont été obtenues de graines rapportées par le docteur Seeman, et ont fleuri dans la serre des jardins royaux en juillet. Excepté lorsqu'elle porte des fruits, cette espèce de Solanum n’a rien qui puisse engager à la cultiver. Elle ne présente qu’un intérêt historique, lié à une pratique qui, chaque année, tombe de plus en plus en désuétude. » En 1878, nous avons semé sur couche et sous châssis le Solanum anthropophagorum. Le 2 juin, nous l'avons mis en place, en plein air, sur vieille couche. Au commencement de septembre, des fruits assez nombreux commençaient à rougir. Au mois d'octobre, ces fruits n’élant pas mûrs, nous avons enfermé la plante dans une cage vitrée, et, peu de temps après, nous avons récolté ses baies. Elles étaient sèches, ou tout au moins assez peu juteuses pour qu’il fût impossible d’en faire une sauce ressemblant à la sauce tomate. Selon nous, on perdrait son temps et ses peines en cultivant le S. anthropophagorum sous le climat de Paris; mais M. Rantonnet (2), horticulteur à Hyères, a reconnu que chez lui il supportait Phiver en plein air, etil a récolté des fruits mûrs au mois de février. À son avis, celte nouvelle variété de Tomate pourrait entrer dans la consom- mation générale, surtout dans la France méridionale. (1) Botanical magazine, 3° série, t. XX, p. 5424. (2) Revue horticole, 1867, p. 326. 656 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Morelle de Balbis. SOLANUM SISYMBRIIFOLIUM Lamk. illustr., n. 2386. S. Balbisii Dunal. Solan., 232, n. 195, t. 3, f. 2; Bot. mag., tab. 2568, 2828 et 3954. S. decurrens Balb. ic. et descript., fase. 1, p. 17, t. 1]. S. inflatum Horn. hortor. Hañfn., 1, p. 221. S. viscosum DC. ic. pict. facult. sc. monsp.; Lag. gen. et sp. 10, n. 145. . brancæfolium Jacq., Eclog., 14, t. 7. . formosum, Cat. Dorp., p. 145, nec H. B. et Kth. . mauritianum. Vélins du Mus. Paris, t. 21, t. 66. . viscidum Schweigg, Enum. h. Region, 67. Mart. en H. Erlang., 64. . edule Velloz. Flor. Flum., 2, t. 121. . opulifolium Portensch. mss. in h. Vindob. e Sendtn. S, Thouini Gmel. Cat. Carlsruhe, 254. nnannRnEA Fam. des Solanées. Plante annuelle, originaire de l'Amérique méridionale, atteignant 1 mètre de hauteur environ, velue, glanduleuse, portant des épines Jaunâtres sur toutes ses parties. Tige li- oneuse à la base. Feuilles pinnatifides, à cinq ou sept lobes irrégulièrement dentées, hérissées de poils rudes, très épi- neuses, décurrentes. Fleurs assez grandes, blanches, lilacées ou violettes, suivant les variétés, en cyme terminale; calice à divisions inégales, épineuses; corolle ressemblant beau- coup à celle de la Pomme de terre. Étamines à anthères jaunes ; style court. Fruit (baie) du volume d’une grosse cerise, re- couvert en partie par les divisions du calice, d’un rouge sa- frané, à chair sucrée et légèrement acide à la maturité. Ce que nous avons à dire de la Morelle de Balbis tiendra moins de place que n’en occupent sa description et ses syno- nymes. La plante est plus ornementale qu’alimentaire et ne doit pas nous retenir longtemps. Elle acquiert de grandes proportions dans un sol riche. La même graine nous a donné des pieds qui portaient, les uns des fleurs bleues, les autres des fleurs blanches, et 1l nous LE POTAGER D'UN CURIEUX. 697 a semblé que les fruits qui succédaient aux {fleurs bleues étaient d’un plus beau rouge que ceux des plantes à fleurs blanches. Nous avons mesuré le diamètre et la circonférence d’un pied planté snr vieille couche, et nous regrettons de n'avoir pas conservé les chiffres ; les dimensions étaient énormes. La culture du S. Balbisii est celle de la Tomate. On sème sous châssis et sur couche; on met en place à la fin de mai, et les fruits mürissent en septembre et octobre. La récolte est difficile. La plante est pourvue d’innom- brables épines, qui en défendent les approches. On essaye de cueillir ses jolies baies rouges, et le plus souvent on y re- nonce. Nous nous souvenons cependant d’avoir vu, près des serres du Muséum, un pied de Morelle de Balbis qui était dépouillé de ses fruits par les passants au fur et à mesure de leur ma- turation ; mais, assurément, cet innocent larcin ne s’accom- plissait pas sans qu'il y eût du sang répandu. La saveur des baies du S. Balbisii est assez insignifiante. On pourrait les confire au caramel et au fondant, comme celles du Physalis peruviana, qui sont beaucoup meilleures ; ce qu'on peut affirmer, c’est que la plante est fort belle et digne de l'attention des amateurs. Morclle modiflore. SOLANUM NODIFLORUM Jacq. Icones rar. 2, tab. 326; Dunal, in DC. prodr., XIE, 46; S. nigrum, var. patulum Lin. Fam. des Solanées. Plante très répandue à Maurice et à Rodriguez et cultivée dans les potagers. Se trouve partout dans les tropiques. Brède malgache. (Flore de Maurice et des Seychelles. Baker.) Plante annuelle, atteignant 6 à 7 décimètres de hauteur, à tiges sous-frutescentes, rameuses, presque cylindriques, olabres, à nœuds épaissis; feuilles alternes, pétiolées, ovales- aiguës, un peu décurrentes sur les pétioles, entières, glabres 658 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. et vertes sur les deux faces; pédoncule simple à la base, se divisant au sommet pour former une sorte d’ombelle com- posée de cinq à six fleurs, petites, blanchâtres, à sépales obtus ; corolle à divisions profondes, lancéolées, aiguës, très ou- verte; baie ronde, petite, noire, luisante ; graines blanches. Croît dans toutes les parties tropicales de l’ancien et du nou- veau continent. Les graines de la Morelle nodiflore nous ont été apportées de Nouméa par notre correspondant, M. V. Perret. Semées sous châssis et mises en place, en pleine terre, à la mi-mai, elles présentent, au moment où nous écrivons, la plus vigou- reuse végétation, et portent des fruits mûrs. Les sommités de la plante sont comestibles, mais nous croyons prudent de n’en pas manger les fruits; plusieurs Solanum appartenant à cette section ont des fruits véné- neux (1). Le Solanum nodiflorum est-il spontané ou introduit dans la Nouvelle-Calédonie? Nous ne saurions le dire; mais on le rencontre dans les parties de l’île les plus éloignées des points occupés par les Européens. La plante est d’un usage général dans les contrées tropi- cales, où elle entre notamment dans le Calalou et dans les soupes de légumes. Plusieurs espèces de Solanum, le S. oleraceum Dunal, le S. nigrum L., ont le même emploi. Nous avons dégusté la Morelle nodiflore, hachée et pré- parée comme les Épinards. Elle n’a pas eu le don de nous plaire ; nous ne lui avons pas trouvé d'autre saveur qu'une légère amertume. Nous sommes trop riches en herbes comes- tibles, Épinards, Tétragone, Glaciale, etc., pour recom- mander une plante, à notre avis, inférieure. Il nous a semblé cependant qu'une Morelle, universelle- ment estimée dans les pays chauds et d’une culture facile sous (1) Les fruits de la Morelle noire (Solanum nigrum) renferment un principe alcalin, La Solanine, qui possède des propriétés éminemment délétères. Orfila tua un petit chien en lui administrant 210 grammes d'extrait aqueux des baies de cette plante. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 659 notre climat, avait droit à une place dans le Potager d’un Curieux. Notre goût ne fait pas loi. Morelle de Wallis. SOLANUM WALLISII. Fam. des Solanées. « Plante d’une grande vigueur, buissonneuse, compacte et très rarnifiée dès sa base, qui devient sous-frutescente ou même sub-ligneuse, nigrescente ou mieux noire dans toutes ses ramifications ; rameaux et ramilles nombreux, légèrement anguleux ou sub-ailés. Feuilles très longuement lanciformes, entières, très rarement et légèrement lobées, longues d’en- viron 12 centimètres, larges de 4, régulièrement alténuées en pointe ; pétioles de 5-7 centimètres de longueur, d’un violet noir, ainsi que les nervures. Fleurs réunies en sorte de co- rymbe scorpioide, solitaires, sur un pédicule d’environ 15-20 millimètres, noir, fortement villeux. Calice à divisions courtement ovales, très longtemps persistantes. Corolle étalée, large de 25-30 millimètres, d’un violet foncé brillant, à divi- sions brusquement rétrécies et acuminées en pointe; étamines incluses, à filets plus courts que les anthères. Fruits allongés, cordiformes, atteignant environ 6 centimètres de longueur sur 4, parfois plus, de diamètre, régulièrement atténués au sommet, qui est brusquement arrondi, légèrement rétréci à la base, sur laquelle s'appliquent les divisions du calice; peau lisse et très unie, luisante, d’un très beau violet marbré, picté, souvent çà et là bandelettée ou largement maculée. Chair blanc jaunâtre, épaisse, fondante, très juteuse, de saveur lé- gèrement piquante, rappelant un peu celle du Melon, faible- ment sucrée, laissant néanmoins un arrière-goût poivré, âcre. Graines portées sur une espèce de placenta central charnu, dressé au centre du fruit. » E.-A. CARRIÈRE (1). (1) Note sur le S. Wallis, figure coloriée (Revue horticole, 1877, p. 291) 660 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Après avoir donné cette description, M. Carrière poursuit : « Les qualités que nous venons de rappeler sont celles que nous avons constatées sur des fruits qui ont müri dans notre serre, et qui, par conséquent, n’ont pu atteindre la perfection qu'ils devront acquérir dans des climats équatoriaux. À Nice déjà les fruits paraissent être d’une qualité supérieure, à en juger par les dires de M. Ch. Huber. Ainsi, dans une lettre de Nice, datée du 13 janvier (1877), il nous dit : « Je viens de manger un autre fruit de Solanum Wallisii, et je suis extrêmement satisfait de son bon goût; la chair très fondante, d’une couleur jaune comme celle d’une Prune Reine-Claude, est très douce. Pour que les fruits aient acquis cette qualité, il faut attendre qu'ils soient d’une consistance tendre, les laisser en repos en évitant de les presser avec la main, ainsi qu’on le fait souvent, ce qui alors nuit au bon goût. Les plantes que J'ai laissées en pleine terre n’ont pas souffert des petits froids du mois de décembre, et elles poussent aussi bien que si elles étaient en serre. Pour les pays du Nord, je crois qu'une serre froide suffira pour les hiverner... J'en ai aussi fait préparer cuits, et j'ai constaté qu’ils forment un mets délicieux. » La Morelle de Wallis a été introduite en Europe par M. Wallis, qui en a acheté les fruits au marché de Guayaquil (Équateur), où ils se vendent sous le nom de Guayavos. Ces fruits sont très recherchés par les habitants, qui les mangent crus ou cuits. M. Ch. Huber en a reçu les graines de M. Origies, les a semées le 12 décembre 1875, et, pourvu de pieds nom- breux, a mis la plante dans le commerce. Nous en avons alors essayé la culture, et l’un de nous, par une lettre dont nous reproduisons une partie, a fait con- naître à M. Carrière les résultats qu’il avait obtenus : « Les boutures de la Morelle de Wallis se font en plein air aussi fa- cilement que celle des Pelargonium, et la plante en fournit abondamment. J’en ai fait un bon nombre au mois d’août dernier; elles ont passé l'hiver sous châssis, côte à côte avec les Pelargonium. Le pied-mère seul est mort. » Le printemps venu, J'en ai conservé huit, dont quatre LE POTAGER D'UN CURIEUX. 661 ont été maintenues en pots. Les quatre autres ont été plantées en pleine terre et fort mal protégées par un châssis, qui n’a pas cessé d'être levé à 25 ou 30 centimètres au-dessus du coffre. L'air circulait aussi sous ce coffre. Il avait fallu le sou- lever pour redresser la plante, qui s'élève peu, mais dont je ne voulais pas laisser traîner les tiges à terre, car elles y au- ralent immédiatement pris racine, ce que je désirais éviter. » Les plantes ont végété vigoureusement et ont été sans cesse ébourgeonnées. Trois ou quatre branches seulement out élé conservées et se sont continuellement couronnées de charmants bouquets de fleurs. Les boutures maintenues en pots, placées également sous châssis très aéré, ont donné beaucoup de fleurs, mais n’ont pas noué un seul fruit. » Sur les quatre pieds mis en pleine terre, un seul a noué des fruits au nombre de trois. Deux de ces fruits sont déjà beaucoup plus gros que celui dont notre Revue donne la figure; le troisième grossit encore et semble devoir acquérir le même volume. Ces fruits sont d’une rare beauté. Ils sont noués depuis le 1° juillet dernier (1). » Les détails dans lesquels je viens d'entrer font voir celai- rement par où j'ai péché. La saison ayant été plus froide qu’à l'ordinaire, j'aurais dû donner à mes plantes un peu plus de chaleur. Je ne l'ai pas fait, et j'ai eu tort. Voyons maintenant l'avenir. » La Morelle de Wallis est extrêmement rustique, en ce sens que ses boutures reprennent en plein air, que sa végé- tation est toujours très active, qu'aucune maladie, aucun in- secte ne semblent pouvoir en compromettre la culture. » Que lui faut-il? Un peu plus de chaleur que je ne lui en ai donné. Ce n’est une difficulté ni pour les jardiniers, ni pour les maraichers. Faire des boutures en août; les conserver l'hiver sous châssis ; les avancer un peu au printemps sur couche tiède ; les ébourgeonner avec soin ; supprimer la moitié (1) Un de ces fruits complètement mr, le 2 septembre, mesurait 9 centimè- tres de hauteur sur 27 de circonférence. Sa forme rappelait celle d’un cœur de bœuf non aplati; sa peau lisse et luisante était marbrée de rose violet; c'était en effet d’une rare beauté (Rédaction de la Revue horticole). 662 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. des fleurs de chaque bouquet, tels sont les conseils que Je puis donner aujourd’hui. » Nous sommes bien convaincus que la Morelle de Wallis peut être cultivée sans difficulté. Cependant elle exigera tou- jours sous notre climat plus de soins qu’elle n’en mérite. Nous avons dégusté les fruits que nous avons obtenus. Ils étaient superbes, parfaitement mürs, charnus, juteux, appé- tissants. Nous étions pleins d'illusions sur le résultat. Les curieux comprendront toute l’amertume de notre désappoin- tement ; nos fruits avaient le goût de Concombre et laissaient sur la langue un picotement désagréable. Nous les avons mis en compote, ils ne valaient pas mieux. Pourquoi done venons-nous d’en parler longuement”? Cest que ces beaux fruits, certainement fort bons à Guayaquil, peuvent être une utile acquisition pour le littoral méditerra- néen et pour l'Algérie; c’est qu'après tout nous n’écrivons pas seulement pour les environs de Paris. Motsiji. BIDENS PiLosA Lin.; Ceratocephalus pilosus Pich.; Kerneria dubia DES Kerneria tetragona Mæœnch. Fam. des Composées. Plante annuelle à tiges dressées, hautes de 0",80 à 1 mètre, quadrangulaires, branchues dans leur partie supérieure. Feuilles opposées, pétiolées, glabrescentes, d’un vert noi- râtre, les supérieures triséquées, les inférieures imparipen- natiséquées, à segments ovales aigus, dentés sur leurs bords. Pétioles ciliés à la base. Fleurs en capitules discoïdes ; invo- lucre à écailles presque égales entre elles, à peu près de la longueur des fleurs du disque. Fruit (achaine) linéaire, an- guleux, terminé par deux arêtes plus ou moins divergentes, s’écartant un peu en mürissant. Cette plante croît dans toutes les parties chaudes du globe. Notre correspondant du Transvaal, M. Mingard, agronome attaché à la mission vaudoise, nous en a adressé les graines, LE POTAGER D'UN CURIEUX. 663 et nous extrayons de sa lettre d'envoi le passage suivant : « Je prendrai, dès aujourd’hui, comme vous me le conseillez, l'habitude de joindre à chaque lettre quelques graines pour en compléter le port; je vous remets donc ci-jointes des graines de Motsiji, plante que je mange jeune et fraiche, bouillie comme les Laitues et hachée comme les Epinards. Les naturels la mélangent ordinairement à la farine d’Ara- chide. » Nous avons semé le 20 mars (1884) en pot, sous châssis, nos graines de Motsiji : elles ont bien levé, et nous avons mis les plantes en place le 20 maï, en plein air. Elles ont pris un grand développement et nous ont donné des graines mûres au commencement de juillet. Le 26 mai, nous avons semé le Motsiji en pleine terre, et, dès le 12 juillet, nous dégustions les sommités des tiges, hachées comme les Épinards; le résultat nous à satisfaits. Nous reconnaissons que la plante peut être aisément cultivée et fournir un bon légume d'été, sans qu’il y ait lieu de la re- commander d’une manière particulière. Moustache de Barbade. Topinambour blanc. PHRYNIUM ALLOUYA Roscoe. Monandrian plants of the order Scita- mineæ, pl. 38. Maranta allouia Aublet. Histoire des plantes de la Guyane française, vol. I, p. 3; Jacquin, Fragm., p. 53, n° 174, t. 21. Fam. des Cannacées. Plante vivace, à rhizome formant un gros tubercule ver- tical, auquel se rattachent plusieurs autres tubercules ovoïdes, olobuleux, qui sont situés à lextrémité d’assez longs filets ; feuilles radicales ovales-lancéolées, inéquilatérales, fortement nervées, longuement pétiolées ; inflorescence presque globu- leuse; fleurs d’un blanc pur, naissant deux par deux à l’ais- selle de bractées imbriquées, membraneuses; corolle tubu- leuse, à limbe extérieur divisé en trois petits segments ovales, 004 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. égaux ; à limbe intérieur formé de deux lobes inférieurs ovales et d’un lobe supérieur en capuchon. Capsule à trois loges. « On extrait des tubereules de cette plante une fécule qui ressemble beaucoup à celle de PArrow-root ; elle est cultivée à la Guadeloupe, où on la connaît sous le nom de Moustache de Barbade. » (Roscoe, loc. cit.) « Les racines sont garnies de tubercules plus ou moins gros, qui sont bons à manger cuits sous la cendre. » (Aublet, loc. cit.) Nous avons accepté, sur la foi de Roscoe, le nom de Mous- lache de Barbade, sous lequel, selon lui, le Phrynium Al- louya serait connu à la Guadeloupe ; cependant notre corres- pondant de la Pointe-à-Pitre paraît l’ignorer et donne au tubercule de la plante le nom de Topinambour blanc. Il nous écrit : € Tussac le désigne comme appelé Topinambour blanc par les nègres du cap Haïtien, où on le trouve communé- ment sur le marché. A la Pointe et dans toutes les Antilles également, on trouve ce petit tubercule, que les enfants dévo- rent avec avidité, et que les grandes personnes mangent en le grignotant pendant qu’elles causent. Topinambour est aussi le nom, à la Guadeloupe, de ce petit légume, qui a la forme d’une petite loupie, est recouvert d’une peau d’un blane orisâtre, parcheminée, et, quand il est cuit, a une chair transparente comme une Pomme de terre gelée, mais cro- quante presque comme la Pomme de terre franche... » M°° L..., de la Pointe-à-Pitre, a bien voulu nous dicter ce qui suit: « Les Topinambours blancs se mettent sur le feu dans l’eau froide; on les laisse bouillir environ trois quarts d'heure; on les goûte pour s'assurer de leur parfaite cuisson. » On les sort de l’eau, on les égoutte, on les saupoudre de sel blanc fin, on les laisse refroidir et on les croque froids au dessert; surtout il faut les manger très mûrs, sans cela ils sont mauvais; et les saler, sans cela ils n’ont aucun goût; mais, mangés très muürs, froids et salés à point, 1l y a des sens qui les aiment. » M. L... aime les Topinambours blancs, mais M L... ne les LE POTAGER D'UN CURIEUX. 069 aime pas, et son dédain se fait sentir dans la note qui précède. Nous avons cultivé sous châssis le Phrynium Allouya, et nous avons obtenu de belles plantes; mais elles n’ont pas formé de tubercules. Il leur faut, selon Descourtilz, huit mois de végétation. La culture maraichère ne permet pas de les leur accorder ; il est donc impossible de cultiver cette espèce sous le climat de Paris. Moutarde tubéreuse. SINAPIS JUNCEA L. Sp. 933. Var. Napiformis. Fam. des Crucifères. Plante bisannuelle, glabre, atteignant 1 mètre à 1",50 de hauteur. Racine renflée, napiforme, ressemblant beaucoup au Panais commun, blanche, mesurant environ 0",17 de longueur et 0",26 de circonférence. Feuilles inférieures oblongues, lancéolées, dentées, quelquefois lyrées ; les supérieures étroites, linéaires, lancéolées, entières ou dentées. Fleur jaune clair, en grappe terminale. Sépales divergents. Siliques dres- sées, bosselées ; bec assez long, asperme, un peu comprimé ; valves carénées, trinerviées, à nervures latérales sinueuses. On peut lire dans le Bulletin de la Société d'Acclimata- tion, 3° série, t. IX, p. 579, la lettre datée de Pékin, 20 no- vembre 1881, par laquelle M. le D'E. Bretschneider, médecin de la légatron russe, annonçait à cette Société un envoi de graines et de tubercules qui ne comprenait pas moins de 112 plantes, arbustes ou arbres, d'utilité ou d'ornement. La Moutarde tubéreuse faisait partie de cette riche collec- tion, et ses graines nous ont été remises à fin d’expérimenta- tion. Nous avons rendu compte de nos essais dans le Bulletin dela Société, 9: sénie, OX p.21. Semée au printemps de 1882, la plante est montée à graine avec une extrême rapidité et n’a pas formé «le racine tubé- reuse. 4 SÉRIE, T, I. — Août 1884, 43 666 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Semée le 1° août, elle nous a donné en deux mois et demi les racines décrites plus haut. Nous avons informé M. le D' Bretschneider du résultat fa- vorable que nous avions obtenu, et il nous écrivait à ce sujet de Pékin, en date du 28 février 1883 : « Les Chinois sèment cette plante en plein été et en recueillent les racines en hiver. Ces racines jouent un rôle très important comme aliment, en Chine, et on les cultive beaucoup dans le Nord. Les Chinois les mangent salées et confites aux fruits de Zanthoæylom Bungei et d'Illicium anisatum. Je leur trouve un goût assez agréable. » La culture de la Moutarde tubéreuse ne diffère en rien de celle du Navet. Elle doit être classée, comme celle de ce der- nier, parmi les cultures dérobées. Ses racines, introduites dans le pot-au-feu, communiquent au bouillon un très bon goût; préparées au jus, comme le Céleri-Rave, elles sont tendres, légèrement piquantes, excel- lentes. Nous considérons comme précieux le don que nous a fait M. le D' E. Bretschneider de cette variété du Sinapis juncea, absolument nouvelle pour nous. Œufs de Coq. Huevos de Gallo. SALPICHROA RHOMBOIDEUM Miers in Hook. Lond. journ. of bot., 1845, vol. IV, p. 326. Busbeckia radicans Mart. in Cat., Hort. reg. mon., p. 69. Planchonia arbutifolia Dunal, ic. pict. in vel. fac. sc. monsp.,t. IX, tab. 836. Atropa rhomboidea Hook, Bot. Misc., 1, p. 135, t. 37. Physalis origanifolia Lam. ill. 2398 ? Atropa origanifolia Desf. Cat., ed. 3, p. 396. Fam. des Solanées. Plante vivace à liges grêles, grimpantes ou couchées, les inférieures radicantes ; feuilles petites, inégales, pétiolées ; fleurs blanches solitaires, rarement géminées, pendantes. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 667 Calice de 2 à 3 millimètres de diamètre, cupuliforme, à cinq divisions étroites, qui persistent sur la base du fruit; corolle tubuleuse blanche, de 3 à 3 1/2 millimètres de long sur 2 à 5 de large, glabre, à divisions linéaires oblongues, ayant leur extrémité recourbée ; baie ovale oblongue de 8 à 10 millimé- tres de long sur 2 à 3 de large, d’abord verte, puis blanche, puis enfin couleur de rouille près du pédoncule. Cette plante se trouve à Magella, dans les pampas de Buenos- Ayres, Montevideo, Brésil austral. Suivant Dombey, le fruit, qui est aigrelet, se mange. La plante existe depuis longtemps au Muséum et n°y fruc- tifie jamais. Pour en obtenir des fruits, il faut la palisser contre un mur au midi; elle se couvre alors de milliers de petites baies blanches semblables à des œufs d'Hirondelle. Vivace par ses racines, elle repousse à chaque printemps, et il est assez difficile d’en débarrasser le sol. Er août 1877, nous avons présenté des Œufs de Coq à la Société d'horticulture, sous le nom de Walhania origani- folia ; en octobre de la même année, nous avons exposé (Henri Véniat, jardinier) un pied de Salpichroa chargé d’une multitude de ses jolies baies blanches et des confitures faites avec ces fruits. Voici la recette de ces confitures (Mamoz) : « Cuire les fruits dans autant de litres d’eau que de kilo- grammes de fruits ; quinze ou vingt minutes d’ébullition suf- fisent. » Retirer, passer à l’étamine pendant que c’est chaud, peser et ajouter poids égal de sucre, mettre au feu. » Ajouter de 20 à 50 grammes de colle du Japon, selon le degré de consistance que l’on veut donner à la confiture. » Cuire le tout jusqu’à ce qu'une goutte mise sur une as- siette s’y Lienne à demi ferme. » La râpure d’un citron suffit pour cinq livres de fruit; on l’obtient en frottant du sucre sur le citron; on broie ensuite le sucre, on le dissout dans une cuillerée d’eau, qu'on verse sur la confiture au dernier moment. Il importe qu: le citron ne cuise pas.» 668 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Les Œufs de Coq sont, à nos yeux, une plante plus curieuse qu'utile. Ollueo. ULLuco. MELLOCO. PAPA LISA. UzLucus TUBEROSUS. Lozano. Fam. des Chénopodées. Plante vivace, tubercules arrondis, ne dépassant guère, sous notre climat, le volume d’une grosse noix, roses, très lisses, à chair jaunâtre, mucilagineuse ou féculente lorsque le tubercule atteint sa complète maturité, se développant sur des coulants qui prennent naissance à la base des tiges ; celles-ci sont ramifiées, rampantes, et prennent racine à chaque point où elles touchent la terre; les feuilles sont alternes, épaisses, spathulées, d’un vert vif luisant, munies d’un pétiole assez long, rougeâtre. Fleurs petites, verdâtres, axillaires, ne mü- rissant pas leurs graines sous notre climat. Originaire des Andes. C’est à regret que nous consacrons un chapitre de ce livre à une plante dont la culture a été expérimentée pendant trois ans, avec beaucoup de soin, au Muséum, chez M. Louis Vilmo- rin, dans le jardin de la Société nationale d’horticulture, ete., et dont les rares tubercules ont été unanimement déclarés immangeables. Nous ne disposons ni d'assez de temps, ni d’assez d'espace, pour nous livrer sciemment à des tentatives vaines; mais l'Ulluco appartient à l’histoire des essais d'introduction de plantes alimentaires exotiques, et c’est à ce seul titre qu'il trouve place ici, nous nous bornerons donc à indiquer les sources auxquelles on pourra, si lenvie en prend, puiser tous les renseignements possibles sur la Chénopodée chilienne. Publications à consulter : Annales des sc. phys. ef nat. de la Soc. d’agr. de Lyon, t. XI, p. 66. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 669 1848. Détails sur la culture de l'Ulluco, par M. E. Masson. Bull. de la Soc. centrale d’'hort. de France, vol. XXXIX, p. 259. — Ullucus tuberosus, avec figure, par S. Decaisne. Revue horticole, vol. X, p. 441. — De l'Ulluco et de sa culture, par E. Masson. Bull. de la Soc. centrale d'hort. de France, vol. XXXIX, p. 405. — Nouveaux détails sur l’Ulluco, publiés par M. Pentland. Gardener's Chronicle, n° du 30 décembre, p. 862. 1849. Note de M. L. Vilmorin Revue horticole, vol. I, p- 22. 1892. Remarques sur quelques tubercules comestibles, par M. Weddel, aide-naturaliste au Muséum. Rev. horticole, 1899, p. 148. | Oudo. ARALIA CORDATA Thunb. F1. jap., p. 127. A. edulis Sieb. et Zucc. F1. jap., 1, p. 57, tab. 25. Nom japonais : Udo. — chinois : Dotooki. Doku quatz, vulgo dosjen, item Udo. Kæmpf. amænit. Fam. des Araliacées. Racine vivace, longue, charnue, épaisse; tiges nombreuses, herbacées, atteignant souvent plus de 1 mètre de hauteur, les adultes glabres, les jeunes pubescentes; pétioles engai- nants, à base dilatée et creusée en gouttière; feuilles compo- sées, à folioles ovales ou en cœur, acuminées, dentées en scie, pubescentes; fleurs petites, verdâtres, réunies en ombelles olobuleuses munies d’un petitinvolucre oligophylle, lesquelles sont disposées en grappe composée. Galice adhérent à l'ovaire, à limbe très court, à 5 dents; corolle à 5 pétales ; 5 étamines; ovaire infère à 5-10 loges; 5 styles divergents ; fruit drupacé d'un brun noirâtre, couronné par le calice et les styles, à 5-10 noyaux monospermes. € L’Udo fleurit au mois d'août, ses fruits mürissent au 670 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. mois de novembre. Ses tiges herbacées périssent dès les pre- mières gelées de l’hiver. » Cette plante est vraisemblablement venue de la Chine, où elle s'emploie comme remède sudorifique ; on la cultive par Lout le Japon, dans Les jardins et dans les champs. » Elle se cultive essentiellement pour sa racine, qui est d’un goût agréable, aromatique et amère, et qu’on mange en hiver assaisonnée à la manière de nos Scorsonères. Les jeunes tiges servent comme un légume délicieux. » Comme la plante prospère fort bien dans tout le Japon, elle s’acclimaterait tout aussi bien dans nos jardins; c’est pourquoi il serait à désirer que, cultivée chez nous, elle augmentât le nombre de nos vivres végétaux par un mets agréable, fin et nourrissant. » (Siebold, Loc. cit.) Notre excellent correspondant, M. le D' H”., nous écrivait le 25 avril 1879 : « La seule plante potagère que je regrette un peu de n'avoir pas apportée est une Araliacée appelée au Japon Ovwdô, Aralia cordata de Thunberg. On en récolte les jeunes pousses au printemps, à l’état sauvage, et on les mange cuites comme nous mangeons les Géleris et les Car- dons. C’est très fort et très mauvais, comme l’est, du reste, le Céleri non blanchi; mais l'Oudô, cultivé et blanchi sous des feuilles ou de la litière, est très bon, et il s’en fait au prin- temps une assez grande consommation. » On remarquera que notre correspondant ne parle pas, comme Siebold, de l'emploi en cuisine des racines de PUdo. C’est un essai que nous ne manquerons pas de faire dès que nous le pourrons. Dès 1879, nous avons demandé au Japon du plant d’Aralia cordata. Nous avons reçu, non du plant, mais des graines, au printemps de 1883; mais, pour obtenir la germination des semences d’Aralia, il faut les semer immédiatement après la récolte ; les nôtres n’ont donc pas levé. Enfin, au moment où nous écrivons ces lignes, nous rece- vons, par l'entremise obligeante de MM. Vilmorin-Andrieux et C*, dix pieds en parfait état de la plante japonaise. Nous leur donnerons tous les soins qu’ils méritent et nous rendrons LE POTAGER D'UN CURIEUX. 671 compte aux Sociétés d’Acclimatation et d’'Horticulture des ré- sultats que nous aurons obtenus. Oxa is crénmelée. OXALIS CRENATA Jacq. Fam. des Oxalidées. Plante vivace; racines tuberculeuses de la forme et du dia- mètre d’une grosse noix, tiges ascendantes, succulentes, r4- meuses; feuilles trifoliées à folioles obovales, un peu épaisses; en mai-septembre fleurs grandes, jaunes en, ombelles plus longues que les feuilles ; pétales crénelés. L’Oxalis crénelée à été importée, vers 1829, de Lima en Angleterre, d'où elle ne tarda guère à passer en France. Elle porte au Pérou le nom de Oca. En 1850, M. Boursier, consul de France à Quito, a envoyé au Muséum l’Oca rouge, variété qui est considérée au Pérou comme de beaucoup préférable à l'Oca jaune. Nous nous souvenons d’avoir cultivé lOxalis crenata dans le département des Landes et d'avoir obtenu sans difficulté de fort belles récoltes. Nous avons suivi ponctuellement les instructions qui nous étaient fournies par la Maison rustique et par le Bon jardinier. Nous empruntons à ce dernier les procédés de culture qui nous ont réussi : « La plante produit, étant bien cultivée, une quantité de petits tubercules jaunes qui atteignent rarement le volume d'un œuf de poule, mais dont le nombre est quelquefoi: énorme. On parvient à cette grande multiplication au moyen du buttage ou plutôt du marcottage continu, comme nous lé dirons tout à l’heure. Les tubercules contiennent 10 à 12 pour 109 de fécule ; mais ils diffèrent essentiellement par leur qualité de ceux de la Pomme de terre, à laquelle on avait mal à propos comparé l’Oxalis; ils sont d’une cuisson facile et fournissent un aliment sain, léger, assez agréable, d’une sa- veur un peu acide, que l’on peut leur ôter en les faisant cuire aux trois quarts dans une première eau. Les feuilles et les 672 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. sommilés des pousses peuvent remplacer l’Oseille dont elles ont la saveur; à Lima on les mange aussi en salade. La cul- ture n’est pas difficile; on peut avancer les tubercules sur couche en mars, pour mettre en place au commencement de mai, ou les planter à demeure versla mi-avril, ou encore faire sa plantation par boutures qui reprennent avec une grande facilité. Une terre douce, légère et bien amendée est la meil- leure. La distance entre les plantes doit être d’environ un mètre; un seul rang dans une planche de 1°,30 suffit pour bien garnir le terrain à la fin de la saison. Il faut, selon M. Guesnet, commencer à butter dès que les jets ont 0",08 à 0,10 de longueur ; on butte d’abord au centre, en les écar- tant, pour les forcer à prendre une direction horizontale ; puis, à mesure qu'ils s’allongent, on les recharge modéré- ment de nouvelle terre et on continue régulièrement jusqu’en septembre, époque où les tubercules commencent à se former. On arrache ceux-ci le plus tard possible, lorsque les tiges ont été détruites par la gelée; ou bien on peut alors couper les fanes et couvrir les touffes de feuilles sèches; les tubercules se conservent et profitent même sous celte couverture, ainsi que l’a éprouvé M. Redouté. Arrachés, ils se gardenttrès bien pendant l'hiver, tenus en lieu sain et enterrés dans du sable très sec. » L’Oca rouge, reçu en 1850, par le Muséum, de M. Bour- sier, consul de France à Quito, est une variété de l’Oxalis crenata, dont il diffère par la couleur de son tubercule, dont la peau est d’un rouge carminé vif, et par ses tiges un peu plus grèles, colorées en violet rougeâtre et remarquables par leur extrême flexibilité, Ses tubercules ne nous ont semblé ici ni plus gros, ni plus abondants que ceux de l’ancienne va- riélé jaune, bien que, d’après M. Boursier, l’Oca rouge soit considéré au Pérou comme bien supérieur à l'Oca jaune. » Nous avons dit que nous avons cultivé l’'Oxalis crenala dans le département des Landes et que nous l’avions fait avec un plein succès. Nous devons ajouter que la dégustation ne lui avait pas été favorable et que nous avions renoncé à sa culture, mais nous l’avions essayée en 1849, et la note de LE POTAGER D'UN CURIEUX. 673 M. Weddel, qui est d’un si vif intérêt et que nous allons re- produire, n'avait pas encore paru. Nous réservons donc abso- lument notre opinion. Note de M. Weddel (41).—« Je me hâte de dire que, à mon goût, ce légume est presque l’égal de la Pomme de terre lors- qu'il est convenablement préparé. La manière de cultiver l’Oxalis est bien connue; je vais donc aborder sans préambule la question de traitement que nécessitent les tubercules pour devenir comestibles. » Lorsqu'on arrache les Ocas, ils sont toujours plus ou moins acides ; cependant leur degré d’acidité diffère avec les varié- tés. Ainsi, en thèse générale, les variétés blanches sont beau- coup moins acides que les variétés rouges. Quelle que soit, au reste, celle à laquelle on a affaire, l’exposition au soleil, suf- fisamment prolongée, détermine constamment la disparition ou la métamorphose plus ou mois complète de son prineipe acide. Il s’y passe, en un mot, quelque chose de tout à fait analogue à ce qui a lieu dans la maturation des fruits. Üne Oca blanche (Oca bianca) ainsi traitée ne conserve plus au- cune trace d’acidité et ne le cède en rien à une bonne Pomme de terre; il y en a de tout aussi farineuses; celles-ci ont un goût de châtaigne qui est des plus agréables. » L'exposition au soleil, quia pour but seulement de détruire le principe acide des Ocas, doit durer de six à dix jours, et même un peu plus, selon la variété de l’Oca. L'opération se fait le mieux dans de grands sacs de laine. Les changements qui ont lieu dans le tissu des tubercules paraissent être faci- lités par ce moyen, et on peut les retourner plus commodé- ment; mais le sac doit contenir assez peu de tubercules pour qu'ils ne forment, étant étalés sur le sol, qu’une couche très mince sous leur enveloppe. » Lorsque l'exposition au soleil est prolongée beaucoup plus longtemps, pendant plusieurs mois, par exemple, la matura- tion des tubercules va beaucoup plus loin. L’Oca perd alors la plus grande partie de ses sucs et prend la consistance d’un (1) Remarques sur quelques tubercules comestibles, par M. Weddel, aide-na- turaliste au Muséum (Revue hort., 1852, p. 148). 674 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. pruneau, tout en acquérant un goût sucré très prononcé ; c’est là ce qu'on appelle le Caui. » Je n’ai pas besoin de dire que, dans les deux préparations dont il vient d’être question, il faut se garder de laisser geler les tubercules. » Lageléeest au contraire l’agent principal dans la prépara- tion qui porte le nom de Gaia, dont il me reste à parler. » La Caia ou chuno de Oca se fait comme le chuno blanc des Pommes de terre, avec cette différence qu'après la congé- lation des tubereules on ne fait pas macérer ceux-ci dans une eau courante, mais dans de l’eau tranquille. Dans ces circon- stances, l’Oca se corrompt en partie et conserve, lorsqu'elle est desséchée, une odeur et un goût que je me contenterai de comparer à ceux de quelques fromages. Les Indiens font une grande consommation de la Caia, qu’ils trouvent sans doute fort de leur goût. Quant à moi, je ne puis en aucune façon la recommander. J’ai dit quelle était mon opinion sur les autres formes que l’on donne à l’Oca ; je n’y reviendrai point. Seule- ment, Je crois utile de rappeler qu’en Bolivie les tubercules de cet Oxalis, à leurs qualités intrinsèques en joignent encore une autre qui n’est pas de mince importance: c’est que sa multiplication se fait plus abondamment que celle de la Pomme de terre elle-même à la Paz; ils coûtent tout au plus la moitié de ce que coûte cette dernière. » La note qu’on vient de lire fait naître tout d’abord cette réflexion : d’une part, sous le climat de Paris, la récolte de l’'Oxalis crenata ne peut se faire qu’en octobre et ses tuber- cules sont d’une acidité désagréable; d’autre part, le seul moyen qu'on nous enseigne de faire disparaître cette acidité est d'exposer la récolte au soleil pendant six à dix jours au moins. Comment pourrions-nous compter en octobre sur une du- rée de beau temps et sur une chaleur suffisante ? Il nous pa- rail clair que l’expérimentation aurait dû se faire sur le littoral de la Méditerranée et non ailleurs, et qu’à la pratiquer aux environs de Paris on a perdu son temps et sa peine. [est vrai qu’en 1835 on avait appris qu’un habile jardinier LE POTAGER D'UN CURIEUX. 679 anglais, nommé Pringle, avait trouvé un procédé de culture qui permettait de récolter l’Oxalis en août, et Poiteau, l’émi- nent jardinier, botaniste et peintre, ne dissimulant pas la jalousie qu’il éprouvait comme horticulteur français, s’écriait : € Quant à moi, Je ne dormirai plus que je n’aie trouvé le se- cret de M. Pringle ou, du moins, obtenu un résultatsemblable au sien... » Qu'est devenue la découverte du jardinier Pringle? Les Anglais acceptent-ils l'acidité de l’Oxalis? Le soleil de l’Angle- terre, dont la réputation est faite, ne peut certainement pas la faire disparaitre. Publications à consulter. 1835. Culture de l’Oxalis à feuilles crénelées, par Poiteau. Revue horticole, 1835-1838, p. 13. — Analyse chimique des tubercules etdes tiges de POxa- lis crenata, par M. Payen. Bull. de la Soc. centrale d'hort. de France, vol. 16, p. 200. 1836. Extrait d’une lettre de M. Moreau sur la culture et le produit de l'Oxalis crenata. Rev. horticole, vol. 3, p. 493. 1838. Extrait d’une lettre sur l'Oxalis crenata. Journal de la Soc. centrale d’hort. de France, vol. 29, p. 40. — Notice sur les feuilles de POxalis crenata considérées comme aliment, par MM. Quiclet et Mérat. Zbid., vot. 22, p. 41. — Résultat d’une culture de l’Oxalis crenata. Ibid., vol29; p. 77. — Note sur l'Oxalis crenata, par M. Batereau d’Anet. Tbrd., vol. 22, p' 178. — Notice sur la culture de l’'Oæalis crenata, par le vi- comte Débonnaire de Gif. Zbid., vol. 29, p. 178. 1839. Note sur l’'Oxalis crenata, par M. C. Uterhart. Zbid., vol. 93, p. 138. 1846. Note de M. de Bellemain. Rev. horticole, vol. 8, p.336. 1848. Note de M. d'Hombres Firmas, correspondant de l’In- 676 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. stitut. Annales des sc. phys. et nat. de la Soc. d'agriculture de Lyon, p. 795. 1852. Remarques sur quelques tubercules comestibles, par M. Weddel, aide-naturaliste au Muséum. Oxalis de Deppe. OXALIS DEPPEI Sweet. Fam. des Oxalidées. Plante vivace. Racines tubéreuses, napiformes, surmontées de petits bourgeons bulbiformes; pétioles de 12 à 16 centi- mètres, pubescents dans la jeunesse, glabres ensuite, portant quatre folioles cunéiformes, obcordées, sessiles, ciliées, gla- bres et zonées de pourpre en dessus, pubescentes en dessous; en mars-septembre, ombelles de huit à dix fleurs rouge ce- rise, plus hautes que les feuilles, pétales arrondis au som- me. L’Oxalis de Deppe est originaire du Mexique. Il a été ap- porté en Angleterre, en 1827, par M. Barclay, et, six ans plus tard, vers la fin de 1833, M. Jacquin aïné l’introduisit en France et le vit fleurir pour la première fois en 1834. Sa cullure ne présente pas de difficuliés. Il demande, dit le Bon jardinier, une terre riche et bien ameublie; sa mul- tiplication est facile, la plante produisant en grand nombre, vers le collet des racines, des bulbilles qui, plantées en avril, en terre légère, deviennent autant d'individus nouveaux. Nous avons cultivé lOxalis de Deppe dans la supposition qu'il pouvait être considéré comme une plante potagère de quelque utilité; mais, à ce point de vue, il nous paraît être sans valeur. Les racines sont à peine mangeables. Nous avons apprêté les feuilles en guise d’oseille, et, si cette distinction estpossible, nous les avons trouvées plutôt sures qu’acides, en somme peu agréables; mais on verra par les extraits qu'on va lire d’une lettre de M. Morren, directeur du jardin de l’uni- versité de Liège, en date de 10 janvier 1845, à quel point on peut différer d'opinion avec nous. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 677 € Voici huit ans, dit M. Morren, que, sous plus d’une forme, l'Oxalide de Deppe figure avec honneur sur nos ta- bles. Voici à «4 2ls emplois multipliés nous la faisons ser- vir: nous mangeons les feuilles en osei le, les fleurs en sa- lade et les racines en asperges. » Les feuilles jeunes et prises au centre des touffes forment une oseille excellente, d’un goût pur et sans craquement de sels calcaires (oxalate de chaux); leur emploi en potage, en sauce ne peut mériter le blâme du palais le plus gourmet. Les fleurs coupées, même avec le bout de leur hampe, constituent, mêlées à la laitue, un succédané du vinaigre, dont l’acidité, plus exquise et plus franche, est même préférée par une dé- gustation délicate; ceci est pour l'usage de la plante pendant l'été. » Vers la mi-octobre, ou mème en novembre, on ôte la plante de la terre et l’on trouve à son collet une soixantaine de bul- biiles qui, mises en réserve, servent à propager l’Oxalide ; au- dessous de ses buibilles on découvre deux à quatre grosses racines, longues de 10 à 20 centimètres et variant de 92 à 5 de diamètre. Ces racines, fusiformes comme de Jeunes Carottes, offrent une certaine transparence qui fait penser au salep des Tures. Je ne puis partager l’avisque ces racines ont de l’ana- logie avec les Topinambours et les Scorsonères, mais, dans ces matières, il est bien difficile de s'entendre: de gustibus non est disputandum. L’Oxalide offre de l’analogie avec l’As- perge et la jeune Carotte blanche, mais le goût en est plus délicat et, pardonnez-moi l’idée, ce goût est tant soit peu oriental. Nous faisons cuire ces racines à l’eau et au sel et nous les mangeons à la hollandaise, c’est-à-dire avec une sauce au beurre frais fondu et aux jaunes d’œufs. Des amis m'ont assuré que ces racines avaient exercé sur leur orga- nisme un effet analogue à celui qu’on éprouve, lorsque à la suite de quelque régime débilitant on fait usage du Salep. Je puis assurer au reste que je me suis toujours bien trouve de l'usage à tous mes repas de cette excellente plante. » Devant ces affirmations, émises avec tant d'assurance et de conviction, on demeure déconcerté et l’on ne peut que répé- 678 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ter le de gustibus que l’auteur de la lettre oppose d'avance à ses contradicteurs. Les amateurs apprécieront. Nous n’hési- tons pas à conseiller la culture en bordure de l’Oxalis de Deppe. La plante sera tout à fait à sa place dans les jardins des curieux. Publications à consulter. Ox. Deppei. Lodd. Bot. cab. n° 1500 ; par M. Hénon. Ann. des sc. phys. el naturelles de la Soc. d’agr. de Lyon, 1838- 1839, vol. I, p. 82. Lettre de M. Morren, directeur du jardin de l’université de Liège. Revue horticole, 1845, vol. 6, p. 277. Note sur l'O. Deppei, par M. Rachoux. J. de la Soc. cen- trale d’hort. de France, vol. 23, p. 141. Note de M. le D' Mérat. Zd., 1839, vol. 24, p. 90. (À suivre.) Il. F ITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Notes sur les Canards siffleurs du Chili. Mareca Chiloënsis (Eyton). Le Canard siffleur du Chili (1) est originaire de l'Amérique méridio- nale. On le rencontre au Paraguay, dans les environs de Buenos-Ayres, dans le Chili central, aux îles de Chiloé et de Falkland, ainsi que dans les lagunes et les rivières qui avoisinent les Cordillières des Andes. Ce Palmipède a été apporté au Jardin zoologique de Londres en 1870. Don Fel. de Azara, dans ses Apuntamientes para la historia natural de los pajaros del Paräquay (Madrid, 1803), le signale et le désigne sous le nom de Pato piquo pequeno. Pœppig le décrit dans les Fragmenta zoologica itineris Chilensis, publiés dans les Froriep’s Notizen de juillet 1829; il lui donne le nom d’Anas sibilatrix. En 1530 et 1831, la Maréca du Chili a été décrite de nouveau par King dans les Proceedings de la Société zoologique de Londres (p. 15) sous le nom d’Anas Chilzensis: elle a été figurée en 1838 par Eyton dans sa Monographie des Anatidées (1838, p. 117, pl. 21) sous le nom de Ma- reca Chiloënsis qui est généralement adopté quoique n'étant pas le plus ancien. Le nom correct serait Mareca sibilatrix. Cette espèce est également mentionnée par Harilaub, dans l’Index de l'ouvrage de Fel. de Azara (1847, p. 28), par Gay, Faune du Chili (1848, p. 447), par Gould, Proceedings of the zoolog. Society of London (1859, p. 96; 1860, p. 389; 1869, p. 635; 1869, p. ?81; 1867, p. 335; 1870, p. 665; 1876, ». 395, et dans l'Ibis, 1869, p. 284. Description des Canards siffleurs du Chili. Les Canards siffleurs du Chili ont le bec gris, légèrement bordé de noir, à onglet noir; la tête et le cou de couleur noire, nuance suie à reflets bleus. On remarque une plaque grise finement grivelée de noir qui correspond avec l’oreille et qui fait pour ainsi dire suite à la colora- tion de la face, sans se confondre directement avec elle. La partie infé- rieure du cou et la poitrine sont grivelées de noir sur fond gris clair; la teinte noire domine dans la partie supérieure et disparaît insensiblement en se rapprochant du sternum; le dos est recouvert de plumes noirâtres, lancéolées et bordées de gris clair, légèrement teinté de fauve; quel- ques-unes d’entre elles retombent sur les côtés. Les ailes des Canards (1) C’est à la bienveillance de M. Bocourt, directeur des Galeries zoologiques du Museum d'histoire naturelle, que je dois les renseignements sur l’origine des Canards siffleurs du Chili; je lui dois aussi les citations contenues dans cette page. 680 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. du Chili n’ont pas de miroir apparent; les grandes rémiges sont d’un noir grisâtre ainsi que la queue dont les rectrices sont un peu moins sombres. Les plumes des flancs sont d’un roux vif légèrement maculé de blanc qui se prolonge jusque sur les côtés de la queue pour se rejoindre ensuite avec les plumes blanches de l'abdomen et du eroupion; les tarses sont d’un gris très sombre tirant un peu sur le roux. Dans cette espèce, le mâle et la femelle sont pour ainsi dire sem- blables ; la femelle est cependant un peu plus petite et a les couleurs moins vives que le mâle; elle n’a pas à la tête les reflets bleus que l’on remarque chez ce dernier, c’est à peine si l’on distingue une légère teinte vert bleu lorsqu'elle se trouve au grand jour. Description de l'œuf du Mareca Chiloënsis. L’œuf des Canards du Chili est un peu plus gros et de forme moins elliptique que celui des Canards de la Caroline ; il est de couleur nankin très clair; i] mesure 58 millimètres de long sur 39 de large; son poids est d'environ 45 grammes. Observations. Les sujets sur lesquels j'ai basé mes observations me furent cédés par le Jardin zoologique d’acclimatation du Bois de Boulogne le 16 no- vembre 1883. Ces oiseaux sont d’un caractère doux et paisible; ils sont un peu plus herbivores que les Canards de la Caroline et que les manda- rins; ils passent une partie de la journée dans le vivier à la recherche des insectes et des larves, et sont très friands de lentilles d’eau. Comme leurs congénères, ils mangent indistinctement et avec le même plaisir blé, avoine, orge, maïs, graines de maïs à balais, panis, millet des Landes et sarrasin. Le matin et le soir avec la fraicheur, les Canards du Chili fouillent les herbes et se livrent à la chasse des vers et des limaces. Ils sont si familiers avec les personnes qui les soignent, que lon peut espérer d'arriver en peu de temps à leur domestication complète. Les premiers accouplements que j'ai pu constater ont eu lieu au com- mencement de mai; la ponte a commencé seulement le 11 mai, elle a eu lieu à jour passé, comme il arrive, du reste, pour presque toutes les espèces de Canards. J'ai lieu de supposer que la ponte de mes siffleurs du Chili aurait été moins tardive sans les pluies continuelles de l'hiver 1882-1883 ; néanmoins je dois ajouter que les Casarka rutila qui pon- dirent l’an dernier le 26 mars ont pondu cette année le 6 du même mois, ce qui indiquerait que le mauvais temps de l'hiver peut n'être point la cause du retard présumé que je viens d'indiquer. Du 11 au 26 mai la femelle a pondu 9 œufs, elle se rendait au nid vers les six heures du matin et y restait environ une heure. Les 28, 29 et FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 68! 90 mai, j ai remarqué qu’elle ne quittait pas le nid de la soirée; c’est à ce moment qu’elle arrachaït ses plumes pour recouvrir ses œufs; à par- ür du 30, elle a couvé régulièrement, ne quittant son nid que pour aller manger le matin, à midi et le soir. Ses absences étaient d’autant plus longues, que la température était plus élevée. Tout me faisait espérer une heureuse réussite, lorsque je crus n’aper- cevoir que les Canards mandarins, qui se trouvaient dans le même parc que mes Canards du Chili, cherchaient à tourmenter la couveuse ; je mul- tipliai mes observations et ne tardai pas à être convaincu que ces petits mutins guettaient le moment où la femelle se levait pour aller mettre le désordre dans le nid. Le 2 et le 7 juin, je trouvai le duvet qui le re- couvrait entièrement dispersé, plusieurs œufs avaient été expulsés et gisaient çà et là. Quoique refroïdis, je les remis dans le nid et les recou- ris ensuite le mieux possible, mais hélas ! le même désordre se repro- duisant journellement plusieurs œufs furent cassés ou noyés, et la fe- melle, après vingt-cinq jours, finit par abandonner ceux qui restaient. J’ai vérifié le contenu des œufs abandonnés, un seul renfermait un embryon, les autres étaient clairs. Non contents de cette première œuvre de destruction, mes mandarins furent ensuite cause de la perte des œufs de mes Canards de la Caroline. La femelle qui couvait pour ainsi dire à la même époque dut fuir devant les agressions continuelles dont elle était victime; elle abandonna ses œufs. C’est ainsi que toutes mes espérances de l’année se sont évanouies pour n’avoir pas su séparer à temps mes couples reproducteurs. Comte A. de MONTLEZUN. Ennemis des ruchers. M. Soehnlin nous adresse la traduction suivante d’une note publiée dans un des derniers fascicules du Der Zoologische Garten sur les dommages que les Oiseaux et quelques autres animaux peuvent causer aux ruchers. Il y a quelque temps, j'ai appris par un intelligent apiculteur, M. A. Lipp, à Künigsstädten près Gross-Geran, qu’à la suite d’observations faites par lui, il s’était convaincu que les Hirondelles ne détruisent pas les Abeilles armées d’un aiguillon, mais qu’elles ne s’attaquent qu’aux Faux-Bourdons. L'opinion qu’une grande quantité d’Abeilles sont dévo- rées par les Hirondelles, dans leur course à la recherche du miel, repose sur une erreur. M. Lipp a observé derrière une grange dans son jardin, à proximité de son rucher à Dzierzon, toute une famille d’'Hiron- delles (Hirundo ruslica), adultes et jeunes, les unes volant incessam- 4 SÉRIE, T. [. — Aoùt 1884. 44 682 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ment devant le rucher, tandis que les jeunes, perchées sur un arbre fruitier, étaient nourries par les adultes. Afin de s’assurer si les petites Hirondelles, nourries sous ses yeux d’Abeiïlles happées au vol, avaient dans l'estomac et le jabot des Mouches à miel ou des Faux-Bourdons, il abattit un des jeunes oiseaux, le disséqua avec soin et ne constata dans ses organes digestifs que des débris de Faux-Bourdons, sans aucune trace de Mouches à miel ; la dissection d’une Hirondelle adulte, tuée à la même place, lui fournit des constatations identiques. Cette fois encore, il ne trouva indubitablement que les grosses têtes des Faux-Bourdons. M. Lipp communiqua ses observations au journal du district de Geran, afin de détruire, dans l'esprit des apiculteurs de la contrée, le préjugé que les Hirondelles sont dangereuses pour les Abeilles. Récemment, j'ai observé moi-même, dans le jardin de la cure de Konigsstädten, comment une nombreuse nichée d'Hirondelles (Hirundo rustica) penchées sur les branches d’un arbre fruitier était nourrie par les vieilles Hirondelles voletant à l’entour, non pas avec des Faux- Bourdons et encore moins avec des Guêpes et des Frelons, très nombreux sur les espaliers voisins, mais bien avec de grosses Mouches à viande ou d’autres, telles que l’Elophilus tenax, qui se tenaient sur des Asters, ou des Bombyles qui, comme on le sait, planent parmi les branches de la couronne des arbres; ces deux dernières espèces de diptères sont facilement confondues avec les Abeilles par les personnes ignorantes d’entomologie. D’autres oiseaux insectivores qui étaient en chasse autour des ruchers, ne s’en prenaient pas exclusivement aux Faux-Bourdons; ils attrapaient d’autres insectes attirés par l’odeur du miel, comme toutes espèces de Mouches et de Teignes, particulièrement les insectes nuisibles, qui s’in- troduisent dans les ruchers, tels que Galleria mellonella, syn. cerella, Achroca alvearia et Aphonia colonella (la plus grosse espèce de celles ci-dessus nommées en premier lieu cause de grands ravages dans les ruchers), et des Trichodetes ou Clerus apiarius et alvearius, dont les larves détruisent les embryons d’Abeilles; enfin des Fourmis et des Perce-oreilles (Forficula auricularia), qui grimpaient le long des ruchers. Tous ces insectes attirés par le miel et dommageables aux Abeilles sont la proie des Oiseaux pendant le jour et des Chauves-souris pendant la nuit ; les Mouches à miel armées d’un dard ne courent aucun danger. Les Chauves-souris attrapent aussi la nuit des Papillons tête de mort et d’autres insectes nocturnes attirés par le miel, ainsi que le prouvent les ailes que l’on trouve le matin devant le rucher. La Tête de mort qui parvient quelquefois à pénétrer dans le rucher est tuée par les Abeilles et jetée dehors; on trouve souvent son cadavre par terre devant le rucher. L'opinion que c’est surtout l'Hirondelle commune (Hirundo rustica) FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 083 qui est dangereuse pour les Abeilles, tient, sans doute, à ce que les deux autres espèces qui vivent dans nos villages et dans nos villes (Hirundo urbica et Cypselus apus) ont pour habitude de voler soit sur les étangs et les cours d’eau, soit dans les régions élevées de l’atmo- sphère, en se livrant à la chasse des insectes. Les ascensions en ballon ont démontré que, jusqu'à une hauteur de plus de mille mètres, on trouve de petits insectes, Moucherons, Papillons et Coccinelles, entrainés par les courants ascendants de l’atmosphère, quand la température s'élève. J'ai également observé sur les revers du Rochusberg et du Scharla- chkopf, près Binger, que les Martinets (Cypselus apus) qui, en grand nombre, y cherchent leur nourriture, rasent, en volant, les cimes boisées ou les vignobles et les récoltes à une altitude élevée, pour attraper les insectes posés ou au vol. L’Hirondelle commune (Hirundo rustica), au contraire, poursuit les insectes principalement dans les rues des lieux habités, autour des écuries, des étables, des granges, au milieu des jardins, ce qui a précisément pour conséquence de faire croire qu’elle se livre à la chasse des Abeilles. Dans la saison de leur plus grande activité, les Abeilles, qui revien- nent au rucher chargées de miel, ont affaire à d’autres ennemis: les Guêpes (Vespa vulgaris), les Frelons ( Vespa crabro) qu’on aperçoit sou- vent tenant des Abeilles dans leurs bouches ; le Philanthus pictus, qui nourrit ses jeunes déposés dans des trous pratiqués dans le sable avec des Abeilles tuées ; une autre Guêpe très importune, Odynerus spinipes, syn. Vespa parietina, qui s’introduit souvent en telle quantité dans les ruches, pour y déposer ses œufs entre les rayons, que les Abeïlles sont obligées de les abandonner. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que, dans le courant d’un été, la population d’une ruche diminue nota- blement et tombe quelquefois de soixante mille travailleurs à quiuze mille, sans qu’il soit nécessaire d’imputer le fait aux Hirondelles. On ne saurait davantage considérer comme ennemis des Abeilles les Rouges-queues qui se tiennent près des ruchers. Dans les Observations sur l’apiculture, qui forment le supplément du recueil publié par l’Asso- ciation agronomique du grand-duché de Hesse pour l’année 1862, chez J. Kaden à Mayence, et où l’on retrouve, en ce qui concerne les Hiron- delles, les affirmations émises par l’apiculteur Lipp (p. 98) on lit : « Nous avons observé les Rouges-queues, pendant plusieurs années, aux premières heures du jour, et nous avons constaté qu’en voletant sur le rucher ils ne mangent que les Abeilles mal venues et les larves expulsées de la ruche. » Lafluscicapa griseola, très abondante dans nos jardins, est, au con- traire, signalée comme très dangereuse pour les Abeilles dans la belle saison et l’on engage les apiculteurs à détruire ses nids le plus pos- sible. » 684 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Cette allégation repose assurément sur une erreur, comme le préjugé contre les Hirondelles et les deux variétés de Rouges-queues (Ruticilla tithys et Phœnicura) bien qu'il soit vrai que des variétés similaires attrapent les Bourdons et les Abeilles et les fichent sur des épines; car, si l’on peut bien apercevoir les Rouges-queues attraper au vol des Frelons ou d’autres insectes, les emporter sur une branche et les avaler rapide- ment, après les avoir tués d’un coup de bec, on ne peut jamais les voir occupés à arracher au préalable un aiguillon empoisonné. Les Moineaux femelles ramassent aussi les Abeilles mortes, mais ils sont absolument sans danger pour les ruches ; on ne peut pas en dire autant des Mé- sanges et des Pics. D’après le recueil hessois, « toutes les espèces de Mésanges, ainsi que les Pics dans les régions boisées, causent de grands dommages aux Abeilles pendant l'hiver, » non seulement parce que les Mésanges étouffent et dévorent en partie les Abeilles isolées qu’elles attrapent, mais aussi parce que les Pics « par leurs coups répétés contre les bois du rucher font sortir les Abeilles » (Geci ne peut s'appliquer qu'aux anciennes ruches en paille). Le dommage causé par les Mésanges et les Pics aux ruchers établis suivant les anciens procédés ne peut être absolument nié ; mais, certainement, ce dommage est peu appréciable, si les anciens ruchers sont convenablement protégés pendant l’hivernage, saurait être comparé avec les immenses services que rendent ces deux espèces d’Oiseaux insectivores. Le gérant.: JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ NOTES SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES Par le comte de MONTLEZUN FAMILLE DES ANATIDÉS. 1° Cygninés. D'après le catalogue de Gray, le genre Cygne comprend onze espèces ou variétés, dont quelques-unes sont peu con- nues et plus ou moins bien déterminées. Pour ces dernières, je me suis contenté de donner l’appréciation des auteurs qui les ont décrites, et d'ajouter une série d’annotations recueillies en partie dans les renseignements que M. Oustalet, docteur ès sciences, aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle de Paris, a bien voulu me donner. Ceux qui liront ces notes pourront, à l’aide de ces indications, trouver dans les auteurs des renseignements complémentaires; pour les autres, j'ai puisé aux sources les plus autorisées des renseignements précis, qui pourront, je l'espère, servir aux éleveurs qui parcourront ces lignes. A l’aide des figures que mon ami, M. Grinda de Sofolani, a eu la complaisance de dessiner d’après nature, et avec les descriptions qui suivent, il sera facile d’avoir une idée exacte des différentes espèces, de connaitre le pays d’origine de chacune d’elles et de savoir si elles se sont reproduites en captivité. MM. les directeurs des jardins zoologiques, eten particulier M. Huet, aide-naturaliste chargé de la direction de la ména- serie du Jardin des plantes de Paris, ayant bien voulu me faire part de leurs notes d'observations, les éleveurs pourront 4e SÉRIE, T. I. — Septembre 1884. 45 686 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. encore trouver. dans cette petite monographie des données exactes concernant l’époque de la ponte, la durée de l’incu- bation et la description de l’œuf des espèces qui ont pondu dans ces établissements. LE CYGNE MUET. — Cygnus olor (Gmelin). Le Cygne muet est celui que l’on rencontre dans presque tous les pays à l’état domestique ; son bec rouge, surmonté Cygnus olor. d’une caroncule noire, le fait distinguer à première vue de tous ses congénères. Buffon s’exprime ainsi en parlant de cette espèce : « Les grâces de la figure, la beauté de la forme, répondent dans le Cygne à la douceur du naturel; il plaît à tous les veux; il décore, embellit tous les lieux qu’il fréquente; on l'aime, on l’applaudit, on l’admire ; nulle espèce ne le mérite mieux; la nature, en effet, n’a répandu sur aucune autant de ces grâces nobles et douces qui nous rappellent l’idée de ses plus charmants ouvrages ; coupe de corps élégante, formes SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES. 087 arrondies, gracieux contours, blancheur éclatante et pure, mouvements flexibles et ressentis, attitudes tantôt animées, tantôt laissées dans un mol abandon; tout dans le Cygne res- pire la volupté, l’enchantement que nous font éprouver les grâces et la beauté. Tout nous l'annonce ; tout le peint comme l’oiseau de l'amour ; tout justifie la spirituelle et riante my- thologie d’avoir donné ce charmant oiseau pour père à la plus belle des mortelles. » D’après Brehm et plusieurs autres auteurs, le Cygnus olor vit en liberté dans le nord de l’Europe et dans la Sibérie orientale. | Description. Le Cygne muet (Cygnus olor) est un des plus grands Cygnes connus. Dans cette espèce, le bec est de couleur rouge tirant sur l’orange ; 1l est terminé par un onglet ou lamelle cornée de couleur noire. Les narines sont généralement entourées d’une bordure noïre formant tache sur la couleur du bec, dont la nuance est moins vive chez les sujets jeunes que chez les adultes. Le bec du Cygne muet est surmonté d’une caron- cule noire plus ou moins développée, suivant l’âge de l'oiseau ; cette caroncule, beaucoup plus forte chez les mâles que chez les femelles, se relie avec la membrane naso-oculaire, qui est aussi de couleur noire. Le plumage de ce Cygne est entière- ment blanc, son œil est brun, ses pattes sont noires; les fe- melles sont un peu plus petites que les mâles. Les jeunes ne sont entièrement blancs qu’à l’âge de deux ans; avant l’âge adulte, ils sont recouverts de plumes grises et passent insen- siblement à la couleur blanche, qui caractérise l’âge adulte. Ponte. La femelle du Cygnus olor pond de cinq à huit œufs, à jour passé, en avril et mai; ses œufs, de forme allongée, plus ou moins réguliers quant aux extrémités, sont généralement de couleur bleuté verdâtre ; ils mesurent 11 centimètres de long sur 8 centimètres de large. La durée de l’incubation est de trente-quatre à trente-six jours, et non de six semaines, comme 688 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION, le dit Buffon et plusieurs autres auteurs, qui ont dû compter à partir du jour où la femelle séjourne plus ou moins long- temps dans le nid, sans se préoccuper de savoir si tous les œufs étaient pondus ou non. CYGNUS IMMUTABILIS (Yarrell). Yarrell (1) s’exprime aiusi en parlant de cette espèce : « Le Cygnus immutabilis ne diffère du Cygnus olor que par les pattes, qui sont d’un gris pâle, et par les Jeunes, qui naissent tout blancs au lieu d’être gris ; en réalité, si ce n’était la blancheur de ses pattes, le Cygnus immutabilis adulte ne pourrait se distinguer du Cygnus olor. » Schlegel (2) dans sa Revue critique, Degland et Gerbe (3), le considèrent comme une simple variété du Cygnus olor. Sclater (4), en 1879, a rayé cette espèce de la liste des ani- maux du Jardin zoologique de Londres; le même auteur, ayant ensuite changé d’avis, l’a fait figurer de nouveau dans la notice qu’il a publiée l’année suivante sur les Anatidés (5). Dans cer- tains cas, le Cygnus immutabilis se reproduit de génération en généralion avec les mêmes caractères; dans d’autres, on trouve des Gygnes présentant les caractères du Cygnus immu- tabilis et qui naissent du Cygnus olor. M. Huet, aide-natura- liste chargé de la ménagerie du Muséum, s'exprime ainsi dans une lettre qu’il a bien voulu m'adresser : «Il existe une va- riété du Cygnus olor, et tous les ans, parmi les couvées que nous avons à la ménagerie, cette variété se reproduit; les jeunes naissent avec les pattes blanches, et cette couleur per- siste, même lorsque ces oiseaux sont adultes. C’est générale- ment chez les femelles que ces cas d’albinisme se présen- tent. » Comme on le voit, les avis des auteurs sont partagés; (1) Proceedings of the xoological Society of London, 1838, p. 19. (2) Revue critique, 1844, p. 112. (3) Ornithologie européenne, 2° édition, 1867, t. IT, p. 476. (4 List of the vertebrated animals non or lately living in the gardens of the Zoological Society, 7° édition, 1879, in-8°, Londres. (5) Proceedings of the Zoological Society of London, 1880, p. 550. SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES. GR9 les uns considèrent le Cygnus immutabilis comme une es- pèce, les autres comme une simple variété. CYGNE A COU Noir. — Cygnus nigricollis (Gmelin). Le Cygne à cou noir habite l'extrémité sud de l'Amérique ; on le trouve au Pérou, aux îles Falkland, à Santos et au Brésil. Cygnus nigricollis. Il est moins grand que le Cygnus olor et a plus de taille que le Cygnus Bewickii; le port de son cou est plus vertical que chez ses congénères, ce qui lui donne un peu l'aspect de l'Oie. D’après Brehm, le premier couple de ces oiseaux a été apporté par Hormby, qui l’offrit à lord Derby. Ce dernier réu- 690 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. nit plusieurs sujets de cette espèce. À sa mort, deux de ces Cygnes furent donnés à la reine d'Angleterre, et quatre autres furent placés au Jardin zoologique de Londres, où ils se re- produisirent pour la première fois en 1857. Description. Le Cygne à cou noir est de moyenne grandeur; il a le bec gris, légèrement ardoisé, finement bordé d’une nuance cou- leur de chair et terminé par un onglet de même teinte; les caroncules ou callosités qui recouvrent la partie postérieure du bec ressemblent à une sorte de crête formée de deux boules ayant pour ainsi dire l’aspect de deux fraises unies entre elles ; elles sont de couleur rouge vif, nuance corail, ainsi que la partie postérieure du bec; la membrane naso-oculaire, qui fait suite à cette dernière, est de nuance un peu plus tirant sur l’orange; l'œil est brun, le cou est noir presque jusqu’à sa base; une petite ligne blanche part de l’œil et se prolonge vers la partie postérieure du crâne; lorsque les sujets sont adultes, ces deux lignes se rejoignent; un petit filet blanc sépare le bec du plumage noir de la tête et vient entourer l'œil pour se relier avec les lignes dont je viens de parler, et qui dessinent le crâne de l’oiseau. A la couleur noire du cou succède brusquement le plumage entièrement blanc qui re- couvre toutes les parties du corps, les ailes ne dépassent guère la naissance de la queue, formée de dix-huit rectrices; les pattes sont couleur de chair pâle et claire. Ponte. La ponte du Cygne à cou noir ne varie guère; elle a presque toujours lieu à dater du 1* avril et ne dépasse pas en général les premiers jours de mai. La durée de l’incubation est la même que chez les autres espèces, trente-quatre jours au moins, trente-six jours au plus. En 1880, les Cygnes à cou noir de la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle de Paris pondirent le 16 avril; la femelle prit le nid le 1* mai, et l’é- closion eut lieu le 5 juin ; en 1881, la femelle du mème couple prit le nid le 4 mai, soit trois jours plus tard. Cette espèce se SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES. 691 reproduit assez facilement; presque tous les jardins zoologi- ques ont pu élever des petits. M. le directeur du Jardin z00!0- oique d'Anvers (Belgique) a obtenu, chose étrange, deux et trois pontes du Cygnus nigricollis dans la même année, avant ou après l’hiver. L’œuf de Cygne à cou noir mesure 10 centimètres 1/2 au grand diamètre et 6 centimètres au petit diamètre ; il est blanc jaunâtre. CYGNE CHANTEUR. — Cygnus musicus (Bechst). — C. ferus (Léach). Le Cygne chanteur (Cygnus musicus) est moins grand et moins volumineux que le Cygne muet; il a aussi les formes moins gracieuses ; il habite les zones froides de l'hémisphère Cygnus musicus. boréal; on letrouve dans le nord de l’Europe, au centre de l'Asie et en Amérique. Cette espèce est de passage en Égypte, au Maroc et en Algérie; on la rencontre accidentellement en Espagne et en France; elle est commune en Russie et en Sibérie. Les Cygnes chanteurs ou sauvages émigrent à l’ap- proche des grands froids; ils arrivent en octobre en Pomé- ranie et en Allemagne. [ls nichent dans les marais de la Fin- lande, en Russie, en Sibérie, dans l'Amérique du Nord et en Islande. Schilling dit que le Uygne chanteur est plus querel- leur que le Gygne muet. 699 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Description. Le Cygne chanteur est entièrement blanc; il est un peu plus petit que le Cygne muet. Dans celte espèce, le bec est noir, à partir de lextrémité, sur plus d’un tiers de sa lon- gueur ; il est jaune de chrome brillant depuis les narines jusqu’à la base; on remarque que la partie jaune est insérée dans la partie noire par deux sortes de lobes allongés que l’on remarque de chaque côté du bec, et dont l’inférieur est plus grand que le supérieur, qu’il dépasse de plus d’un cen- timètre. Ce Cygne a la tête plus allongée que celle de lespèce précédente; elle se caractérise par des contours très fins. La partie postérieure du corps est légèrement tombante. Ponte. D’après plusieurs auteurs, la ponte de ce Gygne a lieu en avril et mai; les femelles pondent de six à huit œufs d’un blanc jaunâtre. Cette espèce n’a pondu ni au Zoological Gar- den, ni au Jardin zoologique d'Anvers, ni au Roninklijk Zoologisch Genootschap d'Amsterdam, ni à la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle de Paris. LE CYGNE DE BEWICK. — Cygnus Bewickii (Narrell). — Cygnus minor (Pallas). Le Cygne de Bewick ressemble absolument, pour laspect général, au Cygnus musicus; il a les mêmes formes, les mèmes couleurs, et on le trouve pour ainsi dire dans les mêmes régions. Cette espèce est sensiblement plus petite que la précédente ; ses principaux caractères distinctifsse trouvent dans le bec, qui est plus dégagé et jaune sur une bien moins grande étendue que chez le Cygnus musicus. Chez ce der- nier, le bec est jaune sur la moitié environ de sa longueur, et noir à partir du milieu jusqu’à l'extrémité; chez le Cygnus Bewickii, la couleur jaune est plus terne que dans lespèce précédente ; elle occupe à peine un quart de la longueur du bec à partir de sa base, et vient se joindre avec la teinte noire SUR LES PALMIPÈDES : LAMELLIROSTRES. 693 qui le recouvre sur les trois quarts environ de sa longueur, par deux légères ondulations de forme arrondie. L’orifice nasal se trouve en plein dans la partie noire, tandis que dans Cygnus Bewickii. le Cygnus musicus il se confond entre les parties jaunes in- _sérées dans le noir ; la queue est formée de dix-huit rectrices, les pattes sont noires, l’ensemble du plumage paraît d’une blancheur plus éclatante encore que dans les autres espèces. Ponte. Les jardins zoologiques d'Amsterdam, d'Anvers et de la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle de Paris, n’ayant pas obtenu la reproduction de cette espèce, je suis privé de donner les renseignements que j’ai pu fournir sur les autres espèces. LE CYGNE AMÉRICAIN. — Cygnus Americanus (Scharpless). — American Swan des Anglais. Le Cygne américain est originaire de l'Amérique occiden- tale. On le trouve du Mississipi au Pacifique. Dubois s’ex- prime ainsi en parlant de cette espèce : « Ce Cygne habite une assez grande étendue de l'Amérique ; il hiverne dans les 094 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. provinces atlantiques, et principalement dans le Chesapeake- Bay, où il fut observé par Richardson, au Saskatchewan, sous le 64° degré de latitude. Towenend le‘rencontra en Colombie, et le capitaine de Stansbury le vit en mars, lors de son expé- dition au Jourdan-River. Cette espèce a été aussi observée plusieurs fois en Europe; cinq exemplaires ont été vus en Hanovre en 1851, dont trois furent abattus près de Haselüne. Cet oiseau a été longtemps confondu soit avec le Cygnus Bewickii, soit avec l’Immutabilis, dont il diffère cependant beaucoup; à première vue, on pourrait le prendre pour le Cygnus Islandicus ou Minor, dont il a la taille; mais il se distingue de ce dernier par la forme de son bec et les parties nues placées à la naissance de la mandibule supérieure. Un examen attentif ne laisse, du reste, aucun doute sur l'identité des individus pris en Hanovre, et désignés par le docteur Hartlaub sous le nom de Cygnus americanus, avec l’espèce décrite par Audubon. M. T. C. Fylon est également d’avis que l’oiseau en question est bien une véritable espèce, et non une variété, comme plusieurs ornithologistes l’ont cru à tort. » Le Cygnus americanus est un oiseau excessivement fa- rouche; ses mœurs et sa propagation ne diffèrent guère de celles de ses congénères. » Il a été décrit en 1830 par Sharpless (1). Il en est fait men- tion dans l'American Journal of sciences (2), ainsi que dans l’ouvrage de M. Audubon (3). Description. Le Cygnus americanus a le bec aussi long que la tête, large, élevé à sa base; les plumes finissent sur le front par une ligne semi-circulaire. Les narines sont placées assez loin en avant sur le bec; la queue a vingt rectrices. Adulte, il est d’un blanc pur; il a le bec et les pieds noirs. Dans cette es- pèce, la membrane naso-oculaire est de couleur orangée ou (1) Ouvrage peu connu. Doughty's cabinet of natural history, 1830, t. EF. p. 185, pl. 16. (2) American journal of sciences, 1831, p. 83. (3) Ornithological Biographies, 1839, t. V, p.133. SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES. 695 jaunâtre ; elle contraste avec le bec qui, même à la partie postérieure de la mandibule supérieure, reste entièrement noir, ce qui n'arrive pas chez le Cygnus musicus et le Cygnus Bewickii. La longueur totale de ce Cygne est de 1",40. Cette espèce est très rare dans les collections, et encore plus dans les jardins zoologiques. Le Muséum d'histoire na- turelle de Paris ne la possède pas. On ne la connaît guère que par les descriptions qui en ont été données. CYGNE TROMPETTE. — Cygnus buccinator (Richenbach). Le Cygne buccinator ou trompette est originaire de l’'Amé- rique du Nord. Il habite l’ouest des Etats-Unis, du Mississipi Cygnus buccinator. au Pacifique. Cette espèce a été décrite par Richardson (1), par Audubon (2), dans son ouvrage intitulé : les Oiseaux d’Amé- rique, vol. IT; elle est figurée sur les planches 389 et 383. (1) Fauna Boreani americana, 1831, t. IL, p. 464. (2) Ornithol. Biogr., 1838, t. IV, p. 536, et t. V, p. 114, pl. 406-376, et dans l’ouvrage intitulé : Birds of America, t. VI, 1843, p. 219, pl. 382-383, 696 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Le Cygne buccinator a êté introduit en Angleterre en 1866, et plus tard en France. Il a niché en Angleterre en 1870, et en France en 1880. Descriplion. Le Cygnus buccinalor est de première grosseur ; il est au moins aussi gros que le Cygnus olor ; son bec noir est dé- pourvu de caroncules, ses pattes sont noires. Ce Cygne a la tête plus anguleuse que les Cygnes des autres espèces ; il a l'œil relativement peut et brun. Son bec, large, gros et plus long que la tèle, est anguleux et composé pour ainsi dire d’une série de plans, 1l est légèrement aplati au point qui correspond à la caroncule du Cygne ordinaire. Les narines du Cygne buccinator sont développées, apparentes et assez rapprochées du front; les plumes de la tête se réunissent au bec par une ligne semi-elliptique; ses ailes sont robustes et se dessinent extérieurement sans être recouvertes par les plumes du corps, comme il arrive d'ordinaire chez les oiseaux de cette famille ; la queue se compose de vingt-quatre rec- trices. Ponte. La ponte du Cygne buccinator a lieu habituellement en avril et en mai. À la ménagerie du Muséum d'histoire natu- relle, ces oiseaux ont pondu, en 1880, à partir du 11 mai; la femelle prenait le nid le 26 mai, et l’éclosion avait lieu le 90 juin. En 1881, la ponte avait lieu neuf jours plus tôt, et la femelle prenait le nid le 17 mai. D'après les renseignements qui m'ont été fournis par les directeurs des jardins zoologi- ques de Londres, d'Amsterdam, d'Anvers, etc., le Cygnus buccinalor se reproduit assez régulièrement dans plusieurs de ces établissements. Les œufs de cette espèce ont 11 centi- mètres de long sur 6 1/2 de large; ils sont de couleur blanc jaunâtre ou café au lait clair. SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES. 697 CYGNE PASSMORI. — Cygnus Passmori (Hincks). Le Cygne Passmori est originaire du Canada ; il a été décrit en 1805 par le Révérend Williams Hincks (1), de Toronto (Ganada) ; celui-ci, dans une lettre insérée dans les Proceedings de la Société zoologique de Londres (2), a longuement insisté sur les prétendues différences qu’il y aurait entre cette espèce et le Cygne trompette (buccinator). Ces différences seraient : 4° absence totale du jaune sur le dessus de la tête, à tout âge. chez le Passmori; 2° taille plus faible chez le Passmori; 3° différence dans la disposition de la trachée et du sternum. M. M.J. Muric (3) soutient que ces caractères sont insuffi- sants, et que le Passmori n’est autre que le buccinator. Plu- sieurs auteurs étant de l'avis de M. J. Muric, il semble que l’on peut admettre l'identité des deux espèces. Du reste, cette prétendue espèce ne figure plus dans les mémoires récents. LE CYGNE NOIR OU CYGNE DE LA NOUVELLE-HOLLANDE. Cygnus atratus (Latham). On lit dans Brehm qu’en 1698 un nommé Witsen écrivait à son ami Lister qu’un navire, envoyé par la Compagnie des Indes orientales pour explorer la Nouvelle-Hollande, avait trouvé dans ce pays des Cygnes noirs. En 1746, deux de ces oiseaux furent amenés à Batavi CR On rencontre le Cygne noir sur les lacs et les cours d’eau du sud de l'Australie et de l'Océanie, où il est commun. Cet oiseau est peu craintif, d’après Bennett: c’est par milliers qu’on le trouve, et on peut en tuer sans peine autant que l’on veut. Gould raconte que la saison des amours du Cygne noir a lieu d'octobre en janvier. I dit avoir trouvé des œufs nou- (1) Proceedings of the Linnean Society, 1865, t. VIII, p. 1-7. (2) Proceedings of the Zool. Soc., 1868, p. 211. (3) Ibid., 1867, p. 8, et 1868, p. 211. 698 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. vellement pondus au milieu de janvier, et des jeunes Cygnes couverts de duvet dès le mois de décembre. Le Cygne noir se reproduit tous les ans en Angleterre, en France et en Alle- magne. Description. Le Cygne noir est moins grand que le Cygnus olor ; il a le cou plus long et plus grêle, sa tête est dépourvue de caroncule. Cygaus atratus. Il a le bec carmin rougeätre, terminé par un onglet rose. La mandibule supérieure est traversée vers son extrémité par une bande de couleur blanc rosé d’un centimètre environ de lar- geur, se détachant sur la couleur rouge, qui persiste jusqu’à ia paupière sur toute la membrane naso-oculaire. L'œil est rouge éclatant ; la tête, le cou et l’ensemble du plumage sont d’un noir légèrement ardoisé, la teinte noire est moins accen- tuée sur l’abdomen que dans la région du cou; les piumes de SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES. 099 la base du cou, ainsi que celles du dos, sont légèrement bor- dées de gris foncé ; elles deviennent de plus en plus grandes en se rapprochant des ailes; celles qui les recouvrent sont grandes et frisées ; les grandes rémiges et partie des rémiges secondaires sont blanchâtres; chez les femelles et chez les jeunes, les extrémités des grandes rémiges sont légèrement grises, la teinte du bec est aussi moins vive, et la bande qui le traverse moins apparente ; les pattes sont noires. Ponte. Chez les Cygnes, comme du reste chez presque tous les oiseaux, l’époque de la ponte est souvent subordonnée à la température et au climat où ilsse trouvent. Le Cygnus atratus étant chez nous dans un pays où les saisons sont renversées, il arrive que, pour peu que la température soit douce, ils deviennent en amour pendant notre hiver, ce qui est excessi- vement préjudiciable pour l’éducation des petits, car Le froid rigoureux succède souvent à la température élevée qui était arrivée avant l'heure; il fait souvent des gelées au mois de mai, alors que le temps était doux en janvier et février. Il ne faut pas être surpris qu'il en soit ainsi, car notre hiver cor- respond pour eux à l’été d'Australie. A la ménagerie du Mu- seum d'histoire naturelle de Paris, il est arrivé que le même couple a pondu d’abord en janvier, l’année suivante en février, et enfin en mars dès la troisième année. Au Roninklijk zoolo- gisch Genoostchap d'Amsterdam, des pontes ont eu lieu en février et septembre; au Jardin zoologique d'Anvers, des Cygnes noirs ont pondu tantôt avant, tantôt après l'hiver, quelquefois deux fois dans le courant de la même année. Ces oiseaux s’acclimatent facilement ; ils pondent de cinq à huit œufs verdâtres ou bleuté verdâtre, qui mesurent 10 centi- mètres de long sur 6 1/2 de large. L’incubation dure de trente-quatre à trente-six Jours. 700 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. LE CYGNE COSCOROBA. — Cygnus Coscoroba (Molinier). — Cy- gnus anatoides (King). — Cygnus Chionis ({lliger). Le Cygne Coscoroba est originaire d'Amérique ; on le trouve dans les Provinces-Unies de la Plata, au Chili, à Montevideo, aux îles Falkland, en Patagonie et dans la République argen- tine; ilest très abondant dans certaines rivières et sur les Cygnus Coscoroba. lacs des Pampas. Il se réunit en troupes, comme nos Cygnes. La première importation de cette espèce en Angleterre re- monte en 1870; on en trouve depuis des spécimens dans di- vers jardins zoologiques. Le Cygne Coscoroba a été décrit par Molinier (1) dans son ouvrage sur le Chili ; il a été figuré par Gray et Mitchell (2). Sclater et Salvin en font mention dans les Proceedings (3) de la Société zoologique de Londres; MM. Eydoux et Gervais en (1) Stor. nat. Chil., p. 207. (2) Genera of Birds, t. II, pl. 166. (3) Proceedings of the Zoological Society, 1876, p. 371. SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES. 701 nt également parlé dans les voyages de la Favorite (1). Gay (2) a encore donné quelques renseignements sur cette espèce ou sur une espèce identique, le Cygnus anatoides de King (3) et d'Eyton (4). Description. Le Cygne Coscoroba est de pelite taille; il est cependant plus gros que l'Oie domestique. On remarque à première vue que sa conformation et ses allures ont une grande analogie avec celles du Canard. Cette ressemblance avec les Anatidés lui à valu le nom d’Analoïdès, qui ne saurait être mieux choisi, puisque, joint avec le nom générique Cygnus, il donne une idée de l’ensemble des formes de l'oiseau lui-même. Dans cette espèce, le plumage est entièrement blanc, à l’ex- ception des grandes rémiges, qui sont noires; au repos, ces dernières ne sont visibles qu'à leur extrémité; le bec est rouge carminé, l’œil est brun, les pattes sont rose laque car- minée. Ponte. La ménagerie du Muséum d'histoire naiurelle de Paris possède, depuis 1868, deux sujets de cette espèce. La femelle s'occupe de construire son nid dès le mois d'avril; elle pond de cinq à sept œufs d’un blanc jaunâtre ; ils mesurent 9 centi- mètres au grand diamètre et 6 centimètres au petit diamètre. M. Huet, directeur de la ménagerie du Muséum, n'a pas ob- tenu de jeunes, il croit avoir deux femelles. Le Jardin z0olo- gique d'Anvers, qui possède des Coscoroba, n’a pas encore obtenu la reproduction de cette espèce. (1) Magasin de zoologie, 1836, p. 36. (2) Faune du Chili, 1847-1848. (3) Proceedings Zool. Soc., 1830, p. 15. (4) Monograph. of Analiæe, p. 101. 4 SÉRIE, T. [. — Septembre 1884. 46 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. 1] [œ=) Le LE CYGNE DE DAVID. — Cygnus Davidi (Swinhoë). Le Cygne de David est originaire de Chine. Cette espèce est très peu connue; un seul spécimen se trouve au musée de Pékin, formé par les soins de M. A. David. Ce Cygne tra- verse, dit-on, régulièrement deux fois par an l’est de l'Empire chinois. M. Swinhoë et M. l’abbé David le considèrent comme très distinct du Coscoroba. Cette espèce est peut-être celle que Pallas nomme Cygnus Sibilus (1); c’est peut-être encore celle que Radde a appelée C. olor. M. Swinhoë (2) a donné la des- cription de ce Cygne dans les P oceedings de la Société zoo- logique de Londres. MM. Oustalet et David ont reproduit sa description dans leur ouvrage intitulé : Les oiseaux de la Chine (Paris, 1877, in-8°, p. 495). Description. Le Cygne de David est un peu moins grand que le Cygne de Bewick ; 1l a le plumage blanc avec la nuque jaunâtre, les lorums garnis de petites plumes, le bec et les pattes d’un rouge orangé. (4) Zoographia, t. 11, p. 215, 1811. (2) Proceedings of the Zoological Society, 1870, p. 430, et 1871, p. H6. DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON Par le docteur Édouard MÈNE (Suite) RENONCULACÉES. Parmi les plantes que fournit la famille des Renonculacées, on doit noter : Le Clematis florida, Kasa-Gourouma, Teisen-Kadsoura, d’après le botaniste japonais Tanaka. Le Clematis florida observé par Thunberg (1), par Siebold et Zuccarini (2), par Miquel (3), décrit dans la Revue horti- cole (4), relaté par Asa Gray (5), par MM. Franchet et Sava- tier (6), par M. Maximowiez (7) et par Lavallée (8) dans son bel ouvrage sur les Clématites à grandes fleurs, est connu au Japon sous les noms de Xasa Gourouma et de Jouki 0 kooshi d'après le Phonzo-Zoufou (9), et de Tetsen Kadzoura sui- vant Tanaka. On le rencontre à l’état sauvage dans les rochers de la partie centrale de l’île de Nippon, près de la ville de Simoda, d’après les explorateurs américains Williams et Morrow. Il est très souvent cultivé dans les jardins japonais. Cette plante à tige ligneuse, grimpante, volubile, de 5 à % mètres de haut, donne en août de grandes fleurs blanches ou (1) Thunberg, Flora Japonica, p. 240. (2) Siebold et Zuccarini, Flor. Jap. Famil. natur., p. 68. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 190. (4) Revue horticole, tabl. 3, 1856. (5) A. Gray, In Perry's Exped. and in Wells. Villiams and Morrow plant. Jap., p. 305. (6) Franchet et Savatier, vol. I, p. 2, n° 7. (7) Maximowiez, Diagn. plant. nov. Jap. et Mandsh. (Bull. Acad. des sc. de Saint-Pétersbourg, p. 599, 1877). (8) A. Lavallée, Les Clématites à grandes fleurs, p. 16, 19, 1884. (9) Phonzo-Zoufou, vol. XXIX, fol. 17. 704 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. lactées. Une variété a des fleurs de couleur pourpre violet ; cette couleur pourpre violet paraît être, d’après Lavallée (1), la couleur de la plante sauvage. Les achaines de couleur pourpre sont parsemés de petits poils soyeux (jamais plumeux), rapidement caducs. Une variété à fleurs blanches doubles (CL. florida flore pleno) a été introduite en 1857 en Angleterre; 1l a été obtenu une forme nouvelle, à laquelle on a donné le nom de CL. Sieboldi. Une variété nommée bicolor par Lindley, à tige plus ou moins poilue, a une demi-transformation des étamines en or- ganes pétaloïdes de couleur pourpre. Le Cl. viticella venosa, à feuilles teintées de violet foncé sur les bords et le long des nervures, et le CL. insignis ap- partiennent au Cl. florida (2). Le Cl. florida est cultivé à Segrez avec variétés, Tessen, flore albo et flore pleno. CLEMATIS PATENS. — Une espèce voisine du CL. florida est le CL. patens de Morren et Decaisne (3), que MM. Franchet et Savatier (4), ainsi que Miquel (5), regardent comme n’en étant peut-être qu’une variété à grandes fleurs et à feuilles moins composées, mais que Lavallée (6) donne comme une espèce bien distincte. Le Clematis patens, dont il est fait mention dans la Revue horticole (7), relaté par M. Maximowicz (8), CI. cœærulea de Lindley(9) et CL. cœærulea, var. grandiflora (10), est un arbuste sarmenteux, volubile, s’élevant haut, à feuilles poilues à leur partie inférieure, à grandes fleurs solitaires, de 12 à 20 cen- (1) A. Lavallée, Les Clématites à grandes fleurs, p. 17. (2) Id., ibid., p. 18. (3) Ubservations sur quelques plantes du Japon (Bull. Acad. Brux., WI, p. 173, 1836). (4) Franchet et Savatier, vol. If, pars 2, p. 262, n° 2492, observ. (5) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 190. (6) A. Lavallée, Les Clémalites à grandes fleurs, p. 5, 6. (7) Revue horticole, tabl. 44, 1856. (8) Diagn. plant. nov. Jap. et Mandsh., p. 599 (Mél. biolog. Bull. de l’Acad. des se. de Saint-Pétersbourg). (9) Lindley, Bot. Reg., tabl. 1955, 1835. (10) Botanical Magazine, tabl. 3983. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 705 timètres, variant d’un bleu azuré au violet clair et au rose mauve. Le Cl. patens est fréquemment cultivé dans les jardins dé l’île de Kiusiu, principalement dans la province d’'Hiuga, et dans l’ile de Nippon, dans les jardins de Yokohama et de Dezima. Tschonoski et Maximowiez l’ont rencontré à l’état sauvage sur les collines, dans la partie centrale du Nippon; M. le D° Savatier l’a trouvé dans la province de Sinano (1). D’après Lavallée (2), les variétés du Clematis; patens in- troduites par Siebold sont : les Cl. patens Helena, Louisa, ophia, cœrulea-grandiflora. Le savant et regretté botaniste ajoute : « Les variétés in- troduites du Japon sont très floribondes au printemps ; mais elles n’ont pas, comme celles qui sont dues aux cultures eu- ropéennes, une seconde floraison à l'automne. Ces dernières seules sont donc remontantes. » Le Cl. palens est voisin du Cl. lanuginosa, magnifique Clématite chinoise à petite tige ligneuse, grimpante, de 1 mètre à 1 mètre et demi, à larges fleurs, de couleur lilas clair, ayant 20 et jusqu'à 24 centimètres de diamètre, fleurissant depuis le milieu de mai jusqu’à la fin de l'automne et résistant au froid. Le Clematis lanuginosa à été irouvé dans la Chine septen- trionale par Fortune, en 1850, près de la ville de Ning-Po, dans la province du Tche- Kiang, croissant spontanément sur les collines, au milieu des pierres, et grimpant le long des arbrisseaux. CLEMATIS HAKkONENSIS. — Le Clematis Hakonensis, relaté par MM. Franchetl et Savatier (3), décrit dans L Lavallée (4) comme étant le Clematis Ameies introduit depuis vingt ans dans les cultures européennes, est une plante vigoureuse, à rameaux sarmenteux, volubiles, s’élevant très haut, à grandes (1) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 2, p. 262, n° 2499. (2) Lavallée, Les Clématites à grandes fleurs, p. 6. (3) Franchet et Savatier, vol. 11, pars 2, p. 263, n° 2493. (4) A. Lavallée, Les Clématites à grandes fleurs, p. 9-11, 1884. ENV: 706 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. fleurs violettes ou bleuâtres ou d’un rouge pourpre, ayant 12 à 15 et jusqu'à 18 centimètres de diamètre. M. le D' Sava- tier a rencontré le CL. Hakonensis sur les collines rocheuses des environs d’Odawara, dans l’île de Nippon. Cette Clématite est connue en France depuis 1860. Elle est cultivée à Segrez depuis 1861, ayant été achetée à Angers sous le nom de CL. viticella violacea et de CL. patens rubra. On en a fait les variétés Jackmani, rubella, purpurea hybrida. CLemaris FUSCA. — Le Clematis fusca, mentionné par MM. Franchet et Savatier (1), par Lavallée (2), à tige her- bacée, volubile, atteignant 2 mètres de haut, à fleurs rou- seâtres ou d’un brun roux, solitaires, quelquefois réunies par deux ou trois, à périanthe campanuliforme à peine ouvert, à styles persistants, garnis de poils devenant plumeux à la ma- turité des graines. Le Cl. fusca a été trouvé par M. le D’ Savatier dans l'ile de Yeso, aux environs de la ville d'Hakodaté. Suivant M. le D' Savatier et Lavallée, cette Clématite se rapporte à la plante découverte au Kamtschatka par Tureza- ninow (3), rencontrée en Mandchourie par M. Maximowiez (4) et aux îles Kurilles par M. Regel (5). CLEMATIS sTANS. Kousa botan. — Le Clematis stans, dé- sioné au Japon sous le nom de Xousa botan, d’après le bota- niste japonais Tanaka, que le Phonzo-Zoufou (6) donne sous celui de Tsouri-gané-so, observé par Siebold et Zuccarini (7), par Miquel (8), par Franchet et Savatier (9), décrit par Lavallée (10), qui l’a cultivé depuis vingt-cinq ans, l'ayant (1) Franchet et Savatier, vol. IL, pars 2, p. 263, n° 2490. (2) A. Lavallée, Les Clématites à grandes fleurs, p. 66, 68, 1884. (3) Turezaninow, Bull. Sociét. des nat. de Moscou, p. 60, 1840. (4) Maximowicz, Primitiæ floræ Amurensis, p. 10. — Diagnoses breves plan- tarum novarum Japoniæ et Mandshuriæ (Bull. Acad. des se. de Saint-Péters- bourg, p. 587, 1878). (5) Regel, F1. Siber. Orient., p. 8; Garlenfl., p. 355, tabl. 455, 1864. (6) Phonzo-Zoufou, vol. XXIX, fol. 5. (7) Siebold et Zuccarini, Flor. Jap. familiæ naturales, n° 302. (8) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 190. (9) Franchet et Savatier, vol. [, p. 2, n° 6. (10) Lavallée, Les Clématites à grandes fleurs, p. 81. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 107 recu de Siebold et étant tant monoïque, tantôt dioïque. Le Clematis sians se rencontre à l’état spontané sur les bords des forêts, dans la partie centrale de l'ile de Nippon, près de la ville de Vokoska et dans l'ile de Yeso, où l'ont observé Sugerok et M. Maximowicz. CLEMATIS SAVATIERI. — Le Clemalis Savatieri, espèce qui se rapproche du CL. stans, a été décrit par M. Franchet (4) et par Decaisne, qui l'a cultivé à l’École de botanique de Paris, de graines envoyées du Japon en 1877 par M. le D' Savatier. Le Cl. Savatieri est franchement ligneux à la base; ses longues et robustes tiges sont sarmenteuses ; il donne à la fin O O ? de l’automne des fleurs presque blanches, odorantes, dispo- sées en cymes (2). Les autres espèces de Clématites qu’on trouve au Japon sont, d’après MM. Franchet et Savatier (3) : Le Cl. puniculata de Thunberg (4), nommé aussi par lui CL. crispa (5), ainsi que par Miquel (6), qui fleurit en août dans l'ile de Kiusiu, sur le mont Kawara-yama et dans l’île de Nippon, aux environs de la ville de Yokoska. Le Cl. paniculata est cultivé en France. Le Cl. bilernala, relaté par de Candolle (7), CL. Virginica de Thunberg (8) et de Miquel (9), existant au Japon, au dire de Siebold, sans indication de lieu. Le Cl. biternata est identique au Cl. paniculata, suivant M. Maximowiez (10). Le Cl. longiloba de de Candolle (11) et de Miquel (12), qui fleurit en août dans la province de Kü. (1) Franchet, Sur Le Clematis Savatieri (Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, n° 38, p. 298, 1881). (2) Lavallée, Les Clématiles à grandes pas p. 81. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 1, n°% 1, 2, 3, et vol. 2, pars 2, p. 262, n° 2489. (4) Thunberg, Trans. Linn. Soc., I, p. 337. (5) Id., Flora Japonica, p. 239. (6) Miquel, Prolusio rs Japonicæ, p. 239. (7) De Candolle, Prodromus, I, p. 6. (8) Thunberg, Flora Japonica, p. 240. (9) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 189. (10) Franchet et Savatier, vol. IL, pars 2, p. 261, n° 2488 (2). ( ( 11) De Candolle, Prodromus, I, p. 3. 12) Miquel, Prolusio [loræ Japonicæ, p. 189. 708 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Le Cl. terniflora de de Candolle (1), de Maximowiez (2) ; c’est le CL. trilernata de Siebold et Zuccarini (3), et le CL. biternata de Morren et Decaisne (4), que Siebold et Miquel ont dit exister au Japon sans indication de lieu. Le Cl. Maximowicziana, espèce nouvelle, voisine du CL. paniculata, qui fleurit en juillet dans les rochers de lile de Nippon, près de Yokoska, où l’a trouvé M. le docteur Sava- lier (9). Le Cl. apiifolia de de Candolle (6), de Miquel (7), qui fleurit d'octobre à novembre dans l’ile de Kiusiu, où il est commun, et dans la partie centrale de l’île de Nippon. D’a- près le botaniste japonais Ito Keiske, il est connu sous le nom de Botan Dzourou. Le CL. apüfolia est cultivé en France. Le Cl. Lasiandra de Maximowicz (8), qui fleurit au com- mencement du mois d'octobre, dans l’île de Kiusiu, dans la la vallée de Naga-yama (9). Le CL. Pieroti de Miquel (10), qu’on rencontre dans l'ile de Kiusiu, et que Siebold a vu dans l’île de Nippon, le long des chemins, aux environs de la ville de Tokio. Le CL. japonica de Thunberg (11), de Miquel (12), désigné dans le Phonzo-Zoufou (13) sous le nom de Han sjoo dzourou, qui croît dans les forêts montagneuses des îles de Kiusiu et de Nippon, où il fleurit en Juillet. Le Cl. Williamsi d’Asa Gray (1%), à fleurs blanches, qui fleurit de mars à avril dans l’île de Nippon, aux environs des villes de Simoda et Yokoska. D’après le botaniste japonais 1) De Candolle, Syst., vol. I, p. 137. : 2) Maximowicz, vol. I, p. 596. 3) Siebold et Zuccarini, Flor. Jap. familiæ naturales, n° 299. 4) Bull. Acad. Brux., I, p. 173, 1836. 5) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 2, p. 261, n° 2488 (1). (6) De Candolle, Prodromus, 1, p. 6. (7) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 189. (8) Maximowicz, vol. I, p. 086. (9) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 2, p. 262, n° 2491. (10) Miquel, Prolusio floræ Japonice, p. 189. (11) Thunberg, Flora Japonica, p. 240. (12) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 240. 3) 4) (1) ( ( ( (9 (13) Phonzo-Zoufou, vol. XXIX, fol. 6, recto. (14) Asa Gray, Plant. Jap., p. 306. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 709 Tanaka, 1l est connu au Japon sous le même nom que le Cle- matis japonica, Hansjoo dzourou (1). Le Cl. Eriopoda de Maximowicz (2). Siebold en a rapporté un spécimen provenant des cultures japonaises. M. le D’ Sa- vatier a recueilli dans les montagnes d'Hakone un spécimen de la plante spontanée non encore fleurie (3). THALICTRUM. On trouve au Japon plusieurs espèces de Thalictrum. Le Thalictrum aquilegifolium, Karamatsutô, d’après le Somoku-Dusets (4), mentionné par Miquel (5), Franchet et Savatier (6). Le Pigamon à feuilles d’Ancolie, à tige pourprée, à fleurs purpurines ou d’un blanc rosé, en panicules serrées, se ren- contre dans les endroits humides des régions montagneuses de l’île de Nippon, principalement dans les montagnes d’'Ha- kone. Le Thalictrum acteæfolium, observé par Siebold et Zuc- carini (7), par Miquel (8) et Franchet et Savatier (9), connu sous le nom de Miyama Karamatsu(10*, à fleurs jaunes, qui fleurit en septembre dans les endroits montagneux de la pro- vince de Fizen, dans l’île de Kiusiu. Le Thalictrum simplex, Thalictrum flavum de Thun- berg (11), que le Somoku-Dusets (12) enregistre sousles noms de No-karamalsu et de Ki-karamalsu, qui croît dans les fossés, dans les endroits humides et ombragés. (1) Phonzo-Zoufou, vol. XXIX, fol. 6, verso. (2) Maximowiez, vol. [, p. 601, fig. 12. {3) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 2, p. 263, n° 2494 (8). (4) Somoku-Dusets, vol. X, p. 99, n° 41. (5) Miquel, Prolusio floræ Japonice, p. 191. (6) Franchet et Savatier, vol. F, p. 3, n° 10. (7 Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 305. (8) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 191. (9) Franchet et Savatier, vol. [, p. 3, n° 11. (10) Somoliu-Dusets, vol. X, p. 99, n° 42. (11) Thunberg, Flora Japonica, p. 241. (12) Somoku-Dusets, vol. X, p. 99-100, n° 43. 710 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Le T'halictrum minus, classé dans le Somoku-Dusets (1) sous le nom de Aki-karamatsu ; c’est le Pigamon nain, qui fleurit en juillet sur les collines boisées et dans les clairières, dans les îles de Kiusiu et de Nippon. Le Thalictrum Rochebrunianum, espèce nouvelle, à fleurs blanches, marquée par MM. Franchet et Savatier (2) comme croissant dans les montagnes de la province de Sinano, et qui, d’après le botaniste japonais Keiske, porte le nom de Togakousi. Le Thalictrum tuberiferum, observé par M. Maximo- wicz (3), par Franchet et Savatier (4), qui fleurit à la fin de juillet le long des ruisseaux et entre les pierres, dans les alpes de Niko. Le Thalictrum Kemense, très grande espèce de 1,50, récoltée par M. le D' Savatier (5) sur les collines autour de la ville de Yokoska, dans l’île de Nippon, et qui se rencontre aussi dans l’île de Veso. Les feuilles de plusieurs espèces de Thalictrum sont usitées en Chine, suivant Loureiro (6), comme remède laxatif dans les cas d'asthme et de bronchite et dans les maladies de la gorge. La décoction de racine de Thalictrum (25 grammes pour 900 grammes d’eau) est purgative et est employée contre la Jaunisse. On se sert des feuilles en cataplasmes sur les abcès et les plaies. ANÉMONE. — Le Japon produit plusieurs espèces d’Ané- mones; celles qui sont indiquées dans le Somoku-Dusets Sont : L’Anemone Nikoensis Max., Ichirinso et Ichigeso (7), mar- qué aussi sous ces noms dans le Phonzo-Zoufou (8), qui vient à l’état sauvage dans les forêts montagneuses des pro- (1) Somoku-Dusets, vol. X, p. 100, n° 44. (2) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 2, p. 264, n° 2496. (3) Maximowiez, vol. I, p. 607. (4) Franchet et Savatier, vol. IT, pars 2, p. 264, n° 2497. (5) I, ibid., n° 2498. 6) Loureiro, Flora Cochinch., vol. I, p. 428. ( (7) Somoku-Dusets, vol. X, p. 97, n° 3û. (8) Phonzo-Zoufou, vol. XVII, fol. 20, recto. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 711 vinces méridionales de l’île de Nippon, surtout dans les montagnes de Niko, d’après M. Maximowiez, et que M. le D° Savatier a vu cultivé dans les jardins de la ville de Tokio (1). L'Anemone Allaica, Kikuzaki-ichirinso et ruro-ichi- geso (2), relaté par Miquel (3), Franchet et Savatier (4). L’Anemone flaccida Schmidt, Gagoso, Ginsakadzuki et Nirinse (5), que le Phonzo-Zoufou (6) donne sous le nom de Ikou-beran, identique, d’après MM. Franchet et Savatier (7), à l’An. parviflora de Miquel (8). On le rencontre dans les forêts montagneuses de l’île de Yeso, dans les environs de la ville d'Hakodaté. L'Anemone Raddeana Regel, Setsubenso (9), marqué par MM. Franchet et Savatier (10) comme commun sur le mont Foudzi-yama et dans l’île de Yeso, près de la ville d'Ha- kodaté, d’après M. Maximowicz. L’Anemone cernua Thunberg, Okinagusa et Shagunna- .saiko (11), observéau Japon par Thunberg (12), par Miquel (13), qui fleurit dans le courant des mois de mars et d'avril, sur les montagnes de l’ile de Kiusiu et de Nippon, où il vient à l’état sauvage. L’ ma hepatica Gort., Misumiso et Yuki wariso (14), qui fleurit en avril dans les te et est cultivé dans les jardins de la ville de Tokio. L'Anemone japonica Sieb. etZucc., Kibune giku et Shiumei gi'hu (15), à tige de 30 à 60 centimètres, à feuilles couvertes de duvet; commun dans les vallées et les lieux incultes, l) Franchet et Savatier, vol. I, p. 5, n° 18. à Somoku-Dusels, vol. X, p. 97, n° 36. 3) Miquel, Prolusio floræ Japonice, p. 190. 4) Franchet et Savatier, vol. [, p. 5, n° 19. 5) Somoliu-Dusets, vol. X, p. 98, n° 32. 6) Phonzo-Zoufou, vol. XVII, p. 19, recto. (1) ( ( (4) ( ) Franchet et Savatier, vol. IT, pars 2, p. 265, n° 2498. ) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 169. ) Somoku-Dusets, vol. X, p. 98, n° 33. 0) Franchet et Savatier, vol. II, pars 2, p. 265, n° 2501. ) Somoku-Dusets, vol. X, p. 98, n° 34. } Thunberg, Flora Japonica, p. 238. ) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p.190. ) Somoku-Dusets, vol. X, p. 98, n° 35. ) ( (7 (8 (9 (1 (11 (12) (13 (14 (15) Somoku-Dusets, vol. X, p. 98, n° 40. 719 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. et qui donne, d'août à septembre, de larges fleurs souvent doubles (1). MM. Franchet et Savatier indiquent de plus : L’A nemone Pensylvanica (2), observé au Japon par Thun- berg et Miquel. L’Anemone narcissiflora (3), qu’on trouve sur le mont Haksan, d’après le botaniste japonais Ito-Keiske. L’Anemone stolonifera (4), Tokiwa Ichige, d’après Keiske, qui Pa observé, ainsi que M. Maximowicz, dans les forêts montagneuses, le long des ruisseaux, dans la province de Nambu. L’Anemone debilis (5) ou Anemone gracilis de Franz Schmidt (6), Hime ichige so et Ichige so (7), qui, d’après MM. Maximowiez et Keiske, croît sur les montagnes des îles de Kiusiu, de Nippon et de Yeso. Parmi les Renoncules le Somoku-Dusets indique : Le Ranunculus acris L., Mumano-ashigata et Kinpoge (8), à fleurs jaunes, qui fleurit en juin dans les prés humides, dans les fossés, le long des chemins, dans les îles de Kiusiu et de Nippon, ainsi qu'une variété propinquum (9), quiest le Ran. propinquum C.-A. May (10). Le Ranunculus acris est une plante âcre, vénéneuse, vésicante. Le Ranunculus ternatus, Th., Kitsune-no-botan (11), ob- servé par Thunberg (12), qui fleurit de mai à juin dans les lieux incultes. Le Ranunculus Vernyi, Kitsune-no-botan (13), qui porte le 1) Kwa-wi, Herb., vol. ILF, p. 47, n° 19. (2) Franchet et Savatier, vol. I, p. 5, n° 16. (3) Zd., ibid., n° 22. (4) Ibid., vol. Il, pars 2, p. 265, n° 2499. (5) Ibid., n° 2500. (6; Franz Schmidt, F1. Sach., p. 102. (7) Ito-Keiske, Nihon Skokou boutsou zoussets (représentation des plantes de l'ile de Nippon), vol. I, fol. 30. (8) Somoku-Dusets, vol. X, p. 100, n° 49. (9) Franchet et Savatier, vol. If, pars 2, p. 266, n° 2502 (27). (10) Le Debour, Flora Allaica, vol. II, p. 40. (11) Somoku-Dusets, vol. X, p. 101, n° 50. (12) Thunberg, Flora Japonica, p. 241. (13) Somoku-Dusets, vol. X, p. 101, n° 51. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 713 même nom que le À. ternatus, dont il n’est qu'une forme, d’après MM. Franchet et Savatier (1). Quant au Ranunculus chinensis qui existe au Japon, sui- vant Miquel, il se rapproche beaucoup, d’après MM. Franchet et Savatier, de la forme hérissée du Ran. ternatus. Le Ranunculus Zuccarini Miq., Hikino-Kasa et Ko-kin- poge (2), relaté par Miquel (3), à petites fleurs jaunes, très commun, d’après M. le D'Savatier (4), à Tokio, dans les lieux vagues et sur les décombres. Le Ranunculus sceleratus L., Tagarashi et Ratarabi (5), qui pousse dans les sables, dans les lieux humides, les marais et le long des rivières, et qui donne, de mai à juin, de petites fleurs d’un jaune verdâtre. La Renoncule scélérate est une plante âcre, vénéneuse, qui est employée en médecine par les Japonais et les Chinois, et elle est marquée dans le Shen-nung Pents’ao king et dans le Pents’ao kang mu. (6) parmi les médicaments véritable- ment utiles et les poisons. MM. Franchet et Savatier mentionnent aussi : Le Ranunculus flammula L., var. reptans, qui fleurit en juillet, dans les marais et les endroits inondés, et que M. le D' Savatier (7) a trouvé dans Pile de Nippon, dans les vallées des montagnes de Niko. La Renoncule flammette à fleurs Jaunes est aussi vénéneuse que la Renoncule scélérate. Le Ranunculus japonicus (8), à fleurs jaunes de 2 centi- mètres de diamètre, et qui est très commun, d'après M. le D' Savatier, dans les environs des villes de Yokoska, de Tokio, dans les montagnes de Niko, dans les provinces d'Omi, de Sinano et d'Etchigo, ainsi que dans l’île de Kiusiu. Le Ranunculus hirtellus de Miquel (9), qui n’est proba- (1) Franchet et Savatier, vol. IN, pars 2, p. 266, n° 2502 (29). (2) Somoliu-Dusets, vol. X, p. 101, n° 52. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 193. (4) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 2, p. 268, n° 2503 (30). (5) Somoku-Dusets, vol. X, p. 101, n° 53. (6) D' Bretschneider, Botanicum sinicum, p. 51. (7) Franchet et Savatier, vol. IL, pars 2, p. 266, n° 2502. (8) 1bid., n° 2502 (27). (9) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 192. 714 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. blement qu’une forme du Ranunculus japonicus, qui est souvent très hispide (1). Le Ranunculus Tachiræi (2), Otoko-Zeri d'après le Somoku- Dusets (3), espèce nouvelle à fleurs jaunes, en larges panicules, dédié par M. le D' Savatier au botaniste japonais Tachiro Yassada, qui l’a trouvé dans les environs de la ville de Tokio, et que M. le D' Savatier a observé dans la province de Sinano. Le Ranunculus Drouetii (4), auquel le botaniste japonais Tanaka assigne le nom de Baïkamo et qu’on trouve dans les eaux stagnantes. Siebold a indiqué de plus les Ranunculus Buergerti et Sie- boldai. Miquel (5) a relaté aussi le Ranunculus repens L. dans l’île de Yeso, dans les environs de la ville d'Hakodaté. De la famille des Renonculacées 1l faut aussi citer : Le Trollius japonicus relaté par Miquel (6), par Franchet et Savatier (7), indiqué dans le Phonzo-Zoufou (8) et dans le Somoku-Dusets (9) sous le non de Kimbaso, qui se rencontre, d’après Siebold, dans les prairies, dans les pâturages mon- tueux et dans les vallées de l’île de VYeso, ainsi qu’une autre espèce, le Trollius Ledebourii (10), trouvé par Robert aux environs de la ville d'Hakodaté. Le Trollius est employé en décoction de toute la plante contre le scorbut. Deux espèces d’Ancolie : L’A quilegia glandulosa, nommé au Japon Yama-Odu- maki (LD), et l'Aquilegia atropurpurea, connu sous le nom d'Odamaki (12). (1) Franchet et Savatier, vol. II, p. 266, n° 2502 (27). (2) Zbid., vol. II, pars 2, p. 267, n° 2503 (28°). (3) Somoku-Dusets, vol. X, p. 101, n° 54. (4) Franchet et Savatier, vol. I, p. 7, n° 26. (5) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 193. (6) Jbid., p. 194. 7) Franchet et Savatier, vol. J, p. 9-10, n° 42. (8) Phonzo-Zoufou, vol. XXIV, fol. 9, recto. (9) Somoku-Dusets, vol. X, p. 101, n° 55. (10) Franchet et Savatier, vol. IT, pars 2, p. 268, n° 2504. (11) Somoku-Dusets, vol. X, p. 97, n° 27. (12) Zbid., vol. X, p. 97, n°26. Qt ‘PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. Te Plusieurs espèces d’Aconit : L’Aconitum Japonicum, observé par Thunberg (1), par Miquel (2), que le Phonzo-Zoufou (3) et le Somoku-Du- sets (4) classent sous le nom de Reijonso : c’est l’Aconituin Lycoctonum L., que les Chinois connaissent sous le nom de Lang tuh et dont ils emploient les racines vénéneuses comme remède sédatif. L’A conitum napellus, qui croît dans l’île de Yeso, d’après M. le D' Savatier (5). Get Aconit napel a, suivant le D’ Sava- tier, les étamines un peu velues. L’Ac. Fischeri, c’est l'Ac. Chinense de Siebold et Zucca- rini (6), cité dans le Somoku-Dusels sous le nom de Torika- buto, commun dans les forêts d’une grande partie du Japon. L’Aconilum uncinatum, indiqué dans le Somoku-Dusels(7) sous les noms de Hana Kadzura et Hana dzuru (8). On rencontre aussi au Japon l’Actea spicata dans les forêts de la partie septentrionale du Japon d’après Wright, Miquel, Franchet et Savatier (9), ainsi que le Cimifuga simplexz, Sa- rasi na, qui croît sur les collines ombragées et dont les feuilles pulvérisées sont employées comme insecucide. Deux espèces de Pivoine : la Pivoine en arbre et la Pivoine herbacée, dont le jardin du Trocadéro renfermait trois plates- bandes entièrement remplies de ces plantes, qui, vers la fin du mois de mai, donnèrent de belles et larges fleurs, moins pleines et moins beiles cependant qu’elles n'auraient été si elles n’avaient été arrachées en mottes ei mises en pots pour ètre amenées à l'exposition. | Un certain nombre de ces fleurs étaient simples, d’autres étaient doubles. Il y en avait des rouges, des roses, des jau- nâtres, des blanches, quelques-unes d’un vert rosé. Thunberg, l'lora Japonica, p. 231, Miquel, Prolusio flore Japonicæ, p. 191. ) ) ) 4) Somoku-Dusets, vol. X, p. 96, n° 24. ») Franchet et Savatier, vol. Il, pars 2, p. 272, n° 2509. 6) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 335. 1):Somoku-Dusets, vol. X, p: 96, n° 23. 8) Ibid., n° 23 bis. 9) Franchet et Savatier, vol. I, p. 13, n° 57, 716 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Les Pivoines sont fréquemment cullivées dans les jardins japonais comme plantes ornementales. Le Pæonia moutan L. est noté par Simson (1), par Mi- quel'(2), par Franchet et Savatier (5). Le Phonzo-Zoufou (4) le marque sous le nom de Botan. La Pivoine en arbre se'rencontre à l'état sauvage dans Pile de Kiousiou, DEL IEEE dans les vallées du mont Ta- kemo-toge. La Pivoine en arbre a été introduite en Europe en 1789, venant de Chine, où elle est commune, surtout dans les mon- tagnes de la province du Shensi, où elle est connue sous le nom de Mou-tan et où elle est cultivée avec beaucoup de soins par les Chinois, qui la regardent comme une de leurs plus belles fleurs. Les Japonais, de même que les Chinois, reproduisent constamment la fleur de la Pivoine sur leurs porcelaines, sur leurs laques, leurs émaux cloisonnés et sur leurs broderies en couleur. Le Pœonia moutan est marqué dans le Shen nung Pents’ao King (5) dans la deuxième classe des médicaments qui dimi- nuent la violence des maladies et relèvent les forces abattues. Il en est fait aussi mention dans le Penis’ao Kang mu (6) (livre 1, Herb., chap. 11). L’écorce de la racine est ordonnée par les médecins japo- nais et chinois contre les maladies syphilitiques, contre les vers et comme emménagogue. En France, on cultive le Pæonia moutlan avec variétés Banksii, papaveracea, grandis et sous-variétés fragrans, maxima, lactea, alba plena, athlète, Élisabeth, Blanche de noisette, M"° de Vatry, Comte de Flandre, Duhamel, Vander- malen, rosæformis, rosa mundh, etc. (1) Botanical Magazine, tabl. 1154. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 197. 3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 14, n° 62. 1) Phonzo-Zoufou, vol. IX, fol. 14, recto. o Shen nung Pents'ao King (Matière médicale de l’emptreur Shen Nung). (6) Pents’ao Kang mu (Matière médicale chinoise par Li-Shi-Chen). — D' Bretschneider, Boltanicum sinicum, p. 31. ( (4 (9 PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 717 Le Pœæonia albiflora de Pallas (1), Pæonia officinalis de Thunberg (2) et de Miquel (3), est indiqué dans le Somoku- Dusets (4) sous le nom de Shaku-gaku (à fleurs doubles) et de Yama-shaku-gaku (à fleurs simples). La Pivoine officinale ou femelle, plante vivace à racines fusiformes, qui donne en mai de grandes fleurs solitaires, blanches, avec variétés rouge, cramoisi, pourpre, rose, rose vif, carné ou panachées, se trouve, d’après MM. Franchet et Savatier (9), à l’état sauvage dans l’île de Kiusiu, dans les environs de la ville de Nagasaki, et dans la vallée du mont Kamo-aki-yama. Elle se rencontre aussi dans l'ile de ARE dans les montagnes d’Hakone. Le Pœæonia albiflora est surtout commun en Chine, prin- cipalement dans les provinces du Honan et du Nganhouey, où il porte le nom de Cho-vo. On le cultive comme plante d'ornement pour ses belles fleurs simples ou doubles, larges de 19 à 15 centimètres, soit blanches, soit rouges, soit roses, soil pourpres, soit pana- chées. On se sert en médecine de sa racine, comme remède sédatif dans les maladies nerveuses, contre les convulsions et contre l’épilepsie et aussi comme emménagogue. RHAMNÉES. De la famille des Rhamnées on observe au Japon : Le Zizyphus vulgaris Lamk., var. inermis de Bunge (6), de Franchet et Savatier (7), Zizyphus chinensis de Miquel (8), marqué dans le cataiogue de la Commission japonaise (9) sous le nom de Natsume. Le Jujubier fleurit en juin, on le trouve cultivé dans une grande partie du Japon, principalement dans (1) Pallas, Flora Rossica, 2, fol. 84. ; (2) Thunberg, Flor. Japon., p. 230. (3) Miquel, Prolusio, p. 197. (4) Somoku-Dusets, vol. X, p.96, n° 21 et 22. (5) Franchet et Savatier, vol. [, p 14, n° (6) Bunge, Enumeratio plant. Chin. bor., p. 14. (7) Franchet et Savatier, vol. [, p. 81, n° 357 (8) Miquel, Prolusio flore Japonice, p. 218. (9) Le Japon à l’'Exposilion universelle de ISTS, vol. 1H, p. 142, 4° SÉRIE, T. |. — Septembre 1884. 47 118 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. les îles de Kiusiu et de Nippon, surtout aux environs des villes de Nagasaki, de Tokio, de Yokohama et de Yokoska. On le rencontre en général autour des habitations. D'après la Commission japonaise, il comprend deux varié- tés : le Taiso et le Sanebuto nastsume. Les fruits rougesjà sa- veur sucrée du Jujubier se mangent crus, les Japonais les font aussi sécher et cuire comme les pruneaux. Le Jujubier est moins employé au Japon qu’en Chine dans la matière médicale. Il est indiqué dans les principaux ou- vrages chinois comme maintenant le corps léger, comme pré- venant les maladies, facilitant la respiration et permettant d'arriver à un âge avancé sans les infirmités de la vieillesse ; c’est ainsi que le recommande le Shen nung Pents ao King (Matière médicale de l’empereur Shen-nung). Le Pents’ao Kang nu (1) le classe aussi dans les médicaments véritable- ment utiles. Il est aussi mentionné dans le Kiu Huang Pen- ls’ ao (2) parmi les plantes cultivées pour leurs fruits usités en médecine. Il est marqué dans le Nung cheng Ts’üan shu (Traité com- plet d'agriculture par Sii Kuang Ki) (3), et dans le Shou-shi T'ung K'ao (Traité d'agriculture et d’horticulture) (4). Le Jujubier est très commun aux environs de Pékin. Suivant MM. Soubeiran et Dabry de Thiersant (5), il y a en Chine plusieurs sortes de Jujubier. Dans la province du Chan- toung se rencontre le Jujubier, nommé Huimlsao, à fruits rouges, à saveur douce, que les Chinois prennent comme re- mède pectoral. Ils font avec les feuilles une infusion pour (1) Le Pents’ao Kang mu a été traduit au Japon sous le nom de Æonzo Ko Molku en 1714 par Ina Nobuyoski (Ina Wakasui). (2) Kiu Huang Pents ao, traité des plantes par Chou-ting-Wang, cinquième fils du premier empereur Ming-Hungwu, qui régna de 1368 à 1398. Le Xiu Huang Pents'ao a été traduit en japonais en 1716 (D' Bretschneider, Botanicon sinicum, p. 18). (3) Sii Kuang Ki, ministre d'État sous le règne de l’empereur Ming Wan li, de 1562 à 1633, composa cel ouvrage qui n’était pas terminé à sa mort en 1633, il fut continué par ordre de l’auteur par Tsz’lung et terminé en 1640 (D° Bret- schneider, Botanicon sinicum, p. 82-83). (4) Le Shou-Shi T'ung K’ao en 78 volumes fut publié par ordre impérial en 1742. (5) Soubeiran et Dabry de Thiersant, La matiere médicale chez les Chinois, or [- 290: PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 719 diminuer la fièvre chez les enfants et pour combattre les dys- pepsies. Ge Jujubier se rencontre en abondance dans les en- virons de Nankin. Dans la province du Tche kiang est un Jujubier connu sous le nom de Nan tsao, dont les fruits ont une saveur acerbe, On trouve aussi en Chine le Kin lsao, dont les fruits sont jaunes. M. Debeaux (1) cite aussi le Ain Kouan-tie à gros fruits d’un jaune doré, à saveur aigre et astringente, très recherchés par les Chinois. Comme ÆRhamnus pose MM. Franchet et Savatier indiquent : Le Rhamnus Japonica (2), qui fleurit en mai et fructifie d'octobre à novembre dans les forêts montagneuses. Avec variété genuina : Kourome modoki (3), qui croît dans l’île de Yeso, près de la ville d'Hakodate et dans l’île de Kiu- siu, non loin de Nagasaki. Avec variété decipiens : O Kourome modoki, d’après le botaniste japonais Tanaka et le Phonzo-Zoufou (4), qui se trouve dans les montagnes de la province de Sinano et sur le volean Foudzi Yama. Le Rhamnus costata (5) qu’on observe dans les bois de la province de Sinano. Le Rhamnus crenata (6), Isonoki, qui fleurit en juin sur le mont Higosan dans l’île de Kiusiu et dans l’ile de Nippon, sur les hautes montagnes de la province de Sinano. Quant aux Rhamnus utilis et chlorophorus de Decaisne, qui fournissent la malière colorante verte connue sous le nom de vert de Chine et désignée par les Chinois sous le nom de lo-kuo (7), 1ls ne se trouvent pas au Japon. Ils proviennent de la Chine, où ils portent le nom de Hong-pi-lo-chou et de Pé- (1) J.-0. Debeaux, Essai sur lu pharmacie el la matiere médicale chez les Chinois, p. 64, 186». (2) Franchet et Savatier, vol. I, p. 82, n° 340. (3) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXVIIT, fol. 4, recto. (4) Ibid., verso. (5) Franchet et Savatier, vol. I, p. 82, n° 341. (6) Zbid., n° 342, (7) Lo-kao veut dire en chinois suc vert. 720 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. pi-lo-chou et aussi celui de Lo-za (Lo-za n’est pas le nom de la plante, mais des branches mises en fagots). On n’est pas d'accord sur celle des espèces qui est espèce sauvage. Le Hong-pi-lo-chou (Rhamnus utilis) est l’espèce sauvage pour M. Decaisne, comme pour le R. P. Hélot et M. Natalis Rondot; c’est au contraire l’espèce cultivée pour le R. M. Edkins, pour Robert Fortune et pour le D’ W. Lock- hart, qui ont séjourné pendant plusieurs années en Chine. Le Pé-pi-lo-chou (Fhamnus chlorophorus) est l'espèce cul- livée pour M. Decaisne, Le P. Hélot et M. Rondot, et c’est l’es- pèce sauvage pour le R. P. M. Edkins, Robert Fortune et le D' Lockhart. Le Rhamnus utilis est un arbrisseau vigoureux, à épines fortes, longues, aiguës, dures (1), terminant les rameaux cv- lindriques ; à baies noires, globuleuses, plus grosses que celles du À. chlorophorus. Le Rhamnus chlorophorus a des épines plus petites, moins longues; ses baies sont aussi d’une grosseur monidre que celles du Rhamnus ultilis. Ces deux espèces de Nerprun poussent assez promptement et en trois ans acquièrent une hauteur de 5 à 6 pieds. On rencontre l'espèce sauvage sur les montagnes, surtout dans celles du S.-0. du Tehe-kiang et du Chan-toung. L'espèce cultivée vient dans les provinces du Se-tchouen, du Kouei- tcheou, du Hon-nan, du Kouang-toung, du Tche-kiang, du Fo-kien, du Kiang-sou, du Chan-toung et du Chihli. Elle est commune dans les environs de Ning-Po (Tche-kiang), d’'Azé ou plus correctement Haï-tsui (Tche-kiang), d’'E-mouï, qui se dit aussi Hia-men, dans le département de Thsionen-tcheou- fou. On cultive aussi l’arbrisseau qui donne le vert de Chine à Sou-tcheou-fou, à 12 lieues de Shanghaï, dans le Kiang-sou ; à Tchang-cheou-fou, dans le Fo-kien, et à Young-tchun- tcheou, dans la partie méridionale du Fo-kien. (1) Les extrémités des rameaux sont épineuses ou molles, suivant les lieux de production, et la présence ou l’absence des épines a peu d'importance, suivant M. Decaisne (note sur les deux espèces de Nerpruns qui fournissent le vert de Chine) (extrait des Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1* juin 1857). PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 721 Tous les ans on coupe les branches des deux espèces de Rhamnus, après la chute des feuilles (au dire des Chinois, les branches coupées trop tôt ne donnent pas de couleur); on réunit ces branches en fagots, qui sont ensuite transportés pour être vendus aux leinturiers. La teinture verte provient surtout de l'écorce des branches. Quant aux baies, elles contiennent aussi de la matière colo- rante verte, surtout celles du Rhamnus chlorophorus ; mais cette couleur ne s'emploie pas dans la teinture des étoffes de coton ou de soie, elle est réservée à la peinture sur papier et aux aquarelles. Cette matière colorante des baies est analogue au vert de vessie; elle n’a ni la couleur, ni les propriétés du vert de Chine provenant de l'écorce. M. Persoz a retiré des baies du Rhamnus utilis une belle couleur jaune. L’écorce sert à teindre en vert les étolfes de coton et de soie; on emploie à cet usage les deux espèces de Rhamnus. Dans certaines localités, à A-zé par exemple, d’après le R. P. Hélot (1), on prend l'écorce fraîche qu’on enlève avec un couteau des branches non entièrement sèches (les Chinois de cette région pensent que l’écorce sèche ne donne pas de couleur). D’après le P. Aymérie, les habitants des montagnes de Hi- icheou font au contraire sécher l’écorce avant de s’en servir. * On fait bouillir l'écorce du Hong-pi-lo-chou (R. utilis) dans l’eau et on laisse macérer pendant deux jours; on fait infuser l'écorce du Pé-pi-lo-chou (R. chlorophorus) pendant dix Jours. On opère avec deux bains séparés. On ajoute à chaque bain de l’eau de chaux ; on plonge les toiles de coton de sept à dix fois dans la solution de Hong-pi-lo-chou, puis trois fois dans la solution de Pé-pi-lo-chou ; on fait sécher les toiles après chaque immersion, on les étend alors sur la terre le soir et on les laisse jusqu’au lendemain dans la journée pour (1) Notice du vert de Chine et de la teinture au vert chez les Chinois, par M. Rondot, p. 70. 729 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. subir l’action du soleil; la toile est plus foncée comme couleur du côté qui a été exposé au soleil. D’après le R. P. Hélot (1), on fait bouillir dans une chau- dière l’écorce avec de l’eau, on brasse avec un bâton, on y ajoute de la potasse chinoise (carbonate de soude) et on y plonge deux fois les toiles; chaque immersion est suivie d’un sèchement, puis les toiles sont exposées au soleil. On nomme Lo-kao une substance tinctoriale se présentant! sous forme de lamelles minces, légères, d’une belle couleur verte; on l’obtient de la manière suivante (2) : on épuise, par l’eau, des toiles de coton teintes préalablement avec les deux espèces de Rhamnus ; on les lave quatorze à quinze fois dans l’eau froide ; on verse les eaux de lavage dans une chaudière dont on garnit l’intérieur avec des fils de coton tendus; on fait bouillir; pendant l’ébullition, la matière colorante en suspension dans l’eau se dépose sur les fils de coton et y forme une couche plus ou moins épaisse, qu’on augmente en renou- velant à plusieurs reprises l’eau contenant en suspension la matière colorante; quand les fils sont suffisamment garnis de matière solorante, on les lave dans l’eau froide en les frot- tant avec les mains, le Lo-kao se précipite; on étend le pré- cipité sur du papier et on le fait sécher à l'ombre, puis au soleil, et on a alors le Lo-kao qui vaut jusqu’à 224 francs le kilogramme dans les lieux de production, dans le Se-tchouen, le Tche-kiang et le Kiang-sou. Dans certaines provinces, le Kouei-tcheou par exemple, le Lo-kao coûte moins cher. Ce- lui qui vient de Sou-tcheou-fou est le plus recherché à Canton ; celui qui se tire d’E-mouï est de qualité inférieure et la tein- ture qu'il produit est moins belle et a moins d'éclat. On trouvait dans l'Exposition chinoise (classe 46, Produits agricoles non alimentaires) des échantillons de Lo-kao pro- venant des douanes de Tien-tsin, extrait des Rhamnus utilis et chlorophorus croissant dans la province du Chihh. (1) Lettre du R. P. Hélot au président du Conseil central de l'œuvre de la propagation de la foi à Lyon. Shanghaï, 6 avril 1857. (2) Natalis Rondot, Notice du vert de Chine, p. 70, 1858. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 793 Le vert de Chine sert à teindre les étoffes de coton et de soie en nuances unies claires et demi-foncées. Il est fait mention du vert de Chine sous le nom de tsong-lok (bleu vert) dans un livre intitulé Étude pratique du commerce d'exportation de la Chine, page 199, dans l'article : Substances tincloriales, publié à Canton en 1544- 1845. | Il a été apporté en France en 1846 et il a figuré à l'Exposi- tion de l’École municipale Turgot en juillet 1846 sous deux formes : 1° Tel qu'il est employé par les peintres ; 2 Tel qu’il est préparé pour la teinture de étoftes de coton et de soie. A cette Exposition on pouvait remarquer plusieurs étoffes chinoises en coton, teintes avec le vert de Chine. En 1848, M. de Montigny, consul de France à Shanghaï, envoya au ministre du commerce des spécimens de toiles chi- noises teintes en vert au moyen du Lo-kao. Du reste, M. de Montigny avait planté dans le jardin du consulat plusieurs pieds des deux espèces de Rhamnus produisant la teinture verte, et l’Herbier de M" de Montigny, qui se trouve au Mu- séum d'histoire naturelle de Paris, contient des rameaux gar- nis de graines qui ont été recueillis par elle dans les derniers mois de l’année 1852 (1). En 1850, M. David Kæchlin-Schouch s’occupa de la tein- ture des calicots en vert par les Chinois. En novembre 1851, M. Forbes, consul des États-Unis à Canton, envoya à M. Persoz du Lo-kao, qui lui servit à teindre du calicot en beau vert (2). En 1851 et 1852, M. Persoz commenca ses recherches sur l'analyse chimique du vert de Chine, qu’il présenta à l’Acadé- mie des sciences en 1892. En 1852, M. Natalis Rondot reçut de Chine des indications (1) Natalis Rondot, p. 43. D (2) Persoz, Études sur les propriélés chimiques et tinctoriales du vert de Chine (extrait du mémoire intitulé : Recherches chimiques sur la cyanine et ses dérivés, matière colorante bleue, base du vert de Chine). 79% SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. sur le vert de Chine qui complétérent les Ho du R. P. Hélot et du R. Joseph Edkins. En 1853, la Chambre de commerce de Lyon reçut par lin- termédiaire de M. Remi, négociant français à Shanghaï, une certaine quantité de Lo-kao acheté à Shou-tcheou-fou; 1l fut distribué à différentes personnes. Dans le courant:de cette même année, MM. Guimon et Michel, à Lyon, commencèrent leurs essais de teinture avec le vert de Chine. A cette même époque, la Hollande reçut du consulat néerlandais en Chine des échantillons de Lo-kao envoyés à la Société d'industrie des Pays-Bas. En 1854, la Société d'agriculture et d’horticulture de l'Inde chargea Robert Fortune de recueillir en Chine des renseignements sur le Lo-kao et sur les plantes dont on le tire. Robert Fortune envoya en mars 1854 à cette Société des graines et des plants qui furent remis à [a Société à Cal- cutta: En 1855, M. Guimon se servit du Lo-kao pour teindre des velours épinglés, et il obtint une couleur qu’il nomma vert Vénus. Ces velours figurèrent à l'Exposition universelle de 1859. Dans le courant de cette même année, on obtint par le mé- lange du jaune une nuance très jolie à la lumière, qui fut appelée vert Azof. En 1856, M. Michel présenta à la Chambre de commerce de Lyon une certaine quantité de spécimens d’étofles teintes en nuances diverses au moyen du vert de Chine par un procédé spécial. Dès l'année 1854, M. Natalis Rondot, qui a publié une mo- nographie si intéressante du vert de Chine, dans laquelle J'ai puisé une partie des renseignements relatifs à cette teinture, reçut, par l'intermédiaire de M. Remi, de Shanghaï, des baies de Loza qu'il distribua à plusieurs personnes, entre autres à Me Bizot-Desgrand, à Tassin, près de Lyon; à M. Decaisne, à Sir W. Hooker, à MM. Michel, Seringe, Hanbury, Bleckrode, Van-Houtte et à M. de Montigny, alors à Paris. M. de Mon- igny en fit don le 13 avril 1859 à la Société d’Acclimatation, La PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 795 qui les distribua à plusieurs membres, entre autres à M. Pail- let, qui les sema sans succès. Ce fut M. Rondot qui, en 1854, importa le Rhamnus chlo- rophorus. Dans le courant du mois d'avril (6 et 27) de l'année 1857, le R. P. Hélot écrivit de Shanghaï deux lettres au président du Conseil central de l’œuvre de la propagation de la foi à Lyon, sur le Loza et sur la préparation du Lo-kao. Le 10 avril et le 24 juillet de l’année 1857, M. Rondot donna lecture à la Chambre de commerce de Lyon de lettres sur la teinture en vert chez les Chinois. En 1857, M. Decaisne, membre de l’Académie des sciences, fit paraitre une note sur les deux espèces de Nerprun qui fournissent le vert de Chine (1). En 1858, M. Natalis Rondot fit paraitre son importante pu- blication sur le vert de Chine (2), qu’il présenta à la Société d’Acclimatation (3) avec l’étude des propriétés chimiques et tinctoriales du Lo-kao par M.J. Persoz, professeur au Con- servatoire des arts et métiers. En 1864, il est fait mention à la séance du 8 janvier des cultures de Rhamnus utilis faites au Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne (4). À la séance de la Société, le 30 dé- cembre 1864, M"° Délisse (de Bordeaux) annonça à la Société l'envoi de graines de Loza cultivé dans sa propriété. La Société d’Acclimatation a fondé en 1870 un prix de 900 francs pour l'utilisation industrielle du Loza. (1) Extrait des Comples rendus des séances de l’Académie des sciences, 1°" juin 1857. (2) Natalis Rondot, Notice du vert de Chine et de la teinture en vert chez les Chinois, 1858. (3) Bulletin de la Sociélé d’Acclimatatlion, séance du 7 mai 1858. (4) Rapport sur les végélaux cultivés au Jardin d'acclimatalion du Bois de Boulogne, par M. Quihou (Bulletin de la Société d'Acclimatation, p. 46, 1864)- 726 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. HOVENIA DULCIS. Kemponashi. La famille des Rhamnées au Japon fournit aussi : L'Hovenia dulcis, dont on trouvait des spécimens de fruits avec les pédoncules au n° 73 de la Collection des graines dans la classe 73 (Légumes et fruits). L'Hovenia dulcis a été observé au Japon par Thunberg (1), par Siebold et Zuccarini \), par Miquel (37, par Franchet et Savatier (4). Il ést connu au Japon, suivant le Phonzo-Zou- fou (5), sous le nom de Hi hou; d’après les livres Kwa-wi (6), sous ceux de in kori et de Kempo ne nasi, qui est aussi l'appellation que lui à donnée la Commission Japonaise de l'Exposition (7). Il se rencontre à l’état sauvage dans les ter- rains sablonneux dans un grand nombre de provinces du Japon, principalement dans celle de Kodzuké. L’Hovenia dulcis produit des fruits gros comme des pois, de couleur verdâtre, qui, aux gelées, deviennent d’un brun foncé. Ces fruits sont portés par des pédoncules charnus jau- nâtres, qui grossissent à la maturité et qui ont une saveur douce et sucrée qui rappelle un peu le goût de la poire de beurré et qu’on mange frais, surtout dans les campagnes. Le bois de l’'Hovenia dulcis, rouge, à grain serré, est estimé comme bois d’ébénistertie. Les médecins japonais et chinois, d’après MM. Debeaux (8), Soubeiran et Dabry de Thiersant (9), préconisent les fruits pour dissiper l'ivresse. L’écorce est prescrite en décoction pour combattre les ma- ladies des intestins. (1) Thunberg, Flora Japonica, p. 101. (2) Siebold et Zuccarini, Flor. Jap., vol. [, p. 135, tabl. 13-14. ! (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 220. (4) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. 82, n° 543. (5) Phonzo-Zoufou, vol. LXIX, fol. 23, verso. (6) Livres Kwa-wi, arb. IT, p. 108-109, n° 21. (7) Le Japon à l'Exposition universelie de 1878, vol. II, p. 142. (8) Debeaux, Essai sur la pharmacie et la matière médicale chez les Chinots, p. 64, 1865. (9) Soubeiran et Dabry de Thiersant, La matiere médicale chez les Chinois, p. 249. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 19% L'Hovenia dulcis a été introduit en Europe en 1812 par Thunberg, qui l'avait dédié à David Hoven, commissaire hol- landais au Japon. Il est cultivé en différents endroits, principalement à Se- orez, chez le regretté À. Lavallée, ainsi qu’à Saint-Mandrier. près de Toulon, où M. Philippe l’a propagé depuis 1850 e chez qui il a fructifié à plusieurs reprises et a donné des pé- doncules arrivés à complète maturité (1). M. Philippe a insisté sur la propagatior de cet arbre fruitier japonais dont l’aceli- matation est complète dans le midi de la France. (À suivre.) (1) Bulletin de la Société d'Acclimatation, p. 198-199. Séance du 1®% juin 1863. 1864. LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES EXOTIQUES, PEU CONNUES OU INCONNUES Par M. A. PAILLIEUX Membre de la Société nationale d'Acclimatation et M. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséum. (Suite.) Es Persicaire à feuilles cuspidées. Renouée e Sieboid. Renouée cuspidée. POLYGONUM CUSPIDATUM, Sieb. et Zucc. Fam. nat. 731. P. Sie oldii Hort. (non Meissn). P. multiflorum Buerg. Fam. des Polygonées. Plante vivace du Japon, d’un vert gui, à souche très tra- cante. Tiges hautes d'environ 1 mètre à 1",50 et plus, d’abord simples et droites, puis ramitiées, arquées et étalées horizon- talement vers l'extrémité, striées et lavées de rougeâtre; ra- mifications distiques, étalées ou flexueuses, également striées ou lavées de rougeâtre, ainsi que les pétioles. Feuilles alter- nes, distiques, pétiolées, largement ovales ou ovales-oblon- oues, aiguës, tronquées à la base. Fleurs blanches, disposées en grappes axillaires, grêles, formant des fascicules paniculés, dressés, étalés, ou penchés. A ces fleurs succèdent des fruits d’un blanc rosé, très élégants, généralement stériles. Fleurit de juillet en août. Le Polygonum cuspidatum a tenté plusieurs dégustateurs. M. J. Weber est le premier qui ait recommandé cette plante pour ses usages alimentaires (1). Un pied s'étant par hasard trouvé recouvert de feuilles sèches pendant l'hiver, au prin- temps, en faisant enlever les feuilles, il découvrit une dou- zaine de belles pousses, blanches et de la grosseur du doigt ; (1) Revue horticole, 1873, p. 393. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 129 cela lui parut si appétissant, qu'il eut l’idée de les faire accom- moder comme des Asperges, et, dit-il: « Mon espoir ne fut nullement déçu; elles étaient douces et d’un goût très agréa- ble. Seulement, comme elles sont très tendres, il ne leur faut qu'un instant de cuisson ». L. Van Houtte n’a pas été aussi satisfait; il écrit dans la Flore des serres, 16, p.16: « Disons- le bien vite, pour l’acquit de notre conscience, l'essai que nous en avons fait a été désastreux. Il nous a fallu, Dieu sait quels réactifs, pour nous raboter le palais de la détestable sa- veur de cette Renouée fameuse ! » Nous avons étiolé les jeune pousses de la Persicaire à feuil- les cuspidées et nous avons obtenu de très jolis et nombreux étiolats, en forme d’Asperges, pleins, tendres, d’une saveur légèrement acide. Le Polygonum sacchalinense nous a donné un résultat analogue. Nous avons cependant relégué ces plantes dans la troisième série de nos expériences d’étiole- ment (1) et nous ne pensons pas qu’elles puissent avoir des prétentions plus hautes. Pé-tsai. Chou de Chine. BRASSICA CHINENSIS L. Fam. des Crucifères. Plante annuelle; feuilles inférieures oblongues, presque entièrement ee glabres; les caulinaires lancéolées. Ca- lice plus grand que les onglets des pétales. En 1840, M. Pépin, jardinier en chef de l’école de bota- nique, au Muséum, a publié sur la culture et l’utilisation du Pé-lsui un mémoire assez étendu dans lequel il rend compte des résultats que lui ont donnés ses semis mullipliés et pra- tiqués dans des conditions diverses. Il rapporte l'opinion qu’il s’est faite de la plante, considérée comme potagère, par des dégustations répétées. (1) Nouveaux légumes d'hiver, par A. Paillieux ct D, Bois. Pari:, librairie agricole de la HMaison rustique, rue Jacob, n° 26. 730 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Ce mémoire a été présenté par son auteur à la Société d’horticulture et imprimé par L. Bouchard-Huzard, rue de l’Éperon, n° 7. Nous y renvoyons le lecteur et n’en reproduisons qu'une faible partie : € Il y avait une vingtaine d'années, dit M. Pépin, que le Pé-tsai était connu sous le nom de Brassica sinensis dans les jardins botaniques et était considéré comme une simple plante de collection ; mais depuis trois ans que M. l’abbé Voi- sin, procureur général des missions étrangères, nous a fait connaître que cette espèce de Chou était très cultivée et très estimée en Chine, sa réputation comme plante culinaire s’est réhabilitée en France, et M. Ducros de Sixt, avocat à la cour royale de Paris, a été le premier à nous donner quelques détails sur le Pé-tsai, sa culture et ses usages en Chine ». Nous pensons qu'il y a là une erreur et que nos mission- naires avaient, depuis plus de cent ans, fait connaître l’im- portance de la culture du Pé-tsai dans l'empire chinois. M. Pépin dit plus loin: « Au printemps de 1838, il s’est fait un grand nombre de semis et je sais de beaucoup de per- sonnes curieuses d'étudier cette nouvelle Crucifère qu’en sénéral elles ont été peu satisfaites et que nulle part le Pé- Isai n’a pommé, qualité qu'on annonce comme constante en Chine. » Ici l'erreur est grave, et Les résultats obtenus par l’auteur du mémoire ont dû le désespérer en l’éclairant. En effet, le Pé-lsai ne pomme pas et ne manifeste en ce sens aucune vel- léité, soit en Chine, soit en France. Dans son ouvrage intitulé : Description de l'empire de la Chine, publié en 1735, le Père J.-B. du Halde faisait remar- quer, comme une particularité propre au Chou chinois, qu'il ne formait pas de pomme comme le Chou d'Europe. M. Pépin dit encore plus loin : « Les semis de printemps ne m'ayant pas donné de résultats différents de ceux que J'avais déjà obtenus dans les précédents essais de culture du Pé-{sai, J'ai pensé qu’il fallait essayer les semis d'automne; seule- ment, cette première tentative m'avait déjà démontré que le LE POTAGER D'UN CURIEUX. 731 Pé-isai est annuel et non bisannuel, et encore moins vivace, ainsi qu'on le dit être en Chine. » Comme on le voit, l’auteur n'avait sur le Pé-tsai que des renseignements fort inexacts : ce qui d’ailleurs n’ôte rien au mérite de l’expérimentateur. Peu de temps après la publication du mémoire dont nous venons de parler, paraissait dans la Revue horticole, vol. IV, 1838-41, p. 112, une note, non signée, que nous croyons devoir attribuer à Poiteau, alors rédacteuren chef dela Revue. Cette note est si complète, si intéressante et si oubliée sans doute aujourd’hui, que nous n’hésitons pas à en reproduire la plus grande partie : Gates M°° Bréon, épouse de M. Bréon, horticulteur OTaI- nier, qui a habité l’île Bourbon, où l’on cultive le Pé-tsai, nous à dit qu'il était une ressource pendant la saison chaude et sèche, à laquelle il résistait plus facilement que les autres plantes du même usage. Dans le reste de l’année, on se sert du Pe-tsai, non qu’il soit préférable aux autres plantes, mais seulement pour changer d’aliment, à degré de qualité même inférieur à lui, À Bourbon, on n’en voit jamais de pommés. » Nous avons fait, au sujet du Chou chinois, des recherches et de longues lectures dans les ouvrages sur la Chine : nous allons rapporter ce que nous avons trouvé de plus explicite sur ce sujet dans les écrits des missionnaires et des voyageurs. » Du Riz, des Choux et un peu d’Ail ou d’Oignon au lieu de viande, avec un breuvage de thé commun, sont souvent tout ce qui compose les repas des paysans et des ouvriers chinois. Quoique nos Lailues et nos Romaines leur soient connues, ce- pendant la préférence est donnée au Pé-tsai, qui tient un rang distingué parmi les plantes petagères de la Chine. » Les meilleurs Pé-tsai se lrouvent dans la province du Nord, où les premiers frimas servent à les rendre fort tendres ; l’abondance en est presque incroyable. Dans le cours des mois d'octobre et de novembre, le matin, on a quelquefois de la peine à passer à Lravers l'immense quantité de petites char- rettes et de brouetles qui en sont chargées et qui encombrent les portes de Pékin et de Hang-tchou-fou. L'usage des Chinois 132 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. est de les conserver dans du sel ou de les mariner pour les faire cuire avec le Riz, qui est naturellement fort insipide. » On distingue ici (1) trois sortes de Pé-Isai : 1° le Pé-tsai à feuilles blanches, fines et très tendres, qui pomment comme les Laitues romaines, quand on les aide un peu ; 2° les Nison- tou, c’est-à-dire fraise de bœuf, parce que ses feuilles sont crépées, très grandes, charnues, pleines de suc et assez douces ; % les violacées, dont les feuilles sont très déliées, lisses, fort tendres et d’un goût agréable, mais mêlé d’une petite pointe d’amertume, comme quelques espèces de Laitues. Parmi ces irois espèces, on distingue encore celles qui ont les feuilles allongées en langue de serpent, ou arrondies, découpées ou unies, à côtes plates comme les Bettes (Poirées), blondes ou à côtes arrondies comme les Laitues, etc. (2). Nous n’insis- tons pas plus sur les détails de ces différences. Nos Choux, nos Chicorées et tant d’autres plantes potagères, ont appris il y a longtemps à notre Occident que la même plante parait sous un nombre prodigieux de formes, et en change quelque- fois à être méconnaissable. Il est inévitable que les Pé-/sai étant cultivés dans un Empire immense et cultivés si diverse- ment, changent d’un endroit à l’autre et prennent différentes formes. » Le climat, la saison et la nature du terrain mettent une orande différence entre Pé-lsai et Pé-isai pour le goût, les qualités et la grosseur. Il y en à qui ont toujours un goût fade et presque insipide, tandis que d’autres en ont un fort agréable et une espèce de parfum naturel. Autant quelques- uns sont sains et salubres, autant d’autres le sont peu. Il ya des endroits où l’on ne peut les manger petits, ou même avant les premières gelées, au lieu que dans d’autres on les mange en tout temps et selon qu'on veut plus ou moins ies (1) C'est un missionnaire qui parle. (2) Pé veut dire blanc, tsai veut dire légume; ainsi le Pé-tsai est un légume blanc. Des trois espèces de Pé-fsai que cite la notice, il y en a deux qui ne mé- ritent pas d'être accueillies. La troisième ne diffère de nos Cardes-Poirées que parce que celle de la Chine est plus tendre et moins fade, plus large et plus longue que la nôtre. Cette espèce a réussi en France; les deux autres y réussi- raient de même si elles valaient la peine qu’on essayàt de les cultiver. (Ces observations ne sont pas de nous. P. B.) LE POTAGER D'UN CURIEUX. 733 attendre. La culture la plus soignée les laisse toujours mé- diocres dans certains cantons, au lieu qu'ils viennent comme d'eux-mêmes dans d’autres. Ils croissent à vue d’æil et gros- sissent jusqu’à peser depuis dix à douze livres jusqu’à dix- huit et vingt. » Les Pé-tsai les plus estimés à Pékin sont ceux des envi- rons de la petite ville de Ngan-sun; ce sont ceux en effet qu’on préfère pour la table de l'Empereur et de toute sa fa- mille. Les friands d'Europe voudraient bien des Choux pour les cuire et les assaisonner d’une manière qui püût flatter leur délicatesse: ceux de Chine, au contraire, soit préjugé, soit finesse de goût, raisonnent sur le Pé-isai comme eux sur la venaison et le gibier, prétendant que plus on leur donne d’assaisonnement, plus ils perdent de leur propre saveur. Nous avouerons candidement notre profonde incapacité et ignorance sur ce grave sujet, et nous nous bornerons à ra- conter qu'étant de service au palais, nous avons trouvé très bons et très délicats des Pé-tsai de Ngan-sun cuits simplement au bouillon et sans autre assaisonnement que du sel. Notre témoignage ne prouvera rien sans doute, mais nous le don- nerons pour ce quil vaut. » Nos Européens de Canton appellent le Pé-tsai Chou chi- nois. Qu'ils se chargent d’en dire le pourquoi. Pour nous, il nous paraît qu'il demande une terre moins fumée que nos Choux. Quand on cherche plutôt à avoir de bons Pé-isai que de gros Pé-tsai, et à les avoir en leur temps qu'à en pousser la crue, il faut leur choisir un terrain découvert, el plutôt humide que sec. Les terres basses, qui ne sont pas trop ma- récageuses, leur sont très favorables. Dans le choix des en- grais, les cendres de différentes herbes et la poudrette sont ce qui leur convient le mieux. » Les Pé-tsai ne donnent leurs graines que l’année d’après qu’ils sont plantés. Les Chinois prennent les mêmes pré- cautions pour en avoir que nous pour les Choux; ils gardent dans la serre ou autre endroit bien abrité quelques pieds choisis, et, le printemps venu, ils les replantent dans un coin exposé au soleil et les arrosent jusqu'à ce qu'ils soient montés 4° SÉRIE, T. I. — Septembre 1884. 48 734 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. en fleur et en graine. La graine est mûre d'ordinaire en juin et juillet. Les jardiniers sont partagés ici sur ce qu'il faut semer. Les uns veulent que la nouvelle graine donne des Pé-tsai plus forts, plus vigoureux et d’une culture plus aisée; les autres prétendent que ceux qui viennent de graine de l’année précédente, bien conservés à l’air, dans un endroit découvert, exposé au nord, donnent des Pé-{sai plus tendres, plus délicats et plus aisés à faire pommer (1). » Dans les provinces méridionales, on sème des Pé-tsai dans toutes les saisons, et ils y viennent bien. Quand on en veut avoir à la fin du printemps, en été et tout l’automne, il faut leur choisir une terre bien arrosée, et, autant qu’on le peut, lexposition de lorient. Dans les provinces septentrio- nales, comme Chan-tong et le Pé-tché-li, où ils sont incom- parablement meilleurs et plus délicats, on les sème sur planche à la mi-Juillet où août, comme chez nous les Choux cabus. Les chaleurs de la canicule passées, on les transplante au cordeau dans des trous qu’on fait avec un gros plantoir, afin d’y mettre un peu de poudrette. Ceux qui ne songent qu’au profit les plantent en échiquier, à sept ou huit pouces l’un de l’autre, parce que les Pé-isai se mangent à toutes leurs périodes d’accroissement. [ls en dédoublent les rangs à mesure qu'ils croissent, choisissent ceux qu'ils veulent laisser et ne gardent que ceux qu’ils voient bien venant et en voie d'atteindre leur plus belle grosseur. Ceux qui ne cherchent qu’à avoir de beaux Pé-tsai les plantent, comme nous les Choux, à un pied et demi Pun de l’autre. De quelque manière qu’on les plante, il faut les arroser aussitôt pour attacher les racines et faciliter la reprise, puis les labourer, sarcler et chausser jusqu’à ce qu’ils soient en pleine crue et aient at- teint les rosées et les nuits fraiches de l’automne. L'automne est admirable ici (2) et presque aussi beau que dans notre Béarn. Le temps beau et doux est sans doute la principale cause de la manière charmante dont les Pé-{sai croissent alors (1) I s’agit sans doute de lier les feuilles, opération assez délicate à cause de leur extrême fragilité. P. B. (2) A Pékin, sans doute. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 735 comme à vue d'œil; pour peu que la terre ne soit pas trop desséchée, on ne se met plus en peine de les arroser, et cela ne leur nuit point; quelque fanées et flétries qu’elles parais- sent dans le grand midi, on trouve le lendemain matin leurs feuilles dressées, fraîches et pleines de vigueur, mais elles restent vertes ou tout au plus blondes jusqu’au premier froid. » En revanche, les premiers froids venus, leurs larges côtes s’attendrissent, et tout le reste de la feuille devient peu à peu d’un blanc parfait. » fly en a qui lient leurs Pé-{sai comme nos Laitues ro- maines, pour se procurer une plus grosse pomme et des côtes de feuilles plus tendres; mais d’autres les abandonnent à eux-mêmes et prétendent que les Pé-isai perdent par là en saveur, en goût, en parfum, ce qu’ils gagnent en blancheur et en tendresse. Le vrai, c’est qu'à Ngan-sun et dans les au- tres endroits où ils sont si bons, si tendres et si excellents, on ne les lie point du tout. » Quand les Pé-tsai ont toute leur crue, ils ont depuis 2 pieds jusqu’à 3 de hauteur, et pèsent, comme nous avons dit, depuis 15 jusqu’à 20 livres. On attend que les gelées les aient un peu macérés pour en faire la récolte. Leurs premières feuilles extérieures en pâtissent un peu, mais l’on ne s’en met pas en peine, parce que aussi bien elles doivent rester dans le champ pour y former du terreau. | » Comme les Chinois sont grands mangeurs d'herbes, les Pé-tsai sont une vraie récolte, surtout pour les provinces du Nord; car, quoique plus méridionales que la Provence, le froid y est si rigoureux, que le jardinage y est absolument fermé depuis la mi-novembre jusqu'à la mi-février, libre à nos physiciens de l'expliquer comme ils l’entendront, bien plus fermé que dans les parties les plus septentrionales de la France. » On a trouvé plusieurs moyens de conserver la récolte du Pé-tsai et de la faire durer tout l'hiver ; les uns les confisent au sel et au vinaigre; les autres les font cuire à demi à la vapeur de l’eau bouillante, ou faner à l'air froid du Nord, 730 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. après les avoir effeuillés, puis passer par l’eau de moutarde ou de gingembre en les coupant par morceaux. Cependant, comme ces inventions d'épargne ou de ménage, qu’on ne con- naît peut-être pas assez dans nos campagnes, Ôtent toujours au Pé-tsai quelque chose de son bon goût, on en conserve une grande quantité de frais jusqu’au printemps. » Il y a pour cela deux manières : la première consiste à les exposer au soleil un peu pour leur ôter un superflu d’humi- dité qui les ferait jaunir, puis de les mettre en piie dans une resserre ou dans des fossés creusés exprès; la deuxième, à les planter en masse dans du sable de rivière humide, au fond d’une resserre. Ceux qui ne veulent pas les conserver si long- temps les couchent à plat sur une terre n1 trop sèche n1 trop humide, et, après avoir jeté dessus un peu de paille hachée, les couvrent d’un pied de terre sèche ; ceux qui ont un endroit commode pour cela les suspendent par le pied comme l’on suspend les Choux cabus, et le plus près possible les uns des autres. Du reste, l’industrie tire si bien parti de toutes ces manières de conserver les Pé-tsai, qu’on en a à Pékin tout l'hiver, et à bon compte. La consommation qui s’en fait est si prodigieuse dans cette ville immense, que nous n’osons pas dire à quoi en doit monter la totalité. » Nous dirons maintenant ce que nous pensons du Pé-isai. Nos expériences personnelles ne nous ont pas donné de ré- sultats satisfaisants, mais elles ont servi à former notre opi- uion. Nous écarterons d’abord toute culture estivale. La promp- titude avec laquelle la plante monte à graine avant son entier développement, l’ardeur du soleil qui s'oppose à ce que ses côtes et ses feuilles deviennent tendres et blanches, l’abon- dance de légumes frais préférables au Ghou chinois; ces di- verses causes rendraient infructueuse la culture du Pé-tsai pendant l'été. Les obstacles sont autres, mais également sérieux, si l’on sème dans le courant d'août pour récolter en hiver. Dès la ïüm de septembre, la végétation et le développement de la plante se ralentissent et le froid vient bientôt les arrêter tout LE POTAGER D'UN CURIEUX. 767 à fut. (est cependant à la fin de l'été qu’il convient de semer le Pé-tsai ; mais il faut qu'il puisse végéter longtemps et que les gelées ne l’empêchent pas d'atteindre cette ampleur ex- traordinaire qu’il acquiert en Chine avant l'hiver. Roscoff, Cavaillon, Hyères, se prêtent, ce nous semble, à la culture hivernale du Chou de Chine. Nous inclinons à croire que Roscoff et toute la contrée dont le Gulf stream attiédit la température, seraient particulière- ment favorables. Dans cette région privilégiée, réellement tempérée, le cultivateur ne redoute ni les feux du soleil ni les rigueurs de l'hiver. Le Pé-tsai s’y développerait lentement et largement, et prendrait peut-être à Paris une place impor- tante dans la consommation. Nos rues sont souvent encombrées par l’immense quantité de Choux-fleurs que nous envoie le Finistère; mais ceux-ci, d’une saveur forte et d’une digestion difficile, ne conviennent pas à tout le monde, et céderaient souvent le pas aux Pé-isai, plus doux et plus légers. Il est désirable que la culture de ce dernier légume soit sérieusement expérimentée en Bretagne. Publications à consuller : BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D HORTICULTURE DE FRANCE. Note sur le Pé-tsai, par Pépin, vol. XXII, 1838, p. 105. Note sur le Pé-tsai, par Bossin, vol. XXIIT, p. 154. Rapport sur le Pé-tsai, par une Commission spéciale, vol. XXIIT, p. 156. Note sur le Pé-tsai, par le D' Mérat, vol. XXII, p. 159. Salade de Pé-tsai, vol. XXIIE, p. 229. Note sur la cullure du Pé-tsai aux îles Maurice et de Bourbon, par M. Bréon, vol. XXIIE, p. 142. Mémoire sur la culture du Chou Pé-isai, par Pépin, vol. XXVI. 1840, p. 18. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Chou de Schang-ton, 2° série, 1. V, p. 799. Productions de la Chine, par M. l'abbé David, 2° série, 738 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. t. I, p. 237. Ce mémoire contient, au sujet du Pé-lsai, ce qui suit : « Comme plantes alimentaires, on trouve dans nos jardins. ....le Pé-isai, dont les Chinois consomment une énorme quantité, et qui vaut plus que tous les autres légumes réunis; les Européens le trouvent aussi fort bon et de meil- leure digestion que les divers Choux d'Occident. » Physalis du Pérou. Coqueret du Pérou. Physalis peruviana L. Sp. 2, 1670. Fam, des Solanées. Herbe vivace, haute de 0",50 à 0",70, revêtue d’un duvet dense, composé de poils simples; tiges dressées, un peu ra- meuses ; feuilles tomenteuses, cordiformes,acuminées entières ou sinueuses-dentées ; en avril-octobre, fleurs jaunes macu- lées de pourpre; anthères violettes; calice accrescent, vési- culeux, de couleur pâle à peu près uniforme, enveloppant une baie de la grosseur d’une cerise, d’un jaune orange à la maturité (1). Nous n’avons cultivé que trois espèces ou variétés de Phy- salis : le Physalis peruviana, le Physalis edulis, enfin le Physalis chenopodifolia, encore peu connu. Nous considérons le Physalis peruviana comme très supé- rieur à tous les autres, el nous en avons poursuivi la propa- gation avec tout le zèle possible. Ses graines nous sont venues en 1878 de la Nouvelle-Calédonie (2). Notre excellent corres- pondant, M. V. Perret, directeur du pénitencier agricole de la Dumbéa, ne connaissait pas le nom de la plante et nous la désignait simplement comme une Solanée à fruits comesti- (1) Miller, Dictionnaire des jardiniers, 2 édition, vol. V, p. 604, décrit, sous le nom de Physalis peruviana, le Nicandra physaloides, qui en est tout à fait distinct. C’est une plante annuelle, pouvant atteindre 1 mètre et plus de hau- teur, glabre, à fleurs campanulées, bleues et à fruit non charnu. Le Nicandra est cultivé pour l’ornement des jardins. (2) Le Physalis peruviana existait au Muséum, mais rien n’avait appelé notre attention sur lui avant l'envoi de M. Perret. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 7130 oles; mais il parait qu’elle avait été depuis longtemps intro- duile en Océanie. Dans l’intéressante publication qu'il a faite en 1875, dans les Mémoires de la Sociélé des sciences na- burelles de Cherbourg, t. XIX, et dont il a bien voulu nous donner un des exemplaires tirés à part, M. le capitaine Jouan cite le Physalis peruviana L. parmi les plantes médicinales. Notre Physalis se nomme Konini aux îles Marquises, et, selon Jardin, est employée par les naturels en compuesses contre les maux de tête. Mais c’est comme fruits comestibles propres à confectionner des tartes, des sirops, des confitures et divers articles de con- fiserie, qu’on recherche les baies du P. peruviana et qu’on cullive au Pérou, au Cap, aux Indes, etc., la plante qui les produit. Dans un mémoire intitulé : Enumeracion de los generos y espèces de plantas, etc., M. Martinet, professeur d'histoire naturelle à Lima, dit : « On mange les fruits parfumés du Physalis peruviana. » Dans le Manuel de jardinage pour le Bengale, que nous citons quelquefois, nous trouvons un chapitre consacré à notre plante, que nous reproduisons intégralement. Le Phy- salis peruviana y porte en anglais les noms de Peruvian cherry, Cape gooseberry. « Plante vivace, dit le Manuel, her- bacée, originaire du Pérou, naturalisée au Cap et très géné- ralement cultivée dans ce pays-ci. » Le fruit, qui ressemble exactement à celui de l’'Alkékenge des jardins anglais, dont il est assurément le très proche pa- rent, est enfermé dans un appendice de feuilles sèches (1). » Il est d’une couleur d’ambre claire, du volume et de la forme exacts de la cerise, et délicieux et utile autant qu'au- cun des produits de la campagne. Il n’est peut-être pas au monde de fruit qui fournisse une plus exquise confiture. » Les graines doivent être semées en mai ou juin, et le plant est mis en place, en pleine terre, en lignes distantes de quatre pieds et à deux pieds de distance l’un de l’autre. (1) Le calice se développe en même temps que le fruit, le couvre entièrement et se dessèche avant la récolte. 740 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. » Les plantes peuvent prospérer dans une terre ordinaire de jardin, mais, de préférence, dans celle qui a reçu un peu d'engrais. Lorsqu’elles sont hautes d'environ huit pouces, elles doivent être buttées à moitié de leur hauteur. Lorsqu’elles fleurissent, 1] y a avantage à pincer le bout des jets pour qu’ils ne s'étendent pas trop, et aussi pour procurer plus de nour- riture au fruit. » Les baies mürissent pendant les mois de janvier et de février. Quoique vivace, le Physalis doit être cultivé comme plante annuelle, et les vieux pieds, après avoir donné des fruits une fois, doivent êlre arrachés et jetés. Lorsque la saison est venue, on doit semer pour faire unenouvelle plantation. » La plante est délicate et ne supporte pas beaucoup de froid. J'ai essayé plusieurs fois de la cultiver à Ferozepore, mais sans succès. Elle végétait vigoureusement pendant toute la saison chaude, maisle froid venait détruire mon abondante récolte avant qu’elle fût mûre. » Le dernier paragraphe du livre de l’auteur anglais est ap- plicable aux cultures de Physalis pratiquées sous le climat de Paris, et, tout récemment, une plantation qui nous promettait de 80 à 100 000 fruits ne nous en a donné que 2000 parfai- tement mürs. Tout le reste a été détruit par une gelée de 2 degrés. : Cest dans le Midi que la culture du Physalis sera fruc- tueuse. Que les cultivateurs du littoral méditerranéen veuil- lent bien s’y livrer, et ils pourront, avec quelques précautions, conserver les fruits pendant toute la durée de l’hiver, les ex- pédier à Paris en quantité illimitée et en obtenir un prix lar- sement rémunérateur. Des baies cueillies le 7 mars, à Antibes, ont été adressées à un membre de la Société d’Acclimatation, qui nous les a données. Leur maturité et leur fraicheur étaient irrépro- chables. Nous ferons connaître en quelques mots nos procédés de culture. On observera qu'ils sont propres au climat des envi- rons de Paris, et qu'ils devront être modifiés au nord et au sud de cette région. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 141 Nous semons en mars sur couche et sous châssis. Lorsque le plant est à point, nous le mettons en godets, toujours sur couche et sous châssis, un seul pied par godet. Vers la fin de mai, nous mettons en place en pleine terre, à 1",10 ie dis- tance en tous sens. Jusqu'ici nous n'avons pas butté nos plantes. Nous ferons usage de ce procédé indiqué dans l'ouvrage cité plus haut. La plantation recoit deux binages pendant la saison. Nous supprimons tous les bourgeons inférieurs et ne conservons que les rameaux supérieurs. Nous pinçons dès que ces ra- meaux sont en fleurs. La récolte commence en septembre et se poursuit jusqu'aux gelées. Les fruits ne sont mûrs Un. dessiccation complète du calice qui les enveloppe. Dans nos départements du Nord, on devra faire des bou- tures de Physalis peruviana en même temps que celles des Pelargonium, leur faire passer l'hiver à côté de ces derniers et les planter en même temps lorsqu'il n’y aura plus de gelées à craindre. Au sud de la Loire, on pourra semer en pépinière en pleine terre. Sur le littoral de la Méditerranée, on récoltera tout l'hiver en protégeant les plantes contre la gelée. Les baies récoltées doivent être placées dans un lieu froid et sec. Elles se conservent parfaitement pendant quatre mois. Cueillies dans le Midi à la fin d'octobre, elles fourniront donc l'aliment d’un commerce très lucratif jusqu’au mois de mars; nous disons très lucratif, parce qu’on obtiendra toujours un bon prix d’un fruit qui se conserve frais pendant tout l’hiver. Le Physalis peruviana est extrêmement productif; nous avons vu des pieds chargés de plus de cent fruits. Nous n’exa- sérons nullement en estimant à 400 000 le nombre de baies que produira l’hectare dans nos départements des Alpes- Maritimes, du Var, des Bouches-du-Rhône, de l'Hérault, ete. Ces baies voyagent bien et arriveront à Paris en parfait état. Les confiseurs et les pâtissiers les achèteront, et lorsque la concurrence aura abaissé les prix, la population ouvrière, toujours avide de fruits, s’en emparera à son tour. 749 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. Les baies mûres du P. peruviana, mangées dans leur état naturel, sont agréables, mais inférieures aux fraises, aux ce- rises, etc. Elles sont bonnes en compotes; l’industrie du confiseur et du pâtissier les rend excellentes. Le confiseur les prépare au fondant et au caramel. Il en fait des confitures et un sirop exquis. Elles suppléent chez le pâtissier tous les fruits dont il fait des flans et des tartelettes. La maison T... en a fait des confitures et un sirop qui ne le cèdent en rien à ce qu’on connaît de meilleur à Paris. La maison B... a vendu, dans l’espace d’une saison, 30 000 baies confites au fondant et au caramel. Les fruits que ces maisons ont employés leur avaient été livrés par un de nos amis, amateur éclairé d’horticulture, auquel nous avions fourni des graines. Nous pensons que le Physalis peruviana doit être cultivé et propagé. Notre opinion nous semble suffisamment motivée. Physalis comestible. Petite Tomate du Mexique. PHYSALIS PERUVIANA, var. B. foliis subintegris Dunal, Prod., vol. XIII, 1, p. 440. Physalis edulis Sims. Bot. mag., tab. 1068. Fam. des Solances. Le Physalis comestible n’est qu’une simple variété du P. peruviana. Cependant nous reproduisons ici la descrip- tion qu’en à donnée M. Bossin (1). Plante annuelle ; tiges vigoureuses, vertes, glabres, un peu flexibles et rampantes, hautes de 1 mètre à 1°,30, assez grosses, cannelées et presque quadrangulaires, très rameuses ; feuilles alternes, lisses, ovales, terminées en pointes dentées et portées sur un pédoncule de 0",02 à 0",03. De chaque aisselle, qui est le plus souvent violacée, sort une branche (1) Note de M. Bossin, Bull. de la Soc. d'Accl., 1875, vol. Il, p. 69. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 743 nouvelle qui donne naissance à son tour à une infiniié d’au- tres ; en même temps que la branche paraît une fleur soli- taire, large de 15 à 20 millimètres, en roue, d’un jaune pâle et verdâtre, ayant au centre un cercle de couleur lilacée. Les étamines sont courtes et ramassées, les anthères lilacées sont plus larges que leurs supports. Fruits portés sur des pédi- celles minces, violacés, longs de 0",02 à 0,04, flexibles et laissant retomber la baie le long de la branche ou de la tige. Dès que celle-ci grossit, le calice, violacé jusqu’à la moitié environ de son développement, la couvre presque entière- ment et ne se déchire que lorsqu'elle arrive à maturité. Le fruit est d’un jaune pâle et verdâtre, lisse, couvert d’une matière un peu visqueuse, dégageant un peu l'odeur de la tomate ; il est rond, un peu aplati du cùté du pédoncule el fortement arrondi du côté de l’ombilic. Il est ordinàäirement du poids de 10 à 15 grammes et mesure de 9 à 12 centimètres de circonférence, sur une largeur de 25 à 30 millimètres. La peau qui recouvre le fruit est extrêmement fine; elle contient une partie grasse et mucilagineuse, très serrée, qui contient au milieu et au pourtour, parfaitement alignées et rangées, de nombreuses semences plates, lisses, jaune pâle, de forme lenticulaire, convexes sur Les deux faces. Ces semences ont environ de 1 à 2 millimètres de largeur. Vers 1873-74, M. Balcarce, ministre de la Réphblique ar- gentine à Paris, remit à la Société d’Acclimatation, pour être distribuées à ses membres, des graines du Physalis edulis. Il présenta la plante sousle nom de petite Tomate du Mexique, mais il fut ultérieurement reconnu qu’elle n’était autre que le Physalis edulis. M. Bossin (1) la cultiva à Hannencourt et publia sur elle une note que l’on pourrait consulter. Nous nous en sommes occupés à notre tour, et nous allons dire ce que nous en pensons. Le Physalis edulis n’exige pas d’autres soins que la Tomate ordinaire. Il est bon de laisser un peu plus d’espace entre les pieds, et l’on peut se dispenser de le tailler. Sa fécondité est (1) Bull. Soc. d'Accl., 3° série, t. II, 1875, p. 69. 744 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. orande ; il donne en abondance des baïes petites, rondes, sucrées et acidulées, depuis le mois d’août jusqu'aux gelées. Nous en avons fait une sauce verte, modérément acide, de peu de saveur, assez agréable, mais très inférieure à celle que l’on obtient de la Tomate commune. Le principal mérite de la plante est dans la facilité avec la- quelle on conserve longtemps ses fruits. Cueillis au mois de septembre et placés par nous dans des conditions défavora- bles, ils étaient encore intacts le 10 décembre suivant. Il n’est œuère douteux que dans un fruitier sain ils ne puissent se conserver un ou deux mois de plus. Les personnes qui ne font pas de conserves de Tomates pourront donc, en cultivant le Physalis mexicain, se procurer une sauce assez bonne, au moins jusqu’au mois de janvier. Les Mexicains, paraît-il, en font un excellent sirop, qu'ils emploient contre les maladies des voies respiratoires, et dont M. Balcarce a donné la formule à M. Bossin, après l'avoir ex- périmentée avec succès. Voici cette formule : on prend en- viron vingt fruits que l’on coupe en quatre et que l’on fait bouillir dans un litre d’eau jusqu’à ce que le tout soit réduit de moitié. On passe alors, en exprimant Le jus, à travers un linge; on ajoute 500 grammes de sucre; on fait cuire encore Jusqu'à ce que le liquide ait la consistance de sirop, et la pré- paration est terminée. Si, comme on le dit, les Mexicains font usage des fruits du Physalis edulis pour diverses préparations culinaires, nous ne pouvons nous considérer comme suffisamment éclairés, après en avoir fait simplement une sauce. Le fait est qu'après avoir quelque peu fait parler d’elle, la plante nous semble être retombée dans l'oubli et ne se ren- contre plus sans doute que dans les jardins de quelques eu- rIeux. Notes à consulter : Bull. Soc. d'Acel., 3 sér., t. I, 1874, p. 50; % sér., t. IL, P- 24059 Sr IV ASE pe 019; QT LE POTAGER D'UN CURIEUX. 74 Physalis violet. Coqueret à feuilles d’Ansérine. PHYSALIS CHENOPODIFOLIA Willd. Spec. plant. 1, p. 1023, n° 14. P. atri- plicifolia Jacq. Fragmenta, p. 85. P. megistocarpos Zuccagn. Ob- serv. cent. n° 56 in Rœm. coll. bot. p. 120. P. philadelphica Lamk. Dict. 2, p. 101, n°,10; Dunal in DC. Prodr. P. violacea Carr. Rev. hort., 1882. Fan. des Solanées. Plante annuelle, fleurissant pendant presque tout l'été, donnant ses fruits d'octobre à novembre; glabre sur toutes ses parties qui, examinées à la loupe, paraissent cependant léscèrement pubescentes. Tiges rameuses, anguleuses, dres- S meaux, purpurines à leur partie inférieure. Feuilles alternes, quelquefois opposées sur les rameaux, ovales, pétiolées, à peine dentées, sinuées sur leurs bords, ayant ordinairement 3 pouces de 1ong. Pédoncules uniflores, courts. Fleurs pen- dantes, inodores. Galice campanulé, quinquélobé, portant 40 stries, saturé de violet à la base, à divisions ovales termi- nées en pointe. Corolle en roue, plissée, ayant deux fois la longueur du calice lorsqu'elle est dépliée, jaune, tachetée de violet au centre. Étamine à filet court, subulé, dressé, violet, à anthères oblongues, didymes, dressées, obtuses, d’un violet brun, avec pollen cendré, déhiscentes longitudinalement sur les côtés. Style filiforme, stigmate obtus. Le calice, qui est accrescent comme dans tous les autres Physalis, devient à la maturité grand, presque sphérique, pendant, d’un vert sale, comme vernissé, il porte 10 siries violettes qui vont de la base, qui est complètement saturée de violet, au sommet. La baie est très développée; elle atteint presque le volume d’une Prune de Monsieur (1), emplissant entièrement le calice et (1) Sur chaque pied , plusieurs fruits sont de la grosseur d'une pomme d’api. B. 746 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. souvent même le déchirant lorsqu'il ne peut la contenir ; elle est presque ronde, glabre, d’un vert noirâtre. Les graines sont jaunes. La description qui précède est applicable à la plante que nous avons cultivée, que Wildenow a décrite sous le nom de P. chenopodifolia, que Jacquin a figurée sous le nom de P. atriplicifolia, que Zuccagni a nommée megistocarpos, que Dunal a rattachée au P. philadelphica, et qui récemment a été nommée P. violacea par M. E.-A. Carrière. Ce dernier, la rencontrant dans le jardin de la Société d’horticulture d'É- tampes, et n’obtenant que de très vagues renseignements sur son origine, crut qu'il avait sous les yeux une forme locale, issue du P. edulis du Mexique, devenue sur place en quelques années le Physalis gros et violet qui lui était présenté. Induit à cette manière de voir par une lettre de M. Blavet, président de la Société d’horticulture d’Étampes, et attri- buant une certaine importance à la plante, M. Carrière a donné dans la Revue horticole du 16 mai 1882 : 4° Un extrait de la lettre de M. Blavet; 2° Une description du P. wiolacea ; 3° Une figure très exacte de la plante. M. Carrière a indiqué avec beaucoup de précision le mode de culture applicable au Physalis violet. « C’est à peu près, dit-il, la culture de lAubergine qui lui convient. Sous le cli- mat de Paris, il est bon d’avancer les plantes en les élevant sur couche et sous châssis. Semées en pleine terre, de bonne heure, à bonne exposition, et plantées dans un endroit un peu abrité, elles se développent bien et donnent des fruits qui arrivent à maturité. Comme cette espèce est vigoureuse et très ramifiée, on se trouvera bien d’enlever çà et là quel- ques rameaux, afin d’aérer les parties restantes, qui alors se développent et fructifient mieux. Pour hâter la floraison et maintenir les plantes plus basses, on pourrait aussi employer la taille et le pincement ou ébouquetage. » De ce qu’on vient de lire, nous ne contesterons qu’un point. Nous croyons qu’en semant en pleine terre sous le climat de Paris, on ne récoltera rien, si la saison n’est pas exceptionnel- LE POTAGER D'UN CURIEUX. 747 lement chaude. Dans le Midi, au contraire, le rendement d’une plantation de Ph ysalis violet serait énorme. Il nous reste à parler de l’usage qu’on peut faire des baies de la plante. A l’état cru, elles sont légèrement acides et à peu près sans saveur propre. Nous les trouvons insignifiantes. En beignets, elles sont d’une extrême acidité et désagréa- bles. En sauce verte, après une cuisson prolongée, elles sont acides sans excès, el, comme elles se conservent aisément sur la planche jusqu’au mois de janvier, et même bien au delà, elles pourraient pendant l'hiver remplacer la Tomate, qu’elles sont d’ailleurs loin de valoir. Les curieux pourront cultiver le Physalis violet comme plante ornementale et essayer toutes les préparations culi- naires auxquelles ses fruits semblent se prêter. (A suivre.) I. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE DU CONSEIL DU 18 JUILLET 1884. Présidence de M. PAILLIEUX, Membre du Conseil, Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président proclame les noms de membhres nouvellement pré- sentés : MM. PRÉSENTATEURS. A.Geoffroy Saint-Hilaire. Jules Grisard. E. Renard. Feypeau (Emile de), rue du Souci, à Poitiers | PRE ee | 0 (Mono | Jules Grisard. BiNoux, à la Colonie de Condé-sur-Veyres, par Houdan (Seine-et-Oise). — M. Bertora adresse des remerciements an sujet de sa récente ad- mission. — MM. Gardin, Coignard et Hiver demandent à prendre part aux chep- tels de la Société. — Des demandes de graines sont adressées par MM. E. Maistre, Gibez, Parlowsky, F. Kreuter, Olivier, vicomte de Luppé, Crespin aîné, vicomte de Poli, Lang. Balmes, Sabatier-Mandoul, Albuquerque et par la Société d’Acclimatation de Sicile. — MM. E. Ferret et comte de Saint-Innocent sollicitent un envoi de poudre toni-nutritive Dautreville. — MM. E. Maistre, Potron, V. Fleury, A. Orban et la Société d’Accli- matation de Sicile, accusent réception et remercient des graines qui leur ont été envoyées. — Des réponses au questionnaire sur Ja maladie des Écrevisses sont adressées par MM. les ingénieurs en chef des départements de Maine-et- Loire, Deux-Sèvres, Hautes-Pyrénées, Allier et Cher. — M. Brierre, de Saint-Hilaire de Riez (Vendée), fait part de ses remarques sur le choléra, en 1832, 1848 et 1884. — M. Olivier adresse une réponse au questionnaire sur les Mus rattus et decumanus inséré dans la Chronique. — M. le Directeur du Jardin zoologique d’Acclimatation transmet à la Société extrait suivant d’une lettre qui lui est adressée par M. De- laurier, en date du 10 juillet 1884 : « J'ai depuis huit jours trois Jeunes hybrides Hasting-Blyth fort vigoureux. PROCÈS-VERBAUX. 749 » La poule Blyth que je ne vous avais pas expédiée, parce qu’elle cou- vait, est descendue un beau matin d’un nid suspendu au haut de la vo- lière (4 mètres) avec trois jeunes provenant de ses trois derniers œufs. Je n’y comptais pas du tout. » Vous vous rappelez qu’aussitôt la mort du coq Blyth, j'avais donné à ses poules mon coq Hasting veuf. La connaissance s’est faite malheu- reusement trop tard, puisque les vingt premiers œufs étaient clairs. » Les jeunes ont tout à fait le duvet noir des Hasting, la poule est aussi excellente mère que les poules Temminck, et j’espère que cette très petite couvée arrivera à bien; la mère commence à inviter les jeunes à se percher le soir. » — M. le comte d’Esterno écrit du château de Champ-Rosé par Autun (Saône-et-Loire) : € Il y à quelques années, le Bulletin de la Société d’Acclimatation reproduisait une communication dans laquelle je conseillais, lorsqu'on avait découvert un nid de Buses ordinaires, de s’embusquer dans un endroit convenable, afin de tuer les parents, et je recommandais d’épargner soigneusement les jeunes, parce que ceux-ci, une fois privés de leurs auteurs naturels, étaient nourris par d’autres oiseaux de la même espèce que l’on pouvait également détruire du même coup. » Je ne me prononçais pas sur le genre d’instinet qui faisait ainsi adopter des orphelins par des étrangers. Était-ce un sentiment purement charitable, ou bien les oiseaux qui faisaient l'office de parents avaient- ils des droits quelconques et d’une nature particulière sur la couvée désormais isolée? Je l’ignore. Toujours est-il que j'avais détruit en quel- ques jours quatre Buses sur le même nid. » J'ai été à même d'observer un fait analogue sur la Crécerelle, va- riété très répandue et redoutée dans le Morvan. » Le 18 juin 1884, je découvaris dans mon pare un nid de Crécerelle sur le sommet d’un sapin très élevé, j’y grimpai immédiatement. Le nid contenait quatre petits couverts d’un duvet jaunâtre. Je m’embusquai au pied du sapin, et blessai le soir même un des parents, que je pus at- traper facilement à terre. » L'idée me vint alors de prendre le nid et de l’enfermer avec l’oiseau blessé, mais bien vivant encore, dans une cage posée à terre pour atti- rer le parent restant. Soigneusement caché dans un buisson, je vis planer, à des hauteurs différentes, trois oiseaux semblables à celui que j'avais capturé; et, dans les trois jours qui suivirent, je tuai les trois oiseaux. » Il résulterait donc de ces deux faits que, chez les oiseaux de proie, ou tout au moins chez plusieurs espèces d’oiseaux de proie, les adultes adoptent avec une grande facilité les jeunes qui se trouvent privés de leurs parents par une cause quelconque, et assurent ainsi la sauve- garde de la nichée orpheline. » 4 SÉRIE, T I. — Septembre 1884. 49 790 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. — M. Petich écrit à M. le Directeur du Jardin zoologique d’acclima- tation : « Les animaux que je possède à Magliano-Veneto ont donné des résul- tats. » Les Nandous ont couvé dix œufs et quatre petits sont éclos ; ils con- tinuent l’incubation des autres œufs. » Les diverses paires d’Agoutis que je possède ont donné des jeunes qui se portent à merveille. » Les Pacas vont reproduire. » Les Chiens de prairie (petite Marmotte) de même. » Les Perruches de l’Assomption couvent, une jeune est née. Deux Aras ont pondu, mais ils ne couvent pas encore. » — M. Raveret-Wattel communique l'extrait suivant d’une lettre adressée par M. Max von dem Borne, de Berneuchen, à M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire des pêcheries des États-Unis : « Vous vous souvenez, qu’à la fin de 1882, vous avez bien voulu m'envoyer, par M. George Eckardt, sept Black-Bass à large bouche et soixante-quinze Black-Bass à petite bouche. Par suite de la longueur du voyage, la plus grande partie du lot périt, de sorte qu’il ne me restait au printemps que trois vieux sujets à large bouche, et dix sujets à petite bouche, âgés de deux ans. » Aujourd’hui, j'ai eu la satisfaction de constater que mes trois gros poissons ont frayé, et que l'étang où ils se trouvaient fourmille d’ale- vins. Jai capturé, avec un petit filet, plus de 2000 petits alevins que j'ai placés seuls dans un autre étang. » Je ne doute pas qu’au printemps prochain les Black-Bass à petite bouche frayent à leur tour, et que notre essai soit ainsi couronné de succès (1). » — M. Maillot, directeur de la station séricicole de Montpellier, écrit : « Conformément au désir exprimé dans votre lettre du 1® février der- nier, j'ai fait élever à la station séricicole un échantillon de graines provenant de M. Hignet, de Varsovie. La marche des Vers a été très sa- tisfaisante et des plus régulières. Je vous adresse par la poste une boîte contenant 150 grammes de cocons de la récolte pris sans aucun choix dans le tas; ces cocons paraissent très jolis. Je n’ai pas recherché sil y avait ou non des sujets corpusculeux; on n’en a vu aucun durant l'élevage. » — M. L. Armand, directeur de Administration pénitentiaire à Cayenne, écrit à M. le Secrétaire général : (1) Les deux Percoïdes dont il est question dans cette lettre sont d'excellents Poissons alimentaires. L'espèce qni s’est reproduite est le Grystes (Micropterus) pallidus, Rafinesque, qui prospère dans les étangs même à eau bourbeuse. Le Black-Bass à bouche étroite est le Grystes (Micropterus) Salmoides, qui se plait surtout dans les eaux claires et courantes (Rédac). PROCÈS-VERBAUX. 151 « Je viens de recevoir la lettre par laquelle vous m’informez que la Société nationale d’Acclimatation m’a décerné, sur la proposition de la Commission des récompenses, une grande médaille d’argent (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. » Je vous prie de vouloir bien témoigner tous mes remerciements à la Société et vous faire, auprès d'elle, l'interprète de mes sentiments de reconnaissance pour la distinction dont elle a bien voulu m’honorer. » J'aurais voulu utiliser mon séjour à la Guyane pour faire parvenir, au Jardin d’acclimatation, les différentes espèces d'animaux que la So- ciété n'avait désignées, mais, en outre des difficultés de toute sorte que je rencontre pour me procurer des sujets vivants, j'ai encore à lutter contre des impossibilités de toute sorte pour le transport de certaines bêtes. » J'ai recueilli deux essaims d’Abeilles du pays, d’une espèce toute particulière et qui ne piquent pas les personnes qui s’approchent pour retirer le miel de ia ruche. » Le premier est un essaim de petites Abeilles noires (Melipona amal- thea). Le deuxième est composé d’Abeilles fauves (Melipona ou tri- yona). » D’autres espèces existens encore dans l’intérieur des bois et appar- tiennent encore au genre Melipona ; mais elles n’ont pas encore été étu- diées et on se les procure très difficilement. » Toutes ces Abeilles produisent du miel de qualité supérieure, auquel les habitants attribuent des propriétés particulières pour la guérison de certaines maladies. L’envoi de ces essaims serait difficile, à cause des soins minutieux que réclament les Abeilles et de la mortalité considérable qu’elles subissent pendant le voyage ; néanmoins, avec des précautions et un appareil dont le modèle me sera donné par un habi- tant du pays, on peut en faire arriver à bon port un assez grand nombre. » Je me mets à votre disposition si vous en désirez. » Je puis me procurer aussi des Tortues de terre appelées Molocoï et qui, parquées dans un jardin ou dans un poulailler, au milieu des volailles, se reproduisent parfaitement, si on a soin de laisser à leur portée un tas de sable dans lequel elles puissent déposer leurs œufs. Cela pourrait être , France comme à la Guyane, un excellent appoint pour l’alimentation. » On s'occupe activement, à l’Oyapock et au Maroni, de me procurer un jeune Lamantin, mais on me fait craindre qu’il soit impossible de le maintenir vivant à bord d’un petit navire, sur lequel on ne dispose d'aucun réservoir pour le mettre dans l’eau. La nourriture inquiète éga- lement les personnes qui se sont chargées de me procurer cet animal car on ne paraît pas très fixé sur ce qu’il convient de donner au La- mantin pour le nourrir. » J'essaye, par tous les moyens en mon pouvoir, de vaincre les difti- 759 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. cultés qui se présentent; mais ces dernières sont plus sérieuses que je ne le supposais. Car, si l’on me fait beaucoup de promesses, les choses changent du tout au tout quand il s’agit de les tenir. » Le voyage des fauves présente surtout des difficultés au point de vue de la nourriture, et vous verrez, d’après la lettre du commandant de la Garonne, l'obligation de constituer des approvisionnements de poules et de lapins pour le jeune Jaguar que je voulais mettre à bord. Si à la Guyane les volailles et les lapins ne coûtaient pas si cher ou se trou- vaient en abondance, rien ne serait plus aisé; mais, outre qu’on se pro- cure difficilement un lapin pour 9 à 10 francs pièce, les volailles coûtent encore 7 et 8 francs chacune, et la traversée de Cayenne à Toulon est bien longue pour faire subsister un animal dans de pareilles conditions d'alimentation. C’est pour cela que, malgré toute ma bonne volonté, je serai peut-être obligé de borner mes envois aux animaux qui ne man- gent que des choses que l’on peut leur procurer facilement à bor1 des navires de guerre. » — M. E. Maistre écrit de Saissac (Aude) : « Je fais en ce moment, à Villeneuvette, un essai d'élevage d’Attacus Pernyi; les Vers ont souffert, à leur naissance, à cause de la saison qui était déjà avancée, par suite de la difficulté de trouver des feuilles jeunes. » J'espère pouvoir opérer l’année prochaine sur une plus grande quantité et dans de meilleures conditions; je tâcherai aussi d’en élever dans la Montagne Noire, pays assez frais et où les Chênes abondent ; je suis persuadé que cet élevage réussira. » — Me veuve Turpin adresse une note sur ses éducations de Vers à soie, et y joint quelques échantillons de sa récolte. — M. le Directeur du Jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne donne communication d’une lettre de M. le Gouverneur de la Nou- velle-Calédonie, annonçant l’envoi de ‘graines forestières de la Colo- nie. — Remerciements. — M. Godefroi Mollinger fait don à la Société de diverses graines de l'État d’Iowa. — Remerciements. — M. Roulland écrit de Gesté (Maine-et-Loire) : « Il y a à Gesté, chez honorable M. Grandin, notaire, un Araucaria imbricata, qui fait l’ad- miration de tous ceux qui le voient. » Ce bel arbre, dont la hauteur est de plus de 20 mètres, pousse an- nuellement d’une façon très perceptible, et porte un nombre fort con- sidérable de rameaux verticillés, couverts de feuilles de 0,05. » Cet arbre a porté cette année de nouveaux fruits, qui pèsent chacune de 2 à 3 kilogrammes; il y a également apparence de cônes pour l’année prochaine. » L’Araucaria dont je vous parle a admirablement supporté le froid de l’année 1870 ; il n’en a aucunement sonffert. PROCÈS -VERBAUX. 753 » J'ai cru qu'il vous serait agréable d’avoir quelques renseignements sur cet arbre, qui, je le répète, est connu de tout ce pays, et que l’on vient voir de fort loin... » P. S.-— J’oubliais de vous dire que M. Grandin a mis généreuse- ment quelques fruits à ma disposition; je suis tout prêt à vous en adres- ser si vous le désirez. » — En réponse à une demande de graines d’un Phaseolus de Chine, M. Faivre, banquier à Beaune, écrit : « C’est au commencement de 1881 que j'ai reçu de Chine deux espèces de Haricots ou Sojas, qui y servent à nourrir les chevaux; deux espèces de graines de Sorgho et une petite semence produisant, m’avait-on dit, une farine superbe ; malheureusement les essais très nombreux, surtout en Sojas, n'ont pas réussi: je crois que nos climats ne sont pas assez chauds, même dans le Midi, où, du reste, la température a beaucoup varié dans ces dernières années. » Je n’avais, du reste, demandé que des Sojas, en vue d’ajouter, s’il était possible, aux graines déjà usitées en France, pour l'alimentation des chevaux ; j’eusse été heureux de réussir; mais cette satisfaction, je n'ai pu l'avoir. » J’ai déjà soixante-six ans d'âge; or je puis affirmer que, d’après mes remarques, le temps ne se fait plus comme :l y a cinquante ans, par exemple; les neiges arrivaient alors presque chaque hiver, et l’on avait, par contre, des étés chauds et de bonnes récoltes dans les vignes, ce qui est maintenant chose inconnue. » Si nous traversons la Méditerranée et que nous nous dirigions de lun de ses ports algériens dans la province de Constantine, du côté de Sétif où, de leur temps, les Romains faisaient de si belles récoltes, nous nous trouvons au milieu de fermes créées, depuis trente ans, par des colons suisses, aidés des indigènes (gens meilleurs que l’on ne croit); fermes qui proviennent de concessions faites par notre gouverne- ment à une respectable et solide association genevoise; or les rapports annuels de cette association, fort bien faits et pure expression de la vé- rité, sont loin de répondre à l’idée qu’en France l’on pourrait avoir d’une réussite encourageante dans Ja culture des terres. » Depuis quelques années, c’est l’effet de la sécheresse qui domine. » — M. Brierre rend compte de ses plantations de Vignes sur terrains provenant d’excédents de chemin de fer du pays qu'il habite; dans une autre lettre, notre confrère préconise l’emploi de l’'Igname de Chine ponr la garniture des berceaux. Cheptels. — Des comptes rendus, sans intérêt spécial, sont adressés par MM. Duméril, Coignard, Lehec, comte de Saint-Innocent, Séné- quier, Braun, marquis de Pruns, Louis, de Boussineau, Durousseau-Du- goutier et de Sommière. 754 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. — M. Leprevost-Bourgerel écrit de Nantes à propos des cheptels que la Société d’Acclimatation a bien voulu lui confier : « 1° L'année dernière, il m'avait été envoyé un couple de Canards spinicaudes ; comme je vous l'avais écrit alors, j'étais convaincu que les deux animaux qui m’avaient été expédiés étaient du même sexe (deux femelles), quoique leur plumage fût un peu différent, lPun étant un peu plus foncé que l’autre. Dès cette époque, l’une de ces deux fe- melles fit deux pontes de six à set œufs chacune, qu’elle couva elle- même très assidûment et qui furent clairs, pas un seul œuf n’ayant été fécondé. » Gette année, je vous avais écrit déjà pour vous informer qu’un Ca- nard Pilet, que j'avais dans le jardin attenant à mon hôtel, s’était accouplé avec une de ces femelles spinicaudes ; j’aurais pu vous dire qu’il s’accouplait alternativement avec les deux. Une première couvée de sept œufs, faits par la même femelle qui l’année dernière avait pondu, se trouva encore cette année entièrement composée d'œufs clairs, mais, très peu de temps après, cette Cane recommencça à pondre sept œufs, que je lui laissai couver pendant dix-huit jours ; au bout de ce temps, je retirai ces œufs et les confiai à une petite Poule anglaise. Malheureusement en les lui ôtant j’eus le chagrin d’en voir un de cassé par la Cane qui dé- fendait ses œufs avec ardeur : il contenait un petit Canard déjà très avancé. » Quoi qu’il en soit, je confiai donc à une Poule les six œufs qui me restaient, et au bout de huit jours j’eus la satisfaction de voir éclore six petits Canards parfaitement constitués. » Je vous ferai remarquer que, pour cette seconde ponte, les sept œufs pondus ont tous été fécondés alors qu’à la première ponte pas un seul ne l’était ; je vous ferai remarquer aussi que l’incubation totale n’a duré que vingt-six jours, dix-huit sous la mère et dix-huit sous une Poule. » J’ai donc aujourd’hui six petits Canards provenant d’un croisement de mon Canard Pilet avec cette Cane spinicaude, lesquels ont trois jours, sont très robustes et paraissent devoir s’élever facilement. Ce résultat me semble intéressant pour la Société, car je ne sais si on a obtenu déjà des produits de ce croisement. » Malheureusement j'ai également à vous annoncer que l’autre femelle spinicaude a disparu de mon jardi nsans qu’il m’ait été possible de savoir ce qu’elle a pu devenir. » La seule femelle qu me reste donc continue en ce moment à s’accou- pler avec mon Canard Pilet, et j’ai l’espoir de la voir pondre de nou- veau. » 20 Cette année, la Société d’Acclimatation m’a confié un couple de Bernaches de Magellan. Le 15 mai, la femelle avait pondu, dans une ca- bane à canards située dans une petite île et abritée par des bambous, six œufs qu’elle commençait à couver. Je me gardai de la déranger, et avant- PROCÈS-VERBAUX. 755 hier 13 juin, profitant d’un moment où elle avait quitté son nid, je pus constater que les six œufs étaient tous fécondés, déjà en partie brisés et les petits prêts à éclore. » Le lendemain 14 juin, la mère sortit du nid avec ses six petits pa- raissant (ous très vigoureux. » Pendant toute la période d’ineubation qui dura du 15 mai au 13 juin (vingt-neuf jours), le mâle semblait veiller attentivement sur sa femelle et sa couvée. J'avais en effet laissé ces oiseaux absolument libres dans mon jardin; au moment cù la femelle sortit ses petits, l’attention du mâle et sa sollicitude paraissaient encore plus grandes : il semblait faire sentinelle à quelques pas. » Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, la mêre emmenant ses petis à l’eau, je vis le mâle s’approcher du bord du bassin, en saisir un par le cou et l’enlever: au premier moment, ces Jeunes oiseaux éprouvant quelques difficultés à gravir le bord de mon bassin, j'eus la naïveté de croire que le mâle n'avait saisi son petit que pour lui en faciliter l’ascen- sion, et je m'émerveillais déjà de l'intelligence de ces oiseaux lorsque presque immédiatement il saisit de nouveau un des petits, et, le secouant brutalement, le rejeta tout étourdi à quelques pas de lui: aucun doute n'était plus possible dans mon esprit; évidemment ce père dénaturé n'avait d'autre but que de tuer ses petits pour vraisemblablement ren- trer plus vite en possession de sa femelle. » Pendant toute cette scène, la femelle resta spectatrice impassible sans chercher à défendre sa couvée. Je m’emparai immédiatement du mâle, que je mis dans une volière fermée, et que j’ai l'intention de main- tenir ainsi en captivité jusqu’à ce que mes six petits soient adultes. » Depuishier la femelle, que j’ailaissée en liberté avec ses petits, prend le plus grand soin de sa famille, la promenant sur mes pelouses, la con- duisant de temps en temps à l’eau, la rappelant avec soin aussitôt qu’un danger apparaît; les petits semblent tous également très vigoureux et très robustes, mais ne veulent manger que les pousses tendres d'herbe ou les petits insectes qu'ils peuvent rencontrer. Je n’ai pas encore réussi à les décider à manger la pâtée que je prépare pour mes Canards. » Quoique le nombre des œufs pondus n’ait été que de six, je consi- dère comme un succès que tous aient été fécondés et soient éclos dans de bonnes conditions. » Je ferai remarquer également à ceux de mes confrères de la Société qui s'occupent de l'élevage des oiseaux que les deux couvées que je viens d'obtenir n’ont eu, ni l’une ni l’autre, un seul œuf clair, quoique pendant toute la période d’incubation de nombreux orages soient venus bou- leverser l’atmosphère. » Dans quelque temps, je vous tiendrai de nouveau au courant du sort de mes petits et de leurs parents. » 790 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. SÉANCE DU CONSEIL DU 19 SEPTEMBRE 1884. Présidence de M. Henri BOULEY, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement présentés : MN. PRÉSENTATEURS. BALANSA, botaniste-voyageur, à Toulouse | De PEU (Haute-Garonne). ) Jules GHSade . Saint-Yves Ménard. Bouts (C.),propriétaire, au domaine de Saint- CALE Julien, par Narbonne (Aude) _e HET f ? 1 Saint-Yves Ménard. H. Bouley. CHALIMBAUT (Benoît), ingénieur civil, entre- | | J. Cornely. reneur, 14, rue, Pierre-Charron, à Paris. DL: : P PAR 2 2 Saint-Yves Ménard. Hocne (Auguste), propriétaire, 4, rue Mi- | ï ne gnard, à Pen, ( Saint-Yves Ménard. A. André. LEFEB g enue de Neuill e. Fe CHENE TON EURE RIEE P: Aumont. à \ Jules Grisard. MARTINEAU (Paul), avoué près le tribunal ci- |! H. Bouley. vil de 1" instance, à Nantes (Loire-[nfé- : Dupouet. rieure). \ Saint-Yves Ménard. SEMPER (le D' Carl), professeur de zoologie | À. Geoffroy Saint-Hilaire. er d'anatomie comparée à l’université de { D' Jeannel. Wurzbourg (Allemagne). Saint-Yves Ménard. VAzEILLE (le D' Michel), médecin du bureau !/ de bienfaisance, inspecteur des écoles pri- maires communales du canton de Sceaux, 44, Grande-Rue, à Issy (Seine). VILLARNON (comte Louis de), propriétaire, / H. Bouley. au château de Brezère, par Pouilly-sur- Loire (Nièvre). Maurice Girard. Jules Grisard. N. Meyer. an. 2 Re J. Cornely. Saint-Yves Ménard. A — M. Binoux adresse des remerciements au sujet de sa récente admission. PROCÈS-VERBAUX. 191 — MM. Lasserre, E. de Rodellec, E. Navers, Beaurieux et Marchetti demandent à prendre part aux distributions de graines faites par la Société. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Laborde, H. Bernard, Domère et A. Laverne. — MM. le vicomte de Poli et Bottey sollicitent l’envoi de poudre toni- nutritive Dautreville. — Des remerciements pour les graines qui leur ont été envoyées sont adressés par MM. Beaurieux et Marchetti. — MM. Orban, Lehec, A. Leroy et Dupouet rendent compte de leurs essais avec la poudre toni-nutritive Dautreville. — M. le Directeur du Jardin d’acclimatation fait connaitre que M. Le- prevost-Bourgerel possède une paire de Pacas (Cælogenas Paca), de l'Amérique du Sud, qui a été importée de La Trinitad en septembre 1885. Ces Rongeurs comestibles ont donné naissance, en avril 1884, à un Jeune. La durée de la gestation constatée a été de soixante-trois jours. Les Pacas sont placés dans une petite loge en brique cimentée; ils ont à leur disposition une cour mesurant environ 20 mètres superficiels. Le grillage formant l’enclos a 1",30 de hauteur. Au début, lorsque les ani- maux prenaient peur, ils franchissaient aisément cette clôture d’un bond ; maintenant ils sont apprivoisés et n’y pensent plus. En naissant, le jeune Paca porte absolument la même livrée brune et tachetée que ses parents. Sa taille est celle d’un cochon d'Inde adulte. Le père partagea avec la mère les soins à donner au petit. Ces animaux hoivent abondamment. : Bien qu’ils n'aient pas d’eau pour se baigner, les Pacas sont en bonne santé. Ils vivent de légumes, de pain, de carottes, de biscuit de mer. Ils sont très friands de noix, qu'ils savent très bien casser. La chair du Paca est très estimée et le naturel très doux de ces ani- maux permettrait d'en tenter avec succès la domestication. —. M. Gabriel Rogeron adresse un manuscrit sur le Canard Casarka variegata. — Renvoi à la Commission de publication. — M. Raveret-Wattel communique les renseignements ci-après : « La Société pour le développement des pêcheries danoises s'occupe de la création d’un service télégraphiqne et téléphonique qui relierait toutes les principales stations de pêche du Danemark avec un bureau central à Ebsberg. Ce bureau central serait en communication constante avec les principaux marchés à poissons d'Angleterre et d'Allemagne. Chaque matin, après avoir reçu des différents centres de pêche, les rapports sur les résultats de la pêche pendant la nuit et le jour précédents, et s'être renseigné sur Le poisson demandé dans les divers marchés de l'intérieur du pays et de l'étranger, le bureau préviendrait les villages de pêcheurs de l'importance des envois à faire sur tel ou tel port, et du prix de vente 758 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. probable. On conçoit facilement combien une semblable organisation faciliterait un placement rapide et avantageux des produits de la pêche; elle permettrait d'éviter que l'offre étant sur certains points de beau- coup supérieure à la demande, le prix du poisson ne tombe à un taux qui cesse d’être rémunérateur. » — De retour de la mission scientifique tunisienne, M. Valery-Mayet, remercie la Société de la médaille qui lui a été décernée et ajoute : « Comme je vous le disais dans ma dernière lettre, on a pêché plusieurs Saumons américains, l’an passé, dans l’Hérault et dans l'Aude, bien que je n’en aie pas jeté dans cette dernière rivière. Cette année-ci plusieurs ont encore été pêchés dans l’Aude et je n'ai pas entendu parler de semblable capture dans l'Hérault. L'Aude est en effet plus favorable au développement du Saumon que l'Hérault. Elle prend, comme la Garonne, si fertile en Saumon, sa source dans les Pyrénées et les trois quarts de son cours s’effectuent dans un climat océanien, comme celui de la Garonne. » — M. Raveret-Wattel fait connaître que, dans plusieurs cours d’eau de l’Allemagne et notamment dans le Rubr, la pêche du Saumon a été très fructueuse cette année : des milliers de Saumons ont été capturés là où autrefois on n’en pêchait que quelques centaines. Ce fait est attri- bué, pour le Ruhr, au grand nombre d’alevins qui ont été placés dans ce cours d’eau grâce à l'installation de l’établissement de pisciculture de Meudon. Dans beaucoup de localités, on se plaint du nombre tou- jours croissant des Loutres. En Westphalie, en Bavière, dans le Wur- temberg, il a été tué, pendant ces derniers mois, des quantités considé- rables de ces carnassiers. — M. H. Bernard rend compte de l’éclosion des œufs de Truite des lacs, qui lui ont été adressés par la Société. — M. l'Ingénieur en chef des ponts et chaussées de la Haute-Marne adresse les réponses au questionnaire sur la maladie des Écrevisses. — iemerciements. — M. Mathey fait connaître qu'il a cultivé avec succès la Pomme de terre Heymonet et qu'il en tient des tubercules à la disposition de la Société. — Remerciements. — Des comptes rendus de leurs cultures sont adressés par MM. Du- rousseau-Dugontier et Rivoire père et fils. — M. Saint-Yves Ménard transmet le rapport suivant qui lui est adressé par M. Laburthe, directeur du Pénitencier agricole de Chiavari : « La première plantation d'Eucalyptus, dans l’île de Corse, a été effec- tuée, je crois, en 1854 à la pépinière départementale d’Ajaccio. Des distributions de jeunes plants « en pots » ont été faites aux proprié- taires. L'Eucaiyptus s’est petit à petit et ainsi répandu dans le dé- partement. » Les plantations les plus importantes ont eu lieu dans les péniten- PROCÈS-VERBAUX. 759 ciers : au pénitencier de Castelluccio en 1857, à Chiavari de 1860 à 1870, à Casabianca de 1873 à 1878. » On trouve encore de nombreux Eucalyptus à Campo-di-horo, à proxi- mité d’Ajaccio, et à Castelvecchio, plantés dès l’année 1857. Cet arbre a été cultivé sur la côte orientale de l’île, surtout de 1865 à 1875 et sur une grande échelle à la Solenzara, au Migliaccaro, à la Penta- di-Casinca, aux alentours de Bastia, à Saint-Florent, à Oletta, dans le but d’assainir les plaines marécageuses. » On voit aujourd’hui des Eucalyptus sur presque tous les points de la Corse, mais on n’en fait plus que de rares plantations. L'espèce ré- pandue est l’Eucalyptus globulus, qui se fait remarquer par ses feuilles ovales et oblongues, d’une forme élégante, par la flexibilité de ses branches, tombant comme celles du Saule pleureur; il atteint une hau- teur de 30 à 35 mètres. » Son bois, d’un grain serré, fibreux, lourd au moment de la coupe, se dessèche rapidement et devient d’une légèreté remarquable. » Il a été préconisé comme bois de construction. C’est peut-être une qualité que ne présente pas l’Eucalyptus, car il se casse facilement sur pied, ce qui indiquerait un manque de résistance à l’état sec. Sa résis- tance verticale paraît être considérable, horizontalement elle est certai- nement plus faible que celle des bois d’œuvre ordinaires du pays. Le bois d'Eucalyptus peut être utilisé pour la confection des meubles. » On attribue, en Corse, à l’Eucalyptus la propriété d’améliorer la sa- lubrité des contrées marécageuses. Ses feuilles, ses branches, son bois même exhalent une odeur sui generis forte, pénétrante, aromatique, assez agréable, quoique elle éloigne la plupart des insectes. Cette odeur provient de petites glandes perceptibles au microscope dans les feuilles et remplies d’une huile odorante. » Cet arbre agit aussi, à mon avis, par l’absorption de humidité du sous-sol. L'analyse des principes extractifs de l’Eucalyptus n’a pas été effectuée dans les pénitenciers de la Corse. » [l paraît cependant que cette plante est riche en principes organiques et que les alcaloïdes qui en dérivent jouissent de propriétés fébrifuges sensibles. Cela semble du moins confirmé, jusqu’à un certain point, par l’usage qu’en firent en 1863 et 1864 les médecins de nos établissements. Ces praticiens employaient souvent la feuille d'Eucalyptus en décoction contre la fièvre concurremment avec les alcaloïdes du quinquina. » — M. Rousseau, de Paris, écrit à M. le Directeur du Jardin d’accli- matation : « Si de jeunes Baobabs peuvent vous intéresser, il en est une demi-douzaine qui, par hasard, ont levé au milieu de nos salades ; s’ils restent chez moi, ce sont des mort-nés. » Je viens de recevoir des Kolas à l’état frais (1). Le Kola est un fruit (1) Le Bulletin de la Société de Géographie de Marseille a publié un mé- 760 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. dont l’usage est extrêmement répandu dans l’Afrique centrale. La secte islamiste qui y est en majorité en ordonne la consommation ; il faut en avoir pris plusieurs milliers pour entrer, sans faire antichambre, dans le paradis de Mahomet. » Les vieux Mandingues m'ont toujours dit que cela faisait trouver l'eau bonne et rendait jeune. » Je crois que ce fruit, qui contient des quantités notables de caféine et de théine, préserve les Mandingues, quisont éminemment nomades, des accidents qui résulteraient des eaux souvent marécageuses, qu’ils sont obligés de consommer. Remarquez que jamais le choléra asiatique, ni aucun autre ne visite les Africains intertropicaux ; ils font usage de Kola. » Je viens aussi de recevoir des régimes de fruits frais d'Elœis Gui- neensis, qui peuvent certainement germer. » — MM. Paillieux et Bois écrivent à M. le Président : « L’un de nous a rectifié l’an dernier une note relative au Physalis Peruviana que pu- bliait un journal d’agriculture. » Ce n’est donc pas sans surprise que nous avons vu son auteur adres- ser à notre Société une nouvelle note qui a été lue par vous dans la séance générale du 28 mars dernier et qui reproduit les erreurs que nous avions déjà relevées (1). » Nous n’assistions pas à la séance du 28 mars, mais nous venons d’en lire le procès-verbal dans le Bulletin d'avril, distribué il y a quelques Jours. » Nous ne pouvons laisser passer une description qui ne ressemble en rien à celle que nous donnons dans Le Potager d’un curieux. » Miller a décrit par erreur le Nicandra physaloides sous le nom de Physalis Peruviana, et l'auteur de la note, n’ayant apparemment jamais vu la plante dont il parle et ne tenant aucun compte de la rectification qui a été insérée dans le Journal d'agriculture en question, s’en rapporte à Miller et nous dit : » 1° Que le Physalis Peruviana est annuel, tandis qu’il est vivace; » 2° Que ses fleurs sont bleues, tandis qu’elles sont d’un jaune pâle. » La plante de Miller donne un fruit sec, à la maturité, et nullement comestible; on la cultive quelquefois pour l’ornement des jardins; elle n’a, par conséquent, aucun rapport avec le Physalis Peruviana de Linné, dont la maison Vilmorin vend les graines. Nous vous serons très obligé, Monsieur le Président, de vouloir bien faire insérer notre lettre dans un prochain Bulletin. » CHEPTELS. — Descomptes rendus sont adressés par MM. l’abhé Des- roches, Domère, marquis de Pruns, G.-A. Fournier, Bravard, Braun, moire de M. Ed. Heckel, sur les Kolas africains, avec planche coloriée ; année 1883, p. 105. (Réd.) (1) Voy. Bulletin, p. 427. PROCÈS-VERBAUX. 761 ZLeiller, Dupouet, Durousseau-Dugontier, Aug. Lejeune, 0. de Boussineau, Bernard-Talhandier, L. du Plessis-Quinquis, Gourraud, Claude Lefèvre, A. Laverne, de Roussen, Ferary, E. Turquand, Merceron, comte de Cha- bannes et Persin. — M. Leprevost-Bourgerel écrit de Nantes : « Je me permettrai de signaler à la Société un fait assez curieux et dont je ne puis m'expliquer la cause. » La Cane spinicaude dont j'ai obtenu le croisement avec un Canard Pilet a fait cette année trois couvées de sept œufs chacune. » La première couvée a été composée d'œufs dont pas wn seul n'avait été fécondé. » La seconde, composée également de sept œufs qui Tous étaient fé- condés, m’a permis d’élever six petits. » La troisième, toujours de sept œufs, n’avait, comme la première, pas un seul œuf, fécondé. « Cependant ces oiseaux étaient en liberté, et dans lintervalle de ‘haque ponte ne se quittaient pas. ; » Je compte aussi conserver dans mes métis de cette année (sauf bien entendu ceux que j'expédierai au Jardin d’acclimatation) et les laisser se reproduire; il ne sera pas sans intérêt, je pense, de suivre cette se- conde génération et de constater vers lequel de ses ascendants l’espèce nouvelle se rapproche le plus. » Je profite de ma lettre d'aujourd'hui pour vous rendre compte de mon cheptel de Bernaches de Magellan. » Ma femelle m’avait donné six petits, qui s’élevaient parfaitement en liberté dans mon jardin; un matin, je n’en trouve plus que trois, sans qu'il w’ait été possible de trouver trace du drame qui avait dù se pas- ser dans la nuit. » Je pris immédiatement le parti de les rentrer dans une volière, au moins jusqu’à l’âge où ils pourraient se défendre ou fuir le danger au- quel leurs frères avaient succombé : ce que je fis. » Il y a quelques jours, les jugeant arrivés à cet état, après les avoir éjointés, Je les mis de nouveau en liberté: quel ne fut pas mon chagrin le lendemain matin en n’en trouvant plus qu’un : deux avaient encore disparu. » Cependant mon jardin est presque au milieu d’un quartier de ville très habité. Sont-ce des Chats ou des Putois ? sont-ce simplement des Rats d’eau? Mes jeunes Bernaches étaient cependant bien plus grosses qu’un Canard; et depuis bien des année mes Canards mandarins, caro- lins, Pilets, etc., etc., vivent en liberté sans que j'aie à déplorer la perte d'aucun d’eux. » Mon élevage de Bernaches se trouvera donc réduit cette année à un seul petit; lorsqu'il sera tout à fait tiré d’affaire, j'en informerai la Société. » 762 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. — M. le Ministre de la République Argentine fait hommage à la So- ciété des publications suivantes : 1° Etudes et voyages agricoles en Ecosse et en Angleterre, par M. E. Olivera, tome 4° et dernier, 1883 (la Société possède déjà les trois premiers) ; 2 Un exemplaire du Catalogue de l'Exposition Argentine, arrangée par la Société de géographie de Brême (mai et juin 1884) avec une carte générale de la République Argentine ; 3° La province de Buenos-Aires, par le D' E. Coni (pubication oft- cielle), 1884. — Remerciements au donateur. Pour le Secrétaire du Conseil, JULES GRISARD, Agent général. 11. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS PREMIÈRE SECTION. SÉANCE DU 11 MARS 1884. Présidence de M. DECROIX, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser- vation. M. Jules Grisard dépose sur le bureau une brochure de M. Léon Mathiss, illustrée de photographies représentant les types d’animaux de race exposés au Concours général agricole de Constantine en 1882. M. Mailles veut bien se charger de préparer un compte rendu de ce travail pour la prochaine réunion. M. Mailles donne communication à la section d’un questionnaire sur les Mus rattus et decumanus qu'il désirerait voir insérer dans la Chronique. M. le Président rappelle à ce sujet que les Rats existaient à Bône en grande quantité et qu’à une certaine époque ils disparurent tous sans cause connue. M. de Barrau de Muratel fait également remarquer que dans le Tarn les Loups étaient très communs autrefois dans la montagne et que de- puis quatorze ou quinze ans on n’en rencontre plus que très rarement. M. Masson rapporte que ses ateliers étaient infestés par les Rats; on lui avait conseillé de mettre des Cobayes, qui devaient, paraît-il, les éloigner. Notre confrère fit l'acquisition de vingt-cinq Gobayes, qu’il làcha; au bout d’une quinzaine de jours, tous avaient disparu, dévorés par les Rats probablement. Vingt-cinq nouveaux sujets furent làâchés à nouveau et aujourd'hui ils pullulent sans que M. Masson leur donne de soins particuliers. M. Jules Grisard rappelle le fait de croisement de Cobaye avec le Rat cité par M. Kiener. M. Mailles pense que notre confrère a pu prendre pour des métis, des sujets du Rat pie, qui est blanc et gris. Pour le Secrétaire, JULES GRISARD. 764 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. DEUXIÈME SECTION. SÉANCE DU 11 Mars 1884. Présidence de M. le baron d'AVÈNE, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Différentes publications ou brochures sont déposées sur le bureau. M. Mathias veut bien se charger d’en faire l’analyse et d’en donner le résumé à la prochaine réunion. Il est donné lecture de deux réponses au questionnaire envoyé par la Société à tous les membres touchant le Congrès de Vienne. À propos de la dépopulation des Oiseaux, M. de Barrau de Muratel appuie sur le commerce considérable qui se fait des œufs de certaines espèces. Dans différents endroits, les œufs de Vanneaux seraient l’objet de ventes importantes. A la suite de la lecture d’un article de M. Cretté de Palluel, il est fait un échange d’observations sur la Perdrix de passage. Le fait a été observé notamment par M. Mathias dans le département de Saône-et- Loire. Dans le milieu de septembre, des compagnies étrangères au pays se cantonnent sur un point déterminé et y séjournent pendant un temps plus ou moins long. D'après l'observateur, elles seraient d’un naturel très farouche, de taille plus petite que la Perdrix indigène et lui seraient peut-être infé- rieures au point de vue du goût. M. Grisard lit à ce sujet un article écrit en 1883 par notre regretté collègue M. Millet, dans lequel il compare les ailes, les pattes et difié- renis organes des deux espèces de Perdrix et établit les différences qui existent entre elles. A propos de la Perdrix géante, dont M. le baron d’Avène annonce l’ar- rivée et qu'il a été visiter au Jardin d’acclimatation, M. Mathias émet le vœu qu'à l’avenir la Section soit avertie lorsqu'un animal nouveau et pouvant offrir quelque intérêt est installé au Jardin d’acclimatation. On pourrait même donner une notice et une description sommaires de l’ani- mal, de façon à appeler l'attention d’une manière particulière. Nous croyons qu’il est donné satisfaction en partie à ce vœu, en rappe- lant que, dans la Chronique, une place spéciale est consacrée à donner les noms de tous les animaux récemment débarqués au Jardin d’accli- matation avec la date de leur entrée. | Le Vice-Secrétaire Comte d'ESTERNO. PROCÈS-VERBAUX. 765 TROISIÈME SECTION. SÉANCE DU 19 Mars 1884. Présidence de M. VAILLANT, Président. M. Vaillant indique le nom de l’espèce de Crustacé présenté lors de la dernière séance par M. de Barrau de Muratel, c’est le Penœus caru- mote, que l’on trouve fréquemment sur les côtes d’Afrique et de l'Espagne, dans la Méditerranée. M. Geoffroy Saint-Hilaire s'excuse par lettre de ne pouvoir assister à la séance. M. le Président invite les membres de la Section à désigner le meil- leur emploi que l’on pourrait faire du questionnaire relatif à la maladie des Écrevisses. Il est décidé qu’il sera adressé aux administrations locales des Ponts et Chaussées, aux Sociétés d'agriculture et d’horticulture, et d’une manière générale à toute personne connue comme pouvant ren- seigner utilement la Société d’Acclimatation. On ne peut rien risquer en en faisant une distribution aussi étendue que possible avec demande d'insertion dans les journaux locaux. Il est déposé sur le bureau un ouvrage ayant pour titre : The Com- mercial products of the Sea, par M. P. L. Simmonds. Cet ouvrage est confié à M. Léon Vidal, avec mission de présenter un rapport à la Section. M. Raveret-Wattel présente un excellent travail de M. Sauvage, aide naturaliste au Muséum intitulé : {a Grande Pêche. Il donne ensuite lecture d’une traduction extraite du Recueil de l’as- sociation allemande de pisciculture sur les causes de la maladie des Écrevisses. Les hypothèses de l’auteur de ce travail demandent à être confirmées par des observations précises. On ne voit pas comment se produit la contagion. Il est un fait connu, c’est qu’elle se propage en remontant les rivières, mais ce que l’on ignore c’est la façon dont le parasite pénètre dans l'animal atteint. Les Poissons sont peut-être leurs véhicules propagateurs, et comme ils remontent toujours le courant des rivières il se peut qu’ils soient leurs porteurs de parasites, ou bien serait-ce une autre espèce d'animal qui sèmerait la contagion ? C'est ce qui reste encore à savoir. Le conseil d'administration s’oceupant d'envoyer des instructions aux chepteliers, 1l y aurait lieu, en ce qui concerne la pisciculture, de dresser des instructions pratiques qui seraient soumises à l’approbation de la Section. M. le Président fait observer avec raison que les per- sonnes qui n’ont jamais fait de pisciculture ont besoin d'être guidées. M. Raveret-Wattel veut bien se charger de préparer ce travail. 4° SÉRIE, T. [. — Septembre 1884. 50 766 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. M. Raveret-Wattel appelle l’attention de la Section sur le fait de l'envoi d'œufs de Salmo Quinnat dont les alevins ont été jetés dans l'Hérault, où l’on n’en a pas retrouvé, tandis que l’on en a pêché dans l'Aude. Il pense qu’il y aurait intérêt à renouveler cette tentative d’in- itroduction des Saumons dans les cours d’eau, mais en se bornant à l'espèce ordinaire (Salmo Salar). Si cette opinion était partagée par la Section, n’y aurait-il pas lieu, dit-il, de décider dès maintenant ce qu'il y aurait lieu de faire quand il serait temps de procéder à cet essai de peuplement ? A son avis il conviendrait d’aller jeter les alevins non pas vers les embouchures, ainsi que cela a été pratiqué jusqu'ici, mais plutôt à la source même de ces cours d’eau, afin de se rapprocher davantage des conditions des reproductions naturelles. On pourrait à ce sujet envoyer des œufs au moment opportun pour les soumettre à l’incubation en s’en entendant avec M. Valéry-Mayet, professeur à l'École d'agriculture de Montpellier, dont le concours em- pressé autant qu'intelligent est tout acquis à la Société d’Acclimatation. On écrirait dès maintenant à M. Valéry-Mayet pour lui demander dans quelles conditions il pourrait établir une installation en vue de l’incuba- tion des œufs et de l’introduction des alevins dans PAude. M. Raveret-Wattel lit un travail fort intéressant sur la pisciculture en Pologne. Des considérations qui sont échangées à la suite de cette lecture, il résulte que c’est surtout le braconnage qui est le principal obstacle an peuplement des cours d’eau. Un exemple est cité d’un syndicat formé dans les Vosges pour arriver à sauvegarder plus sérieusement les intéressés de la pêche et de la reproduction dans les rivières ; au bout de quelques années, les produits furent suffisants pour payer les frais de construction des routes de cette région. Mais en dépit de cette bonne organisation, des braconniers ayant jeté de la chaux dans les cours d’eau, tous les Poissons furent tués. C’est douce là un des points les plus importants à considérer dans les questions de peuplement des surfaces d’eau ; c’est celui qui mérite le plus l'attention soit des autorités locales, soit des personnes qui se vouent à ces tentatives utiles. La question relative aux échelles à Saumons est mise de nouveau sur le tapis. Rien ne pouvant être décidé par la Section sans qu’elle ait été saisie du travail de M. Raveret-Wattel sur ce sujet, M. le Président prie son honorable collègue de hâter autant que faire se pourra la rédac- tion de son étude, pour qu’elle puisse être présentée lors d’une des plus prochaines séances de la Section. Le Secretaire, LÉON VIDAL. 1 [er] Su | PROCÈS-VERBAUX. QUATRIÈME SECTION. SÉANCE. DU 25 MARS 1884. Présidence de M. MAURICE GIRARD, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans obser- vation. M. Soehnlin donne lecture d’une communication, sur la destruction du Phylloxera, faite à la Société des arts, sciences et agriculture de la Basse-Alsace par M. Kurtf. A ce propos M. Fallou demande si quelques-uns de nos confrères ont entendu parler de la greffe de la Vigne sur Cognassier. M. Soebhnlin dit qu’on aurait également fait des essais de greffage sur a Ronce. M. Jules Grisard répond que ces bruits ne reposent sur aucun fonde- ment, la greffe entre plantes de familles si différentes ne peut donner aucun résultat. M. Bigot adresse ses remerciements à la Section au sujet des fonctions de secrétaire qui lui ont été offertes, mais exprimant ses regrets de ne pouvoir les accepter. M. le Président prie M. Grisarl de vouloir bien, provisoirement, se charger de la rédaction des procès-verbaux. M. Maurice Girard présente des échantillons d’une Tipulide fongicole provenant des carrières d’Arcueil et dont les larves dévorent les pieds des Champignons cultivés. Ces insectes se multiplient eu si grande quan- té, qu'ils oteignent les lampes lorsqu'on pénètre dans la carrière, entrent dans la bouche, les yeux, les oreilles. Pour s’en débarrasser, il n’existe d’autre remède que de leur céder la place, on abandonne la carrière et cela pendant plusieurs années ; ils périssent alors faute d’aliment. Les petites Mouches présentées par M. le Président appartiennent au genre Sciara, mais elles n’ont pu être déterminées spécifiquement à cause de leur mauvais état. A propos du Sericaria mori Linn., originaire des provinces mon- tueuses de la Chine septentrionale, M. Fallou dit que quelques préten- dues espèces, habitant aussi la Chine, n’en sont que des races ; ce sont les Sericaria Textor, Cræsi, Fortunata. Les six espèces réellement séparées et dont la soie peut, dit-on, riva- liser avec celle du S. mori sont : S. Huttoni Westwood (nord-ouest de l'Himalaya) ; S. Horsfieldi, de Java, à chenille inconnue ; S. Shervilli, de l'Himalaya ; S. Bengalensis Moore, des environs de Calcutta : S. Subnotata Walker ; 708 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. S. religiosa Melfer, de l’Assam, qui vit sur le Ficus religiosa, très répandu dans l’Inde. C'est le Ver à soie jorée de Helfer, la Deo Mooga de Hugon, Ver à soie sauvage à peine connu des habitants de l'Assam. Un genre voisin des Sericaria, le genre Ocinara, habite aussi le con- {inent indien et l’île de Java ; plusieurs espèces vivent dans les monta- ones sur des arbres du genre Ficus ; elles filent de petits cocons composés D d'une très belle soie, mais qui ne semblent pas avoir été encore utilisés Pour le Secrétaire, JULES GRISARD CINQUIÈME SECTION. SÉANCE DU 1‘ AVRIL 1884. Présidence de M. PAILLIEUX, Vice-Président. M. Chappelier dépose sur le bureau plusieurs exemplaires d'une brochure qu'il vient de publier sous le titre de Note sur une culture antiphylloxérique et donne des détails sur son procédé. Notre confrère met gracieusement cette notice à la disposition des Sociétaires qui lui en feront la demande. A propos de cette communication, M. de Barrau de Muratel exprime la crainte que le vin des Vignes neuves soit faible en alcool et couleur. Tout en reconnaissant la justesse de cette observation, M. Chappellier dit que ce que lou cherche c’est surtout une production abondante et non la qualité. M. Fallou rend compte des résultats qu'il a obtenus des graines de Cucurbitacées envoyées de Chine par M. le D' Bretschneider. M. Grisard conseille de cultiver les différentes variétés de Courges à une certaine distance l’une de l’autre et de p:é’érence même une seule espèce, ce genre se croisant avec la plus greude facilité. M. Paillieux lit une note sur l’'Amomum Mioga, puis procède à la distribution de jeunes plants, en pots, de ce nouveau condiment. M. le Président annonce ensuite qu'il vient de recevoir de Saïgon des Patates rouges et blanches, trouvées dans les forêts, à l’état sauvage, et divers Taros de Cochinchine ; la répartition des échantilions présentés est faite séance tenante. A propos des Taros, M. Hédiard dit qu’il a eu l’occasion d’en goûter à l'Exposition de 1867 et que c’est un manger très agréable. Le Secretaire, JULES GRISARD. PROCÈS-VERBAUX. 709 TROISIÈME SECTION. SÉANCE DU 16 AVRIL 1884. Présidence de M. VAILLANT, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. MM. Léon Vidal et Raveret-Wattel s’excusent de ne pouvoir assister à la séance. En l’absence de M. le Secrétaire, M. le Président prie M. Grisard de vouloir bien se charger de la rédaction du procès-verbal. M. le Secrétaire donne communication à la Section des divers docu- ments adressés à la Société en réponse au questionnaire sur la maladie des Écrevisses. A ce propos M. René de Semallé fait connaître que les rivières de son département, le Puy-de-Dôme, possèdent l’Écrevisse à pattes blanches et que depuis quelque temps il y a introduit la variété à pattes rouges. Un certain nombre ont été placées dans un étang traversé par un ruisseau et ne peut être entièrement vidé; notre confrère demande quel moyen il pourrait employer pour se rendre compte s’il reste encore des Écre- visses. M. Grisard conseille l'emploi de fagots d'Épines dans lesquels on place de la viande en putréfaction ; les Écrevisses se rendent en grand nombre dans ces fagots, et, lorsqu'elles sont empêtrées dans les branchages, on a tout le temps de les retirer, tandis qu'avec les balances ordinairement en usage 1l faut un certain tour de main qui ne s’acquiert qu'avec une grande habitude. M. de Semallé entretient ensuite la Section des Anguilles qui dévo- rent tout son fretin et demande si on ne pourrait empêcher cette des- truction. M. le Président répond qu'il est fort difficile d’arriver à un résultat vraiment pratique, les Anguilles se jettent sur toutes proies vivantes. M. Rathelot dit que dans ses bassins d’alevinage de Montrouge quel- ques Écrevisses étaient restées à son insu et qu’elles firent un grand carnage de Salmo Quinnat ; elles n’acceptaient pas les Ablettes mortes jetées dans les bacs, mais dévoraient fort bien les Goujons, têtards de Grenouilles, etc., qui s’y trouvaient. M. de Semallé demande si les Grenouilles-bœufs se reproduisent faci- lement et quels soins elles réclament. M. Grisard rappelle à ce propos le fait de Grenouilles-bœufs échap- pées du Jardin d’acclimatation et qui se sont parfaitement reproduites dans les mares du Bois de Boulogne; où on en rencontre encore aujour- d'hui. 770 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Une discussion sur la reproduction de la Carpe et sa résistance vitale s’engage entre MM. de Semallé, Paillieux et Rathelot. Pour le Secrétaire, JULES GRISARD. QUATRIÈME SECTION. SÉANCE DU 22 AVRIL 1884. Présidence de M. MAURICE GIRARD, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser- vation. M. J. Grisard donne communication d’une lettre de M. Alph. Lavallée sur les plantes mellifères de l’Arboretum de Segrez. A cette occasion, M. le Président fait remarquer que les plantes sur lesquelles les Abeilles vont butiner donnent au miel un arome particulier suivant les espèces. Le miel des environs de Reggio a le parfum de la fleur d’oranger ; celui du mont Hymette doit son goût exquis aux Labiées qui couvrent cette montagne. S'il est des plantes qui permettent aux Abeilles de récolter un miel suave, il en est d’autres au contraire qui lui communiquent des pro- priétés fâcheuses; ainsi le Sarrasin et la Bruyère donnent au miel de Bretagne une coloration foncée et un goût médiocre. Cette influence des fleurs sur le miel peut même aller jusqu’à des actions délétères, et on a des exemples d’empoisonnements par ce produit. Les ruches placées à proximité des raffineries donnent un miel très blanc, se conservant bien en rayons, sans granuler, mais sans parfum ; aussi le mélange-t-on habituellement avec le miel de montagne. Notre Abeille se trouve jusqu’en Finlande, mais elle y est peu cultivée et on doit la rentrer l'hiver en cave. Aux États-Unis elle est aujourd’hui très répandue et l’apiculture dans ce pays, où on consomme énormément de miel, a fait de sérieux progrès ; on la rencontre encore au Chili, en Australie, en Nouvelle-Zélande, ete, Pour le Secrétaire, JULES GRISARD. PROCÈS-VERBAUX. 7/7 CINQUIÈME SECTION. SÉANCE DU 29 AVRIL 1884. Présidence de M. PAILLIEUX, Vice-Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser- vation. M. le Président fait connaître qu’il vient de recevoir de Cochinchine des graines de Haricot de Baria, variété vivace. Elles devront être semées vers la mi-mai, et on ne devra pas mettre plus de trois graines à la touffe ; les trous seront espacés de 50 centimètres, et on les couvrira d’une cloche jusqu'au mois de juin. Si chez nous ce Haricot reste vivace, on pourra essayer de conserver les racines à la cave, dans du sable, pendant lhiver, et aussi de les laisser en place, en les protégeant contre la gelée. À ce propos, M. Paillieux fait part d’un conseil qui lui a été donné. Les fabricants d'objets en liège, bouchons, semelles, plateaux, enve- loppes diverses, ont en grande quantité des déchets sans valeur. Or, le liège étant le moins bon conducteur qu’on connaisse de la chaleur ou du froid, et les interceptant absolument, on lui a conseillé de couvrir de ces déchets les planches de jardin à protéger. On suppose même que ces déchets, recueillis et séchés après l'hiver, pourront servir deux fois. M. le Président remet ensuite quelques graines d’une plante très inté- ressante, le Dolique bulbeux, Cù Sang à Saïgon, Chit-cou en Chine, dont le nom botanique définitif parait être Pachyrrhisus angulatus. Voici la note qui accompagnait le tubereule et les graines : « Cette plante grimpante donne un très gros tubercule. On doit la semer sur billon et butter fortement en temps utile. Quand la plante a 30 à 40 cen- timêtres, pincer le bout et les faux bourgeons de manière à refouler Ja sève dans le tubercule. » On met deux ou trois graines par trou, et, quand elles sont hien levées, on n’en laisse qu’une et on repique les autres. » Cette plante appartient à la famille des Légumineuses. Son tubercule est très bon cuit et même cru, mais son fruit passe pour être vénéneux. Le tubercule ne peut servir qu’à donner des graines, car chaque graine ne donne qu'un tubercule. Il faut semer dans le commencement d'avril. L'arrachage se fait en septembre. M. Paillieux fait connaitre que M. Émile de Lafon, officier de marine en retraite, a, pendant environ trois ans, habité le Costa-Rica, dans lA- mérique centrale. Îl en à rapporté une collection considérable de se- mences, qu'il a offertes au Muséum, et il a bien voulu en remettre une 1419 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. partie à notre zélé confrère, comme paraissant être cultivables sous notre climat et appartenant à des espèces comestibles. Sous le n° 8, M. de Lafon à apporté une Solanée vivace, vulgo Gro- sella del diablo, avec cette annotation : « a exactement la feuille du Solanum melongena, et cette dernière plante se greffe avec facilité sur sa congénère, ce qui permet d'obtenir des fruits énormes. » M. le Président croit que cette opération est impraticable chez nous; mais la Groseille du diable est peut-être par elle-même intéressante, et il en remet quelques sachets. N° 9. Grand Solanum de Costa-Rica. Plante magnifique, à feuilles im- menses, velues et épineuses; les fruits d’abord verts, puis jaunes et rouges, sont comestibles. Plante robuste comme la précédente. N° 14. Physalis de grande taille de Costa-Rica. Sauvage. Le fruit est comestible, moins bon cru que cuit en dulces (pâtisserie). N° 42. Cucurbitacée du genre Cucumis, comestible; c’est le Cucumis Abelmoschus elatior. Fleurs jaunes, fruits violets à la maturité et ré- pandant alors une forte odeur de pomme de reinette. On lappelle im- proprement au Costa-Rica Mélocoton (Pècher). Voici ce que dit de cette plante un auteur espagnol que jai sous les yeux, nous écrit M. de Lafon, qui le traduit : «Il existe dans l'Amérique centrale de nombreuses variétés de Cucurbitacées, peu ou point connues en Europe. Il y en a dont la chair est farineuse, la pulpe verte, noire, rouge, jaune et blanche ; une espèce dont la chair est moelleuse, appelée Pipian sur quelques points du Centre-Amérique, et qui est remarquable par sa délicatesse. une variété de Concombre appelée au Guatemala et dans toutes les provinces centro-américaines Mélocoton (en français Pécher) et Citrouille de Chine à Panama, est notable par sa dimension, son beau feuillage, ses fleurs épaisses, en touffes, de couleur jaune clair, et surtout par ses fruits qui, à maturité, passent à une couleur rouge violacé et répandent une odeur très forte, légèrement musquée. Dans le Gentre-Amérique, on place les fruits mürs de cette Cucurbitacée (que j'ai nommée Cucumis Abelmoschus elatior) dans les chapelles, pendant la semaine sainte et à la Nativité, où ils répandent une odeur suave. On les sert quelquefois cuits dans le sirop. À Panama, on utilise mieux ce fruit. On le fait cuire lorsqu'il est arrivé à la moitié ou aux trois quarts de sa grosseur, et on l’assaisonne de la même manière que les Patates (Convolvulus batatas). Comme dans les pays chauds les légumes font généralement défaut, il m'a paru intéressant pour les lecteurs, qui igno- rent les propriétés de cette Cucurbitacée, d’entrer dans ces détails. De plus, la Citrouille de Chine peut se cultiver comme plante d'ornement pour tapisser les murailles, former des treilles, ou pour la faire grimper à la cime de quelque grand arbre. Rien n’est beau comme une treille chargée de fruits violets, foncés ou rougeûtres, entremêlés de fleurs d'un jaune d’or et de feuilles vertes.…., ete. » PROCÈS-VERBAUX. 713 «Je vous rappelle, dit M. le Président en terminant, que toutes les plantes dont je vous remets les graines exigent d’abord la couche chaude et le châssis, et ne pourront supporter le plein air avant le 1° juin. J'excepterai seulement le Haricot de Baria, qui, semé le 10 mai sous cloche, par précaution, pourra vraisemblablement végéter sans protec- tion le 1% juin et mürir ses graines à la fin de septembre. Je ne sais pas s'il est nain, demi-nain, ou s’il exige des rames. » J'’ajouterai que je viens de recevoir de Salgues, département du Var une note satisfaisante. » La Laitue frisée de Californie y a donné de bons résultats. » Le Haricot-cerise à été trouvé délicieux, et on en continuera la culture. » Le Daïkon et le Pé-tsaï de Mongolie ont poussé pendant tout l'hiver. Les porte-graines sont en ce moment en pleine floraison. » Ces plantes seront d’une grande utilité pour le bétail pendant l'hiver, et l’auteur de la note se propose d’en faire cette année une culture assez étendue. » Le Soya n’a donné que des plantes peu vigoureuses, à cause de l'extrême aridité du sol. » J'espère, Messieurs, que vous voudrez bien nous fournir l’an pro- chain des notes semblables à celle que je viens de vous lire. Que chacun de vous apporte sa part de renseignements à notre chère Section. Il faut qu'elle devienne de plus en plus nombreuse, et que ses séances ne manquent jamais d’aliment. » M. Hédiard offre des graines de Carahassette du Pérou et de Piment doux d'Espagne. | Le Secrétaire, JULES GRISARD. QUATRIÈME SECTION. SÉANCE DU 20 mar 1884. Présidence de M. Maurice GIRARD, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président présente, au nom de M. Dybowski, des insectes qui attaquent les boutures de Vigne, à Tarascon. C’est un Charançon aptère fracticorne, le Peritelus griseus Olivier ; il est polyphage. Au printemps, depuis plusieurs années, les bourgeons des Müriers des environs de Paris sont ravagés par cet insecte. Un travail de M. Gehin l’indique également comme nuisible au Pom- mier et au Poirier. 114 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. M. Girard fait ensuite connaître qu’il a reçu de M. Xambeu, de Saintes, des feuilles de Tilleul des promenades de la ville, détruites par un in- secte qui n’a pu être retrouvé dans l'envoi. Le parenchyme était dévoré entre les deux épidermes. Ces dégâts sont, sans doute, dus à un micro- lépidoptère. M. Fallou pense qu’on pourrait trouver quelques renseignements dans l'ouvrage de M. Bellevoye sur les Insectes nuisibles au Tilleul. Enfin M. le Président donne quelques détails sur une singulière Pu- naise, n'ayant ni élytres, ni ailes, et qui lui a été envoyée par M. Fré- deric Breignet, de Marmande. Cet insecte à longues antennes, à pattes également très longues et très fines, analogues à celles des Tipules, ap- partient au groupe des Ploières, c’est l’Emesodema domestica. M. Soehnlin signale un article du Zoologische Garten, de Francfort, dans lequel l’auteur appelle lattention sur la présence fréquente du Rouge-queue autour des ruches. M. Girard répond que cet oiseau ne fait aucun tort, mais qu'il n’en est pas de même du Guépier, qui se nourrit particulièrement d’Abeilles et de Guêpes. Pour le Secrétaire, JULES GRISARD. CINQUIÈME SECTION. SÉANCE DU 27 MAI 1884. Présidence de M. PAILLIEUX, Vice-Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président présente à la Section des échantillons de fécule d’A4s- Trœmia Liuto et de vermicelle de Lu teou(Phaseolus radiatus) et donne lecture d’une note sur ces produits, qui sont renvoyés à l’examen de M. le D' Mêne. A ce propos M. Meunier dit qu’il a rapporté de lexposition persane, à Amsterdam, des graines étiquetées : Phaseolus Mungo : Fève délicieuse que l’on mélange avec le Pilaw. Notre confrère espère que ces graines, semées ce printemps, lui donneront une récolte qu’il se fera un plaisir de partager avec les membres de la Section. M. Paillieux distribue ensuite des graines de Bardane du Japon et de Daikon. M. Mailles présente à la Section un plant de Chélidoine et un autre de Scutellaire, cultivés dans la mousse (voy. Bulletin, p. 519). Il est procédé à la dégustation de divers produits sur lesquels la Sec- tion est appelée à donner son appréciation. PROCÈS-VERBAUX. pris) Cafe Caracas-Bolivar. « Le Vénézuéla, dit M. Parra-Bolivar, produit les cafés les meilleurs et les plus aromatiques du monde. Ces cafés mé- ritent la première place, aussi bien par l’uniformité, la netteté et la beauté de leurs grains, résultat immédiat du soin tout particulier de culture et de récolte que les planteurs vénézuéliens y mettent, que par leur agréable senteur et leur belle couleur verte ou jaunâtre suivant la région du pays où ils se produisent. » D’après des données statistiques sûres, la production annuelle de café au Vénézuéla est d’un million de sacs environ. La France en im- porte à elle seule pour plus de trois cent mille sacs. Ces cafés, vendus, il est vrai, dans les ports français d'importation sous les noms de Ja guayra, Porto Cabello et Maracaïbo (qui sont à leur tour les noms des ports par lesquels leur exportation est faite au Vénézuéla), sont à peu près inconnus des consommateurs. Ceci, parce qu'ils leur sont présentés comme des cafés Martinique, Guadeloupe, Porto-Rico, Java, etce., c’est- à-dire comme des cafés dont les noms séduisent l’acheteur. » Emu de cette situation, M. le consul de Vénézuéla, qui remplit en France, depuis plus de vingt ans, des fonctions officielles, s’est donné pour tâche de revendiquer pour les cafés de sa nation le rang qui leur appartient. Pour y parvenir plus sûrement il s’est adjoint le concours de riches planteurs vénézuéliens et d’une maison française. C’est donc dans un but tout spécial de patriotisme et de revendication nationale, que l’expo- sition et la dégustation de ces cafés ont été entreprises à diverses expo- sitions et en ce moment au Jardin d’acclimatation de Paris. Le Café Caracas-Bolivar, soumis à la section, a été préparé par les soins de M. Parra-Bolivar, consul du Vénézuéla au Havre, à la façon du pays, et au siège même de la Société; il a bon arome, bon goût, du corps ; c’est vraiment un type supérieur et en résumé Ja dégustation lui est très favorable. La Liqueur melliflore présentée par M. Faivre est forte, elle possède un goût franc et un bon parfum ; elle offre de grands rapports avec la chartreuse ou la bénédictine. Les Prunes au miel sont très bien préparées, mais peut-être un peu trop sucrées. Composée de plantes africaines et de plantes du pays cultivées en Afrique, la liqueur Chasseur d'Afrique de M. Gallais est sucrée, très parfumée ; c’est un tonique agréable, possédant un parfum particu- lier; plus douce, moins forte en alcooï que la liqueur melliflore, elle plaira surtout aux dames. Elle possède en outre, dit son auteur, des propriétés médicales très énergiques dans certains cas particuliers. Pour bien apprécier PElixir d'Eucalyptus à sa juste valeur, il faut nécessairement se mettre pour le juger au même point de vue que les frères trappistes qui le fabriquent. « Nous n'avons pas voulu faire wne simple liqueur de table, dit le 776 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. frère Gildas, mais un élixir vraiment hygiénique, et, par conséquent, nous y faisons entrer la plus grande quantité possible d'Eucalyptus, à l’exclusion de toute autre substance et ingrédient qui pourrait, tout en le faisant paraître plus agréable au palais des gourmets, le rendre moins salutaire à ceux qui ne le prennent que dans le but unique de conserver leur bonne santé ou de réparer leurs forces affaiblies. » La Section ne pouvait le juger au point de vue médical; il a fait ses preuves du reste; comme liqueur les avis ont été partagés, le goût très prononcé de résine de cet élixir a paru désagréable à quelques-uns. Le Secrétaire, JULES GRISARD, IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE De la préservation hivernale de l'Eucalyptus par le 43° degré de L. N. Il y a une dizaine d’années, je lisais dans le Bulletin de la Société une lettre d’un médecin écrivant, de Nice ou de Monaco, qu'il venait de guérir fortuitement la gangrène par application directe de feuilles d’Eu- calyptus dans un cas désespéré. À quelque temps de là, j’eus occasion de renouveler la même expe- rience, avec Le même succès, dans une situation non moins périlleuse, et je voulus avoir chez moi «le Gommier bleu » (Eucalyptus globulus), appelé par les Espagnols « l’arbre à la fièvre ». En dehors des raisons précitées, j'avais encore celle-ci : la commune que j'habite est fort salubre; le choléra, qui l’a cernée à plusieurs reprises, ne l’a jamais envahie; mais, en automne, le rouissage du lin donne aux enfants une fièvre tierce très difficile à couper. Les miens l’ont eue; je n’y ai pas plus échappé que mon pére, et, connaissant les propriétés des plantations d’Eucalyptus contre les miasmes paludéens, je voulus préserver mes petits-enfants de notre malaria au- tomnale. Pour atteindre mon but, il s'agissait de conserver, à l’air libre pen- dant l'hiver, les Gommiers bleus plantés autour de mon habitation, par 117°23/45" de latitude boréale, 3°3810" longitude ouest de Paris, 342,063 d'altitude absolue au-dessus des mers moyennes à Saint- Nazaire, ou 34,81 au-dessus de l'étiage de Marseille (nivellements Bourdaloue), ce qui répond à des abaissements de température hivernale d'environ 10 à 12 degrés centigrades au-dessous de zéro (14 en 1880), dans un climat semi-maritime, 70 kilomètres, à vol d'oiseau, de chez moi à Saint-Nazaire. La zone des vignes sujettes aux gelées de printemps (comme à celles d'hiver en 1880) ne s’élevant pas, dans notre canton, au-dessus de 26,67 au nord et 29%,27 au sud, les Eucalyptus, plantés à 1",18 en contre-bas du perron de mon habitation, sont encore à 32,88 au-dessus de l’étiage de Saint-Nazaire et à 3",61 au-dessus de la limite des gelées printanières : ‘ls se trouvent donc, par le fait, dans des conditions climatériques relative- ment favorables, sauf les froids persistants d'hiver : ils sont garantis contre les vents d’est et de nord par l’angle des constructions. Les variétés que je cultive sont : le Globulus, l'Amygdalina vera du prince Troubetskoï (provenant des cultures de M. Nardy, à Cannes), le Viminalis, provenant du Jardin d’acelimatation, et enfin le Robusta, fort ornemental comme l'Amygdalina, mais justifiant très mal son nom, puis- que c’est le plus délicat des quatre sortes. 778 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. De mes insuceès, je ne relaterai que les détails utiles à connaître : tout abri, même temporaire, touchant aux feuilles d'Eucalyptus, les frappe de mort; l'interception de la lumière, par une sorte de hutte, arrête la végétation et l’arbre meurt. Le recépage, conseillé par un jardinier émérite, donne le même résultat. La rentrée en serre l’hiver ne vaut pas mieux, même pour le plant d’un an, qui s’étiole et dont la pourriture s’empare. Les remarques ci-dessus conduisent logiquement aux conclusions sui- vantes : Notre hiver correspond à l’été de l’autre hémisphère et, par conséquent, de Australie; les arbres originaires de ce pays ont donc leurs floraison et fructification à l’époque de leur printemps, c’est-à-dire en novembre et décembre chez nous, et leur développement normal obligé en janvier, février et mars. N'est-ce pas exactement ce qui se passe à Nice, relativement aux plantations d’Eucalyptus en pleine floraison fin de novembre? Donc le problème se réduit à ceci : protéger la végétation hivernale en empêchant la sève de descendre au-dessous de zéro et en lui con- servant, artificiellement, quelques degrés de la chaleur du sous-sol (chaleur normale terrestre). Pour atteindre ce résultat, que faut-il? 1° Mettre son plant d’un an le long d’un mur d’espalier au midi, les pots recouverts de sable; 2 mettre ce plant en pleine terre fin mars; à l'automne il aura 2",50 de hauteur ; 3° aux premiers froids persistants, vers Noël, faire étendre au pied des arbres, dans un rayon de 2 mètres, les feuilles sèches recueil- lies dans les allées : sur cette couche uniforme, d'environ 0",06 d’épais- seur, on place, pour la maintenir, les déchets du teillage du lin (1), très réfractaires à l'humidité, et un cordon de paille, de foin ou de rouche, de l’épaisseur du pouce, est enroulé en spirale jusqu’à environ 2 mètres de hauteur, enveloppant tout à la fois le pied d'arbre et son tuteur, mais laissant libres toutes les branches et la tête herbacee. Qu’advient-il en cas de froid? La terre gelée emprisonne la chaleur vormale terrestre, sauf sur le point qui a été paillé lui servant de sou- pape de dégagement par la tige de l’arbre, lequel plonge ses racines dans un milieu inaccessible aux frimas superficiels. La tige elle-même, préservée du froid extérieur, lutte contre celui-ci par la sève qu’elle répartit entre les branches herbacées, et la végéta- tion s’accuse vivement, en dépit d’un abaissement de température de 1 degrés, par une brillante frondaison, comme cela s’est vu chez moi en mars dernier. La contre-épreuve, faite dans un endroit naturellement très abrité, à (1) Les déchets de lin peuvent être remplacés par des branches de sapin commun (ceiui de Normandie). FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 779 donné, à la même époque, sans les précautions sus-indiquées, les effets ci-après : Toutes les feuilles existantes ont roussi; la végétation a subi un demi- temps d'arrêt, et c’est seulement depuis le 1° juin qu’une nouvelle fron- daison est venue suppléer à l'insuffisance maladive de celle de lan dernier. Après vingt-six mois de mise en place, mes Eucalyplus, enveloppés l'hiver, à l'air libre depuis fin d'avril, ont 5",57 de hauteur; ce qui donne, entre l’été et l'hiver, une moyenne de croissance annuelle de 0",19 par mois. Cet été, je compte sur davantage, vu l’état de mes arbres. Abstraction faite de l’influence permanente de la plantation comme salubrité aérienne, les feuilles servent en infusion contre les bronchites et la fièvre, en bains aromatiques contre les douleurs rhumatismales, en application sur les plaies envenimées. À la macération dans du vin, contre la fièvre, j'ajoute, à volume égal, par litre, trois têtes vertes de tiges de Tanaisie (3 feuilles pour 3 tiges). Enfin, j'ai sous la main le remède à cette terrible maladie, la gangrène, dont j'ai connu les atteintes en 1871, et je crois que les avantages de ce genre de culture compensent amplement les soins qu’elle exige par le 47° degré. L'Amygdalina vera, à bois et brindilles lavés de pourpre, est fort ornemental ; il supporte, dit-on, sans abri 11 degrés au-dessous de zéro; ses feuilles, suspendues par de légers fils rouges, s’agitent au moindre vent et rappellent, avec plus d'éclat, celles du Saule pleureur : cet arbre est touffu et sa végétation marche de pair avec celle du Globulus. Puisqu'il vient d’être question d’arbres exotiques, qu’il me soit per- mis d'ajouter quelques mots relativement à certains arbres d'agrément. Le traitement ci-dessus décrit, appliqué aux Araucaria imbricata sur 1,50 de hauteur, les préserverait probablement des atteintes des fortes gelées en raison des mêmes principes de physiologie végétale. L’Abies Pinsapo, résistant parfaitement au froid, a un autre inconvé- nient qu'il partage avec la plupart des Pins et Sapins : c’est celui d'émettre plusieurs têtes; or tous ceux qui se sont occupés de sylviculture ou d’arboriculture savent le tort, parfois irrémédiable, que cet accident cause à un arbre décoratif. Dans certains arbres, comme le Pinsapo, l'Abies lasiocarpa, on ne saurait pénétrer sans froisser leurs belles branches; dans d’autres : Pinus excelsa, Sabiniana, etc., il est difficile d'atteindre à la cime sans mes échelles monostyles verticales, aussi peu répandues qu’elles sont utiles ; mais il existe un moyen d’élagage à la disposition de tous les gens adroits : c’est d’abattre, à coups de pistolet de tir, Le bois d’un an for- mant double tête; pour le bois de deux ans, il faut un fusil calibre 24, chargé à balle. 180 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Telles sont les observations que j'avais à soumettre au bienveillant examen de la Société. Je ne prétends nullement douner une solution indiscutabie, mais simplement exposer un certain nombre d’idées neuves que la logique ne saurait récuser et qui peut servir de base à des expériences ultérieures. J'adresserai directement à M. le Directeur du Jardin d’acclimatation une fleur de Begonia, obtenue chez moi de semis, et un écnantillon de Fraise blanche de tous les mois, trouvée à l’état sauvage dans un bois de la commune de Saint-Étienne-de-Montluc (Loire-Inférieure), très dis- semblable de la Fraise des bois rouge ou blanche ordinaire, sensible- ment plus grosse, plus ronde et plus productive. J'aurai aussi à faire tenir à la Société une note sur la culture du Soja hispida, ses inconvénients agricoles et ses avantages comestibles. NoTa. — L'épreuve de la lettre ci-dessus m’ayant été fortuitement communiquée à Paris en mai 1884, je puis fournir à l'appui l'expérience de l’hiver dernier. Nous avons eu des gelées première et dernière semaine de mars, troi- sième semaine d'avril, et une gelée de 4 degrés le 22 du même mois, désastreuse pour les Vignes basses. Dans un coteau très abrité du nord et de l’est, la loi de l'altitude absolue s’est rigoureusement mainteuue pour les Eucalyptus: sur 100 pieds qui avaient résisté jusqu'alors sans empaillage, six seulement ont survécu à l'altitude de 30 mètres; les autres, inférieurs à cette zone, ont succombé. Ceux situés à plus de 32 mètres d’altitude, et préservés par un cordon de foin, sont splendides. L’Amygdalina vera est le plus beau, le Viminalis vient ensuite, et le Globulus n’a subi que de légères atteintes. Je sais, en outre, que le Resinifera a résisté sans abri à la gare voi- sine d'Amiens, mais il est en mauvais état ; le cordon de foin lui eût été nécessaire. Dans le milieu où les Eucalyptus sans abri ont péri, un olivier n’a pas souffert. Deux Viminalis cordellés étaient dans la zone basse; ils sont intacts. F. DE LA ROCHEMAGÉ. Le gérant : JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. CHEPTELS DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE RÈGLEMENT ET LISTE DES ANIMAUX ET DES PLANTES QUI POURRONT ÊTRE DONNÉS EN CHEPTEL AUX MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ EN 1885 RÈGLEMENT Dans le but de multiplier plus rapidement les espècesutiles ou simplement d'ornement, la Société distribue chaque année des cheptels d'animaux et de plantes. Une Commission nom- mée par le Conseil est chargée de la répartition de ces chep- tels entre les membres qui se sont fait inscrire. Pour assurer le succès de ces expériences, un inspecteur spécial sera chargé, s’il y a lieu, de les suivre et d’en rendre compte à la Société. C’est en multipliant les essais dans les différentes zones de notre pays, que nous pourrons hâter les conquêtes que nous poursuivons, et la vulgarisation des espèces déjà conquises que nous voulons répandre. Pour obtenir des cheptels, il faut : 1° Étre membre de la Société; 2° Justifier qu’on est en mesure de loger et de soigner con- venablement les animaux, et de cultiver les plantes avec dis- cernement. Les membres auront soin d'indiquer les conditions favo- rables et les avantages particuliers qui les mettent en mesure de contribuer utilement à l’acclimatation et à la propagation des espèces dont ils demandent le dépôt. Les demandes qui ne seraient pas accompagnées de rensei- gnements suffisants ne pourraient être prises en considération par la Commission; 4° SÉRIE, T. L — Octvbre 1884. 51 782 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. 3° S’engager à rendre compte, deux fois par an au moins, des résultats bons ou mauvais obtenus. On devra donner tous les détails pouvant servir à l’éduca- tion et à la multiplication des animaux à l’état domestique ou sauvage (mœurs, nourriture, reproduction, soins donnés aux jeunes, etc.; pour les oiseaux : époque de la ponte et de l'éclo- sion, durée de l’incubation, etc.) ; 4 S'engager à partager avec la Société les produits obtenus. Les conditions du partage et la durée des baux à cheptel ne sauraient être les mêmes pour toutes les espèces d'animaux et de plantes. Aussi chacun des engagements passés avec les chepteliers stipulera-t-il quelle sera la part de la Société dans les produits et la durée des baux. L'âge auquel les jeunes devront être renvoyés à la Société sera également indiqué dans les baux. Le bail part du jour de la réception des animaux. 9° Si les chepteliers ne se conformaient pas aux conditions ci-dessus proposées, ou si leur négligence compromettait le succès des expériences qui leur auraient été confiées, les ani- maux ou les végétaux pourraient être retirés par la Société, sur la décision du Conseil. 6° Les membres de la Société qui solliciteront une remise de plantes ou d'animaux, devront adresser leur demande par lettre à M. le Président. Ces demandes seront soumises à la Commission des cheptels, qui statuera sur la suite qui pourrait y être donnée. 7° Le port des objets envoyés par la Société à ses chepte- liers sera à la charge desdits chepteliers, ainsi que les frais de nourriture, de soins, de culture, etc. Réciproquement, le port des objets expédiés par les chep- teliers à la Société sera à la charge de la Société. Toutefois la remise en gare devra être faite franco. Les frais d'emballage resteront à la charge de celle des par- ties qui fera l’expédition. Pour le partage des produits ou le renvoi des jeunes, les frais de capture des animaux seront à la charge du cheptelier. 8° La Société se réserve le droit de faire visiter, chez CHEPTELS. 783 les chepteliers, les animaux et les plantes remis en cheptel. 9% Les chepteliers ne pourront disposer des étalons à eux confiés ou faire des croisements sans en avoir obtenu préala- blement l'autorisation du Conseil. 10° Le Conseil pourra également autoriser les chepteliers à exposer les animaux de la Société dans les concours ré- gionaux ou autres, à leurs risques et périls. 11° Le cheptelier devra employer tous les moyens en son pouvoir et prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter les croisements et assurer ainsi la pureté de la race des animaux qui lui sont confiés, la Société ne pouvant accepter comme produit que des espèces absolument pures. 12 Un même cheptelier ne pourra être détenteur de plus de deux espèces d'animaux en même temps. 13° Pour éviter les difficultés de partage, il ne sera pas confié à un sociétaire des animaux qu'il posséderait déjà. 1% Les chepteliers pourront recevoir, en même temps que les animaux qui leur seront confiés, un programme d’obser- vations à faire, qu’ils seront tenus de remplir et d’annexer à leur compte rendu semestriel. 15° En cas de mort d’un animal confié à un membre, ce membre en informe sur-le-champ le Conseil en donnant, autant que possible, les détails sur les causes qui ont amené la mort. 16° Tout cheptel décomplété devra être restitué. Le cheptelier ne sera déclaré non responsable en cas de perte des animaux à lui confiés que s’il y a eu maladie con- statée ou cas de force majeure. 17° Le Conseil décide, s’il v a lieu, de la destination à donner aux restes des animaux morts appartenant à la Société. Nora. — Les Sociétaires qui auraient des raisons particu- lières pour s'occuper de l’acclimatation de certaines espèces non portées sur la liste insérée chaque année au Bulletin, pourront faire connaître leurs désidérata, en les appuyantdes motifs qui les engagent à persévérer dans leurs essais, ANIMAUX ET VÉGÉTAUX QUI POURRONT ÊTRE DONNÉS EN CHEPTEL EN 1885 1° SECTION. — MAMMIFÈRES, Agoutis. 1 couple Agoutis du Brésil (Dasyprocta aguti). Cerfs. 1 mâle et 1 femelle Cerfs d’Aristote (Cervus Aristotelis). 1 — 2 — — cochons (Cervus porcinus). À — 4 — — nains de la Chine (Cervulus Reevesii). 1 — 1 — — axis (Cervus Axis). Boucs et Chèvres. 1 mâle et 2 femelles Chèvres naines du Sénégal (Capra depressa). 1 — 2 — Moutons chinois prolifiques (Ong-ty ou Ty-yang)- 1 — 2 — Chèvres d'Egypte. Cochons. 2 couples Cochons Siamois, jeunes. Kangurous. { mâle et 2 femelles Kangurous de Bennett (Halmaturus Bennettii). Lapins. > couples Lapins géants des Flandres. 2 — — béliers gris. 2 — — angoras blancs. EAN — argentés. 5 — — de Sibérie. Léporides. 5 couples Léporides. CHEPTELS. 789 2° SECTION. — OISEAUX. Bernaches, 1 couple Bernaches mariées (Bernicla jubata). A — (grandes) du Magellan (Chloephaga Magellanica). Canards. couple Canards bec de lait (Anas pœcilorhyncha). — — spinicaudes (Dufila spinicauda). — — casarkas ordinaires (Casarka rutila). — — de Paradis (Casarka variegata). — — de Bahama (Dafila Bahamensis). — — de Pékin (domestiques). — _ de Yeddo. — _ — Carolins (Aix sponsa). mandarins (Aix galericulata). — — de Rouen (domestiques). — — d’Aylesbury — _ — du Labrador — — — siffleurs du Chili (Mareca Chiloensis). = — Sarcelles du Brésil (Querquedula Brasiliensis). Céréopses. den couple Céréopses d'Australie (Cereopsis Novæ-Hollandiæ). Colins. Qt couples Colins de Californie (Callipepla Californica). Colombes. 5 couples Colombes Longhups (Ocyphaphs lophotes). 2 —— — grivelées (Leucosarcia picata). 1 — — de l'Himalaya (Columba leuconota). 2 — — lumachelles (Phaps chalcoptera). 1 couple Pigeons nicobars (Columba Nicobarica). 1 — Colombigallines à tête bleue (S{urnœænas cyanocephala). Cogs et Poules. 3 lots de 1 coq et 2 poules. Volailles de Houdan. 2 — — — — de Crèvecœur. 1 — — — — de Bréda, bleus. 786 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. bo RO 19 DO LC = — lot de { coq et2 poules. Volailles de Bréda, coucous. — — == — — noirs. — — — — de Campine. — — — — espagnoles. = Se — — de Dorking. — — — — nègres. — — — — de Nangasaki. Cygnes. couples Gygnes noirs, jeunes (Cygnus atratus). — — blancs, nés blancs (Gygnus olor, var. immutabilis). — — : à col noir (Cygnus nigricollis). l'aisans. couples Faisans de Mongolie (Phasianus torquatus). — — versicolores (Phasianus versicolor). — — vénérés, nés en 1884 (Phasianus Reevesti). — — dorés en couleur (Thaumalea picta). — — lady Amherst, nés en 1884 (Thaumalea Amherstiæ). — — de Swinhoë, nés en 1884 (Euplocomus Swinhoei). — — argentés, en couleur (Euplocomus nycthemerus). — Tragopans de Cabot (Ceriornis Caboti). — Éperonniers chinquis (Polyplectron chinquis). — —+ de Germain (Polyplectron Germain). Lophophores. couple Lophophores resplendissants, nés en 1884 (Lophophorus 1m- peyanus). Oies. couples Oies de Toulouse (domestiques). — — du Danube — _— — de Guinée (Anser cygnoides). — -— du Canada (Anser Canadensis). — — barrées de l'Inde (Anser Inuicus). — — d'Égypte (Anser Ægyptiacus). — — de Siam (Anser cygnoides, var.). Perruches. 5 couples Perruches éalopsittes (Calopsitta Novæ-Hollandiæ). ÿ — — ondulées (Melopsittacus undulatus). — omnicolores (Platycercus eximius). CHEPTELS. 787 1 couple Perruches de Pennant (Platycercus Pennanti). 1 — — palliceps (Platycercus palliceps). 1 — — Jendaya (Conurus jendaya). 1 — à front pourpre (Platycercus Novæ-Zelandiæ). il — à oreillons blancs (Conurus leucotis). Pigeons. 1 couple romains, bleus. 4 couple Montauban, blancs. 1 — -— chamois. 1 — — noirs. 2 — — fauves. 4 — grands Boulants. 2 — — noirs. 4 — Boulants lillois. L — — rouges. 4 — tamboursde Boukharie. 1 — brésiliens. 1 — pies. 1 — houvreuils. 1 — queue de paon. 1 — cravatés à manteau. 1 :— polonais. 1 — frisés. L — russes. { — hirondelles. 1 — sapajous. — hongrois. 14 -— satins. 3° SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, etc. Œufs et alevins de Saumon. = de Truite. Axolotls du Mexique. Grenouilles-bœufs. ; | 4° SECTION. — INSECTES. Vers à soie de l’Aïlante. Vers à soie du Chêne de Chine. — du Mürier. — — uu Japon. Vers à soie des États-Unis et de l’Inde. 5° SECTION. — VÉGÉTAUX. Plantes alimentaires. Betteraves, Carottes, Choux, Chicorées et Pissenlits améliorés, Fève d’'Agua dulce à très longue cosse, Haricots, [gnames, Navets, Panais de Jersey, Pommes de terre, Vignes (Raisin de table et de fantaisie), Zapal- lito de tronco, etc., etc. 188 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Plantes fourragères. Betteraves, Carottes, Choux, Maïs, Navets, Panais de Bretagne, Pommes de terre, Téosinté, etc., etc. Plantes industrielles. 4 Bambous, Betteraves à sucre, Bæœhmeria candicans, nivea et utilis, Eucalyptus, Pins, Phormium tenax (Lin de la Nouvelle-Zélande), Vignes, etc., etc. Plantes ornementales. Acacias australiens, Azalées variées, Bambous, Begonias, Bonapartea gracilis, Cephalotaxus drupacea et Koraiana, Dracæna congesta et indivisa, Fuchsias, Grevillæa robusta, Ligustrum Quihoui, Lilium lon- giflorum et tigrinum, Pelargoniums, Retinospora pisifera, Thuya Lobbii, Thuiopsis dolobrata et lætevirens, etc., etc. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LES VOLIÈRES HYGIÈNE. DIMENSIONS. AMÉNAGEMENT. CONSTRUCTION ÉCONOMIQUE Par M. E. LEROY. Nous avons tous lu avec un véritable intérêt dans le Bulle- {in du mois d'août dernier, les observations de M. le docteur Moreau concernant l’hygiène des basses-cours et des volières, et nous en avons tiré une fois de plus cette conclusion que les maladies qui déciment nos pensionnaires emplumés dérivent la plupart du temps, de l’agglomération, et par suite, de l’in- fection du sol, lequel devient alors un véritable foyer de dé- veloppement et de multiplication des microbes et des para- sites, principalement lorsque le fléau a pour auxiliaire l’hu- midité. En ce qui me concerne, je dois dire que les procédés adop- tés par notre sympathique confrère pour garantir ses élèves des atteintes de la diphtérie et des vers du larynx, ont d’autant plus vivement sollicité mon attention que j'ai eu, moi aussi, plusieurs années durant, à compter avec la diphtérie; que j’ai eu, de plus, à lutter, non contre le ver du larynx, mais contre un strongle non moins redoutable : le ver intestinal, cet autre assassin des Faisandeaux. J’ai donc été amené de mon côté à prendre certaines dis- positions préventives, dont je me trouve très bien depuis des années, et c’est pour ce motif que je vous demande la permis- sion de vous en faire part. Je commence par faire ma confession et par reconnaître que mes mécomptes m'étaient imputables pour partie. J'en attribue l’origine à l’extension trop considérable que, dans les commencements, j'avais cru pouvoir donner à mes édu- 190 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. cations d'oiseaux : trop de sujets pour l’espace dont je pou- vais disposer et, comme conséquence, infection à bref délai du sol, saturé de leurs malpropretés, telle fut la première cause de mes déboires. D'un autre côté, mon terrain d'élevage consiste uniquement dans le jardin attenant à mon habitation, et ce jardin présente cette particularité défavorable qu'ilse trouve, pour ainsi dire, creusé à près d’un mètre au-dessous du niveau du sol envi- ronnant. De plus, la terre de ce jardin est compacte, peu perméable, et l’eau des pluies y séjourne plus qu’il ne con- vient. J'avais donc contre moi les inconvénients de l'humidité, si pernicieuse à tous les Gallinacés en général. M’étant rendu compte de ces causes d’insuccès, je restrei- onis tout d’abord dans des proportions raisonnables le nombre de mes sujets de volière, et même pendant deux ans je laissar à mon terrain le temps de se désinfecter, me bornant à peu près exclusivement à la récolte des œufs, et ne faisant qu'une petite quantité d'élèves tout à fait insignifiante. Restait l'inconvénient de l’humidité inhérente à mon ter- rain d'élève. Il y avait là une difficulté à tourner. Nous allons voir tout à l'heure à propos de l’aménagement, comment je m'en suis tiré. Mais préalablement je crois devoir faire con- naître à quelles limites, pour me garantir des épidémies et des contagions, j'ai été conduit, par une expérience de plu- sieurs années, à fixer le parcours de mes pensionnaires. En fait de parcours, plus les volatiles en ont à leur disposi- tion et plus leur bien-être se trouve assuré; on ne saurait donc leur accorder trop d'espace ; mais l'emplacement dispo- nible d’une part, la dépense de l’autre, sont là pour nous im- poser des limites raisonnables. Il s’agit donc d'établir des compartiments de dimensions juste suffisantes pour assurer leur santé, tout en nous per- metlant de ne pas trop grever notre budget et de multiplier dans la mesure du possible, la variété des collections que nous pouvons réunir sur un lerrain limité. J'ai été amené par la pratique, ainsi que je viens de le LES VOLIÊRES. 791 dire, à adopter comme minimum, mais comme un minimum très suffisant, les dimensions suivantes : 1° Pour parquets à Faisans, 16 mètres carrés ; 2 Pour parquets à couples de Perdrix, Sarcelles de la Chine, Canards carolins, de Bahama, etc., 12 mètres ; 3 Pourparquets à Poules d’eau, Râles d'Australie et autres petits Échassiers de même taille, 8 mètres. Chaque parquet à Faisans est suffisant pour loger toute l’an- née, sans autres soins d’appropriation que ceux que Jj’indi- querai tout à l’heure (et qui ont lieu une fois par an, à la fin de l'hiver) : ou un couple de sujets de forte taille : Faisans vénérés, Tragopans; ou un coq et deux poules de sujets de taille moyenne : Faisans argentés, Faisans communs, Houppi- fères de Swinhoë, Faisans prélats; où un coq et trois poules de sujets de petite taille : Faisans dorés, de lady Amherst, ver- sicolores. Si le nombre de types à loger dépasse ces propor - tions et que le coq vénéré, par exemple, soit pourvu de deux ou trois poules, je mets à leur disposition un parcours double au moyen de deux parquets communiquant à volonté. Je dois faire observer que ces dimensions n’ont rien d’ab- solu et que j'ai vu tenir des oiseaux en santé dans des instal- lations plus restreintes, mais alors avec des soins de propreté multipliés : renouvellement fréquent du sable du comparti- ment, enlèvement plus ou moins répété des malpropretés qui s'accumulent au bas des perchoirs, etc., etc. J’obtiens moi-même tous les ans des reproductions de Colins et même de Perdrix logés simplement dans une caisse cubique grillagée sur le devant et mesurant { mètre de côté. J'entends parler ici d'ailleurs de volières ne nécessitant qu’un seul nettoyage complet par an. Chacun de mes parquets à Faisans peut servir d'installation à quinze ou vingt élèves faisandeaux jusqu’à l’âge de cinq à six semaines environ. Passé ce délai, les élèves sont changés de milieu, et finalement versés en masse, avec quelques précau- lions, toutes les séries réunies, dans un compartiment spécial mesurant 120 mètres de surface, où se termine leur éduca- lion, et d’où ils sont tirés au fur et à mesure des besoins de 792 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. la vente. Il se produit alors insensiblement, dans ce grand réservoir, des vides suffisants pour éviter les inconvénients de l’agglomération. Les conditions d'espace nécessaire et suffisant se trouvant ainsi déterminées, il s'agissait d'aménager cet espace et de lassainir de manière à le rendre habitable. L'aménagement auquel je me suis arrêté consiste en une série de compartiments parallèles, conligus, et susceptibles de communiquer entre eux à volonté. Chacun d'eux comporte une largeur uniforme de 2 mètressur 8 de long pour les Faisans, sur 6 de long pour les Perdrix. L’excédent résultant de l’habita- tion de ces dernières, parallèle à celle des Faisans, peut être utilisé à loger soitun couple de petits Échassiers,soitàaugmen- ter le parcours lorsque les Perdrix sont chargées de famille, comme il arrive par exemple chez les Perdrix de la Chine ou celles du Boutan qui couvent et élèvent en captivité. La série de compartiments est à l'exposition du levant, les abris au fondet garantissant, par conséquent, du vent d’ouest. L’abri du nord est donné par les murs du bâtiment et ceux du jardin, qui sont très hauts. Chaque compartiment comprend deux parties distinctes : l’une de 4 mètres carrés, sous abri; l’autre à ciel ouvert, de 12 ou de 8 mètres carrés, suivant qu’il s’agit d’un logement de Faisans ou d’un logement de Perdrix. Sous la partie abritée, la terre enlevée à la profondeur d’un fer de bêche est remplacée par le compost suivant : Un bon lit de sable de grès bien sec; Un ou deux sacs de plâtre en poudre. Le mélange fait, le tout est saupoudré de 2 kilogrammes de fleur de soufre sur laquelle je passe le râteau pour qu’elle s’imprègne de ce mélange. C’est dans ce milieu friable et hygiénique que les oiseaux savoureront leurs bains de poussière. Par les grands froids, j'ai l'habitude de répandre sous l’abri une couche de menue paille provenant de battage, sur la- quelle Faisans et Perdrix aiment à se réchauffer les pattes. Passé l'hiver, cette menue paille ainsi que le compost qui LES VOLIÈRES. 793 à la longue finiraient par s’infecter, sont enlevés et remplacés par une nouvelle couche de sable, de plâtre et de soufre. La partie du compartiment à ciel ouvert est l’objet des tra- vaux de culture suivants, destinés à faciliter l'écoulement des eaux de pluie et à me garantir de l'humidité : Le sol est bêché en talus ou en dos d’âne, de manière à mé- nager le long des parois de la clôture un sentier circulaire large de 30 centimètres environ. Ge sentier est tracé au moyen d’un fossé creusé à profondeur d’un fer de bêche ; la terre provenant du labour est rejetée au milieu pour accentuer d’autant la forme arrondie que j'ai adoptée. J’obtiens ainsi une sorte de tumulus de forme allongée que je fais planter de trois rangs de petits arbustes disposés en quinconce : Sapins, Thuyas, Groseilliers, Seringas, Boules de neige, etc., après quoi il est procédé au gazonnement. Tout ensemencement, dans une volière destinée à être habi- tée à bref délai, serait illusoire et tout à fait contraire à la pralique. Outre que les oiseaux en piochant le sol ne laisse- raient pas aux graines le temps de germer et de s’enraciner, ce remuement de la terre ameublie aurait l'inconvénient de souiller le sable des allées. Ce qu’il faut absolument pour la pelouse des volières, c’est du gazon tout venu, bien enraciné et prêt à être mangé. C’est donc par plaques de verdure bien soudées ensemble qu'il convient de revêtir toute la partie du sol déjà plantée et pré- parée par le labour. Le gazon étant ajusté comme une pièce d’étoffe, de manière à ne laisser aucun vide, est arrosé copieu- sement d’abord de manière à le pénétrer jusqu’à la racine, puis tassé avec la botte de telle sorte qu’il fasse corps avec la terre fraîchement labourée. Quant aux tranchées ouvertes autour du massif à profon- deur d’un fer de bêche, elles sont comblées aux trois quarts avec un lit de scories de charbon de terre ou même de cail- loux qui donne un drainage circulaire et tout à fait complet; le dernier quart est rempli de petit gravier ou sable de ri- vière. E Ces dispositions terminées, plus rien ne s'oppose à l’in- 794 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. stallation des Faisans ou des Perdrix. La vérdure dont nous avons revêtu le sol de la volière est suffisamment apte à se défendre, le tissu de ses racines étant serré comme celui d’une étoffe feutrée, et durant la belle saison aple à réparer ses pertes, attendu que pour un brin d'herbe brouté, il en pousse à côté un ou plusieurs autres. Chaque année, à la fin de lhiver, l’assainissement des vo- lières est assuré en rejetant au centre la terre que les oiseaux ont fait, à la longue, rouler sur l’allée circulaire, en bêchant les massifs de manière à ramener à la surface la terre du des- sous et réciproquement; en gazonnant comme je viens de le dire, et en remplaçant le gravier contaminé par du gravier frais. Les avantages de ce système d'aménagement, je n’ai pas be- soin de les faire ressortir, ils vous ont sauté aux yeux. Agrandissement de la surface disponible, la forme bombée ayant pour effet de vous faire gagner, en surface, une fraction pouvant varier de 25 à 40 pour 100. Garantie contre l'humidité, obtenue par des procédés qui, tout en assurant l’écoulement des eaux pluviales, permettent de ne pas priver les oiseaux de leur pelouse naturelle. Salubrité assurée, les déjections des sujets n’ayant plus l'inconvénient de contaminer indéfiniment le sol, absorbées qu’elles sont, à titre d'engrais, par un gazon vivace, ou lavées par l'eau des pluies et filtrant à travers le gravier des allées, jusque dans les sous-sols remplis par le drainage. L'aménagement que je viens d'indiquer, et qui est spécial aux Faisans et aux Perdrix, est conçu à peu près suivant les mêmes principes en ce qui concerne les Canards de luxe et les petits Échassiers; seulement pour ces derniers, j'apporte à l'installation les modifications suivantes. Cette installation affecte la forme carrée : 4 mètres de côté pour les Canards mandarins, carolins ou autres de même taille; 2 mètres de côté pour les Poules d’eau, Râles d’Austra- lie, ete. Au milieu, un monticule élevé avec des terres rap- portées et celles provenant du drainage du pourtour, opéré comme nous venons de le voir. Le monticule est planté d’ar- LES VOLIÈRES. 795 bustes et revêtu de plaques de gazon vivace. Au sommet un petit bassin pour les Canards et les Poules d’eau, ou une cu- vette destinée aux ablulions des Râles d'Australie, fanatiques des bains d’eau. À portée du bassin, qu’ilest bon d’ombrager par des arbustes, une petite cabane en forme de niche à chien, garnie de menu foin. Cette disposition, qui semble bizarre, à première vue, est celle préférée notamment par les Canards mandarins éjointés, dont les instincts percheurs semblent trouver une sorte de satisfaction par des stations prolongées sur lessommets. Pour peu que vous avez, comme moi, fréquenté le Canard manda- rin, Vous n'êtes pas avoir remarqué sa tendance à se percher sur tout ce qui peut lexhausser du niveau du sol et lui servir de juchoir : une grosse pierre, un tronc renversé ou tout autre objet accessible à ce pauvre mutilé. Le monticule que j'indique, outre qu’il est adopté avec fa- veur par vos pensionnaires, offre cet avantage de vous les pré- senter en relief aux différentes heures de la journée, dans toutes les attitudes de leur vie privée : dans leurs promenades autour de leur petite montagne ou couchés sur les pentes; tantôt prenant leurs ébats dans leur petit bassin, tantôt per- chés sur une patte, aux heures des siesles, se mirant dans l’eau disposée au sommet. La disposition du bassin, ainsi conçue, offre le grand avan- tage d’en simplifier le nettoyage, puisqu'il suffit d’un robinet adapté au fond pour le vider en un clin d'œil. Je viens de traiter dans ses parties principales la question de l’aménagement telle que la pratique me l’a enseignée. Peut-être devrais-je m’en tenir là; mais il m’a semblé que, du moment qu’il s’agit d'installations hygiéniques d’oiseaux de volière, je ne serais pas complet si Je négligeais un autre côté de la question : celui des constructions destinées à les abriter contre les intempéries et à les protéger contre leurs ennemis du dehors : l’Épervier, la Buse, le Chat, la Fouine, le Putois et autres bandits, et aussi contre le Pierrot, cet effronté pique- assiette. Je ne m’écarterai d’ailleurs pas sensiblement de mon sujet 796 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. puisque, ainsi que nous le verrons, l'hygiène à aussi quelque chose à voir dans la manière dont est établi le logement des oiseaux captifs. J'ai construit, moi-même et presque sans aide, toutes mes volières; c'est vous dire que je me suis fait, dans une certaine mesure, charpentier, serrurier, peintre, grillageur, etc. Je ne viens pas vous donner le conseil d’en faire autant; je vous demande seulement de me permettre de vous donner quel- ques indications pratiques qui vous mettront à même de vous ouider dans l'achat des matériaux nécessaires, et de diriger, à titre d'ingénieur, les ouvriers que vous aurez à employer, lesquels, sauf des cas très rares, sont absolument étrangers au genre de travail que vous attendez d’eux. Pour construire une bonne volière, à mon avis, un artisan qui n’est qu’artisan ne convient pas ; 1l faut un artisan doublé d’un éleveur, ou, si vous le préférez, un éleveur doublé d’un artisan. Je vais m’efforcer de remplir de mon mieux ce double pro- gramme. Voyons d’abord la question du choix des matériaux. Vous ne me saurez pas mauvais gré, j'en suis certain, de vous dé- clarer qu’en cette matière je suis d'avis de procéder avec toute l’économie possible. Proserivons donc les constructions en fer, malgré leur élégance, comme étant absolument rui- neuses. Nous verrons tout à l'heure qu'avec du bois, de la peinture et du grillage bien employés, 1l nous sera facile de construire pour nos chers pensionnaires des habitations con- fortables, agréables à l'œil, et qui ne nous coûteront que le dixième environ du prix de revient d’une construction en fer. Ce point est à considérer. Commençons par nos acquisitions. Nous allons pénétrer ensemble, si vous voulez bien me permettre de vous accompagner, dans l’établissement du mar- chand de bois. C’est par lui qu’il convient de commencer pour choisir les premiers matériaux de la carcasse de notre volière. Nous trouvons là des enlassements de marchandises : bois LES VOLIÈRES. 797 de hêtre, bois de chêne, bois de noyer, bois de merisier, bois de sapin, à donner des éblouissements. Mais, après un peu d'examen, notre attention ne tarde pas à être sollicitée par la longueur inouiïe et la rectitude irréprochable de certains ma- driers, et tout de suile ces longueurs rectilignes nous ont fait soupçonner que ce bois-là doit être celui que nous cherchons. En effet. | Ces madriers sont des madriers de sapin, et le sapin est un des bois les plus aptes à conserver la forme droite, sans se déjeter ni se déformer par l’exposition aux intempéries du dehors. C’est donc sur le sapin que nous allons jeter notre dévolu, mais je dois vous dire, si vous ne le savez déjà, qu’il y a sapin et sapin. J'en connais trois espèces principales : 1° Le sapin blanc ou sapin de Norwège, coût approximatif du madrier, 1 fr. 40 le mètre courant. Le madrier comporte environ 24 centimètres de largeur sur 8 centimètres d’épais- - seur; 2 Le sapin rouge ou sapin de Corse, coût, 1 fr. 50; un peu plus cher que le précédent, mais d’une fibre plus serrée, d’un meilleur usage et moins susceptible de se fendre ; 3° Le paich-pin où sapin d'Amérique, coût du madrier, environ 1 fr. 80 le mètre. Ce dernier bois est le plus cher, mais en revanche il est très fibreux, très résistant, et d’un usage comparable à celui du chêne. C’est donc au pritch-pin que je vous engagerai à don- ner la préférence. Je ne mentionnerai le chêne que pour mémoire. Le prix de ce bois est très variable, mais en somme tellement élevé que je n’en conseille pas l'emploi, par les mêmes raisons d'économie qui m'ont fait rejeter les constructions en fer, et en outre parce que c’est un bois moins maniable que le sapin pour le but particulier que nous nous proposons. Nous venons de voir d’ailleurs que le pitch-pin le remplace d’une manière très satisfaisante. Mais revenons à nos madriers. 4e SÉRIE, T. |. — Octobre 1884. 59 798 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Ces pièces de bois sont, ou simplement équarries, ou sciées dans le sens de leur largeur, de façon à donner des planches d’épaisseurs différentes suivant les besoins. Les planches qui nous conviennent le mieux pour la car- casse de notre construction sont celles de 2 centimètres d’é- paisseur, provenant de madriers dits : sciés en trois traits; trois traits de scie donnent quatre planches. Pour notre toiture et pour nos clôtures pleines, des ma- driers sciés en quatre traits (soit cinq planches par madrier) sont très suffisants. L’épaisseur de ces planches par quatre traits est aussi celle convenable pour les lattes destinées à nous servir de couvre-joints. Voilà pour les planches et pour les lattes, mais il nous faut encore ce qu’en termes de menuiserie on appelle des tringles, c’est-à-dire des sortes de règles de bois très longues et d’une certaine épaisseur. Les planches de trois traits, fendues par le milieu, nous donneront les tringles que nous cherchons, chaque planche de 24 centimètres de large donnant deux tringles de 12 centimètres de largeur sur 2 centimètres d’é- passeur. Enfin, et pour servir d’assiette à ces divers matériaux, il nous faut des poteaux ou chevrons. Nous trouverons ces che- vrons dans un madrier brut fendu en trois, non plus dans le sens de la largeur, mais dans celui de l'épaisseur, el nous ob- tiendrons ainsi des pièces, au nombre de quatre par madrier, de 8 centimètres de largeur sur 5 1/2 d'épaisseur, offrant une résistance très suffisante pour le but que nous nous pro- posons. Le marchand de bois nous fera, sur commande, toutes les subdivisions que nous pourrons désirer, à raison de 3 francs par 100 mètres linéaires de trait de scie. Il vous est facile de voir, d’après ces premières données, que la volière, considérée généralement comme un objet de luxe inabordable, pourra rentrer dans la catégorie des dé- penses dites raisonnables. Il ne nous reste plus actuellement qu'à faire nos acquisitions de grillages, après quoi nous pour- rons procéder à la construction. LES VOLIÈRES. 799 Il y à des grillages de plusieurs sortes, tout comme il ya sapin et sapin, ainsi que nous l’avons vu tout à l'heure. En celte question comme en celle de nos choix chez le marchand de bois, il convient de ne pas regarder à une petite différence de prix et de donner la préférence à un grillage solide, résis- tant, bien fait, d’une application facile. J'ai nommé le grillage Jubelin ou grillage dit à simple torsion. Le seul défaut de ce grillage est d’être plus cher que le grillage à plusieurs tor- sions si répandu dans le commerce, et surtout que le grillage anglais, devenu d’un bon marché inoui. Gette différence de prix étonne, à première vue, et on est presque toujours tenté de se dire que puisque le grillage Jubelin n'a qu’une seule torsion au lieu de trois ou quatre torsions et même davan- iage, sa fabrication se trouve simplifiée d'autant et son prix courant devrait être moindre. Mais il faut vous dire que la fabrication du grillage à simple torsion exige beaucoup plus de soins et de temps que le gril- lage à plusieurs torsions, à ce point que pour fabriquer 100 mètres du premier, il faut autant de temps que pour 1000 mètres de grillage à torsions. En outre, on emploie pour la fabrication du grillage Jubelin des fils de fer préalablement galvanisés, tandis que le grillage à plusieurs torsions se fa- brique avec du fil de fer noir, et qu’il est plongé, après fabri- cation, dans une cuve contenant du zinc liquide tout simple- ment; on le sort et on le secoue, et l’opération est terminée. L'avantage du grillage à simple torsion consiste dans la certitude que ce réseau est d’une solidité supérieure, non susceptible de se casser comme le grillage anglais, d’une pose facile, d'une régularité impeccable, ne faisant ni poche ni boursouflure, ni le cintre sur les lisières, ce qui rend la pose si difficile. Gette régularité est obtenue à l’aide d’une fabrica- tion plus soignée, de là la différence de prix, encore cette différence n’est-elle pas énorme, surtout dansles mailles fines. La galvanisation du fil de fer destiné au grillage à simple torsion se fait dans un bain de zinc en ébullition. D’un côté, sur un dévidoir, est placé le fil de fer en botte; l'un des bouts traverse en plongeant le bain de zine, et à sa sortie passe dans 800 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. une filière qui nettoie l'excédent du zinc, et il vients’enrouler sur un autre dévidoir. Vous voyez par là que le fil ainsi traité est parfaitement recouvert de la couche de zinc qui le protège. Dans le grillage à plusieurs torsions au contraire, 1l arrive souvent, surtout dans certaines maisons qui se sont donné comme objectif de produire beaucoup, sans trop se préoccu- per de la qualité, que la pièce de grillage à galvaniser sortant du métier est la plupart du temps rouillée par l’eau qui coule sur le métier et qui est nécessaire pour empêcher l’échauffe- ment de ce métier. On trempe cette pièce dans un bain d’acide sulfurique qui enlève la rouille plus ou moins et qui aigrit le fil de fer, et c’est après celle opération qu’on plonge cette pièce dans le bain de zinc. Alors deux inconvénients sont à eraindre : sielle est trop décapée par l'acide sulfurique, le fer devient mauvais; si elle ne l’est pas assez, la rouille reste et insensiblement celie rouille se propage sous le zinc et le fait éclater, ce qui expose l’acheteur, au bout d’un certain temps, à n'avoir qu'un grillage absolument rongé. Il existe néanmoins des maisons qui fabriquent relative- ment de bon grillage, mais il y en a beaucoup qui en produi- sent de très mauvais, connu, en style du métier, sous le nom d'article quincaillier. En voici assez, je pense, pour vous faire comprendre com- bien il importe de n’acheter qu’à bon escient, et pour expli- quer mes préférences à l'endroit du grillage à simple torsion. Quant au prix de revient de ce grillage, il est évident que nulle part nous ne le trouverons à meilleur compte que chez le fabricant lui-même. Donc, supprimant les intermédiaires, nous n'avons rien de mieux à faire, à mon sens, que de nous rendre chez ce fabricant, dont nous trouvons l'adresse aux an- nonces du Pullelin, d'examiner ses divers modèles, avec le tarif spécial à chacun d’eux, comme nous l’avons fait chez le marchand de bois, et d'acheter en connaissance de cause. J'ai payé autrefois dans cette maison, lors de mes premières constructions, le grillage à simple torsion, fil grosseur n° 8, maille de 30 millimètres de côté, à raison de 1 fr. 60 le mètre carré. LES VOLIÈRES. 801 Plus récemment, je me suis arrêté, pour mes dernières vo- lières, à un numéro plus fin, mais aussi plus cher, et J'ai adopté ie grillage à fil n°6, maille de 18 millimètres de côté, comme étant plus pratique, nous verrons tout à l'heure pour- quoi. Ce grillage m’est revenu à 2 fr. 75. Je pense que ces tarifs sont restés à peu près les mêmes ou s'ils ont varié, ce ne peut être qu'en moins. Je vous donne donc le prix de 1 fr. 60 et celui de 2 fr. 75 comme un prix maximum et pour vous mettre à mème de vous faire, à priori, une idée approximative du chiffre de la dépense qui vous attend. Le choix de la maille n’est pas indifférent, et 1l ne me sera pas difficile de vous démontrer que la dimension de votre réseau à son influence, une influence digne d’appeler votre attention sur l'hygiène des volières. J'ai recommandé dans l’Aviculture (1), comme une excel- lente mesure, de dispenser le grain destiné à l’alimentation des Faisans et des Perdrix tenus en captivité, non pas dans un récipient de faïence, mais bien à travers le gazon dela volière, au moyen d'une espèce de semis. La portion de ce grain qui n’est pas mangée sur l'heure, ne tarde pas à germer à travers la verdure de la pelouse, et les graines germées ont la pro- priélé de constituer une nourriture très hygiénique, à la fois réconfortante et rafraichissante, pour tous les Gallinacés en général, qui la recherchent avec avidité. Vous n'êtes pas sans avoir remarqué avec quelle ardeur singulière Poules, Faisans, Perdrix, Colins, piochent la terre de leur compartiment, pour en extraire des graines germées, lesquelles, pour eux, consti- tuent un vrai régal. Eh bien, je puis vous répondre d’une chose, c’est que, si vous vous avisiez, par une raison d'économie mal entendue, de faire choix d’un grillage à mailles de 30 millimètres de côté et plus, vos graines n'auraient jamais le (temps de germer. C’est ce que se sont chargés de m’apprendre messieurs les (1) Aviculture. Faisans, Perdrix, Colins, ete. 3° édition, Firmin-Didot, édi- teur. 802 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Pierrots du voisinage, dont je nai été que trop, hélas! le maitre d'hôtel. Vous ne serez indemne du pillage des Moineaux qu’à par- tir de la maille de 25 millimètres de côté. C’est donc cette dernière maille qu’il conviendrait d'adopter comme maximum. Mais, si vous voulez me permettre un conseil, choisissez pour votre réseau protecteur la maille de 18 millimètres ou même un numéro au-dessous. Outre que vous serez par là indemne de la visite de la Belette, un forban très redoutable, vous trou- verez dans ces mailles étroites cet autre avantage de pouvoir faire servir vos volières à loger, à l’occasion, de petits oiseaux d'appartement : Perruches, Diamants, Bengalis, que beaucoup d’entre nous aiment à tenir en demi-hiberté durant la belle saison. Je crois devoir faire observer, d’un autre côté, que l’éduca- tion de jeunes Colins ou de jeunes Perdreaux de Chine, ne pourrait se faire en sécurité sous l’abri d’un grillage de 30 millirnètres de côté. Ces oisillons, qui volent de très bonne heure, peuvent parfaitement passer à travers une maille de cette dimension, ce qui vous mettrait à la merci d'une pa- nique ou d’une velléité d'école buissonnière de leur part. Nos choix faits et nos acquisitions terminées, nous pouvons procéder à nos constructions et nous allons tâcher de nous en tirer, en nous guidant avec le niveau d’eau, le mètre et l’'équerre, de la manière la plus rationnelle, la plus écono- mique, et, je dois ajouter, la plus hygiénique. Il est d’une bonne hygiène, en effet, pour les oiseaux cap- tifs, de prendre l'habitude de rentrer le soir et de passer la nuit perchés sous leur abri. Nous allons donc établir cet abri de telle sorte qu'ils soient sollicités à l’adopter d'eux-mêmes, au lieu de suivre leur ins- tinct qui les porte à coucher au dehors, à la merci des intem- péries. Rien n’est plus facile. Il suffira, pour obtenir ce résullat, que la hauteur de labri qui fait suite à la partie grillagée à ciel ouvert, soit d’un niveau supérieur à cette partie et la surplombe de 75 centimètres environ. L’aspiration instinc- LES VOLIÈRES. 803 tive des oiseaux à se percher le plus haut possible, va nous venir en aide, et cela d’une manière d'autant plus assurée que les perchoirs auront été disposés sous cet abri, en hauteur, de manière à dominer le reste de la volière. Deux perchoirs dis- posés en croix sont tout ce qu'il faut. Pour construire notre volière, notre premier souci va con- sister à trouver un chantier ou une surface plane, sur laquelle nous allons ajuster, renversée, la première des deux pièces principales, soit des deux grands côtés de la carcasse de notre édifice, lequel, vous vous le rappelez, doit mesurer 8 mètres de longueur. Donc, après avoir tracé à terre, à l’aide de cordeaux bien tendus, deux lignes parallèles, longues de 8 mètres chacune, et distantes l’une de l’autre de 1",70, nous disposons entre ces deux lignes, et d’équerre : d’abord à l’une des extrémités un premier chevron de 1",70 qui sert de premier trait d’u- nion entre les deux cordeaux; puis, 2 mètres plus loin, un deuxième chevron pareiletparallèleau premier; 2 mètresau de- là,un troisième chevronde 1",70, parallèle ausecond; 2 mètres plus loin, un quatrième chevron, long de 2,45; ce qua- trième ajusté comme les précédents sur l’un des deux cor- deaux, mais dépassant de 75 centimètres l’autre cordeau et le niveau des trois premiers chevrons. 1 mètre plus loin que ce quatrième chevron et parallèlement, un cinquième chevron, long de 2",15 ; enfin 1 mètre plus loin que le cinquième, un sixième et dernier chevron de 1",87 de long. 1 ALGER MAN EAU KT IARAIS MEPU EEE LCA ist ù Ces trois derniers chevrons, on le voit, sont de longueur oraduée, suivant la pente à donner à la toiture-abri, et sont destinés à supporter en partie cette toiture. 804 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Ils devront donc être sciés à leur sommet suivant un angle donné par l’application d’une règle plate figurant, de profil, la pente à donner à la toiture. Les six chevrons ainsi disposés à angle droit sur la ligne tracée par les cordeaux seront reliés entre eux, à la base: 4° par deux planches de 24 centimètres de largeur sur 2 d’é- paisseur, ajoutées l’une à l’autre, et superposées de champ; 2° par une de nos tringles de 12 centimètres de large; puis, à distance de 98 centimètres de cette première tringle, c’est- à-dire suivant l'alignement donné par le second cordeau, par une autre tringle de 12 centimètres. Planches et tringles, au moyen de raccordements, doivent avoir chacune une longueur uniforme de 8 mètres, qui est celle de notre volière projetée. Notre système de chevrons se trouve ainsi consolidé jusqu’à la hauteur de 1",70, qui est celle denos trois premiers piquets, et qui sera celle de la partie à ciel ouvert de notre con- struction. Pour parfaire, nous relions entre eux, à leur sommet, par une nouvelle tringle disposée à angle, nos trois grands piquets de longueur graduée destinés à recevoir la toiture, laquelle, pour la plus grande simplification, sera à un seul pan. Cette nouvelle tringle déborde le système, à chacune de ses extré- mités, de 15 à 18 centimètres, pour accentuer d'autant l'abri. Le tout est fixé à l’aide de bonnes pointes à bois, à tête large et relativement minces, pour éviter de faire éclater le sapin. Nous venons d'obtenir ainsi l’une des faces, ou plutôt lun LES VOLIÈRES. 80 des profils de notre édifice. L'autre (ou les autres, suivant que notre volière sera à un seul ou à plusieurs comparti- ments) s'établit identiquement de même, calqué sur le pre- nier, à la seule différence que planches et tringles sont assu- Jetlies en sens inverse, pour la symétrie, si la volière ne doit avoir qu’un seul compartiment. Ge sens inverse s'obtient en renversant le premier côté que nous venons de construire, et en disposant sur l’envers et sur les chevrons déjà assujettis, les chevrons destinés au second côté, lesquels sont reliés entre eux comme les premiers. Pour la suite de notre travail et pour simplifier ma démons- tration, je vais prendre pour type l’unilé, c’est-à-dire la vo- hère à un seul compartiment. Nos deux grands côtés terminés, il nous reste à les relier entre eux de manière à compléter la carcasse. Pour cela, nous les mettons debout, puis nous les ajustons, d’équerre, à 2 mètres de distance l’un de l’autre et parallèlement, à la place qu’ils doivent occuper; puis avec deux planches et deux tringles de 2 mètres de longueur, assujetties successive- ment et reliant à angle droit les deux premières parties du système, à chaque extrémité, dans le même ordre que toul à l'heure, c’est-à-dire deux planches et une tringle à la base, une tringle au sommet à 98 centimètres de la précédente, nous obtenons un commencement de consolidation. Cette consolidation va s’accentuer: d’abord en adaptant deux planches et deux tringles dans le même ordre et aux mêmes distances à partir de la base, aux deux plus grands chevrons du système, ceux destinés à supporter le sommet de la toiture ; ensuite en reliant entre eux horizontalement, par le sommet au moyen de tringles disposées de champ, tous les chevrons grands et petits du système. Seulement, pour cette dernière opération, planches et tringles devront n’avoir que 1",96 de long, parce qu’il faut tenir compte de l'épaisseur du cadre de clôture, qui est de 2 centimètres de chaque côté. Il sera d’une bonne mesure de disposer, au préalable, au ras du niveau du sol et à la place que doit occuper chaque che- vron, une brique posée à plat, destinée à lui servir d’assielte. 800 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Cette précaulion, et celle qui consiste à faire tremper avant tout emploi, dans un bain de sulfate de cuivre, le pied de chacun de ces chevrons, est ordinairement prise par les con- structeurs soucieux d’en assurer la conservation indéfinie. Les choses ainsi assujetties, nous avons oblenu la carcasse qui nous est nécessaire, et dans des conditions de cohésionel de solidité tout à fait suffisantes. Nous pouvons nous dire que le plus difficile est fait. Il ne nous reste plus qu’à assujettir une toilure-abri, un fond plein pour la cabane, des portes grillagées et du grillage, pour avoir une volière complète. Mais auparavant, il est indispensable, pour assurer la conser- vation de nos matériaux, de les enduire de deux ou trois couches de grosse peinture. Cette opération, pour être bien faite, doit s’exécuter avant la pose du grillage, et mieux, avant l'emploi des chevrons, planches, tringles et couvre- joints. La toiture-abri est bien facile à établir. Nous la ferons en planches provenant de madriers sciés en quatre traits et Juxta- posées. Ce sont les trois tringles reliant horizontalement par le sommet et deux par deux les six plus grands de nos che- vrons, qui vont lui servir d’assiette. La longueur de chacune de ces planches, à adapter en croix sur les trois tringles, est déterminée de manière à leur faire déborder leur cadre de 15 à 18 centimètres par en haut et par la partie inférieure. Elles sont fixées par des pointes fines et longues, aux trois tringles leur servant d'appui, en laissant entre chacune d'elles un espace d’un tiers de centimètre environ, pour assurer le jeu du bois, que l'humidité et la chaleur font plus ou moins travailler. Ce vide d’ailleurs est garanti par l'application de lattes ou couvre-joints de 5 à 6 centimètres de largeur. Le fond de la cabane, pour l'abri du vent d'ouest, est rem- pli par des planches de même échantillon que celles de la toiture, fixées perpendiculairement une par une aux tringles du fond. Ces planches sont revêtues extérieurement, à leurs points de jonction, de lattes ou couvre-joints, comme la toiture. Outre les trappes de communication et de service, la vo- LES VOLIÈRES. 807 lière est munie de trois portes grillagées : l’une à l’entrée de la cabane et sur le côté, une deuxième pour faire communi- quer à volonté la cabane ou abri avec la partie à ciel ouvert ; la troisième à l’extrémité de cette partie à ciel ouvert. Une vo- lière vraiment pratique doit être ainsi agencée, de façon à obtenir à volonté la séparation de ses deux parties prinei- pales; ia partie abri et la partie à air libre. Cette séparation est nécessaire lorsqu'on veut séquestrer sous l’abri les jeunes élèves les jours de pluie, ou lorsqu'on veut faire en toute tranquillité les travaux d’appropriation du dedans ou du dehors, en enfermant provisoirement les habitants ailés au dehors ou au dedans. Chaque porte s’établittrès simplement à l’aide deux tringles de 97 à 98 centimètres de longueur, disposées parallèlement suivant la largeur qu’on veut leur donner, et réunies par trois autres tringles dont l’une au milieu, les deux autres à chaque extrémité, assujetties à angle droit, mais de façon à déborder l’une des deux premières tringies, de 3 ou 4centimètres, pour pouvoir porter sur un chevron ou un montant. L'un des côtés de la porte ainsi obtenue est muni de deux charnières; l’autre côté, d’un ou deux tourniquets en dedans pour assurer la fermeture intérieure. Deux autres tourniquets sont adoptés sur le chevron ou le montant sur lequel vient s'appuyer la porte pour la fermeture extérieure. Ces tourniquets sont faits avec des bouts de lattes de 10 centimètres de longueur, assu- Jettis avec de petits boulons. J'ai parlé tout à l’heure d'ouvertures à trappes. 808 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Ces sortes d'ouvertures sont très uliles en ce qu’elles per- mettent de faire le service sans avoir à entrer dans l'habitation des oiseaux, ou de les faire passer d’un compartiment dans un autre sans les effrayer. On peut percer les ouvertures après coup, mais c’est long et difficile. Il est beaucoup plus simple de les faire à la scie, avant la pose des planches, en faisant mordre l’instrumentmoitié sur la planche inférieure, moitié sur la partie correspondante de la planche supérieure. J'aurais pu faire cette observation plus tôt, mais je ne vou- lais pas compliquer ma démonstration. Nous venons d'établir une volière à un seul compartiment. Si nous avons à construire une volière à plusieurs comparti- ments, la seule modification à apporter consiste en ce queles planches et tringles destinées au raccordement de chacun des grands côtés du système, au lieu d’avoir une longueur de 2 mètres, comporteront une longueur d’autant de fois 2 mètres qu'il y aura de compartiments à établir. Pour le coup d’œil et à titre d'ornement, nous pouvons revêtir de lattes couvre-joints,appliquées horizontalement sur le pourtour, les Jointures des planches et des tringles du bas de la carcasse. Les couleurs les plus en usage pour peindre üne volière et lui donner son dernier cachet, sont l’ocre jaune ou le gris perle, qui tranchent sur la verdure du jardin ; les chevronset les lattes sont peints en noir, de manière à faire ressortir les autres nuances de l’ensemble. Notre construction est presque terminée ; il ne nous reste plus qu’à la revêtir de son réseau protecteur. Grâce au gril- lage à simple torsion, entouré de sa lisière de fil de fer galva- nisé, nous allons voir que rien n’est plus facile. Ce grillage se fabrique en toute largeur, jusqu'à concur- rence de 4 mètres. Cependant je n'emploie pour mon usage qu'un réseau de 1 mètre de large, lequel, au moyen de cou- tures, me sulfit pour tous les cas donnés. Nous allons commencer notre revêtement par le haut de la partie à ciel ouvert. C’est par là que la pratique m’a enseigné qu’il faut commencer. En effet, si nous avons débuté par les LES VOLIÈRES. 809 côtés, nous n'avons plus le passage libre à droite et à gauche, ce qui nous eût gènés dans l’opération. La partie à revêtir en premier lieu consiste, nous l’avons vu, en un espace formant une sorte de grand cadre de 6 mètres de long sur 2 mètres de large, épaisseur des tringles du sommet comprise. Îci aucune difficulté. Nous déroulons, à terre, notre pièce de grillage de 1 mètre de largeur, et, le coupe-fil de fer en main, nous en retranchons deux coupons de 6 mètres chacun. Chaque section se fait en sacrifiant un rang de mailles, — un très léger sacrifice. Cela fait, nous assujellissons chacun de ces coupons de chaque côté du cadre à remplir, dans le sens de la longueur de ce cadre, au moyen de quelques pointes provisoires destinées à être enlevées dès que nous aurons acquis la certitude que notre réseau est bien ajusté de chaque côté. | Ce réseau est assujetti ensuite par une de ses lisières sur l’arête qui lui sert de support, avec des attaches formant crampon, ou encore avec des pointes fines qu’on enfonce à moitié dans le bois, puis qu’on rabat en croix sur la lisière du grillage. Les deux coupons sont disposés en longueur de manière à laisser flotter chacun d’eux en dedans du compartiment, sauf l'obstacle présenté par les traverses reliant horizontalement le haut des chevrons deux par deux, qui est insigmifiant et dont il n’y a pas à se préoccuper. Une attache ou une pointe toutes les trois ou quatre mailles sur la partie du réseau protégée par une lisière est très suffi- sante, mais aux points de section, où cette protection n'existe pas, il est bon d’assujetlir une attache à chaque maille. Après avoir fixé les coupons aux deux grands côtés du cadre à revêtir, nous les réunissons à chacune des extrémités de ce cadre, de manière à les faire se joindre exactement; nous les y clouons maille par maille, puis à l’aide de bouts de fil de fer galvanisé et flexible, nous les cousons-ensemble par les deux lisières laissées flottantes comme on coud un drap de lit. Restent les côtés et les clôtures intérieures. 810 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Vous vous souvenez peut-être que, lors dela pose des tringles qui ont servi à relier notre système de chevrons, nous avons laissé entre ces tringles un espace libre de 98 centimètres. C’est notre grillage de 1 mètre de largeur qui va remplir cette lacune en mordant de 1 centimètre sur la tringle supérieure et d'autant sur la tringle inférieure. Après avoir coupé comme tout à l’heure une pièce de gril- lage de la dimension du côté à revêtir, nous assujettissons provisoirement, comme nous l’avons fait précédemment, cette pièce par une de ses lisières, en commençant parle haut. Le bas de la pièce flotte comme un coupon d’étoffe et le réseau prend de lui-même sa disposition naturelle. Pour le coup d'œil il est préférable que l’attache du grillage soit faite en dedans de la volière ; mais alors au point de Jonction des tringles lui servant d’assiette avec les chevrons, il convient de faire, à l’aide du ciseau et du maillet, une petite entaille de 1 centi- mètre pour faciliter l'application exacte du réseau. Le devant de la volière, de 2 mètres de large, séparé en deux par une tringle assujettie debout, vers le milieu, et des- tinée à recevoir la porte ; le devant de la cabane pareillement aménagé ; les portes et les autres parties rectangulaires ne présentent pas de difficultés; mais les portions triangulaires sont plus difficiles à grillager. Il convient, pour les triangles, de couper son réseau en carré, de lassujettir à commencer par le bas, en le repliant suivant les exigences du triangle, de le fixer par des attaches ou des pointes, et enfin de le couper après coup, en s’arrangeant de manière que la coupe nous donne de quoi revêtir un autre triangle. Lorsque le besoin s’en présente, les diverses opérations par lesquelles nous venons de passer s'effectuent à l’aide de deux de nos planches disposées l’une sur l’autre et à plat, sur le dessus de la carcasse de notre édifice, et qui servent de pont volant et d’assiette pour faciliter le travail, et au besoin les réparations. Toute légère qu’elle paraisse, notre charpente présente une solidité suffisante pour nous le permettre sans danger. Pour les volières à plusieurs compartiments, la séparation LES VOLIÈRES. 811 sous la partie couverte, est en planches, par le bas, jusqu’à hauteur de 60 centimètres, et en grillage (y compris la porte de communication) pour le surplus ; de telle sorte que labri, complet lorsque les oiseaux sont à terre et au repos, est ou- vert à tous les vents au delà de cette hauteur de 60 centi- mètres, pour la plus grande facilité du renouvellement de l'air qui circule librement, et pour la plus grande salubrité. L’hygiène, vous le voyez, s'impose partout, jusque dansles coustructions des volières, où l’on ne se serait guère attendu à la trouver. Je ne suis pas fâché, je vous l'avoue, de la prendre encore une fois sur le fait, parce que j'estime qu’elle sera ma meilleure excuse pour le temps que je vous ai fait dépen- ser en vous exposant ma manière de voir au sujet du loge- ment des Faisans et des Perdrix tenus en captivité. Avant de terminer, je crois devoir aller au-devant d’une critique que vous n'avez pas manqué de m'adresser, car elle m'est faite par la plupart de mes visiteurs, au sujet du peu de bauteur (1,70) de la partie à ciel ouvert de mes logements d'oiseaux. Il est de fait qu'une personne, même de taille moyenne, éprouverait quelque difficulté à circuler dans cette partie des compartiments ; il lui faudrait pour cela se baisser plus ou moins, ce qui doit être fort gênant pour le service. Mais je dois vous dire qu’en premier lieu, jamais je Re mets les pieds dans ces petits parcs ; cette partie du domicile des Faisans reste inviolable et inviolée. Le service des oiseaux se fait au moyen des ouvertures à trappes, fonctionnant à l’exté- rieur. Lorsque par hasard j'entr'ouvre la porte grillagée qui sert d'entrée à l'extérieur, c’est pour renouveler l’eau ; mais je n’ai pas pour cela besoin d'entrer. En second lieu, au point de vue des habitants, outre que cette disposition n’a pas d’inconvénients pour eux, puisqu'elle ne leur enlève pas une parcelle de terrain destiné à la prome- nade et au pâturage, elle présente cet avantage de ne pas leur permettre, en ças de panique, de prendre champ pour de grandes envolées et d’être une garantie contre les chances d'accidents. Enfin elle permet de réaliser une économie très réelle sur la quantité des matériaux à employer. 12 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. J'ai oui dire qu’il existe, en Angleterre, une opinion assez répandue, d’après laquelle il serait dangereux de faire trois ans de syite l’éducation de Faisans sur le même terrain. Eh bien, je puis vous certifier que, depuis des années que J'ai adopté le système que je viens d’avoir l'honneur de vous dé- velopper: conditions d’espace, assainissement, aménagement, précautions d'hygiène, y compris l'habitude que j'ai prise de DT l’eau de boisson dans des siphons de fer Lagrange, J'éiève très couramment mes Faisans, sans avoir à compier avec les maladies infectieuses ou épidémiques dont J'étais autrefois tributaire. En relisant mon manuscrit, une chose me frappe, c’est la place qu’y occupe la dernière partie de mon sujet : la con- struction économique des volières. J’avoue que le développe- ment de la question de pratique m'a entraîné un peu loin, mais je tenais à êlre aussi complet que possible et, en défini- üve je ne suis pas fâché d’avoir rompu cette lance pour l’ac- climatation. Ce qui arrête, en effet, beaucoup de bons vouloirs lorsqu'il s’agit de se mettre à l’œuvre, c’estla dépense. Les promenades au Jardin zoologique du Bois de Boulogne nous laissent, la plupart du temps, impressionnés, et nous en revenons avec le désir de faire quelque chose ; de posséder, d’acclimater et de faire reproduire quelques-uns de ces splendides oiseaux qui ont frappé notre vue. Nousnous adressons au mécanicien. Le mécanicien ne demande pas mieux que de nous fournir pour nos pensionnaires en perspective un logement plus ou moins artistique. Demandez-lui le prix d’une volière mesu- rant 16 mètres carrés, il vous répondra: 3000 francs, et vous voilà calmé. Or vous plait-il de faire, grosso modo, le calcul du prix de revient de la volière de 16 mètres que nous venons de con- struire ensemble. Ce sera vite fait: bois de charpente, environ 90 francs ; grillage, dans les mailles extra-fines, à raison de 90 mètres à 2 fr. 75, 110 francs ; mettons 40 francs de pein- ture, clous, charnières et autres accessoires ; total, 200 francs, main-d'œuvrenon comprise,etavecla main-d'œuvre 250francs. LES VOLIÈRES. 813 Il est entendu que pourlesvolières à plusieurs compartiments la dépense sera réduite d’un quart à cause de l’économie résultant des clôtures mitoyennes. Notez de plus que nos constructions ont été faites avec des matériaux de premier choix. Avec des prix de cette douceur, il sera facile, je pense, d'amener tousles bons vouloirs à se donner carrière, puisque, ce que le commerce ne peut établir à moins de 3000 francs, chacun de nous pourra se le procurer, dès qu'il le voudra, moyennant une dépense maximum de 250 francs. Ce dernier chiffre est trop éloquent pour que je n’en fasse pas mon mol de la fin. 4° SÉRIE, T. I. — Octobre 1884. 93 ÉTUDES SUR DIVERS LÉPIDOPTÈRES HÉTÉROCÈRES ATTACIENS SÉRICIGÈNES ÉDUCATIONS FAÎTES EN 1883 À CHAMPROSAY (SEINE-ET-OISE) Par M. J. FALLOU . Antheræa Frithii (Moore). Dans mon rapport sur cette espèce inséré au Bulletin de la Société nationale d’Acclimatation (n° 6, juin 1883, p. 319), j'ai dit qu’il me restait dix Cocons de cet Attacien qui n’avaient pas donné leurs Papillons, mais que cependant je continuerais à les observer, ce que je n’ai pas manqué de faire. Pendant l'hiver j'ai placé ces Cocons dans un endroit sec, non habité, à l'abri des gelées. Aux premiers Jours du mois de mai, époque à laquelle étaient éclos en 1882 les premiers Papillons, je commencçai une surveillance journalière ; le 7 juillet seulement est éclos un Papillon mâle. Serait-il donc présumable, ainsi que nous l’avons déjà dit, que l’époque de l’éclosion de cette espèce dans son pays natal doive s’opérer pendant l'été? A la fin de novembre de cette année 1883, j'ai ouvert piusieurs Cocons et J'ai pu constater la vitalité de deux chry- salides. Ainsi cet Attacien asiatique subit dans notre pays les mêmes phases que beaucoup d'espèces de nos Lépidoptères indi- gènes qui nés de la même ponte sortent les uns à un temps déterminé de leurs chrysalides, tandis que d’autres n’éclosent qu'après une et parfois même plusieurs années. Cet état léthargique prolongé existe aussi chez les espèces les plus petites de différents genres de la tribu des Phaléniens. Ce qui prouve que, lorsque l’on tient à obtenir les Lépido- ptères de chrysalides, on ne doit pas trop se hâter de délaisser leurs Cocons. SUR DIVERS LÉPIDOPTÈRES HÉTÉROCÈRES. S19 Atlacus Prometheus (Drury). M. Charles Bureau s’est occupé avec succès de l’élevage en chambre de l’Atiacus Prometheus et nous a fait connaître ses tentatives dans un intéressant rapport inséré au Bulletin de la Société nationale d’Acclimatation (n°8, août 1880, p. 345), où l’auteur donne les détails les plus complets sur toutes les phases de ce Bombycien séricigène. Je n’aurai donc que peu de faits à signaler sur cette espèce. Aussitôt l’arrivée des Cocons, 1* juin 1883, je les ai placés dans un endroit abrité de la pluie, mais qui est resté con- stamment ouvert à l’air libre, soumis ainsi à toutes les varia- tions atmosphériques qui, aux mois de juin et juillet de cette année, ont été des plus fréquentes dans nos environs. Ces Cocons sont fusiformes, quoique un peu tronqués du côté opposé au pédoncule qui sert à fixer à la branche le pétiole de la feuille. Vides, leur poids approximatif est de 5 décigrammes, la soie parait douce et fine ; elle affecte la couleur des feuilles mortes. ; Dix-huit Papillons, dont dix mâles et huit femelles, sont éclos de la fin du mois de juin au 1% septembre et à des intervalles sans doute trop éloignés pour que les accouple- ments puissent se produire dans les conditions voulues pour leur reproduction. Outre les intervalles d’éclosion, il se peut que la tempéra- ture changeante de la saison d’été ait été capable d’agir d’une manière défavorable sur les chrysalides, ainsi que cela a lieu pour les Chenilles et les Papillons. M. C. Bureau, dans le mémoire cité plus haut, dit que, quoique ce ver soit rustique, il a été obligé par une année froide de chauffer le local où se trouvaient ces Chenilles ; il ajoute que les accouplements de cette espèce sont très diffi- ciles et qu’il faut un grand nombre de sujets placés dans un emplacement très vaste à une température assez élevée. Sur dix-huit Papillons obtenus de ces Gocons, dix-sept sont 810 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. parfaitement développés, un seul mâle offre un cas d’ectro- mélie, trois ailes sontnormales, inais l’aile supérieure gauche manque complètement. L’éclosion des Papillons a lieu vers le milieu du jour et non pas le soir comme pour les espèces au voisinage desquelles les naturalistes ont cru devoir placer À. Prometheus. Une autre remarque: dans le Prometheus au repos, les deux sexes portent les ailes dressées l’une contre l’autre comme l’Aglia Tau et non pas étendues à plat, ainsi que se posent plusieurs autres Attaciens, tels que Yama-Maï, Pernyi, Frithu, etc., etc. Plusieurs femelles ont pondu, mais des œufs non fécondés. La vitalité de À. Prometheus est de quatre à cinq jours pour les mâles et de sept à huit pour les femelles. Des cinq Cocons restant l’un contenait une Chrysalide vivante, deux étaient desséchés, les deux autres renfermaient des Coques d’un parasite hyménoptère, l'Ophion Mærurum, fréquent dans l'Amérique septentrionale. Une seule des conditions indiquées par M. C. Bureau pour la reproduction de Prometheus n'a pas manqué chez moi, c’est l'emplacement vaste; mais le nombre des sujets et la température élevée ont entièrement fait défaut, vu que mes pensionnaires dans le milieu où je les avais placés n'étaient pas dans les conditions normales, ayant dû subir plusieurs fois, au mois de juillet, une température exceptionnelle en cette saison, soit 10 à 12 degrés seulement. D'après les indications de M. C. Bureau et mes observations personnelles, je crois donc pouvoir conclure que les éduca- tions en plein air de A. Prometheus sous notre climat ne sont pas appelées à donner des résultats aussi satisfaisants que nous pouvions l’espérer. Attacus Gecropia (Linn.). Je ne m'étendrai pas longuement sur cette espèce, qui a été élevée par tous les éducateurs qui se sont occupés de l’accli- matation si importante en Europe des nouveaux Bomhyciens séricigènes. SUR DIVERS LÉPIDOPTÈRES HÉTÉROCÈRES. 817 La variété des végétaux sur lesquels peuvent vivre leurs Chenilles fera, on peut l’espérer, que dans un avenir prochain il en sera de cette espèce comme de l’Altacus Cynthia (Drury), le Ver à soie de l’Aïlante qui se multiplie maintenant presque dans tous les pays où se trouve le Faux Vernis du Japon, À ilantus glandulosa. La Société nationale d’Acclimatation m’a confié, au 1* juin de cette année, vingt-cinq Cocons de À. Cecropia provenant d’un envoi de M. A. Wailly, de Londres, éducateur qui con- sacre chaque année ses soins à l'introduction en Europe des espèces séricigènes exotiques. Des vingt-cinq Cocons reçus sont éclos dix-huit Papillons, onze mâles et sept femelles; les éclosions ont eu lieu du 4 juin au 6 juillet, il y eut accouplement le 22 juin, la femelle pondit; j'en conservai les œufs. Deuxième accouple- ment le 1* juillet, avant la ponte de cette dernière femelle je donnai la liberté à ce couple, ainsi qu’à plusieurs autres Papillons mâles et femelles qui étaient éclos précédemment et dont je n’avais pas observé d’accouplement; ces Papillons, qui étaient restés immobiles pendant le jour, ont, aussitôt le crépuscule, pris leur essor vers la campagne; que sont-ils devenus? Malgré mes investigations réitérées, je n’en revis aucun; ont-ils été la proie des oiseaux de nuit ou des Chauves-souris”? ces animaux sont, en elfet, très communs dans nos environs. Les Chenilles provenant de l’accouplement du 22 juin sont sorties des œufs du 9 au 11 juillet, je les ai mises aussitôt écloses en plein air sans aucun abri sur les végétaux suivants: Prunier (cultivé et non greffé), Pommier, Erable- plane, Coudrier, Lilas commun, où elles ont vécu indistine- tement plus ou moins longtemps; ce n’est nullement leur nourriture qui les a fait périr, mais bien leurs ennemis. Dans leurs premiers âges ces Chenilles se rassemblent sur les feuilles, elles deviennent alors la proie des Guêpes, et sur- tout des Araignées, plus tard les petits oiseaux leur font une guerre acharnée; lorsqu'elles sont adultes, les gros oiseaux de nuit et les Chauves-souris savent bien les trouver, on peut les voir au crépuscule passer et tourner entre les branches 818 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. les arbres habités par des Chenilles, ce qui m’a convaincu que pour parvenir à obtenir en plein air les Cocons de celte espèce, ont doit les abriter complètement surtout dans leur jeune âge d’une enveloppe de gaze. Voici le fait le plus intércssant que j'ai remarqué cetle année sur ce Bombycien et qui peut en faire espérer l’acclimatation. Le 17 août dernier, j’aperçus dans mon jardin une Mésange à tête bleue (Parus cœruleus, Linn.), en train de picoter sur un Prunier non greffé; en m'approchant, je reconnus que cet oiseau avait découvert avant moi, sur ce Prunier, des Che- nilles de l’A. Cecropia, dont les œufs devaient avoir été déposés sur cet arbre par une des femelles des Papillons aux- quels j'avais donné la liberté, car je n’avais point déposé de Chenilles dans cette partie de mon jardin (1). Voyant tous les jours diminuer le nombre de Chenilles, tant des endroits où je les avais placées que de l’arbre où j'avais fait mes nou- velles découvertes, je pris le parti d’envelopper celles-ci d’un manchon de tulle. Le 28 septembre, quatre Cocons étaient formés. Quoique les Cocons de cet Attacus puissent sous notre climat passer l'hiver sur les arbres ou les Chenilles les ont filés, j'ai préféré les récolter, comptant les observer l’an prochain afin de continuer mes études sur cette intéressante espèce. N'ayant eu que dix-huit Papillons d’éclos sur vingt-cinq Cocons, il me reste à faire connaître le résultat de sept autres. Un Cocon de A. Polyphemus se trouvait parmi eux et une femelle de cette espèce en est éclose le 17 juin. Le 24 du même mois est sorti un parasite, grand Zchneumonien Ophionide, Ichneumon Maerurum (Linn.), espèce de la Nouvelle Orléans. En faisant l’ouverture des cinq derniers j'ai pu voir une chrysalide vivante, cas déjà observé à propos de À. Frithü, deux Cocons avec chrysalides desséchées et sur l’une d'elles, sous la première enveloppe, un groupe de chrysalides d’un (1) J'engagerai à celte occasion les personnes qui s'occupent d'éducation d'espèces séricigènes à donner la liberté à un certain nombre de leurs élèves et à nous faire connaître ensuite, dans un intérêt général, les résultats qu’elles auraient obtenus. SUR DIVERS LÉPIDOPTÈRES HÉTÉROCÈRES. 819 Lépidoptères que nous croyons appartenir à une Lithoïidæ. Les deux autres contiennent de quinze à dix-huit Nymphes d’un parasite hyménoptère du genre Cryptus, qui a vécu aux dépens de la Chenille. Attacus Pernyi (G. Mén.). Les résultats de mes éducations de ce Bombycien en 1882 ayant été satisfaisants, m'avaien! engagé à continuer de nou- veaux essais d’acelimatation en plein bois et je comptais pour cela sur les Cocons qui n'avaient pas donné leur Papillon en 1882 et devaient éclore cette année. Sachant que je devais poursuivre mes éducations de cette espèce, M. Huin me confia les Cocons obtenus en forêt en 1882, par M. Blaise, cultivateur à Choloy (Meurthe-et- Moselle) (1). Je conservai tous ces Cocons dans un endroit sec et à basse température, afin de retarder autant que possible les éclosions des Papillons et par suite de leurs Chenilles, dans le but de chercher à n’obtenir qu'une seule génération dans l’année; un retard appréciable s’est manifesté sur les éclosions de cette année : en 1880 mes Chenilles sont écloses du 7 au 10 mai, en 1882 du 11 au 16 du même mois et en 1883 du 8 au 21 juin, soit plus d’un mois après celles de 1880. Les Papillons sont sortis cette année du 1° au 17 mai, il eut un nombre relativement assez grand d’avortements dus sans doute aux conditions dans lesquelles étaient placés les Cocons. é Sur trente-trois Papillons éclos, onze mâles et huit femelles sont bien venus, cinq mâles et six femelles étaient avortés, ou mal développés, trois femelles écloses avec les ailes à échancrures symétriques, difformités alaires, aberration déjà plusieurs fois signalée, particulièrement dans une intéres- sante Note avec figures, de notre honorable confrère M. M. Girard, insérée au Bulletin de la Société nationale d’Acclimatation, numéro de décembre 1882. (1) M. Blaise a obtenu en 1882 pour cette éducation une récompense de la Société nationale d’Acclinatation. 820 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. Après avoir donné les détails des sujets obtenus de diverses éducations de À. Yama-Mai, A. Pernyi, l'auteur ajoute que ces observations peuvent provenir d’une dégénérescence des Papillons due à des éducations captives plus ou moins à la chambre, mais qu'il est probable que ces faits ne se présen- teront plus quand lPAttacus Pernyi sera entièrement accli- maté en France. Cette année, ayant eu la satisfaction d’assister à l’éclosion de plusieurs Papillons, je crois avoir reconnu une des causes de ces avortements. Ceux des Cocons munis de pédoncules et qui ont pu être suspendus verticalement ainsi qu'ils le sont oénéralement dans la nature n’ont donné aucun sujet avorté, le contraire s’est produit pour ceux dont les pédoncules man- quaient et que J'ai dû suspendre moins convenablement. Lorsque le Papillon sortait de son Cocon, son poids faisait basculer ce dernier quise trouvait alors dans une position horizontale. Dans ce cas, l’insecte, ne se trouvant pas dans une attitude favorable à son développement, cherche sa position normale ; or pendant ce temps 1l a perdu les ailes, celles-ci étant remplies d’un fluide liquide nécessaire à leur accrois- sement, ce fluide se dessèche, la circulation se fait incomplè- tement, et par suite certaines parties des ailes se contournent sous les formes les plus bizarres. Un autre motif peut aussi avoir une certaine influence sur nos Cocons, el provoquer des éclosions anormales ; du mois d'octobre au mois de mars ils ont été souvent déplacés pour être soumis à différents examens ; les observations attentives auxquelles ils ont donné lieu endommagèrent un certain nombre de Chrysalides, car, lorsque je fis l'ouverture des Cocons dont les Papillons n'étaient pas éclos, je trouvai plu- sieurs Chrysalides mortes par écrasement; d’autres qui n'avaient subi que de légères pressions et qui malgré leurs blessures avaient donné des Papillons, mais sans doute avec vices de conformation. IL est à remarquer que tous les sujets difformes dont il a été ici question n’ont pas accompli l’acte de copulation ; deux femelles aberrées avec des échancrures aux ailes ont été SUR DIVERS LÉPIDOPTÈRES HÉTÉROCÈRES. 821 sacrifiées sans avoir pu obtenir les faveurs des mâles bien conformés. Du 13 au 16 mai des éclosions normales de Papillons ayant eu lieu sans apparence d’accouplement, je donnai la volée dans la forêt de Senart à trois couples provenant de nos deux éducations 1882, je ne les revis plus, mais peut-être un Jour pourra-t-on découvrir leurs traces. Pour moi, ce serait voir mes désirs comblés que de retrouver leur progéniture. Du 18 au 20 mai il y a eu deux accouplements, dont la durée a été d'environ vingt-quatre heures, le premier entre un mâle et une femelle élevés par M. Blaise, à Choloy, le second entre un mâle provenant de Senart et une femelle de Choloy. J'ai tenu à essayer le croisement de ces deux éducations provenant de différents pays, espérant pouvoir obtenir une race plus robuste. Je conservai les œufs pondus par ces deux femelles et les observai avec attention. Les Ghenilles sont écloses du 8 au 21 juin, chaque jour Je les portais en forêt dans un taillis de chênes où Je les plaçais sous un abri préparé à l’avance. Cette cabane se compose de cinq châssis légers garnis de toile claire, commode à trans- porter d’une cépée à l’autre; chaque châssis mesure 1 mètre de large sur 1",20 de hauteur, pouvant se réunir en un cube en quelques minutes au moyen de pitons placés à chaque angle et fixé en terre par quatre triangles en fer léger. Avec ce système il est facile d’entourer et de couvrir une cépée de 1 mètre carré. Deux cent soixante-dix Chenilles ne paraissaient pas sous cet abri pendant leur jeune âge, mais il n’en fut pas de même à leur dernier. Leur première mue s’est faite dans les meilleures condi- tions, sans mortalité du 3 au 10 juillet. Le 16 du même mois il ne restait plus de feuilles à la cépée, je coupai avec soin les branches qu’occupaient les Chenilles et sans les toucher je les transportai sur une nouvelle. Du 12 au 21 juillet la température fut froide et pluvieuse, les Chenilles n’ont pas paru en être alfecties. 822 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Pour abréger ce récit déjà trop étendu, je ne donnerai ici que le relevé succinct de mes notes journalières : 25 juillet. Je change pour la troisième fois de cépée, les Chenilles grossissent à vue d'œil; plusieurs visiteurs, entre autres notre honorable collègue M. M. Girard, constatent avec plaisir la santé et la beauté des Chenilles. 1% août. Nouveaux changements de place, quelques-unes ont été blessées, elles commencent leur dernier sommeil, point de mortalité. 8 août. Elles ont toutes fini de passer leur dernière mue. 10 août. Plusieurs Chenilles malades : celles-ci cessent de manger, des taches noires apparaissent; le 12, les taches se réunissant s'étendent sur tout le corps. 44 août. Plusieurs sont mortes, restent accrochées aux branches par leurs pattes anales ; je les enlève de dessous l'abri. 17 août. Elles ont atteint leur plus grande dimension; je suis encore obligé par le manque de feuilles de les transporter sur un nouveau buisson, je crois que, vu la grosseur des Chenilles, la cabane devient trop petite. 20 août. La température est devenue plus sèche et plus chaude, j'ai recours aux arrosements. 2/ août. Les malades meurent, je constate de nouveaux cas de maladie. 28 août. Il ne reste plus de feuilles, je les change pour la sixième fois, je ne vois que deux Cocons filés, soit plus d’un mois après ceux obtenus en 1882. 30 août. Le nombre des Chenilles malades et des mortes augrnente, les bien portantes mangent toujours. 4 septembre. Je ne conserve plus l'espoir de sauver le reste des vivantes, tant il y a encombrement de corps pendus aux branches ; je les enlève tous pour les transporter loin de l'abri, je récolte trois nouveaux Cocons. o septembre. Je vais à Paris soumettre à M. le professeur Balbiani un certain nombre de Chenilles malades, il est en vacance, je ne puis que laisser chez lui quelques exemplaires conservés dans l’alcool. SUR DIVERS LÉPIDOPTÈRES HÉTÉROCÈRES. 823 13 septembre. Il ne reste plus aux branches que des corps morts, mous et noirs. Deux cent soixante-dix Chenilles ont absorbé pour leur nourriture les feuilles de six cépées de chênes mesurant approximativement chacune 1 mètre cube; en défalquant leurs bases moins garnies de feuilles, on peut admettre qu’elles ont mangé environ à mèlres cubes; d’après mes observa- tions, je crois qu’ii serait préférable de ne placer qu’une cinquantaine de Chenilles par mètre, elles seraient changées moins souvent de buisson et l’état sanitaire des abris serait dans des conditions meilleures. Ainsise termine cette éducation qui, de prime abord, pouvait donner l’espérance d’une réussite complète et qui se réduit à la récolte de cinq Gocons. Seront-ils viables ? Aujourd’hui seulement, 24 décembre 1883, M. Balbiani m'apprend que mes élèves étaient attaqués par la pébrine. Le professeur conseille, pour combattre cette maladie, de faire le lavage des œufs pour détacher les corpuscules déposés sur leur surface extérieure par les femelles au moment de la ponte. Une lecture dans le Traité élémentaire d’entomologie, par M. M. Girard (1. IL, fase. 1°, p. 489, J.-B. Baillière et fils, Paris 1882), m'a fait connaître que les vers de différentes espèces d’Attacus de chêne subissent aussi en certaines années dans leur pays natal des maladies analogues et présentent les mêmes symptômes que ceux qui ont fait périr nos vers cet été. En tenant compte de ces antécédents, cette mauvaise année ne doit pas arrêter ma persévérance et m'engage au contraire à continuer mes tentatives d’acclimatation de ce précieux Bombycien. J'ai obtenu cette année la même bienveillance que les années précédentes, de M. l: Conservateur des forêts de l'État, ainsi que de M. Rich, inspecteur, et du garde Guiard ; qu'ils veuillent bien ici recevoir l'expression de ma vive re- connaissance. LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES _ EXOTIQUES, PEU CONNUES OU INCONNUES Par M. A. PAILEIEUX Membre de la Société nationale d’Acclimatation, et M. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséum. (Suite.) Phytolaque à dix étamines. PHYTOLACCA DECANDRA L. Fam. des Phytolaccacées. Plante vivace, haute de 2 à 3 mètres, à racines épaisses et charnues, à tiges cylindriques, glabres, sillonnées ; feuilles amples, ovales-lancéolées, aiguës, à peine mucronées, molles. En août-septembre, fleurs d’abord blanches, puis pourprées, disposées en grappes assez longuement pédonculées, plus longues que les feuilles ; pédicelles deux fois plus longs que le calice, qui a 3 divisions profondes; étamines 10, ovaire unique surmonté de 10 styles; fruit charnu, souvent à 10 côtes. «Le mot Phytolacca, donné par Linné à cette plante, dérive d’un mot grec qui signifie plante, et de lacca, laque ; et en effet, toutes les espèces de ce genre ont une teinte rouge. Leurs feuilles deviennent de cette couleur sur l’arrière-saison, aussi bien que leurs fruits, alors pleins d’un suc rouge comme la laque, et que les teinturiers peuvent fixer Jusqu'à un cer- tain point au moyen du sulfate d’alumine et de l’ammoniaque liquide. On la cultive en Europe... » … Elle est originaire de l'Amérique septentrionale et se LE POTAGER D'UN CURIEUX. 829 trouve particulièrement en Virginie. Elle s’est naturalisée dans les contrées méridionales de l’Europe, et même en France, aux Antilles, dans les colonies de la Martinique et de la Guadeloupe, à Saint-Domingue (Haïti), etc. » On mange, en guise d’épinards, les sommités du Phyto- lacca, que les dames créoles recherchent pour leurs calalous. Quelques fraudeurs colorent le vin avec le suc de ses baies, qui lui donne un goût acerbe et désagréable (1). » Descourtilz n’est pas le seul qui nous présente le Phyto- lacca comme une plante alimentaire usuelle. William Dar- lington, dans son Agricultural Botany, Philadelphie, 1847, nous dit que les jeunes pousses du Phylolacca sont un bon succédané de l’Asperge ; que ses baies müûüres ont même été employées par les pâtissiers à faire des tartes d’un mérite douteux. Il ajoute cependant que la plante est traitée comme une mauvaise herbe par les fermiers soigneux. Pépin, dans la Revue horticole, 1847, vol. IX, p. 218, pré- tend qu’on a pu remarquer pendant les mois de janvier et de mars, chez plusieurs marchands de comestibles de Paris, des tiges blanchies du Phylolacca decandra. « Ges tiges, assez semblables à des Asperges, se vendent, dit-il, en grande quantité sur les marchés des États-Unis, où celte plante est regardée depuis longtemps comme alimentaire. M. Lakanal, qui résida pendant plus de vingt ans au Kentucky, lui a as- suré qu’elle y était estimée comme un excellent légume (2). » Plusieurs personnes à Paris en ont fait l’expérience et n’ont pas trouvé ce mets de leur goût; mais il paraît que cet avis n’est pas général, puisque le Phytolacca est devenu, mo- mentanément du moins, une plante culinaire chez nos prin- cipaux restaurateurs. » M. Jean Sisley a publié dans la Revue horticole, 1868, p. 440, une note traduite de l'American Agriculturist, même année: « La vue de longues grappes de baies d’un violet noi- râtre, que porte cette belle plante, mürissant en ce moment, (1) Descourtilz, Flore des Antilles, vol. V, p. DU (2) Nuttall, The genera of North Amer., t. [, p. 293. Les jeunes pousses du Phytolacca, préalablement bouillies, sont alimentaires. 826 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. nous rappelle l’excellence de ses pousses au printemps. Elles sont nombreuses, de la grosseur du doigt et garnies de feuilles non développées. Ces pousses, coupées lorsqu'elles sont en- core jeunes, et cuites comme des Asperges, sont si délicates, que quiconque en à goûté en veut manger encore. » Puisque les pousses sont bonnes, prises sur les plantes qui croissent au bord des chemins et des haies, sans culture, il est probable qu’elles seront meilleures lorsque la plante sera cultivée dans les jardins. Nous recommandons donc qu’au lieu de la traiter comme une mauvaise herbe, on la cultive avec soin, et nous conseillons à ceux qui voudraient en faire l'essai de transplanter les racines à l’automne, de diviser les orosses touffes et de les planter à Î mètre de distance dans un sol bien labouré et fumé. » Nous savons bien que celte plante est réputée pour ses qualités médicinales, mais, quoi qu'il en soit, les jeunes pousses perdent par la cuisson leur propriété médicamen- teuse, et nous connaissons bon nombre de personnes qui en mangent depuis des années sans en avoir éprouvé le moindre inconvénient. » La rédaction de la Revue ajoute : « Nous rappelons à nos lecteurs, ainsi que nous l'avons rapporté dans notre Chronique (1868, p. 283), que le Phytlolacca, grâce aux recommanda- tions de M. Lacalm, est employé dans certaines parties de l'Aveyron, les feuilles comme Épinards, les tiges comme Asperges. » Nous croyons aussi devoir rappeler que, en Chine, on uti- lise pour les mêmes usages le Phylolacca edulis, plante plus naine, qui paraît être originaire de ce pays. » M. Braconnot, de Nancy, a fait des expériences sur le P. decandra. Xl a conclu de ses expériences : 1° que la potasse existe en énormes proportions dans ce végétal; 2° que ses cendres fondues peuvent entrer dans le commerce comme un alcali assez riche ; 3° que la potasse est saturée dans la plante par un acide analogue à l’acide malique, mais qui en diffère sous quelques rapports ; 4° que les baies peuvent fournir par la fermentation et la distillation certaine quantité d’alcool ; LE POTAGER D'UN CURIEUX. 827 5° que la matière colorante peut être employée comme réactif; 6° que l’on peut se servir des feuilles comme aliment ; 7° que la culture de la Phytolaque peut devenir une branche d’in- dustrie pour la production de la potasse. 100 livres de cendre ont fourni 66 livres 10 onces 5 gros de salin desséché, con- tenant 42 livres de potasse pure et caustique. » (Annales de chimie, t. LXIT, p. 71 et suivantes.) Après avoir reproduit ce que nos devanciers ont dit du P. decandra, nous parlerons brièvement de nos expériences personnelles. La plante est rustique. On la sème en pépinière pour la mettre en place lorsque les jeunes pieds sont à point. On divise les touffes en automne et l’on plante à 1 mètre de distance en tous sens. Au printemps, lorsque la végétation commence, on place des pots renversés sur les plantes, après en avoir aveuglé les trous, et l’on récolte les turions dès qu’ils ont atteint cinq à six pouces de hauteur. Cuits et servis comme les Asperges, ils sont charnus, tendres, mais fades. Nous en avons mangé, en petite quantité, 1l est vrai, et nous n’en avons éprouvé rien de fâcheux. Le suc rouge des baies de la Phytolaque est un purgatif populaire aux États-Unis; mais, employé en très petite quan- tité, 1l est tout à fait inoffensif. Dans notre village, on s’en est servi quelquefois pour donner au vin une couleur factice. On en fait le même usage en divers pays. En Allemagne, on en fait un sirop qui se conserve et qui sert à colorer différents mets. Voici, d’après M”° Davidis, le mode de préparation de ce sirop (1) : « Les grappes de baies mûres de la Phytolaque, dont la culture est indiquée dans mon Jardin potager et fleuriste (2), au paragraphe des ar- bustes d'ornement, contiennent cet admirable jus rouge qu’on vend comme une marchandise chère, à Berlin et dans d’autres grandes villes, pour colorer les sauces mousseuses, les gelées (1) M% Henriette Davidis, Praktisches Kachbuch, p. 536, 21° édition. Biele- feld et Leipzig, 1876. (2) Ouvrage de M° Davidis. 828 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. blanches et les plats au lait, et qu’on prépare de la manière suivante : à la fin de l’automne, lorsque les grappes ont acquis leur maturité et sont devenues d’un noir brillant, on les égrène et on les presse. Pour clarifier le jus, on le laisse reposer de six à douze heures dans un vase de porce- laine un peu étroit, puis on le tire à clair. Alors on le met dans un pot de terre qui n’ait rien contenu de gras, avec un tiers de son poids de sucre concassé, et on lui fait Jeter seu- lement quelques bouillons, tout en écumant, attendu que par une plus longue cuisson sa belle couleur rouge deviendrait brune. Quand il est froid, on le verse dans des bouteilles à médicaments, proprement lavées, entièrement séchées et soufrées, qu’on bouche avec un bouchon de liège, qu'on ca- chète et que l’on conserve dans un endroit frais. Pour colorer un plat, il suffit de quelques gouttes de ce jus. » Phytolaque comestible. VaMA GoBo, FI To RADZUKA. Japon. PHYTOLACCA ACINOSA. B. ESCULENTA Maxim. Suppl. ad indicem seminuin. anni 1868, quæ hortus botanicus imperiahs petropolitanus, 1869, p. % ; P. esculenta Van Houtte. Flore des serres, IV, 1848, p. 398 bis: Picurnia esculenta Moq. in Van Houtte, loc. cit., IX, 1854, p. 236; P. pekinensis Hance in Seem. journ. of Bot., 1869, p. 166; Phyto- lacca Kæmpferi À. Gray. On the bot. of jap. in Journ. of the Amer. Acad., 1859, april, p. 404; Miquel, Prol. fl. jap., p. 125, 301 ; P. oc- tandra L. Spec., p. 631 ; Thunb., F1. jap., p. 189. Fam. des Phytolaccacées. Plante vivace, haute de 1 mètre et plus, à tiges dressées, un peu ligneuses à la base, marquées de lignes verruqueuses ; feuilles brièvement pétiolées, lancéolées, aiguës, mucronées, rétrécies aux deux bouts, décurrentes sur le pétiole ; en juin- septembre, fleurs hermaphrodites blanc verdâtre, pédicellées, disposées en grappes raccourcies, brièvement pédonculées, beaucoup plus courtes ou aussi longues que les feuilles, à rachis droits, un peu rudes au toucher; étamines 7-6, ovaires b-7, soudés inférieurement entre eux. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 829 VIRE Persuadés que le Phylolacca esculenta justifiait son nom, où que son àcreté naturelle disparaîtrait sous l'influence de l’étiolement, nous en avons fait une belle plantation que nous avons traitée comme le Crambé maritime. A la fin de février, nous avons butté chaque pied à hauteur suffisante et nous avons obtenu de belles pousses, roses, pleines, tendres comme des Asperges, mais il nous a suffi d’en manger deux ou trois pour avoir la bouche et la gorge en feu. Note publiée par Van Houtte dans la Revue horticole (1851, vol. XIE, p. 76) : « Depuis quelques années on s'éver- tue à l’envi à trouver des succédanés au vieil Épinard de nos jardins, et les plantes proposées ont obtenu plus ou moins de succès. En voici venir une qui répond amplement aux besoins culinaires et qui remplacera avantageusement l’ancienne. C'est un Phytolacca dont les graines m'ont été envoyées de l’Inde sous le nom de P. esculenta (1). La plante s'élève à 1 mètre environ de hauteur ; elle est robuste et très ramifiée. Ses feuilles sont amples; cuites et préparées à la manière ordinaire, ces feuilles présentent l'avantage de fondre deux fois moins que celles des Épinards ; leur saveur est extrêmement agréable au goût, a quelque chose d'aroma- tique, est plus prononcée et n’a pas besoin d’être relevée par des épices. Tel est l'avis de toutes les personnes qui en ont mangé chez moi pendant le cours de l’été dernier. » Le Phytolacca esculenta est vivace etse multiplie abondam- ment. J’en enlève les racines à l’approche des froids et je les conserve à l’abri de la gelée pour les replanter en mars. Je suis persuadé que, chauflées, elles produiraient abondamment en moins d’un mois. Ge sera de toute manière une excel- lente plante légumière dont les maraïichers sauront tirer bon profit. » | Nous possédons un grand nombre de succédanés de l’Épi- nard, et la Phytolaque comestible, considérée comme telle, nous intéresse médiocrement. [Il en eût été autrement si ses (1) La plante était cultivée à Glascow dès 1836. 4° SÉRIE, T. |. — Octobre 1884. D 830 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. pousses nous avaient fourni un légume d'hiver comme celles du Crambé maritime. On à vu plus haut qu’à ce point de vue il n’y a rien à en attendre. Poire de terre Cochet. POLYMNIA EDULIS Weddell, Ann. sc. nat. 4° sér., t. VII, p. 111. Fam. des Composées. Racine tubéreuse ; tige robuste, rameuse, cannelée, angu- leuse, plus ou moins hérissée de poils à la base; la partie supérieure, les rameaux (surtout auprès des nœuds), et les pédoncules velus, tomenteux ; feuilles opposées, amples, ovales, faiblement acuminées, à base cunéiforme, inégale- ment sinuée-dentée, la face supérieure brièvement hérissée et lécèrement rude, pubescentes en dessous et d’un vert plus pâle; feuilles de l’involucre ovales, subacuminées, à base plus ou moins connée, ciliées ; paillettes oblongues, de même longueur que les fleurs, denticulées au sommet; corolle à ravons plus courts que l’involucre; ligule ovale, à sommet profondément tridenté ; base et tube courts, très hérissés. Notice sur l'Ahipa et l’Aricoma, plantes alimentaires du Haut-Pérou, par A. Weddell (Ann. des sc. nat., loc. cit.). « Il est peu de pays qui offrent une aussi grande diversité de climats que la Bolivie ou le Haut-Pérou ; quelques points de leur territoire sont même situés d’une manière si spéciale, que les habitants, en quittant leur ciel tempéré, peuvent saoner'en quelques heures et à volonté la zone des neiges perpétuelles ou celle de la végétation tropicale. Telle est en particulier la position de la ville de la Paz, bâtie au fond d’un ravin qui la fait communiquer, d'une part, avec les vallées tropicales du versant oriental des Andes et, de l’autre, avec les glaciers de la grande Cordillère qui se dressent majes- tueusement au-dessus d’elle. On comprend les avantages d’une situation!semblable au point de vue des produits alimentaires vésétaux qui doivent presque nécessairement sy montrer LE POTAGER D'UN CURIEUX. 831 bien plus variés que dans des lieux moins favorablement placés. C’est en effet ce que l’on remarque; aussi, lorsque dans mon dernier voyage en Amérique je voulus faire le relevé des plantes comestibles qui se trouvaient en vente sur le marché de la Paz, ne fus-je pas surpris de voir fisurer, à côté des fraises, des pommes et des pêches, les bananes, les grenadiiles et les ananas ; mais les produits qui attirèrent plus particulièrement mon attention furent ceux qui pa- raissaient avoir quelque analogie avec la Pomme de terre, à laquelle ou cherchait alors un succédané, ei je m’intéressai d'autant plus à cet examen qu’à côté des tubercules del'Oxalis tuberosa, de l'Ullucus et du Tropæolum tuberosum, dont on parlait beaucoup en Europe, je crus en remarquer deux autres qui m'étaient encore inconnus et qui présentaient à peu près l'aspect des racines renflées du Dahlia. Mais ce n'étaient plus, comme les précédents et comme la Pomme de terre, des produits des parties tempérées ou froides des Andes, car ils provenaient l’un et l’autre de la zone subtropicale et on les voyait, à ce titre, tenir compagnie dans les étalages des marchands aux racines ou tubercules féculents du Manioc, de PArracacha, du Ganna edulis ou du Colocasia esculenta. » L'un de ces tubercules, long de 10 à 15 centimètres, effilé aux deux bouts et de couleur jaunâtre, porte à la Paz le nom d'Ahipa (ou Ajipa); Pautre, plus gros, plus trapu et de cou- leur plus foncée, y est connu sous ceux de Yacon ou Aricoma. Tous les deux sont apportés en quantités considérables des parties chaudes du ravin, où ils paraissent être cultivés de- puis un temps immémorial. » Lors de mon passage, la saison était malheureusement trop avancée pour que je pusse me procurer les matériaux qui m'auraient fait reconnaitre leur origine botanique ; j'eus donc le regret de quitter le pays sans avoir pu satisfaire ma curio- sité ; et, malgré de nombreuses démarches, ce n’est que tout dernièrement que j'ai obtenu des échantillons (1) qui me permettent d'éclairer la question. (1) Je suis redevable de ces échantillons, ainsi que de précieux matériaux S32 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. » Or, ceux que j'ai reçus de la plante qui fournit le premier de ces tubercules, lAhipa, bien que dépourvus de fleurs et de fruits, me permettent cependant d'affirmer qu’elie appartient à la famille des Légumineuses et à la tribu des Phaséolées, et j'ai cru tout d’abord que ce devait être une espèce de Dolichos, peut-être le Dolichos tuberosus Lamk, que l'on prétend (Lmk, Encycl., NH, 295) avoir été porté de Amérique du Sud aux Antilles par les Caraïbes. Je dus cependant renoncer bientôt à cette idée, car, si je trouvait d'assez grands rapports entre les feuilles de l’Ahapa et celles de la plante représentée par Plumier et cultivée au Muséum sous le nom de Dotichos tuberosus, je constatai en même temps, entre les parties souterraines, des différences qui ne permettaient pas de les confondre; la plante bolivienne est, en effet, munie le plus ordinairement d’un nombre assez considérable de tubercules de la nature de ceux que J'ai décrits, chacune de ses racines principales en offrant souvant deux ou trois; tandis que dans la plante des Antilles, au contraire, non seulement on ne trouve, en général, qu'un tubercule, mais celui-ci atteint parfois des dimensions énormes (1). » Pour comparer ces deux plantes, j'étais parti de l’hypo- thèse qu’elles appartenaient au même genre, ce qui n’est pas encore démontré ; j’ajouterai mème que M. Bentham, auquel j'ai envoyé quelques-unes des feuilles que je venais de rece- voir de Bolivie, m'a dit qu’elles pourraient fort bien être celles d’une espèce de Stenolobium. On m'a suggéré égale- ment qu'il se pourrait que ma plante fût une des espèces de Rhynchosia qui sont actuellement cultivées dans l’Inde pour leurs racines tubéreuses. » Mais, s’il est vrai, ainsi que les habitants de la Paz le pré- tendent, que la culture de l’Ahipa remonte au temps des pour ma Flora des hautes Cordillères, à l’extrême obligeance de mon am, M Gilbert Mandon, qui vient de faire en Bolivie un séjour de plusieurs années. (1) M. Belanger, directeur du Jardin botanique de Saint-Pierre, à la Marti- nique, m'a assuré que les tubercules du Dolichos tuberosus acquéraient quelque fois le poids énorme de 30 kilogrammes. Leur saveur, nra-t-il dit, est assez comparable à celle de la Betterave. La plante n’est pas cultivée, mais elle se rencontre à l’état sauvage dans la commune des frois Islels, où les nègres LE POTAGER D'UN CURIEUX. 8939 Incas (1), nous ne pourrions guère avoir affaire ici qu'à une espèce américaine. Les recherches que j'ai faites dans les livres et dans les herbiers, d’après les indications de M. Ben- tham, ne n’ont du reste conduit à aucun résultat positif, et bien qu'il me semble probable que lPespèce n'a pas encore été décrite, j'attendrai pour l’affirmer de plus amples imfor- mations (2). » Les échantillons de la plante qui produit le second tu- bereule, celui qui est connu à la Paz sous le nom de Yacon ou Aricoma, sont bien plus complets que ceux de lAhipa; aussi n’ai-je eu aucune peine à y reconnaître une espèce tout à fait inédite. J’ai dit que les tubercules étaient en général plus volumineux et plus trapus que ceux de la plante précé- dente ; ils résultent d’ailleurs comme eux et comme ceux du Dahlia d’un développement particulier des racines, el on peut d'autant mieux les comparer à ces derniers qu'ils sont le pro- duit d’une plante de la même famille. Cette plante est une espèce du genre Polymnia pour laquelle je propose le nom de P. edulis et que je vais décrire comme suit. » Elle croît spontanément près de Quitame sur le versant oriental des Andes de Bogota, à une altitude de 2000 mètres (Triana). Elle est cultivée dans la région subtropicale du Pérou et de la Nouvelle-Grenade, où, au témoignage de Triana, elle porte les noms de J'iquima et Jiquimilla. » Le volume des tubercules que j'ai vus en vente, au mar- ché de la Paz, était, en moyenne, celui du poing, mais on m'a assuré qu'il y en à qui pèsent près de 2 kilogrammes; chaque recherchent quelquefois son tubercule pour le râper et en mêler la farine brute à celle du HManioc. (1) On montre un endroit au pied de l’Ellimani où les anciens avaient eu la patience d'amener de trois lieues, au moyen d'une rigole, l’eau nécessaire pour arroser les gradins de la montagne sur laquelle on cultivait ce légume. (2) Pour faciliter les recherches ultérieures, je crois néanmoins qu'il est utile de donner ici la diagnose de ce Dolichos (ou Stenolobium) Ahipa, telle que les matériaux à ma disposition me permettent de la formuler : Racines fusiformes, épaisses, comestibles; tiges et rameaux volubiles, anguleux, à duvet serré; folioles rhombéo-ovales, brièvement acuminées, largement cunéi- formes à la base, les latérales pétiolées (la foliole impaire un peu plus longue- ment), entières, trinerviées, faiblement et brièvement velues sur leurs deux faces ; fleurs... 834 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. souche en produit en moyenne 4 ou 5 : il y en a cependant, à ce qu'il parait, qui en fournissent 15 ou 20. » Pour compléter ce que j'avais à dire de ces deux légumes, il me reste à parler de leurs qualités nutritives et de leur saveur. Nous dirons d’abord que l’un et l’autre se mangent crus comme des pommes et qu'ils sont tenus en aussi grande estime que ces fruits par toute la classe inférieure de la po- pulation; doit-on en conclure que leur saveur est aussi agréable ? C’est là, on le comprend, une affaire de goût; quant à moi, je me contenterai de dire que l’Ahipa m’a paru avoir quelque analogie de saveur avec le Navet, dont il à aussi la consistance. » L’Aricoma, que je lui préfère, m'a paru ressembler davantage, sous ce rapport, à une mauvaise poire. Il ne contient d’ailleurs qu’une très petite quantité de fécule, tandis que l’Ahipa en renferme une proportion assez nc- table et pourrait se comparer, au point de vue de ses pro- priétés nutritives, au tubercule de l’Ullucus tuberosus, tandis que l’Aricoma serait l’analogue du Topinambour, dont il diffère néanmoins par une bien plus forte proportion de sucre. » En résumé, ce que j'ai vu de ces deux tubercules m’a con- vaincu que, s’il pouvait y avoir quelque avantage à en essayer l'introduction dans nos cultures, et je ne doute pas qu’ils ne prospéreraient sous le climat de l'Algérie, ce ne serait pas comme végétaux alimentaires pour l’homme, mais plutôt comme plante industrielle, destinée à servir soit à la fabrica- tion de l’alcool, soit à la nourriture des bestiaux ; et, sous ce double rapport, le Polymnia edulis serait bien, sans aucun doute, celle des deux plantes qu'il faudrait préférer, tant à cause de la quantité plus considérable de matière saccha- rine de ses tubercules qu’à cause de son grand produit. J'ajouterai que cette plante, considérée comme succédanée du Topinambour, présenterait sur ce dernier un avantage, celui de ne pas tracer et d’être, par conséquent, beaucoup plus facile à extirper des terrains où on la cultiverait. Ses parties vertes sont d’ailleurs encore plus abondantes et surtout plus 39 tendres que celles du Topinambour et seraient sans doute, pour cette raison, plus recherchées des bestiaux. » La culture du Polymnia edulis n’a donné aucun résultat utile et la plante est venue grossir le nombre des lamentables échecs que l’on a éprouvés en cherchant à remplacer éven- tuellement la Pomme de terre. Cependant, lhistoire de la découverte de deux plantes alimentaires nouvelles n'étant pas sans intérêt, el la note de M. Weddell pouvant aider à la re- cherche et à l'introduction de celle qui demeure inconnue, nous pensons qu’on nous approuvera d’avoir reproduit cette Note in extenso. Nous terminons en indiquant les sources auxquelles on pourra puiser des renseignements CO NAN EN ANT sur la Poire de terre Cochet. Polymnia edulis, Bull. Soc. d’Acel., vol. VIE, 1860, p. 357. Sur la Poire de terre Cochet, Poe Cie HOpar M. Quihou. Bull. Soc. d’Acel., vol. XX, 1863, p. 344. Sur la Poire de terre Cochet, par M. Quihou. Bull. Soc. d’Acel., 2° sér., vol. I, 1864, p: 530. Floraison de la Poire de terre Cochet, par M. Quihou. Bull. Soc. d’Accl., 2" sér., vol. IL, 1865, p. 652. DO LE POTAGER D'UN CURIEUX. Pourpier à grandes fleurs. PORTULACA GRANDIFLORA Hook. Bot. mag., T. 2885. Fam. des Portulacacées. « Racine tubéreuse. Tige rameuse de 6 à 8 pouces de long, ronde, lisse, charnue, rougeâtre; feuilles assez écartées et longues de 1 pouce à pouce et demi, cylindriques, termi- minées en pointe, sessiles, contractées à la base de facon à paraître pétiolées, charnues et d’un vert glauque; aisselles seules munies de poils nombreux, longs, enchevêtrés. Fleurs terminales sessiles, groupées par trois ou quatre à l'extrémité des rameaux et entourées d’un involuere dont les folioles ressemblent aux feuilles caulinaires et sont entremêlées de poils à la base. Calice à deux divisions étalées, ovales, vertes, 836 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. scarieuses à l’extrémité et velues au point d'insertion. Corolle grande, belle, beaucoup plus longue que le calice, de cou- leur orange ou d’un rouge pourpre très vif. Pétales 5, sou- dés à leur base et semblant faire corps avec la base du calice à son point d'insertion sur l'ovaire. Étamines nombreuses réunies à la base du calice et de la corolle et entre elles à un faible degré. Filets d’un pourpre foncé. Anthères rondes, bi- loculaires, pourprées. Pollen d’un jaune brillant. Ovaire supère, conique, pluriloculaire; graines nombreuses. Style aussi long que les étamines, filiforme. Stigmates de 7 à 9, rayonnants, ténus, pubescents, recourbés à leur extrémité. » (Hook, loc. cit.) En juin 1879, nous disions : Cette plante croît sponta- nément, inconnue ou négligée, au pied des Cordillères et nous ne saurions mieux faire que de reproduire ce qui s’y rapporte dans les lettres de lun nos correspondants. 26 janvier 1878 : « J'ai été obligé d'attendre le 26 janvier pour vous envoyer une variété de Pourpier tuberculeux, sauvage près des mon- tagnes des Andes. Voici son histoire : Je fus frappé de voir un champ couvert d’une fleur violette, très grande pour une plante naine. J'en récoltai quelques pieds en 1875 et je les plantai comme plantes d'agrément. Quelle fut ma surprise lorsque au mois d'avril je trouvai des tubercules d’une forme allongée, d’une longueur de 0,6 et de la grosseur du doigt. J'en coupai un, dont la chair me parut grasse. Je fis cuire des tubercules dans la cendre et je leur trouvai un goût exquis. Je cultivai le Pourpier tubéreux en 1877 et j’eus la satisfac- tion d'obtenir des tubercules beaucoup plus gros que les pre- miers récoltés. » Ce Pourpier végète dans des sables secs et brûlants. Les plus mauvais terrains siliceux lui conviennent. » Le même correspondant, dans une lettre datée d'avril 1878, ajoute ce qui suit : « J'ai obtenu cette année de très beaux tubercules de Pourpier. Quelques-uns ont atteint une longueur de (",12 sur 0",8 de circonférence. J'ai donc une amélioration très sensible sur mes cultures, puisque j'ai doublé le volume des LE POTAGER D'UN CURIEUX. 831 tubercules en une seule année. Jen ai fait cuire un quart d'heure à l’eau bouillante; je les ai sautés au beurre; c’est un plat excellent. J'en fais cuire dans la cendre, que je mange seulement avec du sel; le goût en est exquis. Je vous envoie des graines de ma culture et d’autres de la plante spontanée. Voici quelques explications : le Pourpier tubé- reux croit dans du sable sec. Ainsi je vous recommande d’en semer dans du sable pur ou dans une terre très sableuse. Je crois que cette plante préfère la mauvaise terre au terreau. Dans le terreau, elle végète avec une admirable vigueur, mais ses tubercules restent petits. Je vous donne ces détails pris sur mes expériences. Les meilleurs résultats sont obtenus dans du sable, tenu légèrement frais (1). Exposition au grand soleil. » Nous avons semé en godets, sous châssis, à froid, les oraines que nous avons reçues. Nous n'avons obtenu qu'un petit nombre de plantes que nous avons mises en place, en plein air, sur un bout de vieille couche. Nous aurions pu as- surément planter dans du sable, mais nous nous proposions, avant tout, d'avoir des plantes vigoureuses et d’en récolter les oraines, dussent les tubercules être moins développés. Nous ne nous en sommes pas tenus au semis et, dès que nous avons disposé de plantes assez fortes, nous avons fait des boutures qui, toutes, ont repris facilement. On peut donc pratiquer le semis et la bouture, la bouture principalement. Nous espérions obtenir des tubercules que nous aurions plantés et que nous supposions devoir nous donner des plantes plus fortes et une récolte plus hâtive et plus abon- dante. Il n’en a rien été; après six années consécutives de culture attentive, nous ne sommes pas plus avancés que le premier jour. Nous n’obtenons que des tubercules insignifiants en nombre et en volume. La rigueur de nos hivers n'apporte cependant aucun ob- stacle à la culture du Pourpier puisqu'il s’agit d’une cui- (1) Notre correspondant avait dit d’abord: dans des sables secs et brülants. 838 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ture annuelle et estivale; l’habitat de la plante spontanée n’est d’ailleurs pas exempt de gelées et le thermomètre x descend parfois à 6 ou 7 degrés au-dessous de zéro. Exclusivement occupés des plantes potagères, nous n’avons rien dit de la fleur du Pourpier qui fait l’objet de ce chapitre. Elle est très grande et d’une chaude coloration en rose vif, voisin du violet. Les amateurs qui l’ont vue s'accordent à re- connaître qu’elle est plus grande que dans aucune autre variété du Pourpier à grandes fleurs. Psoralée comestible. Picotiane. Tipsina des Indiens de l'lowa; Taagu des Osages, d’après M. Trécul. PSORALEA ESCULENTA : Pursh. Fam. des Papihionacées. Plante vivace, poilue, à racine tubéreuse, simple, co- mestible ; tige de 0",30 à 0",35; feuilles palmées, à 5 folieles ovales elliptiques, glabres en dessous; en juin-juillet, fleurs bleues, en épis capitulés, axillaires, pédonculés; corolle de a longueur du calice. Cette plante, originaire du Missouri, a été introduite en 1846 par M. Lamare-Picot (1) et a été proposée pour rem- placer la Pomme de terre. C’est à ce titre seulement qu’elle figure ici, car nous ne l’avons pas cultivée et l’expérimenta- tion lui a été absolument défavorable. On sait qu'il en a été de même de toutes les plantes qu’on avait imaginé de substi- tuer à la Pomme de terre, si celle-ci avait succombé à la ma- ladie dont elle était atteinte. Il est bon que l’on sache qu’à l'exception des Dioscorea on ne possède encore aucune plante qui puisse tenir lieu de la (1) Gaudichaud, Rapport sur un mémoire deM. Lamare-Picot relatif à l’in- troduction d’une nouvelle plante alimentaire (Comples rendus de l’Académie des sciences, 1846, t. XXVI, p. 326; ibid., 184), t. XXIX, p. 709 ; ibid., 1850, XXX, p. 393). LE POTAGER D'UN CURIEUX. 899 Solanée des Andes, et que, le cas échéant, la place serait vide. Il est permis de croire que dans nos départements du Midi plusieurs sortes d’Ignames pourraient remplir cette place et nous engageons vivement les amis de l’horticulture à cher- cher, parmi les nombreuses variétés qui existent, celles qui pourraient prospérer sous notre climat. Pour revenir à la Picotiane, voici les conclusions d’un ar- ticle du Bon jardinier (1873, p.649), auquel nous renvoyons le lecteur : « On voit que, dans son état actuel, le Psoralea esculenta s'éloigne beaucoup des conditions que l’on doit rechercher dans une plante agricole. Il n’est pas impossible cependant que la culture puisse la modifier plus ou moins profondément. Des essais de ce genre sont toujours intéres- sants, autant pour eux-mêmes que pour le but auquel ils peu- vent conduire; mais ils pourront être suivis longtemps avant d'amener un résultat, qui lui-même reste douteux; de sorte qu’ils doivent être plutôt recommandés, dans l’état actuel de la question, aux établissements publies d'instruction et aux expérimentateurs qu'aux cultivateurs mêmes. » La Picotiane n'étant pas une ressource pour lagriculture et moins encore pour la culture polagère, nous ne parlerons pas d'elle plus longuement. | Quinon blanc. Ansérine Quinoa. Petit riz du Pérou. CHENOPODIUM QuiNoa Willd. Fam. des Chénopodées. Annuel; tige droite, rameuse, haute de 1",80 ; feuilles al- ternes, triangulaires, avec deux prolongements sagittés à la base, découpées par des dents très obtuses, d’un vert blond, pulvérulentes dans leur jeunesse; fleurs blanchâtres, très petites, en grappes resserrées, compactes. Graine comprimée, blanc jaunâtre ; sa durée germinative est de trois années. On a beaucoup parlé du Quinoa ; on l’oublie aujourd’hui. Nous connaissons toutes les notes publiées sur cette plante 340 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. que nous avons nous-mêmes cultivée. Elles s'accordent à constater l'intérêt qn’on aurait à la cultiver en France comme succédanée des Épinards. C’est à ce titre qu’elle figure dans le Bon jardinier de 1839, où elle est l’objet d’une note de M. Vilmorin, assez instructive et assez complète pour que, après l'avoir reproduite il ne nous reste rien à dire : « En 1836, les essais se sont multipliés; partout le Quinoa a bien réussi. La plante est très vigoureuse, presque insensible au froid; elle produit, en bon terrain, une abondance de graines extra- ordinaire, mais la graine n’a pu être utilisée jusqu'ici d’une manière satisfaisante ; soit qu’elle n’acquière pas en France la même qualité qu’en Amérique, ou, plus probablement, que nos palais ne soient pas façonnés à sa saveur étrange, peu de personnes l’ont trouvée de leur goût. Elle offre l’inconvé- nient réel d’une amertume et d’une âcreté assez prononcées qu’on ne peut lui enlever que par plusieurs lavages. Avec des soins répétés, on en fait chez moi des gâteaux fort bons et des potages passables, mais leur préparation est une affaire ; la graine, étant très menue et demandant une longue cuisson, n'aura pas l'approbation des cuisinières. Quant aux maïîtresses de maison, quelques-unes peut-être en jugeront comme les dames de Lima, pour lesquelles, dit-on, le Quinoa est un mets de prédilection; dans ce cas, 1l se classerait en France parmi ces produits secondaires dont on veut un peu pour la variété, mais non, comme en Amérique, parmi les plantes économiques de première utilité. Cela n’arriverait qu’autant qu'on trouverait un moyen de préparation de la graine qui en rendit l’emploi facile et la saveur agréable au plus grand nombre. » Comme plante potagère', l’usage du Quinoa sera plus facilement adopté, parce que c’est un bon remplaçant de l’Épinard pendant l'été. » Sa culture pour l’un et l’autre emploi est simple et peu difficile : si l’on veut le récolter en grain, on peut le semer, soit sur couche, en mars, ou même sur une plate-bande abritée pour le mettre en place en avril ou au commencement de mai, soit en pleine terre, en lignes, dans le courant d'avril. LE POTAGER D'UN CURIEUX. S4 Les plantes devenant très grandes et très fortes, il faut les espacer d'environ 50 centimètres. Elles demandent une terre fertile, plutôt légère que compacte, et l'exposition au plein soleil, quand il s’agit d’une récolte pour la graine. On peut sur une plantalion semblable couper les rameaux se- condaires, qui se développent en fort grand nombre, pour en prendre les feuilles; mais, si l’on n'avait en vue que ce der- mer produit, 1l conviendrait de semer en lignes plus rappro- chées et de couper la tige lors de la première récolte pour la faire ramifier. » Une planche de Quinoa ainsi établie fournira pendant tout l’été, moyennant des arrosements, une succession de produits sans cesse renouvelés. » Selon nous, le Quinoa supplée passablement l'Épinard. Les amateurs feront bien toutefois d'essayer les autres succédanés de ce légume qui nous fait défaut pendant l'été, c’est-à-dire la Tétragone, la Claytone, la Baselle, la Glaciale, etc. La Gla- ciale et la Tétragone ont nos préférences. Publications à consulter. Journal des observations botaniques faites sur les côtes orientales d'Amérique méridionale et aux Indes orientales, par R. P. Louis Feuillée. Revue horticole, vol. IV, 1838-1841, p. 159. Bulletin de la Soc. centrale d'hort. de France, vol. XVI. 1839, p. 197; vol. XXII, 1838, p. 1892. Bulletin de la Soc. d’Acclimatation, vol. IX, 1869, p. 226. Note sur le Quinoa, par Son Excellence le maréchal de Santa Cruz, vol. IV, 2° série, 1867, p. 444. Les plantes alimentaires, par Heuzé. 542 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Radis rose d'hiver, de Chine. RAPHANUS SATIVUS, var. Fam. des Crucifères. « Racine allongée, cylindrique, renflée à son extrémité infé- rieure et terminée brusquement par une queue fine et déliée ; longue de 0",11 environ sur 0",09 de diamètre; peau assez fine, de couleur rouge vif, marquée de lignes, en forme de plis plus pâles dans le sens de la circonférence; chair ferme, de saveur assez piquante ; feuilles assez amples à péliole rose vif, maturité intermédiaire entre celle du Radis gris d'été et celle du Radis noir. » (Vilmorin-Andrieux et C*.) « Le Radis rose d’hiver de Chine a été introduit par les missionnaires et répandu par les soims de M. l'abbé Voisin. Cette variété est excellente et une des plus perfectionnées qui nous soient venues de la Chine. » (Le Bon jardinier, année 1873.) Nous n’aurons que peu de chose à ajouter à ce qui précède. Nous semons dans les premiers jours d'août en lignes dis- tantes entre elles de 0",30 et nous éclaircissons le semis de façon qu’il y ait 0",12 à 0,15 d'espace entres les plantes. L'emploi ordinaire du Radis rose d’hiver de Chine est celui de tous les Radis; mais nous connaissons une maitresse de maison qui l'utilise, en guise de Navets, comme garniture. Elle trouve que cette racine, par la régularité de sa forme et de son volume, se prête mieux qu'aucune autre à cet usage : nos lectrices apprécieront. Radis serpent. RAPHANUS CAUDATUS L. Fam. des Crucifères. Herbe annelle, cultivée à Java, où elle est sans doute spon- lanée et où l’on mange ses siliques confites auxquelles on LE POTAGER D'UN CURIEUX. 843 donne le nom de Hougri. Racine fusiforme, d’où s’élève une tige de la grosseur d’une plume d’oie, haute de 0",33 à 0",50, peu rameuse, d’abord droite et finissant par se coucher ; les feuilles alternes, très étalées, munies d’un pétiole court, di- visées, jusqu’au delà du milieu, en un petit nombre de lobes triangulaires, aigus et dentés en scie, de même que le ter- minal qui est plus grand et ovale-lancéolé ; à mesure qu’elles s'élèvent sur la plante, leur forme se simplifie, mais même la plus haute d’entre elles est plutôt sinuée que simplement dentée; fleurs réunies en petit nombre en grappe terminale feuillée, chacune d’elles sortant (d’après la figure donnée par Linné fils) de l’aisselle d’une feuille florale; pétales blancs, au nombre de quatre, avec des veines pourpres et limbe en cœur renversé; siliques longues de 4 à 5 pieds, 1,33 à 1°,65, plus épaisses que le pouce dans le bas, se ré- técissant graduellement de la base au sommet, se courbant plus ou moins, se colorant en rouge, ayant une section lrans- versale à peu près arrondie et contenant dans leur loge unique des graines nombreuses, oblongues, de couleur pourpre. Nous trouvons la description qui précède dans une Note de M. P. Duchartre (1859) qu'avait rendue nécessaire la con- fusion qui tendait à s'établir entre le Raphanus caudalus de Linné et une plante de l’Inde, dénommée Radis de Madras, que M. Courtois-Gérard avait rencontrée dans le jardin bota- nique d’Edimbourg et dont il avait apporté des graines en France (1). Sept ans plus tard, M. Ed. André publiait, avec figures, dans la Revue horticole, une Note étendue, des plus intéres- santes, à laquelle nous renvoyons le lecteur (2). La culture du Raphanus caudatus est celle de tous les gros Radis et n’exige aucune description. Elle est aussi simple et aussi facile que possible. (1) Note sur une Crucifère à siliques comestibles, récemment introduite en France (Journal de la Soc. impériale et centrale d'horticulture, 1859, vol. V, p. 57 à 63). (2) Le Radis serpent (Revue horticole, 1866, p. 471). 4 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. La plante se distingue de tous les Raïforis que nous possé- dons par la dimension extraordinaire de ses siliques. Quoique dégénérée, elle en produisait encore dans notre jardin, il y a quelques années, qui mesuraient de 40 à 50 centimètres de longueur, à côté d’autres plus courtes; c’est-à-dire que quel- ques-unes des siliques étaient plus longues que la plante entière, comme l’a fait remarquer Linné, et qu'arrivant à terre, elles s’y étalaient en formant des sinuosités à la ma- nière d’un serpent. Notre culture a été notablement contrariée par les ravages qu'y faisaient l’altise et un gros puceron gris. Celui-ci, qui n'aurait certainement pas résisté à une aspersion de jus de tabac, dévorait nos plantes en peu de jours. Les siliques du Radis serpent se mangent crues, à la croque au sel, comme nos Radis ordinaires dont elles ont la saveur piquante. Nous les avons fait cuire et nous les avons mangées, soit en salade, soit préparées comme les Haricots verts. Pour cet usage, il faut les cueillir très jeunes; elles sont alors très acceptables, mais sont loin de valoir les Haricots verts. Confites au vinaigre, elles sont bonnes et préférables à la plupart des légumes qu’on associe d'ordinaire aux Corni- chons. Elles ont le mérite de conserver longtemps leur saveur piquante, atténuée, mais sensible encore. C’est sans doute lorsqu'elles ont été confites dans le vi- naigre qu'elles portent à Java le nom de Wougri. M. Ed. André a entendu dire qu’en Angleterre, cinquante ans avant la publication de sa note, et alors que l’on cullivait le Raphanus caudatus comme plante nouvelle, on en retirait le jus par pression et que c'était une sauce excellente, very palatable juice. La plante est assurément très intéressante et les curieux lui feront une petite place dans leurs jardins. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 7/1) Safran comestible. CROCUS CANCELLATUS Herb., var. PERSICUS Chapp. Fam, des fridées. Ge Crocus à été recueilli en Perse en 1881 et distribué en mars 1882 par M. Pissard, ancien jardinier-chef du shah de Perse. M. P. Chappellier en a reçu des bulbes en même temps que nous et a publié sur cette plante une Note que nous sommes autorisés à reproduire intégralement. Nous n’attendons rien des bulbes que nous possédons et nous devons avouer en toute humilité que nous n'avons aucun succès avec les plantes bulbeuses. Nous nous estimons donc fort heureux de n'être pas obli- gés de passer sous silence une plante intéressante et de pou- voir la présenter au lecteur au nom de l’amateur éclairé qui a fait, on le sait, une étude spéciale des Crocus. Note de M. Chappellier. La caisse dans laquelle ces bulbes ont fait le voyage de Perse à Paris est restée en route pendant l’automne de 1881 et l'hiver de 1881-1882 ; elles y sont entrées en végétation et y ont fleuri. Autant que l’état anormal de ces échantillons m’a permis d'en juger, je suis porté à croire que ce Crocus appartient au oroupe du cancellatus. Sous le type : cancellatus, créé par Herbert, les auteurs ont groupé les sous-types suivants, considérés par les uns comme espèces, par les autres comme variétés ou syno- nymes : C. cancellatus Herb. ; C. Schimperi Gay; syn. C. Spruneri Boiss. et Held.; C. damascenus Herb.; syn. C. edulis Boiss. et Blanche; C. Kotschyanus Herb. ; C. cilicicus Rotschy; 4 SÉRIE, T. [. — Octobre 1884. 55 846 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. C. Pylarum Gay; C. Mazziaricus Herb. Voici les caractères principaux du C. cancellatus que j'ai retrouvés dans le Crocus persan : Floraison automnale ; Pollen jaune ; Style multifide ; Feuille synanthérée ; Pas d’involucre (au scape) ; Bractée bivalve (à l'ovaire) ; Tuniques fortement réticulées avec étoile persistante à la base, périanthe du blanc lilacé au violet. Il y a toutefois un caractère très important dans lequel j'ai remarqué une différence notable : Dans le C. cancellatus, la gorge est blanc jaunâtre ou jaune, et dans le Crocus persan elle est blanc lilas ou violette. J'ai constaté aussi dans ce dernier un scape démesurément long. Je ne pense pas que ces particularités puissent prove- nir de la floraison anormale en caisse close et à sec. La distribution géographique des divers cancellatus con- nus à ce jour s'étend des îles oniennes à la Syrie, où croît l’edulis, et à l'Arménie. Le Crocus de M. Pissard a été recueilli à environ 1300 mètres d'altitude, dans les plaines et collines d’une localité appelée Suliabatt, province de l’Irath-Férahan, au sud-est d’Ama- dan, à 120 kilomètres environ de Téhéran. On n'avait guère trouvé en Perse jusqu'à présent que le C. speciosus. Voici les renseignements que M. Pissard donne sur lutili- sation de cette plante. L'’oignon est comestible; il a le goût de la châtaigne ; les indigènes en font une grande consommation. Ces oignons, cuits à l’eau et grillés, ont été présentés en juillet 1881 à un diner officiel chez le ministre des Télé- graphes; plusieurs Européens qui assistaient à ce repas les ont trouvés exquis, et le shah de Perse en a commandé une forte provision pour sa table. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 847 Jusqu'à ce qu’un nouvel apport du lieu d’origine ou une floraison normale des bulbes introduites récemment per- mette un plus mûr examen, je pense que c’est avec le C. edulis Boiss. et Blanche, sous-type du C. cancellatus Herb. que le nouveau Crocus persan a le plus d’analogie, et je propose de l’annexer au type cancellatus sous le nom de C. persicus. (Paris, le 2 avril 1882.) (A suivre.) 11. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LA REPRODUCTION DE LA GRUE COURONNÉE BLEUE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE (Balearica regulorum) Par M. Em. RODIGAS Au mois de juillet 1879, je fus témoin, en passant de bonne heure au jardin, des amours de mon couple de Grues cou- ronnées qui se trouve au Jardin zoologique de Gand depuis quinze ans. Quelques jours plus tard, leur chant sonore et répété, nouveau pour moi, annonça la ponte du premier œuf déposé sur le nid de branchages et de paille que, à tout hasard, J'avais fait jeter dans leur loge. J'aurais voulu voir l'œuf, mais la colère immense du mâle m’en empêcha. Cet œuf, de couleur vert glauque, sans macules, a 8 centimètres 1/2 de long sur 6 centimètres de large; l'épaisseur de l’écaille est de 1/3 de millimètre. Trois jours après, le même chant, auquel répon- daient les autres Grues du jardin, me fit croire à la ponte du second œuf, comme c'était la réalité, et depuis lors la femelle se mit à couver, quittant à peine le nid trente minutes par jour. Un mois environ après, en septembre, deux beaux jeunes en étaient nés. Il y avait un troisième œuf, mais non fécondé. Je l’ai conservé. Chaque parent soignait et nourrissait indifféremment un jeune, tout en s’occupant du même parfois plusieurs heures de suite, faisant la chasse aux mouches, aux vers et s’effor- cant de donner des trépidations au sol afin d’en faire sortir les lombrics. Les jeunes se développèrent régulièrement, les parents trituraient pour eux et déposaient dans leur bec la nourriture animale (vers deterre, vers de farine, jaune LA GRUE COURONNÉE BLEUE. 849 d'œuf) qu’on leur servait. Ce manège dura trois mois, les jeunes suivant loujours de très près les vieux comme leur ombre. Ils étaient jolis avec leur long cou jaune d’ocre, leur poitrine brun zébré noir, les ailes souvent déployées avec de belles plumes blanches. Survint le rude hiver 1879-1880 qui m’occasionna tant de pertes, entre autres d’Antilopes Canna, de Grues Antigones; j’eus même des Cygnes noirs gelés sur l’eau! Mais la perte la plus sensible pour moi fut celle de mes petites Grues, que je n’avais pas osé séparer des parents el dont les genoux gelèrent bientôt par les 20 degrés de froid de décembre. Je les ai dans mon nouveau musée. En juillet 1880, nouvel espoir. De deux œufs il y eut un seul jeune, l’autre œuf fécondé avait été jeté hors du nid par la mère à la suite de l’imprudente curiosité du gardien. Le seul jeune fut nourri par les deux parents, et tellement gorgé qu'il ne vécut que six Jours. Le 12 mai 1881, le nid renfermait de nouveau trois œufs. J'avais eu soin de masquer la loge au moyen d’un groupe d’arbustes pour soustraire la couveuse aux yeux d’un public impitoyable. Le 12 juin, deux jeunes animaient le pare. L'un d'eux était malingre et ne put vivre que cinq jours; le survi- vant succomba six jours plus tard à une indigestion, j'avais vainement tenté d'enlever un des parents. La même année, trois mois plus tard, jour pour jour, Île 12 août, l'incubation recommença sur trois œufs, et le 12 septembre il en sortit trois jeunes très bien portants. Mal- heureusement je dus réaliser un voyage dans le Midi projeté depuis longtemps; je partis le 14, et à mon retour, un mois après, tous les trois avaient cessé de vivre. En juillet 1889, j'eus encore la satisfaction d’avoir deux Jeunes. Cette fois, mâle et femelle semblèrent plus irritables que les autres fois et le public (hélas! pourquoi faut-il ad- mettre le public partout?) jouissait si volontiers de leurs colères. Le mâle voulait toujours défendre les petits contre les curieux; un jour, en s’élançant vers ceux-ci, il retomba sauchement sur un des petits et le renversa sur le dos; plus gauchement encore il le prit par une patte pour le redresser, SoÙ SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. je suppose, et cassa ce membre en deux endroits. J’eus beau faire un bandage et garder l'oiseau chez moi : il ne voulut prendre aucune nourriture. Le lendemain, l’autre fut trouvé mort à son tour, le bec brisé par les parents. Je présume que ceux-ci avaient voulu le contraindre à prendre de la nourri- ture. En 1883, un œuf pondu le 6 juillet et un second le 7. Le 7 août au matin, un seul jeune sorti et dans le parc; je désespérais déjà, m’attendant à le voir nourri à l’excès, lorsque le 8 août, au matin, un second jeune vint rejoindre le premier. Immédiatement je fis établir une palissade à une bonne distance des clôtures du parc et un gardien en perma- nence avait ordre de prier le public de ne pas s’arrêter. J’at- tribue à cette dernière précaution surtout le résultat relati- vement satisfaisant que j'ai obtenu cette fois. Vers le milieu de novembre j’enlevai les jeunes aux parents et les logeai dans une cage de la cabane aux Autruches, chauffée au thermosiphon. Je devais croire au succès définitif. Mais un gardien, devenu malade le 5 décembre, avait négligé de fermer une petite porte, et le froid de 5 degrés du 6 au 7 décembre a suffi pour geler les pieds de l’oiseau le moins solide. Je n’ai conservé vivant que l’autre ; mais celui-ci est aujourd’hui de toute beauté et en pleine couleur. En 1884, il y a eu deux couvées successives, l’une de trois, l’autre de deux œufs. Par suite d’un violent orage qui a effrayé la femelle, les pr:miers œufs, parfaitement fécondés, n’ont rien produit. Des deux autres il est sorti, le 26 août, deux jeunes tout petiis et malingres qui n’ont vécu que quelques jours. Il. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Note sur le climat de la Nouvelle-Calédonie. Nos quatre saisons, caractérisées par des différences bien tranchées de température, ne s’observent pas à la Nouvelle-Calédonie. L'année se partage en deux saisons seulement, l’une tempérée, comparable à notre printemps, l’autre chaude et estivale ; encore ces deux saisons ne dif- fèrent-elles l’une de l’autre que par 6 degrés thermométriques quant aux moyennes mensuelles, et par 8 à 10 degrés quant aux minima et aux maxima. On en peut juger par les moyennes inscrites au tableau ci-après, d’après les observations poursuivies pendant quatre années par M. Heckel, pharmacien de la marine : TABLEAU DES MOYENNES DE TEMPÉRATURE OBSERVÉES À LA NOUVELLE-CALÉDONIE EN 1866, 1867, 1868, 1869 Moyennes mensuelles. Minima. Maxima. Moyenne annuelle. SAISON PRINTANIÈRE Male nt er CHRSRe 2219299 | JUMP ER CEE oc DES D _. Het rsstu eet 21, 4 CAS + 23 AOL ENe ne ratricte 21519 SAISON CHAUDE Septembre......... 24, 7 TE OCTUDrE AE AMR EE 25; 9 + 249,5 (D) Novembre:"r##17 "7 27, 1 Décembre ect 26, 1 Dre A Janvier Mere 96, 7 Ana 1 évier st ace tiele 26, 3 Mars: AUTEMeaRt 25, 1 | AVE ENORME ENT, 2 n | On compte à la Nouvelle-Calédonie 120 à 150 jours de pluie par année . La quantité de pluie observée annuellement est de 0",900. Les rosées sont peu abondantes (Rochas). H n’existe pas, à proprement parler, de saison sèche et de saison plu- vieuse. Le maximum de pluie, d’après les observations de M. Heckel, pour (1) D’après M. Rochas, la moyenne annuelle est de + 22°,5 seulement; le mois le plus chaud est février : moyenne + 26°,8; le mois le plus froid est juillet : moyenne + 20°,1. Il a observé une température minima de + 13 de- grés et une maxima de + 36 degrés. 829 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. une période insuffisante de quatre années, paraît correspondre aux mois d'avril et de mars, mais aucun des mois de l’année n’est complètement privé d’eau. On ne voit jamais d’averses torrentielles comme dans nos colonies tropicales ; la plus grande quantité d’eau reçue en un jour n’a jamais dépassé 0,175. Généralement, la pluie est fine, serrée et per- sistante. Est-il possible d’acclimater en Algérie ou en France les plantes qui croissent naturellement dans la Nouvelle-Calédonie ? Les observations météorologiques résumées ci-dessus permettent de comparer le climat de ce pays avec celui des autres régions, et fournis- sent les indications les plus utiles; mais on en peut tirer encore de la nomenclature des plantes spontanées ou des plantes cultivées avec plus ou moins de succès dans notre colonie australe. D’après M. Moore, directeur du jardin botanique de Sydney, le Mela- leuca leucodendron imprime un cachet tout à fait original aux forêts des plaines de la Nouvelle-Calédonie, avec les Gardenia, les Antholoma, les Dammara, les Santalum et quelques Fougères gigantesques (Also- phila). Le Saccharum officinale est usité comme alimentaire. Les pâturages sur le littoral sont constitués presque exclusivement par les Andropogon austro-caledonicum et Schænanthus. Les Bananiers indigènes, Musa Fehii, M. paradisiaca, M. discolor, M. poiete, fournissent la principale alimentation des indigènes, qui eul- tivent aussi l’Igname (Dioscorea sativa), et plusieurs grandes Aroïdées (Colocasia antiquorum, C. esculenta, C. macrorhiza). Le Pandanus odoratissimus, très commun sur le littoral, fournit une spathe comestible. Le Cocotier (Cocos nucifera), s’y montre avec les Ficus indica, F. aspica, F. granatum et un Artocarpus voisin de l’A. incisa. Le Ricinus communis et le Bromelia ananas s'y sont acclimatés. Le Portulaca flava, voisin du P. oleracea, le Cardamine sarmentosa et le Lepidium piscidium fournissent un appoint à l'alimentation. Quant aux plantes alimentaires de l’Europe introduites par les mis- sionnaires, elles ont prospéré pour la plupart : le Maïs, le Mürier, la Laitue, le Choux, le Haricot, lAsperge, le Cognassier, le Poirier, le Pommier, sont cultivés avec succès; la Pomme de terre, les Céréales, la Vigne, réussissent mal. En somme, le climat de la Nouvelle-Calédonie parait se rapprocher assez de celui du littorai algérien pour que les plantes de cette colonie lointaine puissent être cultivées pour la plupart dans les plaines basses de l'Algérie et même sur le littoral des Alpes-Maritimes. Le tableau suivant permet de comparer, au point de vue des tempé- ratures, le climat néo-calédonien (1) avec celui d'Alger et des principales stations du littoral des Alpes-Maritimes : (1) Voy. le tableau ci-dessus, p. 851. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 893 MOYENNES THERMOMÉTRIQUES Hiver. Printemps. Été. Automne. Année entière. NES Roaec + 19°,4 + 470,9 + 93,06 + 21°, + 17,8 Menton... on 7 16, 2 24, 6 AIN) AUS A0 Cannes . 940 15,18 24,19 18, 0 16, 7 Hyères ..… 8, 5 15, Ù 93, 4 15, 5 15540 Nice. 8, 3 ET 22, 9 16, 1 15, 2 (1) Quant aux plantes innommées récemment distribuées par la Société d’Acclimatation, il est à croire qu’elles pourront être cultivées sans diffi- culté dans les jardins favorablement situés de l’Algérie, moyennant des arrosages pendant l’été. Mais réussira-t-on en France sur le littoral des Alpes-Maritimes? La chose est douteuse: cependant on s’exposerait fort à être contredit par les faits en prédisant la négative. D'abord les Eucalyptus et les Acacia d'Australie, si bien établis chez nous, proviennent d’une contrée voisine de la Nouvelle-Calédonie, et dont le climat est analogue ; en outre, quelques Musa se soutiennent en pleine terre dans nos jardins, et l’Igname, les Colocasia, le Cocotier, Ja Patate douce, qui prospèrent dans la Nouvelle-Calédonie, font partie des cultures ornementales ou économiques de la région de l’Oranger. Il faut considérer d’ailleurs que les observations météorologiques de M. Heckel ont été faites sur le littoral néo-calédonien, et que Pile pré- présente une longue arête de montagnes dont les cimes atteignent la hauteur de 1200 mètres. Là, sans aucun doute, dans les hautes vallées, sur les plateaux, la température se rapproche beaucoup de celle du bassin de la Méditerranée, et c’est peut-être de ces régions que provien- nent les graines dont nous essayons Ja culture. Je conclus : 1° Qu'il est très rationnel d’essayer l’acclimatation en Algérie et sur le littoral des Alpes-Maritimes des plantes néo-calédoniennes ; 2 Que les graines distribuées par la Société doivent être semées dans es jardins vers le mois d'avril, à l'époque où la température moyenne commence à dépasser + 15 degrés. Ces graines retrouveront alors, à peu de chose près, les conditions de germination du pays qui les a pro- duites, savoir, une période franchement printanière, suivie d’une longue période estivale. Les mois critiques seront ceux de Juin, juillet et août, dont :l faudra compenser la sécheresse par des arrosements, et ceux de décembre, janvier et février, pendant la durée desquels il faudra peut-être des abris contre le froid. Enfin, on devra préférer les localités abritées contre les vents secs du nord-est et du nord-ouest. D' J. JEANNEL. (1) Moyenne annuelle à Paris + 10°,6 ; à Londres et à Bruxelles + 109,2. 894 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Sur l'alimentation des Rapaces nocturnes. Dans le but d’y puiser des renseignements pour un Catalogue des Mammifères de la Gironde, j'avais prié mon ami M. François Daleau, de Bourg-sur-Gironde, de me recueillir des réjections de Rapaces nocturnes. On sait que ces oiseaux vomissent chaque jour une pelote oblongue qui contient les os, les productions épidermiques et toutes les parties non digérées des animaux qu'ils ont capturés et dévorés. M. Daleau m’a tout récemment envoyé vingt-cinq de ces pelotes, ne provenant pas, il est vrai, de la Gironde même, mais des confins de ce département, de Lugeras, commune de Bussac (Charente-Inférieure). Dans ces 25 pelotes, j'ai reconnu les débris de 131 Mammifères, répartis entre sept ou huit espèces, comme suit : lNCrociduna ananeus L'EÉECREE -reree reel AO 2% Sorex vulgaris L........... AE EE PR Se 21 Total des Insectivores, tous de la famille des Soricidés (Musaraignes) .................. 88 3 Myodes glareolus Schreb............ RARE SA 4 Microtus agrestis L............ ROLE. RENE RES o Arvicola Musiniani Sélys.......... Daote mie serre 2 6° Microtus spec.?......... SEE To ob vo udtadnonde 1 Total des Campagnols (genre Microtus Shranck ou Arvicola auctorum) .................... 1 1° Mus sylvaticus L................... FR AA 29 8° Mus minutus Pastar. ........... .......... RGO Total des Souris (genre Mus L.)....... HER 36 Total des Rongeurs........4........., ae 43 Totaldes Mammiteres. terre menerccreenrerese 131 Ce qui donne par chaque pelotte, ou pour la consommation jour- nalière de notre Rapace, une moyenne de cinq ou six petits Mammifères. Les pelotes contenaient aussi quelques rares débris d’Insectes, prove- nant sans doute de l’estomac des ‘Insectivores. Elles ne montraient pas trace d’Oiseaux, ni de Reptiles, ni de Chauves-Souris. Ce dénombrement, uniquement établi sur les portions antérieures des crânes (sus-maxillaires et frontaux), doit être considéré comme légère- ment au-dessous de la réalité, quelques sujets ayant pu échapper à mon examen; mais cette différence, certainement fort minime, ne sau- rait faire varier sensiblement la proportion relative du nombre des Insectivores par rapport à celui des Rongeurs; et c’est justement cette FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 899 proportion inattendue qui m'a frappé et que je tiens à signaler. Elle nous montre combien est souvent arbitraire et inexacte la division des animaux en wtiles et nuisibles. On classe, parmi les premiers, les In- sectivores, parce qu'ils détruisent des Insectes, et les Rapaces nocturnes, , parce qu’ils dévorent des Rongeurs, sans prendre suffisamment garde que les uns ne choisissent pas entre les Insectes qui nous servent et ceux qui nous nuisent, pas plus que les autres ne discernent entre les Insectivores et les Rongeurs. Dans le cas actuel, le Rapace, dont jai examiné les réjections, a fait périr deux fois plus de nos alliés que de nos ennemis | Du reste, je n’ai pas l'intention de demander, pour ce méfait, la pro- scription de son espèce. Bien au contraire, si j’ai tenu à montrer que les Rapaces nocturnes n'étaient pas toujours aussi innocents qu’on voulait bien le dire, c’est uniquement pour nous empêcher d’accorder une con- fiance exagérée aux jugements portés sur l'utilité ou la nocuité des es- pèces animales, et nous rendre par suite plus indulgents pour celles qui, parfois sans raisons suffisantes, ont été inscrites sur nos listes de proscri- ption. Ainsi tous nos petits Rongeurs, sans distinction, ont été condamnés ; or, dans certaines régions de la Sibérie, les Campagnols empêchent des peuplades de mourir de faim, grâce aux provisions de bulbes et de racines édules qu’elles trouvent accumulées, en quantité considérable, dans leurs terriers. Et, même en France, quel tort peut nous porter, entre autres espèces du même genre, le Myodes glareolus, dans les bois dont il ne s’écarte guère? Dans le genre Rat, le Mulot lui-même (Mus sylvaticus), à juste titre si mal noté dans nos cultures, cesse de nous nuire dans les forêts où il se plaît également bien; il nous y servirait plutôt, car j’en ai souvent pris aux pièges, amorcés d’un ver de farine, que, dans un but d’étude zoologique, je tendais aux Musaraignes. Et la Belette! ne fait-elle pas concurrence aux Rapaces nocturnes pour la destruction des petits Rongeurs, et ne saura-t-elle trouver grâce devant nous quand nous la rencontrerons loin des lieux habités où elle nous devient réel- lement préjudiciable? Nous pardonnons bien au Crapaud, quand il est loin des ruches, son goût malheureux pour les Abeilles ! En somme et sauf, bien entendu, le cas d’un profit légitime à retirer de leurs dépouilles, je demande que la peine de mort ne soit prononcée contre les animaux que lorsqu'ils nous sont évidemment et sérieusement nuisibles. Quand, comme il arrive le plus fréquemment, les pièces du procès que nous avons la prétention d’intenter à tous les êtres vivants sont incomplètes ou contradictoires, je demande l’acquittement des accusés. Les animaux, même inutiles, « sont l’ornement naturel des campagnes, comme les fleurs qui parent les prairies et qui égayent la bordure monotone des chemins (1)» ; et, en outre, l'humanité nous com- (1) Maurice Girard, Catalogue raisonné des animaux utiles el nuisibles, I, p. 9. 890 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. mande la bienveillance envers des frères inférieurs. Nous en détruisons bien assez pour nos besoins, et, aussi, inconsciemment, par le seul fait des modifications que notre civilisation apporte à la surface de la planète. F. LATASTE. Le Chène Zéen ou de Mirbeck. J'ai souvent remarqué, en lisant le Bulletin de la Société d'Acclima- tation, que les personnes qui s'occupent de l’éducation des vers à soie du Chêne (Bombyx Yama-Maï, B. Pernyi) sont embarrassées, dès le début, pour procurer à leurs élèves les feuilles dont ils se nourrissent, et cela parce que les vers éclosent presque toujours bien avant que nos Chênes indigènes aient développé leurs bourgeons. On y supplée plus ou moins heureusement en hâtant la végétation de quelques petits arbres qu’on met à l’abri du froid dans une serre ou dans une orangerie; mais c’est là une complication fâcheuse et tous ceux qui aimeraient à élever des vers du Chêne ne sont pas en mesure d’y faire face. Le desideratum ici est donc de posséder un Chêne dont la végétation soit assez précoce pour être en parfait synchronisme avec l’éclosion des larves et leur développement. Je crois que cet arbre existe et, si je ne me trompe, les plantations qu’on en pourra faire marqueront un pro- grès dans une nouvelle industrie si justement patronnée par la Société d’Acclimatation. Cet arbre est le Chêne Zéen, ou chêne de Mirbeck (Quercus Mirbec- kii), d'Algérie, arbre superbe et qui, au point de vue forestier, est au moins l’équivalent de ses congénères d'Europe. Pour la beauté décora- tive 1l ne le cède à aucun d’eux et il l'emporte sur plusieurs, mais ce que je veux faire ressortir ici c’est que sa végétation est de plus d’un mois en avance sur celle de nos Chênes ordinaires. Son feuillage, grand et d’une forme élégante, est demi-persistant, car il conserve sa fraicheur pendant la moitié de l’hiver, et ne tombe tout à fait qu’au moment où les nouveaux bourgeons commencent à s’ouvrir, ce qui arrive dans la deuxième quinzaine de mars, au moins dans notre climat méditerranéen. La matière de ces observations m’est fournie par un beau sujet de Chêne Zéen, planté, il y a une vingtaine d'années, dans le pare de la Villa Thuret, au cap d'Antibes, et dont la hauteur est aujourd’hui de 13 à i4 mètres. Quoique vigoureux, il n’a probablement pas atteint la taille qu'il aurait s’il n'était pas un peu étouffé par des Chênes communs (Q. Ilex), plantés à la même époque et trop près de lui. C’est peut-être aussi pour cette raison qu'il n’a pas encore fleuri. Néanmoins je suis FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 897 parfaitement sûr qu’il appartient bien à l’espèce à laquelle je le rapporte, ma détermination ayant été confirmée par la première autorité pour les plantes du nord de lAfrique, M. Ernest Cosson, qui partage mes vues au sujet de l’emploi de cet arbre pour la nourriture des Bombyx Yama- Mai et Pernyi. Il sera facile de s’en procurer des glands en s'adressant aux forestiers ou aux pépiméristes d'Algérie, principalement de la province de Cons- tantine. On pourrait d’ailleurs essayer de le multiplier par la greffe sur quelqu'un de nos Chênes indigènes, ce qui serait à la fois le moyen d'économiser le temps et d'obtenir des arbres peu élevés, ce qui facili- terait beaucoup les éducations en plein air. Le Chêne Zéen, ou de Mirbeck, sera-t-il rustique dans toute la France? c’est ce que je ne saurais assurer pour le moment, mais, en attendant plus amp'e information, je puis dire qu'il réussit fort bien à Angers, chez un amateur d'arboriculture, M. Allard, qui m'apprend en outre que le Chêne à feuilles de Châtaignier (Q. castaneæfolia), découvert en Algérie par MM. Cosson et de la Perraudière, est plus précoce d’une huitaine de jours que le Chêne Zéen et encore plus rustique. Il y aurait donc lieu de s'occuper aussi de lui, au point de vue de l’éducation des vers du Chêne. La question étant une fois posée, il est probable que des réponses ne se feront pas beaucoup attendre. Ch. NAUDIN. IV. BIBLIOGRAPHIE Notice sur le Concours général agricole de Constantine, en avril 1882, par Léon Mathiss, ex-officier de marine, délégué du départe- ment d'Oran au Concours de Constantine. Brochure in-8° de 48 pages, photographies. Imp. Jules Breucq, à Bel-Abbès, 1883. La première section ayant bien voulu me confier la rédaction d’un rapport sur le Concours général agricole de Constantine, en 1882, d’après la Notice de M. Léon Mathiss, délégué du département d'Oran, je vous présente aujourd’hui mon résumé. Tout d’abord, M. Mathiss exprime le regret de constater la trop grande précipitation apportée dans l’organisation du Concours ; il en est résulté que beaucoup de candidats n’ont pas eu le temps de préparer leurs lots, et leurs demandes tardives n’ont pas été admises. A ce Concours ont été présentés 280 Chevaux, 150 Bœufs, 58 Moutons, 94 Pores, 35 animaux gras; total, 547 animaux. Chevaux.— Division en six catégories : 1° Races orientales pur sang (Syriens et analogues); 2% Race algérienne (barbe, arabe, etc.) ; 3° Races pures et croisements (selle et trait); 4° Baudets mulassiers ; 5° Juments mulassières ; 6° Mulets, Mules, Anes et Anesses. 1° Races orientales pur sang. La plus haute récompense (médaille d’or et 500 francs) est attribuée à cette série, à tort, suivant l’avis général; ces Chevaux, plus brillants que les barbes ou arabes, sont moins vigoureux et moins dociles que ces derniers, et moins aptes à supporter les privations et les fatigues. 2 Race algérienne. La région de Sétif présente une exhibition de Chevaux barbes pur sang. Le public est unanime à repousser les croisements tentés pour arrêter la décadence de cette race. Il serait, en effet, préférable de chercher à atteindre ce but par la sélection, non seulement des Mules, mais aussi et surtout des femelles. Les étalons deviennent fort rares; il est urgent de créer des jumenteries dans les régions les plus importantes. 3° Races et croisements d'Europe. Représentés par un sujet croisé barbe-anglais et des barbes-nivernais pour les croisements; et pour les races européennes, par des bretons, nivernais, percherons, mecklembourgeois, limousins, Tarbes, etc., . BIBLIOGRAPHIE. 8929 Chevaux plus massifs et plus puissants que les indigènes, mais mal pro- portionnés. A ce propos, le rapporteur croit que les soins que demandent nos races d'Europe en Algérie ne sont pas suffisamment compensés par le produit qui peut en être obtenu; d’ailleurs, malgré les croisements, le Cheval barbe revient peu à peu à son type primitif. L'influence du milieu a une force irrésistible. Le Cheval anglais, qui provient uniquement du Cheval d'Arabie, en est une preuve. Done, ajoute M. Mathiss, conservons et améliorons, comme 1! est dit plus haut, notre race indigène. Le, 5 et 6° séries. Il n'en est rien dit par le délégué. Espèce bovine. 1° Race de Guelma. — Représentée par des sujets médiocres ; ce qui est d'autant plus regrettable, qu’il eût été facile de s’en procurer de plus remarquables. 2 Race nord-africaine. — En moins grand nombre encore, mais de meilleurs sujets. Il importe de multiplier ces races rustiques, supportant le froid et le chaud, et qui, tout en produisant moins de viande et de lait que nos races d'Europe, sont précieuses par leur résistance au climat algérien et par leur sobriété. 3° Races pures d'Europe et croisements. — Cette catégorie est évi- demment la mieux représentée. Les Bœufs Durham-Guelma, de M. Du- four, sont particulièrement remarqués. Mais les soins que réclament nos races d'Europe, pures ou croisées avec les Bœufs algériens, ne sont pas praticables pour le plus grand nombre des éleveurs d’Algérie. Le pa- cage nocturne et la stabulation sont principalement nécessaires. Un fourrage abondant, rare en général en Algérie, est indispensable pour l'élevage de ces animaux. Ici encore, M. Mathiss conclut que le mieux serait le sélectionnement des races indigènes. Espèce ovine. Les Mérinos, essayés en Algérie, ne donnent que des résultats négatifs, à part de rares exceptions. Ils sont au nombre de douze, mâles et fe- melles, à l'Exposition. La race barbarine, également fort peu représentée, est tombée dans le discrédit général ; même, à l’avenir, elle sera exclue des Concours. Au contraire, celle des Hauts-Plateaux, rustique et féconde, offre vingt lots au Concours, lots très remarqués et primés, celui de M. Rimbert en premier. Dans le but de propager ces précieux animaux, le ministre de l’Agri- culture a créé la bergerie de Moudjebeur, avec une école de bergers. Les races croisées indigènes-européennes ont donné quelques bons produits, notamment les Arahes-Mérinos et les Shropshire-arabes, ces derniers surtout; quelques-uns, âgés de onze mois, pesaient 60 kilo- 800 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. grammes, résultat qui n'est guère dépassé aux Concours régionaux de France. Race porcine, animaux de basse-cour. Des Porcs anglais, français et croisés, en assez grand nombre, étaient exposés. Rien à signaler à ce sujet. Les volailles, peu nombreuses, étaient généralement médiocres. Le rapporteur ne mentionne rien de particulier sur cette partie du Con- cours. I! ne fait aucune remarque, non plus, sur le lot de Dromadaires, aux- quels trois prix ont été accordés. Le rapport est complété par l’examen des machines agricoles et de la culture de la Vigne, dont je n’ai pas à m'occuper. En résumé, M. Mathiss exprime, d’une manière générale, qu'il y au- rait avantage à améliorer les espèces algériennes, de préférence à l’in- troduction des animaux d'Europe. Les Autruches n’ont pas été représentées au Concours de Constantine ; il y a là une lacune regrettable, à mon avis. Même observation pour l’espèce caprine. La Chèvre n’est pas plus heureuse en Algérie qu’en France. Je crois devoir, à ce sujet, exprimer le vœu que la Société d’Acclimatation, la première section en particulier, fasse tous ses efforts pour renouveler utilement ses démarches auprès du ministre de l’Agriculture, en vue d'en obtenir l’autorisation d'admission aux Concours agricoles de France et d'Algérie, des Chèvres races laitières et races à long poil. Charles MAILLES. Paris, 26 avril 1884. Le gérant : JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. CROISEMENTS DE CANARDS Par M. Gabriel ROGERON MONSIEUR LE PRÉSIDENT, Permettez-moi de compléter aujourd’hui les renseigne- ments publiés dans le Bulletin d'octobre 1885 sur les singu- liers croisements de Canards que j'ai obtenus. En juin, quand je vous envoyais cette note, ma femelle métisse Chipeau-Sau- vage, bien que toujours en excellents Lermes avec son gros époux Milouin, ne laissait pas de me donner certaines inquié- tudes sur le succès de la couvée de cette année. L'époque de sa ponte de l’année précédente était, en effet, passée, bien que j'eusse toujours remarqué qu’une Cane de deux ans fût plus précoce qu’une jeune de l’année. Cependant n'en avait-elle point déjà fait une? Ce n’était pas impossible car depuis quelque temps, contrairement à ses habitudes passées de tranquillité sur ma pièce d’eau, elle fréquentait à une assez orande distance tous les fossés et douves du voisinage. J'en acquis bientôt la certitude après avoir fouillé les haïes des environs vers les endroits où elle s’abattait de préférence, ayant trouvé son nid mais ravagé, et dont les œufs avaient sans aucun doute été dévorés par quelque bête. J'avais pris courageusement mon parti de cet insuccès, m'en remettant à l’année suivante pour une meilleure réussite, quand celte cane se mit à disparaître à plus longues inter- mittences que d'habitude. Évidemment elle couvait, et cette fois je fus assez heureux à l’aide de mon chien couchant, qui tomba en arrêt dessus, de la découvrir à un demi-quart de lieue de mon habitation. Elle était bien, en effet, sur ses œufs. fort loin de toute mare ou cours d’eau, au plus fourré d’une haie bordant une prairie, mais ce qui était plus grave, à quelques pas d’un chantier de chemin de fer fréquenté jour- 4 SÉRIE, T. [. — Novembre 1884. 56 802 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. nellement par des centaines de chemineaux ; et je me de- mande vraiment comment depuis plus de quinze jours qu’elle avait dû commencer sa ponte, elle avait pu dissimuler ses allées et venues en Lel pays ennemi, au point de n’être aperçue d'aucun de ces gens naturellement si disposés à lui tordre le cou. Je me hâtai donc, comme on pense, de l’enlever de son nid cependant fort moelleux et fort bien fait de duvet et de feuilles sèches, pour lui couper une aile et la renfermer chez moi. Quant aux œufs au nombre de onze, je les plaçai sous une de ses compagnes, celle-là même qui avait élevé sa cou- vée l’année précédente. De ces onze œufs tous fécondés, neufs petits naquirent et comme ceux de l’autre année, très vigoureux et fort pétu- lants, bien que d’une venue assez lente. Un seul de ces métis, aussi beau et aussi bien portant que ses frères, périt tout gros, subitement, sans cause apparente, vraisemblablement d’un coup de sang occasionné peut-être par trop de santé. Quant aux huit autres, ils ont atteint sans encombre leur entier dé- veloppement, et plus favorisé que l’année dernière, je pus constater avec plaisir que ce nombre était également partagé de mâles et de femelles. Tous, mâles et femelles, avaient entièrement la même tournure, la même allure, le même plumage que leurs sœurs aînées et semblaient tenir comme elles surtout des fuligules, plumage brun de suie uniforme avec absence des mouche- tures propres aux jeunes et aux femelles des autres espèces, corps d'apparence massive, grosse tête, bec noir, plumage serré, pas de miroir brillant sur laile, etc....; mais malgré cela, en y regardant de près des différences fort tranchées : ainsi corps horizontal et non oblique, pattes plus petites, plus légères, non placées en arrière, mais au centre du corps bien en équilibre, des habitudes infiniment plus terrestres, peut-être plus terrestres que celles des Canards proprement dits, nulle tendance à plonger, mais par contre malgré leur lourde apparence, marcheurs infatigables. Les femelles, comme je l'ai déjà dit précédemment, avaient à peu près le cri de la Cane sauvage; celui du mâle semblait rappeler la CROISEMENTS DE CANARDS. 803 voix du jeune Canard (1). La différence des sexes pour le plu- mage était presqueinsaisissable ; quelques rares plumes seule- ment légèrement cendrées, mélangées çà et là parmi les autres. Ainsi donc ces jeunes avaient certains caractères, bien que peu sensibles à première vue, absolument distincts de ceux du père ; cependant le plumage par sa couleur et la contex- ture des plumes se rapprochait tellement de celui de la femelle Milouin, qu'à mon grand regret j'étais convaincu que les mâles en entrant en couleur prendraient entièrement celui de leur père, c’est-à-dire tête rouge, plastron noir, corps cendré clair. Ceseraient donc de vrais Milouins pour des yeux un peu distraits, déjà même leur bec noir prenait la teinte bleuâtre avec le petit croissant blanc vers le bout. Mais quelle ne fut pas ma surprise quand la mue impatiemment attendue arriva enfin, et que je vis la tête et le cou de mes Canards, au lieu de rouge ou de roux vif, prendre les teintes d’un beau noir velouté avec des reflets vert-bouteille, le plas- tron devenir couleur lie de vin au lieu de noir. et le reste du corps d’un cendré mélangé de roux avec les plumes sous- caudales teintées de jaune feuille morte. Malgré la grande différence de tons, on voit que c’est à leur grand-père Canard sauvage que ces Jeunes métis ont em- prunté leurs couleurs. En effet, bien qu’infinimen plus foncé, dans le vert noir de leur tête on retrouve le vert plus clair et plus brillant du Canard sauvage; il en est de même du plas- tron cette fois passablement déteint, ainsi que du cendré bien que mélangé de roux pour le reste du corps. Mais comment le Canard sauvage reparait-il ici par leurs couleurs, puisque leur père est Milouin, que leur mère métisse de Chipeau et de Cane sauvage est presque entièrement Chipeau de plumage, de tournure et de mœurs, etqu’eux-mêmes avant leur seconde mue avaient porté, à peu de chose près, la robe des jeunes Milouins ? (1) La voix des femelles a toujours conservé beaucoup d’analogie avec celle de la Cane sauvage; quant à celle des mâles, elle s'est modifiée depuis en un sorte de sifflement guttural ne rappelant aucun cri connu. 864 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Cependant ici pour les couleurs, comme tout à l'heure pour Les formes du corps, en examinant ces singuliers métis avec plus d'attention encore, on s'aperçoit qu’ils participent bien réellement des différentes espèces d’où ils descendent, même pour les couleurs de la tête et du cou, qui, bien que d’un vert noir, vus de certains côtés ont des reflets pourprés évi- dents venant du Milouin. Le dos de l'oiseau est également plus foncé que celui du Canard sauvage et du Milouin, et les lignes alternatives noires et blanches, formant les zigzags gris du reste du plumage, plus grosses que dans ces deux dernières espèces, se rapprochent par là même du Chipeau. _ Les femelles sont entièrement semblables de forme et de couleur à leurs aînées, seulement les deux de l’année dernière que je possède encore, sont à présent fortement mélangées de cendré, mais 1l est présumable que les jeunes femelles de cette année modifieront de même leur plumage à la troisième mue. Pour les jeunes mâles, les formes et la grosseur sont écalement identiques chez tous, cette dernière au-dessous de celle du Milouin et même du Ghipeau, par conséquent beau- coup inférieure à celle de leur ancêtre le Canard sauvage. D'où tiennent-ils cette infériorité de taille ? La cause en semble difficile à déterminer. Cependant, bien que les couleurs soient disposées par masses exactement semblables, les reflets rouges de la tête sont plus où moins intenses chez les diffé- rents individus, de même que le cendré des autres parties du corps est plus ou moins teinté de rougeâtre. Mais d’où vient encore cette teinte rouge mélangée au cendré du reste du corps quand elle n’existe ainsi chez aucun des trois auteurs de ces hybrides? Ne serait-ce pas par hasard le rouge accumulé sur la tête et le cou du Milouin qui par suite du mélange avec les autres espèces se serait répandu sur le plumage tout entier de ses descendants ? Ainsi fusion complète, absence d’un retour plus ou moins prononcé dans chacun des différents individus que je possède, vers l’un des types dont ils tirent leur origine. On dirait une race distincte et déjà établie, et mieux que cela, une espèce véritable ne ressemblant dans son aspect général à aucune CROISEMENTS DE CANARDS. 80) autre connue. (e serait vraiment chose curieuse si ces oiseaux étaient féconds, si l’on pouvait former une nouvelle race de ce trip le mélange. Pour moi, je n’en désespère pas, considé- rant la fécondité de leur mère, déjà métisse elle-même, ayant produit dès la première année, et fait plusieurs pontes la seconde. Les mœurs de ces oiseaux ne sont pas moins singulières que leur conformation physique, car pour cette fois on ne trouve plus rien les rattachant aux types d’où ils dérivent et même aux autres Cauards. Leur familiarité, leur constance, leur audace et même je dirai presque leur agilité sous une apparence d’extrème lourdeur, sont, je crois, sans exemple, quand il s’agit des soins de leur estomac. S'ils soupçonnent que vous êLes dans l’intention de Jeter quelques bouchées de pain à vos Palmipèdes, ils sont toujours, malgré le peu de longueur de leurs jambes, les premiers arrivés et aussitôt for- ment un étroit cercle autour de vous, défendant la position avec énergie et d’une façon très comique, d’abord par desme- paces terribles, et bientôt par de furieux coups d’aile et de bec contre des nouveaux venus, souvent beaucoup plus forts; aussi se font-ils rudement bousculer, mais ils ne se rebutent pas pour si peu; à peine sont-ils en fuite d’un côté, qu’au plus vite, ils reviennent de l’autre, de peur qu’un morceau ne leur échappe, et en vérité il ne leur en échappe guère ; car, simême profitant de ce qu’ils sont près de vous, on jette les bouchées au loin, ils se hâtent tellement qu’ils trouvent moyen de les sai- sir les premiers, allant quelquefois les chercher jusque entre les jambes des grandes Bernaches du Magellan, oiseaux fort peu endurants, qui, s’ils peuvent les attraper, leur font payer cher leur témérité. Mais leur plumage épais et serré amortit sans doute les coups, car après s’être baignés à trois ou quatre reprises et avoir battu leurs ailes, sans doute seulement pour réparer les désordres de leur toilette, il semble n’y plus pa- raître du tout. Et il n’y a pas qu’au bord de l’eau qu’ils vous suivent ainsi, mais n'importe à quelle distance du jardin et tant qu'ils soupçonnent quelque chose dans vos poches. Leurs pas étant moins longs que les vôtres, vous prenez nalu- 800 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. rellement une certaine avance, mais ils ne se découragent pas du tout pour cela, ils espèrent bien que vous finirez par vous arrêter et qu’alors ils pourront vous rejoindre; à tel point qu'ils deviennent même fort gênants, qu’on voudrait à tout prix s’en débarrasser en les effarouchant ; mais le moyen? ils n’ont peur de rien ! Chaque soir, comme je l’ai dit ailleurs, jerentre une partie de mes Canards dans la basse-cour et dans des poulaillers assez éloignés de ma pièce d’eau. Personne d’ordinaire ne résiste ouvertement, mais chacun selon sa race et sa nature y met plus ou moins de bonne volonté, partagé entre le désir d'aller faire un bon souper sous les verrous et la suprême volupté de passer la nuit sur l’eau en liberté, mais à jeun. Les Sarcelles du Brésil marchent en tête, les Bahamas, Canards sauvages, Carolins, Mandarins viennent ensuite, les Casarkas noirs vont moins droit, personne ne met grande résistance; néanmoins 1l faut la vue salutaire du bâton, bien que, je dois le dire à leur louange, ceux qui avaient été oubliés ou s'étaient malicieusement cachés lors de la rentrée générale, s’en viennent d'ordinaire quelque temps après et d'eux-mêmes frapper à la porte du dortoir. Mais pour les métis, pas la moindre hésitation ; tant que le signal n’est pas donné, ils ne bougent pas, il est vrai, des pièces d’eau ni du jardin, ils savent parfaitement que la salle du réfectoire ne s’ouvrirait pas exprès pour eux; mais, dès qu’ils voient atteindre les gaules signal de la rentrée ,ils prennent aussitôt d'eux-mêmes les devants sans qu’il soit plus besoin en aucune sorte de s’oc- cuper d’eux, et quand le gros du troupeau arrive enfin suivi de ses bergers ou plutôt de ses bergères, car ces délicates fonctions sont d'ordinaire confiées à deux bonnes, ils sont déjà à attendre depuis quelque temps à la porte de la chambre commune. Et de qui peuvent-ils tenir cette familiarité, cette confiance qui les porte à vous prendre le pain jusque dans la main, cette témérité qui les empêche de redouter quoi que ce soit, cette facilité extrême à les rentrer? Pas de leur mère bien sûr, laquelle est d’une telle défiance que je n’ai jamais pu CROISEMENTS DE CANARDS. 807 m'en emparer, même pour lui couper les ailes, sice n’est lors- qu’elle couvait sur son nid, et qu’il m'a toujours été impos- sible, comme je l’ai raconté, d’astreindre à rentrer le soir. Ils ne tiennent pas davantage en cela de leur père Miloum, gros Triton, qui consent bien par excès d’amour à abandonner son élément et à suivre sa chère moitié dans de très longues pro- menades à terre le printemps, mais qui en dehors de cette cir- constance exceptionnelle, bien qu’il soit d’un excellent appétit, ne quitterait pas le bord de l’eau de vingt mètres pour avoir du pain. Cette sociabilité et cette docilité sont du reste d'autant plus remarquables, que, dans le premier âge, jusqu’à ce qu’ils aient eu leurs ailes croisées, ils étaient d’une nature indomptable, rebelles à toute éducation et aussi difficiles à conduire que depuis ils sont devenus dociles. À peine si leur mère adoptive, choisie cependant entre toutes pour leur éducation, vieille Cane sauvage fort précieuse et qui m'a mené à bien maintes couvées depuis huit ou neuf ans qu’elle est à mon service, pou- vait s’en faire obéir; et le soir aidée de nos bâtons, c'était avec la plus grande peine qu’elle parvenait à les faire sortir de l’eau et à les conduire dans la basse-cour; encore presque chaque jour, malgré nos plus pressants efforts, étions-nous obligés d’enabandonner dans la pièce d’eau quelques-uns ayant ab- solument refusé d’obéir. Chez leurs aînées de l’année précé- denie les mêmes incidents s’étaient produits, le même con- traste d’insubordination et de soumission entre l'enfance et la jeunesse. : Ainsi dans ces deux dernières années, j'ai obtenu douze de ces Canards, et j'ai tout lieu d'espérer que la famille s’accroîtra encore, car le père et la mère dans les mêmes tendres senti- ments à l'égard l’un de l’autre, sont toujours pleins de vie et florissants de santé. De ces douze Canards j'ai fait hommage d’un couple à M. le Directeur du Jardin d’acclimatation, qui a semblé les apprécier, puisqu'il a bien voulu me répondre : « J'ai examiné avec intérêt les deux Canards métis dont vous avez bien voulu enrichir nos collections. Ge triple croisement a été rarement obtenu, etc... » Le mâle n’était alors nulle- 808 _ SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ment en couleur, mais je ne doute pas qu'il n’ait pris depuis la mème livrée que ses frères. Trois autres ont également quitté ma pièce d’eau sous l'influence de destinées diverses, quelques-unes tragiques, hélas ! du moins je le crains. Il me reste donc en ce moment sept de ces singuliers oiseaux, trois mâles et quatre femelles, la souche d’une race d’hybrides que je ne désespère pas de former. RAPPORT SUR LES EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE ® D'ÉDIMBOURG ET DE LONDRES (1882-1883) Par M. €. RAVERET-WATTEL Le succès obtenu par l'Exposition de produits et d’engins de pêche de Berlin, en 1880, ne pouvait manquer de pro- voquer sur d’autres points l’organisation d'expositions analo- gues. Dès l’année suivante, la Grande-Bretagne ouvrait à Norwich un premier concours réservé à ses pêcheries métro- politaines et coloniales; puis, en 1882 à Édimbourg, en 1883 à Londres, elle conviait toutes les nations à deux grandes expositions comprenant l’ensemble des industries de la mer et des eaux douces. ; ji C’est de ces deux importantes expositions dont je viens aujourd’hui rendre compte à la Société nationale d’Acclima- tation, en m'’attachant surtout, dans ce travail, à faire con- naître les mesures administratives et les efforts dus à l’imitia- tive privée qui ont amené dans plusieurs pays étrangers un repeuplement rapide des cours d’eau et une amélioration importante de la plupart des pêcheries. Qu'il me soit permis, en commençant le présent rapport, d'exprimer toute ma reconnaissance envers MM. les commis- saires des nations étrangères, qui m'ont tous accueilli avec la plus grande bienveillance, et qui m'ont grandement facilité mon travail en mettant gracieusement à ma disposition de nombreux et utiles renseignements. L’Exposition d'Édimbourg était installée dans le marché Waverley. Pour détourner le moins longtemps possible cette 870 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. halle de son affectation ordinaire, les travaux d’appropriation commencèrent quatre jours seulement avant l’ouverture de l'Exposition; mais telle fut l’activité déployée par le comité d'organisation, que ce court laps de temps suffit pour tout mettre en état. A la date fixée, les aménagements nécessaires étaient terminés, et la multitude d'objets envoyés par plus de cinq cents exposants se trouvaient installés sous la vaste el élégante colonnade du marché, décorée avec beaucoup de goût à l’aide de draperies en filets et de trophées de drapeaux. Sous le haut patronage du lord prévôt, des magistrats de la ville, de la Société d’agriculture et de Association pour le développement des pêcheries (Scotch Fisheries Improvement Association), l'Exposition d’Édimbourg fut un véritable succès. En seize jours (il eût été impossible, vu son empla- cement, de lui donner une plus longue durée sans porter une trop grande gène au commerce), elle compta plus de cent qua- rante mille visiteurs. Le soir surtout, brillamment éclairée au gaz, elle recevait une telle affluence de monde, qu’on fut plusieurs fois dans la nécessité d'en interdire l'entrée pour éviter l'encombrement. Les recettes s’élevèrent à 5844 livres sterling (146 000 francs), dépassant sensiblement les dépenses, bien que plus de trois cents prix et médailles aient été distri- bués. Une partie de l’excédent des recettes fut employée à la publication des mémoires couronnés, concernant les sujets qui avaient été mis au concours. Ces différentes études ont élé réunies en un volume du plus grand intérêt, qui consacre le souvenir de l'Exposition. A Londres, l'Exposition occupait les vastes jardins de la Société royale d’horticulture, à South-Kensinglon. Deux im- menses galeries en bois, avec toiture vitrée, coupées perpen- diculairement par d’autres galeries, occupaient la partie cen- trale; tout autour régnait une galerie semi-circulaire, de moindres dimensions. L'entrée principale donnait accès dans la vaste salle du conseil de la Société royale, transformée pour la circonstance en un musée de peintures maritimes. De ce point, la vue se prolongeait jusqu’à l'extrémité de la grande EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÈCHE. 871 galerie occupée par l'Angleterre, sur une longueur de plus de 300 mètres. Le coup d’œil était très pittoresque, bien que l'absence de toute décoration donnât une physionomie un peu froide à cette vaste galerie. Dans les sections étrangères, les galeries étaient en général mieux décorées. Le soir, l'Expo- sition restait ouverte, éclairée par un millier de lampes élec- triques, fournies par quinze compagnies différentes. Dans la grande galerie anglaise, consacrée aux engins de pêche de toute sorte et aux modèles de bateaux de toute espèce, une large place était faite aux appareils de sauvetage, comprenant les appareils de la marine royale, ceux du ministère du commerce et ceux de la Royal life Boat Insti- tulion, société qui possède actuellement 273 bateaux, répartis sur divers points des côtes. Les équipages de cette flotte de salut ont sauvé, en 1881, 1121 naufragés; en 1882, 884. Depuis sa fondation, en 1824, le total des sauvetages de per- sonnes se monte au chiffre de 29 600. Dans la galerie qui formait en quelque sorte la ceinture de l'Exposition se trouvaient : l’aquarium d’eau de mer et d’eau douce ; le matériel des industries piscicoles et ostréicoles; les collections d'histoire naturelle, elc. Ces collections, pour la plupart prêtées par les Sociétés de pêche et de pisciculture de Londres et de la province, formaient un musée des plus curieux. Les sections étrangères, qui occupaient la partie centrale de l'Exposition, offraient en général un grand intérêt. Mal- heureusement la France n’y tenait qu’une place beaucoup trop modeste. La chambre de commerce de Boulogne était presque seule à représenter notre pays, qui occupait infini- ment moins d'espace que la Chine ou le Japon, voire même les îles Havaï. Notre industrie ostréicole était, toutefois, très honorablement représentée. L’Exposition, qui est restée ouverte du 12 mai au 31 oc- tobre, a reçu 2 703 051 visiteurs, soit, en moyenne, 18 388 par jour. Le produit des recettes s’est élevé à 140 346 livres sterling (3 508 650 francs), dépassant de 8954 livres sterling (223 850 francs) le chiffre des dépenses. 872 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. MATÉRIEL PISCICOLE. Malgré le peu de temps qui s’était écoulé depuis l’Exposi- tion de Berlin, on remarquait aux Expositions d'Édimbourg et de Londres plusieurs appareils d'invention nouvelle pour l’éclosion des œufs, le transport des alevins, etc. Ces appareils sont, avec quelques autres qui n’avaient pas été exposés à Ber- lin, les seuls dont j'aie à m'occuper dans le présent rapport. = Beaucoup de pisciculteurs de la Grande-Bretagne se servent encore aujourd’hui d'appareils d’éclosion plus ou moins cal- qués sur ceux dits du système Coste. Ce sont des auges, soit en terre cuite (fig. 1), soit en zinc ou en tôle émaillée, dispo- | Pr il ul DEEE PEER EE EEE EEE EEE PC CEEEE CE CEUEETENTE Æ ma nt DCE ECO ET PE OU LE PS — /l —_ LI Wl sées en gradins, et dans lesquelles les œufs sont étalés sur des claies en baguettes de verre ou en toile métallique. Dans cer- tains établissements, ces auges sont établies tout simplement en bois, ce qui permet de leur donner de plus grandes dimen- sions (1). Pour éviter le développement des byssus, qui ne (4) C’est un détail qui n’est pas sans importance quand, pour une raison EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 813 manqueraient pas d’envahir les parois, le bois est légèrement carbonisé à la surface à l’aide d’un fer rouge. Il reste ainsi toujours d’une propreté parfaite et se conserve fort bien, Les auges en bois sont tantôt disposées, elles aussi, en gradins (fig. 2), tantôt établies de façon à pouvoir être placées bout à on Loi en _ Eu conne La TEE EESTI DENT EN SELON Lu EE — = DO AL Fi. 2. bout (fig. 5), pour former une longue rigole constituant un véritable ruisseau artificiel. Les auges en bois carbonisé sont les seules employées dans le magnifique établissement de pisciculture créé par sir James Maitland, à Howietoun, près Strling (Écosse), établissement tout à fait hors ligne, sur lequel j'aurai plusieurs fois à revenir dans le cours ii présent FIG: rapport. À Howietoun, chaque auge ou rigole est alimentée par un robinet (quelquefois par deux, si l’auge est très large), dont l’eau ne tombe pas directement dans l’auge, mais se dé- verse sur une planchette ayant toute la largeur de l’auge et formant un plan incliné du côté du robinet. Cette planchette précède les claies ou grilles en baguettes de verre qui sup- portent les œufs, et elle descend au-dessous du niveau de ces claies. Le but de cette disposition est de faciliter l’aération de quelconque, on est obligé de conserver longtemps les alevins dans les appareils d’éclosion. 814 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. l'eau, de répartir le courant sur toute la largeur de l'appareil d’éclosion, d’en diriger une partie sous les claies (1) pour que les œufs soient lavés de tous côtés par le courant, enfin, d'éviter un bouillonnement de l’eau, considéré comme préju- diciahle aux embryons et comme pouvant amener la formation de monstres. Dans chaque auge l’orifice de sortie est précédé d’une grille ou cloison de zinc perforé, qui, après l’éclosion, s'oppose à la fuite des alevins. Chez. M. le marquis d’Exeter, qui a, lui aussi, beaucoup contribué au développement de la pisciculture dans la Grande- Bretagne, et auquel on doit de très intéressants essais d’ac- climatation de poissons étrangers, les appareils d’incubation en gradins sont aujourd’hui complètement abandonnés. M. Walter Silk, l’habile praticien placé par le marquis à la tête de son laboratoire piscicole de Burleigh-House, a, depuis plusieurs années déjà, remplacé ces appareils par un grand bac de 3",60 de long sur 0",60 de large, où l’eau est intro- duile par trois tuyaux qui règnent dans toute la longueur de ce bac, l’un au fond et un autre sur chacun des côtés. Ces tuyaux sont percés sur toute leur longueur d’une multitude de trous, produisant autant de petits courants très favorables à l’aération des œufs. Ces derniers sont placés sur des pla- teaux à rebords, en zinc perforé, lesquels sont maintenus par des supports à 10 centimètres environ des tuyaux d’alimen- tation et sont recouverts d’une couche d’eau de 3 ou 4 centi- mètres d'épaisseur. Jamais aucun sédiment ne se dépose sur les œufs, qui sont presque mis en mouvement par la force du courant; toutes les particules terreuses que peut apporter l’eau tombent dans le fond du bac par les trous des plateaux (1) Ces claies sont faites de tubes de verre, d’un très petit diamètre, dis- posés transversalement et maintenus en place par une bande de zinc, qui règne sur toute la longueur de la claie et qui est percée d’une série de trous dans les- quels s’engage l’extrémité des tubes. Le modèle de claies généralement adopté en France paraît préférable pour les raisons suivantes : Les baguettes pleines, en verre, sont moins fragiles que des tubes ; le mode de fixation des baguettes, au moyen d’une étroite bande de plomb qui appuie sur leurs extrémités, est plus simple et rend les réparations plus commodes ; enfin les tubes présentent cet inconvénient qu’il peut se loger à l’intérieur des matières organiques (coques d'œufs, embryons morts, etc.), dont la présence serait un danger et qui néces- sitent des nettoyages inconnus avec l’emploi des baguettes. EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 879 de zinc perforé. Les nettoyages, très faciles d’ailleurs, ne sont donc presque jamais nécessaires. Un des avantages de l'emploi de semblables bacs est de pouvoir y laisser séjourner assez longtemps les alevins, qui, bien que réunis en grand nombre, y jouissent de plus d’espace el se trouvent, sous ce rapport, dans de meilleures conditions que dans de sim- ples augets. M. Charles Capel, créateur et propriétaire de l’établisse- ment de pisciculture dit Cray Fishery (à Foot’s Cray, comté de Kent), se sert d’auges en bois ayant, sauf qu’elles sont disposées en gradins, une très grande analogie avec l’appa- reil employé chez M. le marquis d’Exeter. Les œufs y sont également mis en incubation dans une caisse en zinc perforé (fig. 4). Chaque auge mesurant 1",50 environ de longueur, la A 1} Li 1) 00) caisse en zinc qui s’y place peut contenir de neuf à dix mille œufs. Primitivement, M. Capel alimentait uniquement ses appareils par un simple filet d'eau se déversant successive- ment d’une auge dans la suivante. Mais, depuis quelques an- 8706 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. nées, il a reconnu l'utilité de donner un plus fort courant, et voici la disposition qu'il a adoptée : du tuyau d’amenée de l’eau se détachent autant de b’anches, ou tuyaux secondaires, qu'il y a d’auges, et ces tuyaux, percés d’une multitude de trous, courent dans toute la longueur de l'appareil (fig. 5), sous [a caisse en zinc qui contient les œufs. Ceux-ci se trou- vent ainsi placés au milieu d’un fori courant ascendant, qui Don oo > DR nn Un Il 0220000) D ns; à ù I T L a re I, à << à FIG. 5. leur fournit autant d'oxygène qu’ils peuvent en avoir besoin, et qui se répartit uniformément dans toute l’étendue de l’auge. Le fonctionnement très satisfaisant de ces appareils mérite d'autant plus d’être signalé, que l’eau qui alimente le laboratoire de M. Capel manque généralement d’aération et conviendrait assez difficilement à l’éclosion d'œufs de Salmo- nides, dans des appareils d’un autre type. Un autre pisciculteur anglais, M. Byram Littlewood, d'Hud- dersfield (Yorkshire), avait exposé à Édimbourg des appareils d’éclosion, dans lesquels il place les œufs sur le fond même, et non sur des claies en toile métallique ou en baguettes de verre. Ce sont des auges en terre cuite, non vernie, d’une na- ture extrêmement poreuse et laissant presque filtrer l’eau comme le font les alcarazas. D’après l'inventeur (qui, ainsi EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 811 que j'ai pu le constater, obtient des éclosions parfaitement réussies), les œufs reposant sur cette terre poreuse y trouvent des conditions d'aération au moins égales à celles que leur assurerail l’emploi de claies. En outre, l’évaporation très active qui se produit à l’extérieur refroidit considérablement l’auge, dont le contact abaisse la température des œufs, ce qui ralentit l’évolution embryonnaire et retarde le moment de l’éclosion, au profit de la vigueur des alevins. La disposition Ya F1c. 6. intérieure des auges, dont la figure 6 donne le plan, permet d'éviter que l’eau ne dépose sur les œufs des sédiments nui- sibles. En b b se trouvent des cloisons de zinc perforé qui retiennent les œufs ou les alevins quand ils sont éclos. Ces cloisons sont placées de biais afin de présenter plus de sur- face et de se mieux prêter au passage de l’eau. Le fond de l’auge présente en e une saillie en deçà de laquelle se dépose et s'arrête la plus grande partie des matières terreuses que l’eau peut charrier. En ayant le soin d’enlever de temps en temps ce dépôt au moyen d'un siphon, on maintient les œufs dans un état très suffisant de propreté. Chaque appareil est muni, pour l'écoulement de l’eau, d'un bec ou déversoir à, dont la largeur peut, au besoin, fournir passage à un courant très abondant. Ces auges, qui mesurent environ 1 mètre de long sur 0",30 de large et 20 centimètres de profondeur, ne coûtent que 3 shillings (3 fr. 75) pièce. M. Oldham Chambers, secrétaire de l'Association nationale 4° SÉRIE, T. |. — Novembre 1884. o1 8178 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. de pisciculture de la Grande-Bretagne, est l'inventeur d’un appareil d’éclosion, qui joint à l’avantage d’être d’une con- struction peu coûteuse celui de placer les œufs dans un cou- rant d’eau bien aérée. C’est un bac en bois de 30 centimètres de profondeur, 45 centimètres de largeur et 2 mètres ou plus de longueur, dans lequel les œufs sont mis en incubation sur des plateaux en zinc perforé, de 35 centimètres de lon- gueur, qui sont maintenus, par de légers supports, à 15 cen- timètres environ du fond du bac, et recouverts de 4 ou 5 cen- timètres d’eau. Sous ce bac règne, dans toute la longueur, un tuyau d'alimentation en plomb, sur lequel s’embranchent, à angle droit, des tuyaux secondaires qui viennent déboucher dans l’appareil sous chacun des plateaux de zinc; ils y pro- jettent un courant ascendant que les nombreux trous de la feuille de zinc divisent à l'infini. Tout en entretenant — par suite de sa direction ascendante — les œufs dans un état de propreté parfaite, ce courant, qui les baigne d’une eau con- stamment renouvelée, leur permet d’absorber beaucoup d'oxygène. C’est là un point très important, auquel on n’a pas toujours accordé en France une attention suffisante; d’où l’insuccès de beaucoup d’élevages. L’éclosion peut, en effet, se produire dans une eau insuffisamment renouvelée ou aérée ; mais les alevins obtenus sont chétifs, se développent mal, et telle est souvent la principale cause des mortalités qui surviennent parfois pendant le premier âge. M. Oldham Chambers avait aussi exposé à Londres un ap- pareil pour l’élevage de l’alevin. Get appareil est un grand vase de 60 centimètres de diamètre environ, à très large en- colure, dans lequel un tuyau qui en fait intérieurement le tour, à quelques centimètres du bord, amène l’eau et la dé- verse par de nombreux trous. Ces trous étant percés oblique- ment et l’eau arrivant sous une certaine pression, il se produit dans le vase un courant circulaire que les alevins remontent continuellement et qui contribue puissamment à les entrete- nir en bon état. On place ces jeunes poissons dans l'appareil dès que la résorption de la vésicule ombilicale est accomplie, et on les nourrit de foie finement haché, que le mouvement | EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 019 particulier de l’eau tient plus longtemps en suspension que dans tout autre appareil d'élevage. L’eau s'échappe par le fond du vase, au centre duquel se dresse un tube vertical percé à sa base d’une multitude de petits trous. Dans ce tube, dont l'extrémité supérieure est plus élevée que le tuyau d’ali- mentation, se trouve un petit tuyau par lequel l’eau s'échappe. Ge tuyau étant mobile, en le faisant monter plus ou moins à l’intérieur du tube, on règle à volonté le niveau de l’eau dans le vase, qu’on peut aussi vider complètement et netioyer avec la plus grande facilité en quelques instants. Un autre avan- tage de cet appareil, c'est qu'il ne consomme que très peu d’eau. La quantité d’eau qui passerait par un simple tuyau de plume est suffisante pour entretenir huit ou dix mille ale- vins en bon état pendant plusieurs. mois dans un vase de 60 centimètres de diamètre. M. Frédéric Zenk, propriétaire d’un important établisse- ment de pisciculture en Bavière (celui de Seewiese, dont J'aurai à parler plus loin), est l'inventeur d’un appareil d’é- closion qui rappelle à la fois ceux en usage à Howietoun et ceux employés par M. Capel. C’est une auge en sapin (fe. 7), goudronnée à l'extérieur, carbonisée à l’intérieur, qui me- sure 2",50 de longueur, 0®,60 de largeur et 0",20 de pro- fondeur. Les œufs y sont mis en incubation sur des tamis rectangulaires de 0",55 de long sur 0",95 de large, en fil de fer galvanisé. On se sert également de grils, de même forme et de même dimension, en baguettes de verre, en zinc perforé ou en porcelaine. N’était la question de prix, la préférence serait mêrne toujours donnée à ces derniers, comme étant les plus propres et les plus sains pour les œufs et pour les alevins. Le côté intéressant de cette auge, c’est la façon dont l’eau y est distribuée et répartie. Deux robinets d’alimenta- tion, montés sur le tuyau d’amenée principal, déversent l’eau dans un premier compartiment occupant la largeur entière de l'appareil, et fermé par une planchette qui n’a que 0,16 de hauteur, mais qui descend jusqu’au fond. Cette planchette ou cloison force l’eau à couler dans toute la largeur de l’auge. Alin de produire un courant de fond, une seconde planchette “o8ur “Hp SYOUIGOY ‘A — UOS1O]N ‘F — "NEO, 9P NE9ALU O[ JUE[S9 —10d QUIZ U9 UOSI0[) *5 — ‘NEO,P JUEANO9 O[ JO[SQU IA TESSSCIESSSNSESSS EISX "JJUaUUR,p NeÂN] ‘e — ‘9$18H29p 0P S99HMQ ‘G — ‘NE9,I 9P 91911N$91 UO J Sn01} 9P $09$8ULI SIO1] E UOSIOT) y99p op xnefnz ‘p — ‘quojd uo sailosso09e xneÂN] 9 — ‘uorequouu UnqSIP CI À JUEAIOS ge — ‘syno S9p UOIS0199,1 Soude Jooe[d e 94107 @ JUVAIDS 9SS1[N00 E UOSI0[D F— ‘SONY ‘AI ‘III II TT — ‘8 1 L ‘OM DU Q se FRÈ ? e e Ë El NÉ SNS & al À À \ E x £ È ÎE : et CL sal ë À À 1N SAS) CE AR jf KE À Ë Ji | GE à a — LSRIESSENISSEESS | ù A E EE — —— SES Ê qu A x € || o ER RAT fi il | RM En Ù = L NN À — a ——_— CREER Q-m-—— EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÈCHE. 881 transversale est fixée à 4 centimètres de ia première ; elle présente également toute la largeur de l’auge, mais elle ne va pas jusqu'au fond et glisse verticalement dans une cou- lisse, en permettant de régler la force du courant. À 9 centi- mètres de l'extrémité inférieure de l’auge se trouve une autre cloison, laquelle est percée de neuf trous disposés sur trois rangées parallèles. Ces trous, que l’on peut fermer avec des bouchons de liège, servent à régler le niveau de l’eau dans l'appareil. Si les neuf trous sont ouverts, Peau s’écoule par la rangée inférieure, et le niveau de l’eau dans l'appareil se met à o centimètres de hauteur. Si l’on ferme les trois trous du bas, l’eau monte à 10 centimètres. En fermant aussi la seconde rangée, on obtient 15 centimètres d’eau. Rien de plus facile, dès lors, que de tenir compte des diverses phases de l’incubation et d'augmenter la quantité d’eau à mesure que le jeune poisson se développe. Afin de donner à l’eau le plus d’agitation possible. une disposition ingénieuse à élé adoptée, et elle parait très favo- rable au développement de l’œuf et de l’alevin. Un tuyau en zinc ou en plomb se détache de la conduite principale d’amenée et pénètre dans l’auge, qu'il parcourt diagonalement, en re- posant sur le fond. Ce tuyau est percé d’une multitude de petites ouvertures, produisant autant de petits courants, qui coupent par des tournants et des courants contraires le cou- rant principal, dont la chute est de 1 1/2 centimètre par mètre. La forme des tamis et la manière de les grouper servent également à produire une grande quantité de petits courants très vifs, et surtout des courants de fond, très favorables à l’é- closion des œufs. On arrive surtout à produire ces courants en évitant de placer les tamis d’une façon trop symétrique, qui favoriserait au contraire la formation de courants uni- formes. Pour empècher les alevins de s'échapper quand les éclo- sions commencent à se produire, une cloison en zinc perforé est placée à 9 centimètres de la cloison où sont les trous de sortie de l’eau. Celle-ci s'échappe de lauge par deux courts 882 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. tuyaux en plomb et se déverse dans un second appareil, en tout pareil au premier. On réunit généralement quatre de ces auges sur une même table, comme le montre la figure 8. Dans la section des États-Unis, un système original était exposé par M. Mac Donald pour la fécondation et la récolte des œufs adhérents. Ces œufs sont recueillis sur un fil de coton, qui s’en charge sur toute sa longueur en traversant un entonnoir où l’on verse les œufs et la laitance, et dans lequel s’effectue l’imprégnation. Le fil ainsi garni d'œufs est dévidé sur une bobine en bois, qui, emballée à sec, peut être facile- ment expédiée au loin. Arrivé à destination, le fil est coupé par bouts de 25 à 30 centimètres, que l’on suspend dans des vases d'éclosion en verre. La magnifique collection exposée par la Commission des pêcheries des États-Unis renfermait plusieurs appareils spé- ciaux pour l’éclosion des œufs d’Alose. De ce nombre était la caisse inventée par M. Brvam pour la mise en incubation des œufs en pleine rivière. C’est une modification de la boite Seth Green, qui permet le fonctionnement de l’appareil dans toutes les conditions de profondeur et d’agitation de l’eau. Je dois aussi mentionner une autre caisse d’éclosion qui est employée dans les cours d’eau, el où l’on utilise, pour donner aux œufs l'agitation qui leur est nécessaire, les cou- rants formés par les petites vagues qui rident la surface de l’eau. Cette caisse, longue de 0",80, large de 0",45 et pro- fonde de 0",40, est munie d’un fond en toile métallique sur lequel reposent les œufs; elle plonge presque entièrement dans l’eau, d’où émerge seulement un rebord percé de trous garnis également de toile métallique. Des planches clouées autour de la caisse, sous une très faible inclinaison, lui ser- vent de flotteur et reposent sur la surface de l’eau. Les petites vagues qui viennent heurter contre ce flotteur remontent la pente et se déversent en partie dans la caisse par les ouvertu- res du rebord, produisantainsi un courant favorable aux œufs. Les renseignements que j'ai déjà donnés ailleurs (1) sur les (4) Rapport sur la situation de la pisciculture à l'étranger (Bull. Soc. nat. Acclim., 1883, p. 508 et suiv.). EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 883 appareils d’éclosion à nettoyage automatique me dispensent d’entrer de nouveau ici dans des détails généraux sur le mode de fonctionnement de ces appareils, d’un emploi absolument nécessaire pour certaines espèces d’œufs, quand on opère sur une échelle considérable. On comprend sans peine que, pour de très petits œufs, comme ceux de Corégone ou d’Alose, le triage à la main soit matériellement impossible dans des éta- blissements qui en ont des centaines de mille à faire éclore. Or ces œufs, relativement assez délicats — surtout ceux de l’Alose, dont la période d’incubation est cependant très courte — exigent plus de soins que d’autres Ceux qui viennent à se gâter sont presque aussilôt envahis par des végétations cryptogamiques dont le développement entraine la perte de tous les œufs voisins, et le mal se répand avec une rapidité telle, qu’il suffit parfois d’une journée ou deux pour que tout le contenu d’un appareil soit atteint. | Sachant que les œufs gâtés et recouverts de végétations cryptogamiques sont plus légers que les autres, les piscicul- teurs américains ont eu l’idée ingénieuse d’utiliser cette dif- férence de densité pour effectuer un triage automatique. Les œufs sont mis en incubalion dans un vase traversé de bas en haut par un courant juste suffisant pour tenir simplement en suspension les œufs sains, mais assez fort pour amener jus- qu'à la surface de l’eau les œufs gâtés, plus légers. Il convient de mentionner les appareils d’éclosion de ce genre qu'avait exposés à Londres M. Samuel Wilmot, surinten- dant des pêcheries du Canada. Ce sont de grands vases cylin- driques en verre, au fond desquels l’eau est amenée par un tube vertical également en verre. Le courant remonte paral- lèlement au tube d’amenée et va sortir par un bec latéral, qui déverse l’eau dans une sorte de long entonnoir disposé à cet effet, et servant pour deux ou plusieurs appareils à la fois. Se séparant des autres, en raison de leur plus grande légèreté, les œufs gâtés suivent le courant et s’échappent ainsi avec l’eau par le bec latéral. La surveillance des appareils se borne par suite à peu de chose. Je tiens de M. Samuel Wilmot que, dans un des établissements dont il a la direction, à Tadouzac (Ca- 884 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. nada), deux hommes suffisent pour surveiller l’incubation de 40 000 000 d’œufs de Corégone Whitejish (Coregonus albus). Aux Etats-Unis, des appareils du même genre sont presque partout employés pour les œufs de Corégone et d’Alose, et presque chaque établissement a son système particulier. J'ai déjà fait connaître les appareils Chase qui figuraient à l'Expo- sition de Berlin. À Londres, M. Nelson-W. Clark, directeur de l'établissement de Northville (Michigan), avait exposé l’ap- pareil dont il se sert depuis plusieurs années et auquel il a apporté dernièrement quelques améliorations. C’est une jarre en verre de 50 centimètres de hauteur sur 15 centimètres de diamètre dans laquelle l’eau est amenée, comme dans les appareils Wilmot, par un tube vertical qui occupe le centre de l’appareil. Le perfectionnement récemment imaginé par M. Clark consiste en l'emploi d’un double cône en fer-blanc qui, fixé à extrémité inférieure du tube, sert à répartir unifor- mément le courant, en le dirigeant vers la paroi circulaire, et à régulariser le mouvement de rotation continuelle que l’eau imprime aux œufs. Chaque jarre peut recevoir 200 000 œufs (1). On doit à M. le colonel Marshall Mac Donald, commissaire des pêcheries de l’État de Virginie et chef du service des dis- tributions de la Commission des pêcheries des États-Unis, un appareil d’éclosion à triage automatique (Automalic fish- hatching jar) dont le fonctionnement, qui parait ne laisser rien à désirer, est, dans tous les cas, beaucoup plus satisfai- sant que celui des autres appareils du même genre, lesquels, il faut bien le reconnaître, n’effectuent pas toujours un triage complet ou rejettent quelquefois, avec les œufs mauvais, une certaine quantité de bons. L'appareil Mac Donald, qui fonc- tionnait à Londres sous les yeux des visiteurs , altirait vive- ment l'attention. Je ne puis mieux faire que de reproduire la (1) Le laboratoire d’éclosion, ou hatchery, de Northville, qui utilise les ap- pareils Clark, reçoit quelquefois plus de 600 000000 d'œufs en une seule saison. Or son outillage ne lui permet d'en mettre à la fois en incubaticn que 80 000 000. Aussi a-t-on annexé à l'établissement une glacière dans laquelle les œufs sont entreposés en attendant qu’ils puissent trouver place dans les appa- reils d’éclosion. On peut, sans inconvénient, les y laisser attendre leur tour pendant près de six mois. Quand un lotest éclos, on en prend un autre dans la glacière pour l'installer dans les appareils, et ainsi de suite. EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 88) description donnée de cet appareil par l'inventeur lui-même, dans un mémoire présenté à l'Association américaine de pis- ciculture (1). € Chargé de diriger, en 1881, les opérations de la station piscicole du Potomac pour la production de l’alevin d’Alose, et mis ainsi en situation de suivre de très près le fonctionne- \ AS REESSEE ET? CS) NN ÿ Fic, 9. ment des appareils d’éclosion en service, j'en profitai pour étudier tout spécialement la question du triage automatique des œufs morts et pour tâcher de trouver un appareil qui, d’une forme commode et d’un emploi facile, pût exécuter le triage d’une façon vraiment pratique et effective. Je voulus essayer d'utiliser la différence de densité qui existe entre les œufs sains et les œufs morts pour effectuer la séparation des uns d'avec les autres, et je fis, à cet effet, construire un appa- reil consistant essentiellement en une sorte d’auge (fig. 9), (1) History of the experiments leading to the developpement of the auto- matic fish-hatching jar. (Transactions of the fish-cultural Association, twelfth annual meeting, p. 34. New-York, 1883). 886 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. dont les extrémités étaient en bois et les côtés formés de deux feuilles de verre inclinées (le verre était employé uniquement pour permettre de suivre les mouvemenis des œufs sous l’ac- tion des courants). Cette auge reposait sur une caisse rectan- gulaire, qui servait à la fois de support et de réservoir per- mettant de répartir la pression de l’eau très également. L’eau d'alimentation pénétrait par l’orifice 7, montait dans l’auge par une étroite ouverture qui régnait dans toute la longueur de celle-ci, et l’afflux se réglait à volonté au moyen de la sou- pape V V', munie des deux poignées S S. En ne laissant entre la soupape et les parois de verre qu’une distance d’à peine 1 millimètre, on faisait arriver l’eau en minces nappes diri- sées contre les deux parois latérales, et l’on imprimait ainsi aux œufs un mouvement continu, dont la direction est indi- quée par les flèches. L’eau se déversait par-dessus les bords d’une augette centrale et venait sortir par l’orifice O. Les œufs morts, plus légers que les autres, flottaient à la surface et, entraînés par le courant, s'échappaient avec l’eau. » Cet appareil fonctionnait bien, mais à la condition expresse d’être tenu dans une position parfaitement horizontale. Or cette condition était difficile à obtenir sur les chalands à bord desquels nous opérions. Il fallait donc trouver autre chose. » Vers la fin de la ponte des Aloses, sur l'invitation de M. le professeur Baird, j’entrepris, en collaboration avec M. le professeur Ryder, une série d’expériences tendant à déter- miner la limite de durée extrême du retard qu’il est possible d'obtenir dans le développement des œufs par un abaissement de la température de l’eau. A l'effet de les soumettre conve- nablement à l’action du courant d’eau froide, les œufs étaient placés dans des flacons de laboratoire, d’une contenance de 60 grammes, hermétiquement bouchés (fig. 10). Au centre du bouchon passait un tube de verre I, [, qui descendait presque jusqu’au fond du flacon, et par lequel l’eau pénétrait dans l'appareil. Un autre tube O0 0, dont l’extrémité inférieure ne descendait pas beaucoup plus bas que le col du flacon, servait à l’échappement de l'eau. » Dès que cet appareil, installé uniquement en vue d’essais EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 887 de réfrigération des œufs, eut fonctionné quelques instants sous mes yeux, je m’aperçus que J'avais, grâce au hasard, trouvé la possibilité d’un véritable triage automatique des œufs. Immédiatement, je disposai de la même façon un bocal 00000, 00200970, F1G. 10. beaucoup plus grand, qui reçut six mille œufs d’Alose et dans lequel un courant convenable fut ménagé. Imprimant aux œufs un mouvement de rotation continuelle, ce courant les amenait successivement à la surface, où les œufs morts, se séparant des autres, s’arrêtaient et formaient une couche 888 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. distincte. En enfonçant le tube Ô juste au niveau convenable, on voyait ces œufs, peu à peu entraînés par le courant, s’en- oager dans le tube avec la colonne d’eau ascendante et être ainsi expulsés de l'appareil, où il ne restait finalement que la masse des œufs sains dans un état de propreté parfaite. L’in- cubation se fit régulièrement, et, après l’éclosion, pas un œuf mort ne restait dans l’appareil. Pas un œuf sain non plus, je crois, n'avait été entrainé avec les mauvais. » Un examen attentif du mouvement des œufs, pendant cette expérience, fit reconnaître que le triage obtenu résulte moins de la légère différence de densité qui existe entre les œufs sains et ceux qui ne le sont pas, que d’une certaine force de cohésion qui réunit la masse des œufs sains. Quand ceux-ci roulent, charriés par le courant, ils restent loujours en con- tact entre eux, même quand ils arrivent à la surface, et sont ainsi entrainés d’une façon bien régulière. Les œufs morts, au contraire, ont une tendance à se séparer de la masse; arrivés à la surface, ils cessent de suivre le mouvement gé- néral et restent ainsi isolés des autres jusqu’au moment où, saisis par le courant qui s'échappe en 0, ils sont expulsés de l'appareil. » Des expériences répétées ayant constamment donné des résultats satisfaisants, la station centrale d’éclosion et de dis- tribution (Central Hatchery and Distribuling station), ins- tallée au printemps de 1882, par la Commission des pêcheries des États-Unis, dans l’ancien arsenal de Washington, fut outillée avec des appareils de ce modèle, chez lesquels on remplaça toutefois le simple bouchon de liège par un bouchon à vis s’adaptant à un goulot métallique. Trois cents appareils prirent place sur dix tables, qui recueillent l’eau à sa sortie des bocaux ou jarres et la font écouler en dehors de létablis- sement. Chaque jarre peut recevoir de 60 000 à 70 000 œufs d’Alose; c’est donc 21 000 000 d'œufs à la fois, ou 900 000 000 pour toute la saison de la ponte, qui peuvent être mis en in- cubation dans ce laboratoire. » La première année, les appareils d’éclosion avaient la forme de ceux représentés dans la figure 11, qui fait égale- y M EEE HOTEL 890 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ment connaître la disposition adoptée pour recueillir les alevins au fur et à mesure de leur éclosion et les réunir im- médiatement dans un même bac ou aquarium provisoire. La figure 12 montre le modèle aujourd’hui définitivement adopté. Elle représente deux jarres disposées l’une pour l’éclosion des œufs, l’autre pour la réception des alevins. Ces jarres sont des vases cylindriques en verre épais, dont le fond est hémi- sphérique. Elles ne doivent pas être soufflées, mais moulées, afin que l’intérieur des vases soit parfaitement régulier, ce qui est absolument indispensable au bon fonctionnement de l'appareil. Le pied unique des appareils primitifs (fig. 11), qui pouvait être une cause d’irrégularité pour le fond de la jarre, a été remplacé par trois petits pieds, plus faciles à adapter par le verrier. Ces pieds sont, au besoin, retouchés à la meule, afin que l'appareil se trouve parfaitement d’aplomb et que l’axe du cylindre soit rigoureusement vertical, toutes conditions fort importantes. » Le col de la jarre porte un pas de vis, lequel sert à fixer un bouchon métallique qui est garni d’une rondelle de caout- chouc, pour assurer l’étanchéilé complète du vase, et qui est percé de deux trous de 15 millimètres de diamètre, l’un au centre, l’autre à égale distance du centre et de la circonfé- rence. Le trou central sert à introduire le tube d’amenée de l’eau ; dans l’autre se place le tube de sortie. Tous deux por- tent une garniture en caoutchouc, qui sert à rendre le joint parfaitement étanche, tout en laissant suffisamment de jeu pour que l’on puisse hausser ou baisser le tube à volonté et en amener ainsi l'extrémité inférieure juste au niveau conve- nable. C’est, en effet, par ce jeu des deux tubes qu’on règle le mouvement des œufs. Ainsi, par exemple, si l’eau arrive en trop petite quantité ou sous une pression trop faible, on peut, sans rien modifier à l'alimentation, augmenter la vitesse du courant qui pénètre dans la jarre; 1l suffit d'amener l’ex- trémité inférieure du tube presque en contact avec le fond de l'appareil. Aussitôt le courant, resserré dans un plus petit espace, acquiert plus de force et produit autant d’effet que s’il était plus abondant. Quand, au contraire, arrive le moment EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 891 des éclosions, où les œufs ont besoin de plus d’eau et de moins de mouvement, en même temps qu’on augmente le débit du tube central, on remonte plus ou moins ce tube pour diminuer la pression et la vitesse du courant. Fi. 12. » Le tube de sortie sert à la fois, comme il a été dit ci-dessus, à l'écoulement permanent de l’eau et à l'enlèvement quoti- dien des œufs morts. Cette opération, qui n’est généralement utile qu’une fois par vingt-quatre heures, se fait avec la plus grande facilité ; on enfonce peu à peu le tube dans la jarre, jusqu’à ce que l’on voie les œufs les plus voisins de l’orifice 899 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. inférieur du tube commencer à s’y engager, entraînés par le courant. Une fois le tube bien placé, quelques minutes suf- fisent pour que toute la couche des œufs morts soit enlevée et rejetée au dehors (1). Quand approche la période d’éclo- sion, au lieu de laisser l’eau s’écouler librement à la sortie des jarres, il convient de lui faire traverser un appareil col- lecteur, lequel est semblable à l’appareil d’éclosion, à cette seule différence près que les fonctions des deux tubes de verre sont interverties ; ici c’est le tube le plus court, placé sur le côté du bouchon, qui sert à amener l’eau, et le tube du centre, plus long, qui la laisse échapper. L’extrémité infé- rieure.de ce tube porte un petit sac en tissu de coton soutenu par une légère carcasse en fil de fer. Le tissu de coton laisse aisément tamiser l’eau et retient les minuscules et délicats alevins, qui ne courent pas le risque de se blesser en s’y heurtant, comme ils pourraient le faire contre une toile mé- tallique. Du reste, pour répartir uniformément le courant et éviter que les alevins ne soient entraînés trop violemment sur un même point, on veille à ce que l'extrémité du tube soit placée juste au centre du sac. » Aussitôt éclos, les alevins d’Alose ou de Corégone se mettent à nager; suivant le courant, ils s'engagent dans le tube de sortie et gagnent l'appareil collecteur (voy. fig. 12), où l’on peut les garder jusqu'au moment de faire un envoi. .» L'expérience m'a montré que, quand on opère sur une échelle considérable, il est préférable d'employer pour col- lecteur un grand aquarium en verre, qui reçoit les alevins de quatre ou cinq appareils d’éelosion. Un siphon disposé comme on le voit dans la figure 11, et garni d’un sac, comme il a été dit ci-dessus, sert à l'écoulement de l’eau, tout en retenant les alevins. » Les jarres me paraissent convenir très bien pour l’éclo- sion des œufs de Truite et de Saumon. Elles économisent (4) Au lieu de laisser perdre ces œufs, qui, entraînés dans la rivière, pour- raient répandre dans l’eau des germes nuisibles de végétations cryptogamiques, il est préférable de les recueillir en les arrêtant au passage avec une sorte de crible en toile métallique, et de les utiliser pour la nourriture des jeunes pois- sons, qui en sont très friands. EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÈCHE. 893 beaucoup l’espace. On les emplit d'œufs à moitié ou aux deux tiers, et l’on règle le débit du tube d’amenée de telle sorte que les œufs ne soient pas soulevés, mais seulement lavés par un courant d’eau bien aéré, qui les place dans des conditions très favorables à leur développement. Chaque jarre peut recevoir de 15 000 à 18 000 de ces œufs, dont le net- toyage, qui doit naturellement se faire à la main, est extrê- mement facile de la manière suivante : on débouche l’appa- reil, et, appliquant la paume de la main sur le goulot de la Jarre, on renverse celle-ci sens dessus dessous, en tenant le goulot sous l’eau et au-dessus d’un large tamis. Par leur poids, les œufs descendent dans le goulot; alors, déplaçant légère- ment la main, on les laisse tomber et se répandre sur le tamis, où le triage devient facile. Cette opération terminée, on re- verse les œufs dans la Jarre, préalablement remplie d’eau. En se servant d’un large entonnoir, on peut transvaser les œufs facilement et sans aucun danger. D’après l'expérience que j’en ai faite à la station centrale, je suis convaincu que l’on peut ainsi manipuler les œufs jusqu’à une époque très voisine de l’éclosion. » Depuis plusieurs années, la Commission des pêcheries des États-Unis recherche une méthode vraiment pratique pour faire éclore les œufs flottants d’un grand nombre de nos es- pèces marines. Aucun des appareils employés jusqu’à ce jour n’a donné de résultats entièrement satisfaisants. D’après un essai fait sur les œufs du Cybium maculatum, dans la baie de Chesapeake, j'ai lieu d’espérer que la jarre ci-dessus dé- crite pourrait être utilisée avec avantage pour cette catégorie d'œufs, bien moins délicats, d’ailleurs, que ceux d’Alose et de Corégone (1). » De nombreux appareils pour le transport des œufs de Sal- (4) Un des avantages de l’appareil Mac Donald, comme des autres appareils d’éclosion en verre (appareils Chase, Clark, Wilmot), c’est de permettre de compter facilement les œufs et avec une certitude assez grande. Au moyen d’une règle graduée, que l’on enfonce dans la masse des œufs, ou d’une échelle marquée sur la paroi de verre, on peut constamment se rendre compte de la quantité d'œufs en incubation et du déchet qui vient à se produire. 4° SÉRIE, T. I. — Novembre 1884. LE 58 1 894 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. monides figuraient à l'Exposition de Londres. Personne n'i- gnore aujourd’hui que ces œufs ont au moins autant besoin d'air que d’eau (1), puisqu'on peut les faire éclore en les mettant simplement sur de la ouate ou de la mousse humides. Aussi, la condition essentielle d’un emballage est-elle que les œufs, bien que placés autant que possible à l’abri des varia- tions de température, ne soient jamais privés d’air. La plu- part des appareils actuellement en usage pour le transport des œufs ne différent guère entre eux que par de simples détails de forme ou de dimensions ; presque toujours, les œufs, mis en couche mince entre deux mousselines, sont placés, au mi- lieu de mousse humide, dans une boîte emballée à son tour dans une caisse garnie de menue paille, de mousse sèche, etc. Dans la section des États-Unis, on remarquait, exposée par M. Atkins, de Buksport, une caisse de transport qui est assez grande pour renfermer quatre boîtes d'œufs, isolées entre elles par une épaisse couche de foin. Chaque boîte peut loger 15000 œufs de Truite ou de Saumon entourés de mousse humide. Employé avec le soin nécessaire, un pareil emballage peut servir à expédier des œufs, sans la moindre crainte d'accidents, à des distances considérables. Il convient de mentionner aussi l’appareil qu'avait exposé M. Annin, de Caledonia (État de New-York). C’est une caisse (1) D’intéressantes expériences sur la fécondation et le transport à sec des œufs de Saumon ont été faites par un pisciculteur des plus distingués, M. Max von dem Borne, de Berneuchen. On sait que les œufs de Salmonides, qui péris- sent promptement par asphyxie quand l'eau qui les baigne cesse d’être courante, peuvent supporter, sans inconvénient, un séjour assez prolongé hors de l’eau. On sait également que ces œufs supportent fort mal le voyage quand ils sont nouvellement fécondés. Mais des œufs fécondés par la méthode sèche et conser- vés hors de l’eau pour en retarder le développement peuvent voyager avec beau- coup plus de facilité que s'ils s’étaient trouvés en contact avec de l’eau ne fût-ce qu’un instant. À deux reprises différentes, et par un temps très chaud, M. Max von dem Borne s’est fait expédier de Bâle des œufs de Saumon mélangés à de la laitance, sans une seule goutte d'eau, et simplement enveloppés dans une vessie de porc. Pour servir de terme de comparaison, d’autres œufs, fécon- dés et emballés d’après la méthode ordinaire, étaient envoyés en même temps. Chaque fois, malgré l'élévation de la température et la durée du voyage qui était de trois jours, les œufs emballés à sec étaient parfaitement sains à l’ar- rivée, et d’une belle couleur rouge ; ceux emballés dans de la mousse humide étaient, au contraire, tous morts et complètement décolorés (Oesterr.-ungar. Fischerei Zeitung, Vienne, 1880, p. 375). EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 895 ou chape, renfermant une autre caisse entourée de sciure de bois pour empècher l'influence de la température exté- rieure. Huit cadres garnis de molleton de coton, en forme de tamis, son! superposés dans cette caisse et reçoivent chacun une couche d'œufs. Le dessus et le fond des deux caisses présentent de petites ouvertures qui permettent d’arroser au besoin les œufs pendant le transport. L'eau, introduite en petite quantité par le haut, filtre pour ainsi dire goutte à goutte, successivement à travers chacun des tamis, et s’é- chappe par le bas. L’écoulement en est facilité par quatre petits morceaux de bois qui sont cloués sous la caisse et l’élè- vent un peu du sol. Une chambre à glace est, en outre, mé- nagée au-dessus des œufs, entre la chape et la caisse inté- rieure. M. Annin s’est servi avec avantage de et appareil pour expédier en Europe des œufs de Salmo fontinalis. (A suivre.) LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES EXOTIQUES, PEU CONNUES OU INCONNUES Par M. A. PAILLIEUX Membre de la Société nationale d'Acclimatation et M. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséum. (Suite.) Scolyme d’Espagne. SCOLYMUS HISPANICUS L. Fam. des Composées. Indigène. Bisannuel. Racine blanche, pivotante, assez char- nue. Feuilles radicales, oblongues, ordinairement marbrées de vert pâle sur fond vert foncé, très épineuses, rétrécies à la base en forme de pétiole ; tige très rameuse, atteignant envi- ron 60 à 80 centimètres de hauteur, garnie de feuilles ses- siles, décurrentes, très épineuses; fleurs en capitules sessiles, réunies par deux ou trois, à fleurons jaune vif. Graine aplatie jaunâtre, entourée d’un appendice scarieux blanchâtre. Un gramme en contient environ 220, et le litre pèse 125 grammes. La durée germinative est de trois années. Lorsque nous rencontrons, dans une publication peu con- nue et à peu près introuvable pour le plus grand nombre de nos lecteurs, un article écrit en parfaite conformité d’opi- nion avec nous sur la culture et le mérite de l’une des plantes de notre potager, nous n’hésitons pas à le reproduire en en- tier. Ainsi ferons-nous pour le Scolyme d’Espagne. On lit dans ie Bulletin de la Société d'horticulture de l'Aube, vol. I, p. 217 : LE POTAGER D'UN CURIEUX. 897 « Culture du Scolyme d Espagne. » S'il est un légume qui mérite d’être cultivé avec soin et qui soit au contraire négligé et presque abandonné dans cer- taines localités, c’est certainement le Scolyme. Aucun légume ancien ou nouveau ne m’a paru posséder autant de qualités que celui-e1. Par la délicatesse du goût, par sa longue garde, par sa croissance rapide et l’époque où il paraît sur nos tables, il me paraît pouvoir lutter sans trop de désavantage, non pas avec la Scorsonère ou le Salsifis avec lesquels il a les plus grands rapports, mais avec les Cardons et les Choux- fleurs, ces légumes auxquels les jardiniers donnent tous leurs soins; mais malheureusement le Scolyme ne réussit pas tou- jours lorsqu'il est abandonné à lui-même, et ses graines, soit qu’elles aient été mal choisies ou conservées, soit qu’on les sème dans des conditions peu favorables, ne lèvent pas tou- jours très bien. Je vais indiquer, du mieux que je le pourrai, les procédés qui ont paru convenables jusqu’à présent et qui ont assez bien réussi. Je ne prétends pas avoir amené la cul- ture à une bien grande perfection, mais j'ai la conviction que les amateurs qui auront réussi et apprécié une seule fois la valeur de ce légume ne l’abandonneront pas, malgré quel- ques mécomptes qu’ils pourront éprouver parfois. _» La graine de Scolyme est petite et se trouve renfermée dans une enveloppe membraneuse ou foliacée. Cette enve- loppe, qui la cache à l'œil de l’examinateur, fait que celui-ci ne peut que bien difficilement en apprécier la qualité à la vue. » Elle se sème du 20 juin au 15 juillet; plus tôt, les plantes montent et fleurissent et produisent des racines peut-être un peu plus grosses, mais qui n’ont pas les qualités de celles qui n’ont pas donné de fleurs. Semée plus tard, le produit pour- rait en être faible. Les graines sont mises dans des raies de % à 5 centimètres de profondeur, distantes entre elles d’en- viron 20 centimètres. On ne doit pas craindre de semer un peu trop épais dans la raie. » À cette époque de l’année, la terre est habituellement 898 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. sèche, et, travaillée, elle se dessèche rapidement à la profon- deur où vont les graines. Les arrosages, à moins d’être exces- sivement abondants, ne sont pas toujours un remède au mal. Pour remédier à cette sécheresse du sol, lorsque les raies qui doivent recevoir les graines sont faites, on les fait arro- ser au point d’y faire presque de la boue; on sème sur ce terrain mouillé et on recouvre avec la terre des bords de la raie qui, elle aussi, a été mouillée. » Cette humidité renfermée dans le sol s’y maintient assez bien, et quelques arrosements, si la température est trop sèche, suffisent pour faire lever les graines; car avec ce procédé de culture, il arrivera rarement que les graines ne lèveront pas en quantité suffisante. En général, les semis d’été réussissent peu parce que les graines sont peut-être un peu desséchées par a haute température de la saison et parce que la terre renferme beaucoup moins d'humidité qu’au printemps et en automne. Si, à ces différences de conditions de germination, l’on ajoute la séparation du sol d’avec la graine par l’enveloppe membraneuse qui entoure cette der- nière, on comprendra parfaitement pourquoi cette graine lève souvent très mal, et c’est, je crois, cet inconvénient qui en fait abandonner la culture. » Les feuilles de cette plante, à l’exception des séminales, lui donnent une grande ressemblance avec un Chardon. » Quand toutes les graines sont levées et que les plantes ont déjà pris un peu de force (quatre à cinq feuilles, non compris les séminales), il faut les éclaircir en laissant entre les plantes dans la raie une distance d'environ 10 centi- mètres. Les plantes que vous avez arrachées avec soin pour- ront être replantées à demeure. Je dis arrachées avec soin; il faut autant que possible que l’extrémité de la racine, qui, à cette époque, n’est pas longue, ne soit pas cassée, et qu’en la replantant on ait soin de ne pas la contourner, ni de la froisser. La transplantation faite, il faut tenir le terrain mouillé pour aider à la reprise. » Le reste du travail pendant l’année consiste à tenir le terrain propre et à le sarcler une fois ou deux, et surtout à le LE POTAGER D'UN CURIEUX. 899 bien arroser si le temps est au sec. Un peu d’eau de fumier, non trop forte pour ne pas brûler les feuilles, répandue sur ces légumes, leur donnera une croissance rapide et assurera un beau et bon produit. IL arrive très souvent que les Sco- lymes ne prennent tout leur accroissement qu’à la fin de sep- tembre et dans le courant d'octobre. » Les Scolymes sont bons à manger à ae de la fin d’oc- tobre ou du commencement de novembre. La racine est la seule partie de ce légume qui, jusqu'à présent, ait été recon- nue digne de paraître sur table. Au milieu de chaque racine se trouve une partie dure et ligneuse; ce centre, que sa du- reté empêche d’être bon à manger, ne se sépare de la partie comestible que lorsqu'on les à fait cuire pour les préparer. Cette séparation s'opère facilement. Des essais de culture n’ont pas encore pu, à ma connaissance, rendre cette partie ligneuse moins dure, de manière qu'on puisse s'abstenir de l’ôter pour la préparation. Cependant quelques personnes pensent que c’est ce résultat que la culture maraîchère pourra atteindre. » Quand les hivers sont doux, les Scolymes peuvent rester au jardin jusqu’au printemps, à l’époque où ils vont pousser ; mais, quand on craint qu'ils ne recommencent leur végéta- tion, on les arrache, on coupe la partie supérieure de ia racine qui tient aux feuilles et on les enterre dans du sable à la cave. Ils se conservent ainsi bons jusqu’en juin; mais, en général, 1l serait prudent, quand l’hiver s'approche, d’en ar- racher une partie, de la préparer comme je lai dit, de la descendre à la cave et de couvrir avec de la paille ou des pail- lassons les plantes qui sont restées au jardin. Quoique le froid ne paraisse faire périr que le sommet de la racine, le mal est toujours plus grand qu'il ne paraît, parce que la partie gelée entraîne au dégel la pourriture de la partie qui la touche. Dans l’arrachage, soit du printemps, soit de l’automne, on choisit les plus jolies plantes pour porter de la graine. On les place au printemps, à 30 ou 40 centimètres de distance, dans un endroit écarté du jardin, mais bon et bien aéré. » En juin et juillet, les plantes montent et donnent des 900 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. fleurs jaunes ; mais ces fleurs, qui naissent à l’aisselle des feuilles, se succèdent sans cesse, et quelques-unes ont déjà müûri leurs graines lorsque les autres s’épanouissent. » Si les plantes n'étaient pas hérissées de feuilles. plus piquantes que celles du Houx, on pourrait essayer de ramas- ser les graines à mesure qu’elles müûrissent; je ne connais pas d’amateur assez zélé pour l’avoir voulu faire. On saisit le moment où les plantes paraissent avoir la plus grande quan- tité de graines mûres ; on les coupe, on les place sur un linge dans une corbeille, dans un lieu bien sec. Après quelques jours, on les bat et l’on recueille les graines, qui ont besoin d’être vannées afin de séparer celles qui ne seraient pas bonnes. Cette opération doit être faite avec soin; bien des o1aines qui paraissent ne pas pouvoir germer lèvent cepen- dant très bien, ce dont j'ai pu m’assurer en les vannant une année, au printemps, avant de les semer. Des graines qui étaient tombées, comme mauvaises, dans une position peu favorable à leur germination, ont cependant bien levé et en quantité. » La Note qu’on vient de lire enseigne tout ce qu’il est utile de savoir lorsqu'on veut cultiver le Scolyme d’Espagne. Elle attribue, probablement avec raison, l'abandon dans lequel est resté ce légume à l’irrégularité de la germination des oraines, et elle indique le moyen de lever cette difficulté. Peut-être le motif qu’elle indique n'est-il pas le seul. Un des principaux obstacles au succès d’un légume, si bon qu’il soit, vient des cuisinières et de leurs habitudes routinières. Elles repoussent vraisemblablement le Scolyme parce qu’il leur faut, après cuisson à l’eau de sel, enlever la partie centrale des racines, qui est presque toujours ligneuse et immangeable. Cependant tous les légumes leur donnent au moins autant de peine. Ne faut-il pas enlever le foin des Artichauts, passer les les purées, écosser les Fèves, les Pois, les Haricots, hacher les Épinards, etc. En quoi l’ablation de la corde du Scolyme est-elle plus laborieuse que ces diverses opérations? Nous espérons que les maîtresses de maison, après avoir reconnu la supériorité des racines du Scolyme sur tous leurs simi- LE POTAGER D'UN CURIEUX. 901 laires, parviendront à vaincre la résistance de leurs cordons bleus. Le Scolyme, une fois levé, est une plante rustique. Il n’oc- cupe la terre que trois mois et demi; la saveur de ses racines est, selon nous, infiniment plus agréable que celle des Scor- sonères et des Salsifis, qui occupent le sol deux et trois fois plus longtemps. Nous ne saurions donc en trop recommander la culture. En Espagne, on emploie le Scolyme autrement qu’en France, où l’on ne mange que ses racines. Nous l’ignorions avant d’avoir lu une Note de M. Bourgeau, botaniste-voya- geur, insérée dans la Revue horticole, année 1859, p. 60. SCOLYMUS HISPANICUS L. Vulgairement Cardillo ou Tagarninas. « Plante comestible, potagère, spontanée dans la partie méridionale de l'Espagne, ce qui fait qu'on ne l’y cultive presque pas; mais il n’en est pas de même aux environs de Madrid. » Ge sont les pétioles et la côte moyenne de la feuille que l’on emploie dans les cuisines espagnoles, soit en petits pa- quets mis au pot-au-feu, soit préparés de différentes manières et réunis à la viande, soit enfin ajoutés aux œufs, aux ome- lettes, etc. .. » Vers le 1* janvier, les champs sont presque partout cou- verts de rosettes de feuilles que les paysans récoltent à la ma- nière du Pissenlit, c’est-à-dire à 1 ou 2 pouces de la racine pivotante. On débarrasse le limbe de la feuille en conservant seulement toute la longueur de la côte que l’on réunit et que l’on attache comme une Laitue romaine. Chacun prépare ce légume comme il lui convient, soit qu’on conserve un peu de la racine, soit qu’on la supprime tout à fait. En janvier et février, dans les marchés, on vend la douzaine 30 centimes ; en mars et avril, la douzaine ne vaut plus que 15 centimes. » Les marchés en sont couverts pendant cinq mois de l’an- née, et par sa grande consommation dans le pays la plante 902 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. produit chaque année aux habitants de la campagne une assez bonne recette. La vente finit en mai; à cette époque, les feuilles deviennent trop dures et trop piquantes pour être mangées. » | La racine longue et charnue du Scolyme est usitée comme légume en Provence et en Languedoc, où la plante croît abon- damment ; à Montpellier, on la nomme Cardouille. Elle n'y est pas cultivée; on la ramasse sauvage dans les champs, et, comme l'axe central est ordinairement ligneux, on fend la racine longitudinalement, on la retranche, et c’est la partie corticale, liée par petites bottes, qui se vend (1). En terminant, nous renouvelons le conseil de cultiver le Scolyme d’Espagne. Souchet comestible. Souchet Sultan. Amande de terre. CYPERUS ESCULENTUS L. Fam. des Cypéracées. Plante rampante. Rhizomes produisant des fibres grêles, terminées chacune par un tubercule ovoide, marqué d’im- pressions circulaires d’un brun jaunâtre au dehors, blanc en dedans, dont la saveur est agréable et sucrée. Tige tri- quètre, glabre, feuillée dans le bas; feuilles aussi longues ou plus longues que la tige, planes-canaliculées et carénées, rudes vers leur extrémité sur les bords et la carène. Ombelle simple ou composée, à 7-10 rayons inégaux, dont les plus longs se ramifient au sommet, munie d’un involucre de 4-6 feuilles plus longues que l’inflorescence; sur chaque rayon s’attachent 11-14 épis lancéolés ou linéaires, compri- més, à 10-18 fleurs; écailles elliptiques presque obovales, (1) Le Bon Jardinier LE POTAGER D'UN CURIEUX. 903 carénées-naviculaires, à 7-9 nervures, d’un brun jaunûtre, avec la ligne médiane verte. Le Souchet comestible croît spontanément dans le midi de l'Europe, en Orient et dans l'Afrique septentrionale. Ses rhizomes sont garnis de tubercules de la grosseur d’une noi- sette, d'une saveur sucrée et agréable qui rappelle celle de la châtaigne. Sa culture est facile. On plante le 1* mai, par touffes espa- cées de 25 à 30 centimètres, en tous sens, des tubercules qu'on a d’abord fait tremper dans l’eau. Une immersion de quarante-huit heures est nécessaire. Si la saison est chaude, la végétation est très active. Les touffes, à chaume simple, pro- duites par cinq ou six tubercules seulement, donnent nais- sance à une multitude de pousses nouvelles, s'étendent, se rejoignent et la plantation devient une prairie. Il faut sareler à la main, si faire se peut, pour ne pas cou- per les jeunes pousses; arroser abondamment lorsque le temps est chaud et s’abstenir s’il fait froid. On ne compromet pas la récolte en n’arrosant pas, mais elle est beaucoup moindre. En Espagne, on irrigue la plantation dès qu’elle est faite et on recommence tous les huit ou dix jours. l La récolte se fait dans le courant d'octobre. S'il ne gèle pas, on peut attendre les premiers jours de novembre. Les cultivateurs valenciens coupent les tiges avant la florai- son pour favoriser le développement des racines et des tuber - cules; mais, sous le climat de Paris, on n'obtient pas de fleurs, et nous nous souvenons d’avoir cultivé le Souchet, non sans succès, dans le département des Landes, sans que notre plantation ait produit une seule fleur. Au surplus, ce n’est pas en semant des graines, mais en plantant des tubercules, qu’on cultive [e Souchet en Espagne. On y procède à la récolte en arrachant les touffes qu’on frappe contre une claie de roseaux, au-dessus d’un crible d’osier, pour séparer les tubercules des racines. On lave en- suite les tubercules avec soin, et, lorsqu'ils sont bien net- toyés, on les étend au soleil sur des nattes afin de les dessé- 904 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. cher et d’en assurer la conservation. Ils perdent, par cette opération, environ un tiers de leur poids (1). Les tubercules séchés conservent leur faculté germinative pendant une année entière. C’est avec ceux de la dernière récolte, et non de la récolte en cours de végétation, qu’il convient de faire la Chufa, ra- fraichissement favori des Espagnols, pour lequel ils en em- ploient d’énormes quantités. La Chufa est un orgeat qui se prête admirablement à la confection de glaces qui sont de consommation usuelle à Madrid. Pour en constater le mérite, nous en avons nous-mêmes fait servir à une réunion de vingt personnes, qui les ont trouvées fort bonnes. Voici la recette de la Chufa : Fare tremper pendant quarante-huit heures 250 grammes de tubercules ; Les broyer ; Ajouter 1 litre d’eau et 150 grammes de sucre ; Passer au tamis. Servir comme orgeat le liquide ainsi obtenu ou l’employer à faire des glaces. Il ne se conserve pas. Nous ne nous en sommes pas tenus à cette recette, et, sa- chant que les Israélites d'Oran font des gâteaux de Souchet, nous avons réussi à en faire confectionner qui n’étaient pas sensiblement inférieurs en qualité aux gâteaux d'amandes ordinaires (2). Cependant nous signalerons quelques soins à prendre. On enlève aisément la peau de l’Amande ordinaire à l’aide de l’eau bouillante ; mais le tubercule du Souchet résiste et il est impossible de faire disparaitre la pellicule qui l'enveloppe ; cette pellicule est si mince, qu'après un broyage fait avec soin on n’en retrouverait absolument rien; mais il existe une sorte de durillon au point d’attache du tubercule au rhizome, et, pour s’en débarrasser, il faut mettre les amandes broyées dans (1) Bulletin de la Sociélé impériale d'Acclimatation, t. X, n° 12. Note pré- sentée par M. Ch. Barbier, ingénieur civil. (2) Journal de la Société centrale d’horticulture, 1877, t. XI, p. 40. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 905 une passoire d’une finesse convenable. Les durillons y restent. Il est inutile de donner ici la recette de ces gâteaux. On pro- cède comme on le fait pour les gâteaux d'amandes ordinaires. On peut, au lieu d'amandes amères, relever le goût de cette pâtisserie par un peu de cannelle. Le Souchet donne une huile excellente et une bonne eau- de-vie; mais nous sortirions de notre cadre si nous considé- rions ici le Souchet comme plante économique. Nous lui attribuons cependant à ce point de vue une extrême impor- tance et nous recommandons, à ceux de nos lecteurs qui s'occupent d'agriculture et de plantes industrielles, la note que nous avons publiée dans le Journal de la Société cen- trale d’'horticulture, 1878, t. XIL, 2° série, p. 341. Comme plante potagère d’un usage restreint, le Souchet comestible a cependant sa place marquée dans les jardins des amateurs. C’est iei Le lieu de parler de deux Cypéracées, voisines du Souchet comestible. À notre grand regret, nous n'avons pas Jusqu'ici réussi à nous les procurer, et nous ne pouvons, par conséquent, leur consacrer un article à part. Nous prions instamment les personnes qui recevraient des lubercules de ces plantes de vouloir bien nous en informer. ELEOCHARIS COMESTIBLE ELEOCHARIS ESCULENTA Vieillard (Herb. de la Nouvelle-Calédonie, n° 1456). Plante herbacée, touffue, stolonifère; stolons munis de tubercules farineux, ayant beaucoup de ressemblance avec ceux du Cyperus esculentus L. ; tiges dressées, aphylles, de 40 à 50 centimètres de hauteur ; jonciformes, lisses, de cou- leur verte, divisées intérieurement par de nombreux dia- phragmes peu apparents sur le frais; gaines pellucides, membraneuses, courtes, terminées par une ligule triangu- laire aiguë. Fleurs en épis allongés, verdâtres, hermaphro- dites, les inférieures stériles; écailles verdâtres, membra- neuses, larges, concaves, scarieuses sur les bords, striées au 906 . SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. centre; périgone soyeux; soies 8, inégales, blanches el scabres; étamines 3; anthères allongées, mucronées, deux fois plus longues que les filets; ovaire comprimé, surmonté d’un style persistant; graine noire, luisante. Cette Cypéracée esl très commune dans les endroits inon- dés ; ses tubercules sont alimentaires et assez recherchés (1). En présence de la description qu'on vient de lire et des indications dont elle est accompagnée, 1l nous semblait qu'il serait facile de trouver l’Eleocharis esculenta. Nous avons écrit à diverses reprises à notre correspondant. Nous lui avons indiqué les marais des environs de Balade comme étant l’habitat certain de la plante; nous l’avons fati- gué de nos demandes réitérées. Il nous a toujours répondu que l’Eleocharis esculenta était introuvable. Nous avouons n'y rien comprendre. | ELEOCHARIS SPHACÉLÉE nom local, Caya. SCIRPUS SPHACELATUS Spreng. Eleocharis plantaginea F. Muell. L’Eleocharis sphacélée habite les lagunes, les criques, les étangs de l'Australie. Chaque plante donne de six à huit tuber- eules, petits, presque sphériques. Ces tubercules, cuits et fortement broyés entre deux pierres, sont préparés à la façon des gâteaux d'amandes. Nous avons en vain demandé en Australie (Queensland) l'Eleocharis sphacélée. Nous n’avons reçu que la brochure qui la signale : Notes on some of the roots, tubers, bulbs and fruits, used as vegelable food by the aboriginals of northern Queensland, Australia, by À. Thozet. Rockhampton, 1866. (1) Revue maritime et coloniale, 6 décembre 1862, 24° livraison, p. 0623. Essais sur la Nouvelle-Calédonie, par Vieillard, chirurgien de la marine. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 007 Soya (1). DozicHos SoyA L. Soja hispida Mœnch. Glycine Soja. Fam. des Léqumineuses. Plante annuelle décrite comme suit par Kæmpfer, qui le premier, ou l’un des premiers, l’a connue et l’a fait con- naître. « Cette plante estnommée au Japon Daidsu et surnom- mée Mame, c’est-à-dire graine alimentaire par excellence. C’est une sorte de Haricot, à gousses velues, à graines arron- dies, haut d'environ quatre pieds. Il s’élève sur une tige ra- meuse, inégalement ronde, velue. Ses feuilles ressemblent à celles du Haricot des jardins, à poils plus rudes sur leur face inférieure. Îl épanouit au mois d’août, à l’aisselle des feuilles, des fleurs réunies sur un pédoncule commun, d’un blanc bleuâtre, très petites, semblables à celles de la Lentille, avec l’étendard et les pétales droits, à peine étalés, auxquelles suc- cèdent des gousses nombreuses, longues de deux pouces à peine, à poil rude et long, semblables aux gousses du Lupin à fleurs jaunes, contenant deux graines, rarement trois; pa- reilles de forme, de volume et de saveur au Pois des jardins, un peu comprimées cependant, à ombilie brun. » Kæmpfer paraît n'avoir connu qu’une sorte de Soya, à graines blanches, à ombilic brun; mais nous savons qu'il existe au moins une trentaine de variétés dont les graines sont de diverses couleurs et dont le hile est blanc chez les unes et brun chez les autres. Sous le climat de Paris, on n’en peut cultiver qu’un petit nombre. Les sortes tardives trouve- ront leur place entre la Loire et le littoral de la Méditerranée. (1) Dans cette Note, nous considérons le Soya comme plante potagère. Pour bien connaître son importance en agriculture et dans l’industrie et les diverses préparations qu’il reçoit au Japon, en Chine et dans tout l’extrême Orient, le lecteur pourra consulter le mémoire publié par l’un de nous : Le Soya, sa com- posilion chimique, sa culture et ses usages. — Paris, librairie agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob. 908 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Toutes, nous le croyons, pourront être cultivées en France avec Succès. Notre expérimentation a porté jusqu'ici sur quatre varié- tés, qui sont : 1° Le Soya de Chine, cultivé en Hongrie, importé par MM. Vilmorin-Andrieux et Gie. Ses graines sont d’un jaune pâle et le hile en est brun. Cette variété est la plus hâtive que nous connaissions. ® Le Soya d'Étampes. Les graines en ont été distribuées, en 1874, par la Société d’Acclimatation. Ces graines sont d’un jaune pâle et le hile en est blanc. La plante est belle, très forte et très productive, mais un peu tardive. 3° Le Soya vert, originaire du Japon, à graines vertes, pres- que rondes, à hile brun, moins hâtif que le jaune de Chine cité plus haut. % Le Soya vert pâle, à hile blanc, à graines un peu apla- ties. II nous est venu du Japon et de la Chine. Ses gousses mürissent assez tard. Il est probable que d’autres variétés peuvent être cultivées sous le climat de Paris. MM. Vilmorin viennent d'importer une sorte à grains bruns que nous n’avons pas expérimentée, mais qu’ils considèrent sans doute comme suffisamment hà- tive. Avec le temps, on saura quelles sont les variétés qui conviennent à chacune de nos régions horticoles. La culture du Soya est facile et ne diffère guère de celle du Haricot nain. Nous croyons que tous les terrains lui con- viennent, sinon également, du moins à un degré suffisant. L’espacement des touffes est un point capital; lorsqu'elles sont trop rapprochées, la maturation est retardée et c’est un orave inconvénient. On sème depuis le 25 avril jusqu’au 10 mai, autant que possible après la pluie. Si les graines ne lèvent pas très promptement, elles pourrissent. Il faut donc, entre le 29 avril et le 10 mai, choisir le moment le plus favorable, c’est-à-dire celui où le temps n’est ni trop froid, ni trop sec. La semence ne doit pas être trop couverte. Nous croyons que l’on pourra sans inconvénient retarder LE POTAGER D'UN CURIEUX. 909 l’ensemencement jusqu'au 15 mai, si le temps qui a précédé a été décidément contraire. La variété qui a figuré en 1880 au catalogue de MM. Vilmorin-Andrieux et C° se prête, ce nous semble, à des semailles tardives. Nous avons semé des graines de Soya d'Étampes le 3 mai et des graines de MM. Vilmorin le 10 juin. Celles-ci ont rejoint celles-là. On sème le Soya comme le Haricot. Deux graines par trou suffisent. On accorde à la plante plus ou moins d'espace, se- lon la fertilité du sol. Nous laissons au Soya d’Étampes 90 centimètres d’espace en lous sens; nous n’en accordons que 39 centimètres aux autres variétés. La levée est capricieuse. Il est prudent de semer quelques graines en pépinière afin d’oblenir du plant qu’on puisse re- piquer dans les places vides. On donne deux binages avant le développement complet des plantes. On arrose au besoin. Les Chinois sèment le Soya au plantoir dans un sol à peine labouré. Ils arrosent le semis avec de l’urine saturée de pour- drette et renouvellent cet arrosage deux ou trois fois, à un mois d'intervalle. La récolte commence en septembre pour le Soya de Hon- grie, et dans les premiers Jours d’octobre pour les autres variétés. Lorsqu’à cette dernière date les gousses ne sont pas suffisamment sèches, on les étend dans la grange pour en achever la dessiccation, mais on laisse préalablement mürir leurs graines sur le sol. Une gelée de 2 ou 3 degrés ne leur nuit nullement. Les gousses du Soya, dures et velues, ne peuvent pas se manger, comme celles du Haricot, avant la formation des graines, encore moins .comme les variétés de Haricot qui portent le nom de Mange-tout. Lorsque les graines du Soya ont atteint leur entier déve- loppement, mais sans commencement de dessiccation, on cuerlle les gousses, on les écosse et, de l'avis de bien des gens, on obtient un légume supérieur aux flageolets écossés frais. Sans aller aussi loin, nous dirons qu'il est leur égal, qu'il est de plus facile digestion et qu’il ne présente pas les inconvé- 4° SÉRIE, T. [. — Novembre 1884. 59 910 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. nients trop connus du Haricot. Son défaut est de s’écosser difficilement. A l’état sec, les graines du Soya constituent un bon ali- ment. Leur saveur est douce et très agréable. Nous les avons fait préparer comme le Haricot blanc ordinaire ; mais quels que fussent le temps et le soin apportés à leur cuisson, elles sont restées non pas dures, mais plus fermes que ce dernier. Il convient donc de faire tremper le Soya pendant vingt- quatre heures dans de l’eau qui ne soit nullement calcaire, c’est-à-dire dans de l’eau distillée, eau de pluie ou de con- densation de machine à vapeur. On supplée à l’eau distillée en jetant le soir dans l’eau 3 grammes par litre, au maximum, de cristaux de soude; l’eau blanchit si elle est calcaire, et l’on se débarrasse du précipité en décantant le lendemain. Le Soya est sans contredit le meilleur de tous les succéda- nés du café. Une foule de ménagères font chaque jour pour le déjeuner un mélange de café et de chicorée. Le Soya tor- réfié n’exige aucun mélange. [l donne un bon café au lait, dont l’arome, bien qu’un peu plus faible, est sensiblement celui du Moka. Le Soya est cultivé dans le Tyrol et dans l’Istrie sous le nom de Fève de café, et l’on suppose qu'il en est de même en Dalmatie et dans le sud de l'Italie. Henzé, dans les Plantes alimentaires, donne au Soya le nom de Dolie à café, et dit qu’on le cultive sur quelques points des départements de l’Ariège et de la Haute-Garonne ; ce que nous n'avons pu vérifier. Tout récemment, nous avons appris par M. Faivre, de Beaune, que le Soya avait été intro- duit, il y a une dizaine d'années, à Allerey, commune de Saône-et-Loire, par M. l'abbé Crétin, et que ses graines étaient employées comme café dans plusieurs familles du pays. M. Faivre, propagateur ardent et généreux du Soya, nous a envoyé des graines de la plante cultivée à Allerey. Elles sont brunes et identiques à celles que MM. Vilmorin ont récem- ment importées. Enfin l’ingénieur en chef d’un de nos départements nous a écrit qu'il déjeunait tous les jours avec du Soya et qu’il le LE POTAGER D'UN CURIEUX. J11 préférait au Moka. Il nous recommandait de torréfier légère- ment les graines. Si les cultivateurs consacraient chaque année, dans leur jardin, un petit espace au Soya, ils obtiendraient, sans bourse délier, le café nécessaire au déjeuner de leurs familles et le fisc ne pourrait rien prélever sur leur récolte. On connaïîtrait bien mal l'importance de la culture du Soya si l’on n’avait pas d’autres renseignements que ceux que nous venons de présenter. Nous avons dû nous borner à en parler au point de vue du potager; mais il faut qu’on sache que le Soya tient dans le monde une place égale à celle qu’occupent chez nous le Blé, le Maïs et la Pomme de terre. On s’accorde à dire que c’est un excellent fourrage. Il contient 18 pour 100 d'huile. Après extraction de l'hute, les tourteaux fournissent un puissant engrais. Sous diverses formes, ses graines entrent dans l’alimenta- on quotidienne de centaines de millions d'hommes. Elles nourrissent le bétail et notamment des millions de chevaux et de mulets. Elles constituent, comme de nombreuses analyses le dé- montrent, l'aliment le plus riche et le plus complet que l’on puisse désirer. Nous recommandons au lecteur celle qui a été récemment faite avec le plus grand soin par MM. H. Pellet et E. Schou (1). Lalinum paniculeé. TALINUM PATENS Willd. Portulaca patens Jacq. Hort. vindob., IL, tab. 152. D CG. PI. grasses, 175. Fam. des Portulacées. Plante ligneuse, originaire de l'Amérique méridionale. Tiges anguleuses; feuilles alternes, lancéolées, obovales, ré- trécies en pétiole court. Panicule terminale, allongée, très lâche, composée de cymes multiflores. Fleurs petites, d’un rose vif. Étamines plus courtes que les pétales. Capsule glo- (1) Revue des Industries chimiques el agricoles, 1882. 919 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. buleuse, déprimée aux deux bouts, trigone, luisante, brune. Cette plante est cultivée dans les collections de plantes srasses; elle fleurit pendant toute l’année. Ses feuilles sont épaisses et charnues. «Les Talins jouissent des mêmes propriétés que les Pour- piers. Leurs feuilles peuvent être employées comme assaison- nement. Mangées cuites, elles rafraîchissent. » (Lamarck, En- cyclopédie.) Après dégustation, nous ne pouvons partager les opinions exprimées plus haut; le Talinum paniculé est trop fade pour servir d’assaisonnement. Cuit et apprêté comme les Épinards, il donne la sensation d’un aliment imbibé d'huile. IL est si gras, si mucilagineux qu'ainsi apprêté 1l est immangeable. Kalruda d'Algérie. CARUM INCRASSATUM Boiss. — Voy. dans le Midi de l'Espagne, CONS -2290; Fam. des Ombelliféres. Plante originaire de lEspagne australe et de l’Afrique bo- réale, à racines tubéreuses. Tubercule ayant le volume et l'aspect d’une Truffe de moyenne grosseur, rugueux, Mame- lonné, d’un brun noirâtre à l'extérieur, blanc à l’intérieur. Tige dressée, fistuleuse, striée, rameuse, ayant atteint dans nos cultures environ 60 centimètres de hauteur. Feuilles ra- dicales triternatiséquées, feuilles caulinaires biternatisé- quées, à segments étroits, linéaires, d’un vert foncé. Invo- lucre et involucelle ordinairement quinquéphylles. Calice à lobes triangulaires aigus; stylopodes coniques surmontés par tes styles persistants ; vallécules à une seule bandelette. Nous avons reçu de M. Durando, professeur de botanique à Alger, des tubercules de Talruda que nous avons plantés au commencement de l'hiver et qui n’ont pas souffert du froid. Nous les avions prudemment protégés par un peu de paille, mais nous croyons celte précaution inutile. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 913 En effet, M. le docteur Marès nous écrivait de Mustapha le » juin 1881 : «Je ne suis nullement étonné que le Talruda ait bien passé l'hiver en France. Les montagnes de 15 à 1600 mètres, en Algérie, ont souvent de la neige. Celles que j'ai devant les fenêtres de ma propriété ont de 15 à 1700 mètres. Le sommet est couvert de Cèdres. J'ai vu la neige commencer en oclobre et y rester sans discontinuer jusqu’à la fin d'avril. Tous les ans jy ai vu de la neige et il v fait des froids intenses. » Aux questions que nous lui avons adressées, M. Durando a fait les réponses que nous reproduisons : « Le Talruda que vous avez reçu a été récolté sur les mon- tagnes de l’Arba. On le trouve sur toutes les montagnes hautes d'au moins 1000 mètres, à Blidah, Téniet, etc. » Il se plaît dans un sol frais, ombragé, avec humus; assez communément sous les Cèdres. Ceux-ci ne se montrent guère qu’à partir de 900 où 1000 mètres, et, par conséquent, sur des montagnes de 14 à 1500 mètres au moins. » Les gens du pays mangent les tubercules du Talrudu crus, bouillis ou torréfiés, «d libilum. » Nous avons dégusté ces tubercules et nous les avons trou- vés parfaitement comestibles, mais d’une saveur médiocre- ment agréable. La plante n’a pas prospéré chez nous, le sol dont nous dis- posons étant trop sec. La récolte ne peut se faire que tous les deux ans; les tuber- cules de première année sont encore trop pelits. Au surplus, nous considérons comme très incomplète l’ex- périmentation à laquelle nous nous sommes livrés, et nous conseillons de la poursuivre en semant le Talruda sur la lisière des bois. On utiliserait ainsi des terres laissées en friche. Il y aurait profit, si la chose est possible, à naturaliser la plante dans les bois du midi de la France. (À suivre.) Il. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Naissances, dons et acquisitions de la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle. (Juin, juillet et août 1884.) NAISSANCES DE MAMMIFÈRES. Maki à front noir (Lemur nigrifrons), de Madagascar. Moufflon à manchettes (Ovis tragelaphus), du nord de l'Afrique. Guibs (Tragelaphus scriptus), du Sénégal, nés des individus donnés par M. Brière de l’Isle. Renne (Cervus taraudus), de la Laponie, né des individus donnés par M. le professeur Pouchet. Antilope cervicapra (Antilope cervicapra), de l'Inde. Biches Sika (Cervus Sika), du Japon. Biches Maral (Cervus Maral), de Perse. Mouton à tête noire, du Sénégal. : Kob mâle (Kobus unctuosus), du Sénégal, né des individus donnés > © = = + = par M. Brière de l'Isle. C’est le cinquième jeune que nous obte- nons de cette magnifique espèce. Antilope algazelle (Oryx leucoryx), du Sénégal, née des individus donnés par M. Brière de l'Isle. 3iches cochon (Cervus porcinus), de l’Inde. DONS. Callitriche (Cercopithecus Callitrichus), d'Afrique, don de M. Tail- lebois. Papion (Cynocephalus papio), d'Afrique, don de M. Verjus. Macaque Rhesus (Macacus Rhesus), de l’Inde, don de M. Leick. Macaque Bonnet chinois (Macacus Sinicus), de l'Inde, don de M. Adam. Macaque ordinaire (Macacus cynomolqus), de l'Inde, don de M. Beauvais. Magot (Macacus Inuus), d'Afrique, don de M. Carette. Mone (Cercopithecus Mona), d'Afrique, don de M. Thorin. Hérisson (Erinaceus Europœus), de France, don de M. Aubert. Blaireau (Meles laæus), de France, don de M. Gay. Blaireau (Meles taæus), de France, offert par le Jardin zoologique d’Acclimatation. Mangouste Loempo (Herpestes Loempo), du Gabon, don de M. le général Virgile. Mangouste Ichneumon (Herpestes Ichneumon), du nord de l'Afrique, don de M. Hallé. = LS > L ETS > — ce © FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 915 Hyène tachetée (Hyœna crocuta), du Sénégal, don de M. le capitaine A. Eybert. Marmotte des Alpes (Arcitomys Alpinus), don de M. Guillemin. . Cténodactyles (Ctenodactylus Gundi), de Tunisie, don de M. le D' Lataste. Gerbilles (Gerbillus albipes), de Tunisie, don du même. ACQUISITIONS. Theropithèques gelada (Theropithecus gelada), d’Abyssinie. Cynocéphales Chacmas (Cynocephalus Chacma), du sud de l'Afrique. Cynocéphales Mandrilles (Cynocephalus Mormon), Afrique occiden- tale. Gnou (Caloblepas gnu), du Soudan. Axis (Gervus aæis), de l'Inde. NAISSANCES D’OISEAUX. Gygnes blancs (Cygnus olor), d'Europe. Casarcas rouges (Casarca rutila), d'Europe. Oies de Magellan (Bernicla Magellanica). Éperonniers de Germain (Polyplectron Germaini), de Cochinchine. Euplocomes du Népaul (Euplocomus leucomelanus). Faisans argentés (Euplocomus Nycthemerus). Faisans Amherst (Thaumalea Amherstiæ). Paons ordinaires (Pavo cristata). DONS. Crescerelle (Falco tinunculus), de France, don de M. Payen, Crescerelle (Falco tinunculus), de France, don de M. Bichet. Busard (Circus œruginosus), de France, don de M. Hubert. Busard (Circus æruginosus), de France, don de M. Poirault. Chouettes Effraies (Strix flamimea), de France, don de Mi Hen- riette. Chouette Effraie (Strix flammea), de France, don de M. Beaufort. Chouette Chevêche (Strix passerina), de France, don de M. Auclere. . Corbeaux (Corvus corax), de France, dons de MM. Francisque Demonneret et Benoist. ACQUISITIONS. Cygne à col noir (Cygnus nigricollis), Amérique méridionale. . Martins chasseurs (Alcedo gigantea), Australie. Faisans de Swinhoë (Euplocomus Swinhoi), de Formose. Faisans de Vieillot (Euplocomus Vieilloti), de Malacea. Nandou (Rhea Americana), de la Plata. 916 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Éducation de Nandous. M. Bérenger écrit de Monts-sur-Guesnes (Vienne) à M. le Président : « Après vous avoir successivement rendu compte des trois éducations de Nandous que j'ai faites dans les années 1881, 1882 et 1883, je n'avais pas l'intention de vous parler de celle de 1884. Les résultats obtenus sous les latitudes les plus diverses, dans la Haute Garonne par M. le Dr Clos, dans l’Indre-et-Loire et la Vienne par M. Pays-Mellier et par moi, dans l’Eure-et-Loir par M. Mercier, démontrent suflisamment que l'élevage du Nandou est non seulement possible, mais encore facile sur toute l'étendue de la France, et son acclimatation me semble pouvoir être considérée comme un fait acquis. » Cependant, comme j'ai à signaler cette année quelques circonstances particulières, je me hasarde à vous fatiguer du récit de cette quatrième éducation, persuadé d’ailleurs que nous avons le devoir de signaler les erreurs ou les fautes que nous commettons, afin que nos collègues puis- sent les éviter. » Dès les premiers jours d’avril mon Nandou préparait son nid, et le 12 les deux femelles commencaient la ponte, qui a présenté la même régu- larité et moins d'œufs cassés que les années précédentes. » Le 19 avril, le mâle commençai tl’incubation sur huit œufs, et, la ponte ayant continué, le nid s’est bientôt trouvé encombré d’une quantité d'œufs beaucoup trop considérable; vers la fin de mai on en comptait trente- deux. il en résultait une très grande fatigue pour le mäle, qui ne pouvait les couvrir qu’en les entassant les uns sur les autres, au lieu de les étendre sous lui; et cet entassement, nuisible à une égale répartition de la chaleur, devait en outre être un danger pour les œufs et surtout pour les petits au moment de l’éclosion. J'avais donc commis une grande faute en laissant trop longtemps les femelles avec le mâle. J’aurais dû les éloigner après avoir reconnu dans le nid la présence de 18 à 20 œufs tout au plus. » Ces inconvénients, que je n’avais pas prévus, m'ont été révélés par l'expérience. Le 30 mai, à mon grand regret, je fus obligé de m'absenter. L'éclosion était prochaine, car on entendait des petits piauler dans les œufs. J'avais bien recommandé au faisandier et à sa femme une surveil- lance continuelle et leur avais dit de placer dans la couveuse, qu'on tenait en état depuis deux ou trois jours, les œufs qui ne seraient pas reconnus mauvais, aussitôt que le Nandou aurait quitté le nid. Mais les choses ne devaient pas se passer ainsi. Le 31 mai, quarante-deuxième jour d'incubation, le Nandou s’étant levé un instant, on vit dans le nid cinq petits éclos vivants, plus deux autres écrasés sous les œufs. Deux ou trois jours avant on avait déjà trouvé un œuf écrasé dont le petit FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 917 était près d’éclore. Ce résultat correspondait bien aux huit œufs sur lesquels avait commencé l’incubation. Le mâle revenant promptement à son nid, les surveillants crurent bien faire d'enlever les petits et de les porter dans la couveuse en attendant que le mâle quittât le nid avec d'autres petits dont ils supposaient l’éclosion prochaine. C'était le ren- versement complet des instructions que j'avais données. » En apprenant le lendemain que les cinq petits avaient été enlevés au mâle, je pensai aux cinq Nandous éclos en 1881 au Jardin de Toulouse « que l’on avait cru devoir séparer des parents pour les soustriire au » froid et qui étaient morts de faim ayant refusé toute nourriture », ainsi que M. le D" Clos me l'avait écrit alors. Je ne doutais pas que mes cinq Nandous ne dussent avoir le même sort; mais, à ma grande surprise, ils acceptèrent très bien la nourriture qu’on leur présenta et qui consistait en une pâtée faite de pommes de terre bouillies pétries avec du son de froment et de la chicorée sauvage hachée. » Je fus immédiatement consolé de l’inexécution de mes instructions, et j'en fus même très satisfait, puisque cela me donnait l’occasion d’es- sayer à élever des Nandous sans leurs parents, comme on le fait souvent pour des oies et des canards dans nos campagnes. Le temps toutefois n’élait guère favorable à cette tentative. Pendant les premiers jours la pluie et le froid ne permettaient presque pas d'exposer les élèves au grand air. On les tenait presque toujours dans la couveuse chauffée seu- lement de 25 à 30 degrés centigrades. Mais le temps s'étant un peu amélioré il devint bientôt évident que l'élevage des Nandous sans leurs parents serait presque aussi facile que celui des canards et des oies. Placés sur un gazon avec leur pâtée dans une petite auge et de l’eau dans une autre, ils se promènent autour paissant l'herbe, saisissant avec une singulière adresse les insectes qui s’y trouvent, revenant fréquem- ment visiter leur eau et surtout leur pâtée et ne s’éloignant jamais de la personne qui les garde. Si cette personne disparait, ils font entendre leur piaulement plaintif jusqu’à ce qu’elle reparaisse. S'ils s’aperçoivent de son éloignement avant qu’elle ait disparu, ils courent après elle et la suivent comme ils suivraient leur père. Le moindre bruit inaccoutumé les effraye et les fait accourir et chercher un refuge jusque sous les pieds de leur gardien. Quoiqu'ils aient une préférence marquée pour ceux qui les soignent, la présence d’une personne même étrangère leur suffit ; mais l'isolement leur est absolument insupportable. » Pendant que je me livrais à cette étude intéressante sur ce nouveau mode d’élevage des jeunes Nandous, le père continuait sans résultat une incubation prolongée sur les vingt-quatre œufs qui lui restaient. Sa mai- greur élait extrême et me donnait des inquiétudes pour sa santé; j'au- rais été désolé de perdre un animal aussi remarquable par sa beauté que par ses qualités de reproducteur et d’éleveur. Le 12 juin, je fis enlever du nid douze œufs mauvais, dont quelques-uns étaient clairs, mais dont la JS SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. plupart contenaient des germes morts à différents degrés de développe- ment. Pour engager le Nandou à quitter le nid, je fis apporter près dé lui un des jeunes; mais il lécarta du bec sans toutefois le blesser, et s’obstina à rester sur les douze derniers œufs que je pris le parti de lui laisser quelques jours encore. » Enfin le 17 juin vers dix heures du matin, par un temps couvert et un peu frais, il quittait le nid suivi de cinq petits bien conformés, quoique l’un d'eux parût plus faible que les autres et s’appuyât souvent sur les talons. Les sept autres œufs mis dans la couveuse ne valaient rien, ils étaient clairs. Le Nandou avait couvé pendant cinquante-neuf jours avec une assiduité parfaite ; cependant quoique très maigre il ne paraissait pas souffrant. » I] me restait à faire une dernière expérience. Le père Nandou vou- drait-il bien accueillir des petits éclos depuis dix-huit jours et ayant acquis déjà un assez grand développement ? Pourrait-on confondre ainsi les dix élèves en une seule et même famille ? Jen fis essai le 18 juin au matin et je ne fus pas surpris de voir le père se prêter sans difficulté au doublement de ses élèves. Mais, si le père acceptait les enfants, les enfants n’acceptaient pas le père, et s’ils restaient près de lui tant qu'on était dans leur voisinage, dès qu’on s’éloignait ils le quittaient et fai- saient retentir l’air de leurs lamentations prolongées. Cette musique attristante dura sans interruption toute la journée. » Un autre inconvénient se manifestait : les cinq aînés marchaïent beaucoup plus vite que les cinq jeunes, et le père faisait des efforts dé- sespérés pour se maintenir à proximité des uns et des autres. Quoique un peu ému de ce désespoir paternel et surtout des lamentations de mes élèves, je résolus de poursuivre l’épreuve au risque de ce qui pourrait en résulter. Le soir, quand le Nandou jugea que l’heure du repos était arrivée pour sa jeune famille, il choisit sa place au milieu du parc et se coucha, invitant ses enfants par un clappement de bec réitéré à venir chercher un abri sous ses ailes. Les cinq jeunes s’empressèrent de ré- pondre à son invitation, mais les aînés s’éloignèrent et se dirigèrent vers la porte du parc avec des piaulements lamentables. Le père se leva pour les aller chercher et les ramena au lieu choisi par lui pour sa nuitée. Au bout de quelques instants nouveau départ des cinq rebelles, nouveau voyage du Nandou, et ce spectacle, que j’observais de loin, se renouvela plusieurs fois avec une égale obstination de la part des en- fants et une égale patience de la part du père. Enfin la nuit qui com- mençait à s’'assombrir mit fin aux fugues de mes petits Nandous, mais ils ne voulurent pas s’abriter sous le père et se contentèrent de se cou- cher les uns près des autres dans son voisinage. Quelques moments après, tout était repos et silence ; cependant on entendait encore parfois quelques faibles et douloureux piaulements, comme si les pauvres en- lants eussent été tourmentés par quelque mauvais rêve. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 919 » Le lendemain 19, la différence d’allures entre les deux parties de la famille était moins sensible. Les aînés suivaient mieux le père et se mê- laient souvent aux jeunes, mais les piaulements étaient encore fréquents et douloureux. Pour favoriser ce progrès, on évitait autant que possible de se montrer aux Nandous. Quand on leur portait leur nourriture, on la leur donnait rapidement et sans leur adresser aucune parole. Le soir, les cinq aînés firent encore bande à part, mais ils restèrent avec moins de difficulté dans le voisinage du père. Le 20, les instincts de famille continuèrent à se développer; le soir, les aînés partagèrent pour la pre- mière fois avec les jeunes l’abri des ailes paternelles et depuis ce mo- mement l’union paraît complète, mais le plus faible des jeunes à suc- combé. - » Tels sont les nouveaux détails que je puis joindre à ceux des trois années précédentes sur l'élevage des Nandous. Non seulement ils me confirment dans l'opinion que j'ai déjà émise sur la possibilité de ré- pandre ces animaux en France, mais ils me donnent la conviction que si leur élevage se généralisait, la pratique le rendrait promptement aussi facile que celui de nos autres oiseaux domestiques, et beaucoup plus facile même que celui de quelques-uns d’entre eux, du dindon, par exemple, qui donne lieu parfois à tant de déceptions. » À mesure que l'élevage des Nandous me devenait plus familier, j'étais amené à constater l’inutilité de certaines précautions que j'avais crues d'abord nécessaires. C’est ainsi que dans mon élevage de 1881 j'avais ajouté à la nourriture ordinaire du pain et même de la viande. En 1882 j'ai supprimé la viande sans aucun inconvénient, et aujourd'hui le pain, que je distribuais autrefois même aux parents, a presque complètement disparu de la nourriture des jeunes. 11 en est de même de l'abri contre le mauvais temps. Je suis convaincu qu’au bout de quelques mois les jeunes sont aptes à résister aux intempéries, et que nés en saison con- venable, c’est-à-dire en juin et juillet, ils pourraient, du moins sous le climat de la Vienne, passer sans plus de protection que leurs parents l’hiver qui suivrait leur naissance. » C. Camille BÉRENGER. » Monts-sur-Guesnes (Vienne), le 25 juin 1884. » 920 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. De la guérison empirique de certains cas de surdite par les paysans des environs de Péking. Note inédite communiquée à l'Académie des Sciences dans la séance du 19 février 1883. « En 1840, raconte M. l’abbé Huc (1), nous avions, dans notre sémi- naire de Macao, un jeune Chinois qu’on allait renvoyer dans sa famille, parce qu’une surdité complète, dont il avait été atteint depuis quelques mois, ne lui permettait pas de continuer ses études. Plusieurs médecins chinois, portugais, anglais et français avaient essayé vainement de le guérir de cette infirmité. Les docteurs expliquérent en termes techniques le mécanisme de l’ouie; ils en dirent des choses merveilleuses et qui faisaient le plus grand honneur à leur profonde science; mais leurs trai- tements se trouvèrent infructueux, et le malade fut déclaré incurable. Heureusement nous avions dans la maison un chrétien tout récemment arrivé de notre mission des environs de Péking. Il n’était ni médecin, ni savant, ni lettré; c'était tout bonnement un très pauvre cultivateur. Il se souvint que les paysans de son pays se servaient avec succès d’une certaine plante pour guérir la surdité. A force de chercher aux envi- rons de Macao, il eut le bonheur de trouver cette herbe salutaire. Il exprima le sue de quelques feuilles dans les oreilles du malade, qui ren- dirent aussitôt une quantité prodigieuse d'humeur. et, dans deux jours, la guérison fut complète; ce jeune Chinois a pu continuer ses études; et aujourd’hui (2) il est missionnaire dans une des provinces du midi de la Chine. » Désireux d'introduire en France la plante médicinale signalée par M. Hue, j'écrivis, en janvier 1876, à M" Delaplace, l’évêque missionnaire de Péking, pour lui demander des renseignements à ce sujet. My" Delaplace me répondit : « Le fait dont parle M. Hue est vrai; il se » renouvelle souvent. » Dès que votre lettre fut entre mes mains, je pris chez un de nos » catéchistes, chef et propriétaire d’une grande pharmacie, des feuilles » (le la plante en question. On appelle cette plante en chinois Kin tse » ho ie. Le suc est d’un mordant très actif. Une seule goutte suffit, au » moins pour une première opération. » Ms Delaplace ne put se procurer des graines de cette plante, les Chi nois prétendant, mais à tort, qu’elle n’en portait point. A la vérité, lors d'un voyage qu'il fit en France, vers le milieu de 1878, il tenta d’im- porter plusieurs sujets de cette plante. Malheureusement ces sujets souf- (1) L'Empire chinois, t. LE, chap. [°, p. 26. (2) En 1854. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 921 frirent beaucoup pendant la traversée, et, arrivés en France, ils étaient morts. Cet insuccès ne me découragea point; mais, ne voulant pas abuser de la complaisance de M5 Delaplace, j'eus recours au procureur de la mis- sion de Péking, M. Favier, auquel m’adressa M. l’abbé Armand David, avec qui je venais d'entrer en relation à l’occasion de l'introduction en France des vignes chinoises Spinovitis Davidi et Vitis Romaneti. En 1881 et en 1882, j'écrivis à M. l’abbé Favier, pour lui demander des échantillons d’herbier de la plante Kèn-tse-ho-ié. Je reçus ces échantillons à la fin de 1882. Je les ai montrés, il y a quelques jours, à M. l’abbé David et à M. Fran- chet, le savant classificateur des collections botaniques chinoises du Museum; ils se sont accordés à reconnaître dans le Kin-tse-ho-iè la Saxifraga sarmentosa, plante déjà acclimatée en France. Au reste, M. l’abbé Favier, qui est venu cette année passer quelques mois en France, m'a, de vive voix, confirmé leur assertion : il avait montré des plants de Kin-tse-ho-iè à un botaniste européen à Péking, et ce botaniste avait, de même, reconnu en cette plante la Saxifragu sarmentos«a. Il ne reste plus qu’à vérifier les propriétés thérapeutiques du suc de cette plante. Ceci est l’affaire des médecins auristes. D’après les pharmaciens chinois, c’est le suc de cette plante à l'état frais qui possède les propriétés en question. La décoction de la feuille sèche n’a pas la même vertu. L'administration du remède est très simple : on pile dans un mortier les feuilles et la tige; il en sort un peu de suc. C’est ce liquide qu’on introduit dans l'oreille. On n’y ajoute pas d’eau. Je joins à la présente communication un des échantillons d’herbier qui m'ont été envoyés de Péking par M. l'abbé Favier. F. ROMANET DU CAILLAUD. IH. BIBLIOGRAPHIE The Commercial products of the Sea or Marine contributions to food, industry and art (Les produits commerciaux de la mer, ou matières provenant de la mer, propres à l’alimentation, à l’industrie et à l’art). London, Griffith and Farran, MDCCCELXXIX, in-8, 484 p., ligures. Tel est le titre d’un ouvrage de M. P.-L. Simmonds, que la troisième section a confié à mon examen. Le titre que nous venons d’indiquer suffit à lui seul pour faire com- prendre l’immensité du champ qu'avait à parcourir l’auteur de ce re- marquable ouvrage. Nécessairement il lui fallait prendre le parti, dès le début, d’être sommaire sur chacun des sujets étudiés; sans quoi, dix volumes auraient à peine suffi à un travail assez complet, et encore M. Simmonds ne s'est-il occupé que des questions les plus importantes. Nous nous trouvons donc en présence d’une sorte de résumé descriptif et statistique de l’ensemble des pèches principales qu’on pratique dans la mer, et des principales matières qu'on en extrait pour en lirer un parti soit industriel, soit artistique. Nous n’essayerons pas de contrôler les données statistiques fournies par M. P.-L. Simmonds. Son livre paraît écrit avec assez de sincérité pour qu'il nous soit permis de considérer comme sérieux tous les ren- seignements qu’il donne. Il se divise en trois parties : La première, consacrée aux produits alimentaires provenant de la mer : pêche de la Morue en divers pays, pêche du Hareng, du Maque- reau, de la Sardine, ‘du Saumon, du Thon, des divers Crustacés et des Mollusques céphalopodes comestibles, des Huîtres et de divers autres Mollusques propres à l’alimentation. Il y a, dans l’ensemble de ces divers chapitres, des faits d’un grand intérêt, bien que rien de nouveau n’y soit à signaler. La deuxième partie s'occupe des produits de la mer utilisés dans lin- dustrie. Ge sont : les éponges de diverses provenances; les huiles extraites des Mammifères marins; l'huile de Requin; la colle de poisson ; les co- quilles propres à des usages industriels ; les Algues marines et leur em- ploi, et le sel marin. Ces chapitres sont vraiment fort intéressants. La troisième partie tombe plus spécialement aux produits de la mer servant à des applications artistiques : l’écaille des Tortues, les perles lines, la nacre; le corail et l’ambre, font l’objet des divers chapitres d’un très grand intérêt qui la composent BIBLIOGRAPHIE. 925 our résumer notre pensée, nous dirons que, dans les 500 pages environ dont se compose ce beau travail sur les richesses de Ia mer appliquées à nos besoins d'alimentation, d'industrie et d'art, il était difficile de mettre plus d'indications utiles, et de le faire avec plus d’au- torité et de conscience. Ce remarquable ouvrage nous paraît donc non seulement digue de notre attention, mais il me semble mériter d’avoir part aux plus sérieux encouragements de la Société. Léon VipaL. be l'influence des forêts et des cultures sur le climat et sur le régime des sources, par M. Jules Maistre. Hamelin frères, 1883, in-8, 3e édition, Montpellier. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on se préoccupe en France du déboise- ment de nos montagnes ; le mal est ancien et a déjà fait des ravages considérables. Il à sévi avec une égale force et chez nous et dans les pays voisins ; presque partout les immenses forêts d'autrefois ont disparu sous la cognée du bûcheron, sous la dent des troupeaux ou devant la torche incendiaire. Il en est résulté de notables changements dans le cours des saisons, et un profond bouleversement du régime des eaux. Ce sujet si plein d'intérêt a été abordé par M. Jules Maistre dans une brochure récemment parue. Recherchant tout d’abord quelle est, en général, l’influence des cultures, il pose ce principe éminemment juste que, pour avoir un pays frais et humide, c’est-à-dire d’une fertilité con- stante, il faut le couvrir d’une belle végétation. Or, à son point de vue, on à agi d’une facon toute contraire en stérilisant les montagnes par un déboisement sans mesure, et en exagérant la culture de la vigne. Il est hors de doute que le déboisement des montagnes ait eu pour conséquence immédiate de tarir une partie des sources qui y prenaient naissance, et par suite de diminuer d'autant le débit des grands cours d’eau qui fertilisaient les plaines; c’est ainsi que le volume de l’Hé- rault a perdu un tiers depuis trente ans. Mais peut-être faut-il s'arrêter là, et ne pas attribuer aux créations de vignobles ces désastres qui ont leur cause plus haut. Qu’on ait été entraîné par un engouement excessif dans la culture de la vigne dans nos départements du Midi; qu’on ait fatigué le sol pour en décupler le rendement et que cet épuisement soit pour beaucoup dans l’envahissement du phylloxera, la chose est manifeste. Quant aux causes qui ont bouleversé le régime des eaux, rendu les pluies plus inconstantes et plus rares, tari les sources et desséché les gaves, elles sont inscrites par la cognée du bücheron sur le flanc de nos montagnes. Le remède consisterait, sans aucun doute, d'une part dans une étroite entrave mise aux dévastations des rares forêts qui sont encore debout, 924 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. de l’autre dans de sérieux reboisements. Mais là, que de difficultés ! 1c1, c’est le petit propriétaire, peu soucieux de l'intérêt général, qui veut à tout prix agrandir son champ; plus loin, c'est un village, pour qui la vaine pâture est plus sérieuse que la forèt, et que de beaux arbres ense- velis sous les rails de nos chemins de fer! puis là-bas, sur les pentes de l’Atlas, c’est l’Arabe pasteur qui ne pense qu’à étendre le parcours de ses troupeaux et tient l'incendie pour son plus sûr auxiliaire. Hélas! celui-ci n’est pas toujours Le seul coupable, et il nous souvient d’avoir bivouaqué naguère sur les cendres encore fumantes d’un bois de tama- rins qui jalonnait la traversée si dangereuse du chott Fedjez et que les Arabes avaient su respecter. Enfin, d’aunée en année, la nature devient plus réfractaire aux entre- prises de reboisements. En effet, le soleil de l'été dessèche et ameublit le sol dénudé des montagnes dont les pluies entraînent ensuite la meilleure part, de telle sorte que les jeunes plants ne rencontrent plus un humus assez profond pour développer leurs racines et se défendre des grandes sécheresses. Encore, s’ils étaient bien à l’abri de la dent des moutons! Dans une autre partie de son travail, M. Jules Maistre étudie l’in- fluence des forêts sur la végétation. Elles s'opposent à une trop rapide évaporation des eaux de pluie, et, en drainant pour ainsi dire ces eaux par leurs racines, les arbres diminuent les ravages des inon- dations et régularisent le régime des cours d’eau. Suit une série d'observations sur la température du sous-sol et sur son hygro- métrie, concourant toutes au soutien de sa thèse. Ce sont des faits, à l’appui d’un raisonnement de tous points très fondé. Mais, d’ailleurs, point n’est besoin d’une longue discussion, la cause est gagnée et nous ne pouvons que regretter, avec M. Jules Maistre, que l'exécution de la sentence rencontre autant d'obstacles. Amédée BERTHOULE, ERRATUM. P. 780, ligne 30, au lieu d'Amiens, lisez Ancenis Le gérant : JULES GRISARL. BOURLOTON. — linprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. REPRODUCTIONS OBTENUES AU PARC DE BEAUJARDIN, A TOURS, EN {55i Par M. Joseph CORNÉLY Les cinq jeunes Gazelles de Perse (G.subgullurosa) nées au parc de Beaujardin sont issues de trois mères. Une seule femelle ne donna qu’un pelil. Une portée, arrivée au commencement d'avril, fut déposée par la mère en pleine exposition nord-est, el un vent très froid, venant de l’est en ce moment, nous lit craindre pour la santé des jeunes animaux. Malgré la basse lempérature, les jeunes Gazelles sont venues à merveille, el en ce moment (octobre) elles ont presque la taille des parents. Depuis quatre ans, quatorze Kangourous géants sont nés, et, en 1883, se trouvaient réunis dix exemplaires, dont huit nés au parc de Beaujardin. Depuis l'hiver néfaste de 1879- 1880, nous n'avons pour ainsi dire pas perdu de ces animaux. Une femelle se cassa une des jambes postérieures, sans qu’on pût savoir comment, et dut être abattue. Une autre jeta son petit, mais, à la grande surprise de tout le monde, celui-ci se Lrouva remplacé dans la poche de la mère trois ou quatre semaines après. Les Cervules de Reeves continuent à bien reproduire. Nous nous sommes assuré qu'une des femelles (la seule qui soit restée familière) fait deux petits par an; un tous les six mois. Une des femelles Antilopes Guib va donner son pelit un de ces Jours. Nous croyons pleines les deux femelles Antilopes Blessboks, et j'ai tout lieu de croire que le ménage des Antilopes à quatre cornes ne restera pas stérile. Une femelle Cervule de Michie (Elaphodus cephalophus), dont le mâle s’est tué en arrivant, fait bon ménage avec un Uervule de Reeves. Les Nandous de Darwin (Rhea Darwini) sont en plein rut, 4° SÉRIE, T. |. — Décembre 1884. 60 9926 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Les Grenouilles-bœufs se sont multipliées. Quelques-unes ont franchi les murs du parc, en s’aidant des branches de lierre, et plusieurs personnes en ont entendu mugir dans les prés du Cher. Quoique cette tentative d’acclimatation en plein champ soit involontaire, je serais heureux d’avoir doté la Touraine de ce nouvel aliment, qu’on dit excellent. De jeunes Tortues ont été également vues; mais, comme il a été mis en liberté sept ou huit espèces de ces reptiles, on n’a pu juger de ce que c’était. Une ou deux fois les Tortues rapportées du Japon par M. Conte, ministre plénipotentiaire, ont été aperçues; mais ces animaux se dérobent si bien à la vue, qu'on ne peut savoir si les cinq animaux primilive- ment lâchés existent encore. Une dizaine de Lézards ocellés (Lacerta ocellata) ont été mis en liberté dans Le parce et dans le potager cet automne. Depuis deux années les œufs de mes oiseaux aquatiques disparaissent d'une facon mystérieuse. On a beau se servir des engins les plus perfectionnés, surveiller ies pondeuses et rechercher les œufs tous les jours, à chaque moment, on trouve les nids vides. Les œufs de Poule, mis comme appäl, sont respectés ; c’est ce qui explique le piètre résultat de léle- vage. Même les œufs des Grues de Numidie, qui avaient pondu dans l’enclos des Canards, furent trouvés, un matin, brisés et poussés dans l’eau. L’Argus mâle entrant en mue au moment de la ponte de la femelle, les œufs de celle-ci sont inféconds. Un second mâle va être essayé la saison prochaine. Depuis trois ans, les Ibis à face noire reproduisent. La première année (1882), ces oiseaux avaient construit leur nid dans un enclos par lequel les gardiens devaient passer pour entrer dans une volière. Le mâle, chaque fois que son tour de réchauffer les œufs était venu, se levait dès qu’il entendait un pas d'homme, afin de mordre les jambes de celui-ci. Les trois œufs ne vinrent pas à bien. Depuis ce temps, les Ibis sont mis au printemps dans un petit jardin à eux tout seuls, et depuis deux ansles trois œufs sont fécondés. Chaque fois un des jeunes est de (aille moindre que les autres, et périt à deux REPRODUCTIONS AU PARC DE BEAUJARDIN. 997 ou trois semaines. Les quatre autres produits viennent admi- rablement, et la nichée de 1883 dépassait en taille ses parents. Ces oiseaux seront très utiles dans les jardins par l'énorme destruction qu’ils font de Limaces, Escargots et Souris. Ils avalent ces dernières d’une bouchée. Les Éperonniers de Hardwick n’ont fait qu'un œuf à chaque ponte. Le second était fécond et donna une très belle femelle, qui malheureusement fut tuée à l’âge de cinq mois dans une querelle avec un Éperonnier Chinquis. Sur les huit œufs de Tragopans Cabot, plusieurs étaient sans coquille. Un seul couple de Colins de Sonnini donna trente-deux œufs, qui donnèrent naissance à trente et un petits. Un de ces petits s’envola de la boîte d'élevage ; un autrese fit écraser sous le couvercle de la même boîte ; le reste est en excellent état. La première nichée des Perruches Bulla-Bulla vint à bien. La seconde fut tuée par un essaim d’Abeilles, qui choisit la boîte à Perruches pour s’y réfugier un moment. Une seule Jeune Perruche put s'échapper. La femelle Perruche d'Uvea périt pendant la ponte. Les Perruches ornées couvèrent admirablement; mais, un beau matin, on trouva leurs petits morts dans la boîte, à l’âge de trois semaines. Ces Perruches se montrent très ré- sistantes au froid, malgré la chaleur de leur pays natal. MAMMIFÈRES NÉS A BEAUJARDIN EN 1984. Il est né : 2 Alpacas (Auchenia paca). Kangourous (Macropus giganleus). | Kangourous de Bennett (Mucroprus Bennell:). Cervules (Gervulus Reevesii). Gazelles de Perse (Gazella subqullurosa). Qt © Et OISEAUX NÉS A BEAUJARDIN EN 1884, j Z œufs et 8 petits Sarcelles du Chili (Plerocyaneu cyano- ptera). ? œufs el 2 petits Canards Chiloë (Mareca Ghiloensis). 928 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ? œufs et 2 pelits Canards peposaca (Melopiana peposuca). ? œufs et 1 petit Canard siffleur huppé (Fuligulu rufina). ? œufs et 5 peuts Sarcelles du Brésil (Querquedula Bru- | siliensis). 11 œufs et [1 petits Canards castanea (Anas caslanea). 4 œufs Grues de Numidie (Grus virgo). o œufs et 3 petits Ibis à face noire (Tbis melanopis). 10 œufs et7 peliis Éperonniers (Polyplectron Chinquis). 12 œufs et 9 pelits Éperonniers de Germain (Polyplec- tron German). 2 œufs et À petit Éperonnier de Hardwick (Polyplectron Hardwichu). 12 œufs el 8 petits Pucrasie (Pucrasia macrolopha). 8 œufs et 2 petits Tragopans de Cabot (Ceriornis Caboti). 7 œufs et 4 petits Tragopans de Blyth (Ceriornis Blythi). 8 œufs et » petits Tragopans Satyre (Ceriornis Salyra). 4 œufs et Ü petit Argus (Argus gigantleus). 14 œufs et 10 petits Perdrix de Chine (Bambusicola tho- racica). 32 œufs et 21 petits Colins de Sonnini (Eupsychortyx Son- nint). 14 œufs et 15 petits, Colombes diamant (Geopelia cuneata). 10 œufs et7 petits Colombes huppées(Ocyphaps Lopholes). 4 œufs et 2 petits Colombes Lumachelle (Phaps chalcop- lera). 2 œufs et 0 petit Colombe Labrador (P haps elegans). 6 œufs et5 petits, Colombes marquetées (Geophaps scripta). % œufs et O0 petit Perruche à ailes rouges (Platycercus erylhroplerus). 7 œufs et 6 petits Perraches Bulla-bulla (Platycercus Barnardi). 2 œufs et 2 petits Perruches ornées (Trychoglossus or- nalus). 2 œufs et 0 pelit Perruche d'Uvea (Nymphicus Uvoeen- sis). ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES FAITES À NORBITON, SURREY, ANGLETERRE, EN 1882. Par M. Alfred WAILLY, J'ai l’honneur de vous envoyer un résumé de mon travail pendant l’année 1883. Je me bornerai à relater simplement ce qui me semble nouveau et digne de quelque intérêt. Les séricigènes dont j'ai fait ou tenté l'éducation en 1883, sont les suivants : Antheræa Yama-mai, A. Pernyi, l'hy- bride Roylei-Pernyi, Attacus Cynthia, Attacus Atlas, AÀctias Selene, Antherwa Mylitta, toutes espèces originaires de l'Asie. Des Etats-Unis de l'Amérique du Nord, j'avais les espèces suivantes : . Telea polyphemus, Callosamia promethea, Platysamia Cecropia, Actias Luna et Hyperchiria Io. A ces espèces Je dois ajouter l’édueation des Attacus Pyri et Carpini et quelques autres Lépidoptères d'Europe et de PAmérique du Nord. — Ces dernières espèces n'ayant rien à faire avec les Attaciens séricigènes, je me contenterai de dire que dans The Entomologist. de février 1884, se trouvent, entre autres espèces de l'Amérique du Nord, quelques notes de moi sur Apalura Clyton, Limenitis disippus, Hemaris lenuis, Darapsa myron, Orgyia leucostigma, Ceralocampa (Eacles) imperialis, Dryocampa rubicunda, et auxquelles J'aurais pu ajouter Arctia Isabella. Dans les comptes rendus de la Société entomologique de Londres pour l’année 1883 (Proceedings of the entomolo- gical Society of London for the year 1883), à la page 27, se trouve aussi une notice sur les nombreux papillons d’Atta- ciens séricigènes et autres Lépidoptères exposés par moi à la séance du 3 octobre, présidée par R. Mac Lachlan, esq. F. R. S., ete. — Cette notice se termine par la description 930 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. d’une variété ou aberration extraordinaire du genre Sémia, par M, W. F. Kirby, description faite après examen de toutes les espèces de Samia se trouvant dans la collection du musée britannique, À la même séance je montrai aussi quelques- unes des larves de Telea polyphemus et Hyperchiria Lo qui se trouvaient encore sur les arbres de mon jardin et qui avaient alors atteint toute leur taille. — Plus loin je repar- lerai de l’aberration Samia, dont la description est égale- ment insérée dans mon rapport sur la sériciculture et les éducations de 1883 et dont la première partie a paru dans le n° du 7 mars 1884 aux pages 397, 858, 359 et 360 du Journal of the Society of Arts, et la seconde partie dans le n° du 41 avril, p. 511, 519, 513, 514'et 515. Mon changement de domicile de Londres à Norbiton, Surrey, a nécessité la formation d’une nouvelle plantation de petits arbres, A Londres j'avais une grande quantité d'arbres frui- tiers et autres, mais qui poussaient très mal, les aiïlantes et les saules marceaux exceptés.— Je fis transporter de Londres ici quelques-uns des petits arbres fruitiers, des saules, des ailantes et des chênes. Les arbres fruitiers et les saules ont peu souflert et ils sont maintenant en parfait état; les aïlantes étant trop forts ont tous péri à l'exception de trois, lesquels, n’ayant donné aucun feuillage en 1883, ne m'ont été d'aucune utilité. Les chênes, trop gros aussi, ont péri pour la’ plupart; d’autres poussent du pied, et les branches et le tronc ont péri entièrement. À ces arbres furent ajoutés douze petits chênes provenant d’une pépi- nière, mais ils ne donnèrent que très peu de feuillage après leur déplacement; plusieurs même périrent aussi. Tous ces arbres furent plantés dans un coin de mon jardin où se irouvaient déjà un pommier et un poirier, jeunes arbres d’une certaine taille et de toute beauté. La petite plantation fut entourée d’un châssis couvert en partie d’un grillage en fil de fer et en partie d’un filet de pêche. Mon matériel rapporté de Londres fut employé pour cette construction, qui ne fut pas après tout d’une grande utilité, car le filet de pêche fat un jour rompu du haut en bas d’un côté du châssis, ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES. 931 ce qui permit aux moineaux d'entrer et de détruire toutes mes chenilles de l’hybride Roylei-Pernyi et de Pernyi qui se trouvaient sur les petits chènes. — J’accuse de ce méfait un chat qui avait coutume de grimper sur l’échafaudage pour se promener ou pour guetter les moineaux. Après ce fâcheux accident, il me fallut faire raccommoder le filet et mettre un nouveau grillage en fil de fer, afin de protéger les petites chenilles de Polyphemus et autres qui avaient échappé à la destruction. Ces quelques explications données sur ma nouvelle instal- lation, je vais parler aussi succinctement que possible de l'éducation des diverses espèces de Bombyciens séricigènes. Antherœau Yama-Mai. — Avec une centaine d'œufs, tous apparemment bien fécondés, je n’obtins qu'une tren- taine de chenilles, qui périrent toutes au premier âge à l’ex- ception d'une seule, qui forma son cocon et me donna en septembre un papillon mäle, dont les ailes ne purent se développer entièrement. Cet insuccès me semble dû à la dé- sénérescence de l’espèce pour une cause ou pour une autre. Le même insuccès résulta d’une tentative d'éducation faite avec la même graine, par deux de mes correspondants. Hybride Roylei Pernyi. — En se reportant à mes deux rapports précédents, on verra qu’en 1881 j’obtins ce remar- quable hybride par le croisement de l’Antherœa Roylei, ver à soie du chêne de l'Himalaya avec lAntheræa Pernyi, ver à soie du chêne de la Chine. Les larves de ce nouveau ver à soie, qui s’élevèrent avec la plus grande facilité pendant l'été 1881, produisirent d'énormes cocons entourés d’une dure enveloppe adhérant au coton, et supérieurs aux cocons des types producteurs. En 1882, la reproduction de cette nouvelle espèce fut vraiment extraordinaire. Je croyais, dès lors, avoir créé un ver à soie précieux sous tous les rapports, facile à élever et dont la reproduction allait pouvoir s'étendre dans toute l'Europe et dans Amérique du Nord. Mais en 1883, la troisième année de son existence, mes belles espérances s’évanouirent; mon hybride avait disparu. Dois-je consiener l'extinction complète de mon hybride, ou 939 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. aurai-je à signaler sa résurrection ou plutôt son existence non interrompue dans un des départements de la France, ou ailleurs”? C’est ce que nous verrons sous peu. Dans tous les cas, si erreur n’a pas été commise (et c’est ce que je crains), mon hybride, reparaissant chez moi en mai 1884, aura rejeté les dépouilles d’un des types produc- teurs, pour apparaître sous la forme pure et simple de l’autre. Mais ce ne sera pas un hybride, direz-vous ? Et je suis de votre avis. Ce sera un type naturel et bien connu, provenant d’un hybride arrivé à sa troisième année d’existence, chose bien plus extraordinaire! Dans le monde des insectes il faut s'attendre à voir de merveilleuses métamorphoses. En mars 1884, je reçus une lettre d’un de mes correspondants du dé- partement des Landes, m’annonçant l’envoi de cinquante cocons Pernyi et de cinquante cocons de mon hybride, que je croyais enseveli. Je reçus la caisse de cocons qui m’arriva après un voyage par mer de Bordeaux à Londres : vingt jours de trajet en tout. Les cocons avec les chaleurs intempestives du mois de mars avaient commencé à éclore pendant le voyage, el ils continuèrent à éclore jusqu’au 16 avril. Le retour de l'hiver, qui n’aime guère à quitter entièrement nos régions avant la mi-juin, arrêta les éclosions pour le moment. Grande fut ma joie d'ouvrir la caisse aussitôt son arrivée, afin d’avoir le bonheur de revoir mon hybride, mais plus grand fut mon désappointement en ne trouvant que des cocons identiquement semblables; un seul était revêtu de l'enveloppe si remarquable qui distingue l’hybride du Pernyi, mais ce cocon était vide et provenait de l’éducation faite l'année précédente, c’est-à-dire en 1882. — En réponse à une explication que je désirais obtenir au sujet de cette similitude de cocons, mon correspondant vient de m'écrire que les cocons (la moitié de ceux envoyés) sont bien ceux de mon hybride, mais qu’à la troisième génération, ils ont revêtu l’habit du Pernyi, et que le cocon ouvert avec l’enveloppe de l’hybride avait été envoyé, afin de montrer le changement opéré pendant l’année 1883. ÉDUCATIONS D’'ATTACIENS SÉRICIGÈNES. 933 Maintenant que conclure de ce fait extraordinaire, de ce retour de Phybride au type Pernyi ? Le Pernyi et le Roylei ne sont-ils qu'une seule et même espèce, dont les variations ne seraient dues qu'à une diffé- rence de climat et de nourriture ou à d’autres causes? Jus- qu’à présent les papillons éclos n’offrent aucune variation sensible dans les nuances des couleurs, et ils me paraissent ressembler uniquement au type Pernyi: mais 1l me reste encore une cinquantaine de cocons et il est possible que les papillons de lhybride ne soient pas encore éclos. Je crois pouvoir dire que je suis tenté de croire que cette dégénérescence est due aux circonstances défavorables dans lesquelles l'éducation des larves a été faite. À Londres l'éducation des larves s’est faite au milieu de pluies Lorrentielles qui ont duré pendant tout le mois de juin et une partie de juillet ; à Édimbourg et à Paris l'éducation a élé faite dans des chambres où des larves, élevées en trop erand nombre dans un trop petit espace, ont eu à souffrir du manque d’air suffisant et de la trop grande chaleur, ce qui souvent occasionne les maladies dont les vers sont atteints. À l'appui de ce que j’avance au sujet de mon hybride, je puis citer le fait que les larves de Pernyi élevées avec celles de l’hybride par mon correspondant d'Écosse, dans les mêmes conditions, ont toutes été frappées également el portaient toutes en elles le même germe de maladie qui a amené plus tard l'impuissance des papillons. Une autre circonstance est venue entraver la reproduction de mon hybride pour l’année 1883. Les papillons commen- cèrent à éclore en avril 1889, trois semaines à peu près avant l’époque ordinaire, de sorte qu’il y eut deux générations. L'éclosion de la plus grande partie des papillons eut lieu pen- dant l’automne de 1889, et il n’en resta qu’un petit nombre, probablement les plus faibles, pour la reproduction de les- pèce pendant l’année 1883. En 1883, les papillons de l’hybride ne commencèrent à éclore qu’à partir du 2 juin ct les éclosions durèrent jusqu’au mois de juillet; plusieurs cocons périrent. — Les papillons 934 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. s’accouplèrent avec la même facilité que l’année précédente, mais les neuf dixièmes, à peu près, des œufs furent stériles. — En conservant presque tous les œufs, je parvins cependant à obtenir à peu près quatre-vingts chenilles, qui furent placées sur les petits chênes de mon jardin. Ces chenilles profitèrent admirablement bien, sans montrer le moindre signe de ma- ladie, jusqu’au troisième âge, et, comme je l’ai dit précédem- ment, elles furent toutes détruites par les moineaux. Ce dé- sastre m’enleva la seule chance que j'avais de conserver mon hybride ou d'étudier sa maladie. Les chenilles de Pernyi furent détruites également. La dé- oénérescence du Pernyi élevé dans les mêmes conditions fut égale à celle de lhybride. Atlacus Atlas. — Avec un grand nombre de cocons de la race de Ceylan et quelques-uns de la race de l’Himalaya, je n’obtins, comme en 1882, aucun succès. Nombre de cocons périrent, d’autres restèrent vivants pour l’année 1884. Je n’obtins que dix papillons de la race de Ceylan, dont les éclo- sions eurent lieu à intervalles, sans jamais donner aucune chance d’accouplement. Les éclosions eurent lieu du 11 juillet au 28 septembre. — Deux papillons de la grande race de l'Himalaya, une femelle éclose le 4 septembre et un mâle éclos le 21 septembre, mesuraient plus de dix pouces d’enver- oure, Ces deux spécimens, qui étaient parfaits et d’une beauté remarquable, furent exposés à la séance du 3 octobre 1883 de la Société entomologique de Londres dont j'ai déjà parlé. Je dois ici mentionner l'envoi qui m’a été fait d’une bro- chure intitulée : Observations sur les métumorphoses de l'Attacus Atlas et dont je remercie bien sincèrement l’auteur, M.G.-A. Poujade. Cette brochure, extraite des À nnales de la Société entomologique de France (séance du 98 janvier 1880), est d’un grand intérêt scientifique. On y trouve une description graphique et détaillée de l'œuf de la chenille à tous ses âges, qui sont au nombre de six comme ceux de l'A. Mylitta, et entin du cocon. Le texte est illustré par une planche contenant 17 figures coloriées, admirablement bien dessinées et gravées. Ce travail ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES. 935 précieux de M. Poujade est dû à l’éducation, parfaitement bien réussie, qu’il a faite de l’Attacus Atlas, en 1878. Mais ici, je crois qu’il est de mon devoir de rectifier une erreur qui s’est glissée dans la première phrase du rapport de M. Poujade, qui est comme suit : « Au commencement du mois d'août 1878, M. Wailly, de Londres, reçut de Bengalore, ville située au sud de la pénin- sule de l'Inde, une trentaine d'œufs de l’Attacus Atlas Linn.; ils me furent confiés afin d’en tenter Pélevage, » Or je dois signaler que ce ne sont pas des œufs, mais des cocons que j'avais reçus. De ces cocons J'oblins des papillons en juillet et août 1878 et un accouplement en juillet. De cette seule et unique ponte bien fécondée (cent et quel- ques œufs à peu près), j’envoyai une trentaine d'œufs à la So- ciété d’Acclimatation, et ce sont ces œufs, obtenus chez moi, à Londres, qui furent confiés à M. Poujade pour en faire ou en tenter l’élevage. Les œufs de l’Altacus Atlas, aux Indes, éclosent quelques jours seulement après la ponte, et il serait, je crois, de toute impossibilité de les envoyer de l’Inde en Europe. Il en est de même de toutes les autres espèces d’Altaciens de l'Inde ou de l'Amérique mentionnées dans mes rapports. Le Bombyx Mori, VA. Yama-Mai, font exception, et hivernent à Pétat d'œuf. J’ai expérimenté sur plusieurs espèces, surtout avec des œufs de l’A. Pernyi et de l’Attacus Cynthia, obtenus pendant l'automne en octobre et même plus tard; jamais ces œufs n’ont pu persister ou hiverner. Les chemilles éclosent au bout de deux, trois ou quatre semaines après la ponte, ou, si la température est trop froide, les chenilles périssent et se dessèchent dans l’œuf; les œufs ne présentant le plus souvent aucune dépression. Jai cru devoir faire ces quelques remarques, parce que certaines personnes, après avoir lu la note extraordinaire de M. Braine, d'Arras (publiée en 1875), sur ses éducations de l’Atiacus Atlas en France, pourraient être portées à croire que l’Attacus Atlas est susceptible d’hiverner à l’état d'œuf, ce qui serait, je crois, une grande erreur, à moins de preuves 936 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. plus concluantes que celles que j'ai pu démêler dans la note de M. Braine. L'œuvre de M. Braine est citée dans quelques notices sur l'éducation de l’Attacus Atlas, et une chose re- marquable est celle de femelles non fécondées qui n’ont per- mis à M. Braine que d’expérimenter sur un très pelit nombre de sujets. J'aurais eru qu'avec des œufs non fécondés il n’était pas plus possible d’expérimenter en petit qu’en grand. Je dois cependant dire que j'ai lu que certaines femelles de Lépidoptères pondent desœufs fécondés, sans avoir été accou- plées; quant à moi, je n’ai jamais élé témoin de ce phéno- mène, quoique, par contre, je trouve tous les ans des œufs stériles provenant de femelles bien accouplées. Je me propose, si je suis secondé, de tenter l'importation d'œufs de l’Attacus Atlas et de l'A. Mylitta de l'Inde, d’après le plan adopté par plusieurs de mes correspondants de l’Amé- rique du Nord, plan que j'ai suggéré il v a quelques années et dont je parlerai à mon article sur l’Actias Luna. J'ai déjà écrit à ce sujet, à un de mes correspondants de l’île de Ceylan, mais Je doute de la réussite de l’expérience. Antherœa Mylitta (Paphia). — Des six pages de notes prises sur cette espèce, où J'ai enregistré la date des nais- sances de papillons, les accouplements, les pontes et autres renseignements, qu'il serait inutile de reproduire, je me bor- nerai à relater aussi succinctement que possible le résultat de mes opérations. J'avais un nombre considérable de cocons envoyés de Cal- eutta, de Madras, de l’île de Ceylan et de Bombay. Ceux de Madras, au nombre de dix seulement, avait déjà passé l’hi- ver 1881-1882 chez moi. Un certain nombre des cocons des diverses races, à l’exception de ceux de Pile de Ceylan, sont restés vivants et écloront probablement l’été prochain (1884). Jobtins un nombre assez considérable de papillons, dont le premier le 6 juin, et le dernier le 29 octobre. Je n’obtins que six accouplements : le premier dans la nuit du 2 au 3 juillet, entre deux papillons de la race de Ceylan; le deuxième, encore de la même race, eut lieu le 6 juillet; le troisième accouplement, qui eut lieu dans la nuit du 9 juillet, ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES. 037 fut celui de papillons de la race de Bombay; le quatrième, qui eut lieu pendant la nuit du 14 juillet et qui se termina à dix heures trente minutes du soir le 12 juillet, était l'accouple- ment d’un papillon femelle de la race de Bombay avec un mâle de la race de Ceylan. Le nombre d'œufs obtenus de ces accouplements fut de soixante-dix-huit de la première femelle ; cent quatre-vingt- trois de la seconde; cent trente-cinq de la troisième et cent vingt-huit de la quatrième, total cinq cent vingt-quatre œufs. Plus tard, j’oblihs deux autres accouplements, un du 6 au 7 août, entre un mâle de Ceylan et une femelle de Bombay, et le sixième et dernier accouplement pendant la nuit du 19 au 20 août, entre deux papillons provenant des cocons en- voyés de Calcutta. J’attribue le petit nombre d’accouplèments obtenus au manque de chaleur suffisante ; j’attribue égale- ment à la même cause la stérilité des œufs de certaines pontes après l’accouplement. Les œufs que Je m'étais réservés de diverses pontes com- mencèrent à éclore ainsi : ceux du premier accouplement (race de Ceylan) Le 25 juillet ; les œufs provenant du troisième accouplement (race de Bombay) commencèrent à éclore le 3 août ; et ceux du quatrième accouplement (croisement entre les races de Bombay et de Geylan) le 4 août. Je ne n'étais pas réservé d'œufs du deuxième accouplement ; ils furent envoyés à divers correspondants d'Europe et d'Amérique, ainsi qu’une partie des œufs des deux dernières pontes obtenues plus tard, le 6 et le 19 août, que j'envoyai en Amérique seulement. Je conservai une petite partie de ces derniers œufs, et après lhi- vernage je les trouve tous mauvais. Il me fut impossible d'élever les chenilles Wylitla au delà du quatrième âge, faule de chaleur suflisante, je crois; j'en perdis à tous les âges. Le deuxième âge commença le 9 août, quinze jours après l’éclosion; le troisième âge le 24 août et le quatrième le 10 septembre. Une description de la chenille du Mylilla à tous ses âges a paru dans un de mes rapports, celui des éducations de l’année 1879. Les chenilles provenant du croisement des races de Ceylan et de Bombay furent en 038 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. tout semblables à celles des races de Ceylan ‘et de Bombay. Les papillons des trois races Bombay, Ceylan et Calcutta, varient dans les nuances de leurs couleurs du jaune au brun ou au gris foncé ; ceux de la race de Ceylan, au contraire, ont tous été de la même couleur : les mâles rouge brun foncé, les femelles jaune d’or. Les cocons du Mylitta de Ceylan sont plus petits et plus allongés que ceux des autres races; ils ressemblent assez aux cocons Yama-Maï pour la forme; la soie me semble aussi plus fine et plus douce que celle des cocohs des autres races de Mylilta. La similitude entre ces cocons de Ceylan et ceux de l'A. Frithi (que j'ai vus en 1883 aux bureaux de la Société d’Ac- climatation et sur laquelle espèce M. Fallou a écrit une no- tice intéressante, qui a paru dans le Bulletin de juin 1883), me porterait presque à croire que le Mylitta de Ceylan er le Frithi ne sont que des variétés de la même espèce, produites par une température plus chaude et plus humide. Actias selene. — En 1885, je ne reçus pas de cocons de celle espèce, importés de l'Inde; je n'avais qu’une vingtaine de cocons provenant d’éducations faites en 1889, et plusieurs de ces cocons périrent. Plusieurs avaient été ouverts dans le but de voir si les chrysalides étaient bien vivantes, mais elles furent toutes détruites par des larves de parasites diptères. IL est donc dangereux d'ouvrir les cocons qui protègent si bien les chrysalides. L’éclosion des papillons Selene eut lieu comme suit : Le 4 juin, un mâle; le 13, un mâle; le 17, un mâle; le 19, un mâle et une femelle, qui s’accouplèrent le 21, entre deux heures et trois heures trente minutes du matin. Le 22, un male ; le 25, un mâle; le 25, un mâle; le 26, un mäle; le 27, une femelle. Le 28, j'obtins un second accouplement. Le 28, j'obtins une troisième femelle, qui s’accoupla le 29 juin. Le 4 juillet, éelosion d’un papillon femelle; le 14, un mâle; enfin le 7 août, le dernier cocon me donna une femelle. En consultant cette liste de naissances de papillons on verra que, les deux dernières exceptées, les éclosions furent plus régu- ÉDUCATIONS D’ATITACIENS SÉRICIGÈNES. 939 lières que celles provenant de cocons importés de l’Inde. Les trois premières femelles, qui seules eurent chance de pouvoir s’accoupler, s’accouplèrent très bien. L'accouplement des pa- pillons fut un succès complet, mais il n’en fut pas de même de l’éclosion des œufs. La première femelle pondit deux cent cinquante-cinq œufs, qui tous étaient bien fécondés et dont l’éclosion commença le 6 juillet. La deuxième femelle, qui était plus petite, ne pondit que cent cinquante-quatre œufs, dont je ne conservai aucun. La troisième femelle, qui était la plus belle et la plus forte, pondit trois cent trois œufs; mais un seul des œufs que je in’étais réservés de cette ponte, donna naissance à une che- nille, circonstance que j'avais oubliée, lors de la rédaction de mon rapport anglais pour le Journal de la Société des arts de Londres. Que conclure de cet insuccès, si ce n’est qu’un changement, un refroidissement subit de température a en- gourdi ou affubli les larves et les a empêchées de couper la coquille de l'œuf pour en sortir; les œufs ne se sont ja- mais déprimés, ce qui toujours a lieu lorsqu'ils ne sont pas lécondés, et en ouvrant les œufs on pouvait y voir la chenille desséchée. Les chenilles Selene provenant de la première ponte furent élevées, la moitié avec des feuilles de noyer, dans une cham- bre, l’autre moitié sur un poirier dans le jardin. Celles qui lurent élevées dans la maison, un petit nombre seulement, se chrysalidèrent cinq semaines environ après leur éclosion. Au contraire, celles qui furent élevées sur le poirier, détruites pour la plupart dans le courant de l’été, ne commencèrent à filer que le 11 octobre. Au commencement d'octobre, je ne pus trouver que trois chenilles sur le poirier et je les rentrai dans la maison, où Je leur donnaï une branche de poirier et une de prunier. Elles quittèrent le poirier, dont le feuillage était très dur, pour manger le prunier, d’où je conclus que ce poirier à feuilles dures ne leur convenait pas et qu'il a pro- bablement été cause de la mort d’un certain nombre d’entre elles et retardé de beaucoup le développement des autres. Attacus Cynthia, — Les papillons commencèrent à éclore 940 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. le 3 juin et ils continuèrent à éclore jusqu'à la fin du même mois. J'oblins trente accouplements el par conséquent plu- sieurs milliers d'œufs fécondés. N'ayant pas d’ailantes, 1l me fallut déposer les chenilles sur d’autres arbres; j'en mis sur des rosiers grimpant le long de la maison, sur des érables, deux espèces de frène, sur des lilas et des cytises. Celles que j'avais déposées par centaines sur les rosiers orimpants mangèrent le feuillage avec avidité, et je croyais alors qu'elles allaient s’habituer à ce feuillage, qui semblait si bien leur convenir ; mais toutes disparurent avant qu'elles eussent atteint le deuxième âge. Il en fut de même de celles qui étaient sur les érables. Celles qui étaient sur les cytises et les lilas se développèrent et formèrent leurs cocons, j'en trouvai aussi quelques-unes qui avaient profité sur le frène ordinaire. Telea polyphemus. — Les éclosions des papillons de ce sétifère, le meilleur de l'Amérique du Nord, commencèrent le 23 mai et se terminèrent le 25 juin. Je n’obtins, avec un assez grand nombre de cocons, que trois accouplements, un le 20, deux autres le 23 juin. Le 2 juin, une femelle Poly- phemus s'accoupla avec un Cecropia mâle, mais les œufs, comme de coutume, furent stériles. J'élevai avec le plus grand suecès les chenilles Polyphemus sur les petits chènes du jardin. d’obtins le premier cocon le TS septembre, et le dernier le 7 octobre, malgré les pluies et le mauvais temps que nous eùmes un la dernière pé- riode de leur existence. Actias Luna. — Je ne reçus aucun cocon de celte espèce en 1883, mais je reçus des œufs de divers correspondants. D'Amérique, j'en reçus de l'État d’'Iowa, tous éclos et morts à leur arrivée; d’autres envoyés de l'Illinois commencèrent à éclore le jour ou le lendemain de leur arrivée. Je reçus d’autres œufs de Luna de New-York, dont l’éclosion eut lieu pendant le voyage, et toutes les chenilles périrent. — Tous ces œufs provenaient de la première génération et avaient été expédiés en mai. — Enfin, le 28 juillet, je reçus encore de New-York deux boîtes contenant une immense quantité ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES. 941 d'œufs et de chenilles écloses pendant le voyage, mais toutes, à l'exception de quelques-unes, en parfait état; ceux-ci pro- venaient de la seconde génération. — [l me fut impossible d'élever l'immense quantité de chenilles que j'obtins de ce dernier envoi, surtout à cause de la difficulté que j'ai à me procurer des feuilles de noyer; j'en élevai une vingtaine seu- lement, qui formèrent leurs cocons en septembre. — Les œufs qui me sont envoyés d'Amérique sont (ainsi que je l’ai sug- œéré à mes correspondants) placés dans un sac de mousseline contenant quelques feuilles de la plante sur laquelle se nour- rissent les chenilles; le sac est ensuite placé dans une boîte en fer hermétiquement fermée, où le feuillage se conserve assez frais Jusqu'à son arrivée.Si les œufs sont envoyés aussi- tôt qu'ils sont pondus, nombre d’entre eux peuvent arriver en bon état après un voyage de quinze à seize jours. Si les larves éclosent pendant le voyage, elles mangent et grossis- sent pendant les quelques jours qu’elles ont à rester dans la boite. Les larves d'A. Luna éclosent de douze à quinze jours après la ponte; mais les œufs de certaines autres espèces restent plus longtemps avant d’éclore, el sont, par suite, plus faciles à envoyer que les œufs de Luna. — Le succès de ces sortes d’envois, quand succès il y a, n’est que très relatif : l'humidité et surtout les déjections des larves écloses pendant le voyage, créent une moisissure qui est fatale aux œufs non éclos aussi bien qu'aux larves qui sont en contact avec cette moisissure; mais on peut ainsi sauver une partie des œufs ou des larves écloses, surtout s’il y a assez d'espace dans la boite. Il faut donc adopter ce système, qui est le seul possible pour l’envoi de certaines espèces. Hyperchiria 10. — Les papillons de cette brillante petite espèce dont j'ai parlé dans plusieurs rapports précédents, commencèrent leurs éclosions le 4 juin et les terminèrent le 1° juillet. Ils s’accouplent facilement et avec une quarantaine de cocons J'obtins quatorze accouplements dont le produit a été cinq mille œufs et même plus. J’aurais pu obtenir un plus grand nombre d’accouplements, si cela eût été néces- saire. 4° SÉRIE, T. [. — Décembre 1884. 61 949 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. J'élevai, comme je l’ai déjà fait avec succès, un certain nombre de chenilles sous cloches de verre, dans la maison. D'autres furent élevées à l’air libre, dans le jardin, sur deux petits saules, et leur croissance fut aussi rapide que celle des chenilles élevées dans la maison. Callosamia Promethea. — Éclosions de papillons du 25 juin au 15 juillet, et douze accouplements. Le 1° juillet, un mâle Cynthia s’accoupla avec une femelle Promethea, ais les œufs ne furent pas fécondés. Les accouplements de cette espèce, qui sont assez faciles à obtenir, ont lieu ordinai- rement de six à huit heures du soir et ils sont de courte durée. Je mis un certain nombre de chenilles Promethea sur un petit cerisier dans le jardin, mais elles furent toutes détruites au premier âge. Platysamia Cecropia. — En 1883, je reçus une immense quantité de cocons de cette espèce, de divers États de l'Amé- rique : Iowa, Illinois, Wisconsin, Delaware, New-York, ete. L'éclosion des papillons commença le 24 mai et se termina le 23 juillet. J'obtins dix-neuf ou vingt accouplements. Le 25 juin, il y eutaccouplement d’un Cecropia mâle avec un Po- lypheme femelle, dont les œufs furent conime toujours sté- riles. Je relate ces accouplements afin de montrer que les œufs ont toujours été stériles lorsque les espèces ne sont pas étroitement alliées. J'ai entendu parler d'œufs fécondés obtenus par le croisement du Promelhea avec le Cynthaa ; mais je n’en ai jamais obtenu, quoique j'aie eu plusieurs fois l’accouplement de ces espèces. En juin, je reçus des œufs de Cecropia, qui me furent en- voyés de l’Zowa d’après le système indiqué à mon article sur l’Actias Luna ; l'éclosion des larves commença le jour même de leur arrivée, et elles profitèrent admirablement bien sur un des pommiers du jardin. Le nombre de chenilles quej’obtins fut si considérable; que je pus en couvrir tous les pommiers et pruniers du jardin. J'en mis aussi un grand nombre sur des groseilliers. Tout alla bien jusque vers la fin du deuxième âge; mais alors elles disparurent, détruites par les moineaux , les mésanges ou ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES. 943 autres oiseaux. Quelques-unes arrivèrent cependant au cin- quième ou au sixième âge. Vers la fin d'octobre, je trouvai sur un groseillier une chenille à toute sa taille; le temps était humide et froid; je la rentrai dans la maison, mais elle périt en essayant de former son cocon. Au mois de juin 1883, je vis naître d’un de mes cocons de Cecropia, le papillon le plus extraordinaire du genre Samia que j'eusse Jamais vu, remarquable non seulement par sa grande taille, mais surtout par l'extrême beauté et la variété de ses couleurs. M. W. F. Kirby, du Musée britanique, a donné, ainsi que je l'ai dit, une longue et intéressante description de ce ma- onifique exemplaire, sous ce titre : Abnormal specimen of the Genus Samia. : M. Kirby, commence ainsi: « Ge remarquable spécimen, qui a embarrassé tous les entomologistes qui l’ont vu, a été obtenu par M. A. Wailly d’un des cocons qu’il avait reçus de l'Amérique du Nord. Peut-être est-ce un hybride entre S. Çe- cropia et quelque autre espèce; mais, s’il en est ainsi, il est tellement différent de toutes les autres espèces connues qu’il est difficile de deviner avec quelle espèce il a pu être croisé. Il est également difficile de supposer que ce soit une nou- velle espèce. Le spécimen est une femelle, et sa taille égale celle du plus grand spécimen de S. Cecropia, mesurant six pouces trois quarts d'envergure ; Les ailes sont plus arrondies que celles de Cecropia. » Sans vouloir reproduire en entier la description de M. Kirby, que l’on peut lire dans les publications mention- nées au commencement de mon article, je dirai cependant quelques mots de cet admirable papillon, que je considère comme une variété ou une aberration extraordinaire de S. Cecropia. La bordure des quatre ailes de ce nouveau papillon diffère peu de celle de Cecropia, mais le centre des ailes offre des différences très remarquables. Sur les ailes supérieures, il y a absence totale de la bande médiane, si bien marquée sur les ailes du Cecropia. Cette bande est remplacée en partie par 94% SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION. une tache noire irrégulière, qui s'étend jusqu’au milieu de l'aile, sur laquelle repose en partie la tache blanche centrale qui est entourée de rouge. Cette tache centrale a la forme d’une fève, tandis que celle de Cecropia, comme on le sait, a ordinairement la forme d’un croissant. Le thorax ressemble assez à celui de Cecropia, mais les bandes de l'abdomen sont noires et gris jaunâtre. — La base des ailes supérieures est rouge et noire, puis vient ce que M. Kirby appelle l’espace blanc, qui s'étend jusqu’à la tache noire irrégulière déjà mentionnée, et au-dessous de cette tache jusqu’au tiers à peu près de la longueur de laile. Cette partie centrale est d’une beauté remarquable : Le papillon semble recouvert d’un épais manteau de peluche rouge, noire et blanche. Le centre des ailes inférieures rivalise de beauté avec celui des ailes supé- rieures, peut-être le surpasse-t-il, si cela est possible. — La base des ailes inférieures est couverte de peluche blanche ; elle forme partie du manteau à bordure d'hermine. À celte base blanche succède l’espace gris foncé, aux bords arrondis, que M. Kirby appelle espace gris d’ardoise, et sur lequel repose la tache blanche centrale qui ne ressemble pas à celle des ailes supérieures, mais bien à celle de Cecropia. Gette tache, entourée de rose, est tronquée à une de ses extré- mités par l’empiètement de la large bande blanche qui en- toure l’espace. Vient ensuite la bande rouge, qui est trois ou quatre fois plus large que celle de Cecropia, et qui est suivie d’une bordure à peu près semblable à celle de Cecropia. Cette courte description, quoique incomplète et non scien- tifique, donnera, je l’espère du moins, quelque idée de ce remarquable Samia. LE POTAGER D'UN CURIEUX HISTOIRE, CULTURE ET USAGES DE 100 PLANTES COMESTIBLES EXOTIQUES , PEU CONNUES OU INCONNUES Par M. A. PAILEIEUX Membre de la Société nationale d’Acclimatation, et MN. D. BOIS Préparateur de botanique au Muséun. (Suile.) Ærichosanthe couleuvre. Serpent végétal, Patole, Angourie à fruits longs, Beloes, Snake gourd. TRICHOSANTRES ANGUINA Lin. Spec., ed. 1, p. 1008; Lamk, Encycl., I, p.290; Suppl, I, p. 385; Illustr., 3, p. 975, tab. 794; Loureiro, Flor. coch., p. 588; Sims in Bot. mag., tab. 122; Ser. in DG., Prod. 3, p. 214; Roxb., F1. Ind., 3, p. 701 ; Miq., Fl. Ind. Bat., 1, pars ile p. 677; Rev. hort., 1859, p. 593; Naud., Ann. sc. nat., sér. 4, vol. XVII, p. 190; Clarke in Hook., Flor. Brit. India, 2, p. 610; Cogn., Monogr. Phanerog., voi. HE, p. 359. Cucurbita sinensis, ete. Till. Anguinu sinensis, etc. Mich. Trichosanthes pomis teretibus, ete., Lin., Hort. Chiffort. Petola anguina Rumph., Herb. Amb., 5. p. 407, tab. 148. Cucumis anguinus L. Trichosanthes colubrina Jacq. F. Involucraria anguina Rœm. Trichosanthes Turolata Hamilt. Fam. des Cucurbitacées. Plante annuelle, grimpante, pouvant atteindre 2 mètres de hauteur. Feuilles alternes, cordiformes, orbiculaires, 3-5 lobées, inégalement sinuéolées. Vrilles longues, bifur- quées. Fleurs mâles, en grappes ou en cymes, sur des pédon- cules longs d'environ 1 décimètre, composées d'un calice à sépales réfléchis, d’une corolle blanche, à 5 divisions longue- 946 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ment et très élégamment frangées sur les bords, et de 5 étamines. Fleurs femelles sessiles, semblables aux fleurs mâles, mais dépourvues d’étamines, par contre, munies d’un pistl à ovaire triloculaire et à style trifide. Fruits cylin- driques de 90 centimètres à 1 mêtre de longueur sur 4-5 cen- timètres de diamètre, droits ou légèrement contournés, ce qui leur donne l'apparence de serpents ; ces fruits mûrissent en septembre-octobre ; ils sont d’abord verts jaspés de blane, puis jaunes à la maturité; la graine est allongée et rappelle par sa forme celle de la Gourde {Lagenaria vulgaris). Origi- naire des Indes orientales. « Cette espèce, au rapport de M. du Petit-Thouars, est cultivée à l'Ile-de-France pour ses fruits; on les cueille lors- qu'ils sont à demi mürs; dans cet état, élant coupés en pelits morceaux, cuits et assaisonnés convenablement, ils forment un légume sain et agréable au goût. » (Lame, loc. cit.) « Cette espèce classique, et très connue depuis le temps de Linné, est cultivée dans la plupart des jardins botaniques ; mais elle a quelque peine à venir sous je climat de Paris. Ses fruits, ordinairement doux, sont comestibles dans l'Inde et pourraient être employés chez nous, lorsqu'ils sont jeunes, aux mêmes usages économiques que ceux du Concombre. » (Naudin, loc. cit.) Les graines de la plante que nous avons cultivée nous ont été données par un habitant de l’île Maurice sous le nom de Patole, seul usité dans la colonie anglaise et à la Réunion. Nous lui avons donné les mêmes soins qu'aux Melons, la taille exceptée, et nous avons obtenu un grand nombre de fruits, dont quelques-uns seulement sont arrivés à maturité à la fin de septembre et au commencement d’octobre. Les au- tres étaient peu développés, mais très propres à l’usage que nous en voulions faire. On doiteneffet, pour la table, cueillir les fruits encore très jeunes, les couper en petits morceaux moins gros qu'un dé à coudre, se bien garder de les peler et les assaisonner comme les Flageolets au beurre et aux fines herbes. Ainsi préparés, LE POTAGER D'UN CURIEUX. 947 ils forment un légume frais, tendre sans être mou, et ne pré- sentant pas le moindre rapport avec le Concombre ou la Courge. IL va sans dire qu’ils peuvent être accommodés de diverses autres manières, au jus, en garniture de ragoûts, etc. Il est regrettable qu’ils ne puissent, sans être coupés en plusieurs morceaux, être introduits dans les bocaux de Pickles. Hs perdraient ainsi leur curieux aspect, et ce serait grand dom- mage ; mais, si l’on faisait ce sacrifice, ils seraient tout à fait à leur place dans les conserves au vinaigre. Nous pensons que le Patole mérite d’être cultivé dans les jardins d'amateurs, dans le midi de la France et dans celles de nos colonies qui ne le possèdent pas encore. Les fruits qui ont mûri chez nous ne mesuraient que 70 cen- timètres de longueur, mais étaient très contournés et figu- raient merveilleusement des serpents verts, à robe marbrée de blanc et de Jaune. Valériane d'Alger. Corne d’abondance. FEDIA CORNUCOPLÆ Gærtn. Fam. des Valérianées. Plante annuelle. Tige de 0",40, rameuse, glabre; feuilles sessiles, ovales-oblongues. presque entières, épaisses, d’un vert luisant; fleurs fasciculées, roses, d’un très bel eflet. Graine vésiculeuse oblongue, divisée d’un côté par une dé- pression longitudinale, convexe de l’autre, jaunâtre. Sa durée serminative est de quatre mois. La Valériane d’Alger n’est autre chose qu’une grosse Màche, dont la culture ne diffère pas de celle des Mâches ordinaires. Comme celles-ci, elle se ressème d’elle-même et n’exige pas plus de peine qu’elle ne vaut. On comprend que notre appré- ciation ne s’applique pas à ses fleurs, La Valériane d'Alger est une de ces salades neutres dont 948 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. on pourrait dire qu’elles n’ont ni vice, ni vertu. Elles valent ce que vaut l’assaisonnement. Valériance à grosses tiges. CENTRANTHUS MACROSIPHON Boiss. Fam. des Valérianées. Hab. Espagne. Plante annuelle, entièrement glabre. Tige épaisse, fistuleuse, ramifiée, de 0,25 à 0",30 de hauteur. Feuilles ovales, épaisses, d’un vert luisant, les inférieures brièvement pétiolées, entières ou dentées, obtuses; les supé- rieures sessiles, profondément incisées. Fleurs petites, mais très nombreuses, en corymbe. Corolle à tube grèle, trois fois plus long que le fruit, qui, lui, est trois fais plus grand que l’éperon de la corolle. Plante ornementale. Dans Les Fleurs depleineterre, MM. Vil- morin-Andrieux et C° enseignent le mode de culture appli- cable à la Valériane à grosses tiges. Nous renvoyons le lec- teur à cet ouvrage. La plante a été recommandée comme une succédanée des Mâches. Elle peut en effet les remplacer, mais elle leur est, à notre avis, très inférieure. La dégustation à laquelle nous nous sommes livrés ne lui a pas été favorable. Telle n’est pas l’opinion de M. Charton, qui, dans la Revue horticole, 1879, p. 259, sous le titre de : Une bonne salade trop peu connue, a publié la note que voici : « Nous ne man- quons pas de salades; nous en avons, Dieu merci, d’excel- lentes, au point que l’on peut dire que l'embarras est dans le choix des espèces et variétés ; mais, comme dit le proverbe, abondance de biens ne nuit pas, et nous ne doutons pas que, maloré les richesses que nous possédons en ce genre, plus d’un lecteur de la Revue horticole sera enchanté de connaître celle-ci, qui diffère assez sensiblement de toutes les salades cultivées jusqu’à présent, et comme aspect, et l’on peut dire aussi comme goût. » La plante dont nous voulons parler appartient à la famille LE POTAGER D'UN CURIEUX. 949 des Valérianées ; elle est très proche parente des Mâches, dont elle a le goût, la douceur un peu grasse, avec une légère amertume qui la rend un peu moins fade, un peu moins in- sipide que les Mâches, auxquelles elle sera, pour ces raisons, préférée par quelques amateurs. » Cette plante est la Valériane macrosiphon, ou Centranthus macrosiphon, déjà bien connue dans les jardins, où elle se cultive pour ses jolis bouquets de fleurs roses, et regardée, à Juste titre, comme une des plus jolies plantes ornementales. » Pour obtenir un beau développement foliacé et une pro- duction successive de septembre jusqu'aux gelées, nous en- gageons à en semer les graines sur place, absolument comme s’il s'agissait de Mâches, mais en recouvrant un peu moins la graine, qui est bien plus fine, et cela depuis juin et pendant tout Le: mois de juillet. » Si les lecteurs veulent nous ns ils ne couperont pas la plante trop jeune; s'ils lui laissent prendre un certain dé- veloppement, ils en seront récompensés par une production plus abondante, par des feuilles plus amples et plus charnues. » Les jeunes tiges sont elles-mêmes très tendres et très comestibles, et si, dès la première fourchetée, on est un peu surpris par la légère amertume de cette salade, on sera tout étonné de la trouver plus agréable à mesure qu’on en man- gera davantage, et finalement on sera convaincu que c’est une salade excellente en même temps qu’elle est excessivement inoffensive, et on pourrait ajouter une des plus saines et des plus hygiéniques, puisqu'elle appartient à la famille des Va- lérianées. » Voandzou. VOANDZEIA SUBTERRANEA du Petit-Thouars; Glycine subterranea Linné fils. Decad., tab. 17. Fam. des Léqumineuses. Herbe annuelle à tiges rampantes, divisées en rameaux étalés. Feuilles composées de 3 folioles oblongues, obtuses ; 950 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. a] pétiole commun, long de 3 à 4 pouces. Pédoncules courts, axillaires, inclinés, ceux des fleurs hermaphrodites biflores. Corolle jaune; ailes oblongues, étalées horizontalement ; étendard ovale, strié. Légume arrondi, charnu, monosperme par avortement. Pédoncules s’enfonçant en terre comme ceux de l’Arachide. « Les plus anciens voyageurs à Madagascar avaient remar- qué cette Légumineuse annuelle, que les habitants cultivent pour en manger le fruit ou les graines, comme des Pois, des Haricots, etc. Elle ressemble à PArachide, en particulier par la circonstance que le support de la fleur se recourbe et en- fonce le jeune fruit ou légume dans le sol. La culture en est répandue dans les jardins, surtout de l'Afrique tropicale, et moins communément de l’Asie méridionale. Il ne semble pas qu'on la pratique beaucoup en Amérique, si ce n’est au Brésil, où elle se nomme WMandubi d’Angola. » (A. DE CaN- DOLLE, Origine des plantes cultivées.) Nous avons reçu d’Elim, Spélouken, en date du 13 juillet 1882, une lettre de M. E. Creux, chef de la mission vaudoise dans le Transvaal, qui contenait les passages suivants : « Notre église nous envoie un agriculteur, M. Mingard; j'espère que vous le verrez à son passage à Paris... Le Sé- same, les Arachides et un excellent Haricot tubercule dont je ne connais pas le nom indigène, sont très cultivés par les natifs... » Nous n'avons pas vu M. Mingard, qui faisait déjà route pour l'Afrique lorsque nous parvenait l’avis qu'il passerait à Paris; mais nous avons reçu de lui une lettre datée d’Elim Waterfall, Spélouken, 1° février 1883, nous disant : « Je vous expédie 100 grammes de nos T'indlohu ou Haricots- tubercules, et 100 grammes de nos Tinyawa, Haricots de haies, à rames. » La première espèce est bonne et sucrée ; elle donne un très bon légume ici. On la sème à raison de un grain par creux. Elle doit être butlée comme les Pommes de terre. » La seconde est plus médiocre, semblable pour le goût aux petites Fèves. Pour la table, les Tinyawa doivent être LE POTAGER D'UN CURIEUX. 951 bouillis préalablement. Ils croissent ici dans les buissons. » Nous avons reçu et semé les graines annoncées. Le Tinyawa est un Lablab. Il a végété vigoureusement, mais sans fructifier. Nous avons tardivement reconnu que le Tindlohu était le Voandzou, plante très intéressante, mais rebelle à la culture sous le climat de Paris. Nous avions semé sous châssis; les graines avaient bien levé ; trois ou quatre feuilles portées sur de longs pétioles formaient une petite touffe au centre de laquelle on voyait naître plusieurs faibles poussestrès grêles.… Nous attendions pour butter qu'il s'élevât des tiges, lesquelles ne devaient pas venir, et, lorsque nous avons butté, il était trop tard. Les pousses grèles qui s'étaient montrées, et qui n'étaient sans doute pas destinées à végéter à l’air libre, étaient desséchées. Le Voandzou ne nous paraît pas encore suffisamment connu. On n’en a appris ni la culture ni les usages. On nous dit que ses graines torréfiées sont vendues aux nèores, dans les rues de Rio, parmi d’autres friandises gros- sières; mais cet usage n’expliquerait nullement la culture générale qui se fait de ce légume dans plusieurs parties de l'Afrique. On en consomme certainement les graines comme les Haricots, les Pois et les Fèves. Nous avons demandé au Brésil une certaine quantité de graines de Voandzou, que nous ferons analyser et que nous dégusterons. Il sera assurément impossible de cultiver utilement le Voandzou en France, à moins qu'il ne se contente du cli- mat de nos départements méridionaux. On pourra le cul- tiver dans nos possessions d'Afrique, à la Guyane, à Pon- dichéry, etc. La plante est assez curieuse pour que les amateurs essayent d’en élever quelques pieds sous châssis. 952 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Zétoutt des Arabes. lus JUNCEA Poir., Desf. FI. Atl.: Iris lusitanica Ker., in Bot. Mag., : tab. 679. Fam. des /ridées. Fleur d’un jaune vif. Divisions externes à lame ovale orbi- culaire, unicolore, à onglet obliquement dressé; divisions internes spatulées, oblongues, pointues, échancrées ; stigmate à lame liguliforme ; lamelle bilobée. Bulbe petite, atteignant à peine la grosseur d’une noisette, recouverte d’une tunique brunâtre. Tige haute de 1 à 2 pieds, grèle, un peu flexueuse, feuillue à la base. Feuilles linéaires, lancéolées, étroites, su- bulées au sommet, d’un vert glauque. Spathe herbacée, ordi- nairement uniflore. Tube du périanthe très court, campanulé. Portugal, À frique boréale. On lit dans le Bulletin de lu Sociélé d'Acclimaltation, vol. IT, 1856, p. 406, la lettre suivante adressée à son prési- dent par M. A. de Cès-Caupenne : « Monsieur le Président, fixé en Algérie où je dirige une importante exploitation forestière située dans la province de Constantine, vivant en contact avec les Arabes, j'ai remarqué qu’au nombre des mets qui composent leur frugale alimenta- tion, il en est un fort recherché dans tous les douars que j'ai visités et que leur fournit une plante qui croit à l’état sau- vage dans les forêts et les terrains humides. Zétoult est le nom que les Arabes donnent à cette plante (Jris juncea). » Sa tige ressemble assez à celle du Narcisse sauvage. La partie alimentaire se compose d’un Oignon qui ne dépasse guère la dimension d’une Noisette. «Ge Zétoutt fleurit au printemps, en même temps que les [ris et Les Jonquilles. Dès qu'il est en fleur, les femmes arabes s’empressent de le récolter. Pour le manger, elles dépouillent l'oignon de la pellicule qui le recouvre et le font cuire dans le beurre ou bien dans l’eau, et le convertissent en pâte comme la Pomme de terre pour en faire des gäteaux. LE POTAGER D'UN CURIEUX. 953 » Cette plante est farineuse et sa fécule a un goût très fin. Pendant l'hiver, les sangliers en sont très friands et, de même que les fouilles des Pores servent à la découverte des Trufles, les fouilles des Sangliers guident les Arabes dans la recherche du Zétoutt. » Tout porte à croire qu'au moyen d’une culture sarclée, on pourra accroître le volume de l'oignon du Zeloull et arri- ver ainsi à introduire dans l’industrie agricole ou maraichère de la France un produitnouveau, qui, ense vulgarisant, peut devenir une ressource précieuse. C’est là une question qui mérite peut-être de fixer l'attention de la Société. L'un de ses membres, l’honorable M. Tastet, à qui j'en parlais naguère, l’a envisagée ainsi, et c’est d’après ses encouragements que je me permets, Monsieur le Président, de vous adresser quel- ques échantillons de Zétoull que j'ai recueillis moi-même, il v a quelques jours, dans la forêt de Chènes-liège de la Safia. » Un de nos amis, propriétaire en Algérie et directeur d’une Société d'exploitation de Chênes-liège, à fait recueillir pour nous, dans ses forêts, 12 ou 1500 bulbes de Zetoult, dont il nous a gratifiés. Nous avons bien mal profité de ce précieux cadeau. Estimant, à tort peut-être, que le Zétoutl ne serait ulile qu'autant que sa culture serait très économique, et qu'il fallait mème en tenter la naturalisation sur la lisière des bois, nous avons planté nos bulbes à mi-ombre et nous nous sommes bornés à sarcler le sol toutes les fois qu’il en était besoin. L'expérience à duré quatre ans. Les hivers n'ont pas, croyons-nous, contribué à la destruction de notre plantation, mais le terrain était trop aride, et le résultat final a été qu'il ne nous est à peu près rien resté de nos 12 ou 1500 bulbes. Nous n’aurions sans doute pas mieux réussi en procédant autrement, car nous avouons que les plantes bulbeuses ne nous ont donné aucun résultat satisfaisant. Nous avons perdu les Lis comestibles du Japon, le Camassia esculenta, le Crocus edulis, comme nous avons perdu le Zeloutt. Des amateurs plus habiles et disposant d’un terrain plus favo- rable, réussiront peut-être mieux que nous. 954 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ADDENDA DERNIÈRES CULTURES Dolic bulbeux. Pachyrrhise anguleux, Bangkoang (Javanais), Daun Sabran (Malais), Dau (Annamite mandarin), San ruoang (Annamite vulgaire). PACHYRRHISUS ANGULATUS Rich., DC. Prod.; Glans terrestris caus- tensis Rumph., Herbar. Amboin., 5, p. 372, t. 132; Dolichos bulbosus L. Spec., p.1020; Roxbg. Flor. Ind., 111, p. 309; Stizolobium bul- bosum Spreng. Syst. 111, 252 | Fam. des Légumineuses. Plante vivace, volubile. Racine donnant naissance à plusieurs tubercules arrondis ou napiformes. Tiges velues lorsqu'elles sont jeunes, devenant presque glabres en vieillissant. Feuilles composées de trois folles larges, glabres, la terminale plus grande, anguleuse, dentée; les latérales inéquilatérales. Fleurs rougeâtres, en grappes courtes, pauciflores; il leur succède des gousses oblongues ou cylindriques, pointues, glabrescentes et un peu noueuses. Celle plante, selon Rumphius, est originaire des Philip- pines. On la cultive dans plusieurs parties de l’Inde et aux Moluques. Roxburgh (loc. cit.) suppose qu’elle a été introduite d’Amé- rique aux iles Philippines. « L’échantillon qui existe dans nos collections a été cueilli dans le pays de Galam, près de Bakel, par M. Leprieur, qui ne nous apprend pas si elle est cultivée ou si elle est sauvage dans ce pays. » Son importance, comme plante alimentaire, nous avait déterminés à en apporter de Java à Bourbon, à Cayenne et au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Elle était cultivée en 182% au jardin de Richard-Tol ; mais nous ignorons si elle y LE POTAGER D'UN CURIEUX. 955 avait été apportée de Bakel ou de l'Inde orientale. » (Guille- min, Perrottet et Richard, Floræ Senegamb. tentamen, vol. L, p: 221) « Les tubercules des racines du P. angulatus ont la forme et le volume de notre Rave; quelquefois ils deviennent beau- coup plus gros. On ne les mange guère autrement que cuits; en les accommodant avec du beurre, du sucre et des épices, on peut en faire un mets très agréable. » Les racines qu’on laisse en terre jusqu’à la maturité des fruits perdent toute leur saveur et ne peuvent plus servir d’aliment. » (Spach, Végét. phanérog., vol. I, p. 334.) De l'usage que font les Javanais et les habitants des iles Philippines du Dolic bulbeux, appelé vulgairement dans le pays Iguamas, par M. Perrottet, botaniste-cultivateur (1). « Le Dolic bulbeux appartient à la Diadelphie décandrie et fait partie de la famille des Légumineuses. Il est voisin du oenre Haricot et pousse, comme lui, des tiges sarmenteuses etrampantes ; il produit une racine pivotante, semblable pour la forme et la grosseur à la Rave douce d'Europe (Brassica napus marima), mais elle est plus nutritive et plus moelleuse qu'elle. Les Malais et les habitants des îles Philippines en font leurs plus grandes délices; ils la mangent crue ou bouil- lie à la manière des Pommes de terre. On la voit figurer sur les meilleures tables, préparée de différentes manières; elle est alors un mets aussi sain que savoureux; le propriétaire rural, lorsqu'il en recueille beaucoup, en nourrit ses animaux domestiques ; jai remarqué qu’ils la mangent avec avidité et qu’elle les engraisse en peu de temps, les Pores surtout. » [Il me semble de la plus haute importance de recomman- der la culture et la mulüplication de cette plante bulbeuse aux habitants des colonies françaises, d'autant plus qu’elle peut, en tout temps, leur fournir, sans aucune préparation, une nourriture saine et abondante. » La croissance de cette plante est très rapide; trois à (1) Bibliothèque physico-économique. Paris, t. X, année 1821, p. 311. 956 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. quatre mois suilisent pour que la racine acquière toute sa perfection. » Elle ne paraît point difficile sur la nature du sol; elle s’accommode de tous les terrains, cependant elle vient plus volumineuse et elle flatte davantage le goût lorsqu'elle pousse dans une bonne terre, substantielle et un peu humide. On Ja multiplie facilement par le moyen de ses graines, qui mü- rissent très bien ; mais, pour les obtenir, 1l convient d’en laisser une certaine quantilé de pieds en place, car, pour que sa racine soit délicate et succulente, il ne faut pas attendre la maturité des graines; au contraire, il faut arracher les bulbes longtemps avant la floraison, parce qu’alors la racine acquiert en vieillissant une consistance ligne use qui la rend peu con- venable, d’une digestion difficile, et lui fait perdre tout son mérile. » Je suis persuadé que cette plante peut très bien se natu- raliser en France, surtout dans nos départements du Midi; elle est annuelle, 1l ne lui faut par conséquent que trois à quatre mois de chaleur pour lui faire prendre son volume ordinaire. Elle serait d'autant plus précieuse pour nous, qu’elle remplirait le vide que laissent souvent entre elles les Pommes de terre de la dernière récolte et les nouvelles. Le Dolichos bulbeux a l'avantage de croître plus vite que la Pomme de terre, dont les plus précoces ne paraissent ordinairement qu'en août, c’est-à-dire huit mois après la plantation, tandis : que le Dolichos, semé en avril, est mangeable dès le mois de juillet. » J'en ai répandu des graines dans les colonies françaises de l’Afrique et de l'Amérique que je viens de parcourir, et où j'ai eu le bonheur d'introduire plusieurs autres plantes utiles sur lesquelles je me réserve de vous entretenir plus tard. Je ne finirai point celle note sans vous annoncer qu'à Cayenne on en fail cette année une récolte assez remarquable et que tout me porte à croire que le Dolichos s’y propagera prompte- ment. » On m'a dit à Java et à Manille que les semences de cette plante étaient vénéneuses; cette propriété, qu’elle partage LE. POTAGER D'UN CURIEUX. 957 avec la Pomme de terre, quoique d’une famille très diffé- rente, ne peul être un motif pour éloigner de nos cultures une plante utile sous tant d’autres rapports. » Nons avons reçu de M. Martin, jardinier-chef du gouver- nement à Saigon, des graines de tubercules de Pachyrrhisus angulalus, accompagnées d’une note que nous transcrivons : € Cù Säng (Annamite). Cette plante grimpante donne un très gros tubercule. On doit la planter sur billon et butter fortement en temps utile. Quand la plante a 30 à 40 centi- mètres, pincer le bout et les faux-bourgeons, de manière à refouler la sève dans le tubercule. » On met deux ou trois graines par trou et, quand elles sont bien levées, on n’en laisse qu’une et on repique les autres. Cette plante appartient à la famille des Lécumineuses; son tubercule est très bon cuit et mêmé cru, mais son fruit passe pour vénéneux. Les tubercules que je vous envoie ne peuvent servir qu'à vous donner des graines pour faire vos semis, car chaque graine ne donne qu'un tubercule (1). IL faut semer dans le commencement d'avril; l’arrachage se fait en sep- tembre. » Nous avons semé sous châssis au mois d'avril et n’avons conservé que des pieds simples ; nous avons butté (2), pincé sans cesse les tiges principales et secondaires, et arrosé fré- quemment. Les plantes ont bien végété, et, si elles n'avaient pas été pincées, se seraient élevées à 2 ou 3 mètres de hauteur, comme celles que les tubercules nous ont données. Vers le 15 novembre, nous avons récolté, à chaque pied, un, deux ou trois tubercules, un peu moins gros qu’un navet, qui, dégustés à l’état cru, nous ont paru tendres, sucrés, agréables. Les tubercules gros et sensiblemement anguleux, que nous avons reçus de Saïgon en parfait état et plantés sous , châssis, ont végété avec une grande vigueur, mais n’ont Le (1) La plante donne habituellement plusieurs tubercules. P. B. (2) Les tubercules se formant assez profondément dans le sol, loin du collet de la plante, le buttage recommandé par M. Martin ne nous semble pas utile. P.B. 4 SÉRIE, T. [. — Décembre 1884. 62 958 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. montré de disposition à fleurir qu’au commencement d’oc- tobre. Nous n’avons finalement obtenu ni fleurs, ni fruits. Nous ne voyons donc pas comment nous pourrions, sous le climat de Paris, nous procurer des graines pour nos semis. Nous essayerons, l’an prochain, la multiplication par le couchage, mais en doutant beaucoup du succès de ce procédé. Il nous faudra donc recevoir encore nos semences du pays d’origine, ce qui ne présente d’ailleurs aucune difficulté. Il est à peu près certain qu’on obtiendra des graines dans le midi de la France et, à plus forte raison, en Algérie. Nous ferons même observer que sur nos plantes de semis se sont montrées des inflorescences qui ne se sont pas épanoulies, mais qui donnent l'assurance d’une fructification sous un climat plus chaud que celui de Paris. M. Perrottet se trompe sans doute lorsqu'il dit que le Dolic bulbeux est annuel; mais il semble que dans les pays chauds il soit cultivé comme bisannuel, la première année pour fournir ses tubercules comestibles et la seconde année, au moyen de quelques tubercules conservés ad hoc, les graines nécessaires à l’ensemencement, ces derniers, comme tant d’autres racines, perdant alors leurs propriétés alimentaires. Le Pachyrrhisus angulatus est une plante très intéressante que les amateurs peuvent cultiver dans les environs de Paris et que les horticulteurs du Midi ne devraient pas négliger. Qu'ils n’oublient pas que la racine sucrée du Cerfeuil bul- beux se vend à Paris à haut prix et que le plus souvent la production reste au-dessous de la demande ! Haricot de Baria. Haricot du Tonkin. PHASEOLUS TUNKINENSIiS LOUREIRO, Flor. Cochinch. vol. Il, p. 529; DC .Prodr., vol. IL p. 298. Fam. des Léqumineuses. Plante annuelle, d'environ 2 ou 3 mêtres de hauteur ; tiges volubiles, rameuses; feuilles composées de trois folioles LE POTAGER D'UN CURIEUX. 959 épaisses, petites, coniques, planes, glabres sur leurs deux faces, fleurs très petites, disposées en grappes courtes ter- minales, axillaires ; étendard roulé, vert, de même couleur que le calice; gousses comprimées, lisses, pendantes, un peu en forme de croissant, contenant trois graines petites, ovoïdes, d’un blanc terne, rappelant par leur forme et leur couleur le Haricot nain commun de Hongrie. « Cette plante, originaire du Tonkin, est cultivée en Gochinchine. Ses graines sont bonnes à manger. » (Loureiro, Jocwceits Le Haricot de Baria est cité par divers auteurs comme une plante alimentaire très utile et généralement cultivée en Cochinchine. Loureiro la présente comme annuelle; mais nous avons reçu de M. Martin, de Saigon, des semences de deux variétés, l’une annuelle, l’autre vivace. Nous ne nous sommes occupés que de cette dernière. Nous avons semé en avril, sous châssis, en pots et en terrines. A la fin de mai, nous avons semé en pleine terre. À la même date, nous avons placé, à bonne exposition, en plein air, les plantes venues en pots et nous avons repiqué, également à l'air libre, le plant venu en terrines. Les trois modes de culture que nous avons pratiqués nous ont donné des résultats à peu près semblables; cependant l'avantage est resté aux plantes semées en pots. Nous avons récolté peu de gousses mûres, mais un assez grand nombre de gousses fraiches pour en manger deux fois en famille. Accommodé comme le Flageolet, le Haricot de Baria est tendre, très sucré, de bonne qualité. Il ne nous intéresse cependant, sous le climat de Paris, que s’il est vivace; ce dont nous doutons fort, nos plantes n’ayant pas accompli, pendant la saison exceptionnellement chaude qui vient de finir, tout le cours de leur végétation, et présentant encore des fleurs lorsque le froid est venu. Nous n'avons conservé qu'un petit nombre de souches, que nous avons couvertes de débris de liège; si ces souches ne 960 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. donnent pas de pousses au mois de juin prochain, nous renoncerons à la culture du Haricot de Baria, ce qui ne veut pas dire que nous considérions cette culture comme impos- sible dans le Midi et en Algérie ; mais elle nous paraît exiger six mois d’une température élevée et continue et nous sommes loin de pouvoir la pratiquer ici dans ces conditions. Morelle de Salta. Petite Tomate de Salta. Sous le nom de petite Tomate de Salta, M. le docteur Weber nous a remis des graines d’une variété de la Morelle de Balbis (Solanum sisymbriifolium). La description que nous avons donnée de celte dernière esl de tous points applicable à la petite Tomate de Salta. Ses fruits sont plus petits et moins abondants, mais ses feuilles sont plus finement découpées et d’un vert plus brillant. Sa culture est facile et son développement est tel que trois pieds suffi- sent pour former une vaste corbeille Elle devrait donc être exclusivement cultivée comme plante ornementale. À ce point de vue, nous serions disposés à la préférer à la Morelle de Balbis ; nous remercions M. le doc- teur Weber de nous lavoir fait connaître. Physalis du Costa-Rica. PaysALis LAFONII. Fam. des Solanées. Plante annuelle, de 40 à 50 centimètres de hauteur, revê- tue sur toutes ses parties d’une pubescence grisätre formée de nombreux poils, simples, courts. Tige dressée, fortement anguleuse, rameuse. Feuilles alternes, quelquefois opposées, de forme très variable, tantôt largement ovales, à base tron- buée ou arrondie, tantôt obovales, plus ou moins longue- mentatténuées, entières, irrégulièrement denticulées ou légè- LE POTAGER D'UN CURIEUX. 961 rement sinuées sur les bords, celles des rameaux principaux variant de 15 à 18 centimètres de longueur sur 10 à 12 de largeur, celles des rameaux secondaires plus petites, pétioles de 4 ou 5 centimètres de longueur. | Pédoncule velu, long d'environ 1/2 centimètre au moment de l’anthèse, atteignant 1 centimètre 1/2 lorsque le fruit est développé. Calice campanulé, velu, à 5 divisions aiguës. Corolle très petite, jaune, campanulée, deux fois plus longue que le calice, velue extérieurement, de 5 à 7 milli- mètres de diamètre. Étamines égales; anthères linéaires, violettes, de même longueur que le lilet. Stigmate capité. Fruit formé d’un calice fructifère ovale, de 5 ou 6 centi- mètres de longueur sur 4 de largeur, à 5 angles, légèrement pubescent surtout sur les nervures qui le sillonnent, à l’inté- rieur duquel se trouve une baie arrondie, verdâtre, de la grosseur de celle du P. peruviana. Nous devons cette espèce à M. de Lafon, sous-commissaire de la marine en retraite, qui l’a rapportée du Costa-Rica et qui nous en a obligeamment donné des graines en même temps que celles de plusieurs plantes alimentaires de ce pays. Ce Physalis avait déjà été recueilll dans le Nicaragua par M. Lévy; il porte le numéro 244 de sa collection et se trouve à l'Herbier du Muséum d'histoire naturelle de Paris. M. Hemsley (Biologia Centrali-A mericana, Botany, vol. 1, p.419) la rattaché au P. villosa Dunal (Prodromus, vol. XI, pars 1, p. 445); or, dans celte espèce, la corolle est rota- cée, jaune, maculée de brun, beaucoup plus grande que celle de la plante qui nous occupe, laquelle d’ailleurs estcam- panulée et immaculée. Notre Physalis a beaucoup plus d’affinités avecle P. lancei- folia Nées (Linnœæa, 1831, p. 475), DC. (Prod. 13, 1, p. 447); il s’en distingue néanmoins par la forme de ses feuilles et par la pubescence dont sont couvertes toutes ses parties. Nous avons cultivé le P. Lafonii comme le P. peruviana et nous avons tout d’abord admiré sa puissante végétation; mais ce premier élan s’est arrêté, la plante s’est couverte de 962 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. fruits si abondants que leur nombre dépassait celui des feuilles. Ces fruits ne sont pas venus à maturité et nous ne savons pas encore s’il sera possible d’obtenir une récolte à l’air libre, sous le climat de Paris; c’est ce que nos essais ultérieurs nous apprendront. Physalis minima Linné. M. Martin, de Saïgon, nous a envoyé des graines d'un P hysalis qui n’étaitautre que le Physalis minima, de Linné. Nous avons reconnu que cette plante ne présentait aucun intérêt. Il. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. DE LA SEXUALITÉ CHEZ L'HUITRE ORDINAIRE (0. EDULIS) ET CHEZ L'HUITRE PORTUGAISE (0. ANGULATA) FÉCONDATION ARTIFICIELLE DE L'HUÎTRE PORTUGAISE Par M. BOUCHOX-BRANDEINY. L’ostréiculture, qui a pris, dans ces derniers temps, un développement si considérable, n'a cependant fait que bien peu de progrès quant aux procédés suivis, quant à la méthode sur laquelle elle repose. Comme aux premiers jours, les ostréiculteurs se bornent encore actuellement à recueillir, par des procédés artificiels, au moment même de la ponte, le frai des Huitres auquel on a donné le nom de naissain. On conçoit aisément tout ce qu’il v a d’aléatoire dans cette manière de procéder. Au moment où les Huitres adultes qui composent un banc laissent échapper leur progéniture, cette poussière vivante s’en exhale comme un épais nuage qui s'éloigne du foyer dont il émane et que les mouvements de l’eau dispersent. Siles installations spéciales, si les collecteurs que l’on dispose pour retenir et conserver quelques-uns de ces innombrables germes ne sont pas établis juste au moment favorable, et dans la direction des courants qui charrient le naissain, la récolte est absolument nulle. D’autres causes, très nombreuses, peuvent également faire manquer cette récolte, qu’on rendrait beaucoup plus certaine, si l’on pouvait suivre le développement du naïissain depuis le moment de la fécon- dation jusqu’à celui où, après avoir quitté les valves de la mère et s'être dispersé dans les flots, il se fixe à demeure sur les corps solides à sa convenance qu’il rencontre sur sa route. Des myriades de ces germes, qui deviennent la proie d'animaux inférieurs vivant d’infusoires, ou qui périssent faute de trouver un milieu propre à leur développement 964 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ultérieur, échapperaient à ces causes de destruction si l’on parvenait à appliquer aux Huîtres des procédés de fé- condation artificielle et de protection du frai analogues à ceux en usage pour la multiplication du poisson. Des essais, dirigés dans ce sens sur lHuître portugaise, nous ont donné des résullats qui ne semblent pas sans impor- tance au point de vue pratique. On sait que l’Huître portugaise, qui est originaire du Tage, n'existait pas sur les côtes de France il y a vingt ou vingt- cinq ans. Elle s’est acclimatée dans nos eaux d’une façon tout accidentelle. Un navire venant du Portugal dut décharger sa cargaison pour réparer une avarie. Les Huitres qu'il portait furent jetées dans la Gironde, sur l’ancien banc de Richard ; y ayantrencontré des conditions favorables à leur propagation, elles s’y sont multipliées en telle proportion que, de la Pointe de Grave jusqu’à Richard, sur une étendue de 25 à 30 kilo- mètres, elles ne forment plus qu’un vaste gisement, dont la largeur ne sera bientôt limitée que par les rives du fleuve. La sexualité de cette Huitre diffère essentiellement de celle des autres sortes d’'Huilres communes à nos eaux, et dont la plus répandue est l’Ostrea edulis. Celle-ci est hermaphrodite : de Lacaze-Duthiers, Coste, Davaine, Mœbius, Eyton, Hart et bien d’autres l'ont établi. Est-elle un hermaphrodite suffisant? Rien encore n’a été bien démontré à cet égard. Il est vraisem- blable qu'elle ne se féconde pas elle-même, si l’on considère que la glande génitale présente rarement les deux sexes au mème degré de maturité. L'Huitre portugaise, au contraire, est unisexuée. Le fut n’est pas contestable. Nous en avons ouvert un grand nombre, prises à toutes les phases de la période reproductive, et toutes élaient exclusivement mâles ou exclusivement femelles. D'autre part, ét contrairement à ce qui se passe chez l’'Huître ordinaire, où la fécondation s’accomplit à l’intérieur des valves, chez l'Huitre portugaise les œufs sont expulsés hors de la coquille, et c’est au sein de l’eau qu’ils rencontrent l'élément fécondateur. Jamais, en effet, on ne trouve ni œufs ni embryons dans le manteau de l'angulata. Un fait vient SEXUALITÉ DE L'HUITRE. : 965 encore à l'appui de cette donnée : c’est que les œufs et les embryons de la portugaise se développent dans l’eau de mer pure, tandis que ceux de l’Huitre ordinaire, du moins pendant toute la période de la gestation de l’œuf et jusqu’au moment où l'embryon abandonne l'abri maternel, ne peuvent vivre hors du hiquide contenu dans la coquille, liquide qui, d’après une analyse faite au laboratoire de M. Berthelot, contient de l’albumine en notable proportion. C’est en vain que nous avons tenté de conserver dans de l’eau de mer aérée et renouvelée, jusqu’à complet développement, des embryons d'Ostrea ecdutis, soit que ces embryons fussent à l’état de frai blanc, soit qu'ils fussent à l’état de frai gris. Les embryons blancs succombent après deux ou trois jours, les embryons eris après douze ou quinze jours, tout en ayant à leur portée des collecteurs pour s'attacher. Ces faits constituent une différence essentielle entre les deux espèces d’'Huitres, qui exclut toute hypothèse de croise- ment et doit faire rejeter la théorie de l’hybridation admise par quelques ostréiculteurs. Nous avons fait, du reste, des expériences directes d'hybridation, qui ont abouti à un résultat négatif. Ainsi, à différentes reprises, l’année dernière et cette année, nous avons mis en contact des œufs provenant d’Huîtres portugaises et des zoospermes pris sur des Huitres ordinaires, et réciproquement, jamais, dans les conditions où nous avons expérimenté, les éléments ne se sont naturel- lement el instinctivement rapprochés; jamais il n’y à eu trace de fécondation ni de développement. Les éléments sexuels de l'angulala étant, ainsi que nous venons de le dire, nettement séparés, nous avons entrevu la possibilité d'arriver à la fécondation artificielle. L'exemple de Brooks, de l'Université de Baltimore, qui a fait avec lOstrea Virginiana des essais heureux de fécondation artificielle, était d’ailleurs encourageant. Voici, après de nombreux tâtonnements, le mode de fécon- dation que nous avons adopté. Il est facile, avec un peu d’ha- bitude, de distinguer les sexes à l’œil nu. On détache de l'ovaire, au moyen d’un pinceau, les œufs que l’on dépose Y66 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. dans un récipient rempli d’eau de mer, une fiole par exemple. Afin de les désagréger, de les débarrasser des matières étran- sères dont ils peuvent être entourés, on agite la fiole durant quelques instants, puis on laisse reposer le hquide. Les œufs aptes à la fécondation tombent au fond du vase; ce qui reste en suspension doit être éliminé. On décante, on renouvelle l’eau du récipient, et il suffit d'ajouter une petite portion de liqueur séminale pour que les œufs soient immédiatement entourés et roulés par les zoospermes; les premières phases de la fécondation commencent aussitôt. Les œufs et les spermatozoïdes peuvent, sans être mis en contact, conserver, dans l’eau et durant plusieurs heures, leurs propriétés vitales. Nos meilleures fécondations ont été obtenues avec des éléments dont le rapprochement n’avait été opéré que deux et trois heures après leur extraction des olandes génitales. Nous ne décrirons pas les premières phases du développe- ment des œufs; mais nous pensons devoir signaler un fait qui, croyons-nous, n’a pas encore été observé : les embryons de l’angulata commencent à se mouvoir, selon latempérature, de sept à douze heures après la fécondation. Au Verdon, nous en avons obtenu en sept heures, l’eau ayant une température de 22 degrés. Leur mobilité se traduit par des mouvements rotatoires et giratoires ; parfois ils tournent sur place comme autour d’un pivot, d’autres fois ils se déplacent rapidement et traversent comme un trait le champ dans lequel on les observe. La coquille se forme vers le sixième ou septième jour après l’imprégnation. La fécondation artificielle ne présente aucune difficulté d'exécution ; elle aboutit quatre fois sur cinq à la formation d’un embryon mobile, si les éléments qu'on emploie sont bons. La ponte, chez l'Huiître portugaise, s'effectue graduel- lement et quelquefois en plusieurs semaines ; lorsque la glande génitale devient transparente sur un point, c’est que les élé- ments sont mürs, et c’est alors qu'on peut les utiliser avec avantage. SEXUALITÉ DE L'HUITRE. 967 A raison de ce qui précède, et vu la fécondité exception- nelle de l'Huître du Tage (1), nous avons essayé quelques applications pratiques. À cet effet, nous avons organisé au Verdon une claire de 100 mètres de superficie, dans laquelle nous avons versé les produits animés de diverses fécondations artificielles. La difficulté était de garder les embryons tout en assurant le renouvellement de l’eau. Nous sommes arrivés à ce résultat en faisant arriver et écouler l’eau à travers une couche de sable fin. Après un mois d'expériences réltérées, nos recherches ont été couronnées de succès. Nous avons eu la satisfaction de trouver du naissain fixé sur chacune des tuiles placées dans notre claire d'expérience. Le fait est d'autant plus digne de remarque que, jusqu'à ce moment, la semaine dernière, aucun naissain ne s'était encore attaché aux innombrables collecteurs immergés sur les gisements huitriers de la Gironde, c’est-à-dire au sein mème du foyer reproducteur. D’autres essais ont été faits dans des marais voisins du fleuve et alimentés par ses eaux, marais qui n'avaient jamais pu être utilisés pour l’ostréiculture. On y a versé les produits animés de fécondations artificielles et, aujourd’hui, les collec- teurs, malheureusement trop peu nombreux, qu'on y à placés, sont littéralement chargés de naïissain. Des essais sont également poursuivis dans l'étang de Thau, où des reproducteurs ont été expédiés. Après avoir laissé ces Huîtres se remettre de la fatigue du voyage, on les a employées à des fécondations artificielles, qui ont donné de bons ré- sultats, malgré la salure de l’eau, de beaucoup plus forte qu’elle ne l’est au Verdon (1). Ce résultat est d'autant plus (1) 1° d’ovaire contient : OEufs. Méthode de dissociation. ..... DADOLO Do 2 500 000 MÉCROdENTENCOURES EE CCC EEE CEE 5 200 000 Moyenne" 3 800 OOÙ Le volume de l'ovaire d’une Huître de moyenne grandeur varie entre 6° et 8°. (2) L'eau y atteint 4 degrés 1/4 de densité, alors qu'elle ne marque que 2 degrés 1/2 au Verdon. 968 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. important qu'aucune Huitre n’a jamais existé dans l’étang de Thau, et que les tentatives faites pour l'introduction de l'Ostreu edulis ont constamment échoué. Sur d’autres points, d’intéressants essais d'élevage ont lieu en ce moment. 700 à 800 Huitres ont été déposées dans l’étang de Frontignan, après avoir été enduites sur leurs deux valves d’une couche de coaltar, qui fournira un point de repère pour en suivre le grossissement ultérieur, permettant de constater le développement de la partie marginale de la coquille. Si ces essais réussissent, comme tout permet de l’espérer, les nombreuses et immenses lagunes du Languedoc pour- raient devenir autant de champs d’exploitation pour une industrie nouvelle et lucrative. 111. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU 12 DÉCEMBRE 1884. Présidence de M. Henri BouULEY, président. En déclarant ouverte la session de 1884-1885, M. le Président donne un compte rendu rapide des travaux des membres de la Société pen- dant la session précédente ; il fait ressortir l'importance et la variété de ces travaux, dont la valeur, au point de vue scientifique comme au point de vue pratique, assigne à la Société nationale d’Acclimatation un rang distingué parmi toutes les Sociétés savantes. — Le procès-verbal de la dernière séance générale ayant été, con- formément au règlement, lu et adopté dans la séance du Conseil qui a suivi l’ouverture des vacances de la Société, il n’y a pas lieu d’en don- ner lecture. — M. le président fait connaître les noms des membres récemment admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. À. Geoffroy Saint-Hilaire. CARTIER (Charles), 48, rue Pergolèse, à Paris. Saint-Yves Ménard. WAMPorte: { J. Lefèvre. Saint-Vves Ménard. ( E. Wuirion. FROMAGE (Georges), pharmacien, 5, rue Claude | E pose Maurice Girard. { Saint-Yves Ménard. GAUCHER (le D' Louis-Amable), médecin de { H. Bouley. colonisation de première classe, à Arlal : A. Paillieux. (Algérie). Saint-Yves Ménard. À. Geoffroy Saint-Hilaire. CHAINE (Jules), négociant, 16, rue Lam- brechts, à Courbevoie (Seine). Pernard, à Paris. SE —, m —- GENNET (Albert), propriétaire, à Fléac (Cha- rent : J. Grisard. ser Saint-Yves Ménard. Le ge , ( H. Bouley. GUILLEMIN (Jean), 170, avenue de Neuilly, à à À Ducerf. Neuilly (Seine). é Chenet. H. Pouley. Jules Grisard. Saint-Yves Ménard. H. Boulev. Maurice Girard. Saint-Vves Ménard. HENRIQUES (Julio), directeur du Jardin bo- tanique de Coïmbre (Portugal). 2 RS <<, LANGUILLOT (Auguste), architecte, 6, rue | Lasserre, à Issy (Seine). | 970 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. MM. PRÉSENTATEURS. LHERMITTE, négociant, boulevard des ltaliens, \ H. Bouley. Pr Paillieux. , Saint-Yves Ménard. : : : à ley. MAGNE (Georges), notaire, 8, rue de Maïlly, à | A ëÿ Paris. ° | Laverne. : , , ({ H. Bouley. SAZERAC DE FORGE (Paul), conseiller géné- | \ Gaules PT THEMES ral, à Blanzac (Charente). | SA PE RARE — M. Oldham Chambers, secrétaire de la Société nationale de pisci- culture de la Grande-Bretagne (National Fish Culture Association), annonce que M. Raveret-Wattel a été nommé membre honoraire de cette Société. — Des remerciements au sujet de leur récente admission dans la So- ciété sont adressés par MM. Eugène Bouis et Semper. — M. Dautreville écrit à M. le Président : « J’ai honneur de vous prier de vouloir bien m'inscrire comme candidat au concours ouvert par la Société d’Acclimatation, au sujet d’une nourriture nouvelle, artifi- cielle et de plus commerciale, destinée à l'élevage des Gallinacés. — La nourriture que je propose, largement expérimentée depuis deux ans, a été déjà plusieurs fois récompensée, notamment cette année par notre Société elle-même, ensuite par nombre d’autres sociétés, enfin dans plusieurs expositions et concours. » Bien que l’époque de clôture du concours en question soit fixée au 1e" décembre 1885, je n'hésite pas à vous adresser dès maintenant ma demande, parce que j'estime que les conditions pour obtenir, par anti- cipation, le prix dont il est question dans le deuxième paragraphe de la deuxième section, page 24 du programme, me paraissent, en ce qui me concerne, j'ose l’espérer, entièrement remplies. » Je ferai parvenir à la commission spéciale, et en temps utile, le dossier contenant toutes les pièces relatives à mon alimentation artifi- cielle destinée à remplacer les œufs de Fourmi. » — M. Alfred Rousse écrit de Fontenay (Vendée): « Je vous avais écrit en 1882 pour vous dire que j'avais obtenu la reproduction de la Perruche discolore (Lathamus discolor). Depuis ce temps ces oiseaux m'ont tous les ans donné des jeunes. » En 1882 et 1883, je n’ai obtenu qu’une seule couvée par an, de trois et de cinq jeunes. Cette année, j'ai eu deux couvées: la première de quatre et la seconde de trois jeunes. » Je ne saurais trop recommander aux éleveurs cette jolie Perruche, aussi rustique qu'aucune autre. Elle ne réclame pas d’autres soins ; seulement il est bon de lui donner tous les jours des fruits et des baies PROCÈS-VERBAUX. 971 bien müres, la Perruche discolore en est très friande. Ce supplément de nourriture ne lui est pourtant pas indispensable, elle se contenterait très bien des graines sèches, et de pain trempé de lait. » Elle est d’un élevage très facile, réussit parfaitement en volière ouverte, et est digne de figurer dans nos collections : il est donc regret- {able qu’elle ne soit pas plus répandue. » Jusqu'ici, je l’ai tenue par paires séparées ; mais Je veux essayer d’en mettre ensemble une certaine quantité. Si on pouvait ainsi obtenir des reproductions, il serait aisé de remplacer lOndulée, qui nous donne maintenant des produits si défectueux. » Je suis le premier à avoir fait reproduire la Perruche discolore ; aussi serais-je heureux si vous vouliez bien communiquer ma lettre à la Commission des récompenses. » _— M. Léo d'Ounous adresse un mémoire sur ses élevages d’Oiseaux de basse-cour. — M. Blanchon écrit d'Etoile (Drôme) : « Depuis quelque temps, je m'occupe tout spécialement des nichoirs artificiels. Me réservant pour plus tard le plaisir de vous communiquer dans un mémoire détaillé les résultats obtenus sur diverses espèces d'Oiseaux, je vous adresse au- jourd’hui une note sur l'emploi des nichoirs artificiels pour les Rapaces nocturnes. » __ M. Narcisse Masson adresse trois manuscrits relatifs aux Pintades, aux Rongeurs de basse-cour, enfin au Pigeon voyageur. — M. Ancillon, président de la Société départementale de piscicul- ture du Cher, adresse une brochure contenant des renseignements sur l’organisation de cette société. Dans une seconde lettre, M. Ancillon adresse une demande d'œufs de Saumon de Californie. — M. Courvoisier fait connaître qu'il a pêché, le 7 juillet dernier, dans un petit cours d’eau, aux environs de Vendôme, une Truite d’une livre environ, qui était chargée d'œufs. Notre confrère croit devoir signaler ce fait, extraordinaire à cette époque de l’année. Les œufs, d’une belle couleur rosée, étaient de la grosseur de petits pois. Un échantillon, conservé dans de l’alcool, est adressé à la Société. — Remerciements. — M. Léon d’'Halloy rend compte de l’introduction et de l'élevage de la Truite arc-en-ciel (Salmo iridea) à la piscifacture de Gouville. Cette espèce, originaire des cours d’eau des montagnes de la Californie, paraît très rustique et de croissance remarquablement rapide. Les œufs im- portés d'Amérique en mars 1882 ont donné naissance à des sujets pleins de vigueur, qui atteignent aujourd’hui une belle taille marchande et dont la chair, très saumonée, est excellente. _— À l’occasion de cetle communication, M. Raveret-Wattel fait con- naître qu’il a été à même de constater le développement extrémement rapide des Truites arc-en-ciel élevées à Gouville. Un de ces poissons, 979 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. pêché dans les premiers jours de novembre, mesurait 0,40 de longueur, de l’extrémité du museau à la naissance de la queue, et pesait 0“ ,880. C'était une femelle, dont les ovaires, qui atteignaient déjà le poids de 60 grammes, contenaient des œufs encore assez loin de leur complet développement, le frai de cette espèce étant très tardif. Il est certain toutefois que cette femelle eût pondu dans l’année. La chair en était très saumonée, fort délicate et d’une grande finesse de goût. D’autres sujets, de même âge, mais un peu plus petits, étaient également bons et présentaient, eux aussi, des signes de frai. En résumé, la Truite arc-en-ciel, importée et élevée pour la première fois en France, paraît devoir être une précieuse acquisition pour nos eaux douces. M. Raveret- Wattel annonce qu’il remettra prochainement une note sur cette inté- ressante espèce. — M. de Behr, président de PAssociation allemande de pisciculture, annonce qu’il met à la disposition de la Société 100 000 œufs de Core gonus albula, des lacs du nord de l’Europe. — Remerciements. — M. Raveret-Wattel fait connaître que d’intéressantes expériences, confiées à M. le professeur Ewart, sont actuellement faites par le Bureau des Pêcheries d’'Ecosse (Scotch Board of Fisheries) sur la multi- plication artificielle du Hareng. Les essais ont principalement pour ob- jectif la restauration des pêcheries du Firth de Moray, dont les frayères naturelles sont désertées par le poisson depuis une douzaine d'années. Uu côtre a été mis, pour ses travaux, à la disposition de M. Ewart, qui se procure les sujets reproducteurs auprès des bateaux de pêche. Les œufs sont recueillis et fécondés sur des panneaux de verre épais, qu'on place dans des caisses d’éclosion à elaire-voie, fermées par de la toile métallique. Ces caisses sont déposées dans la mer, par 100 brasses environ de profondeur, et, au bout d’une dizaine de jours, les éclosions se produisent. On laisse les caisses en place pendant six se- maines; puis, ce temps écoulé, on les rapproche du rivage, en les apportant sur les anciennes frayères abandonnées, et l’on donne la liberté aux alevins. — M.le Président de la Société linnéenne du nord de la France sollicite pour cette société un envoi d'œufs de Salmonides. — Des remerciements, pour les envois d'œufs de Truite des lacs qui leur ont été faits, sont adressés par MM. Bernhard-Talhandier, Dubard, Mackenzie et des Vallières. — M. Ad. Jacquemart, écrit de Vandeuil (Marne) : « Je possède tou- jours les Saumons de Californie dont vous m'avez gracieusement envoyé des œufs en 1880-81 : ces Saumons font l’admiration de tous ceux qui les voient ; ils pèsent actuellement de trois à quatre livres, et si j'avais voulu les pousser en nourriture artificielle, je suis persuadé qu'ils atteindraient aujourd’hui le double de ce poids. Cependant, si ces ani- aux ont pu se développer assez rapidement dans mes eaux, cela n’a PROCÈS-VERBAUX. 973 pas eu lieu sans pertes, car j'en avais mis 500 à l’origine et aujourd'hu on en compterait à peu près un cent. Cette perte doit être attribuée à plusieurs causes : 1° les plus faibles ont été mangés par les plus gros ; 20 Jes rats d’eau en ont pris leur part, puis la loutre malgré un assez grand éloignement de tout cours d’eau est venue leur rendre deux ou trois visites; puis aussi peut-être certaines loutres à deux pieds, car tout le monde sait dans le voisinage que j'ai de beaux poissons. Enfin nous en avons aussi mangé quelques-uns. » En résumé et malgré ce déficit, qui, je crois, est un peu général, je me trouve satisfait du résultat obtenu, car j'ai encore de beaux spéci- mens à faire voir, et je vous serai très reconnaissant de vouloir bien me comprendre cette année pour 1000 œufs de Truite d'Amérique, qui seront élevées bien entendu dans une autre pièce d’eau que les Sau- mons de Californie. » — M. Després, directeur de l’établissement de pisciculture de Nan- teuil-en-Vallée (Charente), adresse des renseignements sur la situation de cet établissement et sollicite l'envoi d'œufs de Salmo fontinalis et de S. carpio. — M. Dubard écrit de Vélard-sur-Ouche : « Ainsi que je vous Île disais par ma lettre du 9 février dernier, les œufs de Truite des lacs que la Société m'avait adressés me sont parvenus en très bon état; quinze jours après je constatais que tous mes œufs étaient éclos, sauf vingt-cinq ou trente tout au plus. » Jai conservé ces jeunes poissons jusqu’à la résorption de la vésicule dans les appareils d’incubation, placés dans un courant d’eau vive. D’après le croquis que je vous en donne ci-inelus vous remarquerez que l’eau entre en dessous et ressort par le dessus des baguettes de verre sur lesquelles sont déposés les œufs : en les agitant constamment, le cou- rant empêche tout dépôt de boue, et les baguettes étant assez espacées permettent aux alevins, aussitôt leur éclosion, de descendre dans le compartiment au-dessous, dont le fond est garni de sable. » Les vésicules étant résorbées, j'ai donc mis ces jeunes Truites en liberté dans un ruisseau de 20 mètres de long sur 1,50 de large, puis, en tête de ce cours d’eau, j'ai installé une petite roue hydraulique marchant sous une chute de 15 centimètres seulement, et donnant par des engre- nages retardateurs un mouvement très lent à un rouleau surmonté d’une trémie dans laquelle je plaçais chaque jour la nourriture de mes Truites. Jusqu’en juin je les alimentais avec du poisson pilé; à cette époque elles avaient atteint sans perte appréciable la longueur d'un Vairon ordinaire. Alors je leur ai donné la faculté de remonter dans ma pièce d’eau. Depuis j’en ai vu très peu; néanmoins J'ai pu constater der- nièrement qu’elles avaient la taille d’un beau Goujon, maïs je crains qui celles de l’année précédente, qui pèsent déjà plus de 400 grammes, m’en aient mangé beaucoup; aussi, pour obvier à cet inconvénient, j'ai dispose 4° SÉRIE, T. I. — Décembre 1884. 63 974 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. en réservoir, en aval de l’usine, un cours d’eau de trois cents mètres de longueur, dans lequel chaque année je ferai descendre les Truites ayant atteint la grosseur voulue pour ne pas passer au travers de mes grilles. Je ne sais pas encore si cette année la Société distribuera des œufs fécondés de Truite des lacs et de Saumon Heuch ; si cette distribution a lieu, je vous serais très obligé de vouloir bien m’y comprendre pour tout ce dont vous pourrez disposer en fait de Salmonides. » — Des réponses au questionnaire sur la maladie des Ecrevisses sont adressées par MM. les Ingénieurs en chef des départements du Doubs et de Loir-et-Cher. — Remerciements. — M. Thévenin, conducteur des ponts et chaussées, à Gray (Haute- Saône), annonce l’envoi d’Ecrevisses atteintes de la maladie. — Remer- ciements. — M. le docteur Brocchi écrit de Sèvres : « J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre, renfermant des corps vermiculaires adressés à la Société par M. Oudin. Au premier abord, d’après leur aspect extérieur, ces corps ne me semblent être autre chose que des tubes testiculaires de l’Ecrevisse. Cependant je désire, avant d’affirmer ce fait, examiner ces débris au microscope. Dès que cet examen aura été fait, je m’empresserai de vous en transmettre le résultat. » — Me V'e Turpin adresse de Sillats, commune de Luchardez (Landes), un rapport sur ses éducations d’Attacus Pernyi, Roylei Pernyi et autres pendant l’année 1884. — M. E. Charrin, directeur de la Maison de famille agricole de Notre- Dame, à La Forêt, commune de Calvinet (Cantal), écrit à M. le secrétaire général : « Vous avez eu la bonté de me faire adresser une boîte de graines de Vers à soie (Attacus Pernyi). Pour me conformer aux règle- ments de la Société, je viens vous rendre compte de l’éducation à la- quelle votre envoi m’a permis de me livrer. » La boîte d’œufs,expédiée par la poste, ne m'est arrivée que le 19 mai 1884. — En ouvrant la boîte, j’ai constaté que les trois quarts des œufs étaient éclos en route et avaient beaucoup souffert. » Pendant le voyage, près de cent chenilles étaient mortes de faim, ou de privation d’air. L’éclosion s’est continuée le 20 et le 21. Cent ou cent cinquante œufs mauvais ne sont pas éclos. L’éclosion ayant duré cinq ou six jours, l'éducation s’est trouvée plus difficile. » La 1r° mue a eu lieu le 26 et a duré trois jours. » La2 — — Tjuin — six — »pLag,. — | — 26 — — trois — » La 4 —- — 9 juillet — trois — » Le 25 juillet, jai obtenu le premier cocon, et, le 9 août, le dernier ; l'éducation m’a donné 233 cocons. Les pluies et les fortes gelées surve- nues du 30 mai au 15 juin ont contribué à prolonger la deuxième mue. Les chenilles semblaient engourdies. PROCÈS-VERBAUX. 975 » Au 13 juillet la mortalité a commencé à faire de grands ravages et s’est prolongée jusqu’à la fin de l’éducation. La perte a été de près de 100 chenilles. J’en ai longtemps cherché la cause. J'ai fini par recon- naître que l’excessive chaleur de la pièce où se faisait l’éducation, cor- rompait l’eau des bouteilles en deux ou trois jours, tandis que dans de précédentes éducations j’étais resté sans inconvénient jusqu'à six jours sans renouveler l’eau. Il peut se faire aussi que les petits champignons qui se trouvaient en abondance sur le revers de beaucoup de feuilles de chêne aient contribué à les rendre malades. » À cause de cette maladie je ne pense pas me servir de ces cocons pour obtenir de la graine pour l’année prochaine. » — Me Simon, de Bruxelles, annonce l’envoi des graines d'Attacus Yama-mai et Pernyi et Sericaria mori qui lui ont été demandées. Elle donne, en même temps, les renseignements ci-après : « Les éducations un peu importantes ont été désastreuses cette année, en ce qui con- cerne le Ver à soie du chêne. J'avais fondé quelque espoir sur la seconde récolte, malheureusement les orages qui avaient détruit les premières n’ont pas épargné les secondes. Chez moi, 20 000 kilogrammes de co- cons réservés pour race univoltine ont subi le même sort... » À côté de ces malheureux résultats d'élevage, il y a à signaler un progrès notable dans l’industrie : c’est la création de notre filature belge de cocons sauvages, qui nous donne de très beaux résultats comme ren- dement, beauté de soie, qualité supérieure et rapidité du filage à la vapeur. L’outillage perfectionné a nécessité de grands capitaux, qui, je l'espère, ve resteront pas improductifs. » Je vous adresse aujourd'hui un échantillon de soie de notre fiature belge; notre rapport annuel sera accompagné des notes concernant la nouvelle industrie et le nouveau progrès accompli. » — M. le Directeur du Jardin d’Acclimatation communique la lettre suivante, qui lui est adressée par M. Jules Poisson, attaché au Muséum d'Histoire naturelle : « Un ami, M. Balansa, qui est revenu récemment du Paraguay, a rapporté une provision de graines d’un arbre fort beau de ce pays, Cœæsalpinia melanocarpa. Cette légumineuse se couvre annuellement de fruits, qui contiennent une forte proportion de tannin, -et son introduction, pense M. Balansa, réussirait sur les bords de Ja Méditerranée et en Algérie. » J’ai fait deux parts des fruits de ce Cæsalpinia, l’une pour le Jardin d’Acclimatation, et l’autre pour la Société d’Acclimatation. » Il serait bon, je crois, de faire faire des semis en pleine terre, d’une partie des graines, et d’essayer le reste au printemps. » (Le Conseil s’est empressé de répartir ces graines conformément aux intentions du donateur.) — M. le général Loysel, commandant la division d’Alger, M. le doc- teur Jeannel et M. Henri de Vilmorin accusent réception et remercient 9706 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. de l’envoi qui leur a été fait de graines de Cæsalpinia melanocarpa. — M. Brierre, de Saini-Hilaire-de-Riez (Vendée), rend compte des résultats de ses cultures de différents végétaux exotiques. — M. Janssen, de Nice, adresse un exemplaire de son ouvrage : Vege- taux d'ornement, dont il demande l’envoi à l’examen de la Commis- sion des récompenses. — M. le vicomte de Poli offre à la Société une petite quantité de graines de Cinchona Ledgeriana et hybride succirubra et officinalis. — Remerciements. — M. Raphaël de Noter, directeur de l’Institut agronomique de Tipaza, près Marengo (Algérie), rend compte de l’insuccès de la tentative faite par cet établissement pour l'introduction de la culture du Telfairia pe- data, Gucurbitacée oléagineuse de la côte orientale de l'Afrique. — M. Gabriel Rogeron fait connaître que, par suite d’une maladie de son jardinier, les Melons verts, dont la graine lui avait été envoyée par la Société, ont longtemps manqué de soins et n’ont végété qu'impar- faitement. Un autre plant, fait chez un fermier de notre confrère, a donné, au contraire, des fruits superbes et de bonne qualité. — M. Charles Hubert écrit de Sainte-Néomaye, par la Crèche (Deux- Sèvres) : « J'ai l'honneur d’adresser à la Société un Melon vert prove- nant de la graine offerte par M. le docteur Jeannel. J'ai eu beaucoup de peine à en obtenir quelques-uns; j'ai eu d’abord à lutter contre les Li- maces ; puis, malgré mes soins, ils poussaient beaucoup sans mürir; ce qui leur est arrivé très tard, alors que mes Cantaloups étaient presque mûrs; cependant ils ont été semés en même temps qu'eux. Puis, les feuilles se sont en partie couvertes de points jaunes et bruns, qui ont été arrêtés par l'extrême chaleur, puis se sont développés de nouveau avant la maturité. Je ne sais à quelle époque il faut les cueillir pour les conserver l'hiver ; je doute que mes Melons puissent attendre jusque-là, ils ont une certaine odeur appétissante qui me fait craindre qu'ils ne doivent être mangés bientôt. » — M. Jules Aveniez écrit de la Chesnay (Loire-Inférieure) : « J'ai l'honneur de vous accuser réception des graines que vous avez bien voulu m'adresser, et je vous remercie de cet envoi. » L'année dernière, j'avais également reçu un paquet de graines de Thé que j'ai semées : mais, ainsi que vous le pensiez, ces graines étant pour la plupart trop vieilles, moisies et avariées, je n'ai eu que quel- ques plants. J'espère être plus heureux cette fois, les graines me pa- raissent meilleures. » J'avais également reçu du Riz de montagne. J'en ai fait deux semis au mois de mai. Le premier que j'avais mis en terre saine, mais que Je n'ai pas arrosé, n’a pas levé. Au bout de quinze jours, j'ai retrouvé les grains desséchés et en partie mangés par les insectes. Je crois qu'il faut arroser au bout de quelques jours, afin de favoriser la germina- \ PROCÈS-VERBAUX. 977 tion et la levée des semences : c’est ce que j'ai fait pour le deuxième semis, le grain à bien levé, a grandi et tallé pendant deux mois, puis est resté stationnaire pendant trois mois, et ce n’est qu'au commence- ment d’octobre que quelques épis sont sortis péniblement. Ils ne fleu- riront pas désormais, bien que la température soit exceptionnellement : chaude. » Je dois dire qu’afin d’expérimenter la résistance de la plante à la sécheresse, je ne lai arrosée que juste assez pour l'empêcher de mourir, et, comme la température de cet été a été, dans la Loire-Inférieure, extraordinairement chaude et sèche, je crois pouvoir conclure que le Riz de montagne sera suffisamment résistant à La sécheresse; reste à sa- voir s'il mürira sous notre climat. La réponse serait négative si l’époque ordinaire de l’épiage était le mois d’octobre, mois très chaud en Indo- Chine, et relativement froid en France. Mais, comme je le dis plus haut, la saison a été exceptionnellement sèche, et j'ai très peu arrosé. L’ex- périence n’est donc pas concluante. Je recommencerai l’année prochaine dans des conditions différentes, en ayant soin d’activer la végétation au moyen d'arrosement et d'engrais azoté. Je vous rendrai compte du résultat. Je recevrai avec plaisir, et j’expérimenterai les graines que vous voudrez bien m'envoyer. Le Thé exige la terre de bruyère comme le Camellia. » — M. Raymond d’Imbleval fait connaître la réussite des graines de Chamærops qui lui ont été adressées, et met à la disposition de la So- ciété quelques sujets provenant de ses semis. — M. Berthoumieu, architecte à Paris, adresse une brochure ayant pour titre : Projet d'exploitation agricole et plantation des Vignes dans les maremmes toscanes apres assainissement rapide de cette contrée par la culture de l’Eucalyptus globulus. -— M. Eug. Vavin adresse une note sur le Citron et sur son emploi contre les affections scorbutiques. — M. Ern. Olivier écrit des Ramillons, près Moulins (Allier) : « Dans le courant de cet été, j'ai reçu sur ma demande un petit sachet conte- nant des graines de Vigne de Chine. J’en ai semé seulement quelques pépins qui, malgré la saison avancée, ont parfaitement germé. » Malheureusement mes petites Vignes, qui avaient déjà trois feuilles, ont été brülées par un coup de soleil pendant une journée très chaude du mois d'août dernier. J’ai conservé la plus grande partie de mes pé- pins que je sèmerai au mois d'avril prochain et je compte obtenir un résultat satisfaisant. » — M. Sanford annonce qu'il vient de faire expédier, de la Nouvelle. Orléans, à la Société, une barrique de Noix de Pacanier. — M. Paul Dunac, de Tarascon (Ariège), adresse des notes, avec des- sins à l’appui, sur la germination des semences de Chamærops et de Carya alba qui lui ont été remises par la Société. 978 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION, — M. Joseph Clarté, de Baccarat (Meurthe-et-Moselle), adresse une note sur le Goumi (Elæagnus edulis), du Japon. Une seconde lettre de M. Clarté est ainsi conçue : « Le 28 octobre dernier, je vous ai adressé un rapport sur l’acclimatation, la reproduc- tion et la culture d’un arbuste nouveau du Japon, le Goumi (Elæagnus edulis) et sur les emplois divers que j'ai faits de ses fruits : tartes, con- fitures, sirops et surtout eau-de-vie. Dans ce rapport, je signale à la Société d’Acclimatation, tout l’intérêt qu’il y à à cultiver cet arbuste, dont la rusticité est à toute épreuve, la fécondité hors ligne et qui fournira dans un avenir prochain, je l’espère, lorsqu'on aura fait des plantations importantes, c’est-à-dire lorsqu'on le cultivera industriellement, des fruits en assez grande quantité pour livrer au commerce une eau-de-vie de première qualité, pouvant rivaliser avec celle de cerises, devenue si rare. Je vous ai déjà, il y a quelques années, envoyé un verre de confi- ture, et au mois de mai dernier, deux flacons d’eau-de-vie pour être dégustée; si vous le désirez, je vous enverrai de nouveau, un verre de confiture et un flacon d'eau-de-vie. Je ne puis vous envoyer de graines, n’en ayant pas conservé lors de la maturité des derniers fruits; mais au printemps prochain, je ferai tout ce qu'il me sera possible de boutures, car c’est encore là le meilleur mode de reproduction, et avec lequel on obtient des fruits généralement à la troisième année; je mettrai en- suite tout ce que j'aurai obtenu à la disposition de la Société d'Acclima- tation. » M. Clarté termine cette lettre en demandant l'envoi de son travail à l’examen de la Commission des récompenses. — M. Torrès-Caïcedo, ministre de la république du Salvador, à Paris, annonce qu’il fera tout ce qui lui sera possible pour procurer à la So- ciété d’Acclimatation les Noix de Cedron qu’elle désirerait avoir. — Re- merciements. — M. Ed. Maistre, de Villeneuvette (Hérault), adresse deux exem- plaires d'une brochure intitulée : De l'influence des forèts et des cul- tures sur le climat et sur le régime des sources. — Remerciements. CHEPTELS. — M. Bernard-Talhandier, d’Ambert (Puy-de-Dôme), adresse un rapport sur la situation de son cheptel de Lapins géants des Flandres. Les trois portées obtenues n’ont été que de 5, 5 et 3 petits. Cette race paraîtrait ainsi moins productive que certaines races du pays. — M. Maurice Girard fait hommage à la Société du troisième fasei- cule, qui vient de paraître, de sa Zoologie, ouvrage publié chez l’éditeur Delagrave. Ce fascicule, consacré aux Oiseaux, aux Reptiles et aux Poïs- sons, traite surtout des animaux de la France et plus spécialement des espèces utiles ou nuisibles. L’ouvrage est destiné principalement aux instituteurs, auxquels il permettra de donner à leurs élèves d’utiles no- tions d'histoire naturelle. — M. Pichot met sous les yeux de l'assemblée une collection d’aqua- PROCÈS-VERBAUX. 979 relles représentant les Oiseaux de sport de la Chine dont il a entretenu la Société dans la séance du 13 juin dernier. M. Pichot donne ensuite dintéressants détails sur le Seupousiang, ou Cerf à queue de cheval des parcs impériaux de Pékin (voy. au Bulletin), animal que l'on peut voir en ce moment au Jardin d’Acclimatation. SÉANCE GÉNÉRALE DU 26 DÉCEMBRE 1884. Présidence de M. HENH1 BouLEY, président, puis de M. MAURICE GIRARD, secrétaire du Conseil. Le procès-verbal de la séance précédente’est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récemment admis par le Conseil, savoir : MM. $ PRÉSENTATEURS. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Menard. Docteur Raymond. E. Cosson. E. Dupin. Nelson-Pautier. ( E. Cosson. Deurscu (Henri), industriel, 14, avenue de Messine, à Paris. MarTy (Maxime), receveur des Domaines, à \ Brantome (Dordogne). | \ MÉGNIN, vétérinaire en premier, au 12° régi- ment d'artillerie, à Vincennes (Seine). PSE Raveret-Wattel. Maurice Girard. Jules Grisard. Raveret-Wattel. O'NeILL (John), villa de la Combe, à Cognac | (Charente). ) — Des remerciements au sujet de leur admission dans la Société sont adressés par MM. Henriques, Mégnin et Sazerac de Forge. — [’École aérostatique de France adresse une note sur l’ascension scientifique du ballon le Bolide, exécutée le 9 novembre dernier, à l'usine à gaz de la Villette, par MM. Thibault, Didion et Botté. — M. Deforge écrit de La Rochelle : « La Société a plusieurs fois in- vité ses membres à faire, puis à lui transmettre des observations sur les époques d'arrivée et de départ des oiseaux de passage. Je ne crois pas que ces observations, toujours difficiles, souvent peu precises, aient donné des résultats sérieux; mais il ÿ a, ce me sembie, un moyen d’en obtenir de certaines, de complètes : c’est de les demander aux gardiens de nos phares; il est de notoriété, ici et sur tout le littoral, qu’à cer- taines époques des oiseaux migrateurs de toutes espèces, Canards, Bé- 980 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. casses, Grives, Alouettes, Vanneaux, Pluviers, etc., etc., se tuent la nuit en se heurtant contre les glaces des grands phares de notre littoral. Les gardiens en ramassent quelquefois des centaines. Ils sont, vous le voyez, mieux que qui que ce soit en mesure de faire les observations désirées, et leurs observations seront d'autant plus utiles, qu’elles seront complé- tées par les indications du registre contenant les constatations officielles qu'ils doivent faire chaque nuit, à neuf heures du soir, minuit et trois heures du matin, sur la température, les vents, la pluie, etc. » Je vous envoie un tableau des observations qu’ils sont tenus de rem- plir, et vous reconnaîtrez qu'il suffirait d’y ajouter une colonne, facile à établir, pour être promptement renseigné sur les époques et les di- verses conditions de ces migrations; je crois, de plus, qu’en donnant cette consigne à tous nos phares, qu’en l’obtenant pour les phares étran- gers, on arriverait à se renseigner sur le nombre et la durée des étapes des oiseaux migrateurs. » Je reste persuadé que M. le directeur du service des phares ne refu- serait pas son intervention. » — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Coignard, Gar- notel, X. Odent, À. de la Brosse, E. Lefebvre, marquis de Brisay, F. Proyart, Martin, Albert Orban, Desroches, Delaquys, Salmon-Coubard, Le Guay, Leblan, Em. Daux, O0. de Boussineau, Persac, comte d’Esterno, A. Rousse, A. Bordé, marquis de Pruns, Brucker, A. Hiver, Gallaud, A. Gardin, Laborde, C. Alligné, Gauttier-Faugères, Zeiller, F. de la Rochemacé, E. Godry, Loussert et Aveniez, ainsi que par le Comice agricole de Brioude. — M. Dupré, président de la Société d’horticulture de l’arrondissement d'Étampes, écrit à M. le Secrétaire général : « … Je crois devoir vous signaler un fait de précocité que je vois pour la première fois. Je ne sais si vous lui reconnaîtrez une importance quelconque pour votre So- ciété. Au mois de mars, il naïissait chez moi des Poulets de la race Co- chinchine, et au mois d’août, soit cinq mois après, ces jeunes élèves commençaient à pondre. Les mères, en dix mois, au nombre de huit, ont donné 960 œufs. Est-ce une quantité normale ? » — M. de Vauquelin écrit : «Le poulailler est chez moi décimé depuis environ un an par une maladie dont je ne connais ni le nom ni le remède. La fille de basse-cour remarque que telle ou telle Poule tousse et semble avoir de la difficulté à respirer; elle la prend, la bête‘a les yeux et le bec remplis d'humeur; on la met à part, elle végète pendant un mois ou deux, devient étique, arrive au point de ne plus pouvoir se tenir sur ses pattes, et finit toujours par crever. On a changé la nourriture : petit blé au lieu de maïs, puis relour au maïs, sarrasin, elc.; on a donné aux malades du pain et du lait; l’eau, mélangée d’eau ferrugineuse, a été renouvelée, le poulailler très exactement curé, les murs passés à l’eau de chaux, arrosés ainsi que les perchoirs, avec de l’eau phéniquée, la PROCÈS-VERBAUX. 981 maladie persiste; il y a toujours trois ou quatre Poules ou Coqs ma- lades, et il en est mort environ une quarantaine pendant l’année. Les Canards et les Pintades, quoique mélangés avec les Poules et nourris de même, paraissent absolument indemnes. Par contre, des Faisans argentés, qui se trouvent dans un bâtiment séparé, sont atteints (humeur dans le bec et les narines, bouillonnement dans l’œsophage) ; toutefois ces der- niers semblent supporter plus facilement cette affection, si tant est qu’elle soit la même. Une Faisane argentée est ainsi depuis quatre ou cinq mois, et un Coq Lady Amherst, qui est avec elle, fait entendre aussi des bouillonnements lorsqu'il fait la roue près de cette femelle; l’un et l’autre ne semblent pas d’ailleurs gravement malades. » Le vétérinaire que j'ai consulté pour les Poules n’y connaît rien; il m'a communiqué un ouvrage spécial (Guide de l'élevage et maladies des Poules, par Mariot Didieux) ; jy ai trouvé que la pépie présentait des caractères à peu près semblables, mais les remèdes conseillés étaient peu pratiques; il s'agissait notamment de faire prendre plusieurs fois par jour des bains de vapeur aux volailles, compresses sur la tête, etc. » Je viens vous demander si vous pourriez me faire indiquer un re- inède plus facile, soit poudre à incorporer à la pâtée, soit huile pour badigeonner l’œsophage, soit nourriture ou régime approprié. L’humi- dité ne doit pas être la cause de la maladie, puisqu'elle a été la même pendant l’été très sec que nous avons eu cette année. » — M. Dautreville écrit à M. l’Agent général : « En réponse à la note que vous avez bien voulu me communiquer, je puis vous affirmer que la chair des volailles nourries exclusivement (ce qu’on ne doit jamais faire) avec les préparations à base de sang de bœuf desséché, n’ont aucun goût spécial appréciable. » J'avais élevé l’année dernière neuf Poulets Houdan, que j'ai nourris exclusivement avec la poudre toni-nutritive, voulant me rendre compte de l’effet de cet excès de nourriture azotée. J'avais en même temps trois volailles de même race, mais de l’année précédente. Le tout est devenu magnifique, puis consommé à la plus grande satisfaction des convives. Je dois vous dire en même temps que les œufs produits n'avaient égale- ment aucun goût. » — MM. Salnon-Coubard, vicomte de Luppé, E. Lefebvre, Menant et le capitaine Mengin, adressent des comptes rendus sür les essais qu'ils ont fait de la poudre toni-nutritive de M. Dautreville. — Le Père Camboué, missionnaire apostolique, écrit de Tamatave (Madagascar) : « Merci tout d’abord pour les documents divers que vous avez eu l’obligeance de m'envoyer. J'avais l'intention d’y répondre en vous envoyant un petit travail sur l’acclimatation d’un Ver à soie de Madagascar, le Borocera Madagascarensis (Boisduval), exploité par les indigènes pour la fabrication de leurs étoffes de soie. Mais aupa- ravant, je tiendrais à savoir si vous n'avez pas déjà publié quelque . 982 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. chose sur ce sujet, en un mot, si vous croyez ce travail opportun. Je vous serai très reconnaissant si vous daigniez me faire parvenir votre sentiment, comme d’ailleurs je me ferai moi-même un vrai plaisir de vous fournir les renseignements sur la grande île africaine qui pour- raient vous intéresser, toujours, bien entendu, dans la limite de mes pauvres moyens. » Dans une autre lettre, le Père Camboué adresse les renseignements suivants : « La prolongation des hostilités entre la France et la cour d’Imerina ne me permet pas de vous être de bien grande utilité pour mes envois. Confiné à Tamatave sur une étroite langue de terre, entre la mer et les lignes de défense, je n’ai qu'un champ excessivement restreint ouvert à mes explorations et recherches sur l’histoire natu- relle. Ce n'est donc pas sur la pointe sablonneuse de Tamatave que j'aurai chance de rencontrer le Chæropotamus Edwardsü, l'hôte si sauvage de nos forêts de l’intérieur, que j'aurais bien désiré vous pro- curer. Les seules parties que l’on puisse étudier pratiquement ici, et encore d’une façon très imparfaite, sont la botanique et l’entomolo- gie. Je trouve dans le numéro d’avril du Bulletin, qui vient de me par- venir, une communication de l’honorable vice-président de la quatrième section, me signalant quelques espèces d'insectes indigènes à envoyer. J'espère avant peu pouvoir satisfaire, du moins en partie, à cette de- mande. » Dans le numéro précédent, mars 1884, j'ai lu un article de M. Kuncke! d'Herculais sur les Chiens des Fuégiens, et j'ai été frappé de la ressem- blance qui existe entre ces digitigrades et ceux de l’intérieur de Mada- gascar. Autant que mes souvenirs et les renseignements que j'ai pris peuvent être fidèles, le portrait soit physique, soit moral, du Chien des Fuégiens pourrait, sous bien des rapports, s’appliquer à notre espèce malgache. Ainsi, entre autres particularités de sa faune originale, Mada- gascar pourrait compter celle de posséder dans sa pureté à peu près primitive le type du Chien compagnon de nos premiers pères. Mais, pour le moment, je me contente de signaler cette ressemblance sous toutes réserves, me trouvant dans l'impossibilité d’avoir les sujets à ma dis- position pour les déterminer exactement. En effet, tant que dureront les hostilités sur la côte, je ne puis pas compter revenir dans l’intérieur de l'ile. Fasse le ciel que les événements qui se passent à Madagascar se terminent bientôt, pour le plus grand bien et avantage de la France, notre chère et belle patrie, et de la vraie civilisation des peuples! » Enfin, à la date du 30 septembre, le Père Camboué adresse la lettre suivante : «Je lis dans les Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences de Paris (19 mai 1884) qu'il a été déposé sur le Bureau et exa- miné des échantillons de pierre ponce ou pumites, provenant de l’érup- tion du Krakatoa, selon toute probabilité. Ces pumites avaient été, en effet, rencontrées et signalées en route par des capitaines de navire. Les PROCÈS-VERBAUX. 983 échantillons ont été envoyés de l’île de la Réunion, où les pumites étaient arrivées en rade de Saint-Paul le 22 mars 1884, après une traversée de deux cent six jours sur les vagues de l'Océan, avec une vitesse moyenne de Omille,6 par heure. » Or des pumites, de même provenance sans doute, nous sont arrivées ici à Madagascar, en rade de Tamatave, durant Îles premiers jours de septembre. J'ai pensé vous être agréable en vous envoyant quelques échantillons de ces pumites pour la Société; car, outre la curiosité mtrin- sèque qu’elles peuvent présenter, la provenance, le mode et les circon- stances dans lesquelles ces pierres ponces sont arrivées à Madagascar, peuvent fournir des lumières et des déductions intéressantes au point de vue de l’acclimatation naturelle ou migration des races humaines et des espèces animales et végétales à travers l'Océan. » Pour ce qui concerne plus particulièrement la grande île africaine, qui doit nous intéresser maintenant, d'autant plus que la France y reven- dique ses droits par les armes et s’y établira sans doute prochainement, le phénomène de l’arrivée de ces pumites sur nos plages vient corroborer l’opinion qui fait descendre les Hovas d’une immigration malaise, et peut servir à expliquer l’analogie manifeste qui existe entre la faune malgache et celle de l'archipel malais-polynésien, surtout dans le cas où l’on ad- mettrait l’extension plus considérable qu’auraient eu autrefois les groupes d’iles émergeant dans l'océan Indien, entre l’Asie et Madagascar. — P. $. — L'une des pumites, la plus grande de lenvoi, renferme dans une de ses pelites crevasses, que j'ai marquée d’une croix au crayon, un débris végétal que je crois appartenir à un Terminalia ; mais je n’oserais pas affirmer qu’il ne s’y soit pas introduit depuis l’arrivée de la pierre sur notre rade. » — M. Raphaël de Noter adresse une brochure faisant connaitre l’or- ganisalion et le but de l’Institut agronomique de Tipaza, près Marengo (Algérie). — MM. de Bouteyre, Dubard, Renouard, 1e marquis de Scey de Brun et Vacher accusent réception et remercient des envois d'œufs de Truite des lacs qui leur ont été faits. — M. Focet écrit de Bernay (Eure) : « Les œufs de Truite des lacs que vous m'avez adressés me sont parvenus en parfait état... J'avais Phabi- tude de mettre tous les ans quinze ou vingt mille œufs de Truite en in- cubation, ce qui, avec vos gracieux envois, complétait mon laboratoire de pisciculture. Cette année, j'étais dans l'intention d'y renoncer, mes occupations de propriétaire-cultivateur me laissant peu de loisir ; mais, en présence de cet envoi, je me crois obligé de continuer mon œuvre encore cette année. Seulement, comme il ne m’en coûte pas plus de soi- gner vingt mille œufs qu’une petite quantité, je vous serais fort obligé de m'en confier quelques milliers de plus. De mon côté, je vais en acheter une assez grande quantité. Inutile de vous rappeler que j'ai lieu d’être 984 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. satisfait de nos résultats antérieurs, surtout pour la Truite commune; administration m'en félicite journellement. Nos différentes espèces de Saumons seules sont fort rares et n’ont point donné de résultats appré- ciables. Nous n’en pêchons que deux ou trois par an sur quelques milles mis dans nos cours d’eau. Comme nous sommes peu éloignés de la mer, je crains bien qu'ils ne suivent leur instinct en v retournant. Nos Sau- mons de Californie et les $S. fontinalis nous étaient annoncés comme moins migrateurs. J’en doute fort; l’avenir le démontrera. » P. S. — Vous m'avez envoyé cette année quelques graines de Riz de montagne. Je les ai cultivées dans différentes positions, et c’est au bord de la mer, dans des sables améliorés que je faisais arroser jour- nellement, que J'ai obtenu le meilleur résultat. J’ai l’intention de vous en porter une gerbe à mon prochain voyage à Paris, pour vous prouver qu'avec certains soins ce Riz est cultivable en Normandie. Si j'avais pu surveiller moi-même, en août et septembre, mes essais faits en hauteur et en vallée, je suis convaincu que j'aurais eu un bon résultat; malheu- reusement j étais en villégiature à la mer, et mes plantations de l’inté- rieur, qui auraient dû être les meilleures, ont été inférieures, comme maturité surtout, à celles que je surveillais dans des terrains moins propices. » — M. Delgrange adresse une demande d’œufs de Truite. — M. Thévenin, conducteur des ponts et chaussées à Gray, fait con- naître que la crue actuelle de la Saône et de ses affluents ne lui permet pas encore d'envoyer les spécimens d’Écrevisses malades qui lui ont été demandés. — M. Ed. Renard, ancien délégué du commerce en Chine, écrit à M. le Président : « Une indisposition m’empêchant de me rendre à la séance, je viens répondre à une question d’acclimatation qui n’a été soumise au mois de mai dernier par M. l'Agent général, question à laquelle mes occupations à la campagne m'ont empêché de répondre plus tôt. » Il s’aigt d’un document très volumineux, qui est la traduction faite par l’auteur même, M. Émile Hignet, d’une brochure écrite en langue polonaise. » M. Émile Hignet traite dans cette brochure de la production de la soie de deux espèces de Bombyx du Chêne, dont il a été fait une éduca- tion en Pologne, à Sieltze, près Varsovie. Or M. Hignet pense que, quoique depuis de longues années on ait abandonné l'élève des Vers à soie du mûrier, on peut, par des soins assidus, obtenir desdits Bombyx un pro- duit rémunérateur. » Nous savons tous, depuis environ quarante ans, combien de tenta- tives, combien d'efforts ont été faits par notre Société d’Acclimatation, par de nombreux savants en France et à l'étranger, sans que nous ayons jamais vu comme encouragement une seule pièce de ces étoftes qui nous arrivent à si bas prix de l’Extrême-Orient. PROCÈS-VERBAUX. 985 » Quand on étudie attentivement la production des différentes espèces de Bombyx, on voit que ces soies sont de qualités médiocres et le plus souvent grossières; on reconnaît également combien l'influence climaté- rique est différente pour chaque pays, car nulle part on ne cherche à se livrer à d’autres éducations que celles pratiquées de longue date dans sa propre contrée. » Ainsi, nous savons que c’est dans l’Inde anglaise que se récolte la soie de l'Attacus mylitta, au cocon volumineux; cette soie, dite Tussah, est bien connue dans le commerce. Dans une autre partie, au Bengale, c’est l'Attacus arrindia, qui se nourrit des feuilles du Ricin, dont on est surpris de voir les cultures considérables. En Cochinchine, au Tonkin et en Chine, on trouve partout, sous les paillottes, sous les hangars, dans les maisons, les différentes éducations des Bombyx mori, uni et polivoltin. Mais c’est au nord du Céleste Empire, sur les rives du golfe de Petchili, et généralement dans les gorges abritées des montagnes, qu’on peut voir l’importance des cultures du chêne, dont les feuilles ser- vent exclusivement à la nourriture de l’Attacus Pernyi, qui produit la belle soie écrue avec laquelle on tisse ces étoffes à si bas prix du nom de « Sichuen Pongie ». » Au Japon, en outre du B. mori, dont la soie prend chaque année une grande extension pour l’exportation en Europe comme en Amé- rique, on s'occupe de deux autres éducations : c’est d’abord l’Attacus cynthia de l’ailante ; la plupart de ses cocons, enroulés dans les feuilles, demandent au dévidage un temps infini; du reste, la soie grossière, très foncée en couleur, ne sert guère qu'aux vêtements des classes des travailleurs. L’Attacus Yama-mai vient ensuite; il se nourrit des feuilles du chêne; le cocon, de couleur verdâtre, est volumineux, et la soie qu’on en obtient, quoique forte et peu souple, est très appréciée des tisserands japonais, parce qu’elle n’exige pas de teinture et produit un certain effet dans les tissus. Cette soie, d’un prix élevé, ne s’exporte dans aucun pays. » En résumé, ce sont toujours nos deux belles races, le Serica mor aux cocons jaunes et blancs, cocons volumineux que nous possédons et avons constamment améliorés, qui sont les plus recherchés, les plus pro- ductifs. » Je terminerai en disant que l'hiver dernier, honoré par le ministère du Commerce d’une mission en Algérie, j'ai visité en détail nos trois provinces d'Alger, d'Oran et de Constantine, ainsi que tous les ports de mer de la côte, y compris la Tunisie. J'aurais voulu voir des éducations de Vers à soie, et à cet effet j'ai pris tous renseignements; mais Je n'ai rien rencontré, quoique de toutes parts, sur les places publiques, sur beaucoup de grandes routes, on voyage souvent à l'ombre de magnifiques müûriers. Il paraît que la maladie des Vers a fait abandonner presque totalement l’élève de tous les Vers à soie en général ; je dirai même qu'à 986 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ., Blidah et à Boufarik j'ai vu arracher de vigoureux müûriers plantés en ligne dans les cultures, et cela dans le but de laisser la place aux plan- tations d’orangers, de céréales, ete. Heureusement qu’en France il nous arrive de meilleures nouvelles de nos départements du Midi, de l’Ar- dèche, de Vaucluse, etc. ; il paraît qu'avec des soins assidus, une atten- tive sélection des graines, nous avons réussi, de même qu’en Italie, à reconquérir la plus grande partie de notre ancienne prospérité, ce qui par la suite sera un grand bienfait et d’un grand secours pour nos édu- cateurs. » En dernier lieu, je répéterai une fois de plus ce que j’ai déjà avancé dans nos réunions, comme à la section de sériciculture à la Société des agriculteurs de France : c’est que ma conviction sur ce chapitre reste inébranlable ; l’insuccès nous le prouve. Pour réussir, il faudrait en pre- mier lieu changer notre climat trop froid, trop défavorable dans toute l'Europe; en second lieu, ce qui n’est pas moins important, c’est que plus nous allons, plus nous voyons l'impossibilité absolue de pouvoir lutter contre la main-d'œuvre à si bas prix dans l’'Extrême-Orient. » — M. Mathey écrit de Rochechouart: « J'ai l'honneur de vous informer que l’année 1884 n’a pas été favorable aux différentes cultures que j'ai tentées. » Les Melons à chair verte n’ont pas réussi; semés à deux époques différentes, les 28 mars et 8 avril, ils ont poussé une huitaine de jours après ces deux dates; la floraison s’est opérée dans de mauvaises con- ditions, le temps étant froid et humide ; deux petits Melons se sont for- més, mais n’ont pu arriver à malurité. » Le 10 mai, j'ai semé les graines de Riz de montagne qui m'avaient été données. J'ai procédé de trois différentes façons : à la volée très épais, pour repiquer les plants en temps convenable ; à la volée clair, de façon que les plants puissent rester sur place, et en touffes d’une quinzaine de pieds, suffisamment espacés. Le 23 mai, les plants commen- caient à sortir de terre; au mois de septembre, les épis ont commencé à paraître. Le terrain de bonne qualité, bien exposé, avait été conve- nablement préparé; une partie de l’été ayant passé presque sans pluie, j'arrosai mes plants pendant la grande sécheresse. Les pieds transplantés ont repris avec une extrême facilité, de même que ceux qui sont restés sur place; quelques-uns ont produit des épis de petite dimension, ne renfermant pas de graine, le plus grand nombre rien. Je ne tenterai pas de nouveau cette culture, aucun succès ne me paraissant pouvoir être obtenu. » Le 12 juillet, j'ai semé des graines de Chamærops Fortunei; aucune n'a levé. » Les graines de Vigne de Chine, qui n'avaient pas levé l’année der- nière, ont parfaitement voussé cette année. Semées le 8 juillet sous châssis, sous une couche de fumier recouverte de terreau, ces graines, PROCÈS-VERBAUX. 987 que J'avais recouvertes d’une légère couche de sable, ont levé au com- mencement du mois d’août. » Mes Vignes prospéraient et avaient déjà acquis un certain dévelop- pement, lorsque je m’aperçus que des insectes s’attaquaient aux feuilles et y causaient de grands ravages; j'eus l’idée malheureuse de verser du phénol sur la terre, espérant que ce moyen réussirait comme il m'avait déjà réussi; mais, soit que la quantité du liquide répandu ait été trop considérable, soit que le chässis se soit trouvé trop hermétiquement fermé, mes Vignes se sont flétries et n’ont pas tardé à périr. » — M. Durousseau-Dugontier écrit de Montbron : « Des graines de Vigne d'Amérique que vous avez bien voulu me confier, j'ai obtenu environ quinze pieds qui m'ont donné cette année quatre-vingts plants un peu frêles parce qu'ils sont trop jeunes ; j'en tiens quarante à votre disposition. Je continuerai à vous adresser tous les ans la moitié du produit de ces Vignes en vous disant les résultats que j'aurai obtenus. » — M. Duplantier écrit d’Orbé : « J'ai l'honneur de vous informer que sauf sept, les pépins de Vigne Spinovitis Davidi n’ont pas germé; je n'ai donc obtenu que sept pieds, assez vigoureux du reste, sur cent pépins semés. » Les vingt-huit noix Juglans nigra m'ont donné sept sujets, dont cinq venus en 1883 et deux en 1884. » Les cent quarante Caryu olivæformis m'ont donné quatre-vingts pieds ou sujets, dont six sont venus en 1883 et quinze dans l'été de la présente année. » Jai mis en terre les pépins et les noix le 1° mai 1883 dans un carré de jardin à sous-sol calcaire. Si je n’ai pas rendu compte déjà des ré- sultats obtenus, c’est parce que j'ai voulu attendre l’effet de l’année courante sur mes semis. Mes jeunes Noyers sont assez vigoureux, et ont de 0,12 à 0",95 de hauteur. » Je compte en céder une partie à mes confrères du canton de Thouars. » — M. le docteur J.-J. Lafon écrit de Sainte-Soulle : « Les graines de Melon dit d'hiver que j'ai reçues le 13 janvier dernier, ont été semées en partie le 14 avril; quatre pieds ont été mis en place le 12 mai; les premiers fruits réussis ne se sont montrés que dans la deuxième quinzaine de juillet, au nombre de vingt-deux; je les ai cueillis fin septembre, beaucoup se sont gâtés, les autres ont pu être mangés dans le mois d'octobre et le dernier au 15 novembre. On les a trouvés très sucrés et bons, si ce n’est un arrière-goût qui parfois m'est pas agréable. Je me propose en 1885 de semer plus tard et à diffé- rentes époques. Je puis mettre quelques graines à la disposition de la Société, si on le désire. » — Des demandes de Riz de montagne sont adressées de Lima par 988 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. M. C. Weiss, de Bucharest par M. Feitelsohn, et d'Italie par MM. de Stefani, Greco, G. G. Dardano, Alex. Magri, Amadori Angelo, L. Turletti, Enrico Giusta et Fedelli. — Des comptes rendus de leurs cultures de Riz de montagne sont adressés par MM. le baron de Chasteigner (Dordogne), G. Lange (Seine-Inférieure), Nougarède (Aveyron), Salmon Coubard (Maine-et- Loire), les enfants André Leroy (Maine-et-Loire), A. Roussin (Quim- per), Société d’horticulture d” Étampes, Ch. Laporte (Nièvre), Louis Sou- lage (Dordogne) et Giscard (Tarn). Les résultats obtenus sont mal- heureusement tous plus ou moins négatifs. M. nu pense toutefois que cette culture pourrait réussir dans la Nièvre — M. Gennadius, inspecteur de l’agriculture directeur du jardin national dendrologique d'Athènes, écrit à M. le Président : « Les résul- tats de la culture du Riz des montagnes que vous avez bien voulu m'envoyer sont les suivants : Il a été semé pendant le mois d'avril dans un terrain argilo-sablonneux et passablement fertile. La semence a très bien levé, mais vers le mois de juin le développement des plantes s’est arrêté et leurs feuilles ont plus ou moins jauni. Vers le mois de juillet une grande partie des plantes ont péri. Celles qui ont survécu ont porté des épis, qui ont müri vers le commencement du mois de septembre. » Quoique nous ayons eu pendant cette saison des pluies abondantes, chose exceptionnelle pour notre climat, pourtant je continuais à arro- ser le Riz une fois par semaine. Jai cru pour un moment que la cause de l'insuccès devait être attribuée aux abondantes pluies de cette année, mais J'ai dû renoncer à cette idée quand j'ai su, de M. Ch. Nau- din, qu'aux Philippines où cette plante est cultivée, il pleut quatre fois plus qu’à Athènes. » J'ai soigneusement recueilli toutes les graines que j'ai pu trouver pour faire un nouvel essai le printemps prochain dans un terrain plus substantiel. » Avec le Riz des montagnes est venue une graminée qui m'était tout à fait inconnue et qui, d’après M. Ch. Naudin, qui a eu l’obligeance de me la déterminer, est le Panicum frumentaceum. Cette graminée est venue avec une rapidité et avec une vigueur sans égale. Je crois avec M. Ch. Naudin que dans nos pays méridionaux elle pourrait rendre des services comme plante fourragère. C’est ce que je m'en vais essayer dans la prochaine campagne. » — M. le docteur Henriques écrit du jardin botanique de Coïmbre « Ayant reçu quelques graines de Riz des montagnes, que j'avais deman- dées, je viens aujourd’hui vous communiquer les résultats de la culture. Malheureusement on n’avait pas pesé les graines lors de la réception; je crois néanmoins que vous m'aviez envoyé à peu près 150 ou 200 grammes. PROCÈS-VERBAUX. 989 » J'ai adopté la troisième méthode de culture indiquée par le père Gauthier et, à cet effet, j’ai choisi au jardin 16 mètres carrés de bonne terre, passablement fumée. Les graines ont été mises à terre au mois de mai, et au bout de dix jours les plantes poussaient très bien. Un mois après, j'ai fait repiquer la moitié des plantes, qui ont occupé encore 16 mètres carrés de la même terre. En tout les plantes occu- paient 32 mètres carrés. Avant les pluies de septembre, les plantes ont été arrosées tous les jours ; on donnait même deux arrosages (matin et soir) pendant les fortes chaleurs. » Les plantes ont pris un joli développement donnant chacune douze à quinze tiges d’un mêtre avec des panicules de 20 centimètres. On a fait la récolte à la fin d'octobre. Les graines très bien formées pesaient 7 kilogrammes. Pour le hon résultat de cette culture, il faut maintenir le terrain toujours humide; sans cela, les plantes se fanent. » Je donnerai de ces graines à quelques cultivateurs, qui tàcheront d’expérimenter plus pratiquement, el je vous er communiquerai les résultats. » — M. de la Rochemacé écrit à M. lAgent général : « Ma terre est préparée pour l’emblavure de Riz au printemps et, comme ma mé- thode d'aménagement des eaux me permet l'irrigation estivale, si je ne réussis pas, personne par le 47° degré ne réussira. Je rendrai compte de l’essai, en fournissant le plan hydragogique. » Mon fils vous portera des glands de Chêne du 20 mars; deux d’entre eux qui étaient germés sont en pots chez moi, je suis donc certain d’en obtenir, si la variété se reproduit par le semis. Je maintiens que ce Chêne feuille avant tous les autres sans que cette anomalie puisse être attribuée à sa situation, puisqu'il est au nord, entouré d’autres sujets qui ne prennent feuiile qu'en temps normal. L'élevage des Vers à soie du Chêne peut donc trouver dans cette introduction un utile auxiliaire au début de la saison. » — M.AI. Humbert, instituteur à Raddon (Haute-Saône), adresse un rapport sur ses cultures et demande le renvoi de ce travail à la Commis- sion des récompenses. — M. Joseph Clarté, de Baccarat, adresse, pour être soumis à la Commission des récompenses, un échantillon de confitures et d’eau-de- vie de Goumi. — M. Simmonds fait parvenir la traduction d’un mémoire qu'il a récemment publié sur la culture de l'Eucalyptus. — M. Mathey, de Rochechouart (Haute-Vienne), demande que l’atten- tion de la Commission des récompenses soit appelée sur les résultats de ses cultures de pomme de terre Heymonet, variété dont il s’occupe depuis trois ans et qui lui paraît recommandable. CHEPTELS. — Des comptes rendus sur la situation de leurs cheptels sont adressés par MM. Lemut, Daux, Martin. Durousseau-Dugontier, 4 SÉRIE, T, I. — Décembre 1884. 64 990 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Mengin, A. Braun, Du Plessix-Quinquis, comte d'Esterno, Aug. Bouchez, Nelson-Pautier, L. Godart, Duméril, Meignan, comte de Saint-Innocent, B. Clémot, 0. Larrieu, Le Berre, E. Puyo, E. Dessirier, Leblan, baron de Chasteigner, Charlot, et Nelson-Pautier. — M. Matthey écrit de Rochechouart : « Mes Chèvres du Sénégal se portent bien. Depuis l’année dernière les deux Chèvres ont mis bas plusieurs fois. Chacune des chèvres a eu une portée de deux chevreaux ; j'ai remarqué que dans ce cas les jeunes ne s’élevaient pas. Je n’ai conservé aucune des jeunes de la première portée, l’un est mort presque instantanément, l’autre le surlendemain de sa naissance. A la dernière portée, il est né deux petites Chèvres, l’une est morte le len- demain de sa naissance, la seconde vient de mourir à l’âge de deux mois. C’est la première fois qu’il est né des femelles; toutes les por- tées antérieures étaient composées exclusivement de mâles ; je pos- sède deux de ces animaux en ce moment, l’un âgé de neuf mois, l’autre de quatre. » Les Canards Mandarins se portent bien, la mue paraît les avoir fatigués, surtout le mâle, mais actuellement il a repris ses belles couleurs et jouit d’une bonne santé. La femelle n’a pas pondu un seul œuf cette année, je ne sais à quoi attribuer cet insuccès, car ces oiseaux sont installés dans de bonnes conditions. » — M. Rieffel adresse les renseignements ci-après sur son cheptel de Chiens de prairies : « Installés chez moi vers le 15 mai dans un grand parquet entouré de grillages, dans lequel ils ont creusé deux terriers, mes deux élèves jouissent d’une santé parfaite, et me donneront au printemps un résultat. Ils ont deux fois escaladé la clôture de 1",50 de hauteur et auraient pu se sauver dans les bois, si je n’y avais remé- dié. Comme nourriture je leur ai donné des carottes et betteraves, je n'ai jamais remarqué qu’ils touchent à l’herbe. » — M. Vigour écrit de Saint-Servan : « J’ai l'honneur de vous rendre compte du résultat, négatif toutefois, obtenu du couple de Tragopans de Cabot, que la Société a bien voulu me confier en cheptel. Ces oiseaux m'ont été expédiés au mois d'avril, un peu tard pour la repro- duction. Je crois qu’ils arrivaient directement de leur pays natal, car ils étaient maigres, déplumés et farouches. Ils ont vite pris des forces, mais la femelle n’a pas pondu. La mue a commencé de bonne heure et s’est effectuée lentement. En ce moment elle est complètement ter- minée et ces oiseaux sont en parfait état. Ils me donnent beaucoup d’espérances pour l’année prochaine, car ils sont très apprivoisés. Ils paraissent très bien s'arranger de la nourriture ordinaire des Faisans, blé, blé noir et verdure. Ils aiment beaucoup le raisin et chènevis qu’ils viennent manger dans la main, ils ont dans leur volière un gazon très bien pris, où ils trouvent la verdure dont ils ont besoin; ils préfèrent coucher sur les arbres dans la partie de la volière non couverte que de PROCÈS-VERBAUX. 991 se mettre sous l’abri. Maintenant que la gelée commence, je serais bien aise de savoir s’il faudrait les forcer à rentrer. Je ne crois pas qu’ils soient plus sensibles au froid que les Lady Amherst qui couchent dehors par tous les temps et n’en souffrent jamais. » Je prends la liberté, puisque l’occasion se présente, de vous dire deux mots de mon élevage de l’année. J'ai, comme les années précé- dentes, très bien réussi les Lady Amherst; avec un mâle et quatre femelles, j'ai obtenu plus de 120 œufs tous fécondés. J’ai en ce mo- ment 38 à 40 jeunes, d’une beauté et d’une force remarquables ; depuis j'ai donné environ 50 œufs, qui ont tous réussi. » Je n’ai pas eu de résultat avec mon couple de Lophophores. La femelle a pondu 9 œufs que j'ai fait couver, mais ils n’étaient pas fécon- dés. Cependant pendant la ponte le mâle paraissait très ardent. Au mois de février je les mettrai dans un parquet plus grand et je con- serve de l’espoir pour l’année prochaine. Je pense que je n’ai pas besoin de renouveler les pièces que je vous ai envoyées l’année dernière et qu'elles peuvent servir pour le concours ouvert jusqu’en 1885, pour la reproduction de cet oiseau. » Mon couple de Canards Mandarins n’a pas donné également de ré- sultat, la Cane n’a pas pondu. » J’ai voulu aussi essayer la reproduction des Perruches, mais j’ai eu avec ces oiseaux beaucoup de déceptions et j'y ai renoncé : la Perruche meurt trop facilement d’apoplexie. l » Mon couple de Colombes Turvert m'a donné quantité de couvées, mais il élevait mal et laissait presque toujours mourir ses jeunes à Jâge de quinze jours. » — M.le docteur Baré écrit de Nort (are rires : « Comme je vous le faisais pressentir dans ma dernière lettre, les Bernaches de Magellan qui m'ont été confiées en cheptel n’ont donné aucun résul- tat cette année. Ces oiseaux sont en parfait état de santé et se pro- mènent en ce moment dans le pare avec du trèfle jusqu’au ventre ils ne se quittent jamais, mais sont l’un pour l’autre de la plus grande froideur. » Sachant que vous vous intéressez à tout ce qui concerne les oiseaux, je vous dirai que j'ai une femelle Perruche d'Edwards qui est dans ce moment à sa troisième couvée; la première était de cinq, aussi gros maintenant que le père et la mère, la deuxième de trois, enfin j'ignore ce que sera la troisième; je vous cite ce fait comme fécon- dité. » J'ai eu aussi deux couvées de Perruches à croupion rouge; la pre- mière de trois, la seconde de deux seulement. Mes Palliceps ont fait deux pontes, la première de cinq œufs non fécondés, la seconde de cinq œufs également, dont un seul fécondé ; aujourd’hui le petit ne se distingue plus de ses parents. 999 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. » Les Perruches royales ont pondu quatre œufs non fécondés, mais je ne désespère pas, la femelle n'ayant pas encore trois ans, époque où ces perruches sont aptes à la reproduction. » Les Perruches Nanday, quatre œufs non fécondés; ces oiseaux sont encore très Jeunes. » Je vous citerai pour mémoire trois jeunes colombes Turvert; la femelle couve en ce moment. » Enfin permettez-moi de vous citer ce fait : pour une couvée de six jeunes Canards de la Caroline, j'ai élevé ces oiseaux exclusivement avec de la mie de pain et de la lentille d’eau à discrétion, et je n’ai jamais vu de Canards venir avec plus de vigueur que ces oiseaux, qui sont maintenant magnifiques. » — M. Le Pelletier écrit du château de Salvert, près Saumur : « Mon couple de Canards Mandarins, quoique en bonne santé, n’a pas produit. Ces oiseaux sont pourtant dans d’excellentes conditions. » Mes Cerfs-Cochons sont bien acclimatés, en bon état et même fort gras. Le mâle a de beaux bois, mais en fait un mauvais usage; il se jetterait volontiers sur les promeneurs et de plus il abime beaucoup les arbres, en se ruant dessus et les pelant. Depuis dix-huit mois que je possède Le cheptel, j'ai constaté que le mâle, avec ses hois, faisait beaucoup de dégâts dans les jeunes taillis. L'une des femelles à pro- duit au printemps dernier. » Le 27 mai, mon domestique a trouvé le petit venant de naître, sous un hangar; il m’a assuré que c'était une jeune femelle. Je n'ai jamais été moi-même appelé à constater le sexe de ce produit, qui, du reste, se porte bien et grandit à vue d’œil. Ma seconde femelle, qui avait produit l’année dernière, ne s’est pas trouvée pleine ce printemps. » D’après ce que je remarque, ces animaux ne doivent reproduire, dans nos climats, que tous les deux ans; de plus ils sont très frileux, et craignent en même temps la chaleur, surtout les mouches, la pluie et le froid. Je suis content de mon cheptel, qui m'intéresse beaucoup ; il n’y a que le mâle, qui demande à être surveillé, afin d'éviter des ac- cidents. Un pauvre bücheron a eu deux côtes enfoncées au mois de mars dernier, dans une lutte avec cet animal, et je ne tiens pas à ce que pareil fait vienne à se représenter. » — M.le comte de l'Esperonnière rend compte de la perte de la femelle de son cheptel de Cygne à col noirs. — M. de Kervenaoël rend compte également de la perte de la femelle de son cheptel de Céréopses. — M. Bougarel fait connaître que ses deux Bernaches de Magellan ont péri subitement le même jour. La cause de la mort de ces oiseaux est restée inconnue. — M. Vavin présente un échantillon d’une variété de Pomme de terre varticulièrement recommandable sous le rapport de la qualité et du ren- PROCÈS-VERBAUX. 993 dement. Cette variété, aujourd’hui très cultivée dans les environs de Pontoise, a été introduite en France par feu M. le capitaine Vavin, fils de notre zélé collègue. M. Vavin veut bien mettre des tubercules de cette Pomme de terre à la disposition des membres de la Société qui dé- sireraient en essayer la culture. — Remerciements. — M. Maurice Girard dépose sur le bureau les sixième et septième séries de ses bons points instructifs d’entomologie, destinés aux élèves des écoles primaires des campagnes. Ces bons points, publiés par la librairie Hachette, se composent d’un texte qui est orné d’une chromo- lithographie exécutée avec beaucoup d’exactitude par notre collègue M. Clément; ils sont . répandre chez les enfants d’utiles notions sur les insectes. Ces deux séries contiennent les sujets qui suivent : Sixième série : Ver à soie, chenilles. — Cocons et chrysalides. — Glandes à soie et maladies. — Papillon et œuf. — Sésie apiforme. — Procuste coriace. — Punaise des lits. — Pou de la tête. — Rongeur piniperde. — Rongeur du sapin. — Rougeur de l’orme. — Saperde chagrinée. Seplième série : Araignée porte-croix. — Agrion vierge, mâle, femelle et larve. — Silvain azuré, papillon, chenille et chrysalide. — Tordeuse de Bergaun à ses divers états. — Anobie marquetée, adulte et larve. — Asile frelon. — Phalène du groseillier, adulte et chenille. — Ichneumon des gros vers du bois, mâle et femelle. — Charançon des pommiers, adulte et larve. — Tipule des potagers à ses divers états. — Bombyx processionnaire du chêne. — Bombyx disparate, chenille et chrysalide. — M. Moleyre donne lecture de quelques fragments ot mémoire très intéressant sur les Crustacés et les Insectes comestibles (voy. au Bulletin). Sur la proposition de M. Maurice Girard, le travail de M. Moleyre est renvoyé à l’examen de la Commission des récompenses. — M. Grisard donne lecture d’une note de M. Ch. Rivière, répondant aux observations présentées par MM. Cosson et Michon à l’occasion de son travail intitulé : Essai d’une végétation assainissante du Gabon. (Voy. au Bulletin.) — M.le docteur Michon s'excuse de ne pouvoir, en raison de son état de santé, répondre séance tenante à la nouvelle note de M. Rivière, et demande à soumettre dans une autre réunion les nbservations que lui a suggérées la lecture de ce travail. — M. Cosson présente sa réponse à cette même note, réponse dans laquelle il déclare n’avoir rien à changer à ce qu'il a précédemment dit sur la question. Les propriétés assainissantes des Eucalyptus, et de l'Eucalyptus globulus en particulier, lui paraissent suffisamment établies pour qu'il soit inutile de revenir sur ce sujet. 994 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. — M. Decroix demande si les essais de culture de Quinquinas faits à Biskara ont réussi. — M. Cosson répond que ces essais, entrepris par M. Chalendon, ont eu lieu dans des conditions tout à fait exceptionnelles; les plantations élant abritées avec beaucoup plus de soin qu’on ne peut le faire en gé- néral. Il serait donc impossible d’inférer quoi que ce soit du résultat de ces cultures au point de vue des plantations sur une grande échelle. — M. Decroix soumet les observations suivantes : « Dans sa remar- quable allocution de la dernière séance, notre éminent Président à dit que dans une note insérée au Bulletin, j'ai commis une erreur, lorsque j'ai écrit que l’on peut impunément faire usage de la chair d’un animal mort de n'importe quelle maladie. A l’appui de son opi- nion, M. Bouley rappelle que la plupart des microbes des maladies contagieuses pénètrent dans l’économie par la voie gastro-intestinale. » Je suis parfaitement de cet avis, et je crois que M. Bouley sera de mon avis, lorsque je ferai remarquer que je parle de la viande cuite et non de la viande crue. La température qui est assez élevée pour faire cuire Ja viande — soit 100 degrés — tue les microbes de la chair. » En ce qui me concerne, j'ai avalé des morceaux de viande d’ani- maux atteints de morve, de farcin, de peste bovine, de rage ; mais je ne conseille nullement l’usage de ces viandes crues. » J'ajoute, par exemple, qu'en cas de disette, on ne doit pas se laisser torturer par la faim, lorsque l’on a à sa-disposition de la chair d'animaux malades ou morts. » — M. Cosson fait remarquer, à cette occasion qu’en effet certaines maladies, telles que la trichinose, par exemple, sont très fréquentes dans les pays où, comme en Allemagne notamment, on mange beau- coup de viande peu cuite ou même complètement crue. En France, où il a cependant été importé souvent des jambons trichinés, il n’y a presque pas eu d’accidents, parce que l’usage est de mieux faire cuire la viande. Le Secrétaire des séances, C. RAVERET-WATTEL. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Naissances, dons et acquisitions de la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle. (Septembre, octobre, novembre et décembre 1884.) — NAISSANCES DE MAMMIFÈRES. Nous avons peu de naissances à enregistrer pendant ces quatre derniers mois de l’année; à cette époque, d’ailleurs, les éducations sont difficiles surtout à cause du manque absolu d'installations d'hiver pour les jeunes pendant les mauvais temps de la fin de l’automne ; cepen- dant il est né : 4 Ane né d’un Ane blanc d'Egypte et d’une Anesse noire du Poitou. 1 Axis femelle (Cervus axis), de l'Inde. 1 Hybride de Cervulus lacrymans mâle et de Cervulus Reevesi fe- melle. C'est le quatrième jeune que nous avons obtenu cette année, de ces charmants animaux qui sous notre climat, souvent très dur, supportent les froids et les intempéries, sans paraître en souffrir le moins du monde. Ce dernier muntjac, qui est né le 16 décembre, a eu à suppor- ter, dès les premiers jours de sa naissance, 3 à 8 degrés de gelée et même plus, dans une cabane ouverte ; il se pelotennait ans la litière, mais n’a pas eu un seul instant de malaise de cette température si différente de celle de la mère. Ce serait donc un charmant animal, et, certainement, un excellent gibier à introduire dans nos chasses en forêts, où il peuplerait encore bien mieux que dans nos ménageries, où la place est très restreinte et où ces animaux ne trouvent ni les abris, ni la nourriture qu'ils rencontreralent dans les grands bois. Nous avons eu aussi un très grand nombre de naissances de Cochons d'Inde noirs et gris, deux variétés très remarquables qui paraissent maintenant bien fixées, grâce aux soins dont ils ont été l'objet et la sélection qui a été pratiquée depuis plus de quatorze années ; parmi ces animaux une troisième race est sur le point d’être fixée, celle-ci est rousse, déjà nous en avons des reproductions et tout fait espérer qu’elle se maintiendra. DONS. 2 Macaques (Macacus cynomolgqus),de Sumatra, don de M. Beauvais. 1 Chienne de la Terre de Feu, don de M. Pradier. 1 Magot (Macacus Innus) d'Afrique, don de M. Simon. 1 Bouc nain, don de M. Cherou. 996 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Marte des Alpes (Mustela Martes), don de M. Cazin. Chat serval (Felis serval), du Sénégal, don de M. Blaize. Callitriche (Cercopithecus sabœus), du Sénégal, don de M. Mau clair. 3 Ouistitis (Hapale jacchus), du Brésil, don de M. P. Renard. 1 Papion (Cynocephalus papio), d'Afrique, don de M. Thiriet. 4 Gerbilles (Gerbillus longifrons), de Tunisie, don de M. Lataste. 1 Rhesus (Macacus rhesus), de l'Inde, don de Mie Ziemorha. 1 Panthère (Felis pardus), de Cochinchine, don de M. Gaillard, mé- decin de la Marine, administrateur des affaires indigènes à Bien-hoa. 1 Chat-tigre (Felis minuta), de Cochinchine, don du même. De jee dx ACQUISITIONS. Cerf d’Aristote (Cervus Aristolalis), de l'Inde. Hémiones (Equus hemionus), de Perse. Sarigue 4 œils (Didelphis opposum), de l'Amérique du Sud. Biches de Cerf Cochon (Cervus porcinus), de l'Inde. Lagothrix (Lagothrix Castelnaudii), de l'Amérique du Sud. Gervicapras (Antilope Cervicapra), de l’Inde. D & GO = Qo — DONS D'’OISEAUX. 1 Héron blongias (Ardetta minuta), de France, don de M. Dézé. 2 Eperviers (Falco nisus), de France, don de M. Bougler. 2 Busards (Circus œruginosus), de France, don de M. Tardy. 1 Pluvier à collier (Charadrius torquatus), de France, de M. Rol- land. Î Calao rhinocéros (Buceros rhinoceros), de Sumatra, don de M. P. Fauque. 2 Calaos de Sumatra (Anthracoceros convexus), don du même. 1 Colombe de Sumatra (Carpophaga lacernulata), don du même. 3 Crécerelles (Falco tinunculus), de France, don de M. Leclerc. 1 Pâle de genêt (Rallus pratensis), de France, don de M. Du- browski. Bruant (Emberiza Citrinella), de France, don du même. Alouettes (Alauda Arvensis), de France, don du même. 2 Pies (Corvus pica), de France, don de M. Dumout. 1 Pie (£orvus pica), de France, don de M. Demonneret. 2 grands Coqs de Bruyère (Tetrao urogallus), du nord de l'Europe, don de M. Cadier. 1 Faucon (Falco subbuteo), de France, don de M. Gruby. 2 Mouettes rieuses (Larus ridibundus), de France, don de M. Chau- velot. { Buse bondrée (Buteo apivorus), de France, don de M. Tissier. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 997 ACQUISITIONS. 2 Cariamas huppés (Cariama cristata), du Brésil. 1 Cygne coscoroba (Cygnus Anatoides), de l'Amérique du Sud. 5 Lophophores resplendissants (Lophophorus impeyanus), de PHi malaya. 6 Canards à masque blanc (Dendocygna viduata), du Brésil. 1 Cygne à col noir (Cygnus nigricollis), de l'Amérique du Sud. Résumé des naissances, dons et acquisitions pour l’année 1884. Nés à la ménagerie. Donnés. Acquis. Mammifere stream EAU : 5 27 30 Oiseaux a MERE, AA TE 70 43 64 103 70 94 Il est donc entré 90 Mammifères et 177 Oiseaux, ensemble 267. Fermes à Autruches dans la colonie du Cap. Le Morning Post donnait, dans son numéro du 26 janvier dernier, des détails étendus sur l'élevage des Autruches dans la colonie du Cap. D’après l’auteur de l’article, la première condition essentielle pour une ferme à Autruches, c’est de présenter une étendue suffisante pour ces oiseaux, qui aiment à vaguer librement. On admet que 600 acres envi- ron (240 hectares) sont nécessaires pour un troupeau de quatre-vingts têtes, et que cet espace ne suffirait même que pour une cinquantaine d'oiseaux, si le sol était peu favorable et produisait seulement des herbes pauvres en soude et en potasse. Les Autruches fuient l’ombre des arbres et souffrent moins que les Chevaux et les Moutons des brusques variations de température, si communes dans la colonie. Sur un terrain favorable, elles peuvent, quoique nombreuses, se passer à la fois d’abris et de nourriture artificielle ; mais, pour le plus souvent, il est nécessaire de leur donner quelques rations d’os broyés et un peu de graine (Orge, Maïs, etc.). Il est aussi fréquemment d’usage de les grouper par familles, c’est-à-dire de parquer un mâle avec deux ou trois femelles, au moins à. l’époque de la ponte. Loin de négliger leurs œufs, comme on les en a parfois accusés, ces oiseaux sont, au contraire, très assidus sur leur nid, où ils couvent jour et nuit, à tour de rôle, et dont on ne peut s’appro- cher qu'avec les plus grandes précautions, car le mâle devient alors dangereux. On sait aujourd’hui procéder à la récolte des plumes sans faire, pour ainsi dire, souffrir l'oiseau. Les douze précieuses plumes des côtés sont coupées, avec un bon canif, à un pouce de la peau, et l’on 998 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. n’en arrache que quelques-unes à la fois pour éviter une trop vive inflam- mation. Un capital assez élevé est nécessaire pour la création d’une ferme; car, outre le terrain, le troupeau est d’un prix élevé. Un mâle coûte de 80 à 100 livres (de 2000 à 2500 francs), et chaque Autruchon à moitié élevé vaut au moins 15 livres (475 francs). Il faut faire une large part pour les pertes eccasionnées par les maladies, les destructions d'œufs et les vols des indigènes. L'industrie est considérée toutefois comme très lucrative. L’emploi des incubateurs a donné d'excellents résultats, et les Autruchons élevés artificiellement paraissent réussir aussi bien que les autres. Un mâle adulte, en bon état, peut donner environ une livre de plumes de première qualité, dont le prix à Cap-Town varie de 35 à 45 livres (875 à 1195 francs), et comme ce poids représente environ quatre-vingts plumes, que nos dames d'Europe payent de 25 à 50 franes l’une, on voit qu'il y a un joli bénéfice pour lPindustriel qui prépare la plume, la blanchit ou lui fait subir Ja teinture. [1 y a beaucoup de choix dans les plumes, soit de mâle, soit de femelle. Celles de couleur gris foncé ou brune sont toujours les moins chères. Les connaisseurs savent aussi fort bien distinguer la plume provenant d’un oiseau élevé en pare de celle d'une Autruche sauvage. La plume domestique, comme on lap- pelle, est plus raide, et garde moins bien la frisure. Les demandes du commerce pour cette espèce de plume vont néanmoins toujours en aug- mentant et, bien que la production ait plus que quadruplé dans ces der- nières années, l’offre ne répond pas encore aux besoins du marché. En 1869, il n’y avait guère, dit-on, que 80 Autruches domestiques dans toute la colonie du Gap; dix ans après, le recensement en accusait 32247, et, bien qu'il y ait eu depuis un grand ralentissement par suite des événements politiques, l'augmentation est encore aujourd'hui très sensible. Le correspondant du Morning Post termine son article en disant que, si l'élevage de l’Autruche ne fournit pas toujours la possibi- lité de faire une rapide fortune, il peut du moins être considéré comme offrant à l’émigrant une industrie sûre et convenablement rémunéra- trice. R.-W. Influence de la propagation artificielle du Saumon dans le Sacramento (Californie). Il y a douze ou quinze ans, le produit annuel de la pêche du Saumon dans le Sacramento s’élevait, d’après M. Chas. W. Smiley, à 5 000 000 de livres de poisson environ. En 1873, l'établissement de pisciculture de la rivière Me Cloud (affluent du Sacramento) commença à fonctionner, et 500 000 alevins furent jetés FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 999 dans les eaux du fleuve. Quatre ans après (en 1877), c’est-à-dire au bout du temps nécessaire pour que les Saumons, devenus adultes, remontassent en rivière, le rendement de la pêche montait déjà à 6493563 livres de poisson. Ainsi les 500 000 alevins avaient suffi pour augmenter le rendement de plus d’un million de livres (livre anglaise — 0,453), soit environ 500 000 kilogrammes. L'année suivante, même résultat, plus accentué même encore, car l’augmentation était de près d’un million de kilogrammes pour 850 000 autres alevins nés en 1874. En 1875, ce n’est plus 500 000 alevins que produit l'établissement ; c’est 2 000 000 de ces jeunes poissons que l’on verse dans les eaux du fleuve, et les mêmes semailles se continuent ensuite tous les ans; aussi le rendement de la pêche monte-t-il bientôt (pour s’y maintenir sans inter- ruption} à un chiffre variant de 9 500 000 à 10 800 000 livres, soit, en moyenne et en chiffres ronds, 4 800 000 kilogrammes. Avant les travaux d’empoissonnement, le rendement était, comme il est dit ci-dessus, de 5 000 000 de livres, soit 2500000 kilogrammes, d’où une augmentation annuelle de 2 300 000 kilogrammes. A 7 cents Ja livre, c’est-à-dire 70 centimes le kilogramme (c’est le prix de vente sur place), ces 2300 000 kilogrammes de poisson repré- sentent une somme de 1 610 000 francs. Or les 2 millions d’alevins que l’on distribue tous les ans reviennent, en bloc, à 3 600 dollars, soit 18000 francs. C’est donc, pour une dépense annuelle de 18 000 francs, un bénéfice annuel de 1 610 000 francs. Et il y a lieu de remarquer qu’une partie de la dépense devrait être déduite, attendu que l'établissement a servi, en outre, à recueillir, féconder et embryonner des quantités importantes d'œufs de Saumon, qui ont été distribués sur d’autres points, et qu’en outre cet établisse- ment, installé loin de tout centre de civilisation, en plein territoire indien, a coûté beaucoup plus qu’un autre. Du reste, un des commis- saires des pêcheries des États-Unis, M. Redding, estime que, dans un établissement bien conduit, un million d’alevins de Saumon, prêts à être jetés en rivière, peut ne pas revenir à plus de 800 dollars, ce qui équi- vaut à 4 francs le mille. R.-W. Le gérant : JULES GRISARD. ÉTAT DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE du 4° janvier au 31 décembre 1884. DONATEURS. OBJETS DONNÉS. ASSOCIATION ALLEMANDE DE| Œufs embryonnés de Coregonus Ma- PISCICULTURE. ræna et albula et de Salmo carpio. BAIRD (le profess. Spencer). | Œufs de Truite arc-en-ciel. BALANSA, botanistevoyageur.| Fruits de Cæsalpinia melanocarpa du Paraguay. BARRAU DE MURATEL (de). Graines diverses de végétaux. _BoLr (le capitaine). Graines diverses de la Nouvelle-Calé- donie. BoucHaARD DE Bussy (comte! Graines de Chamærops excelsa. de). DAUTREVILLE. Poudre toni-nutritive pour la nourri- ture des Gallinacés. -DupaïL (Msr). Riz sec demontagne delaMandchourie. DyYB0ow8skI. Graines de Canavalia incurva du Ja- pon. Variétés rouge et blanche. FALLOU (Jules). Graines diverses de végétaux. GAUTHIER (le Père). Rizsecde montagne de la Mandchourie. HÉDIARD. Graines de Canavalia; Goyaves, etc. HIGNET. Graines de Ver à soie du chêne. JEANNEL (D°). Graines diverses de végétaux. JOSEPH-LAFOSSE. Graines de Chamærops Fortunei. Mac DonaLp (le colonel M.).| Appareils de pisciculture. MACKENSIE-SHAW (W.). Graines de la Nouvelle-Zélande. MATHEY. Pommes de terre Heymonet. | ÉTAT DES DONS FAITS À LA SOCIÉTÉ. 1001 CR RRQ RRQ DONATEURS. MOLLINGER (Godefroy). Naupin (Ch.), de l’Institut. NORDENSKIOLD. NOoTER (DE), directeur de l’Institut agronomique de Tipaza. Ouxnous (Léon d’). PAILLIEUX (A.). Port (vicomte de). ROMANET DU CAILLAUD. SAMSON (M'°). SIMON (M®° veuve) et fils. TURPIN. WAILLy (A.). LEILLER. OBJETS DONNÉS. Graines diverses de végétaux. Fruits et graines d’Asimina triloba. Maïs à Poulet. Orge et Seigle du lac Emaré. Graines de Telfairia pedata. Graines diverses de végétaux. Graines diverses de végétaux. Graines de Cinchona Ledgeriana. Graines de Vignes chinoises. Œufs de ver à soie du Mürier. Cocons et graines d’Attacus Pernyi. Echantillons de soie. Vers métis Pernyi-Roylei. Graines d’Attacus Pernyi. Œufs ou cocons de Vers à soie. Cocons d’Attacus cecropia. 2 D OUVRAGES OFFERTS A LA BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ. ALix (E.). — Notice sur les principaux animaux domestiques du littoral et du sud de la Tunisie. Paris, 1883, librairie militaire L. Baudoin et Cie, in-12. L'auteur. AMELINE DE LA BRISELAINE. — La Représentation officielle et légale de l’agricul- ture, in-8. Augusson (Louis Magaud d’). — Les oiseaux de la France. Paris, 1883, impr. A. Quantin, in-4°, figures et planches coloriées. L'auteur. BazTer (Ch.). — Traité de la culture fruitière, commerciale et bourgeoise. L'auteur. BarrAs (J.). — Projet de pisciculture industrielle. Paris, 4883, imp. de la Coopération typographique, in-18. L'auteur. BEAUvISAGE (docteur G.-E.-Ch.).— Les galles utiles. Paris, 1883, Octave Doin, éditeur, in-8. BERTHOUMIEU. — Projet d'exploitation agricole et plantation des vignes dans les maremmes toscanes, après assainissement rapide de cette contrée par la culture de l'Eucalyptus globulus, in-18. L'auteur. BLancHArD (docteur Raphaël). — Les Coccidés utiles, avec 26 fig. Paris, 1883, libr. Baillière et fils, in-8. BcaxcHarp. — Note sur le fraisier de Plougastel (extrait du Journal! de la Société nationale d'horticulture, 3° série, t. V, 1883, p. 708-718, in-8. L'auteur. Borsnix (F.). — Les courses ou combats de taureaux. 1883, chez l’auteur, 23, rue Sedaine (Bastille), in-8. L'auteur. BorDier (le D'). — Géographie médicale, in-18, cartes. L'auteur. BoucaerEaux. — Petit guide. Catalogue illustré et renseignements utiles, 2e édition. 4884, imp. Bouzin, Neuilly, in-8. L'auteur. Bounarp (A.). — Allaitement artificiel ou Instituts nationaux pour l'élevage des nouveau-nés. Gannat, 1883, imp. F. Marion, in-8. L'auteur. BouLarT (Raoul). — Les animaux utiles au point de vue de l’industrie, des arts et de la médecine. Paris, 1883, Rothschild, éditeur, figures, in-12. L'éditeur. Broccur. — Recherches sur les organes génitaux mâles des Crustacés déca- podes. In-8, avec planches. L'auteur. — Les Bordigues de Martigues (extrait des Annales de l'Institut national agronomique, 1878-79). In-8, planches. L'auteur. — Les pêcheries des côtes adriatiques (extrait des Aznales de l’Institut natio- nal agronomique, 1880). In-8, figures, carte. L'auteur. — Rapport sur la pêche en Italie (extrait du Bulletin de l'agriculture). In-8. L'auteur. OUVRAGES OFFERTS À LA SOCIÉTÉ. 1005 Broccur. — Rapport au Ministre de l’Agriculture et du Commerce sur l’état actuel de l’ostréiculture. Paris, 1881, imp. du Journal officiel, in-4. L'auteur. BurGER (A.). — Du déboisement des campagnes dans ses rapports avec la dis- parition des oiseaux utiles à l’agriculture (extrait du Bulletin de la Société d'agriculture et Comice de l’arrondissement de Meaux, 1877). In-8. L'auteur. Burke. — Liste des primes du département d’horticulture de l'Exposition uni- verselle de la Nouvelle-Orléans. Louisiane, in-4. Catalogue des fleurs, légumes, animaux et autres produits, et objets exposés à Auiillac en 1883. In-8. Catalogue of the Library of the Zoological Society of London, 1883. In-8. CHaPPELLIER (P.). — Note sur une culture antiphylloxérique. Paris, 1884, imp. de la Société anonyme de publications périodiques, in-8. L'auteur. CHasseLoup-LAUBAT (de). — Œnophile. Remède contre l’oïdium. Périgueux, 1882, imp. Dupont, in-8. M. Reynal. Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée. Service spécial pour combattre le phylloxéra. Rapport sur les travaux effectués par ce service en 1882. Marseille, 1883, typ. et lith. Barlatier Feissat père et fils, in-A. Cont (docteur E. R.). — La province de Buénos-Ayres, édition française. Paris, 1884, imp. Nouvelle, in-8. M. Balcarce. DEJERNON (Romuald). — Les vignes et les vins de l'Algérie. Paris, librairie agricole de la Maison rustique, 1884, 2° volume, in-8. L'éditeur. DumesniL (Alfred) et REGNIER (Paul). — Ventilation par la chaleur solaire (extrait du Journal de l’agriculture, 1884), in-8. Extraits de l’édition revisée de Ja liste des prix du département d’horticulture de l'Exposition universelle de la Nouvelle-Orléans (Louisiane), du 1° dé- cembre 1884 au 31 mai 1885. Broch. in-8. Favier (A.). — Les orties textiles (ramie, ortie de Chine, etc.). Paris, 1881, imp. du journal l’Echo industriel, 22 édition, in-12. L'auteur, FaLLou (Jules). — Note sur l'éducation du Ver à soie du chène du nord de la Chine (Bulletin d'insectologie agricole, avril-mai 1884, in-8). L'auteur. — Note sur diverses variétés de Lépidoptères (extrait des Annales de la So- ciété entomologique de France, séances des 14 décembre 1881 et 28 mars 1883), in-8. L'auteur. — Notes sur divers insectes de l’ordre des Coléoptères (extrait des Annales de la Société entomologique de France, 1v° série, 28 mai 1883), in-8, L'auteur, FAwkes (T. A.). — Le Thermosiphon, avec 32 fig., traduit de l'anglais par MM. Fousny et Morren. Liège, Boverie, 1, 1884. M. Morren. Ferny (Jules). — Réunion générale des délégués des Sociétés savantes. Dis- cours. Paris, 1883, imp. A. Quantin, in-8. GADEAU DE KERVILLE (Henri). — De la structure des plumes et de ses rapports avec leur coloration (extrait du Bulletin de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, 1883), in-8. L'auteur. 1004 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Genis (Amb.). — Orchidées de la Sarthe. Examen des espèces qu'il convient d'admettre dans notre Flore. In-8. M. Raveret-Wattel. Gewrer (Victor). — Société départementale d'agriculture des Bouches-du- Rhône. Concours de viticulture, 1883. Marseille, 1884, in-8. Girarp (Maurice). - Cours complet d'enseignement dans les écoles normales primaires. Histoire naturelle ; zoologie, 2€ et 3° fascicules. Paris, Delagrave. L'auteur. — Note sur un insecte très nuisible aux Poiriers (extrait du Journal de la Société nationale d'horticulture de France, 3° série, t. VI, 1881, p. 97-89), in-8. L'auteur. —— Les métamorphoses des insectes ; 6e édition, 402 vignettes. Paris, Hachette. L'auteur. GoLL (H.). — Du repeuplement de nos lacs et ses dangers. In-18., L'auteur. Havizanp. — Les manufactures nationales et les arts du mobilier. In-8. HEppE (Isidore). -— Géographie chinoise et française. Paris, 1876, imp. Paul Dupont, grand in-8. ME" Perny. HENRIQUES (Jules A.). — Instruccôes practicas para culturas coloniaes. Coimbra, impressa da Uuiversidade, 1884, in-8. L'auteur. HergerT (David). — Fish and Fisheries a selection from the prize essays of tbe international fisheries exhibition. Edinburgh, 1882, in-8, planches et cartes. Herra (Victor). — Documentos oficiales sobre los Empréstitos de Honduras. Paris, 1884, imp. V. Goupy y Jourdan, in-8. L'auteur. Hiçxer (Emile). — O Hodowaniu Jedwabnikow Dzikich, 1883. Warszawa, in-à. L'auteur. Houcx (Franklin B.). — A Famniliar talk about Trees. 1883, in-8. L’auteur. Houzé (J.-P.). — Le Trésor de la famille. Encyclopédie des connaissances utiles dans la vie pratique ; in-12. Paris, Rothschild, L'éditeur. Huer (J.). — Note sur le Macroscelides Revoilit. In-8. planches. L'auteur. _— Note sur les carnassiers du genre Bassaricyon (extrail des Nouvelles ar- chives du Muséum). Paris, G. Masson, éditeur, in-A avec planches. L'auteur. _— Note sur le croisement des diverses espèces du genre Cheval, et description d’un bybride d'Hémione et de Dauw (extrait des Nouvelles archives du Mu- séum). Paris, G. Masson, éditeur, in-4, planche coloriée. L'auteur. _— Recherches sur les Ecureuils africains (extrait des Nouvelles archives du Muséum). In-4, planches coloriées. L'auteur. Hussox (C.). — Etude sur les épices, aromates, condiments, sauces et assai- sonnements, leur histoire, leur utilité, leur danger. Paris, 1883, Dunod, libraire-éditeur, in-8. L'éditeur. Jaxssex (Ed.). — Végétaux d'ornement à feuilles persistantes du littoral médi- terranéen, Nice, hbrairie S. Gauvin-Empereur, 1883, in-18. L'auteur. Jouy (Ch.). — Note sur les importations et les exportations des produits horti- coles, de 4881 à 1883 (extrait du Journal de la Société d’'horticulture de France, 3° série, t. VI, 1884, p. 170-176. In-8. L'auteur. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 1005 Joy (Charles). — Note sur le parc national de Yellowstone, aux Etats-Unis, Paris, 1884, imp. G. Rougier et Cie, in-8, figures. L'auteur. — Note sur la septième Exposition de la Société d’horticulture d’Epernay (extr. du Journ. de la Soc. d'horticult. de France), in-8. L'auteur. — Note sur les Halles centrales (extrait du Journal de la Société nationale dhorticulture de France, 3° série, t. VI, 1884, p.232-239), in-8. — Note sur le Jardin botanique de Liège (extrait du Journal de la Société na- tionale d'horticullture de France, 3° série, t. VI, 1884, p. 89-95), in-8. k L'auteur. — Note sur la 19° session de la Société Pomologique américaine (extrait du Journa? de la Société nationale d'horticulture, septembre 1884), in-8. L'auteur. — Note sur une visite au domaine de Gouville (extrait du Journal de la So- ciété nationale d’'horticulture, 3° série, t. V, p. 774-779), in-8. L'auteur. Jousser (docteur A.).—Traité de l’acclimatement et de l’acclimatation. In-8, planches. Paris, Octave Doin. L'éditeur. Laron (E. de). — Copie d'une lettre adressée à M. le Ministre, secrétaire d'Etat au département de l’Agriculture,-25 avril 1883. Analyse au sujet des vignes indigènes de l'Amérique centrale, In-4. L'auteur. LATASTE (F.). — Catalogue provisoire des Mammifères sauvages non marins du département de la Gironde (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, 38° vol., 1884), in-8. L'auteur. LaTziNA (François). — La République Argentine, Carte et documents sfatisti- ques. Buenos-Ayres, 14883. Imp. Stiller et Laas. M. Balcarce. LavaLLéE. — Les Clématites à grandes fleurs avec planches. Paris, 4884, lib. Baillière et fils, in-A. L'auteur. LAYENS (Georges de). — Életage des abeilles par les procédés modernes, Nou- elle édition. Paris, Goin, éditeur, in-12. L'auteur. LE Breton (Mme J.). —- À travers champs; Botanique pour tous. — Histoire des principales familles végétales, 22 édition, Revue par J, Decaisne avec 746 vignettes, 4884. Paris, J. Rothschild, éditeur, in-8. L'éditeur. LESCUYER (F.). — Mélanges d'ornithologie, imp. du Fort-Carré à Saint-Dizier, Haute-Marne, 1884, in-8. L'auteur. — Utilité de l'oiseau. Etude élémentaire d’ornithologie. Saint-Dizier, 1883, Firmin Marchand, lib.-éditeur, in-8. L'auteur. LicurenstEIN (Jules). — Tableau synoptique et catalogue raisonné des maladies de la vigne. Montpellier, imp. Grollier et fils, 1884, in-4. L'auteur. LLAuRADO (Don Andrés). — Culture du Riz par les arrosages intermittents, in-8. L'auteur, — Auxilios del estado à las empresas de riegos, saneamientos y mejora- mientos agricolas. Madrid, 1882, imprenta de Moreno y Rojas, in-8. L'auteur, Mac-Doxazn., — History of the experiments leading to the development of the automatic fish-hatching jar. In-8. L'auteur, MaisrRe (Jules). — De l'influence des forêts et des cultures sur le climat et sur le régime des sources. 3° édition. Montpellier, imp. centrale du Midi, Ha- melin frères, 1883, in-8. M, Edouard Maistre, #, 4° SÉRIE, T. |. — Décembre 1884. 65 1006 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Marion {A -F.). — Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, Application du sulfure de carbone au traitement des vignes phylloxérées, 5° et 6° années. Rapport sur les travaux des années 1880 et 1881. Paris, 4882, imp. Paul Dupont, in-4. Maruiss (Léon). — Notice sur le concours général agricole de Constantine en avril 1882. Bcl-Abbès, 1883, imp. Jules Breucq, 1 vol. avec photographies. L'auteur. Meunier (Stanislas). —— Traité pratique d'analyse chimique à l’aide des mé- thodes gravimétriques, vignettes, 2 vol. in-12. Paris, Rothschild. L'éditeur. Morren (Edouard). — Liste des Jardins, des Chaires, des Musées, des Revues et des Sociétés de botanique du monde, 10 édition. Liège, à la Boverie, 18384, 4 vol. L'auteur. Monpaïn (l'abbé). — Instruction sur la cullure des Asperges, 4° édition, An- gers, 14881, librairie Briand, in-16. L'auteur. Muezzer (Baron Von). — Eucalyptographia a descriptive atlas of the Euca- lyptus of Australia and the adjoining islands, in-4, planches, Ninth D‘cade. L'auteur. — Systematic census of Australian plants with chronologic Literary and geo- graphic anuotations, first annual supplement. Melbourne, 1884, in-4. L'auteur. NauUDIN (Ch.). — Mémoire sur les Eucalyptus introduits dans la région Médi- terranéenne In-8. L'auteur. Noez (Arthur). — Notes sur la statistique des forêts de l’ouest de la France. Paris, 1884. Bureaux de la Revue des eaux et foréls, in-8. L'auteur. Notice biographique sur Alphonse Lavallée et discours prononcés sur sa tombe (extrait du Journal de la Société nationale et centrale d’horticulture de'France, n° de mai 1884), in-8. OL1vErA (Eduardo). Estudios y Viajes agricolas en Inglaterra. T. III. Bue- nos-Aires, 1883, in-8. M. Balcarce. — Estudios y Viajes agricolas en Escoccia 6 Inglaterra. T. IV. Buenos- Aires, 1883, in-8. M. Balcarce. Ouivier (Ernest). — Faune du Doubs. Besançon, 1883, imp. Dodivers, in-8. L'auteur, PARVILLE (Henri de). — Météorologie pratique. Les phénomènes de l’atmo- sphère. In-8, cartes et gravures. Paris, Rothschild. L'éditeur. Paz (Ezequiel N.). Compte-rendu de l’exposition continentale de la République Argentine, ouverte en 1882 dans Buenos-Aires. In-8, Buenos-Aires, 1883, typ. de La Pumpa. M. Balcarce, PLaxcuon et le D' HuGouxexQ. — Le Microscope. Théorie, applications, in-12, figures. Paris, Rothschild. L'éditeur. RAGANEAU (J.). — République nouvelle. Nos rapports politiques, livre deuxième, Bordeaux, 1883, imprimerie nouvelle, in-8. Rogin (Ch.). et LABOULBÈNE (Al.). — Sur les dégâts causés au maïs et au chan- vre par les chenille du Botys Nubylalis (Hubner) (extrait des Annales de la Seciélé Entomologique de France, séance du 8 janvier 1879), in-8. M. Laboulbène. OUVRAGES OFFERTS À LA SOCIÉTÉ. 1007 RocHEMAGÉ (De la). -— De la destruction des mulots, 1 feuille iu-4.. L'auteur, RoLraT (Victor). — Mémoire sur la première question du programme du Con- grès international séricicole qui doit s'ouvrir à Sienne (Italie), le 15 août 1881, Embryologie. Perpignan, imp. du journal l’Espérance, in-8. L'auteur. — Méthode pratique contre les maladies des vers à soie. Perpignan, 4875 Typographie de Charles Latrode, in-8. L'auteur. Rousse (A.). — Perruches d'Australie et d'Amérique, 2° édition, imprimerie Vendéenne, Fontenay-le-Comte, 1884, in-12. L'auteur. Rousser (Antonin). — Culture et exploitation des arbres. Etudes sur les rela- tions et l’application des lois naturelles de la création, etc. Paris, librairie agricole de la Maison rustique, 1883, in-8. L'éditeur. SAUVAGE (D' H-.E.). — La Grande Pêche. Librairie Furne, Jouvet et Cie, édi- teurs, in-8 avec gravures. L'auteur. SCLAFER (Honoré). — La liberté de chasser. Pétition aux deux Chambres. Paris, E. Dentu, éditeur, in-8. L'auteur. SCHOMBURGK. — Report on the progress and condition of the botanic garden and government plantations during the year 1883. Adelaide, 1884, in-4. L'auteur. SELIGMANN. — Rapport à M. le Ministre des Postes et Télégraphes sur les ori- gines de la gutta-percha et sur la possibilité de l’acclimater dans la Cochin- chine française. Paris, 1883, Dunod, éditeur, in-8. L'auteur. SEMALLÉ (René de). — De l'établissement de colonies pénitentiaires. Paris, 1881, Jules Gervais, éditeur, in-8. L'auteur. Suwmonps (P.-L.). The commercial products of the Sea — or marine contribu- tions to food industry and Art. London, 1878, 1 vol.'in-8, figures. L'auteur. — À Dictionary of useful animals and their products, in-12. L'auteur. TouRNEvVILLE (Albert). — Description d’une nouvelle espèce de Batracien uro- dèle d’Espagne (Pelonectes Boscia LarastE) (extrait du Bulletin de la Société zoologique de France). In-8, planche coloriée. M. Lataste. — Etude sur les Vipères du groupe Ammodytes, Aspis, Cerus (extrait du Bulletin de la Société zoologique de France). Planche. M. Lataste. UNION DES CHASSEURS. — Ile de la Réunion. Statuts. 1883. In-8. Van Gorkom. — A Handbook of cinchona culture. London, 1883. Trubner et Cie, grand in-8. VAviN. — Note sur le citron et sur les avantages que l’on peut obtenir de son emploi (extrait du Journal de la Société nationale d’horticulture de France, 3° semestre, t. VI, p. 95-98), in-8. L'auteur. VEroT. : - Le Potager algérien. Alger, 1884, typ. et lith. Giralt, In-12. L'auteur. VILMORIN-ANDRIEUX. — Supplément aux fleurs de pleine terre. Paris, 1884, chez Vilmorin-Andrieux, 4, quai de la Mégisserie. 4 vol. avec figures. Les auteurs. Waizzy. — Notes on the Rearing of Sitk {producing Bombyces in 41883 (extrait de Journal of the Society of Arts), 1884. L'auteur. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS MENTIONNÉS DANS CE VOLUME: AVENIEZ (J.). Cultures, 976. Bapour. Eucalyptus, 309. Armanp (L.). Animaux de Cayenne, 751. Ban (Spencer F.). Truite arc-en-ciel, 503. Baré (le docteur). Élevages, 991. BarracuiN (Ed.). Repr oduction Crossoptilon, 194. BarrAu DE MurATeL. Insectes utiles et nuisibles, 198. — Eucalyplus, 295. -— Oiseaux, 416, 428, 608. Vipère, 416. Poule, 429. — Laogoustin, 610. Barrer. Pisciculture, 308. Bérencer (Camille). Education de Nan- dous, 916. BerraouLe (Amédée). Pisciculture, 291. — Bibliographie. De l'influence des forêts et des cultures sur le climat et sur le régime des sources, par M. Jules Maistre, 923. Bérin (l abbé). Nourriture pour Galli- nacés, 298. BLancuon. Gbeptels, 415. — Nichoirs artificiels, 974. Bonne (Max von dem). Black bass, 750. Boucaaup DE Bussy (comte de). Cul- tures, 602, BoucHoN-BRANDELY. chez l’Huitre, 963. Boucey. Distome du mouton, 507. Braux. Education de Perdreaux, 510. Broccur. Maladie des Ecrevisses, 506, 507, 508, 974. BUREAU DIVISIONNAIRE DES AFFAIRES INDI- Gènes D'ALGER. Note sur la question du reboisement dans le territoire du commandement de la division d’Al- ger, 76, 157, 392. BunceR (A.). Conservation des Oiseaux, 5141. Cawaoué (le Père). Lettres sur Mada- gasear, 401, 981. Cuamery. Porcs siamois, 014. Cuanrin (E.). Aéfacus Pernyt, 974. de De la sexualité CHEPTELS DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AC- CLIMATATION. Règlement et liste des Animaux ct des Plantes qui pourront être donnés en 1885, 781. Cuorin. Production des Daphnies, 433. CLARTÉ, Elæagnus edulis, 505, 978. Coccuit (Igino). Cultures, 189. Core (Gustave). Elevage de Faisans, 600. Coxre (Tony). Introduction de Che- vaux du Turkestan, 107, 209. ConxéLy (J.-M.). Reproductions obte- nues au parc de Beaujardin en 1884, 995. Cassox. Eucalyptus, 294, 993. — Maladie des Ecrevisses, 295. — Quinquina, 994. Courrois (E.). Elevage d’Oiseaux aqua- t'ques, 318. Courvoisier. Truite, 971. DarestEe (Camille). Etudes expérimen- tales sur l’incubation (2° partie), 4. — Retournement des œufs dans l’in- cubation artificielle, 494. — Oiseaux de passage, 429. — Décès de M. Lavallée, 502. DAUTREVILLE. Nourriture pour les Gal- linacés, 420, 609, 970, 981. Decroix (E.). Sur la destruction des Sauterelles, procédé de M. Durand, 557 — Hippophagie, 418. — Jofluence de l’hippophagie sur la population chevaline, 617. — Viande malade, 994. DErFoRGE. Oiseaux de passage, 979, DELAURIER ainé. Educations d’Oiseaux exoliques faites à Angoulême, 212, 748. DELLOYE-OrBAN. Cerf nain de Chine, 198. Desronr. Sériciculture, 423. Després. Pisciculture, 188, 304, Douuer. Igname, 197, 436. — Zapallito, 436. Dusarp. Pisciculture, 290, 973. Duprrrz (E.), Reproduction en volière du grand Cacatois à huppe jaune, 437. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. Durorr (Aimé). Bibliographie. Les semences suédoises à l'Exposition d'Amsterdam, par £.-J. Wahlstedt, 204. Duprré. Précocité de fonte, 980. DupcanTier. Cultures, 987. Duran. La Chèvre en Algérie, 418. Durousseau-DuGonrTiEr. Cullures, 987. EsPERONNIÈRE (comte de l’). Cheptels, 302. Esrerno(comte d”). Séances des sections: Procès-verbal du 41 mars 1884,764. — Destruction des Buses, 749. Faivre. Phaseolus de Chine, 758. FAIVRE (P.). Apiculture, 515. FaLLou (J.). Courge de Chine, 190. — Sériciculture, 435, 613, 767. — Etudes sur divers Lépidoptèreshétc- rocères, 814. Ferrières (de). L'Union des chasseurs de la Réunion, 305. Frrury (V.). Cheptels, 187. — Cultures, 189. Focer. Pisciculture, 300, 983. GADEAU DE Kervicce (Henri). Repro- duction de la Perruche Soleil (Conu- rus Solstitialis Less) en France, 615. GEnnanius. Cultures, 988. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. Rapport sur les récompenses, CXxXvI. — Situation financière du Jardin d’ac- climatation, cLr. Chevaux de Dongola, 107. Décès de M. Millet, 193. Prix fondé par M. Bérend, 297. Dépôt d'ouvrage, 303. Autruche, 303. Zèbre de Grévy, 310. Vignes du Luxembourg, 31Â. Dépôt de graines, 416, 417. Banquet de la Société, 417. Hippophusie, 418. Transport des œufs, 418. Oiseaux de passage, 429. Poule, 429. Echelles à Saumons, 431. Maladie des Ecrevisses, 008. Grenouille-: œuf, 512. Porc siamois, 919, — Cælogenas Paca, 757. GirarD (Maurice). Sériciculture, 304, 435, 515, 613. — Insectes divers, 613, 7173, 774, 993. GNECCuI (G.). Cultures, 405. 167 110, 1009 Goperroy-Leneur. Convolvulus chry- sorhizus, 105. GrisarD (Jules). Séances du Conseil : Procès-verbal du 18 juillet, 748. — du 19 septembre, 756. Séances des seclions : Procès-verbal du 8 janvier 14884, 431. du 22 janvicr, 434. — DJ NE —— 5 févricr, 608. = 49 —— 613. — A mars, 6144. — 11 — 763. — 29 — 767. == 1 avril, 768. — TOMATE — DV 047710: == 29 — TT — 29 mai 713" on DANS TETE LE Guy ainé. Cultures, 105. HazLcoy (d’). Pisciculture, 600, 971. HÉprarp. Ignarne, 198. — Goyave, 1499. HEnriQues. Cultures, 988. Hiexer. Sériciculture, 291. Hurerr (Ch.). Cultures, 976. Huer. Note sur les naissances, dons et acquisitions du Muséum, 126, 441, 944, 995. IMBLEVAL (d”). Cheptels, 427. JACQUuEMART (Ad.). Pisciculture, 972. JEANNEL (le D’). Melon à chair verte, 190, 197. — Végétaux divers, 197. — Note sur le climat de la Nouvel'e- Calédonie, 851, — Fève Agua dulce, 602. JoFFRION. Cultures, 412. JoLy (E.). Séances des sections : Pro- cès-verkal du 8 janvier 1884, 431. — Séance du 5 février 1884, 608. LaABunTHE. Eucalyplus en Corse, 758. Laron (J.-J.). Cultures, 987. Joseru-Larosse. Chamærops Fortune, 908. JüLIEN. Pisciculture, 416. Kuxckez D'HercuLais. Les Chiens des Fuégiens, 312. LATASTE (F.). Sur l’aïimentalion des Rapaces nocturnes, 894. LAvaL (F.). Cheptels, 187, 499, 513. LAVALLÉE (A.). Chevaux du Turkestan, 108. — Plantes mellifères, 504. 1010 LecointRe. Spénovitis Davidi, 497. LEFEBvVRE. Pisciculture, 306. LE Guay. Chèvrenaine du Sénégal, 401. Le Pe1cerier. Cerf-cochon, 992. Leroux (B.). Ecrevisse, 496. LeprevosT-BOURGEREL. Croisement de Canards, 754, 761. LoisEL (général). Reboisement en Al- gérie, 340. — Riz sec, 414. Leroy (Ern.). Perdrix du Boutan, 511. — Les Volières, hygiène, dimensions, etc., 789. Leroy (Abel). Pisciculture, 306, 410. — Cultures, 307. Maires (Ch.). Essais de culture dans la mousse, 519. — Bibliographie. Notice sur le Con- cours général agricole de Coustan- line, par Léen Mathiss, 858. MaicLoT. Sériciculture, 750. Mairer. Reproduction du Pigeon Ni- cobar, 290. MaLarric (comte de).Sériciculture,301. Marmier (Xavier). La Patrie, xciv. Marrix. Cheptels, 415. ManTray (général du). Chèvre de Suisse, 297. MASLIEURAT - LAGÉMARD. 103. — Ecrevisse, 495. Massox. Riz sec au Gabon, 500. Masson (N.). Poule, 429, 430. — Poudre toni-nutritive, 609. — Cobaye, 763. Maruey. Chèvre naine du Sénégal, 402, 990. — Cultures, 1404, 986. Maruïas (G.). Reproduction du Lopho- phore, 298. — Perdrix de passage, 764. MExawr (Léon). Cheptels, 194, 604. MExaRD (Saint-Yves). Rapport de la Commission de comptabilité, CxLI. — Transport des œufs, 418. — Poule, 429, 430. — Porcula Salviani, 608. MÈxE (Edouard). Des productions végé- tules du Japon (suite), 219, 445,703. Mizcer. Maladie des Ecrevisses, 1494, Micaox. Eucalyptus, 295. — Poule, 429. MOLLINGER (G.). Asiminia triloba, 310. MONTLEZUN (comte de). Note sur les Canards siffleurs du Chili, 679, Pisciculture , SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. MoxTLEzuN (comte de). Notes sur les Palmipèdes lamellirostres, 685. Moquin-Tanpon.Argus de Rheinart,299. NaupiN (Ch.). Le Chêne zéen ou de Mirbeck, 856. — Végétaux divers, 413, 423, 497. Ouvier (Eru.). Vigne de Chine, 977. OusTALET. Oiseaux de passage, 428. PAILLIEUX (D.)et Bois (Ang.).Le Potager d’un curieux, 44, 131, 259, 363, 465,570, 653,728, 824, 896, 944. — Végétaux divers, 644, 760, 768, ANGLE PARRA-BOLIVAR. 775. Pays-MELLIER. Reproduction du Nan- dou, 111. PErny (M1'). Mission en Chine, 604. — Pêche au Cormoran, 607. — Viande de Chien, 607. Pericu. Reproductions d'animaux, 750. Picuor (P.-A.). Acclimatation du Cha- meau aux Etats-Unis et du Cerf sika en Angleterre, 521. — Sur les Oiseaux de sport de Chine, 607, 627. — Ver sauvage du mürier, 407, 515. Poisson (J.). Cæsalpinia melanocarpa, 975. Poxrer. Cheptel, 427. PETITPIERRE-PELLION. Saint-Dominique (Autilles), 306. Prérer D'ALGER. Reboisement, 494. PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU SAL- vapor. Lettre, 599. Pruxs (marquis de). Cheptels, 1494. — Uülisation de l’Ortie, 195, RavereT-WATTEL. Rapport sur les tra- vaux de la Société en 1883, cvi. Séances générales de la Société : Procès-verbal du 21 déc. 14883, 100. L janvier 1884, 186. Café du Vénézuela, la Es 18 — 0004199 — Acr février — 289. — 45 — 205 — 29 — =. ANS — Al mars — 108. — 28 — — 419. — 48. avril. — 493. — 16 Emo no 0e —— 30 — — 510. — 1 Un 900 — 42 décembre — 969. — 26 — —— 070 — Les Poissons migrateurs et Îles TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. échelles à Saumons, 14, 321, 526, 636. Ravener-WaATTEL. La pisciculture en Pologne, 409, —- Maladie des Ecrevisses, 494, 200, 508, 516, 610, 765. — Les Loutres en Allemagne, 196. — Pisciculture, 198, 289, 290, 301, 415, 601, 611, 757, 758, 766, 971, 972. — Quinquina, 293. — Sériciculture, 340. — Rapport sur les Expositions inter- nationales de pèche d’'Edimbourg et de Londres (1882-1883), 869. — Fermes à Autruches au Cap, 997. — Saumon dans le Sacramento, 998. RENARD (Ed.). Sériciculture, 984. RenouARD (Ch.). Pisciculture, 102. Rierrer. Chien de prairies, 990. Rivorron. Pisciculture, 196. ROCHEMACÉ (F. de la). De la préserva- tion hivernale de l’£Zucalyptus par le 47e degré de lat. N., 777. — Cultures, 989. RopiGas. Note sur la reproduction de la Grue couronnée du Cap, 848. ROGERON (Gabriel). Croisement de Ca- nards, 861. — Destruction du Gibier, 410. RouLLAND. Araucaria imbricata, 752, ROwaANET DU CaïLLAUD. Vitis Romaneti, 513. — De la guérison empirique de cer- tains cas de surdité par les paysans des environs de Péking, 920. Rousse (Alfr.). Perruche discolore, 970. RoussEAu. Kola d'Afrique, 759. 1011 Samsox (Me). Ver à soie du mürier. 513. SÉMALLÉ (René de). Pisciculture, 483, 769. Sccarer. Chasse, 493. Simon (Mme Ve). Sériciculture, 411, 975. Sinéry (marquis de). sage, 428, 429. SOoEaNLIN. Ennemis des ruchers, 681. Terrrais. Cheptels, 415. TremeAU (Maurice). Oiseaux sauvages, 420. Troucae (Henri). Cultures de Riz, 424. Vacner. Pisciculture, 196. Vacéry-Mayer. Pisciculture, 758. VAUQUELIN. Diphthérie, 980. Vavin (Eug.). Alkekenge du Pérou, 427. — Fève de marais, 514. — Pomme de terre, 992. Vinaz (Léon). Séances des sections : Procès-verbal du 16 janvier 1884, 432. — du 13 février 1884, 610. — du 49 mars 1884, 769. — Bibliographie. Les produits com- merciaux de la mer, par M. P.-F. Simmonds, 922. — Rapport sur le projet de pisci- culture industrielle de M. Barras, 612. Vicour. Elevages, 990. VicmoriN(H. de). Riz sec, 414. Wacxer. Pisciculture, 307. | Waiccv (Alf). Educations d’Attaciens séricigènes à Norbiton (Angleterre) en 4883, 929. — Sériciculture, 414. Oiseaux de pas- FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. Abeille, 515, 681-684, 770. Acridium migratorium, 557-569. Aclias luna, 940-941, — selene, 938-939. Aigle, 628-629. Alouette, 633. Alose, 28-34. Antheræa Frithi, 814. — mylitta, 936-938. — Pernyi. Voy. Attacus Pernyi. Antilope, 126-127, 925. Attacus Atlas, 934-936. — Cecropia, 291, 816-819. — Cynthia, 939-940. — Pernyi, 301-302, 411, 819-893, 931-934, 974-975. — prometheus, 815-816. — Roylei, 931-934. — yama-mai, 291-292. Argus de Rheinart, 299. Autour, 629-630. Autruche, 303, 997-998, Bernache, 754-755. Black-bass, 750. Bombyx mori. Voy. Ver à soie du mù- rier. Bubale, 126. Buse, 749. Cacatois, 438-440. Caille, 609. Callosamia promethea, 942, Canard, 290, 311, 415, 679-681, 754, 761, 861-868. Carpe, 197, 415, 433, Cerf-cochon, 992. — nain de Chine, 498-499, — Sika, 524-525. Cervule de Reeves, 925. Chameau, 521-523. Cheval, 107-108, 209-211, 418, 617- 626. Chien de prairies, 990. Cobaye, 763. Cælogenas paca, 757. Colombe, 194, 215-216, 991. Colin, 215, 927. Conurus solstilialis, 615-616. Coregonus, 291. Cormoran, 607, 631-635. Crécerelle, 749. Crevette, 610. Crossoptilon, 194. Cygne, 302, 685-702. Daim, 524. Daphnie, 433, 610. Ecrevisse, 191, 200-203, 495-496, 506-508, 516-518, 610-611, 765, 769, 974. Emesodema, 774. Eperonnier, 927. Faisan, 187, 194, 215, 298, 415, 515-514, 600, 604, 991. Faucon, 629. Gazelle de Perse, 925. Gibbon, 442-143. Gorille, 443-444. Grenouille-bœuf, 512, 926. Gros-bec, 632, 633. Grue bleue du Cap, 848-850. Guib, 126-127. Hareng, 972. Hirondelle, 681-682, 683. Huiître, 963-968. Hyperchiria io, 941-942. Ibis, 926-927. Insectes, 198, 311, 613, 682-683. Kangurou, 925. Lamantin, 754. Lamproie, 34-37. Lophophore, 298-299, 991. Loup, 763. Loutre, 196-197. Chèvre, 101-102, 113-125, 297-298, | Maki, 441-442. 990. Chien, 312-318, 607, 982. Mammifères, 126-130, 441-444, 914- 915, 995-906. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. Melipone, 7514. Mésange, 631-632. Muscicapa, 683. Nandou, 111-112, 916-919. Oiseaux, 1-13, 126-130, 191-192, 212-217, 302-303, 318-320, 416, 120-422, 428-430, 441-444, 511- 512, 608-610, 627-635, 789-813, 854-855, 915, 925-928, 971, 979- 980, 995-998. Paca, 757. Penœus caramole, 765. Perdrix, 511, 764. Peritelus griseus, 773. Perruche, 216-218, 927, 970-974, 991-992. — soleil, 615-616. Pie bleue, 631. Pie grièche, 634. Pigeon Nicobar, 290. Platycamia cecropia, 942-944. Poissons, 14-43, 109-110, 321-362, 195, 513, 526-556, 611, 612- 613, 636-652, 757-758, 765-766, 869-895, 922. Porc de Siam, 427, 514, 515. 1013 Porcula Salviani, 608. . Poule, 187, 429-430, 980-981. Rat, 763. Rouge-queue, 683-684. Salmo. Voy. Saumon et Truite. Saumon, 17-28, 102-104, 188, 196, 299-301, 306-309, 526-556, 601- 602, 611, 636-652, 758, 766, 972-973, 984, 998-999. Sauterelle, 557-569. Sericaria, 767-768. Telea polyphemus, 940. Tipulide, 767. Tortue, 751, 926. Tragopan,212-215, 748-749, 990-991. Truite, 198, 289, 290-291, 306-307, 410-411, 503, 600-601, 611, 971- 972, 973-974, 983-984. Vers à soie, 304, 411, 435, 496, 515, 613, 767-768, 814-823, 929-944, 984-986. Ver à soie du mürier, 407, 292-293, 512, 750. Vipère, 416. Zèbre, 310-311. FIN DE L'INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. Accoub de Syrie, 47-49. | Carum, 912-913. Aconitum, 715. Cedra, 394. Adjem, 393. Centranthus, 948-949. Ail, 49-50. Céréales, 416-417. Alfa, 393. Chamærops, 233-237, 508-509, 603. Alkekenge, 427-128, Chène, 856-857, 989. Allium fistulosum, 142-146, Chenopodium, 839-8141, — odorum, 49-50, 614. Chervis, 139-142. Alstræmère Liuto, 51-53. Chih, 398. Amarante o'éracée, 53-54. Ciboule Catawissa, 142-146. Amorpha, 505. Cicuta virosa, 232. Amorphophallus, 484-492. Claytone perfoliée, 146-147. Anémone, 710-712. Clematis, 703-709. Anethum, 227-228. Cinchona, 293-294. Angelica, 228-230. Cœsalpinia, 975, Angourie, 54-57. Concombre du Sikkim, 148-149. Anthyllis, 393. Conophallus, 181-492, Apios, 57-59. Convolvulus, 105. Apium, 228. Coqueret, 738-747. Arachide, 59-60. Corchorus olitorius, 150-151. Aralia cordata, 669-671. Corette potagère, 150-151, Aristida, 393. Cornaret, 451-152. Araucaria, 752-753. Coriandrum, 226-227. Arracacha ou Arracacia, 61-62. Courge de Siam, 152-158. Asiminia triloba, 310. — de Chine, 190. Artemisia, 393. Crambé, 259-270. Asperge tubéreuse, 63-64. Cucumis Abelmoschus, 772. Atriplex, 392. — anguria, 54-57. Balisier, 131-136. — sativus, 148-149. Bambou, 603. Cucurbita melanosperma, 152-158. Baobab, 759. Crocus, 815-847. Baselle, 67-69. Cryptotænia, 225-226. Bardane du Japon, 64-66. Cyclanthère, 270-273. Betoum, 394. Cynara, 392. Bénincasa cérifère, 69-71. Cyperus, 902-905. Boussingaultie, 71-73. Daikon, 273-280. Bidens pilosa, 662-663. Daucus, 226. Brassica, 729-738. Deutzia, 446-447. Bupleurum, 230. Djel, 393. Café, 775. Dioscorea, voy. Igname. Camassie comestible, 73-75, Dolique bulbeux, 771, 954-958. Canna, 131-136. Drinn, 393. Capucine tubéreuse, 136-139. Elæagnus, 505, 978. INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX. Eleocharis, 905-906. Epiaire, 280-282. Eucalyptus, 291-295, 309-310, 758- 759, 775-780. Fagopyrum, 457-158. Fedia cornucopice, 947-948. Fève, 514-515, 602. Ficoide, 286-288. Fenouil doux, 282-286. Forsythia, 224. Fraxinus, 224-225. Glaciale, 286-288. Genévrier, 394. Gombo, 363-367. Goumi, voy. Elæagnus. Goundal, 393. Goyave, 199. Guetaf, 392. Gundelia Tourneforti, 47, 49. Haricot de Baria, 771, 958-960. — radié, 368-373. Harmel, 394. Hibiscus, 363-367, 182-183. Hovenia dulcis, 726-727. Igname, 197-198, 373-391, 436, 4G5- 482, 614. Iris juncea, 952-953. Jujubier, 394. Ketmie, 363-367, 182-183, Kin-tse-ho-ié, 920-921. Ko, 571-581. Kola, 759-760. Koniaku, 484-492, 570. Kudzu, 571-581. Kummara, 105. Korchef, 392. Krobbeiz, 392. Lappa major, 64-66. Laurier-rose, 395. Ligustrum, 222-224. Limoniastrum, 394. Livistona, 238-239. Loxopteryqium Lorentzii, 113. Lygeum, 393. Martynia lutea, 151-152. Malva, 392. Maranta, 081-583. Margose, 584-587. Mauve, 392. Mélocoton, 772. Melon, 190, 197, 588-594, 976, 986, 987. Melothrie, 594. Mesembryanthemum, 286-288. Metenane, 394. 1015 Miôga, 595-598. Momordica, 584-587. Morelle, 653-662, 960. Motsiji, 662-663. Moustache de Barbade, 663-665, Moutarde tubéreuse, 614, 665-666. Noyer, 105. Œnanthe, 226. OEuf de Coq, 666-668. Oignon Catawissa, 142-146. Oléacées, 219-295. Olluco, 668-669. Ombellifères, 225-232. Ortie, 1195. Osmanthus, 219-222. Oudô, 669-671. Oxalis, 671-678. Oxycoccos, 505. Pacanier, 105. Pachyrrhisusangulatus, 771,954-958, Pæonia, 716-717. Palmées, 233-239. Palmiers, 400-407. Panicum frumentaceum, 988. Pagaver, 239-256. Papavéracées, 239-258, 415. Passerina, 394. Peganum, 394, Persicaire, 728-729. Pé-tsai, 729-738. Petite Tomate du Mexique, 742-744. Phaseolus, 368-373,753,774,958-960. Philadelphées, 445-447. Phyladelphus, 445-446. Phuynium allouya, 663-665. Physalis, 738-747, 760, 960-962. Phytolacca, 824-830. Picotiane, 838-839. Pittosporum, 447. Polygala, 447-449. Poire de terre, 830-835. Polygalées, 447-449. Polygonées, 449-463. Polygonum, 449-157, 728-729. Polymnia edulis, 830-835. Pomme de terre, 992-993. Portulacca, 835-838. Pourpier à grandes fleurs, 835-838. Primulacées, 163-464. Psoralea, 838-839. Pueraria, 571-581, Quebracho colorado, 413. Quinoa, 839-841. Quinquina, 293-294, 994 Radis de Chine, 842. 1016 Radis du Japon, 273-280. — serpent, 842-844, Raphanus, 273-280. Renonculacées, 703-717. Retama, 393. Retem, 393. Rhamnées, 717-727. Rhamnus, 719-725. Ranunculus, 712-714. Rhapis, 237-238. Rheum, 458-463. Riz, 414, 423-426, 497-498, 500, 984, 986, 988-989. Rumezx, 158. Safran, 844-847. Salpichroa, 666-668, . Salsola, 393. Sazxifraga, 920-921. Scolyme, 896-902. Sennok, 393. Sequoia sempervirens, 197. Sinapis, 665-666. Sium sisarum, 139-142, 231. Spanovilis Davidi, 412, 497. Solanum, 653-662, 772. Souchet comestible, 104, 902-905. Soya, 106, 190, 997-911. Stachys, 280-282. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Stipa, 393. Talinum, 911-912. Talruda, 912-913. Taro, 768. Telfairia, 976. Téosinté, 189-190. Thalictrum, 709-710. Thé, 976-977. Topinambour blanc, 663-665. Trichosanthes, 945-947. Trollius, 714. Tropæolum, 136-139. Ullucus, 668-669. Valériane d'Alger, 947-948. — à grosses tiges, 948-949, Végétaux, 44-99, 131-186, 204-208, 219-288, 363-407, 445-192, 504- 505, 519-520, 578-598, 653-678, 703-747, 771-773, 824-847, 852, 896-913, 923-924. Vigne, 106, 311, 768, 977, 986-987. Vitis Romaneli, 513. Voandzou, 949-951. Zapallito, 436. Zeita, 394. Zétoutt, 952-953. Zingiber mioga, 595-598. Zizyphus, 394, 717-719. FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX. TABLE DES MATIÈRES DOCUMENTS RELATIFS À LA SOCIÉTÉ. Organisation pour l’année 1884, Gonsetd auntinistrations 2e ed ee AE 1 v Délégués de la Société en France et à l’étranger.......,.......... vil COMMISSONNAEMpUDICOIONE EEE eee eee EE CE vil — deSIChEP ES Eee ee ee Ce Er a DEN vil — deSNANCESE RE re cet CT ECC rene VII _ MÉAICALO A Elsa riene le fete aa eue 2e nier dan (DIS Le Fstenate VIN —- permanente des récompenses....................... VII Biremxdes Selon ere re CCC en LP CU VII Liste générale des Membres de la Société... ......,......,.,...... IX VINGT-SEPTIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION, Procès-verbal de la vingt-septième séance publique annuelle, tenue le 3 mai 1884, dans la salle du théâtre du Vaudeville,,,,,..,.. LXXIII Prix extraordinaires encore à décerner, GÉNETANLES M rase seua ns asc sos eee te DER MNEXE VI Prix de 1000 francs fondé par M. BÉREND. .....,...:...... LXXVII — perpétuel fondé par feu MM GuÉRINEAU, née DELALANDE. LXXVII — fondé par feu AGRON DE GERMIGNY................,.. LXXVIIL Première section. — Mammifères: .,.............,....4:.. LXXVUI-LXXXI Prix perpétuel fondé par feu M€ Ad, DUTRONE, née GALOT... LXXIX Deuxième/section. —— Oiseaux... RER ME OMIEIX XIE L XXE, LOISLEME SECTIONS ANSE ON NN ERA ER en . LXXXV-LXXXVII Batraciens...... san BTE ER.UNS RAC R DS RO EN ONE D.0.9 01 POISSONS: MS AR de NP MAO ET RCA SE EX VOTES os boenaboecoooooonodecosonsopoconod | ob CRUSTACÉS ER certe RAS ECOLES RAS RE Mes: OT ME XX XVIII Quatrième section. — Insectes, ..... 0 00Ido.6 06100 016 200 00 6 M0 7/0 10.0. SÉLICIQULEUEEZ Se 2e Sara crolerde à bio let sic LI Ne NICXVI TE ADICUlEUNES EE SEM EE DOUTE NM CCC TS NE NEC Cinquième section. — Végétaux, . ...... eee... XC-XCII Prix fondé par M. GODEFROY-LEBEUF. .....,..,..,...,,,.. XCI 1018 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Discours prononcés à la séance. XAviErR MaARMIER, de l’Académie française. — La Patrie....... ie SRE XCIV GC. RAVERET- WATTEL. — Rapport sur les travaux de la Société en 14883.. cvi A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. — Rapport sur les récompenses........ CXXVI GÉNÉRALITÉS. Saint-Yves MENARD. — Rapport de la Commission de comptabilité. exut A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. — Situation financière du Jardin d’Accli- MatatlOns eee RO ao nie et De oo 00 000 c CLI Huer. — Note sur les naissances, dons et acquisitions du Muséum d'histoire naturelle. .... Dodo idobseodecdoncooe 126, 441, 914, 995 Soemecnet— Ennemis-des:ruchers= ae... 681 Cheptels de la Société nationale d’Acclimatation. — Règlement et liste des animaux et plantes qui pourront être donnés en 1885....... 781 E. Leroy. — Les volières : hygiène, dimensions, etc...... ...... 789 Df JEANNEL. — Note sur le climat de la Nouvelle-Calédonie......... 891 F. Romaner Du CaiLLAuD. — De la guérison empirique de certains cas de surdité par les paysans des environs de PÉKIN eee Ce-eCLLELE 920 Joseph M. CornéLzy. — Reproductions obtenues au parc de Beaujardin. 925 PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES. DunraAnp. — La Chèvre en Algérie...... DER TO DD sine SÉOAIAER 413 Tony Conte. — Introduction de Chevaux du Turkestan........ 30 209 J. KuncKkEeL D’HERCULAIS. — Les Chiens des Fuégiens...... AE cd co 312 Pierre-Amédée Prcnor. — Acclimatation du Chameau aux États-Unis et du Cerf Sika en Angleterre,........... dodo DOC cobo Ut 0 521 DECROIx. — Influence de l’hippophagie sur la population chevaline... 617 DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX. D' Camille Daresre. — Études expérimentales sur l’incubation, 2° par He. LLC RARE ME MARIE PRET RAT ME AREA HEIN il Pays-MELLIER, — Reproduction du Nandou.................,..,. 411 DELAURIER. — Éducations d'Oiseaux exotiques faites à Angoulême.... 212 E. Courtois. — Élevages d’Oiseaux aquatiques. .... s4 584 RO 318 E. Dupzitz. — Reproduction en volière du grand Cacatoès à huppe 'ÉTOO Do a0e To) 1002200 00000 Re 0 0 437 Ch. Maizces. —- Essais de culture dans la mousse................. 519 Henri GADEAU DE KERVILLE, — De la reproduction de la Perruche soleil (Conurus solstitialis Less.) en France............. es PRE CEE 615 Pierre-Amédée Picuor. — Sur les Oiseaux de sport de la Chinr..... 627 Comte de MontLezun, — Note sur les Canards siffleurs du Chili...... 679 Note sur les Palmipèdes lamellirostres. ....,...... EL SSSR 685 TABLE DES MATIÈRES. RoniGas. — Note sur la reproduction de la Grue couronnée du Cap.. F, Laraste. — Sur l'alimentation des Rapaces nocturnes ...,..:.... ROGERON, — Croisements de Ganards....... O. Camille BERENGER. — Éducation de Nandous.................. RAVERET-WATTEL. — Fermes à Autruches au Cap ................. TROISIÈME SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, ETC. 1019 848 109 RAvERET-WaATTEL. — Les Poissons migrateurs et les Échelles à Sau- HD rG 6 9 0 010 6 DOUDOU AE D MBU 00 0 01 - HD No laelere 14, 321, 526, 636 Eawpisciculture en "Pologne..." Da nets GO Oio rs ui0 . La maladie des Écrevisses en Allemagne............... path ste ee et de Londres (1882-1883) Les causes de la maladie des Écrevisses Rapport sur les Expositions internationales de pêche d’Édimbourg Boucaon-BRANDELY. — De la sexualité de lhuitre................. RAVERET- WATTEL. — Propagation du Saumon dans le Sacramento. QUATRIÈME SECTION. — INSECTES. D£croix. — Sur la destruction des Sautcrelles, procédé de M. Durand. Alfred Waizzy. — Educations d’Attaciens séricigènes faites en Angle- A. Paizureux et D. Bois. — Le Potager d’un curieux. 363, 465, 570, 653, 728, 824, 896, 945 nn om CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX. 4, 131, 259, Bureau divisionnaire des affaires indigènes d'Alger. — Note sur la question du reboisement dans le territoire du commandement de la division d'Alger Edouard MÈNE. — Des productions végétales du Japon... dise eee de ee aie.e el elelele eo ee ele) sens eee es ele ele F. de la Rocngmacé. — De la préservation hivernale de l’Eucalyptus par le 47° degré de latitude nord Ch. NaupiN. — Le Chêne Zéen ou de Mirbeck........, RS oO PE EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ: Séance du 21 décembre 1883... — & janvier 14884..... RO. — détse — À février — ..... 100 | Séancedu28 mars 41884 . — 418 avril RUE ID — 16 mai nd — 30 — UE — 43 juin OO DE — A2décembre— ..... I NE O0 557 929 76,157, 392 219, 445, 703 1020 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ. Séance du 18 juillet 1884.......,.... ANB0HbICO DE ee SAME — (dudOIsentEMDrE rer er EreeLe der ce rer. PROCÈÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. Séance du 8 janvier 4884 .,.... 431 | Séancedu11 mars 1884..... — 16 — = Re 4132 — 25 — 0 — 22 — NC LAC 134 — d'avril = — 29 — — su... 435 — 16 —- 20 HUE — 9 février — ..... 608 — 22 — — ..... — 13 — don 00 610 — 29 — — HN — 19 — US AE 613 — 20 mai EL OC — & mars — ..... 614 — 27 — — cu... RIBLIOGRAPHIE. Aimé Durorr. — Les semences suédoises à l'Exposition d'Amsterdam, pan TJ aWahlistedi eee rte ter Etre srichoectes Ch. Maires. — Nolice sur le Concours général agricole de Constan- tine, par Léon Mathiss...... D SRE Das dDo 00 dede oc ol Léon Vipaz. — Rapport sur le Projet de pisciculture industrielle, par M Barras. EE nee mel irereetlee cle ED ee Side le en So — Les produits commerciaux de la mer, par M, P. L. Simmonds..... Amédée BERTHOULE. — De l'influence des forêts et des cultures sur le climat et sur le régime des eaux, par M. Jules Maistre........... FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. BOURLOTON. — linprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. 748 204 858 612 922 923 EXTRAITS DES STATUTS & RÈGLEMENTS Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir : 4° A l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domesti- quées ; 3° à l'introduction et à la propagation des végétaux utiles ou d'ornement. Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français et les étrangers peuvent en faire partie. Pour faire partie de la Société, on devra être présenté par un membre sociétaire qui signera la proposition de présentation, ou en faire la demande à M, le Secrétaire général. Chaque membre paye : 1° un droit d'entrée de 10 fr.; 2° une cotisation annuelle de 25 fr., ou 250 fr. une fois payés. La cotisation est due et se perçoit à partir du 4% janvier. Suivant convention passée avec le Jardin zoologique d’Acclima- tation et expirant le 31 décembre 1888, chaque membre ayant payé sa cotisation recevra : : Une carte personnelle et six billets d'entrée aux Jardins d’Accli- matation de Paris et de Marseille, dont il pourra disposer à son gré. Les membres qui ne voudraient pas user de leur carte personnelle peuvent la déléguer. Les sociétaires aurontle droit d’abonner au Jardin d’Acclimatation de Paris Les membres de leur famille directe (femme, mère, sœurs et filles non mariées, et fils mineurs), à raison de 12 fr. 50 par per- sonne et par an. Il est accordé aux membres un rabais de 5 pour 100 sur le prix des ventes (exclusivement personnelles) qui leur seront faites au Jardin d’Acclimatation de Paris (animaux et plantes). Le Bulletin bimensuel de la Société est gratuitement délivré à chaque membre. La Société confie des animaux et des plantes en cheptel. Pour obtenir des cheptels, il faut: 1° être membre de la Société; 2 justifier qu'on est en mesure de loger et de soigner convena- blement les animaux et de cultiver les plantes avec discernement; 3 s'engager à rendre compte, deux fois par an au moins, des ré- sultats bons ou mauvais obtenus et des ôbservations recueillies; & s’engager à partager avec la Société les produits obtenus. Indépendamment des cheptels, la Société fait, dans le courant de chaque année, de nombreuses distributions, entièrement gratuites, des graines qu’elle reçoit de ses correspondants dans les diverses parties du globe. La Société décerne, chaque année, des récompenses et encoura- gements aux personnes qui l’aident à atteindre son but. (Le programme des prix, le règlement des cheptels et la liste des animaux et plantes mis en distribution sont adressésgratuitement à toute personne qui en fait la demande par lettre affranchie.) À. RICHON. — Imprimeries Réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. — 14144. (A1 1e TER RE Le ne ua Le à / YK: PES UE AY ÿ M \ U UM UE es À jv A ÉOELOUE AAC se ET NU" à MU { e Salt sie MV NV OUTOTTYIGU IE STE? LA KA A "y 5 ; : MMM, VS AE 4 CR MAS AA DS Li - (O1 Ü VEEUUW eu \W CA TETE ; Fa j EU UE M PEVÉSM ET ENU EM dre MS MES TT ne à MM HUE ; vi Fe VU CPE STE UC HEVYETE vé MY VON (7 A) MU V CV VECE OES SE ELU AU EU A, GENE Aide Êe is Me Neue “ya Des MESA OU V QUES ë OVER SORA LCL | A LRIRER VE Q 10 V TEVÉT TEEN EU ET VUV do Poire UT ST OS VE) VUS SOU LACN UV U ci au ARRETE Lu Ë W 4 : LE S x r Ye RARES | MY LU CRE ke : av SAC UUC UV” EMUEUU © w YU LULU SC ME ÉUCMHEALUE AV EUUNS VUE CA NET D dune AUS UM Ur von VESÉESLEE CEELÈCE AM VY\ DO LS AUDE NVIEEE RP, 7IRT SUITE HTC CE UYY VS M AT Se Aer MAN UN TU Mur R V VUE VE | # HARAS RTE M3 VE YZV VA } À Yes SUVS FOUES dt ro DEC . EE SES ÿ RATE ge Mure "ULE ‘ etes VU PU EN me ty # DNS NW, NY DU