(LAPS pos à +9 " LE te RAT DCR ETS bars c # COLE TEE Pres nr ENT save ararars Suis Ê > D LIBRARY OF 2 | PR ANICAL GR di <== 19 FR We “Gibson: ACTES 10 Ur, É6SE _ BULLETIN MMIONALE D'ACOLIMATATION DE FRANCE 1 70& à AE TIN LEE Era BULLE DE LA | | | ; ® y Société Nationale d'Acclimatation de France » | FONDÉE LE 140 FÉvRIER 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D’UTILITÉ PUBLIQUE Par Décret du 26 février 1855 | ; b ANNEE 1905 uk SVNQUANNELRS IÈME ANNÉE PARIS MU SIEGE DELA SOCISRE 33, RUE DE BUFFON, 99 1903 li 2 er dy “e | D «ae se ER 1e 2 !fpamaR pes we 5 Sax em 0 % Li | > u NF - ñ ds Er da: Free, : ù 2 #! { sat x } cuirs LE te £ FSC + mr L ‘Bt À É CRE: # Z. LITE TER ‘ # ue Te FES, < at. C3 Son Lee a LKR | È k » à l £ [A l (SÉ ” pie os à KE: ve \ DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) ann > 5e ANNÉE JANVIER 1906 \ SOMMAIRE été d'Acclimatation de France. — Conseil d'Administration pour 1906 Liste supplémentaire des Membres : H'ROSSIGNOL. — Expérience sur la vaccination auti-tuberculeuse des bovins selon la métnode Behring AR ,E . COURTET. — La culiure du Thé du Paraguay (Ferba Maté) dans la République rgentine qu DIGUET. — Etude sur les principales Cactées utilisées au Mexique et sucepti- bles d’être introduites dans les régions désertiques des colonies ÉTANG AIS OS RADAR te an cale tente ele la LA 2e de 2 ee te SC Ie el SANS Per HEmieetUmUdes, Barres ire ST EN nl enr cet no et anaiyses Bibliographie Raphael de NOTER. — L'Escargot, son histoire, ses mœurs et son élevage L’hybridation des plantes PA NN AE A PR A AU UE par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. . Un numéro 2 francs; pour les membres de la Société 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL LA SOCIÉTÉ NATIONALE SD ACCLIMATATION DE FRANCE 83, rue de Buffon (ps à rio ds Put), Paris Le Bulletin paraît tous les mois. MOYENS DE COMMUNICATIONS ain : Station de la Gare de Lyon. Ommnibus Ge: Tramways { Chase pie cs etes .. Place Walhubert. orte VEY: ASH rx HSE = Place Walhubert, Place -Jcanne-d'Arc-Square Montholon — Boulevard Sant-Marrel-Notre-Dame-de-Loretté. Rue Linn Square des Baugnolles-Jardincdes Plantes (r. Geodro) ses 4 * ‘Büleaur-Purisiens * Pouton d'Ausierliiz (rive gauche). — nr NATIONALE D'ACTION DE mn. Fondée le 10 Février 1854 ER Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Févrie … 33, RUE DE BUuFFON. — Paris de cine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. Ed. Bureau, Professeur honoraire de Botanique au Musé… Naturelle! 24, quai de Béthune, Paris: ; Baron Jules dé GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PoNTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain. j C. RAVERET-WATTEL, Directeur de la Station aquicole du N3 20, rue des Acacias, Paris. erélaire général: M. Maurice Loyer, Avocat à la Cour d'Appel, 12, rue du Four, MM. A. Boraxor, 16, rue de Siam, Paris (Etranger). H. Hu, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes-Etudes, 254, por. Germain, Paris (Conseil). G. Fron, Docteur ès Sciences, Chef des Travaux botanique agronomique, 29, rue Madame, Paris (Intérieur). rs Ch. DesreuIL, Avocat à la Cour d'Appel, 25, rue de Châteaudun, Pa Trésorier. M. . De PTE 11, rue Jens FEQUE -Champs, Paris. Membres du Cénsail MM. Dr Raphaël BLancaArp, Membre de l’Académie de Médecine, professeur à Médecine, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. Le Comte Raymond de Damas, 26, rue de Berri, Paris. Lecourte, Docteur ès sciences, professeur de botanique au Lycée de Saint- -_ __desEcoles, Paris. Le MYRE DE VixERs, 3, rue Cambacérès, Paris. Dr LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. LA D° P. MARCHAL, Professeur à l'Institut National Arronomiques Directeur | entomologique de Paris, 30, rue des Toulouses, à Fontenay-aux-Roses. Mersey, Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche € culture au Ministère de l'Agriculture, 87, boulevard Saint- Michel, Paris. $ A. Mme PouriNaon, Directeur de la. Revue des Cultures Coloniales, 48, rue de ë d’Antin, Paris. Comte d ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Boïrs, assistant au Muséum d'Histoire Naturelle, 145, rue Faidherbe à St- Mas pe Dr E. TrouEssART, ancien Président de la Société Zoologique de Franc LE Mn Belles-Feuilles, Paris. Wuiriow, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. DATES DES SÉANCES GÉNÉRALES ET DE SECTION. Pour l’année 1906 Janvier Février Mars Avril Mai Séances du Conseil le jeudi à SHROLTes ete lente tiislierte ‘re pRFUon (Manet le hornet n à 5 heures. . . . . . . 2e Section ADP HoIEeL le nue ne TPE ù ; Section (Aquiculture), re Jundi dm ne LU 4* Section (Entomologie), le lundi à 3 heures 1/2. . . . . . . . . . . Section (Botanique), le lundi ONE El PANNE ARR E 6 Section (Colonisation), le lundi - à 5 heures. . . LIBRABT NEW vous BOT À NIÇCAL : SOCIÉTÉ NATIONALE . D'ACCLIMATATION : DE FRANCE 1 ORGANISATION POUR L'ANNÉE 4906 CONSEIL. — DÉLÉGUÉS. — COMMISSIONS. — BUREAUX DES SECTIONS. CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1906 BUREAU Frésident. | M. Edmond PERRIER, membre de l’Académie des Sciences et k de l’Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. Vice-présidents. MM. Ed. BUREAU, Professeur honoraire de Botanique au Muséum d'Histoire Naturelle, Paris. Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Saiul-Ger- main, 238, Paris. C. RAVERET-WATTEL, Directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier, 20, rue des Acacias, Paris. Secrélaire général. M. Maurice LOYER, avocat à la Cour d'Appel, 12, rue du Four, Paris. Secrétaires. MM. A. BOIGEOL, 16, rue de Siam, Paris. Secrétaire pour l'étranger. H. HUA, Directeur-adjoint à l’École des Hautes-Études, 254, boulevard Saint-Germain, Paris, Secrétaire du Con- seil. : G. FRON, Docteur ès Sciences, Chef des Travaux bota- niques de l’Institut agronomique, 29, rue Madame, Paris. Secrétaire pour l'intérieur. Ch. DEBREUIL, Avocat à la Cour d'appel, 25, rue de Chà- teaudun, Paris. Secrétaire des Séances. Bull Soc. nat. Acect Fr. AIO GNT 2 BULLETIN DE LA SOCIETÉ D ACCLIMATATION Trésorier. M. le D' SEBILLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiciste-Bibliothécaire. M. le Marquis de FOUGÈRES, 120, rue Legendre, Paris. Membres du Conseil. MM. D' Raphaël BLANCHARD, Membre de l’Académie de Méde- cine, professeur à la Faculté de Médecine, 226, boule- vard Saint-Germain, Paris. Comte Raymond de DALMAS, 26, rue de Berri, Paris. LECOMTE, Docteur ès sciences, Professeur de botanique au lycée Saint-Louis, 14, rue des Ecoles, Paris. LE MYRE DE VILERS, 3, rue de Cambacérès, Paris. D' LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. D' P. MARCHAL, Professeur à l’Institut National Agrono- mique, Directeur de la Slation entomologique de Paris, 30, rue des Toulouses, Fontenay-aux-Roses. L. MERSEY, Couservateur des Eaux et Forêts, chef du service de la Pêche et de la Pisciculture au Ministère de l’Agriculture, 87, boulevard Saint-Michel, Paris. A. MILHE POUTINGON, Directeur de la Revue des Cul- tures Colontiales, 44, rue de la Chaussée-d’Antin, Paris. Comte d'ORFEUILLE, 6, impasse des Gendarmes, à Vei- sailles. BOIS, assistant au Muséum, 15, rue Faidherbe, à Saint- Mandé (Seine). D' E. TROUESSART, ancien Président de la Société zoologique de France, 20, rue des Belles-Feuilles, Paris, WUIRION, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. Présidents honoraires. MM. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE. LE MYRE DE VILLERS. Secrétaires génèraux honoraires. MM. Amédée BERTHOULE. Baron Jules de GUERNE. Archiviste-Bibiiothécaire honoraire. M. MOREL. Membres honoraires du Conseil. MM. FRANCOIS. PAderrA BOULAYE, Dr Ed. MENE, Er: 2 di M 2 Sr de ds en get D 2 LC ORGANISATION DE LA SOCIETÉ 3 COMMISSION DES CHEPTELS MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL Membres pris dans le Conseil | Membres pris dans la Société MM. DEBREUIL MM. MarLrLres NP MAGNE WUIRION Non COMMISSION PERMANENTE DES RÉCOMPENSES MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL Délégués du Conseil MM. DEBREUIL, DE GUERNE, RAVERET-\WATTEs.. ‘: Délégués des sections Première section, — Mammifères. — MM. MAILLes. Deuxième section. — Ornithologie. — \WUIRION. Troisième section. — Aquiculiure. — :: PELLEGRIN. Quatrième section. — ÆEntomologie. — CLÉMENT. : Cinquième section. — Botanique. — Bors. Sixième section. — Colonisation. — CHEVALIER, BUREAUX DES SECTIONS 4'° Section. — Mammifères | 4° Section — Entomologie MM. DesreuIz, délégué du Conseil. D'TrRourssART, président. WuüIRION, eice-président. ROQUES, secréétaire MM. DE FouGèREs, déléqué du Conseil. CLÉMENT, président, MarCHAL, vice-président. ROYER, sécrétaire. 2° Section — Ornithologie 5° Section — Bctanique MM. Cf° DE DaLmas, déléqué du Conseil. MM. FRoN, déléqué du Conseil. N..., président. Bors, président. MaiLLes, vice-président. N.…., vice-président. CE d’ORFEUILLE, secré- GÉROME, secréluire. taire. 6° Section — Colonisation 8° Section — Aquiculture MM. De Guerre, déléqué du | MM. Hu, déléguë du Conseit. Conseil. CHEVALIER, président. N..., vice-président. Mersey, président. DE KOUGÈRES, secrétaur'e. RAVERET- WATTEL, vtice- président. BRUYÈRE, secrétaire. 4 BULLETIN DE LA SOCIETE D'ACCLIMATATION LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES ARON (Armand), notaire, 28, avenue de l'Opéra, Paris. AGNELLET, notaire, 11, rue de Rome, Paris. ARENBERG (Prince Ernest d’), 10, rue d’Astorg, Paris. BinarD (Emile), 3, rue du Général-Foy, Paris. BoxnaL (Louis de) à Montgaillard (Hautes-Pyrénées). BRUNET, avoué, 95, rue des Petits-Champs, Paris. CALITÉ, 1, rue Royer, Paris. DELOIRE, 37, rue Pasquier, Paris. ERBEAU, 100, boulevard Sébastopol, Paris. FERRAND (Elie), ancien Conseiller d'arrondissement, à Segonzac (Charente). FizLoT (Henri), 134, rue Saint-Honoré, Paris. GADEAU DE KERVILLE, rue Dupont, à Rouen (Seine-Inférieure). JocLivet (Jules), Directeur de Ja Station Agronomique et Agri- cole, Confians-Sainte-Honorine (Seine-et-Oise). LanGLois pu Vivray, boulevard Dubouchage, Palais Dubouchage, à Nice (Alpes-Maritimes). LE CoinTE (René) Directeur de la Société générale de Piscicul- ture française, 8, rue Richepanse, Paris. LECOMTE, 14, rue des Ecoles, Paris. LErèÈvRE (Lucien), 53, rue de Saint-Quentin, à Nogent-sur-Marne (Seine). LEMARIÉ (Mlle Jeanne), La Folie-Lebrun, par Evreux (Eure). LÉVYLIER, Avocat à la Cour d'Appel, 116, avenue des Champs- Élysées, Paris. MAES (J.), château de Chazelles, par la Ferté-Saint-Aubin (Loiret). MÉRANDON (Ludovic), 24, rue de l’Hôtel-de-Ville, à Vincennes (Seine). Morin (Edmond), 28, rue Gambelta,à Thorigny (Seine-et-Marne). MoyarpD (Baron Ferdinand de), 22, avenue de Neuilly, à Neuilly- sur-Seine (Seine). Noter (de), 3, boulevard de l'Ouest, Le Raincy (Seine-et-Oise). PécourT (Albin), Ingénieur des Arts et Manufactures, 1, impasse Voltaire, à Ivry-sur-Seine (Seine). PELLEGRIN (D'), 143, rue de Rennes, Paris. Pérrac (Mme), 8, rue du Général-Foy, Paris. RAPHAEL (Albert), chalet de Bizy, à Vernon (Eure). REvERDY, 80, rue de Coulmiers, à Nantes (Loire-Inférieure). RoGer (Edgar), 27, rue de Tocqueville, Paris. Roques (Désiré), 150, rue de Rennes, Paris. #4 SUPP ÉMENTAIRE, DES MEMBRES | : ne (Edmond), Membre de een française, Hithe do. (Maurice), HE) F4 rue de Villiers, à Neuilly-sur- “Seine eine). NIER (Louis), Directeur de la Chasse illustrée, 15, rue de | ncienne-Comédie, Paris. ) fHAyYS (Ch.), Directeur des Promenades et Jardins publics, à uenos-Ayres (Argentine). KEMPEM, à Saint-Omer (Pas-de-Calais). , 140, faubourg Saint-Honoré, Paris. EXPÉRIENCES DE MELUN SUR LA VACCINATION ANTI-TUBERCULEUSE DES BOVINS SELON LA MÉTHODE BEHRING Par H. ROSSIGNOL (i) Dès le 13 avril 1904, la Société de Médecine Vétérinaire Pratique avait décidé, sur ma proposition fortement appuyée par son président, M. Moret, qu'elle porterait à l’ordre du jour de l’ure de ses prochaines séances l'examen de la question si pleine d'intérêt soulevée par les retentissantes communications de Behring concernant l'immunisation des bovidés contre la tuberculose. Asa séance du 13 juillet 1904, où M. le professeur Vallée avaitété tout spécialement convoqué, ma proposition fut reprise, et la Société décida à l'unanimité qu'il y avait lieu d'entre- prendre des expériences dans le but de vérifier la méthode Behring. Une commission de vingt-septmembres fut nommée séance tenante, une allocation de mille francs fut votée, et MM. Rossi- gnol et Vallée reçurent pleins pouvoirs pouressayer de mener à bien les recherches projetées. Si l'argent est le nerf de la guerre, ilestégalement indispen- sable quand on veut poursuivre des recherches de longue haleine. Il fallait donc s'en procurer. M. le ministre de l'agriculture, les conseils généraux de la Seine, de Seine-et-Marne, de l'Aisne et de l'Oise, la Caisse des echerches scientifiques, d'autres conseils généraux, des (4) C'est également A1. H. Rossignol qui, en 18$1, fut le promoteur des expériences publiques de Pasteur sur la caccination charbonneuse; il organisa ces expériences dans sa ferme de Pouillv-le-Fort, près Melun, avec le concours de MM. Chamberland et Roux. Quand Bouley, qui, l’année suivante, devait être président de la Société d'Acclimatation, apprit l’éclatant succès de Pasteur, il lui écrivik: « Votre triomphe m'a combié de joie... Vous venez d'inscrire une nouvelle grande date dans les annales de la science eëb tout particulière- ment dans celles de la médecine, à laquelle vous avez ouvert une ère nouvelle... Aussi bien tout mon enseignement au Muséum n’est que le récit de vos travaux et la prédiction de ce qu’ils renferment de fécond. » (N. delaR ) nu nc bc EXPÉRIENCES DE MELUN SUR LA VACCINATION fl sociétés vétérinaires et agricoles répondirent à l'appel qui leur fut adressé ; le rapport officiel, qui sera ultérieurement publié, donnera les noms de tous nos généreux donateurs. Un programme définitif fut arrèté, et, vers le 20 novembre, j'avais réuni à Melun, à la caserne Augereau, récemment désaf- fectée et mise gracieusement à ma disposition par M. le Maire de Melun, vingt et un veaux de six à sept mois appartenant aux races Normande, Charolaise, Salers, Flamande, Vendéenne, Comtoise et Bretonne. M. Vallée avait insisté tout particulièrement pour quon s’adressàt à un certain nombre de races, dans le but de vérifier s’il en était parmi elles qui soient plus sensibles que d’autres à la contamination tuberculeuse. Le dimanche 11 décembre 1904, les vingt et un sujets, préa- lablement tuberculinisés le 5 décembre et reconnus indemnes, furent vaccinés par M. Vallée, chacun d'eux reçut dans la veine jugulaire 4 milligrammes de vaccin desséché, dissous dans une émulsion alcaline. Cette opération s'était effectuée rapidement et sans difficultés. Le soir même, quelques vaccinés manifestè- rent un léger trouble, qui se traduisit par des tremblements généraux et de l'hyperthermie, le lendemain, tout était rentré dans l’ordre. Trois mois plus tard, le dimanche 12 mars, nouvelle vacci- nation dans la jugulaire, mais à une dose quatre fois plus forte. Tous les animaux se présentaient à cette date sous le meilleur aspect. Quelques troubles passagers, déjà observés la première fois, apparurent sur deux ou trois animaux, et une légère hyper- thermie fut constatée. Inoculations d'épreuve. Contagion par cohabitation. Dés les premiers jours de juin, je m'étais procuré vingt ani- maux appartenant aux mêmes races que les vaccinés, et ils avaient été tous soumis à l'épreuve de la tuberculine. Le dimanche 12 juin 1905, M. Vallée procéda aux inocula- tions d'épreuve sur les lots suivants : PREMIER LOT. — Un premier lot, composé de sept vaccinés, reçut sous la peau, à la partie antérieure de l'épaule droite, une injection tres virulente d'une émulsion de bacilles bovins (1). | () La virulence de cette émulsion avait été intentionnellement augmen- tée par M. Vallée, qui y avait ajouté une émulsion préparée avec cinq ganglions tuberculeux prélevés à la Villette par le Docteur Moreau. 8 BULLETIN DE LA SOCIÉTE D’'ACCLIMATATION DEUXIÈME LOT. — Un deuxième lot, composé d’un nombre égal de témoins, fut soumis à la même épreuve virulente. Troisième Lor. — Ce lot, composé de six sujets vaccinés, subit dans la veine jugulaire quatre milligrammes et demi de bacilles bovins très virulents, dont deux milligrammes suffi- sent à tuer un veau en six semaines. QUATRIÈME LOT. — Comprenant un méme nombre d'’ani- maux, ce lot fut éprouvé de la même façon que le troisième (injection viruiente intraveineuse). CINQUIÈME LOT. — Enfin, un cinquième lot, renfermant deux vaccinés et deux témoins demémerace etde mêmeâge, futexposé à partir du lendemain, à la contagion par cohabitation. Vaccinés, témoins et animaux malades vécurent côte à coteet burent dans le même seau. Trois bêtes malades furent employées dans cette épreuve; la première, une flamande, mourut de tuberculose après un contact de neuf jours (1). Un mois plus tard, à la séance du 12 juillet de la Société de Médecine Vétérinaire Pratique, je disais à mes collègues : Co Expériences sur la vaccination anti-tuberculeuse. (CM. Rossignol. — Les résultats commencent à se dessiner d’une façon assez nette. «Du côté des animaux éprouvésdans la jugulaire, les vaccinés n'accusent pas d'hyperthermie, tandis que chez la plupart des témoins l'infection tuberculeuse est maniieste; elle se traduit par de l'amaigrissement, de l'essoufflement, de la toux petite et quinteuse et une température élevée, deux sujets sur six sem- blent cependant vouloir résister à l'infection. « Du côté des animaux éprouvés sous la peau, l inoculation de la matière virulente n’a déterminé qu'une tuméfaction légère chez les vaccinés, alors qu'elle a provoqué l'apparition de tumeurs relativement énormes dans le lot des témoins. « Comme vous le voyez, ces résultats sont encourageants, mais les autopsies amèneront peut-être des déceptions. Il ne faut donc pas chanter trop tôt victoire. » _ Dans la semaine suivante, trois bovins parmi les témoins éprouvés dans la jugulaire succombaient des suites d'une gra- nulie pulmonaire aiguë, et un quatrième était mourant. (1) Tout indique que c’est cette première vache, atteinte de tuberculose ouverte, qui a contaminéles témoins. ph Ce 1 2 EXPÉRIENCES DE MELUN SUR LA VACCINATION 9 Quant aux vaccinés, tousavaient résisté à l'injection virulente intra-veineuse. En ce qui concerne les vaccinés et les témoins éprouvés sous la peau, la différence constatée dès le début dans la dimen- sions des tumeurs et des ganglions pré-scapulaires s'était main- tenue; tandis que ces tumeurs et ces ganglions augmentaient sans cesse chez les témoins, on constatait par contre une dimi- nution très sensible chez les vaccinés, sauf sur l’un des veaux charolais. Au moment de l'abatage général, qui a eu lieu dans la nuit du 2 au 3 décembre 1905, cette différence était encore plus accentuée ; tumeur et ganglions avaient diminué considérable- ment dans le lot des vaccinés, sauf chez le Charolais: déjà cité. Du côté des témoins. les tumeurs et les ganglions étaient restés énormes. Autopsies. PREMIER LOT. Vaccinés éprouvés sous la peau. — Tous sont indemnes,sauf un qui présente une légère lésion pulmonaire qui aurait certainement disparu. DEUXIÈME LOT. Témoins éprouvés sous la peau. — Tous sont tuberculeux à des degrés divers. . TROISIÈME LOT. Vaccinés éprouvés dans la veine. — Quatre sont indemnes, un cinquième présente un seul tubercule calcifié dans le ganglion du médiastin postérieur. le sixième atteint de pneumonie chronique depuis plusieurs mois, ne présente point de lésions spécifiques du parenchyme pulmonaire, mais ses ganglions bronchiques et médiastinaux renferment quelques nodules caséo-calcaires. QUATRIÈME LOT. Témoins éprouvés dans la veine. — Trois sont morts de granulie aiguë dans les vingt jours qui ont suivi linoculation d'épreuve ; un quatrième, qui semblait s'être réta- bli après avoir été mourant, présentait des lésions de tubercu- lose pulmonaire; les deux derniers, dont l'état apparent était resté aussi satisfaisant que possible, offraient également des lésions pulmonaires très accentuées. CINQUIÈME LOT. Vaccinés et témoins exposés à la contagion par cohabilation avec des malades. — Les deux témoins abattus le 2? décembre avaient manifestement réagi à l'épreuve de la tuberculine, ils ont présenté tous deux des lésions très nettes très accentuées des ganglions de l'appareil gastro-intestinal. Quant aux vaccinés du même lot qui n'avaient pas réagi à la tuberculine, ils ont été conservés, pour être placés à nouveau 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION dans des milieux contaminés. et envoyés dans ce but à M. le professeur Vallée. Quatre autres sujets, vaccinés mais non éprouvés (un Ven- déen, un Flamand, un Comtois et un Breton), ont été réservés par M. le professeur Vallée, dans le but de vérifier la durée de l’immunité conférée par la vaccination Behring. Cette expérience de Melun est donc concluante, et M. Vallée a eu raison de déclarer publiquement que la vaccination anti- tuberculeuse des bovidés étail trouvée et qu’elle ne tarderait pas à se généraliser. Il ne me reste plus qu'un souhait à formuler. C’est que la méthode de traitement de la tuberculose, dont Behring a entre- tenu le dernier congrès international de la tuberculose, donne des résultats aussi concluants lorsque cette méthode sera sou- mise à une expérience publique, que j'appelle de tous mes vœux, car; alors, on pourra prémunir les jeunes bovins par la vaccina- tion, et guérir les autres par le traitement Behring. Quels résultats si on en arrivait là ! La tuberculose seraitenfin vaincue, et ce fléau redoutable disparaîtrait à bref délai de nos étables. Quelles conséquences aussi pour l'espèce humaine | M. Vallée doit être fier de sa tentative, car il marche sur les traces glorieuses de son éminent maitre, mon Regreié ami Nocard. Depuis la préparation de cet article un essai de vaccination pratique vient d’être tenté en Seine-et-Marne chez M. Bourdin, fermier à Bombon, canton de Mormant. Dix jeunes génisses et un taurillon venant du Calvados de deux jeunes bœufs venant de la Nièvre et préalablement tuberculinisés ont été vaccinés le 15 janvier. Six semaines après leur deuxième vaccination, ils cohabiteront avec des vaches tuberculeuses dans la vacherie de M. Bourdin déclarée infectée depuis un an. D'ores et déjà quatre vaccinés ont été logés, dès ie lendemain dans la vacherie infectée, et c’est sur la demande de M. Vallée qu'a été pra- tiquée cette vaccination. Deux de ces vaccinés avaient été soumis à l'injection intra-veineuse d'une émulsion de bacilles bovins tués, mais dans laquelle les toxines sécrétées par ces bacilles étaient restées intactes. Les deux autres avaient subi la vaccination Behring comme le reste du lot. Get essai comparatif a été entrepris dans le buf de savoir si les toxines ne conféreraient pas plus rapidement l’immunité que le vaccin Behring. (La Société de Médecine Pratique à pris l'engagement d’indem- niser M. Bourdin des pertes qu'il pourrait éprouver de cet essai). 11 serait grandement désirable que le Parlement et M.le Ministre de l'Agriculture favorisent le vulgarisation de la vaccinätion Behring dans un certain nombre de départements, notamment dans ceux qui sont plus particulièrement éprouvés par la tuberculose. pet EP + Partir LA CULTURE DU THE DU PARAGUAY (Yerba Maté) DANS LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE Par H. COURTET. Parmi les denrées que l'on considère aujourd'hui comme étant de première nécessité et que l'on consomme en quantité considérable, il convient de citer le Maté, dont la consommation annuelle dans l'Amérique du Sud atteint plus de cent millions de kilogrammes. « Le Maté (/lex paraquayensis Saint-Hilaire, 1826) se nomme encore thé du Paraguay, des Missions, des Jésuites. Il est livré au commerce sous la forme d'une poudre plus ou moins grossière, qui, au Brésil, au Paraguay, au Chili, au Pérou, etc., est employée pour préparer une boisson stimulante analogue à notre thé. D'après les analyses faites, les feuilles de Maté contiennent pour cent: CHÉÉITE RM EPRME Men 1,675 Acide maté-tannique.. 4,497 Matières albuminoïdes. 4,500 Il faut ajouter de la résine, du sucre, et une petite quantité d'huile volatile. On prépare le Maté en infusion, et son arome particulier rappelle celui du thé de Chine, du tilleul et de la fleur d'oranger. Depuis un temps immémorial, dit A. de Candolle (Origine des plantes cullivées, 1883), les habitants du Brésil et du Para- guay font usage des feuilles de cet arbre. Ils les récoltent sur- tout dans les forêts humides de l'intérieur, entre les vingtième et trentième degrés de latitude sud. Sur les lieux de production on fait subir au Maté, avant de le livrer à la consommation, une préparation jeu compliquée, qui consiste à soumettre pendant trente six ou quarante-huit heures à une sorte de séchage et de grillage au feu les jeunes pousses et les feuilles cueillies vertes, et ensuite à les réduire en poudre grossière. Toutes les contrées où l’on consomme ce produit ne possèdent pas le précieux arbre qui le fournit, et il en est ainsi pour la 12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION République Argentine, où les importations du Brésil et du Para- guay atteignentannuellement quarante millions de kilogrammes, représentant une somme de vingt-deux millions de francs, Frappé par ce fait économique. M. Thays, botaniste français, directeur des Promenades et Jardins de Buenos-Ayres, entre- prit de substituer à l'importation du Brésil et du Paraguay le même produit provenant de plantations faites dans la Répu- blique Argentine. Son heureuse initiative a été couronnée de succès, eton espère que dans deux ans, grâce aux plantations entreprises, la totalité de l'importation sera remplacée par la production directe de la République Argentine. C'est en 1895 que M. Thays reçut du Paraguay, du docteur Honorio Leguizamon, bien connu par ce qu'il fit en faveur de cette plante et de sa production, les premières graines de Maté. Après avoir essayé sans succès divers procédés de germina- toin, M. Thays réussitenfin à obtenir trois pieds dela précieuse plante, après avoir soumis, avant le semis, les graines à une immersion assez prolongée dans l'eau chaude. Les graines de Maté germent difficilement, et il suffit, pour être édifié à ce sujet, de citer la note du Dr F. Machon, note parue dans le Bulletin de la Sociélé Vaudoise des Sciences Naturelles, 4 série, vol. XL, N° 151. Le D' Machon s'exprime ainsi : ( Les premiers coloni- sateurs du Paraguay, les Pères Jésuites, s'étaient déjà demandé pourquoi dans la forêt ies arbres à Maté sont clairsemés, sou- vent très distants les uns/ des autres, et pourquoi autour d'un arbre on ne voit jamais de jeunes plants de semis. (Ils en avaient conclu, ce qui est certainement le cas, que les graines pour germer devaient être digérées par certains animaux, très probablement par des oiseaux, ce qui explique- rait alors très bien cette dissémination. («Tlssoumirent donc ces graines à un traitement spécial ayant sans doute pour but se ramollir l'épisperme etde faciliter aussi la germination, et arrivèrent par ce moyen à cultiver l’Ilex sur une vaste échelle dans leurs colonies. Une fois expulsés de leurs possessions en 1765, ils emportérent avec eux le secret de ce procédé. » Les détails du procédé de germination employé par M. Thays furent immédiatement propagés par la voie de la presse, dans le but de vulgariser et de favoriser la reproduction et la culture du Maté dans la République Argentine. En 1901, le chefde la Direction de l'Agriculture et de l’Ele- LA CULTURE DU THÉ DU PARAGUAY 13 vage confirmait à M. Thays l'efficacité de son système de reproduction, et lui faisait connaître les excellents résultats obtenus en divers endroits, résultats dont il sera parlé plus loin. La culture à l'air libre des plantes obtenues fut continuée avec succès au Jardin Botanique, et un froid de 3° au-dessous du zéro n eut aucune influence sur l'état général et l'aspect de ces plantes. Actüellement un certain nombre des exemplaires cultivés atteignent 4 m. 90 de hauteur, 9 mètres de circon- férence de feuillage, et produisent une notable quantité de graines qui sont disséminées dans tout le pays. A la suite de ces essais concluants, on pouvait considérer comme résolu le problème, si longtemps étudié sans aucune solution pratique, de la reproduction du Maté, quand une découverte d’une haute importance vint compléter d'une façon très heureuse les essais de culture et de reproduction poursuivis depuis huit ans. On a constaté que les graines provenant des fruits récoltés sur les sujets cultivés dans le Jardin Botanique produisaient sans qu'il soit nécessaire de les soumettre à une préparation spéciale. On a obtenu ainsi environ 9500 sujets. Cette constatation faite permet de supposer qu'il en sera de même dans les cultures de Maté établies dans divers endroits et en particulier à Missiones. Parmi les essais de culture faits en préparant les graines par la méthode de M. Thays, citons, en 1900: Ceux de Bella-Vista (700 kilomètres environ au nord de Buenos-Ayres) (Corrientes), et de Herradura (Formosa, 1.100 kilomètres environ ax nord de Buenos-Ayres). Les graines furent mises dans l’eau à 80°: cette eau fut renouvelée de six heures en six heures pendant une durée de quatre jours, on obtint une germination de 57 et 63 0/0. Ces résultats sont consignés dans une lettre très élogieuse que M. Ronaldo Tidblon, chef dela Direction de l'Agriculture et de | Elevage, a adressée à M. Thays. À la Sabana, dans le Chaco Austral (900 xilomètres environ au nord de Buencs-Ayres), presque toutes les graines ont gerimé, et des instructions spéciales concernant les semis de Maté ont été données et écrites dans les écoles. Pour montrer l'impor- tance que l'on attache à la culture du Maté dans cette région, il nous à paru nécessaire de reproduire ici un passage de la lettre écrite à M. Thaysen 1903, par M. de Basaldna, Inspecteur des Jardins : « Je n'ai pas d'expressions suffisantes pour vous exprimer la gratitude que je ressens pour vous, qui savez dis 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION traire de vos occupations quotidiennes les moments nécessaires pour apporter votre action efficace jusqu’à ce coin du désert. » À San-Ignacio (Missiones, 900 kilomètres environ au N.N.E.de Buenos-Ayres), en 1905, les graines traitées, quoique assez vieilles et d'origine douteuse, ont germé dans la proportion de 45 0/0, et M. F. Allain, dans la lettre où il rend compte des résultats obtenus, s'exprime ainsi : (... Ce résultat peut se con- sidérer comme très satisfaisant, et la méthode simple et sûre imaginée par vous, comme d'une immense utilité pour le déve- loppement de la culture de l'herbe Maté et de son industrie. » A Colon (325 kilomètres environ au nord de Buenos-Ayres) (Entre-Rios), M. A. Forkel, agronome, avise M. Thays par lettre du 10 janvier 1905 que les graines envoyées ont donné un splendide résultat, et que des jeunes plants mis en pleine terre ne souffrirent pas des fortes gelées de l'hiver. Le thermomètre descendit à 8° au-dessous de zéro, età côté de ces plants quantité d'autres plantes périrent. Quand on saura que le Maté est une boisson nationale, qui en général remplace les boissons fermentées ; que chaque habi- tant consomme annuellementen Maté pour une valeur atteignant plus du double de la consommation annuelle de café en France par habitant, on comprendra l'importance des efforts persistants faits par M. Thays pour substituer la production nationale à l'importation, et le mouvement d'enthousiasme qui s’est pro- duit à l'annonce de la réussite des tentatives de culture. Cet enthousiasme, nous devons le partager, car M. Thays est un Français, et en outre les Français sont si nombreux dans la République Argentine que tout ce qui touche à la prospérité de cette République ne doit pas nous être indifférent. De plus il ya là, pour l’acclimatation du Maté, un enseigne- ment dont il faut tenir compte, et l’ensemble des essais méri- tait bien d'être mis en évidence par la Société Nationale d'Accli- matation de France. N. D. L. R. — La Société Nationale d'Acclimatation a déjà parlé du Thé du Paraguay, notamment en 1890, t. XXX VII, p. 63- 73, où il a élé question de la culture de ce produit en Algérie et en Tunisie, et des conditions dans lesquelles il était cultivé et employé au Paraguay. ETUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES BILBISÉES AU MEXIQUE. ET | SUSCEPTIBLES D'ÊTRE INTRODUITES DANS LES RÉGIONS DÉSERTIQUES DES COLONIES FRANCAISES. Par Léon Diguet. Chargé de mission scientifique au Mexique par le Ministère de l’Instruction publique et le Muséum. Les Cactées susceptibles de fournir des produits utilisables dans les colonies françaises du nord de l'Afrique ne sont guère connues que par l'Opuntia Ficus-tidica et par quelques rares Cereus qui souvent ne sont cultivés dans les régions où les conditions leur sont propices que comme plantes ornementales ou comme curiosité botanique. Cette intéressante catégorie de plantes, représentée par de nombreuses espèces bien distinctes, appropriées aux climats et aux sols si variés des différentes zones mexicaines, joue encore aujourd'hui un rôie important dans l'alimentation et les usages domestiques des populations rurales du Mexique et, lorsque l'utiiisations Ges Cactées sera bien connue, ces plantes pour- ront arriver à occuper une place importante dans la culture des colonies, et permettront ainsi de tirer parti, jusqu à un certain point, de régions désertiques qui, jusqu'ici, se sont montrées réfractaires ou peu propices à l'agriculture. Grâce aux conseils et aux renseignements fournis par le regretté D' Weber, ainsi qu'au zèle de M. Roland Gosselin, qui déjà depuis nombre d'années cultive à Nice une riche collection de Cactées, j'ai pu pendant le cours de mes voyages au Mexique, entreprendre, dans de bonnes conditions de documentation, une étude suivie sur toute une série de plantes, qui bien souvent furent pour les indigènes une réelle ressource, dans les pays désolés par la sécheresse, à l'époque où le Mexique ne disposait pas des voies de communication qui lui permettent aujourd'hui un ravi- taillement facile. Ces Cactées peuvent, selon leurs usages ou selon les produits que les indigènes en tirent, se grouper en cinq caté- gories : 1° Cactées à fruits comestibles : 20 Cactées employées pour clôtures; 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION 30 Cactées fournissant du bois pour la construction et le chauffage ; 40 Cactées fourragères et à graines comestibles; »° Cactées à fibres. 1° Cactées à fruits comestibles. Dans ce groupe viennent en première lignes les Cactées désignées sous le nom de ( Nopals », appartenant au genre Opuntia, et dont le type le plus répandu est l'Opuntia Ficus- indica et ses variétés ; espèce bien connue et sur laquelle il n’est pas nécessaire de s'étendre, étant depuis longtemps acclimatée en Afrique et sur le littoral méditerranéen. Ce genre Opunlia, quoique renfermant de nombreuses es- pèces, n'en présente pas cependant qui aient un grand intérêt; les fruits en général, lorsqu ils peuvent être considérés comme comestibles, donnent des produits inférieurs à l'Opuntia Ficus- indica, néanmoins un seul fait exception c'est l'O. Cardona Web., qui pousse sur les hauts plateaux nord du Mexique, prin- cipalementdansles Etats de San Luis Potosi,etZacatecas, régions où le rayonnement nocturne est intense, et où des gelées assez fortes se font sentir à l'époque de la sécheresse. Croissant dans des conditions climatériques assez extrêmes et ou l'O. Ficus- indica ne peut résister, l'O. Cardona pourrait très probable- ment s adapter au climat rude des plateaux de l'Algérie; le fruit est parfumé et d'un goût agréable, les indigènes de l'Etat de San Luis Potosi emploient ses fruits pour préparer une liqueur fermentée très appréciée et que l'on désigne sous le nom de ( Colonche » (1). Le genre Ceres fournit de bien meilleurs fruits que les Opuntia, aussi certaines espèces sont-elles l'objet d'une culture en règle, qui est considérée comme réellement rémunératrice, et les fruits alimentent pendant trois ou quatre mois de l'année les marchés des villes et des villages; depuis l'établissement des voies de communication, les fruits arrivent à constituer, dans toutes les régions du pays, un article d'exportation qui se montre rémunérateur pour les petits vil- « lages qui se sont adonnés à cette culture. (1) L'usage du « colonche » est fort ancien. Bien avant la conquête espagnole, les hordes sauvages ei nomades, qui vivaient sur les hauts plateaux du nord du Mexique et que l’on désignait sous le nom vague de « Chichimèques », savaient obtenir par fermentation cette boisson alcoolique; c'’étaient les femmes qui préparaient le « colonche » et, au- jourd’hui encore, continuent cette fabrication. Pour conduire la fermen- -tation, elles ont certains procédés qu'elles tiennent secrets. SC ns ct. ÉTUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DÜ MEXIQUE 17 Les Cereus à fruits comestibles présentent un groupe à part, composé de cinq espèces se différenciant assez nette- ment des autres espèces de Cereus par le port de la plante et par la nature et la forme des fruits, au point de pouvoir former presque un sous-genre. Ce sont les espèces qui sont désignées par les indigènes sous le nom générique de ( Pithayos », et les fruits sous celui de € pithayas » (1). Fig. 1. — Cereus pruinosus (Etat de Oaxaca). Ces « Pithayos » répondent aux cinq espèces Cereus pr'uinosus où ( pithayo de mayo »: Cereus queretarensis. ou ( pithayo de Queretaro » ; Cereus Dickyt ou { pithayo xoconostle )); Cereus Thurberi ou & pithayo dulce » ; Cereus gummosus où € pithayo agrio ». Cereus pruinosus Otto « Pithayo de mayo ». — Ainsi appelé parce que ses fruits commencent à apparaitre en mai; c'estune plante très ramifiée, assez élevée ; sa taille peut atteindre (1) Le mot «pithayo » ne paraît pas être d’origine mexicaine ou nahuatle il a dù être emprunté à un autre idiome, probablement à un de ceux des Anfilles, comme cela a été pour les termes « maguey » eb « maïiz » Buil. Soc.nat, Fr. A ccl. 1906. — 2, 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION pärfois six à sept mètres. Ce Cer'eus est abondamment répandu sur la partie orientale du plateau central, depuis Mexico jus- qu'à l'isthme de Tehuantepec ; il est l’objet d’une certaine culture dequis Puebla jusqu’à la vallée de Oaxaca; sa planta- tion se fait habituellement sur une seule ligne, aussi l'emploie t-on souvent dans les clôtures de champs. L'endroit où il donne les meilleurs fruits est, paraît-il, aux environs du célèbre Fig, 2. — Cereus quereturensis Web (Etal de Jalisco). - village de Mitla : ses fruits, pour cela, sont désignés à Oaxaca sous le nom de ( pithayas de Mitla » ; le fruit est rouge, glabre, quelque peu écailleux; il se vend abondamment à son époque sur les grands marchés de la région, où il est justement apprécié. En langue nahuatle le Cereus pruinosus, à cause probablement de son ample ramification, est désigné sous le nom de « Quapetla » (guahicl, tète; peila, large) (fig. 1). Cereus queretarensis Web.— Ce Cereus, assez voisin du précédent, s'en distingue cependant de prime abord par une ramification un peu moins fournie, mais plus droite et plus robuste, il atteint une plus grande taille, sa hauteur va parfois k: ÉTUDE SÜR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE 19 jusqu'à dix mètres, il occupe sur le plateau central une zone de dispersion parallèle au précédent, mais sur le versant occi- dental, depuis le versant de San Luis Potosi jusqu'à l’Etat de Guenero; son fruit, à peu de chose près de la taille du précédent, est épineux, mais les épines ne sont que peu adhérentes, on s’en débarrasse facilement à l'aide d’un coup de brosse; du reste, ces épines formant une sorte de feutrage, préservent le fruit dans l'emballage et permettent de le transporter plus facile- ment que celui du C.pr'uinosus (fig. 2). Fig. 3, — Plantation de Cereus Dyckit à Acatlan (Etat de Puebla). Il y a trois variétés de fruits se différenciant par la couleur rouge, jaune, blanche ; la maturation de ces fruits a lieu comme pour le précédent, au mois de mai. La culture du Cereus pruinosus se fait principalement dans le sud de l'Etat de Jalisco, auprès des villes de Sayula et de Zapotlan el Grande. Les Cereus pruinosus et querelarensis poussent dans les mêmes conditions, on les rencontre indifféremment dans la terre chaude et la terre tempérée; ils paraissent surtout se con- venir dans les terrains arides et quelque peu désertiques, mais où néanmoins la saison des pluies se fait sentir; une trop grande sécheresse paraît leur être nuisible. Cereus Dyckii Mart. — L'aire de dispersion de ee Cereus estassez réduite, on ne le rencontre guère que dans le sud de Puebla et dans les vallées de l'État de Oaxaca ; il est abondant The 20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION dans la région de la Basse-Mixteque, où, par exemple, au village d’Acatlan, il est l'objet d'une assez grande culture et où on le cultive, comme le Cereus queretlarensis à Sayula, en plantation serrée; dans le reste du pays, il est habituellement planté de façon à former des clôtures; sa taille n'est pas très élevée, il ne dépasse guère trois mètres, il est médiocrement ramifié et ses rameaux droits, et rigides, sont plus grèles que ceux des deux espèces précédentes (fig. 3). Il donne, comme le Cereus querelarensis, trois variétés de coloration de fruits et peut-être une quatrième qui est vio- lette, mais cette dernière, qui est désignée sous le nom de « Morena)», ne parait être qu’une modification du rouge. Le fruit, moitié moins grand que celui des deux espèces précédentes, apparaît vers le mois d'août; il est légèrement acide et astringent, ce qui lui a valu le nom nahuatl de « Xoconostle » (X0c0 ou sChoco acide, Nochtly Cactée) (1). Cereus Thurberi Engelm.— Ce Cer'eus, qui est désigné souslenom de(pithayo dulce»,est très abondammentreprésenté sur les plaines arides, désertiques et pierreuses de la Basse- Californie, de Sonora et de de Sinaloa; c'est une plante peu ramifiée rappelant comme port et comme taille C. Dychü, mais ayant des rameaux plus robustes. Il se plait de préférence dans les plaines ou les ravins à sol argilo-sablonneux ou volcaniques; étant de terre chaude, il ne se développe bien que dans ces régions subtropicales, battues une grande partie de l’année par les vents secs, particuliers aux contrées désertiques où le sol est brülant et où la saison des pluies ne se fait que peu sentir; une terre ou un climat trop humide lui est funeste. En somme, c'est une espèce très résistante, très bien adaptée aux exigences d'un climat extrême, tout indiquée pour la plantation dans les localités chaudes où de fortes séche- resses se font parfois longtemps sentir. Lorsque, pendant le cours de l’année, les pluies ont fait com- plètement défaut, la plante ne paraît pas en souffrir, mais la pro- duction des fruits est nulle ; si, au contraire, ces pluies ont eu lieu d’une facon normale, la fructification se montre alors fort abondante. Le Cereus Thurbèrise trouvanten général dans des régions (1) Le mot Nochtly, en nahuatl, désigne surtout la « tuna » ou fruit de l'Opuntia: mais, en composition dans un mot, il désigne par extension non seulement le Nopal, mais aussi toutes les plantes de la famille des Cactées; c'est pour cela que ce mot sera traduit dans les étymologies qui suiveront sous la signification de Cactée. ÉTUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE 21 peu habitées, n'a pas été jusqu à présent l’objet de la moindre culture, les indigènes se contentant d'aller faire la récolte des fruits dans les endroits incultes, où souvent cette Cactée forme à elle seule la végétation arborescente la plus élevée (fig. 4). Le fruit est rouge et la pulpe est plus sucrée que celle des me nl Fig. 4 — Cereus Thurber: Engelm.-N. v. «Pithayo dulce » (Basse-Calif.) espèces précédentes, c'est ce qui lui a valu le nom de « pithayo dulce », la fructification a lieu en juin et juillet. Cereus gummosus Engelm.— Le Ceieus guininosus, désigné dans la Basse-Californie sous le nom de (pithayo agrio» à cause de la légère acidité de ses fruits, est très répandu dans toute l'étendue de la presqu'île californienne et dans la Sonora où, dans cette localité, il a été confondu avec le Cereus flemuosus ; comme ce dernier, sa taille n'est pas très élevée, ses rameaux au lieu d'être rigides comme chez les espèces précé- dentes, sont souvent quelque peu rampants ou infléchis vers le sol, de sorte que la plante ne dépassant guère 1 m. 50 de hau- teur forme des touffes couvrant une assez grande surface. On le rencontre dans les plaines argilo-sablonneuses ou 29 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION pierreuses où, entrelaçant ses rameaux avec la végétation arbo- rescente peu élevée de ces régions arides, 1l forme des massifs inextricables ; on le trouve encore sur les rochers des îles et des falaises du bord de la mer, poussant là sur un sol forte- ment chargé de guano et dans une atmosphère souvent humide il se montre beaucoup plus vigoureux que dans l’intérieur des terres. Le fruit apparaît en septembre ; il est rouge et couvert d'épines assez fortes qui tombent d'elles-mêmes lorsque la ma- turité est arrivée; il varie beaucoup comme dimension et saveur, suivant que l’année a été pluvieuse ou non. Lorsque l’année a été quelque peu pluvieuse, les fruits sont volumineux, sucrés, juteux et légèrement acides, leur parfum rappelle un peu la framboise, c'est alors peut-être le meilleur fruit produit par les Cereus, Le Cereus guimosus et le Cereus Thuïberi sont donc des Cactées très précieuses pour les régions désertiques et chaudes; avant la conquête espagnole, la saison de maturation de ces Pithayas marquait une époque heureuse de l’année pour les Indiens sauvages qui peuplaient le pays, et, actuellement encore, bon nombre d'indigènes de ces contrées vont vivre à cette époque dans les endroits où les Cereus abondent et que l’on désigne sous le nom de « pythayales » et s'alimentent presque exclusivement de ces fruits pendant une ou deux semaines. A côté de ces Cer'eus désignés sous le nom de ( pithayos », il y en a d’autres que l'on rencontre ou que l'on cultive sous des climats moins arides et plus tempérés; ces derniers sont grimpants et poussent habituellement sur les murs des jardins ou sur les arbres dans l’intérieur des forêts, où quelquefois ils se montrent à l’état épiphyte; on désigne ce nouveau groupe sous la dénomination générale de ( pithahayos », ce sont les Cereus lriangularis, Ocamponi, lrigonus, speciosissimus, plus leurs variétés et aussi peut-être leurs hybridations. Ces Cereus sont assez bien connus et sont cultivés quelque peu en Algérie; les Cereus triangularis et Ocamponti donnent suivant leur variété, des fruits assez gros et parfumés ; le pre- mier est cultivé dans presque tout le Mexique, le second l'est surtout dans l’État de Jalisco et l'État de Michoacan. Quant aux C. {rigonus et speciosissimus ils se rencontrent à l'état sauvage dans les forêts; on les cultive dans les jardins, soit pour les fruits, soit comme plante d'ornement en des faisant grimper sur les murs qu'ils arrivent à couvrir complètement; ce ; > pe a LE HS D Co LE PS dd de ce Ne CU Go cg Qu Liban. Le dt ta PR à culte ro ss nf ar NES be us ce 4 UE «PÉCANEMES US ide mA Dans a FoN ce: di“ % L à : + fi ; ; ÉTUDE SUR LES PRINCIPALES CACTEES DU MEXIQUE 23 mode de plantation est aussi employé pour les deux précédents, mais ces derniers tapissent beaucoup moins. Le C.speciosissinus, quidonne un fruit très parfumé qui se vend en mars etavril sur les marchés du sud de Jalisco, princi- palement à Sayula et Zapotlan-el-Grande, est une plante qui, lorsqu'elle est à l'état sauvage, se rencontre presque toujours à l'état épiphyte ; les Indiens, principaux approvisionneurs des marchés, vont faire la récolte des fruits dans les forêts des pentes du volcan de Colima et des montagnes avoisinantes: aussi, pour cela, ces fruits sont-ils désignés sous le nom de « pithahayas del volcan » ; on les désigne encore sous le nom de « pithahayas de Agua », parce que la pulpe du fruit étant très juteuse, est très employée pour la préparation des limonades ou (aguasfrescas ). Les différentes espèces de Cereus qui viennent d’être énu- mérées appartiennent à un groupe largement répandu sur tout le territoire mexicain ; mais, à côté de ce grand groupe, il en existe un autre, constitué seulement par trois espèces arbo- rescentes dont l'intérêt n'est pas moindre, et qui, dans une localité relativement réduite, joue dans l'alimentation des indi- gènes un rôle aussi important que les pi{hayos. Ce sont les Cereus Chiotilla, Cheude, Chichipe, espèces de moyenne taille, très ramifiées, ayant une allure toute spéciale et très caractéristique ; la première espèce se rencontre dans les vallées, les deux autres sont particulières aux sites montagneux. Le pays où se rencontrent ces trois espèces est le sud de l'Etat de Puebla, principalement aux environs de Tehuacan, région assez désertique, mais de climat tempéré, où peut-être à cause du sol trop fortement calcaire, les Ceji‘eus pr'uinosus et DycRii, quoique poussant à l'étatsauvage, ne donnent que des fruits peu estimés. Cereus Chiotilla Web.—CeCereus, désigné dansle pays sous le nom de «chiotillo » et son fruit sous celui de (chiotilla », atteint une taille habituelle de trois ou quatre mètres ; ses rameaux, assez grêles en comparaison desp#{hayos, sont droits etrigides; il est cultivé dans les villages de la vallée qui se trouve entre Pueblaet Tehuacan, principalement dans le district de Tecamachalco; ses fruits, gris verdätre,sont écailleux et de la grosseur d'une noix ; ils arrivent à maturité au mois d'août; ils sont l'objet d'un certain commerce dans la localité où on les vend sur tous les marchés: l’altitude où croit ce Cereus varie entre 1.800 et 2.000 mètres. En langue nahuatl le Cereus #7 RAA à SE ET Ds Ne: ; € € 2% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION Chiotilla se nomme « Quionoschthy» (Quio, de Quiotl, hampe florale, bourgeon ou tige; noschthy, Cactée) (fig. 5). Cereus Chende R. R. G. (1) — Comme allure et comme port de plante ce C'ereus se rapproche beaucoup du précédent mais ses ramifications aussi rigides sont beaucoup moins longues, il tient l'intermédiaire entre cette espèce et le Fig. 5. — C'ereus Chiotilla. Environs de Tehuacan (Etaë de Puebla). C. Chichipe ; comme ce dernier, il ne se rencontre que sur les crêtes et les pentes abruptes des montagnes dans les régions très ventilées. Le fruitest à peu près du même volume que le Chiotilla ; mais, \ u lieu d'être écailleux, il est couvert d'une pilosité rude, de couleur brun foncé, qui lui donne un peu l'aspect d'un fruit de chardon; sa maturité a lieu en juin (fig. 6). La dénomination de ( Chende » parait être mixteque, langue dans laquelle ce mot signifie : détritus, pourriture, déchet, etc.; (1) R. Roland Gosselin. — Quatre Cactées nouvelles du Meæique. Bulletin du Muséum d’histoire naturelle, Novembre 1905. DENT EN APRES ÉTUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE 2% selon toute vraisemblance, elle aura été donnée par les mixtecs parce que, lorsque la plante ne se trouve pas bien exposée aux courants aériens qui paraissent lui être indispensables, elle est envahie par une sorte de lichen qui, se propageant très rapi- dement, fait tomber la pulpe des tiges en décomposition. Le Cereus Chende est désigné par les Nahuatls sous le nom de « Cotznoschtle » et son fruit sous celui de « Clilnos- chlty ». Fig. 6. — Cereus Chende. Environs de Tehuacan (Etat de Puebla).: Cotzo, jaune (la pulpe de l’intérieur des rameaux est jaune safrané, contrairement aux autres Cereus chez lesquels elle est blanche), noschtly, Cactée. Clil, noir ou foncé, noschtly ici est employé dans le sens strict, c'est-à-dire désignant le fruit de la Cactée. Cereus Chichipe R. R. G. — Comme le précédent, ce Cereus est ramifié, mais tellement ramifié que ses rameaux finissent par se toucher de façon à déterminer à leur sommet un toit convexe en forme de parasol; les rameaux sont par con- séquent beaucoup plus courts, plus nombreux et plus courbes que chez l'espèce précédente, ce qui donne à première vue, à ce Cereus une allure des plus caractéristique ; sa faille n'excède guère trois mètres. Il pousse dans les mêmes conditions que le Chende, à une altitude de 2.000 à 2.500 mètres. On le rencontre le plus sou- vent sur les petits plateaux des cols ou des crêtes latérales du Tr: $ TN TPE CPE SN ET STE ERRONÉE 2. 26 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION plissement des versants des montagnes, régions fréquemment balayées par des courants aériens généralement assez forts; comme le Chende, il est attaqué par le même lichen, mais ce dernier parait lui être moins funeste: quelques Broméliaciées du genre Tillandsia se fixent quelquefois sur la partie terminale de ses rameaux, mais ne paraissent pas lui causer grand dom- mage. Les fruits, de forme sphérique, de la grosseur d'une petite noix, sont d’une couleur variant du vert au violet; ils sont aussi Fig. 7. — Cereus Chichipe. Cerro;Colorado Tehuacan (EtatfdefPuebla,, abondants que ceux du C. geometlrirans avec lesquels ils*ont quelque ressemblance quoique étant d’un volume trois ou quatre fois supérieur; ils sont presque glabres etne présentent de place en place que quelques petits faisceaux épineux. La maturité des fruits a lieu en juillet; ils apparaissent donc sur les marchés à une époque intermédiaire entre les fruits du Chende et ceux du Chiotilla. Le mot chichipe, ou plutôt tzitzipe suivant la prononciation, paraît bien être nahuatl et dé- river du mot chichipitl, glande, nom donné à cause de la forme du fruit, et que, dans la localité, on a conservé pour désigner également la plante, quoique cette dernière soit connue en langue nahuatle sous le nom de ( tepechionoschtle ». Tepe, de tepetl, montagne; chio, de quiotl, hampe florale, RL 2 Er à — Fr FRAC NES ” tre LTÉE Ma ADR 72 EE a TE VAN EN GS EE DES Ç 26 ea LA 4 Nes ME 4 1 RES ÉTUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE 27 rameaux, rejeton etc. (1); noschtly, Cactée — Cactée de monta- gne à rejetons. Ces deux espèces de Cactées, les C. Chende et Chichipe, sont donc des espèces très localisées et très peu connues, qui furent signalées par le D' Weber, lors de son voyage au Mexi- que, et pour lesquelles il erut devoir conserver leur dénomina- tion indigène comme spécification. Enfin, pour terminer cette énumération de Cactées à fruits commestibles, il est bon de mentionner encore certaines espèces dont les fruits, quoique de petite dimension, se vendent parfois sur les marchés : ce sont par exemple le Cereus geomet'izans, le Pilocereus Schotü, je Pereskopuntiaæ aquosa, plus différents Mañimillaria et Echinocereus, etc. 2 Cactées employées pour clôtures. Toutes les Cactées, pourvu qu'elles aient une taille un peu élevée, peuvent servir à faire des clôtures; mais certaines espè- ces, suivant les circonstances, sont choisies de préférence. Ainsi, les Cer‘ews se montrent, dans la plupart des cas, beau- coup plus avantageux que les Opuntia : plantés côte à côte, ils forment des haies droites, propres, s'adaptant à un alignement parfait, tandis que les Opwnlia sont toujours plus ou moins irréguliers ; leurs articles,en s'’enchevêtrant, forment une multi- tude de recoins où s’amassent les détritus apportés par les vents et dans lesquels les animaux destructeurs peuvent trouver un asile ; ils ont en et outre le grave inconvénient, chez certaines variétés, de produire des sétules irritantes qui, lorsqu'une agitation les fait tomber, restent quelque temps en suspension dans l'atmosphère et deviennent aussi un danger qui nest pas sans gravité pour les yeux et les organes respiratoires. Les haies de Cactées sont fort usitées, dans la plupart des villages mexicains, pour circonscrire les enclos; elles présentent une sérieuse utilité dans les endroits dépourvus d'eau courante et arides où la végétation arborescente est rare; elles ont, en outre, l'immense avantage, à cause de leurs tiges gorgées de liquide, de s'opposer à la propagation des incendies, dans les localités où les habitations sont assez rapprochées et sont pourvues de toitures en chaume. Le Cereus, le plus employé pour les clôtures, est le C. 77@r- ginalus, que l’on désigne sous le nom d’ (« Organo »; c'est un de ceux qui ont la zone d'extension la plus considérable; (1} Le mob Quitol. que les Espagnols ont transformé en Quiote, sert surtout à désigner la hampe florale des Agaves, mais par extension on applique cette expression à une foule de ramifications simples et plus ou moins rigides se dirigeant de bas en haut. 28 BULUETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION il paraît être particulier à une grande partie du plateau central oùil a la même distribution géographique que les C'ereus pr'ui- nosus et querelarensis. Ce Cereus pousse très droit et se ramifie à peine, ce qui fait que l’on peut planter ses boutures à quelques centiraètres les unes des autres ; 11 n'est pas épineux,et son épiderme lisse et glacé, d'une couleur vert clair, donne aux palissades un aspect toujours très propre (fig. 8). ee . Fig.S8.f- Clôture de Cereus marginatus au village de Xoco, près de Oaxaca. Légèrement flexible, il résiste fort bien à l’action des vents et des bourrasques; il convient très bien pour faire des enclos pour le bétail, car ce dernier ne parait pas lui causer de dégâts. Pour faire la plantation d'une haïe, on choisit habituelle- ment des boutures d'une taille de 1 mètre à 1 m. 50, ayant déjà formé leurs faisceaux ligneux, ce qui est une condition favo- rable pour l’enracinement et la croissance rapide (1). (A suivre) (4) Le Cereus marginatus, quand il se trouve dans des conditions qui lui conviennent, peut émettre des rameaux qui atteignent, dans une année, la taille de cinquante centimètres. LE FRUTICETUM DES BARRES par D. Bois Le Fructicetum des Barres est un coin de l'Ecole de botani- que du Muséum transporté à 140 kilomètres de Paris. Mémedis- positior en plates-bandes rectilignes recoupées d'allées prinei- pales ; arrangement suivant la méthode naturelle de Jussieu, complétée et terminée suivant l'/#dex yeneruin phaneroga- maruwm de Durand. | Mais ici les plates-bandes ne comprennent que des plantes plus ou moins frutescentes, des arbustes qui forment le fond des collections, et des arbrisseaux.Toutesles plantes sont ou doivent être, en général, rustiques sous le climat de Paris. Exceptionnel- lement quelques-unes sont hivernées sous verre dans un local enterré et rarement et faiblement chauffé pour préserver des types particulièrement intéressants. Trois hectares sur quatre qui forment tout l’enclos sont tous occupés par ces plates-bandes où les arbustes peuvent atteindre leur développement normal. Une taille annuelle très discrète consiste dans l'enlèvement des branches qui dépérissent et n'intervient que le moins possible dans le port naturel du végétal. La plantation initiale remonte à 1894; deux mille arbustes environ ont six à huit ans de plantation et peuvent être considérés comme entrés dans l’âge adulte. Une semblable collection répond à des buts et objets divers dont plusieurs présentent un intérêt général. C'est d’abord la comparaison des espèces et variétés figurant aux catalogues des établissements horticoles de divers pays sous un même nom parfois très défectueux. 11 n'est pas très rare de trouver plusieurs espèces ou plusieurs variétés tranchées sous une dénomination unique, quoiqu'il soit infiniment plus fréquent de constater qu'une multitude de noms divers ne désignent au fond qu'une seule et même plante. L’éclaircissement de cette synonymie présente donc déjà un grand intérêt. Le rapprochement d'une quantité considérable d'espèces représentant tout ou à peu près tout ce qui se cultive pratique- ment dans un certain genre présente une opportunité d'études fort intéressante pour les botanistes descripteurs. Bien que le Fruticetum des Barres soit relativement récent, il a déjà fourni une quantité fort appréciable d'échantillons séchés ou frais 30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION pour des botanistes descripteurs et pour des travaux de systé- matique. Il faut constater, avec regret, que c'est surtout de l'étranger que sont venus les demandes de matériaux d'étude. Mais un objet tout spécial des cultures des Barres est d'offrir la série aussi complète que possible des arbustes déjà cultivés afin d'y comparer des types nouveaux rares ou inédits. C’est, en effet, une caractéristique du Fruticetum des Barres que l'élevage d'un grand nombre de semis provenant du semis de graines des régions dont la flore est riche et encore impar- faitement reconnue : les provenances de la Chine centrale et occidentale et du Thibet y sont particulièrement nombreuses et si beaucoup de ces semis ont donné des plantes antérieure- ment introduites, d'autres ont amené l'introduction de types nouveaux et de plantes dont l'entrée dans la culture était fort désirée, tel par exemple que le Davidia involucrala. Divers semis ont même donné des plantes non encore décrites. Ces recherches d'introduction n'ont aucun but commercial personnel mais peuvent et doivent enrichir les éléments de cul- ture de nos établissements nationaux. Aussi, ne saurait-on assez féliciter M. Maurice de Vilmorin de les avoir entre- prises et notre Société lui doit tout particulièrement une grande reconnaissance pour la poursuite désintéressée de son œuvre si utile. Les genres les plus largement représentés au Fruticetum des Barres sont les suivants : Berberis. Clematis, Cotoneaster. Cralæqus, Cylisus, Lonicera, Prunus, Rhododendron, Ribes, Rosa, Rubus, Spiræa, Viburnum, Vitis. Plusieurs genres sont cultivés hors rang pour des convenances culturales. Nous ne croyons pas utile de publier, dans cette note la liste des nom- breuses espèces intéressantes cultivées au Fruticetum des Barres. Il nous suffira, pensons-nous, de renvoyer les lecteurs au catalogue général que nous en avons publié l’an dernier (1). Un jardin d'étude de cette espèce eût été mieux placé aux environs de Paris. Des convenances personnelles et le voisinage immédiat des collections considérables de l'Etat au domaine forestier des Barres ont décidé M. Maurice de Vilmorin à l'ins- taller auprès de sa résidence provinciale dans des conditions de sol et de climat suffisamment favorables. (1) Fruticetum Vilmorianum. Catalogus primarius. Catalogue des arbustes existant en 1904 dans la Collection de M. Maurice Lévêque de Vilmorin, avec la description d'espèces nouvelles eb l'introduction récente ; par M. Maurice L. de Vilmorin et D. Bois. SE qi > ECS < w EXTRAITS ET ANALYSES LE BLEUISSEMENT DES FLEURS D'HORTENSIA. Après divers essais, M. Ledieu, chef de culture au jardin botanique de Dresde, s’est arrêté à l'emploi de l’alun d’ammo- HAE , Voici le mode d'emploi : Rempoter les plantes vers le mois d'août. Commencer les arrosages à l’alun six à dix semaines avant la floraison. ' La dose est de 1 0/0, c'est-à-dire 10 grammes d'alun pour un litre d’eau. Arroser les plantes tous les deux ou trois jours avec celte solution. (Extrait de la Revue Horticole, d’après la Deutsche Gardner Zeitung.) BIBLIOGRAPHIE L’escargot, son histoire, ses mœurs et son élevage, par RAPHAEL DE Noter, O. Borneman, éditeur, 15, rue de Tournon, Paris. Il n'y a pas de petits profits en agriculture lorsque l’on sait con- venablement tirer parti des ressources qu'offrent les champs. M. R. de Noter nous démontre dans cel intéressant petit volume que l’élevage de l’Escargot peut rapporter, presque sans aucun frais et avec très peu de travail un bénéfice de 6.000 francs, la première année, pour un élevage de 16.000 sujets. Certes, c'est là un résultat qui peut paraître exagéré, mais Îles indica- tions données par M. de Noter sont tellement précises qu'après avoir lu son livre, on est forcé de se déclarer convaineu. L'auteur donne d’intéressants détails sur l’histoire de lEscargot à travers les âges, sa biologie; ses mœurs et les diverses espèces qui peuvent être utilement élevées sous notre climat et il n'oublie pas de nous indiquer, comme complément de son ouvrage, les différentes recettes culinaires employées pour la préparation de ce gastéropode qui constitue, en somme, un mets fade, souvent coriace et essentiellement indigeste et qui n’a de saveur que par la sauce à laquelle il est accommodé ; mais Comme il est très recherché par beaucoup de personnes et 32 BULLETIN DE LA SOCIÉTE D ACCLIMATATION que sa vente est toujours assurée, un élevage méthodique des Escargols, pourrait certainement être une source d'importants bénéfices pour l’industrie qui voudrait s’en occuper sérieuse- ment. : L’hybridation des p'antes, par RAPHAEL De Noter, Ch. Amal, éditeur, 11, rue Cassette, Paris. L'hybridation des plantes joue aujourd’hui un très grand rôle en horticulture. Elle a pour base la fécondation artificielle et c'est grâce à elle qu’on été obtenus la plupart des hybrides ou métis, aujourd'hui fixés et qui sont venus ajouter de nouvelles richesses à nos serres ef à nos jardins. Mais, pour donner de bons résultats, l'hybridation ne doit pas être faite au hasard, mais suivant Cerlains principes et avec certaines précautions qu'ignorent beaucoup d’horticulteurs. C’est à ceux-ci que s'adresse l'ouvrage de M. de Noter, qui depuis nombre d'années, s’est beaucoup occupé de cette question. C’est. le résultat de ses travaux et de ses études qu'il offre aujourd’hui à ceux qui voudraient s'occuper de celte intéressante’ question l’hybridation ; ils ne pourront certainement trouver un guide plus sûr et en même temps, plus compétent. Après avoir élabli les avantages de l’hybridation, l’auteur P Læ Le donne tous les détails et les indicalions nécessaires pour la bien pratiquer, puis il passe en revue les différentes familles de plantes en indiquant, pour chacune d’elles, les espèces sur lesquelles l’hybridation peut être utilement tentée. De nom- breuses figures accompagnant le texte viennent le compléter en 5 5 P augmentant encore la clarté de la précision avec laquelle l’ou- vrage est écrit. Tari des prix d'impression fes Tirages à part des articles publiés dans le Buletin. 25 50 75 100 exemplaires exemplaires |exemplaires exemplaires DIN UE nn | Une feuilie entière Trois-quarts de feuille 4| Une demi-feuille Urquart de feudle st. ""..,.-.5. Un huitième de feuille Le tout seus couverture du Bulletin de la Société. Nota. — Les auteurs de notes ou de mémoires insérés dansle Bulletin et contenant au moins n quart de feuille, peuvent obtenir la remise gratuite de quatre épreuves de ces communica- ions, en en faisant au Secrétariat la demande istratif, avril 1855, ch. viz, art. 64.) OFFRES, DEMANDES ET avant l’impression. (Extrait du réglement admi- ANNONCES GRATUITES Réservées aux Membres de la Société OFFRES - Chienne mastiff, 3 ans, très belle, très pure, excellente de garde, douce etobéissante, …._ prix: 300 francs, emballage compris. M. R. ROLAND-GOSSELIN, Villefranche- … sur-Mer (Alpes-Maritimes). Mâle Nandou, adulte, superbe, 130 francs. M. BIZERAY, villa Jagueneau, près Sau- … mur (Maine-et-Loire). Poulettes pour pondre à partir d'octobre. …. Caussades: 2 francs, Bresses blanches et Bresses noires : 4 francs. M. MÉZIN, Saint-Jean du Gard. . le baron LE PELLETIER, château de alvert, par Vivy (Maine-et-Loire). éemielder:25:2#...:2. 410 cogs nègres soie........ 6 fr. pièce coqs Yokohama à manteaux. 10 fr. pièce oule Brahma herminée. : SAUTON, château de la Hugoire, par Glos-la-Ferrière (Orne). DEMANDES Antilopes, cervidés, saillie de Zébu et saillie de Zèbre. M. Albert RAPHAEL, à Frénouville pas Cagny (Calvados). Graines offertes par le Jardin botanique de Calcutta. Acacia pennata. Acer pectinatum. Ainsliæa aptera. Aletris sikhkimensis. Arundinaria Hookeriana. Berberis umbellata. — brachybotrys. Buplevrum Candollei. Arctotis grandis. Cryptostegia grandiflora. Eucalyptus botryoies. resinifera gros redgun resinifera teuterfield, — trabuti. Eupatorium grandiflorum, Laiania borbonica. Vitiodenia trilobata. “Canards mignon........... A2fr.couple Cassia occidentalis. A _ — de Barbarie....... 45 3 Cnicus involucratus. * Vanneaux suisses ......... 3 25 pièce Cucubalus baccifer. no Happess 20e. 3 50 — Daphniphyllum himalayense. Chevaliers combattants … 2 501 — Dicentra thalictrifoha. . Pre Epilobium roseum. “Grands Courlis............ 650 — Eriophyton Wallichianum. -Perruches ondulés, importées % 50 couple Erytrina arborescens. D calopsittes...... À NE NICE Evodia fraxinifolia. -Moineaux du Japon........ ES ES Heptapleurum impressum. x “Cardinaux verts ........... AG Re Heracleum candicans. ï Paroares huppés........... HER Hibiscus pungens. M. CALITE, 1, rue Roger, Paris. Indigofera Dosua. 3 ——— Tris Bungei. Poules de Yokohama...... 10 fr. couple — Clarkei. Orpington fauves .......... 10» — ï EE “Canards de Barbarie, gris-perlé 40 » — Graines offertes par M. Morel. Dindous blancs............ Din Agathæa cœlestis. Daims mouchetés, 4 ans... 80 fr. pièce Anémone. n À céder : À coq et 2 poules de Bentam de — calophylla. , “combat dorés, black brested game, issus — coriacea. À … des sujets primés de M. Stretch. — dealbata. À VL. PICHOT, 132, boul. Haussmann, Paris. — globulus. 4 ——— — goni RREtS mâle faisan doré 1905.. . 8 Îr. >— emiphlora. D mâles faisans des bois 1905. 7 — piperita. Ÿ og et poule de la Flèche. 45 = platypus. de coq et 6 poules de La — marginata. Fabrigue de Cages et de Volières en tous genres ÉCIALITÉ DE PERRUCHES ET DE PASSEREAUX EXOTIQUES RARES _ Expéditions en province et à l'étranger = qu AR A VENTE & ACHAT — GROS & DÉTAIL D D'une grande ressource ; | E LIX I R° | pour les personnes afiaibiies Oiselier-Naturaliste Pris ce avec plaisir et ALIM E NTAIRE toujours digéré = Soutient l'organisme même à défaut de nourriture. f uit 20. lice des Vosges et Pharmaeies. CHENIL MONDAIN DUFOUR 4 Aüresse télégraphique : PRÉVOTAT-STRASBOURG-PARIS duction de 10 °|, aux Membres de la Société ACL LLELTLEELE TPE TENTE NE EE EE PATENT ETAT EEE UE N TE TENTE ENT EEE TE TA TEEN ENT ET EE EEE EEE TE TT) PLACE. D’ AMSTERDAM 24, Passage Tivoli (Hare St-Lazare) CHIENS DE LUXE a INSOMNIES Qu’elles surviennent au cours des maladies; à la suite de préoccupations, surmenage intellectuel ou d’excès PATÉE CAP ELL al Bromiuré Dubois à la dose arrrrnnnnnnnnn une ou deux cuillerées au moment du | NOURRITURE POUR OISEAUX À oucher, procure toujours un sommeil DE CHASSE ET INSECTIVORES parateur. à we : ; ._ | HIRONDELLES, ROSSIGNOLS, ! Li à SE A ie FAUVETTES, ROITELETS, ETC. st un remède certain, inoffensif et xempt des inconvénients reprochés aux préparations d’opium, morphine, Emile REYEN us Bien spécifier : Seul dépositaire pour toute la France | Bromuré Dubois 76, Rue des Archives PARIS - 20, Place des Vosges et Pharmacies PARIS . + D NL : ES Le meilleur des Désinfectants : sn è | L plus efficace (fs Antiseptiques © © @ S’emploie mélangé à l'eau en solution à 1 0/0, pour l'assainissement & & 5 © des Habitations, Écuries, Poulaillers, W.-C., Cloisons, Plafonds, etc. © © ©h Le bidon de 1 kilog.. > fr. S% | Le bidon de 5 kilog.... Æ@ francs 4 30 0/0 de remise à MM. les Membres de la Société d’Acclimatation soes LOYER & SOULÉS 2: RCE Re nes Usine à M pi (5-81) Imprimerie P. ORSONI, 5 et 7, rue Lemaignan Paris NEUR Lc Gérant, C. MARIE L BOULEV ARD DE STR ASBOURG, 57 ; AE En ru DE FRANCE .. (Revue des Sciences naturelles appliquées) enaee 52° ANNÉE FÉVRIER 1906 SOMMAIRE ‘ bles d’être introduites dans les régions désertiques des colonies françaises (Suite et fin).......... (Extraits et analysts) es PELLEGRIN. — L'incubation buccale chez les Poissons.........…. Lt es | Société : ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. =NCLSNS 3 — 7 | Un numéro e francs; pour les membres de la Société 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL 33, rue de Buffon (ris in hrin is Plats), Paris Le Bullstin paraît tous les mois MOYENS DE COMMUNIGATIONS tére éropoistain Station de la Gare de en Omnibus Tramtways Charonne-Place d'Italie........1. Place Walhubert, f ; Porte: dIvry-Bastille. YA Hi ma-Gare de Lyon.….....,....., Place Walhubert. Place Jeanne-d'äre-Square Montholon.… .: .! = ontparnasse-Bastille, ..…..... De Boulevard Saint-Martel-Notre-Dame-de-Lorette. Rne Do 5 1vxy-Concorde Fe SN ER PRE à 18 Square des Batiunol!ès-Jarüin des Plantes {r. Uéofroy-St-1, Lire), ace Walhubert-Place de la Nation. | ë Balpatz-Parisions ne ue du Nord . Pouton d'Augterliiz (tive gauche! à PTE É REA Qi ! RATER jy . À 4 rate lé } 4 sp de Ode 7 ARE de M Le je . ‘étaire Général a ones or mer MM “y mbres de la ciété et les personnes qui désireratent l’'entretenir, qu'il se lient à leur dispos tion, au siège de la Pts 33, rue de Buffon, tous les Lundis. de 4à7 heur mn mn SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON. — Paris BUREAU ET CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1906 Président. M. Edmond Perrier, membre Ge l’Académie des Sciences et de l’Académie de Mé cine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. Ed. Bureau, Professeur honoraire de Botanique au Muséum d'Hist Natur: elle, 24, quai de Béthune, Paris. | Baron Jules dé GueRNE, 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PonTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. # C. RAvERET-WATTEL, Directeur de la Station aquicole du Madeyo 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général : M. Maurice Loyer, Avocat à la Cour d'Appel, 12, rue du Four, Paris. MM. À. Borcexor, 16, rue de Siam, Paris (Etranger). | H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes-Etudes, 254, boulevard Sain Û Germain, Paris (Conseil). 754 G. Fron, Docteur ës Sciences, Chef des Travaux botaniques à l'Instit agronomique, 29, rue Madame, Paris ({Intereur). Ch. DeBrEuUIL, A vocat à la Cour d'Appel, 25, rue de Châteaudun, Paris (Séances). Trésorier. M. le D' Segicrotre, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire. M. le Marquis de Foùcxres, 120, rue Legendre, Paris. Membres du Conseil MM. Dr Raphaël Brancaarp, Membre de l’Académie de Médecine, professeur à la Faculté Médecine, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. Comte Raymond de Darwas, 26, rue de Berri, Paris. : Lecoure, Docteur ès sciences, professeur de botanique au Lycée de Saint- Louis, 48, des Ecoles, Paris. LE MYyRE DE Viuers, 3, rue Cambacérès, Paris. D: LrPrinces, 62, rue de la Tour, Paris. 4 DRE: MaRCHAL, Professeur à l'Institut National] Agronomique, Directeur de la. Station entomologique de Paris, 30, rue des Toulouses, à Fontenay-aux-Roses. L. Mensey, ‘Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche et de la Pisck DOME au Ministère de l’Agriculture, 87, boulevard Saint-Michel, Paris. . Mixue PouTINaon, Directeur de la Revue des Cultures Coloniales, 48, rue de la Chaus me Paris. Comte d ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Bois, assistant au Muséum d'Histoire Naturelle, 45, rue Faidherbe à St-Mandé {Seine Dr E. TRoUEsSART, ancien Président de ‘la Société Zoologique de France, 20, rue des Belles-Feuilles, Paris. Wurrion, 7, rue Théophile-Gautier, y Suis Vice-Presidents. Secrétaires. DATES DES SÉANCES GÉNÉRALES ET DE SECTIONS Pour l’année 1906 Janvier | Février Mars Avril Mai | Novembre Décemh Séances du Conseil le jeudi à S'heures PPS CU SE 4 d 1 5 3 8 je Section (Mammifères), le Jundi à D NOTES 2 2e cum. SRE 8 5 5 2 7 5 2e Section DAS ie), le thé i Rd der. ne DR 5 $ 2 7 5 3° Section (A Foie le lundi |: Foto quiet ne 15 12 42 9 14 12 %4* Section (Entomolo i) Je “juni Ë à 3 Rs Ag. .. if 15 12 42 9 14 12 5 Section (Botanique), le lun | A ae AUS 22 19 19 23 121 19 tion (Colonisation), le runs 3 et GRR De He 22 19 19 23 21 49 1 F1 a 7 SÉROUNTEVBRIDE IDE COQ: HW DELPINTADE Par M. À. de SAINT-QUENTIN L'alliance féconde entre deux géniteurs d'espèce ou de genre différents, constitue le phénomène physiologique que l'on désigne sous le nom d'hybridation. [1 en existe plusieurs exemples dans les deux règnes organiques. Assez rarement spontané à l'état de nature, il S'observe plus fréquemment parmi les êtres vivant dans la dépendance de l'homme qui a le pouvoir de le provoquer artificiellement. Les êtres mixtes qui eu sont le résultat et auxquels on a donné le nom d'hybrides ont toujours eu le don de captiver l'attention des esprits stu- dieux qui cherchent à pénétrer les secrets de la création. l'étude de ce curieux phénomène et de toutes les questions contingentes qui s'y rattachent, présente en effet le plus grand - intérêt. Elle offre même à l'observateur de déconcertants pro- blèmes. Telle est, par exemple, la cause qui rend les hybrides stériles. Bien qu'habituelle et d'autant plus certaine, que les deux géniteurs différent davantage l’un de l’autre, on voit tout à coup cette infécondité disparaitre complètement dans un cas donné, sans qu'on ait pu jusqu à présent en deviner les motifs. Nous en avons eu un remarquable au Jardin d'Acclimation. Cet établissement s'était procuré, dans la province de Constan- tine, une Mule signalée comme féconde et reconnue comme telle. Cette Mule a donné naissance, au Bois de Boulogne, à de nombreux produits, issus non seulement du Cheval, de l’Ane et je crois méme de l'IHémione; mais encore issus également des bêtes à quart et à huitième de sang qui provenaient d'elle. Car, chose à noter, toute sa lignée avait hérité de sa fécondité. On trouvera, du reste, sur cet animal, une notice trés complète du docteur Saint-Yves-Ménard, dans le Bulletin de notre Société. (Année 1889, page 617.) Dans le règne végétal, un fait concernant l'hÿbridité, plus extraordinaire encore que le précédent, s'est manifesté entre les mains de notre regretté confrere. l’illustre botaniste Naudin. A la suite d’un croisement entre deux espèces du genre Stramo- ntum, non seulement les graines hvbridées donnèrent naissance à des individus féconds, mais encore il se trouva, parmi ces hybrides, des plantes dont les semences reproduisirent, cha- Pull. Soc. nat. Accl. Fr. 1906 — 2? 54 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION cune, un individu absolument différent de ceux provenant des autres graines, bien qu'offrant les caractères du genre Sframo- nium. Cette bizarre variation du type paraît s'être continuée, du moins pendant les premières générations. Notre confrère proposa de donner à cet étrange phénomène le nom d’Aybri- dalion désordonnée. Je complèterai les réflexions qui précèdent en indiquant l'origine du mothybride. [la pour racine le mot grec 56512, 56ccwz, qui signifie ( injure ». Les anciens croyaient, en effet, que l'alliance entre des animaux d'espèces différentes constituait une injure à la Nature créatrice qui avait soigneusement spé- cialisé les êtres organisés, créés par elle, et qui se vengeait de cette injure en frappant de stérilité les produits issus de ces alliances coupables, avec d'autant plus de sévérité que les deux types procréateurs, différaient davantage l'un de l'autre. Je parle ici surtout des Grecs, car les Romains, moins documentés en sciences naturelles, admettaient les idées les plus extrava- gantes au sujet de l'hybridation. Telle était, par exemple, la conviction qu'ils avaient que la Girafe n'était qu'une espèce issue de l’accouplement du Chameau et de la Panthère. Un-grand nombre d'auteurs emploient indifféremment, l'un pour l’autre, les deux mots : hybride et métis. On doit éviter de le faire, attendu qu'aujourd'hui les naturalistes sont générale- ment d'accord pour attribuer le nom de métis aux produits résultant du croisement de deux ( races » ou variétés fixées d'une même espèce, tandis que le terme d'hybride doit s'appli- quer aux êtres issus de deux (espèces » soit congénères, soit hétérogènes. Le métis est toujours fécond ; mais son {ype est sujet à de nombreuses et fréquentes altérations. [1 résulte de ce préambule, un peu long peut-être, que les lois qui régissent l'hybridation sont encore loin d'être connues. Les seules choses sur lesquelles les observateurs s'accordent généralement sont les suivantes : 1° Les hybrides sont presque toujours inféconds, et cette stérilité est d'autant plus certaine que les deux espèces, ou les deux genres dont ils proviennent, sont plus éloignés l’ur de l'autre. 20 La lignée des hybrides féconds s'éteint presque toujours; après quelques générations, on retourne à l'un des types ances- traux, suivant les conditions d'existence où ils se trouvent placés. Ce dernier cas se produit même fréquemment pour les simples métis. L'habitat et le régime sont des facteurs puis- SUR UN HYBRIDE DE COQ ET DE PINTADE 00 sants dans la conservation et la perpétuité des types organiques. Abordons maintenant le sujet principal de cette notice. 11 s’agit d'un curieux hybride qui à vécu trois ou quatre ans au Jardin des Plantes de Toulouse et qui S'v trouvait encore en décembre 1875. Cet oiseau, de sexe male. était fils d'un Coq noir du Lauraguais (race garonnaise), et d'une Pintade femelle de race commune. Il était né chez M. Delhom, propriétaire dans la Haute-Garonne. Voici dans quelles conditions : Ce pro- priétaire avait remarqué qu'une Pintade, qui se trouvait dans sa basse-cour, était l’objet des attentions et des galanteries du Coq, au point que celui-ci négligeait complètement ses Poules, afin de poursuivre la Pintade de ses assiduités passionnées, Qui saura jamais ce qui se passe dans le cœur d'une Pintade?.. Füt-ce la vive sensibilité naturelle à Son sexe? Füt-ce l'envie d'humilier les Poules, ses rivales, en leur prouvant la supério- rité de ses charmes? Füût-ce, enfin, le désir d'être mère? Peut-être un peu de tout cela. Toujours est-il que la jolie méléagride parut vivement touchée des sentiments du beau Coq noir et accueillit avec bienveillance ses galanteries. Klle s’atta- cha même à lui, depuis lors, avec une tendresse égale à celle dont il lui avait donné les preuves. M. Delhom, qui suivait . attentivement les phrases de cette idylle, fit mettre à part les œufs de la Pintade. Elle en pondit vingt qu'il plaça dans une 86 . BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ: D 'ACOLIMATATION excellente couveuse. Dix-neuf furent reconnus clairs. Un seul donna naissance à un Poussin de sexe mâle qui fut élevé avec le plus grand soin, puis offert, par son propriétaire, au Jardin ; des Plantes de Toulouse. | On verra par la figure qui accompagne ce texte que, dans la partie médiane du corps et l'arrière-train, l'animal rappelle | un peu plus la Pintade que le Coq. Le cri d'appel était à peu | près identique à celui de la Pintade mâle. Maïs la paternité du Coq. ainsi que le sexe de l'hybride, s'affirme par des caractères très précis. D'abord par un camail pareil à celui de tous Îles Coqs; puis par des éperons qui arment le bas des tarses et par une queue plus longue que celle des Pintades, bien qu elle soit dépourvue de faucilles et inclinée vers le sol comme dans la race materneile. Le fond du plumage est d'un beau noir; mais le camail et les plumes du recouvrement de l'aile présentent des reflets brillants d’un brun rougeûtre. Les taches blanches arrondies des plumes de la Pintade ont complétement disparu, ou plutôt se sont profondément modifiées. Elles sont remplacées | par d’étroites et fines rayures transversales. de couleur blanche ou fauve brillant, ayant quelque analogie avec du plumage des Poules dites ( coucou ». Seulement ces rayures n'occupent qu'une partie beaucoup moins importante de la surface des plumes. Sur les grands pennes, elles sont moins accentuées en couleur, principalement dans les parties fauves. Le volume de l'animal égale celui d'un beau Coq: La tête est complètement dépourvue de crête et de barbil- lons. Les petites caroncules latérales aplaties de la Pintade sont à peine indiquées ; mais, sous le bee, pend une membrane rétractile en forme de fanon ou de bavette. Elle est couverte de rudiments de plumes, ou plutôt de poils. Les joues, gris cendré. sont presque nues. L'œæil est noir, entouré d'une peau blan- châtre. Le bec, noir à la base, devient presque blanc à l'extré- mité. Les narines sont entourées d'une peau nue et rougeûtre qui s'étend jusqu'à la commissure du bee. Les pattes sont grises comme chez le Coq. et, comme je l'ai dit plus haut. sont armées d'éperons. NT. le D' Trutta, ancien directeur du Musée d'histoire natu- 234 relle de Toulouse, qui a décrit, le premier, ce curieux volatile, dans une communication faite à la Société d'histoire naturelle de cette ville, en décembre 187%, s'exprime ainsi : -(C Si nous ne connaissions l'origine certaine de ce curieux sujet, les caractères qu'il présente sont assez nets pour montrer :.qu'il tient à la fois du Coq et de la Pintade. Le public ne sy PRE : SORANANBRIDE DEL COQ EI DENPINIADE 37 méprend pas et nous avons entendu souvent de bonnes fer- mières montrer du doigt cette lPentade à lète de (‘hapon. En effet, l'absence de crête donne tout à fait l'air d’un Chapon à notre hybride. » En définitive, l'apparence générale de l'animal peut se résu- mer ainsi : corps de Pintade, tête et cou de Chapon. Ce n'est point la première fois qu'une hvbridation entre le wenre Gallus et le genre Numnidu S'est produite. Notre cher ancien président À. Geoffroy-Saint-Hilaire en a signalé un autre exemple à M. Trutta. Dans celui-ci, la mère était une Poule et le père une Pintade. L'hybride provenant de leur union a vécu quelque temps au Jardin d'Acclimatation. Je n'ai malheureusement pas eu l’occasion de le voir et je ne puis en parler. Notre ancien président, qui était alors directeur de cet établissement, en à. sans doute, conservé une description, ef, peut-être, la dépouille de cet oiseau, convenablement préparée, existe-t-elle quelque part. [1 serait intéressant de comparer la physionomie des deux types. Quant à l'hybride de Toulouse, par suite d’un regrettable et triste accident, la dépouille en est à jamais perdue pour la science. Le grillage du parquet où il était enfermé fut brisé une belle nuit, probablement par des iWaraudeurs, car il semblait à l'épreuve des efforts d'une bête de proie. Quoi qu il en soit, on trouva dans ce parquet, le matin suivant, une assez grande quantité de plumes; mais l'hybride avait disparu. [Il est probable qu'en raison de l’âge de cet oiseau, les voleurs qui s attendaient à se régaler de quelque Faisan inconnu, durent éprouver quelque mécompte en dégus- tnt le fruit de leur rapine. Si jai relaté si longuement l'origine et la physionomie de ce rare hybride, dont l'existence remonte déjà à trente ans, c'est d'abord à cause de l'intérêt que cette description détaillée peut offrir aux membres de notre Société, ensuite parce que j'ai pensé que quelques-uns d'entre eux pourraient tenter quelques efforts dans le but d’en obtenir de semblables. Nul doute que plusieurs réussiraient. Ce qui est arrivé deux fois peut toujours se reproduire de nouveau. La figure que je place sous les yeux du lecteur est de la plus risoureuse exactitude. Elle à été dessinée d'après nature par feu l’entomologiste Marquet, qui fut l’un des plus patients et des plus scrupuleux dessinateurs d'oiseaux et d'insectes que j aie connus. EXCURSION DE LA SOCIÉTÉ À L'ARBORETUM ET AU FRUTICETUM DES BARRES. par M. PARDÉ Le 8 juillet dernier, le train arrivant de Paris à 11 h. 1/2 du matin amenait, à Nogent-sur-Vernisson (Loiret), la Société nationale d'Acclimatation qui venait visiter, aux Barres, l'ar- boretum de l'État et Le fruticetum de M. Maurice de Vilmorin. La premiere partie de l'après-midi fut consacrée à la visite du domaine de l'État. La société y fut reçue et conduite par MM. Marchand, directeur: Fron et Delacourcelle, professeurs ; M. Maurice de Vilmorin et M. Pardé, ancien professeur à l’École des Barres, étaient également des guides compétents. Nous ne disposions que de quelques heures; il n'était réellement pas facile de nous faire voir convenablement, en si pen de temps, les nombreuses richesses dendrologiques réu- nies sur les 70 hectares environ que renferme le domaine; il fallut se contenter de passer rapidement, sans presque s'arrèter, devant les sujets les plus remarquables par leurs dimensions ou leur rareté. Et encore combien durent rester inaperçus ! Dans la Pépinière du Verger, comprise entre les batiments des deux Ecoles forestières existant aux Barres, nous remar- quons : Quercus heterophylla Michx., fils ( Phellos hybride ru. bra Britton), ayant 2"80 de tour, 20 mètres de hauteur et uncélé- gante cime, extraordinairement développée; Quercus Æqgulops Lin., de 1M55 de circonférence, Querceus faleata Michx., de 269 de tour; Quercus alba Lin., de 1"10; un Chène hybride, encore mal déterminé, présentant des glands semblables à ceux du Chêne rouge d'Amérique: Pinus Jeffreyt Murray, de Om60, portant des cônes; le très décoratif et assez rare Abres Webbhiana Lindl. (spectabilis Spach}, qui fructifie aux Barres ; un pied femelle du (Gyrmnocladus canadensis Link: Abies homolepis Sieb. et Zucce. (brachyphylla Maxim.), du Japon, portant des cônes d’un beau violet; le très rare Abies pindrow Spach, de l'Himalaya; la variété à gros fruits du Sorbus do- mestica Lin.; un sujet, d’ailleurs assez mal conformé, du ma. gnifique Abies bracteata Nutt.; Carya (Hicoria) olivæ formis Nutt., de 1M05 de tour; le véritable Abies amabilis Forbes EXCURSION À L'ARBORETUM DES BARRES 59 trés rare dans les cultures européennes, où il est généralement confondu avec l'Abies magnifica À. Murr., dont il se dis- tingue cependant bien nettement; Abres Veitchuü Lindi., du Japon, qui semble très bien venir aux Barres; l'ornemental Picea Morinda Link, de l'Himalaya; Pinus ponderosa Dou- glaset Pinus Sabiniania Douglas ; un Quereus palustris Duroi, de 195 de circonférence, remarquable par la rectitude de son füt et l'ampleur de son élégante cime; Juglans nigra Lin., donnant en cet endroit, de même que le chêne précédent, des semis naturels, etc., etc. De la Pépinière du Verger nous passons dans l'A rboretum proprement dit, dessiné en jardin anglais, avec allées nom. breuses et bien tracées ; nous en parcourons très rapidement les quatorze pelouses où les différentes essences étrangères, repré- sentées par un petit nombre de sujets plantés plus ou moins à l'état isolé, sont soumises à une premiére expérimentation, portant sur leur rusticité et leur végétation sous le climat des Barres. c Nous notons, un peu au hasard, car cette seule partie du domaine demanderait plusieurs journées pour être étudiée un peu convenablement. Dans la pelouse [ : Quercus obtusiloba Michx., de 070 de tour et, près du batiment de l'École secondaire, Quercus macro- carpa Michx., de 1"10 de circonférence ;.… Dans la pelouse IT : Abies Pinsapo Boïiss., de 1"30 de tour, avec quelques semis naturels; Abies cephalonica Loud., de 0Om95 ; Abies Nordimanniana Spach, de 0UM950, avec semis na- furelserez. Dans la pelouse IE : Chamicee paris Lawsonyana Varl., de On70 de tour, avec semis naturels; Abies ecliciea Carr., de Om65; Abres Pinsapo Boiss., de 170, avec semis naturels; Abies concolor Lindl., var. lastocarpa Engelm., de 1"10; Larix leptolepis Endl., de 0m50;... Dans la pelouse IV : les Pinus Strobus Lin., de 1"30 de tour, excelsa Wallich. de l'Himalaya, avec un ou deux semis naturels, Beul:e Griseb., de 040, Bungeana Zucc., dont l'écorce s'exfolie comme celle des Platanes, — nutis Michx., de 1 mètre de circonférence ;.… Dans la pelouse V : plusieurs Pinus Thunbergic Parl., du Japon; Thuya gigantea Nutt. (Lobbi Hor.t,)de 1"15 de tour; Dans la pelouse VI : Betula lenta Lin. ;.. Dans la pelouse VIT : Picea polita Carr., du Japon; Cla- drastis Tinctoriæ Rafin {Virgilia lutea Michx.);.… 40 BULLETIN DE LA SOCIÉTE D'ACCLIMATATION Dans la pelouse VITE : Alnus cordifolia Ten. et A/nus subeordata G. À. Mev; Acer macrophyllum Pursh: Betula papgrifera Marsh., de 0"70 de tour: Ginkgo biloba Tin., du Japon; Piceu ortentalis Carr., de 0"75; un magnifique exem- plaire de l'Abres concolor Lindi., var. ncolacea, de 0M60 de cir- lenATCCLES: Dans la pelouse IX : Quercus rubru L., de 270 de tour ; Thuya qgijantea Nutt., de 1"60 de circonlérence, avec semis naturels; Cryptomeria japonica D. Don, de 1 metre; plusieurs Charmccyparis pisifera Sieb. et Zucc., du Japon, nutkaensis Spach et sphwroideu Spach, des États-Unis; Cupressus Macna- bianu Nurr., encore rustique aux Barres; Pinus pungens Michx., de 0m90 et P'nus rigida Mill, de 1 mètre de tour; les Picea omoriea Pancic, de Serbie, et Zngelmannt Kngelm.. des États-Unis ; un très remarquable Abies numidiea de Lan- HOoV, var. glaucrt ;…. Dans la pelouse X : Quercus Phellos L., de 0n95 de tour; Quercus 1mbricariu Michx, de 1M20; Prceu alba Link et sa variété cærulea; la variété japonica Maxim du Picea obovata Ledeb. (Picea Maximowicait Regel); Abies cilieica Carr., de 120 ; Abies grandis Lindi., de 0M70, affirmant une croissance en hauteur extraordinairement rapide ;… Dans la pelouse XI : plusieurs Carya (Hicoria) dont un Carya poreina Nutt.. de UMS5 de circonférence avec des fruits nombreux; les Quercus coccineu \Wangh., ferruginet Michx., Libant Oliv.. dentata Thunb. (quercus Daïmio Mort.); les Piceu alba Caxr., ortentalis Carr., Alcockiana Carr., très rare dans les cultures européennes où il est généralement mal éti- queté, ajanensis Fisch.; les Abies numidica de Lannoy, ce- phaloniea Loud. et ses variétés; grandis Lindl.; concolor Lindl. et ses variétés /asiocarpa et violacea, cette derniere du plus bel effet décoratif ;... Dans la pelouse XII : Quercus ambiqua Michx. fils; Dans la pelouse XIII : Picea punyens Engelm.; Picea obovata Ledez., var. japoniea Maxim. (Piceu Maximorwiezri Regel); Picea sitchensis Trautv. et Mey.; Larix «mericana Michx.: Tsuga cunadensis Carr.: Pseudo-tsust Douglasii Carr., de 130 de-tour; Abres cephalonica Loud.. de 120; Abies ecliciea Carr., de 1920; Abies balsamea Mill. :… Dans la pelouse XIV : Maclura aurantiacx Nutt., de 1 mètre de tour; Populus:angulata Aït, de 1"65: Quercus serrata Thunb., du Japon; Zibocedrus deeurrens Torr.. de 115 de circonférence; Cupressus Goweniana Gord.. rustique EXCURSION À L’AÂRBORETUM DES BARRES 41 aux Barres; Chamrecyparis obtusa Sieb et Zuce., LC Hinoki » du Japon: Cunninghamia sinensis R. Br., de la Chine, de Om80O de tour; Sequoia qgiaantex Vorr.. de "50 et Sequoia semperocrens Endi., de O0M90: un massif de Cedrus atlantica Manetti, dont les plus gros mesurent 1"65 de circonférence. De l'Arboretum, nous nous dirigeons vers la partie du do- maine où les essences qui ont donné de bons résultats à l'état isolé ont été plantées en massif, comme on le ferait si on devait les introduire dans nos forêts. Dans le canton des Sables Paillenne, nous remarquons, au milieu de Pins sylvestres et Laricio de diverses provenances, deux lignes de Quereus aquatica Walt. var. laurifolia, à leuillage persistant, malheureusement un peu trop dominés el une ligne de Priaus rigida Mill. dont plusieurs ontété exploités à différentes hauteurs, dans le but d'étudier les rejets adventifs quise produisent sur le tronc et les principales branches; les rejets se sont en effet produits en grand nombre; mais, ils n'ont persisté que quelques années; il n'v a donc rien à en attendre, du moins à cet âge. Le Triangle des Sables Parllenne que nous visitons ensuite est planté en Pins svlvestres de différentes origines eten Pins Laricies appartenant à deux races : Pinus Laricio austriaca Endl. et Pinus Laricio Pallasiana Endl.; sous le couvert de ces derniers, nous découvrons quelques semis naturels du Cedrus Libani Loud. dont il existe. à proximité, une ligne de sujets agés. Le canton qui vient ensuite est appelé : F£nelos des Pins. Il est, en effet, occupé en grande partie par des Pins de nom- breuses espèces où variétés, plantés en lignes et formant souvent de petits massifs de plusieurs ares. Nous notons, au passage, des Pins laricios de Corse et de Calabre, de très belles dimen- sions et de bonne venue, des Pins svlvestres et des Pins de montagne de diverses variétés et de nombreuses provenances, quelques lignes des Pinus excelsa Wallich, mitis Michx.. rigida Mill. et pungens Michx. avec semis naturels, énops Soland., quelques Pinus rubra Michx., et, dans une petite partie du canton appelée le Carré Michaux : Picea rubra Link, aveé semis naturels. Quercus Prinus L., var. monticola. Quereus tinctoria Michx., Quercus ferruginea Michx …. Dans la (ofe des (rencts, nous remarquons. au milieu de Pins svlvestres, de Pins laricios et de quelques Pins maritimes épargnés par le funeste hiver de 1879-1880, un Pinus rubra Michx... greffé sur Pin sylvestre. 42 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACOLIMATATION Dans les Terres de la Grande Métairie, on a tracé quarante- deux carrés où, depuis vingt ans, on a planté, en massif, plusieurs des essences qui ont donné de bons résultats. à l'état isolé, dans l’arboretum. Nous citerons. entre autres : Pinus ponderosa Douglas, Picea ortentalis Carr. et Picea alba Tänk. Abies Nordmanniana Spach, Abies cephalonica Loud., qui souffre des gelées de printemps durant la jeunesse, Abies Binsapo Boiss., Abies balsamea Mill., qui a médiocrement réussi... Le canton est entouré, au sud et à l'est. d’une haïe formée de Picea excelsa Link, de Thuya gigantea Nutt. et de Chamcecyparis Lawsontana Part. La Pièce Pophuilat est entièrement peuplée en Pins laricios de Corse, de Calabre et Weymouth, plantés, en lignes, vers 1830; les Pins laricios, surtout ceux de Calabre. ont donné de splendides résultats ; les Pins Weymouth sont de moins belle venue. Les trois essences ont donné naissance à quantité de semis naturels. En bordure du canton des Sables rouges, planté en Pins sylvestres et laricios de diverses provenances. nous remar- querons quelques Ulmus americana L., de médiocre venue. Pour revenir, nous traversons la Glandée d'Amérique. Dans ce canton, on a planté en lignes, aux environs de 1850, outre plusieurs variétés de nos Chênes indigènes, les principaux Chènes des Etats-Unis. Parmi ceux qui, élevés ainsi en massif, ont donné les meilleurs résultats, il convient de citer : Quercus tinctoria Michx. et Quercus coccinea Wangh. qui donnent des semis naturels, Quercus palustris Duroi et Quercus Phellos L., Quercus rubra L.et sa variété ambiqua(Chène de Fougeroux), remarquables par la facilité avec laquelle ils se reproduisent naturellement de semences, enfin Quercus tiliceifolia Wangh. (Quercus Banister: Michx.) qui forme, dans l'angle nord du canton, un taillis difficilement pénétrable et, par suite, trés favorable à la protection et propagation du gibier; comme le précédent , ce petit Chêne s'est répandu naturellement de semences, d'une façon presque envahissante, dans toutes les parties du domaine. La Glandée d'A mérigne renferme encore, croissant en massif, Betula papyrifera Maxrsh., Alnus cordi- folia Ten... Alnus subcordata GC. A. Mey.…. Nous longeons de nouveau l'arboretum et passons devant une maison dont les murs sont tapissés par le Parthenocissus tricuspidata Planch. (Ampelopsis Vertehir Yort.), pour aller visiter les Plantations de la route de Châtillon. Là, ont été plantées en lignes serrées, trop serrées même, plusieurs des Écrs. éinst sit à cédé MES EXCURSION À L’'ARBORETUM DES BARRES 43 espèces déjà citées, notamment : Seguoim giqantea Torr.. Picea alba Link, Pseudotsuga Douglasii Carr., Abies Nordmanniana Spach, Abies Pinsapo Boiss.. Abies nobilis Lindl.. Abies yrandis Lindl..…. De l'autre coté de la route d'accès aux Barres, nous remarquons un massif mélangé de Sequoia sempercirens Endl. et Abies cilicica Carr., dominant un sous-bois fourré, formé principalement par les Chènes indi- genes et le Chêne de Banister. Nous revenons sur nos pas et, après une courte visite aux riches et intéressantes collections disposées avec art dans le Chalet Danbrée, nous faisons honneur à une collation qui nous est offerte par l'aimable Directeur de l'Ecole des Barres. Ensuite, nous passons devant l'ancienne demeure de la famille de Vilmorin, et admirons trois très remarquables sujets du Cedrus Libani Loud, ; après avoir traversé la route de Châtillon, nous pénétrons dans l'Ancienne Pépinière. Dans cette partie du domaine, existent de nombreux arbres indigènes et étrangers, de dimensions très remarquables, Citons entre autres : Magnolia acuminata L. ; Liriodendron tulipiferaL.; Robinia viscosa Vent.; Padus serotina Agardh.. essence très intéressante qui à donné naissance, en plusieurs endroits, à des semis naturels ; Zelk:owa crenata Spach repré- senté par des sujets greffés et des arbres francs de pied, avec, dans le sous bois,des sujets plus jeunes, nés, les uns de dra- geons, les autres de semences ; Betula papyrifera Marsh.; les Carya (Hicoria) olioæeformis Nutt., sulcata Nuti., amara Nutt., alba Nutt., et porcina Nutt., les trois derniers repré- sentés par des arbres de plus de 1 mètre de tour d'où sont issus quantité de semis naturels ; les Quercus Cerris L., Tozza Bosc., alba Liu., Phellos L., obtusiloba Michx., ferruginea Michx., tenctoria Michx., rubra L., les trois derniers ayant donné naissance à de nombreux semis naturels ; un tres fort pied du Juniperus otrginiana L.; de nombreux Pins laricios de grandes dimensions, notamment un sujet fort curieux par d énormes branches latérales, parallèles à la tige principale ; deux très gros Pinus rigida Mill. ; Pinus excelsa Wall, ; trois forts pieds du rare Picea ruora Link ; Picea morinda Link ; les Abies Nordmanniana Spach, cephalonica Loud., cilicica Carr., Pinsapo Boiss., ce dernier formant un petit massil d'arbres de belles dimensions, en parfait état de végéta- tion. La visite du domaine de l'Ktat est terminée. 41 BULLETIN DE LANISOCIRTÉ DA CCLIMATATION Elle a été faite beaucoup trop rapidement, trop sommai- rement, pour qu'il soit possible d'en tirer toutes les conclusions qu'elle comporte, Presque tous les arbres étrangers qui ont été cité dans ce compte rendu se comportenttrès convenablement à l'état isolé ; un assez grand nombre, plantés en massif, ont parfaitement réussi : la plupart donnent régulièrement et abondamment des uraines fertiles ; enfin, plusieurs ont donné naissance à des semis naturels. Cette dernière observation est particulierement intéressante, importante à noter. Ilest certain, en effet, qu un arbre étranger. qui se reproduit naturellement de semences dans notre pays, peut être considéré comme très susceptible de S'v naturaliser, de prendre place tôt ou tard parmi nos essences lorestières. Cette naturalisation est acquise déjà pour plusieurs espèces, telles que le Chêne rouge d'Amérique, le Chène de Banister, le Noyer noir d'Amérique... Il est permis de l'espérer pour toutes les autres essences que nous venons de signaler dans ce compte rendu, — le fait nous semblait trop important pour omettre de le noter, — comme avant donné naissance. aux Barres, à des semis naturels. De l'Ancienne Pépinière, quittant le domaine de L'Etat, nous passons dans le /ruticetum, très voisin, de M. Maurice de Vilmorin. Le très aimable créateur de cette riche collection d'arbris- seaux nous conduit désormais avec l'exquise urbanitéet la haute compétence qu'on lui connait. Re 1 : ; ETUDE SUR PESNPRINCIPMERSN EACITIAES ÉMRERIS ES, A MEN IQUR AE SUSCE PTIBLES D'ÊTRE INTRODUITES DANS LES REGIONS DÉSERTIQUESU DES COLONTESNRRANOCAISES. (Suite et fin). Par Léon Diguet. Chargé de mission scientifique au Mexique par le Ministère de l’Instruction publique et le Muséum. A coté de l'(Organo»,une autre espèce est employée unique- ment au même usage; mais son aire de répartition est cles plus réduite: c'est le Cerers bavosrs Web., désigné dans la contrée Fig. 9 — Cereus bavosus. Zapotitlan de Las Salinas (K£at de Puebla). sous le nom de « Baboso » (mucilagineux); ce nom lui a été donné parce que toutes les parties de la plante, lorsqu'on tes écrase, répandent un liquide visqueux. On rencontre cette espèce dans les localités au sol très calcaire du sud del'Ktat de Puebla, aux environs de Tehuacan, 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION principalement au village de Zapotitlan de Las Salinas,où il est très utilisé dans les clôtures. LeCereus barosus (fig.9)a unefleur assezgrande,de couleur blanc rosé; son fruit est gros et de forme ovoïde; il n'est pas comestible étant insipide et, de plus, visqueux; la tige du « Baboso » est d’une couleur vert grisätre ; elle est armée de puissants faisceaux épineux dont Les épines sont généralement longues et peuvent atteindre jusqu'à vingt centimètres. Ce que ce (C'ereus a de remarquable, e’est sa croissance rapide et surtout sa prodigieuse puissance végétative; un fragment tombé à terre ne tarde pas à émettre des racines qui s'enfoncent rapidementdans le sol et, peu après, les bourgeons apparaissent perpendiculairement à ce fragment de tige (1). En général,lorsqu’on emploie les C'ererrs comme clôture en palissade, on a scin de choisir les espèces qui fournissent des rameaux les plus droits,pour qu'ils puissent se planter à même distance les uns à côté des autres, comme des piquets. Plu- sieurs espèces, désignées sous le nom de « Cardon » (Chardon) (probablement parce qu'ilssontassez épineux et ne donnent pas de fruits utilisables), sont tout particulièrement usités, ce sont: les Cereus Pringlei, Peclen-aborigenuwin, cande- laber, eic.; néanmoins, dans certaines localités, on emploie pour le même usage, les espèces à tiges bien droites qui ont été mentionnées plus haut comme Cactées à fruits; tels sont, par exemple, les Cereus Dichyi, queretarensis, Thivberi. etc, Les Cardons et les Pithayos ne poussent pas très rapidement. de sorte que la haie reste pendant plusieurs années à peu de chose près telle qu’on l’a plantée, il n'en est pas de même avec les C. inarginatus et barosus: ces derniers, lorsqu'ils ont atteint une hauteur trop élevée, se taillent et fournissent ainsi de nouvelles boutures. Pour la plantation des boutures autres que celles de l'€ Organo » et du (Baboso » qui sont de prise rapide,on prend (1) Le Cereus bavosus a beaucoup d’analogie comme fleur, comme bige et comme puissance végétative, avec une espèce qui croît dans une région des plus limitées de la péninsule californienne, c'est le Cereus eruca Brand, désigné par les indigènes sous le nom de « Chirinola », qu se rencontre seulement sur le versant pacifique de la Basse-Californie? dans les zones de dunes et de plaines argilo-sablonneuses qui s'étendent autour de la baie de la Magdalena; mais ce Cereus se différencie néan- moins à première Vue en ce qu'on le rencontre presque toujours couché sur le sol, la tige, très molle, rampe alors sur le sol en suivant les sinuosités et en émettant, de place en place, des racines adventives. Les Cereus bacosus el eruca sont donc des espèces qui pourrontrendre des services dans les terrains à sol trop calcaire ou à soltrès meuble. ÉTUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE AT habituellement quelques précautions afin de favoriser la reprise et l’enracinement du sujet. Comme la bouture, surtout si elle est d'une certaine taille, demande à être plantée un peu profondément pour conserver sa position verticale et résister à la poussée des vents, il y à à craindre, dans ces conditions, que les parties charnues trop profondément enterrées n'arrivent à se pourrir et à entrainer progressivement la décomposition de toute la plante; pour obvier à cet inconvénient, on dénude les faisceaux ligneux qui occupent la partie médiane du rameau, sur une longueur Fa | a Fig. 10, — Pereskopuntia Chapistle Web (Etat de Oaxaca). de vingt à trente centimètres; cette partie, débarrassée de la pulpe, forme une sorte de tuteur que l’on enfonce dans le sol, puis, avec de la terre, on chausse de quelques centimètres la base de la bouture: avant de faire la plantation, on attend quelques jours, afin que les parties mises à vif aient subi un léger commencement de cicatrisation. On emploie encore les grands Cereus ramifiés en candé- labres, dans le cas: où l’on désire avoir une clôture pouvant 48 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION offrir un abri ou un ombrage; mais, comme ces Cactées ne se rejoignent que par leur partie ramifiée, on est obligé de garnir les espaces situés au-dessous de la ramificatiôn par des murs ou par des plantes formant broussaille; ainsi sont souvent employés. suivantles localités, les C'ereus pruinosus, querelu- rensis, candelaber, Pringlei, Reclén-aborigenin, ete. Les Cactées du genre Pereshopunlia fournissent des clôtures en forme de buisson, lesquelles peuvent être taillées comme on le ferait d'une haie d'Aubépine; c’est ainsi que.dans certaines localités de l'Etat de Jalisco, on emploie le Peresko- _punlia Spalhrlala, dèsigné par les indigènes sous le nom de & Patylon », et dans l'Etat de Oaxaca le Pereshopunlia Chapislle Web (1), ce dernier, très voisin du précédent, s'en distingue assez nettement par son port; ses branches sont plus droites, plus rigides et pius grosses; ses épines (2) sont plus. longues et plus fortes (fig. 10). Ces deux Pereskopunlia fôrment des clôtures très propres, à feuillage vert, rendues impénétrables par les fortes épines acérées qui se trouvent le long des branches. 30 Cactées fournissant du bois de construction ou de chauffage. Certaines Cactées ont les faisceaux suffisamment serrés pour donner un bois très compact, susceptible de certaines applications. Aussi, dans les régions désertiques où les arbres un peu élevés et à bois dur sont rares, la partie lisneuse des Cactées est-elle très employée par les indigènes dans leurs constructions el pour leur chauffage. Ce sont les grandes espèces de Cereus et principalement celles qui affectent la forme de candélabre qui fournissent le meilleur bois; ces Cereus, lorsqu'ils sont parvenus à un certain age, ont la partie du tronc située au-dessous de la ramification presque en lotalité lignifiée et peuvent, parfois, sur une lon- sueur de près de deux mètres, donner un bois dur et compact (1) Roland Gosselin. — (Æuvres posthumes du D' Weber. — Pulletin tt Muséum d'histoire ratur'elle, 1904, p. 888. _ (2) Les épines des Pereskopuntia spathulata et Chapistle, longues de trois où quatre centimètres, sont suffisamment rigides et peu cassantes pour servir d'épingles; aussi, dans les localités où se rencontrent ces deux plantes, les femmes emploient-elles les épines pour leurs travaux d’aiguille, principalement pour faire de la dentelle. ÉTUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE A9 susceptible de fournir d'excellentes pianches; tels sont, par exemple, les Cereus Pringlei, Peclen-aborigenui (1), queretarensis, candelaber, ete. Le Cereus candelaber possède un trone moins élevé,mais beaucoup plus large et trapu que les autres espèces voisines; le bois servait autrefois, dans l'État de Puebla,àexécuter certains ouvrages d'ébénisterie. La partie ligneuse qui occupe le centre des rameaux est moins compacte, elle se présente toujours sous la forme d’un cylindre creux; aussi, chez les espèces à tige longue et srèle, cette partie ligneuse entre-t-elle sans apprêt spécial dans la composition des toitures, en fournissant les fermes et les lattes. Pour que les Ceiers arrivent à fournir une lignification suffisante pour donner un bois applicable à la menuiserie, il leur faut un certain nombre d'années, car leur croissanee cit des plus lente; aussi, ce n’est guère que les spécimens tombant de vétusté que l’on peut employer. Les localités où les indigènes exploitent le bois de Cereux pour leurs usages sont les sites incultes où de véritables forèts de Cactées couvrent depuis des siècles d'assez grandes surfaces, et où l'on peut rencontrer facilement des spécimens très âgées. Pour que le bois soit dans de bonnes conditions pour le travail, il faut qu'il soit parfaitement sec; pour cela, on à cou- tume d'abattre la plante et de la laisser séjourner sur le sol, exposée aux ardeurs du soleil et aux, intempéries jusqu'à ce que la décomposition des parties molles ait eu lieu, et que les substances étrangères au ligneux se séparent d'elles-mêmes. Pour le chauffage il nest pas nécessaire d’avoir recours aux spécimens très lignifiés, la grande majorité des Cactées est apte à fournir du combustible, aussi bien les Opwdlit que les Cererrs, certaines Cactées néanmoins sont plus particuliè- rement employées, elles appartiennent en général au sous- senre des Cylind;opunlit et aux Ceres plus ou moins rampants, formant habituellement des buissons touffus et inextricables. Certains comme les Cylindiopuntlia alcaes, (1) Le C. Pecten-aborigenum, désigné par les indigènes sous le nom de « Hecho »,occupe une zone d'extension des plus considérables: on le rencontre sur toute la côte du Pacifique, depuis le nord du Mexique jusqu’à l’isthme de fchuantepec et Seulement dans la partie australe de la Basse-Californie. Le nom de Pecten-aborigenum lui a été donné par Engelman, parce que les Indiens de Sonora emploient le fruit, recouvert de longues épines flexibles, pour confectionner des brosses pour la chevelure. Bull, Soc. nat, Accl, Fr. 1906. — 4 D. 50 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION ETUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE oi Cholla,imbricala,ete.,et les Ceres quninosus, Scholii,ete., produisent un bois poreux donnant, en brülant, une longue flamme. Æ Cactées fourragères et à graines comestibles. Lorsque, pendantle cours des années de grande sécheresse, les plantes fourragères arrivent à disparaître des prairies na- turelles et des montagnes, les Mexicains, qui habitent les ré- sions désertiques, ont recours pour la nourriture de leur bétail à certaines espèces du genre ÆChinocaclus, qui croissent spontanément dans la localité et que l’on désigne sous le nom de « bisnaga ». Les espèces d'Xchinocaclus sont assez nombreuses, mais toutes ne sont pas fourragères, car certaines possé- dent une saveur amère ou désagréable qui les rend impro- pres à fournir un aliment apprécié du bétail : tels sont par exempleles Zchinocactus Sptralis Karn,agglomeralus Karn flarvorirens Scheid, etc. Les espèces que l'on emploie le plus couramment, et qui ont des localités bien définies sont : l’Xchinocactus ingens (Etatde Puebla); Leconlei(nord du Mexique);(fig.11) Perninsulce (Basse-Californie); Digueli (iles du golfe de Californie) (1). Ces espèces présentent souvent des spécimens vraiment mons- trueux, qui peuvent atteindre une hauteur de un à trois mètres et parfois davantage, et avoir un diamètre de près d’un mètre (fig. 12). Les bisnagas fourragères sont habituellement de forme cylindrique; elles présentent, sur leurs contours, des côtes lon- gitudinales garnies de puissants faisceaux épineux dont les (1) L'Æchinocactus Diguetiüi Weber. Bulletin du Muséum d'histoire naturelle — Weber, Æchinocactus de Basse-Californie, 1898, p.98, — est probablement le plus grand Æchinocactus connu: sa taille peut dépasser - quatre mètres; il n’a jusqu'ici été rencontré que dans les deux îles, du golfe de Californie, la Catalana et Céralbo. Dans cette dernière île, qui est située à proximité de la baie de la Paz, on ne rencontre plus guère degrands spécimens que dans les endroits difficilement accessibles, car on les détruisit presque tous en 189 et 1894, époque où la sécheresse fut exceptionnelle dans la région de La Paz; pour maintenir le bétail, on fut obligé d’avoir recours aux bisnagas:un certain nombre de bateaux allèrent les récolter dans les îles à proximité: ils apportèrent ces bisnagas à La Paz et à la baie de la Vantana, pour le ravitaillement des ranchos La Vantana, Santa-Helena eb plusieurs petits ranchos fournis. sent le bétail aux mines d’argent du Triumfo; les bateliers vendaieut les bisnagas débarrassés de leurs épines à raison de huit piastres la tonne. 592 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION aiguillons,robustes et acérés,constituent une sérieuse protection pour cette plante massive,dont l'intérieur est uniquement cons- titué par une masse charnue très aqueuse (1). Comme le bétail ne pourrait parvenir, de lui même, à enla- mer une surface aussi puissamment hérissée; les indigènes, lorsqu'ils vont se pourvoir de bisnagas, commencent par les débarrasser de leurs aiguillons; pour cela, rapidement,à l’aide d’un couteau, d'une hachette ou d’un machete, ils abattent, de haut en bas, le sommet des côtes, puis ensuite la masse charnue restante est transportée facilement etsans danger dans l'endroit où elle doit être débitée et répartie aux bestiaux. Quelquelois, au lieu de détruire complètement la bisñaga dont la croissance est lente et qui requiert un grand nombre d'années pour donner une plante capable de fournir une quan- tité de substance fourragère un peu considérable,on à recours, dans les endroits où les ÆZchinocactus sont nombreux, à un procédé, qui. touten conservant la plante, lui permet de refaire assez rapidement les parties qu'on lui a enlevées. Ainsi,parexemple, aux environs de Tehuacan(Etat dePuebla) où l’Æchinocaclus Ingens (fig. 13) est dans certains endroits très grandement représenté, on prélève seulement une partie de la plante, en ayant soin de respecter la partie supérieure où se trouve le disque tomenteux portant la fructification: lorsque les fruits sont à maturité, les graines tombent et serment sur la partie dénudée de la pulpe; il se produit alors des bourgeon- nements qui, en s'accroissant,se soudent et viennent remplacer la substance que l’on avait extraite; aussi, après cette sorte d'autoplastie, pratiquée naturellement.les £chinocaclus ingens prennent-ils souvent vers leur sommet une forme irrégulière qui prend l'apparence d'un commencement de ramification. (l) Les ÆZchinocactus ne contiennent aucune partie lignifiée; aussi, voit-on souvent des spécimens de grandes dimensions offrir, comme le ferait une masse semi-solide, un aspect d'affaissement et présenter sur certains points, principalement la base, des bourreiets circulaires. La pulpe est très riche en principes aqueux: elle peut fournir dans le désert un secours à ceux qui sont pris par la soif; pour en extraire l'eau, on pratique une excavation dans l’intérieur de la plante et, à l’aide d'un bâton, on comprime et on malaxe la pulpe comme on le ferait avec un mortier; on obtient ainsi un liquide frais, suffisant pour étancher la soif. Les Nahuatls, pour cette raison, désignent la bisnaga sous le nom de teocomitl (teotl, dieu divin, comitl; canturo ou réservoir à eau). Enfin, la confiserie tire encore parbi de la bisnaga:la pulpe, découpée en morceaux,est confite dans un sirop de sucre; les espèces fourragères peuvent être employées: mais,plus habituellement, on se sert d'espèces plus petites, à pulpe plus ferme, telle que celle fournie par les Æchi- nocactus electracanthus e macrodiseus Mant. ETUDI MEXIQUE DU SN CC: SE S 4 PRINCIPALE Es LI SUR n 1 alifornie). C Golfe de e la Catalana ({ Ile dt i. cius Diqueti (0 € . — ÆEchino ) 54 BULLETIN DE LA SOCIRTÉ D'ACCLIMATATION Soumis au régime exclusif de la pulpe de bisnaga, les bes- tiaux se soutiennent bien pendant même de longues périodes de sécheresse, mais ce régime leur est peu profitable, .car,avec cette alimentation, ils ne peuvent arriver à engraisser, et'les vaches qui ne reçoivent que cette seule nourriture ne fournis- sent qu'un lait très léger. [1 n'en est pas de même avec la fleur et le fruit tendre du Cereus Prinylei. Les fleurs et les fruits de cette Cactée, qui est très répandue dans la presqu'ile cali- Rig. 13. — Æchinocactus ingens. Environs de Tehuacan (Puebla). fornienne, apparaissent en mai et en juin, époque de l'année où la sécheresse sévit au plus haut degré; les vaches, qui se nourrissent avec les fleurs et avec les fruits,avant que la partie tomenteuse de leur épiderme ne se soit lignifiée, engraissent rapidement et donnent un lait très chargé. Beaucoup d'Opunlia sont également susceptibles de fournir un bon fourrage; on sait du reste que la variété inerme de POpunlia Ficus-indic« a été très préconisée en Afrique; mais au Mexique, les Opunlix ne Sont pour ainsi dire pas employés à cet usage, car les variétés :nermes ne se conservent bien que ÉTUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE 35 par la culture et dans les conditions économiques où setrouvent les rancheros mexicains, il est de beaucoup plus avantageux d’avoir recours à des espèces se rencontrant à l'état sauvage, d'autant plus que ces espèces ne s'emploient qu'occasionnelle- ment pendant les années de grande sécheresse. Les graines de Cactées ont été autrefois employées comme succédanées des céréales, principalement aux époques de disette temporaire, par les différentes tribus aussi bien séden- taires que nomades qui habitaient les régions plus ou moins désertiques du plateau central mexicain; ces graines, moulues au metate, fournissaient alors une farine qui pouvait remplacer le maïs dans les préparations culinaires. Cet usage s'est quelque peu continué jusqu’à nos jours; et, dans le sud de l’Etat de Puebla, principalement dans la région nn is = Æ ne re Fig. 14. — Forêt de Cereus Tetezo aux environs de San-Antonio Zincatatepec (Etat de Puebla). qui forme la partie nord de la Basse Mixteque, deux Ce'eus fournissent encore aujourd'hui aux marchés indiens, des graines alimentaires: ce sont les Cereus Telezo(fig.14) et candelaber: lamaturité des fruits de ces Ccr'etss alieu vers le mois de mai, époque voisine de la fin de la saison sèche, où bien souvent autrelois, avant les voies de communications, les provisions provenant de la récolte de l'année précédente commençaient à s'épuiser. Les Cereus Telezo et candelaber donnent des fruits con- . tenant peu de pulpe, mais, par contre, beaucoup de orales; AVES M QU AC": de ct Se à 2 1 au Sn. NE VIE )6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION aussi nest-on pas étonné que les indigènes les récoltent exclusivement pour ces dernières et, aujourd'hui encore, les fruits secs où les graines passées au tamis se vendent à leur époque sur des marchés importants, comme par exemple celui de Tehuacan. 5’ Cactées à fibres. à | Certaines (Cactées apparle- ) nant au sous-genre /ÿ/0cereus | peuvent donner une fibre sus- ceptible d'applications indus- trielles; chez ces Cactées, la ! fibre, d'apparence laineuse, est ._ toujours fournie par le /oren- lui qui forme ce que l'on est convenud'appelerlecephalivu. Tousles Cereus à cephaliton fournissent en plus ou moins laine plus ou moins abondante, mais cette laine n'est pas chez toutes les espèces susceptible d'être employée,car souvent elle est courte, rude, cassante (1). Deux espèces ont été em- plovées par les indigènes de certaines contrées du Mexique cesont: le ?ilocereus luleralis etuneautreespèce probablement nouvelle à laquelle le D' Weber avait provisoirement donné le nom de P.d/ensis. ,, à CU Le Pilocereuslaleralis Web. Lee 2 NET x à F A. (fig. 19), se rencontre au sud +, F FRS F1 . f , (: 2 ) 1" À + Fig, 15.— Pilocereus lateralis. de 1 Etat de L uebla, ; dans Zapotitlaa de Las Salinas la méme région que les (Etat de Puebla). Cereus Tele:o. batvosus, candelaber, etc., c'est une espèce des plus étrange par son allure elle consiste en une seule tige non ramifiée, d'une forme conique très allongée, pouvant atteindre une hauteur de dix mètres, et plus; la laine s'étend sur un seul côté et forme, (1) Ces Cereus, à cause de leur toison souvent d’un beau blanc qui leur donne un aspect sénil, sont désignés en général par les Espagnols sous le nom de viéjo (vieux), ce qui est une traduction du mot na- huat] «lamanoschtiy » (lama, vieillard : noschtly, cactée). grande quantité une sorte de ÉTUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE 97 sur les deux tiers de la plante, une étroite bande large tout au plus de trente centimètres. : Le Pilocereus alensis Web.(fig.16}, lui,est un Cereus bien ramifié dont certains rameaux portent seulement un cephalium terminal. La laine de ce Ceres était autrelois fort emplovée dans le sud de l'Etat de Jalisco, pour la confection des matelas, oreil- lers, coussins et, en général toute sorte de rembourrage; elle avait un avantage, sur les autres succédanées émplovées au Mexique, comme par exemple les fibres de Bombacées : c'est Fig. 16. — Piiocereus alensis Web. Ahuirullo sierra del Alo. (Etat de Jalisco). quelle résistait très bien à l'usage et ne se brisait, ni ne se fassait;elle à été,parait-il,emplovée pour faire des feutres;et des essais récents ont démontré que, mélangée à un quart de poil de lapin ou de laine de mouton, elle pouvait fournir un feutre de bonne qualité pouvant être employé en chapellerie. Les laines de ces Pilocerenus présentent un avantage sur les laïnes animales, c'est qu'elles s'attaquent beaucoup moins aux insectes; de plus, elles se sèchent rapidement et, dans les D8 BULLETIN DE LA SOCIETÉ D'ACCLIMATATION climats chauds, elles ne fermentent pas facilement même lorsqu'elles ont subi un certain temps l'action de l'humidité. La fibre de ce Pilcocereus, à cause de ses propriétés avanta- geuses. a du être utilisée à l’époque précolombienne, pour la fabrication des tissus, car, d’après les écrits des missionnaires les tribus civilisées qui occupaient le sud de l'Etat de Jalisco formant partie de ce qu'on appelait alors le «Chimalhuacan ». avaient continué d'employer pour leur tissage toutes sortes de fibres que la contrée fournissait à l’état sauvage. Les avantages que les Cactées peuvent offrir ne se bornent pas uniquement aux ressources alimentaires ou économiques que les indigènes ont su en tirer; ces plantes, lorsqu'elles sont réparties en abondance sur une certaine étendue de terrain. peuvent alors avoir une influence très marquée sur les condi- tions climatériques et sur l'amélioration du sol, influence dont on pourrait à coupsür faire bénéficier les régions dépourvues de végétation pendant de longues périodes de sécheresse. Ainsi, dans les contrées franchement désertiques, où l'eau fait complètement défaut et où, par suite de l'absence d'une végétation arboresceute un peu touffue, le sol se trouve pen- dant la journée exposé à un soleil ardent qui l'échaufle au point que, pendant la nuil, l’action du rayonnement nocturne est insuffisant pour amener un abaissement de température capable de produire la condensation de la rosée, les Cactées ÉTUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE 99 arrivent à tempérer, dans une certaine mesure, les effets désas- treux du climat, en l'améliorant d'une façon appréciable. C'est ce que l’on constate, lorsque les Cactées forment ce que l’on pourrait appeler une forèt, ou même lorsqu'elles cons- tituent les clôtures de tout un village : à leur voisinage, il se produit journellement des rosées, et une végétation, il est vrai peu exigeante, apparait spontanément. Un fait analogue s’observe encore dans les localités élevées. ou, par suite du rayonnement nocturne, de fortes gelées viennent détruire la végétation : c'est ainsi que, sur les hauts plateaux du nord du Mexique, l'Opunlia cardon«, qui peut supporter d'assez basses températures, pourvu qu’elles soient seches, préserve la végétation qui se trouve à son voisinage (1). Dans les régions où le sol est très accidenté et où les flancs des montagnes sont abruptes,certaines grandes Cactées comme les Cereus Teleïo, ruficeps, laleralis, etc, qui ne croissent guére que sur des sols très inclinés, maintiennent en place la faible couche de terre végétale qui recouvre la roche, et per- mettent à une végétation herbacée et même arborescente de se développer. Le Cereus ruficeps Weber (fig. 17), qui ne donne aucun produit utilisable, parait être le plus apte à remplir le rôle de fixateur de terre sur les pentes rocheuses très inclinées. C’est un Cereus à zone d'extension assez réduite et qui est à peu de chose près la même que celles des C. candelabei. Teleïo, latleralis, etc.; il se rencontre dars le sud de l'Etat de Puebla et le nord de l'Etat de Oaxaca, dans la région monta- sneuse qui comprend la partie septentrionale de la Mixteque. il forme, par endroits, de véritables forêts sur les flancs des montagnes aux sommets dénudés de cette région désertique. (1) L'action très marquée des Cactées sur les climats secs et extréme: peut s'expliquer & pr'iori par l'ombre qu’elles projettent sur le sol et par la réflexion des rayons solaires sur leur épiderme lustré, deux causes qui empêchent l’'échauffement trop considérable du sol et de Patmosphère ambiant; il est en outre probable qu’à ces deux Causes principales vient s’en ajouter une autre avant comme origine les grandes réserves d'eau de la masse pulpeuse qui constitue, en grande partie, l'intérieur de la plante, et qui forme une sorte de réservoir permanent dans des régions où la nature serait incapable de conserver la moindre quantité d’eau; les Cactées sont admirablement outillées, parmi les végétaux, pour capter et fixer, par leur épiderme, la moindre trace d'humidité; mais si, sous les ardeurs solaires, l’exhalaison de cette eau n’a pas lieu comme chez les autres végétaux, il ne doit pas en être toujours de même lorsque l’atmosphère devient trop sèche et que la température s’abaisse,ces plantes doivent alors restituer une partie de leur eau à l'atmosphère, et en faire bénéficier la végélation environ- pante £ 60 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Ce Ceres est très droit: il peut atteindre une hauteur de dix mètres, le tronc est cylindrique, d'un diamètre d'environ quarante centimètres, il est peu ramifié: ses quelques l'UMEAUX, à peine moins gros que le tronc, d'où ils s'élancent à partir d'une certaine hauteur, sont parallèles et très rapprochés les uns des autres, ce qui implique à la plante un caractère bien particulier. La partie supérieure des tiges se termine par un cephalium à épines courtes et assez serrées, de couleur brune; le reste de la plante est presque complètement dépourvu d’épines. La fleur et le fruit sont petits: ce dernier atteint à peu près la grosseur d'une aveline, il est glabre et TRADE peu écail- leux, il n'est pas comestible. Ce Cereus est désigné par les naturels sous le nom de « cardon tetezo »: par son port et son allure, il rappelle les Cereus fulriceps et Tele5:o, dont il paraît faire le passage. Cette espèce de Ces'errs possède une réelle importance pour les pays arides où elle se trouve: car. peu exigeante sur la nature du terrain, elle se contente de fissures de rochers pour y développer ses racines, et lorsque dans un endroit elle se propage en quantité suffisante, les sites se transforment avan- tasecusement, car elle retient sur les sols rocheux la faible couche de terre qui se dépose annuellement, et qui, sans cela, se trouverait entrainée à l’époque des pluies: la végétation peut alors s'établir d'elle-méme et fournir les plantes herbacées. qui sont l'unique pâturage des bestiaux dans les contrées incultes. Aussi le Cereus ruficeps, plus que ies espèces voisines. telles que les C. Teteïo et spiralis, est-il tout indiqué pour la préparation, au reboisement dans les régions désértiques où les terrains accidentés restent toujours stériles et dénudés. Enfin, pour terminer, ce qui peut avoir rapport aux nom- breuses espèces de Cactées mexicaines susceptibles d'ètre introduites dans les colonies, et aussi dans une certaine mesure sur le littoral méditerranéen où depuis près de trois siècles l'Opunlia Ficus-indica est bien adapté et s'est constitué presque une nouvelle patrie. quelques mots sur le mode de plantation sont nécessaires. Le bouturage des tiges, lorsque les faisceaux ligneux sont bien formés, est, en se conformant à certaines précautions, le mode de propagation le plus simple et le plus rapide, car les boutures soigneusement emballées ont pu supporter sans incon- vénient un voyage de trois mois: mais, ce procédé devient té ét de ip SAVE ETUDE SUR LES PRINCIPALES CACTÉES DU MEXIQUE 61 moins pratique lorsqu'il s agit de faire venir, de longues dis- tances, des boutures de grands (eseirs : comme ces boutures, pour avoir les conditions voulues, doivent être d'une taille d'au moins un mètre, leur volume et leur poids deviennent une difficulté pour le transport. Les semis, comme modede propagation, sontalors peut-être plus avantageux dans ce sens: mais la croissance de la jeune plante est très lente: avec les boutures, l'enracinement du sujet est fait au bout de l'année, et la plante déja d'une certaine taille peut croitre régulièrement, tandis qu'avec les plantes provenant de semis, la croissance ne commence à devenir normale qu au bout de plusieurs années, lorsque la lignification s'est établie. La propagation par semis oblige à certaines précautions : on ne peut faire les semis en pleine terre, car ce serait exposer les graines et les très jeunes plantes aux animaux destructeurs; de plus, les jeunes plantes, peu protégées par leur épiderme tendre, risqueraient d'être brulées par les ardeurs du soleil ; on est obligé donc, de faire les semis en caisse, et de les conserver ainsi sous un abri pendant au moins deux ans, jusqu'à ce que la planté soit assez vigoureuse pour se protéger elle même contre les intempéries et les animaux destructeurs. Dans la nature, la protection est fournie par la végétation herbacée qui se développe spontanément après les pluies, et qui, quoique sèche, persiste encore plus d'une année sur le sol, C'est ce quil est facile de constater dans les régions déser- tiques du versant pacifique du Mexique et principalement en Basse-Californie, où les pluies n'ont pas lieu toutes les années. Dans ces régions désolées par de longues sécheresses lorsque survient une pluie abondante, la nature change com plètement d'aspect,le sol nu et pierreux ne tarde pas,au bout de quelques jours, à se couvrir d'un épais tapis de verdure, com- posée en grande partie de Graminées et d'Amarantes, à l'ombre desquelles la graine trouve un sol favorable pour germer, et la jeune plante un abri qui lui est indispensable. EXTRAITS ET ANALYSES L'INCUBATION BUCCALE CHEZ LES. POISSONS (1). Par le D' Jacques PELLEGRIN CONSERVATION DE L'ESPÈCE CHEZ LES l'ÉLÉOSTÉENS, EN GÉNÉRAL. On est habitué à considérer les Poissons téléostéens comme des animaux ne prenant aucun soin de leur progéniture. Si le fait est assez exact pour la majorité des espèces qui peuplent les cours d'eau de nos climals tempérés, il n'en est pas de môme dans cer- laines régions tropicales. Les conditions différentes d'existence, les conflagrations plus nombreuses, la concurrence vitale plus intense ont amené cerlains modes de différenciation destinés à assurer autrement que par le nombre des germes produits la per- pétuité de l'espèce. Dans nos eaux douces, où se rencontrent principalement les Cyprinidés, les Salmonidés, c’est surlout par la quantité énorme, véritablement prodigieuse des œufs que l'espèce arrive à se main- tenir (2). Mais sur le nombre colossal de eeux-ei abandonnés par la femelle puis par le mâle qui se borne à les féconder, bien peu relativement arrivent à l’éclosion, ensuite beaucoup d’alevins périssentet, en réalité, une infime minorilé parvient à l'âge adulte. Il n'y a guère dans nos rivières que l'Epinoche (Gasterostens acu- leatus L.) qui veille avec soins sur ses rejelons pour lesquels il construit un nid et la Bouvière (Rhodeus amurus BI. ) qui pond ses œufs dans la coquille de Mollusques bivalves, puis les aban- donne ensuite. Par contre il est des régions, comme le Brésil par exemple, où une grande quantité de Poissons, appartenant à des familles très diverses el souvent fort éloignées, arrivent par des movens plus ou moins différents à assurer la survie à la presque totalité des œufs produits (Nidification, Incubation buccale et branchiale, Fixa- tiou ventrale des œufs, Ovoviviparité). Le nombre. de ceux-ci diminue alors en proportion des chances qu'ils ont d'arriver à l’éclosion el l’on peut dire d'une facon générale que pour use espèce donnée leur total est d'autant moins élevé qu'ils ont plus de chancesde produire des adultes, en un mot, la qualité remplace la quantité. Il n'y a pas lieu d’insisier iei sur les dispositions anatomiques (4) Mem. Soc. Zoo!l. Fr. 1903. T. XVI, p. 108. (2) Le nom de la Carpe Cyprinus ne Vient-ii pas de Korois. Vénus, déesse de la fécondité. : L'INCUBATION BUCCALE CHEZ LES POISSONS G3 particulières à certaines familles comme les Crprinodontinés par exemple où les cas d’ovoviviparilé sont relativemeut fréquents, nécessitant une fécondation interne et le développementdes petits dans le corps de la mère (Anableps). Aucun fait de ce genre ne se produit parmi les Cichlidés. Il en est de même pour ce que l’on trouve chez certains Silu- ridés comme les Aspredo, où les œufs sont fixés à la face ventrale et jusque sur les nageoires peclorales, el peuvent ainsi s'accroître ei foute sécurité. Par contre, les exemples de nidification qui ne sont pas rares chez les Poissons exotiques surtout marins comme les Gobiidés, les Labridés, ont été signalés parfois chez les Cichlidés. EKutin il est un mode tout physiologique et assez spécial de préservation des œufs et des jeunes que nous atlons étudier maintenant en détail, c'est ’incubation buccale et branchiale. .L'INCUBATION BUCCALE CHEZ LES TÉLÉOSTÉENS. — Les avanlaces de l'incubation buccale sont nombreux. Les œufs, en effet, placés dans la cavité bucco-branchiale du mâle ou de la femelle, se trou- vent dans des conditions extrêmement favorables. Ils sont, d'abord, à l'abri des nombreux ennemis qui ne manqueraient pas de Îles atlaquer. Ensuite ils sont là dans un courant d’eau perpétuelle- ment renouvelée et puisent facilement l'oxygène nécessaire à leur existence. Les soins ne s'arrêtent pas, d’ailleurs, à la nais- sance: les alevins vont encore chercher dans la bouche pater- nelle ou maternelle, — en cas de danger, — asile et protection. Comment le parent, père ou mère, — car ce sont rarement les deux sexes qui coopèrent à l'entretien des œufs et des jeunes, — peut-il subvenir à ses besoins d'alimentation qui doivent être assez impérieux car les Poissons animaux assez actifs ne résistent pas au jeûne avec la même facilité que certains Reptiles comme le: Ophidiens par exemple ? Il est probable que des réserves grais- seuses accumulées à l'avance en diverses régions du corps (gibbo- silé frontale, péritoine), doivent être consommées à ce moment. D'ailleurs vraisemblablement assez souvent l'animal qui veille sur les œufs ne les garde pas d'une façon permanente dans l’inté- rieur de sa bouche, il doit les y placer seulement dans des condi- tions déterminées, s'il y a péril imminent. De même quand le: alevins sont nés ils ne se réfugient dans la bouche paternelle où maternelle qu’à l'approche d’ennemis quelconques, comme le fon les petits de la Sarigue par exemple qui ne rentrent dans la poche de leur mère que si quelque bruit insolite attire leur attention. Cependant, dans d’autres cas les œufs sont si pressés el si élroi- tement serrés les uns contre les autres qu’on s'explique difficile- ment comment l’animal peut s’en débarrasser même momentané- ment; alors, forcément, il doit jeûner durant toute la période de leur développement. C’est surtout chez les Siluridés que l'on a étudié lincubation (654 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION buccale. C'est un fait général parmi les espèces indiennes et américaines du genre Arius. Le PT \Vyuax l'a constaté en Guyane, HENSEL el Von IHERING dans le sud du Brésil. C'est le mâle ordi- nairement qui se charge du soin des œufs, mais, d'après ce der nier auteur, chez À. Commersont Laicép. la femelle S'en occupe parfois. GvnTHEr a lrouvé des œufs dans la bouche de l'A. fissus C. V., espèce sud-américaine, el BouLENGER dans l'A. sagor Ham. Buch., de Malaisie. * Dans ces espèces les œufs sont remarquablement grands et par conséquent très peu nombreux. Chez l'A. Commersoni où, au dire de M. BouLENGER, ils sont les plus gros de lous ceux des Téléostéens, ils mesurent 17 à 18 millimètres pour un animal de Lrois pieds. M. GEay, uu des plus zélés voyageurs du Muséum, à envoyé out récemment de la Guyane française des exemplaires de plu- sieurs espèces d'Arius (1) contenant des œufs où des alevins dans la oeueule. Chez un petil spécimen d'une longueur lolale de 16 centimèlresles œufsontun diamètre moyen de près d'un éenti- mètre! La partie inférieure de la cavité buccale est complètement distendue par eelle énorme masse, el encore les œufs sont-ils en très pelile quanlilé, une dizaine au maximum. EL 'incubation buccale a été aussi observée chez le Galeichthys feliceps C. V. de l'Afrique du Sud, et d'après les pêcheurs du Nil le Malopterurus electricus L. Gm. donnerait asile dans sa bouche à ses pelits. Les Osteogeniosus des Indes orientales voisins des Arius montrentla même soliicitude à l'égard de leur progéniture. Le fait est donc relativement fréquent chez les Siluridés (2). Parmi les autres familles dans lesquelles on à rencontré des exemples d'incubation buccale, on peut eéiler les Cyprinodontidés. D'ailleurs c'est parmi eux qu'on relrouve si souvent ces eas de fécondation interne el d'ovoviviparilé out à fait anormaux chez les Téléostéens et qui s'expliquent sans doute parce que ces Poissons vivant dans les eaux destinées à disparaitre plus ou moins complètement à cerlaines époques sont obligés d'emporter avec eux leur: descendants afin de leur éviter le desséchement el la mort. Dans un spécimen envoyé de la Guyane au Muséum, par M. Geay el apparlenant au genre. lundulus, il y a un jeune dans la bouche. LIVINGSTONE avail déjà observé l’incubation buccale chez un pelit Poisson comparable à un jeune Harens el que Bou- (1) Elles portent le nom local de Poucici et de Michelo et celui tout à fait caractéristique de FPetit-Gueule. (2) EVERMANN et GOLD Œufs d'oiseaux pour collections. Graines offertes par M° Morel. | Abies morinda. Acacia cyanophylla: OFFRES, DEMANDES ET ANNONCES GRATUITES Réservées aux Membres de la Société ‘d'eau, des Alevins de Truites de toute origine Acacia léiophyllæ. Œdianthus barbatnus. Agathea cœælestis. Ainpelopsis tricuspidat«. Anémone. Anon«. Arctotis grandis. Aristochia ringens. Aristolochia sipho. Arundinaria hookerian«. Asclepias gigas. Asparagus Sprengeri. Cajanus indice. ‘ Capucines tropæolum. £ Cardios permum halicacabum. Cassia fœtida. — occidentalis. Celastras scandens. Cephalotaxis Fortunœæi. Ceratonia-siliqua. Chamærops excelsæ. Clethæa alnifoliæ. Cryptomeria araucarioides. — japonica. Er grandifiora. Cupressus Macrocarpa- = seimpervirens pgramidalis. Cyperus alternifolius. = — natalensis. Duranta plumierti. Echinopsis angulos«. Eucalyptus botryoides — calophyliæ. = coriacet. = deatbatc. — macutatc. — : pañiculatæ. — pinalis. —= resinifer& gros Ted gum. — Trabuti. Echinopsis. Eupatorium arboreum. Farfugium grande. Goyave du Jardin. Gomphocarpus fruticosus. Helenium autumnale sSuperbunt. Hibiscus abesmoschus. Hippophæ ramnoides. Ipomæa volubilis. Jacaranda mimosæfolia. Juniperus sabina prostata. Kctreuteria paniculata. Kamæcyperis sulfure@. Matricaria- Melia azedaracnh. Melia floribunda. Nantina domesticæ. Latania borbonica. Physalis Franchetti. Physalis tekekenge. Pinus pinea- Pithecoctenium clematicteun. Pittosporum undulatum. Platicodon. Sabal Adaïnsoni. Schinus molle. Sciadopytis verticillata. Senecio arborea. Sequioia sempervirens. Stercula platanærfoli. Tesoma grandifloræ. Viltadenia floribunaa. La Société d'Aviculture rurale de Russie. dont le siège central est à Moscou, place des Théâtres, Musée d’Aviculture, nous prie d'informer nos collègues qu’elle a l’irtention d'organiser à Mos- cou au mois de Novembre 1906, une Exposition « Jubilée » de Volailles. de Chèvres et de Lapins, ainsi que le matériel d'élevage, des produits de l’Industrie et du Commerce de l’Aviculture, et serait satisfaite de les voir prendre part à ladite Exposition. Si Le x pr =) es PP, (=> > SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE JONDÉE EN 1894, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 1855 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) : Le but de la Société nationale d'Acclimatation de France est de concourir : 1° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux uliles et d'ornement ; 2° au perfectionnement et à lan multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; à M l'introduction et à la propagation de végélaux utiles ou d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures, comme au sol même de la France, L'attention des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d'acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appli- quées en encourageant les études qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécu- niaires, organise des expositions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux Sociétés dites agrégées où affiliées, la Société d'Acclima- tation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoccupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 400 pages, illustré de gravures, donne les renseignements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité : les étrangers y sont admis au même titre que les Français: les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablisse- sements publics ou privés (Laboratoire, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). ; Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une cotisation annuelle de 25 francs ou 290 francs une fois versés. Les publications de la Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, etc., faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des publications de la Société antérieure à son admission, remises chez divers fournisseurs, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Societé d'Acclimalation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante et un volumes in-8, illustrés de nombreuses gravures et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le Bulletin de la Société renferme une foule de documents criginaux sur toutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammifères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, Ics Poissons et la pratique de la Pisciculture, l'Ento- mologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bien connus du D' Moreau sur les Poissons de France. Le Gérant: GHESNIER, linprimeur, 28, Rue Dussoubs, — PARIS. us ©. Mint vi 2 SE ds PEER EX LOS gs qe SE PP suit NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) are 52° ANNÉE MAI 1906 SOMMAIRE D' TROUESSART. — Les variations de l’Ecureuil d'Europe ..................... TEE 3e 137 ÉRROOIDIENBIRE = Ee:Coton-a Tahiti se sein ee lo Are Et RAP SE) DUR ND 139 Extraits des procès-verbaux des séances des Sections. … 1 Section (Mammifères). — Séance du 8 Janvier 1906................ A ETAT SA AT ET SEE 145 PASechon (Ornithologie). — Séance du 8 Janvier 4906:::.....:.......:... 2.0...) 222 146 4° Section (Entomologie). — Séance du 11 Décembre 1905.................................. 153 — — SÉdnCe(uAS Janvier LORS RE RL E N peT re se 154 5° Section (Botanique). — Séance du 18 Décembre 1905............ NS PR fa CN ST QUE 156 — — Séance du 22 Janvier 1906 .............. PL EU NN ANS APE ETS RE Ta 158 6° Section (Colonisation). — Séance du 18 Décembre 1905............,..................... 161 “Extraits et Analyses D' MARCHAL. — Sur un Parasite de la Galéruque de l'Orme............... GE OR PE DE RE OA 162 A. CHEVALIER. — Observations relatives à quelques plantes à caoutchouc ................ 165 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le bulletin Un numéro 2 francs; pour les Membres de la Société 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DENT UIEA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), Paris Le Bulletin paraît tous les mois MOYENS DE COMMUNICATIONS …Métropolitain : Station de la Gare de Lyon. Omnibus Trameays SR Rs SR Eee Place Walhubert. £ ‘ L Porte d'Ivry-Bastille.::... — “ee Ft Dors RU UP IT E vedtt Place DDR P1.Jeanne-d’Arc-Square Montholon — DE A EE RSR VrE en A Boulevard Saint-Marcel-Notre-Dame-de-Lorette. Rue Linné non Chndoneles M Ur. FE Square des Batignolles-Jardin des Panites (r. Geoffroy-St-Hilaire). … Place Walhubert-Place de la Nation 5 Bateaux-Parisiens … Gare d'Orléans-Gare du Nord... — Ponton d'Austerlitz (rive gauche) 354 D CPE Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les personnes qui désireraient l’entretenir, qu'il se hent à leur disposition, au siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE | | Fondée le 10 Février 1854 “04 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 $ 33,: RUE DE BUFFON. — PARIS L 110 BUREAU ET CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1906 Président, M. Edmond PerrrEr, membre de l’Académie des Sciences et de l'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. Ed. BureAU, Professeur honorair de Botanique au Muséum d'Histoire naturk-lle, 24, quai delBéthune, Paris. Baron Jules de GUERNE. 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Siant-Germain, 238, Paris. C. Raverer-Warrez, Directeur de la station aquicole du Nid-de-Verdier. 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général : M. Maurice Loyer, Avocat à la Cour d'Appel, 42, rue du Four, Paris. !: MM. A. Borceozx, 16, rue de Siam, Paris (Etranger). H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- D CrCiaires Germain, Paris (Conseil). : , À pe ‘ \ G. FroN, Docteur ès sciences, Chef des Travaux botaniques à l’Institut | agronomique, 29, rue Madame, Paris (Intérieur). ie : Ch. DEBREUIL, Avocat à la Cour d'Appel, 25, rue de Chateaudun, Paris (Séances). Trésorier : M. le D' SEBILLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. là Archiviste-Bibliothécaire : M. le Marquis de FouGères, 120, rue Legendre, Paris. Vice-Présidents. Membres du Conseil MM. le D' Raphaël BLANCHARD, Membre de l’Académie de Médecine, professeur à la Faculté d Médecine, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. Comte Raymond de DALMAS, 26, rue de Berri, Paris. Lecomre, Docteur ès sciences, professeur de botanique au Lycée de Saint-Louis, 14, rue des Ecoles, Paris. LE MYRE DE VILERS, 8, rue Cambacéres, Paris. D' LePRINCE, 62, Rue de la Tour, Paris. D' P. MArcHAL, Professeur à l’Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomo- logique de Paris, 30, rue des Toulouses, à Fontenay-aux-Roses. k, M. Mersey, Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche et de la Pisciculture À au Ministère de l'Agriculture, 87, boulevard Saint-Michel, Paris. A. MrrHe PouriNGox, Directeur de la Revue des Cultures Cotoniales, 44, rue de la Chaussée- ; d’Antin, Paris. x) : Comte d'OrreuILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. si Bois, assistant au Muséum d’Histo re Naturelle, 15, rue Faïdherbe à Saint-Mandé (Seine). D' E. TROUESSART, ancien Président de la Société Zoologique de France, 20, rue des Belles- Feuilles, Paris. \ WUIRION, 7, ruë Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. Dates des Séances générales et des Sections POUR L'ANNÉE 1906 Janvier | Février Mars Avril Mai |Novembre| Décembre SÉANCES pu Conseil, le Jeudi à 5 h. . . .| % 1 1 5 3 8 6 1° SECTION. — Mammifères, le lundi NAS DE LEE SPAS OR AU re RES o) à) 2 7 5 3 2° SECTION. — Ormithologie, le lundi à 3 h. 1/2. PAR MR EN DR, AAA 5 5 2 7 s) 3 3° SECTION. — Aqguiculturs le lundi ASNTEMRES ARR PAR ere Da SNA 42 42 9 14 12 10 4® SECTION. — ÆEntomolosie, le lundi AR AN TS SE AN er RIT PE El 12 12 9 1% 12 10 5° SECTION. — Botanique, le lundi CURE TR LANTERNE RP 0 19 19 23 21 19 17 6° SECTION. — Colonsiation, le lundi A SANEURÉS AN A NPNATITES ORAN NRA Annt CL D 49 19 23 21 19 17 . = ete Nr LES VARIATIONS DE L'ÉCUREUIL D'EUROPE : par le Docteur TROUESSART On admet généralement que tous les Écureuils de la région moyenne de l'Europe appartiennent à une seule espèce, le Sciurus vulgaris de Linné. Cependant les Écureuils que l’on coniond sous ce nom varient beaucoup par les couleurs du pelage qui, du roux que nous lui connaissons en France: passe dans certains pays au gris et au noir, sans que ce changement paraisse influencé par les saisons. Il y a là de véritables sous-espèces ou variétés locales qui ont été distin- guées par les naturalistes sous des noms particuliers. Déjà Kerr en 1792, dans son Animal kingdom, trop négligé par les naturalistes qui sont venus après lui, distingue plu- sieurs formes qui ont été récemment remises en honneur par M. Barret-Hamilton, à titre de sous-espèces. Ce sont : 4 Sciurus vulgaris varius Kerr, le Petit-Gris des régions subarctiques, dont on tirait autrefois une fourrure très re- cherchée, le Vair : d’un beau gris clair dessus, blanc des- SOUS ; 20 Sciurus vulgaris {typicus) Linné, de Suède, assez sem- blable au nôtre, mais plus gris surtout en hiver. Ce gris est moins beau et plus foncé que celui du Petit-Gris ; 3e Sciurus vulgaris leucurus Kerr, d'Angleterre, roux, comme le nôtre, mais à queue se fanant en été au point de devenir presque blanche; 4° Sciurus vulgaris rufus Kerr, de France, de l'Europe cen- trale et d'Espagne, d’un roux vif avec la queue semblable à la couleur du dos. À ces quatre sous-espèces on en doit ajouter deux autres qui sont propres aux montagnes de l'Europe méridionale. Ce sont : 50 Sciurus vulgaris alpinus F. Cuvier (1821), des Pyrénées et des Alpes, d'un gris foncé tiqueté de blanc en toute SaisOn ; 6° Sciurus vulgaris italicus Bonaparte (1838), d'Italie et des Alpes suisses, d’un brun foncé presque noir dessus, blanc dessous. Nous avons longtemps hésité à admettre ces deux sous- espèces, sachant que le mélanisme est très fréquent chez les Écureuils de tous les pays. Mais l'enquête à laquelle nous 138 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION venons de nous livrer nous a démontré que ces deux variétés locales méridionales sont aussi bien fixées que les quatre variétés du Nord distinguées par les naturalistes anglais. Les chasseurs prétendent, il est vrai, que l'on trouve des jeunes roux etdesjeunes bruns dansle même nid; mais Fatio, dans sa faune de Suisse, nous apprend que Mn noir (Sc. vulgaris italicus) ne se trouve que dans les forêts de pins, sur les sommets les plus élevés des montagnes de la Suisse, tandis que l'Écureuil roux, semblable à notre Écureuil de France, setrouve dans les vallées du même pays. [Il y a done là deux variétés locales bien distinctes, et les jeunes de cou- leurs différentes que l'on trouve dans un même nid, s'ex- pliquent par des cas de métissage qui S'opèrent naturelle- ment sur la limite de l'aire d'habitat des deux sous-espèces, mais qui ne peuvent avoir d'influence notable sur la ré pee tion géographique de-ces deux sous-espèces La même observation s'applique au vulgaris alpinus qui parait distinet du Sc. italicus, bien que les deux formes soient également des formes de montagnes. L'existence de ces sous-espèces semble indépendante de la question de climat et d'altitude, puisquen Espagne, au témoignage de Graells, on ne connait pas l'Écureuil noir, bien que ce pays soit sous la même latitude que Fltalie et ren- ferme des chaînes de montagnes relativement élevées. Pour compléter cette étude des Écureuils de l'Europe méridionale, il nous resterait à savoir quel est le pelage des Écureuils en Portugal, en Corse, en Sardaigne, en Grèce, Y trouve-t-on les deux sous-espèces (Ssiurus rufus el Sciurus italicus, ce dernier noir) ow seulement l'une d'elles? Nous serions heureux si quelques-uns des lecteurs du Bulletin pouvaient nous renseigner à ce sujet. LE COTON À TAHITI par H. COURTET _ Vous connaissez sans aucun doute notre colonie de Tahiti, la Nouvelle Cythère de Bougainville, ile de délices aux sites merveilleux, au séjour enchanteur, dont on a tant parlé et dont on parle encore de temps à autre. Les sites merveilleux existent toujours avec leur impressionnante beauté, quant aux délices, il paraît qu'ils existent encore, mais pas toujours avec le charme d'autrefois : l'alcool, la bière, et beaucoup d'autres choses inséparables de notre tempérament, ont gâté et rendu dangereux certains plaisirs qui n'ont pas peu con- tribué à la renommée de cette petite île perdue dans l'Océan Pacifique. Cette renommée attira des colons et des commer- Gants, les uns des rêveurs n'entrevoyant que le paradis de Mahomet, les autres plus positifs, n’entrevoyant que de Îruc- tueuses opérations. Après la conquête et l'établissement de notre protectorat en 1842, un certain nombre de nos troupiers restèrent là-bas et s'y établirent, et je dois ajouter que la plupart d’entre eux surent s’y constituer un petit domaine et y vivre de longues années. Quoique bien éloignée des conti- nents, Tahiti eut ses heures de prospérité commerciale, cette colonie possédant de célèbres pêcheries de nacre perlière, pêcheries qui. aujourd'hui, ont perdu une grande partie de leur importance; avec la nacre les ancêtres ont édifié de véritables fortunes, que les descendants ont englouties, ce qui rentre toujours dans la catégorie des opérations commer- ciales. Le Coton et la Vanille vinrent ensuite et eurent aussi leur heure de succès, heure trop courte, la Vanille de Tahiti ne s achetant maintenant qu'à des prix tout à fait inférieurs, ‘et le Coton ne se cultivant presque plus. Le commerce de la nacre ne produisant plus les énormes bénéfices qui se réali- saient auparavant, on avait fondé de grandes espérances sur le Coton, et c'est avec un véritable enthousiasme que les colons et commerçants virent s'implanter la culture de ce produit dans la colonie; je viens donc aujourd'hui vous entre- tenir de ce qu'on a fait là-bas à ce sujet et un peu aussi de ce que l’on pourrait y faire. Il existe à Tahiti un Cotonnier indigène, le (rossypium tadïitense, découvert lors du deuxième voyage ‘de Cook qui eut lieu de 1772-1775 et nommé par Parlatore. Une autre espèce, 140 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION mais dont l'origine indigène est moins certaine, existe encore, c'est le (rossypium religiosum. Je ne vous cite pas ces espèces pour vous dire que le coton poussant à l’état spontané à Tahiti, il était tout naturel qu'on y cultive ce produit dans un but industriel. Il y a dans le monde colonial une erreur communément répandue, c'est de croire que partout où l'on rencontre le coton à l'état spontané ou sub-spontané, on peut en tenter la culture industrielle. Si le fait est vrai pour cer- tains endroits, il est erroné pour la majeure partie des autres endroits où on a rencontré le coton dans ces conditions. Ees déceptions occasionnées par cette manière de voir sont nombreuses, ne se comptent même plus; cependant l'erreur persiste et en particulier chez les coloniaux africains. Je ne citerai à ce sujet qu'une déclaration de M. le Commandant Lenfant rentrant de sa mission, déclaration consignée dans un de nos grands journaux. Parlant de la région du Toubouri le Commandant Lenfant s'exprime ainsi : «Je suis persuadé que cette région serait très propice à la culture du coton; à l’état sauvage, on en rencontre un peu partout. À Léré, j'ai découvert deux espèces de coton, dont l'une est, je crois, inconnue. » Dans la région du Tchad, la mission Chevalier a aussi découvert un Cotonnier spontané: cependant là, comme dans la région du Toubouri, celui qui voudrait cultiver industriel- lement le coton éprouverait de bien cruelles déceptions. Revenons maintenant à Tahiti où le fait est vrai et occu- pons-nous des résultats de la culture industrieile. On y cultive le Sea-Island et le Géorgie-longue soie. En 1863, M. le Gouverneur de la Richerie alloua comme suite aux encouragements de 1862 une somme de 100.000 fr. Mais ce n'était pas la culture du coton qui était particulière- ment visée, elle devait être encouragée au même titre que celle de la Canne à sucre et des prairies artificielles. Les culturesles plus favorisées étaient celles du café, du cocotier, du cacaoyer, de la vanille et du tabac; il faut ajouter les encouragements pour l'élevage. Il y eut néanmoins un accroissement notable dans la culture du coton. Au cours de la même année, une Compagnie anglaise se constitua pour entreprendre cette culture sur de grands espaces et à l’aide de la main-d'œuvre fournie par l'immigra- gration chinoise. Cette entreprise réussit et, en 1865 et 1866, la valeur annuelle du coton exporté atteignit 2.500.000 francs. LE COTON A TAHITI 141 Au sujet de cette Compagnie, je crois devoir reproduire ici un passage de mes notes tel qu'il a été écrit sur place en 1886 : « Sous le dernier règne, en 1863, une Société anglaise obtint de s'établir à Atimaono (nom du district) pour y cultiver le coton. Armé de je ne sais quel droit, le gérant de cette Société, arracha par tous les moyens possibles des mains de la population de ce district plus de 3.000 hectares de terrain. Tout pliait et sinclinait devant cet homme qui devint le veau d'or de la colonie. Un seul. un Français établi là, osa résister à cet envahissement. C’est que lui, il connais- sait ses droits de propriétaire et le peu de valeur de ceux du prétendu concessionnaire. La rage au cœur, ce dernier fut ensuite, comme le prescrit notre code, forcé de laisser un passage accédant à cette parcelle. On donna à cette plantation le nom de Terre Eugénie. Des coolies furent introduits et le travail commenca. En juillet 1869, à la suite d’une révolte ayant éclaté parmi les travailleurs, plusieurs d'entre eux furent condamnés à mort, mais un seul fut exécuté. On construisit une guillotine et quelques jours avant l'exécution, pour l'essayer, on guiilo- tina une certaine quantité de pores. L'appareil fonctionnait à merveille. On peignit ensuite les montants. Le condamné fut amené de la prison de Papeete ou il était détenu. La nuit qui précéda l'exécution, en voulant s'assurer de son état, une discussion s'éleva sur son identité, et on s'aperçut que ce n'était pas celui-là qui devait être exécuté. On le reconduisit à la hâte (il y à 41 kilomètres de Papeete à Atimaono) pour ramener le véritable patient. Un échafaud provisoire fut installé à une extrémité de la place. Tous les coolies agenouillés sous les fusils des hommes de troupe et les canons chargés à mitraille attendaient. Le condamné parut amené par la gendarmerie. 11 demanda l’au- torisation de faire un discours, ce qui lui fut accordé. Que dit-il? Personne ne l'a jamais su. Le bourreau provisoire et ses aides le placèrent ensuite sous le couteau. Il n'opposa aucune résistance et paraissait très calme. Le couteau tomba, mais la peinture l’empêchant de glisser, il s'arrêta. Deux fois il fut relevé et s'arrêta encore. Alors le supplicié à bout de courage tourna la tête vers les exécuteurs : « Haapepe, haapepe, implora-t-il (cette supplica- tion a paraît-il été faite en tahitien, la traduction est : vite, vite ou hâte-toi, hâte-toi). Qu'on aille chercher une hache, dit 142 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION le bourreau. Un frisson fit pâlir les assistants, maïs rien ne bougea du côté des Chinois. Saisissant cette hache, il frappa les montants intérieurement et le couteau tomba. La tête, sous un jet de sang, roula sur les planches; un tahitien la prit et la montra en riant. Rien n'était disposé pour ramasser le corps, on le laissa là sous le soleil qui le décomposait rapi- dement, au milieu d'une nuée de mouches aussitôt accourues, jusqu'à ce que plus tard. le monde rentré au travail, on vint le prendre avec un tombereau. La Société fut mise en liquidation quelques années plus tard (en 1872), le gérant devint fou et se suicida ou mourut quelque temps après la mise en liquidation... Sur la route, les constructions ébraniées et croulantes et les machines restées en plein air font un bien triste effet. » À ce passage, j'ajouterai : « Les habitations étaient luxueuses et les salons magnifiques et hospitaliers. Sur les collines dominant les plantations, il prit fantaisie au gérant de se faire construire un chalet ou plutôt un château. Il avait décidé que l'inauguration de ce château aurait lieu à une date déterminée et qu'elle serait splendide, Or à la date fixée le château était bien terminé et prêt à recevoir le tout Tahiti, mais le temps avait manqué pour construire un chemin d’accès convenable. Une piste tut donc améliorée à la hâte, et le jour dit, l'inauguration eut lieu et la reine de Tahiti y fut transportée en palanquin. On peut déduire de tout ce qui s'est passé à cette époque que ce n’est pas précisément l'abais- sement du prix du coton qui fut cause de la ruine de la Société d'Atimaono, mais qu'il faut tenir un large compte dans cette ruine des dépenses exagérées et des agissements incohérents du gérant de cette Société. » Un fait à noter, c'est que la création de la plantation d'Atimaono eut pour résultat de propager ia culture du coton et que la ruine de la Société n'arrêta pas cette culture. De 1882 à 1885 inclus, la colonie exporta pour 4.113.695 fr. de coton égrené, soit une moyenne annuelle de 1.028.428 îr. Il existait alors dans les Établissements Français de l'Océa- nie, quatre usines à égrener, dont deux à Papeete, une lonc- tionnant en ville et l’autre sur un petit cours d'eau situé à quelques kilomètres. Pendant la période décennale de 1888 à 1897 inclus, la colonie exporta encore en chiffres ronds 2.040 tonnes de coton égrené, représentant une valeur de 3.470.000 francs ; LE COTON A TAHITI 143 soit une moyenne annuelle de 204 tonnes d'une valeur de 347.000 francs, ce qui porte le prix du coton à ! fr. 70 le kïlo- grain me. Il existait encore, pendant cette période, quatre usines à égrener. De 1898 à 1905 inclus, la colonie n'exporta plus que 259 tonnes de coton égrené représentant une valeur de 151.000 francs; soit une moyenne annuelle de 43 tonnes d'une valeur de 25.000 francs, ce qui ne porte le prix du coton qu'à 0 fr. 58 le kilogramme. L'exportation de 1903 n'ayant atteint que 15.493 kilogs, représentant une valeur de 10.845 francs, on peut déclarer que la culture du coton, dans les Établissements Francais de l'Océanie, est dans un état particulièrement précaire. Dans la crise que subit le coton qui, autrefois, paraissait doté d'un bel avenir commercial, il n'est pas sans intérêt de faire remarquer l'avilissement incompréhensible des prix, avilissement qui a provoqué presque brusquement l'abandon des cultures, et cela malgré les efforts des chambres de Commerce de lAgriculture et ceux de l'Administration, pour essayer d'enrayer ce malheureux état de choses. 11 semble, dans cette affaire, que ce sont des agissements commerciaux voulus et visant un but bien déterminé, qui ont provoqué la ruine de ce produit, et de certains autres, tels que par exemple le coco rapé. Il est vraisemblable que le but visé par ces agissements est la dépréciation de notre colonie. Tahïti est bien loin de la Métropole et bien près de l'Amérique. Ses relations avec la Métropole se ressentant du manque de produits commerciaux deviennent de plus en plus res- treintes, si on ny prend garde elles ne seront bientôt que postales et administratives, et on pourra dire alors que Tahïti est une colonie américaine administrée par des Fran- çais. En face d'une semblable situation il faudrait donc réagir vigoureusement, et je m'empresse d'ajouter qu'il est parti- culièrement difficile de le faire. En effet, que pèse Tahiti pour le monde colonial ? Peu de chose. Les grands problèmes coloniaux qui sont posés ne visent guère cette petite colonie si lointaine, Madagascar, l Indo-Chine, l'Afrique occidentale, le Congo, absorbent en ce moment toutes les forces vives coloniales. Au dernier Congrès colonial bien des questions ont été débattues, questions qui, souvent, n'avaient qu'un 144 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION lien plus ou moins direct avec la prospérité de nos colonies, car tout ce qui concerne l'agriculture coloniale, c'est-à-dire cette prospérité, est en général reste au dernier plan, etil suffit pour s'en convaincre de lire les comptes rendus rudi- mentaires de la 12° Section, comptes rendus qui viennent d’être publiés. On chercherait peut-être en vain dans tout le volume une phrase concernant Tahïti. E:t-ce une raison parce que Tahïti n'est qu'un point perdu dans l'Océan Pacifique pour qu'on s'en désintéresse ainsi ? Certes non, car on conserve toujours l'espoir de voir le Canal de Panama se terminer un jour, et ce jour-là, ce point perdu de l'Océanie deviendra une station de grande route commerciale. En attendant il faut envisager le présent. Il se passe en ce moment un fait particulier sur lequel on peut attirer l'attention. Une foule de coloniaux cherchent partout des terrains susceptibles d'être utilisés pour la cul- ture du coton. Partout on fait des essais coûteux dans des terrains que l’on connaît à peine où que l’on ne connaît pas du tout et d'une fertilité souvent médiocre. On renouvelle au Sénégal des essais plusieurs fois exécutés déjà par nos ancêtres dans cette colonie et dont on connaît les résultats ; et une colonie où la culture du coton a réussi, où il n'y a pas à s'inquiéter de ja fertilité du sol ni de la qualité du produit obtenu, où la tradition de cette culture existe, cette colonie est restée dans l'oubli. Cet oubliun peu compréhensible, il faudrait évidemment le réparer. Pour cela il ne suffit pas que la Colonie tente par tous les moyens possibles la reconstitution des plantations de coton. Il faudrait encore que la Métropole l’aide dans une large mesure et qu'elle lui rende dans les affaires coloniales Ja place réelle à laquelle elle a droit. Des mesures favorisant l'envoi dans la Métropole des pro- duits d'exportation tahitiens, nacre, coprah et coton, s'im- posent, de facon à établir un lien commercial sérieux. car il est de toute évidence que les voiliers français n'iront pas à Tahiti sans être assurés d'un fret de retour autre que les cailloux de la rivière de Tipaerui (pron. Tipærui). Il ne faut pas oublier dans toutes ces questions coloniales que c'est surtout contre des produits qu'on échange d’autres produits, et que si nous voulons que nos navires portent là- bas les produits de notre industrie, il faut qu'ils en revien- nent avec des produits d'échange. Janvier 1906. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS l° SECTION. — MAMMIFÈRES SÉ ANCE DU 8 JANVIER 1906 PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR TROUESSART, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. La section procède au renouvellement du bureau pour l’année 1906. Sont élus MM. : Le D' Trouessart, président. Wuirion, vice-président. Roques, secrétaire. Maulles, déléqué aux récompenses. M. le Président entretient la Section de la récente découverte d'une nouvelle espéce d'Éléphant. Jusqu'ici on ne connaissait que deux espèces d'Éléphants l'Éléphant d'Asie à grosse tète, au front concave et aux molaires à bandes d'émail elliptiques, et l'Eléphant d'Afrique, plus grand que le précédent au front fuyant, aux molaires à bandes d'émail losangiques. Ce nouvel Éléphant diffère des deux autres espèces par les oreilles. L'Éléphant d'Asie a l'oreille carrée et petite, l'Éléphant d'Afrique _a l'oreille plus grande, elliptique et terminée en pointe. Cette nou- velle espèce a l'oreille ronde, assez comparable à l'oreille humaine. Cette espèce a été découverte dans le Cameroun. M. le Président termine en faisant remarquer que la faune de l'Afrique est très mal connue, il cite à l'appui l'exemple de l'Okapi et de la Girafe à cinq cornes. M. le D° Trouessart présente à la section une photographie d'un fætus de cette nouvelle espèce d'Éléphant. M. le Président donne ensuite de nouveaux détails sur l'Écureuil des Pyrénées. Cet Écureuil diffère de celui du centre de la France par sa couleur ; il est d'un brun gris pendant l'hiver. Le blanchi- ment de ces Écureuils pendant l'hiver est d’ailleurs incomplet. M. Metchnikoff qui a étudié le blanchiment des cheveux et des poils humains a constaté que l’intérieur et l'écorce étaient colorés, le blanchiment se produit lorsque le tube et les cellules perdent leur pigment qui est emporté par des leucocytes chromophages. Le blanchiment hivernal de l'Écureuil est un peu différent; il se produit de la façon suivante : chez ces animaux le tube est trans- parent comme un tube de verre; pendant l'été il est plein de cellules qui renferment le pigment, et forment des rangées 446 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION empilées les unes par-dessus les autres; à mesure que l’on approche de l'extrémité du tube ces rangées de cellules se gênent et alter- nent; à l'extrémité il n’y en a plus qu'une seule rangée ; cescellules ont une forme cubique avec les angles arrondis. Au début de l'hiver ces cellules meurent, se rapetissent et tombent, l'extrémité du poil est alors vide et transparent. La teinte blanche est donc produite par le vide non par un pigment. C’est ainsi que Le phéno- mène doit s’accomplir, car si l'on prend un poil du ventre, poil qui reste toujours blanc, on voit qu'il est plein de cellules incolores. Cette différence n’est visible qu'au microscope. Le Secrétaire, ROQUES. 2°” SECTION. — ORNITHOLOGIE SÉANCE DU 8 JANVIER 4906 PRÉSIDENCE DE M. MaAuxLEes, VicE-PRÉSIDENT Le procès-verbal de la dernière Séance est lu et adopté. A propos d'une question posée à la dernière réunion au sujet de la race de Poules désignées sous le nom de Poules sans croupion, M. le comte d'Orfeuille dit que ce qui caractérise cet animal au point de vue anatomique est l'absence des vertèbres caudales. Ces Oiseaux présentent un phénomène certainement unique dans le règne animal, celui d'une race qui se perpétue alors que l'accou- plement est impossible. H faut en effet donner au Coq des Poules ordinaires, et une parte des poussins reproduit l'organisation ‘du pêre. Les organes sexuels sont cependant complets; mais, après une observation minutieuse, notre collègue M. Crepin pense que les plumes imbriquées autour du cloaque ‘de la Poule sans croupion s'écartent insuffisamment au moment de la copulation, d’où un obstacle mécanique à la fécondation. H croit qu'on l'obtiendrait en libérant à coups de ciseaux la région cloacale des plumes supposées génantes. M. Debreuil préférait le procédé de l'arrachage, car en laissant des fragments de tuyaux, ces derniers causeraient au Coq une douleur qui l’éloignerait. Dans une de nos dernières séances M. le D' Trouessart avait signalé la capture d'un Eider dans le voisinage des Saintes-Maries de la Mer, M. le comte d'Orfeuille dit que M. le vicomte Adolphe d'Abzac, un de nos chasseurs français les plus distingués, a pris à la main, il y a une trentaine d'années, un de ces Oiseaux dans les marais de Briolay, en Anjou. Le froid était très vif et l'animal, PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 147 comme celui de Provence était d'une maigreur effrayante. Il a vécu longtemps en captivité, mais il avait un caractère exécrable et battait tous les autres Oiseaux de basse-cour. M. d'Orfeuille se demande comment l’Eider arrive à un tel degré de misère dans ses voyages, tandis que tout les autres Eamellirostres que l'on tue sont dans un état de santé des plus satisfaisants. M. le comte de Pontbriand écrit qu'il tient à la disposition de la Société, pour être offert en cheptel, un couple d'Oies barrées. Il est donné lecture d'une lettre de M. Marquinez, de Blidah, à qui il a été envoyé un couple de Faisans dorés. M. Albert Maumené, rédacteur du journal la Vie à la Campagne, demande des renseignements sur eertains élevages. La Société des Avieulteurs français sollicite notre concours pour l'exposition qu'elle fera au mois de février. La Section accueille favorablement cette demande. M. Victor Auxcharles a offert un superbe exemplaire d’Albatros que la Section enverra à notre collègue M. Charles van Kempem, de Saint-Omer, dont il ornera les magnifiques collections. Il est donné lecture d’une note fort curieuse de M. Van Kempem sur l'attachement remarquable d'un Palmipède pour un Gallinacé. Il y a quelques années, un habitant des environs de Saint-Omer possédait dans sa basse-cour un mâle Canard domestique qui ne quittait jamais une Poule avec laquelle il semblait accouplé. I S'appariait plusieurs fois par jour et poursuivait les Coqs qui ten- taient de l’approcher, de là des combats divertissants et intermi nables. Si on le prenait, il retournait aussitôt lâché, auprès de la Poule, exprimant par des cris particuliers la joie de la retrouver. Cela dura bon nombre d'années. La Poule paraissait enchantée des soins que prenait d'elle le Canard, qui sommeillait à son côté et l'accompagnait lorsqu'elle allait pondre. Cette affection particulière intéressait tous ceux qui en étaient témoins. On s'amusait à tour- menter le pauvre Canard en cachant la Poule; alors il la cherchait partout, et combien il semblait heureux quand il la revoyait. Mais cela, hélas ! ne pouvait durer toujours. La Poule vint à mourir et le Canard, inconsolable du décès de sa pauvre amie, ne lui survécut que peu de jours. M. Gabriel Rogeron annonce l'envoi d'un mémoire sur la Bernache jubata. Ses hybrides de Canard Siffleur et de Canard Sauvage ont pondu au printemps dernier et ont donné trois produits, trois- mâles malheureusement. . M. le Professeur Autran, de Buenos-Ayres, demande des rensei gnements sur la domestication des Autruches et l'éducation des Nandous. A propos de ces derniers Oiseaux, M. Loyer raconte un accident arrivé un à Nandou femelle qu’il possède. Cet animal fut blessé à la patte et tout d'abord on ne constata qu'un filet de sang. Deux 148 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION jours après une enflure considérable survenait; un vétérinaire pansa le membre, mais la gangrène fit son apparition, les doigts tombèrent, l'os carié se brisa. Aujourd'hui un bourrelet s’est formé autour du tibia dont une partie est tombée, mais sur lequel il s'appuie. L'Oiseau parait en bonnne santé et mange. Ne pourrait-on pas adapter un appareil? M. Debreuil croit que ce serait bien difficile avec un animal aussi brutal, et puis la gangrène ne se reproduirait-elle pas ? M. Le Fort croit à la possibilité de la pose d’un appareil. M. Debreuil répond qu'il craindrait qu'on provoquat un arrêt dans la circulation. M. Loyer rappelle que pendant longtemps on a pu voir au Jardin des Plantes un Secrétaire marchant à l’aide d'une jambe de bois, et un Pélican dont la mandibule supérieure du bec était remplacée par une palette de bois. 11 est donné lecture d'une lettre de M. Bizeray qui se plaint de ses insuccès de l’année, et cependant il est des éleveurs qui se contenteraient de 8 Ho-ki, 7 Temminck, 4 Paons spécifères, 1 Eperonnier chinquis, 18 Vénérés, 3 Bernaches de Magellan, 10 Canards carolins. M. Cézard, de Nancy, écrivant à M. Debreuil, le remercie de ses renseignements sur l'élevage des Palmipèdes en volière; comme lui il s'était aperçu que, pour tenter cette éducation, il faut pouvoir disposer d'un bassin suffisamment profond. M. Cézard raconte aussi avoir obtenu des résultats avec le Tragopan de Temminck ; mais la nécessité presque constante où il était de confier les œufs à des Poules couveuses lui fait préférer l'éducation des Oiseaux qui couvent eux-mèmes : Colins, Tinamous, Colombes, Perru- ches, etc., etc. Notre collègue espère réorganiser à l'automne ses volières, consistant en quinze parquets, chacun d'une vingtaine de mètres carrés, M. Debreuil communique une lettre de M. Pays-Mellier désolé d'avoir dù se séparer de tous ses animaux carnivores, c'est-à-dire des plus précieux. Si la raison en est bien simple, elle ne prouve pas précisément la délicatesse du goût chez les sectateurs de l'hippophagie. Autrefois, grâce à des équarrisseurs, notre collègue se procurait la viande nécessaire à ses élevages ; aujourd'hui elle est enlevée nuitamment et il est des gens quicroquent à belles dents chevaux, ânes et mulets crevés. M. Pays-Mellier donne ensuite quelques détails sur la résistance à l'hiver chez quelques Oiseaux. Les Pintades vulturines, qui reproduisent facilement et pondent abondamment, craignent le froid et leurs pattes gèlent, il fautlesrentrer. Les Gouras sontencore plus sensibles. Le Nandourésiste à 10 et même 12 degrés de froid, mais craint la neige. Notre collègue sépare la femelle du mâle, quand celui-ci a ses jeunes, qu'il élève alors seul très facilement. M. Pays-Mellier a perdu son Casoar Emeu femelle, qui chaque PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 149 année lui donnait tant de beaux œufs si bien fécondés. Aussitôt que le mâle voulait couver, il lui laissait dix ou douze œufs et enlevait la femelle qui sans cesse le tourmente et qui toujours, quand les jeunes sont éclos, les abime, les bat et les tue. Le père seul élève les petits et leur enseigne vite à prendre leur nourriture en les appelant par un claquement de bec. Dans les premiers jours il faut donner du pain coupé en très petits morceaux, de la salade, du chou haché bien finement avec quelques œufs durs. M. Pays-Mellier attend deux Oiseaux bien rares et dont certai- nement il n'existe pas deux exemplaires, deux hybrides provenant d'un mâle Pavo nigripennis et d'une grosse Poule cochinchinoise. M. Debreuil raconte que le 31 décembre un chasseur a tué à Chatou un Larus Canus portant à la patte une bague en aluminium, sur laquelle est gravée l'inscription suivante : Vogelwarte. Rossit- ten. 207. M. le comte d'Orfeuille, à qui M. Debreuil avait bien voulu communiquer ce fait, dit qu'il a écrit en Allemagne afin d’avoir des renseignements. Rossitten est une petite ville de la Prusse orien- tale sur la Kurische Nehrung, langue de terre qui sépare la Baltique du Kurischer Hafi. En parlant des zoologistes allemands, M. le comte d'Orfeuille annonce à la Société la perte que vient de faire la science ornitholo- gique en la personne de M. le D' Paul Leverkühn, directeur des bibliothèques et musées de S. A. le prince de Bulgarie. Tous ceux de nos collègues qui ont fait partie du Congrès ornithologique international ont pu apprécier ce savant enlevé dans toute la force de l’âge. 4 M. Piollet exprime l'intention d'élever près de Melun le Colin de Virginie; il en a tué en Sologne où ils se reproduisent en liberté. M. Loyer croitque le même fait a lieu dans les chasses de Chantilly. M. Piollet, ayant demandé à M. le vicomte de Montsaulnin des renseignements sur cet Oiseau, a reçu une réponse fort intéressante. Le frère de M. de Montsaulnin avait oui dire en Virginie, où il passa quelque temps, que ces animaux supportent à merveille le froid et la neige et ont l'avantage de donner deux ou trois nichées par an. La ponte est de 12 ou 15 œufs par nid. Dès l’éelosion le mâle s'occupe de promener les petits,et la mère recommence à pondre, mais dans un nid nouveau. Ces nids, fort bien faits, se trouvent au fond d'un tube, ce qui dissimule les œufs aux Oiseaux destructeurs tels que les Pies. Les jeunes naissent tellement faibles qu'il n’est guère possible de les obtenir avec des Poules ordinaires qui les écraseraient. Le Colin de Virginie est plutôt un gibier de bois que de plaine. Tous ceux que possède M. le vicomte de Mont- saulnin sont toujours dans des champs de bruyères entourés de bois; jamais on ne les rencontre dans de grandes plaines. Lors- 150 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCELIMATATION qu'ils furent importés, il y en:avait trente couples, mais plusieurs sont morts de la fatigue du voyage. Au bout, de quinze jours, il en reste environ quarante, mais plus de mâles que de femelles. Une fois adultes les Colins vivent par compagnies. On lâcha d’abord deux mâles, puis quatre; comme ïls restaient près de ceux qui étaient en cage, on donna la liberté à deux ou trois: couples, allant toujours progressivement et ne laissant à la fin qu'un couple enfermé. Ces Oiseaux font entendre une sorte de sifflement strident et s'appellent souvent, au printemps. La reproduction a toujours été très bonne, mais M. de Montsaulnin croit les Colins très capri- cieux sur Le: choix du terrain. Ainsi, par exemple, dans les chasses fort bien gardées qui sont à l’ouest de sa propriété et où des Colins ont été lâchés, il n'en est pas resté un. seul; c'est le contraire pour celles qui sont: à l'est. M. Debreuil pense qu'il serait fort utile de dresser un question- naire sur le Colin de Virginie. M. Loyer est du même avis, car en ce moment beaucoup de personnes se préoceupent de cette question. Ce sera d'autant plus aisé que M. le vicomte de Montsaulnin s’est mis pour tous renseignements à la disposition de M. Piollet. Ce dernier a vu des femelles donner plus de cent œuis. M. Loyer ajoute que le prix d'un couple de ces Oiseaux est d’en- viron quarante francs. Il éroit qu'il serait bon de lâcher les:petits de Colins élevés en. volière, car il à vu les femelles mangées sur le nid par les rats; les mâles alors ne faisaient que les appeler sans cesse et ne tardaient pas à suceomber. Il est, aux termes du règlement, procédé ou renouvellement du bureau pour l'année 1906; maïs la nomination du Président est remise à une époque ultérieure. ; Sont élus : MM. Mailles, Vice-Président, le comte d’Orfeuille, Secrétaire, Debreuil, Délégué aux récompenses. M. Debreuil communique à la Section diverses observalions relatives à l’'Ornithologie. Parlant d'abord de ses Tourterelles diamant, qui avaient. com- mencé à.couver dès le mois d'avril, il annonce qu'elles ont fait ensuite trois couvées successives jusqu'au mois de juin. Au mois d'octobre il y en. a eu deux autres et les petits. de la derxière sout nés en novembre par uni froid de 5 degrés au dessous de zéro. Toutes, ces couvées ont eu lieu dans un même nid: placé sous une gouttière à l’air libre. Tous les œufs étaient fécondés et ont chaque fois donné naissance à deux jeunes bien conformés; plusieurs sont morts par accident. En ce moment, 8 janvier, les Tourterelles enfermées dans une volière close ont refait un nid et pondu deux œuis. Chez un couple d'Oies: d'Égypte, qu'il possède depuis six ans, notre collègue a observé le phénomène suivant : l’époque dela ponte avance toujours. La première année la femelle avait pondu au com- PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 451 mencement de juin; en 1905 elle a pondu en janvier et elle a recommencé le 29 novembre. Ea ponte est en général d’une dizaine d'œufs, sur lesquels en moyenne sept sont fécondés. Les petits maissent vigoureux et progressent rapidement. Dans certaines années, quand on avait eu le soin de retirer après deux mois les petits à la mère, il y-eut deux pontes. Dans «elle de la fin de 1905, les œufs ont été enlevés au fur et à mesure, pour éviter la gelée, et ils vont être confiés à une Poule, cequifait espérer umesecondeponte. M. Debreuil, après bien des vicissitudes et au bout de cinq années, estarrivé à pouvoir enfin accoupler ses Casoars Emeus. Un premier œuf a été pondu le 28 novembre 1905 dans un coin de leur parquet, puis un second le 2 décembre. Ces œuis étaient déposés dans un nid grossièrement fait, mais soigneusement cachés par des feuilles. Pour les préserver on a construit au-dessus un toit en planches. La femelle, probablement inquiétée par ce travail, a cessé sa ponte, qu'elle n’a reprise que le 19 décembre pour la continuer les 22, 24, 27, 30 décembre et le 2 janvier. Le dernier œuf a été pondu le 4 janvier, actuellement il y en a neuf, et sans doute la ponte va continuer. Sauf les deux premiers œufs, les autres ont'été enlevés aussitôt pour les préserver du froid. Il est à remarquer que {la femelle Casoar pond toujours dans le même nid et cache ses œufs. Les femelles Nandous, au contraire, pondent un peu partout autour du nid fait par le mâle, et c'est ce dernier qui va lui-même chercher les œufs, la femelle ne s'en occupant plus. La Société sera tenue au courant de la -couvée des Cosoars. Notre collègte’a été plusieurs fois témoin des accouplements, il espère que les œufs seront fécondés et qu'à la fin de l’année il pourra offrir plusieurs jeunes en cheptel. Cette séance de la Section d'Ornithologie dejà si bien remplie devait cependant encore offrir un grand intérêt grâce à une Causerie de M. Charles Debreuil, que nous regrettons de ne pouvoir repro- duire en entier. Nous voulons cependant essayer d'en donner une idée, pensant bien que ceux des membres de la Société d'acclima- tation qui étaient absents seront heureux d'en avoir l'écho lointain. Le 28 octobre dernier M. Debreuwil arrivait à Argenton-sur-Creuse, département de l'Indre, chez notre collègue M. Rolinat et ils par- taient aussitôt ensemble pour le village du Fay, situé à quelques kilomètres. Le but de l'expédition était une chasse aux Alouettes, une tendue, Gomme on dit en Berry, plaisir que les méridionaux se procurent de temps immémorial, mais que le centre dela France ne connait que depuis 1849 environ, grâce à des habitants de Mon- tauban, fait qui vous explique dourquoi les chasseurs d'alouettes du Fay s'appellent des Montaubans. Notez tout d'abord un point fort important pour nous qui sommes des conservateurs au point de vue ornithologique, e’est que dans cette tendue on ne peut prendre que des Alouettes et seulement lorsqu'il n’y a pas de neige. 152 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Qu'on se figure de six à douze mille piquets portant un lacet de crinet'placés entre deux touffes de genèêt, plantées elles-mêmes dans un petit chemin fait à la houe, ce qui a demandé plus de quinze jours de travail. Les Alouettes sont attirées par d’autres Alouettes captives ou voltigeuses, attachées à une longue ficelle et que, par un système fort ingénieux, les chasseurs ‘font voler ou retiennent à terre à volonté. Sans doute le choix du champ contenant encore des chaumes de blé ou d'avoine et de mauvaises herbes, comme la Mercuriale et le Polygonum aviculare, a son importance, mais le grand art consiste à attirer les Alouettes non seulement au moyen des voltigeuses, mais encore en imitant le chant de l’animal, chose fort difficile car ce chant est très varié et l'on comprend par exemple que reproduire son cri d'effroi n'est pas précisément le moyen de l'attirer. Voir les vols d'Alouettes passer et s'abattre sur le champ est un spectacle des plus captivants. Une fois les Alouettes sur le sol, il s’agit de les y faire rester et courir le plus possible, condi- tion nécessaire pour leur faire rencontrer les collets. Il faut aussi les mettre à l’abri des Rapaces, ce qui n’est pas toujours facile, étant donné l'acharnement de ces derniers. M. Debreuil a vu un paysan qui, ayant oublié le fouet employé à cet eftet, eut toutes les peines du monde à empêcher un Falconidé de lui enlexer les Alouettes qu'il portait à la main; il lescachait derrière lui, les repre- nait devantet l'Oiseau de proie le rasait à chacun de ses mouvements. Quand le passage est bon, quinze oiseleurs, et il n'y en a pas davantage dans la contrée. peuvent prendre au maximum de cin- quante à cent douzaines d'Alouettes par jour. Les passages ont lieu du 1° octobre au 50 Novembre et du 1° février au 31 mars. AuFay, les Alouettes valent en octobre et novembredelfr. 80 à2îr. la douzaine, parce que, la chasse étant alors ouverte, les revendeurs peuvent les écouler sur Paris; en février et mars on n'en trouve que de 1 fr. 25 à 1 fr. 50. Seules, nous l'avons dit, les Alouettes se prennent à cette ten- due, pour la raison bien simple que d'autres Oiseaux ne viennent pas s'abattre sur un champ où rien ne les attire; et si d'aventure les oiseleurs en apercçoivent, ils les chassent immédiatement, car ces animaux, qui ne sont pas des coureurs comme les Alouettes, s'envolent promptement et entraînent ces dernières avec eux. De plus la tendue est impossible en temps de neige, car on ne peut nettoyer un champ où plus de six mille piquets sont posés. On a avec raison déploré souvent l'emploi des filets et gluaux et aussi la tolérance des préfets qui ferment les yeux pour mieux ouvrir les bras aux électeurs... Mais la saulnée, si meurtrière en temps de neige et avec laquelle on détruit toutes les variétés de passereaux, les pantières, les filets employés la nuit et qui entrai- nent de vrais massacres, Car naguère dans une seule localité d'Italie ‘on a pris en trois jours 2044. Pinsons; tout cela, disons- PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 153 nous, n'a aueun rapport avec la tendue du Fay, bien innocente de pareils malheurs. Il est vrai que l'Alouette a des déienseurs éloquents. Alexandre Dumas a parlé de son « chant national », et notre sympathique et distingué collègue M. Xavier Raspail appelait naguère l'Alouette « l'oiseau national, la personification la plus pure de la terre gau- loise ». M. Debreuil ne veut pas entrer dans la querelle qui divise les naturalistes, les uns étant de vrais protectionnistes, les autres prétendant que les Oiseaux dits utiles détruisent plus de bons insectes que de mauvais; mais il nous a rappelé que. si M. X. Raspail cite de nombreux insectes nuisibles aux céréales détruits par l'Alouette, M. Rollinat n'a jamais en revanche trouvé d'insectes dans un estomac d'Alouette en automne. Est-ce à dire que M. Debreuil demande l'extermination de l'Alouette ? Bien au contraire; il veut une sage règlementation bien préférable aux tolérances actuelles. Ce que M. Debreuil veut encore et ce qu'il nous a souhaité en terminant son spirituel entretien, c'est que savants, naturalistes et politiciens se mettent rapidement d'accord et nous permettent sans péril pour l’agriculture nationale de déguster longtemps encore le petit corps succulent et parfumé de l'Alauda arvensis. Le Secrétaire, Comte D ORFEUILLE. 4° SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1905 PRÉSIDENCE DE M. CLÉMENT, PRÉSIDENT M. Maurice Royer, Secrétaire, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. Après la lecture du procès-verbal de la séance précédente qui est adopté, M. le Comte d'Orfeuille recommande pour la destruction des nids de Guëpes, au lieu de sulfure de carbone toujours dangereux dans des mains inexpérimentées, l'emploi du pétrole qui donne les mêmes résultats ; c'est, du reste, le moyen ordinairement employé par les habitants de nos campagnes toujours fort pratiques. M. le Président fait passer sous les yeux des assistants un carton contenant un Coléoptère recueilli par M. Richard, de Tournon-sur- Rhône (Ardèche). L'étude de cet Insecte est complète. Larve à ses différentes époques, nymphe, insecte parfait, feuilles plus ou moins dévorées, tout est analysé, et un simple coup d'œil suffit pour se rendre compte des dégâts possibles. Ce Coléoptère, du même genre que le Lina populi et Lina tremulæ, en diffère par sa taille plus : petite; c'est l'espèce longicollis, que l'on a dû confondre autrefois 15% BULLETIN DE LA SOCIËÊTÉ D'ACCIHIMATATION avee les espèces précédentes, et qui paraissait peu muisible tout d'abord. M. Clément a pu obtenir des pontes et étudier attentive- ment le développement de la larve. Cette larve, d’abord blanche, devient assez rapidemant noirâtre ; dans la destruction des feuilles ‘elle:procède de manière différente selon ses divers états; au premier âge l'épiderme della feuille est rongé d'un seul côté, au second âge le parenchyme est atlaqué, enfin l’insecte parfait forme dans la feuille des trous complètement ronds. Ce Coléoptère peut avoir trois générations dans l’année, mais l'Insecte parfait vit très peu de temps. M. Mailles remarque que le saule semble être recherché tout spé- cialement par un nombre très grand d'insectes, on compte facile- ment cinquantes espèces différentes qui lui sont nuisibles. M. Courtet a souvent remarqué aux colonies que des Insectes mangeaient impunément des feuilles qui sont de violents poisons soït pour les hommes, soit pour les animaux, sans être aucunement incommodés. M. Mailles a tenté une expérience démontrant qu'en pareille matière l2seflets sont fort différents; des escargots ont été sau- poudrés de soufre nicotiné sans paraître en ressentir le moindre inconvénient alors que certains Insectes ou larves ne peuvent sup- porter ce traitement sans périr. M. de Fougères a observé que l’Abeïlle butine fréquemment sur des plantes nuisibles à l'homme, et si le miel reste toxique, purgatif pour nous, ses larves ne paraissent pas en souffrir. En fin de séance, M. Loyer nous montre un magnifique exem- plaire d'Attacux Atlas qui.est le premier échantillon d’une collection de Bombycides pour la Société; il donne à chacun quelques cocons de Saturnia Cynthia, ce qui permet à M. Je Président de faire remarquer qu'une variété. décrite par lui sous le nom de Parisiensis existe sans bande rose. Pour le Secrétaire empêché, L'Abbé FoucHER SÉANCE DU 15 JANVIER 1906 PRÉSIDENCE DE M. CLÉMENT, PRÉSIDENT La Section d'Entomologie élit son bureau pour l'année 1906; les membres sortants sont réélus à l'unanimité des suffrages : MM. Clément, Président, Marchal, Vice-Président, Maurice Royer, Secrétaire. M. Debreuil s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. M. le Secrétaire général communique une lettre de M. Cézard attirant l'attention de la Société sur divers Bombyciens tels que : PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 155 Antheræa Rüoylei (Chine), Actias Selene: (Chine\, Caligulæ simla (Himalaya), Attacus arethusa (Amérique méridionale). Notre corres- pondant pense: que ces divers: Bombyciens s’acelimateront sans doute, à condition d’avoir des cocons vivants en-quautité suffisante: M. Maurice Eoyer remet pour la coMection de la Société deux magnifiques échantillons d’4tfacus Cecropia et Altacus: Fama-Mai qui augmentent de deux espèces notre collection de Séricigènes. Après avoir constaté œque-l'on ignore actuellement le Papillon quifournis- sait la soie des Romains il y'a quelque vingt siècles, la conversa- tion s'engage-entre les membres présents sur l'identité du fameux Cossus. M. le Président fait remarquer qu'il ne s'agissait certainement pas de la chenille du Cossus ligniféra qui répand une odeur infecte, mais bien plus probablement de larves de Lucanes ou de Cerambyx. M. Maurice Royer déclare avoir goûté à des larves de Callidium sanguineun et leur avoir trouvé un fin goût de noisette. M. Courtet nous entretient du ver palmiste, régal de certaines populations africaines, et M. de Fougères rappelle qu'il a lui-même mangé des Sauterelles grillées au beurre. Certaines peuplades mangent même des chenilles malgré leur aspect velu instinctivement repoussant. En Indo-Chine. la Sauterelle et Ia Fourmi sont très recherchées ; dans le centre africain M. Courtet a vu les indigènes attirer, en tapant sur leur tambour aux abords des fourmillières, les mâles des Fourmis etles manger avec une satisfaction évidente. M. de Fougères a fait aux Antilles la même remarque avec cette seule différence que les casserolles remplaçaient les tambours. Puis il est décidé que M. Maurice Loyer écrira au directeur du Jardin botanique de Saïgon et aussi au médecin de la résidence à Pnom-Penh au Cambodge, pour demander des Goccus lacca. M. Clément présente ensuite un carton renfermant plusieurs espèces d'Abeilles, et plus particulèrement Abeille dite trèfle rouge et l'Abeille dorée à langue très longue. Cette particularité permet à ces Insectes de butiner facilement sur le trèfle rouge dont la corolle- est’ longue, et dont on fait de grandes cultures: en Amé- rique. Ces Abeilles ne sont pas desespèces nouvelles, c’est l’Abeille italienne transportée en Amérique, sélectionnée, très cultivée en Amérique et dont les mères: sont aussi renvoyées em: Europe. Les reines sont artificiellement fabriquées par les Américains. Ceux-ci préparent de petites eupules en cire, et y ajoutent de la pàtée royale empruntée dans les ruches aux cellules des mères. Puis le travail ainsi commencé est achevé tout naturellement par les ouvrières, et l’éleveur est presque certain d'obtenir des-neines: Cette . pratique est actuellement employée en Europe, les Insectes obtenus par ce procédé: présentent les mêmes modifications que les reines naturelles, corps plus gros, absence de cuillerons:et de brosses:aux pattes postérieures, aiguillon recourbé. L 156 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION M. Clément présente ensuite des Mélipones et des Trigones, Abeilles de l'Amérique du Sud dépourvues d'aiguillons, que l’on n’a pu acclimater malgré de nombreux essais. M. Courtet fait alors remarquer que, quoique manquant d'aiguillons, ces Abeilles sont extrêmement désagréables dans les colonies; elles s'abattent en nombre sur la figure et les mains pour pomper la sueur. Puis, par- lant des piqûres d'Abeilles, M. Sauton signale que le miel en appli- cation sur la piqûre supprime la douleur pourvu qu'on ait aupara- vant extrait l’aiguillon; et M. Maurice Loyer cite le fait des apiculteurs fréquemment piqués et n'éprouvant plus de douleur, preuve d'une certaine immunité. M. Sauton fait ensuite la remarque suivante au sujet du Bombyx neustria. Notre collègue a capturé une très grande quantité de femelles et rien qu'un seul mâle. M. l'abbé Foucher déclare que le màle de Bombyx neustria ne vole que de 5 heures à 6 heures du soir, très rarement après et jamais avant. M. Clément ajoute que comme pour la plupart des Bomby- cides, les femelles de Bombyx neustria naissent plus tôt que les mâles et que si la chasse de M. Sauton avait eu lieu plus tardive- ment le résultat eut peut-être changé. M. Sauton demandant ensuite si le Saturma pyri se prend le soir à la lumière, M. l'abbé Foucher répond qu'il a observé avoir très souvent capturé ces Lépidoptères sur des feuilles de vigne ou de figuier, très souvent même ils étaient accouplés. Le Secrétaire, Maurice Royer. S'TSECTIONME- BOMMIQUE SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1905 PRÉSIDENCE DE M. Bois, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. Seurat fait une communication sur la flore économique de Tahïti et de la Polynésie française. Le conférencier donne des explications sur la situation de ces iles. Les établissements français de la Polynésie, situés dans la région tropicale sud du Pacifique se composent d'une centaine d'iles disséminées sur une étendue de 600 lieues de long sur 300 de large. Tahiti est la plus importante de ce groupe. Formée de deux presqu'iles d'inégale grandeur, elle ressemble, vue du large, à un cône tronqué; une bande de terre très étroite mais très fertile se trouve comprise entre la base des montagnes et la plage. Cette bande de terre peut atteindre cependant en quelques points jusqu'à PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 457 trois kilomètres de largeur. Cette zone est à peu près la seule partie de l'ile qui soit habitée. Les vallées creusées dans les hautes montagnes pourraient être cultivées, mais il n’y a pas de route et les transports sont trop difficultueux. Les cours d'eau sont tous torrentueux. L'ile tout entière est entourée d'une ceinture madréporique. Le climat de Tahiti est délicieux, la grande culture n'est pas connue dans cette colonie : le seul domaine où elle serait possible est le domaine d’Atimaono, il a été longtemps exploité par uue compa- gnie agricole pour la culture du coton qui y donnait de très beaux résultats, mais la baisse des prix en a arrêté l'essor. On fait du sucre à Tahiti car la Canne y pousse très bien; Le pays produit de la Vanille mais les indigènes ne savent pas la préparer, de sorte qu'elle n'atteint pas les prix de celle des autres colonies productrices de Vanilles. Les productions du sol sont les mêmes aux iles Marquises, toutes les plantes tropicales s'y acclimatent et.s' y développent avec suc- cès. Les iles Tuamotu ne possèdent pas de terre végétale; c'est le pays par excellence du Cocotier. Cette culture permet aux indi- gènes de vivre, elle est pour l'archipel l’objet d'un commerce important par le Coprah qu'il produit. L'ile Rapa n'a pas de Cocotiers, mais on peut y réunir toutes les cultures européennes légumières, le coton y a été essayéet a pros- péré pendant vingt-cinq ans. mais pour les mêmes motifs qu'à Tahiti il a été abandonné. On y fait maintenant du café. Enfin, l'arbre qui fait pour ainsi dire vivre les Polynésiens est l’Arbre à pain : ils en mangent le fruit cuit, ils peuvent méme le conserver pendant une année, ils en font un pâte qu'ils envelop- pent de feuilles de Dragonier et qu'ils déposent dans des trous creusés pour cet usage. Il se produit une fermentation qui donne à ce mets une saveur acide, qui n'est pas désagréable. Les feuilles servent à divers usages, les Polynésiens en couvrent leurs cases et elles sont utilisées aussi pour envelopper les provisions, Le Secrétaire, Marquis DE FoUGÈREs. 158 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION SÉANCE DU 22 JANVIER 1906 PRÉSIDENCE DE M. Bois, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu ct adopté. Les membres de la Section procèdent ensuite à la nomination du Bureau pour 1906. Sont nommés : Président : M. Bois. Vice-Président. : M. N... Secrétaire : M. Gerôme. Délégué aux récompenses : M. Bois. Les ouvrages suivants sont déposés sur le Bureau, pour la Biblio- thèque de la Société : 4° Bulletin of the Museum of comparative Zoology, vol. XEIX. Glaciation of the sawatch range Colorado, by W.-M. Davis, 1905. > Ministère de FAgriculture : Annales de l'Institut national agronomique, 2° série, tome IV, fascicule 2. 3° Les plantes alimentaires indigènes, par Georges Gibault biblio- thécaire de la Société nationale d'Hortieulture de France, 1904. 4 Les fruits de:commerce d'exportation et de marché. — Question traitée au Congrès international d'Horticulture de Liège, du 8 au 10 mei 1905, par M. Ch. Baltet. M. Bois communique divers extraits d'une lettre qu'il à reçue de M. Morel, membre de la Société d'Acclimatation, datée de Beyrouth (Syrie), 8 janvier 1906; cette lettre renferme des rensei- gnements très intéressants sur les végélaux qui réussissent le mieux dans la région de Beyrouth, et sur les effets d'une gelée (1} survenue le 22 décembre dernier. « Iei, nous avons jouï, pendant un mois, d'un temps délicieux de mi-novembre à mi-décembre, d'un soleil comme on peut à peine en réver dans les plus favorisés Eldorados. Puis un formidable orage a éclaté sans cesser toute la seconde moitié de décembre amenant à sa suite de la gelée dans la matinée du 22 décembre. C'est la seconde- fois seulement, en 18 ans; que nous voyons de la gelée à Beyrouth; cela n’a duré que quelques heures du matin, mais ce fut assez pour abimer les plantes dont la liste suit : Plantes ayant souffert du froid : Agave schidigera Isoloma (les) Crescentia Cujete Musa Martini Cassia occidentalis — rosea Citharexylon sp. — sapientum Eucalyptus colossea — Ssinensis. Ficus imperialis Palisota Barteri Furcræa (les) Strelitzia augusta Haricots (les) (1) M. Morel n'indique pas à quel degré le thermomètre est descendu ce- jour-là. PROGÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 159 « Pour les Fuwrcræa surtout, c'est vraiment triste. L'un d'eux, à couvert sous lesarbres, n’a rien eu; un autre n'a eu d'endommagé que le bout des feuilles touchées par le soleil, mais deux autres sujets superbes sont très abimés. « Nos Bananiers sont perdus pour deux ans au moins; le Musa Basjoo seul a résisté. « Le Colvillea et l'Adansonia ont perdu leurs feuilles, ce dernier en serre froide. « Maïntenant je m'amuse à faire l’entrepremeur de jardins; voici cinq à six jardins que j'’arrange à Beyrouth. « Voici les plantes qui me donnent le plus de satisfaction : Liste des plantes qui réussissent le mieux dans les jardins de Beyrouth : Brachychiton populneum — acerifolium Citharexylon Clethra arborea Strelitzia reginæ Ochrosia borbonica Schottia latifolia Cestrum elegans Hakea suaveolens — eucalyptoides Franciscea hydrangeæformis Spondias lutea Pandanus Araucaria (divers) Mimosa ACaCia Nolina recurvata (syn : Pincenectitia tubercu- latu, Beaucarnea re- CUrOGT | { beaucoup d'espèces Melaleaca divers, 4 espèces Angophora, 3 espèces Pinus canariensis — longifolia — Pinea — Lambertiana — lLeda Sapindus, 4 variétés Palmiers, un très grand nombre Solanum, nombreux Abutilon. id. Hibiscus, variés Ipomæa, id. Asclepias, id. Cassia, de bien des sortes. — Je m'en sers beaucoup pour abriter les plan- tations nouvelles. « J'ai à donner.des graines des Eucalyptus suivants : Eucalyptus globulus = resinifera Eucalyplus Stuartiana — paniculata Le rudis — dealbata € 41 y a un arbre ici qui m'intrigue beaucoup; je pense que le vrai nom est Schinus terebinthifolius; c'est de tous les arbres d'ici celui qui pousse le mieux et qui donne le plus d'ombre. « Ceux qu'on voit Je plussouvent sont le Murier (l'arbre béni des Syriens) et le Melia Azedarach. » « Voici bien des Kakis divers que nous plantons et qui vivent, mais sans aucun fruit; de même pour le Feijoa Sellowiana. » Les membres de la Section de Botanique prient le Président d'adresser à M. Morel leurs remerciements pour l'intéressante letire dont il a été donné lecture et dont les extraits les plus impor- tants seront insérés au procès-verbal. M. Bois fait ressortir l’im- 160 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION portance du document concernant le Musa Basjoo qui n’a pas souflert du froid là où les autres espèces ont été gelées, et, au sujet de la non fructification du Kaki, indique que cela doit être sans doute attribué au climat trop sec de Beyrouth. M. Bois résume ensuite deux notes de M. Magne : L'une, sur les plantes de montagnes; L L'autre, sur le Jardin botanique de Zermatt et les plantes des environs de Sion (espèces intéressantes observées ou récoltées). et, du même auteur, son rapport sur l'Exposition internationale de Liège (Section horticole), rapport fait au titre de délégué de la Société nationale d’Acclimatation. M. Mailles présente une jeune plante d'un hybride spontané intéressant, qu'il cultive depuis 1904, et dont il avait déjà montré des feuilles dans la séance de janvier 1905. C'est un hybride entre la Cinéraire maritime (Senecio Cineraria) et le Senecio Jacobæa : ces deux plantes se trouvaient cultivées presque côte à côte dans le jardin de M. Mailles, à la Varenne-Saint-Hilaire (Seine). M. Bois demande au présentateur de recueillir des échantillons fleuris de cet hybride spontané pour qu'il soit possible de l'étudier de plus près, par comparaison avec les plantes dont il est issu. Le jeune pied présenté par M. Mailles est offert par lui pour les collections du Muséum. Divers membres signalent les résultats obtenus dans les cultures essayées en 1905. M. Loyer dit que le Pé-tsaï est vraiment très bon; des divers semis faits, ce sont les tardifs qui chez lui ont le mieux réussi, bien que les pommes aient été relativement petites; les semis d'été ont été dévorés par les chenilles et les loches; il en a été de même chez MM. Mailles et Debreuil. Ce dernier collègue fait remarquer que les côtes de Pé-tsaï récol- tées à l'automne sont plus fibreuses et d'un goût fort, plus prononcé que dans les récoltes d'été; mais il ajoute que la légère àcreté du légume disparait si la cuisinière prend la précaution de le hacher très finement, comme elle le fait pour les épinards. La parole est ensuite donnée à M. Gérôme pour une communica- tion sur l'utilisation des terrains humides ou marécageux. Dans cette causerie sont passés en revue les divers moyens qui peuvent être employés pour améliorer et tirer parti de ces sortes de terrains: le choix des espèces ornementales ou utilitaires qu'un propriétaire de terrain de cette nature pourrait y cultiver avec succès fera l'objet d'une autre causerie à une séance ultérieure. Le Secrétaire, J. GÉRÔME. a an, 6 tn ie ÈS het is s'oe héte ÈEL d nn PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 161 ÉLSECRIONS-. COLONISATION SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1905 PRÉSIDENCE DE M. DE GUERNE, VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ Le procès-verbal deda précédente séance est lu et adopté. M. Chevalier fait une communication sur sa quatrième mission en Afrique. Le conférencier après avoir décrit rapidement les contrées de l'Afrique française qu'il a visitées, insiste sur l'intérêt que présen- tent les possessions des Portugais. Il explique la façon dont le tra- vail y est compris : la richesse de l'ile San Tomé est due à la cul- ture du Cacaoyer. On a cru pendant un moment qu'une maladie sévissait sur ces plantations, mais les recherches qui furent faites, firent découvrir que le sol n'avait pas été suffisamment défoncé; à des plants malades on s'aperçut que le pivot des arbres (le Cacaoyer est un arbre à racine pivotante) était arrêté par le sol durci du fond des trous. M. Chevalier fait passer de nombreuses photographies sous les yeux de ses auditeurs. Ces photographies représentent des plantations de Cacaoyers à divers âges, des séchoirs à l’air libre pour leurs graines, d'autres d'un modèle perfectionné, munis de tiroirs que l'on referme pour préserver ces graines contre les pluies. Nos collègues peuvent sui- vre ainsi toute la manipulation de cette denrée jusqu'au moment de son embarquement pour les destinations européennes. M. Chevalier décrit ensuite les nombreuses améliorations que tous les planteurs de San Thomé ont introduites dans leurs ex- ploitations, afin de faciliter la tâche du travailleur et de lui rendre le séjour de la plantation plus agréable; ce sont des maisons cons truites pour loger les ouvriers qui rappellent par leur aspect les cités ouvrières de Belgique, des hôpitaux où ils sont soignés, il signale enfin la création d'institutions de prévoyance analogues à nos coopératives; toutes ces explications sont appuyées par la pré- sentation de nombreuses photographies qui montrent la richesse de la végétation et les intéressantes améliorations économiques appor- tées par les colons de cette belle possession portugaise. M. Courtet parle ensuite du Maté ou Thé du Paraguay et de son acclimatation dans la République Argentine. Ces deux communications seront insérées dans le Bulletin. Le Secrétaire, Marquis DE FouGÈREs. 162 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ, D'ACCLIMATATION EXTRAITS ET ANALYSES Observations biologiques sur un parasite de la Galéruque de l’Orme, le Tétrastichus xanthomelenæ (Rond.) (1) [Hyuéx.] par le D' P. MarcHaL (2). Après s'être multipliée pendant plusieurs années d'une façon désastreuse, la Galéruque de l’Orme (Gallerucella luteola F. Müller) a cessé ses ravages, et les Ormes de nos parcs et de nos avenues ont repris en été leur épaisse et verte frondaïson. Il semble bien que les parasites vivant aux dépens de cet Insecte défolïateur ont dü contribuer dans une large mesure à sa régression et au salut des arbres dont il menaçaït l'existence. L'année dernière, sur quelques Ormes qui avaient encore à souffrir de la présence de la Galéruque, j'ai eu l’occasion de voir à l’œuvre un de ces précieux auxiliaires. Il s’agit d'un petit Chalcidien n'ayant pas plus d’un millimètre de long, le Tétrasticus xanthomelænæ, et voici dans quelles circonstances il me fut possible de l’observer. Le 26 juin, à Fontenay-aux-Roses, je récoltai des feuilles d’'Orme attaquées par la Galéruque; la plupart des pontes qui se dressaïent à leur surface étaient depuis longtemps écloses, et des larves par- venues à des degrés de développement divers rongeaient le paren- chyme; toutefois, malgré l’époque déjà tardive, il subsistait encore un bon nombre de pontes non encore écloses, et, parmi ces der- nières, il y en avait dont les œufs présentaient une teinte grise, due à la présence du petit Chalcidien déjà tout formé et prèt à sortir, qui doit retenir notre attention. Le 28, ces parasites étaient éclos dans le vase où les feuilles avaient été renfermées; le 29 et le 30, j'assistais à la ponte du Chalcidien dans quelques groupes d'œufs de Galéruque non éclos et, par conséquent, en retard sur la grande majorité d’entre eux. Au travers du vase de verre, on pouvait voir les minuscules Hymé- noptères faire de longues stations sur les œufs du Chrysomélien, et, pour observer l’un d'entre eux, il suffisait, à l’aide d’une pince, de retirer la feuille sur laquelle il était placé, puis de l’examiner à la loupe et tout à loisir. De façon à être plus précis, je choisirai un individu parmi ceux que j'ai observés, et je relaterai la succession de tous ses actes, (1) Oomyzus gallerucæ Rond. peut être considéré comme synonyme de Tetrastichus æanthomelænæ (Rond.) March.: mais Pleromalus gallerucæ Fonsc., rapporté par Thomson au genre Tetracampe constitue une espèce entièrement distincte. (2) Extrait du Bulletin de la Société entomologique de France, 1905, n°4. ; 4 DDR ET PARTS EXTRAITS ET ANALYSES 163 conformément à mes motes prises dans le cours même de l'obser- vation. Le Tetrastichus est fixé sur le sommet d'un œuf de Galéruque, un peu latéralement et dans une attitude presque verticale; son abdomen s'incurve et, avec les pièces terminales du fourreau qui émergent vers la pointe, il tâtonne et marque la place où il va introduire son oviscapte ; la pointe de celui-ci, qui sort de la face ventrale, se place juste au point marqué, puis l'extrémité de l'abdo- men se relève et l'on voit alors la tarière, qui se présente avec l'aspect d’une soie longue et fine, pénétrer, en se dirigeant un peu obliquement vers la base de l'œuf. L'opération est assez longue et dure plus d'une minute : l'Insecte élève et abaisse son appareil perforateur à différentes reprises sans le retirer entièrement de l'œuf-dans lequel il reste plongé et semble ainsi sonder son contenu; il parvient enfin à le faire pénétrer jusqu'à la garde, puis, après avoir maintenu quelques instants son abdomen en contact avec l'œuf, il l'en écarte progressivement et retire sa tarière. C’est alors que commence une manœuvre des plus curieuses et qui constitue l’ori- ginalité de l'histoire biologique de cet Insecte. Aussitôt sa tarière retirée, l'Hyménoptère place sa tête au point où se trouvait tout à l'heure son oviscapte, puis lèche avec avidité la petite plaie qui vient d'être faite. Ensuite il exécute le mouvement inverse et porte l'extrémité postérieure de son abdomen tout près de la blessure ; puis, avec les pièces terminales du fourreau, il tâtonne fiévreuse- ment, les abaissant, les soulevant, les déplaçant tour à tour jusqu'à ce qu'elles viennent se placer juste au niveau de la perforation. Ces tätonnements sont assez longs ; mais, dès que le point cherché est trouvé, la tarière pénètre une seconde fois dans l'orifice qui a été précédemment ouvert; elle y reste plongée une demi-minute environ, puis l’{nsecte Ja retire et, par une manœuvre sembable à celle déjà décrite, vient lécher avidement la blessure. Après s'être ainsi réconforté, il va prendre quelques instants de repos et se promener sur la feuille, aux environs de la ponte de Galéruque; mais il revient rapidement à l'œuf qu'il vient de quitter €t qu'il reconnait au milieu de tous les autres; il le palpe, fait une tentative qui ne semble pas aboutir pour faire pénétrer sa tarière, et se remet à lécher la blessure; puis c'est une nouvelle et courte promenade aux environs, suivie d’une nouvelle visite au même œuf de Galéruque : cette fois le Tetrastichus arrive rapidement à faire pénétrer sa tarière juste au même point que les deux fois précé- dentes; elle reste plongée environ une minute et, lorsqu'elle est dégagée, très vivement l'Hyménoptère se met à lécher la blessure. À partir de«ce moment, et sans autres interruptions que celles du tätonnement préliminaire et celle du léchage consécutif, il fait pénétrer sa tarière vingt fois de suite dans l'œuf de la Galéruque. Si nous ajoutons les trois fois précédentes, nous arrivons à ce 164 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION résultat que, pendant les #5 minutes que dura l'observation, l'Hymé- noptère fit pénétrer sa tarière 23 fois dans le même œuf de Galé- ruque. Tous les coups de sonde donnés ne furent pas d'ailleurs identiques et les derniers furent, d'une façou générale, beaucoup plus rapides que les premiers : vers le milieu de la série, ils duraient d'un tiers de minute à une demi-minute; vers la fin, l'In- secte ne faisait plus guère que plonger sa tarière et la retirer; mais, quel que fût le temps pendant lequel se prolongeait le coup de sonde, la méthode restait la même, et toujours on observait dans des conditions semblables les tätonnements préliminaires et le léchage de la plaie. Le lendemain, l'œuf de Galéruque qui avait été lardé par le Tetrastichus fut examiné : il présentait, voisines l’une de l’autre, 4 petites taches brunâtres correspondant aux blessures faites par la tarière. L'Insecte, tout en cherchant, pour s’éviter une peine inutile, à retrouver la blessure qu'il a faite antérieurement, peut donc occasionnellement faire une nouvelle perforation s'il ne trouve pas assez vite l’ancien orifice. Quel peut être maintenant le but de la singulière manœuvre des Tetrastichus”? Il est évident que l'Insecte trouve dans l'œuf de la Galéruque un aliment à sa convenance, et que, faisant servir sa tarière à un tout autre usage que celui auquel elle est habituelle- ment destinée chez les Hyménoptères, il en fait le même emploi que celui que nous pourrions faire d'une épingle pour percer la coquille d'un œuf et humer son contenu. Si la blessure, lorsqu'elle vient d'être faite, est souvent trop petite pour qu'on puisse bien la distinguer. on peut en revanche constater que la place léchée par l'Hyménop- tère est humide du liquide qui s'écoule de l’intérieur de l'œuf; pariois même on peut voir une véritable goutte perler à la surface de l'œuf et être rapidement humée par l'Hyménoptère. Il n'est donc pas douteux que l’un des mobiles qui poussent l'Insecte à donner ses coups de tarière réside dans l'intérêt indivi- duel; mais il est non moins certain, d'autre part, ainsi que nous le prouve le fait même de son parasitisme, que le Tétrastichus, confor- mément à l'instinct des autres Chalcidiens, peut se servir de sa tarière pour introduire son œuf dans l'œuf même de la Galéruque. Toutelois, parmi tous les coups de tarière qu'il donne, il ne doit y en avoir qu'un bien petit nombre consacrés à la ponte. En ouvrant les œufs des pontes les plus visitées par le Tétrastichus, je n'ai mis en effet à découvert qu'un nombre très limité d'œufs appartenant au Chalcidien parasite; or, cet œuf ovoïde, légèrement incurvé, étant assez volumineux (0,23 millim.) et relativement facile à mettre en évidence, il en résulte très certainement que le nombre des œufs pondus est très loin d'être égal au nombre des coups de tarière donnés. On peut même avancer, d'une façon générale, que le para- site ne dépose pas plus d'un œuf dans l'œuf de la Galéruque. De EXTRAITS ET ANALYSES 165 plus, on peut ouvrir un œuf de Galéruque qui a reçu des coups de tarière multiples, sans trouver à son intérieur un seul œuf du parasite (1), et il semble bien en résulter que, dans certains cas, le Tetrastichus pique l'œuf de la Galéruque exclusivement pour se “nourrir. ; Mes observations ne sont pas assez complètes pour que je puisse dire si, lorsqu'il pique l'œuf de la Galéruque pour pondre, sa manœuvre diffère d'une façon sensible de ce que j'ai précédemment décrit, et sialors, par exemple, il se dispense des multiples coups de sonde qui doivent en labourer le contenu et arrêter tout développe- ment embryonnaire (2). Si les matériaux ne me font pas défaut, j'espère qu'il me sera possible, cette année, en commençant d'une façon moins tardive mes observations, d'apporter une précision plus grande dans l'histoire des curieux phénomènes qui accompagnent la ponte du Tetrastichus xanthomelænæ. Il reste aussi à rechercher comment se succèdent les générations, dans quelles conditions et à quel stade le Tetrastichus passe l'hiver, et enfin s’il est susceptible de s'attaquer à d'autres œufs que ceux de la Galéruque de l’Orme. OBSERVATIONS RELATIVES A QUELQUES PLANTES A CAOUTCHOUC (1) par M. À. CHEVALIER Le caoutchouc, comme on sait, est produit par quelques plantes tropicales appartenant aux familles des Asclépiadacées, des Apo- cynacées, des Euphorbiacées et des Artocarpacées. Depuis longtemps on sait aussi que dans quelques genres, dans les Funtumia et les Landolphia par exemple, le latex de certaines espèces en se coagulant donne un caoutchouc très élastique, tandis que les latex d'autres espèces des mêmes genres donnent des substances résineuses, gluantes ou cassantes, mais non élastiques. (1) Ce fut le cas pour l'œuf dont il a été question ci-dessus. (2) Cette hypothèse me paraît peu probable: l'arrêt du développement embryonnaire de l'hôte semble en effet, dans le cas actuel, une condition utile pour l'évolution de l'œuf du parasite, et l’un des rôles des coups de tarière multiples est assez vraisemblablement de l’enrayer. 466 BULLETIN {DE ‘LA SOCIBTÉ D AGGHIMATATION Jusqu'à ces dernitres années on avait «admis ‘que deux plantes donnant, l'une du:bon caoutchouc, l'autre une résine, représen- taient nécessairemert deux ‘espèces distinctes, pouvant être diffé- renciées par des caractères macroscopiques. Mais, depuis 1901. quelques faits ont été publiés qui tendraient à faire croire que les individus d'une même espèce botanique pouvaient être, les uns caoutchoutifères, des autres non ‘caoutchoutifères. Ges faits, s'ils étaient-confirmés,rendraient-la culture de:ces plantes à caoutchouc économiquement «aléatoire, puisqu’en semant Jles graines d'une plante exploitée.on ne.serait jamais eertain.d'obtenir des individus caoutchoutifères. Les-études que nous poursuivons depuis sept années dans les régions tes plus diverses de l'Afrique tropicale nous permettent d'affirmer que :cette notion:est erronée.et que tous les individus d'une espèce ‘caoutchoutifère, vivant dans ‘des conditions natu- relles et parvenus à l'état-adulte, donnent ducaoutchouc. Nous nous basons sur des observations suivantes se rapportant successivement aux familles «des Artocarpacées, des Apocynacées et des Euphorbiacées. 1° En 1900, M. Rivière, dans le Journal d'Agriculture tropicale, signalait. au jardin du Hamma, près Alger, l'existence d'une plante cultivée, qu'il nommait Ficus élastica, ne donnant pas de gomme élastique. Partout, en Afrique, où nous avons vu le véritable Ficus elastica cultivé : à la Gold-Coast (jardin botanique d'Aburi), à Lagos, à Old-Calabar, à San-Thomé (Port-Allègre, au niveau de la mer, Mouité-Café, à 700"/d'altitude), les arbres âgés de plus:de 5 ans produisent, comme dans les Indes orientales et à Java, où l'espèce est indigène, de la gomme ‘élastique, au moins à la base de leur tronc. Mème dans les régions tempérées, au Caire (Schweinfurth) et à Palerme (Borzi), on:a constalé que le Fious elastica donnait du caoutchouc. Par contre, nous avons observé récemment, dans le jardin botanique de Lisbonne, un Ficus cultivé sous le nom de F. elastica qui donne un produit gluant à la place de caoutchouc ; mais, malgré des analogies, il-est spécifiquement très distinet du véritable F. elastiea, et c'estsans doute aussi le cas de la plante cultivée à Alger. 2° En 1904, M. E. de Wildeman annonçait (2) que M. L. Gentil, chef de culture du Jardin botanique de Bruxelles, et quelques (1) Enquête faite au cours de la derniere mission scientifique confiée à l’auteur par le Gouvernement général de l'Afrique occidentale française dans les colonies françaises, .anglaises et portugaises de l'Ouest africain (février-octobre 1905). (2)'E. pe Wrzpeman et L. Genrmiz. Lianes caoutchoutifères de l'Etat indépendant du'Congo, \p. 53, 54, 74. EXTRAITS ET ANAÏINSES 167 agents de l'État indépendant avaient constaté que certains indi- vidus du genre £andolphia, ne se distinguant pas spécifiquement les uns du Z. owariensis, les autres du L. Klainei, ne donnaient pas de caoutchouc où produisaient un latex qu'ils n'étaient pas parvenus à coaguler. Nous avons étudié le Landolphia owariensis dans la plus grande partie de son aire de distribution géographique, depuis la Guinée française jusqu'au Congo, nous avons expérimenté son latex sur des milliers de pieds croissant tantôt dans la gramde forûèt, tantôt dans la savane, parfois presque au niveau de la mer et parlois à 1500" d'altitude; nous en avons toujours retiré un caoutchouc d'excellente qualité, et d’autres botanistes dont la compétence et la bonne Îoi ne peuvent être mises en doute, H. Lecomte et R. Schlechter, étaient arrivés avant nous au même résultat pour d’autres régions. De même, le L. Klainei, au Congo français, au Congo indépendant. au Jardin d'essai de Conakry, partout, en un mot, où nous l'avons étudié nous a toujours donné une gomme élastique de toute première qualité. D'ailleurs, ces deux espèces appartiennent à la section Eulan- dolphia de Stapf, dont toutes les espèces actuellement connues et quelques autres que nous décrirons prochainement contiennent toujours un caoutchouc de grande valeur dans l'écorce de leurs troncs. Les jeunes rameaux de tous ces Landolphia ne contiennent dans leur latex qu'une substance gluante (viscine), et ce n'est ordinairement qu'à partir de la deuxième ou de la troisième année que le caoutchouc commence à apparaitre. Mais cette propriété n'est pas spéciale aux Landolphiées : depuis Parkin, on sait que, dans toutes les espèces caoutchoutifères, les tiges d'un certain âge contiennent seules du caoutchouc. 3° Plusieurs correspondants du Journal d'Agriculture tropicale ont eru remarquer que le Manihot Glaziovi contenait plus ou moins de caoutchouc suivant le port des individus, ce qui a du reste fait supposer qu'il existerait plusieurs formes botaniques parmi l'espèce cultivée. L'une, à rameaux étalés, donnerait très peu de caoutchouc, l’autre, à rameaux fastigiés, en donnerait davantage. On a avancé d'autre part que, dans la forme fastigiée (candélabre), la feuille avait toujours 5 lobes, tandis que, dans la forme étalée (pleureur), elle n’a que 3 lobes. Partout où nous avons observé des Manihot Glaziovi à l'état cultivé au cours de notre dernier voyage en Afrique occidentale, nous n'avons trouvé aucune relation entre la forme de l'arbre et l'abondance du latex. D'autre part, on voit presque toujours des feuilles à 5 lobes et à 3 lobes sur le même individu; parfois, nous avons même constaté des feuilles qui n'étaient pas lobées. Nous avons en outre observé des Manihot fastigiés nés de graines de Manihot à rameaux étalés, ce qui prouve déjà que ces formes ne 168 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION sont pas fixes. Il est exact que tous les individus de Manihot ne donnent pas le même rendement en caoutchouc, mais cette variabilité n'est pas spéciale à l'espèce. En résumé, quelle que soit la famille à laquelle appartient une plante à caoutchouc, sa richesse caoutchoutifère est une aptitude individuelle. Le rendement peut être très différent sur deux indi- vidus de même âge, de mêmes dimensions, vivant côte à côte et saignés au même moment. Mais, lorsqu'une espèce donne du bon caoutchouc, tous les troncs et rameaux des divers individus de cette espèce, parvenus à un certain âge, contiennent une substance élastique, c’est-à-dire du caoutchouc, en quantité plus ou moins grande (1). (1) Extrait des Comptes Rendus des Séances de l’Académie des Sciences, Octobre 1905. Nota. — Les auteurs de notes ou de mémoires Ch. vrr, art. 61.) OFFRES Mlle Paon nigripennis, 2 ans, superbe, fa- l APE LL LISA NRA ES 60 fr 4 couple Pigeons, tambours de Boukharie, D panillottés le couple.................... 50 » 1 couple Pigeons, étourneaux........... AIO 4 — — diamanté, de Syrie..... 20 » cs — — frisé, bleu, allemand... 20 » ÿ = — Séragée, Dieu". 20 » 4 male, pigeon, queue de bleu, extra, DD DES MER ee Re GNU 45 » 4 couple Colombes turvert..... SORTE 20 » 1 — — Chaine, 0 adm 20 » En — — ZÉDLÉES NE STE 8 » DU — — de Buenos-Ayres..... 5 » M Louis RELAVE, manufacturier à Lyon-Vaise, (Rhône). “Mile hybride de Canard siffleur et de Cane M =auvase, bec bleu... ../.... ........ 10 » M: G. ROGERON, château de l’Arçeau près An- — gers (Maine-et-Loire). Males Elliot, Temminck, couples Amherst, Swinhoé, Perruches à croupion rouge, Pigeons tambours de Boukharie, tous de 1905 M. de BONNAL, Montsaillard (Hautes-Pyrénées). Etablissements modèles d’Arcisse et des Sources, près Nogent le Rotrouet d’'Hébecourt près Gisors. Seuls établissements pouvant livrer indifférem- ment pour le repeuplement des rivières et pièces d'eau, des Alevins de Truites de toute origine (Arc-en-ciel, lacs, rivière, saumonées). Alevins exceptionnellement vigoureux. LBACOINTE et Ci, 8, rue de Laborde, Paris. RE" Et ee ÿ DANSE — OFFRE D'ÉCHANGES. — Le Directeur du Bureau d'Acclimatation de la section de Syzran de la Société impériale d'Horticulture de Russie offre “d'échanger des graines, bulbes, boutures ou plants -des diverses espèces ou variétés végétales. Il envoie ” son catalogue sur demande. S'adresser à M. …NOEIKOFEF, Directeur du Bureau d’Acclima- latation, à Novospasskæ. Syzran-Wiazm-rail. — RUSSIE. des prix d'impression des tirages à part des articles publiés dans le Bulletin Mierreuillerentierc LEE AR Me ee cnltenUue Hbistquertiside teurlle ten e Le CELE Eee 00 Une demi-feuille................ CRÉAS DES ARR Plusteurs#euilles, Jafeuilles "tin" ee Le tout sous couverture du Bullétin de la Société to Lt Au-dessus de 100 exemplaires exemplaires [exemplaires Sara nie 7.50 9.50 0:05 HR AU 7.50 9.50 0.05 SRE 4,50 6 » 0005 D'ab 0e 7.50 9:50 0.05 insérés dans le Bulletin et contenant au moins un quart. de feuille, peuvent obtenir la remise gratuite de quatre épreuves de ces communications, en el faisant au Secrétariat la demande avant l'impression. (Extrait du reglement administratif, avril 4855; OFFRES, DEMANDES ET ANNONCES DEMANDES Poule Elliott et mâle Temminck 1905. M. de BONNAL,, Montgaillard (Hautes-Pyrénées). 1 couple Orpington noirs, sujets concours ou échangerai contre superbes La Flèche primées. Demande en chepte 1 Chèvres Samar G’Ara ou nubiennes. M. Alain BOURBON, château du Bignon par Ballée (Mayenne). 2 couples de Maras adultes ou deux femelles pleines. Prince Ernest d'Arenberg, 10, rue d’'Astorg, Paris. La Société d’Aviculture rurale de Russie. dont le siège central est à Moscou, place des Théâtres, Musée d’Aviculture, nous prie d'informer nos collègues qu’elle a l'intention d'organiser à Mos- cou au mois de Novembre 1906, une Exposition « Jubilée » de Volailles, de Chèvres et de Lapins, ainsi que le matériel d'élevage, des produits de l'Industrie et du Commerce de l’Aviculture, et serait satisfaite de les voir prendre part à ladite Exposition. EN DISTRIBUTION Graines offertes par M' Morel Abies morinda. Acacia cyanophyll«. Acacia leiophyll«. Agathea cœælestis. Anémone. Arundinariæ hookerian«- Asparagus Sprengeri. Cajanus indica. Capucines tropæolum- Cardiospermum halicacabunr. Cassia fætida — occidentalis. Cephalotaxis Fortunæi. Chamærops excelsæ. Cryptomeria japonica. Cryptostegia grandifiora. Cupressus sempervirens pyramidalis. Brassica chinensis. _ Actinostemima paniculatum , calophylla. coriaceu. delabat«. — globulus — grandis. — gomphocephal«. — maculata. = melliodara. — panñieulal«. Æ pinalis. — piperita. — resinifera gros red gum. — salign«. = Stuartiand. — Trabuti. _Echinopsis. Eupatorium arboreum. Farfugium grande. _ Gomphocarpus fruticosus. _Hibiscus abelmoschus. Hippophærhamnoides. _ TpomcŒæa volubilis. Jacaranda mimosæfolia. Melia floribunda. Nantina domestic«. _ Physalis alkekenge. Pinus pinet. L Pittosporuin undulatum. Platicodon. Sabal Adansoni. Sciadopytis verticillata. Sequoia sempervirens. Tecoma grandifiora. _GRAINES ET PLANTES VIVANTES offertes par la Société. GRAINES DE Pé-tsai ou Chou de chine. Blumenbachia insignis, plante annuelle, orne- mentale. Buddieia variabilis, arbrisseau ornemental. Clerodendron trichotomuin, arbrisseau orne- mental. Galtonea candicans, plante bulbeuse ornemen- tale. _ Hibiseus militaris, plante vivace ornementale. Parrotia persica, arbre d'ornement. _ Rubus phæñicolasius, arbuste -ornemental. _ Sium Sisaruwm, Chevois, plante vivace à tuber- cule alimentaire. Xanthoceras sorbifolia, arbrisseau ornemental. PLANTES VIVANTES : Cuccubitacée vivace, grimpante, ornementale. Buddileia variabilis, arbrisseau ornemental. Caryopteris mastacantnus, arbuste ornemental, fleurs mellifères. Cedrela senensis, arbre ornemental. _ Choisya ternata, arbuste, ornemental. . Cierodendron fœtidum, plante vivace orne- _ mentale. Cornus Baileyi, arbrisseau ornemental. Le Gérant : CHESNIER, Imprimeur, ?8, Rue Dussoubs. — PARIS. | pannosa : Doi Korokowi, arbre Donner Forsythia Forlunei pyramidalis, RPOTTES ü ornemental. Gingko biloba, arbre aux quarante écus, arbre . ornemental. Sa Juglans nigra, noyer d'Amérique, arbre à pro- pager. Legustrum Delavoyanum, arbuste ornemental.. — Regelianum — — pekinensis = ° Maclura aurantiaca, oranger des Osages, arbres ornemental. ; Philadelphus Lemoïinei, v. avalanche, arbris-" seau ornemental. 4 Polygonum baläschuanicum, grimpante, ornementale. Populus alba pyramidalis, arbre ornemental. Syringa Emodi rosea, Lilas de Bretschneiïder, arbrisseau ornemental. — PDubescens — Zanthozylum planispinum, arbrissceau orne- - mental. "4 Zingiber Miogd, plante vivace, inflorescence M comestible. (Voir Pailleux et Bois. Le Potager 4 d'un curieux, 3° éd.). (1) Le nombre des sachets de graines et des plantes vivantes disponibles étant limité, les M demandes devront être adressées au Secrétariat dans le plus bref delai possible, car la distribu- tion sera faite dans l'ordre de leur réception. plante viva cs s ŒUFS POUR COLLECTIONS Casoar émeu. Colin de Californie. ; 74% — de Sonnini. Faisan argenté. À = doré. $ — d'Elliot. _— oreillard. — de Swinhoé. — venéré. # — versicolore. a Geai de Desmarest. Sterne cendrée. A vendre: joli château moderne, grand parc aménagé pour élevage, entouré de trois grandes fermes. conviendrait comme jardin d’acclimata- tion, on vendrait séparément, photographies sur demande. S'adresser au Secrétariat. A LOUER Château de Villexon (Haute-Saône) à 7 lieues de Gray et de Vesoul. Dimensions commodes, joli pare, bois et rivières, chasse et pêche, gare à dix minutes. S’adresser à M. Chauvin, notaire à Gray. Demande d’emploi Garde, âgé de trente ans, marié, connait son métier à fond, demande place. S° adresser à M. Provence, brigadier des Eaux et Forêts à Meudon, S. et O. BULLETIN DE LA té NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 52° ANNÉE JUIN 1906 SOMMAIRE J. GILSON. — Note sur la nidification de la Fauvette des jardins.......................... 169 RPPROGBR = Sur lacclimatation du Black bass... fine LE NL A RENE 171% G. MAGNE. — Rapport sur l’Horticulture à l'Exposition de Liège ATH Dé du SERA ME RE dore 173 J" GÉROME. — De l’utilisation des terrains humides ou marécageux ....:.................. 180 Extraits des procès-verbaux des séances des Sections. 15 Section (Mammifères). = SÉARCE ITU BETA OO ERREUR eee terne entiers 184 = — (Sous-section d'Etudes caprines). — Séance du 6 avril 1906. 185 ‘2° Section (Ornithologie). — Séance du 5 Février 1906................................... ... 189 — — DÉCO NUM EMTA ES TOURS REPÉRER ER CRT EE ere 194 -3° Section (Aguiculture). — Séance du 15 Janvier 4906.................................... 197 5° Section (Botanique). — Séance du 19 Février 1906...................:.........,........ 499 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le bulletin Un numéro 2 francs; pour les Membres de la Société 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DELLA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), Paris Le Bulletin paraît tous les mois MOYENS DE COMMUNICATIONS Métropolitæin : Station de Walhubert. Omnibus | à Tramicays cras ne Soupe Place EURE ma-Gare de Lyon. ere ..... Place Walhubert. PI. Jeanne-d’Arc-Square Morel are Montparnasse-Bastille............ — : RE Er Cancorde....::... 0: Le Boulevard Saint-Marcel-Notre-Dame-de-Lorette. Rue Linné PonneuleConcordes ee Vi FA Square des Batignolles-Jardin des Panltes (r. Geofroy-St-Hilair Place Walhubert-Placedela Nation Bateaux-Parisiens ‘Gare d'Orléans-Gare du Nord... — Ponton d’Austerlitz (rive gauche) Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les personnes qui désireraient l’entretenir, qu'il se tient à leur disposition, au siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON. — PARIS BUREAU ET CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1906 Président, M. Edmond Perrier, membre de l’Académie des Sciences *et de l’Académie de Médecine, ; Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. Ed. BurEAU, Professeur honoraire de. Botanique au Muséum d'Histoire: naturelle, 24, quai de Béthune, Paris. Ë RE Baron Jules de GUERXE, 6, rue de Teurnon, Paris. rice- } Po ; À à Vice-Présidents. Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Siant-Germain, 238, Paris. C. RAverET-WaTrer, Directeur de la station aquicole du Nid-de-Verdier. 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général : M. Maurice Lover, 12, rue du Four, Paris. ! MM. A. BorGEoL, 16, rue de Siam, Paris (Etranger). H: HuA, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saïint- Germain, Paris (Conseil). G. Fron, Docteur ès sciences, Chef des Travaux botaniques à l’Institut agronomique, 29, rue Madame, Paris ({ntérietwr). \ Ch. DEBREULIL, 25, rue de Chateaudun, Paris (Séances). Trésorier : M. le D' SEBILLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire : M. le Marquis de Foucères, 120, rue Legendre, Paris. Secrétaires. Û Membres du Conseil MM. le D' Raphaël BLANCHARD, Membre de l’Académie de Médecine, professeur à la Faculté de Médecine, 226, boulevari Saint-Germain, Paris. Comte Raymond de DAzmaASs, 26, rue de Berri, Paris. DÉS professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, aris. LE MYRE DE VILERS, 3, rue Cambacéres, Paris. Dr LEPRINCE, 62, Rue de la Tour, Paris. DSP MARCHAL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomo- logique de Paris, 30, rue des Toulouses, à Fontenay-aux-Roses- M. Mersey, Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche et de la Pisciculture au Ministere de l'Agriculture, 87, boulevard Saint- Michel, Paris. A. MILHE POUTINGON, Directeur de la Revue des Cultures Coloniales, 44, rue de la Chaussée- d'Antin, Paris. Comte d’ ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Bors, assistant au Muséum d'Histo re Naturelle, 45, rue Faïdherbe à Saint-Mandé (Seine). D' E. TROUESSART, Professeur de Zoologie au Muséum d'Histoire naturelle, 20, rue des Belles-Feuilles, Paris. WUIRION, 7, rue Théophile- -Gautier, Neuilly-sur-Seine- Dates des Séances générales et des Sections POUR L'ANNÉE 1906 Janvier | Février Mars Avril Mai |Novembre| Décembre SÉANCES Du Coxseir, le Jeudi à 5 h. . . .| 4 1 4 5 3 8 6 1° SECTION. — Mammifères, le lundi AISRREUTES NE en EE UNE D Pare ol RATS o) o) 2 7 5 3 2° SECTION. — Ornithologie, le lundi A SAS ET 2 ER PES ARE LURRGR EE ARES p) 5) 2 fl 5 5) 3° SECTION. — Aquicultur:. le lundi AUS PTEUTES vu re eV te A ML Et LUS 12 42 9 14 12 10 4° SECTION. — ÆEntomologie, le lundi| CARE DNA C4 ILES A AE AAA GA PANNE RO 12 12 9 1% 12 10 5° SECTION. — Botanique, le lundi AO D PU OS ANNE ne Enr ee ARE Ra DE) 19 19 23 21 19 17 6° SECTION. — Colonsiation, le lundi AASAREUTES Nu ARE EM AEER POMPES 19 19 23 21 19 17 NOTE SUR LA NIDIFICATION DE LA FAUVETTE DES JARDINS Par J. GILSON La Fauvette des Jardins {Sylvia Hortensis) ainsi d'ailleurs que la plupart des Oiseaux dits Becs-fins, se tient plus spé- cialement dans les endroits frais, ombragés, parfois même très humides. Or, il est rare que dans les haies, bosquets et buissons même isolés, ne pousse au printemps de chaque année le (alium palustre, cette plante grimpante, quadrangulaire, rude au toucher, du genre aspérule. Cette herbe, après avoir été desséchée par l'hiver devient souple et peu fragile ; lorsqu'elle a été froissée, elle a quelque ressemblance avec le chanvre préparé. Nous avons remarqué dans différentes régions, mais par- ticulièrementdans les environs de Paris où l'herbe susnommée est très commune, que les différentes Fauvettes, la Babillarde entre autres, emploient plus ou moins le Galium pour cons- truire leurs nids comme base de leurs matériaux. Mais ce qui nous a surtout frappé, c'est que la Sylvia hor- tensis, compose son nid presque exlusivement avec le Galium palustre qu'elle recherche dans ce but. Nous avons remarqué des nids de cet Oiseau dans des en- droits où cette herbe n'existait pas et quicependanten étaient composés.Cette Fauvetteemploielestiges moyennes,quelques- unes plus fines avec quelques crins seulement. Ce nid, très léger, est souvent posésimplementsur la brindille d'une tige d’arbrisseau; dans ce cas il est attaché à la tige par un de ses côtés, comme le ferait un Lorivot. Nous avons vu quatre de ces nids, à 1 m. 50 environ du sol et quitous étaient ainsi attachés : l’un était sur un buisson de chêne, l’autre sur un noisetier, le troisième sur un osier et le quatrième sur une épine noire; ils étaient très en vue dissimulés seulement par quelque feuillage. Cependant, nous avons rencontrés également des nids du même Oiseau à 0 m.80 du solet dans des massifs où nous n'avons pu remarquer s'ils étaient attachés comme les précédents. De toute façon ce nid est suffisamment maintenu pour soutenir les quatre petits oisillons qui naîtront plus tard, et bien qu'étant en quelque sorte pendu, il peut défier les vents et la pluie par sa légèreté et sa composition. 170 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION La cuvette a 0.065 de diamètre sur 0.035 environ de pro- fondeur. Les œufs à fond blanc sont maculés de tâches grises avec quelques points noirâtres un peu partout, mais clair- semés, sauf sur le gros bout où ils sont agglomérés. Ils ont 0.021 mil. sur 0.045 environ pour la grosse espèce. Nous disons la grosse espèce parce que nous avons remarqué que dans deux des nids cités plus haut les œufs étaient beaucoup plus petits, plus uniformes de teinte et n'avaient pas les taches qui font reconnaître l'espèce ; ce n’est qu'après avoir vu l'Oiseau que nous avons été bien assuré que nous avions devant nous le nid de la Sylvia hortensis. Nous ne pouvons pas cependant en conelure qu'il existe une différence dans la grosseur de l'Oiseau, car certaines espèces pondent des œufs qui diffèrent sensiblement de gros- seur, même de forme, sans que la taille de l'Oiseau soit difié- rente. Mais ce que nous pouvons affirmer, c'est qu'il ya une différence dans le plumage de certains sujets de cette espèce. Les uns sont olivâtre foncé sur les parties supérieures tandis que les parties inférieures, poitrine et flanes, sont d'un gris mordoré. Il est en outre reconnu par lesamateurs que cette variété a le plus beau chant. Les autres qui sont plutôt gris qu'olivâtre sur le manteau, sont d’un gris assez clair sur les parties inférieures. Nous avons remarqué que ces derniers se tiennent de pré- férence dans les jardins, tandis que les plus foncés se ren- contrent surtout dans les bosquets éloignés. | ! L'ACCLIMATATION DU BLACK BASS. Par M. Edgar ROGER. Conseiller Référendaire honoraire à la Cour des Comptes. Dans une lettre de M. L. Bouglé adressée au Field et dont certains passages ont été traduits par M. Paulze d Ivoy de La Poype dans le Bulletin de la Société Centrale d'Agriculture et de Pêche (T. XVI n° 7, 8, 9), il a été question de mon essai d'acclimatation du Large Monthed Black bass américain (Mi- eropterus, Lacép.) dans le département de Seine-et-Marne. Je possède, en eflet, dans ma propriété de Nandy, un petit étang, d'environ quatre-vingts ares, alimenté par une source, dans lequel j'ai tenté cette expérience. J'ai Jâché, à la fin de l’année 1902, environ quatre-cents alevins, d'une taille de 6 à 7 centimètres. En mars 1903, j'ai lâché vingt-deux autres Poissons, de 1% à 15 centimètres, pesant, en moyenne, 140 grammes. Aucune mortalité n'a pu être constatée et pourtant les conditions d'acclimatation furent des plus défavorables par suite de la baisse considérable des eaux pendant les étés 4908, 1904 et 1905. Notamment dans fe dernier été, ces mal- heureux Poissons n’'eurent pas plus . 0,50 à 0,60 d'eau et sur un fond de vase. Malgré cette mauvaise situation, qui avait élevé la tempé- rature de l'eau d’une facon très sensible, mon ami M. L. Bou- glé et moi avons pu constater des naissances dès 1904 et au printemps de cette année, nous avons capturé plusieurs ale- vins de Bass. (6 alevins). En outre, en 190% et en 1905 M. L. Bouglé prit, soit au spuwing, soit à la mouche artificielle, un certain nombre de Poissons adultes. Yellow hid (grandeur naturelle) Les cinq captures, conservées et mangées, pesaient entre 180 grammes et 360 grammes. La chair de ces Poissons, cuite au court-bouillon, a été 172 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 1 reconnue comme de premier ordre et sans le moindre goût vaseux, rappelant beaucoup celle du Bar commun (Labrax- Lupus, Cuv.), par son aspect. En dehors de ses qualités culinaires, le Bass, comme l’a constaté M. L. Bouglé, sportsman des plus distingués, est un Poisson éminemment sportif, attendu qu'il se fait prendre à la mouche artificielle, au poisson mort ou vif et principa- lement avec un appareil, connue en Amérique, sous le nom de Yellow kid (chevreau jaune). Ce système, flotte à la surface de l’eau, et, lorsqu'il est mis en action, éclabousse comme pourrait le faire un vapeur à aubes en miniature. Depuis la publication de la lettre de M. L. Bouglé, je crois qu il est utile de faire remarquer, que ne voulant pas nuire à mon élevage, je me suis privé du plaisir de pêcher les Poissons adultes, que je voyais cependantconstamment pen- dant le cours de l'été. Par contre, à partir de novembre je n’en ai plus vu un seul circuler et je suppose qu ils doivent s’enfoncer dans la vase pour y passer l'hiver. J'ai essayé, en 1905, de capturer des alevins de 1904, mais ce fut en vain: ces Poissons étaient, probablement, encore trop jeunes pour venir à la mouche. Je me réserve de renouveler cette tentative cette année, pour constater, définitivement, si les alevins, nés en France, peuvent y prospérer. En résumé, et après une expérience de plus de trois ans, mon opinion est, que S'il peut être dangereux de déverser dans les eaux libres le Black bass, Poisson certainement car- nassier, il est, au contraire, utile de le propager dans les eaux closes, où sa rusticité, ses qualités culinaires et spor- tives, en feront un Poisson des plus intéressants. J'ajoute que dans les étangs où les propriétaires croyent à l'utilité du brochet, le Black bass pourrait le remplacer avec avantage. Ce Poisson, en effet, bien que carnassier, prendra un déve- loppement beaucoup moins rapide que le brochet, et, pour les eaux, pêchées régulièrement, n'arrivera jamais à une taille suffisante pour faire de grands dégâts. RAPPORT SUR L'HORTICULTURE A L'EXPOSITION DE LIÈGE par G. MAGNE Délégué de la Société d'acclimatation. I. — Le jardin de la Ville de Paris. et sa décoration L'horticulture, que l'on invite en général dans ces grandes joutes pacifiques, un peu à la facon d'un parent pauvre dans un diner cérémonieux, est, dans la majorité des cas et plus spécialement à Liège, un des attraits de ces vastes caravan= sérails modernes. Elle figurait à Liège, dans l'enceinte même de l'Exposition, pour une partie, et surtout en ce qui concer- nait les concours temporaires, elle tenait ses assises à Cointre, au sommet d'un coteau, en dehors de celle-ci. L'horticulture française, tout au moins pour les concours permanents, occupait une place d'honneur, ses produits arborescents, arbustifs et floreaux étant répartis dans le Jardin de la Ville de Paris, joliment tracé par M. Vacherot, au centre même de l'Exposition, devant le grand palais, qui lui formait le cadre le plus délicieux. On avait tiré le meilleur parti de l'emplacement et la liaison des lignes des divers parterres entre eux et surtout avec les palais, constructions et les voies d'accès se faisait dela plus heureuse façon, grâce à la liaison rationnelle des lignes courbes du style paysager, à la correction de celles du style symétrique. C'était la plus délicate des leçons de choses qu'il était possible de donner aux visiteurs et dont nos amis les Belges tireront certaine- ment le plus grand profit. Cette situation privilégiée n’a pas été sans susciter quelques remarques de ceux-ci à cause de la disposition, dans ces jardins, des magnifiques spécimens d'arbres fruitiers formés et des groupements de Conifères, Mais ji! eut été vraiment dommage d'aller cacher ceux-ci à Coinire, car les Conifères, groupes et massifs arborescents et arbustifs, placés habilement et avec goût, ne dissimulaient rien de ce qui doit être vu, habillaient admirablement ce jardin en faisant valoir les masses florales qu'ornèrent plates-bandes et corbeilles; l'ensemble, après les plantations estivales effectuées, constitua le coin le plus délicieux de cette exposition et le plus profitable des enseignements. Nous notons rapidement les principaux exposants dont les 474 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION produits ornaient ce jardin : MM. Nomblot-Bruneau, arbres fruitiers formés et arbustes à feuillage persistant en spécimens : M. Lecointe, arbres fruitiers formés en sujets de différentes forces; M. Lecointe aîné, arbres fruitiers formés ; M. Boucher, arbres fruitiers formés, massifs et groupes d'arbustes à feuillage coloré et panaché, Clématites, végé- taux arborescents et arbustifs nouvellement introduits dans les cultures ; M. Nollent, massifs et groupes d’arbustes et d'arbres à feuillage coloré et panaché comportant d'intéres- santes nouveautés; M. Rothberg, massifs d'arbres et d'ar- bustes en forts sujets et importantes collections de Rosiers ; M. Robichon fils, des Rosiers, MM. Barbier et Cie, et Laurent et Cie, des Conifères. Déjà, lors du premier concours temporaire, les parterres et pelouses étaient délicieusement fleuris de corbeilles de Viola cornuta, de Primevères, etc., de M. Nonin ; Corbeilles de plantes de toutes sortes, de printemps: Giroflées, Pen- sées, Primevères, etc., de M. Férard, en collections très importantes. IL. — Premier Concours temporaire Le premier concours temporaire se ressentait, dans son ordonnancement, de son organisation hâtive ; et si les lots et collections exposés étaient pour la plupart fort jolis et très intéressants, l'ensemble laissait à désirer. C'est bien dommage que l'on ait construit à Cointre ce vaste hall qui convenait bien à ces floralies, lesquelles n'ont pas reçu le nombre de visiteurs qui s'y attardaient. Le grand nombre de places vides; la terre nue entre les corbeilles de fleurs ne faisaient encore que plus ressortir les imperfections du tracé. La collaboration de quelques horticulteurs importants de Belgique eût apporté l'appoint considérable des grandes collections qui manquaient. Le concours des Orchidées, disposé dans une salle spé- ciale était très important et très intéressant, autant par l'abondance des apports que par les variétés hybrides et les sujets de choix que contenaient les collections. M. Lambeau avait de bien jolies choses: Lœlio-Cattleya Myra Peters, var. (Laelia flava, Cattleya Trianæ) très curieux et beau ; L. C. Dominyana (L. purpurata, C.aurea), au labelle de velours violet intense, etc., etc. M. Peeters exposait une très intéressante série d’Odontoglussum de semis; d'abord L'HORTICULTURE À L'EXPOSITION DE LIÈGE 175 six types intéressants d’O. Rolfeæ, crispum, puis les 0. var. St-Gilles ; O. var. Uccleense, etc. M. Marion avait envoyé de France une collection de Lœælio-Cattleya dont nous n'avons plus à dire l'intérêt ; parmi ces joyaux, nous avons surtout noté : les types L. C. Mozart et L CG. Gaskelliana-Digbyana et deux types nouveaux non encore dénommés. Indépendamment de lots de plantes variées de Bromé- liacées, M. Pourbaix montrait une bien jolie collection d'Or- chidées, comprenant beaucoup d'hybrides d'une belle culture, parmi laquelle nous avons surtout remarqué: une belle série en type de choix de Cattleya Schræderiana, C. Parthenia carnea, Masdevallia Pourbaixi (M. Veitchii, M. Schut- tleworthi}, remarquable par ses larges fleurs orangées en reflets violacés et par sa grande floribondité, etc. En dehors de l'intérêt général de ses Orchidées, parmi lesquelles le curieux Cypripedium glaucophyllum, M. Lémonnier présen- tait encore deux Cypripedium de son obtention, G. Sophie (C. Curtisi superbum, C. concolor) et C. Leodiense très joli. De M. de Lairesse, de beaux Cattleya Prince Albert (C. inter- média, C. Mossiæ Reineckiana); Lœlia Leda (L. purpurata, L, grandis) : L. Yula (L. purpurata, L. tcinnabarina); de M. Madoux un bon choix d'Odontoglossum : O. crispum, var. Albert Madoux, O. Ruckeri, O. Hallé ; de M. Frère: un Cym- bidium insigne Rolfeæ, espèce nouvelle d’un grand intérêt, aux inflorescences roses au sommet d'une longue tige; un lot d'Odontoglossum crispum de toute beauté, aux longs racè- mes ét très grandes fleurs, on sent là une excellente culture. A M. Arthur Salle, les plantes cultivées en terré de bruyère présentent des pseudo-bulhes énormes, mais en même temps un manque de consistance dans le feuillage et dans les fleurs. Signalons encore, avant de quitter cette salle, les beaux Anthurium Scherzerianum de M. Pourbaix, 4. S. Rothschil- dianum Mme Bertrand, A. S. Souvenir de Louis de Smet : la belle série des mêmes plantes de M. Arthur Smet : 4. S. (Go- liath, A. S. bicolor, A. S. Rothschildianum Princesse Pauline, A.S. Sensation, A. S. grandiflorum c» murretiana » algida » pedemontana » denticulata » clusiana » auricula » pubescens Dans le même Jardin botanique de Zermatt, j'ai revu et étudié encore les merveilles suivantes: Achillea argentifolia Canpanula versi unicolor Lilium martagon Buldocodium stallarium Circium spinosum Senecio abrotamnifolius Senecio incanus Hieracium alpicola Alyssum alpestre Helianthemum thomasianum Astragalus alpinus Le savant directeur de ce bel établissement, a eu l'obli- seance de me donner des graines de ces plantes de montagne que je ferai pousser à Boulogne après les avoir semées dans la neige, procédé qui m'a toujours réussi depuis dix ans peut- ÉbEe: s Au cours de mes excursions de botaniste à Zermatt et au Ryffelalp, à côté du glacier de Findelen, j'ai été heureux de voir des fougères charmantes que j'ai rapportées à Boulogne, ainsi, par exemple, le Lycopodium Selago, le Botrychium Lunaria, et l'Aspiotium Lonchitis. Au glacier de Findelen j'ai trouvé aussi des Orchidées à plus de 2.500 mètres, notamment le Cæœloglossum albidum et le Nigritella angustifolia. A propos de ces orchidées rustiques, je déclare que j'en obtiens une bonne végétation et floraison en les plantant et les conservant sur mes pelouses, mais il est indispen- sable de renouveler la terre autour de ces plantes. L'époque la plus favorable pour cette opération est le com- 252 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION mencement du mois de mars et même plus tôt, si la saison fait prévoir un temps chaud. A cet effet, il convient d'enlever la terre jusqu'au rhizome, sans froisser les racines, et cette terre est remplacée par un mélange de terre fraîche et de la terre de feuilles. J'ai l'habitude de mettre sur ma pelouse une légère couche de terreau et je constate que la floraison des Orchidées (Orchis et Ophrys) est beaucoup plus luxuriante grâce à cela. Je fais part de ce procédé à ceux de mes collègues qui cul- tivent les Orchidées rustiques, persuadé que je suis, qu'elle pourra leur être utile au cours de leurs expériences. LA NOIX DE KOLA Par Henry FILLOT (!) Chargé de Mission du Ministère des Colonies COURT HISTORIQUE L'usage de la Noix de Kola par les indigènes de l'Afrique tropicale semble remonter aux temps les plus reculés. D'après Fluckiger, El-Ghafki, médecin arabe, connut les graines de Kola au xue siècle; à cette époque elles étaient employées contre les coliques et maux d'estomac et entraient dans la composition des remèdes réchauffants. Ea première mention absolument incontestable de la Noix de Kola date du xvi° siècle, dans le rare ouvrage d'Odoard Lopez, Relatione del Reame di Congo commenté par Filippo Pigaffetta (Rome 1591). « Vu un autre arbre qui produit un fruit nommé Kola, et qui est grand comme un noyer, ce fruit semblable à la châtaigne est de couleur rouge ou rose. On le tient dans la bouche et on le mâche pour combattre la soif et assainir l’eau. » En 1594, le voyageur André Alvarez de Almada, qui avait visité la Guinée, rapporte que la Noix de Kola produite par une sorte de Châtaignier dont les fruits ne sont pas épineux, sert de masticatoire aux indigènes et lui rappelle l'emploi du Bétel. A la fin du xvi‘siècle déjà la valeur de la Noix de Kola est vantée par F. de Azivedo Coelho qui dit qu'aucune entreprise importante n'est faite sans Noix de Kola, celle-ci a même le don de préserver du péché. En 1604-1605, les annales des Jésuites mentionnent l'im- portation de graines de Kola par les Portugais dans Sierra- Leone. C'est à la fin du xvr- siècle que l’apothicaire Jacques Garet fit connaître à Clusius, lors de son voyage à Londres en 1591, la graine de Kola. Clusius recut également des Noix de Kola, de Tobias Roels, médecin de Hollande, qui les lui présenta comme employées par les populations du Cap-Vert. Ce n'est guère que du commencement de ce siècle que date la connaissance un peu précise du Kolatier; on doit en (1) Communication faite à la séance de la Section de Colonisation du 22 janvier 1906. 254 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION effet au Botaniste Palisot de Beauvois une première descrip- tion de cet arbre dans sa flore d'Oware et de Benin (1804). Grâce aux voyages exécutés ces dernières années en Afrique, nous connaissons parfaitement l'aire de dispersion du Kolatier. Le célèbre explorateur Binger dans son voyage « Du Niger au (rolfe de Guinée » en parle longuement en des pages très intéressantes, C'est à la suite des travaux du professeur Heckel et de ses communications à l’Académie de Médecine que la Noix de Kola a conquis la place importante que lui réservaient ses propriétés et que ses préparations sont admises et enregis- trées dans le Code français. (Décret du 7 Janvier 1895). BOTANIQUE Malgré les recherches de savants botanistes, il n'a pas encore été donné un relevé complet de toutes les plantes fournissant du Kola. Le Kola le plus répandu paraît être fourni par des espèces appartenant à la famille des Stercu- liacées. On admettait, il y a peu de temps encore, que le Kola typique devant être employé dans les préparations pharma- ceutiques était fourni par le Kola acuminata. Dans des travaux récents M. le Professeur Kari Schumann, du Jardin botanique de Berlin, a démontré quele vrai Kolaest fourni par une autre espèce dénommée par lui Aola vera. Le Kolatier est un bel arbre au feuillage vert foncé de 10 à 15 mètres de haut, avant le port et l'aspect de notre châtai- gner, il donne une récolte vers l’âge de 7 à 8 ans, mais elle est peu abondante. C'est seulement vers 12 ans que l'arbre est en plein rapport. Un seul pied peut donner dans une année jusqu'à 1.200 Noix. En Guinée française il y a deux récoltes et une floraison à peu près continuelle à partir de l’âge adulte. _ La floraison de Juillet-Août porte ses fruits en Décembre- Janvier, celle de Janvier-Février qui est plus faible, en Juin- Juillet. Le fruit du Kolatier arrivé à maturité est brun, semi- ligneux ; le nombre de Noix renfermées est très variable ; certains cabosses en contiennent jusqu à 16, mais la moyenne n est guère supérieure à 6 ou 8. LA NOIX DE KOLA 255 En général le même arbre donne indifféremment des graines rouges et des graines blanches dans les mêmes ca- bosses.Certains Kolatiersne donnent que desgraines blanches d'autres ne donnent que des graïnes rouges. Le Kolatier existe à l'état spontané ou cultivé sur toute la côte occidentale d'Afrique comprise entre le 10° degré de lattitude nord et le 5° degré de latitude sud autrement dit de la Guinée française au Congo français. On le rencontre en très grande abondance en Guinée fran- çaise dans les province du Bennah et du Kissidougou ; dans le Koinadougou à Sierra-Leone; dansl'Anno à la Cote d'Ivoire; dans le Khoranza à la Gold Coast, EMPLOI. — USAGE, — VERTUS. — SYMBOLE Le Kola est l'excitant et l'aliment d'épargne de 25 millions d'Aîfricains. L'énorme valeur de la Noix de Kola et le prix attaché à cette graine par les indigènes la fait servir comme base essen- tielle des marchés, des contrats, de toutes les cérémonies religieuses, judiciaires et politiques. C'est par le Kola que dans certaines régions se font les ma- riages, le Kola blanc recu et renvoyé indique que le préten- dant est accepté, si c'est un Kola rouge qui revient tout est rompu. Chez les Soussous, en Guinée française, à la naissance d'un enfant mâle le père plante une Noix de Kolaentourée du cor- don ombilical du nouveau né, l'arbre qui se développera forme le patrimoine de l'enfant. Il est en usage chez les Mekkiforés de planter un Kolatier le jour de la circoncision d'un garcon. Détail assez particu- lier on joint à la graine le prépuce de l'enfant. Sur les tombeaux des Cheïs, à la tête on plante un Kolatier qui est la propriété du fils aîné du mort. Les indigènes attri- buent à l'arbre ainsi planté une croissance plus rapide qu'aux autres. Pour communiquer avec les parents morts, on répand sur la tombe de l'eau où ont séjourné des Kolas. Sion veut faire grand honneur à un Chef, on lu: offrira toujours des Kolas et de préférence des Kolas blancs: Tous ceux qui ont vécu au Soudan en ont recu et donné bien des fois durant le cours de leurs voyages. Enfin la plus grande 256 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION faveur que l’on puisse faire à un noir est de partager aveclui un Kola. Dans ce cas-là, on doit détacher les deux cotylédons et en offrir un à son convive. Il y a longtemps que le noir a reconnu combien cette graine précieuse avait sur son organisme une heureuseaction. Il lui attribue toutes sortes de vertus curatives. Il l'emploie couramment contre les migraines, diarrhées, dysenteries et surtout contre l'impuissance. Mais c'est principalement quand le noir a une longue course à faire qu'il s’en sert de préférence. Il dit que le Kola le fait marcher plus vite, calme la soif, empêche la fièvre, fait trouver l'eau la plus mauvaise excellente, et enfin remplace la viande. On ne saurait s’imaginer l'importance du commerce des Kolas dans les régions comprises dans la bouche du Niger. On peut dire que dans tout le Soudan il n'y a pas de vil- lage de quelque importance, qui n'ait ses marchands de Kolas. Dans les centres importants, c'est au marché que se tien- nent les trafiquants; dans les petits villages c'est dans les casés mêmes qu'ils installent leurs produits. En tout lieu, ils ont rapidement écoulé teur marchandise. En Guinée Française c'est dans le cercle de Beyla au marché de Kabaro qu'affluent tous les Kolas de la région. On peut estimer à six cent mille kilogrammes la quantité de Kolas qui se trouvent annuellement sur ce marché achetés par les Dioulas du Soudan, ils sont échangés principalement contre les bæufs, du sel, du caoutchouc, des cotonnades. Les Kolas provenant du Koba, du Fotenta, et du Samo, s’exportent vers le Fouta-Djalon. Ceux provenant du Kissi- dougou et du cercle de Beyla prennent le chemin de Bissan- dougou et de Kouroussa. A la Côte d'Ivoire il existe deux marchés très importants ceux de Seguela et de Bondoukou, ce dernier marché est approvisionné avec des Kolas provenant exclusivement du Koranza (Gold Coast). Du 1 Juin 1904 au 14° Juin 1905, il est entré à Bondoukou 12.500.000 Kolas représentant environ 160.000 kilogrammes. La Côte d'Ivoire exporte annuellement par sa frontière terrestre environ 1.000.000 de francs de Kolas. Par contre l'exportation par frontière maritime ne s'élève qu'à 1.836 fr. Cela tient surtout à ce que les indigènes habitant la grande forêt ne sont pas consommateurs de Kolas. J'ai pu me rendre LA NOIX DE KOLA 251 compte dans mon dernier voyage à la Côte d'Ivoire que les Kolatiers poussaient à l'état spontané dans la grande forêt. Les fruits sont rouges à deux cotylédons et beaucoup plus petits que ceux de la Haute région. Le savant botaniste Chevalier avec qui j'ai eu l'honneur de voyager dans ces pays, nous dira certainement un jour s'ils appartiennent aux espèces déjà classées ou si nous avons trouvé une nouvelle espèce. Sierra-Leone exporte par mer ses Kolas, la plupart vontà la Gambie anglaise et au Sénégal. On peut dire que tous les Kolas consommés dans ce dernier pays sont de provenance anglaise. La Gold Coast exporteannuellement à destination de Lagos plus de 1.200.000 Francs de Noix de Kolas. Ces Kolas sont réexportés de Lagos dans toute la Nigeria anglaise. VALEUR EN FRANCS DE LA Noix DE KoLA Exportée Exportée Consommée par mer par terre sur place Totaux Guinée française... 50.000 1.000.000 500.000 1.500.000 Sierra Leone....... 1.954.000 1,000.000 1.000.000 3.954.060 DEA ER neue 225.000 1.000.000 500.000 1.725.000 Côte d'Ivoire ...... 1.836 1.000.000 1.000.000 2.001.836 Gold Goast........ 1.124.025 4.000.000 1.000.000 6.124.025 Too hulusfe he 181.000 900.000 200.000 881.000 Dabhomeyicts: 2520: 65.835 116.610 100.000 292445 Niger A... Le. à » ) » )» 500.000 500.000 CAHETOUN 2... 60.200 » D 100.000 160.200 Potaux. 5... 3.660.396 8.616.610 4.900.000 17.177.000 On peut dire sans aucune exagération que cette somme est doublée par les transactions successives survenant par suite de ventes, c'est-à-dire qu'il se fait annuellement sur les Kolas en Afrique occidentale un chiffre d'affaires de plus de trente quatre millions de francs. Il est déplorable de voir que la plupart des Kolas con- : sommés dans l'Afrique occidentale française proviennent des Colonies anglaises. N'avons-nous pas dans nos Colonies des pays producteurs par excellence ? La Guinée française et la Côte d'Ivoire pourraient produire autant de Kola qu'on voudrait. Mais il faut pour cela inviter les indigènes à soigner les ‘ arbres existants et à faire des plantations de Kolatiers. 258 BULLETIN DE; LA SOCIETÉ D'ACCLIMATATION Il faudrait les obliger à travailler sous la responsabilité des Cheïs, et chaque année leur fixer le travail à accomplir si nous voulions que notre direction donne des résultats rapides. L'indigène ne travaille que par nécessité et jamais dans le but d'amasser. Dès que la nécessité ne se fait plus seatir, à moins que la faim ne le talonne. il se livre à l’oisiveté qu'explique suffisamment son indolence et sa religion. Pour finir, donnons maintenant l'appréciation du célèbre explorateur Binger sur la Noix de Kola. (Du Niger au Golfe de Guinée, 1892. Paris. Hachette). « Un des principaux articles d'échanges à Kong est la & Noix de Kola qui constitue dans tout le Soudan un article « deluxe et donne par cela même lieu à de très importantes « transactions. Les Soudanais lui attribuent les mêmes « qualités que nous accordons au café. Pour l'indigène, le « Îruit mâché constitue un remède à bien des maux. A-t:l « besoin de sommeil ? Le Kola est un soporifique. Doit-il « veiller ? C'est le Kola qui l'empêche de dormir! « Il calme la faim et la soif et a, en outre, chez les noirs, la réputation d’être un aphrodisiaque incontesté. « J'en ai usé le plus souvent possible pendant mon voyage ; « chez moi, son action se traduisait surtout sur les nerîs ; € il me semblait qu'il augmentait dans certaines circonstances € ma force de résistance et qu'il me permettait plus facilement « d'endurer les fatiques. & Je l'appréciais surtout quand je n'avais à boire que de « l’eau croupie ou chargée de substances organiques, son goût « étant excessivement amère, l'eau la plus mauvaise paraît &« bonne à boire après son emploi. Mais là où jai surtout « apprécié le Kola, c'est par les services qu'il m'a rendus en € me permettant d'en distribuer aux nombreux visiteurs que « je recevais, c'est une politesse facile à faire, et quoique le « prix du Kola soit très élevé dans certaines régions, mon « approvisionnement en marchandises me permettait de « faire des achats fréquents de Kola et de vivre en grand « seigneur en faisant de nombreuses distributions. C'est « avec le Kola que je me faisais des amis et que je déliais la « langue des noirs qui daigraient me rendre visite. Combien «€ d’itinéraires et de renseignements portés sur ma carte et « dans la présente relation ne sont-ils pas dus à l’à-propos En CN LA NOIX DE KOLA 299 avec lequel je distribuaïs cette consommation de luxe. Le Kola était pour moi un auxiliaire. « Pour bien définir les propriétés du Kola, il faudrait en faire de minutieuses analyses et surtout pouvoir employer en France le fruit frais et non désséché. Je le crois appelé a rendre de réels services. Pour l'Européen qui en use au Sénégal, son bienfait est indéniable. Tous ceux qui s ha- bituent à en mâcher s'en sont bien trouvés et ont été moins éprouvés par les fièvres. Pour moi, je crois que l'usage de ce fruit supprime l'essouflement, prolonge le travail musculaire et calme assurément la faim. C’est un tonique par excellence. Je l'ai essayé dans une fièvre bilieuse hématurique mais les effets n'ont pas une action diurétique bien marquée ; il m'a pourtant semblé au moment où l'absorption immo- dérée de quinine m'avait donné des palpitations de cœur, que le Kola m'a fait un bien réel. « Je l'ai employé avec succès contre une diarrhée rebelle, mais je n'ai observé aucune action aphrodisiaque. Ce qui est acquis, c'est qu'il est unexcitant et produit sur Cer- taines personnesl'effet du café très fort. C’est un médicament d'épargne ; ilest probable, qu'avant peu, on saura tirer parti de cette précieuse plante et de ses alcaloïdes et que bientôt les principes seront introduits dans certaines pré- parations alimentaires destinées à l'homme et au cheval en Campagne. » EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 8° SECTION — AQUICULTURE SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906 PRESIDENCE DE M. RAVERET-WATTEL, VICE PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Secrétaire général résume une communication qu'il a reçue de notre collègue, M. Robertson-Proschowski, de Nice, à propos d'une expérience d'élevage de Truite-arc-en-ciel tentée en £limat semi-tropical. En échange de plantes et arbustes, M. Proschowski avait reçu de l'Administration des Eaux et Forèts, un certain nombre de Truites- arc-en-ciel qu'il répartit d'abord dans deux petits bassins de 3 mètres cubes environ; mais en raison d'une trop grande morta- lité, celles-ci restant au nombre d’une cinquantaine, furent placées dans un autre bassin de 10 mètres carrés de surfacesur 3 mètres de profondeur avec une abondante végétation de Potamogeton et de Con- ferves. Par suite d'une construction défectueuse, le bassin perdait de 300 à 400 litres d'eau par 24 heures, il avait fallu laisser entrer une quantité d’eau égale, d’une maniere intermittente, quelqueïois le renouvellement d'eau était arrèté un ou deux jours; malgré ce faible débit les Truites se portaient à merveille. Comme alimentation, rate de bœuf, lombrics et petits escargots écrasés. Quoique la nourriture ne fût pas distribuée d'une façon régu- lière, en raison même des difficultés qu'il y avait à se la procurer, les sujets avaient doublé de volume de décembre à août suivant. L'eau était relativement peu aérée et le thermomètre placé à 2 mètres au-dessous de la surface marquait en moyenne 23. M. Proschowski pense que cette expérience prouve qu'il faut peu de renouvellement d'eau. Cette espèce de Truite comparée avec l'exigence des autres espèces, résiste à une température plus élevée ; il est vrai, ajoute-t-il qu'en Californie du Sud, j'ai pris à la ligne la Truite-arc-en-ciel à 10° de latitude plus au Sudque Nice, leclimat étant à peine plus chaud, mais c'était dans des ruisseaux de mon- tagnes à une certaine altitude où l'eau est froide, coulant rapide ment et très aérée. J’ignore si en Californie on a essayé de cul- tiver cette Truite en bassin à faible renouvellement d'eau et dans les parties du pays à climat semi-tropical (régime de l'oranger.) M. Seurat fait une communication relative aux pêcheries des iles Tuamotu et Gambier, qui font partie des possessions françaises de l'Océanie. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 261 L'industrie de la pêche de la nacre et des perles a constitué, jus- qu'en ces derniers temps, l'industrie vitale de notre colonie de Tahiti; actuellement, elle subit une crise très forte due en partie à l'épuisement des lagons à la suite d'une exploitation trop intensive, et aussi à l'avilissement des prix de la nacre, qui est du en grande partie à l'arrivée sur le marché, des coquillages nacrés (burgos et trochas) qui sont vendus à un prix bien inférieur à celui qui est demandé pour les Huitres perlières. La pêche des Méléagrines a lieu dans les lagons d'un certain nombre d'îles ; il est à remarquer que tous les lagons ne sont pas tous également riches; le plus productif est celui d'Hikueru. La récolte des Mollusques à nacre est effectuée par des plongeurs à nu, qui descendent jusqu'à 15 brasses sans s'aider de pierre des- tinée à accélérer leur descente, comme le font les plongeurs de Ceylan. Les Huitres perlières pêchées dans la journée sont vendues le soir même à un négociant établi sur les lieux, le plus souvent en échange de marchandises, et sans qu'il paraisse en résulter un bénéfice sérieux pour l'indigène. L'usage du scaphandre a été autorisé ces dernières années, mais cet engin ayant été employé sans discernement a appauvri les fonds nacriers et l'administration a dû interdire son emploi. Durant un séjour de plus de trois ans en Océanie, M. Seurat s'est préoccupé de résoudre le problème, si discuté en ces derniers temps, de l'origine des perles. Ce naturaliste a pu se convaincre que la for- mation des perles, chez l'Huitre perlière des Gambier est due à la calcification d'un kyste, dûe à l'excitation déterminée dans les tissus par la larve d'un Cestode appartenant à un genre voisin du genre Cyathocephalus Kessler, et dont la forme adulte se rencontre dans le rectum des Raies-aigles, qui pullulent dans les lagons les plus riches en perles. M. Seurat est persuadé de la possibilité de la culture de l'Huitre perlière, de l'amélioration de certains fonds et de la production forcée des perles fines ; cette industrie rendra à notre colonie son ancienne prospérité. M. le Président adresse au nom de la Section, tous ses remercie- ments à M. Seurat pour son intéressante communication, et le féli- cite d'avoir mené à bien, souvent au péril de sa vie, sa mission scientifique, si profitable pour la science et l'industrie française. Le Secrétaire, H. BRUYÈRE. 262 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 6 SECTION. — COLONISATION SÉANCE DU 22 JANVIER 1906 PRÉSIDENCE DE M. Bois, MEMBRE DU CONSEIL Le Procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Il est ensuite procédé au renouvellement du Bureau pour 1906. Sont élus : Président, M. Chevalier. Vice-Président, M. N.. Déléqué aux Récompenses, M. Chevalier. Secrétaire, M. de Fougères. M. le Président donne la parole à M. Fillot pour une communi- cation sur la noix de Kola. M. Fillot passe en revue les pays de l'Afrique où l'on rencontre le Kolatier, et dit l'usage que les indigènes font de ces fruits. La noix de Kola est. dit-il, comme on le croit, un aliment d'épargne et un stimulant, 16 fait que l’on a mangé une demi- noix de Kola, ne peutsuflire pour nourrir un homme mais lui permet de faire un travail fatigant. Les noix de Kola sont rouges ou blanches, cette différence de couleur avait fait croire qu'elles étaient d'espèces différentes. Mais M. Fillot dit avoir trouvé dans les fruits du Kolatier des noix des deux couleurs, des noix rouges et des noix blanches. Il offre aux assistants des noix qu'il fait briser en remarquant que ces noix sont très fraiches, mais qu'au bout d’un instant, une fois qu'elles sont brisées, elles noircissent et s'oxydent. Elles peuvent se conserver durant un temps assez long dans cet état de fraicheur. M. Fillot a recherché un procédé pour expédier en Europe des noix de Kola fraiches, parce qu'il était persuadé que les prin- cipes qui se trouvent dans ces graines qui sont traitées en Europe à l’état sec, seraient Sinon autres, du moins certainement plus actifs, car depuis qu'on traite en Europe les produits coloniaux, on a eu le tort d'agir toujours sur des produits secs. Le conférencier términe en disant que les colonies anglaises produisent la plupart des noix de Kola livrées à la consommation, Le Président remereie au nom de la section M. Fillot qui est très applaudi. A la suite de la communication de M. Fillot, M. Perrot, profes- seur à l'Ecole supérieure de Pharmacie, fait remarquer l'intérêt qui s'attache à cette question de conservation des Noix de Kola fraîches car il est hors de doute que l’action physiologique de la noix fraiche est entièrement différente de celle qu'on obtient par les préparations commerciales obtenues de la noix sèche. Toutes celles-ci peuvent être considérées comme un mélange de EXTRAIT DE LA CORRESPONDANCE 263 sucre, de tannin et de caféine; au contraire dans la noix fraiche, la caféine existe à l’état de combinaison avec le glucose et les matières tannoïdes. Combinaison très instable qui s'oxyde avec la plus grande facilité : il suffit en effet pour cela de casser une noix et d'observer la surface qui rougit rapidement en même temps qu'elle durcit d'une manière appréciable et sous cette forme l’action physiologique de la Kola n'est plus identique. Il semble du plus baut intérêt de recommander l'emploi de la Kola fraiche ou bien de préparer un extrait dans lequel les produits actifs se présenteront sous la forme dans laquelle ils existent chez cette dernière. Ee professeur Bourquelot, en 1896, a indiqué pour cela un moyen qui est resté lettre morte pour l'industrie et M. Perrot ajoute que grâce à M. Fillot qui lui a permis d'avoir constamment à sa dispo- sition dés noix fraiches en quantité suffisante, on peut espérer que là préparation industrielle d'un semblable extrait semble résolue ; peut-être même cette étude réserve-t-elle aussi de nouvelles sur- prises en tant que constitution chimique de la Kola. M. le Président donne ensuite la parole à M. Courtet pour une communication sur le coton à Tahiti. La communication de M. Courtet sera insérée au Bulletin. Le Secrétaire, Marquis bE FOUGÈRES. EXTRAIT DE LA CORRESPONDANCE SUR L'INFLORESCENCE DE L'ARUNDINARIA SIMONI par CH. RIVIÈRE Sans réclamer aucune priorité, je rappelle cependant qu'il y a quelques années j'avais signalé à la Société d'Acclimatation l'appa- rition de quelques inflorescences de ce Bambou au Jardin d'Essai : depuis, les floraisons se sont succédées partout et cette simulta- néité donne lieu actuellement à d'intéressantes observations. Il reste toujours à préciser si cette floraison entraînera partout la mort complète du sujet: c'est d'ailleurs la question qui se pose généralement pour beaucoup d'espèces de Bambusées, Dans certaines régions, à la suite de floraisons parfois suivies de fructifications, la plante a complètement disparu ; dans d’autres cas, et c'est celui constaté au Hamma, les hampes fructifères ont d'abord disparu, de nouveaux chaumes ont été émis sur les rhizomes et ont fleuri immédiatement, d'autres s'y sont encore développés, 264 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION mais rabougris et nains, fleurissant de suite. Telle est la situation en ce moment. | Comme le Hamma possède de nombreux peuplements de cette espèce qui y rend des services industriels, on pourra être fixé avant peu sur la disparition complète de la plante ou sur les exceptions qui pourraient se produire. Dans tous les cas on constate déjà des mortalités absolues sur de grands espaces. L'ensemble des peuple- ments est affreux à voir, ce ne sont que hampes en partie désséchées au lieu de massifs verdoyants comme autrefois. L'Arundinaria Simoni a donné des graines nombreuses et fertiles qu'il a fallu défendre contre les oiseaux et les rongeurs. Le semis a été fait en pleine terre, la germination a été rapide et le repiquage facile. Si la végétation extérieure paraissait faible au bout d'un an de semis, par contre le développement des rhizomes était vigoureux. On pourra donc se rendre compte du temps nécessaire pour former par le semis une plante adulte, ce que l'on ne sait pas encore. A l’aide du semis on a donc pu conserver l'espèce, ce qui n'est pas toujours possible avec les Arundinaria falcata et gracilis qui souvent n'ont pas de graines fertiles et dont les sujets meurent complètement et sans exception après la floraison. : Cette disparition naturelle de l'Arundinaria Simoni est au point de vue économique une perte réelle pour le Hamma étant donnés les services multiples rendus par cette espèce. Il convient de rappeler que dans notre livre sur les Bambous, publié par la Société d’acclimatation, mon père et moi nous avions déjà signalé la floraison de cette plante en 1876. RERUN RE LE) vir, art. 61.) OFFRES ee. Mâle Paon nigripennis, 2 ans, superbe, fa- HIER 2e. ce PRE Re tt serre 60 fr MMcouple Pigeons, tambours de Boukharie, … papillottés le couple.................... 50 » Mecuple Pigeons, étourneaux............. 10 » 1 A = — diamanté, de Syrie..... 20 » D _ frisé, bleu, allemand... 20 » D — _ séragée, bleu........... 20 » Mémale, pigeon, queue de bleu, extra, 34 plumes.............................. 45 » “couple Colombes turvert..... DER e 20 » — — diamants M2 20 » = — zébrées........... AUS D ee — de Buenos-Ayres..... 9 » M° Louis RELAVE, manufacturier à Lyon-Vaise, M (Rhône). ‘# le Cerf muntjac, très joli, bon reproducteur. “M. BIZERAY, Jagueneau, près Saumur. 1 Nu àles Elliot, Temminck, couples Ambherst, winhoé, Perruches à croupion rouge, Pigeons ambours de Boukharie, tous de 1905. M de BONNAL, Montgaillard (Hautes-Pyrénées). M Etablissements modèles d’Arcisse et des Sources, près Nogent le Rotrou et d'Hébecourt près Gisors. 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Le tout sous couverture du Bulletin de la Société 44 es tirages à part des articles publiés dans le Bulletin 75 4100 à 2 Au-dessus de 100 exemplaires exemplaires | exemplaires ee 7.50 | 9.50 0.05 rot 7.50 | 9.50 0.05 CHEN 4.50 | 6 » 0.05 LA NES 7.50 | 9.50 0.05 ota. — Les auteurs de notes ou de mémoires insérés dans le Bulletin et contenant au moins un t de feuille, peuvent obtenir la remise gratuite de quatre ee de ces communications, en en ntau Secrétariat la demande avant l'impression. (Extrait u règlement administratif, avril 1855, OFFRES, DEMANDES ET ANNONCES 2 très beaux bassets tricolores, 15 mois, artois- gascons (2 mâles). 2 très jolies bassettes tricolores 15 mois même race, sœurs des précédents. 100 francs pièce et 5 francs pour le chenil. 2 mâles beagles harriers 2 et 5 ans absolument parfaits sur le lièvre. 150 francs les deux et la pièce pour le chenil ou 100 francs chaque. 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NAN KEMPEN. — Sur un hybride de Pintade mâle et de Poule Houdan "ROLLAND-GOSSELIN. — Au sujet du Pe-Tsai AU SIÈGE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), Paris SEPTEMBRE 1906 DE CHAPEL. — Quelques observations sur l'albinisme chez les Oiseaux............,.... 265 PELLEGRIN. — Les Poissons d’eau douce de l’Indo-Chine Française A EbaosrodtsnnR alba tone Woëe 281 Monte bn o nent rs Renan onOTR OR dan 289 Extraits de 1& correspondance 295 CO Gb EDP EUEl 296 dE SES Delon ED EU DOC HALO dE Peata 296 Un numéro 2 francs; pour les Membres de la Société 1 fr. 50 SOCIAL Le Bulletin paraît tous les mois Walhubert. MOYENS DE COMMUNICATIONS Omnibus Charonne-Place d'Italie .......... Place Walhubert. Porte d'Ivry-Bastille.............. — PL Jeanne-d’Arc-Square Montholon — Boulevard Saint-Marcel-Notre-Dame-de-Lorette. Rue Linné Square des Batignolles-Jardin des Plantes (r. Géoffroy-St-Hilaire). Bateaux-Parisiens Ponton d’Austerlitz (rive gauche) AB Ne Dbcaties do Cup 268 la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. Président, M. Edmond PerrIER, membre de l’Académie des Sciences ‘et de l’Académie de Méca Vice-Présidents. Secrétaire général : M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. Secrétaires. à Trésorier : M. le D' Sesrzrorre, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire : M. le Marquis de Foucères, 120, rue Legendre, Paris. MM. le D' Raphaël BLANCHARD, Membre de l’Académie de Médecine, professeur à la Faculté de Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société etl personnes qui désireraient l’entretenir, qu'il se tent à leur disposition, au siège SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 393, RUE DE BUFFON. — PARIS BUREAU ET CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1906 24] Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. Ed. BurEAU, Professeur honoraire de Botanique au Muséum d'Histoité naturelle, 24, quai de Béthune, Paris. Baron Jules de GUERNE. 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Siant-Germain, 238, Paris. GC. RAvERET-Warrer, Directeur de la station aquicole du Nid-de-Verdier 20, rue des Acacias, Paris. À 4 ! MM. A. Borceoz, 16, rue de Siam, Paris (Etranger). J H. Hua, Directeur- adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint - Germain, Paris (Conseil). G. Fron, Docteur ès sciences, Chef des Travaux botaniques à l’Institut agronomique, 29, rue Madame, Paris (Zntérieur). 1 i Ch. DEBREUIL, 25, rue de Chateaudun, Paris (Séances). U 4 ‘1 De Membres du Conseil Médecine, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. Comte Raymond de DALMAS, 26, rue de Berri, Paris. one professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles] aris. LE MyrE De Vizers, 8, rue Cambacérès, Paris. d D' LePrINCE, 62, Rue dela Tour, Paris. 4 D'VPE MARCHAL, Professeur à l’Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomos logique de Paris, 80, rue des Toulouses, à Fontenay-aux-Roses. M. MErsEey, Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche et de la Piscicultur au Ministère de l'Agriculture, 87, boulevard Saint- Michel, Paris. A. MILHE POUTINGON, Directeur de la Revue des Cultures Cotoniales, 44, rue dela Chausso | d’Antin, Paris. Comte d’ ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Bois, assistant au Muséum d’Histo re Naturelle, 15, rue Faïdherbe à Saint-Mandé (Seine). | D' E. TROUESSART, Professeur de Zoologie au Muséum d'Histoire naturelle, 20, rue des Belles-Feuilles, Paris. À WUIRION, Ÿ, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. il 4] Dates des Séances générales et des Sections POUR L'ANNÉE 1906 Janvier pee Mars Avril Mai |Novembre| Décembre SÉANCES pu Conseil, le Jeudi à 5 h. . . .| 4 1 1 5 3 8 6 SECTION. — Mammifères, le lundi À ANSTNEUTES UE EE TER NN ASS 5 (5) 2 7 5 3 ECTION. — Ornithologie, le. lundi ll CE OROME U 6 LE AMAR AR ARNO CUS 5) 5 2 7 5) 3 À 3° SECTION. — Aqguicultur: le lundi \ AMSMMEUNES. EM EUE AS NEA LEE Ent NOTES 12 12 9 14 12 10 … SECTION. — ÆEntomologie, le lundi A À 4 TU AN A ARLES RG LE SAN en ES 12 42 9 14 12 10 ECTION. — Botanique, le lundi ; AAA 2 NE CAE NN CU tee qe sn ee LEND) 19 19 23 21 19 1788 SECTION. — Colonsiation, le lundi AANEUTES RAS RSS SNS er A AN ONT| eARR NAN RO 19 19 23 21 19 17 QUELQUES OBSERVATIONS SUR L'ALBINISME CHEZ LES OISEAUX. par F. de CHAPEL. L'albinisme semble en général plus fréquent chez les animaux domestiques que chez ceux vivant à l’état sauvage. Nous constatons trois sortes d’albinisme que nous allons passer en revue. 19 L’albinisme complet. — Celui-ci est fort rare, car en ce cas, l'Oiseau doit être absolument blanc, aussi bien sur les parties cornées, que sur les membranes et les plumes. C'est donc souvent à tort, parexemple, que l’on dit d'un cheval qu'il est blanc. Pour mériter ce titre il doit avoir les poils, les crins, les parties cornées blanches, ainsi que la peau qui doit être ladre. Partant de ce principe, y a-t-il vraiment des Oiseaux présentant tous les caractères de l’albinisme parfait. Je crois que le cas est extrèmement rare, attendu que le bec ou les pattes sont généralement colorés chez les Oiseaux au plu- mage blanc. 20 Albinisme partiel. — Cetteforme d'albinismese retrouve à chaque instant chez nos Oiseaux domestiques, poules, pigeons, dindons, paons, etc. On la trouve aussi chez des sujets vivant à l'état sauvage. J'ai eu un Perdreau blessé dans les environs de Nimes, et qui me fut apporté par un de mes amis. Je l'ai conservé en volière pendant quelque temps, puis il mourut de ses blessures. Il est naturalisé au muséum de Nimes. Voici sa description: Bec, pattes, mem- branes rouges; la tête, la poitrine gris sale ainsi que la gorge ; les grivelures et le noir de la gorge peu mar- qués et surtout plus espacés que normalement. Les bandes des flancs de couleurs éteintes avec les bandes blanches plus accentuées et mélangées de plumes blanches. Les grandes pennes blanches, les rectrices sont les unes blanches les autres brunes, couleur normale. Tout le reste du corps est irrégulièrement caillouté de plumes blanc pur, mélangées aux plumes de la couleur ordinaire de ces Oiseaux. J'ai bien regretté la perte de ce Perdreau, fort désireux d'observer les modifications de plumages que la mue aurait pu apporter. Je n'ai eu guère plus de chance avec un jeune Merle pris au nid et qui n’a offert aucune particularité pen- dant sa première année d° captivité. A la mue d'un an les 266 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION orandes pennes des deux ailes et toutes les rectrices de la queue sont devenues, ou ont poussé de couleur blanche. Je n'ai rien remarqué dans sa santé qui püt faire soupçonner un état maladif. Malheureusement cet Oiseau s’échappa et je ne le revis plus. 30 Albinisme imparfait. — Ce cas est peut-être le moins rare chez les Oiseaux vivant en liberté. C'est ainsi que nous voyons des Pies gris sale ou tirant sur le café au lait. Il y en a deux où trois spécimens au muséum de Nîmes. Mais je n’en ai jamais vu de blanc pur. I en est de même d'une Hirondelle observée, pendant deux ou trois étés consécutiis, sur les bords du petit fleuve : la Vidourle. Cette Hirondelle (qui n'était pas une Hirondelle de rivage) était gris teinté de brunâtre. Nous avons maintenant constaté les trois formes d'’albi- nisme, mais pouvons-nous en déterminer la cause ? Je crois pour ma part, que jusqu'à présent on ne peut se livrer qu'à des suppositions, à moins d'études que j'ignore. L’albinisme est-il un état morbide ? En ce cas, il est peu dangereux, car les-oiseaux qui en sont affectés, semblent jouir d'une parfaite santé. Nous en voyons, à chaque instant, la preuve autour de nous. C'estainsi que j'ai eusousles yeux une famillede Paons, dont les premiers parents avaient le plumage tout blane. Dans leurs nichées, aussi bien que dass celles de deurs des- cendants, on observe des Oiseaux de plumage normal, aussi bien que des Üiseaux offrant des manifestations de toutes les. gammes de l’albinisme partiel. La vicomtesse de St-Géniès qui s'est livrée récemment à des études sur les pigments colorés des plumes, nous dit que ces pigments, qui sont des poisons violents, contiennent des acides biliaires ; tandis quedans les plumes blanches, d'après certains auteurs, on trouve des dérivés d'acide urique. Mme. Ja vicomtesse de St-Géniès, dans ses analyses, en a retiré de la ceratine, matière diffuse et réfléchissant la lumière. Les pigments colorés changent de couleur suivant certaines réactions chimiques ; c'est ainsi, nous dit la vicomtesse de St-Géniès, que le vert soumis à différentes réactions, passe au bleu, au grisâtre, au brun sale. La lumière intervient aussi comme agent, dans les réactions chimiques sur les pigments. Ainsi dans des expériences sur les plumes de Flamants roses, la vicomtesse de St-Géniès n'a pu, dans cer- tains cas, extraire les pigments qu’en pleine lumière ; un ee TT M SR LT TE Ne CPI PEN TE PE RE SRE Ÿ ” L L'ALBINISME CHEZ LES OISEAUX 267 verre bleu interposé, @rrèêtait, ou empêchait toute réaction quelle que fut la durée de l'expérience. Ce qui me frappe d’après ces analyses, c'est le bleu passant au grisätre et au brun sale. Or les Pies, les Hirondelles sont noir à reflet blanc et dans Îles cas d’albinisme imparfait cité plus haut, nous avons vu des Pies et une Hirondelle gris brun sale. Nous pouvons observer aussi que le blanc des plumes contient de l'acide urique. Ces données ne porteraient-elles pas à penser que les Oiseaux atteints d'albinisme sont affectés d'une quantité d'acide urique répandu dans leur organisme ; quantité en dehors de la normale, mais pas suffisante pour influer sur leur santé. La présence de cette quantité anormale peut être due à la nourriture... ? Il serait, ce me semble, intéressant de faire des études dans ce sens. et constater si par la nourriture On pourrait provo- quer l'albinisme chez des sujets normaux. Ou en faire varier la couleur par l'absorption de matières excitant à la forma- tion de la bile, de l’urée, et cela dans des proportions telles qu'elles ne puissent provoquer de maladies entraînant un trop grand affaiblissement. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L'INDO-CHINE FRANÇAISE par le D' Jacques PELLEGRIN (|!) Cette étude sera consacrée aux Poissons habitant les eaux douces de nos belles colonies du Sud-Est de l'Asie, c'est-à- dire à la faune ichtyologique de la Cochinchine, du Cam- bodge, de l’Annam et du Tonkin. Les formes marines seront laissées de côté. Sans doute le littoral de la péninsule Indo- chinoise est peuplé d'espèces extrêmement nombreuses et variées et beaucoup d’entre elles présentent un intérêt scien- üfique ou pratique considérables, sont l’objet d'exploitations industrielles d’une grande importance, toutefois elles n’ont pas un caractère local assez particulier, leur aire de distri- bution géographique est beaucoup trop vaste. Bon nombre d’entre elles se retrouvent, en effet, dans la Mer Rouge, dans tout l'Océan Indien, dans l'Inde archipélagique et pour le moins dans la partie occidentale du Pacifique. Elles ne sau- raient donc prendre place dans un cadre aussi limité que celui du travail entrepris aujourd hui. La population dulcaquicole de l'Indo-Chine possède par contre une physionomie beaucoup plus spéciale. Bien qu'of- frant d'une part, de grandes affinités avec celle de l'Inde britannique et d'autre part, des rapports encore beaucoup plus marqués avec celle de l'Inde archipélagique, des Iles de la Sonde, de Bornéo, Java, Sumatra, elle forme cepen- dant un tout assez complet, elle peut constituer une entité propre. Si le nombre des genres particuliers à ces régions n'est pas très considérable, du moins quantité d'espèces sont plus ou moins complètement localisées dans les bassins de ses principaux fleuves. Il y a donc lieu d'attirer tout spécialement l'attention des voyageurs naturalistes sur les Poissons d'eau douce de l’Indo- Chine car ils peuvent y faire des récoltes d'un grand intérêt pour la science. En efiet, si la faune ichtyologique de l'Inde britannique est maintenant assez bien connue, grâce à de nombreux ouvrages comme ceux d'Hamilton Buchanan, de Mac Clelland, de Jerdon, de Vinciguerra et surtout de Francis Day, si celle de la Malaisie, de l'Archipel asiatique l'est éga- lement grâce aux travaux de Cantor, à l’admirable Atlas ichtyologique de Bleeker, en revanche celle de l'Indo-Chine (1) Conférence faite au Museum d'Histoire naturelle le 7 juin 1906. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L’INDC-CHINE 269 française, sion en excepte quelques mémoires de M. Sauvage, a été jusqu'ici assez peu étudiée et il Y reste certainement encore beaucoup de découvertes à faire. Il est vrai de dire d'ailleurs, qu'à l'heure actuelle, la mission scientifique per- manente dirigée par M. Boutan s'efforce de combier les lacunes et de dresser un inventaire méthodique de toutes les richesses naturelles de nos colonies du Sud-Est de l'Asie. La tâche ne manque pas d'importance en ce qui concerne les Poissons d’eau douce car la variété des espèces est consi- dérable. En 1881, M. Sauvage estimait déjà à 139 le nombre des espèces fluviatiles connues de l'Indo-Chine. Ce chifire doit certainement être presque doublé aujourd'hui. Il suffit d’ailleurs de se remémorer l'importance du réseau fluvial de la péninsule pour se rendre compte de la richesseet de l'abondance des formes qu'on peut y rencontrer. C'est d'abord, en effet, l'immense artère du Mékong venu des hauts plateaux du Thibet, avec les affluents de son cours moyen et supérieur, le Tonlé Sap ou grand Lac cambodgien dont le déversoir est tour à tour affluent ou émissaire du grand fleuve indo-chinois, et en Cochinchine, l'épanouisse- ment de son delta, le lacis inextricable des canaux et des rivières riches en formes saumäâtres. C'est ensuite le Song- Koï ou Fleuve Rouge tonkinois avec ses satellites la rivière Noire et la rivière Claire. C'est si on veut aussi le Ménam siamois, dont on ne peut pas laisser de côté complètement l'étude, lorsqu il s'agit des Poissons de l'Indo-Chine fran- çaise. De pareilles richesses ichtyologiques sont activement exploitées, mises en valeur, par la populationsi dense mais aussi siindustrieuse de noscoloniesduSud-Estde l'Asie. Tout le monde sait quel goût les Orientaux, les Chinois, les Japo- nais ont pour le Poisson et le rôle important que joue celui- ci dans leur alimentation. Les Annaïüites ne font pas excep- tion à Ja règle et se livrent avec ardeur à la pêche qui occupe une fraction importante des habitants du pays. A ce sujet, M. Bocourt, qui s’est éteint il y a quelques années après une longue carrière tout entière consacrée à la science et aux explorations, me racontait qu'au Siæm où äl avait accompli une mission des plus fructueuses pour le Mu- séum d'Histoire naturelle, rien n’était plus facile que de se procurer du Poisson car la population essentiellement ichtye- phage en capturait des quantités considérable pour sa «270 BULLETIN DE LA SOCIETÉ D ACCLIMATATION consommation de telle sorte que le voyageur-naturaliste pou- vait sans difticulté s’approvisionner sur les marchés indi- gènes d'espèces très variées et parfois fort intéressantes. Et M. Bocourt insistait sur les différences profondes des usages suivant les pays visités. C'est ainsi que dans l'Amérique centrale où 11 avait aussi séjourné. bien que les Poissons ne fussent pas rares il lui avait été des plus difficiles d'en récol- ter, car les habitants paraïissaient ignorer complètement l'em- ploi que l'on pouvait faire de leur chair au point de vue alimentaire. Des mœurs et des coutumes il ne faut pas dis- cuter : « Vérité en decà des Pyrénées, erreur au delà » disait déjà Paseal. Les Annamites consomment énormément de Poissons frais, salés ou séchés. De plus ces Animaux servent à con- fectionner une sorte de sauce, d'assaisonnement, de condi- ment le Vuoc-Mäm qui joue un rôle de premier ordre “dans l'art culinaire indigène. Les salaisons, les Poissons séchés constituent, en outre, pour le pays un article d'expor- tation de grande importance. Ce sont surtout des espèces -märines qui sont ainsi expédiées au loin, mais néanmoins ‘les Poissons d'eau douce dans certaines régions privilégiées sous le rapport de leur richesse ichtyologique, comme les ‘Jaes du Cambodge, et dans le Laos le Mékong sont l'objet d'une exploitation intense, d'une industrie véritable. Dans les lacs du Cambodge, particulièrement dans le Grand -Jac, la pêche est tout à fait florissante. Suivant M. Moura, d’après des observations qui remontent déjà à 1879, elle n’occupait alors pas moins de 12 à {4.000 hommes, femmes et enfants pendant la saison. La pêche est pratiquée pendant toute la période de sécheresse au moment des basses eaux, c'est-à-dire du milieu de décembre à celui de juin. Les pêcheurs installent à moins de 200 mètres du rivage des cabanes en terre ou de légères bâtisses sur pilotis, ainsi que des magasins et des séchoirs. «Chaque chef de pêcherie, écrit M. Moura, a sa maison, ses magasins, son séchoir et : Son porte-filets établis de la même manière à très peu près et on voit les mèmies dispositions adoptées sur tous les points du lac: » La capture des Poissons se fait au moyen d'énormes filets de 4.600 mètres de longueur, sur 1 mètre 80 de hauteur qu'on manœuvre à la façon dune senne gigantesque. Les eaux du fac pendant la saison sèche n'ayant guère plus d'un LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L'INDO-CHINE 2 mètre de profondeur, en général, cet engin convient par- faitement. Les Poissons pris sont décapilés, ouverts, vidés et lavés, puis on les sale et on les sèche au soleil en les y exposant. durant 4 à 6 jours. Ce sont les femmes qui effectuent ces diverses manipulations. Elles ont soin durant l'exposition solaire de brosser les morceaux de chair pour les débarrasser des nombreuses larves d'Insectes qui ne tardent pas à sy développer. Après ces différentes opérations, le Poisson peut être livré au comimerce. - On évalue à 15.000 tonnes le produit annuel de la pêche du Grand lac. | En dehors de ces salaisons la vessie natatoire de certains Poissons fournit de l'ichtyocolle. Les têtes et les détritus pourraient aussi donner de l'huile, mais ce genre d'exploi- tation est jusqu'ici assez négligé des indigênes et il y a lieu d'attirer à ce sujet l'attention des colons. Dans le moyen et le haut Mékong la pêche n'est pas moins active, les espèces y sont nombreuses et variées, on en utilise une soixantaine environ. Certaines d'entre elles atteignent une grande taille, près de deux mètres, et sont estimées non seule- ment pour leur chair mais encore pour leurs œuîs dont on fabrique au Laos une sorte de caviar. Dans le Ménam, au Siam, on se livre aussi avec ardeur à la capture du Poisson. Les principaux engins sont la ligne, la trouble, l'épervier, la senne, le harpon, la nasse et les claies. « A l'époque où le fleuve débordé rentre dans son lit, écrit M. Bocourt, les canaux et les étangs fourmillent de Poissons; alors chacun fait sa provision pour l'année. On écaille le Poisson et on le laisse tremper dans l'eau salée durant une auit ; on le lave à la rivière, puis on l’expose au soleil sur des claies de bambous. Après quelques jours, il est parfaitement sec, se conserve fort bien, et, en vieillissant, il acquiert la saveur du jambon. » Comme on le voit l'industrie de la pêche joue un rôle con- sidérable dans toutes les colonies indo-chinoises. Le Poisson salé constitue, d'ailleurs, pour l'Indo-Chine française, un article d'exportation de grande importance. Bien entendu les espèces marines y figurent pour la majeure part, mais les formes dulcaquicoles y sont également comprises pour une quantité nullement négligeable. En 1900, pour la Cochinchine 979 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ’ D’ACCLIMATATION etleCambodge seulement, d’après les statistiques douanières, les expéditions ont été de 24.000 tonnes environ, d'une valeur de 8.974.535 Îfr., dirigées sur Hong-Kong et surtout sur Singapour. Après ces considérations d'ordre économique il est temps d'aborder l'étude scientifique des Poissons qui peuplent les cours d'eau de l'Indo-Chine française. Le nombre des espèces est beaucoup trop considérable pour qu'il soit possible de les passer ici toutes en revue et parmi les genres connus de ces régions si riches au point de vue ichtyologique ne pourra-t- on citer que les principaux, s’attachant surtout à signaler les formes les plus intéressantes par leurs particularités anato- miques ou biologiques, par leurs applications pratiques. Onsait qu'on divise généralemeni la classe des Poissons en six ordres principaux: les Léptocardes, les Cyclostomes, les Chondroptérygiens ou Sélaciens, les Ganoïdes, les Téléostéens, les Dipneustes ou Dipnoïques. Un seul de ces ordres, à pro- prement parler, est représenté dans les eaux douces indo- chinoises c'est celui des Téléostéens de .beaucoup d'ailleurs, à l'heure actuelle, le plus vaste et le plus riche en ‘ormes variées de la classe des Poissons. Sans doute dans l'ordre des Chondroptérygiens auquel appartiennent les Squales et les Raies, un certain nombre d'espèces comme parmi les Requins le Carcharias gangeticus Müller et Henle, parmi les Poissons-Scies le Pristis Perrotteti M. H. (dont le Museum possède un spécimen dû à M. J. Jullien pris dans le Mékong), se rencontrent dans les estuaires et remontent plus ou moins haut dans les fleuves indo-chinois en des points où l'eau peut n'être plus salée, mais ce sont des formes marines adaptées tout à fait secondairement et pas- sagèrement à celte existence et qu'on ne peut pasconsidérer à proprement parler comme des Poissons dulcaquicoles. Il ne faut pas chercher dans les rivières du Sud-Est de l'Asie des Léptocardes comme les Amphioxus qui sont exclusivement marins. L'absence de Cyclostomes comme les Lamproies, de Ganoïdescommeles Esturgeons, de Dipneustes comme les Ceratodus, les Lepidosirènes et les Protoptères peut être notée. Sans doute des formes comme les Lamproies ou les Esturgeons qui appartiennent aux régions tempérées etarctiques ne sauraient s y trouver, mais il est pluscurieux de constater le manque de Dipnoïques, Poissons des zones hs ei DES LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L'INDO-CHINE 273 torrides et méridionales qui ont des représentants encore aujourd'huien Australie, dans! Amérique du Sud, en Afrique. Ce groupe, à l'heure actuelle, est en voie de disparition mais il est possible que des voyageurs soient assez heureux pour découvrir dans ces régions du Sud-Est de l'Asie qui font partie de la zone dipneustienne de M. Sauvage, sinon en Indo- Chine, du moins dans les Iles de la Sonde, quelque forme subsistante, dernier vestige de cette intéressante famille. Les Teléostéens, les Poissons osseux proprement dit sont représentés dans les eaux douces de l'Indo-Chine par de nom- breuses familles. t Dans le groupe des Acanthoptérygiens, c'est-à-dire des Poissons osseux à nageoires en partie composées de rayons simples, rigides, épineux, il y a lieu d'abord de mentionner la famille des Anabantidés dont il est difficile de séparer les Osphromenidés. Ce sont des Poissons qui tantôt présentent au plus haut point le caractère acanthoptérygien comme les Anabas possèdant souvent une vingtaine d'épines à la dor- sale, une dizaine à l'anale, tantôt au contraire ont presque . tous leurs rayons mous comme les Betta, par exemple, qui n'ont plus qu'un seul rayons rigide à la dorsale et à l’'anale. L'espèce typique de la famille est l'Anabas sennal (Anabas scandens Daldorff) très commun en Indo-Chine comme dans toutes les Indes orientales dont il constitue une des formes les plus curieuses. L'aspect extérieur ne présente rien de bien particulier, la taille est d’une vingtaine de centimètres à peine, le corps arrondi, assez court, couvert d'écailles for- tement denticulées, mais il existe au-dessus des branchies un appareil accessoire lamellaire tout à fait singulier qui permet à l'Animal de sortir de son élément naturel, qui pour les Poissons est l’eau, et de vivre à terre pendant un temps irès considérable. La structure de cet organe adjoint aux branchies à été étudiée spécialement par Peters et Günther.:Il se développe avec l'âge et est beaucoup plus complexe chez les adultes que chez les jeunes. Il se compose de lames osseuses très minces, plissées, en quelque sorte tuyautées, où se rendent des vaisseaux sanguins. On a cru longtemps que cet appareil était destiné à retenir l’eau nécessaire pour humecter les branchies lorsque l'animal est à terre. D'après les expériences de F. Day, les recherches de Zograft et Grigorin, il parait, au 74 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Lt contraire, qu'il contient de l'air en nature et que le sang s'oxygène directement à la surface de la membrane PTE dont il est tapissé. ‘Ce qu'il y a de certain c'est que l'organe en question permet au Poisson de vivre à terre plusieurs jours et même suivant certains voyageurs de monter sur les arbres, d'où l'épithète de scandens, grimpeur, qui a été donnée à l'espèce par celui qui Fa fait connaître le premier. En toutcasles #nabas peuvent parcourir à terre de grandes distances en glissant dans les herbes mouillées. En été, lors- que les grandes chaleurs ont desséché les étangs, profitant d'une de ces pluies d'orage fréquentes à cette époque, ils quittent les mares bourbeuses où ils sont entassés, et che- minant à l’aide de leurs opercules fortement denticulés qu'ils ouvrent et ferment alternativement, des épines de leurs na- geoïres, surtout celles de l’anale, ils vont ainsi à la recherche d’'étendues d'eau plus importantes et d’un séjour plus favo- rable. ‘Les anciens habitants de l'Inde qui marion ainsi arriver ces Poissons dans des étangs clos où auparavant il n’en exis- tait aucune trace, prétendaient qu'ils tombaient du ciel. Au- jourd hui le peuple n'ignore point les particularités curieuses de l'existence de ces Animaux et ne se fait par faute de se livrer avec ardeur à leur pêche car leur chair, bien que ren- fermant bon nombre d'arêtes, est assez estimée. «On attribue à l'Anabas, écrivent Cuvier et Valenciennes, des vertus mé- dicales : les femmes croient qu'il augmente leur lait et les hommes qu'il excite leur force, ce qui en multiplie l'usage. » - Les (Polyacanthes) doiventleur nom aux nombreuses épines de leurs nageoires qui peuvent s'élever à une vingtaine aussi bien à la dorsale qu'à l’anale. Remarquables par leur bril- tante livrée, par leur coloration éclatante, ils sont représentés par quelques espèces dans les eaux douces indo-chinoïses. Le Macropode vert-doré {Hacropodus viridi auratus Lacè- pède) de Chine et de Cochinchinene parait être qu'une variété domestiquée d'une espèce de Polyacanthe. C'est un des plus jolis Poissons de ces régions Il est d'ailleurs mainte- hant assez connu en’ France où on l’a aeclimaté dans les aquariums, dès 1870. Les observations de Carbonnier ont fait connaître son mode de reproduction et la sollicitude qu'il montre à l'égard de ses rejetons, d'autant plus remarquable qu'elle est en général asséz rare chez les Téléostéens. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L'INDO-CHINE 275 Les Macropodes sontmonogames. [ls vivent par couple. Les œufs sont placés dans des sortes denidsflottants, formés d'une grande quantité de gouttelettes d'air emprisonnées et agglu- tinées par une sorte de mucus sans doute secrèté par le mâle. C'est ce dernier, en effet, qui se charge des œufs sur lesquels il veille avec le plus grand soin. Tandis que la femelle indifférente après la ponte, va se retirer en quelque : coin, le mâle prend les œuis dans sa geule, les retourne, les place dans les meilleures conditions d'oxygénation possibles. Il répare avec soin les lacunes, les brèches qui peuvent se produirent dans le nid flottant où ils se trouvent. Et cette tendre sollicitude se poursuit même encore après l’éclosion, après la naissance des avelins. Ce modèle des pères nage à la poursuite des jeunes qui s égarent, les saisit dans sa bou- che et vient les placer sous la cloche d'écume qui doit leur servir d'asile. Le Macropode est aussi bon époux que bon père. Il ne quitte pas la compagne qu'il s'est choisi, pendant toute la durée de l'élevage. Bien plus, au dire de M. Jeunet, lorsque la discorde éclate parmi les femelles, les mâles s'efforcent de ramener le calme. Comme on le voit ces inté- ressants Animaux peuvent être pris comme exemple des vertus familiales dans la classe des Poissons et même dans les classes de Vertébrés les plus élevées. Le Gourami (Osphromenus olfax Commerson) fort abondant en Indo-Chine, comme en Chine et dans toute la Malaisie est une espèce de première importance au point de vue pr: a- tique. Cest un Poisson à corps comprimé latéralement, à chanirein un peu concave, à anale occupant plus d'espace que la dorsale, à premier rayon mou des ventrales très pro longé. Il-possède comme l'Anabas un appareil accéssotre suprabranchial qui le fait rentrer dans le groupe des” Pois” sons à branchies labyrinthiformes, les Labyrinthicés conrme: les appelait Cuvier. Toutefois il ne semble pas quitter l'eau spontanément, bien qu'il puisse à terre, à sec, résister à’ l'asphyxie pendant un temps considérable. - Il vit domestiqué à la manière des Carpes, dans les bassins d'eautranquille, garnis d une végétation abondante. il prend soin de sa progéniture pour laquelle il construit une sorte de” nid grossier qui ne peut toutelois être comparé à celui des Macropodes. AOÛ . La chair du Gourami, fine et délicate, est excellente. Com- merson la préfère à celle de tous les autres Poissons aussi LRO] 76 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION bien marins que duleaquicoles : « Nihil inter pisces tum mari- nos tum fluviatiles erquisitius unquam degustavi » éerit-il En outre, celte espèce atteint une taille assez considé- rable, on rencontre souvent des sujets de 70 centimètres de longueur et du poids de 10 kilogrammes. Aussi ne faut-il pas s'étonner qu'elle ait été l’objet de nombreuses tentatives d'acclimatation dans les régions tro- picales les plus diverses. Déjà au xvin: siècle, en 1761, le Gou- rami était introduit à l'Ile de France ou Maurice, et y avait réussit fort bien. Aujourd'hui on se livre à son élevage dans l'Inde britannique. Des essais d'acclimatation ont également eu lieu à Cayenne, à la Martinique, en Australie. Le Gourami est donc par ses applications économiques une des espèces les plus intéressantes de nos colonies asiatiques etmême de toutes nos colonies tropicales, car par la qualité de sa chair, par sa rusticité, par sa résistance vitale, par sa faci- lité d'alimentation, son régime étant mixte et surtout végé- tarien il se recommande aux éleveurs et peut être appelé à représenter dans les étangs tropicaux la Carpe des régions tem pérées. Le Gourami n'est pas la seule espèce du genre Osphrome- nus quon rencontre dans les eaux indo-chinoises, on peut encore citer le Trichopode trichoptère (Osphromenus trichop- . terus Pallas) remarquable par la longue soie articulée for- mant le premier rayon mou de la ventrale et s'étendant jus- qu'à la caudale, qui lui a valu son nom spécifique, signifiant pageoire en forme de cheveu, l'Osphromenus siamensis Gün- ther du Siam, du Cambodge, et du Laos,l'O.microlepis Günther et l'O. parvipinnis Sauvage du Cambodge. Le genre Trichogastre (Trichogaster) assez voisin, surtout répandu dans l'Inde, est également représenté par quelques espèces dans le nord-est de l'Asie. Pour en finir avec la famille une dernière mention doit être réservée aux Combattants dont l'espèce la plus remar- quable est le Beita pugnax Cantor. C'est un Poisson minuscule de quelques centimètres de longueur à peine, dont les habi- tudes singulières ont été mises en lumière par Cantor qui l’a fait connaître le premier. Lorsque l'Animal est à l'état de repos, il ne présente rien de remarquable quant à sa coloration, mais si on le met en présence d'un compagnon ou si seulement on place devant lui un miroir qui reflète son image, il est immédiatement LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L'INDO-CHINE 977 excité. La petite créature prend alors une coloration des plus chatoyantes et des plus esthétiques, elleenfle ses membranes branchiostèges, elle hérisse ses nageoires et dans ces condi- tions livre à son rival un combat acharné. Cette humeur agressiveest exploitée par les, Siamois extré- mement friands du spectacles de ces joûtes minuscules, qui ont lieu dans des petits bocaux où les Combattants sont appariés. Les permissions pour ces sortes de combats sont affermées et rapportent, paraît-il, de gros revenus au roi de Siam. On prétend que les Siamois sont aussi passionnés pour ce genre de divertissements que les Malais pour les combats de Cogs. Ils parient souvent des sommes considérables etl'enjeu est parfois leur personne, ou celle. de leur femme ou de leurs enfants. Les Betta pugnax abondent au Siam dans les rivières mais pour les combats, les habitants ont sélectionné une race spé- ciale domestiquée. On voit par ces détails que malgré sa taille exiguë cette espèce peut être comptée parmi les plus extraordinaires ; on doit à son sujet admirer les plus petites créations de la nature et l'on est en quelque sorte tenté avec Buffon de s'écrier : « Maxime miranda in minimis. » Telles sont les formes les plus intéressantes du groupe des Labyrinthicés. C'est en somme une des familles les plus remarquables des eaux douces indo-chinoises, aussi bien par la valeur économique de ses membres, l'excellence de leur chair, leurs qualités esthétiques, leur facilité de domestica- tion, que par leurs mœurs bizarres et peu communes dans la classe des Poissons. La famille des Ophiocéphalidés assez voisine de la précé- dente et possédant également une cavité accessoire supra- branchiale mais sans organes spéciaux bien définis, est repré- sentée dans l’Indo-Chine française par une dizaine d'espèces du genre Ophiocephalus. Ce sont des Poissons à corps et à nageoires dorsale et anale allongés. La tête rappelle assez celle des Muges de nos côtes, elle est aussi recouverte de grandes écailles qu'on acomparées aux plaques céphaliques des Ophidiens, d'où leur nom qui signifie Tète de Serpent. Ce Poissons sont carnivores; leur chair assez agréable constitue une grande ressource alimentaire pour le pays. Ils ont la vie extrêmement tenace et peuvent rester à terre, PUS SN TER T EL NE LE AE een der nee: ce - > _ “# ne dr: D DE Ds LS: TS N ‘ 278 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION a sec, pendant fort longtemps, se rendant ainsi d’un cours d’eau à un autre. Au marché il n’est pas rare de les voir s’en- fuir du panier où ils sont enfermés. Pendant la saison sèche on les prend en grand nombre dans des mares infectes et bourbeuses où ils sont rassemblés attendant une occasion pour gagner un séjour plus favorable. Alin de donner une idée de leur résistance vitale. on peut rappeler que dans l'Inde où ils sont aussi fort abondants. Hamilton Buchanan rapporte que sur les marchés on les Coupe en morceaux sans les tuer d'abord etque les morceaux qu'on vend ainsi aux acheteurs perdent beaucoup de leur prix quand ils ont cessé de remuer. Les Mugilidés bien connus sur nos marchés métropoli- tains sous le nom de Mulets et remarquables par leur agilité et les sauts qu ils font continuellement au-dessus de l'eau ne sont pas à proprement parler des Poissons d'eau douce mais des Animaux marins. Cependant ils recherchent les embou- caures des fleuves et les marais saumôtres et remontent parfois lortloin dans les rivières. Is peuvent mêmes’établir d'une façon permanente dans certains étangs et y frayer. Quelques espèces de l'Inde archipélagique comme le Mugil planiceps CG. V. se rencontrent dans les cours d'eau indo-chi- nois et ne doivent pas être passées sous silence car leur chair est partout, très estimée pour la table. Les Mastacembelidés, par contre, peuvent être considérés comme des Poissons réellement dulcaquicoles. On les rencontre toutefois aussi bien à une altitude considérable, qu'en eau saumâtre, à l'embouchuredes fleuves. fls paraïssent préférer aux rivières, les étangs à fonds bourbeux.: (Ce sont des Poissons à corps très allongé, anguilliforme, avec une série d'épines détachées à la nageoire dorsale très étendue ainsi que l’anale. Leur museau est terminé par unappendice, une sorte de petite trompe, si l'on veut, qui est un organe tactile leur servant à rechercher dans la vase les Vers et les petites proies dont ils se nourrissent. Leur chair passe pour bonne et ressemble à celle de l'Anguille. On compte dans les eaux indo-chinoïises au moins 5 ou 6 espèces du genre Mastacembelus. Le Rhynchobdella acuta Bloch appartenant à un genre voisin se rencontre au Siam et dans le Mékong. Lés Trachinidés sont des Poissons marins mais les espèces du genre Sillago dont la chair est généralement estimée par les indigènes, ne craignent pas de s'aventurer dans Îles LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L'INDO-CHINE 279 estuaires et remontent les rivières partout où la marée se fait sentir. J'ai décrit il y à peu de temps une espèce nou- velle de ce genre, le Sillago Boutani Peilegrin, de la baie d'Along dans le Golfe du Tonkin, recueilli par la maiesion scientifique permanente francaise en Indo-Chine. Certains autres Poissons appartenantà desfamilles marines comme celles des Carangidés, des Scombridés, des Polyne- midés, des Sciænidés s avancent dans les fleuves souvent fort loin du littoral. C'est ainsi que M. Bessières, cité par M. Joly de Sailly, rapporte qu'on rencontre des Scombridés ainsi que quelques Poissons plats ou Pleuronectidés dans le Mékong jusqu'à Kompong-Cham, c'est-à-dire à environ 400 kilomètres de la mer. I n'est pas possible toutefois d'in- sister plus longuement sur ces Poissons qui ne rentrent pas à proprement parler dans le cadre de ce travaïl. Les Nandidés, Poissons perciformes souvent marins ren- ferment cependant quelques formes exclusivement dulca- quicoles. Elles sont peu nombreuses dans les eaux indo- chinoises, on peut cîter toutefois le Nandus marmoratus ©. V. plutôt indien et le Catopra fasciata Bleeker, surtout répandu dans les Iles de la Sonde. Les Squammipinnridés, qui doivent leur nom à leurs nageoires verticales plus ou moins complètement recouvertes de petites écailles, sont presqu'exclusivement marins, mais quelques espèces ne dédaignent pas les estuaires et les eaux saumâtres. Parmi celles-ci les plus intéressaëtes sont les Archers ou Toæxotes. La forme typique est le Toxotes jacuiator Pallas des Indes Orientales et de la Polynésie, mais il existe au Siam une espèce extrêmement voisine, le Torotes microlepis Gün- ther. Le corps de ces Poissons au lieu d'être plus ou moins ovalaire comme chez les Chétodons est un peu allongé, la ligne du dos est presque droite, celle du ventre est courbe. La dorsale est courte, placée sur la partie postérieure du corps et munie de cinq fortes épines. Les Toxotes doivent leur nom d'Archers à la particularité suivante. Bien que leur bouche diffère de celle des Chélmons ils partagent avec eux la propriété de lancer une goutte d'eau à une grande hauteur, près de un mètre, dit-on, et d'atteindre ainsi à laide de ce projectile improvisé, les petits Insectes posés sur les Plantes aquatiques ou même sur les Herbes du rivage. Ces Poissons sont, paraît-il, d’une adresse remarquable et ilsne manquent 280 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D 'ACCLIMATATION presque jamais les petits Animaux qui tombés dans l'eau constituent pour eux une proie excellente. Les habitants des Iles de la Sonde s'amusent à élever dans des aquariums ces Archers pour se distraire de leur manège. Is leur offrent des Mouches ou des Fourmis qu'ils attachent à l'aide d'un fil au-dessus du bocal où les Poissons sont renfermés. II paraît que les malheureux Insectes sont littéralement criblés de gouttelettes d’eau. Parmi les Acanthophérygiens typiques ressemblant par leur aspect à notre Perche d'Europe et qu'on range dans le groupe des Percoïdes, dans la famille des Sérranidés, on doit encore mentionner la Variole des Indes (Lates calcarifer Bloch) espèce plutôt marine que dulcaquicole, mais qui setient aux embouchures et remonte assez loin les rivières. Elle dépasse un mètre de long et sa chair est généralement estimée. Sa distribution géographique comme celle de beaucoup de Poïs- sons marins de ces régions est des plus vastes, elle habite en effet l'Inde, et tout le sud de l'Asie jusqu'à la Chine ainsi que le nord de l'Australie. (A suivre). L'ÉPURATION ET L'UTILISATION DES EAUX D'ÉGOUT DE LA VILLE DE PARIS (Excursion Aux CHAMPS D'ÉPANDAGE D'ACHÈRES) par D. BOIS. Le jeudi 7 juin 1906, un groupe de membres de la Société Nationale d’Acclimatation se réunissait à la gare St-Lazare pour aller visiter les cultures du Parc d'Achères et étudier leur aménagement appliqué à l'épuration terrienne des eaux d'égout de la ville de Paris. Cette visite eut lieu sous l'aimable direction de M. Paul Vincey, ingénieur-agronome, membre de la commission consultative des champs d'épandage, qui nous donna, chemin faisant, les renseignements les plus intéressants, et auquel nous adressons de nouveau de chaleureux remerciements au nom de notre Société. Arrivés à la station d'Achères, nous nous dirigeàmes à tra- vers bois vers la partie basse du pays avoisinant la Seine (Secteur E du Parc agricole), pour remonter le fieuve en visitant successivement les divers secteurs : D, C, B, À, terri- toires des fermes des Fonceaux. de Garenne, de Fromainville, et venir à Maisons-Laffitte prendre le train qui nous ramena à Paris. La question de l’épuration et de l'utilisation des eaux d'égout est l'une de celles qui préoccupent au plus haut point les hygiénistes et les agriculteurs. Déversées dans la Seine, ces eaux infectent le fleuve et laissent échapper en pure perte leurs matières fertilisantes. Il n'est pas nécessaire d’insister sur le danger que feraient courir aux populations riveraines les eaux du fleuve ainsi souillées par les déchets de la vie urbaine et de l'industrie : détritus de ménage, urines et matières de vidange dont la quantité a été en augmentantsans cesse au furet à mesure de l'application plus étendue de la loi du tout à l'égout. L'eau d'égout de Paris contient, on le sait trop, de nom- breux microbes pathogènes; par contre, elle possède des qualités fertilisantes de premier ordre, comme le montre la moyenne de composition qu'en à donné Durand Claye à la suite d'analyses poursuivies pendant une période de 10 ans. Cette composition est en effet la suivante : matières minérales: A TRS À 282 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 1.622 par mètre cube, parmi lesquelles 0.018 d'acide phos- phorique, 0.037 de potasse, 0.350 de chaux; matières organi- ques : 0.773 par mètre cube, parmi lesquelles, 0.045 d'azote. L épuration terrienne des eaux d’égout présente le plus grand intérêt car elle permet d'éviter la pollution de la Seine et d'utiliser ces précieuses matières fertilisantes. C'est à la suite des découvertes de Pasteur que divers savants, notamment MM. Schlæsing et Muntz, ont exposé la théorie de l'épuration des eaux d'égout. En circulant lentement à travers un sol perméable, les matières organiques que renferment ces eaux subissent l'action de microbes spéciaux qui existent dans tous les terrains ; elles se trouvent ainsi décom posées et ramenées à l'état d'éléments minéraux (nitrates, acide carbonique, hydro- gène, lormêne, eau, azote, gazeux). L'eau d'égout après filtration dans le sol se trouve donc non seulement dépouillée des matières qu elle tenait en sus- pension qui restent acquises à la terre, mais des matières organiques qui sont brülées par les ferments et passent à l'état de nitrates, lesquels constituent, avec certaines matières minérales préalablement existantes, de précieux éléments de fertilisation. Dans une communication qu'il a faite à la Société de méde- cine publique et degénie sanitaire, le 28 février 1906, M. Vin- cey a donné des tableaux synoptiques, établis par les chi- mistes et bactériologistes du laboratoire municipal, qui per- mettent de faire rapidement l'examen du degré d'épuration obtenu sur les. champs d'épandage de la ville de Paris. En ce qui concerne le domaine d'Achères, on peut voir que, dans les eaux .épurées sortant des drains (1), les matières organiques dissoutes ont été éliminées dans la proportion de 94, 3 p. 100; l'azote ammoniaeal est éliminé dans la propor- tion de 95,8 .p: 100 et remplacé par 39.233 p. 100 d'azote nitrique; enfin: l'élimination des bactéries est presque complète, puisqu'elle atteint le chiffre de 99.996 p. 100: Ce résultat est vraiment des plus concluants et montre bien tout l'intérêt que présente l’'épandage. Mais, pour obtenir une épuration aussi complète, il faut agir sur des sols spéciaux et observer certaines règles. (1) Moyenne des résultats publiés au Bulletin municipal officiel, année 1905. L'UTILISATION DES EAUX D’ÉGOUT 283 Les bactéries minéralisatrices du sel étant aérobies, ne peu- vent vivre etse multiplier qu'à la condition de trouver à la fois la matière alimentaire azotée et l'oxygène respiratoire de l'air. La nitrification ne s'opère pas lorsque les micro- bes sont privés d'air respirable, et nous avons pu nous en rendre compte en examinant certaines parcelles des champs d'épandage où une irrigation trop abondante et trop prolon- gée avait déterminé la stagnation de l’eau et détruit les ger- mes minéralisateurs. Dans ces parties, la végétation était pauvre comparée à celle des parties voisines el les plantes avaient une couleur jaunâtre caractéristique: : Dans ces con- ditions, le sol ne remplit plus que le rôle de filtre mécanique, laissant passer sans les modifier les matières organiques dis- soutes qui peuvent alors contaminer l'eau des drains et les nappes souterraines, déterminant ainsi des filtrations nuisi- bles dans les puits, sources el cours d'eau des régions avoi- siñantes. Pour obtenir le parfait assainissement de la Seine, et éviter la contamination des localités où l’épandage est pra- tiqué, il conviendrait donc: 1° De traiter la totalité des eaux d'égout de la ville de Paris et des villes riveraines; 2° D'obtenir l’épuration de ces eaux par desirrigations brè- ves et intermittentes, demanière à éviter toutes stagna- tions. | Le problème ne peut être résolu qu'à cette double condi- tion. M. le D: Calmette, directeur de l'Institut Pasteur de Lille, a fait des expériences qui montrent qu'on peut également obtenir l'épuration des eaux d'égout par & l’épuration biolo- logique artificielle ». Le procédé d'épuration est le même que celui de l'épandage agricole. Sur les lits bactérienscomme dans le sol, les mêmes microbes entrent en jeu, mais on peut régler plus facilement leur travail (4): Par contre, le procédé d'épuration terrienne permet l’utilisation agricole des éléments de fertilité contenus dans les eaux. M.1e Dr Ealmette n'entend pas d'ailleurs substituer l’épu- ration biologique artificielle à l'épuration agricole. 1] la pré- (1) Dr Calmette. Recherches sur l'épuration biologique el chimique des eaux d'égout effectuées à l'Instilut Pasteur de Lille et à la Station eæpé- rimentale de la Madeleine. à 284 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION conise seulement dans les cas où cette dernière n'est pas réa- lisable. QIl est, dit-il, un point que je tiens à bien établir. Je n'ai jamais dit que l’épuration agricole devait être supprimée. | J'ai dit qu'il y avait une foule de cas où elle n'est pas réali- sable et j'ai préconisé Ja méthode bactérienne qui donne des résultats très satisfaisants sans être toutefois aussi bons que ceux de l'épuration agricole bien conduite sur terrains très perméables ». (1) C'est surtout à la culture fourragère que conviennent les eaux d’égout (2); mais on les applique aussi à la culture maraichère, à la culture de l'Osier, etc. Les légumes que l’on obtient par cette fumure sont, dit-on, plus aqueux et on à exprimé la crainte de voir se propager par leur consomma- tion les maladies infectieuses dont l’eau d’égout a pu laisser les germes à la suriace du sol. Le ministre des Travaux publics soumit la question à son collècue de l'Intérieur, et le Comité d'hygiène publique de France, dans sa séance du 24 mars 1902, appelé à en délibérer, adopta les conclusions suivantes: « .. Dans les contrats de concession d'eau d'égout passés par la ville de Paris, il devra être interdit aux usagers de cultiver les fruits et les légumes destinés à être mangés crus). » A la suite de cette consultation, le Préfet de la Seine pres- erivit des mesures interdisant formellement aux usagers des eaux d'égout la culture des fruits et iégumes destinés à être mangés Crus. Mais il a été reconnu que la cuisson supprime toute trace de nocivité pourleslégumes autres que ceux decette catégorie, même pour ceux qui sont cultivés au ras de la terre d’épan- dage. D'autre part, la sécurité est absolue lorsqu'ii s'agit de récoltes destinées à l'alimentation du bétail, dontles produits, lait et viande ne laissent rien à désirer au point de vue de Ja santé publique. Des dispositions de la législation en vigueur, il résulte que l'hectare de terre de culture irriguée peut recevoir au maxi- (1) D' Calmetle. Revue d'hygiène et de police sanitaire; mars 1906, ?. 202. (2) Paul Vincey. Le Lait de l'Assistance publique et les Domaines admi- nistratifs. Paris, 1906. L'UTILISATION DES EAUX D'ÉGOUT 285 mum 40.000 mètres cubes d’eau d'égout dans l'année. Ce chiffre correspond à 10.000 mètres cubes par trimestre, 3.334 mètre cubes par mois, 1.667 mètres cubes par quinzaine et 110 mètres cubes par jour, en moyenne. L'ensemble de ces indications volumétriques est désigné sous le nom de dose théorique légale (1). Mais toutes les cultures n'ont pas la même capacité d'irri- gation. Certaines plantes supportent des doses élevées alors que d’autres n'en exigent que de faibles. Les époques aux- quelles ces irrigations doivent être appliquées sont également variables avec les espèces, et il en résulte qu'une grande méthode doit présider à l'aménagement des champs d'épan- dage pour assurer la complète utilisation des eaux. La culture par excellence au point de vue decetteutilisation est celle des prairies permanentes, qui acceptent 120 irrigations normales par année (soit trois fois autant que la dose légale). Par quinzaine : 4 de décembre à avril, 5 en mai, 6 en juin, juillet et août, 5 en septembre et 4 en octobre et novembre. L'Artichaut accepte des irrigations normales relativement nombreuses. Par quinzaine: 2 généralement pendant les mois d'hiver et d'automne et 3 pendant l'été. Il est à remar- quer que,grace à la température assez élevée de l'eau d'égout l’Artichaut n'a pas besoin d'être butté dans les champs d'épandage. Il résiste aux abaissements de la température lorsque, dans les cultures ordinaires voisines, les plantations se trouvent plus ou moins endommagées dans les hivers rigoureux. Bien que cultivée sur une très grande étendue à Achères, la Pomme de terre n'utilise qu'une très petite quantité d'eaux van- nes. C'est l'une des plantes qui exigent le moins d'eau, et il y aurait intérêt à réduire le plus possible la superficie des terrains qui lui est consacrée dans les champs d'épandage. I] en pourrait être autrement si les expériences de culture du Solanum Commersoni violet, actuellement encours, montraient la supériorité de cette sorte que M. Labergerie recommande comme donnant des rendements considérables en terrains fertiles et trèshumides. La Pomme de terre tardive ordinaire (mi-mars à mi-juillet) (1) Paul Vineey. Aménagement cultural appliqué à l'épuration terrienne des eaux d’'égout de la ville de Paris. Paris 1904. SA TORRES A = No Sal Nb Tree NES is fe er AT Reine à 286 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION ne peut recevoir qu'une irrigation normale par quinzaine, d'avril à mi-juin, soit 5 irrigations seulement. La Pomme de terretardiveordinaire(mi-avrilà mi-septembre) n'exige, elle aussi, qu'une seule irrigation normale par quin- zaine, depuis mi-mai jusqu à fin juillet. Le Blé d'automne n'accepte qu'une irrigation normale mensuelle en mars, avril et mai seulement. Les Choux d'hiver (mi-juillet à fin février) peuvent recevoir: irrigations normales par quinzaine : 3 jusquà la mi- septembre, ensuite deux jusqu à la mi-novembre et enfin une jusqu à fin décernbre. Les Poireaux (juillet à mi-janvier) utilisent une assez grande quantité d'eau. Irrigations normales par quinzaine : 4 en juillet, 3 en août, 2 jusqu'à fin movembre, une ensuite jusqu'au temps de l'arrachage. Les Haricots (mai à mi-octobre) peuvent recevoir : irriga- tions normales par quinzaine: une de mi-mai à fin juin, 2 au commencement de juillet, une jusqu'à fin août, 2 en septembre, une au commencement d'octobre. Is Pois {mi-mars à fin juin) reçoivent par quinzaine: une irrigation normale de mi-mars jusqu'à l'arrachage. Les Navets (mi-juilet à mi-janvier)acceptent par quinzaine: L'irrigation fin juillet et commencement d'août, deux ensuite, jusqu à fin décembre. L'Epinard (août à mi-février) n'exige, par mois, que 2 irri- gations normales d'août à mi-octobre, une ensuite, jusqu à mi-lévrier. ; L'Asperge n'emploie: qu'une irès : faible quantité d'eau. Seulement trois irrigations normales de fertilité par année : deux en janvier, une ‘en septembre. na Comme on de voit, si quelques rares cultures assurent une. uülisation de grandes quantités d'eau, la plupart n'en acceptent qu une quantité très inférieure à la dose théorique légale. L'idéal serait d'arriver peu à peu à faire prédominer celles qui sont les plus favorables, et surtout les prairies pour la production laitière. « Si l'édilité parisienne voulait comprendretoute l'étendue de son intérêt, dit M. Vincey (1), elle aurait d'ores et déjà des visées plus précises et plus hautes concernant l'avenir (i) Aménagement cultural (ce. eit.). L'ETILISATION DES EAUX D'ÉGOUT 287 de: ses domaines d'épandage : non seulement elle tendrait à en faire des exploitations à prairies et à bétail, à cause de l'assainissement, mais aussielles'imposerait le but de laisser dirigerquelques-uns deses concessionnaires vers la production laitière et la fourniture à ses hôpitaux, pour des raisons bien comprises d'hygiène générale, d'assistance publique et d'économie budgétaire ». En 1905 (25 mai), la situation de culture du Pare agricole d'Achères était la suivante : NAS ie ONE RL". .: LPhectares A0) Culture Prairies artificielles . . . — 19615 Ç fourragère.) Prairies naturelles . , . === 2 Fourrages verts 22, == 12 950 LES ROEARE 24 EI PEU COROREANON EURE RER LE — 26 25 DÉRÉESS Pi NSeiglere. Li PAT 0 — 3 D) M à | — 4 15 RÉRORANE ON EN ARE RE EMMA RIT _ 33 25 ROMMMES de lérre UPS _- 293 50 RopinamDoUr M PRIE. NE CAREPRE CREME = DO 0) ADR ÉLG MALE ER ATEN Re — 131 50 SAS DORE SAN eue Maine Al = 14 50 CAROUE SNA EST —- 8 50 (CITOUE ete en ASres — 5 90 Culture Choelenrs rente — S425 miaralenere | HAariCOtS... : . : . | —— 110100) OienonS RU Re vase == DL) Plant lues eee neUe — 1 50 PMIBAES DOILCAUX TA EI — DD) ROIS ER ARE tn —— AFS) DIRTERS LOMME PE ee — 41600) (DES 4 PNR RE CARTE —— 49 50 Ghaumeet en labour. 141 AL Ee.. — 31 85 RoaIe ne RME ectares "8290 C’est aux années 1866 et 1867, que remontent les premiers essais d'application méthodique et pratique de l'irrigation culturale à l'eau d’ésout d’après les projets de MM. de Frey- cinet, Mille et Durand-Claye. Avec les terrains dont elle 288 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION dispose actuellement (1), la ville peut, dit M. Vincey, assurer. l'épuration des 715.000 mètres cubes d’eau environ qui abou- tissent journellement à ses collecteurs et supprimer, par la même occasion, les déversements habituels d'égouts dans la Seine. Il suffirait pour cela d'utiliser, aussi largement que possible, la capacité épuratrice des prairies. Nousne parlerons pas dans ce compterendudesinstallations qui amènent l’eau d'égout sur les champs d'épandage et qui assurent sa distribution: conduites, vannes, drains, etc.; mais nous ne terminerons pas sans dire combien nous avons été frappés de la bonne tenue des cultures et surpris de voir le degré de fertilité auquel ont été amenés des sols qui, autrefois, étaient presque impropres à la culture tant ïls étaient arides et pauvres en éléments nutritifs. (1) La ville de Paris possède actuellement des champs d'épandage dans les localités de Gennevilliers, d’Achères, de Méry-Pierrelaye et de Car- rières-Triel, dont le périmètre total est de 5.300 hectares, non compris le domaine de Piquenard, en voie d'aménagement. Ces territoires compren- nent 3.740 hectares de cultures libres et 1.560 hectares de domaines municipaux. LE KAPOK OÙ COTON DU FROMAGER par H. COURTET (1) Parmi les nombreux produits coloniaux que l'industrie cherche à utiliser, il en est un qui vient particulièrement d'attirer l'attention par ses propriétés insubmersibles, son élasticité et sa légèreté, c’est le Kapok ou coton du Fromager nommé aussi Kapoquier. M. le Professeur Perrot, de l'Ecole supérieure de Phar- macie qui a récemment étudié cette matière, la définit ainsi : (2) « C'est une bourre soyeuse de couleur blanc sale, ou parfois un peu brunâtre, très légère, élastique, formée de poils de longueur un peu différente suivant les variétés, de 15 à 50 millimètres en moyenne...... Le peu de longueur de ces poils et leur élasticité les rend impropres au filage. mais leur propriété caractéristique est l'imperméabilité. » Le Kapok est donc une ouate ou bourre, ayant par son aspect, une certaine analogie avec le coton. Quant à la propriété si curieuse et si intéressante qu'a cette matière d'être insubmersible, M. ïe professeur Perrot en a découvert le motif en examinant au microscope la structure intime des poils. Les poils sont creux, à parois minces de 5 à 6 mu (3) d'épaisseur, limitant une cavité de 25 à 30 mus, remplie d'air, ce qui explique la flottabilité dont ils sont doués. Chaque poil constitue donc un flotteur, et si on réunit ensemble par un procédé industriel, rembourrage, tressage ou tissage, une masse de ces poils, on a un engin d'une légèreté incomparable pouvant supporter dans l'eau un grand nombre de fois son poids. Le Kapok de première qualité peut supporter de 30 à 35 fois son poids. Mais, toute la matière qu'on appelle communément ainsi, ne provenant pas du Kapoquier proprement dit, on s'est apercu que certaines bourres livrées comme Kapok ne supportaient à peine que 10 à 15 fois leur poids. Des bouées de Kapok, immergées pendant plus de vingt jours n'ont perdu qu'un cinquième environ de leur faculté de flotter. (1) Communication faite à la séance de la Section de Colonisation du 19 février 1906. (2) Perrot: Des produits utiles des Bombax et en particulier du Kapok. Bulletin du Jardin colonial, janvier 1905. (3) Le mu est la millième partie du millimètre. 290 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION À titre de comparaison, le liège ordinaire supporte environ ) fois son poids. La grande flottabilité du Kapok a donc attiré l'attention et on a utilisé cette matière pour la confection des engins de sauvetage. Malheureusement, cette flottabilité ou plutôt la durée de cette flottabilité a été mise en doute et, aujourd hui, si certaines Compagnies de navigation admettent et utilisent les engins fabriqués avec le Kapok, d'autres ne veulent pas de ces engins. Le Kapok de première dualité est fourni par l'Eriodendron an/ractuosum, vulgairement Fromager pour la majeure partie de nos colonies où Bentégnier pour le Sénégal, cet arbre appartient à la famille des Bombacées. D' autres arbres de la même famille fournissent également une bourre analogue et, en particulier le Bombax ceiba et le Bombax buonopozenze, mais cette bourre n'aurait pas les mêmes qualités que celles du Fromager. Le Fromager est un de nos plus beaux arbres coloniaux, ily a des Fromagers qui atteignent certainement quarante mètres de hauteur. En général, le tronc du Fromager s'élargit fortenrent à la base par des grosses saillies qui ne sont que le prolongement des principales racines ; ces saillies prennent parfois une grande extension et forment alors des sortes de cloisons. Dans les terrains fertiles, les saillies sont relativement peu accentuées, c'est dans les terrains maigres où les racines s'étendent très loin, presque à la surface du sol, afin de pouvoir fournir à la plante les éléments nécessaires à sa nutrition, qu'elles prennent un grand développement. Nous avons remarqué le Fromager à Tahiti en 1882; dans cette colonie, les indigènes utilisaientle Kapok pour en faire des creillers, ils l'ont nommé Vavai quiest le nom du coton ordinaire. Ensuite, nous l'avons remarqué en Cochinchine, en 1889, au Dahomey, en 1893, à Madagascar, en 1896, au Sénégal et en Casamance. en 1899, au Congo, sur l'Oubangui et dans les territoires du Chari, en 1902-1904. En outre, on sait qu'il existe aux Antilles, à la Guyane et, dans l'Inde, on peut donc dire qu'il existe dans toutes nos colonies. | M. Perrot, dans sa délicate étude des poils de Kapok com- parés aux poils d’autres végétaux, a montré que ceux de nos peupliers possédaient des particularités anatomiques ayant LE KAPOK OÙ COTON DU FROMAGER 291 une certaine analogie avec celles des poils de Kapok, et ce fait explique que l’on remarque les mêmes faits lorsque les poils des deux arbres s'échappent en liberté dans l'atmos- phère. Au printemps, dans les beaux jours, on voit circuler dans Fair, même dans Paris, de légers flocons blancs qui ne sont que de petits amas d'une extrême légèreté de poils de peupliers ; sous ces peupliers, on voit aussi une couche blanche de ces mêmes poils formant sur le sol un très léger tapis. [l en est de même avec le Fromager. En 1899, en Ca- samance, les quelques européens habitant Sédhiow se réunissaient le soir sur la place du marehé, à proximité de beaux Fromagers; en mars, au moment de la maturité des fruits, j'étais alors à Shédiou et nous étions tellement incom- modés par les flocons de Kapok que nous avons été obligés de nous réfugier sous la toiture du marché même. Quand la brise n'avait pas été trop forte dans la journée, on pouvait voir sur toute la place une fine couche blanche de poils de Kapok tapissant le sol. Quand la brise était un peu forte elle emportait très loin les flocons qui s'échappaient des capsules mûres. A cette époque, le Kapok n'avait aucune valeur commer- ciale. En outre des engins de sauvetage, le Kapok est utilisé dans la confection des objets de literie, car si son élasticité le rend impropre au filage, elle convient au contraire aux matelas et aux coussins. On l'a utilisé aussi en le mélangeant au Coton pour la fabrication de certaines étoftes, dans la sparterie, dans la chapellerie et pour les pansements mé- dicaux. Si le Kapok a de nombreuses qualités, il a aussi des défauts et en particulier celui d'être très inflammable, et nous avons vu les Bandas du pays de Snoussi (territoire du Chari) s'en servir comme amadou. Dans ce pays où le Fromager n'est pas très abondant il n'est pas rare de voir les gens qui voyagent, ou les porteurs, cireuler avec des capsules müres dont ils ont fait provision aux endroits où cet arbre existe. C'est ainsi que nos porteurs, en allant de Ndélé, capitale des Etats du sultan Snoussi, à Fort-Archambault, ont dévalisé le Fromager du village de Noara situé dans la plaine du Ban- goran. Au Cours de la première étape après Ngara, comme ils ne devaient pas repasser par le village, ils ont soigneusement 292 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION caché et abrité leur récolte pour la reprendre au retour et la porter à Ndélé. Le Kapok est-il un produit d'avenir et peut-on entreprendre la culture raisonnée du Kapoquier dans nos colonies ? Il est bien difficile de répondre pour le moment à cette question. il nous semble que si on ne réussit pas à faire admettre définitivement ce produit dans l’industrie maritime, il perdra une partie de sa valeur et les espérances que l’on fondail sur sa culture subiront quelques déceptions, car déjà un certain engouement s'est produit au sujet de la culture du Kapoquier. ° Que peut rapporter le Kapoquier en culture raisonnée ? Quoique nos données soient assez vagues, nous allons quand même essayer de faire un calcul qui permettra de fixer les idées dans un sens général. Dans une quinzaine d'années nous serons d'ailleurs édifiés car on à fait des plantations régulières à Madagascar. En mars 1889, à Sédhiou, en Casamance, frappés par la légèreté de la bourre nous avons fait l'expérience suivante sur dix fruits choisis, il est vrai, parmi les plus beaux : MAIN ESS AMENER MRrAL 600 grammes Graines, 1450 pesant. ...... 160 — Placentas et pédoncules.... 30 — BOLLEGE A Er CLR RIDER Lotalk 1e 890 = Chaque fruit donnerait donc 10 grammes de bourre, mais il y aurait lieu de diminuer cette quantité de 1 ou 2 grammes, soit 2 grammes, ce qui donnerait 8 grammes de bourre pour les fruits tout venant. Le triage des graines est très ennuyeux car étant donnée la légèreté de la bourrre, le trieur est littéralement enveloppé d'un nuage de petits flocons qui voltigent autour de lui. Quant à l'évaluation de la récolte, nous pouvons dire que des Fromagers âgés d’une vingtaine d'années peuvent donner chacun 4.000 fruits (1), ce qui représenterait 32 kilogrammes de bourre et, approximativement, 60 kilogrammes de graines pouvant fournir de 12 à 15 kilogrammes d'huile comestible ou industrielle. La récolte des fruits est difficile car le tronc et les branches du Fromager sont garnis de courtes et fortes épines; les indi- (1) 1000 fruits font quatre brouettées. LE KAPOK OU COTON DU FROMAGER 293 gènes refusent formellement, et pour cause, de grimper sur ces arbres. Il faut donc pour récolter la bourre attendre que les fruits tombent naturellement et comme ils sont ouverts longtemps avant de tomber une certaine quantité de bourre s’est échappée et cette bourre est en partie perdue. Il est vrai que l’on peut en faire tomber une partie avec un bambou, comme nous l'avons fait. Étant donnée la taille gigantesque du Fromager, il ne paraît pas prudent d'en planter plus de 25 à l'hectare ou alors arrivés à un certain âge les arbres se géneront mutuellement et produiront moins. En prenant ce chiffre, un hectare d'arbres âgés d'une vingtaine d'années pourrait produire 800 kilogrammes de bourre et 1500 kilogrammes de graines. Si la récolte et la manipulation de la bourre pour en trier les graines sont difficiles, il en est de même de l'emballage de cette bourre. Pour conserver ses qualités d’élasticité et de flottabilité le Kapok ne doit pas ètre fortement comprimé et on ne saurait en fabriquer des balles comme on le fait pour le coton ordinaire; pour ce motif on estime que le prix du fret pour l'exportation sera le triple de celui du coton. Dans ces conditions et avec la valeur actuelle du Kapok en Europe, valeur qui varie suivant qualités de 1 fr. 50 à 2fr., il ne semble pas que l'exportation puisse payer à l'indigène qui cultivera le Fromager plus de Ofr.50 le kilogramme de bourre. Quant aux graines elles seront peut-être payées. 0 ir. 10 le kilogramme. En résumé, avec nos chiffres, un hectare planté en Froma- gers (Eriodendron anfractuosum) produirait : Bourre : 800 kil. à O fr. 50 — 400 ir. } Graines : 1.500 kil. à O fr. 10 — 130 tr. | 990 1. Dans cette évaluation, il ne faut pas oublier que le Froma- ger peut avoir de mauvaises années, ef qu'elle n’est basée que sur les quelques données qui ont été exposées plus haut. On a dit aussi que le Fromager pourrait servir comme: porte-ombre à d'autres cultures, c’est fort possible, mais il ne faut pas oublier non plus que le Fromager perd ses feuilles à la saison sèche, qu'il a besoin de beaucoup d'espace pour produire et que si d’autres plantes partagent avec lui les élé- ments fertilisants du sol dans lequel il est planté, il produira évidemment moins. Comme complément à cette communication, j'ajouterai 294 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION quelques lignes : Il semble qu'il y aurait intérêt au point de vue de la qualité du produit à exporter les fruits en sacs au lieu d'exporter la bourre en balles, on peut faire la récolte au moment où les fruits sont murs et avant que la siccité de l'enveloppe ait forcé les valves à s'ouvrir. Mais, comme il à été dit, cette récolte qui doit être faite à la perche sera diffi- cile pour les hautes branches, vu les épines qui garnissent entièrement l'arbre. La bourre n'adhère pas à la graine et un simple battage ou triage, soit à la maïn, soit mécanique en engin clos, suffit pour isoler les graines. Mais il y a lieu de considérer, que la main-d'œuvre coûtant plus cher en France que dans les pays de production, il n'en résultera sans doute aucune diminution dans le prix de revient, la qualité du produit seule y gagnérait. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE Les DINDONS CONSIDÉRÉS AU POINT DE VUE DE LA DESTRUCTION DES REPTILES PAR R. Le Forr Dans le procès-verbal de la séance du 12 Février 1906 de notre IV: Section, il est dit que les Dindons apercevant un serpent, l'en- tourent, mais ne l’attaquent pas; et si nombre de reptiles sont tués grace à eux, ils n'en sont que [a cause occasionnelle. Je erois donc intéressant, de vous déclarer que, pour ma part, j'ai assisté bien des fois à la lutte entre Dindons et serpents, et où beaucoup de ces derniers, payèrent de leur vie la rencontre inop- portune des Gallinacés. En 1890 mon père possédait au Briou, une bande de Dindons sauvages d'Amérique, race qui n'existe plus, paraît-il, à l'état pur. Ces Dindons, à la vue d'un serpent formaient cercle auteur de lui, en faisant entendre un cri guttural, et peu à peu le cercle se resserrait. Le serpent d'abord sur la défensive, cherchaità s'échap- per ; mais ses ennemis se mettaient à sauter sur leurs pattes, tout en poussant leurs eris assourdissants, et bientôt le reptile s'ar- rêtait; cest alors qu'un des plus gros de la bande lui donnait le premier coup de bec ; le serpent aussitôt reprenait la défensive, et la scène recommencçait. Après quelques tentatives de fuite et quelques nouveaux coups de bec, le serpent lassé par cette lutte, était saisi vers le milieu du corps, par un des chefs de la bande et jeté en l’air. En retombant il était happé, la tête la première, par un de ses ennemis, et malgré tous ses efforts, il disparaissail dans le corps du Dindon. J’ai vu souvent se renouveler cette scène, mais je dois dire, que seuls les serpents de petite taille étaient engloutis; les vipères presque toutes étaient détruites, mais les grandes couleuvres parvenaient pariois à s'échapper du cercle formé par leurs ennemis et, au premier trou de taupe, disparaissaient. Les services rendus par les Dindons sauvages d'Amérique, sont tellement exacts, que depuis une dizaine d'années, que -nous n'en avons plus au Briou, les vipères, presque entièrement disparues à cette époque, se trouvent chaque année en nombre grandissant, au point que j'ai été forcé, d'établir des primes pour leur des- truction. 296 BULLETIN DE LA SOCIËTÉ D'ACCLIMATATION SUR UN HYBRIDE DE PINTADE MALE ET DE POULE HOUDAN PAR Cu. VAN KEMPEN C'est avec un vif intérêt que j'ai lu dans le Bulletin de la Société d’'Acclimatation du mois de Février, la note de M. de St Quentin, sur un Hybride de Coq et de Pintade. Je possède dans ma collection d'histoire naturelle, un hybride de Pintade mâle et Poule Houdan. Je l'ai obtenu vivant, en Août 1885, de M. Mathieu, instituteur à St-Léger de Peyre (Eozère) ; je l'ai conservé un an; il était exces- sivement familier et venait sans crainte près des personnes, qui lui jetaient du pain. Comme il était en parfait plumage, et que je craignais un accident, qui ne me permit pas de faire préparer en bon état ce rarissime Oiseau, je le fis tuer, et il figure aujourd'hui dans ma nombreuse série de Gallinacés, comme une des pièces les plus remarquables. Voici sommairement la description de son plumage : L'aspect de mon Hybride est semblable à celui figuré dans le Bulletin de Février de la Société. Le plumage du dessus du corps est brun, strié de roux : tête noire avec large camail noir, mélangé de petites plumes grises, formant collier. Dessous du cou, longue bavette blanche. Dessous du corps et ailes semblables au plumage du dessus ; les grandes pennes seules sont complétement blanches. .On n’aperçoit aucune trace de crête ni de barbillons. AU SUJET DU PE-rsat (1) « Avant 1905, je n’en avais jamais ni semé, ni vu, ni goûté : mais dès avril 1905 j'en ai fait semer de mois en mois jusqu'à ce jour, pour voir les époques les plus propices d’une récolte fructueuse. De mai à août, résultats très bons en 5 semaines. D'août à octobre, rien à faire, au moins cette année, les chenilles dévorant les plantes sans donner le temps de les voir. Le semis de fin octobre montant à fleur en cinq à six semaines. Ceux de novembre sontencore trop peu développés pour juger de leur pomme éventuelle. Ils ont été victimes de la sécheresse persistante de janvier et février. Ils auraient pu et dù ètre plus arrosés qu ils ne l'ont été; on comptait sur la pluie. J'ai delone autour de moi quelques milliers de semis à des vendeurs au marché qui out apprécié ce nouveau chou parce qu'on peut le manger sans le cuire. On aime les crudités ici et de ce chef, il est très possible que le Pe-tsai prenne ». È Tarif des prix d'impression des tirages à part des articles publiés dans le Bulletin io zu) Au-dessus de 100 exemplaires exemplaires | exemplaires de RO AMOR ee C RE eR RA ARE 7.50 9.50 0.05 QUAI de eue EE EE R EEE ER US 7.50 9.50 0.05 Une demi-feuille................ RER EE oo clé CES APCE TE 4.50 6 » 0.05 Plusieurs feuilles, la feuille... 000.7... .... 7.50 9.50 0.05 Le tout sous couverture du Bulletin de la Société Not. — Les auteurs de notes ou de mémoires insérés dans le Bulletin et contenant au moins un h. vix, art. 61.) nesure des disponibilités. 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(Extrait du règlement administratif, avril 1855, Les membres de la Société qui désirent obtenir des Gheptels sont priés d'adresser au Secrétariat, rue de Bution, la liste des animaux dont ils sont disposés à tenter l'élevage ; les cheptels seront nsentis, après examen de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à Le Bibliothécaire-archiviste prie ceux d’entre ses collègues qui posséderaient en double le numéro le Décembre 1897 du Bulletin, de bien vouloir le lui envoyer, afin qu'il puisse compléter la colleetion e la deuxième série du Bulletin déposé à la Bibliothèque de la Société. OFFRES. DEMANDES ET ANNONCES 8 très beaux bassets tricolores, 15 mois, artois- gascons (2 mâles). 2 très jolies bassettes tricolores 145 mois même race, sœurs des précédents. 100 francs pièce et 5 francs pour le chenil. 2 mâles beagles harriers 2 et 5 ans absolument parfaits sur le lièvre. 150 francs les deux et la pièce pour le chenil ou 100 francs chaque. 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R BULLETIN DE LA DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) PPS 52° ANNÉE OCTOBRE 1906 CRÉPIN. — Rapport sur la classification des races caprines et la constitution d’un livre généa- PEN CROP EN AC SV TR Ne De Eu 2e AIR AU LA AA Li à ACTOR AU RAA Re A A en 897 RP OR BULLE Le Bobwhite... eh cos e ee loeeeue dore iei os die sae ee Vel 312 D: J. PELLEGRIN. — Les Poissons d’eau douce de l’Indo-Chine Française ue et fin). 19 Parécolte du Yerba-Maté au Brésil...............:.......... COTE CAS M AN REA A EN Er 327 2 à Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le bulletin s Un numéro 2 francs; pour les Membres de la Société 1 fr. 50 AU SIEGE SOCIAL JEU LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), Paris Le Bulletin paraît tous les mois. nee Sn ES, US MOYENS DE COMMUNICATIONS Métropolitain : Station Gare d'Orléans Omnibus Tramiways Charonne-Place d'Italie .......... Place Walhubert. | Ge & Porte d'Ivry-Bastille.........,...: == Mr ss Lyon. SA ET A à Fe Lt P1.Jeanne-d’Arc-Square Mon Hole _— Tee de EN SON Hi qi Boulevard Saint-Marcel-Notre-Dame-de-Lorette. Rue Linné LIRE TAN CN TE ie y Square des Batignolles-Jardin des Plantes (r. Geoffroy-St-Hilaire). Place Walhubert-Placede la Nation cr Bateaux-Parisiens “Gare d'Orléans-Gare du Nord..... — Ponton d'Austerlitz (rive gauche) LE} # Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les personnes qui désireraient l’entretenir, qu'il se tent à leur disposition, au siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. | SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON. — PARIS BUREAU ET CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1906 Président, M. Edmond PerrIERr, membre de l’Académie des Sciences *et de l’Académie de Médecine E Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. Ed. BUREAU, Professeur honoraire de Botanique au Muséum d'Histoire naturelle,-24, quai de Béthune, Paris. ; Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Siant-Germain, 238, Paris.! C. RAvErRET-WATTELz, Directeur de la station aquicole du Nid-de-Verdier” 20, rue des Acacias, Paris. Vice-Présidents. «3 Secrétaire général : M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. ! MM. A. Borceoz, 16, rue de Siam, Paris (Etranger). H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint Germain, Paris (Conseil). ; G. FroN, Docteur ès sciences, Chef des Travaux botaniques à us agronomique, 29, rue Madame, Paris (Intérieur). \ Ch. DEBREUIL, 95, rue de Chateaudun, Paris (Séances). Trésorier : M. le D' SesiLLortE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Secrétaires. à Archiviste-Bibliothécaire : M. le Marquis de FoucÈères, 120, rue Legendre, Paris. Membres du Conseil MM. le D' Raphaël BLaxcHArD, Membre de l’Académie de Médecine, professeur à la Faculté de Médecine, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. Comte Raymond de Dazmas, 26, rue de Berri, Paris. 4 Des professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, aris. LE MYRE DE VILERS, 3, rue Cambacéres, Paris. D' LEPRINCE, 62, Rue de la Tour, Paris. | D'APe MARCHAL, Professeur à l’Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomo- logique de Paris, 30, rue des Toulouses, à Fontenay-aux-Roses. M. MERrsEy, Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche et de la Pisciculture au Ministère de l'Agriculture, 87, boulevard Saint-Michel, Paris. ] A. MILHE POUTINGON, Directeur de la Revue des Cultures Coloniales, 44, rue de la Chaussée“ d’Antin, Paris. " î Comte d'ORFEuILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Bors, assistant au Muséum d'Histo're Naturelle, 45, rue Faidherbe à Saint-Mandé (Seine). D' E. TROUESSART, Professeur de Zoologie au Muséum d'Histoire naturelle, 20, rue des Belles- Feuilles, Paris. ; WuIRION, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. Dates des Séances générales et des Sections POUR L'ANNÉE 1906 | ; PEAU ë : : I Janvier | Février Mars Avril Mai (Novembre! Décembre kh Séances pu Conseir, le Jeudi à sh. . . .| 4 1 il 6) 3 8 6 1° SECTION. — Mammifères, le lundi! D ROUTES NA et M Me ee le LUS 5) à) 2) 7 5) 3 2® SECTION. — Ornithologie, le lundi ENS ANT A Re le ee ee de EEE Le NID 5 5) 2 7 5 3 3° SECTION. — Aguicultur: le lundi] R AREURES NES ae PANDA AS MGR EAST 12 12 9 14 12 10 4° SECTION. — ÆEntomologie, le lundi ce ne AT ee ER RAR AS te PATES PARLE 12 12 9 14 12 10 5° SECTION. — Botanique, le lundi] FÉES N EDR A EE ARE EURE ET 19 19 23 21 19 17 6° SEcrTion. — Colonsiation, le lundi ONE RSR En TL AMEL EE LE 22 19 19 23 21 19 17 RAPPORT SUR LA CLASSIFICATION DES RACES CAPRINES ET LA CONSTITUTION D'UN LIVRE GÉNÉALOGIQUE DE CES RACES (1) Par J. CRÉPIN Are PARTIE Description des Races Caprines. La Race se définit, très généralement, l'ensemble des indi- vidus appartenant à une même espèce, ayant acquis sous des influences naturelles ou la culture par l'homme, un ou plu- sieurs caractères communs transmissibles par l'hérédité. Partant de cette formule, la Commission a été d'accord pour admettre qu'il y a lieu de grouper sous la qualification de Race tous les sujets chez lesquels l'identité d'origine se traduit par la similitude dans les formes de la tête. la dispo- sition des cornes, la structure corporelle, le pelage, ou la même tendance dans les dispositions variées de celui-ci; et aussi par la même expression physionomique, le même tempérament, les mêmes aptitudes. RACE ALPINE Ces principes admis, ont été déclarées de Race Alpine, toutes les Chèvres répondant au signalement général suivant : Tête fine et intelligente ; œil brun, vif mais doux; front large et légèrement concave, orbites saillantes, mufle déve- loppé comme il convient à une forte mangeuse, oreilles droites, de longueur moyenne et en cornet. Cou long et gracile. Corps très allongé avec abdomen plutôt volumineux à l'âge adulte ; croupe courte et légèrement inclinée. (1) Ce rapport a été rédigé d’après les conclusions d'une Commission dont faisaient partie MM. Dechambre, professeur de zootechnie à l’Institut agronomique et à l'Ecole de Grignon, Tolet et Crépin, rapporteurs. 998 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION De bons aplombs sur des jambes fines et bien muselées. Poil ras de nature plutôt brillante, avec tolérance d'allonge- ment le long de l'’épine dorsale et sur les cuisses ; souvent : barbe au menton. Robe de couleur variable, affectant souvent des teintes dlavées'de gris ‘ou de noir ; dans la nuance fauve une bande noire règne généralement le long du dos et vient s'élargir sur l'encolure de chaque côté. Chez les Chèvres de robe foncée, des stries claires s’élargissent plus ou moins de chaque côté de la face et la couleur du pelage est générale- ment plus claire aux approches du ventre, sur les pattes et en bordure de la queue. Pis volumineux, gros trayons, tissu fin. La taille de 1 Alpine est élevée ; adulte elle mesure de 0,75 à 0.85 c. au garrot; le Bouc atteint et dépasse même sou- vent un mètre de hauteur. Le poids varie entre 50 à 70 kil. Plusieurs variétés alpines ont été l'objet d’une sélection spéciale au point. de vuede l'obtention d'une robe de couleur déterminée. GCebte itentalive a généralement bien réussi.et les Suisses prétendent avoir très bien fixée une variété blänche sous le nom de Chèvres de Saanen : une variété de robe brun clair tirant légèrement sur le mauve, sous le nom de Chèvre de Toggenbourg : en Alsace, sur la frontière de la Suisse on admire de nombreux groupes de Chèvres noires à face striée de clair, avec, souvent, deux points marrons sur le front et les pattesgrises, connuessous la dénomination de Chèvres du Sundgau. 1 faut ajouter que l’on trouve des Chèvres de ces trois variétés dans toutes les Alpes suisses et françaises, de même que l’on trouve partout dans ces mêmes parages, des Chèvres à robe brun fauve lavé de noir et de gris, dites Chamoisées des Alpes ; d'autres gris marron, avec face, pattes et dos noirs, dénommées Chèvres de la Gruyère ; d'autres.encore à col clair dans le gris ou dans le jaune avec manteau noir.brillant sur l'arrière main et des stries noires sur Ja face, appelés Éous-clairs des Alpes ; très répandues partout sur l’Alpage, sont les Pies des Alpes avec taches ou mouchetures noires sur un fond blanc neige. Surle versant italien, l'on rencontre communément une Alpine de robe marron plus ou moins terne que l’on désigne sous le nom de Chèvre de la vallée d'Aoste. Les défectuosités à combattre et à faire disparaître dans la Race Alpine, sont le pelage terne et grossier, le poil long en dehors de l'épine dorsale et des cuisses, la tête : Ë b : Ë \ CLASSIRICATION DES RACES CAPRINES 299 commune et sans distinction, la croupe tombante, le corps grêle, les pattes trop longues. Le chaniremv trop droit surtout s'il peut faire soupeonner un métissage avec la Race du Massif central. Race pu Haur Varais (Schiwartzhals). A la suite de la Race que la Commission vient de recon naiîtresous ladénomination d'A/pine, se place immédiatement la Chèvre du Haut Valais dont les sujets paraissent admira- blement fixés dans un seul et même type. Ils présentent en même temps des caractères de conformation physique, de robe, d’allure et physionomie essentiellement différents de ceux qui distinguent la Race Alpine. HS constituent done bien une race spéciale que l'on désigne généralement sous le nom de Race « Schwartzhals ». Voici la description de cette Race : Taille moyenne (0:70-0:80). Tète courte, front et mufle larges, yeux vifs et intelligents, oreilles légères; le cou n’est pas long, le dos est droit, le rein large, la croupe ample: et peu inclinée, la cuisse faiblement musclée; les aplombs sont réguliers; l'ensemble est trapu. La tête porte de fortes cornes qui sont énormes: chez le bouc. Le mâle et la femelle sont couverts d'une forte toison:; c'est ce qui les rend'si robustes et si résistants au froid. Le poil: qui tombe de chaque côté de l'épine dorsale du bouc mesure jusqu'à 66 centimètres; une forte touffe couvre le iront et les yeux ; la barbe, singulièrement tongue et fourrée descend quelquefois jusque sur les onglons. La: tête: et toute la partie:antérieure du: tronc sont noires l’arrière-maire parfaitement blanc; la séparation des deux couleurs se fait en arrière des épaules, au passage des sangles, suivant une ligne très nette et parfaitement verti- cale. Les onglons des pieds de devant sont noirs; ceux de derrière sont blancs. f Race DE MALTE. La-Race caprine de Malte que nous trouvons;partout dans le sud de l’Europe, est représentée par d'importants trou- 300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION peaux en Algérie et en Tunisie et acquiert à ce titre le droit d'indigénat en France. La Chèvre de Malte est remarquable par la finesse et la beauté de ses formes, son caractère doux et son tempé- rament robuste. Sa taille est peu développée, de 0,60 à 0,70 centimètres seulemeït au garrot et son poids varie de 30 à 4Ù kilogr. Cette petiteise et la lenteur de sa croissance sont les seuls défauts à lui reprocher. La taille du Bouc dépasse notablement celle de la Chèvre. Le Bouc n'exhale aucune odeur hircine. La Maltaise a l1 tête fine mais un peu allongée. Le chan- Îrein est généralement droit ou un peu convexe. Le poil qui recouvre la tête est très ras. L'œil est brun foncé ou clair avec un reflet métallique. Il est quelquefois bleu comme celui de la Syrienne. L'oreille chez la Maltaise est lourde et généralement tom- bante avec un léger relèvement du bout. Cette disposition na rien d'absolu surtout qu'il existe une variété qui a l'oreille aussi courte que la Chèvre de la Mancha. L'enculure est assez longue, fine, pourvue d'un poil ras ou deini-long. La poitrine est profonde et fait paraître ainsi l'animal assez bas sur pattes. Le dos est droit, la croupe horizontale, avec la queue plan- tée haut rappelant en cela son origine mambrine. Bons aplombs, membres secs et fins ; corps allongé avec un beau dessus ; poil très fin, long de 0,15 à 0,20 centimètres sur tout le corps en se raccoureissant, toutefois, vers l'encolure pour devenir tout ras sur la tête et les membres. Absence complète de barbiche; mamelles larges et généralement glo- buleuses, à tissu fin et délicat. Les défauts à surveiller dans les troupeaux présentés comme étant de Race Maltaise, sont la croupe tombante, la barbiche, les mauvais aplombs, le poil rude, la tête com- mune, le manque de distinction dans l'ensemble du corps. Race DE Murcix. La Chèvre de Murcie importée en Espagne par les Maures. c'est-à-dire à une époque déjà lointaine est exploitée en Afrique depuis de longues années comme laitière de premier choix et y a été l'objet de grands soins. C'est à la CLASSIFICATION DES RACES CAPRINES 301 faveur de cette dernière circonstance qu'elle s'est beaucoup améliorée au point de vue de ses formes et de sa production. Par sa taille fine et élancée, surtout dans la jeunesse, le brillant éclatant de son pelage à poil ras, l'élégance de son corps allongé bien d'aplomb sur des paltes nerveuses et bien faites, la Chèvre de Murcie est incontestablement un des plus jolis caprins. Si le Bouc exhale quelque odeur particulière à l'époque du rut, celle-ci rappelle l'odeur du Rat musqué et n’a rien de l'exhalaison repoussante de nos Boucs communs. La tête rappelle par sa finesse celle de la Maltaise, mais elle est moins longue et plus expressive. Le front est hombé, le chanfrein droit, l'oreille de longueur moyenne, rigide et portée horizontalement, l'œil brun foncé ou clair ; les cornes sont quelquefois verticales et conlournées en lyre, disposition moins recherchée que la forme de spirale au milieu de laquelle passe l'oreille; mais la sélection devra avoir pour effet l'obtention de sujets sans cornes. Barbiche absente. L'encolure est longue et gracile ; la poitrine large sur le devant et derrière les épaules. Le ventre bien arrondi. Le dos est droit, horizontal, le rein bien soutenu, la croupe droite et la queue plantée haut. Les mamelles bien développées sont d'une finesse de grain et d'une souplesse remarquables. Sa robe est généralement acajou zain, plus ou moins foncé, ou noir, ou semé de taches blanches sur fond acajou ou noir. Ce qui est remarquable dans la coloration de sa robe, de mème que dans celle du pelage de la Maltaise, c'est que les nuances sont franthes, jamais lavées ni strées d’autres couleurs comme il arrive pour les Chèvres com- munes de tousles pays et même pour la belle Chèvre de pure Race Alpine. Les défauts à faire disparaitre de la face Murcie comme tares introduites par les contacts étrangers sont: la croupe tombante, la barbiche, les mauvais aplombs, la tête com- mune, le poil terne ou lavé, le manque de distinction. Avant d'examiner les races plus communes de France, les membres de la Commission d'Etudes caprines ont cru devoir porter leurs investigations par prédilection et en raison de la renommée acquise sur ies races exotiques de Nubie et de Syrie, qui offrent le précieux avantage de pouvoir servir mieux que toules autres de matériaux vifs pour régénérer 202 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION et améliorer les Races inférieures et cependant appréciables encore que nous possédons en Europe. Ces deux races présentent des caractères tellement nets et tranchés qu'on doit les supposer de sang absolument pur de tout alliage. Les Boucs croisés sur des types d'autres races donnent des produits portant la marque paternelle à degré remarquable. Mais ce qui assurera le succès des opé- rations de croisement que nous. préconisons en l'espèce, c'est qu'on obtiendra comme résultat non seulement l'embellisse- ment des formes de notre population caprine et le relève- ment notable de la production lactée, maïs surtout une amé- lioration considérable de la qualité du lait. Race pe Nue. La race de Nubie, de la Haute Egypte où de la Thébaïde pèse de 55 à 40 kilos, mesure au garrot de 0,65 à 0,70; le Bouc est toujours beaucoup plus grand que la chèvre. La tête est courte; le chanfrein est fortement convexe à la partie supérieure et s'abaisse brusquement vers le nez. La lèvre inférieure dépasce la supérieure (prognathisme man- dibulaire) et laisse parfois apercevoir les incisives. Les yeux sont grands et doux, fendus obliquement (comme chez tous les types busqués) sous des orbites souvent fortes. La barbiche est absente ; les cornes, qui manquentsouvent, sont aplaties et rejetées fortement en arrière. Le cou long, le corps svelte, l'abdomen peu volumineux, les jambes fines et hautes, le sabot régulier, le pis générale- ment descendu et globuleux donnent un ensemble plaisant et plutôt gracieux, qui, n’était la physionomie de prime abord étrange de cette chèvre, serait d'un modèle à propager dans l'espèce. Ea robe est variable, cependant les couleurs qui dominent sont le roux-acajou, le brun-noisette, le fromenté, le blanc, le crême, le noir et le gris dans les tons bleutés. Il est remarquable detrouverleplussouventtroiset quatrecouleurs sur le même sujet. Celles-ci sont disposées d’une façon dissy- métrique et si particulière, qu’à distance l'animal ressemble par sa robe, à tout autre plutôt qu’à un sujet de son espèce. Le taches de la Nubienne sont franches et de teintes nette- ments arrêtées : jamais de lavage débordé ni de stries comme on en voit sur les Races communes d'Europe. p da tn ni Co li dl lan bts red 4 TN CLASSIFICATION DES RACES CAPRINES 303 Le Boue Nubien n’exhale pas l'odeur propre à la généralité des Boucs de Race ordinaire. D'un naturel très doux il reste absolument inoffensif même lorsqu'il prend de l’âge. RACE DE SYRIE. La fiace de Syrie, dite Mambrine, constitue comme la Nu- bienne, une souche de race aussi remarquable que précieuse. Notre population caprine de France comprend des Chèvres à long poil en nombre considérable et presque toutes sont de qualité inférieure. C'est à ces types à longue toison que la Race mamibrine apportera l'influence régénératrice. Cette influence est d'autant plus désirable que toutes les Races caprines du centre et du nord de la France donnent généra- lement un lait imprégné de cette essence caprine qui affecte à la fois le goût et l'odorat, et que redoute la grande majo- rité du public. Il est inutile d'insister sur l'intérêt que pré- sentent l'amélioration d'un pareil laitet la possibilité d'en tirer un excellent beurre, ce à quoi on ne peut songer dans l'état actuel des choses. La tête de la Chèvre mambrine est curieuse par l'extrême longueur de ses oreilles (40 cent. de long sur 10 à 15 cent. de large) et l'expression étrange de son œil bleu azur. Le chan- frein est droit. Les cornes, quand elles existent, s'inclinent fortement en arrière de la tête, ou se contournent en spirale à la façon des béliers. Barbiche fréquente. La Chèvre de Syrie mesure au garrot de 0,75 à 0,80 centi- mètres ; le Bouc atteint jusqu'à 0,95. Le corps est allongé il mesure 1 m. 25 environ. La toison abondante a une longueur de 20 à 30 centimètres. L'animal est admirablement propor- tionné ; le dos est droit, le corps bien en forme est campé sur des membres solides et bien faits. La queue portée très haute termine une croupe large et robuste. C'est un joli bétail, appelé un jour à un très grand succès. La Bouc n’exhale au- cune espèce d'odeur même à l'époque des montes. La couleur des Chèvres mambrines est très variée : on en voit des grises, des brunes, des fromentées, des blanches et des noires. Les noires représentent la variété des « Samar » dont le pelage est très brillant. Celles-ci ont souvent la face traversée de larges taches roux foncé. La mamelle de la 304 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION mambrine est volumineuse mais de forme souvent globu- leuse. Ce qui caractérise surtout cette Race, et la nubienne ne lui cède guère à cet égard, c'est son extrème rusticité et son aptitude à vivre sous tous les climats. RACE D'ANGORA. Une Race caprine qui se recommande à l'attention du public d'une façon particulière en raison de la recherche dont elle est l'objet c'est la Chèvre d’Angora. Il y a un très grand intérêt à posséder de celte race des sujets à l'état rigoureusement pur, non seulement parce qu'ils acquièrent ainsi une valeur vénale considérable dans les colonies anglaises et en Amérique, mais encore parce que leur toison qui constitue leur produit essentiel, ne présente les conditions de finesse et de qualité que recherche l'indus- trie, que si elle provient d'une Chèvre d'Angora pur sang: Cette race ne se distingue pas seulement par le luxe exté- rieur de sa robe, mais aussi par la qualité de sa chair égale sinon supérieure à celle du mouton. Elle réalise d'ailleurs physiquement les qualités requises pour une bête de bou- cherie. La Chèvre d'Angora est de petite taille, mais de forme élé- gante et replète. Elle est ramassée, trapue et ne pèse que 20 à 50 kilos. Sa toison recouvre tout le corps, cache à moitié les jambes et s'avance sur le front en entourant la base des cornes. Celles-ci sont longues et contournées en Spirales. chez les mâles; les femelles Jes ont presque droites et petites Les oreilles sont larges et tombantes ; le chanfrein est droit. Le Bouc n'exhale aucune espèce d'odeur caprine. Le caractère essentiel de cet animal et celui qu'il importe de développer surtout, c'est la longueur de son poil, la richesse de sa Loison. Celle-ci sera, dans un sujet de choix, très longue et disposée en mèches ondulées fines comme de la soie. La Commission n'a pas cru devoir s'arrèter à la descrip- tion de la Chèvre du Thibet, parce qu'il n'existe pas un seul sujet de cette Race en France, mème en Europe, à la con- naissance de Ja Société Nationale d'Acclimatation. Si ce pré- CLASSIFICATION DES RACES CAPRINES 305 cieux animal venait à apparaitre dans nos parages, l'événe- ment mériterait la plus grande attention et la Section d'Etudes caprines serait toute qualifiée pour tenir le public au courant de l'importante nouvelle zootechnique. En attendant il faut se montrer très prudent et très circonspect pour accueillir les déclarations et affirmations d’une foule de personnes qui prétendent avoir, ou avoir possédé des Chèvres de Race cachemirienne. [Il importera mème, pour notre Société, de publier le plus tôt possible une bonne monographie de la Chèvre du Thibet afin d'édifier à cet égard le public amateur de Chèvres. La difficulté réside dans le moyen de se procurer une bonne photographie d’un type de race authentique. Les races caprines ci-dessus décrites, conservées à un degré suffisant de pureté et en possession de quelque renommée doivent fournir des éléments sérieux pour la transformation des autres races. Or, pour améliorer nos Chèvres de France et développer une clic utile à l'alimentation publique, à la production des cuirs de luxe et des tissus de prix, les deux méthodes auxquelles on puisse recourir sont la sélection et le croise- ment. La première nécessite l'emploi de reproducteurs pris dans le groupe même que l'on veut transiormer; aussi ne peut- elle réussir que si ces éléments améliorateurs existent en nombre suffisant et avec de réelles qualités. Ce n'est pas le cas dans la plupart des groupes d'élevage de la race dite commune; et il faudrait, en procédant de cette manière beaucoup de temps et des efforts persévérants. Il sera donc préférable de recourir au croisement, c'est-à-dire à l'emploi de reproducteurs pris dans une race déjà améliorée et en posssession des qualités que l'on veut développer ou faire apparaître dans la race inculte. Divers modes de croisement peuvent être mis en œuvre; l'expérience a montré que le croisement poursuivi avec des reproducteurs mâles apporte rapidement les modifications désirées. Mais s’il est nécessaire que ce matériel zootechnique d'importation soit de race pure et fixée, 11 nest pas moins utile de le combiner avec des éléments à caractères bien tranchés. On limitera ainsi la dysarmonie à laquelle aboutissent fatalement les populations hétérogènes qui, paï défaut de surveillance dans la multi- 306 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION plication, restent dans cet état de variation désordonnée si contraire au but poursuiui. C'est pourquoi les délégués de la Section d'Etudes caprines sont d'avis d'inscrire au Livre généalogique, les deux groupes de Chèvres indiqués ci-après : RACE DU MASSIF CENTRAL. Sera classé sous le nom de Race du Massif central, tout caprin répondant au signalement suivant: chanfrein droit, continuant un front légèrement excave, museau fin, raie blanche ou claire, étroite et droite, striant en un ton vif et tranché la face au-dessus des yeux, de chaque côté du front, et s'étendant souvent iusqu'aux narines. Cette raie, par son effet tranché sur le fond de la couleur de la tête, donne à la physionomie de l'animal une expression de vivacité sauvage. L’oreille droite et bien en cornet est de moyenne lon- gueur, petite par rapport à la tête qui est un peu allongée et pointue sur le museau. Cette oreille a une mobilité très ‘grande qui traduit l'impressionnabilité inquiète de l'animal. La robe, dans la Race du Massif central, est brun fauve lavé ou noir; le ventre, de couleur claire, ainsique les pattes et la bordure du corps du côté de la queue. Le poil est long ou demi-long, généralement raccourci et même ras sur la région de l’encolure. Il y a dans cette race également des bêtes à poils ras qui les feraient souvent confondre avec l’Alpine s'il n'y avait pas pour s'y reconnaître, l'aspect squelettique et haut sur pattes avec chute de reins de la Chèvre commune dont il est question. Les défauts qu'il faudrait faire disparaître de cette Race et remplacer par les qualités opposées prises où elles se trou- vent, sont: Tête commune avec muffle trop petit pour dénoter une bonne mangeuse ; corps efflanqué et trop court; dos vouté: poil dur et grossier; mauvais aplombs; lait trop caséeux et rappelant son origine. | RACE PYRÉNBENNE La reconstitution et la fixation du type original de la Race Pyrénéenne paraissent à la Commission devoir répordre aux définitions ci-après : CLASSITICATION DES RACES CAPRINES 307 Poil long, brillant et soyeux, robe généralement noire, avec ventre clair; claires également les pattes du bas jusqu'aux genoux. La Chèvre des Pyrénées, pure race, peut être également complètement blanche pourvu que le poil soit long et la tête et la conformation générale dans le type suivant. Tête énergique, front concave, chanfrein droit, oreille lourde mais rigide, œil brun clair bien ouvert et intelligent. D'abondantes mèches de poil frisé ébouriffent le front et _ donnent à la physionomie une expression de vivacité et d'élégance agréable à voir. Cou gracile, corps allongé bien campé et bien d'aplomb sur des membres fermes mais de structure délicate. L'allure est vive et alerte, mais le naturel extrêmement doux. C’est une jolie bête, de forte taille, pesant en moyenne 90 kilogrammes. Les défauts et tares qu'il y a lieu de faire disparaître dans la face des Pyrénées sont: le poil dur, hirsute d'un noir déteint et roussâtre, les formes communes et grossières la tête épaisse, le lait odorant, la mamelle petite et charnue. > ne * EE TEE TS ER ET 308 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 2e PARTIE Du Livre d'origines et du contrôle des Métis et Chèvres améliorées. Pour les animaux admis dans les concours et expositions agricoles, il est facile de constituer un livre généalogique. La justification de l'inscription du sujet s'établit d'après le palmarès et le pédigrée. Pour l'espèce caprine ces éléments . d'appréciation n'existent pas encore et il importe de ne pas les attendre pour authentifier les sujets de Race et pour entreprendre l'amélioration de l'espèce. La Commission d'études caprines estime que de bons résultats de débuts pourraient être déjà obtenus si l'on pouvait amener tous les éleveurs et amateurs de Chèvres à faire inscrire sur un livre généalogique tous les sujets dont la race et l'origine pourraient être nettement établies. La Commission se constituerait en Jury pour juger la conve- nance de l'inscription d'après les feuilles de déclarations et les justifications produites par les propriétaires et sur le vu d'une photographie de l'animal à inscrire. Cette photographie serait en double de manière à per- mettre de coller en regard de l'inscription le portrait de la bête et de rendre au propriétaire l'autre épreuve collée sur le certificat attestant la Race et l'inscription au livre d'origines. Ii semble qu'il y aurait intérêt d'ouvrir à la Société d’Accli- matation à côté du livre d'origines spécial aux Races, un registre destiné à mentionner officiellement les animaux remarqués par leur beauté et ieurs aptitudes, mais qui n'accusent pas d'une façon très précise les caractères qui permettraient de les classer comme Raçe. Ce registre pour- rait s'appeler « Contrôle des Métis et Chèvres améliorés ». L'inscription sur ce contrôle serait subordonnée aux mêmes formalités et précautions que l'inscription sur le livre d'origines. Le livre généalogique aurait pour effet la conservation, l'amélioration et la garantie des Races, tandis que le Controle des Chèvres améliorées serait l'acheminement vers le perfec- tionnement de l'espèce. Les deux registres une fois ouverts, lorsqu'une Chèvre de CLASSIFICATION DES RACES CAPRINES 309 Race est présentée à la saillie d'un Bouc de son espèce, :l est établi un certificat de saillie que signent les propriétaires des deux sujets accouplés. A ce certificat, qui détaille le signalement de ceux-ci, sera annexé le certificat de naissance signé des deux noms portés sur l'autre document. Ces papiers avec les épreuves photographiques permettront d'obtenir, lorsque le jeune animal aura un an, son inserio- tion sur l'un des registres de la Société Nationale d'Aceli- matlation. Les imprimés nécessaires pour remplir toutes ces forma- lités seront fournis par la Société sur la demande des inté- ressés. Les inscriptions sont accordées moyennant la perception d'un droit au profit de la Société d’Acclimatation, droit qui variera selon que l'animal aura à figurer sur le Livre généalo- gique des races ou sur le Contrôle des Mécis et Chèvres amsé- liorées. Les Membres de la Société sont affranchis du paiement de ces droits. 3: PARTIE Règlement d'inscription au livre d’origines. ARTICLE PREMIER. — Pourront seuls être inscrits : 1° Les Boucs et Chèvres dont l'origine pure peut être prouvée par des photographies et des déclarations en état d'éclairer le jugement de la commission préposée à la sur- veillance du livre d'origines. 20 Les Boucs et Chèvres dont les deux auteurs sont déjà inscrits et qui sont munis de papier justifiant leur extraction. 3° Les Boucs et Chèvres primés aux expositions pour leurs caractères de Race. ART. 2. — Dans le cas où le Caprin présenté pour l'ins- cription aurait un nom déjà porté par un autre Caÿrin précédemment inscrit au livre de la S. N. A. le propriétaire du Caprin sera tenu d'ajouter au nom de la Chèvre un nom quelconque servant à le distinguer. 810 BULLE#IN DE LA SOCGËTÉ D'AGCLIMATATION ART. 3. — Avant d'être définitivement admises, les deinandes d'inscriptions seront publiées dans le Bulletin mensuel de la Société. Les-observations ou oppositions devront se produire dans le délai d'un mois. après quoi chaque Caprin recevra son numéro d'ordre. ART. 4.-- En cas de fausses déclarations, le Comité fera rayer la Chèvre inscrite et demandera la disquaHification de celui qui aura signé la feuille s’il y a mauvaise foi. La disqualification entraînera le relus de toutes les ins- criptions susceptibles d'être présentées à l'avenir au livre d'origines ; de même elle exclura la personne disqualifiée de toutes les Expositions ou Concours organisés par la Socicté. ART. 5. — Les demandes d'inscriptions doivent être accompagnées du montant des droits, soit de 10 fr. par Caprin. Toutefois le droit sera réduit à 5 francs par Chèvre, lorsque le propriétaire fera inscrireen même temps plusieurs Chèvres d'une même portée. Les mandats-poste ou chèques remis en paiement de droit d'inseription doivent être adressés au Trésorier de la Société Nationale d’'Acclimatation de France, 33, rue de Buffon à Paris. Art. 6. —Le livre d'origines spécifie la Race de chaque Chèvre ou Bouc inscrit et ne comporte l'inscription que des animaux des Races décrites par la Société qui sont : l'Alpine la Schwartzhals, la Maltaise, la Murcie, la Nubienne, la Mam- brine (Syrie), la Racedu Massif central et la Pyrénéenne. ART, 7. — La Société mentionne l'inscription, inscrit le nuinéro d'ordre, complète les indications nécessaires et appose son cachet sur la pièce produite par le propriétaire de l'animal enregistré, et libellée selon une formule de cer- tificat que la Société tient à la disposition des personnes qui la Tui demanderont. ee RE ES SE à OS ne 5 re CLASSIFICATION DES RACES CAPRINES 311 4e PARTIE Règlement concernant les demandes d'inscription au contrôle des Métis et chèvres améliorés. ARTICLE PREMIER, — Toute demande d'inscription doit. être accompagnée : 1° De deux épreuves photographiques représentant dis- tinetement l'animal. 2 D'une déclaration sur la provenance, la taille, le poids, le produit et la nature du produit de l'animal. 3 Une certification de cette déclaration délivrée soit par un vétérinaire soit par le maire de la localité. ArT. 2.— Les fausses indications sont passibles desmêmes sanctions que pour les inscriptions au livre d'origines. ART. 3. — Dans le cas où la Chèvre présentée aurait un nom que portera déjà une Chèvre inserite, le propriétaire devra ajouter au nom de la Chèvre un second nom permet- tant de la distinguer de l’autre. Arr. 4. — Les droits d'inscription au contrôle sont réduits à la moitié de ceux du livre d'origines. ART. 5. — La Société délivre un certificat attestant que la Chèvre est inserite sur son contrôle en: raison de la beauté, des caractères intéressants qu'elle présente. Ce certificat reproduit le signalement donné par l'éleveur et les moyens d'identifier l'animal. Ce documentest de forme essentiel- lement différente de celui délivré pour les Caprins de Race pure. Lorqu'une des Chèvres mentionnées au contrôle est saillie par un Bouc de Race, il est délivré un pédigrée lors de l'inscription du produit au dit contrôle. LE BOWEHITE Paz le Comte D'ORFEUILLE Parmi les familles qui forment l'Ordre des Gallinacés, il en est une qui passerait absolument inapercue aux yeux du vulgaire et ne serait connue que des seuls ornithologistes si des essais d'acclimatation n'avaient pas été tentés depuis longtemps déjà sur des animaux lui appartenant. Cette famille est celle des Odontophoridés et cependant elle ne renferme pas moins de cinquante-deux espèces réparties entre dix genres différents. Lorsqu'en 1829 notre grand Cuvier écrivait son (Règne animal», ouvrage si remarquable pour l'époque où il parut, C'est à peine s'il consacra qualre lignes à ce groupe si intéressant d'Oiseaux. Voici en effet ce qu'on peut y lire: « Les Colins ou Perdrix et Cailles d’Amé- rique ont le bec plus gros, plus bombé que les Caïlles; la queue un peu plus développée. Ils se perchent sur les buissons, et même, quand on les poursuit, sur les arbres. Plusieurs voyagent comme nos Cailles. » Mais bientôt les découvertes des voyageurs eurent réuni dans les collections un tel nombre de sujets que de 1844 à 1850 le naturaliste Gould put publier sa Monography of the Odontophorinæ. Nous n'avons nullement l'intention de parler ici de ces animaux au point de vue de la zoologie systématique, mais seulement d'étudier une espèce susceptible d'acclimatation : ce que nous en dirons pourra s'appliquer en grande partie à deux autres Oiseaux de la Famille. Ces trois animaux appartiennent à deux genres distincts. Le premier, le genre Lophortyx fut établi par le Prince Charles Bonaparte en 18338 et comprend, entre autres espèces, le Lophortyx californicus et le Lophortyx tambeli. Le second, le genre Colinus, créé par Lesson en 4828, renferme parmi ses nombreuses espèces le Colinus virqiürianus. Depuis qu'on a songé à acclimater en France les Colins, de nombreuses observations ont été publiées, eten feuilletant les Bulletins de la Soc été Nationale d'Acclimatation, cette mine inépuisable de renseignements, on trouverait des pages nombreuses consacrées à ces charmants animaux. Récemment encore on s'en est occupé beaucoup dans notre section d'Ornithologie et M. Maurice Loyer nous communi- BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 313 quait un travail très-substantiel sur le Colin de Virginie, auquel on pense beaucoup en ce moment et sur lequel on fonde de grandes espérances pour le repeuplement de nos chasses. Aussi quel n a pas été notre plaisir lorsque l'autre jour la Société d'Acclimatation a recu un travail de M. Sylvestre D. Judd, publié par le Département de l'Agriculture des Etats- Unis d'Amérique et intitulé : The Bobwhite and other Quails of the United States in their economic relations. C'est en feuil- letant, si on veut bien nous le permettre, cette étude, et en résumant ce que nous avons pu trouver dans les ornitho- logistes français et allemands, que nous résumerons rapide- ment l'histoire du Bobwhite. Bobwhite est en eflet en Amérique le nom vulgaire du Colinus virginianus, qui du reste est fort riche en appella- tions de toutes espèces. La Caiïlle de Virginie, la Perdrix d Amérique, le Coyoleos, le Colenicui, le Colin ho-oui, la Poule Colin. tout cela est un seul et mème animal, c'est tout simplement le Bobwhite. Nous ne le décrirons pas, d'abord parce que la description minutieuse d'un Oiseau est toujours chose fort longue, et ensuite parce que pour plusieurs cela paraïtrait fastidieux. La vue de l'animal est préférable à une page d'écriture, et à son défaut rien ne vaut une figure bien faite, que l’on trou- vera facilement dans Audubon, Gould ou Viellot. Donnons cependant une indication lort caractéristique et permettant la détermination du Bobwhite, la crête n'est visib.e que lorsque l'animal est excité. L'habitat de cet Oiseau s'étend sur la moitié orientale des Etats-Unis et le sud de l'Ontario, sauf les parties froides et montagneuses. On le trouve depuis le sud du Maine jusqu'au nord de la Floride et à l'ouest jusqu'au sud du Dakota, dans la Nebraska, le Kansas et le Texas. Des colo- aies de Bobwhite ont été introduites et se rencontrent dans diverses localités du Colorado, du Nouveau Mexique, de PUtab, de l'Idaho, dela Californie, de l’Oregon, du Washing- ton et de l'ile de la Jamaïque. À coup sür, le Bobwhite consomme une quantité de graines, étant donné que cet Oiseau est excessivement commun, car On à calculé que dans la Virgine et la Caroline du Nord un mille carré possède une moyenne de quatre 344 LE BOBWHITE individus, Ce qui pour ces deux Etats donne un total de 354.820 animaux. Mais 11 importe de ne pas oublier non plus que le Bobwhite est également un insectivore et que, dans les pays dont nous venons de parler, du 1‘ juin au 31 août le Bobwite ne consomme pas moins de 340 tonneaux d'Insectes. Eh bien, devant une pareille constatation, quand bien même l'amateur du sport ne devrait tirer aueun plaisir de la chasse du Colin de Virginie, quand bien même encore cet Oiseau ne devrait fournir aucune ressource pour l'ali- mentation, on pourrait dire que l’acclimatation de ce mer- veilleux insectivore serait un bienfait pour notre pays. On oublie trop volontiers en France les désastres causés par les Invertébrés grâce à la destruction systématique des Oiseaux. Qu'il suffise de rappeler que dans un département de l’est, la seule larve de la Cécidomye a détruit par année plus de quatre millions de francs de blé; et qu'on veuille bien aussi se souvenir qu'au témoignage de Latreille la Phalæna monacha a fait périr en Allemagne des forêts entières. Comment alors ne pastout faire pour essayer l'acclimatation d'un auxiliaire aussi précieux que le Colin de Virginie ? En écrivant ces lignes nous avons sous les yeux Ia listedes Arthropodes quiservent de nourriture au Bobwhite, nous ne la donnerons pas, car les espèces sont étrangères à notre faune, mais on comprendra toute l'utilité de l'Oiseau, lorsque nous dirons que ce cata- logue renferme les noms de cinquante-huit Coléoptères, appartenant à des Familles bien différentes, puisqu'on y trouve des Carabiques, des Chrysomélidés, des Scarabéidés, des Charancons, des Elatéridés, des Coccinellidés, des Histé- ridés, des Ténébrionidés, des Staphylinidés, des Lampyridés et des Cérambycidés. Ce n'est pas tout : le menu du Bobwhite ne s'arrête pas là; nous rencontrons en effet parmi les autres Insectes formant son ordinaire vingt-sept Punaises, neuf Sauterelles, treize Chenilles et beaucoup d'autres espèces appartenant à d'autres Ordres. Il nest pas jus- qu'à un Crustacé du genre Cambarus, appelé vulgaire- ment en Amérique le Crayfish, dont le Bobwhite ne soit friand. On le voit, il est un grand mangeur, tellement que la faim suffit presque à l’apprivoiser; on peut se rappeler que Brehm racontequ'on le voit sur les routes fouillant le fumier des chevaux et que plus tard, quand enfin la neige eouvre tout le sol d'un épais tapis, il arrive auprès des habitations, jusque dans les cours des fermes, se mêle aux Poules et | ni nl 5 5 UN D BULLETIN DE LA ‘SOCIÔTÉ D ACCLIMATATION 315 partage leurs repas. Les petits surtout sont excessivement avides d'Insectes, et le fait suivant rapporté par M Judd en donmera la preuve. À Marshall Hall, le 24 juillet, on examina l'estomac de 19 poussins de Bobwhite provenant de deux couvées; Les uns n'étaient sorlis de l'œuf que depuis quel- ques heures, les autres n'étaient probablement âgés que de quelques jours. Gr la nourriture consistait exclusivement emdébris d Insectes. Beaucoup de ces fragments étaient, on le comprend, méconnaissables, et cependant on peut déter- miner une €hrysounele, un Scarabéidé, un Capricorne, un Charençcon, une Sauterelle, un Papillon, une Araignée et un Mille-pattes. - Nous avons tenu à établir ces faits parce que la Société d'Acclimatationest avant tout une Société de Sciences Natu- relles appliquées et qu à défaut de toute autre utilité, devant les déprédations toujours croissantes des Insectes, celle du Bobwhite comme insectivore n'est plus à discuter et son acclimatation sérieuse sera un bienfait signalé pour l'agri- culture nationale. Mais:ce point de vue n est pas le seul qui doive exciter l'ému- lation de nos collègues. Le Bobwhite serait chez nous un gibier des plus précieux, et les américains, qui sont gens pratiques, l'ont apprécié depuis longtemps. Edwyn Sandys a dit: « Le Bobwhite est vraiment le roi de sa race, et non seulement cela, car, pour les sportsmen enthousiastes, ilest le premier des oiseaux. » Sa chasse aux Etats-Unis est réputée facile. Si, dit M. Judd, la poursuite de beaucoup d'espèces de gibier n’est possible que dans des lieux solitaires et lointains, où le voyage est difficile et où le sport peut dégénérer en dangers pour la santé, il n'en est pas de même pour la chasse du Bobwhite qui a lieu dans les pays les plus accessibles et n'est nullement pénible pour des gens habitués à une vie sédentaire. Chaque année des milliers d'hommes pratiquent cet exercice salutaire. On n'estime pas à moins de trois à quatre cent mille le nombre des chasseurs qui s'y livrent tous les ans et dans les Etats où les étrangers doivent avoir un permis, c'est un vrai revenu pour les caisses publiques. Qu'on ne.croie pas pour cela que le Bobwhite soit nécessairement en Amérique l'objet d'un véritable massacre, il y est irop apprécié pour cela, de nombreux clubs se sont formés pour sa défense, sa chasse est par suite défendue sur des milliers. 316 LE BOBWHITE d'acreset, détail assez curieux, on raconte qu'un de ces zélés chasseurs et tout à la fois protecteur du pauvre petit Bobwhite avouait récemment n'en avoir pas tué un seul depuis dix ans. Un hiver rude où la neige couvre le sol est fatal au Bob- white, mais là encore il trouve des amis. C'est ainsi qu'à Sandy Spring, M. Miller le nourrit dans de semblables occa- sions au moyen de grain répandu sur le sol. Hélas, les intem- péries ne sont pas le seul ennemi de notre oiseau, et, si des gens dévoués prennent son parti. comme nous venons de le dire, il en est d'autres peu raisonnables qui imitent ce que certains hommesont toujours fait en détruisant pour le plaisir de détruire et sans songer à ceux qui viendront après eux. Pendant l’automne de 1902, à Tiffin, dans l'Ohio, trois chas- seursont en huitheures tué 175 Bobwhites ; à la même époque dans le comté de Marshall un seul en tua 300 en un jour et demi, et, dans la Caroline du sud, 292 de ces oiseaux furent abattus par trois fusils en un seul jour. Si de tels fait prouvent la grande fécondité du Bobwhite, ils démontrent aussi combien il est nécessaire de protéger cet intéressant animal. Dès 1791 on l'avait compris dans l'Etat de New-York, et des mesures ont depuis lorsété prises dans tous les Etats ou Territoires où il vit soit à l’état de nature, soit par suite d'importation. La question principale pour le législateur consiste à bien déterminer le laps de temps pen- dant lequel le Bobwhite doit être protégé; or il va sans dire que la chasse ne peut être permise à l'époque de la repro- duction jusqu'au moment où les jeunes de l’année auront acquis la faculté de voler et de subvenir eux-mêmes à leur existence. On le comprend, vu l'immense étendue des Etats- Unis, la législation varie nécessairement beaucoup, et des prohibitions plus sévères doivent être édictées là où une des- truction trop indiscrète à diminué le nombre des individus et là aussi où, des sujets ayantété importés, il faut leur laisser le temps de se reproduire suffisamment. Mais la législation américaine {out intéressante qu'elle puisse être n'a rien de très pratique pour nous: ce qui nous importe c'est l'acclimatation du Bobwhite. Et tout d'abord est-elle à désirer? Oui, sans aucun doute: nous croyons l'avoir suffisamment démontré. Est-elle possible? Oui encore car, comme le dit excellemment Brehm, le Colin de Virginie se prête parfaitement à toutes les tentatives de domestication BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 317 et d'acclimatation. Qu'on ne vienne pas nous objecter des non-succès ; certains faits isolés ne sauraient rien prouver etce n’est pas calomnier ceux qui font des essais que de constater que trop souvent ils manquent de la qualité essen- tielle de l’acclimateur et de beaucoup d'hommes en général : la pérsévérance. Le Colin est loin d'être sauvage par sa nature. Il n’est pas rare en Amérique de trouver ses œufs dans les nids des poules qui nichent dans les fermes. Ces œufs sont fécondés et les petits qui en éclosent, grandissent avec les poussins sous la conduite de la poule; et, tant que l'instinet de la liberté ne se développe pas chez eux, ils suivent leur mère nourricière et obéissent à ses appels. Wilson à raconté l'his- toire de deux jeunes Colins élevés de la sorte et qui, chose bizarre, avaient contracté une amitié pour les vaches, les suivant partout au pâturage, dans la ferme, et l'hiver ren- trant avec elles à l’étable. 11 serait trop long d'essayer même un résumé de ce qui à été tenté chez nous pour l'acclimatation du Bobwahite et il faudrait donner à nouveau ce qu en à dit M. Florent Prévost, auteur des premiers essais, et qui s'en occupait, affirme-t-il, non seulement parce que c'est un excellent gibier, mais en- core à cause de la quantité considérable d'insectes qu'il détruit. Quant à la région de notre pays où les tentatives d'acclima- tation du Colin de Virginie ont le plus de chances de réussir, ce doit être celle que M. Geoffroy Saint-Hilaire indiquait dans la séance générale de Ja Société d'Acclimatation le 8 janvier 1875. Répondant à une question de M. le Marquis de Sinéty, il disait: «Le Colin de Virginie se montre en Amérique un oiseau des prairies, c’est-à-dire des vastes espaces découverts ; c'est donc dans un pays de plaines, garni seulement de haies et de buissons, qu'il y aura lieu surtout de l'introduire. À ce titre, et aussi en raison de leur climat tempéré, le Poitou, la Bretagne, semblent devoir luiconvenir parfaitement. » Comme nous l'avons dit, les qualités du Bobwhite appar- tenant pour la plus grande partie au Colin de Californie et au Colin de Gambel, nous ne parlerons pas de ces deux der- niers animaux pour ne pas tomber dans des redites Inu- üles. Ce qu il suffit d'ajouter en manière de conclusion c'est que 318 LE BOBWBITE si chez les naturalistes el les amateurs, il existe tant de bonne volonté, tant de désirs d'arriver à des résultats utiles, rous espérons que, parmi ceux sous les veux desquels toimheront ces lignes, il en est qui voudront bien les prendre en consi- dération et tenter, tout en trouvant pour eux-mêmes une distraction agréable, de procurer un aide merveilleäx à l'agriculture, un genre de sport charmant aux chasseurs français et un mets exquis à nos tables. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L'INDO-CHINE FRANCAISE par le D' Jacques PELLEGRIN (Suite et fin) Avec les Malacoptérygiens, Poissons à nageoires à rayons mous, tous articulés, non épineux, qui sont en géné- ral le plus souvent dulcaquicoles on aura affaire à plusieurs familles dont les représentants sont extraordinairement nom- breux et variés dans les eaux douces de Findo-Chine fran- caise. Une des plus importantes sous ce rapport, est sans contre- dit celle des Siluridés, une des plus vastes d'ailleurs de la classe des Poissons. On peut estimer à près d'une centaine le nombre des espèces de cette famille qui peuple les rivières indo-chinoises et elles jouent un rôle de premier ordre dans l'alimentation indigène. Dans la sous-famille des Siluridés homaloptères compre- nant des formes à corps allongé, à dorsale et anale longues, à peu près égales, on doit cîter d'abord les Clarias représen- tés par plusieurs espèces comme le Clarias macrocephalus Günther du Siam, de la Cochinchine et des grands lacs du Cambodge, le C. batrachus C. V. le C. leiacanthus Bleeker, etc. Ces Animaux présentent plusieurs particularités bizarres. Ils possèdent au-dessus des branchies un appareil accessoire différent de structure de celui des Anabas, mais jouant un rôle identique au point de vue physiologique. Cet organe offre chez les Clarias l'aspect de troncs arborescents, rappe- lant en quelque sorte un chou-fleur, et permettant Foxygéna- lion directe du sang dans l'air atmosphérique. En consé- quence les Clarias peuvent rester à terre fort longtemps, ‘plusieurs jours même, ce sont de véritables amphibies, qui sortent à la nuit et voyagent en serpentant dans les Herbes humides. IIS ont une autre faculté également intéressante, quand on les sort de l'eau ils émettent des sons, font entendre un bruil qui ressemble, dit-on, aux miaulements d'un Chat en colère. C'est le docteur Lortet qui a signalé pour la première fois ce fait sur une des espèces de Syrie, mais la chose à été confirmée depuis par des observations du docteur Tirant en Cochinchine. La chair des Clarias est assez estimée et rappelle celle de l’'Anguille. 220 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Au même groupe des Siluridés homaloptères appartiennent les Plofoses, qui renferment des formes plutôt marines. Ce sont de petits Poissons chez lesquels la deuxième dor- sale et l'anale se confondent avec la caudale. L'épine de la première dorsale et les épines des pectorales sont assez courtes, mais pointues et tranchantes, finement den- telées et peuvent se casser dans les plaies. Aussi les Plo- toses sont-ils particulièrement redoutés des indigènes, d'au- tant plus que comme l’a démontré Bottard il existe à la base des épines un appareil à venin. Il faut reconnaître toutefois que les Plotoses ne sont pasagressifs, leurs armes sont pure- . ment défensives. Malheur cependant au pêcheur imprudent qui saisit Animal à la main, ou qui sur le sable vient à mar- cher sur lui! Le Plotose rayé (Plotosus anguillaris Bioch) marin est de beaucoup le plus à craindre, mais le Ploftosus canius Ham. Buch. n’est pas non plus inoffensif. D'ailleurs, quoique àa un moindre degré, ces propriété venimeuses sont fréquentes dans la famille des Siluridés. Le groupe des Siluridés hétéropières caractérisé par des nagegires dorsale et adipeuse courtes, une anale longue, des ventrales au-dessous ou en arrière de l'orgine de la dor- sale, est richement représenté dans les eaux douces indo- chinoises. Ce sont d'abord les Saccrobranches remarquables par un appareil respiratoire particulier différent de celui des Clarias. « Entre les deux dernières paires des branchies, écri- veni Cuvier et Valenciennes, à l'endroit où les arceaux se courbent pour remonter vers le pharyngien supérieur, on voit un petit trou pratiqué dans une membrane mince. blan- che qui réunit es deux branchies ; il y a donc deux ouver- tures de chaque côté; elle donnent toutes deux dans un long sac où sorte de boyau conique, logé entre les muscles du dos etétendu au-dessus du corps des vertèbres, de chaque côté des apophyses épineuses supérieures de la colonne vertébrale et dans une longueur considérable car elle égale ou même surpasse les deux tiers de la longueur du Poisson. » Avec un appareil respiratoire secondaire aussi volumineux et aussi pertectionné 11 ne faut pas s'étonner si l'Animal pos- sède des mœurs amphibies. On rencontre en Indo-Chine les deux espèces principales du genre, le Saccobranche singii (Saccobranthus singio H. B.) et le Saccobranche fossile ($. /os- silis BI.). LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L'INDO-CHINE 321 La Cochinchine possède une espèce de genre lypique de la famille des Siluridés, le Silurus cochinchinensis C. V. Les Wallago, les Belodontichthys, les Cryptopterus, les Calli- chrous, les Pangasius, ete, qui fontégalement partie des Hété- roptères sont très richement représentés dans les eaux dou- ces tonkinoises, cambodgiennes ou cochinchinoises. Le groupe des Siluridés protéroptères caractérisé par une première dorsale courte en avant de l'insertion des ventrales, une adipeuse bien développée, une anale courte où modérée, ne le cède en rien au précédent quant au nombre et à la variété des formes indo-chinoises. On peut citer parmi les genres voisins du type Bagre, les Macrones, les Bagroides, les Arius, les Hemipimelodus, les Ketenqus, etc., parmi les Baga- rinés, les Bagarius, les (lyptosternum. Sans s'arrêter sur ces genresfort intéressants aux points de vues les plus divers, il y a lieu de noter une habitude singu- lière particulièrement curieuse observée chez différentes espèces du genre {rius, aussi bien asiatiques qu'américaines, il s'agit de l'incubation buccale. Les œufs extrêmement gros, car ils atteignent parlois le volume d'une cerise chezdes spé- cimens de 25 centimètres de longueur, et par conséquent peu nombreux, sont après la ponte conservés, en quelque sorte couvés, dans la bouche des parents. ils y restent jusqu’à l'éclosion, dans un courant d'eau perpétuellement renou- velée et à l'abri des nombreux ennemis qui autrement ne manqueraient pas de les atteindre. Les soins, d'ailleurs, se poursuivent encore après la naissance des alevins qui vien- nent le cas échéant chercher asile et protection dans la bou- che paternelle ou maternelle. Dans ce genre. en effet, d'après divers obsefvateurs, ce sont le plus souvent les mâles, mais aussi parfois les femelles qui coopèrent à l'éducation des jeunes. Il reste d'ailleurs, à ce sujet, bien des constatations intéressantes à faire par les voyageurs. La famille des Cyprinidés dont la Carpe commune est le type et qui est si richement représentée dans nosrivières est aussi incuntestablement, parmi les Malacoptérygiens, celle qui comple le plus de formes différentes dansles eaux douces indo-chinoises et c'est là un trait commun qui n est pas sans importance entre la physionomie de la population ichtyolo- gique de nos colonies asiatiques et celle de la métropole. En général les genres diffèrent des nôtres quoiqu on retrouve 322 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION dans les fleuves indo-chinoïs, des Carpes (Cyprinus), des Carassins (Carassius), des Barbeaux (Barbus). Voici d'ailleurs l’énumération des principaux genres qui renferment, inutile de le répéter, un nombre considérable d'espèces comestibles d'une grande importance. La Carpe (Cyprinus carpio Linné) est domestiquée en plu- sieurs endroits. Le Carassin doré ou Poisson rouge (Caras- sius auratus L.) est aussi très commun. C'est comme on sait un Poisson domestiqué depuis un temps immémorial en Chine et les Asiatiques sont arrivés par de patientes sélections, à obtenir un nombre véritable- ment étonnant de variétés, modifiant la coloration, la forme générale du corps, la disposition des yeux, et jusqu'au nomn- bre des nageoires. Parmi les genres non domestiques, les Cirrhina, les Dan- gila offrent l'aspect habituel des Cyprins de nos cours d’eau. Les OÜsteochilus assez voisins, sontreprésentés par l'O. Hasselii C. V. et l'O. Schlegeli Bleeker, qui habitent aussi les iles de la Sonde, Les Labeo ont la forme générale des Cyprins ordinaires, mais leur bouche assez spéciale, à lobes labiaux très dévelop- pés, possède des lèvres internes munies d'une arête trans- versale, recouverte d’un étui corné el tranchant. Leur régime est végétal. Il sont très nombreux dans tout le Sud-Est de l'Asie aussi bien, d’ailleurs, qu'en Afrique. Les espèces du genre Barbus ou Barbeaux, — un des plus vastes de la classe des Poissons car il comprend bien 300 for- mes différentes — y sont aussi fort nombreuses. Elles ne justi- hent pas toutes leur nom, dû aux appendices tactiles, aux barbillons, au nombre d'une ou deux paires qui entourent généralement la bouche comme chez la plupart des Cyprinidés, ilenest, en efiet, quelques unes comme le Barbus bulu Bleeker du Siam et de Bornéo qui en sont complète- ment dépourvues. Beaucoup ont le museau garni de tubereules plus ou moins développés qui leur donnent une physionomie assez bizarre. On peut citer encore comme genre voisins des Barbus, les Fhynnichthys sans barbillons, les Barbichthys, qui en possè- dent quatre, lesAmblirhynchichthys qui en sont dépourvus. En somme les Poissons de ce groupe présentent un magnifique épanouissement dans le Sud-Est de l'Asie. Les Rasbora, les Luciosoma, les Barilius, les Bola, les Chela. Lai LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L'INDO-CHINE 323 ele., sont les principaux autres genres de Cyprinidés repré- sentés dans les eaux douces indo-chinoiïses. Enfin M. le protes- seur Vaillant a fait connaître récemment une forme intéres- sante le Luciocyprinus Lang-Soni rapporté du Haut-Fonkin par son fils le Dr Louis Vaillant. La famille des Homaloptèridés est difficilement séparable de celle des Cyprinidés. Ce sont de petits Poissons à nageoï- res paires situées dans un même plan horizontal, sans vessie natatoire, qui habitent surtout les torrents des régions mon- tagneuses et se fixent aux pierres par leur bouche et leur face ventrale. On a signalé quelques espèces du genre Homalop- tera en Indo-Chine. Les Cobitidés dont les Loches de nos cours d'eau sont le type, y sont représentés par un assez grand nombre d'espèces réparties entre les genres Misqurnus, Nemachilus, Acanthopsis, Botia, Acanthophthalmus, etc. Les Clupéidés, auxquels appartiennent le Hareng et la Sardine sont des Poissons d’une grande importance prati- que à cause de leur valeuralimentaire, fs sont avant tout ma- rins Cependant certaine formes se tiennent dansles estuaires el remontent mêmes les rivières. On peut mentionner quel- ques espèces du genre Clupe, de la section des Aloses, cer- lains Anchois, comme l'Engraulis taty C. V.et VE. mystar BI. Schn. Les Notoptèridés forment une petite famille qui ne com- prend à l'heure actuelle que deux genres. Trois espèces du senre Notopterus sont connues du sud-est de l'Asie. Ce sont des Poissons à corps allongé fortement comprimé, atténué en arrière. La dorsale est extrêmement courte, l’anale par contre est très étendue et confluente avec la caudale, l'anus rejeté en avant. Les mœurs de ces Animaux sont peu connues et dignes de fixer l'attention des voyageurs. Une espèce curieuse le Monopterus javanensis Lacépède, de la famille des Symbranechidés, rappelle dans les'eaux indo- chinoises nos Anguilles. Le corps est nu, très allongé, serpen- tiiorme, les ouvertures branchiales sont confluentes, à la face ventrale, ce qui leur donne une physionomietrès earac- léristique. Une véritable espèce d'Anguille, L Anguilla bicolor M. Clell., se rencontre. d'ailleurs en quelques points de la péninsule indo-chinoise. Il reste pour terminer à parler d'un groupe un peu spécial 32% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION de l'ordre des Téléstéens, celui des ARS renfer- mant le genre Tetrodon. Les Tétrodons sont des Poissons avant tout marins, qu'on trouve dans toutes les mers tropicales. Toutelois dans cer- laines régions, en Afrique, dans l'Amérique du sud, aussi bien que dans l'Est de l'Asie quelques espèces se sont com- plètement adaptées à la vie ducalquicole. Parmi ces dernières on peut ciler par exemple le Tetrodon fluviatilis Ham. Buch. Les Tétrodons ont le corps court, globuleux. Les dents sont réunies en une sorte de bec, qui donne à la physionomie de ces Poissons l'apparence d'une tête de Perroquéet. Ils possè- dent une faculté curieuse, ils peuvent remplir d'air une poche ventrale, une sorte de jabot, et se gonfler comme une boule, comme un véritable ballon et se laisser flotter ainsi au gré des vents. Il faut se méfier de la chair des Tétrodons, particulière- ment de celle des espèces marines qui sont douées de pro- priétés vénéneuses très accentuées, surtout à l'époque de la iraye, car les substances toxiques résident dans les glandes génitales. Le Tétrodon L'ÆEvigatus 1...le T. sceleratus Gm.. L., le T. Honc- kenyi B1.,le T. rubripes Schlegel, le T. stellatus Bleeker, qu'on peut rencontrer sur les côtes de nos colonies indo-chinoises doivent être signalés parmi les plus dangeuses. Telle est esquissée à grand traits la physionomie de la faune dulcaquicole de nos possessions du Sud-Est de l'Asie. I reste à déterminer maintenant les rapports qu'elle présente avec celle de ia métropole, quelle situation elie occupe dans la distribution géographique générale des Poissons d'eau douce. En se plaçant à ce point de vue, on peut avec M. Günther diviser le monde en trois zones : la première septentrionale, la seconde équatoriale, la dernière méridionale. La première ou zone septentrionale comprend une région nord-américaine et une région paléarctique constituée par l’Europe, oùrentre par conséquent la France et tout le nord et le centre de l'Asie, la troisième ou antarctique se rapporte à la Tasmanie, à la Nouvelle-Zélande et à la Patagonie. La zone équatoriale caractérisée surtout par le développe- ment des Siluridés mérite de retenir plus spécialement l’at- tention car c'est là que viennent se placer nos colonies indo-chinoises. Elle comprend deux divisions: l’une LES POISSONS D'EAU DOUCE DE L'INDO-CHINE 329 acyprinoïde tropicale américaine et tropicale pacifique où les Cyprins, les Labyrinthicés font défaut, l'autre cyprinoïde où ces deux familles sont représentées. Dans cette dernière on distingue : 1° La région africaine où l’on rencontre des Dipnoïquescomme les Protoptères, des Ganoïdes comme les Polyptères, où les Cichlidés, les Chara- cinidés, les Mormyridés sontnombreux, les Cobitidés sont ex- trèmement rares représentés par une espèce en Abyssinie. 20 La région indienne, dont l'indo-Chine n'est qu'une subdi- vision, où l'on n'a pas constaté jusqu'ici la présence de Dip- noïques, où existent comme en Afrique des Anabantidés, Ophiocéphalidés, mais où manquent les Cichlidésetles Chara- cinidés, les Mormyridés et ou par contre les Cobitidés sont très abondants. En résumé, d'une facon générale, la fauneichtyologique de l'Indo-Chine française, simple province de la région indienne, présente des rapports notables avec la faune paléaretique eu- ropo-asiatique et par conséquent métropolitaine, mais sur- tout des relations très étroites avec la faune tropicale afri- caine qui à fait l'objet, l'année dernière d'un travail sembla- ble à celui-ci. (1). (1) D°J. Perrecein. Les Poissons d'eau douce de l'Afrique tropicale française. Bull. Soc. Acclim., 1905, p. 209. EXTRAITS DES PROCÉÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS B° SECTION. — BOTANIQUE SÉANCE DU 19 MARS 1906 PRÉSIDENCE DE M. Bois, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Président communique à la Section: 4° Une lettre de M. R. Rolland-Gosselin relative aux résultats obtenus près de Niïce par la culture du Pé-Tsai; du même corres- pondant une note sur la rusticité à Nice, du Filocereus Pringlei. 2 La liste des graines que M. Morel, de Beyrouth, met à la disposition de la Société et une lettre du mème sur les effets de la gelée à Beyrouth. 3° Un travail de M. Roberston-Prosehowsky, relatant les effets de l'hiver 1904-1905 sur les Palmiers qu'il possède dans sa propriété de Nice, travail très important au point de vue de l'acclimatation des Palmiers dans le Midi de la France qui intéresse vivement la Section. La publication de cé mémoire aura lieu ultérieurement. 4° Une brochure offerte par M. Baltet, relative à la culture des Chrysanthèmes et des Dahlias, au sujet de laquelle M. Gérôme est chargé de la rédaction d'une notice bibliographique. M. le Président rend également compte des pourparlers engagés avec M. Vincey, professeur départemental d'agriculture de la Seine, pour l’organisation d'une visite aux champs d'épandage d'Achères. M. Debreuil présente une Carotte à racine noire qui était exposée au Concours général agricole par M. Michalet, agent commercial de la Compagnie du chemin de fer de Lyon. Cette Carotte provient de graines reçues du Maroc, elle est cul- livée par les Arabes dans la région de Perregaux (Algérie). M. Debreuil profite de cetteprésentation pour rappeler les éminents services rendus par M. Michalet à la cause de l'acclimatation et de la vulgarisation des plantes utiles et industrielles en Algérie, et notamment par la fondation de jardins d'essai dans diverses gares d'Algérie. La racine présentée par M. Debreuil est offerte par lui au Muséum, où elle sera plantée dans le but d'obtenir des graines. La parole est ensuite donnée à M. Gérôme, qui traite le sujet suivant: Du choix des Végétaux pouvant servir à la plantation des terrains humides et marécageux. Les noms des Plantes indiquées, indigènes ou exotiques, d'utililé ou d'agrément sont accompagnés de divers renseignements circonstanciés sur l'utilisation et sur diverses particularités des plantes et en particulier sur leurs exi- ; : 3 f ÿ 4 D, PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 327 gences au point de vue de la nature du sol, :‘siliceux ou calcaire, plus ou moins humide, ou plus ou moins marécageux. Ces obser- vations feront l’objet d’une note qui sera insérée au Bulletin. Le Secrétaire J. GÉRONE EXTRAITS ET ANALYSES La RÉCOLTE DU VERBA-MaATÉ AU BRÉSIL La récolte du Yerba-Maté, en 1905, dans l'Etat de Parana, est évaluée à 28 millions de kilogrammes, contre 33 millions l’année dernière. Cet article d'exportation est entièrement consommé dans la République Argentine, où le « thé paraguayen » est très apprécié. L'arbuste n'est ni planté. ni cultivé, maistrouvé, comme les métaux précieux, dans des endroits des plus inaccessibles, ét çeueïlli par des:colonies de Paraguayens et de Polorwais expérimentés, qui le préparent sous la surveillance principalement de M. Henry Gonm, consul d'Angleterre à Cuirityba, et propriétaire d'une concession du gouvernement de Parana. M. Gomm a acquis une grande expé- rience au Paraguay et il a intreduit les méthodes de ce pays au Parana, augmentant ainsi la valeur du produit brésilien. L'Etat de Matto-Grosso exporte environ 5 millions de kilo- grammes, et les Etats de Rio Grande do Sul et de Santa Catharina environ 1 million et demi de kilogrammes chacun. Le produit du Paraguay est à peu près le même que celui du Matto Grosso. La valeur de ce thé, préparé pour le marché, est d'environ 8 4. le kilogramme ; Ja demande dépasse toujours l'offre. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les essais d'intro- duction du Yerba en Europe aient été faibles et sans succès. Ce thé n'a pas un arôme aussi délicat que le thé de Chine, mais, com- venablement préparé, c'est une boisson excellente et rafraichis- sante, dont les propriétés nutritives ne sauraient ètre trop estimées (1). (1) Feuille d'information du Ministère de l'Agriculture, 17 février 1906. BIBLIOGRAPHIE La Chèvre, son Histoire, son Elevage pratique, ses Bienfaits, ses Services, par M. Joseph Crepix. Le livre de M. Crepin nous montre la Chèvre à travers l'histoire et soutient son procès contre l’Erreur et les Préjugés. II traite ensuite la question du lait dans la mortalité enfantile et signale la résistance de la Chèvre à l'infection tuberculeuse. En nous faisant connaitre les admirables propriétés hygiéniques du lait de Chèvre, la composition chimique de ce lait, il indique avec une rigoureuse précision scientifique que la technique spéciale de l'allaitement de l'enfant par la Chèvre-nourrice. Tous les produits de la Chèvre sont soigneusement étudiés et mis en valeur ; aucun des services que peut rendre cet animal n'est oublié. On y parle même du Kéfir qui ne peut être authentique qu'avec le lait de Chèvre, car c'est avec ce lait que les Tartares préparent ce breuvage fermenté. L'auteur promène ensuite le lecteur à travers le monde et le met exactement au courant de la situation caprine dans tout l'univers. Chaque chapitre de ce voyage apporte des aperçus et des faits nou- veaux extrêmement instructifs. Il décrit au passage toutes races caprines des quatre parties du monde et termine son œuvre par des leçons pratiques sur l'élevage de la Chèvre et la conduite de l'industrie caprine, en ajoutant un abrégé de thérapeutique à l'usage des éleveurs de Chèvre avec la description des maladies auxquelles cet animal est sujet. On ne saurait trop louer l'auteur de cet excellent livre d’avoir enfin réhabilité la merveilleuse laitière que des préjugés invétérés avaient fait classer sous la dénomination méprisante de : « Vache du pauvre ». L'œuvre de M. Crepin est remarquable par sa documentation; c'est, d’après M. Ed. Perrier qui a écrit la préface, une des plus belles et des plus complètes monographies d'espèces domestiques qui aient été publiées. Maurice Loyer. arif des prix d'impression des tirages à part des articles publiés dans le Bulletin 75 100 L $ Au-dessus de 100 exemplaires exemplaires | exemplaires (MARS RE EE Au MR ST QT LT MTeDD 9.50 0.05 LE rame eee REP ÉRE POEerE 7.50 9.50 0.05 LE Con CR SRE RE RS SRE NES 4.50 6 » 0.05 Plusieurs HeAnliess latente RU RER PRE 7.50 9.50 0.05 Le tout sous couverture du Bulletin de la Société ota. — Les auteurs de notes ou de mémoires insérés dans le Bulletin et contenant au moins un - rt de feuille, peuvent obtenir la remise gratuite de quatre épreuves de ces communications, en en ant au Secrétariat la demande avant l'impression. (Extrait du règlement administratif, janvier 1906, viix, art. 61.) - Les membres de Fa Société qui pur rune TE cheptels sont priés Pole en à au pere, rue de Bufion, la liste des animaux dont ils sont disposés à tenter l'élevage; les cheptels seront Consentis, après examen de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à ïesure des disponibilités. Le Bibliothécaire-archiviste prie ceux d'entre ses collègues qui PR double le numéro de Décembre 1897 du Bulletin, de bien vouloir le lui envoyer, m qu'il puisse compléter la collection de la deuxième série du Bulletin déposé à la ibliothèque de la Société. 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BULLETIN DE LA OGIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE RARANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 52° ANNÉE 4 NOVEMBRE 1906 ROGERON. — Suite des mécomptes de l’éclosion..... A AR PR AR 329 EAND-GOSSELIN. — Le Pilocereus Pringlei, sa rusticité à Nice........................ 338 ROBERTSON PROSCHOWSKI. — Les Palmiers dela Côte d'Azur, leur résistance au froid. 340 RARD.— Histoire de Goundam, les différentes dominations qui s’y sont succédées, mœurs, MR Dne een. Laine. SAS ARTE D DE DES A SE RS ER 348 Extraits des procès-verbaux des Séances des Sections Section (Mammifères). — Séance du 25 Mai 1906......... FAUNE ARS UE A PERS 855 Section (Bntomologie). — Séance du 12 Mars 4906 ........:............................... 358 l 4 Extraits de la eorrespondance PBDAUN- Sur la Bernache des iles Sandwich... .......-..........:........:........... 359 PMÉZIN. — Sur l’incubation des œufs félés . ......... ............. A RER DUO RNA URE 360 À ÿ la Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le bulletin Un numéro 2 francs; pour les Membres de la Société 1 fr. 50 TP TE APPUI Ë. AU SIÈGE SOCIAL BU LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE | 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), Paris Le Bulletin paraît tous les mois. MOYENS DE COMMUNICATIONS itropolitain : Station Gare d'Orléans Omnibus Ù : Charonne-Place d'Italie .......... Place Walhubert. Ï Care del, TN UEAUS Porte d'Ivry-Bastille.............. = Re retile ÉsRoe pe, RÉ eue P1.Jeanne-d’Arc-Square Montholon — D oncorde ER Boulevard Saint-Marcel-Notre-Dame-de-Lorette. Rue Linné Onneuil-Con Rte PR Square des Batignolles-Jardin des Plantes (r. Geoffroy-St-Hilaire) . laäceWalhubert-Placede la Nation Bateaux-Parisiens are d'Orléans-Gare du Nord..... _ Ponton d'Austerlitz (rive gauche) SN nee Le Secrélaire génér a a une d mer MM. des Membres personnes qui désireraient l’entretenir, qu'il se tient à leur disposition, au siè la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 393, RUE DE BUFFON. — PARIS BUREAU ET CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1906 Président, M. Edmond Perrier, membre de l'Académie des Sciences *et de l’Académie de Médecine Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. Ed. Bureau, Professeur honoraire de Botanique au Muséum d'Histoin naturelle, 24, quai de Béthune, Paris. Baron Jules de Guerne. 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Siant-Germain, 238, Paris. C. Raverer-Warrer, Directeur de la station aquicole du Nid-de-Verdie 20, rue des Acacias, Paris. : Vice-Présidents. Secrétaire général : M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. { MM. A. Borceor, 16, rue de Siam, Paris (Etranger). H. Hu, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint SEcréoires | Germain, Paiis (Conseil). 4 È G. FroN, Docteur ès sciences, Chef des Travaux botaniques à l'Instit acgronomique, 29, rue Madame, Paris (Intérieur). Ch. DEBREUIL, 25, rue de Chateaudun, Paris (Séances). Trésorier : M. le D’ SesiLLorTEe, 41, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire : M. le Marquis de Foucères, 120, rue Legendre, Paris. Membres du Conseil MM. le D' Raphaël BLancHARD, Membre de l’Académie de Médecine, professeur à la Faculté de Médecine, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. Comte Raymond de DaAzmaAs, 26, rue de Berri, Paris. M LEcomTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. : LE MyrE DE VILERS, 3, rue Cambacéres, Paris. D: Leprince, 62, Rue dela Tour, Paris. \ D' P. MarcHAL, Professeur à l’Institut National Acronomique, Directeur de la Station entom logique de Paris, 30, rue des Toulouses, à Fontenay-aux-Roses. M. Mersey, Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche et de la Piscicultur au Ministère de l'Agriculture, 87, boulevard Saint- Michel, Paris. À. MILHE POUTINGON, Directeur de la Revue des Cultures Cotoniales, 44, rue de la Chaussé d’'Antin, Paris. Comte d’ ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Boris. assistant au Muséum d'Histo re Naturelle, 15, rue Faidherbe à Saint-Mandé (Seine). ! D' E. TrouEssART, Professeur de Zoologie au Muséum d'Histoire naturelle, 20, rue des Belles-Feuilles, Paris. WuIr1ON, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. Dates des Séances générales et des Sections POUR L'ANNÉE 1906 | Janvier | Février Mars Avril Mai |Novembre| Décembre SÉANCES pu Cowseir, le Jeudi à 5h. . . .| 4 1 1 5) 3 0) 6 3 1° SECTION. — Mammifèr es, le lundi ; >| ANS Rennes A Ne UNE ARE 8 5 o) 2) 7 5 3 . 2° SECTION. — Ornithologie. le. lundi F EMA EN PE PLONGEUR ES 5 b 2 7 5 3 3° SECTION. — Aquicultur: le lundi À | RINEUTES AM ARNO ee Reese CONTE, 12 12 9 14 12 10 4° SECTION. — ÆEntomologie, le lundi À ADR E EN MANDAT ELTIE, 12 12 9 14 12 5° OECTION. — Botanique, le lundi à AD ARIANE Ne ASE CASE ME LRU NRCR LE AD e) 19 19 23 21 19 17 | 6° SEcrion. — Colonsiation, le lundi À AN ANOUTES TL AREA MERS TES NU Ress dre DD 19 19 23 | 21 19 172% SUITE DES MECOMPTES DE L’'ECLOSION (1) Par G. ROGERON A propos de mon article sur les mécomptes de l’éclosion, je terminais en disant, qu'avec mon vieux mâle âgé de seize ans et des femelles pondant tous les sept ans (2), il n’y . avait pas grande chance de succès pour l’année suivante. Cependant, l’année d’après, mon vieux mâle existait tou- jours et ma femelle, au lieu de se reposer pendant sept années, pondait quinze œufs sur lesquels il y en avait cinq de fécondés ; ce qui n'empêcha pas le succès de n'être guère meilleur. En effet, dès le commencement de février, la femelle pondait un œuf, lequel, à vrai dire, me semblait mal conformé et surtout manquer de solidité, ce qui ne m’em- pêcha pas de mettre tout en œuvre pour trouver une Poule, chose assez difficile à cette époque peu avancée de l’année ; un mois se passa presque, sans pouvoir la ren- contrer. Mais à peine était-elle trouvée qu'elle pondait un second œuf, mieux conformé que le premier, mais étant également peu solide. Je mis ces deux œufs à couver ; dès le premier jour l’un d'eux était brisé, et le second le lendemain, à mon grand désespoir. Une dizaine de jours plus tard, je mettais un troisième œuf à couver avec chan- gement de Poule et ayant soin qu'il fût seul dans le nid, afin d'éviter les accidents, mais ce troisième œuf était éga- lement brisé au bout de peu de jours ; quelques jours plus tard, il en était encore de même d’un quatrième, malgré toutes les précautions voulues. La coque était toujours trop tendre. C’est alors que je songeai sérieusement à avoir recours à une couveuse artificielle. Avec elle, au moins, les œufs _resteraient forcément intacts ; étant à l’abri de tout contact de la Poule et de ses pattes, ils ne pourraient être brisés. Cependant, j'avais tellement entendu médire des cou- veuses artificielles à propos des espèces délicates, qu'’a- vant d'y avoir recours, je voulus d’abord essayer un moyen d'un tout autre genre. Ma femelle, à dix Jours de distance, venait de pondre deux œufs. Si je pouvais, (1) Bulletin 1903, p. 177. (2) La seule jeune femelle ayant pondu chez moi, l'avait fait à l’âge de 5 ans en 1893 pour recommencer seulement en 1899. 330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION au moyen de fils de:fer ttressés très’ fins, inais cepenuant ayant la consistance vo'ilue, fabriquer des sortes d'œufs. artificiels de la contenance à peu près exacte des œufs véritables, dans lesquels ;je pourrais placer ces derniers que je remettrais ainsi à une, Poule ordinaire ? De cette {açon, placés sous elle, ils participeraient à sa chaleur normale, tout.en étant. à l'abri de. ses. coups .de pattes. Mais une grave question ? La. Poule voudrait-elle con- sentir à couver cette sorte de mannequin, cet œuf dont Ja première coque, serait .un.peu æude ? Tout-alla à -mer- veille et beaucoup mieux que je .:ne me l'étais figuré d’abord, l'œuf fut parfaitement couvé entremèlé de plu- ‘sieurs œufs ordinaires,.et..comme l'expérience semblait «ir pleinement réussi,.je voulus aussitôt la renouveler .avec le second œuf qui fut couvé.avec la même.sollieitude -par,.une seconde Poule. Mais,je ne fus pas longtemps à :Voir que j'avais fait. fausse route ; peu .de jours s'étaient écoulés que je m'aperçus. .que.:mes œufs à coque. insuffi- .Sante s'étaient considérablement rétrécis, racornis,.la-cha- Jeur de l’incubation:les .avait.en, partie ,évaporés, ils n’y _ fussent certainement pas restés .un,mois qu'ils eussent.été Presque entièrement:-desséchés, tandis que.les.œufs ordi- naires, à coque solide, ‘et même nonfécondés, fussentrestés .intacts le même espace de temps. Il en eut été absolument -de même avec une:couveuse artificielle, dans toutes les co- .quilles insuffisamment solides, insuffisamment opaques, l'évaporation se fût produite au,bout d’un temps: plus.ou «moins long, proportionné à. l'épaisseur de la coque:et la .couvée, par. là même,.eût.été perdue. Il était donc évident qu'il n’y avait rien à faire avec des «œufs à coque insuffisamment solide, la seule chose à 1itrouver c'était de bons:œufs, dans. de bonnes conditions. Ma femelle Jubata avait mis-près: de six semaines pour pondre six œufs ; le second œuf avait été pondu environ an mois après le premier, mais ensuite 1ls étaient devenus “plus fréquents et je pensais.-qu'elle devait en avoir encore quelques-uns.à pondre, qu'elle n'allait pas s'arrêter ainsi -tout à coup.:Unr:de mes amis m'avait mis sur la voie en «m'indiquant un:marchand qui, au moyen d'une nourri- ture plus calcaire, prétendait obtenir d’assez bons résul- tats pour combattre l'insuffisance des coques ; rien ne m'empêchait d'employer un moyen analogue. Je mélan- SUITE DES MÉCOMPTES DE L'ÉCLOSION 331 geai à forte dose des coquilles d'œufs de Poule pulvérisées avec la nourriture ordinaire de mes oiseaux ; soit effet du hasard, soit que réellement cette nourriture calcaire pro- duisit vraiment un bon résultat, toujours est-il qu'à partir de ce moment, le premier œuf de Jubata qué j'attendais à quelques jours de là fut parfait dé toute façon, ne lais- sant ab$Solument rièn à désirer ni comme formé, ni comme solidité, et tous les œufs qui suivirent furent dé même. On était au commencement d'avril, les œufs conti- nuèrént à devenir plus fréquents ; bientôt la femelle se mit à pondre tous les deux jourS, puis tous les jours. Ce fut même alors que jé commencai à avoir des craintes pour la sänté dé mon oiseau à cause de la fréquence dé’ ses œufs. Enfin, j'en étais au neuvième œuf qui avait suivi les six prémiers à coque plus où moins tendré et mal formée, quand ma Jubata, après avoir essayé quelques jours de couvér, s'arrêta subiternént. La ponte était finie pour une année. Afin dé ne pas méttre tous mes œufs dans lé même pa- niér, suivant l’'expréssion consacréé, j'avais formé deux nichées ; la première composée dés trois premiers œufs, aVäit été confiée à une Poule, et les‘autres, une douzaine dé’ jours plus tard, à trois Poulés différentes, deux à cha cüne. Le septième jour je constdtai que sur les trois œufs dé la première Poule il s’en trouvaït deux de clairs: Pen dänt trois sémaines, l'œuf sémbla prospérer dans les meilleéüres conditions, mäis au bout de ce temps, je m'a- péreus qu’il prénaïit des teintes livides et que le petit dé- väait avoir succombé depuis quelques jours dans la coqué:. Dans la sécondé couvée, le sucéès paraissait plus grand; sur six œufs, deux seulement de clairs, donc quatre” petits. Malheureusément, dès les premiers joùrs de la fécondation survint un accident, un des pétits succomba par la maladreëse d’une dés Poules qui brisa l'œuf en par- tie ; je cherchäi bien à lé râccommoder, mais vainement: De crainte d'uné nouvélle maladresse de la Même couveuse; je donnai l'œuf qui réstait 4 une autre Poule. Tout con- tinua à bien marcher ainsi environ trois semaines ; châqué jour, je voyais le temps s'écouler sans accident et l'époque de l’éclosion approchér, mais sans cause apparenté un second petit sucéomba encoré. C'était précisément au mo- 332 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION ment où le premier petit avait péri; les deux autres al- laient évidemment en faire autant, et d'ici quelques jours, de cette couvée d’abord si bien partie, il ne m'en resterait pas un seul. Cependant, les deux petits résistaient ; on était au 26° jour, et les deux œufs semblaient toujours aussi sains, en aussi bon état ; même absence de taches livides et mar- brées, ce qui était une preuve positive que les petits étaient encore vivants ou qu'il n’y avait pas longtemps qu'il en était autrement. Enfin, ce qu’il y eut de mieux, c'est que le 27° jour au matin, je crus entendre un petit ; J'écoutai de nouveau, mais le bruit était à peine percep- üble. J’attendis encore quelques heures ; cette fois, il n'y avait plus de doute, je l’entendais distinctement. Il en fut ainsi toute la journée, et chaque fois que je cherchais à l'écouter, je l’entendais de plus en plus distinctement. Il en fut de la sorte jusqu’à sept heures du soir, à partir de ce moment, je n’entendis plus rien. Le lendemain jeudi, 28° jour, ayant à m'absenter, je ne Consacrai que quelques instants à mes deux œufs. Sa- chant que le petit de l’un était mort et que l’autre était sans doute dans le même état, je ne m'en occupai qu'en passant et d’une façon distraite. Le vendredi matin, la visite de mes deux œufs ne m'offrait plus qu'un intérêt de curiosité. Je désirais voir simplement à quel degré les petits étaient parvenus avant de périr. Mais grande fut ma surprise, quand en examinant les œufs que j'allais à l'instant même éventrer, d'entendre un petit dans la coque. Je n’en croyais pas mes oreilles, il fallait cepen- dant m'en rapporter à l'évidence. Dans le premier œuf, le petit que j'avais entendu toute la journée du mercredi 27, était bien réellement mort, sa coquille en avait pris tous les symptômes, mais le second était vivant et bien vivant. Toute la Journée, je ne cessai d'aller visiter cet œuf qui était pour moi comme une résurrection ; Je l’'épon- geai maintes et maintes fois d’eau tiède qui semblait le ranimer et lui donner de la vie. Enfin, la nuit étant sur- venue, Je Ccommençai à être en proie à une grande per- plexité. La première Jubata du mercredi 27, avait vécu depuis le matin jusqu’à sept heures du soir, à partir de ce mo- ment je ne l’avais plus entendue. Elle avait dû périr vers SUITE DES MECOMPTES DE L'ÉCLOSION MOD cette heure, sans doute étouffée dans la coque. Ne serait-il point utile de donner un petit jour au jeune oiseau, d’au- tant plus que celui qui avait péri l’année précédente me semblait arrivé juste à ce degré d’incubation? J'étais dans la plus terrible perplexité, sauver la vie à la jeune Bernache ou la tuer, ma seule espérance pour une année et peut-être même pour beaucoup plus longtemps ! Enfin, je me munis d’une résolution suprême, je pris un canif et perçai la chambre à air de l’œuf à son extrémité supé- rieure. Je craignis alors d’avoir fait une ouverture trop grande en raison de la respiration de l'oiseau ; je me sou- venais, en effet, avoir perdu un Canard dont l’éclosion avait été ainsi hâtée. Je pris donc du papier et de la colle, et je bouchai le trou, trop grand, selon moi, de facon qu'il ne restâät qu'une ouverture à laisser passer une tête d’épingle. Dès le matin au jour, j'eus hâte d’aller voir ce qu'était devenu l'oiseau. À vrai dire, je croyais bien l’avoir tué ; mais quel ne fut pas ma surprise et mon étonne- ment de voir qu'il était bien vivant, et même qu'il avait repris de la vigueur ; la chambre à air était en partie brisée et il y avait pratiqué un passage pour son bec. Toute la journée du samedi se passa de cette facon, l'oiseau ne cherchant, à ce que je me figurais, qu'à sortir de sa prison. J'avais eu des Bernaches écloses le 30° jour, mais jamais encore le 31°. Je pensais donc que la dernière limite serait le 31° jour et que je risquerais de perdre ma Bernache en attendant plus longtemps. Le üimanche ma- tin, de grand matin, je me rendis à mon oiseau, bien résolu à lui ouvrir de force sa coquille ; cependant, le courage me manquait en considérant les dangers qu'il pouvait courir si Je le faisais trop tôt. Enfin, vers reuf heures, pesant de mon mieux toutes les chances que j'avais pour et contre, surtout pour, je pris la résolution de tenter l'opération. Il faut ajouter, que pour les trois quarts des oiseaux de cette espèce, on est obligé de pratiquer l’éclo- sion forcée, sans cela une partie périrait dans la coque. Je commencçai donc, avec toutes les précautions possi- bles à élargir l'ouverture de la chambre à air de façon à voir un peu plus clairement ce qui s’y passait. Mais cruelle déception, la petite Bernache paraissait loin encore d’être à terme, son œil semblait encore en partie vitré, et les piaulements étaient faibles et peu fréquents. Ce sont les 334 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION piaulements de l'oiseau, la seule chose qu’on puisse cons- tater souvent de l'extérieur de la coquille, qui eussent dû me guider ; ils auraient été plus forts, plus vigoureux s'il avait été plus avancé dans l’éclosion, et dans ces condi- tions, j'aurais dû le: laisser tranquille encore quelque temps. Mais le mal était pour l'instant irréparable, il n'y avait pas à refermer la brèche que je venais d'ouvrir maladroitement, il n'y avait plus qu'une chose à faire, laisser la Bernache bien tranquille sous la Poule, peut- être le malheur allait-il se réparer de lui-même ; j’en avais vu plus d'un exemple. En effet, étant retourné visiter la Bernache deux heures plus tard, je fus étonné des progrès que l'oiseau avait faits ; non seulement sa voix était devenue beaucoup plus forte, mais encore sa tête s'était relevée et l'œil avait pris considérablement de vie, de demi-vitré: qu’il était quand je l'avais aperçu le matin pour la première fois. Vers midi je retournai voir la Bernache et je ne doutar plus désor- mais de l'excellente réussite, elle était prête à éclore, et d'ici une heure ou deux elle allait sortir de sous la mère. Ma précédente Jubata avait du reste éclos à peu près dans les mêmes conditions, je l’avais pas mal aidée d’abord, puis tout à coup j'avais eu la surprise de la trouver un peu plus tard entièrement sèche et tirée d'affaire. J'avais quitté ma Jubata presque sûr du succès, mais quand je retournai, une heure après, pour la voir de nou- veau, je trouvai le petit étouffé par la Poule... Et ce qu’il y avait de plus navrant, c'est que c'était par ma faute, par mon manque de prévoyance ; pour avoir pensé trop tard, ou plutôt n'avoir pas pensé du tout, à une précau- tion que j’'eusse dû me hâter de prendre tout d’abord. Aussitôt. la chambre à air en partie perforée, ce qui enle- vait une grande solidité à la partie restant encore et ce qui occasionna l’écrasement final, j'aurais dû faire usage d'un de mes œufs artificiels de fil de fer que j'avais tenté d'employer à l’origine comme couveuse artificielle; placée dans l'intérieur de cet appareil, de cet œuf de fil de fer, la petite Bernache eut été entièrement à l'abri des pattes de la Poule et elle y fut restée tant que l'éclosion n'eut pas été achevée. | Les couvées étaient. donc finies pour l’année 1904. J’es- pérai bien pendant quelque temps. qu’il allait s’en pro- SUITE DES MÉCOMPTES DE L'ÉCLOSTON 335 duire une seconde, ce qui avait eu lieu plusieurs fois jadis avec ma vieille femelle, mais la mue survint bientôt et tout espoir disparut pour ‘ce printemps-là. Néanmoins, mon vieux mâle ne S'était jamais mieux porté, il semblait, avoir repris un regain de jeunesse ; én effet, il souffrait, depuis ‘cinq ou six-ans d’un mal à une patte qui, parfois, avait été sur le point de le faire périr, mais depuis près d’un an il semblait aller beaucoup mieux et j'étais vrai- ment étonné de sa fraîcheur, quant au mois de décembre la maladie le reprit tout à coup. La femelle, qui ne l'avait pas quitté jusque-là, voyant qu'il ne la suivait plus que difficilement, commença par faire quelques courtes ab- sences. Mais son état ayant sensiblement empiré, elle se contenta de sortir avec lui dans le jardin, et là elle le laissait assez volontiers pour revenir une heure ou deux plus tard ; puis quand elle était restée près de lui quel- ques instants, elle retournait d'ordinaire se promener'en compagnie de deux ou trois Canards qui avaient perdu leur femelle, entre autres, un Canard carolin-et un Canard mandarin. Il en fut ainsi pendant quelques temps, jusqu’à ce que le mâle qui, depuis plusieurs jours était dans le plus triste état, vint à périr. Jusqu'ici, j'avais cru qu'elle avait pris assez facilement sont parti de l’état valétudinaire de son époux, en allant se consoler volontiers avec mes Canards et que la place qu'il tenait près d'elle se réduisait à peu de chose, mais à peine fut-elle convaincue qu'il n’était plus là, que ses rap- ports avec eux cessèrent tout à coup, elle ne voulut plus les voir, et si, par hasard elle se trouvait en contact avec eux, ce ne fut plus que pour les battre. Elle passa plu- sieurs jours, désolée, à appeler son mâle dans le jardin, mais voyant qu'elle ne l'y trouvait plus, elle quitta le jardin et le bassin pour la basse-cour, où elle se tint constamment. Ses rapports avec les personnes de la mai- son qu'elle connaissait eurent un tout autre caractère qu'avec mes Canards et Bernaches ; on eut dit qu'elle avait désormais ces derniers en souverain mépris, qu'elle ne voulait plus avoir aucun contact avec eux, tandis qu’elle n'avait de considération que pour nous dont elle semblait réclamer les consolations, moi surtout qui avais toutes ses préférences ; elle prit même l'habitude, en considération, évidemment pour les gens, de recon- 330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION duire à travers le jardin les personnes jusqu'à la porte de la grand’route, ce qui était fort dangereux ; aussitôt que nous nous en aperçûmes, nous Cconfinâmes l'oiseau dans une petite cour renfermée donnant également sur la basse- cour ; il fut dès lors impossible de la laisser dans le jardin comme elle en avait l'habitude. Dans sa petite chambre où on la renfermait la nuit, ce fut aussi des désolations sans pareilles, et elle, ordinairement si tran- quille, nous l’apercevions le soir cramponnée le long des grillages de sa fenêtre. Je pensais que dans de telles conditions, au cours d’une - pareille désolation, je n'aurais rien de mieux à faire que de chercher autant qu'il serait en mon pouvoir à réparer le malheur en lui trouvant un nouveau mâle, d'autant plus que la saison pressait, que nous étions à la fin de décembre et qu'elle avait commencé à pondre l’année précédente dès le commencement de février. Le vieux mâle d’ailleurs était loin d’être remarquable, puisque les deux tiers des œufs étaient clairs et que la plupart des autres n’éclosaient pas, seulement la difficulté était d'en trouver un. Ces oiseaux du reste étaient devenus fort rares depuis un cer- tain nombre d'années ; cependant je crovais me rappeler que le Jardin Zoologique d'Anvers en avait importé plu- sieurs d'Australie le printemps précédent, et j'écrivis à cet établissement en donnant sur la femelle que je possé- dais les meilleures références ; une ponte de trois œufs dès la deuxième année et de quinze œufs la troisième, cas de fécondité absolument extraordinaire chez ces oiseaux qui ne reproduisent presque Jamais en captivité. En effet, quelques jours plus tard, je recevais d'Anvers la nouvelle qu'on tenait à ma disposition un mâle au prix de cent vingt-cinq francs, espérant bien toutefois qu'en cas de reproduction je donnerais la préférence au Jardin, ce que J'acceptai bien volontiers. Ce mâle Bernache parti d'Anvers le 21 décembre, n'’ar- riva à Angers que le 23, à 3 heures du soir et ne me fut délivré à cinq heures qu’en violant les règlements, sans cela il eût fallu attendre le lendemain (1). Comme il était (1) Je trouve, soit dit en passant, que les Compagnies de che- mins de fer en prennent bien à leur aise pour l'expédition de ces Oiseaux taxés cependant au double, quand un voyageur eût fait au moins trois fois la même route dans ce temps. ENT 4 : ps k Q presque nuit, j'attendis le lendemain pour réunir les deux oiseaux ; je fis coucher le mâle en attendant dans une pièce à part, mais dès que je voulus les mettre ensemble, ce fut par une chasse terrible que la femelle débuta avec son nouveau mari et elle ne lui donna de repos que quand elle fut elle-même absolument à bout; cette chasse fut maintes fois répétée pendant la journée, aussi je jugeai prudent de ne pas laisser les deux oiseaux passer ensem- ble la nuit suivante. Le lendemain j'espérais que cette sorte de rage allait se calmer, il n’en fut rien, il en est encore de même après quinze mois de séjour chez moi ; je suis toujours obligé de leur faire faire chambre à part, autrement je retrouverais le mâle dans le plus lamentable état. Le jour je les fais sortir dans mon Jardin et sur ma pièce d’eau. Là, le mâle familiarisé avec le caractère de sa rude moitié, cherche à l’adoucir par toutes sortes de prévenances et d'amitiés auxquelles elle ne répond que par des poursuites furieuses et des plumes arrachées quand il s'approche trop près et qu'elle peut l’atieindre, car il sait l’éviter avec beaucoup de prestesse, bien qu'il tourne sans cesse autour d'elle (1). Je voudrais qu’un beau jour il essayât de reprendre ses droits d'époux au lieu de fuir constamment, je suis convaincu qu'elle se serait vite calmée. Malheureusement, il se contente dans ce cas d’épancher sa mauvaise humeur sur mes autres palmi- pèdes qui n’y sont pour rien. Pendant ce temps-là l’époque de la ponte va se passer pour la seconde fois sans plus de succès que l’année dernière ; c'est vraiment une fidélité, à la mémoire de son premier mari, dont je me serais bien passé ! SUITE DES MÉCOMPTES DE LÉCLOSION 331 (1) J'aurai désiré changer ce mâle contre un autre avec lequel il ny eût peut-être pas eu la même incompatibilité d'humeur, J'écrivis pour cela au Jardin Zoologique d'Anvers qui, malheu- reusement, n'en possédait plus d'autre. Ce mâle ainsi que les trois ou quatre Oiseaux de son espèce importés en même temps, avait été capturé en Australie à l’état sauvage. LE PILOCEREUS PRINGLEEI WEB SA RUSTICITÉ À NICE- Par M. ROLAND-GOSSELIN S'il est, parmi les Cactées, une esèpce dont la rusticité dans le sud de la France, pouvait sembler très douteuse, le Pilorereus Pringlei (Web) syn. Cereus Pringlei :Wats) devait s'inscrire au premier rang. Sa provenance de Basse Californie, à l'extrême sud dela presqu'ile, dans une région très chaude, où la pluie tombe pendant très peu de‘temps, semblait nous interdire des ten- tatives d'acclimatation fructueuses. Pourtant, des plantes provenant de graines rapportées il y a une dizaine d'années par M. Léon Diguet, livrées à la pleine terre en: 1899, petites encore, se sont montrées en par- tie-résistantes dès le premier hiver. J'ai planté successive- ment quelques exemplaires devenus forts, et à mon très grand étonnement tous s‘y portent beacoup mieux que les plantes en pots conservées sous terre, pendant là mauvaise saison. En pleine terre, ce Pilocereus, sans avoir une croissance rapide, est constamment en végétation et som pivot s'enfon- çcant profondément dans notre terre bien que calcaire, prend un développement considérable. Les pluies: froides-de jan- vier, la neige, ne paraissent pas-incommoder les plantes qui ont résisté aux journées de froid insolite, que nousavons subies dans toute la région en janvier 1905. Pendant trois nuits dans mon jardin le thermomètre a enregistré huit degrés centigrade. Pour un grand nombre de Cereus, la principale cause de mort en hiver, n'est pas le froid moyen de Nice, maïs l'humi- dité stagnante aux racines, pendant la période froide. Le Pilocereus qui nous occupe semble indifférent, contre toute attente, à l'eau baignant ses racines. Il semble donc possible de le planter, avec succès, dans l'ouest de la France, là où il pleut beaucoup, sans grands froids. Il doit résister dans ces régions très humides beaucoup mieux que certaines cactées de Patagonie par exemple, qui ne redoutent aucun froid. mais exigent la sécheresse absolue aux racines. Dans leur pays natal, la neige les recouvre pen- dant toute la période froide de la mauvaise saison. LE PILOCEREUS PRINGLEI WEB 339 Si un de nos collègues désire tenter l'acclimatation du Pilocereus Pringlei en Bretagne, par exemple, ou en Vendée, je tiens à sa disposition une ou deux plantes de belle venue. Cette Cactée (voir Dictionnaire de Bois), rivalise de grosseur à l’état adulte avec le Cercus giganteus bien connu par sa forme pouvant se comparer à un Candelabre (1). La compa- raison, entre ces deux espèces, ne peut être établie que si l’on s'attache au diamètre des troncs, car l'’armature, le port de la plante, les caractères botaniques des fleurs et des fruits sont très distinets. L'espèce existe couramment dans l'Etat de Sonora, et lors de son dernier voyage au Mexique, M. Diguet semble-en avoir rencontré des spécimens dans l'Etat de Duebla, où il n'avait jamais été signalé. (1) Ne pas confondre avec le Cereus Candelaber (Web) dont K. Schu mann très à tort, a tenue à nier la latinité en cherchant à imposer le nom G. Candelabrum. Voir Quicherat l’un ét l’autre-se dit ou-se disent. LES PALMIERS DE LA COTE D'AZUR LEUR RÉSISTANCE AU FROID Par A. ROBERTSON PROSCHOWSKI Les jardins de la Côte d'Azur ont passé par une rude épreuve au courant de l'hiver 1904-1905. La température est en effet descendue à environ — 10° en quelques en- droits du littoral, surtout à Nice, qui a été tout autant éprouvée qu'Antibes où pourtant il fait généralement plus froid, cette ville étant peu abritée par les montagnes. Du reste, comme le fait remarquer avec raison le docteur Georges Poirault, directeur du Jardin Botanique de l'Etat, villa Thuret, au cap d'Antibes, dans un article intitulé : « Les effets de la gelée dans la Provence maritime » (pu- blié dans la Revue Horticole du 1* septembre 1905), l’im- portance des climats locaux est considérable. Il fait re- marquer en outre que la composition du sol peut arriver à compenser, dans une certaine mesure, les désavantages de l'orientation. J’ajouterai que l'altitude a aussi une importance capitale, ce qui se voit continuellement lors- qu’on à un jardin occupant un terrain très en pente et s'étendant entre des points à altitude bien différente. C’est le cas pour mon jardin dont la partie la plus basse se trouve à environ 25 mètres d'altitude, et la partie la plus haute à environ 100 mètres. Il est mal exposé, c’est-à-dire au Nord et à l'Est, et n’a qu’une petite partie exposée au Sud-Est. L’énorme désavantage de cette exposition est que les premiers rayons du soleil frappent les plantes qui ont pu être exposées pendant la nuit à des gelées plus ou moins fortes, ce qui est pour beaucoup très dangereux ; tandis que si les plantes sont exposées au Midi ou à l'Ouest, leur température monte peu à peu avec celle de l’air ambiant avant qu'elles soient frappées par les rayons du soleil. D'un autre côté, les plantes exposées à l'Est souffrent moins du mistral, le terrible vent qui souffle de l'Ouest et du Nord-Ouest, et qui est également nuisible l’été ou l'hiver, étant brûlant l'été et très froid l'hiver, et toujours très sec. Quand le mistral souffle pendant 20 à 40 heures, comme cela arrive quelquefois, il peut tuer en plein été des plantes qui ont résisté à d'assez fortes gelées. On peut pourtant protéger jusqu'à un certain degré, les plantes dé- licates contre le mistral, en les abritant par des arbres LES PALMIERS DE LA COTE D'AZUR 341 rustiques, tandis qu’on ne peut pas protéger les lantes d’une façon permanente contre les rayons du soleil ievané par des plantations d'arbres, si le terrain est exposé à l'Est, sans risquer de leur donner trop d'ombre, ce qui serait nuisible à leur développement normal. Si dans certains jardins mieux exposés que le mien, des plantes qui résistent chez moi n’ont pas résisté, c’est parce que ces jardins sont situés à un niveau moindre, où la tem- pérature descend plus bas qu'à une altitude plus consi- dérable. Quand la température est descendue à environ — 10° cent. une nuit de l'hiver 1904-1905, c’est aux en- droits situés à moins de 25 mètres d'altitude environ, à laquelle se trouvent la plupart des jardins autour. des grandes routes qui longent la mer, surtout là où des vallons plus grands versent leur courant d’air froid, com- parables avec les courants d’eau. Mes thermomètres sont généralement placés depuis 45 mètres d'altitude et au-dessus. Nulle part une tem- pérature au-dessous de — 6° à — 7° cent. n’a été enre- gistrée ; en quelques endroits seulement — 3° à — 4°. Ils sont situés autant que possible à découvert et naturelle- ment de manière à ne pas être exposés aux rayons du soleil, et à 150 au-dessus du sol. Notre collègue, M. Ch. Rivière, a fort justement cri- tiqué la manière dont les thermomètres sont le plus sou- vent placés. Quiconque s’est occupé de jardinage doit com- prendre que toute sorte d’abri, surtout en dessus, influence beaucoup la température près du sol dont le grand abais- sement est dû surtout à la radiation nocturne. Les indica- tons des thermomètres placés sous abri n’indiqueraient nullement la température de l’air ambiant, mais ceile de l'endroit abrité, souvent très circonscrit, qui peut être de plusieurs degrés plus élevée que celle de l’air ambiant. C’est par le choix judicieux de l’abri, en plantant une plante délicate sous un grand arbre rustique et à feuilles persistantes, ou tout près de quelque rocher, qui a absorbé pendant le jour une certaine quantité de chaleur qu'il irradie pendant la nuit assez lentement, que l’acclimateur arrivera à avoir à sa disposition des températures diffé- rentes à quelques mètres de distance. Quand je dis qu'un pied de Bananier (Musa sapientum) planté contre un mur et au-dessous d'un épais feuillage, 342 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION n'a même pas perdu les feuilles lorsque la température était descendue à — 10° cent. en quelques endroits à Nice et cela à moins d’un kilomètre de distance, on comprendra l'importance de l’abri. En effet, à 5 mètres de distance du dit Bananier, un thermomètre enregistrait —3%5 cent., température à laquelle le Musa sapientum perd ses feuilles et souvent gèle jusqu’à la terre. Selon les observations que j'ai pu faire pendant qua- torze ans dans mon jardin, c'est généralement à environ 70 à 80 mètres d'alütude qu'il gèle le moins ; plus haut j'ai en général trouvé la température un peu plus basse, et à 25-40 metres d'altitude beaucoup plus basse, surtout à 25 mètres, où des espèces qui ne souffrent jamais à 70-80 mètres d'altitude ne pourraient pas résister, ayant tou- jours soufiert beaucoup quand je les ai essayées. Ce phénomène très connu dépend, comme on sait, du courant d'air chauffé par le contact du sol ensoleillé, et qui, à cause de sa légèreté, monte toujours dès qu'il est remplacé par l'air plus froid qui descend et emplit les vallons. Une condition fatale pour la résistance des plantes déli- cates aux gelées, est la saturation du sol par l'humidité, c’est un danger qui n'existe guèré dans un Jardin sur une montagne et fortement en pente. Mais si les gelées arri- vent, surtout après une pluie, de manière à ce que le feuillage soit mouillé, le danger du froid est très aug- menté. el n’était pas le cas pendant la grande gelée de 1904-1905. La plus forte gelée antérieure de la région de Nice sur laquelle j'ai pu trouver des indications eut lieu le 15 jan- vier 4820. Risso a vu son thermomètre marquer au lever du soleil — 47 cent. et le 11 du même mois il descendait, à Hyères, à — 11% cent. La plupart des Citronniers, des Orangers, et d’autres végétaux périrent jusqu'aux ra- cines (i). L'auteur ne dit rien sur l’état d'humidité du sol et de l'atmosphère qui accompagnait la forte gelée : mais celle-ci a dù être considérable pour que de pareils dégâts aient été occasionnés. Le froid peut être plus intense, res- senti à Nice en 1904-1905 n’a pas causé de grands dégâts, en (1) M. Cu. Marrens: Sur l’origine paléontologique des arbres, etc., indigènes du Midi de la France sensibles au froid, etc. Montpellier, 1877. LES PALMIERS DE LA'GOTÉ D'AZUR ME: ce qui concerne les Agruñiés (Citrus), ces arbres n'ayant presque pas souffert. Mäis, comme le dit M. Poirault, « si les froids dé ‘janvier dernier, au lieu d’apparaître après uné période de sécheresse étaient surverius anrèS les pluies, il est bien‘probable que‘la plupart de nos jardins seraient à refaire. » Dans les endroits où le sol est toujours très humide, comme les terrains profonds et fertiles de l’em- boüchure du Vär près de Nice, et où, à cause de la faible aiuiude, la température descend régulièrément plus bas qu'à une altitude plus grande, il'est impossible de cultiver en pleine terre nombre d'espèces qui résistent parfaite- ment dans mon jardin si mal exposé, et cela malgré l'exposition au Midi de ces terrains choisis par les horti- culteurs à cause de leur fertilité: Mais je puis dire que partout où il s’agit de jardins non situés cans des terrains imbibés d’eau: d’uñe manière régulière, les espèces qui résistent dans mon jardin doivent résister partout sur la Côte d'Azur, ou à uñe altitude comme chez moi, ou même à un niveau plus bas, si l'exposition et l'abri par les mon-- tagnes sont plus favorables que dans mon jardin. Il°est regrettable de voir le très petit nombre d'espèces de Palmiers et d’autrés plantes qui’ se trouvent dans les jardins d'ici, et tous les essais d’acclimatation de nouvelles espèces sont à encourager, ne füt:ce que pour éviter la banalité des plantations, consistant toujours des quelques mêmes espèces. Mais comme 1l est parfaitement possiblé d'introduire dans les jardins de la Côte d'Azur des ‘espèces utiles, pourquoi cela'ne serait-il pas ainsi? Quand notre collègue, M. Ch. Rivière, dans un’très intéressant ouvrage qui vient de paraître (Ch. Rivière et Lecq : Les Cultures du Midi, d'Algérie et de Tunisie) exprime si peu de confiance dans l’utilité des introductions de plantés exû- tiques, il peut avoir raison en tant qu’on ne doit certai- nement pas conseiller aux gens, qui doivent gagner leur vie d'entreprendre des cultures qüi peuvent mal réussir. La mauvaise réussite résulte souvent, d’ailleurs, de causes qui né dépendent pas toujours dü climat : des conditions de cultur$s mal choisies : manque dé débouché des produits encore inconnus du public ; etc. Mais 1l faut toujours se rappeler que bien râres sont ies plantes se cultivant en tel ou tel pays qui n'aient pas 34% _ BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION une origine étrangère, et ce n’est que par les essais de plantes exotiques, les sélections, les hybridations, etc. que le progrès se fait. Aux Etats-Unis, on a si bien compris ceci, que c'est avec un vrai engouement que le Gouver- nement, par ses nombreuses stations expérimentales, et nombre de particuliers, s'occupent de l'introduction et de l’acclimatation d'espèces exotiques. Aucune aide à ces efforts, si modeste qu'elle soit, n’est refusée par le Gou- vernement éclairé, el j'ai moi-même pu contribuer, par l'envoi de graines et de plantes ainsi que par des rensei- gnements divers, aux efforts qui se font aux Etats-Unis. La raison pour laquelle l’acclimateur a si peu de succès en Europe c’est plutôt «l'horreur du nouveau », qui fait Œœue, par exemple, tel produit de toute excellence maïs in- connu ne trouve aucun débouché. Aux Etats-Unis, au contraire, on est plutôt curieux de connaître les produits exotiques. Je vais vous en donner un exemple. Il y a déjà de longues années que, dans notre Bulletin, le Psidium Cattleyanum Sab. à été recommandé pour la Côte d'Azur. Ce Goyavier, exo- tique également aux Etats-Unis, y a pris de suite un grand développement comme culture à cause de son excellent fruit, tant pour manger cru que pour la confiture. Ici, au contraire, ce fruit est presque inconnu (en effet, le plus grand marchand de fruits à Nice auquel j'en ai donné quelques-uns, qu’il a trouvés excellents, ne les avait Ja- mais vus). Et pourtant cette espèce est absolument rus- tique, elle supporte une température de — 5° à 6° cent. et la neige, se contente des terrains les plus pauvres, pro- duit abondamment, presque sans arrosage, et, en donnant à ses cultures des expositions variant du plein Midi au plein Nord, on peut avoir des fruits mürs depuis Juillet- août jusqu'en mars-avril. Que pourrait-on demander de plus à une plante exotique qui a l'avantage d'être à feuilles persistantes et assez ornementale ? Eh bien, j'ai fait mon possible pour introduire cette espèce dans les Jardins de Nice ; mais c'est bier rarement qu'on lui à accordé la faveur d'une petite place. Le Psidium Cattleyanum? n'est pas la seule espèce exctique qui soit dans ce cas, une autre fois je parlerai d'autres arbres fruitiers exotiques. Aujourd'hui, je rarlerai des Palmiers. Tous ceux qui sont cultivés ici sont exotiques, à l'exception peut-être des das. L- LES PALPIERS DE LA COTE D'AZUR 345. Chamaærops humilis L. Comme nous le verrons plus loin, il y à aussi, parmi les Palmiers exotiques, des espèces qui pourraient être de quelque utilité ici. Les amateurs de plantes devenant, il paraît, de plus en plus rares, au moins sur le continent (car en Angleterre ils sont encore assez nombreux) il s'ensuit que le com- merce horticole ne s'occupe plus des espèces dites de collection, mais seulement d’un nombre restreint d'espèces de vente courante. Il serait donc à peu près impossible d'en obtenir d’autres, si l'amateur n’était pas aidé par les jardins botaniques. Ceci est heureusement le cas lorsque les essais d’acclimatation sont entrepris d’une façon sé- rieuse. Je dois de la reconnaissance à beaucoup de directeurs ‘de jardins botaniques pour les graines et plantes qu'ils ont bien voulu m'envoyer, surtout que je n'ai pu jusqu’à présent offrir que fort peu de choses en échange, mes plantes étant pour la plupart encore très jeunes et ne pro- duisant pas encore de graines. Mais c’est surtout à M. Georges Poirault et à son prédécesseur feu Ch. Naudin œue je dois de la gratitude ; ces messieurs, directeurs d’un jardin qui a été créé par un amateur, M. Thuret, et qui a été légué à l'Etat, ayant compris l'intérêt qu'il y a à encourager les essais d’acclimatation, ne fût-ce que pour disséminer le plus possible une espèce qui, ne se trouvant que dans un seul jardin, risquerait toujours d'être perdue, les différents climats locaux et les différences de la qualité du sol étant si nombreux, que telle espèce qui résiste dans un jardin ne résisterait peut-être pas dans un autre. A notre époque, où les sciences naturelles ont un grand penchant vers la biologie, les essais d’acclimatation de- viennent particulièrement intéressants. Les deux autres jardins importants du littoral ont encore été créés par des amateurs : le célèbre jardin de Sir TR. Hanbury, à La Mortola, Italie, et l’importante collection de plantes grasses constituée par notre collègue, M. Ro- land-Gosselin, à Villefranche-sur-Mer, près de Nice. Ce dernier jardin a déjà fourni de précieux matériaux d’études scientifiques contribuant à la classification plus correcte. de certaines Cactées, ainsi qu’à des observations des plus utiles sur la valeur alimentaire ou autre des plantes dites grasses. Tout dernièrement M. Alain Berger a publié une su BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION révision du genré Cereus, basée entièrement sur les obser- vations qu'il a pu faire dans le jardin de Sir Th: Hanbury, dont il est directeur. Quand on saït combien il est difficile de* constituer ‘uns herbier de Cactées pouvant servir’ aux études, et combien leurs fleurs sont éphémères, on com: prend la valeur scientifique d'aussi importantes collections d'amateurs: Je nômmerai ici encore notre collègue, M? H: Morel, qui possède; avec des collections de caractère gé- nérak, l’une des colléctions d'Eucalyptus les plus complètes qui existent, qu'il a réunie dans sa propriété « Villa Euca lypta », à:Beyrouth; en Syrie. M. G: Poirault dit dans l’article précité, en ‘parlant des” facteurs qui influencent la résistance d’une plante aùü froid: « ces questions sont encore très obscures ». M. Poi- rault pense, et je crois à juste raison! qu’on sera à même d'augmenter béaucoup la résistance d’une plante par la cultüre dans telle ou telle sorte de terrain pouvant influen- cer la composition du protoplasma. Pourquoi telle plante résisté-t-elle aux gelées et telle autre non? Nous connaissons bon nombre de caractères d'adaptation qui servent aux plantes comme protection contre la séchèresse ; peut-êtré jouent-1ls un rôle contre le froid ? Beaucoup de plantes-qui possèdent une structüre anatomique” analogue, ont une résistance au froid. Il est done bien probable que'c'est dans les qualités du proto- plasma qu'il faut en chercher l'explication. Plusieurs auteurs ont étudié-expérimentalement la question de l'effet de la gelée sur les tissus des plantes, mais elle est encore très obscure. Ce n’est pas toujours le cas qu’une plante trouve dans son habitat naturel des conditions meilleures que partout ailleurs ; loin de là : telle espèce a pu pendant les longues périodes de sa lutte pour l'existence être chas- sée par d’autres et se trouvér actuellement dans des condi- tions. très inférieures, comme climat et sol, à celles qui permettraient son plus grand développement : il est pos- sible aussi que telle espèce, adaptée autrefois à des condi- tions inférieures se trouve actuellement plus favorisée, l'adaptation’ nouvelle de l'espèce n'étant cependant pas encore très complète. Comment s'expliquer autrement qu'une planté, qui ne se trouve à l'état sauvage que dans un climat très châaud, mênie équatorial, résiste comme ic, à Nice, à plusieurs degrés de gelée, sans en souffrir. Las] LES PALMIERS DE LA COTE D'AZUR 347 Je pense ici à certaines espèces de Sabal, genre dont toutes les.espèces sont parfaitement rustiques. S'agirait-t-il peut- être d’un genre qui aurait passé de longues époques dans des climats plus tempérés avant de pénétrer vers les pays à climat équatorial et ayant gardé encore ses qualités de résistance au ‘froid ? Malheureusement pour les Palmiers, les restes fossiles sont si mcomplets, quäl est le plus souvent impossible de déterminer leur affinité avec les espèces actuelles. Ne serait-il pas possible que es Sabal ou leurs ancêtres aient vécu, pendant l'époque tertiaire, dans -des climats circumpolaires, alors tempérés, et se soient retirés en Amérique, et que les espèces, qui maintenant se rencon- trent dans les pays à climat.équatorial, soient issues d’an- cêtres qui vivaient autrefois dans des chmats tempérés? Di :tel était le cas, la remarquable rusticité de ‘ous les Sabal serait explhicable. Mais ces questions sont encore très obscures «et les sur- prises de l'aeclimatation assez fréquentes, hélas ! pour qu'on ne doive trop conclure à la résistance :ou à la non résistance de telle ou telle espèce. Il n'y a qu'à.essayer.:et même un peu au hasard. Dans les notes qui suivent, on verra combien cette ma- nière de procéder est surtout justifiée par le résultat. J'indiquerai les Palmiers que j'ai essayés dans mon Jar- din, en donnant les résultats et:en suivant la classification employée dans la Monographie des Palmiers, par H. Baïl- lon, Paris, 1895. (A suivre.) HISTOIRE DE GOUNDAM (1) LES DIFFÉRENTES DOMINATIONS QUI S'Y SONT SUCCÉDÉES MŒURS, FAUNE, ETC. Par M. GIRARD (2) Il serait inexact de dire que semblable aux villes heu- reuses, Goundam n'a pas d'histoire, mais éclipsée par Tombouctou, sa riche voisine, elle n’a pas trouvé d'’his- torien. : Les origines de Goundam se perdent dans la nuit des temps, elles sont antérieures à la conquête marocaine, peut-être même à la domination Songhay. Pour retrouver la trace des quelques faits importants qui se sont passés à Goundam, pour avoir une idée exacte de son état sous les différentes dominations qui se sont succédées, il a fallu puiser à des sources aussi incertaines que variées, tels que légende, récits de vieillards, chants populaires, etc., etc. La première partie pêche donc au point de vue historique, quoique contrôlée par tous les moyens possibles. | Voici ce qu’en rapporte la légende : « Chassée de la maison paternelle, à la suite d'aventure « d'amour, Fatouma Méllinké, fille d’un chef du pays de « Melli, parvint, après de longues marches, jusqu’au pied « des montagnes de Bankoré ; là elle dut s'arrêter : c'était « l’époque des hautes eaux, l’inondation recouvrait tout « le terrain avoisinant ; de l'emplacement de la ville ac- « tuelle, on n'apercevait qu’un îlot formé par une dune « sablonneuse. « Fatouma établit son campement à Bankoré, sur les « bords de la mare, et vécut là quelque temps avec Fati- « mata Bouda, femme de son forgeron, et une jeune cap- « tive qui l’avaient accompagnée dans sa fuite. « Bientôt, poussés on se sait par quel hasard, arrivèrent « successivement dans le pays deux hommes de race « noire : Nari et Turbany. Ils vinrent camper près des « fugitives et décidèrent avec Fatimata de vivre ensemble « désormais et de fonder un village. « L'emplacement choisi fut la grande dune émergeant s (1) Goundam est situé à 75 kilomètres environ au sud-ouest de Tombouctou. AS (2) Conférence faite à la Séance de la section de colonisation du 23 Avril 1906. HISTOIRE DE GOUNDAM 349 « des eaux, où venaient parfois aborder des somonos (pé- « cheurs) en quête d'Hippopotames. « Ces somonos, que l’on voyait à l’œuvre de grand ma- « tin, furent bientôt désignés sous le nom de Goun-da-dy « (qui signifie parti de bonne heure), puis la dune prit leur « nom, d'où Goundam. » L'existence du grand empire Songhay a laissé le sou- venir d’une période très prospère. Goundam et ses envi- rons comptaient beaucoup plus d'habitants que mainte- nant. Il y avait le long du marigot de Goundam et sur les rives du Télé et Fati de nombreux villages, aujour- d’hui disparus. Une grande ville, fondée par le fils d'un roi chassé de Gao, s'élevait non loin de l'emplacement ac- tuel de Tendirma. Les ruines d’une grande quantité de villages prouvent que le pays était autrefois très peuplé. Ces Tumili, hauts parfois de 10 à 12 mètres, consistent en un amas de terre où l’on trouve d'anciens murs en banco (1), des cendres, des débris de poterie et des ossements humains. Des fouilles entreprises à Tendirma en mars 1896 firent dé- couvrir des bijoux, des poteries et divers objets d’une forme inusitée de nos jours. : On rapporte aussi, mais sans preuves suffisantes, que Sin, ancien roi Songhay, en faisant creuser plusieurs ca- naux ävait établi des communications régulières entre le Niger et le lac Télé. Plusieurs expéditions furent nécessaires aux Marocains pour triompher définitivement de l'empire Shongay (xvI° siècle). On fait remonter à cette époque la fondation du village de Godio, dont les chefs actuels, de pure race arabe, assurent en effet que leurs aïeux sont bien venus du Maroc et se prétendent en même temps une parenté avec les Maures Bracnas. Cette race s’est perpétuée jusqu’à nos jours dans la per- sonne de Amadou Bokar Kassoun, Alidji Amadou et Bou- bakar Amar, qui prirent le titre de Harma. Mais des di- visions intestines survinrent et la ruine de cette domi- nation ne tarda pas à être complète dans cette région ; vinrent alors les Saracolets, qui s’établirent sur les rives du Télé et du Faguibine, puis les Foulbés (Peulhs), qui créèrent un village à Raz-el-ma, et qui s’établirent solide- (1) Argile. 350 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ :D'ACCLIMATATION ment:dans la région de ‘Goundam :et formèrent la tribu du Tioki. Mais «es trois races différentes ne :tardèrent pas à en- trer en discorde ; c'est alors qu'apparaissent les Touaregs qui, à da faveur de :ces disputes, pillent ces villages :sans aucune défense. Toute la rive Est du Télé:et la rive Nord du Faguibme sont ravagées et deviennent un désert. Les habitants de ces localités passent le Niger ou se réfugient dans les centres, et les villages de Farasch, Razel-el-ma disparaissent. Enhardis par ce suceès, les Touaregs, conduits par Gi- rim, s'en prennent bientôt aux villes, les Harmas, sans liens «entre «eux, sont obligés de se soumettre, ils conser- vent le commandement de ces villages, maïs à condition de payer l'impôt. Tombouctou ‘et Goundam subissent le sort commun, la misère du pays «est grande et augmente d'année en année, jusqu'à l'arrivée des Peulhs (1826). C'est sous la domination des Peulhs que :se fait la con- quête-:du Haoussa et que les Tenguériguifs s'enfuient jus- qu'à Bamha. C'est également à cette époque qu'a Heu dla révolte des fumeurs, occasionnée par l'interdiction &e fumer. En 1840, les Touaregs redevenaient menaçants, Bou- bakar Goral, chef de (Goundam, fatigué de leurs ineur- sions marcha contre eux et fut'tué, la défaite fut complète, privés de leur chef, les Peulhs, malgré leur grande ibra- voure, perdirent le terrain et se retirèrent dans la partie Ouest de la ville. De 4840 à 1845, Île pays fut agité. A cette date, Amadou Cheikou, devenu chef de la ville de ‘Goundam, se concilia les débris des armées Peulhs’et Touaregs, rassura les -es- prits et commanda le pays pendant dix ans. Ahmadou Mohamadou lui succéda pendant meuf ans (1855-1864) ; sous ‘son commandement, la paix régna dans ses ‘états. El Hadj Omar lui succéda, mais ne put entretenw une paix durable, il tourne ses forces vers l'Est. Il battrt, à Saia, Ahmadou Mohamadou, son prédécesseur, qui s'était constitué un parti ; dans la même journée, ce dernier ‘fut fait prisonnier et emmené en captivité jusqu'à Jaouro, où il disparut, assassiné sans doute par ses gardiens. Désireux de mettre un terme à cette nouvelle guerre qui prenait une si sanglante tournure, un accord fut pro- HISTOIRE DU: GOUNDAM!" 351 posé: au chef des Tenguériguifs qui l'aecepta. Cet arran- gement dura jusqu'au temps de Môhamet Arouab, qui commandait lors de l’arrivée dés Français. Dans l'intervalle qui s'écoula entre: le gouvernement d'Arouab et l’arrivée des Français, le-pays de Goundam ne fut: troublé: que par: une expédition contre Vieux-Wiré et Niambourgou. La domination touareg, à elle seule, était une calamité publique, maîtres du pays, les Tengué- riguifs ne mirent plus: de bornes à leurs exigences : vête- ments, bestiaux, grains, sous couleur d'impôt, étaient perçus: à leurs fantaisies. On assure même que le ven- dredi, certains d’entre eux attendaient les fidèles à la porte: de la mosquée: pour les dépouiller de leurs vête- ments: Un individu, autre qu’un des leurs, avait-il un joli bracelet, ils lux enlevaient, si le bracelet ne pouvait sortrr, ce pauvre-individu avait le bras coupé, ef certains indi- gènes:qui ont encore cette période présente à la mémoire, assurent'que l'impôt rendaït le pays plus pauvre qu’il ne l'avait été pendant tout le temps dés guerres passées. Pendant cette période d'environ trente années, plusieurs émirs.se succédèrent dans le pays de Goundam: Ce furent, dans l’ordre chronologique : Omar Amadou (1869-1872), son administration. fut at- tristée par une:grande épidémie de variole dont beaucoup : de: personnes moururenf. Alidji Ahmadou (1872-1876). Cheikou Alkaïr (1876-1879), sous son commandement 1l y eut des inondations considérables, les Daounas furent remplis. Alidji Ahmadou (1879-1882), revint au pouvoir pour la deuxième fois ; interrogés sur le passage de Lenz dans la région, les habitants d’un certain âge disent qu'ils enten- dirent parler de l’arrivée d’un blanc à Tombouctou, mais on croyait que c'était un Chemfigs, ce n’est que par la suite qu'ils surent que c'était un européen ; Bokar Amar (1882-1896), son administration fut mar- quée par plusieurs événements importants : le passage de la canonnière Niger (1887), la grande épizoote de charbon de 1892, et l'occupation de Goundam par les Français, en 189. À cette date. les divisions intestines n’existaient plus, toutes les tribus s'étaient ralliées pour nous combattre. 902 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION L'affaire de Tacoubao (14 janvier 1894) remplit d'orgueil les Tenguériguifs, et ce fut par leurs vanteries que Goun- dam en apprit la triste nouvelle, ils ne parlaient rien moins que d’exterminer les Français, mais l'approche de la colonne Joffre les dispersa. Le 5 mars 1894, Goundam fut occupé militairement. Dès le lendémain de son arrivée, le capitaine chargé de l'occupation fit commencer les travaux d'installation du poste. Les Français furent reçus à Goundam comme des libérateurs, au surplus, dès le premier jour, le comman- dant français eut à exercer sa charité envers les malheu- reux habitants, il leur confia là garde du troupeau de prise ei leur permit, pendant trois Jours, de tuer autant de moutons qu'il leur serait nécessaire. Pour la première fois depuis bien longtemps beaucoup de gens purent se rassasier, car les Tenguériguifs avaient fout pris. Dans le cours de l’année, des reconnaissances fouillè- rent toute la région et livrèrent plusieurs combats : à Banni, Farasch, Emmemella. Le sort dé Ngouna, chef des Kel Antassars, qui tenait toujours la campagne, fut réglé, et la création d’un poste militaire à Raz-el-ma fut décidé, ainsi qu’à Sumpi. A cette date, il ne restait plus guère qu'à administrer la région, tout en surveillant assez étroitement Ngouna. La situation militaire était excellente, mais les esprits n'étaient pas encore très rassurés, la sécurité sur les routes n’était pas encore complète pour les isolés, d'autre part, se croyant à l’abri de toute répression parce qu'ils habitaient le territoire d'Aguibou, les Bellahs (captiïs de nomades) et les Peulhs de la rive droite, ne se faisaient pas faute de piller le long du fleuve, et même de passer le Niger. Enfin, le voyage du lieutenant-gouverneur dans la région Nord (février 1896) contribua dans une large mesure à ramener la confiance parmi les populations et les reconnaissances cessèrent, mais, de temps à autre, quelques tournées de police eurent lieu. Mettant à profit la tranquillité du pays, des travaux furent entrepris ; c'est ainsi qu'un jardin d'essais fut créé à Goundam, un haras à Saraféré. Le lieutenant Vauthier, appelé au commandement du poste de Goundam reçut des crédits pour essai de fabrication de farine avec le Blé du pays, et on ouvrit une école enfantine. Tous ies émigrés HISTOIRE DE GOUNDANM 353 furent rappelés et les villages qui avaient été presque complétement abandonnés furent repeuplés. Un village dit « village de liberté » fut construit par des esclaves échappés de chez leur maître, à proximité des postes de Goundam et Raz-el-ma. Le recensement des 40 villages du cercle eut lieu, et un rôle d'impôts fut établi. Tous les éléments topogra- phiques, levés au cours des différentes reconnaissances, furent rassemblés et la carte du cercle fut dressée. La première partie de cette notice avant l'occupation française, pêche au point de vue de l'exactitude histo- rique, quoique contrôlée par tous les moyens possibles, et il m'a été très difficile d'obtenir des indigènes des ren- seisnements plus précis. La partie qui va suivre est exacte, car ayant été pendant 34 mois à Goundam, J'ai Jjournellement contrôlé ces ren- seignements. Le sol de la région de Goundam est, en général, argilo- sablonneux, cette région est relativement accidentée au- près des autres contrées. Le terrain presque plat de Tom- bouctou se ride de dunes de plus en plus élevées au fur et à mesure que l’on approche de la région des lacs. Les dunes mouvantes poussées sans cesse par le vent du Nord- Est sont orientées généralement Nord-Sud. Elles sont brusquement arrêtées par la puissante dune rocheuse de Bankoré et Farasch, au nord de Goundam, et par celle de Fati, au sud, et celle du Horo, à l’ouest. Ces dunes ro- cheuses sont hautes parfois de 150 à 180 mètres et s'oppo- sent heureusement à l'envahissement des lacs par les sables. Goundam est arrosé à la période des hautes eaux par les déversoirs du Niger qui, grossi par les pluies de juillet, août et septembre, s’élance en flots bouillonnants dans la région sud, mais cet élan se brise dès qu'il atteint les plaines basses et les dépressions de la région nord. À hauteur du pays de Goundam, en décembre et Jan- vier, le lit du Niger est large de plusieurs kilomètres et forme une nappe d’eau immense et majestueuse ; les plaines basses du Kiïlli et du Kissou sont inondées et une partie de son débit se déverse par les chenaux de Bankani et Tendirma dans le lac Horo et Fati et par les marigots 35% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION de Koundi et Dongoï dans les lacs Télé et Faguibine, dont l’ensemble forme une véritable mer intérieure. La grande dépression des Daounas, citée ici pour mé- -moire, n'a.pas été remplie depuis 4896, par suite du seuil élevé existant à la pointe sud-est du lac Faguibine, mais cette dépression se remplit les années de grandes inon- dations, tous les dix ans environ. Le mouvement ascensionnel des eaux a lieu de dé- cembre à février. De février à mai, le contraire se produit, et ce sont les lacs qui, à leur tour, se déversent dans le Niger. Ce mouvement rétrograde a lieu jusqu'au moment où le seuil des Dongoï est mis à jour, à partir de cette date, l’eau ne passant plus forme des mares où l’eau stagnante devient verdâtre après plusieurs mois de stag- nation, c’est cette même eau que les européens sont obligés de boïre pendant la saison sèche. ‘Ha heu de distinguer deux saisons bien distinctes : la saison sèche et la saison des pluies, ou plutôt la saison -chaude:et la saison -d'hivernage. ; ‘Dans ‘le Haut-Sénégal, la saison chaude de mai à ‘oc- tobre ;et:qui est également la saison des pluies, est carac- “térisée par de fortes chaleurs atfeignant parfois 60 degrés -centigrades. La plus forte température relevée à Goun- dam, pendant l’année 1905, fut de 58 degrés centigrades ‘à l'ombre, et l'appareil placé dans un courant d’air. Celle- sci s'annonce par des chaleurs accablantes et bientôt par des tornades, orages violents constitués par un tourbillon impétueux qui se meut du Nord-Est-Est et se dirige ‘au -Quest-Ouest en passant parfois un peu Ouest-1/4- Ouest. Ces tornades sont analogues aux cyclones dont ils possè- dent les caractères de violence. Il tombe alors des pluies qui transforment les :moin- dres ruisseaux en torrents, pour déborder, les affluents des fleuves élèvent ceux-ci au niveau de leurs berges et toutes. les vallées et les bas terrains sont submergés. On conçoit qu'avec un pareil régime de crues-et d’inondations qu'on a comparé avec juste raison au régime du Nil, le Soudan, de même que toute la Sénégambie, soit une terre vouée au paludisme. C'est une période très fatigante pour l’'européen, par suite de la sécheresse de l'air. (A suivre.) EE EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 1* SECTION. — MAMMIFÈRES SOUS-SECTION D'ÉTUDES CAPRINES SÉANCE DU 235 MAI 1906 PREsIpExCE DE M: LE COMTE D'ORFEUIILLE Le procès-verbal de la ‘précédente réunion est lu et adopié sans observation. M. Verrier donne à la Section quelques indications sur la facon d'établir un livre des origines et insiste sur l'utilité de bien pré: eiser les caractères de race et de s’en tenir rigoureusement aux préceptes arrétés pour l'admission à l'inscription des animaux proposés. Il cite comme modèle des registres de ce genre celui ouvert à:la race dés Chiens bassets: M: Debreuil fait remarquer que les standarts de Chiens de race ont été, primitivement: l’œuvre de la Société Nationale d'Acclinra- tation qui a, à son acquis. denombreusesinitiatives decette nature qui ont donné depuis les plus heureux résultats: M. Crepin est invité à faire connaître sen avis'sur les races que l'en pourrait dès nrainténant eataloguer. Le Secrétaire délaSeetion pense que: la: race à inscrire en tout premier lieu devrait être la race alpine, qui constitue la plus produetive parmi: toutes nos races ixdigènes: IFest d'autant plusiurgemt d'en préciser lés carac- tèreset'les facultés, que des intérêts de clocher ont déjà cherché à faire-valoir'et à différencier comme races, des variétés alpines qui ne se-distinguernit que par le poil ou: l'absence fortuite de cornes: alors qu'en réalité toutes ces variétés appartiennent à un seuk et mème type morphologique:en possession de qualités et de-facultés absolument identiques. Les races aujourd'hui connues et déterminées sont: outre l' Alpine: la: Sebwartzhals du. Haut-Valais. la Maltaise. la: Murcie; la: Mam- brine, la Nubienne. la: Pyrénéenne: la Chèvre- du Massif centrak la.Chèvre naine-et l'Angora. D'autres races ont été décrites comme la: Thibétaine, la Chèvre mamre. læ Chèvre du Fouta:Djalon, l'Aoussa de Sokoto, ete., mais- les animaux. de ces races ne sont pas assez répandus em France pour qu'il y ait intérét.à s'occuper de leur amélioration: Ea question de la participation de la Section caprine à l’expositioæ que la Société Nationale d'Aviculture doit organiser aux serres de la: Ville. de Paris-en novembre prochain, est. soulevée à: nouveau. mais. M: Layer déclare n'étre pas encore en mesure de renseigaer 356 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATIO X la Section à ce sujet: il se mettra dans la suite, et après les demandes nécessaires auprès des organisateurs de l'exposition avicole, en rapport avec Mme Valois, MM. Tolet et Crepin pour rechercher le moyen de réaliser ce projet d'exposition caprine. M. Courtet a la parole pour développer auprès des membres de la Section ses idées sur l’utilisation de la Chèvre comme bête de boucherie. Dans ses lointaines explorations à travers l'Afrique, M. Courtet a eu l'occasion de consommer très fréquemment de la viande de Chèvre. Il affirme que cette viande, lorsqu'elle provient d'un animal dans la force de l’âge n'est absolument en rien infé- rieure à la chair du Mouton. Pendant son séjour au Sénégal, son cuisinier, lorsqu'il se rendait au marché, n'attacbait pas la moindre importance à acheter plutôt une côtelette de Mouton qu'une côte- lette de Chèvre, la saveur et l'aspect des deux viandes étant identiques. Même ressemblance existe entre un gigot de Chèvre et un gigot de Mouton. Du reste des banquels ont été organisés, il y a quelque trente ans, chez Chevet, au Palais Royal, et au Palace Hôtel à Londres, pour faire goùter aux convives de la viande de Chèvre accomodée de différentes façons et démontrer que cette viande vaut à tous égards celle du meilleur Agneau. Tout le monde sait d'ailleurs les succès qu'obtient partout la chair de Chevreau, et tout le monde sait également l'usage que l'on fait de la viande de Chèvre dans certains départements de France où la Chèvre forme encore de nombreux troupeaux. Les Arabes donnent nettement leur préférence à la chair de Chèvre sur celle du Mouton. Il en est de même chez les Hindous et chez certains peuples asiatiques qui savent apprécier en gourmets les plaisirs de la table. Nous ne citerons pas l'usage de viande de Chèvre que font sur une grande échelle les peuplades du centre de l'Afrique, car celles-ci sont suspectes de s'accommoder souvent d'autres mets auxquels nous nous refuserions énergiquement de goûter. L'intérêt que M. Courtet verrait à répandre la viande de Chèvre repose surtout sur l’idée de fournir au public, et notamment aux dyspeptiques auxquels on ordonne des viandes crues, une chair exempte de toute tuberculose. Cet usage aura au-si pour avantage de mettre en vogue la Chèvre qu'on recherche moins comme laitière, parce qu'après lactation elle trouve difficilement son écou- lement en boucherie. On est bien arrivé à habituer le public à manger du Cheval, pourquoi ne l’amênerait-on pas, à plus forte raison, à consommer de la Chèvre qui n'estrien plus qu'absolument appétissante par sa recherche de propreté et le soin qu'elle met à écarter de sa bouche tout ce qui a seulement l'apparence d'être avarié. On remarque à Paris que dès l'apparition dans certaines grandes épiceries d'un rayon de comestibles nouveaux tous les autres épiciers PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 397 s'empressent d'imiter le confrère quitient la vogue. Ne pourrait-on pas s'entendre avec une maison importante pour qu'elle ouvre à la suite de son étal de boucherie une section spéciale de viande pour les personnes qui désirent se nourrir impunément de viande crue ; celles-ci trouveraient dans ce rayon, des gigots non de Chèvre (le nom efiraierait) mais de Chevreau. Chevreau, Chevreuil, les deux mots ont de l'affinité, et le public parisien qui consomme, avec plaisir et recherche 150.000 Chevreaux par an, se risquerait à goûter le gigot caprin et le trouverait parfait. Du coup tous les épiciers vendraient de la Chèvre et celle-ci, une fois bête de boucherie, deviendrait aussi courante à la ferme comme ailleurs que ne l’est la vache, et le lait de Chèvre lui-même entrerait de ce fait dans læ consommation courante pour le plus grand bien de la santé publique et surtout de l'hygiène de l'enfance. M. Crepin présente quelques observations au sujet de l'élevage de la Chèvre. Il reconnait que, pour obtenir des Cheyreaux bien développés, il n'y a pas mieux que la méthode naturelle qui con- siste à faire téter les jeunes animaux au pis de la mère, mais il condamne comme funeste à la lactation le maintien des biquets auprès de leur mère. Les jeunes bêtes, dans ces conditions, sont constamment après la mameile, empêchant le lait de s'y amasser et fatiguent la glande mammaire par une succion continuelle. Il est reconnu qu'une Chèvre qui vit à côté de ses petits ne donne que le lait nécessaire à leurs besoins. Elle tarit dès que les Chevreaux peuvent se passer de lait. Il en est tout autrement d’une laitière qui recoit ses petits à des heures régulières. L'appareil lactogène se déve- loppe alors sous la poussée du lait et l’uniformité régulière de la traite par mulsion manuelle susbstitue la force de l'habitude à l'impulsion de l'instinct. La bête continue à donner automatique- ment un lait abondant que depuis longtemps ne réclame plus le Chevreau. On voit des lactations qui se prolongent de la sorte pen- dant plusieurs années sans amener de fatigue pour la laitière dont l'appétit se maintient en conséquence. Ce n’est qu'en observant cette règle qui est d'ailleurs celle suivie pour la Vache, quel'on obtient les grands rendements accusés par les éleveurs professionnels de la Chèvre. Le Secrétaire, J. CREPIN. 358 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION 4° SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 12 MARS 1906 PRÉSIDENCE DE M. CLÉMENT, PRÉSIDENT. M. Royer, secrétaire, s'exeuse de ne pouvoir assister: à la séanée. Le procès-verbal de la précédènte séance est lu et adopté. M: R..Le Fort donne lectnre d'une: note sur: les luttés fréquentes qui ontlieu, en Sologne, entre les DindonsetlesSerpents. Cette rote sera insérée-au Bulletin. M: le-Bibliothécaire présente les'ouvrages suivants: 1° plusieurs notes: sur l’éclosiondu Calliphora cœæsar, sur le rôle de l'ampoule frontale des Muscidés, sur: dés variétés nouvelles d'Eurydema:oleraceum; sur l'habitat des Spathocer@ par M: Maurice Royer. 2 une série d’artielés de M: Gadeau de Kerville sur les: Insectes odontes de la: Normandie;.et du: même auteur une notice’sur les: fonctions. dé la: pince. des Insectes: orthoptèreside la: famiHé-des Forficulidés; ainsi: qu'un travail sur la présence dans les-cavernes: du Triphasa dubitatw et du Scoléopteryx. M..le Président: lait une communication sur: les divers: procédés usités tant .en:Fraïnce qu'en Amérique pour la produetion-d’Abeïilles- rcines. M: Clément promet une note sur ce sujêt. M: Mailles pro pose ‘de comsacrer:la dernièré séanee de la: session: à la visite dés collections: d'Insectes utiles! ou nuisibles dw Muséum; cette! propo= sition est-adoptée. M: Loyer prie la Section dé: mettre’ à l'étude un projet: de 'créa- tiou-d'un jardin d'expériences: par l'étude destmœurs et'de l'accli+ matation des Insectes utiles, ainsi que des moyens à employér'pouir! la-déstruction-des Insectes-nuisibles. Par lé Secrétaire empéché, L'ABBÉ FOUCHER. EXTRAITS ET ANALYSES - SUR LA BERNACHE DES ÎLES SANDWICH PAR F.:BLauw Je, désire vous donner quelques détails sur mon élevage de -Bernaches des iles Sandwich. On.se rappellera qu'après avoir réussi à réunir un couple de çes Oiseaux il y,a.deux ans à présent, j'en ai obtenu,la reproduction.La -Premiére année, j'ai eu deux jeunes, mâle et femelle, qui.se sont . parfaitement élevés. -La,seconde année le couple reproducteur m'adonné cinq jeunes sdont malheureusement trois sont morts quand.ils : avaient à peu “près lasmoitié de.la taille des adultes. Les deux (liseaux élevés éfaient mâle et femelle. La troisième .Anaée.était une année néfaste pour mon élevage de Bernaches des ‘iles Sandwich. Au. moment de la ponte le mâle reproducteur tombe malade et, meurt sans avoir pu féconder les.œufs que la «femelle pondit après sa mort. : Peu de.temps après le. mâle de la seconde paire élevée chez moi fut tué par.une Grue blanche de l'Inde. Al,me restait.donc. la vieille femelle, plus.deux jeunes femelles .et.un jeune mâle. J'ai réuni celui-ci à la vielle femelle .reproduc- trice et au printemps dernier ce couple m'a donné six œufs qui ont donné naissance à six jeunes qui se sont tous élevés. .Ayantatteint la:taille. des adultes un de ces six jeunes est mort .Subitement. Les cinq autres viennent de passer, ou à.peu près la mue du.plumage des jeunes à celui de l’âge adulte. Ce ;sont trois mâles et deux femelles. Je possède donc en ce moment, neuf Oiseaux de cette espèce dont quatre mâles et cinq femelles. J'ai obtenu ce printemps une reproduction assez digne d'intérêt c'est-à-dire celle de la Grue à cou blanc (Anthropoîdes leucauchen) d'Asie. Ces Oiseaux, en liberté dans un jardin clôturé muni d'une petite pièce d’eau ont fait une ponte de deux œufs qui sont éclos tous les deux. Les jeunes grandissent à vue d'œil et ont huit semaines à présent. Ils ont les deux tiers de la taille des adultes et sont couverts d'un plumage brun mélé de gris cendré. J'ai tout espoir de les élever complètement. Je me propose de vous donner plus tard tous les détails sur cet élevage quioffre plusieurs points de haut intérêt. ‘360 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION SUR L'INCUBATION DES OEUFS FÉLÉS par M. E. Mezin Je me permets de signaler ici un résultat heureux et imprévu dans mes élevages dont la connaissance pourra à l'occasion être utile à mes collègues. Voici le fait; j'avais dans une vaste volière, munie de cases nombreuses et spacieuses deux couples de pigeons, un de Montauban rouges et l’autre de Montauban noirs, dont l'humeur batailleuse ne leur permettait aucune reproduction. Il y a quelques temps, j'assistais à une de ces batailles qui se livrait pour la possession d’un nid, recherché par la femelle rouge et résolus de mettre fin à la querelle et d'en empêcher le retour en isolant les deux couples. J'avais un parquet à volailles qui était libre et y installais de suite le couple Montauban rouge, mettant dans la cabane un nid en poterie dans chaque angle du fond. Ces nids étaient à peine posés que la femelle prit possession d'un et y pondit rapidement un œuf, qui tombant sur le nid non garni de paille, se féla et eut le gros bout tout craquelé; je considérais cet œuf comme sans valeur, mais le laissais néanmoins dans le nid (que je venais de garnir de paille hachée), ne voulant pas déranger la femelle pour sa deuxième ponte et me proposant de surveiller cet œuf et de l’en- lever avant que sa putréfaction soit trop avancée. La deuxième ponte eut lieu le lendemain et le couple couva d’une facon parfaite, je donnais un coup d'œil au nid au moment de la relève, et fis le mirage des œufs le huitième jour, comptant trouver l'œuf félé en décomposition; à ma grande surprise il n'en fut rien, le germe de cet œuf se développait normalement et au terme ordinaire, j'ai obtenu deux superbes Pigeons, qui aujourd'hui sont comme père et mère. Comme conclusion, j'estime que pour des œufs précieux, la coquille serait-elle fendue, on doit en faire l’incubation, car il peut se faire que la pellicule n'ait pas souflert et dans ce cas on obtiendra éclosion tout aussi bien qu'avec un œuf intact. Peut-être que pareille observation a déjà été faite, pour moi elle est nouvelle, et c'est comme telle que nous en donne communi- cation. FRET PERS" En Parts impress n des tirages à part des articles publiés dans le Bulletin 1e 100 Au-dessus de 100 exemplaires exemplaires | exemplaires HOME Ie enter A MAROC ER RE RCE ne 7.50 9.50 0.05 ROSAQUA SALES ele RE ARR ARRET enr 7.50 9.50 0.05 “Une demi-feuille................ (A ARS A AIME De NE EmEes 4.50 6 » 0.05 Bilusreurs feuilles, la-feuille. 2.1... 4420... 7.50 9.50 0.05 Le tout sous couverture du Bulletin de la Société Nota. — Les auteurs de notes ou de mémoires insérés dans le Bulletin et contenant au moins un uart de feuille, peuvent obtenir la remise gratuite de quatre épreuves de ces communications, en en Maisant au Secrétariat la demande avant l'impression. (Extrait du règlement administratif, janvier 1906, - ch. vit, art. 61.) … Les membres de la Société qui désirent obtenir des cheptels sont priés d'adresser au Secrétariat, 3 rue de Bufton, la liste des animaux dont ils sont disposés à tenter l'élevage; les cheptels seront onsentis, après examen de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à “mesure des disponibilités. ; Le Bibliothécaire-archiviste prie ceux d'entre ses collègues qui posséderaient n double le numéro de Décembre 1897 du Bulletin, de bien vouloir le lui envoyer, fin qu'il puisse compléter la collection de la deuxième série du Bulletin déposé à la ibliothèque de la Société. OFFRES Mâle Paon nigripennis, 2 ans, superbe, fa- D millier... SORT ER CE ONE D AE) 60 fr. #1 couple Piseons, tambours de Boukharie, BR papillotiés le couple.-..:...:.......... 50 » [1 couple Pigeons, étourneaux............. 10 » _— — diamanté, de Syrie..... 20 » LL — — frisé, bleu, allemand... 20 » D — — séragée, bleu........... 20 » LA male, pigeon, queue de bleu, extra, D plumes CU... 45 » “i couple Colombes turvert..... RAA 20 » F Æ — amants 20 » M, — — ANRT TN RAC OM 0e 8 » 1 — de Buenos-Ayres..... 9 » “M: Louis RELAVE, manufacturier à Lyon-Vaise, (Rhône). Mâle Cerf muntjac, tres joli, bon reproducteur. M: BIZERAVY, Jagueneau, près Saumur. Miles Elliot, Temminck, couples Ambherst, —_Swinhoé, Perruches à croupion rouge, Pigeons …. tambours de Boukharie, tous de 1905. M. de BONNAL, Montgaillard (Hautes-Pyrénées). …_iablissements modeles d’Arcisse et des Sources, pres Nogent-le-Rotrou et d’Hébecourt près Gisors. 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RP PP PP PP PL PPPP PPS CHESNIER, Imprimeur, 28, Rue Dussonbs — PARIS: | BULLETIN DE LA É NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) mo rrrre 52° ANNÉE DÉCEMBRE 1906 | SOMMAIRE 2 de Po oaton Co NES RE EU 361 ENT OTIGNIEN TBE RCE Mn RS RNA ale ral de ie acte la eeree 369 OBERTSON PROSCHOWSKI. — Les Palmiers de la Côte d'Azur, leur nées ne au froid. 367 S. — Le Réseau Algérien de la Compagnie P.-L.-M. au Concours général agricole rats de DO ses RE RER RO EN OR EEE ERP VA AOC IS 376 MRID. — Histoire de Goundam, les différentes re qui s’y sont succédées, mœurs, me, etc .......... AR URI EPA AS ARE SU NL PB AU RS HE TO RE te Aa 380 Extraits et Analyses ë BOT. — Le commerce des fourrures à Londres.............,.......................... 389 13 SJ # Bibliographie OurrET. - ODA DToduC On ChevAlIne En RrANnCE. 25 RM ee en are cet aielele shall clloishe ee 391 ëides HRAMÈMESs 0 à 08 CODEN RTE PRES RER A PDA EN A SE 393 Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le bulletin é Un numéro 2 francs; pour les Membres de la Société 1 fr. 50 ci AU SIÈGE SOCIAL DLA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 6 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), Paris Le Builetin paraît tous les mois. MOYENS DE COMMUNICATIONS Opolitain : Station Gare d'Orléans Omnibus > Charonne-Place d'Italie .......... Place Walhubert. GARE GE on. RCA Place Walhubert Porte d'Ivry-Bastille.............. — D 1j Genres laeniien Fi Boulevard Saint-Marcel-Notre-Dame-de-Lorette. Rue Linné Square des Batignolles-Jardin des Plantes (r. Geoffroy-St-Hilaire). L Bateaux-Parisiens Orléans-Gare du Nord..... Ponton d'Austerlitz (rive gauche) sms ss se BAISE , Ra: Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société el personnes qui désireraient l'entretenir, qu'il se tent à leur disposition, au siège la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. SCIÉTÉ NATIONALE DACCUNATATION DE FRANCEN Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON. — PARIS BUREAU ET CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1906 Président, M. Edmond PerRIER, membre de l’Académie des Sciences -et de l’Académie de Méded Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 1 MM. Ed. BurEAU, Professeur honoraire de Botanique au Muséum d'Hish naturelle, 24, quai de Béthune, Paris. 4 Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. À Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Siant-Germain, 238, Paris, C. RAVERET-WATTEL, Directeur de la station aquicole du Nid-de-Ver d] 20, rue des Acacias, Paris. Vice-Présidents. Secrétaire général : M. Maurice Lover, 12, rue du Four, Paris. 1 MM. À. BorceoL, 16, rue de Siam, Paris (Ztranger). 4 H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Sal Ses Germain, Paris (Conseil). ï ) G. FroN, Docteur ès sciences, Chef des Travaux botaniques à l'Tnst ] agronomique, 29, rue Madame, Paris (Intérieur). ‘ Ch. DEBREUIL, 25, rue de Chateaudun, Paris (Séances). : M. le D' SeBILLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire : Trésorier M. le Marquis de Foucères, 120, rue Legendre, Paris. Membres du Conseil MM. le D' Raphaël BLancHaArD, Membre de l’Académie de Médecine, professeur à la Faculté Médecine, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. a Comte Raymond de DAzmaAs, 26, rue de Berri, Paris. ù Fe professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, aris. LE MYrE DE VILERS, 3, rue Cambacéres, Paris. : D' LEPRINCE, 62, Rue de la Tour, Paris. | JD 126 MARCHAL, Professeur à l’Institut National Agronomique, Directeur de la Station entol logique de Paris, 80, rue des Toulouses, à Fontenay-aux-Roses: M. Mersev, Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche et de la Piscicu 1 au Ministère de l'Agriculture, 87, boulevard Saint-Michel, Paris. A. MILHE POUTINGON, Directeur de la Revue des Cultures Coloniales, 44, rue de la Chausk d’Antin, Paris. h Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. BUS Bors, assistant au Muséum d'Histo re Naturelle, 15, rue Faidherbe à Saint-Mandé (Seine) M D' E. TROUESSART, Professeur de Zoologie au Muséum d'Histoire naturelle, 20, ruem Belles- Feuilles, Paris. 44 WUIRION, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. 44, rue des Ecol A Dates des Séances générales et des Sections POUR L'ANNÉE 1906 Janvier | Février Mars Avril Mai SÉANCES pu Conseil, le Jeudi à 5 h. . . .| 4 1 4 5 3 8 1° SECTION. — Mammifères, le lundi ASNNEUTÉS SA D INR EVANS ANR eee 6) 5) 2 7 5 2° SECTION. — Ornithologie, 1e lundi AE AP A re BA EU Le En EUR 5 5) 2 7 5 3° SECTION. — Aquiculturs. le lundi ANSRNEUTES 0 ANNE TE NES RE, 12 12 9 14 12 4° SECTION. — Entomologie, le lundi Aa ir) AMEN RE an La a 12 12 9 1% 12 5° SECTION. — Botanique, le lundi à 3 h. 1/2 NEA, MES RS AE FN 22 19 19 23 21 19 6° SEcTION. 2— Colonisation, le lundi à s heures. 22 19 19 23 21 19 L'ÉLEVAGE DU NANDOU (Rhea Americana) EN FRANCE (1). On distingue trois espèces de Nandous, toutes trois origi- naires de l'Amérique du Sud. Le Nandou américain (Rhea americana), le Nandou de Darwin (Rhea Darwini) et le Nandou à long bec (Rhea macrorhyncha). Seul, le Nandou américain a été élevé en France d'une façon suivie. Dès 1855, la Société d’Acclimatation s'est occupée de cet élevage et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire recommandait le . Nandou comme oiseau de boucherie. Un certain nombre de membres de la Société ont tenté cet élevage et tous, soit dans la Haute-Garonne, l'Indre-et-Loire, _ leMaine-et-Loire,la Vienne, l'Eure-et-Loir, la Seine-et-Marne, le Calvados, l'Orne, le Pas-de-Calais, ont parfaitement réussi. Il est actuellement certain que le Nandou est complète- ment acelimaté en France où il se reproduit régulièrement. Il supporte facilement nos hivers, qu'il passe en plein air; il semble même mieux résister au froid qu'à la grande chaleur. Un Nandou est adulte à 3 ans; c'est le mâle qui couve et qui, seul, conduit ses petits; l'incubation dure de 34 à 40 jours. Il est très difficile de reconnaître les sexes, surtout dans le jéune âge. La nourriture consiste en pommes de terre, betteraves coupées, son et verdure. Les Nandous peuvent vivre dans des parquets relativement petits, de 20 mètres de côté par exemple, entourés d'un simple grillage de { m. 20 de haut, mais il est préférable de mettre à leur disposition de grands espaces. _ Sur de vastes pelouses, qu'ils animent de leurs danses et de leurs courses, ils sont très décoratifs. (1) Cette notice a été faite pour répondre au grand nombre de demandes sur le Nandou. Nous souhaitons qu'elle favorise la vulgarisation et l'élevage en grand de cet intéressant oiseau qui n’a été jusqu'ici considéré en France que comme oiseau d'agrément. % N. pe La R. 362 BULLETIN DE LA SOCIËTÉ D'ACCLIMATATION Elevés dans des pâturages clos, au milieu des bestiaux dont ils affectionnent la société, leur entretien ne coûterait presque rien et leurs produits donneraient des bénéfices très appréciables. La chair, en effet, d'un Nandou d'un an — bien soigné — est de bonne qualité, susceptible d'entrer dans l'alimentation, elle tient le milieu, comme goût, entre la viande de dinde et celle du mouton. Il conviendrait de débiter le Nandou comme on fait d'un mouton et de le vendre au détail. Cet oiseau, non seulement n’arrache pas l'herbe à la facon de l’oie, mais, au contraire améliore les prairies, en man- geant beaucoup de mauvaises plantes dédaignées par les autres animaux ; il détruit en outre, un grand nombre d'in- sectes nuisibles. , Ses œufs qui peuvent être comparés aux œufs de poule comme finesse, pèsent de 700 à 900 grammes; c'est-à-dire qu'ils représentent chacun de 12 à 15 œufs de poule. Les plumes servent pour la mode et l'industrie; elles se vendent suivant les cours; il y a quelques annéeselles valaient de 15 à 22 francs le kilog du tout-venant. Aujourd'hui les fluctuations de la mode l'ont portée à 120 francs. ; Sans déparer un oiseau, on peut lui retirer de 3 à 400 gr. de plumes par an. Dans un petit élevage où les oiseaux sont familiers, on les prend facilement et sans les inquiéter on leur arrache les plumes que l'on désire; dans une grande exploitation, il serait bon d'avoir recours à d'autres moyens, comme par exemple le capuchon employé couramment dans les iermes d’autruches. La cueillette se fait vers le mois d'août. L'isolement est insuportable au Nandou; il aime la compa. gnie s'habitue vite à tous lesanimaux etrapidement devient très familier. Il est extrêmement gourmand, il affectionne tout particu- lièrement les fruits et les légumes, et il ne convient pas de le jaisser libre dans un potager. Il boit peu, ne se baigne jamais, et il ne faut pas lui per- mettre l'accès de bassins ou d’étangs à pic. Il aime à se poudrer au soleil et se couvre volontiers de cendres ou de sable fin. F4 4 2 ; W” ÿ » ÉLEVAGE DU NANDOU EN FRANCE 363 Il vit en bonne harmonie avecles poules, canards, oies, etc. mais il avale, parfois, les jeunes. Il n’est pas méchant, seul, parfois le mâle, lorsqu'il est en amour ou qu'il veut défendre ses petits, devient agressif, il n'est jamais bien dangereux. Le Nandou est polygame, il peut féconder de trois à sept femelles. La ponte, en France, commence au mois de mars. Le mäle construit son nid en faisant une excavation dans le sol ; il la tapisse grossièrement de branches mortes, d’un peu de mousse, de feuilles et de plumes. Les femelles pondent autour du nid et, avec son bec et son cou le mâle ramène les œufs sous lui. Il peut, ainsi, en couver une vingtaine. Il se met dessus dès qu'il en a trois ou quatre, mais, en général, l'incubation ne commence que lorsqu'il en a un plus grand nombre. Pour éviter des éclosions successives, la meilleure facon est de marquer deux ou trois œufs et de retirer les autres au fur et à mesure que le mâle les place sous lui. Quand on a en réserve une douzaine d'œufs, on les met, après les avoir marqués, à la place de ceux qu'on avait lais- sés, puis, tous les deux ou trois jours on enlève ceux qui sont nouvellement pondus. En procédant ainsi, l’éclosion se fait régulièrement et, en général, ne dure que trente-quatre jours. On donne aux jeunes Nandous des œufs durs, des petits morceaux de pain, du son et de la verdure coupée. Le mâle à grand soin de ses petits ; il les couche tôt et les lève tard. Les jeunes sont friands d'insectes u’ils attrapent avec beaucoup d'adresse. Il est bon d'écarter les femelles des jeunes : elles distraient le mâle, mangent la nourriture des petits et peuvent, parfois, les tuer. Les jeunes poussent rapidement et résistent facilement aux intempéries : pas plus que leur parents, ils ne veulent entrer dans une cabane et préfèrent se mettre à l'abri der- rière un arbre, une haie ou un mur. En hiver, il est bon de leur ménager un tas de feuilles mortes sur un terrain bien sain. abrité du vent et légèrement en pente. 364 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION À défaut du mâle, les œufs peuvent être mis dans une cou- veuse artificielle, mais il faut, pour réussir, beaucoup de soins ét d'expérience; les jeunes, dans ces conditions sont beaucoup plus difficiles à élever. Des dindes ont été essayées ; elles peuvent couver jusqu'à trois œufs ; elles ont parfois fait éclore des petits, elles les ont toujours tués ensuite. Une femelle pond de vingt-cinq à cinquante œufs en deux : fois : mars-avril, juillet-août. Un mâle peut faire deux couvées par an. Un Nandou adulte pèse de 30 à 35 kilogs. Il existe une variété de Nandou albinos ; ces oiseaux blanes sont, en général, un peu moins résistants que le type, mais avec leur croissant noir sur la poitrine, ils sont d'une réelle beauté ; et comme leurs plumes ont une bien plus grande valeur, il conviendrait d'en augmenter le nombre. Appendice. — Un Nandou dans un parquet mange par jour en été, environ 0 kil. 450 de son et O0 kil. 450 de pommes de terre cuites, le plus de verdure possible, salade, herbes, détritus de cuisine. En hiver 0 kil. 200 de son et 0 kil. 550 de betteraves coupées, de la verdure. Avee ces données, chacun pourra se rendre compte du prix de la nourriture. LA MOUCHE TSÉTSÉ Par H. COURTET La Tsétsé (Bodjené. Boadjani) est très vive et au moindre mouvement que l'on fait pour s'en emparer elle se déplace, et ce n’est que lorsqu'elle est alourdie par le sang ou pendant la succion que l'on peut la prendre avec la main; elle frotte ses pattes de devant et celles de derrière et les passe sur sa tête ou ses ailes comme la mouche vulgaire. Sa pose est très légère et on sent instantanément une petite douleur vive qui devient irritante, doulenr produite par la piqure. Son puissant appareil de succion lui permet de gonfler son abdomen dans un temps très court qui varie de 50 à 70 se- condes après la piqure. Entre les 5 et 10 premières secondes on voit par transparence le sang affluer dans l'abdomen (l'auteur a fait ces observations sur lui-même). Elle ne sort que pendant le jour, la nuit elle se blottit dans le feuillage. Dans les territoires du Chari et au pays de Snoussi, on la rencontre le long des rives boisées et toujours plus ou moins maréca- geuses des cours d'eau importants. On ne la rencontre pas le long des rives dénudées; à une courte distance des rives boisées ou des endroits inondés où croît la même végétation on ne la rencontre plus. Sur les petits cours d’eau où la végé- tation n'est plus celle des rives basses ou inondées on ne la rencontre pas. Elle est plus abondante pendant l'hivernage que pendant la saison sèche. En remontant le Bamingui et le Gribingui en baleinière à la saison des hautes-eaux (septembre-octobre 1903), dès que la baleinière frôlait les arbres, elle était envahie par la Tsétsé à tel point que dans certains endroits les pagayeurs presque nus en étaient incommodés, dès que la baleïnière prenait le milieu de la rivière la mouche devenait rare ou disparaissait. A la tombée du jour les Tsétsés surprises dans la baleinière ne regagnent pas les arbres, mais se réfugient sous la bâche abritant les caisses de matériel ou dans les intervalles de ces caisses. Au cours du voyage entre Fort-Archambault et Fort- Crampel elle n’a été rencontrée qu'à partir de Bongo, endroit où les rives deviennent boisées. Elle a été particulièrement abondante du confluent du Bangoran au confluent de la Vassako des Ngama, un peu moins abondante plus en amont et retrouvée abondante jusqu'à Fort-Crampel. 366 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Les postes de l'Irina, des Arétous (Lutos), de Finda et de Tinguéré sont très dangereux pour les chevaux et il importe de ne pas les laisser séjourner même quelques minutes au voisinage immédiat de la rivière et surtout des parties boisées de la rive. La Tsétsé existe encore en amont de Fort-Crampel et sur la Nana. Elle a également été rencontrée à Fort-Sibut sur la Tomi, affluent de l'Oubangui par la Kémo. En résumé, la mouche Tsétsé existe en plus ou moins grande abondance le long de tous les cours d'eau importants rencontrés et en particutier le long des rives boisées de ces cours d'eau, sauf au voisinage immédiat des centres hyd ro- graphiques où ces cours d'eau ne sont que des ruisseaux. Ces principaux cours d'eau sont : Kémo, Tomi, Basse-Nana, Gribingui, Koukourou, Bamingui, Bangoran, Tété, Moussou- bourta, Boungoul (Aouk), Diahap ou Mindja, Koumara et Bahr Salamat. LES PALMIERS DE LA COTE D'AZUR LEUR RÉSISTANCE AU FROID Par A. ROBERTSON PROSCHOWSKHI, à Nice (Suite) CHAMÆROPS L. — Quelques auteurs considèrent les nom- breuses formes de Chamærops comme variétés d’une seule espèce, d’autres, considérant que ces formes assez diverses se rencontrent à l’état sauvage, en ont fait des espèces. Quoiqu'il en soit, toutes les formes si différentes de Chamaærops sont absolument rustiques ici, je n’en ai jamais vu qui aient souffert même pendant les hivers les plus rigoureux et dans les positions les moins favorables, même dans les terrains humides de la plaine du Var. Le Chamaærops humilis produit beaucoup de fruits contenant d'assez grosses graines, qui ne sont pas utilisées, malgré que leur abondant albumen, comme celui de tant d’autres graines de Palmiers, aurait certainement une valeur nu- tritive après cuisson, au moins pour le bétail. On sait que les feuilles de Chamaærops humilis sont exploitées dans les pays où cette espèce croît spontanément, et exportées pour la fabrication du papier. Plusieurs formes sont très ornementales et c’est un des meilleurs Palmiers pour l'usage général, comme décor dans les jardins, la plante ne demandant pour ainsi dire aucun soin. Le Chamærops humilis résiste bien à la sécheresse mais profite par les arrosages ainsi que par les engrais. Il a été publié des noms qui devaient désigner des hy- brides obtenus par certains horticulteurs, c’est-à-dire Microphænix decipiens Naudin, qui serait le produit de la fertilisation d’un Chamærops avec le pollen d’un Phœnix dactylifera; et ensuite un autre hybride qui aurait été obtenu par la fertilisation d’un exemplaire femelle du précédent avec le pollen du Trachycarpus excelsa Wend. forme qui a été nommée par Carrière, Müicro- phæœnixz Sahuti. J'ai vu de ces plantes qui ne présentent pas le moindre caractère qui les distinguerait ni ceux du Chamaærops humilis, et je pense comme M. Martelli (Bulletina della R. Societa Toscana di Orticultura, 1889) qu'il s'agit d'erreurs, et que les prétendus hybrides ne sont que des Chamaærops humilis ordinaires. 368 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Cette dernière espèce devenue célèbre à cause de son dioïcisme qui a fourni la première occasion de recon- naître le sexe chez les plantes, porte souvent aussi des fleurs hermaphrodites, comme j'ai pu m'en assurer maintes fois. En pratiquant la pollinisation, les horticul- teurs en question n'ont fait qu’aider à l’autofécondation. Les hybrides entre genres différents sont rarement pos- sibles, et presque toujours stériles, tandis que les supposés hybrides que je viens de nommer ont été très fertiles, et ont toujours produit des plantes qui, comme les plantes mères, ne se distinguent en rien des Chamærops humilis ordinaires. Un grand nombre de Palmiers qui se trouvent dans le commerce horticole, sont indiqués dans les livres d’horti- culture sous le nom de Chamærops. Ces espèces ont depuis longtemps été incluses dans d’autres genres, no- tamment : Sabal, Nannorhops, Trachycarpus. > PHœnix L. — Je cultive un grand nombre de formes de Phæœnix, formes qui probablement sont des hybrides, car les mêmes espèces de ce genre aux fieurs unisexuées, s’hy- brident avec la plus grande facilité entre elles. La plupart de mes Phænix proviennent de graines que j'ai achetées dans le commerce sous beaucoup de noms, dont peu sont agréés par la science. Mais même dans le cas où on obtient les graines des jardins botaniques où les espèces du type sauvage sont cultivées, on n’a aucune garantie d'obtenir par le semis le type sauvage, c’est-à-dire l’espèce, à cause de l’hybridation facile ou presque inévitable qui a lieu là où plusieurs espèces de Phœnix sont cultivées dans le même jardin. Beccari a distingué une douzaine d'espèces de Phænix; je cultive au moins le triple de ce nombre de formes plus ou moins différentes, dont peut-être aucune ne correspond exactement à une de ces espèces. Pour être sûr d’avoir les espèces types, il aurait fallu obtenir des graines d'exemplaires sauvages, ce qui n’a pas été possible pour moi. Les formes de Phænix que je cultive sont plus ou moins rustiques, mais résistent d’une manière générale aux gelées passagères de — 3° à — 5° cent. Quelques-unes, comme le Phœnixz dactylifera L. de forme si variable, le classique Dattier, résiste de — 7° à — 9 cent., de même que le Phœnix canariensis Hort. Quant à ce dernier, qui se LES PALMIERS DE LA GOTE D'AZUR 369 trouve par milliers sur la Côte d'Azur et y forme un des plus grands ornements, il est curieux qu’on ne sache pas encore d'une manière certaine sa provenance. Par le nom (qui en est l’auteur ?) on dirait qu'il vient des îles Cana- ries ; mais les botanistes qui ont étudié la flore de ces îles, ne parlent pas d’une espèce de Phænix autre que le Phœnix dactylifera L. J'ai obtenu des photographies des plus anciens exem- plaires de Phæœnir connus à Orotava, exemplaires qu'on suppose y avoir été trouvés à l’état spontané. A en juger par ces photographies, j'ai plutôt l'impression qu'il s’agit du Phœnix dactylifera. Mais peut-être existe-t-il des Phæœnix ailleurs, aux îles Canaries, dans des conditions qui pourraient peut-être faire conclure d’une manière cer- taine à leur spontanéité. Il serait bien désirable que quel- que botaniste qui visiterait ces îles élucidât cette ques- tion. Sur la Côte d'Azur, le Phænix canariensis se trouve tellement bien qu'il s’est presque naturalisé. Les graines, produites en quantité énorme, et qui pourraient bien trouver leur emploi, lèvent partout autour de la plante mère. Si ce Palmier se trouve réellement à l’état sauvage aux îles Canaries, évidemment il y est rare ef en voie d'extinction, tandis qu'ici, ce Palmier, même abandonné à lui-même, pourrait éventuellement devenir sauvage, car les graines lèvent même dans les terrains non arrosés et peuvent parfaitement soutenir la concurrence avec les espèces indigènes. De toutes les formes de Phœænix que je cultive, aucune n'est ni si constante ni si caractéristique que le Phœnix canariensis, dont aucune description scientifique n’a encore été faite. Quelques-uns prétendent que c'est un hybride, mais je ne suis pas de cet avis, car c’est au contraire une des formes qui se reproduisent le plus exactement par le semis. Un caractère très distinct du Phœnix canariensis est le manque absolu de stolons, tandis que toutes les autres formes de Phœnix, à l'exception d’une seule que je cul- tive en produisent plus ou moins. Comme je l’ai dit plus haut, les nombreuses formes de Phœnix que je cultive montrent une résistance différente au froid, mais comme je ne puis pas les indiquer comme représentant les espèces types, ni comme hybrides issus de telles ou telles espèces, je m’abstiens. 3170 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Un petit Phænix très ornemental, le Phœnix Rœbelini, considéré par quelques botanistes comme variété du Phœnix humilis (plante qui a fait beaucoup de bruit der- nièrement) a passé par le grand hiver 1904-1905, où la température descendit à environ — 4° cent., sans souffrir. Quand je parle ici et dans la suite des plantes n'ayant pas souffert à telle ou telle température, j'entends des exem- plaires ayant subi les températures en question par un temps sec et ayant été abrités des premiers rayons du soleil du matin, ou par leur position, ou par un écran quelconque, quelque branche feuillue ou autre objet, vite mis et vite enlevé. Je le répète, deux exemplaires de la même espèce, de même âge et force, plantés dans un même compost de terre et l’un à côté de l’autre, dont un est exposé de suite aux rayons du soleil levant, tandis que l’autre non, peuvent se comporter jusqu'à un tel point de différence, que la première meurt et l’autre ne souffre d'aucune facon. Tel est le danger de l'exposition au soleil des plantes gelées, qu'un exemplaire ayant subi une tem- pérature de plusieurs degrés inférieure à celle qu’une autre à supportée, résiste, pourvu quelle soit protégée comme je l’ai indiqué ci-dessus, tandis que l’autre peut mourir. Avant de quitter les Phœænix, je dirai que plusieurs de mes exemplaires (espèces, variétés ou hybrides) produi- sent des fruits qui, bien mürs, ont un goût plus ou moins agréable, mais tous ont assez peu de chair. Le Dattier, même, müûrit parfaitement ses fruits ici, et les graines germent bien, ce qui prouve suffisamment que cette espèce ne se trouve pas tellement hors de son climat normal qu'on à l'habitude de le prétendre. Je suis tout à fait de l’avis de M. le docteur Trabut, le directeur de la Station botanique de l'Algérie, quand il dit (Bulletin de la Société d'Horticulture d'Algérie, janvier 1906), que c'est faux de prétendre que les plantes ne peuvent pas donner de produits parfaits à l'extrême limite de leur culture possible. Il est probable qu’elles pourront toujours donner leurs produits les plus parfaits, là où les condi- tions climatériques sont les plus favorables, pourvu que l’homme fasse son possible pour les améliorer par tous les procédés de l’horticulture (sélection, hybridation, etc.). Mais trop souvent, là où les conditions climatériques sont LES PALPIERS DE LA COTE D'AZUR | 371 les plus favorables, l'homme est paresseux et peu éclairé, tandis que dans les régions moins favorisées l’homme est énergique et intelligent. C’est la raison pour laquelle de nombreuses espèces alimentaires provenant de climats chauds ont une grande perfection dans les pays tempérés. Quant au Dattier, où est la preuve, ou même quelle serait la bonne raison qu'on pourrait donner pour nier la possi- bilité de trouver par sélection et hybridation des races pouvant donner de bons fruits sucrés à Nice et partout où le climat est analogue ? À Elche, en Espagne, où se trou- vent également des cultures de Dattiers, les fruits pro- duits sont assez bons pour être livrés au commerce. Mais s’est-on contenté d'y planter simplement des races pro- venant de pays plus chauds ou a-t-on procédé par sélec- tion ? Je l’ignore. Dans l’ancienne propriété de feu Dognin, amateur de plantes, à Cannes, se trouve un Daftier, qui produit de grandes dattes, parfaitement comestibles, tout en étant inférieures aux dattes de commerce. Pour des plantes comme le Dattier, qui demandent de longues années pour arriver à l’état adulte, 1l s'agirait évidemment d'un travail de longue haleine et de beaucoup de patience, exigeant des efforts de plusieurs générations. Mais la chose ne me semble nullement impossible. Est-ce un résultat à chercher, étant donné qu'il y a de nombreux pays à climat permettant la culture des races déjà existantes ? C’est une autre question que je n'ai pas à envisager ici. L’utilité de la culture des fruits sur la place de consommation devient d’ailleurs de moins en moins nécessaire maintenant que les transports se font en chambres froides d’un bout du globe à l’autre. On fait voyager ainsi même des fruits qui se gâtent vite à une température ordinaire, et les Dattes au contraire se con- servent bien. Mais l’homme de progrès cherchera toujours à faire du nouveau, et je crois qu'il serait possible de cultiver, dans le même jardin, des fruits beaucoup plus variés que ce n’est le cas actuellement. TRACHYCARPUS. — Le plus rustique de tous les Palmiers connus est le Trachycarpus excelsa Wendi., avec sa variété Fortunei, considérée par plusieurs botanistes comme espèce distincte, Palmiers du Japon et de la Chine, dont le tronc est couvert d’une épaisse filasse qui est employée 372 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION dans ces pays et pourrait l'être ici. Cette espèce résiste même à Paris jusqu’à — 15° cent. Je cultive aussi le Trachycarpus martiana Wendl., espèce que Je n'ai pu me procurer que dernièrement par la complaisance de M. W. Gollam, directeur du jardin botanique de Saharanpur, aux Indes, qui a bien voulu m'en envoyer des graines. Cette espèce se montrera peut- être moins rustique que le Trachycarpus excelsa. I] existe une troisième espèce, le Trachycarpus khasiana Wendi. que je n'ai pu me procurer. Le Trachycarpus excelsa produit des graines en grande abondance qui pourraient, après cuisson, trouver leur emploi pour la nourriture du bétail, comme tant d’autres graines de Palmiers, qui seront sans doute produites en plus grande quantité à mesure que les exemplaires arri- vent à l’état adulte. LIVISTONA R. Br. — L'espèce la plus rustique est le L. australis Mart. qui résiste de —5° à —6° cent. et qui, dans son pays natal, l'Australie, se trouve à l’état spon- tané loin des tropiques. Le L. sinensis R. Br. si connu comme plante d'appartement est moins rustique, ne ré- sistant qu'à — 4° à — 5° cent., ainsi que les L. olivæformis Mart., L. subglobosa Mart., L. jenkinsiana Griff., L. al- tissima Zoll., et le L. Hoogendorpii Teijs., dont la culture en pleine terre ici a fort étonné le docteur Udo Dammer, qui a étudié les Palmiers d’une manière spéciale. Je n’ai pu qu'une seule fois me procurer le L. Mariæ F. Muell., que le directeur du Jardin botanique de Kew, à Lon- dres, avait bien voulu m'envoyer. Je l'ai perdu sans pouvoir dire si c'est à cause du froid ou pour une autre cause. M. le professeur Costantin, Directeur des Cultures au Muséum de Paris, a eu la complaisance de m'envoyer, sur la recommandation de M. D. Bois, le président de notre Section de botanique, certaines espèces de Palmiers pour mes essais, notamment deux exemplaires de L. co- chinchinensis Blume, espèce très rare que je n'avais pas rencontrée dans les collections publiques ou privées. Ces tout jeunes exemplaires ont bien résisté et n’ont pas souf- fert à — 3 cent. Il faut du reste se garder d'exprimer une opinion sur la rusticité possible de telle ou telle espèce, si on ne l’a pas essayée dans des différentes conditions ; RE +. BULLETEN DE [LA Wciété Nationale d'Acelinatation de France FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D’UTILITÉ PUBLIQUE Par Décret du 26 Fevrier 1855 ANNÉE 1906 CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE PARIS AUS LEIGE UC DE L'ANS OICTÉÈMDÉ 33, RUE DE BUFFON, 33 1906 tee Lun 4 st ane do Er Abne « (ie à sai, : hé Londres fre PS ONE CAN Res oo ; Ë AR en à Dre À bétail ORNE TANT eo SE Hs A “Or vis Re ; Ë plus. druide & ei té RAD + TEE aülis. Je CG Le IP EUR LÉRE + 8 fes DEATUD EE ’ UE = ‘ar ë “ PE: M 11} Hi qeL ïà caline - GEL Da fire È : btp RE TEUR Eau ROSÉ Mt AU Le 19) lis rer je : é Her A dé FAURE À ns 2e di Pis: EE ut ei “ per “Enter ee Rue Tee A fase Doslitiite + té PE l Chase D NT Wei HÉELE 4 id EN cufeitie ne Dre. N'envi Er Rae | st a DE | “Mc ee EX Von } PR tes Ton Ce : t pe soute a } des ina à a: | Le. M | ct ARE cspéce. 11 ai ui eue él te PO FER 15e ane A SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE ITHTAUE LES PALMIERS DE LA COTE D'AZUR 373 car il en est des plantes comme des hommes ; il y a des individus plus ou moins robustes. En général, il faut essayer un assez grand nombre d'exemplaires avant de pouvoir se prononcer d’une façon certaine. C’est ce que je puis faire pour le L. rotundifolia Mart. que j'ai essayé plusieurs fois, et même en exem- plaires forts, parce que cette espèce était indiquée par erreur comme rustique ici, dans un des nombreux ouvrages horticoles peu exacts. Cette espèce est tellement délicate qu'elle meurt déjà à une température de + 5° cent. Il y a d’autres espèces de Livistona que je voudrais bien essayer, mais je n'ai pu encore me les procurer. On sait combien les ramifications sont rares chez les Palmiers, on ne les connaît sous la forme de branches normales que chez les Chamaæriphes Dill. (Hyphæne Gært.). Quelques auteurs, comme Barbosa Rodriguez, parlent de ramifications qu'ils ont observées chez certains Pal- miers de genres différents {Acrocomia, Astrocargqum, Cocos) et publient des images de ces individus. J’ignore si on a publié des observations sur la formation des branches dans le genre Livistona ; mais je profiterai de cette note pour indiquer qu'à la « Villa des Cocotiers », au Golfe Juan, il se trouve un exemplaire de Livistona, probable- ment le L. olivæformis Marti. qui a un assez grand nombre de branches. Je puis ajouter que ces branches anormales ne sont jamais produites que par la destruction de la cime, et alors très rarement, car la mort de la plante suit presque toujours la disparition du bourgeon terminal. Les Chamaærops, Phœnix et les Trachycarpus sont des Palmiers héliophiles et ils réussissent mal à l'ombre ; mais comme ces Palmiers sont presque tous très rustiques ici, - leur culture n’est pas rendue difficile à cause de cela. Il est évident que plus il faut planter une plante à l'abri sous de grands arbres, moins elie reçoit la pleine lumière du soleil ; c'est justement cette difficulté qui rend à peu près impossible la culture de beaucoup d’espèces qui supporteraient bien la baisse de la température lors- qu'elles sont ainsi protégées, mais qui demandent le plein soleil pour devenir vigoureuses.. Les Livistona que j'ai essayés se développent assez bien à l’ombre et n'offrent donc pas de difficultés sous ce rapport. Pourtant, là où 374 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION les conditions climatériques le permettent, je conseille de les planter en plein soleil, où elles prennent un dévelon- pement plus normal et deviennent plus robustes, bien que les exemplaires se trouvant à l'ombre ou à mi-ombre sont plus souvent gracieux comme port, les pétioles étant plus longs, et la couleur des feuilles plus verte. Nannorxops Wendi. — La science ne reconnaît qu’une espèce, c'est le N. ritchieana Wendl., et Hooker, de l’Af- ganistan, Bélouchistan et Perse, plante très rustique qui n’a jamais souffert du froid. Il se trouve à la Villa Thuret un exemplaire qui doit avoir supporté des températures d'environ — 10° cent. Je ne connais pas de Palmier qui se développe si lentement. La plupart des Sabal sont de croissance très lente, mais c’est la rapidité même, com- parée avec la lenteur du développement du N. ritchieana J'ai acheté une fois une centaine de graines sous le nom de Chamaærops (Nannorhops) Cormesti ; 4 à 5 graines ont levé et produit la plante en question qui est évidemment le N. ritchieana Wendl. et Hooker. Croyant que cette espèce se transplanterait avec la même facilité que .e Chamaærops humilis L., j'ai transplanté tous les exem- plaires moins un et les ai perdus. Ce n’est que dernière- ment que j'ai pu obtenir par l’amabilité de M. W. Gollam, directeur du jardin botanique de Saharanpur (Inde) quel- ques graines de cette espèce ; elles ont bien levé, comme c'est le cas généralement avec les graines fraîches, tandis que les graines du commerce, le plus souvent, ou sont toutes vieilles, ou sont mélangées avec quelques graines fraîches. S'il en était autrement, comment pourrait-on expliquer que sur une centaine de graines, 4 à 5 lèvent promptement et le reste, jamais ? RHAPIDOPHYLLUM Wendi. et Drude. — On ne connaît qu'une espèce, le R. hystrix Wendi. et Dr., de la Floride et Caroline, souvent indiquée dans les livres d’horticul- ture comme Chamaærops hystrix, cette espèce ayant été en effet auparavant considérée comme un Chamærops (Fras.). C’est une plante très rustique et à croissance très lente. ed “à LES PALMIERS DE LA COTE D'AZUR 375 ACANTHORHIZA Wendl. — J'ai essayé plusieurs fois l'A. aculeata Wendi., appelé souvent par les horticulteurs Chamaærops stauracantha. Je l’ai toujours perdu, la plante mourant déjà à une température voisine de 0° cent. Je cultive quelques exemplaires d’une espèce très rus- tique, que j'ai achetée sous le nom de Thrinax (Trithrinax) Chuco Mart., espèce qui a été réunie au genre Acanthorhiza sous le nom de À. Chuco Drude, et une autre que j'ai achetée sans nom, mais qui me paraît être l'A. Warsze- wiczii Wendl. Si c'est bien cette espèce, cela explique qu'on trouve tant d'indications dans la littérature hort cole sur la rusticité de quelques T'hrinax, notamment du Th. argentea. Le Thrinax argentea Seeman, est en effet synonyme de Acanthorhiza Warszewiczii Wendi,., très rustique, si c’est bien cette espèce que j'ai achetée sans nom, tandis que, d'après des expériences, aucune espèce de Thrinax ne résiste ici. Les deux espèces dont il est question, ont été d’un développement assez lent. RHapis L. f. — R. flabelliformis L. f. et R. humilis Blume (syn.: R.Sirotsik Sieb.), les deux sont très rustiques mais héliophobes. Ils supportent mal le plein soleil, mais n'ayant pas besoin d’abri, ils résistent parfaitement dans une exposition au Nord où ils ont les feuilles bien vertes, tandis qu'elles jaunissent en plein soleil. Ils semblent exiger beaucoup d'arrosage. Il existe d’autres espèces qui seraient probablement très rustiques ici, mais je n'ai pu me les procurer. CorYPHA L. — Le C. elata Roxb. résiste à — 2° et — 3° cent., mais s’est peu développé chez moi. Je ne l'ai essayé que dans des positions abritées par les arbres et par con- séquent à mi-ombre, tandis que les Corypha demandent probablement le plein soleil. La seule autre espèce que j'ai pu me procurer (par le semis), le C. umbraculifera L., a péri par une température d'environ 0° cent. C’est à la complaisance de M. le professeur Treub, directeur du Jardin Botanique de Buitenzorg, à Java, que je dois les graines de Corypha ainsi que quelques autres Palmiers. (A suivre.) Erratum : Page 346, ligne 24, au lieu de résistance au froid, lire résistance différente au froid. LE RÉSEAU ALGÉRIEN DE LA COMPAGNIE P.-L.-M. AU CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE DE PARIS DE 1906 (SECTION ALGÉRIENNE) Par M. BOIS L'exposition faite par le réseau algérien de la Compagnie des Chemins de ter P.-L.-M. au Concours général agricole a été des plus remarquée. À côté des produits d'une grande précocité qui sont con- nus et demandés par le marché tels que : Artichauts énor- mes, Pommes de terre nouvelles, belles Carottes rouges ordi- naires, petits Pois, la Compagnie P.-L.-M. avait présenté plusieurs produits de cultures maraîcheres et fruitières sur lesquels elle a appelé l’attention du marché parisien. En premier lieu, ce qui frappait l'œil, c'était une originale présentation de Choux-fleurs. Cette présentation avait pour but d'indiquer que l'Algérie produit de très beaux et excellents Choux-fleurs toute l'année du mois d'octobre au mois de juillet. Lorsque par suite de gelées, le Midi de la France et la Provence n ont pas de Choux-fleurs, l'Algérie pourrait en fournir. Depuis l’année dernière (1905), la Compagnie P.-L.-M. a accordé de très sensibles réductions pour les prix de trans- ports de ces légumes, afin de permettre leur expédition à de grandes distances ; la Compagnie Générale Transatlantique a consenti également une très sensible diminution du prix de fret, de même que les autres Compagnies maritimes. Ce trafic peut donc se développer au départ de l'Algérie. La Compagnie P.-L.-M. présentait également un légume très intéressant, très peu connu à Paris, mais consommé en Italie, où il est servi comme hors-d'œuvre sur toutes les tables des grands hôtels de Rome, Milan, Naples, etc. On peut également l’accommoder cuit comme le Céleri et ce serait une nouvelle ressource culinaire pour les grands restaurants de Paris. Il s’agit du Fenouil doux. | Fœniculum dulce). Ce légume a la forme d'un Céleri à côtes très épaissies et charnues à la base. En Algérie, le Céleri monte immédiate- ‘ment en tige :il n'est guère possible d'obtenir que le LE RÉSEAU ALGÉRIEN DE LA COMPAGNIE P.-L.-M. 371 cœur de la plante soit blanc, tandis que le Fenouil doux qui na rien de commun avec le Fenouil ordinaire forme tout d'abord une sorte de gros bulbe à écailles charnues très blanches, d'un parfum légèrement anisé. Le Fenouil doux exposé provenait de semences re- cues de l’île de Malte, où se récolte le plus beau Fenouil connu. Les Maltais, les Italiens et les Espagnols en font à Alger, à Bône, une consommation considérable et les Algé- riens commencent à l’apprécier. Ce légume dégusté par plus de quinze cents visiteurs, au Concours général agricole, a été trouvé excellent. (1) La Compagnie P.-L.-M. appelait également l'attention sur use espèce de Carotte longue, noire, comestible, provenant de semences de la région marocaine. Cette Carotte n est pas connue en France et elle a éveillé l'attention de MM. les Inspecteurs du Ministère de l'Agriculture, de la maison Vil- morin et de la Société d’Acclimatation. La Compagnie a pro- mis d'envoyer des semences pour étudier cette variété de Carotte. De superbes Melons récoltés à la gare de Perrégaux, Melons à chair verte, conservés depuis le mois de septembre dernier, indiquaient qu'en Algérie, ia culture du Melon réussit très bien. Il y aurait beaucoup à espérer de cette cul- ture pour la production des fruits de primeurs. De même que les années précédentes, la Compagnie P.-L.-M. a distribué cette année, à tire gracieux, une quantité importante de semences de Melon Ananas d'Amérique, Melon très petit, très parfumé, à chair rouge ou à chair verte. Cette variété est très précoce et il est probable que les Melons d'Algérie se montreront en juin prochain sur le marché de Paris. Des Piments forts,ontété très appréciés par les personnes qui aimentlesragoüts épicés ; d'énormes Amandes àcoquedureont appelé l’attention des confiseurs qui désireraient les recevoir à l’état vert et laiteux, afin de pouvoir les confire ; des Cannes à sucre (les seules se trouvant au Concours) affirmaient, qu’en certains points l'Algérie n’était pas réfractaire à la cul- ture de cette plante ; des Caroubes très charnues étaient pré- sentées comme nourriture pour les chevaux. A Paris surtout, où les locaux ne permettent pas de loger de grands appro- (1) Nous avons consacré un chapitre à ce très intéressant légume dans le Potager d'un curieux. 978 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION visionnements de fourrage, on pourrait, peut-être utiliser davantage la Caroube pour l'alimentation des chevaux. En Algérie, on donne la Caroube, le soir, après le travail, avec un mélange de son, et, de temps en temps, pour éviter l'échauffement, on ajoute un peu de graine de Lin dans du son mouillé. Il y a moins de risques d'incendie qu'avec le fourrage ordinaire. Quelques beaux échantillons de paille de Sorgho à balais, montraient que l'Algérie peut produire d'aussi belles pailles que l'Autriche et l'Italie, pays qui fournissent à la France pour environ un million de francs de ce produit par an. Des éponges végétales, tissu fibreux du fruit séché d'une Cucurbitacée, Luffa cylindrica, dont les semences ont été répandues à titre gracieux par la Compagnie P.-L.-M., dans toutes les régions voisines de ses lignes, prouvaient qu’en Algérie ce fruit végète aussi bien qu’au Japon. Il peut même être consommé à l’état vertetcontitue un bon légume; mais c'est à l’état fibreux, séché, tel qu'il a été exposé, qu'il présente surtout un grand intérêt ; il estalors utilisé pour les lavages et peut remplacer le gant de crin pour frictions. La Compagnie avait apporté une jolie série de Palmiers nains, produisant le crin végétal, dont l'Algérie a, jusqu'à ce jour, le monopole. De superbes Courges comestibles cultivées surtout par les indigènes, ont retenu l'attention des marchands de comes- tibles, à cause de la facilité avec laquelle on peut les débiter pour la vente. Le déchet est nul, le goût en est exquis et on les conserve longtemps en caves. Celles exposées par le P.-L.-M. étaient récoltées depuis six mois. Enfin, la Compagnie P.-L.-M. avait exposé des Oranges amères à confiture. On en reçoit à Paris, en provenance de l'Angleterre ; il paraîtrait naturel de les recevoir d'Algérie. Avec ces Oranges amères, le P.-L.-M. présentait plusieurs séries très intéressantes de Citrons: Citrons doux à confire; genre cédrat; citrons rouges à confiture, très parfumés; citrons ordinaires à peau très fine ; petits citrons à peau très fine, très juteux; citrons lilliput, minuscules . Pour ces deux dernières qualités, en provenance des gares d Orléansville et d'Oued- Fodda, la Compagnie P.-L.-M. va si x AS l LE RÉSEAU ALGÉRIEN DE LA COMPAGNIE P.-L.=-M. 379 former des pépinières pour distribuer les plantes à titre gracieux. L Les maîtres d'hôtel ont fait observer qu'il serait très inté- ressantde présenter des petits Citrons entiers avec le poisson, par exemple, au lieu de servir des quartiers de Citron. Tous ces produits provenaient des jardins des gares du réseau Algérien de la Compagnie des Chemins de fer P.-L.-M., jardins qui sont vus et visités par les colons au cours de leurs voyages. On ne peut que louer la Compagnie P.-L.-M. d'en- courager cette « propagande par le fait ». HISTOIRE DE GOUNDAM LES DIFFÉRENTES DOMINATIONS QUI S Y SONT SUCCÉDÉES MŒURS, FAUNE, ETC. Par M. GIRARD (suite et fin) La saison d'hivernage, de novembre à avril, est carac- térisée par une température descendant quelquefois jus- qu’à 4 degrés centigrades pendant la nuit, et une moyenne pendant le jour de 20 à 25, pendant les trois premiers mois, et s'élevant jusqu'à 40 degrés centigrades pendant les trois derniers. Un vent sec et froid souffle du Nord et Nord-Est. C’est une période réconfortante pour l’européen qui se remet des dures fatigues de l'été. La situation géographique de Goundam et d'environ 16° latitude Nord et 5° longitude Ouest. Communications terrestres et fluviales 4° Terrestres. — Goundam communique avec Tom- bouctou par la piste Goundam, Djin-Djin, Tacoubao, El Massara et Tenguerouell, pendant la saison des hautes eaux. Avec Sumpi, par la piste.du Horo nord, hautes eaux. Avec Raz-el-ma, par la piste Fatakara, Alfao, Bita- gongo, Toukabougo et N’Bouna, hautes eaux. Pendant la saison des basses eaux, Goundam commu- nique avec Tombouctou par la piste Gallaga, Dongoi, Dockiré, EI Massara et Tassakante. Avec Sumpi, par la piste Mekori, Bankani. Avec Raz-el-ma, par la piste Fatakara, N’'Bouna. 2° Fluviales. — Les chalands d’un tonnage ordinaire de 5 à 6 tonnes remontent de Tombouctou à Goundam par le Niger et prennent les marigots de Koundi et Dongoï pendant deux ou trois mois de l’année seulement (de dé: cembre à février). Les pirogues indigènes y remontent généralement de novembre à fin mars. Quand les embarcations ne peuvent plus atteindre directement Goundam par ces marigots, elles remontent le Niger jusqu'à Tendirma. A la suite - d’une forte inondation, les pirogues prennent le lac Fati jusqu'à la pointe nord et peuvent le faire pendant une HISTOIRE DE GOUNDAM 381 grande partie de l’année. La distance du lac Fati à Goun- dam, par voie de terre, n’est plus alors que de 8 à 10 ki- lomètres. Les communications avec Raz-el-ma par le lac Télé et Faguibine ne sont possibles, pour les chalands d'un ton- nage ordinaire, qu'aux fortes inondations, en dehors de ces périodes, les pirogues seules peuvent circuler, mais de décembre à janvier seulement. La population du cercle de Goundam n'atteint pas 20.000 habitants. Elle se répartit ainsi : Songhay ou Ga- bibis, 8.000 ; Bellahs, 4.000 ; Peulhs, 6.000, soit 18.000, viennent ensuite les nomades Chemfigs et les Kel-Aouzas, qui sont environ 2.000. Les Songhays, qui sont les premiers possesseurs du sol à peu près connus, habitent surtout les villages de Goun- dam et de Fatakara, et les contours du Külli et du Kissou, leurs émirs sont tous des Harmas d’origine marocaine. Le Tioki est surtout l'apanage des Peulhs, mais dans beau- coup de villages, les trois races, débris de trois domina- tions successives, se sont groupées côte à côte et ont formé chacune un quartier d’un même village, qui sont : Ten- dirma, Goundam, Bankani et Mékoré. Le Songhay ou Gabibi, courbé depuis plus de six siè- cles sous la domination des nombreux conquérants qui ont été tour à tour les maîtres du pays, est apathique, sans énergie, et manque de courage, il a accepté avec joie notre domination qui lui paraissait très douce et, de- puis dix ans, il jouit d’une liberté à laquelle il ne croyait plus. Sa timidité disparaît peu à peu et, chose curieuse, il acquiert de l’amour-propre, il n'accepte déjà plus aussi passivement les insultes des Touaregs et ose les relever quelquefois. Le Songhay est très attaché au coin de terre où il est né ; il s’expatrie rarement, et ce n’est que forcé qu’il quitte sa maison et son lougan. Son habitation est en banco ; il s'habille d’un grand boubou de coton tissé dans le pays et se couvre la tête d'un bonnet de toile blanche. Les femmes sont vêtues, le plus souvent, d'un pagne de coton de couleur et d’un boubou de toile, elles ont la passion des ornements en cuivre, bracelets, bagues et boucles d'oreilles. Ces orne- ments sont finement ornementés de dessins. Elles portent aussi aux jambes de lourds bracelets de cuivre terminés 382 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION par deux petites masses cubiques de même forme que les boucles d'oreilles. Cette race est très sympathique et nous est très attachée. Les jeunes filles sont nues ou parfois sont pourvües d’un tout petit pagne, mais le plus souvent elles ont pour tout vêtement que leurs multiples colliers de perles autour des hanches. D'une façon générale, les jeunes garçons, soit Songhay, Gabibis, Peulhs, Bellahs ou nomades, sont entièrement nus. Le Bellah est fainéant, sale, menteur et pillard, il ne travaille que lorsqu'il y est forcé, il songe surtout à dormir et à danser. Cultivateur ou pasteur, au gré de ses maîtres, il est très inférieur dans les deux cas ; il mène la vie semi- nomade, et vit surtout de fruits et de tubercules recueillis dans la brousse et dans le fond vaseux des marigots ; il habite une case en natte entourée d’épines, il a le plus souvent, Comme vêtement, que des haïllons, débris im- formes des vêtements de son maître. La femme, aussi sale et peut-être plus HÉDuSNAReS se couvre d'un pagne en peau de Bouc. Le Peulh est intelligent, fier, courageux et d’une tena- cité extraordinaire. C’est un musulman convaincu, mais malheureusement enclin trop souvent au fanatisme. Il est essentiellement pasteur, et a poussé la science de l'élevage à un très haut degré ; il est d’une très grande sobriété et vit surtout du lait de ses troupeaux. Il est de race blanche, il possède des traits réguliers et très fins. La femme, surtout, possède de beaux yeux noirs, des cheveux fins, des doigts fuselés et des attaches très fines. On trouve parmi cette race certain type se rapprochant beaucoup de celui des Fellahs d'Egypte, le ton de la peau est cuivré sombre, mais pas noir, l’ovale du visage est ré- gulier, le nez droit un peu busqué et très fin, les lèvres minces et la figure calme, régulière et agréable. Elle sort peu à l'extérieur et est la gardienne de la maison; ce peu de mouvement et sa nourriture, qui consiste surtout en laitage, la prédispose vite à l’embonpoint ; le mari, comme le Touareg, d’ailleurs, est d'autant plus fier que sa femme est plus corpulente et plus grasse. Le Peulh s'habille avec une cassa en laine, il porte un bonnet kaki en laine également. La femme porte un pagne de couleur et un boubou de toile blanche. L'habitation Peulh est surtout construite en naîtes très HISTOIRE DE GOUNDAM 383 soigneusement et très proprement agencées, un lit très vaste, en bois sculpté, est le principal mobilier de cette habitation, une haie épineuse très épaisse entoure la case et le parc aux troupeaux. Ee Touareg, est appelé aussi « voilé », parce qu’il se couvre la figure d’un voile en guinée bleue. Parmi eux certains sont d’un noir assez prononcé, cela provient sans doute d'un mélange de sang avec les noirs, tels les Tenguéri- guifs, par exemple. C'est un intrépide cavalier et un vaillant guerrier ; c'est grâce à son humeur belliqueuse et à son courage qu'il a pu faire la conquête d’un pays très vaste et dominer une population vingt fois supérieure en nombre. Il est très amoureux de liberté et d'indépendance, et passe son existence à courir la brousse ; c’est un chasseur intrépide qui ne craint pas de s'attaquer au Lion qu'il combat à cheval avec sa lance de fer ; il force l’Autruche à cheval. Il s'occupe de commerce et d'élevage, mais ce dernier soin est confié surtout à ses bellahs. Il est de race blanche, et descend, dit-on des Croisés, la forme de ses armes, les inscriptions et croix qu'elles portent gravées, ont donné crédit à cette version. Le Touareg est un musulman convaincu, mais sans fa- natisme. Il s’habille de guinée bleue très légère et se voile toute la figure, ne laissant que les yeux à découvert. La femme est vêtue comme la femme Peulh. Le Touareg habite sous une tente de peau qu'il dresse rapidement, suivant les hasards de la vie nomade. La femme Touareg adulte, d’un rang élevé, est toujours très corpulente ; elle ne travaille pas ef son rôle social est très important, pen- dant les longues périgrinations de la tribu à travers la brousse, elle est portée à dos de bœuf, car elle est inca- pable de marcher. Les fractions Touaregs, Chemfigs, Kel Aouzas, Kel An- tassars, qui paient l'impôt et qui sont administrés par le poste de Goundam, ne quittent presque jamais la région, ce sont des nomades paisibles dont l'humeur belliqueuse s’est bien assagie. Aucune fouille n’a été entreprise dans la région de Goundam, mais la nature du sol, la constitution des af- fleurements rocheux ne font soupçonner la présence d’au- cune richesse minérale, 384 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION Le Lion sans crinière n’est pas rare, son rugissement est bien connu des indigènes qui en ont une grande frayeur, seuls les Touaregs osent l’attaquer. Il vit dans la grande brousse située à l’ouest de Fatakara, et on le rencontre aussi à Tacoubao, jusqu'à Tenguerouell, et dans les con- treforts des monts Horo. La Panthère vit sur les bords du Niger, elle est assez rare dans la région, mais en revanche elle pullule dans la région de Sumpi. L’'Hyène, ie Chacal et le Serval infec- tent le pays. La Girafe se rencontre entre Goundam et Sumpi, et quelques-unes aux environs &Ge Tenguerouell. Plusieurs espèces d’Antilopes vivent dans le pays, le Bu- bale et la Biche à raies noires sont les espèces les plus communes, viennent ensuite la Gazelle mohr, la Biche des marais dont les cornes sont en forme de lyre, la Biche rayée et la Biche tachetée. Le Phacochère, aux redoutables défenses, et l’Autruche abondent également, cette dernière est surtout chassée par les Kel Antassars, au nord du Faguibine. On rencontre assez souvent quelques-uns de ces grands oiseaux à la pointe nord des lacs Horo et Fat. Les Lièvres, les Rats palmistes, les Genettes, les Man- goustes, sont en grand nombre. Une grande variété d'Ou- tardes existe aussi. La gent aquatique est, sur le bord des lacs, très nombreuse, profusion de Canards, Palmipèdes de toutes sortes, Marabouts, Hérons, Grues couron- nées, etc., abondent. Les oiseaux terrestres sont aussi crès nombreux et d’une grande variété. Les Hippopotames sont très nombreux dans les cuves à grands fonds, les Caïmans et les Lamantins sont assez nombreux. ; L'Oryctérope, qui habite le Haut-Sénégal-Moyen-Niger (Orycteropus senegalensis), atteint à peu près 150 de long sur 70 à 80 centimètres de haut. C’est un animal nocturne et fouisseur par excellence. Il se creuse un trou dans la terre avec beaucoup de vivacité, ce terrier atteint jusqu'à 2 mètres de profondeur auquel aboutit une galerie de 5 à 6 mètres de long. Il vit, dit-on, de Fourmis, proprement dites, mais moi qui en ai eu deux, je n'ai jamais eu à constater ce fait ; en revanche, je l'ai vu se nourrir de Termites, ou Fourmis HISTOIRE DE GOUNDAM 385 blanches, pour lesquelles il semble avoir un goût très prononcé. Quand il est à la recherche de sa nourriture et qu'il a .découvert une termitière, il se couche à côté et tire la langue tant qu'il peut et attend ainsi que les termites se collent dessus, lorsque celle-ci est chargée de ces petits insectes, il rentre sa langue et gobe ces animaux, il con- nue l'opération jusqu’à ce qu'il soit rassasié. Au premier abord, cet animal semble dépourvu d'in- telligence, et c’est tout le contraire, il est très sociable et reconnaît tout particulièrement son maître. Après mon arrivée à Paris, une fois remis au Muséum, Je restal, comme on le pense bien, quelques jours sans aller le voir, et j’espaçai les visites. Et bien, dès que je rentrais dans son écurie, qu'il fût en train de manger ou non, il interrompait tout et venait se rouler à mes pieds, faisant mille pirouettes, sautant après moi, me mettant ses pattes sur les épaules et enfin m'embrassant pour me prouver sa reconnaissance. Preuve concluante qu'il re- connaissait son maître, c'est que rentrant dans son écurie accompagné de plusieurs personnes, il n'allait n1 à l’une ni à l’autre, mais directement à moi, il m'obéissait à la parole et me suivait mieux qu'un chien ne l'aurait fait. C’est donc dire que cet animal est très susceptible d’atta- chement. Sa peau grisätre parsemée de petits poils rudes semble, au touché, fine ef assez souple. Cet animal est assez rare dans la région ; il se rencontre dans le nord-ouest de Goundam, il est appelé « Timba » par les indigènes, et sa chasse demande beaucoup d’at- tention et de patience, car il est doué d’une ouïe très sen- sible et voit extrêmement clair pendant la nuit, il ne sort jamais entièrement de son terrier sans avoir jeté un coup d'œil circulaire afin de bien se rendre compte qu'il n'existe aucun péril pour lui aux alentours de sa demeure, s'il aperçoit la moindre des choses ou s’il perçoit le moindre bruit, il rentre ; il faut aussi, lorsqu'on le chasse, éviter de se mettre au vent, car il évente admirablement. Pour arriver à capturer le spécimen que j'ai amené au Muséum, il ne m'a pas fallu moins de deux mois, et ce n'est qu'en tuant la mère que j'ai eu la bonne fortune d’avoir le petit qu’elle allaïitait encore. 386 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Après bien des recherches infructueuses, les indigènes à qui je m'étais adressé pour obtenir la piste de l’animal vinrent me prévenir qu'ils avaient aperçu le « Timba » et que, si je voulais venir le soir, je le verrais certainement. Je ne manquai pas de me trouver au rendez-vous fixé. Mais soit que l'animal nous ait éventé, soit qu'il nous ait devancé, je ne pus le surprendre et comme cela pendant trois nuits consécutives, enfin, un soir du mois d'août, le 25, je crois, alors que j'étais à l’affüt derrière un buis- son, je vis sortir du terrier signalé par les indigènes une énorme masse noire ; j' éprouvais à cet instant une certaine émotion et attendis que l’animal se soit un peu éloigné pour faire feu, craignant que, blessé, il ne se réfugie pré- cipitamment dans son trou ; enfin, je tirai et le « Timba » tomba en poussant un cri lugubre et sourd. J’attendis quelques instants pour aller reconnaître la bête et bien m'en prit, Car je vis sortir du même terrier un autre animal de formes semblables, mais beaucoup plus petit, qui rejoignit le premier. À ce moment, je m'approchai pour mieux distinguer à quelle bête j'avais affaire et je m'aperçus que c'était un petit Oryctérope et qu'il cher- chaït à téter. Aidé des quelques indigènes que j'avais emmenés pour la circonstance, et pour parer également à toutes les éven- tualités qui peuvent se présenter lorsqu'on est à l'affût, la nuit, dans un pays semblable, je m'élançai sur la petite bête et je l’'emmenai au poste. Les premiers temps de sa capture, j'eus beaucoup de difficultés pour le nourrir, je le nourrissai d’abord au bi- beron, puis plus tard cette nourriture n'étant plus suffi- sante, je fus obligé de le soumettre à une alimentation artificielle, ne pouvant le laisser aller chercher sa nourri- ture lui-même, craignant qu'il ne s’échappât, et d'autre part. ne pouvant lui fournir des Termites suifisamment pour qu'il se rassassiât, j'opérai donc de la façon suivante : tous les jours, dans son lait chauffé, je mettais du riz bien cuit, en augmentant journellement la quantité, au bout d'un mois il s’y habitua très bien et ce fut sa seule nour- riture jusqu'à ce jour. Le spécimen qui fut à la ménagerie du Muséum prouve qu'avec la patience nécessaire et beaucoup de soins il est HISTOIRE DE GOUNDAM G 387 possible d'amener, même après 92 jours de voyage hé- rissés de difficultés sans nombre, les animaux les plus rares dans notre pays et dans des conditions de santé par- faite, mais malheureusement, après trois mois de séjour, il succomba d’une congestion pulmonaire. La flore du pays est loin d’être luxuriante ; il faut attri- buer cette maigre végétation à la nature du sol, et sur- tout à l’ardeur destructive des bergers Peulhs et Bellahs (captifs des Maures), dont la hache sauvage ne respecte aucun arbuste, bien que ces arbustes soient cependant assez variés dans la région. Le commerce de la région du cercle de Goundam en particulier est peu important. Les caravanes de Kayes pas- sent sans ‘déballer, le sel va directement à Tombouctou ou à Raz-el-ma. Il y a cependant un peu d'animation com- merciale au moment de la récolte où sel, guinée, bimbe-. loterie, provenant de Tombouctou, et colas, beurre de karité, condiments provenant de Saréféré, sont échangés contre les céréales, mais les grosses transactions, telles que Bœuîfs, Chevaux, etc., ont lieu à Tombouctou. L’ab- sence de petite monnaie nuit au commerce. Les richesses industrielles sont très peu variées. Le tapis du Tioki en laine, l’un des plus beaux tissus fabriqués au Soudan, se vend au prix de 50 francs, et est assez rare. Le cassa foulbès, en laine, se vend 4 francs, quelques pagnes de couleurs se vendent au même prix. Les gar- goulettes et les canaris se vendent 0 fr. 50. La gomme ne trouve pas d'acheteurs, cela provient de sa mauvaise qua- lité. Les plumes d’Autruches, d’Aiïgrettes, de Marabouts se vendent en général sur le marché de Tombouctou. Les céréales constituant les richesses agricoles sont : le Blé, le Riz, le Mil, le Maïs et l’Orge. A voir, pendant la saison sèche l'extrême aridité du sol argilo-sablonneux, où l’on ne rencontre que de maigres graminées et des ar- bres rabougris, le plus généralement ébranlés et dénués de feuillage, quand le feu mis par les indigènes ne les a pas réduits à l’état de poteaux noircis, on ne supposerait pas que ce sol puisse se transformer en une sorte de gre- nier à grains, Car c’est de Goundam que partent les grains nécessaires à la consommation journalière de Tom- bouctou. 388 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Les plantes industrielles sont : le Coton, l’Indigo et le Tabac, mais pour la consommation locale seulement. La Gomme n’est pas exploitée, elle y est en assez petite quan- tité. Le Coton provenant du Fromager et dénommé sous le nom de Kapok est en petite quantité. L'élevage du Bœuf à bosse est très répandu :; l’on en compte 8 à 10.000 ; les Moutons et les Chèvres, 10 à 12.000; Chevaux, 4 à 500 ; Anes, 1.500. EXTRAITS ET ANALYSES LE COMMERCE DE FOURRURES À LONDRES. PAR CHARLES RABor (1) Le commerce des fourrures présente un double intérêt. D'abord. comme manifestation économique; la valeur des transactions auxquelles ce trafic donne naissance peut être évaluée à plusieurs centaines de millions; en second lieu, la poursuite de plus en plus acharnée à laquelle sont soumis les animaux à fourrures, pour subvenir aux demandes toujours grandissantes de la mode, constitue un fait de la géographie zoologique en même temps que d'économie destructive, de Raubwirtschaft (2) Mais, sur cette destruction des animaux comme sur l'importance du commerce dont leurs dépouilles sont l'objet, les renseignements sont peu accessibles. Ees statistiques officielles ne donnent que des chiffres globaux concernant les valeurs, sans indiquer la nature des pelleteries, et, pour des raisons faciles à comprendre, les fourreurs n'aiment guère à mettre le public dans la confidence de leurs métiers. Londres est le principal marché des fourrures. Vers cette grande place convergent les pelleteries du monde entier, sauf celles de l'Asie russe, de la Russie d'Europe et de l’Europe centrale qui vont à Irbit, à Nijni-Novgorod et à Leipzig. Encore une portion des pro- duits de la chasse dans la Sibérie orientale arrive-t-elle sur le marché anglais par la voie d'Amérique. La plus grande partie des fourrures importées à Londres sont consignées entre les mains de la maison C. M. Lampson. Par les soins de ces consignataires, quatre fois par an, à époques fixes, toutes les pelleteries qu'ils ont reçues sont mises en adjudication publique. Avant les ventes, MM. C. M. Lampson et Cie adressent à tous les fourreurs un catalogue des lots mis aux enchères. C'est ce catalogue complété par le prix des adjudications qui constitue le document statistique fondamental pour la connaissance du com- merce de fourrures sur son principal marché; mais, en raison même de son intérêt, cette pièce ne sort guère des mains des initiés. En 1899, la communication de ce livret due à l'obligeance d'un ami, nous a permis de présenter des indications précices sur (4) Extrait de la Géographie Bulletin de la Société de Géographie de Paris. (2) Voir À. Wahl, Les faits de géographie humaine qui constituent la « Raubwirtschaft » ou Economie destructive, in La Géographie, X, 4 oct. 1904, p. 247. 390 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION le nombre colossal des fourrures mises en vente à Londres et sur l'étendue des massacres qu'il révèle (3) ; c'est également à l’aide du catalogue de MM Lampson et Cie que M. Lyddeker a pu dresser le bilan de ce trafic l’an dernier, à Londres, et mettre en évidence l'importance de ce commerce au point de vue de la géographie zoologique. La Loutre de mer {Lilax lufris), si abondante dans l'Alaska à la fin du xvu siècle que cette région fournissait annuellement 120.000 peaux, et devenue très rare. D'octobre 1903 à octobre 1904 (4), il n'en a été offert que 463 au prix de 2.500 francs pour les exemplaires ordinaires età celui de 5.000 et même de 7.500 irancs pour ceux de très belle qualité. Le Renard argenté (Canis vulpes argentatus) est également rare et cher. 725 peaux ont été mises en vente, quelques-unes au prix de 6.000 francs. Le Renard bleu figure pour 3.742 exemplaires; son prix, beaucoup plus modeste (265 à 400 francs dans ces dernières années\, a une tendance marquée vers la hausse. 20.341 peaux de Renard blanc ont passé sur le marché en 1903-190%. (Prix : 80 à 140 francs). Le Eynx figure au catalogue pour 12.144 unités avec une enchère maxima de 52 francs, et le Glouton pour 47.159 unités avec prix variant de 20 à 42 fr. 50. En 1903-190%, 29.547 Zibelines (Mustela zibellina) ont été adjugées par les Lampson. Si les très belles peaux ont atteint 1.250 et même 1.750 francs pièce, les exemplaires ordinaires varient de 1.250 à 315 francs. Combien plus considérable et meilleur marché est le stock des « Kolinski» (Wustela sibirica) (472.796 exemplaires à 2 tr. 50 !) L'Hermine produite principalement par la Russie et la Sibérie ne figure que pour 1.840 peaux. En 1903 on compte 13.728 Visons du Japon et 253.000 d'Amérique (Mustela vison). 55.106 Martes (M. martes et M. americana), et 19.000 Fouines et variétés inférieures. La Loutre (Lutra vulgaris et L. canadensis) figure, en 1903. pour 14.757 peaux, le Skunk, pour 948.577 (1 fr. 25 à 8 fr. 75), le Blai- reau (Meles taxus) pour 13.543, le Loup pour 47.139 peaux, l'Ours 12.834, le Renard rouge (Canis vulpes), pour 62.052 peaux, le Renard de Virginie (C. cinereo-argentatus) pour 64.431, le Renard de Pen- sylvanie (C- var. pensylvanicus) pour 2.957 et le Renard turc (C. velox) pour 2.186. Les Marmottes figurent aux enchères de 1903 pour 268.170 peaux. La même année la maison Lampson a mis en vente 16.054 peaux (3) Lecture pour tous, 1899. (4) The-supply of valuable furs, in Nature, Londres, vol, 71, n° 1831, 1er déc. 1904, page 115. EXTRAITS ET ANALYSES 391 s de Castor (6 fr. 25 à 86 fr. 25), 80.269 de Nutria (Myopotam u coypu), 23 587 de Chinchilla (Chinchilla lanigera) (maximum 387 Îr. la douzaine), 132.996 de Chinchilla bâtard (Lagidium) (maximum i61 francs la douzaine). Dans la statistique le Rat musqué (Fiber zibethicus) tient la tête avec un chiffre de 2.979.469 peaux, suivi de près par l'Opossum (2.455.765 Opossum d'Australie et 168.396 d'Amérique), tandis que l'Ecureuit (Petit gris) fournit un contingent de 142.591 peaux. En outre des adjudications opérées par la maison Lampson, il y a celles de la fameuse Compagnie de la baie d'Hudson, beaucoup moins importantes en dépit de leur ancienne réputation. En jan- vier 1904, cette Compagnie a offert 34 866 peaux de Castor et 923.053 de Rats musqués. Parmi les adjudications opérées par plu: sieurs maisons de moindre importance il y a lieu de signaler un stock de 2.313 peaux de Singes d'Afrique, probablement pour la plus grande partie de Singe noir (Collobus vellerosu). En dépit de la colossale tuerie que révèle cette statistique très incomplète, puisqu'elle laisse de côté les marchés russes et alle- mands, les animaux à fourrures ne paraissent pas, en général, menacés d'une extermination prochaine, fait observer M. Lyddeker. Seuls, la Loutre de mer, le Castor, le Singe noir et certaines variétés de Phoques à fourrures semblent devoir disparaitre dans un avenir prochain. BIBLIOGRAPHIE La Production Chevaline en France. (ASSELIN ET HouzEAU, PLACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE, PaRis). Rapport présenté par MM. Dr- CHAMBRE et H. Rossicno au Congrès National Vétérinaire de 1906. S'il appartenait à un groupe de traiter sous une forme nouvelle l’importante question de l'élevage du Cheval en France, c’est bien à un groupe composé de vétérinaires. En effet les vétérinaires tou- jours en contact très intime avec le producteur sont à même de connaitre mieux que tous autres Ce qui convient à ce producteur. De plus l’enseignement qu'ils reçoivent dans nos écoles joint à l’'ex- périence acquise, leur permet d'être des juges incontestés en la matière. La question de l'élevage du Cheval est bien une question nationale de premier ordre, et il faut surtout la considérer au point de vue de la consommation du produit obtenu. Les deux grands consommateurs de chevaux étant, d’une part la force motrice 392 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION pour la traction, et d'autre part l'armée, il semble rationnel de tenir compte dans la reproduction, des besoins de ces deux grands élé- ments de consommation, de procéder à ce sujet de façon à répondre le plus exactement possible à ces besoins, et non de créer des types spéciaux pouvant posséder des aptitudes particulières,mais ne cor respondant pas aux aptitudes générales nécessaires pour la traction et l'armée. Indépendamment de ces généralités il ressort du rapport présenté par MM. Dechambre et Rossignol : Que les reproducteurs doivent être bien assemblés de façon à donner le produit qui s'écoule le mieux; que dans beaucoup de cas les produits devien- nent défectueux par suite d’une nourriture insuffisante, d'un tra- vail prématuré; que les engrais phosphatés dans les paturages médiocres permettent d'améliorer une race en améliorant le sol, et que l’exiguité de la taille est une des conséquences fatales du peu de fertilité des terres. On constate aussi que les vétérinaires et les haras sont généralement en désaccord et le rapport en donne les motifs. En outre, la lecture de ce rapport répandra certainement chez les éleveurs l'idée qu'il leur est indispensable de posséder un fond sérieux de connaissances techniques, qui leur permettra de s'affranchir des notions empiriques et banales, qui sont malheu- reusement trop répandues chez beaucoup d'entre eux. H. COURTET TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS MENTIONNÉS DANS CE VOLUME > Braw (F.). Sur la Bernache des îles Rene 359. Bors (D.). Le Fruticetum des Barres, 29. Bors (D.). Ag épuration et l’uti- lisation des eaux d’égoût de Faris, 281. Bors (D. 2 Le réseau algérien de la Compagnie P.-L.-M. au concours général agricole de Paris en 1906 Cxapez (F. de). Quelques obser- vations sur l’albinisme chez les Oiseaux, 265 CHEVALIER (A). Observations relatives à quelques plantes à Caoutchouc, 165. Courter (H.). La culture du Thé du Paraguay (Yerba maté) dans la République Argentine, 10. Courter (H.). Compte rendu des séances AT De colo- niale, 91 et I CourTET EX Le Coton à Ta- hiti, 139. CourtET (H.) Le Bétail dans la région du Chari, 201 Courter (H.) L'utilisation de la viande de Chèvre dans l’ali- mentation, 247. No (H.). ‘Le Kapok ou Co- ! ton du Fromager, 289. CourTEr (H.). La Mouche Tsétsé, 365. CREPIN ai ). La question Ca- prine, 73. CREPIN (Ce, Rapport sur la classification des races ca- prines et la constitution d’un li- vre généalogique de ces ra- ces, 297. Dicuer (Léon). Etude sur les principales cactées utilisées au Mexique, 15 et 45. Me (H.). La noix de Kola, GÉRÔôME (J.). De l’utilisation des terrains humides et maréca- geux, 180. Grzson (J.). Note sur la nidifi- cation de la Fauvette des jardins, 169. Giearr. Histoire de Goundam, 2 Hucues (A.). De l’adoption des œufs étrangers par les Oi- seaux, 226. LE Forr (R.). Mredbrenatios du ee de Soleil en Solo- gne, 1 Le Forr (R> ). Les Dindons con- sidérés au point de vue de a destruction des Reptiles, Loyer (M. ). Rapport au nom de la Commission des Récom- penses, XXVIII. Loyer (M.). Le Colin de Virgi- nie, 208. MAGxNE (G- ). Rapport sur l’Hor- ticulture à l'Exposition de Liège, 173. Macne (G.). Les plantes de montagne et le jardin bo- tanique de Zermatt, 250. Mamxeaup (G.). Sur la capture de l’Eider sur les bords de la Méditerranée, 136. MarcHaz (Dr). Sur un Parasite de la Galéruque de l’Orme, 162. Mézix (E.). Sur l’incubation des œufs fêlés, 360. Orreuirze (Comte d’). Le Bob- white, 312 ParDé. Excursion de la Société à l’'Arboretum et au Fruti- cetum des Barres, 38. PgzzecriN (Dr Jacques). L’incu- bation buccale chez les Pois- sons, 62. Pyziecrin (Dr Jacques). Les Poissons d’eau douce de l'Indo-Chine Française, 268, 319. Perrier (Edmond). Discours fait à la distribution an- nuelle des récompenses, : RARE (Edmond). La Parure, ProscHxows«y (A. Robertson). es Palmiers de la (Côte d'Azur, leur résistance au froid, 340, 367. RABOoT (C.). Le commerce des fourrures à Londres, 389. RaspaIz (X.). À propos de l’AI- louette, 206, e. & (A _ ER OR 9 3 * Pd RER DR NES ETES DEAR DE ORAN SE PES % AR 3 SR ET DM EE € 2 LE TRS 2 LR EE AE DT CAN TL NE Et MES OEAE 394 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION RavereT-WATrEL (C.). Sur la pisciculture en Suède et en Norvège, Récopé. Discours fait à la dis- tribution annuelle des ré- compenses, XVIII. Rivière (Ch.). Sur l’inflores- cence de lArundinaria fSi- moni, 263. Rocer (E.). Sur l’acclimatation du Black bass, 171. RocEron (G.). Suite des mé- comptes de Héclsion 329. RozLAnD-GossezIN (R.). Au su- jet du Pe-Tsai, 296. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME Abeille dorée, 155. — , trèfle-rouge, 155 Acaras, 66. Agapanthia gracilis, 206. Agriotes striatus, 207. Alauda arvensis, 153, 206. - Allouette, 151, 206. Amiurus nebulosus, 128. Anabas scandens, 273. Anguilla bicolor, 323. Apogon nigripinnis, 65. Arapaima gigas, 65. Arius Commersont, 64. — fissus, —, sagor, GA. Astronotus, 67. Bécasse, 190. Bernache des 399. Betta pugnax, 276. Black Bass, 171 Blaireau, 390. Bobwhite, 312. Bombyx neustria, 156. Bouc nubien, variété Zaraïbe, 78 Pop la région du Chari, Calico-Bass, 105. Callidium sanguineum, 155. Carcharias gangeticus, 272. Carpe de Kollar, 86. Carrassinus vulgaris. 86. Carrassinus auratus, 322. Casoar-Emeu, 151. Castor, 391. Catfish, 128. Catopra fasciata, 279. Cheilodipterus affinis, 65. Chinchilla, 391. îles Sandwhich, RorLanp-Gossezix. Le Piloce- reus Pringlei, sa rusticité à Nice, 338. Rossienoz (H.). Expérience sur la vaccination anti-tubereu- leuse des bovins selon la mé- thode Behring, 5. SAINT-QUENTIN (A. DE). Sur un hybride de Coq et de Pin- tade, 33. TROUESSART (Dr). Les variations de l’Ecureuil d'Europe, 137. Van KemPem (C.). Sur un hy- bride de Pintade mâle #t de Poule Houdan, 296. Chevèche passerine, 191. Chèvre, 74, 186, 216, 355. | — Nubienne-Zaraibe, 77,78 — Cou-clair des Alpes, 79. — variété de Saanen, 79: — variété du Sunoau, 79. — variété chamoisée des Alpes, 81. race dE Haut-Valais, 299 — race de Malte, 299. — race de Murcie, 300. … race de Nubie,. 302. — race de Syrie, 8303. — race d'Angora, 304. — SRpeseu Massif central, | | race rte 306. (viande de), 2 Chœtobranchus. 67. Chromis lapidifera, 66. —— . SIMOMIS, —— Magdalene, 68. — philander, ‘68. Cichla, 71. Cichlasoma facetum, 129. Cichlasoma bimaculatum, 130. Cichlidés, 65. Clarias batrachus, 319. — leiacanthus, 319. — macrocephalus, 219. apré Virginie, 149 208, 220, Colinus Vairginianus, 313. Conurus jendaya, 125. Corbeau Freux, 195. Corvus frugilegus, 195. Corymbites latus, 207. Cossus lignif era, 155. Crenicichla (ile INDEX ALPHARÉTIQUE DES ANIMAUX 395 Cyprinus carpio, 322. Dendrocygna javanica, 123. Dindons, 295 Ectodus longianalis, 68. Ecureuil d'Europe, 137. Ecureuil (Petit gris), 391. Eider, 122, 136. Eléphant d'Afrique. 145. — d'Asie, 145. Eriococcus araucariæ, 133. Escargot, 31. Eupomotis gibbosus, 105, 128. Falco tinmanculus, 191. Fauvette des jardins, NE Fiorinia cameliæ, 133. Fou de Bassan, 194. Fundulus, 64. Galeichtys feliceps, 64. Gallerucella luteola, 1162: Galéruque de l’'Orme, 162. Gasterosteus aculeatus, 62. Geophagus De GT brasiliensis, 129. Élrcn, 390. Gracupia nigricollis, 125. Grue, Halmstalax, 85. Hamster, 184. Haplochilus tangani canus, 65. Hemichromis sacer, 68. — bimaculatus, til Hermine, 390. Hippoglossus vulgaris, 84. Huître perlière, 261. Poe de Coq et de Pintade, Insectes du musée de l’Institut Catholique, 132. Kolinski, 390. Labrax Lupus, 11722 Larus canus, 149 Lates calcarifer, 280. Lina longicollis, 153. —— populi, 153. — ‘tremulæ, 153. Lophortyx californicus, 312. — G'ambeli, 312. Loup, 390. Loutre de mer, 390. Lynx, 390 Macropodus viridi auratus, 65, 274. Malacopterygiens, 319. Malopterurus electricus, 64. Marmotte, Marte, 390. Mastacembulus, 278. Meleagrine, 261. Monopterus javanensis, 328. Mustela sibirica, 390. Nandus marmoratus, 279. Nandou, 361. Noctua minor, 191. Nutria, 391. Œna capensis, 123. Oie d'Egypte, 150. Ophiocephalus, 277. Opossum, 391. Oryctérope; 384. Orycteropus senegalensis, 384. Osphromenus olfax, 275. — maicrolepsis, 276. — siamensis, 276. — trichopterus, 276. Osteogeniosus, 64. Pantodon Bucholzi, 199. Parus major, 192. Pelmatochromis lateralis, 69. — lepidurus, 69. Perdrix, 1223! Poetit- Gris, 137. Phalæna monacha, 314: Phoque à fourrure, 391. Plotosus anguillaris, 320. Caninus, 390. Pr istis Perrotteti, DD Promoxys aniularis, 105. Raïe-Aïgle, Rat musqué, 391. Renard argenté, 390. — bleu, 390. — de Pensylvanie, 390. — rouge, 390. — : turc, 390. de Virginie, 390. Rfeas americana, 361. Ehodeus amarus, 62. Rhynchobdella acuta, 278. Saccobranchus singio, 320. — fossilis, 320. Salmo fontinalis, 128. Salvelinus fontinalis, 84. Saumon de Halmstad, 85. Saxcola stapazina, 191. Sceiurus vulgaris (typicus), 137. — = alDUnUus, Late italicus, 137. leucurus, 137. TUfus, varius, 137. Sen Cini, 121. Serinus meridionalis, 121. Sesamia nonagr ioides, 133. Sillago Boutani, 279. Silurus cochinchinensis, 321. Singe noir, 391. Skunk, 390. Striz Hommes. 191. Sula bassana, 194. Sylvia hortensis. Téléosteens, Tetrastichus xanthomaælenæ, 162 T'etrodon, 324. Tilapia galilæa, 68, 69. — nilotica, 68. — sbrigigena, 68. Tragopan de Blyth, 189. — satyre, 189. Trematomus Bernach, G5. Trichogaster, 276. 126, 173. 396 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION Tropheus Moorei, 68. Truite Arc-en-Ciel, 84, 260. — commune, 84 Trutta fario, 85. Tourterelle diamant, 150. Toxotes jaculator, 279. microlepis, 279. Tsétsé, 365. Vison, 390. Zibeline, 390. INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME Acanthorrhiza, 375. Acanthorrhiza aculeata, 375. — Warszewiczü, 375 Amande à coque dure, 377. Arbre à pain, 157. Arundinaria falcata, 264. — gracilis, 264. — simoni, 264. Bambou, 263. Banane, 103. Bombax buonopozense, 290. — ceiba, Cactées, 15. — à fruits comestibles, 16 — po pour clôtures, — fournissant du bois de construction et de chauffage, 48. — à graines fourragères et comestibles, 51. _— à fibres, 56. rs InDZ Caoutchoucs Indo-Chinois, 199. Carotte longue noire, 377. Caroube, 377. Cereus pruinosus, 17. queretarensis, 18, 49. Dycki, 19 Thurberi, 20. gummosus, 21, 49. triangularis, 29, Ocamponi, 29, trigonus, 29, speciosissimus, 22. Jhiotilla, 23. Chende, 24. Chichipe, 25. geometrizans, 26. marginatus, 27, 46. bavosus, 45. Pringlei, 46, 49, 338. Po arborigenum, 46, candelaber, 46, 49, 55. T'etezo, 55. ruficeps, 58. giganteus, 339. Chamærops, 367, Re RSSSÈRERE ESA Chemerons humilis, 345, 867. (Nannorhops) Cor- mesii, À — humailis, 374. — hystric, 314. — stauracantha, 375. Citron, 378. Corypha, 375. Corypha elata, 375. umbraculifera, 375. Coton, 100, Courge, ST Cylindropuntia alcaes, 49. Cholla, 49. imbricata, 49. Davidia. involucrata, 30 Echinocactus spiralis, 51. agglomeratus, 51. flavovirens, 51. ingens, 51, Lecontei, O1 peninsul æ, 51. Diguetü, 51, 53. Bchinocereus, 27. Eriodendron ‘anfractuosum, 280. F'enouil doux, Ficus elastica, 166. Fœmiculum dulce, 376. Galium aparine, 126. — palustre, 1264173. Gossypium taïitense, 139. — religiosum, 140. Hermodactylus tuberosus, 199. Hortensia, 31. Îlex paraguayensis (Maté), 141 Kapok, Kola (noix de), 253, 262. Luffa cylindrica, Landolphia Klainei, 167. owariensis, 167. retone. 372. Livistona altissima, 372. australis, 372. cochinchinensis, 372. Hoogendorpii, 372. jenkinsigna, 372 Mariæ, 372 olivæformis, 372. sinensis, 312. subglobosa, 372. rotundifolia, 373, LR LE al mb té ot, aie EN PE EP NP TP ER AT à mit hs tation ON PT AT Te EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 397 ) Mammillaria, 27. Manihot Glaziotwr. 167. Maté, 327 Melon ananas d'Amériaue, 377. Microphœnix decipiens, 367. TA bec ; Mil, 91. Musa sapientum, 341. Nannorhops, 374 Nannorhops ritchieana, 374. Opuntia cardona, — ficus indica, 16. Orange amère, 378. Palmier nain, 378. Pereskopuntia aquosa, 27. Chapistle, 47. Pé- Tsai (Chou de Chine), 296. Phœnix, 368 Phœnix canariensis, 368. — dactylifera, 367, 368. Phœnix humilis, Phœnix Rœbelini, 370. Pilocereus Schotii, 27. — lateralis, 56. — alensis, 57. == Pringlei, 338. Piment, 377. Plantes de l'Arboretum et fru- ticetum des Barres (Voyez), | Vign 38: .. Y EXTRAITS DES Plantes de l'Exposition de Liège, 173. Plantes ayant souffert du froid à Beyrouth, 158. ‘Plantes réussissant à Beyrouth, 9 Plantes des terrains humides et marécageux, Plantes de montagne, 250. Polygonum aviculare, 152. Psidium Cattleyanum, 344. Rhapdoneyiune 314. hystrix, 374. Rhapis, EE — flabelliformis, 875. — humailis, 3875. == Särotsik, SO Senecio Jacobæa, 160. = cineraria, 160, 199: — jacobœus maritima, 199 Smyrnium. obusatrum, 199. Thrinax argentea, _875. Re (Trithrinaæ ) Chuco, Trachycarpus, 371. == eæcelsa, 367, 372. — khasiana, 372. = martiana, 372. e, 95. erba-Maté, 327. PROCES=VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCES DES SECTIONS ire Section. — Mammifères Séance du 6 novemb. 1905 118 — 4 décemb. — 119 — 8 janvier 1906 145 — 5 février — . il Sous-Section d'Etudes caprines Séance du 6 avril 1906 185 — 11 mai — 216 _ 25 mai —. 355 2% Section. — Ornitologie Séance du 6 novemb. 1905 119 = ANdÉCEND MST — 8 janvier 1906 146 — 5 février 159 — 5 mars a TULOZ —= 2 avril — 22 3e Section. — Agriculture Séance du 13 novemb. 1905 127 _ 11 décemb. = ji === 15 janvier 1906 197 — 12 février — S6Ù Ze Section. — ÆEntomologie Séance du 15 mai 1905 131 == 13novemb. mr? _ décembre ent5s nn 15 janvier 1906 154 — 12 mars 855 5e Section. — Botanique Séance du 20 novemb. 1905 134 = 18 décemb. — 156 — 22 janvier 1906 158 — 19 février — 404199 — 10 mars — 326 6e Section. — Colonisation Séance du 20 novemb. 1905 ne _ 18 décembr. — 161 — 22janvier 1906 262 398 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES PUBLIÉS DANS CE VOLUME Adoption (De 1) des œufs étrangers par les Noiseaux.-- 2e 296 - Agronomie coloniale (Compte rendu des séances d’). 91 et 112 Albinisme (Quelques observations sur l’) chez les Oiseaux... 265 Allouebrte CMMpropos de) PARee eee ee --e-ecerrete snsennerpeeereses 206 Hu ae Pricer des Barres (Excursion à lee 38 Arundinaria Simoni (Sur l’inflorescence de)......................……. 263 Bétail (Le) dans la région du Charï.................................…., 201 Bernache des îles Sandwich (Sur la)................................ 329 Black bass (Sur l’acclimatation du)...:"........................... 171 Bobwithen(e) Mir SH BOMMREE ce doe nd RE UieRE :.1 1912 Cactées (Etude sur les principales) utilisées au Mexique. 15 et. 45 Caoutchouc (Observations relatives à quelques plantes à)... 165 Chèvre (L'utilisation de la viande de) dans l'alimentation... 247 Cohnthe) de item LL across ebe le cos cree one cree 208 Concours général agricole de Paris en 1906 (Le réseau algérien de la Compagnie P.-L.-M. au)........................ 376 Coton A Dante) EE RNA bee rence MR Obe er Eee enr eee 139 Dindons (Les) considérés au point de vue de la destruction FACE IN Dale NE CRÉES BR re A Distribution des récompenses (Séance publique annuelle). XVII Eaux d'égout (L’épuration et l’utilisation des) de Paris... 281 Eclosonatres Inécomptes (de) Me eee en te RENURS 329 Ecarreuil d'Europe (Les variations de l’).......................... 137 Eider (Sur la capture de l’) sur les bords de la Méditerranée. 136 Fauvette des jardins (Sur la nidification de la)... 169 Fourrures (Le commerce des) à Londres... RE RU ee 389 FrutcetimAlle) des Barres. minier cc AL ES 29 Conmdam(EnS tonne Ade) APP e-ec--ecee rep eee ceeL ee 348 380 Hortensia (Le bleuissement des fleurs d)............. Drrenoressene 31 Horticulture (Rapport sur l’) à l'Exposition de Liège... 173 Hybride (Sur un) de Coq et de Pintade............................…. 33 Hybride (Sur un) de Pintade mâle et de poule Houdan..….…. 296 Incubation buccale chez les Poissons...............................….…. 62 Jardins alpestres dans les Vosges (Création de)...............……. 72 Kapok (Le) ou coton du Fromager.................................… 289 Kola (Ma tnoix ide). :2.2.70-..c-ceeeecemesceecae=ereeeceocsencnecspesvece 253 Nandou en France (Elevage du)................................... 361 Œufs fêlés (Sur l’incubation des)... CT A NE A AR mate Éone 360 Palmiers de la côte d'Azur (Les), leur résistance au froid. 340 367 Parasite (Sur un) de la Galéruque de l'Orme......................…. 162 PA reNA) NME CEE AN Ne PRE er ee cÈe 233 Bel anAtAUMSUnetL du) CEE CPE EEE 5D2 530 2m2cgo0 0 hp añD 020050 na 000 296 Pilocereus Pringlei (Le), sa rusticité à Nice..................…. ess Pisciculture (Sur la) en Suède et en Norvège...................... 83 Plantes de montagne (Les) et le jardin botanique de Zer- AD OT SO Le ele a ee Dee De MN INR al De AN LUS DRE ONE . 250 Poissons-Soleil (L’acclimatation du) en Sologne.................… 105 Poissons (Les) d’eau douce de l’Indo-Chine Française... 268 319 OQuestiontieapremen(lha) re NEA IT RIRE LAS 73 RacesMeaprimesM(Classincationtdes) 2e ER Re 297 Règlement administratif revisé en janvier 1906.................. IV SPA CUUS MCDHS CIDRE. Te BR... A Ne ARSROnn Terrains humides et marécageux (De l’utilisation des)... 180 Thé du Paraguay (La culture du) dans la République ADO TIME, CAUSE MR À AE NERO CAEN 10 Tsétsé/ (La "Mouche) | te ent Le COR A ANR Or EE 365 Vaccination anti-tuberculeuse des bovins selon la méthode Be nine (Expériences SUD... PARA eEnS Yerba-Maté (La récolte du) au Brésil... 327 Ée _; CNT La JE AR SR LE Cr BIBLIOGRAPHIE 399 BIBLIOGRAPHIE Courrer (H.). La Production chevaline en France, 391. Roos (Maurice). La Chèvre, CourTET CH Le Mouton, 229. Courrter (H.). Atlas colorié des animaux et des plantes des côtes de France, 230. Courter (H.). Le livre du Fellah, 232. GéromEe (J.). Chrysanthème et Dahlia, 231 CLÉMENT (A.-L.). Apiculture, 229. Noter (Raphaël de). L’Escar- got, son histoire, ses mœurs, son élevage, 31. Noter (Raphaël de). L’hybrida- dation des plantes, 32. TABLE DES GRAVURES pue nubien, variété Zaraïbe, Cerens pruinosus, 17. quer etarensis, Dick, 19. Thurberi, 21. Chiotilla, 24. Chende, 95 Chichipe, 26. marginatus, 28. Bavosus, 45. ne 55. Tuñiceps, Chèvres de Murcie, 75 Chèvre, variété ds Gar’a, 75 Nubienne-Zaraïbe, 7 et 78. variété du Sundgau, 79 18. RP AIESIR ER cou-clair des Alpes, 79. de Saanen, 79, chamoisée des Alpes, 81 alpine améliorée, 82. Echinocactus penimsuleæ, ,20- CU Da ngens, 5Æ, Hybride de Hoc et de Piftade, 47 Chèvre ô, hapistle, 56. Pereskopuntia Pilocerens laterqlis, — alensis, 57. Pois son-Soleil, hors-texte. Taureau, ÿype peul, 201. Tête de Geophagus âgé, 67: — Palmatochromis latera- lis, 69. Vache, type peul, 203. 4 EURE M RANÉENI EN 'AUAEE ï % roi s prix d'impression des tirages à part des articles publiés dans le Bulleti ne < à RAS 75 | 400 ; . | Au-dessus de 100 exemplai $ Fe exemplaires |exemplaires ES ROUE METEO en ets de dates cie old ARE PRE 7.50 9.50 sante dentelle rene tee DS EN EL à 3 ARE NET AE) 9.50 demi-feuille...... CARARURE DR CRT ADR RES ea me 4.50 6 » retenues la deutlle eee esse ent 7.50 9.50 Le tout sous couverture du Bulletin de la Société œI=1=1=) (XL) OL Or OT OL « @.— Tes auteurs de notes ou de mémoires insérés dans le Bulletin et contenant au moins un krt de feuille, peuvent obtenir la remise gratuite de quatre épreuves de ces communications, en en fant au Secrétariat la demande avant l'impression. (Extrait du règlement administratif, janvier 1906, k viix, art. 61.) bles membres de la Société qui désirent obtenir des cheptels sont priés d'adresser au Secrétariat mue de Buffon, la liste des animaux dont ils sont disposés à tenter l'élevage; les cheptels seront isentis, après examen de la Commission compétente, suivant le rang d’inscription et au fur et à sure des disponibilités. Le Bibliothécaire-archiviste prie ceux d'entre ses collègues qui posséderaient double le numéro de Décembre 1897 du Bulletin, de bien vouloir le lui envoyer, n'qu'il puisse compléter la collection de la deuxième série du Bulletin déposé à la bliothèque de la Société. pit OFFRES, DEMANDES ET ANNONCES OFFRES 8 très beaux bassets tricolores, 15 mois, artois- i Fa gascons (2 males). - 2 très jolies bassettes tricolores 15 mois même race, sœurs des précédents. 100 francs pièce et 5 francs pour le chenil- lle Paon nigripennis, 2 ans, superbe, fa- HIFIMEP EL nie SOON TER CARRE 60 fr. ouple Pigeons, tambours de Boukharie, Ipapillottés le couple.................... 50 » 2 mâles beagles harriers 2 et 5 ans absolument Écuple Pigeons, étourneaux............. 10 » parfaits sur le lièvre. tu , diamanté, de Syrie... 20 » 150 francs les deux et la pièce pour le chenil ou frisé, bleu, allemand... 20 » 100 francs chaque. 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BUHELETIN ne de 450 j à NATIONALE D'ACCLIMATATIO BULLETIN DE LA sjété Nationale d'Acclinatation de Francs FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D’UTILITÉ PUBLIQUE Par Décret du 26 Février 1855 ANNÉE 1907 CINQUANTE-QUATRIÈME ANNÉE PARIS NÉPSRÈGE DE LA SOCIÉTÉ 33, RUE DE BUFFON, 33 1907 PÈT Fe SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES PROCÈS-VERBAL La séance solennelle de distribution des récompenses de la Société nationale d'Acclimatation eut lieu le 10 février 1907, sous la présidence de M. Dabat, Directeur de l'Hydrau- lique et des Améliorations agricoles, représentant M. le Mi- nistre de l'Agriculture, assisté de M. Edmond Perrier, membre de 1 Institut, directeur du Muséum et président de la Société, entouré de MM. le baron de Guerne, Raveret-Wattel, Bois, . vice-présidents, et Loyer, secrétaire général. Au nom du Ministre de l'Agriculture, M. Dabat a proclamé tout l'intérêt que son administration portait à nos travaux et nous a assuré de sa bienveillante sollicitude pour seconder les efforts de notre Société. Au nom du gouvernement de la République française, M. le Président a conféré à nos collègues MM. Mailles et Fillot la croix de chevalier du Mérite Agricole et à M. René . Martin les palmes académiques (1). M. Edmond Perrier fit ensuite un brillant exposé des travaux de la Société d’Acclimatation durant l’année 1906, puis le Secrétaire général donna lecture du Rapport annuel au nom de la Commission des Récompenses Enfin, M. Charles Alluaud, dans une conférence animée de nombreuses projections, fit parcourir au nombreux public qui remplissait le grand amphithéâtre du Muséum d'Histoire naturelle, la région du Kilimandjaro où vivent encore, dans une sécurité relative, les représentants de la grande faune équatoriale. (1) Sur la demande de notre Société, M. Crepin recevait quelques jours plus tard la croix de chevalier du Mérite agricole. DISCOURS prononcé par M. DABAT, Directeur de l’Hydraulique et des Améliorations agricoles Déréeuk DE M. LE MINISTRE DE L'AGRICULTURE Mesdames, Messieurs, Le Ministre de l'Agriculture, M. Ruau, avait accepté avec grand plaisir l’aimable invitation qui lui avait été adressée par votre éminent Président, M. Edmond Per- rier, directeur du Muséum, mais au dernier moment le-Ministre s’est trouvé dans l'impossibilité de vienir présider votre distribution solennelle des récompenses. Il m'a chargé de vous en exprimer ses excuses et ses re- grets. Pour vous donner un témoignage de sa bienveil- lante sollicitude et du haut intérêt qu’il porte à vos tra- ‘vaux, il a tenu à se faire représenter à cette solennité par un des chefs de son administration. Le Service des Améliorations agricoles, que je dirige au Ministère de l'Agriculture, a plus d’un point commun par ses études et par ses travaux avec votre Société. Et Je me permettrai, dans un instant, d'évoquer devant vous une question qui préoccupe ce Service et qui a déjà fait l’objet d’études de la part de la Société d’Acclimatation. En parcourant ce matin les comptes rendus annuels de votre importante Association, j'étais frappé de l'ampleur de son action, qui s'étend non seulement sur tout notre territoire, mais encore sur nos colonies et sur le monde entier. Son œuvre féconde dès l’origine s’accomplit avec le plus grand succès depuis plus d’un demi-siècle. Vous avez doté notre pays d’acquisitions nouvelles, em- pruntées à la flore et à la faune des pays exotiques. Vous avez donné la vie à un grand nombre d'associations filiales sur tous les points de notre territoire ; vous avez déter- IL miné la création de nombreux jardins d’acclimatation et d’arboretums ; vous avez été les initiateurs d'un grand mouvement analogue à l'étranger. Du sein de votre Société sont sortis d’ importants tra: vaux, que vous portez à la connaissance de tous par la voie de votre Bulletin et à l’aide de publications spéciales. C'est là une excellente œuvre de vulgarisation. Vos six sections, qui concernent les mammifères, l’or- nithologie, l’aquiculture, l’entomologie, la botanique, la colonisation, embrassent un vaste champ d'étude. Vous venez, l'année dernière, de créer dans la section des mammifères une sous-section relative aux études caprines, chères aux grands naturalistes. Dans l'Histoire naturelle de Buffon, la Chèvre occupe une grande place, et je ne suis pas éloigné de croire que les chapitres sur l’acclima- tetion et le croisement des races caprines ont servi de prélude aux recherches de Daubenton sur l'introduction des mérinos en France. La réhabilitation de la Chèvre est l’une de vos préoc- cupations actuelles. Au lendemain du bel article, publié dans votre Bulletin par M. Joseph Crepin, sur l'utilité de la Chèvre pour l'allaitement des jeunes enfants, en rai- son de sa résistance bien connue à l'infection tubercu- leuse et des qualités physiologiques de son lait, le Mi- nistre de l’Agriculture lui donnait entrée dans les con- cours agricoles ; la Chèvre venait occuper, en effet, une petite place, mais une place d'honneur par l'attraction qu'elle exerçait sur tous les visiteurs et particulièrement sur les enfants, au Concours général agricole de Paris. Le lait de la Chèvre, parfumé par les plantes aroma- tiques qui poussent sur les hauteurs, a toujours eu la réputation de donner la santé aux enfants et de la rendre aux malades. Jadis, c'était presque une panacée. Et il est vraiment curieux de constater que la Chèvre nourrice, préconisée par les savants hygiénistes du xx° siècle, nous ramène tout droit à la Chèvre de la mythologie, à Amal- thée. Dans son intéressant rapport, M. Crepin, que je suis heureux de féliciter à ce sujet, indique les moyens d’amé- liorer les races caprines, en les sélectionnant, grâce à la création de livres d’origine, de livres généalogiques : ce IV serait le pendant des Herd-book, qui ont donné de si bons résultats pour l'espèce bovine. Ce rapport nous rappelle que la Chèvre n’est pas seulement précieuse par son lait et par sa chair, mais que sa laine nous donne le tissu solide, imperméable, connu autrefois sous le nom de ca- melot, Avec les filés d’Angora, on fabrique la laine mohair, avec le duvet fin et soyeux de la Chèvre de Ca- chemir ou du Thibet, on fabrique le châle cachemire des Indes. Les Lyonnais faisaient autrefois le commerce des écheveaux de laine fine et soyeuse de la Chèvre d’An- gora. Nous devons encore ajouter que le lait de la Chèvre permet la fabrication d'excellents fromages très renom- més ; sa peau est utilisée pour la ganterie, pour la maro- quinerie. A ce tableau, il y a une ombre, une réserve à cet éloge, que je me vois forcé de faire au nom des agronomes. et des forestiers. La Chèvre est une terrible mangeuse. Tout lui est bon, brin d'herbe, pousse, écorce des arbres, au- cune végétation ne subsiste parfois, là où-elle a longtemps séjourné ; mais on ne doit pas oublier qu’ellé est sou- vent réduite à chercher sa nourriture dans les terres mai- gres et les endroits rocaïilleux, sur les collines arides, sur les rochers où elle grimpe et saute avec une agilité surprenante. Je demande donc que des précautions soient prises dans son élevage et dans la conduite des trou- peaux, et que cet intéressant animal si utile, mais en même temps si dangereux pour nos plantations, pour nos essais de reboisement ou d’engazonnement des montagnes, d'améliorations pastorales, ne soit pas laissé libre de por- ter la dévastation dans nos bois et dans nos massifs mon- tagneux. Cette réserve faite, il ne me reste plus qu’à A à l’intelligente initiative de votre Société et à souhaiter que la corne de la Chèvre redevienne Île son de l'abondance, de la fécondité de la terre. Je voudrais profiter de l’occasion qui me met en rap- port avec votre Société pour vous entretenir d’une ques- tion assez complexe, celle de la culture des marais. Le Service des Améliorations agricoles a, entre autres missions, celle d’assainir les terrains humides, de mettre en valeur les terrains tourbeux et de procéder au dessé- DU #. Fu V J chement des marais. Nous avions tout d’abord pensé qu'il convenait de dessécher le plus possible les marais pour y substituer des cultures rationnelles. Mais nous nous sommes rendu compte que souvent les tourbières dans les montagnes, et les marais dans les plaines, étaient des régulateurs de sources, et qu’il y aurait inconvénient pour nos richesses aquifères à les faire disparaître. Les tour- bières et les marais agissent, en effet, comme des éponges qui retiennent les eaux de pluies, les emmagasinent, les empêchent de s’écouler brusquement et forment des ré- serves précieuses d’eau qui vont alimenter les nappes souterraines et par suite les sources. Nous cherchons donc aujourd’hui à conserver certains marais qui présentent une utilité pour le régime des eaux de la région et nous nous efforçons de les assainir, afin d'éviter les inconvén'ients des eaux stagnantes. Mais il nous faut aussi améliorer leur culture. Le Comité d’études scientifiques, établi par M. Ruau auprès de la Direction de l'Hydraulique et des Amélio- rations Agricoles, poursuit une série d’études à ce sujet. Ii a ouvert une enquête afin de connaître les transforma- tions à opérer dans les principaux marais de notre pays et il a chargé un professeur d'agriculture d'étudier les améliorations à y apporter. La production des marais est loin d'être une quantité négligeable et on pourrait en citer plusieurs qui donnent des revenus appréciahles. Les joncs ou pailles des ma- rais sont, en effet, utilisés pour la confection des chaises ; on les emploie encore comme litière, et ils servent à fabri- quer des couvertures, des nattes, des étoffes, du papier, etc., etc. Les joncs pour les chaises sont très demandés et nos industriels vont chercher en Espagne et en Italie les quantités au’ils ne trouvent pas en France. Indépendarnment de la question d'aménagement des eaux dans les marais, il convient de rechercher les meil- leures espèces de jones, de roseaux, d'osiers et d'opérer une sélection parmi les espèces connues, d'essayer l’accli- matation des végétaux étrangers. Ces études rentrent complètement, comme vous le voyez, dans le domaine d'action de la Société d’acclima- talion. Deux de ses membres d’ailleurs, MM. Correvon VI et Gérôme, ont publié dans votre Bulletin des rapports très intéressants sur les cultures dans les tourbières et dans les terrains marécageux. f Je demanderai donc, à la Société, au nom du Ministre de l'Agriculture, de vouloir bien reprendre ces travaux ; je les signale d’une façon toute spéciale à l’attention de la section de botanique. Le Gouvernement de la République sait qu'il peut compter sur votre sollicitude et sur vos efforts. Votre passé brillant répond de l'avenir. L'homme de science éminent que vous avez à votre tête vous permet de con- tinuer l’œuvre scientifique entreprise par votre Société sous ses illustres prédécesseurs. DISCOURS prononcé par M. Edmond PERRIER Directeur du Muséum d'Histoire Naturelle, Président de la Société Mesdames, Messieurs, Faire de notre pays une sorte de paradis terrestre où seraient rassemblés tous les êtres vivants qui pourraient nous être de quelque utilité ou de quelque agrément, tel fut le rêve dont les fondateurs de notre Société nationale d’Acclimatation poursuivaient la réalisation Icintaine. Ce programme fut accueilli en France avec un enthousiasme qui, rapidement, se répandit partout ; notre Société, la première en date, fut imitée dans tous les pays ; beaucoup de ses filles se sont illustrées et le titre de membre de la Société d’Acclimatation de Moscou est, en Russie, des plus recherché. Le projet était grandiose, en effet. Chasser dans nos bois, ces gibiers fantastiques que les amateurs vont au- jourd’hui poursuivre jusque dans les régions les plus chaudes du continent noir, quelle joie pour les fervents de Saint-Hubert ; ajouter dans nos parcs à l'éternel Mou- ton, au Bœuf placide et lent, les Antilopes légères de l'Afrique, les ondulants Lamas de l'Amérique australe ou même le singulier trépied vivant qu'est le Kangurou de la Nouvelle-Hollande ; trouver à ces hôtes nouveaux de la ferme des fonctions nouvelles, quel horizon pour l’'agriculteur ; peupler la basse-cour de ces superbes vo- latiles dont les brillantes couleurs, le luxuriant plumage sont la gloire et la joie des pays de lumière, quel rêve éblouissant pour des éleveurs lassés de la monotonie du chant des Coqs, du gloussement des Dindons, du roucou- lement des Pigeons, de la clameur discordaute des Ca- nards et des Oies ! C'étaient les étincelantes chimères des premiers jours d'enthousiasme, chimères sans lesquelles rien ne se crée, chimères dont les triomphants battements d’ailes entrat- nent les foules, comme les éclatantes sonneries . des trompettes entraînent l’escadron qui charge, .et qui, VIII lorsqu'elles ont mis en marche les esprits, suspendent leur vol, replient doucement leurs ailes et montrent de haut à ceux qui ont suivi leur élan les nouveaux hori- zons pratiquement accessibles. Nous sommes arrivés à cette période de recueillement qui suit la période tumultueuse de la création. Nous n’essayons plus de tout importer à la fois : les Eponges et les Huîtres perlières, les gros Papillons serici- gènes de l'Asie et les petites Abeilles d'Amérique, les Silures du Danube et les Truites de Californie, les Tinamous du Nouveau-Monde, les Mégapodes d’Aus- tralie et les Faisans de tous les pays, les Agoutis et les Yaks, voire même les grands Singes dont on a pensé à faire des domestiques qui ne réclameraient peut-être pas la journée de huit heures et le repos hebdomadaire. Nous nous sommes assagis. Si cette période de bouil- lonnement désordonné n'a pas été sans résultats parfois imprévus, si nous lui devons par exemple de voir voler en été sur les boulevards le superbe Papillon de l’Aïlante échappé des élevages de Guérin-Méneville, nous avons depuis sérié les questions, nous avons concentré nos efforts sur un certain nombre d’entre elles dont la solu- tion nous à paru plus prochaine ou plus immédiate- ment désirable, et nous avons été suivis dans cette voie. Chaque question nettement posée a valu de suite à notre Société un accroissement du nombre de ses membres, un accroissement de prospérité, un accroissement d’in- fluence. Parmi ces questions, il en est deux qui ont par- ticulièrement excité l'intérêt, l'élevage des Chèvres, ques- tion bien modeste en apparence, mais à laquelle notre collègue M. Crepin, a su donner une importance toute nouvelle ; l’acclimatation du Nandou, petite Autruche de l’Amérique méridionale, dont M. Charles Debreuil s’est fait l’ardent apôtre. La Chèvre, c’est, dit-on, la Vache du pauvre ; dès lors, personne n’en veut. On l’abandonne à ceux qui n'ont rien : M. Crepin ne songe pas à la leur reprendre, mais il voudrait qu’elle eût sa place un peu partout. Il a expli- qué ses raisons dans un des plus jolis livres et des plus complets qui aient été écrits dans ces derniers temps sur IX les animaux domestiques, et ses raisons sont particuliè- remerit excellentes. Il à réhabilité la Chèvre d’une façon complète, comme sera avant peu réhabilité l’Ane lorsque les automobiles auront rendu inutile la vitesse et la force des Chevaux. Parce qu’ils sont robustes, vivent de peu, n'ont nul besoin de soins continus et ont su garder, dans le milieu misérable où on iles maintient, une véritable indépendance de caractère, l’Ane et la Chèvre ont été, en leur qualité de pauvres gens, soupçonnés de tous les vices, accusés de tous les méfaits. Si l’Ane est stupide, désobéissant et têtu, la Chèvre est capricieuse et peut-être même quelque peu sorcière; elle détruit tout sur son passage ; son époux n’a pas impunément prêté son pied et sa barbe au diable ; elle a retenu quelque chose des maléfices du malin : 11 suffit qu'elle plante sa dent dans l'écorce d’un arbre pour amener sa mort; c'est elle qui empêche les forêts de couvrir les landes où elle vit, qui découronne les montagnes et qui a transformé en déserts nombre de plaines jadis fertiles. On méprise sa chair ; son lait est tout au plus une sorte de médica- ment et sa rude toison ne vaut pas qu'on y prête atten- fion. — Vous avez tort, nous dit fort justement M. Cre- pin ; il y a Chèvre et Chèvre. Sans doute, il y a des Chèvres dont la chair a une odeur nauséabonde, dont le la lait a une saveur désagréable, dont le poil est raide et inutilisable ; mais il y a aussi des Chèvres dont la chair est plus savoureuse que celle des meilleurs pré- salés, dont le lait semblable à celui de la femme est par- ficulièrement assimilable, et les plus fins tissus de laine sont faits de la soyeuse toison des Chèvres d’Angora. Choisissez de bonnes races, soignez leur reproduction, surveillez leurs croisements, exaltez par des unions bien assorties les propriétés utiles au rôle que vous destinez à vos élèves, et vous aurez des Chèvres qui seront des ani- maux de boucherie parfaits, des producteurs de laine de premier ordre et dont l’élevage ne vous coûtera presque rien. Vous aurez pour les jeunes enfants privés du lait maternel, pour les malades voués à la chair crue, une alimentation réparatrice tout à fait inoffensive, des nour- rices de tout repos. . La Chèvre, en effet, ne contracte pas la tuberculose ; X le sérum de son sang a même été considéré comme anti- tuberculeux ; elle ne saurait, par conséquent, véhiculer la terrible maladie dont si souvent les Vaches ont été les inconscientes propagatrices. M. Crepin réclame donc pour la Chèvre une place d’hon- neur dans nos étables ; mais il ne voudrait que des ani- maux de choix, et il propose de créer pour eux une sorte de Herd-book, analogue à ceux des Chevaux de course : à ceux que la Société d’Acclimatation elle-même créa jadis pour les Chiens de race ; il voudrait surtout que la Chèvre eût sa place dans les concours agricoles et la Société d’acclimatation demande à M. le Ministre de l'Agriculture la permission de signaler à toute sa bien- veillance ce vœu très légitime. Autour de son idée, M. Crepin à su créer tout un mou- vement; une section d'Etudes caprines a dû être insti- tuée par la Société d’Acclimatation et déjà cette section est de celles dont les séances sont le plus suivies. ï M. Debreuil nous transporte dans une toute autre ré- gion. Tout le monde connaît ses efforts pour acclimater le Tinamou et le Nandou ; on peut dire qu’il touche au but. Le Tinamou est un singulier Oiseau qui ne se rap- proche étroitement d'aucun autre et qui a un peu l’as- pect d’une Poule sans queue, à cou grêle, à bec quelque peu allongé ; ce devait être un nouveau gibier ; maïs ‘ti- mide, sans défense, le pauvre animal est à la merci de tous les petits carnassiers en maraude ; il ne demande- rait qu'à vivre dans nos pays, si l’on trouvait le moyen de protéger sa confiante existence et de lui apprendre à la garder. Tout autre est le Nandou. Bien plus petite que l’Autruche, il n'est pas encombrant comme elle ; trois fois au moins plus gros qu'un Dindon, si celui-ci de- meure une volaille, il peut, lui, devenir un magnifique Oiseau de boucherie, dont la chair se vendrait en détail comme celle du Mouton, tout en conservant le goût de la chair. d'Oiseau. Le Nandou fournit, en outre, des plumes et des œuïfs. Ses plumes n’ont été longtemps uti- lisées que pour faire des plumeaux ; on les faisait passer pour des plumes de Vautour ; on les met aujourd’hui sur les chapeaux des femmes où elles forment au théâtre un écran suffisamment encombrant ; elles valent en ce 2 Eté XI moment 120 francs le kilogramme ; or, un Nandou peut facilement fournir, sans être déparé, 300 à 400 gr. de plumes par an. La femelle pond de 25 à 30 œuïs, en deux fois, au printemps et en été ; chaque œuf pèse de 700 à 900 grammes et équivaut à 12 ou 15 œufs de Poule ; ils ont un goût tout aussi fin que ceux de Poules. Un couple de Nandous paye donc, en deux ans, sa valeur et, comme le prix de sa nourriture est des plus modérés, peu d’ani- maux sont aussi rémunérateurs. Partout où l'élevage du Nandou a été essayé en France, il a parfaitement réussi ; des parquets de 30 mètres de côté, entourés d’un gril- lage de 1 m. 20, leur suffisent. Mais de vastes plaines conviennent mieux à leurs ébats ; ils aiment d’ailleurs la compagnie et deviennent rapidement très familiers. Comme chez les Autruches, ce sont les mâles qui cou- vent les œufs et conduisent les petits vis-à-vis desquels les femelles se conduisent en marâtres si égoïstes qu'il les en faut séparer. Grands destructeurs de mauvaises herbes, les Nandous améliorent les prairies au lieu de les abîmer comme les Oies. Mais ce ne sont pas les seules questions qui aient préoc- cupé la Société. Un rapide coup d’œil jeté sur les 400 pages de son Bulletin pour 1906 suffit à faire naître l'impression d’une activité aussi variée que féconde. M. le professeur Trouessart continue la tradition de ses prédécesseurs en donnant à la Société d’Acclimata- tion tout le concours qu’une Ménagerie comme celle du Muséum peut offrir à une Société comme la nôtre, M. le professeur Trouessart, dis-je, a fait connaître les varia- tions de notre Ecureuil ; M. le comte d’Orfeuille et notre secrétaire général M. Loyer se sont occupés de ce char- mant Oiseau, le Colin de Virginie qui pourrait prospérer à côté de nos Cailles et de nos Perdrix aux qualités des- quelles il ajoute celle d’être un grand destructeur d’In- sectes, et les Poissons ont eu leur tour avec MM. Ra- veret-Wattel, Pellegrin et Le Fort. Tout le onde connaît les brillants succès dla vaee que M. Raveret-Wattel, l’un de nos vice-présidents, a obtenus dans son établissement piscicole du Nid de Ver- dier. M. Raveret-Wattel ne veut pas que ses méthodes demeurent secrètes. Il vient de publier sur le repeuple- XII ment des eaux et l'exploitation des étangs un ouvrage superbe, ouvrage tout plein d’érudition, d'expérience per- sonnelle et de savoir. C’est toute l’histoire biologique et industrielle des Poissons naturels à nos eaux douces et des Poissons étrangers susceptibles d'y vivre qui est passée en revue dans ce beau livre. Une telle œuvre honore la Société où M. Raveret-Wattel a su se faire une si grande place. [A L'acclimatation ne va pas sans susciter quelque mé- fiance. Le paysan français n'aime guère les nouveautés. Lorsque M. Debreuil parla pour la première fois des Nandous aux cultivateurs de son voisinage, ils lui répon- dirent : « Nous sommes d’honnèêtes agriculteurs et non pas des montreurs d'animaux étrangers ; gardez vos Oi- seaux. » Aussi les animaux nouveaux qui envahissent une con- trée ne tardent-ils pas à être chargés de tous les méfaits ; on leur attribue tous les malheurs dont on peut avoir à se plaindre. C'est ce qui arrive aujourd’hui à un magni- fique Poisson tout or et azur qui nous vient des Etats- Unis où il est désigné sous le nom de Sun-Fish, que nous avons traduit par Perche Soleil. À entendre les paysans de Sologne, la Perche Soleil serait un Poisson détestable, vorace au possible et qui transformerait en une chair sans valeur tout ce qui devenait autrefois la chair suc- culente de nos petits Poissons indigènes. M. Le Fort de- mande un passe-port pour le nouveau venu, rustique ef de bon goût : Certes, dit-il, comme tous les êtres de la création, ce Poisson a ses qualités et ses défauts, mais lorsque le nombre des qualités dépasse de beaucoup les imperfections d’un être, on peut remercier la Nature de l'avoir créé. On nous permettra d’ajouter pour demeurer dans la même note mystique : « Ainsi soit-il ! » Un Poisson de la même famille, la Perche Noire ou Black Bass des Etats-Unis est actuellement, de la part de M. Edgar Roger, l’objet d'essais qui promettent à nos tables un plat supérieur à celui que lui fournissent les Brochets et d’une valeur égale à celle de ce roi des Pois- sons de nos côtes, le Bar. M. Pellegrin nous offrait, l'an dernier, tout un peuple de jolis Poissons à mettre dans nos bassins et nos aqua- XIII riums comme Poissons d'ornement. Il nous donne, cette année, un travail des plus intéressants sur l'habitude qu'ont certains Poissons de garder dans leur bouche leurs œufs et leurs alevins jusqu’à ce que ces derniers soient capables de se tirer tout seuls d'affaire. Cette habitude est répandue dans les familles les plus diverses, celles des Siluridés (Arius, Osteogeniosus, Galeichthys, Ma- lopterurus), des Cyprinodontidés (Fundulus, Haplo- chilus), un Ostéoglossidé, le gigantesque Arapaima (Vastres), la plupart des Cichlidés. Tous ces Poissons sont: des Poissons d’eau douce, mais le fait s’observe également chez quelques Poissons marins {Apogon, Cheilodipterus, Trematomus). C’est généralement le mâle qui abrite ainsi les jeunes, comme c’est aussi le mâle qui construit le nid chez les Epinoches et les Polyacanthus ou qui porte les œufs sous son ventre chez les Syngnates et les Hippo- campes ; chez la plupart des Cichlidés la femelle reprend le rôle qu'elle tient dans presque tout le règne animal, plus rarement les deux sexes interviennent. Les végétaux ont joué, comme d'habitude, un rôle im- portant dans nos travaux. Qu'il me soit permis de signa- ler, une fois de plus, l’activité de l’un de nos membres les plus zélés, M. Magne. M. Magne est un fervent ami des montagnes ; il ne peut faire surgir aux environs de Paris les altitudes auxquelles poussent les Edelweiss, les Gentianes et les autres Plantes qui prospèrent au voisi- nage des glaciers. Mais il a su créer toutes les ambiances qui permettent aux Plantes des montagnes de croître et de fleurir en plein bois de Boulogne, comme elles fileuri- raient au contact des névés. Il a su créer de petites Alpes artificielles, aux rochers humides et froids. Les Edel- weiss s’y trompent comme se trompent dans les serres chaudes les Orchidées des tropiques que M. Magne sait aussi admirablement cultiver. Lui aussi à conté dans un beau livre comment il a créé son jardin alpestre qui est également un jardin d'acclimatation. Il a semblé à ceux qui ont vu de près l’œuvre de M. Magne, que ses efforts persévérants devaient lui valoir la croix de la Légion d'honneur ; ce sera une fête pour notre Société, le jour où elle apprendra que cette distinction bien mé- ritée lui a été accordée. XIV C'est, au contraire, sur la Côte d'Azur que nous con- duit M. Robertson-Proschowski, la Côte d'Azur où l’abon- dance des Palmiers donne parfois l'illusion d’une région tropicale. C’est la région tout au moins où viennent abou- tir, pour la joie des malades et des oïsifs ou la consola- tion des joueurs malheureux, des plantes de toutes les parties du monde ; où il y a, pourrait-on dire, un peu de terre de tous les pays, et ce n’est pas là une figure de rhétorique. Lorsque Darwin écrivait son livre sur le rôle des Vers de terre dans la Nature, je passais pour bien connaître ces modestes animaux dont les espèces sont légion. Le maître en avait fait recueillir un très grand nombre dans les jardins de Nice; il me les envoya en me demandant de lui faire connaître leurs noms : toutes les espèces qu'il me communiqua étaient d’origine étran- gère. Ce petite monde était cosmopolite comme le grand ; il était venu des cinq parties du Globe avec la terre qui enveloppait les racines des fleurs, et il avait chassé nos espèces indigènes. Il y a ainsi à Nice des Palmiers d’un peu partout ; ils vivent dans la plus étroite promiscuité et se marient entre eux, sans souci des races, tout comme les gens, de la plus déplorable facon. Il en résulte tout un chaos de Plantes bizarres où M. Proschowski s'efforce de mettre de l’ordre. Sa modestie ne l'empêche pas d'y réussir pleinement et de réunir sur la biologie de ces beaux arbres les données les plus intéressantes. La chaleur et la sécheresse d’un climat ont, sur les Plantes une très singulière influence. Seules dans ces climats résistent et se multiplient les variétés et les races devenues des espèces qui ont peu à peu diminué leur consommation d’eau, en restreignant la surface d’évapo- ration, et en accumulant dans leur tissu la plus grande quantité possible d’un liquide sans lequel il ne saurait y avoir de vie. Elles ne se ramifient presque pas ; leurs feuilles se réduisent à de simples épines; dans leur tige, épaissie et gonflée de sucs, elles établissent un vé- ritable réservoir pour la saison sèche, comme font les Chameaux dans leur estomac. Ainsi réduites à une grosse tige verte, turgescentes et couvertes d’aiguillons qui sont tout ce qui reste des feuilles, elles prennent un aspect XV fantastique. Des Plantes appartenant aux familles les plus différentes peuvent se transfigurer ainsi ; tout le sud de Madagascar, beaucoup de régions sèches de l'Amérique, du Mexique notamment, sont couvertes de cette bizarre végétation. Les plus connues de ces Plantes sont les Cac- tées aux fleurs éclatantes, et dont tout le monde a vu quel- ques spécimens : le Figuier de Barbarie, ou Arbre à Raquettes, le Cierge du Pérou, sont répandus partout. L'étrange figure de ces Plantes les fait rechercher par les collectionneurs et l’un de leurs fournisseurs les plus heureux est un voyageur qui a rendu aux collections du Muséum des services qui lui ont valu, comme à notre conférencier d'aujourd'hui, M. Alluaud, la croix de la Légion d'honneur. M. Diguet a étudié les Cactées au point de vue économique ; il nous les montre produi- sant parfois des fruits savoureux, d’autres fois formant autour des plantations d’infranchissables barrières d'é- pines ou de hautes palissades, quelques-uns fournissent du bois ou même des fibres textiles. Ge seraient de pré- cieuses conquêtes pour les régions désertiques de nos co- lonies. Notre section coloniale a, du reste, été de celles qui ont présenté, comme d'habitude, le plus d’émulation. Elle a entendu sur Goundam, la rivale de Tombouctou, située à 75 kilomètres au Sud-Ouest de la grande ville nègre, une conférence des plus documentées du caporal Gérard, du service télégraphique de l'infanterie coloniale ; le caporal Gérard est un exemple. Observateur conscien- cieux et fin, il s’est vite intéressé à tout ce qui l’entou- rait ; il a reconstitué l’histoire du pays qu'il habitait, étu- dié sa topographie et ses ressources et il a fini par réu- nir autour de lui une précieusè ménagerie dont il comptait faire don au Muséum. Lorsqu'il voulut l’em- barquer, on lui fit observer que son grade ne compor- tait pas de telles prétentions ; il nous a conduit tout de même un Guépard, une Antilope Mohr et, en magnifique état, ce rare Edenté que les savants appellent Orycté- rope et les indigènes Cochon de Terre. Afin que son grade ne soit plus un obstacle à sa bonne volonté, M. le général Famin a bien voulu le nommer sergent et nous ne saurions trop l’en remercier. XVI Mais il est un autre colonial qui rend à cette section et à la Société tout entière de quotidiens et importants services, c'est notre agent général M. Courtet. Comme officier d'administration de l'artillerie, M. Courtet a fait partie de cette brillante mission Chevalier qui nous a fait si bien connaître la région du Chari et du lac Tchad. Les qualités d'administrateur par lesquelles il s'est dis- tingué durant cette mission, la science coloniale qu'il a acquise durant sa longue carrière coloniale, il a mis tout cela avec un zèle infatigable au service de la prospérité de notre Société. Notre Bulletin de cette année fait foi de ses connaissances si variées d’agriculteur colonial. Un jour, il nous parle du coton à Tahiti; puis 1l passe au bétail de la région du Chari, à l’utilisation de la viande de Chèvre dans l'alimentation ; il nous fait con- naître le curieux coton insubmersible que produit le Fromager ou Kapok, ou nous parle de la terrible Mouche Tsé-Tsé par laquelle il s’est fréquemment laissé piquer au cours de la descente des cours d’eau et qui propage parmi les Mammifères herbivores la meurtrière maladie du Nagana, tandis que sa sœur la Glossina palpalis pro- page, parmi les Nègres et aussi parmi les Européens, l’incurable maladie du Sommeil. Dans sa dernière séance, le Conseil de la Société a voté des remerciements et des félicitations à M. Courtet ; c’est une récompense que je . considère comme un devoir de rendre publique aujour- -d'hui. Cette Afrique naguère encore si mystérieuse de qui Aristote ne parlait qu'avec une sorte d’effroi: « La Lybie, disait-il, qui engendre sans cesse quelque monstre nouveau » — cette Afrique aujourd'hui parcourue en tous sens et dont la carte, toute blanche quand j'étais enfant, est aujourd'hui tout aussi couverte de noms que celle de notre France, cette Afrique, vous allez tout à l’heure en entendre parler par un voyageur de premier ordre, com- patriote de Treich-Laplène, de Monteil, de Foureau et - aussi le mien, M. Charles Alluaud. Il vous dira que la Lybie ne sait plus engendrer de monstres, qu'elle est simplement le refuge longtemps demeuré inaccessible des. monstres qui jadis épouvantaient, dans la vallée de la Vézère, nos ancêtres, les chasseurs de l’âge de pierre, mais qui tombaient sous les coups des héros de cette XVII époque lointaine. C'est là que, fuyant la turbulence des races aryennes, sont allés vivre dans une paix relative, les Crocodiles, les énormes serpents Pythons, les Elé- phants, les Rhinocéros, les Hippopotames, les Girafes et aussi les innombrables et gracieuses Antilopes que pour- suivent les Lions et les Panthères et dont les Hyènes et les Chacals se partagent les cadavres. L'ère de la paix est finie pour tous les êtres que dessinèrent sur les parois de leurs grottes les pre- miers occupants de notre sol et qui évoluèrent le long de nos fleuves, sur la lisière des forêts de la Gaule future, durant l'antique période tertiaire. Les armes perfectionnées de nos chasseurs les guet- tent; il est déjà fait de beaucoup d’entre eux de mons- trueuses hécatombes ; une disparition prochaine les me- nace ; ils s’éteindront bientôt comme sont tout près de s’éteindre les Bisons d'Europe et ceux d'Amérique qui formaient, du temps de Feminore Cooper, de si magni- fiques troupeaux. L’Angleterre, la Belgique, ont reconnu nécessaire de protéger ces puissants animaux, véritables monuments historiques vivants. Une Société des Amis de l’Eléphant, filiale de la nôtre, s’est formée chez nous pour atteindre ce résultat. M. Alluaud vous parlera tout à l'heure de ce palpitant sujet, avec son habituelle élo- quence. Ainsi, Messieurs, notre action bienfaisante s'étend pas à pas sur le monde entier, et un double courant d'œuvres utiles nous relie aux contrées les plus lointaines. Nous drainons vers nous et nous enrichissons notre patrie de tout ce qui vit utilement dans les contrées lointaines et à ces contrées non seulement nous donnons en échange nos précieuses productions européennes, mais nous éten- dons sur elles toutes les sollicitudes qui éclosent parmi nos civilisations raffinées où l'horreur des massacres inu- tiles devient chaque jour plus puissante, où l’on recon- naît aux plus humbles parmi les êtres le même droit à la vie qu'à nous-mêmes. Une Société qui se donne un tel programme mérite toutes les sympathies, tous les concours ; les hommes de bien que vous allez récompenser nous sont un garant que sympathies et concours ne nous manqueront jamais. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES présenté par M. LOYER Secrétaire général de la Société, Mesdames, Messieurs, La Société d’Acclimatation vient d'accomplir sa cin- quante-troisième année et, bien qu'arrivée à un âge qui peut paraître avancé, elle demeure toujours pleine de vigueur et de jeunesse, comme le sont les merveilleux spectacles de la nature à l'étude desquels elle reste tou- jours passionnément appliquée. Notre Société, malgré la rude tâche que l’activité fié- vreuse de ce siècle réserve à chacun d’entre nous, con- serve le culte de la beauté sous sa forme la plus exacte et la plus pure, je veux dire l'admiration de la Nature sous tous ses aspects. Depuis l’humble Insecte jusqu'au puissant Mammifère, depuis l'hôte géant des forêts équa- tcriales jusqu’à la fleur délicate qui égaye de ses couleurs les pentes abruptes de nos montagnes, chaque être animé trouve parmi nous des observateurs soucieux d’en détail- ler les divers aspects, les plus subtiles particularités, heureux qu'ils sont lorsque le fruit de leur patient labeur est une conquête nouvelle pour le bien de l'humanité. Gette activité persévérante dans le domaine des sciences raturelles appliquées ne s’est pas ralentie ; l’année 1906 n’a pas été inférieure à ses devancières et l'exposé des titres de nos lauréats vous permettra de juger des résul- tats heureux que nous avons obtenus. XIX 1° SECTION. — MAMMIFERES Médaille de première classe L'étude des Mammifères qui peuplent les vastes éten- dues du Soudan français a fait déjà l’objet de savants travaux, mais si leur description est connue, si leurs dé- pouilles ornent déjà nos collections, peu de voyageurs avaient pu en étudier longuement les mœurs et en rap- porter vivants, en France, les types les plus intéressants. Le sergent Girard, de l'infanterie coloniale, a mis à profit les quelques loisirs que lui laissait la gestion du poste de télégraphie de Goundam, au Soudan fran- çais, pour se livrer à l’étude des Mammifères de cette ré- gion, étude qu'il a résumée en un mémoire très documenté, puis capturer, élever et tenter la domestication de cer- tains d’entre eux qu’il a pu amener vivants en France, au prix de nombreuses difficultés. De tels efforts méritent d’être distingués. Aussi sommes- nous heureux de décerner au sergent Girard notre mé- daille de première classe. Médaille de seconde classe Parmi les Ruminants exotiques, dont l'introduction nous paraît désirable, figure le Lama. De haute taille, d’une grande endurance, capable de porter de lourds fardeaux, ce Mammifère pourrait être appelé à rendre, dans certaines parties de la France, de réels services, que les qualités de sa toison, de son cuir et de sa chair rendraient plus appréciables encore. Notre collègue, M. L'Hermite a su réunir, il y a trois ans, les éléments d’un troupeau de ces intéressants ani- maux qui, par ses soins intelligents et sa constante sur- veillance, s'accroît chaque année par de nouvelles nais- sances. Nous reconnaissons ce succès en accordant à M. L'Her- mite notre médaille de seconde classe. XX Mention honorable M. Gaston Tournier a, dans un mémoire très docu- menté, condensé tous les travaux qui ont eu pour but la domestication et la protection de l’Eléphant d'Afrique. Au moment où ce précieux Pachyderme menace de dis- paraître devant les poursuites acharnées dont il est l’ob- jet, il était utile non seulement de présenter sa défense, mais encore de faire connaître les moyens de le protéger contre ses adversaires. Nous encourageons vivement notre collègue à persé- vérer dans la voie qu'il s’est tracée en lui accordant une mention honorable. SOUS-SECTION D’ETUDES CAPRINES Grande Médaille (hors classe) à l’effigia d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire L’accomplissement d’une bonne et utile action est la plus noble de toutes les satisfactions. Point n'est souvent besoin, pour cela, d’aller chercher, par-delà les océans, l'animal ou la plante qui doit rendre à nos concitoyens un réel service. Le sujet que l’on veut imposer est sou- vent tout près de nous. Mais l'effort, pour le faire adopter par le public, est d'autant plus considérable à accomplir que son objet ne se présente pas avec ce parfum d’exotisme qui éveille la curiosité et en facilite l'introduction. I1 faut alors une somme considérable d'énergie pour franchir les multiples écueils qui barrent la route et ga- gner de haute main la victoire sur la routine et l’inertie. Cette œuvre qui demande une habileté chaque jour plus grande, une activité toujours en éveil, M. Crepin l’a accomplie en menant la campagne, aujourd’hui couron- née de succès, en faveur de la Chèvre. Il a soutenu le procès de cet intéressant Mammifère contre l'erreur et les préjugés, il en a signalé la résis- XXI tance à la tuberculose, il a montré quel utile auxiliaire il serait dans la lutte contre la mortalité infantile. Notre collègue a également prouvé combien les qualités laitières de la Chèvre, jointes à sa valeur comme bête de boucherie, sans parler de son poil et de son cuir, pouvaient rendre d’utiles services aux populations de nos campagnes. Il en a décrit, en outre, les diverses races et montré comment, par sélection et croisement, nous pourrions améliorer nos types indigènes. Le mérite de M. Crepin est considérable, nous ne pou- vions mieux l’honorer qu’en lui attribuant notre grande médaille (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint- Hilaire. Médaille de première classe Parmi les races de Chèvres, dont les éleveurs soucieux d'améliorer leur troupeau désirent l'introduction en France, figurent les Chèvres de Malte et de Murcie, au lait très riche et d’une saveur exquise. M. Tolet, au cours du séjour qu'il fit en Algérie, a soi- gneusement étudié ses races, ainsi que la façon de les mettre en valeur sur notre sol. Depuis, il a constitué en France, un troupeau compre- nant les meilleurs types de chacune de ces races et se propose d'en vulgariser l'élevage dans notre pays. Nous nous associons aux efforts de notre collègue en lui décernant une médaille de première classe. AS ECTON: ORNITHOLOGIE Médaille de première classe Notre Société a, à maintes reprises, préconisé l'élevage en France du Nandou d'Amérique. Cette petite Autruche, dont Albert Geoffroy Saint-Hilaire voulait faire un « Oiseau de boucherie » et en recommandait la domes- tication à nos éleveurs français, a été bien accueillie par XXII tous ceux qui s'intéressent à l'accroissement de nos ri- chesses nationales. Parmi ceux qui ont contribué à développer en France l'acclimatation et la domestication de l’Autruche d’Amé- rique, figure M. Fernand d'Hébrard de Saint-Sulpice qui, depuis plusieurs années, obtient de remarquables repro- ductions des Nandous qu'il possède dans le Pas-de-Calais. Nous sommes heureux de constater ces heureux résul- tats en accordant à notre collègue une médaille de pre- mière classe. Médailles de seconde classe Il est très difficile d'acclimater un nouveau gibier et nombreux sont les échecs que les éleveurs ont eu, de ce chef, à enregistrer. Depuis longtemps, l’on cherchait pour repeupler . nos chasses un Gallinacé non migrateur qui pût remplacer la Caille et la Perdrix. M. Bigot semble l'avoir trouvé, puisqu'à Saint-Firmin, dont il est faisandier en chef, une Caiïlle percheuse de l'Amérique du Nord, le Colin de Virginie, reproduit et se cantonne sur les terrains de chasse de Chantilly. En témoignage de l'intérêt que nous portons aux essais de M. Bigot, nous lui accordons une médaille de seconde classe. Les Gallinacés qui comptent en Asie tant de brillants représentants en possèdent peu qui puissent rivaliser avec l’Argus. Rare dans son pays d’origine, ce bel Oiseau est presque introuvable en France. Aussi sommes-nous satisfaits de constater que M. Fauque a pu obtenir la reproduction, à la faisanderie d’Andilly, de ce magnifique représentant de la faune orni- thologique de l’Asie méridionale ; nous reconnaissons tout l2 mérite du praticien expérimenté qu'est M. Fauque, en lui accordant une médaille de seconde classe. XXIII 8 SECTION: AQUICULIURE Médailles de première classe Nous devons à M. J. Pellegrin plusieurs études d’un haut intérêt scientifique sur différents groupes de Pois- sons exotiques, notamment sur les Poissons d’eau douce de l’Indo-Chine et de l'Afrique tropicale française. Les considérations d'ordre économique exposées dans ces études, les renseignements qu’elles fournissent sur les pro- duits de la pêche en eau douce dans nos colonies afri- caines et indo-chinoises augmentent encore la valeur des travaux de notre savant collègue. M. Pellegrin nous a également fourni dans des mé- moires fort intéressants des détails nombreux sur diverses espèces susceptibles d'être utilisées en aquarium comme Poissons d’ornement. La Société tient à adresser ses plus vifs remerciements à M. Pellegrin et lui attribue une médaille de première classe. M. Charley-Poutiau, pisciculteur distingué, qui, depuis longtemps déjà, s'occupe avec succès de l'exploitation d'étangs dans le Limbourg belge, a, dans ces dernières années, porté principalement son activité sur l'élevage du petit Silure des Etats-Unis, connu sous le nom de Poisson-Chaït. ÆFrappé de la multiplication rapide du Silure-nain dans ses étangs de Lommel et de la rusticité très grande de ce Poisson, notre collègue a entrepris avec un rare désintéressement, la propagation de cette espèce améri- caine, en distribuant de tous côtés des quantités considé- rables d’alevins. Enfin, il convient de rappeler la part que M. Charley-Poutiau à prise à la création du nouvel aquarium de Bruxelles, où l’observateur et l’éleveur pour- ront trouver des renseignements précieux et admirer dans son élément toute la faune dulcaquicole de la Bel- gique. XXIV Pour l'ensemble de ses travaux, nous décernons à M. Charley-Poutiau une médaille de première classe. Médaille de seconde classe M. Descombes, président-fondateur de l'Association pour l'aménagement des montagnes, ne s'occupe pas seu- lement de l’œuvre si importante de la reconstitution de notre domaine forestier sur les terrains en pente. Compre- nant toute l'utilité que présenterait la mise en valeur, au point de vue piscicole, de beaucoup de lacs laissés, jusqu'aujourd’'hui, improductifs dans les hautes régions des Alpes et des Pyrénées, M. Descombes veut donner l'exemple en entreprenant l'empoissonnement d’un cer- tain nombre de surfaces d’eau. C’est ainsi que, par ses soins, 500 Truites d'environ seize mois, provenant de l'établissement de pisciculture de Tillos, près Argelès, ont été déversées, en août dernier, dans le lac de Bar- roudes, situé à 2.437 m. d'altitude, dans les Hautes-Pyré- . nées.” Cette entreprise, qui, du reste, a parfaitement réussi, présente d'autant plus d'intérêt que cette nappe d’eau ali- mente plusieurs ruisseaux.qui, jusqu'ici dépourvus de Poissons, vont profiter de l’opération accomplie en amont. Notre Société est heureuse de récompenser d'aussi utiles efforts en offrant à M. Descombes une médaille de se- conde classe. 4° SECTION. — ENTOMOLOGIE Médailles de première classe Nous devons à M. Lesne, assistant au Muséum d'His- toire naturelle, de fort nombreux et intéressants travaux concernant l'Entomologie pure, mais nous ne saurions trop insister sur le rôle important qu'il a rempli dans la lutte entreprise contre les Insectes nuisibles. Les importants articles d'Entomologie appliquée dans ‘XXV lesquels il a signalé les ennemis de nos cultures et pré- conisé les moyens à employer pour les détruire ont rendu un signalé service à l’agriculture. Nous en félicitons l’auteur en lui octroyant notre mé- daille de première classe. Parmi les adversaires de nos Arbres fruitiers, les plus redoutables sont, à coup sûr, les Insectes qui, sous la forme larvaire ou transformés en individus parfaits, s’at- taquent à la fleur, aux fruits, à l’arbre lui-même. Par eux, maintes récoltes qui semblaient sleae de promesses ont été anéanties. L'un des plus rudes adversaires de ces ennemis innom- brables est, sans contredit, M. Barsac qui, dans un ou- vrage très documenté, a indiqué non seulement les moyens curatifs, mais aussi les traitements préventifs à employer pour préserver nos cultures fruitières des dépré- dations des Insectes. Nous sommes heureux d'offrir à M. Barsac, en consi- dération de ses utiles travaux, notre médaille de première classe. Médaille de seconde classe Parmi les : remarquables collections rapportées d'Extrême-Orient par feu l’abbé David et dont une partie a trouvé place dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle, une fraction importante avait été léguée à l’Institut catholique de Paris. La part réservée à l’'Entomologie y était fort impor- tante, mais, sans le concours d’un amateur doublé d’un savant, ces documents si intéressants menaçaient d'être perdus pour l@ science. M. l’abbé Foucher a bien voulu consacrer une bonne part de son temps et toute son activité au classement méthodique, à la détermination et à l'installation de ces remarquables spécimens entomologiques. Nous devons l'en féliciter en lui accordant notre mé- daille de seconde classe. XXVI DANSE CTTIONES CO TANTOINME: Médaille d’or offerte par M.le Ministre de l’Agricluture Longtemps l’on avait considéré comme impossible l’ac- climatation sur nos pelouses de ces délicates fleurs qui ornent, au printemps, les pentes de nos montagnes et vont jusqu'au pied des glaciers et au bord des précipices apporter la note gaie de leurs vives couleurs aux paysages sévères et grandioses de nos Alpes ef de nos Pyrénées. Nombreux sont ceux qui ont tenté d'enlever à nos montagnes le privilège de voir naître et fleurir ces char- mantes Plantes alpestres. Parmi eux, M. Magne a entrepris et obtenu, après de nombreuses difficultés, le succès cherché si longtemps. Grâce à ses observations, à ses longues recherches, à ses nombreuses expériences, les Plantes des montagnes s'élèvent, se reproduisent dans nos jardins et apportent dans nos cultures florales la grâce de leur attitude et la fraîcheur de leur coloris. Nous devons féliciter hautement notre collègue du suc- cès qu’il a obtenu, grâce à son énergie et à son opiniâ- treté, et c’est en considération de l’important service qu’il a rendu à la cause de l’acclimatation que nous sommes heureux de lui octroyer la médaille d’or offerte par le Gouvernement de la République française. Grande Médaille (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire M. R. Rolland-Gosselin se livre, à Villefranche-sur-Mer, depuis de longues années, à la culture des Plantes exo- tiques qui pourraient être introduites avec succès dans les jardins de la Provence. Il s'est attaché surtout à l'étude des Cactus et des Agaves et en a acclimaté de fort rares et même des espèces nouvelles pour la science. Collaborateur de notre regretté eue le D' Weber, XX VII M. Rolland-Gosselin a continué les travaux que celui-ci avait laissé inachevés ; la part qu'il a prise dans l'étude des Plantes si curieuses et si intéressantes de la famille des Cactées est considérable, les descriptions qu'il nous a données d'espèces nouvelles méritaient que notre So- ciété reconnüt ses efforts en lui décernant sa grande mé- daille (hors classe) à l’effigie d’Isidore Geoffroy Saint- Hilaire. Médailles de première classe M. Robertson-Proschowsky a réuni, près de Nice, une collection de Plantes exotiques considérable qui com- prend, on peut le dire, toutes les espèces cultivées dans la région. Il y a rassemblé aussi de nombreux Végétaux rares ou non encore introduits en Provence et a réussi à acclimater sur la Côte d'Azur bon nombre d’entre eux. Notre collègue s’est surtout attaché à l'étude des Pal- miers dont il a constitué une collection aussi complète que possible. Les observations qu'il a faites sur leur rus- ticité et leur élevage, réunies en un mémoire fort inté- ressant, serviront beaucoup à l’acclimatation de ces splen- dides Végétaux sur le littoral méditerranéen. Nous sommes heureux d'accorder à M. Robertson-Pros- chowsky, pour l’ensemble de ses travaux, notre médaille de première classe. * # * La Compagnie du chemin de fer de Lyon fait, depuis longtemps, les plus louables efforts pour le développe- ment de l’agriculture en Algérie et en Tunisie. Elle a trouvé en M. Michalet un collaborateur ardent, éclairé, qui s’est mis à l’œuvre avec résolution, dans le but d'amener nos possessions de l’Afrique septentrionale à contribuer de plus en plus au ravitaillement de la France en produits agricoles. Sous la direction de M. Michalet, les Plantes intéres- santes : Arbres utiles, Plantes alimentaires et autres, sont cultivées dans les jardins des gares du réseau de la Com- pagnie, sur les territoires de l'Algérie et de la Tunisie, XXVIII où elles sont vues et examinées par les colons au cours de leurs voyages. Dans de nombreux mémoires ou notes publiés dans les journaux locaux, M. Michalet a fait connaître l'intérêt que présenterait la culture de ces Plantes et doté, de la sorte, nos colonies du nord de l’Afrique d’un ample service de renseignements, en même temps qu'il créait partout de nombreux jardins d'essai. Les services rendus par M. Michalet justifient pleine- ment l'octroi de la médaille de première classe que nous lui avons accordée. “* # # Il est peu de jardin botanique qui puisse rivaliser avec le Jardin d'essai du Hamma. Les merveilles végétales qu'il contient font l'admiration de tous ceux qui l'ont visité. Si le mérite de l’organisation de ce magnifique en- semble revient à notre collègue M. Charles Rivière, du moins devons-nous signaler aussi la part importante que trois de ses collaborateurs ont prise dans le développe- ment de cette utile institution. Je veux parler de MM. G:i- raud, Uteza et Banchereau qui, depuis de longues années, se sont distingués à la tête des services dont ils avaient la direction : acclimatation générale de Végétaux divers, relevés météorologiques et enregistrement des principaux faits de végétation, greffage de Végétaux exotiques. Les services rendus à l’acclimatation en Algérie par ces trois chefs de service méritaient que notre Société attri- buât à MM. Giraud, Uteza et Banchereau, sa médaille de première classe. cs] 6° SECTION. — COLONISATION Grande Médaille (hors classe) à l'effigie d’Isidore. Geoffroy Saint-Hilaire Nous devons à M. Léon Diguet de remarquables tra- vaux sur les Agaves et les Cactées du Mexique.’ Ces XXIX Plantes aux aspects bizarres et qui forment aujourd’hui la richesse de territoires jadis réputés impropres à toute culture ont été étudiées sur place par le savant botaniste, qui en a décrit de nouvelles espèces et a rapporté de re- marquables documents sur ces Végétaux si intéressants dont il a exposé les propriétés et indiqué les services ren- dus aux habitants de ces contrées. M. Léon Diguet a tout particulièrement étudié ces di- verses espèces au point de vue de leur acclimatation et de leur utilisation en France et surtout dans nos co- lonies. C'est en raison de ces remarquables travaux que nous décernons à M. Léon Diguet notre grande médaille (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Médailles de première classe Il faut, à ceux qui vont aux colonies, une somme con- sidérable de renseignements précis, clairs et bien exposés sur tout ce qu'ils sont appelés à rencontrer. Il leur faut surtout des renseignements portant sur des choses vues el observées par un esprit judicieux, dans le pays nou- veau pour eux, qui va leur servir de nouvelle patrie. C'est une lacune que le D' Maclaud, administrateur des colonies, vient de combler en présentant au public colo- nial ses notes sur les Mammifères et les Oiseaux de l'Afrique occidentale, où sont condensés tous les docu- ments de nature à faire connaître au colon les éléments divers de la faune indigène, sauvage ou domestique. Nous nous empressons de reconnaître tout le mérite de l’œuvre du D' Maclaud en lui offrant notre médaille de première classe. Notre Société s'intéresse à tous les efforts qui ont pour but l'amélioration de notre domaine colonial. Aussi de- vait-elle distinguer, parmi les agriculteurs coloniaux, M. Fauchère, sous-inspecteur de l’Agriculture, à Tama- tave. Créateur du Jardin d’Essai de Nanisana, près de Tana- XXX narive, il s’est attaché à préconiser auprès des colons les meilleurs procédés de culture dont l'influence a eu les plus heureux résultats. Il est aussi l’auteur d’un excel- lent travail sur la culture pratique du Cacaoyer et la pré- paration du cacao ; ce livre écrit par un homme compé- tent, qui a visité les régions où le Cacaoyer est l’objet de cultures importantes, est le plus parfait de ceux qui ont été publiés jusqu'à ce jour sur cette question, si intéres- sante pour certaines de nos colonies. En témoignage de l'importance que nous attachons à ses travaux, nous décernons à M. Fauchère notre médaille de première classe. L'étude des Plantes de la Péninsule indo-chinoise a tenté bien des naturalistes. Parmi eux, nous devons tout spécialement mentionner le R. P. Cadière qui, au cours de ses voyages en Annam, s’est attaché à récolter de nombreux échantillons de Fougères dont quelques-unes n'étaient pas connues et a doté la science d’un certain nombre d'espèces nouvelles. Le P. Cadière a étudié également les Plantes alimen- taires et médicinales de l’Annam et a rédigé sur ce sujet des notes fort documentées. Nous en reconnaissons tout le mérite en lui attribuant notre médaille de première classe. Médaille de seconde classe Nous sommes heureux de saluer en la personne du ser- gent d’Alleizette, de l'infanterie coloniale, un de ces jeunes hommes qui, non contents de servir le pays en assurant la sécurité de nos possessions d'outre-mer, con- tribuent encore, par leur activité et leur science, au dé- veloppement de nos colonies. Envoyé à Madagascar, le sergent d’Alleizette fut déta- ché, à cause de ses capacités professionnelles, au Jardin d'Essai de Nanisana où il établit un cours de Botanique appliquée à l’usage des élèves malgaches, leur apprenant à connaître les Plantes et à les élever. XXXI Utilisant ses loisirs à la recherche des Plantes nou- velles, il a fait divers envois de graines, ainsi que de Plantes en herbier au Muséum d'Histoire naturelle et à notre Société. De pareils efforts méritaient d’être encouragés. Aussi offrons-nous au sergent d'Alleizette notre médaille de se- conde classe. Vous avez constaté avec nous, Messieurs, que, grâce aux efforts de nos collègues, la cause que nous défendons a, cette année encore, gagné du terrain, mais notre 50- ciété, à côté des satisfactions légitimes que leur suecès lui cause, compte également des jours de tristesse et de deuil. Nous avons à déplorer la disparition de Mme Noël Va- lois, de MM. de Belbeuf, Cézard, Degron, Kæchlin, Le- jeune, Le Souef, Lestiboudois, Lesperon, Mariani, Mont- rouge, Paqueteau et de Salves-Vachères. Notre Société ressent cruellement la perte qu'elle a éprouvée en la personne de ces regrettés collaborateurs et nous nous associons à ceux qui les pleurent pour rendre un dernier hommage à leur mémoire. Mais en même temps que ces vides se produisent dans nos rangs, de nouvelles recrues viennent nous apporter le concours de leur talent et de leur activité, et assurent à notre œuvre la durée et la prospérité. C’est le nombre et la valeur de ces adhésions qui nous permet de considérer l'avenir avec confiance et de conti- nuer le bon combat en faveur du but éminemment utile que nous avons toujours poursuivi. Par décision du 30 Janvier 1907, M. le Ministre l'Agriculture a accordé à la Société une subvention 1.380 francs pour l’année 1907. de de SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1907 CONSEIL, — COMMISSIONS. — BUREAUX DES SECTIONS. CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1907 BUREAU Président. M. Edmond PERRIER, membre de l'Académie des Sciences et de l'Acamie de Médecine. Directeur du Muséum d'Histoire naturelle. Vice-Présidents. MM. C. RAVERET-WATTEE, Directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier. Comte de PONTBRIAND, Sénateur. Baron Jules de GUERNE. D. BOIS, assistant au Muséum d'Histoire naturelle, professeur à l'Ecole coloniale. Secrétaire-Général. M. Maurice LOYER. Vice-Secrélaires. MM. R. LE FORT, Secrétaire pour l'étranger. H. HUA, Directeur - Adjoint à l'Ecole des Hautes - Etudes, Secrétaire du Conseil. MILHE-POUTINGON, Docteur en droit, Secrétaire pour l’Inté- rieur. Ch. DEBREUIL, Secrétaire des Séances. LS BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Trésorier. M. le D' SEBILLOTTE. Archiviste-PBibliothécaire. RNembres du Conseil MM. MAGAUD-D'AUBUSSON, Docteur en droit. Comte Raymond de DALMAS, propriétaire. LECOMTE, Professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle. LE MYRE DE VILERS, ancien Ministre plénipotentiaire. LEPRINCE, ancien Président de la Société centrale d'Aqui- culture et de Pêche. _D' P. MARCHAL, Proiesseur à l'institut national agrono- mique, Directeur de la Station entomologique de Paris. L. MERSEY, Conservateur des Eaux et Forêts, chef du ser- vice de la Pêche et de la Pisciculture au Ministère de l'Agriculture. BOUEL, propriétaire. Comte d'ORFEUILLE, propriétaire. ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle. D' E. TROUESSART, Professeur de mammalogie au Muséum d'Histoire naturelle. WUIRION, ancien Inspecteur général au jardin d’Acclima- tatio. Présidents honoraîi'es. MM. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE. LE MYRE DE VILERS. Vice-Président honoraîire. M. BUREAU. Secrétaires généraux honoraires. MM. Amédée BERTHOULE. Baron Jules de GUERNE. Archiviste-Bibliothécaire honoraire. M. MOREL. Membres honoraires du Conseil. MM. FRANÇOIS. - D' BLANCHARD, ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ 3 COMMISSION DES CHEPTELS MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL Membres pris dans le Conseil Membres pris dans la Société MM. DEBREUIL MM. Maires TROUESSART MaAGNE WUIRION DuRIEZ COMMISSION DES RÉCOMPENSES MM. le PRESIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (Membres permanents) Délégués du Conseil MM. DEBREUIL, DE GUERNE, RAVERET-WATTEL. Délégués des Sections Première section. — Mammifères, — MM. Maries. Deuxième section. — Ornithologie. — WUIRION. Troisième section. — Aquiculture. — PELLEGRIN. Quatrième section. — Entomologie. — CLÉMENT. Cinquième section. — Botanique. — Bois. Sixième section. — Colonisation. — CHEVALIER. COMMISSION DE PUBLICATION La Commission de publication est composée des Présidents de Sections, du Secrétaire général et des Vice-Secrétaires. BUREAUX DES SECTIONS 47° Section. — Mammifères. 3° Section — Aquiculture MM. DE GUERNE, délégue du Conseil MERSEY, président. RAVERET-WATTEL, vice-pré- MM. DeBreuir,, délégué du Conseil D' TROUESSART, président. WuIRION, vice-président. ROoQUES, secrétaire. sident. RE BRUYÈRE, secretaire. Sous-Section 4c Section — Entomologie d'Études Caprines MM. MarcHaL, délégué du Conseil CLÉMENT, président. MarcHAL, vice-président. ROYER, secrétaire. 5c Section — Botanique MM. Leconte, délégué du Conseil. MM. DE GUERNE, Président. Comte p'ORFEUILLE, Vice - Président. CREPIN, Secrétaire. 2° Section. — Ornithologie Bois, président. Potssox, vice-président. nie 4 , L4 L N MM. C* ne Darwas, délégué du GéROME, secrétaire. Conseil. MAGAUD-D'AUBUSSON, prési- 6° Section — Colonisation dent. MM. Hua, délégué du Conseil. Maires, vice-président. CHEVALIER, président. MÉNÉGAUXx, id. ACHALME, Vice-président. C'° D'ORFEUILLE, secrétaire. CourTET, secrétaire. L BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES de la Société Nationale d’Acclimatation de France arrêtée au 31 Janvier 1907 Présentateurs : M. le Président et A. — MEMBRES BIENFAITEURS MM. *Son Altesse Royale le Prixce Fernivaxo pe | B°° de GUERNE. BULGARIE. C!° de PONTBRIAND B. — SOCIÉTÉS AGRÉGÉES SOCIÉTÉ HORTICOLE, VITICOLE ET BOTANIQUE DE | RAVERET- WATTEL Mezux (Seine-et-Marne). Jules DE GUERNE C. — MEMBRES ACTIFS MM. AGBALME (Pierre-Jean), Directeur du Laboratoire | Bois. colonial du Muséum, 1, rue Andrieux, Paris. d'ORFEUILLE. ANTHONY (Raoul-Louis-Ferdinand), préparateur | TROUESSART. au Muséum, 55, rue de Buffon, Paris. CHEVALIER. BARRETTO (Abel-Juvino), Industriel, Rio Grande | Loyer. do Norte, Natal (Brésil). SÉBILLOTTE. - Bearn (Comte François de), château d'Eslayou, | ToLer. par Lescar (Basses-Pyrénées). DEBREUIL. BERTHEMY (B° Jean-Marie-Ernest), château de |. He La Borde, par le Châtelet-en-Brie (Seine-et- : LOYER Marne). Beziers (M"‘), 76, boulevard de os Bois. Lorient (Morbihan). Hua. BLANCHON (H.-L. ALPHONSE), Rédacteur en chef de | CREPIN. la Chasse illustré®, 22, rue de Beaune, Paris. TERNIER. Boxyx (Victor-Henri-Pierre), Ingénieur civil et | DE (GTUERNE. aviculteur-éleveur, Publiciste agricole, 17, rue ï à D'ORFEUILLE. du 4° Zauaves, à Bry-sur-Marne (Seine). BorDEAUx (Jardin botanique de Bordeaux | Loyer. Gironde, directeur M. BEILLE. DEBREUIL. * BuxaREO ORIBE (Félix), Eleveur, chevalier du pes Mérite agricole, 25 Mayo n° 447 à Montevideo ù DEBREUIL. (Uruguay). Carzzar (Adrien-Charles), 20, rue Sens CREPIN. Paris. LOYER. LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MÉMBRES 5) CaLLEBanT (Victor), à Termonde (Belgique). CHAPPELLIER (Jacques - Albert), Ingénieur-agro- nome, licencié ès-sciences, faubourg Poisson- nière, 46, Paris. Paris, et domaine de Cossigny à Chevry CoTtiN-ANGar (M'° Marguerite), 9, rue Royale, | (Seine-et-Marne). DanGzane (M"°), Lombez (Gers). DAssET (Georges), château de Sauveterre, par Propriétaire - Agriculteur, 19, rue d'Aumale, Paris, et à Chilly-Mazarin, par Longjumeau (Seine-et-Oise). DECHAMBRE (P.), Professeur l'école nationale de Grignon, 25, rue des Écoles, à Charenton (Seine). DELAMARE DE MoxcHaux (C'° Maurice), 6, rue de Bellechasse à Paris, et château de Trousseux, par Cour-Cheverny (Loir-et-Cher). Derorme (M°*° Berthe-Jeanne-Émilie), Proprié- taire à Lavalla par Izieux (Loire). * Dusosc (E. G.), château de Préfossé, par Etretat (Seine-Inférieure). EsparBës (M°° Maui »'), Palais de Fontainebleau (Seine-et-Marne). FROMENT-MEURICE (Georges), Statuaire, 5, rue de | Balzac, Paris, et à Epinay-sous-Sénart. GRANEL, Docteur en médecine, Pompe. Paris. de Zootechnie | 121, rue de la | GRANEL (M°°) 121, rue de la Pompe, Paris. | GouLaine (Comte de), Sénateur, 9, place du Palais- Bourbon, Paris. GonTcHAroFr (B° de), Président de la Société d'Aviculture rurale de Russie, à Moscou. * HERMENIER (Georges), et-Oise). HourBETTE (P.), Négociant, agriculteur et éleveur, 233, rue S'-Martin, Paris. HcgauLt (André-Paul Eugène), à Beni-Caïd, près Djidjelli, Constantine (Algérie). Ingénieur-Propriétaire, 58, rue de Londres, Paris, et à Draveil (Seine- Hcsson (Paul-Claude-Marie-Robert), à Preuilly, par Donnemarie-en-Montois (Seine-et-Marne). Loyer DEBREUIL. LOYER. DEBREUIL. CREPIN. Loyer. C'e D'ORFEUILLE MAGAUD d’Aubusson Me VALois CREPN. DEBREUIL, CREPIN. DEBREUIL. Loyer. Loyer. DEBREUIL. HERMENIER MAGAUD d’Aubusson DEBREUIL LOYER BovEL. DEBREUIL. DEBREUIL. LOYER. CREPIN. Loyer. MAILLARD. DE PONTBRIAND. CREPIN. LOYER. DERREUIL. LOYER. SÉBILLOTTE. DEBREUIL. C'° D'ORFEUILLE CREPIN CREPIN. LOYER. 6 BULLETIN DE LA SOGIÉTÉ D’ACCLIMATATION JOUBERT (Étienne), Professeur d'agriculture, 34, rue Guérin, à Fontainebleau (Seine-et- Marne). LALANNE (Gaston), médecine, (Gironde). Docteur ès- au Castel-d'Andorte, Le Bouscat sciences et en LamerTH (Comtesse Suzanne de), Propriétaire, château d'Hemencourt, (Somme). par Warlay-Baillon Loisez, Directeur du Laboratoire d’embryologie générale et expérimentale à l'école des Hautes- Études, Professeur aux cours secondaires de la Sorbonne, 6, rue de l'École-de-Médecine, Paris. Muizcer (Louis), 37, avenue Hoche, à Auxerre (Yonne). MÉxEGaALx, Assistant au Muséum d'histoire natu- relle, à Bourg-la-Reine (Seine). MoxTaïGu (Comte Auguste de), château de Bour- ron, à Pourron (Seine-et-Marne). Mon (Eugène-Félix-Marie), Notaire, villa Ker- Yvon, à Etaples (Côtes-du-Nord). Mcreat (Henri), Docteur en droit, ehef-adjeint | du-cabinet du sous-secrétaire d'État à la Guerre, chevalier du mérite agricole, 57, rue des Vignes, Paris. NAïTaN (M° Jenny), 12, rue du Buisson, à Créteil (Seine). Nocués (Joseph), Vignaux, à Bagnères-de-Bigorre (Haute-Pyré- | nées). Architecte, 15, place des Normaxp (M"° Marguerite), 43, rue de Sainte- Adresse, Le Havre. Poisson (Jules), Assistant au Muséum d'histoire naturelle, 32, rue de la Clef, Paris. Roxpoxy (Mn:° Jeanne), Les Blanches-Terres, par Rang-du-Fiers (Pas-de-Calais). RoxsserAy (Albert-Jules-Pierre), Vice-Président du Syndicat des produits alimentaires en | gros, rue de l’'Orphelinat à Fieury-Meudon (Seine). RozièrE (M"° Jeanne QUESNEL DE EA), à Saïnte- Ménehould (Marne). SAINVILLE (Emmanuel de), Artiste-peimtre et éle- | veur-amateur, 56, rue Notre-Dame-de-Lorette | et Manoir des Courbes, Vaux, par St-Ger- | main-des-Prés (Loiret). | | | | | | | | ( | DEBREUIL. CREPIX. Loyer. BEILLE. DE GUERNE. CREPNY. DE GUERNE. DEBREUIL. D'ORFEUILEE. Loyer. FROUESSART. LOYER. DE PONTBRIAND. MAIELARD. LOYER. DEBREUIL. RAVERET- WATTEL TROUESSART. DEBREUIL. Loyer. Hu. D'ORFEUILLE. CREPIN. M”: Varoris. Loyer. DEBREUIL. CREPIN. C'° D'ORFEUILLE. LOYER. DURIEZ. CREPIN. D'ORFEUILLE. D'ORFEUILLE. LOYER. on le "RÉ EE LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES pest, Paris. SiLVAIN, Sociétaire de la Comédie-Française, 22, avenue La Lauzière, à Asnüïères (Seine). Srmox (Paul), Villa Louise-Élisabeth à Andernos | (Gironde). STRELEN (Auguste), Gérant des filatures et tissages | Koechlin, à Willer près Thann (Alsace). THiRcUIT-LEFÈVRE (Gustave-Joseph), Propriétaire- éleveur, 11, villa Parmentier, chemin de la Fontaine Baudry, à Dijon (Côte-d'Or). SELLIER (Ovide), Propriétaire, 6, place de Buda- | Tozer, 42, Cours Pasteur, à Bordeaux (Gironde). | TouRNIER (Gaston), Publiciste colonial, 34, rue Pigalle, Paris. Vazors (M°° Noël), 13, rue de l'Abbaye, Paris. | Vazois (Jean-Joseph-Charles), 13, rue de l'Ab- baye, Paris. | Vivier (D° C ), Professeur à l'école supérieure des Sciences, 1, Boulevard de France à Alger. Loyer. DEBREUIL. Ep. RoSTAND. ERBEAU. DELAURIER. DE BonxaL. DEBREUIL. LOYER. D'ORFEUILLE. DE FOUGÈRES. CREPIN. LOYER. DE GUERNE. TROUESSARE. CREPIN. LOYER, DEBREUIL. Loyer. DEBREUIL. DE GUERNE. ESSAI DE SERICICULTURE EN ALGERIE Par Louis MARQUINEZ L'industrie de la soie peut, aujourd’hui, être considérée comme éminemment française ; de tous les points du globe l’on rend justice à l’art de nos ouvriers Français et aux magnifiques étoffes créées par eux, pour la plus grande gloire de l’industrie nationale. Notre suprématie s'affirme, non seulement par le génie de nos ouvriers, mais encore et surtout par la supériorité de notre grainage. La France, seule, livre de la graine de Vers à soie in- demne de maladies et dont l'éducation peut être suivie en tous les pays sans aucuns dangers pouvant résulter de la qualité de la graine ; d'innombrables demandes dont nous avons été l’objet et de l'enquête personnelle à laquelle nous nous sommes livré, résulte pour nous la preuve in- contestable de cette supériorité qui s'affirme tous les jours aux yeux de l'étranger. Les temps sont loin où il nous fallait avoir recours à l'étranger pour pouvoir Continuer des éducations que nos populations séricicoles, persévérantes,entendaient ne point abandonner. La graine était alors fournie par l’étranger, et une grosse partie des économies de nos populations sé- ricicoles allaient au loin.,perdue à jamais pour notre pays. I1 eût été difficile, cependant, de pouvoir agir autrement en raison des maladies épidémiques qui détruisaient alors avec persistance et malgré d’incalculables efforts, toutes les magnaneries. Combien de séricicukteurs furent ruimés etréduits # la misère ? Ce fut alors que l'Etat, s'émouvant d’une situation juste- ment digne d'intérêt, prit en mains la défense de nos po- pulations ouvrières fortement menacées et mit tout en &uvre pour combattre le fléau grandissant. L'on fit appel à de nombreux savants. Le mal put être conjuré, la ma- ladie connue et ses causes dévoilées. Ici se placent les merveilleux travaux de l’éminent Pasteur. ESSAI DE SURICICULTURE EN ALGÉRIE 9 Pasteur eut le mérite de définir les malauies qui n'é- taient alors connues que par les ravages causés ; il eut le talent de retrouver les causes de ces maladies et il donna à tous les sériciculteurs des conseils intelligents et éclairés sur l’art d'élever les Vers à soie, les soins à leur donner, l'hygiène à observer, les règles d'aération et de chauffage à appliquer, et enfin le mode de grainage à suivre, l’opé- ration du grainage ayant été défectueuse jusqu'alors. Le remède ne fut pas trouvé, il ne l’est pas encore du reste, mais il fut donné de pouvoir éviter les maladies en observant scrupuleusement les pratiques enseignées par le savant Pasteur. Et aujourd'hui, grâce au grainage cellulaire conseillé par lui, grâce surtout aux études microscopiques permet- tant de découvrir les germes de ces terribles maladies qui sont la ruine de nos magnaniers, la France fournit à elle seule ou à peu près, la graine nécessaire à toutes les popu- lations séricicoles du globe. L'Algérie voulut également apporter son tribut à l’in- dustrie de la soie. D’importantes magnaneries se créèrent, alors que la France ne suffisait plus à alimenter les fila- tures et qu'il fallait acquérir ailleurs les quantités de co- cons nécessaires à la confection des tissus. Les colons d'Algérie, tron enclins peut-être à la mono- culture, n'hésitèrent pas à planter de nombreux Mûriers, indépendamment de ceux qui existaient déjà, et ils se Li- vrèrent corps et âme à la nouvelle industrie. Les résultats furent excellents, la température de cer- tains points de l'Algérie se prêtant merveilleusement, en avril et mai, à l'éducation des Vers à soie, et le sol étant très accessible au Müûrier. L'on put croire un instant que la nouvelle industrie se- rait pour l'Algérie une richesse nouvelle. Les Vers à soie s'élevaient avec la plus grande facilité ; point n’était besoin d’être grand clerc pour conduire une éducation ; les maladies étant inconnues, les cocons se vendaient à des prix dépassant toute espérance ; des gens édifiaient des fortunes rapides avec les seuls produits de leurs magnaneries. Beaucoup s’ingéniant même à augmenter les re- venus, Cependant extraordinaires, de leurs magnaneries, imaginèrent un procédé nouveau qui consistait à vendre 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION de la graine de Vers à soie « au produit ». L’éleveur s’en- gageait à payer au graineur un franc par kilogramme de cocons obtenu ; l’once de graines rapportait ainsi au grai- neur 60 à 70 francs. Si l’on tient compte que le kilogramme de cocons soumis au grainage donne en moyenne 2 onces 1/2 de graines et que l’on peut obtenir avec une seule once de graines 60 à 70 kilogrammes de cocons, représentant au grainage 150 à 175 onces de graines, l’on peut aisément se rendre compte des bénéfices anormaux des graineurs d'alors ! L'on verra au cours de notre modeste étude quelles fu- rent les conséquences de ces pratiques et la spéculation honteuse à laquelle elles donnèrent ouverture. L'industrie de la soie était donc florissante ; des filatures furent installées, installations plus ou moins rudimen- taires, mais qui réalisaient de sérieux bénéfices, tout en permettant parfois aux éleveurs de recueillir un gain cer- tain. Tout allait donc à merveille lorsque la baisse des cours arriva, la baisse brutale, rapide, foudroyante et, avec elle, la ruine de l’industrie encore à l’état embryonnaire. Aussitôt et avec la mobilité d'esprit qui malheureuse- ment nous caractérise, l’industrie fut abandonnée, les ma- gnaneries furent délaissées ; elles gisent çà et là aujour- d'hui ; les filatures durent également cesser leurs travaux, l’industrie de la soie avait vécu. Les pertes furent nombreuses. Les magnaniers d'alors ne purent pas, tout d’abord, exactement définir la cause originaire d’une baïsse aussi foudroyante. Ils se convainquirent trop tard, malheureu- sement ! Les maladies épidémiques avaient totalement détruit leurs magnaneries. Ces maladies contre lesquelles la métropole luttait tant, ces épidémies à l'encontre desquelles les savants multi- pliaient leurs efforts, avaient fini par s’abattre en Algérie et trouvant ici un terrain propice à leur action dévasta- trice, ellesavaient infesté les régions séricicoles de l’Algé- rie. Etait-on suffisamment prémuni contre ces maladies ? Avait-on, devant la douloureuse expérience de la métro- pole, fait tout ce qu'il était humainement possible de faire ESSAI DE SÉRICICULTURE EN ALGÉRIE 41 pour opposer une barrière infranchissable à l’œuvre mal- faisante des maladies nombreuses affectant les Vers à soie ? Hélas, non ! Et nous allons nous efforcer de le démon- trer. De l'effet, cherchons la cause. Nous avons décrit plus haut comment certains grai- neurs inconscients, avides ou malhonnèêtes, vendaient la graine de Vers à soie « au produit », c’est-à-dire au prix d’un franc par kilogramme de cocons obtenus avec l’onee vendue. Ainsi que nous l'avons dit, ces graineurs vendaient par ces procédés, et en prenant une moyenne très basse, l’once de graines à raison de 40 francs. En élevant les Vers à soie provenant d’une once de graines, ces graines obtenaient en moyenne 60 kilo- grammes de cocons. Soumettant ces 60 kilogrammes de cocons au grainage, ces graineurs, étant donné que chaque kilogramme de co- cons produit 2 onces {/2 de graines, obtenaient cent cin- quante onces de graines de Vers à soie. Par la vente de ces graines « au produit », et en prenant la moyenne de 40 francs l’once, les 150 onces obtenues rapportaient donc aux mêmes graineurs la modeste somme de six mille francs. Aïnsi les Vers à soie, provenant d’une once de graines, élevés par eux rapportaient à ces graineurs six mille francs ! L'on conçoit aisément que de tels rapports eurent pour résultat de rendre ces commerçants avides de gains que lon peut qualifier d’anormaux. Les graineurs n’eurent plus qu'un but : produire de :a graine en plus grande quantité. Abandonnant toute prudence, faisant abstraction de toute loyauté, certains graïneurs soumirent au grainage tous les cocons provenant de leurs éducations. La sélection des bons et des mauvais ne se fit plus, les chambres de grainage reçurent toutes sortes de cocons ; tous les Papillons furent employés au grainage ! L'on ne tint ou l’on ne voulut tenir compte des recom- mandations faites sans cesse par nos savants enseignant le grainage cellulaire, l'éloignement et le jet de tout Pa- 12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION pillon corpusculeux, des « chiques » ou cocons mous, sans résistance, des cocons ouverts, des Papillons nés de chrysalides provenant de Vers à soie n'ayant pas filé, etc., rien ne fut observé, il fallait de la graine pour pouvoir continuer à fournir aux demandes qui affluaient en Al- gérie. A cet exemple contagieux vint s'ajouter un nouveau dé- sastre. Chaque éducateur voulut, lui aussi, produire la graine nécessaire à l'éducation suivante, afin de ne pas avoir à s'adresser au graineur et à lui payer le prix élevé de l’once de graines « au produit ». L'éducateur s'était rendu compte et avait appris chez le graineur ou ailleurs, à faire de la graine. On lui avait dit et il avait pu constater qu'il suffisait pour cela d’opérer comme suit : faire choix d’un lot de cocons, relier ceux-ci en forme de chapelet au moyen d’un fil, laisser éclore les Papillons et soumettre les femelles à l’action des mâles ; séparer les mâles des femelles 6 heures après ; jeter les premiers, mettre les seconds sur une lustrine noire et leur laisser pondre les œufs, puis jeter les femelles et enfermer la graine ; en hiver, détacher cette dernière de la lustrine avec un couteau et mettre cette graine dans des boîtes de carton jusqu’au moment de l'approche de l’éclosion. Suivant scrupuleusement ces bizarres données, l’édu- cateur eut l'avantage de faire.« sa graine » pour l’année suivante ; mais pouvait-il, notre éducateur, se rendre un compte exact de la valeur des cocons et des Papillons qu'il soumettait au grainage ! Evidemment non! À chacun son métier, a dit un vieux proverbe et rien n'est plus difficile, à notre humbleavis, que de savoir élever des Vers à soie. N'est pas sérici- culteur qui veut, et le devient qui peut, après de longues années d'études et d'essais plus ou moins malheureux. Qu'advint-il à notre éducateur? L'année suivante, il éleva les Vers à soie provenant de « sa graine » ; il eut une récolte faible ; continuant ses errements, il n’eut plus, l’année suivante, qu'une récolte moindre et il termina par une récolte nulle. La dégénérescence faisait son œuvre. Placé dans cette situation nouvelle et inattendue pour lui, situation dont il ne se rendait pas exactement compte, ESSAI DE SÉRICICULTURE EN ALGÉRIE 13 notre éducateur voulut, lui aussi, tirer parti de la mau- vaise récolte qu'il venait de faire. Et alors, imitant le graineur, et sachant, pour l'avoir entendu ou vu, que Ce graineur gagnait beaucoup d’ar- gent en ne vendant que de la graine, notre éducateur fit aussi de la graine destinée à la vente, et il se servit pour cela de tous les cocons provenant de la récolte presque nulle qu'il venait d’avoir. Il n’est pas utile, croyons-nous, d’insister outre mesure et de se demander quelle valeur durent avoir les cocons produits par la graine ainsi faite. Enfin, il est équitable d'ajouter que les marchands, les acheteurs de cocons venus de toutes parts ne furent pas toujours d’une loyauté rigoureuse. Ces marchands se divisaient en deux catégories : La première se composait des acheteurs de cocons des- tinés à la filature. Ils n’achetaient que des cocons parfaits ; les cocons percés, doublés ou autres n'étaient acquis par eux que pour être cardés. La seconde catégorie se composait des acheteurs de co- cons destinés au grainage. Prétendant, avec raison, que le grainage devait être fait avec le plus grand soin et au moyen de cocons pro- venant d'éducations bien conduites, et exempts de ma- ladie, ces marchands ne consentaient à acquérir que les cocons ds première qualité, délaissant tout ce qui était inférieur. Le prix offert étant rémunérateur, l’éducateur acceptait de vendre les plus beaux cocons, mais il demandait que par faveur, on lui prît la seconde partie du lot, composée de cocons de valeur moindre et de chiques, doubles, etc. Le marchand, après un moment d’hésitation, acceptait de prendre le lot composant la seconde partie, mais tirant argument de ce que ce lot était pour lui impropre à toute consommation, il acquerrait cette seconde partie à un prix ridicule venant compenser le prix rémunérateur of- fert pour la première partie. L'opération terminée, le même marchand se retirait dans ses locaux et soumettait au grainage tous les cocans qu'il venait d'acquérir, bons et mauvais. Il est aisé de concevoir que par ces différents procédés l'industrie séricicoie devait fatalement péricliter. An BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Ces pratiques, voulues ou involontaires, eurent pour résultat la destruction totale des magnaneries. Les récoltes provenant des graines ainsi obtenues ne pouvaient qu'être désastreuses ; les cocons avaient totale- ment perdu leur valeur marchande et leur qualité séri- cifère. Parfois, l’impitoyable maladie fauchait tous les Vers avant d'arriver à la montée, réduisant ainsi à néant les efforts des magnaniers et leur faisant subir des pertes considérables. Lorsque les magnaniers constatèrent des résultats aussi pitoyables, ils abandonnèrent totalement les magnaneries dont ils ne voulaient plus entendre parler. Pourtant, il fallait s'attendre à la dégénérescence de la race ! Les procédés désastreux que nous signalons de- vaient fatalement conduire à cette dégénérescence iné- vitable. ; Les magnaniers furent, au moins en partie, les propres auteurs de leur ruine. Nous allons le démontrer : Nous avons dit que chaque éducateur, voulant se pas- ser des services du graineur, avait décidé de « faire lui- même sa graine » pour l'éducation suivante ; nous allons trouver dans ce fait seul le facteur le plus important de la dégénérescence ; « uti non abuti », telle aurait dû être la maxime constamment présente à l'esprit des éleveurs ! L'exploitation intensive de tout animal conduit fatale- ment à une diminution progressive de ses facultés vitales, et cette diminution progressive entraîne finalement la di- minution de l’espèce animale elle-même. Dès qu'un animal voit ses facultés vitales diminuer, il est ipso facto, la victime toute désignée des maladies qui fondent sur lui et l’épuisent, lui et sa génération. La consanguinité est la cause primordiale de la dégé- nérescence des Vers à soie. I1 faut avoir le soin de renouveler la graine fréquem- ment, par des échanges ou des achats. Et si l'on voulait nous croire, jamais aucun éleveur ne devrait faire de la graine. Les éleveurs ne possèdent pas tous, en effet, les instru- ments scientifiques nécessaires à l'étude approfondie des Papillons soumis au grainage ou des Vers soumis à l'éle- vage ; il leur est donc bien difficile de pouvoir définir ESSAI DE SÉRICICULTURE EN ALGÉRIE 45 exactement si la graine faite par eux est saine, robuste, exempte de maladie et peut être affectée à l'éducation suivante. Ainsi que nous l'avons dit, le système cellulaire Pasteur est le seul pouvant, sinon être un garant absolu, au moins offrir des garanties sérieuses de sélection, mais les grands éducateurs seuls peuvent se livrer à ce grainage, à cause de l'outillage et du matériel spéciaux qu'il exige et qu'ils peuvent seuls avoir ! Et encore, ainsi que l'indique notre restriction précé- dente, les grands éducateurs ne livrent pas eux-mêmes, Dirois, de la graine excellente. Il est donc exact de soutenir que les éleveurs ne doivent jamais « grainer », pour employer l’expression favorite ; en faisané constamment la graine nécessaire à l'éducation suivante, les éleveurs de petites éducations allient tou- jours les sujets provenant de la même éducation. La con- sanguinité est en ce cas devenue chez eux la règle de la reproduction. Or, la consanguinité est funeste à la vitalité de toute race animale dont elle entraîne la disparition. Il n’est peut-être pas inutile d'ajouter encore que bien d’autres causes ont pu conduire à la dégénérescence de ce brillant animal dont l'existence entière est consacrée à notre bien-être. En Chine, sa patrie d'origine, et à l’état sauvage par exemple, le Ver s’accommode aussi bien des fortes chaleurs d'été que des buées du printemps. Le célèbre Justi rap- porte une expérience curieuse faite au collège Thérésien, à Vienne, en 4753, en présence d’une assemblée nombreuse de gens intéressés à la sériciculture : On fit l'expérience réitérée de mettre pendant cinq minutes un Ver à soie dans de la glace dont la température fut portée à un degré si bas que l’on douta si des hommes pourraient y vivre. Le Ver à soie fut retiré vivant de cette glace après les cinq minutes. (Voir rapport sur une nouvelle culture de la soie au Bureau de consultation des Arts et Métiers, 1% Mes- sidor, an II.) : L'abbé Sauvage rapporte des observations à pet près semblables. .. Nos éleveurs préservent du froid et du chaud la graine des Vers à soie, prenant le soin parfois rigoureux, ide 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION l'empêcher d’éclore alors qu'il fait froid ou, au contraire, provoquant cette éclosion pour ne faire qu'une seule montée. Nous convenons parfaitement qu'il est fort désagréasle d'avoir plusieurs montées, mais il faut cependant ne ÿas corriger la nature. Avec un soin jaloux, la nature veille à faire naître l'animal alors que les premiers bourgeons apparaissent au Mürier. S'il est exact que de nombreuses montées sont pius ca moins agréables à l’éducateur, il est non moins exact que les nombreuses montées ont l’avantage de diminuer les accidents qui sont la conséquence des orages fréquents au moment des montées ; vienne un orage lors d'une seule montée et toute la récolte peut se trouver en danger, tandis qu'il esi manifestement plus rare de voir les orages se répéter à chaque montée. ’Dautre part, il faut rapprocher le produit de l'arbre qui le nourrit. Nos éleveurs emploient pour la nourriture du Ver à soie des feuilles de Müûriers taillés ou greffés, et généralement des feuilles de Müûriers à mûres noires. Le Ver se nourrissant, en Chine, d’un Mürier tout spé- cial, il importe de lui donner un Müûrier qui réunisse les conditions nécessaires à l’alimentation que trouve ce Ver à l’état sauvage. Le Mürier s auvageon paraît être le seul remplissant ces conditions ; l’éminent Pasteur l'a lui-même conseillé comme constituant un moyen préventif de la flacherie, cette terrible maladie héréditaire. L'on pourra naturellement chjecter qu'il est fort difñ- cile de rencontrer assez de Sauvageons pour mener à bien toute une éducation. A cela nous répondrons qu'il est a5- solument nécessaire de commencer au moins toute éG:- cation avec du Müûrier sauvageon si l’on tient à avoir des Vers robustes et aptes à supporter bien des cont:2- temps. Si l'on ne peut pas disposer de Sauvageons en quer- tité suffisante, il est absolument indispensable de n’erm- ployer pour la nourriture des Vers à soie que le Müricr à fruits blancs. Bien des considérations se rattachent à cette questic? imnortante de la nourriture, et le cadre forcément étro't is ESSAI DE SÉRICICULTURE EN ALGÉRIE 47 de la présente note ne peut laisser place suffisante à une étude de ce genre sur laquelle nous nous promettons du reste de revenir. L'entassement des Vers dans les magnaneries surchauf- fées, mal aérées, les délitements à la main froissant ainsi les Vers à chaque changement d'état, le manque d'hygiène et de propreté, l’inobservation flagrante des règles de l’agglomération des individus sont encore autant de fac- teurs importants de la dégénérescence. Il ne faut pas oublier qu'à l’état sauvage le Ver se nourrit comme il l'entend, il prend ses repas quand il le veut ; étant en toute liberté, il n’a pas de litière immé- diate sous lui, rien ne le gène dans ses mouvements, libre qu'il est de faire ce que bon lui semble. Dans la magnanerie, au contraire, le Ver a constam- ment sous lui une couche de feuilles plus ou moins pour- ries, dont les émanations et même le simple contact lui sont souvent funestes. L'hygiène et la propreté sont donc des principes qu'il ne faut jamais perdre de vue et qui doivent être la préoc- cupation constante de l’éleveur. Les Vers souffrent déjà beaucoup de leur mode d’exis- tence, ils se plient plus ou moins bien à cette éducation forcée, à cette domestication obligatoirement imposée, il faut donc, autant que possible, conduire l'éducation de manière à ce que le Ver, quoique domestiqué, retrouve dans cette domestication la plus grande partie des avan- tages que lui procurait la liberté. Tous les anciens se montrèrent les plus grands ennemis de la domestication du Ver ; tous les auteurs sont éga- lement de chauds partisans de l'éducation la plus rap- prochée de la nature (Olivier de Serres, Isnard, Boissier de Sauvages, Pomier, Dubet, l'abbé Rozier, Dandolo, Ro- binet, etc.). Et l’on conçoit aisément que la sériciculture forcée abou- tisse à l’anéantissement complet de la race. Les expé- riences tentées par certains éleveurs ont démontré jusqu’à l'évidence que rien ne valait la nature. Les Ursulines de Montigny-sur-Vingeaune ont élevé en plein air, avec succès, pendant près de dix ans une race locsle dont elles ont chtenu des résultats absolument mer- veilleux. {Voir Gobin.) 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Il faut nécessairement revenir à une éducation normale se rapprochant le plus des soins que les Vers trouvent dans la nature. Et il faut, surtout, nous ne saurions trop le répéter, se défendre de faire de la graine ; il est néces- saire de la prendre au dehors, de la faire venir de loin. C'est là une des conditions vitales de l’industrie, ce sont des considérations qu'il est prudent de ne pas négliger. Ces grandes lignes, tracées à la hâte, établissent les causes qui, à notre avis, ont provoqué la dégénérescence de notre race de Vers à soie, en Algérie, la diminution de la qualité séricifèredes cocons, l’infériorité de ces der- niers et comme conséquence: le départ des acheteurs fuyant un produit qui n'avait plus de valeur marchande. Tout le monde a, peu ou prou, élevé des Vers à soie, beaucoupde gens se souviennent encore des années fruc- tueuses au cours desquelles des fortunes se sont établies. Bien des gens encore consentraient à élever des Vers à soie, mais l’objection naturelle qui vient à leur esprit est la baisse des cours. Les prix ne sont plus aussi rémuné- rateurs qu'autrefois. Et en vertu du principe que plus le capital est moindre plus l'intérêt doit être élevé, les gens repoussent aujour- d'hui une culture qui n'offre plus les gros bénéfices d'antan. L'on nous citait tout dernièrement, à Alger, l'exemple d'un employé de chemin de fer qui avait obtenu, en éle- vant une très faible quantité de Vers à soie, un rende- ment de deux kilogrammes de cocons par gramme, ce qui, représente une moyenne de 60 kilogrammes à l’once ; l'on nous disait que cet employé se plaignait amèrement de ce que le produit n’était pas en rapport avec le travail donné. Et cependant un grand éducateur s’estimerait fort heu- reux si un rendement pareil lui était assuré tous les ans. Plus le capital est moindre plus l'intérêt doit être élevé. Et cela est vrai. La réflexion de l'employé en question se retrouve chez la plupart des éleveurs. C'est ici le cas, croyons-nous, de rappeler à ces éleveurs des observations de nature à modifier peut-être leur étrange raisonnement. . | . En général, l'on réussit beaucoup mieux l'entreprise d'un travail que l’on peut diriger soi-même que l’exploita- ESSAI DE SÉRICICULTURE EN ALGÉRIE 19 tion d’une industrie dont la direction doit être confiée à tiers. En sériciculture, plus que dans n'importe quelle indus- trie, la petite éducation rapporte beaucoup plus que les grandes, cela est rigoureusement exact. Dans ses réflexions sur les vers à soie, adressées à la nation française, l'Italien Bertezen s’exprimait ainsi : « M. Sauvage (1) et beaucoup d’autres auteurs et pra- ticiens ont toujours observé qu'une éducation d’une seule once de graines produit souvent, et même entre des mains novices, cent livres de cocons et au delà, tandis qu’une éducation de dix onces en donne à peine, aux plus habiles et dans une bonne réussite, soixante livres par once et qu'une éducation de vingt onces produit rarement pour chaque once au delà de vingt q à trente livres de Cocons. « Mais qu’on joigne ensemble l’ordre, la distribution dont je parle ; qu’on apporte la réforme dans le régime du Ver à soie et l’on saura bientôt pourquoi j'obtiens cent livres de cocons, non d’une once, mais seulement d’une demi-once de graine ; l’on saura que l’once doit en fournir deux cents. (2) » Comme on le voit, le principe de la petite éducation re monte à une date assez éloignée, puisque le savant Ber- tezen, volontairement choisi par nous parmi tant d’autres, reconnaissait déjà les bientaits de l'élevage par petites quantités. Et nous avons pu constater nous-mêmes en différentes expériences souvent répétées, que l’on obtenait des résul- tats absolument merveilleux en élevant une petite colonie de Vers, une demi-once par exemple. Et cela se conçoit aisément. Etant donnée la faible quantité de Vers à élever, l’édu- cateur apporte à son éducation des soins particuliers et ‘ninterrompus. Il peut donner plusieurs repas par jour, : peut déliter à chaque repas, les Vers ont plus d'air, plus d'espace ; les règles de l'hygiène, de l’aération, de chauf- fage sont mieux observées, l’éleveur peut, en un mot, entourer sa petite éducation d’attentions spéciales qui lui 1 (1) Mémoires sur l'éducation des Vers à soie, Nimes 1163, page 52. (2) Réflexions publiées par la Feuille du Cultivateur en 1792. 20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION feront obtenir une récolte abondante et nous pouvons ajouter exceptionnelle. Car les cocons obtenus seront beaucoup plus lourds, les qualités séricifères de ces cocons seront supérieures, et le nombre de cocons sera de beaucoup plus élevé que ne le sera celui obtenu par le grand éducateur. Et cela parce que le peu éducateur a pu surveiller lui- même sa colonie, qu’il n’a pas été contraint de s'adresser à des tiers plus ou moins consciencieux, et qu'enfin ses Vers n’ont jamais souffert. Le grand éducateur est obligé de prendre des gens qui se chargeront plus ou moins bien de la conduite de l’édu- cation ; ces gens, dont l'intérêt personnel ne se trouvera pas directement en jeu, apporteront un concours plus ou moins actif et intelligent au grand éducateur celui-ci, très absorbé, ne pourra natureliement pas s'occuper des moin- dres détails de sa magnanerie et la récolte seule sera pour lui l'indication que le rendement de son exploitation est inférieur d'un demi ou de deux tiers aux résultats obtenus par les petits éleveurs. Nous combattrons toujours du reste la grande éduca- tion, à moins cependant de suivre un système de divisions et d'organisation que nous décrirons un jour peut-être. Pour que l’industrie séricicole soit florissante en Algé- rie, pour que la soie devienne un produit de la colonie et un produit rémunérateur, il est absolument nécessaire que l’on revienne aux principes de la petite éducation. Et pour cela chaque famille, chaque ménage dans la campagne devrait élever une demi-once de Vers à soie, cette demi-once pourrait être élevée par la femme seule aidée de ses enfants. Ce serait une besogne amusante et un enseignement utile pour ces derniers ; la femme vrai- ment ménagère trouverait dans cette demi-once, dont l’é- ducation ne lui coûterait presque rien, le moyen de ge rendre utile et d'apporter son tribut à la caisse du ménage, car une demi-once pouvant produire de 30 à 40 kilogram- mes de cocons, et ces cocons se vendant à l’état frais et selon la qualité, 2? francs, 2 fr. 50 ou 3 francs le kilo- gramme, la ménagère verrait ses soins et ses travaux ré- compensés par 80, 100 ou 120 francs pour un rendement de 40 kilos. Ajoutant à cela la prime allouée par le Gouvernement ESSAI DE SERICICULTURE EN ALGÉRIE 21 français, le produit total serait de 100, 120 ou 140 francs. Ainsi en prenant le chiffre moyen de 100 francs, une demi-once de graines donnerait à la ménagère un rende- ment de 100 francs produit en moins de 40 jours. N'oublions pas que l’ouvrière habile n'arrive que fort tard à gagner 2 francs par jour. N'est-ce pas là un résultat appréciable pour chaque mé- nage? N'y voit-on pas, sans parti pris, une source de ie duit appréciable pour sous les ménages que la fortune n’a pas dorés ? Et l’on peut être persuadé que la maladie n’atteindra pas cette petite éducation, car celle-ci aura été entourée de tous les soins possibles et imaginables ; la ménagère connaissant tous les sujets de sa petite éducation aura tôt fait de se familiariser avec eux, de les connaître et de constater le bon ou le mauvais état de santé de ses pen- sionnaires à toute heure de la journée. Qui, mais, nous dira-t-on, qui achètera les cocons ? Qui prendra ces petites quantités? Ne craignez-vous pas que le filateur ne dédaigne ces petits rendements pour se rendre acquéreur de la grosse partie qu'il sait devoir trouver en Syrie, en Perse ou ailleurs ? | Nous ne le croyons pas, mais il est absolument néces- saire pour cela que le Gouvernement, sous l'égide duquel l’on se place constamment, fasse une fois de plus œuvre utile et méritoire. Nous allons pour cela rappeler brièvement et à titre d'enseignement, comment les sériciculteurs sont traités au se comportent en certains pays étrangers, l’on pourra ainsi se rendre compte de la sollicitude dont sont entou- rés les éleveurs de Vers à soie à l'étranger. (A suirre). LES PALMIERS DE LA COTx# D'AZUR LEUR RÉSISTANCE AU FROID (1) (Suite) Par A. ROMERTSON PROSCHOWSKI SABAL Adans. — Tous les Sabal que j'ai essayés ont résisté et même sans aucun abri; du reste ce sont des Palmiers essentiellement héliophiles, qui languissent à l'ombre. Une douzaine d'espèces ont été décrites scienüfi- quement, mais j'en cultive environ le double de ce nombre, que j'ai achetées sous autant de noms. Ces Palmiers ont un si lent développement qu'il faudrait de longues années pour obtenir des plantes adultes à étudier. J’ai reçu aussi des graines de Palmiers du Département de l'Agriculture des Etats-Unis, qui omf été récemment nom- mées par le botaniste Cook, et qui me semblent être des graines de Sabal. Au même établissement très généreux, je dois d’autres graines de Palmiers que je n'avais pu me procurer ailleurs. Il règne quelque confusion dans le genre Sabal comme dans tant d’autres genres de Pal- miers. J’ai pensé faire œuvre utile en réunissant toutes les espèces ou soi-disant espèces d’un même genre en un même endroit, de manière à les comparer plus facilement. C'est ainsi que j'ai agi notamment avec les Phœnix et avec les Cocos, dont il se trouve également un grand nombre dans le commerce sous des noms non reconnus par la science. Il sera donc cette fois possible de mettre quelque ordre dans cette confusion de synonymes, dont le moindre in- convénient est peut-être que l’acheteur ne sait jamais ce qu'il va recevoir, et souvent quelque espèce très ordinaire et de peu de valeur commerciale, au lieu d’une espèce rare et payée comme telle. Comme pour les Phæœnix, je crois mieux faire de m'abstenir de donner les noms sous lesquels j'ai reçu tous ces Sabal. Ge genre est des plus faciles à reconnaître par tant de caractères ; cela n’em- (1) V. Bulletin Novembre, Décembre 1906, p. 240 et 376. LES PALMIERS DE LA CÔTE D'AZUR 2 pêche pas, cependant, que j'ai reçu du commerce plusieurs Sabal comme étant d’autres Palmiers de genres divers. Quelques Sabal ont le limbe si peu résistant qu'il se dé- chire assez facilement près de l'insertion du pétiole sous l'influence des vents forts, mais tous ne sont pas dans ce cas, et c'est à tort, qu'on s'’abstient d'en planter dans les jardins, car beaucoup d'espèces ont une grande _ valeur ornementale. Aucun Sabal n’a jamais souffert dans mon jardin, et plusieurs espèces comme le S. Adansoni Guerns, le S. Palmetto R. et Sch. résistent à — 10° cent., et peut-être encore d’autres. L'espèce qui se développe le plus vite dans mon jardin est le S. mauritiæformis Gri-. sebach et Wendl. Cette espèce, que je n'ai jamais vue à l’état adulte, est réputée le plus joli des Sabal, et il serait à recommander qu'on l'introduisit en mombre dans les jardins. Ce Palmier, de 20 à 25 mètres de hauteur, et à tronc assez mince, en serait l’un des plus gracieux ornements. SERENOA Hook. — Le S. serrulata Hook., de Caroline, Floride et Texas, est une espèce curieuse presque introu- vable dans le commerce. Des graines et plantes sont of- fertes, mais ne sont jamais vraies. Ce n’est que par le Département de l'Agriculture des Etats-Unis que j'ai pu obtenir enfin la vraie espèce qui est très rustique, ainsi que le S. arborescens. Cook, qui est probablement une variété du. S. serrulata. COLPOTHRINAX Griseb. et Wendl. — Le C. Wrightii Gri- seb. et Wendi., la seule espèce connue, a péri dans mon jardin, sans que je puisse dire si c’est le froid qui en est Cause, car mes essais n’ont pas été assez complets. BRAHEA Mart. — Toutes les espèces que j'ai essayées, B. calcarea Liebm., B. dulcis Mart., B. nitida Lind. et une quatrième, qui est peut-être le B. nobilis Rollis, de beaucoup la plus jolie, sont très rustiques dans mon jar- din, mais de eroissance lente. Il est probable que les autres espèces de Brahea seraient aussi rustiques. _ EryrneA S. Wats. — Ces Palmiers, souvent confondus avec les Brahea, sont aussi rustiques que ces derniers, au 24 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION moins quelques espèces, mais de croissance plus rapide. Quatre espèces sont actuellement connues, dont deux n'ont été découvertes que récemment. THRINAx L. f. — J'ai essayé beaucoup d'espèces dont aucune n'a résisté. Le T. argentea Lodd. a résisté à une température d'environ 0° cent., mais a péri par des tem- pératures plus basses ; d’autres espèces ont péri déjà à + 5° cent. Quant au T. argentea, qui est souvent désigné comme rustique, il doit s'agir du T. argentea Seem., qui est synonyme de Acanthorhiza Warszewiczii, dont j'ai parlé plus haut. M. Jules Daveau m'a déclaré, lors de ma visite au jardin botanique de Lisbonne, dont il était à cette époque l'ins- pecteur, qu'il avait également trouvé les Thrinax trop délicats pour la culture à l’air libre, et pourtant Lisbonne a un climat plus doux que Nice. C'est regrettable, car les Thrinax sont parmi les les plus jolis Palmiers, à cause de leur très gracieux feuil- lage et de leur tronc mince. TRITHRINAX Mart. — Je n’ai pu me procurer d’autres. espèces que le T. brasiliensis Mart. et le T. campestris Griseb. et Dr., ce dernier par graines qu'a bien voulu m'envoyer M. le D' Dammer, conservateur du jardin bo- tanique de Berlin. Les deux espèces sont très rustiques, mais de croissance lente. Les autres/espèces connues se- raient probablement aussi rustiques. CoPERNICIA Mart. — Je n'ai pu me procurer que deux espèces de ce genre, le C. cerifera Mart. et le C. macro- glossa Wendi., les deux sont dans le commerce, et je ne suis pas sûr de posséder les vraies espèces, car quel- ques caractères semblent manquer. Il est probable que tous ou presque tous les Copernicia seraient rustiques ici. PRITCHARDIA Seem. et Wendl. — Les P. filifera Fzl. (Washingtonia Wendl.) et P. robusta (Washingtonia), sont de beaucoup les Palmiers de climat sub-tropical qui se développent le plus vite. J’ai vu une de ces espèces qui, 14 ans après le semis avait environ 8 mètres de hauteur. Ce sont des Palmiers de haute taille et très im- LES PALMIERS DE LA CÔTE D'AZUR 19 p) posants, mais moins gracieux que la plupart des autres Palmiers à cause de leur tronc très gros. C’est du reste un défaut que ces espèces ont en commun avec le Phœnix canariensis, l'arbre qui, avec les Pritchardia, contribuera, dans un avenir peu éloigné, plus que toutes les autres espèces de Palmiers, à donner un aspect tout à fait tro- pical à la Côte d'Azur, quand des.milliers de Palmiers des trois espèces domineront le paysage, alors si différent des paysages ordinaires des bords de la Méditerranée, avec les Oliviers, Pins Parasols et d'Alep, Cyprès pyramidaux, Caroubiers, Chênes verts et quelques autres espèces ar- borescentes. J'ai reçu des graines de quelques Palmiers sous d’autres noms que les deux indiqués ci-dessus, mais qui semblent être les mêmes. Du reste ils forment un sous-genre, Washingtonia, distingué par quelques botanistes, des Eu- Pritchardia dont peut-être aucune espèce ne serait rus- tique ici. J'en ai essayé plusieurs dont la plus rustique était le P. Gaudichaudii Seem. et Wendl., qui pourtant a péri à — 3° cent., après avoir végété pendant quelques années, tandis que les Washingtonia après leur germi- nation se développent avec. une grande rapidité, ce qui est très rarement le cas avec les Palmiers qui, même dans les meilleures conditions, ont une croissance très lente pendant les premières années de leur existence, à quelques exceptions près (notamment les Oreodoxa). LICUALA Rumph. — Je n'ai essayé que les L. horrida Blume et L. spinosa Wurmb. qui ont péri à environ + 3° cent. J’ai cherché en vain à me procurer le L. peltata Roxb. qui pourrait peut-être résister dans les coins les plus abrités. NPA Wurmb. — Le professeur Treub a bien voulu m'envoyer quelques graines du N. fruticans Thunb. qui n'ont pas germé. Ces graines se conservent très peu de temps vivantes. Il est d’ailleurs très peu probable que cette espèce résisterait ici, où naturellement je l’au- rais plantée dans des conditions aussi semblables que pos- sible aux conditions très snéciales de sen habitat naturel. 26 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION Borassus L. — J'ai pu trouver dans le commerce des graines de B. flabelliformis L. dont, comme d'habitude, une proportion très faible seulement a germé, évidemment la plupart des graines étaient vieilles. Les jeunes plantes qui, à cause de leur racine primordiale très pivotante se sont mal portées dans les godets, ont péri avant que je les aie confiées à la pleine terre, et sans que j'aie pu savoir quelle était leur résistance au froid. LATANIA Commers. — J'ai essayé, mais seulement une fois, les trois espèces connues : L. Commersoni J. Gmel., L. Loddigesii Mart. et L. Verschajjelti Lem., qui ont péri à une température d'environ + 3° cent. sans que pourtant, vu le peu d’étendue des essais, je puisse assurer que ce soit à cause du froid. CHamæRiPHes Dill. (Hyphæne Gærtn.) J'ai pu obtenir des graines dans le commerce dont une petite proportion a germé, les Ch. benguelensis Web., Ch. coriacea Gærtn., Ch. crinita Gærtn., Ch. thebaica Mart., Ch. ventricosa Kirk. (Les graines de cette dernière espèce qui ont toutes levé partout provenaient de la station botanique de Wind- hœk, Afrique occidentale allemande, dont le directeur, M. Kurt Dinter, auparavant curator du jardin d’acclima- tation de Sir Th. Hanbury, à la Mortola, Italie, près de Menton, a toujours bien voulu m'aider dans mes essais d'acclimatation, comme son successeur, M. Alain Berger, qui est également toujours prêt à être utile aux acclima- teurs ). Les Chamaæriphes produisent, comme les Borassus, une racine primordiale tellement pivotante que leur culture en pot doit être à peu près impossible. J’ai alors essayé de mettre de suite en pleine terre quelques graines à peine germées de ces Chamaæriphes, mais sans réussite, la tem- pérature du sol n'ayant peut-être pas été assez élevée pour faire continuer la germination. Les sujets gardés en pots ont du reste résisté à une température d'environ 0° cent., mais ne se sont pas développés, ils ont fini par périr après 2 à 3 ans. Il ne me paraît pas trop improbable que quel- ques espèces de Chamaæriphes de l'Afrique extratropicale pourraient résister sur la Côte d'Azur, dans les endroits les plus chauds ; mais comme ce sont des Palmiers par LES PALMIERS DE LA CÔTE D'AZUR 27 excellence héliophiles, il faudrait les planter en plein so- leil et non pas sous des arbres. À en juger par mon expé- rience, il serait peut-être nécessaire de semer directement sur place et sur couche chaude au commencement du printemps. ROTANG L. (Calamus L.). — J'ai essayé un petit nombre d'espèces de Rotang, mais tous ont péri déjà à environ + æ cent. Pourtant, il y a des espèces qui pourraient éven- tuellement résister ici dans les positions les plus abritées, attendu que ces Palmiers n'auraient pas besoin du plein soleil et pourraient être cultivés sous les grands ar- bres, leur place naturélle. Il existe en Assam, aux monts Himalaya, au Sikkim et ailleurs, des espèces qu’il serait in- téressant d'essayer, mais il ne m'a jamais été possible de les obtenir. METROXYLON Roftb. — Le M. læve Mart., l'unique espèce que J'ai essayée, est morte à une température d’en- viron + 5° cent. RapHIA Pal. Beauv.— J'ai essayé le R. rufia Mart. et le R. iædigera Mart., qui ont péri à environ + æ cent. EREMOSPATHA Mann et Wendl. — Le E. Hookeri Wendl. qu'avait bien voulu m'envoyer M. Gentil, inspec- teur du Jardin Botanique de Bruxelles, est mort à environ Are - ECTNL. MaurrTiA L. f. — J'ai essayé le M. armata Mart. qui a résisté pendant plusieurs années et subi quelquefois des températures de — 2° à — 3° cent. sans souffrir ; mais les plantes ne se développaient presque pas, ce qui pourrait dépendre d’autres causes, et elles ont fini par mourir. Le M. flexuosa L. f. a péri à 0° cent. ARECA L. — Je n’ai essayé que l'A. triandra Roxb. qui a résisté pendant plusieurs années et qui a subi sans souf- frir visiblement —2° à — 3° cent. Mais les tout jeunes plants, au nombre de trois, issus de semis, se dévelop- paient peu et ont fini par périr. C'est une espèce qui, vu qu'elle se trouve dans son habitat naturel jusqu'à une altitude de 2.800 mètres, devrait résister ici. Elle prospère 28 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION à Sidney (Australie). Mais il faudra plutôt mettre en pleine terre des sujets d’un certain âge. Du reste, quand il ne s'agit pas de plantes qui, par leurs racines ou pour autre cause sont presque incultivables en pots, on a beaucoup plus de chance de réussir avec des sujets d’une certaine force qu'avec de toutes jeunes plantes de semis. Mais, il faut ajouter que le climat de Nice, à l’air si sec, et le ter- rible mistral sont fatals aux plantes qui viennent d’être sorties d’une serre, et qu'il faut les habituer à l’air libre avant de les planter en pleine terre. PINANGA BI. — La seule espèce que j'ai essayée, le P. Kuhlii Blume, est morte à + 5° cent. KENTIA BI. — A ce genre appartiennent dans les sous- genres, Rhopalostylis Wendl. et Dr., et Hedyscepe Wendi. et Dr., quelques espèces importantes pour les jardins d'ici. Le X. (Rhopalostylis) sapida Wendi. et Dr. se trouve par ci, par là dans les jardins où les exemplaires adultes produisent des graines fertiles. Cette espèce a subi dans mon jardin —6° cent., mais les feuilles ont été abîmées en partie sans que les plantes aient souffert autrement. Le K. (Rhopalostylis) Baueri Wendi. et Dr. est moins rus- tique et ne supporte pas une température inférieure à — 5° cent. sans être exposé à mourir. Il existe du reste quelques magnifiques exemplaires adultes ayant plusieurs mètres de hauteur de tronc dans des jardins bien exposés. Le K. (Hedyscepe) Canterburyana Wendl. et Dr. à la même rusticité que l'espèce précédente ; j'en ai de jeur- exemplaires et n'ai pas vu d'exemplaires adultes ailleurs. C'est un très joli Palmier qu'on devrait planter plus sou- vent. CYPHOKENTIA Ad. Br. — Je cultive un Palmier qui se porte très bien et a passé par — 3° cent. sans souffrir, je l'ai acheté sous le nom de Kenfia gracilis, espèce qui a été placée par Wendi. et Hook. dans le genre Microkentia réuni comme sous-genre aux Cypaokentia. HYDRIASTELE. — Le H. Wendlandiana a résisté jusqu’à Occent.,mais toutes les jeunes plantes ont fini par m NME LES PALMIERS DE LA CÔTE D'AZUR 29 Œnocarpus Mart. — De ce genre, je n’ai essayé qu’une espèce, Œ. Bacaba Mart., qui a péri à 0° cent. EUTERPE Gærtn. — Quelques espèces de ce genre résis- teraient peut-être ici. Je n’ai pu me procurer que l’'Æ. ole- racea Mart., qui est mort à + 8° cent., et l'E. edulis Mart., qui a résisté pendant plusieurs années et subi des tempé- ratures de — 2° cent. sans souffrir d’une manière appa- rente, mais le développement des très jeunes plantes a été très lent, et elles ont fini par mourir. Les espèces qui vi- vent à de grandes altitudes dans l'Amérique du Sud se- raient probablement plus rustiques. OncosPERMA BI. — J’ai essayé les trois espèces connues, l'O. filamentosum B1., l'O. horridum B1., et l'O. madagas- cariense Walp. qui ont résisté à des températures de + 2° cent. environ, mais ont péri quand il a gelé. ACANTHOPHŒNIX Wendl. — J'ai essayé l'A. crinita Wendi. qui est mort à + 3° cent. x STEVENSONIA Dunc. — Le S. grandifolia Dunc. (Phæni- cophorium sechellarum Wendl.), célèbre par sa beauté, a péri à + 3° cent. , JESSENIA Karst. — De ce genre, je n’ai essayé qu’une espèce, le Nephrosperma Van Houtteana Balf. (Oncos- perma Van Houtteana Wendi.; Areca nobilis Hort.), qui a péri à + 8° cent. CLinosTicMA Wendl. -— Le C. Mooreanum Wendl. et Dr., la seule espèce connue et qui se trouve dans le com- merce sous le nom de Kentia Mooreana F. Muell. est rustique ici. Je cultive plusieurs exemplaires à mi-ompbre, ce qui paraît bien convenir à cette espèce comme aux Howea (également connus dans le commerce sous le nom de Kentia et dont les deux espèces dont je parlerai plus loin sont très employées comme plantes d'appartement). Mes exemplaires ont plusieurs fois subi des températures de — 3° à — 5° cent. et seulement à cette dernière tempé- rature, quelques feuilles ont souffert. On comprend la rusticité de cette espèce quand on sait qu'elle se trouve à l’état sauvage jusque vers 1.000 mètres d'altitude à l’île 30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION de Lord Howe, d’où proviennent d’autres plantes remar- quables par leur beauté et qui résistent ici. HETEROSPATHA Scheff. — CALYPTROCALYX BI. — Dans ces genres, je n'ai essayé que l’Heterospatha elata Scheff. et le Calyptrocalyx spicatus BI. qui ont péri à + 5° cent. HowEeA Bece. — Ce petit genre ne contient que deux espèces, mais qui sont de la plus grande valeur pour les jardins d'ici, où elles ne sont pas assez plantées. Je possède d'assez grands exemplaires de l’H. Forsteriana Becc. espèce de beaucoup la plus robuste, et qui maintenant est cultivée comme plante d'appartement de préférence à l’autre espèce l’'H. Belmoreana Becc. qui se développe assez lentement et est aussi moins rustique sans que la différence soit grande. Quand je dirai que j’ai des groupes de H. Forsteriana Becc. composés d'exemplaires de 5 à 6 mètres de hauteur qui sont simplement abrités par le feuillage fin et gracieux des Schinus molle L., se trouvant dé 5 à 6 mètres plus haut encore que la cime des Howea, et que ces splendides Palmiers n’ont aucunement souffert pendant le rigoureux hiver de 1904 à 1905, on comprendra leur valeur pour l’ornement des jardins de Ja Côte d’Azur. Ces groupes de Howea Forsteriana n’ont pas été frappés de suite par les rayons du soleil, le matin, après le grand froid, étant plantés au côté ouest de ma maison ; sans cela ils auraient pu souffrir. J’ai déjà, dans un article précé- dent, recommandé le Schinus molle L., un des plus jolis arbres connus, comme abri pour les plantes délicates. On peut diriger ces arbres de manière à leur donner un tronc élevé. Quelques-uns de mes Schinus qui, sur un tronc de 10 à 12 mètres, portent une couronne de feuillage des plus fine et gracieuse et des branches chargées de grandes grappes de fruits couleur corail, sont des merveilles de beauté. Il est regrettable qu'on ne puisse distinguer avant la floraison les arbres mâles des arbres femelles, ear, par le semis, on obtient plus de plantes mâles que de femelles : ces dernières étant de beaucoup les plus orne- mentales, à cause des nombreuses grappes rouges qui les couvrent pendant 4 à 5 mois, méritent surtout d’être conservées. Pourquoi cet arbre admirable est-il relative- ment si peu planté sur la Côte d'Azur? Probablement LES PALMIERS DE LA CÔTE D'AZUR 3 parce qu'il est considéré comme un arbre trop ordinaire et de culture trop facile. En effet, le Schinus molle vient partout sans aucun soin. Comme arbre d’abri, il a le grand avantage de posséder un feuillage qui n'empêche pas tout passage aux rayons du soleil, qui sont tamisés, et donnent justement cette. lumière modérée qui plaît à tant de plantes. Les Schinus forment une couronne assez étalée, de telle sorte qu'un arbre peut abriter une assez grande place, et qu’on n’a pas besoin de les planter trop près les uns des autres. Si le terrain était tout occupé par leurs racines, un peu traçantes (mais bien moins que celles de certains autres arbres, comme par exemple les Ficus, Acacias, Albizzias, etc.), cela gênerait naturelle- ment le développement des Palmiers ou autres plantes à abriter. Au commencement j'ai planté des Schinus molle très rapprochés, à 5 mètres de distance au moins, et à mesure que ces arbres à croissance rapide se sont déve- loppés, j'en ai enlevé toujours et pourrai continuer à le faire. Pendant tout ce temps, les plantes délicates, Pal- miers et autres, ont poussé sous les Schinus molle, dont à la fin seulement, un petit nombre restera définitivement, car, d’un côté, les plantes délicates le deviennent moins à mesure qu'elles se développent, et de l’autre côté, quel- ques-uns des Schinus molle sont remplacés par d’autres arbres que j'avais plantés en même temps qu'eux, mais qui étaient de croissance moins rapide. Quelques Schinus molle, quatre ans après le semis, sont arrivés à une hau- teur de 12 à 13 mètres, mais ont eu besoin d'un tuteur à cause de leur tronc élevé. Maintenant, ces mêmes arbres, qui ont l’âge de 8 ans, ont des troncs forts et résistent aux vents souvent assez violents, car c’est un.arbre qui ploie, mais ne casse presque jamais. J’ai jugé utile de parler longuement de cet arbre, parce que, sous leur abri, les Howea résisteraient presque partout ici et se développe- raient très bien, ces Palmiers n'ayant pas besoin d’une place en plein soleil (elle leur serait même moins avan- tageuse), car ce ne sont pas des Palmiers héliophiles comme les Pritchardia, Phœnixz et Sabal dont j'ai déjà parlé. OrEopoxa Willd. — L’O. regia Mart., le célèbre « Pal- mier royal » dont quelques magnifiques allées sont plan- 92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION tées en différents pays tropicaux, ne résisterait peut-être pas ici à la longue. Pourtant de jeunes exemplaires ont passé quelques hivers sans souffrir quand la tempéra- ture n'est pas descendue au-dessous de 0° cent., mais comme tant d’autres plantes, qui pour leur développe- ment normal demandent une température assez uniforme pendant toute l’année, comme elle existe dans les ré- gions équatoriales, cette espèce est restée chétive et a toujours fini par mourir. La plante se développe vite de semis, surtout si la graine lève au commencement du printemps ; mais même sans souffrir d’une manière appa- rente pendant l'hiver, la plante ne reprend pas au prin- temps suivant sa croissance, mais reste chétive, peut vivre encore un an ou deux, mais finit par mourir. On sait que l’'Oreodoxa regia Mart. est peut-être de tous les Palmiers celui qui se développe le plus vite dans un climat équa- torial. Pourquoi donc la plante qui ne montre pas signe d’avoir souffert de la température basse, ne reprend-elle -pas la rapide végétation qu'elle avait depuis sa germina- tion jusqu’à l’hiver ? Quelles sont les altérations des tissus qui ont lieu pendant l'hiver et qu’on ne peut constater encore dans l’état actuel de nos connaissances? Faut-il parler comme médecin et dire que c’est le « choc » de la température basse qui a altéré la constitution de la plante ? Mais ni pour les plantes, ni pour l’homme, on ne sait la nature précise de ce qu'on est convenu d'appeler le « Choc ». DAS Les O. acuminata W. et ©. oleracea Mart., sont plus délicats et ont succombé à la température de 0° cent. Reste l'O. frigida H. B. Kunth., l'espèce probablement la plus rustique et qui pourrait bien résister ici, mais que je n’ai Jamais pu me procurer. NENGA Wendl. — De ce genre, je n'ai essayé que le N. Wendlandiana Scheff., qui a péri à 0° cent. (A suivre.) ee LES CHEVAUX DU MOYEN-LOGONE (1) (Territoire militaire du Tchad) Par H. COURTET La région comprise entre le Bamingui et à l'Ouest par la trontière allemande, entre 7° 45 et 10° de latitude Nord fron- tière allemande, est une région où l’on pratique l'élevage du Cheval. On y rencontre deux types : letype du Moyen-Logone, de petite taille (1 m. 25 à 1 m. 30) robuste et très rustique; et plus à l'Ouest, dans la région de Palla, Léré et Binder, le type des plateaux de l’Adamaoua et du Mandara, plus grand, plus élancé, mais moins rustique. C'est ce dernier type qui est préléré par les Baguirmiens et les gens du Ouadaï, quine visent dans ce choix quela vitesse de la course, vitesse que sa taille plus grande lui permet. L'occupation de Laï en 1903, et les reconnaissances faites ensuite ont permis de déterminer approximativement les li- mites de la région d'élevage, et de déclarer que cette région était à ce sujet d'une certaine richesse. Maistre avaitd'ailleurs signalé lors de sa célèbre exploration en 18921893. qu'il existait dans la région de Laï un grand nombre de Chevaux. La région d'élevage des types du Moyen Logone s'étend environ à 80 kilomètres à l'Ouest de Laï et 110 kilomètres à l'Est; 40 kilomètres au Nord de Laï et 110 kilomètres au Sud. En dehors de ces limites, jusqu'à 10° de latitude nord d'un côté, 7° 45 de l'autre, et jusqu'au voisinage du Bamingui on pratique encore l'élevage mais d’une façon moins inten- sive. En 1903, d’après les renseignements qui nous ont été fournis à Fort-Archambault, nous avons évalué la population chevaline adulte de cette région à 10.000 têtes environ. Les indigènes prétendent que leur petite race est peu susceptible aux atteintes de la mouche tsétsé, ce qui peut être vrai. Les Baguirmiens sont du même avis, et déclarent que la mouche tsétsé fait des ravages beaucoup plus sérieux dans le type (1) Communication faite à la Section des Mammifères le 5 novembre 1906. 34 BULLETIN LE LA SOCIÉTE D'ACCLIMATATION des plateaux de l’Adamaoua et du Mandara, que dans le type du Moyen -Logone. è Les Chevaux de l’Adamaoua et du Moyen-Logone s’expor- tent par razzia ou par impôt en général, dans tout le Ba- guirmi et de là au Ouadaï. Par le Ouadaï, ils gagnent le Dar- Rounga et le pays de Snoussi et ces deux dernières contrées envoient au Ouadaï des esclaves en échange. L’exportation doit être considérable, car en 1903 un chef baguirmien opérant pour le compte du suitan Gaourang a ramené 1.000 Chevaux d'une razzia, et il est fort probable que ce chef en a mis à part selon l'usage, un certain nombre pour son propre compte. Un seul village (Bangoul) payait comme impôt annuel au Baguirmi quinze Chevaux. Certains chefs pour éviter les razzias traitaient avec le Baguirmi pour un impôt annuel, et dans certains endroits, il y avait des représentants du sultan Gaourang. Les petits Chevaux du Moyen-Logone se comportent admi- rablement en route, dans les sentiers étroits, tortueux, en- combrés de troncs d'arbres, dans les futaies si difficiles de bambous, dans les terrains rocheux et escarpés. Au passage à gué des rivières, dans les rivières non guéables, on les fait facilement passer à la nage, et ils ont le pied très sûr, qua- lité appréciable surtout dans les terrains rocheux et escar- pés, et dans les grandes plaines sillonnées de profondes cre- vasses pendant la saison sèche. On peut leur demander des étapes de 350 kilomètresavec un jour de repos après quatre ou cinq jours de marche consécutive. M. Chevalier, chef de la mission scientifique Chari-Eac Tchad a pu faire tous les itiné- raires suivis par la mission avec une jument de Moyen-Lo- gone qui lui avait été donnée par le sultan Snoussi, conduire cette jument de Fort-Crampel à Ndélé, faire le parcours du pays de Snoussi et du Mamoun, de Ndélé à Fort-Ar- chambault, du territoire de Nielline et de l'Ouest de Fort- Archambault, du lac Iro, du territoire de Korbal dans le Baguirmi, du Baguirmi au Kanem, du Kanem à Fort- Lamy, où M.Chevalier s'embarqua. De Fort-Lamy, la jument remonta le Chari, le Bamingui, le Gribingui jusqu'à Fort- Cram pel. De Fort-Crampel elle fut ensuite dirigée sur Fort- de-Possel (Oubangui) et de là à la mission catholique de la Sainte-Famille à Bessou, où elle arriva sale par suite du manque de soins et fatiguée, mais encore en bon état. Comme nourriture il est nécessaire d'ajouter à la ration LES CHEVAUX DU MOYEN-LOGONE 35 d'herbe de ce Cheval 10 à 12 grammes de sel par jour, et au minimum deux à troislitres de gros mil (1) (Sorgho). Sur la ligne d'étape entre Fort-Sibut et Fort-Crampel, on attribue à la tsétsé et à une foule d’autres causes inconnues, la mortalité considérable qui sévit sur les Chevaux servant au transport des européens. Il est bien plus rationel d’attri- buer cette mortalité au manque de soins et au surmenage. Il était notoire au moment où nous avonscirculé dans cette ré- gion, que, si l'européen ne distribuait pas lui-même la ration desel au Cheval, que s’il ne lui faisait pas distribueretmanges le mil devantlui, le tout allait aux palefreniers et aux boys; en outre l’européen a trop souvent considéré que le Cheval que l'Administration lui confiait, était un animal fait pour caracoler, ou pour franchir le plus rapidement possible la distance qui sépare un gîte d'étape d’un autre dans de sem- blables conditions, la mortalité s’expliqueen partie sans au- tre intervention. Le cavalier ne doit considérerce Chevalque comme animal de transport, il doit le laisser aller librement son pas et ne forcer l'allure qu'en cas de nécessité absolue. Les indigènes du Moyen-Logone ont grand soin de leurs chevaux, malheureusement leur mors trop rudimentaire leur abîme la bouche, et n'ayant comme sellé qu'une peau, qui sert plutôt d'isolateur entre fe cavalier " l'animal, il est très rare de voir un Cheval sans plaie ou sans cicatrice de plaie sur le dos. , (1) Le petit mil ne vaut rien pour les Chevaux, son grain est trop petit et ils ne peuvent le broyer, ils l’avalent donc en majeure partie sans être broyé. EXTRAIT DE LA CORRESPONDANCE SUR LA REPRODUCTION DU BLACK-BASS Par E. ROGER Château de Nandy, 10 Octobre 1906 Mon cher Secrétaire Général, Vous me demandez la suite que j'ai donnée à mon acclimatation du Black-Bass à large bouche. (1) Mes prévisions se sont réalisées et, cette année, pour la troisième foïs, des alevins se sont produits. J'ajoute que j'ai capturé, à la mouche Alexandra, un sujet de 650 grammes. À ma grande honte aussi, j'ai été cassé par un Black-Bass, qui à mon estime, pesait bien d'avantage que le précédent. Ceci confirme mon opinion, que le Black-Bass à large Bouche, doit être un poisson de première utilité, pour les eaux closes. Je fais, au contraire, toutes mes réserves pour les eaux libres, car ce poisson est un carnassier. Le Black-Bass est extrêmement rustique, puisqu'il s'est repro- duit chaque année dans ma malheureuse mare, réduite à une hau- teur de 0 m. 50 d'eau, à la suite de trois années de sécheresse. Je souhaite, en conséquence, que mon exemple soit suivi et que ce poisson, parfait comme chair, excellent comme sport, se répande en eau close dans notre pays. Edgard Rocer (1) Voir Bulletin Juin 1906, page 117. EXTRAITS ET ANALYSES LA CGLTURE DU COCOTIER EN INDO-CHINE La Feuille de renseignements de l'Office colonial :publie, un article relatif à la remarquable étude de MM. Crévost et Brenier, sur le cocotier, parue dans le Bulletin économique de l'Indo-Chine. Nous en extrayons les passages suivants : La distribution géographique du cocotier en Indo-Chine nous le montre cultivé sur environ 15.000 hectares en Cochinchine, sur 100.000 hectares en Annam, partieulièrement dans le. Binh-dinh, tandis qu'au Tonkin et au Laos, il parait n'être considéré que comme fruitier accessoire et cultivé seulement aux environs des habitations. Un certain nombre de conditions ‘sont nécessaires pour faciliter la culture du cocotier : On estime qu'il lui faut une température moyenne de 26 degrés et une chute d’eau minimum de 1 m. 70. Les terrains qui lui conviennent le mieux sont les terres allu- viales, sablo-argileuses, situées dans les vallées des grands fleuves et qui, fraîches, ne sont ni trop fréquemment, ni trop longtemps inondées. Un sol marneux, légèrement graveleux est encore pro- pice à la culture. En somme. la qualité à chercher avant tout, est la perméabilité. Il faut expressément éviter de planter le cocotier dans des sols argileux imperméables. Les noix de semences doivent être rigoureusement sélectionnées. Elles doivent être mûres et non sèches, d'un beau vert brillant, de forme bien ovale. avec l'écorce mince et les sillons longitudi- naux peu marqués. On doit les recueillir sur des arbres vigoureux, bons producteurs, dont les fruits sont réguliers et dont les feuilles n'ont pas une tendance à s'incliner vers le sol. La maturation des noix s’échelonnant tout au cours de l’année, il est possible d'établir des pépinières en toute saison, mais, en Cochinchine tout au moins, entre toutes les époques, le mois d'avril est préférable, car c'est à ce moment que les influences climatériques ont le plus d'action sur la végétation et qu’en fait, c'est naturellement vers ce mois que les germinations se mani- festent le plus généralement. Les intervalles de plantation qui paraissent préférables sont ceux de 8 en 8 mètres. On obtient ainsi 144 cocotiers à l'hectare. Au point de vue de l’àäge de la production, les cocotiers de bonne 38 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION constitution, bien soignés, en bonne terre, peuvent porter des fruits dès la huitième année. Mais la fructification peut se trouver retardée, soit du fait du sol, soit du fait des arbres, soit du fait de l'absence de soins, jusqu'à dix, douze et même quinze ans. En réalité, dans un compte de culture, il serait prudent dene compter sur un rapport normal qu'à partir de la dixième année Quant à la durée de la productivité du cocotier, on est générale- ment d'accord pour reconnaitre qu’à partir decinquante ans l'arbre cesse de rendre, ou du moins que sa productivité se trouve dimi- nuée. Mais cette productivité, de même que la hâtivité de la fruc- tification, est fonction du sol et des soins de culture; l'arbre peut produire exceptionnellement jusqu'à soixante-quinze ans. Quel- ques auteurs vont jusqu'à cent ans. Les rendements à l'hectare, comme pour toute culture, sont bien délicats à indiquer, vu les facteurs qui peuvent intervenir (sol, climat, soins, qualités intrinséques de l'arbre, etc,). La quantité moyenne annuelle de noix peut être fixée en sol moyen entre 23 et 35 noix par arbre. Exceptionnellement, dans les régions priviligiées de Cochinchine (Mytho), des rendements de 120 noix ont été observés pour un certain nombre d'arbres. Les ennemis et les maladies du cocotier sont nombreux et demandent pour être évités des précautions spéciales: sont à craindre surtout le bétail, les sangliers, les rats, les coléoptères déprédateurs, les fourmis blanches. les écureuils, les termites, etc. Un compte de culture paraît bien difficile à établir car tout dépend du nombre de fruits fourni en moyenne par un arbre, et du prix de la main-d'œuvre. Rien ne peut pour cela valoir les renseignements pris sur les lieux mêmes. Et il faut bien considérer que le côté recettes peut être sensiblement changé suivant le parti que l’on tire des produits du cocotier. | Utilisation des produits du cocotier. — Le roi des palmiers peut être utilisé de bien des manières, car il fournit plus de produits encore que le bambou. ; 4° Le bourgeon terminal, dit chou palmiste, fournit, quand l’arbre est jeune, une excellente salade, mais cet emploi ne peut être qu'exceptionnel, car il entraine naturellement la mort de l'arbre ; 2° Le spadice, ou axe charnu sur lequel se développent les fleurs, produit un jus sucré que les Anglais appellent toddy. Un spadice peut fournir environ un litre de toddy par jour pendant ossi à trente jours. Le toddy est transformé en une sorte de sucre appelé jaggery ou bien mis à fermenter pour fournir une sorte d'alcool, l’arrack. On peut compter sur un rendement moyen de 18 litres d'arrack par arbre et par an. Le toddy peut également être converti -en un excellent vinaigre EXTRAITS ET ANALYSES 39 3° Les jeuilles peuvent servir de couverture pour les maisons, à fabriquer des nattes, des paniers, et même des vêtements. Le pétiole peut fournir des haies de clôture, des torches, du combus- tible, des cannes à pêche, etc. ; 4 Ee tronc (stippe) fournit un bois très résistant qui peut être employé comme poteau, comme support de pont, comme pilier dans les maisons ou creusé pour servir de conduit: 5° Fruit. — Nous arrivons ici à la partie la plus utile de l'arbre. Il faut distinguer ses différentes parties a) Consommé en vert (mais quand il est déjà bien formé), la cavité extérieure de la noix fournit un liquide assez épais par l’albumen en suspension, un peu huileux, opalescent, appelé eau ou « lait » de coco, très rafraichissant. Dans ce même état, l'albumen déjà formé peut étre mangé à la cuiller et constitue une friandise très recherchée, qui peut être préparée de diverses façons. N. B.— Le fruit vert entier est exporté de Ceylan (12.500.000 noix en 1902, principalement vers l'Angleterre et un peu vers l'Alle magne). Les Antilles en exportent de même aux Etats-Unis. b) L'albumen, amande de la noix mûre, qui tapisse l’intérieur de la coque (endocarpe osseux) fournit, à l'état sec, le coprah, d'où l'on extrait l'huile (voir plus loin). Comme résidu de cette extrac- tion, on a les tourteaux (Poonac à Ceylan). L'huile de coprah sert à la production du savon, des bougies et d'un beurre végétal (« végétaline »), dont une maison de Marseille s'est fait une spécialité. Enfin, depuis quelques années, s'est développé à Ceylan surtout, un emploi spécial de l’albumen sous le nom de « Dessicated coco- aut ». L'amande, débarrassée de sa couche externe brune, est lavée, grossièrement Cconcassée, puis ràpée, soit à la main, soit à la machine, et enfin séchée sur des tôles par un courant d'air chaud. Les Etats-Unis, l'Allemagne et surtout l'Angleterre font une con- sommation énorme d'’albumen de coco ràpé comme substitut ou succédané de l’amande dans la confiserie et la pâtisserie. Ceylan, où cet emploi s'est développé surtout, n'a pas exporté moins de 1.938 tonnes de noix de coco râpée et séchée en 1903. c) La coque de la noix (endocarpe osseux) peut servir à une mul- titude d'usages, et l’ingéniosité des indigènes ne s'est pas trouvée en défaut : cuillers (avec manches en bois), pots, gourdes, pipes à eau, coupes, elc. Mais, tout en tirant un certain parti, nous rappellons que le planteur fera bien de se préoccuper de restituer au sol la potasse” enlevée en quantité si considérable par la noix et que les cendres des coques brülées avec les résidus de fabrication du coir (fibres de coco) seront des plus utiles à cet effet. 0 BULLETIN DE LA SOCIÊTE D'ACCLIMATATION d) L'enveloppe fibreuse (mésocarpe) fournit des fibres, appelées coir par les Anglais, qui peuvent être, soit exportées sous leur forme brute pour la fabrication de brosses, de tapis et de cordages, soit transformées sur place en cordes ou en filés. Enfin, une sorte de poussière (cellulose), répandue dans les inter- stices des fibres, fournit une matière absorbante, excellente pour calfeutrer les coques de navires (cofferdam) et pour le transport des graines dont on désire conserver les facultés germinatives. MM. Crevost et Brenier, dans leur étude, se refusent à donner un compte de culture. On peut bien, disent-ils, en fournir les éléments, c'est-à-dire détailler les opérations, culturales ou autres, dont l'observation est nécessaire. C'est ensuite affaire à chacun, suivant le milieu de ses ressources, à appliquer à chacune de ces opérations, le prix qu'elles comportent, et qui peuvent varier d'ailleurs pour. une série de causes dont quelques-unes échappent complètement à la prévi- sion et à la volonté humaines. Mais il a paru utile néanmoins à M. Brenier de chiffrer quelques résultats possibles (nous ne disons pas certains) de la culture du cocotier, comme encouragement à l'extension des cultures, et aussi comme indication plus précieuse du parti que l'on pourrait tirer, dès à présent, de richesses complètement ou partiellement gaspil- lés, comme celle du coir que pourraient fournir les noix qui don- nent les 5.000 tonnes (en bonne année), d'exportation de coprah de la Cochinchine pour ne parler que de celle-là. C'est par des tableaux de chiffre se rapportant à quatre combi- naisons de vente, que se termine la consciencieuse étude du Bulle- tin économique de l’Indo-Chine, dont la conclusion est que, quoi qu'il en soit, en supposant même que le calcul de 30 noix par arbre et par an soit trop élevé, et qu'il faille le ramener à la moyenne observée en Annam, dans les plantations indigènes, de 25 noix — (et nous croyons au contraire que pour une cocoterie bien soignée dans un bon sol, le chiffre de 50 est une moyenne très raisonnable) — c'est-à-dire réduire par conséquent, nos calculs de moitié, la culture du cocotier n'en est pas moins parmi les plus avantageuses à comseiller à un planteur sous les tropiques, s’il peut attendre en faisant d’autres cultures, et s'il ne néglige aucun des produits que l'arbre peut lui donner. La preuve décisive en est d’ailleurs que les indigènes en Cochin- chine, qui négligent plusieurs de ces produits, ne veulent plus se défaire de 1 hectare de cocotiers à un prix moindre de 300 ÿ 00 — et que même en offrant un prix supérieur on trouverait difficile- ment à acheter des cocotiers en rapport. (1) (1) Feuille d'informations du Ministère de l'Agriculture, 3 février 1906. ÉMILE OUSTALET Lorsqu'au mois de juin 1905, parut dans notre Bulletin, la première partie du Catalogue raisonné des Oiseaux de la Basse-Cochinchine, nous ne pouvions supposer que la mort de l’un de nos plus illustres collègues, Emile Oustalet, allait interrompre brusquement la publication de l'œuvre qu'il avait commencée en collaboration avec R. Germain. Le savant ornithologiste dont nous déplorons la perte sur- venue si prématurément, appartenait depuis sa jeunesse à la grande famille scientifique du Muséum d'Histoire naturelle. Aide naturaliste en 1875, il avait succédé à Alphonse Milne- Edwards, le 20 avril 1900, comme professeur de Mamma- logie, chargé spécialement de la Ménagerie. Ses travaux scientifiques fort considérables, sont tous mar- qués au sceau de cette probité scrupuleuse qui fut la carac- téristique de toute sa vie. Citons parmi eux : Note pour servir à la faune du département du Doubs (Oiseaux), 1873 ; Oiseaux de la Chine (en collaboration avec l'abbé David), 1877 ; Monographie des Oiseaux de la famille des Mégapodidés, 1881 ; Description du Rheinardius ocellatus, 1882 ; l'Architecture des Oiseaux, 1883; la Protection des Oiseaux, 1883; les Oiseaux voyageurs, 1886: la Protection des Oiseaux utiles à l'Agriculture, 1889 ; les Mammifères el les Oiseaux des îles Mariannes, 1895 ; les Oiseaux du Cam- bodge, du Laos, de l’Annam et du Tonkin, 1899-1903 ; le Cheval de Prjevalski, 1902 ; les Pintades, 1904 : les Dindons, 1905 ; etc, etc. Membre de notre Conseil depuis 1892, président de notre section d'Ornithologie jusqu'à sa mort, E. Oustalet aimait la Société d’Acclimatation au développement de laquelle il ne cessa de prendre une part active, et tous ceux qui l'approchèe- rent purent rendre hommage à la grande érudition de ce savant qu'il mettait avec la plus grande affabilité au service de tous ses collègues. Notre Bulletin publia à maintes reprises des travaux fort 0) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION 24] importants qu'il voulait bien écrire spécialement pour nous. La mort vint le surprendre en pleine activité scientifique, avant qu'il ait pu terminer la rédaction définitive du Catalo- œue raisonné des Oiseaux de la Basse-Cochinchine. La seconde partie de ce travail que nous publions aujour- d'hui, a été mise au point par M. le professeur Trouessart, qui a bien voulu nous promettre de terminer avec M. Ger- main, la publication de l'œuvre commencée par son regretté prédécesseur. Maurice Loyer. CATALOGUE DES OISEAUX DE LA BASSE-COCHINCHINE PAR Rodolphe GERMAIN et E. OUSTALET Vétérinaire principal de l'armée Professeur au Muséum (Ba retraite) à d'histoire naturelle Correspondant du Muséum Membre honoraire Membre du Conseil à de la de la Société nationale d’acclimatation Société nationale d’acclimation (S'urlte) RAPACES NOCTURNES 10. KETUPA JAVANENSIS Ketupa javanensis (Lesson), Traité d'Ornithologie, 1831, p. 11%, R. B. Sharpe, Catalogue of the birds in the British Museum, 1875. t. Il p. 8; E. Oustalet, Les Oiseaux du Cam- bodge, du Laos, de l'Annam et du Tonkin, Nouvelles Archives du Muséum d'Histoire Naturelle, 1899, t. I, p. 245. Nom ANNAMITE : Con chim méo, c'est-à-dire : Oiseau-Chat (d'après R. Germain). Descriprion : Parties supérieures d'un fauve clair rayé longitudinalement de noir, mais sans raies transversales ; quatre à cinq bandes fauves sur la queue (la bande terminale comprise). Le À. flavigus Hodgs. de Chine et des Monts Himalaya, est plus grand et a six bandes fauves sur la queue. Bec couleur de corne, pattes d'un gris sale ; iris d'un jaune orangé. Longueur totale 0 m. 52 ; de l’aiie 0 m. 33. Le Ketupa javanais habite les îles de Java, de Sumatra, de Bornéo, la péninsule malaise, la Birmanie anglaise et certainement aussi la Cochinchine, car si sa présence en ce dernier pays n’a pas été signalée par M. le Docteur Gilbert 4) Voir Bull. Soc. nat. Accl., Fr. Juin. 1905. hi BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Tirant, elle y a été dûment constatée par l’un de nous (R. Ger- main) qui a remis au Muséum d'Histoire naturelle plusieurs spécimens de Ketupa javanensis. En revanche l'espèce n'a pas été trouvée au Cambodge, au Laos, dans l’Annam ou au Tonkin. En Cochinchine les Ketupas javanais se rencontrent assez fréquemment dans les fourrés d'arbres, le long des arroyos et leurs couples choisissent volontiers comme lieu de réunion, les massifs de grands arbres qui entourent généra- lement les pagodes. Ces grands Rapaces nocturnes doivent chasser de jour, car ceux que l'un de nous (R. Germain) a pu observer étaient bien éveillés, comme en embuscade et fuyaient sans hési- tation, d’un vol assuré, vers un but bien déterminé. Quand il y avait un couple, le premier individu partout avertissait l’autre par son cri d'alarme, tout différent des cris de nos Chouettes européennes. Les Annamites ont de la vénération pour ces Oiseaux, familiers de leurs pagodes. Le nom de Chim-meo, par lequel ils le désignent et qu'ils appliquent du reste également à d’autres Strigiens, signifie Oiseau-Chat et peut être rapporté à notre mot Chat-Huant. Les Ketupas doivent nicher vers le mois d Avril, car l’un de nous (R. Germain) a vu des jeunes dès le mois de mai. — 11. KETUPA CEYLONENSIS Gm. Strix ceylonensis Gmelin, Systema naturæ, 1788, 1. I p. 287. — Ketupa ceylonensis R. B. Sharpe, Catalogue of the birds of the British Museum, 1873, t. II, p. 4; A. David et E. Oustalet, LesOiseaux de la Chine, 1877, p. 40, n°60 ; G. Tirant Oiseaux de la Basse-Cochinchine, Bulletin du Comité agricole et. industriel de la Cochinchine, 1878, tI, n° 1 (publié en 1872 p. 84, n°30 ; E. Oustalet, Les Oiseaux du Cambodge, du Laos, de l’Annam et du Tonkin, Nouvelles Archives du Muséum d'His- toire naturelle, 1899, t. T, p. 242, n° 22. Nom ANNAMITE : Con diù di ou dû di (d'après G. Tirant). DescripTiox : Parties supérieures du corps et dessus de la tête d'un faune brunâtre avec des raies brunes sur la tête et le cou, des taches brunes et fauve pâle sur le dos es$ Couvertures des ailes ; parties inférieures d’un gris roux avec des stries longitudinales et des raies transversales très CATALOGUE DES OISEAUX DE LA BASSE-COCHINCHINE 45 : fines d'un brun pâle ; queue brune avec trois ou quatre bandes blanchâtres. Bec et pattes d'un gris livide tirant au jaunâtre sur les doigts ; iris jaune de chrome passant quelquefois au jaune orangé. Long. tot: 0 m. 62 ; de l’aile : O0 m. 41. L’aire d'habitat du Ketupa de Ceylan comprend non seu- lementl'ile de ce nom, mais l'Inde continentale, la partie mé- ridionale de la Birmanie anglaise, où il est commun, le Ténassérim, le royaume de Siam (probablement), la Cochin- chine, le Cambodge, le Laos, le Tonkin et même les environs de Hong-Kong, dans la Chine méridionale. En Cochinchine il habite, comme le Ketupa de Java dont il a les mœurs, les massifs qui entourent les pagodes et les fourrés qui bordent les arroyos. 12. SCOPS GIN var. sricronorus Sharpe. Scops stictonotus R. B. Sharpe, op. cit., t. II p. 54 et pl. IL, f. 2; David et Oustalet, Oiseaux de la Chine, p. 43, n° 62 ; G. Tirant, op. cit. p. 84, n°31. Nom anvamime : Con hà (d'après G. Tirant). Descriprion : Plumage semblable à celui du Petit-Duc d'Europe (Scops gin), des stries longitudinales et transver- sales brunes et quelques taches blanches et noires formant un dessin compliqué sur un fond qui est tantôt gris, tantôt roux fauve. Bec verdâtre ; iris jaune pâle ; pattes grises. Longueur totale : 0 m.20, longueur-de l'aile 0 m. 16, longueur de la queue 0 m. 06, longueur du tarse : 0 m. 025. Nous n'avons eu sous les yeux aucun exemplaire pris dans les possessions françaises de l'Indo-Chine de cette race de Petit-Duc d'Europe, race dont M. le D' Gilbert Tirant dit avoir tué plusieurs individus à Tra-Vinh (Cochinchine) et dont le British Museum (Natural History Department) possède un spécimen pris dans le Cambodge par M. Monhot. Le Scops gin stictonotus se trouve au Cambodge, dans le royaume de Siam (d'après Sharpe) et dans la Chine méridionale, aussi bien que dans le Népaul, sa présence dans la Basse-Cochin- chine n'a rien qui doive nous étonner. 46 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION 13. SCOPS LEMPII var. Ron R. Swinh. Ephialtes umbratilis R. Swinhoe, Jbis, 1870, p. 342, Scops lempiji subsp. umbratilis R. B. Sharpe, op, cit.‘ t. IE, p. 95, Lampijus umbratilis David et Oustalet, Oiseaux dé la Chine, p. 48, n° 86; G. Tirant, op. cit., p.84, n° 32. NôM ANNAMITE : (him méo (d'après R. Germain). DescrtPTion : Tarses non emplumés ; base des doigts presque nue. Dessus d'un brun roux foncé grossièrement vermiculé de lignes noires ondulées et croisées, les scapu- läires d'ün roux ochracé clair en dehors, étroitement barrées de noir. Un collier roux oéhracé très distinct sur le derrière du cou. Sommet de la tête noirâtre. Dessous fauve foncé avec des lignes croisées étroites d'un brun foncé. bonsMtot.: 0vm.23 aile 0m-/16: ! Comme M. l'abbé A. David et l’un de nous (E. Oustalet) ont eu l'occasion de le faire remarquer, quelques Petits-Ducs pris en Cochinchine dans l'île de Poulo-Condor, paraissent se rapporter à Cette race que l'on croyait d'abord confinée dans l’île de Haïnan et qui ne se distingue d'ailleurs du Scops lempigi typique des îles de la Sonde, de la péninsule ma- laise, du Ténasserim et de l'Inde que parson plumage moins roux et plus fortemement vermiculé. Les Petits-Ducs de cette sorte sont assez communs à Poulo-Condor dans les bois et les plantations de cocotiers et d'aréquiers des plaines. Ce sont les seuls Rapaces nocturnes de l'ile. IS paraissent-chasser de jour et se nourissent exclu- sivement d'Insectes (Coléoptères, Hyÿménoptères) et de petits. Reptiles, 14. NINOX SCUTULATA Raffles. Strix scutulata Raffles, Transactions of the Linnean Society, 1822, t. XIII, p. 280, — Ninox scutulata R.B. Sharpe, op cit. t. IE, p. 156; G. Tirant, op. cit. p. 243, n° 22. — Ninox japonica David et Oustalet, Oiseaux de la Chine, p. 36, n° 58. Nom ANNAMITE : Con chim méo (d’après G. Tirant). Descrirrion : Tête et dessus du corps bruns avec un peu CATALOGUE DES OISEAUX DE LA BASSE-COCHINCHINE 41 de roux et de gris sur le dos ; parties inférieures du corps blanches avec des taches brunes plus ou moins ovalaires ; queue brunâtre avec quatre ou cinq bandes transversales foncées et un liseré gris ; grandes pennes des ailes in- complètement barrées de fauve sur fond brun. Bec verdâtre ; iris, cire (1) et pattes jaunes; yeux très grands. Longueur totale : O0 m.29 à 0 m.30; longueur de la queue 0 m. 115 ; longueur du torse 0 m. 03. Le Muséum d'histoire naturelle a recu de nombreux exemplaires de cette espèce tués en Cochinchine par Diard, par M. le D'Jolkin et par l’un de nous (R. Germain), dans le Laos par M. le D: Harmand, à Bangkok (Siam) par M. Bocourt, en Chine, par M. l'abbé A. David. D'autre part le Ninox scutulata à été rencontré par M. Monhot au Cam- bodge, par Anderson en Birmanie, par Hodgson dans le Nepaul, par Wallace à Malacca, par Eow à Labuan, etc, Son aire d'habitat est extrêmement vaste et comprend l'Inde, l'Indo-Chine, une partie de la Chine, le Japon, Bornéo, Flores, Labuan et plusieurs autres îles. Cette Chouette chasse principalement à la nuit tombante mais comme on la trouve éveillée pendant le jour dans des groupes d'arbres à feuillage assez rare, on peut supposer qu'elle cherche aussi sa nourriture à la lumière du jour. Elle est beaucoup moins commune à Saïgon que dans la région forestière. Comme l’un de nous (E. Oustalet) et M. A. David l’ont indiqué, cette espèce de Rapaces nocturnes, grâce à la pe- titesse de sa tête, à la disposition presque complète du dis- que facial, à la fermeté du plumage, à la longueur de la queue, offre une physionomie toute particulière et rappelle certains Oiseaux de proie diurnes et notamment des Eperviers, 14. ATHENE CUCULOIDES J. Gould. Noctua cuculoides, J. Gould, Centuria of Himalayan Birds 1832, pl. 1. — Athene cuculoides G. Tirant, 0p. cit., p. 83, no 29; E. Oustalet, op. cit., p. 244, n° 24, — Glauci- dium ceuculoides R. B. Sharpe, op. cit., t. II, p. 219. D’après M. l'abbé A, David la cire serait verte. AS BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION DescriPriox : Plumage entièrement vermiculé transversa- lement, avec la queue barrée de huit bandes blanches. Dessus brun pourpré lavé de roux sur les ailes et rayé de bandelettes roussâtres plus serrées sur la tête. Gorge ‘avec upe écharpe blanche. Dessous brun rayé de blanc; bas-ventre blane avec des taches brunes longitudinales. Bec et pattes jaunes; iris rouge. Longueur totale 0"29; longueur de l'aile0®14; longueur de la queue On082 ; longueur du tarse OmO28. -_ L'Athene cuculoides se trouve dans l'Inde proprement dite et dans la plus grande partie de la Birmanie anglaise, dans le royaume de Siam, le Cambodge, le Laos. le Tonkin, et probablement aussi dans l'Annam ; mais elle est remplacée dans la Chine méridionale par une race que l'on a considéré à tort comme une espèce et désignée sous le nom d'Athene Whateiyi. En Cochinchine, cette Chouette a été rencontrée par l'un de nous (R. Germain) en plein jour ; dans les dunes, auprès de Fo-Kai, elle se tenait perchée sur un arbre, domi- nant les broussailles. M. le docteur Gilbert Tirant a observé la même espèce à Tra-Nang sur le haut Vaïco. Son cri, dit-il, est très curieux et ressemble à un ricanement doux et incessant.. 16. ASIO ACCIPITRINUS Pallas. La Grande Chouette, Brisson, Ornithologie, 1760, t. I, p. 511. — Strix accipitrinus Pallas, Reise Russ. Reichs, t. 1, p. 455. — Strix brachyotus Forster, Philosophical Trans- action, t. LXIIL.p, 384. Asio accipitrinus R. B. Sharpe op. cit., t. If, p. 234. — Otus brachyotus David et Oustalet, Oiseaux de la Chine, p. Ai, n° 62. à DescriprTiox : D'un fauve ochracé pâle dessus, plus foncé sur le milieu du dos, avec une raie brune longitudinale sur chaque plume. Queue ochracée terminée de blanc et portant sur les pennes médianes sept barres brunes, cinq seulement. sur les externes. Face blanche teintée de brun; menton brun. Dessous d'un blanc sale teinté de jaune sur la poitrine. et les flancs, avec des raies brunes. Longueur totale 0237; longueur de l'aile 0"32; longueur de la queue 0n14 ; longueur du tarse 0045. Le Hibou brachyote, qui habite les régions tempérées el CATALOGUE DES OISEAUX DE LA BASSE-COCHINCHINE 49 tropicales des deux mondes, se rencontre, ou du moins se rencontrait jl y a une trentaine d'années, aux environs de Saigon, au milieu des broussailles qui couvrent une partie de la plaine dite des Tombeaux entre la pagode Barbet et la ville chinoise. L'un de nous (R. Germain) en a eu entre les mains plusieurs sujets venant de cette localité. En Cochinchine cette espèce niche sur le sol. 17. SYRNIUM SINENSE Laih. Strix sinensis Latham, Index ornithologicus, Suppl p- XVI. — Syrnium selopute G. Tirant, 0p. cit., p. 84, n° 3. — Syrnium sinense R. B. Sharpe, op. cit. t. IL, p. 261. Daescripriox : D'un roux-brun chocolat, barré de blanc en dessus, les pennes de l'aile bordées de blanc; queue barrée de sept bandes brunes et terminée de blanc; dessous blanc barré de brun, avec la poitrine teintée de jaure d'or. Bec noir ; iris d'un brun fuligineux Longueur totale 056 ; longueur de l'aile 0"38 ; longueur de la queue 0"22 : longueur du tarse 005. Cette belle espèce se trouve à Java, dans la péninsule malaise, en Birmanie et en Cochinchine. Dans ce dernier pays les Chouettes des pagode sont communes dans la région forestière, à Mytho, à Saïgon, et, d'après M. le docteur Tirant, dans les bois de Diptérocarpées qui entourent les pagodes à Tra-vinh, à Bien-hoà, à Tu-den-môt et à Tay-ninh. 18. STRIX FLAMMEA L. Strix flammea Linné, Syst. nat., 1766, t. I, p. 133. — L’Effraye ou la Fresaye Bufion, Planches enl., 1770, t. I, p.440. — Strix flammea R. B. Sharpe, op. cit., t. IL, p. 291, Coran Op ACL p60 n° 39: Nom aANNaMmITE : Con chim Heo (d'après M. G. Tirant). Descriprion : D'un roux orangé dessus varié de gris clair et vermiculé de brun; disque facial d'un blanc argenté; dessous d’un blanc pur teinté d’orangé sur la poitrine mais sans taches (très variable). Bec couleur de chair; iris noir; pattes grises avec les ongles noirs. - Longueur totale 040 ; longueur de l'aile 0"28 ; longueur de la queue 0"115 ; longueur du tarse 0"0683. 50 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION L'Effraie ordinaire qui est est à peu près cosmopolite, se présente, dans le sud de l'Indo-Chine française, sous la même livrée, mais avec des proportions un peu plus fortes que dans notre pays. Elle est commune en Cochinchine, où elle habite les anfractuosités des arbres élevés (et les combles des grandes constructions à l'européenne). L'un de nous (R. Germain) a vu un jeune de cette espèce au mois de mars, mais il est porté à croire quon peut trouver des œufs à toutes les époques de l'année. Ces œufs sont d'un blanc mat et sans taches, et de forme très arrondie. Leur grand axe mesure 0038 ; leur petit axe C°32. Le nid n’est nullement garni à l'intérieur et contient fréquemment des restes de petits Rongeurs. 19. STRIX CANDIDA Tickell. Strix candida Tickell, Journal of the Asiatic Society of BenoalL Apr REP 1Sharpe Hop cit AA Ep re 08e G. Tirant, op. cit., p. 85, n° 36. Nom ANNAMITE : Con chim Heo trang (d'après G. Tirant). Descriprion : Dessus de la tête et du corps d'un jaune roux mêlé de gris perle et vermiculé de brun, avec des taches brunes et des points blancs ; parties inférieures d’un blanc jaunâtre tachetées et mouchetées de brun; disque facial blanc lavé de fauve avec peu de brun dans le voisinage de l'œil. Bec bleuâtre ; iris noir; pattes d'un gris terne. Longueur totale 0®36 ; longueur de l'aile 0m31 ; longueur de la queue 011; longueur du tarse, qui est garni de poils épais, 0m076. D'après Jardon,.lEffraie blanche se tiendrait, dans l'Inde, exclusivement dans les hautes herbes et ne fréquen- terait ni les bois, ni le voisinage des habitations; mais M. le docteur G. Tirant l'a rencontrée en Cochinchine dans les grandes clairières de Strok-tranh et l'un de nous (R. Ger- main) l'a trouvée dans les mêmes endroits que l'Effraie ordinaire. 20. PHODILUS BADIUS Horsi. Strix badia Horsfield, Zoological Researches in Java, pl. 37. — Phodilus badius R. B. Sharpe, op. cùt., t. Il p. 309 ; G. Tirant, op. cit., p. 85, n° 34. CATALOGUE DES OISEAUX DE LA BASSE-COCHINCHINE 51 Descrierron : Dessus d'un roux bai, plus foncé sur la tête; région interscapulaire d'un fauve orangé, tacheté de brun ; le dos tacheté de brun et orné sur les couvertures de l'aile de lignes blanches ; queue à cinq vou six barres noiràätres; face blanche teintée de rose: rosettes faciales chatain foncé; une touffe blanche au-dessus des yeux. Dessous d'un fauve doré teinté de rose, l'abdomen et les flanes lavés d’une teinte vineuse; poitrine avec des taches brunes éparses plus marquées sur les flancs et le ventre: Longueur totale 0"30, aile OFIS, queue 0075. tarse 0"047 ; la femelle est notablement plus grande que le mâle. Le Phodibus badius constitue parmi les Rapaces nocturnes un type très curieux que M. A. Milne-Edwards, par l'étude du squelette, a été conduit à rattacher à la famille des Bubonidés dont le Grand-Due est le type. Cette espèce habite les îles de Bornéo, de Java et de Ceylan et remonte à travers la Birmanie et le Pégou jusque dans le Népaul et les provinces himalayennes orientales. Nous n'avons jamais eu entre les mains aucun sujet de cette espèce pris dans nos possessions françaises de l'Indo-Chine ; mais M. le docteur Gilbert Tirant dit avoir vu un exemplaire tué à Tu-vinh, c'est sur son autorité que nous ipserivons le Phodibus badius parmi les Oiseaux de la Cochinchine. (A suivre) L’'AQUARIUM DE BRUXELLES (institut d'Aquiculture de Belgique) Il était réservé à Bruxelles de posséder un aquarium mo: dèle d'eau douce, à la fois œuvre de science et œuvre d'art, où la faune aquatique est représentée dans ses décors natu- rels; en un mot, l'aquarium également précieux pour les sa- vants qui poursuivent l'étude de la végétation et de la vie au fond des eaux; pour le grand public qui vient y chercher des impressions neuves, reposantes et instructives ; pour les familles et pour les établissements d'instruction qui veulent indiquer une voie nouvelle d'études à leurs enfants et à leurs élèves. Le compte rendu méthodique et technique que nous don- nons plus loin des études préliminaires nécessitées pour Forganisation de l'aquarium spécial d’eau douce, expliquera pourquoi des établissements de ce genre n'existent en au- cune ville du monde. Qn ne saurait imaginer, en effet, quelles difficultés ila fallu surmonter pour mener à bien une telle œuvre, quelle orga- nisation complexe a dû ètre créée de toutes pièces pour l'en- tretenir et la faire fonctionner à souhait. | Les plus bardis ingénieurs aquiculteurs auraient hésité à entreprendre la tâche écrasante que la Direction de l'Aqua- rium de Bruxelles s'est assumée sans erainte, et qu'elle a poursuivie sans trève, afin de réaliser cet aride mais intéres- sant problème. Depuis longtemps, la Direction a su se plier aux besognes exactes, au labeur d’une telle entreprise pour atteindre enfin le but qu'elle s'était fixé. Dar la rapide notice qui va suivre sur la marche de l'A- quarium, nos collègues pourront apprécier, d’ailleurs, l'œu- vre considérable que la Direction a accomplie. Les résultats acquis autorisent les plusgrandes espérances. Les sympathies qui, dès le principe, avaient accueilli de toutes parts le projet d'aquarium d'eau douce, n'avaient fait que s'affirmer à mesure quete projet prenait corps, et que les expériences que nous venons de mentionner assu- raient sa réussite. Les encouragements des savants de tous les pays ne lui firent point défaut et ils lui permettront datte;ndrea laperfection dernière. EM L'AQUARIUM DE BRUXELLES 53 A ce propos, nous analyserons en quelques lignes les deux faces du problème du régime de l'établissement. LE PROJET. Au mois de mars 190%, la Direction de l'Aquarium jeta les bases de son projet, en achetant un magnifique terrain dans un des plus beaux quartiers de Bruxelles. Les parties constituées examinèrent les propositions d'i- nitiative privée en vue d’une exposition permanente. L'ad- ministration de l’Aquarium adoptait définitivement les moyens de mener à bien cette entreprise. La direction tech- nique fit d'abord un long voyage à travers l'Europe, afin de visiter les aquariums les plus intéressants et les plus impor- tants, et d'en étudier les moindres détails. Berlin, Londres, Amsterdam, Francfort, Naples, ete., etc., n'ofirent aux visiteurs que des aquariums d'eau de mer. Quant à la faune d'eau douce, elle n'est représentée nulle part que sous une forme incomplète. Et l’on s'étonne à bon droit que les grandes villes d'Europe, où se trouvent cependant des col- lections zoologiques, ne possédent pas d'aquariums d'eau douce. Une haute initiative privée s'attachait de plus en plus à cette entreprise que suivaient, avec une égale attention, les mondes savant et sportif. Cet appui et ces encouragements assurent désormais le parfait fonctionnement de cet :impor= tant établissement scientifique. . Après avoir traversé la merveilleuse avenue Louise jus- qu'à son extrémité, à l'entrée du Bois de la Cambre, nous trouvons immédiatement à droite une construction de style simple. Cet édifice, c'est L'Aquarium de Bruxelies. Quand on franchit la porte d'entrée principale, on se trouve dans un vaste hall, dont la moitié est convertie en jardin d'hiver, et forme en quelque sortele « laboratorium ». Grâce à celui-ci, les graves questions d’'hydro-biologie, d'ichtyologie, d'aquiculture et de pisciculture n'auront plus de secrets pour le public. Quant à l’enseignement en général, -nous espérons qu'il en profitera dans une large mesure. La première partie de l’'Aquarium (faune nationale) mérite à elle seule une mention particulière, car elle représente la faune des cours d’eau de la Belgique. Son arrangementar is- tique répond tous les besoins de l'esthétique et de l'hygiène. Quant à la seconde partie, le « laboratorium 5, là direction + 54 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION technique l’a supérieurement bien installée, tant aupoint de vue pratique qu'au point de vue des expériences scientifi- ques, et cela nous promet pour l'avenir les résultats les plus sérieux, en réalisant de grands progrès dans le vaste domaine de l'Aquiculture. IMPRESSION GÉNÉRALE Partout, en face, en arrière, à droite, à gauche, partout le fond de nos rivières, de nos étangs, avec ses lointains mysté- rieux, avec ses colorations si variées, avec sa vie intense et son mouvement incessant, le long du vaste quadrilatère constitué par les parois intérieures de l'aquarium, toute la faune de l'eau douce va se révéler à nos yeux. La variété des Poissons et des Plantes aquatiques aux couleurs bizarres émaille curieusement ces larges et magnifiques bassins de eristal aux montures de métal brillant. Ces bassins, en grand nombre, sontinstallés sur des soubassements en chène mou- luré, et sont spécialement disposés de façon à ce que lon puisse observer les animaux au moins de deux côtés. Les bassins contiennent les Poissons d’eau douce de toutes les parties du monde, et sont représentés par des spécimens tant pour la science que pour l'alimentation et le sport. Le système hydraulique est ‘habilement combiné. L'eau pure est conduite dans les bassins par des tuyaux de-diamè- tre assez important, qui finissent dans des tubes en bronze ayaut une ouverture relativement étroite. Par ce procédé l’eau entre avec une grande force dans les réservoirs, ame- nant ainsi jusqu'au fond une importante quantité d'air. Ce système réalise la circulation d'eau non interrompue nuitet jour. L'Aquarium de Bruxelles offre au publie une distraction des plus attrayantes. Pour quiconque n'y va que par hasard, l'aspect en est magnifique, pittoresque, et le plaisir des yeux est immédiatement satisfait... Pour ceux qui savent réfléchir et se rendre compte, il y a lieu de constater dans cette vaste entreprise un véritable bienfait, puisque l'aqua- rium à pour but devulgariser le goût de repeupler nos étangs, nos rivières et nos fleuves. C'est là ‘une ‘tentative louable, généralement ignoréedes visiteurs, ets'ils enétaient informés, ils considéreraient avec plus d'intérêt ‘encore les Poissons variés et nombreux qui s'agilentautour d'eux dans un grand nombre de bassins variés. L'AQUARIUM DE BRUXELLES 55 On connaît maintenant la disposition de l'Aquarium. Tout au fond de la grande salle, se trouve le laboratoire où l'on accède par un large escalier. A droite et à gauche, nous voyons des bassins encadrés de rochers. Ces différents bas- sins apparaissent comme autant de panneaux transparents, éclairés par la lumière d'en haut, et constituent les parois du laboratoire. Nous voyons encore de jolis et intéressants spécimens de différents Salmonidés et de Catfishs (ameiurus nebulosus). Aucune description ne peut rendre l'aspect vraiment mer- veilleux que prennent cette faune et celte flore sous les rayons lumineux, nulle expression ne saurait donner une idée du spectacle intéressant quise déroule aux yeux des Visiteurs dans ce radieux jardin d'hiver de l'Aquarium de Bruxelles, transportés comme par enchantement dans un endroit des plus beaux, des plus riches, et des.plus saiubres de la capitale de la Belgique. Nous gardons un bon souvenir de l'Aquarium de Bruxelles. Mis au courant des différents détails par la Direction technique, nous n'avons qu'un regret : celui de ne pouvoir citer les noms de ses fondateurs; comme leur modestieégale leur mérite, 1ls nous ont instamment prié de n en rien faire Ils nous permettront bien, néanmoins, de ieur témoigner. ici un souvenir reconnaissant pour leur bonne grace, et de recommander à tous une visite à Aquarium de Bruxelles (Institut d'Aquiculture de Belgique). LES PALMIERS DE LA COTE D'AZUR LEUR RÉSISTANCE AU FROID (Suile et fin) Par A. ROBERTSON PROSCHOWSKY ARCHONTOPHŒNIX Wendl. et Dr. — A ce genre appar- tiennent deux des meilleurs Palmiers pour la Côte d'Azur : l'A. (unninghamiana Wendil. et Dr. (Piychos- perma Cunninghamiana Wendl.; Seaforthia elegans Hook. non R. Brown, et le plus souvent connu sous ce nom dans le commerce) se trouve par ci, par là dans les jardins, mais toujours rarement. Quelques exemplaires murissent depuis des années leur jolie grappe de fruits rouge éclatant et donnent des graines qui germent, même en pleine terre, sous les plantes mères. Ce Palmier, cultivé fréquemment dans les serres et jardins d'hiver, est Ge grande beauté. Il est étonnant que cette espèce soit si peu plantée dans les jardins, car elle est, ainsi que l’autre, A+ Alexandræ Wendi. et Dr. (bien plus rare encore dans les jardins), aussi rustique que le Howea Forsteriana Becc., sinon plus. Ce sont des espèces qui préfèrent peut- être des expositions en plein soleil, mais qui se dévelop- . pent aussi très bien à mi-ombre sous les grands arbres, où elles sont bien moins exposées à être endommagées par les fortes gelées. Je possède des exemplaires de quelques mètres, ainsi qu’un très grand nombre de toutes jeunes plantes, qui ont résisté à maintes gelées et ont supporté jusqu’à — 5° cent. sans soufirir, parce que les rayons du soleil levant ne venaient pas frapper les plantes gelées. DicTryosPERMA Wendi. et Dr. — Le D. album Wendi. et Dr. et le D. rubrum Bak. ont péri à + 5° cent. CYRTOSTACHYS BI. — Le célèbre C. Renda à tronc rouge n'a jamais passé un hiver dans mon jardin, même lors- que la température n'est descendue autour de la plante qu'à + 3° cent. J'ai même essayé plusieurs fois des exem- plaires assez forts qui ont péri à la température ci-dessus. VeircaiA Wendil. — Le V. Joannis Wendl., originaire LES PALMIERS DE LA CÔTE D'AZUR 51 des Fidji, a supporté la température de 0° cent., mais ïl a péri l'hiver suivant à — 3 cent. C'était un assez fort exemplaire. KenTiopsis Ad. Br. — À ce genre appartient une excel- lente espèce pour les jardins de notre région, le X. macro- carpa Brgt., qui est encore plus rustique que le Howea Belmoreana Becc., auquel elle ressemble assez. Le K. ma- crocarpa se trouve à la Nouvelle-Calédonie jusque vers 1.000 mètres d'altitude. Ce Palmier se trouve dans le com- merce le plus souvent sous le nom de Kentia Linden. les autres espèces de Kentiopsis, toutes de la Nouvelle- Oalédonie, seraient presque sûrement rustiques ici, mais je n'ai jamais pu me les procurer. Dypsis Noronh. — Le D. pinnatifrons a succombé à une température de + 3° cent. PHLoca Noronh. — De ce genre, j'ai essayé le P. no- _difera Noronh., qui a résisté pendant quelques hivers assez doux, mais sans guère se développer. La plante est morte enfin, sans avoir subi une température plus basse que — 1° cent. RAVENEA Bouché.- L’unique espèce, le R. Hildebrandtü yjouché, a résisté pendant plusieurs années et se dévelop- “ait assez bien. La température de — 3° cent. n’a pas paru ui nuire. J'ai perdu la plante par un hasard, un ouvrier maladroit l'ayant cassée. CARYOTA L. — J'ai essayé plusieurs fois le C. urens L. et le C. sobolifera Wall., mais ces espèces, sans montrer des signes apparents de souffrance, ont végété et n’ont passé que quelques hivers doux et ont péri sans avoir subi des températures plus basses que — 2° cent. Le Caryota mazxzima B1., le C. propinqua BI., et le C. furfuracea BI. ont péri déjà à 0° cent., mais il se peut que d’autres espèces résisteraient, notamment celles qui vivent très bien dans les jardins d'hiver, mais que je n'ai .pu me pro- curer. J'ai vu un Caryota dans un jardin, à Menton-Ga- ravan, qui est peut-être l'endroit le plus abrité de la Côte- d'Azur. Cette plante avait fini son existence ayant donné 58 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION sa dernière floraison, la première commençant toujours, chez les Caryota, à la partie la plus haute du tronc. Je n'ai pu savoir (le tronc mort restant seulement) quelle était l'espèce. Le climat de Menton-Garavan, comme quelques autres parties de la Côte-d'Azur, Eze, Beaulieu, Villefranche, Monte-Carlo notamment, est tellement plus doux que le climat de Nice, que c’est bien rarement que la température y descend jusqu'à 0° cent. Mon jardin est encore situé à un endroit moins abrité que tant d’autres à Nice, et sur- tout très mal exposé. On comprend donc combien serait plus grand le nombre d'espèces délicates qu'on pourrait cultiver en pleine terre dans les localités nommées. Mais justement, à cause des conditions peu favorables de mon jardin, mes expériences ont une importance spéciale au point de vue de l’horticulture surtout, car les espèces que j'ai réussi à cultiver pourraient être cultivées presque par- tout. Aussi, au point de vue scientifique, c’est la résistance des plantes aux températures plus basses que 0° cent. qui est-intéressante à connaître, car les plantes provenant des pays à climat équatorial ou vraiment tropical ne sont ja- mais exposées à ces températures basses. SAGUERUS Adans. — Le S. saccharifera B1. (Arenga sac- charifera Labill.), que j'ai essayé souvent, a toujours péri à 0° cent. Une autre espèce, le S. {Arenga) Engleri Becc., a résisté à — 2° cent. et se développe assez bien, elle est de l'île Formose, région peu connue, où il pourrait se trouver beaucoup de plantes intéressantes à essayer ici. BLancoA BI. {Didymosperma Wendl. et Dr.). — Le B. porphyrocarpa Wendi. est, avec le Livistona Hoogen- dorpii, le Palmier dont la résistance a le plus étonné le D' Dammer, le connaisseur de Palmiers. Cette espèce a résisté à — 3% cent. sans souffrir et se développe toujours bien dans mon jardin et dans quelques autres. WALLICHIA Roxb.—Il est probable que quelques espèces de ce genre pourraient résister ici, mais je n’ai pu me procurer que le 1. caryotoides Roxb., indiqué comme rustique ici, mais qui est toujours mort à environ — 1° à 20 cent. LES PALMIERS (DE LA CÔTE D'AZUR | 59 OraAxIA Zipp. — L'O. philippinensis, la seule espèce es- sayée est morte à 0° cent. CHAMÆDOREA. — C'est un des genres les plus intéressants pour les jardins de ma région. Je cultive environ 15 espè- ces, toutes celles que j'ai pu me procurer et qui ont résisté pour la plupart pendant plusieurs années. I y en a qui ont passé par des températures de — 5° cent. et n'ont-eu que les feuilles un peu abîmées, quand les rayons du so- leil les frappaient trop tôt. Mais il faut ajouter que les Chamaædorea sont des Palmiers héliophobes qui se por- tent mal en plein soleil et qu'on doit toujours planter à mi-ombre, ou même à l’ombre, où ils se développent très bien ici. Ce sont encore des Palmiers à croissance assez rapide qui peuvent arriver à une hauteur de plusieurs metres en peu d'années. Quelques-unes des espèces que je cultive proviennent du commerce et ont été reçues sous des noms évidemment incorrecis ou non reconnus par la science. Je préfère ne pas donner les noms des espèces que Je cultive, n'ayant pas de garantie de leur authenticité. Parmi les espèces qui se sont développées le plus rapidement, il en est une qui est grimpante et qui ressemble au C. desmoncoides Wendl. (syn.:C.scandens Lieb.)que je possède aussi (bien différente du ©. elatior Mart., au moins des plantes que je cultive sous ce nom, malgré que certains auteurs en ont fait des synonymes). Du reste, il règne beaucoup de confu- sion dans ce genre comme dans quelques autres genres de Palmiers. La dite plante a l’âge de 6 ans de semis ; elle a » mètres de longueur, et fait un très Joli effet en grim- pant dans un Oreopanax nymphewfolium D. et PI., avec le feuillage duquel eïle contraste agréablement. Jai acheté une fois deux assez grands Palmiers qui ont résisté pen- dant des hivers assez durs et à des températures de — 3° cent. Pourtant, ces deux Palmiers sont morts à — 5° cent. Je pense que c’étaient des Chamaædorea, quoique je n’aie pas vu de fleurs, maïs leur aspect général était celui des Chamaædorea. Beaucoup de racines adventives sortaient du tronc et quelques-unes étaient déjà arrivées à une lon- gueur de 5 à 6 centimètres. J'ai vu ceci se produire chez plusieurs espèces de Chamaædorea. T1 est probable que presque toutes les nombreuses espèces de Chamaædorea 60 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION résisteraient ici ; plantées à l'ombre sous les arbres, où si peu de Palmiers prospèrent ; elles occuperaient avanta- geusement ces places. Encore, faut-il ajouter que les Cha- mædorea demandent peu d'arrosage, ce qui explique que quelques espèces proviennent des pays à saison sèche prolongée, où elles vivent sur le flanc des montagnes, dans les bois de Chênes et autres arbres, comme par exemple au Mexique. HYOPHORBE. — J'ai essayé les trois espèces, H. amari- caulis Mart., H. indica Gærtn. et H. Verschafjfelti Wendl., qui ont péri à environ + 2° cent. Pseunophœnix Wendi. et Dr. — L’unique espèce, le P. Sargenti Wendl., de la partie extrème-sud de la Floride, où il vit dans les lieux marécageux, a résisté ici pendant quelques années et ne paraissait pas souffrir à des tempé- ratures de — 2° à — 3° cent., mais les plantes ne faisaient aucun progrès et finissaient par mourir. Les conditions climatologiques si différentes sous tous les rapports de la Côte d'Azur et de son habitai naturel à abondantes pluies d'été, peuvent expliquer, plutôt que le froid, la non réus- site de cette espèce ; cependant les Sabal qui vivent aux mêmes endroits, résistent parfaitement ici et y prospèrent. CEROXYLON H. B. — Le Ceroxylon andicola H. et B. a été essayé à San-Remo par feu le Baron de Huttner, mais il n'a pu résister au climat. JUANIA Dr. — La seule espèce connue, le J. australis Dr., a passé plusieurs hivers ici et n’a jamais paru souffrir par des températures de -— 2° à — 3° cent., mais les plantes ne se développaient que très lentement, languissaient, et nt fini par mourir vers la fin de l'été et plutôt, je crois, à cause du mistral chaud et sec. Cette espèce provient de l'île Juan Fernandez, où le climat est très humide, et les températures basses d'ici ne devaient pas lui nuire, vu quil fait moins froid que dans son pays natal. GeonomaA Willd. — Quelques espèces de ce genre pour- raient peut-être résister ici. Les quelques rares espèces que | ai essayées ont pourtant succombé à environ 0° cent. LES PALMIERS DE LA CÔTE D'AZUR 61 CALYPTROGYNE Wendl. — La seule espèce que j'ai es- sayée est le Calyptrogyne Ghiesbrechti Wendi. qui est morte à 0° cent. Cocos L. — C’est le genre de Palmiers qui prendra pro- bablement la première place comme importance pour le décor des jardins de la Côte d'Azur, notamment pour l’es- pèce C.Romanzoffiana Cham., très rustique, et certaine- ment le plus joli des Palmiers absolument rustiques ici. Il existe des allées de cette espèce au Golfe Juan et à Cannes (où le terrain schisteux-micacé leur convient spé- cialement) qui sont comparables avec les célèbres allées d'Oreodoxa dans les pays à climat équatorial, et encore ces Palmiers sont loin d’être arrivés à leur grandeur défi- nitive. Cette espèce, presque aussi rustique que le Phænix canariensis et aussi rustique que les Pritchardia (Washing- tonia) filifera Wendl., et robusta Wendi., se trouve encore assez rarememt dans les jardins ; cependant, depuis de lon- gues années, de grandes quantités de fruits en grappes de couleur rouge-orange mürissent et produisent le plus joli effet ; les graines lèvent spontanément sous les plantes mères. Cette espèce a pourtant l'inconvénient de ne pas prospérer très bien dans les terrains franchement cal- caires, où ses feuilles sont un peu jaunâtres. Dans les terres franches, de couleur rouge, si abondantes sur tous les points de la Côte d'Azur, le C.Romanzoffiana Cham. prospère encore assez bien. Lorsqu'il ne s’agit pas de grandes plantations de cette espèce, on peut toujours re- médier à la nature du terrain par les amendements. Je cultive un grand nombre d'espèces de Cocos et pres- que toutes résistent comme le C. }omanzojjiana Cham. à des températures de — 5° cent., sans souffrir, et plusieurs à des températures plus basses ; encore faut-r1 ajouter que ces plantes se trouvent à découvert, les Cocos en question étant des Palmiers essentiellement héliophiles, qui lan- guissent où même meurent à l’ombre, et résistent mal à mi-ombre. Ils sont donc chez moi exposés aux rayons du soleil levant, qui frappent les plantes se trouvant quelquefois à la température de —5° à — 7° cent.; cependant, à moins que le temps ne soit humide, les feuilles ne souffrent pas. J'ai plusieurs fois vu les grandes feuilles du C. Roman- 62, BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION zsoffiana Cham., élégantes comme des plumes d’Autruche, tellement chargées de neige qu'elles auraient cassé si on n'avait pas fait tomber cette neige pour éviter une sur- charge trop grande. Cette neige n’a aucunement nui aux feuilles quand la température etait à 0° cent. ; ce n’est qu'à des températures plus basses que les feuilles souffrirent, tandis que par un froid sec elles résistent bien. Le genre Cocos a été un des plus nombreux. M. le Professeur Rodriguez, directeur du jardin botanique de Rio-de-Janeiro, capitale du pays qui contient le plus grand nombre d’espèces de ce genre, a révisé le genre. Je dois des renseignements précieux à ce botaniste, mort récemment, qui a bien voulu aussi m'envoyer plusieurs de ses ouvrages. Il m'avait, peu de temps avant sa mort, parlé d’une collection de graines de Cocos et autres Palmiers du Brésil qu'il voulait m'envoyer, de manière à avoir des exemplaires correctement nommés pour comparer avec les plantes qui se cultivent ici sous une multitude de synonymes, reconnus ou non par la science. Comme pour les Sabal et Chamaædorea, je préfère donc re pas donner les noms sous lesquels je cultive tant de Cocos. J'ajouterai seulement qu'il y à des espèces qui ne résistent pas dans mon jardin, et qui, probablement, ne résisteraient nulle part sur la Côte d'Azur, par exemple, le C.oleracea Mart. a résisté à — 1° cent., mais après quelques années la plante a péri, ne se développant pas ; mais quel- ques espèces d’une grande valeur ornementale ont résisté à — 3° sans souffrir et paraissent se bien développer. Ce sont les C. {Syagrus) procopeana Glaz. et C. (Glaziova) insignis Dr. Ils se trouvent dans le commerce sous les noms de C. insignis et de C. Weddeïiliana, petits Palmiers qui se ressemblent absolument. Ge sont des plantes d'appartement et de décoration des plus jolies ; elles sont peut-être les plus gracieuses des petites espèces de Palmiers qui exis- tent et à cause de leur rusticité, cultivées par centaines de mille. D'un autre côté, il y a des espèces de Cocos comme ie C. Yatai Mart., et plusieurs autres qui appartiennent aux Palmiers les plus rustiques qu’on connaisse, qui résistent à des températures de — 12° à 45° cent. | Toutes les graines de Cocos que je connais sont comes- tibles et même d’excéllent goût, et quelques fruits de LES PALMIERS DE LA CÔTE D'AZUR 63 Cocos ont une chair agréable qui rappelle la pomme ou l’abricot. Ces fruits qui s'appellent dans leur pays natal « Butia » y sont consommés, et les espèces qui les produisent, notamment le C. Yatai Mart., sont même plantées près des maisons comme arbres fruitiers. Vu la grande rusticité de cette espèce, nous avons donc, toute faite par la nature, une espèce de Palmier à fruits comes- tibles pour la Côte d'Azur, sans avoir à produire par sé- lection et hybridation une race de Dattiers adaptée pour le climat. Pour peu que l’homme s'efforce d’amé- liorer ces fruits de Cocotiers, il est certain qu'on arrive- rait à en avoir de supérieurs aux types sauvages. Ces fruits ont, comme je l’ai dit plus haut, l'avantage de contenir des graines comestibles, petites, mais plus fines comme goût que les grosses graines du C. nucifera L. et certainement utilisables de différentes façons. Quelques exemplaires adultes du C. Yatai Mart. et autres espèces très rustiques comme le C. eriospatha Mart. et le C. pul- posa B. Rodriguez, produisent déjà des quantités consi- dérables de fruits très comestibles. ALLAGOPTERA Nees. {Diplothemium Mart.) — Plusieurs espèces résistent ici, si je les possède réellement, car la confusion des noms est très grande. Une espèce bien con- nue, le À. caudescens Mart. (Diplothemium Mart., Ce- roxzylon niveum Roll., Œnocarpus caracasanus Hort.) a passé par — 3° cent., mais en a souffert de manière à res- ter languissant pendant un an. Cependant, la plante re- prend maintenant son développement. La confusion dans la nomenclature des genres dont je. viens de parler est en effet telle, qu'il y a des espèces qui figurent dans les jardins sous une demi-douzaine de noms. J'ai été conduit par cela à demander des graines à tous les jardins botaniques où l’on cultive ces espèces, souvent sous des noms différents, pour pouvoir les planter ensemble et faciliter ainsi le travail nécessaire pour faire cesser cette confusion. Je suis reconnaissant aux personnes qui ont bien voulu m'être agréable et dont les exemplaires produisent déjà des graines, et je Citerai ici: MM. le Prof. Borzi, à Palerme; D' V. ‘Guillén, du jardin botanique de Valencia ; Daveau et son successeur Cayeux, du jardin botanique de Lisbonne ; 6% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Alain Berger, curator du jardin d’acclimatation de Sir Th. Hanbury à la Mortola; Thays, directeur des. Pro- menades et Jardins Publics à Buenos-Ayres ; Prof. Archavaleta, à Montevideo ; Mac-Mahon, directeur du jardin botanique de Brisbane; Prof. Fischer, directeur du jardin botanique de Saint-Pétersbourg (graines prove- nant de Suchoum-Kalé, station agricole au Caucase). Ju8ÆA H. B. ef K. — La seule espèce connue, le J. chi- lensis Molina (Jubæa spectabilis H. B. et K.), est, après le Trachycarpus excelsa Wendl., probablement ie plus rustique de tous ies Palmiers. Il n’en est pas pour les Palmiers comme pour beaucoup d'autres familles de plantes, où les espèces qui se trouvent à l'extrême limite de leur aire d'habitat naturel, sont les moins développées, car ni le Trachycarpus excelsa Wendl., n1 sa variété Foriunei Wendl., n1 le Jubæa chilensis Mol., ne sont des espèces acaules ou naines, loin de là. On a trouvé des exemplaires de Jubæa de 28 mètres de hauteur et 2 mètres de-diamètre de tronc. C’est, en effet, un des plus grands Palmiers connus ; mais il se développe assez lentement, c'est sans doute la raison pour laquelle il est assez rare- ment planté dans les jardins ; il résiste, non seulement sur la Côte d'Azur, mais aussi dans des régions à climat bien moins doux comme à Montpellier où on en voit quelques grands exemplaires. Les graines sont beaucoup utilisées dans leur pays d'origine, au Chili, surtout pour confire ; elles ont le même goût que celles des. Cocos. Quelques exemplaires produisent déjà en Europe des quantités de graines, mais il faut, paraît-il, que cette espèce ait à peu près 50 à 60 ans avant de fleurir. Le J. c«iulensis Mol. est un Palmier majestueux, mais de proportions peu gracieuses, il est moins ornemental que certains autres grands Palmiers, très rustiques ici, notamment le Cocos Romanzofjiana COhamisso ; il rem- place, dans les climats moins doux, les grandes espèces rustiques ici. ATTALEA. — Je n'ai essayé que l'A. Cohune Mart. qui est mort à +3 cent. et l’A. spectabilis Mart., qui a résisté de — 3° à — 4° cent. sans paraître souffrir ; mais comme c'est le cas avec tant d’autres plantes, surtout les palmiers, LES PALMIERS DE LA CÔTE D'AZUR 65 cette espèce est restée languissante. Pourtant, un an après le grand froid, je trouve que quelques exemplaires déve- loppent de nouvelles feuilles ; il est donc à peu près certain que l'espèce résiste dans mon jardin et résisterait, à plus forte raison, dans dés jardins mieux situés. Il se- rait une importante acquisition comme espèce ornemen- tale, car c’est un des plus jolis Palmiers connus. ELæis Jaca. — Bacrris Jaca. — AsrrocarvuMm G. F. M. Mey. — R. et Pav. — De ces genres, j'ai essayé les espèces suivantes qui ont péri à une température voisine de 0° cent. : Elæis guineensis Jacq., Bactris major Crü- ger, Astrocaryum aculeatum J. F. W. Mey, Astrocaryum Ayri Mart. ACROCOMIA Mart. — Je n'ai essayé que l'A. sclerocarpa Marti. qui a passé plusieurs hivers ordinaires sans souf- frir des températures de —2° cent., mais qui est mort après avoir subi une température de 4° cent. ; cepen- dant, les feuilles ne paraissaient pas altérées. L’A. Totai Mart., du Paraguay et de la Bolivie, a bien résisté à cette dernière température ; c'est un Palmier de grande taille et assez ornemental, mais qui ne se trouve dans le com- merce qu'en graines qui ne lèvent presque jamais. Pour arriver à avoir une seule plante, il m'a fallu acheter plu- sieurs centaines de graines qui sont d’un prix hors de proportion avec l'énorme quantité produite tout près des grandes villes comme Asuncion. Dans un des lots de‘100 graines, il y avait enfin une graine fraîche qui a levé promptement. Il est quelquefois très difficile de se pro- curer quelques graines fraîches de Palmiers, comme du reste d’autres plantes et on dépend de la bonne volonté des particuliers, à moins qu'il ne s'agisse d'espèces qui produisent des graines fertiles dans les jardins botaniques, dont les directeurs, à peu d’exceptions près, sont heureu- sement disposés à seconder les efforts des propriétaires de jardins particuliers, quand ils voient qu'il s’agit d'efforts sérieux et pouvant être utiles à la science. J'ai fini l'énumération des genres, tant de ceux que j'ai essayés que des autres, qu'il y aurait lieu d'envisager si on pouvait les obtenir. Je n’ai pas donné beaucoup d'’in- 66 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION dications dans ce sens, car celui que la chose intéresse trouvera dans la littérature scientifique des indications utiles pour s'orienter. Mais je crois que les expériences que j'ai faites prouvent qu'il ne faut pas juger souvent d’une manière absolue de la résistance ou non d’une espèce seulement d’après son habitat naturel. Il y a des surprises assez fréquentes pour que l’acclimateur se garde d'exprimer une opinion a priori. Il existe hors de la lit- térature scientifique sur les Palmiers, un grand nombre d'ouvrages populaires en différentes langues, d’une valeur très inégale. Il y en a qui contiennent de nombreuses erreurs scientifiques ou autres qui peuvent occasionner des dépenses inutiles à l’acclimateur qui suit les indica- tions de rusticité indiquées et ne procède pas avec pru- dence, car il est évident que si telle ou telle espèce qui ne résiste pas ici est indiquée comme rustique, on peut en achetant un grand nombre d'exemplaires d’une telle espèce, quelquefois très chère, subir une perte écono- mique, en dehors de la perte de place, de temps, ainsi que des frais occasionnés par les soins donnés, soins tou- jours plus nécessaires pendant les premiers mois après la plantation. Il faut savoir gré aux publications sérieuses, comme La Revue Horticole, rédigée par M. Ed. André, lui-même acclimateur, pour la prudence avec laquelle les nouvelles espèces sont recommandées et jamais avant que des essais aient été faits pendant une période suffisante. D’après ce que mes expériences faites dans des condi- tions défavorables prouvent, on peut varier les plantations dé Palmiers ici, bien plus qu'on ne l’a fait jusqu à pré- sent ; mais il faut aussi admettre que la banalité de beau- coup de jardins dépend jusqu'à un certain point des horti- culteurs qui, trop souvent, n'attachent qu’un intérêt com- mercial aux plantes et refusent de jamais faire la moindre dépense d'argent ou de temps pour essayer une nouvelle espèce. Il y a naturellement des exceptions et je dois nommer quelques horticulteurs qui montrent plus d’intel- ligence et pourraient contribuer beaucoup à varier les plantations. Besson frères et Bonfils, à Nice, sont même disposés à créer des Arboretum, où le publie non connais- seur pourrait juger, avant de faire des plantations, de la valeur ornementale des espèces, qui, à l’état de petits exemplaires cultivés en pots, ne donnent aucune idée de LES PALMIERS DE LA CÔTE D'AZUR 67 leur développement naturel. À cause €e l’extraordinaire manque de jardins publics sur la Côte d'Azur, où pour- tant les étrangers se rendent pour admirer la nature ensoleillée pendant la saison d'hiver brumeux du Nord, il est nécessaire que les horticulteurs actifs songent à donner eux-mêmes toutes facilités pour connaître les végétaux qu'on peut cultiver dans les jardins. M. Du- poux, chef des cultures de l’ancienne Villa des Cocotiers, au Golïe Juan, un des plus remarquables jardins du httoral, à présent établissement d'horticulture, qui fut créé par feu le comte d'Epresménil, sous la direction de B. André, est avec M. Winter, à Bordighera (Italie), l’un de ceux qui ont contribué et contribueront à donner plus de diversité aux plantations de nos jardins. Je traiteraï peut-être une autre fois cette question, et me contente ici d'indiquer, qu'à moins d’avoir un goût spécial pour la créa- tion d’allées uniformes, cn doit éviter la plantation des Pal- iniers de cette façon, car il suifit qu'un seul exemplaire ne se développe pas comme les autres pour détruire l’ef- fet. On peut parfaitement créer des allées de Palmiers de toute beauté en plantant des espèces différentes et se dé- veloppant plus ou moins. S'il arrive alors qu’un exem- plaire vient à mourir, il est facile d'en meitre un autre à sa place. Mais la manière dont se présentent le plus avantageu- sement les Palmiers, surtout ceux à haute tige, c’est en groupes formés d’un plus ou moins grand nombre d'exem- plaires et, si on peut disposer ces groupes de manière à ce qu'ils se dessinent sur le ciel et la mer, ce qui est presque toujours le cas sur la Côte d'Azur, on obtient des effets d'une merveilleuse beauté, effets que, seuls, les Palmiers peuvent produire à cause de leurs formes plus élégantes que celles de tous les autres végétaux. surtout si l’on alterne ces groupements avec des massifs d’autres plantes, arbres, arbrisseaux et surtout es Bambous. Qu'il me soit permis, comme conclusion, d'inviter toutes les personnes qui s'intéressent aux Palmiers, à communiquer avec moi quand cela leur paraîtra utile. = EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS NS ECMON OR NTPEONOCIE SÉANCE DU 5 NOVEMBRE 1906 PRÉSIDENCE DE M. MAILLES, VICE-PRÉSIDENT M, le baron de Guerne s'excuse de ne pouvoir assister à la seance. M. le D' Maclaud adresse à la Société un ouvrage qu'il vient de publier, sous ce litre : Mammifères et Oiseaux de l'Afrique Occiden- tale. Il est offert, de la part de M. le D' Millet, médecin aide-major, au, 18° dragons, à Melun, deux poussins naturalisés, présentant une déformation considérable du bec. Ces deux oiseaux qui, par suite de cette infirmité, étaient dans l'impossibilité de s'alimenter, sont, contradiction étrange, morts des suites d’une indigestion, après avoir pris ane quantité trop considérable d’une pâtée liquide, seul genre de nourriture qu'il fut possible de leur offrir. -M. Debreuil, dans une conversation fort intéressante et dont nous allons essayer de faire connaître les points les plus saillants, indique où en est aujourd’hui la question de l'élevage du Nandou, C'est vers 1555, que nos anciens ont commencé à s'occuper de l’'acclimatation en France du Rhea americana, ie Nandou que M. Geoffroy Saint-Hilaire appelait un Oiseau de boucherie. Actuel- lement, M. Pays-Mellier qui a commencé il y a plus de quarante ans, continue son élevage en Indre-et Loire ; M. d'Hébrard de Saint-Sulpice réussit fort bien dans le Pas-de-Calais, et, ajoute M. Debreuil, J'obtins moi-même les mêmes succès depuis quinze ans dans le département de Seine-et Marne. On pourrait signaler beaucoup d'autres exemples. sauf, cependant, dans le Midi. Il y a une dizaine d'années, M. Debreuil songea à quelque chose de plus pratique. Possédant alors une douzaine de Nandous, il em offrit six à trois fermiers de la Brie pour les làcher dans leurs pâtu- rages. Peine inutile, les braves gens furent récalcitrants ; pour un peu, ils eussent offert de l’ellébore à notre zélé collègue, et pour eux, ils craignaient le ridicule qui tuait en France dans ce temps- là. Au bout d'un an, l’un d'eux, sans enthousiasme, mais pour être agréable, accepta un couple et les làcha dans un pré au milieu de jeunes chevaux. Le résulta fut joli. Les Nandous enchantés de leur liberté se mirent à faire de telles gambades que les poulains, effrayés par la vue de ces ailes blanches qui s’agitaient en tous sens, s'affolèrent, brisèrent les barrières et l'un d'eux se cassa les jambes. Vous comprenez l'état mental du fermier qui renvoya aus- sitôt les satanées bêtes, disant à M. Debreuil qu'il devait se consi- PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 69 dérer comme bien heureux de n'avoir pas à payer le poulain. M. Debreuil fut découragé, on le serait à moins, et, pour se conso- ler, mangea quelques Nandous à la broche. Le résultat fut quil apprécia de plus en plus ses chers Ciseaux. Sur ces entrefaites, nos deux collègues, MM. de Guerne et Debreuil eurent l’occasion d'être présentés à Sarcey. On parla du Nandou à l’ «Oncle », à qui un œuf fut offert, s'éprit d’une si belle passion qu'il ne rêva plus que de se faire photographier au milieu de Nandous. Une tentative fut faite à Compiègne ; Sarcey, le ventre en avant et la tête haute, attendait les Nandous. Hélas! ce fut en vain, les Oiseaux flairèrent sans doute queique machination machia- vélique et les appels les plus éloquents se perdirent dans le désert. Un article un peu trop humoristique de Sarcey ne réussit qu'à faire venir trois lettres demandant des renseignements. Il devait aussi publier dans l’Illustration un travail documenté avec photographies, mais dèfinitivement la chance était contraire, Sarcey mourut et sa prose ne parut jamais. Cette année M. Debreuil a repris courage. Au mois d'août, il envoya des œufs à M. de Parville et à M. Cunisset-Carnot, qui se montrèrent fort aimables. Le premier, publia de chaleureux arti- cles dans les Débats, les Annales politiques et le Correspondant. M. Cunisset Carnot fit l'éloge du Nandou dans une chronique du Temps. Enfin, M. Coupin publia dans l’{ustration les phothogra- phies qui lui avaient été adressées. Un grand nombre de journaux reproduisirent ces divers travaux et M. Debreuil a dû répondre à 627 lettres de demandes de renseignements, En résumé, ce fut un succès et deux cents Nandous, si on les avait eus, auraient été facilement vendus. Malheureusement, nul n'était prêt. Les Nandous de nos collègues seront réservés. l’an pro- chain, pour satisfaire aux demandes déjà faites, et de plus, la Société fera venir, s’il est possible, des Oiseaux d'Amérique. Ici se présente une difficulté, le prix de revient, car les frais de transport d'un couple montent à 250 francs au minimum. La Société nationale d’'Acclimatation est décidée à demander, avec l’appui des ministères, des autorisations spéciales et M, Debreuil sait que nous seront très soutenus auprès de M. le Ministre de l'Agriculture. En tenant compte des lettres qui se sont trompées d'adresse. — et on sait qu'il y en a eu, — il faut penser que plus de cinq cents français veulent sérieusement tenter l’acclimatation du Nandou. Qui l’eut eru ? Les leltres reçues viennent de tous les coins de la France ; quelques-unes de l'étranger : Angleterre, Belgique, Suisse, Hongrie, Bulgarie. Quant aux signataires, ils appartiennent à toutes les classes de la société. On y compte des* militaires, des prêtres, des grandes dames, des institutrices, des agriculteurs, des marchands, des artistes, etc., etc. C'en est fait, le Nandou devient populaire, la mode s'en mêle et cet hiver, pas une de nos élégantes 70 BULLETIN DE EA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION n'osera sortir sans une « gerbe des Ineas », comme disent les modistes. Malheur aux pauvres hommes qui, au théâtre, seront assis derrière un Nandou. Sans s'arrêter uniquement au produit des plumes, dont le prix depuis deux ans a augmenté de près de sept fois la valeur, M. De- breuil a établi le calcul suivant : Achat de 2 Nandous adultes........... 300 Fr. Nourriture pendant un an dans un grand pâturage (environ un sou par jour).. 39 Fr. DH HNES Plumes, 600 grammes (à 180 fr. le kilo). 100 Fr. 15 œufs (équivalent chacun à 12 ou 15 œufs de poule, à { fr. 60 la douzaine). 25 Fer 300 Fr. 5 jeunes, vendus à 60 fr. à un an...... 425 Fr. Ces chifires n'ont-ils pas leur éloquence ? En terminant, M. Debreuil conjure ses collègues de l’aider dans la campagne qu'il poursuit, car, ce faisant, la Société d'Acclimata- {ion pourra s'enorgueillir une fois de plus d’avoir travaillé pour le bien du plus grand nombre. A une question de M. le professeur Trouessart, M. Debreuil répond qu'on peut placer les Nandous dans un enclos contigu à celui des autres animaux : ces Oiseaux aimentles bestiaux et ceux- ci s'habituent à eux très promptement. Us grillage de 1°20 de hau- teur suffit pour les ampêcher de s'enfuir. M. Magaud d'Aubusson, rappelle que dans l'Argentine et l'Uruguay, les Nandous sont mêlés aux troupeaux. M. Debreuil trouve que la chair du Nandou tient le milieu entre celle de la Dinde et celle du Mouton ; M. Magaud d'Aubusson pense qu'on pourrait l'améliorer comm? cela a été fait pour celle de la Dinde. M. Pays-Mellier, tout en étant un ami du Nandou, comme le démontre une lettre de lui dont nous parlons plus loin, croit cepen- dant qu’on peut adresser à cet Oiseau certaines critiques. 1l trouve d'abord, après avoir mangé du Nandou à toutes les sauces et à tous les condiments imaginables, que sa chair n'a rien d'une gigue de Chevreuil et ne possède aucun parfum de venaison. A l'œuf du Nandou, M. Pays-Mellier préfère celui de la Poule. Le père, autre grief, abandonne ses petits ; il est méchant et poursuit le gens qui s’approchent de lui. En revanche, il adore les petits Poulets et les jeunes Canards, au point de les avaler avec délices comme il ferait d'une simple fraise. Dans un jardin, il arrache l'herbe jusqu'aux racines, détruit feuilles et bourgeons ; il parait même, qu'un jour mangea des pointes laissées par un ouvrier. Enfin, comble: d'hor- PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 71 reur, M. Pays-Mellier accuse le Nandou de dévorer tout chauds ses propres excréments, Ce qui, entre parenthèses, évite la peine de nettoyer le sol. M. Debreuil répond à ce réquisitoire que si on donne au Nandou l'espace qui lui est nécessaire. s’il a, par exemple, un parcours de un ou deux hectares, il ne touchera pas aux arbres et n'arrachera pas l'herbe, qu'au contraire, il améliorera, et en cela il est d'accord avec M. Loyer, d'après lequel il faut au Nandou un millier de mètres, sous peine de le voir tout dévorer, les fruits avec les fleurs. Tous les inconvénients constatés par M. Pays-Mellier viennent uniquement, dit M. Debreuil, de ce qu'il n'a pu lui donner qu'un parquet insuffisant. Le Nandou a une véritable utilité pratique, car il consomme les herbes dédaignées par les autres animaux, et s’il fouille dans ses déjections, c'est pour y trouver les grains non digérés. Du reste, les accusations portées par M. Pays-Mellier n'entrainent pas la nécessité d'une réhabilitation, car il est lui-même un parti- san du Nandou, et, félicitant son collègoe et ami M. Debreuil, de son excellent article paru dans l'Alustration, il lui dit : Grâce à vous. le Nandou va faire son chemin, et franchement il le mérite, car il sera certainement d'un grand rapport dans de vastes pâtu- rages enclos; ses produits couvriront largement ses faibles dépen- Ses ra) Au sujet des frais de nourriture, M. Debreuil ajoute qu'à Meluu il a avantageusement remplacé le son trop cher par la drèche sèche qu'il ajoute aux betteraves et aux pommes de terre. Le voisinage de la brasserie Gruber a facilité ce changement. M. Rivière, pendant bien longtemps, n’a nullement réussi dans l'élevage des Casoars et des Nandous, pas plus du reste, que dans celui des Autruches, qui n'ont abouti qu'à des dépenses considéra- bles. Un jour notre collègue s’est aperçu que le Casoar aime l'humi- dité, et depuis il a réussi. Mais M_ Rivière considère tous ces ani- maux comme des dévastateurs, des ravageurs, ce qui du reste peut parfaitement tenir aux petits espaces qu'ils avaient à parcourir. Il est vrai, ajoute-t-il, qu'on peut dire absolument la même chose du Mouton. Les Casoars de M. Debreuil vont à l'eau très volontiers ; l'hiver présente pour eux un grand danger, car la gelée fait périr les œuis et les jeunes. M. Bizeray avait acheté, il y a trois ans, quatre Casoars afin de posséder sur ce nombre, au moins un couple ; il ne s'est trouvé qu'une seule femelle et les expériences n’ont pas été favorables. M. Bizeray n a pas été plus heureux avec un couple de Nandous. M. Sauton a reçu sept Sarcelles, venant de Madagascar, un nom- bre égal de ces Oiseaux étaient morts peudant la traversée. Elles ont été placées sur une pièce d’eau et elles sont en parfaite santé, =] [A BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION grâce à un régime composé de cœur de bœuf haché avec verdure, mie de pain et aussi millet blanc, sarrazin et blé mélangés par tiers ; elles préfèrent cependant le millet. Notre collègue ne nous donne pas le nom de ces Oiseaux. pour la raison bien simple qu'il l'iguore ; aux différences de plumage il présume qu'il possède trois mâles. Dans une seconde lettre, M. Sauton a oute que ses Oiseaux ne ressemblent en rien à ce que Buffon a déerit sous le nom de Sarcelle de Madagascar ; il espère pouvoir envoyer une aquarelle représentant l'animal en question. M. Debreuil communique à la Section deux lettres fort intéres- santes de notre collègue M. Rollinat, qui, au moment de la pre- mière, avait, avec son zèle infatigable, procédé à l'examen de 315 estomacs d Alouettes des champs ; mais il est loin d’avoir terminé ses recherches, ce n’est qu'après le mois d'avril 4907 ne 1l sera en mesure de publier son travail. Dans sa seconde lettre, datée du 8 octobre, M. Rollinat en est à son 303 estomac d’Alouette. Il trouve maintenant et des fnsectes et des graines, mais de plus en plus des graines et de moins en moins des Inseetes, tandis que pendant les derniers mois, il y avait surtout des Insectes dans l'estomac de £es Oiseaux. M. Pollinat continue ses expériences sur la nourriture des Pas- sereaux, tels que Cherdonuerets, Linottes, Pinsons communs, Pin- sons d'Ardennes, Verdiers et Bruants. II a des sujets de toutes ces espèces dans des cages séparées. et, procédant d’une façon toute méthodique, il leur offre et des Insectes et toutes les graines culti- vées dans nos contrées. Pour préciser davantage, M Rollinat pos- sède en ce moment, 11 Alouettes des champs, 2 Bruauts jaunes, qui en vingt-quatre heures ont dévoré 125 Sauteretles : 4 Linottes, 4 Chardonnerets. 3 Verdiers, 2 Piusons communs, 2 Pinsons d'Ar- dennes. Les Pinsons aiment beaucoup les insectes ; les Verdiers en. mangent peu: les Linottes et les Chardonnerets encore moins; quant aux Alouettes, elles en raffolent. M. Rollinat a constaté que l’Alouette arrache le blé, l'avoine, pour se nourrir de la graine germée et même de la petite tige. Il a semé dans des caisses de l’avoine à 4, 2, 5 et 10 centimètres de profondeur, et, quand elle sera hors de terre, les caisses seront placées dans la volière des Alouettes et on se trouvera à même de constater à qu'elle profon- deur elle pourra être arrachée. Notre correspondant a aussi semé dans son jardin du blé d'hiver, de l'avoine d'hiver et du seigle, à 2, 5, 10, 45, 20 et 2% centimètres de profondeur, il coupera les tiges au ras du sol et à un centimètre sous le sol, et il verra ce que devient la plante ainsi traitée. Il pense que celle qui a été semée à 10, 15, 20 et 25 centimètres doit. moins soufirir de cette mutilation que celle qui l’a été à 2 ous centimètres. M. Rivière fait part de ses observations sur les mœurs d'un Giseau de la famille des Picidés, qu'il croit être le Picus numidicus. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 72 On sait que les travaux des Pics sont expliqués par le publie de deux manières différentes ; pour les uns, les coups de bec font sortir des Insectes ; pour tes autres, ils creusent des nids. Les Pics, dont parle M. Rivière s'étaient établis dans certains massifs du Jardin d’Essai, à Alger. mais les Rongeurs venant dévorer le contenu de leurs nids, ils ont transporté leurs pénates dans une magnifique allée de Bambous, où leurs coups répétés trahirent bientôt leur présence et où ils se tiennent avec une habileté merveilleuse sur la surface vernissée du végétal. M. Rivière montre un énorme Bambou percé par le Pie, mais notre collègue dit n'avoir Jamais vu l'Oiseau regarder de l’autre côté. chose du reste parfaitement inutiie pour le but qu'il voulait atteindre. Un jour, M. Rivière a mème trouvé un nid, les petits étaient morts, probablement asphyxiés au fond du trou M. Debreuil demande si les Pics se sont adressés exclusivement à des arbres malades. M. Rivière répond que non. Fantôt les arbres étaient sains, tautôt ils étaient malades; les Pics s'établissent aussi bien dans les Bambous jeunes que dans les Bambous altérés. Ils en ont attaqués de l’ège de sept ou huit ans, c'est-à-dire excessive- ment durs. M. Debreuil croit, que chez nous, le Pic attaque plutôt les arbres malades ; en Amérique. il s'en prend aux potaux de télégraphe. M. le D° Trouessart rappelle qu'en Nouvelle-Hoilande et à Mada- gascar, où les arbres n'ont pas d'écorce, il n’y a pas de Pics; mais la constatation de M. Rivière indique qu'un autre motif doit expli- quer leur absence. Peut-être est-ce le manque de nourriture. Ce qui a surpris M. Rivière c’est le changement d'habitat, dont du reste, il se réjouit et il est heureux de voir se multiplier les Pics qui ent fait disparaitre les grosses Chenilles jusque là abon- dantes daus les Bambous. M. de Fougères pense que Îies Pics auront, grace à la finesse de leur ouie, senti que le Bambou était creux et que cela les a guidés. M. le professeur Trouessart constate l'énorme disproportion qui existe entre le travail, consistant à percer un Bambou d’une dureté extrème et le bec du Picus numidicus, dont la taille est entre celle du Moineau et celle du Merle. Il serait intéressant de savoir si les Pics sont nombreux dans les pays où les Bambous sont abon- dants. M. Rivière parle d'anomalies présentées par un couple d'Autru- ches. Pour ces deux Oiseaux, l’incubation dure jusqu'à 57 jours, au lieu de #2 à 43 qui est le terme ordinaire ; puis, lorsque l’éclosion se produit, les parents se précipitent sur leur progéniture et l'ava- lent. M. Rivière a pu sauver des petits en les élevant artificielle- ment; après huit ou dix jours, le mâle et la femelle les ont dévorés. Les parents parfaitement nourris ont mangé de jeunes Chals qui eur étaient présentés, Chez ces deux animaux, la ponte présente l 74 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION une bizarrerie, la femelle ne s'accroupit pas. M. Debreuil rappelle que, si la femelle des Faisans placée dans de petits parquets ne peut se cacher, le mâle mange les œufs ou tue les petits que les deux parents dévorent. Lâchez au contraire dans un grand espace des Faisans argentés, habitués à agir de la sorte et ce fait ne se produira pas. M. Rivière dit qu'il n’a vu que ce couple présenter de telles mœurs. M. le D'Trouessart croit que peut être ils ont vu un œufse briser, cela a été un mauvais précédent et ils ont continué à les dévorer tous ; ensuite, ils ont procédé de même pour leurs getits. Dans les ménageries on a souvent constaté cet instinct chez les mâles ; c’est ainsi qu'au Museum de Paris, on n'a jamais pu élever les jeunes Hippopotames. M. Rivière, interrogé par M. Debreuil sur la possibilité d'utiliser la couveuse artificielle pour l’éclosion des œufs de Nandous, répond que c’est en 1867 qu'il a commencé ses expériences malheureuses sur les œufs de l'Autruche de Barbarie. La sortie de l'œuf est extré- mement laborieuse ; si l'animal vient à point, il meurt au bout de trois semaines. Une seule fois un jeune a vécu huit mois, et, détail assez étrange, une Oie lui avait appris à manger ; une belle nuit, le pauvre Autruchon se cassa les pattes, l'Oie comme ses ancêtres du Capitole, se mit à crier et avertit ainsi de l'accident. Sur une cen- taiue d'observations, M. Rivière n’a jamais vu un petit attaquer sa coquille ; l’œuf se fendille et les parents déchirent la membrane ; . mais si l'œuf est alors soulevé trop violemment, c'est au détriment du poussin. Avec l’Autruche du Cap des résultats différents ont été obtenus ; peut-être que, l'œuf de l’Autruche de Barbarie ayant une surface vernissée, la chaleur est-elle répartie d'une façon inégale. M. Rivière croit qu'il y a eu au Cap des croisements qui expliquent la merveilleuse qualité des plumes. M. Trouessart fait observer que ces deux Oiseaux forment une seule et unique espèce. Il est donné lecture d'une communication de M. Blauw sur son éducation de la Bernache des iles Sandwich; notre collègue pos- sède en ce moment, neuf Oiseaux de cette espèce, dont 4 mâles et 5 femelles. Cette note qui sera insérée au Budletin, se termine par l'annonce d’un fait très intéressant. M. Blauw a obtenu la repro- duetion de la Grue à cou blanc. (Anthropoides leucogeranus) et il espère pouvoir élever les deux jeunes. Dans une seconde note, qui sera également publiée, M. Mézin raconte l'éclosion d'un œuf de Pigeon, qui cependant avait été fêlé pendant une bataille que se livraient deux couples de ces Oiseaux. Il est bon de rappeler à cette occasion que M. Leroy cite le fait d’un œuf de Faisan éclos après avoir été recolé. A propos de l'élevage de deux animaux possédés par M. Pays- ie 5 dès PROCÈS-TERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 75 Mellier et qui seraient des bybrides de Paon et de Poule, M. le professeur Trouessart dit qu'il serait absolument nécessaire d'avoir des preuves certaines de leur origine. M. de Bonnal adresse tes renseignenients suivants sur ses éle= vages de cette année : « La production a été sensiblement inférieure à celle des autres années, probablement à cause des froids rigoureux et persistants que nous avons eu jusqu'au milieu du printemps. Cependant tous nos reproducteurs, sans exception. les ont parfaitement supportés sans paraitre en souffrir. Les Colombes diamant seules ainsi ue les Ho-Ki des dernières couvées de Fañnnée précédente ont fait quel- quefois Le gros dos par les temps d'humidité trop froids. Tous mes autres Oiseaux sont restés gais comme au printemps. bien que plu- sieurs, comme les Elliot et les Swinhoé se soient cbstinés à coucher en dehors des abris, par terre dans la neige. Il est vrai que toutes mes volières sont abritées des grands vents et que mes Oiseaux reçoivent régulièrement une nourriture excessivement variée; voilà pourquoi ils n'ont pas souffert de ce temps abominable. Cepen- dant, leur production s'en est sensiblèement ressentie. Les Swinhoë en particulier ont donné beaucoup d'œuîs clairs. J'ai élevé beau- coup de Perruches. La variété jaune de l'Ondulée m'a donné plu- sieurs jeunes, presque blancs, au sortir du nid. Mais est-ce la clarté du jour ou la nourriture, ils ont considérablement jJauni en peu de temps, mais sont restés quand même, plus päles que les parents. Pourrait-on, par sélection, arriver à produire l'Ondulée blanche ? Une espèce qui m'a paru plus féconde qu'aucune autre et très pré- coce, est la Perruche à croupion rouge (hæmalonotus), j'ai constaté chez les Ondulées des bataïlles acharnées suivies de morts, bien que ces Oiseaux aïent la réputation de vivre nombreux en bonné intelligence, à la condition de mettre un nombre égal de mâles et de femelles. Les victimes étaient, soient de nouvelles venues, soit des jeunes. sortis trop tôt des nids. J'ai remarqué aussi que les jeunes rentrent très souvent dans les nids, bien que des éleveurs affirment qu'une fois sorties elles n’y reviennent plus. A propos des Canards mandarins ef carolins, j'ai constaté que pour avoir des œufs fécondés, il m'était nullement indispensable de mettre à leur disposition un bassin profond, comme on le prétend, j'ai obtenu une bonne reproduction dans des parquets de 14 mètres avec un petit bassin d'un mètre de diamètre et de vingt centimètres seule- ment de profondeur. » Le Secrétaire, CoMTE D'ORFEUILLE. 76 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION SNSECTION ANQUICUETURE SÉANCE DU 5 MARS 1906 PRÉSIDENCE DE M. MEYERS, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Bibliothécaire présente au nom de MM. Gadeau de Kerville et Louis Barral une note sur un Centrisque bécasse (Centriscus scolopax L.) péché sur le littoral du Calvados. M. le Président donne ensuite la parole à M. Pellegrin qui fait une communication sur les Poissons exotiques d'ornement, espèces présentant de l'intérêt à cause de leurs qualités esthétiques ou de leurs particularités curieuses au point de vue biologique. M. Pellegrin passe en revue les diverses espèces de Poissons exotiques d'aquarium susceptibles d’acclimatation. Parmi les Téléostéens : A.— Les Malacoptérygiens. 1° Les Cyprinidés nous offrent le genre Carassus auratus ou Pois- son rouge avec ses variétés nombreuses, toutes connues, dont on a faitdes monstruosités : Poissons télescopes, à queue en voiles, en forme d'œuf, etc. Citons également le genre Barbus (Barbeau) très richement repré- senté aux Indes et dans la péninsule indo-chinoise, et dont les sujets importés en Europe se reproduisent fort bien en aquarium. 2° Les Cyprinodontidés, qui se rencontrent dans le sud de l'Asie et de l'Afrique ainsi que dans les parties chaudes de l'Amérique. Ils comprennent un nombre considérable d'espèces de très petite dimension. Leur taille moyenne est de 5 à 6 centimètres de lon- gueur. Ce sont des Poissons fort intéressants, car ils présentent un dimorphisme sexuel très accentué et très souvent ils sont ovovi- vipares. Beaucoup sont acclimatés en France. Parmi ceux-ci notons le Fundulus hispanicus d'Espagne, le F. diaphanus de la Louisiane, le Lapessidia unimaculata de Rio de Janeiro, l'Aphorhilus cheleri de l'Afrique équatoriale. 3° Les Siluridés parmi lesquels les Pinelodus et les Amiurus (dont le type est le Poisson-chat, Amiurus nebulosus) d'Amérique septen- irionale, et les Callictis de l'Amérique du Sud. B. — Les Acanthoptérygiens : lo Les Percidés, dont tout le monde connait un représentant fort intéressant: le Poisson-Soleil, Eupomotis gibbosus. > Les Etéostomatidés qui habitent les États-Unis d'Amérique et ont plusieurs représentants acclimatés en Europe. 3° Les Cichlidés, poissons des régions tropicales de l'Afrique et PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES : SECTIONS 77 de l'Amérique. Ils comprennent 300 espèces presque toutes remar- quables au point de vue de la coloration et des mœurs. C'est chez eux que se pratique l’incubation buccale. c'est-à-dire qu'au lieu d’abandonner leurs œufs comme le font les autres Poissons, les Cichlidés, au moins une grande partie d'entre eux, gardent leurs œufs dans leur bouche jusqu'après l'éclosion, puisque les alevins trouvent encore un refuge au moment du danger, dans la bouche maternelle ou paternelle. Parmi les Cichlidés récemment acclimatés notons le Canchito (Cyclasoma fac: tum) du sud de l’'Uruguay, le Geophagus de l'Amérique équatoriale, et le Tilapia de l'Afrique centrale. 4° Les Eabyrinthidés qui habitent le sud de l'Asie et la Malaisie et dont quelques espèces sont semi-domestiques. Ces Poissons par suite d'une disposition anatomique de l'appareil branchial peuvent vivre à terre un certain temps. Sans parler des Macropodes (Macropus viridiauratus) remarquables par leurs vives couleurs, citons l'Anabas scandens, qui peut monter sur les arbres. Ce Poisson demande pour vivre des eaux à tempé- rature assez élevée. Notons aussi les Combattants (Betla pugnax), qui se livrent à des joutes fort intéressantes au moment de la reproduction et qui diver- tissent fort les Malais ; enfin le Taxates jaculator qui chasse les insectes en leur jetant une goutte d'eau. » Les Tétrodontidés présentent quelques espèces dulcaquicoles susceptibles d'acclimatation. Ces Poissons au corps globuleux, présentent cette curieuse particularité qu’ils peuvent se gonfler d'air et flotter ainsi à la surface de l’eau ainsi qu'une boule après avoir au préalable chaviré sur le dos, présentant à l'air les pointes dont leur ventre est hérissé. Citons parmi ces étranges Poissons le Tetrodon cutcutia de l'Inde et le T. fluviatilis de la Malaisie. B. — Parmi les Ganoïdes, les Polyptéridées qui vivent dans les cours d’eau de l'Afrique tropicale sont susceptibles d'acclimatation C. — Parmi les Dypneustes, poissons extrêmement intéressants, possédant une respiration branchiale et pulmonaire, il serait dési- rable d’acclimater des Protoptères de l'Afrique occidentale, qui s'enkystent lors de la saison sèche dans des sortes de cocons formés de vase sèche et enduits à l'intérieur d’une secrétion muqueuse dégagée par l'animal ; c'est dans ces cocons que les Protoptères se conservent dans une immobilité complète durant les mois de saison sèche. Citons encore les Cératodes de l'Australie. Tel est le tableau des Poissons acclimatés ou susceptibles d’accli- matation en aquarium que M. Pellegrin a jugé intéressant de signaler. M. de Guerne rappelle à propos de l’intéressante communication de M. Pellegrin les travaux nombreux qui ont paru dans notre Bulletin sur les Poissons ornementaux, entre autres ceux de 78 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D ACCLIMATATION MM. Vaillant, de Depp, Delaval, etc., il ajoute que c'est notre Société qui a le plus fait pour cette branche de l’Aquiculture. M. de Guerne fait remarquer en outre que parmi nos Poissons indigènes, certaines espèces sont fort décoratives et présentent des mœurs curieuses dont l'étude est pleine d'intérêt : tels sont entre autres la Bouvière et l'Epinoche. M. Debreuil donpe lecture, au nom de M. Edgar Roger, d'une note sur le Black-Bass que notre collègue élève dans sa propriété de Nandy (Seine-et-Marne), Poisson dont il préconise l'élevage dans les eaux clauses à cause de ses propriétés culinaires et sportives. _ Le Secrétaire BRUYÈRE. SEANCE DU, 9 AVRIL 1906 Cette séance est consacrée à la visite de l’Aquarium du Trocadéro. Son distingué directeur, notre collègue, M. Juillerat, fait aux membres de la section les honneurs de cet intéressant et utile éta- blissement. Successivement nous parcourons l'Aquarium proprement dit, vaste grotte dans laquelle se trouvent les bassins qui permettent d'admirer les Poissons, et le laboratoire d’éclosion où l'on fait les opérations piscicoles. Ce laboratoire comprend deux salles. Les appareils dont on se sert sont des appareils mixtes ; c'est-à-dire pouvant servir à la fois d'incubation et de cuves d'alevinage. Ils sont en ciment armé et peuvent contenir en tout environ 250.000 à 300.000 œufs. Lorsque les alevins ont perdu leurs vésicules ombilicales on en met une partie pour éviter l'encombrement, dans les bacs exposés à la vue du public. Là ils attendent l'époque où ils auront atteint une taille permettant de les lâcher dans les rivières. Ce sont en général ceux qui sont làchés ies derniers. Les Salmonidés sont les seuls poissons cultivés dans l'établis- sement même. Les Cyprinidés sont propagés naturellement dans une partie des pièces d'eau du secteur ouest de la Ville de Paris aménagées dans ce but. Les Salmonidés cultivés sont : Le Saumon de Californie (Salmo quinnat), la Truite arc-en-ciel (Salmo irideus), l'Ombre de fontaine (Salmo fontinalis), la Truite des lacs (Salmo lacustris), la Truite commune (Salmo fario), la Truite d'Ecosse (Lock leven Truth). Dans les bassins nous voyons ces différents Poissons à tous les PROCÈS=-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 79 äges et leur élevage complet jusqu'à la taille où ils peuvent se reproduire. M. Juillerat donne à la Section d'utiles renseignements sur la production de l'établissement qu'il dirige. Cette production est destinée entièrement au réempoissonnement du département de la Seine. Pour les Salmonidés elle va chaque année en augmentant; de 1902 à 1906 elle est passée de 60.000 à 150.000. Les Cyprinidés n'étant cultivés que depuis deux ans on ne peut encore voir qu'elles seront les résultats complets. Dans ces deux ans, pour chaque année, la moyenne a été de 30,000 Goujons, Brémes, Gardons et de 30,000 Carpes. On peut done compter sur un minimum de 60,000 de ces Poissons par an pour trois pièces d'eau ensemencées. Pour les lancements on procède de la facon suivante : Les alevins sont comptés dans chaque cuve quelques jours avant l'expédition, puis le jour où on doit effectuer le lancement ils sont placés dans les appareils de transport et le voyage s'effectue soit par bateau, soit par voiture. Ces opérations sont toujours faites sous le contrôle de personnes étrangères à l'Aquarium (soit d'un conducteur de la navigation soit d'un Président de Société de pêche, etc.) qui peuvent si elles le jugent convenable, effectuer le comptage des alevins. Suivant la taille des alevins, le lancement se fait au moyen de l'épuisette ou à l'aide d'un siphon fait avec un gros tube de caout- chouc. Les lancements durent en général jusqu'à la fin de juin et les alevins ne sont Jamais jetés au dessous de la taille de 0,04. Pour certaines espèces ces lancements commencent environ un mois après la résorption de la vésicule ombilicale et à mesure que l'Aquarium débarrasse ses cuves, elles sont dédoublées de façon à ce qu'il n'y ait jamais d'encombrement. Les Membres de la Section qui ont pris part à cette visite remer- cient vivement M. Juillerat pour tout le plaisir qu'ils ont éprouvé en parcourant sous sa conduite les galeries de l’Aquarium ainsi que pour tous les renseignements qu'il a bien voulu leur commu- niquer et le félicitent des remarquables résultats obtenus grâce à ces utiles observations et à son aetivité. Le Secrétaire, BRUYÈRE. 80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Errata : Bulletin de décembre 1906. Page 367, ligne 14, au lieu de cuisson, lire après avoir été broyés. ligne 32, supprimer les mots ni ceux. Page 368, ligne 20, supprimer le mot mèmes. ligne 40, au lieu de résiste de — 7° à — 9o cent. lire résiste aux gelées de — 7° à — 9° cent. Page 3170, ligne 9, au lieu de abrités des, lire abrités contre les. Page 371, ligne 27, supprimer L'utilité de, et commencer la phrase par La culture. Page 372, ligne 11, après le mot produit, mettre le mot ici. ligne 12, au lieu de cuisson, lire après avoir été broyés, Page 373, ligne 1, au lieu de car, lire aussi. ligne 19, au lieu de Astrocargum, lire Astrocaryum. Page 374, ligne 17, au lieu de Cormessii, lire Comesii. Page 375, ligne 20, après la parenthèse, un point et lire L au lieu de |. Bulletin de janvier 1907. Page 4, au lieu de : BLancHoN (H.-L. ALPHONSE), Rédacteur en chef de la Chasse illustrée, 22, rue de Beaune, Paris. lire : BLANCHON (H.-L. ALPHONSE), Rédacieur en chef de la partie rurale et sportive de la Chasse illus- trée, 22, rue de Beaune, Paris. CREPIN. TERNIER. CREPIN. TERNIER. Page 22, ligne 23, au lieu de cette fois, lire une fois. Page 26, dernier mot, lire mourir. Page 25, ligne 21, au lieu de JrsseniA Karst. lire NEPHROSPERMA Balf. fi. LA CHÈVRE D'ANGORA par C. RIVIÈRE Inutile de rappeler les efforts de la Société d’Acclimatation pour implanter cette race en Algérie. Depuis vingt ans sur- tout, elle avait été l’objet de toute la sollicitude de M. Couput, alors directeur du service pastoral. Actuellement : efforts, expériences, résultats, tout a dis- paru avec la destruction de la Bergerie nationale de Mard- jebeur : il n'y a plus un seul sujet pur d’Angora. Cette Chèvre s’est signalée par sa rusticité aux dures con- ditions climatériques des Hauts-Plateaux et s'y estmaintenue avec ses qualités natives. L'adaptation au milieu a été acquise d'emblée, puisque depuis 1854 on n'avait pas infusé de nouveau sang. Voici des expériences de croisement faites par M. Couput, directeur de la Bergerie nationale auxquelles j'ai assisté et que j'ai moi-même pratiquées en partie : 1° Au premier croisement avec bêtes arabes ordinaires noires ou tachetées, on obtient une toison blanche mais raide ; avec un bouc maltais, la forme est plus massive, quel- quefois j'ai obtenu une double portée ; 2° Au second croisement, poil duveteux ; 3° Au troisième croisement, poil frisé, mais avec une ligne de poils raides sur le dos ; 4° Au quatrième croisement, retour complet à la race pure. J'ai présenté en 1900 à notre Société une belle toison de race pure d'un sujet de {8 mois. Cette Chèvre rustique au froid, à la chaleur, à la séche- resse, aux privations forcées de ces dures milieux est mau- vaise laitière, mais bonne productrice de viande: les che- vreaux étaient surtout recherchés par les arabes qui les ven- daient sur les marchés comme agneaux de lait. On vendait facilement et à bons prix au commerce local les toisons et les peaux qui avaient une valeur bien supé- rieure aux produits indigènes : voici la comparaison. Poison/d'Angora:: 2.142 D) HG hevre arabe Re D: 79 Peau d’Angora, avec son poil. 8. » en moyenne — Chèvre ordinaire ..... 22750 82 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Le poil d'Angora vaut au Havre environ 280 francs les 100 kilog., et des négotfänts"4lgériems en recherchent pour certaines fabrications de tapis indigènes. : Cette belle tentative de Joe Société, essai si heureuse- ‘ment couronné désuceës, ébt' donc éonpiétément annihilée mainténant par a faute de ladministrati ion locale. Cette dér- nière a cépéndant reconnu Son erreur ét a tÂché ‘de la répa- rer, mais elle a en Dino ‘reculé devant Yés dépénsés que lui océasfénnéraient l'achat d'un petit troupeau et de Son entretien {éniporäite. Ajoutons Que'la Chèvre du pays, qui rénd tant de sérvices à la population indigène ‘parce que c "est le’séul’änimal qui ‘peut vivle dans d'aussi res corditions éliniatéfiqués, Voit ‘son enectit Se ré éduire de plûs en plus : de 5'millions de ‘tetès'en' 1887, il ést/ tombé à ‘3/600/000 en! 1904. CATALOGUE, DES OISEAUX DE LA: BASSE-COCHINCHINE: PAR,, Rodolphe GERMAIN et E. OUSTALET Vétérinaire principal de l'armée Professeur au Muséum En retraite) - d'histoire naturelle. Mn, Mere du. Gone de 1 Société do d’acclimatation Société die d’acclimation (Suite) GRIMPEURS PICIDE: 21. GECINUS.. VITTATUS. V. Picus vittatus Vieillot,. Nouveau Dictionnaire d'histoire : naturelle, 1816. t. XXWI,: p. 91, et Encyclopédie méthodique, 1893; p. 1317: — Gecinus vittatus G: Tirant, op. cit:, p. 90, n°54 ; Ed. Argitt,. Catalogue of the Birds.in the coll: of the Br ih Miseur, 1890; t. XVII, p. 465 E. Oustalet, op. cit., p- 252;-n° 31. Dsscriprion : Dessus de la tête rouge chez le mâle, noir Chez la femelle, face d’un blanc sale avec des moustaches noires, parties supérieures du corps d'un,vert olive, nuancé de jaune sur la croupe et les ailes dont les grandes rémiges sont tachetées de blanc sur fond brun; queue noire: menton, gorge et poitrine d’un jaune ocreux ou verdâtre; ne d’ un blanc jaunâtre avec des sortes de chevrons vert-olive. . Bec. noirâtre ; iris rouge carminé ; pattes grises. Longueur totale 0"30, aile 0°135, queue 009, tarse 0028. Le Gecinus vittatus ou Pie à bandelettes habite. le. royaume de Siam, le Laos, le Cambodge, la Cochinchine, s'avance probablement à travers la partie orientale de la. péninsule malaise jusqu'à l'extrémité méridionale de cette presqu île et reparait sur les îles de Java et de Sumatra. En Cochinchine il-se trouve dans les parties basses du. pays, dans les provinces de Mytho et de Bien-hoa et c'est 84 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION même le seul Pic qui fréquente les grands bois d’aréquiers de cette région. On l'y voit, le matin surtout, activement occupé et généralement par couple. 22. GECINUS STRIOLATUS Blyth. - Picus striolatus Blyth, Journal of the Asiatic Society of Bengal, 1843, p. 1000. — Gecinus striolatus Hargitt, op. cit., t. XVIII, p. 50 ; E. Oustalet, op. cit., p. 253, n°32. DescriprioN : Dessus jaune olivâtre, les plumes du crou- pion et des couvertures caudales bordées de jaune très vif; ailes brunes ; queue brun-noirätre tachetée de vert ou de gris ; sommet de la tête et occiput d'un rouge écarlate, face d'un gris entumé et striée de brun; une raie au-dessus des yeux blanche; menton blanc strié de jaune olivâtre ; dessous d'un blanc jaunâtre, la poitrine striée d’olivâtre; couvertures inférieures de la queue blanches. Le Gecinus striolatus ou Pic strié est très commun dans certaïns districts de la Birmanie anglaise et dans toutes les régions boisées, mais sèches, de l'Inde proprement dite et de l'île de Ceylan. Il se trouve aussi dans le royaume de Siam, au Cambodge et en Cochinchine, où toutelois il doit être très peu répandu. En effet, l'un de nous (E. Oustalet) n'a jamais eu entre les mains qu'un seul individu tué dans ce dernier pays, à savoir un sujet rapporté par M. le docteur Jullier au Muséum en 1874. 23. GECINUS ERYTHROPYGIUS Elliot. Gecinus erythropigius D. G. Elliot, Nouvelles Archives du Muséum d'histoire naturelle, 1865, nouvelle série, t. I, p. 76, DANS Giant 00 NCiL-Ap 00 en 60: Hart Op ci LOXVIIT p.06: EOustalet0p. cp 2597, n°536! Descriprion : Tête d'un noir bleu en dessus avec une plaque rouge sur le vertex chez le mâle ; manteau d'un vert olive tirant au jaunâtre; croupe d'un rouge vif; pennes alaires noires avec des liserés externes blanes ou olivâtres et des taches blanches sur le bord interne; queue noire avec des taches blanches ou jaunâtres sur le bord des rectrices ; gorge et poitrine d'un jaune nuancé de verdâtre ; abdomen d'un blanc sale avec des marques noires, formant des écailles mal définies. CATALOGUE DES OISEAUX DE LA BASSE-COCHINCHINE 89 Longueur totale 0"31 : aiie 0"165; queue 011 ; tarse 0°032. Le type de cette espèce a été obtenu en Cochinchine, dans les forêts du cercle de Baria par l'un de nous (R. Ger- main) qui l'a envoyé au Museum d'histoire naturelle. Plus tard deux mâles et une femelle de (recinus erythropyqius furent tués également en Basse Cochinchine, à Srok-trank et Suoi-nuoe par M. le docteur Gilbert Tirant. Ce Pic aurait les mêmes mœurs que le Gecinnus nigrignus, espèce très voisine, de la Birmanie et du Siam. et vivrait non seulement en forêt, mais dans les grands massifs de bambous épineux. 2, CHRYSOPHLEGMA PIERREI Oustale. Chrysophlegma Pierrei E. Oustalet, Le Naturaliste, 4889; p. 44 et 45: Hargitt, op, cêt., t. XVIIL, p. 130; E. Ous- talet, op. cit., p. 358, n°38. Descriprion : (Femelle) plumes de la go’ge d'un olive foncé avec une étroite bordure apicale rousse, cette bordure devenant blanche et plus large à la base, de manière à for- mer une tache qui fait apparaître la teinte olive comme une large raie; côtés du cou et de la poituine plus pâles et teintés de rose ; sommet de la tête fortement pourpré; mandibule supérieure entièrement noire, l'inférieure jaune à la base, noire à la pointe. Longueur totale 0"33; aile 016; queue 0"105; tarse 0"02. La description ci-dessus est incomplète, car jusqu à - présent On n'a pu obtenir le mâle adulte de cette espèce dont le Muséum ne possède que deux femelles et un jeune mâle. Ce dernier a été obtenu par M. Pierre, sur les monts Mu- Xoai, dans la province de Baria, en Cochinchine. Une des femelles a été prise par M. Pierre soit dans la même localité, soit sur un autre point de la Cochinchine, et l’autre a été tuée par M. le Docteur Harmand, soit dans le même pays, soit plus vraisemblablement au Cambodge. 25. DENDROCOPUS ANALIS Horsfield. Picus analis Horsfield, Zoological Researches in Java, 182% ; Blyth, Journal of the Asiatic Society of Bengal, 1849, -p. 804; G. Tirant, op. cit. p. 88, n° 44. Dendrocopus analis Mansitt, op-\cit., t XVII, p. 266; E. Oustalet, op. cit., p- 260, n° 42, 86 BULLETIN,DE- LA, SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION, NômanNnamiTe: Con.Go'Kien (d'après G. Tirant). Descriprion : Dessus. de la tête rouge chez le mâle, noir chez: la femelle, parties supérieures du corps d'un brun. noir, barré de blanc; parties inférieures d’un blanc, tirant plus ou moins au jaunâtre ou au roussâtre avec des taches. et des:barres noires sur la poitrine, sur les flancs et sur les sous-caudales :qui sont .un peu barrées de rouge; grandes pennes. alaires et caudales. noires avec des taches et des. barres blanches. Bec et pattes gris-blance ; yeux bruns. Longueur totale 0 m. 17, aile 0 m. 10, queue O0 m. 055, tarse 0 m. 023. Le Dendrocopus analis habité les îles de la Sonde, la péninsule: malaise, le Pégou, le royaume de-Siam, l'Annam, le Laos (?), le: Cambodge (?) et la Cochinchine.où elle-est: extrêmement répandue et où l’un de:nous {R.. Germain) a recueilli une nembreuse série:d'exemplaires à laquelle sont venus s'ajouter quelques specimens obtenus par M. Pierre: - Ces:petits:Pics sont. très communs dans les.-jardins de, Saïgon ‘et dans toutes:les parties. découvertes -et, cultivées. de la Cochinehine,; surtout dans.lesendroits où:croissent. les bambous: L'un:de mous (R: Germain) a cru remarquer qu'ils . font leur principale nourriture de grosses Fourmis jaunes qui abondent sur les bambous et sur les arbres. Les Pics se. livrent avec: ardeur à la poursuite de-ces insectes; sans s'inquiéter ‘du voisinage de l'homme. Ils recherchent,.les trones: d'arbres-morts et en;les-frappant du bec, dans leurs. explorations;:ils produisent un bruit.sourd.tout particulier, une sorte de:son guttural-qui ressembleau,cri d'unoiseau. Ils voyagent le plus souvent par couples.et font. entendre un. cri de rappel:très bref : cré-cré: Leurs:œuis, .cachés dans:un trome d'arbre, sont d'un:blanc mat, à coquille.très friable et: de forme:elliptique;avec:les extrémités fortement arrondies. Ils mesurent 0 m. 022 suivant le grand axe.et 0.m:.015 dans: le sens transversal. (A..suivre). ne ne LE SERIN MÉRIDIONAL OU, GINI | & L’EXTENSION DE SON HABITAT EN FRANCE (r) par MAGAUD D'AUBUSSON I s’est produit, dans la-région parisienne, à une.date.rela- tivement récente, un faitornithologique intéressant, qui.est ‘aussi un.fait d'acclimatation spontanée, et à.ce titre tout.au moins se recommande à l'attention de la Société. Un petit -Passereau au gosier.mélodieux, dont les apparitions étaient autrefois excessivement rares dans le département de la Seine est venu tout d'un coup s'y établir pendant la belle saison ;. il s'y-reproduit et son chant anime .maintenant,.du- rantiout l'été, nos.bosquets et nos.jardins.. Ce nouvel hôte est le Serin méridioual, le Cini, dont.M. Mailles vous.a déjà entretenu l'année dernière et sur lequel je vous demande la permission de dire à.mon tour quelques mots. Le Serin méridional (Serinus .meridionalis Bp.).est un.joli petit oiseau vêtu de jaune, teinté .de .vert, avec des lignes brunes sur. la. nuque, le dos et les ailes. 11 ressemble assez, -sauf la taille qui est plus petite, .au Serin vert des Canaries. Son costume offre aussi des rapports avec celui du Venturon (Citrinella alpina Bp.), mais il en diffère notablement par la disposition des couleurs. Ce qui n'empêche pas qu'on; l'a confondu et qu'on le confond encore quelquefois avec cet oiseau, confusion dans laquelle est même tombé .autrefois Bechstein, erreur qu'il rectifia du reste.par da suite. Aussi n'ai-je pas été trop surpris, au cours de: l'enquête à laquelle je me. suis. livré sur extension d'habitat de l'espèce, que des chasseurs, des amateurs d'oiseaux, des observateurs même souvent. exacts, me parlassent du Venturon et du Tarin \quandi\je:les questionnais sur le Cini. J'ai recueilli heureuse- .ment auprès:d'ornithologistes locaux, dans la plupart:des départements qui.m'intéressaient,. des.indications plus pré- cises qui, en venant s'ajouter aux observations que. j'ai,;pu faire moi-même,me permettent de vous présenter aujourd’hui quelques données à peu près certaines sur la distribution actuelle de cet oiseau en France. Mais je dois reprendre d'un (1) Communication faite à la séance de la section d’ornithologie, le 3 dé-, cembre 1906. 88 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION peu plus haut quelques faits dont la connaissance jettera du jour sur la question. Le Cini est propre, d'après les auteurs, à l'Asie occidentale, au nord de l'Afrique et à l'Europe. Est-il très répandu en Asie, c'est ce que je n'ai pu savoir ; On trouve son nom ins- crit dans les catalogues, mais peu de détail sur son histoire dans cette partie du monde. Dans l'Afrique septentrionale, il ne paraît pas être commun. Je ne l'ai rencontré, pour ma part, en aucune saison, dans la Basse Egypte, bien que Heu- glin prétende l'avoir observé, au mois de mars, par couples et en petites troupes dans le Delta etles environs du Caire (1); et le Capitaine anglais Shelley, qui à parcouru aussi l'Egypte en naturaliste, ne le cite, dans son ouvrage sur les oiseaux de ce pays, que d’après l'affirmation de Heuglin (2). Il ne s'y trouve donc pas en grand nombre. Il ne s’est jamais montré non plus très abondant en Algérie. Notre collèzue M. Rivière, si exactement informé sur tout ce qui concerne notre colonie, m'a= PR ET Se .# 1 STARS ALIEN ER 186 ‘BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION suffisamment sombre, qui les empêchera de distinguer quoi- que ce soit au dehors et on enlèvera le récipient d’eau. Pour certains sujets, au contraire, il faudra placer dans la cham- bre une lumière ‘très vive, éclairant bien la cage et ainsi l'Oiseau pourra sauter librement sur ses bâtons. Malheureu- sement ces deux moyens ne sont pas infaillibles, et je dois dire que je n'ai jusqu'à présent rien trouvé qui puisse cer- tainement empêcher mes Insectivores de mettre dans un triste état les pennes de leur queue. La grande majorité des amateurs nourrissent leurs Oiseaux de manières différentes de celles que je préconise, mais c'est uniquement par économie et aussi éprouvent-ils de nom- breuses déceptions. Avant de clore cette étude, je dirai donc aux gens sérieux qui voudront bien suivre ma méthode qu'ils trouveront toute satisfaction dans l'éducation de nos Insectivores, mais je leur recommanderai encore une fois. de ne pas abuser des Vers de farine, qui devront n'être nourris qu'avec du son ou de la carotte, et en ayant soin de veiller à ce que ceux qu'on achète sur le marché ne soient pas ceux qu'on trouve en abondance dans les pigeonniers. Leurs téguments sont beaucoup trop durs, ils échauffent considérablement les Oiseaux et les conduisent rapidement à la mort. Beaucoup de personnes mettent au fond des cages de la mousse séchée; je la déconseille aussi absolument à cause des parasites qui y pullulent et sont fort nuisibles. Depuis longtemps j emploie simplement du papier buvard et j'ai constaté que c’est le meilleur système pour conserver le fond d'une cage propre et d'atténuer l'odeur de la fiente toujours désagréable dans un appartement. J'ai l'intention de compléter ce travail par d'autres études sur chaque espèce d'Oiseau, et d'indiquer de quelle manière il faut les traiter en captivité pour les conserver longtemps et jouir du maximum de chant qu'ils peuvent donner. LA COCHENILLE FLOCONNEUSE PULVINAR/A FLOCCIFERA WESTWOOD (1) Les dégats sur les Fusains du Japon et sur les Orangers. — Arrêt de sa multiplication par l'intervention de ses ennemis naturels (Exochomus, Rhizobius, etc.). — Mæurs et évolution du Lygellus epilachnæ Giard, parasite des Exochomus. Par le D: Paul HMARCHAL. Professeur à l’Institut national Agronomique. Toutes les Cochenilles du genre Pulvinaria, auquel appar- tient la Cochenille floconneuse, se présentent, lorsqu'elles sont arrivées à maturité, sous la forme de boucliers immo- biles, fixés à demeure sur la plante dont elles sont parasites et, au moment de la ponte, elles sécrètent un sac blanc de nature cireuse et d'aspect cotonneux, qui repousse, à mesure qu'ilse développe, la partie postérieure de l'Insecte, de façon à constituer une sorte de coussin volumineux sur lequel il repose : c'est dans ce sac que sont déposés les œufs en quan- tité toujours très considérable. Chez la Pulvinaria floccifera, qui nous occupe actuellement, ce sac est remarquable par sa longueur. Tandis que l'Insecte proprement dit, n'atteint pas plus de 3 millimètres de long, som sac ovigère se prolonge en arrière de lui-même, suivant une direction tantôt rectiligne, tantôt incurvée, et sa lon- gueur mesure cinq à huit fois celle de l'Insecte. Celui-ci, dont l'organisation répond à celle bien connue de tous les Lécanides, se présente lui-même sous l'aspect d’un bouclier de forme cordée, qui, avant la sécrétion du sac cotonneux, est de couleur jaune ou verdâtre, légèrement teinté de rouge: mais qui, après la ponte, prend une teinte jaune foncé. (1) Synon : Pulvinaria camelicala Signoret. Voir au sujet de la synonymie, outre le Catalogue of the Coccidæ of the World, de M. E. Fernald : Newsrean. Amonograph of the British Coccidw, vol. IL (1903).p. 71. On trouvera en outre dans ce travail, des figures relatives à cette Cochenille. (pl. X VIT, fig. 1-10). 188 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Lorsque l'Insecte, après avoir déposé ses œufs, s'est com- plètement desséché, il se détache et se sépare de son support Fig. 1. — Feuille de Fusain envahie par Pulvinaria floccifera (légèrement réduite.) avec grande facilité, de sorte que souvent on n’observe plus sur les feuilles que les sacs ovigères eux-mêmes formant des trainées blanches à leur surface. Ultérieurement, sous la poussée de la multitude de larves qui sortent au moment de l’'éclosion et sous l'influence des agents atmosphériques, les sacs se déchirent et se désagrègent plus ou moins et, comme ils peuvent être assez nombreux pour chevaucher les uns sur les autres, il en résulte l'aspect de masses blanches flocon- neuses et irrégulières fixées aux plantes attaquées. Suivant toute vraisemblance, la Cochenille floconneuse est d'importation étrangère; on l’a considérée, sans preuve bien certaine, comme originaire du Japon (1). Pendant long- temps, cette Cochenille ne s’est guère signalée à l'attention que dans les serres, où elle n'est souvent d’ailleurs, que trop abondante. Elle s’y trouve répandue dans toutes les parties du monde, hébergée par des plantes fort diverses (Camelia, Acalypha, Calanthe, Aralia, Podocarpus, etc.). En Angle- terre, où elle a été signalée et décrite pour la première fois par Westwood (2), on ne la connaît que dans ces conditions, eton ne la rencontre pas en plein air. (1) Craw. Insect.-Life, V., p. 282, 1893. (2) The Gardener's Chronicle, p.308, 1870. LA COCHENILLE FLOCONNEUSE 189 En Italie, d'après Berlese et Leonardi (189$) (1), elle peut se rencontrer en abondance en plein air, sur les Camélias et les Fusains du Japon. Quoiqu'il en soit, il semble bien pour- tant qu'elle a dùü se naturaliser depuis peu en [talie ; car les auteurs qui ont précédé Berlese et Leonardi et notamment Targioni-Tozzetti, qui a publié un Catalogue des Coccides ainsi que d'importantes études sur ces Insectes, n’en fait aucune mention. En France, au moment où elle a été découverte et signalée par Signoret (sous le nom de camelicola), en 1873 (2), dans les serres du jardin du Luxembourg, à Paris, il semble qu'elle ne s'était pas encore acclimatée de facon à vivre et à se propager à l'air libre. Car cet auteur ne dit rien à ce propos, et même, depuis cette époque, personne n'a signalé sa présence dans nos cultures. Ainsi que nous allons le voir, la Cochenille floconneuse est pourtant susceptible de se multiplier en France, en plein air, avec une très grande intensité, si bien que nous nous trou- vons encore ici en présence d'une naturalisation en voie de s'accomplir, analogue à celle que j'ai signalée il y a quelques années, pour le Chrysomphalus dictyospermi, var. minor (3). Fort heureusement, toutefois, il paraît plus facile de main- tenir en échec et de combattre la Cochenille fioconneuse que d'enrayer le développement de ce dernier Insecte qui est maintenant l'un des ennemis les plus sérieux de l'Oranger dans le Midi de la France. La Cochenille floconneuse, tout en paraissant être un Insecte prospérant surtout sous les climats chauds, et à hivers peu rigoureux, est néanmoins susceptible de se déve- lopper certaines années en très grande abondance sous le climat de Paris, et de 1899 à 1901, j'ai pu observer son extrême multiplication à Fontenay-aux-Roses dans une grande culture de Fusains (Evonymus japonica), croissant à l'air libre et appartenant à un horticulteur de la localité. A la fin de juin, ces Pulvinaria présentaient leurs longs sacs ovigères complètement développés et leur abondance (1) Notizsie intorno alle cocciniglie americane che minacciano la frutticultura europea. (Annali di agricoltura, Roma, 1898, p. 44). (2) Ann. Soc. Ent. Fr., 5° Série, III, p. 32, 1873. (3) Bull. Soc. Ent. Fr. 1899 (p. 291) et 1904, p. 246. — Bull. men- suel de l'Office des Renseignements agricoles, 1905, p. 143. 190 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION était telle, en 1901, que l'on ne pouvait passer entre les lignes de Fusains sans avoir ses vêtements entièrement recou- verts d'une couche blanche formée par leur sécrétion ci- reuse. L'éclosion des œufs avait lieu dans le courant de l'été; au mois d'octobre, les larves étaient fixées en extrême abon- dance sur les feuilles et les pousses vertes, où elles passaient l'hiver, pour continuer à S'accroître et arriver à maturité au printemps suivant. Après une multiplication des Cochenilles très intense pendant au moins trois années consécutives, l'invasion céda sous l'influence des ennemis naturels, probablement aussi des conditions climatériques et de quelques pulvérisations insecticides au pétrole : aujourd'hui, la Cochenille flocon- neuse semble disparue (1). Dans le midi de la France elle paraît, par contre, avoir pris pied d’une facon plus complète et plus définitive. Je l’ai reçue de Bordeaux et de Montpellier, tant sur les Fusains du Japon que sur les Pittosporum: et enfin, chose plus grave, elle s'est attaquée dans les Alpes-Maritimes aux Orangers, sur lesquels elle s'est multipliée d’une façon inquiétante. C’est en 1901, l’année même où j'observais à Fontenay-aux-Roses (Seine), le maximum de l'invasion de l'Insecte dans les cultures de Fusains du Japon, que M. Gagnaire, professeur à l'Ecole pratique d'Agriculture d'Antibes, m'envoyait de Golfe-Juan (Alpes-Maritimes), des rameaux et des feuilles d'Oranger chargés de ses Insectes : on avait, paraît 1l, déjà remarqué cette Cochenille les années précédentes, plus particulièrement sur les Orangers placés sous le couvert de gros arbres ; mais en 1901, elle se multi- plia avec une intensité telle que dans certaines cultures les fauilles en étaient couvertes et que les propriétaires, alarmés de l'extension subite prise par le nouvel ennemi, durent recourir aux pulvérisations de pétrole pour le combattre. Le mal du reste n'était pas limité au Golfe-Juan, mais s'étendait - sur tout le littoral jusqu'à l'Italie, et en juin 1902, je recus de Bordighera (Ligurie), des branches d'Oranger couvertes de ces Insectes. (1) J'ai pourtant reconnu encore, cette année, sa présence dans d'autres jardins, sur des Camélias et diverses plantes en pleine terre. LA COCHENILLE FLOCONNEUSE 191 ENNEMIS NATURELS, Lorsque la Cochenille floconneuse se multiplie avec une grande intensité, de nombreux ennemis, lui faisant une guerre acharnée, ne tardent pas à apparaître et se multiplient eux-mêmes en si grand nombre qu ils ne tardent pas à iaire rétrocéder le fléau. C'est ce que je pus constater au moment de l'invasion qui sévit sur les Fusains, à Fontenay-aux- Roses. Coccinellides. — Parmi ces ennemis, les Coccinellides jouent un rôle capital et j'ai pu recueillir quelques données sur la biologie de deux d'entre elles. L'une de ces Coccinelles, l'Erochomus quadripustulatus L. ; était particulièrement abondante sur les Fusains à Fontenay, en 1901, et je l'ai aussi reçue des Alpes-Maritimes, où elle vivait également aux dépens de Pulvinaria floccifera, mais sur les Orangers. Cet Insecte, qui appartient à la tribu des Chilo- coriens, présente le facies habituel des Coccinelles : le contour est arrondi; le dessus du corps est convexe et luisant ; la coloration est ordinairement noire avec deux taches rouges ou orangées sur chaque élytre, l’une réniforme, assez voisine de l'angle antéro-externe, l'autre plus petite, rapprochée du bord interne et vers le tiers postérieur de l'élytre: les côtés du prothorax et les élytres ont un bord nettement relevé, F. Fig. 2. — Exochomus quadripustulatus : 1, Insecte parfait; 2, larve: 3, nymphe entourée de la dépouille larvaire, Les traits verticaux indiquent la grandeur naturelle. J'ai observé les Exochomus à l'état larvaire pendant les mois de juin et de juillet. Leurs larves, qui ont déjà été décri- 192 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION tes par Buddeberg (1), sont curieusement hérissées d’appen- dices rameux et offrent l'aspect des larves de Cassides, elles circulent activement sur les rameaux des Fusains et enfon- cent leurs têtes à l'intérieur des sacs ovigères des Pulvinaria, se nourrissant des œufs et des jeunes larves. Parvenues à leur taille définitive, elles se chrysalident au commencement de juillet ou dans le courant de ce mois. La nymphe, comme celle des autres Chilocoriens est enve- loppée par la dépouille larvaire qui est gonflée, transversa- lement et largement fendue sur le dos de facon à laisser voir la nymphe, qui est enchassée et repose à son intérieur comme dans un berceau.La dépouille larvaire, dans laquelle la nymphe se trouve ainsi reposer, est fixée sur les feuilles ou sur les rameaux par son extrémité postérieure. Dégagée de la dépouille larvaire, la nymphe a 3 millimètres de long sur 2 millimètres 5 de large ; la partie céphalique est repliée en dessous, elle à une teinte brun-rouge avec des taches brunes ou noires. Vers le 10 juillet, éclosent les premiers Insectes parfaits et les éclosions continuent à se produire pendant tout le cou- rant du mois. On continue à rencontrer les Exochomus à l’état adulte sur les Fusains jusque dans le courant d'octo- bre ; mais ils sont alors beaucoup moins nombreux que dans les mois d'été. (1) Buddeberg. — Beiträge zur Biologie einheimischen Kaferarten. (Jahrb. Nassau Ver. Nat., 31, 1884, p. 105-106. Ea description de cette larve étant publiée dans un recueil peu accessible, nous donnerons la description suivante faite d’après les échantillons que nous avons étudiés, et qui, bien que conforme d'une façon générale à celle de Buddeberg, en diffère pourtant sur quelques points de détail : La larve de l'Exochomus quadripustulatus a de 6"" à 6"" 5 de long, sur 2°" 5 de large, le contour de son corps est elliptique allongé ; elle est aplatie en dessous, bombée sur la face dorsale, de colora- tion jaune rougeûtre. La tête petite, arrondie noire, se replie en dessous. Le premier segment thoracique, un peu plus long que les autres, cutiforme, élargi en arrière, présente des angles antérieurs fortement arrondis, de sorte que le bord antérieur convexe en avant, se continue insensiblement avec les bords latéraux ; les bords laté- raux de ce premier segment sont ornés sur les côtés, de fines den- ticulations sétifères ; on distingue une ligne médiane claire, moins chitinisée, séparant la partie dorsale du segment en deux plaques fortement pigmentées et de coloration noire, à l'exception d'une tache irrégulière jaune rougeàtre plus ou moins étendue. Le deuxième et le troisième segments portent sur la région dor- sale, de chaque côté de la ligne médiane, une grande tache noire, présentant chacune, en son milieu, une marque plus claire et don- LA COCHENILLE FLOCONNEUSE 193 Il est à noter que l'Erochomus quadripustulatus ne vit pas seulement aux dépens des Pulvinaria, mais s'attaque à d’au- tres Cochenilles. Buddeberg l’a observé sur les Conifères et notamment sur le Thuya et le Genévrier, sur lesquels il vivait au dépens d’une Cochenille indéterminée probable- ment Diaspis Carueli. Il ajoute qu'il peut manger les larves appartenant à son espèce. Une autre Coccinellide qui fait aussi un grand Carnage de larves de Pulvinaria est le Rhizobius litura L. Ce petit Coléop- tère de teinte ochracée, dont les élytres sont marqués de taches nébuleuses, noirâtres et de forme assez variable, présente un corps peu convexe et dés élytres qui n'offrent à la base que la largeur du prothorax; ces caractères donnent à ces Insectes un facies assez différent de celui sous lequel on a l'habitude de se représenter les Coccinelles. Fig. 3. — Rhizobius litura : 1, Insecte parfait; 2, larve. Gr = 9.1 nant naissance du côté externe à deux ou trois prolongements noirs portant eux-mêmes des denticulations secondaires ; ces denticula- tions se terminent par des soies. De chaque côté du deuxième et du troisième segment, se trouvent, en outre, deux prolongements den- ticulés, coniques et garnis de soies semblables à ceux que nous allons rencontrer sur l'abdomen. L'abdomen présente neuf anneaux et est garni de six rangées longitudinales régulières de prolongements coniques sétifères. Ces prolongements émergent de taches noires ; ils sont eux-mêmes noi- râtres, ainsi que les soies qui en partent. Seuls les prolongements des rangées latérales du premier anneau abdominal sont d’un blanc sale ; les prolongements latéraux postérieurs du troisième segment thoracique peuvent aussi présenter la même teinte. Ceux des deux rangées médio-dorsales sont courts en avant, mais ils augmen- tent progressivement de taille, d'avant en arrière ; au contraire, ceux du rang latéral inférieur vont en décroissant, d'avant en arrière. FE Les pattes, portées par des bourrelets transversaux de la paroi ventrale sont assez longues et de teinte brune, 194 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION Je l'ai rencontré en très grand nombre et à ses différents stades de développement sur les Fusains de Fontenay envahis par Pulvinaria floccifera. Les larves, de teinte jaune-clair, d'allures assez vives, por- tent sur le dos de la région abdominale six rangées de tuber- cules pilifères (1). Le développement dure environ un mois. La métamorphose s'effectue en juillet. La nymphe à près de trois millimètres de long, elle est ovoïde et n'est pas enchassée dans la dépouille larvaire comme celle de l'Exochomus ; mais elle est, comme la plupart des larves de Coccinellides, suspendue par son extrémité auale, celle-ci étant recouverte par la dépouille larvaire recroquevillée sur elle-même. La nymphose dure une dou- zaine de jours et l'éclos'on des adultes a lieu dans le cou- rant de juillet ou les premiers jours d'août. Il est à noter que le Rhizobius litura peut s'attaquer non seulement aux Cochenilles, mais encore aux Aphidiens : d'après Buddeberg, on le rencontre sur les Conifères. les Pruniers, les Prunelliers, dont il détruit les Pucerons. En raison de sa fréquence et de la grande multiplication dont elle est capable, cette espèce doit êtreconsidérée comme une de nos plus précieuses Coccinellides. Je rappellerai qu'elle est la congénère du Rhizobius ven- tralis, espèce importée par Kæbele, d'Australie aux Etats- Unis et qui s'est naturalisée sur le littoral de la Californie du (1) La description de ces larves, d’après les observations de Buddeberg (Loc. cit.) et les miennes est la suivante : Larve du Rhizobius litura F.— 5 millim. de long sur 1/5 millim. de large, Le corps est légèrement comprimé, la hauteur étant moitié de la largeur ; le dos est faiblement bombé; la coloration jaune gri- sàätre, se fonce vers la fin du développement. La tête est jaune bru- nâtre assez velue ; les pattes sont claires et assez longues. Le premier anneau thoracique est presque deux fois aussi large que long, élargi en arrière, à bord postérieur convexe, avec angles postérieurs arrondis; il présente une ligne médiane lisse et pâle, et de chaque côté, une large plaque plus foncée. garnie de poils clairs insérés sur des ponctuations foncées ; sur cette plaque on remarque deux taches plus pigmentées. . Le deuxième anneau est plus large, mais plus court que le pre- mier ; il porte deux plaques dorsales piligères, disposées chacune d'un côté de la ligne médiane et plus étroites que celles du premier anneau; on remarque sur chacune d'elles une tache plus pig- mentée. Le troisième anneau est encore plus court que le premier et pré- sente une disposition analogue ; mais les plaques piligères sont encore plus étroites. . LA COCHENILLE FLOCONNEUSE 195 Sud où elle s’est montrée fort utile en combattant la Coche- nille noire de l'Olivier (Lecanium oleæ). Hémiptères. — D'innombrables Hémiptères appartenant à la famille des Capsides et à quelques autres familles, par- couraient les Fusains envahis par les Pulvinaria. Citons parmi eux: Atroctomus mali Meyer, Capsus laniarius L., Nabis sp., de nombreux Anthocorides,. Il ne me parait pas douteux que beaucoup d’entre eux étaient attirés par les Pulvinaria et devaient piquer les larves pour s'en nourrir. Néanmoins, je n'ai pu faire à ce sujet aucune observation précise (1). Diptères parasites. — Les Cochenilles floconneuses ne sont pas seulement ravagées par des prédateurs; elles peuvent aussi être parasitées. J'ai élevé notamment en assez grande abondance des Pul- vinaria, vivant sur l'Oranger, qui m'ont été envoyées du Midi de la France, des petits Diptères parasites du genre Leucopis. M. Villeneuve, dont on connaît la haute compétence en diptérologie, a bien voulu les examiner et a reconnu qu'ils présentaient les caractères de Leucopis lusoria Meigen auquel, suivant toute vraisemblance, ils doivent être rap- portés. Le genre Leucopis est déjà connu comme vivant aux dépens des Cochenilles et en particulier des Pulvinaria. Goureau a notamment élevé le Leucopis tibialis Zett d'une Les deuxième et troisième anneaux ne présentent sur les côtés qu un angle peu indiqué et faiblement saillant. Les neuf anneaux abdominaux ont une longueur sensiblement égale et sont de la même longueur que le troisième, les antérieurs étant les plus larges, les postérieurs les plus étroits. Les huit pre- miers anneaux abdominaux portent chacun sur le dos et les régions latérales six tubercules assez fortement pigmentés à leur extrémité et donnant insertion à un bouquet de poils clairs et divergents. Ces tubereules régulièrement espacés constituent ainsi six rangées longitudinales du premier au huitième anneau. Les deux tuber- cules médio-dorsaux du buitième anneau sont confluents sur la ligne médiane. Les tubercules de la rangée latéro-externe consti- tuent une saillie anguleuse sur le bord de chaque segment. Le dernier anneau étroit et arrondi à son extrémité présente un revétement pileux assez abondant sans tubereules piligères. (1) Les Hémiptères de la famille des Capsides doivent fréquem- ment s'attaquer aux Cochenilies. Ashmead a vu le Rhinocloa citri Ashm., détruire différentes espèces d'Aspidiotus et de Dactylopius. sur les Orangers (Hemipterological contributions Entomologica americana, II, n° 8, p. 155) et il considère ce petit Hémiptère 196 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION espèce de Pulvinaria vivant sur le Fusain d'Europe qu'il désigne sous le nom de Pulvinaria evonymi (1). D'après Goureau, les Leucopis à l'aide d'un long oviducte grèle et extensible introduisent leurs œufs dans le duvet blanc qui entoure le Gallinsecte au moment où il fait sa ponte; les larves qui en sortent mangent les œuis dans leur nid et se transforment en pupes dans le nid même d'où elles sortent après leur dernière métamorphose. MOEURS ET ÉVOLUTION DU LYGELLUS ÉPILACHNŒ Giard. Les Coccinellides que nous avons étudiés dans le chapitre qui précède et dont l'intervention peut être si décisive pour arrêter la marche envahissante d’une Cochenille, ont malheu reusement, elles aussi, leurs ennemis. C'est ainsi que beau- coup de nymphes d'Exochomus quadripustulatus peuvent être piquées et tuées par des Hémiptères; mais c'est surtout sur un petit Hyménoptère de la famille des Chalcidiens, qui vit en parasite aux dépens des larves et des nymphes de l'Etochomus, que s’est fixée mon attention. Il s'agit du Tetras- tichus (Lygellus) epilachnæ Giard qui, ainsi que je l’ai cons- taté, peut être parasite de divers Coccinellides. M. Giard a décrit cette espèce d’après des individus éclos de nymphes d’'Epilachna argus (2), et j'ai obtenu également l'éclosion de ce parasite en grande quantité du même Insecte comme jouant un rôle très efficace au point de vue de la destruction des Cochenilles. J'ai moi-même observé un autre Hémiptère de la famille des Capsides, qui se trouve pariois en assez grand nombre au mois de mai. sur les Pommiers, envahis par l'Aspidiotus ostreæformis et le Mytilaspis pomorum Ces Capsides piquent et sucent les nombreu- ses larves de Mytilaspis qui viennent de se fixer sur les rameaux à cette époque. Je les ai vus aussi insinuer leurs rostres sous des boucliers d'Aspidiotus légèrement soulevés, pour aller piquer les Cochenilles qui se trouvaient abritées au dessous d’eux. (1) Cette espèce de Pulvinaria est très distincte de P. flocciflera. J'ai reçu de l'abbé PIERRE, qui l'avait récoltée à Moulins, une Pulvi- naria vivant également sur le Fusain d'Europe (Evonymus euro- pæa) et qui. suivant toute vraisemblance, correspond à l'espèce de Goureau. Elle me semble d'ailleurs identique à Pulvinaria vitis, qui, comme on le sait peut se trouver sur des essences très diffé- rentes. (2) Giard (A.). — Retard. dans l’évolution déterminé par anhydro- biose chez un Hyménoptère chalcidien. (Lygellus epilachnæ nov. gen. et nov, sp.). (C. R. des Sciences Soc. Biologie, 1890). LA COCHENILLE FLOCONNEUSE 197 récolté à Fontenay-aux-Roses, sur la Bryone, en 1898. Pen- dant le mois de juillet 1901, j'ai élevé ce Chalcidien au nom- bre des Erochomus vivant aux dépens des Pulvinaria. Je l'ai également vu sortir de la nymphe d'une Coccinelle indéter- minée. C’est dans des conditions assez particulières, le 14 juillet 1901, que j'ai observé pour la première fois les Lygellus epi- lachnæ, comme parasites des £rochomus quadripustulatus (1). Ils étaient éclos en abondance dans des flacons où j'avais placé des chrysalides de cette Coccinelle. Une partie de ces der- nières n'étaient pas parasitées et avaient déjà fourni des éclo- sions d'Erochomus qui avaient abandonné sur le fond du vase leurs dépouilles nymphales enchatonnées elles-mêmes dans la dépouille larvaire. D'autres chrysalides, au contraire, avaient donné issue à de nombreux petits Hyménoptères parasites qui courraient d’une façon très active sur les parois du vase. Je pus alors assister à une erreur de l'instinct fort curieuse. Les femelles, en effet, n'ayant pas de larves ou de chrysalides d'Exocho- mus pour y déposer leurs œufs, s'acharnaient à pondre dans les dépouilles vides abandonnées par les Erochomus. I était aisé, au travers du vase, de les voir parcourir et palper ces dépouilles, puis recourber leur abdomen pour les percer et rester ensuite plusieurs minutes dans cette position pour effectuer leur ponte. Le fait de la ponte dans des dépouilles vides me parut si extraordinaire, que je notai dans un Cas, avec soin, l'endroit où elle s'effectuait : c'était au niveau de la base de la deuxième patte gauche de la dépouille larvaire. L'opération fut longue, elle ne dura pas moins de dix minutes; lors- qu'elle fut terminée, je pris la dépouille d'Exrochomus et je cherchaï, à l'intérieur, au point correspondant à l'endroit où avait eu lieu la piqüre ; or, en ce point, fixé à la face interne de la dépouille larvaire, je trouvai l'œuf du parasite relative- ment volumineux, allongé, légèrement incurvé, avec un pôle plus gros que l’autre, ayant en somme l’une des formesles plus communes propres aux œufs d'Hyménoptères. Il résulte de ce qui précède que la tarière du parasite n'avait pas traversé (1) Les observations qui suivent sont en partie reproduites d'après le Bulletin de la Société Entomologique de France, séance du 9 janvier 1907. 198 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION la dépouille nymphale, mais que le parasite, pour déposer son œuf, s'était contenté de perforer la dépouille larvaire. L'ardeur des Lygellus à pondre dans les dépouilles d'Exo- chomus qu'ils ont à leur disposition est telle que j'en ai observé jusqu'à trois occupés à pondre en même temps sur la même dépouille. En même temps, on pouvait observer dans le vase où ils étaient captifs de nombreux accouple- ments et parfois les mâles grimpaient à deux sur le dos de la femelle, alors même que celle-ei était occupée à pondre. Quelques jours après cette observation, je mis en présence les parasites avec des larves et des chrysalides vivantes d’Ero- chomus. Is piquèrent les chrysalides et effectuèrent leur ponte à leur intérieur. Les chrysalides qui avaient été ainsi piquées, examinées dans le courant d'août ou de septembre, présentaient une teinte noirâtre caractéristique et en les ouvrant, on pouvait constater que leurs organes étaient rem- placés par un amas de petites larves blanches, constituant la progéniture du parasite. Il est probable que cette multipli- cité des larves tient en partie à ce que plusieurs femelles sont venues pondre dans la même nymphe ; il est vraisem- blable aussi qu'une même femelle peut pondre plusieurs œufs à l’intérieur d'une même chrysalide. Les larves de l'Hyménoptère parasite restent ainsi abritées à l'intérieur de la peau nymphale de l'Exrochomus pendant tout l’automne et l'hiver : c’est ainsi que des nymphes d'Exo- chomus, piquées en juillet 1901, conservées dans un pavillon de jardin non chauffé, ne conténaient encore à la fin de mars 1902 que des larves du parasite dans le même état apparent qu'à l'automne précédent. L'éclosion des Insectes parfaits se produit dès le début du mois de juin. Cette première génération pond dans les larves des Exochomus, et probablement aussi, dans des nymphes apparues d'une façon précoce. Dans le premier cas, les larves sont tuées, au moins pour certaines d’entre elles, avant de pouvoir se transformer em nymphes et il n'est pas rare, à la fin de juin ou au commen- cement de juillet de trouver des larves mortes d'Erochomue, dont la peau est déjà bourrée de larves de l Hyménoptère parasite. Il est également possible que les larves parasitées puissent se transformer en nymphes, bien que je n'en aie pas eu la preuve; jamais, em tout cas, les nymphes para- sitées ne se transforment en Insectes parfaits. LA COCHENILLE FLOCONNEUSE 199 L'éclosion des Lygellus de seconde génération, qui sortent de gesnymphesoude ces larves de Coccinelles, s'effectue ainsi que nous l'avons déjà indiqué dans le courant de juillet et cette seconde génération s'attaque aux nymphes de l'£Exrochomus. Il est certain que ce cycle évolutif est susceptible de subir des variations importantes, sous l'influence des conditions extérieures (humidité, température, nature de l'hôte) : M. Giard a notamment montré que l'évolution de ces Insectes pouvait être considérablement retardée par anhydrobiose (1). Les observations que j'ai faites antérieurement sur divers. Tetrastichinæ, notamment sur le Tetrastichus de la Galéruque de l'Orme (T. xanthomelænæ Rond.) et sur ceux de diverses Cécidomyies avaient montré que, si les Chalcidiens de ce groupe sont souvent hyperparasites, certaines espèces, con- trairement à l'opinion qui avait jusqu'alors prévalu, devaient pourtant être considérées comme parasites au premier degré (2). Le Lygellus epilachnæ nous fournit un nouvel exemple du parasitisme primaire chez les Tetrastichides. Récemment, Marlatt (3) a montré qu'un parasite du même groupe, le Syntomosphyrumesurus Riley, qui avait jusqu'alors été considéré comme un parasite secondaire, pouvait vivre aux dépens d'une Coccinelle, le Chilocorus similis, importé d'Asie en Amérique pour combattre la Cochenille de San-José, et il a dû se ranger à cette opinion en voyant, à son grand désappointement, ses éducations décimées par ce parasite. Dans l'ancien comme dans le nouveau monde, les Cocci- nellides ont done de redoutables ennemis parmi les Chalei- diens du groupe des Tetrastichus. Si l’on cherche à acclimater lune d'elles, dans une région, pour combattre l'invasion d'une nouvelle Cochenille, il y aura lieu, par conséquent, de considérer la présence de ces Hyménoptères comme une sérieuse menace pour le succès de l’entreprise et l’on devra apporter tous ses soins pour les écarter des élevages qui serviront à constituer les premières colonies. (4) Loc.-cit. (2) P. Marcuaz. — Notes biologiques sur les Chalcidiens et Procto- #rypides. (Ann. Soc. Ent. de France, LXIX, 1900, p. 102). P. MarcHar. — Observations sur un parasile de la Galéruque de FOrme (Bull. Soc. Ent. Fr.. 1905. p. 64). (3) Marlatt (C. L.). — The San-Jose or Chinese Scale. — (U. S. Dep. of. Agr. Bureau of Entomolagy. — Bull. n° 62, Washington, 1906, p. 67). L'OASIS DE FIGUIG Par Ch. Riviére Longtemps ce fut un point d'accès difficile, mystérieux et impénétrable et par cela même ayant toujours attisé l'ardente curiosité de l'explorateur que cette importante oasis maro- caine ! C’est une tache verdoyante au milieu de la steppe, c'est-à-dire perdue dans des immensités de sable, de pierres et de relèvements rocheux dans une nudité à horizon sans fin. Figuig n'appartient pas à la région désertique : c'est encore le domaine du Haut Plateau, de la steppe élevée, c'est une oasis du régime montagneux. Horrible à voir, le pays qui y conduit! un plateau pierreux, sableux ou à dunes en effritement, battu en hiver par des tourmentes de neige et de sable en même temps, meurtris- santes et aveuglantes, poussées pas une bise glaciale venant des quatre points cardinaux, parfois du ciel et qui ne chan- gent, souvent subitement, que pour devenir de la poussière de feu : on peut préférer le vrai désert à son antichambre ! Pendant de longs mois, même par les temps calmes, le. froid est vif, cuisant, pénible à supporter dans ces régions. On s'y revêt de toisons de bêtes, tout comme en Mandchourie, et des masques en peau fine et munis de lunettes sont utiles pour protéger la figure et surtout la vue. Végétation rare, quand il ç en a, rabougrie et terne ; cepen- dant dans l'hiver le sol est émaillé fugacement decharmantes petites Liliacées. Parfois, sous l'effet d'un printemps favorisé de quelques chutes d’eau, certain points se couvrent presque spontané- ment d'une abondante poussée de plantes diverses où domi- nent souvent des Cructifères aux couleurs variées, mais tout ne tarde pas à sécher sous le hâle et l'insolalion. L'eau fait ordinairement défaut et quand on en trouve elle est rarement potable et peu abondante. Ainsi est la haute et grande plaine de la Zousfana ! il faut avouer que dans le publie et même dans le monde savant on à une étrange idée du climat des Hauts-Plateaux algériens qui constituent malheureusement la majeure partie du pays, et c'est cette méconnaissance de ces lois naturelles qui expli- L'OASIS DE FIGUIG 201 que les fantastiques utopies émises sur l’agriculture, l'exploi- - tation et les réceptivités d'acclimatation de ces immenses et stériles régions. Avant d'arriver au Figuig on traverse de grands oueds roulant des flots de.... sable et de poussière. Le voyageur * meurt de soif sur les deux rives indéterminées, puis un jour, cela ce voit une fois dans la vie d'un homme, le lit depuis des lustres asséché reçoit subitement, avec un fracas épou- vantable, une tranche d'eau épaisse de dix à douze mètres, l’'oued n’a plus de lit et ses bords ont l'horizon pour limites; le Rhône ou le Danube aux temps de leurs crues impétueuses ne sont que de simples ruisselets comparés à Ces masses torrentueuses qui, pariois, sillonnent les régions steppiennes et désertiques. Alors tout est ravagé en quelques instants; ainsi a été dévasté le centre militaire d'Aïn-Sefra, ainsi a été emportée la voie ferrée vers Beni-Ounif et l'ouvrage d'art considéra- ble sous lequel passait l'oued Termed.On voit maintenant dans - l'horizon poudreux des débris de pont en fonte du poids de quarante à cinquante tonnes jetés là comme fétus de paille et sur lesquels roulent maintenant des ondes de sable pulvé- rulent : tel est le régime hydraulique de ce pays. Quant, au-dessus d'Aïn-Sefra on quitte les peuplements d'Halfa (Machocloa tenacissima) la végétation devient rare et ‘ ca et là, dans les dépressions argileuses pousse l'Halfadelle ou faux Halfa (Lygeum Spartum). Puis apparaît une végéta- ‘tion étrange : le sol est parsemé de masses sphériques, comme de gros Choux cendrés, sortes de taupinières végétales : assez irrégulièrement rapprochées, quoique denses sur cer- tains points: ce sont des agglomérations ou mamelons crus- - tacés et épineux formés de petites feuilles serrées les unes ‘contre les autres en sortes de rosaces, comme des Semper- vivum coriaces et glauques. Le Chou du désert, comme l'ap- pellent les Sahariens, c'est l'Anabausis aretinoides G et M. Sous cette bizarre Chénopodée s’abritent des reptiles dan- gereux : la Vipère à corne, Cerastes cornutus et une espèce voisine tout aussi redoutable, mais de taille moindre, la Vipère minute, Cerastes vipera, aussi le naturaliste doit-il être prudent aux environs des Anabasis. | Rarement des arbres dans cette haute plaine, cependant parfois, et on les compte, quelques arborescents isolés, à court tronc vigoureux, à cime élargie, se rencontrent sur 202 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION quelques points : ce sont deux Pistachiers d'espèces diffé- rentes, assez difficiles à distinguer sans un examen minu- tieux : Pistacia atlantica et P. terebenthifolia, végétaux parti- culièrement intéressants, et trop négligés par les amateurs de boisement. En réalité, pays dénudéet désolé, monotone et triste, aride et sans avenir que ces hautes plaines aux horizons de mirage, immensités qui ne conduisent nulle part vers le Sud, sauf dans le vide. Mais à l'Ouest surgit un massif montagneux, un relèvement de roches, véritable muraille, tourmentée, aux arêtes aiguës, roussätre comme de la terre euite, sans végétation apparente, coupée par deux cols principaux au fond desquels l'œil jusqu'alors fatigué de grisaille se repose enfin avec plaisir sur une large tache de verdure iaite de Palmiers. Béni-Ounif est une première oasis qui se prolonge enser- rée et étranglée dans le col de Zenaga ; ce point a dù ètre important, mais à notre contact il n'a pas tardé à être aban- donné et il est maintenant en complète décadence : les cons- truetions en ruines, les Palmiers en dépérissement, les eaux taries et les jardins incultes. Pour se rendre à Figuig, on passe sous les dattiers du col de Zenaga qui aboutissent à la petite plaine de Bagdad. Là, dans une sorte de cirque fait de montagnes de pierres abruptesetnues, parfois à crêtesneigeuses formantuneblanche couronne scintillantau soleil, surgitune vaste taupinièreétagée de Ksours perdus dans la verdure et où murmurent d'abon- dants ruisselets : c’est la grande palmeraie de Figuig avec ses murailles et ses tours en pisé aux tons roussâtres d'où émergent une forêt de dattiers. L'importance de cette oasis, quoique relativement consi- dérable, paraît avoir été fort grandie par les auteurs, cepen- dant telle qu'elle reste, c'est une merveilleuse création de l'homme au milieu des duretés climatériques de la steppe. C'est un groupement de 300.000 dattiers, suivant les uns, de 600.000, d'après les notables du pays que nous avons consul- tés; quoi qu'il en soit de ces deux chiffres, il y a là une énorme production de dattes principalement, sans compter les cul- tu’es intercalaires qui ont une grande valeur. : Comme type d'oasis, Figuig a un cachet particulier : ce n'est plus celle des plaines. et des bas fonds sahariens comme dans l'Oued-Rhir et le Djérid tunisien; ce n’est plus L'OASIS DE FIGUIG 203 Yoasis encaissée dans les excavations ou les fissures du Souf ou celles perdues entre les hautes dunes aux sables en effrite- ments contants, mais bien au contraire, c'est une imposante palmeraie émergeante, sise sur un mamelon, sur une sorte de piton écrasé d'où s'élancent, disposées en échelons, des milliers de colonnes de dattiers aux têtes verdoyantes à un moment chaudement colorées par d’abondants régimes d’or. Oasis pittoresque avec ses crêtes abruptes et ses falaises sillonnées de sentiers tortueux et rapides que le cavalier prudent ne parcourt pas sur sa monture. Et le Ksar des Grottes au milieu des excavations et des éboulis d'un sol rouge comme du feu! Dans ces dédales sans fin où la lumière arrive atténuée dans les Palmiers touffus, om chevauche sur des pentes tellement mouvementées que lon peut cueillir les dattes dans la tête d'un palmier qui s'étale à vos pieds tout en étant ombragé par d'autres pal- #miers gigantesques perchés sans ordre dans les falaises. Dans les fissures de la terre rouge où suintent quelques gouttes d'eau échappées d'un jardin arrosé, des toufies de Capillaires, Adianthum capillus veneris, sont des hôtes assez communs des oasis, mais dont la présence étonne toujours dans un milieu si peu propice aux Fougères, en général. L'eau, e’est la vie : ïl ne faut pas la demander aux nuages incléments qui ont c2pendant, poussés par les courants dominants d'ouest, léché les neiges presqu'éternelles des pies marocains peu éloignés: c'est dans le sous-sol, dans ses réseaux veineux qu'il a fallu la chercher. Dans Figuig, * eau murmure partout, sautillant dans les rigoles à pente rapide, cascadant dans une quarantaine de grands bassins de réserve, pour se répartir ensuite dans des jardins où pénêtre juste ce qu'il faut de lumière nécessaire à la végé- tation. Chaque jardin est séparé par des chemins ou par de basses murailles de terre battue, petits jardinets aux cultu- res soignées de légumes et d'arbres fruitiers qui prospèrent à l'ombre tutélaire du dattier, protecteur contre le froid rayon- nement des nuits dans ces ciels trop souvent purs et contre la terrible insolation. L'arboriculture fruitière n'est pas négligée par les Figui- guiens, mais on ne peut pas dire qu'en dehors du Dattier, elle constitue dans l’oasis une abondante production de fruits. Les Caroubiers et les Oliviers y sont d'assez bonne venue sans être très fructifères. Figuiers, Grenadiers, Abricotiers, 204 BULLETIN DE LA SOCIETE D ACCLIMATATION Pommiers et quelques rares Vignes ont des fructifications passables. On est quelque peu étonné d'y voir un certain nombre de Pêchers donnant des fruits acceptables, dit-on, müûrissant en juin : il y a là une indication et l'on appren- drait avec intérêt l'époque de maturité des Amsden dans un tel milieu. Par contre les Aurantiacées, oranges, mandarines, citrons, eic., étaient tout à fait inconnues jusque dans ces derniers temps. Les Indigènes savaient par tradition ou par les dires de leurs voyageurs qu'il y avait un fruit délicieux nommé China, mais ils ne l'ont vu et fortement apprécié que depuis l’arrivée du chemin de fer à Béni-Ounif. Cependant l'Oranger aurait eu à Figuig son petit rôle poli- tique : en effet on remarque au Ksar El-Hammam, chez Bou Hamama, parent du célèbre agitateur, dans la cour de sa maison, un petit oranger que le propriétaire montre avec quelque ostentation et qui, dit-on, serait un cadeau récent du sultan. Il n'y aurait que deux de ces arbres à Figuig, celui en question et l’autre chez l'amrl ou représentant du chérif. Il me semble avoir reconnu dans ces arbres deux élè-: ves du Jardin d'Essai d'Alger achetés par un agent officieux d'une puissance étrangère que je ne crois pasutile dedésigner: mais j'ai retenu cette indication, comme on le verra par la suite. (A suicre). BIBLIOGRAPHIE Chiens de défense et Chiens de garde, races, éducation et dressage, par Pierre SAINF-LauRENT. Librairies L. McLLo, 12, rue Hautefeuille, à Paris et FéRET et Fils, 15, cours de l'Intendance, à Bordeaux. Généralités. La question du Chien de police employé avec tant de succès en Belgique, en Hollande, en Suisse, en Allemagne, a mis à l'ordre du jour la question non moins intéressante du Chien de défense. Pour beaucoup, le dressage des Chiens est une grosse difficulté qu'un guide qui manque encore pourrait faire disparaitre. Le Chien de défense est celui qui accompagne son maitre et est susceptible de venir à son secours, au moment du danger, même au péril de sa vie. Le Chien de garde veille sur la propriété et n'y laisse pénétrer aucun étranger sans prévenir de sa présence. Ce sont deux fonctions différentes, mais néanmoins, elles pour- ront être, après dressage, confiées au même Chien. Le Chien de défense devra être d'une taille raisonnable de 0,55 à 0,60 au minimum, et possédant une force musculaire suffisante. Il sera prudent d'exclure de ce service le Chien qui restera méchant après le dressage et l'on n'aura généralement rien à gagner en l'em- ployant à la garde de la propriété, rôle dans lequel il se laisse corrompre comme les autres. L'incorruptibilité pourra se produire avee le Chien de défense dont l'attaque doit être spontanée, si l’agresseur est un inconnu et exécutée au commandement même, si l'agresseur est un familier. Au commandement de son maitre, le Chien de défense parfaite- ment dressé attaquera, sans aucune hésitation, quel que soit l’ad- versaire placé en sa présence — ou alors le dressage est incom- plet, ou la bête manque de caractère. De tout ceci, il résulte qu’un Chien de défense peut faire un Chien de garde, mais que la réciproque peut ne pas être vraie. Le premier nécessitera un dressage souvent difficile, toujours long, le second pourra fort bien s'en passer. 4re Partie. Les utilisations diverses du Chien de défense sont passées en revue en mentionnant les services qu'ils pourraient rendre au pro- meneur, Comme compagnon (à pied, à cheval, à bicyclette), au garde- 206 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION chasse — au garde-pêche — au garde-champêtre — au facteur des campagnes — au douanier — à l'agent de police — en campagne comme soutien de sentinelle et dans le rôle plus noble, de la recher- che des.blessés, où il donne la mesure de son intelligence et de sa sagacité. Toutes ces utilisations ne nécessiteront pas le même dressage; les leçons nécessaires pour chacune d'elles sont indiquées. Le Chien du promeneur n'aura évidemment pas à apprendre le service d’es- tafette, par exemple, qui nécessite un long travail. Beaucoup de ces utilisations du Chien de défense sont effectives déjà. — Le Chien de l'agent de police deviendra une nécessité et arrivera à son heure. L'idée du Chien de guerre n'a pas fait de progrès en France de- puis quinze ans. Le Chien sanitaire a gagné sa cause en Hollande, en Italie, en Angleterre. Je ne parle pas de l'Allemagne, où il est organisé bien officiellement. Pour celui-là, il serait humain de précher la bonne cause. Que de disparus en moins. Que de pauvres diables auxquels on sauve- rait dla vie et qui meurent épuisés par la faim, dans le coin où gra- vement blessés, l'instinct leur a fait chercher un refuge. C'est le rôle de la femme, des Sociétés de Secours aux blessés, à aider cette idée à germer chez nous. Le Chien sanitaire, en fait, n’est plus une idée ailleurs, il a reçu en Mandchourie le baptéme de feu et les russes lui sont reconnais- sants de ses bons offices. Le rôle du Chien de garde, mieux connu est traité dans ses fonc- tions de gardien de la grande propriété — de la petite propriété — de la voiture. 2° Partie. Races. — I] ne s'agit pas, là, de monographie. Quelques planches ide sujets de race absolument pure donneront aux amateurs une dée exacte, C’est le moral qu'on y envisage. Le Saint-Bernard, intelligent, fidèle, d'un dressage bien facile, doux de caractère, y est conseillé quand sa taille n'est pas un obs- tacle. Le Chien des Pyrénées, également bon pour la défense est à choisir de préférence au Terre-Neuve, dont les inégalités de carac- tère sont très connues. Les Dogues de Bordeaux sont de braves bêtes, intelligentes, fidèles, mais cette force brutale est effrayante à employer contre l'homme. Le Dogue allemand, intelligent, parfois méchant, n'a plus beau- coup de vogue en France. BIBHIOGRAPHIE 207 Viennent les Bergers qui ont la meilleure presse; Chiens de taille moyenne, vigoureux, intelligents, fidèles, ils sont des gardiens par atavisme. Le Berger de Beauce — de Brie — le Chien de berger belge, alle- mand — le Colley, sont successivement envisagés. 3° Partie. Dans la troisième partie, les conseils pratiques pour le dressage et le choix du Chien devront rendre des services aux amateurs. Il serait trop long d'entrer dans les détails de chaque leçon. Une grande finesse d'observations, de l'esprit de suite, un mélange de fermeté et de douceur Seront de grandes qualités pour le maitre, dont le talent consiste, pour beaucoup, à reconnaitre chez l'élève les dispositions pour lesquelles il a particulièrement de l'aptitude et à les exploiter en lui donnant l'emploi où il pourra le mieux les utiliser. On devra rechercher chez l'élève, pour arriver à un dressage parfait, les qualités d'intelligence, de fidélité, d'obéissance, d'odo- rat, qui lui sont indispensables. Les principales leçons seront : Répondre à l'appel. Le coucher au commandement (Down) (leg dich). Conduite en laisse et sans laisse. Apporter. Aller à l'eau. Habituer à ne pas ramasser d'ordures, ni recevoir de friandises Donner de la voix. Grogner sans donner de la voix. Rester calme au commandement. Faire face à l'homme sans mordre. Mordre au commandement. Chercher un objet perdu. Chercher une piste. Rondes de nuit. Service d’estafette. Recherche des blessés. La base de tout le dressage réside dans l'appel. Le Chien venant se ranger près de son maitre, comme mü par un ressort et dans la position couchée, au commandement. Ces deux mouvements for- ment la clé de tout dressage, en mettant le Chien sous la dépen- dance absolue de son maitre. 208 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION Ea LIBRAIRIE DE PARIS, 56, rue Jacob, vient de faire paraître une édi- tion nouvelle (la septième), de La Poule Pratique, de M. E. LEROY. Cette édition, entièrement refondue et augmentée d'observations récemment acquises et contrôlées par un praticien averti, comporte les données suivantes : Choix des races, Installations, Hygiène, Nourriture, Exploitation raisonnée, l'Utopie, La vrai pratique, Ponte, Incubation, Elevage des poulets. Elle est suivie d'une notice sur les palmipèdes domestiques : Oies et Canards. Le volume, qui comporte plus de 400 pages de texte, accompagné de 77 gravures, est indispensable à toute personne s'intéressant aux choses de la basse-cour. Notes sur les Mammifères et les Oiseaux de l’Afrique occi- dentale, par M. le D' Ch. Macraup (avec 16 figures hors texte). Librairie A. CHALLAMEL, 17, rue Jacob, Paris, 1906. Les livres, tel que celui du D’ Maclaud, seront toujours les bien- venus, et ils sont de ceux que les vrais coloniaux emportent avec eux. En effet, il faut aux coloniaux une somme considérable de ren- seignements précis, clairs et bien exposés, sur tout ce qu'ils sout appelés à rencontrer. Il leur faut surtout des renseignements por- tant sur des choses vues et observées par un observateur judicieux, dans le pays qui va leur servir de nouvelle patrie. C'est toujours avec avidité qu'un colonial consulte de semblables documents, qui lui apprennent à connaître ce qu'il voit, et cela, sans eflort sensible. C'est une lacune que le D: faclaud vient de combler pour le publie colonial, qui n'ose aborder ce qui est d'ordre trop scientifi- que, s’effraie des dédales de la science, et qui, poussé par un ins- tinctif sentiment de curiosité veut cependant savoir, sans qu'il puisse satisfaire son désir, par suite, souvent, du manque d’ou- vrages faits pour lui. Ce livre est d’ailleurs présenté à ce public par M. Edouard Perrier, membre de l'Institut, Directeur du Museum d'Histoire naturelle, fait qui en indique toute la valeur. Mer PERNY Par l'abbé FOUCHER Le 2 mars 1907 mourait à Garches (Seine-et-Oise) à l'âge de -89 ans un homme qui eut son heure de notoriété par son -dévouement à la France et les services rendus à la Science. Mgr Perny, né à Pontarlier (Doubs), le 21 avril 1818, entra comme prêtre au séminaire des Missions étrangères de Paris le 11 novembre 1846 ; envoyé l’année suivante par ses supé- rieurs à Kouy-Tchéou (Chine) il fut bientôtnommé pro-vicaire de cette mission éloignée, puis supérieur, de 1853 à 1860. Nous n'avons pas à dire ici ce que fut son rôle comme mis- -sionnaire catholique, qu'il nous suffise de savoir que 19 an- nées de séjour en Chine lui concilièrent l'affection et l'estime -de tous ceux avec lesquels il fut en rapport. Ses travaux de linguistique sont nombreux et des plus précieux : Une gram- maire chinoise, un dictionnaire français-latin-chinois, des dialogues latins-chinois, des proverbes chinois, et une foule d’autres opuscules témoignant d'une science et d’une puis- sance de travail vraiment remarquables. Mais ce qui nous importe à nous surtout, membres de la Société d'Acclimatation, c'est de rappeler ce dont la science est redevable à Mgr Perny. Il a fait connaître la flore de la Chine Occidentale en dotant le Muséum d'Histoire Naturelle d'une foule de plantes chinoises, certaines de ces plantes portent même son nom;il a introduit chez nous le Ver à soie du Chène ou Saturnia Pernyi ; on lui doit la con- naissance du Ver-plante, celle du Jonc avec la moëlle duquel les chinois fabriquent le papier de riz, celle du Polype marin qui donne un excellent vinaigre, celle du Sciurus et du Picus Pernyi, etc. Mgr Perny osa tenter en 1858 la fondation d'une Académie au centre de la Chine, dans le but de faire connaître les richesses scientifiques de ce vaste empire ; le gouvernement -chinois très favorable à cette idée, l’'encouragea de toutes ses forces, et seule une maladie grave du savant missionnaire mit obstacle à ce projet. De nombreuses lettres de remerciements de M. Drouin -de Lhuys témoignent de l'intérêt avec lequel on suivait en France les travaux de Mgr Perny; quil me soit permis d'en citer quelques-unes : le 24 février 1863 M. Drouin de Lhuys écrivait : « Monseigneur et très vénéré collègue. J'ai reçu la 210 BULLETIN DE LA SOCIETE D'ACCLIMATATION lettre que vous avez bien voulu m'adresser de la province de- Kouy-Tcheou en date du 15 octobre 1862, pour m'annoncer un envoi de cocons vivants du Bombyx Pernyi. Je me suis. empressé de communiquer à la SoeiétéImpériale d'Acclima- tation cette heureuse nouvelle, et j'ai l'honneur de vous: transmettre en son nom, ses plus sincères remerciements. Grâce aux précautions que vous avez eu soin de prendre, nous avons lieu d'espérer que Ce précieux envoi nous par- viendra dans de bonnes conditions de conservation, et que nous posséderons enfin cette race de. vers à soie, dont la Société a depuis longtemps appréeié Fimportance et que nous devrons à votre généreuse initiative. « Natre savant collègue M. Moquin-Tandon nous a assurés que vos vernis et ciriers de Chine, déposés par vous au jar- din de la Faculté de Médecine sont en bon état, et nous rece- vrons avec la plus vive satisfaction les renseignements que vous voulez bien nous promettre sur ces végétaux ainsi que sur les moyens d'assurer le succès de l'introduction de l'In- secte qui produit cette cire végétale si estimée. « Daignez agréer, Monseigneur et très vénéré Coflègue, avec l'assurance de la vive et profonde gratitude de la Société l'expression de mes sentiments les plus distingués. « Le Président de la Société Impériale d’Acclimatation, « Drouin DE LHuYs. » Le 19 février 1864, le Président écrivait de nouveau au pèré Perny, le remerciant de nouveaux envois de toutes sortes : « J'ai l'honneur de vous transmettre l'expression très sin- cère de la profonde gratitude de notre Société pour ce nou- veau et précieux témoignage du zèle tout dévoué avec lequel vous n'avez cessé de seconder les efforts qu'elle fait en vue du progrès de l'humanité. Nous avons cette fois bon espoir de posséder enfin cette précieuse espèce de Bombyx, à laquelle votre nom restera perpétuellement attaché et qui sera pour l'Europe une grande et riche conquête. » Il n'y a rien à ajouter à des témoignages aussi élevés et aussi flatteurs ; notre Société se devait à elle-même de ne pas laisser disparaître Mgr Perny sans le saluer une dernière fois comme l'un de nos aides les plus dévoués et les plus- efficaces. LA CASTRATION DE LA CHÈVRE Par M. DECHAMBRE La castration ou ovariotomie de la Chèvre est une opéra- “ion qu na été pratiquée, à notre connaissance, que par MM. Oceamu et Babès de l'Ecole vétérinaire de Bucarest. (1) Le travail de ces auteurs va nous permettre de donner quel- ques détails sur le manuel opératoire. Les ovaires de la Chèvre ont le volume et la forme d'un haricot ; ils sont situés à proximité du bassin, en correspon dance avec la région du flanc, un peu en avant de l’anglede la hanche. En raison de l’étroitesse des voies postérieures, l'opération se pratique comme chez la Truie, par incision du flanc. La peau de cette région est préalablement rasée et désinfectée. L'incision porte successivementsur la peau, les deux couches musculaires sous-cutanées, l’aponévrose sous-péritonéale et le péritoine doublé d’une couche conjonctive plus ou moins adipeuse. Deux doigts introduits dans l'ouverture vont à la recherche de l'ovaire quiest amené au dehors et dont le pédi- cule est soigneusement ligaturé par un fil de catgut. L'abla- tion est faite et le second ovaire est extrait et sectionné de même. La plaie cutanée est suturée et recouverte d'une couche de collodion iodoformé. La cicatrisation est complète au bout de 7 à 8 jours. On observe à la suite de l'opération une légère réaction fébrile (la température normale de la Chèvre est de 393), quelquefois de l’indigestion ou du gonflement du rumen avec ballonnement du flanc, sans gravité. Pendant quelques jours la sécrétion lactée diminue, mais revient bientôt à son chifire normal. Pour produire son maximum d'efiets utiles, la castration sera faite sur des bêtes âgées de 5 à 6 ans, en bonne santé, -t au moment où elles sont en pleine lactation. La castration a pour effet de prolonger la durée dela lacta- tion. MM. Oceanu et Babès ont observé deslactations de 18 et 15 mois. Elle fait disparaître l'odeur hircine. Elle assure un engraissement plus facile, une qualité de viande supérieure, sans mauvais goût et sans odeur. (1) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, juin 1902. 912 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Elle modifie la composition du lait, en augmentant la quan- tité de matière grasse, de caséine, d'acide phosphorique eten diminuant la teneur en lactose. Cette opération se présente donc comme un procédé per- mettant d'obtenir un lait de bonne qualité, sans odeur spé- cifique, pendant une durée plus longue que la durée nor- male. Les résultats observés ne font aucun doute en ce qui con- cerne les modifications dans la composition du lait et l'en- graissement plus facile des opérées. Il y aurait lieu de pour- suivre de nouvelles recnerches sur la prolongation de la lac- tation et l'augmentation possible du rendement en lait. La durée plus longue de la lactation se constate chez les vaches castrées ; mais on sait que des vaches non opérées peuvent garder leur lait pendant 15, 18 mois et parfois davantage. Des cas semblables se rencontrent chez la Chèvre On peut donc se demander si de ce côté la castration de la Chèvre offre de réels avantages. Aura-t-elle pour résultat en permettant à celle-ci de garder longtemps son lait, de rendre fréquent et régulierun fait exceptionnel dans les con- ditions habituelles de la pratique ? L'étude scientifique de la Chèvre nous pose à chaque ins- tant de nouveaux problèmes auxquels il serait imprudent de donner une réponse hâtive. SUR LA DOMESTICATION DE L'OUTARDE BARBUE OTIS TARDA Lin Par MAGAUD D'AUBUSSON L'idée de domestiquer l'Outarde barbue a préoccupé depuis longtemps les naturalistes et les agronomes dési- reux de voir s'accroître, par l'introduction d'espèces encore sauvages, le nombre si restreint de nos oiseaux de basse-cour. Lacépède, Daubenton, Frédéric Cuvier, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, l'ingénieur Rauch, l'agronome de Lasteyrie et bien d'autres ont signalé, à diverses époques, la grande Outarde comme devant un jour prendre rang parmi les espèces alimentaires les plus précieuses (1). Cest qu'en effet ce bel oiseau, par le volume de son corps et les qualités de sa chair, offrirait des avantages économiques de premier ordre. Aussi, dès sa fondation, notre Société prit elle à cœur une acquisition si désirable, et institua un prix destiné à encourager les tentatives de reproduction de l'Ou- tarde barbue en captivité. Nous verrons comment les premières expériences répon- dirent à cet appel, et quelles espérances elles semblèrent tout d'abord apporter. Mais auparavant il est indispensable de dire quelques mots de l'oiseau lui-même considéré à l'état de nature, car la connaissance de ses habitudes, de son régime alimentaire et du milieu qui lui est propre doit servir de fondement à tout essai rationnel d’acclimatation et de domestication. Il paraîtrait superflu de décrire longuement la grande Outarde. On connaît suffisamment cet otididé au corps (1) Lacépède : Discours de clôture du cours de zoologie de l’an VIH, au Muséum. — Daubentoa : Cours d'Histoire Naturelle, à l'Ecole normale. — Frédéric Cuvier : Suppléments à Buñon. — ‘Isidore Geoffroy Saint- Hilaire : Acclimalalion et domestication des animaux u‘iles. — Rauch : Harmonie hyd"o-végétale. De Lasteyrie : Mémoires sur différents points d'économie rurale, supplément au Cours d'agriculture de l'abbé Rozier. «Il est étonnant, dit de Lasteyrie, qu'on n'ait is encore tenté en France ‘de s'approprier un oiseau aussi beau et aussi utile. On irouverait dans le Bulletin de la Société ne d lehnaiaa des vœux émis dans le même sens par M. Cretté de Palluel, ornithologiste très informé, dont nous avons eu à déplorer la perte, et un médecin vété- rinaire, M. Paul L'= ourcade, inspecteur principal de la boucherie de Paris. 214 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION massif, dont le dos est d'un roux jaunâtre ondé de noir, le devant du cou blanc et la partie abdominale d’un blanc plus ou moins mélangé de grisâtre. Je rappelerai cependant une particularité assez curieuse de son organisme, qui consiste en l'existence chez le mâle d'un sac guttural qui prend un développement remarquable au moment des amours. Cette poche, qu'on a cru d'abord servir à emmagasiner de l'eau que l'oiseau régurgitait dans son bec pour se désaltérer en traversant des contrées arides, est très probablement desti- née à recevoir de l'air et à gonfler le cou dont les plumes se hérissent sous l'influence de l'excitation sexuelle Il se passe en effetquelque chose d'analogue dans l'Outarde d’Australie(1), dont un renflement de l'æœsophage se gonfle et érige les plumes. La poche de l'Outarde d'Europe est plus ou moins développée selon l’âge et la saison. L'espèce en outre justifie l’épithète significative de barbue par la présence d'une toufte de plumes longues et déliées, qui partent de chaque côté de la mandibule inférieure du bee et forment une sorte de moustache. La longueur de ces plumes varie beaucoup suivant l'âge de l'oiseau, elles sont d'autant plus longues que celui-ci est plus vieux. Le costume de la femelle ressemble à celui du mâle, à cela près qu'il est plus terne et qu'elle n'a pas de barbe. Mais il existe une grande différence de taille entre les deux sexes. Le mâle est beaucoup plus grand et gros que la femelle, ïl peut peser jusqu à trente et même quarante livres, tandis que le poids de cette dernière ne dépasse guère huit ou dix livres. L'Outarde barbue habite les grandes plaines découvertes, où elle se réunit en troupes plus ou moins nombreuses. Mais on se ferait, je crois, une très fausse idée de ses habitudes si on pensait, comme on l'a dit quelquefois, qu'elle se plait particulièrement dans les lieux frappés de stérilité. Comment y vivrait-elle, car son régime alimentaire, surtout animal dans le jeune âge, devient principalement végétal à l’âge adulte. Ce qu'il lui faut avant tout, ce sont de vastes plaines où la vue s'étend au loin, qu'elle peut arpenter en tous sens sans être arrêtée par des obstacles, où elle peut fuir à la course dès la première alerte. La eraie pierreuse et rase l'attire pour un temps, faute de meilleur terrain, en raison (1) Eupodotis australis Gray, The genera of Binds; Ofis australasiana Gould, The Birds of Australia. SUR LA DOMESTICATION DE L'OUTARDE BARBUE 215 de la sécurité qu’elle y trouve, non par son aridité. Si elle _ fréquente les steppes, elle choisit de préférence les endroîts où on cultive les céréales. On à remarqué, par exemple, que dans les steppes proprements dits de l'Asie centrale elle est beaucoup moins comnrune que dans d’autres parties de ces steppes où Fhommeg fait pousser des grains. En Europe, c’est également dans les grandes plaïnes fertiles de la Russie méridionale, en Hongrie, en Grèce. qu’elle se montre le plus nombreuse. De même elle s'établit en Espagne dans les dis- tricts agricoles des Castilles, de l'Estramadure, de la basse Andalousie. Elle a été jadis assez répandue en France, et on la voyait dans la Beauce, le Berry, le Poitou, le Languedoc, la Provence, mais le morcellement de la propriété et l'accroïs- sement de la population ont tellement rétréei l'espace qui lui est nécessaire qu’elle a disparu depuis longtemps de ces contrées. Un dernier refuge lui restait, la Champagne, pays découvert aux plaines immenses. D'après le docteur Dorin, les Outardes arrivaient autrefois en quantité si considérable dans les environs de Châlons-sur-Marne qu'on les comptait, dit-il, par milliers dans certains cantons où l'espèce se reproduisait souvent. Mais peu à peu le nombre de ces oiseaux diminua, et bientôt on ne trouva plus que quelques couples, à l'état sédentaire, dans des localités privilégiées. La Société d’Acclimatation veiHait toujours sur l'Outarde, et dans le but d'empêcher sa disparition complète de notre pays, elle fonda en 1881 un nouveau prix en faveur, cette fois, de la reproduction de la grande Outarde à l’état sauvage. Le candidat devait prouver que trois couples au moins de ces oiseaux avaient couvé et élevé leurs jeunes sur ses terres. Ce concours, prorogé jusqu'au 17 décembre 1895, ne donna aucun résultat, et la Société eut le regret de ne pouvoir attri- buer son prix. Les derniers couples d'Outardes de la Cham- pagne ont été détruits à la fin du XIX° siècle, et on peut dire que ce magnifique oiseau n'apparaît plus qu'accidentellement en France. Naturellement timide, sauvage et même farouche, la grande Outarde fuit à la moindre apparence de danger. Quand on la poursuit, elle court avec une extrême vitesse et ne se décide à prendre son vol que lorsque la course n'est plus pour elle un moyen de salut. À première vue, l'Outarde parait plus propre à la locomotion terrestre qu'à la loco- motion aérienne, cependant bien que prenant son essor 216 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION avec difficulté, une fois qu'elle est parvenue à s'élever, elle avance dans l'air d'un vol assez rapide et soutenu, les os de ses ailes d'ailleurs sont pneumatiques, ce qui indique que ce gros oiseau peut voler avec une certaine facilité. Vers la fin de février, les mâles coin mencent à poursuivre les femelles, et se disputent leur Lossession en des combats acharnés dont ils portent souvent les traces sur leur corps. Dans ces luttes, les vieux plus forts et plus vigoureux que les jeunes demeurent presque toujours vainqueurs, et chassent les rivaux dont ils ont triomphé. Le temps des amours est pour le mâle une période de grande surexcitation. Il trahit ses transports en étalant à la vue des femelles les plumes de sa queue et de ses ailes, comme le font les Dindons et les Paons. Sa poche gutturale se gonfle et son cou semble avoir doublé de volume, il renverse la tête en arrière, les plumes de la barbe s épanouissent. Quand l'époque de la ponte arrive, la femelle choisit un champ de seigle, de blé ou de tout autre.céréale, et là, dans une légère excavation qu’elle creuse avec ses pieds, elle dépose deux ou trois œufs d'un gris cendréolivätre, parsemés de taches irrégulières d'un roux pâle et d'un brun foncé. Ces œufs sont de la grosseur de ceux d'une oie. L'Outarde est craintive et méfiante et, au rapport des observateurs, elle abandonne ses œufs quelqu'avancée que soit l'incubation, si on a touché à son nid pendant son absence. Au bout de trente jours environ, les petits Outardeaux sortent de leur coquille, ils sont couverts d’un duvet laineux brunâtre, tacheté de noir. La mère les soigne avec la plus grande tendresse, et n'hésite pas à exposer sa vie pour les défendre. Jules Pray raconte, dans sa France de l'Aube (1), qu'un faucheur poursuivait deux jeunes Outardes qui ne pouvaient pas encore voler, quand la mère accourant au secours de ses petits, vint s’élancer contre le faucheur qui, pour se défendre, fut forcé d'avoir re‘ours à sa faulx, avec laquelle il lui trancha la tête. Les jeunes Outardes se nourrissent exclusivement d'in- sectes, petits coléoptères, sauterelles, larves que leur mère cherche avec elles et leur apprend à saisir, et ce n'est qu assez tard qu'elles commencent à manger des substances végétales. (1) Catalogue de la faune de l'Aube ou Liste méthodique des antinaur qui se rencontrent dans cetie partie de la Champagne, p. 83. SUR LA DOMESTICATION DE L'OUTARDE BARBUE 217 Au bout de six semaines, elles volent suffisamment bien pour accompagner leurs parents en des randonnées plus étendues, loin des emblavures où s'est écoulé leur premier âge. Le mâle ne prend aucune part à l'éducation des jeunes, et souvent même, au dire de Naumanon, il contracte une nou- velle union avec une seconde femelle encore célibataire, pendant que sa première compagne est en train de couver. Tel-est, rapidement esquissée, en ses points les plus essentiels, la facon dont l’'Outarde barbue se comporte à l'état de nature. Voyons ce qu on peut obtenir d'elle en captivité. Dans certaines parties de la Russie, on voit assez fréquem- ment des Outardes complètement apprivoisées dans les fermes dispersées au milieu des steppes, et elles y vivent en très bonne intelligence avec les autres oiseaux de basse-cour. La chair de l'Outarde entre pour une part importante d'ail- leurs dans l'alimentation du moujik de ces contrées, soit par les oiseaux qu on tue à l’état sauvage, soit par ceux qu'on élève dans les fermes après les avoir capturés fort jeunes, car les Outardes prises aduites supportent difficilement la captivité. Les marchés de certaines villes sont abondamment pourvus d'Outardes toute l’année, et dans les grands centres d'approvisionnement comme Balta, Iékaterinoslaw, et dans toute la région qui avoisine la mer d'Azov, le prix de ces oiseaux est très inférieur à celui de n'importe quelle viande de boucherie. On élève aussi des Outardes en Hongrie, mais toujours des sujets capturés dans leur jeune âge, ou bien des amateurs se font apporter des œufs trouvés dans les champs et les con- fient, pour les couver, à des poules ou à des dindes. Le régime alimentaire de la jeune Outarde étant, comme je l'ai dit, surtout animal, les éleveurs nourrissent les poussins nouvellement éclos avec des verres de terre, des sauterelles et de la viande de poulet finement hachée, plus tard ils leur donnent une nourriture animale plus consistante et lorsque les oiseaux sont devenus grands et forts, de l'herbe verte et du grain. Le poussins sont en général assez robustes, leur plus grand ennemi est l'humidité, il faut donc avoir soin de les tenir dans un endroit très sec. Lorsque les jeunes Outardes ont grandi, elle ne demandent plus aucun soin particulier, à la condition de leur accorder le plus d'espace possible. On peut ainsi conserver en captivité des Outardes barbues pendant plusieurs années. Un certain nombre de ces 218 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION oiseaux ont vécu longtemps dans des jardins zoologiques, en Allemagne, sans coûter aucune peine. D'après ces données, l'Outarde barbue serait donc assez facile à élever. Peut-on la faire reproduire ? Les Outardes élevées dans les fermes des steppes pondent rarement. Les moujiks, du reste, ne cherchent en aucune façon à faire couver ces œufs, soit par les Outardes elles- mêmes, soit par des poules ou des dindes, ils trouvent plus commode de capturer de jeunes oiseaux. Il y a cependant en Russie et en Allemagne quelques exemples de repro- ducüon d'Outardes captives, mais ces cas n'ont donmé lieu, à ma connaissance, à aucune expérience suivie sur plusieurs sénérations. Nous avons des indications plus précises dans les expériences du naturaliste Althammer provoquées autre- fois par la Société nationale d'Acclimatation. Ces expériences remontent déja à un‘demi-siècle, et malheureusement nous n'avons pas beaucoup avancé depuis. Elles eurent lieu à Roveredo et à Arco dans le Tyrol. On pourra en lire le récit détaillé dans le Bulletin de la Société pour l'année 1861. Je me contenterai de résumer les points principaux. Dès le début de ses expériences, Althammer renonça à . tenter l’acclimatation de l'Outarde en la prenant à l'âge adulte, en raison, dit-il, de sa stupide sauvagerie. Dans cette conviction, il chercha à se procurer des œufs, voulant les faire éclore sousses yeux et élever lui-même les petits. Un de ses amis se chargea de lui en envoyer de Hongrie. Il employa d'abord des poules pour les couver. De 1855 à 1858 il ne put obtenir aucune éelosion, bien qu'il eut trouvé dans plusieurs des œufs. mis en incubation des traces certaines d'embryon. Pensant qu'il fallait attribuer ce résultat tout négatif aux poules auxquelles il avait confié les œufs, il eut recours à la couveuse artificielle, et en 1858 il vit éclore quatre petits. Les soins que réclamèrent les nouveaux-nés n'eurent rien d'extraordinaire, mais Althammer éprouva de la diffi- eulté à les nourrir, ils refusèrent les fourmis, les fruits, les œufs et ne consentirent à avaler que de très jeunes larves de Tenebrio molitor ou vers de farine, et encore fallait-il les leur donner très petites. Les œufs de fourmis ayant remplacé les vers de farine, deux Outardeaux furent atteints de diarrhée et succomirent. Althammer supprima complètement ce régime et revint au précédent jusqu'à ce que les oiseaux & SUR LA DOMESTICATION DE L'OUTARDE BARBUE 219 eurent acquis la grosseur d’une poule. C’est à ce moment seulement qu'ils commencèrent à becqueter les pousses tendres de l’alpiste qu'on avait semée à leur intention dans la petite orangerie où ils se trouvaient. Ces oiseaux mon- trèrent une grande sauvagerie. Althammer ne put jamais surprendre aucun accouplement, maïs en août 1860, il vit un premier œuf qui fut bientôt suivi de deux autres. Dès le troisième, la femelle se mit à couver dans un nid formé de quelques brins d'herbe, mais elle était restée tellement saw- vage que si on voulait l’approcher, même à distance, elle quittait brusquement le nid. L'incubation dura vingt-cinq jours, après lesquels la femelle leva, conduisant un petit et laissant dans le nid les deux autres œufs, dans lesquels on trouva les fœtus morts. Ce petit fut élevé avec le même régime que les autres, la femelle prenant tous les soins, et le mâle ne s’en occupant d'aucune facon. On avait donc réussi d’une manière irrrécusable à faire reproduire l'Outarde barbue en captivité et à élever le jeune oiseau qui était né. Malheureusement Althammer, à qui ces expériences avaient coûté beaucoup de temps et causé de grands embarras, occupé par d'autres travaux, ne les pour- suivit pas plus longtemps, laissant à d'autres, comme il le dit. le soin de les continuer. Mais il avait montré la voie à suivre, et il est surprenant qu'on ne s'y soit pas engagé avec plus d’ardeur, car le résultat de ses efforts n'avait rien qui puissent décourager et faire abandonner toute nouvelle tentative. Je suis persuadé que si on voulait reprendre ces expériences on arriverait, en y mettant de la constance, à un résultat satisfaisant, et avec d'autant moins de difficulté peut-être que les éleveurs ont acquis aujourd'hui des con- naissances pratiques et une habileté de main qu'on ne possédait pas ily a cinquante ans. Beaucoup d'élevages diffi- ciles, marqués au début d'une longue série d'insuccès, ont fini par aboutir, grâce à une intelligente persévérance. Pourquoi n'en serait-il pas de même en ce qui concerne Ja grande Outarde? Car il faut bien le reconnaître, depuis l'expérience plutôt concluante d’'Althammer, rien de réelle- ment sérieux n'a été tenté en vue de la reproduction régulière de l'Outarde en captivité, on n'a donc aucune raison -péremptoire de déclarer impossible sa domestication. J'ai voulu attirer de nouveau l'attention de la Société sur 220 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION l'intérêt qu'il y aurait, tant au point de vue de la science qu’à celui de l’économie rurale, à revenir sur des expériences qui ont été, à mon avis, trop hâtivement abandonnées. Si des obstacles s'opposaient à ce que ces essais fussent, au début, tentés dans notre pays d'où la grande Outarde a aujourd’hui totalement disparu, l'initiative que prendrait la Société aurait chance de susciter de nouvelles tentatives dans les pays où cet oiseau est encore commun à l'état sauvage et où, par conséquent, il est plus facile de se procurer des œufs ou des jeunes. La Société nationale d'Acclimatation de France peut exercer, comme autrefois, son action au dehors, et c'est son honneur de travailler au bien public sans souci des frontières. Ce qui ne veut pas dire que les éleveurs français doivent s'en remettre exclusivement aux éleveurs d’autres nationalités du soin de nous doter de cette espèce utile. A défaut d'œufs dont ils redouteraient le manque de vitalité, conséquence d’un long voyage, ils pourraient se procurer tout aussi bien dans les pays d'origine de jeunes Outardes dont ils assoupliraient plus aisément l'humeur farouche et qu'ils amèneraient sans doute, avec du temps et de la patience, à se reproduire dans leurs parquets. On ne saurait fixer a priori une méthode d'éducation de la grande Outarde, car dans tout élevage nouveau, ce n'est que par l'expérience et par suite de tâtonnements qu'on est amené à adopter les plus sûrs et les plus pratiques. Il est permis, cependant, de tirer des habitudes d'un animal à l’état de liberté des enseignements profitables aux éleveurs. Ansi, soit qu'on fasse éclore des œufs d'Outardes, soit qu'on choisisse l'expédient d'élever de jeunes oiseaux capturés peu de temps après leur naissance, il faudrait, en commençant, avoir sans cesse ses élèves près de soi, afin d'adoucir leur sauvagerie native et de les conduire peu à peu à l'apprivoi- sement le plus complet possible, puis quand les oiseaux auraient grandi dans cette sorte de dépendance, ne plus leur ménager l'espace, placer les couples reproducteurs dans de grands enclos situés à l'abri de l'humidité, qu'on aurait préalablement ensemencés par places avec les graines des plantes dont ils affectionnent la verdure. L'Outarde aime à vivre en plein air en toute saison, un petit hangar construit à l'une des extrémités de l’enclos lui suffirait. L'oiseau adulte se nourrit presque exclusivement de plantes vertes et de graines : on pourrait lui donner des choux, de la salade, Ve SUR LA DOMESTICATION DE L'OUTARDE BARBUE 221 toute espèces de légumineuses et de graines de céréales; à l’état libre il mange bien, à la rencontre, quelques insectes, mais sans leur faire une véritable chasse, une nourriture animalisée ne lui est donc pas nécessaire à cet âge. L'Outarde est un oiseau craintif et défiant : on devrait établir, autant que possible, le parc de reproduction loin du bruit et du mouvement, et s'abstenir, par conséquent, au moment des amours, de trop fréquentes visites. Le mieux serait de laisser, surtout à cette époque, les couples livrés à eux-mêmes. Tout cela pour obtenir la reproduction initiale qui serait le premier pas vers la conquête définitive, mais on serait encore loin de la domestication car, comme l'écrivait Fré- déric Cuvier dans son Supplément à l’article de Buffon sur l'Outarde : « Si cette première génération se reproduit, si les femelles qui naïtront sont fécondées par les mâles qui auront été élevés avec elles, la race domestique aura pris naissance, mais sa domesticité ne sera encore qu'un germe, et ce n’est qu à la suite d'un nombre de générations plus ou moins grand que cette race pourra être abandonnée à elle-même pour sa conservation et traitée à cet égard comme les autres oiseaux de basse-cour. » Il ne faut donc se dissimuler ni les difficultés à surmonter, ni la longueur de l'effort: la domestication de l'Outarde barbue vaut la peine et le temps qu'on lui consacrerait. Les difficultés mêmes, qu'on a d'ailleurs beaucoup exagérées, sont moins faites, il me semble, pour rebuter les éleveurs que pour exciter leur émulation, et ils doivent bien se per- suader que s'ils réussissent dans leur entreprise, comme on est en droit de l'espérer, ils auront enrichi nos basses-cours d'un oiseau domestique d’une inestimable valeur. EXCURSION BOTANICO-HORTFICOLE A NICE (9-16 mars 1907) Par D. BOIS. Le 9% mars, je quittais Paris pour me rendre à Nice où devait s'ouvrir une Exposition internationale d'Agriculture et d'Horticulture. La végétation avait été retardée par une longue période de froid dans notre région, et j'espérais la trouver beaucoup plus avancée sous le ciel bleu de la Provence. - Mais, cette année, les rigueurs de l'hiver se sont fait dûüre- ment sentir, même dans cette région d'ordinaire si privi- légiée. Aux environs de Marseille, où je fis une promenade en compagnie de quelque amis, nous ne pümes observer que la floraison des Amandiers et, parmi les plantes qui croissent à l'état sauvage, celle du Romarin, de l'Ulex parviflorus (U. provincialis) et du Diplotaris armevides. Le lendemain, installé dans le wagon qui m'emportait vers Nice, j'explorais du regard les jardins, les champs et les bois ; mais jusqu'à Toulon, ce ne fut que pour admirer les blanes Amandiers et les Ajoncs aux fleurs d'or. Dans la région de Toulon, et jusqu'a Fréjus, les fleurs se montrent délà plus nombreuses. Les Diplotaxis erucoides en pleine floraison sont très abon- dants. Je note aussi la Ficaire, la Violette, la Pâquerette, le Pas d'Ane (Tussilago Farfara), le Souci des champs (Calen- dula arvensis), le Macéron (Smyrnium Olusatrum) et surtout Ia ravissante Anémone { Awemone hortensis), qui émaïlle les prés de ses fleurs en étoile, violettes, pourpres, roses ou blan- ches. Dans les jardins, les Amandiers et les Abricotiers, le Lau- rier Tin { Viburnum Tinus), les Jacinthes sont en fleurs. Le Bibacier {Eriobotrya japonica), porte déjà de jeunes fruits. A Fréjus, nous pénétrons dans la région de l'Oranger. Le chemin de fer suit désormais la côte, en contournant les monts Esterel, montagnes incultes où croissent le Pin d'Alep, le Chêne liège, le Chêne vert et le Lentisque, des Cistes, le Romarin, le Thym, etc. Le Coronilla Emerus, aux fleurs jau- s; la Bruyère en arbre (Erica arborea) aux nombreuses. EXCURSION BOTANICO-HORTICOLE À NICE 228 fleurs roses, sont fort abondants, alors que, dans des parties basses, l'Alyssum maritimum tapisse le sol de ses élégantes fleurs blanches. Il n'est pas nécessaire d'insister longuement sur le coup d'œil magnifique que présente la région jusqu'à Nice : rochers dont la couleur tranche sur le bleu foncé de la mer; jardins à.la végétation presque tropicale, où les Orangers couverts de fleurs et de fruits somt associés aux Palmiers, aux Gactées, aux Agaves, aux Acacias (1), aux Eucalyptus, aux Ficus, aux Araucaria, aux Araliacées : Panax, Oreopanax, etc. Les Aca- cia dealbata, longifolia, cultriformis sont en pleine floraison, de même que certains Rosiers, le Photinia serratifolia, Les Chrysanthèmes frutescents ou « Anthémis », aux capitules jaunes ou blancs, les ris chamæiris et stylosa, les Giroflées Quarantaine et les Ravenelles (Cheiranthus Cheiri), les Pelar- gonium zonale et hederæfolium, les Narcisses de Constantino- ple (Narcissus Tazetta) et autres, la Saxifrage de Sibérie (Saxifraga cordifolia), de Sénecon-en arbre (Senecio Petasites) aux grandes inflorescences jaune d'or, etc. Le Faux-Poivrier (Schinus Molle) au feuillage léger et aux rameaux pleureurs attire lui aussi l'attention par ses élégants petits fruits roses, disposés en grappes pendantes, utilisés comme condiment dans le pays d'origine de cet arbre : le Pérou et le Chili. Je n'ai pas la prétention de passer en revue toutes les plantes intéressantes qui peuplent aujourd'hui les splendides jardins de la région de Nice; je me limiterai à appeler votre attention sur un certain nombre d'espèces que j'ai observées dans da propriété.de l'un de nos aimables collègues, M. Robert- Roland-Gosselin, «la Colline de la Paix », située à l'entrée de Ja rade de Villefranche-sur-Mer, sur ke mont Boron. Le mont Boronest l’une des rames localités de France où le Palmier nain (Chamærops humilis), croissait autrefois à l'état sauvage. Comme om le sait, ce Palmier est le seul représentant de la famalle en Europe; il est commun en Algérie et au Maroc et il croît aussi dans le Sud de l'Espagne, en Sicile, en Sardaï- one et dans l'Italie méridionale ; mais c'est en Provence qu'il atteignait la limite la plus septentrionale de son aire de dis- persion géographique. (1) Les Acacia d'Australie sont des plantes calcifuges; on les cultive cependant en sol calcaire en les greffant sur l’4. retinoides, qui est calcis Cole. 22h BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Malheureusement, la plante sauvage a disparu de cette- localité et aussi des environs de Beaulieu, par suite de la construction de routes et d'habitations. On trouve cependant encore, au mont Boron, la belle Euphorbe en arbre (Euphorbia dendroides), le Myrte (Myrtus communis), dont ] ai récolté des rameaux portant des fruits, au milieu de buissons de Globularia Alypum, aux fleurs en capitules globuleux et d'un beau bleu. Plus bas, dans la falaise, des Phillyræa, le Centranthus ruber, l'Oxalis cernua étaient également en fleurs. La propriété de M. Roland Gosselin, située sur le flanc oriental du mont Boron, comprend une série de terrasses abritées du vent de l'Est par de grands arbres : Oliviers, Caroubiers, Pins d'Alep, Casuarina tenuissima, de beaux. Phœnix canariensis, etc. On y remarque un nombre considérable de plantes grasses- et surtout de superbes exemplaires de Cactées, famille que notre collègue étudie d'une manière toute spéciale. Je-citerai d'abord un superbe groupe de Cereus de la: section Jamacaru : C. lividus, validus et Caracore, tous de grande taille et portant des fruits de la grosseur d'une pomme, et d'un rouge violacé, comestibles et de saveur douce, agréable. Les tiges les plus élevées sont celles du C. Caracore, qui atteignent 6 mètres de hauteur. Un Cereus tephracanthus Labouret, attire également l'attention par ses. dix tiges, dont une de 5 m. 50 de hauteur. Voici, plus loin, un bel exemplaire d'Opuntia pilifera Weber et l'O. leucotricha D. C., dont le fruit comestible est vendu au Mexique, sous le nom de duraznillo (petite pêche), puis un très gros Echinocactus electracanthus Lem., dont la tige. sphérique mesure 45 centimètres de diamètre. Un superbe Agave applanata Lemaire, aux feuilles glau- ques, bordées d'épines noires, est à signaler tout particuliè-- rement ; car, d'après M. Robert-Roland Gosselin, cette belle espèce supporterait peut-être les hivers du centre de la France, étant plantée en situation un peu abritée. De nombreux Aloe montrent déjà leurs fleurs d'un brillant rouge-corail. Tels sont les A. arborescens (fruticosa), ferox, Salm-Dyckiana, africana, etc. Je ne puis citer ici que quelques espèces pour ne pas “allonger démesurément mon compte rendu, car. à elle seule, l'énumération des Cactées qui figurent dans ces jardins, EXCURSION BOTANICO-HORTICOLE A NICE 205: pourrait faire l'objet d'une longue note. Qu'il me suffise de dire que l'on trouve à la Colline de la Paix l’une des collec- tions les plus importantes de ces curieuses plantes, parmi lesquelles il en est de fort rares et de nouvelles pour la seience, cultivées, soit en serre, soit en plein air. M. Roland Gosselin recoit en eflet, des explorateurs, des plantes qu'il cultive et qu'il étudie lui-même, continuant ainsi l'œuvre de notre regretté président de Section, le D' Weber. Mais une grande place est également ménagée, dans ce jardin, aux végétaux intéressants autres que les Cactées ; témoin les nombreuses espèces en fleurs au moment de ma visite : Templetonia retusa, Sparmannia africana, Grevillea Thelemanni, Polygala grandiflora et mixta, Agathea amelloides, Correa alba, Lantana delicatissima, Habrothamnus elegans, Pittosporum Tobira, Acacia Baileyana et autres espèces. Je noterai comme étant également en fleurs : des Hélio- tropes ; le Viola cornuta, employé comme plante de bordure ; le Cyclamen de Perse associé à des Pensées dans une superbe corbeille bordée d’'Zonopsidium acaule. Une plante encore peu répandue est l'Eupatorium petiolare Mocino et Sessé, du Mexique, aux fleurs blanc légère- ment carné, ayant une légère odeur de Vanille. Il en est de même du Berberis pruinosa Franchet, du Yun- nan, espèce introduite par le Muséum, remarquable par ses feuilles blanchâtres en dessous. M. Roland Gosselin possède aussi une intéressante collec- tion de plantes grimpantes, dont quelques-unes sont déjà en fleurs : Hardenbergia monophylla, variété à fleur rose lilacé et à fleurs blanches; Tecoma capensis, dont on connaît au- jourd'hui des variétés de coloris divers : rouge jaunâtre, saumoné, rose pâle et rouge vif; le Solanum jasminoïdes; le Mikania scandens (Seneçon grimpant) ; le Jasminum primuli- num Hemsley, espèce nouvelle du Yunnan, rappelant quelque peu le J. nudiflorum, mais à feuilles persistantes, à fleurs plus grandes, mesurant 5 centimètres de diamètre et ayant une tendance à la duplicature. Je citerai aussi le Bauhinia yunnanensis Franchet, en fruit, plante encore très rare dans les jardins; des Bougainvillea, des Passiflora, des Tacsonia, des Bignonia, l'Argyreia Pierreana D. Bois, Convolvulacée nouvelle du Tonkin. Le Bosea Yerva- mora variegata, des Canaries, remarquable par ses feuilles 226 BULLETIN DE LA SOCIÊTÉ D’ACCLIMATATION ‘persistantes, panachées de hlanc,iles jeunes étant teintées de rose. Cette intéressante plante, pas assez connue, figure dans quelques catalogues d'horticulteurs:sous le nom erroné de Leycesteria formosa variegata. Les acclimateurs apprendront avec intérêt que motre collègue cultive avec suceès de eijoa Sellowiana Bexg., petit arbre de la famille du Myrtacées introduit de l'Uruguay par M. Ed. André, il y a quelques années. M. Roland Gosselin possède un bon nombre d'exemplaires de cette plante et il a récolté sur deux d'entre eux, en 1906, 450 fruits de bonne qualité, rappelant un peu Ja Goyave. Ee Keijoa n'est pas seulement recommandable comme arbre fruitier ; c'est aussi un arbrisseau.d'ornement d'autant plus précieux ‘qu'il est très rustique ‘et que son feuillage persistant n'est pas:attaqué par Les insectes. Je citerai encore parmi les plantes remarquables de da «Colline de la Paix, le Machærium Tipu Bentham et Hooker ou Tipuana speciosa Bentham, de la République Argentine, arbre -de Ja famille des Légumineuses à-croissance extrême - ment rapide, mais dont les branches fragiles se brisent malheureusement sous l'action des vents violents. L'exem- plaire que j'ai «observé était en parfait état et portait un certain nombre de fruits. Le fruit du Machærium est très particulier; ilest monosperme, à base étroite et à partie supé- rieure dilatée-en une grande aile membraneuse, réticulée. Notons, enfin, pour terminer,un Romarinàtiges couchées, qui mérite d'être recommandé:pour l'ornementdes rocailles. Getteplante, qui n'est.qu'une variété. des Rosmarinus officinalis a été mise au commerce par MM. Besson frères, horticulteurs à Nice, qui l'ont recue de la Tunisie. L'EXPOSITION DE NICE L'Exposition de Nice se tenait dans le Square Masséna, où avaient été aménagées des tentes destinées à abriter les plantes délicates, les autres étant disposées en massifs en. plein air. Les.Roses et les OEillets y étaienten grand nombre et consti- tuaient les lots les plus brillants et les plus admirés des visiteurs. Les Roses de MM. Arbost et Piedoye, de Nice, les OEillets de M. Carriat, d'Antibes, et Ardisson, de Villefranche-sur- EXCURSION BOTANICO-HORTICOLE A NICE 227 Mer, atteignaient, on peut le dire, le plus haut degré de perfection aussi bien au point de vue de la beauté des fleurs en tant que forme et coloris, qu'en celui de la bonne culture. _ Les Palmiers étaient représentés par la plupart des espèces cultivées en plein air dans la région : Phœnir canariensis, Pritchardia fiifera et robusta, Jubæa spectabilis, Cocos Datil ; Yatai, flexuosa, Corypha australis, Trachycarpus exrcelsa, Brahea Rœæzli, des Kentia, Chamærops humilis, ete. MM. Nabonnand frères, du Golfe Juan, exposaient une curieuse variété de cette dernière espèce, le Chamærops humilis duplicifolia, qui présente ce caractère d'avoir des feuilles formées de deux limbes accolés, portés sur un même: pétiole. MM. Nabonnand avaient en outre des lots de plantes grasses, Agave applanata, ferox, Consideranti, ete.; des Aloe; des Opuntia, notamment un bel O: Scheeri; les Echinocactus ingens et agglomeratus, l'Anhalonium prismaticum ; des Yucca ; les diverses espèces de Dasylirion, ete. Leurs lots de plantes d'Australie : Acacia divers, Grevillea, Brachysema, Eriostemon, Boronia; des Barosma et des Diosma, du Cap étaient égale- ment très intéressants. Notons aussi le Raphiolepis Delacourüi, aux fleurs d’un beau rose. MM. Besson frères, de Nice, exposaient aussi de fort belles plantes d'Australie : Chorizema ilicifolium, Grevillea Drum- mondii et autres ; Boronia divers, et quelques Acacia encore peu connus : À. Baileyana, podalyriæfolia, ete. On remarquait aussi dans leurs lots : le Jasminum primulinum, le Ceano- thus Veitchianus, de belles variétés de Camelliw, des Epacris, etc. * Maïs l’un des lots les plus remarquables de l'exposition était certainement celui du D' Raggioneri, de Florence, qui comprenait toute une série de variétés de Freesia d'obtention nouvelle et présentant la plus grande diversité dans les colo- ris. Jusqu'à ce jour, on ne connaissait que les F refracba et Leichtlini, aux fleurs blanc jaunâtre, parfois teintées de violet extérieurement. Grâce à des croisements opérés avec une espèce d'introduction récente la F. Armstrongi, M Rag- gioneri a pu obtenir des variétés à fleurs roses, saumonées, violettes, aux coloris nettement tranchés. Une autre présentation intéressante était celle de M. Adnet, d'Antibes, qui avait tout un massif de Gerbera Jamesoni, belle Composée originaire du Transvaal, aux capitules rouge écla- 228 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION tant rappelant quelque peu la belle fleur de l'Anemone fulgens. Le Gerbera qui exige la serre froide sous le climat de Paris est tout à fait rustique, en Provence, lorsqu il est cultivé en terre légère, non calcaire, bien drainée, à exposition enso- leillée. La plante préfère la sécheresse à l'excès d'humidité. M. Adnet réussit à merveille la culture de cette superbe plante et il cherche à en obtenir des variétés, par la sélection. Il possède déjà des formes à ligules plus ou moins larges, dont les coloris varient de l'orangé très jaune au rouge cocciné pur. La maison Vilmorin-Andrieux avait un lot de plantes pota- gères comprenant de nombreuses variétés amenées à leur plus haut degré de perfection. Les mêmes exposants présen- taient également de belles corbeilles de Cinéraires. Comme plantes de serre, je citerai surtout les admirables présentations des jardins de Monaco (M. Van den Daele, directeur) : Caladiums, Anthurium Andreanum, aux spathes de coloris variés, Nepenthes, Bégonias Gloire de Lorraine, plantes à feuillage ornemental, etc. M. Villebenoit, directeur de l'Etablissement horticole « La Victorine » propriété du prince d'Essling, avait aussi des plantes d’une culture parfaite : Bégonias (Gloire de Lorraine, Caladiums, Azalées de l'Inde, Crotons, Dita Gloxinias, Orchidées, etc. M. Pin-Lambert présentait également de eau lots de plantes de serre. MM. Arbost et Piédoye n'exposaient pas seulement des Roses; leur superbe lot d'Hortensias greffés sur tige fut aussi très admiré, de même que leur collection de fruits d'Auran- tiacées provenant de leur jardin « Le Parc aux Roses » : Oranges diverses, Mandarines, Bigarades, Limons, Lumies, Bergamottes, Cédrats, Pamplemousses, etc. Les superbes Asperges de M. Compoint; les Chayotes (Sechium edule), de M. Lanza; les légumes de primeur, de M. Bottino, méritent également d'être mentionnés. LES ORCHIDÉES RUSTIQUES Par G. MAGNE. Depuis uné dizaine d'années, je m'adonne à la culture de ces plantes charmantes que sont les Orchidées rustiques: je les ai étudiées tout d'abord dans la forêt de Montmorency et dans celle de l’Ile-Adam, plus tard à Nice, à Bordighera, et enfin à Naples. Or, ces plantes délicates, Orchis, Ophris ou Serapia, bien que cultivées avec le plus grand soin sur mes pelouses, dis- paraissaient au bout d’un an ou deux. Certains botanistes prétendent que ces plantes aiment le sol ou léger ou compact, mais ne peuvent vivre dans un sol fumé. ; Les expériences que j'ai pratiquées m'ont donné un ré- sultat diamétralement opposé à cette opinion. J'ai fait répandre, au printemps, sur les gazons de mon jardin de Boulogne-sur-Seine, où j'élève les Orchidées rusti- ques, une forte couche de fumier de vache consommé, et la réussite a dépassé toutes mes espérances. Les plantes ont poussé avec plus de vigueur, ont donné une plus grande quantité de tiges florales et enfin y vivent encore au lieu de disparaître, comme jadis, au bout d'un an ou deux. Voici les résultats obtenus par ce moyen : multiplication des Orchis incarnata et apparition de deux ou trois tiges en fleurs sur chacune de ces Orchidées, au lieu d’une comme autrefois ; les Anacamptis pyramidalis m'ont donné quatre plantes en fleur au lieu de deux; d’autres Orchidées ont eu deux fleurs sur la même tige, ce sont : plusieurs Cœæloglossum viridis, Epipactis atrorubens et latifolia : les rymnadenia conopea m'ont, de la sorte, donné quatre fleurs au lieu de deux; enfin depuis cinq années, j'obtiens, grâce à la fumure, une abondante floraison des Himantoglossum hircinum, Listera ovata et cordata, Neottia nidus avis et Nigritella angustifolia. Ce procédé a réussi également dans mes cultures d'Ophris api- fera, arachnites, muscifera et coriophora. Il en est de même pour les Orchis fusca et globosa dont les fleurs ont doublé, en dimension, ainsi que pour les nombreux Orchis incarnata, maculata et mascula, qui poussent à l'envi sur mes gazons. Même résultat pour les Orchidées provenant de la région 230 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION méditerranéenne, de Nice, de. Bordighera et de Naples. Tou- tefois, ces plantes sont abritées durant l'hiver sous un toit protecteur. Enfin, grâce à cet engrais, j'ai pu obtenir les hybrides suivants : Orchis militaris X fusca; O. fusca X militaris; O. mili- taris X. sim. A cette démonstration, je n'ajouterai que cette remarque : ea herborisant à lIle-Adan., dans les carrières et dans les bois, j'ai rencontré des Orchis militaris à côté d'Ophris arach- nites, tous très vigoureux, qui avaient poussé aw miliew des détritus de toutes sortes qui formatent sur le sol une: épaisse couche d'engrais. Cette observation vient done corroborer mes expériences; j'en Livre les résultats à ceux qui cultivent les Orchidées rustiques;.en teur recommandant d'user, dans leurs cultures, du fumier de vache consommé depuis un an, s'ils veulent donner aux plantes qui lewr sont chères, plus: de durée, plus de vigueur et plus: d'éclat. > L'OASIS DU FIGUIG Par Ch. RIVIÈRE (Suite) La culture maraîchère a:dans l’oasis une importance capi- tale car elle contribue à varier la nourriture des habitants qui n'onten réalité queila datte comme base d'alimentation, les farineux ét surtout la viande étant fort rares. Les légumes sont ceux cultivés ‘partout dans la steppe:ou dans le désert, Pois divers, Fèves, Choux peu pommés, Tomates Aubergines, Navets, ætc.'Beaucoup:de planches de Carottes bien entrete- nmues.)La Pomme de terre réussit, mais op ne la cultive pas, 4lit f Dans une de nos précédentes séances M. Magaud .d'Aubusson nous avait entretenus des Perdrix, principalement dela Bartavelle. de la Perdrix chukar et de la Perdrix rouge. Aujourdhui, dans une causerie des plus intéressantes et dont malheureusement nous ne pouvons qu'indiquer les grandes lignes, vu la longueur de ce procès-verbal, — défaut non imputable à votre secrétaire, mais au zèle. de nos collègues, — notre Président a parlé d'une variété locale de la Perdrix grise, sur laquelle: vient d'être publiée une remarquable monographie par un de nos meilleurs ornithologistes, M. le D' Louis Bureau, directeur du Muséum d'Histoire naturelle de Nantes. Cet Oiseau, qui habite au nord de l'Espagne, dans les montagnes de la Galice, a reçu en 1870 du D' Sloane le nom de * Perdix cinerea charella et on trouve sa description dans l'ouvrage que ce naturaliste publia en 1891 sous le titre d'Examen critique des Perdrix d'Europe. Le nom de Chara ou Charella, que lui donnent les montagnards espagnols, est dû au eri que cet Oiseau fait entendre au départ en le répétant plusieurs fois. On s’est demandé si la Charella était confinée dans les montagnes de la Galice. Aujourd'huiil n’y a plus aucun doute, la Charella habite nos Pyrénées ; M. Maurice Gourdon en a envoyé un grand nombre à M. Bureau et notre collègue M. Van Kempen en possède dans sa magnifique collection des exemplaires venant des Eaux- Bonnes et du Cirque de Gavarnie. MÉALE Pr Eee 0x ARE 7e" t-77 ie NE prié. is AT LES, ER A SAR LA LIRE TE À das! x‘ F7 A RSA M Diese a} PAM AS RE ts Eh dre A à : £ È ‘a TS ER IEEE PAL RE vu Û ME ; He - ù AS xt , x : - PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 419 Chose bien exceptionnelle, cette Perdrix grise habite à une altitude variant entre 1,400 et 2,500 mètres dans les départements des Hautes et Basses-Pyrénées, de la Haute-Garonne, de l'Ariège et des Pyrénées-Orientales. Elle y vit dans une zone dépourvue de toute culture et où croissent seulement le Rhododendron, le _ Juniperus et un Vaccinium, connu vulgairement sous le nom de Raisin d'ours, dont les baies font pendant l'été la base de sa nourriture. Sur ces hauteurs, où la neige persiste jusqu'à la fin de juin, elle demeure sédentaire, ne descendant même pas dans la région forestière. Qu'on veuille bien se rappeler que la Perdrix grise fait complètement défaut des deux côtés des Pyrénées et que dans tout notre midi elle est remplacée par la Perdrix rouge, qui ne remonte pas au-delà de 900 mètres, et on comprendra que dans ces conditions d'habitat la Charella ait des caractères physiques spéciaux, décrits avec beaucoup de soin par le D' Bureau. Nombreuses, du reste, sont les races locales fournies par la Perdrix grise; c'est ainsi que nous avons la Perdix robusta Homeger, des environs de Moscou; Perdix sphagnetorum Altum. de la Frise orientale ; Perdix scanica Altum, du sud de la Scandi- navie :; Perdix lucida Altum, de la Prusse orientale. En France, on observe aussi entre les individus de certaines régions naturelles des différences constantes assez sensibles. La Perdrix grise de Bretagne n'es pas absolument semblable à celle, de la Champagne ou--du nord est. On peut citer aussi la Perdix damascena Brisson, que nos chasseurs appellent la Roquette. Au sujet de cette dernière, M. Magaud d'Aubusson fait observer que, si elle difière peu du type ordinaire, elle a au contraire des mæurs bien caractéristiques, ne restant jamais dans le pays où elle ‘est née, au point qu'on l'a surnommée la Perdrix de passage. On la voit par bandes très nombreuses, mais elle ne fait dans une localité qu'un très court séjour. D'où vient-elle ? Où va-t-elle ? Quel est le motif de cette vie errante ? Nul ne le sait. On a pré- tendu que ces Oiseaux étaient chassés par la famine et que leur faible taille indiquait une alimentation précaire sur un sol pauvre: mais, dans leurs migrations, ni l'abondance de la nourriture, ni la richesse du terrain ne les retiennent. Is ne se mêlent pas aux autres Perdrix grises, se montrent très farouches et difficiles à approcher; enfin leur vol diffère, étant plus soutenu et plus élevé. Deux faits concernant la Charella méritent d'être mis en évidence. Premièrement cette race vit complètement isolée, par conséquent ne fusionne pas avec les autres et ne peut produire des spécimens intermédiaires. En second lieu l'altitude de son habitat est la plus élevée de celles où vit la Perdrix grise à l’état séden- laire, car cette espèce ne dépasse guère ordinairement 1,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, et si, dit-on, on en rencontre, dans le canton d'Appenzell, à une altitude de près de 1,400 mètres on est 20 BULLETIN DÉ LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION encore bien loin de celle où est cantonnée la Charella. Quelle diffé- rence entre les habitudes de cette dernière et celle de la Perdrix vrise, qui aflectionne les pays doux et tempérés, les plaines fertiles et cultivées et semblerait presque avoir besoin de l'homme pour vivre. Il a dû pour la Charella se produire un véritable acclimatement. Mais du reste, la Perdrix grise venue d'Orient s'est aussi accli- matée chez nous. Elle gagna d’abord les plaines attirantes de la Haute Italie pour se répandre ensuite dans le reste de l'Europe. Athénée s’étonnait d'avoir vu en italie des Perdrix n'ayant pas le bec rouge comme celles de la Grèce; Pline appelait la Perdrix grise avis nova, et au seizième siècle Aldrovande se trompait quand il prétendait que partout elle était commune. Il n’y avait pas alors plus d'un siècle qu'elle avait été, dit-on, importée en Provence par le roi René, si toutefois elle n'y était pas venue par cette force d'extension qui l'avait conduite en Italie. Henri IV écrivait à la belle Gabrielle qu'il avait pu tuer une demi- douzaine de ces Oiseaux, communs alors dans la Province où l’on n’en voit plus guère de nos jours. L'histoire de la Charella est donc un épisode curieux de l’acclimatation de la Perdrix grise. M. Magaud d'Aubusson termine son intéressante communication par "quelques observations sur les variations individuelles de plumage chez la Perdrix grise. Leroy, lieutenant des chasses de Versailles, sous Louis XVI, a vu une compagnie d’une douzaine de Perdrix entièrement blanches. Aux environs de Dunkerque on a rencontré dans des terrains marécageux une compagnie dont tous ies individus étaient d'un Joli gris de lin, couleur qu'on a observée sur des individus isolés sur les sols humides de la Somme et du Pas de-Calais. M. Magaud d’Aubusson possède dans sa collection une Perdrix isabelle tuée dans le Puy-de-Dôme. 1l existe aussi des spécimens dont les couleurs sont à peine ébauchées sur un fond jaunètre, d’autres blanchätres ou irrégulièrement tachés de blane, quelques-uns avec des taches d'un roux clair ou d'un marron foncé. Les cas de mélanisme total ou partiel sont beaucoup pius rares. En résumé ïil y a, chez la Perdrix grise, des variations qui se produisent d’une manière assez large pour former de véritables races locale ; mais il arrive aussi que queiques individus pré- sentent, comme chez beaucoup d’autres Oiseaux, d’autres variations de plumage plus ou moins importantes, mais tout individuelles, simples accidents qui ne se reproduisent pas. Il importe de ne pas confondre ces deux ordres de phénomènes dont les causes et les effets sont fort différents. Le Secrélaire. CONTE D'ORFEUILLE Éd 2 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS 421 HEC TDION: — AQUICUEEURE SÉANCE DU 11 NOVEMBRE 1907 PRÉSIDENCE DE M. RAVERET-WATTEL, VICE-PRÉSIDENT MM. Mersey président, Pellegrin et Bruyère secrétaire, s'excusent de ne pouvoir assister à la séance. M. le Président donne la parole à M. Debreuil pour lire une lettre de M. E. de Sainville concernant des observations faites sur divers Poissons et en particulier sur le Poisson-Chat. Cette lettre sera, selon l’avis de la section, insérée au Bulletin. M. Clément présente ensuite un travail de M. Lucien Iches, sur un nouvel ichthyomètre dont il donne la description. Deux dessins sont joints au travail de M. Iches et le tout sera inséré au Bulletin. M. le Président après avoir remercié M. Clément, donne 1a parole à M. Courtet. M. Courtet parle d'une certaine Plante avec laquelle les bracon- niers énivrent le Poisson pour le pêcher et donne la formule employée pour préparer les boulettes de pêche. Cette question étant très délicate, vu que cette Plante est abondante dans beaucoup d'endroits, la section décide que le procès-verbal n'en fera pas mention, quil serait intéressant de rechercher le principe actif de ectte Plante et de faire des essais dans des rivières privées. M. Sauton met un petit étang poissonneux à la disposition de la Société pour ces essais. La question sera donc reprise l'année prochaine, lors de la maturité des fruits de cette plante. M. Courtet lit ensuite un extrait du Bulletin de la Société Belge d études coloniales, de M. le Capitaine F. Van Dionant, consul honoraire de Belgique, ancien consul de Ia République du Paraguay (N° 9-10. Septembre - Octobre 1907). Il s'agit d'un Poisson carnivore, la Piragna (Mailetes macropomus) qui foisonne dans le Rio Paraguay et dans d’autres cours d'eau de la mème région, qui se précipite pour les dévorer sur tous les animaux, les hommes, quand ils entrent dans l'eau avec une blessure dévoilant à ce Poisson l'odeur du sang. C’est, selon l’auteur de la note, un véritable carnage en un temps relativement court. Après discussion il a été décidé que cet extrait serait inséré au Bulletin. M. Rivière demande la parole pour parler de l'élevage de la Truite Arc-en-ciel au Hamma. Il restait, dit M. Rivière, une vingtaine de Truites d'un an qui avaient environ O"18 de long et pesaient 125 grammes. Quelques-unes ont été péchées par les Chats et les autres sont mortes dès que les eaux ont chauffé sous l'influence des chaleurs de l'été. Une température de 27° les tue. La Truite 422 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Arc-en-ciel présente cependant une résistance supérieure à celle des autres Truites. On pourrait peut-être avoir quelques résultats dans des cours d'eau bien aménagés, il y a lieu Cependant de faire remarquer que la mauvaise qualité des eaux de l'Algérie qui sont souvent magnésiennes s'oppose à l'élevage de la Truite. Pour le Secrétaire empêché, H. COURTET ARS CANTONS EP MEN TONTOICOETE SÉANCE DU 11 NOVEMBRE 1907 PRÉSIDENCE DE M. CLÉMENT, PRÉSIDENT M. Debreuil lit une lettre de M. Howard, de Washington, remer- ciant la Société de l'envoi d'œufs de Galéruque. M. le Professeur iloward, cherche à élever un parasite ennemi de ces Insectes. M. Debreuil donne ensuite lecture de la note suivante de M. le Professeur Magnien au sujet de la destruction du Puceron Eani- gère « Les traitements préconisés pour la lutte contre le Puceron lani- gère sont nombreux et, chaque année, on peut en enregistrer de nouveaux qui viennent s'ajouter à ceux déjà connus. Devant ce dédale de procédés recommandés, le producteur reste désarmé, ne sachant lequel choisir pour arriver au résultat cherché : la destruc- tion du parasite. De nombreux essais ont été faits, les uns ont : donné des résultats relatifs insuffisants, d’autres ont pu être à peu près inutiles, on pourrait ajouter même décourageants. « Dans cette guerre à outrance, soutenue contre ce terrible ennemi de nos arbres fruitiers, nous avons expérimenté, il y a une douzaine d'années, un moyen qui nous a permis d’immupiser plus de deux mille Pommiers envahis par cet ennemi dans les jardins de l'Ecole Nationale d'Agriculture de Grignon. « Les résultats obtenus furent consignés par écrit et publiés dans le journal de la Société Nationale d'Horticulture. Malheureuse- ment, cette communication fut comme toutes les autres similaires, classée comme une nouvelle méthode devant s'ajouter aux autres déjà trop nombreuses. Le public horticole y prêta peu d'attention et, comme les premières, elle resterait encore dans l'oubli si. de temps à autre son auteur ne venait à nouveau l'exposer et la recom- mander à l'attention des personnes intéressées. « Le traitement est simple et son succès tient surtout à l'époque choisie de l'année, à laquelle il convient de l'appliquer. C'est vers PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 123 le 15 novembre, date qui correspond à peu près à la chute des feuilles de nos arbres que le badigeonnage doit être fait pour pré- senter le plus de chance de succès. C'est d'ailleurs à cette même date que l'œuf fécondé de l'Insecte éclot. La jeune larve qui naît de cette éclosion est seule appelée à reproduire les générations futures de l'Insecte. On comprend dès lors, pourquoi un traitement méti- culeusement appliqué pour la détruire, au moment méme où elle vient de naître, puisse avoir une grande importance dans la des- truction de l'Insecte et de ses descendants. « La méthode est simple et facile, nous l'exposerons sans autres commentaires. Elle consiste: 1° & badigeonner au pinceau et minu- tieusement toutes les branches de Pommier qui portent des familles d'Insectes ; 2° à pratiquer ce traitement vers le milieu de novembre (aussitôt la chute des feuilles), à l’aide du pétrole émulsionné. « Le badigeonnage doit être fait avec le plus grand soin, de ma- nière à être appliqué sans exception aucune, à toutes les branches atteintes. Le moindre oubli pourrait suffire à compromettre le suc- cès de l’entreprise. « À l'aide de la méthode suivante on prépare le pétrole émul- sionné : € Faire bouillir deux litres d'eau, en même temps qu'on y fait dissoudre environ 500 grammes de savon noir. Laisser refroidir jusque vers 40 degrés et incorporer au premier mélange, 250 gram- mes de pétrole. On verse le pétrole lentement, en même temps que l'on agite vigoureusement sans arrèt, la première mixture, avec un fouet de fil de fer. C'est une méthode analogue qui est employée par les cuisinières pour faire la sauce mayonnaise. € On obtient alors un liquide blanc, laiteux, susceptible de conser- vation, et que l'on étend de dix fois son volume d’eau nicotinée, pour l'appliquer ensuite en badigeonnage. € L'eau nicotinée s'obtient par le mélange de la nicotine livrée par les manufactures de l'Etat, à 15 ou 20 fois le même volume d'eau. » M. le Président trouve la méthode de M. Magnien excellente mais il conseille de renouveler le traitement à quelques jours d'inter- valle. M. Debreuil parle ensuite d'une note de M. F: W. Frohafik. inséré au Bulletin « The Entomologist », Vol. XL. July 1907, n° 530, concernant le Chrysophanus dispar var. rutilus. M. le Président présente ensuite une note de M. Iches concer nant les Abeilles sauvages de Chaco austral (République Argen- tine). Cette note sera insérée in-extenso au Bulletin. M. Rivière. demande ensuite la parole pour parler d'un Insecte qui, en Algérie, attaque les Ficus et en particulier le Ficus nitida. Au printemps, dit M. Rivière, les Ficus étaient altérés, leurs feuilles étaient enroulées et contenaient encore des Thrips d'une espèce CORRE POSTE ETS me TT one lee en I OU rare. 124 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION encore inconnue et qui vont être déterminés. On avait d'abord pensé que c'était un coup de vent qui ayait affecté les l'icur, mais il a fallu se rendre à l'évidencé et constater que l'on avait affaire à un Insecte. M. Rivière parle ensuite des ravages causés dans les plantations de Sorgho par le Sesamia nonagrioides et cite un cas des plus par- ticuliers de développement de cet Insecte. Une plantation de Sorgho avait été envahie, et avec les tiges ainsi contaminées, M. Rivière avait fait construire des abris ou paillottes pour abriter des Pal- miers pendant leur croissance. Les Insectes continuèrent leur évolution et au bout d’un certain temps eut lieu une inversion de Sesamia, et les feuilles cependant si coriaces des Palmiers furent littéralement dévorées. C'est donc une imprudence de construire pour d’autres Plantes des abris avec des tiges de Sorgho coutaminées en pensant que le Sesamia ne vivant que sur des Graminées ne les attaquera pas. Dans ce cas le Sesamia privé de sa nourriture habituelle devient polyphage et attaque les Plantes qui sont à sa portée. M. Sauton demande la parole pour raconter qu'il a élevé fin septembre avec succès des Chenilles de Bombyx rubi, en les nour- rissant avec du Sainfoin. Ces Chenilles se sont transformées en chrysalides en octobre. Pour le Secrétaire empêché, H. COURTET. ERRATA Page 136, dernière hgne, au lieu de M. Moreau, lire M. Morren. Page 137, ligne 25, au lieu de agréable, Lire agricole. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS MENTIONNÉS DANS CE VOLUME AuBusssON (Magaud d'). Le Se- rin méridional ou Gin, 87. — Sur la protection et la domestication du Tetras uro- galle, 276. ARNAUT. L'élevage des Chèvres dans la République Argen- tine, 305. eo cl (D.). Thomas Hanbury, FRS (E.). Les œufs pédicu- lés du Cynips tozæ et du Synergus leinhardi, 330. Ma utilisation des Saules, 35 Courrer (H.). Les Chevaux du Moyen-Logone, — Le Chemin de fer Trans- saharien de la Méditerranée au Tchad, 308, 358, 393, 403. Dagar. Discours prononcé à la distribution annuelle des ré- compenses, Decxamere. La coagulation du lait de Chèvre et les laits colorés, 273. Deraurier (A.). Observations sur la conservation et l'élevage DANS Oiseaux d'Asie, ErBEau (L.). Les Oiseaux Chan- teurs, 179. FroHawx (ÆF. W.). Complément sue du Lycæna Arion, GERMAIN (R.) et OUusTALET (E.). Catalogue raisonné des Oi- seaux de la Basse-Cochin- chine suite), 48, 83, 148. KOSTANJANTZ PLATIGORSK. Le Koumyss, 340. - LE Forr (R.). Nouvelle contri- bution à l'étude de l’Eupo- motis gibbosus, 96. Loyer (M.). Rapport au nom de la Commission des récom- penses, XVIII. Loyer (M.). Emile Oustalet, 41. Marzzes (C.). Observations sur JE acclimatation spontanée du Serin cini, 145. MarcHar (Dr Paul). La Coche- nille floconneuse, 187. MARQUINEZ (Louis). Essai de sériciculture en Algérie, 8, ie Se Mrczer-HorsiN (D). Observa- tions sur une famille d'Eper- viers, , 272. Orreuizze (Comte d’). La cul- ture de la larve du Téné- brome Ovwsrarer (E.) (GEermax (R.) et). Catalogue raisonné des Oi- seaux de la Basse-Cochin- chine (suite), 43, 88, 148. Pzoca (E.). Notes sur le Martin- Pêcheur, 866. PERRIER (Edmond). Discdtee prononcé à la distribution annuelle des récompenses, NE Pérréano (E.). Essences et Par- fums nouveaux, 248. Ravergr-Watrez (C.). Une ex- cursion aüux Pécheries de Cemacchio, 276. Rrviëre (C.). La Chèvre d'An- goTa,, 81. — Oasis de MIA 2 — TL'Agave rigida, 391: RoBErTsSON-PROsSCHOWSEYZ (A.) Les Palmiers de la Côte-d'Azur. leur résistance au froid, 22, 56. Figuig, 200, _Rocer (E.). L’acclimatation du Black-Bass. 350. — Sur la reproduction du Black-Bass, 36. RocErox (G.). Le Cini, 346. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION 426 INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME Acanthopterygiens, 762 Acariens, Acquadelle, 385. Alcu tordu, 297. Alouette hausse-col, 292. Ameéiwrus nebulosus., 76. Anabas seandens, 77. Anguilla vulgaris. 122. Anguille. 376, 38857279 Anthopoules le corenus, Antilope aquatique, 411. Aphorhius cheleri, 76. Agrilus, NE Argus géant, STATE La Argus giganteus, 115. Amococcus araucariæ, Aromia moschatus, 169. Asio. aceipitrinus, 48. Aspidiotus federe, 129. Ficus, 129. nerit, 129. Astatus nobilis, 399. leptodactylus, Asterdecanium bambuste, Astur pulumbarius, 296. Athène ceuculoides, 47. Athérine, 377. Athériia: Rissor, 383. Attacus arrindia, 298. = Locynthia), 127, 298 3° mylitta, 160 aff Pernyi, 160. Autour, 296. Balearicu regulorun, Bam en ie ola thoracica, Bar, be Ro Ê callensis, 122. Barïbus PBétau (à Madagascar). Betta pugnaxr, 71. RS Black-Bass, 86. 3502323 Bombyx arrindia, 1562 36; cynthia., 157. facbtr, 4924. Bœur du Fouta-Dialon, de race Peule,' 107. Brochet, 119. : Busd commune, 296. Butco vulgaris. 296. (laceabis saxatilis, 265. Culliphora vomitoria, 113. Callictis, 76. Campagnol, 416. (lurassus auratus, TG. Casozr,. 321. Emeu, 165-—/67 à 20 « 116. 115. (0 ontpisous scolopax, 76. 74. 0“? AT: 107. (œuf de), 297. A 322-521 199. \e hù 21 » 4 ? C'eratilis, 129. Cerastes cornutus, 201. vipera, 201. Chameau, 108. Chalcidiens, 196. Chalcophaps indica, 115. Chat sans queue, 261. Cheval de Przewalsky, 109-110: Chevaux du Ms 337 ds Chevesne, 123. 4% Chèvre, SH, 2007 305: 316, ni ; 2! Chèvre d'An ora, 81, 163. 81-81, 41. — alte, 316.-312, bli-4i2, ee res 108. —, de Murcie. 262. — du Fouta-Djalon, 108. = (Basacliehe de aaitn 318 Chèvres (peaux de), 163. ? a soudanais, se Chilocorus simailis, 199. C'hionaspis aspidistr®, 129. Chrysophlegma Pierrei, 89:10 Chrysoderes rubicola, 196. - Chrysomphalus minor, 129. | Chrysocoloptes guttaticristatus 1e 152. i ; | Chrysomphalus dictyospermi,var. : minor, 189 Chrysophrys aurata, 377. Cichlidés, 76, 298. se LE és Cini, 5. 391, 346-940 ; 87-93; 11) Citrinel lé alpine, ‘87. Coccinelles, 191. à Cochenille, 129! — cotonneuse, 126. , — floconneuse, 1877 / 99: Colin de Virginie, 414. Colombe poignardée, 115. — turvert, 115. « Corbeau freux, 39-920 Crangon vulgaris, 3837 Crécerelle, 296 Crevette grise, 383. C'yclasoma facctum, à Cynips Tozt. "390 = 334 Cyprinidés, 6. Cy prinodontidés, 76. Dactylopius nippe, Daurade, 377. Dendrocopus analis, 83. Dendrocygna fulra, 1177119; Dolychotis patagonica, 287. 126. Dypneustes, 77. “à Echassiers (résultats d'incuba- tion), MAT 72 Ecrevisse, 399-9392 Elan du Cap, AA 1 Élasmostethus interstinctus, 169. _ Galéruque, 168. - Gamesus coleoptraturn, 127. Ganoïdes, 77. Garapates ou tiques des bois, 325. Gecinus erythropigius, 84. le, AA T7 Lycæna Arion. _Hemicireus canente, INDEX ALPHABÉTIQUES DES ANIMAUX Elasmostethus minor, 169. Elevage Bizeray, 415. Epervier, 272. Epilachna arqus. 196. Estrelda phænicotis, Æ. #49 Etéostomatidés, 76. Eupomotis Sons. 76, pa Buplocamus nobilis, 115. pbnns. guadripustulatus, ruyant, 278. (hybride de), 320. F'aleo tinnunculus, 296. Fiorina camcliæ, 196. Fringilla islandica, 98. Fundulus diaphanus, 76. hispanicus, T6. Galeruca lineola, 168. #5 Galéruque de l'Ürme, 199. : Fes Faisan striolatus. vittatus, 81. Geophagus, T7. Gobie, 377. Gobius Capito, 377. Gobius guttatus. 377. Goeland argenté ou à manteau bleu, 294. 31/9, Grimpeurs, 83. Grue, 114. couronnée bleue, Guillemot à capuchon, 153. Tynginicus ricapillus, 148. Jument (Lait de Jument ou Koumyss), 340.324 Ketupa ceylonensis, LU javanensis, 43. Koudou, 411. Labrazx lupus, 376. Labyrinthidés, 77. Lama, 162. Rpaux (et Poule Faverolle), 116. 296: T6. 126. 190: Lapessidia unimaculata, Larus argentatus, 295. Lecanium bessellatum, Leuciscus Chaignoni, ‘Leucopis lusoria, 195. Hibialis. 195. Limnotragus, 25 ME Lion (en captivité), 287. = Lophophore resplendissant, Lucilix Cœsar. regina. 113. Kia: sericata. 127, 172.274 Lygellus cpilach ne, 7195. Macropus viridiauratus Ai Martin-Pêcheur, 366-348: Malacoptérygiens, T6. Gare “4 LE ar spi fi #27 Mégapodes, 297. Micropterus Dolomieu, 350. —- fokiensis, "150. —— phaeoceps, 150. — salmoïdes, 850-357: fo) {Ve Miel de la Réunion, 195. nn macropomas ProEnaÿ. Migluntes jugularis, 149. Mouette, 165. rieuse, 8#6. 3/9 Mouton du DE Dialon, 108. du Macina, 108. — maure, 108. Muge, 377, 385. Mugil cephalus., 377 (œuf de), 297. Ninozr scutulata, 46. Oie d'Egypte, Oiseaux ‘chanteurs, 179. Otis tarda. 168, 2137 22! Otocoris alpestris, 294. Outarde (grande). 168. barbue, 243, 294. Palmipèdes (résultats d’incuba- tion), : Paon blanc (plumes de), 417. Pavo muticus. 115. Percidés, 76. Perdrix de Chine, 115. Bartavelle, 264. Perdix Labatiei, 265. Perdrix rochassière, Perdix chukar, 267. Perdrix grise, ‘al 18-4204 Perdix cinerea charellæ, Phodilus badius, 50. Phasianidés (résultats tion), 114. Phlogænas cruentata, Picidæ, Picus numidicus, 72. 294: Pinelodus, TG. Pingouin (petit). Pintade (Hybrides de), 167r-/68: Piraona (MWiletes macropomus ), A9] Platessa passer SUITE Plie, 377. : HE Poule Phénix (Hybride de), 167. 269: / > A fa/rss 4187 4/9) d’incuba- 115. Poisson-Chat, 123, 322, 421. Polyglection chinquis, 4193 Poules (diphtérie des), 320. Poule Faverxolle (et Lapereaux), 251: Puceron lanigère, 422: ras. Pulvinaria floccifera. 1875 193, Rapaces nocturnes, +3. Rhizobius litura.. 193. ventralis. 195. Salmonidés (cultivés au Troca- déro). TS. Salmo irideus, 120. Salrelavus fontinalis. 120, 122: ne ET s8—)l Nandou, @&, 263, 417/ \,X:W 68 à PAPY } 9%” ? © 428 BULLETIN DE LA SORIRTE D'ACCLIMATATION 1 Saturnia cynthia, 3940 P Saumon de fontaine, 120. Tetras urogalle, 277{ 321. Scops gi, var, sfictonotus, 45. | Tetrao urogallus. 277-266; Scops lempigi, var. umbratilis, __ urogælloides, 279. +0. Tetrodontidés, 77. Te trastichus æanthomelonc, 199. Serin, 87. ab: : : Eee etrodo iteutia. 77. Nerinus meridionalis, SALE Téinodon Tab 7 7 ‘ ! 472 Serin méridional 5. 217%] Tiga javanensis, 151. Sericaria mori, 155. 168. mil Ver Sesamia n onagr ioides, 424. ilapia, TT. oc @] TG. == galilea, 298. 1 uridés, { Tr d BL t] G7oLs à Sole, 377. AEQPAR CRD Rs 15. de Cabot, aile Solea vulgaris, 877. 2P de Hastings 371 12950 S à Dr BE nGe An NE _ de Temminck, 370. Sphinx du Laurier- -rose, 924. se satyre, 370. Strix candida, 50. Tropidonote viperin, 124 __ flammca, 49. Truite arc-en-ciel, 120. 421. Sternes hirondelles, 296. = Kabylie, 121. Sterna hirundo. 296. Uria troil, 296. Strepticeros, AA. Ver des Formes, 269. Synergus Reinhardi. 33 Vison, 109. 4 Syntomosplyrum esSuTus, 199. Ver à soie ee montagnes, 159. Syinium sinense. 49. Vipère, 124. Talégalles, 297. Taurotragus, 411. Taxates jaculator. 77 Ténébrion, 241, 294. Tetranichus telarius, 126. = 1aspic, 124 — berus. 122% —— à corne, 201. — minute 291. Yama Maï, 159.4. INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉES DANS CE NUMÉRO Acanthorhizsa Warszewiczii, 24. Acanthophænix erinita, 29. Acrocomia sclerocarpa, 65. Adianthum capillus veneris, 208. Agave, 259. —— houlletiana, 892. — polyacantha, 391. see re 329, 391: — sisalana, 392. Allagoptera caudescens. 63. Allium catawvissa, 1325354 Ambrette, 252. Anabasis aretinoides, 201. Archontophænix Cum: ninghamia- na, 6. == Alexandre, 56. Areca triandra. 27. Arundinaria Simoni, 131. Arundo donaz: 259. — mauritanricu, 259. Aspidistra elatior, 128. Attalea Cohune. 64. — spectabilis, 64. Aurantiacées, 257. Avocatier, 134. Bambous, 129. i Bambusa gracilis, 1381. — Henonis, 131. — macroculmis, 129. — Simoni, 130. _ spinosa, 129. — striata, 129. — vulgaris, 129. Bigaradier, 134. Bignonia turediana. 133: — wnguis, 183. Blancoa porphyrocurpa. 58. Bougainvillea brasiliensis, 134. — Warcewicrii, 134. Borassus flabelliformis, 26. Brahea calcarea. 23. ICS 286 TA NAS _Mnobts 42e. Broussonetia Kempferi, 168. C'acaoyer, 141. Calyptrocalyx spicatus. 30. Calyptrogyne Ghiesbrechiti, 61. Camphrier, 134. Caryota, 126. == furfurarea. 57. = maxima, 57. prb LIU FE T6; INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGETAUX 429 propinqua, 57. sobolifera. 57. urens. 27. Cédratier, 134. C eroæylon andicola, 60. Cinchona, 134. Citronnier, 134. Chamaædorca desmoncoides, 59. clatior, 59. scandens, 29. Chamaæriphes bengalensis, 26- — coriacea. 26. — crinita, 26. —. thebaica, 26. ventricosa, 26: Chamaærops excelsa, 259. Chou du désert, 201. {'horisia speciosa, 134. Clinostigma Mooreanum, Cocos eriospatha, 63. insignis, 62. oleracea, 62. — procopeana, 62. pulposa, 63. Cookia punctata, 134. Cocos Romanscoffiana. 61. Weddelliana, 62. Yatai, 62. Cocotier, 37-40; Coffea, 134. Colpothrinar Wrightii, 23. Clopernicia macroglossa, 24. serifera. 24. Cyperus rotundus. 185. Custostachys Renda, 56. Dictyosperma album, 56. su rubrum, 56. Diospyros, 257. costata, 131. kaki, Test Dypsis pinnatifrons, De Elœis guincensis, 65. Eremospatha Hookeri, 27. Eriodendron anfractuosum, Erythea Roezli, 259. Euterpe edulis. 29. oleracea, 29. Evonymus japonica. 189. Fatsia japonica. 134. Ficus elastica, 134. lovigata, 134. nitide, 134. Framboisier, 126. Galéruque de VOrme, 268, 270. (reonomu, 60. Greffages de plantes exotiques, 29. 134. Haricot beurre du Hamma, 132. Halfa, 201, Heterospatha elata, 30. Howca Belmoreana, a0, — | Forsteriana; 30: Hydriastele W endlandiana., 28. Hyophorbe amaricaulis, 60. ee indica, 60. _ Ver schaffelti, 60. Ipomaæa Leari, 131: Jacaranda mimosæfolia, 132. Jubæa chilensis, 64. Juania australis. 60. Kentia Balmoreana, 126. Baucri, 28. —— ,, Canterburyana,-28, 126. — Forstemana, 126. gracilis, 28. — Mooreana. 29. sapida, 28. Kentiopsis macrocarpa, 57. Latania Commersonti, 26. Loddigesii. 26. Verschaffelti, 26. Laurier-sauce, 134. Lentisque, 134. Licuala horrida, 22: peltata. 25. spinosa. 25. Lierre d'Alger, 134. Lonicera æylosteum. 168. Lygeum spartum, 201. Machilus, 134. Machocloa ina a isole 201. Mauritia armat«, flexuosa, a. Den ulon lœve, 27. Murraya exæotica. 134. Nenga Wendlandiana. 32. Nepirespemnt Van Houtteana, 74 Nipa fruticans, 25. Œnocarpus Bacaba, 29. Oncosperma filamentosum, 29. — horridum, 29. — madagascariensis, 29. Opuntia, 259. Orania philippinensis, 29. Orchidées rustiques, 229. Oreodoxa acuminata, 32. frigida. 32. oleracea. 32. regia. 81. Orvopunese Brownii, 131. dactylifoli ium. 134. nympheæfoliuwm , 59, 134. Orme d'Amérique 270. Oxalis crenata. 186. Deppi, 136. Pachira alba, 134. insigris, 134. === MACTOCHIPU . Pachyrhizus angulatus, Panax, 134. Patate douce, 143. P'e> tsai, Lo TE Phloga nodifera, 57. Phœnix canariensis, 259. Pistachier, 184: Pistacia atlantica! 202, 259. tercbenthifoliæ, 202, Pinanga Kuhlit. 28. Plantes à parfums, 170, 245. . Plantes remarquées à l’exposi- 134. 132. 259, 430 : BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION tion de Nice, 223. Poinsettia pulcherrima, 1382. Poireau perpétuel, 137. Pritchardia filif era, 2420959. = G'audichaudii, 25: — robuste, Pseudophæniæ S'argenti, 60. Raisin tardif. 138. — Ldu cor de. Raphia rufña, — te 27. Jiavenea Hildebrandtii, 57. Rose, 250: ?05a centifolia, 251. Rotang, 27 Sabal Adansont, 28. — mauritiwformis, 23. — Palmetto. | Saccharum spontaneum, 259. Saguerus saccharifera, _58. Saliæ, 271. »- 35% — AIT 358. — alba, 353 et Suiv. — alba, var. vitellina, 358. — amygdalina, 168. _AUTILE: 353. — caprea, 353. = ciicrea. 353 — Poe 308. = \ fraquis 859) _ qrandfolia, 353. —_" RaStUtE, 309: — helvetica, 353. — AnCANG@, 353. — lapponica, — phyhafolhia, 353. — pentendra, 353. — purpurcai 1353: = NCEUSANS5S. — triandiru: 399: __ viminalis. 186, 353. viridis, 358. Sapindus, 257. Saules SE des), 271. 34 Sonre molle, 30. == terebinthifolius, 134. Serenoa arborescens, 93! __ . Pserrulata, 23. Sium sisarum, 137. Sophora japonica. 259. Spathodea Wallichii, 132. Stevensonia grandifolia, 29. Strelitzia reginæ, Tamarix articuluta, 259. Tecoma capensis, 132. NL fulver HA: == LUE UE 133, 134. MOTS Cl: — one 133. Tephrosia, 298. -- Vogeli, 322. MhéM25 — du Paraguay, 134. Thrinax argentea, 24. Topinambour-Patate, 136. Trithrinax brasiliensis, 24. — campestris, 24. Ulmus americana, 270. — effusa 270: Vanille, 249. Teitchia Joannis. 56. Vitis Coignetiæ, 131. Wallichia cargotoides, 58. EXTRAITS DES PROCÈS=VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 1re Section. — Mammifères Séance du 7 mai 1906 106 == 5tmovemb: «… — 106 = atdécembent— (0108 =— 7 janvier 1907 162 == lefévrien te n261 — 4 mars T2 _ 8 avril 10 Sous-Section d'Etudes Caprines Séance du 7 décemb. 1906 106 LE 28 janvier 1907 163 = 27 février er MO — 22 mars =, es 26 avril = + 87 ie 24 mai == AT 2% Section. — Ornithologie Séance du 7 mai 1906 106 == 5 novemb. — 68 —— 3 décemb. —: 114 = 7 janvier 1907 165 — 4 février 1126 — 4 mars np DOT — 8 avril Lei — 4'movemb. 44 TEE 3e Section. — Aquiculture Séance du 5 mars 1906 76 == DAAARE fl == 14 mai = Ni — F2) novemb. "120 — 10 cdécenib. = "12? É L ; 4 | Er 80 De RNA: Au 3 + podet dé dits digs ie :D4 LEY nds ze: CA EE PTE, + Mu E F TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES A31 11 janvier. 1907 121 — 26 _— —., 135 2 Al lenner Ro UPE = 17 décemb. — 126 —- 11 mars 208 — 21 janvier 1907 170 = #5 15ravril = 1 — 18 février : — 210 —4..11 novemb... —:..421 _ 18 mars — 307 L — 22 avril MS) 4 Section. — ÆEntomologie ET STONE Séance du 14 mai 1906 125 6e Section. — Colonisation Le 12 novemb. — 126 | Séance du 19 avril 1906 110 — 16 décemb. — 127 == 19 novemb. — 121 — 14 janvier 1907 168 ne 17 décemb. — 142 — 11 février —: 9268 == 21 janvier 1907 170 — 11 mars — 300 _ 18 mars — 303 — 15 avril 921 us 22 avril ten — 11 remb. — 422 L : me : ‘Déjeuner amical du 21 mai 1906, 5e Section. — Botanique "12 Séance du 19 novemb. 1966 120 == du 21 mai 1907, 401. TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES PUBLIÉS DANS CE VOLUME 2 COCO CRC US SERRE 7 RCD QE Rene en eee 391 Roman) de Brselhes ce LU US AE encens rem ee An 7792 BéckbasshSurilar reprodmetion ,du)...1"22:70222002. pence 36 Black bas (Hacelmatatlon- du)... cesser mure ee 390 Eperviers (Observations sur une famille d’).....................:.. 272 HÉSencesten PP ACEUMSMNOUVEAUX:2 22222002 0 de 2 da ce encens ee 248 Chemin de fer transsaharien (Le)............... 308, 358, 393, 408 Chevaux (Les) du Moyen-Mogone::.:2.10:..0eccebcre rene cenecouece 33 Ghèvre, d'Ansora (La) ne eee ae dore dot 81 Chèvres (L'élevage des) dans la République Argentine... 305 Chèvre (De la parte beNen officielle de la) au Concours AICOl CAEN AT RER ne NES Re ER Re ne el 337 Cite De A RAT Le SEE MN AR DE 2 Ne 346 Bochensiefoconneuser (a) em een ul e.. 187 Cocotrer (Marceulture (du) len\ Indo-Chine 1.1.2... 37 Eupomotis gibbosus (Nouvelle contribution à l'étude de l’).... 96 ÉD USyE CDR OMAS) APE RUES Re nn 1 E7ÉG or Sn (RO) RAA den n toen tuuseouneetse 340 Lait de Chèvre (La coagulation du) et les laits colorés... 273 Lycaëna Arion (Complément à l’étude du)........................... 172 Pérem-Béehen (Notes sur le)... 366 Sd emnent (Li). UN dr de. 200, 231,256 Œufs (Les) pédiculés du Cynips tozæ et du Synergus Rein- D OO A sauce can 330 Oiseaux d'Asie (Observation sur la conservation et l'élevage CS GTA) Rene nute ER ARe CR 369 Oiseaux de la Basse-Cochinchine (Catalogue raisonné ao ie Mc chanteurs (eS)A 2 AE ne uu ec ue rene nee ee 179 LISTE Die) AARMRNEe PORN Re Re Niro A1 Palmiers (Les) de la Côte-d'Azur, leur résistance au froid. 29, 56 Pêcheries de Commachio (Une excursion aux)..................... 3176 Récompenses (Distribution des). Séance publique annuelle... T 132 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Baule (utiisationtdes) 2 PE PRO N R ARE ER 0 898 Sériciculture (Essai de) en Algérie:..….......1.740% SO ESS Sen meridional l(Le) où Cinr. 2007.00 RARE ce 87 Serin cini (Observations sur l’acclimatation spontanée du)... 145 Lénébrion (Culture devlat larve du) 7 eee PEINE 241 Fétras urogalle (Sur la protection et la domestication du)... 276 BIBLIOGRAPHIE CourTer (H.). Zoologie appli- | Courrter (H.). Mammifères et que en et aux Co- Oiseaux de l'Afrique Occi- LiLee. 2 Lis dentale, 208. — Chiens de défense et — Poule pratique (La), 208. Chiens de garde, 205. TABLE DES GRAVÜRES LÀ Anguille (Une belle) de Comac- | Plan schématique d’un la coriero chio, 388. (nêcheries de Comacchio), Exochomus quadripustulatus, 191 OL. , Jhment du Caucase, 344. Pulvinaria floccifera, 188. Lycæna arion, 173 Rhizobius litura, 195. ] aTion, ! EAN NU ] 3 5185 002 D En AO ‘ " : ET na à se Css - . bee me as EE FRS ares LT Eve PRG UE Pres 2e