RSS ER TE 8 mm me! CERCLE — rare) . — EU ATT AE re ee re re - à Me 6. F, # Code fe ete ve 0 BULLETIN SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DB NBUGHATMBIE, 1855 à 1855. Tome troisième. NEUCHATEL. IMPRIMERIE DE H. WOLFRATH. 4 1 ) m " ! ñ ’ "1 / D ° 4 es Ep fr ef +. { ei Modes BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE NEUDCHATEL, SEA r NEUCHATEL., IMPRIMERITE DE HENRI WOLFRATH. 19955. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE NEULTRALER, Séance du 12 novembre 1852. Présidence de M. L. Coulon. La Société procède à l'élection de son bureau pour 1853, et le compose comme suit : Président, M. Louis CouLox. Vice-Président, » le D' BoreL. Secrétaires, : MM. BoREL-FAVRE. Vou&a, D'-Méd. M. le D' Vouga fait un rapport verbal étendu sur un travail de M. Quiquerez, ingénieur des mines, publié dans le dernier volume des Mémorres de la Société hel- vétique des sciences naturelles, et traitant de la forma- tion du fer sidérolithique qui occupe, dans le fond des vallées du Jura bernois, l'intervalle compris entre le port- landien et la molasse. L'idée de M. Gressly sur la formation de ce singulier terrain dans des eaux chaudes et agitées provenant de l'intérieur de la terre à travers les fissures et crevasses du portlandien, paraît être confirmée complètement par l'intéressant mémoire de M. Quiquerez. M. Desor fait observer que cette formation pisolithique paraît aussi exister dans des terrains d'âge géologique dif- GR no POS A re férent, et continuer dans les mêmes localités à travers des époques géologiques successives. Il ne partage pas, à l'égard des soulèvements en général, et des soulèvements jurassiques en particulier, l'opinion de M. Quiquerez qui les attribue à une force agissant de bas en haut au cen- tre des voütes, ou dans l'axe des vallées longitudinales de déchirement. Les voûtes régulières sont loujours une exception; elles sont le plus souvent inclinées, au point même qu'une couche repliée au sommet de la voüte peut présenter des deux côtés de son axe une inclinaison égale et dirigée dans le même sens. Cette structure qui a été observée dans les Alléghanis, en suivant des couches de houille ainsi plissées et non inlerrompues, témoigne bien plu- tôt de pressions latérales, agissant sur les couches et en déterminant le plissement, que de forces soulevantes ver- ticales. M. Desor fait voir que dans le Jura en particu- lier toutes les pentes abruptes sont tournées vers les Al- pes , et les pentes douces vers la France, dans la direction de laquelle les chaînes parallèles s'abaissent insensible ment pour se terminer par des collines. M. Louis Coulon dit avoir obtenu, à plusieurs reprises, du fer en grains trouvé dans des fissures du calcaire jaune des environs de Neuchâtel, mais jamais en quan- tité assez considérable pour qu'on puisse l’exploiter. M. Desor entretient la société de la sécheresse remar- quable du climat américain, et des phénomènes nom— breux qui frappent les nouveaux arrivés d'Europe, et peuvent être attribués au manque de vapeur dans lat- mosphère. Le linge sèche très-rapidement, le pain se dureit et devient immangeable au bout de trois ou quatre jours; les maisons peuvent être habitées, sans crainte de rhumatisme, dès que le maçon en est sorti; les peintres en bâtiments peuvent appliquer presque immédiatement une seconde couche de vernis ou de détrempe sur la pre- mière déjà sèche; les menuisiers sont forcés de faire usage d’une colle beaucoup plus forte que celle dont ils se ser- vaient en Europe, et les horlogers ne peuvent se servir que d'huile animale au lieu d'huile végétale. Chacun doit avoir recours au coiffeur et faire pommader ses cheveux de temps en lemps, sinon ils se dessèchent et deviennent rudes el cassants. Les objets d'histoire naturelle se con- servent parfaitement bien dans les galeries des musées sans qu'elles renferment de la chaux. Quoique en hiver il fasse très-froid, et que l'usage des doubles fenêtres soit inconnu, il ne se forme que rarement, à la surface inté- rieure des vitres, des arborisations glacées et des stalacti- tes de glace aux traverses de bois qui les séparent. On jugerait mal du climat d'un pays et de sa séche- resse relative, ajoute M. Desor, si on ne tenait compte que du nombre annuel des jours de pluie et de la quan- tité d'eau tombée, accusée par l'udomètre. En effet, il tombe annuellement en Angleterre 32 pouces d'eau, en France 25, dans l'Allemagne du centre 20, en Hongrie 17, tandis qu'à Boston cette quantité s'élève à 38 pou- ces, à Philadelphie à 45, et à Saint-Louis à 32. Du mo- ment qu'il cesse de pleuvoir dans l'Amérique du nord, l'air devient sec et ne reste pas, comme en Angleterre, saturé d'humidité; le point de rosée baisse immédiate- ment et le psychromètre n'indique plus qu'une quantité de vapeur três-minime. Sous ce rapport, l'atmosphère Re MD da des Etats-Unis ressemble à celle des Hautes-Alpes, où l'air est très-sec dès qu’il ne pleut pas; car dès qu'on at- teint 10000! dans les Alpes, l’évaporation est si forte à la surface de la peau, que la sueur ne coule plus, quel- qu'élevée que soit la température, et quelque violent que soit l'exercice auquel on se livre. Buffon avait déjà pressenti l'influence de ce climat sur la vie organique, et reconnu que l'Amérique est un continent favorable au développement végétal et hostile à la vie animale, en se fondant sur ce que les animaux de l’Ancien-Monde sont généralement de taille beaucoup plus forte que ceux du Nouveau. Cependant à une épo— que très-rapprochée de la nôtre, l'Amérique du nord était habitée par le mastodonte, ce qui infirmerait la loi de Buffon. Sans aller aussi loin, M. Desor croit qu'on pour- rait rattacher à cette extrême sécheresse du climat amé- ricain, plusieurs traits du caractère physique de la race américaine, Voici en effet quelques particularités qui per- mettent facilement à tout observateur de distinguer à première vue l'habitant de la Nouvelle-Angleterre de l’'é- migré du Royaume-Uni, ou du continent européen. L'Américain, quoique descendant de l'Anglais, offre déjà un type particulier et distinct qui s’est formé depuis 250 ans sous l'influence des circonstances locales; il a le cou allongé, les cheveux roides, rarement de l'embonpoint, et sa femme a fort peu de gorge. En un mot, tout le sys- tème glandulaire est réduit chez lui à un minimum de développement ; tandis que chez l'Anglais le contraire à lieu: son cou est gros, il tend à devenir obèse, et a les cheveux bouclés. M. Desor n'a presque jamais observé de goître ni d'affections serofuleuses en Amérique. L'ha- ES bitant des hautes régions alpines aurait, avec les mêmes traits physiques , l’activité, l’impatience et l'irritabilité de l'Américain. M. le D' Borel croit sans doute à l’action du climat sur l’homme ; c’est un fait qui de tout temps a attiré l'atten- tion des médecins ; car Hippocrate l'indique déjà dans son traité : De l'eau, de l'air et des lieux; il ne pense pas toutefois qu'on puisse rattacher les différences morales qui existent entre les peuples à des variations et des dif- férences climatériques, et en général à des causes pure- ment physiques. | M. Kopp a observé que dans les verreries, où pour rafraîchir l'air échauffé par le voisinage de la fournaise, on dispose des baquets d'eau , les ouvriers souffleurs de- viennent extrêmement gros, au point que quelques-uns, auxquels on tient beaucoup à cause de leur talent, ne _ peuvent se mouvoir et doivent être traïnés dans des cha- riots ad hoc. M. Cornaz remarque qu'à Marseille, où l'air est sec et chaud , les femmes se distinguent des étrangères, et en particulier des Suissesses qui y habitent, par leur cou beaucoup plus mince et élancé. Séance du 26 novembre 1852. Présidence de M. L. Coulon. M. le professeur Kopp présente un travail sur la théo- rie nébulaire et sur le Cosmos de M. de Humboldt. M. de Humboldt a entrepris, en écrivant le Cosmos, un travail considérable et bien remarquable. Il a reconnu ce que tout le monde reconnaît facilement, si l'on s'oc- — $ — eupe d’une spécialité quelconque, de la chimie organique ou de la géologie, par exemple, que, grâce à l’activité fiévreuse de notre époque, il s’aceumule dans les recueils, mémoires , Journaux , bulletins, etc., sans nombre, une masse de matériaux, une quantité de faits telle que l'on ne peut guère, sans avoir des connaissances approfondies sur tout, beaucoup de temps, une bibliothèque bren meu- blée, et surtout une patience à toute épreuve et un tra— vail sans relâche, parvenir à traiter à fond, en tenant compte de tous les travaux , les détails d’une seule ques- lion. Si donc l’on veut aborder la tâche plus rude de ré- sumer dans un ouvrage accessible à tous, le travail de tous, rapprocher les faits épars, et parfois contradictoires, apprécier tous les détails en embrassant l'ensemble, en mettant au jour les rapports cachés de toas ces travaux isolés, reconnaître les lacunes existantes dans l'étude, et aborder , en se donnant cette tàäche immense, l'étude des sciences naturelles dans toute leur étendue, il faut être lune de ces sommités scientifiques, comme Arago ou Humboldt. M. de Humbold s’est, pour ainsi dire, exercé à écrire le Cosmos en traçant les pages éloquentes des tableaux de la nature, où il décrit les magnificences de la créa- tion intertropicale. Le plan du Cosmos, en citant Hum- boldt, est «de classer et de coordonner les phénomènes, » de pénétrer le jeu des forces qui les produisent, de pein- » dre la magnificence dans l'ordre, de donner, par un » langage animé, une image vivante de la réalité, de » réunir l'infinie variété des éléments dont se compose le » (ableau de la nature, sans nuire à l'impression harmo- — OÙ — » nieuse de calme et d'unité, dernier but de toute œuvre » littéraire et purement artistique. » Les deux premiers volumes, d’après ce plan, ne pou- vaient pas contenir de discussions relatives aux théories adoptées ou établies, et le troisième volume a pour but de remplir cette lacune. Le premier volume dépeint le monde sous son aspect extérieur et purement objectif; on y voit la sphère céleste avec ses nébuleuses de toutes espèces, et ses étoiles; puis la sphère terrestre avec tous les phénomènes du monde physique qui s’y accomplissent et se sont accomplis, et qui sont rattachés à un petit nombre de causes. C’est surtout la seconde partie, la description de la Terre, qui offre un intérêt bien grand ; elle résume les travaux personnels les plus importants de M. de Hum- boldt; car c'est lui qui a inventé les lignes isothermes, isochimènes et isothères; c’est lui qui a, d’un seul jet, créé la géographie botanique, déjà aujourd'hui si avan- cée par les travaux de Bobert Broun, de Candolle, de Schouw et de Vallemberg. Il est bien à regretter qu'il n’y ait pas plus de pages touchant la nature organique. Le volume est terminé par des notes très-intéressan- tes, qui font regretter de n'avoir pas à sa disposition beaucoup de ces ouvrages dont on cite des extraits. Le second volume envisage:le monde sous un point de vue moral M. de Humboldt y dépeint l'image du monde réfléchie à l’intérieur de l’homme par l'intermédiaire des sens, et l'influence que le spectacle de la nature a exercée sur les idées et sur les sentiments des différents peuples. Si M. de Humboldt à été éloquent dans le premier vo- lume , il est tout-à-fait poête dans le second. Et PE PE Le troisième volume, qui sera le dernier, doit donc réu- nir les résultats des observations sur lesquelles est fondé l'état actuel des opinions scientifiques. — La première partie traite de l’Uranologie, et a pour base la théorie nébulaire d'Herschell, théorie adoptée par les astronomes modernes les plus distingués, par Arago, par exemple, qui l’a étayée de preuves nouvelles dans sa notice sur William Herschell, publiée dans l'Annuaire du Bureau des longitudes. Ce qui appartient à M. de Humboldt, c'est l'élégance avec laquelle il a exposé cette théorie. Cette théorie ne se résume pas seulement dans cette idée que les globes célestes sont des agglomérations de la matière nébuleuse, mais elle a surtout sa valeur par ce fait d'une portée bien autrement scientifique, que le monde entier n’est qu'un immense système de systèmes solaires rattachés les uns aux autres par les mêmes lois qui ré- gissent chaque système isolé. Certes, il y a quelque chose d'attrayant et même de plausible dans cette idée de la formation des globes cé- lestes par l'attraction de la matière nébuleuse sur elle- même. C’est simple et tout-à-fait d'accord avec ce que l’on admet sur l’origine de la Terre. C'est d'accord avec ce qui nous parait se passer dans le ciel, où nous aperce- vons d'abord les nébuleuses proprement dites avec leurs formes bizarres, puis les nébuleuses planétaires, les étoi- les nébuleuses et les étoiles. La durée des siècles concen- tre cette matière nébuleuse répandue dans toutes les par- lies du ciel, elle arrive à un certain degré de concentration, et affecte une forme d'abord vague et diffuse autour de quelque point de sa masse. Ainsi se forment les noyaux des étoiles qui doivent en sortir. Cette hypothèse expli- LS" "RS que d'une manière bien simple les diverses variétés que présentent les nébuleuses suivant le degré de condensa- tion auquel elles sont parvenues. On y trouve encore des raisons pour expliquer la dis- tribution des nébuleuses et des étoiles dans le ciel, où les nébuleuses affectent les places où les étoiles sont plus rares. La principale difficulté de cette hypothèse existe dans la naissance du mouvement initial de rotation et de révolu- üon qui empêche les corps de s’agglomérer en vertu de celle attraction qui les constitue, et de se précipiter les uns vers les autres en ligne droite. Mais n'est-il pas per- mis peut-être d'admettre que, dans les espaces célestes, il y a quelque force à nous inconnue, analogue à l'affinité chimique, qui est pour les corps inorganiques ce que le principe de la vie est pour les corps animés, et qui empêche l'attraction de faire de notre globe un chaos et une masse confuse. Hors de la gravitation, de la lu- mière, des radiations calorifiques par lesquelles nous som- mes en relalion avec notre soleil et avec les astres, n'y a-t-il rien? On n'a jamais découvert que les changements de l’inclinaison, de la déclinaison et de l'intensité ma- gnétiques fussent influencés par le soleil ou par la lune. La polarité magnétique de la Terre n'affecte en rien la précession des équinoxes. La force magnétique ne paraît donc pas exister en dehors de la Terre. On ne peut citer qu'un seul phénomène qui paraîtrait s'y rattacher : c'est le mouvement d'oscillation ou de rotation que le cône lu- mineux émergeant de la comète de Halley a présenté en 1839. Du moins Bessel, après avoir observé ces appa- rences, resta-t-1l convaincu de l'existence d’une force po- =. AD = laire absolument différente de toute gravitation; car la matière qui formait la queue de la comète, éprouvait de la part du soleil une action répulsive. La magnifique co- mète de 174%, décrite par Hensius, avait déjà suggéré à Bessel des conjectures analogues. Certes, supposer de pareilles forces dont l'existence, ou plutôt la possibilité d'existence est basée sur un seul fait, c'est s'abandonner beaucoup à l'imagination et en- visager les choses sous un point de vue plus idéal que scientifique; mais il n'y a rien de mieux: En attendant ce mieux, si jamais on le découvre, celte théorie expo- sée avec les réserves nécessaires, peut être parfaitement admise. L'existence de la matière cosmique, répandue partout, est étayée d'un fait remarquable. Cette matière forme sans doute dans sa partie la plus condensée cette bande lumineuse appelée la lumière zodiacale. Dans une partie du ciel cette matière cosmique est probablement la cause de la résistance qui se fait ressentir dans la comète d'En- cke. Il faut se représenter ce milieu comme étant d’une autre nature que l’éther dont les vibrations produisent la lumière et la chaleur. Pour expliquer la diminution du grand axe de l’ellipse décrite par la comète d’Encke , il faudrait une action, une force tangentielle ; or l'hypothèse d’un fluide résistant est précisément celle où cette force se présente de la manière la plus naturelle. L'effet le plus seusible se fait sentir 25 jours avant et 25 jours après le passage de la comète au périhélie. 11 y a donc quelque chose de variable dans cette résistance, et cette variabi- hté s'explique encore, puisque les couches extrêmement rares du milieu résistant, doivent graviter vers le soleil. 2. ME 2 Olbers allait plus loin , il pensait que le fluide ne pouvait pas rester au repos, qu'il devait tourner autour du soleil d'un mouvement direct, et que la résistance opposée par ce fluide au mouvement de la comète d'Encke devait être tout-à-fait différente de l'effet produit sur des comètes rétrogrades comme celle de Halley, comètes sur lesquelles l'effet de ce milieu n'a pas été observé. D'ailleurs en supposant même prouvé que toutes les nébulaires se réduisent à de simples amas d'étoiles im-— parfaitement visibles, ceci cependant mérite quelque con- sidération, que les nébuleuses rondes présentent plus de traces de résolubilité que les nébuleuses ovales ; il reste ce fait qu'un nombre immense de comêtes abandonnent continuellement de la matière aux espaces célestes, par la dissipation de leurs immenses queues, dont la longueur a pu dépasser 10,000,000 de myriamètres. Mais, comme je l’ai déjà fait observer, la théorie né- bulaire a un côté plus scientifique, plus développé, plus fécond en travaux remarquables et utiles qu’elle a fait entreprendre, plus accessible à l'observation que ces mi- lieux éthérés, cette formation des globes qui n’aura une sanction que lorsqu'on aura vu, et vu avec les mêmes instruments, une nébuleuse se changer, devant les obser- valeurs qui se succèdent , en étoile ou en groupe d'’étoi- les. Ce point important de la théorie est celui des an- peaux stellaires, qui forment des groupes comme les né- buleuses, comme les amas d'étoiles, rattachés les uns aux autres par les mêmes lois que les globes dont se com- pose chaque anneau isolé. Si on dil anneau , c'est que notre système solaire af- fecte bien cette forme , toutes les planètes étant renfer- 2 10%: mées dans la bande zodiacale. Notre système, dont nous connaissons les détails, paraît entraîné, d’un mouvement analogue à celui qui fait décrire aux planètes leurs ré- volutions autour du soleil, autour d'un certain point de l’espace céleste, de manière que de nos jours notre système solaire lout entier, soleil, planètes et comêtes, paraît se diriger vers un point du ciel situé dans la constellation d'Hercule. Struve a déterminé ce point par 392 obser- vations faites dans notre hémisphère. — Des observa- lions presque tout aussi nombreuses, faites au cap de Bonne-Espérance et à Sainte-Hélène, sont venues donner un résultat concordant. Notre système solaire n'est donc vraisemblablement qu'un membre d'un système plus grandiose, formé par lui, réuni à d’autres systèmes. El ce nouveau système, déjà si vaste, pourra être considéré comme une partie d'un système plus vaste encore, et ainsi de suite. Cette idée si large et devenue si féconde déjà, est due à William Herscheli, qui a tenté de l'établir en 1783, en 1805 et en 1806, sur des faits observés. La base de la théorie, c'est un seul fait, le mouve- ment existe partout. Une seule force agit, l'attraction universelle. Jamais théorie ne fut plus simple, et jamais théorie n’a engendré des travaux aussi remarquables. Depuis longtemps on a observé des étoiles doubles et multiples. La théorie de Herschell leur a donné une im- portance nouvelle. Herschell comptait, en 180%, 846 couples stellaires. On en a cherché d'autres, et le cata- logue de Struve, publié en 1837, en contient 2787. — 120,000 étoiles furent, pour ce travail, soumises à une révision minutieuse. En 30 ans, le nombre des étoiles tn té m0 doubles à triplé par les investigations faites surtout pour appuyer ou pour détruire la théorie de l'astronome an- glais. Des faits nombreux ont été recueillis pendant ces travaux, parmi lesquels il faut citer les observations d'é- toiles nouvelles et d'étoiles changeantes dont le nombre est plus considérable qu'autrefois. Mais ce qui importait le plus, c'était de savoir si notre système se meut. On a cherché, et on est arrivé à des ré- sultats concordants partout. Notre système se meut donc, et des éléments importants de ce mouvement sont à-peu- près fixés. Ces recherches ont en outre amené à ce fait immense , #/ n'y à pas d'étoiles fixes au ciel. Ce nom si vieux dans l'astronomie est prêt à disparaître. Toutes les étoiles ont des mouvements propres. Ceux de z du Centaure, de la 61€ du Cygne, de Sirius, de # de la - grande Ourse, d’Arcturus, de la Polaire, de la Chèvre et d’autres étoiles encore sont déterminés ; les espaces qu'ils parcourent dans une année sont connus. Il y a plus, les parallaxes de ces étoiles sont fixées, leurs distances à la Terre sont calculées. On commence à grouper les étoiles, non plus seulement par leur éclat, mais elles se rangent par ordre d’éloignement et de grandeur réelle. Ces déter- minalions si délicates et si difficiles, ont fait naître une rivalité généreuse entre les astronomes et les ingénieurs mécaniciens des diverses nations. Les instruments sont perfectionnés, et on n'hésite pas à faire des frais considé- rables pour établir des lunettes précieuses qui donneront sans doute des millions d'observations. L'an passé, on à voté, à l'assemblée législative de France une somme de 90,000 francs pour établir le pied d’une lunette paral- lactique ; et dans le rapport fait à l'assemblée , voici ce nt MO que dit Arago : «Si l’on songe qu'en matière de science » et surtout en matière d’atronomie, l'imprévu forme » toujours la part du lion, on comprendra combien il est » désirable que le ciel soit exploré chez nous régulière » ment, à l’aide d'instruments puissants. Prévues ou non » prévues , les découvertes dont l'astronomie est près de » s'enrichir, toucheront certainement aux points les plus » déheats de la philosophie naturelle.» Mais cet imprévu dont parle Arago, ce n'est pas le ha- sard, c'est l’imprévu venant au milieu d’une recherche faite dans un certain but. La théorie d'Herschell est ce but. Sans parler de ces astres obscurs, dont la théorie suppose l'existence, de ces globes immenses qui sont les centres d'attraction de ces systèmes colossaux, dont les membres isolés sont des systèmes solaires complets, centres invisi- bles pour nous, mondes dont nous n'avons aucune idée que celle que la théorie nébulaire nous en donne, et que l'on découvrira peut-être par ces procédés basés sur l’in- telligence seule et sur l'interprétation scientifique des lois de la natüre, dont la découverte de la planète Leverrier nous à donné un exemple; on doit convenir que la théo- rie de Herschell, qu’elle soit vraie ou fausse, est un fait de la plus haute importance, un fait marquant de notre épo- que; parce qu’à cette théorie se rattachent des travaux sans nombre, des observations et des discussions remar- quables, des découvertes brillantes. Elle peut être reconnue fausse, mais on sera toujours obligé de la citer dans l’histoire des sciences , à côté du grand homme qui lui a donné naissance, et il lui restera toujours, quel que soit son sort, le mérite d'avoir donné NT naissance aux observations et aux faits sur lesquels se basera sans doute la vérité, si la démonstration de sa pro- pre vérilé ne ressort pas des fruits qu'elle aura produits. La première partie du premier volume du Cosmos, et la première partie du troisième, resteront à côté des no- tices d'Arago. Ce sont des ouvages que consultera avec fruit et avec infiniment de plaisir, toate personne qui voudra avoir une idée claire et exacte de l’état de l'as- tronomie dans la première moitié du xix® siécle. Séance du 3 décembre 1852. Présidence de M. L, Coulon. M. Vouga entretient la société des perfectionnements apportés à la pisciculture et des résultats nouveaux ob tenus en France et dans notre pays, depuis la lecture qui a êté faite du Mémoire de M. Paul Guébhard sur ce su- jet,si intéressant pour nous (*). Le gouvernement français , ensuite de rapports favo— rables de M. le professeur Coste, a accordé un crédit de 30,000 francs à MM. Detzem et Berthot, ingénieurs des ponts et chaussées, dans le but de créer à Lôchelbran— nen, près d'Huningue, un établissement modéle de pis- ciculturé. Ces messieurs y ont tenté de nombreuses ex- périences, et sont arrivés aux résultats suivants. Ils ont reconnu qu'il n'est pas nécessaire de renfermer les œufs fécondés dans des caisses de tôle trouées, comme le fai satent MM. Gehen et Remy. I suffit de les disposer à la (*) Voir pour plus de détails Particle sur 1a Pisciculture, publié par 14 Revue Suisse; numéros de Janvier et Février 1855. SOC. DES SC. NAT. TOM, Hi. 9 en, COR = surface d'un gravier à gros grains qui recouvre le fond de caisses allongées et fermées aux deux extrémités par des toiles métalliques. L'eau toujours claire d’une source abondante qui ne gèle jamais en hiver, traverse ces cais- ses el permet le développement des œufs, qui restent transparents et opalins, ce qui permet de les dis‘inguer de ceux qui ont péri et sont devenus blancs et opaques par la coagulation de leur contenu liquide. Le temps né- cessaire à l’incubation varie selon les espèces et la tem- pérature de l’eau. Les œufs de perche éclosent au bout de 13 à 23 jours, ceux de truite au bout de 50 à 70. MM. Detzem et Berthot, dans leur second rapport, an- noncent avoir fécondé déjà plus de trois millions d'œufs d'espèces diverses et obtenu plus de un million sept cent mille poissons vivants, entre autres de nombreux métis truite et saumon. Ils ne perdent plus maintenant que le cinq pour cent à peine des œufs fécondés, et font creu- ser le long des berges du canal du Rhône au Rhin de nombreux viviers destinés à élever l’alevin obtenu dans l'établissement où ils le nourrissent, au moyen de farine, de sangfdesséché et de résidus de boucherie, dès la pre- mière semaine après son éclosion; car jusqu’à celte épo- que le petit poisson es peu vivace et se nourrit aux dé- pens du contenu de sa vésicule vitelline qu'il porte sus- pendue à son abdomen. Indépendamment des résultats obtenus sur les œufs, les directeurs de l'établissement y ont encore établi des viviers où ils ont réussi à introduire des espèces étran- - gères, destinées à servir à l’empoissonnement des eaux françaises, ce qui sera facile, grâce au canal du Rhône au Rhin, dans lequel on répartira l’alevin élevé-sur ses — 19 — bords, dés qu'il pourra se suffire à lui-même. Un système de radeaux formés de tonneaux percés remplis de petits poissons en nombre donné, permettra d'empoissonner également et régulièrement ce gigantesque vivier et les rivières qui s'y déversent. MM. Detzem et Berthot, se fondant sur d'ingénieux calculs, ne doutent pas que d'ici à cinq ans toutes les eaux douces de France ne puissent être empoissonnées, et fournir alors un revenu annuel qu'ils évaluent à plus de cent millions, pourvu toutefois que le gouvernement conserve seul la direction générale de l’entreprise et prenne des mesures pour empêcher tout gaspillage ou mauvaise direction des efforts individuels. Nous ne les suivrons pas dans ces calculs, nous n’en discuterons pas les bases; nous nous bornerons à reconnaître avec eux l'immense importance de la pisciculture au point de vue économique, et à désirer que tous les gouvernements s'associent aux efforts faits en France pour créer ainsi une somme considérable d’une matière alimentaire aussi saine qu'agréable. Déjà des expériences ont été tentées et couronnées de succés dans notre pays, où, il y a plus de dix ans, MM. Agassiz et Vogt avaient déjà démontré la possibilité de la fécondation artificielle des œufs de poisson , et es— sayé, mais dans de fàcheuses conditions, de l'appliquer en grand. Notre gouvernement n'est pas resté en arrière, il a accordé 1200 francs destinés à monter un établisse- ment qui pourra plus tard s’agrandir. M. Frédérie Ver- dan, ancien conseiller d'Etat, s’en occupe avec beaucoup de zèle, et chacun peut voir actuellement chez lui de pe- lites truites saumonées et des saumoneaux éclos dans ses appareils. Malheureusement la source dont il dispose n'est pas assez abondante pour permettre l'éclosion d'un nom- bre suffisant de truites, pour exercer une influence sur l'augmentation de la population. ichtyologique de notre lac. Loin de se laisser rebuter par ce contre-temps, il vient de faire déposer des œufs fécondés dans le ruisseau de Saint-Blaise , et d'entrer en relation avec M. Dardel , qui possède dans sa propriélé une source abondante qu'il uti- lise depuis longtemps avec succès pour l'élève des sang sues. Nous ue doutons pas que ces messieurs, en agis- sant sur une plus grande échelle, n'obtiennent de beaux résultats. La source destinée à l'incubation une fois ehoi- sie dans de bonnes conditions, M. Verdan ayant à sa dis- position un canal excellent pour l'éducation en grand de l’'alevin , il sera facile de l'y introduire et de l'y élever, avant de lui laisser prendre son essor vers le lac. A mesure que les résultats obtenus seront connus, el que l'attention publique se sera fixée sur la pisciculture el ses avantages, les gouvernements des cantons riverains de notre lac seront entraînés à imiter celui de Neuchätel, el ce sera alors que des efforts communs et dirigés avec ensemble, produiront en quelques années une augmen- tation sensible dans la quantité de poissons que peut ren- fermer notre lac, surtout si ces efforts sont accompagnés et élayés de bons réglements et d'une police de la pêche du lac et des rivières bien plus sévère que celle qui est actuellement en vigueur. Quoi qu'il en advienne, un ou deux établissements de pisciculture, même fort modestes, produiraient d'inimen- ses avantages au Val-de-Travers; car 1l est prouvé que A — dans les circonstances les plus favorables du frai, plus des trois quarts des œufs pondus et fécondés par la truite, de rivière en liberté, sont perdus et n'éclosent pas, dé- vorés qu'ils sont par les truites de plus petite taille, ou par les lottes, poissons destructeurs du frai par excellence. Des crues subites, en remuant et entraînant le gravier auquel adhèrent les œufs, les écrasent, ou plutôt les en- traînent dans des endroits où ils ne peuvent se dévelop- per: et enfin il arrive quelquefois que des gelées précoces détruisent tout le frai en voie de développement dans no- tre rivière. Le résultat définitif de ces causes perturba- trices normales ou accidentelles, est que, relativement à l'immence quantité d'œufs pondus, il n'en éclot qu'un très-petit nombre, tandis qu'artificiellement on peut ob- tenir en alevins plus de 95 pour cent du nombre des œufs employés. Ajoutons que cet alevin ne serait mis en liberté que lorsqu'il serait devenu assez vigoureux pour résister aux causes qui tendent à le détruire dans les premiers temps de son éclosion. E Quant à notre truite du lac {sa/mo trutta), cette grande espèce si justement estimée, elle n’a pas cessé de dimi- nuer dans les cinquante dernières années : tous les pêcheurs en conviennent et le déplorent. Un document que je possède le prouve jusqu'à l'évidence : c’est le ré gistre de pêche d'un fermier de la pêcherie de l’Areuse, en 1738. La truite se vendait à celte époque de #0 à 60 centimes la livre, et on l'expédiait même salée et en ton- neaux dans les cantons voisins. Il en fut pris cette an- née là à-peu-près six mille livres, tandis que mainte- nant, dans une année ordinaire, il est rare que ce chiffre s'élève à deux mille cinq cents livres, qu'on vend à rai- NT | res son de 1 fr. 50 au moins la livre, ce qui montre que l'augmentation de prix qu'a subie ce poisson est propor- tionnelle à sa diminution. Ajoutons qu'à celte époque on ne prenait la truite qu'à la descente, après la terminaison de l'acte du frai, tandis que maintenant des engins moins primitifs, per- meltent de la prendre à coup sür avant le frai et per— dant qu'elle est en train de frayer. Ce vandalisme- paraît être normal à la pécherie de l’Arnon, et sans aucun doute si la Thielle, où les engins sont plus difficiles à établir et moins destructeurs, n'offrait pas un asile à ces truites pourchassées ailleurs, cette espèce intéressante serait déjà devenue une rareté dans nos eaux. Il serait facile de démontrer que plusieurs autres es- pèces laeustres, le brochet, la palée, la perche, ont aussi diminué, ensuite surtout de la non-observation des lois sur le diamètre des mailles des filets destinés à les pren- dre; de sorte que cette diminution progressive du pois- son est un fait constaté dans notre pays, tout aussi bien qu'en France. Pourquoi ne rendrait-on pas à nos bas- sins autant d'individus qu'ils en nourrissaient autrefois? pourquoi n’en augmenterait-on pas le nombre , puisque les procédés de pisciculture nous permettent de le faire à peu de frais? Notre lac, malgré les conditions fâcheuses dans lesquelles il se trouve, fournit annuellement en poissons au moins une somme de 86,000 francs. Si ce revenu pouvait être quintuplé ou seulement triplé par l'application de la reproduction artificielle et l'observation de bonnes lois sur la pêche, ce serait un immense avan- tage pour le public en général et une grande ressource pour les populations riveraines. M. le D' Borel fait lecture du rapport suivant : Le 12 octobre de cette année, M. le D' Mercier me lit savoir que plusieurs vaches de l'étable de M. de Pierre à Trois-Rods étaient atteintes de pustules semblables au cowpox. Ce médecin demandait que la Commission de santé s'assurât de la nature de cette éruption. Ne pouvant me rendre ce jour là à Trois-Rods, je priai deux vétéri- naires de la ville d'aller visiter les vaches dont il s'agit, et moi-même j'allai les voir le lendemain. L'éruption se composait de petites pustules assez nombreuses, ayant leur siége auprès des mamelles, d'une forme arrondie et d’un diamètre de 3 à # lignes, sail- lantes au milieu, au lieu d'être déprimées comme celles de la vaceine. IL y avait autour d'elles un cercle rouge, soit qu'elles fussent déjà tranformées en croûtes , soit qu'elles fussent encore remplies de liquide. Dès leur ap- parition ces pustules renfermaient un liquide trouble, puriforme , qui au dire du fermier se transfurmait dés le second ou le troisième jour en une croûte brunâtre. Il n'y avait ni engorgement ni dureté soit aux trayons, soit au reste des mamelles. Quatre vaches de l'étable avaient été atteintes de cette éruption; chez trois d’entre elles, au moment où je les visitai, il n'y avait plus de pustules que la croûte brunâtre. Sur la quatrième, qui avait été af- fectée en dernier lieu, il:y avait plusieurs croûtes de pus- tules qui s'étaient manifestées deux ou trois jours aupa- ravant, d'autres pustules, datant de la veille, étaient déjà assez avancées, et remplies du liquide trouble et puri- forme indiqué ci-dessus. Aucune des vaches atteintes de l'éruption n'a éprouvé de malaise notable, soit avant, soit au début de l'éruption; chez aucune d'elles la quantité SUR de lait n’a été diminuée, et ce liquide n’a éprouvé aucune altération dans sa qualité. Chez tous ces animaux, l’érup- tion a parcouru toutes ces périodes dans l’espace de cinq à six jours. Ce n’est assurément là ni la nature ni la marche du cowpox telle qu’elle a été décrite par Jenner et les ob- servateurs qui l'ont suivi. La description que Jenner a donnée du cowpox est très-concise et un peu vague; celle qui a été faite par M. Hurtret d'Arboval, célébre vétéri- paire français, fait voir que cette éruplion parcourt chez la vache à-peu-près les mêmes phases que dans l'espèce humaine. Les vaches prochainement menacées perdent l'appétit et continuent à ruminer, quoique le bol alimen- taire ne revienne pas à la bouche; il y a diminution dans la sécrétion du lait, ce liquide perd sa consistance; ac- célération du pouls; trois ou quatre jours après ces pro- drômes, apparition sur les trayons de pustules plates, circulaires , creuses dans leur centre, en forme de cul de poule ou de chaton, entourées à leur base d'un cercle étroit et rouge, dont l'étendue augmente graduellement sur les mamelles et particulièrement autour du pis; quel- quefois, mais très-rarement sur les naseaux et les pau- pières. Les pustules se développent en quatre ou cinq jours; à mesure qu’elles grossissent, l'animal devient de plus en plus inquiet. Elles sont enflammées surtout à leur base, chaudes et douloureuses; à leur centre elles deviennent bientôt diaphanes, d’une couleur plombée, argentine , le cercle rouge prend une teinte livide, la mamelle se durcit profondément à l'endroit où les pus- tules sont placées. Agitation toujours plus grande de l'a- nimal. Le liquide limpide contenu dans les pustules s'é- DV é paissit insensiblement et se dessèche vers le onzième ou le douzième jour. Alors les pustules commencent à brunir dans le centre et graduellement vers les bords, puis elles se réduisent à une croûte de couleur rouge obscur, et douloureuse pour l'animal lorsqu'on le trait. Cette dessi- cation ne s'accomplît qu'au bout de dix à douze jours, les eroûtes en tombant laissent des cicatrices rondes sur les mamelles. A la suite de cette lecture, M le D' Vouga annonce avoir observé une éruption identique à celle que M. le D' Borel vient de décrire sur plusieurs vaches de la Joux, où il s’est rendu en 1850 avec M. le Dr James Borel, at- tiré par l'espoir d'y retrouver le vrai cowpox. M. Cornaz croit que le vrai cowpox a été trouvé dans le canton de Berne il y a quelques années. Il s'engage à ce sujet une discussion entre MM. Borel et Castella sur les différences observées dans l'intensité des phénomènes qui accompagnent une première et une seconde vaccina- tion, et M. Borel termine en racontant dans quelles cir- constances lé vrai cowpox a élé retrouvé à Passy par M. le D' Bousquet, et en rendant compte des expérien- ces faites à Paris sur les effets de ce vaccin revivifé à sa source. M. Desor, frappé des phénomènes offerts par les brouil- lards qui ont couvert pendant quelques jours le bassin du lac, à écrit à M. Mérian, météorologiste de Bâle, pour lui demander son opinion sur ce phénomène que nous avons si souvent l'occasion d'observer. Dans une lettre dont fait lecture M. Desor, M. Mérian ne se prononce pas, il se borne à constater que le revers septentrional du Le VARG Jura et Bäle en particulier jouissent d'un ciel parfaite ment pur, lors même que la plaine suisse entière et les vallées qui y débouchent directement sont plongées dans une mer de brouillards. M. Kopp attire l'attention sur la deseente brusque du brouillard à l'approche de la nuit : fait inexplicable selon lui par les lois connues de la physique, comme beaucoup d'autres relatifs à ce mode de suspension de l’eau dans l'atmosphère. Une discussion générale s'élève à ce sujet, et convainc tous les membres qu'on sait encore fort peu de chose à cet égard, et que la théorie du brouillard est encore tout entière à créer. Il s'agirait de faire dans plu- sieurs stalions, à des niveaux différents, des observations suivies et simultanées portant sur les mêmes points. Ce serait le seul moyen de faire faire un pas à une question neuve, dont on s'est encore fort peu occupé bors de la Suisse. Séance du 17 décembre 1852. Présidence de M. Louis CouLoN. M. Desor entretient la société de ses travaux sur le mode de reproduction de plusieurs espèces de polypes des côtes de l'Amérique du nord. L’alternance des géné- rations avait déjà été signalée chez eux, mais ce qu'on ignorait avant lui, c'est que la même espèce se reproduit à la fois par œufs et par bourgeons qui se transforment en méduses. Ces méduses, après s'être détachées du po- lypier, vivent un certain temps et produisent des œufs d'où sortent des larves, qui se fixent, se modifient et re- deviennent identiques au polype primitif. CNT eos Les dessins originaux très-nombreux que M. Desor met sous les yeux de la société, rendent parfaitement compte de ces transformations successives. Dans une première série de dessins, M. Desor a figuré les métamorphoses de la campanularia gelatinosa (Lmk). C'est un petit polype social dont la tige ramifiée s'élève de un pouce et demi à déux pouces de hauteur , et qui, quoique fort bien visible à l’œil nu, ne peut être étudié dans sa structure intime qu'au moyen du microscope. Chaque ramification de la tige commune porte à son ex- trémité une espèce de capsule garnie à sa périphérie de nombreux tentacules mobiles et rétractiles; la cavité in- térieure de cette capsule joue le rôle de cavité digestive. Le produit élaboré de la digestion en sort par une ouver- ture inférieure, et pénètre dans un tube creusé au centre de la tige, et auquel vient aboutir le canal central de cha- que ramification. Tous les individus périphériques sont ainsi mis en communicalion par cet intestin commun, et les aliments ingérés par chacun d’entre eux profitent à la colonie tout entière. Le suc nutritif paraît être soumis dans ce canal à un mouvement oscillatoire rendu sensible par celui des granules rouges qui s’y forment en abon- dance. Les différences sexuelles de chaque tige ne com- mencent à se manifester qu’à l'époque de la reproduc- tion, C'est-à-dire au mois d'avril; il est alors facile de s'apercevoir que certaines tiges produisent des œufs, et les autres des spermatozoïdes. La formation des organes reproducteurs à lieu à l’aisselle de chaque rameau, et commence à la partie inférieure de la tige, d'où elle se propage aux parties supérieures, de sorte que chaque touffe d'individus portés par la même tige, présente à la DE DO = fois à des hauteurs diverses, des organes reproducteurs d'autant plus développés qu'ils sont inférieurs. En sui vant au microscope ces modifications dans les individus femelles, voici ce qu'a constaté M. Desor. Entre chacune des bifureations de la tige, c'est-à-dire, à l’aisselle de chacune de ses ramifications, le canal cen- tral, que nous avons appelé intestinal, se prolonge sous forme de boyau, en se dilatant à son extrémité et sur les côtés. Il se forme ainsi des hernies latérales, sortes de cœcums dans lesquels le fluide nutritif s'accumule et semble tourbillonner. Ces hernies s'entourent d’une sé- crétion gélatineuse, abondante, dont la surface extérieure s'organise et devient une membrane enveloppante ecap- sulaire. Le tube central et ses capsules herniaires sont encore entourées à celte époque du prolongement aminei de l'enveloppe tégumentaire générale. La sécrélion géla- tineuse ne tarde pas à s'organiser à partir de l’extrémité périphérique du rameau ovarien. Elle se concentre et s’'accumule sur certains points qui vont devenir des œufs. Peu à peu ils s'isolent, la tache et la vésicule germinative apparaissent, et ils grossissent. Chaque capsule herniaire en renferme quatre ou cinq. À mesure que les œufs se développent, la membrane capsulaire se dilate et finit par se percer d’une ouverture frangée par laquelie les sper- matozoïdes pénètrent et entrent en contact avec les œufs fécondés, la segmentation s'y manifeste, et dans chacun d'eux la masse muriforme s'accumule et prend déjà la forme de la larve qui en sortira une fois qu'ils seront eux- mêmes sortis de leurs capsules. Les quatre ou cinq cap- sules herniaires de chaque bourgeon ovarien renferment des œufs aux différents états de développement qui vien- CAR JR nent d'être indiqués, absolument comme la tige dans son ensemble porte à différentes hauteurs les bourgeons que vous venons de décrire à différents degrés de développe- ment. Seulement dans la tige, l'apparition des bourgeons ovariens a lieu de bas en haut, tandis que dans ce bour- geon isolé, le développement des œufs a lieu de la péri- phérie au centre. Les œufs, une fois en liberté, donnent naissance à une larve aplatie sur laquelle nous revien- drons. Les liges mâles subissent une série de transformations parfaitement comparables et parallèles, seulement il se forme, au lieu d'œufs dans la gélatine des capsules, des spermalozoïdes qui s échappent par l'ouverture frangée que nous a déjà présentée la membrane capsulaire qui entoure la masse gélatineuse dans le bourgeon ovarien. La larve qui sort des œufs ressemble à une planaise, elle est très-contractile et couverte de cils vibratiles, elle paraît renfermer une masse granuleuse. Après avoir été libre pendant quelques jours, elle se fixe au fond du vase, s'y allache, et sur son dos s'élève un mamelon qui s'al- longe, se ramilie et reproduit le polype primitif. Il n'y aurait rien d'extraordinaire dans la reproduction de la campanularta gelatinosa, si M. Desor n'avait décou- vert un fail inattendu, c'est que la même espèce, étudiée à une époque de l’anhée moins avancée, au lieu de pro duire des œufs, d'où uaïtront des larves, donne naïssance à des méduses: Le tube iutesuinal se prolonge en un bour- geon qu'on pourrait nommer bourgeon médusaire, car dans l'intérieur de la masse gélatineuse déjà décrite, se for- ment un grand nombre depetiles méduses qui sont d’a- bord adhérentes par un owbilie au prolongement intesti- — 30 — nal, puis s’en séparent, deviennent libres par la rupture des parois de la capsule qui les renfermait, grandissent, s'entourent de franges , et atteignent le diamètre d'une ligne. Ces méduses produisent des œufs d'où naissent des larves qui se transforment et redeviennent le polype pri- milif. M. Desor a suivi leur développement dans une autre espèce de polype gélatineux , la sycorine, qu'on range parmi les polypes nébuleux. Les sycorines sont à-peu- près de la même taille que les campanulaires ; elles for- ment de petites touffes de couleur rouge , le trone com- mun n’est pas ramifié comme dans les campanulaires, et les individus ont des tentacules beaucoup plus courts; ils s'insérent tous sur le tronc commun dilaté en une espèce de massue dans laquelle circule un fluide nutritif qui renferme de nombreux granules rouges. C'est à la surface de ce renflement terminal que se forment des hernies qui s’entourent d’une gélatine qui deviendra le corps d'une méduse. Cette hernie intestinale primitive grandit, el il s’en détache des canaux qui s’allongent et se recourbent, à la périphérie de la masse gélatineuse ; finalement la méduse se sépare du polype en conservant pour estomac la dilatation du tube intestinal du polype, qui s’est étranglée et a fini par s'en isoler tout à fait. A mesure que la méduse devenue libre grandit, son esto- mac s'allonge el prend la forme d'un tube qui finit par s’allonger au dessous du disque transparent. Les parois de ce tube s'épaississent, et il s'y forme des œufs chez les femelles ei du sperme chez les mâles. Les œufs séparés et fécondés se fixent quelque part et reproduisent la syco— rine primitive. COETS 22 M. Desor , après avoir exposé encore le mode de gé- néralion médusipare de l'hydra tuba, conclut de tous ces faits, que l'espèce et l'individu sont chez ces animaux in- férieurs très-difficiles à différencier et à caractériser , et que les idées que l’on s’est faites de l'espèce, en ne consi- dérant que les êtres individualisés, ne peuvent être ap- pliquées à la classe des hydro-méduses. Il faut remarquer la liaison intime qui existe chez eux entre le suc nutritif et les corps reproducteurs, car les bourgeons ovariens et médusifères sont ici une produc- lion ou sécrétion directe de l'intestin. M. Desor se fon- dant sur l'analogie, croit très-probable l'existence d’un mode pareil de transformation chez notre polype d’eau douce, qui a beaucoup d’affinités avec les campanulaires; il désire que de nouvelles recherches éclairent cette ques- tion. M. le président communique une observation lue par M. le professeur Steenstrup, à la réunion des naturalistes allemands à Kiel, sur la rana oxyrrhinus, espèce de gre- nouille qu'on avait confondue jusqu'à présent avec la rana temporaria, qu'il appelle platyrhinus. La première est plus petite et plus ramassée que la seconde, mais pas autant cependant que l’esculenta; elle est intermédiaire entre les trois, a une tête plus pointue, et a à la racine de l’orteil ex- térieur une gibbosité protégée par une saillie de l'os cunéi- forme, comme cela se trouve chez l’esculenta; mais elle n'a pas les vessies qui sortent aux deux côtés de l’angle de Ja mâchoire de cette dernière, dont elle se distingue facilement par sa coulenr qui la rapproche de la pla- tyrhinus. Elle se retire, comme celle des étangs, dès que la ponte est lerminée. EP 0 © ER Les mâles de l'Oxyrhinus et Platyrhinus se ressemblent, mais ils différent par les sons qu'ils font entendre au temps des amours ; on pourrait comparer ceux de l'Oxy- rhinus au bruit que fait l'air qui s'échappe d'une bouteille tenue sous l'eau ; le mâle de cette dernière espèce se dis- üingue encore par une raie bleue sur le dos, elle passe au bleu de ciel et finit par disparaître lorsqu'il quitte l'eau. M. Wald met sous les yeux des membres de l'assem- blée un appareil construit par Goldberger, pour produire des courants d'induction, et qui offre une ingénieuse mo- dification des anciennes machines de ce genre. M. le professeur Kopp lit quelques observations au su- jet d'un Mémoire que M. Levol a publié dans un des der- niers numéros des Annales de physique et de chimie, sur les alliages considérés sous le rapport de leur composi- uon chimique. M. Levol se pose la question suivante : Les alliages sont-ils des combinaisons chimiques, c'est-à-dire, se font- ils dans desproportions délinies, comme les combinaisons des métalloïdes entre eux et avec les métaux, et peut-on exprimer les alliages par des formules ou: équivalents semblables aux formules usitées en chimie? M. Levol à examiné différents alliages d'argent et de cuivre. Îl a remarqué que l’alliage au *!*/1000 de fin, coulé dans des moules, donne un alliage homogène dans toutes ses parties, pendant que les alliages à d’autres titres présentent un phénomène de liquation plus ou moins pro- noncé, c'est-à-dire, que les différentes parties du lingo PPS nn DD coulé présentent des titres différents suivant l'endroit du lingot où lon prend la prise d'essai, et il fait remarquer que pour des alliages dont les titres sont au-dessous de 0,719 de fin, la partie extérieure est à un titre plus élevé, et la partie intérieure à un titre plus bas que le titre nor- mal de l'alliage; que c'est le contraire pour les alliages dont les titres sont au-dessus de 0,719. — Ainsi un al- liage dont les proportions d'argent et de cuivre mélangés aurait dû donner °*’*#/1000 de fin et qui a présenté ce titre dans la prise d'essai à la goutte, a donné pour le titre de la partie la plus externe 0,633 de la plus interne : : 0,619 Le premier titre est plus élevé, le second plus bas que le titre moyen. Pour un alliage au contraire tel que la prise d'essai à la goutte a donné 0,901, la partie externe a donné 0,899 la partie interne 0,907 Dans la monnaie de Paris, un flan provenant d’une même coulée, et dont le titre moyen était de ****/1000 a présenté à la tête 0,900 au pied 0,897 D'après ces observations, qui sont fondées sur des ana- lyses très-consciencieuses, M. Levol conclut : 1° Que l'argent et le cuivre donnent naissance à une combinaison dont la formule est Ag* Cu“. 29 Que tous les autres ailiages sont des mélanges de celte combinaison avec de l'argent ou du cuivre en excès. Dans le mémoire il y a encore deux observations in- téressantes. Les alliages qui contiennent de l'or ou de l'argent al- hés au caivre, sont difficiles à préparer au titre cherché BUL, DE LA SOC, DES SC. NAT. TOM, HI. 5 de ee <'e et exigent des fontes nombreuses ; or, pendant ces lon- gues manipulations, le cuivre s’oxide facilement à la tem- pérature élevée à laquelle on porte la fonte. M. Hellot, de . Birmingham, à imaginé, en 1764, un procédé employé depuis par plusieurs fondeurs, pour prévenir celte oxi- dation qui altère le titre et rend l'alliage moins ductile : on fixe au bas du creuset un tesson triangulaire de char- bon. La seconde remarque est relative aux essais que le fondeur doit faire pour voir si son alliage se fait bien, et surlout si aucune partie de ces métaux ne s’est oxidée et ne s’est mêlée aux scories. Quand la matière est fondue dans le creuset, on puise dans la masse une petite por- ion qu'on jette dans l'eau. Dans la petite grenaille ob- tenue, la liquation, quand même elle se ferait, serait sans effet, vu que toute la goutte est mise à l'essai. 1 Dans nos Montagnes, les fondeurs, après avoir calculé les proportions des mélaux qui doivent être fondus, ne font aucun essai pendant toute la durée du travail. Il est peut-être permis de leur recommander l'essai dit à la goutte. Depuis longtemps on a reconnu que certains alliages n'étaient pas de simples mélanges possibles en toute pro- portion et ayant des propriétés physiques, pour ainsi dire, moyennes proportionnelles arithmétiques des propriétés des métaux alliés. La contraction de certains alliages, le degré de fusibi- lité si bas de certains autres, met cela hors de doute. Certains alliages sont de nouveaux métaux ayant des pro- priétés spéciales. Les métaux sont donc des corps qui par leur com- binaison forment des corps de même nature. DR > Mais quels sont les caractères auxquels on peut recon- naître qu'on a un nouveau métal entre les rains ? Jusqu'à présent on n’a regardé comme des alliages dé- finis que ceux qui ont un ensemble de propriétés bien caractérisées. M. Levol veut se borner à un seul caractère, l'absence de liquation. Ainsi il a examiné les alliages d'argent et de cuivre, qui seraient représentés par les formules Ag Cu, Ag Cu?, Ag? Cu, Ag” Cu’, Ag° Cu‘, et n'ayant pas trouvé de liquation sensible dans l’alliage représenté par la formule Ag* Cu, il admet que c'est là une combinaison définie des deux métaux. Ce caractère isolé me paraît tout-à-fait insuffisant. En effet, pour les alliages rapprochés de celui qui a pour formule Ag* Cu‘, par exemple pour l’alliage Ag° Cu, le titre est 694,10 , la liquation sépare au centre un alliage Sie des ds ion us. rovog gun: 94733 à l'extérieur °°?*° la différence n’est que . . . . 0,53 /000 différence extrêmement petite, et se renfermant pres- que dans les limites des erreurs d'observation. Si encore il se séparait en quelques points du lingot un alliage du titre ?'*/1000, je comprendrais l'importance du phénomène, mais dans les circonstances présentes la conclusion de M. Levol me paraît un peu forcée. Elle ne l’est certes pas si l’on se place au point de vue de l’auteur, mais ce point de vue lui-même n’est pas jus- tifié, car la première des questions qu’il faut se poser est celle-ci : la liquation a-t-elle pour cause des actions chi- miques ? On n’a pas encore fait d'expériences précises à ce sujet. Ce serait cependant une question très-importante à exa- Le. M miner. — Je puis d’ailleurs me dispenser d'apporter des expériences, M. Levol ne soutenant la base de ses con- elusions par aucune expérience. Il admet purement et simplement que l'absence de liquation est le caractère de la combinaison de deux métaux. Il me paraît que la liquation est un phénomène phy- sique; les faits qu'il s'agit d'expliquer sont les suivants : I y a un alliage de cuivre et d'argent qui ne présente pas de liquation. Pour ceux qui contiennent plus d'ar- gent, la partie intérieure est plus riche en argent que la partie extérieure: pour ceux qui contiennent moins d’ar- gent, la partie intérieure est plus pauvre en argent que la partie extérieure. Dans un alliage de cuivre et d'argent, l'argent fond à 220 du pyromètre de Wedgwood, le cuivre à 27°; 1l faut donc pour faire l’alliage le porter au moins à 28°. Par le refroidissement, le cuivre se solidifie le premier, l'argent plus tard. La solidification commence par les bords, quelles que soient les précautions prises, si du moins la fonte a lieu sur une quantité tant soit peu considérable. Si l’alliage contient une grande quantité de cuivre, ce cuivre, solidifié vers les bords, forme une masse po- reuse dans laquelle s'exerce sans doute une action capil- laire, et l'argent étant encore un liquide parfait, est par l'attraction, pour ainsi dire, retenu et même ramené à la surface. Ce qui me paraît expliquer le fait que, pour les alliages riches en cuivre, l'extérieur est plus fin que l'in- térieur. Quand l'argent domine, et que le cuivre est en moins grande quantité, la même action ne doit pas se produire; le tissu de cuivre solidifié n’est pas assez considérable FER - DR pour provoquer une action capillaire; le cuivre, en se solidifiant, est beaucoup plus disséminé, son action est moins prononcée, elle peut même être nulle. Alors le refroidissement de l'argent forme une masse compacte vers les bords, qui peut avoir une action sur les molé- cules de cuivre flottantes au centre de la masse et les at- tirer vers les bords. J'espère pouvoir à l’aide de quelques chiffres, et, dès que les circonstances le permettront, à l’aide de quelques expériences, vérifier mes vues. Il faudrait déterminer les densités à l'intérieur et à l'extérieur de lingots formés d'une seule matière ; tenir compte du calorique spécifique et du calorique latent; examiner des mélanges de corps autres que les métaux et faits à de hautes températures, tels que ceux du bicarbonate de potasse et du bicarbo- _nate de soude. Mon but était seulement de faire voir que, dès qu'il Y avait possibilité d'expliquer la liquation par des phéno- mènes physiques, on ne pouvait pas, sans avoir d’abord prouvé par des expériences que c'est un phénomène chi- mique, prendre la liquation pour caractère déterminatif d'une combinaison chimique. Cette communication de M. Kopp donne lieu à quel- ques observations. M. Ladame est disposé à accepter l’ex- plication donnée du fait que, dans un alliage riche en ar- gent, la partie extérieure contient plus de cuivre que la partie intérieure. L'explication de l'autre fait, c'est-à-dire, de la présence d'une plus grande quantité d'argent à l'ex- térieur, lui paraît contestable. Comment en effet se ferait le vide sans lequel l'action capillaire ne se comprend pas? DE: A N'est-1l pas plus naturel d'admettre que l'argent aug- mente de volume en se solidifiant, et qu'il est poussé au dehors par cette dilatation ? M. le président communique un procédé employé dans les vignobles de la Moselle pour accoler la vigne sans le secours d'échalas , procédé dont l'introduction dans notre pays amènerait une grande économie de bois. Il consiste dans l'emploi de fils de fer galvanisé, tendus parallèle- ment à travers la vigne. Scellés à leur extrémité dans une pierre solide, ils sont soutenus de distance en dis- lance par des poteaux de chêne, et passent dans un pe- tit appareil appelé le rétisseur, destiné à leur donner le degré de tension convenable. — Un propriétaire de notre ville se propose d'essayer ce procédé dans une de ses vi- gnes; après cet essai, nous pourrons plus facilement en apprécier les avantages et les inconvénients. Séance du 1% janvier 1853. Présidence de M. L. Coulon, M. le professeur Kopp présente le résumé des obser- vations météorologiques faites au collége pendant lan- née 1852. Température moyenne. La température est observée trois fois par jour, à 9heures du matin, à midi et à 3 heures du soir. Le ther- momètre est placé au second étage du collège, en dehors d'une fenêtre de la façade principale , tournée vers le N.-E., et à-peu-près à l'abri des principaux vents ré- DM — gants. La correction relative au zéro est de 0,3, à por- ter en moins sur l'indication du thermomètre. On observe encore à la même fenêtre, et journellement, un thermo- métrographe à double branche, donnant les maxima et les minima. La correction à y apporter est de — 0,1 pour le minimum, et de — 0,035 pour le maximum. Ces corrections ont été faites sur les nombres inscrits dans les tableaux. — Cette année ces instruments se- ront soumis à une nouvelle vérification, pour le zéro et pour la marche, par leur comparaison avec un excellent thermomètre étalon du cabinet de physique. Aucune des observations ne peut donner exactement la température moyenne. L'expérience d’autres lieux le prouve. Les trois observations réunies s'en éloignent con- sidérablement , car elles concourent à donner comme moyenne la température de midi. La comparaison des chiffres du tableau des tempéra-- tures moyennes des mois de l’année pour midi, et pour la moyenne des trois observations de 9 heures, de 12 heu- res et de 3 heures, le prouve avec évidence. Ainsi la température moyenne pour midi est 10°,61 et la température tirée des trois observations : 10°,23 Ce résultat était à prévoir : l'augmentation des tempé- ratures de 3 heures sur celles de 12 heures compense à- peu-près la différence qui existe entre les températures de 9 heures et celles de midi. Pour mettre bien en évi- dence ce résultat, j'ai réuni dans un tableau les tempé- ratures de midi et les moyennes des trois observations, jour par jour, pour # mois de l'année, choisis dans cha- que saison, ce sont les mois de février, mai, août et no- vembre , et j'ai représenté graphiquement les mêmes ET pe températures pour les mois d'avril et de mai. — La coïncidencé des courbes est évidente, et la plus grande différence des chiffres du tableau numérique est de 1,3%, ainsi toujours moindre que 1,5. Or il est évident que la moyenne de la journée n'est pas représentée par la tem- pérature de midi. Il faut donc renoncer à ces observations de 9 heures, de 12 heures et de 3 heures: au moins, pour en tirer une moyenne , cela ne peut mener à aucun résultat exact, Une moyenne exacte ne peut être obtenue que par des observations faites pendant les 24 heures à des interval- les égaux et rapprochés. Ce système trop pénible ne sau- rait être adopté. On peut y suppléer, comme on le fait à Genève et dans d’autres lieux dont la position est compa- rable à celle de Neuchâtel, par des observations faites à 12 heures d'intervalle. La demi-somme des températures observées se rapproche beaucoup de la moyenne diurne. De plus, vers 8 et 9 heures, la température coïncide avec la moyenne diurne. La meilleure manière de l’atteindre, c'est de faire, comme on le fait à Genève, des observa- tions à 8 heures et à 9 heures du matin, à 8 heures et à 9 heures du soir; la moyenne de ces quatre obser- vations doit s'écarter assez peu de la véritable moyenne. Mais comme les observations du soir sont assez diffi- ciles à faire régulièrement, on pourrait très-bien se bor- ner aux observations de 8 heures et 9 heures du matin. Cela vaudrait mieux, en toul cas, que les trois observa- tions faites jusqu'à présent. Mais les températures de 8 et 9 heures du matin of- frent encore un écart. À Halle, à Gôttingen , où l'on a fait des observations trés-rapprochées et équidistantes ES RTL dans la journée, on a pu calculer l'écart de la moyenne vraie avec la moyenne des observations. . Les nombres qu'il faut ajouter à la moyenne des ob- vations dans les différents mois de l'année sont les sui- vants : Janvier + 0,53; Mai . __ 0,06; Septembre + 0,34; Février +0,57; Juin . — 0,06; Octobre . + 0,50; Mars . +0,41; Juillet +0,10; Novembre +0,47; Avril. +0,34; Aoùt. +0,18; Décembre + 0,43; En moyenne dans l'année + 0,31. J'ai appliqué ces corrections aux températures de 9 h. du matin, ce qui m'a donné les nombres suivants : Janvier + 1,69; Mai . 12,04; Septembre 13,68; Février + 2,27; Juin . 15,28; Octobre. . 8,39; Mars . 1,6%; Juillet. 19,09; Novembre . 7,47; Avril. +6,34; Août . 15,87; Décembre . 3,50. La température moyenne de l’année est d'après la tem- pérature de 9 heures du matin 70,45 et avec la correction 8, 93 Différence 1, 43 Cette correction donne pour la température de l’Hiver (Décembre, Janvier, Février). . . 2,48 DA PILES 0. nn en nie Run 416 07 RS de es Ne 107" MONO né nus A ne. 10 Qn Quant aux observations par le thermométrographe, on a reconnu que l'indication du maximum et du minimum ne suffisait pas pour déterminer la moyenne vraie. Kæmtz a indiqué une méthode pour arriver, par un petit calcul LUE: avec un coefficient, à une approximation convenable. Ii multiplie par les nombres suivants l'excès du maximum sur le minimum diurne, la somme de ce produit et dy minimum donne la température moyenne diurne. Janvier 0,507; Avril 0,466; Juil. 0,462; Oct. 0,447: Février 0,476; Mai 0,459; Août 0.451; Nov. 0,496; Mars 0,475; Juin 0,453; Sept. 0,433: Déc. 0,521. Par cette méthode j'ai obtenu les nombres suivants : Janvier 2,09; Avril 7,52; Juillet 20,11; Oct. 8,35; Février 2,17; Mai 13,43; Août 16,82; Nov. 7,38; Mars 2,54; Juin 15,62; Sept. 11,56; Déc. 4,08. Hiver DH: BE LL SL: Printemps 7,83; Automne 9,09; Moyenne de toute l’année 9,30. La moyenne du maximum et du minimum eût donné pour l’année 9,45. La moyenne de la méthode de Kæmtz diffère de 0,37 de celle que donne l'observation corrigée de 9 heures. — Cette différence est la plus grande en Septembre (2,12) et la plus petite en Octobre (0,0#). L'écart des moyennes corrigées n’est pas seulement dû à ce que l’on n’a eu égard, quant aux températures ob- servées pendant la journée, qu’à celle de 9 heures du ma- tin: à Genève, où l’on fait quatre observations directes le jour, la moyenne corrigée ne coïncide pas avec celle qui est tirée des indications du thermométrographe. Les coefficients employés ne conviennent done pas exactement à Genève, et probablement pas non plus exactement à Neuchâtel. Ce serait donc une chose très-utile à faire que M de diriger ses observations vers le but de déterminer ces coefficients pour Neuchâtel. Pour apprécier la marche de la température moyenne dans l’année 1852, j'ai fait le tableau des températures par décades. La décade la plus haute est celle du 10 au 20 Juillet (20,67), la plus froide du 1° au 10 Janvier (— 0,82). La différence de leurs températures est 21°,49. La température va régulièrement en croissant à partir du mois d'Avril jusqu'à mi-Juillet, et décroit alors pres- que uniformément jusqu’en Janvier. Entre Janvier et Mars, il y a des variations brusques dont il s’agit de cher- cher les causes. Pour juger de la température de l’année qui vient de s'écouler, je vais mettre en regard les températures moyen- nes des mois et des saisons de l’année données par 9 heu- res du matin, sans correction, avec celles que M. G. Borel a conclues des observations à la même heure pour les années 184% à 1850. — IL résulte de cette comparaison que l'année a été moins chaude que les précédentes de- puis 184%. — L'Hiver, surtout à cause de la température si extraordinairement douce de Décembre, a été plus chaud ; le Printemps et l'Été, malgré les chaleurs de Juil- let, moins chaud ; l'Automne plus chaud. Nous devons surtout insister sur la température ex- traordinaire des mois de Novembre et de Décembre; la température de Novembre est T° , elle est plus haute que celle d'Avril ; celle de Décembre de 3°,07, elle est supé- rieure à celle de Mars. Il n’est pas étonnant que- les Journaux nous aient donné chaque jour des nouvelles de la végétation hâtive du blé, des saules, et que dans nos Jardins on ait pu cueillir des violettes et des fleurs prin- lanières. PLAT TRUE : Le tableau suivant dopne les températures extrêmes dans les différents mois et leurs différences. Cette diffé- rence a élé minimum en Décembre 99,75 et maximum en Mai 240. Mois. Date Date | Maxim. | Minim. |Différence. du Max. du Min, Janvier. . | 16 et 17 6 10,20 | —5,80 | 16,00 Février. . 6 28 j —3,55 135,25 Mars . .. 29 5 15,45 | —6,5 21,75 ANrI. 5e 28 20 18,70 | —92,80 | 21,50 Mai. . . . | 18 et 24 li 25,70 1,70 | - 24,00 Juin 30 15 27 6,4 21,00 Juillet 16 2 32,00 12,40 19,60 Août . .. 18 | 11 25,50 ! 10,15 15,355 Septembre 18 24 et 27 | 22,5 | 6,9 15,6 Octobre . 5 20 et 21 | 20 2,9 17,1 Novembre 5 | 26 et 50 | 14,95 1:95 13,00 Décembre AT 0) 7 9,75 0 | 9,75 | Vents. La détermination de la direction, de l'intensité et de la fréquence des vents laisse beaucoup à désirer. Les oh- servations sont régulièrement faites à 9 heures du matin. On distingue le Calme, la Bise ou le vent d'est, qui se fait remarquer surtout par sa durée et par le froid qu'il amène; le Joran ou vent du nord, qui descend du Jura et en suit la pente en plongeant avec impétuosité sur le lac (c'est surtout en été, vers le soir, qu'on est exposé à ses rafales) ; le vent du midi ou Uberre souffle rarement, et est de peu de durée ; il amène presque tou— Jours des orages; enfin le Vent ou vent d'ouest nous amène fréquemment la pluie ; il agite beaucoup le lac. L'intensité n'est notée qu'accidentellement. = DS — D'après les observations, novembre et décembre, qui se font remarquer par leur température, ont été les plus calmes. En novembre 20 jours, en décembre 2# jours de calme. — Le mois d'octobre est celui où l'air a été le plus agité, il n’y a eu que 9 jours de calme. En mars la bise a régné pendant 16 jours, et, dans la seconde décade, 6 jours de suite sans interruption. Le Joran, qui cause quelquefois de si tristes accidents sur le lac, a soufflé rarement. Il a été, comme de cou- tume, plus fréquent en été qu'en toute autre saison. L'Uberre à soufflé une seule fois faiblement, le 25 oc- tobre. Le vent a été fréquent en août et en octobre, Le 5 oc- tobre un vent très-violent a soufflé depuis deux heures du soir jusqu'à 8 heures. Son intensité a été la plus grande entre # et 5 heures. Il a soulevé des vagues énor- . mes qui ont inondé les quais et ont fait des dégâts nota- bles. Sa violence était telle qu'une dizaine d'arbres de la promenade ont été brisés et déracinés. Les personnes avaient de la peine à se tenir debout; et sur les routes, les chars étaient soulevés. Il était chaud. — La tempé- rature était : à 9 heures, a midi, à 3 heures du soir. le 4 octobre 70,50 11° 120 le 5 il y avait 16° 189,5 190,5 Le ciel, qui était clair le #, était le 5 couvert de nua- ges, et la pluie tomba en abondance le lendemain. — Le baromètre a baissé considérablement ROME 2 VUE De la pluie et de la glace. On note les jours de pluie; les jours de gelée sont es- timés d'après le minimum donné par le thermométrogra- phe. Le minimum est tombé à 0° et au-dessous. en Janvier 17 fois Février 15 Mars 22 Avril 4 Décembre 1 I y a donc eu . . . 59 jours de gelée; mais le maximum de la journée n'étant descendu à 0° ou au- dessous qu'en. . Janvier 3 fois Février 2 fois Mars 2 fois iln'yaeuqu . . . . ‘7jours pendant lesquels la glace ait persisté toute la journée. Les brouillards ont régné surtout en novembre et en décembre. Ils étaient souvent fort épais. — Il y a eu 25 jours de brouillard, dont 21 en novembre et dé- cembre. Il y a eu 28 jours de hâle, dont 11 en juillet; 7 orages, pas de grêle, et 11 jours de neige; encore cette neige n'a-t-elle jamais tenu toute la journée. Toutes ces observations laissent beaucoup à désirer; elles sont incomplètes; la quantité de pluie tombée et l’é- tat hygrométrique de l'air ne sont pas observés. Etat du ciel. Le matin, à 9 heures, on inscrit l’état du ciel. — Le mois de mars a été, à cet égard, le mois le plus beau, et celui de février le plus laid. er M Phénomène extraordinaire. Le 18 juin, à 2 heures 55’ du soir, on à ressenti de petites secousses de tremblement de terre. A Neuchâtel le phénomène a été très-peu sensible. Température des eaux du lac. La température des eaux du lac est prise sur le quai du collége , en face des fenêtres du laboratoire de chimie, à neuf heures du matin. L'eau est puisée tout au bord dans un seau en ferblanc, dans lequel on a plongé le thermomètre pour lui laisser prendre la température de l'eau. La température de l’eau est inférieure à celle de l'air depuis la fin de mars jusqu'au commencement de juil- let, et supérieure le reste du temps. — Elle est donc 4 mois au-dessous et 8 mois au-dessus de la température moyenne de l’air. La température moyenne de l'air suit l'influence des températures maxima, pendant que le lac suit celle des températures minima; car sila température maximum du mois baisse, la moyenne de l'air baisse, et si le minimum du mois s'élève, la température du lac s'élève. D'ailleurs le lac modifie sa température lentement, et les courbes thermométriques de l'air et du lac cheminent d’une ma- nière sensiblement parallèle l’une à l’autre. On peut cependant signaler des anomalies singulières : ainsi du 3 au # janvier la température du lac s'élève tout d'un coup de 2°,75. La température moyenne du 3 jan- vier était de 0°, le maxim. 12,50, le minim. —#4°. Le min. du # janvier était de — 3°, le max. +4; le temps était couvert depuis quelques jours, le vent a commencé à EN MR es souffler, la bise a soufflé le 5, et le lac, malgré la basse température de l’air, a conservé 5°, et ce n'est que le 7 que la température du lac baisse de nouveau. La pluie, accompagnée de vent, fait baisser la tempéra- ture du lac de 3° en 3 jours. La pluie sans vent ne pa- raît pas avoir la même influence. Température moyenne du lac. Jan. 4,50: Avril 6,78; Juillet 21,26; Oct. 11,49; Fév. 4,66: Mai 12,10; Août 18,64; Nov. 9,93; Mars 4,64: Juin17,00; Sept. 16,60; Déc. 7,94, Moyenne de l’année 11°,88. M. Desor remercie M. Kopp des soins qu'il a mis à un travail aussi considérable, et il manifeste le désir que pendant quelque temps il soit fait un grand nombre d'observations pour déterminer quelle est l'heure de la journée qui donne exactement la température moyenne de l'air, afin de pouvoir remplacer désormais les trois observations par une seule. C'est ainsi que, dans le séjour qu'il fit, il y a dix ans, sur le glacier de l’Aar, il reconnut que la température moyenne était donnée par celle qu'on observait un peu avant 9 heures. Quant au nombre des jours de gelée , 1l fait observer qu’en le donnant d’après les observations du thermomè- tre, il faut bien noter que cet instrument est placé au second étage, et que dés lors il donne moins de jours de gelée que s’il fût placé plus bas. LL à = Séance du 28 janvier 1853. Présidence de M. L. Coulon. Approbation des comptes arrêtés au 31 décembre 1852 avec un solde débiteur de fr. 561 » 39 c. pour le comple de‘publication de Mémoires, et de fr. 141 » 67 €. pour le rompte des dépenses courantes. — L'assemblée est unanime pour adresser des remerciements à M. Coulon père, caissier de la société. A l'occasion du Mémoire de M. le professear Kopp, M. Ladame fait observer que, si en notant la tempé- ralure, on se proposait pour but unique d'arriver à la détermination de la température moyenne, on pourrait renoncer aux trois observations de 9 heures, de 12 heu- res et de 3 heures, et se contenter de noter le maximum et le minimum, ou de faire une seule observation à l'heure dont la température aurait été reconnue correspondre à cette température moyenne. Mais lorsqu'on commença à faire des observations météorologiques à Neuchâtel, on adopta ces 3 heures, parce que ce sont surtout celles où l'on en fait dans la plupart des observatoires, et qu'on avait ainsi des résultats susceptibles d'être comparés avec ceux que l'on obtient dans d’autres lieux. ‘ Quant à l'élévation soudaine de température observée dans les eaux du lac, le 4 janvier, elle est évidemment due à un de ces courants dont M. Ladame a souvent cons- taté l'existence sans pouvoir en déterminer les lois. Ils paraissent être très-irréguliers , dirigés tantôt d’un côté, tantôt d'un autre, et indépendants de l’action des vents, BüL, DE LA SOC, DES sc. NAT. Tom, HE. 4 puisqu'ils peuvent avoir une direction précisément op- posée. M. Ladame rend compte de quelques observations sur un brouillard qu'il a traversé le 30 décembre dernier, en s'élevant sur la pente de Chaumont. Ce brouillard, épais de 255 mètres, était peu humide dans sa partie inférieure, mais le devenait de plus en plus à me- sure que l'on s'élevait, si bien qu'à la limite supérieure il était coulant. La température allait au contraire en dimi- nuant du bas en haut, et à-peu-près selon les lois qui règlent l’abaissement de température des diverses cou- ches d’air, dans les circonstances ordinaires. La tempé- rature de l’air étant au bord du lac de . 40,75 était à 180 mètres de hauteur, de . 4° et à 255 mètres, de . . . . . 3°,50 La 1re et la 29e de ces observations donnaient ainsi une diminution de 1° pour 240 mètres de hauteur ; la {'€ et la 3me donnaient la même diminution pour 200 mètres. Au-dessus du brouillard, la température était notablement plus élevée que dans aucun point de son épaisseur. Le fait que le brouillard était coulant dans la partie supérieure et qu'il mouillait le sol, Landis que plus bas le sol n’en était point humecté, nous donne aussi une idée de la constitution des brouillards et des nuages , et nous fait comprendre comment il peut tomber beaucoup de pluie dans les régions hautes, pendant qu'il en tombe très-peu dans les régions basses; car les gouttelettes qui se sont formées dans les premières arrivent, en tombant, dans des couches d’air plus chaudes et plus éloignées du point de saturation, où elles peuvent se résoudre de nou- veau en vapeurs. ne D — Les brouillards sont produits par un refroidissement atmosphérique ou par un refroidissement du sol. Ceux “qui sont dus à cette dernière cause sont en général peu épais et peu étendus, et règnent surtout en automne, au printemps, el après les nuits calmes et claires. Pour que les brouillards puissent se former, il faut que celte espèce de poussière d'eau, produite par la conden- sation de la vapeur, soit assez fine pour rester susrendue dans l'air; or, plusieurs phénomènes prouvent que les gouttelettes d'eau sont d'autant plus grosses que la tem— pérature s'élève davantage : voilà pourquoi nous n’a- vons pas de brouillards en été, et pourquoi l’on n’en voit jamais à l'équateur. Là les gouttelettes d’eau sont telle- ment lourdes, qu'elles tombent immédiatement en pluie, _même sans qu'il y ait aucune apparence de nuage. — D'un autre côté, à une température trop basse, par exem- ple, —10° et au-dessous , il ne peut plus y avoir de brouillards, parce que l'air ne contient plus assez d’eau pour en former. Ainsi les brouillards seront rares dans les régions circompolaires. Un membre de l'assemblée ayant signalé le fait singu- lier de la disparition du brouillard après le coucher du soleil, dans un moment où il semblerait qu'au lieu de se dissiper, il devrait au contraire devenir plus épais, M. La- dame pense que ce fait peut être dû à deux causes con- traires, c'est-à-dire à un refroidissement ou à une éléva- tion de température. Dans le premier cas, l'air et le brouillard étant devenus plus denses, se précipitent vers les parties les plus basses des vallées, et le brouillard laisse ainsi à découvert des localités qu'il a occupées toute la journée, ou il se dissipe en arrivant dans des régions OR. PE inférieures qui sont plus chaudes. Dans le second cas, un courant d'air chaud survenant peut dissoudre très-promp- tement le brouillard. M. Ladame a été témoin lui-même d'un fait analogue. Il apercçut un jour, vers l'horizon, des nuages trés-épais poussés rapidement par un vent du nord, mais au moment où ils arrivaient à une certaine hauteur, ils disparaissaient subitement, dissous comme de la poussière de sucre ou de sel qu'on jetterait dans l'eau. — Comme l'élévation de température est souvent due à l'arrivée du vent d'ouest, on comprendrait com- ment il arrive que la disparition du brouillard annonce ordinairement la pluie. Séance du 11 février 1853. Présidence de M. I. Coulon. M. Vouga annonce comme fait exceptionnel, la mort d’un jeune homme de la ville, qui paraît avoir succombé à une apoplexie foudroyante. M. le D' Borel fait remarquer que l’apoplexie cérébrale ou rachidienne n'est pas un fait aussi rare chez des sujets jeunes qu'on le croit généralement. Elle à été observée chez des enfans en bas âge. M. Borel entre à ce sujet dans des détails très-intéressants sur des altérations orga- niques qui peuvent provoquer subitement la cessation des fonctions vitales, et entre autres sur la paralysie des nerfs du cœur. M. Vouga rend compte des expériences de M. de Sie- bold sur les métamorphoses des tænias. Il à fait avaler à de jeunes chiens les kystes, si fréquents dans le péri- — D toine du lièvre et du lapin, kystes qui renferment le Cys- ticereus pisiformis. Au bout de 2 heures de digestion, les parois des kystes étaient déjà digérées, et la vésicule ter- minale du cysticerque tombait en lambeaux. Quelques jours après, les vers avaient atteint une longueur de 1 à 3 pouces et présentaient déjà des articles; l'extrémité ter- minale était cicatrisée. Au bout de huit semaines, ces têtes de cysticerques alimentées dans le canal intestinal. du chien, avaient tous les caractères du /œnia serrata du chien et plus de quarante pouces de longueur. M. de Siebold a fait les mêmes observations sur le cys- ticercus fasciolaris des rats et des souris, qui devient dans l'intestin des chats le tœnia crassicolhis, et il se croit déjà assez avancé dans ses expériences pour oser affirmer que le ver du tournis, si redoutable pour les bêtes à laine, se transforme en un (ænia dans les intestins du chien. Ilen est de même de l’echinococcus des vétérinaires, ver des- tructeur dont les couvées données à de jeunes chiens, se sont transformées au bout de quelques jours en milliers de tænias excessivement déliés. M. Herbst avait observé dans les mussles volontaires de la striæ passerina et dans ceux d’un chien adulte, deux espèces de trèchinia spiralis, différentes de celle qu'on ren- contre chez l'homme. Ayant disséqué un blaireau qu'il avait nourri pendant longtemps des débris animaux de ses dissections, il fut fort surpris de découvrir dans les muscles de cet animal d'innombrables kystes de trichinia dont le diamètre était d'un dixième de ligne, et celui du ver contenu dans leur intérieur d’un centième de ligne. Il eut l'idée de les transmettre à de jeunes chiens âgés de six semaines, en les nourrissant de la chair de ce blai- CPE. pe reau. En examinant leurs muscles à des intervalles de plusieurs mois, M. Herbst les trouva remplis de ces kys- tes microscopiques de Trichinia, de sorte qu'on ne peut plus douter de la possibilité de transmission de ces vers par la chair d'animaux infectés. M. Vouga annonce que M. Gaskoin a été très-surpris de voir une helix lactea d'Afrique, remise à l'humidité aprés quatre ans de séjour au sec chez des marchands, reprendre vie, manger, et produire au bout de quelques mois une trentaine de petites helix noires qui présentèrent au bout de peu de temps tous les caractères de l’heix lactea. M. Coulon a eu l'occasion de constater à plusieurs re- prises sur l’helix pomatia des faits de ce genre. Séance du 25 février. Présidence de M. Louis CouLox. M. Desor rend compte des recherches qu'il a faites sur la distribution des animaux marins, pendant un séjour de plusieurs mois qu'il fit, en 1848, à bord d'un vapeur de la marine des Etats-Unis. Ce navire, dont la mission consistait à déterminer la position des bas-fonds qui ren- dent dangereux l’abord du littoral entre Boston et New- Yorck , offrait les conditions les plus favorables pour ce genre d'investigations, puisque ces bas-fonds sont la de- meure de la plupart des invertébrés marins (mollusques, crustacés, vers, étoiles de mer, polypes et foraminifères). M. Desor rappelle à cette occasion que cette abondance d'animaux inférieurs marins sur les bas-fonds, y provo- que l'abondance du poisson qui s'en nourrit; c'est pour- quoi les bancs de Terre-Neuve sont si renommés pour la grande pêche. Du moment qu'on quitte les bas-fonds pour entrer dans les eaux profondes (les eaux foncées des marins), les animaux de toute espèce deviennent rares, et il n'y a que ceux dont la puissance locomotrice est considérable qui s'y aventurent, tels que les requins, dauphins, baleines, etc. On peut donc dire que les ani- maux marins, non moins que les animaux terrestres, dépendent des continents, et qu’ils n'existent et probable- ment n'ont existé dans les temps anciens qu’à cette con- dition. M. Desor fait ensuite la description de la forme et de la distribution des bas-fonds le long des côtes et autour des iles de la Nouvelle-Angleterre. Ce sont en général des collines sous-marines étroites et parallèles à la côte, séparées les unes des autres par des couloirs ou vallées de 40 à 40 brasses de profondeur. C'est du fond de ces couloirs que la drague ramène le plus grand nombre et la plus grande variété de ces animaux. Il y a des espèces qu'on ne trouve que là, entre autres un oursin plat de la famille des cypéastres (echinarachnius parma), une quan- tité de bryozoares, et plusieurs belles espèces de polypes hydraires (campanularia Laomedia). Cette distribution des animaux marins suivant la profondeur, tout en étant très-précise pour certaines espèces, ne constitue cepen- dant pas une loi aussi générale que certains théoriciens l'ont pensé : de même que parmi les animaux et les plantes terrestres, il s'en trouve qui prospèrent également bien dans la plaine et au sommet des montagnes, il est aussi des animaux marins qui s'accommodent de profondeurs EU Ÿt-S très-variables. M. Desor cite au nombre de ceux qu'il a le plus particulièrement observés, l'echinus granulatus et l’asterias rubens, qui se trouvent fréquemment au niveau de la marée et qu'il a également retirés de profondeurs de 20 à 25 brasses. On s'est demandé si la présence de ces animaux à des profondeurs si différentes, n'était pas le résultat de quel- que périodicité, et si, en dépit de leur faible puissance locomotrice , ils n'étaient pas soumis à des migrations. Ainsi, M. Desor a souvent vu au printemps le fond des bras de mer des environs de Boston couvert d'une quan- lité énorme d'étoiles de mer, tandis qu’à d’autres époques il n'en remarqua aucune dans les mêmes localités. M. Desor ajoute qu'au moment où l’on retire de la mer et où l’on sort de la drague les invertébrés marins qu'elle a ramenés à la sarface, plusieurs espèces de vers, d’é- toiles de mer et en particulier le clypeastroïde dont nous avons déjà dit un mot, paraissent d'une belle couleur rouge pourpre. Peu à peu sous l'influence de la lumière, cette couleur perd de sa vivacité et l'extrémité des pi- quants se lernit et devient verte; au bout d'un certain temps cette dernière couleur finit par envahir tout le corps de l'animal. L'auteur de la communication cite encore à propos d'une étoile de mer, un fait qui l’a frappé. Elle portait accroché à sa bouche un sac rempli d'œufs. M. Desor le détacha et le rejeta dans une assiette conte- nant de l'eau de mer dans laquelle était l'étoile de mer en question ; au bout de quelque temps, en jetant un regard sur la captive ; il fut surpris de ne pas retrouver le sac qui avait disparu, et plus encore de le découvrir prés de la bouche de l'animal dans l'endroit même d’où PES Ne il l'avait détaché. 1 répéta l'expérience, et déposant ce sac à quelques pouces de l'étoile de mer, 1l la vit se mettre lentement en mouvement, au moyen de ses suçoirs, dans la direction de sa progéniture et la ressaisir de la même manière. Ainsi cet animal si peu favorisé, si inférieur, auquel ou ne connaît pas d'organes positifs des sens, à, comme l'animal supérieur, l'instinet de protéger ses œufs ; il ne les abandonne pas, et les retrouve sans que nous sachions quel sens le dirige, lorsque séparé d'eux, il va droit au but et les reprend sous sa protection. M. Desor signale un fait curieux, consigné dans les Bulletins de la Société des sciences naturelles de Zurich; c'est l'effet à distance du rhus venenata , dont le simple voi- sinage détermine chez certaines personnes une sorte d'é- résipèle semblable à celui que produit au contact le rhus toxicodendron. M. Kopp lit la traduction d’un extrait des Transactions de la Société Royale d'Edimbourg (1851-52), lequel con- tient la description de l'éclipse totale du soleil, le 28 juillet 1851, observée à Gôtenbourg en Suède, par William Schwan. — Nous reproduisons les parties les plus impor- tantes de ce travail intéressant. Gôtenbourg est situé en Suéde à 579, 42’, 57/!, 3 lat. N.,et Oh. 47!, 45/°, 2 long. E. Quelques jours avant léclipse le temps devint variable, et le matin du 28 Juillet, le ciel était obscur; si bien qu'on craignit que les observations ne fussent impossi- bles; mais heureusement, peu à peu, à l'approche de l’éclipse, le ciel s'éclaircit, et il ne resta plus que quel- ques nuages près de l'horizon. Er MONS USE Le commencement de l’éclipse eut lieu à 2 h. 53/,4//,% temps de Gütenbourg. Les nombreuses montagnes da limbe de la lune lui donnèrent une apparence dentelée; son contour était plus nettement arrêté que celui du soleil. Ce fut lorsque le soleil se trouva à moitié recouvert par la lune qu'on put le mieux observer le phénomène de la lumiére dé- croissant depuis le centre jusqu'aux bords, phénomène décrit par Airy dans sa relation de l’éclipse de 1812. On fit plusieurs observations à l'œil nu, avec le téles- cope et avec une lunette d'opéra, pour s'assurer si le disque de la lune était sensiblement illuminé, et si quel- ques parties de son limbe, en dehors du soleil, étaient visibles. Mais, quoique l’on se servit de verres noircis aussi peu que possible, et au point seulement que la lu- mière du soleil ne blessät plus les yeux, on ne put dé- couvrir aucune partie du limbe de la lune au dehors du soleil, et la face superposée sur le soleil était complète ment noire. Durant tout le temps des progrès de l’éclipse, la courbe de séparation du soleil et de la lune resta parfaitement nette. Mais quand le soleil fat réduit à un croissant extrêmement mince, el tout à la fin de l’éclipse, lorsque le soleil commença à reprendre une forme déci- dément arrondie, il semblait que la lumiére jaillit de ses limites pour envahir le domaine de l'obscurité ; les con- tours se déformérent peu à peu, comme si on les avait dessinés à l'encre sur du papier brouillard, où l'encre se répand un peu au delà du trait tracé par la plume. La lumière du jour était alors fortement diminuée et l'air devenait froid. Vers l'ouest, dans la direction vers laquelle s'avançait l'ombre de la lune, les nuages paraissaient trés-noirs et — 99 — laids, et tout le paysage prit un aspect froid et désolé. La lumière tenait beaucoup de la teinte grise du crépus- cule; et, moins que je ne m'y attendais, de la couleur verdâtre que je me rappelais avoir observée à Edimbourg, dans les éclipses de 1838 et 1842. Lorsque l’éclipse fut près d’être totale, le ciel prit une apparence plus nua- geuse qu'au commencement, soit que les nuages se for- massent dans ce moment, soit que, comme je ne pus m'empêcher de le soupconner, quelque circonstance de l’altération de la lumière rendît plus visibles les nuages déjà existants. E Le soleil avait maintenant presque disparu, et l'obs- curité augmentail avec une rapidité effrayante. Les des- criptions d'éclipses m'avaient préparé, et cependant je ne m'altendais pas à ce que ce côté du phénoméne m'af: fectât autant. Le passage instantané de l'éclat de midi à l’obséurité de minuit serait un grand phénomène; mais . Je crois qu'il n’exciterait pas autant d'émotion que cette marche progressive de l'obscurité dans une éclipse, marche qui, vers la fin, acquiert une effrayante rapidité. Au moment où l'éclipse allait être totale, je jetai un dernier regard sur le paysage, pour constater cette ombre flottante sur la terre, qu'ont décrite de précédents obser- vateurs. Je ne pus la voir, probablement pour l'avoir altendue trop tôt; mais précisément avant de me mettre à observer le commencement de l’éclipse totale, je levai les yeux un instant. A l'occident du zénith, j'eus la satis- faction de voir le progrès de l'ombre de la lune dans le ciel. La limite entre la lumière et l'obscurité était assez précise, et l'état légèrement nuageux de l'atmosphère aïdait sans doute à la constater. ee Un instant avant la disparition du soleil, le croissant qui restait éclairé commenca comme à se briser ; de sorte que ses extrémités ressemblaient plus ou moins aux dis- ques bâtards que nous présentent les étoiles brillantes, lorsqu'on les observe avec un trés-fort grossissement. C’est à celle ressemblance que Halley semble avoir fait allusion dans sa description de l’éclipse de 1715, quand il dit qu'environ 2! avant l'immersion totale, la partie visible du soleil était réduite à une corne extrêmement mince, dont les extrémités semblaient perdre leur acuité et de- venir rondes comme des étoiles. — Le limbe de la lune semblait alors s'unir rapidement à celui du soleil par des lignes nombreuses et épaisses qui commencèrent im- médiatement à se mouvoir les unes contre les autres avec une grande rapidité comme des gouttes d’eau contiguës ; tellement que l'œil ne pouvait pas suivre leur mouve- ment. Ces lignes occupaient presque tout le croissant du soleil resté visible, et étaient trop nombreuses pour que j'aie pu les compter avant que leur mouvement de fluc- tualion eût rendu la chose impossible. — Les espaces lumineux entre ces lignes étaient d'abord à-peu-près rec- tangulaires ; mais graduellement ils s’arrondirent de ma- uière à ressembler à une chaîne de grains brillants; puis ils disparurent. La disparition de ces grains de Bailly eut lieu à 3 h. 55/,12//,3, temps moyen de Gôtenbourg. J'avais graduellement retiré les verres obscurs à me— sure que la phase totale s'approchait, de sorte que quand le soleil disparut, la lumière n'était plus que faiblement diminuée par l'instrument. Néanmoins le verre obscur ne laissait apercevoir au- cune trace de couronne, et ce n'est qu'en regardant le — 61 — soleil à l'œil nu, au moment de la disparition des grains, que je vis la couronne toute formée. Spectacle magni- lique et épouvantable! Un soleil noir, entouré d'un halo pâle, dans un ciel sombre et plombé. L'obscurité du ciel était d'abord très-grande par l'effet du contraste avec la clarté du soleil ; et il fut nécessaire d'employer une bou- gie pour consulter le chronomètre. Au nord cependant, l'horizon était rempli d'une lu- mière magnifique d’ambre et d'orange, qui contrastait fortement avec le gris obscur, tirant sur le pourpre, du ciel au-dessus de nous. j En regardant du côté de Gôtenbourg, je vis que les clochers et les éminences dans le voisinage de la ville étaient assez distincts. A l'œil nu, la surface de la lune semblait légèrement lumineuse, particulièrement sur les bords; mais cela pouvait provenir de la lumière réfléchie par les cirrus interposés entre elle et l'observateur. La lumière de la couronne donnait à la lune une vi- vacité de contours et une apparence de sortir du ciel qui semblait la rapprocher. Ces observations furent complé- tes en peu de secondes, et je procédai immédiatement à l'examen de la couronne au moyen du télescope sans verre obscur. La beauté de la couronne et ses montagnes rouges me firent oublier l'apparence glacée que le soleil éclipsé présentait à l'œil nu. Jamais je n'ai observé un spectacle qui fascinàt aussi puissamment l'imagination et les sens. Je contemplais ce merveilleux phénoméne avec un plai- sir infini, et ce n’est pas sans un vif regret que j'aperçus la lumiére croissante sur le limbe occidental de la lune, PUS - ue ce qui m'averlissait que ce spectacle allait finir pour tou- jours. A l'œil nu, la couronne paraissait blanche, légè- rement colorée d'un pourpre faible; mais cette nuance pourrait bien être une teinte complémentaire produite par le contraste de la vive lumière ambrée de l'horizon ; car au télescope la couronne était d'un blanc d'argent. La structure était distinctement radiée, la lumière sem— blait jaillir de derrière la lune en rayons vifs, sous forme d’aiguilles, comme si elle émanait de quelque foyer d’in- ‘tense ignition. Bailly l'a fort bien comparée à l'effet du soleil paraissant à travers un massif d'arbres; et l’on doit voir un phénomène semblable dans l'expérience du globe de chaux dans lhydrogène, ou dans la lumière électrique. Halley dit que, pendant l'éclipse de 1715, il y avait de perpétuelles fulgurations jaillissant de derrière la lune, tantôt de ci, tantôt de là, de tous côtés. Je n'ai rien vu de pareil, sinon le mouvement centrifuge que semblait avoir la lumière; et ce mouvement passablement uni- forme ne tenait point de la fulguration. Il n’y avait d’ailleurs, dans la couronne, ni mouvement circulaire, ni rien qui ressemblàt à des anneaux concentriques. La lumière était plus brillante près du limbe de la lune, et s’éteignait graduellement dans l'obscurité, à la distance d’à-peu-près un demi-diamètre de la lune. Le trait le plus frappant de la couronne c’étaient des rayons fort brillants, jaillissant dans diverses directions ; ces rayons nettement déterminés étaient beaucoup plus brillants que le reste; probablement par l'effet de leur lumiére plus intense, ils sortaient aussi un peu du con- tour général. L'un de ces rayons était à 28° 35! à SET ME = lorient du pôle du soleil. C'était de beaucoup le plus brillant ; sa figure tenait du cône. Je n'ai pas eu le temps de déterminer exactement la position des autres rayons. Il y en avait un bien remarquable, à 35 ou 40° à l’ouest du pôle du soleil, et encore deux autres très-brillants. Ces trois derniers avaient une forme loute différente du premier; ils ressemblaient à ces rayons étroits jetés par le soleil entre les nuages, ou à ces cônes renversés, lu mineux, qu'on voit dans l’obscurité, au-dessus des hauts fourneaux ; les côtés étaient en ligne droite et conver- geaient vers le centre du soleil. Ils formaient ainsi des cônes aigus s'élargissant au dehors. Dans l’un d'eux, la lumière croissait du milieu vers les bords comme si le cône était creux. L'objet qui attira beaucoup mon attention quand j'exa- minai la couronne au télescope, ce fut une proëéminence rouge et crochue à 110° 30! à l’ouest du pôle du soleil, Au premier moment je crus que c'était le prolongement d'une proéminence rouge, visible au milieu du rayon à l’est du pôle; mais l'instant d’après, mon attention fut détournée par l'apparition d'une deuxième proéminence rouge un peu au-dessous du premier crochet, et quand je regardai de nouveau le rayon situé à l’est du pôle du soleil, je n’y vis plus trace de lumière rouge. On s’est demandé si les proéminences rouges si remar- quables existent dans le soleil, ou dans la lune, ou si elles ne sont que des phénomènes optiques. Je m'atten- dais à trouver des choses vagues et diffciles à saisir ; mais, lout au contraire, ces phénomènes avaient des contours parfaitement arrêtés ; leur forme ne varia point aussi longtemps qu'ils furent visibles. Le crochet spéciale- SAN TON ment était parfaitement net dans son contour ; et sa teinte rose, plus foncée sur les bords, donnait l'idée d’une sur- face convexe. Au risque de hasarder une comparaison bizarre, je dirais qu'il me rappelait le phare de Belroc transporté dans le soleil, quand son sommet commence à s'allumer ; mais il était fléchi au-dessous du milieu comme un bâton de verre à demi fondu. L'autre proémi- nence était moins haute, mais avait plus de base; son sommet, profondément dentelé, ressemblait fort à une chaîne de pics granitiques. Les deux proéminences étaient bien distinctes de la couronne; on eût dit qu'elles étaient placées en avant de la couronne, et leur contour se des- sinait sur la lumière argentée comme les bords éclairés d'un cumulus se projettent sur le ciel le plus pur. Mais comme la forme arrêtée d’un nuage n’est qu’une illusion résultant de la distance et de la densité de la vapeur qui le compose, je ne puis rien inférer de ce rapprochement quant à la densité de la matière des proéminences rouges. Malgré les lignes arrêtées de leurs contours, elles peuvent être formées d'une matiére d’une ténuité ana- logue à celle des comêtes; et en effet, suivant l’observa- lion de sir John Herschell, leur faible illumination in- diquerait des masses nuageuses d'une extrême ténuité. La couleur des proéminences était un rose franc, et la lumière de la couronne était, dans leur voisinage, plus vive que partout ailleurs, sauf dans le grand rayon dont Jai parlé. Pendant que le rayon à l'est devenait plus court, la saillie des proéminences à l’ouest grandissait, et elles conlinuaient à grandir sous nos yeux comme si elles s'élevaient de derrière le limbe de la lune. Je dirais pres- — D que que leur mouvement était visible. En tout cas, l'aug- mentalion fut très-sensible; car, avant la fin de l'échipse totale, elles avaient pris un accroissement assez considé- rable pour qu'un dessin, même grossier, puisse en don- ner l'idée. Cet accroissement devait arriver dans la sup- position qu'elles appartiennent au soleil; car l2s objets du limbe oriental devaient être occultés graduellement par la lune qui s'avancçait, et ceux de l'occident devaient être mis à découvert en même temps. Les contours arrêtés et les formes persistantes des proéminences me persuadérent qu’elles étaient des objets réels et non des illusions d'optique. Leur grandeur crois- sante me prouvait qu'elles appartenaient au soleil et non pas à la lune. _ Les proéminences étaient distinctement visibles à l'œil ou par la teinte fortement rouge qu’elles projetaient sar la partie adjacente de la couronne; mais je ne pus pas en distinguer les contours, ni les voir comme des objets séparés. Je désirais comparer l'ombre de la couronne avec celle d'une chandelle, mais une expérience rapide me montra que la couronne ne donnait pas d'ombre sensible; l'illu- mination diffuse de l'horizon en écrasait la faible lumiére. Je n'eus pas le temps de regarder les étoiles; mais Vénus était trop brillante pour pouvoir ne pas être aper- çue. On la voyait sans avoir besoin de la chercher. Le retour du soleil fut précédé d’une sorte de crépus- cule, et les proéminences rouges avaient disparu avant que la formation des grains de Bailly annonçassent la fin de l'éclipse totale. BUL. DE LA SO£. DES SC. NAT. Tom, III. ÿ Se Les grains étaieut moins nombreux qu'au commen- cement, mais d'un aspect identique. Pendant l'éclipse les condilions météorologiques de l'atmosphère s'étaient al- térées ; il plut beaucoup le soir. M. Desor donne quelques détails sur un observatoire magnétique qu'il a visité à Toronto, pendant son séjour dans l'Amérique du Nord. M. Lefroy, qui l’a établi, s’est proposé surtout d'y observer les aurores boréales et leur influence sur l'aiguille magnétique. L’aiguille trace elle- même ses perturbations sur un papier qui est en com- munication avec un mouvement d'horlogerie, et la pré- sence de l'aurore borérale est accusée par une plaque daguerrienne. — M. Lefroy publiera plus tard le résultat de ses observations, mais on peut déjà en conclure que l'aurore boréale est un phénomène presque journalier dans ces latitudes, bien que souvent elle ne se montre pas dans les lieux où elle produit des perturbations. Séance du 18 mars 1853. Présidence de M. L. Coulon. M. Coulon père met sous les yeux de la société un frag- ment de quarz aurifère d'Australie très-riche en or, et lit un extrait du rapport de M. Latrobe, gouverneur de la province Victoria en Australie, sur les gisemens d’or de cette province. M. le Président dépose à son tour sur le bureau une série d'échantillons aurifères rapportés de Californie par M. François Lardy. Il appelle particulièrement l'attention OT =: sur un fragment composé moitié de quarz, moitié de roche gneissique. Cette dernière est remplie de pyrite de fer mais ne renferme pas d'or, tandis que le quarz qui est dépourvu de pyrite est très-aurifére. Une discussion s'engage sur l’origine du métal disséminé dans la roche quarzeuze. M. Desor fait observer que malgré l'apparence du mé- tal qui, dans beaucoup de cas, semble avoir été intro- duit dans les fissures à l’état de fusion, il y a cependant de graves objections à faire à cette théorie. Il cite plu- sieurs exemples observés par lui dans les mines de cuivre d'Amérique où la roche exerce une influence marquée sur la richesse du filon qui la traverse. Le même filon en traversant successivement des masses de trapps , des bancs de conglomérats et de nouveau des trapps, est très- riche dans ces dernières roches, tandis qu'il s’épuise du moment où il passe dans les conglomérats. M. Desor a vu à plusieurs reprises des morceaux de cuivre nalif qui avaient pris l'empreinte de cristaux de quarz ou de carbonate de chaux, ce qui est une difficulté presque insurmoniable pour la théorie de la formation des filons par voie de fusion, puisque ce cuivre n'étant fusible qu'à une très-haute température aurait dù altérer les cristaux plutôt que de prendre leur empreinte. M. Desor en conclut que la théorie de la fusion ne suffit pas pour expliquer la formation des filons ; il pense avec M. Kopp que lorsqu'on connaîtra mieux la conducibilité électrique des différentes roches, on arrivera probablement à une solution plus satisfaisante du problème. Le même membre a fait quelques observations sur l'influence que la vue de certaines couleurs et du rouge — 68 — , en particulier exerce sur les animaux. On sait jusqu’à quel point la couleur rouge peut irriter un taureau, mais cette disposition ne se retrouve pas seulement chez les animaux supérieurs. M. Desor raconte à cette occasion qu'en visitant au printemps la collection de serpens vivans du Zoological Garden à Londres, où se trouvent quel- ques magnifiques serpens à lunettes, il remarqua que l’un de ces animaux paraissait (rès-inquiet. À mesure qu'il s’approchait de sa cage, le serpent se roulait en spirale, dressait sa tête comme pour s'élancer, et faisait entendre en même temps un sifflement trés-aigu. Par contre l’ani- mal paraissait très-calme, quand d’autres personnes se promenaient devant sa cage. M. Desor eut alors l’idée que sa colère était excitée par la vue de son gilet de voyage à grands carreaux rouges. Ayant boutonné sa redingote l'animal se calma immédiatement, tandis qu’il recommen- çait à s’agiter dès que M. Desor eut remis au jour le gilet objet de la colère du serpent. Séance du 8 avril 1853. Présidence de M. le D’ Borez.. M. Desor communique des observations qu'il a faites en Amérique sur l'apparition régulière à 17 ans de dis- tance, d'une grosse espèce de cigale (cicada septemdecim). Ces animaux, les mâles surtout, trahissent leur présence par un bruit fatigant et même assourdissant qui, à quel- que distance, rappelle celui du tambour. Linné indique déjà le fait qu'il tenait d'un de ses correspondants d'Amérique, et depuis lui on a constaté CR = positivement le retour périodique de ces cigales de 17 en 17 ans ; leur apparition a lieu à jour fixe, et tous les journaux l'annoncent à l'avance. En Juin 1851, M. Desor se promenant dans une allée à Philadelphie observa sur le sol un grand nombre de trous ronds et en vit sortir des cigales dont plusieurs étaient encore entourées de leur enveloppe de larve. A peine parvenues sur le sol, elles se dirigeaient vers les arbres voisins, montaient le long de l'écorce, et parve- naient aux branches. Cette cigale vit un mois, s’accouple, pond des œufs cylindriques et assez durs; elle les dépose dans des rainures qu'elle creuse dans l'écorce des branches ter- minales de certains arbres. Peu à peu les feuilles des branches blessées se fanent, se dessèchent et leur chute est bientôt suivie de celle du rameau attaqué qui les portait. MM. Desor et Lesquereux furent frappés dans une de leurs courses de voir les sumacs, les chênes et surtout les châtaigniers, couverts de ces rameaux desséchés sur le penchant S.-E. des collines seulement, tandis que leur flanc tourné au N.-E. n'offrait que des arbres intacts, ce qui prouve que ces cigales évitent de déposer leurs œufs sur les arbres des pentes septentrionales peu expo- sées aux rayons solaires. Au mois d'août, le sol est jonché de ces rameaux dont l'écorce présente les rainures creu- sées par la tarière de la cigale qui y a renfermé ses œufs. Que deviennent ces œufs, comment les larves qui en sortent s'introduisent-elles dans le sol, comment y vivent-elles pendant 17 ans? voilà autant de questions à éclaircir. M pes Un fait singulier et inexplicable, à propos de ces ci- gales, c’est qu'elles n'apparaissent pas partout la même année; ainsi en 1845, elles se sont montrées dans la partie nord-ouest de l'Etat de New-—Yorck ; en 1849, dans le nord de cet État, la partie oceidentale de la Pen- sylvanie et jusque dans l'Ohio; en 1850, dans le New- Jersey et la partie N.-0. de la Pensylvanie, et enfin en 1851, dans la partie centrale et méridionale de la Pen- sylvanie, le Maryland, la Géorgie et la Virginie. On à cru primitivement que ces cigales étaient d'espèces dif- férentes, mais une comparaison minutieuse a prouvé leur identité. M. le D' Cornaz demande si quelqu'un des membres présents pourrait lui donner des renseignements sur l'existence actuelle d’un albinos qui vivrait à Neuchâtel dans une retraite absolue. Personne n’en ayant jamais entendu parler, il se pourrait que ce bruit ne fût que l'écho d'une tradition, car Blumenbach cite à Neuchâtel un albinos qu'il a examiné lui-même, mais dont il n’in- dique pas le nom. A ce propos, M. Cornaz dit avoir examiné au microscope des cheveux d’albinos, qui ne lui ont jamais présenté le canal médullaire central qu'offrent encore, plus ou moins intact, tous les cheveux qui ont blanchi par l’âge. M. Desor se souvient à ce propos d’avoir examiné la tête d’un jeune Buschmen, dont il possède des cheveux qui, chez cette race, ne sont pas uniformément répartis sur le cuir chevelu, mais disposés par touffes ou plulôt en méches frisées, séparées les unes des autres. ne, NT Séance du 22 avril 1853. Présidence de M. Z. CouLox, M. le président fait lecture d'une lettre envoyée d'A- mérique le # Juillet 1852, par M. Lesquereux à M. La- mon, pasteur à Diesse. M. Lesquereux lui annonce que ni la psoriata esculenta , V'apios tuberosa, la claytonia vir- ginica, et la scrlla esculenta n'ont été l'objet d'expériences en Amérique. Ce pays fournit assez de maïs el de céréa- les pour que ses habitants n'éprouvent pas le besoin d'essayer de nouvelles cultures et d'introduire sur leurs terrains de nouvelles plantes alimentaires. Il n'y à du reste qu'un seul jardin botanique en Amérique, celui de Cambridge, où ces expériences pussent être tentées, car l'étude théorique de la botanique paraît être dans ce pays reléguée à l'arrière-plan. Les Indiens recucillent les graines de la folle-avoine, zyzania aquatica, plante qui vit sur les hords des lacs et les sols submergés, et en préparent une bouillie de bon goût et fort nourrissante. Ce serait, dit M. Lesquereux, une plante qu'on pourrait naturaliser avec avantage en Irlande et en général dans tous les sols marécageux et inondés. L'auteur de la lettre annonce la découverte, dans llsthme de Panama, d'une espèce d'upas dont il serait dangereux de s'approcher. L'Amérique tropicale, selon lui, ne nous aurait pas encore livré tous ses trésors. La pomme de terre à l'état sauvage produit des tubercules qui n'alteignent que la grosseur d'une noisette, selon M. le prof. Liebman, de Copenhague , qui l'a étudiée dans sa Re. LES patrie, le Pérou, et y a retrouvé aussi le champignon parasite qui détruit nos récoltes d'Europe. Ce perfection- nement de l'espèce, sous l'influence de la culture, pour- rait fort bien s'appliquer à d'autres plantes sauvages qui jusqu’à présent n'ont pas encore atliré l'attention des bo- tanistes. La seconde partie de la lettre est consacrée aux serpens et aux serpens venimeux en particulier. L'auteur, qui depuis # ans parcourt les solitudes des forêts et les con- trées les plus désertes, n’a encore pu atteindre que deux serpens à sonneltes, tellement ils sont craintifs et se ca- chent à l'approche de l'homme. Du reste ils sont plus rares dans la vallée du Mississipi que le serpent noir, le serpent cuivre et quelques autres espèces venimeuses. Les couleuvres y atteignent des proportions considérables et se défendent en mordant, mais sans causer d'accidents, car elles manquent de crochets. Les serpents à sonnettes n'attaquent jamais; leurs mouvements sont lourds et il est toujours facile de les éviter à moins que par mégarde on ne les foule du pied, ce qui doit être fort rare, car leur ouïe est si fine qu'ils s'aperçoivent de l'approche de l'homme et s'enfuient. M. Lesquereux a visité dernièrement en Virginie d'im- menses marais qui servent de retraite aux nêgres mar- rons. La hache à la main, il a pénétré à 15 milles dans leur inextricable fouillis et n’y a réncontré pendant un séjour de trois jours qu'un seul ophidien, une vipère d’eau douce, qu’il a réussi à introduire vivante dans sa bouteille. Il croit que la vibration remarquable de la queue des serpens à sonnettes ne leur est pas particuliè- re, mais que tous les serpens dangereux par leur venin, — 13 — lors même qu'ils ne portent pas d'anneaux, impriment ce même mouvement à leur extrémité caudale. La Pensylvanie renferme un bassin houiller très-étendu qui occupe une moilié de cet État et s’avance vers le sud và travers l'Ohio, la Virginie et le Kentuky jusque vers l’Alabama. Déjà M. Lesquereux a rencontré plus de trois cents espèces végétales dont un bon nombre sont nou- velles dans le bassin anthraciteux, et il n’a pas encore exploré le grand bassin de houille bitumineuse de l’ouest, pas plus que les lignites tertiaires du Mississipi. Il s'occupe maintenant à décrire ces végétaux et à ras- . sembler les observations et éclaircissements géologiques qui doivent accompagner un grand travail auquel se lient plusieurs questions géologiques d’un haut intérêt. La lecture de cette lettre provoque quelques observa- tions de M. Desor. Il a vu en effet la folle-avoine croître en abondance sur les bords des grands lacs, dans des terrains recouverts de trois à quatre pieds d'eau; mais il ne partage pas l'avis de M. Lesquereux sur la rareté des serpens à sonnelles, car dans ses courses il a visité des localités arides el pierreuses où ils étaient très-abondans, et où rien n'eût été si facile que de s'en procurer. M. le professeur Kopp présente quelques observations au sujet d'un mémoire de M. Blanchet, sur l'orage qui a ravagé le canton de Vaud le 23 août 1850. Il signale sur- tout l'explication que l'auteur donne de la formation de la grêle dans la vallée du Léman. A la suite de plusieurs journées très-chaudes, dit M. Blanchet, l'air de la vallée vaudoise acquiert une température très-élevée, se sature de vapeurs, envahit l'espace à une certaine hauteur, RS PR monte le flanc oriental du Jura et en couvre le sommet. Là il se trouve en présence de l'air froid des régions éle- vées qui descend dans la vallée du Léman pour y prendre la place de l'air dilaté, et s’y précipite avec tant de vio- lence qu'il entraine les couches supérieures de l’atmos- phère. Ce courant entraine les cirrus qui s'étaient for- més à la surface supérieure de la masse d’air saturée ; chemin faisant les grains de grésil, qui constituent les cirrus, se couvrent de vapeurs, lesquelles se glacent par le fait de la température basse de l'air en mouvement. Le transport rapide des grélons est accusé par leur forme. Ils sont composés de couches concentriques avec ‘ un creux dans la partie postérieure; marchant directe- ment sans se retourner, 1ls ont grossi par devant et sur les côtés, recueillant les vapeurs sur leur route, tandis que la partie postérieure n'a pas pu prendre d'aceroisse- men. Cette théorie semble confirmée par l'observation que fait M. de Buch sur la fréquence des orages de grêle dans les plaines voisines des montagnes, par exemple, dans le vignoble du canton de Neuchâtel, et surtout à Cressier. Mais M. Kopp fait observer d'abord que cette fréquence n'est pas aussi grande dans les parties basses de notre pays que l'indique M. de Buch, et d’après lui Kæmtz; et ensuite que la théorie de M. Blanchet ne peut rendre compte ni de la grêle qui tombe dans de vastes plaines, nt de celle que l'on voit fréquemment sur les montagnes. M. Louis Favre fait observer à cette occasion que la grêle la plus abondante qu'il ait jamais vue est celle qui tomba à la Chaux-de-Fonds en mai 1848, et qui forma une couche si épaisse que dans les environs du collége il fallut ouvrir le chemin comme dans la neige. PL I ES IA RES À M. Kopp communique quelques notes sur les orages de grêle observés à Neuchâtel depuis 184%. 1844. 18 septembre, à 12 heures 30 minutes, orage accom- pagné de quelques grêlons et suivi d’une forte pluie ; de # à 8 h°°5 orage continuel; à 9 hres un peu de Joran (N). Il régnait un calme presque parfait pendant toute la journée; le peu de vent qui soufflait venait de l’ouest. 1845. 29 mars, pendant toute la journée alternatives de lueurs de soleil et d’ondées de pluie et de petite grêle. Le vent était O., il souffla toute la journée, le matin faiblement, le soir un peu plus fort. Thermomètre. Baromètre. 9 heures 69,5 726 mm. 12 » 99,60 727,10 » 3-1» 10° 727,45 » 15 juillet. — Ciel nuageux. A 10'/> h. du matin, forte pluie el petite grêle. Pendant le temps de la grêle le thermomètre tomba de 15°,5 à 130. Le vent régnant _ pendant ce lemps était N.-O. Therm. Barom. Vent. Etat du ciel. Da" /159,5 725 350 (à couvert. Ah 15,55 724,75 N.-O. (2) id. 5. h.7 14,50 724,80 O. (1) id. 9 h. 11,50 725 N.-0. (0) nuageux. 1846. Le 2 avril, il ÿ avait un peu de neige sur les monta- gnes. Le 3, beau jusqu'à { heure, quoique le vent fût assez fort. A 2 h. le vent devint plus fort; il y eut des aversse sr AG - == successives; de gros nuages s’élevérent à 7 heures; il y eut des éclairs du côté de l'O. Le lac faisait entendre un fort bruissement: à 8 heures des coups de tonnerre, des éclairs; à 9 heures l'orage éclata avec un vent (N.- 0.) : violent, une véritable tourmente. Therm. Barom. Vent. Etat du ciel. 9h. 102,10 720,80 O. (1) nuageux et soleil. 12h. : 12 719,10 O. (2) id. 3h 8,50 718,60 O. (2) pluie 9h... 9 718,10 N.-0. (3) pluie et tonnerre. 20 juillet. — Forte grêle sur les vignes, où elle cause du dégât. Le temps était beau jusqu'à midi; le ciel se couvrit et, entre-3 et # heures, fort orage avec tonnerre et grêle. Therm Barom. Vent. Etat du ciel. 9 b. LE 726,20 calme. clair. 12 h. 26° 725,80 0. nuageux. 1er août. — Temps clair, calme, très-chaud, à 6 h. bruissement très-fort dans la forêt de Chaumont, pluie faible et quelques grêlons. Therm. Barom. Vent. Etat du ciel. 9 h. 220 722,30 calme. clair. 12 b. 26 721,50 id. id. 3 h. 28 720 id. id. 9°h, 28 721,40 id. couvert, éclairs. 1847. 8 mai. — Pluie à 6 h.; à 10 b. forte pluie douce, so- leil et nuages jusqu'à 3 h.; puis pluie forte mêlée de grêle poussée par un vent N.-0. (2). 27" | PUR Therm. Barom. Vent. Etat du ciel. 9h. 140 118,75 "°N-0. (1) couvert. 1200. 13,80 720,30 0. (0) id. 4 h. 9,40 122,30 N.-0O. (2) id. 9 h. 9,40 725,05 Calme id. 1848. Pas de grêle. 1849. De même. 1850. 30 mai. — Après une journée dont la température était de 15°, le calme ayant duré toute la journée, le ciel s'est couvert à 3 h., et il est survenu une pluie mêlée de grêle, sans vent bien sensible. Août 22, 9h. 18 bise très-faible, clair, quelques nuages. 42h. , 1 id. id. min. max. 3h. 22,50 id. id. 45°,50 * 23 Août 23. | 9h. 18° calme, couvert. 220, 23 id. id. min. 14,75 max. 24,25 HR 29 id. orage le soir. Août 24. 9h. 15°50 calme, couvert. 12h. 15,75 vent faible, pluie, min. 45,50 max. 17,50 3h. 16, id. id. 1851. Pas de grêle. 1852. Pas de grêle. Séance du 6 Mai 1853. Présidence de M. Louis CouLox. M. Jämes Ladame et M. le pasteur Lamon sont reçus à l'unanimité, le premier comme membre actif, et le se— cond comme membre honoraire de la société. M. le professeur Kopp communique une lettre qu'il a trouvée dans la bibliothèque de la ville adressée à M. Bour- guet, de Neuchâtel, et écrite par Jean Bernouilli, le père. — M. Bourguet ayant publié dans le Mercure suisse le résullat d'observations météorologiques faites par lui, Bernouilli lui témoigne l’extréme satisfaction avec laquelle il avait vu ce tableau, approuvant aussi les réflexions qui l’'accompagnaient, la description des instruments et la manière de faire les observations, laquelle, dit-il, est telle qu'un physicien peut la souhaiter. — Bernouilli donne ensuite quelques directions sur les moyens à em— ployer pour s'assurer que dans le baromètre le vide est parfait, el sur les corrections à faire pour la capillarité et la dilatation. Comparant les hauteurs barométriques ob- servées simultanément à Neuchâtel et à Bâle, il fait re- marquer qu'on pourrait par ce moyen connaître la hau- teur de ces deux villes au-dessus de la mer, et surtout l'élévation de Neuchâtel au-dessus de Bâle; il y a plu- sieurs règles pour cet effet, dit-il, mais j'ose bien avan- dr — cer qu'il n'y en a aucune qui salisfasse {ant soit peu exac- tement aux observations faites à de grandes hauteurs. Une autre lettre de J. Bernouilli, du 3 mars 1731, adressée également à M. Bourguet, fait mention d’un tremblement de terre qui avait eu lieu vingt ans aupa- ravant. «Je me souviens, dit-1l, d'un tremblement de terre assez violent que nous sentîmes ici (Bâle), en 1711, entre # et 5 heures du matin, au plus gros de l'hiver, y’ ayant une grande quantité de neige, jusqu’à 4 ou 5 pieds de haut. Incontinent après ce tremblement de terre il s'éleva un vent du N.-E., d'où ordinairement le vent qui souffle est froid dans une telle saison; mais cette fois-là, non-seulement il était tempéré, mais tout-à-fait tiède, en sorte qu'en 2 ou 3 heures de temps toute la copieuse quantité de neige se fondit tellement, qu'on n’en aperçut plus aucune trace Il est vrai que 2 ou 3 jours après, il en relomba de nouvelle presque en aussi grande quan- tité que celle que nous avions perdue. Je ne sais pas si vu ne peut pas dire que ce vent extraordinaire est sorti des entrailles de la terre, chassé vers nous avec impétuo- sité par une explosion qui se fit quelque part dans la Fo- rêt-Noire . » M. Kopp donne lecture du travail suivant : Le Cosmos et les travaux de M. Wolf, de Berne, sur la relation entre les variations de l'aiguille aimantée et les taches du soleil. La seconde partie du troisième volume du Cosmos de M. de Humboldt a paru à la fin de l’année 1852. Ce nou- veau volume complète la description du ciel, en traitant des nébuleuses et des travaux dont elles ont été l’objet. ON = La plus grande partie du volume est consacrée au sys- tème solaire. M. de Humboldt considère d'abord le soleil comme corps central, puis les planètes , les comètes, la lumière zodiacale et les étoiles filantes. — Chez nous, en Suisse, le spectacle de la lumière zodiacale s'observe lorsque la lune ne l’efface pas par son éclat, à la fin de février et au commencement de mars. — C’est une lueur blanchâtre sans limites bien nettes, qui s'étend après le coucher du soleil sur la route que cet astre vient de par- courir. Quant aux chutes périodiques d'étoiles filantes, il n’y a que celle qui a lieu vers le 28 juillet qui puisse être bien observée chez nous. Celle du 11 novembre paraît moins riche; cela tient, sans doute, à ce que, à cette der- nière époque, le ciel est le plus souvent en partie cou- vert. Cependant, en 1852, dans un quart-d'heure, j'ai compté jusqu'à 15 étoiles filantes dans la partie zénithale de notre ciel. l L'année 1852 a été riche en découvertes de planètes nouvelles. Le 1° janvier 1853, on compte, outre les grandes planètes, 22 petites planètes dont 7 découvertes dans l’année 1852 Les anciennes sont : Cérès, Pallas, Junon, Vesta, Flore, Victoria, Iris, Hébé, Egérie, Irène, Eee Parthénope, Métis et Eunomie. Celles découvertes en 1852 : Psyché, Thétis, Melpomène, Fortuna, Massalia, Lute- ta, et une nouvelle, découverte le 16 novembre 1852 par M. Hind, et qui n'a pas encore reçu de nom. Il est bien à regretter que M. de Humboldt n'ait pas connu, à l’époque où il a publié son volume, les faits si- = A — gnalés par M. Wolf, de Berne. Le tableau qu'il fait des influences du soleil sur la terre aurait été plus complet. — Le. soleil n'agit pas seulement sur la terre par sa masse, mais encore par sa lumière et sa chaleur, La lumière solaire a été, de nos jours, l’objet d’un examen plein d'intérêt. Il suffit de rappeler la découverte des phénomènes de la polarisation qui sont nés depuis si peu de temps. Cette question, malgré les hombreut travaux dont elle a été l’objet , est loin d'être approfondie. A côté d'elle il y en à une autre qui a été à peine touchée, c’est l’action chimique des rayons lumineux. Il est peut-être à regret- ter que l’art du daguerréotype ait pour ainsi dire jeté dans le domaine public cette partie si intéressante des études chimiques, vulgarisation qui a peut-être arrêté, du moins un peu détourné nos plus habiles chimistes de s'occuper de cette question. Ils pensent sans doute qu'une foule de personnes doivent s'en occuper, et cependant, il est bien difficile, hors des grands laboratoires spécialement desti- nés aux recherches, de s'occuper de ces phénomènes, où le temps est un élément indispensable, et qui, par consé- quent, exigent une place considérable pour laisser les phénomènes s’accomplir. Quant à l’action calorifique des rayons solaires, l’une des questions de la plus haute importance qui s’y ratta- chent, est celle de l’influence du soleil sur le magnétisme terrestre. L'aiguille aimantée est sujette à deux sortes de variations, l’une diurne, l’autre annuelle. La variation diurne est telle qu'il y a pour la déclinaison deux maxi- ma vers l’ouest à 2 heures du soir et à 2 heures du ma- tin, et deux minima vers l’est à 8 heures du matin et à BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. Tom. HI. 6 D Ra 10 heures du soir; et pour l'inclinaison un minimum à % heures du soir, un accroissement d'inclinaison jusqu’à 10 heures du soir, puis un décroissement jusqu'à 6 heu- res du matin, un second accroissement jusqu'à 10 heu- res du matin, et un second décroissement jusqu'à # heu- res du soir. Ces variations horaires, du moins pour la déclinaison, présentent ceci de bien remarquable que dans les deux hémisphéres, le boréal et l’austral, elles présen- tent des différences non pas tant par leur grandeur que par la symétrie des mouvements par rapport à l'équa- teur. Ainsi à Alger les variations horaires sont doubles de celles du Cap, et dans des sens contraires relativement à l'équateur; mais à Alger et au Cap les variations les plus faibles ont lieu quand le soleil est le moins élevé au-dessus de l'horizon. — Evidemment, d’après cela, le soleil, est la cause de ces variations horaires. — On ad- met que le soleil, par son action calorifique, provoque des actions chimiques multiples dans l'organisation des végétaux surtout, phénomènes qui engendrent à leur tour des courants dont la résultante totale est un courant al- lant de l’est à l’ouest. C'est lui qui fixe la nature des deux pôles magnétiques de la terre. Les variations horai- res sont produites par les variations des courants engen- drés dont le centre de convergence est au point le plus échauffé du globe sur l'équateur. Les courants, si divers quant à leur direction, se comportent, quant à leur ac- tion, comme les forces, et donnent lieu à deux courants résultants opposés , l’un allant de l'est à l’ouest, l’autre de l’ouest à l’est; tous deux variables quant à leur in- tensité; celui qui va de l’est à l’ouest étant toujours le plus intense, mais ayant un maximum d'intensité dans LT ne de à 577 htm — 83 — notre hémisphère depuis 2 heures du soir à 7 heures du matin, l'autre ayant un maximum toujours plus faible que le premier, durant de 7 heures du matin à 2 heures du soir. Reste à expliquer les variations annuelles qui se résu- ment par de grandes variations séculaires. Peut-on les expliquer par les perturbations séculaires qui modifient la position relative du soleil et de la terre? Les données du problème manquent: car on ne possède que peu de lois exactes des variations de la boussole. Voici le tableau des variations moyennes de Paris : Inclinaison. Déclinaison. © Te Andes Valeur Variat. moyen. Anis Valaue Variat, moyen. : g x annuelles. ji É : annuelles. 165% 75,00) . .y7 1663 0°,00) . . 11 46740 725) y 1767 1916, 9 1780 71° 48 x, Ël 1785 22,00) 9" 1806 69,12, 3, 4805 22,05, y 1817 68,38) 51 1817 22°,19, 03 1829 67° 41 | 7 1825 57 > hate Ces variations séculaires sont, comme on voit, irré- gulières ; la variation annuelle est tantôt forte, tantôt faible. Les travaux de M. Wolf, de Berne, donnent la clef de cette variation dans la variation de l'aiguille de décli- naison. Il a le premier fait observer la coïncidence entre la fréquence des taches du soleil et la variation annuelle rapide de la boussole. De ses observations il conclut ce théorème. Les varia- tions de l'aiguille de déclinaison et du nombre des taches PRET ARE du soleil sont soumises aux mêmes époques à des maxi- ma et à des minima. Ainsi de 1837 à 1838 le soleil a montré 333 taches, de 1843 à 184% il n'a montré que 34 taches, de 1848 à 18#9 de nouveau 338 laches, et à ces mêmes époques correspondent deux maxima et un minimum, dans les variations de l'aiguille. D’après des calculs, la période des taches est d'environ 10 ans, ou, plus: exactement, dans 100 ans il y a 9 périodes; chaque maximum est suivi dans 5 ans, à-peu-près, d’un minimum, qui est de nouveau suivi, après un peu plus de 5 ans, d'un maximum. Ce qui donne une période d’un peu plus de 11 ans. Ainsi de 1800 à 1811, 11 Première période, de 1811, 11 à 1822, 22 2e id. de 1822, 22 à 1833, 33 3e id. de 1833, 33 à 1844, 44 4e id. de 184%, 44 à 1855, 55 5e id. Le dernier maximum a eu lieu en 1848,6; depuis, le nombre des taches est allé en diminuant ; en 1859, chaque jour on a pu observer des taches, mais elles seront très-rares en 1855, 55. Or les périodes des variations de l'aiguille aimantée sont les mêmes. Cette variation avait le mouvement le plus rapide en 1848; elle était très-lente en 184%. Cette découverte de M. Wolf, si éminemment curieuse, est d’une haute portée, car elle se rattache à l’un des problèmes les plus importants de l’art nautique, la déter- mination par le caleul de la variation de /a boussole. En à Sn = = EE = M. Coulon, le père, donne lecture d'une traduction qu’il a faite d’un article de la gazette d'Australie sur la géologie des terrains aurifères. Les faits les plus importants que signale l’auteur de cet article sont les suivants : 1° Les roches qui prédominent dans les terrains au- rifères de l’Australie sont cristallines et ignées, ce sont des granits de toutes espèces, des quartz, micas, ardoi- ses, etc. Dans la Nouvelle-Galle du Sud, les rivières près desquelles on a fait les premiers travaux pour chercher de l'or, coulent sur un fond de granit. 29 La roche cristalline passe graduellement à la roche sédimentaire, schisteuse, et les mineurs assurent que les diverses espèces d’ardoises sont dues à la transformation des roches ignées. 3° On remarque, aux mines, que les couches succes- sives des roches de couleurs variées et de composition diverse ont toutes une inclinaison fortement verticale ; remarque qui a-été faite dans toutes les contrées aurifères. 4° Le faîte des roches a partout une direction du nord au sud, fait qui a été observé de même dans toutes les contrées aurifères, et sur lequel est fondée la théorte de l'influence du magnétisme terrestre. 5° Le fer abonde partout et à divers états, tels que pyrites ferrugineuses, émeri, fer oxidulé, peroxide de fer, etc. . 6° L'or se trouve là où a lieu la transition des roches cristallines aux roches d’un caractère sédimentaire. Abordant ensuite la question de l'origine de l'or, l'au- teur rapporte les diverses opinions émises sur ce sujet. Les uns disent que l'or est séparé de sa gangue et en- PS MR traîné par l’action des eaux. D'autres croient qu'une éruption volcanique a lancé une poussière d’or au lieu de cendres, et veulent le prouver par la forme des pépites qui ressemblent assez à de la grenaille plus ou moins grosse. [l y en a qui croient que l'or est produit par le mica. Insistant sur ce fait, reconnu dans tous les pays auri- féres, que l’or se trouve au contact des roches ignées et de celles qu'on a appelées sédimentaires, et ordinairement dans des roches en décomposition, l'auteur paraît disposé à admettre que l’or est produit par la transformation qui s'opère dans certaines roches. Le règne minéral, dit-il, malgré son apparence inerte, nous montre un mouvement et des transformations constantes. M. Kopp fait observer que dans l’état actuel de la science les opinions qui terminent cet article peuvent pa- raître un peu hazardées. Toutefois, dit-il, on pourrait admettre sans trop de répugnance, en voyant tant de transformations se faire dans la nature organique, sous l'influence de forces physiologiques, que le temps et les forces électriques peuvent produire dans le sein de la nature inorganique des décompositions moléculaires, dé- compositions que ne pourraient point produire les forces violentes dont l’homme dispose. Aïnsi on pourrait, à la rigueur, concéder à la nature le pouvoir de la transmu- tation des métaux, quoiqu'on le refuse à la chimie. Séance du 29 mar 1853. Présidence de M. L. Coulon. M. Desor soumet à la société des échantillons de la ro- che iodurée de Saxon en Valais, ainsi qu'une bouteille OT re d'eau de cette même localité, puisée en sa présence le 18 mai, dans le réservoir où se décharge la source de Saxon. M. Kopp a l'obligeance de faire séance tenante l'analyse de l'eau et de la roche. En traitant l'eau avec de l’amidon et un peu de chlorure de chaux , il obtient une teinte d'un bleu foncé, que M. Desor déclare être aussi intense que celle que M. Brauos a obtenue avec de l'eau contenant 100 grammes d'iode par mètre eube. La roche est ensuite soumise à l'examen. Une portion est pulvérisée, introduite dans un tube avec de l’eau, et por- tée à l'ébullition. La solution filtrée et traitée de la même manière que l'eau de source, donne une réaction pres- que aussi intense. M. Desor renvoie au mémoire de M. de Fellenberg et à celui de M. Brauns, pour l'analyse qualitative et quan- utative de l’eau, aussi bien que de la roche de Saxon. Un fait très-curieux, et qui explique les divergences d'opinions qui ont été émises au sujet de la source de Saxon, c'est que l'iode s’y trouve à l’état intermittent. Cette intermittence ne se manifeste pas seulement de jour en jour ou d'heure en heure, mais de minute en minute. Ainsi un verre d'eau, rempli au robinet, donnera à l’é- preuve une coloration bleue; le verre suivant , recueilli immédiatement après, ne donnera qu'une teinte lilas ou rose, et un troisième verre ne contiendra plus d’iode. Le problème n'est pas moins intéressant au point de vue géologique qu'au point de vue chimique. La roche qui renferme l'iode est un banc de ce calcaire celluleux, connu sous le nom de cargneule (Rauchwacke des Alle mands) , très-fréquent dans les Alpes. A Saxon et dans les environs, les cavités de cette roche, au lieu d’être vi- CAC SE des comme en beaucoup d’autres endroits, sont au con- traire remplies d'une substance crayeuse d’une belle teinte rose ou orange. C'est cette substance, qui a été désignée provisoirement sous le nom de Saxonite, qui renferme seule l’iode : la partie compacte de la roche n'en contient pas. A Saxon, ce banc de cargneule iodurée a environ qua- rante pieds d'épaisseur, et plonge au sud, sous un angle de 25 à 30 degrés. Il repose en stratification concordante sur des schistes cristallins, et est recouvert, à quelque distance de l’affleurement, par des couches d’un calcaire schisteux, plongeant également au sud, mais sous un angle plus fort (de 50 degrés). C'est au pied de l’escar- pement causé par l'affleurement de ce calcaire, que se trouve la source iodurée. La première idée qui se présenta à l'esprit des obser- vateurs, en voyant une roche si fortement chargée d’iode presque en contact avec la source, fut de supposer que cette roche ou du moins l'iode qu'elle renferme était le produit de la source; mais il suffit de poursuivre la di- rection des couches à quelque distance, pour se convain- cre qu'il n’en saurait être ainsi. En effet, MM. Rivier et de Fellenberg, en visitant Saxon au mois de janvier der- nier, ont trouvé de l’iode dans le prolongement des af- fleurements de la cargneule, à la distance d’un quart de lieue de la source et à une hauteur de plusieurs cen- taines de pieds en dessus de la vallée. Or, il est dif- ficile de concevoir que l’iode ait pu arriver jusque là par infiltration capillaire ou de toute autre manière. On est ainsi conduit à conclure que l'iode se trouve naturel- lement dans la roche, et que c'est d'elle que dérivent les substances iodurées contenues dans l'eau de la source. L'in- termittence de l'iode pourrait être, dans cette hypothèse, envisagée comme une conséquence de celle des agens at- mosphériques et particulièrement des pluies, surtout si l'on parvenait à démontrer que la source de Saxon est alimentée par plusieurs filets provenant de directions et de profondeurs différentes. M. Desor ajoute qu'ayant poursuivi, avec MM. Brauns et Ossant, les mêmes affleurements de cargneule plus loin du côté de l’ouest, dans la direction de Martigny, ils ont découvert au-dessus du village de Charras, au pied d’un rocher en saillie, une source à côté de laquelle se trouvait une inscription en lettres majuscules à-peu- près comme suit FONS BR Le mot fons, formant la première ligne, est très-bien conservé, la ligne inférieure est très-indistincte, cepen- dant on y reconnaît un B et un R qui se font suite. Les lettres qui précédaient et suivaient ces deux majuscules sont effacées. M. Desor dit qu'il ne trouva personne, en Valais, qui eût connaissance de cette inscription. Le fait qu'elle est en majuscules semblerait indiquer qu'elle remonte à l'é- poque des Romains, attendu que toutes les inscriptions latines du moyen-àge en Valais sont généralement en lettres gothiques. On se demande si la présence d'une inscription comme celle-là ne serait pas un indice que ceux qui l'y ont gravée avaient reconnu à la source quel- que propriété extraordinaire, car il est difficile de suppo- ser que, dans un pays où les sources sont si abondantes, NO LE on en ait distingué une rien que pour sa fraicheur et sa position pittoresque. … La source de Saxon aussi paraît être connue de longue date. D'après la tradition, les habitants du Valais la dé- signaient sous le nom de Fontaine des Croix, parce que les goîtreux qui venaient s’y baigner en été, avaient l’ha- bitude lorsqu'ils en avaient éprouvé quelque soulagement de planter une croix près de la source en signe de gra- titude. M. Coulon, président, communique à la société la découverte faite à Marseille, par M. J.-B. Jaubert, d’une nouvelle espèce d’aigle qui avait été confondue avec l'aigle impérial et que M. Jaubert nomme Aquila Barthelemys. Cet aigle ressemble au Chrysætos par la taille, mais s’en distingue par des épaulettes blanches qui se montrent à la naissance de l'aigle, comme cela a lieu dans l’Aquila pennata; cette livrée ne se prend qu’à la quatrième année, auparavant il peut être confondu avec l'aigle impérial jeune; ce qui avait en effet eu lieu par M. Crespon, dans sa Faune méridionale en 184%, et par M. Jaubert, lui- même, au congrès scientifique tenu en 1846. Plus tard, la livrée prise par cet oiseau en captivité et la capture d'un individu très-adulte ont fait à n’en plus douter dis- tinguer cette espèce. G. BOREL, }) : secrétaires. Dr Vouca, | — 91 — DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ PENDANT L'ANNÉE. Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Zürich. Bulletin de la société vaudoise des sciences naturelles. Bulletin de la société d’histoire naturelle , à Berne. Bericht über die Verhandlungen des naturforschenden Gesell- schaft, in Basel ; t. IX. De la société des amis des sciences naturelles à Vienne : Bericht über die Mittheilungen von Freunden der Naturwis- senschaft, in Wien. Naturwissenschaftl. Abhandlungen, v. W. Haidinger. Jahrbuch der geologischen Reichanstalt, années 1850, 51 et 52. Jabrbücher des Vereins für Naturkunde des Herzogth. Nassau : ENT. VIL, VIIL Annales de la société d’émulation des Vosges; t. V, VI, VII. Coup-d’æil sur les travaux de la société jurassienne d’émulation : année 1851. Transactions de la société royale d'Édimbourg ; t. XX , seconde partie. Proceedings of the royal Society of Edinburgh; n°° 40, 41, 42. Proceedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphie ; vol. VI incomplet. Mémoires de la société royale de Liège ; vol. VI. Mémoires de l'académie de Turin; t. XI et XII seconde série. Mémoires de la société de physique de Genève; t. XIII, première partie. De la société d'histoire naturelle de Hambourg : Abbandlungen aus dem Gebiete der Naturwissensch.; 2 v. De l'institution smithsonienne à Washington : Smithsonian contributions toknowledge: t. E, 1 et HE. History, condition et prospect of the Indian Tribes of the United- States, by H. R. Schoolgraft. L. L. D. part first. Explanations and sailing Directions , par le lieut. M. F. Maury. Fifth annual report of the Board of regentis of the Smithsionian Institution for the year 1850 :. 4 vol. in-8e. Report ou recent improvements in the Chemical arts, by Prof. James-C. Booth. Washington. 4 vol. in-8°. Notice of public libraries in the unitedstates of America, by Ch.- C. Jevett; 1 vol. in-S°. Patent Laws ; À cah. in-8°, Information to persons having business, to transact. at the Patent office Washington, 1851. 1 cah. in-8°. Directions for collecting specimens of natural history, by Charles Girard; 4 cah. in-S°. List of works published by the Smithsonian Institution ; 4 cah. in-8. Second Bulletin of the Proceedings of the national Institution for the promotion of science. Washington, 1842: 1 vol. 8°. Supplément à monograph. of Limniades, by Haldemann:; 4 cab: in-8°. Synopsis of the Coleopterous Insects of the group Cleridæ, by John Leconte; 4 cah. 8e. Of the articular Cartilages, by Joseph Leidy; 4 cah. 8. A Memoir of Samuel-Georg Morton; 1 cah. 8. A Notice of the orig. progress. of the Academy of Philadelphia ; 1 vol. 8°. An address delivreed at the anniversary meeting of the Harward natural history Society, may 1848: 1 cah. 8°. Girard. American zoological, botanical and geological Bibliogra- phy. vor the year 1851 : 4 cah. 8°. Builetin of Proceedings of the national institution for the promo- üon of science. Washington, 1840; 4 cah. 8°. Proceedings of the American association for the advancement of science; second meeting, 1849: 4 vol. &. Dit, fourth 1850; 1 vol. 8°. Army meteorlogical register fort twelde vears from 1834 to 1842 melusiv. Washington, 1851 : 4 vol. in-8°. da LR Report from the secretary of the thesaury of scientific investiga- tions in relation to sugar and Hydrometre, by prof. M. Cul- loch. Washington, 1848: 1 vol. 8°. Report of the secretary of war in formation to the geology and topography of California. Washington, 1850; 1 vol. 8°. Letter of the Secretary of the treasury, report of tables to be used with the hydrometer recently adopted for use in the United- States Custom-haus : 4 vol. &. Report of hon T. Butler King ou California. Washingiôn 18590; 4 cah. 8°. Report of the Secretary of Staate. The report of the Rev. R.-R. Gurley whowas recently sent ont by the governement 10 obtain information in respect 10 Liberia: 4 cah. &. Report of the Secr. of war. The report of en exploration of the Territory of Minnesota, by Brevet Capit Pope; 1 cah. 8. Report id.; in compliance with a resolution of the Senata, ofthe 21 February 1849 a copy of the official journal of Lieutenant- Colonel Philip Saint-George Cooke, from Santa-Fé to San- Diego. Cryptocephalinarum Boreali Americæ. Haldemann. Broch. 4°. On Platygonus compressus a new fossil. Pachyderm. LeConte. Broch. 4°. Of Hippotamus Liberiensis by S.-Q. Morton ; broch. 4°. Monograph of the Fossil Squalidæ of the United States. R.-W. Gibbes. 4. 2. Broch. 4°. New-species of Myliobata from the Eocene by R.-W. Gibbes : broch. 4°. Abstract of the Swenth Census of the United States: broch. 4°. Revision of the North American Tailed Batrachia, by Spencer Fr. Baird; broch. 4°. Fresenius. Chemische Untersuchung der wichtigsten Mineralwas- ser des Herzogthums Nassau ; 1 broch. 8°. H. Brauns. Uber die Existenz des Jodes in der Heilquelle von Saxon ; 1 broch. 8°. L. Agassiz. Contemplations of God in the Kosmos; 1 broch. 8”. Christophe Puggaard. Ubersicht der Geologie der Insel Môen: 1 broch. 8°. DT fou - Hon. Amos Kendall. Full. exposure of Dr. Chas. T. Jacksons Pre- tensions to the Invention of the American Electro-magnetic telegraph. Rod. Blanchet. Mémoire sur l’orage qui a ravagé le canton de Vaud , le 23 Août 1850. Discussion relative à une inscription romaine présentée à la So- ciété jurassienne d’émulation : 4 broch. in-8°. Charles Girard. Essay on the Classification of Nemertes and Pla- . nariæ. Louis Agassiz. On the principles of Classification in the Animal Kingdom on the structure of the Halcyonoïd Polypi on the Morphology of the Medusæ: 1 broch. Se. Cartes : Nicollet. Hydrographical basin of the upper Missippi-River. Capitain W.-G. William. Map of the Delta of the St-Clair, Map of that part of the mineral Lands adjacent to Lake superior ceded 10 the United States. Reçu de la société helvétique des sciences naturelles les feuilles 2-7, 11,16, 47, 21 de l’atlas topographique de la Suisse. te 0 QG a— BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE NEUCEAITEMR Séance du 11 Novembre 1853, Présidence de M. Louie Coulon. La société procède à l'élection de son bureau pour 1854; elle le compose de: MM. Louis CouLow, président. le D' Borez, vice-président. le prof. Kopp, secrétaire pour la section de physique. le D' Vouca, secrétaire pour la section des sciences naturelles. M. Desor communique à la société, au nom de M. Ro- dolphe Blanchet, un tableau où l’auteur a réuni tous les dictons et adages relatifs au temps et aux phénomènes météorologiques , qu'il a pu recueillir dans le canton de Vaud. M. Blanchet voudrait savoir quels sont ceux de ces dictons qui sont connus dans notre pays, afin de déter- miner l'étendue géographique dans les limites de laquelle ils ont pris naissance et sont usités. Lecture est faite, . séance tenante, du dit tableau, par M. Cornaz qui, con- - formément au vœu de l’auteur, annote en même temps les adages connus des membres présents. BUL, DE LA SOC. DES SC, NAT. T. III. = 00 — M. Desor dépose une brochure de.M. Mousson, de Zu- rich, relative aux tables tournantes, et expose les moyens dont s’est servi l’auteur pour analyser les forces qui pro- duisent le tournoiement. M. Mousson a fait reposer le guéridon sur une lame de caoutchouc tendue au-dessus d'un vase complètement rempli d’eau et communiquant, par un tube dérobé aux regards des expérimentateurs, avec un appartement voisin. Cette disposition ingénieuse permettait à la pression exercée sur la table de se trans- mettre au liquide du vase, et de se trahir par des oscil- lations du liquide dans le tube. Un quart d'heure après le commencement de l'expérience, les oscillations com- mencérent, et, au bout d'une demi-heure, elles étaient devenues considérables, et témoignaient ainsi de la pres- sion assez forte exercée involontairement par les expéri- mentateurs sur le guéridon. M. le D' Vouga lit la communication suivante : Ayant entrepris dernièrement, de concert avec M. le Dr de Marval, deux opérations assez importantes, dont l’une, en particulier, est peu connue dans le pays, j'ai pensé qu'il ne serait pas sans intérêt pour MM. les mé- decins, membres de la société, d’en connaître les détails. Mile X., âgée actuellement de 40 ans, cuisinière forte et vigoureuse, accoucha, il y a 7 ans, à la suite d'un travail pénible, reprit trop vite ses occupations ordinai- res, el ne tarda pas à être affectée d'une descente de matrice qu’elle réussit longtemps à contenir au moyen de pessaires. À cette infirmité s'en joignit bientôt une autre, conséquence probable de la première. La paroi antérieure du vagin, sollicitée par la matrice, se relà- a ON cha, et finit par faire une saillie extérieure considérable, lors même qu'un volumineux pessaire contenait encore la matrice au fond d’un vagin spacieux et élargi par une déchirure du périnée remontant à l’époque de l’accou- chement. A l'inspection , celte paroi antérieure du vagin se pré- sente comme une masse arrondie, superficiellement ex- coriée, du volume d’une bille de billard, pendante exté- rieurement à la-partie supérieure de la vulve. Le col de la matrice apparaît au-dessous, entre la tumeur et le pêrinée, Mlie X. se plaint amèrement de la gène que lui cause cette masse charnue, lorsqu'elle s'excorie et s’enflamme sous l'influence de la chaleur du foyer qui pénètre ses vêlements quand elle vaque à ses occupations; elle veut à lout prix en être débarrassée, et déclare avoir renoncé à se marier et être prêle à tout souffrir pour peu qu'elle eüt l'espérance d'être guérie. C'est dans ce but qu'elle s’a- dressa à M. le D' Marval, qui ne vit d'autre moyen pour contenir la descente, que de pratiquer l'opération connue sous le nom d'épisioraphie et introduite dans la pratique chirurgicale allemande par Fricke. Appelé par mon con- frère à examiner le cas, je partageai pleinement sa ma- nière de voir sur l'opportunité d’une opération, ainsi que sur la préférence à accorder, dans ce cas, à la réunion des lèvres du vagin, plutôt qu’à l'excision ou à la cau- térisation d’une partie de sa muqueuse, dans le but de diminuer les dimensions de l'ouverture vaginale, par l'effet de la cicatrisation des bords dela plaie (élytrora- phie). Ce dernier mode d'opération restait toujours en réserve, dans le cas où notre opération n'aurait pas eu de succès. 0 D'accord sur le mode à suivre, nous nous décidâmes à procéder à l’avivement et à la suture du bord des gran- des lèvres, afin d'obtenir en avant du vagin une surface obturatoire fixée par les bords, et assez résistante pour retenir définitivement dans la cavité vaginale la matrice et la paroi antérieure du vagin. L'opération eut lieu le 5 octobre. Après avoir introduit dans la vessie une sonde de gomme élastique et refoulé la masse au moyen d’une éponge fixée à un cordon, M. de Marval procéda à l’avivement en enlevant, au moyen d'un bistouri, une bande d'environ 3 lignes de largeur, au bord libre de chacune des grandes lèvres, et cela, à partir d'un demi-pouce au-dessous de la com- missure supérieure, sur une longueur de deux pouces et demi. L'hémorragie fut insignifiante , et nous procé- dâmes à la réunion en passant six fils d’une lèvre à l’au- tre, au moyen d’aiguilles courbes ordinaires. En serrant les ligatures, nous vimes avec regret que les deux bords de chaque surface d’avivement, au lieu de s'appliquer exactement sur les bords correspondants de l’autre lèvre, se rapprochaient de manière à ce que le contact des deux lambeaux n'avait lieu que sur une largeur d’une ligne tout au plus. | Pour ne pas faire souffrir davantage la patiente, nous fixämes plus solidement les bords supérieurs et inférieurs des lambeaux, au moyen de deux sutures entortllées, et nouâmes les fils intermédiaires, en ayant soin de laisser le nœud assez lâche pour permettre un plus large con- tact des surfaces en rapport, lorsque l’inflammation, en les tuméfiant, aurait en quelque sorte réparé l'inconvé- pient signalé par l'augmentation de l’étendue des surfa- ces en contact. ee. = La sonde fut fixée solidement sur l'abdomen de la pa- teinte, de la charpie et une compresse furent introduites entre ses cuisses, que je liai solidement aux genoux, de façon à empêcher tout écartement. On lui recommanda le décubitus latéral, limmobilité, la plus grande pru- dence dans l'emploi de la sonde à demeure, et on lui in- terdit tout effort de défécation. Il ne survint aucun acci- dent; mais, au lieu de faire le premier pansement 2 fois 2% heures après l’opération, nous préférâmes attendre 4 fois 24 heures, craignant de voir tout à coup les deux bords de la plaie s’écarter après l'éloignement des liga- tures et les masses contenues s'échapper au dehors. Après l'éloignement des ligatures, chose singulière, toute la partie moyenne de la ligne de jonction paraît consolidée. La partie supérieure comprimée par le coude de la sonde, n’est pas soudée sur une longueur de # li- gnes. Le bas est parfaitement réuni; mais la seconde ai- guille a déterminé sur la lèvre gauche une eschare du diamètre d'une pièce de 10 centimes, qui se détache, et laisse une perforation correspondante à bords tuméfiés. Si le résultat n'était pas encore parfait, il pouvait le de- venir à force de précautions. Le pansement fut fait à l’aide du collodium, au moyen duquel on fixa des deux côtés de la ligne de jonction les bords d’une bande de toile qui la couvrit et la soutint, car deux jours après rien n'avait cédé au milieu, les bords du trou étaient couverts de bourgeons charnus; la partie supérieure seule avait continué à se déchirer sur deux lignes de longueur, sous la pression du coude de la sonde; ce qui nous força, sans même raviver les bords, à y passer une forte ligature destinée à empêcher la sonde de comprimer la partie moyenne soudée. — 109 — Dés-lors le succès fut assuré ; le trou, successivement cautérisé au nitrate et pansé à l’onguent élémi, se ré- trécit de plus en plus, devint calleux et de la grosseur d'une lentille. La partie supérieure ne tarda pas à se cicatriser, dès qu'on put cesser l'usage de la sonde, et - abandonner les ligatures temporaires destinées à la sou- tenir. Trois semaines après, Mile X. marchait sans aucune gène, et reprenait ses occupations. Dés-lors, la menstruation a eu lieu ; le produit s’en est écoulé par l'ouverture laissée dans ce but à la partie inférieure du vagin. L'émission de l'urine se fait fort bien, car l'ouverture urètrale correspond au sommet de la ligne de jonction, de sorte que l’urine sort en jet con- tinu au-dessus du pont, dont la hauteur est d'environ deux pouces, et l'épaisseur d’à-peu-près une ligne et demie seulement. Pour éviter que le poids de la matrice et de la paroi antérieure du vagin ne comprime trop fortement le voile peu épais qui les retient, et ne l’éten- de à la longue de façon à s'échapper par l'ouverture inférieure , il a été recommandé à Mlle X. de le soutenir au moyen d'un coussinet maintenu par un bandage en T, et de le laver avec une décoction vineuse de sauge. En résumé, l'opération dont nous venons de rendre compte à la société, nous semble être applicable et avantageuse dans certains cas ; lorsque, par exemple, une femme qui a passé l’âge critique, une fille ou veuve âgée, el affectée d’une descente gênante et considéra- ble, la demande expressément. Au reste, un simple coup de bistouri pourra toujours faire cesser des regrets, et remettre l'organe n statu quo ante suturam. Nous avons te — 101 — cherché à décrire cette opération aussi exactement que possible, en attirant l'attention sur les accidents qui peu- vent en compromettre le succès. Nous signalerons sur- tout l’action fâcheuse qu'exerce au sommet de la ligne de réunion, la sonde qui y est appliquée, et dont l’em— ploi est pourtant nécessaire pour éviter le contact de la plaie et de l'urine, dont tous les chirurgiens connaissent l'action délétère sur les surfaces avivées en voie de se greffer. Si nous avions à répéter cette opération, nous préférerions l'emploi de la suture entortillée à celui de la suture ordinaire, et nous réunirions les lèvres jusqu'à la partie tout-à-fait inférieure, en ne ménageant pour l'écoulement menstruel qu'une ouverture extrémement petite, non susceptible de se dilater et de s’agrandir ul- térieurement. L'emploi du collodium , après l'éloigne- ment des ligatures, peut aussi être recommandé et ren- dre d'excellents services. Une autre opération nous a paru mériter une commu- nication. Ce fut l'extraction de polypes, qui formaient quatre masses principales, probablement fixées au bord de l'os palatin droit ou à la cloison vomérienne. Frois de ces masses reposaient sur le voile du palais, le pres- saient contre le dos de la langue, et faisaient saillie dans le pharynx, à un demi-pouce au-dessous de la luette. On distinguait dans la narine droite l'extrémité blanchà- tre d'une quatrième masse qui la remplissait. L'explora- tion de cette narine, au moyen de la sonde, n’indiquait absolument rien sur l’origine de ces masses. En introdui- sant le doigt indicateur entre le voile du palais et les polypes, on distinguait une masse centrale, entourée de — 102 — deux lambeaux latéraux, mais il était impossible d’at- teindre le point trop élevé d’où partaient ces excroissan- ces piriformes. L'opération était absolument nécessaire, car des acci- dents suffocatifs avaient déjà eu lieu, et elle s’'annonçait sous des auspices d'autant plus favorables, que la jeune fille avait été affectée de ces productions sept ans aupa- ravant et opérée par M. le D' DuBois, sans que l’hé- morragie subséquente, le plus grave des accidents à re- douter, eût été considérable. Les auteurs recommandent pour ces cas la ligature, plutôt que l’excision ou l'extraction. Le premier mode n'était que difficilement praticable; le second pouvait, dans un cas fâcheux, provoquer une hémorragie plus grave encore que le troisième, pour peu que les pédon- cules des polypes eussent renfermé à l'intérieur quelque artériole, comme cela est déjà arrivé. Il ne restait donc qu'à saisir la masse saillante dans le pharynx, aussi haut que possible, au moyen d’une pince à polypes courbe; car le voile du palais, repoussé en avant, eût empêché toute introduction de pince droite par la bou- che. D'autre part, en saisissant le polype avec une pince courbe, il devenait impossible, en tordant la pince, d'enrouler autour d'elle la masse pendante de manière à agir directement sur sa racine et à la détacher de la mu- queuse. Ceci explique pourquoi, en opérant au moyen de la pince courbe des tractions sur la portion accessible des polypes, nous ne réussimes à en enlever que la partie justement saisie entre les branches de la pince. Nous dûmes recourir à nos doigts, et réussimes enfin à enle- Remi “ LL Mere 5 4 — 103 — ver successivement les trois grosses masses déjà à demi détruites par l’action de la pince; le polype de la narine fut ensuite enlevé par l'ouverture qu’il remplissait, et, le lendemain encore, un morceau volumineux qui avait échappé à nos efforts, fut poussé dans la narine par une expiration vigoureuse de la patiente, et put être extrait dans un état de demi décomposition. L'hémorragie que nous redoutions, et contre laquelle nous pensions em- ployer le perchlorure de fer en injections, fut insigni- fiante, et la jeune fille s'en retourna le lendemain, par- lant et respirant aussi facilement que si elle n'eût jamais eu le pharynx et les narines oblitérés. Les quatre polypes extraits avaient de deux à trois pouces de longueur; ils étaient piriformes et couverts de quelques ramifications vasculaires superficielles, de con- sistance molle à l'extrémité inférieure, dont la couleur élait rosée, tandis que l’autre extrémité amincie était blanchâtre, fibreuse et même semi-cartilagineuse. Les pédoncules, du diamètre d’une plume, ne renfermaient à l'intérieur aucune trace de vaisseaux ; chacune des mas- ses avait le sien propre, mais tous provenaient sans doute de points très-voisins. Les cas où le développement des polypes muqueux devient aussi considérable, sont rares, car je n’en ai ja- mais constaté d'aussi volumineux et saillants dans le pharynx, durant les trois années pendant lesquelles je fréquentai l'excellente clinique chirurgicale de M. le Prof. Chélius. Leur extraction paraît ne provoquer que rare- ment une hémorragie grave, lors même qu'ils sont très- développés , et celte circonstance paraît tenir à la nature fibreuse du tissu qui forme leurs pédoncules. Css FE — 104 — Cette lecture provoque une observation de la part de M. le D' Borel. L'épisioraphie est une opération qu'il ne pratiquerait jamais, même dans les circonstances aux- quelles M. Vouga restreint son emploi, Il appuie son opinion sur le fait que des femmes se sont mariées à tout âge, même après être restées longtemps dans l'intention de ne jamais se marier. D'ailleurs les nouveaux pessaires de gutta-percha, dans lesquels on introduit de Fair, peuvent maintenir des prolapsus utérins même très-volu- mineux. Séance du 25 novembre 1853. Présidence de M. Louis Coulon. M. le Dr de Castella fait lecture du travail suivant, dans lequel il a résumé ses opinions sur l'origine et la cause des maladies miasmatiques. La lumière et la chaleur sont nécessaires à la vie. L'é- lectricité lui est aussi nécessaire; l'électricité pénètre tous les corps, elle se développe toutes les fois qu'il y a un changement d'état dans ces corps; elle peut y être en plus ou en moins. Le fluide nerveux, le magnétisme animal différent-ils de l'électricité? En quoi différent-1ls? Dans les doigts de l’homme, il y a une électricité posi- tive et une électricité négative, ce que démontrent l’at- traction et la répulsion de corps légers suspendus à des fils, contre lesquels on dirige le bout des doigts. Les nerfs sont les conducteurs du fluide nerveux ou électrique; le cerveau, la moëlle épinière, les ganglions en sont-ils les réservoirs? Il y a communication entre les nerfs de la vie de relation et de la vie organique. — 105 — Les nerfs de la vie organique (trisplanchnique) accom- pagnent partout les artères. Le sang artériel entretient la vie, le sang veineux l’é- teint. Le sang artériel représente un courant d’exigène, qui, en circulant dans les vaisseaux les plus ténus du corps, détermine la formation de produits d’oxidation et de combustion, parmi lesquels se trouve l'acide carbonique, et donne ainsi lieu à un dégagement de chaleur. L’oxi- génation du sang est nécessaire à la vie, elle s'opère sous l'influence d’un air pur, et sous l'influence du fluide nerveux ou électrique; celle-ci détruite dans sa source, au point vital de Flourens, la vie cesse à l'instant. L'air peut être altéré dans sa composition. Il peut contenir trop d'oxigène, ozone, ou en manquer. L’élec- tricité peut y être en plus ou en moins. L'humidité absorbe l'électricité, et est une grande cause de maladies. Les miasmes naissent sous l'influence de l'humidité et de la chaleur. Quel est l’état électrique de l'atmosphère dans la production des miasmes? On ne l’a pas encore recherché. Les maladies miasmatiques et épidémiques ont des lieux d'origine de prédilection. Sur les bords du Gange naît le choléra; il peut naître, a-t-on dit, sur les - bords de la Tamise, dans les lieux infectés de Londres et ailleurs. La peste se développe sur les bords ‘du Nil; elle a pu se développer à Marseille. La fièvre jaune a sa patrie aux Antilles, à la Nouvelle-Orléans, au Brésil, à l’ouest de l'Afrique. Les terrains marécageux engendrent les fièvres intermittentes; sous un soleil ardent, en Afri- que, à Rome, ces terrains produisent des fièvres inter- — 106 — mittentes pernicieuses. Les marécages des Alpes, du Jura, produisent des maladies épizootiques, l’anthrax, la pus- tule maligne, la péripneumonie gangreneuse. Dans les vallées humides, au bord des étangs, des fleuves débor- dés, sur des terrains humides fraîchement remués, dans des villes malpropres, mal aérées, au milieu des camps, dans les hôpitaux, dans les prisons, naissent le typhus et la fièvre typhoïde. Toutes ces maladies ont-elles un miasme particulier, une cause différente, ou ne sont-elles que la modifica- tion d'une même cause, ayant pour action sur l’homme et les animaux, la non oxigénation du sang à des degrés différents, et d’une manière plus ou moins prompte? MM. Mialhe et Pressat ont prouvé, dans un mémoire lu à l’académie des sciences, dans sa séance du 27 octo- bre 1851, que l'albumine qui cireule dans le sang y est insoluble dans l’état de santé, et qu'elle ne traverse pas les membranes animales. Dans l’état de maladie, il n'en est plus de même, l'albu- mine amorphe et l'albuminose, loin d’être des éléments répa- rateurs venant du dehors, se créent aux dépens de l'albumine normale du sang et des tissus vivants : elle devient soluble et transsude au travers des membranes. MM. Mialhe et Pressat terminent leur mémoire par des considérations sur la présence de l’albumine dans les urines, qui tendent à établir «que l’albumine se trouve dans les urines sous les trois états sous lesquels elle existe dans l’économie, mais se rattachant chacune à des causes pathologiques différentes : l’albumine normale, à l’altération profonde des reins, l'abumine amorphe, à la viciation des liquides, l'albuminose, au défaut d'assimila- tion ou à l'influence cholérique. — 107 — Ainsi l’albuminose qui passe dans le sang, le répare après avoir été oxigénée, fournit à la nutrition et à tou- tes les sécrétions; sous l'influence maladive ou choléri— que, elle ne subit plus cette transformation, et passe par les urines. Dans le choléra, les vomissements et les selles de ma- tières blanches comme du riz, ont été reconnues, par l'analyse chimique, n'être que de l'albumine. Dans la peste, les bubons ne sont-ils pas du sang non oxigéné ? Dans la fièvre jaune, dans le typhus, dans la fièvre typhoïde , dans les maladies charbonneuses, les vomisse- ments noirs, les extravasations de sang, les échymoses, les pétéchies, les taches lenticulaires, l’engorgement de la rate, ne sont que du sang altéré, du sang non oxi- géné, du sang fluide qui transsude au travers des vais- seaux, qui n'a plus la vie, qui n'est plus cette chair coulante, comme l'appellent quelques-uns, parce que l'oxigène et l'électricité lui manquent. Dans la fièvre typhoïde, la prétendue éruption qui se fait à la surface de l'intestin grêle, sur les plaques de Peyer, n'est pas autre chose que de l’albumine qui a transsudé au travers des membranes qui forment les fol- licules des intestins. Cette albumine se trouve aussi dans les follicules des glandes mésentériques et dans la rate, mêlée à la matière colorante du sang. La même obser- vation pourrait s'étendre aux fièvres intermittentes, sur- tout aux fièvres intermittentes pernicieuses. Dans toutes les maladies miasmatiques, nous voyons ces altérations du sang être précédées ou accompagnées de symptômes nerveux plus ou moins graves, et souvent — 108 — d'un refroidissement du corps plus ou moins subit, parce que le fluide nerveux, le fluide vital, le fluide électri- que, comme vous voudrez l'appeler , est altéré ou n’agit plus. Le chloroforme tue, parce qu’il rend le sang noir, c'est-à-dire qu'il empêche son oxigénation, parce qu’il paralyse le sentiment, parce qu'arrivé au point vital, il fait cesser la vie instantanément, en faisant cesser l’action du cœur et la respiration. Le premier signe de son action est le refroidissement du corps et l’altération des facultés intellectuelles. Quelle analogie avec le cho- léra ! Dans les prodromes du choléra, une circonstance nous a vivement frappés : c’est la diarrhée qui toujours le pré- cède. Cette diarrhée ne serait-elle pas due à la transsuda- tion de l’albumine du sang qui subit un commencement d’altération par une oxigénation incomplète, suite d'une influence miasmatique ou d’un manque d'électricité dans l'air? Le fait suivant, rapporté par la Gazette médicale de Paris, page 664, année 1852, nous paraît très-remar- quable à cet égard : « Le 28 septembre 1852, l’appari- tion à Stettin de quelques cas de choléra a fait craindre que ce fléau n'exerçât bientôt de grands ravages, mais un violent orage qui a éclaté dans la soirée du 29, et qui s’est promené sur toute la province, a dégagé une telle quantité d'électricité, que son influence purifiante n'a pas tardé à se faire sentir. Depuis ce jour, le choléra a décliné d’une manière très-sensible; il ne paraît point constaté qu'il ait frappé ici de nouvelles victimes, et l’on peut même espérer, aujourd'hui, que la contrée sera dé- — 109 — livrée bientôt de sa présence, du moins jusqu'au prin- temps prochain.» | Un autre fait, qui tendrait à prouver que l'électricité est l'antidote du chloroforme, est le suivant, rapporté par M. Jobert (de Lamballe), Gazelte médicale 1853, page 409. «Dans une circonstance, dit M. Jobert, où l'opéré, soumis à l'influence du chloroforme, revenait à‘ lui par instants, pour retomber bientôt dans une sorte d'anéan- tissement syncopal qui présentait un caractère alarmant, j'ai eu recours à l'électricité, qui a fait cesser instanta- nément tout cet appareil de symptômes aussi pénibles pour l'opérateur que douloureux pour les assistants. » Un symptôme qui frappe-tous les médecins appelés à soigner des malades affectés de fièvre typhoïde, et si- gnalé comme digne de la plus grande attention dans les leçons de clinique de Schœnlein, est l'émaciation rapide de leur corps, émacialion qui survient aussi d’une ma- nière affreuse chez les cholériques. Cette émaciation est due évidemment à la perte de l’albuminose qui transsude an travers des membranes, atrophie le corps et supprime la nutrition. Les remèdes à opposer à cette émacialion si rapide doivent être les sels métalliques, qui, d’après Lassaigne, se combinent intégralement avec l’albumine et en forment une combinaison insoluble. Berzelius et Thenard parta- gent l'opinion de Lassaigne : aussi pouvons-nous, de- puis que nous avons eu connaissance de ce fait, nous rendre compte des succès que nous oblenons journelle- ment, par l'emploi du calomel, dans le traitement de Ja fièvre typhoïde. Nous avons toujours été frappés de la — 110 — diminution de la diarrhée sous l'influence de ce sel, quand la maladie n’est pas trop avancée, de la dispari- tion rapide des taches lenticulaires, et des ME de la langue et de la bouche. Telles sont les observations et les faits qui nous ont porté à penser que les maladies miasmatiques et épidé- miques sont dues à la non oxigénation du sang. Est-ce à cause d’un miasme introduit dans le torrent de la cir- culation ou par un défaut d'influence nerveuse ou d’élec- tricité? On découvrira peut-être dans les êtres organi- sés un appareil électrique qui nous donnera la clef du magnétisme ou fluide vital. On en a déjà découvert un dans la torpille. Cette lecture provoque plusieurs observations et en particulier une remarque de M. Kopp, qui, en passant sur le pont des Arts à Paris, dans un parfait état de santé, eut tout d'un coup la sensation d’une odeur sue generis el inconnue, rentra chez lui, et quelques instants après, ressenlit les premières atteintes du choléra qui sé- vissait alors à Paris. M. le Président annonce à la société que M. Jacot- Guillarmod lui a remis plus de 50 oiseaux du Mexique, destinés au musée. Plusieurs lui paraissent nouveaux. M. Alexandre de Chambrier, revenu dernièrement du Brésil, a rapporté au musée 140 oiseaux, 2 reptiles et 7 mammifères; entre autres le tatou-cabassou et le chi- ronectès qui manquaient à notre musée. — 111 — Séance du 2 décembre 1853. Présidence de M. Louis Coulon, La société procède à la reconstitution du comité dè météorologie qui se trouve composé pour celte année dé MM. Ladame, professeur, Favre, Desor et Kopp. M. le professeur Ladame donne lecture de la lettre que M. Guyot a adressée, en 1841, à l'administration de là bourgeoisie , pour demander l'érection d'une colonne météorologique et le transport de la lunette méridienne au collége. Il fait observer à la société que le môle, qui est le point de départ des observations hypsométriques de M. d'Osterwald, dans le canton de Neuchâtel, va être démoli : il faut donc porter le point de repère à deux ou trois autres points de la ville, tels que les parvis du collége, de l’hôtel-de-ville et du temple du château. Ces points Serviront entre eux de points de repère, pour ob- server les oscillations que pourraient subir l’un ou l’autre de ces points. MM. Ladame, ingénieur, et Kopp, sont chargés du soin de procéder à la conservation de la hauteur du môle. M. Kopp communique à la société les corrections que l’on doit faire aux pages 284 et 319 de la Physique de BUL.DE LA SOC. DES SC. NAT. T. III. 8 Pouillet, d'après M. Drobisch. On lit dans la Physique de M. Pouillet, p. 28% : « Voici les valeurs de d déter- minées par Fresnel avec le dernier degré d'exactitude. » Fresnel, d’après les sources, n’a observé avec soin que la lumière rouge, el il a déduit les autres nombres des mesures de Newton sur les anneaux colorés. Or, Newton a conclu de ses mesures, que les intervalles d'accés de facile réflexion et réfraction étaient les réciproques des nombres 1, (x US BF EF EF (SF 2 c'est-à-dire dans le rapport des intervalles en musique. Newton, d'ailleurs, n'indique pas le résultat direct de ses mesures, 1] dit seulement que l'accord existe; mais on ne peut savoir avec quelle approximation cet accord existe. Donc les longueurs d'ondes, tels que Fresnel les donne, ont pour base l’analogie de Newton. Frauenhofer a mesuré, d’un autre côté, avec soin, le phénomène des réseaux et des mesures directes faites; il a déduit les longueurs d’ondulations des raies, or il n’y a pas accord entre les nombres de Fresnel et ceux de Frauenhofer: donc la loi de Newton paraît être fausse, et, par suite, les valeurs de d de Fresnel ; il faut surtout se garder de chercher dans les nombres de Fresnel une confirmation de l’analogie de Newton, ou dans cette ana- logie une vérification des valeurs données par Fresnel. Les tableaux de M. Pouillet devraient être remplacés par les suivants : — 113 — | Longueur Longueur N d'ondulation. Raies de | d’ondulation. Rayons extrêmes. | ième de | Frauenhofer. | Millionième de millimètre. millimètre. Rouge extrême 688,1 B, rouge 687,8 C’ rouge 655,6 Rouge-orange 622 Orange-jaune 588,6 D’ orange] 588,8 Jaune-vert 537,7 E’ vert 526,5 “sep à ce G'indigo | 429,6 Indigo-violet 420,1 Violet extrême | ‘379,8 H* violet 396,3 ——_—— tt Si l'on admet, avec Struve, la vitesse de la lumière 41549 milles géographiques à 3807,23 toises, on a la table suivante, les quatre colonnes étant les nombres donnés par Fresnel et modifiés d’après la vitesse de la lumière admise : | x Nombre des Raies de Nombre des Rayons extrêmes. | oscillations. | Frauenhofer. | oscillations. Rouge extrême 448,1 B’ rouge Lh8,2 C' rouge 469,2 Rouge-orange 495,6 | : 54 Orange-jaune 5258 | Er ES Jaune-vert 573,2 E’ vert 585,6 Vert-bleu 654,2 | F'bl 634.9 Bleu-indigo 694,2 ea ni Indigo- violet 753,7 | G'indigo| 718,8 pi Violet extrême 811,6 } H'violet 776,1 En tout cas, la colonne Nombre des oscillations des raies devrait remplacer les chiffres de Pouillet, pag. 319, — 114 — car ils reposent sur des expériences directes et sür notre meilleure détermination de la vitesse de la lumiére. M. le D° Cornaz donne communication des observa- tions de M. Tyndall, sur la fausse appréciation des cou- leurs. M. Tyndall a signalé récemment dans un journal mé- dical les dangers qu’entraîne sur les chemins de fer l’u- sage des signaux colorés: le rouge, y signifie danger, le vert, précaution, le blanc , sûreté. La lumière blanche est produite par des couleurs pri- maires, le rouge, le bleu et le jaune; la combinaison de deux couleurs entr'elles produit les couleurs secondaires, ainsi le rouge et le bleu donnent le violet, dont la cou- leur complémentaire est le jaune; le bleu et le jaune engendrent le vert, dont le rouge est la couleur complé- mentaire ; d’où il résulte que le mélange d’une des cou- leurs secondaires avet sa complémentaire engendre la teinte blanche. Maintenant, avec les signaux colorés dont on fait usa- ge sur les chemins de fer, il arrive que si l’on vient à combiner ensemble les couleurs indiquant danger et pré- caution (rouge et vert) c'est la couleur indiquant sûreté ou la blanche qui se produit. En faisant des expériences sur ce sujet, M. Tyndall a trouvé qu'un guetteur, placé à l'extrémité d’un tunnel de 400 mètres et chargé d’in- diquer les signaux faits à l’autre extrémité par un homme armé de deux lampes, une verte et une rouge, déclarait que la couleur était blanche, et indiquait sûreté, lors- qu'on dirigeait de son côté à la fois, ou dans une suc- cession rapide, les couleurs des deux lampes. Ainsi done — 115 — les moyens mêmes employés pour éviter les accidents, sont actuellement de nature à les provoquer. Dans le même mémoire, le D' Wilson appelle l’atten- tion sur une autre source de dangers qui peuvent être la conséquence de l'emploi des signaux colorés sur les che- mins de fer, c’est la fréquence du daltonisme (chroma- topseudopsis) ou fausse appréciation des couleurs. On a reconnu que ce défaut de vision est beaucoup plus com- œmun qu'on ne se l’imaginait. Le D' Wilson recommande de soumettre à un examen sévère tous ceux qui, sur les chemins de fer, sont char- gés de faire ou d'examiner les signaux, afin de décou- vrir ceux qui sont atteints de l'affection citée, ou mieux de changer les signaux employés, afin d'éviter les dan- gers publics qui peuvent résulter de leur fausse inter— prélation. M. le prof. Ladame cite, comme exemple de cette infirmité, l’un de ses élèves de chimie qui ne pou- vait pas distinguer les effets rouges de cobalt de ceux de couleur verte de nikel ; ce jeune homme les confondait en ne distinguant qu'une variation d'éclat. M. Favre mentionne que le 27 octobre, en se prome- nant au pied du Jolimont près de Cerlier, il entendit. dans l’intérieur du bois un bruit analogue à celui d’une pluie d'orage. Il faisait froid, le temps était calme et il n’y avait pas de nuages. Il ne pleuvait pas hors de la forêt, mais, dans l’intérieur du bois, le brouillard se condensait avec une telle force qu'une véritable pluie tombait sur les. feuilles des arbres et sur:les feuilles mor- tes qui recouvraient le sol. M. le prof. Ladame fait observer que cette conden- sation extraordinaire du brouillard tient sans doute à ce- — 116 — que le brouillard, d’une électricité contraire à celle du sol, était attiré par lui avec violence. | Les brouillards, comme les nuages, peuvent être élee- trisés de deux manières, et sont par conséquent attirés ou repoussés par Je sol, suivant que leur électricité est opposée, ou de la même nature que celle du sol. M. La- dame regrette de n'avoir pas pu vérifier ce fait par des expériences directes. Séance du 16 décembre 1853. Présidenee de M. Louis Coulon. M. Desor expose la nature et les causes du retrait de la chute du Niagara. (Voyez l'appendice.) M. le président annonce à la société que le musée a fait l'acquisition d’une collection précieuse de fossiles du néocomien des Basses-Alpes ; il soumet à l'examen les plus beaux échantillons de cette collection. Séance du 13 janvier 1854. Présidence de M. Louis Coulon. M. le président propose comme membre de la société M. Henri DuPasquier. M. Kopp dépose le plan qu'il a élaboré avec M. Desor pour le monument météorologique. Ce plan est discuté et adopté dans son ensemble; M. le président et le se crétaire sont chargés d'expédier une demande au conseil de bourgeoisie, pour qu’il veuille bien décréter les fonds nécessaires à cetle entreprise. M. Ladame, conseiller d'Etat, est chargé de s'entendre avec un architecte pour Ja mise au net du plan et du devis. — 117 — M. Kopp donne le résultat des observations météoro- logiques faites au collége pendant l'année 1853. Résumé des observations météorologiques, faites pendant l'année 1853 au collége de Neuchâtel. Les observations de la température sont faites à neuf heures du matin, midi et trois heures du soir. On note à neuf heures du matin la direction du vent, l'état du ciel, le temps qu'il fait et la température du lac. Les moyennes sont cherchées d’après l'observation de neuf heures du matin. Le thermométrographe enregistre le maximum et le minimum de la journée. ANNÉE 8,06 Température de l'air. Température du lac. ne D Mois. Températ. | Moyenne | Moyenue | Températ. Minimum Maximum moÿe.ne. des minima.|des Maxima! moyenne. |d. le mois. d. le mois. Janvier 2,86 | 4,39 | 4,85 | 6,97 | 6,25 | 7,75 Février 0,33 | 1,63 | 1,96 | 5,75 | 4,50 | 6,75 Mars 0,15 | 1,87 | 3,55 | 5,09 | 3,75 | 6,25 * Avril 6,38 : 4,27 | 16,27 | 6,64 | 5,50 | 8,25 Mai 10,88 | 8,57 | 15,39 | 9,52 | 6,25 | 13,00 Juin 15,23 | 12,97 | 20,13 | 15,42 | 12,75 | 20,25 Juillet | 18,60 | 15,02 | 19,88 | 15,88 | 13,75 | 22,50 Août 17,78 | 14,71 | 25,28 | 21,10 | 14,00 | 22,00 Septembre! 13,65 | 11,29 | 17,52 | 17,22 | 14,75 | 17,50 Octobre 9,66 | 4,56 | 12,41 | 14,10 | 12,50 | 15,95 . Novembre | 4,66 3,60 6,51 10,71 7,25 ‘| 12,50 Décembre | 2,84 | 3,635 | 0,66 | 51,30 | 1,75 | 7,50 Hiver 0,00 | | 6,07 | | Printemps! 10,85 | | 7,08 | | Été 17,20 | | 17,10 | | Automne | 9,32 | 14,01 | | | 11,36 1 — 118 — Si l'on compare la température de 1853 à celle de 1852, on trouve qu'elle a été plus chaude en moyenne de 0,6. | | Le mois de Janvier a été plus chaud de 4,70. » février » froid » 2,05. » mars » froid _» 1,08 » avril » chaud » 0,38 » mai » froid » 1,29 ». juin, » froid » 1,12 » juillet. » froid. » 0,59 » août » chaud » 92,09 » septembre » chaud. » 0,51 » octobre » chaud » 1,77 » novembre » froid » 92,54 » décembre » froid » 5,88 L'année » chaude» 0,61 Ees plus hautes et les plus basses températures ont été: Maximum. Date. Minimum, | Date. en janvier. 9,05 11 et 15 3,25 26 février. L,25 1 6,25 18. mars 10,50 31 8 5 avril 18,95 7 1 14 mai 20,50 | 24 et 25. 1,75 9 juin 29,925 28 et 30 7,50 1 juillet 51,00 28 11,00 hi août 50,00 13 11,75 10 et 19. septembre. 20,50 135 et 23 6,25 28 octobre 1 20,00 1 li ,00 l novembre | 11,50 6 2,75 30 décembre 3,50 17 10,5 50 ANNÉE 51,00 | 28 juillet | 10,5 [50 décemb. H y a eu 82 jours, dans l’année où le minimum est, descendu à 0° et au-dessous, et 35 jours où le maximum. ne s'est pas élevé au-dessus de 0°. — 119 — Minimum au-dessous de 0°, Maximum au-dessus de 0°, Martens 9H IOUTS.. pe. Lo. OUT. Février . . . 20 » Re TU RD Marses Ghius Mal » REINE) 7e Noyembre . . 4 » ts HAE ts Décembre . . 30 » 4 Éd 20H Année . . . 82 » au .icu 18521)» Quant à la direction du vent, l’état du ciel, les phé- nomènes dus à la vapeur de l’eau, etc., le tableau suivant en indique la répartition : Jours de, Ciel Jours de RS SR 1 | CS] | | te SN È | DORSANNENEUS À EU ge PONT NTE Mate | SES S al2|s|é|S S|é)é| é |iéhèhé Me 141,06) 13) 4 | 5.8.8! 2 64 04: 0-0, Hén0 4517170007 |099 [bia Nb 04Q) 4 PR ON OT 10 us 112, %:8l 4161 9,818) 5144.30 110410 Avril |10 41116! 21 3140! 9| 51 0| 0] 1| 0: 0 Mai 19: 6/ 4| 3| 6/9) 8|11| 0! O0! &! 41" Dani l15, 8] 2,114) 5) 144.6, .01..0.1:94, 0.0 Juillet 19} 5| 61 11141 8] 5] 5| 0| 0| 2] 0 '13 Août |18, 8| 4| 0113113! 5| 11 0| O0! | 0,43 De 15) 7140! 41 #8) 7110).4 M0 4 41.440) a Oelob M7 | 607! 41401517)! 6 | 0] &| 2! 0] '0 Nav 141.14. 11 01,51..3/120 1.41,2)4 810440 4 Déc. |14113 [2441084 70) ul ouf 9 | 0! 0! 0 | La première neige est tombée en, automne, le 17 novembre. Il a grélé une fois en avril. Séance du vendredi 27 janvier 185%. Présidence de M. Louis Coulon. M. le président dépose sur le bureau les comptes de la société pour l’année 1853, avec les pièces justifica- tives. — 120 — La société vote à l'unanimité, à M. le trésorier, des remerciements pour le zèle et le désintéressement avec lequel il gère ses finances. M. Vouga présente à la société un exemplaire d’un mémoire de M. Vogt, publié par l'Institut genevois, sous le titre de : Recherches sur les animaux inférieurs de la Méditerrannée. M. Vouga fait admirer à MM. les mem- bres présents, le fini et la perfection d'exécution des planches, qui représentent des animaux aussi délicats et difficiles à figurer; il expose ensuite les découvertes de M. Vogt sur l’organisation et le mode de reproduc- tion de la Vellèle de la Méditerranée et du Thyssopore hy- drostatique. M. Desor expose le résultat de ses recherches sur le terrain néocomien inférieur, qu'il considère comme une formation spéciale pour laquelle il propose le rom de terrain valanginien (Voir le travail original annexé au bulletin des séances.). Séance du 10 février 1854. Présidence de M. Louis Coulon. M. Kopp présente à la société la règle à calcul à enveloppe de verre de Léon Lalanne, et démontre les services que les règles à calcul en général pourraient rendre à l’industrie et aux métiers, si elles étaient ré- pandues. Ces règles sont de véritables tables de logarithmes, disposées de telle manière que les additions et soustrac- tions des logarithmes se font sur l'instrument même. — 121 — Les logarithmes sont représentés par des longueurs , sur lesquelles on lit les nombres mêmes auxquels les logarithmes correspondent. La règle de Léon Lalanne contient, en outre, une échelle double pour les carrés et un grand nombre d’amorces pour la conversion des mesures, et pour résoudre une multitude de problêmes industriels, amorces qu’on peut changer selon les be- soins. Avec cette règle, on peut résoudre rapidement, et avec une approximation suffisante pour la pratique, les problêmes qui se ramènent à deux des membres des for- mules suivantes : axXi=bxc—dxe—B xC—DXE—A X1 - Neper inventa les logarithmes en 161%, et, déjà en 162%, Gunther, professeur à Londres, porta des lon- gueurs proportionnelles aux logarithmes sur une règle et inventa donc la première règle à calcul. Clairaut , en 1627, imagina de disposer ces longueurs sur une cir- conférence et présenta son instrument à l’Académie des sciences de Paris. À Augsbourg, Lambert, professeur, publia, en 1761, une instruction sur une règle à cal- cul, dont la disposition particulière lui appartient. En Angleterre, depuis plus de cent ans, les officiers de ma- rine se servent de règles à calcul, appropriées aux cal- culs qu'ils ont à faire: cependant, ce n’est qu'en 1821 que Lenoir, à Paris, fabriqua des règles à calcul en bois, qui se sont répandues un peu et qui ont trouvé place dans les cabinets de physique comme des objets — 122 — de curiosité. Aujourd'hui , leur usage se répandra rapi- dement ; car, en France, on a imposé aux candidats aux écoles publiques la connaissance et la pratique de la règle. Le prix réduit des règles à enveloppe de verre aidera aussi, en rendant cet instrument accessible à tous, à le répandre. M. Desor, à propos de la publication récente d’une, série de mémoires d'Alexandre de Humboldt (Kleine Schriften), rend la société attentive à un mémoire de ce volume ayant pour titre : Du renforcement du son pen- dant la nuit, mémoire présenté à l’Académie de Paris, en 1820, par M. de Humboldt, avec des additions et notes de 1853. M. le prof. Desor insiste surtout sur cette assertion des auteurs que l'intensité du son n’est pas diminuée sur les hauteurs. M. de Humboldt met en doute l'affirmation de Saussure, que le son est très faible sur les hautes montagnes. M. Desor ne fait aucune remarque sur les phénomènes relatifs à la vitesse de propagation du son ; mais , pour lui, le fait que le son diminue d'intensité sur les pics isolés, est positif et parfaitement prouvé. Il attribue cet affaiblissement au défaut de réson- nance. Ainsi, un coup de pistolet tiré sur un pic isolé, éloigné des grands massifs de montagnes, produit un bruit très faible, pendant que, dans des vallées très éle-. vées au-dessus du niveau de la mer, le chant des pâtres À s'entend au loin avec une grande intensité. Les circons— tances locales ont une influence plus grande que toutes les autres causes, et, à l'appui de son opinion, il cite le fait suivant. Pendant la traversée du lac Supérieur, il débarqua avec ses compagnons dans l’une des criques qui se trouvent dans la paroi de rochers qui, à cause de leurs brillantes couleurs, s'appellent les roches peintes. On descendit à terre et on explora les environs; dans cette excursion, on s'éloigna assez des bords du lac; le soir approchant, on songéa au retour. On entendait au loin le bruit du ressac; on avait une boussole; on con- gédia donc les guides qui se rendirent au bivac par le chemin le plus court, pour préparer le souper, pendant que les voyageurs revenaient par un chemin plus long. On chemina quelque temps en entendant toujours le bruit des vagues, mais un marais ayant coupé la route, il fallut le tourner. Pendant ces marches, le bruit du lac s’affaiblissait de plus en plus et bientôt on n’entendit plus’ rien. Etonnés, on crut s'être trompé de direction, la boussole cependant indiquait qu’on était dans la bonne direction, mais le silence parfait qui régnait, faisait sup- poser qu'on s'était éloigné du lac. La nuit tombait, les guides avaient emporté manteaux et allumettes. Un gise- ment de fer pouvait avoir dérangé la boussole, l'anxiété gagnait les voyageurs qui continuërent cependant la route en se dirigeant sur la boussole, quand tout d’un coup on entendit le bruit des vagues avec une intensité formidable : on était au bord de la paroi de rochers. Sans doute les vibrations du son montaient le long de la paroi, s’infléchissaient en passant au-dessus de la tête des voyageurs, pour n'arriver à hauteur de l'oreille qu’à ‘une distance considérable du bord des rochers. Ce fait curieux mérite d'être rapporté, pour montrer combien les circonstances locales ont d'influence sur l'in: tensité du son et sur la direction de sa propagation: — 124 — Une discussion générale s'engage à ce sujet, elle éta- blit les faits suivants. L'intensité du son provient, comme Poisson l’a prouvé, surtout de la densité de la couche d’air où le son se pro- duit. Sur nos montagnes à sommet dénudé, le son ve- nant de bas en haut est plus intense que celui de haut en bas. Les courants ascendants favorisent l'audition. Au pavillon Dollfus, on entendait de loin les pas et les voix des personnes qui montaient, pendant que celles-ci n'entendaient pas les cris de ceux qui les saluaient du haut du pavillon. Contrairement à l'opinion admise que l'état hygromé- trique n'a aucune influence sur l'intensité du son, l’in- tensité se conserve bien mieux de bas en haut quand il y a d’épais brouillards, car M. Coulon entend très bien, à Chaumont, par les brouillards, les bruits de la vallée qui s'entendent peu par un ciel serein. Aux Grattes, M. Desor entend les cloches de Boudry par le brouillard et non quand l'air est serein. La neige fraîche éteint le son; la neige gelée est très résonnante. On entend au loin le bruit des pas sur la neige et le son des voix. Enfin, il est reconnu de tout le monde que le vent favorise singulièrement l'audition : à la Chaux-de-Fonds, on entend par des vents favo- rables la chute du Doubs et le canon de Colombier. M. Coulon a entendu aux Joux et à la Chaux-du-Mi- lieu, le bruit des mines des Gorges du Seyon. en 1 — Séance du 2% “février 1854. Présidence de M. Louis Coulon. M. le D' Vouga rend compte d’une opération d’hernie inguinale incarcérée , à laquelle il a assisté. Cette hernie se manifesta chez un jeune homme de vingt ans, dont le testicule droit n'était jamais descendu dans le scrotum. C’est sa présence dans le canal inguinal qui paraîl avoir provoqué une dilatation de ce conduit, et une hernie qui ne tarda pas à présenter tous les ca- ractères de l’incarcération. L'intestin, après avoir été mis à nu par l'ouverture du sac herniaire, fut facilement reposé et le testicule apparut au-dessous , fixé dans la partie moyenne du ca- nal. Le malade a succombé à une péritonite déjà déclarée au moment de l'opération. M. le D' Borel cite à ce propos plusieurs cas sembla- bles, où l'arrêt du testicule dans le canal inguinal a pro- voqué des accidents de ce genre. Il raconte que Zim- mermann s'exposa aux dangers de l'opération de l’hernie étranglée, afin de mettre un terme aux désagréments que lui provoquaient cette position insolite du testicule. Le testicule fut réintégré dans la cavité abdominale, et l'opération réussit complètement. M. Borel a réussi, dans un cas de cette nature, à empêcher la formation d’une hernie au moyen d'un bandage comprimant fortement l'ouverture extérieure du canal inguinal. M. Borei cite encore un cas où, ensuite d'une blessure au serotum , le testicule fut mis à nu et resta pendant — 126 — plusieurs semaines suspendu extérieurement, sans s’al- térer dans sa substance. Il soumit le malade à un traite- ment convenable; la cicatrisation eut lieu à la longue, et le testicule fut compris dans la cicatrice difforme de la plaie du scrotum. M. le Prof. Kopp met sous les yeux de la société un appareil nouveau, dû à M. Letoret, et destiné à rempla- cer avantageusement l'appareil de Wolf, dont le mon- lage est loujours assez difficile et le maniement peu com- mode, à cause de la rigidité du système. M. Persoz avail déjà apporté d'heureuses modifications à cet utile appareil, mais la difficulté de trouver de bons bouchons ét des flacons à ouvertüre assez large, paraît avoir empêché le perfectionnement, dù à M. Persoz, dé se généraliser dans les laboratoires. L'appareil nouveau que M. Kopp fait jouer sous les yeux des membres de la société est très élégant; il peut être monté en quelques minutes et paraît remplir toutes les conditions voulues. M. Kopp rend compte du résultat d'observations simul- tanées qu'il a faites pour comparer les indications d’un baromètre anéroïde avec celles d’un instrument orditiaire de Ernst. Les. variations de température affectent ce nouveau baromètre d'une maniére qui n’est pas tout-à-fait régu- lière. Cependant, en admettant pour chaque degré de température au-dessus de 0 une correction de 0,005 de pouce anglais, on arrivera à une exactitude suffisante. Le baromètre anéroïde que M. le D' Bovet a confié à — 127 — M. Kopp, est affecté d'un vice de construction, source d'autres erreurs. Les divisions de l'échelle sont faites sans beaucoup de soins et sont de plus mal placées. Il faudra, pour avoir une observation comparable à celles de nos baromêtres, se servir de la formule suivante : h=(H — 0,005 X t) 2,53 — 2,50 ou h = hauteur du baromêtre ordinaire en centimêtres, réduite à la température 0; H hauteur observée sur le baromètre anéroïde en pouces anglais ; t, température extérieure exprimée en degrés centési- maux. 2,53, valeur du pouce anglais en centimètres. M. Kopp présente un autre barométre portatif, dû à M. Kopp, professeur en Allemagne. Le cabinet de phy- sique le possédant depuis longtemps, il en expose la théorie et parle des modifications heureuses que M. Bun- sen, de Berne, lui a fait subir. Séance du 6 mars 1854. Présidence de M. Louis Coulon. M. le président communique la réponse qu'il a reçue à la lettre qu'il a adressée, au nom de la société, au conseil de bourgeoisie, relative à l'érection d’un monu- ment météorologique. Lettre adressée par la société d'histoire naturelle au conseil de bourgeoisie : BUL, DE LA SOC. DES SC, NAT. T. HI. 9 — 128 — A messieurs les membres du conseil administratif. Neuchätel, 26 janvier 1854. Monsieur le président et messieurs , La société d'histoire naturelle, dans ses dernières séances, a porté son attention sur Putilité d’un petit monument météorologique à établir dans la ville. Le besoin d’observalions nombreuses est de- venu urgent; la science, l’agriculture, l’exigent ; on n’a qu’à regar- der les progrès si rapides des maladies des plantes qu’on ne sait pas combattre , faute de données scientifiques suffisantes, pour être convaincu de l'opportunité de l’établissement que la société désire voir s'élever. L'ancien conseil des quatre-ministraux avait déjà eu entre les mains une demande analogue de la part de la société d’his- toire naturelle, qui, aujourd’hui, appelle de nouveau sur ce sujet l’attention et la sollicitude des conseils de la bourgeoisie. Le monument pourrait être élevé sur le bord de la pelouse du gymnase , à la portée du public, qui par là serait engagé à s’intéres- ser aux observations et à concourir ainsi à l’avancement des études, si importantes , des modifications que subit notre climat. La sociélé espère qu’avec une somme de huit cents à mille francs, on pourra établir un observatoire assez convenable. Veuillez bien , M. le président et messieurs, porter votre attention sur cet objet, et défendre celte part du budget devant le grand con- seil de la bourgeoisie, au nom des intérêts de la ville, du vignoble et de ceux de la science el de l’agriculture en général. Agréez, messieurs, elc. Le président, Le secrétaire, L‘ CouLon, Cu. Kopp. Réponse adressée par le conseil administratif de la bourgeoisie à la société d'histoire naturelle. Neuchâtel, 8 mars 1854. Monsieur Louis Coulon, président de la société des sciences natu- relles, à Neuchâtel. Monsieur le président, En réponse à la leltre que vous avez adressée au conseil adminis- tratif, à la date du 26 février écoulé, relativement à l'érection à Neuchâtel d’une colonne météorologique , j'ai l'honneur de vous an- noncer que le conseil de bourgeoisie a voté le crédit nécessaire, et = D — qu'il a décidé que cette colonne serait placée sur , a place au midi du gymnase. Veuillez donc, monsieur, entendre les membres de la société que vous présidez, et, d'accord avec eux, faire parvenir au conseil ad- ministratif des données et un plan sur la manière en laquelle vous pensez que ce monument doit être construit. Recevez, monsieur le président, etc. Le secrétaire du conseil administratif, Euc. FAVRE. M. Xopp rend compte des mesures qu'il a exécutées, avec MM. les ingénieurs Otz et Knab, pour la conserva- tion de la hauteur du môle, point de départ des mesures hypsométriques entreprises et publiées par M. J,-F. d'Ostervald, dans le canton. Feu M. J.-F. d'Ostervald s'est occupé à différentes reprises de déterminer aussi exactemént que les données scientifiques le permettaient, la hauteur de Neuchâtel au dessus du niveau de la mer. C'était la naissance du môle qu'il avait choisi comme repère. Ce môle, qui va dispa- raître, est dirigé à-peu-près dans l'axe de la rue du Seyon, qui conduit de l’ancien hôtel-de-ville vers le lac en passant devant les remises de la poste Le monument Pury est à peu de distance en avant de la naissance du môle qui se prolongeait jadis dans le lac. L'emplacement se couvre aujourd'hui d'édifices construits sur le terrain artificiel créé pour permettre l'agrandissement de la ville. Le procès-verbal du 6 janvier 1836, des séances de la société d'histoire naturelle, dit que, dans la séance de celte date, M. d'Ostervald a communiqué à la société le résultat de ses mesures. Ces résultats se trouvent im- primés dans le premier volume des mémoires publiés par la société en 1835, page 146, sous le titre : Notice — 130 — sur l'élévation du lac de Neuchâtel au-dessus de la mer, par M. Ostervald. La hauteur du môle se trouve fixée dans ce mémoire à 437 mètres, en moyenne , au-dessus de la mer. Cette moyenne de 437 mêtres a été reconnue fautive par M. d'Ostervald , et fut corrigée par lui. C'est dans la séance du 7 avril 18#1 qu'il annonça à la société le résultat des nouvelles mesures. Le procès-verbal de cette séance, qui n'a pas été im— primé ni dans les mémoires ni dans les bulletins, doit être reproduit iei, surtout parce qu'il contient des indi- cations précieuses sur la méthode des opérations, et sur les soins qui ont présidé aux mesures. » Extrait de la séance du 7 avril 1841. » Présidence de M. Louis Coulon. » M. d'Ostervald expose le résultat sommaire de la triangulation nouvelle qu'il vient de terminer par ordre du gouvernement, destinée à servir de base à une carte de Neuchâtel, sur une échelle quadruple de sa belle carte de 1807 (au 25000f"°). » Il présente à la société le canevas de ses principaux triangles, et ajoute les détails suivants, sur les opérations dont ils sont le résultat. » Le nombre des triangles du premier ordre (d'environ une à deux lieues de côté) s'élève à 171. Pour tous, les observations ont été faites avec trois angles, par six à douze, quelquefois jusqu'à quinze fois. Les différences — 131 — entre les diverses observations ne dépassent guère en moyenne quatre secondes de degré. » Les triangles secondaires sont en nombre de 577, dont tous les angles ont été également observés. | » Enfin, 1,611 points de détail ont été fixés; ce qui donne un ensemble de près de 2,400 points trigonomé- triquement déterminés dans le pays, c'est-à-dire, sur une surface d'environ trente-huit lieues carrées. » Les triangles de vérification présentent un raccorde- ment parfait, puisqu'ils ferment à 0,4 ou à 0,5 du mé- tre près. Nulle part dans les 2,000 triangles mesurés, l'erreur n'a atteint la valeur de un mètre. » Un exemple donnera une idée de l'exactitude du beau travail de M. d'Ostervald. Il est parvenu du Vaully par Chasseral à Chasseron, par une série de triangles nombreux qui lui ont donné : 68666,50 en méridienne. » En 1840, il est parvenu au même point par une sé- rie différente de triangles qui lui ont donné : 68667,00. » Les ingénieurs français ont obtenu, en s'appuyant sur le Gantericht et le Moléson : 68666,7. » Les différences moyennes ne sont que de 0,3. Cet accord des résultats obtenus en divers temps, par des méthodes et par des observations différentes, peut être considéré comme la limite d’exactitude qu'il est donné à la science d'atteindre aujourd'hui , avec les moyens dont elle dispose. | » M. d'Ostervald se propose de continuer la détermi- nation des hauteurs perpendiculaires des points les plus — 132 — importants. Un bon nombre déjà ont été fixés par de nombreuses observations, entre lesquelles on remarque la même concordance que dans les triangles horizontaux. C’est ainsi que la hauteur du signal de Concise résulte de douze observations. » Les différences extrêmes ne dépassent pas 0,7 degré, et sont d'ordinaire moindres que 0,3. » Le point qui a été adopté comme repère, et auquel se rapportent toutes les hauteurs mesurées dans le pays, est la racine du môle du Seyon. La hauteur de ce point sur la mer a été déduite par MM. d'Ostervald et Tralles, au moyen de celles du Chasseral, Chasseron et Moléson, déterminées par les ingénieurs français; et ils avaient trouvé 437,7 trigonométriquement. D'autre part, onze cents observations barométriques avaient donné une moyenne de 434,5. Mais les nouveaux travaux des in- génieurs français ayant réduit la hauteur du Chasseral à 1,608,8 au lieu de 1,611,7 Chasseron à 1,609,1 id. 1,612 Moléson à 2,005,2 id. 2,007 il en résulte une nouvelle moyenne trigonométrique de 434,7, qui devient ainsi identique avec la moyenne des onze cents observations barométriques 434,5. Le chiffre adopté par les ingénieurs suisses se trouve plus fort de 2,44. » Tel est en résumé le résultat de ce travail conscien- cieux, qui sera reçu avec joie par tous les amis des sciences géographiques, et par tous les Neuchâtelois, avec reconnaissance pour le savant modeste et infatiga- ble, au dévouement duquel notre pays devra une œuvre utile pour tous et un titre de gloire nouveau. » — 133 — Les résultats consignés dans ce procès-verbal, sont reproduits dans le travail de M. d'Ostervald, imprimé dans le troisième volume des mémoires de la société, publié en 1845, sous le titre : Tableau des hauteurs au dessus de la mer des principaux points de la Principauté de Neuchâtel , par M. d'Ostervald. On trouve en tête de ce mémoire quelques détails sur la détermination du chiffre 434,7 du môle, et page 20 : Sur la mer, mn Mètres. Pieds de France Neuchâtel, le môle 34,7 1338,2 le même chiffre se trouve reproduit dans la publication que M. d'Ostervald a faite à Neuchâtel, 1844-1847, sous le titre de : ÆRecueil des hauteurs des pays compris dans le cadre de la carte générale de la Suisse, par J.-F. Oster- vald, page 57 : ‘ ’ Pieds français. Mètres. Lac de Neuchâtel, niveau du môle, (2° sur les eaux moyennes). . 1358 134,7 Pour conserver le point de repère des nombreuses dé- terminations faites par M. d'Ostervald, on a fait un simple nivellement avec une lunette à réticule et à re- tournement. On a pris pour point de départ la naissance du môle et l'on a tracé sur la façade méridionale du gymnase, au centre du bâtiment, sous la corniche du revêtement inférieur du mur, une trace longue d'un mè- tre, portant l'inscription suivante : Ligne tracée à un mètre au-dessus du môle, et à 435"7 au- dessus du niveau de la mer, d’après J.-F. d'Ostervald, 1841. Une trace semblable se trouve gravée sur le mur de la grande porte d'entrée de la façade principale de lhô- tel-de-ville avec l'inscription : — 134 — Ligne tracée à quatre mètres au-dessus du môle et à 438" 7 au-dessus de la mer, d’après J.-F. d'Ostervald, 1841. C'est en 1807 que M. d'Ostervald a commencé ses travaux relatifs à la détermination des hauteurs du can- ton, mais ce n'est qu'en 1841 qu'il a rendu les résultats publics en les communiquant à la société d'histoire na turelle. En inscrivant le nom de M. d'Ostervald sur deux de nos monuments, la société désire rendre un hommage public à la mémoire du savant qui a enrichi notre pays de si beaux et si nombreux travaux. M. Coulon présente un morceau de hêtre crà sur la limite d’un domaine de Chaumont; sur ce morceau fendu on lit les lettres FAB. Ces lettres ont été gravées dans le bois à travers l'écorce il y a quarante ans au moins. L'écorce a recouvert la blessure, la marque s'est donc élargie et s’est déformée extérieurement, pendant qu’à l'intérieur elle est restée telle qu’elle a été faite. M. Desor cite qu’au musée de Boston on conserve un tronc de chêne d’où sort le bois d’un daim. Les chasseurs américains ont l'habitude, quand ils ont tué un daim, de clouer le front de l’animal orné de son bois sur le tronc d'un arbre, après avoir enlevé partiellement l’écorce du tronc. Dans le cas cité, l'écorce a de nouveau recouvert la plaie et la base des cornes, et les enveloppe de manière à faire croire que les cornes ont crû dans l'arbre. M. Meuron dit qu'il y a quarante ans, on a abattu un chêne sur l’ancien champ de bataille de Laupen, dans l'intérieur duquel on à trouvé un squelette et une cui- rasse. Lors de la bataille de Laupen , l'arbre sans doute — 135 — était creux, un blessé s’y est réfugié et y est mort; plus tard, l'écorce a refermé l'arbre. Séance du vendredi 24 mars 1854. Présidence de M. Louis Coulon. M. Théodore de Meuron présente à la société plusieurs spécimens de monstruosités végétales, savoir : 1° Une branche portant plusieurs fleurs mâles du hêtre, dont les différentes parties sont encore reconnais- sables, quoique transformées en une masse dure et li- gneuse. 29 Un sarment duquel partent trois jets réunis à leur base par une lamelle ligneuse de couleur brune , qui les joint à-peu-près comme la membrane qui réunit les doigts des paites des oiseaux palmipèdes. M. de Meuron croit que primitivement ce sarment était l’axe d'une grappe qui a continué à se développer et a subi la transformation ligneuse. 3° Un rameau de genévrier, portant plusieurs excrois- sances dures et ligneuses, de la grosseur de noisettes, produites par l’afflux de sève provoqué par la piqûre d'insectes. M. Kopp présente une petite bouteille de verre ren- fermant une substance saline blanchâtre. Elle jouit, à Bienne et dans les environs, d’une grande réputation comme panacée universelle et se vend en conséquence cinq francs le flacon. Un pharmacien de la ville, curieux d'en connaître la composition, en a fait venir un flacon — 136 — qu'il a remis à M. Kopp pour en faire l'analyse ; M. Kopp a trouvé que cette substance n’était autre chose que de l’azotate de potasse parfaitement pur. Plusieurs membres signalent à ce propos les abus que provoque la vente de remèdes secrets, et particulié- rement les empiétements que se permettent les épiciers dans la sphère d'activité des pharmaciens. On a déjà dû, à Neuchâtel, appliquer les dispositions répressives de la loi sanitaire contre des épiciers. M. Kopp annonce que la vente des remèdes secrets est depuis peu interdite en France, et il craint que les provisions de ces drogues ne viennent s’écouler chez nous. ee Séance du T avril 1854. Présidence de M. Louis Coulon. M. le D' Cornaz rend compte des travaux de M. Es- prit Fabre, d'Agde, sur la métamorphose de deux 4e- gylops en triticum. Quoique l’on ait rencontré en Asie du blé sauvage, quelques naturalistes ont pensé que les froments étaient des plantes que l’action des soins de l’homme avait chan- gées de forme. Mais, avec les idées qu'ont presque tous les botanistes qui s'occupent de l'étude des espèces, on regardait cette opinion comme erronée en disant: la culture peut donner beaucoup de développement aux or- ganes des plantes, modifier légèrement leur forme, y opérer ce qu'on appelle aujourd'hui des métamorphoses d'organes, mais elle ne peut jamais changer les caracté- res essentiels d’une plante, c'est-à-dire, ceux qui dis- — 137 — linguent une espèce de toutes les autres, et qui se con- servent le plus ordinairement dans les circonstances où nous les voyons ; ce qui a fait penser que la conservation de ces formes caractéristiques était incessante. Mais le travail de M. Fabre démontre qu'il n’en est pas ainsi ; car, non-seulement il a prouvé qu'une espèce d’Ae- gylops peut en produire une autre, mais que l’Aegylops change de caractère par la culture et se transforme en triticum . On a indiqué quatre espèces d'Aegylops en France : l’Aegylops triuncialhis, ovata, triaristata et triticoïdes. Or il résulte des observations de M. Fabre, que cette dernière espèce, si facile à distinguer, à son port seul, des autres espèces, et nettement caractérisée, n'est pas une espèce distincte, ce n’est qu'une forme particulière qu'affectent, dans certains eas, deux autres espèces bien connues, l'Aegylops ovata et triaristata. Les graines d'o- vala produisent deux sortes d'individus, ceux qui sont décrits sous le nom d’Aegylops ovata par les auteurs, et ceux qu'ils désignent sous le nom d’Aegylops triticoïdes. Il en est de même de l'espèce triaristata, qui peut donner ou l’espèce semblable ou celle dite triticoides. Mais il y a plus, cet Aegylops triticoïides donne des individus de la forme de triticum. En 1839, M. Fabre a commencé ses expériences, pen- dant sept années consécutives ; il a semé les graines des individus de la récolte précédente, et il a suivi la trans- formation pas à pas. Ces expériences ont eu lieu dans un enclos entouré de murs élevés, où ne se trouvait aucune autre graminée, et loin des lieux où l’on cultivait des céréales. — 138 — La huitième année, il sema son Aegylops triticoïdes, qui était devenu un véritable tréticum ou blé, en pléin champ, à la volée, mais cependant dans un lieu éloigné de la plaine où l'on cultive le blé ordinaire, et, pendant quatre années, il a eu chaque fois une récolte semblable à celle des blés ordinaires. Ces observations montrent que l’Aegylops ovata, dans certaines circonstances, se modifie beaucoup. Pendant que les enveloppes floréales perdent leur ampleur, une partie de leurs arêtes, et deviennent ainsi semblables à celles des triticum, leurs tiges, leurs feuilles et leurs épis se développent beaucoup, et achèvent de leur donner tous les caractères des froments. L'on est ainsi forcé d'admettre que certains triticum cultivés, si ce n’est tous, ne sont que des formes particulières de certains Aepylops el doivent être considérés comme des races de ces es- pèces. M. Kopp expose quelques points de la théorie de Fa- day sur l'électricité. Séance du 28 avril 1854. Présidence de M. Louis Coulon. M. le président soumet à la Société les objets micros- copiques offerts par M. Rappart, de Berne, en échange des dons qu'il a reçus du musée. - M. Kopp fait rapport à la société sur une nouvelle pu- blication de données météorologiques par le professeur Dove. — 139 — M. Dove , qui a donné une si belle impulsion à l'étude de la météorologie, vient de faire paraître le cinquième recueil d'observations thermométriques faites dans un -grand nombre de lieux distribués dans loutes les parties du globe. Ce nouveau recueil est intitulé : Uber die nicht periodischen Veränderungen der Temperatur-vertheilung auf der Oberflæhe der Erde (sur les variations non périodi- ques des températures à la surface de la terre). Dans cet ouvrage de 250 pages in-4°, M. Dove cite les températures moyennes des douze mois de l’année de’ 1,180 stations météorologiques, pour les dix années 1840-1850, en remontant, pour 700 de ces stations, à des époques même antérieures. Il groupe, dans d’au- tres tableaux, certaines des stations situées à différentes latitudes et longitudes, de manière à présenter en ta- bleaux l’état simultané du globe, mois par mois , afin de déduire, non pas les lois, mais au moins la correspon- dance des variations de la température moyenne des dif- férentes parties du monde. Dans les zones tempérées et froides, la température varie dans des limites plus étendues que dans la zone torride. Mais, malgré l'amplitude considérable de ces nombreuses oscillations, les variations restent renfer- mées dans des limites, et il existe, pour chaque localité, une température moyenne que l’on regarde comme in- variable. La détermination de cette température moyenne | semblait être le dernier terme auquel devaient aboutir “les observations dans une localité. Mais il ne l’est certes pas, car la loi des oscillations de la température autour de cette moyenne doit un jour se trouver. Bien des causes déterminent les variations, mais les causes et — 140 — leurs lois ne sont pas connues. C’est à cause de cela que Dove appelle ces variations non périodiques, non qu'il nie les lois, mais seulement parce qu'il ne voit pas com- ment il peut les déterminer au moyen des observations enregistrées. Tant que la surface entière du globe n'est pas couverte d'observatoires météorologiques, tant que l'histoire de la météorologie n’est connue que par frag- ments, on ne pourra pas espérer de déterminer avec succés les lois des variations climatériques annuelles ou séculaires. Il me semble que M. Dove, en publiant ces documents, n’a eu pour but que d'engager les observatoires à résu- mer leurs travaux et à les grouper, en leur montrant l'utilité de cette statistique intéressante. Dans quelques pages, à la fin du volume qui n'est rempli que de chif- fres , il fait ressortir quelques points intéressants déduits de l'inspection des tableaux. En 1828, il constate qu’en janvier toute l'Amérique et l'Europe occidentale avaient une température au-des- sus de la moyenne de ce mois, et qu'au contraire l'Europe orientale et la Russie avaient une température au-dessous de la moyenne. En 1829, pendant l'hiver, la limite de ces deux systé- mes climatériques tend à s'avancer vers l’ouest. Ainsi en décembre 1828, une partié de l'Europe a sa tempéra- ture au-dessous de la moyenne ordinaire de décembre ; en Amérique, la température est au-dessus de sa moyen- ne ; mais en janvier 1829, l'influence du froid a gagné toute l'Europe et se fait sentir en Amérique; en février 1829, la limite des lieux qui ont leur température au- dessous et au-dessus de la moyenne, se trouve sur les pe QE |: DB côtes de l'Océan Pacifique ; mais à mesure que le froid gagne l'Amérique, il quitte l'Europe. * Des faits analogues s'observent à d’autres époques. En 1831, l'Europe a sa moyenne, l'Amérique est froide, mais la chaleur qui manque à la moyenne, s'est pour ainsi dire concentrée en Islande. En 1839, l'Europe a un hiver plus chaud que de coutume, pendant que l'Asie est plus froide. L'inverse a lieu en 1840. En 1841, l’hiver est froid en Europe, chaud en Amérique ; 1843, » chaud » froid » 1816, » froid » chaud » 1849, » chaud » froid » En 1850, l'hiver est trés-froid en décembre et janvier, surtout dans l’Oural et sur le Rhin, et ce froid est accom- pagné d’une hauteur extraordinaire du baromètre ; mais ce qui est bien remarquable, c'est que les stations situées à de grandes hauteurs, ne se sont pas ressenties de cette température anormale. M. Dove résume ses observations de la manière sui- vante. Le froid paraît marcher généralement en hiver de l’est vers l’ouest, et la chaleur du printemps gagne de l'ouest vers l’est. Pour nous, deux conclusions se tirent de l'ouvrage de M. Dove, d’abord il faut nécessairement, pour que la loï de la distribution de la température et la loi de ses variations puissent être trouvées, que le nombre des ob- servatoires soit augmenté, et que, dans chaque station, on tâche de réunir et de publier une série d'observations qui seront les éléments de l'histoire de la température. En second lieu, que l'observation simultanée à différentes = = hauteurs soit bien soignée, en portant l'attention sur l’é- tude des vents et des courants atmosphériques. Ne voit-on pas souvent des variations de température amenées par des bandes d’air froid qui se meuvent comme nous voyons les taches du lac s'étendre en traînées net- tement délimitées sur la surface de l’eau. Et ne peut-il pas se passer là un phénomène de transmission de la tem- pérature, sans courants d’air proprement dits, en ligne droite, comme le son se propage dans l'air, et provo- quer des chutes de neige et de grèle? Des phénomènes de cet ordre paraissent se produire en grand au-dessus des continents. Chez nous, cette publication de M. Dove doit en outre provoquer une nouvelle activité dans le champ des ob- servations météorologiques. L'avenir des observations est garanti par l'érection du monument météorologique dû à la munificence de la bourgeoisie et à la protection sé- rieuse que ses conseils accordent à tout ce qui touche à l’enseignement et au développement des sciences. M. Cornaz lit la biographie de feu M. Florent Cunier, médecin à Bruxelles, et membre honoraire de la société d'histoire naturelle de Neuchâtel. Florent Cunier, naquit en 1812 à Belæil (Hainaut), d'Antoine Cunier, licencié en médecine de l’ancienne fa- culté de Louvain et médecin du prince de Ligne. Après avoir terminé à Charleroi ses humanités et fait ses étu- des philosophiques, il commença ses cours de médecine à Louvain, et fut ensuite attaché comme élève à l'hôpital militaire d'instruction d'Utrecht, dirigé par le professeur Ant. van Onsenoort, chez lequel il puisa sans doute sa — 143 — prédilection pour l'ophthalmo]ogie. Il suivit ensuite les _ cours des facultés de Paris et de Montpellier. La pénurie de ses moyens l'empêcha d'abord de faire face à ses frais d'inscriptions et d'examens universitaires, mais il fut en- fin reçu docteur en médecine, et cela, à ce qu'il paraît, par la faculté d'Erlangen. Il commença sa carrière mé- dicale dans les rangs de l'armée belge, dans laquelle il remplissait les fonctions de médecin de bataillon, quand il s'en retira en 1840, pour aller s'établir à Bruxelles. Cunier avait publié divers travaux médicaux, soit dans les Annales de la société de médecine de Gand, dont il était correspondant, soit dans d’autres recueils médicaux belges, quand il mit en exécution le projet qu'il nour- rissait depuis longtemps, celui de fonder un journal d'ophthalmologie, qu'il commenca à publier à Charle- roi, en août 1838, avec M. Schænfeld, sous le titre d'Annales d'oculistique et de gynécologie; mais, après une année, les rédacteurs comprirent que ces deux spé- cialités seraient plus utilement représentées par deux journaux; et, dès lors (septembre 1839), les Annales d'oculistique ont paru sans interruption, à Bruxelles, avec la collaboration d'un graud nombre de médecins belges et étrangers. Elles commencaient leur 29° volume en janvier 1853; trois volumes supplémentaires avaient aussi été publiés avant cette époque. Ce journal se com- pose de cinq parties ; les articles originaux constituent la - première, puis viennent une revue ophthalmologique des divers journaux médicaux, des analyses et un bul- - letin bibliographiques, et enfin des variétés qui intéres- sent la spécialité. L'Allemagne avait déjà vu des recueils BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. III. 10 — 144 — de même nature, mais aucun d'eux ne put se maintenir bien longtemps sans changer de forme, et devenir un journal de chirurgie et d’oculistique. La nas ophthalmologique-de Guillié n'avait pu former qu'un seul volume en cinq années. Le zèle de Cunier et sa rédac- lion intéressante surent gagner à son recueil des adhé- sions de plus en plus nombreuses parmi les médecins, même dans les pays où le titre de spécialiste est souvent employé par des confrères peu bienveillants comme sy- nonyme de charlatan. Par l'heureuse institution de con— cours ophthalmologiques, le rédacteur sut acquérir à ses Annales, dès leur débuta de précieux mémoires de longue haleine, et il ne négligea guère d'occasion d'augmenter le nombre de ses collaborateurs. ‘Lors de son séjour à Namur comme médecin militaire (1839), Cunier avait donné dans sa demeure des con- sultations gratuites aux ophthalmiques qui lui étaient adressés; il se transportait, pour les opérations, à do- micile, ou dans une chambre louée ad hoc. HN paraîtrait même qu'il appela l'attention du ministre de l'intérieur sur l'utilité d’un institut ophthalmique provincial, idée dont la réalisation eut lieu quelques années plus tard sous le Dr Constant Loiseau. Arrivé à Bruxelles, où il venait pratiquer exclusivement loculistique , Cunier ouvrit, en mars 4840, une consultation gratuite pour les indigents ophthalmiques, laquelle fut bientôt trans- portée dans un autre local, et prit, le 1°T juillet de la même aunée, le nom de Dispensaire ophthalmique de Bruxelles : un médecin adjoint, deux consultants, un pharmacien et deux chefs de clinique furent attachés à cet établissement, qui fut transporté un an plus tard — 145 — dans un troisième local, et reçut à diverses reprises des subsides du roi des Belges et du conseil provincial. A la fin de 1845, Cunier fut en outre autorisé à soigner des ophthalmiques dans deux salles confiées au D' A. Uyt- terhæven, à l'hôpital Saint-Jean, service spécial qui fut supprimé en février 4848, à cause d'une épidémie de fièvre typhoïde qui encombrait les établissements hospi- taliers de cette capitale. En 1848, sur la proposition du Dr Vleminckx, le conseil provincial décréta la création d'un institut ophthalmique du Brabant, qui fut ouvert le 10 septembre 1849, au boulevard botanique, et au- quel fut annexée la consultation gratuite d’opthalmiques. Le D' Joseph Bosch y fut attaché en qualité de médecin adjoint, place qu'il conserva jusqu’à la mort de Cunier, et qu'il a continué de remplir dés lors, n'ayant pas voula à celte époque accepter les fonctions de médecin en chef pour lesquelles il proposa le D' Van Roosbroeck, profes- seur à Gand. Pendant les premiers temps de l'existence de l'institut, la fréquentation de la clinique de cet éta- blissement n'avait été que tolérée, mais pendant l’exer- cice de 1851 à 1852, elle fut régulièrement accordée, et notification en fut donnée au conseil de l’université libre de Bruxelles, qui n’avait point de clinique des ma- ladies des yeux. Il serait extrêmement long de vouloir énumérer tous les travaux ophthalmologiques de Cunier : nous nous bornerons à signaler les nombreuses recherches qu’il a faites sur l'ophthalmie militaire, et sur la thérapeutique des granulations qui en sont la suite , son procédé d'o- pérer la cataracte qu'il désigna sous le nom de réclinai- son-dépression, son mémoire sur la cataracte noire, ses — 146 — ‘ recherches sur l'héméralopie et la dyschromatopsie à l'é- tat héréditaire. Les services que Cunier avait rendus comme médecin-militaire, lui valurent l’ordre royal de Léopold; ses connaissances en ophthalmologie, le titre de médecin-oculiste des princes royaux, ses travaux sur l'ophthalmie de l’armée portugaise, et le nombre d'é- lèves brésiliens et portugais qui avaient suivi sa clini- que, lui valurent des décorations de ces deux pays. Une foule d’académies et de sociétés de médecine ou des scien- ces s'étaient honorées de se l’associer. Au milieu de tous ses titres scientifiques et de la répu- lation européenne dont il jouissait, Cunier souffrait d'un emphysème pulmonaire qui lui rendit bien pénible une grande portion de sa trop courte existence. Des souffran- ces continuelles altéraient fréquemment son humeur, et c'est ainsi qu'il s’aliéna souvent ceux de ses confrères avec lesquels il s'était montré le plus bienveillant; hà- tons-nous toutefois de dire qu'il revenait promptement de ses brusqueries, et que ceux qui surent faire la part de l'influence du physique sur le moral de Cunier, peu- vent dire ce qu'était le fond de son caractère. Habitué à des accès d'orthopnée qui augmentaient de fréquence avec les années, 1l vit approcher sa fin sans y croire complètement, exprimant toutefois dans ses moments de découragement ses regrets de quitter la vie si jeune. Ce fut en vain que ses confrères et amis, les D's Fallot, vice-président de l'académie de médecine, et J. Bosch, médecin-adjoint de l'institut ophthalmique, lui prodiguë- rent leurs soins éclairés, auxquels le D' Rieken, méde- cin du roi, ajouta son expérience dans quelques consul- tations : son heure était venue, et il s'éteignit le 19 avril 1853, laissant une veuye et une fille encore jeune. — 147 — Sa mort fut un véritable deuil pour la science, et le Dr Fallot exprima le regrets de l’académie royale de mé- decine, par quelques mots vrais et sentis, pronencés sur la tombe de son ancien ami. Cunier laissait vacante la place de chirurgien en chef de cet institut opbthalmique du Brabant, dont la créa- tion, objet de ses vœux, avait eu lieu si peu d'années avant sa mort. Nous avons déjà dit que le D' van Roos- broeck en fut chargé. Mais il était plus difficile encore de continuer ce recueil spécial auquel il avait acquis une si haute importance, je veux parler des Annales d'oculis— tique ; enfin, après quelques mois d'incertitude, cette (à- che fut reprise par cinq médecins belges, MM. Fallot, J. Bosch, Hairion, van Roosbroeck et Warlomont, qui obtinrent bientôt la promesse du concours de la plupart des anciens collaborateurs du journal et d’un certain nombre de nouveaux. La société des sciences naturelles de Neuchâtel avait doublement le droit d'entendre une notice biographique sur Cunier, qui était membre honoraire de notre société, et de plus se rattachait par ses ancêtres à notre patrie. Il y a longtemps que les Cunier habitent le pays où ils sont actuellement; l’un d'eux commanda une forteresse du N.-E. de la France, et ce fut lui qui embrassa le pre- mier la religion catholique romaine. C’est à une circons- tance fortuite que F1. Cunier dut de connaître la patrie primitive de sa famille. Lié personnellement avec cet illustre médecin, j'ai osé espérer qu'une notice sur sa vie pourrait avoir quelque intérêt pour notre société. — 148 — Séance du 19 mari 1854. Présidence de M. Louis Coulon. M. le D' Castella communique un extrait de son rap- port sur le mouvement de l'hôpital Pourtalès, pendant l’année dernière. L'hôpital contenait au 1° janvier 1853 : 34 malades dont 24 hom. et 10 fem. Il en a admis pend'l’année 499 » 369 » 430 » Total des malades traités 533 » 393 » 140 » Neuchâtelois . . . 163 malades dont 113 hom. et 50 fem. Bernois . . . . . 487 » 130 » 57 » Vaudois codes lé Ex » 20 »” 9 » A1 » Suisses d’autres cant. 94 D 80 » 14 » Etrangers à la Suisse. 69 » GAL Che Sont sortis guéris . . : . . A01 Améliorés. . . 40 Incurables ou refusés pour cause de maladies non admissibles. 9 Sont morts . . .. + . . 39 Restaient au 1° janvier 1854. . 44 533 Ces 533 malades ont fait ensemble 17531 journées de séjour à l'hôpital; en moyenne le séjour de chaque malade a été de 33 j. 475/5:3, L'hôpital a renfermé en moyenne 48 **/:65 malades ; la mortalité a été de 4 sur 13 *,3. Dix opérations graves on1 été pratiquées dans le courant de l’année: trois amputations, deux extirpations de cancers, une ouverture d’hématocèle, une extirpation de loupe graisseuse, — 149 — une opération d’hernie étranglée réduite au moyen du chlo- roforme, deux ouvertures d'abcès froids, guéris par des injections d’iode et la compression méthodique, Les maladies traitées se rangent comme suit : 25 inflammations diverses dues à des causes externes, comme coups, chutes , etc. 9 érésypèles , dont quatre compliqués de gangrène et d'abcès diffus: dans deux cas la mort en a été la suite, dans deux autres l’écoulement du pus à été favorisé par des incisions multüpliées , de grands lambeaux de tissu cellulaire mor- tifié ont été détachés, et l'emploi du quina à l'extérieur et à l’intérieur , et de la teinture d’iode en injections, ont provoqué la guérison dans un cas après 132 jours, dans l'autre après 172 jours de traitement. 27 abcès, dont 5 panaris et 3 abcès froids. 38 plaies, dont 3 d'armes à feu mais peu graves; dans un cas, un taille-foin tombé de quelques pieds de haut sur la partie antérieure et interne du genou, avait provo- qué une plaie transversale de trois pouces de longueur, partagé la rotule à son tiers supérieur et ouvert l’articu- lation. Le cas était d’autant plus grave que la plaie avait été Llampornée avec de l’amadou et de la charpie, pour arrêter l'hémorragie , et le blessé amené seulement au bout de trois jours. Le blessé, âgé de 24 ans, était fort et vigoureux, mais malgré les soins, l'inflammation s'em- para de l’articulation , le pus fusa dans l’intérieur des muscles de la cuisse et de la jambe, et le malade succomba à la fièvre hectique, après s'être opposé formellement à l’amputation de la cuisse, qui lui avait été proposée dès que la suppuration avait commencé à prendre de la gravité. 24 ulcères atoniques , variqueux , dartreux et syphilitiques. 37 fractures dont : 1 des os du nez et de la mâchoire supérieure avec plaie guérie sans diflormité. — 150 — 4 de la mâchoire inférieure. 2 des côtes. 3 de la clavicule 3 de l’humerus dont une du col. 2 des os de l’avant-bras. 7 du fémur dont deux du col. 18 des os de la jambe. deux fractures comminutives ont exigé l’amputation. L dans deux cas chez des individus faibles et scorbutiques la consolidation de la fracture des os de la jambe n’a été obtenue que dificilement, chez l’un après 127 jours, chez l’autre après 138 jours de traitement. Dans les deux cas on à joint aux aners et aux toniques l'emploi du phos- phate de chaux, à la dose de 12 à 20 grains trois fois par jour, et ce médicament à paru agir avec efficacité. Les fractures du col du fémur chez deux vieillards ont été traitées par le double plan incliné de Dupuytren, et gué- ries avec un léger raccourcissement. 6 entorses. 4 luxation de l’hnmérus. 20 tumeurs blanches, caries, nécroses, coxalgies la plupart scrophuleuses. 23 ophthalmies, la plupart scrofuleuses. 41 scrofules. 3 Cancers. 3 amauroses, dont deux améliorées par la cautérisation fron- tale et la strychnine. 2 hernies. 4 orchites. À loupe graisseuse extirpée. 48 rhumatismes, dont 35 aigus et 13 chroniques. 44 inflammations des organes digestifs, embarras gastriques, fièvres bilieuses. 108 fièvres typhoides, dont 67 amenées depuis le Locle, où cette maladie n’a pas cessé de règner épidémiquement depuis plus de deux ans. — 151 — 80 sont sortis guéris, 18 sont morts dont 42 hommes et 6 femmes: 10 étaient encore en traitement au 1° janvier. Parmi ces 108 malades , 14 étaient âgés de 8 à 20 ans, 70 de 20 à 30 et 24 de 30 à 50 ans, ce qui confirme l'ob- servation que la fièvre typhoïde atteint surtout les indi- vidus qui ont plus de 20 ans, d’où quelques auteurs ont conclu que la vaccine y contribuait et que la fièvre 1y- phoïde n’était que la petite vérole fixée sur l'intestin. Quant à nous nous pensons toujours que la fièvre typhoïde est une maladie miasmatique produite par une altération dans la composition chimique du sang, due à son oxigé- nation incomplète. 1 fièvre intermittente tierce. 2 esquinancies. 57 inflammations des voies respiratoires, dont 18 bronchites, 31 péripneumonies et 7 pleurésies. 3 phthisies. 6 hydropisies dont deux devenues mortelles et produites par des hypertrophies du cœur. 44 chloroses. | 7 névroses. 12 affections cérébro-spinales. M. Desor présente la 1'° livraison de l'ouvrage de M. Victor Thiollière, intitulé : Description des Poissons fossiles, provenant des gisements corralliens du Jura dans le Bugey. Cet ouvrage, orné de magnifiques planches, est remarquable non-seulement par les nouvelles et belles espèces qu'il renferme, mais aussi par les conclusions que l’auteur a déduites sur la distribution des différents types de poissons fossiles. Ainsi M. Thiollière montre : 1° Que plusieurs des genres jurassiques que M. Agas- siz plaçait dans la famille des Ganoïdes (Thrissops et Leptololepis, par exemple) sont des poissons osseux ordi- — 152 — paires, que par conséquent ces derniers ont fait leur ap- parition à une époque bien plus ancienne que ne le pen- sait M. Agassiz. 2° Qu'il existait également déjà à l’époque corallienne - de vrais squales et de vraies raies, et que partant il est contraire aux faits, de prétendre que ces deux familles n'ont commencé à se séparer de cestracions qu'à l'épo- que crétacée. Par conséquent, le caractère que l'on assignait à la faune ichthyologique du Jura, d’être dépourvue à la fois de poissons osseux ordinaires, de véritables squales et de véritables raies, est tout-à-fait illusoire. C'est ainsi que disparaissent l’un après l'autre, à mesure que l’on étudie avec plus de soins et de détails les fossiles des différentes formations, ces contrastes frappants qu'on s'était plu à évoquer entre les différentes époques. M. Desor ajoute qu'il se propose d'appeler l'attention sur des faits sembla- bles, tirés de l’étude des Echinides. M. Desor fait voir un magnifique atlas de vues des Alpes, publié récemment par les soins de M. Dolfus- Ausset, el destiné à représenter les traits saillants de la structure et du mécanisme des glaciers. La société est unanime pour admirer la beauté des dessins exécutés par M. Hogard. Séance du 26 mai 1854. Présidence de M. Louis Coulon. M. Desor communique l'extrait d'une correspondance qu'il vient d'avoir avec M. Morlot, de Lausanne, sur les — 153 — caractères particuliers des divers dépôts glaciaires de la Suisse. M. Morlot admet trois divisions dans la période qualernaire, qu'il caractérise comme suit. «1° Première époque glaciaire. C'est l'époque de la plus grande extension des glaciers, lorsque celui du Rhône occupait les limites que lui a assignées M. de Charpentier. » 20 Epoque diluvienne. Les dépôts des terrasses dilu- viennes se forment. Les glaciers ont entièrement disparu, même des vallées intra-alpines, du moins des principales, puisque les terrasses s’y poursuivent. L'éléphant existe dans le pays. Epoque fort longue, à en juger par ses dépôts, du moins aussi longue que l’époque moderne, donc, d'après Lyell, de plus de 60 mille ans de durée. Le niveau de la mer devait être de quelques centaines de pieds plus élevé qu'aujourd'hui. » 30 Seconde époque glaciaire. Les glaciers sont moins _ étendus que précédemment. Celui du Rhône, par exem- ple, ne dépasse pas le Jorat, il n'occupe que le bassin du Léman jusqu’à quelques cents pieds au-dessus du ni- veau actuel du lac, allant mourir vers Genève. L'élé- phant vit dans le pays; c'est l'époque du Loess ; elle est de très-longue durée. -… » Epoque moderne. L'homme apparaît; l'éléphant dis- paraît. .. » Les faits, ajoute M. Morlot, sont concluants, car “tandis qu’à Genève on observe le glaciaire reposant sur le diluvium, à Clarens on voit le diluvium reposer sur le “glaciaire. Toutes les contradictions apparentes seraient ainsi résolues d'une manière satisfaisante.» Dans une lettre subséquente, du 2 mai 1854, M. Mor- lot ajoute les détails suivants : « Je ne connais pas de — 154 — moraines de la première époque, nos moraines sont de la seconde époque, et, ce qui plus est, elles sont par- tiellement stratifiées, comme le œsars du nord, ayant été formées sous l’action conjointe du glacier et des eaux qu'il barrait, ainsi que M. Martins l’a fort bien précisé pour le nord. Les dépôts de la première époque sont chez nous (Lausanne), exactement le T7! des Anglais. Nous avons donc correspondance parfaite avec les phénomènes du nord. » Îl se trouve que M. Venetz a depuis longtemps dis- tingué les deux époques glaciaires. Il a observé dans l'immense talus glaciaire derrière Evian, de haut en bas : 1° glaciaire ; 2° dépôt de bois bitumineux diluvien; 3° glaciaire. » Aux environs de Vevey, le premier glacier attei- gnait et dépassait la hauteur de 5860 pieds, soit 1759" (le lac étant à 1250/ soit 375%), tandis que le second glacier n'allait au même endroit qu'à 3250! = 979%.» M. Desor fait observer qu’antérieurement à M. Morlot, M. Blanchet avait déjà appelé l'attention sur la diffé- ‘rence qui existe entre les dépôts glaciaires qui couvrent les flancs du Jura et ceux des bords du Léman qu'il at- tribuait à l’action combinée du glacier et des torrents, qui seraient venus déposer leurs débris contre le flanc du glacier. M. Morlot admet ce mode de formation pour les grands dépôts des environs d'Aubonne, mais non pas» pour les terrasses des environs de Montreux qui sont au contraire, pour lui, de simples cônes de déjection dépo- sés par Le torrent au bord du lac, alors que celui-ci oc- cupait des niveaux plus élevés que maintenant. La for- mation de ces altérissements aurait eu lieu entre les deux — 155 — _ époques glaciaires, et ce serait ces dépôts qui auraient surtout fourni les débris de mamouth que nous possé- dous en Suisse. Suivant M. Desor, le résultat le plus important des re- cherches très-laborieuses de M. Morlot, c'est d’avoir dé- montré que ces dépôts stratifiés qu’on désigne assez gé- néralement sous le nom d’alluvion ancienne, ne sont pas antérieurs à l’époque glaciaire, comme on le croyait jus- qu'ici, mais postérieurs. De cette manière se trouve ré- tablie la concordance entre la succession des phénomènes de la Suisse et ceux de l'Europe et de l'Amérique, où les débris d'éléphants n'existent que dans des dépôts relati- vement très-récents et par conséquent de beaucoup pos- térieurs aux grands dépôts glaciaires. Quant aux dépôts que M. Morlot rapporte à sa seconde époque glaciaire, M. Desor fait observer que du moment qu'on les envisage comme l’œuvre combinée du glacier et des eaux , il n’y a plus lieu de les comparer au œsars qui ont été formés exclusivement sous les eaux, puisqu'ils sont stratifiés et renferment des coquilles marines. Il lui resle également des doutes sur le parallélisme des dépôts de la première époque glaciaire de M. Morlot avec le till des Anglais, par la raison que le till renferme également des coquilles marines. Au reste le till lui-même a besoin d'être mieux étudié qu'on ne l’a fait jusqu'ici, pour pou- voir être parallélisé en détail avec l’un ou l’autre de nos dépôts quaternaires. M. Desor nous communique la note suivante pour être insérée à la suite de la communication qui précède. — 156 — « Je viens d’avoir l’occasion de parcourir avec M. Morlot les envi- rons de Lausanne et de Montreux, et me suis convaincu, en ce qui concerne les terrasses de cette dernière localité, que ce sont réelle- ment des dépôts d’attérissement du torrent formé à une époque où le Léman était plus élevé que de nos jours. M. Morlot m'a fait voir, au pied du Chatelard, une coupe présentant une série de couches de matériaux (rès-divers, depuis le fin sable jusqu'aux gros galets, et plongeant d’une manière uniforme (sous un angle d’environ 30°) vers le cas , absolument comme les cônes de déjection que le torrent forme de nos jours à mesure qu’il empiète sur le lac. La longueur de la coupe est assez considérable pour exclure toute idée de strati- fication irrégulière, comme dans les dépôts soi-disant glaciaires. » En ce qui concerne les dépôts des environs de Lausanne, que la tranchée du chemin de fer vient de mettre à découvert, il est bien vrai que leur structure diffère de celle des dépôts glaciaires tels qu’on les rencontre sur les flancs élevés du Jura. Ils sont moins hé- térogènes, et l’on y remarque une quantité de ces strates irrégu- liers qu’on a désignés sous le nom de Stratification torrentielle, absolument comme dans les carrières de gravier de notre pays (Cor- taillod, Beauregard, etc.). Sous ce rapport, il y a en effet similitude entre ces dépôts et les œsars de la Suède? mais c’est précisément à cause de cette ressemblance, que je conserve des doutes sur l’ori- gine glaciaire de ces dépôts que M. Morlot attribue à sa seconde épo- que glaciaire. Neuchâtel, le 20 juin 1854.» APPENDICE. LES CASCADES DU NIAGARA ET LEUR MARCHE RÉTROGRADE, PAR E. DESOR, avec une carte et une coupe géologique. Entre les cascades des montagnes et celles des pays de plaine il y a plus d'un genre de contraste. Les pre- mières sont une conséquence naturelle du relief du sol ; elles sont à la fois une nécessité et un bienfait. Aussi nous attendons-nous à les rencontrer toutes les fois que nous pénétrons dans nos vallées alpines aux flancs abrupts et couronnés de sommets neigeux. Leur charme réside avant tout dans leur encadrement, la manière dont elles se combinent avec le paysage environnant, les contrastes d'ombre et de lumière qu’elles font naître, en un mot, dans leur caractère pittoresque. Elles sont essentiellement belles, et c'est pourquoi nous les admi- rons le plus souvent sans beaucoup nous inquiéter d’où leur vient leur beauté. Ce qui ajoute encore à leur mé- rite, c'est que chaque cascade des Alpes a son caractère individuel bien prononcé ; aussi suffit-il d’avoir vu une fois la Handeck, la Pissevache, le Reichenbach, le Staub- bach ou la Tosa pour ne jamais les oublier. — 158 — Il n'en est pas de même des cascades dans les pays de plaine. Leur raison d'être est moins évidente, et par cela même elles stimulent davantage notre curiosité. C'est un problême à résoudre plus encore qu’un tableau à admirer. El comme les cascades des pays de plaine se précipitent le plus souvent dans un gouffre qu’elles se sont creusé elles-mêmes, tout le monde de se demander combien de temps elles ont mis à cette besogne. Cette question est surtout intéressante lorsqu'il s’agit de cas— cades comme celle du Niagara. Aussi se présente-elle sur les lèvres de chaque touriste, après que le premier mouvement d'étonnement et d'admiration est passé. Sans doute, si une chute pareille se trouvait sur le cours de l’un de nos grands fleuves d'Europe, il y a longtemps que l’on connaîtrait au moins approximative- ment la quantité dont le gouffre se creuse et dont les chutes reculent dans un temps donné. En Amérique cela est plus difficile. A l'exception de quelques voya- geurs qui ont visité de loin en loin le Niagara, on peut dire que le régime de ce fleuve était à peu près inconou avant le commencement de ce siècle. Les indigènes ne nous ont transmis aucune donnée ni même aucune lé- gende qui soit de nature à faire apprécier même d’une manière approximative la quantité dont les chutes ont rétrogradé. Quand, plus tard, la civilisation vint s'établir sur les bords du Niagara, que des villages et même des villes populeuses s'élevérent dans son voisinage, et que l’on eut l’occasion d'observer les changements qui surve- naient dans la forme et l'aspect des cascades, et d’enre- gistrer les éboulements qui avaient lieu, on conçoit que I PE — 159 — l'on ait été enclin à s'exagérer la portée de ces change- ments. La chute d'un angle de rocher au Niagara est toujours un événement considérable, dont le bruit se propage au loin par les échos des gorges d'abord et par ceux non moins sonores de la presse américaine. Il ne faut donc pas s'étonner si ceux qui se sont fon- dés sur les données des premiers colons pour en faire la base d'un calcul ou méme d’une évaluation de la quan- tité dont les chutes rétrogradent dans un temps donné, sont arrivés à des résultats exagérés, surtout à une épo- que où l’on était fort préoccupé de la nécessité de faire concorder les phénomènes de la nature avec les tradi- tions bibliques. C'est ainsi que Bakewell, naturaliste d’ailleurs très- habile, évalue la rétrogradation à trois pieds par an (un yard). Lyell, qui visita les Etats-Unis quelque vingt ans plus tard, ne pouvait se dispenser de discuter une question si populaire. Il la reprit donc en détail et re- connut que le chiffre adopté par M. Bakewell était trop élevé. Au lieu de trois pieds par an, il n’admit qu’un pied. Or comme les chutes sont actuellement à une dis- tance de sept milles (soit trente-cinq mille pieds) des fa- laises de Lewiston, il en résultait, suivant son calcul, qu'il avait dù s'écouler trente-cinq mille ans depuis que le fleuve avait commencé à entailler ces falaises. Mais en réalité, ce résultat ne repose pas sur des bases plus s0- lides que celui de Bakewell ; c'est une évaluation plus modérée, voilà tout. Il est vrai que l’auteur ne nous la donne pas pour autre chose, mais ceux qui l'ont copié ont le plus souvent négligé d'ajouter le correctif, et de la BUL, DE LA SOC. DES SC, NAT. T. IL. {1 — 160 — sorte, ce chiffre de trente-cinq mille ans, qui n’est qu'une approximation , a passé à tort dans les manuels de géo- logie et de physique du globe pour ce qu’il n’est pas, un résultat positif. Les premières bases süres pour la détermination exacte de la rétrogradation des cascades, nous ont été fournies lors du relevé géologique de l'Etat de New- York. Une commission composée d'ingénieurs fil, sous la direction de M. James Hall, le célèbre paléontologiste d'Albany, le relevé trigonométrique des chutes et de leurs environs. La carte construite d'après ces maté- riaux, représente les contours des deux chutes sur une échelle suffisamment grande, pour qu'il soit facile d'ap- précier à l'avenir les changements qui. pourront surve- nir et par conséquent la quantité exacte dont la chute recule dansfun temps donné. Si les chutes rétrogradaient aussi rapidement qu'on le suppose (à raison de trois pieds ou même de un pied par an), rien ne serait plus facile que de s’en assurer dès à présent, puisqu'il ya plus de douze ans (1842) que le relevé est fait ; et quant à la carte, elle est certes assez rigoureuse pour qu'un déplacement aussi notable y soit appréciable sur un point quelconque. Malheureusement , il n’y a aucune probabilité que la génération actuelle puisse faire cette expérience. Malgré les éboulements partiels qui sont survenus depuis une douzaine d'années, on constaterait difficilement, même au moyen de nos procédés les plus rigoureux, un chan- gement sensible dans la position et le contour de l'une ou de l’autre des deux cascades. Ce n'est pourtant pas à dire que cette œuvre n’intéresse que l'avenir. Sans doute | | — 161 — nos après-venants auront sur nous le grand avantage de pouvoir aller, le théodolite en main, s'assurer de la quantité dont la cascade aura rongé sa barrière dans un temps donné. Au moyen de ces données, et en les com— parant avec les phénomènes que nous savons être con- committants, tels que les dépôts de détritus, la formation des tourbières, etc., ils pourront avec plus de süreté que nous se livrer à toutes sortes de spéculations sur la part d'influence des agents divers qui contribuent à mo- difier lentement la surface de notre globe. Peut-être parviendront-ils aussi, en déterminant d’une manière rigoureuse l’âge des cascades du Niagara, à débarrasser une fois pour toutes la géologie d'éléments fächeux em- pruntés à des domaines étrangers, el qui, pour avoir leur source dans des motifs honnêtes, n'en sont pas moins préjudiciables aux progrès de notre belle science. En attendant, nous pouvons, nous aussi, tirer quel- ques enseignements utiles de ces relevés. Mon bat, dans cette note, est de montrer que la forme et les contours des cascades, tels qu'ils sont réprésentés sur la carte, constituent un élément important de la question, qui contribuera dès à présent, je l'espère, à rectifier les opi- nions exagérées que l'on se fait de la marche rétrograde des cascades. Pour rendre mon raisonnement plus intel- ligible, j'ai ajouté à cette analyse une copie de la carte de M: J. Hall (voir à la fin de ce cahier). Les deux cascades sont très différentes de contour et de puissance. La cascade canadienne, qui est de beau- coup la plus abondante, est fortement échancrée au mi- lieu, où l’action destructive des eaux paraît avoir été beaucoup plus efficace que sur les côtés. De là son nom — 162 — de horseshæfall { chute en fer à cheval). La cascade américaine, au contraire , bien que présentant aussi des rentrées et des saillies, est cependant bien moins irrégu- lière. C'est ce trait particulier de la cascade américaine qu'il importe de ne pas perdre de vue dans la question dont il s’agit. En tenant compte de la forme particulière de cette cascade, je crois pouvoir démontrer que la somme de la rétrogradation annuelle, non-seulement n'alteint pas les chiffres que lui assignent Bakewell et Lyell, mais ne s'en approche pas même de loin. Nul ne doute que les cascades dans leur acception gé- nérale n'existent depuis un temps immémorial. Le gouf- fre qui est leur œuvre en fait foi. Mais ont-elles tou- Jours existé sous la même forme ? ont-elles toujours été partagées en deux bras? Et si, comme tout l'indique, cette division en deux branches, séparées par l'Ile-aux- chèvres, n’est pas de fondation, à quelle époque remon- te-t-elle? Quand la cascade américaine s’est-elle. sépa- rée de la cascade canadienne? Qui nous garantit qu'elle n’est pas d'origine toute récente ? Il est évident que dans un pays comme les Etats- Unis, dont l’histoire date d'hier et où par conséquent les documents historiques ne peuvent pas être d'un bien grand secours, c’est la nature elle-même qu'il. faut in- terroger quand on veut se familiariser avec ses secrets. Cependant nous possédons pour le cas particulier un document d’une haute importance, c'est le récit d’un voyage aux cascades du Niagara par le Père Louis Hen- nepin, qui visila ces contrées en 1678. Sa description bien qu'un peu exagérée en ce qui concerne la hauteur des chutes, qu'il dit être de six cents pieds au lieu de — 163 — cent-soixante, n'en est pas moins instructive. Cette des- cription est accompagnée d'un dessin que M. Hall et M. Lyell ont l’un et l’autre reproduit et dans lequel on reconnaît tous les traits saillants de la cascade, divisée en deux bras principaux, avec l’Ile-des-chèvres au mi- lieu. Seulement, à côté de la chute canadienne, on en voit une troisième plus petite qui n'existe plus de nos jours. Voilà donc un document qui, tout en nous apprenant que des changements partiels sont survenus depuis un siècle et demi, nous fournit en même temps la preuve que ces changements n’ont pas l'importance qu’on leur attribuait d’abord. La concavité de la chute canadienne, quoique moins frappante que de nos jours, y est cependant clairement indiquée, et quant à la chute américaine que nous avons surtout à considérer, non-seulement elle existait, mais elle paraît avoir eu à peu près la même étendue et la même forme que de nos jours. La chute américaine , on le sait, est à la droite de la chute canadienne, dont elle est séparée par l’Ile-aux- chèvres. Les bancs de rocher par dessus lesquels ses eaux se précipitent dans le gouffre, ne sont que le pro- longement des précipices qui forment la rive droite du gouffre en aval de la cascade. En se plaçant sur un petit promontoire à droite de la cascade américaine et en amont des escaliers qui conduisent aux barques, on voit, en effet, que les bancs en amont et en avai sont dans le même alignement, et cela ressort d’une manière non moins évidente de la carte. La cascade, au con- traire, est en retrait. Or, comme il est probable qu'à l'é- poque où celle-ci commença à se précipiter du haut de — 164 — ces rochers, l'alignement n’était pas encore interrompu, et par conséquent que la concavité n'existait pas , on est naturellement conduit à en conclure que la profondeur de la concavité exprime la quantité dont la cascade a rétrogradé. Que si maintenant nous rétablissons par la pensée le rivage dans son intégrité tel qu'il devait être au début de la cascade, suivant la ligne pointée A-B de la carte, et que de cette ligne, que, pour plus de facilité, je suppose parfaitement droite, nous tirions des perpendiculaires sur tous les points en retrait, nous obtiendrons pour chaque point la somme totale de la rétrogradation. Or, il se trouve que d’après le relevé de la carte, l’entaille la plus profonde, qui représente par conséquent le point le plus distant de la ligne A-B; n'est qu'à qua- rante mètres de celte ligne (voir la ligne c-d). Examinons maintenant les conséquences qui décou- lent de ce fait. Les bancs de rochers par dessus lesquels se précipite la cascade américaine, sont exactement les mêmes que ceux de la cascade canadienne. Ils doivent par consé- quent se miner et se décomposer de la même manière. Nous savons que les deux cascades existaient du temps du jésuite Hennepin, par conséquent, il y a cent soïxan- te-quatorze ans. Supposons pour un instant que la cascade américaine eût pris naissance la veille de la vi- site du célèbre missionnaire, et qu’antérieurement elle se soit confondue avec la grande cascade, ce serait une somme de retrait de quarante mètres, soit cent vingt- cinq pieds à répartir sur une période de cent septante- quatre ans, ce qui, au lieu de trois pieds par an, ne nous — 165 — donnerait encore que vingt-trois centimètres (environ neuf pouces). Que si, au contraire, la cascade améri- caine, comme il n’y a aucune raison d'en douter, est in- finiment plus ancienne, si elle existait de longue date, lorsque Hennepin en fit le croquis, si pendant des siè- cles, peut-être des centaines de siêcles, ses eaux ont roulé dans le même chenal pour se précipiter au même endroit dans le gouffre, il est évident que les chiffres que l'on s'était plu à appliquer à cette opération de la na- ture, devront disparaître complètement. On objectera peut-être que c’est la cascade canadienne que l’on avait surtout en vue dans ces essais de calcul, et que, comme elle charrie des masses d’eau bien plus considérables, son action sur les rochers doit par là même être plus énergique. Mais l'inspection des lieux et un coup-d'æil jeté sur la carte, nous fournissent encore ici les moyens de répondre à cette objection. Si la cascade canadienne rétrogradait réellement aussi rapidement qu'on le suppose, elle aurait dû s'éloigner en proportion de la cascade américaine qui, comme nous venons de le voir, recule trés lentement. La distance qui la sépare de cette dernière, devrait par conséquent être beaucoup plus grande qu'elle n’est maintenant, en d’autres termes, lesvescarpements de l'Île-aux-chêvres qui sépare les deux easvades devraient présenter un développement bien plus considérable. Or, comme la largeur de l’île n'est guère que de trois cents mètres, il s’en suivrait que dans l'hy- pothèse de M. Bakewell (de trois pieds de rétrograda- tion par an), la cascade américaine ne pourraît avoir plus de trois cents ans, puisqu’avant celte époque les deux cascades auraïent été confondues en une seule el par — 166 — conséquent l’île n'aurait pas existé. Or il n'y a rien, ni dans les documents ni dans la nature, qui puisse justi- fier une pareille conclusion. En résumé, la rétrogradation des chutes du Niagara, quelque saisissante qu’elle nous apparaisse, n'en est pas moins l'effet d’une action lente, comme toutes les gran- des opérations de la nature. Je crois dès-lors rester dans les limites de la vraisemblance, en restreignant provi- soirement à des périodes séculaires les chiffres que l’on s’est plù jusqu'ici à appliquer aux périodes annuelles. . On est certainement plus près de la vérité en évaluant la rétrogradation des chutes à trois pieds par siècle, au lieu de trois pieds par an. LE NIAGARA DANS L'AVENIR. Une autre question a dû se présenter à l'esprit de ceux qui s'intéressent au Niagara, c’est celle des changements que les cascades auront à subir à mesure qu'elles conti- nueront à reculer. L'on s’est demandé ce qu'il advien- drait si les cascades, dans leur marche rétrograde, finis- saient par gagner le lac Erié. Quelques personnes ont même éprouvé des appréhensions à l'idée qu'un jour le lac Erié pourrait se vider et inonder les fertiles et rian- tes plaines de l'Ontario. Disons d’abord que si jamais les cascades sont destinées à rétrograder jusqu’au lac Erié, ce ne pourra être, d’après les données que nous avons fournies plus haut, que dans un avenir tellement loin- tain, qu’il semble oiseux de s’en préoccuper. En revanche, si l'on considère la disposition des ro- chers et la structure particulière des différentes assises, — 167 — il ést évident que la hauteur et la forme de la cascade devront en quelque sorte varier à chaque pas qu'elle fera en arrière, tout comme elle a dû varier dans le passé. C'est ce que l’on comprendra facilement au moyen de la coupe de PI. IT que j'ai ajoutée à la carte topographi- que (). Le gouffre du Niagara est creusé tout entier dans la formation dite silurienne supérieure. A l'entrée des fa- laises, la coupure du fleuve a mis à découvert une série considérable de dépôts représentant trois groupes ou éta- ges de la formation silurienne supérieure, qui sort de bas en haut : 1° Le groupe du grès de Médina auquel appartien- nent les trois divisions marquées 1, 2, 3, sur la coupe, représentant ensemble une épaisseur de près de deux cents pieds ; 20 Le groupe de Clinton (4) composé de deux cou- ches assez minces, l’une d’un schiste vert, l’autre d’un calcaire compacte formant ensemble une épaisseur de six pieds ; 3° Le groupe dit de Niagara, composé de deux as- sises, le schiste de Niagara (5) et le calcaire de Niagara (6), représentant ensemble une épaisseur de deux cents pieds. Si ces différentes assises étaient parfaitement horizon— tales, on conçoit que la rétrogradation pourrait s'opérer (*) Cette coupe est empruntée, ainsi que la carte, à l’ouvrage de mon ami M.J. Hall. Seulement, pour en rendre les détails plus intelligibles, j’en ai augmenté la longueur du double, ensorte que la hauteur et l’inclinai- son des strates sont de moitié moins exagérés. Malgré cela, le plongement des couches est encore beaucoup trop fort, comparé à ce qu’il est dans la nature. — 168 — sans. modifier notablement la forme et l'aspect des cas- cades. Mais il ne faut pas oublier que bien qu'en appa- rence horizontaux, les bancs ci-dessus sont inclinés en sens inverse du cours de la rivière. Ils plongent au sud sous un angle très-faible, à la vérité, mais cependant sensible , de 0° 17/, soit de 25 pieds par mille anglais. Il en résulte que les assises qui forment les parois du gouffre à l'entrée de la gorge doivent forcément s'enfon- cer sous lerre et disparaître à mesure qu’on remonte le gouffre, et cette disparition aura lieu d'autant plus promptement, que d'un autre côté le lit du fleuve aura une pente plus forte. C'est ainsi que la couche de grès quartzeux (2) qui, à l'entrée du gouffre, est à une cer- taine hauteur, disparait au tourbillon. Le grès rouge (3) de son côté, qui est encore en vue au grand pont de fil de fer, disparaît au pied de la cascade actuelle (en b), si bien que l'on n’aperçoit plus sous le schiste du Nia- gara que le grès et le calcaire de Clinton (4). À partir de la cascade, jusqu’à sa sortie du gouffre, le Niagara a une pente remarquablement uniforme (de 0° 10/ soit 15 pieds par mille), ce qui est très-considé- rable pour un fleuve de cette puissance, et lui permet de débiter la masse énorme de ses eaux par un dégor- geoir relativement étroit. Quand on essaie de représenter sur une coupe cette pente si uniforme de la rivière, telle qu’elle est indiquée par la ligne a b, on est naturellement porté à la prolon- ger vers æ, dans l'hypothèse que la cascade continue à retrograder comme par le passé. C'est en effet ce que M. Hall et, après lui, M. Lyell ont fait. Or comme cette ligne dans son prolongement au sud atteindrait le lac NA PP AS TES | CT — 169 — Erié, ils en ont conclu que la chute devra aller en di- mipuant de hauteur à mesure qu'elle retrogradera. C’est ainsi qu'après avoir retrogradé d'un mille la cascade, arrivée en g, n'aurait plus, selon eux, qu'une centaine de pieds de hauteur; après un second mille de retro- gradation , elle n'aurait plus guère que 60 pieds de hau- teur enr; et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’elle disparaisse complétement pour faire place à une pente uniforme, occasionnant une série de rapides semblables à ceux qui sont limités présentement au couloir qui entoure l'Ile- aux-chèvres. Je ne saurais pour ma part partager cette opinion. Après avoir examiné et analysé sur les lieux les éléments de cette question, je crois m'être convaincu que la théo- rie de mon confrère, M. Hall, est erronnée, en ce sens qu'elle ne tient pas compte d’un facteur important, la dureté inégale du rocher. Personne ne conteste que la rétrogradation du Nia- gara ne soit, sinon causée , du moins sigulièrement facilitée par l’inégale dureté des différentes assises. Si ies falaises qui dominent la plaine de Lewiston et du lac Ontario étaient composées d'assises toutes aussi du- res que le calcaire du Niagara qui en forme le som- met (6), il est douteux que le fleuve les eût jamais enta- mées d'une manière bien sensible, pas plus que le Staub- bach et la Tosa ne creusent un couloir dans la paroi de rocher dont ils descendent. Mais nous savons que la cou- che n° 5, qui supporte immédiatement la précédente, et que nous avons désignée sous le nom de schiste du Nia- gara, est très-friable. C’est en rongeant et minant cette couche de 80 pieds d'épaisseur, que le fleuve enlève — 170 — peu à peu à l’assise supérieure, qui est d'égale puissance, son support et occasionne ainsi ces éboulements formi- dables qui excitent toujours à un degré éminent l'intérêt du public, et le portent à s'exagérer les dimensions des masses tombées. Actuellement la cascade ronge la couche de schiste jusqu’en b, c'est-à-dire jusqu’au banc du cal- caire compacte (4), qui lui sert de plancher, et que peut- être elle entame même sur quelques points. Or si la ré- trogradation devait continuer suivant la ligne a-b dans la direction de æ, comme le supposent MM. Hall et Lyell, il s'en suivrait qu'après avoir rétrogradé un mille, soit 5000 pieds, la base ou le plancher de la cascade se trou- verail juste au milieu de la couche de schiste friable (en g). Or, je ne saurais admettre que la cascade, du moment qu'elle a prise sur la roche friable, s'arrête à moitié che- min. Elle la minera au contraire jusqu’à la base. Si donc la cascade doit continuer à rétrograder, ce ne saurait être suivant la ligne a, b, g, r; ce sera au contraire suivant la ligne a, b, f, t. Et dans cette hypothèse, la cascade ne diminuera pas en rétrogradant, puisqu'elle embrassera dans sa chute les deux mêmes assises ; elle pourrait même gagner en hauteur, si la couche 6/, au lieu de former des rapides, allait présenter sa tranche verticale comme les couches 5 et 6. On peut cependant prévoir le moment où, par suite de l'inclinaison naturelle (plongement) des couches au sud, le banc de calcaire dur (4) descendrait à un ni- veau qui ne permettrait plus l'écoulement des eaux. Dans ce cas, on concevrait qu’il se formât au pied de la cascade (en & ou plus haut) un lac qui, en brisant la chute, tempé- rerait son action sur la roche friable. Mais ce sera surtout PRET RIT AN pe 1 it AV cat fil es d'AIRTE des CHUTES du NIAGARA &. Crndre aux Bercdes à Neuchatil, PL.9. hi | on EF Depot [uv | D . A ou nd | M. W'erlpool P. Æont suspd LUE | b e.4 e b. Chute rt c.d. Aapudes 4. b.o 1 (4277) 70 Ï. Hall a b.f.l. PÉR Dr | DURE CE ne Hat a.b'f ts. Cou] AM. Desor | ‘ | | } [ | | | | ‘ ( 4 44 ° CFE ER 774 a LE CTrLe lut UC COS e L Cu DAN. éogur ie. 4 Sud L'alaises de Lewestor u d FR > ; ; ref) È pen } se 00 D NT EL TEL | 5 L x ; ne (| è AN À ï É RU LUN I ACER 5 RSR SR EP ENS ATSS * LE res = PES EE Eos _ EN | (ai! | | | À hi Re D Dépot (luviatite avce coguilles décur douce Arupant une dépression ce Sud. des Papites Slurien 2 Grès quartaeux rés d dur hrmant csernille l'étage où groupre de Grès de Ardena D. 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Desor |; { il — 171 — lorsque, par suite de la rétrogradation, le banc de cal- caire compacte (6) sera à son tour descendu sous le ni- veau requis pour la pente, que la rétrogradation sera ralentie; l’eau ne rencontrant de haut en bas que des ro- chers durs, sans couche friable intermédiaire, n'aura en proportion pas plus de prise sur eux que les torrents de nos montagnes n’en ont sur les précipices qu'ils fran- chissent. Les moindres chiffres qu'on pourrait assigner à la rétrogradation dans des conditions pareilles seraient une exagération. Vouloir essayer de les apprécier, nous paraîtrait à-peu-près aussi oiseux que de vouloir sou- mettre au calcul le temps nécessaire au globe pour que sa masse intérieure se refroidisse, de manière à devenir solide. Nous en concluons donc avec M. Hall, et avec plus de raison que lui, non-seulement qu'il n’y a rien à craindre pour le lac Erié, mais en outre que pour être soumis au contrôle et au calcul de l'homme blanc, le Niagara n’en perdra ni de sa hauteur, ni de sa majestueuse beauté, mais continuera à être encore pendant longtemps, ce qu'il fut de tout temps pour l'homme rouge qui errait jadis sur ses bords, la plus magnifique des cascades , « le tonnerre des eaux. » Le volume de ses eaux, en revanche, pourrait bien su- bir dans le cours des siècles quelque diminution, ce dont on ne pourrait que s’applaudir, du moment qu'elle se- rait occasionnée par l'extension de la culture et de la ci- vilisation dans le bassin des grands lacs, et que les vas- tes marais qui alimentent les affluents du lac supérieur, feraient en partie place à des champs et à des terres pro- ductives. QUELQUES MOTS SUR L'ÉTAGE INFÉRIEUR DU GROUPE NÉOCONIEN (ÉTAGE VALANGINIEN. ) PAR E. DESOR. Lorsque M. A. de Montmollin essaya pour la première fois, il y a vingt ans à-peu-prés, de circonscrire le ter- rain néocomien des environs de Neuchâtel, il ne fit'en- trer dans son nouveau cadre qu'une série assez limitée de dépôts. Il n’y rangeait guëre que les marnes bleues très- fossilifères connues aujourd'hui sous le nom de marnes de Hauterive, et les calcaires jaunes qui à Neuchâtel re- posent’ sur ces marnes et forment les créts ou éminences qui dominent le vallon de la marne. Ces deux dépôts, bien que très-différents sous le rap- port pétrographique , avaient en commun les mêmes fos- siles, entre autres certaines espèces trés-caractéristiques d'Echinides, tels que les Toxaster complanatus (Spatangus retusus), Holaster L'Hardyi, Diadema rotulare , etc Cependant on avait constaté depuis longtemps sur les limites des cantons de Neuchâtel et de Vaud un dépôt ferrugineux, connu sous le nom de limonite, que l’on exploitait autrefois à Métabief dans le département du Doubs. Ce terrain était trop différent des calcaires com- pactes et blancs de l'étage jurassique supérieur , pour qu'on eût pu songer à le rapporter à cette formation. — 173 — Ses fossiles, sans être les mêmes que ceux du néocomien de Neuchâtel, s’en rapprochaient cependant, entre autre une belle espèce de Pygurus, voisine du Pygurus Mont- mollini, et qui a été décrite plus tard sous le nom de Pygurus rostratus Agassiz ('). On rapportait ainsi implici- _ tement à la formation néocomienne les couches et les fossiles de Métabief, sans connaître encore leurs équiva- lents dans le canton de Neuchâtel. D'un autre côté, feu M. Renaud-Comte avait recueilli dans les vallées supérieures du Jura neuchâtelois et fran- çais un certain nombre d'Echinides, que M. Agassiz se contenta de rapporter purement et simplement au néo- comien, comme aulant d'espèces nouvelles, supposant probablement qu'on finirait par les trouver aussi ailleurs. Il n'en fut rien cependant, et en préparant plus tard les matériaux du Catalogue raisonné des Echinides, j'acquis _la certitude que la plupart des espèces recueillies par M. Renaud-Comte dans les vallées supérieures du Jura, étaient, comme le Pygurus rostratus de Metabief, étran- gères au vrai Néocomien de Hauterive et autres localités fossilifères des bords du lac de Neuchâtel. C'étaient en- tre autres les Hémucidaris Patella, Pellastes stellulatus , Echinus fallax, Nucleolites Renaudr. M. Gressly, de son côté, avait recueilli près de Douan- ne, sur les bords du lac de Bienne , dans un calcaire jaune, fort semblable au néocomien de Neuchâtel ; une espèce de Nucléolite décrite plus tard sous le nom de Nucleolites (Catopygqus) neocomensis, qui était également restée étrangère aux terrains de Neuchâtel. (!) Agassiz, Mém. soc. helv. Tom. LL, PI, 44, fig, 4-6. — 174 — Tout le monde était d'accord pour rapporter ces di- vers gisements et les fossiles qu’ils renferment au néo- comien de préférence au Jura; mais quels étaient leurs rapports avec les dépôts types de Neuchâtel? Etaient-ils supérieurs ou inférieurs, ou bien n’en étaient-ils que les équivalents? C'est ce que l’on ignorait. C'est à M. C. Nicolet qu'appartient le mérite d’avoir fait le premier pas vers la solution de ce problème. 11 avait été conduit à conclure de ses observations stra- tigraphiques, sur la succession des étages géologiques dans le canton de Neuchâtel, que la formation néoco- mienne s'étendait plus bas que ne l'avait supposé M. de Montmollin, qu'elle n’était limitée en bas ni par les mar- nes bleues de Haute-Rive, ni même par les calcaires jau- nes à Ammonites aslerianus, mais qu’elle comprenait une série de calcaires compactes souvent ferrugineux qui, à Neuchâtel, s'étendent depuis le lit du Seyon derrière le ! château , jusqu’au Pertuis-du-Saut, représentant une épaisseur de plusieurs centaines de pieds. Malheureu- sement ces calcaires sont très-pauvres en fossiles. Ils avaient cependant fourni une espèce d'oursin, d’un type exclusivement crétacé, un Toxaster (7. Campichei Des.), qui eut dû mettre sur la voie, si M. Agassiz ne l'avait malheureusement confondue avec une espéce figu- rée et décrite par Goldfuss (le Spatangus intermedius Münst), qui est un vrai Holaster. Or, comme cette der- nière est une espèce jurassique, on se prévalut de cette prétendue identité pour rapporter les couches infra-néo- comiennes de Neuchâtel au terrain jurassique, contraire- ment au sentiment de M. de Montmollin, qui aurait préféré les comprendre dés le début dans son terrain ju- — 175 — : ra-crétacé (néocomien). C'est ainsi qu'une erreur de dé- termipation (') peut souvent en entraîner à sa suite de très-graves sous le rapport géologique. Les choses en étaient restées là depuis Ja publication du Catalogue raisonné (1847), lorsque M. le Dr Campi- che entreprit ses recherches sur les fossiles des environs de Sainte-Croix, qui promettent de jeter un si grand jour sur les formations crélacées du Jura. Il ne tarda pas à reconnaître dans le terrain néocomien qui occupe le fond des vallées dans cette partie du Jura , trois éta- ges bien distincts, caractérisés chacun par des espèces propres, qui ne se retrouvent pas dans les autres. Il les désigna sous les noms de Meocomien inférieur, moyen et supérieur. Ayant eu l'occasion, grâce à l'obligeance de M. Campiche, d'examiner les fossiles et plus particulière- ment les Echinides de ces divers étages, je ne tardai pas à reconnaître, parmi les vursins de l'étage inférieur, ce même prétendu Spatangus intermedius , associé à une foule d’autres espèces, parmi lesquelles se retrouvèrent aussi une partie de celles de M. Renaud-Comte, ainsi que le Pygurus rostratus de Métabief. Il m'était ainsi dé- montré que les dépôts qui, à Neuchâtel, renferment le soit-disant Spatangus intermedius , ne dépendent nulle- ment de la formation jurassique, comme on l’a cru jus- qu'ici, mais appartiennent bien réellement à un élage à part, inférieur aux marnes de Hauterive, et qui constitue (*) Je me suis assuré plus tard que ce prétendu Spatangus intermedius, non-seulement n’est pas identique avec l'espèce d'Allemagne, mais qu’il wapparlient pas même au même genre. C’est un Toxaster, tandis que ce- lui d'Allemagne est un Holaster. BUL, DE LA SOC, DES SC, NAT. T, Ill. 12 — 176 — à la fois l'équivalent de la limonite de Métabief, des cal- caires jaunes inférieurs de la Chaux-de-Fonds et des bords du Doubs et probablement aussi des calcaires jaunes des bords du lac de Bienne. M. Campiche ayant bien voulu me confier depuis lors tous les Echinides qu’il a recueillis dans l'étage en ques- lion, je ne suis assuré qu'aucune des espèces ne se re- trouve ni dans son néocomien moyen, ni dans le cal- caire jurassique au-dessous. C'est donc au point de vue paléontologique comme au point de vue stratigraphique, un dépôt à part ayant sa faune propre, et qui mérite par conséquent de figurer comme étage indépendant dans le groupe néocomien, au même titre que la craie blanche, la craie chloritée, la craie de Mæstricht, ou telle autre division figure dans la formation crétacée supérieure. Cependant la crainte de multiplier le nombre déjà bien considérable de noms propres, m'aurait probablement empêché de proposer un nom nouveau, et je me serais contenté de la subdivision de M. Campiche, en néoco- mien supérieur, moyen et inférieur. Mais il y avait à cela un grave inconvénient. Depuis que M. d'Orbigny a subdivisé le néocomien en distinguant les couches à Caprotina Ammonia sous le nom d'Urgonien ou néoco- mien supérieur , il en est résulté que le reste de la formation a dû prendre le nom de néocomien infé- rieur, et c'est en effel sous ce nom que nous le trouvons signalé dans plusieurs ouvrages modernes. Or, il se trouve que ce néocomien inférieur des auteurs n’est nul- lement le néocomien inférieur de M. Campiche, mais au contraire l'équivalent des marnes bleues de Hauterive, près de Neuchâtel, c'est-à-dire le néocomien moyen de CET M. Campiche. (!) C'eût été par conséquent donner lieu à une fàcheuse confusion, que de consacrer pour le ter- rain qui nous occupe, le nom de néocomien inférieur. Je crois donc bien faire en lui appliquant un nom à part, et comme c’est dans le comté de Valangin que ce terrain a été reconnu pour la première fois, et qu'il y est d’ailleurs développé sur une grande échelle, je propose de le désigner sous le nom d’Etage valangien (*). (!) 11 résulte d’une communication que M. Escher de la Linth vient de faire à la société helvétique réunie à Saint-Gall, que ce même Prgurus rostratus, si caractéristique de la limonite de Métahief, se trouve en grande quantité dans le Sentis, où il caractérise des assises calcaires inférieures au vrai néocomien, (?) M. de Strombeck ayant eu l’obligeance de me confier récemment sa belle collection d’Echinides néocomiens du nord de Allemagne, j’ai pu m’assurer que les couches néocomiennes les plus inférieures de cette contrée (le Hilsconglomerat), ne correspondent nullement à mon étage valangien , mais au néocomien proprement dit ou marnes de Hauterive. D’après les Diagnoses que M. £otteau à publiés des Echinides néocomiens de sa collection, ce terrain n’existe pas non plus dans le département de PYonne. En revanche, on retrouve plusieurs de ses espèces , entre autres le Pygurus rostratus, dans l'Isère. D’après cela, l’étage valangien serait limité jusqu’à présent au Jura et aux Alpes. J’ignore quels sont ses rap- ports avec la formation weldienne, ainsi qu'avec l’argile de Speeton. ÉNUMÉRATION ET DIAGNOSE DES ESPÈCES D'ÉCHINIDES DE L'ÉTAGE VALANGINIEN. Les espèces déjà connues antérieurement sont les suivantes : A9 Hemicidaris Patella Agass., Echin. suiss. Il, page 53, Tab. XVII, fig. 15 à 18.— Des environs de la Chaux-de-Fonds et de Sainte-Croix. 2° Peltastes stellulatus Des. — Syn. Salenia stellulata Agass., Monogr. des Salén., p. 15, Tab. I, fig. 25 à 32. — Echin. suiss. 11, p. 90, Tab. XXIIF, fig. 6 à 10. — Des environs de la Chaux-de-Fonds. 3° Diadema Picteti Des., Catal. rais., p. 46. — De Censeau (départ. du Jura), et de Sainte-Croix. 4° Echinus fallaz Agass., Echin. suiss. If, p. 86, Tab. XXII, fig. 7 à 9.— Du dép. du Doubs. 5° Pygurus rostratus Agass., Echin. suiss. I, page 71 » Tab. XL, fig. 4 à 6.— De Métabief (dép. du Doubs), Boucherans (dép. du Jura), de Sainte-Croix , du Sentis. 6 Nucleolites Renaudi Agass. — Syn. Catopyqus Renaudi Agass., Echin. suiss. T, p. 51, Tab. VII, fig. 7 à 9. — Du dép. du Doubs et des environs de la Chaux-de-Fonds. 7° Nucleolites Neocomensis Agass.— Syn. Catopygus Neo- comensis Agass, Echin. suiss. 1, p. 53, Tab. VIE, fig. 42 à 14. — De Douanne, sur le lac de Bienne. S° Toxaster Campichei Des. — Syn. Holaster intermedius Agass. (non Munst.), Echin. suiss. 1, p. 49, Tab. Il, fig. 6 à 8. — Des gorges du Seyon près de Neuchâtel et de Sainte-Croix. 9° Holaster Campicheanus d'Orb. Paléont. fr. Terrain crét. PI. 811. — De Sainte-Croix. — 1799 — Voici maintenant les espèces nouvelles : 1° Cidaris pretiosa Des. Synopsis p. 10. Espèce de moyenne taille, voisine du €. marginata, à tubercules non crénelés; à serobicules circulaires non contigus. Cercle serobiculaire com- posé d’une vingtaine de granules. Quatre rangées de granules dans les ambulacres , présentant cela de particulier, que les gra- nules des deux rangées internes sont aussi fortes et mêmes plus fortes que celles des rangées externes. Baguettes garnies de granules en séries, qui sont plus déve- loppées d’un côté que de l'autre. Des environs de Sainte-Croix. — Coll. Campiche. 20 Cidaris Gemma Des. Synopsis p. 11. Petite espèce por- tant trois, tout au plus quatre tubercules dans une rangée. Tuber- cules non crénelés. Scrobicules circulaires, peu enfoncés , avec un cercle scrobiculaire complet. Deux rangées de granules dans les aires ambulacraires. De Sainte-Croix. — Coll. Campiche. 3° Hemicidaris saleniformis Des. Synopsis. Pelite espèce assez déprimée , à ambulacres droits, se rétrécissant graduelle- ment vers le sommet, ce qui lui donne un peu l’air d’un Gonio- PYaUS: De Sainte-Croix. — Coll. Campiche. 4° Hemicidaris acinum Ves. Synopsis. Petite espèce très- renflée. De cinq à six tubercules dans une rangée interam- bulacraire; mais qui disparaissent complètement au-dessus de Fambitus. | De Sainte-Croix. — Coll. Campiche. 5° Acrocidaris minor Agass. C’est jusqu'ici la plus petite es- pèce de ce genre, ayant la grosseur d’une noix. Elle avait d’a- bord été décrite comme une espèce à part du Jura supérieur, et c’est par erreur qu’elle a été plus tard rapportée comme variété à l’Acrocidaris formosa (v. Echin. suiss., Il, p. 30, Tab. XIV, fig. 7 à 9). De Sainte-Croix. — Coll. Campiche. — 180 — 6° Goniopygus decoratus Des. Synopsis. Espèce très voisine du G. peltatus du néocomien supérieur, mais l’écusson, au lieu d’être lisse, est finement sculpté ; les plaques génitales du disque sont aussi moins pointues en dehors. De Sainte-Croix. — Coll. Campiche. 7° Diadema miliare Des. Synopsis. Espèce du type du D. rotulare. Les rangées secondaires s’étendent à la même hauteur, mais l'espèce est plus plate , et les tubercules sont plus petits. Sainte-Croix. — Coll. Campiche. & Diadema nobile Des. Synopsis. Espèce du type des Tétra- grammes. Quatre rangées de tubercules interambulacraires, im- perforés et à peine crénelés à la base. Pores dédoublés près du sommet. Sainte-Croix. — Coll. Campiche. 9% crosalenia tenera Des. Synopsis. Très petite espèce dé- primée, à ambulacres droits. Tubercules se touchant par leurs scrobercules. ! De Sainte-Croix. — Coll. Campiche. 10° Holectypus Santæ Crucis Des. Espèce voisine du Æ. Me- riani Des. , avec six rangées de granules dans les ambulacres, lesquelles se maintiennent jusques près du sommet. Face infé- rieure très granuleuse. De Sainte-Croix. — Coll. Campiche. 11° Pygaulus subinferus Des. Espèce courte, trapue. Anus à la face postérieure. Sommet ambulacraire légèrement subcentral en avant. Par la position de son anus, cette espèce forme à peu près le passage des Nucleolites aux Pygaulus. Sainte-Croix. — Coll. Campiche. CTI Pt DONS D'OUVRAGES FAITS À LA NOCIÉTÉ PRODUIT DE L'ÉCHANGE DE SES PUBLICATIONS. É—— Aunales du Lycée d'histoire naturelle de New-York, Vol. V. n% 3, 4, 5, 7, 8, 9, A0. — Vol. VI, n°14. Jahrbuch der kaiserlich-kôniglischen geologischen Reichanstalt, Octobre, Novembre, Décembre 1852 ; Avril, Mai, Juin 1853: Juillet, Août, Septembre 1854. De M. François de Montmollin, Rapport sur les mines d’or de l'Australie fait au Parlement en février 1853. Le tome VIII»: des Mémoires de la société royale de Liège. Le tome XIII®° des Mémoires de l'académie de Turin. Les Are, 2me, 3me et Awe livraisons du tome Ie" des Mémoires de la société des sciences naturelles de Cherbourg. Coup-d’æœil sur les travaux de la société jurassienne d’émulation, = pendant l'année 1852. Les n°‘ 9 et 10 des Bulletins de la société d'histoire naturelle de Bâle. Bulletins de la société vaudoise d'histoire naturelle. Bulletins de la société des sciences de Berne, n°° 265 à 309. Bulletins de la société des sciences de Zurich, n°° 92 à 404. De M. le prof. Pierre Mérian , Notice sur les rapports qu’ont entre elles les diverses sources minérales de Baden en Suisse. De M. Edouard Desor : Le discours prononcé par M. de Carnall à la société géologique de Berlin à l’occasion de la mort de M. de Buch. Le portrait de M. Léopold de Buch. Mémoire sur les restes fossiles des mammifères du diluvium de la vallée du Danube, par M. G.-F. Jäger. Bulletin de la société des sciences naturelles du Wurtemberg , années 1845 à 1854 , dont trois cahiers de cette dernière. — 182 — Le n° 4 du tome 1" des Mémoires de la société d'agriculture d’Or- léans. Bulletins de la société des sciences de l'Yonne, sept volumes. Tome XIII**+, seconde partie, des Mémoires de la société de phy- sique de Genève. De la société Smithsonienne de W. ashington (Etats-Unis) un envoi contenant : Report on the Copper Lands. of Lake Superior by Messrs Foster and Whitney, Part I. Stansbury, Exploration of the Valley of the Great Salt Lake (Utah.) 2 vol. 8. 1852. Owen, Geological Survey of Minnesota, Jowa and Wisconsin. 2 vol. 4°. 1852. Foster and Whitney, Report où the Geology of Lake Superior. Part IT. 8°. 1552. Zoology of Stansbury's Exploration of Utah. 1 vol. 8e. S.-F. Baird et C. Girard, Characteristics of new species of North American Reptiles. Two Parts, 8°. History, condition and prospects of the Indian twibes of the Uni- ted States. By H.-R. Schoolcraft, LL. D. Ilustrated by Cap- tain S. Eastmann. Vol. II. 1853. 4 vol. 4°. Maury, Sailing Directions, Ath edition. 4 vol. 4°. 1852. Maury, Whale Charts. Series F. Ringgold, Charts of California. 1 vol. 8°. 1852. On the Causes of Tornadoes. Norton, Literary Register for 1853. Report of the Superintendent of the Coast Survey, for 1851. 4 vol. 8°, avec planches in 4°. 1853. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DB NEVECRATERL. Séance du 3 novembre 185%. Présidence de M. Louis CouLon. Messieurs Edmond DuPasquier et Georges de Tribo- let sont élus membres de la société. La société procède à l'élection de son bureau pour 1855 : elle le compose de : MM. Louis. CouLon , président, | BoreL , docteur, vice-président , Korp, professeur, secrétaire pour la section de physique. de TRiBoLETr, secrétaire pour la section des sciences naturelles . M: le Président donne lecture des ouvrages envoyés à la société pendant les vacances. Il engage les membres de sé souvenir que la société Smidtsonnienne désire qu'on luï envoie en retour de ses dons nombreux, des ouvrages scientifiques ; chacun est invité à concourir à enrichir l'envoi que l'on fera à la société américaine. On s’entretient de la colonne météorologique qui s'é- lève sur le quai du gymnase. BUL. DE LA SOC, DES SC. NAT. T. HI. 13 \e ‘tin 52} Ca Vesct à x 4 — 184 — Séance du 17 novembre 1854. Présidence de M. Louis CouLon. “M: Belenot est élu membre de la société. M. Coulon rend attentif à l'odeur du brouillard et à cette particularité que cette odeur ne se sent qu’à la li- mite du brouillard et disparaît quand on pénètre dans son intérieur ; cette odeur d'ailleurs ne paraît pas due à la fumée que le brouillard empêche de s'élever, car elle se sent en pleine campagne. M. Ladame, prof., émet l'idée que cette odeur peut provenir de ce que l'humidité du brouillard permet aux nerfs olfactifs d'être affectés plus facilement que dans l'air sec, et qu'il n’est pas con- stalé que le brouillard a lui-même une odeur; qu'il fau- drait tâcher de trouver si l'odeur appartient à l'air ou au brouillard lui-même et si le brouillard ne rend pas simplement sensible l'odeur de l'air. — M. Desor pro- pose, pour examiner la question, de ressortir du brouil- lard après y être entré, et de répéter l’entrée et la sor- tie plusieurs fois de suite. — M. Favre cite qu'à la Chaux-de-Fonds, à —18°, le brouillard est très-intense, et que, quand il a une odeur, elle est repoussante; quand il n’y a pas de neige, cette odeur, si-elle existe, est celle de marais; et s'il y a de la neige, celle de tourbe brûlée. M. Favre pense que le brouillard fait l’of- fice de, condensateur des odeurs, et que l'odeur appar- tient, au brouillard, comme l'odeur du cigarre, tient au vêtement du fumeur, Il à observé que la fumée sortant de la cheminée d’une boulangerie s’étalait sur le brouil- lard dès qu’elle était arrivée à sa limite supérieure pour former une nappe de brouillard sur le brouillard. En en- — 185 — trant de l'air pur dans le brouillard, l'odeur est. beau- coup plus forte qu'en sortant d'une maison, enveloppée par le brouillard ; en tout cas , l'impression est assez in- tense pour qu’on ait un certain sentiment de répugnance à se plonger dans cette atmosphère nauséabonde. M. De- sor saisit l'occasion que lui offre la discussion pour rap- peler l'importance des études sur les brouillards. Il à eu l'occasion d'en parler à la Société Helvétique et à la So- ciété philomatique de Paris, et ce sujet a excité un vif “intérêt. A celte occasion M. Desor rappelle la discussion qui s'est élevée dans le sein de la société sur l'intensité du son à de grandes hauteurs (Bulletin, T. IL p.122). I a interrogé M. Martins sur les observations qu'il a faites sur le son. M. Martins croit que M. de Humbolà a mal rendu sa pensée; car il est d'accord avec tous les obser- vateurs que le son est plus faible à de grandes hauteurs. Quant à la question de l'influence des brouillards sur le son, M. Desor rapporte qu'il a appris que sur le lac de Constance les. cloches s'entendent mieux. par le brouil- lard que si l'air est pur; un propriétaire de vignes en Bourgogne a fait la remarque que, le matin, dans son appartement, s'il entend ses ouvriers causer dans la vi- gne, :l y a du brouillard, et s'il ne les entend pas, il est sûr qu'il y a absence de brouillard. M, Kopp entretient la société du phénomène de la fluorescence. Scheele déjà a remarqué que le chlorure d'argent est noirci par le violet du spectre solaire, plus que par toute autre couleur du spectre. Ritter, en 1801; trouve que le chlorure d'argent devient en trés-pea de — 186 — temps noir, hors de l'extrémité violette du spectre. De- puis on découvre que le spectre contient trois espèces de rayons, les rayons colorants, les rayons calorifiques et les rayons chimiques. M. de la Rive, en 1849, fait l’ana- lyse complète du spectre. L'existence de rayons de lu- mière sans couleur, d'ondulations d’éther invisibles est désormais un fait établi. Cependant n'est-il pas possible de rendre ces rayons, invisibles et qui ne se manifestent que par des actions chimiques, sensibles à l'œil? Les observations de MM. Brewster, John Herschell et Stokes résolvent la question. L'existence de ces rayons est prou- vée à l'œil. Brewster, en 1838, le premier remarque que du spath fluor vert produit une couleur superficielle bleue. 11 observe que cette lumière ne disparaît pas par le poli et ne peut pas se reproduire par le calcage comme cela se peut pour les couleurs d’interférence que donne la nacre. Il produit un phénomène analogue par la dissolu- tion alcoolique des feuilles de laurier. Cette dissolution est olive et donne une couleur superficielle rouge. En 1845, John Herschell expérimentant avec une dissolution de sulfate de quinine acidulée, remarque que la surface du liquide, incolore et limpide, présente une teinte bleuâtre très-intense. [l donne au phénomène le non de fluorescence ou de diffusion ‘épipolique , et à la lumière celui de lumière épipolisée. M. Stokes, en 1852, donne enfin la clef du phénomène, en le variant de di- verses manières. C'est en recevant un spectre sur un corps fluorescent qu’il montre que les couleurs épipoli- sées sont dues aux rayons chimiques devenus visibles. Il démontre d’abord que la lumière blanche en produi- sant le phénomène de la fluorescence ne perd rien, en- — 187 — suite que la lumière des lampes ne peut pas produire le phénomène. Or la lumière des lampes ne contient pas de rayons chimiques , le phénomène se produit sans rien empranter à la lumière blanche, ce sont done les rayons chimiques qui le font naître. M. Stokes jette le spectre ordinaire sur une dissolution de sulfate de quinine, le spectre se produit à sa surface avec ses couleurs et ses raies, seulement il apparaît une couleur bleue au-delà du wiolet qui disparaît dès qu'on enlève le sulfate de qui- nine Cette lumière bleue n’est pas polarisée, elle ne pro- vient donc pas d'une lumière diffusée par des particules de matière; elle est créée par la présence de la dissolu- tion qui possède la propriété de ralentir la vitesse d’on- dulation des rayons chimiques et les rend ainsi visibles. Si nous ne voyons pas ces rayons à l'ordinaire c’est que de même qu'il y a une limite aux sons perceptibles, il y a aussi une limite aux couleurs perceptibles. Notre œil , comme notre oreille , est insensible à des vibrations trop rapides. Les mémoires originaux sont d'une lecture assez diffi- cile, heureusement M. Müller, de Fribourg en Brisgau , en résumant ces travaux les a rendus accessibles aux personnes qui ne s'occupent pas d'une manière spéciale des questions d'optique moderne. Séance du 1% Décembre 1854. Présidence de M. Louis CouLon. M. Vouga rend compte d’un mémoire de M. Ferdinand Keller, publié récemment et contenant les observations que , grâce aux eaux très-basses de ces douze dernières — 188 — années, il a été à même de faire sur les restes d'anciennes constructions des bords de nos lacs. Cé sont d’abord cel- les que l’on a faites à Obermeilen que M. Keller s'appli- que à faire connaître. En prenant des graviers à quelque distance du bord, on fut très-surpris de rencontrer des rangées de pieux, au-dessous d’une couche d'argile et de cailloux de { à 2 pieds d'épaisseur, au milieu d'une seconde couche d'argile plus foncée où ils étaient accom- pagnés de toute espèce d'instruments ainsi que de restes d'animaux et de végétaux. Ces pieux sont ou refendus oa entiers , et fabriqués avec les bois ordinaires de la con- trée; on reconnaît à la pointe les traces de la hache de pierre et celles du feu; les instruments qui les accom- pagnent sont en général en pierres serpentineuses ou en silex : ce sont des haches, des marteaux, des coins à usage encore inconnu; on y trouve également des espè- ces de meules à moudre le grain, et des vases pour re- cevoir le grain moulu; des plaques de foyer, des mas- sues en chêne, des alènes et aiguilles en os de lièvre, des dents de sanglier préparées pour couper le cuir, des dents d'ours pour faire des filets , des vases en argile de la localité, faits sans tour de potier, des noisettes cassées et des fragments de charbon. D’après tous ces objets et - bien d’autres, ainsi que d’après leur disposition ; M. Kel- ler pense que ces pieux sont des pilotis qui soutenaient des habitations que de petits ponts reliaient à la terre ferme, opinion qui paraît très-probable à M. Vouga , qui cite pour la corroborer un passage d'Hérodote relatif aux Péoniens. La seconde localité qui fait le sujet du travail de M. Keller est le Steinberg près de Nidau, où l’on trouve exactement la même disposition du terrain et plu- — 189 — sieurs des mêmes objets ; plus d'autres en bronze qui manquaient presque complètement à Meilen; on ÿ a trouvé aussi des pierres en forme de vertèbres dont l’u— sage n'est pas bien connu , des torches en argilé desti- nées à soutenir les vases qui allaient au feu, un canot taillé dans un arbre et chargé de pierres , ete. M. Vouga pense que l’espèce d'îlot près du Bied pourrait être quel- que chose d’analogue ; il eite encore d’autres localités riveraines où l'on a trouvé des pieux dans les mêmes conditions, entr'autres près d'Yverdon où l’on s'est oc cupé à faire des fouilles qui paraissent devoir être très- productives. À Concise on a trouvé aussi, d’après M. Coulox, un coutelas en bronze qui indiquerait peut-être le voisinage de constructions du même genre. Enfin M. Desor ‘annonce que sur les bords du lac de Genève ces faits se reproduisent également, ainsi que M: Forel l'a constaté à Morges. M: Desor donne lecture d’une léttre que M. Schutile: worth lui a adressée, dans laquelle le savant conchÿlio- logiste émet ses idées sur la formation du Læss. M! De- sor explique d'abord ce qu'on entend communément par Læss, savoir un terrain sablonneux et limoneux propre à la vallée du Rhin et rempli de coquilles terrestres ét d’éau douce. M. Schuttleworth caractérise le Læss d'une autre wanièré, c'est selon lui un terrain qui ne contient pas de coquilles terrestres, il fait dévier par conséquent ce terrain de sa signification locale pour lui en donner une qui n’est pas du lout celle du pays où il a reçu le nom ; il de regarde comme une formation glaciaire résultant le plus souvent de grandes débâcles. Les sables renfermant — 190 — des coquilles ont, d’après M. Schuttleworth, une origine plus récente encore que les glaciers; ces coquilles appar- tiennent toutes à des espèces actuellement vivantes, mais constituant des variétés qui habitent des stations plus froides. M. Vouga est amené par cette discussion à don- ner son opinion sur une couche d'argile très-friable ré— pandue uniformément sur le plateau de Bevaix , couche dont il croit l'origine glaciaire par la raison qu'on y ren- contre des cailloux striés. = Séance du 15 Décembre 1854. Présidence de M. Louis CouLox. M. de Tribolet fait la communication suivante : L'attention des géologues s'est fixée depuis un assez grand nombre d'années sur les phénomènes métamorphi- ques, et c'est à eux qu'ils se sont adressés pour avoir la solution de plusieurs des problèmes de géologie les plus importants. Mais, pendant longtemps, on ne s'était ap- pliqué à cette étude qu'autant qu’elle considérait l'in- fluence des roches. éruptives sur les couches sédimentai- res; ce. n’est que, depuis peu d'années qu'on, a éveillé l'attention sur une nouvelle espèce de métamorphisme. où l’on voit les roches éruptives se modifier réciproquement au contact les unes des autres. C'est M. Bunsen, qui, frappé des relations des roches volcaniques de l'Islande entre elles, s'occupa, pour la première fois, de celte ques- üon dans un travail remarquable à plus d’un titre qui parut dans les Annales de Poggendorf. Les contrées. vol- caniques de l'Islande étaient tout particulièrement favo- rables à ces études, en tant qu'on y trouve sur une — 191 — grande surface différentes roches éruptives et point de - roches. de sédiment qui auraient pu influer d'une ma- nière ou d'une autre sur les premières. M. Bunsen re- marque que si un filon de trachyte traversait un sol ba- sallique, il se trouverait modifié de telle manière qu'il échangerait avec la roche basaltique les substances pré- dominantes, et cela dans des proportions qui s'accorde- raient avec la composition et la distance respectives des roches. La composition de ce trachyte et celle du basalte ainsi que celle d’un échantillon pris à égale distance des deux roches pures étaient : Trachyte. Rocheintermédiaire. Basalte. DR PR. CPR CR nn. MOVE. 21: fe É ENRRREES E DOS EE. 50,25 EN ARTE La Leu: sum en0ivor 12,55 22.1 IX Ÿ PRERAEENNES AR laser pd LUNA TT 16,13 .. : (2 RSNTEanes EE TIRE 4,49. sc ess .11,10 | .:1, à ERP ERER RES PARA AI PE ORNE 7,59 KO 046... . SRE: PSM ent tr OR Ce.. .. 0,34 MO... Mme dou D, 306 Les es. 2,04 Les échanges ont lieu suivant des lois simples et con- stantes et qui permettent, du moment qu'on connaît la quantité relative d’une des parties constituantes , de trou- ver, par le calcul seulement, toutes les autres. Au moyen de la formule suivante : B—C LD — A, ou C — 5) roche, | 7 B — °/o roche trachytique, D = °/0 roche pyroxénique, — 192 — À, la quantité de roche pyroxénique qu'il faut ajou- ter à une de trachytique pour avoir la composition de Va roche mixte. où p et t représentent chacune des substances contenues dans une partie des masses pyroxéniques el trachytiques. La composition des masses normales est la suivante : Masse trachytique normale. Masse pyroxénique normale. TT, TT —" Si O° DR OT ed u 48,47 Fer 0", ADO . : Adecco 30,16 Ca O BeurS ag 4touis NOTE 11,87 Mg O pis 0 Don à tnt 6,89 KO ah peace 0,65 Na O h1 818. : - 2 ADSL à 1,96 Si nous voulons déterminer par exemple la quantité de Mg O qu'il y a dans la roche où nous avons trouvé 66,18 de SiO*, nous ferons le calcul suivant : 0,652 X 6,89 + 0,28 4,782 e +0,6584 1: 4652 Généralisant ce fait et d'autres semblables, M. Bunsen pense que toutes les roches éruptives sont des mélanges de deux masses de composition, constante, dont il. ap- pelle l’une «trachyte normal » et l’autre «pyroxène nor- mal » ou bien aussi l’une de ces roches normales. Tou- tes les analyses sont venues corroborer ses opinions, dans quelque localité qu'on ait pris les échantillons. Une fois la loi adoptée pour les roches volcaniques, M. Bunsen pensa qu’elle pouvait également s'appliquer aux roches plutoniques anciennes; dans ce but furent analysés plu- — 2,89. PL à dati — 1935 — sieurs gneiss et granits qui répondirent à son attente ; j'en fis, de même, sur les porphyres quartzifères que je trouvai formés, comme cela était probable à priori, par la: masse trachytique normale pure. Analyses de M. Tribolet. Zinnwald. Sattelwald. 4er échantillon. 2me échantillon: Si 0" ! 1174909 76,60 71,98 Fe’ O5 4,94 + 15,3 17,136 Pres 15 3701554 18,32 3 Ca O 1,00 1,02 0,623 Mg O 0,45 0,20 0,253 HO:c: 445 4,28 3,424 ? LA ’ L 4 Na O Sp NET 6,120 536 ul: HO 1,18 ut 4,08 3,005 99,86 100,35 100,065 Thuringe. Westphalie. ee CE RU. 75,07À 77,944 14,346 15,845 0,759 0,241 0,213 0,556 Alcalis 0,108 7,570 0,596 * 99,500 100,538 (L'analyse de ces deux porphyres du Sattelwald sont encore intéressantes sous ce rapport, que celle qui s’est formée comme une pellicule au-dessus de l’autre est en partie décomposée et montre bien comment l’altération sopère, c'est-à-dire en perdant une partie de toutes les parlies constiluantes sauf les bases sesquioxidées et en _ racquérant de l’eau ). — 194 — Peut-être pourrait-on trouver dans ces faits un moyen de déterminer, si ce n’est pas définitivement du moins avec probabilité ; si une roche, un granit p- ex., est érup- tive ou mêétamorphique, lorsque les autres données man- queraient. Une fois qu'on aurait adopté que dans toutes les roches éruptives il n'entre que 1 ou 2 masses par- tout les mêmes, que leur aspect ou leurs propriétés dé- pendent de circonstances étrangères et physiques comme la température et la pression, de la présence ou de l’ab- sencé de l’eau, etc., on arriverait à la conclusion que dans l'intérieur de la terre se trouvent deux foyers de substances éruplives, et non pas autant de foyers qu'il y a d'espèces de roches. M. de Tribolet communique ensuite les méthodes sui- vantes, peu connues, d'analyse de roches. Méthode d'analyse, pour les roches silicatées, de M. Bunsen. La préparation préliminaire consiste à réduire la ro- che en poussière impalpable qu’on tamise et dont on soumet à l'analyse une petite portion. HO, CO?, les alcalis sont déterminés chacun dans des portions différentes de la substance à analyser. Les autres éléments le sont avec la même portion. On prend { ou 2 grammes de la substance qu’on mélange intimément avec 6 ou 12 grammes de CO? NaO sec dans un creuset de platine qu'on expose dans un autre creu- set plein de MgO à la plus haute température, pendant 1 ‘/2 heure. Le verre qu'on obtient est traité par de l'eau acidulée de CIH qui dissout tout, sauf SiO* qu'on pèse après l'avoir rassemblé dans un Gltre. Dans la liqueur ES PTT — -195 — filtrée on précipite Al? O* et Fe? O* ensemble par AmO en ayant soin de n'en pas mettre en excès, puis on laisse le précipité se déposer pendant un ou deux jours en empêchant le contact de l'air et en recouvrant le tout d'une cloche dont les bords baignent dans de l’eau am- moniacale. On décante jusqu’à ce qu'il ne reste plus pour la dernière fois que ‘/10000 de ce qui existait avant, et cela en remplissant chaque fois le vase avec de l’eau bouillante. On verse le dépôt sur un filtre, on enlève ce dépôt avec la cuillère de platine, et l'on dissout ce qui reste adhérent au filtre avec CIH fumant et bouillant qu’on ajoute à ce que l’on a détaché avec la cuillère, le tout étant dissout dans le moins d'eau possible ; on ajoute KO jusqu’à ce que Al? O* se soit redissous ce qu’on recon- naît à la rubéfaction de la liqueur, après qu'on a filtré sur le filtre précédemment employé, on pèse Fe? Of après quoi on le redissout de nouveau dans le CIH concentré et on le laisse évaporer à une douce chaleur pour lui faire abandonner une certaine quantité de Si O qu'il retiént'ordinairement el qu’on ajoute à celle dosée pré- cédemment. On précipite alors de nouveau le fer qu’on doselet l'on réserve la liqueur qui peut encore contenir des traces de MgO et qu’on ajoute à celle qu'on évapore ét dans laquelle on dose CaO et M gO; quant à la dis- solution de A O* et des autres bases, elle est précipitée par SA m et le précipilé est séparé par décantation d'a- près la méthode employée plus haut. | La détermination des alcalis se fait en décomposant une certaine quantité de substance, après l'avoir humec- tée de SO*, par l'acide fluorhydrique, puis on chauffe la . — 196 — masse jusqu'à expulsion complète de SO*, et on la traite par CIH , en chauffant jusqu'à ce que tout se soit redis- sous, alors on précipite successivement et sans filtrer par CIBa, GO? AmO, AmO et C? 0° AmO aprés quoi l'on filtre, évapore la liqueur, calcine, puis on reprend le résidu par l’eau et précipite de nouveau. par AmO et CO? AmO ce qui aurait pu. échapper la première fois, puis on filtre, évapore et calcine avec HgO pour séparer la magnésie et volatiliser les sels ammoniacaux ; on traite alors par l’eau et on filtre dans un creuset taré, où le poids du résidu évaporé donne la quantité des chlorures: alcalins; on redissout ces derniers pour les traiter par.le chloride platinique qui précipite le chlorure de sodium qu’on lave avec un mélange d’éther et d'alcool. Analyse des siicates d’après M. Deville. La matière est tamisée, desséchée à 100°, pesée , des- séchée au rouge, pesée, puis fondue et repesée. On la repile, tamise et pèse une portion à laquelle.on ajoute CO? CaO bien pur en quantité pesée exactement. et en général très-minime qu'on mélange intimément dans le creuset et dont on fait partir CO? sur une lampe qui tire bien, avant de porter le tout à la fusion pour obtenir un verre bien transparent. On pèse alors de nou- veau une portion de cette matière pulvérisée qu'on traite par AzO® dilué dans lequel SiO* se dissout, quelque dilué qu'il soit, S iO* se prend, par l'évaporation, en ge- lée.qui se dessèche. La dessication étant complète ,: Lou- tes les bases se trouvent à l'état de nitrates sauf MgO qui est à l'état de sous-nitrate qu'on fait passer à l'état de pitrate avec un peu de AzO*. A mO : on opère sur.le — 197 — bain de sable. On reprend par l'eau et décante sur un filtre une douzaine de fois en s’arrangéant de manière que chaque fois on n'ait-pas plus d'eau que pour rem- plir le-filtre; on a toutes les bases monoxidées: dans la liqueur. Dans le vase à décanter on verse S O* pour dissoudre Al? O et Fe? O* puis on filtrela silice. La solution d'alumine et: d'oxide, ferrique est. évaporée et calcinée et Al O* séparé du fer par le chlore sec. Dans la première liqueur filtrée on précipite Ga O par l’oxalaté d’ammoniaque qu’on met à l’état solide et en quantité né- cessaire pour précipiter la chaux employée pour attaquer les substances et, on dose à l’état de chaux caustique: On fait évaporer la liqueur résultant du filtrage , et l’on calcine le résidu avec de l'acide oxaltique sec, aprés quoi ilreste MgO et des carbonates alcalins que l’on pèse. M, Kopp.expose la théorie de l'ozone d'après le discours prononcé par M. Schænbein à l'occasion de l'inaugura- tion du musée de Bâle. ( Voir La traduction de ce discours, Appendice N° 1 ). Séance du 12 janvier 1855. : Présidence.de M:‘L. CouLon: M. le Président annonce la démission de deux mem- bres : M. Bosset, colonel, et M. James DuPasquier, “2h teur. M. le Président présente le prospectus et les échantil- lons de la fabrique de charbon de tourbe de MM. Roy, à Saint-Jean. | 1 M. le Président présente au nom du-trésorier, M. Cou- lon absent pour cause de maladie , les comptes de l’an- née précédente. — 198 — M. Kopp demande l'autorisation de pouvoir insérer dans la Feuille d'Avis les observations météorologiques qui se font au gymnase , autorisation qui est accordée. Le: reste de la séance est rempli par l'examen: de l'analyse de l'ouvrage des frères Schlagintweit traitant de leurs dernières observations dans les Alpes et particulièrement dans le groupe du Mont-Rose. M. Desor, auquel on doit celte communication, donne beaucoup d'éloges à la carte du Mont-Rose qui accompagne l'ouvrage en question! et pense que c’est la première qui représente fidélement:les abords de cette sommité. Il note également comme par- ticulièrement curieux les renseignements que donnent ces messieurs sur l’inclinaison des vallées et sur celle de leurs flancs. Mais leur opinion sur la seconde coloration des Alpes, qu'ils attribuent à la phosphorescence, lui pa- raîl encore vague et leurs raisons peu concluantes ; et il rejelle tout autant leurs idées renouvelées de M. de Buch sur l’origine des roches moutonnées; on voit bien qu'ils les ont visitées avec des idées préconçues. ( Voir l'appen- dice N°2). Séance du 26 janvier 1855. Présidence de M. Louis CouLon.: MM. Félix Bovet, bibliothécaire , Fritz Borel, ministre, sont élus membres, Jacquard , géologue , membre externe. Le bureau présente les comptes de la société, remis par M. le trésorier, et les soumet à l’approbation de la société qui remercie M. le trésorier de ses soins généreux. — 199 — M. Droz, médecin à la Chaux-de-Fonds, membre correspondant, lit un mémoire sur la variole ; il expose un nouveau mode de traitement, et engage MM. les mé- decins de l'essayer. ( Voir l'appendice N° 3). Une discussion s'engage sur ce sujet entre les méde- cips présents à la séance. M. Oz présente une carte représentant le mouvement des blocs sur le glacier de lAar. Cette carte fait partie de l'ouvrage que M. Dollfuss-Ausset va publier sur la théorie des glaciers ; théorie nouvelle, basée sur de nom- breuses observations continuées pendant une dizaine d’an- nées, et auxquelles M. Otz à pris part sous les auspices de M. Dollfuss. M. Otz rend attentif aux belles morraines qui se trou- vent entre Auvernier et Boudry. Bôle est à cheval sur une de ces morraines : le sol végétal en recouvre d’au- tres, car, en creusant des puits, on rencontre des blocs de granit considérables qui arrêtent le travail. Dans la forêt de Colombier il y a des masses de morraines; le glacier se retirail petit à petit vers Auvernier, et le ca- ractère de ces morraines c'est de former des collines à . pente abrupte en avant, à pente douce en arrière. M: le D' Vouga rend compte de la reproduction des mollusques céphalopodes d’après MM. Verrary et Vogt. Séance du 9 février 1855. Présidence de M, Louis CouLon. M. Desor rend compte de l'ouvrage de M. Max. Schultze sur les Foraminifères. Cet ouvrage, accompa- gné de magnifiques planches, est le résultat d'études faites BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. III. 11 — 200 — sur les bords de l'Adriatique. Ce sont les localités de Ve- nise et d'Ancône qui ont fourni à l’auteur les plus riches matériaux. Outre les espèces vivantes, l’auteur a aussi étudié les espèces fossiles, ce qui donne un intérét plus général à son livre. j La description des espèces est précédée d’un aperçu de la classification des Rhizopodes en général, dont les Foraminifères ne seraient que l’une des divisions (les tes- tacés). Ils se divisent à leur tour en deux grands grou- pes : les Monothalames et les Polythalames proprement dits. Ces derniers sont à beaucoup près les plus nombreux et les plus intéressants à tous égards. M. Schultze les ramène à trois types principaux : les Helicoïdés, dont les chambres sont disposées ‘en spi- rale; les Rhabdoïdés, dont les chambres sont en ligne droite ou peu arquée; les Soroïdes dont les chambres sont groupées sans ordre. Malheureusement , ajoute M. Desor, les parties molles de ces petits êtres sont tellement uniformes, qu'elles ne peuvent être que d’un très-faible secours pour la mé- thode. On ne peut guère encore se guider que d'aprés la forme des coquilles. Le mode de reproduction de ces animaux est à-peu-près inconnu. L'étude de leur em- bryologie, si jamais on parvient à la faire, jettera pro- bablement un jour nouveau sur leurs affinités avec les autres groupes d'animaux. Il y aurait là un bien beau champ à explorer. M. le Président donne ensuite lecture d'une notice que M. Coulon père a extraite d’un journal américain; no- — 201 — tice dans laquelle on recommande beaucoup l'emploi de l'alcool contre la morsure des serpents. Cette notice a pour la société une valeur toute parti- culière comme étant la dernière communication qu'elle a recue de M. Louis Coulon père , ancien président et tré- sorier de la société. (Voir l'appendice N° 4). M. Desor communique ensuite une lettre de M. Schutt- leworth qui lui fait rapport de ses idées sur la valeur re- lative du genre, de l'espèce et des principes de la clas- sification en général. M. Schuttleworth pense , contrai- trairement aux opinions reçues et d’après ses études sur les coquilles vivantes, que le genre a plus d'importance que l'espèce, et il voudrait savoir si ses idées pourraient s'appliquer au temps comme à l’espace , et acquérir ainsi de la valeur pour la géologie, M. le Président montre que lors même que l'opinion de M. Schuttleworth serait applicable aux coquilles terrestres, ce ne serait pas une raison pour qu'elle le fût aux autres animaux, et sur- tout, à ceux qui habitent la mer qui rend leur dispersion plus facile. M. Desor cite parmi les oursins des faits fa- vorables aux deux manières de voir. Les clypeastroïdes à digitation, par exemple, sont spéciaux à la côte d’A- frique; ceux à lunulle à celle des Etats-Unis ; les scutel- les aux terrains tertiaires récents, etc. ; par contre les oursins de la Méditerranée sont les mêmes que ceux des îles Canaries, et les nautiles se retrouvent dans toutes les formations géologiques. M. Coulon cite aussi une espéce de canard qui se trouve à la fois en Amérique et sur la mer Rouge. = ON Séance du 9 mars 1855. Présidence de M. L. CouLon. M. le Président donne lecture de la lettre suivante qui lui a été adressée par le Conseil d'administration de la bourgeoisie : > « Neuchâtel, 22 février 1855. » M. Coulon de Montmollin, président de la Société » des sciences naturelles, à Neuchâtel. CA » Monsieur, » Le Conseil administratif, désirant, dans un but d’u- üilité publique , faire étudier la question des cours d’eau » qui peuvent se trouver dans les environs de la ville, » depuis le Vauseyon à Monruz , vient vous prier de de- » mander à la société que vous présidez de bien vouloir » faire les recherches nécessaires et de transmettre en- » suife un rapport. » > Dans la discussion qui s'élève à l'occasion de la lettre du Conseil administratif de la bourgeoisie de Neuchâtel, qui demande à la Société des directions pour la recherche de sources d’eau dans les environs de la ville, M. Louis Coulon, président, cherche à démontrer que des travaux soulerrains faits depuis les Bercles dans la direction du Tertre, feraient découvrir des sources abondantes qui sont arrêtées par la marne bleue du néocomien moyen qui forme le fond de ce vallon et toute la partie supérieure de la colline des Terreaux et de la rue des Chavannes ; ce qui est suffisamment démontré par les sources qui ali- mentent la fontaine du Neubourg et qui proviennent de la possession Perrot-Cuche, par celles qui se trouvent — 203 — dans la maison de M. de Montmollin-Vaucher et celles qui inondent parfois les caves de la Grand'rue. On aurait aussi quelques chances d'en trouver en fai- sant des travaux souterrains depuis ‘les sources de lE- cluse dans la direction de Comba-Borel et du Plan, ces sources proviendraient alors des eaux retenues dans le vallon du Plan, verger des Cadoles et des Auges, par les marnes valanginiennes rupturées dans cet endroit. M. le Président signale que, pendant le retour de froid que nous avons eu celte année, on a vu {rois cignes sau- vages sur le lac. MM. Kopp et Desor ont observé à la même époque, une oie sauvage qui s'est approchée à portée de fusil du rivage. M. Kopp présente le résultat des observations météo- rologiques de l’année 185%. Résumé des observations météorologiques faites pendant l'année 1854 au collège de Neuchâtel. Les observations de la température sont faites à 9 h. du matin, midi et 3 heures du soir. On note à 9 b. du matin la température du lac. Vers la fin de la journée on note la direction générale du vent, l’état du ciel pen- dant la journée, le temps qu'il a fait. Les moyennes sont cherchées d’après l'observation de neuf heures du matin. Le thermométrographe enregistre le maximum et le minimum de la journée. — 204 — Température moyenne. Re CE | delair. | du lac. | Maxim. | Date. | Minim. | Date Janvier 0,93 | 4,2 | 8,15 | 31 | 2558 8 Février —1,53 | 3,92 8 T | 49 15 Mars 2/63 |. 5,25 43,95 | 31 |_350| 4 Avril 1,82 | 8,46 | 20 12 | —0,2% | 25 Mai 11288 | 14285 | 20,25 | 23 | 575! 1 Juin 14,95 | 16,83 125,75 | 26 |. 725 |. 8 Juillet 17,83 | 20,24 | 29,50 | 25 10,25 | 14 Août 16/21 | 20,00 | 26,25 | 22 | 9/75 | 49 Septembre | 13,551 | 96 | 16 | 5,15) 28 Octobre 1153 [1418 120,75 | 7 | 225| 99 Novembre 2,90 | 9,03 | 14,50 | 41 |—6,75| 14 Décembre | 227! 6,31} 875 | 15 575 | 91 Hiver 0,63 | 4,88 Printemps 1,47 | 8,52 Eté 16,33 | 19,02 Automne 9,16 | 11,61 ANNÉE 8,39 | 11,01 Le minimum de la température du lac, 19,5, a eu lieu le 1% février, et le maximum les 24 et 25 juillet, 249,5. Jours deg. | dtiver | dé. | Gfen. Janvier 13 L È 1 Février 20 L ue Mars 12 » ir : Avril 2 » LA Mai » » 2 4 Juin » ? 13e : Juillet »@ | 4 TT, | Août ex Male 12 23 2 Septembre > ner " + Octobre But 01 1 è Novembre 8 | 3 s * Décembre Du À è ANNÉE 64 | 19 19 À — 205 — 1 y a eu 64 jours de gelée où le mininum est descendu à 0°, 19 jours d'hiver où le maximum ne s’est pas élevé au-dessus de 0°, 79 jours d'été où le maximum a dépassé 20°, et un jour de grande chaleur, le 15 juillet, où le thermomètre n’est pas descendu pendant {es 24 heures au-dessous de 20°, Quant à la direction du vent, l’état du ciel, les phé- nomènes météorologiques, etc. Le tableau suivant en indique la répartition : dours de Ciel dours de ne pee Dre a ER | false Ë S| £ É|<)SlÉlS ES El lé ls |S Janvier|18| 10 | 3] » | 7} 80/1 | 4411» Lol» Février! 9] 8 | 9/2 | 8] 513121412|»1»1» Mars 120! 0,5 | 812,520! 6| 5/» [1/»1»|»15 Avril 120] 3 | 7}, » 19! 3 8121» |»131»15 . Mai 20| 17} 4) »,|1:5M8| 8/6 1»{15|2/|5»1» Juin |15| 10 | 3] 2 | 11316|/4/»|»11|»13 Juillet 18] 8 | 5] » 1121144, 5:5|»|»111»15 Août |15/ 7 | 8] 4 14111| 614|»|1»11|1113 Sept. 115! 2110! 3 193] 6| 11» |» |» |»1»19 Octob. 113111,5: 6.0,5| 6| 8 11/41» {14/1154 Nov. 9, 41 110! » | 4, 29541612!» |»1l» Déc. 111} 14 | 6! » | 2] 8,21:4/21»|»|5F» La dernière neige au printemps est tombée le 21 mars, Le 28 avril, il pleuvait à Neuchâtel et il neigait à Chau- mont, La première neige tomba le 11 novembre. Le lac s'est toute l'année tenu à un niveau très-bas, Au 1°: janvier, il était à 8 pieds 8 pouces, il s’est main- tenu à-peu-près à ce niveau jusqu'au 20 mars, les eaux ont monté lentement jusqu'au 25 juiliet et n’ont atteint que 7 pieds , elles ont descendu régulièrement jusqu’au — 206 — 20 octobre pour tomber à 9 pieds # pouces, ‘et se sont élevées dès-lors pour atteindre le 31 décembre 6,8 p. On mesure la distance de l'eau au niveau du môle de Neuchâtel, en pieds de Neuchâtel divisés en 10 pouces. Séance du 23 Mars 1855. Présidence de M. Borxz, vice-président, La Société reçoit avec douleur la communication de la perte qu'elle vient de faire en la personne de son tré- sorier, M. Coulon père. Après avoir décidé qu'une dé- putation de trois membres ira présenter, en son nom, à M. Coulon fils, président de la Société, l'expression des sentiments de douleur et de regrets de la Société, la séance est levée immédiatement. Séance du 19 Avril 1855. Présidence de M. L. CouLon. M. Kopp communique l'extrait d’une lettre de M. Dove à M. Desor, et que M. Desor a bien voulu lui com- muniquer. Dans cette lettre, M. Dove exprime ses regrets de ce que, en Suisse, pays où la météorologie à pris naissance, cette science ne soit pas plus cultivée ; il signale surtout qu'il y à à faire des observations à des stations situées autant que possible sous une même verticale. La société pense qu'il serait utile et opportun d’adres- ser au Conseil d'Etat une demande de subside pour faire des observations à Chaumont. Le comité de météorolo- gie ést chargé de pourvoir à cela. — 207 — M. Desor présente la {1"° livraison de son nouvel ou- vrage intitulé Synopsis des Echinides fossiles, accompagné de planches lithographiées exécutées avec beaucoup de soin. Cet ouvrage est exécuté sur le plan de celui que M. Desor publia antérieurement avec M. Agassiz, sous le nom de Catalogue raisonné des Echinodermes, mais dans des dimensions plus considérables. On ne s'est plus con- tenté de renvoyer aux ouvrages qui renferment la des- cription et les figures primitives des espèces ; chaque espèce est accompagnée d’un diagnose indiquant ses prin- cipaux traits et les caractères qui la différencient des espèces voisines. Le Synopsis étant plus spécialement destiné aux géologues, on n'y a compris que les espèces fossiles ; les espèces vivantes seront traitées dans un ou- vrage spécial. M. Desor indique les principales modifications qu'il a apportées à la classification des Echinides. Au lieu de quatre familles qu'admettait le Catalogue raisonné, il en admet sept qui sont : la famille des Cidarides, » Pygasterides ou Galerites, 4 » Clypeastroïdes , » Cassidulides , » Dysasterides , » Ananchytes , » Spatangoïdes. La famille des Cidarides se subdivise à son (our en deux tribus : celle des Angustistellés à larges plaques co- ronales et à ambulacres étroits, ayant pour type les vrais Cidaris, et celle des Latistellés, à ambulacres larges, ayant pour type les Echinus, ou vrais oursins. La 1'€ livrai- — 208 — son est consacrée à la tribu des Angustistellés. On a re- présenté au moins une espèce de chaque genre. La {re livraison contient en outre six planches de baguettes ou piquants que M. Desor désigne ici sous le nom de radio- les. Comme les descriptions et les figures de ces corps sont disséminés dans une foule de publications, M. De- sor a eru faire une œuvre utile en les réunissant ici dans un même ouvrage. Séance du 5 Mari 1855. Présidence de M. L. CouLon. M. Kopp rend attentif à la bande jaune qui traverse le lac, de Marin vers Serrières, les jours de bise. Cette bande naît dans les hauts-fonds du golfe de St-Blaise et s'étend alors à quelque distance du bord, limitée nette- ment toujours jusque vis-à-vis du trou du Seyon, là elle se termine en pointe et un peu plus loin on aperçoit encore un peu la teinte jaunâtre irrégulièrement distribuée jus- que vers la Serrière où elle se perd complètement. Le baut-fonds du golfe de St-Blaise est remué, l'eau salie par la terre du haut-fonds coule le long du bord mais en se lenant dans la partie profonde, par conséquent, à une certaine distance; du bord, et se perd peu à peu. Le Seyon en produisant un contre-courant force les particu- les de tomber, et la Serrière fait tout à fait disparaître le phénomène, Il est remarquable que les vagues croisent obliquement le courant jaune sans le déranger. M. Favre cite comme exemple de cette persistance du courant dans une eau rendue houleuse par le vent, qu'il a vu par une forte bise l’eau salie devant le port: il a remarqué f | F # qu'un, égoùt situé en vent.du port versait ses eaux boueu- . ses dans le lac, el que ce courant allait en sens inverse des vagues. Le vent avait soufflé pendant quelques jours el avait mis les eaux du lac en mouvement de vent vers bise, et ce courant lent qui jetait les eaux vers St-Blaise persistait malgré la bise en sens contraire du courant. Quant aux taches appelées fontaines, M. Kopp pense qu'elles peuvent être dues à des attroupements de pois- sons qui font naître les matières grasses qui forment ces » laches. M. Coulon pense au contraire que ce sont les animalcules qui composent ces taches qui attirent les poissons. M. Desor rappelle que l'examen qu'on a fait dans le temps de l’eau de ces laches, prouve la présence d'une foule d'infusoires et de petits animaux ; que la pré- sence instantanée de ces taches, surtout à l'approche des orages, se voit aussi sur d’autres lacs, plus rarement en mer quoiqu'il eût été témoin d'un fait rare de ce genre. L'ouvrage de Gould sur la faune des côtes d'Amérique si- gnale comme fait caractéristique de ces parages, l'absence des salpes; cependant M. Desor, se trouvant près de l'île de Nantéket, à l'approche d’un orage, vit la mer se couvrir de taches formées de petits corps comme des frag- . ments de rubans. C'étaient des salpes, animaux gélati- . neux bien curieux par leur structure, leur circulation oscillante, et surtoul parce que ce sont des animaux à Pr génération alternante, d’ailleurs étant transparents comme du cristal, c’est l’un des plus beaux objets à mettre sous . le microscope. Il y avait de ces animaux en quantité énor- . me; une seille d'eau contenait un quart de son volume de ces animaux , et ils occupaient une profondeur de cinq pieds. 11 y en eut pendant une demi-heure, puis ils — 210 — disparurent. C'était la première fois qu'on les vit, et, : depuis, personne ne les a plus signalés. Ce fut pendant ” un temps orageux qu'ils furent observés par M. Desor. La présence de ces animalcules est liée à des changemens dans l'état de l'atmosphère, L'amiral Duperrey a affirmé à M. Desor qu'il a rencontré ces taches près des îles de la Polynésie. On les voit sur les lacs d'Amérique. Ces ta- ches ont les bords nets et tranchés; si le joran vient rider le lac, les petites vagues sont tellement arrondies sur les M taches qu’elles apparaissent à peine : la surface de l’eau, | ridée partout, paraît unie comme une glace sur les ta- ches. Elles persistent même par des vagues plus grandes, qui se propagent à travers la tache sans en changer la forme. Elles persistent pendant des pluies battantes. M. Desor entretient la Société des corrections qui se- raient à faire sur la carte géologique du canton. (Voir | l'appendice N° 5). Séance du 18 Mari 1855. Présidence de M. L. CoyLon. M. le Président donne lecture de la lettre qu'il a adres- sée au Conseil d'Etat au nom de la Société, pour lui de- mander un subside ayant pour but d'établir de nouveaux observatoires météorologiques. « M. Humbert, conseiller d'Etat, directeur dé l'E- » ducation publique. » Monsieur, » Des motifs graves et pressants ont décidé la Société » d'histoire naturelle à réorganiser à la surface du pays les » observations météorologiques qui se faisaient autrefois » — 211 — et qui se font encore dans quelques localités, mais avec des instruments en grande partie hors d'usage. L'ou- verture des écoles industrielles à la Chaux-de-Fonds et au Locle donnera une impulsion nouvelle aux études scientifiques dans nos montagnes, la bourgeoisie de -Neuchâtel par l'érection du monument météorologique a cherché à intéresser la population de la ville de Neu- châtel aux observations; la Société désirerait mettre les autres parties du pays à même de concourir à ces études intéressantes qui maintiennent le goût d'obser- ver la nature et fournissent aux hommes l’occasion de se réunir pour diseuter des faits utiles à tous. » La présence de la Société Helvétique des sciences naturelles à la Chaux-de-Fonds permettra de se con- cerler pour les observations et de s'entendre avec les observateurs des autres parties de la Suisse. Enfin, M. Dove, directeur des établissements météorologiques de l'Allemagne et de l'Angleterre, a exprimé le désir que des observations se fassent dans tout le canton de Neu- châtel, si favorablement situé pour résoudre les ques- lions les plus intéressantes; car les différentes localités du canton sont situées à des hauteurs bien différentes quoique très rapprochées les unes des autres. » Par toutes ces considérations , la Société sollicite de vous, M. le conseiller, que vous veuilliez bien être son interprète auprès du Conseil d'Etat pour qu'il alloue à la Société un subside de 1000 fr., somme qui, grâce au désintéressement des observateurs, lui paraît suffisante pour réaliser le but spécial qu’elle se propose. » Recevez, M. le Directeur, etc. (signé) Le Président, Ls CouLon. Le Secrétaire, Ch. Kopr. — 212 — M. Guillaume dépose le tableau des naissances , décès et divorces du canton de 1835-1854, celui de la popu- | lation et des maisons de 1835-1854, enfin le tableau des bestiaux du canton de 1835-185%, et accompagne cetle communication de quelques observations. (Voir l'appendice n° 6). M. Kopp présente à la Société des tableaux représen- tant les teintes jaunes, vertes, blanches et violettes du lac et cherche à donner une explication de ces colora- tions diverses. M. Ladame fait remarquer que les teintes violettes se remarquent en été ct proviennent d’un effet de diffrac- tion; elles hordent l'ombre des nuages et le phénomène dépend surtout de leur épaisseur. M. Desor pense que la coloration des ombres des nua- ges en été ne peut être le même phénomène que la teinte violette observée en hiver, car en revenant un jour de Bôle sur la route d'Auvernier par un froid hamide, à vit à une certaine distance des bords du lac, non pas la teinte violette du lac, mais la vapeur teinte en violet, et cetle vapeur avait une teinte bien distincte de celle du lac qui était grise. La teinte verte de l’eau paraît due à l’air qu’elle ren- ferme. Dès que le lac est un peu agité, la teinte verte se prononce de plus en plus. Cette teinte verte d’ailleurs doit avoir des causes diverses ; car en mer, la mer hou- leuse n'est jamais verte, ce n’est qu’à une certaine dis- tance du bord que la couleur verte se prononce. Ce n’est que dans ce que les marins appellent eau blanche que les fortes vagues affectent la teinte verte. Ce phénomène suppose done une limitation de profondeur qui peut être — 213 — considérable, 100 pieds souvent. Ne proviendrait-elle pas du mélange des sédiments avec l’eau bleue; preuve, les mouvements profonds des sables dans le golfe de Gas- cogne. La couleur verte est la même par vent et bise; c'est par un effet de perspective que les teintes sont limi- tées par des lignes droites; vues de haut elles sont à contours ondulés. La teinte grise d'été paraît être la teinte naturelle. Parmi les eaux les plus vertes , il faut citer les cas— cades .et surtout le rideau du Niagara, Quant à la transparence, en hiver l'eau du lac l'est le plus, au printemps moins. En Amérique , le Mississipi dans son cours supérieur est brun, couleur due aux marais. L'Ohio est bistre- rougeätre, couleur de débris d'arbres résineux. Le Rio- Négro est noir, couleur due au sol (Humboldt). La Ri- vière Rouge, qui se jette dans le Missouri, est rouge par l'effet d’un limon ferrugineux. La Noiraigue est noire parce qu'elle sort des marais des Ponts; cependant quelques membres pensent que cela peut tenir aux conferves noirs qui y vivent. Séance du 15 Juin 1855. Présidence de M. L. CouLox. M. le Président donne lecture à da Société de la ré- ponse qu'il a reçue du Conseil d'Etat, qui alloue à la Société la somme demandée : « Neuchâtel, 30 mai 1855. » M. L. Coulon, présid. de la Soc. des sciences natur. » Monsieur, » Par office du 14 de ce mois, la Société des sciences » naturelles de Neuchâtel a adressé à la Direction de LA » » » » » » » » » » ) = » » — 214 — l'éducation publique la demande d'un subside qui se- rait destiné à aider cette Société à réorganiser les ob- servalions météorologiques dans notre canton. » La Direction de l'éducation, ayant soumis l'affaire au Conseil d'Etat, en a recu les instructions suivan- Les : » 19 La Direction de l'éducation publique est autori- sée à disposer sur son budget de 1853, de la somme qu'elle jugera nécessaire pour aider la Société des scien- ces naturelles à atteindre le but spécial qu’elle se pro- pose, à teneur de son office du 1% mai. » Cette somme ne devra toutefois pas dépasser le chif- fre de 1000 francs. » 29 L'allocation dont il s’agit est donnée sans engage- ment pour l'avenir; en conséquence, le Conseil d'Etat entend qu'elle * sera point affectée à des indemnités ou gralifications accordées aux observateurs; la So- ciété la consacrera donc tout entière à des acquisitions d'instruments. » 3° A cet effet la Société communiquera à la Direc- tion de l'éducation publique la note des instruments qu'elle se procurerait au moyen de la subvention de l'Etat , et c'est au vu de ce document , lequel restera aux archives de la Direction, que la somme sera ver- sée entre les mains de la Société. » Veuillez, monsieur, communiquer les susdites déci- sions à la Société que vous présidez, et agréez, etc. (sig.) » Le Directeur du Départem! de l'instruction publique, » Aimé HuUMBERT: » — ot. — La Société accepte le don et adresse ses remerciements au Conseil d'Etat par la lettre suivante : « À Monsieur Humbert, conseiller d'Etat. » » Monsieur, » La Société d'histoire naturelle a reçu communication » de votre lettre, du 30 mai 1855 et accepte avec re- » counaissance le subside que le Conseil d'Etat lui ac- » corde. » Afin de se conformer à la 3€ décision prise par » vous, savoir que la Société communiquera à la Direc- _» tion de l'éducation publique la note des instruments » qu'elle se procurera au moyen du subside de l'Etat, la » Société pense que le procédé le plus conforme à vos » vues sera de faire faire les instruments et de les ins- » taller, et de vous remettre après acte fait, la liste des » dépenses en ayant soin de rester dans les limites de » l'allocation que vous avez fixée. » En outre, la Société désire qu'il soit inscrit sur les » instruments : « Don de l'Etat, » afin que les observa- « teurs sachent qu'ils doivent ces instruments à l’intérét » que le Gouvernement prend aux progrès des sciences. ! BUL DE LA SOC DES SC. NAT. T. HI. 15 Cf APPENDICES No 1 SUR L'OZONE. —œ0—— DISCOURS PRONONCÉ par Mo GlloeRFRo SIGIH TON ABIENT EVE PROF, DE CHIMIE A L’UNIVERSITÉ DE BALE LORS DE L'INAUGURATION DU MUSÉE DE BALE EN 1849. Traduit de l'allemand par M. KOPP. PROLÉGOMÈNES HISTORIQUES. Dans le courant des dix dernières années , je me suis occupé d’études électro-chimiques. Pendant ces travaux, j'ai très-souvent décomposé de l’eau et d’autres corps par la pile, et comme les expériences me conduisaient à ne pas recueillir les gaz qui se dégageaient, mais à les lais- ser s'échapper dans l'air, ce fut à cette occasion que j'ai découvert la matière à laquelle j'ai donné le nom d'ozone, à cause de son odeur. C’est de ce corps dont il s’agit dans ce discours. Pendant ces expériences, j'ai senti dans — 217 — le laboratoire et surtout dans le voisinage de l’eau décom- posée, une odeur tout-à-fait analogue à celle de l'élec- tricité qui s'échappe dans l'air. L'observation de ce sin- gulier phénomène, jointe à l'ignorance complète où nous étions alors sur la cause de l'odeur de l'électricité, me déterminèrent à donner à ce fait une attention particu— lière, et à chercher la cause véritable de ce phénomène énigmatique. Je fus considérablement aidé dans ces recherches, par un voyage que je fis en automne 1839 en Angleterre. J'y fis la connaissance du naturaliste anglais, M. Grove de Birmingham , devenu depuis si célèbre, qui présenta à la société des sciences naturelles une pile microscopi- que, formée de quelques têtes de pipes, de rubans de platine et de zinc, ete. La disposition si peu compliquée de cette pile, donna naissance, sous la direction de M. Grove et de la mienne , à la première de ces piles puis- santes qui portent avec raison le nom de piles de Grove. Ce fut l'excellent mécanicien Watkins de Londres, mort trop tôt pour la science, qui exécula cette pile à mes frais ou plutôt à ceux de mon ami le conseiller Heuss- ler, et c’est à l’aide de cet instrument de petites dimen- sions mais cependant puissant, et qui se trouve dans notre cabinet de physique, qu’il me fut possible de faire la décomposition de l'eau sur une échelle comme on ne l'avait jamais fait, et par là de donner à mes études sur l'odeur électrique, quelque étendue. Les premiers résul- tats des travaux entrepris avec cette pile furent publiés dans les mémoires de l'académie de Munich, 1840. Déjà alors je cherchaï à prouver par une série de faits signa- lés par moi, que l'odeur électrique ou l'odeur de l'éclair — 218 — provenait de la même matière qui accompagne l’oxigène dans la décomposition voltaïque de l'eau; quelques an- nées plus tard je parvins à préparer l'ozone sans le se- cours de l’étincelle ou d'un courant électrique, par voie purement chimique, c’est-à-dire à l’aide du phosphore et de l'air atmosphérique, et en quantité telles que je pus étudier les propriétés physiques, chimiques et physiolo- giques de ce corps singulier. Depuis lors l'étude de l'o- zone a occupé la plus grande partie de mes heures de loisir, Dans le courant de l'été de cette année, les expérien- ces les plus essentielles relatives à cet objet furent faites dans le laboratoire du nouveau musée, et ce sont les ré- sultats de ces expériences qui sont consignés dans ce discours que le comité m'a chargé de faire pour la fête de l'inauguration de cet établissement. Comme ces faits ont été les fruits des premières re- cherches faites dans cette section du musée à laquelle j'ai l'honneur d’appartenir, et comme ils ne manquent pas par leur nouveauté d'intérêt scientifique ; j'ai l'espoir que l’on m’excusera d’avoir fait de ce sujet l’objet de mon discours. | NATURE CHIMIQUE DE L'OZONE. Deux opinions, à ce que je sache, se sont fait jour sur cet objet, la premiére de MM. De la Rive, Marignac et Berzelius, la seconde de moi-même. Da fait que l'étincelle électrique produit de l'ozone dans de l’oxigène pur et surtout bien sec, les physiciens | que je viens de citer ont conclu : « Que l’ozone est de l'oxigène dans un état particulier, état dit allotropique. » FLE, SRE = — 219 — Pour des raisons que j'ai développées dans divers jour- naux scientifiques, je combats cette idée et je cherchai à faire prévaloir l'idée que l'ozone était une combinaison particulière de l'oxigène et de l'hydrogène. L'ozone est facilement détruit par la chaleur; il devait donc, d’après mes idées, se décomposer en hydrogène et oxigène, et j'ai pensé prouver la présence de l'hydrogène dans sa composition de la manière suivante : J'ozonisai au maximum à l’aide du phosphore l'air d'un ballon de 60 litres ; ayant retiré le phosphore , éli- miné l'acide, je conduisis cet air ozonisé, après l'avoir lavé dans l’eau, dans un appareil composé d'un tube de 3 pieds de long sur { pouce de diamètre rempli de ponce imbibée d'acide sulfurique, relié à un tube de verre infu- sible très-étroit et long de 18 pouces, qui communiquait à un troisième tube de { pied de long, ‘/2 pouce de large, rempli de ponce imbibée d'acide sulfurique et exac- tement pesé. Ce dernier tube était en outre relié à un tube de chlorure calcique de 1 pied de long et 1 pouce de large, qui se terminait par un tube coudé à angle droit. Si on ne chauffait pas le tube de verre, l'air sor- tant de l'appareil sentait l'ozone, et si on faisait passer cet air au moyen du tube recourbé à travers une eau contenant de l’amidon et de l’iodure de potassium, cette eau se colorait aussitôt en bleu foncé, preuve que lair ozonisé avait traversé tous les tubes sans s'altérer. Le premier tube avait pour objet de dessécher l'air ozonisé , le second de détruire par la chaleur l'ozone , le troisième de déterminer l'eau qui prendrait naissance, et le tube de chlorure calcique, tube de sûreté, devait * empêcher l'air extérieur d'apporter de l'humidité dans le = #90 — tube précédent. Le tube courbé conduisait l'air sortant de l'appareil dans de l’eau contenant de lamidon et de l'iodure de potassium, afin que par sa couleur blanche ou par sa coloration bleue on püt reconnaître si cet air avait perdu ou non tout son ozone. Si l'on faisait passer pendant plusieurs heures de l’air ozonisé humide à tra- vers cet appareil, le troisième tube, préalablement pesé, ne changeait pas de poids, ce qui prouvait que le pre- mier tube desséchait parfaitement l'air ozonisé et que le troisième tube ne recevait pas non plus de quantité pon- dérable d’eau par le côté opposé. En faisant la même expérience, mais en chauffant par quatre lampes à esprit-de-vin le tube de verre, tout l’ozone était détruit, car l’eau amidonnée restait parfai- tement incolore, et cependant après avoir fait passer 300 litres d'air, je ne pus constater aucune augmentation de poids du troisième tube. De là il résulte que l'ozone con- tenu dans 300 litres d'air ozonisé au maximum et dé- truit par la chaleur, ne donne aucune quantité appré- ciable d’eau. | Mais quelles conclusions reste-t-il à tirer de ce fait singulier, et, je l'avoue, tout inattendu pour moi? A mon sens, il y en a trois : Ou bien, la quantité d'ozone contenue dans ces 300 litres d’air était infiniment petite, et dans ce cas la quan- tité d’eau qu’elle aurait pu donner, par la chaleur, devait l'être encore plus. Ou bien , la quantité de l’ozone, détruite dans l’expé- rience est assez considérable en elle-même pour pouvoir être pesée, mais la quantité d'hydrogène qu’elle contient est si petite qu'elle ne peut pas donner, combinée avec l'oxigène, une quantité pondérable d’eau. ": Û — 221 — Ou bien, l'ozone ne contient pas d'hydrogène et est réellement comme l'ont dit De la Rive et Berzelius, de l'oxigène allotropique. Quant à la première conclusion, des expériences qui seront exposées plus loin, prouvent que la quantité d'o- zone contenue dans un ballon de 60 litres rempli d'air ozonisé au maximum, est capable de fournir 100 milli- grammes d'oxide d'argent ; 300 litres de cet air fourni- raient donc 500 milligrammes de cet oxide dans lesquels il entre 63 milligrammes d'oxigène. Comme l’oxigène contenu dans cet oxide, préparé au moyen de l'ozone et une plaque d'argent, ne provient que de l'ozone, il s’en suit que la quantité d'ozone contenue dans 300 litres d'air ozonisé au maximum est pondérable, et la quantité d'ozone, que ce corps soit simple ou composé, employée _dans mes expériences, est pondérable. Si l'ozone était une combinaison isomère avec l’eau oxigénée, et si par une haute température l'ozone se dé- composait comme cette eau en eau ordinaire et oxigène, si 2H0° et Ag par leur contact donnaient 2H0 et AgO*, l'ozone de nos 300 litres d’air d'après les données citées, pêserait 138 milligrammes, et devrait donner par sa décomposition par la chaleur 73 milligrammes d’eau. Cette eau aurait dû être recueillie par le troisième tube de notre appareil, mais l'expérience ne donnant au- cune augmentation de poids, il en résulte que l'ozone ne peut pas avoir la composition HO*. Si nous admettons que l'ozone ait la formule HO'°, puisque l'ozone contenu dans notre volume d’air con- tient 65 milligrammes d'oxigène, le poids de cet ozone serait de 73 milligrammes, qui en se décomposant en eau et oxigène, donneraient 8 milligrammes d’eau. Mais comme le poids de notre troisième tube ne s’est pas même accru de cette minime quantité, notre derniére hypothèse est encore fausse. Si cependant on veut consi- dérer l'ozone comme une combinaison hydrogénée, il fau- drait admettre qu'un nombre extraordinairement grand d'équivalents d'oxigène serait combiné à un équivalent d'hydrogène pour que l'hydrogène uni aux 65 milli- grammes d’oxigène fut impondérable. L'analogie cepen- dant ne rend pas vraisemblable l'existence d’une pareille combinaison. Relativement à la nature chimique de l'o- zone on peut done admettre avec certitude : 1° que l'ozone contient de l'oxigène , ce qui est prouvé par sa puissance oxidante si énergique; 20 que l'oxigène pur, préparé par un procédé quel- conque, fournit de l'ozone par l'électricité; 3° que si l’on décompose l’eau par la pile, il se dégage au. pôle positif de l’ozone simultanément avec l'o- xigène, ce qui paraît exclure la possibilité que l'ozone contienne outre l'hydrogène et l’oxigène un autre élément , par exemple l'azote ; 4° que l'ozone, préparé par l’action du phosphore sur de l'oxigène pur, humide et dilaté; sur un mélange humide d'oxigène et d'azote, d'oxigène et d'hydrogène , d’oxigène et d'acide carbonique, est identique avec celui préparé par voie électri- que ou voltaïque. Il résulte donc de l'expérience citée que l'ozone ne contient probablement pas d'hydrogène; ce fait rappro- ché de ceux-ci que l'électricité engendre l'ozone dans de ET TE TT EG l'oxigène sec et pur, et qu'une grande quantité d'air , ozonisée par le phosphore et desséchée, ne fournit par la destruction de l'ozone aucune quantité pondérable d'eau , donne certainement aux idées de Berzelius et De la Rive une grande probabilité, c'est-à-dire que l'ozone n'est que de l'oxigène allotropique et par conséquent un corps simple. IL y a déjà bien des années que j'ai insisté sur ce que celte idée a d'extraordinaire, et j'ai fait remarquer que les changements des propriétés d’un corps simple essen- tiellement gazeux , comme celles que subirait l’'oxigène ordinaire en se changeant en ozone, sont un fait jusqu’à présent isolé et sans analogie. On parle de nos jours beaucoup d’allotropie et on se sert de cette idée vague pour expliquer les différences entre l'ozone et l'oxigène ordinaire. Cependant on n’a remarqué des états allotropiques , à ce que je sache, que dans des corps solides (car je néglige pour diverses rai- sons les observations de Draper sur le chlore). C’est là une circonstance qui se comprend, si l’on fait dépendre l’état allotropique de certains états de groupement des molé- cules constitutives de ces substances. D’après cette idée, toute matière simple et solide dont les molécules auraient la propriété, selon les circonstances, de se grouper dif- féremment , serait susceptible d’allotropie, et les états allotropiques de ces substances dépendraient d'états dé- terminés d'équilibre plus ou moins stables, entre les for- ces attractives et répulsives des molécules de ces corps. Comme les degrés de cohésion d’une matière ont souvent des influences marquées sur ses propriétés phy- siques et chimiques, on peut se représenter un même se Te à corps simple, dans des états de groupement différents, ayant des propriétés chimiques et physiques différentes, comme par exemple, le phosphore qui est tantôt un corps difficilement inflammable , assez difficilement fusi- ble, rouge foncé , tantôt dans son état ordinaire extraor- dinairement inflammable, très-fusible et blanc. Mais comment doit-on se représenter les états allotro- piques d'un élément gazeux qui reste gazeux dans ces divers états? D'après les idées reçues, dans un gaz la force élastique est plus puissante que la cohésion, et on admet que les molécules sont retenues par la force élas- tique à égale distance les unes des autres. En admettant l'exactitude de ces manières de se repré- senter la constitution moléculaire d’un gaz et l’allotropie, je demande comment un changement dans la disposition moléculaire peut avoir lieu; comment donc il peut y avoir allotropie, dans un corps simple gazeux, sans que l’état gazeux cesse d'exister ? J'avoue qu'il m'est impossible de concevoir cela d’une manière tant soit peu claire. M: Hunt a cherché à résoudre ce problème difficile. Le chimiste américain transforme l’oxigène en ozone en réunissant à l’aide de l'électricité, etc., les atomes d’oxigène trois à trois, pour constituer une molécule tri- ple. L’ozone étant gazeux comme l’oxigène, les molécu- les triples de M. Hunt doivent s’écarter les unes des autres comme on se représente que les atomes simples de l’oxigène normal s’écartent les uns des autres. Par cette théorie de la formation de l'ozone on comprendra donc pourquoi, par exemple, les molécules triples d’o- xigène ont de l’odeur pendant que les molécules simples = 6 = n'en op! pas; pourquoi les premières respirées même en quantité minime, agissent d’une manière destructive sur l'organisme animal, pendant que loxigène ordinaire est essentiellement nécessaire à l'entretien de la vie; pourquoi cet oxigène triplé oxide énergiquement les corps à la tem- pérature ordinaire, pendant que dans les mêmes circon- stances les molécules simples sont chimiquement indif- férentes vis-à-vis des corps les plus oxidables ; en un mot par ce triplage des molécules on veut expliquer toute la différence qui existe entre l'oxigène normal et l'ozone. Si cette hypothèse ingénieuse était fondée, nous pourrions espérer certainement, que les chimistes réus- siraient, à l’aide de l'électricité et d’autres agents, de réunir les atomes simples des autres éléments gazeux en molécules doubles, triples, quadruples , ete., et par suite de transformer l'hydrogène et l'azote par exemple, en substances qui différeraient de ces gaz tout autant que l'ozone diffère de l'oxigène ordinaire. Une fois là on fe- rait facilement un pas de plus. Nous transformerions, en groupant les molécules de telle ou telle manière, un corps simple en un autre et nous prouverions qu'il n’y a qu'une seule espèce de matière, et que toute cette ar— mée de corps simples actuels résulte des groupements di- vers d’une seule et unique matière primitive. M. Hunt me pardonnera si je regarde sa théorie de l'ozone, de même que toute espèce d'explication analo- gue, comme des jeux d'esprit sans utilité et n'ayant rien de scientifique. Ce sont des échafaudages d’hypothèses qui manquent d’une base expérimentale. Il vaut mieux reconnaître avec candeur notre impuissance à expliquer un phénomène que de bâtir des hypothèses qui ne signi- fient rien. Si M. Hunt avait préparé de l'ozone pur, s'il avait montré que son poids spécifique est triple de celui de l'oxigène normal, et s'il avait fait la contre-épreuve, que l'ozone, en se changeant en oxigène , triple son volume, il aurait eu une base scientifique et expérimentale pour sa théorie. Mais aujourd’hui, je le erains, sa théorie n'est qu'une ombre vaine, car on pourrait soutenir avec Loul autant de raison que les molécules de l'oxigène nor- mal ne sont pas des molécules élémentaires, mais que ce sont des molécules composées qui, en se divisant sous l'influence électrique, produisent l'ozone. En général, il me semble que de nos jours on parle beaucoup trop en chimie, d’atomes , de molécules, de noyaux et d'autres choses de ce genre pour expliquer des phénomènes qui, c’est possible et même vraisemblable, n'ont nullement leur cause dans un groupement mécani- que des atomes hypothétiques. Rien n'est aussi facile que de faire sauter ces petites molécules, art dans lequel excellent nos chers amis les Français; avec un peu d'imagination géométrique on bâtil avec une provision suffisante d’atomes des mondes entiers plus facilement qu'un cuisinier ne compose un pouding avec de la farine et des petits raisins. Mais revenons à l'ozone. Si ce corps n’est que de l’o- xigène , et si l’oxigène devient de l’ozone sans qu'aucune matière pondérable ne lui soit enlevée ni ajoutée, c’est là le fait le plus extraordinaire qu'’ait produit la chimie moderne ; car elle nous fait connaître une propriété des corps simples gazeux qui a dû être considérée jusqu'à ce Jour comme une chose impossible. Nous serons forcé d'admettre que sous l'influence de l'électricité, du phos- mr JE phore , ete., l'oxigène ordinaire se transforme sans per- dre de son poids et sans changer son état physique en un corps qui, quoique gazeux encore , diffère cependant de celui qui lui a donné naissance sous des rapports aussi mullipliés qu'essentiels, comme deux corps simples de nature différente différent entre eux. J'avoue franche- ment qu'une pareille idée me paraît extraordinaire; elle me paraîl trop contraire à tous les faits connus pour que je puisse l'adopter, et je ne puis pas par conséquent me hasarder d'établir un jugement définitif sur la nature chi- mique de l'ozone. Ce corps est devenu pour moi, je ne le cache nullement, à la suite de mes nouvelles recher- ches, de plus en pius énigmatique, et je crains bien qu'il ne nous sera pas permis de sitôt de répandre la clarté sur ce sujet obscur. IL. DE L'ACTION OXIDANTE DE L'OZONE. A peine avais-je commencé mes recherches sur l'ozone, que j'ai découvert que l'ozone est détruit par une série de corps oxidables et principalement par la plupart des métaux, même à la température ordinaire. Plus tard j'ai établi que les composés protoxidés de plusieurs de ces corps sont transformés par l'ozone en composés peroxi- dés, par exemple les protoxides de cobalt, de nickel, de manganèse, de plomb et d'argent sont changés en pero- xides , etc. J'ai trouvé en outre que les solutions aqueu- ses des sels de plomb et de manganèse sont ramenés par l'ozone en peroxide de plomb et en peroxide de manga- nèse. Ces faits rendirent probables que certains métaux, mis en contact avec l'ozone seraient oxidés au maximum, — 228 — et les expériences essayées ont vérifié cette déduction. J'ai déjà communiqué à la société de cette ville et à la société helvétique quelques résultats obtenus avee l’ar- gent et le plomb, mais comme j'ai depuis continué ces recherches, j'exposerai dans ce travail tous les faits im- portants qui se rapportent à ce sujet et qui sont le fruit de mes travaux. À) Oxidation de T'argent. On remplit un tube de verre de 3 pouces de long et de 4 lignes de diamètre de poudre d'argent préparée par la pile, et on fait passer pendant un temps suffisamment long de l'air fortement ozonisé, après l'avoir lavé dans de l’eau et fait passer sur du chlorure calcique ou de la ponce imbibée d'acide sulfurique, pour enlever à l'air l'a- cide et l'humidité dont il est chargé. J'ozonise au maximum l'air qui me sert à cette expé- rience dans de grands ballons, en y laissant séjourner le phosphore jusqu’à ce qu'une bande de papier enduite d’a- midon et d'iodure de potassium se colore en l'y plongeant en bleu-noir. A une température de 18 à 20° et en em- ployant des morceaux de phosphore de deux pouces de long qui plongent à moitié dans de l’eau, il faut huit heures pour ozoniser l'air d'un ballon de 60 litres au degré cité. Pour faire passer sans interruption de l’air ozonisé sur l’ar- gent, j'ai besoin de huit ballons de la dite capacité ; cha- cun est vidé à son tour, et dès qu'il est vide on y place immédiatement de nouveau le morceau de phosphore qui est nécessaire pour ozoniser l'air qu'il contient. Je conseille à celui qui voudra faire des expériences un peu en grand sur l'ozone, de préparer son ozone com- + — me il vient d'être dit; une expérience de bien des an- nées m'a montré que c'est là la meilleure méthode que nous connaissions , bien préférable à la méthode voltai- — que ou à celle qui consiste à faire passer de l'air humide sur du phosphore. Pour se garantir contre des accidents, … on devra avoir soin de ne boucher les ballons qu'impar- « faitement pendant l'ozonification; car si l'air est bien ozonisé, le phosphore s'enflamme quelquefois par suite de l’oxidation énergique provoquée par l'ozone, et si en pareil cas le ballon est trop fermé, il fera explosion avec violence ; accident qui, au commencement de mes essais , m'est arrivé plusieurs fois. L'air ozonisé ne passe pas longtemps sur la poudre d'ar- _ gent, sans témoigner de son action oxidante par la colo- ration du métal qui brunit d’abord et noircit peu à peu. A cause de la petite quantité d'ozone contenue dans l'air ozonisé , et aussi parce qu’une quantité assez notable d’o- zone passe sur l'argent sans être employée, on compren- . dra qu'il faut un temps assez long pour oxider complète- ment même de pelites quantités d'argent. Pour oxider complètement deux grammes d'argent il faut faire passer sur le métal, pendant quinze jours sans interruption , de l'air fortement ozonisé. Il va sans dire qu'il faut de temps à autre tourner le tube contenant la poudre d'argent, peur mettre toutes les parties métalliques en contact avec le gaz. Je ne dois pas oublier de faire observer que l'air ozonisé humide agit avec une beaucoup plus grande rapi- _ dité que lesgaz desséché. Ÿ Pour être sûr que tout l'argent est oxidé, il suffit de porter une petite quantité de la matière noire dans de Y'acide eblorhydrique étendu et d'y verser de l'ammonia- — 230 — que en excès. Si la liqueur reste claire, c'est-à-dire si la poudre noire se dissout sans laisser de résidu, il n’y a plus d'argent métallique. On opère l'oxidation de l'argent plus rapidement et plus commodément en opérant avec l'argent non divisé, chose dont certes on ne se douterait pas. J'ai coutume de suspendre dans des ballons hermé- tiquement fermés , remplis d'air fortement ozonisé et dé- barassé des acides, des lames d'argent de six pouces de long, un pouce de large, épais d'une ligne, au moyen d'un fil de platine, et j'ai trouvé qu’une pareille lame est déjà recouverte d'une nuance noirätre après une demi- heure, et l'ozone détruit après quatre ou cinq heu- res. Alors, l'argent se trouve recouvert d’une matière grise-noirâtre, qui se détache facilement avec un cou- teau en lamelles souvent d'un pouce de long. Quelque- fois, par une circonstance singulière, quoique toutes cho- ses paraissent identiques, la formation de cette matière ne se fait que lentement, si bien que la lame d'argent peut rester des journées entières suspendue dans le bal- lon, sans que l'ozone soit complètement détruit; aussi l'oxide sé produit en quantité moindre et il se présente alors sous forme pulvérulente. Il est à remarquer qu'on peut dans un pareil cas accélérer l'oxidation du métal , en le mouillant avec de l'eau distillée. Si l'action de l'o- zone est énergique et rapide, j'obtiens de chaque lame d'argent de la grandeur citée, après que tout l'ozone du ballon a été détruit, en moyenne un décigramme de cet oxide, d'où il suit qu'avec quelques ballons eb quelques morceaux d'argent on en peut recueillir en peu de jours des quantités déjà assez notables. Dans l’espace d’un mois j'en ai préparé par celfe méthode avec facilité, 10 gram- — 231 — mes. Les propriétés de cette substance sont les suivantes : elle est d'un noir velouté, si elle est obtenue par la pou- dre d'argent, noir-grisâtre , si elle est obtenue par une lame d'argent; elle n’est pas d'apparence cristalline, d’a- bord sans goût, mais développant bientôt sur la langue une saveur sensiblement métallique ; secouée avec l’eau elle donne une liqueur d'une saveur métallique et bleuis- sant faiblement le papier de tournesol rougi; elle fait effervescence avec l'acide hydrochlorique en dégageant du chlore et en formant du chlorure d'argent d'un blanc éblouissant (les autres propriétés chimiques de ce corps sont développées dans un article particulier). A une température bien inférieure au rouge, cette matière noire devient blanche, c’est-à-dire est réduite à l’état d'argent. métallique, sans donner d'éclaboussures et en dégageant un gaz incolore et sans odeur qui se com- porte comme de l’oxigène pur et dans lequel il n'y à particulièrement pas trace d'acide nitreux. Comme cette matière fournit 87 pour cent d'argent, moyenne de 3 analyses, on peut la considérer comme étant AgO?, et on peut admettre que l'ozone par son action sur l'argent produit ce peroxide dans un élat complètement pur. A ce que je sache, on n'a pas encore jusqu’à présent préparé cet oxide AgO® dans toute sa pureté, car le peroxide qui se dépose au pôle posilif, pendant la décomposition de certains sels d'argent par la pile, contient toujours en- core, selon quelques chimistes, soit de l'acide nitrique ou de l'acide sulfurique, suivant que l'on a décomposé un nitrate ou un sulfate. IL s'agirait maintenant encore de savoir, si au commen. cement de l’oxidation de l'argent par l'ozone, il ne se forme BUL. DE LA SOC, DES SC, NAT. T. III. 16 — 232 — pas d'abord un oxide inférieur qui est changé par une ac- tion ultérieure en peroxide. Les données suivantes pa- raissent prouver que le métal est oxidé au maximum tout d'un coup. Si l’on fait passer l'ozone sur la poudre d’ar- gent juste assez pour la brunir un peu et si on verse sur la poudre de l'acide hydrochlorique, il se dégagera distine- tement des traces de chlore, ce qui n'aurait pas lieu si la poudre ne contenait pas déjà du peroxide. Même résul- lat avec la poudre obtenue en raclant une lame d'argent à peine colorée par l'ozone. La raclure jetée dans l'acide hydrochlorique , fournit immédiatement du chlorure d’ar- gent avec dégagement de chlore. B) Oxidation du plomb. Les phénomènes que présente l’oxidation du plomb sont analogues à ceux que donne l'argent, ainsi qu'on le verra par ce qui suit : Si on fait passer suffisamment longtemps de l'air 0z0- nisé sur de la poussière de plomb obtenue par voie gal- vanique et renfermée dans un tube de verre , le métal se transforme en une matière brune, qui arrosée d'acide hydrochlorique, dégage du chlore en abondance en for- mant du chlorure de plomb; elle colore en bleu foncé l’amidon mélangé d’iodure de potassium et la teinture de gaïac fraîchement préparée; (cette dernière réaction est particulière au peroxide de plomb, et n’est produite ni par l’oxide basique ni par le minium ou quelque autre composé du plomb). Cette matière brune est d’ailleurs un excellent conducteur de l'électricité, comme le pero- xide de plomb: elle n’est pas attaquée par l'acide acéti- que et par l'acide nitrique étendu et pur, et est transfor- — 233 — mée par l'acide nitreux et l'acide sulfureux avec rapidité en nitrate ou sulfate de plomb. Les lames de plomb sont aussi altaquées avec assez de rapidité à la température ordinaire par l'ozone. Si on suspend des lames de plomb récemment polies dans de l'air fortement ozonisé , elles s'irisent rapidement el se couyrent par une action prolongée d’une enveloppe brune, analogue au peroxide de plomb. Comme l'argent, le plomb est de suite oxidé au maximum. Pour le prou- ver, il suffit de se servir. de la teinture de gaïac. Si on ne laisse la bande de plomb exposée à l'ozone que le temps nécessaire pour que sa surface soit irisée, et si on laisse tomber alors sur sa surface quelques gouttes de la dissolution résineuse , elle se colore en bleu, ce qui n'arriverait pas si le plomb n’était couvert que d'oxide basique ou de minium. J'ajoute que je me suis donné la peine de transformer complétement quelques grammes d'hydrate de protoxide en peroxide brun , au moyen de l'ozone. . Il n'y a aucun doute, que comme l'argent et le plomb, le manganèse métallique serait changé par l’ozone direc- tement en peroxide. J'ai déjà fait remarquer dans un au- tre travail que l’arsenic se change rapidement par l'ozone en acide arsénique. Je me réserve de communiquer avec détails, en temps et lieu opportuns, mes expériences sur l’äction de l'ozone sur d’autres métaux ; je me bornerai à faire cette remar- que générale, qu'à l'exception du platine et de l'or, les autres métaux bien connus sont oxidés au maximum à une température basse par l'ozone, et de citer ce fait re- marquable que l'argent est, parmi les mélaux que j'ai examinés, celui qui s’oxide le plus rapidement. Si l’on saspend, par exemple, des fils ou des lames récemment polies, d'argent, de plomb, d’étain , de fer et de zinc, en même temps, dans de l'air ozonisé au maxi- mum, l'argent sera déjà couvert d'une couche de pero- xide quand les surfaces des autres lames seront encore parfaitement brillantes. J'ai déjà fait remarquer que le plomb aussi s’oxide rapidement, mais il me semble que l'argent s'oxide avec plus de vitesse encore. Des lames brillantes d'étain durent rester pendant quelques jours dans de l'air ozonisé avant qu'une couche sensible d'oxide s’y füt formée, et de même avec les autres métaux. Relativement à l'ozone, l'argent peut être cité comme le métal le plus oxidable parmi les métaux lourds. C) Oxidation de l'azote et nitrification. L’azote, à l'état libre, est cité comme le corps simple le plus chimiquement inerte, parce qu'il ne peut pas se combiner d’une manière immédiate avec aucun des corps simples, pas même avec l'oxigène qui a des affinités si nombreuses. Cependant il s'oxide par l'ozone dans des circonstances particulières , comme je lai fait voir il y a longtemps (voyez par exemple, Annales de Poggendorf, N° 2, 18#6); et les faits que je rapporterai, vont corro- borer les données et hypothèses antérieures et mettront hors de doute l’oxidation de l'azote. Par l’action du phosphore sur l'air humide, il se forme de l'ozone qui se répand en partie dans le milieu environ- nant el en partie oxide le phosphore. Mais en même temps il se forme un peu d'acide nitrique qui se dissout — 235 — avec l'acide phosphatique dans l’eau qui baigne le phos- phore. La présence de l'acide nitrique dans cette eau est prouvée ‘par ce fait que, faiblement mais distinctement bleuie par une dissolution d’indigo, elle blanchit à la température ordinaire mais plus rapidement à chaud. Mais les expériences suivantes mettent la chose hors de doute. On satura par de la chaux hydratée une grande quan- tité de l'acide phosphatique dilué, obtenu secondaire- ment dans la production de l'ozone. Le tout fut filtré, et à la liqueur claire, évaporée et réduite à un petit vo- lame, on ajouta une solution de CO?KO jusqu’à préci- pitation complète. La liqueur filtrée de nouveau et éva- porée encore, fournit des cristaux de salpêtre dont la quantité fut, il'est vrai, peu considérable eu égard à la masse phosphatique employée, car on avait consommé plusieurs livres de phosphore et on n'obtint cependant que 2 grammes de salpêtre. Cette petite quantité de sal- pêtre prouve cependant avec évidence que pendant l’ac- tion du phosphore sur le mélange gazeux d'oxigène et d'azote ; il s'était formé à côté de l'ozone et de l’acide phosphatique en outre de l'acide nitrique. On ne peut pas douter que les éléments de ce dernier acide né provenaient de l'air; mais on doit se demander : de-quelle manière l’acide nitrique se forme dans les cir- constances indiquées. Supposer que le phosphore, par une action catalyti- que, détermine la combinaison de l’azoté atmosphérique avec l'oxigène, ce serait expliquer la chose aussi bien ou plutôt aussi peu que de prétendre que l'acide nitrique — 236 — doit sa formation à une influence épidémique, c'est-à- dire que le phosphore qui s’oxide lentement, détermine l'azote à en faire de même. Cette explication et d’autres du même genre, je les taxe pour ce qu’elles valent : ce sont des voiles transparents et futiles au moyen desquels nous cherchons à cacher notre ignorance sur la'cause véritable du phénomène à expliquer. Pour ce qui con- cerne l’oxidation lente du phosphore, qu'il subit dans l'air atmosphérique humide , de bonnes raisons nous por- tent à admettre qu'elle s'opère, non pas par l’oxigène or- dinaire de l’air, mais par l'ozone qui se forme d’une ma- niére tout-à-fait inexplicable par l'influence du phospho- re, etc., dans l’air; l'oxigène pur, quoique humide ét sous la pression ordinaire, ne produit pas même une trace d’oxidation à la température ordinaire; ce n’est que lorsque les conditions nécessaires pour la formation de l'ozone se présentent et que ce corps s'est formé, que l'oxidation et la phosphorescence du phosphore commen- cent (voyez Annales de Poggendorf, mon mémoire sur la production de l'ozone dans l’oxigène pur). Mais si le phosphore, ce corps si oxidable, ne se com- bine pas à l'oxigène à la température ordinaire, nous devons nous attendre à ce que l'azote ne s'oxide pas dans ces circonstances. L'ozone est un merveilleux agent oxidant; des faits certains le prouvent et surtout la transformation de l'ar- gent en peroxide opérée par ce corps. L'on sait que lo- xigène sec ou humide n'attaque pas ce métal , «mais l'ozone agit sur lui, seul et à froid, et l’oxide au maxi mum sans qu'il soit nécessaire qu’il soit préalablement mis en contact avec un corps en oxidation. — 931 — Si donc un corps ayant si peu d'affinité pour l’oxigène que l'argent, se combine cependant avec l'oxigène de l'ozone, il est très à supposer que l'azote dans des con- ditions convenables peut subir la même influence et se transformer en acide nitrique, Mon opinion est donc que les deux oxidations du phos- phore et de l’azote sont deux phénomènes indépendants l’un de l’autre, c’est-à-dire que les générations des acides phosphatique et nitrique, telles qu’elles se présentent pen- dant l’action du phosphore sur l'air, ne sont pas liées en- tre elles par un rapport dé causalité réciproque. Je n’at- tribue pas au phosphore une action immédiate et directe sur la formation de l'acide nitrique; il ne joue de rôle dans celte formation que parce qu’il engendre l’ozone. D'ailleurs l'azote libre peut être changé en acide ni- trique par l'ozone, sans l’aide du phosphore; l'expérience suivante le montre et sert d'appui aux vues que je viens d'exprimer au sujet de. la, formation de l'acide ‘nitrique qui s'opère pendant la lente combustion du phosphore dans l’air. J'ai mis 2 livres d’eau de chaux dans un ballon, dont l'air avait..été fortement ozonisé et lavé à différentes re- prises par de l’eau, dans l'intention d'en expulser toutes les parties acides. J'agitai l'air et l’eau de chaux ensem- ble jusqu’à, ce qu’il n'y eût plus d'ozone, travail qui,:en répétant souvent l'agitation, se termina en une heure. La même eau de chaux fut agitée dans un second ballon rempli d'air ozonisé et lavé. Puis dans un troisième , etc, Jusqu'à ce que du papier de tournesol rougi ne fût plus bleui par le liquide, = D à Je neutralisai de cette manière 2% livres d'eau de chaux; par le filtre je séparai du liquide neutre le car- bonate de chaux qui s'était formé pendant l'opération ; et je concentrai le liquide à environ une livre. F'ajoutai à cette eau-mère du carbonate de potasse en dissolution Jusqu'à cessation de précipité, et après avoir filtré j'éva- porai à quelques onces près. De cette liqueur, j'obtins par cristallisation des aiguilles incolores d’un pouce de longueur, pesant à peu près 5 grammes et qui n'étaient que du nitrate de potasse. Comme les 24 livres d'eau de chaux ont épuisé l'ozone de 50 ballons, chacun de 60 litres environ , il s’en suit que environ 3000 litres d'air ozonisé ont formé nos 5 grammes de salpêtre ou 2,673 grammes d’acide nitrique anhydre. Si la quantité d'acide produite paraît minime à côté de la quantité d'air ozonisé employée, c'est cependant une quantité déjà assez marquante en elle-même, et un petit calcul montre qu'il ne faudrait que peu de millions de pieds cubes de cet air pour produire un quintal de sal- pêtre. Comme l'agitation de l’air ozonisé avec de l’eau de chaux produit de l'acide nitrique et que ce sel ne se forme pas en agitant l'eau de chaux avec l'air ordinaire , il s’en suit que e’est l'ozone qui joue le rôle essentiel dans cette nitrification. Et quel est ce rôle? Il ne peut pas y avoir à cet égard divergence d'opinions. Par la présence et sous l'influence d’une base forte, la chaux, l’azote de Fair s’u- nit à l’oxigène qui se combine si facilement, pour for- mer un acide qui puisse saturer la base, il se forme du nitrate de chaux. J'ajouterai ici cette remarque que du carbonate de chaux bien fin et suspendu dans de l’eau — 239 — produit aussi en le secouant avec de l'air ozonisé, du ni- trate de chaux , quoique plus lentement que de l’eau de chaux. On n’en peut douter, outre la chaux, d’autres bases alcalines solubles dans l’eau engendreront avec l'air 0z0- nisé des nitrates; j'ai cherché à rendre ce fait évident avec la potasse, il y à déjà quelques années. Mais je n'ai pas encore pu faire des essais en grand ; ils se fe- ront. Probablement que la formation de l'acide nitrique par l'azote et l'oxigène humides, au moyen des étincellés électriques (cette expérience de Cavendisch, devenue si célèbre dans l'histoire de la chimie et si souvent citée), a un rapport intime ayec mes propres expériences. Jus— qu'à présent on a admis que l'électricité combinait di- rectement l'azote et l’oxigène. Mais cette opinion est peut- être aussi erronée que celle qui admet que le phosphore agit catalytiquement ou à la manière d’un ferment. Pour nous, le phosphore ‘et l'électricité changent l’o- xigène en ozone d’une manière tout-à-fait inexplicable. Si: l'oxigène ‘est accompagné d'azote, ce dernier, en présence de l’eau ou d’une base alcaline, est oxidé à ‘état d'acide nitrique. Le même phénomène se pré- sente, je crois, dans la formation de l'acide nitrique au pôle positif d'une pile, observée pour. la première fois par Davy, lorsque le courant traverse une eau tenant de l’azote en ‘dissolution. L’ozone qui se forme au pôle, oxide l'azote dissout dans l’eau et le change en acide ni- trique. Si donc de ces différentes données, il résulte que l'ozone en présence de l’azote et de la chaux forme un nitrate: si c’est un fait admis, que l'ozone se produit par l'électricité dans l’oxigène ou dans l'air: s'il est hors de — 240 — doute, que dans l’océan des airs qui nous environne il y a constamment des décharges électriques sensibles ou in- sensibles et qu'elles forment outre un peu d'acide nitri- que , aussi de l'ozone; il me semble, qu’on n’est pas éloi- gné de devoir conclure , que cet ozone atmosphérique, en présence de chaux et d’autres bases alcalines, engendrera des nitrates, et qu'ainsi l'acide nitrique des nitrates trou- vés dans la nature, est formé au moins en partie par les 2 parties constituantes principales de l'air ; au moins les expériences cilées prouvent que la nitrification est possi- ble de cette manière et qu’elle peut s’opérer, sans exiger la présence de l’'ammoniaque. Si nous parvenons une fois à ce point.de pouvoir trans- former rapidement et à bon marché l’oxigène en ozone, nous serons en possession: d’un véritable «air des sages. » avec. lequel on pourra produire des actions chimiques extraordinaires, surtout des nitrates en grande quantité. Il faut avouer que c’est toujours le. côté faible de la chimie moderne, qu’elle n’a pas encore su créer un em- ploi pratique des immenses masses d’oxigène et d'azote que renferme l'atmosphère, et qu’elle est foreée de faire de si pénibles et de si coûteux contours, pour arriver à combiner entre eux et avec d’autres corps, les éléments de l'air. À une autre époque, on s’étonnera de la. com- plication, par exemple de nos procédés d’oxidation ; tout aussi bien que nous nous, étonnops des complications d'une multitude de travaux chimiques de nos ancêtres. Ecarter les obstacles qui arrêtent la puissance et, la marche de la chimie, c'est certes l’un des beaux buts que le chimiste puisse se proposer aujourd'hui. Malgré la pe- tite mesure de force qui m'est accordée, je suis cependant — 241 — entre dans cette voie, et tant que le ciel me donnera la _ vieet la santé, je m'efforcerai de vaincre, selon mes _ moyens , cette difficulté. Le peu que j'ai pu fournir dans un champ de recherches aussi difficiles, loin de m'effrayer, m'engage à persévérer; les faits que j'ai trouvés, quoi- que incomplets et manquants encore, d’un lien solide , sont des'indications vers la voie que nous devons suivre pour marcher vers le but “if et ns nous à pe en- core si éloigné. Bâle, octobre 1849. — 242 — N° 2. LA LIMITE SUPÉRIEURE des polis glaciaires dans les Alpes. RÉPONSE À M. A. SCHLAGINTWEIT par 8. Desor. Il y à tantôt quatorze ans que je signalai pour la pre- mière fois à l'attention des géologues (') l'existence d’une limite supérieure des rochers polis et arrondis au-dessus du glacier de l’Aar et le long de la vallée de Hassly, entre le Grimsel et la Handeck. Je montrai qu’au-dessus de cette limite les sommets rocheux sont invariablement anguleux, à arêtes vives et profondément délités. Ce n'est pourtant pas à dire que ce contraste entre les sommets anguleux et leur base arrondie, eût complètement échappé à l'attention de mes prédécesseurs dans l'étude des Al- pes. L'infatigable Hugi, entre autres, à la mémoire du- quel je me plais à rendre hommage , l'avait signalé d’une manière toute spéciale. Il en publia même un croquis dans son ouvrage sur les Alpes (?). Mais il s'était com- (*) Lettre à M. Elie de Beaumont, Comptes-rendus de l’Académie des sciences, 1841. M. Elie de Beaumont confirma de tçus points ces remar- ques, en les appuyant d'observations quil avait faites ui-même. () Hugi Naturhistorische Alpenreise , Tab, X. ne. mil — 243 — plètement mépris sur la nature du phénomène, admet- tant sans autre examen que le contraste provenait de la différence des roches qu’il supposait très-compactes dans le bas (du vrai granit), tandis que dans le haut elles au- raient été plus schisteuses (de là le nom de demi-granit qu'il leur donna ). Quelques excursions le long de cette limite, en parti- culier au Juchliberg en face du Grimsel, devaient me révéler la véritable cause de cette différence d'aspect , qui ne dépend en aucune façon de la nature minéralo- gique des roches. Je trouvai au contraire que les arêtes saillantes et délitées du sommet étaient formées exacte- ment du même granit que les surfaces unies et polies du bas. Dès-lors ce singulier contraste ne pouvait être que l'effet d'une action extérieure qui s'était exercée sur le bas sans s'étendre aux parties supérieures. Restait par conséquent à rechercher l'agent qui avait ainsi façonné les parties inférieures des rochers et tracé à leur surface ces stries et ces sillons paralléles, si semblables à ceux qu'on découvre au contact des glaciers. Et si, comme on n'en pouvait douter, les glaciers usent, polissent et rayent les rochers qu'ils cotoyent et contre lesquels ils s’ap- puyent, il devenait évident que les polis et les cannelures qui s’observent à des niveaux plus élevés, devaient avoir la même origine. L'on fat ainsi amené à conclure que puisqu'il existe des polis au-dessus des glaciers actuels, c'est que les glaciers atteignaient jadis des niveaux plus élevés. La hauteur de cette limite fournissait à son tour la mesure approximative de la puissance des anciens glaciers sur un point donné. Ce résultat a depuis été adopté et confirmé par bon — 244 — nombre d'observateurs, non-seulement dans les Alpes, mais aussi ailleurs. Ce n’est donc pas sans surprise que nous avons yu des observateurs d’ailleurs expérimentés, élever des doutes sur des, faits que nous croyions défini- tivement acquis à la science. M. A: Schlagintweit, dans le grand et bel ouvrage qu'il vient de publier en dernier lieu de concert avec son frère, a consacré un chapitre au phénomène des polis qu'ilattribue non plus à l’action des glaciers, mais à une structure particulière dés ro- ches cristallines, qu'il désigne avec M. de Bach sous le nom de structure en écuille (Schalenstruktur) (!}. On conçoit que je ne puisse ni ne doive laisser passer sans réfutation des allégués de cette nature, qui, s'ils étaient fondés, réduiraient à néant une partie notable de mes études sur la question glaciaire. Mais avant d'entrer dans cetle controverse, qu'il me soit permis d'ajouter que je désire la voir se développer dans le même esprit de courtoisie dans lequel elle a été entamée par mon: ad- versaire. | Les polis des Alpes ne sont pas occasionnés par les gla- ciers, mais sont le résultat de la structure en écaille des roches cristallines, en particulier du granit. Telle est la thèse que soutient M. Schlagintweit. Or qu'entend-on par structure en écaille ? Ceux qui ont voyagé dans les parties granitiques des Alpes ont pu remarquer sur les flancs des vallées des en- droits où le granit à l'air de se détacher en énormes écailles. De nombreux exemples de cette structure (*) Ad. u. H. Schlagintweit Neuere Untersuchungen über die physika- lische Geographie und die Geologie des Alpes. 1834. : — 245 — avaient été signalés par M: de Buch dans les Alpes ber- noïises et en Scandinavie, et MM. Schlagintweit en ont décrit et figuré d'autres très-remarquables sur différents points des Alpes, entre autres au Mont-Rose. ‘Cette structure n’était cependant'pas inconnue aux ob- servateurs du glacier de l'Aar, comme on pourrait le sup- poser en lisant l'ouvrage de MM. Schlagintweit. J'ai moi- même décrit (!) les écailles granitiques de l'Escherhorn au glacier de l’Aar, en insistant d’une manière toute spé- ciale sur la différence d'aspect de ces écailles d'avec les roches moutonnées. Je ne saurais donc accepter le re- proche implicite d'avoir confondu les deux phénomènes. Ce n'est pas que je veuille nier qu'il existe une cer- taine ressemblance extérieure de contour et d’aspéct en- tre les écailles de l'Escherhorn et les roches polies et moutonnées de la rive gauche du glacier de l’Aar. Je ne serais.pas même surpris qu'on retrouvât dans les ravins de cette grande paroi polie de la rive gauche, des traces d'écailles concentriques de même nature qué celles de l'Escherhorn en face. Mais ce que je ne puis accorder, c'est qu'on s’autorise de cette circonstance pour contester l’action du glacier sur ces mêmes roches, comme si la présence de cette structure en écailles rendait le granit incapable d'être façonné et usé par le glacier. Ou bien prétend-on nous faire dire que parce que les glaciers usent et polissent les rochers contre lesquels ils s'appuient , ils doivent nécessairement tout niveler? A ce taux il ne devrait exister ni dépression ni saillie le long d'une paroi qui aurait été cotoyée par un glacier; (!) Nouvelles excursions, 1845. — 246 — el pourtant ceux qui sont familiers avec les phénomènes glaciaires savent que les glaciers ne se comportent pas de la sorte. Il est certain , au contraire, qu'ils respectent dans une certaine mesure les formes et les accidents pri- milifs des rochers. Nous n’en voulons d'autre preuve que le rocher du Jardin, dans la mer de Glace de Cha- mount. Voilà bien des siècles que ce petit îlot résiste avec succès à une énorme pression sans que ses contours se soient modifiés d'une manière sensible de mémoire d'hom- mes, et pourtant on y découvre des traces évidentes d’u- sure glaciaire. Il en est de même des rochers de la rive gauche du glacier de l’Aar. Le glacier les a usés et po- lis jusqu'à une hauteur de 2,000 pieds, sans effacer pour cela entièrement leurs contours primitifs. Je ne sache pas non plus que ni nous ni aucun de nos compagnons d'étude au glacier de lAar, ayons jamais invoqué la forme simplement bombée ou moutonnée des rochers, comme un critère absolu de l’action d'anciens glaciers. Si on en a cité dans quelques localités, par ex. à la cascade de Pissevache , c'est parce qu’on était auto- risé à conclure que les polis avaient existé antérieure- ment, mais avaient, disparu sous l'influence des agents atmosphériques. Mais tel n'est pas le cas des rochers de la rive gauche du glacier de l'Aar. Ils sont au contraire remarquables par la belle conservation de leurs polis qui brillent aa soleil comme des miroirs. Les sillons et les stries carac- téristiques de l’action glaciaire s'y voient dans une rare perfection , et leur direction est dans le sens de la marche du glacier, c'est-à-dire horizontale ou même légèrement ascendante, comme celle de sillons fraîchement tracés DSTI ARRET PTS pe ET Te ET . nié RM DE Ta D SR D — 247 — par un glacier. Et puisque M. Schlagintweit cenvient que cette direction longitudinale constitue l’un des carac- tères distinctifs des sillons glaciaires, comparés à ceux des surfaces en écaille ou de frottement, qui sont toujours inclinés dans le sens de la plus grande pente, comment se fait-il qu'il ait pu , en présence de faits pareils, ranger les surfaces polies de la rive gauche du glacier de l'Aar dans la catégorie des surfaces de frottement ? Encore si notre adversaire avait fondé son opposition sur quelques faits ou à défaut de faits, sur quelque rai- sonnement. Mais il se borne à exprimer le regret de ne pouvoir adhérer à ma théorie, parce que, dit-il, «il lui paraît impossible de voir dans les formes arrondies ou sphériques des rives du glacier de l’Aar, même dans les parlies basses du rivage, autre chose que l’effet de la structure en écaille. » Il ajoute plus loin (p. 172) qu'il existe dans d'autres parties des Alpes, des écailles de gneiss qui s'élèvent bien plus haut que les polis du gla- cier de l’Aar, jusqu'à 9,000 et 10,000, par exemple, au Stollenberg. Mais ceci non plus ne saurait être une objection , at- tendu que nous n'avons jamais prétendu que la structure en écailles fût limitée à certains niveaux. Ce que nous avons affirmé et ce que nous affirmons encore, c’est que les rochers arrondis et usés de la rive gauche du gla- cier de l'Aar, sont l'œuvre du glacier à une époque où celui-ci atteignait un niveau bien plus considérable que de nos jours. C’est ce que prouvent suffisamment les po- lis et surtout les stries et les sillons qui, par leur forme, aussi bien que par leur direction, sont bien réellement et incontestablement d’origine glaciaire. Aussi bien si ces BULL, DE LA SOC. DES SC. NAT, T. III. 17 ee = ‘accidents étaient le résultat de la structure intérieure, on ne concevrait pas pourquoi ils seraient limités à la région inférieure, {andis que les sommets auraient été épargnés. M. Schlagintweit a fort bien senti tout ce que cette circonstance avait de gênant pour sa théorie. Je n’en veux de meilleure preuve que les arguments mêmes sur les- quels il se fonde. Les formes dentelées et déchirées des sommets proviendraient de ce qu'étant plus ésearpés, 1ls offriraient par lä-même plus de prise à la désagrégation. En théorie, cette proposition peut paraître fondée, mais malheureusement pour M. Schlagintweit, elle n’est nul- lement confirmée par les localités sur lesquelles porte la discussion. Je puis ici en appeler aux souvenirs de nom- breux géologues et même des touristes qui ont visité le glacier de l’Aar. Certes, s’il y a quelque part dans les Al- pes des parois escarpées, ce sont bien celles de la rive gauche du glacier, et pourtant c'est là que les polis sont le plus parfaits et les rochers le plus intacts, contraire- ment à ce qu'ils devraient être d’après la théorie de M. Schlagintweit. M. Schlagintweit invoque en outre la position plus abritée des pentes inférieures pour expliquer leur forme moins déchirée. Les amas partiels de terre et la végéta- lion qui les recouvrent, les protégeraient, suivant lui, contre un délitement excessif. Mais ici encore, la théorie appliquée au glacier de l’Aar se trouve singulièrement en défaut, puisque les parois de ce glacier se distinguent précisément par leur nudité. C'est même cette absence de toute végétation, qui permet d'y suivre de lœil les « polis et les cannelures sur une étendue plus considérable M que partout ailleurs. SE de Comme dernière objection, M. Schlagintweit nous demande d'où il faudrait faire venir les matériaux de _ces immenses traînées de débris que les glaciers entrai- nent avec eux sous forme de moraines, si elles n'étaient alimentées que par les sommets, sans que les parties in- férieures fournissent leur contingent. Une pareille objec- üon a lieu de surprendre de la part d’un observateur aussi familier avec les régions supérieures des glaciers, que doit l'être M. Schlagintweit. Comment notre confrère a-t-1l pu oublier qu'au glacier de l'Aar, comme partout ailleurs, ce sont les pics et les arétes qui s'élèvent au- dessus des polis qui fournissent à peu près exclusivement les matériaux des moraines? Qu'il consulte donc ses propres planches et sa belle carte du Mont-Rose, et il s’assurera que les principales moraines du glacier de Gorner procèdent de localités qui, pour la plupart, dé- passent les niveaux des roches polies. D'ailleurs il n’est pas nécessaire d’avoir séjourné longlemps dans les hau- tes régions, pour en emporter la conviction qu'il ya là assez de débris pour alimenter les moraines de tous les glaciers, sans qu’il soit nécessaire de démolir les parois situées au-dessous de la limite des polis. . Enfin il est une dernière objection qui a été faite à la théorie glaciaire, non plus par M. Schlagintweit, mais par des géologues suisses ; c’est que dans le domaine des Alpes, la limite supérieure des polis n’a guère été obser- vée que dans le domaine des massifs cristallins et parti culièrement du granit, témoins la vallée de Hassli, la vallée de Chamouni, celle de Formazza , le col du Grim- sel qui sont graniliques et par là-même censées donner aussi lieu au phénomène de la structure en écailles. — 250 — Montrez-nous votre limite supérieure dans une vallée caleaire, nous a-t-on dit, et il n'y aura plus matière à contestalion. Il est vrai, en effet, que jusqu'ici les polis glaciaires étaient chose assez rare dans les Alpes caleaires. C’est tout au plus s'il en existe quelques traces à la Scheïdeck, aux glaciers de Grindelwald et à celui de Rosenlaui, tan- dis que les grands massifs calcaires de Glaris, du Gler- nisch et du Sentis, n’en ont fourni jusqu'ici que je sache, aucun indice, non plus que la partie calcaire de la vallée du Rhône. Dans cette vallée, on ne connaissait que les roches moutonnées de Pissevache et les belles surfaces polies des environs de Morcles et des bains de Lavey, les unes et les autres sur du gneiss (*). Ce fut l'été dernier qu'en faisant l'ascension de la Dent de Morcles en compagnie de mon collègue M. Ch. Ber- thoud, j'eus la bonne fortune de rencontrer ce que je cherchais depuis si longtemps. Voici ce que nous obser- vâmes chemin faisant. Les roches polies qui sont si fré- quentes et si nettes avec des stries et des sillons bien ca- ractérisés près des Bains de Lavey, le long du chemin de la cascade, se retrouvent plus ou moins distinctes tout le long de l'escarpement, jusqu'au sommet du petit pla- teau sur lequel est bâti le village de Morcles. La nature de la roche qui est un schiste très-dur et trés-résistant {schiste gneissique), a évidemment contribué à leur con- servation. Les massifs de calcaire qui sont à côté (en () La limite supérieure de ces polis n’est pas encore connue à l’heure qu’il est. Les plus hauts dont l’on ait connaissance dans le massif du Mont-Blanc, en dehors des glaciers actuels, sont ceux de la Tête-Noire près du hameau de Finhaut. — 251 — suivant le sentier on rencontre plusieurs fois le contact des deux roches) ne montrent par contre aucune trace de roche polie. Ce n'était pas bien encourageant pour nous, sachant que les massifs supérieurs étaient compo- sés exclusivement de calcaires. Aussi n’observâämes-nous aucune trace ni de polis ni de stries dans toute la dépres- sion du village de Morcles, mais en nous élevant sur les pentes sud de cette même dépression, le long du petit sentier qui conduit au chalet de l'Haut, j'eus la satisfac- lion de découvrir sur un calcaire blanc trés-compacte (!), des polis bien distincts avec des stries et des sillons par- faitement caractérisés. Je mesurai la direction des sillons à la boussole et la trouvai à peu près exactement sud nord , par conséquent véritablement parallèle à la direc- lion de la vallée du Rhône en ce point. Le point où se trouvent ces roches polies est aux deux tiers du chemin entre Morcles et le chalet de l'Haut. N'étant pas porteur d’un baromètre, je ne pus en me- surer exactement la hauteur, mais comme de ce point on domine la Tête de l'Oulivaz, dont la hauteur est de 1496", j'en conclus qu'il doit être à 1,600" au moins (2). Voici donc des stries et des sillons distincts, à une al- üitude supérieure non-seulement à l'extrémité de la plu- part des glaciers de Chamouni, mais aussi aux localités les plus élevées où l'on eût mentionné des roches polies dans ce district (le col de la Tête Noire est à 1220% ). (‘): Du Jura moyen, d’après Studer et Escher. () Le village de Morcles est à 1,165", la Téte de l'Oulivaz, immé- ‘diatement au-dessus des Bains de Lavey à 1496", et le chalet de l’Haut à 1,750, d’après la carte fédérale. _— É — Le fait que la roche est du calcaire exclut par conséquent d'emblée la théorie de M. Schlagintweit, par la raison que la structure en écaille est un phénomène exclusive- ment propre aux roches cristallines, quë nul n’a encore songé à chercher dans du calcaire D'autres pourraient me demander si les stries dont il s’agit ne sont pas des stries de glissement, comme on en observe si fréquemment à la surface des roches calcaires. Tout en convenant que trop souvent des observateurs peu exercés ont confondu ce genre de stries avec des striés glaciaires, je crois pouvoir répondre sans hésitation, que celles du sentier de Morcles ne peuvent pas être de cétte catégorie. C'est ce qu'attestent suffisamment non-seule- ment leur forme, mais aussi et surtout leur direction qui est perpendiculaire à la pente de la montagne. Cette der- nière étant vers la vallée, c’est dans ce sens que devraient être dirigées les stries, si elles étaient le résultat d’un glissement, tandis qu’elles vont du sud au nord. Or si les polis et les stries du sentier de Morcles re peuvent pas être le fait de la structure en écaillés, puis- que la reche est du calcaire; si elles ne sont pas non plus le résultat d’un glissement des couches les unes sur les autres, il ne reste qu’une explication possible; c’est qu’elles sont l’œuvre du glacier. Or quelle était le glacier qui a laissé en pareil lieu des traces de son passage ? Etait-ce un glacier descendant des arêtes de la Rosseline et de la Dent-de-Morcles, à la manière des petits glaciers qui descendent encore aujour- d'hui de la Dent-du-Midi? Mais dans ce cas il aurait dû rayer le sol dans le sens de sa marche, c’est-à-dire, de l'est à l’ouest. Nous venons au contraire de voir que la direction des stries du sentier de Moreles est du sud au nord, dans le sens de la grande vallée. C'était done un glacier occupant le grand couloir entre la Dent-de-Mor- cles et la Dent-du-Midi et cheminant dans le sens de la vallée. Pour tracer les sillons et les stries dont il est ici question , il fallait que le glacier eut au moins 1200" de puissance. Sa largeur ne devait pas être de moins d’une lieue et demie en ce point, le plus étroit de la vallée. Ces considérations seront aussi, je l'espère, une ré- ponse à certaines objections qui avaient été tirées de la nature de ces localités. Plusieurs personnes en passant par la gorge étroite de Saint-Maurice s'étaient démandé comment il était possible d'admettre que la masse énorme de l’ancien glacier du Rhône, tel qu'il est représenté dans la carte de M. de Charpentier , eût pu passer par un dé- filé aussi étroit. Mais qu’on se reporte jusqu’au niveau des stries du sentier de Morcles et l'impression qu'on en recevra sera bien différente. En effet, du moment qu'il est admis qu'à une certaine époque , il y avait dans la vallée du Rhône un glacier s'élevant jusqu'aux limites que lui assignent les polis dont il est ici question, ce glacier devait avoir une étendue proportionnelle à son épaisseur. Nous savons que tous les glaciers de nos jours ont leur maximum d’épaisseur dans la partie supérieure et moyenne de leurs cours, tan- dis qu'ils sont relativement peu épais à leur extrémité. Or il est impossible qu'un glacier ayant à Lavey 1,200 d'épaisseur se soit arrété brusquement au débouché de la vallée. Il a dû se prolonger au-delà, et dés-lors l’idée qu'il ait pu envahir ie Léman et pousser jusqu’au Jura en face, où uous retrouvons les traces de son passage dans de D — nombreux blocs erratiques provenant des Alpes valaisan- nes, n'a plus rien que de très-naturel et de conforme aux lois qui déterminent encore de nos jours le régime des glaciers. | La découverte de stries glaciaires sur les rochers cal- caires du sentier de Morcles aura ainsi le double avantage de fournir un argument victorieux contre la théorie de M. Schlagintweit, et en second lieu d'éliminer les der- niéres objections que l’on pouvait faire à la théorie de l'ancienne extension des glaciers, telle qu’elle a été pro- posée par M. de Charpentier. Puisse cette notice arriver au célèbre géologue que:la Suisse s’honore d’avoir conquis, comme une expression de notre sincère admiration (‘). E. D. (*) Cest au moment de corriger les épreuves de cette notice que nous avons recu la triste nouvelle de la mort de M. Jean de Charpentier. La science perd en lui un de ses plus déyoués ministres, la société un bon et noble citoyen, Espérons que son exemple lui créera des imitateurs dans la recherche désintéressée de la vérité et particulièrement dans ce champ si neuf et si vaste de l’étude des phénomènes glaciaires qu’il a glorieuse- ment inaugurée. N° 3. MÉMOIRE SUR LA THÉRAPEUTIQUE DE LA VARIOLE par ALFRED-SIDNEY DROZ, D' M. Considérant la recrudescence de la variole dans diffé- rentes parties de notre canton, comme dans nombre de contrées de l'Europe, je crois qu'il est de mon devoir de faire part à mes collègues des observations que j'ai faites depuis un certain temps dans le traitement de cette maladie. : Sans entrer en dissertation sur l’histoire de la variole , la marche de ses épidémies, les ravages et les maux qu’elle inflige à l'humanité , malgré l’inoculation , la vac- cine et l'isolement que l'on emploie depuis plus d’un demi siècle pour se préserver de ce fléau; je dirai d’abord que la variole est une maladie épidémique et contagieuse, d’une nature exceptionnelle, que l'absorption de cette af- fection se fait principalement par l'extrémité des doigts, que les différentes variétés de la variole bénigne ou dis- crète, confluente ou gangréneuse, ne sont que des degrés -plus ou moins avancés de la même affection, que l’on peut toujours arrêter ou maintenir dans son état discret, quand , dés l'invasion de la maladie , on fait le traitement convenable qui est très-simple et qui est à la portée de tout le monde. Dès qu'une épidémie variolique sévit dans une localité, on peut supposer que tous les malades qui se plaignent de fièvre, d'horripilations, de chaleurs, de transpirations, de céphalalgies, de nausées, de douleurs au dos et dans les membres, ou seulement d’une partie de ces symptô- mes, ont une prédisposition à contracter la maladie qui nous occupe : en conséquence, dés ce moment-là je pres- cris # 1° De mettre immédiatement des gants neufs en peau, que l’on n'enlève que pendant les bains; mais que l'on remet immédiatement à la sortie de l’eau, et que le ma- lade doit porter jusqu’à ce qu’ils tombent en lambeaux. 2° Comme il arrive presque toujours qu'un état sa- burral complique la maladie, je fais prendre aussitôt que je suis appelé un vomitif de Ipeca gr. xviij et émétique gr. j., en renouvelant cette dose de 10 en 10 minutes jusqu'à effet. Le médecin n'aura jamais lieu de se repen- ür, si deux heures avant de faire vomir son malade, il lui fait prendre une petite soupe ou un bouillon, une tasse de café au lait ou une légère nourriture quelcon- que : par ce moyen l'effet sera grand, les souffrances nulles ; pourvu toutefois que l’on fasse boire abondam- ment et méthodiquement. 3° Que la fièvre soit forte après le vomitif, où même que le poals ne soit-que dur et peu accéléré, je fais pren- dre un bain chaud à 35° ou 36° cent. que je renouvelle chaque jour pendant cinq à six jours, si la maladie per- siste., Mais il arrive très-souvent que deux ou trois grands bains sont suffisants pour arrêter là fièvre. 4° Si l’éruption se fait : tôt après le bain et après avoir convenablement essuyé le malade, je le fais laver [LA = 067 — partout où il y a des boutons, ou un commencement d’é- bullition, avec une décoction concentrée de consoude qu’on laisse sécher sur la peau , comme un vernis. Il faut avoir soin de renouveler soigneusement les bains et les lavages pendant le temps que dure l’éruption. 9° Pendant la maladie, je fais prendre soit une iufu- sion de bourrache, soit une légère décoction de chiendent et de réglisse; mais tous les jours jé prescris des bouil- lons au veau et au gruau, ou dé légères panades, parce que si l’on ne soutient le malade en occupant un peu son estomac, la fièvre devient plus forte. Pendant que celle-ci persiste, une polion avec le nitrate de potasse sera tou- jours très utile. Lorsque le médecin est appelé un peu tard et que la maladie est confluente, on doit suivre malgré cela le traitement antiphlogislique auquel on ajoute une légère saignée; mais les gants en peau, les grands baïns, les lo- tions, sont de la plus urgente nécessité, et l’on doit les continuer pendant tout le temps que dure le danger. Une remarque importante à faire encore, c'est que pendant toute la durée de la maladie, on doit laisser le malade enfermé dans sa chambre sans l’exposer à un renouvel- lement d'air frais ou froid. On termine le traitement par quelques purgations qui sont loujours nécessaires mal- gré le traitement évacuant que l’on a fait en commen- çant. Cette maladie abandonnée à elle-même est en général terrible, et elle laisse de cruelles traces de son passage , quand encore elle ne décime pas les victimes qu'elle frappe. Mais elle devient, j'ose le dire, par le traitement que je propose, et que J'ai déjà fait avec le plus grand — 258 — succès sur un très-grand nombre de malades, une mala- die bénigne qui se trouve neutralisée dès les premiers jours, car la poussée se développe à peine, et les pustu- les s’affaissent et sèchent dans très-peu de jours aussi, et ne laissent aucune trace. Comme cette note concerne une maladie qui fait ac- tuellement de grands ravages, et que jamais traitement semblable à celui que je propose n’a été suivi jusqu’à ce jour, j'invite tous les médecins mes honorables collègues qui en auront l'occasion, d'essayer avec confiance de ma thérapeutique. J'espère que les succès qu'ils auront, semblables à tous ceux que j'ai obtenus, leur feront abandonner l’ancienne routine des échauffans , ainsi que celle des émissions sanguines réitérées non moins dange- reuses , et leur prouveront que la variole traitée de cette manière n’est plus une maladie grave. Pour mon compte, je bénirai la Providence si mon passage médical ici-bas a pu être de quelque utilité à l'espèce humaine. Chaux-de-Fonds, le 6 janvier 1855. Alfred-S. Droz, doct'. — 259 — N° 4. SUR LA NATURE ET L'EFFET DU VENIN DU SERPENT A SONNETTES Extrait du Bulletin de la Société des sciences naturelles de Boston, mars 1855, par M. CouLow, père. Les accidents fréquents et toujours très-graves, qui arrivent dans notre pays à la suite de la morsure des vi- pères, m'a persuadé qu'il serait utile de faire connaître un moyen qui est employé avec succès dans FAmérique du Nord pour guérir ceux qui ont été mordus par le ser- pent à sonnette. La notice ci-après, extraite des bulletins de la Société des sciences naturelles de Boston (feuille 20, séance du 3 mars 1853), avait été communiquée à la Société par le Dr W.-J. Burnett, l’un de ses membres. Ayant à sa disposition un serpent à sonnettes de plus de quatre pieds de longueur, dont la sonnette avait 14 anneaux (les plus grands n’en ont ordinairement que 10 à 12), il résolut de faire diverses expériences pour cher- cher à reconnaître l'effet de son venin sur le sang et voir si effectivement la circulation cessait par suite de sa coa- gulation. Après avoir assoupi le serpent , en faisant tomber len- tement sur sa tête une vingtaine de gouttes de chloro- — 260 — forme, il fut sorti avec précaution de sa cage en le pre- nant par la peau du cou immédiatement derrière la tête, et après lui avoir ouvert la bouche, on comprima le sac à venin pour en faire jaillir une partie sur une plaque de verre, puis l’on en mit une très-petite quantité en con- Lact avec du sang qu'on venait de se procurer par une incision faite au doigt; et à l’aide d'un microscope de grande puissance on à vu ce sang (encore chaud, et dans lequel les globules continuaient à se mouvoir), changer de nature à l'instant et devenir aussi fluide que de l’eau; le sang d’un poulet qui venait d'être mordu , fut trouvé dans le même état et précisément comme il se trouve chez ceux qui viennent d’être tués par la foudre ; la vitalité du sang était détruite (*). La virulence de ce poison est bien connue, son effet (‘) Le Serpent à sonnettes, dont on s’est servi, étant déjà âgé, ses cro- chets à venin se sont trouvés usés et prêts à tomber pour être renouyelés, ce qui arrive fréquemment ; la pointe de l’un était même cassée. On sait que ces dents sont à charnière et couchées le long de la mâchoire ; le ser- pent ne les relève que pour mordre, car s’il se piquait lui-même, il en mourrait. On fit l’extraction de ces dents et l’on s’apercut qu’à leur base il existait une douzaine de petites dents rudimentaires de diverses lon- gueurs, toutes déjà munies à leur base de petits sacs à venin, et destinées À remplacer à leur tour celles qui sont arrachées par les contractions des animaux mordus. Au bout de six semaines, les dents extraites étaient déjà remplacées par de nouveaux crochets de même longueur que ceux arrachés et munis de nouveaux sacs à venin. Voulant faire avec soin la- natomie de la bouche du serpent, on le tua, et, se servant d’une forte loupe, on put voir sur les dents rudimentaires, déjà munies à leur extré- mité d’une lame d’émail, qu'à mesure de leur grossissement , la partie osseuse prenait de l’expaneion sur les côtés et se repliait sur la partie convexe de la dent; les bords de ces expansions finissaient par se joindre et par former en se soudant un canal s’ouvrant un peu au-dessous de la pointe du crochet, par lequel le venin, comprimé dans le sac an moment de la morsure, était injecté jusqu’au fond de la blessure, SN est en proportion de la quantité que la morsure du ser- pent a mêlée à la masse du sang; si la dent atteint un vaisseau sanguin la mort peut s'en suivre, même chez l'homme. Les exemples suivants prouveront ce qui vient d’être dit. Le serpent qu'on s'était procuré était (rès-méchant et d'une grande activité; on lui fit mordre coup sur coup, et aussi rapidement qu'il fut possible de les lui présenter, huit poulets qui avaient atteint la moitié de leur taille. — Le premier poulet mordu, sous l'aile, mourut instan- tanément; le 2° après quelques minutes ; le 3° seulement après dix minutes; le 4° après plus d’une heure; le 5€ * après deux heures; le 6€ fut malade pendant plusieurs jours mais finit par se rétablir : le 7° en fut à peine af- fecté et le 8° n'eut rien du tout; le venin s'était épuisé. L'action physiologique du poison sur les animaux, paraît ètre celle d’un sédatif puissant, qui agit, par lin- termédiaire du sang , sur les centres nerveux. — Ce qui le prouve, c'est que les stimulants les plus actifs, tel que l'alcool, sont les antidotes les plus certains et ceux qui agissent le plus complètement, ainsi qu'on le voit par les nombreuses guérisons opérées par ce moyen en Amérique ; nous en cilerons deux exemples rapportés par le docteur Dearing, savant très connu en qui l'on peut avoir la plus entière confiance. 19 M. B. fut mordu au-dessus du talon, comme il se trouvait à un quart de lieue de chez lui. — Il ressentit aussitôt des souffrances atroces et l'enflure suivit immé- diatement; il parvint cependant à regagner sa maison, quoiqu'y voyant à peine et souffrant dans tous ses mem- = 96 = bres. On lui fit aussitôt boire une forte dose d'eau-de-vie, une pinte, dans l'espace d’une heure: ce qui lui causa quelques nausées, mais pas le moindre signe d'ivresse. — Dans les deux heures qui suivirent on lui administra une autre pinte d'eau-de-vie, ce qui fit cesser les dou- leurs et diminua l’enflure, mais , toujours , sans lui cau- ser d'ivresse. Pendant les 48 heures qui suivirent on continua l'u- sage des stimulants en plus petite quantité, et tous les symptômes fâcheux se calmèrent graduellement, même à la place mordue. — Le malade garda la chambre en- core trois jours, ne se plaignant que de malaise, puis il put retourner à ses occupations; mais quelques semaines après lous ses cheveux tombèrent. 29 Mad'le F. fut mordue au doigt, et éprouva aussi- tôt les symptômes ordinaires; on lui administra de suite de l’eau-de-vie nièlée d'un peu d'ammoniaque ; on continua à lui en faire boire en assez grande quantité, jusqu’à ce que tous les symptômes fâcheux eussent disparu. Il ne se manifesta aucune apparence d'ivresse, quoiqu'en état de santé elle n’eût pas pu en supporter un seul verre. Le troisième jour, tous les symptômes de son mal avaient peu à peu disparu el son doigt avait complète ment désenflé. Ne peut-on pas raisonnablement espérer qu'un remède aussi simple suffirait pour guérir de la morsure de la vipère, dont le venin, en bien moins grande quantité, est précisément de la mème nature que celui du ser- pent à sonnelles; el pouvant compter sur l'authenticité des deux exemples qui viennent d’être rapportés, ne devrait-on pas se hâter de les faire connaître, sur- — 263 — tout aux habitants de la campagne qui sont plus expo- sés que d'autres à être mordus par les vipères, assez communes chez nous. Plus tard , le 6 avril, le docteur Burnet a communi- qué à la Société de Boston de nouvelles informations sur l’action sédative du venin du serpent à sonnette. Les ex- périences avaient été faites par un jeune médecin qui avait opéré sur lui-même. — Le D' O. voyant que, dans les cas de morsure, l’action du venin était non-seulement suspendue par l'effet des spiritueux, mais qu’en outre leur emploi n'était pas suivi d'ivresse, il eut l'idée de faire une expérience inverse pour s'assurer de l'effet du poi- son sur une personne en état d'ivresse. Voici le résultat qu’il a obtenu. — S'étant procuré avec soin une petite quantité du poison pris sur un grand serpent à sonnette très-vif et en bon état, il incorpora le poison dans plu- sieurs pilules, puis après avoir bu de l'eau-de-vie, assez pour être dans un état d'ivresse, on lui fit prendre une de ces pilules, dont l'effet fut de diminuer rapidement chez lui les pulsations et de faire passer complètement l'ivresse. Pour acquérir encore plus de certitude, il ré- péta l'expérience en poussant l'ivresse à un degré en- core plus fort, et premant alors jusqu'à trois pilules, le battement du pouls en fut tellement réduit et tout le système fut déprimé à un tel point qu'il fallut se hâter d'avoir recours aux plus puissants stimulants. Ces expé- riences plusieurs fois répétées ont prouvé l'action puis- sante du poison comme sédatif; en voici une autre preuve rapportée par une personne bien connue, qui s'est assurée de sa véracité. BUL. DE LA SOC DES SC, NAT. T. IH. 15 — 264 — Un particulier d'Athènes, en Géorgie, s'étant couché sous une haie, dans un état complet d'ivresse, fut mordu par un serpent à sonnettes; aussitôt l'ivresse fut neutra- lisée, elle cessa presque subitement , et la morsure n'eut aucune suite fàcheuse quoique le serpent fut de la plus grande taille et d’une extrême vivacité. SLT" OU N° 5: LES PLISSEMENTS DU VAL-DE-TRAVERS, par E. Desor. Avec une planche (*). S'il est un district qui soit fait pour encourager à l’é- tude de l’orographie, c'est bien le Val-de-Travers. Quand de Neuchâtel on arrive en face de cette magnifique cou— pure que la nature semble avoir pratiquée tout exprès dans le grand rempart du Jura, pour ouvrir une com- municalion plus facile entre les habitants des deux ver- sants, que l’on voit à gauche les couches horizontales de la montagne de Boudry et du Creux-du-Vent, à droite celles un peu inclinées au nord du sommet de la Tourne s'arrêter brusquement et occasionner ainsi les escarpe- ments pittoresques des gorges de l’Areuse, il n'est per— sonne qui ne soit tenté de remonter à l'origine des choses, et de rétablir par la pensée la communication qui devait exister jadis entre ces montagnes, au moyen d'une voûte qui aurait relié la Tourne à la montagne de Boudry et au Creux-du-Vent. (*) La planche ei-jointe représente’ la coupe du Vsl-de-Travers, telle qu’elle se dessine du plateau au-dessus de Corcelles, Ce n’est pas une coupe géologique proprement dite , puisque les massifs de droite ct ceux de gauche ne sont pas sur le même plan; mais elle n’en est que plus ap- propriée au but que nous nous proposons, puisqu’elle représente des con- tours bien connus. J — 266 — Cependant à mesure que l’on approche de l'entrée du Val-de-Travers , la scène change. Au contour de la route, derrière le village de Rochefort, se dressent d'immenses dalles de calcaire placées verticalement les unes à côté des autres comme les feuillets d’un livre entr'ouvert , et que tout le monde a observées parce qu’elles s'imposent d’elles-mêmes à l'attention de tout le monde. Elles sont bien curieuses en effet et bien pittoresques! Mais qu’on n'oublie pas qu’elles sont verticales. Or comment accor- der cela avec la théorie qui veut qu'autrefois les rochers de la Tourne aient été reliés à ceux de la montagne de Boudry au moyen d'une voüte unique qui devait né— cessairement être assez plate? C’est là sans doute une difficulté, maïs la foule des voyageurs n’y regarde pas de si près. Les sommets ne sont plus en vue au moment où l’on passe devant ces dalles verticales, et comme l’on ne tient pas à abandonner sa théorie, on passe outre. Ce mode de procéder n'est cependant pas permis au géologue. Après avoir examiné chaque point en détail, il doit aussi voir l'ensemble. Or à ce point de vue les grandes dalles de Rochefort réclament impérieusement une explication. Représenteraient-elles par hasard le noyau intérieur de la montagne? Seraient-elles les tron- cons de piliers restés debout au centre de cette grande voûte éboulée? Mais leur position non moins que leur na- ture géologique s’y opposent. En effet, dans ce cas, elles appartiendraient à une série géologique inférieure, c’est- à-dire, plus ancienne que les massifs environnants, et devraient par conséquent être d’une composition parti- culière (de l'oolite où au moins de l'oxfordien), tandis qu’elles sont composées de ce même calcaire blanc, à pâte ON RS id UE ‘21100 ‘09 U9IPIOIX()XQ) USIPUEHIOZ q P oubopuoy 5 E L — 267 — fine, qu'on retrouve au sommet de la Tourne et qui forme également le sommet de la montagne de Boudry ('). Au début des études géologiques, on était moins ti- mide qu’à présent. On ne craignait pas de faire intervenir des accidents extraordinaires, lorsque la marche régu- lière des événements ne suffisait pas pour rendre compte des phénomènes. Dans le cas particulier, comme la posi- tion des dalles redressées de Rochefort ne s’harmonisait pas avec la théorie d'une voûte unique, on déclarait cette position anormale et l’on supposait tout simplement que les dalles étaient tombées du haut de la Tourne. La même explication fut appliquée aux roches verticales du Champ- du-Moulin qui se trouvent dans une position similaire. C’est sans doute encore sous l'influence de cette théorie que M. de Montmollin a omis de représenter, sur la carte géologique du canton, ces lambeaux redressés du Champ- du-Moulin (?). Disons encore qu’à cette époque la théorie des cratères de soulèvement prévalait chez nous comme partout ailleurs. Au lieu d'envisager le Jura tout entier comme une série de rides ou de plis, on admettait pour chaque chaîne un axe propre de soulèvement, agissant non pas latéralement, mais verticalement de bas en haut. Or l’une des grandes difficultés de cette théorie, à part l’absence de tout phénomène volcanique dans nos mon- (‘) Du Portlandien ou Jura supérieur. (2) Puisqu’il s’agit de rectification, qu’il me soit permis d’ajouter en- core que c’est par erreur, (de l’aveu de M. de Montmollin) , que dans la carte géologique du canton de Neuchâtel, la vallée de Noiraigue est repré- sentée comme tertiaire. Le sable qui forme son fond n’est pas de la molasse, mais du diluvium et devrait comme tel être en blanc. EE lagnes ('), c'est d'expliquer cette quantité de rides ou de chaînes qui se trouvent resserrées sur certains points, particulièrement près du versant méridional de notre Ju- ra. Une action partant du centre de la terre, au lieu de donner lieu à des soulèvements multiples, n’aurait-elle pas plutôt soulevé le Jura d’une manière uniforme, de façon à ne former qu'une ou plusieurs grandes voûtes à la manière des chaînes volcaniques ? Aujourd'hui qu'à la suite d'études orographiques plus détaillées, entreprises dans les différentes chaînes de mon- tagnes, lant en Europe qu'en Amérique, on s'est fami- liarisé avec les phénomènes de plissement et de flexion et qu'on a reconou qu'ils sont la règle au lieu d’être l'excep- tion, particulièrement dans le Jura méridional, l'idée de recourir à des chutes de montagne pour expliquer la po- sion de certains lambeaux de roches redressées, comme celles de Rochefort et du Champ-du-Moulin , ne saurait plus être admise, par la raison qu'il faudrait enregistrer un nombre trop considérable de chutes pareilles tout le long du Jura soleurois, bernois et vaudois. Or, nous ne croyons pas qu’il soit ni qu'il ait jamais été dans la nature de rochers aussi continus de faire des culbutes pareilles. Si done les dalles redressées de Rochefort ne sont pas tombées des sommets avoisinants, il faut qu’elles soient en place. Il nous reste, par conséquent, à expliquer cette position en apparence si anormale. (*) ilest vrai que dans l’origine on envisageait les cirques de notre Jura comme des cratères manqués, et l’on concoit qu’au point de vue de cette théorie, ont ait préféré voir dans les dalles redressées de Rochefort et du Champ-du-Moulin des lambeaux tombés du sommet, plutôt que les flanes verticaux d’une vallée {rès-resserrée. ” — 269 — J'ai déjà dit que ces dalles sont composées de la méme roche que les couches du sommet de la Tourne. En les supposant en place, il n'y a qu'un moyen d'expliquer leur présence en pareil lieu, c'est d'admettre qu’elles sont en effet la contre-partie des rochers des Tablettes au sommet de la Tourne, et qu'elles formaient avec ces derniers une voûte oblique, dont l’un des côtés était vertical et l’autre légèrement incliné, comme l'indiquent les lignes pointées de notre planche. Ce qui prouve que c'était bien là la forme primitive de la montagne, c'est que les couches inférieures, au contact de l’oxfordien, décrivent cette courbe assymétrique d'une manière continue, ainsi qu'on peut s'en assurer en hiver lorsque les buissons sont dé- garnis de feuillage (‘). Du moment qu'il est admis que les dalles redressées de Rochefort sont en place et représentent le pan méri- dional de la voûte de la Tourne, il est évident que les couches du sommet de la montagne de Boudry et du Creux-du-Vent ne peuvent plus se relier aux rochers de la Tourne. Elles appartiennent par conséquent à une au- tre, à une seconde voûte. Malheureusement le flanc sep- tentrional de cette seconde voûte (voûte de la montagne de Boudry), manque en grande partie, enlevé qu'il a dù être par les dénudations de l’Areuse. Cependant on en retrouve des traces sur plusieurs points des gorges, en- trautres en face de Fretreule et en amont du Saut-de- Brot. Mais c'est surtout dans la montagne appelée le Soliat (la même qui du Champ-du-Moulin se présente sous (*) Voyez la ligne « sur la coupe , au centre du massif de Ja Tourne et à drote des dalles de Rochefort. — 210 — la forme d'une belle pyramide, rappelant les pics des Alpes) que le raccordement s'effectue (voy. la planche). La voûte de la montagne de Boudry est si possible encore plus assymétrique que celle de la Tourne, mais au rebours de cette dernière, c'est le flanc septentrional qui est vertical et comprimé au lieu du flanc méridional. C'est à l’origine de cette voûte qu'est creusé le Creux-du-Vent. Le sommet de la voûte aussi loin que les couches sont horizontales ou peu inclinées, n’a pas été entamé; mais les couches verticales à partir du coude, ont dû offrir plus de prise aux agents destructeurs, par cela même qu’elles étaient plus courbées et par conséquent plus fissurées. Elles ont donc été enlevées, ce qui nous a valu le ma- gnifique cirque du Creux-du-Vent, l’une des plus beaux du Jura. Du moment qu'il existe deux voûtes au lieu d’une seule, comme on le croyait généralement jusqu'ici, il doit exister une vallée entr'elles. Or, on pourrait m'ob- jecter qu'entre le Creux-du-Vent et les dalles de Roche- fort, on ne voit rien qui ressemble à une vallée géolo- gique, qu'il y a les gorges de l'Areuse et rien de plus. Je répondrai à cela que la vallée géologique n'en existe pas moins, et que si nous ne pouvons ni la relever, ni a dessiner, c’est parce que les gorges de l’Areuse l'ont en majeure partie effacée. Mais ce qu'il en reste doit suffire au géologue pour la reconstruire dans ses contours primi- üifs. Le fait que ses deux flancs étaient verticaux , impli- que sa forme : elle devait être très étroite. Il est même possible que sur certains points les rochers des deux flancs aient été assez rapprochés pour absorber complètement la vallée, qui n'aurait plus existé qu’au point de vue géolo- — 271 — gique, mais non pas géographiquement parlant , comme cela arrive assez fréquemment dans les grands plisse- mep{s des Alpes calcaires (‘). Que ce soit la partie cor- respondant à la vallée qui ait été dénudée, il n'y a là encore rien que de très-naturel, puisque là se trouvaient les couches qui, à raison de leur forte courbure, étaient les plus fissurées et partant les plus destructibles (?). CONCLUSION. La présence, dans une chaîne de montagnes , de val- lées à la fois étroites et profondes comme celles du Val- de-Travers, suppose, d’après ce qui précède, une forme et une disposition particulières des voûtes, et par consé- quent un type spécial d'orographie. En effet, les voûtes doivent être à pans inégaux, c’est- (‘) Ce qui n’est pas moins intéressant , c’est que les deux voûtes, celle de Ja montagne de Boudry aussi bien que celle de la Tourne, disparaissent ensemble en face de Rochefort. La première s’enfonce d’une manière très- distincte sous la colline de l’ancien château de Rochefort. Quant à l’autre, il est probable qu’elle finissait d’une manière non moins brusque un peu plus à l'est. Mais des dislocations qui ont coupé la montagne à pic, ne permettent pas d'indiquer sa terminaison d’une manière précise, Ce que nous savons, c’est que la côte des Grattes, dont le prolongement limite le Val-de-Ruz au nord, n’est pas la continuation des Tablettes, mais bien de la seconde ride au nord de l'hôtel de la Tourne, les deux rides étant sé- parées par la dépression que suit la route depuis l’hôtel jusqu’à la descente sur les Ponts, ainsi qu’on peut s’en convainere en suivant les inclinaisons des couches des deux côtés de la route, (?) On sait qu’à mesure qu’on pénètre dans l’intérieur du Jura, du côté de Besançon, les pentes deviennent non-seulement moins roides, mais que les voûtes y sont en général beaucoup plus régulières et plus espacées et les vallées par là même plus spacieuses. 11 n’en est que plus étonnant que les failles et les dislocations y soient si fréquentes, tandis que chez nous, au bord méridional du Jura, ou les reliefs sont beaucoup plus marqués, les dislocations sont un phénomène beaucoup plus rare. C’est un sujet sur lequel je me propose de revenir en une autre occasion, Nous renvoyons ceux de nos lecteurs que ces phénomènes intéressent plus spécialement, au grand relief du canton de Neuchâtel, qui vient d’être colorié géologiquement par les soins de M. Coulon. La double voûte du Val-de-Travers s’y voit d’une manière très-frappante. BUL. DE LA SOC, DES SC. NAT. T. III. 19 — 2172 — à-dire, à pente douce d'un côté et escarpée de l’autre, coînme c'est le cas de la montagne de Boudry et la Tourne. Or il se trouve maintenant que cette forme que l’on croyait exceptionnelle au début de la théorie des seu- lèvements, est au contraire très fréquente, non-seulement dans le Jura, mais dans d’autres chaînes de montagnes. Ainsi, dans les Alleghanis, la plupart des voütes sont à pente douce du côté de l'Atlantique, tandis que la pente opposée qui regarde l’intérieur du continent est escarpée. Il y a longtemps que MM. Rogers frères, comprenant tout ce que cette disposition avait d'incompatible avec la théo- rie des soulèvements directs et verticaux de M. de Buch (théorie des axes de soulèvements de M. de Beaumont, Thurmann ('), Gressly, etc.), en ont fait la base de leur théorie des soulèvements par secousses ondulatoires. En second lieu, il est nécessaire que les pans escarpés de deux voûles contiguës se regardent, c’est-à-dire, soient à contre-sens. Or cette disposition (qui n'est pas seule- ment propre à la montagne de Boudry et à la Tourne, mais que l’on retrouve en outre sur plusieurs autres points du Jura, entre autres au val d'Orvins et dans plu- sieurs vallées du Jura soleurois), nous paraît mériter une attention d'autant plus sérieuse qu’elle semble limitée:au bord méridional du Jura (?), comme si elle était la con- séquence d’une résistance que l’action soulevante aurait ‘rencontrée en ce point. iières années, M. Thurmann avait finipar r Ë 1) Dans ces dernières années, M. Thur t fini par renoncer à cette théorie pour adopter celle du ridement par refoulement ou pression latérale. (?) La chaine des Alleghanis, d’ailleurs si semblable à celle du Jura, ne wa rien offert de pareil. Je ne me souviens pas non plus d’y ayoir jamais rencontré des vallées aussi étroites, — SL —— nées. An DES NAISSAs LE CANTON DE NEUCHATEL Décès rês. d'après les saisons. LÉGIT k PRINT. | ETÉ. | AUTO.|H1ivER Sexe Da) Dee HSE DUT Mars,| Juin, Déc. Mas. |Fén.| Tor. He de l'Féor. 1835] 851| 89/1350! 352 | 348! 303| 377 1836! 592| 8111439] 401 | 392! 296!) 350 18371 905] 8)2/14351 538 | 295! 262! 340 18381 916! 833l14451 422! 548! 322! 353 418391 989! 94115361 395 | 390! 367| 384 1840! 959! 83114821 473 | 336! 308| 365 18411 991! 93411372] 343 | 323| 375| 331 1842) 956110,2|1392) 365| 337! 363| 327 18431 976! 9013981 410 | 357| 302| 329 1844 917] 91214761 449 | 330| 326| 401 1845/1012/10;3/45611 492 | 386! 319) 364 1846/1035! 93911623| 407 | 479! 376| 361 18471 965| 99/1567] 463 | 398! 324| 385 1848/1005! 97l4ax1l a18| 321! 306| 396 1850M105/10;211728] 501| 433, 366) 428 1851/1062|10)6/16871 516 | 4071 342| 422 1852M1170|10)5,1694] 520! 380! 362| 432 185311101/1114/148961 552| 436| 433| 475 18541232,11;61983| 548 | 472 FP 487 OBSERVATIONS naissances, ni dans ceux des décès. | TABLEAU pes NAISSANCES, pes MARIAGES, pes DIVORCES, £r pes DÉCES pans LE CANTON DE NEUCHATEL de 1835 à 1854 inclusivement. — Naissances: ee non compris les nés-morts. & ! Nés=morts Morts. da PREQeS ë : = = PAR 1S ES près les saisons. Ÿ LÉGITIMES. JILLÉGITIMES] X > ee nn E or ls u O2 4 ee ) ei Pp ÉTÉ ; a Nr = RINT.| Eré. | Auro.|H È Sexe exe 22 DE [a fe ES S|= Sexe Re ne | Se sl 2 |r2l4elSisle)s Le 5 ÉÉPMÉIEGE AEE nn , = = =) = Q = AT ille { Mas. | Fém. Tori= ea Tor. Es 2 22 Re à À a = Mai doi. 18351 851 sa0/1700 26/21| A7) 877| 870117470458) 5 105] 681! 6691350! 352 | 348! 303! 377 18361 892! 863175512219] 411 914! 882/1796/418| 4 1261 718! 7221114391 401 | 392! 296! 350 18371 905! 836174111825] 43! 923| 861117841369! 5 1144 733) 7021435] 538| 295| 262! 340 18381 916! 826,4742:24/15| 391 940! 8411781406! 3 931 762!) 68314451 422! 348| 322! 353 18391 989! 914190312220] 42011! 954119454134) 4 961 762| 77411536) 395 | 390| 367| 384 18401 959! 869182812017! 371 979| 886186514311 5103! 3| 106! 749! 7331482) 473 | 336! 308! 365 asa1il 994! 912611907121 16| 37/1012! 932114944433) 31101! 4! 105! 688| 6384113721 343 | 323| 375! 331 18421 95611023l1979117/21| 381 973/104412017/4371 21 93l 4! 97! 680! 71211392! 365 | 337! 363| 327 18431 976! 91611892119/20! 391 995! 936119311442) 31425! 4! 129! 678! 720l1398Ù 410 | 357| 302| 329 asaai 917! 978189513115! 461 948! 993419411457] 4101! 10! 114) 734| 74211476) 449 | 330| 326| 401 1845h1012/1035/2047116/20| 3611028/1055/20831442| 01109! 7| 116! 773] 78311561 492| 386! 319] 364 18461035! 944/1979i25/24| 91060! 968/2028l441) 71100! 5| 1051 834] 78911623] 407 | 479) 376| 361 18474 965! 975194011821! 391 983! 996/1979/3811 7) 94! O0| 91! 778] 78911567] 463 | 398| 321| 385 1848/1005 945/1950/28/18| 4611033! 963119961269) 51121! 3| 124! 724] 71714414 418 | 321) 306| 396 1850H105/10542159l49 30! 79M1541108412238 199! 13h07! 6| 113] 876| 85211728] 501] 433 366| 428 18511106211030 20923835 731110011065/246515154 61110! 7] 117; 891] 79611687) 516 | 407| 342) 422 185211701078 2248151153] 10411221 /14341235215511 151116! 11] 127} 889) 80511694! 520 | 380| 362) 452 1853l1104/1100 22014342| s5lanaali142 22860532] 4111124) 12] 136! 982) 9141896! 552| 436! 433) 475 185412321190 2422 up 7926311238/25041558 6|133) 16 ui 9661149831 548 | 472| 476! 487 les chiffres des naissances, ni dans ceux des décès. en 1849. OBSERVATIONS. — Les nés-morts forment une classe distincte; ils ne sont compris ni dans . + . ra ses — Les tableaux de paroisses n ont pas été dresse ON DE N bement. s de l'E ————— lRANGERS Années. 1835 236 3497 183607 1450/3357 18370 11556|3799 asser l16141384s 1839D 1709/4158 18400) 1773/4213 asail 1783/4314 18420 1904/4313 184301 11912/4503 1844511975 4670 asaslil1932/4623 nl 2064/4806 184705 2132/4868 na 2011/4434 1849 1980 1850b12417/5309 1851D/2488/5588 -1852512729/6205 185315/29986704 185430281651 —_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_ûaê NE TABLEAU . DE LA POPULATION ET DES MAISONS DANS LE CANTON DE NEUCHATEL pour les vingt années 1835 à 1854 inclusivement. ————— : Citoyens neuchâteloës. Won ressortissants de l'État. et FA Mob es ER 2 5 Sommaire # £ = Ayant commune dans Simple citoy: a 'ayani Total des citoyens neuchàt. dl SUISSES ÉTRANGERS me RER à mit général. È S S l'État. Genisfe dans l'État. asec où Sans commune. L'État. d'autres cantons. non Suisses. LÉ fals î ITS | $ | = ù à Masc.| Fém. |TorazfMas. [Fém.| Tor.f Masc.| Fém. |ToTAL Mas. |Fém.| Tor.f Masc.| Fém. |ToTaALlMas. |Fém.|Tot.lMasc. | Fém. |Toraz pars veun céliba.Masc. | Fém. |Toraz 18351 7844 | 1586820724/39592 6851| 7030115881 2007/1290 34974 8858| 8520117378 | 27726129244|56970 + 7935 119491/21166,40657 7192! 74241146131190711450|/3357 9099| 8871117970 28590/30037|58627 1837 7995 1981520818 /40633 7428! 7b8811501682233/1556137991 9576| 9055118631 29476129972/59448 1838 8059 19891121300/44191 7505| 7724115229 2237/1641 38481 9744| 9335119079 29635130635|60270 1839 5156 20264121506|41770 794S| S00811595682449,1709/4158110397| 9717120114 30661131223|61884 1S408 8204 19568121007/405758 600! 62011220820168/216271417958 197| 226| 4231 8085| 822411630982440,1773/4213M0722/10223/20945 3089013185062740 A8AIE 8207 19650/21076/407264 579! 5581113720229 216341418638 188! 216| 404 8270| 8327116597/253111783/4314 10989 10326 21315 31218 549601651278 18424 8307 19780/21253/410334 593! 597/1190/20373/21850/422230 175] 201! 3768 8656! S669117325/2409/1904/4313h11240 10774/22014 31613132624,64237 1843, 5403 19987/21183/414701 617! 657127420604 21840 /424448 170! 180| 3508 8782] 8890/17672/259111912/4505M1543 1098222525 32147132822/64969 1S11L 5389 20194 214511416453 682) 69111373120876 222142430183 170| 183| 3534 9120! 9128,1824832695/1975/467011198511286/23271 32861/33128,66289 18454 8510 20099/21476 415751 750| 7481 1498120849/22224/430731 149! 169! 3480 9467! 93031187708269111932/4623M12307 1140423711 | 331561330628 66784 a 8603 2049521627 /421221 736 747 1483 212341122374 43605Ù 156| 172] 3288 9662 9846119508 27421206414806/12560|12082 24642 3379134456 68247 8598 2039221648 420401 S60! 902 176221252,22550 43802 145! 166! 3118 9557] 9962119519/2736/2152 4868112438112260/24695 33690 34810 68500 8620 20400 21493 41893 S81| $491730021281122342/43623À 148| 169! 3178 9510! 9655,19165/2425 2011/4434h12081111835,23916 3335834181 67539 386 | 44335 307 21151 1980 2641822430 4604 43719B4944/35809 70753 20615 21908 425231 900| 960/1860821515 228681443831 1351 150| 285 14441110922/2206312885/2417/5302M4161113489/27650/22786,4791,44456835676,36357 720353 6686 20474/21954/424281 941! 953/1894/21415/22907/44322È 174| 187| 361154911296 228451310012488/5588114823113971/28794823021,4726/45369836242/36874 73116 2066746781 20440. 220135424534 97111032/2003/21411123045/444568 144| 142! 286h12552/12067 24619834761272916205h16172114938/31110823573/4801147192857583|37983 75566 | 311092086925/20421/22072/4249311028/1074/210221449 23146/445958 107| 129! 236112969112599 25568137061299816704h16782115726/32508123995/4956/48152h38231|38872 77105 11172£7069 20361/221 76,42537103411054|2088/21395/23230 446254 99! 1 18, 217112829/12783/2561 213486 302816514h16414115929/32343/24124/4970/47874837809 39159 76968 | 5 BESRFAROUAZ AUOT ) Anidoviewr genes o Le — me me nee _—. _ Pr ee me = — es nent al ——. UE SELS ter CR FN 12 | Cu S à \ : . eu CR jee RS 4, 2 \ Je De -— c* … A 4 y 2 … ul ar 13 De fit Le Betre dt sets |A Fes 2 ss AR EETS 12 # re es rt 1-08 = s 7] . ul A = 4 a = UN mc DRORS L-7 NE rs ti 25 & 2 5 CRE À © Mo +. SA . le CRUE CEA CE ein D her LE CRU homes SA #25 nd | + EE PAS ee. © ne a + TEE < ue LE 12 + 1 > : E Les =, 1 C2 re = | C 4 1 } 1h ‘oeite via mers ienèiisé AXERATUENE sert de: FARBEEREE SISBY Le 4 shoes rose Fesnatorsete ae ECS: le OUT SOUS 41 DOE À! as br ob beses den RTS mm D ee te de (ES L'ART ONCE ns pole se he b y TABLEAU de 1835 à 1854 anclusivement. an BESTIAUX À CORNES. E y 222 225 En AL MST E 2 | Sale = = E > = « > fn E = © à « = dE) À rl < © < =) =] © = = &i = = sel > En =) < compris M les BÉLIERS, BRE- BIS et AGNEAUX. MOUTONS CHÈVRES, BOUCS ct CHEVREAUX. 2585 | 4617 DES BESTIAUX DANS LE CANTON DE NEUCHATEL On y joint les RUCHES D’ABEILLES, PORCS et TRUIES. 13639 4128416173 6104 16619 15505 15020 1827/4418 513214312 5115114686 ROUES CRT a are DRE = — DONS D'OUVRAGES FAITS A LA SOCIÉTÉ ET PRODUIT DE L'ÉCHANGE DE SES PUBLICATIONS. Annales des sciences médicales et naturelles de Malines; onze années incomplètes ; 8°. Mémoires de la soc. d’agricul. d'Orléans ; t. I, n°5 2, 3, 4; 8. Bulletin de la société vaudoise des sciences naturelles; t. IV, nos 33, 34, 35. * Préavis de la commis. spéciale des mines du Jura; une broch. 8°. - Abhandlungen, herausgegeben von der Senckenbergischen na- turforschenden Gesellschaft, I, n° 1; Frankfurt a./M., 1854. Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft. in Basel ; 1854, 8. Jahresbericht der Wetterauer Gesellschaft fur die gesammte Naturkunde zu Hanau ; années 1850 à 1851 et 1851 à 1853; m2 vol. 8. Jahrbuch der Kaiserlich kénighiches geologischen Reichsanstalt; Vol. TE, n° #, vol. IV, n°2, 3, 4, vol. V, ne 2; 4 vol. 4, Die NERUS DenoReniante se mittleren Theile von Sud- ” America, von F. Fætterle; 1 vol. 8e. Annals of the Lyceum of natural History of New-York; vol, V, ne 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9-14, vol. VI, n°° 1, 2-4; 7 cah. 8e, Catalogue of the natural history of the state of New-York, 1 v. 8. Mémoires de l’académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon : classe des lettres, tome 21, 1 vol. 8; classe des sciences , tome 24, 1 vol. 8°. Annales de la soc. linnéen. de Lyon ; nouv. série, t. Ier, 1 v. 8e. Annales des sciences physiques et naturelles d'agriculture et d'industrie de Lyon; tomes IT, IV et V; 3 vol. 8e. Observations sur les causes des variations des espèces du règne animal et végétal, par Jacques Demaria ; broch. 1854, 8e, Second extrait de mon itinéraire pour les voyageurs naturalistes dans les Cévennes, par d'Hombres Firmas ; broch. 8°. Mémoires de la société royale des sciences de Liège; Qme y, 80. Mémoires de l'académie royale de Turin; tome XIV, 4. LE es LE * Bulletin de la société des sciences de Berne; n°s 310 à 330, 8. Description des fossiles nummulitiques, par MM. Hebert et Re- nevier, 8°. Dritter Bericht der Ober-Hessischen Gesellschaft fur Natur und Heïlkunde; Giessen, 1853, 8°. Mémoires de l’Institut genevois ; tomes I et IT, 2 vol. 4°. Bulletin de l’Institut genevois; n°° 1, 2, 3, 4 et 5; 8°. Mémoire sur cette question mise au concours par l’Institut ge- nevois: comparer la constitution actuelle de la Suisse avec le pacte de 1815; broch. 8. Archiv. des Vereins der Freunde der Naturgesch. in Mecklen- burg ; n°5 1, 4, 5, 6, 7, 8; 7 broch. 8°. WEP oELhe OUR JanreeR ete 10m an- née, 4er et 24 cahier 8°. Ales de la société d’émulation des Vosges ; t. VII, 3e cah., LVL ca et Compte-rendu des travaux de la société Hallerienne, 1853 à 1854; broch. 8°. : Coup-d’œil sur les travaux de la société jurassienne d’émulation pendant l’année 1853 ; broch. 8. Proëeedings of the academi of natural sciences of Philadelphie; fin du tome VI, tome VII pag. 67, broch. &. Proceedings of the Boston society of natural history 1852, p. 225 à 384, 8. Boston journal of natural history ; vol. VII, n° 3, 8°. Jahresbericht des naturwissenschaftlichen Vereines in Halle, fünfter Jahrgang, 1852 ; 8e. Zeitschrift für die Gesammter Naturwissenschaften in Halle, Jahrgang, 1853; 8°. Researches upon nemerteans and planarians, by Ch. Girard; 4°. Mémoire géologique sur la perte du Rhône et ses environs, par E. Renevier; 4°. Mémoire de la société d’hist. natur. de Strasbourg ; tome 4°, livraisons 2 et 3, 4°. Bulletins de la société des sciences natur. de Zurich ; 9% cahier, nes 105 à 118. | Mémoire du D'Hare, dans lequel il combat l’explication donnée par l’acad. sur les causes des trombes ou tourbillons ; br. 8°. — 275 — Transactions de la société royale d’Edimbourg ; vol. XXI, part. Fee, 4. Proceedings de la société royale d’Édimbourg, session de 1853- o4, 8°. Reçu de la Société Smithsonienne de Washington (États-Unis) : Smithsoniam contribution to know ledge; vol. V et VI, 4°. Maury’s sailing directions, january 1854, 4. Transactions of the Michigan state agricultural society, années 1849, 1850, 1851, 1852 ; 4 vol. 8°. Transactions of the Wisconsin state agricultural society, années 1851 et 1852; 2 vol. 8°. Report of the debates in the convention of California on the formation of the state constitution, by J. Bon. Browne; 1 v. 8°. Meteorological tables prepared by Arnold Guyot; 1 vol. 8e. Bibliography of american natural history for the year 1851, by Charles Girard ; 1 vol. 8°. Catalogue of North American reptiles : part. 1, serpents ; by S. F. Baird and C. Girard; 8. Catalogue of the described coleoptera of the united states by F. E. Melsheimer, M.-D.; 8. Natural History of the red . of Louisiana ; 8°. Portraits of North-American indians with sketches of seenery Painted by J. M. Stanley; 8. . On the serpents of New-York, by spencer F. Baird ; broch. 8e. Sixth annual report of the (RES of regents of the Sorithsdéh institution, an. 1851; 8e. Seventh idem: an. 1852 ; 8. The annular eclipse of a 26, 1854; Hon James C. Dobbin ; broch. 8. Directions for collecting specimens of natural history prepared - for the use of the Smithsonian institution; seconde édition - 1854; broch. 8. Report of the trustees of the Wisconsin institution for the édu- cution of the Blind; broch. 8. Nortons literary, register 1854; broch. 8°. — — 2m — 0216 — LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE NEUCHATEL. MEMBRES RÉSIDANT EN VILLE. Reçu en 1832. M. Ladame, Henri, professeur et président du conseil A administratif de la bourgeoisie de Neuchâtel. 1832. » Coulon, Louis, président de la société. 1832. » de Montmollin, Auguste. 1832. » Borel, Jacques-Louis, Dr, vice-présid. de la société. 1833. » le comte de Pourtalès-Sandoz. 1833. » Matthieu, Louis, pharmacien. 1834. » le comte de Pourtalès, Alexandre. 1835. » Favre-Borel, Louis. 1837. » Berthoud, Alfred. 1837. » DuBois-Bovet. 1837. » de Montmollin, François. 1837. » Terrisse, Alphonse. 1838. » le comte de Pourtalès-Castellane. 1838. » Schouffelberger, Auguste. 1838. » Favre, Charles, Dr. 1840. » de Rougemont, Alfred. 1841. » Berthoud, James. 1841. » de Meuron-Terrisse. 1843. » Jaquet, Frédéric-Paul. 1843. » Favre, Louis, professeur. 1844. » de Pury, Gustave , ingénieur. 1844. » Coulon, Alphonse. 1844. » DuPasquier, Georges. 1844. » Mercier, docteur. 1845. » de Meuron, Théodore , inspecteur des forêts. 1846. » DuPasquier, Charles-Frédéric. nd ff HE es cn cities tiens, anti di — 271 — Reçu en : 1846. M. Borel, Louis-François, pharmacien. 1846. » Coulon, Henri. 1847. » Matthieu, Charles, pharmacien. 1847. » Carbonnier, Paul. 1849. » Guillaume, George, conseiller d'état. 1850. » Cornaz, Edouard, docteur. 1850. » Vouga, Charles, docteur. 1851. » Kopp, Charles, professeur. 1853. » Ladame, James, ingénieur , conseiller d’état. 1854. » de Tribolet, George, 1854. » Dathé, pharmacien. 1854. » DuPasquier, Edmond. 1855. » Bovet, Félix, bibliothécaire. 1855. » Belenot, Ferdinand. 1855. » Borel, Fritz, ministre. MEMBRES RÉSIDANT DANS LE CANTON, HORS DE LA VILLE: 1832. M. de Buren, Albert, Vaumarcus. 1832. » Vouga, Auguste, Cortaillod. 4833. » Nicolet, Célestin, Chaux-de-Fonds. 1835. » Bovet, Charles, Boudry. | 1837. » Jurgensen, Jules, Locle. 1838. » Roy, Charles, Saint-Jean. 4838. » Brandt, Henri, Colombier. 1841. » Borel, James, docteur, Préfargier. 1841. » Billon, Justin, Chaux-de-Fonds. 1842. » Otz, Henri, notaire, Cortaillod. 1842. » Chapuis, F.-L.-A., pharmacien, à Boudry. 1843. » Würflein, Jean-Laurent, Chaux-de-Fonds. 1843. » Droz, Alfred, docteur, Chaux-de-Fonds. 1843. » Irlet, Gustave, docteur, Chaux-de-Fonds. 1845. » Bassewitz, Hermann, Locle. 1847. » Landry, L.-F1., docteur, Chaux-de-Fonds. 1859. » Jaccard, Auguste, Locle. MEMBRES ABSENTS DU CANTON. 1832. M. Agassiz, Louis, professeur. 1832. » Guyot, Arnold, professeur. =" 2788 — Reçu en 1832. M. de Castella , ‘docteur. 1832. » Godet, Louis, professeur. 1832. » De Joannis, professeur. 1833. » de Rougemont, Frédéric. 1834. » de Pfuel, général. _ 1835. » Couleru , Louis. 1835. » Coulon, Frédéric, docteur. 1835. » Lesquereux, Léo. 1837. » Nicolet 7 1e lithographe. 1837. » Andrié, ministre. 1837. » Atlée, Falconner. 1837. » Dubois, Georges, docteur. 1838. » Ibbetson. 1838. » Perrin, Georges. 1843. » Bovet, Louis, docteur. 1844. » Ancker » Vétérinaire. 1844. » de Perrot, Louis. { 1845. » Gibollet, Victor. | 1846. » Théremin, ancien consul. | 1847. » Valentini, docteur. 1851. » Wald, pharmacien. MEMBRES HONORAIRES. 1832. M. Persoz, professeur, Paris. 1833. » le baron d'Olfers, Berlin. 1837. » Schimper, professeur, Munich. 1837. » Tschudi, docteur, Saint-Gall. 1837, » le comte Pietrusky, Pologne. 1837. » Gressly, Armand, Soleure. 1837. » Desor, Edouard, professeur, Neuchâtel. 1837. » LaTrobe, Charles-Joseph, Londres. 1837. » Damy, professeur, Asti. 1838. » Redfield, professeur, New-York. 1838. » Wagner, professeur, Philadelphie. 1839. » De Joannis, Léon, capitaine de vaisseau. 1839. » comte Henckel de Donnersmark, Mersebourg. Reçu en 1840. 1840. 1841. 1844. 1844. 1845. 1845. 1845. 1845. 1846. 1846. 1846. 1847. 1853. — 979 — . Élie de Beaumont, professeur , Paris. Bellardi, professeur , Turin. Sismonda, professeur, Turin. Schimper, P., professeur , Strasbourg. Vaucher, Edouard , Mulhouse. | Shuttelworth, Berne. Gené , professeur, Turin. Hollard , professeur, Paris. Favarger, Fritz, Neuchâtel. Bischoff, professeur , à Giessen. Bardeleben, professeur , Giessen. Frésenius, professeur, Wiesbaden.. Gerhardt, professeur, Strasbourg. Lamon, pasteur, Diesse. SENS. “At TABLE DES MATIÈRES. À. Travaux de la Société en général et Miscellanées. Pages Bulletins de l’année 1852-53 publiés en 1853 . . . 3-91 » » 1853-54 » 4854 . , . 95-156 » » 185455 » 1855 . . . 183-215 Dons d'ouvrages faits à la Société et produit de ses publi- Cabions 580), % JO QUO, 1817278 Nominations du FPE de à Société: 4 DNS, 9557783 Commissions spéciales nommées par la Société . . . . 111 Gomptes dé) Sotiété. AE. 2. 1 OMAN Lettre de M. Lesquereux sur die communiquée par M. L. Coulon . £ 71 Lettre de Jean Bernoulli à Dansurt sur 1 Te trouvée à la bibliothèque de Neuchâtel, par M. Kopp. . 78 Inscription latine trouvée de Charras en Valais, par M°"Desop 7: 11 2436 6 Sur les tables tour Anis. nn ae \. Desor TPS Don fait au musée par M. Jacot-Guillarmod . . . . . 110 Don fait au musée par M. de Chambrier . . . . 110 Faits relatifs à l’érection de la colonne PR de Neuchâtel -. . . . A LE PE Hauteur de Neuchâtel ns a Môle +. .:14 Re Acquisition pour le musée d’une collection de fossiles du Néocomien des Basses-Alpes par M. Louis Coulon . . 116 Objets microscopiques offerts par M. Rappart . . . . 138 Biographie de M. Cunier, membre honoraire de la Ne par M. Cornaz . . . . 142 Sur les antiquités trouvées ds ie Le de Es Suisse, sir M: Vande . "7": . . 202 Faits relatifs à la cr AR dupe bu météorologique à Chaumont . . . . ._ . - … 200, 210) 419, 214 Tableaux statistiques, par W. Cine: PÉPNIBE TOME dr OS B. Travaux des Sections {re Seet. — SCIENCES PHYSIQUES et CHIMIE. PHYSIQUE. Pages Chaîne galvanique de Goldberger, par M. Wald . . . 32 Observations sur le son. Phénomène acoustique singulier observé aux Etats-Unis par M. Desor. . . . . 122, 185 Sur les appareils de Woolf, par M. Kopp. . . . . . 126 Observations comparées des baromètres à ss et ané- roïde, par M. Kopp . . . dÉertitath Se Observation sur la liquation des alliages au D auÿet d’un +53 vail de M. Levol, par M. Kopp . . . NE EE. : Observation sur le même sujet par M. H. Ladame ne Sur un mémoire de M. Drobisch relatif aux longueurs d’on- dulation . . . A2 Sur la fausse apbrécation ‘des Re pr M. Cor. naz zet H. Ladame. . . . OR COPINE EURE - Sur la fluorescence, par À M. Konp DANOUPE date et A Rapport sur le Coëhos de Humboldt et développements sur la théorie nébuloire de Herschell, par M. Kopp . : . 7 Sur le 3° volume du Cosmos et sur les travaux de M. Wolf de Berne, par M. Kopp. . . . (Née le Note sur l’histoire des règles à calcul, Par \. Kopp . 114420 Traduction de l'anglais de la description de l’éclipse totale de soleil du 28 juillet 1851, observée par M. Schwan en PUOUOS Pari. KODD 1. LUN. nos QE 2 ré de da TON MÉTÉOROLOGIE. Sur quelques traits caractéristiques du climat de l’Améri- que, par M. Desor . . . 4 Sur les brouillards, par MM. Desbf at H. jade 1, 50, 15, 184 Observation d’un brouillard remarquable, par M. Favre . 115 Résumé des observations faites à Neuchâtel en 1852, 1853 211894, par M -Kopp... . :. 108. EE 26800007 "208 Observations sur ces résumés, par M. H. Ladame . . . 49 — 282 — Observations sur l’observatoire de Toronto, par M. Desor. Tableau des grèles observées à Neuchâtel de 1844 à 1852, par M. Kopp . 3 ; Détails sur le tremblement de terre en Aa à Bâle, d a- près une lettre manuscrite de Bernouilli, tirée de la bi- bliothèque de Neuchâtel, par M. Kopp . É Rapport sur l'ouvrage [de M. Dove sur les nn et non périodiques à la surface du globe. ARR 7e Sur les couleurs du lac de Neuchâtel . . . . . 208, CHIMIE. Traduction de l’allemand d’un mémoire de M. Schœænbein sur l’ozone, par M. Kopp . 2me Sect. — HISTOIRE NATURELLE. GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE. Observations sur la théorie de la formation du fer sidéro- lithique de M. Quiquerez, par MM. Vouga et Desor . Sur le fer pisolitique trouvé dans les fissures du Néoco- mien par M. Coulon. Echantillons de quartz aurifère de la Californie, par MM. . Coulon père et fils . . ; Sur la géologie des terrains dürifères par . Coulon père +128 Diibe ces Eur a En te Sur la roche iodurée de Saxon en Valais, par M. Desor Sur l’ouvrage de M. Thiollière, FR REIEU des poissons fossiles du Jura, par M. Desor Vues des glaciers, publiées par M. Dollfuss ; présentées par M. Desor. Sur les caractères par ions de un dépôts élan en par M. Desor. : Mémoire sur les cascades du Niagara, par M. Desor Mémoire sur l’étage valanginien, par M. Desor . Enumération et Diagnose des espèces d’Echinides de l'étage valanginien, par M. Desor. Synopsis des Echinides fossiles, par M. Desor Pages 66 13 19 . 139 213 . 216 . 151 . 1452 . 153 . 197 : 472 . 178 . 207 — 283 — Pages Sur le Læss, par M, Dar. 75% AMF ANS Analyses de roches et loi de Bunsen, par M. de Tribolet . 190 Moraine du Jura, par M. Oz . . . AE 1er.,21499 Compte-rendu de l'ouvrage de Schultze sur les Foramini- fères, par M. Desor. . . . +499 Mémoire sur les plissements du Val- de-Travers, par M. Desor 11. 11. . 265 Mémoire sur la limite ‘des polis glaciaires dans les Alpes, BAM Desor.)".. 2.1 ONSOR mu ira 24e BOTANIQUE. Sur l'emploi des fils de fer à la place des échalas dans la culture de la vigne, par M. L. Coulon . . . 38 Sur l’âge d’une inscription faite dans un arbre, par \. ÿ) Coulon. . . . a GONE Monstruosités végétales présentées par M. Th. de Meuron. 135 Rendu-compte des travaux de M. Fabre sur la métamor- - phose de deux ægylops en triticum, par M. Cornaz. . 136 ZOOLOGIE. Sur les progrès de la pisciculture et les essais tentés à Neu- châtel, par M. Vouga . . . 47 Sur la reprodietion médusipare des polypes: par M. Diop 26 Sur une nouvelle espèce de Rana, par M. L. Coulon . . 31 Sur les expériences de Siebold relatives à la à a des Tœnias, par M. Vouga . . 02 Observations sur les hélix, par MM. Vouga et É Coulon . 04 Sur la distribution des animaux marins, par M. Desor. : 54 Sur l’effet que la vue de la couleur rouge produit sur les serpents, par M. Desor. . . 67 Sur l'apparition régulière des cigales e en Amérique, par M. Den... -. 68 Sur une nouvelle espèce d'age ne aMaellol par MLGoulon: . . . . 90 Recherches de M. Vogt sur les animaux inférieurs, exposées UN. ADN 04.0 No — 284 — 3me Kect. — MÉDECINE. Pages Sur le vrai Cowpox, par M. le docteur Borel. . . . . 93 Observations sur ce sujet par MM. Vouga et Cornaz . . 25 Observations sur l’apoplexie foudroyante par MM. Vouga et Borel 2701 52 Sur l'influence vénéneuse du Rhus renala, par . Desor he Sur les albinos, par M. Cornaz. . . . . . . . : 70 Sur l’épisiorrhagie, par M. Vouga. . . 96 Sur une extraction de polypes du larynx par libature par M Fouge.: Origine et cause des maladies miasmatiques, par N. Cas- - RUB . 1404 Sur l’opération d'hiernie inghinale incarcérée , cpar MN. Kouga: et Borel. MTS END EUR | OO Des remèdes secrets . . J 231r001)8488 Rapport sur le mouvement de l'hôpital Pourtalès, par \. Gastella sw: 4 . 148 Mémoire sur la thérapeutique de li vériole, par M. Droz. Sur la nature et les effets du venin du serpent à sonnettes, par MCE DEEE ce nait ob SRE FIN DU TOME TROISIÈME. “hrs © ÿ 0 Re —— TOYS ; x ROBE TARA HN AR e ES % : Æ re: ë & DÉVIOIRES DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES 1 DE NEUCHATEL. Il a paru jusqu'ici & volumes ; PRIX DU VOLUME : 20 FR. BULLETIN he ; | . DE LA DE NEUCHATEL. : * Tome quatrième. eue à ” En EN F3 EP ER VoIN ser: LENS) ve r PEU CM AT TO C5 ET \ : FOR VAR Ca PET NU TUE FD. i | É { LR re LCR n° Û j F ; 4 © NEUCHATEL. ; - : IMPRIMERIE DE H. WOLFRATH ET METZNER. 1858. À SOCHÈTÉ DES SCIENCES MATURELUES | PART CRT AU RE SR ENT | 1856 à 4838. FRS | Î s 4 F4 ñ À Là à MESSE LV à BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE NEUCHATEL. 1856 à 1858. Tome quatrième. NEUCHATEL. IMPRIMERIE DE H. WOLFRATH ET METZNER. 1858. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DB NEVOCLATELRL Séance du 9 Novembre 1855. Présidence de M. le D’ Borez, vice-président. Quelques membres de la société des sciences naturelles ayant exprimé le désir de rendre hommage à la mémoire de feu M. Louis Coulon père, en proposant de placer son buste au musée ou à la bibliothèque, la société a été réu- nie par M. le vice-président pour délibérer sur ce projet. Les auteurs de la proposition rappellent que parmi les nombreux établissements de charité et d'utilité publique que M. Coulon a fondés ou soutenus, il y en a trois qui lui sont particulièrement redevables et qui ont fait véné- rer son nom par la population neuchâteloise toute entière, savoir le musée d'histoire naturelle, la bibliothèque et la caisse d'épargne. Il est donc à désirer que la société d'histoire naturelle, la direction de la bibliothèque et la direction de la caisse d'épargne, s'entendent pour honorer la mémoire du généreux citoyen dont elles déplorent la perle récente. On propose qu’un comité composé de dé- léguës de ces trois établissements, ouvre à cet effet une liste de souscription, à laquelle pourront prendre part tous les citoyens, qu'ils appartiennent aux amis de la science , aux amateurs de la littérature , ou aux obligés de la caisse d'épargne. BUL. DE LA SOC. DES SC, NAT. T, IV. 1 PDC MNT La société, ayant délibéré, vote les propositions sui- vanies : 1° La société donne son entière approbation au projet et prendra une part active à la souscription. 29 La liste de souscription sera présentée aux mem- bres de la société, au nom de la société des sciences na- turelles. 30 La société désigne comme membres pour la repré- senter dans le comité de souscription, M. Borel, docteur, vice-président de la société, MM. Desor et H. Ladame, professeurs. Le session ordinaire de la société est déclarée ouverte par M. le vice-président. La société procède à l'élection de son bureau pour l'année 1855-1856, qui se trouve composé comme suit : M. Louis CouLow, président. » BorELz, docteur, vice-président. » Korp, professeur, secrétaire de la section de chine el physique. » de TrIBOLET, secrétaire de la section d'histoire naturelle. Séance du 23 Novembre 1855. Présidence de M. Louis CouLox. La charge de trésorier , devenue vacante par la mort de M. P.-L.-A. Coulon, est confiée à M. Franc. de Mont- mollin. M. Charles Coulon est reçu membre de la société. M. Gressly présente la coupe géologique du tunnel pro- jeté pour le chemin de fer de la Chaux-de-Fonds, qu'il vient d'exécuter par ordre du gouvernement. Il ajoute sir” D 2 - quelques explications sur la méthode qu'il a suivie dans _ ses recherches. C’est avec un vif intérêt que la société voit s'étaler sous ses yeux ce magnifique travail. M. Desor fait ressortir l'absence complète du corallien, tant sur ce point que dans notre Jura en général. Les différents groupes du portlandien acquièrent par contre . un développement considérable. La superposition des différents groupes oolitiques s'y dessine d’une manière + très-nette, depuis les marnes bradfordiennes jusqu’au marly-sandstone qui affleure dans la combe aux Auges. Au-dessous de cet étage, le tunnel traversera en outre _ les marnes à Am. opalinus et les assises supérieures du . Jias qui ne se voient nulle part à jour dans notre pays. … Ce tracé, exécuté à l'échelle de ‘/1000 sera accompagné ._ d'un mémoire détaillé qui paraîtra dans le 4me vol. des mémoires de la société. _ M.le D" Cornaz présente à la société l'ophtalmoscope de Coccius , dont il explique et démontre l'emploi. Le Séance du T Décembre 1855. Présidence de M. Louis CouLox. Sont élus membres de la société : M. P. Morthier, D' en médecine, à Fontaines, M. Henri Humbert, instituteur, 1 . M. van Melckeke, pharmacien, à Malines, est élu mem- … bre correspondant. … M. le prof. Desor présente à la société un résumé des observations que M. le chanoine Rion a faites dans le Valais, à l’occasion du tremblement de terre qui a causé lant de dégâts dans la vallée de Viège. PALERME Divers travaux ont paru sur le même sujet, dont quel- ques-uns ne manquent pas d'intérêt ; mais les deux no- tices que M. Rion a publiées, l’'emportent de beaucoup sur toutes les autres, par l'exactitude et le nombre des ob- servalions recueillies. Dans la première sont consignés le nombre, l'intensité, la durée et les effets des secousses. Une seconde notice contient un résumé des observations accompagné de considérations théoriques. Les résultats auxquels l’auteur est arrivé, sont repro- duits d’une manière sommaire dans le résumé météoro— logique. M. Desor accompagne ce résumé de remarques diver- ses qui font l’objet des discussions de l'assemblée. M. Th. de Meuron fait remarquer que les chocs, dans les tremblements de terre, sont moins fréquents que les mouvements ondulatoires. Il rappelle qu'on voit en Ca- labre des colonnes monumentales dont diverses assises ont été tournées en équerre sur d’autres assises restées en place. M. Vouga pense que pour déterminer le sens du mou- vement du sol, il pourrait être utile d'observer la manière dont la poutraison des maisons a été affectée par les se- cousses. Îl est évident qu’au moment où la base d’un mur reçoit une impulsion, cette impulsion doit se communi- quer à la masse entière du mur, sans que la charpente qui s'appuie dessus suive nécessairement le mouvement. Cette charpente devra donc, au cas où elle sera orientée dans le sens de la marche des secousses , se détacher et tomber dans l’intérieur de la maison, et cela du côté vers lequel le mouvement se propage. M. F. Borel signale comme particulièrement propices à ces observations , les granges appuyées sur des piliers ms G — de 5 à 6 pieds de haut, qui sont si fréquentes en Valais. M. F. Borel communique des détails sur le tremblement _ de terre qui a été ressenti à Neuchâtel le 28 septembre 1855, à sept heures du soir. (Voir plus loin au résumé météorologique de cette année.) M. Kopp présente à la société un morceau de fil télé- graphique sous-marin et communique les recherches auxquelles ces fils ont donné lieu. Les courants électriques se propagent dans les fils des télégraphes avec une vitesse prodigieuse. En 1834, M. Wheatstone a mesuré cette vitesse, et il a trouvé que l'électricité parcourait 115,000 lieues par se- conde dans un fil de cuivre. Plus tard, M. Fizeau réduisit . cette vitesse à 45,000 lieues. M. Faraday, en expéri- mentant sur le fil du télégraphe souterrain de Londres à Manchester, n’a trouvé que 300 lieues par seconde, et * les mêmes résultats ont été vérifiés sur le télégraphe sous- marin de Londres à Bruxelles. Ces différences sont réelles, et M. Faraday en a donné l'explication en montrant que la transmission plus ou moins rapide tient aux conditions . dans lesquelles le fil est établi. . Si le télégraphe est aérien et bien isolé, la vitesse de transmission sera énorme. Mais elle diminue à mesure que l'isolement devient moins complet, et dans les télé- | graphes sous-marins et souterrains , la vitesse doit être réduite à un minimum; car, dans ces cas, les conduc- teurs , plongés dans la mer ou enfouis dans le sol , de- viennent de vrais condensateurs électriques, des bou teilles de Leyde. Le fil représente l’une des armatures, la terre ou la mer l’autre, la gutta-percha qui enveloppe le … filla surface isolante. ni A En Les télégraphes aériens peuvent quelquefois se trou- ver dans des circonstances analogues. Ainsi lorsqu'un fil est appuyé contre un mur sur une partie de son tra- jet, la rapidité de transmission électrique se ressent de cette circonstance. M. Faraday a appuyé ces idées par des expériences curieuses faites sur des télégraphes sous- marins et d’autres enfouis dans la terre. La communi- cation avec la pile ayant été établie, puis supprimée , on ressentait un choc intense en touchant à la fois le filet la terre. On a déchargé, par des contacts légers et ra- pides opérés avec la main, cette gigantesque bouteille de Leyde, en divisant la charge en quarante secousses par- tielles. Après plusieurs minutes d'attente, la secousse était encore très-sensible. L'expérience suivante, la plus intéressante de toutes, montre comment le fluide électrique lancé sur le fil est affecté dans son intensité et sa vitesse de propagation, en étant employé partiellement à produire l'induction stati- que à travers la gutta-percha. Deux piles, de tous points semblables, sont mises en communication avec deux télégraphes de Bains ou auto- graphiques, dont l'appareil récepteur est une plume qui écrit sur un papier préparé et qui se déroule par un mou- vement d'horloge. L'un des télégraphes a un fil très-court, l’autre un fil de 600 lieues de longueur enfoui sous la terre. Appelons le premier télégraphe A ou aérien, le second S ou souterrain. Si l’on fait agir le télégraphe A qui ne se compose que d’un fil très-court, la plume trace sur le papier une ligne noire, régulière, et dont la lon- gueur correspond au temps pendant lequel la pile est en activité. | | | er UN = Si l'on fait agir simultanément les deux piles A et S, on voit que la plume du télégraphe souterrain S ne com- mence à écrire que quelque temps après que la plume A ‘a-commencé sa trace. Au moment où l’on interrompt l’action des piles, À cesse instantanément de fontionner, tandis que S continue à fonctionner pendant quelque temps encore. En outre, la ligne tracée par A est par- tout d'égale force, pendant que la ligne tracée par S est d'abord faible, puis augmente d'intensité, arrive à un maximum et s’y maintient tant que les piles sont en ac- tivité, puis pendant que A cesse brusquement, S continue son action, mais d'une manière décroissante. Cette fai- blesse que montre la ligne S en commençant, démontre que la forme électrique est alors en partie employée à l'induction statique , c'est-à-dire à charger la pile que représente le fil souterrain. Par son maximum et l’uni- formité qui suit, elle indique à quel moment la charge était devenue proportionnelle à l’intensité du courant de la pile ; enfin, la prolongation et la diminution graduelle du trait, après que le courant est interrompu, montrent que c’est un effet de la décharge de l'électricité accumu- lée sur le fil. Lorsque le fil de S est isolé comme dans les télégra- phes aériens, aucun de ces effets n’a lieu. Séance du 20 Décembre 1855. Présidence de M.Louis COULON. M. le prof. Vouga rend compte des discussions aux- » quelles a donné lieu la présence du sucre dans le foie, question qui occupe vivement la presse scientifique fran- çaise, Il rappelle qu'en 1848, M. CI. Bernard démontra RGGRE" Dr que le foie de l'homme et des animaux renferme une cer- taine quantité de sucre, ce qui le conduisit à considérer le foie comme l'organe producteur du sucre dans le règne animal. Pour prouver la réalité de cette fonction gluco- - génique du foie, M. Bernard se fonde sur l'expérience physiologique suivante qu'il envisage comme décisive. EL fit nourrir des animaux carnivores pendant des mois exclusivement de viande cuite à l’eau , qui ne renferme pas trace de matières sucrées ; il analysa ensuite le sang de leurs veines-portes el sur-hépatiques , et rencontra dans celles-ci du sucre constamment et en grande quan- tité, tandis qu'il n'en put jamais obtenir dans les premié- res. Ainsi le sucre ne pouvait s'être formé que dans le foie, qui se trouve être par conséquent un organe pro- ducteur ou secréleur , et non pas seulement épurateur, condensateur ou filtrateur. Cette théorie à été vivement appuyée par MM. Lecomte et Lehmann. M. Lecomte trouve à la vérité quelque peu de sucre dans la veine-porte, mais il l’attribue à un reflux du sang depuis le foie, et il conclut de cinq expériences : 1° Qu'on ne trouve pas de sucre dans le sang de la veine-porte d'animaux nourris à la viande, crue ou cuite. 2° Que dans les mêmes circonstances le sang frais des veines sur-hépatiques contient de 1 à # millièmes de su- cre, formé ainsi dans le foie sans l'intervention de sub- stances amylacées. 3° Que le foie est un organe formateur du sucre et non un organe condensateur comme on l'avait annoncé. 4° Que le sang des veines sur-hépatiques fournit plus d'extrait alcoolique que la même quantité de sang de la veine-porte. Le "ESC M. Lehmann a constaté l'absence du sucre dans la veine-porte de chiens à jeun ou nourris à la viande, tandis qu'il reconnaît sa présence chez les mêmes animaux lors- qu'ils sont soumis à un régime végétal. Toutelois la quan- tité en est si faible , que le dosage en devient impossible. Chez des chevaux nourris de son, de paille et de foin, les proportions y sont aussi très-faibles. Le sang des veines sur-hépatiques contient au contraire, en toute occasion, des quantités considérables de sucre, savoir : 0,814— 0,799 — 0,946 oo, chez des chiens nourris de viande ; 0,794 — 0,638 -— 0,814, chez des chiens à jeun depuis trois jours ; 0,981 — 0,854, chez des chiens nourris de pommes de terre ; 0,635 — 0,893, chez les chevaux ; M. Figuier , au contraire, combat cette théorie de la production du sucre par le foie, comme étant en opposi- tion avec les relations lumineuses que la science moderne a établies entre les animaux et les plantes. On sait, en effet, que les plantes fabriquent les substances amylacées et sucrées , tandis que les animaux les détruisent en les oxidant par la respiration. Selon M. Figuier, une sécré- tion qui ne s’éveille que sous l'influence de la digestion, diminue par le jeûne et s'éteint par l’abstinence, s’écarte trop du mode général des sécrétions pour ne pas soulever quelques doutes.sur sa réalité. D'ailleurs on s'explique facilement que si le tissu du foie ne renferme du sucre que pendant la digestion, c’est que ce n’est qu'alors que la glucose lui apporte les éléments sucrés ingérés dans l'estomac. = 9 M. Figuier s'est servi pour ses analyses d’une méthode particulière qui lui a permis de déceler le sucre là où ses adversaires ne pouvaient le reconnaître, à cause de l'al- buminose qui entrave son action sur le réactif de From- herz et qu'ils ne prenaient pas soin d’éloigner. Il résulte de ses recherches que le foie contient deux fois plus de sucre que le sang, que l'albuminose y est également plus abondante. La glucose provenant de la digestion se con- centre dans le foie d'où elle se déverse dans le sang par les veines sur-hépatiques pour s'y détruire par la respi- ration, de même que l’albuminose par la nutrition. L’ac- cumulation du sucre dans le foie expliquerait naturel- lement ainsi pourquoi on en trouve chez les animaux nourris de viande ou à jeun. Un chien nourri pendant huit jours de viande erue a donné deux heures après son repas : 0,2%8 o/o de sucre dans la veine-porte, des traces dans les veines sur-hépa- tiques, et une notable proportion dans le foie. Un chien nourri douze jours de la même manière, pendant douze jours a donné, quatre h. après le repas : 0,231 ojo de sucre dans la veine-porte et 0,304 0/o dans les veines sur-hépatiques. Ainsi donc : 1° Chez des chiens nourris de viande crue et tués deux et quatre heures après le repas , il y a du sucre dans le sang de la veine-porte. 29 Le sucre introduit dans le foie par la veine-porte séjourne dans cet organe, s’y accumule, pour ensuite être charrié par les vaisseaux sur-hépatiques et transporté dans le système général de la circulation. 3° Quand la digestion intestinale est accomplie et le tube digestif débarrassé du sucre fourni par les aliments, EN le sang de la veine-porte ne renferme plus de sucre, mais il en reprend en traversant le foie. 4° Chez les animaux à jeun depuis deux ou trois jours, la veine-porte ne peut contenir de sucre, mais les veines sur-hépatiques peuvent en contenir encore provenant du foie. Ce travail provoque une remarque de M. Desor, qui a observé que les Indiens de l'Amérique du Nord, qui se nourrissent exclusivement de viande, ont une passion très-forte pour le sucre, tandis qu’ils se passent facile- ment de sel. M. le D' Cornaz pense que des expériences sur les ani- maux hibernants seraient tout-à-fait de nature à donner une solution au problème. M. de Tribolet présente un catalogue des fossiles du terrain néocomien moyen des environs de Neuchâtel, (voir aux Appendices). M. Desor annonce qu'il a trouvé sur le chemin du Mail des piquants de Goniopygus, dans une couche marneuse jaunâtre qui se trouve être ainsi l’analogue du terrain de Bôle , intermédiaire par conséquent entre le néocomien moyen et l’urgonien. M. Cornaz fait voir les tableaux physiologiques de Funke, remarquables à la fois par leur exactitude et leur beauté. Séance du 11 Janvier 1856. Présidence de M, Louis CouLon. M. Ch. Borel, inspecteur des travaux publics, est élu membre de la société. 4 AD M. F. Borel a observé, le 9 janvier, à 5 h. 45! du soir, une bombe suivie au nord d’une traînée de feu brillante et dont la trajectoire allait de l’ouest vers l’est. Le phé- nomène avait ceci de particulier que, pendant le trajet, la couleur du météore changea subitement du blanc au jaune. M.F. Borel appelle ensuite l'attention de la société sur la manière dont les vitraux diversement colorés de la chapelle de Préfargier se comportent relativement au dé- pôt de la rosée. Ordinairement les vitraux blancs sont tout couverts de sueur, les verts le sont moins et les rouges à peine. Le même raconte, en outre, qu'ayant trouvé dans sa chambre une chrysalide, il la mit sous un verre; quinze jours après, le verre était rempli de petites mouches de la grandeur de petites fourmis ; la chrysalide était vide. Une discussion s'élève à propos de ce fait, ensuite de quoi M. le président présente à la société deux chenilles sur lesquelles ont crû des champignons ; ces deux exemplaires viennent de l'Australie, l'un, Sphaeria Gunnii, qui a été trouvée au village de Franklin, est très-remarquable : le champignon développé sur l'insecte ayant le double de grandeur de la chenille ; l’autre vient du Port-Philippe. M. Kopp présente le résumé des observations météo- rologiques faites au collége de Neuchâtel pendant l'année 1855. M. Desor demande s'il ne conviendrait pas de donner plus d’étendue et plus de publicité à ce rapport, qui ne pourra manquer d'être lu et consulté avec intérêt par tout le monde. j La société charge MM. Kopp, Borel et Desor de ce travail, en décidant qu'il en sera tiré à part un certain de ete aus cas a ei ORNE PRE TE EAN - dr nombre d'exemplaires, sous forme de brochure qui sera mise en vente chez les libraires. Séance du 25 Janvier 1856. Présidence de M, Louis CouLon. M. Alexandre de Chambrier fils, et M. Perrier, architecte, sont élus membres de la société. -M. Gressly présente des ossements fossiles d’un sau- rien gigantesque de la famille des Dinosauriens, qu'il a découverts récemment dans le canton de Bâle. C’est en poursuivant dans le Jura la recherche de ce lit de brèches osseuses, connu sous le nom de bone-bed, et qui en Wur- temberg se trouve placé entre le lias inférieur et le keu- périen supérieur, que M. Gressly a rencontré dans un banc de marne verte, immédiatement au-dessous du bone- bed, les ossements remarquables dont il s’agit. Ces os- sements consistent en deux phalanges, un os onguéal , un métatarsien, un fragment de fémur de un pied de large, un tibia long de 2 pieds et de 3! /2 à 6 pouces de large, une grande et belle écaille parfaitement conservée. Toutes ces pièces gisaient assez près l’une de l’autre, et à-peu-près dans leurs rapports naturels, d'où il est permis de conclure que le reste du squelette pourrait bien se retrouver également. Les ossements recueillis ne sont en aucune façon roulés et n'indiquent aucune trace de transport, comme c’est ordinairement le cas des débris du bone-bed; tout porte au contraire à supposer qu'ils sont EL es dans la position qu'ils occupaient lors de la mort de l'a nimal. Les os de la jambe sont creux comme les os des mam- mifères ; la substance corticale se compose d’une lame osseuse très-dure, épaisse et d’un noir brillant, tandis que l'intérieur est d’un tissu spongieux très-lâche. Ces caractères, d'accord avec la présence d'ongles puissants, indiquent une organisalion supérieure, comme celle des iguanodons et des megalosaures. C’étaient probablement des animaux terrestres ou du moins amphibies, qui ha- bitaient, à la fin de la période keupérienne, les côtes sa- bleuses et vaseuses des îles de la Forêt-Noire. Ce qui ajoute un intérêt tout particulier à ces osse— ments, c'est qu'ils sont jusqu'ici les plus anciens repré- sentants de ce type colossal des dinosauriens, l’un des plus curieux des faunes antérieures. Il existe aux musées de Porrentruy et de Soleure quel- ques débris d'origine inconnue, qui pourraient bien ap- partenir au même type. M. H. de Meyer, de son côté, a aussi signalé dans les grès supérieurs du keuper des en- virons de Nuremberg, quelques vertèbres gigantesques et des fragments d'os de membres qu’il désigne sous le nom de Plateosaurus, et qui ne sont peut-être pas étrangers à notre type. M. de Tribolet présente à la société une carte géologi- que des environs de Sainte-Croix ; qui sera bientôt pu- bliée dans un mémoire spécial. Depuis un petit nombre d'années, et par les soins de M. le D' Campiche, Sainte- Croix a révélé aux géologues des faits d’une grande im- portance relativement à l’histoire du Jura ; faits qui, en a 6 enrichissant la série des formations de nouveaux élé- ments, concourent, avec ceux dont on a déduit des com- plications inattendues de structure orographique à re- bausser l'intérêt de ce système, et à montrer combien des études attentives et locales peuvent amener de change- ments là même où dés-longtemps on croyait la matière épuisée. Au-dessus des terrains crétacés inférieurs, dont l’exis- tence est bien connue dans les vallées du Jura méridio- nal, on n'avait guère fait que soupçonner celle du gault, dont à défaut du terrain lui-même, on avait aperçu, çà et là dans la molasse, les fossiles remaniés; et quant à la craie chloritée, son seul gisement avéré était à Soaillon, près Neuchâtel , sur le bord même du bassin suisse, par conséquent déjà en dehors du Jura, ce qui pouvait au- toriser à croire à un retrait sensible de la mer, qui aurait alors abandonné tous ses fiords jurassiques. Ce-sonl pré- cisément ces terrains que M. le Dr Campiche a eu le bon heur de retrouver à Sainte-Croix , où ils contribuent à . former le bassin d’Auberson. S'accompagnant ici, ils sont régulièrement adossés aux autres étages de la période crétacée , et forment une série non interrompue qui re- présente éxaclement, mais sur une minime échelle, le bassin de Paris, Bien plus, malgré leur faible puissance, ces formations se trouvent dans des conditions très-favo- rables à leur détermination , puisque ayant été déposées dans une baie profonde et loin de toute influence pertur- .batrice, elles possèdent un caractère éminemment littoral, quelquefois brethiforme et lumachellique, mais ordinai- rement vaseux, où la fréquence des fossiles, dont la sta- tion est en général la même pour toutes ces différentes ER formations, fait immédiatement reconnaître l’âge de cha- cune d'elles. Séance du S Février 1856. Présidence de M. Louis CouLon. M. Albert Coulon , et M. Georges Berthoud sont reçus membres de la société. M. Kopp entretient la société de l'importance que pour- raient avoir, pour la question de l’abaissement des lacs, des observations suivies sur l'évaporation. Malheureuse- ment les observations ne sont pas faciles à faire. - Comme il importe d’avoir un insirument qui permette de prendre les mesures à hauteur de l'œil, on en reste au projet de M. Kopp, qui est de tenir le vase à expérimen- ter dans un réservoir d'eau du lac, qu'on conserverait à une température sensiblement égale à celle du lac lui- même, en la renouvelant fréquemment, en fermant bien le vase extérieur, et, de plus, en l’enveloppant de corps mauvais conducteurs de la chaleur. » M. Kopp présente des échantillons d'aluminium qu'il accompagne de plusieurs expériences, pour montrer com- bien ce corps est peu attaquable par les acides, tandis qu'il se dissout très-facilement dans la potasse. Séance du 22 Février 1856. Présidence de M. Louis CouLon. Il est fait lecture du rapport que le comité météoro- logique a élaboré par ordre de la société. RAPPORT “ 4 | DU COMITÉ MÉTÉOROLOGIQUE DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES | NATURELLES DE NEUCHATEL, SUR LES PHÉNOMÈNES QUI SE SONT PASSÉS EN 1855. Voici bientôt un an que, grâce à la munificence des con- seils de la bourgeoisie de Neuchâtel, nous avons vu s’élever sur le quai du gymnase un petit monument qui n’a pas tardé à conquérir la faveur du public. Destiné à enregistrer les mouvements de l’atmosphère et les phénomènes divers auxquels ces mouvements donnent lieu, il était naturel que notre colonne excitât la curiosité et l’intérêt dans un pays où les variations atmosphériques sont aussi fréquentes et aussi subites que chez nous. Mais à côté de cet intérêt spécial de tous les jours, les observations météorologiques ont encore une autre signifi- _ £ation qui résulte de la comparaison de toutes les observa- tions isolées et qui constitue leur véritable valeur scienti- fique. C’est cet inventaire météorologique des résultats de Vannée que nous nous proposons de résumer ici, en y ajou- ant un aperçu des phénomènes de toute espèce qui ont été . observés dans notre voisinage. Ce n’est pas à dire que des observations de cette nature . n'aient pas été faites antérieurement €hez nous. Il est au _ contraire peu de pays où, eu égard à leur importance, il se BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. 2 ; . | ME, De soit trouvé autant de personnes qui, spontanément et dans le seul intérêt de la science, aient fait pendant de longues années des observations régulières et consciencieuses. Mais ces observations n’avaient joui jusqu’à ce jour que d’une publicité trop restreinte pour pouvoir être utilisée facile- ment par les amis de la météorologie, comme c’est le cas des observations qui se publient maintenant dans la Feuille d’avis de Neuchâtel, par les soins de M. le professeur Kopp. S'il pouvait exister des doutes sur l'opportunité de pareils résumés, il suffirait de rappeler les pressantes invitations adressées par les plus grandes autorités scientifiques de l’é- poque (MM. de Humboldt et Dove en tête), à toutes les so- ciétés savantes, pour les engager à recueillir et à publier toutes les observations dont elles disposent. La société des sciences naiurelles de Neuchâtel ne pouvait rester en ar- rière. En répondant aux vœux de la science, elle a désiré non-seulement mettre à la portée du public les instruments qui sont l'objet d'observations journalières, mais encore l’intéresser aux résultats qui découlent de ces observations. Pour cette année, notre rapport se bornera aux observa- tions faites à Neuchâtel. Mais nous avons l’espoir de pou- voir être plus complets à l’avenir, grâce à la sollicitude éclairée du gouvernement, qui a mis à la disposition de la société les fonds nécessaires pour lPétablissement de plu- sieurs stations sur d’autres points du canton. Ce n’est que lorsque des observations simultanées pourront ainsi être faites dans les différentes zones du Jura neuchâtelois, de- puis les sommets habités des montagnes jusqu’au bord da lac, que les études météorologiques acquerront toute leur valeur. Le rapport comprendra : 4° une description de la colonne météorologique élevée, l’année dernière, sur le quai du, collége; 20 une série de tableaux extraits d’autres tableaux — 19 — _ plus détaillés, formant ce que nous appellerons le Résumé climatologique pour 1855 et contenant des données sur les hauteurs barométriques , la température de l'atmosphère, celle du lac, l'état du ciel, la direction des vents, la quantité d’eau tombée, les orages, l'ozone, etc.; des comparaisons avec l’année précédente, des moyennes par mois où par saisons, des rapprochements entre les diverses saisons, etc. Il n’est pas besoin d’insister longuement sur l’intérêt que présentent tous ces chiffres, au premier abord assez arides. Il suffit de penser aux rapports constants de l’homme avec le coin de terre qu'il habite, pour entrevoir l'importance de recherches destinées peut-être à éclaircir plusieurs ques- tions physiologiques et à venir en aide aux sciences qui s’oceupent de la santé publique. Réussit-on par .de pareilles recherches à bien déterminer le climat d’un pays, à en connaître les phases principales, les conditions les plus ré- gulières, on aurait déjà rendu service à ceux qui l’habitent. IL est vrai que ces résultats demandent des observations multipliées, constantes et poursuivies pendant nombre d’an- nées; mais il faut commencer une fois, et il n’est pas sans importance que ceux qui les font soient encouragés par Pin- térêt de tous. Qui est-ce qui n’est pas intéressé à connaitre la liaison des phénomènes atmosphériques avec les maladies régnantes, avec les fléaux qui viènnent de temps en temps épouvanter les populations, avec la fertilité du sol, l’abon- dance ou la disette des récoltes en grain ou en vin, avec l'hygiène publique et particulière , et tant d’autres rapports qui se révèlent à mesure que les observations se multiplient. - Après ces divers tableaux, dans une dernière partie que nous appellerons Résumé météorologique, nous rappellerons les phénomènes météorologiques les plus curieux, qui ont eu lieu l’année dernière, ceux du moins qui ont été observés d’une manière assez exacte pour mériter notre confiance, | VD ‘2 Sous ce rapport, l’année passée est une des plus remar- quables que lon ait vues depuis longtemps, et n’y eût-il que les tremblements de terre, qui ont si longtemps et si fortement ébranlé certaines contrées de notre voisinage, qu’elle resterait dans la mémoire de cette génération comme une de ces années exceptionnelles qui attirent à divers titres les méditations des hommes sérieux. D’autres phénomènes curieux ont encore été observés pendant l’année, et à celte occasion la société des sciences naturelles s'adresse à toutes les personnes qui seraient té- moins de semblables faits, pour leur demander de bien vouloir les résumer aussi exactement que possible, et de communiquer leurs observations à quelqu'un de ses mem- bres. Beaucoup de phénomènes météorologiques d’un grand intérêt arrivent d’une manière subite; c’est le plus souvent par un heureux hasard qu’on en est le témoin, et bien des fois ceux qui désireraient le plus les observer, les ignorent complètement. À part les faits que l'expérience nous mon- tre comme réguliers et de peu d'importance, il n’en est peut-être point qu’il ne puisse être utile de connaître et de noter, et telle personne, accidentellement témoin d’un de ces faits, pourra rendre un véritable service en racontant simplement ce qu’elle aura vu et observé avec exactitude. La société pense que cette publication pourra avoir lieu dorénavant au commencement de chaque année, et elle ne doute pas que son intérêt ne doive aller en augmentant à mesure que l’on aura plus de points de comparaison, qu’il sera pris un intérêt plus vif et plus général à de pareilles observations, que celles-ci seront faites dans le pays entier, et qu’il sera plus facile, avec des éléments plus nombreux et plus sûrs, de tirer des conséquences intéressantes de ces observations. Il est digne de remarque que les publications les plus po- pulaires, les almanachs, commencent chaque année, depuis onne météorologique de Neuchâtel. ol [ - ESA, RE fort longtemps par un récit des principaux faits météorolo- giques arrivés dans l’année précédente. Cela seul suffit pour nous montrer l'avantage d’une publication semblable à celle ci, et nous pensons pouvoir dire que la société qui l’a com- mencée est très-bien placée pour la faire de la manière en même temps la plus complète et la plus digne de confiance. La, société ne croit pas faire quelque chose de nouveau ; de semblables annuaires sont publiés régulièrement dans plusieurs pays ; mais elle désire faire quelque chose d’in- téressant et d’utile, et elle espère d’être aidée dans cette œuvre par l'intérêt et, en de certaines limites, par la coopé- ration du public auquel elle l'adresse. DESCRIPTION COLONNE MÉTÉOROLOGIQUE. (Voyez la planche). La colonne, dont la planche ci-jointe représente le ero- quis, est à quatre faces ; elle est bâtie au-dessus d’un puits communiquant avec le lac. Le sol est assez perméable pour permettre à l’eau d’y avoir un niveau correspondant exactement à celui du lac. “La hauteur du monument, au-dessus du môle , est de 12,60 pieds fédéraux. Sur la face tournée vers le nord est placé un thermo- mètre centésimal à alcool, dont la boule est élevée au-des- sus du sol de 3,40 pieds. Ce thermomètre doit donner à peu près là température des rues de la ville; car il subit l'influence de la surface rayonnante du gymnase tournée au sud. Sur la face ouest est placé un baromètre à large ecu- velte et à gros tube, construit avec beaucoup de soin par RES ur M. Piana , fabricant à Berne , qui a également construit le thermomètre. Le baromètre est enveloppé d’un manchon en cuivre Jaune, ne laissant à découvert que la partie su- périeure, à côté de laquelle se trouve lPéchelle divisée en millimètres. La cuvette du baromètre se trouve élevée au- dessus du môle de 3,40 pieds. Sur la face tournée à l'Est, est placé l’udomètre. Cet instrument se compose d’un entonnoir en cuivre jaune placé au sommet de la colonne, et par conséquent élevé de 12,60 pieds au-dessus du sol. L'ouverture de cet entonnoir, de forme carrée, à 2500 centimètres carrés de surface. Son bec s’emhoite dans un tube qui communique avec un €cy- lindre en cuivre placé dans l’intérieur de la colonne et re- cevant l’eau tombée dans l’entonnoir. Ce tube a une section dix fois plus petite que la surface de l’entonnoir , d’où il résulte que l’eau doit occuper dans le tube une hauteur dix fois plus grande que dans l’entonnoir. Par conséquent une quantité d’eau qui, répandue sur la surface de l’entonnoir, aurait formé une nappe d’un millimètre de hauteur, oceu- pera dans le cylindre une hauteur d’un centimètre. Ces niveaux s’observent au moyen d’un tube en verre d’un dia- mètre minime, placé le long d’une échelle divisée en cen- timètres , sur la face Est de la colonne et communiquant avec le cylindre intérieur. Dans ces deux tubes commu- niquants, l’eau se maintient au même niveau: La lecture de ces niveaux se fait avec la plus grande facilité. L’eau tombée est observée après chaque pluie. Tous les huit jours l'instrument est vidé jusqu’au zéro de l'échelle, au moyen d’un robinet qui laisse écouler l’eau dans le puits qui se trouve dans la colonne. | Pendant l'hiver, l’udomètre ne pouvant pas être employé à cause de la gelée, cet instrument est remplacé par une caisse en tôle placée près de la colonne sur une borne. éd | LE, ARE Ceue caisse recueille la pluie; si c’est de la neige, elle est fondue et l’eau provenant de la fusion est mesurée au moyen de vases lilrés. La face sud du monument est occupée par le limnimètre qui mesure la distance du niveau des eaux du lac au niveau du môle, Le môle de Neuchàtel, élevé de 454,7 mètres au- dessus du niveau de la mer, est donc le zéro de l'échelle limnimétrique. Ce point de départ est rationnel pour plusieurs raiSOnS; d’abord , c’est le zéro qui a été choisi par MM. Coulon et Tschaggeny, qui ont fait, pendant une longue suite d’an- nées, des observations précieuses; puis, le môle est le point de départ de toutes les mesures de hauteurs faites dans le pays par M. d'Osterwald; les nombres qui expri- ment les variations du niveau du lac sont plus simples, et par conséquent d’une appréciation plus facile que si l’on avait choisi le niveau de la mer; enfin, ee zéro ne pourra jamais étre un sujet de contestation, vu que sa lrace est conservée sur la façade sud du gymnase et sous le péris- tyle de Fhôtel-de-ville. On mesure en pieds de Neuchâtel, divisé en 10 pouees, la distance du niveau du môle au niveau du lac. Les chif- fres vont donc en décroissant quand le lac monte, et en “croissant, au contraire, quand le lac descend. Ces chiffres “en un mot expriment en pieds et fractions décimales de pied de Neuchâtél la quantité dont l’eau devrait monter "pour inonder notre ville. Le zéro de l'échelle, c’est-à-dire le niveau du môle, se trouve représenté sur la colonne par üne rainure située "près du sommet, au-dessus de la plaque qui porte le mot imnimètre, et élevé à 12 pieds au-dessus du niveau du môle. Au-dessus de cette raie, on a inserit les mots « Môle, zéro de l'échelle.» À partir de là on compte sur l’échelle les 2 ER EE pieds en descendant. L’échelle s’arrête au dixième, les plus grandes variations du lac n’ayant jamais dépassé ces limites. L'appareil indicateur se compose d’une boule en! cuivre qui flotte sur l’eau du puits et qui est surmontée d’une tige en bois portant la flèche indicatrice du niveau de l’eau. Cette flèche se trouve placée-à 12 pieds au-dessus du ni- veau de l’eau ; de sorte que la distance de l’eau au môle est représentée exactement par la distance de la flèche au zéro de l'échelle. Le puits a une profondeur de 11 pieds au-dessous du môle; on peut y pénétrer par une ouverture placée en avant de la colonne et fermée par une dalle en pierre. L’exactitude des indications de tous ces instruments a été vérifiée à plusieurs reprises. Le zéro du thermomètre est vérifié chaque hiver; le baromètre a été comparé à un instrument de précision construit par Ernst de Paris; les indications de l’udomètre ont été vérifiées par des mesures directes, et le limnimètre par plusieurs nivellements. A côté des différentes échelles sont inscrites des moyennes relatives à Neuchâtel et des dates remarquables. Sur le faite du toit du collége, on a construit une gi- rouetle de grande dimension dont la flèche tourne au-des- sus des lettres indiquant les quatre points cardinaux. Ces lettres sont surmontées de petites tiges en fer qui permet- tent de juger avec précision la position de la flèche. Quatre autres tiges en fer divisent les angles des divisions prinei- pales en parties égales. Les conseils de la Bourgeoisie ont en outre décrété l’é- rection d’un hémicycle en avant de la colonne, sur le talus du quai, portant une table destinée à indiquer les noms des montagnes qui forment le panorama de Neuchâtel, pano- rama unique en Suisse par l’immense développement qu'il présente. Ce tableau comprendra toutes les cimes remar- #3 ES. Dén be PPONTr " — 25 — quables depuis le Sentis jusqu’au Môle en Savoie, c’est-à- dire depuis le lac de Constance à l’extrémité occidentale du Léman. — Les plans de ce tableau sont dressés, il ne faut plus que quelques: beaux jours pour en vérifier les détails. RÉSUMÉ CLIMATOLOGIQUE pour lPannée 1855. Ce résumé est une description sommaire, en chiffres, des phénomènes qui ont déterminé notre climat pendant cette année, sans qu’on se soit préoccupé de rechercher les causes des variations qu'ils indiquent. C’est un journal qui permettra plus tard d’établir des comparaisons et des rap- prochements divers, et de se faire une idée de la marche générale de l’état du temps pendant cette année. Ces don- nées serviront d’ailleurs. avec les observations déjà recueil- lies, à fixer d’une manière plus précise et plus certaine les moyennes qui sont l’expression de notre climat normal. Neuchâtel, par sa position géographique, son altitude au- dessus de la mer et par sa situation relativement au reste de l’Europe, a un climat défini ; ce qui revient à dire qu’à chaque saison, à chaque jour même de l’année correspond une température, un état du ciel, etc., déterminée par ces différentes circonstances. Cependant les observations d’une année ne peuvent pas nous fournir ces données, car des influences, soit locales, soit plus éloignées, viennent troubler la régularité de la succession des phénomènes qui devraient se reproduire cha- que année de la même manière. Il faut donc un grand nom- bre d'années d'observations pour déterminer ces moyennes, _ afin que les irrégularités survenues chaque année se com- pensent et disparaissent. Plus le nombre des années d’ob- servations sera grand, plus les moyennes calculées seront l'expression exacte du climat moyen ou normal. TEMPÉRATURE DE L'AIR. La température moyenne du jour est très-approximati- vement celle de 9 heures du matin, et c’est de cette ob- servation qu’on a tiré les moyennes je mois et de l’année. Le thermomètre a en outre été observé, comme d’ habitude, à midi et à 5 heures du soir. Tableau des observations thermométriques. Jours de : et du minim, du mois, à 9 h. du matin, Différence du maxim. Date du minimum, Température de Pair! Date du maximum. Gr. chaleurs Minimum. Été. F 19 & ex | Gelée, Janvier Février Mars | Avril Mai Juin Juitlet Août Septembre s À Maximum, ei Re { | Octobre Novembre Décembre Année Le mois d'août a été le plus chaud, et la semaine la plus chaude du 20 au 51 août. Les mois les plus froids ont été Janvier (') et décembre, la semaine la plus froide du 10 au 20 décembre. (:) Pendant que chez nous le thermomètre ne descendit pas au-dessous de — 10°, au mois de janvier 1855, le midi de la France éprouvait à la à | . . | | 1 l Dans l’espace d’un mois, et par conséquent à peu de jours d'intervalle, nous avons subi des températures très-diverses, comme l'indique la colonne des différences du maximum et du minimum dans le mois. Ces chiffres montrent combien nous devons apporter de précautions hygiéniques dans la manière de nous vêtir. L’amplitude dès variations de l’année, en d’autres termes la plus grande distance entre le froid extrême de l'hiver et la plus grande chaleur de l'été a été de 45°,25. Nous avons eu 42 jours de gelée où le minimum de la température de l'air est descendu à 0° et au-dessous; et 37 jours d'hiver où le thermomètre est resté au-dessous de 0° pendant les 24 heures: il faut remarquer que c’est de la température de l'air que nous parlons et non de la tempé- rature du sol qui reste gelé et qui gèle même quand la température de l'air est au-dessus de 0°. Nous avons eu 82 jours d'été, c’est-à-dire 82 jours pen- dant lesquels Fair à atteint et dépassé la température de 200. Nous n’avons eu aucun jour de grandes chaleurs où le thermomètre soit resté pendant 24 heures au-dessus de 20°. Les jours les plus chauds ont été les 3 et 25 août, lun et l'autre ayant eu pour maximum 28°,75, el pour minimum 180,75. Le jour le plus froid a été le 21 décembre : maximum — 10,5, minimum —14,5. … La température du mois d’octobre a été extraordinaire- ment douce ,. quoiqu'il ait été le plus pluvieux de l’année. Dans ce mois les maronniers de la promenade de l’Evole ont - poussé de nouvelles feuilles et porté des fleurs. #6 nl LR, même époque des froids exceptionnels, qui causèrent de grands dégâts en tuant beaucoup de figuiers et d’oliviers. Au Jardin des plantes de Montpellier , le thermomètre descendit à — 18° le 24 janvier 1855. Ven" El TEMPÉRATURE DU LAC. La température de Peau du lac, puisée au bord du quai du gymnase, varie avec lenteur. : Du 1°r janvier au 20 février, la température moyenne du lac à été au-dessus de la température moyenne de l'air : mais à partir de cette époque elle s’est maintenue au-des- sous jusqu’au 1° septembre, pour redevenir, dès cette date, supérieure à la température maxima de l’air. Par consé- quênt, de mars en septembre, le lac a joué le rôle d’un élément réfrigérant, pendant que le reste de l’année il tendait, au contraire, à échauffer l'air. Du 1€ au 10 jan- vier, sa température moyenne a été de 5°,83 pour descen- dre à 2°,98 du 20 au 31 janvier ; elle s’est alors élevée régulièrement jusqu’en juillet, où sa température moyenne a atteint 200,85. Elle a monté jusqu’à 220,97, moyenne maxima du 20 au 51 août; dès-lors elle est régulièrement descendue pour n'être plus que de 16°,38 du 1er au 20 octobre, et elle n’est revenue à 4°,64 que du 20 au 51 décembre. La température la plus basse de l’eau a été de 2° les 29 janvier 17 et 20 février. La température la plus élevée, de 23° a été observée les 24, 26, 28 et 29 août. On a pu prendre les bains du lac du 4° juil. au 4er oct. Plusieurs fois, pendant les grands froids de janvier, fé- vrier, décembre, le port a été gelé. En février, des glaçons nageaient sur le lac. On à signalé à cette époque des ey- gnes et des oïles sauvages. BAROMÈTRE, ÉTAT DU CIEL, VENTS. Tous les soirs, on résume par les expressions clair, nua- geux, couvert, l’état général du ciel pendant la journée. On note également le vent général qui a régné. — | = 99 — Cette année le baromètre n’a été observé qu’à midi; il a été réduit immédiatement à O°. La hauteur moyenne du baromètre à Neuchâtel est estimée d’après des observations antérieures à 720 millimètres. Cette année, la hauteur moyenne a été de 721,7 millimètres, fait qui est assez sin- gulier, vu que l’année 1855 a été une année exceptionnel- lement orageuse et pluvieuse. Les moyennes les plus hau- tes ont eu lieu du 20 au 50 juin, 727,60 mm.; et du 10 au 20 août, 727,35 mm.; la moyenne la plus basse a eu lieu du 10 au 20 février, 711,2 mm. Dans l’année, le baromètre est descendu jusqu’à 696,8, le 22 mars; et il est monté le 30 décembre jusqu’à 734,0; loscillation annuelle a donc été de 37,2 mm. Tableau de l’état du ciel et du baromètre. État du ciel : | EE Nombre de jours de Clair Bise | vent Joran, … 4 Janvier Février Mars Avril Mai ” Juin Juillet “ vw Qt © — on 8 1 ÿ 9 # LOWER Cr Qt © es es DeSOUFOrF ON « ©: Octobre Novembre Décembre ESSOR ASNOSrCO ©? GE | Année 721,7/98,5 74 |192,5|180.5|87,0/77,5/19,0) Il serait à désirer qu’au lieu de noter la hauteur absolue du mercure on adoptàt un zéro. Si nous ne l'avons pas en- core fait comme nos voisins, €’est parce que notre moyenne barométrique n’est pas encore assez exactement détermi- née, et que nous n'avons pas voulu prendre une seule an- née pour norme. Sous le rapport des vents, le mois de septembre a été le mois le plus calme. Avril a eu le plus de. bise. Les vents d’ouest, au contraire, ont prévalu en mars, juillet et octobre. L’uberre ou vent du sud n’a été noté qu’une seule fois à Neuchâtel. En revanche, il a soufflé fréquemment dans les montagnes. Le mois d’août a été un vrai mois de soleil. Janvier et décembre ont, au contraire. été les deux plus mauvais mois de l’année. OBSERVATIONS HYGROMÉTRIQUES. - Ces observations concernent la pluie, la neige, les brouil- lards, les orages, le hale, la grêle, humidité de l'air. La vapeur d’eau, provenant de l’évaporation du lac, ou amenée par les vents, rend notre climat assez humide; cependant lair est rarement saturé; c’est par les brouillards que l’humidité de l'air atteint son maximum. Cette humidité est mesurée au moyen du psychromètre, instrument com- posé de deux thermomètres, dont lun a la boule enveloppée d’une gaze maintenue humide. Plus lair est see, et plus l’évaporation de l’eau sur la boule mouillée est rapide. Cette évaporation produit un froid qui fait baisser le thermomè- tre ; et c’est de la différence des températures indiquées par les deux thermomètres que l’on calcule la fraction d’humi- dité de l’air, c’est-à-dire la fraction qui exprime le rapport de la quantité d'humidité qui existe réellement à celle qui pourrait exister si l’air était saturé. Quand il y a dans l’air toute l'humidité qui peut y exis- ter, la fraction d'humidité est égale à 1. Nombre de jours de 3% Êë ARE ON RT 27% LE LR | HIÉE Pluie, | Neige. |Brouillards | Orage. | Häle. | Grèle.|| £ 2 | & £ je ph 34 | ENT Janvier ss 2 22 — et Février 2,5, 5,5 5 — | — | — Mars 4 5 _ —11"— | — Avril 5 9 1 LÉ 1 Mai 7 — = 5 S Juin 12 _— 3 | — | — Juillet 17 ai | 2e 3 5 1 [Août 11 — — 2 | 12 | — Septembre) 12 _ 2 3 —— 11 |» Octobre 26 _ 5 1 — | — Novembre] 14 | — | 2 u— | = Décembre || — PEUR Le Re LE l | 4 Année 108,5| 19,5 | 17 15 | 26 | 1 NEIGE. Le 2 novembre 1855, forte neige sur la montagne de Boudry. Le 4 novembre, première neige à Tête-plumée. Le 3 décembre, première neige à Neuchâtel. Dernière neige à Neuchâtel le 26 avril. Le mois de février a été le mois le plus neigeux de l’hi- ver. Cependant nos chutes de neige ne peuvent se comparer aux chutes extraordinaires qui, à cette époque, ont eu lieu à Bâle et autour des Vosges. | Les observations relatives à l’humnidité de l’air n’ont été commencées qu’en avril: l’udomètre n’ayant été installé qu'au mois de juin, les observations ne datent que de cette - époque. | L’humidité de l’air est descendue à son minimum le 23 - avril par une bise très forte qui durait depuis deux jours; la différence entre les deux thermomètres était ce jour-là de 50,2 SN ee Les maxima d'humidité de l'air ont été observés le 22 octobre par le brouillard, le 5 décembre par le vent ac- compagné d’une chute de neige, et le 22 décembre par le brouillard. L’humidité de l’air a été en moyenne de 0,68 pendant le printemps, de 0,67 pendant l'été, de 0,81 pendant l’au- tomne, et de 0,84 pendant l’hiver. La plus forte pluie est tombée le 15 octobre; elle a été de 39 mm. Le mois d'octobre a été le plus pluvieux, on a compté 26 jours de pluie, à sure lesquels il est tombé 186,5 mm. d’eau. Les brouillards ont été peu fréquents, comparativement à d’autres années, puisque le maximum se trouve être de cinq jours au mois d'Octobre. Le 10 juillet, une petite grêle, accompagnée de pluie, a été suivie d’un orage remarquable, dont les effets terribles ont ravagé, sur le versant français du Jura, la forêt de Fuans , phénomène dont les détails sont relatés plus bas. LIMNIMÈTRE. Le niveau du lac était le 4" janvier de 6,8 pieds de Neuchâtel au-dessous du môle; les eaux ont baissé pen- dant le mois de janvier jusqu’à 7,7. Pendant les mois de février, mars et avril, les pluies ont fait hausser l’eau rapidement, et le lac, après avoir subi dans l'intervalle de légères fluctuations de hausse et de baisse, a atteint son maximum de 5 pieds au-dessous du môle le 25 avril. Il a dès lors baissé régulièrement jusqu’au 4er septembre , où l’étiage était de 8,5 pieds. Pendant le mois de septembre, il a monté de 0,4 pour atteindre le minimum de l’année, le 5 octobre 8,59. Les pluies d'octobre l'ont fait remonter à 6,54; puis le lac est de nouveau descendu à 8,21 jusqu’au 1® janvier 1856. — 33 — Ces oscillations sont l'expression du rapport qui existe entre l’eau des pluies et celle qui est amenée par les af- fluents d’une part, et la quantité d’eau qui se perd par lévaporation ou qui s'écoule par la Thielle, d’autre part. Jusqu'à présent l'influence de l’évaporation n’a pas en- core pu être déterminée, bien qu’elle soit d’une importance majeure pour la solution de la question de l’abaissement des lacs; aussi la société a-t-elle chargé son comité météo- rologique d’aviser aux moyens de déterminer cette donnée importante. Comparaison de l’année 1855 avec l’année 1854. L'année 1855 a été de 0,49 plus froide que l’année _ 1854. La moyenne de 1854 a été de 8,39. » » 14855 » » 7,90. Si nous considérons les mois, nous verrons-que en 14855, Janvier a été plus froid de 3,31 qu’en 1854. » Février » » chaad » 2,16 » » Mars » » chaud » 0,435 » » Avril » » froid » 41,25 » » Mai » » froid » 1,56 » » Juin » » chaud » 0,19 » » Juillet » » froid » 0,70 » » Août » » chaud » 1,93 » » Septemb. » » chaud » 0,98 » » Octobre » » froid » 0,71 » » Novemb. » » chaud » 0,59 » » Décemb. » » froid » 4,44 » L'année 1855 a été beaucoup plus pluvieuse et plus orageuse que 1854, quoique sous le rapport du nombre de jours de vents les deux années se ressemblent, comme cela résulte du tableau ci-joint. BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT, T. IV. 3 DUR, re Il y a eu: en 1855, en 1854. Jours de calme, 180. 183. ».. bise, 87. 194 » vent, 115: 92. » joran, 19. F1. » clair, 98. 191: » nuageux, 74. 98. » couvert, 192. 135. » pluie k 108. 36. » neige, 19. 14. » brouillard, 17. 16. » orage, 15. 9: ».. grèle, 1à da » häle, 26. 26. Sauf quelques exceptions, il n’est guère possible d’indi- quer les causes des différences qui existent entre les deux années. Ainsi par exemple on peut admettre que la tempé- rature plus basse de janvier 1855 tient aux nombreuses bises qui ont régné, puisqu'il v a eu douze jours de bise, tandis qu’il n’y en a eu que trois en janvier 1854. La difficulté que l’on éprouve à faire la part de toutes les causes qui ont influé sur la marche des phénomènes, disparaitra en partie, quand nous posséderons le climat moyen de Neuchâtel jour par jour, non-seulement pour la température, mais pour les vents et pour les autres phéno- mènes. Si nous essayons aujourd'hui quelques rapproche- ments entre 1854 et 1855, ce n’est que pour conserver aux comparaisons climatologiques leur place dans le rapport. Ces mêmes comparaisons auront par contre un intérêt scientifique réel, quand elles pourront se faire entre le cli- mat moyen et le climat de l’année, ou bien encore entre le climat de l’année et d’autres années dans lesquels certains phénomènes se sont produits, par exemple entre 1855 et les autres années très orageuses et pluvieuses. | e OZONE. L'ozone a été observé au moyen de l’ozonomètre de M. Schœnbein. Ce sont de petites bandes de papier iodurées - avec de l’iodure de potassium, et amidonnées, qu’on expose à l'air. Trempées dans l’eau, ces bandes prennent une teinte bleue plus ou moins intense, suivant que l’ozone est en plus ou moins grande quantité dans Fair. Ces papiers co- lorés sont comparés à une échelle de teintes passant par - dix nuances différentes du blanc au bleu foncé , le blanc étant représenté par 0, le bleu foncé par 10. Les bande- lettes de papier sont exposées à l’air, d’un midi à l’autre, dans une petite cage en bois, ouverte aux vents, mais à l'abri du soleil et de la pluie. L’ozone, découvert par M. Schænbein, se produit dans Vair d’une manière permanente, mais variable suivant lé- . lectricité. L'observation de la quantité d'ozone, au point de vue physique, peut donc être regardé comme une obser- « vation indirecte de l'électricité de Pair. Les observations ont fourni les moyennes suivantes. Tableau des observations ozonométriques. Moyenne par les différens vents. par mois, Moyenne Janvier —- == Février — — 1 Mars _— = 2e = 4 | Avril À : 5 5 Ê L Mai ; ; — ; 4 Juin F ! 4,4 4 Juillet A = 4,5 = 5,3 #1 Août | Septembre Octobre La Novembre Décembre - - * NAIDAGEUGE © à O1 © CN © À © m1 - DOAGSEFUES © æ Or © © RO © RO «3 ” ” - - 121 n,9 || 4,7 || 4,4 h,2 h,8 || 6,6 | 7,6 6,6 8,8 | . ra a © Année Un fait bien remarquable, «c’est que, contrairement à ce que l’on serait tenté de supposer, il y a plus d’ozone dans l'air par le vent que par la bise. Un temps sec et froid parai- trait cependant devoir favoriser l'accumulation de l’ozone, mais peut-être la bise, en passant sur les marais du Seeland, perd-elle quelques-unes de ses propriétés ozonantes. Quoi qu’il en soit, nous croyons devoir nous abstenir de toute discussion jusqu’à ce que nous ayons recueilli un plus grand nombre d’observations , nous bornant pour le moment à indiquer les moyennes des différentes saisons, d’après les données recueillies par nous. Printemps 4,8. Eté 4,5. Automne 6,9. Hiver 8,8. On à observé un seul minimum (1) dans Pannée, le 2 juin ; un maximum (10), le 20 juin, treize maxima (10) en au- tomne, dont 4 en septembre, 7 en octobre, 2 en novembre, 47 maxima (10) en décembre. Au total, 51 maxima dans l’année. DES PHÉNOMEÈNES MÉTÉOROLOGIQUES les plus intéressants observés pendant l’année 1855, Nous nous contenterons de rapporter ces phénomènes sans autre ordre que celui de leur date, et en réitérant la recommandation faite au commencement de ces pages, aux » personnes qui seraient témoins de faits semblables, de bien “ vouloir les communiquer à la société par quelqu'un de ses membres. Ouragan de Fuans, le 10 Juillet 1855 Le fait météorologique le plus remarquable arrivé cette année, dans nos environs immédiats, est sans doute la des- truction de la forêt de Fuans, village situé près de Mor- teau. dans le département du Doubs. Un des membres de notre société, M. l'inspecteur des forêts de l'Etat, ayant été sur les lieux, a bien voulu nous raconter ce qu’il a vu; c’est son récit que nous résumons ici. C’est le 28 juillet, dix-huit jours après la catastrophe, que M. de Meuron se rendit sur le lieu du désastre, ac- compagné de M. Gœnzly sous-inspecteur des forêts pour le district des Montagnes. Sur la route de Morteau à Besan- çon, au haut d’une longue rampe en pâturages, est un grand massif de forêts appartenant aux communes de Fuans et de Guyans, et occupant un terrain accidenté dont les pen- tes principales sont inclinées au nord-ouest. La forêt, mé- langée dans une bonne proportion de sapins blancs et rou- ges et de quelques hêtres, présentait les conditions les plus avautageuses pour résister aux ouragans ; le petit nombre de clairières qui s’y trouvaient, étaient suffisamment pro- tégées par des bordures boisées, ménagées avec beaucoup de discernement, et les bois eux-mêmes étaient saints et bien venus. Il n’y avait donc rien dans les circonstances locales qui püt faire craindre un désastre; au contraire, tout semblait devoir en garantir ces forêts. Le 11 juillet 1855, vers deux heures après midi, pen- … dant une journée très chaude, le vent d’ouest s’éleva subi- tement, emmenant avec lui de lourdes nuées qui se trai- paient sur le sol. Il faisait en même temps un vent violent — du sud-est qui chassait aussi des nuages, ensorle que vers trois heures, à Fuans, on n'aurait pu lire dans les maisons sans lumière. Il tombait quelques grélons mélés de pluie, Se SR “2 et des éclairs brillaient sans tonnerre. Bientôt on entendit se Joindre au mugissement des vents, un bruit sourd et pro- longé, semblable à un tonnerre lointain , et quelques ins- tants après le temps se calma et redevint serein. Voilà le récit de l’événement , tel qu’on le fit à ces messieurs à Fuans. Voici maintenant ce qu’ils trouvèrent dans leur ex- ploration des lieux, les choses étant restées absolument dans le même état, sauf les arbres qui obstruaient les rou- tes et qui avaient été enlevés. Les abords de la forêt ne nous offrirent rien d’extraor- dinaire , si ce n’est un nombre plus considérable que dans les années communes, d’arbres renversés par le vent du sud-ouest, sans que leur distribution indiquât rien de bien exceptionnel dans l'intensité de la force qui les avait ren- versés. Mais arrivés à la hauteur de la bifurcation des routes tendant à Besançon et à Saint-Hyppolite, nous trouvâmes une bande de forêt, en ligne droite, d'environ trois cents pas de largeur, dont la direction, parallèle à celle de la chaine générale du Jura, traversait sans arrêt tous les mas- sifs que l’on pouvait apercevoir de cette station. Sur cette bande tous les arbres, à l’exception de deux seules plantes de 80 à 100 pieds de haut et de 25 à 30 pouces de dia- mêtre, étaient renversés, et le plus grand nombre brisés, fort peu étaient tombés avec leurs racines ; les fractures étaient franches, comme si des boulets de canon les avaient faites, mais à toutes les hauteurs, à 2, 10, 20, 30 et même 50 pieds du sol, et elles se faisaient remarquer sur les ar- bres de toutes grosseurs, depuis ceux de 25 à 35 pouces de diamètre jusqu’à ceux d’un diamètre minimum de qua- tre pouces. Il est probable que ceux d’un diamètre plus fai- ble (rares dans les forêts jardinées comme celles-ci) avaient été ensevelis sous les branches des autres, ce qui empé- chait de les apercevoir. Après avoir traversé cette bande I avec assez de peine, nous la suivimes dans la direction du sud-ouest la longueur d’une lieue environ, et remarquà- _mes partout les mêmes brisures; le sommet des arbres avait été brisé et enlevé, et le tronc resté débout était en outre fracturé, quelquefois même en plusieurs endroits. Tous les arbres nous parurent tombés du même côté, dans la direction du sud-ouest, perpendiculairement à la direction de la bande détruite; et pourtant cette bande, où tout était absolument et identiquement brisé, traversait en ligne di- recte des arêtes, des berges à pentes uniformes, des dépres- sions de terrain et des ravins où les bois souffrent ordi- nairement peu ou point des coups de vent. Enfin, au-delà . de la bande nous trouvàmes encore sur notre passage bon nombre de sapins renversés, mais en sens inverse. Pour se faire une idée générale du phénomène, il fau- drait se représenter la forêt entamée sur une étendue de plusieurs lieues en ligne directe, par une bande de 300 pas de largeur, sur laquelle tous les arbres viendraient à être brisés et renversés du même côté, dans le sens de la lar- . geur, puis, sur les côtés de cette bande, d’autres arbres ; renversés également, mais dans un sens opposé, à peu près ) comme sur les bords d’un fleuve, les arbres des berges qui : Ë 4 el. APT PAPE, PÉRTP ER viendraient à être renversés de chaque côté sur l’eau. Diverses relations locales font envisager la durée du phé- nomène comme très courte. Quelques personnes ont parlé À d'un quart d'heure, d’autres de cinq minutes à peine. Une … femme qui se trouvait alors sur un sentier, dans l’intérieur même de la forêt, a rapporté que, voyant arriver ce temps affreux, elle avait cru à la fin du monde, et s'était jetée à eénoux , pour recomander son âme à Dieu; qu’elle vit “alors un feu rapide parcourir l'intervalle des arbres qui ombaient subitement avee un bruit effroyable; que ce feu wait disparu et la tempête cessé avant qu’elle eût achevé nn UE 2 sa prière. Ayant repris son chemin tant bien que mal, elle rencontra une autre femme qui s'était trouvée aussi dans cette débacle, et avait comme perdu la tête. Un homme se trouvait aussi dans ces forêts avec ses quatre enfants de huit à douze ans. Au commencement de la tempête, le pére se réfugia sous un gros sapin qui fut brisé à quelques pieds au-dessus de sa tête; il en eut un tel effroi, qu'il se sauva à travers ce chaos de destruction sans songer à ses enfants, jusqu’à ce qu'il fut à la lisière du bois; l'orage s’élant apaisé, il revint précipitamment, et trouva ses qua- tre enfants sains et sauf au milieu des arbres brisés. De ces sept personnes, aucune ne fut même blessée. Les toitures des maisons environnantes furent fort en- dommagées, plusieurs même complètement détruites, et deux maisons furent renversées; dans l’une étaient onze personnes, dont une seule fut blessée. Ce désastre, dit- on, S’élendait sur une bande d’égale largeur, depuis le vil- lage de Fournets jusqu’à Saint-Hypolite, sur une longueur d'environ neuf lieues. MM. de Meuron et Gœnzly ont estimé la partie des fo- rêts détruites, seulement sur les communes de Fuans et de Guyans, à 160 hectares ou 500 poses, le nombre des ar- bres brisés ou abattus de six pouces et au-dessus à 150,000, ét leur valeur à 900,000 fr. Les gens de la localité esti- maient le dommage à un million. A part les plantes abat- tues en dehors de la bande, dont un certain nombre ont pu être utilisées comme bois à bâtir, la plus grande partie n’ont pu servir que comme bois de chauffage. A part les forêts détruites par des avalanches et des glissements de terrains ou par lincendie, il est difficile de rencontrer une destruction plus complète. Quelle eause peut-on assigner à un semblable désastre ? Il semble d’abord naturel d’y voir le résultat des efforts ‘Oh combinés de deux puissants courants d'air arrivant de directions opposées, dont la présence a été signalée, ac- compagnés de phénomènes électriques , que parait avoir observés un des témoins. M. de Meuron parait croire que cette dernière cause est la principale, du moins quant à la bande détruite, et pense qu’elle n'a pu l’être d’une façon Si complète et si rapide, que par une effroyable explosion électrique. Toutefois il faut faire remarquer qu’ordinaire- ment quand les arbres sont frappés de la foudre avec in- tensité, leur bois est réduit en esquilles minimes par l'effet de la vaporisation subite de la sève. Cependant, nous ne voulons point décider la question, nous félicitant seulement d’avoir pu rendre publique une relation authentique d’un fait si remarquable, qui, ayant eu lieu si près de nos fron- tières, appartenait en quelque sorte de droit à notre rap- port (‘). Le même jour eut lieu un orage à Neuchâtel à quatre heures de l'après-midi. Le vent soufflait violemment dans tous les sens, surtout du sud-ouest et du nord (vent et jo- ran) Le baromètre descendit à 713 mm., réduit à 0°. La température extérieure était de 19°. À Lausanne, de deux à sept heures du soir, la tempéra- ture s’est abaissée, le même jour, de neuf degrés; elle était à deux heures de 19,58, et descendit à 100,58 ; pendant qu'à Neuchâtel à trois heures la température était de 24,75, - et au moment de l’orage de 19e. M. Desor a rappelé à cette occasion que ces abattis sont . xn phénomène très-fréquent dans les forêts de l'Amérique du nord, où ils sont connus sous le nom de windfalls (abat- (*) Le théâtre du désastre de Fuans fut visité à-peu-prèés à la même - époque par un autre membre de la Société des sc. nat., M, Aug. Jaccard, du Locle, qui en a fait rapport à la Société, Ses observations sont de tous points conformes à celles de MM. Meuron et Gœntzly. LÉ AQU Le us de vent). Comme dans la forêt vierge et particulièrement dans les parties marécageuses, les arbres sont beaucoup plus serrés que Chez nous, il en résulte des barrières de vingt et trente pieds de hauteur, qui souvent se poursuivent sans interruption sur une étendue considérable, et constituent ainsi un obstacle sérieux pour l'explorateur qui est obligé de les traverser et qui peut s’estimer heureux s’il n’y laisse que des lambeaux de ses vêtements. Là, comme chez nous, ces abattis sont l'effet d’ouragans ou tornados, qui sont eux- mêmes causés par la rencontre de deux vents. M. Desor n’y a jamais constaté les effets de l'électricité. Les arbres, au lieu d’être renversés perpendiculairement à la direction de l’abattis, comme à Fuans, sont plutôt couchés dans le sens de la longueur. Coup de foudre. Dans la nuit du 19 au 20 juillet, à une heure et demie du matin, la foudre tomba, suivie d’un coup de tonnerre violent, dans une petite maison, à côté de l'auberge du Crêt-du-Locle. Dans une chambre couchait un homme avec sa femme et le plus jeune de ses enfants; près d’eux, deux enfants, dans une chambre voisine une domestique. La fou- dre pénétra dans la maison, et en sortit en faisant dans la muraille des trous comme de boulets de canon. La mu- raille fut ainsi percée en quatre endroits. Aucune des gran- des personnes ne fut atteinte, l’un des enfants eut le crâne fracassé par un des poids de l'horloge que la foudre déta- cha et lança au loin. Le lit de la domestique fut fracassé, les portes brisées, l'horloge suspendue à la paroi lancée à l’autre bout de la chambre, toute la boiserie démontée, les meubles brisés et renversés, la crosse d’un fusil coupée en petits morceaux ; en un mot, tout dans la maison fut mis sens dessus dessous. Près de la maison, à cinquante pas, un arbre fut fendu et décortiqué. Tremblements de terre. Le 25 juillet on a senti, à une heure moins dix minutes, un tremblement de terre plus fort qu’on n’en a jamais senti à Neuchâtel. Le mouvement avait lieu du sud-ouest au nord-est. Quelques cheminées sont tombées. Dans les mai- sons les sonnettes se sont fait entendre, les meubles bou- geaient, les murs étaient ébranlés avec des craquements formidables ; la population ne s’est émue qu’après que tout était fini. L'observation immédiate des instruments n’a rien indiqué d’extraordinaire. Le collége a le plus souffert, la corniche s’est fendue; un grand nombre de bocaux ont été renversés et brisés dans les salles du musée. A une heure vingt-cinq minutes après- midi, il y a encore eu des secousses, mais beaucoup moins fortes. Le 26, on a ressenti à Neuchâtel deux faibles se- cousses, à dix heures quinze minutes du matin et à deux heures vingt minutes du soir. _ Le 28 Juillet, deux secousses très-faibles ont eu lieu, à onze heures du matin et dix heures du soir. Les secousses . ontété plus vivement senlies sur les terrains de remblai de la ville que sur le roc. Le 28 septembre, deux faibles secousses de tremblement de terre à huit heures quarante minutes du matin et à sept heures seize minutes du soir, la première a été accompa- gnée d’un bruit analogue à celui d’un mur qui s’écroule ; la seconde a été plus remarquable par ses suites. Au mo- ment de la secousse, le temps était très calme, la lune se levait au nord-est et se réfléchissait sur la surface du lac, ‘unie comme une glace, quand tout-à-coup un bruit très violent comme celui de vagues qui briseraient, poussées un par un vent impétueux , se fit entendre au sud dans la di- è: rection de Portalban. Ce bruit semblait se rapprocher ra- L hd M pidement: et en effet, on entendit bientôt un léger elapot- tement de l’eau, puis des vagues grossissant sans cesse vinrent battre le rivage et s’élevèrent jusqu’à la hauteur d’un pied, sans que l’on ressentit encore le moindre souf- fle de vent. Les vagues ailongées étaient arrondies comme sont les ondes produites par la chute d’un corps dans l’eau. À dix heures le lac allait s’apaisant et le temps était tou- jours calme. Il semble donc probable que le mouvement de l’eau da lac à été produit par une rupture d'équilibre oceasionnée dans son bassin même par la secousse du trem- blement de terre. Le 20 octobre, une secousse fut ressentie à quatre heu- res du matin. Elle était accompagnée d’une détonation. Nous compléterons cet article des tremblements de terre par le résumé d’une lettre écrite du Valais par M. le cha- noine Rion à M. le prof. Desor, sur ceux qui ont été res- sentis dans la vallée de la Viége depuis le 25 juillet. Voici en substance les résultats des observations de M. Rion. 4° Viége, Stalden et Saint-Nicolas paraissent être placés au-dessus du foyer d'action, puisque de là les secousses se sont propagées dans les différentes directions. a) De Saint-Nicolas à Viége, les secousses ont à peu près suivi la direction du méridien, se dirigeant du sud au nord. Les constructions ébranlées dans ce district sont tombées vers le nord. b) De Saint-Nicolas au Mont-Rose, les secousses ont re- monté la vallée, se dirigeant par conséquent du nord au sud. c) Dans la vallée de Conches, leur direction est du sud- ouest au nord est. d) Entre Viége et Bex de l’est à l’ouest, parallèlement à la direction de la grande vallée. 20 Les édifices les plus élevés n’ont pas été plus affectés - que ceux qui ne dépassent le sol que de quelques-pieds. C'est sur l'extrémité supérieure des constructions, quelle que fût leur hauteur, au-dessus de la surface du sol, que s’est manifestée surtout l’action destructive. 5° À Zermatt, les secousses ont été sensiblement moins violentes qu’à Stalden ; au Riffel, elles sont à peu près nul- les. Cette circonstance serait due à la distance horizontale qui sépare ce point du centre des secousses plutôt qu’à son élévation, puisque des blocs de rochers se sont détachés du sommet du Mettelhorn (2904 +), et que toute une paroi est descendue du Cervin. | 4e Les fentes et crevasses entr'ouvertes par le tremble- ment de terre, les nombreux ébranlements, la disparition d'un certain nombre de sources situées sur des hauteurs, Fapparition de sources nouvelles au pied des montagnes ne paraissent être que l'effet mécanique des violentes se- _ cousses du 25 et 26 juillet. Les crevasses ainsi formées sont devenues des canaux naturels par lesquels les eaux des hauteurs se sont échappées, pour reparaitre sous la for- me de sources nouvelles au fond des vallées, par exemple entre Viége et Stalden. 5° Toutes les sources sont froides. 6° Du 25 juillet au 6 septembre, M. le chanoine Rion a compté environ 150 secousses accompagnées de détona- lions, 60 secousses sans détonations, et 80 détonations _ sans secousses. . … 7.Dans les violentes secousses, la détonation et la com- . motion sont presque simultanées; dans les secousses plus - faibles, la détonation est aperçue en premier lieu; enfin il … ya des détonations sans secousses. 8e L'effet des tremblements de terre sur les animaux même les moins sociables, tels que les hiboux et la pie, à "MG = été très marqué, surtout lors des fortes secousses du 30 août. Les oiseaux voyageurs, en particulier les hirondelles, avaient pris la fuite dès le premier tremblement de terre, et les gre- nouilles avaient cessé leur coassement. Des renseignements venus d’autres sources feraient croire que les serpents de leur côté ne voulaient plus rentrer sous terre, mais se ca- chaient simplement sous les feuilles. Météore. Le 16 août 1855, vers neuf heures du soir, un corps lu- mineux, avec une courte trainée de feu, ayant l'air d’une comète fut aperçu à Neuchâtel traversant lentement le ciel de l’ouest à l’est, pendant l’espace de quatre secondes. Au milieu de sa course, le globe perdit la blancheur de son éclat, s’étala, et prit la forme d’un groupe d'étoiles très- petites, et puis le tout reprit de nouveau la forme d’une trainée rougeûtre el se perdit insensiblement au milieu du ciel. | La hauteur où ce phénomène eut lieu, ne paraissait pas très considérable. L'origine du globe n’a pas pu être obser- vée, le collége ayant borné la vue de lobservateur. Fourmis volantes. Aux Brenets, le 25 août, une demi-heure avant le cou- cher du soleil, des myriades d’insectes ailés, réunis en es- saims de forme conique, paraissant sortir du Doubs ou de ses rives, s’élevèrent rapidement dans l’air en se dirigeant du nord au sud, et sur un espace de près d’une lieue. Leur quantité était si prodigieuse, et leur masse par moment tellement compacte, qu’à de courts intervalles la côte fran- çaise était dérobée à la vue. RD. A Eclairs sans tonnerre. Le 30 septembre au soir, un orage éclata près de Neu- châtel, au Val-de-Ruz; les premiers à éclairs furent ac- - compagnés de coups de tonnerre. Mais pendant une demi- - heure, de six heures trente minutes à sept heures, de - nombreux et de gros éclairs jaillissaient à une très petite . distance sans ‘bruit. Ce n’est que lorsque l'orage fut près - de sa fin que les coups de tonnerre se firent de nouveau entendre. Fontaines ou bandes lisses. - soi-disant fontaines, comme on en observe fréquemment . par les temps d'orage. A quatre heures du soir survint une 1 pluie assez forte; les fontaines n’en persistèrent pas moins - malgré l'agitation causée par la chute de la pluie, les unes … formant de longues trainées irréguhères dirigées dans tous - les sens, les autres sporadiques, quelquefois très serrées - comme des nuages moutonnés. Cette observation, qui n’est pas unique dans son genre, semble prouver que ces bandes ne peuvent être dues à des courants, dont l’effet aurait certainement été neutralisé par Ja pluie. | . On sait que la théorie de M. Desor les attribue à lappa-. * rition d’infusoires et de substances grasses à la surface de dans certaines conditions atmosphériques qui ne sont $ encore suffisamment déterminées, et sur lesquelles il bre. par conséquent, d'appeler l'attention des observa- “teurs. ] + . É . à Le 5 octobre le lac était parsemé de bandes lisses ou À ÿ tchat PS Bandes de Nekeer. Le 6 octobre, le coucher du soleil fut d’une rare beauté. Au moment où le soleil allait se coucher, le Val-de-Tra- és JUS Le vers était couvert de nuages gris vers le zénith, jaunes à la bauteur de la montagne de Boudry, rouges dans le Creux- du-Vent, et dans le fond de la vallée d’un blane éblouissant. Le Vully était éclairé vivement des teintes les plus chaudes et tous les détails du paysage remarquablement accentués ; vers Estavayer, des nuages rasaient le lac et fermaient l'horizon ; ils étaient d’un orange éclatant, le lac au con- traire vert pré. Les Alpes étaient couvertes de nuages den: ses et gris, sur lesquels se dessinait un bout d'arc-en-ciel à vives couleurs, qui s’appuyait par sa base sur Cudrefin, mais qui paraissait s'élever à mesure que le soleil baïssait. Vers l’est le paysage était gris: au-dessus de Jolimont étaient des nuages gris horizontaux. À mesure que l'ombre envahissait lorient, des rayons bleus et jaunes, ayant leur centre à l’est, presque sur Jolimont, devenaient de plus en plus distincts, et il semblait qu’un nouveau soleil allait se lever pendant que le vrai soleil se couchait. Peu à peu ces rayons pâlirent et disparurent; ils étaient constamment coupés par les nuages horizontaux qui existaient dans cette partie du ciel, et qui ne changeaient pas de place. Le vent soufflait d'ouest, et au zénith il existait des bandes de nua- ges parallèles dirigés d'ouest en est. Seconde coloration des Alpes. Le 12 octobre, le soleil se concha en éclairant les Alpes, qui étaient d’un rouge éclatant. On voyait très-bien Ja Jungfrau et les Eiger, pendant que des nuages gris allon- gés cachaiïent le reste de la chaine ; le temps était calme, mais dans les hauteurs de latmosphère paraissait régner une bise assez forte. L’air était sec, frais, et le baromètre tendait à monter. Il y avait de très hauts nuages, parallèles les uns aux autres dans la direction nord-est sud-ouest. SEP ER | PRET IN Z Le soleil couché, les Alpes étaient devenues blanches, la rougeur avait disparu, et elles avaient pris cette teinte bla- farde qui succède ordinairement à la première coloration, quand tout d’un coup leurs sommets commencèrent à se rougir de nouveau, et restèrent rouge faible pendant près d’un quart d'heure. En même temps, au-dessus de ces nuages parallèles, se répandit une lueur rose dirigée de l’ouest vers le zénith, qui apparut et disparut avec la deuxième rougeur. Les bords du lac étaient jaunes; le tiel, bleu du soir. Ce fait de la seconde coloration des Alpes n’est pas très- rare, et a été expliqué de diverses manières ; il est plus fréquemment observé sur les bords du lac Léman que chez nous ; mais jl y aura quelque intérêt à prendre note des jours où ce phénomène se produit avec une certaine inten- sité, pour mettre sur la voie de la meilleure explication. II est surtout remarquablement beau du haut de nos sommets du Jura. (Suite de la séance du 22 Février 1856). M. Desor présente la 3€ livraison de son Synopsis des échinides fossiles qui vient de paraître et qui clôt la famille des Cidarides, renfermant la 2% partie des Ci- darides latistellés, la tribu des Salénies et celle des Tes- _ sellés. M. Desor discute, à cette occasion, les principes de - de la classification des Echinides et en particulier des Cidarides (voir la notice sur ce sujet aux appendices). BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. [ Ur Séance du 7 mars 1856. Présidence de M. L, Coulon. Ensuite d’une résolution antérieure, la Société s’oc— cupe de l'élaboration d’une liste de membres honoraires et correspondants qu'elle compose en définitive comme suit; membres honoraires : MM. Mérian, Schœnbein, Escher de la Linth, Heer, Mousson, Lusser, Rion, Pic- tet, de la Rive, Plantamour, de Candolle, Lardy, Stu- der, Brunner, Valentin, De La Harpe ; membres corres- pondants : MM. Blanchet, Renevier, De La Harpe fils, Gaudin, Campiche, Bolley, Wolff, Lébert, Malherbe, Kæchlin, Colomb, Hans Locher. M. L. Coulon rend compte d’une observation de M.Che- vandier sur les dégâts causés par certains insectes dans les forêts des Vosges. Pendant l'hiver 1849-1850 on avait fait dans le jeune bois de pins de la commune de Petitmont une éclaircie, qui fut continuée l'hiver suivant. En 1851, vers la fin d'août, l’éclaircie fut envahie par une quantité si considérable d'Hylesinus piniperda, que les rameaux coupés par eux jonchaient le sol, et que les jeunes pins restants présentaient l'aspect d’un champ de céréales saccagé par la grêle. M. Chevandier reconnut que la multiplication prodigieuse de ces insectes prove- nait de ce que l'exploitation avait été mal faite, en tant que les bois avaient été coupés trop haut, laissant des souches trop élevées au-dessus du sol et qu’une grande partie des produits avait séjourné sur le terrain, ceux de la première coupe jusqu’en octobre et ceux de la seconde jusqu'en novembre. Or l’éclosion de l'insecte ayant lieu EU PRE dans le mois de juillet, la vidange aurait dû se faire avant celte époque, d'autant plus qu'en automne il y a fré- quemment une nouvelle production d'insectes. D’après M. Coulon, le même fait s’est reproduit chez nous, quoi- que à un moindre degré, dans les exploitations de pin sylvestre qui s'effectuent au-dessus de la ville. L'enlève- ment du bois coupé avait eu lieu cependant avant le mois de juillet, et malgré cela, on remarqua que la plupart des extrémités des rameaux de pin, avoisinant la coupe, élaient jaunes et atlaquées à l’intérieur par la larve d'Hy- lesinus. M. Coulon parle ensuite d'une autre maladie qu'on observe sur le sapin et qui est produite par lÆci- dium abietinum. Ce champignon se développe sur les jeu- nes tiges de cet arbre et principalement sur les rameaux en occasionnant une exubérance de sève, qui donne nais- sance à une quantité de rapilles prenant, avec le temps, la forme de nids ou de balais (on les appelle en allemand des balais de sorciers). Ces productions sèchent au bout de quelques années, grâce à l'altération des fibres li- gneuses. Tant que le champignon ne s'attaque qu'aux rameaux latéraux, cela n'a pas d’inconvénient ; mais lorsqu'il se développe sur la tige principale quand elle est encore jeune, alors il nuit beaucoup à l'accroisse- ment de la plante et produit peu à peu des bourrelets qui persistent après la mort du parasite et donnent nais- sance à ce qu'on appelle chez nous des arbres bondus. L'altération des vaisseaux sur les points en question, abrège la vie de ces arbres et détermine ordinairement leur rupture par les vents ; de plus, elle les rend impro- pres aux usages industriels, ce qui fait que les forestiers, qui connaissent fort bien celte maladie, font toujours A ARE" NOUU abattre en premier lieu les sujets attaqués. Cette mala- die du sapin blane (la pesse n’est jamais affectée par lÆcidium) a été attribuée à diverses causes; mais, d’a- prés les observations de M. Coulon , elle n’en a pas d’au- tres ; il produit, à l'appui de ses assertions, un tronc bondu’ accompagné de rameaux également attaqués et qui ne sont pas encore (ombés, dans lesquels il a fait des sections , de manière à donner une idée du mode de dé- veloppement de ces excroissances. M. Favre a observé chez les pins des anneaux quel- quefois très nombreux qu'il attribue à l’action d’un petit rongeur. M. Cornaz communique à la Société une analyse des principaux faits de physiologie oculaires contenus dans la seconde partie du premier volume du journal Archiv für Ophtalmologie de Berlin, à savoir : 1° Sur les phéno- mèênes visibles de la circulation du sang dans l'œil, par le prof. F.-C. Donders, à Utrecht ; 2° De l’accommoda- üon de l'œil, par le prof. H. Helmholtz, à Kônigsbere ; 30 De la presbyopie occasionnée par une pression exer- cée sur l'œil, par À, de Græfe, à Berlin ; 4° Sur les mou- vements qu'exécute l'œil pendant qu’on ferme les pau pières, par le même ; 5° De la sécrétion et de l’absorption des larmes, par le prof. L. Arlt, à Prague; 6° De l’in- suflisance de la valvule lacrymale, par le prof. G. Rau, à Berne. | Enfin, M. Vouga rend compte des découvertes récentes sur les spermatophores des grillons. 90. = | Séance du 11 avril 1856. ] | Présidence de M. L. Coulon. M. le président annonce que M. Desor a remis à la caisse de la Société, à titre de don, la somme de fr. 328, produit de son cours sur la géologie du Jura. Sur la proposition de M. Borel, il est résolu de lui adresser une lettre de remerciements. M. Th. de Meuron présente une coupe explicative de son mémoire sur le désastre de Fuans, coupe où l’on re- marque surtout l'étendue du phénomène et les relations curieuses des arbres abattus par rapport à la direction de l'ouragan. M. Æopp présente quelques considérations sur la falsi- fication des vins (voir Appendice). Séance du 25 avril 1856. Présidence de M. L. Coulon. M. ÆKopp rend compte à la Société des délibérations du Comité de météorologie relatives à l'achat des instru- ments au moyen des fonds alloués par l'Etat. Séance du 9 mai 1856. Présidence de M. L. Coulon, — M. Kopp annonce qu'ensuite d’une décision prise par 4 Ja Société d'établir un limnimètre sur le lac de Bienne, on a commencé à cet effet des travaux à Frienisberg, Mg MERS mais qu'on a dû les interrompre à cause de la présence de sources qui, haussant le niveau de l’eau, fausseraient ainsi les données de l'instrument. Il voudrait être auto- risé à établir le limnimètre à la Neuveville, où les con- ditions seraient sans doute meilleures. — Le même pré- sente des séries d'échantillons de soie et de paille qu'il doit à l'obligeance de MM. Persoz et Jeanneret, et qui sont destinées à faire connaître les diverses phases de la préparation de ces matières pour les besoins de l’indus- trie. Ces élégants produits formeront la base d’une petite collection d'objets du même genre qui sera déposée au collége des filles. — Le même présente et fait approuver à la Société des plans relatifs aux appareils évaporatoire et indicateur des Alpes, pour lesquels l'assemblée réclame l'exécution la plus prompte possible. Ce dernier appareil, qui viendra prendre sa place devant la colonne météoro- logique, consistera en une planche semicirculaire, sur laquelle sont tracées des lignes qui, partant d’un point commun, se prolongent dans la direction des sommités, dont le nom est inscrit sur chacune d'elles. Qyant au vase évaporatoire, qui s'élévera à l'extrémité orientale du même quai, il sera mis autant que faire se peut à l’a- bri de tout danger, de manière à ce que ses données ne puissent pas être entachées d'erreurs. M. Desor remet à la Société une brochure de M. Re- nevier sur le clivage et la foliation des roches, et l’ac- compagne de quelques explications. L'étude de ces phé- nomènes , faite déjà jadis par Baur et Dechen, a été reprise avec beaucoup d’ardeur dans ces derniers temps, On sait que le clivage est cette tendance qu'ont les ro- pe ni LP do... ci: hs pe à sé nn US ON Le. VRP SE EL ET SE LAN ir Le ch Ms. "” LL ANT NE De te? 223 EC hn RUE . ches à se diviser suivant des plans différents de celui de la stratification, et qui fait que, lorsqu'elle se manifeste dans des couches fossilifères , il est très difficile d'en dé- gager les fossiles, ceux-ci étant disposés plus où moins obliquement aux feuillets de la roche. Les dislocations des belemnites de certains schistes des Alpes, que tra- versent dans un même sens des filons spathiques, sont sans doute un effet de la même cause pour l'explication de laquelle on n’a que des hypothèses plus ou moins fon- dées. M. Sharpe, dont M. Renevier analyse les travaux, a étudié le pays de Galles sous ce rapport spécial, et a cru voir confirmer dans les Alpes la théorie qu’il avait émise pour les roches de la précédente contrée et que voici : c'est que, à en juger par la direction du clivage, la force qui l'a produite agissait de manière à donner naissance à des voûtes juxta-posées, dont le sommet est sans doute purement fictif. Séance du 23 mai “1856: Présidence de M. L. Coulon. M. Kopp annonce pour le bulletin un mémoire de M. Ladame sur la température du lac (voir Appendice). — Le même donne un court résumé d'une brochure ré- cente de Schænbein sur l'ozone; il en fera le sujet d’un appendice au bulletin (voir Appendice). Un travail de M. Cornaz sur le mouvement de l'hôpi- tal Pourtalès pendant l'année 1855, est également destiné au bulletin (voir Appendice). M. Jaccard offre à la Société une belle série de plantes fossiles des terrains d’eau douce du Locle, ainsi qu'un Ps TE mémoire à leur sujet, dont l'impression est réclamée pour le bulletin (voir Appendice). M. Kopp lit une lettre de M. Malherbe contenant des observations météorologiques. M. Desor relève l'importance des études géologiques relativement à la construction des tunnels, et. s'appuyant sur les expériences récentes faites au Hauenstein, il fait observer que ce n’est pas seulement dans le tunnel lui- même qu'on doit chercher à éviter les marnes, mais aussi dans les puits; et qu'ici, lorsqu'il est impossible de ne pas les traverser, il faut s'arranger de manière à les ren- contrer le plus haut possible, afin de diminuer les frais d'extraction de l’eau, ou bien en cas d’une trop grande affluence, de pouvoir abandonner à temps l’entreprise. M. Gressly présente la feuille n° 7 de la carte fédérale de Dufour, représentant l’ancien évêché de Bâle, qu'il a colorié géologiquement d’après les données de MM. Thur- mann , Quiquerez, Greppin, etc., et les siennes propres. M. de Tribolet rend compte d'un article des Annales des sciences naturelles intitulé : Observations sur les mœurs des Cerceris et sur la cause de la longue conservation des colécptères dont ils approvisionnent leurs larves , par M. Fabre. Es APPENDICE. NOTES SUR LA FLORE KFOSSILEKE DU TERRAIN D'EAU DOUCE SUPÉRIEUR DU LOCLE. PAR A. JACCARD. Le vallon da Locle présente sur un: espace restreint, quatre kilomètres de longueur sur un de largeur , toute la série des terrains tertiaires avec une variété de carac- tères minéralogiques qui en rendent l'étude assez diffi- cile. Le terrain d'eau douce y occupe en particulier une étendue assez considérable ; aussi a-t-il fixé, dès long- temps, l'attention des géologues. Cependant, ceux-ci avaient toujours considéré toutes les couches de ce ter- rain comme étant de même âge géologique. C'est à M. le professeur Heer que nous devons la distinction de la mo- lasse d'eau douce supérieure analogue aux schistes d'OE- ningen, qui avait élé confondue avec la molasse d’eau . douce inférieure ou même était restée inaperçue. C’est au moyen des plantes fossiles recueillies pendant les tra- - aux de terrassement pour la gare du chemin de fer, que. ce savant a jugé et établi cette distinction. Il nous reste- rait à l'appuyer par le détail de la position stratigraphi- que, relativement aux autres groupes tertiaires, mais cette partie est encore tellement peu avancée, que nous devons renoncer à la traiter pour le moment. _ = OR, trees Nous nous bornerons donc aussi à parler des gisements de la gare, quoique plusieurs autres points paraissent devoir nous offrir les couches du même terrain. Voici d'abord quelle est la coupe que les travaux per- mettent d'observer : 1°. Au-dessous de la terre végétale nous observons un calcaire d’eau douce compacte, à grains très grossiers de couleur jaune-brunâtre, renfermant des unio et des planorbes d’une mauvaise conservation ; une espèce de planorbe à dernier tour très développé, nous a paru sem- blable à celle d'OEningen. Quant aux unio de toutes les assises, M. Escher croit que ces coquilles n'appartien- nent pas à l'espèce de l’Unio Lavateri, mais leur conser- valion ne permet pas une détermination exacte. Une grande quantité de tiges de chara se rencontre dans les parties schisteuses de cette roche; cependant, nous n'a- vons trouvé aucun fruit de cette plante ni débris d'au- tres végétaux. À la base, ce calcaire prend une couleur bitumineuse, comme serait une veine de lignite. Puis- sance : 2 mètres. 2° Le calcaire devient blanc, compacte, à grains fins, à cassure irrégulière. Les feuilles sont encore excessive- ment rares, de même que les débris animaux. Puissance : 1 mètre. 3° La teinte de cette assise devient légérement bleuà- tre; les caractères minéralogiques sont les mêmes que dans la précédente, sauf que la cassure est plus réguliére. Les feuilles sont assez nombreuses, surtout celles de l'A- cer tricuspidatum, et présentent des nervures mieux con- servées que l’assise schisteuse. Puissance : { mètre. RE — 29 — 4° Caleaire bleu-foncé, mêmes caractères minéralogi- ques que le précédent. Les feuilles sont rares et mal con- servées. Puissance : 0,30, 5° Nous arrivons enfin à la couche la plus importante, malgré son peu de puissance, 0,0%. C'est un calcaire tendre, schisteux , se délitant à l'action de l'air et surtout de la gelée. La couleur est jaune ou blanche, parsemée de taches roses dans l'intérieur des blocs. La pierre se . fend en strates régulières, ce qui n'est pas le cas des « assises précédentes ; mais, le plus souvent, ce n'est pas * dans les intervalles des strates que se rencontrent les Dieuilles ; ; aussi, il arrive souvent d'endommager celles-ci -en fendant les morceaux. Tel bloc renfermera jusqu'à l trois ou quatre feuilles, tandis que beaucoup n'en pré- - sentent aucune. 6° La partie inférieure devient plus tendre et ne ren- « ferme plus qu’une grande quantité de typha disposées par - lits et prenant un aspect charbonneux. Puissance : 0,20". … 7° Les typba ont disparu , nous trouvons une marne compacte et dure formée d'un détritus de coquilles ter- “restres et palustres indéterminables. Puissance : 1 mètre. … 8° Enfin, le calcaire redevient à peu près le même que “celui de la couche supérieure ; il est seulement plus gris étne renferme pas de chara. Il disparaît sous la voie du “chemin de fer, mais nous le retrouvons une dixaine de mètres plus bas, dans les sols de bâtiments, au bas du willage, où nous avons recueilli les ailes d’un limnobia (L. Jaccardi H.). » Voici encore quelques observations générales sur ces De. La stratification est constamment régulière , c’est-à-dire, que les couches conservent leur position ré- IC RLPE ML CS, ciproque, malgré qu’elles soient brisées et morcelées de toute manière. Elles sont aussi ondulées et viennent par- fois affleurer successivement au sol. Quelquefois un bloc renferme deux ou trois des couches que nous avons étu- diées, et il est même assez rare que les assises bleues et schisteuses, n°5 4 et 5, soient indépendantes. Des veines rouges nombreuses, imitant souvent des empreintes vé- gétales, remplissent les fentes de la roche, quelquefois aussi il s’est formé une efflorescence de chaux à la sur- face des blocs. Un caractère particulier à toutes les couches et qui nous aidera à les distinguer de la molasse d’eau douce inférieure, c'est l'absence de toute trace siliceuse quel- conque. Lors même que le calcaire est compacte, il se laisse facilement tailler avec un couteau sans en altérer le tranchant. Quant à la distribution des espèces de plantes dans les diverses couches, voici ce que nous avons observé jus- qu'à présent. L’Acer tricuspidatum se rencontre exclu- sivement dans l’assise bleuâtre n° 3, de même que la Dryandroïdes bancksiæfolia, le Salix angusta, le Quer- cus Haïdingeri et la Glyptostrobus europæus. C'est à la jonction du calcaire bleu-foncé et des schis— tes n° 5, que se rencontre presque toujours l’Acer deci- piens avec la Grevillea Jaccardi, le Podocarpiaom Knor- rii, etc. Quoique les typha se rencontrent dans toutes les cou- ches, ils sont plus nombreux dans la partie inférieure des schistes en feuilles et sont. accompagnés de l’Arundo ano- mala, ce qui indiquerait un rivage marécageux auquel aurait succédé une plage unie et tranquille, sur laquelle sont venues se déposer les feuilles des schistes. ms OÙ — Nous allons maintenant présenter quelques considéra- tions générales et le catalogue des espèces déterminées à ce jour. M: Léopold de Buch, en étudiant, au commencement de ce siècle, les lignites du Locle, ne croyait pas à l'exis- - tence de débris de végétaux autres que des roseaux. Il écrivait alors : « On ne s'attend pas à voir croître des » arbres dans un lac de plusieurs centaines de pieds de profondeur, aussi n’en trouvons-nous pas de restes. » Remarquons, du reste, que c'est en parlant des lignites, dont il avait fait l'étude, qu'il portait ce jugement, mais une observation plus attentive lui aurait permis de re- cueillir aussi bien que nous des feuilles à la Combe-Gi- rard , aux Ecreuses, aux Envers et au Verger. - Un peu plus tard, M: A. Brongniart reconnut la pré- sence des fruits de chara dans les terrains d’eau douce. » M: Nicolet, président de la Soc. helvét. des sciences natu- | relles, avait reconnu les végétaux de la molasse inférieure, -eten particulier les culmites au lieu dit les Envers. La découverte d’une feuille de chêne (Quercus Mediterranea) dans la même localité, et celle de quelques feuilles à la -Combe-Girard, ainsi que les encouragements de quel- $ ques membres de la Société helvétique, nous firent per- — sévérer dans des recherches qui, pendant longtemps , semblérent ingrates et infructueuses. C’est seulement avec les travaux de chemins de fer que nous avons vu s'ou- vripune mine qui est loin d'être épuisée et qui promet . des résultats intéressants pour la géologie et la botanique per de l'époque tertiaire dans le Jura. M: le professeur Heër nous annoncé, dans sa dernière 0 avoir reconnu jusqu'à maintenant quarante-deux 4 A De espèces de plantes fossiles. En établissant le catalogue d'après celles que nous avons reçues, nous en trouvons quarante-huit. La différence provient peut-être de quel- ques espèces, dont il ne donne la détermination qu'avec doute ou dont il n'aurait pas tenu compte dans sa liste. De plus, il nous reste un bon nombre d'échantillons qui sont maintenant à Zurich pour y être déterminés, et cha- que jour amènera la découverte de quelque espèce nou- velle. Quoi qu'il en soit, indiquons, d'après M. Heer, les rap- ports de notre florule avec les faits connus de la science. Des quarante-deux espèces, trente se trouvent dans la molasse d'eau douce supérieure, dont vingt-cinq à OE- ningen , seize sont communes aux deux formations d'eau douce supérieure et inférieure. Quinze sont exclusive- ment propres à la molasse supérieure et deux exclusive ment à l'inférieure. (Ces deux dernières ne proviennent pas de la gare. Elles forment la base d'une flore de la molasse d'eau douce inférieure du Locle à étudier dans la suite. Les deux espèces connues de M. Heer sont le Quercus Mediterranea et un Quercus potamogeton; nous pouvons y ajouter une belle empreinte de pomme de pin et des culmites.). Neuf espèces sont donc entièrement nouvelles. Il n’est pas douteux que le dépôt de nos feuilles ne soit dû à un lac dans lequel elles tombaient directement ou élaient amenées par de pelits ruisseaux. Elles tom- baient successivement et non toutes à la fois. Cependant on pourrait encore observer quelque différence dans leur dispersion, par suile de la saison des pluies ou de celle des grandes chaleurs. Le CR M. Gaudin, à qui nous empruntons ces idées, ajoute : « Vos îles jurassiques et les bords de votre lac devaient avoir une température assez analogue à celle de Madère, ‘une sorte de printemps perpétuel. » Passons enfin en revue nos richesses et essayons de donner une idée de cette végétation si différente de celle que nous observons de nos jours sur les montagnes du Jura. Les botanistes ont placé à la base de l'échelle végétale une série de plantes qui vivent en parasites sur les tissus des autres végétaux ; ce sont les champignons (uredo), qui couvrent de taches ou affectent de protubérances les feuilles de plusieurs espèces d'arbres. Ces champignons, souvent microscopiques , se retrouvent fossiles sur des feuilles fossiles (Gaudin , cit.). Notre catalogue en compte trois espèces, mais ce nom- bre s’accroîtra encore beaucoup d’après nos prévisions. Des trois espèces , une était déjà connue, deux sont nou- velles. Nous avons recueilli les fruits de chara avec les teuil- les de l’Acer strictum A. B. et de l'Andromeda protogæa Ung, à la Combe-Girard. Nous les joignons au catalogue en attendant une décision sur la place à attribuer à ce isement dans les terrains d'eau douce. Aucune trace de fougère n'a encore été remarquée. … "Les conifères sont représentés par une espèce, le Glyp- tostrobus europeus, voisine d'une plante de la Chine. es exemplaires en sont assez rares. Une graminée de grande taille (arundo anomala), assez , et le typha latissima, très-abondant, viennent ter- miner la liste actuelle des monocotylédonées. 2. 60 Un saule, cinq peupliers, trois myrica dont une espèce est nouvelle, deux chênes, un orme, représentent des familles et des genres auxquels nous ajouterons bientôt de nouvelles espèces. La famille des laurinées compte cinq espèces, dont deux cinnamomum, deux persea, et un vrai laurier (lau- rus princeps). C’est cette dernière espèce, dont M. Heer:a trouvé de si belles feuilles à la Schratzbourg (?), qui était l'arbre dominant de la contrée. Nous l’avons trouvé avec une abondance qui fait regretter de n'avoir pas un plus grand nombre d'espèces de ce genre intéressant. Trois espèces de protéacées, plantes dont toutes les “espèces sont aujourd'hui particulières à l'Australie, et qui ont montré déjà une grande variété de genres et d'espèces à l'époque de la molasse inférieure, ont paru surtout in- téressantes à M. Heer. « La dryandroïde bancksiæfolia et » la cassia berenices semblent s'être maintenues sur les » collines du Jura de la Suisse occidentale plus longtemps » que dans la Suisse orientale où elles disparaissent avec » l'époque marine. La florule du Locle est très-intéres- » sante, parce qu'elle nous permet de jeter un coup-d'æil » sur la flore tertiaire de la Suisse occidentale dans les » temps qui ont suivi la formation de dépôts marins. Une » plante qui présente beaucoup d'intérêt est une grevillea, » voisine de la g. hæringiana EU. » (Lettre de M. Herr à M. Gaudin. Les thymélées, les vaccinées, les myrtacées, les ériei- nées, sont représentées chacune par une espèce, les ace- rinées par quatre acer à feuilles trilobées. Les rhamnées s'enrichissent de deux nouvelles espèces, une magnifique feuille de rhamnus et un ziziphus dédié à M. Thürmann. = 09 = Les ebénacées , les ilicinées , les célastrinées, les sa- pindacées comptent encore chacune une espèce plus ou moins riche en échantillons. Les papilionacées devaient être nombreuses , quoique - le nombre des espèces déterminées dans ce moment soit » restreint. Enfin, mentionnons encore une espèce, gompholabus borealis, que nous n'avons su à quelle famille rattacher. Il serait très intéressant de pouvoir ajouter à ces don- - nées sur la flore fossile, quelque chose sur la faune. Mal- heureusement elle est très-pauvre, et les restes en sont | mal conservés. Nous avons parlé des unio , les hélix et les planorbes ne sont pas dans un meilleur état. Nous avons recueilli un seul poisson presque entier | qui pourra probablement être déterminé ; il devait être “ assez grand ; les écailles sont couvertes de sillons con- « ceniriques. i Pour les insectes, nous avons parlé du limnobie dé- É terminé ; il nous reste plusieurs élitres qui pourront l'être aussi , nous l’espérons. Nous ne terminerons pas sans adresser nos remercie- ments à MM. Gaudin et De la Harpe, dont le travail sur la flore fossile des environs de Lausanne nous a servi de guide et d'exemple pour la rédaction de ces notes. Nous sommes aussi particulièrement reconnaissants envers M. le professeur Heer, pour la complaisance avec laquelle il a déterminé nos plantes fossiles, et nous a donné plusieurs renseignements intéressants dans ses lettres. BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. [24 — 66 — CATALOGUE. M, 1. blantes communes à la molasse inférieure de Ja Suisse. é M.S. » » »- supérieure £ ce, Plantes très-communes, = CA » communes. "© , È r trcs-rares. < es » rares. " Especes nouvelles. Champignons. Sphaeria interpungens H. (r. M. S.) * » circulifera H. (r.) * Dothidea Andromedæ H. (rr.) Characées. Chara Meriani A. Br. (cc. M. 1.) » .inconspicua À. Br. (r. M.S. M. I.) Cupressinées. Glyptostrobus Europæus 4. Br. (ce. M. S.) Graminees. Aruudo anomala Brongn. (r. M...) Typhacées. Typha latissima A. Br. (ce. M. 5. M.I) Salicinées. Salix augusta A. Br. (c. M. S. M. I.) Populus latior A. Braun. (M. 5. M. I.) »… latior transversa A. Br. (r. M.,5.) » mutabilis H. (r. M.,5.) » mutabilis repando crenata H. (r. M. 5.) altenuata A. Braun. (r. M. 5.) Myricées. Myrica Oeningensis A. Br. sp. (rr. M. 5.) » amissa H. (r. M.,5.) * » nov. spec. (7r.) A ACTE TES Es RU Cupulifères. ' Quereus Haïdingeri Ettingsh. (c. M. :$. M. I.) «__ myrtilloïdes Ung. (var.?) (rr. M.S. M. I.) Ulmacées. Ulmus minuta Gœæpp. (rr. M. 4.) Laurin ées. Cinnamomum polymorphum 4. Br. sp. (rr. M. S. M. I. » Scheuchzeri H. (rr. M..S. M. I.) Laurus princeps H. (ce. M...) Persea speciosa.. H. (r. M...) » Braunii H. (c. M...) Proteacees. Dryandroïdes Banksiæfolia Ung. spec. (c. M. I.) » lignitum commutata Ung. (rr. M I.) * Grevillea Jaccardi H. (c.) Thymelees. Pimelea Oeningensis A. Br. (r. M.S. M. I) Vacciniees. | Vaccinium acheronticum Ung. (r. M.S. M. 1) Myrtacées. Myrtus oceanica Est. (rr. M. 5.) Ericinces. Andromeda protogaea Ung. (ce. M. I.) | Acerinées. ; Acer tricuspidatum A. Br. (ec. M...) » strictum A. Br. (rr. M. 4.) » decipiens A. Br. (rr. M. S) » productum. A. Br. (ce. M. S.) Rhamnées. * Rhbamnus n. sp. (rr.) | * Ziziphus Thurmanni H. (rr.) | Tlicinées. t 4 lex berberidifolia H. (rr. M. S.) “ Celastrinées. Celastrus Bruckmanni 4. Br. (c. ms.) — 68 — Ebénacées. Diospyros brachysepala A: Br, (var. lanceol.) (ce. M. 5.) Sapindacées. Sapindus falcifolius A. Br. spec. (c. M. S. M. I) Papilionacées. * Leguminosites parvifolius H. (rr.) * Lepuminosites n. sp. (rr.) * Cæsalpinia n. sp. (rr.) Podocarpium Knorrii A. Br. (c. M. 5.) Mimosées. Cassia berenices Ung. (r. M. I) Gompholabus borealis Heer. (c. M. 1.) “> Q 00 —— — LR CATALOGUE DES FOSSILES DU NÉOCOMIEN MOYEN DE NEUCHATEL. PAR G. DE TRIBOLET. Depuis le mémoire de M. A. de Montmollin , où l’on altirait, pour la première fois, l'attention sur le terrain néocomien et sur ses fossiles, dont on connaissait une cinquantaineéà peine, il n’a guère été publié sur nos couches fossiliféres que les monographies de M. Agassiz - qui, tout en les mettant singulièrement en relief, n’ont cependant fait connaître qu’une faible partie de leurs ri- -chesses. L'impulsion donnée dans ces dernières années à la paléontologie, ayant eu pour résultat de produire de nouveaux travaux sur ce terrain dans d’autres con- trées de l'Europe, il a été possible d'identifier bon nom- bre de nos espèces avec celles qui sont décrites dans ces ouvrages, el, comme c'était une lacune qui restait à remplir que de signaler d’une manière aussi complète que possible les fossiles d’une localité devenue le type d’une formation presque universelle, nous avons pensé qu'il serait utile d'en donner, ne füt-ce qu'un simple catalogue. Le nombre des espèces que nous avons eues entre les — mains est d'environ 230, provenant des collections du musée et de M. de Montmollin, ainsi que de la nôtre - propre; près de 200 appartiennent aux mollusques, dont nous avons pu, d’une mañière certaine, identifier plus de — T0 — la moilié à des espèces déjà figurées. Si, pour un certain nombre d'entr'eux, nous n'avons pu préciser leurs rela- lions, cela résulte en bonne parlie de leur état de con- servalion, car le. test:ne se trouve guère que. dans les familles voisines des ostracés, et quant aux moules des autres , il est souvent privé de charnière que la marne est, par sa nature même, peu propre à conserver intacte. Il est essentiel de bien déterminer ce que nous enten- dons par terrain néocomien. Nous lui donnons ici le sens le plus restreint en n’y comprenant que les marnes bleues ou d'Hauterive et la pierre jaune qui leur est immédiate- ment superposée. Nous en détachons non-seulement les couches urgoniennes du Mormont et les calcaires intér- | médiaires de Bôle que d'Orbigny y avait fait rentrer, mais encore la série puissante des assises valanginiennes, qui, à Neuchâtel même, sont sans doate assez pauvres en fossiles, tandis qu'à Sainte-Croix leur faune l'emporte en richesse et en variété sur celle du néocomien moyen. Sauriens : Ichthyosaurus (vertèbre). rr. * Poissons : Lamna gracilis Ag.rr. Pycnodus Couloni Ag. rr. Sphærodus neocomiensis Ag. rr. Acrodus ? sp. rr. Crustacés : 3 espèces inédites (macroure et brachyoure). r. Annélides : Serpula unilineata Rœm. cc. » antiquata Sow. €. » vois. de socialis Gold. c. »?"15p° €. (*) Degré de fréquence des espèces : cc, très commune; c, commune ; pe, pas commune; r, rare; rr, très rare. pes — an — Cephalopodes : : Belemnites binervius Rasp. (dilatatus Blainv.). r. » subfusiformis Rasp. r. » pistilliformis BI. (d’après d’Orb.). r. Nautilus pseudoelegans d’Orb. c. Ammonites Leopoldinus d’Orb. pc. » cryptoceras d'Orb. r. » radiatus Brug. (asper Merian). «. » Astierianus d’Orb. pc. ° clypeiformis d’Orb. pc. > bidichotomus Leym. rr. » Carteroni d'Orb. rr. » fascicularis d’Orb. rr. » castellanensis d'Orb. c. Crioceras ? sp. rr. Gastéropodes : Scalaria albensis d’Orb. r. » canaliculata d’Orb. r. Turritella sp. indéterminable. pc. »? » TT. Acteon marullensis d’'Orb. pc. » ringens? d'Orb. r. Natica sublævigata d’Orb. c. » sp. vois. de Hugardiana d’Orb. r. » bulimoides? Ag. pe. » Sp. Nerita Mariæ? (d’Orb.). pc. » sp. à moule lisse, bouche plus évasée. r. Turbo Desvoydii d’Orb. r. » vois. de yonninus d’Orb., stries nombreuses. r. » vois. du précédent, moins trapu, moins de stries. r. Pleurotomaria néocomiensis d’Orb. c. » Phidias d’Orb. r. » vois. de la précédente r. » elegans d’Orb. r. Pterocera Moreausiana d’Orb. rr. “ Dupiniana? d'Orb. r. AR Gastéropodes : Rostellaria Robinaldina d’Orb. r. » vois. de Dupiniana d’Orb. r. » vois. de Parkinsoni Sow. r. » vois. de carinata Sow. r. Fusus neocomiensis d’Orb. r. Cerithium Dupinianum d’Orb. r. » albense d’Orb. rr. Colombellina monodactylus ? d’Orb. r. Emarginula neocomiensis d’Orb. La fissure n’étant pas visible, ce pourrait être une patelle. rr. Calyptrea sp. nov. r. Lamellibranches : Pholas ? sp. r. Panopaea irregularis d’Orb. (lateralis Ag.) pc. » » neocomiensis Ag. cc. » Albertina ? d’Orb. pc. » curta Ag. c. » attenuata Ag. €. » lata Ag. pc. » scaphoides Ag. rr. Pholadomya elongata Munst. €. » semicostata Ag. 7r. | 4 1 gr vois. de decussata Mant. rr. Goniomya caudata Ag. r. » lævis Ag. rr. Corimya vulvaria Ag. rr. » _. (periploma) Robinaldina d’Orb. r. » » neocomiensis d'Orb, r. » » sp. TT. Anatina rostrata Ag. rr. » dilatata Ag. rr. » marullensis? d'Orb. rr. » (cercomya) inflata Ag. rr. Platymya tenuis Ag. r: » minuta Ag. r. Mactromya Couloni Ag. rr. Gastrochæna dilatata d'Orb. r. Pt" RS Lamellibranches : Solecurtus Robinaldinus? d'Orb. r. » voisin deelegans d’Orb., mais plus renflé. r. » sp. plus large, également à côtes irradian- a | tes. r M: » vois. de Ft fr mais plus petit. r. Arcopagia subeoncentrica? d’Orb. r. Tellina Carteroni d'Orb. c. ns. Capsa sp. rr. 47 Venus Ricordeana ? d'Orb. pc. Edo ». Brongniartina d’Orb. c. ».. Robinaldina d’Orb. €. ». Cornueliana d'Orb. r. obesa? d’Orb. r. Dupiniana d’Orb. ce. Le, » . vendoperata Leym. pc. » Icaunensis d’Orb. r. » vassiacensis ? d'Orb. rr. Corbula incerta? d'Orb. rr. 22 0 Opis? sp fr. l Astarte gigantea? Desh. r. __» Beaumontii Leym. c. “ » neocomiensis d'Orb. c. » subacuta? d’Orb. rr. » disparilis d'Orb. ç. » numismalis d'Orb, c. » elongata d'Orb.pe. Crassatella Robinaldina d’Orb. pc. Cardita neocomiensis d’Orb. r. Cyprina Bernensis ? d’Orb. r. Trigonia longa Ag. rr. » scapha Ag. pc. » carinata Ag. r. » sulcata Ag. c. » cincta Ag. pc. » caudata Ag. ce. Lucina Cornueliana d’Orb. pe. » Dupiniana d'Orb.rr. Lamellibranches : Corbis corrugata d’Orb. cr. Cardium peregrinum d’Orb. cc. » - Cottaldinum d’Orb. pe. » sp. vois. pour la forme et les sillons concen- . triques de C. imbricatarium, mais en dif- fère par sa moindre épaisseur et des stries | sur le côté anal. pe. » sp. vois. du précédent; moule lisse, stries fines et très nombreuses sur le côté anal. 7. » sp. espèce inéquilatérale, à moule lisse et à crochets assez accuminés. r. » sp. vois. de C. Voltzii, à crochets moins pro- noncés, le moule est entièrement lisse et moins atténué sur les côtés. pe. » sp. fortement carénée et à côtes rayonnantes, épineuses. rr. Unicardium inornatum? d’Orb. pc. Ceromia neocomiensis Ag. r. »? formes rappelant le ceromya excentrica Ag. pc. Nucula Cornueliana d’Orb. pc. » planata? Desh. r. » simplex Desh. 7. Pectunculus? rr. Arca Gabrielis Leym. c. » securis Leym. cc. » Carteroni d'Orb. rr. » Raulini d'Orb. c. » Marullensis? d’Orb. rr. » _neocomiensis ? d'Orb. rr. » Robinaldina d'Orb. pe. » Cornueliana d’Orb. pc. Pinna Robinaldina? d’Orb. r. » sulcifera Leym. pc. » espèce grande à test lisse. r. Mytilus Fittoni d'Orb. pc. | » subsimplex d'Orb. pr. » abruptus d'Orb. r. ! ot | Lamellibranches : Mytilus sublineatus d’Orb. r. » Cornuelianus d’Orb. r. 2: Spore Lithodomus oblongus? d’Orb. r. » Sp. r. ; Lima Carteroniana d’Orb. pc. » espèce lisse. r. » Cottaldina d’Orb. r. » Royeriana d’Orb. r. » undata Desh. r. » neocomiensis d’Orb. rr. » Tombeckiana d'Orb. €. Avicula Carteroni d’Orb. pc. » Cottaldina? d’Orb. r. » Cornueliana d'Orb. r. » pectinata Sow. (d’après d’Orb.). rr. Gervillia anceps Desh. c. » alæformis Sow. r. Perna Muletii Desh. rr. Inoceramus vois. du problematicus. rr. Pecten vois. de orbiculare Sow. pc. » striatopunctatus Rœm. pc. » Robinaldinus d’Orb. pc. » vois. de Goldfussii. pc. Hinnites Leymeri Desh. pc. Janira neocomiensis Ag. c. » atava Rœm. pc. Spondylus Rœmeri? d’Orb. r. Plicatula Carterionana d’Orb. r. » Rœmeri d’Orb. r. » asperrima d'Orb. (d’après d’Orb.). rr. Ostrea Boussingaultii d’Orb. pc. » Couloni Defr. cc. » haliotidea Sow. rr. » macroptera Sow. pc. » Tombeckiana? d’Orb. r — 76 — Palliobranches : Lingula sp. rr. Rhynchonella depressa d’Orb. cc. » Agassizi d'Orb. r. » lata d’Orb. pc. Terebratula prælonga Sow. cc. » sella? Sow. pc. » Carteroniana d’Orb. r. » pseudojurensis Leym.c. » tamarindus Sow. pc. » Marcousana d’Orb. pc. Terebratella neocomiensis d’Orb. rr. » canaliculata Rœm. rr. Bryozoaires : 2 à 3 espèces rares. Echinodermes : Dysaster ovulum Ag. Holaster L'Hardyi Dub. Toxaster complanatus Ag. Spa CE Pygurus Montmollini Ag. » minor Ag. Nucleolites Olfersii Ag. » subquadratus Ag. Catopygus Gresslyi Ag. Pyrina pygaea Desor. Holectypus macropygus (Ag.) Desor. F Echinus fallax? Ag. Glyphocyphus depressus (Ag.) Desor. Magnosia pylos Ag. (Desor). Diadema rotulare Ag. (Bourgueti Ag.) (macrostoma Ag.). Salenia folium-querci Desor.. Hyposalenia punctata Desor. Cidaris punctata Rœm. Goniasier porosus Ag. » Couloni Ag. Pentacrinus neocomiensis Desor: Spongiaires : 2 ou 3 espèces rares. > 0-0 QE — mn = MOUVEMENT DE L'HOPITAL POURTALES PENDANT L'ANNÉE 1855, PAR LE DOCTEUR CORNAZ. Messieurs ! La Direction de l’hôpital avait, depuis quarante-quatre ans, l'habitude d’entendre, à pareille époque, un même mé- decin l’entretenir de ses succès, qui étaient ceux de votre établissement : aussi n’est-ce pas sans comprendre combien sa démission a été un coup sensible pour l’administration de l'hôpital Pourtalès, que je viens m’acquitter aujourd’hui | du devoir que m’impose ma charge. L'année qui vient de s’écouler a été une époque de tran- sition : pendant le premier semestre, mon honorable con- frère et ami, le Dr de Castella, était à la tête de Fhôpital: à partir du second , cetté place m'était échue en partage, grâces à votre bienveillance; et, pour la première fois aussi, sans doute, l’internat a été rempli successivement par trois titulaires, mon ami le Dr François de Pury (de Neuchâtel) ayant bien voulu m’y succéder pendant trois mois, et M. Charles Perret (de Vevey) l’y ayant remplacé à partir du 4% octobre. — M. le D' Borel, médecin-consultant de l’h6- pital Pourtalès depuis de longues années, a désiré, vu son ge , résigner ces fonctions dans lesquelles il avait si sou- Vent secondé son collègue, le Dr de Castella; M. le Dr Favre #consenti à le remplacer, et M. le Dr Léopold Reynier, à CR. D m'aider de ses conseils, lors d’absences ou d’empêchements de son confrère : qu'ils veuillent bien en recevoir tous deux mes remerciements. Aux 27 malades inscrits comme étant en traitement au 4er janvier 1855, 432 sont venus s'ajouter pendant l'année (dont 4 entrés à la fin de décembre 1854). Total 459, avec 16,522 journées de séjour: d’où il résulte que l'hôpital a eu une moyenne de 45,27 malades par jour pour ses 49 lits, ce qui est beaucoup, si l’on considère que chaque été des réparations forcent à évacuer momentané- ment une salle au moins. D'autre part, de ces 459 malades, il en est sorti 418 pendant l’année, et il en restait 41 au 1°" janvier 1856. La moyenne réelle du séjour des premiers (qui m’oceu- peront seuls dans ce rapport, afin d'éviter les doubles em- plois) a été de 38,85 jours par malade, l’ensemble des journées qu’ils ont passées à l’hôpital, du jour de l’entrée de chacun d’eux à celui de sa sortie, s’élevant, à 16,240. De ces 418 malades, 291 appartenaient au sexe masculin et 427 au sexe féminin ; 474 étaient Neuchâtelois, 195 Suisses d’autres cantons (142 Bernois, 28 Vaudois, 13 Fribourgeois, etc.) 30 Allemands (dont 20 Wurtembergeois), 16 Français et 3 Sardes. La mortalité, calculée sur les sorties, a été juste de sur 49, le nombre des décès ayant atteint le chiffre de 22; 32 de nos malades nous ont quitté sans avoir éprouvé de soulagement sensible, soit qu’ils fussent incurables, soit qu’ils soient sortis spontanément de l'hôpital trop tôt ; 32 ont vu leur état s’y améliorer notablement, et 552 nous ont quitté guéris. nr er … Les principales opérations que j'ai toutes pratiquées moi- -même pendant l’année 1855, ont été au nombre de 19, à savoir : une amputation de la jambe, une du bras et une de lavant-bras, quatre désarticulations de doigts de la main, une réduction de luxation du fémur, un arrachement de po- lypes des fosses nasales, deux opérations d’entropion par le procédé de Gaillard {de Poitiers), une extraction d’un kyste à la paupière inférieure, une opération de tumeurs cancé- “reuses mélanotiques à la paupière inférieure et une d’hy- drocèle par injection iodée sur le même individu , et une “extirpation d’un squirrhe du rectum, toutes quinze avec plein succès ; une extraction de cataracte avec demi-succès (vue imparfaite), et une sans succès à cause d’une-amaurose concomitante ; une extirpation de la moitié latérale gauche de la langue pour un cancer, n’a pu empêcher la repullu- lation de la diathèse ; enfin, nous avons perdu un malade sur lequel la herniotomie avait dû être pratiqué. Le malade amputé du bras ne devra nous occuper que dans le rapport de l’année prochaine ; en revanche nous avous vu sortir guérie pendant l’année 1855, une femme que j'avais am- putée de la jambe en 1854 pour un sphacèle de cette par- tie. Enfin nous avons procédé, depuis le commencement le AA à des vaccinations, opéralion préventive dont le ré isultat a dépassé tout ce que nous en attendions, puisque, € juoique presque tous nos malades eussent déjà été soit É ccinés soit atteints de variole, elle a réussi chez le quart l'entre eux (33 sur 152). » La revue suiyante vous indiquera, messieurs, quelles ont Le les maladies traitées à l’hôpital Pourtalès pendant l’an- e passée. Après avoir hésité sur la classification à adop- :, J'ai cru devoir réunir en premier lieu les affections énérales, puis classer les maladies localisées par systèmes d'organes, L FAHPFORIAEL les Fees qe s’y prêlaient moins = @ = les annexes et sur lequel leurs lésions paraissent avoir lin- fluence la plus directe. AFFECTIONS GÉNÉRALES. Ces maladies, au nombre de 81, nous ont donné les ré- sultats suivants : 68 malades guéris, 5 améliorés, 2 ren- voyés sans résullats favorables, et 6 décès : aucune opéra- tion. C’étaient : À fièvre intermittente, à type quotidien, chez un domestique âgé de 50 ans, qui venait de la Sagne : guérie par quel- ques doses de quinine. 4 dyssenterie, chez un tuilier, âgé de 23 ans, habitant à Neuchâtel, guérie rapidement par l'extrait de ratanhia. 31 fiévres typhoïdes, dont 26 guéries et 5 terminées par la mort. Seize d’entre elles n’offraient pas de complications et ont toutes été guéries ; 3 étaient compliquées de bron- chite, 7 de pneumonie, 1 de pleurésie, 1 de tuberculose pulmonaire, 1 de méningite, 2 d’hémorragies intestinales et de pneumonie : sur deux des cadavres nous constatà- mes une seconde exsudation typhoïde. De ces 31 mala- des, 23 appartenaient au sexe masculin, et 8 au féminin; 4 n'avait que 8 ans, 3 étaient âgés de 10 à 19 ans, 11 de 20 à 29, 9 de 50 à 39, 6 de 40 à 49, et 1 de 58 ans; … 411 venaient de Neuchâtel et 1 du Chaumont, 1 de Marin et 4 de Cressier, 5 du Val-de-Ruz (Cernier 1, montagne . de Cernier 1, Sauges 1, Valangin 2), 1 de Saint- Aubin, 4 de Cortaillod , 2 de Colombier , À d’Auvernier , 1 de. Rochefort, 3 de la Sagne et 1 du Locle ; les deux autres, étaient ambulants. — Nous devons ajouter, qu’un malade. entré à l'hôpital pour une myélomalacie, y est mort de FE fièvre typhoïde contractée dans l'établissement , et que nous avons inscrit comme anémie, une convalescente de fièvre typhoïde. | ui SO — 15 rhumatismes articulaires aigus, tous guéris. 9 rhumatismes chroniques, dont deux ne furent qu’amélio- rés ; une des autres malades eut pendant sa convales- cence une anémie, qui ne céda qu’à l’emploi des ferru- gineux. - 2 coliques saturnines, ou plutôt, deux fois cette maladie chez un même individu qui, ayant repris son état, suc- comba plus tard en ville à cette intoxication, sous la forme d’une encéphalopathie comateuse. 2 affections syphilitiques, à savoir : des syphilides chez nn homme qui fut renvoyé dès qu’on eut reconnu la nature de son mal, et des ulcères du gosier et du bras droit chez une femme que votre comité garda pour des raisons particulières, mais qui malheureusement exigea sa sortie avant son entier rétablissement. : 3 éléphantiasis des Arabes (pachydermie de Fuchs), chez trois Bernoïs, et siégeant chez tous trois aux extrémités “inférieures. Le premier en date, dont il a déjà été ques- tion dans le précédent rapport, était un journalier âgé de 27 ans, domicilié à Coffrane , chez lequel toute l’ex- trémité inférieure gauche était affectée de cette forme de lèpre : à l’autopsie, on trouva outre les altérations subies par ce membre (parmi lesquelles nous citerons un tuber- cule ramolli, situé derrière le tibia, qui y avait déterminé ” une ulcération fistuleuse), des tubercules volumineux dans le mésocolon transverse et au-dessous dn foie et de - l'estomac : un d’entre eux était ulcéré et avait pénétré au travers de la paroï du colon jusque dans la cavité de cet “ntestin, qui se déchira sous une légère traction, laissant - voir la caverne tuberculeuse ; des tubereules compri- -maient le canal cholédoque; enfin il en existait dans les — poumons, et les glandes bronchiques étaient très-volu- mineuses , quelques-unes même ramollies. — Un aûtre à id dsCtbe À “BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. 6 ds PRE PRE homme âgé de 68 ans, bûcheron au Chaumont, pré- sentait à la jambe gauche des ulcères avec une affection analogue du derme moins avancée, qui fut guérie, mal- gré son ancienneié, par le repos et l'usage de l’huile de poisson , qui améliora aussi un peu sa tuberculose pul- monaire, contre laquelle il prit aussi de l’acétate de plomb opiacé. — Une horlogère , âgée de 40 ans et domiciliée à la Chaux-de-Fonds, bernoise d’origine, mais mariée à un Neuchâtelois , avait un éléphantiasis ulcéré des deux pieds datant de cinq ans : ce qu'aucun traitement n'avait pu obtenir, l'abstinence complète prolongée pendant six jours, dans des circonstances tout-à-fait insolites, -en vint à bout. Cette femme avait, en effet, un ancien ompha- locèle irréductible, à la suite d’adhérences contractées par les intestins herniés, qui soudain s’étrangla et ne put être amélioré par le taxis ; l'opération proposée à eette personne ayant été refusée avec persistance, nous nous bornâmes à l’emploi intérieur et extérieur de la bella- done : un pouls qu’on ne pouvait plus sentir, la persis- tance des accidents, le vomissement des lavements d'huile . de riein, tout devait faire présager une mort, à laquelle la malade fut assez heureuse pour échapper ; une fois les symptômes d’étranglement calmés, nous examinâmes les « pieds:et les trouvàmes complètement guéris : c’est cer- tainement là un cas des plus singuliers et un fait dou-« blemeng intéressant. ictère (jaunisse), promptement guéri.—Nous vimes aussi survenir un ictère pendant la convalescence d’une peus ‘ résie. maladie de Bright chronique, compliquée LU pulmonaire, traitée par la belladone, la gomme-gutte les diurétiques, etc.; l’hydropisie avait complètement disparu quand le malade nous quitta avant son entier. rétablissement. ms. GÙ = 15 chloroses, chez une desquelles le traitement n’amena que de Pamélioration : trois de ces malades présentaient de la dyspepsie; une ce phénomène uni à de l'irritation * . spinale; une de la gastralgie et un eczéma du mamelon ; | une de l’hystérie; enfin, chez une la chlorose produisait + une névyralgie faciale. + 1 anémie chez une convalescente de fièvre typhoïde. | | | € - 1.pléthore guérie par les évacuans. 1 dépérissement (faiblesse générale) chez un jeune garçon que l’usage de l'huile de morue, une bonne nourriture et le repos guérirent complètement. 1 marasme sénile, qu’on dut renvoyer comme incurable. : F Fr ‘ | MALADIES DES ORGANES DL L’INNERVATIUN. À . Sous ce nom nous réunissons aux maladies du cerveau, … de la moëlle épinière et de leurs enveloppes, et aux névro- … ses, les lésions des os du crâne et des vertèbres, et les … plaies du cuir chevelu, vu que la gravité de ces diverses … affections repose en très grande partie sur leur voisinage des centres nerveux ; en revanche, nous classons les ma- ladies des divers nerfs avec celles des organes qui sont sous - leur dépendance. — Des trente-un malades qui rentrent “ dans cette catégorie et dont aucun ne subit d'opérations, dix-huit furent guéris, trois subirent une amélioration sen- 4 sible, trois nous quittèrent sans changement marqué et sept moururent à l'hôpital. C’étaient : nous joignimes l’application de l’azotate d'argent dans les narines et sur la procidence, qui fut aussi soumise à l'effet local de la teinture thébaïque : la guérison fut com- plète. 2 cataractes lenticulaires spontanées : chez un des malades, âgé de 47 ans, dont l’autre œil avait une atrésie pupil- laire ancienne, l'extraction par kératotomie supérieure ne raména pas la vision, grâce à une amaurose coneo- mitante, due à des exeès de tous genres, dont le malade ne parla qu'après l'opération, chez l'autre, âgée de 72 ans, la même opération pratiquée à l’œil gauche ob- tint un demi-succès, ét la malade préféra, pour le mo- ment, ne pas être opérée du droit. À amaurose, incurable. 1 kyste à la paupière inférieure, opéré avec succès par la surface intérieure de la paupière, à l’aide de la pince à anneau de Desmarres. 1 cas de cancers mélaniques de la paupière inférieure, ex- . tirpés avec succès chez un individu auquel nous fimes aussi une injection iodée pour un hydrocèle. L és. DS DERPESPRO PTE NI ET = "t D LS 11 MALADIES DES ORGANES DE LA CIRCULATION. … Cinq malades seulement furent reçus pour des affections de cette nature : un fut guéri, et des quatre autres, tous - incurables, un mourut; toutefois, nous observames aussi - une! péricardue chez un malade entré à l'hôpital pour une RPG rs pneumonie, et c’est à un vice organique du cœur que suc- comba un autre malade admis pour un eczéma. 4 péricardite rhumatismale , guérie par la digitale et l’acé- tate neutre de plomb. 4 vices organiques du cœur, dont trois renvoyés comme in- curables et un mort à l’hôpital d’une hydropisie consé- cutive à la lésion du cœur. | MALADIES DES ORGANES DE LA RESPIRATION. Nous réunissons sous ce titre les organes de l’olfaction , de la phonation et de la respiration proprement dites, et leurs annexes, tels que les côtes, les parois de la poitrine et du cou, et la glande thyroïde. Des quarante-cinq malades qui appartiennent à cette catégorie, vingt-neuf guérirent, trois furent améliorés, onze renvoyés comme incurables et deux moururent: une opération pratiquée sur l’un d’en- tr’eux pour des polypes du nez et une pour un entropion, réussirent toutes deux. 1 cas de plaie contuse au nez, avec lésion analogue au ge- nou, guéri par la réunion des plaies au moyen de quel- ques points de suture. À lupus scrofuleux du nez, guéri complètement par l’usage de l'huile de morue et de l’iodure de fer; cette malade fut en outre opérée avec succès d’un entropion sénile par le procédé de Gaillard. 4 polype de la cavité nasale droite, opéré par arrachement avec succès. 1 struma (goître), renvoyé sans amélioration. 4 phlegmon au cou. 4 tumeur enkystée de la méme région : cette grosseur, de nature douteuse, située sur le côté gauche du cou, dont ; ; d — 89 — * … elle comprimait les vaisseaux, occasionnait des étouffe- … … ments dès qu’on. voulait exercer une pression sur elle : … il fut d'autant moins possible de penser à une opération, 1 que la malade portait en outre une affection organique du cœur. - 2 mévralgies intercostales. | zona (ceinture persique), compliqué de bronchite. $ 1 fracture de côte. » 7 bronchites aiguës, dont une chez une nouvelle accouchée. - 1 bronchite capillaire guérie; le malade conserva néan- - moins l’emphysème qui compliquait sa maladie. - 3 bronchites chroniques , dont une guérie et deux amélio- … …rée; une de ces dernières était compliquée d’emphysème - pulmonaire. 8 pneumonies, dont deux doubles : l’une, sans complica- tions. chez un voiturier, âgé de 38 ans, marquée à son - : début par un délire intense et guérie par l’acétate de - plomb opiacé, l’infusion d’ipécacuanha et une applica- tion de ventouses; l’autre occupa successivement les deux poumons, puis la plèvre et le péricarde furent aussi at- … teints d’inflammation. Nous citerons aussi un cas de … pneumonie compliquée de tuberculisation pulmonaire. - Un seul des huit malades mourut ; c'était un individu - qui, transporté le dixième jour de sa maladie, de Sau- ges à Neuchâtel, par un temps affreux, arriva le soir à 1 Vhôpital et mourut dans la nuit même. npleurésies aiguës, entr’autres une chez une enfant de dix ans, déjà convalescente lors de son arrivée, et une dont du la convalescence fut beaucoup prolongée par un ictère compliqué de symptômes gastriques. À pleurésie chronique, compliquée de gastralgie. 1 tuberculoses pulmonaires, dont un entré pour une bron- chite aiguë et deux pour une bronchite chronique durent sh M Le être renvoyés, comme sept autres phthisiques, congé- diés sans avoir, sauf un, éprouvé un soulagement un peu marqué de leur maladie principale; une femme nous arriva immédiatement après avoir eu des hémoptysies ; une jeune fille eut, pendant son séjour à l'hôpital, une conjonctivite catarrho-scrofuleuse, qui fut promptement guérie ; un de nos malades revint peu après pour des troubles des voies digestives, dans lesquels nous crûmes reconnaître une tuberculose intestinale; un homme phthi- sique mourut à l'hôpital. A côté de l’huile de poisson , dont l’usage est avantageux, quand les malades la sup- portent, nous nous sommes généralement bien trouvé d’une dose de deux grains d’acétate de plomb et d’un grain d’opium, donnée le soir, pour combattre les trans- pirations nocturnes et procurer du sommeil aux mala- des; dans quelques cas aussi, l’infusion d’ipécaeuanha a beaucoup facilité lexpectoration. Le règlement ne per- mettant pas de conserver à l'hôpital Pourtalès les phthi- siques , et requérant pour ceux qui y auraient été admis, comme pour les incurables en général, leur renvoi au bout d’une quinzaine de jours, on ne saurait assez re- commander aux médecins de notre canton d’être aussi exacts que possible dans leurs déclarations , puisque, par exemple, dans le mouvement de cette année seule- ment, sur onze cas de tuberculose pulmonaire et quatre de vices organiques du cœur, nous n’avons eu qu'une amélioration bien marquée, douze malades renvoyés sans changement et deux décès, et, partant, des places oc- cupées sans avantage pour ces personnes et au détriment d’autres malheureux se trouvant réellement au bénéfice de cet établissement de bienfaisance. EU — D} MALADIES DES ORGANES DE LA DIGESTION, | Toutes les affections des lèvres, des joues, des mâchoi- rés, de l’intérieur de la bouche, celles du foie, de la rate, du pancréas, et celles du péritoine qui ne tiennent pas à des lésions des organes génito-urinaires, ont été réunies ici à celles du tube digestif. Des quarante-neuf malades appar- » tenant à cette classe, trente-trois furent guéris, six amé- liorés, huit nous quittèrent sans changement favorable et - deux moururent; trois subirent des opérations. 1 plaie à la lèvre inférieure. 4 grenouillette (ranula). 2 abcës à la joue, dont un symptomatique d’une affection «maligne des os qui ne permit qu'une amélioration dans “la position de la malade, qui succomba plus tard en ville - après que le développement de la maladie de l'os eût - produit une exophthalmie considérable. A brûlure à la face, guérie par le liniment calcaire. _D adénites scrofuleuses, essentiellement situées sous la mâ- .… choire inférieure, dans l’épaisseur de la lèvre supérieure et le long du cou : deux guéries, trois fort améliorées; . …. parmi les dernières, il y avait, chez une malade, com- plication d’accès hystériformes, dont aucun ne survint pendant son séjour à l’hôpital. MA fracture de la mâchoire inférieure, guérie par l’applica- tion pure et simple d’un mouchoir plié en cravate, qui _Soutenait.et maintenait en place l'os fracturé. … Licarcinome de la langue : Yamputation de la moitié laté- …. rale droite de l'organe malade, suivie plus tard de l’exci- sion de deux points où le cancer semblait se développer . de nouveau, d'applications de fer rouge et d’un traite- ment interne, n’empécha pas la repullulation de la dia- = ‘90 — thèse cancéreuse, et le malade demanda sa sortie : de- vant le pronostic si douteux de l'opération, mais si sûrement funeste du mal abandonné à lui-même, cet homme, jeune encore, avait opté avec résolution el sup- porté cette douloureuse opération avec le plus grand cou- rage. Dès lors le mal à fait de grands progrès, et le malade, admis à l’hospice de Boudry, y a succombé ré- cemment. | 2 angines catarrhales. 10 gastricismes (embarras gastriques). 1 dyspepsie, guérie par le bismuth. 3 gastralgies, dont deux guéries et une améliorée. 4 ulcères chroniques de l’estomac (gastro-helcose), renvoyés comme incurables ; dans deux cas, il resta douteux s’il s'agissait de cette affection ou d’un squirrhe commen- çant: l’absence de tumeur me fit plutôt pencher pour l’ulcération ; dans un des deux , il y avait de plus de l’hys- térie, qui fut améliorée par l’usage d’assa fœtida. 2 carcinomes de l’estomac, incurables, dont un entra, en nous quittant, à l’hôpital de la ville. À gastro-entérite, guérie par les adoucissants, suivis de toniques. 4 tuberculose intestinale, probable, chez un phthisique , renvoyé comme incurable. À cas d’hémorrhoïdes, amélioré momentanément. L carcinome du rectum, tumeur squirrheuse opérée par excision : c'était une récidive , et un nouveau dévelop- pement du mal est donc doublement à craindre. 3 hernies inguinales étranglées, une réduite par le taxis, quoique l’étranglement durât depuis trois jours; dans un : second cas, la gangrène avait fait cesser les vomisse- ments lors de l’arrivée du malade, trois à quatre fois vingt-quatre heures après le début de l’étranglement : à CERN | l’autopsie, on trouva que celui-ci, formé par le collet du sac, était situé au milieu de la tumeur herniaire; enfin, chez un dernier malade, arrivé à l’hôpital vingt-quatre heures après la formation de l’étranglement, un grand bain, le taxis et l’inhalation du chloroforme n’ayant pro- duit aucun résultat, la herniotomie fut pratiquée; mais, après une bonne journée, il se développa une péritonite à laquelle le malade succomba environ quarante heures » après l’opéralion. 2 pérityphlites, guéries, l’une par des purgatifs légers et lemploi de bains tièdes; l’autre par l’iodure de potas- sium, des frictions d’iodure de plomb, des cataplasmes, des grands bains et le repos ; c’est une des maladies où il est le plus important de surveiller la convalescence, aussi regrettâämes-nous que cette dernière malade nous ait quitté trop tôt. 4 péritonites, dont deux graves, guéries par les mercuriaux, “les émissions sanguines, les bains, et plus tard l’usage » de gomme-gutte et d'extrait de belladone ; un troisième cas guérit par l’emploi interne du calomel opiacé et l’ap- plication de cataplasmes, tandis que le quatrième fut assez léger. 4 ascite chez une jeune fille à aspect eachectique, céda en - deux semaines à l’usage de la digitale et de la scille. 4 hépatite, dont nous ne vimes que la convalescence. MALADIES DES ORGANES GÉNITO-URINAIRES, - Des quinze cas qui rentrent sous cette dénomination, neuf furent guéris, quatre améliorés et deux moururent : nous rappellerons en outre qu une opération d'hydrocèle 1 1 1 1 . ÙR périnéphrite. cystite chronique, améliorée. contusion au périnée , avec hématurie. fistule urinaire, complètement guérie par des cautérisa- tions avec l’azotate d'argent. squirrhe de la prostate, incurable, qui finit sa vie à lhô- pital, et dont l’autopsie ne put avoir lieu. sarcocèle tuberculeux , amélioré. vaginite ou élytrite, compliquée d’anémie, guérie ; par des injections au nitrate d'argent et l’emploi interne des ferrugineux : pendant son séjour à l'hôpital, cette ma- lade eut une angine catarrhale. métrites, l’une subaiguë, légère et rapidement guérie ; l’autre chronique, considérablement améliorée. antéversion de la matrice, momentanément soulagée. métro-péritonite, consécutive à une rétroversion de lu- térus, chez une femme qui ignorait sa grossesse, avorta à P’hôpital et y mourut; la matrice était tellement re- montée qu’il avait été impossible, pendant la vie, de s'assurer de son état anormal, et que nous dûmes trai- ter la maladie comme une péritonite de cause inconnue. métrorrhagie, suite d’un avortement, laquelle exigea de longs ménagements. mastites avec formation d’abcès. survenues toutes. deux pendant la lactation. engorgement laiteux de la glande mammaire. MALADIES DES ORGANES LOCOMOTEURS. Nous ne comprenons sous celte dénomination .que les extrémités supérieures, avec les omoplates et les clavicules: d’une part, et les inférieures avec les os du bassin d'autre , part, et néanmoins nous trouvons à renseigner jCi cent er eV Re LE re mt Hard — 133 — que les différences de structure sur lesquelles sont ba- sées les autres tribus. Il est probable qu'on s'en ser- vira par la suite pour élever les Tessellés au rang d'une famille, ou peut-être même d'un ordre à part, comme l’a proposé M. M'Coy. Si je ne l'ai pas fait dès à présent, c'est en considération de l’exiguité de nos ma- tériaux qui ne sont ni assez nombreux ni assez parfaits pour une étude détaillée de ce groupe remarquable. La seconde tribu comprend un certain nombre de pe- lites espèces fort semblables aux Cidarides ordinaires, mais dont l'appareil apicial plus compliqué présente une ou plusieurs plaques additionnelles (plaques suranales). Ces plaques, en venant s'ajouter aux cinq plaques gé- nitales et aux cinq plaques ocellaires qui, par leur réu- pion, forment l'appareil ou anneau apicial qui entoure le périprocte, ont pour résultat de rendre ce dernier ex- centrique (fig. 2) et de rompre ainsi en quelque sorte l'équilibre des deux pôles, qui ne sont plus exactement opposés. C'est la tribu des Salénies qui ne comprend en- core que cinq genres, (ous des terrains jurassiques et crétacés. Restent les Cidarides réguliers à deux rangs de pla- ques interambulacraires et à appareil apicial normal re- présentant les troisième et quatrième tribus. Ce sont à la fois les plus nombreux et les plus uniformes de tous les Echinides. A défaut de caractères proéminants et exclu- sifs, c’est à la combinaison de certains caractères secon- daires qu'il faut en appeler si l’on veut arriver à une clas- sification satisfaisante. Tel caractère qui, pris isolément, ne saurait avoir aucune portée, peut en acquérir une très grande par la manière dont il se combine avec d’autres. CR Ainsi if n'est pas nécessaire de s'être occupé longtemps d'Oursins pour savoir que les types à gros tubercules per- forés , sont en même temps ceux dont les ambulacres sont le plus étroits, témoins les vrais Cidaris, tandis que les Lypes à petits tubereules ont les ambulacres proportion- nellement plus larges. De là la division des Cidarides réguliers en deux groupes, celui des Angustistellés ou es- pèces à ambulacres étroits (fig. #), et celui des Laristel- lés ou espèces à ambulacres larges (fig. 5), formant nos troisième et quatrième tribus. Ces deux groupes ne sont cependant pas d’égale im- - portance. Celui des Latistellés l'emporte de beaucoup au point de vue du nombre, puisqu'il renferme à lui seul autant de genres que les trois autres réunis. Il y avait donc lieu de songer à de nouvelles coupes pour en facili- ter l'étude. C'est ce que nous avons essayé de faire en prenant pour guide le rapport numérique des pores avec les tubercules ambulacraires. Voici à cet égard ce que l'observation nous a ensei- gné. Dans la tribu des Angustistellés où les ambula- cres sont très étroits et les tubercules ambulacraires très petits et réduits à de simples granules, il n’y a guëre qu'une paire de pores pour un tubercule (fig. 4). Chez les Latistellés, ce rapport est différent, et comme les tu- bercules ambulacraires sont plus gros, le nombre de pores qui correspondent à un tubercule n’est jamais de moins de trois et souvent de beaucoup supérieur (fig. 5-9). En essayant de réunir d’un côté les types de Latis- tellés qui comptent trois ou quatre paires de pores pour un tubercule ambulacraire, et de l’autre ceux qui en comptent un nombre plus considérable, nous avons ob- — 135 — tenu deux groupes d'aspect assez différent, que nous avons désignés sous les noms d'Oligopores lorsqu'il n'y a que trois ou quatre paires de pores (fig. 4-7), et de Po- lypores lorsque ce nombre est plus considérable (fig. 8 et 9). Chacun de ces groupes renferme à son tour plusieurs types qu'il importe également de signaler. Ainsi chez les Oligopores , lorsque les plaques sont hautes, les trois ou quatre paires de pores peuvent se placer les unes au-des- sus des autres, de manière à ne former qu'une seule ran- gée à l'instar des Angustistellés. On dit alors que les pores sont unigéminés (fig. 5). Que si, au contraire, l’es- pace est restreint et que l’une des paires de pores soit refoulée en dehors de la ligne, de manière à donner lieu à plusieurs rangées, on dit que les pores sont bigémanés. C'est le cas des Salmacés (fig. 7). Enfin, lorsque les trois paires de pores correspondant à un tubercule se dispo— sent en groupes obliques de trois paires , les pores sont appelés trigéminés (fig. 6). Cette distinction sur laquelle on a beaucoup insisté dans le temps, et qui est encore aujourd'hui un excellent guide pour la détermination des genres, n’a cependant pas une grande importance organique, puisqu'elle dépend essentiellement du plus ou moins de hauteur des plaques ambulacraires. Disons cependant que les genres à pores unigéminés ont communément les tubercules crénelés et perforés , que les bigéminés sont généralement garnis de petits creux aux angles des plaques (impressions ou creux suturaux), et que les trigéminés, dont le genre Echinus est le type, ont, à l'exception d'un seul genre (Pedina), les tubercules lisses et imperforés. — 136 — Le groupe des Polypores renferme à son tour deux types bien distincts, l’un ayant les pores disposés en arcs plus ou moins accusés autour des tubercules ambula- craires (fig. 9) (!), et l'autre les ayant en séries verticales plus ou moins régulières le plus souvent trisériés (fig. 8). Il ne faut cependant pas se faire illusion sur la portée de ces distinctions. Elles auraient sans doute une impor- tance majeure et pourraient aisément servir de base à une classification plus générale, s'il était vrai que le nom- bre des plaques ambulacraires fût toujours égal à celui des tubereules, comme on pourrait être tenté de le croire d'après l’analogie des Angustistellés (?). Il n'en est rien cependant. Le contraste ne concerne que les tubercules sans s'étendre en aucune façon: au squelette, c'est pourquoi aussi il existe tant de passa- ges entre les différentes combinaisons. Il est même per- mis de supposer que la formule primitive des Angus- tistellés (une paire de pores pour une plaque) est com— mune à tous les Cidarides et par conséquent qu'elle existe également chez les Latistellés (*), indépendamment du (?) A ce type, ayant les pores en arc autour des tubercules, appartiennent aussi ces genres allongés dont on fait parfois un groupe à part sous le nom de groupe des Echinomètres. Cette distinction a perdu son importance de- puis qu’on s’est assuré que l’allongement, au lieu d’être dans le sens de l’axe de l’animal, est oblique et par conséquent n’indique pas un ache- minement vers la bilatéralité. (?) Dans ce cas, au lien de simples tribus, nous aurions deux grands groupes profondément séparés, qui équivaudraient à deux familles, savoir: 1° Les types n’ayant qu’une paire de pores par plaquette ambulacrai- res (Angustistellés) ; 2° Les types ayant plusieurs paires de pores par plaque ambulacraire (Latistellés), (5) Cette disposition avait été entrevue par M. Valentin (Anatomie du genre Echinus, p. 16), sans qu'il ait songé à l'indiquer dans ses planches. — 137 — nombre et de la disposition des tubercules ambulacraires, si bien que chaque paire de pores aurait toujours sa pla- que indépendante. Seulement , comme les tubercules des Latistellés sont trop gros pour se limiter à une seule pla- que, ils en envahissent plusieurs à la fois, et la suture n’est distincte qu'entre deux tubercules, comme dans les Tripneustes (fig. 9), ou bien la plaque qu'ils occupent acquiert un développement exceptionnel (comme dans les Echinomètres, Phymosoma, etc.). Dans ce cas, les autres plaquettes.sont refoulées à l'extérieur de l'ambulacre, où elles ne font qu'entamer la base du tubercule (fig. 8), et il en résulte nécessairement une très grande inégalité des plaques ambulacraires entre elles. Ces distinctions, pour être accessoires et souvent difficiles à saisir, n'en sont pas moins précieuses pour la délimitation des genres. Au point de vue biologique, on ne saurait mécon- naître: que, dans leur ensemble , les Cidarides, soit qu'on n'en fasse qu'une famille, soit qu'on les oppose comme sous-ordre à l'ensemble des Echinides irrégu- liers, ne représentent le type inférieur de l’ordre des Echinides. De là aussi leur plus grande uniformité. Aussi bien, avec une forme aussi simple que la forme ra- diaire, sans devant ni derrière, on ne conçoit guère la possibilité de combinaisons bien variées, tandis que du moment que la bilatéralité se révèle, nous obtenons des « De la carène ambulacraire, dit-il, partent en outre de nombreuses lignes horisontales dirigées en dehors et dont chacune atteint une paire dé pores ou du moins le pore interne de l’une des paires.» Mais ces lignes ne re- présentaient pas pour lui des sutures, puisqu'il place (fig. 13 et 14) trois ou quatre paires de pores entre deux sutures. Quant aux petits écussons qui entourent souvent les paires de pores, ils ne sont qu'un phénomène cutané sans liaison avee la composition du test. — 138 — combinaisons diverses qui permettent de diviser les Echi- nides irréguliers en plusieurs grands groupes, ayant une circonscriplion précise soit dans le temps soit dans l’es- pace. Les Cidarides, au contraire, sont d’une uniformité désespérante sous ce rapport. A part quelques types ex- traordinaires et peu nombreux , dont la distribution géo- graphique et géologique est limitée, on retrouve à peu prés les mêmes formes sous tous les climats et dans toutes les formations. C'est au point, qu'en voyant la ressem- blance frappante de certaines de nos espèces vivantes (des Cidaris ou des Psammechinus) avec leurs analogues des formations jurassique ou crétacée, on est tenté de se de- mander si ce Lype n'était pas affecté d’une certaine im- mobilité qui n’est pas commune aux autres familles. Au point de vue géologique, ce qui distingue surtout les Cidarides, c’est leur ancienneté et la multiplicité de leurs espèces. Ce sont les premiers venus de |leur race. Seuls entre tous les Echinides, ils ont traversé toutes les époques géologiques depuis la formation silurienne jus- qu'à nos jours. 11 y a quelques années à peine, que des naturalistes de renom, guidés par des raisons théoriques, osaient affirmer qu'aucun Echinide ne remontait au-delà de la période triasique. Aujourd'hui nous en connaissons près de vingt espèces dans les formations paléozoïques, qui tous appartiennent à la famille des Cidarides, for- mant, à la vérité, un groupe à part, celui des Tessellés. La tribu des Salénies ne comprend non plus que des fossiles; elle est limitée jusqu'à présent aux formations Jurassique et crélacée. Les deux autres tribus, celle des Angustistellés et celle des Latistellés, qui sont de beaucoup les plus nombreu- | | ( mu ne ts cu: ht lé D Se S éne nm E *"SAGIUVAUD S3Q ATHNVE — 139 — ses, ont en revanche un caractère d'ubiquité remarqua- ble. On les retrouve dans les trois périodes : secondaire, tertiaire et actuelle, sans qu’on puisse dire qu’elles aient subi des modifications importantes, depuis leur première apparition. Ce sont les coupes subordonnées qui, au point de vue géologique, présentent le plus d'intérêt, en ce sens que bon nombre de genres ont une circonscription très-limi- tée, ce qui permet au paléontologiste de tirer parti de certains fossiles, alors même qu'ils ne sont pas suffi samment conservés pour permettre une détermination spécifique rigoureuse. On en jugera par l'inspection du tableau suivant. Palaechinus ; carbonifère et silurien. Melonites ; earbonifère. Archaeocidaris ; carbonifère. Eocidaris ; devonien, carbonifère et permien. Perischodomus; carbonifère. IASSAL a, ‘sa Salenia ; crétacé. Hyposalenia ; crélacé, Goniophorus ; crétacé. Peltastes; crétacé. Acrosalenia ; jurassique et crétacé, "SHINTIVS ; Podophora ; récent. Acrocladia ; récent. Echinometra ; récent, Heliocidaris ; récent. Loxechinus ; récent. Toxopneustes ; récent et tertiaire. Sphaerechinus ; récent et tertiaire. Coptosoma ; tertiaire et crétacé. Phymosoma ; crétacé. Acrocidaris ; crétacé et jurassique. \ Acropeltis ; jurassique. Phymechinus ; jurassique, “240 UT "SATIALSILVT *SAHO4X104 a ( Boletia; récent. Holopneustes ; récent. Tripneustes; récent. "S 2149) — 10 — j [l Stirechinus; tertiaire. | Hypechinus; tertiaire. Stomechinus ; jurassique. Echinus ; récent et tertiaire. Psammechinus ; récent, tertiaire et crétacé. Polycyphus ; jurassique et crétacé. Magnosia ; jurassique et crétacé. Cottaldia; tertiaire et crétacé. Echinocidaris ; récent. Codiopsis ; crétacé. Codechinus ; crétacé, Amblypneustes ; récent. Microcyphus ; récent. Mespilia ; récent. Melebosis ; récent. WE ‘ “souruobr4 4 Salmacis; récent et tertiaire. Opechinus ; récent et tertiaire. Temnechinus; récent et tertiaire. Temnopleurus ; récent et tertiaire. ü 7 ü SXTIALSILVT *SHWOdOITO “sauruabt Glyphocyphus ; tertiaire et crétacé. Pedina ; jurassique. Echinopsis ; tertiaire. Coelopleurus ; tertiaire, Glypticus ; jurassique. Goniopygus ; tertiaire et crétacé. Asteropyga ; récent. Savignya ; récent. Diadema ; récent. Diademopsis ; lias. Diplopodia ; crétacé et jurassique. Pseudodiadema ; jurassiq., crétacé et tertiaire inf. | Hypodiadema ; crétacé, jurassique et triasique. Hemipedina ; crétacé et jurassique. | Hemidiadema ; crétacé et jurassique. 12 ü ‘ ‘(ouns) SAGIAVOI) SAG ATIIAVI (ons) *souruobru \ \ Hemicidaris ; jurassique, crétacé et tertiaire inf. | Leiocidaris ; récent. Goniocidaris ; récent. Porocidaris ; tertiaire inf. è Diplocidaris ; jurassique et néocomien. Rhabdocidaris ; jurassique et néocomien. Cidaris ; triasique, jurassique, crétacé , tertiaire et récent. 7 \ "SAITALSILSAONT D'après ce tableau , les genres se répartissent comme suit dans les différentes périodes. 16 de l'époque actuelle ; 5 communs à l'époque actuelle et à l'époque tertiaire ; (l — A1 — 6 de l'époque tertiaire ; 9 communs aux époques lerliaire et crétacée ; 6 de l'époque crétacée ; 8 communs aux époques crélacée el jurassique ; 7 de l'époque jurassique ; 9 de l'époque paléozoïque ; 2 communs aux époques {ertiaire, crétacée el juras- sique (Pseudodiadema et Hemicidaris). Î commun aux époques crétacée, tertiaire et récente (Psammechinus) ; { commun aux époques crétacée, jurassique et triasi- que (Hypodiadema) ; À commun aux époques (riasique, jurassique, crétacée, tertiaire et récente (Cidaris). Il ne faut cependant LS attacher au tableau ci-dessus plus d'importance que n'en comporte en pareille matière le groupement de chiffres. Ainsi, de ce que sur 65 genres nous en comptons 16 de récents, tandis qu'il n’y en a que 6 de crétacés et 7 de jurassiques, ce n’est pas une raison pour en conclure que la prépondérance des Cidarides soit allée croissant dans cette progression. Il faut également tenir compte du nom- bre des espèces dont se compose chaque genre. Or, sur les seize genres récents qu'indique le tableau ci-dessus , il y en a plusieurs qui ne sont représentés que par une seule espèce, tandis que les genres jurassiques et créta- cés en comptent en général un nombre considérable. Il est possible dès lors que le type Cidaride ait été aussi nombreux en espèces à l'époque secondaire qu’à présent. _ [se serait, dans ce cas, diversifié plutôt qu'augmenté. Il en est de même sous le rapport de la localisation des types ou de leur limitation à certaines formations. Ainsi le tableau ne signale que quatre genres communs à trois formations à la fois, savoir, le genre Psammechinus commun aux formations tertiaire, crétacée el jurassique ; le genre Hypodiadema commun aux époques crélacée, jurassique et triasique, et les genres Pseudodiadema et Hemicidaris communs aux époques tertiaire, crélacée et jurassique, c’est-à-dire, précisément les plus importants. Enfin, nous n'avons qu'un seul genre commun à plus de trois formations ; mais aussi ce genre est le genre Cidaris, qui compte à lui seul plus d'espèces que tous les genres de la formation crétacée réunis. Signalons encore comme un fait remarquable, que lors- qu'un genre se retrouve dans plusieurs formations à la fois, c’est toujours dans les formations contiguës. Ainsi on ne connaît pas de genre comptant à la fois des espè- ces jurassiques et tertiaires, sans qu’il y en ait également de l’époque crétacée, ni de genres propres aux époques crétacée et récente, sans qu'il y en ait de tertiaires. La distribution des Cidarides dans le temps, non plus que dans l’espace, n’est abandonnée au hasard. Explication de la planche A. Fig. 4. Type de Cidaride tessellé, » 2. Type de Cidaride régulier. » 3. Type de la tribu des Salénies (genre Salenia). » _h. Type de Cidaride angustistellé (Cidaris histrix Lam.) » 5. Type de Cidaride latistellé (Diadema Savignii Gray.) » 6. Portion d’ambulacre d’Oligopore trigéminé (Psammechinus mi- liaris Agass, » 7. Portion d’ambulacre d’Oligopore bigéminé (Salmacis bicolor Agass.) » 8. Portion d’ambulacre de Polypore trisérié (Tripneustes sardicus Agass. » 9. Portion d’ambulacre de Polypore arqué (Echinometra lucunter Leske). ——"“ññhñhe À © QE —— ee e 6e Humbert del — 143 — NOTE SUR L'ANALYSE DES VINS ROUGES PAR MM. Cu. MATTHIEU ET Cu. Kopr. Nous avons eu à examiner comparativement des échan- tillons de vins rouges Bourgogne du crû de 1852, dont l’un certifié naturel, les autres réputés fabriqués. Nous avons reconnu, par des analyses multipliées, que les do- sages des matières inorganiques, des acides libres, de l’alcoo!, etc., ne peuvent pas mener à des conclusions de quelque valeur, car la comparaison de différents vins na- turels de Neuchâtel, de Bordeaux, de Bourgogne, des Bou- ches du Rhône, etc., a montré que, suivant la prove- nance et le crù des vins, les matières organiques, les aci- des et sels varient dans des limites assez larges et que les dosages de ces matières ne peuvent pas, s’il y a eu colo- ration de vins blancs ou fabrication de vins faite d’une manière un peu judicieuse et habile, mener à des con- clusions décisives. Quant à la matière colorante, nous avons commencé par appliquer les procédés recomman- dés par divers auteurs pour les essais des vins, el en par- ticulier ceux de M. Fauré et de M. Nees d'Esenbeck : mais ces expériences n'ont pas donné de résultats. Ainsi, suivant M. Fauré, « la gélatine est l'agent le plus pro- pre à reconnaître la coloration factice des vins rouges. L'affinité qui existe entre la matière colorante du vin et le tannin est si intime, qu'on ne peut pas précipiter l’un sans l'autre à l'aide de la gélatine. La gélatine est par — 144 — contre sans action sur les sucs de fraits et décoctions employés par les fraudeurs. Si l'on prend de ces sucs après y avoir ajouté du tannin , il ne se précipite par la géla- tine que le Lannin ajouté, accompagné d’une faible quan- tité de la matière colorante. » D'après cela, les vins naturels devraient donner après précipitation un liquide incolore. Cependant tous nos vins, naturels ou non, sont restés colorés, plus ou moins, il esi vrai, mais en définitive le caractère n'est pas tran- ché d’une manière bien absolue. Selon M. Nees d'Esenbeck, «la méthode la plus sûre pour essayer la couleur des vins consiste à mélanger avec le vin de l’alun et de précipiter ensuite l'alumine par le carbonate de potasse. On obtient des lacques qui , si elles sont bleues, violettes ou roses, font soupçonner une co- loration artificielle avec une matière colorante étrangère aux vins. Le vin naturel donne un précipité gris sale ou cendré. » Les essais furent faits de manières diverses, tous les précipités élaient gris, quoique nuancés, mais ces nuan- ces étaient si difficiles à définir, que nous n'avons pas pu en tirer parti. Nous fimes encore d'autres essais recommandés par les auteurs , mais sans succès ; d’un côté, parce que les in- dices fournis étaient vagues et ne consistaient qu’en des nuances de couleurs peu définissables et n’ayant rien de bien tranché ; d’un autre côté, parce que des vins natu- rels de Bordeaux, de Neuchâtel, etc., présentaient des ca- ractères différents de ceux énoncés par les auteurs com- me devant être communs à tous les vins naturels. Nous avons donc cherché à isoler la matière colorante. Il est — 145 — connu de tout le monde que le vin rouge en vidange dans une bouteille se trouble; cette action est lente dans des vins généreux et sucrés, plus rapide dans les autres; elle est hâtée par l'accès de l'air. Ce fait tient à ce que la malière colorante des vins s'oxide au contact de l'air et devient insoluble dans l'eau. C’est à ce caractère que nous nous sommes arrêtés pour avoir un terme de comparai— son nalurel et qui ne füt pas sujet aux variations acci- dentelles des manipulations. Le précipité de matière colorante obtenu dans cette circonstance est caractérisé par diverses réactions, parmi lesquelles celle indiquée par M. Filhol est bien nette. Cette matière colorante, insoluble dans l’eau, est soluble dans l'alcool, si on verse dans sa solution de l’ammo- niaque et puis du sulfhydrate d’ammoniaque, le liquide prend une couleur d'un vert très net et franc. Nous avons préparé, avec divers vins de France et de Neuchâtel, par dépôt spontané, cette matière colorante et elle a, dans tous les cas, présenté la même réaction. En outre, cette ma- lière colorante se décompose par le carbonate d'ammo- niaque en deux matières colorantes, l’une insoluble de couleur bleue , l’autre soluble de couleur jaune. La recherche est donc bien simple. Il faut extraire la matière colorante des vins. Une liqueur rouge qui ne fournit que peu ou pas de matière colorante vineuse, n’est pas du vin provenant de raisins rouges. On prend 150 centimètres cubes de la liqueur et on les évapore à sec dans une étuve chauffée de 40° à 60° environ. Pendant l’évaporation on devra remarquer sur la surface du liquide une couche irisante, résultant des — 146 — parties oxidées de la matière colorante qui deviennent in- solubles. On reprend le résidu sec par l'eau en l'arrosant de 50 grammes d’eau et on filtre. Le liquide qui passe doit être jaune ou très faiblement coloré; s’il est fortement coloré, il y a une matière colo- rante étrangère. La matière sur le filtre doit être abondante et soluble, en majeure partie du moins, dans l'alcool ; cette dissolu- tion alcoolique doit répondre aux caractères de la ma- liére colorante vineuse précédemment cités. DONS D'OUVRAGES faits à la Société ET PRODUIT DE L'ÉCHANGE DE SES PUBLICATIONS. Proccedings of the Royal Society of Edimburgh, session | 1855— 54—55. 2 brach. 8°. Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen À Rheinlande und Westphalens. Zwôlfier JahrgangA. 2. Heft. %: broch. 8°. Württembergische naturwissenschaftiliche Jahrshefte. Siebenter _Jahrgang, drittes Heft. Elfter Jahrg., zweites Heft. Zwôlfter © Jahrg., erstes Heft. MP Leitrechnung grosse Pyramide von Ægypten. Une _ planche. — 118 — Proceedings of the Boston Society of natural history. 1853, pages 585 à #15, et 1855, page 1 à 479 ; in-8°. Jahres Bericht der Wetterauer Gesellschaft für die gesammte Naturkunde zu Hanau, de 1853 — 1855 ; in-8°. Abhandlungen des zoologisch-mineralogisechen Vereines in Re- gensburg. Erstes, zweites, fünftes Heft. Korrespondenz-Blatt des zoologisch-mineralogischen Vereines in Regensburg. Années 1847, 1848, 1849, 1850, 1852, 1853 et 1854. Annales des sciences médicales et naturelles de Malines, 2° année, 9° et A0" livraisons ; 12"° année, 1855, 1" liv. Compte rendu des trayaux scientifiques de la Société des Sciences de Malines. 1855. Mémoires de la Société royale des Sciences de Liége. Tome 9°". Etudes zoologiques sur le genre Aëgtinia, par M. H:‘Hollard. Brochure. Ueber die abnormen Sensationen, von Doct. Erlenmeyer. Die Gehirnatrophie der Erwachsenen, von Doct. Erlenmeyer. Eighth annual report of the Regent of the university of the State of New-York. Broch. 8°, 1855. Résumé explicatif d’une carte géologique des Etats-Unis de l'Amérique du Nord, par Jules Marcou, avec carte. Broch., in-8*, édition francaise et allemande. Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles. T. IV, n° 56-57. | Archiv des Vereins Freunde der Naturgeschichte in Mecklen- burg. 9"° cahier. 1855. Berichte über die Verhandlungen der Gesellschaft für Befor- derung der Naturwissenschaften zu Freiburg in Brisgau. N° 1-12. 1855. "SU 2 Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, Tome 1,n° 5, nouvelle série. Second supplément aux Phalénides de la faune suisse, par J:2C. - : De la Harpe, D'. Broch. in-4°. Coup d'œil géologique sur les mines de la monarchie autri- chienne, par le chevalier Fr. de Hauer et Fr. Fœtterle; tra- duit de l’allemand par le comte Auguste Marschall. Jahrbuch .der Kaiserlich-Kôniglichen geologischen Reichan- stalt. V"° année, 1854, N°4, 5, 4. VIT année, 41855. N°4et.2. In-4° Transactions of the Royal Society of Edinburgh, Vol. 46, par- tie 4. Vol. XXE, parties À et 2. Observations :in/magnetism and meteorology mode at Maker- stoun in Scotland in 1844. forming vol. XVIII of the tran- sactions of the Royal Society of Edinburgh. 1848. 4°. On Two neu crystalline compounds of zinc and antimony by Josiah, P. Cooke, J. Cambridge. 1855. Broch. 4°. Abhandlungen der Kaiserlich-Kôniglichen geologischen Reich- tanstalt, in drei Abtheilungen. 2 vol: fol: Bernard Studer, sur la manière d’écrire l’histoire de la géolo- gie. Broch. . Notice nécrologique sur M. Jean de Charpentier, par M. Lardy. Quelques mots sur les’ causes probables des varices chez Phomme, par 3. De la Harpe. ; Rapport sur la destruction du ver de la vigne dans le canton . en 1854, par J. De la Harpe, D°. Catalogue des Pyrales suisses, par: # De la Harpe, D'.: - Verbesserter Wutzer’scher Nadelhalter, von 3. De la Harpe, D’. Lersiôrung des Magens duréh Salpetersaüre, mit 16dtlichem \ Ausgange nach 54 Tagen, von J. De la Harpe, D'. = 450 = Statistiche Uebersicht der in den Jahren 14836 bis 4850 im Kan- tonsspital zu Lausanne beobachteten Fälle von Typhus, von D° De la Harpe. Coquilles terrestres et fluviatiles recueillies en Orient, par le professeur Belardi, par Alb. Mousson. Sur les modifications de la résistance galvanique des métaux, par Alb. Mousson. Résumé des travaux de M. D. Sharpe sur le clivage et la ‘fo- liation des roches, par E. Renevier. Seconde note sur la géologie des Alpes vaudoises, par E. Re- nevier. Excursions géologiques dans les Alpes valaisannes et vaudoises, par MM. E. Renevier et Ph. De la Harpe. N° Het n° 2. Du mucilage des coings dans la médication émolliente antispas- modique: Thèse de Phil. De la Harpe. Brèche à ossements du Mormont, près La Sarraz, par MM. De la Harpe et C. Gaudin. Ossements appartenant à l’Anthracotherium magnum, recueillis dans les lignites des environs de Lausanne, par M. Ph. De la Harpe. Dates de la publication des espèces contenues dans les planches dela conchyliologie minéralogique de la Grande-Bretagne par James Sowerby, par E. Renevier. Une feuille in-8°. Flore fossile des environs de Lausanne, par Ch. Gaudin et Ph. De la Harpe, D‘. Broch. in-8°. Reçu de la Société Smithsonienne de Washington. Eighth Annual Report of the Board of Regents of the Smithso- nian for. 1853. Part. 4, 2. — 151 — Ninth Annual Report of the Board of Regentz of the Smithso- nian for 14854. Smithsonian contributions to Knowledge. Vol, VIT; in-4°. 1855. Ninth Annual Report of the Board of Agriculture of the State of Ohio. 1854. Proceedings of the New Orleans Academy of Sciences. Vol. 1, par. 4—71. Constitution and by-laws of the New Orleans Academy of Sciences. Proceedings of the Philadelphia Academy natural Sciences. P. 25—9284. Maps. Foster and Whitneys-Report. In-8°. Characteristics of new Mammals collected by the U. S. and Mexican Boundary Survey, major W. H. Emory Commis- sioner. Descriptions of new birds, collected by D" Kennerly and H. B. Mollhausen. Notes on Nord American Falconidæ, with descriptions of new species. By John Cassin. Notice of new Salmo. A list of North Américan Bufonids with diagnoses of new species. By Charles Girard. _ Characteristics of tome cartilaginous fishes of the Pacific coast of North America. Abstract of a Report an the fishes and reptiles collected in Chile. By Charles Girard. Notes on the viviparous fishes inhabiting the Pacific coast of North America. By Charles Girard. Description of new marine invertebrata, from the Chinese and Japanere seas. By Wm. Stimpson. PS NE LE PQ DA JA PE Ne PT Ce LR CRD ES RO URETUNR TA) Ne it | “HS 2 po Wet FR iris: usées dé Iirén (AH sa 13 #0 on PPT sm Mai ss Viluogsft 1 VB} » ' à Be Mens ep L pres Re 4e sat À tb. Modéün! oise adigauilnoih 0 uofleurts to isiogoil he ‘ “in? aid: Rires je. | NEBE sito pi “ $ rec asaoisärio torsbiA ue vario eg Hrtfou 1e 77 Dék,. Por . LT nevste AN 24 eq D, 7.1 Ro-watabpté) absts OS rafales mel. Det j » FU, Le rsmbie. + NE de Goposse: ANUS noir dis: sd eo sai æ pur ME. he senier er Ph, be Ts Ha Tps N VER-28€ ns à Etam age ls ah dati TA | — boat nt dt y d béttallogelbminelte van lo 2siteitslonréd) © asus à ardt W NET Derranes trahrauottra0thSl 0 te Sorpe et Ve Gardhi: + Sade 8H ba Wan 16 gd data laid ar 1 old g + NE dus int Migaites def caviren tn Tansént, - c026edttthfèe : ? 7 = AE LATE A Gr diivi ionlart PRE broÿt uoendn ? 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Xopp dépose sur le bureau le résumé météorolo- gique pour l'année 1856. La Société décide qu'il sera publié en janvier ou février une notice météorologique analogue à celle de l'an passé. MM. Fréd. Borel, Desor et Kopp sont spécialement chargés de ce travail, et tous les membres sont priés de vouloir bien s’adjoindre à ces messieurs pour leur four- mir les documents dont ils pourraient avoir besoin. - M. Ladame propose que l’on fasse la comparaison des observations faites à Neuchâtel avec celles faites à la haux-de-Fonds ét ailleurs dans le canton. Sur. G. Guillaume exprime le vœu que les observa- ions des Montagnes et du Val-de-Travers soient impri- ées dans les journaux des différentes localités, comme M BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. 10 cela a lieu pour Neuchâtel, où les observations sont in- sérées dans l'Ardépendant et dans la Feuille d'avis. M. Ladame et M. Desor appellent l'attention de la Société sur l'urgence d’acheter enfin tous les instru- ments nécessaires pour que les observations météorolo- giques soient régulièrement installées dans les différents points les plus intéressants du canton. Après quelques-explications données par M. Kopp, il est décidé qu'une commission, composée de M. Ladame, professeur, président, MM. Desor, Louis Favre, Guil- laume et Kopp, fera rapport sur toute cette question, ‘tant instruments achetés qu’à acquérir, et sur les docu- ments qu'on possède déjà. M. Ladame, professeur, fait un rapport sur la loi fé- dérale des poids et mesures et sur le système des poids et mesures neuchâtelois qui vont disparaître. Dans le siècle passé les poids et mesures étaient diffé- rents dans les diverses parties du canton. Ainsi Valangin et Neuchâtel avaient deux perches qui différaient de 15/0 pouce, et deux aunes qui différaient de “1000 de ligne. L'Etat fit faire des recherches sur l’origine de la lon- gueur du pied de Neuchâtel, et il fut constaté que ce pied était l’ancien pied de Berne, et que si l’étalon dont on se servait dans la ville était plus long, cela tenait à ce qu'on avait un peu allongé l’étalon par mesure de pré- caution contre l'usure qui devait avoir lieu. On accepta donc en 1803 le pied de Berne, qui servait pour les me- sures ordinaires æt les vignes, pendant qu'on adopta pour la perche des champs et des forêts la perche de 15 pieds 8 pouces ou 16 pieds de champ. honda feeds re = 44 = En 1803 on adopta l'aune — 45 pouces 5 lig. 595, —="{ mètre 114 En 1804 on fixa les poids : Pour les matières d’or et d'argent, poids de mare de 16 onces. Pour les matières communes, poids de fer de 17 onc. En 1804 on fixa le pot 96 pouces cubes de roi, le même pot servant aux liquides et aux matières sèches. Le canton ayant des communications nombreuses avec la France, on dut établir les rapports de ces mesu- res avec les mesures métriques. M. Trallès fut chargé de le faire, et en 1804 il établit que : Le pied de Neuchâtel 293,26; L'aune » — | mètre 1/9; Le pot » — { litre 904,292. Il conclut ce rapport en pesant les liquides renfermés dans les deux vases : _ La livre de 16 onces — 489 grammes 506; La livre de 17 onces — 520 grammes 1/10. La nouvelle loi fédérale des poids et mesures établit . une relation directe entre ses unités et celles du système métrique. La longueur adoptée est le pied fédéral = 0 mèt. 3; Le pied de Neuchâtel — Q mètre 29; il n’y a donc qu'un centimètre de différence. . Le pot fédéral — 1 litre et demi; La livre fédérale — 500 grammes. Le pied — 10 pouces = 100 lignes = 1,000 traits; . 2 pieds — une brache … 4 » —uneaune fédérales. + 10,» — une perche 16,000 pieds = une lieue. — 150 — Les mesures de surfaces sont les carrés construits sur ces mesures. L’arpent — 1‘/; pose de Neuchâtel 1,3328. Les volumes sont Les cubes construits sur les mesures linéaires. Le pot — 1 litre et demi; 10 pots — le quarteron pour les matières sèches; 100 pots — le muid pour les liquides; 25 pots — la brante ou setier. 100 mesures d'orge de Neuchâtel — 101,56 quarte- rons. Le quarteron ne diffère que de 1'} centième de notre émine. ‘410 quarteron s'appelle émine ou mesure fédérale. Donc le pot ou l’émine c’est la même chose en me- sure fédérale ; mais notre émine est dix fois plus grande que l’émine fédérale. Une confusion pourrait facilement résulter de cela. Les poids sont le ‘, kilogramme et ses sous-divisions. Les poids de pharmacie sont conservés. M. Ladame pense que l’on peut rendre le système nouveau, qui à beaucoup de bon, très-acceptable pour nous, en faisant les adjonctions suivantes, tout en con- servant intact le système fédéral : La perche de 10 pieds n’est pas assez longue pour certaines mesures; on pourrait donc autoriser une rêgle de 15 pieds. Pour les surfaces, l'arpent formera la base. La perche réduite, soit l'ouvrier de vigne = 4,096 pieds carrés de vigne, la perche réduite de champ, soit l'émine de champ — 4,096 pieds carrés de champ, doivent disparaitre. 1 faut adopter la mème mesure pour toutes les terres. — Aol — L'arpent se divisera en 10 parties, 100 parties , etc. On retrouvera sensiblement l'ouvrier et l'émine de Neu- châtel en les faisant égaux au ‘10 de l’arpent, soit 4000 pieds fédéraux. Pour le bois, on donne aux büches : dans le bas, 3 pieds de longueur ; dans les Montagnes, 2 pieds, 2, 2 pieds 9 p. Il faudra conserver 3 pieds fédéraux. . La loi fédérale veut que les faces antérieures aient . 136 p°, ce qui ferait un tas de 6 pieds de haut G pieds de large, 4 » 9 » 4" » 8 jp» Toutes ces mesures ont leur inconvénient, la dernière serait la plus acceptable. La bauge de tourbe — 120 p° N' sera à remplacer. Pour les grains on a le quarteron. Le‘, de quarteron, au lieu de s'appeler émine, de- . ra s'appeler pot. Cela correspond assez au pot ancien. Le sac contient 10 quarterons; c’est peut-être beau- COUP. Pour les liquides, il faudrait appeler : brochet — 8 pots N! la mesure de 10 pots féd. sétier —16 » » !de20 5 brante —20 DANOIdE SEA ER La gerle neuchâteloise contient 32 pots de N'; on lui donnerait 65 pots fédéraux — 6‘, quarterons. Ainsi la _ gerle vaudrait, au lieu de 40 pots de N' tiré au clair, | 90 pots fédéraux, c’est ‘/, du muid. On diviserait la gerle de 63 pots en 10 seaux. … La bosse, qui contient 480 pots de N!, contient 609 pots fédéraux. = M — En faisant Ta bosse — 600 pots fédéraux, elle serait égale à 12 gerles — 6 muids. I serait bon de conserver pour le prix du sel les poids en plomb. Il faudrait vendre les pommes de terre au poids. On ne dit rien pour le charbon ni pour les fagots. Pour la chaux on prendrait une mesure de 2 pieds fédéraux de diamètre sur 1‘/; pied de profondeur: On ferait bien d'admettre pour les poids, le poids métrique avec subdivisions en grammes. La loi fédérale ne paraît pas s’y opposer d’une manière absolue. M. de Meuron dit qu'il possède un pied de Neuchâtel antérieur à 1803, et qui est plus long que le pied de Berne. Séance du 28 Novembre 1856. Présidence de M. Louis Coulon. MM. Schinz et J. Haime sont nommés membres ho- noraire et correspondant de Ja Société, et MM. Cor- netz, doct., et Guillaume, doct., membres ordinaires. Il est fait communication de la mort de MM. Gerhardt et Rion, membres étrangers de la Société. M. Xopp fait voir des tableaux sur les hauteurs du lac, faisant suite à ceux qu'a publiés M. de Montmallin. Séance du 12 Décembre 1856. Présidence de M. Louis Coulon. M. Desor lit une longue lettre de M. Lesquereux sur la formation des prairies, qu’il élueide au moyen d’ex- plications verbales et de démonstration sur tableau noir (voir Appendice). — 153 — Séance du 19 Décernbre. 1856. Présidence de M, Louis Coulon. M. le président annonce qu'on a tué à Serrières une orfraie, dont il compte faire un squelette pour compa-- rer avec celui de l'aigle royal, qui forme une section différente dans ce grand genre. M. Desor présente un fragment d'une carte spéciale du Jura, dont M. Ziegler, à son instigation, vient de faire l’entreprise. M. Desor démontre l'utilité de cette carte, en faisant ressortir son intérêt, non pas seule- ment local, mais très-général, en raison de la simplicité de la structure géologique du Jura, qui a pu faire dire de cette chaine qu’elle était l’école de la géologie. Il consulte la Société sur l’étendue qu'il serait convenable de donner à cette carte, et sur la convenance qu'il y aurait à en faire tirer des exemplaires non coloriés et purement topographiques. M. de Tribolet lit une lettre de M. le prof. Heer, lui annonçant que les plantes fossiles qu'il lui a envoyées. du bassin du Ménat, en Auvergne, appartiennent au terrain miocène inférieur, et correspondent plus parti- eulièrement à celles du Hohe-Rhône, dans le canton de Schwytz. Il cite entre autres les plantes suivantes : co rylus grossodentata, quercus Hagenbachit, ficus tilie- formis, cènnamomum spectabile, acer strictum, sequoïa Langsdorfii, acacra Parschlugiana, et une nouvelle es- pèce de sassafras qu’il propose de nommer S. Triboleti. M. Heer y trouve également deux insectes, et ne doute pas qu'on n’en rencontre bien davantage. I] termine en — 104 — exprimant le regret qu'il n'y ait personne en France pour exploiter cette mine si abondante. M. Favre lit une lettre de M. Trog, de Thoune, au- près duquel il est allé en informations à propos de lo- pinion émise récemment dans la Société, que les chan- gements de niveau du lac dépendent bien plus de Ja hauteur de l'Aar que des pluies du bassin du lac lui- même. M. Trog pense que cela ne doit concerner le niveau de l'Aar qu'après qu’elle à reçu la Sarme et l'Emme, qui sont sujettes à des crues beaucoup plus subites que l’Aar elle-même. Ce qui le confirmé dans cette idée, c’est que les eaux du lac ont été fort élevées l'été dernier, tandis que le niveau de l'Aar à Thoune était très-bas. Séance du 23 Janvier 1857. Présidence de M. Louis Coulon. M. Desor présente une notice de M. Pillet, de Cham- béry, dans laquelle ce dernier combat l'existence. du Valangien. M. de Tribolet donne une analyse d’un mémoire de M. Deville sur le silicium, mémoire destiné à faire res- sortir la parenté de ce métalloïde avec le carbone}; en constatant l’analogie des modifications allotropiques et l'identité des méthodes de préparation pour ces modi- fications elles-mêmes. M. le doct. Borel fait voir un crâne trépané, où, après quarante ans, l'os ne s'était pas reformé. M. Desor présente sur les Eugeniacrines quelques ob- servations nouvelles (voir Appendice). — #59 — M. le doct. Vouga fait une communication sur le Mont-Rose et ses environs (voir Appendice). Séance du 6 Février 1857. Présidence de M, Louis Coulon. M: G. Ritter, ingénieur, est admis à faire partie de la Société. M. Desor annonce que les matériaux rassemblés par M. le chanoine Rion, sur les tremblements de terre du Valais, sont restés dans Ja famille de ce savant, dont il espère les obtenir, puisqu'il avait été dans l'intention de M. Rion de publier son travail dans les Mémoires de la Société. H 1 ignore jusqu'à quel pomt ce travail est avan- cé; mais d'après les habitudes d'ordre qu'on connaissait al lise savant, il espère que la mise au net ne retar- dera pas trop la publication du nouveau volume de Mé- moires. M. de 7rébolet lit, sur le terrain Valangien, une petite notice destinée à servir de réfutation à une lettre de M. Pillet au chanoine Chamousset (voir Appendice). M. Desor fait l'analyse d'un Mémoire de M: Contejean sur l'improbabilité d'un changement de climat dans le Montbéliard, improbabilité qui résulte pour lui de l'exa- men de nombreux documents sur l'état des vignes et . des récoltes en général à différentes époques. Sur trente années du 18° siècle, il y a eu douze récol- tes abondantes et dix-huit mauvaises; tandis que sur les einquante-deux premières années de notre siècle, 11 v — 156 — en a eu neuf abondantes, dix moyennes, dix-sept faibles et quinze nulles, ce qui donne un même rapport de bonnes et de mauvaises récoltes pour les deux siècles. Quant à la qualité, il trouve également le même rap- port: trois bonnes pour sept mauvaises. La cause pré- pondérante de la non-réussite des récoltes se trouve être, d’après ces documents, les gelées précoces, en tant que sur dix-huit de faibles, douze doivent être at- tribuées à cette cause ; ce qui fait penser à M. Desor qu'il serait plus rationnel d'assurer contre la gelée que contre la grêle. M. Contejean termine son travail par des conclusions dont nous donnons ici la substance : L’abondance et la qualité de la vendange n’ont pas varié ; les séries et alternances de bonnes et de mauvaises années présentent les mêmes irrégularités; la date de la vendange et des moissons est restée la même; la mar- che des saisons présente des anomalies identiques. — Malgré cela, l’auteur constate que la culture de la vigne va en diminuant. M. Desor voit la cause de ce fait qui, dit-il, existe aussi à Neuchâtel, dans la facilité toujours croissante du transport, et pense qu'il serait temps de s'occuper sérieusement de cette question. M. Xopp est arrivé aux mêmes conclusions que l’au- teur du Mémoire, par des observations qu'il à rassem- blées dans le Mercure Suisse sur quelques années du XVII: siècle, et il croit qu'on trouverait de précieux documents sur ce temps dans les Annales de Valangin. M. Ladame, qui s'est également occupé de cette question, ne peut pas adhérer en plein aux conclusions de M. Contejean et encore moins à celles de M. Desor. Il a dépouillé les archives de la Bourgeoisie et reconnu | FU CE RS de à L Les US | qu'en effet, dans le XVI siècle, les vendanges avaient eu lieu à la même époque que dans le nôtre; mais que, dans le XVII, au contraire, elles avaient eu lieu géné- ralement plus tôt, le plus souvent même dans le mois de Septembre: il pense que d’ailleurs la date de la ven- dange ne correspond pas toujours au même degré de maturité du raisin, et qu'actuellement, par exemple, on tend généralement chez nous à retarder la vendange. La nature du plant fait objection également à toutes les conséquences qu'on pourrait tirer des conclusions de M: Contejean. D'ailleurs il se pourrait que comme on recule souvent devant le renouvellement des plants, ceux-ci s'abâtardissent et résistassent moins aux 1in- fluences délétères. Enfin l'épuisement du sol doit en- trer aussi en ligne de compte. Quant à la disparution des vignes, M. Ladame fait observer qu'il y a cinquante ans environ, on en avait beaucoup arraché (aux Pains- blanes, St-Nicolas, ete.) que l’on a replantées depuis; etque même beaucoup d'indices peuvent faire supposer que jamais la culture dela vigne n’a eu plus d’exten- sion chez nous. Pour ce qui est des assurances contre la grêle, il pense que c’est là un accident trop général pour qu'on püt avoir pour l'évaluation des dégâts des . termes suffisants de comparaison. A l'encontre de M. Desor , il pense que la facilité des communications ne fait qu'agrandir le rayon de consommation, en ce sens que , si les vins étrangers arrivent plus facilement chez nous, ils vont également plus au Nord, de manière à maintenir les prix et à rétablir l'équilibre. M. Desor réplique qu'il croit que le plant finit par s'adapter au elimat ; que le maintien du prix des vins est du à la dévastation temporaire des autres vignobles ; = 40 = el que la gelée est toujours assez locale, quoique dans des limites moins restreintes que la grêle. M. Kopp pense néanmoins que les sociétés n’assurent pas contre des désastres aussi généraux. M. le doct. Guëllaume croit qu'à priori il ne peut être question de changement de température dans un laps de temps aussi court que celui dont parle M. Contejean; ce à quoi M. Kopp répond que les changements éven- tuels auxquels il est fait allusion, ne sont point de ceux qui résultent du refroidissement séculaire du globe, mais de phénomènes purement locaux, (résultant de déboi- sements, par exemple), en vertu de la loi de Dove, d'après laquelle la somme des climats restant la même, leur distribution peut notablement changer. M. le Président rappelle à cet égard qu’on a observé une certaine corrélation entre l’état des saisons en Aus- tralie et en Europe, de manière à ce que l’on peut pré- dire en quelque sorte, d’un de ces continents à l’autre, la température qu’il y fera à telle époque donnée. Séance du 20 Février 1857. Présidence de M. L. Coulon. M. le doct. Cornaz communique quelques détails sur les soi-disantes eaux minérales de Birmenstorff et de Mellingen (Argovie). Le bassin qui donne naissance aux eaux de Wildegg, de Schinznach et de Baden contient des carrières de gypse, dont une située à une demi-lieue de Mellingen, au bord de la rivière, est exploitée hori- zontalement : à une certaine profondeur on trouve con- tre les parois de la galerie des plaques de sel plus ou — 109 — moins régulièrement cristallisé; les morceaux qui en contiennent sont brisés et recouverts d’eau qu’on met en bouteille quand lParéomètre indique une densité conve- nable. À Birmenstorff, la fabrication d’eau saline a lieu dans une maison dépendante de l'auberge dans laquelle se trouve un puits, qu'il ne fut pas possible à M. Cornaz de visiter, vu absence du propriétaire, qui, ainsi que celui de Mellingén, n'aime pas laisser pénétrer dans son sanctuaire ; la préparation est d’ailleurs analogue , ainsi que le lui affirma le dôét: Minnich fils (dé Baden), qui lui servait de guide. On sait que l’eau purgative de Birmenstorff contient essentiellement du sulfate de magnésie; on a prétendu que celle de Mellingen, qu'on préfère, dit-on, dans les montagnes du Jura, devait surtout ses propriétés à du sulfate de soude : toutefois le goût du sel pris au rocher ne paraît pas favorable à cette hypothèse. | M. le doct. Grallaume Lit un Mémoire sur la diffusion (Appendice). M. le prof. Favre présente des dessins originaux des champignons suivants, rares où nouveaux dans notre pays: Cyphella digitatis, Agaricus dilatatus, A. albo- brunneus, À. phyllophyllus, A. orcella, A. testaceus. _ A. clypeolarius, Gomphidius qlutinosus, G@. viscidus : Peziza coccinea, P. lurta, P.,indéterminée, Rhizopogon _ luteus, Stereum lirsutum, Boletus piperatus (déforma- tion due peut-être à la circonstance que ce champignon s’est développé au printemps, tandis qu'on ne le trouve jamais qu'en automne ou à la fin de l'été.) — 160 — Séance du 20 Mars 1857. Présidence de M. L. Coulon. M. Aopp présente le mouvement des eaux du lac de Neuchâtel, depuis 1817 à 1856, réduit en mètres, avec des tableaux graphiques pour chaque année, à la même échelle. Il présente en outre les mouvements des lacs de Neuchâtel et de Bienne comparés, depuis le maxi- mum de l'année 1856. M. Kopp rend ensuite compte des données fournies par le vase évaporatoire. M. itter présente quelques recherches sur les-cal- caires propres à fournir industriellement des chaux hy- drauliques ou des ciments, dans les parties méridionales du canton de Neuchâtel. Parmi les terrains qui s’y pré- sentent, la marne néocomienne, l’oxfordien et le brad- fordien sont les plus favorables. Le néocomien moyen, si répandu sur le littoral du lac, ou plutôt la marne calcaire qui S'y trouve, paraît être une excellente chaux hydraulique et presque un ciment. L'analyse de deux échantillons a donné : Premier échantillon. Second échantillon. Ac. carbonique . . 24,50 23,60 Ghaux 44 croate: 48500 17,10 Silice agrégée . . 41,20 14,12 Silice gélatineuse . 10,00 10,56 Ajuminé:.:#1020205136,28 37,60 Oxide ferrique . : 0,02 0,02 100,00 100,00 La magnésie y est contenue en très-faible quantité. — 161 — Séance du 3 Avril 1857. Présidence de M. L. Coulon. M. Charles Girard, domicilié aux États-Unis, est reçu membre correspondant. M. Xopp présente les observations faites à la Chaux- de-Fonds par M. Nicolet, pendant l’année 1856, puis le résumé de celles de Bonvillars, Diesse, Fontaines et Môtiers-Travers, et leur comparaison avec les observa- tions de Neuchâtel et de la Chaux-de-Fonds. M. Kopp a fait l'analyse d’un morceau de jaluze ou calcaire dolomitique du kimmeridien que M. Guillaume a trouvé dans la terre végétale. La partie extérieure était crayeuse, tandis que le centre était encore à l’état de roche compacte. L'analyse a donné : Partie interieure. Partie exterieure. 5 OA 0,1 Pace usliol. 0h suomi 2,1 Alum. et oxide de fer. 1,3 1,8 Carbonate de chaux . 61,5 54,8 Id. de magnés. 35,3 41,4 09,3 100,2 Il parait donc démontré que la partie extérieure, de- ._ venue blanche et tendre, est la roche lavée. Le carbo- nate de chaux est dissout, sans doute parce que les par- ties terreuses qui entourent la roche forment des acides organiques qui décomposent le carbonate de chaux; en . même temps l'acide carbonique qui se dégage forme du bicarbonate plus soluble que le carbonate. La masse change donc de composition chimique par suite de pro- #0 priétés physiques. — M. L. Coulon à fréquemment ob- servé à Chaumont des roches altérées de la même ma- nière. Séance du 24 Avril 4857. Présidence de M. L. Coulon. M. Ch. Jcanneret est élu membre de la Société. M. Coulon présente une notice de M. Blanchet sur la grèle qui a ravagé le pays de Vaud, le 23 Août 1840;.et sur quelques phénomènes météorologiques du Léman. La notice est accompagnée d'une lettre dans laquelle l'auteur donne quelques indications sur les golfstroms des lacs suisses, et émet l'opinion que la différence de température en est la seule cause. Le même présente encore une relation illustrée sur l'arbre mammooth de la Californie. M. Favre présente un Mémoire de M. Jordan sur l Æ- giops triticoïdes, et résume de la manière suivante cette question si débattue. En 1853, un botaniste connu par d’estimables tra- vaux, M. le professeur Dunal, appela l'attention des na- turalistes sur l'expérience de M. Esprit Fabre, d'Agde, de laquelle 11 paraissait résulter, selon lui, que le fro- ment ordinaire (Triticum vulgare) ne serait autre chose que le produit d’une herbe sauvage, de l'Ægtlops ova- ta, modifiée par la culture. À louie d’une assertion aussi extraordinaire, une certaine émotion s'empara des es- prits: les uns mèrent le fait, les autres l’admirent et le propagèrent, malgré les conséquences très-graves qu'il | : | | ET 08 — eulrainait à sa suite et en particulier la négation de la loi de l'espèce. Parmi les personnes qui s'élevèrent contre le résultat énoncé par M. Dunal et qui s'appliquèrent à le réfuter, il faut distinguer M. Alexis Jordan, membre de l'Acadé- mie de Lyon; je vais rendre compte rapidement d'un Mémoire qu'il a publié sur ce sujet l'année dernière. A l'époque où 1l s'occupa pour la première fois de cette question, 1l consulta M. le docteur Godron qui lui fit part de son opinion; elle consistait : 1° à confondre identiquement la plante des cultures de M. Fabre avec le Triticum vulqare, comme étant la même espèce; 2° à supposer que le pollen des étamines du 7riticum vul- gare, transporté des champs d’alentour par les vents, était venu féconder lÆ'q#lops ovata jusque dans l’en- clos complètement entouré de vignes, où M. Fabre di- sait avoir recueilli ses graines , et que le résultat de cette fécondation opérée ainsi à distance, avait été d'a: bord de neutraliser complètement la fécondation de 12Æ gilops par ses propres étamines, ensuite de donner naissance non pas à une variété de cet Ægrlops, non pas même à un monstre où hybride stérile, mais à une hybride fertile, ou, pour mieux dire, au Tréfieum vul- » gare lui-même, puisque les graines de cette hybride, étant jetées en terre, avaient produit du véritable fro- nent. Cette opmion de M. Godron ne resta pas ensevelie dans le silence; son auteur l'ayant dès-lors répandue dans le public par des mémoires appuyés d'expériences qui, à l'en croire, l'auraient pleinement confirmée. L'auto- rité d'un nom bien connu a pu induire en erreur bien des personnes même frès-éelairées: nous avons entendu BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. 11 = LINE, = au sein de cette Société M. le docteur Cornaz nous faire part d’une découverte si remarquable et nous transpor- ter d’admiration et de surprise, en apprenant que la plante dont les hommes retirent lé pain, la base dela nourriture, provient d’une herbe sauvage analogue à celles que nous trouvons le long des routes, au pied des murs, simplement modifiée par des opérations partieu- lières et par la culture. Cependant la plante, cause de tout le débat, se ré- pandait au loin comme une céréale propre à entrer dans l'alimentation: M. Jourdan, M. Vilmorin, M. Decaisne au muséum de Paris, la cultivaient et l'observaient avec soin, on en présentait des épis très-beaux à l'exposition universelle. Cette plante, on ne pouvait la nier, mais elle devait être soumise à un examen savant, afin d’é- claireir uné difficulté de nature à porter le bouleverse- ment dans la botanique et particulièrement dans les mé- thodes de classification. En effet, chacun sait que l'on ne considère comme espèce que les plantes stables dans leurs formes et portant des graines ; les hybrides sont constamment stériles. Quelque fussent donc les alléga- lions des partisans de l'hybridité, il était impossible d’ad- mettre comme hybride une plante parfaitement carac- térisée et toujours fertile. Après des expériences d'une durée suffisante, M. Jordan réussit à pénétrer au fond de la question, etil reconnut qu'il y avait eu de la part de M. Fabre confusion d'espèces; que là où il n'a cru voir que deux espèces, avec des transmutalions de l’une dans l’autre, 1l y avait en réalité quatre plantes différentes qui sont : 1° L_Æguops ovata. 2 L'Ægilops triticoides de Requien. i 4 d: Le Lèt # — 465 — 3° La plante cultivée par M: Fabre comme étant issue del }Æ gil. ovata, que M. Jordan nomma :# gil. speltaie prrus. \4Lé Friticum vulqare. À part V_Æ gilops trititoides de Requien, qui estiu une fonbatio toujours stérile soit. del Æ'arl. ovata. soit - de VÆgl, trearistata, et qui par conséquent «est loin d'êtreune espèce ; mais plutôt une monstruosité, ‘les plantes que je viens d'énumérer sont dés espèces parfais tement caractérisées. M. Jordan! explique:comment ces plantes ont puêtre confondues, même:par des observa: teurs éclairés, par la circonstance que l'étude et la classi- fication des céréales est encore à faire; ce qu’on possède là-dessus est loin de satisfaire l'obsérvateur. conscient cieux et exact ; le nombre des espèces est trop bmité, et les caractères qui les distinguent sont vagues, mal choi sis.et propres à favoriser la eonfusion. | M. Jordan passe à l'analyse comparée de l A gélagis ovuta, de V Ægulspeltaeforms et du Triticumivulgare, établit les différences qu les éloignent ;et conclut que la.plante cultivée et répanduné par M, Fabre.est une:es- pèce mouvelle, lÆ 17. speltacfomnis, croissant aux en- virons d'Agde, probablement originaire d'Orient, étap- portée avec d’autres graines, comme cela'a a euwheu pour-un certain nombre de plantes. 36 … Les conclusions de ‘M. Jordan, sont: Que l'on deit considérer comme faux le fait signalé par M. Fabre, con- sistant à présenter lÆ47/. speltacformis comme un pro- duit de l_Ægil. ovata, et cela par les raisons suivantes: 1° Il est invraisemblable au suprême degré, étant con- traire à tous les faits d'expérience constatés jusqu'iei et en contradiction avec les axiomes théoriques de la raï- — 4166 — son, 2° Parce qu'il manque d’une attestation suffisante et s'explique aisément par une erreur qu’il était facile de commettre. L’explication de M. Godron, qui attribue lÆ'q7. speltaeformis à l'hybridité, et fait intervenir dans sa pro- duction le Trificum vulgare comme agent fécondateur, n’est pas moins fausse : 1° Parce qu’elle repose sur la confusion de deux espèces distinctes ; 2° Parce que, si elle était véritable, on verrait ce fait se reproduire dans des circonstances semblables à celles qui, dans cette hypothèse , en seraient la cause, ce qui n’a jamais lieu. M. Desor rend compte d’une course que viennent de faire quelques géologues suisses dans les gorges du Seyon et de la Reuse et à Sainte-Croix, où ces messieurs ont eu l’occasion d'apprécier la valeur comme étage du Va- Janginien. Il fait voir de quelle importance est l'existence du wealdien pour donner des indications sur les phéno- mènes mécaniques qui ont modifié la surface de notre pays à cette époque. Il indique le fait de l'absorption des sources par les bancs fendillés de la dolomie ou jaluze, ce qui est en général la cause de la grande aridité de nos montagnes; puis il passe à la description succincte de la constitution des gorges de l’Areuse, et termine en trat- tant des dépôts eocènes du Mormont que ces messieurs ont aussi visité, et qui, d’après Les études de MM. de La- Harpe et Pictet, paraissent être contemporains des ter- rains de Montmartre. DAS CT 7 — 167 — » Séance du 5 Juin 1857. Présidence de M. Louis Coulon. M. Aug. Mayor est élu membre de la Société. M. le prof. Ladame présente le résultat de ses obser- vations sur la température du lac par les brouillards (Appendice). M. Desor rend attentif à la décomposition des cailloux alpins de toute nature, qui a lieu lorsqu'ils sont enseve- lis dans le menu terrain glaciaire, tandis qu’à l’air libre. ils ne se décomposent guère; les calcaires eux-mêmes sont désagrégés : comme les roches silicatées prédomi- nent, il y voit la cause de la fertilité reconnue de ce di-- luvium limoneux. M. Xopp rend compte de la séance publique donnée le 2 mars, par la section de la Société de la Chaux- de-Fonds, pour la détermination expérimentale de la rotation de la terre. Le pendule à été construit par M. Ducommun de Mulhouse, qui a longtemps habité la Chaux-de-Fonds et qui a fait cadeau de cet appareil et de plusieurs autres à l'Ecole industrielle de cette loca-. iité. Le pendule à été installé par M. le professeur Sire, dans le temple. Un auditoire nombreux assistait à l’expé- rience, qui a parfaitement réussi. M. Sire, avant de brü- ler le fil qui retenait le pendule, a rappelé les grands noms qui se rattachent à l’histoire de la découverte de la rotation de la terre. Il a énuméré les preuves de ce- mouvement et terminé la séance par les expériences du gyroscope. — 168 — M. de Tribolet présente à la Société des fossiles néo- comiens avec leur est, provenant d'une couche des en- virons de Morteau, où il en a fait la découverte avec M. Auguste Jaccard. La couche dont il est question se trouve à la hmite inférieure. de la pierre’ jaune } ayant une puissance d’un pied à peine. C’est en général un grès très-grossier et, suivant les lieux, plus où moins fortement agglutiné, plus ou moins riche en grains verts, et parfois une lumachelle pure. Le test des fossiles est ordinairement changé en spath calcaire rouge, et a par- faitement conservé les caractères et les détails des co- quilles originaires. Cetle découverte est de quelquerim- portance, car c’est la première fois que, dans le bassin crétacé du Jura, l'on trouve avec le test les fossiles de toutes les familles indifféremment. Ainsi, retrouvant chez nous des fossiles d’une détermination certaine et parfaitement comparables avec ceux du bassin de la Seme, on y rapportera nos moules des marnes bleues avec beaucoup plus de sécurité qu’on ne pouvait le faire auparavant, à raison de l'éloignement et de la différence dés bassins. Voici ces fossiles qu'a fournis une seule course : , Emarginula neocomiensis Venus Cottaldina Cerithium albense Cardium peregrinum Astarte disparilis » v. de sinuata » NOV. Sp. Crassatella Cornueliana Nucula Cornueliana Arca Rauliniana »__consobrina » Marullensis ? » Dupiniana? Venus Dupianana Mytilus Cornuelianus Avicula nov. sp. Lima Royeriana ». _undata? Pecten Cottaldinum » y de virgatum Ostrea Boussingaultii Terebratula prælonga. » tamarindus. » semistriata Rhynchonella depressa Diadema rotulare — 4169 — Il est étonnant que M. l'ingénieur Chopard, qui a ré- colté une si belle collection dans les environs de Mor- teau , n'ait pas eu connaissance de cette couche remar- quable. Au reste, toute la vallée de Morteau est intéressante au point de vue des terrains crétacés. M. Fribolet y a re- connu sur les bords les couches ferruginéuses du valan- ginien avec les pygurus rostratus qui les caractérisent. A Renaud-du-Mont , ce terrain renferme une couche considérable d’un gypse lout-à-fait pur, qu'on exploite avee avantage. Le valanginien est recouvert ici par des marnes jaunes identiques à celles de la percée du Seyon, àa Neuchâtel, qui sont la zone de l'amunonites Astierianus; on y trouve en outre le helemnites mistilliformus, les os- trea Couloni, imacroptera el Tombechiana, le pecten. Ca- quandianus, le holaster Lhardrr, un toxaster voisin du Camprichu, ete. Au-dessus viennent les marnes bleues riches en fossiles, et tout particulièrement en avicules, pernes, etc. Puis vient sans doute la couche qui est loc- casion de la communication actuelle, mais que M. Tri- bolet n’a vu qu’au centre de la vallée, sur la route de Morteau aux Brenets. Ici au centre du bassin les couches. sont horizontales et n’amènent guère à la surface du sol que la pierre jaune et les terrains supérieurs. L’urgo- - nien.surtout se fait remarquer par ses bancs puissants et -sans fissures, qui en font une pierre de construction de première qualité. La roche elle-même a beaucoup d’a- _nalogie avec celle de Bôle; mais les fossiles caractéris- tiques sont les pygurus rostratus et toxaster Couloni, qu'on ne trouve pas dans la localité neuchäteloise; de “sorte qu'elle serait plutôt contemporaine de celles du Mauremont et de Sainte-Croix; au reste, les couches de — 170 — Bôle doivent exister, à en juger par quelques petits gas- tropodes de la collection Chopard. Au-dessus de l’urgo- nien se voient, par place, les sables verdâtres de l’albien avec beaucoup de fossiles généralement agglomérés en nodules durs et noirs dans lesquels, avec le moule in- terne, existe aussi le moule externe rendant avec fidélité les moindres détails du test. Le cenomanien présente le même aspect et les mèmes fossiles qu'à Ove et à Sainte- Croix, mais ne joue, comme l'albien, qu'un faible rôle en raison de son peu d'extension: Sous le rapport orographique , le néocomien des en- virons de Morteau offre encore un intérêt particulier. De Pontarlier part un vallon étroit qui se dirige vers Mor- teau, dont le bassin, après s'être subitement rétréci, re- monte rapidement dans la même direction. A la jonc- ton, il se forme une espèce de petit plateau allongé que les crêts Himitateurs constitués par les couches supérieu- res du Jura ne dépassent souvent pas, de manière que le néocomien où le vallon géologique se trouve former, pour ainsi dire, un point culminant. A dire vrai, M. Tri- bolet n’a point reconnu le néocomien à l'endroit même de la culminance; mais l'ayant vu à quelques minutes de distance et le mouvement du terrain restant constant, le fait n’est pour lui l’objet d'aucun doute. La vallée qui descend sur Pontarlier est de la plus grande régularité et, comme telle, assez intéressante pour mériter une courte mention. Quoiqu'elle soit très- étroite et partant en couches fort inclinées, les terrains s’y déploient d’une manière très-nette en gradins plus ou moins bien dessinés par la dolomie portlandienne, le valanginien, le wealdien et le néocomien. La régularité est telle que, pendant une lieue peut-être, la route en — [71 — pente continue repose constamment sur le wealdien, malgré sa faible puissance et ses couches redressées. Par cette raison, 1l y a peut-être peu de localités aussi pro- pices à l'étude du terrain wealdien, car il est rarement mis à nu sur une étendue aussi considérable. M. Desor annonce, d'après une lettre de M. Lesque- reux, que la collection de ses mousses américaines est terminée, ce qui peut être envisagé comme une bonne fortune par tous les muscologes. — 172 — APPENDICES. SUR LA FORMATION DES PRAIRIES D'AMÉRIQUE. Lettre de M. Lesquerenx à M. Desor 010 2- J'ai à vous entretenir d'une question qui me.préoc- cupe depuis que j'ai visité l'Ouest, savoir de l’origene des - Prairies, sur la formation desquelles mon opinion est entièrement modifiée, depuis que j'ai pu les étudier non plus sur une surface de peu d’étendue et dans une loca- lité particulière, mais dans leur immense développe- ment, depuis les bords des lacs Erié et Michigan jusque bien au-delà des frontières occidentales du Minnesota. Je croyais jusqu'ici que la sécheresse de Fair était la cause essentielle, pour ne pas dire la cause absolue de la formation des prairies. Mais j'ai vu depuis, que sur les bords du lac Michigan, comme sur les bas-fonds du Mis- sissipi et de ses affluents, là où par conséquent l’humi- dité atmosphérique est plus grande que dans toute autre partie de la contrée, les prairies se montrent souvent à » la place des forêts, mais toujours sur un sol qui semble leur être particulier, de ne sais si j'ai observé tous les ac- = 6 = widents de la formation de nos prairies de l'Ohio et sur- tout si jai bien vu, mas voici qui me parait une vérité incontestable, ou du moins à laquelle je n'ai trouvé au- ‘eune exception: Toutes les prairies reposent sur un ter- raimnoir souvent mélangé de cailloux, mais surtout d’un sable plus ou moins grossier. Ce terreau, quelquefois pur, est toujours superposé au sable. Partout au contraire oile sableest remplacé par un dépôt limoneux ou d’une mature étrangère à celle du sable, comme sur certaines parties des bords du lac, ou sur les bords des rivières, ou dans quelque élévation particulière faisant ilot au milieu de prairies, les arbres ont pris croissance et se sont emparés du sol de manière à le couvrir avec une activité de végétation plus où moins grande. Les bords des rivières Mississipi et Minnesota (cette dernière s'appelle aussi Saint-Pierre) sont évidemment _ formés de deux étages ou terrasses différentes. On pour- ‘rait en admettre trois en comptant pour un le fond des vallées, (ce qu'on appelle généralement en Amérique le Bottomland), ou cette portion du lit actuel des rivières qui forme vallée dans les eaux basses où moyennes et qui est couverte d'eau autemps des inondations où quand les rivières sortent de leur lit actuel. semble donc qu'il y ait eu trois époques de dessé- Chement ou de drainage des eaux des grands lacs, dont l'étendue, jadis beaucoup plus grande, est indiquée en- core quelque peu par la forme du lac Michigan et par quantité de lacs qui couvrent plusieurs parties du Min- nesota. Le premier retrait a resserré les eaux des lacs lés limites marquées par les terrasses supérieures: le second, plus récent, les a amenées entre ces banes si remarquablement moulés le long du Mississipi et de FO- 119 = AU ho ; le troisième, qui dure encore, tend à les renfermer dans les lits actuels, d’où elles s'échappent encore trop souvent pour le bien-être des agriculteurs riverains. Vous savez qu'il se forme actuellement des prairies le long du lac Michigan, comme le long du Mississipi et de ses affluents, surtout du Minnesota. La formation de ces prairies actuelles, dont l'étendue n’a aucun rapport avec celles des prairies primitives, est toute particulière et a le plus grand rapport avec la formation des marais lourbeux. Partout où les vagues, où les courants des lacs battent les rivages et y entassent des matériaux, sable ou limon, il se forme des digues plus ou moins élevées, qui bientôt se couvrent d'arbres. Mais ces digues ne suivent pas le retrait etles contours des lacs. Au contraire, elles se forment à de grandes distances des rives, souvent sur des bas-fonds derrière lesquels restent, à l'abri des mou- vements lacustres, des golfes peu profonds et d’une éten- due plus ou moins considérable. Là croissent bientôt les jones, les carex, toutes les plantes aquatiques herbacées et, chose remarquable et qu'on peut observer tout le long des bords du lac Michigan, bien que les forêts en- tourent ces marais, que souvent ces marais soient entiè- remenht desséchés, la végétation des arbres ne s'y établit pas. ls restent ou plutôt ils deviennent peu à peu des prairies. Ceci m'a expliqué la nature particulière du sol des prairies. Ce sol n’est ni tourbe ni humus. C’est une terre noire, très-légère, fortement chargée d'acide humique, formée des débris des plantes de marais et qui participe ainsi beaucoup plus de la nature du sol tourbeux que de celle » du sol limoneux. | Le long du Mississipi et du Minnesota, le même phé- uomène de formation des prairies se remarque avec en- — 175 — core plus d'évidence. Tout le long des courants princi- paux ou des lits actuels, il se forme insensiblement sur . les deux bords, des digues plus élevées que le niveau ou . le fond général. Vous savez que DeLauc a très bien expli- . qué ce phénomène, à propos des marais de l'Elbe. Au moment des inondations, et lorsque l'eau est chargée de limon, celui-ci se dépose ordinairement des déné côtés . du chenal principal là où le courant commence à se ra- lentir. L'inondation peut ainsi couvrir des étendues con- sidérables, sans que le limon cesse de se déposer pour ainsi dire, au beau milieu de la plaine inondée. De la sorte, après le retrait des eaux, il reste forcément de chaque côté du lit principal des lacs ou marais plus ou moins grands, que l'été peut dessécher, qu'une végéta- tion luxuriante recouvre et qui, par les débris mêmes de cette végétation mêlés à un peu de sable, finit par s'é- lever peu à peu au-dessus du niveau moyen du lit du fleuve, sans cependant arriver au niveau des digues qui les en séparent. Tout le long du haut Mississipi et du Minnesota, on voit ces marais d’une immense étendue, tantôt comme des bassins remplis d’eau, tantôt cachés sous les eaux qui, agitées par le vent, les font ressembler à des plaines couvertes de blés verdoyants. Le plus sou- vent ces marais sont au-dessus du niveau moyen de Ja rivière, mais, barrés comme ils le sont par les digues or- “dinairement boisées, ils ne se dessèchent que lentement pendant l'été. IL en est qui sont déjà passés à l'état de Yéritables prairies sèches. Ils forment alors d'excellents “pâturages ou des localités admirables pour la construc- “tion des villes riveraines. Prairie-du-Chien, Prairie-la- Crosse, Prairie-la-Fourche, et tant d’autres villes nais- Santes au bord du Mississipi, sont situées sur des forma- pus UE | ee | lions de celte dernière catégorie. Ce sont, de véritables etmagnifiques prairies, d'uné origine beaucoup plusré- cente que les prairies supérieures. Elles sont. d’un eôté dominées par des escarpements boisés des rives primiti ves, et bordées de l'autre par les Gigues également boi- sées du litactuel, et malgré cela, les arbres nedkestont jamais envahies. | | ILest facile de comprendre comment eu pourquoi les végétaux ligneux ne peuvent croilre sur ces sols d'abord marécageux, puis couverts d'une, {erre légère et sablôn- neuse. il faut que les arbres, surtout dans leur jeunesse, absorbent et, par conséquent, reçoivent beaucoup d'air par leurs racines. IHeur faut d'ailleurs un sol assezsolide pour que leurs racines puissent s'y attacher. Lorsque l'eau.est courante, elle fournit à certaines espèces! dar: bres comme les ormes, les saules ,'les peupliers, ete, dont les radieules ont la propriété de se diviser à l'infini et en filaments fert longs, lorsqu'elles sont immergéés et battues-par les courants, une quantité d'air suffisante. Partout au-contraire où l'eau croupit au printemps (an suoment oùla végétation commence), le développement des radicules des arbres est rendu impossible par Lab- sence, totale de l'air. Les végétaux ligneux peuvent rare- ment supporter les alternatives d'immersion et de com- plet dessèchement auxquelles ces marais sont soumis (‘). » (*) De même aussi le sol purement sablonneux, quelque riche qu'il soit à la surface, n'offre pas assez de consistance et, en géné. ral, ne peut guère être oceupé que par les conifères , auxquels 11m faut non-seulement beaucoup d’eau, mais une grande humidité at-" mosphérique et aussi une température particulière. Entre la région des pins des bords de l’océan Atlantique, dans les contrées méri- dionales des Etats-Unis. et celle du Nord qui s’étend surtout le longg des rives septentrionales des grands Tars et tout autour du ae Su — 171 — “Mais pourquoi la tourbe ne s'est-elle pas établie dans ces marais riverains, où près des lacs, ou près des ri- - vières, comme onen voit des dépôts si puissants et d'une » si vaste étendue le long de Ia mer Baltique et à Fem- » bouchure des rivières qui s'y jettent ? - L'absence de tout corps ligneux serait une premmère raison à indiquer. Mais il y en a une meilleuretet plus - évidente, c'est l’abaissement du niveau des eaux dans les marais pendant les mois de l'été. En effet, il ya fort peude ces marais qui, bien que recouverts de quatre à six! pieds d’eau au printemps, ne soient absolument des- séchés en septembre. Le sable du fond est alors rendu limoneux par la décomposition des plantes aquatiques, surtout des joncées el caricées qui le couvrent. Mais ee solläest tout-à-fait impropre à la végétation des mousses tourbeuses, qui non-seulement développent leurs graines . sur les débris des bois des conifères, mais qui aiment | surtout un miveau d'eau presque constant ,-et sont in- - failliblement détruites par une trop grande sécheresse. | L’excès de température n'a pas d'importance. 1 v a des marais tourbeux au milieu mème des prairies ; et vous | LÉ à mé n'avez pas oublié les cédriers (cedar-swamps) des bords du lac Supérieur, dont le fond n’est pas du sable pur, . mais un limon fin, ‘une argile blanchâtre, semblable à celle qu'on observe sous les tourbières du Jura ou de l'Europe en général et qui empèche l’eau de filtrer. D'où Von peut conclure peut-être que le dessèchement des érieur, et qui forme, généralement parlant, la partie sub-alpine de Are des Etats-Unis, il y a une zone d’une grande largeur, par- …faitement définie dans ses limites, où les conifères ne croïssent plus que sur les collines les plus élevées et sur les rochers escarpés. le long, de quelques torrents. — 178 — marais des prairies est dû, non pas seulement à l'âction atmosphérique, mais aussi à l'infiltration de l’eau dans le sol. C'est cette même cause sans doute qui laisse les plaines sablonneuses de l'Oldenbourg entièrement sté- riles, quand mème elles sont humides et marécageuses dans plusieurs parties de leur surface, et qui ne permet aux marais tourbeux de s'établir que le long des ruis- seaux ou des cours d’eau qui les traversent. Mais alors comment se fait-il que, derrière les digues naturelles, le long des fleuves du nord de l'Allemagne, il y ait pres- que toujours formation de marais tourbeux, et non pas de prairies comme en Amérique. Je crois qu'il faut at- tribuer cette différence , tant seulement à la différence de température, et, probablement aussi, à la différence d'humidité atmosphérique. Si, comme le prétendent plusieurs auteurs allemands, Sprengel entre autres, il faut pour la production d’un marais tourbeux , la disso- lution dans l'eau d'un certain acide produit par la dé- composition du ligneux (acide ulmique ou autre) nous aurons dans ce fait une raison de plus pour l'absence des tourbières dans l’ouest des États-Unis et pour leur rem- placement par les prairies. Mais, me direz-vous, on trouve quelquefois dans le sol des prairies des troncs d'arbres ou du moins des morceaux de bois. Cela est vrai, mais ce n'est qu'accidentellement. Jamais, que je sache, dans aucune partie des prairies, même sur les bords des lacs, on n’a vu des amas de bois entassés dans une localité, indiquant qu'ils y ont vécu sur place. Iya des arbres et des troncs flottés, rien de plus; mais ces accidents-là ne peuvent influer sur la marche générale des formations. Il faut quelque chose de plus. Je vous esquisse ces idées avec le crayon du voyageur, mon cher ami, partout où je trouve dans mes halles quel- — 179 — ques moments de hhberté pour causer avec vous, Avanl hier j'étais à Cleveland, hier à Sandusky, aujourd’hui me voici à Toledo. Ces trois villes, vous le savez, sont des ports du lac Erié, et en suivant ces rives, j'ai à chaque instant l'occasion de recueillir tantôt des preuves tantôt des objections aux idées que je vous émets plus haut. Les preuves sont partout , les difficultés sont peu nom- breuses; ce sont réellement des accidents qu'une obser- vation plus suivie expliquerait facilement. Les contours de la baie de Sandusky et la baie elle-même sont un frappant exemple de ces prairies en construction par l'agence des marais lacustres. Tout autour de la baie s'étendent d'immenses plaines encore couvertes d’eau. mais déjà chargées de végétation, plaines inaccessibles, coupées par des digues, par des ilots, que les arbres ont envahis déjà depuis des siècles, à en juger du moins par . la vigueur de leur végétation. Ces digues, ces ilots, si _ l'on en examine les contours, dénoncent une formation alluviale entassée par les mouvements des eaux. Les - immenses surfaces des prairies et des marais sont au . contraire à l'abri de ces mouvements. Leur sol n’est par conséquent qu'un sable lacustre et le limon qui s'y mé- - lange et qui tend à le recouvrir n’est que le résidu des plantes marécageuses qui l'habitent et qui s'y entassent - lentement. On reconnait le même mode de formation à mesure qu'on s'éloigne des bords du lac et qu’on arrive aux prairies desséchées. De temps en temps le chemin de - fer coupe des iles ou des ceintures de forêts. Or ces cou- pes indiquent toujours non seulement une différence de k - niveau, mais un sol différent. Ce n’est plus le sable pres- “que pur ou mêlé de caïlloux erratiques qu'on observe “ans les banes ou les fossés du chemin de fer, mais une : BUL DE LA SOC. DES SC. NAT. 12 — 180 — marne plus où moins compatte, tantôt jaunâätre, tantôt ronge et mêlée de fer, un vrai terrain d’alluvion. Passons maintenant aux prairies roulantes (que vous avez parfaitement étudiées et décrites), et qui ne sont guères qu'une succession constante de grandes vagues solides, quiressembleraient à celles de l'Océan, si elles avaient une direction quelque peu identique dans leur ensemble. Les mêmes phénomènes qui caractérisent les prairies modernes se retrouvent ici dans des proportions différentes. Voici entre autres ce que j'ai observé sur une surface de sept milles de largeur, près de l'embouchure du grand Waraja ou Big-Cotton-wood-River (rivière du gros platane) dans la rivière Minnesota, sur les frontières occidentales de l'Etat du Minnesota. À quelque mètres au Sud du Big-Cotton-wood-River se trouve un petit lac (de deux à trois milles de diamètre) d’une eau parfaite- ment claire, dormant sur un lit de sable blanc, mêlé de quelques petits cailloux diluviens. De ces lacs-là, les prairies de l'Ouest en sont couvertes, vous le savez. Il y en a de toutes les dimensions; de forts petits, ordinai- rement de forme circulaire; de fort grand,s de trente à cinquante milles de circonférence, lesquels se moulent précisément eomme les prairies , se divisant en petits golfes innombrables, golfes qui tous, à-peu-près, sont des marais herbeux se déversant dans les rivières, non pas par des cours d’eau déterminés ou bien marqués, mais par des marécages qui ne sont que des bras ou des golfes plus ou moins profonds de ces lacs. Lorsque les rives de ces lacs sont dessinées, c’est-à-dire, lorsqu'elles ne se confonden® pas avec les marécages, elles sont éle- vées de six à quinze pieds au-dessus du niveau moyen des eaux et boisées ordinairement couvertes de chênes), VO VOIES V7. =, St — mais immédiatement derrière ces rives, qui ne sont au- tre chose que des digues entassées par le mouvement des eaux, il v a de nouveau des marais plus où moins vastes ou plus ou moins profonds, qui, insensiblement, passent aux prairies. Or voici à partir du petit lac ci-des- sus dans quelordre les phénomènes se succèdent du Sud au Nord jusqu’à la rivière Minnesota : 1° la digue du lac couverte d'arbres, de quinze à emquante pas de largeur ; 2 une ceinture de marais plus où moms large et qua- quefois coupée par les prairies qui s’'avancent jusqu'aux bord$ du lac; 3° une butte de prairies plus élevées et parfaitement sèches ; 4° des marais ordinairement cir- conscrits par des prairies; 5° des prairies sèches; 6° les berges du Big-Cotton-wood-River ou Great-Waraja. Ces berges sont boisées, à pente ordinairement très- forte , quelquefois presque perpendiculaire ; de cent à trois cents pieds d'élévation; 7° des prairies basses, par- fois charmantes vallées, au-dessus du niveau ou au ni- veau des hautes eaux de la rivière, souvent séparées des banës extérieurs ou des collines par des marais: 8° les berges de la rive gauche; 9° à 15° des prairies al- ternant avec des marais; 16° les berges de la rive droite du Minnesota, ordmairement boisées, etle plus souvent . marquées de deux étages; 17° des marais au pied des berges ou collines; 18° des prairies basses le long de la rivière. Souvent ces prairies s'élèvent insensiblement depuis le bord de la rivière jusqu'aux hautes prairies ; alors il n'y a pas de marais et il n’y a pas de bois non plus. Mais ce cas est fort rare ; car presque toujours, lorsque les prairies se forment sur les bords immédiats des rivières du Minnesota, elles sont séparées des collines - ou des bancs extérieurs par des marais qui ne sont pas — 182 — larges, mais qui parfois sont assez profonds. Mais remar- quez cependant, que ce que je nomme marais ici, en parlant des prairies, n’a aucun rapport, pour la profon- deur du moins, avec les marais des bords des grands lacs. Ce ne sont, à proprement parler, que les parties humi- des des prairies roulantes; des bas-fonds qui sontà peu près inaccessibles au printemps, après la fonte des neï- ges, où ne croissent guère que les joncs et les carex ou laiches, mais qui, en été, sont de facile accès et ordi- nairement entièrement desséchés. Dans leur plus grande profondeur, et lorsqu'ils sont inondés, ces maraïs ont environ deux pieds d’eau; je n’y ai jamais vu de pois- sons, mais bien quelques écrevisses et beaucoup de co quilles, surtout les espèces suivantes: P/anorbis trival- pis, bicarinatus, lentus et Lymnea appressa, emarginata etderidiosa. Les lacs ont les mêmes espèces, mais de plus bon nombre de bivalves et une grande quantité de poissons, surtout des Pimélodes {cat-fishes). La conclusion générale, que j'aurais dû peut-être for- muler en commençant pour en chercher ensuite les preuves, c’est que toutes les prairies, hautes et basses, ont été formées soit par le retrait des grands lacs, ou la mise à sec de vastes nappes d’eau douce qui ont été peu à peu transformées en marais et desséchées, soit par l'a- bandon d’anciens lits de grandes rivières séparées des lits actuels par des digues de limon. À cette idée il y a plusieurs objections. Et d’abord, commient se fait-il que les prairies ne soient pas parfai- tement horizontales? ou, s’il y a des ondulations, pour- quoi les parties les plus élevées ne sont-elles par cou- vertes des mêmes dépôts que les dépressions aux abords des lacs qui recouvrent encore actuellement ces prai- : À — 183 — vies, pourquoi ne sont-elles pas couvertes de bois? Je - crois que, quant aux prairies, quelle que soit d’ailleurs - leur ondulation, elles ont été primitivement assez hori- - zontales pour former de vastes marais continus, comme + ceux qui recouvrent encore maintenant les bords des » lacs Erié et Michigan. Si cette horizontalité a disparu, | ce n’est que peu à peu, sous l'influence érosive de l'eau et par l'effet de ses mouvements en cherchant un niveau F eten se frayant des communications vers les parties in- férieures. J'ai suivi pendant des journées entières ces » parties basses des prairies ou ces marais, et les ai vu constamment passer de lune des formes à l'autre par _ les ondulations les plus bizarres, ensorte qu'on pourrait | facilement les comparer aux lits gazonnés de ruisseaux serpentant dans des vallées presque horizontales, avec | cette différence, toutefois, qu'au lieu d'un hit continu, + nous avons une série de marécages s'étendant, se rétré- . cissant et se contournant suivant les accidents du ter- | rain. Cela me semble tellement naturel, que J'aurais de la peine à concevoir de hautes prairies parfaitement ho- rizontales, comme sont les prairies basses au bord des. grands lacs. En effet, le long des lacs l'horizontalité est . forcée par la proximité du lac vers lequel il ne peut y - avoir aucun écoulement, puisque le niveau des prairies. ou marais lacustres est à-peu-près le même que celui. des lacs. Mais dans le voisinage des rivières, dans toute. Vétendue drainée- par le Mississipi, par exemple, où les rivières ont un niveau moyen, de un à trois cents pieds plus bas que celui des prairies, il faut nécessairement que cet écoulement lent se fasse, et qu'ainsi, l'eau elle- mème, quelque lent que soit son mouvement, creuse ces inégalités qui forment ce qu'on appelle les prairies É 4 Les ds 2 De re roulantes. Dans l’indiana et l'Illinois, surtout dans le voisinage du Wabash, comme à Lafavette, à Terre-Hau- te, etc., il y a cependant de ces prairies élevées dont l’horizontalité semble parfaite ; mais ce n’est qu’une ap- parence due à la jeunesse, à la nouveauté même de ces prairies. Quelques parties, il est facile de le voir, sont déjà assez sèches pour que la culture puisse les utiliser; d’autres servent en été de paturages aux bestiaux; d’au- tres sont encore inabordables. Cette apparence d’hori- zontalité est due à la largeur de ce qu’on pourrait appe- ler les canaux de drainage. Peu à peu ils se rétréciront en devenant plus profonds; ils se dessineront ainsi da- vantage, et les prairies maintenant humides et horizon- tales deviendront peu à peu onduleuses (des rolling prai- ries). Je le crois ainsi, du moins, car je ne puis me ranger à l'opinion que vous émettez dans votre bel article sur le Drift du lac Supérieur, qui attribue à des courants la formation de ces irrégularités de la surface. Si le sol des prairies avait été ainsi préparé d'avance sous les eaux, les parties saillantes seraient couvertes de forêts, comme les digues de tous les lacs. Plusieurs faits semblent appuyer ma manière de voir. Les par- ties basses ou marécageuses des prairies ont une couche d’'humus plus profonde et plus riche que les dômes ou collines. On peut dire sans doute que ce fait est dû à la végétation prolongée des grandes herbes de marais qui couvrent les parties basses. Mais si l’on examine les traces de dénudation le long de ces dômes ou sur leurs pentes, quelque peu inclinées qu’elles soient, on recon- naît facilement que l’humus leur est peu à peu enlevé par les pluies et que les parcelles de terreau s’entassent en couches plus épaisses, ou sur les pentes, lorsqu'elles pt * bé 0 nn à np — 185 — trouvent un obstacle qui les arrête, ou vers le pied et, par conséquent, au fond des sillons. Mais, direz-vous, l'étendue immense des prairies ré- fute votre théorie ou votre supposition. On comprend encore que des laes, des marais, des eaux basses puis- sent couvrir une étendue de quelques milles carrés, mais il est difficile de se représenter des marécages d'une étendue aussi considérable que celle des prairies, mesu- rant des milliers de milles carrés soumis à un desséche- ment pareil. Je ne vois pas là une sérieuse objection, surtout pas pour le géologue qui, dans ses explorations, se heurte constamment contre des faits qui d’abord bles- sent et tantôt modifient considérablement les idées que nous nous formons du temps. Que le vaste plateau des prairies ait été jadis couvert d’eau, le diluvium dont el- les sont en grande partie formées, souvent sur une épais- seur de plusieurs centaines de pieds, en est une preuve évidente. Il ne reste plus alors à étudier que la manière dont les eaux ont quitté ce plateau; peu nous importe le temps qu'il a fallu pour le mettre à nu. Or, l'horizontalité des prairies prouve évidemment que leur surface n’a été façonnée par aucun agent vio- lent souterrain ou superficiel, c’est-à-dire qu'elle n’a subi aucun dérangement partiel, soit par l'effet des sou- lèvements, ou d’écoulements ou de courants violents. Un déplacement subit des eaux qui les couvraient aurait laissé des traces de son action, ou bien dans des amas de matériaux et des digues, ou bien dans des canaux plus ou moins profonds. l en eût été de même dans l’hypo- thèse d’un soulèvement subit survenu vers les montagnes du lac Supérieur, à une époque où les courants qui ont ereusé le lit actuel des rivières étaient déjà en activité, 5 " — 4186 — comme aussi dans l'hypothèse encore plus improbable d'une rupture de quelque grande digue dans la partie inférieure de la vallée du Mississipi. Nous avons vu au contraire que tout le long des rives du Mississipi et de ses affluents, les prairies supérieures sont bordées par des élévations qui en suivent les contours, lesquelles sont couvertes de bois, absolument comme ces digues qui se forment au fond de la vallée actuelle du Mississipi, sépa- rant la rivière des marais ou des espaces humides qui s'étendent jusqu’au pied des escarpements. Or, ces di- gues extérieures ne peuvent s'être formées que par l’ac- tion très-lente d’inondations et de gonflements successifs des rivières, à l’époque où leurs eaux étaient à-peu-près au niveau des prairies. En outre, si, pendant que les eaux creusaient ces vallées au fond desquelles le Missis- sipi et ses affluents serpentent maintenant, 1l y avait eu un décroissement subit dans le niveau, les eaux restées sur les prairies, sous forme de lacs et de marais, auraient souvent rompu les digues qui les séparent des prinei- paux canaux d'écoulement et auraient creusé de pro- fonds couloirs aboutissant quelque part vers l’intérieur des prairies. C’est ce qu’on ne rencontre nulle part. Il n'y a, dans les érosions des roches extérieures, rien qui annonce ces changements subits; mais tout y prouve un écoulement continu, modéré, et un abaissement succes- sif. On doit donc admettre que le desséchement des prai- ries a été une œuvre lente, incessante, qui s’'accomplit maintenant, comme elle se poursuivait jadis, et qu’elle n’a été causée par aucune catastrophe violente. Si l’on avait étudié avec assez de détails la distribution du diluvium américain avec ses inégalités, on arriverait peut-être à y reconnaître une digue primitive, d'une — A87 — étendue inmense sans doute, mais d'une composition particulièrement propre à la végétation des forêts. On trouverait ensuite que les rivières qui la coupent ont aussi, de leur côté, par la nature de leurs dépôts, favo- risé la végétation des arbres sur des points particuliers. . On arriverait ainsi à définir le terrain des forêts comme un terrain d'alluvions ou de transport, tandis que celui des prairies, de nature différente, se classerait sous un nom particulier, soit sous celui de sol de marécages. Il est bien entendu que je ne parle que des dépôts de la surface. Car la nature des sédiments antérieurs n’est pas partout la même, tandis que, si l'opinion émise est juste, le sol des prairies doit être généralement uniforme dans . sa composition, et, jusqu'à présent, 1] m'a été impossi- ble de remarquer une seule exception à cette uniformité de composition. - … Nous aurions un grand avantage dans la discussion de _ cette question, si nous possédions du grand bassin du Mississipi une carte bien faite, où seraient exactement . marquées les forêts et les prairies. Mais il ira longtemps, » je pense, avant que nous puissions obtenir quelque chose | de semblable. - … ILest juste maintenant de dire un mot des autres opi- - mions émises pour expliquer la formation des prairies. “ Lorsque, comme je vous l'ai dit, j'ai soutenu que:les “prairies étaient essentiellement produites par la séche- resse atmosphérique, je n'avais examiné encore qu'une “fort petite partie de l'immense surface qu’elles couvrent. Je les avais vues surtout dans l'Ohio et dans l'Indiana, “mais ne les avais point étudiées sur les bords des grands lacs et du Mississipi, où cette opinion est contredite par une foule de faits d'une évidence incontestable. L'absence = Hs des arbres augmente considérabiement sans doute la sé- cheresse de l'atmosphère, et produit aussi des extrêmes de température qui font, du Minnesota, par exemple, une Sibérie pendant l'hiver, en hu donnant un climat presque tropical pendant l'été. La différence entre la température des prairies et celle des régions couvertes de forêts cause dans des contrées assez voisines des phé-. nomènes remarquables. Ainsi dans le Wisconsin, qui est en grande partte recouvert de forêts, et où par consé- quent la neige reste sur le sol beaucoup plus longtemps, les cerises ne mürissent qu’à la fin de juillet. En revan- che, je les ai vues en maturité, le 21 juin, à une latitude beaucoup plus élevée, c’est-à-dire à St-Antony au-dessus de St-Paul. Ainsi aussi la région des pins descend d’en- viron deux degrés plus bas dans le Wisconsin que dans le Minnesota. Là elle commence entre le lac Winnebago et la Baie-Verte (Green-Bay), tandis que dans le Minne- sota il faut remonter, pour la rencontrer, jusqu'aux af- fluents supérieurs de la rivière Minnesota, du Mississipi et du Sainte-Croix. Il est vrai de dire que la presqu’ile qui sépare la Baie-Verte et le lac Winnebago du lac Mi- chigan est pinifère; la raison peut en être autant dans le voisinage des lacs et, par conséquent, dans l'humidité atmosphérique plus grande, que dans la température... Mais ici même un fait remarquable se présente, quiren- verse irrévocablement la théorie de la formation des : prairies par la sécheresse atmosphérique, c’est que les | prairies existent sur une vaste étendue tout le long des rives occidentales de la Baie-Verte du lac Winnebago, alternant avec les forêts qui se montrent partout sur la: formation de marne rouge ou diluvium inférieur, élevée de quelques pieds au-dessus des prairies. Vous cherche- — 189 — rez, n'est-ce pas, si celte formation marneuse et ferru- gineuse ne peut avoir servi origimairement de vase aux eaux basses qui ont formé les marais primitifs des prai- ries, et si, comme vous le supposiez, la question de la formation des prairies n’est pas intimement liée à celle de la composition du Drift? Bien que cette lettre soit déjà bien longue, je dois vous dire encore un mot d’une autre théorie de la for- mation des prairies. Cette théorie mérite d'autant plus d'être discutée qu'elle vient d'être réhabilitée je ne sais par quel géologue américain. Comme d'ordinaire , les journaux ont embouché la trompette et ont porté aux nues cette opinion, comme une découverte magnifique et toute nouvelle. Ce n’est rien d'autre que le système ._ d’incendies périodiques par les Indiens. Îl est certain que dans une foule de cas particuliers les prairies doivent leur existence à la destruction des forêts par le feu. C’est le cas pour certaines étendues de prairies placées comme des îles au milieu des forèts; je devrais dire plutôt comme des laes. Mais ces prairies sont de peu d’étendue , et elles se couvrent bientôt d'arbres lorsqu'elles sont abandonnées aux lois et au travail de la nature. Ce ne sont pas là cependant de ces vraies prairies . qui forment un ensemble, on pourrait dire un système - particulier et qui appartiennent exclusivement au bassin - du Mississipi. Les traces de dévastation des forêts par le - feu se voient partout; mais là même où elles se montrent - avec le plus d’évidence, les forêts n’en existent pas moins sur les terrains qui sont propres à leur croissance. J'en “ai vu un exemple frappant sur le bord oriental du lac Winnebago, dans une réserve indienne que les proprié- aires primitifs habitent encore. En suivant la route qui — 190 — y conduit depuis Fond-du-Lae, les rives du lac, élevées de vimgt-cinq à deux cents pieds au-dessus du niveau de l’eau, sont couvertes de forêts d’une épaisseur telle qu'il est fort difficile d'y pénétrer. Au moment où l’on entre dans la réserve indienne, le taillis (ce que les Américains appellent Underwood) disparait complètement. La forêt ie est dans toute sa beauté, c’est-à-dire que les arbres les plus forts continuent à végéter, mais à distance les uns des autres , et couvrent de leurs dômes élevés une surface de gazon et de fleurs quiressemble parfaitement à un pare anglais. Tous les arbres, jeunes et vieux, ont été atteints par le feu: la plupart ont'été rongés à leur base sur une moitié de leur diamètre. La forêt cepen- dant n’en persiste pas moins. J'ai passé plusieurs jours dans cette localité, qu’il s'agissait d'explorer, parce qu'elle est à vendre et que la Société par laquelle j'étais délégué se proposait de l'acheter. J'ai donc eu le loisir d'examiner le procédé des Indiens, et j'ai recueilli les renseignements les plus satisfaisants sur ces incendies périodiques et sur leurs résultats. Ces Indiens Winneba- gos sont à moitié civilisés; 1ls sont aussi moilié agricul- teurs et moitié chasseurs. Lorsque les broussailles de- viennent trop épaisses, sous les forêts de leur territoire, ils font ce que faisaient leurs ancêtres, ils y mettent le feu. C’est autant pour favoriser la croissance du gazon que pour attirer le gibier et avoir la facilité de le pour- suivre. Mais ces imcendies-là, quelque fréquents qu'ils soient, me détruisent les forêts que dans quelques loca- lités de peu d’étendue et particulièrement sèches. Une autre objection qu'on peut faire à cette théorie de la destruction des forêts ou de la formation des prairies par le feu, c’est que les tribus mdiennes sont disséminées Burger SE" 7 Rs sur tout le territoire de l'Amérique du Nord, et que mal- gré l'identité de leur genre de vie, les prairies ne sont pas générales. Si elles étaient le résultat d’incendies, elles couvriraient aussi bien l'Ohio, Findiana, le Kentucky . que le Minnesota, l'Illinois, le Kansas, etc. D'ailleurs, j'ai pu me convaincre chez les Sioux que les prairies ont moins d'attrait pour le gibier que les forêts. Aussi ces Sioux entreprennent-ils des excursions fort longues et dangereuses pour arriver dans des contrées boisées. Ainsi comprend-on facilement que ces enfants de la nature, _ dont la finesse de perception est une des qualités les plus développées, se seraient gardés avec soin de détruire des forêts, si elles avaient existé sur leurs vastes prairies. Les riches chasses (zunting grounds) de leur mythologie sont toujours couvertes de magnifiques forêts, comme bien vous savez. Avec tout autant de raison pourrait-on ar- guer la proposition opposée et dire que, si les Indiens eussent reconnu l'avantage de la destruction des forêts, ils n'auraient pas manqué de les anéantir partout en Amérique. Remarques sur la théorie des prairies de M. Lesquereux, par M. Desor. À part sa valeur intrinsèque et les observations très- suivies sur lesquelles elle se fonde, la théorie de M. Les- “quereux à un mérite qui la recommandera d'emblée à d'attention de tous ceux qui accordent quelque intérêt à ces questions, c'est de combiner dans une même expli- = Qu cation deux phénomènes dont la haison est trop natu- relle pour n'être pas fondée, les tourbières et les prai- ries. Les unes et les autres sont des produits de marais formés dans des conditions semblables, avec cette seule différence qu'il y a formation de tourbières toutes les fois que l'eau est persistante; il ya, au contraire, formation de-prairie lorsque le marais se dessèche périodiquement. On peut prévoir d'après cela qu’il doit y avoir des for- mations intermédiaires qui tiennent à la fois du marais et de la prairie. Il existe en effét dans notre voisinage, aux confins du grand marais, des espaces imparfaite- ment tourbeux, qui sont dépourvus d'arbres et sur les limites desquels on voit de plus s'élever des digues boï- sées absolument comme aux abords des prairies d’Amé- rique. Ces digues, qui, à l'époque des inondations, se dessinent comme des ilots de verdure au milieu des eaux, sont composées de galets et de cailloux entassés évidem- ment sous l’action des vagues et des vents; elles présen- tent par conséquent les conditions qui, d’après M. Les- quereux, sont requises pour la croissance des arbres, puisque par suite de leur élévation elles sont à l'abri des eaux croupissantes. Une fois que M. Lesquereux se fut rendu compte de cette analogie des tourbières et des prairies et qu'il eut suivi la formation de ces dernières dans la vallée du Mis- sissippi et sur les bords du lac Michigan, il était naturel qu'il songeàt à appliquer aussi sa théorie aux grandes prairies ou prairies hautes qui recouvrent les plateaux et les grandes plaines des Etats de l'Ouest, et qui, elles aussi, sont entièrement dépourvues d'arbres. D’après " M. Lesquereux, cette absence de végétation arborescente n'aurait rien d'étonnant, puisque la composition du sol — 193 — serait la même. Il cite à l'appui les observations qu'il à faites dans l'Etat de Minnesota, où, sur un espace {rès-li- . mité, l'on traverse successivement des prairies supérieu- res et des prairies basses. 1 est difficile ên effet d'ima- giner une coupe plus imstructive. Or, du moment qu'il ya identité dans la nature du sol, rien ne semble plus légitime que de réclamer la mème origine pour les deux sortes de prairies. C’est là cependant que commence la difficulté. Comment les choses ont-elles dù se passer pour que le phénomène dont il s'agit ait pu se produire sur une échelle aussi considérable que la réclament les grandes prairies? Où étaient les barrières qui retenaient passa- gèrement l’eau prisonnière sur des espaces aussi vastes? Et à supposer qu’il ait existé une barrière semblable, for- mée primitivement par les amas de Drift ou diluvium informe, ce que nous n'oserions affirmer, comment se fait-il que les prairies hautes ne soient pas horizontales, comme les modernes? D'où leur vient en particulier cette forme ondulée si caractéristique, qui fait qu’elies sont généralement désignées sous le nom de prairies roulantes (rolling prairies)? C’est là une question que M. Lesquereux a dû se poser, un problème qui s'impo- sait de lui-même, et dont il ne méconnait pas les diffi- cultés. | Comme en toutes choses, M. Lesquereux ne s’est pas contenté d’un simple aperçu, d'un coup-d’æil général. vil à voulu observer les phénomènes en détail, et ses ob- servations constituent dès à-présent un fond dont la va- leur sera appréciée. En revanche, la conclusion à la- quelle il arrive ne nous semble pas suffisamment justifiée par les faits. Partant de l'idée que l’eau dépose ses sédi- EAU ments d'une manière uniforme, et que par conséquent les prairies, par là même qu'elles se sont formées avec le concours de l'eau, doivent avoir été primitivement horizontales, M. Lesquereux arrive à cette conclusion : «que si elles ne le sont plus de nos jours, c’est qu’elles ont été ravimées sur une grande échelle, et que leurs inégalités sont le résultat de dénudations déterminées par l'écoulement lent et graduel des eaux. » Nous avons deux objections à faire à cette théorie : 1) Quelque considérables que l’on se représente les dénudations causées par le retrait des eaux, il n’en est pas moins vrai que les couloirs ou égouts seront, de leur nature, plus restreints que les espaces intermédiaires, surtout si, comme le veut la théorie, on admet que l'é- coulement s’est fait d’une manière lente et graduelle. Or, nous avons pu constater à plusieurs reprises, en particu- lier dans les prairies du Wisconsin, que ces dépressions ou prétendus égouts, lom d’être de simples rigoles , sont au contraire égaux et souvent supérieurs en largeur aux espaces intermédiaires. Quelquefois ces derniers sont remarquablement étroits et n'apparaissent que comme une arrête entre deux vastes dépressions. C’est même cette élroitesse des reliefs qui imprime aux prai- ries leur cachet particulier, cette forme onduleuse qui leur a valu le nom de prairies roulantes. Si les reliefs étaient aussi larges que les dépressions, 1l est probable que l'impression qu'on en recevrait serait toute diffé rente. | 2° Ilest sans doute dans la nature de l'eau d'agir d’une manière uniforme. De là vient que les dépôts sédimen- taires sont horizontaux. Cela est surtout vrai des stations abritées, des baies et des anses. Mais 1l n’en est plus de même lorsqu'il s'agit de grands bassins. — 195 — Voyez plutôt la côte des Etats-Unis entre Boston et New-York. Elle est hérissée d'écueils et de bas-fonds qui ne sont nullement desrochers, mais des renflements composés d'un sable quartzeux très-fin et homogène, échelonnés sur une zone de plus de 25 milles anglais de largeur en face de l’île de Nantucket et formant comme une ceinture de remparts multiples parallèles à la côte. Cesécueils se dérobent à l'observation par les temps calmes, mais leur présence se trahit aussitôt que la mer devient houleuse. Quelques-uns sont remarqua- blement étroits, de véritables arêtes sous-marines, d’au- tres au contraire ne s'élèvent que très-insensiblement. Nous ne doutons nullement que si cette partie de la côte était mise à sec, elle ne nous fournit en quelque sorte un pendant à la forme actuelle des prairies roulantes. La ressemblance ne se bornerait pas seulement à la forme: J'ai pu m'assurer aussi par des sondages répétés, exécutés à bord d'un navire de la marine américaine, spécialement chargé du relevé de ces côtes (le Bibb), que le sommet des écueils est composé de matériaux -hfférents de ceux qui sont au fond des dépressions. I .n y aurait dès-lors rien que de très-naturel , si jamais -ces plages étaient destinées à s'émerger, de voir les re- “liefs se revêtir d’une végétation différente de celle des dépressions intermédiaires. Des inégalités sous-marines pareilles ne se forment pas seulement dans le voisinage des côtes de l'Océan, ‘sous l'empire des marées. On en trouve également des “exemples dans les golfes et les mers intérieures, témoins es Nehrungen de la Baltique. Il n’y a pas jusqu'aux lacs Amérique qui n'en montrent des traces. Ceux qui ont catoyé la rive méridionale du lac Supérieur savent qu'il BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. 13 » — 196 — existe à l'embouchure de presque toutes les rivières des bancs de sables qui commencent par se former au fond de l’eau pour gagner peu à peu la surface, mais qui sou- vent aussi se continuent plus ou moins sous l’eau , for- mant ainsi comme un mur de séparation entre les eaux du lac et celle de la rivière. Ces bancs qui portent ici le nom de kooks (crochets) à cause de leur forme arquée sont, de même que les récifs de la mer, composés de matériaux différents de ceux du fond environnant. Après cela, lorsqu'il s’agit de nappes d’eau aussi con- sidérables que celles qui ont déposé le sol des prairies, n'est-on pas en droit de supposer des actions sembla- bles surtout si, comme tout.semble l'indiquer, ces nap- pes d’eaux étaient, peu profondes comme la plupart des grands lacs actuels (lac Erié entre autres). De la sorte Ha forme ondoyante des prairies trouverait son explication toute naturelle dans les phénomènes sous-aquatiques qui se passent sous nos yeux, et l’on n'aurait pas besoin de recourir pour les expliquer à des dénudations exces- sives. Les stations sableuses et accidentées de ces mers intérieures étant impropres à la végétation des arbres, seraient devenues des prairies, tandis que les forêts cor- respondraient aux stations vaseuses et limoneuses. Si telle est réellement l’origine des inégalités de la prairie roulante, il est évident qu’il faudra distinguer, plus que ne le fait M. Lesquereux, entre la formation de ces grandes prairies et celle des prairies basses que nous voyons se développer sous nos yeux et dont l’origineest expliquée d’une manière si lucide dans la note ci-dessus. — 197 — ET ST # NOTE } SUR REA STRUCTURE DES EUGENTACRINES BT DE QUELQUES AUTRES FOSSILES ANALOGUES DE L'OXFORDIEN CALCAIRE DES LÆGERN (ARGOVIE). PAR 8, DESOR, — BATH — « . Les Eugeniacrines, ainsi nommées à cause de leur ressemblance avec les clous de girofles ("), sont de petits Crinoïdes composés d'un calice et d’une tige avec une “racine renflée, le tout n’excédant guère un pouce de lon- gueur. Les bras ne sont pas connus. On en a distingué jusqu’à onze espèces, toutes des terrains oxfordiens (°). . Bien que déjà ancien, puisqu'il fut établi par Miller tion, preuve que c’est un type bien caractérisé. Aussi LL: «bien n'est-il pas nécessaire d’avoir recours à la structure “anatomique pour reconnaître un Eugeniacrinus à pre- …(") Eugenia caryophyllus Thg. est l'ancien nom du clou de gi- _rofle; aujourd'hui Caryophyllus aromaticus L. (©) Lors de la publication de ma Note sur les Crinoïdes fossiles de la Suisse dans ce Bulletin, t. 1, pag. 241, les calcaires blanes du Lægern et du Randen étaient considérés comme portlandien, ce ifait que les Eugeniacrines.y figurent comme propres au Jura Supérieur. — 198 — mière vue. Cette circonstance est cause sans doute qu'on n'a pas fait une analyse aussi détaillée du calice que cela eût été désirable. Goldfuss qui en décrit six espèces, dit que le dernier anneau de la tige remplace les pièces basales (bassin) et s'articule avec les pièces supérieures (pièces costales), au nombre de cinq et quelquefois de quatre (‘). Il est à regretter que l'ouvrage de M. d’Orbigny sur les Crinoïdes ait été interrompu avant d’avoir abordé ce groupe sur lequel il n'aurait pas manqué de répandre un jour nouveau. Dans son Prodrome, M. d’Orbigny place les Eugeniacrinus dans sa famille des Apiocrini- dées à la suite du genre Conocrinus qui lui aussi n’a qu'une seule série de pièces supérieures sans pièces ba- sales, mais qui, à part cela, a le port et la forme des Bourgueticrinus. L'été dernier, pendant un séjour aux eaux de Bade en Suisse, je réussis à me procurer une collection d'E- chmodermes du calcaire blanc des Lægern. A côté des oursins qui étaient d’un intérêt tout spécial pour mot, il se trouvait aussi un certain nombre de petits Crinoïdes, entre autres des calices et des tiges d’Eugeniacrimes ainsi que plusieurs autres petits corps ayant plus ou moins de rapport avec les Crinoïdes, et que je crois dignes d’être signalés, alors même que leur nature resterait problé- matique (Voir PI. D.) Ce n’est pas ici le lieu d'examiner jusqu’à quel point il conviendrait de séparer les Eugeniacrines des Apio-" crinidées pour en faire une famille à part, caractérisée (*) Nous employons ici la terminologie de M. d'Orbigny, de pré- férence à celle de Miller qui repose sur des analogies tout-à-fait erronées. $ | 2 . Rae. — 199 — au point de vue anatomique par l'absence de pièces ba- - sales ou bassin. C’est une question sur laquelle nous re- | viendrons dans une autre occasion. Nous nous bornerons aujourd'hui à signaler quelques détails de structure qui D dvent avoir échappé jusqu'ici à l'attention des pa- léontologistes. Quand on consulte les figures que Goldfuss.a données de l'Eugenracrinus caryophyllatus, lesquelles ont été + copiées par la plupart des autres paléontologistes, on voit » les cinq sutures verticales entre les pièces supérieures se continuer sans interruption de haut en bas, de l’articu- lation des bras jusqu'à l'articulation de la tige. Il man- querait par conséquent non seulement les pièces inter- -médiaires, mais aussi les pièces basales (bassin), si bien À que les petits calices qu’on rencontre en si grand nombre dans l’oxfordien calcaire seraient composés uniquement - des pièces supérieures (scapulaires de Miller). Or c’est - en quoi les figures de Goldfuss et {toutes celles qu’on pos- - sède jusqu'ici pèchent. En examinant attentivement un certain nombre de F calices d'Eugeniacrinus caryophyllatus Goldf.,je décou- _»ris sur l’un d eux, près de la base, des traces de sutures horizontales (PI. D, fig. 13), indiquant la présence d’un anneau basal indépendant avec cinq saillies correspon- at aux sutures verticales, absolument comme cela se voit dans la plupart des ealices de Millericrinus. Cette pièce qui forme ainsi la base du calice et qui en est com. me la clef de voûte qui l'empêche de se désarticuler, est ledernier anneau de la tige. De la sorte les calices d'Eu- $eniacrinus ne sont pas composés uniquement des pièces Supérieures (scapulaires), mais de ces pièces plus le der- Mier anneau de la tige. C’est done à tort que dans les fi- — 360 2 gures qu’on donne ordinairement de ces petits Crinoïdes, les sutures verticales sont prolongées jusqu'à la base. Si cet anneau basal n’a pas été remarqué jusqu’à pré- sent, c’est sans doute à cause de sa très faible épaisseur et aussi parce que les sutures sont en général très frus- tes chez les Eugeniacrinus. Nous ne l'avons nous-même aperçu qu'une fois, mais maintenant que nous savons qu'ilexiste, nous n’hésiterons pas à l’inférer toutes les fois que nous rencontrerons un calice d'Eugeniacrinus tronqué franchement à sa base , par la raison que si cet anneau manquait, le calice ne pourrait guère rester in- tact, ou si c'était le cas, il devrait offrir à sa base des inégalités correspondant aux saillies de l'anneau basal. Or c’est ce qui n’a pas lieu. Une autre espèce originaire des mêmes terrains et as- sociée à la précédente, c’est l£wgeniacrinus nutans Goldf. (voy. PL. D, fig. 13-15). Le calice, au lieu d’être à base conique, comme celui del Æ. caryophyllatus, est au contraire élargi et déprimé (fig. 13). Le dernier an- neau de la tige est aussi ici adhérent au calice, mais loin de faire saillie, il occupe le fond d’une dépression de la face inférieure (fig. 154), ce qui donne à cette espèce une physionomie toute particulière. Les dimensions de ce dernier anneau sont proportionnellement un peu plus grandes que dans les dessins de Goldfuss. Nous doutons cependant que ce soit un caractère spécifique. Avec les Eugeniacrines ci-dessus nous avons trouvé un petit corps qui semble aussi avoir appartenu à un Cri-w noïde (PI. D. fig. 7-9). Au premier abord, nous l’avans« pris pour un fragment de quelque Millericrinus nain. in nous semblait y voir la base d’un petit calice avec ses surfaces articulaires pour l'insertion des bras et les po=s — 201 — res correspondant aux tubes alimentaires. Mais il est à remarquer que ces surfaces sont au nombre de six, ce qui, à moins de supposer une monstruosité , ne saurait se concilier avec le chiffre cinq qui domine dans les Cri- noïdes et surtout dans les Apiocrinidées. A l’intérieur du petit calice (fig. 84), on distingue six carènes ou sutures qui viennent aboutir aux pores des surfaces articulaires, ce qui constitue une seconde ano- malie, attendu qu’en thèse générale les pores en ques- tion sont placés au milieu de la surface articulaire et par conséquent ne correspondent nullement aux sutures. En revanche, la face articulaire de la base est garnie de stries rayonnantés comme les tiges des Apiocrinidées. Nous avons en outre ajouté à notre planche les figu- res de deux petits corps trouvés avec les précédents et dont la nature est encore plus problématique. L'un (fig. 4-6) a la forme d’un petit turban avec une saillie ou bouton de chaque côté ; le bouton supérieur s'élève du milieu d’une dépression assez marquée, limi- tée elle-même par un cercle sur le bord duquel on dis- tingue cinq petits pores qui rappellent un peu ceux des surfaces articulaires des Eugeniacrines (fig. 44). Il se pourrait par conséquent que nous ayons affaire à un pe- tit calice de Crinoïde d’un type particulier. Un autre fossile encore plus problématique est celui de fig. 1-3. C’est un petit corps en forme de poire avec une assez forte tige, qu'on pourrait aussi au besoin pren- dre pour un fragment ou pour la base de quelque petit calice, en se fondant sur Le fait que le dessus et le des- sous sont perforés et montrent en outre des traces de cette structure rayonnée, qui n'existe guère que chez les Crinoïdes. Autrement il eut peut-être été plus — 202 — naturel de le ranger parmi les spongiaires qui sont très- fréquents dans cette formation et qui affectent souvent cette forme. Expheation de la planche D. Fig. 1-3. Petit corps caliciforme de grandeur natu- relle. Fig. 1“, 2%, 3%. Le même grossi. Fig. 4-6. Autre petit corps caliciforme de grandeur naturelle. Fig. 4", 5%, 64, grossies. On aperçoit à la face supérieure (fig. 5°) un bouton perforé entouré d’un anneau sur lequel se dessinent cinq poreséqui- | distans, à l'instar de ce qui a lieu chez les Eugé- niacrines. Fig. 7-9. Petit calice de Crinoïde, de grandeur na- turelle. Fig. 74, 8*, 9%, grossies. L'intérieur est garni de six carènes aboutissant à de petits pores marginaux. La base présente une surface articu- laire rayonnée, comme celle des Apiocrines. Fig. 10-12. Calice d'Eugeniacrinus caryophyllatus Goldf. de grandeur naturelle. Fig. 10, 11 et 12 grossies. Fig. 10% et 12% montrent l'anneau basal qui n’avait pas été observé jusqu'ici. Fig. 11% re- présente l’intérieur du calice. On voit sur le bord correspondant à l'articulation des bras deux petits trous presque contigus destinés aux canaux ali- mentaires. | Fig. 13-15. Eugemacrinus nutans Goldf., de gran- deur naturelle. Fig. 13%, 14% et 15%, grossies. I] existe également deux petits trous pour les canaux alimentaires de chacun des bras (fig. 14%). Fig. 154 montre le calice vu par la face inférieure. L’anneau basal est ici circonscrit à la dépression centrale. a --———— Humbert del — 203 — SUR LE TERRAIN VALANGIEN. RÉPONSE à une lettre de M. Pillet à M. le chanoine Chamousset, PAR G. de Æribolet. 22e — \'L M. Pillet vient de publier sous forme de lettre une petite notice sur les terrains neocomiens de Neuchâtel, dans laquelle il révoque en doute l'existence du Valan- glen ou, pour parler plus correctement , la nature cré- * _ tacée de certaines couches intermédiaires aux marnes d'Hauterive et aux formations jurassiques. Puisqu’il me met en cause, d’une manière fort obligeante au reste, qu'il me permette de lui répondre et de chercher à le faire revenir de ce qu’il appelle lui-même ses préven— tions à l’égard du terrain en litige. F M. Pillet convient qu'il n’a passé que fort peu de temps à Neuchâtel et visité qu'un nombre fort restreint de localités ; ce sont déjà, semble-t-il, des circonstances Qui auraient dù le rendre d'autant plus circonspect ; de plus, s’il avait rédigé sa notice dans le moment même et alors que les discussions que j'ai eu l'avantage d’avoir avec lui étaient encore dans sa mémoire , il eût peut- être émis avec plus de doutes encore une opinion qu'il n'avance, du reste, c’est une justice à lui rendre , que dans le but de provoquer des explications propres à l'é- ER Je clairer. 1 se rappellera sans doute que je lui ai exprimé mes regrets de ce qu'il ne put pas visiter Valangin et Sainte-Croix, vu que de l’aveu des géologues les plus prononcés en faveur du Valangien, les terrains du Vau- seyon ne présentent pas des caractères suffisamment tranchés pour établir une division de cette importance, ou même pour les rattacher d’une manière décisive à l’une ou l’autre des formations voisines. Je ne vois rien de mieux pour réfuter M. Pillet, que de décrire successivement trois coupes prises au Vau- seyon, à Valangin et à Sainte-Croix. En suivant la nou- velle route des Gorges du Seyon, qui longe cette tran- chée naturelle creusée au travérs de la voûte jurassique de Chaumont, on arrive au terrain en question au mo- ment où l’on quitte les marnes bleues neocomiennes et ‘la dépression longitudinale qu’elles occasionnent , et dans laquelle vient s'ouvrir la Gorge ; ce sont : d’abord une terre végétale, par place si riche en fer, qu’on yre- connait les restes d’une couche bohnerzique mieux con- servée ailleurs (au Sablon, à Saint-Blaise , au Lande- ron, etc.), puis des assises d’une roche jaune-brun, spa- thique , dans lesquelles se trouvent les nerimées que M. Pillet assimile à tort, je crois, à certaines espèces du kimmeridien, ensuite des bancs compactes d’une ro- che plus claire et susceptible d’un beau poli, qui la fait rechercher comme marbre ; enfin viennent des mar- nes et calcaires marneux qui contiennent effectivement des veines charbonneuses et des écailles de poisson, et qui représentent peut-être le wealdien. Te lon passe à des couches incontestablement jurassiques et qui ap- . pärtiennent probablement au virgulien de Thurmann, ce que le manque de fossiles ne permet pourtant pas de — 205 — vérifier. Ce sont des alternances de calcaires compactes et de dolomies en couches tantôt puissantes, tantôt plus minces, friables et se résolvant en un fiñ sable ordinai- rement blanc; ce n’est qu’ensuite qu’apparaissent les premières couches proprement kimmeridiennes , qui quoique peu riches en fossiles sur ce point sont suffisam- ment caractérisées en regard des localités voismes , par l'ostrea solitaria, perna Saussurii , une grosse térébra- tule, etc. Sans m'arrêter davantage , je passe de suite à l’extré- ._ mité opposée des Gorges, à Valangin dont le château re- pose sur la pierre jaune, comme celui de Neuchâtel. Rebroussant chemin vers l'axe de la chaine, je retrouve au-dessous des marnes bleues les couches à nerinées du Valangien, sans intercalation visible du calcaire bohner- zique, puis les assises de marbres et, dans le même ho- rizon que sur le revers opposé, des marnes d’une nature différente, où l’on n’a observé ni écailles, n1 veines char- bonneuses, mais bien quelques fossiles comme des pté- _rocères , des natices et des térébratules, et surtout une diplopodia et le toxaster Campicheiï. Les couches à do- lomies succèdent à ces marnes de même qu’au wealdien problématique du Vausevon. Voyons maintenant comment ces terrains se compor- tent à Sainte-Croix, dans la vallée d’Auberson, où ils sont _ le mieux développés. En franchissant le col des Etroits, _ formé d’un calcaire rouge particulier à la chaîne sur- baissée de Sainte-Croix et dont l'horizon parmi les ter- rains du Jura supérieur n’est pas encore parfaitement _ établi, on aborde des couches exactement semblables aux marnes et calcaires marneux du Vauseyon , où l’on ma pas encore trouvé d'écailles de poissons , mais qui, en EUR — en offrant sur d’autres points du voisinage, ne peuvent laisser aucun doute dans l'esprit sur leur synchronisme:; elles passent à des alternances de calcaires et de mar- nes blanchâtres, qui contiennent de nombreux bryozoai- res et les fossiles des marnes de Valangin mieux conser- vés et en plus grande quantité. Après quelques bancs analogues à ceux dont on tire le marbre à Neuchâtel, mais assez fracturés, viennent enfin des calcaires plus ou moins lamellaires et ferrugimeux qui deviennent même bohnerziques au contact des marnes du neoco- mien moyen. Ces couches, surtout dans la partie im- médiatement inférieure ou bohnerz, sont à l'égard des fossiles d’une richesse qui dépasse celle des marnes d'Hauterive; je ne cite ici, de cette faune, abstraction faite de*toutes les espèces nouvelles, que ce qu'il faut pour mon but, qui est d'établir son affinité prépondé- rante avec le neocomien : Belemnites dilatatus, nautilus pseudo —elegans , ammonites Gevrilianus , et d’autres semblables à ceux des marnes bleues, plusieurs nerinées, natices et ptérocères ; fusus neocomiensis; pholadomya Scheuchzeri; goniomya caudata; corimya Nicoleti, car- dium peregrinum , cottaldinum ; isocardia neocomien- sis; crassatella Robinaldina ; trigomia rudis, caudata ; arca Gabrielis, Raulini ; mytilus simplex, reversus ; li- ma Carteroniana, Cottaldina, Tombeckiana ; janira neo- comensis ; pecten cottaldinum; plicatula; spondylus; ostrea macroptera, Boussingaultii ; caprotina; terebratu- la collinaria, Carteroniana , tamarindus ; terebrirostra neocomiensis ; pygurus rostratus, etc., fossiles dont je ne garantis pas pour tous l'identité, mais au moins la grande ressemblance avec les espèces ainsi nommées du neoco- mien moyen. D'après cela il nous paraît évident que les — 207 — couches plus où moins ferrugineuses de Sainte-Croix inférieures aux marnes d'Hauterive appartiennent à la série crétacée , de plus qu'elles correspondent à celles . du Vauseyon et de Valangin, puisque indépendamment du bohnerz, on retrouve du moins au Vauseyon les mê- mes anatines, trigonies, pterocères et surtout les mêmes nerinées, qu'un premier coup-d’œil a pu faire considé- rer comme jurassiques, mais qui à Sainte-Croix sont mê- lées à d’autres espèces ressemblant par contre beaucoup aux nerinées de l’urgonien. Quant aux marnes inférieu- res la présence d’un toxaster suffirait déjà pour les join- dre aux terrains crétacés, puisqu'il appartient à un groupe qui apparait pour la première fois avec eux. Qu'on remarque du reste un passage aux formations ju- rassiques, c'est ce qui est également mcontestable par _ l'existence de quelques fossiles extrêmement voisins, si ce n’est identiques, des natica hemisphærica , pinni- gena Saussuri, pterocera oceani et quelques autres peu nombreux ; aussi quoique je regarde chez nous les li- mites des deux formations comme assez nettement tran- _ chées, je n’en vois pas moins la confirmation du mot de Linné : natura non facit saltum. On aura remarqué que les narnes du Vauseyon font défaut à Valangin et que celles de Valangin manquent au Vauseyon, tandis que toutes deux sont réunies à Sainte-Croix, ce qui fait voir qu'elles ne sont point “équivalentes; mais cela n’a pas d'importance dans la question qui nous occupe ; ce que je dois faire obsérver ici, c’est qu'il est impossible d'admettre l'hypothèse de M. Pillet sur leur âge qu'il pense être kimméridien , et . contemporain du calcaire à tortues de Soleure, d'abord parce que la roche n'a aucun rapport avec celle de So- — 208 — leure et ne contient aucun des nombreux fossiles de cette dernière localité; qu’ensuite elle est identique avec celle des Rousses où se trouvent, outre les mêmes écailles, des fossiles d’eau douce; que le calcaire à tor- tues de Soleure reposant directement sur le corallien à dicerates, appartient à l'hypoptérocérien ou kimme- ridien inférieur, tandis qu’à nos couches succèdent les dolomies qui annoncent chez nous la fin de l’époque kimméridienne, et qu’enfin il faudrait donner à cette formation une puissance hors de toute proportion, les couches les plus profondes de ces gorges, qui ont une lieue de long avec une forte imelinaison, s’y rattachant d’une manière certaine. Tout en combattant l’opmion de M. Pillet, je n’entends point faire de ces marnes pro- blématiques du Vauseyon le wealdien anglais, mais seu- lement constater leur place sur les limites des forma- tions crétacées et Jurassiques. M. Pillet se prévaut ainsi pour établir la nature kim- méridienne du Valangien du Vauseyon, de ce qu’en Sa- voie les couches neocomiennes ferrugineuses à ostrea macroptera ne renferment aucune nérinée, tandis qu'il en existe dans les calcaires bleus jurassiques sous jacents; mais il est à remarquer qu'indépendamment de l’iden- tité très-problématique des nerinées de la Chambotte avec celles du Vauseyon, ces dernières se trouvent mé-— langées à Sainte-Croix avec cette huitre, et que par con- séquent ce kimméridien serait bien plutôt l'analogue de celui de Pierre-à-Bot, inférieur à la dolomie et litté- ralement pétri de ces nérinées ou strombites, dont ces couches ont même gardé le nom. Encore pourrait-on douter peut-être de la valeur du Valangien comme étage analogue au neocomien ou à tel — 209 — autre, si son existence était limitée aux environs de Neu- châtel, mais il n’en est point ainsi, et comme les re- cherches de M. Escher l'ont appris, il se trouve dans les | Alpes orientales, parfaitement caractérisé, et surtout fort - bien séparé des terrains jurassiques tant par sa nature . minéralogique, spathique et ferrugineuse , que par ses fossiles dont la fréquence en individus jure, pour ainsi - dire, avec la pauvreté proverbiale des calcaires jurassi- - ques alpins. J'ai pu m'en convaincre par moi-même dans - une course que J'ai eu l'avantage de faire avec M. Escher au Glærnisch, où l'on rencontre tous les étages inférieurs et moyens du groupe crétacé. Relativement à l’urgonien que M. Pillet examine aussi, Je n’ai que peu de choses à observer. Il est possible que _ les couches de Bôle représentent l’urgonien supérieur de la Savoie, puisque les calcaires à hippurites manquent complètement à Neuchâtel , mais ici elles reposent im- médiatement sur la pierre jaune, tandis qu’elles sont sous jacentes à des bancs assez puissants d’un calcaire blanc résineux très-tenace , qui ne peut être qu'urgo- nien. Cela ne veut point dire que nous considérions les terrains de Bôle comme liés plus intimément aux mar- nes bleues, car, comme le remarque très-bien M. Pillet, tous les fossiles tendent à les réunir à l’urgonien, surtout à celui du Mormont , où l’on retrouve une couche par- faitement identique. Je dois ajouter comme particuliè- -rement caractéristique à la liste de M. Pillet , le gonyo- pygus intricatus et les piquants du cidaris clunifera, en -retrancher par contre les orbitolites ou corps sembla- bles, par rapport auxquels ce géologue aura sans doute fait erreur. TECH RL — 210 — MOUVEMENT DE L'HOPITAL POURTALÈS PENDANT L'ANNÉE 1856 PAR LE D' CORNAZ. Re — Messieurs ! Pendant l’année écoulée, 1l a été admis 424 malades, qui joints aux #1 restés en traitement le 1° janvier 1856, donnent un total de 465 : sur ce nombre nous laisserons complétement pour l'exercice de 1857, les 40 malades qui étaient encore en traitement, le 31 décembre 1856. Des 425 qui doivent nous occuper, 2 avaient des ma- ladies simulées , 355 furent guéris, 26 améliorés, 16 partirent comme ils étaient venus, soit de leur chef, soit renvoyés comme incurables, et 26 moururent à l’hôpi- tal. La mortalité calculée sur les sorties a done été de 1:16, 35, soit de 6, 12 pour cent, chiffre plus fort que l'année précédente, sans doute à cause du nombre plus considérable de fièvres typhoïdes. Un quatrième petit hit a été acheté dans le courant de l’année, et par là le nombre total porté à 50 : or, le nombre des journées de séjour des 465 malades pendant l'année ayant été de 17,263, 1l résulte que nous avions chaque jour en traitement une moyenne de 47, 17 ma- lades, chiffre plus élevé que celui de 1855. Les 425 malades sortis pendant le courant de 1856, vont passé en tout, du jour de leur entrée à celui de —'""ih = leur sortie, 17,849 journées, c’est-à-dire une moyenne . de 42 jours par malade. De ces 425 malades, 298 appartenaient au sexe mas- culin et 127 au sexe féminin : 160 étaient Neuchàtelois ; 191 Suisses d’autres cantons (111 Bernois , 22 Vau- dois, 19 Fribourgeois, etc.) ; 37 Allemands (dont 19 Wurtembergeois) : 25 Italiens : 11 Français, et 1 Anglais. Le nombre des malades qui ont été l'objet d'opéra- tions de quelque importance, est de 32, mais quatre en ayant subi chacun deux, les opérations pratiquées attei- gnent le chiffre de 35 : deux de ces malades avaient été . opérés immédiatement avant leur entrée à l'hôpital par de nos confrères et nous , parce qu'il eût été dangereux de différer. Nous eûmes 14 opérations pratiquées sur les yeux ou leurs annexes; une opération de bec-de-liè- vre; deux ablations d’amygdales, l’une simple et l’autre double ; une herniotomie ; une opération de varicocèle ; une d’hydrocèle; une ponction d’une hydropisie enkys- tée de l'ovaire ; deux amputations du sein , l’une par- tielle-et l'autre totale ; une désarticulation de l'humérus et une amputation de l’avant-bras (sur le même indi- vidu), une amputation du bras , une de la cuisse, trois désarticulations de doigts, deux d’orteils (une fois de trois simultanément); l’extirpation d’un glanglion pédi- eulé derrière l’olécrane ; une ponction d’un hygroma prérotulien ; enfin, une réduction de luxation du coude compliquée de plaie de l'articulation. BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. 14 =. di — Nous avons pratiqué 364 vaccinations pendant l'an née, et 144 l'ont été avec succès (à peu près dans le rap- port de 2: 5), chiffre certainement bien élevé, l'im— mense majorité des malades ayant été antérieurement, soit vaccinés une première fois, soit atteints de variole. Dans la revue des maladies qui va suivre, j'ai conservé à peu de chose près le même ordre que l’année passée, sinon que j'ai classé toutes les névralgies dans les mala- dies de l’innervation, et toutes les affections des vaisseaux dans celles de la circulation, au lieu de réunir certaines d’entre elles aux systèmes d'organes avec lequel elles avaient une connexion plus étroite. Affections générales. Au nombre de 104 avec 86 guérisons, une améliora- tion, un résultat nul, et 16 décès. — Deux de ces ma- lades subirent des opérations (une herniotomie et une opération de varicocèle). Une variole chez un marbrier àgé de 20 ans, domi- cilié à Neuchâtel, qui se présenta pour un soi-disant lombago : tous les malades de la chambre avaient été vaccinés récemment , une partie du personnel de Phô- pital le fut à cette occasion, et nous n’eussions point eu de communication de la maladie dans les salles, si l’on n’eût mis par incurie, et pendant une nuit seulement, un jeune homme affecté de myélite dans la même cham- bre : une varioloïde en fut la suite ; trois personnes, peut-être même quatre, furent affectées de varioloïde en dehors des salles, pour avoir communiqué soit avec ce malade, soit avec ceux qui l'avaient vu : c’est la pre- mière fois que nous pûmes avoir le résultat immédiat . de la revaccination que nous faisons subir à nos mala- — 213 — des, et sans anticiper sur l’année actuelle, je suis heu- reux de dire qu'un eas de varioloïde assez intense , ac- “tuellement guéri, vient d’être traité pendant tout le temps de sa maladie dans une de nos salles, sans qu’au- eun de ses camarades , tous déjà vaceinés par nous, en “aient été le moins du monde éprouvés. Un érysipèle siégeant à la face, guéri. * Deux anthraz , Vun à la nuque et l’autre au dos : ce dernier guéri , le malade présenta dans l'abdomen une tumeur dont le développement fut très-rapide , et qui était sans doute de nature cancéreuse : il désira retour- er chez lui, où il en est mort dès-lors. » Cinq jièvres intermittentes ; toutes chez de jeunes hommes , 3 en mai et 2 en août, chez trois ouvriers de chemin de fer de Bôle, un journalier des Verrières, et un batelier habitant sa barque ; deux présentaient le ype quotidien et trois étaient tierces ; toutes furent gué- ries. Un de ces malades fut opéré avec succès après sa guérison, d’un varicocèle ; par le procédé de Vidal (de Cassis) modifié. | Cinquante-huit fièvres typhoïdes , dont 18 compli- quées d’affections pulmonaires , et chez 1 desquelles on serva un noma, chez 1 la dyssenterie, chez 1 une mé- ningite , chez 2 autres des délires intenses, chez 1 un abeès de la glande thyroïde : 13 succombèrent, l’un en arrivant à l'hôpital, avant qu'on eût eu le temps de le léshabiller, un d’une indigestion provoquée par un visi- leur, un par un épanchement séreux plévral et abdomi- al qui se développa rapidement. Quarante-six apparte- haient au sexe masculin et douze seulement au féminin : RO lod 2, Boudry 1 et Bôle 1 ; le Val-de-Ruz 6 (à Bussi, la Jonchère, Fontaines , Fontainemelon, Cernier et aux Loges); Travers 3, St-Sulpice 1, le haut de la Tour 1 et les Verrières 4 ; la Chaux-de-Fonds et la Vue-des- Alpes 2, le Locle 11, la Sagne 2, les Brenets 1, et la Brévine 1 ; enfin 2 étaient ambulans. Treize de nos ma- lades avaient de 11°/: à 19 ans, trente-un de 20 à 29, neuf de 30 à 39, un 49 ans, et, fait curieux, quatre de 51 à 54 ans. En déduisant les deux de ces malades qui étaient déjà en traitement, le 1" janvier 1856, et en y ajoutant trois cas portés à nouveau au 1° janvier 1857, nous avons 59 cas répartis comme suit : 3 en janvier (Neuch* 2); 7 en février (Neuchâtel 2, La Coudre 2) ; 3 en avril(dont 2 de la ville); 2 en mai (id.); # en juin (1 de Neuchà- tel et 2 du Locle); 8 en juillet (3 de la ville et 2 du Lo- cle); 5 en août; 15 en septembre (5 de Neuchâtel et 5 | du Locle); 7 en octobre (1 de Neuchâtel et 2 du Locle); 2 en novembre (1 du Locle) et 3 en décembre.— Enfin, 2 de nos malades contractèrent cette maladie dans nos salles et en moururent. Deux fiêvres atmosphériques guéries. Sept rhumatismes articulaires aigus tous guéris, les uns traités par l’aconit et le nitre, les autres par le sul- fate de quinine : une jeune fille a présenté une péricar- dite rhumatismale , puis une récidive, qui ont prolongé son traitement. Six rhumatismes vagues ou chroniques, également guéris. Une maladie de Werlhoff chez un mineur venant de Saint-Sulpice, guérie. Un scorbut chez une pierriste habitant Neuchâtel , guéri, — 215 — Dix choroses , guéries; une de ces jeunes filles pré- sentait un hydropéricarde et un certain degré d’ascite qui furent également guéris, et un vice organique du cœur ; une de l’œdème d’un bras; une troisième de la gastralgie ; et une quatrième une céphalalgie très-forte, de la toux, de l’irritation spinale et une névralgie inter- costale. Une anénue , suite de fausse-couche , guérie. Trois 2ctères, dont un simplement amélioré, le ma- Jade ayant exigé sa sortie ; un des deux autres était guéri, quand il présenta des vomissements de sang que rien n'expliquait : la veille du jour fixé pour sa sortie, une hernie inguinale gauche dont il était porteur s’étrangla, et l’on dut recourir à l'opération : l'intestin après avoir contracté des adhérences se perfora, et répandait son contenu dans un sac qui s'était formé entre les parois: musculaires de l'abdomen, et de là à l'extérieur : le ma- lade mourut ; le troisième cas était compliqué d’une ronchite aiguë. Cinq maladies de Bright, trois guéris, bien qu'un d'entre eux eût eu des symptômes encéphaliques et des escharres au sacrum ; un parti beaucoup trop tôt pour qu'on eût pu avoir un résultat ; et le dernier mort à l’hô- ital, d’une gangrène des parois de l'abdomen. : Une diathèse cancéreuse affectant le pariétal gauche, glande thyroïde, le médiastin antérieur et la sym- hyse pubienne, terminée par la mort de la malade. ] Le Maladies des organes de l'innervation. » Des 39 malades qui rentrent dans cette catégorie, 31 us quittèrent guéris , 4 améliorés, 2 comme incura- les; et 2 moururent à l'hôpital. C'étaient : = VE Une commotion cérébrale chez un homme tombé de quatre-vingts pieds de haut sur du foin, guérie. "Six plaies à la tête guéries. Deux fractures du crâne, Vune guérie malgré sa gra- vité, l’autre terminée par la mort, après avoir été com- pliquée d’une pleuro-pneumonie. Deux apoplexries cérébrales ; Yhémiplégie était consi- dérablement améliorée dans un des cas , et guérie chez l’autre, lors de la sortie. Une affection organique du cerveau, renvoyée comme incurable. Deux spondylarthrocaces, Yune guérie , et l’autre adressée, après un long traitement sans résultats satis- faisants, à l'hôpital extérieur de Berne. Une commotion spinale suite d’une chute sur les pieds, -guérie. Deux myélites aiquës, guéries: l'un des deux malades contracta la varioloïde à l'hôpital. Un paralysis agitans, affection partielle localisée à la tête et à l'extrémité supérieure droite ; immédiatement améliorée par l'usage de bains sulfureux , puis guérie complètement par l'usage longtemps soutenu d’iodure de potassium. Un fétanos survenu à la suite d’une chute et d’une longue exposition à l'air humide chez une nourrice ; le lait passa et il se présenta du trismus auquel s'étaient jointes lors de son arrivée des secousses tétaniques de tout le corps ; à l’autopsie nous trouvämes une injection des méninges cérébrales et rachidiennes, un certain de- gré de ramollissement du mésocéphale et de la moëlle épinière, surtout dans sa partie inférieure; de l’hépatisa- tion à la base des deux poumons (pneumonie), et la rate très-diffluente. — 217 — Deuxckorées, \'une partielle (délire des aboyeurs) chez une petite fille de 11 ans et demi, l’autre générale chez un jeune garçon de 12 ans, toutes deux rapidement guéries par la solution minérale de Fowler. Une Lypochondrie guérie, du moins momentanément. Neuf Aystéries à des degrés divers, dont 6 guéries et 3 améliorées. Deux névralques faciales guéries, l'une par la solution minérale de Fowler, l’autre par le sulfate de quinine. Deux révralqies brachiales guéries par l’usage de bains sulfureux , auxquels a été ajouté dans l’un des cas, ’u- sage interne de nitre et d’aconit. Quatre névralgqies sciatiques guéries, l'une était sur- venue comme suite de couches : le cautère actuel appli- qué derrière le grand trochanter s’est montré fort utile. Maladies des organes de la vision. Elles atteignirent le chiffre de 37 ; avec 31 guérisons, 2 améliorations, 4 résultats nuls ; 11 de ces malades su- birent des opérations, qui furent au nombre de deux chez trois d’entre eux. Une plaie sus-orbitaire provenant d’un coup de pé- tard; quoique l'œil fût très-compromis et qu'il y eût des corps étrangers implantés dans la cornée, le malade nous quitta complètement guéri. Deux corps étrangers dans l'œil ; l'un dansle cristallin, concerne un enfant qui avait été emmené par ses parents qui le ramenèrent pour le reprendre de nouveau, après que nous eùmes commencé par lui exciser un morceau de l'iris sur lequel étaient implantés des fragments de métal : ainsi privé de soins, ce pauvre enfant a complé- tement perdu l'œil ; l’autre était constitué par un éclat — 218 — de pierre implanté dans la cornée, d’où nous pèmes l’extraire avec succès. Une #lépharite ciiaire, terminée par la formation d'un abcès à la paupière, guérie. Deux congonctivites catarrhales, guéries. Huit ophthalinies scrofuleuses , à savoir 2 conjoncti- vites, 5 conjonctivo-kératites, chez une desquelles se développèrent successivement un ulcère de la cornée et un kératocèle, et un kératite primitive , toutes gué- ries. Quatre #2#2s, deux non syphilitiques, chez l’une des- quelles il ne fut pas possible d'empêcher la formation d’une fausse membrane qui se reforma après l’iridecto- mie, tandis que l’autre fut rapidement guérie par la mé- thode de Quadri (de Naples); et deux de nature syphi- hitique, l’une chez une femme, qui présentait en outre des plaques muqueuses et des syphilides, l’autre chez un homme qui avait en outre une ulcération du pré- puce et une roséole ; toutes deux furent guéries. Un leucoma de la cornée , traité avec suceès par le chlorure de barium à l’intérieur et une pommade d’oxy- de noir de cuivre. Deux wlcères de la cornée chez des scrofuleux, guéris ainsi que celui que nous avons mentionné à propos des ophthalmies scrofuleuses. Une procidence de l'iris, également chez un sujet scrofuleux, guérie. Une atrésie pupillare , produite sur un individu déjà borgne, par une irido-choroïdite ; l’excision de l'iris, pratiquée d’après les indications d'Albert de Græfe (de Berlin) , ramena la vision et enrava cette affection per- fide. D EN — Quatre cataractés : rois d'entre eux furent opérés de cataractes dures, par kératotomie supérieure, deux avec suécès, l’autre sans succès, la malade qui avait distingué les croisées après l'opération s'étant frotté les veux à réitérées fois, de même qu'elle avait antérieurement saisi le bras du Dr de Castella qui l'opérait à l'aiguille ; un des deux autres le fut aussi d’une cataracte secondaire consécutive à un abaissement pratiqué précédemment ; enfin le quatrième malade avait deux cataractes molles, qui furent opérées par l'extraction linéaire , l’une avec un-succès plein et rapide, tandis que la pupille de l'œil opéré le premier fut obstruée ; sans doute parce que le malade craignant la douleur avait beaucoup remué; une opération pourra probablement être instituée plus tard avec de bonnes chances de réussite. … Quatre amblyopies presbytiques, dont deux chez des horlogères et une chez un mécanicien, trois guéries et une améliorée ; c’est une affection assez fréquente dans notre pays, où elle est souvent méconnue, et que les horlogers, les denteleuses, etc., à vue longue, sont très-sujets à avoir ; elle s’est présentée à nous toujours accompagnée de symptômes chloro-hystériques ; aussi . joignons-nous des ferrugineux au repos des yeux, et quand cela ne suffit pas , renvoyons-nous nos malades faire une cure d’eau froide, dont l'effet est très-favora- ble à cette paralysie de l’accomodation. | - Deux amauroses, l'une ancienne , améliorée par une cautérisation au devant de l'oreille et la noix vomique ; l'autre, traumatique, due à la projection d’une éclat de pierre contre l'œil, accompagnée d’ophthalmite et de blépharoplégie, symptômes qui furent guéris, mais non pas l’amaurose. — 220 — Une double fumeur lacrymale opérée des deux côtés avec succès par l'ouverture du sac et l'introduction de cordes de boyau recouvertes d’une couche de nitrate d'argent, d’après la méthode de Rau (de Berne). Trois cas de istule lacrymale. L'un chez un jeune garçon scrofuleux , traitée par le moyen ci-dessus , qui amena la cicatrisation de l’ouverture ; une tumeur s’é- tant formée à la suite de cela, il fallut pratiquer la même opération que dans le cas précédent, reprendre les cor- des nitratées, et enfin toucher les bords de la fistule avec le crayon de pierre infernale : un traitement antiscro- fuleux aidant, nos efforts furent couronnés de succès: Dans un second cas, où l'os unguis était à nu lors de l'entrée du malade , les iodures de potassium et de fer ‘employés successivement à l'intérieur, suffirent pour amener la guérison. L’iodure de potassium fut employé également, mais accompagné de deux cautérisations avec un fer en bec de grue dans un troisième cas, chez lequel los unguis était nécrosé : nous eûmes ainsi trois guérisons. Maladies des organes de l'audition. Une oforrhée externe, chez un scrofuleux, guérie par l'usage de l'huile de morue , appartient seule à cette classe, Maladies des organes de la circulation. Au nombre de 8 seulement, avec 5 guérisons , 2 améliorations, pour 4 complètement incurable; c'était un des deux vices orgañiques du cœur, qui nous avait été adressé comme catarrhe bilieux ; l’autre était venue pour une anasarque, dont elle fut débarrassée, amélio- ration qui n'aura sans doute été que momentanée. Un phlegmatia alba dolens ; suite de couches, chez une malade, qui nous quitta trop tôt, et dont une tu- berculose pulmonaire , à laquelle succomba aussi plus tard son enfant, termina la vie peu après sa sortie de hôpital, Un lymphangite à la cuisse gauche, guérie. D’autres cas développés à la suite de plaies des extrémités, se trouvent mentionnés dans le paragraphe relatif à ces der- nières. Quatre adénites scrofuleuses, toutes guéries. Maladies des organes de la respiration. Elles atteignent le nombre de 34, dont 21 guéries, 6 améliorées, 4 parties avant la fin du traitement ou ren- voyés comme incurables, et 3 terminées par la mort (deux phthisiques et un cancéreux). Un ozène scrofuleux , guéri momentanément par des antiscrofuleux et des applications locales; revenu plus tard pour des tumeurs lacrymales qui entretenaient ce mal , l'opération mentionnée plus haut le délivra plus “efficacement de cette infirmité. Un carcinome au cou, tout ce que nous pûmes faire, après une consultation dans laquelle nous fûmes unani- mes pour repousser l’opération pour laquelle le malade nous avait été adressé, fut de donner issue au pus : après la mort nous trouvämes en outre un cancer médullaire du rein droit. Trois rumatismes des muscles intercostaux, guéris. «Cinq fractures de côtes guéries ; une provenait d’une rixe dans un cabaret, et une autre, compliquée de plaie contuse à la tête, et de contusions à la nuque et au dos , d'une chute faite dans un état d'ivresse du cret de =. CDD " Saint-Nicolas dans le Vauseyon ; une troisième présenta comme complication, de la bronchite. 1 Un emphysème traumatique dont le porteur ie sa sortie quelques jours après son entrée. Une bronchite aiquë. , Une bronchite capillaire, toutes deux guéries. Quatre bronchites chroniques. deux guéries par Facé- tate de plomb uni à l’opium, et deux compliquées l’une d'emphysème et l’autre d’un vice organique du cœur, renvoyées améliorées. Six pgneumontes , toutes guéries; 5 situées à droite (une au sommet) et 1 à gauche; 5 chez des hommes, 1 chez une femme ; 3 chez des individus de 20 à 28 ans, 2 chez des personnes de 33 à 38; la dernière chez un chaudronnier de 62 ans ; les mois et la provenance de ces malades furent: avril (Neuchâtel), mai (Cernier), juin (Neuchâtel), août (le Soliat), Novembre (Neuchâtel et ambulant). Aucun cas n’étant resté en traitement à la fin de l’année , on peut voir que cette affection n’a pas été fréquente dans notre pays en 1856: l’année précé- dente nous en avait fourni 8 dans nos salles. L’acétate . de plomb opiacé, accompagné dans un cas de deux ap- plications de ventouses, a été employé chez 4 malades’; une infusion d'ipéca chez un cinquième ; chez le der- nier le tartre stibié en lavage, puis, la résolution étant lente, divers médicaments et surtout liodure de potas- sium : aucun de ces cas ne nous a paru réclamer des saignées. Un épanchement pleur briques voici un singulier trait à ajouter à l’histoire des accidents dus aux traitements dirigés par des personnes étrangères à l’art : s'étant fait saigner par une d'elles pour une pleuropneumonie , un — 223 — cordonnier de la Côte-aux-fées , âgé de 50 ans, tomba du siége sur lequel il était assis, et se luxa l'épaule : cel- le-ci fut remise, mais le bras non-soutenu enfla consi- dérablement et était, à son arrivée à l'hôpital, le siége d’un œdème considérable, qui se termina par un dépôt de pus qu'il fallut ouvrir au devant de l’aisselle ; le bras très-roide , dut aussi être préservé de l’ankylose, par des exercices douloureux pour le malade : quant à Fé- panchement pleurétique, que cette malencontreuse sai- gnée n'avait pas empêché de se développer à un haut degré, il céda à l'emploi de deux moxas. Un Aydrothorar accompagné d’ascite enkystée , chez une jeune fille anémique : il ne fut pas possible d'établir jusqu'à quel point les deux accumulations de liquide n'étaient pas la suite d’une affection du foie; leur gué- rison, complète pour l'hydrothorax, tendrait à prouver le contraire. Neuf fuberculoses pulmonaires, quatre plus ou moins améliorées, trois renvoyées comme incurables , et deux terminées par la mort ; l’une constituée par des tubereu- les miliaires et une caverne compliquée d’épanchement pleurétique à droite, d’ulcérations tuberculeuses des intestins et de cirrhose du foie ; l’autre envovée dans les derniers degrés du dépérissement, pour une carie d’une côte et une coxarthrocace: la première était due à des fusées purulentes sous-plévrales, dont une avait baigné la 10° côte gauche et l'avait complètement dénudée, … tandis que l'articulation coxo-fémorale était remplie de pus: des tubercules miliaires, des cavernes et des ad hérences pleurétiques , furent également constatés par la nécropsie. = GIE — Maladies des organes de la digestion. Les 30 cas que nous rangeons ici, et qui nous donnè- rent 27 guérisons, 1 amélioration et 2 morts, et nous firent pratiquer 3 opérations (sans parler d’une hermio- tomie, mentionnée dans le paragraphe de l’ictère), se répartissent comme suit : Un phlegmon à la face, suite de coups de canne, ter- miné par un abcès. Une &rélure à la face, provenant d’une explosion de poudre, qui avait aussi intéressé le cou et les deux bras. Une plaie à la face , déterminée par la morsure d’un chien, immédiatement en dehors dela commissure gau- che de la bouche. Un bec-de-lièvre, à gauche, opéré avec plein succès par le procédé de Mirault (d’Anger), sur un jeune gar- con de 11 ans. Une stomatite mercurtelle guérie. Trois angines, deux catarrhales et une chronique, guéries. Deux Aypertrophies de l'amygdale , Vune à droite et l’autre bilatérale, toutes deux guéries par la tonsilloto- mie pratiquée avec l'instrument de Fahnestock modifié. Une plaie à l'épigastre, coup d'arme à feu , dans le- quel la balle fut arrêtée par l’appendice xyphoïde, ce qui ne donna qu’une plaie superficielle. Trois états de gastricisme, Trois gastralqtes, Deux catarrhes gastro-intestinaux, Une gastrite aiguë, Une entérite aiguë : affections toutes guéries, ainsi que Une pérityphlite. J 2 2 — Deux Lépatites aiguës guéries, l'une compliquée de péritonite , et très-grave , l’autre, d’un ictère sympto- . matique fort développé. « Une entéro-péritonite tuberculeuse qui causa la mort . d’une femme âgée de 30 ans: on trouva des tubercules des poumons, des glandes bronchiques, du foie, de la rate, de l’épiploon et du péritoine, et des perforations de l’iléum dans le voisinage du cœcum, qui communi- . quaient avec une poche formée aux dépens du tissu cellulaire de la région iliaque, et de là, à travers l’apo- . névrose du muscle de ce nom, avec le petit bassin. Un wlcère perforant de l'estomac caractérisé par des vomissements de sang , pendant l'un desquels l'ulcère subit une rupture, cause d’une péritonite mortelle. Une gastrorrhagie survenue chez un homme après qu'il eût bu de l’eau-de-vie, ne se renouvela pas à l'hô- pital ; ce malade à une hernie de la ligne blanche, qu'il s’est faite en soulevant un canon par bravade. Une Lerrue de la ligne blanche : Va présence de cette petite tumeur sus-ombilicale ancienne, avait déterminé des vomissements, sur la nature desquels la découverte de la hernie nous mit bientôt au clair ; en la réduisant, autant que d'anciennes adhérences le permettaient, nous fimes cesser les accidents. … Une ascite chez une personne à anémie très-forte , guérie par les ferrugineux et par un moxa appliqué sur région du foie qui paraissait un peu trop volumineux: elle présenta pendant son séjour un abcès du sein qui fut aussi guéri. - » Un cas de plaques muqueuses à l'anus, affection syphi- litique, exceptionnellement conservée par le Comité : elle nous a quittés , considérablement améliorée, et ne souffrant plus du tout. | = HAE Maladies des organes génito-urinaires. Treize personnes en étaient affectées ; 9 furent gué- ries, 2 améliorées et 2 nous quittèrent sans soulagement: 3 opérations furent pratiquées, auxquelles il en faut joindre une de varicocèle, qui eut lieu chez un malade affecté, lors de son entrée à l'hôpital, de fièvre intermit- tente. Un Aydrocèle guéri par la ponction suivie d'une im- jection de chloroforme. Deux fistules urinaires, Vune survenue spontanément, et améliorée, l’autre suite d’un éboulement de terre sous lequel le malade s'était trouvé pris, et guérie complète- ment par des cautérisations avec l’azotaté d'argent. Une leucorrhée par atonie du vagin, guérie par des in- jections d’alun, puis de nitrate d'argent. Trois ovarites ou irritations des ovaires guéries. Un prolapsus de l'utérus accompagné d’un tel relà- chement de la paroi antérieure du vagin, qu'aucun des pessaires à notre portée ne put eontenir en place cet organe. Un cancer du col de l'utérus amélioré par une cauté- risation et l'emploi d'extrait de ciguë. Un cancer du bassin siégeant peut-être dans un des ovaires, cette affection sintulait des douleurs sciatiques, sur la nature desquelles il fut d'autant moins possible de rester longtemps dans le doute, que la malade avait été opérée cette année même à l’hôpital d'un squirrhe du sein. Deux squirrhes du sein, pour l'un desquels il suffit d’amputer la moitié inférieure de l'organe , tandis que dans celui que nous venons de mentionner, il fallut l'en- sis 2 | . — 2217 — lever complètement, opération que des adhérences inti- mes âvec la peau rendirent longue et pénible; c’est, hé- las ! ce qu'on nomme généralement des guérisons, et en effet elle eut lieu momentanément, sauf à voir dans l’un des cas la diathèse se réveiller peu après avec plus d’in- tensité sur un autre point. Une »nastite suite de lactation ; nous dûmes ouvrir un abcès et fimes panser cette plaie fistuleuse avec des mé- ches imbibées d’une solution de sublimé , procédé dû à Pserhofer (de Papa), que nous avons aussi employé avec grand avantage chez la malade mentionnée plus haut comme atteinte d'une ascite. Maladies des organes locomoteurs. C'est toujours la catégorie qui fournit le plus de cas : cette année elle n’en accusa pas moins de 152, dont 140 furent guéris, 8 améliorés, 1 renvoyé comme incurable et 3 moururent. Ils nécessitèrent 13 opérations, dont deux sur le même individu. … Une /urafion avec plaie pénétrante de l'articulation du coude chez une petite fille qui était tombée en cou- rant ; après avoir réduit en ville, avec notre confrère, le D' Cornetz, la luxation, et réuni les bords de la plaie par quelques points de suture, nous fimes transporter cette pauvre enfant à l'hôpital, immobilisâmes le bras et fi- mes faire des applications permanentes de glace: une ankylose du coude fut la seule suite de cette grave lé- sion. Deux semi-lurations de l'humérus guéries, sauf un certain degré de raideur qui persista. Vingt fractures, à savoir : 1 de la clavicule, suite d’une chute sur l'épaule ; 1 de lhumérus droit et des deux BOL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. 15 mn EUR — os de l'avant-bras gauche, par l’engrenage de machines à Serrières, qui nécessita sur place une désarticulation à droite et une amputation à gauche , lesquelles furent pratiquées par MM. les D” Votigéo Reynier et nous- même : immédiatement transporté à l'hôpital, ce jeune garçon fut bientôt hors de danger, malgré la gravité des lésions primitives et des deux opérations pratiquées ; { de lhumérus gauche, chez un mdividu qui était tom- bé d’un second étage ; 4 du radius, deux fort près de l'articulation du poignet, toutes sept guéries ; { d’une phalange de doigt , les deux fragments chevauchèrent l'un sur l’autre : une fièvre typhoïde que le malade contracta à l'hôpital détourna l'attention de la lésion chirurgicale , pendant que l'agitation du malade déran- geait toujours le pansement ; il mourut de cette affec- tion secondaire, et présenta à l’autopsie une conso- lidation vicieuse de cette petite fracture ; 1 du col du ‘fémur, guérie par le double plan incliné de Dupuytren ; 1 de la rotule , récidive , c’est-à-dire rupture du tissu ligamenteux qui avait réuni les deux fragments qu'a vaient produit une fracture transversale de cetos, guéri par le repos et un bandage approprié : 7 des deux os de la jambe, une compliquée de plaies nombreuses, provo- qua une consultation avec M. le D' Favre, à la suite de laquelle nous décidàmes de tenter d’éviter l’'amputation, qui eût Ôté au malade, qui était un charpentier, son ga- gne-pain : malgré l'agitation et l'indiscipline du malade, la consolidation eut lieu , mais en laissant persister des ouvertures fistuleuses ; la conduite du malade forcça le Comité à le renvoyer dans cet état; plus tard il fut en- voyé à l'hôpital de l'Isle, à Berne, où M. le professeur Demme l’amputa avec succès; deux des six autres cas — où — ne se sont consolidés que lentement: 1 du tibia guéri en même temps d'un eczéma du cuir chevelu ; 2 du pé- roné guéries par le bandage spécial de Dupuvtren. Vingt-deux plaies, dont 1 au coude, 2 aux avant- bras, 7 aux mains, 4 aux doigts, 1 à la cuisse, 1 au ge- nou, 2 aux jambes, 2 aux pieds et 2 aux orteils. Parmi _ celles des extrémités supérieures, nous en trouvons à mentionner deux à la main, occasionnées par du verre ; deux d'armes à feu également à la main, dont une né- cessita la désarticulation du doigt indicateur; un coup de faulx et un coup de sabre à lavant-bras, le premier ayant intéressé l'artère cubitale qui dut être liée, l’autre ayant laissé à sa suite un certain degré de flexion permanente des doigts; une plaie à la main provenant d’une machine, et une du petit doigt écrasé sous une roue, qui dut être désarticulé ; une femme mordue au 4" et au 5°° doigt par son mari, vit se développer une angioleucite qui fut guérie par des applications locales de teinture d’iode ; enfin la plaie au coude avait été occasionnée par un éboulement. Une de nos plaies de pied était due à la chute d'une pierre de 30 à 40 livres, l’autre nécessita _ l'ablation de l’ongle; une roue en passant sur le genou d'un individu, y fit une plaie contuse ; une plaie d'arme à feu à la jambe et une à la cuisse, cette dernière ayant nécessité avant l'entrée du malade, l'extraction de la balle, terminent la série de ceux de ces cas qui présen- - tent quelque intérêt. Une seule de ces 22 plaies, celle qui laissa un certain degré de flexion des doigts, ne fut pas complètement guérie. * Douze contusions , toutes guéries, dont 3 à l'épaule, une à la région lombaire, deux à la hanche, une au ge- nou, une à la jambe et quatre au pied : deux de ces cas avaient été pris pour des fractures. = "6 — Quatre entorses, dont une du poignet et trois de l’ar- ticulation du pied ; la premrière, pansée comme fracture par un rhabilleur, qui avait occasionné un gonflement inflammatoire inquiétant de la main et de l’avant-bras, fut guérie ainsi que les trois autres. Trois cas de /ombago guéris, dont un était accompa- gné d’un panaris. Un rhumatisme du muscle delioide également guéri. Vingt enflammations diverses, à savoir : onze panaris, cinq phlegmons de la main, un phlegmon de la main et de Pavant-bras, une inflammation des gaines tendineu- ses de l’avant-bras, un phlegmon de la cuisse et un de la jambe : un panaris et un phlegmon de la main étaient accompagnés de Ilymphangite ; celui de la cuisse, d’ori- gine traumatique, était un cas grave; une piqûre et une brûlure furent les causes de deux panaris. Toutes ces affections furent guéries. Cinq abcès, dont deux à la main, un prérotulien, deux au pied ou son articulation, tous cinq guéris. Une ostéite traumatique des divers os des extrémités inférieures, chez un jeune garcon scrofuleux qui avait fait une chute de cheval ; l'amputation de la cuisse gau— che enraya le mal de ce côté, le plus compromis, mais néanmoins le genou du côté droit fut envahi, et ce pau- vre enfant succomba dans un état d’émaciation et de souffrance considérable. Quatorze arthrocaces, à savoir : une omathrocace, améliorée , le malade ayant préféré quitter l’hôpital à subir l'application du moxas; une olénarthrocace, qui nécessita l'amputation de bras, après qu’un long traite- ment antiscrofuleux n’eût pas réussi à guérir la maladie; une chirarthrocace , guérie par l'emploi d’antiscrofu- pe mnt mt tnt ins. = qi = leux et d'injeetions d’opodeldoch ; quatre coxarthro- caces guéries ; trois gonarthrocaces , Fune guérie, les deux autres améliorées , l'une ayant été envoyée aux bains de Schinznach , l’autre nous ayant quitté de son chef : cette dernière était accouchée auparavant à lhô- pital d’un enfant du sexe masculin; trois podarthroca- ces, deux guéries, et l'autre améliorée, quand nous con- seillâmes à cet enfant une cure aux bains de Lavey : enfin un cas de podarthrocace à gauehe et de gonarthro- cace à droite, chez une pauvre fille, pour laquelle la lésion du pied eût indiqué une amputation , qui nous parut contre-indiquée par celle du genou de l’autre côté, et qui dut quitter l'hôpital comme incurable, vu Fimpossibilité où elle se trouvait d'aller à des bains convenables. Un abcès froul à la fesse complètement guéri. Deux caries de la tète du tibia, l'une guérie, l’autre améliorée, eût nécessité une amputation , à laquelle le malade se refusa. Deux récroses, l'une du fémur guérie, l’autre des deux tibias améliorée, puis envoyée aux bains de Lavey. me ankylose d'un doigt de la main en nécessita la désarticulation. Deux cas d’Aygroma, Vun de la bourse muqueuse de Volécrane , guéri par l’extirpation d’un ganglion pédi- eulé situé derrière l'olécrane, l’autre prérotulien , gué- rie par deux ponclions successives , et des frictiohs de teinture d'iode. Un cas d’extravasation sanguine dans le genou, suite d’une chute dans un escalier, guéri. Un ædème de la jambe, consécutif à ce que ce malade guéri de sa plaie prérotulienne , n’avait pas : suivi notre conseil de se bander la jambe. = OÙ Un estluomenos de la jambe, affection scrofuleuse fort ancienne , améliorée par des antiscrofuleux et l'usage local du sublimé en dissolution , quand la malade con tracta dans les salles une fièvre typhoïde à laquelle elle succomba. Vingt-quatre wlcères divers, dont quatre d’origine traumatique situés au genou, à la jambe, au pied , et aux deux gros orteils; un ulcère érysipélateux, trois dartreux, quatre atoniques, et douze, variqueux aux jambes. Nous avons émployé d’après les indications de Pserhofer (de Papa) le sublimé en solution pour le pan- sement de la plupart d’entre eux ; l'odeur cesse immé- diatement, la suppuration diminue et la cicatrisation en est accélérée ; toutefois, ce médicament nous a paru peu ou point utile, quand l’ulcère est d’origine dartreuse. Un des cas d’ulcères variqueux de la jambe se compliqua de phlébite pendant le traitement ; un autre cas était com- pliqué de gale ; un troisième de la présence d’une glande lymphatique suppurée; un quatrième de ces malades enfin présenta à sa guérison des aceès épileptiformes, provenant sans doute d’une attaque d’apoplexie, et qui Jui firent désirer de retourner chez lui. . Deux érülures , Vune à la main et l’autre aux pieds, la première causée par du beurre fondu, et à laquelle s'unit pendant son séjour une conjonctivite catarrhale également guérie ; la dernière étant guérie, 1l se déve- loppa chez la malade une hydropisie enkystée de l'ovaire pour laquelle nous finimes par pratiquer une ponction; quoique celle-ci n'eut déterminé la sortie que d’une ou deux gouttes de liquide, elle n’en amena pas moins la guérison du mal, sans doute en provoquant une inflam- -mation adhésive. A p. à Est "a ds RÉ DÉS SR SD de die nn de + nt pe on 20 LE D, L'CEDRS, SSS L R, Pa 2: L TS Dix congélations à divers degrés, une à la main, une: aux deux jambes, sept aux pieds et une aux orteils, dans laquelle une phalange nécrosée du 5" orteil dut être “extirpée; dans deux des cas de congélation du pied, il fallut désarticuler dans l'un trois orteils, dans l’autre une phalange du gros orteil. Maladie des tégumens externes. Des 5 cas qui rentrent ici quatre furent guéris et un renvoyé. C'étaient: un eczema tmpéligineux. Un ecthyma accompagné d’incontinence d'urine, ra- pidement guéri de cette dernière par la hellagone, et de l'affection cutanée par les sulfureux. Un pempliqus guéri par l'usage local du sublime en lotions. Un pityriasis furfuracé de cuir chevelu traité avec succès par l’onguent soufré. Une gale qui dut être renvoyée, conformément au ré- glement. | Maladies simulées. Deux grossesses renvoyées, dès qu’on eut reconnu la cause de leur malaise , forment seules cette catégorie. Tels sont, Messieurs, les résultats médicaux de l’hô— pital Pourtalès pendant l’année écoulée : si j'ai à assu- mer sur moi la responsabilité du traitement , je ne dois. pas oublier de remercier ici ceux qui m'ont aidé dans. cette tâche difficile. MM. les Drs Favre et. Léopold Rey- mer ont continué à m'aider de leurs conseils et à m'’as- sister dans les opérations les plus sérieuses. M. Charles. = SE — Perret (de Vevey) ayant désiré pouvoir accélérer le mo- ment de ses examens de pratique et de doctorat, M. le Dr Emile Kænig (de Berne) l’a remplacé pour les quatre mois qui restaient au premier, pour terminer son année d’internat : le 1” octobre M. le D° Max Küchler (de Giessen) leur a succédé : la pratique de l'hôpital Pour- talès a été utilisée par les deux premiers dans leurs thè- ses inaugurales , la première sur la fistule lacrymale, Pautre sur le traitement des ulcères par le sublimé en solution. Les sœurs hospitalières qui desservent l’hô- pital, ont fait, en 1856, une triste perte en la personne de la sœur Sophie Renaud , chargée depuis de longues années du soin des malades de nos salles, laquelle a suc- combé à une méningite après une maladie assez courte. Il est dans la marche des établissements humains de s’agrandir et de se perfectionner avec les années; cette tâche, Messieurs, l’hôpital Pourtalès doit y tendre, etil le fait en effet : à l’heure qu’il est, une répartition de nos 50 lits en deux services distincts, à chacun desquels est spé- cialement attachée une sœur hospitalière , a réalisé un progrès dont je sentais depuis longtemps la nécessité ; la salle d'opérations ne tardera plus beaucoup à pouvoir être utilisée; les agrandissements de l’aîle occupée par les femmes s'élèvent peu à peu : ainsi s’opèrent succes- sivement des améliorations que je salue avec bonheur et espérance. C’est en invoquant sur cette maison la continuation de la bénédiction divine, que je termine le rapport an- nuel que j'étais appelé à vous présenter et qui, je l’espè- re, vous aura prouvé que pendant l'année 1856 l’hôpital Pourtalès a continué à répondre aux nobles intentions qui avaient inspiré son généreux fondateur. QUELQUES MOTS SUR LES DIFFUSIONS par + le )' Guillaurnme. Sous le nom de diffusion on comprend d'après læ > nouvelle définition , le suintement ou la pénétration de | deux fluides, qu'ils soient dans leur forme liquide ou dansleur forme gazeuse et cela dans le sens que les deux » fluides puissent exister dans l’espace que l’un ou l’autre . des deux occupait, sans que le volume soit augmenté. . En considérant l’impénétrabilité de la matière , on ne . péutexpliquer ce fait qu’en admettant que les molécules . élémentaires se trouvent à une certaine distance les unes des autres, c’est-à-dire qu’elles laissent entre elles des espaces intermoléculaires. Cette admission est d'autant - plus justifiée que, par exemple, l'expansion d'un gaz ou » d’un liquide quelconque doit être expliquée par l’écar- : tement de ses atomes et non par le grossissement de leur volume. La quantité de chaleur d’une matière n’est pas une quantité absolument connue, c’est-à-dire que nous né pouvons déterminer ni le minimum, ni le maximum dé chaleur qui se trouve dans un corps, et il suit de + là qu'une jonction intime des atomes entre eux, même - dansles corps les plus compactes, ne peut avoir lieu. - La grandeur de ces espaces intermoléculaires est une … des fonctions principales de la température et de la ca- — 236 — pacité de la chaleur. Avant d'entrer dans l'examen de ces phénomènes, nous le ferons précéder de quelques notices historiques sur le développement de cette bran- che de la science physiologique. Ce fut en l’année 1823 que Dœbereiner fit l’'observa- tion que, dans une cloche de verre remplie de gaz hy- drogène et placée sur l’eau, cette eau avait monté. Il reconnut que la cloche était fendue, l'hydrogène s’était échappé à travers la fissure, et comme l’air atmosphéri- que n’était pas entré dans la cloche en même propor- tion, l’eau avait dû naturellement monter dans la clo- che. La même année Dœbereiner publia cette découverte dans une brochure intitulée : Ueber die neuentdeckte hechst merkwurdige Eigenschaft des Platins , und die pneumatisch-capillare Thetigheit gesprungener Gleser. (Sur une propriélé remarquable et récemment décou- verte du platine et sur l’action capillaire des cloches fendues.) Graham étudia après lui ce sujet plus attentivement et ce fut lui qui lui donna le nom de diffusion. Les premières expériences ne furent faites que sur des gaz, et ce n’est que plus tard seulement que le nom de diffusion s’appliqua aussi au mélange de deux fluides aqueux. Le sol des phénomènes de la diffusion est de nos Jours encore peu cultivé, car il est difficile d'y pé- uétrer et c’est pourquoi nous ne nous proposons que de développer les principales méthodes d'observations et de donner leurs résultats, afin d’avoir une idée de ces phénomènes si intéressants et si importants pour la phy- siologie. Comme la diffusion des fluides aqueux diffère de la diffusion des fluides gazeux, nous voulons d’abord faire un examen rapide de cette dernière espèce. | | Les premières recherches de Graham furent fautes à- peu-près de la manière suivante : Partant de l'observation faite par Berthollet que deux gaz différents, renfermés dans deax espaces, mais com- muniquant ensemble par des cylindres étroits, se mê- lient avec une rapidité var iable , Graham introduisit successivement dans un cylindre de verre gradué, quise trouvait en relation avec l'air atmosphérique par un tube capillaire horizontal , les gaz qu'il voulait soumettre à son examen. I observa que la rapidité avec laquelle les gaz s’é- chappaient du cylindre dans l'atmosphère était en pro- portion inverse de leur densité, c’est-à-dire que des gaz d’un poids spécifique plus léger s’échappaient plus ra pidement que des gaz plus pesants. Le même observa- teur trouva aussi qu'en remplissant une vessie animale à un tiers à-peu-près de gaz de houille, et la plaçant sous une cloche de verre remplie d'acide carbonique, la plus grande partie de cet acide carbonique avait disparu du récipient dans l’espace de vingt-quatre heures , par contre la vessie était entièrement remplie. Une analyse des gaz contenus dans la cloche et dans la vessie montra que dans les deux se trouvaient et de l'acide carbonique et de l'hydrogène. Nous ne pouvons pas entrer dans les expériences étendues que Graham entreprit dans la suite, et nous contenterons d’en citer les résultats les plus importants, résultats qui furent ratifiés par d’autres observateurs, avec peu de modifications. . : Lorsque deux gaz différentsse rencontrent ; ils se mê- lent avec une rapidité qui est en raison inverse des racines carrées de leurs poids spécifiques. De là on peut déduire — 238 — avec probabilité que dans la diffusion la cause du mé- lange se trouve dans l’élasticité des gaz, et qu'il n'existe pas de répulsion entre les molécules de deux gaz diffé- rents, ou en d’autre$ termes que deux gaz différents n’exercent aucune pression l’un sur l’autre : La diffusion de deux gaz Gifférents a plus d'intérêt pour la physique que pour la physiologie. Le cas, par contre, où des gaz diffondent (pour me servir de cette expression), dans des liquides, c’est-à-dire où il y a ab- sorption de gaz, est pour l'organisme humain d’une plus grande importance. Les lois les plus conséquentes pour les phénomènes de ce dernier mode de diffusion sont les suivantes : Les gaz suivent la loi de Mariotte. Un liquide n’ab- sorbe qu'un volume de gaz très-précis , et dans chaque liquide diffondent différents volumes de gaz, c’est-à-dire que chaque espèce de gaz possède un coëfficient d’ab- sorption. On pourrait dès-lors expliquer le phénomène que des volumes égaux d’un liquide absorbent des volu- mes différents de gaz, par la raison que le gaz cède de sa chaleur, qui alors expand les espaces intermoléculaires ainsi que nous l'avons remarqué dans l'introduction. I'est clair qu’alors une plus grande quantité de mo- lécules peuvent se placer dans ces intervalles, et ainsi le nombre relatif des molécules d’un gaz qui s’intro- duirait dans ces espaces intermoléculaires dépendrait de sa capacité de chaleur. Et en effet nous observons aussi que l'absorption de l'acide nitreux par l'eau dé- gage une quantité de chaleur assez considérable, et c’est pourquoi il est nécessaire de rafraîchir convenablement le récipient si l’on veut laisser absorber le maximum de gaz. PPT CENT ITS TS PPT | — 239 — Nous arrivons maintenant à la diffusion des liquides, à laquelle Dubois-Reymond a donné le nom d’hydro- diffusion. L'hydrodiffusion , analogue à la diffusion des gaz, consiste en ce que deux liquides qui se trouvent à côté, au-dessus ou au-dessous l’un de l’autre, se mêlent entre eux sans que cela soit déterminé par aucune force mécanique extérieure. Il est vrai qu'ici l'attraction chi- mique est en jeu, ce qui n'existe pas dans la diffusion des gaz. Ce fut Graham aussi qui, par des expériences nombreuses, jeta le premier de la lumière sur ces procès compliqués. Parrot fut le premier qui fit connaître un phénomène de ce genre. I remplit un verre d'alcool, le couvrit d'une membrane animale humectée et le placa dans un vase plus grand rempli d’eau. Trois heures après, la vessie présentait une surface convexe et très tendue , et lorsqu'il perça la membrane avec une ai- guille, il vit l'alcool jaillir à une hauteur de 8 à 10 pieds. . En faisant l'expérience en sens inverse, c’est-à-dire en mettant le verre rempli d'eau dans un cylindre qui con- tenait alors de l'alcool , il remarqua que la vessie qui couvrait le verre d’eau, formait après un certain temps une concavité notable. Magnus à renouvelé ces diverses expériences d’une manière rationnelle, aussi bien celles de la diffusion des gaz, que celles de l’hydrodiffusion. En 1826, Dutrochet présenta indépendamment de ses prédécesseurs à l’aca- démie de Paris, des observations semblables qu’il avait faites sur le tissu cellulaire des plantes. 11 donna à ces phénomènes le nom d’Endosmose et d'Exosmose. Les phénomènes de la solubilité des corps solides dans les fluides, rentrent dans les limites de l'hydrodiffusion. En présence de la variation infinie des facteurs qui agis- — sent dans tous ces cas, leur examen serait trop étendu si nous voulions les exposer ici. Nous ne nous occupe- rons que de quelques cas spéciaux et nous examinerons surtout les méthodes qui jusqu'à présent ont été mises en usage pour jeter quelques rayons de lumière sur ces phénomènes occultes. Les résultats les plus intéressants obtenus par les dif- férents observateurs sont les suivants : 1. Une certaine quantité de chaleur devient chaque fois latente , afin que le corps solide puisse prendre la forme liquide. 2. Le’poids spécifique (la condensation) de la solution n'est pas le poids moyen de celui du corps solide et de celui du liquide, il comporte toujours plus que le poids hypothétique moyen. 3. Le point d’ébullition et de congélation du liquide varie ; il peut s'élever comme il peut s’abaisser, de même que la faculté expansive de la solution peut se trouver par l'influence de la chaleur, au-dessous de la moyenne, entre celle de la substance solide et celle du liquide. Si l’on mêle une solution avec de l’eau , la diffusion de cette solution se fera dans l’eau, d’après les mêmes lois que nous venons de citer. Une des questions les plus importantes est avant tout celle-ci : Avec quelle vitesse la diffusion des diverses substances dans les liquides se fait-elle ? Pour détermi- ner cette vitesse les physiologues se sont servis de di- verses méthodes. Graham fut le premier, qui d’une ma- nière imparfaite , il est vrai, arriva aux résultats qu'il donne. Il crut avoir trouvé qu'avec l'augmentation de la den- sité et du contenu procentique, la rapidité de diffusion | | à ds SU montail ; ainsi par exemple, à travers une même surface diffondait une quantité d'albumine— 1 ; de sucre —9 ; de chlorure de sodium — 19, etc. Mais cette vitesse dépend aussi de la nature de la substance, puis aussi de la température ; ainsi elle est d'autant plus grande que la température est plus élevée. Ces lois, quoique exprimées aussi .simplement, ne pouvaient pas être admises sans avoir été préalablement soumises à un examen ultérieur , d'autant plus que la méthode de Graham renferme des fautes assez considé- rables. Fick, professeur , à Zurich, chercha d’une manière ingénieuse à trouver ces lois. Il déterminait la densité des couches superposées des liquides en diffusion , par le moyen d'un globe en verre suspendu à un des bras - d'une balance et plongé dans le liquide en question. La densité marquait naturellement la quantité de substance solide qui se trouvait dans ces couches. Mais il était très-difficile d'observer un repos complet en pe- sant le petit globe, des mouvements mécaniques ne pou- vant pas être évités. La méthode de Ludwig se distingue de toutes les au- » tres, parce que, au lieu de jeter dans un vase une cer- . Laine quantité de sel et de verser de l’eau par-dessus, il introduit peu à peu par le fond du vase qui contient de l'eau une solution de sel dont la concentration est con- nue. Son appareil est construit de la manière suivante : Le fond d’un cylindre contenant l'eau est traversé par "des tubes dont l’un des bouts ouverts s'élève dans la so- lution; l’autre bout est fermé ayant été tiré en pointe à action du feu. Les tubes montent graduellement dans mn ARR 2e PA le liquide. Après que l'appareil avec les liquides en dif- fusion a été laissé pendant quelque temps dans un lieu où la température a été maintenue constante autant que possible, il brise successivement la pointe des tubes, recoit le liquide de chacun d'eux dans un vase particu- lier et l'analyse. Mais comme chaque fois que des liqui- des s’échappent il se forme des courants, et qu’en rem- plissant d’eau le vase on remplit aussi les tubes dans les- quels la diffusion doit se faire du haut en bas, la méthode que je prends la liberté de proposer serait peut-être ca- pable d'éliminer les fautes qu'offre celle que nous venons de présenter. Nous nous servirions du mème vase, mais 1l serait oradué et la solution saline serait aussi introduite par le même cylindre dans le fond du vase. Avant de laisser descendre la solution saline, nous placerions un certain nombre de pipettes également graduées et quin’auraient pas une attraction capillaire considérable, à différentes hauteurs dans le vase, par le moyen d’un pont de liége. Après que l'appareil aurait été un certain temps dans une température constante, on enlèverait simultanément ioutes les pipettes et on laisserait couler leur contenu, dans des vases destinés à cela. Ce contenu serait de suite analysé. Afin d'éviter un mouvement dans le liquide, par la compression de l'air qui se trouve au-dessus de lui dans les pipettes, on fermerait les pipettes en y pla- çant de petits tubes capillaires et en adaptant un mor- ceau de cire. La cire fermerait le tube capillaire et la * pipette et le tout serait enlevé sans qu'aucun mouvement ne fût occasionné. 2e — 243 — RAPPORT MÉTÉOROLOGIQUE pour l’année 1856, présenté PAR M, CI. KOPP. — 543 La Société dessciences naturelles a désiré que ce rap- port fût présenté chaque année au public sous la forme d’une brochure séparée du texte des bulletins. Ce résu- mé ne peut donc pas s’écrire sous la forme de tableaux numériques ou graphiques seulement, il contiendra sou- vent des considérations qui ne seront pas des nouveau- _ tés scientifiques, mais sur lesquelles il pourra être utile d'appeler l'attention des lecteurs qui peuvent , tous au > moins, ne pas être au courant de cette multitude de faits | | et de théories dont la météorologie s'enrichit chaque jour. Quoique le résumé météorologique de l’année forme là base du travail, nous espérons pouvoir donner à ces rapports une forme telle, qu'ils auront une variété suf- fisante. Dans ce but, nous présenterons cette année la com- . paraison des observations faites dans divers endroits du - canton et du littoral du lac, et quelques détails sur la hausse extraordinaire des eaux du lac. BUL. DE LA SOC. DES SC, NAT, T, IV, 16 1© + ES RÉSUMÉ CLIMATOLOGIQUE pour l'année 1556. Nous comparerons dans ce résumé le climat de Neu- châtel à ceux de Bonvillards, de Fontaines, de Diesse, de Môtiers-Travers et de la Chaux-de-Fonds. Les observations et le résumé pour la Chaux-de-Fonds sont faits par M. Célestin Nicolet, pharmacien, les ob- servations de Môtiers ont été faites par feu M. Barrelet, pasteur, celles de Fontaines sont faites par M. B. de Gé- lieu, pasteur, celles de Diesse par M. Lamont, pasteur, et celles de Bonvillards par M. Malherbes, docteur. La Société exprime à ces savants observateurs sa vive re- connaissance pour les peines qu'ils se donnent et pour lobligeanee qu’ils ont de lui transmettre leurs observa- tions. | Bonvillards est situé, comme Neuchâtel, au pied du Jura, au bord du lac de Neuchâtel, entre Concise et Grandson, à une distance de trois quarts de hieue de ce dernier endroit. Sa distance au lac est de 500 mètres et sa hauteur au-dessus du niveau moyen des eaux de 10 à 15 mètres. Le village est bâti à l'entrée d’une dépression demi- circulaire qui s'étend depuis Bonvillards jusqu'à Con- cise, en passant derrière Onnens. Depuis derrière On- nens, il y à un petit ruisseau qui va se jeter dans l’Arnon qui se jette lui-même dans le lac. Le revers du Jura où le village est situé et dont il oc- cupe le premier plateau est boisé. M. le docteur Mal- hérbes observe à Bonvillards le thermomètre à 9 heures du matin , à midi, à 3 heures et à 9 heures du soir; il SR note l'état du ciel à midi et à 9 heures du soir ; le vent à midi, et il mesure la quantité de pluie tombée. Fontaines est situé au Val-de-Ruz, à 769 mètres au- dessus du niveau de la mer et à 335 mètres au-dessus du lac. M. le pasteur B. de Gélieu y observe quatre fois par jour , à 9 heures du matin, à midi, à 3 heures et a 9 ‘heures du soir, le baromètre et le thermomètre. Il note aux mêmes heures le vent et l’état du ciel. Môtiers-Travers, situé au centre du Val-de-Travers, est à 736 mètres au dessus du niveau de la mer et à 302 mètres au-dessus du niveau du lac. Feu M. le pas- teur Barrelet avait l'habitude de faire, comme M. le pas- teur de Gélieu, quatre observations par jour. Diesse est situé entre le lac de Bienne et le mont Chas- seral, à l'extrémité d’un petit plateau, qui réunit le Val- de-Ruz au Val-Saint-Imier. Il est situé à 838 mètres au-dessus de la mer et à 404 mètres au-dessus du ni- veau du lac. M. le pasteur Lamont observe le thermo- mètre et le baromètre, le vent et l'état du ciel à 9 heu- res du matin et à 9 heures du soir. I joint à ces obser- vations les indications d’un thermométrographe. | La Chaux-de-Fonds occupe l'une des vallées les plus . élevées du Jura. Son altitude est de 997 mètres au-des- sus de la mer, et de 563 mètres au-dessus du niveau du lac. M. C. Nicolet fait quatre observations par jour : à 7 heures du matin, à midi, à 3 heures et 10 heures du soir. Outre le thermomètre, il observe le baromètre, le ciel, le vent et l’udomètre, Toutes les moyennes et ren- ‘ seignements sur la Chaux-de-Fonds sont dus à M. Ni- co'el. — 246 — TEMPÉRATURE DE L'AIR, Tableaux des observations thermométriques. Neuchâtel. | ESS Maxima et minima. ÈTs Jours de | LS È es US = Se __—, | Szl + S = s YF: | SSE et OISE + = È ER pi) LA ca A = È | ssl ESS, LE | SÈ | SSs)S SES SSIs|Ss |S|SElS RÈRSS Janvier || 2,4 || 9,0| 24 et 25 |—7,2| 14 16,2 | 2181 | Février 3,8 |192,7 8 —À 3 16,7 || 9]—| — Mars 3,6 [13,21 96 |—3 8 16,9 || 31-71 2 Avril 9,1 118,7| 26 1,5 1 17,9 || "tte Mai 10,9 |121,0 27 2,2 3 18,8 |—|—| 9! — Juin 17,1. 128,5 30 9 lets 19,5 |—|—193| — Juillet 17,5 |28 |1923,94,311 9,7| 1 18,3 |—1—1951 — Août 19,9 |130,7 11 41,5! 24 49,2 |—|—192| 5! Septemb. |13,3 |125,5 1 7 |21et22| 18,5 |—|—| 4| — Octebre |!10,1 |[19,7| 10 2,7| 31 CA NA ie eh Le cu Novembrel| 4,1 || 8,0] 9% |-—6,2| 19 14,9 ||al 81—| — Décembre) 4,3 || 9,5 12 —5,5 2 48,0 || 61171—| — Année 9,4 |130,7| 11 août |—7,2/14 janv.| 37,9 || 914876! 5 | —_ —_ Bonvillards. LR Maxima et minima. TS£| Jours de Et È BS LÉ Dre HR LE E AIME E SISCSUS SN EIRE SES | à || -= -È = S-5 |SS>3lS Se 2 © SSIS| SS LES | SES JS ER sISS | Sul | SE = SE |S So /8 IS S (Janvier |4,7 | 8,1] 24 |-7,5| 44 15,6 || 311 || — | Février 2,6 |19,5 5 3 15,8 |.31 3|—| — Mars 4,0 |13,3| ‘26 —0,3| 7et8 13,6 |—| 21 | — |Avril 10,0 |20,6| 25 3,31: 1 A6 AL] Tape Mai 10,3 [23,0| 27 2,7| 3 91,3 || 6 = Juin 18,0 |29,0 28 19,7 6 16,3 |-—|—199| 4 Juillet 18,7 |28,7 31 13,411 10 15,6 |—|—1947 5 lAoût 20,2 |130,2 11 13,1| 93 17,1 |—|—117| 12 Septemb. |112,7 |25,8 1 8,3/20 et 21] 17,5 |—|—| 9| — Octobre |10,3 |19,3 10 3,7| 31 15,6 |—|—| | — Novembre 1,8 || 7,2 24 —5,8| 17 13,0 || 3/11|—| — Décembrel| 0,7 || 8,3] 12 |—3,6| 2 13,9 || 7114/—| — ‘Année 9,2 |130,2| 11 août —7,5|14 janv. 37,7 16{n 68| 21 Môtiers-Travers. TT Maxima et minima. RE Jours de &s || 8 © (8 2 > |:SS3lS IS | .|SS ES lrS ÈS Æ SE [RES ls IS IS Sels | S8 | S|SE S RéRRS Janvier 4,6 [11,5| 24 |=8,3| 4 19,8 | 3/11] — Février. 0,7 |112,8 8 —4,9 3 17,7 || 41 9|—| — Mars 3,9 |13,1/25et19|—2,1| 8 25,9 |——\11|—| — 'Avril 10,3 |17,9 11 2,3 5 15,6 |—|—|—| — Mai , |10,4 |91,1/ 96 et 28 |. 0,5 3 20,6 |—| 1| 3] — Juin 16,2 126,9] 30 8,2| 6 18,7 |—|—]10| — Juillet |17,4 [26,9 23 6,3 9 20,6 |—|—|13| — Août 17,4 |130,6| 12 10,2| 93 20,4 |—|—121| 1 Septemb.|10,6 |25,3 1 6,2 20 UE AM Fontaines. ÈS Maxima et minima. Ÿ® 3} Jours de La TASER Een SES MT TRE Sels | ÈS | & | ÈS SES RS |SS | Sels | S= = |SE IS SSSR ISS Janvier 0,8! 7,5! 235 |-10,92| 14 17,9 || 3[14|—| — | Février 1,41| 9,2 10 —7,5 3 16,7 || 3110] —| — | Eee 3,9/11,9 26 —2 8 13,9 |—| 41 —| — ; ae | 22 et 23 = Dé Bnil | 8,606 ééeeg| 22] 7 | 128) — Mai 9,2/19 |927,28,30| 1 !2et3 | 18,0 |—\—|—! — Juin 16,8124,9| 28 8,8! 7 | 16,1|-|-117| — Juillet 16,11126,8 24 9,5 9 17,3 |—|—117| — |! JAoût 18,8//28,5 5 11 23 17,5 |—|—124| 7! Septemb. || 12,5119,8 11 5 21 128 |—1]—| 1| — | Octobre 8,7,118,2 10 0 31 18,2 |—| 1, —| — Novembrel—0,6| 5 28 —9,8 18 14,8 12110 —! — Décembre|—1,6| 6,5| 7 et 12 | —9 2 15,5 |11|10|—| — Année 7 7,2/28,5| 5 août, [10,2 [14Jan.| 38,7 I291401591 7 ŸÈ = So SES Janvier 0,9 Février 1,1 Mars 3,1 lAvril 8,8 Mai 9,0 Juin 17,1 Juillet 17,4 Août 18,6 Septemb. || 44,4 ‘Octobre 8,6 Novembrel —1,0 Décembre —0,8 Année =] ” C2 PDiesse. Maxima et minima et | Èg : È gs |[SÈE | s8| & | <$ ès S SS VE SES 77,0] 24 |-44,2 | 44 21,2 13,0] 12 LEg'8 4 21,3 13,4| 98 67 7 20,1 18,7| 926 2,0 7 16,7 19,7| 23 —9,0 2 17,7 25,9| 929 7,8 | 6et7 | 17,4 95,5] 925 10 8 24,5 28 | 12 9,4 | 2% 18,6 16,2| 12 2,0 | 922 11,2 17,4| 10 13 | 51 18,7 2,8! 28 |-—11,3 | 20 14,1 5,3| 40 - |—11,6 3 16,9 28 |12août|—14,2 |14Janv.| 42,2 | Grandes chaleurs! Temp.4le l'air a 9h. du m | Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septemb. Octobre Novembre!-— Décembre|— Année " ke | DEDLODERNIDNS Se s ss ” » 0 «o do on =1 Ur ÿr 00 We RO Cr Chaux-de-Fonds. Maxima el nunima Date du maxin Minim Date du minim 28,5,31 Juil.|—21,5|18 nov. 11 août Différence du marin. et du minim. Grandes chaleurs FAAEP — 249 — La température moyenne du jour étant très-approxi- mativement celle de 9 heures du matin , c'est de cette observation qu'on a tiré les moyennes des mois et de l'année. Pour la Chaux-de-Fonds, M. C. Nicolet a déduit la température moyenne du jour de trois lectures faites à 1 heures du matin, à midi et à 10 heures du soir. Le mois le plus chaud a été le mois d'août, et à Neu- châtel la semaine la plus chaude a été celle du 10 au 20 août. | Décembre a été le mois le plus froid à Neuchâtel, Bonvillards et Fontaines: novembre au contraire à Diesse et à la Chaux-de-Fonds; cependant à Neuchâtel, comme à Bonvillards, la semaine du 10 au 20 novembre a été très-froide et mème plus froide qu'aucune de celles de décembre. La journée la plus chaude a eu lieu à Fontaines le 5 août, à Bonvillards, à Neuchâtel et à la Chaux-de-Fonds le 11, à Môtiers et à Diesse le 12. Le jour le plus froid a eu lieu le 14 janvier à Neuchà- tel, Bonvillards, Diesse, Môtiers et Fontaines ; à la Chaux-de-Fonds le plus grand froid de janvier est tom- bé sur le 28, et le plus grand froïd de l'année sur le 18 nevembre. Cette dernière journée fut très-froide aussi à Fontaines, pendant que le plus grand froid de novem- bre est tombé à Bonvillards sur le 17, à Neuchâtel sur Je 49 et à Diesse sur le 20. ] Nous ne pouvons pas nous arrêter à ces détails, sans devenir trop longs, mais nous avons voulu indiquer quel - intérêt il peut y avoir à suivre certains faits que les - lableaux indiquent avec netteté. — 250 — Nous appellerons surtout l'attention sur l'influence que la proximité de la grande nappe d’eau du lac exerce pour tempérer le climat des stations riveraines. Les différences entre le maximum et le minimum de l’année indiquent parfaitement ile phénomène que nous signalons. Elle est à Bonvillards et à Neuchâtel de 37°, à Fontaines de 38°, à Diesse de 42°, et à la Chaux-de-Fonds de 50°. L'influence de l'élévation se fait remarquer de même, par exemple, par la comparaison des jours d'hiver, de gelée, d'été et de grandes chaleurs. Nous désignons par jours d'hiver ceux où le thermo- mètre est resté au-dessous de 0° pendant toute la durée des vingt-quatre heures, par jours de gelée ceux où la température de l'air est descendu à 0° pendant les vingt- quatre heures, par jours d’été ceux où la température a atteint ou dépassé 20°, par jours de grandes chaleurs ceux où le thermomètre est resté pendant vingt-quatre heures au-dessus de 20°. TEMPÉRATURE DU LAC. C’est la température de l’eau de la surface du lac au bord du quai du gymnase. La température du lac se maintient à peu près téête l'année au-dessus de la température moyenne de l'air, mais elle est tantôt au-dessous , tantôt au-dessus de la moyenne des maxima. Le tableau ci-joint, de la température moyenne de l'air à 9 heures du matin, de la moyenne des maxima et des minima, et de la moyenne de la température du lac, décade par décade, permettra de suivre le mouve- , : - F ( à 3 — 251 — ment intéressant de la température de l'eau dans ses détails. Température moyenne par décades, de l'air de l'air | Maximum | 9 h. du m. | Minimum. Maximum du lac. | 9 h. du m | Minimum. | du lac. Juil. 1-10 10-20 20-31 Août 1-19 10-20 20-31 Sept. 1-10 10-20 |! 20-30 Oct. 1-10 10-20 20-31 Nov. 1-10 10-20 20-30 Déc. 1-10 10-20 20=31 Janv.1-10 10-20 20-31 Fév. 1-10 10-20 20-28 Mars 1-10 10-20 20-31 Avril 1-10 10-20 20-30 Mai 1-10 10-20 20-31 Juin 1-10 10-20 20-30 ” . ‘ s s mi M > > © 19790 s s un - » »” … s s ” » on “ > ben ben peus be be Den bn SORRES © OO 9 0 m s s SIID DE OO N w - - ss ss » “ , » s pe be bn > En RO NO RO RD HO RO > à 5 Or NO & 0 OO Me MES » = hs Le bn Rù a fe Ce Cr] 00 = s » + “ s CAN a + ; © © 9 U © Go Gr ss he wto ho Ur Re T8 Ur O & Ur « £ È ÿ Le bn & | ” "1 » » » ; M s » » n ol 3 metro ve oz ww NES if ê < Wen E oo to > + ho ho 0 RO à 9 to e €© wo = = pes be es & ik Ë £ NO > JD © D 0 NI 1 &7 9 © © D O Or 07 C7 Ge + HRDAISS © D QD + ND © ” RO NN HR SR ONE CS s DONNE ISO > > > => M HNAIGWSNIeLUI-WNNE=RGS Eee NI © & M © © M © D D © © + © D > > pe > “ s s 4 La température moyenne de l’eau pendant l’année a été de 11°,4, celle de l’hiver 5°,3, du PEER 8", de l'été 19°,7, de l'automne 13°,3. La température la plus basse a été dk 3° les 14 et 15 janvier, la plus élevée de 25° le 5 août. On a pu prendre les bains du lac du 10 juin au 20 septembre, cependant le 24 et le 25 avril des jeunes gens se sont baignés, l’eau ayant atteint une température de 18°; mais les pluies continuelles qui ont commencé à tomber dès ce jour et les gelées qui sont survenues les premiers jours de mai, ont de nouveau fait baisser la température du lac jusqu’à 7° le 7 mai, et ce n’est que le 10 juin que l’eau est re- venue à 18°,25. BAROMÈTRE, ÉTAT DU CIEL, VENTS. Onrésume par les expressions clair, nuageux, couvert, l’état général du ciel pendant la journée. On note le vent général qui a régné ou bien on prend la moyenne des observations qui ont été faites. Cette année, le ba- romètre a été observé à Neuchâtel trois fois, à 7 heures du matin, à 2 heures et à 9 heures du soir. À Bonvil- lards, le baromètre a été observé de temps en temps ; à Fontaines et à Môtiers , 1l a été observé quatre fois par Jour; à Diesse, deux fois, matin et soir. Les observations barométriques de Chaux-de-Fonds ne nous ont pas été communiquées. Tableaux des vents, de l'état du ciel et du baromètre. Neuchâtel. État du ciel. Vents. [Nombre de jours de Nombre de jours de PAC ue D ON Baromètre réd.à 0° | Couvert. ko Lo & | Nuageux. = ‘ Cu “ QG: > 1e IRIIIN = = 5 Oz Cr. M “ © Qt eS % © © OO © | 1 2% Novembre Décembre Année 722,9/102,5 = æ (2 ne] s © J 2 = Lo œ|it tt » Ca CL | s E+ able (NS Rite AN POI Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet lAoût \Septemb. Octobre lAnnée Novembre Décembre Bonvill Etat du ciel. Nombre de jours de TT, K : à > È Ÿ > ke È SSI TNS)É l'E) EASs EE = > = »S È 2 > S 2 S Es © © LS) = LT — 4 8 5,5| 13,5|| — - 7 7 17 8,5) 8,5) 5,0] 7,0] - | 4 | 41 |u4 | 3 13 533! 5. 1! 6581! |! toi bao Pat 5,5] 8,5| 9 7 | 1 6. 8 |46 _ 12,5| 8 10 - - 14,5] 4,9] 192,3 9,5, 10) 6 | 4,5! — | 2.44 | 115) 65 12,5| 12 4 2 - - 14 15 2 14,5| 10 3 3,5|] — 1 8 11 10 515,5! 4,5! 58! — | — [ac | 75) 6,5 8,5], 912,5 45,5] 4: | 2 | 4 Las | 10 2 7,5] 7,5| 43 _- - 13 1% 3 3/10: | 4,5! 48,5) — |: _: | 49 | 10 | 9 81 |117 | 64,5/102,80 4 5 |194,5/135,2| 99,3 ards, dns Vents. Nombre de jours de Janvier Môtiers-Travers. =] . 5 <|| Etat du ciel. 2 2 |INomb. de jours de ® = LES ES S è ENTER Oo = = D = = = > = a®| = = à A=s| S CZ S ECM: 691,0 20 701,0 18 699,4|| 1 12 694,9 2. | | ‘Vents. Nombre de jours de ER RUSE SU > = S & STE FSTISAES SEE PORN Pen SLA ne 10 1 12 ÿl 21 A1 18 11 10 147 FNObE&I 1 Fontaines. & se Etat du ciel. | Vents. 2 .& [INomb. de jours de Nombre de jours de DS S D, Eù Di S | = - ! : Bale: he HSE Es REle ES Sels) Se ele as|IS | & | D | S | à | ls TS mm RICE ENT Et Elie Janvier |688,6| & | 41 | 12 1 7 | 20 - 3 Février 696,9|| 14 5 10 - 7 15 _ 7 Mars 696,4|| 16 2 13 - 11 15 3 1 Avril 690,1|| 9 5 16 = 6 16 1 6 Mai 694,4 1 11 19 - 2 23 2 4 Juin 697,3|| 12 6 12 - 12 17 1 - Juillet 696,9|| 11 8 | 12 - 6 | 21 2 _- Août 696,0|| 18 8 5 1 10 13 1 6 Septemb. |(694,2| 8 9 | 13 - 9-| 14 - 6 Octobre |699,6|| 18 3 | 10 et |M2T 8 _- 6 Novembre|694,6|| 9 3 16 2 10 13 4 1 Décembre||690,3|| 8 3 | 20 - 8 15 4 3 Année 694. _ | — L P Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septemb. Octobre Novembre Décembre Année PDiesse. État du ciel. Nomb. de jours de RS Sel LE VER FE Sn] Ska She es 2 1% 15 3 6 12 6 9 12 1 11 16 = 4 21 2 14 9 3 11 10 8 9 11 2 16 8 - | 12 |41 1 5 21 - 7 20 Vents. | Nombre de jours de TR LT, È : | : | £ | È = S' | SUIS SL a) Are ES 4 5 20 - - 5 9 5 2. = 2 15 9 - - 4 3 18 1 _ 2 5 18 - - 5 10 7 1 _ 5h 7 IT Pattes | Le 5 | 40,5! 6,5! 1 - 8 7 10 _ - 6 12 4 - = % 11 11 1 - 5 12 10 _ = Chaux-de-Fonds. État du ciel. Vents. Nomb. de jours de Nombre de jours de 2€ alme. Uberre. Joran. ÿ EPA £ = : & (6 68,5,169,5 Les vents chauds et humides de l'Ouest (N.-0., O. et S.-0.) sont désignés par venf, les vents froids et secs de l'Est (N.-E., E. et S.-E.) sont désignés par bise. On ap- pelle ?oran le vent Nord et par wberre le vent Sud. Les vents d'ouest donnent en général des journées nuageuses ou brumeuses, la pluie et la neige; la bise _ amène le beau temps, des journées magnifiques et des froids vifs ; le joran dissipe les orages et balaie les nuages du Jura vers les Alpes; l’uberre est chaud , il amène la _ tempête: c’est le fæhn des Alpes. . Ce qui certes frappera dans l'inspection des tableaux, c’est l'extrême diversité des aspects du ciel et des di- rections des vents, qui s’observent dans des localités si peu distantes les unes des autres. | — 256 — Cela tient à deux causes, au mode d'observation et à la position des stations. À Neuchâtel, outre l'observation du ciel et de la gi- rouette à diverses heures, on note encore l'impression générale de la journée. C’est peut-être une manière de résumer les observations plus exacte que de tirer la moyenne de trois ou quatre observations journalières. Ces dernières ont une grande valeur comme observa- üons simultanées, mais nous préférerions la première pour bien saisir l’état général de l'atmosphère pendant la journée. Nous remarquons que dans les vallées les calmes sont rares, même nuls. À Neuchâtel, il y a beau- coup de journées calmes, c’est-à-dire de jours où il n’y a pas eu de vent régnant d’une manière dominante. On a pu avoir de petites bouffées de joran, quelques airs de bise, ou bien le lac a pu à l'heure de midi se rider légè- rement par un petit courant d’uberre, ou les feuilles des arbres ont pu être agitées par un soufle de vent, mais généralement Fair était calme et le lac commeun mi- roir. Ces journées sont nombreuses à Neuchàtel: A Diesse, situé sur un plateau ouvert du côté sud, les jours de calme se comptent encore, mais dans les autres lo- calités placées dans des vallons, l'atmosphère n’est ja- mais au repos, et il arrive rarement à l'observateur de constater un calme absolu. Le joran souffle presque ré- gulièrement chaque soir, en été , à Neuchâtel. On note le phénomène , mais ces coups de joran d'été ne sont pas rappelés dans ces tableaux. On note le joran comme vent du jour, s’il a règné d’une manière à-peu-près per- manente ou au moins d’une manière dominante. Nous croyons que si l’on procédait ainsi dans les autres sta- tions, nous aurions un aperçu des vents généraux, à côté ni ie it — 251 — des vents locaux fournis par les observations simulta- nées à heure fixe. Il en est de même du ciel. Lorsque l'horizon est borné comme dans une vallée , l'apprécia- tion de l'état du ciel peut être bien différente de celle que fera un observateur placé à peu de distance , mais qui observera un ciel d'une vaste étendue. En résumant l'impression totale de la journée par l’une _des trois désignations : clair, nuageux , couvert, on au- rait une bonne moyenne, et en se bornant à noter aux observations à heure fixe l'état de la portion zénitale du ciel, nous aurions une appréciation d'une valeur cer- taine et nettement définie. Nous soumettons Ces remarques à nos chers collabo- rateurs. Notre canton est certainement l’une des stations météorologiques des plus avantageusement placée. I y a peu de pays où autant d’observatoires soient répandus sur un si petit espace et où les observatoires soient si- tués dans des circonstances aussi variées. Le Jura neu- châtelois est le terrain classique pour l'étude de la géo- logie ; il se prêtera avec bonheur aux études des influen- ces locales. C’est peut-être vers ce but que devraient . tendre toutes nos observations pour qu'elles puissent prendre rang à la suite de ces observations européennes auxquelles tant de savants illustres, appuyés sur les res- sources de grands états, ont donné unesi grande impor- tance. À Le maximum du baromètre, à Neuchâtel , a eu lieu le 21 décembre : 737°°,2, à 4 h. du matin; le minimum a eu lieu le 26 décembre, à 7 h. du matin: 696,9; Voscillation a donc été de 40%°,3. Il est curieux de voir réunis les deux extrèmes à des époques si rapprochées. Le 25, à 7 heures du matin, le baromètre, réduit à 0°, — 258 — était à 701,2, à 2h, du soir 700mm,1,à3 h. G9gmm,5, à 5 h; 698mm,7, à 9h. 698mn,3, à 10h. 697,4; Je 26, à 1 h. du matin 696,9; et à 1 h. 50 m.697mm 1. I avait plu dans la journée du 25 , le ciel était couvert. Un vent S.-0. fort avait soufflé la veille, il y avait S.-0. moyen à midi et calme le soir. Rien d’extraordinaire n'accompagnait cette chute si rapide du baromètre. : M. Ch. Godet, qui depuis seize ans observe le baro- mètre, m'a informé qu'il n’est pas rare de voir succéder le minimum au maximum ou réciproquement. «D'ordi- naire le baromètre arrive au plus bas en décembre , au maximum en janvier. Le 27 janvier 1846, le baromètre a atteint 743%"; le 23 janvier 1849, 741""; entre le 23 décembre 1845 et le 27 janvier 1846 , la différence a été de 43"%. » Les almanachs de Neuchâtel citent comme abaisse- ments remarquables ceux de décembre 1763, de no- vembre 1768, de janvier 1784, de janvier 1791, où le baromètre était à 699" environ. Mais, la chute la plus extraordinaire a eu lieu le 24 décembre 1821, où le ba- romètre est descendu à 690"". Cette chute fut amenée par un vent S.-0. très-violent , accompagné de grèle:et d'orage. À Genève, le 25 décembre, le baromètre à également atteint un niveau remarquablement bas. Le 25 , à 6 h. du soir, 704"",8 ; le 26, à minuit, 700"*,2; à mimuiteet 15 minutes, 700°",1 ; à 4 h., 700"",3. Le maximum a eu lieu le 21 décembre , à 8 heures du soir, 740"". Au Mont-Blanc, le maximum a eu lieu le 21 décem- bre, à midi, 573,1 : et le minimum, le 26, à 8 h. du matin, 539mm,3. = (io — En prenant le baromètre aux mèmes heures, dans les * diflérentes stations, nous trouvons : | Au Saint-Bernard, à 2,500 mètres au-dessus du ni- | veau de la mer, le 21 décembre, à 8 heures du matin, … 572mm,9; le 25, à 8 h. du soir, 540,4; différence : 32mn 5, | A Diesse, le 21 décembre, à 7 heures du matin, le ba- romètre était à 702"",3 et le 25, à 9 h. du soir, à 666"",0; différence 36"",3. A Fontaines, le 21, à 7 h. du matin, le baromètre était à 707,2, et lé 25, à 9 h. du soir, à 670"",4; dif- férence 36"",8 À Neuchâtel, la différence âux mêmes heures, était de 38"",9 A Genève , à 372 mètres au-dessus de la mer , le 21, à 8 heures du matin, 740mm,0 ; lé 25, à 8 h. du soir, 100"",8 ; différence : 39,2. On voit donc que l’oscillation est d'autant plus faible, que l’on s'élève plus. À 372 mètres au-dessus de la _mer ; elle est de 39mm,2; à 434 mètres, de 38mm,9 ; à 769 mètres, de 36mm,8; à 838 mètres , de 36mm,3; à _ 2500 mèt., de 32mm,5, Ce fait ne nous indique-t-il pas ‘qu’il doit exister une certaine hauteur où l’oscillation . n’a pas eu lieu. Pour environ 500 mètres d’élévation, il y a 5" de différence dans l’oscillation; en admettant “que cette proportion reste constante, dans une hau- _ teur de 14090", le baromètre serait resté immobile. Ainsi, à 8000" au-dessus du Mont-Blanc, le baromètre serait resté immobile et n'aurait subi ni hausse, ni baisse. Cette chute du baromètre a donc une cause pure- . ment terrestre. Chaque endroit a, chaque jour de Fan- née, un climat normal déterminé par sa position géo- BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. 17 A L 3 graphique. À une certaine hauteur au-dessus du sol et des mers, rien ne vient déranger la périodicité régulière de tous les phénomènes qui se passent dans ces régions. Mais plus bas, cette régularité est troublée par diverses causes. De là partout une suite non périodique d’oscilla- tions autour de l’état normal, oscillations qui sont telles, qu’à la surface du globe elles se compensent. A une chute de baromètre ici, correspond ailleurs une hausse. À un refroidissement là, correspond un exeès de chaleur d'un autre côté ; la somme des oscillations est nulle et le globe tout entier se trouve, pris dans son ensemble, dans un état normal et constant ; la recherche de la loi de cet équilibre instable est l’un des problèmes posés par la météorologie moderne. L’uberre ou le vent du sud est un vent rare à Neu- châtel; à Bonvillards, il est noté souvent, à la montagne il est assez fréquent. À Neuchâtel on l’observe assez souvent comme vent supérieur. Îl n’est pas rare que la fumée des cheminées et la girouette mdiquent un cer- tain vent et que les nuages élevés marchent dans un au- tre sens. Quand ces circonstances ont été observées, on a compté, sur trente observations , 19 fois l’uberre ou vent sud comme vent supérieur, le vent inférieur étant le joran ou N. 16 fois, le vent 0. 2 fois, le vent E. ou bise une fois ; 6 fois le vent O. étant vent supérieur, le vent inférieur était vent S. 2 fois, joran 2 fois, bise 2 fois; 2 fois le vent S.-0. étant supérieur, les vents N. et E. étaient vents inférieurs. Avec le vent N. supérieur le vent O. était inférieur. Trois fois, enfin, trois vents élaient superposés, et chaque fois, O. supérieur, S. moyen, E.: inférieur. Ce fait explique bien des anomalies apparentes dans lés tableaux. = A8 — OBSERVATIONS HYG ROMÉTRIQ UES. Neuchâtel. SES Nombre de jours de È JE È 5 RSS &R NS alla lS SIRTIE | Janvier [13 [T5 28 M ENT nil Février 4 3 5 - 1 7 p0,73) 32] Mars 8 - _ - 4 - 0,65 40 | | Avril QUE SCI +, | 1 - Dos2l s7 Mai 15 |: 9 8 2 | + À = Pofcch e7s | Juin 3 - 4 1 1 _ 0,58 43 | Juillet - _ _ 1 _ 1 0,57} 98 Août 6 = _ sé 7 1 0,58) 61 Septemb, À 10 _ 2 0 - — D 0,748 95! ctobre 2 _ 13 1 _ 1 0,85} 90 Novembre 6 7 2 _ _ = 0,808 56 Décembrel. 4 4 = _ _ - 10,83 77 Année 8% | 18 27 16 16 3 0,70) 944 È = . à SP) Lire | £ | S| SI £ à JÈS À SIS | SI ES & : © CA = (a) © = | Janvier 7; 4 2,5] 92 - 140 | | Février 15) 4,108 ,1 0 lle {Mars 5,5| 0,5) - | 9 _ 45 | : Avril 8, _ - 1 — | 419 Mai 11 RD 2 _ 290 Î Juin 6:01 4 - 7 _ 69 : Juillet 5,6 + à 3 - 25 | | Août cu RE PU ESA SE PE: : \Septemb.| 6 e > 3 = D u03 : ctobre 2 - 13 1 1 38 | |Novemihr el «2,5| 5 4 - _ | Décembre 3,0]--4,4) 9 | _ | Année À 65,3 16,5} 23,5] 36 | 7 Fontaines. Môtiers. | | . Nombre de jours de Nombre de jours ‘de EL +, 5 rs il . - = S - = . fl Sr 1 © NS TRE ES PAP ESRNIRS Janvier 1 5 Le 4 1 = 4 3 5 1 Février 1 1 3 = 5 - 9 1 À =. Mars 4 1 1 _- 1 - 6 _ = = | Avril 13 _ 1 1 1 1 3 = = 3 Mai 41 1 = 1 _ - [43 _- = A Juin 1 2 - - 3 1 - 7 = à 2 Juillet % 3 - - 1 _- 4 4 2 = * Août 1 - = 3 - - 6 _ 1 2 |Septemb. 3 - _- _ _- - 6 - 1 1 : Octobre 2 - 2 4 1 - | Novenibre 3 4 5 = = 2: Décembrel 1 3 3 - 1 = |. Année 85 |15 |17 |11 11 2 Chaux-de-Fonds. | Biesse. | Nomb. de jours de È Nombre de jours de at RN = ue A | SES TS ÈS = SIS| SÉIS El =) El sls All RSS |STS|S Janvier 3,8 | 7,5 | - [455 3 | 5 | o | - Février 4,5 | 3,5 - EN M 1 4 - a e Mars (1 1 L 52 5 - 2 - = LE Avril 11 2,5 3 |-108) 6 1 1 1 2 1 Mai 1 4 | 248 À 10 1 _- . = £ Juin 10 = - 68 4 - _ 1 e = Juillet 7,5 | - 6 46 3 _- - il 3 A Août 6 _- 1 | 151 3 _ 1 - E = Septemb. 10,5 | 0,5 - | 2231 6 - _ A É = : Octobre 5,5 | - 43 4 _ 9 _ L, 2 Novembref 1,5 |13,5 - 204 2 7 6 _ Æ ä Décembre 2,5 | 9,5 _ #61 4 2 3 _ a = Année 77 13 45 |1484 À 49 47 197 4 3 2 NE — 9263 — Pluie. Les premiers mois de l'année ont été magnifiques, surtout avril; mais dès les premiers jours de mai, après un retour rapide du froid, des pluies torrentielles et ex- traordinaires ont commencé à tomber et ont duré tout le mois de mai. De toutes parts, les journaux publiaient les nouvelles les plus affligeantes sur les dévastations terribles causées par les inondations. Les horribles dé- sastres-causés par les. débordements du Rhône, à Lyon, ont surpassé tout ce que l’on peut imaginer. L'été qui a suivi fut très-chaud et très-sec: Le 26 mai, il tomba dans les vingt-quatre heures, 54 millimètres d'eau. La moyenne de la pluie tombée dans ur jour pendant cette année étant 9"",2, on voit qu'il est tombé. ce jour autant d’eau que pendant six jours de pluie continue à une autre époque. mon es — tn in op cam. 2 mia à \ Neige: Aux bords du lac la neige n’a jamais recouvert le-sol - que pendant peu de jours consécutifs. La dernière neige est. tombée le 4 mai, elle a disparu le lendemain. À la Chaux-de-Fonds, le sol de Ja vallée est resté - couvert de neige pendant 110 jours, à-partir du 1“ jan- - vier jusqu’au 29 février et depuis le 10 novembre jus- qu'au 31 décembre. Pendant. la présence de la neige, “il y a eu sur la montagne des froids très-vifs, des alter- r -natives de beau temps et de mauvais temps. Les pluies k dej janvier ont fait fondre une partie de la neige; vers “le 24 du même mois, le sol de la vallée était en subtil - découvert, mais dans la nuit du 25 au 26 la neige-avait de nouveau envahi le sol pour disparaitre et reparaitre — 26% — en février. La dernière neige est tombée pendant les cinq premiers jours de mai, cette neige tardive qui avai blanchi le sol et provoqué une gelée, est venué rappe- ler le pronostic montagnard : ga 6 tonne u mé d'avri € neëd qé su le bon vouê. À Diesse et au Val-de-Ruz, le 26 janvier , la neige avait aussi quitté le plateau; mais déjà le 28, le sol s'était de nouveau recouvert. Le 10 février, 1l ny avait plus de neige dans les vallons, sur les montagnes il n°y avait plus que quelques taches blanches; mais le 17 fé- vrier, il tomba une nouvelle neige qui disparut dans les vallées basses, le 23 février; le 29, elle disparut dans les vallées hautes. Le 22 avril, la neige disparut sur Chasseral, le 23 avril au Creux-du-Vent, le 24 elle avait disparu à Tête- de-Rang. Les premiers jours de mai, tout le pays fut couvert de neige, mais elle disparut tout de suite, fon- due par les torrents de pluie qui amenèrent les débor- dements et la hausse extraordinaire du lac. La première neige d'hiver est tombée sur les som- mets du Jura le 21 septembre, à la Chaux-de-Fonds le 10 novembre , à Neuchâtel et au Val-de-Ruz le 12 no- vembre, à Bonvillards le 13 novembre. Brouillards. Les brouillards n’ont pas été très-nombreux cette an- née et n’ont rien présenté de remarquable. En octobre, il ya eu à Neuchâtel , treize jours de brouillard, à Bonvillards huit, à Diesse neuf, à Fontaines deux, à la Chaux-de-Fonds un seul. On voit que le brouillard longe de préférence les ri- ves du lac ; Diesse a des brouillards parce que son pla- à TS TS EE CO OT me ee eau est ouvert du eôté du lac; le Val-de-Ruz n’en a presque pas, Chaumont le protége. Ils se traînent bien le long des Gorges du Seyon, mais ils se dissipent en dé- bouchant dans la vallée. Ces brouillards longent le cours de lAar, ils recouvrent les parties basses pendant que sur les hauteurs on jouit d’un ciel pur et d'un magnifi- que soleil. Rien de plus curieux que de gravir la montagne de Chaumont un jour de brouillard. A Neuchâtel, on n'a- pércoit pas mème les tours du château. Le froid humide vous pénètre, on se sent mal à l'aise dans cette atmos- phère épaisse qui borne l'horizon aux objets éloignés de quelques pas seulement. Enfin le brouillard s’éclaireit et quelques instants après on est élevé au-dessus du niveau du brouillard et on jouit de l'air Le plus pur, du eïel le plus bleu, du soleil le plus beau. On voit sortir hors de la nappe du brouillard, les cimes étincelantes des Alpes, et dans la vallée , à ses pieds, une mer de brouillards dont les lambeaux supérieurs roulent comme des nuages ou comme des vagues. On dirait que le niveau du lac s’est élevé et qu'il s’est changé en une vaste mer d'où les Alpes sortent comme _ des iles et des récifs, ou bien que le ciel est descendu avec ses nuages à vos pieds. Le brouillard de Ja plaine a atteint la vallée de la vod onds vers la fin de la journée du 18 octo- bre, il se dissipa le lendemain. En général, les brouil- lards dont nous parlons sont peu fréquents à la Chaux- - de-Fonds. Ceux qui s'élèvent des marais ou des étangs né sont pas assez épais pour voiler les rayons du soleil, Cesbrouillards se distinguent en outre des premiers par leur détestable odeur et par leur fâcheuse influence. = 6 — À la Chaux-de-Fonds il se forme en outre une troi- sième espèce de brouillard, dit le brouillard des chemi- nées; il a été observé vingt fois péndant les mois de jan- vier, février, novembre et décembre. Ces brouillardsse produisent le matin et parfois le soir, sous l'influence d’un ciel serein et par un vent du nord ou de l’est, lors- que le sol est couvert de neige. Orages. L'année a été féconde en orages. Parmi les plus forts et les plus remarquables nous citerons un violent orage accompagné de grêle, qui éclata le 23 avril, à 3 heures du soir, à Fontaines, et à 4 heures à Diesse, accompa- gné de grêle et de neige. L’orage fut vu à Neuchâtel ; il faisait d’ailleurs beau sur les bords du lac. Du 12 au 13 août, on a eu à Neuchâtel quatre orages successifs et d’une violence extraordinaire : un perlant la soirée du 12, deux pendant la nuit, et un à 6 heures du matin le 13, la foudre a frappé plusieurs endroits dans nos environs. ya Le 18 août, orage accompagné d’un peu de grêle, à Neuchâtel. . Le 21 août, nouvel orage à Neuchâtel, qui a duré huit heures consécutives, de midi jusqu’à la nuit. Le 11 octobre, un violent orage accompagné de grêle éclata à Neuchâtel, à 6 heures du soir et dura jusqu’à 8 heures. Les éclairs de cet orage furent vus à la Chaux- de-Fonds, mais on n’entendit pas le tonnerre, le vent sud-ouest soufilait. La grêle tomba près d’Yverdon, mais sans orage, vers 7 heures du soir, et fit là assez de mal pour que la vendange dut être avancée de quelques jeurs; on à entendu le tonnerre de l'orage de Neuchâtel. 267 — Au Val-de-Ruz, orage sans grêle. A Diesse, 1] ny eut rien. Mais parmi les faits les plus remarquables, nous de- vons mentionner les éclairs et coups de tonnerre du mois de janvier. Nous rapporterons à cet égard les notes des observateurs. « Le 7 janvier au soir, des éclairs nombreux apparu- rent à l'horizon, à la Chaux-de-Fonds, dans la direc- tion du Sud, Les journaux nous ont appris qu'alors un violent orage avait éclaté sur la ville de Lyon, et pen- dant que l'atmosphère de cette ville était bouleversée par la tempête et traversée par des nuages orageux, des pluies torrentiellestombaient dans l’Ardèche, la Drôme, les départements du Gard et de Vaucluse, dont tous les cours d’eau ont débordé. » (Neuchätelois, 15 janvier 1856.) À Bonvillards: « le 7 janvier, éclairs et tonnerre sur Neuchâtel. Pluie le soir, nuageux. Vent du sud. » À Môtiers : « le 7 janvier, dans la soirée, éclairs. » A Fontaines : « le 7, entre 7 et 8 heures du soir, éclairs suivis à l’ouest. » | À Neuchâtel: « le 7, éclairs à 7 heures du soir. Cou- vert, bise faible. Le 10 janvier, à Bonvillard : « éclairs et tonnerre le soir. Couvert. » A Neuchâtel: « 10 janvier, éclairs le soir. Pluie in- _tense. » Le 14 janvier, à Neuchâtel : « à 4 heures du matin, un éclair accompagné de deux coups de tonnerre ; à la même heure, légère secousse de tremblement de terre.» Les journaux nous ont appris que, le 3 février au Soir, 1 y a eu des éclairs et du tonnerre près de Bienne. — 268 — Gréle. La grèle est tombée plusieurs fois, mais sans faire beaucoup de mal. À la Chaux-de-Fonds il n’y a pas eu de grêle. Le 24 juillet, à 3 heures du soir, il éclata un violent orage sur Chasseral; à Diesse, il tomba quelques énor- mes grêlons, dont un comme coupé d’ua côté en forme de dé à coudre mais un peu comprimé, la cavité occu- pée par de minces lames de glace et les parois compo- sées de glacons symétriques. : OZONE. (Voyez le rapport pour l’année 1855.) L’ozone est observé à Neuchâtel. Un papier réactif est exposé pendant vingt-quatre heures, de 7 h. du ma- ün à 7 h. du matin, un autre de 7 h. du matin à 9 h. du soir, et un troisième de 9 h. du soir à 7 h. du ma- tin. | Ozonoemètre. | | | | dour.|Nuit.|24heures. ! Ée da . ! Janvier 8,0 | 7,8 8,6 Février 7,1 | 6,7 Fi : Mars 5,9: | 5,5 7,6 | Avril 6,3 | 6,4 7,2 | Mai TAG AIRES 8,6 Juin 5,3 | 5,2 5,4 | ‘ Juillet — — 3,5 Aoùt — — 4,3 Septemb. | 6,5 | 6,7 7,4 : Octobre 6,6 | 6,5 7,1 ! Novembre! 8,0 | 7,8 8,6 Décembre! 8,2 | 7,9 8,5 | Année 6,9 | 6,6 7,0 Nous réservons les détails sur ces observations pour une autre année. PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES LES PLUS INTÉRESSANTS observés pendant l'année 1856. Météores. Le 3 février, vers 8 h. et demi du soir, on a vu de la Chaux-de-Fonds, dans la direction de l'ouest, un globe lumineux qui traversait l'espace et paraissait se diriger perpendiculairement vers le sol; sa chute n’était pas très-rapide et au moment de disparaître derrière la mon- tagne de Pouillerel, il sembla se balancer mollement. La lumière de ce globe. était blanche et semblable à celle des pièces d'artifice. Ce météore a également été remarqué à Genève, à Bâle, à Zurich, en Allemagne, à Paris, à Rouen, etc. Le 25 mars, à 9 h. et quart du soir, un globe brillant, suivi d’une trainée lumineuse, à paru au midi de Neu- châtel, et semblait tomber perpendiculairement dans le lac. Lumière zodiacale. Elle a été observée à Bonvillards, les 27, 28 , 29 fé- vrier, 1,2,3, 24, 25, 29, 30, 31 mars, 1 et 2 avril. M. Malherbes la décrit ainsi. « On voit une trainée lumi- neuse en cône allongé, sur Chasseron, au crépuscule, et qui dure jusqu'à 9 h. du soir. » Le 8 février, après une belle journée, fort beau cou- cher du soleil. Ciel clair, quelques nuages très-hauts de couleur jaune. Ciel vert, le lac bleu, deuxième rou- geur des Alpes très-prononcée. — 210 — Le 13 avril, le phénomène des Bandes de Necker était très-beau. (Voyez le rapport pour l’année 1855.) Tremblements de terre. Le 14 janvier, à 4 heures du matin, légère secousse à Neuchàtel. Le 1 février, au Locle, deux secousses. La première, la plus forte, vers 7 h. du matin; la seconde, à 9 h. 20, d'un mouvement d'osciilation lent.- La direction était celle du Jura. ? Le 9 février, à la Chaux-de-Fonds, à 7 h. 13 m. du matin, deux fortes secousses. C’était un rapide va-et- vient dont la courte durée n’a pu être appréciée; les oscillations avaient lieu du S.-E. au N.-0. Le 9 juin, légère secousse à Neuchâtet, à 41 h. du soir. Le 29 juillet, à 3 h. et quart du matin, quelques per- sonnes croient avoir ressenti une faible secousse de trem- blement de terre. OBSERVATIONS DIVERSES au bord du lac, à Bonvillards et à Neuchâtel. Le 15 février, première apparition de papillons jau—- nes, d'araignées, de fourmis, indices du printemps. Le lac aussi présente ses caractères printanniers : sa mousse blanchâtre et sa surface graisseuse près des bords. Dans la dernière semaine de février, on a vu des té- tards dans des marnières. Le 12 avril, arrivée des hirondelles. Le 13 avril, fleurs aux cerisiers et aux pruniers. Quel- ques fleurs de colza. Les noyers poussent. Lu lé tés ces . ab RAT “a es nf ne té Le 24, premiers bourgeons de vigne. Le 26 avril, les poirierset les pommiers sont en fleurs. Le 27 avril, on a vu des épis de seigle. Fin avril, la végétation est de trois semaines plus avan- cée qu'en 1855. Les premiers jours de mai, quelques bourgeons de vigne ont gelé. Le 13 mai, fleurs aux marronniers. Le 28 mai, la campagne est verte. Le 5 juin, les épis de froment se montrent. Le 24 juin , premières fleurs de la vigne. Le 20 octobre, vendange. Peu de vin, mais de bonne qualité. Le 5 novembre, première gelée de matin. Le 12 novembre, première neige sur les bords du lac. Au Val-de-Ruz. - Le 10 février, apparition de vols d’alouettes. Com- mencement de la végétation sur quelques arbres, tels que lilas, chèvrefeuilles, etc. Le 30 mars, forte gelée à glace. Du 2 au 4 mai, gelée chaque matin. Le 20 mai, premiers épis de seigle. Le 8 juin, premières fleurs d’esparcette. Le 12 juin, seigle en fleurs. Le 1° juillet, commencement des fenaisons. Le 22 juillet, fin des fenaisons. Le 9 août, commencement de la moisson. Le 4 septembre, fin de la moisson. Le 20 septembre, première neige sur les sommets du Jura. Le 12 novembre, première neige au Val-de-Ruz. HAUSSE EXTRAORDINAIRE DU LAC. “ Parmi les phénomènes de cette année, le plus consi- dérable a été la hausse extraordinaire du lac. Le printemps avait été magnifique, les vergers étaient couverts de fleurs, les prés étaient verts et bien garnis, les graines printannières se faisaient remarquer parune levée superbe, la vigne montrait un bois sain et déve- loppait ses bourgeons, toute la végétation promettait des récoltes abondantes. Quand les premiers jours de mai arrivèrent, le temps changea. Une gelée subite fit souffrir les vignes et les arbres fruitiers, surtout dans quelques quartiers. Si le temps était revenu au beau, il n’y aurait pas eu grand mal, mais après le froid, vin- rent des pluies continuelles et extraordinaires. Pendant tout le mois de mai pas une journée claire. Sous les déluges de pluie qui ne cessent de tomber, la terre est bientôt imprégnée d'humidité; il se forme “partout des milliers de petits filets d’eau qui se réunis- sent pour descendre des montagnes.en torrents furieux. Toutes les rivières grossies roulent avec rapidité leurs flots bourbeux vers le lac. Le Seyon à Neuchâtel forme une cascade digne d'être admirée. Le 16, les rivières dé- bordent , le lac monte d’une manière inquiétante. Du 15 au 16 et du 46 au 17 les eaux haussent chaque:jour de 14 centimètres. Pendant le coufant du mois de mai le niveau du lac s'est élevé de 1,13 mètres ; il était le 4% mai à 2,10 mètres au-dessous du môle, et est arrivé à sa plus grande hauteur le 1° juin, 0,97 mètres au des- sous du môle {le môle de Neuchâtel est à 434,7 mètres au-dessus de la mer). Toutes les caves de larville étaient sous l'eau. Dès le 17 la navigation à vapeur s’est trouvée — 7123 — gènée à cause des hautes eaux et s’est arrêtée même un. peu plus tard. En même temps que le niveau du lac de Neuchâtel haussait d’une manière si rapide, les lacs de Bienne et de Morat attéignaient des NE qu’on n’a- vait vu que rarement. À Neuveville, la promenade et les abords du port étaient submergés, les lacs débordaient de tous côtés, tout le Seeland était sous l'eau. Dépuis 1816 et 1831 on n'avait pas vu une mondalion aussi étendue et aussi pré- judiciable à ces contrées. Les basses eaux du commen- cement de mai et: le temps superbe d’alors avaient en- gagé les agriculteurs à planter leurs pommes de terre dans le marais. Tout a été inondé, et travail et semences étaient perdus. Les trois lacs ne formaient plus qu’une seule nappe d’eau, les routes du Landeron à Cerlier, celle d’Anet à Morat étaient sous l’eau. La Thielle dé- bordée occupait toute la largeur de Jolimont au Lande- ron , et le château de Saint-Jean seul sortait de l’eau, ‘comme une ile au milieu d’un large fleuve. Les eaux ont commencé à baisser le 2 juin et à s’écouler lente- ment. Depuis quarante ans on observe le niveau du lac avec régularité , et quatre fois seulement on a observé des hausses aussi considérables que cette année. Le 2 jan- wier 1802 le lac s'est élevé jusqu’à 0,647 mètres au- ‘dessous du môle. Nous n'avons pas pu nous procurer de ‘description de lmondation d'alors, mais elle a dû être bien désastreuse, car ce fut à son occasion que l’on posa d’une manière sérieuse la question de l’abaissement du “ac et du dessèchement des marais. En 1817, en sep- tembre 1831 et en juin 1856, les eaux s’élevèrent à un mètre au-dessous dumôle Ces inondations ont été dans {mn -— leurs effets semblables à celle de cette année. La hausse des eaux de 1817 fut le motif de l'installation d’un lim- nimètre à Neuchâtel. Il fut observé par feu M. Charles Tschaggeny, ancien receveur, de 1820 à 1848 tous les cinq jours. M. F. Tschaggeny, commerçant, continue depuis la mort de son frère les observations tous les cinq jours. Feu M. P.-L. Coulon, père, a fait des observations de 1817 à 1855 de temps en temps, sans avoir de jour fixe, mais il a choisi de préférence les jours où MM. Tschag- geny n'observaient pas. L'intérêt que M. Coulon atta- chait à ces observations ne s’est pas ralenti un seul ins- tant pendant cette longue période de quarante ans. Il a fait sa dernière observation le 26 janvier 1855 , peu de jours avant d’être atteint de la maladie qui l'a enlevé le -22 mars de la même année à l'affection de sa famille et de ses concitoyens. M. Ch. Kopp fait les observations depuis l’époque où M. Coulon en a été empêché; et elles se font journellement par lui depuis le-1* mai 1855. . Dans le siècle passé , les inondations étaient assez fré- quentes, mais dans notre canton les bords du lac étant assez abruptes, la culture n'ayant pas encore eu Pim- portance qu’elle a maintenant , puis la population étant beaucoup moins nombreuse, les grands centres d’in- dustrie des montagnes n’étant pas encore formés, les inondations n'avaient pas pour la population neuchâte- loise les conséquences et par conséquent l'intérêt qu'elles ont maintenant. Parmi les anciennes inondations, celle de 1634 a été la plus extraordinaire. La hauteur des eaux à cette époque a été conservée par une trace mar- quée sur la porte qui est à l'entrée du port de Neu- — 275 — eville. Cette trace est à trois décimètres et demi au dessus du môle de Neuchâtel. Une pareille hausse des eaux entrainerait pour tous les pays riverains des trois dacs des désastres incaleulables. Aussi la question de la correction des eaux du Jura est l’une des plus hardies et des plus utiles entreprises auxquelles on puisse met- tre la main. Sans doute, les crues démesurées sont ra- res, mais il n’en est pas moins vrai qu'on ne connaît ni la cause ni la loi de leur apparition. Une crue comme celle de 1634 détruirait nos promenades ‘et menacerait de ruine tous les quartiers neufs et le faubourg de Neu- châtel. 2 D | L'abaissement des lacs et le dessèchement des ma- _rais n’est pas une entreprise impossible comme quel- ques personnes pourraient le croire, en considérant la . grande étendue des trois lacs, de Bienne, de Morat et . de Neuchâtel. I existe des preuves irrécusables que le » niveau des lacs était autrefois plus bas qu'il ne l’est aujourd’hui. Des vestiges de voies et de constructions romaines dans les marais témoignent que les eaux étaient autre- fois au moins d’un mètre plus bas. Le même fait s’est confirmé lors du creusage de canaux dans le grand ma- rais, où l’on a trouvé à un mètre et demi de profondeur, enracinés dans le sol, des troncs de chêne portant en- core les marques de la hache. On a trouvé des pilotis et des antiquités au-dessous de la surface actuelle du lac de Bienne près de Cerlier, et des pilotis et des antiqui- “tés analogues ont été découverts près de Concize, au Bied et à Yverdon, dans le lac de Neuchâtel. On ne peut établir par quelle catastrophe et à quelle k: époque cet état de choses a été détruit. Les travaux qu'on À BUL: DE LA SOC. DES SC. NAT. 18 $ ?, Ÿ . « L' veul entreprendre ont pour but de le rétablir, en réglant des affluents et les débouchés des lacs d’une manière analogue à ce qu’ils étaient alors. Le moyen qui est pro- posé par M. La Nicca est de jeter lAar, qui lors de ses hausses, forme par ses eaux un barrage qui empêche J'écoulement des lacs, dans le lac de Bienne, de cana- diser la Thielle inférieure, la Thielle supérieure ét la basse Broye, et de construire des canaux dans le grand Marais. On espère par là abaisser le niveau des eaux moyen- nes qui sont actuellement à 2",2 à 4",9 au-dessous du môle; de sorte que, toutes autres circonstances restant lesmêmes, les hautes eaux de l'année 4856 n'auraient atteint qu’un niveau de 3,7 c’est-à-dire un mètre plus bas que n’étaientles-eaux pendant l'été de 1857. Dans le tanton-de Neuchâtel, les travaux projetés ont soulevé des appréhensiens divérsés. Gn craint que par l’abaissement du lac, les murs construits sur les rives et les bâtiments ne s’écroulent, que les terrains ne s’af- faissent, qu'enfin il n’en résulte un dommage considé- rable pour le port de Neuchâtel. Les deux premières cräintes sont bien diminuées par le fait que les bords du lac du cêté du canton de Neuchâtel sont formés de ter- rains solides ‘et surtout de rochers. D'ailleurs l'étude approfondie des terrains du Jura qui a été faite à propos -des tunnels du chemin de fer du Jura industriel, per- mettra à nos géelogues distingués de tracer la carte géo- logique détaillée des bords et du Hit du côté nord de metre lac. Pour ce qui concerne l'avenir du port de Neu- châtel, il n'est nullement compromis. Le lac a, tout près des bords actuels de la ville, une profondeur con- sidérable. Au contraire, Neuchâtel sera la seule localité — 2717 — importante sur le lac qui conservera un véritable port, situation favorable dont profiteront nos industries, notre commerce et nos chemins de fer. Quelques études aux- quelles l'Etat, la ville et les chemins dé fer sont intéres- sés, mettront la vérité de nos assertions en évidence: Quant à l'importance de la navigation à vapeur lors de labaissement des lacs, malgré les chemins de fer, elle est hors de doute. Le projet de l'établissement d’un che- min de fer flottant, hasé sur le nouvel état des eaux, montre que la navigation sera possible et même plus régulièrement possible qu'à présent; et l'expérience faite sur tous les fleuves longés par les chemins de fer prouve que l'importance de la navigation n’est pas di- minuée par la concurrence des locomotives. L'intérêt qui se rattache , tant sous le rapport scien- tifique que sous des rapports d'utilité publique, aux _ mouvements des eaux de nos lacs, a rendu désirable des observations journalières sur les niveaux des lacs de Neuchâtel, de Bienne et de Morat. Le comité de météorologie de la société, avec le con- ._ cours de MM. les conseillers d'Etat de Neuchâtel J. La- dame et G. Guillaume, directeurs des travaux publics, est parvenu à obtenir des municipalités de Neuveville et.de Morat, l'installation de deux limnimètres dans les deux lacs de Bienne et de Morat. M. Knab, ingénieur cantonal de Neuchâtel, a dirigé les nivellements néces- _ saires. Dans le courant de l'été 1856 , les limnimètres ont été établis par MM. Knab et Kopp, de telle manière - que leurs zéros ou points de départ des échelles fût le - niveau du môle de Neuchâtel, élevé de 434,7 mètres au-dessus du niveau de la mer. : Les lininimètres sont divisés en décimètres et centi- mètres. M. le professeur Hisely fait à Neuveville les ob- — 2178 — sérvations du lac de Bienne en même temps que diver- ses observations météorologiques. M. Gottlieb Haas, commercant , fait celles de Morat. La société des scien- ces naturelles et surtout le comité météorologique re- mercie ces messieurs de l'intérêt qu’ils portent à .ces études. Les observations de Neuveville datent du 4° juin; celles de Morat du 23 octobre. C'est gràce à la gé- nérosité de M. feanjaquet, président de la société neu- châteloise des bateaux à vapeur, que nous pouvons join- dre à cette notice le tableau du mouvement des trois lacs. M. le président nous a fait espérer que chaque an- née , la société des bateaux à vapeur concourrait par le don de la planche à la publication des observations lim- nimétriques. La société des sciences naturelles, qui est loin d’être riche, est très-reconnaissante de ce généreux SeCOUrS. ÉVAPORATION DU LAC. L'Etat ayant alioué à la société des sciences naturelles un don de mille francs pour acheter des instrumentsde : météorologie, M. Kopp demanda à la société l’autori- sation d'établir un vase évaporatoire par lequel on püt mesurer la quantité de l'eau que perd le lac par Péva- poration. = La société adopta le plan proposé, et le vase fut ins- tallé avec le concours de l'administration de la bour- geoisie de Neuchâtel. . Le vase évaporatoire est placé à l’extrémité Est du quai du gymnase. Il est éloigné de tout bâtiment qui puisse le protéger; il est librement exposé aux vents, au soleil et à la pluie. Il se compose d’un vase en zinc eir- LA = me — culaire, avant un mètre de diamètre cet un décimètre et demi de hauteur. I plonge complètement dans une cuve én bois d’un mètre de hauteur et d’un mètre et demi de diamètre. Les deux bassins sont remplis d’eau du lac qu'on y jette au moyen d’une pompe qui plonge dans le lae. Le tout est placé sur un petit tertre couvert de verdure et entouré d'une ballustrade. Le vase en zine, est celui qui sert à mesurer l’évapo- ration, la cuve en bois qui entoure le premier bassin et qui est aussiremplie d’eau, sert à empècner l'échauffe- ment et le refroidissement de celui-ci. Le vase évapo- ratoire est donc plongé dans un réservoir plein d’eau d’une dimension suffisante pour que l'on puisse consi- dérer le vase évaporatoire comme nageant dans le lac. IL'aurait fallu pour réaliser tout-à-fait les circonstances dans lesquelles se fait l’évaporation du lac que le vase en zinc flottt dans le lac même. En l’entourant d’une masse d’eau considérable ayant la température du lac, nous avons pensé rester dans des conditions suffisantes, car on a soin de renouveler l’eau des deux cuves toutes les fois que leur température s’écarte de celle de l’eau du lac à la surface. On a par là obvié aussi autant que possible à l'influence que pouvait avoir le métal du vase évaporatoire et le fond métallique de ce bassin. Le fond et les bords du vase sont de tous côtés en contact avec dé l’eau et ne peuvent pas s'échauffer. La cuve en bois qui sert de rafraichissoir, est d’ailleurs protégée par des couvercles épais en bois et par une épaisse couverture de paille et de joncs contre l’échauffement et le rayon- nement extérieur. Pendant le temps calme et clair, le bassin évapora- » toire est tout-à-fait rempli d’eau; dans les jours de pluie — 280 — ou de vent, un petit robinet qui ferme un tube en plomb qui part du vase en zinc, traverse l’eau de la cuve en bois et cette cuve elle-même, permet de laisser écouler du vase évaporatoire de l'eau de mamière à abaisser le niveau suffisamment pour permettre à l'eau de pluie de tomber dans le vase évaporatoire sans le faire déborder, et à l’eau d’être agitée sans être jetée-hors du vase. Par de gros vents l’agitation de l’eau du vase est telle que la mesure de la hauteur du niveau devient impossible. L’évaporation est mesurée directement par les diffé- rences de niveau de l’eau dans le vase évaporatoire. Poux mesurer cette différence, deux tubes en plomb partent du fond du vase en zinc, traversent l’eau de la euve ex- térieure et cette cuve elle-même, et se relèvent à l’ex- térieur parallèlement aux cuves. A ces tubes sont sou- dées des montures qui permettent l'ajustement de tubes de verres sur lesquels on lit au moyen d’une échelle de baromètre et d’un vernier la hauteur du niveau de l’eau dans le vase en zinc, à un dixième de millimètre près. En temps calme, les deux tubes indiquent le même niveau. Il n’en est pas de même quand l'air est agité: Nous avons donc placé l’un des tubes en Bise, l’autre en Vent, parce que nous avons remarqué que le vent aceu- mule l’eau dans la direction où il souffle: la moyenne des deux lectures donne le niveau exact. On tient compte de la pluie tombée, au moyen de l’udomètre placé à peu de distance du vase; si le niveau du bassin évaporatoire a baissé malgré la pluie, on ajoute la hauteur de la pluie tombée à l’évaporation; si le niveau de la cuve à haussé, on retranche cette hausse de la hauteur de l’eau tombée qui est indiquée par l’udomètre. . M — 281 — Quant aux rosées, l'udomètre de Neuchâtel est assez grand et assez sensible pour les indiquer, de sorte qu’on en tient compte. Notre udomètre indique en effet, sou- vent même quand il n’est pas tombé une goutte de pluie pendant les vingt-quatre heures, 1, 2, 3, 4, jusqu'à 8: dixièmes de millimètre d’eau tombée sous forme de ro- sée. Nous espérons pouvoir présenter une autre année, les résultats relatifs aux rosées, extraits de nos regis- tres. Le vase évaporatoire a été établi le 28 juin 1856. IF a cessé de fonctionner le 15 novembre à cause des basses eaux. La pompe qui sert à alimenter les bassins du vase évaporaloire, avait été placée lors des hautes eaux de juin, et comme le corps de pompe plonge dans le [ac au. milieu des rochers.qui forment la base de l’éperon du port, on n’a pas pu l’enfoncer d’une quantité suffisante. Quand les eaux du lac étaient devenues basses, la pompe. ne donnait plus d’eau. On a cherché à lui substituer une pompe à incendie portative, mais le travail devint telle- ment pénible pendant les bises froides, les pluies et les. neiges, que l’on a dû renoncer aux observations. Elles ont été reprises en mars 1857, quand on a pu entrer dans l’eau pour écarter les obstacles qui empèchaient le corps de pompe de plonger plus profondément. Nous ne pourrons donc donner l’évaporation que pour les mois de juillet, août, septembre et octobre. L'évaporation est plus forte de jour que de nuit ; ainsi: en septembre l’évaporation moyenne pendant le jour, - de 9 heures du matin à 7 h. du soir, est de 0"",15 par heure, et pendant la nuit, de 7 h. du soir à 9 h. du matin, de 0"”",08. si Evaporation: Par jour. | Par mois. | Milimètres.|Millimètres | Juillét 4,4 136,4 Août 4,4 136,4 Septembre 3,0 90,0 Gctobre 1,2 37,2 En étendant ces résultats par analogie, nous aurons pour l’évaporation de l’année 9 décimètres. Ce résultat est assez d'accord avec ceux qu’on a ob- tenus ailleurs ; ainsi on a trouvé qu’à Toulon Févapora- tion de la mer était de 10,8 décimètres; à Paris, celle de la Seine , de 8,6 décimètres; à Londres, celle de la Tamise, 6,4 décimètres. L’évaporation varie singulièrement suivant le vent et l'état du ciel. Ces observations sont résumées par le ta- bleau suivant : Evaporation par jour. = FABLE Calme et Bueet || SNS te RS A, = à S J 4 : : > S 4 intel 38 8 1,8, LES a rs sg SIL SRRESTEI ENT SN RONTS QE S nt Sue. SUIS LES Juillet 4,3 | — — | 5,8-| — — "1,358 Août 4,8 | at = | = | 6,2 | 8,8 |3,6 | 5,7 Septemb. | 3,6 | 2,9 | 1,2 | — | 5,3 3,3 | — Octobre 4,2 [— 170,6 {4,8 | — js ne Par le brouillard en octobre l’évaporation moyenne par jour est de 1"”,2. L'évaporation la plus forte a été par la bise forte en août, en un jour, 10,1 mullimètres. DAS NOTE SUR LA TEMPÉRATURE DE L'AIR ET DU LAC PENDANT LE BROUILLARD. Rs — M. Ladame présente un rapport accompagné de ta- bleaux indiquant les températures de l'air et du lac pendant les brouillards. Ces chiffres sont tirés des obser- vations qu'il à faites pendant les années 1841 , 42, 43, 44, 45, 46, 47, et les trois premiers mois de 1850. H résulte de ces tableaux diverses conséquences : 1° Pendant le brouillard, le lac est plus chaud que Vair de 6°,9 centigr. pendant le mois de décembre, . 2,8 — — Janvier, CE MP — novembre, 5°,4 — — février, 4,5 — — octobre, 2,6 — — septembre, 2,3 — — mars, 19,2 — — août. Ce sont dans les mois d'août, septembre, octobre, . novembre, décembre, janvier, février, et mars. (Tabl. . À, colonne 6). 2° Pendant le brouillard, le lac est moins chaud que . l'air de 3°,5 pendant le mois de juin, 2°,4 — mai, 1°,0 — avril, (Tabl. K, col. 6). cu. Mie — 3° La différence de température entre Fair et le lac pendant le brouillard, est, sauf pour le mois d'avril, plus grande que la différence moyenne du mois entre les températures de l'air et du lac. (Tabl. K. col. 10.) 4° La différence entre la température de Pair et du lac a été en moyenne, pendant les deux cent trente-trois brouillards observés, plus grande de 3°,1 que la diffé- rence moyenne entre la température de l'air et au lac prises sur les huit années d'observations. {Tableau K, colonne 10). 5° Lorsque la température de l'air est très-basse, il arrive que le brouillard n’a qu’une hauteur de quelques mètres, et ne repose que sur le lac : nous avons appelé cet état du nom de lac fumant. On dirait voir un vase pleim d’eau chaude apporté dans une chambre froide. Cet état du lac n’a été vu que deux fois pendant-les huit années qui font l’objet de nos observations: cela a eu lieu au mois de décembre 1846; alors la différenee de température entre l’air et le lac s'est élevée jusqu’à 44°,6. (Tableau F, colonne 5). 6° Nous remarquons que les différences énoncées ci- dessus seraient encore plus considérables si on compa- rait celles des jours à brouillards avec celles des jours sans brouillards. - 7° Aux mois d'avril, de mai et de juin, l’ar a une température plus haute que le lac; pendant tous les au- tres mois, la température du lac est plus élevée que celle de Pair. {Tableau K, colonne 9). 8° La plus grande différence moyenne mensuelle en- tre la température du lac et de l'air est de 4°,3. Elle a lieu dans le mois de janvier ; la plus faible différence est : De SE de 0,5: elle se produit dans le mois de juin. (Tableau K, colonne 9). 9° Nous devons noter que les conséquences précé- dentes ne portent que sur des observations faites à 8!/, heures du matin. Elles se modifieraient d’une manière notable pour d’autres heures de la journée et en parti- culier pour celle où l'air arrive à sa température maxi- mum. Cependant il est bon de remarquer que dans une même journée , et surtout lorsque le ciel est serein , la température du lac s'élève ou s’abaisse d’une manière notable: c’est ce que prouvent les observations faites de deux heures en deux heures, pendant les différentes sai- sons, dans les années 1839 et 1840. Il nous reste à donner quelques explications: 41° sur les choix du lieu où les observations étaient faites ; 2° sur la manière de faire les observations; 3° sur les instru- ments employés. 4° Choër du lieu des observations. Les températures prises le long des bords du lac et à différentes heures de la journée, ont montré que le choix du lieu n’était pas indifférent: ainsi le lac dans les parties abritées par le sol dans lequel il s’avance et où les eaux sont toujours peu profondes, a une température en rela- tion avec celle du sol voisin et avec celle du sol qu’il re- couvre, de sorte que la chaleur de l’eau dans ces points l.est très-différente de celle qu’elle possède en plem lac. Une seconde circonstance dont il faut tenir compte, est la proximité de l'embouchure des rivières et de la sortie des canaux d’égoûts. — 286 — Je n'ai pas trouvé de lieu plus favorable aux observaz tions que le glacis en talus dallé, au sud du collége; ce terrain a été conquis sur le lac par des remblais, il donne - lieu à une pente abrupte et à une eau immédiatement profonde. Ajoutons que dans ce point qui fait saillie vers le large, les mouvements du lac ne sont pot gènés par des jetées, des battues ou des enrochements placés dans le voisinage. 2° Mode d'observation. Pour faire l'observation de la température de l’eau, on prenait celle-ci à une distance aussi grande que pos- sible du rivage , au moyen d’un puisoir à long manche; l'eau ainsi obtenue était versée dans un flacon de trois ou quatre litres où on plaçait un thermomètre. La tem- pérature de Pair était prise à la mème heure sur un thermomètre abrité et suspendu à un arbre voisin. 3° Instruments. Les thermomètres dont on s’est servi avaient été gra- dués avec soin-et leur zéro était vérifié chaque année. Hs avaient été construits sous les yeux du comité météo- rologiquéde la Société des sciences naturelles: ce comité se composait de MM. d'Ostervald, et des professeurs À. Guyot et Ladame. Explications des tableaux suivants: Dans les tableaux À, B, C, D, E, F, G, H: La 1" colonne indique le nom des mois de l'année. La 2° indique le nombre des brouillards observés pen- dant le mois. La 3° indique la température moyenne de l'aër, pendant le brouillard : ee s'obtient en faisant la somme — 281 — des températures, prise pendant le brouillard et divisant cette somme par le nombre des observa- tions. La 4° indique la fempérature moyenne du lac pendant le brouillard. On la calcule de la même manière que celle de Fair. La 5° contient la différence des deux colonnes précé- dentes: elle marque l'excès de la température du | lac sur celle de l'air. La 6° marque la température moyenne mensuelle &e l'air. La 7° donne la température moyenne mensuelle du lac. La 8° contient la différence des deux colonnes précé- dentes: elle marque l'excès de la température du lac sur celle de l'air. Enfin la 9° renferme les différences entre les colonnes 5° et 8°. Elle marque de combien la différence de température entre l'air et l’eau est, pendant le brouillard, plus grande que celle qui à lieu en moyenne pendant le mois entier. Au bas des colonnes nous trouvons indiqué : 1° Les moyennés pendant le brouillard obtenues comme suit : on a fait la somme des températures ob- sérvées chaque jour de brouillard et on a divisé par le nombre des brouillards de l'année: cela a été fait et pour l'air et pour le lac. 2° Les moyennes de l'air et du lac pendant les mois à brouillards. Un exemple fera comprendre comment ces moyennes ont été obtenues: — je prends dans le ta- bleau A les mois à brouillards, ce sont février, mars, septembre, octobre et novembre , les températures de Pair sont — 0°,3; 4°,2; 14°,5; 10°,2 et 5°,5; dont la — 288 — somme 34°,1, divisée par 5, nombre des mois, donne 6°,8 pour la température moyenne de l'air pendant ces cinq mois. Le tableau K ne nous parait pas exiger d'explication; nous dirons seulement que les températures 1°,9 ; 6°,9 de l’airet du lac pendant le brouillard, ont été obtenues en faisant la somme des deux cent trente-trois tempé- ratures observées, et en divisant cette somme par 233. On se tromperait done si on additionnait la colonne 4, par exemple, et si on divisait la somme par 12 qui est le nombre des mois de l'année. Tableau A. Li] Janvier ss = OœrE ® RO GO 19 19 ee © ee ns js jen ss w \s = Où Où Ot C Où & NO CO dr ù À se S Le ON 1 CS Or CC à = © 9 CO OO s Novembre Décembre w Moy. pend. le brouillard|12| 7,4} 11,2 Moyen. des 5 mois à brouillards Moyenne de l’année LARG — 289 — Tableau B. F | 1842. | L | 2| 3 4 EH] &6 3 s 9 Janvier [—| — | — | — [2,7 3,4! 6,1 ==. lFévrier [12/—4,8| 2,7| 7,5 2,9! 2,8| 5,01 2,5 [Mars 2| 33 20! 07 | 44 40101! 08 Avril |" — | — | — 7,0, 6,1:—0,9 — Mai Un, un Lim MEN SUNSET) Dre Juin OO OL ario| 18,70] OA à aude! LCR C5, 5 T1 9/0) ii] ee UE OS EE Pre lo0,5 1 opt) Septemb. | 2} 14,7) 18,0! 3,3 À 13,7] 17,3! 3,61—0,3 Octobre 3/. 4,92] 10,7] 6,5 6,6| 11,1! 4,51 2 Novembre! 31. 0,2! 7,2! 7,0 | 28| 6,4| 3,61! 3,4 \Décembre 119: —0,4! 6,0! 6,4 0,8| :5,2| Æ4,A1 2°: | Moy. pend. Ï lebrouillard| #1] —0,4| 6 6,4 2,9 Moyen. des 6 mois à brouillards} 4,3! 7,8 | Moyenne de l’année 8,1! 10,5 Tableau C. * 18483. CA a Janvier En En co vs D © en ©) nm s en 2 Hi ré mnt œ | [=] | us 9 ss 2 U = 2 9 19 © = LQ O0 == ON [1] Es el en D 7 7 LT à CO CO RO = 2 MU MIDEODECUE SL © Ur GROS pe pe pa = OO ee = © 4,0 3,7 3,5 13,6 8,3 3,9 0,2 mn 2 pe pend. le brouillard | 24 Moyen. des 8 mois à brouillards Moyenne de l’année — 290 — Tableau D. # z| 3 & > G 4 s Janvier 11,8, 44). 6,92k-1,4|, 391) 4,6 6 Février 11—9,8!. 4,6! 4,41-—0,7| 2,0! 9, 7 Mars —| — | — | — 2,37 96110; Avril 2] 5,9) 5,0!—0,9! 8,6! 6,3/—92,3 4 Mai —| — | — | — | 10,2, 8,8 —1, Juin —| — | — | — 116,5! 15,2) 1, Juillet —| — | — | — | 16,2, 16,4, 0, Août * || — | — | — | 13,9) 15,8! 1, Septemb, —| — — | 14,6] 149, Où Qctobre | 4! 5,3] 10,3 5,01 9,0! 11,7| 9, 3 Nov embre| 4| 3,1| 8,0] 4,91 4,6! 8,1] 3, ri de Le 51—1,7/ 4,9) 5,92,4! 45! 6, 0 ebuliani (7) _ 14,9). 6,51 4,6] ° : | Moyen. des 6 mois à brouillards! 3,0! 6,0! 3,0! 1,6 | Moyenne de l’année 1,41 9,2] 1,8] 2,8 Tableau E. | 1845 Le DEN | sa |e| s l'a ls le ls: |elo | ; | Janvier .| 8l—1,7| 3,4! 5,1 0,7! 3,4) 4,11 4,0: Février 1—6,1| 1,9, 8,0 |—4,0! 1,6! 5,6! 9,4 Mars 220) 1,8 0,0! 2,0! 2,01—0,2 Avril —| — | — | — 6,8! 5,1—1,7) —, Mai 1! 9,6! 10,9] 1,3 | 8,8! 8,8! 0,0! 41,3 Juin —| — | — | — | 16,6! 15,3/—1,31 — Juillet —| — | — | — | 17,9] 18,7| 0,81 — Août —| — | — | — | 14,4) 16,6| 92,9 — Septemb.. | 2} 15,3! 16,3) 1,0 À 14,4, 16,0! 1,62—0,6 Octobre 2). 6,5] 10,7] 4,2 110,0! 12,6] 2,61 1,6 Novembre! 6| 4,8] 9,0! 4,2 6,4! ,-8,91, 251.17 Décembre | 11—2,5| 5,5! 5,0 3,1,-.6,67 12 SD oy. pend. leboutiard( 22) 2,81. 731] 4,3 Moyen. des 8 mois à brouillards] 4,8! 7,5! 2,7} 1,6] Moyenne de l’année 8,0/..9,6|-1,689,7) LVL 7 PEER KR Bi T — 9291 — T'ableau F. Ÿ 4846. je ET ARR éd és f 2 3 4 > &G cl 8 9 en = Janvier 5 gi 4,6! .0,2 3,6 Février JDA : 581 4,91 4,11 0,4 Mars — —! — 0 6,3, 5,7:—0,60 — Avril — | — | — 8,81. 7,2—41,61 — Mai 10,7! 9,7|—1,0) 14,11 11,91 9,9) 1 9 Juin 29,0118,5|—3,51 20,1] 17,61—92,51 1 L — | 91,5] 20,71—0,8| — 1 1 1 Juillet — Août |! |— Septemb. | 3! 14,0/17, 3 À k 7,1! 3,10 17,1| 48,5) 4,41 4,7 | Octobre 10,9/13,6! 2,71 10,0! 43,41 3,41-—0,7{ à Novembre 1,0] 8,74 7,11 4,2} "9,4/74,9h 1 9;8 < Décembre | 2|[—10,0| 4,6! 14,61-2,2| 5,9 7,41 7,245 Moy. pend. 3 je brouillard | 20 4,91 9,6] Æ4,7 Moyen. des 8 mois à brouillardsh 9,0! 10,7] Moyenne de l'année 10,41 14,7 Tableau G. | 3 Æ 5 LA 4 ts LI Janvier. |10}—92,0! 2,9! 4,91-—1,9) 2,9] 4,11 0,8 Février [| —{ — | — it! 9,3! 3,4] — Mars 11—2,41 2,41 4,81 1,81 2,8! 1 3,8 Avril Qi ii) — 0 5,9! 441,5 — Mai : »| 12,2) S,8—3,41 14,3] 11,2/—3,11 0,3 Juin HOT Et 11 48,009 16e Juillet. HT ts 9 -18,5-o;ahotes \ JAoùût —| — | — { — 118,41 18,9! 0,5! — Septemb, | 4} 13,6, 15,2/ 1,61 13,11 14,9! 1,81—0,2 Octobre |13| 7,4/ 12,0) 4,61 7,4] 44,4! 4,0 0,6 [Novembrel17| 3,2] 82) 5,0] 39] 77] 45] 05 Décembre 15|—2,9) 4,6! 7,5 4,81 4,6, 6,44 1,4 l Que ES PERS MEET Ce ——————— | — ——— Moy. pend.| |, | lebrouillard|l65| 3,1 1,0|- 4,4 Moyen. des 7 mois à brouillards! 5,2 | Moyenne de l’année 1,8 BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T.IY. 19 Tableau 1. 1848. Janvier Février (Mars | Moy. pend. île brouillard 2, 3 4 5 6 3 s 9 7 111—1,4) 2,6 | 4, 3 261—3,8| 2,1 | 5,9 Moyen. des 3 mois à brouillards—0,4| 2,8 | 3,2 La différence de température en- tre le lacet l'air, lors du brouillard, est plus grande que la température moyenne prise pour les 3 mois de 2 Tableau I. 1850. 1 21? 4 > G d s 9 Janvier 1—1,3, 3,7 | 5,0 25! 3,1! 5,61—0,6 Février {1 1,2! 4,71) 3,5 3,0! 447 141,1175/2 Mars —| — | — | — 1,3/ 4,7], 3,41 — Avril | — | — | — 7,3] 6,7|—0,61 — Mai HN 0 D 8-0 Eee Juin —| — | — | — 116,4) 15,9, —0,5l — Juillet —| — | — | — | 18,1] 20,3, 2,91 — Août —| — | — | — 116,9 20,1! 3,2] — Septemb. —| — | — | — | 11,8] 16,6! 4,8] — Octobre |3| 7,7113,8 | 6,1 7,2] 13,2! 6,01 0,1 Novembre! 1! 4,7110,0 | 5,3 6,01 941 LS, TR Décembre —| — | — | — 1,4, 6,3| 4,91 — En el 6 24610 4] 5,4 Moyen. des mois à brouillards 3,4 1,5| 14,41 4, 1,3 Moyenne de l’année 8,1| 10,9! 2,8] 2,6 | dit und" métal NUS T'ableau À. fiésumé des observations faites sur la température de l'air et du lac pendant le brouillard, dans les années 18AN, 42, 43, 44, 45, 47, 50, ct les mois de janvier, février et mars de 1848; — à 8'}, heures du matin, en degrés centiq. 5 3 4 # eo = a L_ 4 p: =. iTempér. pend.| © È ÎTempér. moy.| © È EE & KES : S > È S] = Se S le brouillard. | £ = des mois. DE ss 2 SX A ir Lac SE Air Lac SE ae | Janv.| 9 | 43 1=3,0| 92,8| 5,81-1,2| 3,2) 4,3| 1,5 Fév. 91 31 2,2| 92,9) 5,11 0,2, 3,0] :2%#81 2,3 Mars| 91) 6 151381" 24. 2,9) 107 AURCRS) Avril| 8 3 7,0! 6,0—4,0! 7,6! 6,1/—1,51-—0,4 Mai 8| 711,6! 9,2.—2,41 12,1] 10,8.—1,3 0,1! Juin 8 1 1 22,0! 18,5—3,51 16,2! 15,7, —0,5, 3,0 eu S| Of — | — | — 117,7, 18,3) 0,6! — | | Août 8 1 117,9! 19,1! 1,2) 16,7| 18,3] 1,6, 0,4 |Sept.| 8 | 16 À 14,0! 16,6! 2,61 14,1| 16,5] 2,41 0,2 | Oct. 8 | 32 7,41 11,9| 4,51 8,6] 12,2, 3,61 0,9 Nov 8 | 41 2 09! 0: 401 8,91 ii 10 Déc 8 | 52 —1,8| 5,1! 6,91 0,4! 5,5! 5,11 1,8, Sur 233 brouil. | la moyenne est} 1,9] 6,9! 5,0 Moy. des8 années 8,3| 10 = 0 — : DONS D'OUVRAGES faits à la Société ET PRODUIT DE L'ÉCHANGE DE SES. PUBLICATIONS. Mémoires de la Société de physique de Genève. Tome XIV, 1" partie, #. Mémoire sur les monnaics de la Bourgogne transjurane, par M. Rodolphe Blanchet. 4. Coupe du tunnel des Loges, par M. Ladame, ingénieur. Mémoires de l'académie royale de Turin. T. XV, seconde série, #. Mémoires de l'Académie impériale de Lyon — classe des sciences. T. V et VI. Mémoires de l’Académie impériale de Lyon — classe des lettres. TE, HE et IV. Annales de la Société Linnéenne de Lyon. T. IH. Annales des Sciences physiques et naturelles de Lyon. T. VIL 1" partie. L Mémoire sur l’Aegilops triticoides, par M. A. Jordan. Mémoire sur l'origine des diverses variétés d'arbres frui- tiers, par M. A. Jordan. Mémoire de l'Académie royale des sciences de Liège. T. X. Mémoires de la Société d'agriculture d'Orléans. T. f, n° 6, BAT out 0: Vierteljahrschrift des Naturforschenden Gesellschaft in Zurich, 1856, heft. 1, 9, 3, 4. NT k — 295 — Yérliandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel. 1854, 8. t Jahresbericht des naturforschenden Gesellschaft Graubün- den. 1854-1895, 1855-1890. Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preus- sischen Rheinlande und Westphalens, 12° Jahrgang, 3, 4; 13"° Jahrg., 1, 2, 3. Würtembergische Jahreshefte. 107 Jahrg., 3 heft; 12% Jabhrg., 2, 3 left; 13% Jahrg., 14857, 1 heît. Cours de géologie paléontologique, par M. Jules Marcou. Zurich, 18906. Leitschrift für die gesammten Naturwissenschaften in Halle. Jahre. 1854-55; 3, 4, 5, 6 Band. Bulletins de la Société vaudoise des sciences naturelles. T.V, ne 38, 39, 40, Verhandlungen der Gesellschaft für Befærderung der Na- turwissenschaften zu Freiburg im Breisgau. 1856, n°° 15, 14, 15, 16. Jahrbuch der Kaiserlich-Kæniglichen gcologischen Rei- -chanstalt. VI, 1859, 3, 4; VII, 1856, 1. Abhandlungen der Kaiserlich-Kæniglichen geologischen Reichanstalt. Vol. IE. Abhandlungen des zoologisch-mineralogischen Vereines in Regensburg. 1856, 6, 7 heft. Korrespondenz-Blatt des zoologisch-mineralogischen Ve- reines in Regensburg, 1855. Monographie der europæischen Sylvien, von I. Graf v. der Mühlen. Avec planches, #. Archiv des Vereins der Freunde der Naturgeschichte in Mecklenburg. 10 heft, 4 abth., 1856. Reçu de M. le D'Rudolf Wolf: Notiz über Franz-Sam. Wild. Mittheilungen über Sternschnuppen und Feuerkugeln. Mittheilungen über die Sonnenflecken. — 296 — Proceedings of the royal Society of Edimburgh. 1855-56. Transactions of the royal Society of Edimburgh. Vol. XXI, part: 4,2, 4. Correspondenz Blatt der deutschen Gesellschaft für Psy- chiatrie und gerichtliche Psychologie. 12 feuilles. Annales de la Société d'Émulation des Vosges. Tome VII, 94 cahier, 1853. Bericht über die Fortschritte im Gebiete der Krankheiten des Nervensystems. 1854, Erlenmevyer. Yerhandlungen der Gesellschaft für Psychiatrie und Ge- richtliche Psychologie. 1854, Erlenmeyer. Naturkundige Verhandelingen d'Harlem. T. Im, re et 2de partie. Abhandlungen der Senkenbergischen Gesellschaft. 24 vol. œi VF: Observations sur l'élévation du prix du pain etde la viande, par Victor Chatel. Maladies des Végétaux, par Victor Chatel. Mémoire de la Société des sciences naturelles de Cher- bourg. 1855, 3"° vol. Jabresbericht der Geologischen Vermessung des Visconsin, by Percyval. 1856. On the practicability of constructing cannon of great ca- hiber, etc., by Daniel Treadwell. Annals of the Lyceum of nat. hist. of New-York, 1855. Jahrbuch des Vereins für Naturkunde im Nassau. Enftes Heft. Proceedings of the Boston Society of natural history. Pag. 177-336, 1895. Bulletins de la Société des sciences de Berne. 1856, 360 à 38/4. Liste des correspondants de la Société Smithsomienne. [ — 297 — Annales de la Société des sciences médicales et naturelles de Malines. 19e année. Honneurs funèbres rendus à André-Hubert Dumont, rec- teur de l'Université de Liège. 1857. Notice sur la grêle de 1850 et quelques phénomènes mé- téorologiques, par M. Rod. Blanchet. Système duodécimal, par Ferrari. Beitræge zur Lehre der Zuckerausscheidung im diabetes mellitus von Louis Guillaume, docteur. Recu de la Société Smithsonienne de Washington. Smithsonian contributions to knowledge. Vol. VITE, 4°. Transactions of the agricultural Society Michigan. Vol. VI, 1854, &. Horners medical topography of Brazil and Urugay. 1845, 8. - Patent office report (agriculture). 1854. » Journal of the Academi of FHIeIpRe Vol. IT, pag. 2- 40, 1855. Proceedings of the Academi of natural sciences of Phila- delphie. T. VI, 177-335; VIT, 14-100, Report on the geology of California, by D' John Trask. CR SE) ht Les g À salt ‘wi At (AE 2 jen id 24 dd LEE us Are vs DAT Tue ET négid pie En & eubuot 2e ET à a Fr É Br MRUCIR à op et ne TE ET ÉTAPE ï IL re + “at dal 2)Up np 5 08 ET of aa A “nu e- ë k pu Sn8lét HO TE dr uptgt CUT INT A 18 USE 1 Inrni shbogh < Hero Uher dé ie L “sf mi, al bd DATE EUNE hf us ri me à T9 Le TT LITE Fou] #07 te Vs AYe hiatrie :hye Fair LPevcholümie, 1864, EF: x ti EE sh anoirdiiaté pbioaë ee F Paye HUIT Jo sgholwond où 2nottsditinos ain: ; à its ER 2 tt das ste érodébaterT ‘+ 4 tt -# DOTCIU bis alaa s: PAT dpauiitaie solt eur Clrate - Ne ta wi Di AGE niléiiras) Moqo s0fié lies qi voi HË EU tale fit um ste ed 2 YoR ; : C8 E pe TL 1 im Détente nom of lo Ayaitsnse re Percyval. TESTOG-1- HV :CEE-VU (I ET st not ge ji ei "W oh she nf HP he Daniel Prradirel! à re 4 à Édift hi il. Jitat 1 ONEPTAN TE ti: qe à Fri HOUR SES fo \aturhe nde” en Net, Fire | Su rHAPEL : ; | M+ h N dé « pes Fa ‘ ; A M R Froscdng: + Ho Pouñlon Soctéte.0fa tuer ji AY, PP LL. 7. f ‘ * 1242000. 1800 F He L'CFRES : [UR PA jutlesix 2 de Er Socieé s Séicarcs de Dorue. TONNES ; ; 4 hs . + vA À r vira hs 4 4 1178 sitieurién 2913 4 1 20 Ju 5 1015 2 6. fe, LA ns 30 15 20 25 30/5 10 15 20 25 30 72 la 72) 77 ie autetei SALE 2722774 les LA cel, l le ps C Cdtic 7 (A 77 72 f 7720 | RAIN P TD). L Z COR € PES el re. 244 dissous a Meicch 7 Cl 774 a AI "7 au dessus da 72222777 47 2244 7) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES Séance du 6 Novembre 1857. Présidence de M. Louis COULON. La Société procède à l'élection de son bureau, qui se trouve composé, pour cette année, comme suit : M. L. Courox, président. » Borez, docteur, vice-président. » de TRiBOLET, secrétaire pour la section de mé- decine et des sciences naturelles. » L. Favre, inst", secrétaire pour les sections de | physique, de chimie et de technologie. M. le D° Guillaume présente le rapport suivant , sur un essai de culture de canne à sucre à Serrières: M. Ph. Suchard, qui, il y a quelques années, avait tenté d’élever des vers à soie dans notre pays, a semé cette année de la graine de canne à sucre (saccharum officinarum ). Cette graine fut semée au Jet, dans le commencement de juin de cette année, dans une terre de vigne abritée et exposée au soleil. Quelques semaines après, lorsque les cannes eurent un pied de hauteur, il en transplanta une centaine dans le voisinage du lieu où elles avaient été semées. Ces dernières ont aujourd’hui une hauteur de 9 à 10 pieds en moyenne et un pouce de diamètre. Plusieurs de ces can- nes (3-5 ) ont la même racine et proviennent d’un seul grain de semence. L’épi est à la fin de la floraison. La BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. 20 — 300 — graine n’a pu encore mürir, ce qui tient probablement à ce que les cannes ont été semées un peu tard. Semées un mois plus tôt, la graine aurait atteint sa complète maturité, surtout cette année qui a été favorable à des essais de ce genre. Les cannes qui n’avaient pas été transplantées ont servi de nourriture au bétail qui le mangeait avec plaisir; ce fourrage, par sa quantité, devient d’une certaine im- portance. M. Suchard a soumis les cannes transplantées à la dé- coction et à la pression , afin de savoir quel serait leur rapport en sucre. Voici les résultats qu'il a obtenus: Quatre-vingts cannes de cinq à dix pieds de haut, soumises à la décoction, ont donné huit livres de sirop. La consistance de ce sirop est très-épaisse , sa couleur est brun-foncé; cette coloration est due probablement à ce que les cannes ont été cuites dans un vase en fer. Le goût en est agréablement sucré et légèrement acide. En comptant la livre de sirop à un franc, la canne aurait une valeur réelle de dix centimes, si l’on voulait exploiter la canne à sucre dans un but industriel. Une canne seulement a été soumise à la pression. Le pressoir n’avait pas une force très-énergique et n’a pu exprimer qu’un verre ordinaire de liquide, dont la cou- leur est jaune-clair et le goût légèrement sucré. Quel que soit le résultat de cet essai, il faut admettre que, sous beaucoup de rapports, la plantation de cannes à sucre offrira quelques avantages. D'abord comme four- rage, cette plante aura une certaine importance; comme produit applicable à l’industrie et au commerce, l’ex- périence nous apprendra si la canne à sucre pourra être introduite chez nous. On ne pourrait guère l’'employer — 301 — que sous la forme de sirop ou à la fabrication des h- queurs, etc. M. Suchard se propose de renouveler l'essai l’an pro- chain. Dans d’autres parties du pays, on a fait des essais analogues : à Valangin , les plantes n’ont atteint que la hauteur de quelques pieds ; au Locle 12 pouces, à Son- villiers 2'} pieds, à Blumenstein, le frère de M. Su- chard en a obtenu qui avaient une hauteur de 7 pieds. M. Xopp annonce que la société des bateaux à vapeur prend à ses frais la planche du bulletin, donnant les va- riations du niveau des trois lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat. Séance du 20 Novembre 1857. Présidence de M. L. CoULON. M. le professeur Ladame donne connaissance d’une question, maintenant fort agitée dans une partie de la Suisse, la correction des eaux du Jura et le desséche- ment des marais du Seeland. La difficulté principale, qui s'oppose au desséchement des marais et à la culture d’une grande étendue de territoire, provient de l’oscilla- tion des eaux de nos lacs. Loin d’avoir un niveau stable, nos lacs sont sujets à des hausses considérables qui dé- versent les eaux hors des bassins et donnent lieu à des inondations. L'année dernière a été remarquable sous ce rapport. | Si nos lacs pouvaient déverser à mesure, vers les ré- gions inférieures, une notable partie de l’eau qu'ils re- çoivent pendant les longues pluies, ou à la fonte des neiges, les inondations n’auraient pas lieu. Malheureu- — 302 — sement il existe dans la Thièle inférieure, et au confluent de cette rivière avec l’Aar, des obstacles qui empé- chent le libre écoulement des eaux, en produisant l’ac- cumulation dans les points supérieurs, et, par, suite les inondations. Ces obstacles sont, en première ligne, dans le lit de V’Aar, les barrages formés par le dépôt des ga- lets et des graviers provenant de la Sarine et de la Sin- gine, et que la rivière, dont le courant est ralenti, ne peut plus entraîner avec elle. Pour porter remède à cet état de choses, il faudrait redresser le cours de l’Aar, provoquer un écoulement rapide pour déterminer la fuite des matériaux et le maintien du lit dans des condi- tions de largeur et de profondeur suffisantes, et verser à mesure vers le Rhin le trop plein de nos lacs. Tel est l’esprit des principaux projets primitifs éla- borés sur cette question, entre autres de ceux qu'ont présentés les ingénieurs Lelewel, Tulla, ete. On ne cher- chait qu’à débarrasser les contrées supérieures des eaux qui les génaient , aux dépens des cantons inférieurs , de Soleure et d’Argovie, qui ne tardèrent pas à soulever d’énergiques réclamations. Cependant une société, qui voulait entreprendre ce travail, le soumit à l'examen de M. LaNicea. Celui-ei fit prendre à la question une direction nouvelle; tenant compte des plaintes des cantons de Soleure et d’Argovie, il résolut le problème d’une manière inverse ; il sacrifia les régions voisines des lacs et versa l’Aar dans le lac de Bienne. Son but était double; il obtenait d’abord le moyen de se débarrasser une fois pour toutes des gra- viers et des galets; puis il donnait au cours de l’Aar le degré de régularité réclamé par les cantons inférieurs. En outre, les travaux exécutés au-dessous du confluent — 303 — de la Thièle, prenaient un caractère de stabilité des plus rassurants pour l'avenir, les causes perturbatrices ayant disparu. Le projet de LaNicca consiste à faire une coupure au- dessous d’Arberg, pour détourner l’Aar, à creuser un canal de 270 pieds de largeur sur 20 de profond, dans la direction de Teuffelen, et à percer en tunnel la colline de Hageneck, qui sépare le lac de Bienne du grand ma- rais. La pente, faible dans toute la longueur du canal, est très-forte au tunnel , elle atteint 1} pour 4 ce qui permet de ne donner à ce passage qu’une largeur de 60 pieds et de réaliser une économie considérable. Les conséquences qui résulteraient pour nous de l’'ap- plication du projet LaNicca, ne sont pas des plus satis- faisantes. Les oscillations des lacs seront augmentées, c’est-à-dire que la différence , entre les hautes eaux et les basses eaux sera, pour le lac de Bienne, de onze pieds, pour notre lac et celui de Morat , elle sera en général moindre; mais nous pouvons nous attendre à constater, dans certains cas, des mouvements de douze à quatorze pieds. Les hausses, selon les circonstances, pourront être instantanées ; car on a calculé que l’Aar est capable de faire monter le lac de Bienne de trois pieds en vingt-qua- tre heures. Il serait plus avantageux d’abaisser le niveau . moyen de nos eaux et de le rendre aussi stable que pos- sible, que de réduire, comme le fait M. LaNicea, de 2'/: pieds les hautes eaux, et de 9 pieds les basses eaux. Nous pouvons parfaitement nous faire une idée de l'aspect que prendraient nos rivages sous un régime pa- _reil; tantôt les constructions élevées à grands frais pour nos ports, nos môles, nos quais, seraient laissées à sec, et soumises à des affaissements et à des dégradations iné- — 304 — vitables; tantôt elles plongeraient dans l’eau et seraient battues par les vagues. Si l’on parvenait à gagner quel- ques terrains propres à la culture , on verrait se former des grèves nouvelles, tour à tour inondées et abandon- nées par l’eau, et provoquant des exhalaisons aussi re- doutables, au point de vue sanitaire, qu’elles peuvent l'être aujourd'hui. En tous cas, notre canton n’y gagne- rait pas grand’chose, grâce à la forte inclinaison de nos rivages , et il aurait probablement des travaux d’art à compléter, des môles à prolonger, des ports à creuser. Le canton de Vaud serait obligé d’ouvrir, avec de gran- des dépenses, un canal, pour conserver à la ville d'Yver- don, son port actuel. Tous ces inconvénients ne sont pas restés inaperçus, et c’est pour apporter au projet LaNicea un perfection- nement désirable , que les ingénieurs bernois, Wehren et Rode , ont proposé la bifurcation de l’Aar ; de cette manière, un bras de l’Aar gagnerait le lac de Bienne en y jetant tous les galets et les graviers , et un autre bras, suivant l’ancien lit, corrigé et redressé, entraînerait l’excédant des eaux, et permettrait de conserver dans nos lacs un niveau à-peu-près constant. Ce dernier ré- sultat serait obtenu à l’aide d’écluses établies à Nidau et à la Poissine, et ayant pour effet de régler à volonté le cours de la Thièle. Il est probable que le projet LaNicca, amendé comme on vient de le dire, recevra l’approbation des parties intéressées, et que si on met une fois la main à l’œuvre, c’est sur ce plan que l’on opérera, car il tient compte à la fois des contrées situées au niveau des lacs et de celles qui sont au-dessous. À la suite de cette communication, quelques person- nes prennent la parole pour établir une comparaison | | —— DE © entre les moyens proposés en Suisse pour empêcher les inondations et ceux qui sont aujourd'hui proposés en France dans le même but. Dans cette dernière contrée, on revient de l’idée qu'on doit hàter l'écoulement de l’eau et on commence à construire des travaux d’art ba- sés sur un principe opposé et ayant pour effet de retenir l’eau des pluies dans les régions supérieures. La main de l'homme agit plus efficacement sur de faibles cours d’eau, dans le voisinage des sources, que sur des fleuves, dont la masse imposante renverse sans effort les cons- tructions que l’on croyait les plus durables. Séance du 4 Décembre 1851. Présidence de M. L. CouLox. M. Edouard Terrisse est admis comme membre de la Société. M. le professeur Xopp présente des thermomêtres construits par M. Jean-Franc. Monnier, à Villars, au Val-de-Ruz. Ces appareils sont travaillés avec soin et méritent, tant par leur disposition que par leur exécu- tion, d’être recommandés. M. Kopp lit la première partie d’un mémoire, sur les mouvements de notre lac. Ce travail est destiné au volume de mémoires, que publie maintenant la Société. M. le D' Cornaz présente sous le microscope des exem- plaires de Sarcina Ventriculi Goods, champignon pro- venant des vomissements d'un malade, lesquels présen- tent une réaction acide très-prononcée. — 306 — M. le D' Guillaume fait voir un calcul trouvé dans la vessie d’un vieillard qui a succombé à une maladie pro- voquée par une autre cause. Ce caleul , de la grosseur d’une petite noix , est ovoide , sa surface est finement granulée. À sa tranche on remarque les cristaux de cho- lestérine disposés en rayons feuilletés et brillants autour du noyau, qui est un grain de cholepyrrhine accompagné probablement de mucosités, comme cela a lieu ordinai- rement. Sous le microscope, le noyau ne parait être composé que de cristaux lamelleux et feuillés de choles- térine colorés en jaune-vert par la biliverdme ; on re- marque deux aiguilles rouges de bilifulvine. Outre le: noyau, qui est brun, le bris du calcul est d’un blanc- jaunâtre brillant. Cette forme de calcul est du reste la plus fréquente. M. Guillaume présente encore le dessin d’une feuille de Begonia discolor sur laquelle s'étaient développées plusieurs petites feuilles ayant la même forme que la feuille principale, mais infiniment plus petite. — Il pré- sente de plus une petite grappe de raisin, résultat d’une seconde floraison. Elle a été cueillie le 2 décembre der- nier, sur une treille. Les grains ont la grosseur d’une graine de moutarde. Après cette dernière communication, plusieurs per- sonnes prennent la parole, pour rapporter des exemples de végétation et de floraison qu’elles ont remarqués ces derniers jours, et qui sont dus à la douceur de la tem- pérature, malgré la saison avancée. — 307 — Séance du 18 Décembre 1857. Présidence de M. L. Coulon. M. G. Perregaux et M. Barrelet, docteur, sont admis : comme membres de la Société. M. Xopp demande que la Société prenne la résolu- tion d'imprimer les observations météorologiques qui se font tous les jours, et avec régularité, dans le canton de Neuchâtel. Lorsqu’elles seront publiées dans nos bulle- tins , elles deviendront des documents, dont chacun pourra faire son profit. - La Société autorise cette impression. M. le D° Guéllaume Mit la relation d’une course de quelques jours qu’il a faite , il y a plusieurs années, au groupe du Tôdi et à la Sandalpe qu'il décrit au point de vue botanique, géologique, économique et pittoresque. Son récit, empreint d’un vif sentiment des beautés de la . nature, est rendu plus intéressant encore par la présen- tation de l’herbier de la contrée, de la carte du groupe - du Tédi, et du panorama pris de la Sandalpe supérieure et dessiné par M. Guillaume lui-même avec un véritable - talent artistique. M. le professeur Desor fait une communication rela- tive aux terrains glaciaires. Il rappelle les principaux - phénomènes par lesquels le travail des glaces se mäni- feste dans notre pays: les roches polies, le dépôt des - blocs erratiques, des galets et des sables. Ces phénomè- mes, que l’on croyait circonscrits dans certains points, acquièrent, à mesure que les chemins de fer gagnent en — 308 — étendue, un caractère de généralité qu’il n’est plus pos- sible de méconnaître. Tout le revers méridional du Jura | montre des traces de poli, qui sont recouvertes par des” dépôts de graviers, de limons, mélangés de galets et de blocs disposés sans ordre , sans triage, sans le concours | de l’action lente et modératrice de l’eau, et qui ne peu- vent avoir été produits que par les glaces. | Dans l’origine, on admettait qu’une seule époque gla- ciaire, pendant laquelle on supposait que tous les phé- nomènes qui s’y rapportent avaient fait, d’une manière | continue, leur évolution. Cependant une chose embar- rassait déjà M. Guyot, c’est la circonstance que les blocs erratiques ne sont pas distribués au hasard sur nos mon- tagnes ; il existe plusieurs zônes bien distinctes ; l’une sur les hauteurs , passant par le sommet de Chaumont, . l’autre à mi-côte, et une troisième au pied des collines et jusque dans le lac. Lei, les blocs de granit reposent sur : des couches qui ont évidemment le caractère de dépôts formés dans l’eau calme; ils sont stratifiés et se compo- sent ordinairement d’argiles fines et propres à la fabri- cation des poteries. On ne pouvait se rendre compte de ces phénomènes sans admettre plusieurs grandes phases dans l'histoire glaciaire. Il y a plusieurs années que M. Morlot, en par- courant les environs de Vevey, crut y avoir trouvé la preuve de deux époques glaciaires. M. Scipion Gras, après avoir étudié la vallée du Rhône, est allé jusqu'à reconnaître cinq périodes , dont deux surtout sont fort considérables. Un fait nouveau et fort extraordinaire est venu donner à cette question un intérêt plus grand ; M. Jordan a trouvé, dans les terrains glaciaires de la vallée du Rhin, — 309 — des coquilles marines, entre autre des Balanes ; d’où l’on doit conclure que la mer a eu aussi sa part d'action dans une période où un autre agent semblait avoir régné en maitre. De quelque manière qu'on envisage ces questions, on est forcé de reconnaître que le dépôt des terrains quaternaires s’est effectué pendant un temps fort long, et à une époque entièrement éloignée de nous, même le dépôt des blocs erratiques qui reposent à la surface du sol, comme s'ils y étaient d'hier. M. Desor a découvert, dans la forèt située entre Peseux et Serroue, près de Pierre-gelée, un bloc de granit élevé au-dessus du ter- rain environnant, sur une espèce de piédestal, formé de jaluze (dolomie) et ayant une hauteur de près d’un pied. Ce socle et son bloc, rappelaient les fables des glaciers et devaient probablement cette disposition à une cause analogue à celle qui les produit. La couche de jaluze qui a Era tout autour du bloc, pourrait servir à déter- miner le temps écoulé depuis le dépôt de ce dernier, si l’on parvenait à connaître la rapidité avec laquelle cette espèce de calcaire se décompose sous l’action des agents atmosphériques. Séance du 22 janvier 1858. Présidence de M. L. CouLoN. M. ÆXopp lit la deuxième partie du mémoire sur les variations du niveau du lac de Neuchâtel, travail destiné au volume de mémoires que publie maintenant la So- clété. A ce sujet M. Kopp communique les recherches qu'il a faites, pour trouver une explication satisfaisante d’un — 910 — signe qu’on lui a fait voir sur la porte de la Neuveville, du côté du lac. Ce signe a la forme d’une croix taillée dans la pierre avec le millésime 1634. Les habitants de la Neu- veville le considèrent comme l'indication du niveau des eaux du lac, dans une crue extraordinaire qui aurait eu lieu en cette année. Ils n’élèvent aucun doute à cet égard. Les divers documents examinés par M. Kopp, eten par- ticulier les annales de Boyve, ne font pas mention, à cette date, de grandes pluies ou d’inondations d'aucune sorte, et cependant si les eaux du lac de Bienne étaient réelle- ment montées jusqu’à ce niveau, les effets s’en seraient fait sentir sur une grande étendue, cette croix étant à trente-quatre pouces au-dessus des plus hautes eaux connues. Le seul événement auquel on puisse rattacher cette inscription est une peste très-meurtrière qui déso- lait notre pays à cette époque. Séance du 8 Février 1858. Présidence de M. L. COULON. - M. Xopp présente le résumé des recherches qu'il a eu occasion de faire, de concert avec M. Desor, sur le gisement de l’asphalte dans la mine de Saint-Aubin. (Appendice N° 1.) M. Z° Favre fait la communication suivante : Vers le milieu du mois d’Aoùût de l’année dernière, je me promenais un matin le long d’un ruisseau qui descend du versant nord de Jolimont et va se perdre dans le marais de la Thièle. Au pied de la montagne, ce filet d’eau est encaissé entre des rives hautes de huit à quinze : — 311 — pieds, couvertes de buissons épais. Mon attention fut attirée tout-à-coup par un bruit particulier ; il était pro- duit par des grognements et des sifflements analogues à ceux d’un chat en colère, accompagnés de fortes se- cousses imprimées aux arbrisseaux du ravin. Après d’i- nutiles tentatives pour chercher la cause de ces rumeurs insolites, je parvins à me glisser sous les buissons, et ayant écarté les branches et coupé les feuilles qui gè- naient ma vue, j’aperçus {rois jeunes putois aux prises avec une couleuvre qu'ils cherchaient à entraîner vers le lit du ruisseau. Le reptile faisait résistance et se cram- ponnait aux broussailles, mais ses ennemis le secouaient avec énergie et produisaient cette agitation de feuillage que j'avais remarquée dès le premier moment. Enfin, il fut traîné dans une cavité creusée par l'eau sous les fortes racines d’un chêne où mes regards ne pouvaient pénétrer. Cependant un bruit de mâchoires sortant de cette retraite souterraine et révélant la présence des putois, m'engagea à rester à mon poste pour continuer mes observations. Je fus récompensé de ma patience en voyant revenir au seuil de la cachette un de ces ani- . maux tenant entre ses pattes un tronçon de serpent de sept à huit pouces de longueur, qu’il dévora après la- voir fendu en long. Le mets paraissait lui plaire, car il “le savourait lentement en faisant entendre un petit gro- gnement de satisfaction. Le repas fini, toute la bande sortit de son repaire, -grimpa sur la berge, et, après s'être poursuivis et avoir joué comme des jeunes chats, ils s’assirent sur une ra- cine pour faire leur toilette et lustrer leur pelage à l’aide “des pattes qu’ils passaient sur leur langue. De temps en temps ils s'interrompaient pour surveiller les environs — 312 — en se dressant sur leur train de derrière; puis, satis- faits de leur examen, ils reprenaient leurs exercices de propreté. Un léger bruit produit par le premier mouvement que je me permettais depuis trois heures de faction, fit rentrer sous terre ces gracieux animaux. M. Xopp fait lecture du rapport météorologique pour l’année 1857. M. Kopp expose les résultats de ses recherches sur le climat de Neuchâtel, jusqu’au 16° siècle. La Société décide que ces rapports seraient mis en vente sous la forme d’une brochure séparée des bulletins, comme cela a eu lieu pour les années 1855 et 1856. ({ Appendice N° 3.) Séance du 19 février 1858. Présidence de M. L. CouLon. M. Xopp rend compte des observations qui ont été faites aux Brenets, sur trois sources ferrugineuses, sour- dant du milieu du Doubs. Au mois de janvier , le Doubs descendu à un niveau extrêmement bas, vingt à trente pieds au-dessous de son niveau ordinaire , s'étant gelé complètement , quelques personnes des Brenets firent la remarque qu’en trois endroits , il s'était formé dans la glace, à quelque dis- tance des bords ordinaires de la rivière , des ouvertures d’un mètre de diamètre environ , dans lesquelles l’eau s'élevait par une sorte de bouillonnement de sept à huit centimètres de hauteur, accompagné d’une multitude 24 — 313 — de globules d’un gaz inflammable. Ces globules de gaz venaient s'agglomérer sur une largeur de cinq à six cen- timètres contre les parois de glace du trou; en les en- flammant, la source se trouvait entourée d’une ceinture de flammes de trente à quarante centimètres de hauteur, et le dégagement du gaz était si abondant, qu’on pouvait recommencer l'expérience à peu près chaque minute, L'eau de ces sources fut reconnue être ferrugineuse. M. Auguste Quartier-la-Tente, des Brenets, qui cons- | tata pour la première fois ces faits, s’intéressa avec quelques amis à ces phénomènes , et ce sont ses obser- - vations et remarques que nous reproduisons. Nous nommerons la plus abondante des sources S!, les deux autres, qui sont en amont de celle-ci, S° et S'. » M. À. Quartier, pour voir si l’on ne pourrait pas obtenir un dégagement de gaz continu , a pris un entonnoir en bois, qu’il a renversé sur la source. Par le tuyau en fer de l’entonnoir , qui avait plus d’un pouce de diamètre, transformé en bec de gaz, s’'échappait une colonne de feu d’à peu près un pied de hauteur, brûlant sans in- térruption et donnant une clarté assez vive. La flamme, bleue dans la partie inférieure, devenait rougeâtre dans sa partie supérieure. Lorsque l’on bouchait avec la main, l'ouverture pendant une ou deux minutes et que Von approchait une allumette au moment où l’on enle- vait la main, 1l se produisait un jet de flamme de cinq à six pieds de hauteur. Les sources S° et S° dégagaient le même gaz, mais en quantité moins considérable. Le niveau du Doubs était descendu si bas, que la glace reposait sur la vase qui forme le lit ordinaire de la ri- “rière ; cette vase est à douze ou quinze pieds au-dessous line à 2 mé en dés htiti miss DURE du niveau ordinaire ; le Doubs lui-même ne formait plus qu'un petit ruisseau coulant au milieu de son ancien lit. L'eau des sources était donc mélangée de vase. Pour isoler la plus importante de ces sources, S', M. À. Quar- tier et ses amis, ont enfoncé une cheminée en bois, car- rée, ayant dix-huit pouces de côté et neuf pieds de long, dans la vase; elle dépassa celle-ci d'environ deux pieds , ensorte qu’elle était enfoncée d’à peu près sept pieds. De cette manière , la source se trouva préservée en grande partie des infiltrations d’eau provenant de la fonte des glaces, mais ils ne parvinrent cependant pas à avoir l’eau claire, car chaque curieux, et ils étaient nombreux, croyait de son devoir de planter dans la che- minée, un objet quelconque en guise de sonde; on a été obligé à la fin de fermer la cheminée avec une planche à laquelle était ajusté le tuyau pour les amateurs du gaz , qui était assez abondant pour servir de spectacle toute la journée. M. Aug. Quartier croit, ainsi que M. Nicolet, de la Chaux-de-Fonds, que l’eau de cette source est iden- tique avec celle du Villers ; toutes ces sources doivent venir du même courant ou bassin situé au-dessous de la couche de limon imperméable qui commence à qua- torze ou quinze pieds au-dessous du niveau de la vase proprement dite, les deux couches étant séparées par un lit de dépôt lacustre ; le seul examen des lieux où sourdent ces différentes sources, paraît concluant ainsi que l'égalité parfaite de température de leurs eaux. De- puis le Villers, le Doubs forme un S gigantesque d’au moins deux kilomètres ; la source du Villers se trouve à l’une des extrémités de cetS ; au-dessous du Villers est un mamelon qui a forcé le Doubs de faire la première —. 315 — partie de PS ; dans cette partie de la rivière, il n’y a au- eune source; les trois sources des Brenets se trouvent sur la deuxième partie de PS, en ligne droite avec la source du Villers et sans suivre le lit ordinaire du Doubs qui termine VS. Cela parait prouver qu’il existe un bassin ou courant souterrain d’eau ferrugineuse. Aussi M. A. Quartier a la conviction qu’on n’a pu obtenir l’eau par- faitement pure et qu’on ne l’aura que si l’encaissement descend jusqu’au dessous du limon perméable. L'eau du Villers appartient au groupe des eaux dites ferrugineuses crenatées, et elle vient se ranger à côté de celles de Forge, en Normandie. L’eau du Villers est iodurée ;, mais le caractère distinctif de cette eau est la - présence de l’acide crénique qui a la propriété de ren- à un mat a dar dd din mot dt + ct RE Ed ? dre le fer plus facilement assimilable après l'absorption. Une analyse faite à Paris, par ordre du gouvernement, a donné pour 1000 grammes d’eau : : Grammes. Bicarbonate de chaux. . . 0,907 Bicarbonate de magnésie. . 0,150 Chlorure sodique, sulfate al- calin et sels de potasse. . 0,050 Crénate et silicate de potasse. 0,280 Iodure sensible : Oxide de fer crénaté . . . 0,110 Silice, alumine. . . 0,144 Matière organique, en quanti- tés variables, mais toujours abondantes . Total 1,641 C’est ensuite de cette analyse que l'autorisation fut + donnée d'exploiter la source de Villers. BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. 21 — 316 — L'eau de la source S' a été analysée sommairement par M. le pharmacien des Brenets, et il a trouvé gr.0,094 d’oxide de fer sur 1000. L'eau des sources a été examinée à Neuchâtel par M. Kopp, et il a trouvé : Pour S! Pour $? Pour S° Silice et alumine. 0,070 0,095 0,077 Oxide de fer . . 0,094 0,045 0,075 Ehaux.:,4. : 0,320 0,187 0,227 M. Nicolet, de la Chaux-de-Fonds, a constaté la pré- sence de l’acide crénique. Pour constater la température des sources on a enfon- cé dans les trous un thermomètre attaché à une longue tige de bois; la température était constamment +6°R,; pour s'assurer que cette température était bien celle de la source et non celle du limon d’où elle sortait, on a pratiqué dans la vase un trou de sonde de sept à huit pieds de profondeur , à quelques pieds de la source S'; le thermomètre enfoncé dans ce trou, à la même pro- fondeur que dans la source, a toujours Imdiqué + 1° et +1°,5 R. La température du Doubs était de 0,5 à 2°R. Le gaz inflammable était de l'hydrogène protocarboné; la source S' en produisait approximativement huit mè- tres cubes en vingt-quatre heures. À ce sujet, M. Quar- tier a reçu d’une personne qui habite près d’Yverdon, une lettre par laquelle elle lui annonce qu’il y a dans une de ses propriétés une source dégageant , depuis plus de trente ans, une masse de gaz sans interruption. Cette personne dit qu’elle a offert plusieurs fois à la ville d’Y- verdon, de lui céder le gaz pour l'éclairage de la ville, mais que chaque fois 1l lui a été répondu que si la source donnait du gaz aujourd'hui, ce n’était pas une raison | — 317 — pour qu’elle en donnât demain; ce qui fait, dit-elle, que depuis trente ans, ce gaz éclairant attend des esprits éclairés pour en tirer parti. M. Quartier pense que cette personne parle d’un gaz d’une autre nature que celui des sources des Brenets, qui est peu éclairant. Quant à la permanence de la production du gaz dans les sources des Brenets , elle est démontrée par l’expé- rience, car lorsque le Doubs gèle par un temps bien calme et clair et que par conséquent la glace se trouve transparente et sans neige , il se trouve toujours dans la glace, au-dessus des sources , d'énormes globules qui font que la glace n’est jamais aussi forte là qu'ailleurs. Depuis son enfance, M. Quartier a remarqué cela toutes les années, et chacun, aux Brenets, l’a remarqué comme Jui, sans que jamais on se soit rendu compte de ce fait. Ce n’est que depuis qu’on a vu le gaz, qu’on sait la cause de ces places globuleuses que l’on aperçoit chaque an- née aux mêmes endroits. Si ces gaz provenaient uniquement de la vase, on devrait voir ces globules un peu partout, et pas à une place plutôt qu'à une autre; et cependant lorsque le Doubs gèle , et il y a, en temps ordinaire, de douze à quinze pieds d’eau au-dessus de la vase, on voit toujours au-dessus des sources, un amas de gaz nullement com- parable aux globules isolées que l’on voit partout, vu que ces amas ont de quatre à cinq pieds de diamètre, surtout au-dessus de la source S'. La Société a vu avec bien du plaisir le zèle que M. A. Quartier et ses amis ont mis à observer un phénomène aussi intéressant. Elle fait des vœux pour que partout on donne une attention aussi intelligente et aussi suivie aux phénomènes de la nature. L'observation de la nature, en — 318 — elle-même, quand même l’investigation n’est pas suivie d’un résultat utile, a des charmes et procure des plaisirs qui sont la plus belle récompense de ceux qui s’y livrent. Séance du 5 mars 1858. Présidence de M. L. CouLon. M. le président annonce que M. Alph. Coulon, prési- dent du tribunal de Neuchâtel, vient de faire don à la So- ciété d’une somme de mille francs, en vue de faciliter la publication de nos mémoires. Cette nouvelle est reçue avec des témoignages de satisfaction et de reconnaissan- ce, et ilest donné ordre au secrétaire d’expédier au plu- tôt à M. Alphonse Coulon une lettre officielle, pour lui exprimer nos sentiments de sincère gratitude. M. le professeur Desor communique le résultat de ses observations, sur les sources qui ont fait invasion dans le tunnel du Hauenstein. Appelé récemment en qualité d'expert à examiner la question si délicate de la pro- priété des sources , qui ont causé tant d’ennuis et tant de pertes à la Compagnie du Centre et aux entrepre- neurs du tunnel, M. Desor a dû faire avec ses collègues MM. Escher de la Linth et Gressly, une étude complète de la structure de la montagne, afin de se rendre compte des perturbations apportées dans l’économie des eaux par les travaux du chemin de fer. Avant que le massif du Hauenstein fût attaqué par les mineurs, une source abondante jaillissait au pied du versant septentrional, et formait le ruisseau de Hom- bourg , qui alimente des moulins et arrose la vallée de- A _ AL — 319 — Läufelfingen. Quelque temps après le début des travaux, la galerie étant parvenue à une distance d'environ 200", la source tarit tout-à-coup et les rouages des usines res- tèrent immobiles. Cependant l’intérieur du tunnel se trouvait, au même moment, envahi par des torrents d’eau , qui mirent en danger la vie des ouvriers et qui n’ont pas cessé, dès lors, d’inonder la mine. Pour faire droit aux réclamations des propriétaires des moulins et pour se débarrasser de l’eau, il fallut établir plusieurs pompes mues par la vapeur, et rejeter ainsi au dehors, et à grands frais (200 fr. par jour), un ruisseau que le canton de Bàle-Campagne considère comme sa proprié- té, mais que la pente unique du tunnel entrainerait vers Olten et le bassin de l’Aar. L'ouverture de cette galerie a été, comme on le voit, accompagnée de circonstances malheureuses , mais on les aurait évitées si on eût écouté les enseignements de la scienceet les conseils des géologues. En effet, plusieurs d’entre eux, et particulièrement M. Gressly, avaient si- gnalé comme dangereuses les marnes dolomitiques et les argiles salifères gypseuses que la galerie devait nécessai- rement couper , d’après le tracé des ingénieurs, et qui constituent le fond d’un bassin intérieur, résultant d’un plissement des couches de dolomies dont la montagne est formée dans ce point. Ce bassin, rendu imperméable par les argiles qui lui servent de base , est en réalité un immense réservoir où s'accumulent les eaux des pluies. Avant le percement du tunnel , il avait pour déversoir unique la source dont on a parlé plus haut; mais ensuite des travaux, les parois inférieures ayant été ouvertes, un écoulement formidable s’est fait un passage par la tran- chée, et aucune force humaine ne peut actuellement = "680: — fermer cette issue. Il eût suffi, pour éviter cette catas- trophe, de transporter le tunnel a quelques cents mètres à l'Est, où par suite de l’inclinaison des couches, il au- rait pu être maintenu au-dessus des couches de marne. D'après eet exposé, il est évident que l’eau de ces pre- mières sources appartient au versant nord; or comme le travail des pompes est trop onéreux, pour qu'il soit pos- sible d’avoir recours plus longtemps à ce moyen, la compagnie parait disposée à creuser un nouveau tun- nel, qui aura 700 mètres de longueur , en contrepente du premier , pour ramener au dehors de la montagne, Veau que la pioche des mineurs a enlevée à ses proprié- taires naturels. À propos de ce bassin , dont les roches peuvent être assimilées à une immense éponge, et qu'on peut compa- rer lui-même à un réservoir destiné à alimenter les sources , M. Desor s'attache à démontrer l'existence de dispositions semblables dans notre Jura, dispositions auxquelles nous devons la plupart des cours d’eau du -eanton, l’Areuse , la Noiraigue , la Serrières, etc. , qui depuis plusieurs mois n’ont pas cessé de couler, malgré la sécheresse prolongée, et quoique les marais de nos montagnes fussent couverts de neige et hors d'état, par conséquent, de soutirer à l'atmosphère la quantité d’eau qu'ils lui enlèvent ordinairement. Sans ces bassins , qui font l'office de caisses d'épargne, nous aurions vu nos rivières diminuer dans une plus grande proportion et tarir à-peu-près complètement. Un autre phénomène s’est produit vers l'extrémité opposée du tunnel, c’est l'invasion d’une source ther- male très-abondante et donnant deux à trois cents pieds cubes d’eau par minute. Dans le même temps, une fai- — 321 — ble source d’eau chaude minérale qu’on voyait sourdre près du sommet du Hauenstein , et qu’on utilisait quel- que peu au profit des malades, cessa subitement de cou- ler. Autre sujet de réclamations adressées à la com- pagnie, et nouveau champ d’études pour les géologues. Cette fois les réclamations ne purent donner lieu à une indemnité, car dans le point où jaillit l’eau thermale, les couches de la montagne, fortement inclinées vers le sud, conservent leur direction jusqu’au sommet ; entre ces couches l’eau se frayait un passage de bas en haut jus- qu’à la source ; l’ensemble du bassin appartient donc au versant méridional. Par conséquent , en s’écoulant par la galerie vers Olten , l’eau ne fait que suivre sa direc- tion naturelle. M. Ritter rend compte des expériences qu’il a entre- prises, pour mesurer avec exactitude la résistance des diverses sortes de pierres, provenant des carrières des environs de Neuchâtel, et généralement employées dans nos constructions. Ses essais ont porté sur les diverses assises du néocomien et sur le roc ou portlandien. L’ap- pareil, employé pour les épreuves , est une plate-forme en fonte reposant sur une base solide; sur cette plate- forme , qui recoit le bloc d’essai, presse un levier du second genre , dont le moment est calculé avec soin, et à l'extrémité duquel on suspend des poids de plus en plus lourds, jusqu’à ce que le bloc éclate. Les échantil- lons soumis à l’expérience sont de forme cubique, ils ont de 3 à 6 centimètres de côté, et doivent être taillés avec une précision mathématique , afin que la pression du levier s'exerce également sur tous les points de leur surface. Cette dernière condition est absolument néces- saire; sans elle , les résultats obtenus ne mériteraient aucune espèce de confiance et n’auraient qu’une valeur purement relative. Calenire néocomien : 1° Quatre expériences sur des cubes de 0",06 de côté ; calcaire tendre , les cubes sont écrasés sous une pression maximum de 134 kil. par centimètre carré. » moyenne de 119 » » » » » minimum de 107 » » » » . 2° Cinq expériences sur le même calcaire , les cubes ayant 0*,05 de côté, écrasés, pression max. 226 kil. » » moy. 177 » » » min. 126 » 3° Huit expériences sur du calcaire ordinairement employé, de 0°,03, écrasés, pression max. 392 kil. » » moy. 302 » » » min. 192 » 4° Une expérience, calcaire injecté de quartz, bancs supérieurs, cubes 0",03, écrasés, pression max. 652 kil. 5° Deux expériences, bancs bleuâtres, cubes de 0",05, écrasés, pression max. 163 kil. » » moy. 145 » » » min. 127 » 6° Une expérience, mêmes bancs, cubes de 0",06, écrasés, pression 133;:kil; Portlandien : 7° Une expérience sur un cube de 0”,06 de côté, écrasé sous une pression de 162 kil. 8° Une expérience, sur un cube de 0°,03, même banc écrasé sous une pression de 652 kil. CTP UN ST Je Caleaire valangien : 9° Une expérience sur un cube de 0",03 de côté, écrasé sous une pression de 652 kil. Calcaire noir d’Aigle (Vaud): 10° Une expérience sur un cube de 0,06 de côté, écrasé sous une pression de 162 kil. En comparant les chiffres de ce tableau, on remarque que les petits cubes ont mieux résisté que les grands, sans doute parce que la pression était répartie d’une ma- nière plus égale sur les divers points de la surface. Le calcaire valangien résiste autant que le portlandien. Quant au néocomien , sa résistance est suffisante pour qu’on puisse élever une tour parfaitement solide, à une hauteur de 1800 pieds. Contre toute attente , la molasse offre plus de résis- tance que le néocomien. M. Perreqaux présente des débris de poteries, de charpentes et quelques ossements , dont un de sanglier ou de porc, provenant de fouilles qu’il a faites lui-même dans le lac , devant Corcelettes, dans un endroit consi- déré comme un campement celtique ; sur une étendue d'environ 3 poses , le fond du lac est hérissé de pilotis, qui font saillie de quelques pouces et même de deux pieds; c’était probablement sur ces pieux que les habi- tations lacustres étaient construites. Le niveau du lac étant excessivement bas, on peut fouiller entre ces pilo- tis ; c’est là que M. Perregaux, sans être obligé de creu- ser le sol , a ramässé les objets qu’il met sous les yeux de la Société. Les vases paraissent avoir été d'assez grande taille ; la pâte dépourvue de vernis , est épaisse et entremêlée de fragments de quartz; la cuisson n’a — 324 — pas été poussée très-loin, la couleur rouge n’atteignant qu’une faible profondeur. Les circonstances étant extrêmement favorables pour ce genre de recherches, M. Perregaux est invité à les continuer. Il serait fort intéressant de connaître tous les gisements de ces débris et d’en posséder le relevé sur une carte de notre lac, avec le plan géométrique de chacun d’entre eux. Séance du 19 mars 1858. Présidence de M. L. COULON. M. le professeur Xopp répète les expériences faites, il y a quelque temps, par M. le professer Sire , de la Chaux-de-Fonds, dans une des séances de la société d'utilité publique, avec le pendule de Foucault et le gy- roscope. Ces appareils exécutés avec le plus grand soin, ont été donnés aux collections de l’école industrielle de la Chaux-de-Fonds , par M. Ducommun , constructeur de machines-outils, à Mulhouse. M. Xopp expose le résultat des recherches de M. Sire sur les phénomènes présentés par les corps en rotation; il répète quelques expériences qui ne sont que des con- séquences de la loi découverte par l’auteur en 1852 ; loi que l’on peut énoncer ainsi: Lorsqu'un corps tournant autour d’un are unique est soumis à une seconde rota- tion autour d'un axe différent, les deux axes tendent toujours à devenir parallèles, de facon que les deux rotations atent lieu dans le même sens. Ce résultat, assez remarquable, est une conséquence de la composition des rotations. Il résulte, en effet, de l'énoncé qui précède , que si l’on imagine un corps en rotation placé directement sur le sol, ce corps étant soumis alors à deux rotations , l’une autour de son axe de rotation propre, l’autre autour de l'axe terrestre , et si de plus le corps tournant a une mobilité convenable, on verra son axe se placer dans le même plan que l'axe de la terre, ou dans un plan parallèle, ce qui fournit un moyen assez curieux de déterminer le méridien d’un lieu. D'un autre côté , si l’on admet que l'axe de rotation du corps est primitivement placé dans un plan méridien et capable de se mouvoir seulement dans ce plan, le . corps tournant se trouvera encore soumis aux deux ro- tations précédentes; mais alors son axe se placera pa- rallèlement à l’axe de la terre, ce qui permet d'évaluer - Ja latitude du lieu de l'observation, puisque l'angle for- mé par l’axe de rotation et la verticale du lieu est égal au complément de la latitude. Ces phénomènes de l'orientation de l'axe du corps tournant, sont précisément ceux que M. Foucault a m- diqués ultérieurement lors de la présentation de son gyroscope, résultat qu’il obtient en supprimant alter- nativement deux axes à son appareil, de façon à ne per- mettre à l’axe du tore de se mouvoir d’abord que dans un plan horizontal, et en second lieu seulement dans un plan méridien. Les effets de rotation dont il s’agit, ont une valeur extrêmement faible, lorsque la deuxième rotation est la rotation réelle de la terre autour de son axe. Aussi la communication de M. Sire a-t-elle pour principal but, la présentation d’un appareil provisoire, destiné à met- tre ces effets en toute évidence, en substituant à la ro- — 326 — tation diurne de la terre , une rotation artificielle. Cet appareil, en agrandissant les effets dont il s’agit, offre encore le grand avantage de se prêter à une facile dé- monstration de la loi découverte par l’auteur, et, par suite , de la rendre plus accessible aux personnes peu versées dans les notions de mécanique. La question peut alors prendre place dans un enseignement élémentaire. M. Sire est en pourparlers avec un mécanicien de Paris, pour la construction d’un appareil définitif devant ser- vir aux démonstrations publiques. M. Perreqaux présente le plan géométrique d’une en- ceinte quadrangulaire formée par deux rangs serrés de pilotis, que la retraite des eaux du lac a mise à sec de- vant le village d’Auvernier , à quelques pas du chemin qui conduit aux allées de Colombier. Les pieux, dont il ne reste que des tronçons de quelques pieds de longueur, sont en pin, non équarris, le bois a perdu sa consistance et paraît à demi décomposé. Les monceaux de galets qui remplissent cette enceinte n’ont pas permis d'y pra- tiquer des fouilles. M. le président donne quelques détails sur la décou- verte d'objets celtiques, dans le lac, devant le village du petit Cortaillod , et il annonce son intention d'aller lui-même examiner ce gisement pour tenter quelques recherches au profit de notre musée. Séance du 9 avril 1858. Présidence de M. le Dr BoREL. M. Maret, notaire , est admis comme membre de la Société. tal Rte nt de . oh. À ot nn M. le professeur Desor présente une collection d’ob- jets celtiques provenant d’explorations qu'il a fait exécu- ter par un pêcheur expert dans ce genre de recherches. * Ces objets pêchés dans divers points du lac de Bienne, de la Thièle et du lac de Neuchâtel, sont du plus haut intérêt, à cause de leur état de conservation et de leur diversité. Les substances dont ils sont formés, sont la pierre, le bronze, le fer et l'argile. Pierre. Hache d’euphotite, coins en pierre dure des Alpes et en silex , etc., — pierres à aiguiser en grès, — large pierre plate à broyer , avec son pilon en forme de boule, — une pierre taillée en forme de disque de pou- lie, également en grès de la Molière. Bronze. Une hache qui semble sortir de la fonderie et qui porte très-visibles les bavures du moule et le cu- lot de coulée, — une lame de couteau d’une belle forme, — de longues épingles à cheveux , — un frag- ment de bracelet, — des anneaux, — un poinçon acéré, à pointe finement recourbée, ressemblant à certains instruments de chirurgie. Fer. Un fer de lance, — un fragment de fourreau d'épée, — un fer de harpon. Poteries. Des vases de diverses grandeurs , les uns faits à la main et portant encore l'empreinte des doigts du potier , les autres faconnés sur le tour et ornés de dessins très-simples, mais réguliers ; — des torches ou grands anneaux destinés à servir de supports aux vases, dont le fond est arrondi ou pointu, — des petits anneaux servant à charger les fuseaux à filer. Outre ces objets, M. Desor a vu , dans les mains d’un pêcheur de Nidau , plusieurs pièces fort remarquables qu'il avait retirées du lac, devant Cortaillod, pour le — 328 — compte de M. le colonel Schwab , son patron; c’étaient un poignard en bronze à lame triangulaire, à faces évi- dées, d’une forme générale très-élégante, et une ancre formée d’une pierre de molasse, armée de deux bras ou pattes en fer. Ces débris, qui datent d’une époque éloignée, doivent provenir d’un peuple arrivé à un état de civilisation assez avancée, qui construisait ses demeu- res sur les eaux, animait de sa présence les vastes nappes de nos lacs, et a dû être nombreux , à en juger par la quantité de stations et l'importance des espaces plantés de pilotis. Une circonstance remarquable jette quelque jour sur l’âge relatif des diverses stations ; ainsi à Cortaillod, à Bevaix , à Corcelettes , à Estavayer, à Cudrefin , on ne trouve, en fait de métal que du bronze, tandis qu’à Ma- rin, on ne rencontre que du fer; eton y a déjà pêché des épées avec leur fourreau , des fers de lance et de gaffe. Cette dernière station est donc postérieure à toutes les autres ; elle marque un immense progrès et a été proba- blement fondée par un autre peuple ou après une inva- sion. On prie M. le professeur Xopp d’avoir l’obligeance de faire l’analyse du bronze qui entre dans la composition de ces objets. M. Perregaux complète la communication si intéres- sante de M. Desor, en mettant sous les yeux de la So- ciété un grand nombre de vases et de débris de poteries, les unes grossières et d’une forme vulgaire , les autres plus fines, plus minces, d’une forme élégante et portant quelques ornements bien distribués. Quelques vases dé- formés par la cuisson, impropres à tout usage et qui ont dû avoir été jetés, semblent attester que ces objets ont — 329 : — été confectionnés sur place. Le gisement découvert par M. Perregaux est situé devant Auvernier, au milieu de pilotis visibles pendant les basses eaux; il était fort riche, mais un pêcheur de Cortaillod, survenu plus tard, a profité d'un moment de calme, pour emporter la plus » grande partie des poteries qui yétaient entassées. M. Per- regaux présente en outre des torches ou anneaux, une hache en pierre dure pêchée devant le Châtelard près de Bevaix, et divers ossements qui paraissent appartenir à l'Elan, ainsi que les fragments du bois de cet animal, des cornes qu'on pourrait attribuer à l'Urus et quelques . dents; enfin un des piquets arrachés devant Auvernier, * et qui portait au sortir de l’eau les traces évidentes du > tranchant de la hache employée à façonner sa pointe. - Malheureusement cette pièce de bois, en se desséchant, . s’est gercée et fendue dans tous les sens. - M. Perregaux ajoute quelques explications, pour faire mieux connaître les gisements d’antiquités celtiques dans l'étendue de notre lac ; on en connaît deux devant Au- vernier et deux devant Cortaillod , à une profondeur de :8à 12 pieds, dans les basses eaux ; trois devant Bevaix à dix ou douze pieds et à deux ou trois pieds, dont une … devant le Châtelard ; une à Corcelettes, à deux ou trois - pieds de profondeur. À partir du dépôt d’Auvernier , et “en se dirigeant parallèlement au rivage, vers la pointe du Bied , on trouve une ligne immense de pilotis serrés les uns contre les autres , et formant une sorte de digue. “Devant le Bied il y a trois rangs de pieux décrivant un grand demi cercle. À Corcelettes, M. Perregaux a cons- taté l'existence d’un espace carré, entouré de deux rangs de pilotis, entièrement analogue à celui qu’il a découvert devant Auvernier et dont il a levé le plan. — 330 — Cette construction , qui a l'air d’avoir été élevée pour servir à la défense , est située au large du campement proprement dit. M. le professeur Desor appelle l'attention de la Société sur un fait qui doit intéresser non seulement les géolo- gues , mais toutes les personnes instruites ; il s’agit des roches polies qui, découvertes autrefois dans quelques -points isolés et restreints de notre Jura, se manifestent aujourd'hui, grâce aux travaux de chemins de fer, dans des proportions inattendues, et avec un caractère de généralité et de grandeur incontestable. Deux étages du néocomien sont particulièrement remarquables sous ce rapport: Ce sont l’urgonien et le valangien, dont la pâte fine s’est prêtée admirablement à l’action lente des gla- ces et des sables silicieux qui agissaient comme l’émert. Partout où ces roches sont mises à nu, par enlèvement des pierres ou de la terre, leur surface présente un poli parfait, marqué de stries dirigées au N.-E., les unes larges d’un millimètre, les autres si ténues qu’elles sem- blent faites par une pointe de diamant. Il y a quelques années , les roches polies du Landeron étaient considé- rées comme une merveille ; on venait de fort loin pour les examiner ; maintenant on en trouve d’analogues sur un grand nombre de points. Cependant une foule de cau- ses peuvent détruire ces vestiges précieux, qui servent de base à des théories grandes et hardies ; il importe donc d’en conserver des spécimens faciles à recueillir dans le moment actuel. La Société pourrait se charger de cette tâche, en rapport avec ses études et avec le caractère d'utilité générale qui se manifeste dans ses actes. Les membres présents sont unanimes pour remercier M. Desor de l'initiative qu’il vient de prendre , et pour — 3H — | décider que la Société s’occupera sans retard de la réa- lisation d’un projet qui a toutes ses sympathies. On tombe d’accord pour placer deux échantillons de grandes dimensions sur le péristyle de la façade nord du gymnase, en les adossant contre le mur dans l’espace compris entre deux colonnes. Ils seront suffisamment abrités pour se conserver intacts, et assez en vue pour que le public puisse les examiner à l'aise ; une inscription taillée sur chacun des blocs marquerait l'indication du phénomène, la nature de la pierre et l’endroit d’où elle provient. Séance du 23 avril 1858. Présidence de M. L. CouLon. M. Andreæ, pharmacien à Fleurier, est admis comme membre de la Société. M. le président annonce que M. Andreæ se chargerait volontiers de faire à Fleurier des observations météoro- logiques. M. le professeur Desor fait lecture d’une lettre de M. Xavier Kohler, annonçant la prochaine arrivée d’un buste de feu M. Thurmann , destiné à la Société, en reconnaissance du concours que plusieurs de ses mem- bres ont prêté, lors de la souscription ouverte pour cou- vrir les frais de ce monument. M. le président met sous les yeux de la Société diver- ses préparations anatomiques envoyées par M. Rappart; ce sont des langues de Gastéropodes (escargots, hélices), BUL. DE LA SOC, DES SC. NAT. T. IV. 22 — 332 — qui, vues au microscope , sous un grossissement suffi- sant, présentent une structure très-remarquable et des différences si notables , que cet organe peut rendre des services dans la classification de ces animaux. Les espèces dont les langues sont soumises à l'examen, sont les suivantes : Helix nemoralis, Berne , Littorina, Havre, Massa reticula, Sicile , Cerithium vulgatum, Si- cile, Carinaria, Sicile (quelques dents de la langue), Patella, Portland , Paludina, Java, Paludina, (langue d’un embryon), Paludina de Java, Ampullaria, Java, Turbo, Jersey, Melania, Java, Ampullaria, Bahia. En outre un polype sortant de sa cellule ; on recon- naît les huit tentacules qui, appuyées sur un test calcaire, se prolongent en un byssus très-fin. Des spicules prove- nant des tentacules. Des spicules provenant d’autres par- ties du polypier. M. le professeur Desor revient sur la question des an- tiquités celtiques trouvées dans notre lac; il rappelle les diverses périodes distinguées dans les stations lacustres, et caractérisées par la terre, le bronze et le fer. À l’âge de pierre appartiennent le dépôt de Meiïlen au lac de Zurich , celui de Mohrsee au lac de Hofwyl et celui de Chamblon. A l’âge de bronze, presque toutes les stations du lac de Bienne et du lac de Neuchâtel. A l’âge de fer enfin , Sutz au lac de Bienne et Marin ; jusqu’à présent on ne connaissait sur nos eaux que ces deux points où les fouilles ne donnassent que des objets en fer. Depuis quelques jours M. Desor est en possession d’une pointe de lance, en fer , trouvée parmi les pilotis d’Auvernier; on comprend de quel prix est une pareille découverte et quelles conséquences il est permis d’en tirer. D’abord — 333 — on doit en conclure que Marin et Auvernier étaient des stations contemporaines ; on peut établir en outre que dans l’âge de fer, plus récent que les deux autres, puis- que partout le fer a succédé au bronze , et malgré l’im- mense progrès qu'il révèle , la coutume de bâtir les de- meures sur pilotis au milieu des eaux, subsistait encore. Les objets en fer provenant de Marin ont été retirés du milieu des pilotis , et depuis la dernière séance , il est parvenu à M. Desor un fer de lance et un fer de gaffe portant encore un clou. Le seul fragment de poterie re- tiré de ce dernier gisement offre une grande analogie avec les poteries romaines ; c’est une portion d’anse d’amphore d’assez grande dimension, et qui parait avoir subi une cuisson complète. M. Desor a recu d’Auvernier quelques petits vases entiers d’une jolie forme , avec des dessins fort simples mais agréablement distribués; le fond est arrondi ou pointu; des torches ou anneaux en terre, pêchés en même temps, s'adaptent parfaitement aux dimensions de ces vases pour léur servir de supports. La pâte de ces vases est assez fine : elle contient des cristaux ; sa cou- leur est noire, et d’après des expériences faites par M. De- sor, cetle poterie n’a pas été cuite au four, un fragment qu'il a fait chauffer au feu de forge a perdu sa couleur noire et est devenu rouge comme la terre de briques. Ces poteries contiennent souvent dans leur cavité une quantité de coquilles de noisettes. M. Desor possède un vase qui renferme à la fois des coquilles de noisettes et des noyaux de cerises. Ces noyaux ont été examinés par M. Godet, qui y a reconnu - notre petite cerise sauvage. Les anneaux étorchos) , enduits de suie sur la face qui n’est pas recouverte d’un encroûtement déposé par — 334 — l'eau, montrent qu’ils ont été exposés à la flamme du foyer, probablement pour les usages culinaires. Quelques personnes font la remarque qu'Homère ne mentionne comme métal usuel que le bronze; il ne parle du fer qu’à l’occasion des jeux donnés en l'honneur des funérailles de Patrocle , où une boule de ce métal fut présentée comme objet de curiosité. Dans l'Egypte antique tous les objets métalliques ser- vant au travail étaient aussi de bronze ; ce fait est attesté par les monuments; même le scarabée trouvé dans les tombeaux est formé de cette substance. «M. Guillaume , conseiller d’état, rappelle que dans le catalogue de Schintz il est indiqué trois espèces de Lamproies, dont deux sont au musée de Neuchâtel et proviennent de notre lac, ce sont: Petronison planeri, le Perce-pierre, et Amocetes branchalis ou Lamproyon. Dans un mémoire publié récemment, M. Muller vient de démontrer un fait inattendu et très-remarquable, c’est que le lamproyon n’est que le premier état du perce-pierre, et qu’il n’arrive à cet état parfait que par une métamorphose qui a pour effet des modifications assez profondes dans la bouche et les organes respira- toires et en particulier la faculté de se reproduire, dont le têtard est entièrement privé. Séance du 7 mai 1858. Présidence de M. L. COULON. On fait au sujet du procès-verbal de la séance précé- dente, quelques remarques relatives aux antiquités celti- — 335 — ques trouvées à Auvernier. Le fer n’est pas le seul métal fourni par cette station ; on en a retiré des objets de bronze, entre autres des anneaux. Les pointes de gaffes, considérées par les antiquaires comme d’origine celti- que, paraissent à quelques personnes d’une authenticité contestable; bien que trouvés parmi les pilotis , ces fers peuvent cependant être modernes ou provenir d’une épo- que moins reculée. Depuis des sièeles les barques pesan- tes naviguent à la gaffe, en suivant les rives; on peut fa- cilement admettre qu’ensuite d'accidents, quelques-uns de ces instruments se sont perdus, ou sont restés engagés . dans le bois des pilotis. Ce qui fait douter de l'antiquité de ces objets, c’est le clou dont quelques-uns sont encore armés. Si les clous eussent été en usage chez les peuples lacustres de nos contrées , il est probable qu’on les eût employés à d’autres services, et que les stations explo- rées, au lieu d’en être dépourvues, en eussent fourni de nombreux échantillons. M. le président présente trois grandes cartes repré- sentant, sur une grande échelle, le relèvement du cours du Paraguay, par le commandant Page: elles sont en- voyées à la Société par la légation des Etats-Unis à Paris. On annonce la mort regrettable de M. Lamont, pas- - teur, à Diesse, qui, pendant bien des années, a fait avec _ré'omtté D à dévuement des observations météorologiques pour le compte de la Société. La station de Diesse se trouve ainsi dépourvue d’observateur. M. Favre lit les procès-verbaux du comité de météo- rologie renfermant le tableau de nos stations actuelles, — 336 — le nombre des instruments dont elles sont pourvues, les observations qui y sont faites et les moyens employés pour leur donner la publicité qu’elles méritent. Nous avons six stations toutes très-importantes : Neuchâtel, Chaumont, Diesse, Fontaines, Môtiers et la Chaux-de- Fonds. Toutes ont de bons instruments, au moins un ba- romèêtre et un thermomètre; mais, sauf Neuchâtel, elles manquent d'appareils pour mesurer la quantité d’eau tombée. Des mesures sont prises pour qu’un nombre suffisant d’udomètres peu coûteux, mais exacts et d’une construction solide , soient mis prochainement à à la dis- position du comité. M. Xopp présente un modèle de ces appareils, qu’il a fait exécuter par un ferblantier d'ici, et le soumet à l'examen de l’assemblée. Cet udomètre est en fer-blanc; il se compose d’un vase cylindrique surmonté d’un en- tonnoir et porté sur un pied. Le vase est coupé dans sa longueur par une visière garnie d’une lame de verre ci- mentée sur laquelle est gravée la graduation en milli- mètres. Le rapport entre les dimensions du vase et celles de l’entonnoir est comme un 1: 4. Chacun trouve cet instrument bien imaginé et répondant parfaitement à son but; il ne lui manque plus que d’être suffisamment lesté à sa base, ou engagé par le pied dans un support, pour résister aux coups de vent. M. Kopp annonce qu on a fait des entailles au ciseau à la pierre à Masel et à la prerre à Marbre, pour rappe- ler le niveau extraordinairement bas où sont arrivées, cet hiver, les eaux de notre lac. M. le professeur Vouga rend compte d’une visite qu’il vient de faire à la collection d'objets celtiques réunis à à Sas. dé 2272 — 331 — Bienne par les soins de M. le colonel Schwab, et prove- nant du lac de Bienne et de ses environs , ainsi que du lac de Neuchâtel. Ces objets sont extrêmement nom- breux. M. Vouga mentionne particulièrement des vases en bois, de grandes cuillers de la même substance , des lances et des avirons en chêne bien travaillés; des hame- çons de bronze, simples et doubles de toutes dimensions; des aiguilles à coudre, également de bronze, percées d’un œil tantôt au bout , tantôt au milieu de leur longueur ; des vases en terre , dont quelques-uns sont perforés de trous disposés en spirale et servant à des usages incon- nus ; des verroteries destinées à garnir des bracelets, des lames d’or gaufrées et quelques médailles d’or portant une empreinte qu'on ne peut définir. Un grand nombre d’objets trouvés au Pont de Thièle indiquent, dans ce point, une station contemporaine de celle de Meilen au lac de Zurich. Enfin M. Vouga a eu l'avantage de pouvoir examiner une carte du lac de Bienne et de la contrée environnan- te, où M. Schwab a marqué les gisements d’antiquités, coloriés suivant la nature des objets qu’on y a découverts. Séance du 21 mat 1858. Présidence de M. L. CouLON. M. Heinzely est admis comme membre de la Société. M. le docteur Cornaz présente son rapport sur le - mouvement de l'hôpital Pourtalès pendant l’année der- — 338 — nière ; il fait lecture des fragments les plus intéressants. (Appendice N° 2.) Cette communication provoque une discussion dans laquelle plusieurs personnes prennent la parole. À propos d’un cas de brülure très-grave et suivi de la mort, M. le docteur Borel fait remarquer que la théorie généralement admise, qui considère comme mortelles les brûlures compromettant la moitié de la peau, ne reçoit pas toujours la sanction de l'expérience. Il cite, comme exemple, un cas dont il a été témoin en 1818. Un jeune homme de Neuchâtel, entré dans une futaille qu’il enduisait d'esprit de vin , eut l’impru- dence d'y introduire une chandelle allumée afin de ju- ger de la réussite de cette opération. On comprend que l'alcool prit feu instantanément et le malheureux, per- dant la présence d’esprit, ne put sortir du brasier qu’a- près de longs efforts et avec Le secours de plusieurs per- sonnes. La brülure n’était pas circonscrite dans certains points du corps; toute la peau était atteinte , et cepen- dant, après dix-huit mois de traitement, la guérison fût complète. M. L. Favre donne quelques détails sur les circons- tances extraordinaires au milieu desquelles s’est produit l'accident mortel décrit par M. Cornaz et dont lui-même a été le témoin. La jeune fille était avec son maïtre sur un char dont le fond était rempli de paille; elle avait sur ses genoux un enfant de quelques mois. Il faisait très- chaud et la bise était assez forte. Par une cause incon- nue, probablement l’étincelle d’un cigare, la paille s’al- luma et le feu devint tout-à-coup si intense, que malgré la rapidité avec laquelle le maître arrêta le cheval aux premiers cris de la domestique , celle-ci était si grave- ment atteinte, qu’au sortir d’un fossé où on la plongea dé. À — 339 — immédiatement, ses vêtements consumés tombèrent en lambeaux. Elle avait pu cependant sauter hoës du char et mettre en sûreté sur le bord de la chaussée l'enfant confié à ses soins et qui fut comp'ètement préservé. Huit jours après cette jeune fille mourait à l'hôpital. Cet événement a eu lieu près de St-Jean , et M. Favre rend hommage à la belle conduite de MM. Roy dans cette cir- constance. M. Desor donne quelques explications sur l’établisse- ment de la {able d'orientation de la chaîne des Alpes. Cet appareil est à l’étude depuis plusieurs années ; il est à peu près terminé , et comme le moment est venu de le mettre en place, il serait convenable de choisir l’empla- cement définitif qu’il occupera. On avait proposé dans l’origine le bord du quai derrière le Gymnase, en face de la colonne météorologique ; mais le Conseil municipal, ayant été consulté, a vu des inconvénients dans le choix de ce local , et il recommande un autre point dans le prolongement Ouest du même quai, à l'embouchure du grand égoût qui suit l’axe de la rue du Seyon. C’est l’en- droit le plus avancé du rivage ; il commande à la fois la contrée du Seeland et de St-Blaise , le canton de Vaud, le district de Boudry et le Val-de-Travers, et répond en- tièrement au but que l’on se propose dans l'érection de ce monument. M. Borel, président du conseil municipal, prend la parole pour appuyer ce que vient de dire M. Desor, et pour annoncer que, si le voisinage du canal est considéré comme un obstacle, à cause des exhalaisons qu’il déga- ge, le Conseil municipal est disposé à faire les frais né- cessaires pour couvrir l'embouchure de l’égoût et la faire plonger dans le lac. SR Les membres présents remercient M. le président du Conseil municipal de l'intérêt qu’il manifeste pour la réa- lisation d’un projet qui nous occupe depuis longtemps; ils sont d'accord pour préférer le local nouveau à celui qu'on avait proposé autrefois ; ils croient que la table d'orientation seranon-seulement agréable aux étrangers, en leur apprenant à distinguer les sommets des Alpes, mais encore utile à notre ville dans les cas d'incendie nocturne , et recommandent fortement aux personnes qui en ont la charge , d’en presser l'établissement, afin qu’elle fonctionne cette année. M. Desor met sous les yeux de la Société une médaille romaine en cuivre, portant l’effigie d’Auguste , décou- verte à dix pieds de profondeur au bord du lac , dans le lieu appelé la Maladière , où se trouvait autrefois une tour. Il rappelle que les médailles romaines, trouvées à Neuchâtel, sont excessivement rares et que, à part celles mentionnées par le chancelier de Montmollin , et trou- vées à Bellevaux, il n’a pas connaissance d’objets de cette nature, recueillis dans l'enceinte de la ville. La médaille qu'il présente a la même effigie que celles trouvées en 1846 au sommet du Chasseron. M. le docteur Borel reconnait qu’en effet les médailles romaines sont rares dans le territoire de notre ville; ce- pendant le musée doit posséder une médaille en or, trouvée en 1826 dans le Seyon. M. le président rappelle aussi qu’il a vu des habitants des rives du lac, près de Saint-Blaise et Marin, apporter, en grande quantité, des médailles romaines trouvées sur la grève après de violentes tempêtes. M. Desor annonce la mort de Jean Müller, naturaliste de Berlin , bien connu par ses travaux sur les animaux MNT 7 — 341 — inférieurs et en particulier sur les rayonnés. Ce savant, qui avait déjà passé à Neuchâtel en 1856, lors d’un voyage dans le Midi, entrepris pour rétablir sa santé, et pendant lequel il exécuta ses recherches les plus remar- quables , se proposait de visiter encore une fois notre ville et nos collections; il avait annoncé ce désir à M. Desor , et c'est au moment où il allait se mettre en route pour un nouveau voyage qu’une attaque d’apo- plexie l’a enlevé à la science et à ses nombreux amis. | Séance du 12 juin 1858. Présidence de M. L. CouLON. Il est fait lecture de deux mémoires de M. Jaccard, du Locle; l’un sur les tortues du terrain d’eau douce du Locle, l’autre sur les sondages exécutés récemment dans les marais du Locle, comme préliminaires des travaux de desséchement. Dans le premier de ces mémoires, (Appendice N° 4), M. Jaccard annonce la découverte qu'il a faite d’un grand nombre de débris se rapportant à un même individu de la famille des tortues, dans des marnes inférieures au calcaire à feuilles, (myocène supérieur) de la gare du Locle. D’après lui, ces débris ne peuvent se rapporter qu'à l'espèce Testudo Escheri et non à l'espèce Emys Nicolet, Pict. et Humb., trouvée à la Chaux-de-Fonds, par M. Nicolet , dans les marnes supérieures au calcaire d’eau douce, et appelée par ce géologue Marnes à osse- ments. Sondage dans le marais du Locle. (Appendice N° 5.) Sur un espace de cent-cinquante poses de marais, com- — 342 — pris entre les Prlons et le Col-des-Roches, on a pratiqué vingt-cinq sondages, poussés à une profondeur moyenne de 11°,65; le plus profond a atteint dix-huit mêtres, le moins profond cinq mètres; presque tous n’ont traversé que des dépôts quaternaires , si puissants au milieu de la vallée , qu’on n’a pu en atteindre la base , faute des instruments nécessaires. Ce n’est que sur les bords que la sonde a pénétré jusqu'aux terrains tertiaire et néo- comien. à Voici la série des terrains rencontrés par la sonde : Terrain tourbeux de 1 mètre à 6 mètres. Sablo-tourbeux de 3 » Sablo-argileux de 1 » à 9 m., presque partout à la base des sondages. Gravelo-argileux de 0,50 mètres à 2 mètres. Un fait très-remarquable s’est produit dans la localité nommée la Molière. Sur deux points éloignés l’un de l’autre de cent mètres , la sonde après avoir ramené du terrain tourbeux et sablo-tourbeux, pendant une dizame de mètres, est descendue par son propre poids l’espace de plusieurs mètres, et, lorsqu'on la retirée, elle ne con- tenait qu'un peu de matières sableuses ou terreuses. Au-dessous de cette nappe d’eau souterraine on a re- trouvé le terrain sablo-argileux imperméable. M. Desor fait remarquer que le phénomène de la nappe d’eau souterraine, mentionné par M. Jaccard, s’est produit, avec des proportions si considérables, dans le marais qui s'étend entre Noiraigue et Travers , que le tracé du chemin de fer Franco-Suisse, établi sur ce ter- rain, a du être changé et transporté à un niveau supé- rieur sur un sol résistant. Telle est la cause qui a empè- ché cette voie ferrée de passer par le village de Travers. — 343 — Les travaux du chemin de fer Franco-Suisse ont en outre mis à découvert, sur les bords de l’Areuse, à l’em- placement du viaduc de Boudry, des formations non encore signalées par les géologues neuchâtelois. Elles appartiennent à la molasse. Sur la rive droite, on remar- que des effets considérables de‘dislocation , provoqués probablement par la rivière, qui s’est creusé à la longue un lit profond en désagrégeant les marnes et en faisant ébouler les bancs de calcaire. Cette disposition défavo- rable d’un sol sans consistance est un obstacle sérieux qui exigera des précautions spéciales dans l’exécution des travaux d’art. (Appendice N° 6.) À Saint-Blaise , dans le tunnel de la même ligne , on a trouvé un ruisseau abondant, jusqu'alors inconnu, et, chose extraordinaire, un dépôt de tourbe si ancien qu’il a dû être formé avant la couche de tuf que la voie ferrée traverse en ce point. — 344 — PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ NEUCHATELOISE DES SCIENCES NATURELLES, Section de de Chaux-de- Jonds. Séance du 4 février 1856. Présidence de M. C. NiCOLET. Messieurs les professeurs A.-Louis Geiser, G. Sire, L: Favrat , J.—Henri Richard, Louis Buvelot, et J.—-Jac- ques Ulrich sont reçus membres de la section. On constitue le bureau de la manière suivante : M. J.-L. Wurrew, président honoraire, » Célestin Nicozer, président, » G. Ircer, D’, vice-président, » SRE, secrétaire pour les sciences naturelles et mé- dicales, » Griser, secrétaire pour les sciences exactes et tech- nologiques. On fixe l'heure et la date des réunions. Séance du 16 février 1856. Présidence de M. C. NICOLET. On fait lecture d’une communication de M. Péqgu- gnot, directeur de l’école industrielle du Locle, relative — “4 : — à un météore lumineux qu’il a observé, le 3 février der- nier, à huit heures et demie du soir. Depuis le grand platane , le phénomène lui est apparu dans la direction de Pouilleret; le globe était sphérique et se mouvait assez lentement dans une direction verticale ; il resta visible pendant quelques secondes et disparut derrière la montagne, sans laisser de traînée lumineuse et sans produire d’explosion. M. Micolet fait remarquer que ce phénomène a été aperçu à Genève, à Bâle, à Zurich, dans l'Emmenthal, à Francfort, à Paris, à Rouen, à Angers et Valenciennes, dans un diamètre d'environ cent-vingt lieues. M. Roulet-Lory expose, pour prendre date, le projet . d’une machine destinée à percer les rochers; il croit - qu’à l’aide de cet appareil, on pourrait percer en un an et demi, les tunnels des Loges et du Mont-Sagne tra- » versés par le chemin de fer du Jura. La Société attend, * pour se prononcer , l'expérience annoncée par M. Rou- | let, avec une machine réduite qu’il construit. » M. le docteur Landry fait part du cas médical sui- “vant : Une dame de 40 ans environ, offrait, depuis quel- ques mois, des symptômes simulant une grossesse, avec “des particularités qui faisaient douter d’une gestation “normale. Elle fut saisie, il y a quelques jours, de dou- leurs abdominales fugitives qui n’offraient pas les'signes “d’une parturition. Le système nerveux était fortement surexcité , l’hyperesthésie était à son plus haut degré. M. Landry pria M. le docteur Irlet de voir la malade, et ils furent d'accord pour reconnaître, dans la matrice, Texistence d’un corps étranger qui n’était pas un fœtus. — 346 — En effet, une masse énorme d’hydatides (quatre livres environ) sortirent à deux reprises ; à la suite de cette évacuation , la malade fut soulagée et elle ne tarda pas à reprendre ses forces. Ces hydatides appartiennent aux acéphalocystes; leur forme est celle d’une vessie à parois non fibreuses, plus ou moins transparentes ; elles n’offrent aucune appa- rence de corps ni de tête; leur cavité est remplie d’un liquide parfaitement limpide, et qui a les propriétés de l’eau pure ou légèrement albumineuse. M. le D' Zr/et fait observer que les causes qui donnent lieu au développement de ces vers intestinaux sont fort obscures; cependant on sait que leur siége est, en géné- ral, dans l’intérieur des organes parenchymateux, com- me le foie, la rate, les poumons, les ovaires. Les acépha- locystes sont solitaires ou multiples, et presque toujours renfermées dans une poche d’une nature particulière. Chez les ruminants et les rongeurs, l'humidité et la nourriture végétale fraiche ont une grande influence sur la production des vers vésiculaires. Aïnsi on peut pres- que à volonté faire naître des cysticerques chez des la- pins élevés dans des caves et nourris d'herbes fraiches. La section décide de s’abonner aux Annales de physi- que et de chimie , ainsi qu'aux Comptes rendus de l'aca- démie des sciences. Séance du 23 février 1856. Présidence de M. C. NiCOLET. M. le D' Zr/et fait part d’un phénomène d'idiosyncra- sie très-curieux, produit sur une dame par la graine de lin. — HAT — Séance du 8 mars 1856. Présidence de M. C. NICOLET. M. Antoine Laplace est reçu membre de la section. M. S?re présente un baromètre métallique de Bour- don , appartenant à l’école industrielle ; il en expose la construction ainsi que la fonction des principaux orga- nes. Il émet l’opinion que cet instrument pourrait être facilement associé à un mouvement de montre ou au thermomètre métallique de Jürgensen , que l’on cons- truit très-habilement dans le canton. Séance du 12 avril 1856. Présidence de M. C. NICOLET. M. Perrenoud- Wurflein communique un phénomène singulier qu’il à observé dans la fonte du zinc opérée dans un canon de fer; une pression considérable s’é- tant produite dans l’intérieur , le métal fondu , chassé avec force par un trou microscopique , produisit un fil de zinc long de plusieurs pieds, brillant et analogue à celui qu’on obtient par la filière. M. Perrenoud présente ce produit obtenu d’une manière si smgulière et entiè- rement accidentelle. M. Sÿre fait la description de deux appareils imaginés par M. $. Claire Deville et destinés à produire de hautes températures : l’un est la /ampe-forge , l'autre est un ourneau où des creusets peuvent être portés aux plus hautes températures. M. Sire pense que ces deux appa- reils sont de nature à recevoir une application avanta- BUL: DE LA SOC. DES SC. NAT. T,. IV. 23 — 348 — geuse dans notre industrie , qui, employant les métaux précieux , n’opère jamais sur des masses considérables. Séance du 26 avril 1856. Présidence de M. C. NicOLET. M. Nicolet présente une matière textile obtenue des feuilles de l’ananas cultivé (Bromalia ananas) par M°° Cu- gnier-Racine , notre compatriote, qui a demeuré long- temps à Humacao (Porto-Rico). La culture de cette plante, en vue de fournir une matière textile, n’est pas assez avancée, pour qu’on puisse , dès à-présent, la considérer comme un revenu industriel. Les échantil- lons présentent de la finesse et une résistance assez gran- de ; la séparation de cette substance s'effectue manuel- lement, et exige beaucoup d’habileté. M. Geiser expose la construction d’un thermomètre métallique à sonnerie inventé par M. Geiser-Robert et qui a valu à son auteur une mention honorable à l’expo- sition universelle de Paris, (1855). La culture des vers-à-soie présente de grandes diffi- cultés, en raison de la sensibilité extraordinaire de ces animaux ; la température du local où ils travaillent doit rester exactement la même , sous peine de les voir dé- périr. Pendant la nuit, le surveillant , obligé d'entrer dans la magnanerie avec une lumière, pour vérifier ‘état du thermomètre, dérangeait ces animaux. On sentait la nécessité de pouvoir s'assurer de la tempéra- ture de la chambre, sans y entrer. Le gouvernement de Milan se préoccupa de cette question vitale dans une industrie qui fait sa prospérité. Un concours fut ouvert, — 349 — pour la construction d’un instrument destiné à indiquer, au dehors, la température intérieure des magnaneries. C’est à cette occasion que M. Geiser-Robert présenta le thermomètre qui fait l’objet de cette communication. L’organe principal de cet appareil est une lame , dont les dilatations et les contractions, sous l’action de la température , sont manifestées sur un timbre , à l’aide d’un mouvement d’horlogerie. Les degrés supérieurs se distinguent des degrés inférieurs par des timbres diffé- rents. M. Geiser présentera son mémoire sur ce sujet, lorsque l'instrument aura subi les réparations que né- cessitent les dégâts causés par son retour de Paris. Séance du 10 mai 1856. Présidence de M. C. NicoLET. MM. Sire et Gerser appellent l'attention de la Société sur les sons produits dans les supports des fils télégra- . phiques. Ils ont constaté que la direction du vent est . sans influence sur la production du son, et que même les poteaux vibrent avec énergie dans des moments où il est impossible de constater l'existence du vent le plus faible. F Séance du 13 décembre 1856. Présidence de M. C. NICOLET. Le bureau est constitué de la manière suivante : M. C. Nicorer, président, | » Ircer, docteur, vice-président, » SIRE, secrétaire, » GEISER, secrétaire. M. Micolet fait part de ses études sur les plantes fos- siles qu’il a recueillies à la gare du chemin de fer du — 390 — Locle. La présentation des beaux exemplaires que ren- ferme cette collection, lui a fourni l’occasion de faire de curieux rapprochements entre les débris de ces vé- gétaux , et ceux qui existent actuellement dans diverses parties du globe , notamment dans l’océan Atlantique. Ces rapprochements conduisent naturellement à la sup- position qu’à une époque fort éloignée de nous, le ch- mat de notre pays ressemblait à celui des îles de l’océan Atlantique. Les principales plantes qui figurent dans cette collection sont: PAragmites œningensis À. Br. — Synilar sagittifera M. var.,— Salix tenera, — Popu- lus mutabilis avec Phacidium Populi, — Liquidambar europæum À. Br. — Acerates veterana M. — Acer tri- bolutum À. Br. — Veinmannia parviflora M. — Podo- curptum Knorrü À. Br., etc. M. Nicolet présente, de la part de M. J Ducommun, un tore, corps en rotation du gyroscope , confectionné avec beaucoup de précision dans les ateliers de M. Du- commun, à Mulhouse, et envoyé en don à l’école indus- trielle. Cet appareil , que l’on fait fonctionner , donne lieu à une curieuse expérience de dynamique. Le tore est mobile autour d’un axe fixé dans une chape circulaire ; un crochet est adapté en un point de la chape, situé à l'extrémité de l’axe. Si l’on suspend par ce crochet l’appareil , de façon que l’axe soit hori- zontal, il cède à l’action de la pesanteur et tombe. Mais si l’on imprime au tore un mouvement de rotation très- rapide , et si l’on replace l'appareil comme on vient de le dire, non-seulement il ne tombe pas, mais il tourne autour de son point de suspension , dans une direction contraire à celle du mouvement du tore. — 391 — Séance du 24 janvier 1857. Présidence de M. C. NicoLET. M. AMicolet présente au nom de M. Morin , membre de la Société , un petit modèle de turbine construit par ce dernier et remarquable par la beauté du travail. M. Monin en fait don à l’école industrielle, dans le but d'accroître ses collections naïssantes. M. le docteur Landry signale à la Société et spécia- lement à ses confrères , les cas nombreux d’affections vertigineuses qu’il a rencontrés dans ces derniers temps. Il pense que ces vertiges ne proviennent pas du chauffage par le charbon, ou du manque de ventilation dans les appartements; il les attribue, comme M. le docteur Droz, à un état subural. M. le docteur Zrlet pense que l’air des appartements vicié par le chauffage et par la respiration est une des causes probables de ces affections. M. Sire demande si la présence de l’oxide de car- bone provenant d’une combustion incomplète dans les poêles des appartements, ne jouerait pas un rôle impor- tant dans ces maladies subites; l'habitude de fermer les poêles trop tôt est assez répandue, et l’on devrait veiller attentivement à ce que cette opération ne se fasse que quand la combustion est complète. M. Sire expose les diverses particularités observées dans l’explosion du gaz , dans la rue de la Ronde. Se- lon son opinion, l’incendie ne s’est déclaré qu’un temps assez long après l'explosion. Le gaz, en s’échappant par le conduit mal bouché, s’est amassé , en raison de sa — 352 — densité, dans la partie supérieure de la cave ; il y avait ainsi, à la partie supérieure , une couche de gaz pur et au-dessous une couche de gaz mélangé d'air. L’in- troduction d’une chandelle allumée dans cette couche inférieure formant un mélange détonant , à déterminé l'explosion et l’inflammation de la couche supérieure. L'incendie s’est propagé par les fissures du plafond de la cave. Il engage à ne circuler avec des lumières dans le but de rechercher les fuites , qu'après avoir préala- blement établi une ventilation aussi complète que pos- sible. M. Sire fait différentes expériences sur les rotations des corps. Un fil suspendu à une potence reçoit un mou- vement de rotation très-rapide autour d’un axe vertical. Suspendant à ce fil, successivement un cylindre, un anneau, un disque, une chaine, (les grands axes de ces objets étant disposés verticalement,) ces différents corps mis en rotation, tournent pendant quelques instants au- tour de leur grand axe; bientôt cet axe change de direc- tion ; il y a pendant quelques secondes indétermination dans le sens de la rotation; puis un mouvement brusque a lieu et l’on voit bientôt ces corps se déplacer dans un plan horizontal, passant par le point où 1ls sont suspen- dus au fil, et tourner autour de leur petit axe perpen- diculaire au grand. M. Sire donne une explication de ce phénomène. M. Geiser, en s'occupant des emprunts des Sociétés par actions, a considéré spécialement le cas où les inté- rêts sont servis tous les six mois. Pour trouver le taux auquel emprunte la Société , il faut calculer la somme à laquelle ascendent tous les intérêts à l’époque de la cessation de la Société. Lorsque les intérêts sont payés toutes les années , les formules à établir ne sont pas sujettes à discussion ; on ne peut différer sur la ma- nière de faire ce calcul. Lorsqu’au contraire les intérêts sont payés tous les six mois, il n’en est plus ainsi ; on peut établir à ce sujet des formules qui conduisent à des résultats différents. M. Geiser donne de nouvelles formules. : Dans cette recherche , il a eu l’occasion de constater un fait bizarre et dont il donne l'explication. Lorsqu'une somme est placée à intérêts composés pendant un cer- tain nombre d'années, plus une fraction d’année, il y a deux manières de calculer la valeur de la somme au bout de ce temps ; on peut rechercher ce que devient la somme ajoutée à ses intéréts composés pendant le nombre entier d'années , puis chercher l'intérêt simple de la valeur trouvée , pour la fraction d’année ; ou bien on peut étendre la formule donnant les intérêts compo- sés , au cas où le nombre d’années est fractionnaire ; le résultat obtenu dans ce cas est inférieur au premier. Séance du 14 février 1857. Présidence de M. C. NICOLET. M. Micolet présente au nom de M. Jules Ducommun de Mulhouse , un tour destiné à imprimer un mouve- ment très-rapide au tore du gyroscope. Ce tour a été confectionné dans les ateliers de M. Ducommun à Mul- house. M. Nicolet fait lecture d’un article de lndustriel Alsacien sur le cherche-fuite Maccaud. Cet appareil — 34 — consiste en une pompe foulante munie d’un manomè- tre ; on l’adapte aux tuyaux de conduite du gaz, dans lesquels on comprime de l'air, à l’aide de la pompe, jusqu’à la pression de deux atmosphères environ. Lors- qu'il y a des fuites, elles sont accusées par un sifflement aigu, que produit l'air en s’échappant. Dans le cas con- traire, le manomètre indique une pression constante pendant plusieurs minutes. Les fuites, outre le danger qu’elles présentent, cons- tituent une perte pour le consommateur, quand elles laissent échapper le gaz après que celui-ci a traversé le compteur. L'emploi de l'appareil Maccaud permet de réaliser une économie dont l'exemple suivant peut don- ner une idée. Une fabrique de St-Denis payait 1800 fr. par mois pour l'éclairage; l'instrument fit découvrir 156 fuites. Celles-ci fermées, on ne paya plus que 1200 f. Cet instrument , d’un usage facile , est peu coûteux ; l'expérience a constaté son efficacité. À Paris, le préfet de police en a prescrit l’usage exclusif, par un arrêté du mois d'octobre 1855. M. Sre expose la théorie des mines-acidées employées depuis quelque temps pour le percement des tranchées et des tunnels dans les roches calcaires. Il fait fonction- ner un petit appareil pour démontrer comment on uti- lise complètement l'acide, à l’aide d’une circulation continue, fondée sur le dégagement abondant de l’acide carbonique qui a lieu pendant l’opération. M. Geyser présente un tableau donnant les heures de l'éclairage public au gaz, du 1° janvier au 31 décembre, pour la Chaux-de-Fonds. ue OS — M. Szre propose un moyen d'empêcher la congéla- tion de l’eau, dans la cuve du gazomètre de la Chaux- de-Fonds, pendant les grands froids de l'hiver. Il admet en principe que la cloche du gazomètre doit être ren- fermée dans un bâtiment spécial , parfaitement clos , et construit, autant que possible , avec des corps mauvais conducteurs de la chaleur. Pour la cuve, une forme annulaire serait préférable à une cuve pleine, telle qu'elle existe actuellement ; dans ce cas, le volume d’eau serait relativement très-petit, avantage précieux dans une localité où la disette d’eau est si fréquente; en outre il serait facile d’en élever la température en y faisant entrer la vapeur d’un générateur, pour lequel on n’emploierait que le superflu de la chaleur de lu- sine. La communication de M. Sire est suivie de calculs qui en sont le développement. Séance du 28 février 1857. Présidence de M. C. NiCOLET. _ Le but de la réunion est de prendre les mesures né- cessaires pour la séance extraordinaire que la Société se propose de donner au Temple, le lundi 2 mars, et où seront répétées les expériences de Foucault faites au Panthéon à Paris, en 1851. Des invitations seront adres- sées aux autorités de la Chaux-de-Fonds, et on pré- viendra le publie que des cartes d’entrée seront mises à la disposition de toutes les personnes qui désireront assister à la séance. M. le docteur Landry cite un fait rapporté par la ga- zette des hôpitaux de Paris , et analogue à celui qu'il a — 356 — communiqué à la Société, dans une séance précédente, savoir le développement d’hydatides dans la matrice. Séance du 14 mars 1857. Présidence de M. C. NICOLET. M. Acolet fait lecture d’un mémoire de M. Okorsky ingénieur , sur la conduite des eaux de la Suze à la Chaux-de-Fonds. Ce mémoire avait été soumis en 1853 au Conseil municipal, comme procès-verbal d’une ex- pertise. La question des eaux n'étant pas résolue, M. Ni- colet a pensé que ce document était de nature à inté- resser la Société. M. Sire donne quelques explications sur les principaux appareils de photométrie ; il fait ensuite fonctionner le photomètre de Wheastone dont il fait la description et indique l’usage. M. Laplace présente une collection d'œufs et de nids d'oiseaux de nos contrées. Il ajoute des détails mtéres- sants sur le genre de vie et les mœurs des oiseaux aux- quels ces nids et ces œufs appartiennent. Séance du 28 mars 1857. Présidence de M. GC. NICOLET. M. Sire fait lecture du mémoire de M. Dupin, sur le percement de l’isthme de Suez. M. Geiser donne une démonstration de la formule LÉ _ [ab+cd+(a+c)(b+d)] donnant le volume — 357 — d’un tas de pierres dont les bases parallèles sont rectan- gulaires. Séance du 9 mai 1858. Présidence de M. C. NICOLET. M. le docteur Droz rend compte d’un cas d’empoi- sonnement par le cyanure de potassium. Quatre doses d’ipécacuanha et une certaine quantité de lait ammo- niacal , ont produit au bout de trente ou quarante mi- nutes une évacuation alvine fétide et un vomissement glaireux. L'état comateux et le ràle n’ont discontinué qu'après trois ou quatre heures de souffrance et de perte complète de connaissance. Le lendemain le malade était assez calme, et n'avait aucun souvenir de ce qui s'était passé. Il ressentait, dans le ventre et dans l’estomac, des douleurs violentes , accompagnées d’une toux con- tinuelle et fatigante et qui ont duré pendant plusieurs Jours. Elles ont cédé à l'emploi de l'huile de ricin et d’un looch. | M. ]rcolet fait lecture d’un rapport météorologique, sur le climat de la Chaux-de-Fonds. APPENDICE. Là DU GISEMENT ET DE L’ANALYSE DES ROCHES ASPHALTIQUES DE LA MINE D’ASPHALTE de Saint-Aubin (canton de Neuchâtel ), PAR MM. DESOR ET KOPP. Cette mine, exploitée pendant quelque temps, puis abandonnée, dont l’exploitation a été reprise l’année passée, pour être de nouveau abandonnée, a une super- ficie de 1824 mètres carrés. Les terrains qui ont été exploités jusqu’à présent, for- ment environ le tiers de la superficie de la mine et se composent de trois bancs de calcaire compacte asphalti- fère urgonien, dont le supérieur N° 1 à 0",80 ; le moyen N°2 a 0",90, et l’inférieur N° 3 a 0°,60 d'épaisseur. Les bancs sont recouverts d’une couche de terre végétale et d’une couche de calcaire fracturé contenant des traces d’asphalte, d’une épaisseur de 0°,80. L’épaisseur de la couche totale mise à jour est donc de 3,10 ; les bancs ont une inclinaison uniforme de 14° vers le lac. Pour arriver à la connaissance de la consti- tution des couches inférieures, on a pratiqué un trou de sonde de 3",40 de profondeur sur 0,3 de diamètre , et qui à mis à jour sept couches ou bancs de calcaire com- pacte asphaltifère urgonien que nous désignons par les lettres S', S’, etc., S’. — 359 — Les échantillons soumis à l'analyse ont été détachés au-dessous du niveau du sol, le premier S' à 0",5, S à 1", S° à 17,5, S'à 1,9, S5à 2,40, S° à 2,9, ST à 3,4. D'après les analyses, on peut admettre dans le calcaire de Saint-Aubin deux étages de calcaire asphaltifère, de richesses inégales. Le premier ou supérieur, qui est le moins pauvre, se compose de trois bancs à jour et de cinq bancs non encore exploités mesurant 3". Le second, beaucoup plus pauvre, comprend deux bancs mesurant ensemble 1". Les bancs situés plus bas n’ont pas été examinés ; il est à présumer, d’après la progression dé- croissante de l’asphalte de haut en bas, qu'ils ne con- tiennent que des traces d’asphalte. Au Val-de-Travers , dans la mine de la Presta, on trouve 0°,2 de terre végétale , 5 à 6" de calcaire aptien fracturé, contenant un peu d’asphalte , une bande 0",7 de calcaire compacte asphaltifère, une bande de 0",7 de calcaire fracturé et un banc de 8" de calcaire compacte asphaltifère urgonien. Le premier étage de St-Aubin contient en moyenne 2,89 pour cent d’asphalte, et la puissance de cet étage dans l'étendue de la mine concédée est de 9120 mètres cubes de roche. Le deuxième étage de St-Aubin contient en moyenne 0,75 pour cent d’asphalte. Dans les environs de Saint- Aubin, on trouve, sur une foule de points, des roches as- phaltifères, mais toutes très-pauvres. Au Val-de-Travers, la roche contient en moyenne 10 pour cent d’asphalte. L'examen des densités des roches a donné : Pour les roches à jour N° 1 densité 2,3443 N°2 » 2,2464 N°3 » 2,4439 — 360 — Pour lesroches du trou de sonde S' » 2,5230 So» 2,4199 St 66 .,49,5107 St » 2,6217 S° »5 92,3991 S° » 2,4983 S7 » 2,6194 Pour la roche du Val-de-Travers, roche de moyenne richesse Di: LADA Ladensité moyenne des huit bancs supérieurs, formant le premier étage, est de 2,4389. Celle des deux bancs inférieurs formant le deuxième étage, est de 2,5588. L'analyse a porté sur des échantillons pesant: N° 1 1200 grammes. N° 2 1420 » N°3 1510 » Si 610 » S? 1170 » S: 870 » S' 720 » S 370 » S° 220 » S7 305 » Chaque morceau a été finement pulvérisé, la poudre bien mélangée ; sur cette poudre ont été prélevés les pri- ses d’essai pour les analyses. Pendant la pulvérisation, il n’y a que N° 2 et S° qui se soient un peu agglutinés sous le pilon. On a dosé d’abord l’eau de chaque échantillon. Pour doser l’asphalte, on a lavé la prise d’essai avec de la benzine, jusqu’à ce que cet agent ne dissolvät plus rien. On laissait la pierre calcaire se déposer par le repos et la benzine était décantée avec soin et renouvelée autant — 361 — de fois qu’il était nécessaire pour dissoudre les dernières traces d’asphalte. Le calcaire lavé, fut desséché à 100°, puis chauffé à la lampe à alcool pour éloigner les der- nières traces de benzine. Le résidu fut pesé et la perte de poids représentait l’asphalte et l’eau de la prise d'essai. La vérification du procédé fut faite sur l'échantillon S°; on distilla la ben- zine contenant en dissolution l’asphalte, dans une cornue tarée, et l’on dosa l’asphalte directement, Les analyses ont donné les résultats suivants : pour cent pour cent eau. asphalte. N°1 0,13 3,24 N°2 0,33 4,92 N°3 0,10 2,95 S' 0,20 2,03 S 0,45 3,91 S 0,60 2,76 S' 0,16 1,54 S° 0,16 1,84 S 0,60 0,90 S7 0,30 0,60 Rochemoyenne du Val-de-Travers 1,75 9,63 La roche riche du Val-de-Travers contient de 15 à 17 pour cent d’asphalte, la roche pauvre 7 pour cent. Les roches classées suivant leur richesse se présentent dans l’ordre suivant: N°2,S°,N°1,N°3,S,S!,S, 9,57. Dans le 1‘ étage, on a en moyenne dans un kil. de roche , gr. 28,9 d’asphalte , donc dans un mètre cube - pesant kil. 2439, kil. 70,9 d’asphalte. — 362 — Dans le 2°° étage, on a eu en moyenne dans un kil. de roche 7,5 gr. d’asphalte, donc dans un mètre cube pe- sant 2559 kil., 19 kil. d’'asphalte. Au Val-de-Travers, on a en moyenne dans un kil. de roche 100,0 kil. d’asphalte , donc dans un mètre cube pesant 2112 kil., 211,2 kil. d’asphalte. On a fabriqué des pains de mastic à Saint-Aubin, mais ils sont inférieurs à ceux du Val-de-Travers. Le mastic de Travers est composé d'environ 94 par- ties de roche sur 6 de bitume de Bastène ou de Lobsanne. Le mastic de Saint-Aubin est composé de 80 à 84 par- ties de roche sur 20 à 16 de bitume artificiel retiré des produits de la distillation de la houille dans les usines à gaz. s D’après les expériences de M. l'ingénieur Hofstet- ter, de Fribourg, il faut moins de goudron pour fondre le mastic de Travers que pour celui de Saint-Aubin. Pour le premier on emploie de 1 à 3°, de goudron et souvent point du tout, et on peut y mélanger jusqu’à 30°) de sable fin. Pour le second, il faut de 8 à 14° de goudron pour fondre le mastic eton ne peut y mêler que de 15 à 20°, de sable. Le mastic de Saint-Aubin emploie plus de temps pour se fondre. Avec un pain de mastic d’asphalte de Travers pesant 50 kil, on peut recouvrir 20 pieds carrés à 4 lignes d’é- paisseur, pendant que le mastic de Saint-Aubin ne re- couvre que de 16 à 17 pieds carrés. Le mastic de Saint-Aubin fond facilement au soleil et se crevasse par les grands froids. Aussi, pendant qu’à Travers on a exploité plus de deux millions de pieds cubes, on n’en a exploité à Saint-Aubin que 42,000 pieds cubes. EAÈENI > N° PA MOUVEMENT DE L'HOPITAL POURTALÈS PENDANT L'ANNÉE 1857. For D” Carnaz. —2 Re Aux 40 malades qui restaient en traitement le 1" jan- vier 1857, sont venus s’en ajouter 450 nouveaux pen- dant l’année ; total 490: sur ce nombre 38 étaient encore dans nos salles , au 31 décembre , ce qui nous donne, . pour 1857, 452 malades sortants, les seuls dont nous dé ayons à nous occuper 1C1. | De ces 452 personnes, 319 appartenaient au sexe masculin, et 133 au sexe féminin : 137 étaient Neuchâtelois ; 214 Suisses d’autres cantons (106 Bernois, 39 Vau- dois, 16 Fribourgeois, 15 Argoviens, etc.); 47 Allemands (dont 22 Wurtembergeoïis et 10 Ba- dois) ; 31 Italiens (dont 30 Sardes), et 23 Français; c'est-à-dire qu'avec 27 malades de plus qu’en 1856, nous constatons une diminution de 23 Neuchâtelois, tandis que les autres Suisses ont justement présenté une augmentation de 23, ce qui donne , somme toute, pré- . cisément le même chiffre total de Suisses, pendant que BUL, DE LA SOC, DES SC. NAT. T. IV, 24 — 364 — les étrangers ont une augmentation de 27 : ce fait trouve sans doute sa raison d’être dans nos travaux de chemins de fer, et avait déjà produit, en 1856, une augmentation dans le nombre des étrangers, et une diminution dans celui des Neuchâtelois ; voici du reste les chiffres suc- cessifs des années 1855 , 1856 et 1857 : 1855 1856 18357 Neuchâtelois 174 160 197 Suisses d’autres cantons 195 191 214 Allemands 30 37 47 Italiens 3 25 31 Français 16 11 23 Anglais 0 1 0 Totaux 418 425 452 Il ressort, en revanche, de ces chiffres, que nous avons pu soigner davantage de malades pendant l’année 1857, que pendant l’une ou l’autre des deux précédentes ; la moyenne de séjour de chaque malade, du jour de son entrée à celui de la sortie (compris), a été de 38 j. */,0 (en tout 17,303 journées) ; d’un autre côté, le nombre de journées de l’année ayant été de 17,109, nous avons eu, l’un dans l’autre, 46,87 malades par jour, avec un effectif de 50 lits. De nos 452 malades , 383 nous ont quitté guéris , 29 améliorés, 14 incurables, et 26 sont morts ( c’est-à-dire 4 sur 18, ou 5,75 p. °o.) Sur ces 452 malades, 203 étaient du domaine de la pathologie interne et 249 de celui de la chirurgie. Le nombre des opérations de quelque importance a été de 33 , à savoir : 1 extirpation de loupe siégeant au — 365 — cuir chevelu; 11 opérations de chirurgie oculaire, à sa- voir : une double opération d’entropion, une extraction de corps étranger implanté dans la cornée, trois pupil- les artificielles , une dilacération de la capsule cristalli- nienne, une extraction linéaire de cataracte , et quatre extractions par kératotomie supérieure ; 1 arrachement de polvpes des fosses nasales ; 1 chéiloplastie ou répa- ration partielle des deux lèvres ; 1 extirpation de goître; 1 myotomie sous-cutanée du sterno-cléido-mastoïdien ; 1 résection d’un enchondrôme des côtes; 1 excision d’un squirrhe du rectum; 1 double opération d’hydrocèle par injection de chloroforme ; 1 double opération de varicocèle par le procédé de Vidal (de Cassis); 1 réduc- tion de hernie inguinale par le taxis; 2 herniotomies, toutes deux suivies de succès, malgré des conditions très-défavorables ; 2 réductions de luxation de l’humé- rus; 4 amputation du bras; 2 de la cuisse ; 4 désarti- culations d’un doigt, et 4 d’un orteil; sans parler de nombreuses autres opérations , telles qu’extirpation de séquestre, réunion de plaies par suture, incisions, avul- sions d'ongles , etc. Disons aussi que nous avons continué à pratiquer des vaccinations sur les malades et cela avec des résultats satisfaisants , dont l’utilité s’est montrée quand 3 cas d’affections varioleuses ont dù être soignés dans nos salles : 97 fois la vaccination a réussi. Nous avons groupé les maladies observées à l’hôpital d’une manière analogue à celle des deux précédentes années, tant pour faciliter des comparaisons, que parce qu’il nous semble que cette classification est la plus sim- ple, alors même que dans la pratique elle présente bien ses difficultés. — 366 — Affections générales. Quatre-vingt-six malades, dont 73 guéris, 3 amélio- rés, 2 incurables, et 8 morts; 2 subirent une opération. Trois varioles ou varioloïides , toutes trois de Neuchà- tel, et l’une confluente, sont les représentants de notre petite épidémie bénigne, qui coûta pourtant la vie à un malade en ville ; les trois en question guérirent , et ne communiquèrent la maladie à personne , grâce à nos revaccinations. Un cas de varicelles, également de Neuchâtel. Deux érysipèles, dont un chez une femme âgée , por- teuse d’un squirrhe indolent du sein , que nous ne ju- geàmes pas convenable d'opérer. Trois anthraz : deux de ces malades ont prolongé leur séjour pour des complications de leur état. Trois fièvres intermittentes , dont 2 tierces et 1 quoti- dienne, la dernière, de Neuchâtel même, en décembre; les tierces , une de Bôle , en mai, l’autre contractée en Algérie, en mars; toutes 3 furent rapidement guéries par la quinine. Deux dysenteries, l'une, ancienne, de Serrières, l’'au- tre, de Fontaines, toutes deux guéries. Il s’en présenta aussi une, chez un malade en traitement pour une grave contusion de la hanche. Vingt-sept fièvres typhoïdes, (ou plutôt 30, en y réu- nissant les cas survenus dans nos salles), dont 4 seule- ment terminées par la mort; 18, sans complications, ont toutes été guéries; 2 bronchites aiguës, 1 bronchite capillaire, 2 pneumonies (l’une accompagnée de perfo- ration de l'intestin, qui a causé la mort, et l’autre, également mortelle, d’une suppuration d’un goitre ), SUR EE 1 périostite de la région claviculaire, 1 irido-choroïdite grave, survenue pendant la convalescence, et 2 hémor- rhagies intestinales mortelles, telles sont les complica- tions observées. (Une de nos malades présentait deux cataractes centrales , dont une fut extraite par kérato- tomie supérieure , après la convalescence , mais sans résultat favorable). 17 appartenaient au sexe masculin et 10 au sexe féminin: 1 malade avait 10 ans ; 11 avaient de 16 à 20 ans; 11 de 21 à 30 ans; 3 de 32 à 40 ans; et 1 était âgé de 52 ans. —- Laissant de côté 3 malades entrés en 1856 , et en ajoutant ici 2 qui étaient encore en traitement au 31 décembre 1857, nous avons en Janvier : Cernier 3 malades (un frère et deux sœurs, dont la mère avait succombé à la maladie), et Colom- bier 1; —Mai: Locle 1;—Juin : St-Sulpice 1, Sagne 1; — Juillet : Chaux-de-Fonds 2 ; — Août : Neuchâtel 3, Grandchamp 1 ; — Septembre : Neuchâtel 3, St-Blaise 1, Noiraigue 1 ; — Octobre : Neuchâtel 2; — Novembre : Neuchâtel 3. Hauts-Geneveys 1, te 1; — et Décem- bre : Hauts-Geneveys 1. —_ Parmi les 11 malades venant de Neuchâtel , d'août à novembre , une était servante à l'hôpital mème ; il faudrait y joindre 3 malades qui con- tractèrent la fièvre typhoïde dans nos salles, et 1, con- valescente à son arrivée, que nous avons inscrite comme anémie. Une fièvre atmosphérique où éphémère : la malade présenta, pendant son séjour, une inflammation du tym- pan, qui fut guérie. Vingt-quatre rhumatismes, à savoir: quinze rhuma- tismes articulaires aigus, dont un simplement amélioré, la plupart traités avec succès par le sulfate de quinme, et cela malgré la présence dans un cas d’une péricardite — 368 — rhumatismale : un d’entre eux a contracté dans les salles une fièvre typhoïde, enrayée par la quinine à dose per- turbatrice. — Cinq rhumatismes musculaires vagues ou rhumatismes articulaires chroniques , tous guéris: dans un des cas, l’origine première des douleurs était dûe à des tractions opérées par un médicastre pour la réduction d’une soi-disant luxation de l’humérus. — Quatre rAu- matismes musculaires localisés, à savoir : 1 tortieolis con- sidérablement amélioré par la ténotomie sous-cutanée du muscle sterno-cléido-mastoïdien et des exercices or- thopédiques : 2 pleurodynies rhumatismales ; et 1 lom- bago. Un tremblement mercuriel, produit par un traitement hydrargyrique contre une affection cutanée, guéri par l'iodure de potassium et des gargarismes de chlorale de potasse. Une colique saturnine, occasionnée par le minium, et guérie par l’iodure de potassium et par des bains sulfu- reux. Trois zctères. Deux chloroses Six anémies, # guéries , { améliorée , et 1 renvoyée comme incurable : il s'agissait d’une affection consécu- tive à une dégénérescence graisseuse de foie , qui causa plus tard la mort du malade ; 2 des cas guéris étaient dûs à d’abondants épistaxis , chez des ivrognes , 1 était un convalescent de fièvre typhoïde. Deux scorbuts, chez des ouvriers de chemin de fer, l’un guéri et l’autre mort. Une purpura ou maladie de Werlhoff, également mor- telle, et chez un mineur. Trois maladies de Bright, Vune guérie, malgré qu’il eût présenté une encéphalopathie grave, traitée par des — 369 — affusions d’eau froide , les deux autres terminées par la mort, après laquelle on trouva comme complications des lésions du cerveau ou de ses méninges. Un marasme sénile, qui nous évitai de le renvoyer comme incurable, en s’évadant de l'hôpital. Maladies des organes de l'innervation. Quarante-neuf, avec 45 guérisons, 2 améliorations, tandis que 1 cas resta incurable, et que 1 autre mourut: 1 seule opération. Sept plates à la tête, toutes guéries , chez plusieurs desquelles on a dû pratiquer des points de suture, un des cas, produit par une rixe , fut compliqué de bron- chite ; dans un autre , nous opérâmes un entropion des deux paupières supérieures; enfin, dans un, il y avait une ecchymose de la paupière supérieure gauche. Quatre fractures du crâne, V'une issue d’une tentative de suicide , avait été occasionnée par la décharge d’un fusil chargé à grenailles dans la bouche ; le malade y succomba : les trois autres, qui guérirent , avaient été causées par un éclat de meule mise en mouvement, par une pierre, et par un instrument contondant. Une commotion cérébrale , chez un couvreur tombé d’un toit d'environ 25 pieds de haut. Une congestion cérébrale guérie. Un yste du cervelet, caractérisé surtout par du stra- bisme et une céphalalgie intense ; renvoyée sans amé- lioration réelle , puisque la maladie (prise d’abord pour une céphalalgie hystérique) continua sa marche ; cette fille revint à l'hôpital le 1” janvier 1858, et y mourut le lendemain. — 310 — Une céphalée , qui céda promptement à la quinine, malgré l'ancienneté de la céphalalgie ; plusieurs syné- chies postérieures furent détruites en outre chez cette malade, par l’usage soutenu d’un fort collyre d’atropine. Une myélite aiguë, guérie par l'application de moxas et l’usage interne d’iodure de potassium. Une commotion spinale. Une plaie au dos , coup de couteau qui avait rasé le côté droit de l’apophyse épineuse de la dixième vertèbre dorsale. Deux névralqies trifaciales, guéries par le sulfate acide de quinine. Trois névralqies brachiales, lune venue deux fois, guéries toutes deux par le même remède : un des cas concernait une jeune fille âgée de 12 ans, qui ressentait aussi aux extrèmités inférieures de violentes douleurs névralgiques qui cédèrent les premières à l’alcaloïde en question ; cette belle cure s’est soutenue sans récidive. Tel ne fut pas le cas de l’autre, cette fille, âgée de 36 ans, s'étant présentée deux fois pour la même affec- tion, la seconde, nous ajoutèmes au traitement interne des pansements avec la morphine. Une névralqie intercostale. Quatre sciatiques. Sept chorées , ou plutôt 5 malades (3 masculins et 2 féminins), dont 2 reparurent comme récidives ; nous employämes les 7 fois, la solution de Fowler à petites doses, avec succès; toutefois, un malade, âgé de 37 ans, que nous avions guéri ainsi de son 6*° accès de chorée, étant revenu pour une nouvelle récidive , empêché de continuer chez lui l'emploi de ce médicament, nous eûmes recours avec le plus grand succès au tartre stibié — 311 — à haute dose : deux doses de 4 grains, à demi-heure de distance , répétées au bout d’une semaine , amenèrent une guérison rapide de cette affection extrêmement in- tense. — Nous renverrons pour le {étanos, aux plaies, une d’elles ayant été compliquée. Treize Aystéries , dont 6 franches et 7 chloro-hysté- ries, avec 11 succès et 2 améliorations ; suivant les cas nous avons employé l’assa-fætida, les ferrugineux , la solution de Fowler , la quinine. Une ypochondrie , guérie, du moins momentané- ment; le malade présenta en outre une conjonctivite catarrhale. Maladies des organes de la vision. Elles nous amenèrent trente-quatre malades, dont 27 furent guéris , 3 améliorés, et 4 restèrent sans chan- gement notable, et exigèrent 7 opérations. Un cas de corps étranger dans la cornée, paillette métallique que nous dûmes extraire. | Quatre ophthalmies traumatiques , à savoir: 1 phleg- mon oculaire , suivi de suppuration et de mortification de la cornée, avec cataracte traumatique de l’autre œil, chez un malade qui refusa de continuer à être traité à cet hôpital , quelque heureux qu’il eùt dû être d’avoir échappé à la mort : il s’agissait d’un coup de mine ; — 1 kératite, produite par des éclats de pierre , et guérie ; — 1 irido-kératite, avec cause et succès identiques ; — 1 irido-choroïdite , suite d’une opération de cataracte à l'aiguille, chez un malade dont l’autre œil s'était atro- phié, après l'extraction du cristallin également opaque: nous tentàämes en vain d’y remédier par la dilacération de la fausse-membrane et l’iridectomie , et ce malheu- — 312 — reux, qu’on nous avait adressé dans ce triste état , resta aveugle. Trois ophthalmies catarrhales, 2 conjonctivites et 1 conjonctivo-kératite. Quinze ophthalmies scrofuleuses, 13 conjoitiods ratites et 2 kératites primitives, dont une considérable- ment améliorée quand le malade, déjà borgne , s’'évada de l’hôpital ; une des conjonctivo-kératites atteignait une jeune fille, qui présenta en outre des symptômes hysté- riques , qui cédèrent aussi à notre traitement. Une zritis superficielle (séreuse) , atteignant les deux yeux. Une rido-choroïdite chronique, pour laquelle l'iri- dectomie pratiquée sur un des yeux, celui auquel il n’y avait rien à perdre , n’eut pas d'influence. Nous eûmes aussi un cas de cette maladie chez une convalescente de la fièvre typhoïde. Un onglet soit unguis, suite d’un ulcère traumatique de la cornée, qui avait été heurtée par un clou. Deux 2ypopions, survenus chez le même individu , à la suite d’une ulcération interne de la cornée , soit la kératite à hypopion du professeur Roser (de Marbourg): la seconde fois , il fut guéri en outre d’une bronchite intercurrente. Une procidence de l'iris au travers d’un ulcère de la cornée, chez une jeune fille scrofuleuse, qui avait perdu l'autre œil par la petite vérole ; des instillations d’atro- pine réduisirent la hernie et sauvèrent l’æœil. Quatre cataractes, dont 2 séniles , opérées par kéra- totomie supérieure, l’une avec plein, l’autre sans succès, chacune à un œil seulement , et 2 traumatiques , l’une dûe à un fragment de capsule à tirer, considérablement — 313 — améliorée par une triple dilacération de la capsule, quand le malade nous quitta pour retourner travailler ; l'autre, ancienne, enlevée par extraction linéaire , sur- tout dans un but cosmétique , la vision de cet œil étant très-faible par amblyopie concomittante. — Enfin nous avons eu deux autres opérations sur des malades entrés pour d’autres affections. Une amblyopie presbytique, améliorée en 1856, pour laquelle après de nouveaux essais peu encourageants par les ferrugineux , nous eûmes recours avec plein succès à la solution de Fowler , l'affection nous parais- sant entretenue par un état chloro-hystérique, qui céda complètement au traitement, à tel point que la gastral- gie intense de cette jeune fille disparut tout-à-fait, et qu’elle reprit de l'embonpoint: c'était une horlogère, qui eut, sur notre recommandation, la sagesse de re- noncer à cet état, si peu convenable pour elle. En terminant cette catégorie , rappelons une double opération d’entropion et une de synéchies postérieures, dont nous avons dû parler ailleurs. Maladies des organes de l'audition. Une plaie contuse à l'oreille, produite, ainsi que des contusions à l'extrémité inférieure gauche, par un ébou- ment de terre , et guérie par quelques points de suture, est la seule affection de cette catégorie admise en 1857 . à l'hôpital. — Nous avons déjà mentionné un cas d’in- flammation du tympan, observée sur un malade, admis pour une fièvre atmosphérique. Maladies des organes de la circulation. Au nombre de huit, dont 4 guéries, 3 améliorées, et 1 restée incurable : 1 réclama une opération. C’étaient : — 3714 — Trois vices organiques du cœur , dont 2 dûs à des pé- ricardites rhumatismales ; 1 cas fut délivré d’un ascite, l’autre de nouvelles douleurs rhumatismales et d’une exacerbation dans les symptômes du cœur, le 3° était et resta incurable. Une embolie, observée dans le cœur d'un malade, chez lequel cet organe était également hypertrophié, mais à un faible degré, céda à l'emploi de la digitale, qui entraîna les caillots fibrineux dans le torrent de la circulation : une bronchite assez intense avait sans doute été la cause déterminante de l'embolie. Un anévrysme par anastomoses, situé à la tête du tibia droit chez une jeune fille, nécessita l’amputation de la cuisse: 1l s'agissait d’une vaste poche , sans battements, remplie de caillots fibrneux , mais dans laquelle surgit une hémorrhagie capillaire à caractère artériel, dès qu'on eut enlevé les dits caillots ; une grande partie de la tête du tibia était détruite , sans avoir laissé d’autres traces de son ancienne existence que deux fragments osseux imperceptibles : l'os fit une saillie, qui nécessita la résection de son extrémité. Ce cas rare m’a été rap- pelé d’une manière saisissante par une malade que je vis avec le professeur Busch fils, à la clinique chirurgi- cale de Bonn: là aussi, tumeur sanguine sans batte- ments, destruction partielle de la tête du tibia (dont je vis la préparation osseuse ), nécessité d’une résection dans la suite. Ajoutons que notre malade est morte tout récemment à Serrières, et cela d’une tout autre affec- tion. Un cas de varices à une jambe , améliorées par lap- plication du bandage dit appareil anti-variqueux du D° Lambossy (de Nyon). — 315 — Deux /ymphangites traumatiques, une au bras, l’au- tre à la cuisse, toutes deux guéries, ainsi que celle qui survint pendant le traitement d’une inflammation de la main. Maladies des organes de la respiration. Des cinquante-un cas composant cette catégorie , 39 furent guéris, 4 améliorés, 2 nous quittèrent sans sou- lagement, et 6 moururent, dont 3 phthisiques et 2 broncho-pneumonies chroniques : 2 d’entre eux seule- ment subirent des opérations. Une plaie contuse à la narine , occasionnée par un chien, et guérie par quelques points de suture. Une nécrose des os du nez, d'origine syphilitique, guérie par l'extraction des séquestres “mobiles, qui ap- partenaient à divers os. Un polype muqueux des fosses nasales, guéri par arrachement : c'était une récidive. Deux #hyroïdites , ou plutôt goîtres enflammés , tous deux en suppuration ; l’une était très-améliorée , à la suite d’une ponction avec un troicart, quand le malade exigea sa sortie ; le second cas est trop intéressant, pour ne pas mériter d’être relaté avec quelques détails. C’é- tait une jeune fille, de 21 ans, dont le goître enkysté avait présenté une suppuration partielle, avant la com- plète cessation de laquelle elle fut atteinte, dans notre hôpital , d’une fièvre typhoïde, qui provoqua une nou- velle suppuration plus intense que la première, laquelle produisit l’atrophie de tous les kystes composant le goître et en amena ainsi une guérison aussi complète qu’inat- tendue. Six contusions à la poitrine. — 316 — Un enchondrôme des côtes fut opéré par résection, mais se reproduisit, et doit avoir causé plus tard la mort du malade: la tumeur atteignait une taille volumineuse, et était ossifiée sur plusieurs points. Une jracture d’une côte, seul accident qu’eût causé à un homme âgé de 61 ans, un Char chargé de 6 person- nes, qui lui avait passé sur le corps, après qu’il avait eu le malheur d’en tomber. Une carie du sternum , affection scrofuleuse , amé- liorée par un long traitement général et local, puis envoyée aux bains de Schinznach. Une coqueluche, chez un homme âgé de 33 ans. Trois 4ronclites aiguës , guéries : un des cas concer- nait une personne atteinte d’un vice organique du cœur. Trois #ronchites chroniques, guéries : dans un des cas, nous avons appliqué au malade le bandage Lambossy pour des varices. Deux éroncho-pneumontes chroniques, Vune compli- quée d’œdème des poumons , détermina de l’ascite , de l’'anasarque et un œædème des méninges ; le malade mourut ; l’autre, jointe à de l'emphysème des poumons, à une hypertrophie peu considérable du cœur et à une dégénérescence graisseuse du foie, occasionna égale- ment une hydropisie mortelle. Vingt-deux preumonties, dont une seule terminée par la mort : il s'agissait d’une pleuro-pneumonie terminée par empyème : de 3 autres cas survenus à l’hôpital, 1 de pneumonie sénile mourut aussi. Citons encore comme complications de pneumonies, un emphysème et une hy- pertrophie du cœur; des délires intenses furent aussi ob- servés. Le nombre remarquable de cette affection, géné- ralement peu fréquente dans notre service nosocomial, — 311 — nous excusera sans doute d'entrer dans quelques détails statistiques au sujet de ces 22 malades. Quant aux sexes, nous trouvons 19 hommes et seulement 3 femmes: 3 avaient de 16 à 18 ans, 2 de 22 à 24, 2 de 26 à 29, 2 de 35 à 36, 2 de 42 à 43, 4 de 47 à 50, 4 de 52 à 54, 1 avait 55 ans, 1-62, et 1-80; soit, en formant des grou- pes de 15 en 15 ans, 7 de 16 à 30 ans, 4 de 31 à 45, 9 de 46 à 60, 1 de 61 à 75 ans, et 1 enfin 80 (c'était une femme ; les deux autres étaient âgées de 18 et de 47 ans ; toutes trois habitaient Neuchâtel , où elles tombè- rent malades respectivement en mai, avril et mars). La répartition des mois, et plus encore des saisons, est bien remarquable : en effet nous eûmes 1 cas en janvier (Boudry), 1 en février (Neuchâtel), 7 en mars (4 à Neu- châtel, 1 à Rochefort, 1 aux Hauts-Geneveys, et 1 am- bulant), 4 en avril (Neuchâtel, Coudre , Chaumont et ambulant), 5 en mai (Neuchâtel 2, Chaumont, Locle et Verrières, chacun 1), 2 en juin (Fenin et Jonchère), 1 en juillet et 1 en août, ( tous deux aux Geneveys-sur- Coffrane) ; en d’autres termes le trimestre du printemps présente à lui seul 16 cas, dont 10 dans le Vignoble , y compris les ambulants qui y tombèrent malades, celui d'été n’en a que 4, dont aucun dans le Vignoble , celui d'automne aucun, tandis que les 2 observés en hiver, venaient du Vignoble : d’où nous pouvons conclure que dans une année sèche et chaude , comme la précédente (1857), c’est de beaucoup le printemps qui est le plus favorable à la production des pneumonies, dont quelques cas anticipent cette saison dans les parties basses de no- tre canton , tandis qu’en s’élevant , on en retrouve un . certain nombre en été; avec les grandes chaleurs on les voit disparaître. Enfin, il n’est pas sans intérêt de — 318 — dire que de nos 22 pneumonies, 16 étaient à droite (2 au sommet , les autres à la base), et 6 seulement à gauche (1 de la totalité de ce poumon, 1 du sommet et 4 de la base). Rappelons qu’en 1855 nous n’en avions eu que 8 cas, dont deux doubles, et avec un seul décès, et en 1856, 6 cas, sans décès. — Pendant l’année écou- lée, nous avons employé l’acétate de plomb opiacé , la digitale à haute dose, les préparations stibiées, ou le nitre, selon les cas. Un épanchement pleurétique , dont le porteur voulut absolument partir avant son entier rétablissement. Cinq tuberculoses pulmonaires, donnant 1 seule amé- lioration, 1 renvoyée sans résultats, et 3 décès, chez des malades trop près de leur mort pour qu’il eût été pos- sible de leur appliquer , sans inhumanité, le règlement des admissions de l'établissement : un d’entre eux avait quelques ulcérations tuberculeuses des intestins , et un autre, une rate hypertrophiée et friable. Maladies des organes de la digestion. Sur quarante-un malades, nous avons eu 35 guérisons, 2 améliorations , 1 état non changé par le traitement et 3 décès; 5 subirent des opérations. Un cancroïide des lèvres (épithélioma), développé sur- tout à la lèvre inférieure et moins à la supérieure , du côté: gauche : les tissus malades furent enlevés et une chéiloplastie pratiquée aux dépens des parties inférieu- res de la joue; un léger prolongement de la commissure gauche n'altère pas le succès; nous avons tout lieu d'espérer qu’il n’y aura pas de récidive, deux érysipèles survenus successivement à la jambe gauche, siége d’an- — 319 — ciens ulcères, ayant beaucoup prolongé son séjour à l'hôpital, et par là, la constatation du résultat obtenu. Un pAlegmon à la joue. Une contusion à la face : chute du haut d’une grange pendant un accès de somnambulisme : le pied gauche était aussi contusionné. Deux brülures à la face : une boîte à poudre qui prit feu , causa ces deux accidents; un de ces malheureux avait en outre, des brülures aux quatre extrémités, l’au- tre au bras gauche et au dos. Une parotite. Une périostite du mazxillaire supérieur, guérie par une incision suivie d’injections: cette malade avait en outre, une paraplégie incomplète, qui céda à l'application d’un pessaire , l’abaissement de l'utérus étant la seule cause de cet état paralytique. Deux stomatites, guéries par le chlorate de potasse. Une angine catarrhale. Une contusion à l'épigastre. Sept gastricismes soit embarras gastriques: le séjour d’un de ces malades fut prolongé par une parotite sur- venue à l'hôpital ; un autre était en outre hypochon- driaque. Une gastrite, dont le malade fut guéri ainsi que de la gale. Quatre entérites muqueuses (catarrhe intestinal, diar- rhée atonique), guéries , quoique deux fussent des états chroniques : dans un cas, le chlorure de sodium, et dans un autre, l’iodure de fer, eurent les honneurs du succès. Deux pérityphlites , Vune fort améliorée par un long traitement , quand le malade exigea sa sortie ; l’autre guérie par l'ouverture d’un abcès qui s'était formé. BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T,. IV. 25 — 380 — Sept gastralgies, d'origines très-variées , mais toutes guéries: dans un cas, des vomissements chroniques cédèrent rapidement à l'emploi d’une décoction de quin- quina ; dans un second , le pyrosis d’un ivrogne ne put être guéri que par l’usage de doses journalières d'esprit de vin masqué par d’autres remèdes ; un changement dans la nourriture suffit à un troisième. Un Lelminthaasis : la fougère mâle débarrassa ce ma- lade de son botryocéphale. Deux hernies inquinales , une opérée avec succès, malgré des adhérences anciennes , qui avaient rendu la herniotomie extrêmement laborieuse, la formation d’une poche suppurante dans les parois musculaires de labdo- men, et les imprudences du malade, marchand juif, àgé de 57 ans; l’autre, réduite par le taxis après un bain tiède prolongé , chez un ancien gendarme , âgé de 76 ans, qui fut pris dans son lit d’une pneumonie sénile, . qui emmena rapidement ce vieillard , d’ailleurs affecté d’un ancien vice organique du cœur. Une kernie crurale , opérée avec un pronostie très- défavorable , sur la demande formelle de la malade et de ses parents, bien que l’étranglement remontât à 5 jours et que les tégumens, en fussent déjà bleuâtres ; et pourtant rien n’eût retardé la guérison, sans une pneumonie du côté droit, également survenue dans nos chambres, mais terminée par résolution. Un squirrhe du rectum, guéri momentanément par une 3° opération. Deux squirrhes du pylore : 1 s’agit de deux malades qui vomissaient journellement des sareines, lors de leur entrée à l'hôpital. L'emploi de l'extrait de belladone, joint au magistère de bismuth et à la magnésie blanche, et à un régime animalisé, eut un très-bon résultat sur le — 381 — premier, horloger, âgé de 50 ans, qui ne vomit que 3 fois pendant les 52 jours qu’il passa à l'hôpital ; mais il vou- lut le quitter , et après avoir négligé quelque temps nos prescriptions , fut repris des mêmes vomissements , qui ne cédèrent plus et causèrent sa mort, quelques semai- nes après qu'il eût quitté cette maison : un épaississe- ment des parois du pylore, tel que cette paroi était réduite au diamètre d’une plume de corbeau, fut cons- taté à l’autopsie cadavérique : le sang était d’un brun- foncé, couleur que présentait la rate ainsi que le foie, qui étaient comme gorgés de sang. L'autre malade, gyp- seur , âgé de 53 ans , domicilié également à Neuchâtel, ne voulut se plier à aucun régime , prétendit que les poudres détaillées ci-dessus augmentaient ses vomisse- ments , et exigea sa sortie : il souffrit encore longtemps en ville , et y mourut assez longtemps après son départ. Une dégénérescense graisseuse du foie : affection tu- berculeuse , aussi caractérisée au poumon droit, aux reins , à l'intestin grêle et dans le colon , avec résidus d'une ancienne péritonite, et exsudation pleurétique récente, lésions constatées par l’autopsie, le malade en étant mort à l'hôpital. Une péritonite tuberculeuse, également cause du décès d’un jeune homme , qui avait en outre une tuberculose des poumons. Maladies des organes génito-urinaires. Au nombre de treize , dont 10 guéries , 1 améliorée et 2 renvoyées comme incurables : 2 ont subi des opé- rations. Une fistule uréthrale, suite d’un coup de pied au scrotum ; guérie par des cautérisations répétées avec le nitrate d'argent. — 382 — Un varicocèle double , opéré avec succès par la mé- thode de Vidal (de Cassis). Un Aydrocèle double , guéri par ponction et injection de chloroforme , opérations successivement pratiquées de l’un et l’autre côtés. Un carcinome du testicule, non opéré , à cause de la présence d’autres tumeurs cancéreuses dans l’abdomen. Un carcinome d’un ovarre et de l'utérus, également non opérable. Un carcinome du sein, guéri par l'application de pâte de zinc et l’usage d’extrait de ciguë. Trois mastites, guéries : l’une était plutôt une péri- mastite, la suppuration étant située au-dessous de la glande mammaire gauche, en dehors de toute grossesse ou lactation ; le traitement en fut fort long ; dans les deux autres il y eut aussi une suppuration , qui cessa: sous l'emploi de mèches imbibées d’une solution de su- blimé. Deux métrites aiguës , guéries : l’une eut des hémor- rhagies utérines, qui prolongèrent beaucoup son séjour à l'hôpital ; chez l’autre, nous nous sommes bien trouvé de l’iodure de potassium à l’intérieur et de bains. Une réfroflexion de la matrice, trop ancienne pour être complètement réduite, mais fort améliorée : elle occasionnait à la malade üne hémiplégie incomplète, qui cessa. Une rétention des règles, simulant une grossesse : guérie. Maladies des organes locomoteurs. Sur les cent cinquante-deux malades qui appartien- nent à cette division , 136 partirent guéris, 8 améliorés, ER: DES 1 sans changement favorable, et 7 moururent à l'hôpital. Le nombre des opérations qu'ils subirent, fut de 14. Cinq luxations , à savoir : 3 de l’humérus , dont une qui ne put être réduite qu'après l'emploi d’un bain tiède prolongé ; une survenue par une chute faite en déchar- geant un sac d’un bateau au rivage; et la dernière, pro- venant d’un éboulement de tuf, qui avait en même temps fracturé l'os pubis du malade, qui n’en guérit pas moins des deux lésions ; 1 du radius, compliquée de fracture du cubitus, accident remontant à plusieurs jours, où l'on dut être heureux d'obtenir une guérison par anky- lose du coude ; et 1 de l'index, accompagnée de frac- ture d’une des phalanges , et qui nécessita la désarticu- lation du doigt. Vingt-six fractures, outre les deux qui accompagnaient des luxations, à savoir : 1 de la clavicule; 1 des deux os des deux avant-bras, survenue à la suite d’une chute de 30 pieds de haut , et qui nécessita l’amputation du bras gauche, suivie d’hémorrhagies graves ; 2 du cubitus, l’une occasionnée par une chute d’un arbre sur la main; l'autre, d’un bateau, était située droit au-dessous de lolécrane ; 3 du radius, dont une très-rapprochée de l'articulation, fruit d’une chute sur la main, une accom- pagnée de plaies contuses à la face, survenue en tom- bant d’un char qui avait ensuite trainé cet individu, et la troisième, suite de coups portés avec une barre de fer; 7 du fémur, à savoir : deux du col de cet os, dont une provenait d’une chute sur la hanche , le malade n'étant tombé que de sa hauteur; une incomplète du grand trochanter ; quatre du corps du fémur , une accompa- gnée de fracture du péroné de l’autre côté et de trois côtes, et survenue chez un individu qu’une chute de — 384 — char avait précipité en bas d’un talus, une compliquée d'hydropisie du genou qui resta faible, et deux chez les- quelles les courroies de l’appareil de Hagedorn-Dzondi déterminèrent une ulcération du talon, qui prolongea beaucoup le séjour des malades à l'hôpital ; chez un des deux , il y eut en outre un raccourcissement assez no- table , tandis que l’autre contracta une fièvre typhoïde, à la fin de laquelle survinrent plusieurs abcès en divers points du corps; 1 de la rotule, transversale, guérie par un bandage unissant fixé au moyen de collodion; 8 des deux os de la jambe , dont deux suivies de mort, lune par pyémie, l’autre compliquée d’une gangrène qui se reproduisit après l’amputation, cas à l’autopsie duquel on trouva une thrombose de la veine crurale ; une accompagnée de fracture du péroné de l’autre jam- be, provenant d’une chute d’un troisième étage; des cinq autres , trois méritent d’être mentionnées pour la cause qui les produisit (éboulement de terre, — jambe prise dans une roue de char, —rixe); de plus, la dernière citée était compliquée d’une plaie à travers laquelle fai- sait saillie un fragment du tibia taillé en biseau ; 2 du péroné , l’une occasionnée par un billon lancé dans un chable , l’autre qui guérit, bien que le malade se fût souvent levé avec son bandage plâtré; enfin 1 d’une phalange du gros orteil, chez laquelle une gangrène concomittante nécessita la désarticulation de l'orteil. En résumé, de ces 26 fractures, 3 nécessitèrent des opé- rations, et 2 moururent , l’un de pyémie et l’autre de gangrène. Nous avons eu souvent recours pour nos frac- turés à des bandages plâtrés, pratiqués d’après les indi- cations de divers chirurgiens (MM. Venloo, actuellement à Bois-le-Duc , B. Langenbeck , de Berlin , et Demme, EE" Des de Berne ), et avons eu lieu de nous en louer : dans un des cas, comme nous l'avons dit, le malade eut beau se lever avec son bandage plâtré, à réitérées fois, la consolidation régulière n’en eut pas moins lieu.—Il n’est pas sans intérêt de remarquer combien les luxations et les fractures ont augmenté dans notre service, à me- sure que les travaux de nos voies ferrées avancent; ainsi , depuis 1855, les premières ont successivement présenté les chiffres de 1 ; 3; 5;et les dernières , ceux de 12; 20: 26. D'un autre côté, le nombre des plaies, des contusions et des entorses, n’en a pas été augmenté, peut-être parce que les accidents graves nous sont plus généralement envoyés par les deux compagnies, qui font souvent soigner sur place ou dans les hôpitaux locaux, les cas moins sérieux. Vingt-quatre plaies, dont 1 à lavant-bras, 3 à la main, 7 à des doigts, 2 au genou, 5 à la jambe , 5 au pied , et 1 à un orteil: plusieurs d’entre elles présentèrent de l’in- térèt.—Tel fut le cas, de la seule d’entre elles dont l'issue ait été fâcheuse : un jeune homme de 17 ans, (n° 321) étant occupé à ramasser des pommes de terre dans le champ de son père, avança imprudemment la main pour en enlever une qu'oubliait le journalier qui était à côté de lui, et eut la main percée d’un cou de houe: le télanos se déclara, et entraîna la mort du malade, mal- gré la cautérisation énergique de la plaie avec le fer rouge, l'emploi d’opium à hautes doses , et l’anesthésie par le chloroforme répétée à chaque nouvel accès : une déchirure incomplète du nerf ulnaire vers l’origine du petit doigt , fut sans doute la cause de cette complica- tion fatale de la plaie. — Une plaie occasionnée par un couteau tombé sur le pied (n° 102), aurait pu avoir — 386 — les mêmes suites , ce qui n’eut heureusement pas lieu. — Les deux cas dont la terminaison fut le plus réjouis- sante, vu la gravité de la lésion, sont relatifs à des coups de hache, dont l’un avait pénétré dans l’articulation du genou (n° 355 ): des points de suture immédiatement appliqués lors de l’arrivée du malade, eurent-les plus heureux effets ; l’autre (n° 17), datant d’un mois lors de l'entrée, avait porté sur le côté externe du genou, et ne laissa d’autre suite qu’un peu de roideur de l’articula- tion. — Un imprudent s’étant trop approché d’une scie circulaire en mouvement , en fut atteint à l’avant-bras (n° 398), plaie grave et étendue, qui fut guérie par pre- mière intension ; dans un autre cas (n° 76), il y avait eu un coup de scie à travers le cinquième os métacarpien. — Un coup de hache à la jambe (n° 362 }; une plaie au pouce occasionnée par un rabot (n° 288); une coupure à l’index (n°106), et une au pied (n°277), produites par des morceaux de verre ; une plaie à la jambe, causée par la roue d’un char , dont était tombé un domestique (n° 366) ; sont des cas intéressants au point de vue de la cause déterminante. — Dans un autre cas , également produit par une roue de char qui avait passé sur le talon d’une servante (n° 280), survint une lymphangite grave, terminée par résolution. — Un coup de marteau sur le doigt annulaire (n° 397), rendit nécessaire l’avulsion de l’ongle , petite opération que nous pratiquâmes encore dans deux autres cas (n° 57 et 128). — Dans un autre, la première phalange du pouce ayant été amputée dans un accident (n° 67), la guérison n’eut lieu que lentement, comme cela arrive toutes les fois qu'un moignon ne peut être recouvert de peau. — Une plaie au pied, eau- sée par un cheval, fut compliquée d’un delirium tremens — 387 — - (n° 399), qui céda rapidement au calomel à petites do- ses, mode de médication trop peu employé, et qui nous a rendu de bien meilleurs services que l’opium.—Une seule de nos plaies se compliqua de gangrène : c'était un maçon (n° 305), qui était tombé d’un échaffaudage en portant une pierre, et s'était fait une plaie contuse à la jambe, et une autre petite entre le pouce et l'index : le tissu cellulaire voisin de la première se détacha par mortification, ce qui prolongea beaucoup le traitement. Dix contusions , dont 2 à l'épaule , 1 à l’avant-bras, 1 à la région lombaire, 3 à la hanche, 1 au genou , 1 à la jambe et 1 au pied. — La plus grave est une de celles de la hanche, qui fut en outre compliquée par une dysen- terie (n° 383): après trois mois de séjour à l'hôpital, le malade n’était pas encore complètement guéri, quand il exigea sa sortie , qui nous eût davantage affligé dans son intérêt , sans les désagréments de toute nature qu'il savait causer par sa conduite. — Une autre contusion à la hanche (n° 58), avait été prise pour une fracture du col du fémur ; et la dernière avait été causée par un wa- gon attelé d’un cheval , qui avait renversé un ouvrier (n° 263). — A côté d’une contusion à la jambe (n° 299) provenant d’une chute d’un arbre , la seule qui mérite encore d’être signalée, en est une à l’avant-bras (n° 276), chez une femme de 40 ans, qui contracta dans nos salles - une pneumonie du sommet, après la guérison de laquelle . elle demanda d’être opérée d’une loupe du cuir chevelu, double cause de prolongation de son traitement. Six entorses , dont 3 au poignet, 1 au genou et 2 au - coude-pied. Celle au genou était la suite de la chute d’un sac contre cette articulation, que nous dûmes main- tenir dans l’immobilité (n° 169) ; une de celles du coude- — 388 — pied (n° 346) fut guérie par l’usage du bandage plâtré ; enfin, la même application amena de l’amélioration dans l’état d’une entorse du poignet (n° 453), où l’on avait un déplacement d’un des os du carpe , un certain degré d’atrophie , et surtout des douleurs qui disparu- rent sous l’appareil en gypse. Une psoîte, parvenue à l’état de suppuration, et néan- moins guérie. Vingt-trois 2nflammations , tant superficielles que phlegmoneuses, toutes guéries, à savoir : 1 d’un moignon de jambe, déterminée par une jambe de bois mal faite ; 3 du pied, dont une, fort légère du reste, les intéressait tous deux ; 2 des tendons de l’avant-bras, dont une pro- venait d’une chute sur la main; 1 de ceux de l’index, suite d’une piqûre ; 1 au poignet droit, siégeant dans le tissu cellulaire qui entoure les gaines tendmeuses , à la surface volaire de cette partie, avait nécessité une incision cruciale; 4 de la main dont une compliquée d’une lymphangite de tout l’avant-bras, guérie par des badigeonnages de teinture d’iode pure, et dont deux nécessitèrent des incisions profondes ; et 11 panaris, tant superficiels que profonds, dont plusieurs assez né- gligés, pour qu’il ait été nécessaire , chez trois, d’ex- traire un ou plusieurs fragments nécrosés, chez un, de désarticuler le doigt, et chez un troisième, que le bout du doigt s’éliminät par gangrène ; tandis qu’un autre cas, présenté par une fille chlorotique, était accompagné d’un bubon axillaire sympathique. Sept abcès , terminaisons d’inflammation à joindre à la catégorie précédente , dont : 1 au bras, 1 à l’avant- bras, dont le porteur fut bientôt pris de violents frissons et mourut de pyémie ; 3 à la main; 1! pré-rotulien; et — 389 — 1 cas d’abcès profonds, de l'extrémité inférieure, qui né- cessitèrent des incisions multiples , qui n’empêchèrent pas la mort de la malade , chez laquelle on trouva des thrombus dans la veine crurale. Trois pérrostites : 2 du tibia, l’une scrofuleuse, l’autre syphilitique ; et { au pied droit , ayant nécessité des incisions. Huit arthrocaces , ou leurs suites, à savoir: 1 omar- throcace, guérie par l'application du fer rouge et l'huile de morue ; — 1 olénarthrocace; — 1 chirarthrocace, où le second os métacarpien était surtout intéressé , amé- liorée , quand le malade voulut partir pour retourner auprès de sa famille ; — 3 suites de coxarthrocace, c’est-à-dire une luxation spontanée du fémur, chez une jeune fille précédemment guérie de sa coxalgie à l’hô- pital, mais tellement négligée dès-lors, qu’on n'avait fait demander un médecin, qu'après que le déboitement avait eu lieu : un long traitement, tant général et anti- scrofuleux que local , l’a mise en état d’aller faire aux bains de Bade (en Argovie) , une cure, au retour de la- quelle les fistules étaient en bonne voie de guérison; un abcès froid à la cuisse, suite éloignée d’une ancienne coxarthrocace : nous le renvoyàmes amélioré, en imsis- tant aussi sur une cure thermale ; enfin une petite fille, de 8 ans, présentait une ancienne claudication incurable, reste d’une vieille coxalgie , dont ‘elle ne souffrait plus ; — 2 gonarthrocaces , l’une , récidive, mise en état de retourner aux bains de Lavey (Vaud), où il s'était guéri la première fois ; l’autre guérie. Quatre nécroses : 1 de l'humérus, chez un jeune hom- me de 19 ans, qui avait présenté précédemment une affection analogue au talon droit, dont il avait extrait — 390 — lui-même un séquestre, et qui pourtant n’était sous l'influence, ni d’une diathèse scrofuleuse , ni d’une sy- philitique : nous le renvoyàmes fort amélioré, mais sans attendre l'élimination du séquestre , qui n’était pas en- core mobile ; 2 d’un métacarpien, chez une desquelles la nécrose atteignait aussi le doigt, qui dut être amputé et le métacarpien réséqué ; 1 d’une phalangette, guérie par l'élimination de la partie nécrosée. Deux ankyloses: 1 de l'épaule, consécutive à une ke xation ou à une fracture de l’humérus , survenue pen- dant un incendie, ainsi qu’une fracture de l’omoplate et d’une côte ; son état fut amélioré, essentiellement par des exercices gymnastiques du bras ; { d’un doigt, suite d’une ancienne nécrose, guérie par amputation. Vingt-six wlcères , à savoir : 17 ulcères variqueux de la jambe ; chez un d’entre eux nous eûmes une bronchite intercurrente, et chez un autre, nous fimes passer le ver solitaire qui, chose singulière, appartenait au Tænia So- lium, bien que l'individu eût toujours habité la Suisse, où il est remplacé, comme on le sait, par le Botryoce- phalus latus ; deux de ces malades subirent des opéra- tions, un ayant désiré être débarrassé d’un goitre vo- lumineux qui gênait considérablement la respiration, opéralion qui eut lieu et qui présentait de bonnes appa- rences , quand la gangrène envahit la plaie , et enleva le malade ; chez un autre, opéré à droite de la cataracte par réclinaison, mais avec un insuccès définitif, nous pratiquâmes l'extraction de la cataracte dure de l'œil gauche par kératotomie supérieure, ce qui donna un demi-succès, qu'il fallut compléter, par celle de la pu- pille artificielle par iridectomie ; — 4 ulcères atoniques à la jambe, tous quatre guéris, l’un, en outre , d’une ophthalmie scrofuleuse intercurrente, sans parler d’une — 391 — bronchite chronique, qui fut améliorée par notre traite- ment: pour cette forme d’ulcères, et pour la précédente, nous avons continué à nous servir avec grand avantage d'applications de charpie trempée dans une solution de sublimé, mode de pansement qui, joint au repos, nous à réussi dans presque tous les cas, et a l’avantage de beau- coup diminuer l’odeur que répandent sans cela les ulcè- res;— 3 ulcères dartreux à la jambe; cette forme, suite de diverses affections cutanées, entre autres de l’eczème, de l’impetigo , de l’herpès , a été guérie , dans nos trois cas, par le soufre à l'intérieur, et une pommade au sul- fate ferreux à l'extérieur ; — 2 ulcères scrofuleux, l’un à la jambe et l’autre au pied: le premier chez une jeune fille appartenant à une famille très-scrofuleuse, fut gué- rie par les antiscrofuleux, le sublimé en solution, et plus tard le sulfate de fer en pommade, à l'extérieur; elle eut en outre des symptômes bien tranchés d’hystérie, qui cé- dèrent aussi à notre traitement: il n’y a pas eu de récidi- ve, quoiqu'il y ait un an qu’elle nous a quitté; le second cas concernait un homme de 22 ans, et était compliqué par la présence de tubercules cutanés au même pied et d’une adénite en suppuration, au cou: il fut aussi guéri ; mais ce furent deux traitements d'environ 100 jours en moyenne. Une gangrène au pied : c'était un vieillard âgé de 71 ans, chez lequel un ancien ulcère était devenu gan- gréneux ; l'articulation était ouverte lors de son arrivée, aussi n’eûmes-nous d’autre ressource que l’amputation de la jambe , qui ne parvint pas à sauver les jours du malade : les deux artères crurales présentaient de nom- breuses plaques athéromateuses. Quatre congélations, également réparties entre les mains et les pieds , et toutes survenues en février : au- — 392 — cune n’exigea d'opération, et dans un des cas, nous obtinmes en outre la guérison d’une chloro-hystérie, déjà traitée en 1856 à cet hôpital. Deux brûlures, Vune au pied, chez une servante , qui s'était échaudée avec de l’eau bouillante, l’autre aux cuisses, puis, à un plus faible degré, aux joues, au men- ton, à la moitié antérieure du cou et aux deux poignets, chez une jeune fille, peu développée intellectuellement, dont les vêtements avaient pris feu, tandis qu’elle goûtait une soupe qui cuisait : le traitement fut fort long, et sa mère l’emmena avant l'entière guérison chez elle, où les résultats finaux traînèrent beaucoup plus en longueur, que ce n’eût été le cas , sans cela. Maladies cutanées. Dix-sept cas peuvent être rangés sous cette dénomi- nation : sur ce chiffre, 13 furent guéris, 3 améliorés, et 1 mourut. Un cas de brûlure générale : quand la combustion a atteint un tiers du corps, ou plus, il ne peut guère être question de la regarder comme une affection locale, et la vie est rarement possible , parce que la peau ne peut plus remplir ses importantes fonctions. Le dernier fait de la précédente catégorie se rapprochait déjà de ces conditions ; celui-ei survint aussi au moyen d’une robe qui s’alluma, chez une jeune fille qui se trouvait sur un char qui prit feu ; dans ce cas, nous eùmes sous les yeux douze jours d’affreuses souffrances , auxquelles la mort mit enfin un terme. Un cas de furoncles à la nuque. Un prurigo. Un erpès, siégeant essentiellement au dos, malade — 393 — également guéri de symptômes dyspeptiques et d’une bronchite sub-aiguë. Dix eczèmes, dont 8 simples et 2 impétigineux : deux furent simplement améliorés , dont un nous quitta con- tre notre gré : un des dix était accompagné d’un abcès au bras ; chez un autre , il se montra pendant le traite- ment une périostite de la tubérosité occipitale gauche , qui se termina heureusement par suppuration. Un mentagra, guéri, essentiellement par des cautéri- sations avec l'acide nitrique. Un psoriasis, accompagné d’une adénite à la cuisse gauche , probablement d’origine syphilitique , dont le porteur nous quitta au bout de 16 jours, découragé de n'être pas encore guéri. | Une gale, envoyée sous une autre dénomination , et guérie par la méthode belge, qui nous réussit également dans un autre cas, mentionné parmi les gastrites. Tel est, Messieurs , le résumé annuel de la pratique de cet hôpital, que j'étais appelé à vous présenter. Vous me permettrez d'y joindre des remerciments particuliers à mes confrères, les D° Léopold Reynier père et Barre- let, qui ont bien voulu me seconder dans les opérations les plus graves ; à mes internes successifs, Messieurs les D Max Küchler ( de Giessen ), Ernest Reynier fils (de Neuchâtel), et Henri Schærer (de Wædenschwyl), ainsi qu'à MM. Virchaux, étudiant en médecine (de Saint- Blaise), et le D' F. de Pury, (de Neuchâtel), qui ont con senti à m'aider, alors que le D° Ernest Reynier en était empêché par une fièvre typhoïde , qu'il avait ramenée - de Vienne. Le personnel de nos sœurs hospitalières a - subi des changements assez considérables , à la suite du — 394 — décès de la sœur Mornex , qui , quoique arrivée à occu- per notre place de retraite, aidait encore de son activité la petite communauté, qui a perdu deux de ses membres en six mois. Mon précédent rapport vous a déjà rendus attentifs à la répartition de nos cinquante lits entre deux sœurs, chargées chacune de vingt-cinq, changement qui a eu lieu en 1857 , et de l’utilité duquel nous n’avons pas été le seul à nous apercevoir. À l'heure qu'il est, notre salle d'opérations, à la visite de laquelle vous voudrez bien accorder quelques ins- tants, est venue remplir une lacune , qu’il suffisait de vous signaler , pour que vous vous empressassiez de la remplir , et vous pourrez voir , de quelle ressource elle doit nous être pour les cas chirurgicaux , et combien elle remplit son but par sa position centrale , et pour- tant suffisamment isolée, et par son bel éclairage. Si, pour le moment , nous avons dû céder aux ouvriers les salles VI et VIT, et tâcher de suppléer à leur manque, en transformant en chambre provisoire, un corridor chauffable , vous savez que nous avons tout lieu d’espé- rer que grâce à la générosité de feu Madame Grieninger et aux changements que vous avez faits dans la réparti- tion de la portion existante de l'aile occupée par les femmes, nous pourrons avoir, dès le mois d'octobre, une dizaine de lits de plus. Voilà, Messieurs, bien des motifs de bénir de plus en plus la mémoire du fondateur de cet établissement charitable , dont la bienfaisance est devenue contagieuse , non-seulement pour sa famille et ses concitoyens, mais même pour des étrangers. Que Celui qui leur a inspiré à tous cette preuve d’amour pour leur prochain malade , continue à veiller sur l’hô- pital Pourtalès et à le bénir ! SC E— N° 3. RAPPORT MÉTÉOROLOGIQUE pour l’année 18357 présenté PAR I GER ROPP, ARE Notre rapport de cette année ne pourra pas être aussi complet que celui de l'année passée, pour ce qui con- cerne les stations du pays. La mort nous a enlevé deux observateurs zélés : à Môtiers-Travers, M. le pasteur Bar- relet, décédé en 1856 ; à Diesse, M. le pasteur Lamont, décédé en 1858. M. Lamont a bien encore fait ses ob- servations en 1857, mais sa main tremblante n’a plus pu traçer que des chiffres illisibles. La Société a perdu en eux des amis dévoués à la science et au bien public. Nous n’aurons done à relater dans le résumé météoro- logique que les stations de Neuchâtel, de Bonvillards, de Fontaines et de Chaux-de-Fonds. L'année 1857, année belle et féconde , n’a présenté d’ailleurs que peu d'intérêt sous le rapport météorolo- gique. Quand les moissons sont abondantes et les récol- tes bénies, l’année est stérile pour le météorologue. Mais il nous sera peut-être possible de soutenir l’in- térêt de cette petite publication, en rendant compte des travaux antérieurs aux nôtres. Nous allons done, cette année, commencer le résumé des observations fai- * tes anciennement à Neuchâtel et dans le pays, en rap- portant les phénomènes les plus remarquables recueillis dans les Annales de Boive pour le 14% et le 15"° siècle. BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. 26 1315. Famine. 1318. Année très-abondante. 1324. Hiver rude. — 396 — Résumé DES PHÉNOMÈNES LES PLUS REMARQUABLES QUI SE SONT PASSÉS À NEUCHATEL dans le 14° et le 15° siéele de l’an 1300 à 1500. 44° siecle. 1300 à 1400. 1302. Froid extraordinaire en Novembre et Décembre. 1303. Grande sécheresse , il ne plut presque point; toutes les fontaines tarirent. On n’eut pas de fruits, mais on fit d’excellent vin. 1313. Famine, grande mortalité. 1314. I ne plut point pendant treize semaines. La sé- cheresse produisit une grande cherté. 1317. Grande famine. Cette famine procéda d’une neige très-abondante qui avait duré tout l'hiver et qui ayant subsisté jusqu’à Pâques, avait étouffé et fait périr les grains et les ceps. 1320. Année de petite récolte qui produisit une cherté. 1325. Les fruits de la terre périrent sous les neiges. On fit peu de vin et mal conditionné. — 397 — 1333. Année abondante en vin et grains, malgré les débordements d’eau. 1337. Grande cherté causée par un grand nombre de sauterelles, qui dévorèrent les récoltes. 1339. Si grande sécheresse que presque toutes les fon- taines tarirent. 1344. Hiver très-doux ; débordement d’eau extraordi- naire. Année peu abondante, famine. 1353. Année très-abondante. 1360. Cherté extrême. En divers endroits les paysans se virent obligés de prendre la paille qui couvrait les toits de leurs maisons pour en nourrir le bétail. 1362. Eté si chaud que les foins furent tous brülés. 1364. Hiver long et rigoureux qui dura jusqu’en Mai. Tous les lacs gelèrent, les canards et autres oiseaux volaient par groupes dans les villes, pour y chercher leur nourriture. 1371. La famine régnait avant la récolte, mais après les moissons et les vendanges, tous les vivres furent à très-bas prix. 1372. La veille de la Pentecôte, il tomba une si grande quantité de neige que les arbres furent brisés. Il fit une gelée blanche au milieu de Juillet qui cependant ne nuisit point aux fruits de la terre. Les vendanges furent très-abondantes, mais comme il fit un très- grand froid avant les vendanges, le vin ne put fermen- ter, il demeura doux jusqu'à Pâques 1373 et ensuite il devint vert qu’on ne le pouvait boire. 1373. En automne les raisins gelèrent aux ceps, le vin fut fort doux pendant l hiver, tout de même que l’an- née précédente, mais environ la Pentecôte 1374 il devint si aigre qu’on ne pouvait pas en boire, ce qui — 398 — fit que le vin de trois feuilles étant le seul qu’on püût boire et étant fort rare, il était aussi extrêmement cher; la pinte valait un schelling dont 13 valent un florin. 1374. Le vin fut à un si bas prix, que le muïd de cent pots ne valait qu’un plappart dont 25 valent un florin. 1375. Les Anglais ayant attaqué les Suisses comme on était au milieu des vendanges, il fallut les interrom- pre pour courir aux armes, tellement qu’on ne put les achever qu’au mois de Janvier 1376. L’Abbaye de Fontaines-André fut brûlée par l'ennemi, mais les Neuchâtelois remportèrent la victoire le 25 Décem- bre. Ce retard pour la vendange fut cause qu’on fit un vin extrêmement doux , mais on en fit beaucoup moins, les raisins s'étant séchés pour la plupart. 1378. Les rivières s’enflèrent extraordinairement par les pluies continuelles. 1379. Hiver très-froid et rigoureux. 1380. Il fit une si grande sécheresse que plusieurs grap- pes de raisins séchèrent sur les ceps. 1387. Eté très-sec et abondant. 1397. On moissonna à la Pentecôte et les vendanges furent très-abondantes. 45° siecle. 1400 à 1500. 1400. Sécheresse , il y eut des rivières qui séchèrent. Le 26 Juin, l’eau du lac de Zurich devint si froide qu’on n’en pouvait pas boire ni y souffrir la main. 1404. Grande sécheresse, tellement que la plupart des - fontaines tarirent. — 399 — 1407. Environ la Saint-Martin 1 406, le froid commença d’une manière si violente, qu’on ne se souvenait pas d’en avoir senti un semblable. Ce froid rigoureux fut aussi fort long , car il dura douze semaines. Tous les lacs de la Suisse, le Rhin, l’Aar et les autres rivières gelèrent tellement qu'on les traversait avec des cha- riots chargés. 1418. Année d’abondance. 1420. En Janvier, le lac de Neuchâtel gela entièrement ; mais quoique l'hiver fût extrèmement froid, cepen- dant comme il ne dura point, on trouva des roses ou- vertes le 7 Avril. Au milieu du même mois, on eut des cerises et des fraises et les raisins étaient en fleurs; au commencement de Mai, il y eut du verjus. Le 8 Juin il tomba de la neige sur les montagnes et il fit une gelée qui retarda la maturité des fruits. Le 22 Juillet les raisins furent mürs et on vendangea au mois d’Aoùt; on moissonna à la Pentecôte. L'année fut extrêmement chaude et sèche et très-abondante en vin et grains. L’Aar avait tellement gelé au mois de Janvier, que la glace était épaisse de deux toises et demie. 1425. On ne commença à vendanger qu’à la Saint- Martin, on fit peu de vin et mal conditionné. 1426. A la Saint-Martin il fit une si grande chaleur que les arbres fleurirent de nouveau. Les vivres étaient à si bas prix que les hôteliers ne pouvaient pas faire l’écot la première fois, il fallait attendre la seconde fois. 1427. Au printemps il y eut famine. 1428. Prodigieuse quantité de neige pendant l'hiver, suivie d’une grande abondance. — 400 — 1430. Le commencement de l’année fut très-froid. II y eut des gelées au printemps qui firent du mal aux fruits de la terre. L'été fut pluvieux et on fit de pe- tites vendanges, peu de vin et de grains, de sorte qu’il y eut grande cherté. 1432. Au commencement de l’année, froid très-vio- lent , les vignes et les arbres gelèrent tellement qu’il en fallut couper un grand nombre, ce qui causa une extrème cherté. 1433. Le printemps et l’été furent très-chauds et secs; dans le comté de Neuchâtel on eut abondance de vin et de grains. Les vendanges commencèrent le 10 Août. Il ne plut point tout l'été jusqu’au mois de Septembre. 1435. En Janvier les lacs de la Suisse gelèrent et au mois d’Août il fit un grand froid qui causa une ex- trême cherté. 1438: Année stérile à cause des pluies continuelles. 1439. IL tomba au commencement de l’année une pro- digieuse quantité de neige et le froid fut très-violent. On passa l’Aar et autres rivières comme aussi les lacs avec des chariots chargés. L'été fut extrèmement plu- vieux, etil y eut une peste et une mortalité extraor- dinaire. La peste était aussi en ce temps fort échauf- fée dans le canton de Neuchâtel. 1442. En Février, il tomba une si prodigieuse quantité de neige qu’on ne pouvait plus voyager ni à pied mi à cheval. Le foin devint si rare et si cher que les paysans découvraient leurs toits en paille pour nour- rir leurs bêtes, d’autres furent obligés de les assom- mer. Cependant l’année fut très-abondante en vin et grains. Le 6 Décembre il fit un froid très-violent qui — AO — surpassa celui de 1407. Ce froid fit geler presque tous les ceps de vigne. 1443. I fit au commencement un froid si grand que les lacs et les rivières gelèrent au point qu’on les pou- vait passer avec des chariots. Le 3 Mai, il tomba beau- coup de neige qui fit bien du mal aux fruits de la terre. Pendant l'été il fit des pluies continuelles, on fit très-peu de grains et de vin et mal conditionnés. 1445. Hiver rude, il y£eut beaucoup de ceps gelés. 1446. Eté très-sec, toutes les rivières de la Suisse étaient guéables. Les moissons furent abondantes. Il y eut peu de vin mais qui fut très-bon. 1447. Le froid fit beaucoup de mal au vin et aux grains ce qui causa une grande cherté. 1448. Le 23 Avril, il tomba beaucoup de neige, ce qui n'empêcha pas qu’on n’eut une année très-abondante en vin et grains. On fit tant de vin qu’on fut obligé d’en remplir des cuves et des citernes. 1449. Année très-abondante en vin et grains. 1450. Le 20 Octobre, grand incendie à Neuchâtel. 1452. Grands débordements d’eaux qui causèrent beau- coup de dommage. Peste quoique les vivres étaient à bas prix. 1453. Année abondante. 1454. Pluies abondantes; on fit beaucoup de vin, mais il fut très-mal conditionné. 1456. Année pluvieuse ; on fit peu de vin et de très- petite qualité. 1457. Grosses pluies et des temps secs entre deux, ce qui fit que le vin et le grain ne purent pas réussir. 1459. Les vignes gelèrent au printemps. L'été fut plu- vieux et la récolte peu abondante. — 402 — 1461. Année abondante en grains et vin. 1463. Année fort pluvieuse. Cherté. 1464. Année abondante. Les denrées furent à très-bas prix. 1465. Il tomba une si prodigieuse quantité de neige, que les chemins en furent fermés ; quoiqu’elle durât jusqu’au milieu du mois de Mai, elle ne nuisit point aux fruits de la terre et il n’en arriva aucune inon- dation. Le 20 Septembre, il tomba encore de la neige en si grande abondance, que les chemins furent im- praticables pendant quelques jours. L'été fut fort humide, on eut cependant beaucoup de froment mais peu d'avoine. Grande mortalité sur le bétail et les abeilles qui périrent presque toutes. Le 14 Septem- bre, le soleil commença à paraître bleu, ce qui dura quelques jours au bout desquels il perdit cette cou- leur et s’éclipsa entièrement. 1466. Année tardive, humide et peu abondante. Le 7 Décembre, il fit un froid si violent que plusieurs per- sonnes périrent. 1467. Année chaude, sèche et abondante en vin et en grains. 1468. Année tardive, on moissonnait encore l’avoine au mois de Décembre. 1469. Hiver fort long et extrêmement froid: tous les lacs et les rivières de la Suisse gelèrent. 1470. Au milieu d’Août, il tomba beaucoup de neige, mais qui se fondit d’abord et ne causa aucun dom- mage. L'année fut très-abondante en vin. G 1472. Il plut à Noël quatre jours et quatre nuits sans cesser. | — 403 — 1473. Au commencement de l’année il tomba une pro- digieuse quantité de neige; le temps fut ensuite fort doux. Les arbres fleurirent en Février, les herbes étaient pour lors aussi avancées qu’elles le sont aux autres années au mois de Mai. On trouva des fraises mûres et des cerises au milieu d'Avril, mais à la fin du mois, il survint des gelées qui imcommodèrent beaucoup. L'été fut extrêmement sec et chaud. La plupart des fontaines tarirent. Il n'avait point plu depuis là Chandeleur jusqu’au 20 Juin et delà il ne plut point jusqu’au mois de Septembre. On moissonna à la Saint-Jean. Les vendanges commencèrent le 10 Août. Les eaux débordèrent en automne, après cette sécheresse, d’une façon extraordinaire. L'année fut très-abondante en grains et en vin, mais le vin fut aigre. En Octobre, les arbres fleurirent de nouveau ; les pommes et les poires crurent de la grosseur des noix, et les cerises mürirent à la Saint-Martin. 1474. Chaleur violente au mois de Juin. On fit beaucoup de vin, mais il fut vert. Il fit des pluies continuelles . pendant Juillet et Août. 1475. Année abondante. 1477. Année abondante, cependant cherté. Armée de sauterelles. 1478. A la Chandeleur, grande quantité de neige et un froid si intense que les lacs de la Suisse furent gelés. Moisson abondante. 1479. Mars et Avril furent si chauds et si secs qu'on appréhendait que les fruits ne périssent par la séche- resse. Les fontaines tarirent. Mais dans la suite le temps changea si favorablement, que cette année fut très-abondante en grains, mais pas en vin, les vignes — 404 — ayant été gelées au printemps. Il y avait plus de cin- quante ans qu’on n’avait eu une année si riche en grains. Il y eut en Juillet un débordement d’eaux ex- traordinaire. À Bâle on pouvait mettre la main dans l’eau depuis le pont. Mais ensuite il ne plut point de Juillet jusqu’à la Saint-Martin. Les vendanges furent tardives et le vin vert. : 1480. Débordement d'eaux extraordinaire le 21 Juillet. Ce fut l’année du déluge. L'été fut très-pluvieux. La pluie dura sans interruption pendant neuf semaines, les eaux inondèrent les campagnes et obligèrent les paysans à quitter leurs villages pour habiter les mon- tagnes. Les fruits de la terre réussirent assez bien, excepté le vin qui fut peu abondant et mal condi- tionné. | 1481. Année fort pluvieuse; on fit peu de vin et il fut très-vert. On ne put pas sécher le grain à moissons, il fallut le cacher fort humide. L'année fut tardive. On trouvait encore des cerises sur les arbres au mois de Novembre. Cherté et famine. 1482. Les inondations firent encore des ravages en di- vers lieux, l’année fut tardive. 1483. Eté chaud. On fit beaucoup de vin et de grains. 1484. Hiver froid etrigoureux, cependant la récolte fut abondante en vin et en grains. On avait bien de la peine à trouver des tonneaux. Plusieurs ne sachant où met- tre le vin, abandonnèrent leurs vignes ou en faisaient du mortier. IL y en avait qui, faute de tonneaux, ré- pandaient le vin vieux pour y mettre le nouveau. Eté chaud et sec. On donnait souvent un pot de vin pour un œuf. 6 — 405 — 1485. Débordement d'eaux. Le vin augmenta de prix des trois quarts. Le grand froid de l'hiver, les neiges excessives et les gelées du printemps produisirent ces effets fâcheux. 1487. Les vignes et les grains gelèrent cette année tel- lement que la cherté continua et augmenta. 1488. Il vint en Suisse une si prodigieuse quantité de petits oiseaux inconnus que l'air en était obscurei. II fit un grand froid et des gelées au printemps. L'été fut fort humide, tellement qu’on fit encore très-peu de vin et de grains. 1489. Cette année fut encore très-fâcheuse et moins abondante que les précédentes. 1490. Année stérile. Au mois de Mai, il tomba beau- coup de neige et de grêle. A la Saint-Jean et ensuite, il tomba beaucoup de pluie. Famine. 1491. L'hiver fut froid et long, le printemps fut froid et la neige dura jusqu'en été. Les oiseaux périrent presque tous. Les vignes gelèrent, 1l resta très-peu de grains. Tous les lacs de la Suisse furent gelés. 4492. Année abondante en grains, mais il y eut peu de vin. L'hiver fut si froid que les ns les hommes et les bêtes gelèrent. 1493. Année ‘abondante en grains. On fit médiocre- ment de vin, mais qui fut excellent. 1494. Le vin fut très-cher à cause des gelées qui avaient gâté les vignes. Rpatsies moissons, le grain fut à très- bas prix. - 1495. Abondance de grains mais peu de vin, car les _ ceps avaient gelé en 1491 et 1494. 1496. Grands débordements d'eaux par toute la Suisse. —. 406 — 1497. Hiver très-chaud, il ne gela que la veille de Noël. Le printemps, l'été et l’automne furent chauds et secs, et on eut du vin et du grain en abondance. 1498. Eté froid et pluvieux, ce qui fut cause qu’on fit peu de vin et mal conditionné. Abondance de grains. 4499. Abondance de vin et de grains. | 1500. On fit peu de vin, mais il fut très-bon. En jetant un coup-d’œil général sur les observations diverses mentionnées dans ces deux siècles, on est frappé d’un fait qui peint d’une manière expressive l’état pré- caire dans lequel on vivait à cette époque, surtout au 14° siècle. Il suffit d’une seule année stérile ou peu abon- dante, même après une année très-riche, pour que la population souffre de la disette et de la famine. Il n’y avait ni routes, ni sécurité, donc pas de commerce; l'incurie et l'ignorance aggravaient le mal. Aussi les pestes , les maladies et les mortalités étaient-elles fré- quentes. Elles sont citées huit fois. dans le 14° siècle: dans les années 1313, 1315, 1318, 1348, 1349, 1350, 1358 et 1387 ; et douze fois dans le 15° siècle : en 1400 1411, 1427, 1445, 1463, 1477, 1479, 1480, 1481, 1482, 1483 et 1494. Boive donne des renseignements particuliers sur les maladies suivantes : En 1358, la peste dura d’août à Noël. | En 1387, il y eut une maladie extraordinaire qui en- leva une infinité de personnes. Elle procédait d’une fluxion qui tombait depuis le cerveau et elle était ac- compagnée d’une forte toux. En 1477, la mortalité atteignit surtout les femmes et les enfants. — 407 — En 1482, la peste, qui dura depuis 1479 , fut très- . violente. Il sortait des vers du nez et de la bouche de ceux qui étaient infectés. Quant à la peste de 1348 et des années suivantes, nous en parlerons à l’occasion de la description du trem- blement de terre de cette année. En résumant ce qui se rapporte aux circonstances climatériques du pays aux époques dont nous nous oc- cupons, nous devons nous borner à faire une simple sta- tistique des faits, car à mesure que nous avancerons dans cette étude, les observations deviendront plus com- plètes et plus précises, et les conclusions qu’on pourra en déduire auront plus d'intérêt et plus de valeur. Nous considérons comme années ordinaires celles pour lesquelles le chroniqueur ne cite pas de faits par- ticuliers. Dans le 14° siècle, on signale 4 années extraordinai- rement sèches, et 3 années extrêmement pluvieuses; il y aurait donc eu 93 années normales quant à la quantité d’eau tombée. | Cependant toutes ces années n'étaient pas semblables quant à la production des denrées alimentaires, surtout des grains et du vin, car on compte 10 années où le grain a manqué, donc 90 années ordinaires dont 6 très-abon- dantes. Quant au vin, 8 fois les vendanges ont été presque nulles, 1 fois le vin fut excellent, 1 fois très-mauvais et 6 fois de qualité ordinaire. Il y a donc eu 92 années ordinaires, dont 7 très-abondantes en vin. En examinant les saisons , on trouve 93 hivers ordi- naires et 7 exceptionnels, dont 4 excessivement rigou- reux, 2 très-froids et avec des neiges extraordinairement abondantes, et 1 hiver très-doux. — 408 — Pour le printemps, 94 ordinaires et 6 exceptionnels, dont 1 très-sec, 2 avec extraordinairement de neige, 2 très-froids et 1 très-chaud. Pour l'été, 95 ordinaires et 5 extraordinaires , dont 3 très-secs, 1 froid, 1 très-chaud. Pour l'automne, 97 ordinaires et 3 extraordinaires, dont 1 très-sec, 2 très-froids. Au 15° siècle, nous trouvons 81 années ordinaires et 19 années exceptionnelles, dont 2 très-sèches, 2 chaudes et sèches, 3 froides, 12 très- pluvieuses. Dans 14 années le grain a manqué ; 1l y a done eu 86 années ordinaires, dont 20 très-abondantes. La plus grande période d'années consécutives très-abondantes est de 4 années, et celles des années consécutives sté- riles est de 5 années. Pour le vin on a eu 26 années où la vendange a été à-peu-près nulle, 8 années le vin étant mauvais, 16 le vin étant ordinaire, et 2 où le vin s’est trouvé de qualité excellente ; il y a eu 49 années à vendange ordinaire, et 25 années à vendange très-abondante, dont 2 où le vin était de qualité très-mauvaise. De sorte qu’il y eut 26 années où l'on n’a eu que du vin de qualité mauvaise, et 74 où le vin était de qualité ordinaire ou excellente ; 26 années où l’on a eu peu ou point de vin, et 74 où on en a eu en quantité ordmaire ou beaucoup. La plus grande période d'années consécutives où l’on a eu peu de vin a été de 9 années, tandis qu'il n’y a eu qu'une période de 2 années consécutives où la vendange était très-abondante. On compte dans ce siècle une série de 24 années consécutives et une autre de 22 années où la récolte de vin était ordinaire ou abondante. | . — 409 — Quant aux époques des vendanges, on cite comme un fait extraordinaire que la vendange a eu lieu 2 fois le 10 Août et 1 fois au mois d’Août sans fixer la date ; on cite de même { fois comme époque de vendange extraordinaire la Saint-Martin, c’est-à-dire le 11 No- vembre. En passant au détail des saisons , nous trouvons pour l'hiver, 80 années ordinaires et 20 années exception- nelles, dont 13 à hiver très-froid, 5 à hiver où il y a eu une abondance de neige extraordinaire, et 2 à hiver chaud. Pour le printemps, 84 années ordinaires et 16 an- nées exceptionnelles, dont 7 à printemps très-froid, 3 à printemps froid avec des quantités de neige extraordi- naires, 2 à printemps très-chaud, 3 à printemps sec et chaud et 1 à printemps excessivement pluvieux. Pour l'été, 81 années à été ordinaire et 19 années à été exceptionnel, dont 2 froids, 1 froid et pluvieux, 1 extraordinairement chaud, 1 chaud et pluvieux, 4 secs et chauds, 10 pluvieux. Pour l'automne , 94 automnes ordinaires et 6 extra- ordinaires, dont 4 froids, 1 froid avec abondance de neige et 1 très-chaud. Tremblements de terre. Dans les deux siècles, nous trouvons cités 6 trem- blements de terre : en 1313, 1346, 1348, 1356, 1380 et 1417. Celui de 1346 arriva le 24 Novembre. Celui de 1348 paraît avoir été violent ; le chroniqueur dit que trente-six villes et châteaux furent renversés dans — 410 — la Hongrie, Bavière et Souabe, la terre s’entr’ouvrit en divers lieux et engloutit des villages et des hommes. On croit que ce tremblement de terre produisit des exha- laisons puantes qui causèrent une peste des plus terri- bles qui dura trois ans. Elle enleva 14000 personnes à Bâle; à Berne, on ensevelissait 60 personnes par jour. Il mourut de cette peste 1,244,434 moines, dont il y avait un nombre infini dans ce temps là. Il y en a qui crurent que les Juifs avaient empoisonné les fontaines, on les chassa et on les tua à cause de cela. Le tremblement de terre de 1356 eut lieu le 12 Oc- tobre, une partie de Bâle fut renversé. Il n’y eut que cent maisons qui subsistèrent. Les habitants de la ville en sortirent et campèrent sous des tentes pendant toute l’année. Cent personnes furent écrasées ; il s’y alluma un feu qui dura plusieurs jours. Plusieurs châteaux furent renversés aux environs de Bâle. Le tremblement de terre de 1380 arriva le 1° Jui. Aucun de ces tremblements de terre ne paraît avoir été ressenti dans le canton et à Neuchâtel en particulier. Dans le mémoire pour servir à l’histoire des tremble- ments de terre de la Suisse, par E. Bertrand, ministre, publié en 1756, nous trouvons cité, en 1346, 1348, 1356, 1357, 1372, 1380, 1394, 1415, 1416, 1428, 1444, 1456, 1470, 1492, des tremblements de terre ressentis en Suisse, sans qu'aucune indication ne mon- tre qu'ils aient été ressentis à Neuchâtel. Boive ne cite pas tous les tremblements de terre, mais par la compa- raison des dates, l’on voit qu'il cite 1313 et 1407 qui ne se trouvent pas dans le mémoire de Bertrand. — AMAl — Comites. L’astronome Hind cite dans son catalogue général des comètes, pour le 14*siècle, vmgt-neuf comètes, et pour le 15°, vingt-sept, observées en Europe ou en Chine. Boive mentionne, dans le 14° siècle, six comètes, et dans le 15°, cinq comètes. 1301. Comète sous le signe du Scorpion, qui poussait ses rayons jusqu’en terre et qu’on vit pendant quatre mois. 1313. Comète flamboyante. 1315. Le 14 Janvier, on commenca à voir une comète qui dura deux mois et qui avait une grande queue semblable à de la flamme qui regardait l’occident. 1337. Le 20 Juillet, comète. 1340. Comète de la figure d’une épée. 1352. Comète. 1400. Le 18 Mars, comète avec une queue flamboyante. 1432. En Janvier et Février, grande comète. 1456. En Juin, grande comète qui avait une queue prodigieuse, couvrant deux signes célestes; elle dura un mois. 1472. Comète à Noël, qui avait une longue queue et qu'on vit jusqu’au mois de Mars. La comète de 1456 est celle de Halley : c’est la plus ancienne apparition dont on ait pu calculer la marche. Cette comète a été observée par Halley en 1682, par Kepler et Longomontanus en 1607, par Apian, à Ingol- stadt, en 1531. Les orbites de ces trois comètes coïncidant, Halley pensa que c’étaient les apparitions d’un même astre et BUL, DE LA SOC, DES SC. NAT. T. IV. 27 — 412 — il se hasarda à prédire qu’une comète se montrerait de nouveau en 1759 et en 1835. C’est une comète pério- dique qui apparaît tous les 76 ans; sa plus prochame apparition sera en 1904. Les comètes de 1301, de 1337 et de 1472 sont des comètes à orbites calculées, mais non encore retrouvées de nos Jours. Ainsi que nous l'avons dit en commençant , nous de- yons nous borner, pour le moment , à cette statistique des faits ; leur discussion ne pourra avoir d'intérêt que lorsque nous aurons pu exposer le résumé des siècles subséquents. Les documents dont nous pouvons tirer parti sont les Annales de Boive, qui s'arrêtent à l’année 1720. Une partie de ces Annales a été publiée par les soms de M. Gonzalve Petitpierre ; cette publication en est au— jourd’hui à l’année 1627. M. Georges de Montmollin nous à communiqué, pour compléter notre travail, la copie du manuscrit des Annales de Boive qu’il possède. Nous avons consulté avec fruit les remarques météoro— logiques recucillies par Pierre Péters, de Saint-Blaise, et par son père. Ces documents, qui comprennent les années de 1670 à 1746, nous les devons à l’obligeance de M. de Perregaux. Dans le Mercure Suisse, nous avons en outre trouvé des observations complètes sur quelques années de 1726 à 1740. Nous avons ensuite les renseignements renfer- més dans la collection du Messager boiteux, à partir de 1818, et les observations météorologiques faites par les — 413 — soins du premier comité météorologique de la société des sciences naturelles de Neuchâtel, observations com- mencées en 1839 par M. le professeur Ladame. Il nous manque donc tous les documents relatifs aux années de 1746 à 1818. Nous prions les personnes de toutes les parties du canton, qui sont en mesure de four- nir des documents et des renseignements sur la tempé- rature, la date, la qualité et la quantité des vendanges, et sur les faits climatériques remarquables qui se sont passés dans le pays, surtout pendant la période de 1746 à 1818, de vouloir bien en informer ou en donner com- munication à M. Coulon, président de la société des sciences naturelles, ou à M. le professeur Kopp, chargé de la rédaction des bulletins météorologiques. Il est tout-à-fait mutile d'ajouter que ces documents seront retournés à leurs propriétaires , dès que l’on en aura extrait les données qui concernent la météorologie. ADO RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE pour l'année 1857. Les observations et le résumé pour la Chaux-de-Fonds sont faits par M. Célestin Nicolet, pharmacien, les ob- servations de Fontaines sont faites par M. B. de Gélieu, pasteur, et celles de Bonvillards par M. Malherbes, doc- teur. La société renouvelle à ces savants observateurs sa reconnaissance pour les peines qu’ils se donnent et pour l'obligeance qu’ils ont de lui transmettre leurs observa- tions. Nous renvoyons, pour l'explication des tableaux et pour la comparaison des années précédentes, aux rap- ports météorologiques de 1855 et 1856. 414 TEMPÉRATURE DE L'AIR. Neuchâtel. Tableaux des observations thermométriques. sels co 20 = el. (el | S | | EE | à —_— Le] | ® + li] Là . © © © M GI 210 A > © M © © ai vururu hr EPRÉTRILTÉEERE S “œnwu np ‘Ha IT TT sp: + Fe « ‘un S = 00 OM = unrurnu SSP ANSE ie £ S | 2p9]n sa È = ; NS © 19 00 20 © 29 GI ON 29 20, CI 5 UN Loges ot ot 29 = 20 co Fe sd la] _— 11 l È 5 & J'UUXDM | «© 20 S 1 © © + 00 + © © = ‘È NN = © S fP 919 E LS ED. 2 Déess ET DSS DS: NS :9 2 20 QU "UNTDIL |«S 219 © 29 © 1 ON + © M 00 | a ONG MER ON = ei om JD NP YGPeroeNenoaEme | OR € D 0p dualIF ST ÉÉRSEsSS | a ‘ Eu d 2,2 S 5 8_5588/< FRNT am+2s$'o Ÿ © e Sr Rs sens es LEO a :Ÿ > 5 à © © © © 2 [=] snaLAsSs A4NOZA «4 Bonvillards. S Ë = È Ÿ S È ë = *1Dy9 429] (Le om [1] 09,09 [LS "LUI {2 a | “un NP 72 “œouw np" Îl\q uUUrUut np 210 “URULJ np 204 “WILD JU 37,6 [26139] 72 |25 ,9 |4 février [4 LOS SNENES M er rree re 29 O0 219 O0 20 L> di em © CD ED CO NON M ON 1 = 9,6 ||31,7|96 Juill. Dm EE © sn " Le minimum a été tiré des observations de 9 h. du matin et de 9 h. du soir. Année 415 ET - _ . D = M + 3 3 Sol IF SSSR re 4 RS TIRE Eee Lie = ns Où + - co à | 09 CS TILIILLICSSIS + mo | Ju ISSN IAITII LS UAUUND 101 | SRE RS | Sae'emeeeisaeeon|ts “onu np ‘la F : A . et Q ° = M © “ . Un ISNSARTTTL Rae | à æ ; | npayn ë S P 9/04 = e -© = A SSshnocnerSvom EI £ £ "URUUL HOT SM NITS | s = ï = nl 1 1 © |S ). RUN 2 PER fe ‘È UD INR SR SR ST ets TS € ñn 9] 5 LS ip Be MORE NE RE PRO TR nn PEN |A UNIDI| | SSSS nee SES: | & Zi ON OÙ ON ON ON = = EN ‘Jou np ‘Y 6 Plao tr «1 00 -+ 0 00 M + 0 © (1 AD] 9p DIT SNIONION 28, aù De Ge el, | Ce in ed ed 1 See EN © 22558 D E.> # © = © © © ‘2 ES nOFR ! du soir. du matin et9 h. Le minimum a été tiré des observations de 9 h. Chaux-de-Fonds. Jours de np 9/0 SSE0SCSSS0NS ÉPÉDOSEÉE EEE 1 x "UXnu|E & np 9]0 Maxima et minima. ses sesenesse "UUDN | Fos = D = GXnmoCE&EWmOIS = s Bonvillards. État du ciel. Vents à midi. à midi. Nombre de jours de Jours de = RAS ER US LUE $ S = S = =] S = ___|S)£|S)S Sl8/S IS ,S Janvier _ G | 25 - 6 4 | 17 1 3 Février 7 9>| 12 - _- 3 | 14 6 5 Mars 5 | 44 | 45 - 6 - | 45 4 6 Avril 5 | 12 | 13 _- 5 1 8 | 10 1] Mai 9 | 13 9 _ 3 OMICEM 7 3 Juin 410 | 11 9 _- n 311% 5 4 Juillet 45 | 45 1 _ 4 | 11 13 2 1 , Août. 10 | 16 5 _ 7 1 | 14 8 1 ‘ Septembre] 9 | 12 | 9 - | 3 3 9 |.42 | «8 Octobre 4 | 18 | 12 _ 5 - { 11 | 10 4 Novembre 1 & ! 25 = k 2 | 44 k 3 Décembre 1 7 | 93 9 _ 3 | 14 5 - Année 73 1134 |158 9 | 47 | 37 1154 | 74 | 34 ER La bise ou N.-E. n’a jamais été notée à midi. — 417 — LR Lis GA A Fontaines. \ à 8 A . Er sein Li Vents à midi. , ÊT Jours de Nombre de jours de DEL mr _—,|| Al à: : . | © 2 | SAR re] = > = & : #s Z 2 & |S|S|ÈlS | SES) Ro els NS AE Le LS) ë mm Janvier 689,8]! 4 | 8 | 49 ||. - | 20 | 40 | - | 4 à Février 698,8|| 18 4 | 6 13817467 109 = Mars 692,2|| 7 | 12 | 12 = 6 | 20 | 4 L Avril 690,6! 6 | 43 1131 -| 8|14| 3] 5% Mai 693,3|| 43 | 11 | 7 || - | 10 | 19 | 2 | - Juin 696,4|| 15 5 | 10 4 9 | 16 - 1 Juillet 698,4|| 17 9 5 4 | 12 9 _ 6 Août 695,9|| 17 6 8 6 | 11 | 13 - 1 Septembre ||696,9|| 12 | 10 8 || 17 5 5 1 2 Octobre 694,7]! 11 | 6] 14 || 43 | 9.1 °7 | 2 | - Novembre ||697,4|| 12 0 | 18 || 20 6 4 - - Décembre ||704,5|| 14 5 | 12 || 2% 5 2 - - Année 695/7 11146 | 87 l132 || 88 1114 125 | 922 | 17 État du ciel. Vents. Jours de Nombre de jours de E © << ©: El D: Ê [e] = Li Æ Janvier. Février Mars Avril | Mai À {Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre | Décembre | Année CRC vs s + * S = Ÿ 7% » ee DæLDLDSNLHOE ES XD 1 1 6 NO Co 00 RO Or 9 + O0 NO Or Go © NO © -J = » NO # À D © > NO & © «oO Qt Or © =] Cr © J CG © =] [= &æ [er] M &æ QE » C3 —. 418 — OBSERVATIONS HYGROMÉTRIQUES. Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septemb. Octobre Novembre Année Janvier Décembre Neuchâtel. Nombre de jours de TS, Fract. d'humidité. Millmètres d'eau Brouillard. Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septemb. Octobre Novembre Année Janvier Décembre Bonvillards Nombre de jours de à © D RQ 5 ms : NE = À d 3 = "5 es Se = S S |‘à S = PAP qu 1 PRES RL OUR DT a (105 pifte FAR E DTA n 2 - 6 - - = 6 3 2 3 1 - - 25 3 A - 1 = = 73 5 - = 5) - ñ 70 6 - - 4 = = 123 0 - 1 6 1 - 22 5 - - 6 5 - 74 4 - 3 5 1 1 113 7 - 6 - 2 = 103 2 - 18 - = = 20 2 4 20 - - = at Fontaines. Nombre de jours de Brouillard Pluie. Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septemb. Octobre Novembre Décembre OWNMI1111R&o II ENNNOR I I ! fsscrsorisewi a = bo $ Qr | 9 CO Or Où Or > Où & QU RO > > | co © = [UE] —] > + Année Chaux-de-Fonds. Nombre de jours de Pluie. Pluie et Neige. Brouillard. Eclair sans tonnerre. Eau tombée en millimètres. Janvier Février . » ss“ + + © © os = 1 © [ee] ” S + LA Re Octobre Novembre Décembre ” ” PI QE D Or RO © RO & NO © © S © & © © © © © J Cr Oo RO Go » Année ; — 420 — Le froid de l'hiver dura presque sans interruption pendant tout le mois de Janvier et jusqu’au 21 Février, époque où de belles journées de printemps, mêlées à des jours de brouillards, annoncèrent le changement de saison. | Le froid le plus intense de l'hiver a eu lieu à Neuchä- tel, du 26 Janvier au 11 Février. L'hiver, rigoureux par moment, a eu à Neuchâtel pour caractère principal, d’avoir été excessivement sec. Il n’y a eu ni neige, ni pluie. Le sol est resté sec et nu, si bien que les routes étaient poudreuses comme au milieu de l'été. Cet état était purement local, car il y a eu de la neige en abondance sur le Jura et dans le nord de la Suisse, pendant le mois de Janvier. La première semaine de Mars était chaude. Le 10, le vent du nord a amené le froid des montagnes qui a per- sisté pendant 5 jours, quand un fort vent sud-ouest qui avait commencé à souffler le 14 vers midi, a élevé subi- tement la température de manière que le 15 a été le jour le plus chaud du mois: le 14 Mars le maximum et le minimum étaient de 6° et —1°,8, le 15 ils étaient de 15° et 6°,4; un orage qui a éclaté le soir a de nouveau ramené la température à son état normal; le 16, le mi- nimum était de 5°,5 et le maximum de 6°. Dans la nuit du 13 au 14 Avril, la campagne fut cou- verte de neige et il tomba dans la soirée du 14 un peu de grésil. Les abricotiers étaient en pleine fleur et il : était à craindre que tous les arbres fruitiers, dont les fleurs allaient s'épanouir, n’eussent à souffrir. Mais maloré la neige du 14, qui disparut le lendemain, la température s’est maintenue bonne et il n’y eut pas de mal. on fit iii — 421 — Il n’en fut pas de même partout. Dans certaines par- ties du Valais, du 23 au 25, tout gela; en Argovie, à Saint-Gall, la neige qui tomba le 24 se maintint jusqu’à la fin du mois. Le mois de Mai qui d'ordinaire a ses jours de froid, appelés les Trois Chevaliers, n’en a pas eu cette année. De fréquents orages ont menacé de changer l’état de la température, mais elle s’est maintenue bonne. Cet état orageux a été général en Europe. Les orages du 21 et du 22 Mai ont eu surtout une étendue considérable. Celui du 21 produisit un débordement passager à Paris. Le 24 Mai commencèrent des jours de pluie entremêlés de beaux jours, et ce temps continua pendant le mois de Juin. Le mois de Juin fut très-chaud chez nous. Mais pen- dant que nous avons joui de la température la plus fa- vorable , le froid se fit sentir dans le nord et le midi de l’Europe. A Naples, on se plaignait de trop fréquents orages et de froids piquants, à Berlin, le froid fut assez intense pour amener, le 14 Juin, une gelée. On put remarquer à Neuchâtel que toute la chaîne des Alpes s’était couverte de neige fraîche. Le grand orage du 20 Juin, qui dura de 4 heures du soir jusqu’à 10 heures, couvrit de grèle les campagnes du Seeland et de Morat. Le mois de Juillet fut extrêmement chaud et sec. A la fin du mois, toutes les fontaines étaient réduites au minimum. Mais les rares pluies qui tombaient, étaient si bien réparties, elles arrivaient si à propos, qu'un ma- laise sérieux n’a pas pu se produire. Dans le canton de Neuchâtel, même à la montagne, l'herbe, rare et courte, resta verte. Dans l'Allemagne — 422 — méridionale, à Schaffhouse déjà, toute l'herbe fut brü- lée et les arbres des forêts se desséchaient. Dans le nord, la sécheresse fut désolante. } Au commencement du mois d’Août cependant, les effets de la sécheresse se firent aussi ressentir chez nous plus fortement. Les arbres prirent une teinte automnale, les feuilles des pommiers jaunirent, l’herbe se dessécha. Dans certaines parties du pays, les sources tarirent et on commença à souffrir de la disette d’eau. Cette sécheresse était générale en Europe. La Seine à Paris était guéable. Le 4 Août, la température est mon- tée à Neuchâtel à 32°,2, à Paris, elle s’est élevée à 37°, et à Stokholm à 36°. Heureusement que le 5 Août quel- ques petites pluies commencèrent à tomber et que le 9 il plut toute la journée. Les 15, 16, 17 et 20 Août il plut encore un peu abondamment. Ces pluies ramenèrent de l’eau dans les fontaines et les ruisseaux , l'herbe re- verdit et les fruits qui commençaient à dessécher purent grossir. Ainsi un printemps sans gelée, un été sans grêle, de la pluie en petite quantité mais cependant rigoureu- sement suffisante, ont fait de l’année 1857 , une année exceptionnellement fertile. Le mois de Septembre fut chaud, mais suffisamment humide. L’orage du 10 Septembre, poussé par un vent sud- ‘} ouest violent, traversa toute la Suisse, depuis le lac de Genève jusqu’au lac de Constance. Dans le Tessin et à Soleure, le vent fut si violent qu’il brisa les arbres, abat- tit les cheminées, arrêta les trains du chemin de fer et souleva même des waggons. Les premiers jours d'Octobre il y eut des brouillards et de la pluie, mais bientôt le temps se remit au sec, et quoique pendant tout le reste de l’année le ciel fût pres- — 423 — que constamment couvert, il ne tomba que très-peu d’eau et presque pas de neige. Aussi le manque d’eau se fit-il sentir partout d’une manière fàcheuse. Les lo- calités près du bord du lac ont eu l’eau du lac comme ressource, mais celles des vallées élevées ont eu bien à souffrir de la disette d’eau. Dès la mi Décembre l'unique fontaine du village de Fontainemelon ayant sensible- ment baissé, on a été obligé de la fermer pendant une partie de la journée et de distribuer l’eau par rations. Les citernes et les puits étaient partout fort bas. Engol- lon, où il n’y a que des puits, a dû chercher de l’eau de source à Fontaines, une partie du bétail a été conduit, pour être abreuvé, soit au Seyon, soit à une fontaine près du bois de la Bonneville qu’on n’a jamais vu tarir. Fenin, Villars et Saules se sont ressentis de la disette quoique à un moindre degré. Les Hauts-Geneveys où, après la fontaine publiqu.. il n’y a que des citernes, on a dù réserver le bassin de la fontaine au bétail ; les par- ticuliers ont cherché leur eau, à quelque distance du village, dans des bassins alimentés par de faibles filets d’eau. A la Jonchère, il y a eu également disette. Pour l'empêcher, à Dombresson, on a dü faire arriver l’eau du ruisseau dans le réservoir des fontaines. À Fontaines, le nom l'indique, il ne peut pas y avoir de disette. Les sources qui alimentent les deux fontaines publiques ont diminué sans doute, mais ont fourni assez d’eau pour tous les besoins. Les puits, par contre, au moyen des- quels plusieurs particuliers éloignés des bassins abreu- vent leur bétail, ont été presque à fond, ce qui de mé- moire d'homme n’a jamais eu lieu. A Boudevilliers, Cernier, les Chézards et à Saint-Martin, fontaines et puits se sont soutenus. Au Locle, on a eu toujours assez d’eau. e ‘Éba — A la Chaux-de-Fonds, la source de la Ronde a toujours fourni au moins 200 litres par minute. Depuis la Vue- des-Alpes au Vallenvron, depuis le Crèt du Locle jus- qu'à LaFerrière, on est venu chercher l’eau à la Ronde. Dans les montagnes, les fermiers ont dù chercher l’eau pour leur bétail, au loin, dans des citernes près des chà- lets d'été, car la neige leur dernière ressource leur a même fait défaut. La semaine la plus chaude a été du 20-31 Juillet: à Neuchâtel la température moyenne de ces 10 jours a été de 22°,3, à Bonvillard de 24°,1, et à Fontaines de 22°,0. La semaine la plus froide a été du 1-10 Février : à Neuchâtel la température moyenne de ces 10 jours a été de —5°,0, à Bonvillard de —4°,4, et à Fontaines de —7",9. À Neuchâtel, le baromètre a atteint le minimum le 11 Janvier, 702"%,9; et son maximum le 8 Décembre 740"",9, l’oscillation de l’année a été de 38°". L’oscillation mensuelle la plus grande a eu lieu en Janvier, 30"",6; le maximum a été, le 18, de 733°°,5. L’oscillation mensuelle la plus petite a eu lieu en Juil- let, 10"",6. Le minimum de ce mois a été, le 1*, de 121,6, et le maximum, le 13, de 732,2. À Fontaines, le baromètre a atteint son minimum le 43 Janvier, 674"",3, et sa plus grande hauteur, le 8 Dé- cembre, 709,3: l’oscillation de l’année a donc été de 3577. M. B. de Gélieu fait remarquer que depuis vingt ans qu'il habite le Val-de-Ruz, il n’a jamais vu des calmes aussi suivis que dans les mois de Novembre et de Décem- bre de cette année. — 425 — Pour la Chaux-de-Fonds, M. Nicolet nous a transmis les remarques suivantes. L'année 1857 a été remarquable par la marche régu- lière et ascendante de la température et par l'absence de contrastes saillants. Cette température, plus élevée que celle des années précédentes, nous a permis de cons- tater plusieurs phénomènes auparavant peu connus dans nos hautes régions, tels que la fréquence des jours à ciel pur, le peu d’abondance et de persistance des pluies et la fréquence des brouillards, principalement des brouil- lards de la région des lacs. L'hiver a été sec et rigou- reux , le mois d'Avril a été froid, mais les autres mois du printemps, l'été et l'automne, ont été constamment chauds. La température moyenne de 1857a été de 6°,5, cette année a été de 0°,3 plus chaude que l’année 1856. Il est tombé pendant l’année 1857, 975 millimètres d’eau, 509 millimètres de moins qu’en 1856. Ces deux phénomènes nous ont donné nn printemps hâtif, un au- tomne tardif et une grande pénurie d’eau. Le mois de Janvier a été le plus froid. La température de Novembre et de Décembre a été très-douce. La température de la Ronde, l'unique source à cours d’eau de la vallée, a été pendant les mois d'hiver de + 6° et pendant les mois d’été de 7°, sa température moyenne a été de 6°,5. Les jours à ciel couvert ou nuageux ont été au nom- bre de 213, et les jours à ciel pur ont été au nombre de 152. Nous avions observé en 1856, 238 jours à ciel cou- vert ou nuageux et 127 jours à ciel pur. Les vents humides de l’ouest (N.-0., O., S.-0.) ont dominé pendant 162 jours. Les vents secs et froids de l'est (N.-E., E., S.—E.,) pendant 100 jours. En 1856, — 426 — les vents de l’ouest ont dominé pendant 215 jours; les vents de l’est pendant 76 jours. Notre vallée a été occupée 54 jours, partiellement et jamais pour la totalité d’une journée et d’une manière irrégulière, par les brouillards de la région des lacs, par le brouillard de la vallée et par le brouillard local. Le sol de la vallée est resté couvert de neige, depuis le 1° janvier jusqu'au 6 Avril, et en partie depuis le 27 Novembre jusqu’au 31 Décembre. La fonte rapide de la neige s’opérait le 14 Mars sous l'influence de la pluie et d’un fort vent S.-0. Le sol commençait à poindre le 19, lorsque plusieurs chutes de neige réparèrentles brèches faites par la pluie à notre couverture d'hiver. Le 6 Avril, la vallée, à l’exception des dépressions du sol et des fondrières, n'avait plus de neige; le crocus vernus couvrait les prairies et les la- bours commençaient, ils n'étaient pas terminés lorsque, le 10 Avril, des éclairs sans tonnerre vinrent modifier la température. Le sol était couvert de neige, les 12, 13, 14 et 15 Avril. Le 18, la neige disparaissait pour la seconde fois, pour reparaître le 24, alors elle blanchis- sait encore une dernière fois le sol; elle fit sa dernière apparition le 28 et fut dès-lors remplacée par le grésil. Le reverdissement des prairies commençait le 19 Avril, il était général le 4 Mai. La moisson se fit du 15 Août au 5 Septembre. — Le 27 Novembre, la première neige blanchissait le sol, elle disparaissait de la vallée le 3 Dé- cembre, mais elle couvrait encore les versants, un hiver sec était installé, depuis le 8 jusqu’au 19 Décembre la poussière couvrait les rues et les chaussées, mais le 20 Décembre, la neige reprit possession du sol; cependant vers la fin du mois les routes étaient encore poudreuses. — 427 — Les orages, au nombre de dix, se sont produits comme suit: un à 5 heures du matin, un à midi, 5 de 3 à 7 heu- res de la soirée, 3 dans la nuit. Des éclairs sans tonnerre ont été observés dans notre vallée le 30 Mars, dans la direction de l’ouest, le 10 Avril, les 20, 21 et 22 Mai et les 9 et 10 Septembre. Le 20 Mai, l'orage occupait l'Erguel et la Chaux-d’Abel. L'automne de 1857 a préludé au renouvellement d’une année d’abondance, par des journées sèches à ciel pur, -par des nuits au ciel noir resplendissant de mille feux et dont la contemplation pouvait se faire sans la pression du froid habituel de la saison, par suite de l'absence de la source du froid, la neige. OBSERVATIONS DIVERSES. Du 10 au 16 Mars, la neige a disparu dans tout le pays. Le 15 Mars, premier orage. Le 21 Mars, tout le pays est couvert de neige, elle a disparu le lendemain. Le 5 Avril, les abricotiers sont en fleurs. Le 6 Avril, commencement des semailles au Val-de- Ruz. Le 10 Avril, les boutons des maronniers s’ouvrent, les pommiers sont en fleurs. Le 13 Avril, tout le pays est couvert de neige, elle a disparu le lendemain au bord du lac, et le 18 au Val- _ de-Ruz. Le 19 Avril, arrivée des hirondelles. Le 21 Avril, les cerisiers et les pèchers sont en fleurs. Le 23 Avril, dernière gelée du matin au bord du lac. Le 17 Mai, premiers épis de seigle. BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. : 28 — 428 — Le 20 Mai, la neige a disparu sur Tête-de-Rang et sur Chasseral. Le 25 Mai, premières fleurs d’esparcette. Le 15 Juin, premières fleurs de vigne, seigle en fleurs. Le 25 Juin, le tilleul fleurit. Commencement des fe- naisons. Le 20 Juillet, fin des fenaisons. Le 3 Août, commencement des moissons. Le 21 Août, premier raisin noir mür à une treille. Le 24 Août, fin des moissons. . Le 12 Septembre, des pommiers en espalier et de la vigne en treille fleurissent de nouveau. Le 24 Septembre, départ des hirondelles. Le 6 Octobre, première neige sur le Jura, mais elle disparaît de suite. Le 7 Octobre, vendange. Quantité moyenne, qualité excellente. Le 23 Octobre, première petite gelée au Val-de-Ruz. Le 12 Novembre, première petite gelée au bord du lac. Le 16 Novembre, on trouve des fraises müres; fleurs de primevères ouvertes, végétation à boutons au lilas. Le 27 Novembre, la neige prend pied sur Tète-de- Rang. Le 28 Novembre, première gelée à glace au bord du lac. Le 5 Décembre, les abeilles sortent comme en un jour de printemps. Le 19 Décembre, première neige dans le bas du pays. — 429 — TEMPÉRATURE DU LAC. Le lac est resté toute l’année excessivement bas. Le 1* Janvier, la température de l’eau a été de 5° et elle est arrivée à son minimum 1°,5, le 5 Février. Dès- lors le lac s’est réchauffé graduellement, et il a atteint 18° le 6 Juin ; mais les pluies qui sont survenues ont un peu refroidi l’eau dont la température est arrivée à 15° pour atteindre de nouveau 18° le 19 Juin. Depuis le 8 Juillet et jusqu'au 16 Septembre, l’eau avait la tempé- rature de 20° et au-dessus. Elle a atteint un maximum de 25" les 3, 4 et 5 Août: on ne pouvait plus prendre de bains, l’eau était trop chaude et ne rafraichissait plus, la nage fatiguait, on s’échauffait en se baignant. Le 7 Octobre, l’eau a de nouveau atteint 18° et la tempéra- ture du lac a baissé dès-lors et est arrivée à 4°,5 le 31 Décembre. | La saison des bains a duré du 19 Juin au 7 Octobre, pendant 122 jours. Variations du niveau des eaux des lacs de Neuchâtel ; Bienne et Morat. Le 1 Janvier les eaux du lac de Neuchâtel étaient à 2°,400 au-dessous du môle de Neuchâtel situé à 434°,7 au-dessus du niveau de la mer. L'année étant excessive- ment sèche, les eaux du lac sont descendues presque constamment, en ne subissant que de légères oscillations et sans qu’elles aient même atteint le niveau moyen des eaux, pour arriver à 3°,000 le 31 Décembre. Les eaux ont baissé en Janvier, Février et jusqu’au 14 Mars pour — 430 — atteindre 2",688 , elles ont haussé de nouveau dès-lors jusqu’au 26 Avril à 2°,284 et ont alors baissé constam- ment pour atteindre, le 19 Février 1858, le niveau le plus bas que le lac ait jamais atteint, 3" ,151, c’est-à-dire, à 0" ,160 plus bas que les plus basses eaux connues, celles de 1832. Comme le niveau le plus bas des eaux est arrivé en 1858, nous renvoyons les détails statistiques des basses eaux du lac au résumé météorologique de 1858. Le lac de Morat et le lac de Bienne ont subi des oscil- lations correspondantes à celles du lac de Neuchâtel. Le 1 Janvier, le lac de Bienne a été à 2,758 au-des- sous du môle, et il est descendu à 3" ,446, le 31 Dé- cembre. Le lac de Morat a été à 2,08 le 1° Janvier et il a at- teint 2",60 le 31 Décembre. | Le 27 Janvier, le lac de Morat a commencé à geler sur les bords, pendant le mois de Février il était gelé dans la plus grande partie, et ce n’est que le 1* Mars que les bords du lac étaient de nouveau débarrassés des glaces. Le tableau ci-joint, dont la Société neuchâteloise des bateaux à vapeur fait les frais, indique les mouvements des trois lacs. Nous renvoyons les détails relatifs à l’évaporation du lac au bulletin de 1858, afin de donner le résumé complet de ces observations qui ont cessé, les résultats acquis étant suffisants. re N° À. NOTE SUR LES RESTES DE TORTUES FOSSILES du terrain d'eau douce du Locle. par M. Jaccarn. = RES Messieurs Pictet et Humbert venant de terminer leur Monographie des Chéloniens de la molasse suisse, Je crois être agréable à la Société en lui faisant connaître les pièces que j'ai recueillies sur cette classe de fossiles. Je dirai d’abord quelques mots des résultats obte- nus par MM. Pictet et Humbert , en étudiant les échan- tillons de tortues fossiles que leur avait communiqués M. Nicolet, de la Chaux-de-Fonds, et qui sont les seuls matériaux du pays de Neuchâtel que ces Messieurs aient eus à leur disposition. M. Nicolet a trouvé dans les marnes supérieures au _ calcaire d’eau douce, qu’il appelle Marnes à ossements, des pièces appartenant à deux genres de tortues: Emys et Testudo. Le premier seul à fourni un nombre de pièces suffisant pour établir une espèce, Emys Nicoletr Pict. et Humb. Cette détermination est fondée sur l’é- tude des pièces appartenant à la carapace, savoir: la nuchale, et six pièces marginales, les pièces vertébrales et costales manquent totalement. Les pièces du plastron, plus nombreuses, sont altérées dans leur forme, mais MM. Pictet et Humbert ont réussi à les grouper et à les rassembler d’une manière qui paraît tout-à-faitnaturelle. — 432 — Le genre Testudo est représenté dans la Monograplue par une troisième marginale gauche, des fragments d’hyosternal ou d’hyposternal et d’épisternal gauche, et enfin d’un échantillon d’entosternal. Cette dernière pièce est malheureusement celle qui manque à ma collection. Qu'on me permette maintenant quelques détails sur l'histoire de mes découvertes et de mes recherches sur ce sujet. La découverte des premières pièces, appartenant à des tortues, a précédé de quelques mois celle des plantes fossiles de la gare du Locle. C’est dans des marnes infé- rieures aux calcaires à feuilles que je recueillis quelques échantillons déjà caractéristiques comme écailles de tor- tue. M. Nicolet me donna ces marnes comme représentant ses marnes à ossements de la Chaux-de-Fonds. Dès-lors, malgré des recherches renouvelées, je ne trouvai que des fragments indéterminables dans plusieurs couches des terrains d’eau douce. Enfin , l’automme dernier, je rencontrai sur un seul point une quantité considérable de débris, ayant probablement appartenu à un même individu de la famille des tortues. De ces débris rassem- blés avec soin , je réussi à reformer un bon nombre de pièces caractérisques et déterminables ; cependant :il reste une quantité de fragments inutiles. Monsieur Ph. De la Harpe , de Lausanne, auquel je suis redevable de nombreux services, m’ayant prêté la Monographie des Chéloniens de la molasse , j'entrepris la détermination de mes pièces. On conçoit que mon premier essai fut de les rapprocher de l'£Emys Nicoleti puisque mes pièces provenaient du même terrain que celles de M. Nicolet; mais je dus bientôt renoncer à toute ont ere" — 433 — comparaison pour le plastron; quant à la carapace, celle de la Chaux-de-Fonds était trop incomplète et nos piè- ces étaient aussi différentes. Il m'était encore moins possible de tenter une comparaison avec la carapace, puisque la seule pièce caractéristique (l’entosternal) de la Chaux-de-Fonds me manquait. C'est par hasard que j'en vins à comparer mes pièces avec la Testudo Escheri (échantillon de la molasse de Winterthour. Tortues de la mol. PI. Il et HE). Quelle ne fut pas ma suprise quand je vis que presque toutes mes pièces présentaient les plus grands rapports, si ce n'est une analogie parfaite avec les planches indiquées ci-dessus. Voici quelles sont les pièces que je possède, en même temps que les rapports et les légères différences qu’elles présentent avec le Testudo Escheri Pict. et Humb. Carapace. Pièces vertébrales : La pièce nuchale qui manque dans l'échantillon de Winterthour est repré- sentée dans ma collection par deux échantillons bien conservés avec leurs bords nettement découpés, qui présentent sept côtés outre le bord libre; tous sont. arrondis en dedans , les plus grands sont les antérieurs, le plus petit est postérieur. La première vertébrale est identique ainsi que la 3°° ou 5°. (Fragments). La seconde et la quatrième sont représentées par des fragments qui se rapportent très-bien. Les 6", 7% et 8° sont représentées par des fragments incomplets mais assez semblables. Pièces costales : Une vingtaine de pièces qui toutes présentent les plus grands rapports , les unes avec les pièces paires, les autres avec les pièces impaires. ee ME Pièces marginales : Une quinzaine de pièces dont je n'ai pas fait une étude particulière, mais qui m'ont paru se rapporter aussi à la Testudo Escheri. Plusieurs piè- ces sont bien conservées et se réunissent deux ou trois ensemble. Plastrom. Pièces sternales. Une belle pièce presque entière présente les épisternaux, avec l'impression en en- -tier des écailles gulaires, qui laissent même un intervalle de 5 millimètres entre leur extrémité et le bord de la pièce. Dans la Testudo de Winterthour ces pièces sont déformées et indéterminables. Les hyosternaux manquent ou ne présentent que des fragments. Les hyposternaux présentent une identité parfaite, tant pour la forme des pièces que pour les lignes des écailles femorales. Il en est de même des xyphisternaux et des écailles anales dont j'ai plusieurs échantillons en- tiers. Les impressions des écailles de la carapace correspon- dent de même à celles de la Testudo Escheri. Ainsi donc , si ma détermination se confirme , nous aurions un témoignagne de plus du synchronisme des dépôts de lignite et de molasse du N.-E. de la Suisse (Wentherthur, Ellq, Zurich, Berlingen) (et Oeningen?.) C’est la confirmation de ce qu'avait annoncé M. Heer pour la Flore fossile de la gare du Locle, et M. Pictet a eu tort de faire des Marnes à ossements une formation plus ancienne que la molasse grise de Lausanne et les grès de la Molière, car dans tous les cas elle est plus récente que ces deux terrains. COR YTDST- N° 5. SONDAGES SUR LES MARAIS DU LOCLE (1857-1858). Mémoire de M. Jaccard. 2e — Le grand conseil du canton de Neuchâtel ayant voté une somme de fr. 40,000 pour le desséchement et las- sainissement des marais du Locle, M. Chanoit fut char- gé, au commencement de l'hiver, de pratiquer des sondages sur l’étendue des marais comprise entre les Pilons et le Col-des-Roches. Ces sondages devaient faire connaître la nature et la puissance des terrains meubles, de formation récente, qui remplissent le fond de la val- lée jusqu'aux premières couches tertiaires. Chargé par le conseil municipal du Locle de suveiller - ces sondages, spécialement pour les observations géolo- giques, j'ai recueilli les notes suivantes : Et d’abord disons un mot de la distribution de ces sondages. Sur l’espace de cent cinquante poses de marais, com- pris entre les Pilons et le Col-des-Roches, il a été fait vingt-cinq sondages, espacés de 200 mètres sur la ligne centrale, et de 100 mètres sur les lignes latérales. Ces sondages ont été poussés à une profondeur moyen- ne de 11",65, le plus profond a atteint 18 mètres, le moins profond 5 mètres. Tous, sauf un seul, ont été pratiqués dans des dépôts quaternaires. Celui qui fait — 436 — exception s’est rencontré dans la marne rouge et bleue bigarrée qui accompagne la molasse tertiaire ; il a emq mètres de profondeur. Il ne faudrait pas croire que dix-huit mètres soit la plus grande puissance des terrains quaternaires , car le défaut seul d'instruments nécessaires a empêché de poursuivre les sondages plus profondément dans le cen- tre de la vallée. Ce n’est que sur les bords que la sonde a atteint les terrains tertiaires. Si la nature des terrains varie dans un même sondage à mesure que la sonde descend, par contre elle varie peu d’un sondage à un autre ; c’est ce qu'on peut voir par les sondages suivants, pris aux deux extrémités et au centre. Près des Pilons. Près du Col-des-Roches. Terrain tourbeux mèt. 3,50 Terrain tourbeux mèt. 5,00 T. sablo-tourbeux » 3,00 T. sablo-tourbeux » 3,00 T. gravelo-tourbeux, » 5,00 T. sablo-argileux » 4,00 T. gravelo-argileux » 2,00 mèt. 13,50 mèt. 42,00 Au centre. Terrain tourbeux mèêt. 2,50 T. sablo-tourbeux » 3,00 T. sablo-argileux » 9,00 T. gravelo-argileux » 0,50 mèt. 15,00 Les trois suivants présentent des terrains un peu dif- férents : — 437 — Près des Billodes. Près de la Molière. Terrain tourbeux mèt. 1,00 Argile noire coquillère mèt. 3,00 T. sablo-tourbeux » 3,00 Argil.bigar. sansfossiles » 3,00 Terrain argileux » 1,00 T. gravelo-argileux » 1,00 mèt. 6,00 mèt. 6,00 Entre la Molière et le Col-de-Roches. Terrain tourbeux mèt. 6,00 T. sablo-tourbeux » 3.00 Nappe d’eau » 6,00 T. sablo-argileux » 1,00 mèêt. 146,00 Voici quelques détails sur la nature de ces sédiments. a) Terrain tourbeux. C’est la tourbe naturelle du Jura , mais tellement pénétrée d’eau qu'elle est inex- ploitable, et présente un aspect semblable à celui de la tourbe spongieuse nommée pellevoux. Toutes les matières végétales sont conservées , et il y a peu ou point de mélange de sable. On y trouve les co- quilles de Lymnées? Physes? Paludines, Planorbes?, mais aucune des Hélices si abondantes maintenant à la surface des marais. On y trouve également en quantité un petit Cyclas déjà indiqué par M. Léo Lesquereux dans les tourbières, et un autre Cyclas beaucoup plus grand, de dix millimètres de diamètre. Cette couche de tourbe existe à la surface de tous les sondages, plus ou moins puissante, car elle varie de 0,50 à 8 mètres. Bb) Terrain sablo-tourbeux. W serait difficile de pré- ciser le passage du terrain précédent à celui-ci, et en général de tous les terrains l’un à l’autre. Ce n’est du — 438 — reste qu'un triage des matières par leur séjour dans l'eau , où elles se sont déposées dans l’ordre de leurs densités; à mesure qu’on descend, on les trouve tou- jours plus compactes et plus pesantes. Dans ce que je nomme le terrain sablo-tourbeux, les matières végétales sont beaucoup plus désunies, terreu- ses et sableuses. En sortant de la sonde, les carottes sont vaseuses ou limoneuses, et de couleur brune. Sé- chées, elles deviennent noires et se délitent plus prompte- ment que celles du terrain précédent. Les coquilles sont encore les mêmes, mais infiniment plus nombreuses, ainsi que les opercules de ces mollusques. Jai omis de dire que ces coquilles appartiennent probablement tou- tes aux espèces de mollusques qui vivent encore dans la vallée. Ce terrain se retrouve à presque tous les son- dages. | ©) Terrain gravelo-tourbeux. C'est le même que je viens de décrire , seulement il est mélangé de graviers calcaires de la grosseur d’un pois à celle d’une noix. Ce terrain ne s’est présenté que dans la partie postérieure de la vallée. Plus en arrière, vers le Col-des-Roches, il est remplacé par le terrain sablo-argileux. Les fossiles sont encore les mêmes que dans les terrains précédents. J'ai recueilli, à six mètres de profondeur , un fruit de sapin, un peu roulé. ad) Terrain sablo-argileux. Les matières végétales ont totalement disparu , la sonde se remplit d’un limon sableux compacte et très-fin. Cette couche doit retenir les eaux à sa surface , et ne pas s’en laisser pénétrer. Elle est formée selon toute apparence par le lavage des terrains tertiaires de la vallée, car on y voit briller des paillettes semblables à celles de la molasse tertiaire. Les — 439 — coquilles de mollusques n’y paraissent pas plus rares dans certains endroits qu'aux couches précédentes. Ce terrain n’a pu être traversé entièrement pour connaître sa plus grande puissance, les sondeurs ne disposant pas des instruments nécessaires pour retirer la sonde, il est - à regretter qu'on n'ait pu aller plus loin. Presque par- tout il se trouve à la base des sondages. Lorsqu'il n’a pas été atteint, la cause en est due aux obstacles qui ar- rêtaient la sonde. e) Terrain argileux. Deux sondages ont présenté une argile pure , non sableuse , de couleur bleu-blan- châtre ou bigarrée, sans fossiles. Au-dessous de 1 mètre, il s’est trouvé des graviers de calcaire jurassique qui ont presque aussitôt arrêté la sonde. f) Argile notre coquillière a été rencontrée sur un seul point. Cette argile, évidemment quaternaire, est remar- quable comme offrant un exemple de comparaison avec les formations tertiaires. C’est un détritus de coquilles brisées appartenant à des Lymnées? Planorbes, Hélices? avec une argile noire terreuse et légère. Au-dessous, cette argile devient plus légère , de couleur bigarrée, jaune , brune , blanche, etc., et il n’y a pas de fossiles. &) Nappe d'eau. Je mentionne enfin un fait assez singulier. Dans deux points voisins de la Molière, la sonde après avoir ramené des carottes des terrains tour- beux et sablo-tourbeux pendant une dizaine de mètres, est descendue par son propre poids l’espace de plusieurs mètres , et lorsqu'on l’a retirée, elle ne ramenait qu’un peu de matières sableuses ou terreuses. En poussant plus avant on a retrouvé le terrain sablo-argileux im- perméable, comme je l'ai dit, mais de même qu'ailleurs on n’a pu constater sa puissance. TERRE T— N° 6. NOTE SUR LA STRUCTURE GÉOLOGIQUE DU PLATEAU DE TROIS-RODS, Estrait du rapport de MM. E. Desor et A. Gressly à la direction du chemin de fer Franco-Suisse. ADO Le tracé du chemin de fer Franco-Suisse traverse la Reuse à l'endroit où le plateau tertiaire vient s’appli- quer contre le massif calcaire de la montagne de Bou- dry. Ce passage occasionne un changement complet dans les contours du terrain, l'aspect du paysage, la nature des cultures et surtout le régime des eaux. La Reuse en particulier , après avoir suivi, sur une étendue d’envi- ron trois kilomètres , l’étroite et pittoresque combe du Champ-du-Moulin , s'échappe du sein des montagnes par une cluse ou brisure transversale : /es gorges de la Reuse. Dans ce trajet, la rivière traverse des terrains de composition très diverse, depuisles étages jurassiques moyens, jusqu'au Néocomien supérieur ou Urgonien. De là ces élargissements et ces rétrécissements conti- nuels, ces anses profondessuccédant à des défilés étroits qui impriment à cette partie de son cours le caractère accidenté et sauvage que nous lui connaissons et qui pendant longtemps à fait envisager les gorges de la Reuse comme infranchissables. — AA — L'un des terrains les plus résistants du massif des gor- ges, c’est l’Urgonien, qui forme le dernier contrefort de la montagne. La rivière n’a eu que peu de prise sur ces calcaires compactes , et c’est pourquoi la gorge est si étroite à son débouché. Resserrée une dernière fois en- tre Les rochers, on dirait que la Reuse ne s’en échappe que plus impatiente et plus rapide , pour gagner défini- tivement la plaine et le lac à travers les dépôts plus ré- cents des formations tertiaire et diluvienne. Rappelons ici que dans cette partie du canton, comme en général au pied du Jura , il existe une lacune consi- dérable dans la série des terrains. Les étages supérieurs de la formation crétacée manquent, ainsi que les grou- pes inférieurs de la série tertiaire, ensorte que les dépôts de l'étage tertiaire moyen (myocène ou molasse)reposent directement sur le terrain crétacé inférieur. Ce n’est pas ici le lieu de rechercher la raison de cette grande lacune. Qu'il nous suffise de l'avoir vérifiée d’une ma- nière indubitable. | Le caractère dominant des dépôts molassiques au - piéd et dans l’intérieur du Jura, c’est d’être en général peu consistants ; ils forment, sous ce rapport, un con- _traste marqué avec les calcaires jurassiques et néocc- miens et spécialement avec l'étage urgonien. Ce n’est plus une gorge dans laquelle la Reuse continue son cours , c’est un ravin aux berges adoucies et plus ou moins régulières, à la facon des Nants de la Savoie. Ce- pendant la rivière , en passant de l’un des terrains dans l'autre, ne change pas subitement de caractère ; elle conservera encore un moment son caractère impétueux au milieu du domaine de la molasse, et partant les pre- miers bancs de cette formation se trouveront plus pro- — 442 — fondément minés et déchaussés en ce point que dans le cours ultérieur de la rivière. Or c’est en ce point que le viaduc de Boudry franchit le ravin de la Reuse, à une distance d’environ 100 mèt. du dernier contrefort urgonien , à l’endroit par consé- quent où les eaux encore torrentielles subissent toute l'influence de la détente occasionnée par le changement survenu dans la composition du sol. Au point de vue hydrographique et technique , ce point mérite une at- tention toute spéciale. Il n’en est que plus important de s’enquérir exactement de la nature des bancs qui forment les berges ou qui se trouvent en contact avec les eaux au fond du ravin. La molasse, on le sait, se divise en trois grands grou- pes qui sont de haut en bas. 1°) le calcaire d’eau douce supérieur (terrain plai- sancien.) 2°) la molasse marine (terrain helvétien.) 3°) la molasse d’eau douce inférieure (terrain aquita- nien. ) Le ravin de la Reuse, au point où le traverse le via- duc, est creusé exclusivement dans ce dernier terrain ; il n’en entame même que la partie la plus inférieure, celle qui jusqu'ici a été la moins étudiée, parce qu’elle ne se montre à Jour que sur un très-petit nombre de points. Il y a longtemps, au contraire, que l'attention des géologues a été attirée par les escarpements de mo- lasse qui forment la rive droite de la Reuse près de Bou- dry, et dont les bancs inférieurs renferment des veines de gypse fibreux. Avec ces bancs de marne gypsifère ‘ alternent des bancs d’un calcaire brun fétide assez com- pacte, connu dans le pays sous le nom de pterre à chien. me AT C’est le dernier des massifs tertiaires mentionnés dans le catalogue de M. L. de Buch. Orles couches auxquelles nous avons affaire sont toutes inférieures à ce dernier massif. En les soumettant à une étude détaillée, nous espérons par conséquent compléter la connaissance de notre sol, tout en remplissant le but spécial de notre mandat. Il suffit d’un simple coup d'œil sur les berges du ra- vin aux environs du viaduc de Boudry, pour s'assurer que les terrains qui les composent ne sont rien moins qu'homogènes. Il s’y trouve en effet des bancs tendres ou peu consistants qui alternent avec d’autres plus durs, donnant lieu à des saillies plus ou moins marquées. Ces bancs durs sont en général des calcaires lacustres; l’un d'eux, que nous désignerons sous le nom de grand banc calcaire, forme une arête très marquée , une sorte de banquette régulière qui descend du hameau de Trois- Rods vers la Reuse , de manière à se trouver à mi hau- teur des berges, à l'endroit où le viaduc traverse le ravin. D’autres bancs calcaires se révèlent par de légè- res ondulations sur la coupe des berges, sans que la roche se montre à nu. Les bancs tendres au contraire donnent lieu soit à des coupes droites , comme les grès marneux supérieurs, ou bien occasionnent des rentrées plus ou moins prononcées; c’est le cas des marnes, spé- cialement au dessous des bancs calcaires. Au point de vue technique, il y aura par conséquent tout intérêt pour l'ingénieur appelé à exécuter des tra- vaux d'art au milieu d’un terrain aussi hétérogène, d’en connaître la nature et la résistance, afin de savoir si le sol ‘sur lequel il s’agit d’asseoir des constructions présente des garanties suffisantes de solidité, et dans le cas con- BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. IV. 29 . e CE. traire, à quel niveau ou à quelle distance on peut espérer rencontrer ces garanties. S'agit-il d’un viaduc avec de nombreuses arches dont chacune a son assiette prévue à un niveau différent , il y aura par là même, nécessité de soumettre le massif tout entier à une étude plus mi- nutieuse. Voici ce que nos recherches nous ont appris sur la structure géologique du plateau de Frois-Rods. Au-dessous de la terre végétale qui ne forme ici qu’une faible croûte , se trouvent d’abord les dépôts diluviens du plateau formé de sable , de graviers ou de limon et dont la disposition n’a rien de régulier. Nous ne nous y arrêterons pas, attendu qu’ils ne sont d'aucune portée pour la question technique dont il s’agit ; nous passons donc directement aux dépôts de molasse qui se présen- tent dans l’ordre suivant de haut en bas: 1) Grès molassique marneux, incohérent avec des lits de calcaire marneux et de marne sableuse jaunâtre à la base, 15" à 20". 2) Grand massif de marne argileuse bigarrée, 1T*. 3) Grand banc de calcaire d’eau douce, formant une saillie très-accusée au milieu des berges, 4". 4) Grès marneux avec intercalation de banes de cal- caire bitumineux, 8°. 5) Second massif de marne argileuse, 2". 6) Seconde série de bancs calcaires compactes et sub- compactes alternant avec des marnes, 4". 7) Marnes sableuses bariolées, 2° à 2°/2". 8) Marnes rouges inférieures avec lits de calcaires en général très-compactes, 3° à 4”. — 445 — 4. Grès molassique marneux. C’est un massif homogène , à stratification peu dis- tincte, composé d’un sable quartzeux coloré en vert par les silicates de fer et légèrement agglutiné par un ciment argilo-calcaire , qui se décompose facilement sous l’in- fluence de l'air et de l'eau. Le détritus qui en résulte est une terre sableuse, rude au toucher et peu fertile, ordinairement couverte de broussaille, Une bande sem- blable se dessine sur la berge gauche , au nord du via- duc , où elle se trahit de loin à l'œil de l'observateur par une zône inculte au-dessous de Trois-Rods. Ses couches inférieures, qui sont les plus marneuses, appa- raissent seules sur le passage du viaduc. Celles-ci pas- sent à leur tour à des marnes sableuses d’abord rouges et ensuite bigarrées de teintes jaunes, rouges et verdà- tres, entre lesquelles se trouvent quelques petits lits in- signifiants de calcaire marneux. Nous évaluons la puis- sance de ce groupe, que nous n’avons pas pu mesurer exactement, de 15 à 20 mètres. Le viaduc ne l’entamera que sur une épaisseur de 12 mètres sur la rive gauche; il manque sur la rive droite. 2. Marnes argileuses bigarrées. L Ces marnes sont de couleur et de consistance très- vatiables. Tantôt trèsbigarrées, onctueuses et tendres, elles n’offrent qu'une faible résistance aux influences atmosphériques , se délitent, font pâte avec l’eau, et sont très-sujettes aux éboulements ; tantôt elles devien- nent plus calcaires, plus dures et offrent alors une cer- taine consistance, tout en se disposant par bandes diver- sement colorées, très-semblables aux marnes irisées Hp du terrain keupérien. On y rencontre même des bancs assez durs; mais ceux-là aussi finissent , après un cer- tain temps, par céder à l’action dissolvante des agents extérieurs. Vers la base, les marnes deviennent plus uniformes, à couleurs moins vives et paraissent aussi être moins altérables que les bancs supérieurs. Cet étage, d'environ 16 mètres de puissance, occupe la partie moyenne des berges du ravin formant un talus plus doux que celui du grès marneux qui est habituelle- ment très raide. 3. Massif de calcaire d'eau douce. Ce massif se reconnait de loin à la saillie qu’il occa- sionne sur les berges du ravin. Il est formé de gros bancs d’un calcaire compacte , à structure concrétionnée. On y remarque aussi des vides assez nombreux , occasion< nés par les moules d’une hélice très-caractéristique de la molasse inférieure, /’Helix Ramondi, avec d’autres fossiles moins fréquents, tels que Planorbes, Physes et Lymnées. La puissance de ce massif est de 6 mètres environ. 4. Grès marneux intercalé de calcaires bitumeux. C’est le moins homogène des massifs qui affleurent dans le ravin. Ses assises supérieures sont composées d’un grès marneux très-compacte, aussi longtemps qu'il est abrité, mais qui, exposé à l'air, se désagrège facilement et donne lieu à un détritus assez grossier renfermant un assez grand nombre de fossiles lacustres, entr’autres des Physes, des Planorbes et des Lymnées, qui paraissent être de même espèce que ceux du grand banc calcaire ci-dessus ; les Hélices y sont en revanche - — AAT — rares. On y remarque aussi de nombreuses pyrites de fer. Ce massif renferme vers sa base des bancs d’un cal- caire bitumineux en apparence assez compacte, mais qui ne sont pas moins sujets à la décomposition que les bancs de grès eux-mêmes. Aussi ne font-ils nulle part saillie sur les berges. Leur épaisseur collective est de 8 mètres environ. 5. Second massif de marne argileuse. Au premier abord , cette marne est très-voisine des marnes supérieures, mais moins pure, moins bigarrée et plus calcaire ; aussi est-elle moins sujette aux éboule- ments ; elle est même assez dure et rebelle à la pioche, aussi longtemps qu’elle se trouve abritée contre’ les in- Jures de l'atmosphère par les bancs de calcaire et de grès qui la recouvrent, ou par des dépôts accidentels de gravier et de terrains éboulés. Cependant à la longue, elle cède aussi à l’action incessante des agens atmosphé- riques, surtout quand les massifs supérieurs viennent à manquer , ce dont la rive droite de la Reuse nous offre un exemple sur l’axe même du viaduc. Les mêmes phé- nomènes de décomposition lente se remarquent dans toutes les vignes situées sur ce terrain. Le vigneron, en labourant chaque année la surface protectrice , facilite peu à peu l’infiltration des eaux pluviales qui, à la faveur du gel, décomposent ces bancs d'apparence solide et en forment ainsi un détritus terreux abondant , qui nivelle tous les accidents du sol. La puissance de ce massif est de deux mètres environ. 6. Seconde série de bancs calcaires intercalés de lits marneux. 4 Sans être aussi durs que ceux du massif supérieur, ces bancs n’en fournissent pas moins un appui solide aux massifs qui les recouvrent. C’est un calcaire d’eau douce concrétionné, assez semblable à celui des massifs supérieurs, d’une teinte brunâtre et souvent bitumineux, en général moins compacte , plus gélif et surtout plus morcelé , avec rognons isolés , empâtés dans un réseau marneux , ce qui le rend très-sujet aux éboulements. Aussi n’occasionne-t-il que des reliefs très-insignifiants. La stratification y est bien moins régulière que dans le calcaire supérieur; les couches ont parfois l'air de s’en- chevètrer d’une manière très-irrégulière, sans doute par l’effet de glissements où de compressions. La puis- sance de ce massif atteint quatre mètres. 7. Marnes bariolées dures et sableuses. Ce massif ne se montre guère que dans les fouilles et sur quelques points des berges. A certains égards, il rap- pelle les grès-marneux du N° 4, sans avoir cependant la même solidité. Ce sont des marnes verdàtres avec des grandes taches brunes et jaunes. Comme toutes les mar- nes, elles se détériorent au contact de l’atmosphère et forment à la surface un détritus terreux qui devient pà- teux quand l’eau y séjourne. On observe à la base des filtrations d’eau et quelquefois des sources assez nom- breuses. L’épaisseur de ces marnes est de trois ou qua- tre mètres au plus. LOY MAD — 8. Marnes rouges inférieures avec lits et rognons de calcaire. L’épaisseur de ce massif n’est guère que de trois mètres. Il se présente d’abord sous la forme de petits lits calcaires rognoneux auxquels succède une couche de marne bigarrée avec grandes taches rouges, vertes et Jaunes, qui repose elle-même sur un dernier banc de cal- caire blanc très-compacte et concrétionné. L'on y ren- contre , comme dans les marnes , des galets informes, provenant de roches calcaires d’une époque géologique plus ancienne. C’est le groupe le moins en vue de toute la série et celui que nous avons eu le plus de peine à poursuivre. Quoique assez irrégulier, 1l paraît cependant exister dans la région du viaduc. Nous Favons observé au-dessous de Trois-Rods reposant sur les premières as- sises du calcaire urgonien. Il se montre aussi dans le lit de la Reuse à trente mètres environ de l’axe du viaduc sur la rive droite. Enfin on l’a retrouvé au fond de la fouille de la pile principale, sur la rive droite, où il sert de support au cube de béton. C’est sans doute le même qui s’est montré par lambeaux au fond de la fouille, si tant est qu'il y soit en place. ee | COCOE LR — DONS D'OUVRAGES faits à la: Société ET PRODUIT DE L'ÉCHANGE DE SES PUBLICATIONS. — 0 —— Mémoires de l’Académie royale de Turin, Tome XVI, in-4e. Mémoires de la Société royale de Liège , Tome XIT, in-8. * Jahrbuch der kaiserlichen-kæniglichen geologischen Reichan- SEL, D VUS 2, 08 € TVA 4. Monatsbericht der kœniglichen preuss. Academie der Wissen- schaften zu Berlin. — Januar-August 1857. Mémoires de la Soc. d’Agricult. d'Orléans, T.IT,6. T. HE, 4,2. Oberhessischen Gesellschaft, 6° Rapport. Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande u. Westphalens, 13° année, 4° No, 14° an., 1° Ne, Abhandlungen aus dem Gebiete der Naturwissenschaften, heraus- geseben von dem naturwissenschaftlichen Verein in Ham- burg, 3"° volume. Neues Lausitzisches Magazin , 33° volume, 1856. Berichte über die Verhandlungen der Gesellschaft für Befœrde- rung der Naturwissensch. zu Freiburg, 1 B., Heft 3, 1857. Correspondenz-Blatt des zoologisch-mineralogischen Vereines in Regensburg, 10° année, 11° année. Nouvelles études sur les Ammonites margaritatus. Mondf. et Am. spinatus Brug., par J. Kæchlin-Schlumberger. Etudes géologiques, dans le département du Haut-Rhin, sur les terrains jurassiques, 2 cah. , par J. Kæchlin-Schlumberger. Archiv. des Vereines der Freunde der Naturgeschichte in Meck- lenburg, 10° cahier ; seconde partie, 11% cahier. Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel. Bulletins de la Société vaudoise des Sciences naturelles, N°° 41-49. Vierteljahrschrift der naturforschenden Gesellschaft in Zürich, 1857, N°° 1-2. Bulletins de la Société des Sciences de Berne, N°° 385 à 407. Würtembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte, 8° année, 3e cahier, 1" et 2"° partie avec atlas. 11° année, 3° cab. — 4ù1 — 13% année, 2° cahier, 44"° année, 1° cahier. Memoirs of the Geological Survey of India, vol. I, part. 4. Results of a series of meteorogical observations from the regents of the university at sundry Academies in the state of New-York from 1826 to 1850 inclusive. Naturkundige Verhandelingen van den hollandsche Maatschappij der Wetenschappen te Haarlem, deutiende Deel ,1857. Witterungsbeobachtungen zu Aarau im April-Dezember 1857. Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften in Halle, vol. 7, 8, 9. Annales de Malines. T. XIT, p. 105 à la fin; T. XIIL, p. 33-48. Transactions of the Royal Society of Edimburgh. Volume 91, part. 4. Proceedings Royal Society of Edimbourgh. 1856-1857. Mémoires de la Société des Sciences nat. de Cherbourg. T. IV. Jabresbericht der Polichia eines naturwissenchaftlichen Vereins der bayerischen Pfalz. Cahiers 1-5, 7-11 , 43, 15. Statuten der Pollichia. Zovlogische Notizen über mehrere Weich- und Gliederthiere , von D' H.-C. Geubel. Geschichte der Pollichia im ersten Decennium ihres Bestehens , von D: C.-F. Koch. Rechenschaftsbericht über die Leistungen des Pollichia in den Jabren 1848-1850, von D' C.-H. Schultz Bipontinus. Die Wirbelbewegung an Stoffen im gestaltlosen Zustand, von Theod. Gümbel. Rheinische Reise Flora , von D' Philipp Wirtgen. Analyse der Schwefelquellen in der Lenk (Obersimmenthal, Kanton Bern), ausgeführt, im Jahr 1856, von D: L.-R. von Fellenberg. Ninth Annual Report of the regents of the university of the state of New-York , de M. Alexandre Vattemare. Communication from the Governor Transmilling the report of Alexander Vattemare ou the universal exhibition at Paris. Monographie de la famille des Ostracionides, par H. Hollard. Deux lettres sur la Géologie du Jura, par Jules Marcou. Jahrbücher des Vereins für Naturkunde im Herzogthum Nassau. 12 cahiers. Mémoires de l’Académie de Dijon. T, I-V. — 452 — Journal d'Agriculture et d’Horticulture de la Côte-d'Or, années 1841-1847 et 1850-1857. Enquête sur la culture de la vigne et la vinification dans la Côte- d'Or. — Dijon 1854. Track Survey of the River Paraguay, 1855, en trois cartes. Track Survey of the Rivers Salado, Parana and Colastines , 1855. Mouths of the Parana and Urugay. Track Survey of the River Péraus. Frehie tee Ouvrages reçus de la Société Smithsonienne de Washington. Smithsonian contributions to knowledge. Vol. IX , in-4. Transactions of the agricultural Society Michigan. Vol. VII, 1855. Ohio Agriculture report 1855. Report of the Commissioner of patents 1854-1855, 2 vol. in-8e. Tenth Annual report of the Board of regents of the Smithsonian institution. Washington 1856. An Account of the Smithsonian institution its founder, buildings, operations, etc. Terrestrial Mollusks and Schells of the united States, by Amos Binney. 2 volumes de texte et 1 volume de sisi Proceedings of the Boston Society of natural history. Vol. V, p. 321-410, vol. VI, 14-160. Journal of the Academy of natural Sciences of Philadelphia. New series, vol. HT, part. II. Proceedings of the Academi of natural Sciences of Philadelphia. T. VII, 401-327, T. VIT, 1-100. Act of incorporation and Bylaws of the Academy of natural Sciences of Philadelphia and the Catalogue of human crania in the cellection of the Academy. The transactions of the Academy of sciences of St-Louis. Leit of Foreign correspondents of the Smithsonian Institution. NO" LE TABLE DES MATIÈRES. A. Travaux de la Société en général et Miscellanées. Pages Bulletins de l’année 1855-56 publiés en 1856 . . . 1-56 » » 1856-57 » 46514. A su AATUA » » 1857-58 » 1858 . . . 299-343 Dons d’ouvrages faits à la Société et produit de ses publica- tions . de te Ne AG, 20 Nominations du bureau de la Société vien aol tue DATA O0 Commissions spéciales nommées par la Société . . . 2,147 Projet d’honorer la mémoire de M. L. Coulon père, en placant son buste dans un des établissements fondés pa lui - . 1 Sur l'établissement d’un limnimètre sur le lac de Bienne 3 par M. Xopp . . Echantillons de soie et de paille ‘offerts par MM. Persoz et Jeanneret .… . : RME Feuille Ne 7 de la carte fédérale de Dufour ed A AE D Sur l'établissement de nouvelles stations météorologiques . 148 Rapport sur les poids et mesures anciens et nouveaux, par M. Zadame . . doter AS Carte spéciale du Jura, de Ziegler à par M. Desor . . . 153 Hauteur de l’Aar par rapport au niveau du lac, p. M. Favre. 154 Rendu-compte d’une séance publique à la Chaux-de-Fonds pour la détermination FRERE de la rotation de la terre, par M. Æopp . . 167 Sur la correction des eaux du Jura et le desséchement des marais du Seeland, par M. Ladame . . . 301 Relation d’une course au groupe du Tœdi et à ‘la Sandalpe : 5 par le D' Guillaume . d'u 201 Inscription sur la porte de la Neuvev ille, par M. Kopp NW 310 Don de M. A/phonse Coulon à la Société . . . 318 Campement celtique de Corcelettes, par M. G. de Perr PeqUUR. 323 Plan géométrique de l'enceinte de piquets d’Auvernier, par M. G. de Perregaux . . 326 Collection d'objets celtiques du lac de Bienne et du lac de Neuchâtel , par M. Desor . . - 327 Sur les divers campements db de notre le, par M. G. de Perregaux . ; 1 VoyHee Des habitations lacustres F par Mondeson Mrasioidte — 454 — Pages Remarques sur les campements celtiques RE . 334 Marques faites à la Pierre à Mazel et à la Pierre à Marbre » par M. Æopp . . . 336 Sur la collection d’objets celtiques du colonel Schwab, ‘par M. Vouga . . 4 « 336 Sur la table d'orientation de la chaîne des Alpes, p- M. Desor 339 Médaille romaine trouvée à la Maladière , par M. Desor . 340 B. Travaux des Sections. 1e Section. — SCIENCES PHYSIQUES et CHIMIE. PHYSIQUE. Recherches sur les courants électriques dans les fils Sr phiques, par M. Kopp Ter AU Phénomènes de rosée sur les vitraux, par ] M. F. Borel. : A2 Quelques mots sur les diffusions, par ‘le D' Guillaume … . 233 Expériences avec le pendule de Foucault et le Byroscope ; par M. Æopp . . Des phénomènes présentés par les corps € en rotation , par No ApE RTE ie à: Alikc - . 324 MÉTÉOROLOGIE. Résumé des observations faites par le Chanoine Rion, à l’occasion du tremblement de terre du Valais, p. M. Desor. 3 Observation d’un météore, par M. F. Borel . . 12 Sur un instrument pour déterminer l’évaporation du lac, : par M. Xopp . . inde tés | :) Rapport du comité météorologique st sur l’année 1853 . . 47 Description de la colonne météorologique LEREANEREENS SES Résumé climatologique pour l’année 1855. . . . . 25 Comparaison de l’année 1855 avec l’année 1854 . . 33 Phénomènes AO LA les ms intéressants de l’an- née MBDO M LES 30 Coupe explicative du mémoire sur ‘Je désastre de Fuans , par M. Th. de Meuron . . . DE) Analyse d’un mémoire de M. Contejean, : sur * limprobabi- lité d’un changement de climat dans le Montbéliard , PE M. Desor . . . 155 Mouvement des eaux des ls de Neuchâtel et Bienne, ‘par MKopp 44 1, . 160 Notice de M. Blanchet sur la grêle | qui a ravagé le pays de Vaud en 1840 , et sur quelques Li EE météorologi- ques du lac Léman , par M. Coulon . . : 162 Rapport météorologique pour l’année 1856, par M. Æopp. 243 — 455 — Pages Résumé climatologique pour l’année 1856 par M. Æopp . 244 Phénomènes météorologiques les plus intéressants de lan- née 1856 . . 269 Note sur la température de Pair et du lac par le brouillard, par M. Zadame 1h 03126 Procès-verbaux du comité météorologique PR . 339 Rapport météorologique pour l'année 1857, par M. Kopp | 395 Résumé des phénomènes remarquables qui se sont passés à Neuchâtel dans le 44° et le 15° siècle, par M. Æopp . . 396 CHIMIE. Quelques mots sur l’aluminium, par M. Æopp 16 Note sur quelques corps oxidants et quelques corps oxidés de la nature organique de M. Schœnbein, par M. Æopp Note sur l'analyse des vins rouges, par MM. Ch. Mathieu et Kopp Analyse d’un mémoire de M. Deville sur le silicium . par M. G. de 7ribolet Sur les eaux minérales de Birmenstorff et Mellingen, par le D' Cornaz Recherches sur nos calcaires propres à fournir des chaux hydrauliques ou des ciments, par M. Æitter Analyse d’un morceau de jaluze ,; par M. Æopp . Sources ferrugineuses du Doubs, par M. Æopp - Du gisement et de l'analyse des roches asphaltiques de la mine d’asphalte de St-Aubin , par MM. Desor et Æopp 2 Section. — HISTOIRE NATURELLE. GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE. . Coupe géologique du tunnel pour le chemin de fer de la Chaux-de-Fonds, par M. Gressly Découverte de piquants de oniopygus au Mail, p.) “M. Desor. Sur les ossements fossiles d’un saurien gigantesque, trouvé dans le canton de Bâle, par M. Gressly. Carte géologique des environs de Ste-Croix , par M. G. de Tribolet = Sur le clivage et la foliation des rochés, : par M. Des or . Sur les études géologiques relatives à la construction des tunnels, par M. Desor Note sur la lore fossile du terrain d’eau douce supérieur du Locle, par M. Jaccard . Catalogue des fossiles du néocomien moyen de Neuchâtel , p. M. G. de Tribolet - L — 456 — Pages Notice sur la présence des terrains crétacés dans les gorges j de la Reuse , par M. G. de Tribolet . . . SEE (© Note sur le tunnel du Hauenstein, par M. Desor . 193 Note sur la classification des cidarides ,; par M. Desor : 499 Lettre de M. Heer sur les plantes fossiles re : Lu M. G. de Tribolet L 153 Rendu-compte d’une course géologique dans les gorges de l’Areuse et du Seyon, par M. Desor . . . . - 166 De la décomposition des caillous alpins, par M. Desor | 167 Des fossiles néocomiens dans les environs de Morteau, par M. G. de Tribolet . 168 Sur la formation des prairies d'Amérique, lettre de M. Zes- quereux 172 Remarques sur cette théorie 3 par M. Desor 191 Note sur la structure des Eugeniacrines et d’autres fossiles analogues, par M. Desor . Lie 1,010 ON Sur le terrain valangien , par M. ‘G. de Tribolet . .. : 903 Communication relative aux terrains glaciaires, p. M. Desor. 307 Invasion de sources dans le tunnel du NE Le par M. Desor . 318 De la résistance de nos différentes pierres , par M. Ritter : 32 Sur les roches polies, par M. Desor 330 Découverte d’un ruisseau et d’un dépôt de tourbe dans le tunnel de St-Blaise, par M. Desor 3 343 Note sur les restes de tortues fossiles du terrain d’eau douces du Locle, par M. Jaccard . ' 5) .LTHINROIAS Note sur les sondages dans les marais du Locle, par M. Jac- card. < ; . 435 Note sur la structure géologique du plateau de Trois-Rods , ; par MM. Desor et Gressly . ‘ 440 BOTANIQUE. Sur les dégats causés dans les forêts des Vosges par certains insectes , par M. Coulon { 20 Sur la maladie du sapin causée E VÆcidium cbictinumn, par M. Coulon >1 CHaniigabnk rares ou nouveaux dans notre pays, ‘par M. Favre . 159 Analyse d’un mémoire de M. Jordan sur P Ægilops triticoïdes par M. Favre . . 162 Rapport sur un essai de culture de cannes à sucre à Ser- ricres , par le D' Guillaume . 293 Sur le Sarcina ventriculi , par le D' Cornaz 305 Monstruosité végétale HÉsEnée FAp le D' Guillaume 306 Seconde floraison FE PROG: . 306 — 457 — ZOOLOGIE, p ages Rendu-compte d’un article des Annales des Sciences naturel- les sur les mœurs des Cerceris, par M. G. de Tribolet. 56 Sur une orfraie tuée à Serrières, par M. Coulon . . . 153 Combat entre des putois et une couleuvre, par M. Favre . 310 Préparations anatomiques de langues de gastéropodes, pré- sentées par M. Coulon . . sons ses 10 eut SET Sur les lamproies, par M. Cllaunen an rat te motte 334 3 Section. — MÉDECINE. Sur la présence du sucre dans le foie, par le D'° Vouga . . 7 Analyse de la seconde partie du premier volume du journal Archiv für Ophtalmologie , par le D' Cornaz . . 52 Mouvement de Fhôpital Pourtalès See l’année 1853 ? par le D' Cornaz . . EP mo | Trépanation du crâne, par le D' Borel. . . 154 Mouvement de l'hôpital Pourtalès pendant l'année 1856, par le D° Cornaz : : PR PE Sur un calcul de la vessie ; par le D° Guillaume . . . . 306 Discussion au sujet du rapport de M. le D° Cornaz sur lhô- pital Pourtalès . . . 338 Mouvement de l’hôpital Pourtalès pendant l'année 1837, RE PUR di. à) jy Aaeeû ie 0 LU dec, OS SECTION DE LA CHAUX-DE-FONDS. À. Travaux de la Société en général et Miscellanées. Bulletins des années 1856, 1857, 1858. . . . . 344357 Formation du bureau . . «4. 344349 Don d’un modèle de turbine, par 1 M. Monin . . : . . 351 Sur une explosion de gaz à la Chaux-de-Fonds ; p. M. Sire. 351 Des emprunts des sociétés par actions, par M. Geiser . 302 Don: d’un tour destiné à mettre en mouvement le tore du gyroscope, par M. J. Ducommun . AS Sri ES Sur le cherche-fuite Maccaud, par M. W AE re 393 Tableau donnant les heures de l'éclairage BRUAe: à la Chaux- de-Fonds, par M. Geiser . sus HA Séance publique donnée à la Chaux-de-Fonds : . . . 399 Mémoire de M. Okorsky sur la conduite des eaux de la Suze à la Chaux-de-Fonds, par M. Micolet _ . . . . . . 356 — 458 — B. Travaux des Sections. re Section. — SCIENCES PHYSIQUES et CHIMIE. PHYSIQUE. Pages Sur un thermomètre à sonnerie , par M. Geiser . . . . 349 Sur la vibration des supports des fils A LU LIT par MM. Sire et Geiser . . . . 349 Sur le tore ou corps en rotation du gyroscope, p. M. Nicolet. 330 Expériences sur les rotations des corps, par M. Sire . . 352 Sur un moyen d'empêcher la congélation de l’eau dans la cuve des gazomètres, par M. Sire . . oc Sur les appareils de photométrie, par M. Sire . . . 396 Sur un baromètre métallique de Bourdon, par M. Sire _: 347 MATHÉMATHIQUES. Démonstration de la formule V = h},, par M. Geiser . . 356 MÉTÉOROLOGIE. Apparition d’un météore lumineux au Locle, par M. Péqui- LT PORN . 344 Rapport météorologique sur le climat de la Chaux-de- Fonds, 3 par M.Micoler. 1 € 25 10 ST 2e Section. — HISTOIRE NATURELLE. GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE. Sur les plantes fossiles du Locle, par M. Micolet . . * 34 BOTANIQUE. Sur une matière textile obtenue de l'ananas cultivé, par NP IMiCo PE RER PR Te ne) 11 IL A OTTINRC TRES ZOOLOGIE. Sur les œufs et nids d'oiseaux de nos contrées, p. M. Laplace. 356 3° Section. — MÉDECINE. Empoisonnement par le cyanure de potassium, p. le D' Droz. 357 Sur de nombreux cas de vertige, par le D' Landry . . . 351 Sur un cas médical extraordinaire , par le D' Landry . . 345 Cas d’idiosyncrasie très curieux , par Le DrUrlet rs) NUISES 4° Section. — TECHNOLOGIE. Sur les mines acidées, par M. Sire . . . … 304 Machine à percer les rochers , par M. Roulet-Lor y. . + 34 Sur un phénomène observé dans la fonte du zinc , par M. Perrenoud-Wurflein . . . 347 Description d'appareils destinés à produire de hautes tempé Fibres pr M Se - . 347 FIN DU TOME QUATRIÈME. UV nn 7 n * L + Mu meum n % ve À KE Plan d’ Etablissement lacustre Hetre DATA Ho fantett. Ê7 22222772 PTS ul 2hcCle A ee LR. CET Æ. annee 1OS I Æ moe . Are Janvier.| Fevrier.| Mars. 5 10 15 2025 30/5 10 15 20 25 3015 10 15 20 25 ? Mole Lac de Moral Lac de Weuchätel Lac de Prenne F : LÉ Poe ngte cl Hotas 2222 PA CHLC AL 3% Norich ob à cl a 4H "ST au dessus lu niveau PA La nuit Septembre! Octobre. Novembre| Décembre! 2 ! 5 5 5 10 1320 2530! || Er ste CR ‘re 0 dr th: PT D L4 CNP APN AS APN ES AP PP | ve DT am ns À AR 796 An 0 AUS - A PA AS