- mvm rssu BULLETIN DE LA * * SOCIETE NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE BULLETIN DE LA Société Nationale d'Acclimatation de Franco FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE Par Décret du 26 Février I85S ANNEE 1912 CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE NEW Y OKU BOTANICA&. wneN PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 33, RUE DE BUFFON, 33 1912 Mm m BULLETIN DE LA Société nationale d'Acclimatation DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 RECONNUE COMME ETABLISSEMENT D'UTILITE PUBLIQUE PAR DÉCHET DU 26 FÉVRIER 1855 TOME LIX ANNÉE 1912 PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 33, RUE DE BUFFON SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANGE EW YOK* BOTANIC*' UAK' ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1912 CONSEIIL — COMMISSIONS BUREAUX DES SECTIONS CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 191^ BUREAU Président. M. EiJmond PERR1ER, membre de l'Académie des Sciences et de l'Académie de Médecine, directeur du Muséum d'Histoire naturelle. Vice- Présidents. MM. G. RAVERET-WATTEL. Comte de PONTBHlAND, Sénateur. D. BOIS, assistant au Muséum d'Histoire naturelle, professeur à l'École coloniale. Maurice de VILMORIN. Secrétaire général. M. Maurice LOYER. Vice-Secrétaires. MM. CREPIN, Secrétaire des Séances. DEBREUFL, Secrétaire pour VIntérieur. H. HUA, Direcieur adjoint à l'École des Hautes-Études, Secré- taire du Conseil. R. LE FORT, Secrétaire pour l'Étranger. Trésorier. M. le D' SEBILLOTTE. Archiviste-Bibliothécaire. M. CAUCURTÈ. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. ]!I12 — I BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE 1) ACCLIMATATION MEMBRES DU CONSEIL MM. ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle. déjardin. LECOMTE, professeur de Botanique au Muséum d'Histoire naturelle. LE MYRE DE VILERS, ambassadeur lionoraire. Dr LEPIUNCE. MAGAUD D'ALBUSSON, docteur en droit. MAILLES. |)r IL MARCHAL, professeur à l'Institut national agronomique, directeur de la Station onlomologique de Paris. Comte d'ORFEUILLE. E. TROUESSART, professeur de Mammalogie au Muséum d'Histoire naturelle. Ph de VILMORIN. WUIRION, ancien inspecteur général au jardin d'Acclimata- tion. Présidents honoraires. MM. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE. LE MYRE DE VILERS. \ ice-Président honoraire, MM. BUREAU. Baron Jules de GUERNE. Secrétaire général honoraire. M. Amédée BERTHOULE. Archiviste-Bibliothécaire honoraire. M. MOREL. Membres honoraires du Conseil. MM. le D' BLANCHARD. Comte Raymond de DALMAS. MILHE-POUTINGON. COMMISSION DES CHEPTELS MM. le Président et le Secrétaire général. Membres pris dans le Conseil. MM. Debreuil. Troi ESSAB i . WUIRION. Membres pris dans la Société. MM. Duriez. Gerôme. Mailles. ORGANISATION DE LA SOCIKTK .1 COMMISSION DES RÉCOMPENSES MM. le Président et le Secrétaire général (Membres permanents . Délégués du Conseil. MM. Dkbreuil, d'Orfeuille, Haveret-Wattel, Magaud d'Aubusso.n. Délégués des Sections. Première section. — Mammifères. — MM. Mailles. Deuxième section. — Ornithologie. — Wuirion. Troisième section. — Aquiculture. — Pellegrin. Quatrième seciion. — Entomologie. — Marchal. Cinquième section. — Botanique. — Bois. Sixième section. — Colonisation. — Pekrot. COMMISSION DE COMPTABILITÉ MM. Debreuil, d'Orfeuille, Le Fort. COMMISSION DES ARCHIVES MM. Le Fort, Debreuil, Mailles. COMMISSION DE PUBLICATION La Commission de publication est composée des Présidents de Section, du Secrétaire général et des Vice-Secrétaires. BUREAUX DES SECTIONS lre Section. Mammifères. MM. Debreuil, délègue' du Conseil. Tuouessart, président. Wuiiuon, vice-président. Kollman, secrétaire. 2" Section. — Ornithologie. MM. Mailles, délévué du Conseil. Magaud d'Acbusson, président. Ménegaux, vice-président. d'Orfeuille, secrétaire. 3' Section. — Aquiculture. MM. Le Fort, délégué du Conseil. Ravfret-Wvttel, président. Pellegrin, vice-président. Depax, secrétaire. 4e Section. — Entomologie. MM. Marchal, délégué du Conseil. Clément, président. Marchal, vice-président. Abbé Fouchrr, se rétaire. Garreta. vice secrétaire. 5e Section. — Botanique. MM. Hua, délégué du Conseil \l). Bois, président. Poisson, ■vice-président. Gérôme, secrétaire. 6e Section. — Colonisation. MM. Lecomte, délégué du Conseil . Chevalier, président. Achai.me, vice-président. Rouver, secrétaire. -~", ~VT" «««.w. V . Agent général de la Société : M. Charles Ballereau. (1 Bureau de 1911 ; les élections pour sou renouvellement n'auront lieu que le 22 janvier 1912. ' LISTE DES MEMBRES DE I.\ SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE ARRÊTÉE AU 31 DÉCEMBRE 1911 Ce signe désigne les membres à vie. A. — MEMBRES BIENFAITEURS 1H07. — S. M. Ferdinand Ier, roi des Bulgares, Palais de Sophia (Bulgarie). 1007. — Dejarmn (Eugène-Constant), Industriel. 23. rue Claude- Lorrain, à Paris, 16e. B. MEMBRES HONORAIRES 1911. — Fabre (J.-H.), à Sérignan Vaucluse. 1893. — Germain (Rodolphe), Vétérinaire principal en retraite, 7, avenue de Périgueux, à Brantôme, Dordogn*. 1910. — Grassi (Sénateur G.-R.), Professeur à l'Université, 91, via Agostino Depretis, à Rome (Italie). 1908. — Howard (U.-O.), Chi^f of Bureau of Entomologie, United States Department of Agriculture, Washington (États-Unis). 1871. Le Myre i>k Vilers, Ambassadeur honoraire, 3, rue Camba- cérès, Paris, 8e. 1911. — Sargent (Professeur), Harward University, .lamaïca-Plain, Boston, Massachusetts | Etats-Unis). 1911. — Steindachner (Professeur Docteur), Directeur du Musée Impérial et Royal d'Histoire naturelle, à Vienne (Autriche), 1910. — Théorali» (F.-V.), Professeur au South Easlern Agiicultural Collège Wye Court, Wye, Ashford (Angleterre). 1896. — Zograf (N. de), Professeur au Musée Polytechnique, à Moscou (Russie). LISTE DES MEMBRES •' C. SOCIÉTÉ AFFILIÉE 1910. — Tunisie (Société des Aviculteurs de), à Tunis (Tunisie;. D. — SOCIÉTÉS AGRÉGÉES 1871. — Marseille (Société d'Agriculture des Bouches-du-Rhône , 19, rue Venture, Marseille, Bouches-du-Rhône. 1907, — Melun (Société horticole, viticole et botanique de), Seine- et-Marne. 1911. — SAy (Société des Raffineries et Sucreries), 123, boulevard de la Gare, Paris, 13' . 1911. _ Stockholm (Nordiska Museets Bibliotek), à Stockholm (Suède). 1875. — Toulouse (Société d'Agricullure de), 20, rue Saint-An- toine du T, à Toulouse (Haute-Garonne). E. — MEMBRES ACTIFS 1906. — Achalme (Pierre-Jean), Directeur du laboratoire colonial du Muséum, 1, rue Andrieux, à Paris, 8e. 1905. — Agnellet, Notaire, 50, avenue Victor-Hugo, à Paris, 16e. 1907. — Alglave (M11c Louise), Propriétaire, Grande-place, à Va- lenciennes, Nord. 1911. — Allain (Maurice), 13, rue Henner, à Paris, 9e. 1900. — Amherst (Lady Florence), Uidlinglon Hall, Brandon, Norfolk (Angleterre). *1871. - - Andecy (Maurice d'), 36, rue Matignon, à Paris, 8°. ♦1887. — Andecy (Stéphane d), au Môle, par Aiguës-Mortes, Gard. 1907. — Anthony (Raoul-Louis-Ferdinand), Docteur es sciences, préparateur au Muséum, 55, rue de Bufïbn, à Paris, 5e. *1897. — Arcos (Santiago), Toki-Eder, Saint-Sébastien (Espagne). 1905. — Arei\rerg (Prince E. d1), 12, rue d'Astorg, à Paris, 8P. 1911. — Arenberg (Prince P. d1), 20, vue de la Ville-rÉvêque, à Paris, 8e. *1891. — Armancourt (Comte d'), 3, rue des Vieux-Rapporteurs, à Chartres, Eure-et-Loir. *1876. — Armand (Léon), Commissaire de la Marine en retraite, villa Rocheliane, à Antibes, Alpes-Maritimes. 1906. — A ron (Armand), Notaire, 28, avenue de l'Opéra, à Paris, 2e. 1871. — Aurerjonois (Gustave, Propriétaire, villa Beau-Site, à Lausanne (Suisse), 6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION *1881. — Aubier (Gaston , rue d'Angoulème, àPérigueux, Dordogne. 1880. — Aurusson (Magaud n'j, 18, rue d'Erlanger, à Paris, 16ft. *1881. — Aude (Sextiu*), 37, rue Saint-Georges, à Paris, 9e. *I87G. — Auzoux (Docteur Hector), Saint-Aubin-d'Ecrosville, Eure. 1910. — Baldrati (J.), Directeur de la Colonisation, à Asmara (Erythrée). *1873. — Balloy (de), à Marambert, par Saint-Viatre, Loir-et-Cher. 1911. — Baliut (Fernand), 20, rue de Chartres, à Neuilly-sui- Seine, Seine. 1907. Balhe (J'Mii lils), Jardinero paisajista, à Quérétaro, Quéré- taro (Mexique). *1880. — Balmes (E.), Avocat, ancien notaire, 14, boulevard Lan- crosse, à Toulouse, Haute-Garonne. 1900. — Barrai; de Muratel (E.), La Sabarterie, par Soual, Tarn. 1882. — Bas (W.-S. M. de), Notaire, à La Haye, Hollande. 1912. — Baudon (Alfred), Ad ninistrateur des colonies, villa Hen- riette, Traver>e-Férier, Marseille, *1896. — Berford (Duchesse de), Woburn Abbey, à Woburn, Bed- fordshire (Angleterre). 1908. — Bkarx (Comtesse H. de), 123, rue Saint-Dominique, à Pari-, 7e. 1907. — Bkarn (Comte François de), Propriétaire-éleveur, château d'Eslayon, à Lescar (Basses-Pyrénées. *1891. — Beaijchaine (Gustave), à Chàtellerault, Vienne. 1908. — Beille (Docteur Guillaume-Lucien), Professeur agrégé à la Faculté de Médecine, 35, rue Constantin, à Bordeaux, Gironde. 19H. — Beiot (Edmond), Vice-président de la Société centrale des Chasseurs, 7, rue Montaigne, à Paris, 8e. 1910. — Bbi lette (Paul), Conservateur du musée, 55, abbaye des Prés, à Douai, Nord. 1901. — Berge, ingénieur civil, 12, rue Pierre-Charron, à Paris, 16e. 1909. — Berlue (Mmc Jeanne), château du Haut-Gèvres. à Treil- lières, Loire-Inférieure. 1912. — Bkhruyer (Docteur), 177 bis, boulevard Sainl-Germain, à Paris, 7e. *1889. — Bertrand (Emile), 35, boulevard des Invalides, à Paris. 7e. 1899. — Bertrand (Lucien), Négociant, à Diégo-Suarez (Mada- gascar). 1904. — Besmer, à l'éreuil, par Blanzac, Charente. 1911. — Besse (Charles), 70, boulevard Voltaire, à Asnières, Seine. 1900. — Besson, Horticulteur, chemin de l'Arénas, à Nice, Alpes- Maritimes. LISTE DES MEMBRES 7 1909. — Bethmanm (Baron Hugo de), Banquier, 8, rue Auber, à Paris, 9°. 1903. — Bethmont (Daniel), 14, boulevard Emile-Augicr, à Paris, 16e. * 1 880. — Betting, Directeur des Grandes Brasseries, à Maxéville, Meurtbe-et-Moselle. 1871. - - Beurges (Comte de), 51, avenue Montaigne, à Paris, 8,;. 1912. — Bjgaut de Granbot (Ch. de), Maître de Verreries, à Loivre, Marne. *1876. — Biollay (Paul-Emile), 22, rue Hamelin, à Paris, 16e. 1910. — Biquet (J.), 45, rue du faubourg Saint-Jaume, à Mont- pellier, Hérault. *1889. — Bivort de la Saudée (E. de), cbâteau de Roisin, Hainaut (Belgique). 1894. — Bizeray (Eugène), villa du Jagueneau, près Saumur, Maine-et-Loire. 1886. — Blaauw (F.-E.), à S'Graveland, par Hilversura (Hollande). *1879. — Blacque (Alfred), 78, rue de Monceau, à Paris, 8e. *1895. — Blanchard (Docteur Raphaël), Membre de l'Académie de Médecine, Professeur à la Faculté de Médecine, 226, boule- vard Saint-Germain, à Paris, 7e. 1895. — Bocquentin (Paul), domaine de Laversinp, par Greil, Oise. 1898. - Bohn, Directeur de la Compagnie française de la Côte Occidentale d'Afrique, à Marseille, Bouches-du-Rhône- *1903. — Bois (D.), Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidherbe, à Saint-Mandé, Seine. *1885. — Boisson (Mathieu), route de Bordeaux, à Nérac, Lot-et- Garonne. 1894. — Bonaparte (S.A. 1. le Prince Roland), Membre de l'Institut, 10, avenue d'Iéna, à Paris, 16e. 1911. — Bonifay (Mme J.), 55 bis, boulevard Pereire, à Paris, 17e. 1910. — Bonnet (Alexandre), 54, boulevard Bineau, à Neuilly-sur- Seine, Seine. *1884. — Borromeo (Comte Giberto), 7, place Borromeo, à Milan (Italie). *18T6. — Bosquillon de Jenlis, 22, rue Dufour, à Amiens, Somme. 1907. — Bouchacourt (Capitaine Antoine-Louis-Hugues), Acheteur au DéDÔt de remonte, à Mâcon, Saône-et-Loire. *1879. — Boudinhon (Adrien), Ingénieur, 85, rue de la République, à Saint-Chainond, Loire. *1884. — Bouis, à Saint-Julien, par Narbonne, Aude. *1911. — Boulanger, Assistant au British Muséum, à Londres (An- gleterre). 1911. — Boulland (Docteur), château de Grandvilliers, à La Cha- pelle-Gauthier, Seine-et-Marne. 1904. — Boullet (Eugène), Banquier, à Corbie, Somme. 8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION *1902. — Bouvier, Memlive de l'Institut, professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 55, rue de Buffon, à Paris, 5e. *1873. — Bouvier (Aiméï, 9, rue Denfert-Rochereau, à Boulogne- sur-Seine, Seine. 1912. — Brazil (!)'• Vital), Directeur do l'Institut sérothérapique de Butantan, boîte 65, Saint-Paul, Brésil. 1909. — Breteuil (Marquis de), 10, avenue du Bois-de-Boulogne, à Paris, 16e. 1912. Brosse (Vicomte de la), 6, square de Messine, à Paris, 8-. *1908. — Bhuel (Georges), Administrateur en chef des Colonies, à Brazzaville (Congo Français). * 1 9 1 1 . — Brumpt (Emile), Professeur agrégé à la Faculté de Méde- cine, 1, rue Dupuytren, à Paris, 6e. 1905. - - Brunet, Avoué, 95, rue des Petits-Champs, à Paris, 1er. 1910. — Brunot (Ch.), Inspecteur général des Services adminis- tratifs du Ministère de l'Intérieur, 38, rue de Berlin, à Paris, 8e. 1905. — Bruyère E.). Attaché au Muséum, 57, rue Cuvier, à Paris, 5e. *1885. — Bruzon, 35, rue Rosière, à Nantes, Loire-Inférieure. 1911. — Bûcher (Louis-.!. ), Directeur de la Compagnie Cuaruja, à Santos (Bré>il). *1910. — Buginion (Docteur Edouard), Professeur d'Embryologie, à la Faculté de Médecine, à Blonay-sur-Vevey (Suisse). 1891. — Bureau (Docteur Edouard), Professeur honoraire au Muséum d'Histoire naturelle, 24, quai de Béthune, à Paris, 4e. *1911. — Bureau (Docteur Louis), Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, professeur à l'École de Médecine, 15, rue Gressel. à Nantes, Loire-Inférieure. 1899. — Buttikofer (Docteur), Directeur du Jardin zoologique. ;'t Rotterdam (Hollande). *1906. — Buxareo-Oribe (Félix), Propriétaire-éleveur. 447, 25-Mayo, à Montevideo (Uruguay). *1888. — Cahrié (Emile), Les Pradels, par Narbonne, Aude. 1911. — Cabs (Maurice), Directeur du Pécheur Populaire , 161, rue Montmartre, à Paris, 2e. 1897. — Calmann-Lévy (Gaston), 8, rue Copernic, à Paris, 16e. *1894. — Cantelar (Henri de), Ancien officier de marine, capitainf de port, à Château Gombert, par Marseille, Bouches-du-RhAne. 1898. - - Canu (Docteur Eugène), 43, boulevard Dannou, à Boulogne- sur-Mer, Pas-de-Calais. *1894. — Cardoso (Edouard), 31, boulevard Beauséjour. à Paris, 16e. ♦1904. — Carié (Paul), à Curepipe (Ile Maurice). *1875. — Caruel de Saint-Mabtin ( Didier de), 50. boulevard de Gourcelles. à Paris, 17e. LISTE DES MEMBRES 9 I88li. — Carvalho Monteiro (A. de), 70, rua do Alocrins, a Lis bonne (Portugal). 1910. — Gasahtelli, 18, rue de la Bourse, à Bordeaux, Gironde. 1878. — Casati (Comte Gabrio), 24, Corso Venezia, à Milan (Italie). 1909. — Cauchy (Henri), Ingénieur des Arts et Manufactures, 8, boulevard de Denain, à Paris, 10e. 1908. — Caucurte (Mme René), moulin de la Madeleine, à Samois- sur-Seine, Seine-et-Marne. 1907. — Caucurte (lieué), Propriétaire, moulin de la Madeleine, à Samois-sur-Seine, Seine-et-Marne. 1909. — Cayeux, Grainier, 8, quai de la Mégisserie, à Paris, 1er. 1911. — Chagot (Albert), Notaire honoraire, 6, rue Saint-Louis, à Melun, Seine-et-Marne. 1902. — Chapel (Fernand de), cbâteau de Cardet, à Lézan, Gard. 1906. — Chappfllier (Albert), Ingénieur-agronome, licencié es sciences, 6, place Saint-Michel, à Paris, 6e. 1871. — Chappellier (Paul), à La Commanderie, par Chécy, Loiret. 1905. — Charley-Poutiau, villa de la Barrière, à Lommel, Lim- bourg (Belgique). 1879. — Chassaing, 6, avenue Victoria, à Paris, 4e. *1880. — Chauvassaignes (Franck), château de Thoeix, par Royal. Puy-de-Dôme. *1880. — Chauvassaignes (Paul), château de Mirefleurs, par les Martres de Veyres, Puy-de-Dôme. *1875. - - Chavagnac (Comte R. de), château de Chazeuil, par Va- rennes-sur-Allier, illier. 1912. - Chenault (Léon), Horticulteur, route d'Olivet, à Orléans, Loiret. 1904. — Chevalier (Auguste), 14, boulevard Saint-Marcel, à Paris., S1'. *1873. — Chevalier (Adrien), 7, avenue de Messine, à Paris, 8'\ *1895. - - Chirac (G. de), château de Soalhat, par Puy-Guillaume. Puy-de-Dôme. 1911. - Clair (Maxime), Ingénieur des Arts et Manufactures, 62, rue Saint-Lazare, à Crépy-en-Valois, Oise. 189Q. - - Claybrooke (J. de), 5, rue de Sontay, à Paris, 16e. *1879. - Clément (A.-L.), 34, rue Lacépède, à Paris, 5e. 1911. — Cligny (A.), Directeur de la Station aquicole, à Boulogne- sur-Mer, Pas-de-Calais. *1857. — Cogchi (Igino), Professeur à l'Institut des Études supé- rieures, 51, via Pinti, à Florence (Italie). 1910. — Coez (Edouard), 87, rue Denfert-Rochereau, à Paris, 14e. 1910. - - Collet (Georges), 3, avenue de Villars, à Paris, 7e. 1910. — Colette (Mmc Félicie), 89, rue Grande, à Champagne-sur- Seine (Seine-et-Marne). 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 1908. — Colette, Weyriras, Hervé et Cic, Exportateurs, 41», rue d'Enghien, à Paris, 10e. 1886. — Commission de piscici r. ri ne au Ministère de l'Agriculture. 38, rue de Louvain, à Bruxelles (Belgique). *1880. - - Conte (Gustave), 20, quai Victor-Hugo, à Narbonne, Aude. 1911. - Cordonnier (Anatole père), Viticulteur, grapperies du Nord, à Bailleul, Nord. *1891. — Cosnieb (Léon), château de Sauceux, par Senonches, Eure-et-Loir. 1902. — Costantin, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue de Buffon, à Pans, 5e. *1889. — Cottin (Louis-Valence), 76, rue Saint-Lazare, à Paris, 9e. 1906. — Cottin-Angar (Mlle M.), domaine de Cossigny, par Chevry- Cossigny, Seine-et-Marne. *1871. — Courcel (Baron A. de), 10, boul. Montparnasse, à Paris, 15e. *1909. — Courtet (Henri), 45, rue Fontaine-Blanche, à Landerneau, Finistère. 1910. — Coutière (Henri), Professeur à l'École supérieure de Phar- macie, 118, avenue d'Orléans, à Paris, 14e. *1899. - - Couvreux (Charles), 33, rue Vineuse, à Paris, 16e. 1899. - Crepin (Joseph), 82, rue de Grenelle, à Paris, 7e. *1889. — Crépin (Félix), 8, rue Saint-Cyr, à Bourg-la-Heine (Seine). *1901. — Crivelli Skrbelloni (Comte)-, 21, Monte -Napobone, à Milan (Italie). 1907. — Crombez (Raymond), Attaché de Légation, 129, boulevard Haussmann, à Paris, 8e. *1895. — Cros (Docteur François), 6, rue de l'Ange, à Perpignan, Pyrénées-Orientales. *1902. — Crouzat (Léon), à Castelnau, par Lézignan, Aude. *1 899. — Guénot, Professeur à l'Université, à Nancy, Meurthe-et- Moselle. 1910. — Cunisset-Carnot, Premier Président à la Cour, 19, cours du Parc, â Dijon, Cùte-d'Or, 1908. — Dagry (A.), Pisciculteur, 20, quai du Louvre, à Paris, 1er. P.» 10. - I)\<;ry (Charles), Pisciculteur, 20, quai du Louvre, à Paris. I"'. *1896. — Dalmas (Comte H. de), 26, rue de Berri, à Paris, 8e. 1907. Danglade (Mme), château de Sauveterre, par Lombez, Gers. 1907. — Dannin (René), Ingénieur-cynégétique, à Colombes (Seine). 1908. — Darrasse (André), Négociant, pharmacien de l''e classe, 13, rue d'Enghien, à Paris, 10e. 1906 — Dasski (Georges), 19, rue d'Aumale, à Paris, 9°. 1909. — Dhrrk.i u. (M"»c J.-C), 25, rue de Chàteaudun, à Paris, 9e. 1889. — Debreuil (Charles), 25, rue de Chàteaudun, à Paris. 9e. LISTE DES MEMBRES 11 1906. Dechambre (P.), Professeur de Zootechnie à l'Écol ■ d'Alfort, 15, rue Gabrielle, à Charenlon-le-Ponl, Seine. *1867. — Dekrance, 17, avenue de l'Hippodrome, à Bruxelles (Belgique). *1899. - - Dejean, 53, quai de Bosc, à Celle, Hérault. 1911. — Delagour (Henri), 5, rue Théodule-Ribot, à Paris, 17 . 1910. — Dblacour (Jîan), 28, rue de Madrid, à Paris, 8e. i906. — Delamarre de Monchaux (Comte Maurice), 6, rue de Belle- chass1', à Paris, 7°. 1904. — Delaurier (Amédée), 1, place Jean-Faure, à Angoulême, Charente- Inférieure. 1909. — Delchet (Aug.), 30, avenue des Champs-Elysées, à Paris, 8e. 1908. — Deiguel (Docteur Pierre-Abel), 15, rue Lafaurie-de-Mon- badon, à Bordeaux, Gironde. 1908. — Demilly (Jean), Jardinier en chef de l'École Supérieure de Pharmacie, 4, avenue de l'Observatoire, à Paris, 6e. 1912. — Depax, Préparateur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, à Paris, 5e. 1912. — Depret (Léon), 26, rue Jacob, à Paris, 6e. *1874. — Dekby-Welles (Georges), 29, rue Octave-Feuillet, à Pa- ris, 16e. 1907. — Descombes (Paul), Directeur honoraire des Manufactures de l'Etat, 142, rue de Pessac, à Bordeaux, Gironde. 1907. — Dii.uet (Léon), Chargé de Missions scientifiques, 16, rue Lacuée, à Paris, 12e. 1902. — Drouelle, 7, rue Drouot, à Paris, 9e. *1884. — Dugerf (Jules), 12, rue de Lougchamp, à Neuilly-sur- Seine, Seine. 1911. — Duligmer (J.), à Saint-Gérand-le-Puy, Allier. 1884. — Dumeril, château d'Emalleville, parEvreux, Eure. *1904. — Duriez (Georges), 42, boulevard Henri-IV, à Paris, 4e. 1888. — Egerton (Edwin-Henri), Ministre plénipotentiaire, à Ter- rington, York (Angleterre). 1909. — Ephrussi (Mme Maurice), 19, avenue du Bois-de-Boulogne, à Paris, 16e. 1909. — Ephrussi (Maurice), 19, avenue du Bois-de-Boulogne, à Paris, 16e. 1910. — Esnault-Pelterie (P.), Lieutenant au 7e de dragons, à Fontainebleau, Seine-et-Marne. 1910, — Estiot (Henri), Éleveur, 17, rue d'Oncy, à Yitry, Seine. *1888. — Falz-Fein (Fried.), Propriétaire, à Askania-Nova (Bussie). *1876. — Fauche (Eugène), 155, boulevard Haussmann, à Paris, 8e. 1902. — Ferlus, Administrateur des colonies, à Cotonou (Dahomey). 12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 1906. — Ferrand ^Elie), Propriétaire, ancien conseiller d'arrondis- sement, à Segonzac, Charente. *1877. — Ferté (Georges', à Bonne-Maison, par Coucy-le-Château, Aisne. .911. — Fontoura da Costa (AbeL, Directeur de la Associaçâo central da Agricultura Portuguêsa, 95, rue Garret, à Lisbonne (Portugal). 1907. — Fortin (l'abbé Théodore-Marie-Charles), Docteur en théo- logie, à Bretteville-sur-Odon, Calvados. 1903. — Foucher (l'abbé), 24, rue Cassette, à Paris, 6e. 1910. — Fougekat (Jean), 44, rue Chaplal, à Levallois-Perret, Sein»-. 1903. — Foureau (M"e Marie-Alice), château de Frédières, par Saint- Barbant, Haute-Vienne. 1910. — Fourré (Léon), 5, boulevard Saint-Martin, à Paris, 3e. 1880. — Foy i Comte Armand , 2b, rue de Surène, à Paris, 8e. *1888. — Froissart-Dumas, 16, rue Jean-de-Jouy, à Douai, Nord. 1898. — Gâche de la Roche Courbo.n- (Comte Henri), château du Lattay, par Andouillé, Mayenne. *1911. — Gage (Major A. -T.), Directeur du Service botanique des Indes Britanniques; Directeur du Jardin botanique de Sibpur. près Calcutta Indes-Anglaises). *1886. — Gaillard (fils), aux Ormes-sur-Vienne, Vienne. *1908. — Gallois (Charles-Benjamin), Négociant, 32, rue du Fau- bourg-Poissonnière, à Paris, 10e. 1907. — Ga.nay (Marquise de), 9, avenue de l'Aima, à Paris, 8e. 1907. — Garnier (Augustin), Agriculteur, à Villegats, par Pacv- sur-Eure, Eure. 1911. — Garreta (L.), Licencié es sciences, 29, avenue Happ, à Paris, 7' . *1883. — Gauttier (Eugène), Négociant, à Issoire, Puy-de-Dôme. *l 889. — Gavoty (Charles), 5, rue Armény, à Marseille, Bouches- du-Rhône. 1907. — Gazengel (Lucien), Propriétaire, domaine de Brécourt, par Nesle-la-Vallée, Seine-et-Oise. *1883. — Geliot (Adrien), château de Saint-Martin-d'Ablois. Marne. *1909. - Gensoul (Joseph), à Chàteauneuf, Saône -et-Loire. 1 854. — Geoffroy-Saint-Hilaire (Albert), à Vault-de-Lugny, par Avallon, Yonne. 1911. — Geoferoy-Saint-Hilaihe (Henry), Attaché à la Direction de l'Agriculture, 2, rue de Russie, à Tunis (Tunisie). *1881. - Gérard (Alfred), 15, rue de Chanzy, à Reims, Marne. 1878. — Gérard (Baron Maurice), 2, rue Babelais, à Paris, 8P. 1904. — Gérôme (Joseph), Jardinier en chef du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, à Paris, 5P. LISTE DFS MEMBRES 13 1008. — Gillet (E.), [ndustriel, 78, quai de la Râpée, à Paris, 12 *I879. — Ginoux de Fermon, à Maisonneuve, par Souesmes, Loir-et- Cher. * 1 803- — (lOiru y Rodriguez (Alejandro de), 5, Aguirre, à Madrid (Espagne). 1910. — Golosgiimio (Mm'' Sophie), château de Chérupeau, par Ti^y, Loiret. *I886. — Gombault (Roger), château de la Motte-Belair, à Saint- Laureni-les-Eiux, Loir-et-Cher. 1008. — Goris, Chef de travaux à l'École supérieure de Pharmacie, 4, avenue de l'Observatoire, à Paris, 6e. *l87o. — Gorry-Bouteau (Pierre), à Belleville, par Thouars, Deux- Sèvres. 1907. — Goulaine (Comte de), Sénateur, 9, place du Palais-Bour- bon, à Paris, 7e. *1911. — Grakk (Professeur-Docteur Ludwig von), Conseiller Auli- que, 2, Universitâtspktz, à Graz (Autriche). 1898. — Grancey Comte de), 146, rue de l'Université, à Paris, 7e. * 1 873. — Grandidier (Alfred), Membre de l'Institut, 2, rue Gœthe, à Paris, 16e. 1908. - Gravereaux (Jules), 4, avenue de Villars, à Paris, 7' . *18T3. — Grisard (Jules), 12, rue Damrémont, à Paris, 18e. 1910. Gritton (Alfred), Négociant, 9, rue Faustin-Hélie, à Paris, t*6e. 1911. — Gruvel (Jean-Abel), Professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, 4, rue Lagarde, à Paris, 5e. *1 886. — Guerne (Baron J. de), 6, rue de Tournon, à Paris, 6e. 1908. — Guillaujun (André), Licencié es sciences naturelles, 3, rue Victor-Considérant, à Paris, 14e. *1 884. - - Hagenbeck (Karlj, Thierpark, Stellingen, à Hambourg (Allemagne). 1897. — Halna du Fretay, château de Quefferon, par Lamballe. Côtes-du-Nord. 1888. — Hambourg (Direction du Jardin zoologique de) i Alle- magne). 1902. — Hebrard de Saint-Sulpice (Fernand d';, 2, avenue Elisée- Reclus, à Paris, 7e. 1888. — Hegk (Docteur), Directeur du Jardin zoologique de Berlin (Allemagne). 1891. — Hegkel (Docteur Edouard ), Directeur de l'Institut Colonial, 7, allée de Meilhan, à Marseille, Bouches-du-Rhône. ♦1881. — Herelle (Paul), 21, rue Clément-Marot, à Paris, 8e. *1906. - Hermemer (Georges^ Les Sables, â Draveil, Seine-et- Oise. 1 \ BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION *1889. — Hervineau (Raoul), Propriétaire, à Fontenay-le-Com(e, Vendée. 1911. — Hollier (Lucien), Importateur de fruits exotiques, 13, boulevard Hochechouart, à Paris, 9e. *1911. — Horwath (Professeur-Docteur), Directeur du Musée zoolo- gique, Musée national, à Budapest (Hongrie). 1909. — Hottinguer (Henri), 4, rue de la Baume, à Paris, 8e. 1907. — Hourbette (P.), N -gociant, agriculteur et éleveur, 233, rue Saint Martin, à Paris, 3e. 1896. — Hua (Henri), 254, boulevard Saint-Germain, à Paris, Ie. 1871. — Hubert-Brièrre (A.), 2K, rue du Général-Foy, à Paris, 8e. *19H. — Hubrecht (Professeur- Docteur A.-A.-W.), Université d'Utrecht (Hollande). 1906. — Husson (Robert), à Preuilly, par Donnemarie-en-Montois, Seine-et-Marne. 1902. — Iches (Lucien), 10-12, place Saint-Julien, à Laon, Aisne. 1900. — Jaboulaye (Antoine), à Izieux, Loire. 1907. — Jacot (Louis-Edmond), 7, rue Chernoviz, à Paris, 16e. 1875. — Jameson (Conrad), 115, boulevard Malesherbes, à Paris, 8e. 1897. — Janet (Charles), 71, rue de Paris, à Voisinli^u, près Beau- vais, Oise. 1911. — Jardel (Eugène), Colon, à Hongay, province de Quang- Yen (Tonkin). *1888. - - Jennison (James), Directeur du Jardin zoologique de Belle-Vue, à Manchester (Aogleterre). *1877. — Jessé-Charleval (Comte de), Château l'Arc, par Fuveau, Bouches du Rhône. 1912. — Jollivet (Jules), Grainier, à Conflans-Sainte-Honorine ,' Seine-et-Oise. I'.»07. — Joubert (Etienne), Professeur d'agriculture, 34, rue Guérin, à Fontainehleau, Seine-et-Marne. 1907. - - Joubin (Louis), Professeur au Muséum d'histoire naturelle, 21, rue de l'Odéon. à Paris, 6e. *1877. -- Jullien (Gabriel-Alexandre), château de Bellevue, à La Mulatière, Bhôue. 1890. - - Kerbert (Conrad), Directeur du Jardin zoologique d'Am- sterdam (Hollande). 1878. — Kervenoel (Charles de), château de Talhouët, par Pon- tivy, Morbihan. 190;J. — Kerville (Gadeau de;, 7, rue Dupont, à Rourn, Seine-Infé- rietare. l'MO. - - KoiXMANN Max , 15, rue JN'icolas-Chailet. à Paris, 15e, LISTE DES MEMURES l.'i 1904. — Krauss, 23, rue Alhouy, à Paris, 10e. 1911. Kusbl (Maxime), 21, place de la Madeleine, à Paris, 8'. 1908. — Lauroy, Chef des serres au Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cnvier, à Paris, 5e. *1879. — La Chesnais (Edmond de), 401, Corniche, Château du Roncas-Blanc, à Marsedle, Bouches-du-Rhône. 1891. — Laeger-Navés (Fernand de), Château de Navés, par Cas- tres, Tarn. *1874. Lair (comte Charles), 18, rue Las-Cases, à Paris, 7e. 1906. — Lalanne (Gaston), Docteur es sciences et en médecine, au Castel d'Andorte, Le Bouscat, Gironde. 1908. — Lamarque (Maurice), Ingénieur civil des mines, 36, rue de Bellechasse, à Paris, 7e. 1907. — Lameth (comtesse Suzanne de), château d'Hénencourt, par Warloy-Baillon, Somme. 1908. — Landowski (Henri), Chimiste expert près le tribunal de la Seine, 1, rue de Lille, à Paris, 7e. 1874. — Lanjuinais (comte Paul-Henri de), 31, rue Cambon, à Paris, 1er. ♦1883. — Lataste (Fernand), à Cadillac, Gironde. *1880. — Laour (Louis-Edmond), 99, rue de la Faisanderie, à Paris, 16e. 1871. — Larcher (Docteur), 97, rue de Passy, à Paris, 16e. 1909. — Larivière (Maurice), 148, rue de Longchamps, à Paris, 16e. *1903. — Lassalle (J.-B.), 19, rue de Pre^-bourg, à Paris, 16e. 1908. — Lasseacx, 10, rue de Crosnes, à Montgeron, Seiue-et- Oise. 1897. — Laurenge (Eugène), 6, rue Pierre-Martel, à Lille, Nord. 1911. — Le Barazer (Daniel), Avocat à la Cour, 18, avenue de rO|.)éra, à Paris, 1er. *1882. — Lebeurrier (J.-E.), àKérinou, près Brest, Finistère. *1877. — Leboucher (Constant), 24, rue des Epinettes, à Saint- Mandé, Seine. 1898. — Le Cesne (Julien), 14, rue de la Faisanderie, à Paris, 16e. 1908. — Lkcoixte (Arsène), Propriétaire, place du Champ-de- Foire, à Trun, Orne. *1895. — Legointre (Comte Louis), château de Maisonneuve, par Chàtell' rault., Vienne. 1905. — Lecomte (Docteur), Professeur au Muséum d'histoire naturelle, 24, rue des Ecoles, Paris, 5e. 1910. — Le Cour-Graadmaison, Sénateur, 71, rue de l'Université, à Paris, 7e. 1907. — Ledé (Docteur Fernand), Médecin légiste de l'Université, 1, quai aux Fleurs, à Paris, 14e. 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION • 1 876. — Lefebure Edouard), 9, rue Las-Cases, à Paris, 7e. M876. — Lefort (Ernest), La Touche, par Mesland, Loir-et-Cher. 1004. — Le Fort (Raymond , 89, boulevard Malesherbes, à Paris, et Château du Briou, Ménestreau-eu-Viliette, Loiret. 1911. — Legoux Henri . Propriétaire. 10. rue de la Pompe, à Paris, 16e. I '.108. — Lepel-Cointet. Agent de change. 5 bis. rue du Cirque, à Paris, 8e. 1902. — Le Pelletier Baron Maurice), château de Salvert, par Vivy, Maine-et-Loire. 1900. — Leprince (Docteur Maurice . (32, rue de la Tour, à Paris, 16' . *1881. — Leroux 'Benjamin). 2. rue Jean-V, à Nantes, Loire-Infé- rieure. • 1867. — Le Sergeant de Baye.nghem (Félix), château de Upen. par Théruuanne, Pas-ile-Calais. 1908. — Les-e (André de . Ingénieur-agronome. 59. rue d<- Varenne, à Paris, 7e. 1905. — Levylier (E.), Avocat à la Cour d'appel, 116, avenue des Champs-Elysées, à Paris, 8- . 1903. — L'Hermite Constant . 38. rue des Quinconces, à Angers. Maine-et-Loire. 1912. — L'Hoest (Michel), Directeur de l'Aquarium de la Société- royale de zoologie d'Anvers Belgique). * 1 90 1 . — Licnières ^Professeur , Directeur de l'Institut de bacté- riologie, Calle San Martin, 1141, à Buenos-Aires République Argentine). • 1884. — Lillers Marquis de), 15, avenue Montaigne, à Paris, 8'. I9U _ Li Yu-Yi.ng, Conseiller du ministère de l'Agriculture à Pékin, Directt-ur de la Caseo-Sojaine, 70. rue du Sentier, à Bois-Col"mbes. S»jine. 1906. — Loisel (Docteur Gustave), Directeur du laboratoire d'em- bryologie à l'Ecole des Hautes-Études, ti, rue de l'École-de- Médeciue, à Paris, 6*. • 189'k — Lodkr (baronnet Edmund-Giles . Leonardslee, Horsham Angleterre). *is7|. — Loubat Joseph-Elorimond. duc de, 53, rue Dunionl- d'Urville, à P..ri>, 16e. 1909. — Loyer Henri), Chimiste, à Massy-Palaiseau. Seine-et- Oise. I89ii. — Loyer . Maurice . 12, rue du Four, à Paris, 6e. 1910. — Luckt (Docieur Adrien , Membre de l'Académie de méde- cine, a-si-lanl au Muséum d'Histoire naturelle. 2. rue Mrs Arènes, à Paris. 5e. • 1899. — LULING, 9, quai Malaquais. à Paris. 6'. LISTE DES MEMBRES I" ( 87:>. — Mac-Allister (William), château de la Maùvoisinière, par Lire, Mainp-et-Loire. 1 902. — Maillard (Augustin . Sénateur, 88, boulevard Saint-*.' i main, à Paris, 5e. 1883. — Mailles (Charles'!, rue de l'Union, à La Varenne-Sainl- Hilaire, Seine. 11*00. Maire (Joseph), Inspecteur des eaux et forêts. 52", avenue de Saxe, à Paris, 15''. *IS77. — Maisonneuve, 8, quai de la Maison-Rouge, à Nantes, Loin- Inférieure. 1884. — Maistre (Edouard), à Villeneuvette, parClermont, Hérault. 1911. — Mallet 'Maurice), Expert, 13, rue du Helder, à Paris, 9". 1910. — MAMONTOFF(Mmo Marie), Propriétaire, Chemin de ferNicolas, station Podsolnéchnaia, à Moscou (Russie). 1910. Mangin (Jacques), 155, faubourg Saint-Denis, à Paris, 2 . 1895. — Marchal (Docteur Paul), Professeur à l'Institut national agronomique, 142, boulevard Saint-Germain, à Paris, 6e; et 30, rue des Toulouses, à Fontenay-aux-Roses, Seine. 1896. — Marcillag (A. de), à Bessemont, par Villers-Cotterets, Aisne. *1896. - - Mariani (Angelo), 11, rue Scribe, à Paris, 9e. 1895. — Martin (Antonin), 2, rue Massillan, à Montpellier, Hérault. 1909. — Martin (Docteur Edouard1!, château du Ciran, à Ménes- treau-en-Villette, Loiret. 1910. — Masse (Fernand), Publiciste, à Péronne, Somme. 1909. — Masse (Paul), Filateur, à Corbie, Somme. *1895. — Maurice (Charles), Docteur es sciences naturelles, châ- teau d'Attiches, par Pont-à-Marcq, Nord. 1906. — Ménegaux (A.), Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 55, rue de Buffon, à Paris, 5°. 1897. — Me.nikr (Henri), 8, rue Alfred-de- Vigny, à Paris, 8e. 1905. — Merandon (Ludovic), 24, rue de l'Hôtel-de-Ville, à Yin- cennes, Seine. 1908. — Metchnikoff (laboratoire de M. le Professeur), 28, rue Dutot, à Paris, 15", 1903. — Meunier, Notaire honoraire, 17, rue du Cherche-Midi, à Paris, 6% *I882. — Meuriot (Docteur André), 17, rue Berton, à Paris, 16e. 11*11. -- Méprisse Docteur Paul), 67, rue de Paris, à Vanves, Seine. 1 1*04. — Mezin (Ernest), Saint-Jean-du-Gard, Gard. 181*8. — Milhe-Poutingon, 44, rue de la Chaussée-d'Antin, à l'a- ris, 9''. *J1M2. - Misson (Louis), Directeur de l'Industrie animale, Taîxâ 685, à Saô-Paulo (Brésil . BULL. SOC. NAT. ACCL. KR. 1912. — 2 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 1907. — Moncl'it i Baron de), à Cuillé, Mayenne. *1S77. — Monod (Léon), Ingénieur-agricole, 31, allées Damour, à Bordeaux, Gironde. 1911. — Montaignac, 234-, boulevard Saint-Germain, à Paris, 7e. *1877. — Montblanc Baron A. de\ château de Ingelinunster (Bel- gique). 1887. — Morel (H.), 3», rue de Laborde, à Paris, 8e, et à Beyrouth (Syrie). I'.i03. — Morel-i/Arlelx Charles), Notaire honoraire, 13, avenue de l'Opéra, à Paris, Ier. 1910. — Moussu (G.-L.), Professeur de Pathologie à l'École vété- rinaire dAlt'ort, 1, rue des Épinettes, à Saint-Maurice, Seine. 1909. — Murât (S. A. le Prince,, 28, rue de Monceau, à Paris, 8e. 1907. — Muteau (Heuri, Docteur en droit, 57, rue des Vignes, à Paris, 16e. *U)08. — Napoléon (S. A. I. le Prince Louis), chez M. le Comte de Moncalieri, 4, rue Jean-Goujon, à Paris, 8e. 1906. — Nattan (Mme Jentry . 12, rue du Buisson, à Créteil, Seine. 1910. — Navellier (E.), Statuaire-Animalier, 6, rue de la Barouil- lère, à Paris, 6e. *1902. — Nihelle, 1». rue des Arsins, à Rouen, Seine Inférieure. 1897. — Niclausse (Jules), 2*, rue des Ardennes, à Paris, 19e. 1010. — Nigg (Lucien), Vice-président du Syndicat des Piscicul- teurs de France; Propriétaire de l'Établissement de Piscicul- ture du Val-Saint-Germain, par Saint-Chéron, Seine-et-Oise. *1877. — Nobillet (Augusle\ 1, passage Bel-Air, à Bennes, Ille-et- Vilaine. 1907. — Nogués (Joseph), Architecte, 1.5, place des Vignaux, à Bagnères-de-Hi^orre, H nites-Pyrénées. 1906. — Normand Mme Marguerite), 43, rue Saint-Adresse, Le Havre, Seine-Inférieure. * 1 883. - - Nouvel (Georges), 30, avenue Henri-Martin, à Paris, 16e. L910. - O.nelli (Clémente ), Directeur du Jardin zoolo^'ique de Buenos- A ires (Hé publique- Argentine. 1892. — Orfkuille (Comte d'), 6, impasse des Gendarmes, à Ver- sailles, Seine-et-Oise. *I898. — Parafa (Baron de , Porto-Novo-da-Cunha, à Bio-de- Janeiro (Brésil . 1910. — Pakis (Paul), Préparateur à la Faculté des Sciences de Dijon, Côte-d'Or. H&14. — Parlier (L.), rue Edmond-Adam, à Montpellier, Hérault. 1910. — Pasquet Paul . I i I, avenue du Roule, à Neuilly-sur-Seine, Seine. us ri; dis MEMBRES 19 I s : ; » . — Passy (Edgard), 27, avenue de Messine, à Paris, 8e. l'.uo. Pauwels (Robert), au Grubbe, par Cortenberg (lîel^i(jue). 1X76. — Pays-Mr lier, à la Pataudière, parChampigny-sui-Veude, [ndre-et- Loire. 1909. - Pkignon (Eugène), Naturaliste, 22, rue des Grandes-Écoles, à Poitiers, Vienne. L905. — Pellegbin (Docteur J.), Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, l, rue Vauquelin, à Paris, 5e. 1905. Peria«î (Mm9), 8, rue du Général-Foy, à Paris, 8e. 1908. — Pehiac (Roger , '.)0, Grande-Rue, à Saint-Brice-sous- Forêt, Seine-et-Oise. 1889. — Perrier (Eimond), Membre de l'Institut, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, à P.itis, 5e. *l'.i<)8. — Perrot (Emile), Professeur à l'École supérieure de phar- macie, 4, avenue de l'Observatoire, à Paris, 6e. *1882. — Perrot (Julien), avenue de Déols, à Châteauroux, Indre. 1911. — Pktit (Georges), 12, rue Godot-Je-Mauroy, à Pari-, 9e. *1910. Phisalix (Mme le Dr Marie), 62, boulevard Saint-Germain, à Paris, 5e. *1875. — Pichot (Pierre-Amédée), 132, boulevard Haussmann, à Paris, 8e. *1877. — Pigouche (Jules), Lieutenant-Colonel d'artillerie en re- traite, château de Vespeilles. par Rivesaltes, Pyrénées-Orien- tales. 1905. Piollet, Pavillon-Royal, à Seine-Port, Seine-et-Marne. 1906. - - Poisson (Jules), Assistant au Muséum d'Histoire natu- relle, 33, rue 'le 1 1 Clef, à Paris, 5e. 18H6. — Polès (Mme de), 39, avenue d'Iéna, à Paris, 16e. 1808. — Po.vtbriandl Comte de ), Sénateur, 238, boulevard Saint- Germain, à Paris. 7 . 1911. — Ponty (Mme), Gouvernement général de l'Afrique occi- dentale, à Dakar (Sénégal . IS88. — Poux (Paul), 74, boulevard Maillot, à Neuilly-sur-Seine. Seine. *1888. - Potocki (Comte Félix), 27, avenue de Friedla"d, à Paris, 8e.. *1909. — Porocia (Comte Joseph;, quai Anglais, 36/2, à Saint- Pétersbourg (Russie). *18!»5. — Potron (Auguste), Ingénieur A. -M., 368, rue Saint- Honoré, à Paris, 1". 1911. — Poolard (Docteur), Chirurgien des hôpitaux, 22, avenue de Friedland, à Paris, 8e. *187i. — Pouydehat i Frédéric-Léonard , place Henri-lV, à Su- resnes, Seine. *1896. — Praia (Marquis de Montfort , 22, Largo di Rato. à Lis- bonne Portugal). 20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION *1911. — Prain (Colonel . Directeur des Jardins royaux, à Kiew (Angleterre). *1880. — Preux (Comte Gustave Desfontain<>s de), château de Vil- lette, à Saiutain, par Valenciennes. Nord. 1910 — Pbevotat (Paul), Oiselier-Naturaliste, 57. boulevard «le Strasbourg, à Paris. 10°. *1877. — Prin f Charles-Alexandre . Les Marats, par Condé-en- Barrois, Meuse. *1888. — PRocor (Alban |, Industriel, à Nersac, Charente. 1891. — Proschowsky (Docteur Robertson), parc des Tropiques. chemin des Grottes-Sainte-Hélène, à Nice, Alpes-Maritimes. *1884. — Proyart de Baillescourt (Comte de), château de Mor- chies, par Beaumetz les-Cambrai, Pas-de-Calais. 1910. — Qui.nton iRené), 9, avenue Carnot, à Paris, 17''. • 1898. — Rafpalowich. 19, avenue Hoclie, à Paris, 8e. 1901, — Rapf (M11"' Suzanne), à Compainville, par Forges-les- Eaux, Seine-Inférieure. 1895. — Raspail (Xavier), à Gouvieux. Oise. 1865. — Raveret-Wai tel (Casimir), 20, rue des Acacias, à Paris, 17e. 1908. — Raymond Théophile), Entomologiste et Taxidermiste, à Caracas (Venezuela). •1911. — Reiser (Docteur O.), Directeur du Musée de Sarajevo, Bosnie (Autriche-Hongrie). *1 888. — Relave Louis1. 45, rue Saint-Pierre-de-Vaise, à Lyon- Vaise, Rhône. •1875. — Renaudin Henri , 149, rue de Grenelle, à Paris, 7e. • 1876. — Biant (Théodore), à Cosnes-sur-1'OEii, Allier. *188i. — Richet (Docteur Charles), Membre de l'Académie de médecine, Professeur à la Faculté de médecine. 15, rue de l'Université, à Paris, 7e. 1911. — Ricois Ernest), 28, boulevard Raspail, à Paris, G*. 1878. — Rivière (Charles), Directeur du Jardin d'Essai du Hamma, à Al^er (Algérie). 1909. — Rivière (Gustave), Professeur départemental de la Station agronomique de Seine-et-Oise, à Versailles-Préfecture, Seine- et-Oise. 1909. — Rochefoucauld (Comte Louis de la), château de Coin- breux, Loiret. 189H. — Bochk. (Docteur], 4, rue Dante, à Paris, 5e. • 1879. — Rof.HET (Alfred), 90, rue de Courcelles, à Paris, 8*. • 1894. — Rodrigue/. (Juan), à Guatemala (Guatemala). 1871. _ Roger (Edgar), 27, rue de Tocqueville, à Paris, 17'. 1882. — Rnr,Hin\ Gabriel), château de l'Arceau, par Angers. Maine-et-Loire. LISTE KES MKMBKKS 21 *1895. - Rolland-Gosselin (Robert), colline de la Paix, à Ville- francbe-sur-Mer, Alpes-Maritimes. * 1890. Rolland (Georges), 60, rue Pierre-Charron, à Paris, 8". IS97. - Rollinat 'Raymond), à Argenton-sur-Creuse, Indre. 1911. - Rondeau (Amédée), Industriel, à Corbie, Somme. 1 006. Roques (Désiré), École vétérinaire, à Toulouse, Haute- Garonne. 1905. - Rostand (Edmond;, Membre de l'Académie Française, Etclié-Goria, à Cambo-les-Bains, Basses- Pyrénées. M 904. — Rothschild (Baron Edmond de\ il, rue du Faubourg- Saint-Honoré, à Paris, 1er. 1909. — Rothschild (baron Edouard de), 140, avenue des Champs- Elysées, à Paris, 8''. 1910. - Rothschild (Baron Henri de , chalet Saint-Brieuc, par Auffargis, Seine-et-Oise. *1890. - - Rothschild( Walter), 148, Piccadilly, à Londres (Angleterre). 1910. - - Rouillon (Félix:, Pisciculteur. 5'», quai d'Austerlitz, à Paris, 13". 1911. - Roule (Docteur Louis, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, à Paris, 5e. 1911. — Rouyer, 4, rue de Poliveau, à Paris, 5e. *1898. - - Royer (Chrirles), Directeur du Musée, 19, rue Walferdin, à Langres, Hante-Marne. 1905. — Royer (Docteur Maurice), 14, rue du Four, à Paris, 6e. *1895. — Ruyssenaers (L. J.), Amaliastsrass, à La Haye (Hollande). 1907. -- Sainville (Emmanuel de), 58, rue Notre-Dame-de-Lo- rette, à Paris, 9e. 1910. — Sansoin (Léon), 18, rue Saint-Honoré, à Versailles, Seine- et-Oise. 1904. - - Sauton (René), à La Haute-Équerre, par Broglie, Eure. 1884. - - Sauvage (Docteur), Directeur honoraire de la Station aquicole. 39 bis, rue Tour-Noire-Dame, à Boulogne-sur-Mer. Pas-de-Calais. 1912. — Scalliet (Fernand). Architecte, 19, rue de l'Échiquier, à Paris, 10e. *1877. — Schickler (Baron de), 17, place Vendôme, à Paris, 1er. 1912. - - Sciilippenbach-Persigny (Baronne de), 23, boulevard Thiers, à Fontainebleau, Seine-et-Marne. 1871. - - Schlumberger (Jules), à Guebwiller (Alsace). 1911. — - Schœller (André), 9, rue de Copenhague, à Paris, 8e. 1896. — Sebillotte (Docteur), 11, rue Croix-des-Petits-Champs, à Paris, 1er. 1910. — Secrestat-Escande (Georges), Avocat, chemin Ducourt, à Caudéran, Gironde. 22 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 1911. — Srignouret (Albert , Ingénieur agricole, château de Tar- tugnière, à Eesparre, Gironde. 19H6. - - Sellier (Ovide\ Propriétaire, :>9,rue Legendre,à Paris. I 7 . 1891. — Sicre, 8, quai de Gèvres, à Paris 4e. 1912. - Simon (H .), Industriel, 27, rue des Pyramides, à Paris, 1er. *1890. — Skousès (Paul), Banquier, à Athènes (Grèce). *1910. — Sokolowsky (Docteur A.), Assistant au Jardin zoologique. à Hambourg (Allemagne). *1912. — Sommier (Edme), Propriétaire, à Vaux-le-Vicomte, par Melun, Seine-et-Varne. 1911. — Stancioff (Dimitri), Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire de S. M. le Roi des Bulgares, 38, avenue Klé- ber, à Paris, 16e. 1909. - - Stewart (William-Hood), 47, rue Copernic, à Paris, 16e. *18N8. - - SiONE>Ti!EET (Henri), Villenave-d'Ornon, Gironde. 1909 — Sudron (Mme Marguerite), 26. avenue de la Grande-Armée. à Paris, 17e. 1903. — Suleau (C), 11. rue Croix-des-Petits-Champs, à Paris, 1er. *1883. — Tahdieu iDocleur Victorien-Isidore), boulevard du Rhône, à Arles-sur-Rhône, Bouches-du-Rhône. 1905. — Terrier Louis . à Honfleur, Calvados, et 13, rue de l'An- cienne-Comédie, à Paris, 6e. *1875. Terrillon (Edmond), 20, quai de la Mét-'is^erie, à Paris, lel. *1892. Theder (Ernest), 66, boulevard de Courcelles,à Paris. 17e. *1886. - Tmeron (Numa). Banquier, à Lézignnn, Aude. 1911. TiiiERAur [Pierre1, 10 bis, avenue de la Grande-Armée, à Pans, 17e. 1906. — T.hirciit-Lefrère (Gustave-Joseph), Propriétaire-Éleveur, villa Parmentier, 11, chemin de la Fontaine-Baudry, à Dijon. Côte-d'Or. 1911. — TiNARDON (Maurice), Ingénieur P. C, 123, boulevard de la Gare, à Paris, 13e. 1887. - Tixier-Aubergier, Avocat, à Clermont-Ferrand, Puy-de- Dôme. *1885. - Tocqueville (Vicomte René de), 17, rue Vièle, à Paris. 1? . * 1 906. — 'Iolet, 28, avenue du Chemin-de-Fer, à Fontainebleau, Seiue-et Marne. 1912. — Touchard (Arthur), château de Courcelles-sur-Viosne, par Boissy-PAillerie, Seine-et-Oise. *188l. — Trebuuen (Ernest . J.i, cours de Vincennes, à Paris, 20e. 1896. — Trouessart (Docteur), Professeur au Muséum d'Histoire natur lie, 61, rue Cuvier, à Paris, 5e. *1876. — Vaillant (Léon), Professeur au Muséum d'Histoire natu- relle, 36, rue GeolTroy-Saint-Hilaire. à Paris. ;'»' . LISTE DES MEMBRES 23 *1889. - - Vallot (Joseph), 5, rue François-Aune, à Nice, Alp Maritimes. 1906. - Valois (Charles), 13, rue de l'Abhaye, à Paris, 6e. 1905. - Van Kempem (Charles), à Saint-Omer, Pas-de-Calais. 1905. - - Varin, 140, boulevard Haussmann, à Paris, 8e. 1905. — Varin (Louis), 18, avenue de Messine, à Pa>is, 8e. *1878. — Vauqlelin de la Brosse (René de), ancien Magistral, châ- teau de Drumare, à Surville, par Pont-l'Évèque, Calvados. 1904. — Verrier (Léon), Artiste-peintre, pavillon des Bulins, à Mont-Saint-Aignan, Seine-Inférieure. 1904. - ■ VERSTRAETE-DELEBART(Mmo), 461, avenue Louise, à Bruxelles (Belgique). *1875. Vezins (Jacques de), à Péronne, par Vezins, Maine-et-Loire. *1S95. - Viefville (Paul de), 20, rue Murillo, à Paris, 8e. 1906. - - Viguier (Docteur C), Professeur à l'Ecole supérieure des Sciences, 1, boulevard de France, à Alger (Algérie). 1908. — Vilmorin (Jacques de), Licencié es sciences, 13, quai d'Orsay, à Paris, 7e. 1889. — Vilmorin (Maurice de), 13, quai d'Orsay, à Paris, 7e. 1902. — Vilmorin (Philippe de), à Verrières-le-Buisson, Seine-et- Oise. 1911. — Vincent (Pierre), Licencié es sciences, 17, rue Oudry, à Paris, 13e. 1911. — Vitalis-Brun-de- Salvaza (Louis), Les Cabarderies, par Lury-sur-Arnon, Cher. 1912. — Voitellier (Charles), Ingénieur-agronome, chef des tra- vaux de zootechnie à l'Institut agronomique, 20, rue Thibaut, à Paris, 14e. *1892. - Walter (A.), 14, rue Rémilly, à Versailles, Seine-et-Oise. 1908. - - Wegener (Arnold), Exploitation forestiers à la Côte- d'Ivoire, à Grand-Bassam (Côie-dTvoire). *1904. - Wegener (Otto), 3, place de la Madeleine, à Paris, 8e. 1911. — Wegener (Otto), 5, rue Pelouze, à Paris, 8e. 1908. — Wildemannn (Emile de), Conservateur du Jardin bota- nique, 112, rue des Confédérés, à Bruxelles N.-E. (Belgique). 1879. — Wuirion (E ), 101, rue Sadi-Carnot, à Puteaux, Seine. 1888. — Wtunderlich (François), Directeur du Jardin zoologique, à Cologne (Allemagne). 1907. — Wurtz (Bobert), Professeur agrégé à la Faculté de méde- cine, 18, rue de Grenelle, à Paris, 7e. *1889. — Yvoire (Félix d'), château d'Vvoire, par dernier, Haute- Savoie. *1875. — ZEiLLER,47,rue Charles-Laffitte, àNeuilly-sur-Seine,Seine. RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE I FRANCE. ALGÉRIE. TUNISIE. COLONIES FRANÇAISES Vota. — Les membres de la Société habitant Paris ne figurent pas dans ce relevé; on voudra bien se reporter, en ce qui les concerne, à la liste générale . MM. MM. Aisne. Jessé-Charleval (Comte de). Ferté. La Chesnais (de). Iches. Société d'Agriculture des E Marcillac (de). ches-du- Rhône. Allier. Tardieu. Chavagnac (Comte de Calvados. Fortin. Dulignier. Ternier. Riant. Vauquelin de la Rrosse (de). Alpes-Maritimes. Charente. Armand. Resnier. Resson. Delaurier. Proschowsky. Ferrand. lioland-Gosselin. Procop. Vallot. Cher. Aude. Vitalis Rrun de Salvaza. Rouis. Cabrié. Côte d'Or. Conte. C.unisset-Carnot. Crouzal. Théron. Paris. Thircuit-Lefrère. Bouches-du-Rhône. Côtes-du-Nord. Raudon. Rohn. llalna du Fretay. f.antelar (de . Deux-Sèvres. Gavoty. * Heokel. Gorry-Bouteau. HKI'AKTITION GÉOGRAPI1IQI K hl'.S MKMHHKS 25 MM. Dordogne. Aubier. Bonifay (M"", Germain. Eure. Auzoux. Duméril. Garnier. Eure-et-Loir. Armancourl (Comte d'). Cosnier. Finistère. Courtet. Lebeurrier. Gard. Andecy (S. d1). Chapel (de). Mézin. Garonne Haute-). Haïmes. Roques. Société d'Agriculture delà Haute- Garonne. Gers. Danglade (Mme). Gironde. Beille. Casartelli. Delguel. hescombes. Lalanne. Lataste. Monod. Sécrestat-Escande. Seignouret. Stonestreet. Hérault. Biquet. Dejean. Maistre. Martin (A.). Parlier. MM. Perrol. Rollinat. Indre. Ille-et-Vilaine. Nobillet. Indre-et-Loire. Pays-Mellier. Loir-et-Cher . Balloy (de). Ginoux de Fermon. Gombault. Lefort. Loire. Boudinhon. Jaboulaye. Loire-Inférieure . Bergue (Mœe). Bruzon. Bureau. Leroux. Maisonneuve. Loiret. Chappellier (P.). Chenault. Goldschmid (Mmc). Le Fort. Martin. Rochefoucauld (Comte de la). Lot-et-Garonne . Boisson. Maine-et-Loire. Bizerav. Le Pelletier (Baron). L'Heriniie. Mac-Allister. Rogeron. Vezins )de). Marne. Bigault de Granrut (de . Geliot. Gérard. Marne i Haute - Rover. -26 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION MM. Mayenne. Gâche de la Roche Courbon (Comte). Monci.it (Baron P. de). Meurthe-et-Moselle . Betting. Cuénot. Meuse. Prin. Morbihan. Kervenoel (de). Nord. Alglave (Mlle). Bellette. Cordonnier. Froi-sart-Dumas. Laurenge. Maurice. Preux (Comte de). Oise. Bocquentin. Clair. Janet. Raspail. Orne. Lecointe. Sauton. Pas-de-Calais. Canu. Clijmy. Le Sergeant de Bayenghem. Proyart de Baillescourt (Comte de). Sauvage. Van Kempen. Puy-de-Dôme. ChauvassHignes (F.). Chauvassaignes (P.). Cliirac (de). Gaultier. Tixier-Aubergier. Pyrénées Basses-). Béarn (Comte do . Rostand. MM. Noguès. Pyrénées (Hautes-). 3S. Pyrénées-Orientales. Cros. Pigouche. Jullien. Relave. Rhône. Saône-et-Loire. Bouchacourt. Gensoul. Savoie (Haute-). Yvoire (d'). Seine. Ballul. Besse. Bois. Bonnet. Bouvier (A.). Crépin. Dannin. Dechambre. Ducerf. Estiot. Fougerat. Leboucher. Lefebvte. Li Yu Ying. Mailles. Mardi il. Mérandon. Meunsse. Moussu. Nattan (Mme). Parquet. Potin. Pouydebat. Wuirion. Zciller. Seine Inférieure . Kerville (liadeau de). Nibelle. Normand (Mme). Rapp (M"e). Verrier. RÉPARTITION GEOGRAPHIQUE DES MEMBRES 11 MM. MM. Seine-et-Marne. Vaucluse. Boulland. Fabre. Caucurte. Chagot. Vendée. Colette (Mme). Hervineau. Cottin-Angar (M"e). Vienne. Debreuil. Esnault-Pelterie. Beauchaine. il Gaillard. Husson. Joubert. Lecointre (Comte). Société horticole, viticole et bo- Peiyuon. tanique de Seine-et-Merne. Vienne (Haute-). Piollet. Schlippenbach-Persigny (Ba- Foureau (M"e). ronne de). Yonne. Sommier. Tolet. Geoffroy-Saint-Hilaire (A. . Seine-et-Oise. Algérie. Gazengel. Rivière. Hermenier. Viguier. Jollivet. Tunisie. Lasseaux. Geoffroy-Saint-Hilaire (H.). Loyer (H.). Société des Aviculteurs de Nigg. nisie. Orleuille ^Comte d'). Périac (Roger). COLONIES FRANÇAISES Rivière. Rothschild (Baron H. de). Congo. Sanson. Bruel. Touchard. Côte-d'Ivoire. Vilmorin (Ph. de). Walter. Wegener (A.). Somme. Dahomey. Bosquillon de Jenlis. Ferlus. Boullet. Ile Maurice. Lameth (Comtesse de). Carié. Masse (F.). Madagascar. Masse (P.). Bertrand. Rondeau. Sénégal. Tarn. Ponty (Mmc). Barrau de Muratel (de). Tonkin. Laéger-Navès (de). Jardel. 28 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 11 ÉTRANGER MM. MM. EUROPE Espagne. Arcos. Allemagne. Goitia y Rodriguez (de). Hagenbeck. Grèce. Hambourg (Direction du Jardin Skousès. zoologique de). Hollande. Heck. Schlumberger. Sokolowsky. Wunderlich. Bas (de). Blaauw. Buttikofer. Hubrecht. Angleterre. Kerb^rt. Ruyssenaers. Amhersl (Lady F.). Bedf'ord (Duchesse de\ Boulanger. Egerton. Jennison. Loder. Prain. Rothschild (W.). Théobald. Autriche-Hongrie. Graff (L. von). Horwatb. Reiser. Steindachner. Belgique. Bivort de la Saudée (de). Charley-Poutiau. Commission de Pisciculture au Ministère de l'Agriculture. Defrance. L'Hoëst. Monlblanc (Baron de . Pauwels. Verstraete-Delebart (Mme). Wildemann (de). Bulgarie. Ferdinand Ier (S. M.). Italie. Boromeo (Comte G.). Casati (Comte G.). Cocchi. Crivelli-Serbelloni (Comte). Grassi. Portugal. Carvalho-Monteiro (A. de). Fontoura da Costa. Praia f Marquis de Monfort). Russie. Falz-Fein. Mamonloff (Mmc). Potocki (Comte J.). Zograf (de). Suède. IVordiska Museets Bibliotek. Suisse. Aiibfrjonois. Bugnion. ASIE Indes- Anglaises. Gage. Syrie. Morel (H.) HKi'AH'rrnoN géographique des membres 1\) MM. AFRIQUE États-Unis. Erythrée. Baldrati. AMÉRIQUE Howard. Sargent. Guatemala. Rodrigue/. Argentine. Lignières. Onelli. Brésil. Mexique. Balme. Uruguay . Rrazil (Dr Vital). Bûcher. Misson. Buxareo Oribe. Venezuela. Parana (Baron de). Raymond. MM. CHRONIQUE OKNITHOLOGIQUE D'ARGENTON-SUR-CItEUSE POUK 1911, Par R. ROLLINAT « 17 décembre 1910. — Il fait « un temps de Canard »; mais ce dicton n'est pas toujours vrai. Ce serait une erreur de croire que les Palmipèdes sont heureux pendant celte longue période d'inondations générales ; ces Oiseaux aiment à fouiller dans la vase, ou ils recueillent un tas de choses; et de la vase, il n'y en a pas, puisque partout, rivières, ruisseaux, étangs et mares sorient de leurs limites. Quelques Sarcelles, qui fréquentent les bords de la Creuse, entre Arg-mton et le village du Vivier, semblent absolument malheureuses. En décembre 1910, j'ai vu d'énormes bandes de Pigeons ramiers, aux environs d'Argenton. Il est resté beaucoup d'Alouettes dans le pays. La neige étant tombée le 7 janvier 1911, elles se font prendre par cen- taines aux saunées, dans la soirée, chez un seul revendeur je compte 73 douzaines d'Alouettes des champs et 7 de Lulus; il s'est pris peu de petits Oiseaux, et cependant il y a de fortes troupes de Pinsons ordinaires et de Pinsons d'Ardennes autour de la ville. Pendant les quatre ou cinq jours qui suivi- rent, il s'est pris environ 300 douzaines d'Alouettes; presque toutes les bandes que je vois passer se dirigent vers l'ouest. Mais le froid persistant, les petits Oiseaux se font prendre et de nombreux Pinsons s'accrochent aux lacets, ainsi que quelques Ornants, Verdiers et Linottes. 21 janvier. — Il se tue beaucoup de Bécasses; malgré le froid et la terre durcie, elles sont grasses et bien en chair. 22 janvier. — Dans la soirée, une petite troupe d'Oies sau- vages passe au-dessusd'Argenton. 20 février. — Par beau temps et vent léger du nord-ouest, plusieurs bandes de Vanneaux huppés passent, allant vers le nord. 21 février. — En Hrenne, et aussi entre Argenton et Chà- teauroux. les champs, en certains endroits, sont couverts d'Alouettes. Du 21 au 28 février, un revendeur a rapporté envi- ron 1.200 douzaines d'Alouettes capturées au Fay, à l'aide du piquet à lacet. CHUONIQUE ORNITHOLOGIQUE M Le 3 mare, à 8 h. 3/4 du matin, environ 50 Grues passent au-dessus d'Argenton, lilanlvers le nord. 3 mars. — Alouettes des champs : passage très abonda n! ; des centaines de douzaines sont prises au Fay, a Bonnilly et en maints endroits autour d'Argenton. Pigeon ramier : beaucoup de Ramiers passent en ce moment ; on en tue énormément. Vanneau huppé : il passe des bandes de Vanneaux, mais les troupes sont moins nombreuses qu'autrefois. Corbeau freux : Les Freux sont partis depuis quelques jours: cette année, il y en avait d'immenses bandes qui ont commis des dégâts énormes dans les blés, qui ont été difficiles à semer à cause de l'humidité de l'automne. Du côté des Jolivels, des champs de blé ont été complètement ravagés; les cultivateurs se plaignent beaucoup de cette espèce, à laquelle sh mêlent, pendant la mauvaise saison, de très nombreuses Corneilles noires et parfois quelques Corneilles mantelées. 5 mars. — Plusieurs bandes de Vanneaux, allant vers le nord. 12 mars. — A 6 heures 3/4 du matin, une bande de 60 à 70 Grues passe sur, Argenton, en ordre de route, allant vers le nord, par beau temps et vent léger du sud-sud-est. 17 mars. — A midi 3/4, une assez forte bande de Grues est à tourner au-dessus de la ville, à une grande hauteur; après quelques minutes, les Grues se remettent en ordre de route, tout en filant vers le nord, par vent sud-sud-ouest. Au même moment, passe une assez forte bande de Vanneaux; des Alouettes passent aussi. 19 mars. — A 8 heures du soir, par vent du sud-ouest, des Grues crient en tournant au-dessus d'Argen ton. Dans la journée, des Alouettes passaient, volant haut. 24 mars. — Deux Hirondelles de cheminée arrivent à Argenton. 26 mars. — Les Alouettes passent encore, par fortes bandes. 8 avril. — Quelques Hirondelles de cheminée sont à Argen- ton; dans la journée, j'en rencontre quelques-unes à Gar- gilesse. 8 avril. — Huppe vulgaire. Vu un sujet près d'Argenton. 10 avril. — Un Merle à plastron est tué à Lavernier, près Argenton. 32 bulletin de la société nationale d'acclimatation 13 avril. — Quelques Hirondelles de rivage arrivent à une sablière, près Argenton. Les Martinets arrivent le 24 avril; dans la soirée, plus de 20 évoluent au-dessus de mon jardin. Ils partent le 4 août. 24 août. — On m'apporte un Scops, Petit-Duc, qui s'est brisé une aile en se heurtant aux fils du télégraphe et est tombé sur la voie du chemin de fer, près d'Argenton; c'est une femelle adulte, qui meurt quelques jours plus tard. 20 septembre. — Les Hirondelles de fenêtre et de cheminée commencent à se réunir. 3 octobre. — J'observe encore l'Hirondelle de fenêtre, l'Hiron- delle de cheminée, mais, depuis quelques jours, je ne vois plus l'Hirondelle de rivage. 9 octobre. — Les Alouettes passent, ainsi que les Pigeons ramiers; le 8, des Grues s'abattent dans la plaine des Jolivets et partent dès le matin. 10 octobre. — Par temps couvert et vent d'est-nord-est léger, des Grues passent près d'Argenton, vers 10 h. 1/2 du matin, se dirigeant vers le sud, en ordre de route; le lendemain, vers 7 h. 1/2 du matin, deux assez fortes bandes passent, et une autre, moins nombreuse, à 3 heures du soir. 15 octobre. — Les Pipits des près, les Alouettes, les Van- neaux et les Etourneaux passent. Il y a beaucoup d'Alouettes dans les champs, mais les matinées, peu ensoleillées, ne sont pas favorables, cette année, à la chasse au miroir. Le 15 octobre, vu pour la dernière fois des Hirondelles de cheminée. 17 octobre. — Quatre Grues passent très bas près d'Argenton, à 6 heures du matin; à midi 1/2, une bande de 50 à 55 passe au-dessus de ma maison, par vent léger du sud et 21 degrés centigrades au-dessus de zéro. 27 octobre. — Les Freux arrivent. En 1911, très peu d'Oiseaux de proie, les Campagnols, en grande partie détruits par les pluies de 1909 et 1910, étant encore rares. Le Héront : A. Mahetiieux. Paris. — L. Mahethei v, imprimeur, 1, rue Cassette. L'ÉLEVAGE DE TORTUES COMESTIBLES AU JAPON Par RAVERET -WATTEL La place qu'occupent dans l'alimentation, en Angleterre, la Tortue franche (Testudo viridis), aux Etats-Unis la « Diamond back » ou Tortue dos de diamant (Malacoclemmys palustris Cope) est tenue au Japon par une espèce du genre Trionyx (Trionyx japonicus Schlegel), Tortue désignée dans le pays sous le nom de « Suppon », et, tandis que les gourmets anglais et américains peuvent craindre de voir, par suite d'une chasse trop active, disparaître, dans un avenir assez prochain, les deux Chéloniens dont ils prisent si fort la chair, les Japonais n'ont aucune préoccupation de ce genre à avoir, la Tortue Sup- pon étant, dans l'Empire du Soleil Levant, l'objet d'un élevage pratiqué aujourd'hui sur une échelle importante. Une note présentée au Congrès des Arts et des Sciences de Saint-Louis (Louisiane) par M. Mitsukuri, professeur de Zoolo- gie à l'Université impériale de Tokio, nous fournit d'intéres- sants détails sur l'élevage dont il s'agit. - La création de cette industrie est due à M. Hattori, de Fuka- gawa, faubourg de Tokio bâti sur des terrains bas, conquis sur la mer à une époque déjà ancienne et où existent de nom- breux bassins pour l'immersion des bois de construction des- tinés à la marine, ainsi qu'un certain nombre de rizières. La famille de M. Hattori, fixée depuis très longtemps dans cette- localité, s'y est constamment occupée d'agriculture en même temps que de l'élevage de divers Poissons d'eau douce (Carpes, Anguilles, Carassins et Cyprins dorés). Il y a une qua- rantaine d'années, le prix très élevé que trouvait sur les mar- chés de Tokio la Tortue Suppon, déjà très recherchée par de nombreux amateurs, inspira au père et à un oncle de M. Hattori l'idée d'entreprendre l'élevage de cette espèce dans les bassins consacrés par eux à la pisciculture. Mais diverses circonstances les empêchèrent de donner suite à ce projet, et c'est seulement en 1866 que fut inaugurée l'entreprise par des achats successifs de Tortues adultes de belle taille. Dès 1868, se trouvait ainsi constitué un petit troupeau de reproducteurs, dont l'effectif s'élevait, en 1874, à 50 sujets de choix, présentant un mélange BULL. SOC. NAT. accl. fk. 1912. — 3 34 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION convenable de maies et de femelles. L'année suivante, on ins- talla les animaux dans un petit étang d'une superficie de 36 tsubos (le tsubo est de 6 pieds carrés), au milieu duquel avait été ménagé un îlot pour recevoir les pontes. Mais on s'aperçut bientôt que les femelles préféraient déposer leurs œufs autour de l'étang, sur la bande de terrain comprise entre la nappe d'eau et la clôture entourant celle-ci. Le résultat de cette première campagne fut l'obtention d'un centaine de jeunes, qu'on eut malheureusement le tort de laisser avec les sujets adultes, et ceux-ci en dévorèrent plus des trois quarts. 11 fallut donc modifier l'installation, pour mettre les jeunes à l'abri de la voracité des adultes, et, peu après, fut réalisé un type de bassins d'élevage répondant parfaitement aux besoins de l'exploitation. L'établissement de M. Hattori, qui peut être pris comme modèle du genre, comprend une dizaine de viviers, alimentés par deux canaux qui empruntent l'eau d'une rivière voisine et qui sont disposés de telle sorte qu'ils permettent de remplir et de vider les bassins à volonté et très rapidement. Ces bassins, de forme rectangulaire, sont d'inégales dimensions; il en est dont la superficie atteint plusieurs milliers de tsubos; mais tous sont établis sur le même modèle. Une solide clôture en planches qui entoure chacun d'eux, présente à son sommet un rebord à angle droit, assez large pour empêcher toute évasion des animaux qui chercheraient à franchir cet obstacle; elle plonge, en outre, suffisamment dans le sol pour que les Tortues ne puissent pas non plus s'échapper en creusant en terre, et aussi afin de barrer la route aux Taupes. En dedans de la clô- ture, et tout le long de celle-ci, règne un étroit chemin, puis le terrain s'incline rapidement vers le bassin, en formant un talus d'environ imG0, au bas duquel se trouve un autre sentier qui court le long de l'eau pour permettre le service. Le bord du bassin plonge également en pente raide sous l'eau, sur une largeur d'un mètre environ, puis il est un peu inoins incliné, et la profondeur totale du bassin ne dépasse guère un mètre. Le fond est constitué par une couche de vase molle, de plusieurs pouces d épaisseur, dans laquelle les Tortues peuvent s'enfoncer facilement pour passer l'hiver. Dans une ferme a Tortues, un des bassins esttoujours réservé L'ÉLEVAGE D£ TORTUES COMESTIBLES AL JAPON 3.r) aux sujets reproducteurs. Les sujets nouvellement éclos, ainsi que ceux de première et de seconde année doivent eux aussi .Mie tenus dans des bassins séparés. Ceu\ de 3e, de 4e et de 5e année peuvent sans inconvénient être mis ensemble. Les bassins à sujets reproducteurs ne diffèrent guère des autres. Un les choisit généralement de grande dimension. Sur un de leurs quatre côtés, la pente de la rive est toujours main- tenue en bon état et aussi unie que possible; tandis que, sur les autres côtés, elle n'est pas entretenue avec le même soin, cl Ton ne s'inquiète pas des dégradations que peuvent y faire les vents et la pluie. La rive bien entretenue et parfaitement nivelée est toujours celle qui, par son orientation, se trouve la mieux exposée au soleil. A l'approche de la belle saison, on y ameublit la terre, pour que les Tortues puissent aisément y creuser des trous pour le dépôt de leurs œufs. C'est au printemps, à la surface de l'eau, qu'a lieu le rappro- chement des sexes. La ponte commence à la fin de mai et se continue jusqu'au milieu d'août. Chaque femelle effectue sa ponte en deux, trois ou quatre fois; le nombre varie suivant les individus et aussi suivant l'année. La façon dont les œufs sont déposés est très intéressante ; la Tortue sort de l'eau et circule quelque temps sur les rives du bassin, à la recherche d'un endroit à sa convenance pour effectuer sa ponte. Ayant finale- ment choisi une place, elle se tient la tète dirigée en sens inverse de la pente du sol et implante solidement dans la terre ses deux pieds de devant, qu'elle ne bouge plus pendant tout le temps de la ponte. Le dépôt des œufs, qui demande une ving- taine de minutes, comprend trois périodes à peu près d'égale durée : 1° le creusement du trou destiné à recevoir les œufs; 1° l'évacuation des œufs; 3° enfin le rebouchage du trou. C'est uniquement avec ses pattes de derrière que la femelle creuse ce trou; elle les enfonce fortement dans la terre, puis les agite latéralement et simultanément d'une façon régulière ; elle y met une telle vigueur qu'une certaine quantité de la terre qu'elle retire du trou est parfois projetée jusqu'à plus de 3 mètres de distance; toutefois, la plus grande partie de cette terre est simplement amoncelée autour du trou. L'animal poursuit son travail jusqu'à ce que toute la terre qu'il peut atteindre avec ses pattes ait été enlevée. La cavité creusée est de forme à peu près rectangulaire, mais avec les angles arrondis, et, bien qu'elle varie un peu de dimension, suivant la taille de la femelle. 36 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION elle a généralement une dizaine de centimètres de côtés etautant de profondeur. Dus que le trou est creusé, la ponte se produit et les œufs tombent d'eux-mêmes dans la cavité, au-dessus de laquelle la Tortue place soigneusement son cloaque. Les œufs sont groupés sans ordre et, comme ils n'ont pas de chalaze, le jaune peut facilement rouler; or, le blastoderme, rétant plus léger que le reste du globe vitellin, occupe toujours le point le plus élevé de la sphère, quelle que soit la position dans laquelle celle-ci se trouve placée. Les œufs ont généralement une forme sphérique; on en trouve cependant d'un peu oblongs; leur dia- mètre est, en moyenne, d'une vingtaine de millimètres; la grosseur varie avec la taille de la femelle. Le nombre des œufs varie beaucoup aussi : de 17 ou 18 jusqu'à 28 et même davan- tage; les petits sujets en donnent moins que les gros. Une fois tous les œufs pondus, la Tortue se sert de ses pattes de derrière pour reboucher le trou, en leur imprimant des mouvements latéraux et réguliers, comme quand il s'agissait de creuser la cavité. La terre amoncelée autour du trou est la première employée; puis l'animal en prend plus loin, jusqu'à la distance qu'il peut atteindre avec ses membres postérieurs, mais sans jamais déplacer ses pattes de devant, qu'il ne bouge en aucune façon. Vers la fin de l'opération, la Tortue tasse avec ses pieds la terre qu'elle vient de ramener, et. dès que le trou est bien comblé jusqu'au niveau du sol, l'animal, faisant demi-tour, s'empresse de regagner l'eau, sans même jeter un regard derrière lui. « J'ai noté, dit M. Mitsukuri, un intéressant contraste entre l'attitude des Triomjx et celle des Clemvvjs pendant la ponte. Lorsqu'on veut observer une femelle Trionyx et la voir déposer ses œufs, on est obligé de marcher sur les genoux et les mains pour venir regarder par quelque trou ménagé dans la clôture en plancbes qui entoure le bassin, et se bien garder de révéler sa présence d'une façon quelconque, car si la Tortue vient à se douter qu'on l'aperçoit, elle s'arrête immédiatement dans son travail de terrassement et regagne l'eau au plus vite. Très différentes sont les allures d'une Tortue Clemmys, qui, lorsqu'elle a commencé à pondre, ne se dérange jamais, aussi près et aussi brusquement qu'on l'approche. » L'endroit où une Tortue Trionyx a pondu se reconnaît aisé- ment : 1° aux deux empreintes laissées par les pattes anté- 1 L'ÉLEVAGE DE TORTl ES COMESTIBLES AU JAPON 'M rieures de l'animal, qui s'appuie fortement sur ces deux mem- bres pendant toute la durée de la ponte; 2° à l'espace de terre remuée en arrière des dites empreintes. « J'ai observe, dit M. Mitsukuri, un fait qui me paraît mé- riter d'être signalé. Quand une jeune femelle effectue sa pre- mière ponte, elle se montre très maladroite : le trou qu'elle creuse est mal fait et, après la ponte, elle le laisse incomplète- ment rebouché. Les vieilles femelles, au contraire, sont très soigneuses dans leur travail; de sorte que quand on voit un nid, on peut, au premier coup d'œil, reconnaître, à l'adresse plus ou moins grande avec laquelle il a été fait, quel était l'âge de la Tortue qui Ta établi, de même qu'il est facile de juger de la taille de l'animal, d'après l'écartement qui existe entre les deux empreintes laissées par les pattes de devant et l'endroit où les œufs ont été déposés. Il est certain que si, dans l'établissement de son nid, l'animal est surtout guidé par l'instinct, il acquiert, par l'expérience, une adresse plus grande pour l'exécution de ce travail. » Dans la ferme à Tortues de M. Hattori, un homme parcourt au moins une fois par jour les rives du bassin habité par les sujets reproducteurs et recouvre d'une sorte de couvercle en vannerie chaque endroit où il voit qu'une ponte nouvelle a eu lieu. Une étiquette est fixée au couvercle et indique la date de la ponte. On se tient ainsi au courant du nombre de nids exis- tants, en même temps que l'on empêche que des femelles, en s'occupant de pondre à leur tour, ne viennent déranger et peut-être détruire les œufs provenant des pontes déjà effec- tuées. . En moyenne, l'incubation des œufs demande soixante jours; mais sa durée varie beaucoup suivant que l'été est plus ou moins chaud et sec; c'est ainsi qu'on voit parfois l'éclosion survenir au bout d'une quarantaine de jours, tandis que, d'autres fois, elle n'a lieu qu'au bout de quatre-vingts jours et même davantage. A l'époque où se produisent les dernières pontes, c'est-à-dire vers le milieu d'août, les œufs qui ont été pondus dès le mois de mai ou de juin sont déjà prêts d'éclore, et si les jeunes qui en proviennent se rendaient dans le bassin des sujets adultes, ils seraient immédiatement dévorés par ceux-ci. On a donc dû prendre des dispositions pour parer à ce danger. A l'aide de longues planches, d'environ 20 centi- 38 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION mètres de large, qui sont placées de champ et bout à bout le long des rives du bassin, à moins d'un mètre du bord, on a constitué une sorte de barrière absolument infranchissable pour les petites Tortues nouvellement nées. Celles-ci, qui, aussitôt écloses et sorties de terre, cherchent à gagner l'eau, descendent la pente du talus sur lequel les pontes ont eu lieu; rencontrant la barrière en planches elles longent cet obstacle pour trouver un passage. Or. on a eu le soin de placer de distance en distance, préci- sément sur le chemin qu'elles se trouvent suivre, de grandes terrines pleines d'eau qui' sont enterrées dans le sol, de telle façon que les petites Tortues, en circulant le long de la bar- rière, tombent dans ces minuscules réservoirs. C'est là qu'un employé de l'établissement va, une ou deux fois par jour, les recueillir pour les mettre dans le bassin consacré à leur éle- vage. La première nourriture qui leur est donnée consiste en poisson de mer haché (poisson qui est généralement un Clu- péide voisin de la Sardine), et les distributions faites ont lieu jusqu'à la fin de septembre. En octobre, les Trionyx cessent de s'alimenter et ne tardent pas à se cacher dans la vase du fond de leur bassin pour y passer l'hiver. On ne les revoit plus quen avril ou mai. Les jeunes sujets sont dits « de première année » jusqu'à ce qu'ils sortent de leur premier sommeil hivernal, moment à partir duquel on les dit « de seconde année ». Les uns et les autres reçoivent d'abord la même nourriture; mais, peu à peu, à mesure qu'ils grandissent, on leur donne à peu près toutes sortes de viandes, ainsi que des Mollusques bivalves écrasés. De la troisième à la cinquième année inclusivement, ces Tortues n'ont pas besoin d'être par- quées dans des bassins différents; on les tient généralement mêlées ensemble. Ce sont les sujets les meilleurs, les plus délicats pour la consommation, et ce sont eux surtout qui vont figurer sur les marchés. Pendant leur sixième année, les Tor- tues arrivent à l'âge adulte et commencent à donner des œufs; mais elles n'atteignent toutefois leur pleine vigueur que deux ou trois ans plus tard. On ne sait pas bien encore quelle peut être la durée de l'existence de ces animaux. Ceux dont la cara- pace atteint une trentaine de centimètres de longueur doivent être assez âgés, si l'on en juge par les chiffres du tableau ci-après : I .ELEVAGE DE TORTUES COMESTIBLES AU ,l.\l'(i\ 39 LONGUEUR i IRGETJR porns moyenne moyenne ëta \ ni-: de l;i CHrapaco de la carapace l'anima] en en en centime très. centimètres. grammes. Sujets vouant d'éclore . 2.7 2 . 5 S i.5 4 2 23 Sujets de deux ans . . 10.5 3.8 169 Sujets de trois ans. . . 12.5 tû.5 300 Sujets de quatre ans. . 16.0 13.5 563 Sujets de cinq ans. . . 17.5 15.1 750 Une des questions les plus délicates de l'élevage des Tortues est celle de la nourriture. Le bénéfice réalisé dépend surtout de la possibilité de se procurer des aliments sains, à bas prix et en quantité suffisante. Dans la ferme de M. Hattori, on nourrit les Tortues surtout avec de la chair du Mollusque désigné dans le pays sous le nom de « Shiofuki » (Mactravene- riformis Deshayes), qui se récolte en quantités énormes dans la baie de Tokio. Les coquilles sont écrasées à l'aide d'une meule en pierre que Ton roule sur les Mollusques. D'autres nourritures sont aussi données : déchets de poissons secs, chrysalides de vers à soie, blé bouilli, etc. L'expérience a montré que, contrairement à ce que l'on aurait pu croire, il est avantageux de ne pas mettre les Tor- tues seules dans les bassins. Ces animaux se développent beau- coup mieux quand on met avec eux certains Poissons tels que des Carpes et des Anguilles qui, fouillant presque constam- ment la vase du fond des viviers, rendent l'eau trouble, ce qui est indispensable pour que les Tortues se trouvent dans le milieu qui leur convient. Dans une eau claire et transparente, elles ne se croient pas en sûreté, n'osent pas manger et, par suite, ne grossissent que très lentement. L'industrie de l'élevage des Tortues a rapidement prospéré. « Quand, il y a une vingtaine d'années, dit M. Mitsukuri, se fonda cette industrie, ce n'était qu'une petite exploitation ne comptant que quelques bassins, dans lesquels on ne récoltait guère annuellement qu'un millier d'oeufs. 40 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Aujourd'hui, M. Hattori possède trois établissements, savoir : 1° la première ferme de Fukagawa,-à ïokio,qui occupe 7 acres de terrain (environ 3 hect. 1/2); 2° la grande ferme de Misaka. près Iïamamatsu (province de Totomi), qui couvre plus de 12 hect. 1/2; 3° la seconde ferme de Fukagawa, d'une superficie d'un hectare environ. Ces trois établissements peuvent, à eux seuls, recueillir plus de 4.000 pontes, ce qui représente environ 80.000 œufs, chaque nid contenant au moins 20 œufs, en moyenne. Ces 80.000 œufs peuvent donner 70.000 Tortues, et, en admettant une perte de, 10 p. 100 pendant les trois années d'élevage, c'est environ 60.000 sujets qui sont livrés à la con- sommation au bout de ces trois années. Les Tortues vendues annuellement sur les marchés de Tokio, d'Osaka et de Nagaya représentant un poids total de 2.000 kwans (soit à peu près 8.500 kilos), vendus au taux de 6 à 7 yens le kwan (soit de 4 à 5 francs le kilogramme environ). Il existe d'autres fermes à Tortues moins importantes que celles de M. Hattori; mais elles sont toutes établies sur le même plan, et ne méritent pas, par conséquent, une des- cription spéciale. LE THRIPS VULGAIRE Par L. CLÉMENT Je reçus, il y a quelques mois, des boutons de Roses altaqués par des Insectes qui en avaient arrêté le développement, pro- voqué le brunissement, et qui, cette année, causèrent de grands dégâts dans la roseraie de M. Déjardin, au Parc-aux-Dames, près Crépy-en-Valois (Oise). C'est vers le milieu de juillet que ces dégâts furent constatés par notre collègue, qui les attribua d'abord â un Ilémiptère qui se trouvait à ce moment en assez grand nombre sur les Rosiers, et que le secrétaire de notre IVe Section, le Dr Royer, reconnut être le Lijgus pra- (ensis L. de la famille des Capsides, puis à une Altise, analogue à celle qui ronge les Crucifères, connue dans la région sous le nom de pucelte. Mais en effeuillant ces boutons de roses avortés, je trouvais à leur intérieur, en assez grand nombre, un petit Insecte noir, le Thrips vulgatissima Holiday, que je considère comme le véritable auteur des dégâts. Les Thrips sont des Insectes dont la taille ne dépasse guère 2 millimètres. Ils furent autrefois rattachés à l'ordre des Hémip- tères hétéroptères et à celui des Orthoptères; M. Ed. Perrier en fait le sous-ordre Physopoda de l'ordre des Pseudo-Nevroptern . Leurs ailes sont étroites, frangées et placées à plat sur l'abdo- men pendant le repos; leurs tarses sont formés de deux articles et se terminant par des disques vésiculeux ; la femelle a une tarière qui lui sert à piquer les plantes pour y déposer ses œufs. Les Thrips vivent dans les fleurs et sous les feuilles dont ils rongent la partie superficielle, y occasionnant des taches; ils courent vite, volent rapidement, et relèvent l'abdomen à la manière des Staphylins. Le Thrips vulgatissima a le corps et les ailes noires avec les pattes blanches, sa larve est blanchâtre; on le trouve commu- nément sur les fleurs de jardins, surtout sur celles des Pom- miers, Poiriers et Cerisiers; rien d'étonnant par conséquent qu'il se soit abondamment multiplié dans la roseraie de M. Déjardin, où il s'est attaqué de préférence aux variétés Charles Debreuil, capitaine Christy, Caroline Testout. Ces Insectes disparurent vers le 20 août, à la suite de bassi- 'ri BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION nages répétés d'émulsion de pétrole et d'eau de savon addi- tionnée de soufre et de carbonate de soude, que j'avais conseillés : peut-être aussi sous l'influence de l'extrême chaleur, comme cela s'est produit cette année pour d'autres Insectes. Quant aux Capsus qui furent d'abord incriminés, il est pro- bable qu'ils n'étaient là que pour se nourrir des Thrips; et pour ce qui est des Altises, les dégâts existaient depuis longtemps quand leur présence fut constatée, et l'aspect des boutons de roses attaqués montre bien qu'elles n'étaient pas l'auteur de ces dégâts, qui certainement doivent être imputés aux Thrips. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Ire SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1911 Présidence de M. Magaud d'Aubusson, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. L'un de nos collègues demande si « une Hase peut porter simultanément des fœtus provenant de fécondations espacées de plusieurs semaines? » L'opinion des membres présents est que le fait est possible, mais qu'il est fort rare. Cette double fécondation a été signalée chez la Jument. M. Debreuil signale une initiative intéressante de l'Académie des sciences de Belgique qui vient d'émettre un vœu tendant à la création de réserves nationales au plateau de la Baraque- Michel en Ardennes, afin d'y conserver l'aspect caractéris- tique des Hautes Faques, ainsi que la flore et la faune glaciaires menacées d'une destruction prochaine. Notre collègue M. Roger nous écrit de Nandy (Seine-et- Marnei : « J'ai eu bien des déceptions dans mes élevages, mais je n'en reste pas moins persuadé que nous pourrions accli- mater en France un grand nombre d'Oiseaux et de Mammi- fères qui nous donneraient d'importants bénéfices par leurs plumes ou leur fourrure. C'est afin de poursuivre mon idée que j'ai acheté, au commencement du printemps 1911, trois couples d'Opossum (Phalangiste vulpina). Ces jolis Marsupiaux, dont la fourrure est très à la mode en ce moment, furent placés dans trois parquets différents; un de ces parquets ayant du grillage en mauvais état, une des femelles s'échappa. « Mes recherches pour la retrouver furent vaines, et je croyais que depuis longtemps elle était morte, quand, à mon grand étonnement, j'appris qu'elle venait d'être tuée chez W BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION l'instituteur du village. Nous étions au 28 octobre, et la bête s'était échappée dans les premiers jours de juin. « L'instituteur me raconta que, depuis quelque temps, plu- sieurs objets avaient disparu de sa chambre : « Il y a trois « jours, me dit-il, il me fut impossible de retrouver mon « savon et mon blaireau à barbe ; enfin, la nuit dernière, nous « avons été réveillés, ma femme et moi, par un bruit insolite « semblant provenir de dessous le lit. J'allumai une lanterne « et j'aperçus un animal que je pris pour un Putois, en train « de ronger une bougie. J'essayai de l'attraper, mais il était « fort agile, et ma femme, très effrayée et craignant d'être « mordue, me conseilla de le tuer. « C'est ce que je fis au moyen d'une carabine Flobert ; je vis « alors que ce n'était pas un Putois, et c'est ce qui m'a fait « vous l'apporter. » « C'était mon Opossum et en' superbe état, très gras, avec une fourrure beaucoup plus belle que lorsqu'il s'était échappé. « Après l'avoir dépouillé avec soin, je le fis mettre à la broche, et, avec quatre amis, nous nous régalâmes de sa chair, à laquelle, malgré la légende, nous n'avons trouvé aucun goût de camphre. « Je ne sais comment l'Opossum était parvenu dans la chambre à coucher de l'instituteur, située au premier étage de la maison d'école, ni combien de temps il y était resté, mais ce qui est certain, c'est qu'il avait vécu en pleine liberté pendant près de cinq mois, trouvant très largement sa nourriture et se portant remarquablement bien. CetOpossum, en allant à l'école, m'a appris que ce n'est pas seulement aux enfants qu'il con- viendrait d'enseigner l'Histoire naturelle ; il m'a montré aussi que son alimentation est facile, et plus que jamais je suis décidé à faire l'élevage de cet intéressant animal. Je ne puis que conseiller à mes collègues de suivre mon exemple. L'un d'entre eux. mieux placé ou plus habile, arrivera certainement en peu de temps à constituer un troupeau, et une ferme d'Opossum sera bientôt créée en France pour le plus grand avantage de l'éleveur et des amateurs de belles fourrures. » M. le professeur Moussu fait une intéressante conférence sur la distomatose. Il fait part de ses observations sur les lésions très étendues que les Douves peuvent déterminer dans l'orga- nisme quand elles sont très nombreuses. Il expose le résultat EXTRAITS DES PROCES-VERBAL'X DES SÉANCES DES SECTIONS \'-\ de ses recherches sur le traitement de la maladie et montre que l'affection cède facilement à l'administration d'extrait éthéré de Fougère mâle. Tous les traitements essayés jusqu'ici étaient restés absolument inactifs. Cette conférence sera insérée in extenso au Bulletin. Le Secrétaire, Max Kollmann. (Sous-section d'Etudes caprines) SÉANCE DU 26 MAI 1911 Présidence de M. le comte d'Orfeuille, président. Le Secrétaire lit le procès-verbal de la séance du 21 avril, dont les termes sont adoptés sans observation. M. Schaeffler fait à la Section cette étrange communication : « Je porte à votre connaissance un fait tout à fait extraordi- naire. « Une Chèvre appartenant à mon fils a été conduite à un des Boucs nubiens de M. Crepin le 15 novembre 1909 et n'a mis bas que le 23 juillet 1910, soit après une gestation de huit mois et huit jours au lieu de cinq mois que portent les Chèvres. « En 1909, au printemps, cette bête avait fait sa première portée qui fut terminée par un avortement survenu quelques jours avant le terme. Le 15 novembre suivant, elle fut couverte par le Bouc nubien dont il a été parlé ; mais environ deux mois après, comme elle paraissait de nouveau en chaleur et le Bouc nubien étant mort, elle fut conduite à un Bouc ordinaire du pays dont elle ne voulut pas se laisser approcher. Devant l'at- titude de cette Chèvre, son maître crut s'être trompé sur la nature de l'agitation que cette bête avait montrée et la consi- déra pleine du Bouc nubien, surtout que les apparences de grossesse existait alors nettement. Comme dès lors elle devait mettre bas le 17 avril, on l'entoura de soins et de précautions pour éviter un avortement dans les conditions de celui survenu l'année précédente. '(<) Bl'LLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATIuN « Mais le terme arriva, passa même de beaucoup, et toujours rien de nouveau. C'était à n'y rien comprendre, car la bêle était grosse, avec un pis gonflé : elle se portait du reste parfai- tement bien. Enfin, après avril, mai et juin passés, le proprié taire de l'animal se mit à traire celui-ci. Il n'obtint d'abord que peu de lait, malgré la congestion de la mamelle, mais le lait ne tarda pas à augmenter, et il en était à deux bons litres lorsque, le 23 juillet, c'est-à-dire quatre-vingt-dix-sept jours après le terme attendu, elle mit bas une superbe Chevrette, très vive et alerte. « Bique et biquette se portent très bien et la Chèvre est restée grosse; elle semble encore pleine et devoir continuer à faire des petits, si bien que son maître dit que c'est peut-être une Chèvre à répétitionl « Et n'allez pas croire qu'elle peut avoir été approchée d'un autre Bouc dans l'intervalle : son maître déclare que c'est impossible puisque la bête n'est plus jamais sortie de l'écurie que conduite par lui-même afin de la surveiller pour prévenir toute cause d'avortement. » M. Crepin proteste contre toute tendance à admettre les faits tels que M. Schaeffler prétend les établir. Il n'est pas douteux, dit-il, que la Chèvre était bel et bien en chaleur lorsqu'elle a été conduite au Bouc commun, et ce n'est pas environ deux mois après la première saillie, mais bien vers le 20 février, c'est-à-dire trois mois après. Que la Chèvre ait fait quelque dif- ficulté et que le maître de l'animal n'ait pas remarqué la réali- sation intégrale de la monte, elle ne s'est pas moins accomplie d'une façon fructueuse puisque cinq mois après, c'est-à-dire le 23 juillet, la Chèvre mettait bas une Chevrette à terme et bien conditionnée. Voilà comment les choses se sont certai- nement passées, et il n'y a là rien de merveilleux. M. Schaeffler de répliquer qu'il le regrette, car il aurait été content de posséder un phénomène ! Cependant, il n'en subsiste pas moins ce fait curieux que la Chèvre en question a pu être traite et fournir un excellent lait pendant tout le mois qui a précédé la parlurition et cela sans que la bêle ni son petit en aient souffert le moins du monde. M. Caucurte devait prendre la parole pour traiter la question de l'allaitement de l'enfant par la Chèvre, mais il s'excuse de n'avoir pas pu faire par lui-même quelques expériences devant EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Al compléter sa documentation sur ce sujet. Une épizootie sur- venue dans sa cliùvrerie a fait obstacle à son projet et l'oblige à différer sa conférence. Le Secrétaire, J. Chepin. II9 SECTION. — ORNITHOLOGIE-AVICULTURE SÉANCE DU 0 NOVEMBRE 1911 Présidence de M. Magaud d'Aubusson, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Sa lecture donne à M. Chappellier l'occasion de rappeler que M. le Dr Louis Bureau dit avoir vu cette année très peu de Perdrix rouges. M. le comte d'Orfeuille, revenant sur ce qui a été inséré a propos de la conservation des œufs, signale un produit nommé Ovisola et il ajoute qu'il a vu à la fin de juillet des œufs placés dans cette préparation au mois de mars et qui présentaient les mêmes caractères de fraîcheur que s'ils avaient été pondus la veille. Il serait intéressant d'en connaître la composition. Il y a un mélange de deux poudres et il se demande si l'une ne serait pas du silicate dépotasse ou de soude, destiné à changer en silicate de chaux le carbonate de chaux de la coquille. M. Magaud d'Aubusson ajoute qu'on a fait de nombreux essais sur la conservation des œufs, et ce qui jusqu'à présent avait le mieux réussi était l'huile de lin cuite. Il faut se rappeler aussi que les œufs clairs gardent mieux leur fraîcheur que les œufs fécondés. M. le Président dépose : 1° Le mémoire de M. le D' Louis Bureau, sur « l'âge des Perdrix ». Il ne peut, dit-il, s'étendre longuement sur ce remar- quable travail; il en a dit tout le bien qu'il en pense dans la note parue dans notre Bulletin du 15 août 1911 ; 2.° Une étude du même auteur intitulée: « Le Muséum d'His- toire naturelle de Nantes et la Société des Sciences naturelles de l'ouest de la France ». 48 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Nous regrettons de ne pouvoir analyser, dans ce trop court procès-verbal, ce mémoire extrait, des Comptes rendus du Congrès des sociétés savantes en 1909; qu'il nous soit permis toutefois d'exprimer un vœu, celui de voir paraître des mono- graphies semblables sur tous nos Muséums de province. Quand on a parcouru la notice due à la plume de M. le Dr Bureau, on est pris du désir de visiter celui de Nantes. C'est ainsi que l'ornithologiste se trouverait devant une collection l'intéressant spécialement et dont le relevé donne des chiffres véritablement étonnants. La collection régionale compte :>.!>82 Oiseaux et 128 espèces d'œufs, dont 8o avec les nids. Chaque Oiseau a, inscrit sous le pied qui le supporte, l'indica- tion du sexe, l'âge approximatif, la date de la capture, etc., de sorte qu'aucun traité d'ornithologie française ne pourrait être rédigé actuellement sans une étude détaillée du Muséum de Nantes. Mais ce n'est là qu'une faune locale. Si nous passons à la collection générale, nous y trouvons 6.000 Oiseaux; ce qui fait, avec les précédents, 8.982 Oiseaux. Ajoutez à cela plus de 600 espèces d'œufs. Notre collègue, M. le prince Ernest d'Arenberg, nous fait hommage d'un charmant petit volume intitulé : Les Oiseaux nuisibles de France. Ce livre appelé à rendre de véritables ser- vices est accompagné de planches coloriées et traite des Rapa- ces; espérons que nous verrons bientôt paraître la suite, c'est- à-dire ce qui concerne les autres ordres de la classe des Oiseaux. Enfin notre Président, toujours infatigable, dépose sa « Liste raisonnée des Echassiers et des Palmipèdes observés dans la baie de Somme et sur les Côtes de Picardie ». Ce précieux catalogue contient 83 numéros, avec une foule d'indications sur l'habitat et les époques d'apparition. M. Germain cite un second fait concernant une Corneille et tendant à démontrer la thèse qu'il a déjà exposée, à savoir la réflexion dans les actes des Oiseaux. M. Germain annonce aussi qu'à Brantôme on a observé, le iil mars, le passage d'un grand nombre de Martinets. Dans une autre lettre, il nous dit que les Hirondelles de cheminée n'ont quitté cette ville que le 5 octobre ; il ne parle pas de celles de fenêtre, qui, du reste, peu nombreuses cette année, avaient EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 19 disparu depuis longtemps. Les Hirondelles de chemimV s'étaient au contraire attardées, malgré le Froid avec inlermil- lences de pluies. Notre collègue en a vu deux mortes de froid ; elles étaient, du reste, d'une maigreur extrême, la nourriture leur ayant sans doute manqué depuis plusieurs jours. Une dizaine de ces Oiseaux ont été trouvés morts dans la même localité, ce qui indiquerait un grand nombre de décès dans la région. M. Loyer dit qu'à Bièvres un certain nombre de ces Oiseaux ont également péri, et M. d'Orfeuille cite le fait d'une bande de 200 Hirondelles environ qui, dans la Sarthe, un soir de cel automne, s'étaient réfugiées dans une écurie; le lendemain matin, il n'en restait que la moitié, les autres avaient succombé. De son côté M. Déjardin a vu dans sa propriété du Parc-aux- Dames, près de Crépy-en-Valois, un grand nombre d'Hiron- delles rustiques, le 12 octobre; ces Oiseaux semblaient fatigués et volaient sur son étang. Une dizaine d'Hirondelles entrèrent même par la fenêtre entr'ouverte de la salle à manger cbauffée par un calorifère; elles voletaient dans la pièce, se posaient sur les rideaux et les meubles et ne voulaient pas s'en aller. Plu- sieurs furent trouvées mortes près de l'étang. M. Germain signale un passage de Grues, qui a eu lieu à Brantôme, le 11 octobre, vers o heures et demie du soir. Ces Oiseaux étaient au nombre de soixante-quatorze, la bande for- mait un angle aigu dont la bissectrice était à peu près dans la direction nord-sud. Les côtés très inégaux étaient composés, le gauche de quatorze sujets et le droit de soixante, en comptant l'Oiseau de pointe. La bande volait à une centaine de mètres de hauteur; le temps était absolument calme. 11 s'agit là d'un passage analogue à ceux signalés de Périgueux par M. Germain les années précédentes et dans la même saison. Comme cette ville est située à quelques kilomètres au sud de Brantôme, les Grues ont dû y passer vers la fin du jour. Dans celte seconde lettre, notre correspondant rectifie une erreur de la première. Les Hirondelles n'avaient en effet pas quitté Brantôme le 5 octobre; il est probable que, sous l'in- fluence du froid, elles étaient restées inactives, mais, la tempé- rature s'étant fortement élevée le surlendemain, les Oiseaux ont reparu en grand nombre pour disparaître à partir du 15. BULL. SOC. NÀT. ACCL. FR. 1912. — 4 50 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Louis Ternier nous écrit que, le lel juin, il a vu en baie de Seine une troupe de dix Cygnes, qui se tenaient en mer; c'étaient des jeunes. Un grand navire à vapeur leur a fait pren- dre le vol. Ils sont venus passer sur le marais de Pennedepie, entre Ronfleur et Villerville, ont fait deux fois le tour du marais, puis ont repris la mer où ils se sont posés. La mer baissait, ils ont essayé de gagner la plage à la nage, mais deux étrangers, venus pour se baigner, leur ont fait reprendre le large. Ils se sont laissés entraîner par le courant vers la haute mer, puis le soir ils sont passés devant Hontleur et ont gagné les bancs de Saint-Sauveur; le lendemain, ils avaient disparu. M. Valois fait observer qu'il faut se méfier quand il s'agit de Cygnes. Il y a un peu plus d'un an, deux de ces animaux furent tués dans la région de Trouville, et plus d'une fois il s'est agi de Cygnes domestiques, qui s'échappent pour suivre leurs congénères sauvages. M. Magaud d'Aubusson pense qu'avant de se prononcer à coup sûr, il faudrait tuer ces animaux ; on verrait alors si on est en présence d'un Cygnus férus ou d'un Oiseau domestique. M. Dulignier, qui remercie de sa nomination de membre de la Société, profite de l'occasion pour donner quelques détails sur ses Oiseaux en liberté. Parmi ses Canards, seul le vieux couple de Siffleurs du Chili a donné des œufs ; il est vrai que les jeunes avaient été enfermés dans un petit parc avec un cou- ple de Cols-verts. En avril, la femelle du premier couple donna neuf œufs, qui furent confiés à une Poule ; un seul était clair, un jeune étouffa au milieu de l'incubation et six petits nais- saient le 18 mai. Dès le 16, la Cane avait déjà donné dix nou- veaux œufs ; comme les autres, ils furent placés sous une Poule ; elle en brisa un, un petit mourut et les huit jeunes naissaient le 10 juin. Pour la troisième fois, la Cane, au mois de juin, donna neuf œufs qui mal heureusement furent dévorés par un ( irai. Pas un seul des petits n'est mort et leur élevage a été des plus faciles. La croissance a été tellement rapide qu'à la date du 8 juillet les Canetons nés le 18 mai étaient aussi gros que les parents. Les Faisans de M. Dulignier ont passé l'hiver en liberté com- plète. Une Kaisane argentée a couvé, le .'5 avril, sous un Sapin ; le lendemain, une épaisse couche de neige l'enterrait à moitié et le 5 il y avait — 7°. Malgré cela, elle ne quitta pas le nid et EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DE9 SÉANCES DES SECTIONS •"> I couva assidûment ses 12 œufs fécondés. Deux jours avant lï-rlosion, sous l'influence d'un beau soleil, la mère transpor- tail les irufs et le nid à deux mètres du Sapin, dans un pré. Malheureusement une pluie diluvienne et glacée survenait le lendemain ; nouveau transport des œufs dans l'herbe mouillée, près de leur place primitive. Ce voyage dans l'eau froide leur fui fatal, tous les petits périrent dans l'œuf, sauf un qui mou- rut le lendemain. Une jeune Faisane dorée, née en 1910, lâchée en septembre, n'avait jamais suivi le mâle de 1909 et ne quittai pas le couple d'argentés. Au commencement d'avril, le doré était tué par l'argenté, et le Ie'' mai la Faisane dorée couvait six œufs sous un Sapin ; six jeunes naissaient le 25, ils se sont élevés en liberté complète. Trop tard pour pouvoir en espérer la reproduction cette année, M. Dulignier a lâché un couple de Poules Sultanes, qu'on lui a dit provenir de la côte occidentale d'Afrique. En mars, à leur arrivée, elles paraissaient très frileuses et il y a lieu de se demander si elles passeront l'hiver. Des deux qui avaient été lâchées en 1910, l'une est devenue la proie d'un Chat, l'autre est restée en liberté pendant toute la mauvaise saison sur la glace et dans la neige avec les Canards et les Poules d'eau. M. Jardel envoie de Hongay (Tonkin) un mémoire intitulé : « Essais d'engraissement forcé des Oiseaux de basse-cour au Tonkin ». On se souvient de la volumineuse correspondance qui nous est parvenue sur la question de savoir si, oui ou non, le Martin- Pécheur plonge entièrement pour saisir sa proie. Aujourd'hui M. Pierre-Amédée Pichot nous adresse la note suivante : « La question de savoir si le Cormoran se sert de ses ailes sous l'eau a été l'objet d'un nombreux échange de corres- pondances dans le Fie.ld, il y a quelques années (1901). Quel- ques correspondants de ce journal ont dit avoir vu des Cormo- rans accélérer leur marche sous-aquatique au moyen de leurs ailes, mais le plus grand nombre a affirmé n'avoir jamais rien observé de semblable; et je suis de ceux-là, car j'ai souvent vu pêcher des Cormorans dans le gigantesque aquarium où le capitaine Salvin exerçait ses Oiseaux, ainsi que dans l'aqua- 02 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION rium du jardin zoologique de Londres. J'ai aussi pu suivre les plongées du Cormoran dans la claire rivière du château de Rosay, dans l'Eure, où, avec Le Couteulxde Canteleu, j'ai péché la Truite avec des Cormorans. Il semble que les personnes qui ont vu voler le Cormoran sous l'eau ont bien pu le confondre avec quelques autres Oiseaux plongeurs. » M. Magaud d'Aubusson, qui partage cette opinion, cite le Grèbe, le Pingouin torda, le Guillemot à capuchon. Le projet de récompenser les travaux d'Histoire naturelle rédigés par les élèves des écoles trouve parmi les instituteurs et les institutrices de plus en plus de sympathie, comme en témoignent les lettres reçues par la Section. M. Debreuil annonce que M. Jean Fabre, le nouveau ministre de France au Guatemala, veut bien, sur la recommandation de M. Gavarry, chercher à se procurer des Dindons ocellés, lies efforts les plus sérieux seront donc faits pour l'importation tant désirée de ce bel Oiseau. M. Debreuil a également reçu d'un correspondant habitant la république de Salvador, M. Marcadet l'assurance d'une colla- boration sérieuse. Moins loin de nous, en Portugal, on vient de fonder, près de Lisbonne, une école d'horticulture, où l'enseignement pratique est confié à deux Français, un diplômé de l'école de Versailles, l'autre de celle de Hyères. On a commandé dans l'Afrique du Sud deux couples d'Autruches domestiquées, dont le prix de revient atteindra 30,000 francs, et, de la Guinée portugaise, deux couples sont attendus. Ce mouvement si favorable aux progrès des études s'étend heureusement en Kurope, et M. Mén égaux nous rappelle que le I " aoûl dernier on inaugurait le nouveau Jardin zoologique de Munich : bientôt celui de Buda-Pesth sera le plus beau de l'Europe, et celui de Breslau, dont l'étendue va être doublée, dépassera en grandeur celui de Herlin. Il est donné lecture d'une lettre de M. Cornu, de Marseille, ayant trait à ses projets d'élevage d'Oiseaux producteurs par leurs plumes. 11 y a, dit-il, quelque chose de tentant dans cette perspective de domestiquer, pour leur prendre leur parure, ces EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DÉS SECTIONS 53 Oiseaux qui disparaissent de plus en plus de la surface du globe et que notre goût pour eux voue à une prochaine destruction. On a domestiqué les animaux de boucherie, ferons-nous moins pour nos yeux que pour notre estomac ? Depuis longtemps nos lecteurs connaissent M. E. Plocq, de LaRoche-sur-Yon, et ses observations ornithologiques. En juil- let dernier, il a fait une capture bien rare, celle d'un Guêpier et de ses six œufs. I/Oiseaua pu être conservé vivant pendant quinze jours; au bout de ce temps, son propriétaire l'a fait empailler, car il se trouvait à bout de ressources, son pensionnaire ne vou- lant que des Insectes, non n'importe lesquels, mais ceux de son choix. On pourra, sur le Guêpier, consulter notre Bulletin de 1911, page 46. M. Plocq a possédé aussi un jeune Eider, mort d'accident à l'âge de trois semaines. En ce moment il est propriétaire d'une Hirondelle, la plus apprivoisée de toutes celles qu'il a conser- vées ; il lui ouvre la porte de sa volière, elle va faire un petit tour en ville et revient d'elle-même. Devant tant de bonne volonté, notre correspondant va essayer de l'emporter à la cam- pagne et de la lâcher de plus en plus loin; M. Plocq aurait pu, dit-il, capturer, le 5 octobre, une centaine d'Hirondelles tellement elles étaient fatiguées par le temps présentant des alternatives de pluie et de gelée blanche ; il s'est contenté d'en prendre vingt et n'en a gardé que trois, dont deux de fenêtre et une de cheminée, il va essayer de leur faire passer l'hiver. Définitivement, l'année n'a pas été favorable, on le voit, à la pauvre Hirondelle, et cependant elle n'avait pas besoin de ces nouvelles tribulations, ses rangs s'étant déjà bien éclaircis depuis quelque temps, grâce aux massacres dont elle est la victime. M. Touchard nous adresse une note sur un fait qui semble bien étrange et qui s'est passé chez lui, dans le département de l'Oise. Des œufs de Caille ayant été trouvés au printemps furent mis à couver et les sept petits qui en provinrent furent placés dans une volière. Le 30 août de la même année, deux œufs furent vus dans la volière, ce qui faisait supposer que deux Cailles avaient pondu. En effet, toutes les Cailles ayant été 54 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATIo.N tuées pour être mangées, on trouva dans quatre d'entre elles des œufs prêts à être pondus. Les chasseurs rencontrent par- fois à l'arrière-saison de jeunes Cailles dans les champs et pen- sent que ce sont des Oiseaux de passage ; d'après l'observation faite par M. Touchard, ces jeunes proviendraient de parents nés la même année. Malgré l'étonnement que peut causer ce fait, M. Ménegaux croit qu'il a pu d'autant mieux se produire qu'on a vu des Poules de l'année donner des petits. Si la chose, dit-il, se produit chez la Poule, pourquoi ne se produirait-elle pas chez la Caille? M. Debreuil présente : 1° Le résumé d'une communication faite par M. R. Houwink, de Meppel (Hollande), à la quatrième conférence internationale de Génétique, et portant sur des expériences pratiquées pour obtenir des variétés fixes et durables dans les races de volailles rustiques et dans les races italiennes importées. Selon l'auteur, de telles variétés ne se présentent pas d'un seul coup dans une forme parfaite, mais peuvent être perfectionnées par sélection ; 2° Un travail de M. Philippe de Vilmorin, intitulé La Géné- tique et la quatrième conférence internationale de Génétique; 3° Un ouvrage en allemand, dû à la plume de M. 0. Heinroth, de Berlin : Contributions à la biologie, spécialement à Véthologie et à la psychologie des Anatidés; 4° Un travail, également en langue allemande, de M me Made- leine Heinroth. et dont voici la traduction du titre : « Obser- vations faites en chambre sur des Oiseaux rares d'Europe ». .Nous ne parlerons pas ici des deux premiers ouvrages; ce serait faire double emploi avec l'article qu'a publié dans nos Bulletins du 15 octobre et du 1er novembre le distingué profes- seur de la Sorbonne M. Maurice Caullery. Quant aux deux volumes allemands, nous regrettons de ne pouvoir en parler un peu longuement, mais nous nous aperce- vons que nous avons déjà plus que dépassé les limites d'un procès-verbal. Il faut donc nous cententer de rappeler que M. Heinroth a traité des questions qui ont fait, toutesa vie, l'objet de ses étude> ; enfant, écolier, étudiant, il fut toujours passionné pourlesmœurs etles habitudes desOise.iux, et, quand il eutluet relu Naumann et Brehm, il voulut apprendre par lui-même. Mme Heinroth s'est, comme son mari, consacrée à l'étude de EXTRAITS DES PRQOÈ&-VERBAUS DES SÉANCES DES SECTIONS 58 l'Histoire naturelle, et la vie des Tourterelles, Rossignols, Fau- vettes, Huppes, Hobereaux, etc., etc., n'a pas de secrets pour elle. M. le professeur Moussu fait une communication des plus intéressantes sur la castration des Coqs et ses effets, et il nous explique en détail les procédés qu'il a lui-même employés. M. le Président se fait l'écho de tous en remerciant l'éminent professeur, dont le travail paraîtra au Bulletin; dans quelques mois, nous pourrons juger par nous-mêmes des modifications de plumage sur les sujets qu'il a opérés. M. le Dr Loisel demande à M. Moussu si, en pratiquant la castration, il a touché aux capsules surrénales. M. Moussu répond que leur ablation entraînerait certainement la mort chez un Mammifère. En serait-il différemment chez certains Oiseaux? M. le professeur Moussu se promet d'étudier la question. Pendant la conférence du professeur d 'Al fort, nous avons eu sous les yeux un magnifique Chapon, de la race des Phénix blancs du Japon. Cet animal, qui appartient à M. Debreuil, est né en 1 ï » 1 < > et a déjà des plumes doubles en longueur de celles de son père; on voit l'avantage de la castration pour le com- merce des plumes, les marchands disent qu'ils donneraient quarante francs de tout animal semblable à celui-ci. De plus on peut, danscesconditions, élever un grand nombre d'Oiseaux, ce qui serait impossible avec des Coqs ordinaires; mis en- semble, ils se tueraient. M. Debreuil croit que si on opère avec le doigt, méthode la plus employée, il faut que le Coq ait six mois. Chez le Chapon, la mue se produit, mais est difficile, c'est peut-être pour cela que les plumes s'allongent. Un phéno- mène qui peut être comparé se produit chez le Cerf castré; on sait, en effet, que ses cornes ne tombent plus. Le Secrétaire, Comte d'Orfeuille. 56 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Ve SECTION. — BOTANIQUE SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1911. Présidence de M. D. Hois, président. Il n*est fait aucune observation au sujet du procès-verbal de la dernière séance (21 avril 1911) inséré dans le numéro du 1er septembre, p. 547. M. Bois fait connaître les diverses brochures et publications qui ont été adressées à la Société. Ce sont : 1° un envoi de la maison Berger-Levrault, deux ouvrages de sylviculture; ces ouvrages sont les suivants : M. Jacquot, La Forêt; M. Lucien Chancerel, L'année fores- tière. 2° Cinq brochures adressées par le D'- St. Pelkoff, concer- nant la tlore des étangs de Bulgarie : Recherches préliminaires concernant la flore des étangs sur la rive bulgare du Danube; Contribution supplémentaire à V étude des Algues du Sommet Kom et ses environs; Les Algues de la Bulgarie du S.-O. et leur dispersion; La rive danubienne basse et marc rageuse de Bulgarie; La flore aquatique et algologique de la Macédoine du S.-O. 3° La Revue horticole des Bouches -du-Rhône, numéro de juil- let 1911, renfermant une note de M. professeur Edouard Heckel sur le Sarracenia purpupea et sa culture au Jardin botanique de Marseille. Le passage suivant, concernant les soins de culture, est inté- ressant à reproduire. « Nos potées de Sarracenia se maintiennent bien dans la serre tempérée du Jardin botanique et cela grâce à un disposi- tif qui est diï à l'ingéniosité de M. Davin, chef de cultures, que quelques essais antérieurs et infructueux ont éclairé sur les vrais besoins de ces plantes. « D'abord, nous avons maintenu ces plantes en vases au milieu de la motte originelle dans laquelle elles nous étaient venues des tourbières de Miquelon; en outre, comme elles aiment l'air humide des régions marécageuses, elles ont été constamment maintenues au-dessus d'un bassin toujours plein EXTRAITS HKS FROCÈS-VElUUliX 1 > i; S sKA.N'CT.S hKS SKCTIONS 5/ d'eau (été comme hiver) qui règne au centre de la serre tem- pérée, et cela par un planchéiage formé de lattes assez étroites pour laisser passer tout autour des vases la vapeur d'eau qui se dégage constamment de ce bassin. De cette façon, nous gardons à peu près à ces plantes spéciales les conditions natu- relles dans lesquelles elles vivent en Amérique, et de là le suc- cès de leur culture. Chaque année, nous voyons se reproduire une nouvelle couronne de jeunes ascidies-feuilles, pendant que les anciennes se flétrissent et tombent en lambeaux dessé- chés... « Ces plantes peuvent donc être cultivées avec succès en serre tempérée dans les conditions que je viens d'indiquer et y faire bonne figure. Il est facile de les y multiplier par éclats. Leurs rhizomes sont bien développés et peuvent servir à la pro- pagation rapide de la plante. On sait que ces rhizomes ont une réputation acquise, même dans les pharmacopées d'Amérique, comme remède contre la variole. A ce titre, elles m'inspirent moins de confiance que comme plantes ornementales et para- doxales. » M. Bois présente ensuite des échantillons très curieux de Saules; ce sont de jeunes rameaux qui présentent à leur som- met une anomalie de croissance constituée par une sorte de renflement qui ressemble, à peu près, à un capitule de Compo- sés, garnie d'écaillés très visibles. C'est le résultat du dévelop- pement anormal du bourgeon terminal provoqué par la piqûre d'un Insecte. Ces échantillons sont adressés par M. de Chapel, de Lezan (Oard), où ils sont assez communs; ils seront com- muniqués à M. Lesne, assistant de la chaire d'Entomologie, pour étude. M. Debreuil avait apporté, de Melun, une inflorescence bien développée, et portant même des fruits en voie de développe- ment, du Musa Basjoo ; cette présentation était accompagnée de la photographie de la touffe, âgée de cinq ans, qui a. fourni cette inflorescence. L'année dernière, M. Debreuil avait déjà présenté une inflo- rescence de ce Bananier rustique (voir Bulletin de la Soci<;t>; d'Acclimatation, 1911, p. 125). M. Mailles fait remarquer que si cette plante est suffisamment rustique pour résister en plein air, à l'aide d'un léger abri, elle parait craindre les chaleurs excessives comme celles de l'été 1911. 58 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Sur la demande de M. Debreuil et de ses collègues présents à la séance, une note relative au Musa Hasjoo sera rédigée par le secrétaire de la Section de Botanique pour être insérée au Bulletin. M. Bois présente ensuite des graines d'un Conifère qui lui ont été adressées par M. Gadeceau ; elles ont été récollées en Algérie par M. de Fabry et servent de condiment dans les oasis des Zibans. (« Le cheik de l'oasis de Chetma m'a offert le miel de PAurès avec ces graines comme condiment ». J. de Fabry, mai, 1911). Ces graines, déterminées par M. Bois, sont celles du Pin d'Alep (Pinus halepensis). M. Maurice de Vilmorin signale tout l'intérêt que présente cette espèce de Pin, pour les régions calcaires; c'est, dit-il, avec le Chêne vert, le « sauveur » des coteaux calcaires du Midi. Il est exploité pour la production de la résine, et a été l'objet de publications importantes tout récemment à ce sujet, notamment de la part du D'' Planchon, de la Faculté de Mont- pellier. M. le Président présente ensuite deux belles photographies qui lui ont été envoyées par M. le professeur Mattirolo, de Turin. Ces photographies représentent des Sclérotes de Poly- porus tuberaster Pietra fungaia) portant les organes sporifères (chapeau, partie comestible du Champignon). Ces Sclérotes ont été récoltés dans les bois des montagnes de la Campanie (Italie méridionale) et ont été cultivées à Turin par M. Mattirolo. Il rappelle ensuite que M. Mattirolo s'est mis aimablement à la disposition de la Société d'Acclimatation pour l'organisation des visites à faire en Italie lors de l'excursion projetée pour le printemps de 1912, et demande que les personnes qui sont dis- posées à prendre part à cette excursion veuillent donner leur adhésion le plus tôt possible. M. Bois fait ensuite part du décès de M. Edouard André, membre de la Société nationale d'Agriculture, professeur d'Ar- chitecture des jardins et des serres à l'École nationale d'Horti- culture de Versailles, rédacteur en chef de la Revue horticole. M. Edouard André a non seulement contribué au progrès de l'horticulture en général, par ses nombreuses publications et les admirables parcs et jardins qu'il a créés dans les pays les EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 89 plus divers, mais il a tout autant servi la cause de l'acclimata- tion des végétaux, soit par les très nombreuses et très remar- quables espèces qu'il a introduites lui-même dans les cultures d'ornement, au cours de ses voyages dans les régions tropi- cales, soit par les non moins nombreuses espèces, non utilisées avant lui dans les parcs et jardins, espèces qu'il y a rendues communes et qui ont absolument changé l'aspect des jar- dins (1). La mort de M. Edouard André causera les mêmes regrets aux amateurs et aux collectionneurs, à nos collègues de la Société d'Acclimation, que parmi le monde horticole. M. le Président donne ensuite connaissance d'une communi- cation adressée par M. Ch. Rivière, qui n'a pu venir l'exposer lui-même; cette note, intitulée « Observations climatologiqiies, Jura, 1910-191 1 » renferme de curieuses expériences sur la végétation de quelques plantes transportées d'Alger dans le Jura; elle est publiée au Bulletin (1911, p. 732). L'ordre du jour appelle ensuite la liste des personnes que la Section de Botanique doit proposer au Conseil de la Société en vue de récompenses à leur décerner. A ce sujet, M. Bois fait connaître que M. J. Gérôme, secré- taire de la Section de Botanique, a reçu tout récemment la dis- tinction de Commandeur du Mérite agricole, et au nom de la Société lui adresse ses vives félicitations. M. Ch. Debreuil demande ensuite quelques renseignements sur une Poire qu'on lui a fait déguster, sous le nom de Poire Adèle de Saint-Denis. C'est, dit-il, une excellente poire à manger à Y état. blet; elle est comparable alors à la nèfle, mais avec un goût plus lin et moins astringent. 11 est décidé que le secrétaire de la Section cherchera les renseignements que désire notre collègue, et les communiquera s'il y a lieu à la séance prochaine. M. Debreuil communique aussi une note de M. Déjardin, à Crespy-en-Valois. Ce collègue a pu compter, dans sa roseraie, à la date du 10 novembre dernier, 540 roses de toute beauté, celles de la variété Caroline Testoutsont surtout remarquables. (1) Voir Revue horticole, 1911, p. 485 à 4'JO. 00 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION On n'a pas tous les ans à pareille époque une floraison de roses aussi belle. M. Maurice de Vilmorin a observé le même fait et indique que la Section des Roses de la Société nationale d'Horticulture de France a pu, cette année, dans le courant d'octobre 191 /, faire exécuter d'après nature 12 aquarelles sur les 10 qu'elle prépare pour illustrer le volume spécial que la Section des Itoses prépare et doit publier prochainement. La parole est ensuite donnée à M. Piedallu, préparateur au Muséum, qui fait une communication sur les plantes à tannin. Les espèces sur lesquelles il insiste plus particulièrement, sont la Canaigre [Rumèx hymen osepa lus) et le Hemloch Tsuga cana- densis). La première pourrait, dit-il, être cultivée avantageuse- ment en Corse; la deuxième dans certaines parties du centre de la France et de la Bretagne (terrains non calcaires), en lieux humides. M. Bach, architecte paysagiste à Senlis, fait ensuite une communication sur la pratique du reboisement. Il développe cette thèse que nos végétaux indigènes ne sont plus aptes à former le fond des plantations, et « qu'il serait plus rationnel de les remplacer par des espèces exotiques plus rustiques et plus robustes ». Cette conception pourrait être soutenue, si l'on envisageait l'adaptation presque complète à notre climat du Robina Pseu- ihicacia, et la vigueur remarquable d'un certain nombre d'arbres exotiques plantés dans nos parcs {Ailanthus, Cedrela, Gleditschia, Pterocarya, Planera, Celtis, etc.). Mais ces dernières essences n'ont pas les qualités des véri- tables espèces forestières. D'ailleurs, ces recherches d'espèces exotiques forestières ne sont pas nouvelles; ce- sont elles qui ont provoqué notamment les plantations du domaine des Barres, peu après 1821 ; il n'a pas paru jusqu'à présent que les espèces indigènes ne puissent plus être employées. M. Bach s'étend longuement, avec des détails intéressants, sur la préparation du terrain, les soins au moment de la plan- tation, etc. M. le Président remercie vivement les auteurs: leurs commu- nications seront transmises au Comité de Rédaction. /.c Secrétaire de la section, .1. Gérôme. EXTRAITS l»i:S PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS (il VI SJECTION. - - COLONISATION SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1911. Présidence de M. .Vus,-. Chevalier, président. M. Debreuil demande la parole, et au nom de la Société d'Acclimatation, et plus particulièrement au nom des membres de la section de Colonisation, adresse au président, M. A. Cheva- lier, ses plus vives félicitations pour sa récente nomination comme « Directeur de la mission permanente d'études des Cultures et Jardins d'essais coloniaux ». Aucun homme plus compétent ne pouvait être placé à la tète de ce nouveau poste, et M. Che- valier par ses études, ses précédentes missions, son expé- rience, rendra les plus grands services non seulement à l'agriculture coloniale, mais au pays tout entier. Nous devons, ajoute M. Debreuil, nous réjouir d'autant plus de celte nomination que M. Chevalier qui s'est montré toujours si dévoué aux intérêts de la Société, va pouvoir, grâce à ses hautes fonctions, donner aux travaux de la Section toute l'ampleur et toute l'activité qui leur conviennent. M. Chevalier remercie et dit que la Société peut compter plus que jamais sur son entier dévouement, il ajoute que s'il se trouve parfois empêché, il se fera suppléer par M. Bret, inspecteur de l'agriculture coloniale, à qui les membres de la Section souhaitent la bienvenue. M. le Président présente ensuite les excuses de M. Courtet, qui devait faire à cette séance une communication sur le Soja. M. Courtet, pour des raisons très graves de santé, a dû quitter Paris et aller en Bretagne pour essayer de se rétablir. M. Che- valier exprime au nom de la Section ses regrets du départ de M. Courtet et ses souhaits de complet rétablissement. M. Chevalier fait part ensuite de l'inquiétude dans laquelle se trouvent tous les coloniaux et tous les Français à la suite des nouvelles alarmantes reçues au sujet de la mission Legendre. M. Ch. Debreuil rappelle qu'il y a deux ans à peine, 62 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. le Dr Legendre a fait à la séance solennelle de la Société d'Acclimatation une conférence qui a été très goûtée, sur le pays des Lolos. M. Lemarié, directeur de l'Agriculture en Indo-Chine, pré- sent à la séance, lit plusieurs passages de la dernière lettre qu'il a reçue de M. Legendre, datée du 13 septembre; il était à ce moment à Miorné, et se dirigeait sur Yunnan-Fou. « La grosse difficulté avec les Chinois, écrit M. Legendre, c'est d'être compris. » Puis quand le Chinois a donné sa con- fiance, ce n'est qu'illusoire « son extrême méfiance le conduit à la retirer; sa suspicion revient constamment, elle est toujours agressive ». M. Chevalier adresse à la famille du vaillant explorateur les vœux de la Société et l'espoir que la mission qu'il dirige soit hors de danger. M. le Président résume ensuite le travail qu'il a préparé pour la séance de ce jour : espèces végétales cultivées ou domes- tiquées en Afrique. L'analyse d'un tel travail ne peut être faite dans un compte- rendu ; c'est à lire en entier, et nos collègues le trouveront dans le Bulletin. Contentons-nous d'indiquer que les espèces étudiées sont rangées, pour plus de commodités, suivant l'ordre des familles naturelles et que l'ensemble des végé- taux utilisés actuellement en Afrique comprend non seule- meut ceux que l'on connaissait autrefois, mais aussi les espèces que l'on a découvertes depuis en Afrique, et celles qui y ont été introduites et provenant d'autres pays, notamment d'Amérique. Les conclusions de M. Chevalier signalent tout l'intérêt que présente l'étude méthodique des diverses catégories indus- trielles coloniales dans différents centres et différentes condi- tions, de façon à 'discerner à la fois les meilleures variétés et les meilleurs modes de culture. M. le professeur Gruvel présente ensuite un ouvrage qu'il vient de publier sur h>s Langoustes de la côte d'Afrique ; il renferme une étude approfondie du mode de vie de ces animaux qui était jusqu'alors peu connu. M. Gruvel a pu récolter des formes larvaires, les suivre dans tout leur développement et se rendre compte que des espèces qui avaient été décrites EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 63 autrefois comme distinctes, ne sont que des formes intermé- diaires. M. Guillaumin, préparateur au Muséum, donne des rensei- gnements sur diverses Aurantiacées d'Australie et de Nouvelle- Calédonie, qu'il a étudiées dans l'herbier du Muséum et signale qu'une espèce sauvage en Nouvelle-Calédonie, du genre Citrus (C. neo-caledonica) caractérisée par son fruit allongé, oviforme et côtelé (à 7 loges et 7 côtes) pourrait vraisemblable- ment servir de sujet pour greffer les variétés culturalcs les plus appréciées du commerce (voir Bulletin, 1911, p. 738). M. le Secrétaire général présente un résumé et les conclu- sions du travail de M. Courtet sur le Soja, travail très docu- menté et intéressant comme ceux de même nature que rédige notre collègue ; il sera inséré au Bulletin. Au sujet du Soja, M. Chevalier fait cette remarque qu'il ne donne pas de bons résultats au Soudan, et que l'Arachide est pour cette raison une culture plus rémunératrice. MM. Bret et Lemarié donnent chacun une explication de ce fait. En Afrique, dit M. Bret, le Soja n'a pas de nodosités sur les racines ; le Soja, dit M. Lemarié aime mieux un climat un peu humide, et, au Tonkin, les années dans lesquelles l'Arachide réussit le mieux sont celles où le Soja donne les moindres résullats. Pour te Secrétaire, empêché, J. GÉRÔME.. OUVRAGES OFFERTS A LA RIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ Weby (G.). — Agenda aide-mémoire agricole (1912. Paris, librairie J.-B. Baillière et fils). Magaud d'Aubusson. — Liste raisonnée des Echassiers et Palmipèdes observés dans la baie de Somme et sur les côtes de Picardie (Extrait de la Revue Française d'Ornithologie. Avril, mai, juin, juillet 1911, Orléans, imprimerie Henri Tessier). Bureau (Dr Louis). — L'Age des Perdrix. - 1° La Perdrix grise (1911, Nantes, Vie, libraire). Arnould (C). — Le Rucher; manuel pratique d'Apiculture 1912, Paris, librairie J.-B. Baillière et fils). Raspail (X.). — Les années à Hannetons (cycle Uranien) en décroissance depuis le commencement du siècle (Extrait du Bulletin de la Société Zoologique de France. Tome XXXVI, 1911, p. 158). Petkoff (Dr St.). — La Flore aquatique et algologique de la Macédoine du S.-O. (1910, Philippopoli, imprimerie Chr. G. Danoff). Petkoff (Dr St.). — Contribution supplémentaire à l'étude des Algues du Sommet Kom et ses environs (Extrait de V Annuaire de V Université de So/ia, 1. VI, p. 1-13). Petkoff (Dr St.). — La rive danubienne basse et marécageuse de Bulgarie Extrait des Annales de la Société littéraire bulgare, 1910, 1. XL p. 72-102). Petkoff (Dr St.). — Les Algues de la Bulgarie du S.-O. et leur dispersion (Extrait de Y Annuaire de V Université de Sofia, 1. V, fasc. 3, p. L-89). Petkoff (Dr St.). — Recherches préliminaires concernant la Flore des étangs sur la rive bulgare du Danube (Extrait de ['Annuaire de i Université de So/ia. 1. VI, fasc. 2. p. 1-4S . Le Gérant : A. Mahetiieux. Pans. — L. Marktheux, imprimeur, 1, rue Cassette. ÉNUMËRATION DES PLANTES CULTIVÉES PAR LES INDIGÈNES EN AFRIQUE TROPICALE ET MES ESPÈCES NATURALISÉES DANS I.K MÊME PAYS ET AVANT PROBABLEMENT ÉTÉ CULTIVÉES A UNE ÉPOQUE PLUS 01 MOINS REGI LÉE Par Aug CHEVALIER Dans son remarquable ouvrage sur VOrigine des Piaules cul- tivées, Alphonse de Candolle énumère 247 espèces « cultivées soit en grand par les agriculteurs, soit dans les jardins pota- gers ou fruitiers >> du monde entier. Son énumération a laissé dans l'ombre une grande quantité de végétaux cultivés parfois sur une très grande échelle dans des pays tropicaux souvent ('tendus. Beaucoup sont de culture très ancienne et connus depuis longtemps par les botanistes, mais ils sont souvent considérés comme végétaux spontanés; d'autres ont été découverts dans ces dernières années. Il en est aussi qui, quoique connus anciennement, n'ont été mis en culture que depuis peu dan- nées. C'est le cas, par exemple, des Plantes à caoutchouc et de certaines espèces de Caféiers. Enfin, il existe des plantes dont la culture a été abandonnée et dont l'homme ne tire plus qu'un faible parti, quoiqu'on les retrouve naturalisées aux environs des habitations. A. de Candolle avait prévu ces objections. Aux 217 espèces, « j'aurais pu, dit-il, en ajouter quelques-unes rarement cultivées, ou mal cultivées, ou dont la culture a été abandonnée; mais les résultats statistiques auraient été sensi- blement les mêmes ». Nous n'avons pas cette opinion. On verra par la suite que le Nouveau Monde et le Continent africain surtout ont fourni à la culture par rapport à l'Europe une pro- portion d'espèces cultivées plus élevée que ne le pensait le célèbre botaniste genevois. 11 ne faudrait pas croire que toutes ces plantes sont répan- dues dans toute l'étendue de l'Afrique tropicale. Les peuplades qui en possèdent le plus grand nombre n'en ont pas 50 espèces, et rarement il existe peu de peuplades cultivant en gr.ind pour leur alimentation plus de 2 ou 3 espèces. La plupart des peu- plades n'ont qu'un genre de plante jouant un rôle capital dans BULL. SOC. NaT. ACCL. FR. . 1912. — ■ '< 66 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION leur existence. Les uns ont le Riz, d'autres le Sorgho ou gros Mil, d'autres le Pénicillaire ou petit Mil. Ailleurs, on trouve le Maïs, en d'autres points le Bananier ou le Manioc. Certaines peuplades vivent en grande partie de racines ou de graines sau- vages; c'est le cas des habitants du nord du Baguirmi, qui font une grande consommation de semences de graminées sau- vages : Dacfyloctenium 3sgyptiacum(L )Wild., Setaria glauca L., Setaria aurea A. Br., Panicum pyramidale Lamk., P. colonum L. var. equitans (Hochst.) Hack., P. oryzetorum A. Chev., P. dis- tichophyllum Trin., P. zizanoides H. B. K., P. amplexifolium Hochst., P. coloratum L., P. proliferum Lamk.. P. psilopodium var. nfrum Stapf., Paspalum scrobiculalum L., Oryza Barthii A. Chev. En plusieurs parties de l'Afrique centrale, la culture de di- verses plantes est encore à l'état naissant. C'est ainsi que les Bondjos de l'Oubangui vont recueillir dans la forêt et dans les savanes les tubercules de plusieurs espèces de Dioscorea (Ignames), et notamment le D. dumetorum qui est bien spon- tané dans cette région. Si la récolte dépasse leurs besoins immédiats, ils enterrent à proximité de leurs cases les tubercules inutilisés qui ne tar- dent pas à entrer en végétation. Ensuite, ils puisent à même cette réserve au fur et à mesure de leurs besoins. Ces pratiques primitives disparaîtront rapidement à notre contact. Ailleurs, la culture de plantes peu utiles sera aban- donnée. Il est donc urgent de cataloguer toutes les espèces qui ont été observées chez les Noirs à l'état culiivé,et de soumettre les plantes les plus utiles à des expériences de culture en vue de leur amélioration. Renonculacées. [figelld saliva L. — Cultivé pour ses graines usitées comme condiment. Oasis sahariennes, Ouadaï, Dar-Fertit, à Ndellé llaut-Chari), dans le jardin du Sultan Senoussi. Anonacées. Xylopia .l'ihio/àca (Dunal A. Etich. — Arbre produisant des fruits .employés comme condiments (Poivre d'Ethiopie), spon- PLANTES CULTIVÉES EN AFRIQUE TROPICALE 117 tané dans les régions forestières de l'Afrique tropicale. Cultivé en quelques provinces : région maritime du Sénégal, Bas- Dahomey. Anona squamnsa L. — Pomme-Cannelle. Originaire de l'Amérique tropicale. Cultivé par les indigènes en Guinée fran- çaise, dans le Haut-Niger, le Bas-Dahomey. A été introduit par les Portugais depuis plus d'un siècle. Antmu murirala L. — Corossolier. Originaire des Antilles, cultivé depuis longtemps par les indigènes dans la région des sources du Niger et dans le Bas-Dahomey. Mknispermacées. Cocculus Lessba DC. — Liane spontanée dans la zone sahé- lienne du Soudan, en Abyssinie. Angola, Arabie. Souvent plantée autour des cases au Sénégal, au Soudan et au Baguirmi. Chasmanthera dépendons Hochst. — Liane spontanée en Abyssinie, en Afrique centrale et en Afrique orientale. Cultivée comme plante médicinale par les peuplades du Haut-Dahome\, spécialement dans les monts Atacora. Crucifères. Sina/às juncea (L.) Coss. — Originaire de l'Asie. Cultivé par les Noirs pour ses feuilles mangées en guise de brèdes dans la région du Haut-Niger (Cercles de Kouroussa, Kankan et Faranah). Brassica oleracea L., DC. — Originaire d'Europe. Nous con- naissons un Chou à feuilles vertes pinnatifides de petite taille, ne pommant jamais, bas sur tige, en deux régions de l'Afrique tropicale éloignées de la Côte : 1° chez les Dyolas de la haute Côte-d'Ivoire à la limite de la forêt (Chou yapouba) ; 2° chez les populations de l'Afrique centrale à l'intérieur du bassin du Congo (Chou sango). Dans les deux cas, on mange les feuilles comme brèdes. Lepidium salivum L. — Cresson alénois. Serait originaire de Perse. Est cultivé dans les oasis sahariennes et au Ouadaï. Nous avons aussi observé cette plante dans le Haut-Chari, où elle était cultivée dans le jardin du Sultan Senoussi. 68 bulletin de la société nationale d'acclimatation Capparidées. Gynandropsis pentaphylla DC. - - Plante annuelle répandue dans tous les pays tropicaux. Cultivée chez beaucoup de peu- plades de l'Afrique tropicale comme légume. Se naturalise facilement autour des habitations et dans les terrains cultivés, mais ne paraît pas spontanée dans l'Ouest africain. Présente plusieurs variétés. Bixacées. Bixa Orellana L. — Rocou. Plante tinctoriale originaire de l'Amérique tropicale, introduite depuis plusieurs siècles par les Portugais en Afrique tropicale. Les indigènes font rarement usage de la teinture, mais ils font souvent des haies vives avec cette espèce : Casamance, Basse Côte d'Ivoire, Bas- Dahomey. Oncpb'a spinosa L. - - Spontané en Afrique tropicale. Parfois planté dans les villages de la zone soudanaise pour ses fleurs ornementales et pour les fruits servant à faire des tabatières. POLYGALÉES. Polygala butyracea Heckel. — Signalé comme cultivé parles indigènes en Guinée française pour ses graines oléagineuses. Nous n'avons jamais observé cette plante, ni à l'état sauvage, ni à l'état cultivé. PORTULACÉES. Portulaca oleracea L. — Ne paraît pas spontané en Afrique tropicale, mais il est abondamment naturalisé dans les cours des villages et dans les champs cultivés environnants. Aujour- d'hui, les indigènes font rarement usage de cette plante. Talinum crassifolium (Jacq. Willd. — Vraisemblablement originaire d'Amérique. Couramment employée dans la cuisine indigène au Dahomey et à Lagos. On en vend toute l'année des provisions importantes sur les marchés de ces pays. La plante est abondamment naturalisée dans les terrains cultivés avoi- siuanl la côte, depuis la Guinée française jusqu'au Congo. Elle pénètre parfois fort loin dans l'intérieur. Elle pullule dans • tout le Bas et le Moyen Dahomey, jusqu'à hauteur de Kouandé. Cultivé dans la forêt congolaise, jusque dans le llaut-Ou- bangui. PLANTES CULTIVEES EN AFRIQUE TROPICALE li'.i GUTTIFÈRES. Gàrnicia /\'<>/ A.MPÉLIDÉES. Cissus quadrangularis (L.), — Spontané dans la partie nord du Soudan. Parfois planté à la Côte d'Ivoire, au Dahomey, etc., comme plante fétiche ou comme plante médicinale Sapindacées. Blighia sapida Kœnig. — Finzan. Arbre commun à l'état .spontané dans les forêts de la Côte d'Ivoire et du Congo, mais répandu à l'état cultivé bien en dehors de la zone naturelle d'habitat. C'est un des rares arbres africains que le noir cultive réellement sur une certaine échelle en divers pays. Des BiigJva plantés, particulièrement beaux, existent dans presque toute la colonie du Dahomey, autour des villages. Les Dahoméens en connaissent même plusieurs variétés. L'arbre est aussi cullivé dans le Baoulé et dans la Haute Côte d'Ivoire dans les cercles de Bobo-Dioulasso, de Sikasso, Kankan , du Kissi. ÂNACARMAC.ÉES. Mangifi'ra uidica L. — Introduit depuis longtemps en Afrique et répandu chez les indigènes des régions côtières. En Guinée française, cet arbre, avant l'arrivée des Européens, avait déjà pénélré au Fouta-Djalon et dans la région du Haut-Niger. Sa pénétration dans les villages de la Côte d'Ivoire est toute récente. Dans le Bas et le Moyen-Dahomey, le Manguier est communément planté par les noirs. Anacardium occidentale h. — Pommier-acajou. Originaire de l'Amérique tropicale et cultivé aujourd'hui dans tous les pays chauds, c'est un des arbres fruitiers les plus fréquents plantés par les noirs de l'Afrique occidentale. On le rencontre jusque dans le Haut-lNiger (cercles de Kouroussa et de Kankan). Le fruit se vend sur tous les marchés du Dahomey. Spondias Lutea L. — Monbin. On le dit originaire de l'Amérique tropicale, mais il a aussi en Afrique tropicale les apparences d'une plante spontanée et se rencontre dans la brousse et dans les forêts jusqu'au cœur du continent. Cepen- dant il est parfois planté à proximité des villages, spécialement au Soudan. Sclerocarya Birrea Hochst. — Spontané dans la zone sud 76 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION du Soudan. Parfois quelques exemplaires sont plantés dans les villages de cette zone. On en rencontre dans ces condi- tions dans la ville de Tombouctou. LÉG ['MINEUSES. Medicago saliva L. -- Luzerne. Originaire de l'Asie tempérer occidentale, la Luzerne est cultivée dans les oasis sahariennes. Elle est encore fréquente dans les oasis de Bilma et du Borkou. Indigofera Anil L. — Indigotier. Originaire de l'Amérique tropicale. Cultivé en quelques points de la Sénégambie. Sub- spontané le long du littoral de Sierra-Leone et de la Côte d'Ivoire. Indigofera ùncloria L. — D'origine asiatique; très abon- damment cultivé dans toute la zone soudanaise, depuis la Sénégambie jusqu'au Nil. Descend jusqu'au voisinage de la forêt vierge (Haute-Cote d'Ivoire, Baoulé, Bas-Dabomey). Les peuplades forestières ne connaissent ni l'usage, ni la culture de l'indigo. Au Soudan, on cultive de nombreuses variétés. Tephrosia Vogelil Hook. f. — Plante cultivée en grand par les pêcbeurs, à proximité des grandes rivières, pour narcotiser le poisson, spécialement dans la zone forestière (Basse-Guinée française, Côte d'Ivoire, Dahomey, Gabon, Moyen-Congo, Haut-ôubangui etHaut-Chari). Origine inconnue, mais l'espèce est proche parente du T. toxicaria de l'Amérique tropicale, cultivé pour les mêmes usages dans les Antilles. Mundulea suberosa Benth. — Originaire des Indes orientales. Cultivé en grand pour les mêmes raisons que l'espèce précé- dente, mais spécialement dans la zone des savanes : Soudan nigérien, Haute-Côte d'Ivoire et Haut-Dahomey, territoire du Chari-Tchad. Sesbania punclata DC. — Spontané en Afrique tropicale au bord des eaux. Celte espèce est parfois ensemencée autour des villages de la Haute-Guinée française, ses graines étant utilisées comme celles des Parkia pour fabriquer une sorte de fromage. Avachis hypogea L. — Originaire probablement du Brésil. Cultivé aujourd'hui chez presque toutes les peuplades de l'Afrique tropicale Desmodium triflorum DC. — Spontané en Afrique tropicale occidentale. Depuis quelques années cette plante est cultivée à Conakry et sert à faire des bordures de squares et des gazons. Clitoriii Ternatea L. —Spontané en Afrique tropicale, parfois PLANTES CULTIVEES EN AFRIQUE TROPICALE 77 cultivécomme planteornementale, mai s jamais par les indigènes. Erythrina senegalensis DG. — Spontané dans la brousse de l'Afrique tropicale. En raison de la facilité avec laquelle la plante se bouture, les indigènes enfoncent fréquemment dans le sol des brandies de cetle essence qui émettent des repousses et forment des clôtures. Dioclea reflexa llook. f. — Plante probablement d'origine américaine. En (ruinée française et dans la forêt de la Côte d'Ivoire, on la rencontre fréquemment autour des villages avec les apparences d'une plante naturalisée. Cependant elle n'est pas cultivée et n'est pas utilisée par les indigènes. Canavalia ensiformis DC. — Origine inconnue. Quelques exemplaires de cette plante sont souvent ensemencés autour des cases indigènes, au Sénégal, au Soudan français, en (iuinée française, à la Côte d'Ivoire, au Dahomey. Phaseo/us lunatus L. — Origine inconnue. Plante aujourd'hui cultivée par les indigènes dans un grand nombre de régions : Casamance, Bas?e-Guinée française, Kissi, Haute-Côte d'Ivoire, Gabon, Haut-Oubangui. Phfiseolus lunatus L. var microspérma auct. germ. — Cultivé ou naturalisé autour des cases en Guinée française. Nom- breuses variétés : il en existe dont les graines ne sont pas comestibles. Phaseolus Mungo L. - - Origine asiatique. Cultivé en petite quantité dans le Haut-Nil, dans le Haut-Oubangui et dans le Maut-Chari. Vigna Catjang L. (= V. sinensis Endl.). — Dolique de Chine. ( »iigine asiatique. Répandu dans une grande partie de l'Afrique tropicale, où il est cultivé par les indigènes exclusivement pour ses graines comestibles. Il en existe un grand nombre de variétés, les unes rampantes ou naines, spéciales aux pays de savanes, et d'autres grimpantes et s'élevant très haut, cultivées surtout par les peuplades de la forêt. Enfin, une autre variété à graines noires, très petites, non . comestibles, est cultivée pour les libres que l'on retire des pédoncules floraux. Voandzeia subterranea Thouars. — Origine inconnue. Plante aujourd'hui cultivée chez presque toutes les peuplades de l'Afrique tropicale, surtout dans les pays de savanes. Kerstingella (/eocarpa Harms (= Voandzeia Poissoni A. Chev.). - Origine inconnue. Cultivé au Togo, au Dahomey, dans la Nigeria du Nord et au Soudan français. 78 BULLETIN ]>E LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION Pachyrhizus angulatus Bich. — Originaire des Philippines. La plante possède des tubercules comestibles qui la font culti- ver dans beaucoup de pays tropicaux. Leprieur et Ferrottet l'avaient signalée à Bakel (Sénégal), mais nous ne l'y avons pas revue et nous ne la connaissons pas en Afrique, ni à l'état spontané, ni à l'état cultivé (chez les indigènes), lille a été in- troduite dans quelques jardins d'essais de l'Afrique occidentale. Psophocarpus longepedunculatus Hassk. — Origine inconnue. Plante vivant aux abords de certains villages de l'Afrique tro- picale, avec les apparences d'une planle spontanée, mais n'est probablement que naturalisée. Elle est en effet fréquemment cultivée sous les tropiques. Do'ichos Lablab L. — Origine asiatique. Cultivé dans la Nigeria, dans le Haut-Congo, etc. Nous avons aussi observé la plante naturalisée autour de quelques villages de la Côte d'Ivoire, mais les indigènes ne connaissent plus l'usage de ses graines. Sphenostylis slenocarpa (Hochst.) Harms. — Vraisemblable- ment originaire d'Abyssinie. Plante cultivée pour ses tuber- cules alimentaires pouvant remplacer les Pommes de terre : Dahomey, Soudan français; dans le bassin de la Volta; çà et là dans le sud de la Côte d'Ivoire. Cajanus îndicus Spreng. — Originaire des Indes orientales. Cultivé sur une assez grande échelle en Guinée française, au Dahomey, dans le Bas-Congo. Pterocarpus esculehlus Schum, elThonn. — Plante spontanée, abondante le long des cours d'eau en Afrique tropicale. Par- fois plantée pour ses fruits comestibles dans quelques villages du Bas-Dahomey. Lonchocarpus cyanescens Benth. — Plante spontanée dans les forêts et les galeries forestières de l'Afrique tropicale. Les indigènes en font des plantations dans la région d'Abomey (Dahomey), pour les feuilles, à l'aide desquelles ils préparent un indigo. Baphia nitida Aizel. — Plante spontanée dans les forêts de l'Afrique occidentale. Quelques exemplaires sont parfois plan- tés au milieu des villages à la Côte d'Ivoire elau Bas-Dahomey. Le bois coupé el abandonné longtemps à la surlace du sol, acquiert des propriétés tinctoriales comparables à celles du bois de Campèche et les indigènes s'en servent pour divers usages. PLANTES CULTIVÉES EN AFRIQ1 E TROPICALE 79 Csesalpinia Honducella Roxb. — Originaire des zones cô- lières tropicales des deux mondes. Naturalisé aujourd'hui autour des villages dans l'intérieur, spécialement à la Côte d'Ivoire et au Dahomey. La plante a été probablement répandue par les indigènes à cause de ses graines en forme de billes, servanl à jouer. Csesalpinia pulcherrima S\v. — Origine asiatique. Piaule introduite par les Européens en Afrique et répandue depuis une quinzaine d'années seulement. Les indigènes du Bas- Dahomey commencent à l'employer pour en faire des clôtures. Poinciania regia Boj. — Flamboyant. Originaire de Madagas- car. A été planté dans les postes de l'intérieur en môme temps que s'effectuait la pénétration européenne. A la Côte d'Ivoire et au Dahomey, on commence à en voir des exemplaires dans quelques villages indigènes'. Cette plante, comme la précé- dente, n'a d'autre utilité que d'être ornementale. Pnrhinsonia aculeata L. — Originaire d'Amérique tropicale. Cette espèce, qui était déjà introduite au Sénégal en 1822, est fréquemment employée par les indigènes pour faire des haies vives. En 1903, nous en avons observé quelques exemplaires dans un village du Baguirmi, provenant vraisemblablement de graines transportées par les pèlerins musulmans, originaires de la Nigeria ou de la Sénégambie. Cassia Sophera L. — Originaire de l'Asie tropicale. Aujour- d'hui abondamment naturalisé dans le Bas-Dahomey et dans quelques villages de la Côte d'Ivoire. La plante est sans usages, de sorte qu'elle a probablement été introduite accidentellement. Cassia alata L. — Originaire de l'Amérique tropicale. Aujourd'hui naturalisée dans un grand nombre de villages de l'Afrique tropicale, surtout dans les régions forestières. Les indigènes lui attribuent des propriétés médicinales, et c'est sans doute la raison pour laquelle ils l'ont multipliée. Tamarindus indica L. — Arbre très certainement spontané dans la zone soudanaise et parfois abondant en pleine brousse. On en observe des exemplaires plantés dans les villages de cette zone et dans quelques villages de la zone située plus au Sud. Parkia biglobosa Benth. — Nété. Arbre spontané dans la zone soudanaise et dans la zone guinéenne. Dans les régions culti- vées du Soudan, cet arbre forme de véritables vergers autour des villages. (A suivre. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS I'e SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1911 Présidence de M. Trouessart, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Mlle Àlglave fait part à la Société de quelques modifications survenues dans son élevage. Elle a reçu un jeune Dromadaire hlanc provenant de File de Djerba (Tunisie) ; par contre, elle a perdu d'un seul coup cinq magnifiques Daims blancs, empoi- sonnés par des drèches de brasserie fermentées. M. dTIébrardde Saint-Sulpice annonce la naissance de deux jeunes Kangourous et adresse à la Société la tête d'un Kangourou adulte mort, semble-t-il, d'actinomycose. Celte tête a été remise à M. Anthony, préparateur au Muséum, qui a bien voulu se charger des recherches concernant les lésion» actinomyco- siques. MM. Caucurte et Brumpt font part de leurs essais de traite- ment préventif de lastrongylosedes Ruminants. Ils ont constaté (pie les prairies, même abandonnées à elles-mêmes pendant une année sèche, restent cependant infectieuses. Il est certain que la vitalité des œufs dépasse neuf à dix mois. On a essayé de donner comme boisson journalière aux animaux exposés aux causes de contamination, une solution de gaz de houille, ou encore de sulfate de fer ou de sulfate de cuivre à I p. 100. Les animaux ont pu en l'aire usage pendant dix mois sans être incommodés. Malheureusement, la plupart des médicaments préventifs qui ont été préconisés sont inefficaces. Au point de vue prophylactique, le régime sec est évidemmenl efficace : mais il faut reconnaître qu'au point de vue delà valeur alimentaire il esl sensiblement inférieur au régime vert. Enfin, la stérilisation spontanée des prairies contaminées EXTRAITS mis PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS SI semble exiger un laps de temps assez long, sûrement supérieur à une année. M. Garreta a trouvé des Lapins, vivant à l'état sauvage, dans les îles Désertas el Salvage ; il présente le crâne de l'un d'eux. Ces animaux, de fort petite taille, semblent différer très nette- ment du Lapin vulgaire d'Europe. A ce sujet, M. Garreta rappelle L'histoire bien connue du Lapin de Porto-Santo. Le bureau sortant est réélu à l'unanimité. Président, M. Trouessarl ; Vice-président, M. Wuirion; Délégué aux récompenses, M. Debreuil; Secrétaire, M. Kollmann. Le Secrétaire, Kollmann. IIe SECTION. • - ORNITHOLOGIE — AVICULTURE SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 191 l Présidence de M. Hagaud «l* Vubusson, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. A propos de la communication de M. le professeur Moussu, M. Chappellier rappelle des expériences consignées dans le numéro du 21 novembre 1911 des Mémoires de C Académie des Sciences et portant sur la détermination des caractères sexuels chez les Gallinacés. La lettre de M. Germain sur un vol de Grues dans la Dor dogne donne au secrétaire de la Section l'occasion de signaler un autre passage très considérable, qui s'est effectué, le 20 no- vembre, à Versailles, vers 3 heures de l'après-midi. M. Germain ayant aussi parlé d'Hirondelles de cheminée qui s'étaient attardées cette année en Périgord, M. Mailles l'ait observer qu'on signale toujours ce phénomène comme propre à ces Oiseaux; il l'a toujours, au contraire, constaté, aux envi- rons de Paris, sur l'Hirondelle de fenêtre. La présence de Cygnes à Ronfleur amène enfin M. Magaud d'Aubusson à rappeler que, parmi ceux qu'on voit ainsi sur nos BULL. SOC. NAT. ACCL. KR. 1912. — 6 82 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION côtes, il en est qui peuvent parfaitement appartenir à l'espèce du Cygnus olor, souche de la race domestique, mais qui vit à l'état sauvage et est de passage en France, mais plus rarement que le Cygnus férus. M. Debreuil donne lecture d'une lettre fort intéressante de M. Plocq, de La Roche-sur- Yon, qui a été assez heureux pour capturer un Tichodrome échelette vivant et sans blessure. Depuis quinze jours qu'il le possède, il se porte à merveille. Son propriétaire lui a fait une grande cage garnie de papier sablé sur lequel il grimpe toute la journée, et il le nourrit d'Insectes, car jusqu'ici il a été impossible de lui faire accepter de la viande crue. Rappelons en passant que notre collègue, M. Paris, clans son Catalogue des Oiseaux observés en France, indique le Tichodroma muraria, comme rare ailleurs que dans les régions montagneuses; Degland lui donne pour habitat ordinaire les montagnes élevées et dit aussi qu'il est de passage périodique en Anjou. En juillet dernier, M. Plocq avait pris à Montmorillon une femelle de Guêpier sur ses œufs; malheureusement, il a dû la tuer au bout d'un mois, les Insectes manquant, et elle est au Muséum de Nantes. Le même correspondant a obtenu un Hybride provenant d'une femelle d'Etourneau vulgaire et d'un Martin des Pagodes. Après la mue, cet Oiseau ressemble à la mère, sans les mou- chetures; il a du père, outre les allures, le coloris de la tête, du dessous des ailes et de la queue. Enfin M. Plocq a perdu, grâce à la férocité d'un Chat, une Hirondelle qui, lâchée à au moins \ kilomètres du domicile de son maître, était à la maison avant lui, bien qu'il revint à bicyclette. Du Cher, M. Vitalis de Salvaza donne des nouvelles de ses élevages. Les œufs de ses Perruches n'ont pas été fécondés, peut-être à cause de la grande chaleur, mais il attend de nou- velles espèces venant d'Océanie. M. Vitalis raconte ensuite une expérience faite sur une Fai- sane commune, qui, mise avec un coq Perdrix grise, a pondu treize œufs ; un seul était fécondé et a donné un produit ; il a la grosseur du Perdreau, sa queue est courte comme celle de la l'erdrix et sa démarche rappelle celle du père; par contre, il lient de la mère par la couleur, la tête et les pattes. EXTRAITS DBS PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS H'.i M. Vitalis, qui a acheté des Cygnes noirs, désirerait savoir com ni on dislingue les sexes chez cet animal. Il dit avoir remarqué chez les Cygnes blancs que la queue est toujours pointue chez la femelle, plus large cl, plus élagée chez le mâle. M d'Hébrard de Saint-Sulpice, a élevé cette année un Hybride fort remarquable, issu du croisement d'une Oie d'Egypte cl d'un Canard de Barbarie. Cet animal avait la poitrine rosée, la queue brun clair, les pattes rosées cl l'altitude de l'Oie d'Egypte; il avait le dessus du corps gris ardoisé comme le Canard de Barbarie. Malheureusement, cet Oiseau, qu'il eût été fort intéressant de conserver, n'avait pas été éjointé et il s'est envolé au moment de la migration des ( liseaux, après avoir fait, durant tout l'été, l'ornement du parc de notre collègue. M. le professeur Trouessart donne lecture de deux notes envoyées d'Ekaterinburg par M. Solomirsky, veneur de la Cour impériale. La première a pour sujet le plumage de noce du Combattant ordinaire, Machetes pugnax. Dans l'Ordre des Echassiers de notre faune européenne, dit M. Solomirsky, on trouve, parmi les représentants de la sous- famille des Totaniens, une espèce dont les caractères princi- paux offrent un ensemble la distinguant sensiblement de toutes les autres; c'est le Combattant ordinaire, Machetes pu- gnax. Le qualitatif latin pugnax se traduit en langue russe par .celui de « petit Coq », et c'est bien en vertu du caractère belli- queux de cet Oiseau et de la diversité de son plumage qu'on le dit similaire du Coq domestique. Pour ce qui regarde le plumage du Combattant, il y a d'abord à signaler que, si les femelles de cette espèce sont toutes uniformément et, ajoutons-le, très modestement vêtues, leurs cavaliers se parent au contraire de plumages brillants, qui otfrent à l'œil de l'observateur une diversité infinie de variations. Il est même avéré qu'il est impossible de trouver au printemps deux mâles portant la même livrée. Cette diver- sité du plumage dans ce sexe se fait remarquer principalement dans les attributs spéciaux de la robe de noce, qui sont la col- lerette sur la nuque, surmontée d'oreillons, et le plastron recouvrant tout le devant, depuis le menton jusqu'au ventre. Ces deux parties, le plastron surtout, sont parées de plumes 84 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION longues, à reflets, pour la plupart métalliques, et colorées de nuances différentes. Les attributs sus-mentionnés, qui carac- térisent essentiellement le plumage de noce, disparaissent totalement avec la mue d'automne. Il est rare que la collerette à oreillons et le plastron soient de la même couleur, et généra- lement cette dernière partie, attribut principal, pour ainsi dire, de la livrée d'amour, se distingue complètement du reste du plumage. M. Solomirsky ayant eu l'occasion d'observer, au Muséum d'Ekaterinburg, une assez grande quantité de ces Oiseaux, a trouvé qu'en faisant abstraction des simples nuances, la colo- ration du plastron n'offre qu'un nombre restreint de couleurs, blanc, noir, rouge, etc., et qu'on pourrait arriver à subdiviser l'espèce du Chevalier combattant en quatre types ayant pour caractéristique une de ces couleurs. L'auteur a voulu d'abord prolonger ses recherches au moyen de photographies des exemplaires qu'il avait sous la main. Il possède actuellement, tant en photographies qu'en notes recueilles, une collection comprenant 110 exemplaires, dont 31 proviennent du Muséum de Paris, 4 de celui de Mécon, 13 de celui de Saint-Péters- bourg, 32 de collections particulières et il du Muséum d'Eka- terinburg. En rectifiant les descriptions minutieuses faites de toutes cette quantité d'exemplaires, M. Solomirsky a constaté que la subdivision en types, ayant pour base la couleur foncière du plastron du Combattant, correspondait parfaitement au mode de coloration de l'Oiseau. On y trouve en conséquence quatre types distincts, savoir: i° à plastron blanc : 2° à plastron roux, jaunâtre ou rougeàtre ; 3° à plastron foncé ou noir, et 4° à plas- tron rayé parallèlement en demi-cercles. Les 110 Combattanis rangés selon la couleur du plastron, dans les quatre catégories, offrirent les chiffres suivants : 26 plastrons blancs. 26 rouges, 26 noirs et 36 rayés en demi-cercles. La seconde note de M. Solomirsky annonce que le Muséum d'Ekaterinburg vient d'acquérir tout récemment deux exem- plaires d'une variété locale de la Starne grise, décrite en russi' sous le nom de Pet-dix barbota, à la page 528 du tome I îles Oiseaux de la iïussie, ouvrage publié en 1802. Cette variété est très voisine de la Starne grise, dont elle ne se dislingue que par des petites touffes déplumes décomposées et saillantes sur EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DKS SECTIONS 88 la tête, dont Tune forme une espèce de barbe sur le menton et deux autres recouvrent les régions parotiques. Après ces deux communications, M. le professeur Trouessart place sous les yeux des membres de la Section d'Ornithologie un animal fort curieux, qui n'est autre qu'une Perruche ondulée bleue offerte au Muséum par M",e de la Guérinière, du Mans. Il est diflicile de donner une idée de l'effet que produit ce ravissant Oiseau, sur lequel M. Trouessart a exprimé son opinion. On sait qu'il existe déjà, chez la Perruche ondulée, une variété jaune, qui est un commencement de décoloration, une marche vers l'albinisme. Ici, nous n'avons plus devant nous de jaune, mais du bleu céleste, qui jamais ne donne une teinture par réaction chimique. Dans les paysages, la teinte bleuâtre est donnée par la lumière ; chez les blonds, l'œil bleu est un résultat du défaut de pigment. Chez l'Oiseau donné au Muséum, il y a très peu de pigment brun ; cependant, les moustaches sont restées violacées et les plumes de la queue ont peu varié. Si on pousse trop loin la sélection, on arrivera fatalement à l'albinisme. Le Secrétaire est chargé de demander des détails à Mme de la lîuérinière sur la façon dont cette variété s'est produite. M. le Secrétaire général donne lecture d'un mémoire, adressé de Hongay (Tonkin), par notre collègue, M. E. Jardel, sur des « Essais d'engraissement forcé des Oiseaux de basse-cour au Tonkin ». Ce mémoire sera publié in extenso dans le Bulletin. La séance se termine par la lecture d'un travail de M. Ma- gaud d'Aubusson intitulé : « Excursions ornithologiques sur les côtes de Bretagne ». Il a été inséré dans les Bulletins de décembre 1911. Au terme du règlement, les membres de la Section procèdent à l'élection du Bureau pour 1912. Sont élus : MM. Magaud d'Aubusson, président. M en égaux, vice-président. Le comte d'Orfeuille, secrétaire. Wuirion, délégué à la Commission des récompenses. Le Secrétaire, Comte d'Orfeuille. 8(î BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION IIIe SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE ni J.'{ NOVEMBRE 1911 Présidence de M. RaveVet-Wattel, président. Le procès-verbal de la dernière séance ayant, suivant l'usage, été approuvé par le Conseil, il n'y a pas lieu d'en donner lecture. Excusé : M. le Dr Pellegrin. M. le Président dépose sur le bureau un numéro du journal Chasse et Pêche, de Bruxelles, renfermant un article du rédac- teur en chef de cette Revue, M. van der Snickt, sur l'élevage industriel de la Grenouille, en Belgique. Cet article, qui ne donne que quelques renseignements sommaires sur la question traitée, devait être bientôt suivi d'un autre plus détaillé. Malheureusement, nous avons le vif regret d'apprendre le décès de M. van der Snickt, enlevé par une courte maladie, à la fin d'octobre dernier. M. le Président rappelle que M. van der Snickt, qui, depuis de longues années, s'occupait de toutes sortes de questions d'élevage et, en particulier, de pisciculture, a plusieurs fois adressé à notre Société d'intéressantes commu- nications. D'une extrême obligeance, M. van der Snickl s'était acquis des sympathies nombreuses. Il emporte les regrets de tous ceux qui l'ont connu. M. le Président fait connaître que plusieurs de nos collègues ayant exprimé le désir de se procurer des alevins de Black- Bass à grande bouche, il a écrit à ce sujet à l'établissement de pisciculture Borghi, près Varano (Loin hardie).. Cet établisse- ment vient de répondre qu'il peut fournir des sujets de l'année à 15 francs le cent et des sujets de deux ans à 4 francs le kilo- gramme, ce qui l'ait ressortir le prix de 'ces Poissons à 40 cen- times environ, les Black-JBass de deux ans pesant, en général, une centaine de grammes. L'époque actuelle de l'année serait favorable au transport de ces Poissons. M. Debreuil dépose sur le bureau quelques noies qu'il a recueillies, de divers côtés, sur l'élevage de la Grenouille, tes notes sont remises à M. Raveret-Wattel, pour qu'il en soil donné un résumé dans la prochaine séance. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES ni:s SECTIONS S7 Il est communiqué ensuite à la section : 1° Deux lettres de M. le prince d'Arenberg, qui fait savoir qu'au mois d'avril il a mis des Black-Bass [Micropterus salmoides) dans un étang alimenté par des sources, mais vaseux, envahi par les roseaux, et où la température de l'eau s'est natu- rellement beaucoup élevée pendant les chaleurs si fortes de l'été dernier. Jusqu'à présent, ces Poissons semblent réussir dans celte pièce d'eau, déjà peuplée de Carpes, de Tanches et de Gar don 2° Une lettre de M. L. Welter, rendant compte de démarches faites dans la République Argentine en vue de seconder le désir de notre Société d'introduire en France le Pesce Re>/. M. le Dr Lahille, directeur du bureau de Biologie et de Pisciculture, à Buenos-Ayres, a bien voulu promettre de faire tous ses efforts pour nous expédier des œufs, le transport de sujets vivants de cette espèce paraissant impossible. M. Raveret-Wattel donne lecture d'une note sur l'élevage des Tortues comestibles au Japon. Les éléments de cette note, qui figurera au Bulletin, sont empruntés à un travail présenté au Congrès des arts et sciences de Saint-Louis (Louisiane), par M. Mitsukuri, professeur de zoologie à l'Université de Tokio. M. Lefebvre, qui s'est rendu acquéreur de la collection de Poissons exotiques de M. de Visser, donne des renseignements intéressants sur plusieurs des espèces figurant dans cette collection. Notte collègue veut bien promettre de tenir la Société au courant des observations qu'il lui sera donné de faire. M. Debreuil lit une lettre de M. le professeur Bugnion, rela- tive à l'apparition brusque d'.4 chatina fulica à Ceylan et à ses mœurs. M. Bugnion a joint à sa lettre une note de M. Green (The Zool. [1911], p. 31, lab. 2), qui fut chargé par le gouver- nement anglais d'étudier cette invasion et ses conséquences. M. Green recueillit jusqu'à deux cent vingt-sept de ces Mol- lusques sur un seul tronc de Cocotier, et évalue leur nombre à plusieurs millions. Les dégâts sont insignifiants, ces animaux se nourrissant d'excréments, ce qui les rend impropres à la consommation. M. Mailles présente ensuite deux œufs pondus en septembre par Glandina guitaia, la ponte totale est de trente à quarante œufs : SS BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION <( Grâce à M. l'abbé Foucher, dit-il, je possède deux Glandina guttata, dont la taille, lorsqu'ils sont entièrement sortis de leur coquille, est de 12 centimètres. « Ces deux Mollusques se sont attachés durant quarante-huit heures, les 15 et 10 juin 1911. Or, il est un fait curieux à remarquer, c'est que contrairement aux vulgaires Colimaçons qui, lors des amours, se trouvent attachés en sens contraire, c'est-à-dire que l'un regarde le nord et l'autre le sud, les Glan- dina se collent de telle façon que les deux tètes se trouvent à côté l'une de l'autre dans la même direction. « Mes Glandina ont enterré leurs œufs dans la terre ; ces œufs sont ovales et blanchâtres. « J'avais eu le soin, pour suivre plus facilement leurs mouve- ments, de les mettre dans une grande caisse en bois, recouverte d'une grande vitre, et percée de trous ; cette caisse était remplie de terre, mais dans une moitié on entretenait des jeunes salades pour servir de nourriture aux Colimaçons, victimes futures des Glandina. « On •& imprimé que les Glandina faisaient un ravage énorme parmi les Colimaçons: il ne faut pas exagérer, et rester dans la vérité. J'ai observé avec soin la quantité de nourriture absorbée, et loin de dévorer des Anodontes en une nuit, les Glandina que j'ai eues et qui pourtant étaient de tai41e raisonnable n'ont jamais absorbé plus de trois Escargots vulgaires par jour et par animal, leur moyenne était de doux par jour et par animal. « ils peuvent donc rendre grand service en France, si l'on peut les acclimater, car une destruction qui n'occasionne aucu n Irais aux agriculteurs, est déjà une découverte utile. » M. L'abbé Foucher présente à la section des Hirudinéeset des Planaires recueillies sur les ouïes de Poissons rouges (Carassius auratus). Ainsi parasités, ces Poissons mouraient en quantités. M. Raymond Le Fort fait connaître à ce sujet que, dans un de ses étangs, les Carpes étaient autrefois souvent attaquées par des Sangsues piscicoles. Depuis qu'il a introduit des Eupo- motis (/i/thnsus dans ces étangs, les Carpes sont débarrassées de leurs parasites par les Eupomotis, Lesquels, très friands de ces llirudinées, viennent les saisir sur le corps des Poissons. Le Secrétaire. DeI'AX. EXTRAITS DES l'UOCÈS- VERB \ l \ DES SÉANCES DES SECTIONS .S!» IV SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1911 Présidence de M. Clément, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et approuvé. Le Président lit une lettre de notre secrétaire M.leDr Royer, qui, trop occupé, se trouve obligé de renoncera ses fonctions. La Société, regrettant vivement cette détermination, prie M. Royer, d'accepter ses remerciements pour les bons services qu'il lui a rendus pendant l'exercice de son mandat. M. Rivière nous adresse la note suivante : « Le Puceron du Prunier, Aphis Pruni, a été très abondant durant la première partie de l'été dans la région du Jura. Les déjections de ce Puceron ont enduit toutes les feuilles et les ramilles de l'arbre ainsi que tout ce qui se trouvait au-dessous : ce liquide tombait constamment en fines gouttelettes qui s'ag- gloméraient à l'état de véritables larmes. Les enveloppes blan- châtres des Pucerons étaient innombrables, agglutinées aux feuilles, aux branches, retenues dans les toiles d'Araignée, dans les eaux stagnantes, etc., on en avait dans la barbe et dans les cheveux. « Il était impossible de rester sous un Prunier envahi par ce Puceron; on ressentait constamment sur les mains, sur la figure, des fraîcheurs désagréables causées par de minuscules gouttelettes aux chutes incessantes. « Les plantes sous ces ombrages souffrent beaucoup de l'en- duit gommeux qui les recouvre et sur lequel s'appliquent des poussières qui font croûte, mais la fumagine ne s'y développe pas. « Ce Puceron ne séjourne pas seulement sur les végétaux, on le trouve sur les outils, les arrosoirs, car il paraît attiré vers le métal. « Evidemment, devant des invasions aussi intenses il n'y a aucun moyen de défense. Le Prunus insititia et ses diverses variétés étaient particulièrement atteints; néanmoins, ce para- 90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALR D'ACCLIMATATION sitisme n'a pas nui à la fructification, qui a été abondante, mais en partie véreuse. » M. Clément présente un très beau nid de Vespa sylvestris, envoyé par M. Debreuil et recueilli sur un Marronnier; il fait remarquer que, dans leurs premiers états, les nids de V. sylves- tris présentent un tube vertical qui disparait plus tard pendant le développement du nid. Cet été, M. Clément a expérimenté les effets de la chaleur sur les Insectes : à 35 degrés, mal à leur aise, ils sont surexcités ;\ 40 degrés et la plupart ne tardent pas à mourir. M. Debreuil remarque à ce propos que le Puceron lanigère a disparu cette année vers le milieu d'août, assez brusquement, probablement par suite des chaleurs. M. Mailles, à la Varenne Saint-IIilaire (Seine), rapporte qu'il a observé que cette année le Hanneton est en voie de dispari- tion dans sa région et que les dégâts sont insignifiants. Le Secrétaire adjoint, L. (tARRETA. BIBLIOGRAPHIE Vannée forestière (1910), par M. oj: Vilmorin. Quand le volume de M. L. Chancercl, inspecteur des eaux et forêts, ne devrait pas être suivi de nouvelles études analogues pour les années qui vont suivre, nous ne laisserions pas de le signaler comme un des plus intéressants que puisse lire, non seulement un forestier, mais un ami des arbres et des forêts; il aborde une grande variété de sujets, tous traités avec compé- tence, talent et clarté. Il est, par contre, extrêmement difficile à résumer, divisé qu'il est en dix-huit divisions ou chapitres, dont plusieurs comprennent jusqu'à dix ou douze études différentes, soit en tout environ soixante-dix sujets, souvent résumés en une expo- sition de deux à 3 pages. Quelques chapitres traitent plus spécialement de sujets généraux : ainsi les deux premiers qui sont intitulés : les forêts et le régime des eaux et comprennent cinq études connexes; le troisième, intitulé : action des forêts sur l'hygiène générale; le quatrième, la lutte contre les torrents; le sixième, influence des lois astronomiques sur le régime des eaux; le septième, les engrais chimiques en sylviculture; le onzième, mesures à prendre pour la conservation des forêts, etc. Mais encore, dans ces chapitres mêmes, beaucoup de cas spéciaux, régionaux, sont-ils envisagés, auprès des études générales, apportant à la lecture de chacun des chapitres une grande diversité. Le chapitre huit : questions de reboisement, contient douze études spéciales; le neuvième : végétaux exotiques, cinq études de quelques pages chacune; le quatorzième : végétaux fores- tiers d'Asie et d'Afrique, quatre courtes études. La rédaction d'un semblable recueil demande un remar- quable ensemble d'aptitudes et de connaissances. Celles-ci ne font pas défaut à M. Chancerel, et l'on ne rencontre pas souvent chez un seul homme des compétences aussi étendues et variées. Nous serons moins surpris de l'ensemble des connaissances réclamées par la rédaction d'une œuvre si variée, quand nous penserons que M. L. Chancerel est à la fois docteur en droit, !»2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D*ACCLIMATATION docteur en médecine, docteur es sciences, en même temps qu'inspecleur des eaux et forêts, attaché au Ministère de l'Ins- truction publique et des Beaux-Arts. Une partie notable des chapitres sept : les engrais chimiques en sylviculture, et huit : question de reboisement, expose les résultats des beaux travaux de l'auteur, publiés récemment et qui ont démontré le grand intérêt, présenté dans une grande majorité des cas, par l'emploi des engrais calciques et notamment des sulfate et phosphate de chaux. Ces deux sels favorisent la germination, le bouturage, le repiquage et fina- lement le développement des plants forestiers, de la plupart des Conifères, y compris quelques-uns de ceux qui sont classés comme calcifuges. Ces études sont accompagnées d'excellentes ligures, de photogravures fort démonstratives ; de belles épreuves illustrent aussi les articles sur la restauration des montagnes, etc. Mais la plupart des sous-chapitres sont des résumés, très habilement faits, d'études diverses parues dans les publications, revues et journaux spéciaux en France et à l'étranger. Chaque lecteur y trouvera des sujets d'intérêt particulier, suivant ses goûts, spécialités et préférences. Je ne pourais manquer de citer avec empressement les notes sur Y arboretum des Barres, œuvre de famille devenue domaine de l'Etat. Les membres de la Société d'Acclimatation ne sauraient être indifférents à l'étude qui suit : les essences fores- tières au Jardin des Plantes de Paris. Malgré un sol de remblais très insuffisant, des poussières et vapeurs atmosphériques, le Muséum d'Histoire naturelle renferme un véritable arboretum , qui est loin de manquer d'intérêt et présente quelques remar- quables spécimens. Combien il serait à souhaiter, ajoute M. Chancerel, qu'à l'instar de Londres, Berlin, etc., le Muséum possédât une annexe située en terrain approprié où des collections bota- niques, médicinales, dendrologiques et autres, puissent se constituer dans des conditions plus favorables. Le relevé des arbres qui résistent, à Paris, à des conditions si désavanta- geuses, indique du moins, à l'amateur et au paysager, ce qui peut être planté avec certitude de réussite dans les limites d'une grande ville. Il serait fastidieux de tenter l'analyse de la plupart des courtes études des autres chapitres. Ces notes concernant le transport, CHR0NIQ1 E GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 93 le commerce des bois el produits dérivés de l'arbre, et même des questions de réformes cygénétiques, sont très intéressantes. Souhaitons donc que « l'Année forestière » devienne, comme sa préface nous le fait espérer, une revue annuelle des faits et travaux concernant la culture et l'emploi des bois et de leur dérivés dans le inonde entier. Cette revue trouvera des lecteurs em pressés CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Nouveau procédé de conservation des œufs. — Utilisation de la pisci- culture pour combattre la malaria. — Les Saumons de Californie, dans le New-Hampshire et dans le lac Champlain. — Acclimatation du Striped-bass en Californie. — lnlroduction eo Nouvelle-Zélande de la Truite arc-en-ciel et du Saumon à dos bleu. La conservation des œufs destinés à l'alimentation est une question qui intéresse à la fois le producteur et le consomma- teur. On doit à un ingénieur distingué, M. Fernand Lescardé l'indication d'un procédé nouveau consistant à traiter les œufs dans un milieu antiseptique d'anhydre carbonique et d'azole préalablement à la conservation en chambres froides. Des essais fort intéressants et très concluants viennent d'être faits à Chatellerault par MM. Seguin et Carre l ; plusieurs cen- taines d'œufs furent conservés par ce procédé, pendant si\ mois. Le 12 octobre dernier, les caisses furent ouvertes et l'on constata que les œufs avaient toute l'apparence et toutes les qualités des œufs fraîchement pondus. Ces œufs stérilisés et réfrigérés ayant été expédiés sur le marché de Paris, furent vendus au cours moyen de 145 francs le mille, soit à peu près le prix des œufs frais, laissant un bénéfice net de 30 à 35 francs le mille. 11 y a là un résultat qui mérite d'être signalé et qui semble établir l'excellence du procédé dont il s'agit. On continue à se féliciter en Italie de l'utilisation de la pisci- culture comme moyen de combattre la malaria. Les Carpes 94 hl'LLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION introduites dans les rizières de la vallée du Pô (région où sévit surtout la maladie) font partout disparaître les larves d'Ano- phèles, agents propagateurs des fièvres. C'est à la iin de juin que l'on met les jeunes Poissons dans les rizières. Le procédé, peu coûteux en lui-même (4 ou 5 francs par hectare pour le prix d'achat des alevins), entraîne un bénéfice direct : dans les rizières où la Carpe est introduite, on récolte, en effet, parait-il, de 5 à 6 quintaux de riz de plus, par hectare, que dans les cultures non assainies. Depuis un certain nombre d'années, on prend soin, à la station piscicole de Baird (Californie), de n'utiliser, comme sujets reproducteurs, que les plus gros des Saumons capturés dans la rivière Mac-Loud, cours d'eau sur les bords duquel est situé l'établissement. Cette sélection porte aujourd'hui ses fruits : le poids moyen des Saumons péchés au momrnt de la remonte est actuellement de 20 livres environ, alors que, pré- cédemment, il ne dépassait pas 17 livres. Une précaution bien simple a suffi, comme on le voit, pour améliorer la race des Saumons qui fréquentent la rivière. Après une quarantaine d'années de persévérants efforts faits par les Etals-Unis pour l'introduction du Saumon de Californie dans les cours d'eau tributaires de l'Atlantique, un résultat semble avoir enfin été obtenu. L'année dernière, on a constaté l'existencede ce Saumon danslelacSunapee (New Hampshire), où des sujets de 3 à 5 livres ont été pris à la ligne. Ces Poissons proviennent sans aucun doute de déversements d'alevins faits, en 1904, par la Commission de pisciculture du New-Hampshire, qui avait reçu des œufs embryonnés provenant de la station piscicole de Baird (Californie). Encouragé par ce succès, le Bureau fédéral des pêcheries a fait mettre, au prin- temps dernier, 40.000 jeunes Saumons de Californie dans le lac Champlain. I He autre tentative d'acclimatation, qui date de 1879, est aujourd'hui récompensée par des résultats forl satisfaisants. Il s'agit du Striped-Bass ou Ftockfish (Rorcns Uneatus), Per- coïde des Etats de l'Est, que l'on s'est occupé d'introduire en CHRONIQUE GÉNÉRALE KT FAITS DIVERS 95 Californie. Dès ISH(.), juste dix ans après les premiers envois d'alevins, 16.296 livres de ce Poisson étaient capturées dans Li - rivières californiennes, où l'espèce était autrefois absolument inconnue. Aujourd'hui, le produit annuel de la pêche s'élève, en moyenne, à I. sot). 000 livres de Striped-liass. représentant une valeur de 133.000 dollars (073.000 fr.). Depuis quelques années, des travaux d'acclimatation, portant principalement sur des Poissons américains, ont été entrepris par le gouvernement de la Nouvelle-Zélande, avec le bien- veillant concours de la Commission fédérale des pêcheries de Washington, et ces travaux portent déjà des fruits sérieux. Des envois importants d'oeufs de différents Salmonidés ont été demandés aux Etats-Unis et, jusqu'à ce jour, c'est la Truite arc-en-ciel qui a donné les résultats les plus remarquables. Cette espèce s'est si bien acclimatée dans les eaux de la Nou- velle-Zélande que, nulle part ailleurs, peut-être, la pèche de ce Poisson n'est aussi fructueuse. Rien que dans deux lacs de peu d'étendue, les pêcheurs à la ligne n'ont pas capturé moins de 40.000 livres de Truite arc-en-ciel, pendant le cours d'une seule année, et l'importance de cette acclimatation s'affirme déplus en plus chaque jour. Le Saumon à dos bleu (Onchorhynchus nerka Walbaume), de l'Alaska, et le Saumon de Californie (Onchorynchus tschawyts- cha) ont été aussi introduits dans plusieurs cours d'eau de la colonie, grâce à des envois d'oeufs reçus des États-Unis en 1911. Dès 1908 et 1909, de nombreux sujets, provenant de ces impor- tations d'œufs, se montraient sur divers points, et des repro- ductions sont aujourd'hui partout constatées. 11 a même été possihle, l'année dernière, de recueillir sur de très beaux sujets adultes, 238.000 œufs environ, et de continuer les opérations d'empoissonnement avec les ressources ainsi puisées sur place. D'autre part, la Carpe, la Tanche et la Perche d'Europe ont aussi été introduites au moyen d'importations d'Alevins tirés de Tasmanie, où ces trois espèces sont, depuis longtemps déjà. très répandues sur un grand nombre de points. Les résultats ainsi obtenus dans l'acclimatation de Poissons dulcaquicoles ont conduit le gouvernement de la Nouvelle-Zé- 96 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION lande à songer maintenant à l'acquisition des espèces marines ; on cherche donc aujourd'hui à introduire dans les eaux bai- gnant les côtes de la Nouvelle-Zélande, le Hareng, la Plie et l'Eglefin. Dans l'impossibilité de transporter vivants des sujets jeunes ou adultes de Hareng, depuis la mer du Nord ou l'Atlan- tique jusque dans l'Océan Pacifique, on a dû se préoceupper des moyens d'expédier des œufs fécondés; comme l'évolution embryonnaire est beaucoup plus rapide chez le Hareng que chez les Salmonidés, l'éclosion de ces œufs — qui se produit d'ordinaire au bout de huit ou dix jours — devra être consi- rablement retardée, puisque la durée du trajet d'Europe jus- qu'aux antipodes est d'une cinquantaine de jours. Sur la demande du Gouvernement de la colonie, des expériences à ce sujet ont été entreprises par le Dr Williamson, au laboratoire maritime d'Aberdeen. Malgré les difficultés du problème à résoudre, la possibilité de prolonger la durée de l'incubation sur des quantités importantes d'œufs, paraît être aujourd'hui établie, et des essais d'envois d'œufs fécondés de Hareng vont avoir lieu prochainement. Inutile de faire ressortir l'intérêt que présentent de semblables tentatives. ERRATUM Prière de compléter la liste des Membres de la Société publiée dans !e n° 1. 1912. par les indications suivantes : Page 4, 1863 \el non 1893) : Germain (Rodolphe), vétérinaire principal en retraite, ", avenue de Périgueux, à Brantôme (Dordogne). Page 15 (in fine] : 1906. Lefebvrk (Lucien), 53, rue de Saint-Oucntin, à Nogent-sur-Marne ;Seine). Le Gérant : A. Mahethel'x. Pans. — L. Marktheux, imprimeur, 1, rue Cassette. NOTE SUR QUELQUES MAMMIFÈRES IMPORTÉS DE CAO (HAUT-SÉNÉGAL), EN FRANGE Par LOUIS GIRARD Sergent télégraphiste colonial. Les Mammifères qu'il m'a été permis d'offrir à la Ménagerie du Muséum lors de mon arrivée en France, au mois d'octobre 1911, étaient tous de jeunes spécimens. Tous provenaient des envi- rons de Gao, poste militaire du Haut Sénégal-Niger, situé dans le Gourma et en bordure du Sahara. L'ensemble du troupeau se composait d'une Antilope onctueuse, d'un couple de Cépha- lophes grimmi. d'une Gazelle de Mohr, d'un couple de Civettes et d'un couple de Girafes. Ces dernières, capturées par les Nègres qui avaient tué la mère, m'avaient été apportées âgées de quelques jours et je dus les allaiter au biberon pendant six mois. Leur sevrage n'a eu lieu que trois semaines environ avant mon départ de Gao. Sauf les Civettes, tous ces animaux vivaient dans une entière liberté et étaient tellement sociables qu'après quatre mois de captivité, lâchés dans la brousse le matin après leur premier repas, ils revenaient d'eux-mêmes à onze heures, reprenaient leur liberté à deux heures et ren- traient toujours d'eux-mêmes à cinq heures. Lorsque, par hasard, j'étais trop long à ouvrir la porte de leur enclos, tous ces animaux montraient des signes évidents d'impatience et, la faim les poussant, les Girafes, grâce à leur taille, passaient la tête à travers le guichet pour essayer d'ouvrir le loqueteau de fermeture. Dans leur promenade, les Girafes ouvraient toujours la marche et étaient suivies des autres animaux. Leur nourriture consistait en Riz cuit, Mil, un peu d'herbe et de jeunes pousses de Mimosa. Elles enveloppent avec leur langue l'extrémité de la branche de cette dernière plante, et agglutinent avec leur salive les jeunes pousses atin de les saisir sans se blesser aux épines ; elles se montraient aussi très friandes de sel. J'ai beaucoup regretté de n'avoir pu rapporter les deux La- mantins que j'avais capturés avec l'aide de pêcheurs nègre?. Ces animaux avaient été pris jeunes, mais, à l'encontre de ceux que j'ai importés en France, ils ne se sont jamais familiarisée. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1912. — 7 98 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Ils aiment la solitude, se reproduisent dans les rizières éloi- gnées des bords du fleuve et semblent avoir de l'aversion pour les endroits fréquentés. Leur nourriture consiste en herbage et ils affectionnent particulièrement les jeunes pousses de Riz. Afin de tenir caplifs mes deux animaux, j'avais fait passer, à travers l'extrémité de la nageoire caudale de chacun d'eux, un anneau auquel était fixée une longue et solide corde, attachée par l'autre bout à un pieu en fer fiché dans le sol de la rive; de cette façon, ils pouvaient se nourrir de l'herbe qu'ils avaient autour d'eux et évoluer dans une semi-liberté; mais quelque temps avant mon départ, lorsqu'ils eurent épuisé l'herbe située à proximité, faute de nourriture à leur convenance, ils ron- gèrent la corde qui finit par être coupée et gagnèrent le large, malencontreusement pour l'un d'eux, car je viens d'apprendre par une lettre, qu'un de mes anciens pensionnaires a été tué et qu'il a été reconnu grâce à l'anneau qu'il avait encore à la queue. La pêche de ces animaux se fait habituellement au moyen d'un harpon dentelé, à la hampe duquel est fixé, par une de ses extrémités, un cordeau enroulé en partie et dont l'autre extrémité supporte un bouchon de bois insubmersible. Lorsque le Lamantin est harponné, il plonge pour s'échapper; mais la corde se déroule et le bouchon vient flotter à la surface, indi- quant au pêcheur l'endroit où se tient l'animal. AU SIMKT DU MUSA liASJOO SIEB. MUSA JAPUNICA IIORÏ.) Par J. GÉROME A la séance du 20 novembre 1911 de la Société d'Acclimata- lion (Section de Botanique), M. Ludwig, jardinier chez M. De- breuil, avait apporté deux magnifiques inflorescences de la plante qu'il cultive avec succès, en plein air, sous le nom hor- ticole de Musa japonica. La touffe sur laquelle ont été prélevées ces intlorescences, provient d'un jeune pied planté il y a cinq ans, en pleine terre; elle présente actuellement dix-neuf tiges, dont l'une mesure Om73 de circonférence à la base et 4m80 de hauteur; chaque année, plusieurs de ces tiges fleurissent et développent de jeunes fruits, qui n'arrivent pas à maturité complète. Pendant l'hiver, la plante est simplement entourée de feuilles sèches et couverte d'un abri en paille, rejetant les eaux de pluies en dehors. Il s'agit donc, comme on le voit, d'une espèce de Bananier suffisamment rustique pour résister en pleine terre et en plein air (sauf un léger abri) dans notre climat parisien et y déve- loppant des inflorescences qui permettent aux amateurs et gens du monde de se faire une idée précise du développement des régimes des Bananes alimentaires que, depuis plusieurs années, on voit de plus en plus à Paris. I ne présentation analogue avait déjà été faite à la même date de l'année 1010, par M. Debreuil et les membres de la Société pourront se reporter aux renseignements contenus dans le procès-verbal de la séance de novembre 1910 (1). Ils y trouveront des indications bibliographiques, se rapportant à d'autres floraisons déjà constatées dans divers points de la France, qu'il n'est pas nécessaire de rapporter ici. On peut se demander pourquoi le Musa Basjoo n'est pas plus répandu chez les amateurs. Je crois qu'on peut donner comme raison principale la sui- (t) Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation, numéro du 15 fé- vrier 1911, p. 125. 100 BULLETIN DE LA S )CIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION vante : c'est qu'on a voulu le comparer au Musa Ensete (Bana- nier d'Abyssinie), et lui faire jouer le même rôle dans les jardins, tandis que ces deux Bananiers sont tout à l'ait diffé- rents comme port, comme aspect, comme mode de végétation et comme culture. Le Musa Ensete est surtout utilisé en plantes jeunes, isolées sur les pelouses, ou au centre de corbeilles élevées, et s'y fait remarquer par sa vigoureuse végétation, son port trapu et son énorme tronc formé par les gaines épaissies des feuilles; il ne produit pas de rejet au pied; il doit être rentré tous les hivers en serre. Si on le cultive en pleine terre, dans une serre tempérée ou un jardin d'hiver, il y acquiert avec l'âge une assez grande hauteur, arrive à développer une inflorescence dressée, puis meurt après cette floraison. C'est une plante franchement mo- nocarpique. Le Musa Basjoo appartient au contraire à la catégorie des Bananiers à tiges relativement grêles (groupe auquel appar- tient le Musa sapiehlum), mais produisant de nombreux rejets annuels qui remplacent les liges qui fleurissent successivement et meurent; c'est donc une plante polycarpique et assez rus- tique, nous l'avons vu, pour fleurir dehors si elle est un peu abritée. Il n'atteint toute sa beauté que s'il est déjà un peu âgé. La figure ci-jointe, obtenue avec une photographie faite en septembre 1 î* 1 1 chez M. Debreuil, et celle qu'a publiée la Bévue horticole en 18%, p. 202, d'un pied fleuri en 189o à la villa Chassavaigne, à Menton, donnent une idée de l'aspect de cette plante et du rôle ornemental qu'elle peut jouer, rôle, comme on voit, tout différent de celui du Musa Ensete. A quelle date, et par qui, le Musa Basjoo a-t-il été introduit dans les jardins européen.-'.' Je n'ai trouvé de renseignements préeis que pour la dernière question, dans la monographie des espèces de Bananiers, publiée par Baker, en 1895. dans le Bulletin de Kew(l), p. 248, un il est dit que ce Bananier, originaire des îles Liu Kiu par 25 à .'{() degrés de latitude nord) et cultivé dans le sud du Japon comme espèce textile, a été introduit dans les jardins anglais (I) Bulletin o/ Miscellaneous information, Royal Gardens, Kew, 1894, p. 229 à 314. AI SUJET 1)1 MUSA BASJOO 101 par la maison Veitch et (ils, horticulteurs à Chelsea, et qu'il a fleuri 'dans les serres tempérées de Kew en 1891; mais il n"v a pas de date précise d'introduction. D'après d'autres sources, notamment le Botanical Magazine, pi. 718:2, le Gartenflora, 1891 , p. 139, Wiener lllusfrirte (jarien-Zeituiu/, 1891, p. 445, c'esl sous le nom de Musa japonica Hort. que la plante a été intro- duite. Sous ce nom, la Revue horticole de 1889, p. -491, lui consacre une petite note de chronique dont voici un extrait : « Très belle et très vigoureuse, cette espèce, que MM. Veitch ont reçue du Japon, est relativement rustique; ainsi, cette année encore, elle a passé l'hiver en pleine terre, au Plessis- Piquet, chez MM. Thibaut et Keteleer, et s'y est parfaitement 102 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION comportée, sans aucun abri autre qu'une très légère couverture de Touilles... » Cette note, relative au Musa Basjoo, est la plus ancienne que je connaisse dans les journaux horticoles; on remarquera la phrase « cette année encore » qui laisse supposer au moins une autre année antérieure de culture par MM. Thibaut et Keteleer, lesquels tenaient la plante de MM. Veitch et fils. Dans ces conditions, on peut faire remonter l'introduction à l'établissement Veitch, vers 1885 ou 1886. D'ailleurs, la date de première floraison, à Kew (1891), per- met (par analogie avec ce qui a été constaté à Verrières, chez M. Philippe de Vdmorin, où la plante a fleuri après cinq ans de plantation (1), et chez M. Debreuil, où elle a fleuri après quatre années) de dire avec quelque chance de vérité que l'introduction première remonte bien vers 188(3 ou 1887; la date de 1890, donnée dans le Dictionnaire d'horticulture de Nicholson ' traduction française par M. Mottet), semble contes- table. Mais c'est un point qui n'a, en somme, que l'importance qu'on veut bien lui accorder, très petite, si l'on se place au point de vue pratique. Pour terminer cette note, voici un tableau dont la première colonne est composée avec des chiffres donnés par M. Ed. André et notés par lui dans sa propriété de Lacroix, en Touraine (2), et la deuxième colonne par les chiffres donnés par M Debreuil, à Melun, pour le pied figuré ici. Il s'agit, pour la plante de Lacroix, d'une touffe plantée depuis quatre ans, et pour celle de Melun, d'une touffe qui a cinq ans de plantation. A Lacroix. A Melun. Grosseur du Ironc 0,54 0,73 Hauteur (ie la plante 3,25 4.80 N'ombre de ti^es S » 19 » Nombre de feuilles 55 » 155 » A Montpellier, d'après M. Sahut, les tiges arrivent à acqué- rir 6 mètres de hauteur, avec Om85 de circonférence. Les plus grandes feuilles y atteignent -2m85 de long sur 0m70 de large. 1 Uevuc horticole, 11)07, p. 59. 2 Hevue horticole, 1902. p. 194. Al SUJET DU MUSA BAS.IOO L03 Ces indications suffisent amplement pour donner une idée de la valeur ornementale du Musa Basjoo. Peut-il avoir une importance économique? Nous avons vu, plus haut, qu'il était cultivé comme une plante textile dans les provinces méridionales du Japon. On a songé, aussi, à utiliser sa rusticité pour essayer d'obte- nir des Bananiers alimentaires exigeant moins de chaleur que les races issues du Musa sapientum et du Musa sinensis. Mais les résultais obtenus jusqu'alors ont été nuls (1). (I Voir Bulletin de la Société d'Acclimatation, 1909, p. 32 : « Sur la Kécondation croisée des Bananiers », par C. Rivière. ÉNUMÉRATION DES PLANTES CULTIVÉES PAH LES INDIGÈNES EN AFRIQUE TROPICALE ET DES ESPÈCES NATURALISÉES DANS LE MÊME PAYS ET AYANT PROBABLEMENT ÉTÉ CULTIVÉES A UNE ÉPOQUE PLUS OU MOINS RECULÉE Suite (1). Par Aug. CHEVALIER. LÉGUMINEUSES (suite). Parkia inlermedia Oliv. — Spontané au Dahomey. Cultivé en verger autour des villages. Leucsena glauca Benth. — Origine asiatique. Introduit depuis longtemps par les Européens au Sénégal. Les indigènes commencent à le répandre autour des principales villes, comme Dakar, Saint-Louis, Thiès, etc.. Sans usages. Acacia albida Delile. — Spontané dans la zone sahélienne. Il en existe des vergers autour des villages du Sénégal et dans tout le nord du Soudan. Ces arbres n'ont pas été plantés, mais les plants qui germent naturellement sont souvent conservés par les indigènes. Les rameaux et les gousses de cet arbre fournissent un excellent fourrage pendant la saison sèche. Acacia ataxacanlha DC. — Spontané en Afrique tropicale, dans la forêt vierge et les savanes. Employé chez beaucoup de peuplades primitives pour faire des haies vives, impénétrables, servant de fortifications aux villages. De telles formations dé- fensives s'observent chez les Dyolas et les Touras, entre le Haut-Cavally et le Moyen-Sassandra, chez les Hollis et chez quelques Nagos du Dahomey, chez les Ndoukas et les Goullas du Kouti et de la région du lac Iro, territoire du Chari. Albizzia Lebbek Benth. — Originaire de l'Asie tropicale et de l'Océanie. Fréquemment planté par les Européens comme arbre d'avenues. On commence à en rencontrer quelques exem- plaires dans certains villages du Sénégal et du Bas-Dahomey. (1) V. Bulletin V février 1912. l'lantes cultivées en afrique tropicale 105 Crassulacéks. Bryopkyllum calycinttm Salisb. — Originaire de Madagascar. Cultivé à cause de ses propriétés médicinales autour des cases dans la zone guinéenne et surtout dans les régions de forci. Souvent naturalisé. Kalanchoe crenata Harv. — Spontané en Afrique tropicale Parfois planté autour des cases ou naturalisé à cause des pro- priétés médicinales. COMBRÉTACÉES. Terminalia Catappa DC. — Originaire de la Côte de Malabar. Introduit par les Européens et répandu dans quelques postes, surtout depuis une dizaine d'années. Cet arbre s'observe déjà dans quelques villages des régions côtières du Dahomey et de la Côte d'Ivoire. Anogeissvs leiocarpus G. et P. — Spontané en Afrique tropi- cale, principalement dans la zone soudanaise. L'arbre est planté, à cause de ses propriétés tinctoriales, à proximité de quelques villages du Bas et du Moyen-Dahomey. Myrtacées. Psidium Guayava Raddi, — Goyavier. Originaire de l'Afrique tropicale. Cet arbuste, cultivé dans presque tous les jardins européens, est rarement planté parles indigènes, mais la race P. pomiferum L. s'est abondamment naturalisée autour de certains villages de la zone guinéenne, au point de former, en certains endroits, des taillis étendus. Lyturariées. Lawsonia inermis L. — Henné. Plante tinctoriale d'origine asia- tique. N'existe qu'à l'état cultivé en Afrique tropicale et ne s'est pas naturalisée. On la rencontre en Sénégal jusqu'en Casamance, en Guinée française, au Dahomey, dans la Nigeria, en Afrique centrale. Passiflorées. Passiflora fœtida L. — Origine américaine. Plante abondam- ment naturalisée autour des villages jusqu'au centre de l'Afri- que. Elle est particulièrement fréquente dans les clairières des régions littorales. Le fruit est comestible. La plante a dû être J 06 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE DACCLIMATATION cultivée par les indigènes autrefois. Les autres espèces de Passiflora ne sortent pas encore des jardins européens. Carica Papaya L. — Originaire des Antilles et peut-être du Mexique. Aujourd'hui, le Papayer est cultivé dans la plupart des villages de l'Afrique tropicale. Au centre de l'Afrique, il n'a pénétré qu'avec les Européens. Ainsi, en 1902, il venait de faire son apparition dans le Haut-Oubangui et il avait à peine pénétré dans le bassin du Chari. Dans les régions forestières, il se naturalise avec une extrême facilité : ainsi au Congo on le trouve en abondance sur les rives des voies navigables en tous les poinis d'atterrissage. A la Côte d'Ivoire aussi, il pullule sur les bords de la voie ferrée où il a l'aspect d'une plante spontanée ou naturalisée. Présente de nombreuses variétés, notamment une variété monoïque très répandue dans le centre de la Guinée française. Cucurbitacée's. Tclfairia occidentale Hook. f. — Originaire des forêts de l'Afrique tropicale. A la Côte d'Ivoire, les indigènes cultivent la plante pour ses graines oléagineuses et pour l'exocarpe des fruits servant à faire des récipients. Au Bas-Dahomey, les indi- gènes la cultivent exclusivement pour ses jeunes pousses et pour les feuilles qu'on mange en guise de brèdes. Cette espèce se rencontre parfois en pleine forêt delà Côte d'Ivoire avec les apparences d'une plante spontanée, mais il se peut qu'elle soit simplement naturalisée sur l'emplacement des anciennes cul- tures. Le Tclfairia pedata Hook. n'en est probablement qu'une race signalée à Maurice et en Afrique orientale. Lagenaria vulgaris Ser. — Originaire des Indes orientales et cultivé partout en Afrique tropicale par une foule d*usages. S'y rencontre sous forme de très nombreuses variétés fixées : les unes donnent des fruits jeunes comestibles, d'autres des semences oléagineuses utilisées dans la cuisine indigène. Lnlin la plupart pour l'exocarpe sec qui fournit, suivant les va- riétés des calebasses grandes ou petites, des plats, des cuillers, des gourdes, des pipes, de petites boîtes, des instru- ments de musique, etc.. Lu /fa œgyptiaca Miller. — Origine incertaine. Naturalisé autour de la plupart des villages dans un grand nombre de régions de l'Afrique tropicale. La plante a dû être cultivée autrefois, mais les Noirs ne l'ensemencent plus actuellement. PLANTES CULTIVÉES EN AFRIQUE TROPICALE 107 En certains pays, on mange les jeunes fruits; en Afrique tropi- cale on n'utilise que les flores formant la charpente du fruit mur desséché, et on en ohtient une sorte d'épongé végétale. Luffa acutangula Koxb. — Origine incertaine. Naturalisé près de quelques villages de la zone soudanaise. Ne nous est pas connu dans la zone des forêts et n'est plus cultivé. Sert aux mêmes usages que l'espèce précédente. Cucumeropsis Mannii Naud. (Ciadosicyos edulis Ilook. f.). — Origine inconnue. Cultivé dans toute la forêt de la Côte d'Ivoire, ainsi qu'au Baoulé, dans le Ras-Dahomey, dans la Nigeria du Sud, au Congo et jusqu'en Afrique centrale. Manque dans la zone soudanaise. Les graines oléagineuses s'emploient dans ïa cuisine. Présente plusieurs variétés fixées. Momordica Charantia L. — Origine asiatique et peut-être aussi spontanée en Afrique tropicale, où elle se rencontre parfois en abondance loin des terrains cultivés et même dans les clairières des forêts. Autour des villages, elle présente l'ap- parence d'une plante naturalisée, mais elle n'est pas cultivée comme dans l'Inde, où on mange les fruits. En Afrique, on utilise seulement la décoction de toute la plante, qui est purgative. Cucumis Melo L. — Originaire de l'Afrique tropicale ; nous avons observé sur les plages maritimes ainsi que sur les sables des zones sahélienne, soudanaise et guinéenne une forme véri- tablement spontanée. De nombreuses variétés fixées, très différentes de celles qu'on utilise en Europe, sont cultivées par les Noirs. Il faut d'abord citer : 1° un très gros Melon allongé rappelant le Melon Chaté, cultivé en certains villages du Sénégal (Tiaroye, Sor, etc..) ; 2° un Melon sans côtes, de la dimension d'un Canta- loup, cultivé dans la vallée du Moyen-Niger, spécialement dans les environs de Tombouctou; 3° plusieurs variétés rappelant la forme sauvage et produisant des fruits de la dimension d'un œuf de Pigeon. Le fruit est très amer et on consomme seule- ment les graines en grand chez certaines peuplades du Soudan nigérien et surtout dans les bassins de l'Oubangui et du Chari; 4° plusieurs variétés douces à fruits lisses, dont la taille varie de celle d'un œuf de Poule à celle d'un Cantaloup. On cueille ces fruits avant maturité et on les mange cuits. Citrullus vulgaris Schrad. — Plante bien spontanée dans les terrains sablonneux de la zone soudanaise. Elle est fréquem- 108 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ment cultivée en Afrique occidentale et en Afrique centrale. Les peuplades de la forêt la cultivent aussi parfois. Les fruits des formes cultivées ont une saveur douce, mais pas toujours. Nous en connaissons en Afrique un grand nombre de variétés fixées se groupant en plusieurs catégories : 1° variété à assez gros fruits rappelant les Pastèques cultivées en Algérie et dans le midi de l'Europe. Cette variété ne nous est connue chez les indigènes que dans le Bas-Dahomey; 2° des variétés à fruits moyens à pulpe toujours douce, assez savoureuse, sont culti- vées dans la région du Moyen-Niger, spécialement aux envi- rons de Tombouctou; 3° enfin les variétés les plus répandues dans les cultures ont des fruits de la grosseur d'une belle Orange, à saveur tantôt douce, tantôt amère. La culture de ces dernières variétés se fait souvent en grand et elles sont seule- ment utilisées pour leurs graines oléagineuses. Ces dernières formes sont répandues dans les plantations de presque toute l'Afrique tropicale. Cucurbita maxima Duchesne. - - Potiron. Origine inconnue : cette plante n'est certainement pas spontanée en Afrique tropi- cale, mais elle est cultivée autour des cases et parfois dans les champs, chez presque toutes les peuplades, aussi bien dans la zone des forêts que dans la zone des savanes. Cucurbita Pepo DC. — Courge ou Citrouille. Origine amé- ricaine. La plante se rencontre çà et là, mélangée à ia précé- dente, beaucoup plus commune. Nous l'avons observée princi- palement dans les régions côtières, au Soudan et jusque dans le Haut-Oubangui. Cactacées. Opuntia Tuna Mill. — (0. Dillenii). Sous le nom de Cactus, on connaît au Sénégal un Opuntia originaire sans doute du Mexique et planté ou naturalisé, mais ne s'étendant pas à plus de 20 kilomètres dans l'intérieur. Nulle part, il n'a un caractère envahissant; les indigènes le plantent encore pour faire des clôtures. Le fruit est comestibleàcomplète maturité, mais il faut enleveravec soin les toutes petites épines qui le hérissent. Nous pensons que cette plante a été introduite au Sénégal vers 1820, époque à laquelle on tenta au Sénégal l'élevage des cochenilles d'Opuntia. Nous avons donné la détermination de l'espèce d'après les travaux du D' Weber, mais nous ne sommes pas autrement certain que notre plante soit identique à celle qui PLANTES CULTIVÉES KN AFRIQUE TROPICALE 109 est si répandue à l'état naturalisé depuis le Texas jusqu'à La Californie. En tout cas, le Cactus sénégalais diffère complète- ment de V Opuntia Ficus-indica L. cultivé dans le midi de la France pour ses fruits. Dans cette dernière espèce, les fruits mûrs sont jaune abricot et gorgés de suc incolore; dans l'es- pèce sénégalaise, les fruits mûrs sont d'un rouge noirâtre, gorgés d'un suc carmin. Les indigènes de race Tôma, dans la Haute-Guinée française, sur la fronlière de l'Hinterland du Libéria, cultivent un autre Opuntia atteignant plus de 2 mètres de hauteur et servant à faire des haies défensives, sortes de fortifications autour des villages. Cette espèce n'a pas pu encore être déterminée, et l'on ignore comment elle est parvenue ainsi dans l'intérieur. Ombellifêres. Coriandrum sativum L. — Origine européenne; apporté par les Musulmans. Sous le nom bambara de Kafouné, cette plante est cultivée dans la vallée du Moyen-Niger, de Ségou à Tom- bouctou, ainsi que dans le sommet de la boucle du Niger cercle de Bandiagara). On la cultive aussi au Ouadaï. Fœniculum officinale Ail. — Originaire de l'Europe méri- dionale. Cultivé par les Musulmans dans les oasis sahariennes et dans le nord du Ouadaï. N'a pas encore pénétré dans la Nigrilie proprement dite. Peucedanum fraxinifolium Iliern. — Régions montagneuses de l'Afrique tropicale. Souvent planté au Fouta-Djalon pour faire des clôtures. Quelques pieds sont plantés dans certains villages de la Côte d'Ivoire, soit qu'ils constituent un médica- ment, soit qu'ils soient regardés comme fétiches. Kubiacées. Co/fea arabica L. — Spontané en Abyssinie et cultivé par les natifs de cette contrée depuis une époque très reculée. Co/fea libérien Bull in Iliern. — Originaire d'Angola, où Welwitsch l'a trouvé à l'état spontané. Cultivé dans lès régions côtières depuis moins d'un siècle par les Noirs civilisés de Sierra-Leone, de Libéria, de la Gold-Coast, de la Nigeria. Co/fea stenophi/lla G. Don. -- Spontané dans la Basse-Guinée française et à Sierra-Leone. De petites plantations de cette espèce ont été faites depuis longtemps par les indigènes de 110 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ces deux colonies, notamment dans le bassin du Rio-Nunez (Guinée française). Les nombreuses autres espèces de Caféiers découvertes en Afrique tropicale depuis quelques années ne sont pas encore cultivées par les indigènes. Marinda citrifolia L. — Spontané en Asie et en Afrique tropi- cales. Quelques arbres sont parfois plantés aux environs de certains villages du Bas-Dahomey, à cause des propriétés tinc- toriales de la racine. Composées. Vernonia amygdalina Delile. — Spontané en Afrique tropi- cale. Cet arbuste est souvent planté en haies et naturalisée autour des villages. Les indigènes utilisent les feuilles jeunes qu'on mange comme les brèdes. Vernonia sp. — Origine inconnue. Plante réputée médicinale par les Dahoméens et naturalisée à Abomey (Dahomey), sur l'emplacement du palais de Behanzin et autour des tombeaux de la famille royale. Lactuca taraxacifolia Schum. etThonn. — Origine inconnue. Dans la zone des forêts et dans la zone guinéenne, la plante se rencontre autour des villages, dans les terrains cultivés et sur l'emplacement des anciennes cultures avec les apparences d'une espèce naturalisée. Au Bas-Dahomey, elle serait encore parfois ensemencée autour des cases. Les feuilles fournissent une salade agréable; elles peuvent aussi être mangées en guise de brèdes. Guizotia abyssinica Cass. — Originaire d'Abyssinie, où elle est cultivée en grand pour ses graines oléagineuses. Nous ne l'avons rencontrée ni en Afrique occidentale ni en Afrique cen- trale. Plumbaginées. Plumbago zeylanica L. — Origine asiatique. Fréquemment naturalisé autour des villages de l'Afrique tropicale, mais jamais spontané! En certains pays, notamment dans laCôle d'Ivoire, les indi- gènes en plantent encore quelques touffes à proximité de leurs cases. Chez toutes les peuplades noires, on attribue à cette plante des propriétés médicinales ou fétiches. .1 suivre.) EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS I": SECTION. — MAMMIFÈRES (Sous-section d Etudes caprines i SÉANCE DU ±\ NOVEMBRE 1911 Présidence de M. le comte d'Orfeuille, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le Secrétaire dépouille la correspondance et fait à ce sujet les communications suivantes : Le D1 Lucine demande qu'on lui procure des pendeloques de Chèvre ; il voudrait en étudier la nature. M. le professeur Dechambre fait connaître qu'un travail a déjà été fait sur ces petits appendices charnus : il en donnera communication à la Société afin que les personnes que cela intéresse puissent être renseignées. Le D'" Lucine pourra en l'aire lui-même son profit. Mme David, femme d'un médecin de Thourotte, rend compte qu'elle a trois belles Alpines, pur sang. L'une n'a pas été con- duite au Bouc, l'année dernière, en 1910 ; elle n'en a pas moins conservé son lait tout l'hiver et donne, à la date du 30 août, date de la lettre, encore trois à quatre litres de lait par jour. Mme David annonce qu'elle fera la même épreuve avec ses deux autres Chèvres en 1911, c'est-à-dire qu'elle ne les fera pas saillir et elle a la certitude que sa maison ne manquera pas de lait l'hiver. Dans une deuxième lettre datée de septembre Mme David fait connaître dans quelles conditions ses Chèvres sont installées et le régime qu'elle a adopté pour leur faire donner le rendement remarquable qu'elle obtient. L'écurie est une pièce plafonnée avec sol briqueté de 3 m. 75 sur 3 m. 75. Elle est partagée en trois compartiments dont les cloisons en bois ont 1 m. 25 de hauteur et éclairée par deux 112 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION fenêtres. La porte est coupée par le milieu afin de pouvoir la laisser ouverte et assure ainsi, avec les deux fenêtres, le renou- vellement de l'air. Les murs cimentés sont très propres. Chaque fois que la litière est enlevée, le sol est soigneusement lavé et on y repasse deux à trois seaux d'eau résiduaire de l'appareil à acétylène qui est une très bonne eau de chaux. Quand la pâture aux Chevaux est libre, on y conduit les trois Chèvres ensemble, mais elles se plaisent fort bien dans leur logement et n'aiment pas en sortir pour se promener. Cependant il leur prend quelque fois fantaisie de s'échapper et c'est pour aller brouter clandestinement des baies de Lau- rier-Amande sans éprouver de ce fait le moindre malaise. Elles sont nourries à l'étable de Luzerne verte ou sèche, d'épluchures de légumes et de Betteraves saupoudrées de son cl servies dans des plateaux en fer battu très propres. Elles boivent de l'eau tiède en grande quantité, souvent de 15 à 20 litres chacune par jour. Ce sont de grandes mangeuses, mais aussi elles donnent 1 litres de lait chacune par jour pen- dant les trois mois qui suivent la mise bas. Cràce aux Boucs que Mme David a donnés un peu partout, la population caprine d'alentour s'améliore sensiblement. Les paysans ont beaucoup de mal à comprendre qu'il faille à la Chèvre une nourriture abondante et soignée et lui reproche son goût pour la dévastation. Il ne leur sort pas de l'esprit que la Chèvre doit vivre de rien. Mme David cherche à les édifier en leur montrant ses résultats et sa manière d'alimenter son petit troupeau. Ils sont émerveillés de voir une jeune Chèvre qui a à peine dépassé un an, donner après la mise bas jusqu'à 4 litres de lait alors que leurs Biques abâtardies en donnent à peine deux au moment de leur plus forte production. Cependant les pro- duits du croisement des Boucs alpins de race pure, avec ces r.hrvres communes, arrivent déjà à .'{ et 4 litres, ce qui est déjà une excellente indication. Le 19 novembre, Mmo David écrit une nouvelle lettre pour mettre la Société au courant d'un incident intéressant et suggestif. Pendant une absence qu'elle a faite, la production de lait de son troupeau est tombée de moitié, au point qu'on a dû dimi- nuer la ration d'une cliente de son mari qui (Hait atteinte d'entérite el à Laquelle le docteur avait prescrit le régime au EXTRAITS DBS PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 113 lai! de Chèvre. A sa rentrée, M1"' David si; mit immédiatement à veiller à la nourriture el à la boisson de ses trois Chèvres et deux jours après l'ensemble de la traite était déjà augmentée de deux litres. La domestique, par paresse, leur servait de L'eau froide et les bêtes dès lors ne buvaient plus. Sitôt qu'on leur fit à nouveau tiédir leur eau, elles se remirent à boire jusqu'à 2't litres par jour chacune. Même quand il fait chaud, les Chèvres de Mme David refusent l'eau sortie du puils. Le Secrétaire de la Section accueille la communication de M'"e David avec satisfaction, non parce qu'il considère comme nouveaux les faits que cette dame rapporte, mais parce qu'elle vient confirmer les résultats qu'il a lui-même obtenus avec des Alpines nourries en stabulation de la même manière. Et celte attestation venant d'une personne tout à fait digne de crédit, justifie M. Crepin aux yeux des personnes qui le croient enclin à l'exagération. Du reste, ces dernières qui mettent sa parole en doute, ont institué chez elles un régime exactement opposé à celui pratiqué par Mme David et, bien entendu, n'ont pas eu à s'en louer pour leur troupeau. M. Dechambre a la parole pour lire une communication que lui a adressée un officier turc sur la Chèvre d'Angora et son élevage en Asie Mineure. Les détails de cette communication méritent mieux que l'analyse dans un procès-verbal ; aussi l'assistance demande qu'ils soient publiés dans un article que M. Dechambre voudra bien écrire pour le Bulletin de la Société d'Acclimatation. L'ordre du jour porte un compte rendu sur la Capricullure en Russie, dont le Secrétaire a bien voulu se charger. Il résulte des écrits recueillis sur ce sujet qu'on ne s'est pas occupé de Chèvres en Russie avant 190 i. A cette époque, il y eut pour la première fois des Chèvres à une Exposition agricole, et celles-ci n'étaient qu'au nombre de deux. En 1910, à cette même Exposition, elles étaient 62 su- jets et les premiers prix ont été attribués à des Alpines fran- çaises et à des Nubiennes nées en France. L^ grand instigateur du mouvement en faveur de la Chèvre. en Russie, est M. de Gontcharoff, chambellan de l'Empereur et Président de la Société impériale d'Aviculture rurale. C'est par nos Bulletins qu'il a été renseigné sur la question qui l'intéresse aujourd'hui si vivement. liULL. SOC. NAT. ACCI.. l'IÎ. 1912. — 8 1 1 =i BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION La personne qui paraît tenir un des premiers rangs parmi les amis de la Chèvre en Russie, est Mme Marie Mamontoff, la femme d'un ingénieur des chemins de fer à Moscou. Cette personne, comme Mme David en France, a rendu de singuliers services à la cause caprine et mérite à cet égard les encouragements de notre Société en raison de la bonne tenue de son troupeau et des résultats qu'elle en obtient. L'idée de propager l'espèce caprine en Russie en l'amélio- rant est si bien entrée aujourd'hui dans l'esprit public de ce pays, qu'il y a été créé, au cours de 1911, une Fédération de contrôle pour l'élevage caprin. Cette fédération emprunte une partie de son importance à son affiliation à la puissante Société impériale d'Aviculture rurale. Cette fédération est constituée par des groupements d'éle- veurs de Chèvres qui fonctionnent par district. Cette œuvre aura sa première maille de chaîne à Moscou même, où sont réunis les premiers amis de la Chèvre. Les membres de la Fédé- ration paient une cotisation de 3 fr. 50 par Chèvre adulte; de 2 fr. 50 par Bouc de race, et de 0 fr. 60 par Chevreau élevé pour la remonte du troupeau. L'organe actif de la fédération est représenté par un contrô- leur appointé pour exercer la surveillance effective des trou- peaux placés sous sa juridiction. Le pouvoir administratif de la Fédération est représenté par un bureau nommé par l'assemblée des membres de la Société pour un an seulement. Il y a deux catégorie d'adhé- rents ; les titulaires et les candidats. Les premiers ont seuls voix délibérative et droit de vote dans les assemblées. Cependant les seconds sont représentés au Bureau de la Fédération, par deux délégués. Le bureau est composé de S titulaires, 2 candidats, 3 censeurs et le Président de la Société impériale d'aviculture rurale, qui est inamovible. Les membres du Bureau choisissent parmi eux un président, un vice-président, un secrétaire et un trésorier. Le Bureau a la haute main sur le contrôle et administre la Société. Ses opérations sont vérifiées par les censeurs et rati- fiées par l'assemblée générale des adhérents titulaires. Les comptes et rapports sont transmis en dernier ressort au Con- seil de la Société impériale d'aviculture rurale. La Fédération s'occupe, en choisissant l'époque favorable et en profitant des cours, de constituer des approvisionnements EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS LIS de fourrage et autre nourriture pour la Chèvre, Où Ions les sociétaires pourront venir puiser avantageusement. Les questions intéressant l'amélioration et la sélection de la Chèvre sont étudiées par les membres du Bureau et les déci- sions mises seront mises en application par l'agent du contrôle qui visite les élevages et met les éleveurs au courant des méthodes instituées et de la manière de les pratiquer. Il visite chaque i'erme d'élevage au moins six fois par an. Il va jusqu'à déterminer les doses d'alimentation et mesure la quantité de lait obtenu. Il constate trois fois par an la teneur en beurre du lait de chaque Chèvre, tient les registres et les livres d'origine qui sont rattachés a ceux ouverts au siège de la Société. Il fait tous les ans un rapport particulier sur chaque élevage qu'il contrôle et un rapport général sur tous les élevages de son district. Il est intéressant également de relater rue l'Association peut acquérir des reproducteurs de race en vue de l'organisa- tion d'un élevage spécial de reproducteurs pour les besoins des élevages tenus par des sociétaires. Les ressources de la Fédération sont constituées par les coti- sations, par un subside du Gouvernement, par un subside du Conseil de Province, par un concours pécuniaire de la Société impériale d'Aviculture rurale qui patronne l'Œuvre et enfin par des dons particuliers. Ces ressources sont employées à payer les contrôleurs et tous les frais d'administration, à acheter tout l'outillage néces- saire pour la progression et le développement de l'œuvre, et pour faire une vigoureuse publicité en faveur de l'utilisation de la Chèvre pour le plus grand bien de l'hygiène et de l'intérêt économique de tout le monde. Il y a certainement, dans cette intelligente organisation, de puissants éléments de succès. Quand la Russie aura su mettre à profit l'œuvre que la Société nationale d'Acclimatation de France a élaborée de toutes pièces, en tant que documentation et constatations scien- tifiques, et que les autres pays auront imité la Russie, peut-être' qu'en France on finira par se décider également à faire quel- que chose, et ce sera surtout bon parce que cela viendra de l'étranger. •Le Secrétaire, .1. Crepin. J 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION III- SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE DL 11 DÉCEMBRE 1911. Présidence de M. Raveret-Wattel, Président. Lecture est faite du procès-verbal de la précédente séance, qui est adopté. M. Le Fort annonce qu'il a reçu d'Italie 80 Black-bass d'un an, en parfait état; il attire l'attention des membres de la Société, désireux de se procurer ce Poisson, sur les frais de transport qui majorent beaucoup le prix d'achat, relativement peu élevé. Il donne lecture d'une coupure du journal Le Temps du 30 novembre 1911, signalant le départ de M. le professeur Gru- vel pour une nouvelle campagne d'études dans les eaux mauri- taniennes. Il y est suivi par huit bateaux de pêche bretons qui vont tenter, sur ses conseils, d'exploiter ces pêcheries si riches. La réussite de cette tentative ouvrirait à nos pêcheurs un nou- veau champ d'action d'autant plus intéressant que la pêche s'y pratique à d'autres époques qu'en France. M. Le Fort donne ensuite lecture de la note suivante : « A cause de la loi sur les fraudes, de nombreuses plaintes ayant été formulées contre la vente en France de petites Truites fumées à l'huile, qui n'ont de Truites que le nom, le Ministre de l'Agriculture chargea cet hiver notre collègue M. Cligny, directeur de la station aquicole de Boulogne-sur- Mer, de lui faire un rapport à ce sujet. « La réponse de M. Cligny fut catégorique. Non seulement les Truites vendues en boîte ne sont que de vulgaires Sprats, mais encore la Norvège nous inonde de petits tonneaux sur les- quels vous pourrez lire Anchois de Norvège; or, là aussi, il \ a tromperie sur la marchandise, ce ne sont que des Sprats. « L'Anchois [Engraulis enchrasicolus) est un Poisson de la Méditerranée, du golfe de Gascogne, rare en Bretagne, mais abondant dans le Zuyderzée. tellement rare en Norvège, que lorsqu'un heureux pêcheur en capture un par hasard, il le porte à un musée, certain que cette rareté zoologique lui sera payée un bon prix. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS HT « Ce que l'on pèche en grande quantité en Suède et en Nor- vège, c'est un petit Poisson fort médiocre, le Sprat. (Meletta vulgaris), que l'on cherche à vendre sous le nom de Sardine. Avant La promulgation de la loi sur les fraudes, beaucoup d<- hoiles de Sardines étaient vendues en France et elle ne conte- naient que des Sprats; depuis, les fraudeurs ne pouvant plus mettre le mot Sardines, ont tourné la difficulté en mettant Pois- sons choisis. « Notre collègue, M. Cligny a, fort judicieusement, démontré la grosse différence qui existe entre la Sardine et le Sprat. « La Sardine française, vendue en boîle, est une jeune Sar- dine, non adulte, dont le squelette n'est pas encore complète- ment ossifié, qui se digère fort bien; le Sprat, au contraire, reste petit, a un squelette dur, une chair fade et se digère mal. « Espérons donc que bientôt, la fraude étant découverte, les acheteurs ne seront plus trompés sur la qualité de la marchan- dise vendue. » M. Debreuil lit une lettre de M. Paris, attirant l'attention de la Société sur la nouvelle station aquicole Grimaldi, créée par M. le professeur Topsent et par lui-même, à Saint-Jean-de- Losne, près Dijon. Il montre l'intérêt qu'il y aurait à lui venir en aide et demande l'appui moral de la Société. M. le professeur Topsent, lors de la réunion du 40e Congrès de l'Association française pour l'avancement des Sciences, a publié quelques documents sur la jeune station. (Dijon et la Côte-cTOr en 1911, t. III.) Il montre, en opposition avec le grand nombre de labora- toires maritimes français, le nombre si restreint de laboratoires pour l'étude de l'eau douce; trois Facultés seulement ayant organisé de semblables stations : Clermont Ferrand, Grenoble, Toulouse. La position de Dijon, très favorable à l'étude des régimes les plus variés, décida la Faculté des Sciences à fonder, a Saint-Jean-de-Losne, une station qui prit le nom de station Grimaldi, en reconnaissance d'un don généreux de S. A. R. le Prince de Monaco. La station est située entre le canal de Bourgogne et une gare d'eau en communication directe avec la Saône. Sa superficie est de 25 ares environ. Elle possède un immeuble de 16 X 10 mètres comprenant : salle d'aquariums, salle de travail, salles de col- 1 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION lections et diverses autres salles à aménager, ainsi qu'un ter- rain où sont creusés sept viviers et une oseraie pouvant servir à des agrandissements ultérieurs. L'outillage de la station est encore rudimentaire. La station a déjà reçu des dons et des subventions et elle sollicite actuel- lement de la Caisse des recherches scientifiques une allocation particulièrement destinée à permettre à M. Paris de continuer ses recherches sur l'Astaciculture. M. le D1' Pellegrin, qui a assisté a l'inauguration de la station, et M. le professeur Roule montrent combien il est intéressant de seconder la station dans ses recherches, et la section émet le vœu suivant : Que la Société d'Acclimatation donne tout son appui à l'inté- ressante station aquicole tout récemment fondée à Saint-Jean- de-Losne grâce aux efforts de MM. Paris et Topsent, de Dijon. Elle attire tout particulièrement l'attention de M. le profes- seur Perrier sur l'intérêt qu'il y aurait à appuyer auprès de la Caisse des recherches scientifiques la demande de subvention adressée par M. Paris, afin de pouvoir installer les appareils de pisciculture indispensables. M. le Dr Pellegrin annonce à In Société qu'il a reçu de M. Serre, consul de France à Montevideo, une lettre lui offrant de tenter l'envoi en France des Pesce rey vivants. Il s'est assuré le concours de M. le commandant de vaisseau Dupuy Fromy. M. Casartelli ou M. Lestaudi, de Bordeaux, pourraient entre- poser ces Poissons à l'arrivée, s'il y avait lieu. M. Debreuil présente, au nom de M. Gadeau deKerville, un Extrait du Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, ayant trait au Laboratoire de Speléobiologie expéri- mentale d'H. Gadeau de Kerville à Saint-Paër. M. Kaveret-AYattel dépose sur le bureau la 2e édition de son Traité de Pisciculture et du petit Atlas des Poissons de mer. M. Magaud d'Aubusson présente un ouvrage du Dr Vital Brazil, directeur de l'Institut sérothérapique de Butantan (Bré- sil): Défense contre l'Ophidisme; il attire l'attention sur le Itachidclus Brazilii. Blgr., Serpent destructeur des Serpents venimeux, et, à ce titre, particulièrement utile. Au nom de M. Gruvel, M. le Secrétaire général dépose sur le Bureau de la Section : EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES 3E i NS 119 U Extrait des Annales de V Institut océanographique de Monaco: Mission (iruvcl sur la cùle occidentale d'Afrique 1909-1910. Révision des Langoustes; Le Bulletin of the Bureau of Fisherie. U. S. A., vol. XXIX. 1909; Le Nalural llistory of the american Lobsler; Et le vol. XXX, 1910, des Developement of Sponges from dissociate tissue cells. M. Raveret-Wattel a réuni tous les documents qu'il a pu se procurer au sujet de l'élevage des Grenouilles aux l^tats-Unis. Il semble en résulter que probablement à cause de la difficulté qu'on éprouve à nourrir la jeune Grenouille aussitôt après sa métamorphose, aucun élevage véritable n'a réussi. Cette com- munication paraîtra au Bulletin. La Section procède ensuite au renouvellement de son bureau, pour l'année 1912. Sont élus : MM. Raveret-Wattel, président; Pellegrin, vice-président ; Despax, secrétaire. Le Secrétaire, Despax, IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1911. Présidence de M. Clément, président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Secrétaire général donne lecture d'un mémoire sur « les années à Hanneton (cycle uranien) en décroissance depuis le commencement du siècle », paru dans le Bulletin de la Société zoologique de France, et dont l'auteur est M. Xavier Ras- pail. Notre collègue y signale la diminution progressive du Hanneton, d'après ses observations faites en 1901, 1904, 1907, 1910, et dit qu'elle sera encore plus accusée en 1913. 12(1 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Rivière adresse à la section la note suivante sur le Phlœ- tribus ficorum : « Le gros Thrips des Ficus, dit M. Rivière, continue ses ravages, principalement en pépinières, sur les jeunes plantes. Aussitôt qu'un bourgeon se développe, il est immédiatement attaqué et ne tarde pas à être détruit. J'estime que dans les pépinières du Jardin d'essai, pour les Ficus Isevigata, refusa, v. nitida et en général toutes les espèces à petites feuilles de ce groupe, la culture de ces plantes est devenue impossible; malgré tous les soins et l'emploi d'insecticides, les dégâts l'em- portent sur la lutte. « Sur les arbres qui étaient déjà forts ou âgés avant la première apparition de l'Insecte, les atteintes sont moins appa- rentes et ne paraissent pas nuisibles jusqu'à ce jour. « Quant au parasite de ce Thrips, la Punaise qui a été signalée comme devant l'anéantir rapidement, son action est absolument nulle. « Cet Insecte, connu aux Canaries, a été déterminé par notre collègue le Dr Marcbal : il porte le nom de Montandoniella Moraguesi. » M. Rivière adresse aussi à la Section un autre mémoire sur la Pulvinaria canalicola. Cochenille polyphage, qui sera inséré in extenso au Rulletin. Enfin, notre collègue envoie également un piège à Insectes qui a été expérimenté au Jardin d'Essai d'Alger, et a donné de merveilleux résultats. « J'adresse à la Section, dit M. Rivière, un piège placé depuis cet automne et qui est absolument rempli d'Insectes divers capturés au Jardin d'Essai d'Alger. Tous ces pièges dressés en ce moment dans les arbres sont également pleins. « Ainsi que l'ai déjà écrit, les Insectes sont attirés par un ferment spécial que contient le récipient dans lequel ils se noient. < J'ajoute que depuis quelques années que j'emploie ce procédé, les Insectes ravageurs et autres ont diminué au Jardin d'Essai dans une grande proportion et que je peux observer maintenant la maturité de beaucoup de fruits qui. autrefois, n'arrivaient jamais à un complet développement ou alors étaient tarés ou peu présentables. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DKS SECTIONS 121 Il serait intéressant de rechercher si dans ce nombre incal- culable d'Insectes aux espèces différentes suivant les saisons, ne se trouvent pas les mâles ailés, souvent peu perceptibles, de tous ces Hémiptères si dangereux pour nos cultures. « Il y aurait peut-être aussi grand intérêt à étudier et à perfectionner ce principe de culture, basé sur l'attrait des ferments spéciaux pour la généralité des Insectes : on pourrait varier ce ferment suivant leurs mœurs et leurs goûts. L'agri- culture coloniale y trouverait certainement un moyen efficace pour lutter contre ces terribles propagateurs de maladies si nuisibles à l'homme et au bétail. » De l'avis de tous nos collègues, l'opinion émise par M. Rivière a sa valeur et le piège rempli d'Insectes corrobore son affirma- lion, mais ce procédé a le grand inconvénient, à notre point de vue, de rendre impossible l'examen et la détermination des Insectes capturés, car lesLepicoptère, Hyménoptères, Diptères, une fois tombés dans le liquide, se déforment rapidement et s'agglutinent les uns aux autres pour donner une masse infecte M. Clément remarque, du reste, que le Bulletin de la Sociéto nationale d Agriculture recommande depuis longtemps déjà foute solution visqueuse qui a la propriété bien connue des agriculteurs d'attirer tous les Insectes, et plus cette solution sera sucrée, plus on a de chances de succès. Pourquoi, demande M. Le Fort, un Insecte tombé dans un piège à moitié plein, ne retrouve-t-il plus l'ouverture de la bouteille? Aux patients naturalistes d'en rechercher la cause et de nous l'expliquer; contentons-nous, pour le moment de constater le fait. M. Garreta fait une communication sur son voyage aux îles Salvage et ses découvertes entomologiques. Ces deux îles, situées à 10 milles l'une de l'autre, sont très peu visitées par les bateaux, parce qu'elles ne se trouvent pas sur le passage des grandes lignes de navigation, et parce que les récifs dont elles sont entourées présentent un sérieux danger : du reste, les conditions de vie pour ses quelques habitants en font un séjour peu enchanteur. L'une d'entre elles, qui fut seule visitée par notre collègue, ne dépasse pas 2 kilomètres de diamètre; elle est d'une aridité désolante et d'accès très difficile; elle donne asile à des milliers d'Oiseaux qui viennent y nicher. Un 122 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION banquier portugais, M. Machado, acheta cette île et y installa quelques ouvriers et pécheurs qui cherchent à en cultiver une partie ; d'une remarquable habileté comme marins, ils se nour- rissent surtout de Poissons et de Lapins qui, importés depuis longtemps, y ont pullulé. Ces Lapins se différencient des nôtres par une petitesse exces- sive. M. Garreta fait passer sous nos yeux la récolte d'Insectes qu'il eut la chance de capturer; c'est d'abord Hegetes tristis qui dut certainement être importé des Canaries; Amara a f finis; Sphodrus leucophtalmus, qui se trouve partout où habite l'homme, Dolicaon Paivai; Dermestes vulpinus, probablement importé de Madère; Blaps gigas, un Helops leacorkianus ; un Cymindis paivana, Hegetes latebricola, ces trois derniers sont tout à fait particuliers à cette île, ainsi que le Dolicaon; un seul Lépidoptère Bryophila S imonyi fut capturé, et la question se pose de savoir comment cette chenille peut vivre alors qu'il n'existe que des Lichens, quelques rares Phanérogames, enfin un Diptère, Lanopticus seleneticus, et un Orthoptère com- plètent la faune de cette île. M. Mailles demande comment des milliers de Lapins peu- vent vivre dans une île de si petite dimension, privée de toute plante nutritive. M. Garreta n'a pas pu faire d'observa- tions précises, mais suppose que les lichens entrent dans la nourriture de ces animaux. M. Chappellier présente à la Section une Tinéide, Aphomia sociella, sortie d'un nichoir d'Oiseaux; le couvercle de ce nichoir adhérait si complètement à la partie inférieure qu'il fallut de violents efforts pour l'en séparer, la matière aggluti- nante sécrétée par VAphomia interceptait toute ouverture et rendait le nichoir inutilisable; M. Clément explique que ce fait, si rare soit-il, a son analogie dans les nids souterrains des Hyménoptères, où VAphomia se développe facilement; d'après certain entomologiste du midi, ce joli petit Lépidoptère aurait même une préférence marquée pour les bibliothèques, et la reliure des livres recèlerait quantité de larves de ces Papil- lons. Quoi que l'on puisse penser de ce fait, M. Clément a recueilli l'agglomération de cocons pris sur le nichoir de M. Chappellier, une quarantaine d'adultes en sont sortis, que l'on n'a malheureusement pas pu faire reproduire. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 12-'{ M. Magaud d'Aubusson désirerait connaître le moyen d'empêcher la propagation de cette Tinéide dans les nichoirs; aux patientes recherches de nos amis de nous renseigner, car M. Clément ne nous offre que des palliatifs bien incertains : visiter souvent les nichoirs et nettoyer avec soin, YAphomia ayant les mêmes mœurs que les autres Tinéides qui vivent dans les excréments des Oiseaux nocturnes. Il ne faut pas oublier que les Tinéides éclosent à des époques bien diffé- rentes, et quelques visites ne suffisent pas pour parer à tout dégât. M. Mailles a constaté, ces jours derniers, un fait réellement anormal; il a recueilli dans son jardin, sur des feuilles de Choux, des chenilles de la Piéride à différents âges ; cette Piéride, que tous les agriculteurs connaissent pour leur mal- heur, a des tailles bien diverses, et notre collègue est forcé- ment'porté à croire que les éclosions ont eu lieu à une époque récente; or, la Piéride n'a que deux générations : l'excessive chaleur que nous avons subi cet été, et la douceur exception- nelle de ce commencement de décembre auraient-elles amené une troisième génération, la chose est possible; nos collègues voudront bien nous dire s'ils ont eu l'occasion de constater semblable anomalie. A ce sujet, quelques-uns des membres font remarquer, que, même en plein hiver, quand le soleil paraît, cer- taines Vanesses sortent des trous des murailles où elles hivernent et volent quelques heures, mais ceci n'a rien que de très ordi- naire, les Vanesses passant fréquemment l'hiver dans un état d'engourdissement pour reprendre leur vol aux premiers beaux jours. M. Chappellier ayant observé que, dans certains jardins de l'Orléanais, les paysans suspendaient une coquille d'ceuf sur un piquet fiché en terre, leur en demanda la raison et fut fort surpris d'apprendre que c'était un procédé commun employé pour attirer les Piérides qui alors déposaient leurs œufs sur cette coquille. M. Magaud d'Aubusson fit la même remarque en Picardie, mais nos deux collègues seraient fort désireux de savoir si réellement la blancheur d'une coquille suffit pour attirer ces Piérides. M. le Président attire l'attention sur ce fait que la Piéride 124 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION du Navet a, elle aussi, deux générations, et que pour ces In- sectes chacune se différencie par la nervure plus claire ou plus foncée, à tel point qu'on a pu se demander longtemps si ce ne sont pas là des espèces différentes; la question se résout, selon toute probabilité, par la négative, car on admet généralement aujourd'hui que c*est bien une seule et même espèce. Il est procédé aux élections pour le renouvellement du bureau, pour 1912. Sont élus : Président : M. Clément. Vice-Président : M. Marchai. Secrétaire : M. Foucher. Délégué aux récompenses : M. Marchai. Le Secrétaire, G. FOUCHER. VIe SECTION. - - COLONISATION SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1911. Présidence de M. le I>r Aclialme, vice-président. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance précédente, qui est adopté. M. Bret fait une communication sur les principales causes de non-résistance du Funtumia elastica aux saignées. M. Bret rappelle brièvement l'état de la question . Le Funtu- mia elastica, ou Arbre à caoutchouc d'Afrique, se cultiverait aisément dans plusieurs régions assez étendues de l'Afrique occidentale, mais l'incertitude persiste en ce qui concerne la pratique des saignées, auxquelles l'arbre est d'une sensibilité bien connue. Aucune des méthodes employées ne paraît four- nir de garanties suffisantes pour la conservation de l'arbre, sauf peut-être les saignées par incisions verticales au sujet desquelles il y aurait cependant bien des réserves à faire . Pour résoudre le problème, M. Bret s'est attaché avant tout à s'expliquer les raisons pour lesquelles le Funtumia ne paraît EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 123 pas devoir résister aux saignées. Ses recherches, poursuivies sur une plantation de Funtumia à la Cote d'Ivoire, tendent à prouver qu'il faudrait imputer cette faible résistance, non seu- lement aux blessures graves que l'on est amené à causer à l'arbre, mais aussi à la faculté très remarquable qu'il possède de vider très facilement ses laticifères; cette faculté procéde- rait d'une structure anatomique spéciale des tissus et, aussi, d'une grande fluidité du latex, lequel aurait également la pro- priété de ne pas s'épaissir à l'air. En tout état de cause, cette faculté permet de réduire consi- dérablement l'importance des blessures et c'est ce que M. Bret avait déjà démontré dans un premier mémoire publié dans nos Bulletins n° 8, 9, 10 et 11 de l'année 1911. De plus, les laticifères se vidant très facilement, il en résul- terait qu'à la suite d'incisions très importantes comme en pra- tiquent les Nègres, l'arbre se trouverait brusquement débar- rassé d'une grande partie de son latex, et mis, par suite, dans des conditions biologiques défavorables, de nature à entraîner son dépérissement. Partant de ces données, il serait facile d'imaginer des sys- tèmes méthodiques d'extraction de latex spéciaux an Funtumia. M. le Président remercie M. Bret de sa communication, qui sera insérée in extenso dans le Bulletin, et donne la parole à M. À. Baudon, administrateur des Colonies en Afrique occiden- tale française, pour parler du Funtumia au Congo. Dans la plus grande partie du Congo, on ne rencontre pas le Funtumia, ou, du moins, il y est assez rare, car souvent les indi- gènes, par jalousie, et pour empêcher que l'Européen ne vienne se fixer chez eux, détruisent tout ce qui, aux yeux de ce der- nier, peut présenter un certain intérêt industriel ou commer- cial ; le Funtumia est classé comme tel. Néanmoins, on le trouve encore en abondance dans certaines régions, notam- ment au Moyen-Congo où existent des peuplements denses. Les divers essais entrepris pour créer de nouvelles plantations, n'ont pas donné des résultats bien satisfaisants. Ceci tient à ce que les compagnies qui exploitent le caoutchouc dans cette colonie, quoique tenues de planter une certaine quantité de plantes à caoutchouc (150) par tonne de caoutchouc exporté (1\ [i) Régime commercial du Cougo. 126 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ne sont pas documentées sur la méthode à appliquer ou l'es- sence à planter. Les plantations en terrains nus n'ont rien donné, car le Fun- lumia est une plante de sous-bois. De plus, dans certaines ré- gions, il eût été préférable de planter de Y Hevea, qui a, à son avantage, une plus grande vitalité. M. Baudon conclut en disant que, pour planter le Funtumia, il faut débrousser des bandes de forêt et laisser les grands arbres qui donnent l'ombre nécessaire à la croissance des jeunes plantes. Il suffirait de quelques soins pendant la pre- mière année pour empêcher la brousse d'étouffer les sujets et assurer la réussite de la plantation. M. Bret souhaite la création de stations d'essais spéciales aux arbres à caoutchouc, absolument indispensables pour ré- soudre ces diverses questions. M. Baudon dit que, dans le Congo belge, l'administration a, depuis longtemps, fait des essais méthodiques dans cette voie. M. Debreuil signale les avantages que les plantations en mélange d' Hevea et de Funtumia pourraient offrir si l'on s'en rapporte aux éléments qui viennent d'être présentés. M. Lemarié émet l'opinion de la nécessité d'une élude des laticifères dans le Funtumia, pour arriver à résoudre le pro- blème de la saignée. M. Baudon fait ensuite une communication sur l'huile de Raphia. On croit généralement que l'huile de palme importée sur les marchés d'Europe provient exclusivement du Palmier à huile (Flœis guineensis). Le Congo, qui en exporte de grandes quan- tités, posséderait relativement peu d' F lads, mais, par contre, serait riche en peuplements importants de Raphia ': R. textilis, Webr, R. Sesede Wild, et plusieurs autres espèces, non déter- minées. L'huile de Raphia, quoique étant un peu plus colorée que l'huile d' Elseis, a la même valeur, quand elle est bien préparée, elle est mélangée avec cette dernière et vendue sous son nom. Il serait peut-être bon de pousser au développement de cette exploitation, car le Raphia produit presque autant que VElxis et est adapté à certaines conditions de milieu qui excluent VEleeis. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTION- 127 M. le Président prie M. lîaudon de renseigner les membres présents sur la valeur des territoires que nous abandonnons au Congo. Les cessions qui sont faites, dit-il, empiètent sur les trois colonies du groupe de l'Afrique Ëquatoriale française. Au Gabon, il s'agit d'une bande de terrain bordant la Guinée espagnole et le Cameroun, bande de superficie relative, mais qui nous fait perdre le cours de la rivière Muny, à l'embou- chure de laquelle les Allemands ne manqueront pas de faire un port commercial qui leur est nécessaire dans cette région. Pour eux, ce point a une importance plus grande que pour nous qui possédions tout à côté Libreville, où une vaste rade permet de créer un très beau port. La partie abandonnée est habitée par des tribus pahouines turbulentes et peu travail- leuses ; elle est riche en bois de toutes sortes : okoumé, acajou, ébène, en graines oléagineuses et aussi en caoutchouc d'excel- lente qualité. Dans le Moyen-Congo, la partie cédée est de beaucoup plus importante, car elle englobe tout le bassin de la rivière Sanhga et le cours supérieur des rivières Ibenga, Motaba et Lobaye. Au point de vue de leur valeur, il y a lieu de diviser ces terri- toires en deux zones ; d'une part, celle qui va de l'embouchure de la Sangha à Ouesso, qui comprend une région basse et ma- récageuse à faible population et de peu de valeur; d'autre part, au-dessus d'Ouesso, un pays plus élevé, dont les habitants sont nombreux et les produits de toutes sortes, caoutchouc, ivoire, bois, graines oléagineuses, troupeaux, abondent ; cette der- nière région était la plus riche et la plus productive de tout le Congo. Au Chari-Tchad, nous abandonnons aussi un pays riche, surtout par l'élevage et la population assez dense. Dans les territoires qui restent à la France, il existe encore des régions vastes et riches ; il nous appartient de les mettre en valeur. La section procède ensuite au renouvellement du bureau pour 1912; sont réélus : Président : M. A. Chevalier; Vice-président : M. le Dr Acualme; Secrétaire : M. Rouver; Délégué aux récompenses : M. le Dr Acualme. Le Secrétaire, M. RoUYER. BIBLIOGRAPHIE Destruction des insectes et autres animaux nuisibles, Par Fabbé Fou cher. Avec sa compétence habituelle, M. Clément a conçu et écrit un livre simple, peu volumineux et cependant le plus complet des traités actuellement parus. Le plan de l'ouvrage en montre à lui seul la valeur, car il fait voir que, malgré la place limitée, 135 pages, l'auteur n'est pas tombé dans l'erreur commune, qui consiste à développer beaucoup les parties les plus impor- tantes, soit généralement les plus connues, et laisser dans l'ombre celles qui le sont moins. En voici les divisions princi- pales : I. — L'Insecte, sa vie, son anatomie. II. — Méthodes diverses de destructions; classées selon un mode très simple et contenant tous les procédés et formules expérimentés jusqu'à ce jour. III. — Insectes et autres Articulés nuisibles. — Cette liste est classée par ordre alphabétique, par noms français et latins, et contient, pour chaque Insecte, le procédé efficace de des- truction. IV. — Insectes groupés d'après les plantes auxquelles ils nuisent. V. — Animaux nuisibles autres que les Articulés. Grâce à ce classement, voilà un livre utile et pouvant servir à tous et dans tous les cas, soit lors de la découverte d'un para- site, soit lors de la découverte du dégât commis par celui-ci, le tout écrit dans une langue simple et claire. Par son prix mo- dique, ce livre, nécessaire aux agriculteurs et aux amateurs de jardins, est à la portée de toutes les bourses. Souhaitons longue vie à ce petit livre, qui est édité par la librairie Larousse, et remercions M. Clément de l'avoir écrit. Le Gérant : A. Maretheix. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, I, rue Cassette. OBSERVATIONS SUR L'ÉLEVAGE DES FAISANS ET LEUR CANTONNEMENT Par ED. BÉJOT Vice-Président de la Société centrale des Chasseurs. Depuis quelques années, l'étude des migrations des Oiseaux a fait d'intéressants progrès. L'idée d'attacher une bagne aux migrateurs fut l'occasion, pour la science ornithologique, de découvertes intéressantes; telle la nidification des Bécasses, dans toute la moyenne et méridionale Europe ; tel, le cas de cette Grue à laquelle on mit une bague en Allemagne et qui fut retrouvée au Cap de Bonne-Espérance ; tel encore, le cas de 2 Râles, bagués à Aberdeen, en Ecosse, et tués à Naillat, dans la Creuse. Cet ingénieux procédé pouvait-il s'appliquer aux observations à recueillir sur la manière dont se cantonne le gibier dans les chasses gardées? C'est ce que M. P..., membre de la Société Centrale des Chasseurs, eut l'idée d'essayer d'une façon particu- lière et que nous étudierons tout à l'heure. Tout le monde sait comment se pratique l'élevage dans les chasses intensives. Vers l'a fin de la saison, en novembre ou décembre, généra- lement au moment où les poules vivent le plus souvent sépa- rées des coqs, il est procédé à la reprise des Faisans pour assurer la production d'oeufs en faisanderie, du printemps sui- vant. Je ne m'étendrai pas sur les divers modes d'élevage que l'on emploie. Le procédé le plus usité consiste à mettre les poules en faisanderie dans des parquets, en conservant dès le mois de mars un coq par lot de 6 poules. Les œufs sont recueillis à raison de 6 à 8 par poule, soit environ 40 par parquets. Une fois ces œufs recueillis, on ouvre les portes et les poules s'en vont fonder dans les taillis d'alentour une famille nouvelle appelée communément recoqueiage. La seconde manière consiste à avoir un espace de taille jeune de un hectare environ, entouré d'un assez haut grillage (2 mètres). Là sont lâchées les poules entravées et un seul coq dont le chant fera connaître au voisinage la présence du harem. BULL. SOC. NAT. ACCL. FK. 1912. — 9 130 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Les coqs d'alentour viennent alors du dehors et entrent en relation avec les désenchantées prisonnières dans l'entourage. De petits endroits herbus sont ménagés dans le taillis et, chaque jour, le garde recueille les œufs pondus. Après une récolte basée sur le chiffre de 6 à 8 œufs par poule, les entraves sont retirées et le parquet ouvert. Les poules vont alors comme il est dit ci-dessus faire un nouveau nid. Il y a aussi le procédé de M. Dannin, qui ressemble à celui décrit plus haut, et plusieurs autres encore sur lesquels il est inutile de nous étendre. Revenons à cette chasse de M. P..., propriétaire en Sologne d'un territoire étendu sur lequel il procède à un élevage ration- nel, portant sur plus de mille Faisans par saison. Chaque année M. P... regarnit sa faisanderie avec un certain nombre de sujets capturés sur les limites du territoire. S'inspi- rant du système de bagues dont nous parlions plus haut, il eut l'idée de mettre à la patte des coqs et des poules des bagues de couleurs différentes suivant les cantons où les Oiseaux avaient été repris. Il relâcha ensuite au printemps coqs et poules selon la coutume. En examinant le gibier tué aux battues, il s'aperçut que les coqs étaient retournés à leur canton de l'année précédente, répondant en cela à l'instinct de localisation reconnu chez tous les Oiseaux. Mais, par contre, il observa que les poules ne suivaient pas la même règle et s'attachaient, au contraire, aux pas du sultan- choisi. Cette expérience fut renouvelée plusieurs années de suite et chaque observation enregistrée avec soin. Dès lors plus de doute, c'est le coq qui cantonne et non la poule. Désirant naturellement suivre le bon principe de tout pro- priétaire de chasse, qui consiste à condenser ses Oiseaux autour du point convenable, ramenant toujours de la péri- phérie au centre, il choisit des coqs du centre pour des poules capturées à la périphérie. Dès lors les Faisans s'éloignèrent beaucoup moins chez lui que .sur d'autres territoires et le total du gibier tué a augmenté de notable façon. Ce procédé réussit parfaitement, et, depuis, tous ses imita- teurs obtinrent eux aussi un excellent résultat. PUL VIN A RI A CA NA LICOL \ (Cochenille polyphage) Par C. RIVIÈRE. Les feuilles et les écorces du Ficus macrophylla paraissent être la nourriture préférée par cette Cochenille qui y vit à l'état permanent. Cependant elle est également commune sur des Solanées et souvent sur des Auranliacêes. On la trouve à la face inférieure des feuilles et en colonie sur les grosses branches. Par moments son invasion est intense et redoutable surtout quand elle s'étend sur les oranges, où elle pend en loques laineuses. J'ai assisté, il y a quelques années, à une curieuse invasion de cette Cochenille et j'en décris sommairement ici la marche envahissante qui a son intérêt, en ce sens que l'Insecte succé- dait à un autre dont il prenait presque complètement la place. Une petite orangerie du Jardin d'Essai, sise dans de mauvaises conditions, en bas-fonds, mal aérée et fatiguée par le voisinage de très grands arbres, avait feuilles et fruits recouverts par VAspidiotus Ficus, vieille Cochenille que j'ai toujours connue en Algérie, mais qui y a été signalée comme nouvelle, il y a quelques années : nouvelle certainement pour ceux qui la voyaient pour la première fois. Cependant cette Cochenille, trouvée depuis longtemps dans le bassin méditerranéen, était déjà figurée dans le magnifique atlas de 0. Penzig, Rome, 1887 {Annales de V agriculture). Or, brusquement, sur l'orangerie en question, alors occupée par VAspidiotus Ficus, qui semblait y régner en maître, lui succéda le Puloinaria canalicola, revêtant feuilles et fruits de sa matière laineuse, refoulant le premier occupant et réduisant sa multiplication. Le Pulvinaria est dangereux pour les Orangers parce qu'il envahit les fruits au moment de leur formation, qu'il les recouvre d'une couche laineuse, floconneuse, très développée et pendante, qui abrite les Insectes dont les succions répétées atrophient le fruit, ou produisent sur lui de larges taches jau- nâtres qui souvent entraînent sa pourriture. D'autres fois le fruit se crevasse, se dessèche et tombe. 132 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION A cet état de la vie de la Cochenille, les insecticides sont bien peu efficaces, car le revêtement laineux, cireux et poisseux qui la protège ne peut être entamé et l'Insecte continue à se déve- lopper malgré les pulvérisations. Pour agir avec quelque effica- cité, il faut appliquer des traitements répétés, bien appropriés ; mais, en pratique, ils deviennent très coûteux et ne donnent pas toujours des résultats complets. Cependant des pulvérisations par pression d'un liquide composé de carbure de calcium, additionné de nicotine, de capsicine ou d'autres éléments toxiques laissant sur le fruit une matière pulvérulente qui s'attache aux organes des jeunes Insectes, gène leur locomotion et est parfois un obstacle à leur succion. En réalité, le Pulvinaria canalïcola est une Cochenille à grande extension, mais par périodes seulement, et souvent elle reste localisée sur quelques végétaux. Son danger réside, cer- taines années, dans son attaque rapide des fruits en formation. Sur les grands arbres, comme les gigantesques Ficus, elle vit à l'état permanent en nombre plus ou moins considérable, suivant les années et les situations : les parties inférieures les plus étouffées, les plus abritées, les plus chaudes sont propices à sa propagation. Il faut ajouter que l'année chaude et sèche a été favorable à cette propagation qui jusqu'à ce jour est restée localisée. Il sera intéressant d'en suivre la diffusion, si elle se produit. En résumé, en temps ordinaire, sur les gros arborescents et sur les espèces qui ne portent pas de fruits, l'action de cette Cochenille est à peu près nulle ou peu apparente, mais il n'en • est pas de même sur les jeunes plantes. ÉNUMÉRATION DES PLANTES CULTIVÉES PAR LES INDIGÈNES EN AFRIQUE TROPICALE ET DES ESPÈCES NATURALISÉES DANS LE MÊME PAYS ET AYANT PROBABLEMENT ÉTÉ CULTIVÉES A UNE ÉPOQUE PLUS OU MOINS RECULÉE Suite (1). Par Aug. CHEVALIER Sapotacées. Chrysophyllum africanum A. DC. — Spontané dans la forêt delà Côte d'Ivoire. Ce grand et bel arbre est planté dans les villages du Bas-Dahomey et cultivé pour ses fruits comestibles. Synsepalum dulcificum (Schum et Thonn.j Engler. — Spon- tané dans les forêts de l'Ouest africain. Les fruits de ce petit ;irbre ont une saveur très agréable et se vendent sur les mar- chés du Bas et du Moyen-Dahomey. Dans cette colonie, le Syn- sepalum est fréquemment planté dans les villages, depuis la côte, jusqu'à Abomey et Zagnanado. Butyrospermum Parkii Kotschy. — Spontané dans la zone soudanaise de l'Ouest et du Centre africain. En beaucoup de régions les Karités sont aménagés en magnifiques vergers autour des villages, notamment dans le Soudan français, dans le Haut-Dahomey, dans la Nigeria du Nord. Les indigènes ne les ensemencent pas, mais ils conservent les pousses qui sor- tent des racines traçantes, ou les jeunes plants qui naissent des graines perdues. Ebénacées. Diospyros mespiliformis Hochst. — Spontané en Afrique tro- picale en dehors de la forêt. Cet ébénier, dont le bois ne noir- cit qu'après la mort de l'arbre, fournit un fruit comestible de la taille d'une cerise. C'est pour cette raison que dans certaines régions (Soudan nigérien, Bas-Dahomey) on entretient quelques individus dans les villages. (1) Voir Bulletin, l"r et 15 février 1912. 134 bulletin de la société nationale i)'acclimatation Apocynées. Landolphia senegalensis Kotschy et Peyr. — Spontané en Afrique occidentale française. Quelques exemplaires atteignant parfois des dimensions énormes, sont conservés autour des villages du Moyen-Soudan français à cause de leurs fruits comestibles. Landolphia Heudelotii A. DC. — Liane à caoutchouc spon- tanée en Afrique occidentale. A l'instigation de l'Administra- tion, les indigènes de certains cantons du territoire français ont fait quelques timides plantations, notamment dans la Haute-Guinée française et au Soudan, dans les cercles de Bou- gouni, Bobo-Dioulasso et Sikasso. Les premières ont été com- mencées en 1898, mais ce n'est qu'après 1904 qu'elles se sont multipliées. La plupart ont été abandonnées ou sont détruites par les feux de brousse. Landolphia otvariensis Pal. Beauv. — Liane à caoutchouc spontanée dans une grande partie de l'Afrique tropicale, spé- cialement dans les régions de forêt vierge. Quelques plantations indigènes bien modestes ont été faites depuis 1906 en certains points de la Côte d'Ivoire, mais cette essence ne peut pas être considérée comme entrée dans la culture indigène. Strophanthus hispidus A.P.DC. — Spontané dans l'Ouest africain. En plusieurs des régions que nous avons visitées, cette liane est cultivée en grand et forme de véritables petits vergers à travers les champs. Nous avons vu pratiquer ce genre de cultures notamment dans la région de Bobo-Dioulasso, et à l'ouest du Mossi au Soudan français, dans la région de Djougou et chez les Baribas dans le Ïïaut-Dahomey. Dans ces contrées, les indigènes se servent des graines pour empoison- ner leurs armes de guerre et leurs armes de cbasse. Malgré les circulaires de l'Administration ordonnant, dès 1898, de détruire toutes les plantations de Strophanthus, il en reste encore beau- coup dans les régions mentionnées ci-dessus; mais comme les indigènes ne font plus guère usage d'armes empoisonnées, ces plantations finiront par disparaître. Funtumia elasiica (Preussj Slapf. — Arbre à caoutchouc. Spontané dans les forêts vierges de l'Afrique occidentale et de l'Afrique centrale. Des plantations très restreintesont été faites depuis quelques années en certains villages de la Côte d'Ivoire. Des plantations indigènes beaucoup plus importantes existent PLANTES CULTIVÉES EN AFRIQUE TROPICALE I .'{;'» dans les Colonies anglaises de la Gold-Coast el de la Nigrria dn Sud. Lochnera rosea (L.) Reichb. — Pervenche de Madagascar. Probablement originaire des Antilles. Aujourd'hui naturalisé sur les côtes de l'Ouest africain ; observé par nous en abon- dance depuis le Sénégal jusqu'au Congo. Les indigènes ne font aucun usage de cette plante et sont étrangers à son acclimate- ment. ASCLÉPIADÉES. Omphalogonus calophyllus Baill. — Connu à l'état spontané en plusieurs régions de l'Afrique tropicale. Cultivé sur les clô- tures entourant les cases dans plusieurs villages du Bas- Dahomey. La tige fournit des fibres employées pour la fabrica- tion des cordes et des filets de pêche. Caralluma Decaisneana (Lemaire) N.E.Br. — Spontané dans la zone sahélienne du Sénégal au Soudan nigérien. Comme la plupart des plantes charnues, cette plante est considérée comme fétiche par les indigènes; je l'ai trouvée plantée à l'an- gle d'un champ de mil dans la région de Djougou (Haut- Dahomey), pour éloigner le mauvais sort. LOGANIACÉES. Strycluws spinusa Lamk. — Spontané dans la zone des savanes en Afrique tropicale et à Madagascar. Fruit de la taille d'une orange à pulpe comestible. En quelques points du Soudan nigérien et du Haut-Chari, nous avons vu quelques exemplaires conservés comme arbres fruitiers. BORRAGINÉES. Cordia plalythyrsa Baker. — Spontané dans la forêt vierge de l'Afrique tropicale. Souvent planté au milieu des villages à la Côte d'Ivoire et dans la Haute-Guinée, comme « arbre à palabres ». Le bois est employé pour faire des tamtams. Cordia Myxa L. — Origine asiatique. Planté et naturalisé .dans beaucoup de villages de la Haute-Guinée française et du Soudan nigérien. Se retrouve aussi sur l'emplacement des anciens villages détruits par Samory. Le fruit très gluant est comestible, mais les indigènes emploient aussi l'écorce du tronc pour faire des cordages. Cette essence devait être autre- fois cultivée dans la Boucle du Niger. 136 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Cordia Mannii C. II. Wright. — Spontané au Cameroun. Souvent planté dans les villages du Moyen-Dahomey comme « arbre à palabres ». Convolvulacées. Jpomœa Batatas Lamk. — Patate originaire probablement de l'Amérique tropicale. Cultivé actuellement chez la plupart des peuplades de l'Afrique tropicale, où Ton observe plusieurs variétés fixées. Solanées. Solanum macrocarpon L. — Cultivé autour des habitations pour ses fruits jaunes, amers, comestibles (cuits), et pour ses feuilles mangées en guise de brèdes. Guinée française. Côte d'Ivoire, Bas-Dahomey, spécialement dans les régions fores- tières. Origine inconnue. Parfois naturalisé en Afrique tropi- cale. 5. Naumanni Engler. (=S. Pierreanum Pailleux et Bois). — Fréquemment cultivé par les Noirs pour ses petits fruits amers employés comme condiments. Guinée française, Cùte-d*Ivoire. Dahomey, Congo. Origine inconnue. Paraît s'hybrider avec les espèces voisines. Solanum œihiopicum L. — Fréquemment cultivé au Sénégal, au Soudan, en Afrique centrale. Ne se naturalise pas, Présente de nombreuses variétés. Origine inconnue. On mange le fruit mûr et les feuilles. Solanum nodiflorum Jacq. — Fréquemment naturalisé avec les apparences d'une plante spontanée en Afrique tropi- cale, mais parfois aussi la plante est cultivée (Haut -Niger, Bas-Dahomey) pour ses feuilles, qui se mangent cuites et sont vendues sur les marchés. Solanum distichum Schum. (=S. olivare Pailleux et Bois). — Plante cultivée dans les régions forestières : Côte d'Ivoire, Dahomey, Congo, pour ses fruits servant de condiments. Origine inconnue. Solanum an omnium Schum. — Plante naturalisée dans le sud du Soudan, en Guinée française. Parfois cultivée à la Côte d'Ivoire. Fruits rarement employés, mais pouvant être substitués à ceux de l'espèce précédente. Solanum Melongena L. — Fréquemment cultivé par les indigènes dans les régions entières, mais ne pénètre pas loin PLANTES CULTIVÉES EN AFRIQUE TROPICALE 13't dans l'intérieur (Sénégal, Guinée française, Côte d'Ivoire, Dahomey). Serait originaire de l'Asie tropicale. Nous n'avons observé en Afrique tropicale que la var. inerme Hiern. Solarium betaceum Cav. (== Cyphomandra beiacca Cav.).— Originaire du Pérou et du Mexique. Nous avons rencontré l'espèce naturalisée à l'île de San-Thomé (à Lagua-Amélia vers 1.200 mètres d'altitude), mais elle ne nous est pas connue sur le continent. Elle serait à répandre, car elle produit un gros fruit sucré et acide à saveur rappelant la cerise. LycopersicumesculentumWdl.var. cerasif 'orme (Duual) A. Ch,ev . — Origine américaine. Aujourd'hui naturalisé dans la plupart des pays de l'Afrique tropicale. La plante a été répandue par les Européens au fur et à mesure de la pénétration du conti- nent noir. Celte variété cerasiforme est sans nul doute dérivée du Lycopersicum esculentum à fruits à côtes qui est la seule variété que les Européens transportent avec eux. Cette mutation est complète dès la deuxième génération pour les plantes aban- données à elles-mêmes et croissant dans les lieux vagues et sur les décombres autour des villages indigènes. Phy salis peruviana L. (= P. edulis Sims). — Originaire de l'Amérique du Sud. Introduit depuis une quinzaine d'années dans les jardins européens. En plusieurs régions du Congo et jusque dans le Haut-Oubangui, la plante s'est naturalisée dans les postes et s'est même répandue dans quelques villages indigènes. Capsicum frutesesns L. — Originaire de l'Amérique tropicale. Fréquemment cultivé spécialement dans les zones de savanes. Souvent naturalisé autour des villages. Se rencontre parfois dans les forêts vierges avec les apparences d'une plante spon- tanée, mais dans cette station il ne vit que sur l'emplacement des villages ou des anciennes cultures. Capsicum annuumL. — Originaire de l'Amérique. Cultivé surtout dans la zone des forêts vierges et dans les territoires avoisinants. Manque dans la zone soudanaise. A l'encontre de l'espèce précédente, qui n'a pas varié, celle-ci présente un très grand nombre de variétés fixées. Capsicum annuum L. var. ovoideum Finger. — Assez répandu en mélange avec le type précédent, spécialement à la Côte d'Ivoire et au Dahomey. Capsicum abyssinicum A. Rich. — Origine inconnue. N'est probablement qu'une race de l'espèce précédente, avec laquelle elle est cultivée en quelques points de la Côte d'Ivoire. L38 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Capsicum cordi forme Mill. — Origine américaine. Parfois cultivé par les indigènes, spécialement sur le littoral ou à proximité des postes de l'intérieur, d'où les semences sont probablement sorties. Pal ura fastuosa L. — Origine américaine. Une race à fleurs doubles, d'un violet foncé est parfois naturalisée autour de certains points de la côte occidentale d'Afrique. A la Côte d'Ivoire, elle remonte jusqu'à plus de 100 kilomètres de la côte et elle paraît avoir été répandue par les indigènes dans un grand nombre de villages. C'est une plante ornementale, mais elle n'a pas d'usages. Pâtura alba Nées. — Origine américaine. Nous avons observé quelques plants de cette espèce naturalisés dans les mêmes conditions que l'espèce précédente à Fort-Binger (Côte d'Ivoire). Wright indique de nombreuses localités pour cette espèce en Afrique tropicale et spécialement dans la Basse-Guinée (cf. FL oftrop. Africa, IV2, p. 257). Nicotiana Tabacum L. — Origine américaine. Manque complètement ou ne se rencontre que rarement dans la zone soudanaise. Existe par contre dans presque tous les villages de la zone des forêts. La culture et la préparation du Tabac fourni par cette espèce constitue une véritable industrie en beaucoup de régions, notamment au Baoulé (Côte d'Ivoire), dans la région du Djougou (Dahomey), dans le pays Batéké (Congo). Nicotiana Tabacum L. var. brasiliensis Cornes. — M. E. De Wildeman signale cette variété en plusieurs points du Congo belge et notamment dans le pays Azandé. Nicotiana rustica L. — Origine américaine. C'est l'espèce principalement cultivée dans la zone soudanaise, depuis le Sénégal jusqu'au Ouadaï. Elle donne lieu à un grand commerce dans le Fouta-Djalon et le Kouranko (Guinée française), dans la vallée du Moyen-Niger (Soudan français), dans la Nigeria du Nord. Cette espèce n'est pas cultivée dans les villages de la forêt vierge africaine. BlGNONIACÉES. Newboulia Isevis Seem. — Spontané en Afrique tropicale. Par suite de la facilité avec laquelle les branches de cet arbuste se bouturent, il est fréquemment employé pour faire des clô- tures, notamment à la Côte d'Ivoire. A suivre. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Ire SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 8 JANVIER 1912 Présidence de M. Trouessart, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Pays-Mellier annonce à la Société qu'il a reçu des Zèbres de Bohm, les plus merveilleux de tous, dit-il. Il attend en outre des Cerfs de Virginie, des Kangourous et des Tapirs. M. Pichot fait une communication sur l'Ondatra et sur son élevage en Amérique. La peau de cet animal sert à fabriquer la fourrure connue sous le nom de « Loutre d'Hudson ». Cette communication sera insérée in extenso au Bulletin au sujet du régime alimentaire de l'Ondatra. M. Raveret-Wattel fait remarquer que, bien qu'omnivore, l'Ondatra, animal aquatique, se nourrit volontiers de Poissons et qu'on doit prendre des précautions particulières contre les méfaits qu'il pourrait causer dans les bassins et les étangs. M. Dechambre adresse à la Société une note sur tes pendelo- ques chez la Chèvre et quelques autres animaux domestiques. Les pendeloques se rencontrent surtout chez la Chèvre, mais parfois aussi chez les Moutons, les Porcs et chez la Vache. Ces organes sont parfois constitués par un repli de la peau renfermant un peu de tissu conjonctif. Mais il arrive quelquefois que leur structure soit plus com- pliquée. On y rencontre alors un cartilage élastique, des fais- ceaux musculaires, des muscles peaussiers, des nerfs provenant de la seconde paire cervicale et du grand hypoglosse, enfin des artères et des veines. 140 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Les pendeloques dérivent de la partie inférieure de la seconde fente branchiale et sont, par conséquent, embryogéni- quement homologues au pavillon de l'oreille. Ces organes ne semblent se rencontrer que chez les animaux domestiques, remarque déjà faite par Darwin. M. Raveret-Wattel lit un article extrait du journal « l'Accli- matation », relatant les essais de domestication de l'Eléphant africain, qui ont été récemment tentés au Congo belge par le commandant Laplume. Les chasseurs se procurent de jeunes animaux ne dépassant pas lm20 de taille. Le jeune Eléphant est séparé de sa mère, ligoté pendandant un certain temps, puis amené à la ferme de dressage. L'éducation est assez rapide. La domestication de l'Eléphant d'Afrique serait chose bien désirable. Elle résoudrait définitivement la question du portage indigène et permettrait l'exploitation plus active des régions ou la Mouche tsé-tsé exerce ses ravages sur les bêtes de somme ordinaires. On annonce également l'envoi par le gouvernement belge d'une mission aux Indes à l'effet d'y étudier les procédés de dressage de l'Eléphant, utilisé de temps immémorial dans ce pays. M. Trouessart offre à la Société un article paru dans la Nature » sur le Guépard chasseur. La ménagerie du Muséum possède un Guépard très doux et bien apprivoisé qui peut être conduit en laisse comme un Chien. S'étant trouvé un jour en présence d'un couple de Gnous enfermés dans leur parc, il prit aussitôt l'attitude caractéristique du Chat à l'affût et fit mine de se jeter sur la grille qui le séparait de ces animaux qu'il consi- dérait évidemment comme une proie. Ce fait est bien remarquable si l'on se rappelle que les Gnous en question, nés en captivité, n'avaient jamais vu de Guépard et que celui du Muséum provient d'une région où les Gnous sont inconnus. Le Secrétaire, Max Kollmann. EXTRAtTS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 111 (Sous-section d'Études caprines.) SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1911 Présidence de M. le comte d'OrfeuilIe, président. Notre Section d'études caprines tient aujourd'hui sa der- nière séance après avoir fonctionné sous ce titre spécial pen- dant près de six ans. Son œuvre a continué celle de la Section de Mammalogie qui a ouvert, de longue date, l'ère des recherches sur l'espèce caprine. C'est même cette dernière qui a le mérite d'avoir défriché le terrain de ce domaine d'économie rurale, et sa peine n'a pas été perdue puisque les pages nouvelles qu'elle a apportées à l'histoire naturelle de la Chèvre ont soulevé un tel intérêt qu'elles ont pu provoquer un mouvement d'opinion. Elles pouvaient d'ailleurs se prévaloir de l'approbation offi- cielle de l'Académie de Médecine, comme de celle des Sociétés savantes les plus autorisées. Ce préambule est nécessaire pour montrer nos affinités avec la section de Mammalogie et pour faire ressortir la logique de notre retour à cette Section, après nous en être séparés pour poursuivre pendant quelques années la même tâche sous une autre étiquette, celle de « Sous-Section d'Etudes caprines »,que les circonstances nous engageaient à prendre. Cette mesure nous a été, en effet, dictée par les intérêts de notre Œuvre dès le commencement de l'année 1900. Elle avait pour objet de contrebalancer par l'autorité de son titre, mar- quant bien le caractère de ses travaux, l'influence qu'allait exercer une société d'un esprit essentiellement différent du nôtre, mais se réclamant de nos noms, de nos travaux et de nos idées pour arborer une enseigne intéressante au-dessus d'une simple exploitation commerciale. Notre section d'Etudes caprines, sous le pavillon de la Société nationale d'Acclimatation, était le lieu sûr où pouvaient se grouper tous les vrais amis de la Chèvre que nos théories avaient pu séduire et qui comptaient travailler avec nous pour le bien commun et la réussite de nos idées. L'autre société, la société d'affaires, n'ayant eu que le succès qu'elle méritait, s'est éteinte progressivement, et sa disparition 142 BULLETIN- DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION rend dès lors inutile notre maintien comme sous-section d'Etudes caprines. Voilà pourquoi tout spontanément nous reprenons mainte- nant notre ancienne place à la Section de Mammalogie. Elle n'a d'ailleurs pas à regretter de nous avoir laissés pen- dant quelques années livrés à nos propres moyens ; nous lui apportons un bagage digne de celui qui reste à son acquis et sur lequel nous avons édifié le nôtre. 11 faut dire que le Président de la Société Nationale d'Accli- matation n'a pas cessé pendant ces années d'émancipation de nous accorder sa sollicitude toute particulière et des encoura- gements multiples et constants. C'est grâce à sa faveur que nous avons pu nous honorer de collaborations très recherchées qui ont rehaussé la valeur de nos travaux et nous ont permis de mettre au point, avec toute l'autorité désirable, des questions importantes de zootechnie caprine. Mous avons pu, en effet, mettre à contribution pour l'étude de ces questions la compétence, les conseils et les lumières des professeurs d'Alfort, du Muséum et des Facultés. Nous devons notamment à M. le professeur Dechambre une méthode de points pour l'appréciation des qualités de race de la Chèvre, et le concours de ce savant nous a été également très précieux pour déterminer dans la forme scientifique les carac- tères propres à chaque race connue et classée. L'espèce caprine va donc pouvoir, comme les autres ani- maux de la ferme, être soumise à des procédés rationnels de sélection qui permettront de l'améliorer dans sa nature, de la classer dans les concours et de lui donner ainsi une plus-value économique qu'elle n'aura jamais connue en France. Il faut mentionner également qu'un livre d'origine pour les Chèvres a dé institué au siège de notre Société. Ce contrôle n'est évidemment pas parfait, mais il le deviendra avec le temps. Nous avons fait de notre mieux pour commencer. Jusqu'à présent nous n'avons pu vérifier la qualité ei l'au- thenticité des animaux que d'après leurs photographies et les déclarations des intéressés. Ces sortes d'inscriptions auront plus d'autorité plus lard lorsqu'elles pourront être admises sur le vu d'un certificat établissant que les animaux ont été primés à des concours par un Jury compétent el présentant ainsi toutes les garanties désirables. Les expériences poursuivies sur les troupeaux de nos socié- EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DES SEl riOiNS 1 Ï'S taires nous onl fait constater des succès et des mécomptes, mais ces résultats opposés n'en restent pas moins comme un recueil d'enseignements dont nous ferons profiter la commu- nauté des éleveurs. Si nous savons pertinemment que des troupeaux de cent cin- quante têtes, importés de partout, des pays les plus lointains et des climats les plus divers, se comportent admirablement en stabulation constante, à Paris comme ailleurs, et y donnent leur maximum de rendement, nous avons appris par contre que le régime du pâturage, en dehors de la région sèche et montagneuse, dans les prairies irriguées en plaine ou en coteau, le long et aux abords des cours d'eau, s'est montré néfaste pour les troupeaux caprins. L'explication de ces faits nous a été donnée par M. le pro- fesseur Moussu, qui, dans une série de conférences, a bien voulu nous résumer ses travaux si remarquables sur les entozoaires. La Chèvre est particulièrement exposée à l'envahissement de ces parasites qu'elle ingère en broutant, mais si elle est en montagne ou en stabulation, elle leur échappe et peut déve- lopper toutes ses facultés. Nous savons donc aujourd'hui d'une façon précise, par les communications que M. Moussu nous a faites spécialement sur la Chèvre, la cause de la baisse subite du produit, des naissances malvenues, de l'état de dépérissement et enfin de la destruction de certains troupeaux pourtant de races excellentes et placés dans les conditions de vie qui donnent le bien-être aux autres animaux de la ferme. Un autre savant qui s'est beaucoup occupé de nos troupeaux contaminés, et qui, avec M. Moussu, a cherché les moyens de conjurer le mal, nous a vivement intéressés en nous entrete- nant de la vie, des mœurs et des espèces de tous ces ténébreux ennemis de la Chèvre ; je veux parler du D1' Bruinpt, professeur agrégé à la Faculté de médecine. Les articles que ce parasitologue distingué a publiés dans notre Bulletin formeront un document à garder précieusement dans nos archives pour y puiser souvent, Sur les parasites de la classe des Insectes, nous avons pu faire notre plus grand profit des intéressantes consultations que nous ont données avec une bonne grâce inlassable nos aimables et savants collègues MM.Trouessart, professeur au Muséum, et Blanchard, professeur à la Faculté de médecine. I i ï BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Enfin la question de la fièvre de Malte, tant controversée au cours de ces dernières années et qui a fait un si grand mal à la réputation de la Chèvre, a été réduite à ses justes proportions. Que la Chèvre ait été un des principaux agents de propagation de la contagion, nous l'admettons absolument, mais ce qu'il est important d'affirmer, et M. le professeur Vincent, de l'Académie de médecine, l'a fait avec beaucoup d'autorité et sur nos ins- tances, c'est que cette maladie n'est pas d'essence caprine et ne peut donc apparaître chez la Chèvre d'une façon spontanée. Dans ce débat sont, d'ailleurs, intervenus en faveur de la Chèvre la plupart des savants déjà cités et en particulier le Dr Tanon, chef de laboratoire de M. Wurtz, qui nous a fait sur la fièvre de Malte une conférence d'un très grand effet. Notre œuvre a donc été féconde et nous sommes aujourd'hui en mesure de tracer à l'industrie caprine une voie qui la con- duira certainement au succès. Nous sommes loin de nier et nous déplorons même amère- ment certains mécomptes gravement ressentis par plusieurs de nos collègues qui, confiants dans nos déclarations, ont voulu donner l'exemple d'une exploitation industrielle de la Chèvre. Ils sont arrivés trop tôt et surtout à l'heure inopportune. A ce moment, de gros intérêts pesaient sur la réussite des grandes entreprises de lait stérilisé industriellement, auxquel- les les notabilités officielles du corps médical, dans un but absolument légitime et louable, avaient donné les plus grands encouragements en leur assurant la clientèle de l'administra- tion des hôpitaux et de tous les établissements de l'Assistance publique. Tout le public faisait crédit à ce régime institué avec tout l'appareil de la science. La lutte contre un pareil courant, ne demandait pas seule- ment la valeur des armes qui de notre côté était incontestable, mais la persévérance dans l'effort et le nombre pour le' sou- tenir. La faillite, puis la chute des laits stérilisés à haute pression et la reconnaissance officielle de la valeur hygiénique du lait cru de la Chèvre, ont donné le plein succès à nos idées, mais ce résultat précieux n'a pu profiter à ceux qui ont complètement épuisé leurs moyens dans la lutte. Il ne reste acquis que pour ceux que l'industrie caprine viendrait à tenter dans l'avenir. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS l'l."> Nous n'avons parlé là que des champions qui se sont mesurés sur le terrain de l'exploitation industrielle. Ceux qui se sont maintenus sur le terrain de l'élevage n'ont pas été moins éprouvés par les pertes subies dans leur troupeau; seulement pour ces derniers le dommage ne provenait pas de la défaveur publique, mais de la méconnaissance des règles d'hygiène spéciales que réclame la nature du Caprin, règles que nous connaissons maintenant à fond et dont l'enseignement, nous ne saurions trop le répéter, conjurera désormais le danger que court un troupeau nourri aux champs. Si les échecs des précurseurs ont intimidé ceux qui voulaient les suivre, il est certain que ces derniers, à la réflexion et en connaissant bien les causes des mauvais effets, finiront par se décider à marcher. Il en aura été de la question caprine, comme de toutes les branches de l'activité humaine, le progrès s'y sera accompli en faisant des hécatombes de victimes animales et en demandant à ses partisans souvent de très gros sacrifices. Tous ces champions de la Chèvre méritent le témoignage public de notre reconnaissance pour leur dévouement et leur participation vigoureuse à notre œuvre. Il nous faut d'abord signaler à la sympathie de tous le baron de Guerne et Mme Noël Valois. M. de Guerne a été notre premier président à la Sous-section d'études caprines; le tour de son esprit, l'aisance de sa parole, son zèle à l'œuvre, enfin le choix qu'il savait faire des sujets de nos délibérations, ont imprimé à nos séances une grande allure de vie et d'activité. M. de Guerne, frappé par la maladie a été obligé de s'éloigner momentanément de nous; mais nous espérons le voir repren- dre, bientôt, sa place à la Société. Quant à Mme Valois, qui a puissamment aidé à la formation de notre groupement, qui était avec nous à l'inauguration de notre Sous-section le G avril 19015 et a suivi avec zèle nos pre- mières séances, la mort l'a ravie à l'affection des siens et de ses nombreux amis à la fin de cette même année 1906. Sa ferveur pour la cause que nous soutenons, la spontanéité et l'à-propos de ses initiatives, la grande influence dont elle disposait dans tous les milieux de la société où on larecherchait pour le charme de son esprit et l'ingénieuse bonté de son BILL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1012. — 10 146 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D "ACCLIMATATION cœur, nous donnent la mesure de la force dont aurait disposé notre œuvre s'il nous avait été accordé de la conserver parmi nous. Nous saluons, avec émotion, la mémoire de cette femme de bien. Citons ensuite, tout particulièrement, parmi les plus zélés défenseurs de la Chèvre, qui ont constitué, à titre d'exemple, d'importants troupeaux, M. et Mme Caucurte ; nos collègues ont payé un dur tribut à des idées généreuses, nous devons les remercier, ici, publiquement, de leur effort. Enfin, nommons le D1 Grand, le capitaine Tolet, M. La- marque, la comtesse de Lameth, le duc d'Auerstaedt, le Dr Ber- nard de Roubaix, M. Bertone, Mme David, Mmi Nattan, M. de Gontcharoff, M. Joubert, Mme Mamontoff, M. G. Leroy, etc., etc. ; la liste en est trop longue pour que nous puissions les désigner tous par leur nom ; qu'ils nous permettent de louer simplement leur zèle, sous le couvert de l'anonymat. Il ne suffit pas de rendre hommage au mérite de l'œuvre accomplie, il faut également songer à son achèvement, à son extension et à sa mise en pratique. La tâche, du reste, n'a rien perdu de son attrait et les ques- tions qu'elle recèle sont encore d'un très bel intérêt. Avant de clore notre dernière séance, nous pourrions chercher une de ces questions à mettre à l'ordre du jour de la section de Mammalogie à laquelle nous allons appartenir désormais. Nous savons que l'espèce humaine se divise en trois grandes races qui se partagent les trois parties du Vieux-Monde. En Europe, nous plaçons la domination de la race blanche dont la chevelure est brune ou blonde, fine ou ondulée. L'Asie est le pays de la race jaune aux cheveux noirs longs et raides. Enfin l'Afrique est le berceau de la race noire à la tête laineuse et crépue. Ne serait-il pas intéressant de connaître si l'espèce caprine ne pourrait pas classer ses origines dans les mêmes conditions? Nous n'avons parlé que des trois parties du Vieux-Monde parce qu'il paraît établi que la Chèvre n'existait pas dans le Nouveau-Monde et on ne trouve en Océanie que les iypes caprins des races importées. Il nous resterait donc à chercher si l'origine de nos races caprines ne pourrait pas se déterminer, comme pour l'espèce EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 147 humaine, d'après la nature du pigment dermique et celle du système pilaire. Si nous faisons état de l'opinion universelle qui veut que l'espèce caprine soit indigène des hauts sommets, nous devons, dans chaque partie du Vieux-Monde, rechercher parmi les massifs montagneux, celui dont le système serait assez étendu et de conditions climatériques assez spéciales pour influencer les caractères morphologiques des espèces qui y vivent au point de les marquer d'un cachet particulier les différenciant des espèces similaires des faunes d'ailleurs. Si nous trouvons dans ce massif important des aggloméra- tions de Chèvres d'un type bien homogène marquant ainsi leur commune origine, il semble présumable qu'il y ait là le berceau d'une race caprine ou la souche de plusieurs races. La Chèvre d'Europe. — En Europe, des chaînes de mon- tagnes, d'étendue importante, se rencontrent dans beaucoup de parages, mais le massif des Alpes l'emporte de beaucoup sur tous les autres. C'est donc là qu'on est tenté de placer l'habitat originel de la Chèvre authentique d'Europe. Cependant le problème posé, la solution est embarrassante à dégager, car que d'influences étrangères sont venues là adul- térer le type caprin aborigène, aux époques des migrations ! Qui saurait discerner les caractères que pouvait avoir le type original, au milieu des troupeaux disparates, hétéroclites qui parcourent nos montagnes de France du Massif central aux Pyrénées, des Vosges jusqu'à l'extrémité des régions alpestres? Comment dégager de ces matériaux impurs la substance propre à la reconstitution de la Chèvre qui régnait en Europe avant les invasions? Ce poil long, demi-long ou ras, ces pelages aussi divers de couleur que de nature, ces conformations variées qui appa- raissent avec intermittence au hasard dans la descendance d'une même famille caprine, indiquent l'alliage multiple, inco- hérent, le mélange peut-être de toutes les races du monde. Ce serait peine perdue que de tenter une sélection sur ces animaux abâtardis pour en sortir un type original avec descen- dance fixée. On a vu à cet égard les résultats misérables des éleveurs caprins de Belgique, dont les troupeaux ont précisé- ment cette bigarrure remarquable. Cependant, à l'écart des grands passages et des lieux fré- liS BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION quentés du massif des Alpes, sur les sommets perdus où la vie est rude comme le climat, où le touriste ne fait que passer pour avoir vu, on trouve des Chèvres d'une conformation par- faite, d'une taille superbe et de caractères morphologiques absolument identiques. Les sujets sont cornus dans une forte proportion, mais tous ont leurs appendices frontaux développés de la même façon, c'est-à-dire de forme droite, ronde, légère- ment arquée en arrière et bien parallèle, contrairement à ce que l'on observe dans les autres races caprines chez lesquelles les cornes sont plus ou moins contournées et plutôt aplaties. Le pelage de ces animaux est très différent d'aspect, mais le poil en est ras, et de même nature. L'Alpine se donne le luxe d'une livrée multiple, mais celle-ci a bien son caractère spécial par la disposition des teintes et des dessins. Cette Chèvre se distingue donc des autres races par une pigmentation dermique et par une nature de poil et de corne qui lui sont propres, et ces caractères sont remarquables puis- qu'ils affectent vigoureusement la descendance de tous les caprins de sang différent qui se croisent avec cette Alpine de race. C'est là, sans doute, le type le plus voisin delà Chèvre autoch- tone d'Europe et c'est en même temps le plus précieux, puis- que aucune Chèvre du monde ne dépasse l'Alpine pour l'apti- tude laitière. Ce qui est également caractéristique dans sa physionomie intelligente et éveillée, c'est la forme assez développée de son mufle, qui est l'indice d'une bonne mangeuse, détail important chez une espèce animale dont la production doit se mesurer aux quantités qu'elle est capable d'absorber. Il est bien entendu que nos affirmations n'ont rien d'absolu. Nous trouvons en France, ailleurs que dans les Alpes, des trou- peaux qui ont quelque homogénéité et ne ressemblent pas â ceux dont nous avons décrit la décadence, mais ceux-là mêmes ressemblent beaucoup aux troupeaux d'Alpines, surtout en ce qui concerne la couleur du pelage et la nature du poil et de la corne. La seule restriction que Ton puisse Caire en indiquant l'Alpine comme type de la Chèvre d'Europe, c'est de dire qu'elle appar- tient spécialement à la zone tempérée. Nous trouvons, en effet, au nord, dans le massif Scandinave, une race caprine, dont l'expression de la tète peut rappeler EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES I>KS SECTIONS 149 celle de l'Alpine, mais qui diffère essentiellement de celle-ci par sa robe à 1res long poil, d'un noir de jais à lavant-train, el blanccomme neige sur toute la partie postérieure de l'individu. Les cornes sont également de forme dissemblable et le corps est plus ramassé que celui de l'Alpine (1). Ce bel animal nous est surtout familier parce qu'il en existe de nombreux troupeaux dans le Haut- Valais, en Suisse, où il a été importé à une date déjà ancienne. JNous avons également en Europe la Maltaise, mais fortuite- ment, et c'est bien plutôt le produit d'un métissage constant qu'une race caprine réellement formée. Ses éléments de forma- tion sont d'ailleurs de race exotique et ne peuvent être envi- sagés pour le moment dans notre discussion. La Chèvre d'Afrique. — Si malgré nos efforts le critérium de la Chèvre d'Europe est resté un peu vague, celui delà Chèvre d'Afrique se précisera davantage. Celle-ci se caractérise nettement par le brillant de sa robe aux tons chauds et francs. La Chèvre d'Afrique s'habille comme les négresses, de couleurs criardes et voyantes. Sa tête est plus large et plus courte que celle de l'Alpine; son chanfrein affecte souvent la forme convexe avec pommettes saillantes sous des yeux d'expression plus sombre elplus douce. Ses membres fins, son cou gracile lui donnent une sveltesse et une légèreté remar- quables. Son poil court et luisant ne mêle ses couleurs qu'en taches nettes et arrondies qui ne rappellent en rien les rayures et les tons lavés et dégradés de la robe d'une Alpine. Les cornes du caprin africain sont grêles, plates et d'allure hélicoïdale. L'oreille n'a plus le cornet ferme et mobile de la Chèvre d'Europe, l'appareil auditif s'alourdit pour tomber tout à fait chez certaines races d'Afrique. Pour placer l'habitat originel de la Chèvre d'Afrique, le regard cherche le massif montagneux le plus important et s'arrêterait volontiers sur le massif d'Abyssinie, qui renferme les plus hautes altitudes. Dans ce cas, la Chèvre qui formerait dans ce pays la souche de toutes les autres de la même zone, serait la (1) Sur deux crânes de Chèvre provenant de fouilles dans les couches de l'époque préhistorique, en Europe, on remarque, nous apprend M. le pro- fesseur Dechambre, que les cornes sont de disposition dissemblable d'un crâne à l'autre : sur l'un elles montent parallèlement comme chez l'Alpine, chez l'autre elles s'écartent en s'allongeant. • 150 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Nubienne, connue d'ailleurs de temps immémorial pour sa remarquable productivité. Nous admettons donc que l'influence de la Nubienne domine toutes les races d'Afrique classées comme animaux domestiques. Nous trouvons de ses caractères accusés dans la race du Fouta Djalon, dans celles de Sokoto et enfin dans la belle Chèvre maure qui, par des contacts que nous n'avons pas encore pu préciser, aurait donné naissance à la race élégante de Murcie. Celle-ci aurait, en effet, été importée en Espagne par l'invasion mauresque. Nous ne perdons pas de vue cependant qu'il y a en Afrique des races caprines qui n'ont pas la livrée éclatante des Chèvres que nous venons de nommer et pourraient dès lors contredire notre prétention de juger sur ce titre l'authenticité d'un caprin d'Afrique. 11 n'y a, en effet, rien de pareil dans la robe fauve, rappelant la livrée d'Europe de la Chèvre naine qui, d'après Brehm, aurait son origine aux sources du Nil, près des monts Kenia et Kili- mandjaro. Seulement cette petite Chèvre commune qui vit plutôt à l'état sauvage dans tous les parages d'Afrique où on la rencontre, porte dans la forme de ses cornes la marque de son origine africaine tout comme la Nubienne. 11 y a également dans la chaîne de l'Atlas des multitudes de Chèvres de physionomie uniforme et par conséquent de race certaine. Ce caprin vulgaire connu sous le nom de race Arabe n'a, en aucune façon, les caractères d'une Chèvre d'Afrique; mais est- elle bien originaire de l'Afrique? En tout cas, elle a rodé partout à la suite des Arabes, pour dégrader dans les pays où elle a séjourné les races locales appartenant à son espèce. C'est ainsi qu'on la trouve tout le long de la côte septentrionale de l'Afrique et à l'est jusqu'à Obock. Son poil allongé, ses cornes en spirale feraient supposer une provenance asiatique que confirmerait encore sa physionomie moutonne et la cassure de ses oreilles par le bout. C'est peut-être cette Chèvre ambulante qui a gale nos trou- peaux méridionaux de France; elle nous aurait, dans cette hypothèse, envahis par la Corse et l'Algérie, puis encore et surtout par l'Espagne à l'époque des invasions arabes dont elle formait les troupeaux d'approvisionnement. EXTRAITS DES l'ROCÈS-VERBAl \ DES SÉANCES DES SECTIONS lui La Chèvre d'Asie. — Dans l'immense massif montagneux qui encercle le grand plateau central de l'Asie et qui compte parmi ses pics les plus élevés les monts Altaï et Ilimalaïa, nous avons la certitude qu'il existe un centre caprin plus considé- rable qu'en aucune autre partie du monde. Les cuirs, les toisons et les tissus de luxe qui sont des pro- duits de la Chèvre et qui sont originaires de ces lieux sont connus du commerce universel. Il n'est pas douteux qu'il y ait là le berceau primitif de peut- être toutes les races caprines d'Asie. Les principales que nous connaissions sont appelées com- munément les unes, Chèvres de Mongolie, les autres, Chèvres du Thibet. Les Mongoliennes nous fournissent une fourrure d'un gris clair bleuté très en vogue dans tous nos grands magasins de nouveautés, et les Thibétaines donnent leur fin duvet soyeux pour la confection des tissus précieux dits cachemire des Indes. Les Chèvres de Mongolie doivent avoir une parenté très grande avec une race caprine que nous connaissons beaucoup et qui vit assez nombreuse sur le plateau d'Asie Mineure. Bien que cette race ait pris le nom de la ville d'Angora, autour de laquelle se développent ses troupeaux, la tradition locale prétend qu'elle a été importée du mont Altaï pendant le xie et le xti6 siècle. De nombreux troupeaux de cette race ont été importés en Amérique, dans les régions ouest des Etats-Unis, et en Afrique au Cap. Leur poil fin et laineux est connu sous le nom de mohair. Nous voilà donc en situation d'assigner un lieu d'origine à tout un groupe de races asiatiques. Ce groupe présente même cette particularité commune que toutes ces Chèvres à longue toison ont le pelage de couleur très claire en gris bleuté, ou même l'ont d'un blanc éclatant. Ce sont les seules races que l'on peut qualifier de races blanches, parce qu'elles sont blanches à l'état de nature en vertu de la loi physiologique, qui donne à la fourrure et au plumage des animaux de la région polaire les teintes des neiges et des glaciers qui les environnent. Partout ailleurs le blanc sur le pelage des caprins devient signe de dégénérescence ou de domestication. Le type asiatique dans l'espèce caprine se caractérise d'après 152 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ces races par la grande longueur du poil, la conformation Irapue du sujet, la forme droite et ovine du chanfrein, Je bleu d'azur des yeux, l'aspect spiriforme des cornes. A un degré de qualité Lien inférieur au point de vue de la toison, se placent les races caprines qui paraissent originaires du sud de l'Asie et dont la plus importante et la mieux typée est la Chèvre mambrine, qui jouit d'une certaine réputation comme laitière. Toutes ces races méridionales se caractérisent comme celles du JN'ord par la longueur de leur poil, leur physionomie mou- tonnière, leurs oreilles tombantes et la forme hélicoïdale de leurs cornes. Elles sont cependant de taille plus grande et ont les oreilles plus longues. Ces dernières races semblent pro- venir des massifs de montagnes qui s'étendent autour du plateau d'Iran. Ce partage de l'espèce caprine entre les trois parties du Vieux-Monde avec la préoccupation de baser les caractères distinctifs de chaque groupement sur les signes extérieurs qui marquent la classification des races humaines, c'est-à-dire la couleur du pigment dermique et la nature du système pilaire, n'est, jusqu'alors, qu'un travail fantaisiste que nous avons développé pour amorcer la discussion. Nous verrons à la Section de mammalogie si, soumis à la critique des naturalistes, il s'y trouve une idée cligne d'être retenue. Le Secrétaire de la sec l'uni, .1. Crepin. Le Secrétaire général tient à ajouter au rapport qui précède les remerciments du Conseil de la Société pour les membres du bureau actuel; il est particulièremenl heureux d'exprimer sa reconnaissance au comte d'Orfeuille, qui, soit comme vice- président, soit comme président, a su diriger, avec tant de dévouement, les travaux de la Sous-section. Enfin, il adresse au secrétaire M. .1. Crepin ses sentiments de vive ^ratilude el tous ses éloges pour la part considérable qu'il a prise dans les études caprines. M. Crepin, apôtre de la réhabilitation de la Chèvre, a été l'âme de la Sous-section. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 153 Dès 1897, comprenant les bienfaits que pouvait apporter, dans L'alimentation des enfants, le lait de Chèvre, il se vouait entièrement à cette question humanitaire. Malgré des difficultés sans nombre, malgré de cruels déboires, sa foi, loin de s'atténuer, n'a fait que se fortifier, et c'est avec une juste fierté qu'il peut, aujourd'hui, considérer les résultats acquis. Son livre, « La Chèvre », qui est une des plus belles mono- graphies d'espèce domestique, restera le livre de la réhabilita- tion de l'espèce caprine. IIe SECTION. — ORNITHOLOGIE — AVICULTURE SÉANCE DU 8 JANVIER 1912 Présidence de M. Magaud d'Aubusson, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Il est donné lecture d'une lettre de M. Pays-Mellier, qui vient de recevoir de Hollande des quantités de Palmipèdes. Grâce à un moteur puissant, il possède aujourd'hui de l'eau courante; aussi a-t-il le plaisir de voir s'ébattre dans ses bassins Canards, Remâches, Oies de toutes espèces, etc. Sur les pelouses sont les Grues les plus belles et les plus rares, Grues couronnées, leucogéranes, de Paradis et bien d'autres. M. Debreuil a reçu une lettre fort intéressante de M. Jean Fabre, le nouveau chargé d'affaires de France au centre Amé- rique. M. Fabre constate qu'avant lui la Légation avait fait tout le possible pour donner satisfaction à la Société d'Accli- matation sur la question du Dindon ocellé; le dossier lui a montré qu'aucune démarche, aucun soin n'avaient été négligés. Ces efforts n'ayant malheureusement abouti à aucune espèce de résultat, M. Fabre, instruit par son expérience anté- rieure des choses de l'Amérique latine, a employé des moyens non administratifs et a bien cru réussir. A Guatemala même, on lui avait signalé un couple de Dindons ocellés apprivoisés, aus- sitôt de courir à l'adresse indiquée, mais, hélas! pour trouver 154 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION une déception. La femelle étail morte une quinzaine de jours avant l'arrivée de M. Fabre, il ne restait plus que le mâle, et comme M. Debreuil avait spécifié un couple, cela, ne faisait pas. l'affaire. Une autre question s'est alors présentée. Le mâle paraissait bien répondre à la photogravure envoyée, mais les plumes à forme d'œil sont moins fournies sur l'animal. La propriétaire a affirmé que sa bète muait en cette saison, mais qu'en février le Dindon serait identique à l'image. >i'enlève-t-elle pas les plumes pour les vendre? Pour lever tous les doutes, M. Fabre aurait voulu adresser à M. Debreuil une photographie en couleurs; mais ses plaques autochromes ayant souffert dans le voyage, le résultat a été nul. En attendant l'arrivée de plaques neuves, il joint à la lettre trois plumes arrachées à l'Oiseau, pensant que ces échantillons permettront de déterminer si c'est bien l'animal désiré ou un métis; dans tous les cas, on en demande un prix énorme; heureusement que dans ce pays-là on peut marchander. M. Fabre, ayant fini par découvrir que cet Oiseau provenait du Péten, province guatémalique, voisine du Honduras britannique, et que la patrie du Dindon ocellé était, non le Honduras même, mais le Honduras britannique, a écrit à M. Usher, notre agent consulaire à Balize. C'est, dans tous les cas, vers cette contrée que vient de diriger ses recherches lord Rothschild, et il a réussi. La Société d'Acclimatation doit une vraie reconnaissance à M. Fabre, dont, on le voit, la complaisance est à toute épreuve et qui va continuer sa conversation avec Balize; dans le cas où M. Usher ne réussirait pas ou transmettrait des propositions inacceptables, notre correspondant pense qu'on pourrait faire agir, par l'ambassade de France à Londres, auprès du gouver- nement, les fonctionnaires coloniaux anglais étant, ajoute-t-il, si obligeants, si aimables. Pour faire comprendre ces mots de M. Fabre « propositions inacceptables », ajoutons que la lettre de M. Usher, que nous avons sous les yeux, ne parle pas moins de 500 dollars. M. Magaud d'Aubusson communique une lettre à M. le Dr Louis Bureau ayant Irait à un passage de la Chronique géné- rale, insérée dans le numéro de notre Bulletin du 15 décembre. 11 y est dit : « Une colonie de Guêpiers vient tous les ans nicher EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS L55 dans les brèches sablonneuses des environs de la Roche-sur- Von, et le Canard Eider élève ses jeunes sur un rocher à l'em- bouchure de la Loire. » M. Bureau pense qu'il s'est glissé une erreur en ce qui concerne le Guêpier. Son opinion est d'autant plus admissible qu'on se souvient que, si M. Plocq habite la Roche-sur-Yon, ce n'est pas aux environs de cette ville qu'il a trouvé son exemplaire, mais dans une sablière du département de la Vienne. Quant à l'Eider, M. Bureau en connaît un couple, mais il croit sage de ne pas désigner la localité, car il esta protéger comme d'autres Palmipèdes, \ePufftnus Anglorum, par exemple. M. Ménegaux range dans la même catégorie YAlca torda, qui, d'après M. Magaud d'Aubusson, nichait jadis dans les Aiguilles d'Etretat, mais en a disparu ainsi que les Guillemots, depuis une vingtaine d'années. A une précédente séance, il avait été incidemment parlé d'une question d'anatomie comparée; suivant certains auteurs, l'Autruche seule, de tous les Oiseaux, posséderait une vessie. Aujourd'hui M. Albert Chappellier apporte la réponse suivante, qu'il a trouvée dans le Broiiris Thierreich : « Chez l'Autruche seule la défécation et la miction se font en deux temps. Cela est rendu possible par ce fait que la bourse de Fabricius, très élargie dans la plupart des cas, constitue un réservoir analogue à la vessie. Une vessie véritable, c'est-à-dire dérivant delà paroi ventrale de l'urodeum, ne se rencontre jamais chez les Oiseaux, parce que l'ouraque, le pédoncule allantoïdien, entre en régression dès avant l'éclosion, sans se transformer par- tiellement en vessie, comme cela a lieu chez les Mammifères et beaucoup de Reptiles. » M. d'Orfeuille rappelle qu'en 1842, un allemand, Mayer, a décrit chez le Poulet un rudiment de vessie, qui est distinct, pendant la première année de la vie, sous la forme d'un petit sac à parois minces et situé au-devant du rectum, et il cite un passage de l'Encyclopédie d'Histoire naturelle du Dr Chenu, où il est dit que les Struthions ont un appareil simulant une vessie. M. Pierre-Amédée Pichotparle d'une enquête fort curieuse faite àlarequète du ministère de l'Agriculture des Etats-Unis d'Amé- riquesurlanourriture des Pics. Troismilleestomacsappartenant 156 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION à 25 ou 30 espèces ont été examinés, et il en résulterait que si 4 ou 5 d'entre elles mangent le cambium, toutes les autres sont à protéger, surtout si l'on songe que 400 espèces d'Insectes vivent en Amérique aux dépens des Chênes. Vu l'importance et l'intérêt du sujet. M. Pichot veut bien nous promettre de le traiter le mois prochain avec plus de détails. La séance se termine par une communication de M. Garreta sur les Oiseaux des îles Salvage. Le Secrétaire, Comte d'Orfeuille. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Collection d'animaux de l'Inde, offerle au Roi d'Angleterre. — Nidifica- tion du Martin-chasseur d'Australie dans les volières de Lilford hall. — Nourriture des Pics des Etats-Unis. — Les rais à fourrure. — Les rats à abajoues d'Amérique. — Perruches de l'Inde en liberté à Londres. — Un livre sur les Oiseaux du Cap. — Exportation de fruits d'Australie. — Importations nouvelles. Pendant le dernier voyage des souverains anglais dans l'Inde, le rajah du Népaul a fait hommage au roi George d'une nom- breuse collection d'animaux du pays qui sera installée au jardin de la Société zoologique à Londres. Cette collection comprend, entre autres, un Rhinocéros indien, un Eléphant, une espèce de Cerf de Wallich, le Shou du Thibet ; des Cerfs de Duvaucelle, d'Aristole, des Cerfs-Cochons, des Axis ; des Mouflons Nahurah ou Burhel,des Bouquetins tahr (Hemitragus jemlaicusj ; des Antilopes à quatre cornes ; un Cervule muntjae albinos ; un Ane sauvage qui parait un métis d'IIémione ou de Kiangel plusieurs races de Moutons et de Chèvres domestiques très intéressantes. 11 y a encore des liongeurs, des Carnivores, notamment deux Onces, la Panthère à fourrure onctueuse des pays froids, et les divers Phasianidés si caractéristiques de la faune indienne. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS I *i - Mais il serait trop long d'en faire rénumération. Tous ces animaux sont actuellement réunis à Calcutta, où ils attendent leur embarquement. La Société d'Aviculture Anglaise vient de décerner sa médaille à Robert Cosgrave, l'habile gardien-chef des faisanderies de Lilford hall, pour la reproduction en volière du grand Martin- chasseur d'Australie (Dacelo gigantea). Cet Oiseau, que les indi- gènes appellent Kookaburra et que les colons ont baptisé du sobriquet d'Ane rieur on Réveil-matin du pionnier, a un cri tout à fait semblable à un violent éclat de rire, avec lequel il salue le lever du soleil d'une façon autrement bruyante, sinon aussi poétique, que le Chantecler de M. Ed. Rostand. Pour les formes, c'est un Martin-pêcheur gigantesque, mais il vit à l'intérieur des terres et non sur le bord des cours d'eau et les Serpents, les Lézards et les Insectes composent sa proie ordinaire. M. Le Soueff, le Directeur du Jardin zoologique de Melbourne, pense qu'il ne dédaigne pas à l'occasion les petits Oiseaux. Ayant mis en liberté autour de sa demeure deux couples de Merles d'Europe qu'il espérait acclimater en Australie, M. Le SouefF eut le chagrin de les voir disparaitre les uns après les autres dans le vaste gosier des Kookaburras du voisinage. M. Le Soueff a aussi vu souvent le Martin-chasseur guetter les Crabes terrestres à l'entrée des trous où vivent ces Crustacés, et le malin Oiseau frappait du bec à l'entrée de ces lanières pour attirer dehors les habitants qui venaient innocemment regarder qui cognait à leur porte. Le couple de Marlins-chasseurs de Lilford hall vit cependant en bonne intelligence avec quelques autres Oiseaux dans le même parquet. Il est vrai que ce sont des Corneilles de roche à bec rouge qui seraient de taille à se faire respecter. Au mois d'avril de l'année dernière, Robert Cosgrave remarqua que les Martins-chasseurs semblaient vouloir entrer en ménage. Il leur installa une grande boite de 33 centimètres carrés environ, percée d'un trou et garnie de poussières de bois vermoulu. En Australie, ces Oiseaux nichent dans des arbres creux ; à Lilford hall, ils trouvèrent la boîte à leur goût et'en prirent possession. Le 10 mai, il y eut un œuf pondu, suivi de deux autres aussi gros que les œufs de Bentams et à coquille blanche. Le mâle et la femelle couvèrent à tour de rôle et, le 19, comme ils 158 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION s'étaient écartés pour manger, R. Cosgrave constata que des trois œufs pondus il n'en restait qu'un dont il n'attendait guère la réussite. Deux jours après pourtant, on entendit la voix d'un nouveau-né réclamant sa pâture. Il était nu, mais se couvrit rapidement d'un duvet blanc qui le faisait ressembler à un petit Hibou, et à l'âge d'un mois il quitta tout emplumé son domicile, pour s'installer dans le parquet avec ses parents. Le mâle seul continua â le nourrir, tandis que la femelle, les ailes croisées derrière le dos, riait à gorge déployée de voir son époux s'acquitter si bien des devoirs de bonne d'enfant. M. H. W. Henshaw, directeur du Bureau d'études biologiques du Ministère de l'Agriculture aux Etats-Unis, continue la publi- cation des enquêtes de son service. Parmi les Mémoires récem- ment parus, il faut citer deux importants travaux sur la nour- riture des Oiseaux de la famille des Pics, que l'on accuse de détruire annuellement pour plus de 2o millions de francs dans les forêts américaines. Les recherches de M. Beal, son analyse du contenu de 3.453 estomacs de ces Oiseaux, ont prouvé que l'accusation est justifiée pour certaines espèces qui se nour- rissent du cambium des Arbres et que l'on désigne spécialement sous le nom de buveurs de sève (sap suc kers), mais que la plupart des Pics rendent les plus grands services aux forestiers en combattant la multiplication des Insectes xylopliages dont les ravages sont irréparables. Dans un second mémoire annexé à celui-ci, M. Mac Atee a étudié à fond les altérations causées â la végétation forestière par les susdits buveurs de sève, et les photographies de bois endommagés qu'il met sous nos yeux sont très instructives. ÎNous reviendrons plus en détail sur ces importants travaux qui intéressent nos forestiers, quoique nous n'ayons pas en France les mêmes espèces de Pics qu'aux Etats- Unis, mais le rôle du Pic vert est également discuté chez nous. Un autre mémoire très important publié par le Bureau d'Etudes biologiques concerne l'Ondatra ou Rat musqué, dont la fourrure a une valeur économique considérable et qu'il importe aujourd'hui de protéger et d'élever même, dans cer- taines conditions, si l'on ne veut pas laisser une source impor- tante de richesse se tarir. (Vest par milliers, en effet, que le commerce des pelleteries consomme chaque année les peaux CIIKONIQUE GÉNÉRALE KT FAITS .DIVERS L59 du Rat musqué qui prend, selon les circonstances, les noms de Loutre d'Hudson et de Vison du Canada. Nous ferons de l'enquête de M. Hollister l'objet d'une communication spéciale à la Société d'Acclimatation, qui a toujours prôné l'élevage des animaux à fourrure. Les recherches de M. Goldman (même Bureau d'Etudes), sur les Heieromijs et les Liomys, portant sur l'anatomie et la déter- mination de ces Rongeurs, ont un intérêt plus purement scien- tifique et ne nous apprennent que peu de choses sur les mœurs de ces Rats à abajoues. Analogues aux Hamsters et très nom- breux dans certains Etats, ils font du tort aux récoltes autant parce qu'ils consomment que par les quantités de grains qu'ils emmagasinent dans leurs terriers. On peut voir dans ce moment à Londres, dans le quartier de Stoke-Newington, deux Perruches à collier de l'Inde qui vivent en toute liberté et qui reviennent manger dans la basse-cour du grand importateur d'animaux, William Jamrach, à qui elles appartiennent. La certitude de trouver en abondance dans la basse-cour leur nourriture naturelle, qui est le riz non décortiqué, est, sans doute, pour beaucoup dans leur attachement à l'endroit où on leur a donné leur plein vol, mais l'endurance de ces Oiseaux est tout à fait extraordinaire car, passant le jour et la nuit à l'air, elles ont eu à supporter des froids de o à 6 degrés au-dessous de zéro sans paraître en souffrir. Si ces Perruches triomphent de l'hiver, W. Jamrach a l'in- tention de lâcher une vingtaine des mêmes Oiseaux pour leur tenir compagnie, et ce sera vraiment un ravissant spectacle que d'assister à leurs ébats au-dessus des maisons et dans les squares. La librairie Witherby, à Londres, va publier en mars la pre- mière partie d'un magnifique ouvrage que le major Horsbrugh prépare depuis trois ans sur les Oiseaux-gibier et les Oiseaux d'eau de l'Afrique du Sud. De format in-4°, ce livre sera illustré par 67 planches en couleur, reproductions exactes des belles aquarelles de C.-G. Davies. L'auteur et le dessinateur ont long- 160 BULLETIN DE LÀ SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION temps habité les colonies africaines de la Grande-Bretagne et ont travaillé d'après nature dans des conditions exception- nellement favorables pour pénétrer dans la vie intime des volatiles dont ils ont étudié les mœurs. William Jamrach attend une importation de Lophophores qui lui est annoncée pour le printemps. Il a reçu une belle paire de Grues couronnées adultes et des Oies céréopses qu'on a rarement l'occasion de se procurer maintenant. Chez Hamlyn, nous notons un Emeu adulte, une paire de Kangurous de Bennett dont la femelle a un jeune dans sa poche et un nombreux arrivage d'Ecureuils gris d'Amérique. * * L'exportation des fruits de l'Australie et de la Nouvelle- Zélande augmente tous les ans, mais jusqu'ici les envois n'ont été dirigés que sur la Métropole. Les pommes de la Tasmanie sont particulièrement appréciées et les prix de vente en pri- meurs sont très rémunérateurs. Voici le nombre de caisses exportées pendant la dernière campagne : Sydney 548 caisses de Pommes. .Melbourne 197.863 — de Pommes. — 17.363 — de Poires. Adélaïde 24.849 — de Pommes. 4.928 — de Poires. Ilobart 569.515 — de Pommes. — 37.033 de Poires. — 3.455 — de Raisins. Freemantle 42.137 — de Pommes. L.891 — de Poires. ALbany 2.502 — de Pommes. Nouvelle-Zélande 5.3 de Pommes. La caisse représente : 19 kil. 32 pour les Pommes. 15 à 18 kilogrammes pour les Poires. 11 kil. 778 pour les Raisins. Le Gérant : A. Maretheux. Pans. — L. Marktheux, imprimeur, 1, rue Cassette. TH. ROOSEVELT, NATURALISTE Par le docteur Alexandre LAMBERT (I . Il y a souvent, dans les locutions courantes, des expressions frappées au coin de la vérité et qui peignent bien ce qu'on veut dire. C'est ainsi qu'on peut affirmer en toute vérité que Th. Koosevelt est naturaliste de naissance. Dès sa plus tendre enfance, il aima les animaux et prit plaisir à suivre leurs ébats. Ce penchant se manifesta chez lui par la manie qu'il avait, étant enfant, de collectionner toutes les bes- tioles dont il parvenait à s'emparer pour pouvoir les examiner de plus près; Oiseaux et Reptiles avaient pour lui un égal attrait. Devenu homme, il s'empressa d'aller étudier les mœurs de ses chers amis dans leurs habitats naturels, et quand il fut en crédit, son premier soin fut d'user de son influence pour sauver la faune de son pays de la destruction qui la menaçait. On raconte, qu'étant tout petit garçon, son père l'appela un jour pour se mettre à table. Il répondit qu'il allait venir, mais pria qu'on le laissât d'abord retrouver son plus beau Serpent qui venait de s'échapper. Au bout d'un instant, il revint triom- phant pour déjeuner; il s'excusa de son retard auprès de l'invité qu'avait à ce moment son père et qui depuis quelques jours était l'hôte de la famille, en lui disant qu'il venait de retrouver le captif évadé dans le pot à eau de la chambre d'ami. On juge de la mine effarée que prit celui-ci en apprenant qu'il avait eu un pareil voisinage. Jeune homme, Roosevelt subit l'attraction des pays sauvages et s'enfonça dans les territoires vierges de l'ouest des Etats- Unis. C'estau moment critique où la colonisation progressant, la faune naturelle allait se trouver face à face avec l'homme dans ces régions inexplorées. Pendant longtemps, les centres de civilisation des Etats-Unis, formés à l'est par les premiers colons et à l'ouest par les chercheurs d'or, avaient été séparés par une zone neutre. Ces centres marchant l'un vers l'autre allaient se rejoindre, lorsque Roosevelt se dirigea vers l'ouest. (1) M. A. Lambert est le compagnon de chasse de M. Th. Roosevelt; cet arlicle ainsi que les photographies nous ont été obligeamment commu- niqués par lui. BCLL. SOC. NAT. ACCL. FK. 1912. — 11 162 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Les temps du pionnier et du trappeur primitif allaient dispa- raître; mais il restait encore quelques-uns de ces vieux types avec lesquels Roosevelt put se lier et poursuivre le gibier. Ils *#''%£ *jM. Fio. 1. — Bisons dans le parc de Yellowstone. i Fil. '2. — Bisons dans le parc de Vellowstone. l'initièrent aux épreuves et à la pratique des randonnées épiques qui tiraient à leur fin. La'vie était encore rude dans les campements disséminés et les villes frontières. En vue de se livrer au commerce du bétail TH. ROOSEVELT, NATURALISTE 163 Itoosevelt entreprit l'exploitation d'un ranch le long du cours du petit Missouri. C'était la dernière année que Ton y rencontra les grandes troupes do Bisons, si impitoyablement massacrés pour Fin. 3. — Moulions dans le parc de Yellowsîone. Fi'.. 4. — Touristes regardant les Ours du parc de Yellowstone. leur peau. Le nouvel arrivant vit ces immenses troupeaux dis- paraître dans le sud et s'imagina qu'ils reviendraient selon leur habitude. Hélas ! ce fut au dernier passage de ces animaux marchant à la mort qu'il assista. 164 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Le Cerf wapiti était encore assez abondant autour du ranch dans les collines des Mauvaises Terres; l'Ours gris était en train de renoncer à ses sanguinaires expéditions diurnes pour devenir le craintif rôdeur nocturne qu'il est aujourd'hui. Le Caribou à queue noire fréquentait les pentes des mon- tagnes en bandes nombreuses et son congénère à queue blanche peuplait les vallées marécageuses où grâce à ses mœurs timorées et à son habileté à dépister le chasseur, il a survécu aux diffé- rentes espèces de Cervidés qui habitaient la région. De grands troupeaux d'Antilopes furcifers circulaient dans les vallées et les prairies autour du ranch, tandis que des bandes de Mou- lions pâturaient sur les versants des collines au milieu desquelles le petit Missouri roulait ses flots. Les Peaux-Rouges venaient alors à l'automne faire leur provision de venaison pour l'hiver dans cette giboyeuse région. Au bout de quelques années, ce garde-manger qui paraissait inépuisable se vida petit à petit, et avant de revenir à l'est pour se lancer dans la vie politique, Roosevelt s'était bien rendu compte que la destruction de toute la faune était inévitable, si on ne la protégeait. Comme tous les jeunes gens énergiques et intelligents, le futur président joignait la pratique de la chasse à l'étude des mœurs des animaux de la région, et il était surtout attiré vers ceux pour l'observation desquels l'intrépidité du montagnard et l'habileté du chasseur étaient à la fois nécessaires. Il eut plus de plaisir à poursuivre le Mouflon et le Caribou â queue noire que le Cerf à queue blanche ou le Wapiti, et le risque à courir dans la chasse de l'Ours gris ajoutait une saveur particulière aux émotions du sport. Un jour qu'il était à chasser avec un vieux trappeur, il dut, pour une raison quelconque, s'écarter de son compagnon et s'aventurer seul dans un pays désert. Il tomba sur un Ours gris auquel il envoya son coup de feu. L'animal blessé fil tête et chargea le chasseur, qui n'eut que le temps de loger une autre balle dans le corps du monstre. Mais, quoique mortelles, ces blessures ne suffirent pas pour l'abattre ; à travers la fumée de la poudre, Roosevelt vit une énorme patte s'abattre sur lui; heureusement, il put éviter le coup et l'instant d'après, la bête, épuisée par ce dernier effort tombait morte à ses pieds. Dans certaines parties de l'Etat du Colorado, il y eut, à un moment, une telle abondance de Cougouars ou Pumas qu'il • tait impossible d'élever des Poulains sur le ranch, car ces félins TH. HOOSEVKLT, NATURAI.ISTfi 165 en faisaient leur proie favorite. Tout en chassant ces animaux avec un des gardiens, lloosevelt étudiait leurs mœurs, et les Fie. 5. — Ours gris. Fig. 6. — Caribous à queue noire sur le terrain de parade de Vellowstone. articles qu'il publia sur les habitudes du Puma et sur la manière de le chasser avec des Chiens courants lui acquirent une réputation bien méritée de naturaliste et ajoutèrent un délicieux chapitre aux annales de la chasse américaine. 160 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Quoique n'étant pas musicien, Roosevelt connaissait si bien le chant des Oiseaux qu'il avait rencontrés dans ses excursions, qu'un jour qu'il était à table chez des amis dans le Colorado, il exprima le plaisir qu'il avait eu à entendre un Troupiale sous ses fenêtres. « Oh ! M. le Président lui répliqua son hôte, il doit y avoir erreur. L'arrivée des Troupiales n'aura pas lieu d'ici à une quinzaine de jours. — C'est possible, dit Roosevelt, mais n"empêche que j'en ai entendu un. » L'hôte n'en voulait pas démordre, quand soudain le consciencieux observateur s'écria : « Tenez, retournez-vous et regardez par la fenêtre. » Et de fait un magnifique Troupiale en plumage de noces se balançait sur la branche d'arbre qui pendait devant les carreaux. Au moment où Roosevelt arriva à la présidence, l'extermina- tion de la faune sauvage était déjà suffisamment avancée pour que tout le monde éprouvât le désir de conserver ce qui en res- tait et d'essayer de repeuplpr certaines parties du pays qui avaient été complètement dévastées. Tandis que d'un côté les chasseurs de gros gibier achevaient leur œuvre de destruction, de l'autre, dans les régions méridionales, les trafiquants en plumes avaient anéanti, pour répondre aux besoins de la mode quelques-unes des plus belles espèces d'Oiseaux autochtones. Personne n'était mieux préparé que le président à comprendre la nécessilé de l'intervention du gouvernement pour protéger le gibier. Quelques années auparavant, il s'était activement employé à faire ériger Yellowstone Park en réserve de gibier par les pou- voirs publics. Le Gouvernement fédéral possédait encore, heu- reusement, assez de territoires dont on pouvait faire des réserves forestières et qu'on pouvait en même temps utiliser pour y conserver le gibier. Par l'expérience qu'il avait acquise de bien des manières pendant la première époque de son existence, la protection du gibier s'était imposée à l'esprit de ce scrupuleux observateur de la Nature qui avait vécu dans des conditions où il pouvait, mieux que tous autres, en apprécier l'utilité. Pour un homme tel que lui, concevoir un progrès c'était en chercher la réalisa- tion et. dès que les circonstances le permirent, il décréta la création de sanctuaires inviolables pour les Oiseaux, dans la Floride et la Louisiane. Il délimita une grande étendue de terrain dans l'Oklahoma, au pied des monts ^'ichitaoù le Rison TH. ROOSEVELT, NATURALISTE 107 et l'Antilope furcifer peuvent maintenant errer sans être inquiétés. Dans le Wyoming, il vint au secours du Wapiti qui allait dis- '--,- ■4 jkA?.W •*$*■*» B ■ " i- - i ^ i Fil. 7. — Antilope furcifer. Fig. 8. — Couguar sur un arbre. paraître, en donnant plus d'extension au parc réservé de Yel- lowstone. Dans l' Arizona, il transforma en parc national le défilé 1G8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION du Colorado et fit des rives de ce fleuve et de ?es environs la réserve à gibier des montagnes de San-Francisco. Enfin, dans le Colorado et dans d'autres Etats, il a neutralisé de nombreux espaces où les hùtes des bois peuvent évoluer en toute sécurité. Comme naturaliste, Théodore Roosevelt ne s'est pas confiné à l'étude des Mammifères, des Oiseaux et des Reptiles. . ( C ' — 1 tç" t V~ \ %sjfr ' ôj - ( Tn~ ■ $- p JtRfcJ'-JL- A 7 ?*"< ' - ; - ' ' -* ' / Î I ^ffl S^B^^ ^^tfgC] ^s -: i ' EL . Fig. 9. Th. Roosevelt. Toutes les branches de l'Histoire naturelleont égalementsolli- cité son attention. Les nomenclatures ne l'intéressent qu'au- tant qu'elles permettent la détermination des espèces et le signalement de lpurs caractères, mais par-dessus tout, ce qui le passionne, c'est de vivre en contact avec la Nature de façon à pouvoir étudiprles êtres vivants dans l'exercice de leurs fonc- tions, se rendre compte de leurs besoins, voir comment ils se défendent, comment ils élèvent leurs petits, de quelle manière ils se nourrissent. L'Histoire naturelle du passé telle que nous l'apprend la paléontologie, a. pour le président, autant d'attrait que la vie de nos espèces contemporaines et la largeur de vues avec laquelle il envisage les précurseurs de la faune actuelle est TU. ROOSEVELT, NAÎT li A LISTE 169 aussi remarquable que l'étendue de ses connaissances en tout ce qui louche aux animaux vivant de nos jours, depuis le plus gros jusqu'au plus petit. En un mot, si ses devoirs de citoyen ne l'avaient pas appelé à servir son pays dans les fonc- Fig. 10. — Le chasseur Abernathy tenant à la main un Loup vivant. tions publiques, il n'y a pas de doute que Théodore Roosevelt, par l'étendue de ses connaissances, la pénétration de son -esprit, se serait fait une place éminente parmi les naturalistes les plus distingués de son temps. PROJET DE PARC NATIONAL Par FERNAND MASSE Depuis longtemps déjà, on a prononcé en France le mot de Parc National. On a prononcé le mot quand déjà l'étranger avait la chose. Depuis, d'autres parcs se sont créés ou augmentés chez nos voisins. Nous trouvons l'idée séduisante, nous affir- mons que la réalisation présenterait un intérêt de premier ordre, nous allons même visiter les étaolissements fondés au loin, nous applaudissons aux résultats obtenus..., et nous nous en tenons là. Là, comme en bien d'autres cas, nos facultés d'assimilation nous permettent d'apprécier l'opportunité et la valeur des entreprises réalisées en dehors de nous, mais notre indolence, notre prédilection pour la théorie du moindre effort s'accommodent mieux d'approuver un exemple que de le suivre. C'est ainsi que les voyages d'études que nos savants et nos éleveurs les plus qualifiés font en Europe ou ailleurs demeurent stériles malgré les aperçus pleins de révélations qu'ils nous en donnent au retour. Mais c'est notre indifférence seule qui les stérilise, ou plutôt notre versatilité. Nous applaudissons très sincèrement, et le lendemain, nous pensons à autre chose. C'est insuffisant. Il y a peu de mois, M. Perrier, directeur du Muséum, accom- pagné d'une délégation de la Société d'Acclimatation (MM. Lo- yer, Debreuil, Dr Loisel et Caucurte), fut convié par le comte Potocki à visiter son parc de Pilawin. Quelques temps avant, à l'occasiou du Congrès ornithologique de Londres, plusieurs congressistes français avaient pu admirer ce que de grands seigneurs n'ont pas hésité à entreprendre dans ce sens, de l'autre côté du détroit. Ces voyages, ces missions nous ont valu des comptes rendus qui nous laissent d'abord sous le charme de leurs visions, mais qui bientôt accentuent en nous le regret de n'être que des admirateurs. C'est là pourtant un rôle passif qui ne convient guère à notre tempérament. Les progrès merveilleux réalisés, ces dernières années, dans d'autres branches de la science appliquée, cons- tituent à ce sujet une démonstration péremptoire. Faut-il en conclure que le Français paye plus volontiers de sa peau que PROJET DE PARC NATIONAL 171 de sa poche? Peut-être, dans une certaine mesure; mais dans une certaine mesure seulement. Car si, par exemple, l'héroïsme de nos aviateurs est au-dessus de tout éloge et dépasse les récompenses que lui valent ses exploits, les moyens matériels qu'on lui livre n'en exigent pas moins de gros capitaux. C'est donc qu'on peut trouver en France des ressources abondantes pour uneenlreprise d'intérêtgénéral. Peut-être encore, l'action, pour se manifester, attend-elle qu'on lui montre que nous possé- dons dans notre pays tous les éléments nécessaires pour mener l'entreprise à bonne fin. 11 est remarquable, en effet, que si de nombreux auteurs — trop nombreux pour que je puisse en rappeler les noms — ont prononcé le mot de Parc National, aucun n'a défini exactement ce qu'il entendait par là, ni indiqué les facilités ou possibilités de réalisation sur tel point du territoire qu'on a parfois cité et dans telles conditions précises. C'est ce que je voudrais essayer de faire ici. Avant d'examiner les moyens à mettre en œuvre, il convient de bien spécifier le but à atteindre en tenant compte d'une formule qu'on doit s'efforcer d'appliquer malgré ses éléments souvent contradictoires : être utile... à peu de frais. Un Parc national, tel que je le comprends ici, tel que d'autres, sans nul doute, l'ont compris avant moi, ne doit pas être une simple promenade publique, bonne tout au plus à distraire les bébés et à abriter sous ses ombrages les idylles des tourlou- rous et des bonnes d'enfants. Bien qu'il soit peut-être osé de ma part de prononcer dans ce Bulletin une parole que j'expli- querai d'ailleurs plus loin, le Parc National ne doit pas être non plus, à proprement parler, une œuvre d'acclimatation r il ne saurait être que la conséquence de celle-ci, mais la conséquence logique, immédiate, indispensable pour que les efforts cinquan- tenaires de notre Société atteignent leur maximum de rende- ment, pour récolter en pleine maturité les fruits de l'arbre planté par Isidore Geoffroy Saint-IIilaire. Notre Parc national doit permettre, sans doute, de pour- suivre des observations et des éludes spéciales sur les animaux en liberté, mais il devra aussi reconstituer la faune de notre pays, la conserver et la multiplier ; il l'augmentera des espèces que les expériences de l'étranger ainsi que celles de nos éle- veurs ou de nos jardins d'essai auront montrées comme d'une 172 BULLETIN HE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION adaptation facile sinon acquise, à notre climat, à notre indus- trie, à nos besoins comme à nos plaisirs. Aménagé dans cer- taines de ses parties en ferme modèle, il prouvera, par l'évi- dence du fait, le parti insoupçonné ou trop peu connu qu'on peut tirer de tel ou tel animal et permettra de saisir, en pleine appli- cation, les méthodes les plus fécondes en résultats ; il sera, en même temps, un centre où l'élevage des animaux, tant sau- vages que domestiques, viendra choisir ses reproducteurs. En résumé, le Parc devra être instruclif, vulgarisateur, conser- vateur et producteur tout à la fois. Les espèces acclimatées ou facilement acclimatables sont aujourd'hui connues de tous les spécialistes. L'observation et la méthode ont sélectionné les espèces utiles ou agréables et immédiatement utilisables. Il ne s'agit donc plus d'acclimata- tion, mais de l'application de ce que celle-ci nous a enseigné, et c'est là ce que je voulais dire tout à l'heure. Point n'est besoin de multiplier les exemples à l'appui de cette thèse : un seul suffira, que notre mainmise sur le Maroc place au premier plan de l'actualité. Je veux parler de l'exploi- tation de l'Autruche. Cet Oiseau peut être considéré aujourd'hui comme une espèce domestiquée, tant son élevage et l'industrie qui en est l'objet se sont développés avec succès partout où ils ont été entrepris méthodiquement. L'Autruche semble s'accom- moder de tous les climats : sans parler d'Oran, où j'en ai connu, il y a quelque vingt ans, un élevage qui existe peut-être encore, ni d'Alger, il y a, pour ne pas sortir de France, des élevages à Nice, et il y en eut à Marseille; il en existe en Allemagne et jusqu'en Suède. Au point de vue des résultats à envisager, à escompter, oserai -je dire, il suffit de constater ce qu'on a obtenu au Cap, où les conditions climatériques ne sont pas sensible- ment plus favorables que celles de l'Algérie ni du Maroc, ni même que celles de la Provence. Au Cap, 75 p. 100 des fermiers payant l'impôt se livrent à l'élevage de l'Autruche, et ce sont eux dont les affaires sont les plus prospères. Un de ceux-là, qui est en même temps un des auteurs les plus autorisés sur l'Autruche, calcule qu'avec un capital de mise en train de 70.000 francs et un bon terrain de culture, on peut obtenir facilement un revenu annuel de 19.000 francs. Une ferme d'Autruches, établie sur notre sol. dans notre Parc, PROJET DE PARC NATIONAL iTi! une exploitation raisonnée et méthodique, une véritable affaire industrielle en un mot, ne pourrait qu'inspirer aux jeunes géné- rations le goût de semblables entreprises en leur indiquant une source de revenus digne d'allirer leur activité, en permettant aux futurs colons de s'approvisionner non seulement de sujets sélectionnés mais aussi de connaissances nécessaires pour en lirer parti. Je n'ai envisagé jusqu'à présent que le côté utilitaire d'un tel projet, utilitarisme qui va de la science pure jusqu'aux der- nières conséquences de la science appliquée. Il en est un aulre, cependant, qu'on ne saurait passer sous silence : c'est le côté esthétique. Il vient en deuxième ligne, à son rang, mais il vient, puisque rien n'empêche de lui réserver la très large part qu'il mérite. Admirer, observer, sélectionner des espèces en éleveur ou en naturaliste, fût-ce dans de vastes parquets, au milieu d'une grasse prairie aménagée à cet effet, constitue déjà une œuvre complète en soi et jui peut répondre aux vues exclusivement utilitaires. Mais quelle ampleur n'atteindrait pas le projet, quel intérêt nouveau et décuplé ne présenterait-il pas s'il était pos- sible de répartir les animaux parmi de vastes espaces ou plutôt de les laisser se répartir selon leurs instincts respectifs dans les bas-fonds gazonnés, le long des torrents, autour des lacs, au flanc des pentes herbeuses ou fourrées de Bruyères et de Ronces, sous les futaies basses et hautes, ou enfin sur les som- mets dénudés! Quel spectacle magique serait celui de cette vie intense et diverse en pleine quiétude, dans un cadre sauvage ou paisible tour à tour, édilié somptueusement par la nature sous un ciel privilégié entre tous et bordé d'horizons gran- dioses ! Pour un projet de cette envergure, ce sont là des considéra- tions qu'on n'a pas le droit de négliger : le culte du beau et le culte du bien devront aller de pair, dès que la possibilité en sera démontrée. Enfin, le côté utilitaire et le côté esthétique ayant été envi- sagés, il est bon de considérer le côté pratique des choses et de se dire que pour atteindre sûrement, dans toutes ses parties, le but proposé, il faudra que le Parc soit d'un accès facile par route et par chemin de fer, qu'il soit abondamment pourvu de voies carrossables et de sentiers qui les relient, et que la valeur de son sol ne soit pas telle qu'elle corresponde à une impossi- 174 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION bilité financière, quelle que soit l'étendue qu'on puisse raison- nablement prétendre utiliser. Il semble, à première vue, qu'évoquer un tel concours d'exi- gences et de conditions favorables dans un pays comme la France, à propriété morcelée et souvent de haute valeur indus- trielle ou agricole, soit le propre du rêve. C'est encore un rêve, en effet, mais un rêve qui se pourra réaliser demain si, à ce concours de circonstances favorables qui existe, correspondait un égal concours de bonnes volontés. Ce qui fait que, chez nous, on doute tout d'abord de la possi- bilité de réalisation d'un projet semblable, c'est que le Français, en général, se laisse influencer par l'idée fausse qu'il se fait des nécessités auxquelles on aurait à faire face. Comme parc à grands animaux — je veux dire où les animaux vivent à l'état de nature ou presque — il n'a guère entendu parler que du parc américain de Yellowstone. Il sait vaguement que les Etats-Unis n'ont eu qu'à choisir parmi leurs solitudes du Far- West et à assigner une limite approximaiive à une immense étendue de terrain où on a ainsi isolé ou amené et retenu par la protection toutes les espèces intéressantes. Il se dit qu'en France nulle puissance financière ou autre ne dispose des moyens suffisants pour réserver toute une province dans ce seul but ; en quoi, il a raison. 11 en conclut qu'il n'y a donc rien à faire chez nous dans ce sens ; en quoi, il a tort. Entre un de nos jardins zoologiques et le parc de Yellowstone, il y a place pour un moyen terme. Il y a même place pour plusieurs degrés, en étendue et en perfection. Le tout est de savoir limiter le projet aux possibilités de réalisation, mais de lui accorder par contre toute l'ampleur que ces possibilités comportent. C'est ce que je voudrais essayer de faire, tout en m'excusant d'être long; mais le sujet en vaut la peine. Au coursde la deuxième quinzaine de juillet dernier (1911), ayant à prendre quelques notes littéraires, je visitais TEsterel, où j'étais déjà venu plusieurs fois sans pourtant m'y arrêter aussi longtemps. L'Esterel — il n'est pas inutile de le rappeler ici — est un massif montagneux et forestier, d'altitude médiocre, situé au bord de la Méditerranée, à cheval sur les déparlemenis du Yar et des Alpes-Maritimes, entre Fréjus et Cannes, à 9 kilomètres sud-oue^t de cette dernière ville. Dans ses grandes lignes, il est limité au nord par la route nationale PROJET DE PARC NATIONAL 175 de Toulon à Antibes, à l'est et au sud par la mer; vers l'ouest et le sud-ouest, il étend ses contreforts jusqu'à la vallée de l'Argens et à la plaine de Fréjus. En abordant l'Esterel par les voies habituelles, c'est-à-dire par le sud-ouest, par le nord-est ou par la mer, on s'imagine, en premier lieu, se heurter à une énorme forteresse de porphyre rouge qui baigne son pied dans l'eau bleue parmi les blocs tombés de ses créneaux déchiquetés et de ses murailles en ruine. C'est sur ces écroulements gigantesques, au bord des pittoresques « calanques » qu'ils forment et qu'ils encadrent, que se sont disséminés d'abord, puis groupés, comme des Mouettes au bord du flot, des cabanes de pêcheurs, des maison- nettes de campagne, des villas bientôt somptueuses où s'isolent volontiers quelques célébrités des lettres et de l'art français, puis des hôtels pimpants, des constructions toutes blanches ombragées de Palmiers et enguirlandées de Roses sous le clair soleil, tout un ensemble qui s'étage, s'égrène ou s'agglomère le long de la côte et devient la JNapoule, Théoule, la Figueirette, le Trayas, Antéore, Agay, pour aboutir plus loin à Saint-Raphaël et Fréjus. Mais, en s'élevant un peu, en se dégageant des assises infé- rieures, on ne tarde pas à apercevoir des passages, des couloirs, de larges échancrures et des cols qui permettent de pénétrer sans peine au milieu de ce qui apparaissait comme un chaos hérissé de défenses ; on avance et on découvre des routes admi- rables et nombreuses, reliées par de véritables allées de jardin, qui incitent à sillonner ces vallées et ces escarpements prodi- gieux, pleins de silence, d'ombrages et d'échappées radieuses que fixèrent les premières époques géologiques de notre globe. C'est ainsi que j'ai été amené à parcourir en curieux d'abord, ensuite avec un intérêt croissant, la presque totalité du massif, mais surtout les ravins, les pentes, les sommets et les bas-fonds d'une région que je préciserai tout à l'heure, où la nature semble avoir accumulé ses séductions, parmi les senteurs des pins et des herbes des bois, sous le sourire du ciel de Provence. Parfois, le lit des torrents a de brusques ressauts, des seuils abrupts qui s'étranglent entre deux murailles séparées de quelques pas à peine. Puis, profitant d'un confluent ou d'une lacune dans la gaine de pierre, il s'évase, évolue en courbe gracieuse, creuse dans le porphyre des vasques profondes que le soleil ne saurait tarir et où prospèrent les Truites et autres 176 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION espèces aquatiques. Plus loin encore, égayé de quelques bou- quets de Lauriers roses, il s'élargit progressivement, abandon- nant sur des rives plates et sur des parcours de plus en plus étendus un limon épais et plein de promesses qu'en attendant la charrue, des bandes de Sangliers retournent consciencieuse- ment, à la recherche des glands des Chênes-lièges. De chaque côté des routes forestières ou coupant transversa- lement des massifs entiers dont elles suivent les ondulations, de larges bandes ont été défrichées par le service des Forêts afin de créer une solution de continuité entre les futaies résineuses. La plupart de ces portions dénudées, notamment dans leurs parties les plus éloignées des hauts sommets, présentent de vastes surfaces herbeuses et des pâturages naturels souvent améliorables. Sur tous les versants nord, est et ouest, l'herbe se continue dans la brousse, sous la Bruyère et les Fougères, malgré l'épaisseur de certains fourrés où un homme a peine à passer et d'où les Ecureils jaillissent comme des fusées. De temps en temps, fraîche et limpide au pied d'un rocher ou entre les racines de quelque souche, lentement filtrée sous les éboulis de la montagne, une source tente les lèvres du prome- neur qui se garde de laisser échapper cette aubaine, surtout au fort de l'été. Mais ce qui frappe surtout l'esprit, si l'on réussit à se dis- traire momentanément de la féerie qui se déroule sans cesse sous les yeux, c'est l'admirable réseau de routes forestières et de sentiers méticuleusement entretenus qui serpentent à profu- sion, du moins à travers le domaine de l'Etat, jusque dans les sites les plus écarlés et les plus escarpés de l'Esterel. C'est une débauche d'alléesombreuses ou tailléesen plein ciel, semble-t-il, à même le roc, qui permettent de fouiller dans leurs moindres détails toutes les splendeurs de l'Esterel et d'embrasser du regard tout le décor éblouissant de la Côte d'Azur jusqu'aux neiges éternelles des Alpes italiennes. Dans sa partie la plus intéressante, l'Esterel affecte la forme dune amande que circonscrivent au nord et à l'ouest la route nationale, au sud et à l'est la Corniche d'Or récemment créée sur l'initiative duTouring-Clubetqui,en continuant vers l'ouest l'ancienne Corniche orientale, longe la Hiviera tout entière sans quitter le bord de la Mer. Tous les chemins forestiers, tous les sentiers de l'Esterel viennent se raccorder en des points multiples à ces deux l'HOJET DE l'ARfi NATIONAL 177 grandes artères, et les routes forestières comportent des pentes si bien calculées, des ponts et des gués si bien aménagés que récemment et dans des directions quelconques, j'ai démontré à des amis cannois qui ne s'en doutaient guère, qu'on pouvait parcourir tout l'Esterel en automobile. J'ajoute que la voiture était une berline spacieuse chargée de six personnes. Pour compléter ce merveilleux réseau de pénétration (dans sa remarquable brochure sur l'Esterel, M. Martel évalue ces routes et sentiers à quelques 400 kilomètres) dont "la conception originelle est tout à l'honneur de M. Muterse, ancien garde général, la grande ligne du P.-L.-M. contourne l'Esterel à sa base, parallèlement à la côte et à la Corniche d'Or, et le des- sert par six stations pour un trajet de 27 kilomètres : Fréjus, Saint-Raphaël, Agay, Le Trayas, Thioule et la Napoule. On pourrait même compter Cannes puisque le train électrique de cette ville au champ de courses dépose les voyageurs exacte- ment à 1 kilomètre du pied de l'Esterel. [A suivre. BULL. SOC. NAT. ACCI . FH. 1912. — 12 UNE POULICHE ALLAITÉE PAR UNE CHEVRE (I) Par RAVERET WATTEL J'ai l'honneur de porter à la connaissance de noire Société un fait intéressant qui m'a été signalé par M. Henri Advenier, géomètre au réseau de l'Ouest-Etat. Au printemps dernier, à Yillebonne-en-Taupont. près Ploërmel, une Jument appar- tenant à un cultivateur, devint subitement malade peu de temps après avoir mis bas, et se trouva dans l'impossibilité de nourrir son produit. Le propriétaire de cette Jument. M. Guillozo, eut par suite l'idée de faire allaiter le pou- lain — ou plus exactement la pouliche, car c'était une femelle — par une Chèvre qu'il possédait. Celle-ci se prêta si bien à son rôle de nourrice que, au bout de très peu de temps, dès qu'on lui amenait la pouliche, elle sautait d'elle-même sur I Communication faite par M. Raveret-Wattel à la ^uus-Section des études caprines, dans la séance du 21 novembre 1911. UNE POULICHE ALLAITÉE l'AH UNE CHÈVRE 179 le banc où il était nécessaire qu'elle fût placée, afin d'être à hauteur convenable pour remplir ses fondions. Quant à la pouliche, elle appréciait tellement le lait de sa nourrice que, lorsqu'elle apercevait d'autres Chèvres, elle ne manquait pas de courir après celles-ci pour tâcher de les met- tre, elles aussi, à contribution. Lorsque le lait de la nourrice devint, comme quantité, insuf- fisant pour l'élève, on y ajouta des mashes, et, sous l'influence de cette alimentation, la pouliche se développa d'une façon très satisfaisante. Je joins à la présente note une photographie que, sur ma demande, M. Advenier a eu l'obligeance de faire des deux ani- maux. LIGUE FRANÇAISE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX ( SOUS-SECTIO.N D'ORNITHOLOGIE ) PRÉSENTATION La Société nationale d'Acclimatation vient de fonder la Ligue française pour la Protection des Oiseaux. Cette création répond à un besoin. Nous sommes très en retard sur les autres nations pour tout ce qui concerne la défense de l'Oiseau, et on com- mence à s'apercevoir, en France, des fâcheux résultats où nous a conduits cette coupable indifférence à l'égard de notre pré- cieux et indispensable auxiliaire. Aussi faut-il être reconnais- sant à M. Albert Chappellier d'avoir secoué une torpeur dont la persistance n'aurait pas lardé à devenir funeste. Son intel- ligente initiative a donné un corps aux idées qui étaient déjà dans l'esprit de beaucoup de naturalistes, d'agriculteurs prati- ciens et d'agronomes, mais que personne n'avait su encore réa- liser. En attribuant à M. Chappellier, qui est lui-même ingé- nieur-agronome et Préparateur à la Faculté des Sciences, la paternité de l'enfant que la Société nationale d'Acclimatation a accueilli avec un chaleureux empressement, je lui rends ici un hommage mérité. Il m'est agréable de présenter aujourd'hui ce nouveau-né, et de dire les espérances que nous avons conçues à l'aurore de son existence. Appelé par la confiance de mes collègues à guider les premiers pas qu'il va faire dans la vie, mon devoir est de réclamer pour lui la bienveillance qui réchauffe toute jeune apparition, l'aide qui accroît les forces et atténue les risques. Ce concours bienveillant nous ne le demandons pas seule- ment au nom de cette universelle charité qui s'épanche des cœurs bien nés sur tous les êtres vivants, nous invoquerons aussi le propre intérêt de l'homme, son profit direct et maté- riel, ses joies de beauté et de curiosité scientifique. Nous devons beaucoup à l'Oiseau, sans lui nous ne pour- rions point lutter efficacement contre les multitudes d'insectes qui s'atlaquent à nos cultures et montent à l'assaut de toutes nos entreprises. On l'a bien vu dans les pays où on a laissé inconsidérément disparaître certaines espèces insectivores. Tout ce qu'on pourra dire sur l'utilité restreinte des Oiseaux à ce point de vue n'infirmera pas les faits. En tous lieux, la LIGUE FRANÇAISE POUR LA PROTECTION DES OISEAIA 181 diminution progressive des Oiseaux indigènes a coïncidé avec l'augmentation des insectes nuisibles. Or, nos Oiseaux de France sont menacés à l'heure actuelle dune diminution qui frappe les yeux les moins clairvoyants : il est nécessaire d'enrayer le mal à tout prix avant qu'il soit devenu irrémédiable. Les causes de la décroissance numérique de nos hôtes ailés sont diverses. 11 y en a d'inéluctables res- sortissant aux progrès de l'Agriculture, mais dont il est encore possible d'adoucir les néfastes effets. La Ligue s'y emploiera par l'établissement de nichoirs artificiels, le nourrissage hivernal et la protection des couvées. Il en est d'autres qu'elle doit com- plètement abolir. Je veux parler de l'œuvre de destruction accomplie, souvent sous les regards bénévoles de l'autorité, au moyen de pièges, de filets, d'engins de toutes sortes. Le véri- table ennemi de l'Oiseau n'est pas le chasseur au fusil dont l'action est limitée, c'est le tendeur de profession qui compte par douzaines et par centaines son triste butin quotidien. En abandonnant aux Préfets le soin d'empêcher la destruc- tion des espèces qui ne rentrent pas dans la catégorie du gibier à plume proprement dit, mais qui jouent un rôle considérable dans l'économie rurale, la loi sur la police de la chasse s'est rendue impuissante à prévenir de tels massacres. Grâce à des exceptions injustifiées, nous voyons s'étaler impunément, j'al- lais dire impudemment, sur les marchés de quelques-uns de nos départements, des chapelets de Rouges-gorges, de Fau- vettes et d'une foule de petits Oiseaux au gosier mélodieux, ardents expurgateurs de vermine, dont la vente est tolérée et même autorisée, alors que sur d'autres points de notre ter- ritoire elle est, avec raison, sévèrement défendue. Ces anoma- lies singulières qui existent dans notre législation doivent s'effacer pour faire place à des dispositions spéciales assurant la conservation des espèces utiles, non seulement au moment de leur reproduction, mais encore à l'époque de leurs migrations. Cette question des migrations, si importante au point de vue de la protection, la Ligue la fera sienne et, par ses corres- pondants, ses délégués provinciaux, ses baguages d'Oiseaux opérés de concert avec le Muséum d'Histoire naturelle, étu- diera méthodiquement les itinéraires suivis par les caravanes aériennes qui traversent périodiquement notre pays, ou pren- nent leur route le long de ses côtes maritimes. La sollicitude de la Ligue ne s'arrêtera pas à la protection 182 BULLbïIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION des Oiseaux indigènes. Sans parler de l'entente qu'elle établira avec les autres Ligues de défense formées depuis longtemps chez les grandes nations de l'Europe, elle ira par delà les mers apporter le secours de son influence à la sauvegarde des espèces que la beauté de leur plumage rend victimes des exigences barbares de la mode et des caprices de la parure. Nous poursuivrons cette généreuse croisade avec toute la mesure que commande le respect d'intérêts légitimes, mais avec toute l'énergie qu'impose l'abolition de pratiques détes- tables. Fournir à l'industrie de la Plume la matière première qui lui est indispensable, sans avoir à porter la dévastation dans les rangs d'espèces exotiques dont les vêtements somp- tueux excitent l'admiration et la convoitise, sera l'une des préoccupations de la Ligue. L'emploi des dépouilles des Oiseaux domestiques sacrifiés pour notre consommation, l'élevage en captivité des espèces au brillant plumage, les perfectionne- ments introduits dans les procédés de teinture peuvent offrir un terrain de conciliation et d'entente favorable à la solution du problème. Ce qu'on a fait pour l'Autruche, aujourd'hui domestiquée, on peut le tenter pour l'Aigrette dont la parure d'amour a tant de prix, l'obtenir facilement de la nombreuse et éclatante tribu des Faisans, de bien d'autres encore. On en aura fini alors avec ces abominables massacres qui mettent en péril l'existence même des espèces et offensent, à la fois, la sensibilité humaine et les droits de la science. Enfin, nous entrerons dans l'École, et nous dirons aux enfants et à leurs maîtres tous les bienfaits dont nous sommes redevables à l'Oiseau, nous leur apprendrons à le connaître, à l'aimer, et nous encouragerons de nos récompenses ceux, maîtres ou élèves, qui l'auront le mieux aimé et le mieux servi. Tel est, dans ses grandes lignes, le programme que nous avons l'espoir d'accomplir, mais nous avons besoin, pour affirmer notre triomphe définitif, du concours de tous ceux qui s'intéressent à l'Oiseau et qui l'aiment, pour le charme de ses mélodies, la beauté de ses formes, la variété et l'éclat de son plumage, l'intimité de ses mœurs, les services inappréciables qu'il nous rend. La Ligue dévouée à sa défense vient de naître, accueillez-la avec sympathie, car son œuvre sera bonne et utile au pays. Magaud d'àubusson, Président de la Ligue. SÉANCE GÉNÉRALE DU 22 DÉCEMBRE 1911 Présidence de M. Raveret-Wattel, vice-président. M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de M. Viger, sénateur, président du Comité agricole et horticole français des Expositions internationales, annonçant que la Société d'Accli- matation a obtenu, à l'Exposition internationale des Industries et du Travail de Turin en 1911, un Grand prix pour la série complète de ses Bulletins qu'elle avait exposée. M. le président fait part du décès d'un de nos membres hono- raires, Sir Joseph llooker, un des doyens de la science anglaise, ancien directeur du Jardin botanique de Kew, associé étranger de l'Académie des sciences de Paris. L'œuvre laissée par Sir Joseph Hooker est considérable, principalement dans le domaine de la Botanique systématique. Sa mort est, pour la science, une perte qui sera vivement ressentie par notre Société. M. Raveret-Wattel fait ensuite connaître à l'assemblée les noms de ceux d'entre nos collègues qui ont été, au cours de cette année, l'objet de distinctions honorifiques; ce sont: MM. Joubin et Leprince, promus officiers de la Légion d'hon- neur ; MM. Lignières et Tolet, nommés chevaliers du même ordre; M. Gerôme, promu commandeur du Mérite agricole. A l'Institut, M. Anthony a obtenu le Grand prix des Sciences physiques et M. Cuénot le prix Cuvier. Enfin, M. Chevalier a été nommé directeur de la mission per- manente d'étude des cultures et des jardins d'essais coloniaux. M. le Secrétaire général présente le rapport sur les travaux des diverses sections durant l'année. M. le Trésorier rend compte de l'état financier de la Société. Les comptes pour l'année 1911 sont approuvés, ainsi que le projet de budget pour l'année suivante. Il est procédé à l'élection des membres du Bureau et de quatre membres du Conseil d'administration de la Société. 184 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION MM. Caucurte et d'Orfeuille sont chargés du dépouillement du scrutin qui donne les résultats suivants: Nombre des votants 176 Bulletins blancs ou nuls. ... 4 Ont obtenu : MM. Perrier, président 173 voix. Elu. Raveret-Watlel, vice-président 172 — de Pontbriand, vice-président 1G9 — Bois, vice-président 173 — — Maurice de Vilmorin, vice-président . . 172 - — Loyer, secrétaire général 171 — Debreuil, secrétaire (intérieur) 172 — Hua, secrétaire (conseil) 172 — Crepin, secrétaire (séances) 172 — — Le Fort, secrétaire (étranger) 173 — Dr Leprince, membre du Conseil 172 — Mailles, membre du Conseil 172 — Trouessart. membre du Conseil 172 — Philippe de Vilmorin, membre du Conseil 172 — En outre, plusieurs de nos collègues ont obtenu un certain nombre de voix. A l'issue de la séance, M. le secrétaire général fait adopter une proposition aux termes de laquelle le Bureau est autorisé à demander par la voix du Bulletin, à tous les membres de la Société qui s'intéressent à sa prospérité, de bien vouloir contri- buer à son accroissement en lui envoyant une liste des per- sonnes qu'ils croient susceptibles de devenir nos collègues et auprès desquelles le secrétariat pourrait intervenir utilement en sollicitant leur adhésion. Le secrétaire des séances, J. du pin. DÉJEUNER AMICAL ANNUEL DU 1S JANVIER 1912 Par MAURICE LOYER. Noire déjeuner annuel eut lieu plus tôt que de coutume, en conformité d'une décision prise antérieurement, afin de nous permettre de recevoir du gibier avant la fermeture de lâchasse. Cette époque est également très favorable au transport du poisson. La grande salle à manger du buffet de la gare de Lyon comptait exactement cent sept convives. Mmes Achalme, Aron, de la Brosse, Brumpt, Brunot, Caucurte, Debreuil, Delaurier, Gallois, Lamarque, M. Loyer, Periac, Pierrard, Sebillotte, Stancioff, Tolet, Ph. de Vilmorin; MM. Achalme, Aderer, d'Al- bignac, Anthony, Aron, R. Bacon, Baillet, Ballereau, Ballet, Barrachin, Béjot, Bellette, Besse, Bois, Bonnet, Bret, de la Brosse, Brumpt, Ch. et J. Brunot, Cauchy, Caucurte, Caullery, Chagot, Chappellier, Clément, Cordonnier, Coutière, A. et C. Dagry, Dannin, Debreuil, D<\jardin, Delacour, Delaurier, Despax, Gadeau de Kerville, Gallois, Gerôme,Hua, d'Humières, Iches, Lamarque, Lefebvre, Le Fort, Leprince, Le Myre de Vilers, Loisel, Henri et Maurice Loyer, Magaud d'Aubusson, Mailles, Ménegaux, abbé Meuley, d'Orfeuille, Ed. Perrier, P. -A. Pichot, Poisson, Ponsetton, de Pontbriand, Raveret-Wattel, Rivière, Houle, Royer, Sanson, Sebillotte, Simon, D. Stancioff, Tolet, de Viefville, Maurice et Philippe de Vilmorin, Vin- cent, etc. A la table d'honneur, aux côtés de M. Edmond Perrier, pré- sident de la Société, avaient pris place : S. E. Robert Bacon, ambassadeur des États-Unis; S. E. Dimitri Stancioff, ministre de S. M. le roi des Bulgares; MM. Le Myre de Vilers, ambassa- deur honoraire, ancien président de la Société; de Pontbriand, Baveret-Wattel, Maurice de Vilmorin, vice-présidents; Maurice Loyer, secrétaire général; Hua et Achalme, membres du Con- seil, et les professeurs Caullery et Roule. D&méJi Grmvépart, \ MartinM Dgfiinatrtir J, JW* /.-.- /),„■., J. /., X... A, /,:?,. -,i„/.'.-- Jt.w/,,,-. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, HUE DE BUFFON, PARIS MENU HORS D ŒUVRES VARIES Copeaux de Seiche fumée du Japon Omelette aux Œufs congelés de Chine et aux Champignons du Yunnan Perches Noires d'Amérique (Black-Bass) au court bouillon, sauce maître d'Hôtel ENTREE a la Broche Quartier de Zébu de Madagascar Quartier de bœuf de l'Argentine Purée d'Igname de Chine ROTS Chapons du Mans au Cresson- Jambon fumé d'Ours brun de Russie Chayottes d'Algérie en salade ENTREMETS Soufflé de Coucourzelle d'Italie au Kirsch Glace Pole-Sud DESSERT Melons d'Or de Malaga Fromages — Fruits VINS Bourgogne blanc et rouge Vouvray sec 1900 Champagne frappé malt déjardin — pain complet MATÉ — CAFÉ - LIQUEURS 188 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Le menu, dont la première page représentait l'encadrement du titre d'une première édition de [Ornithologie deBrisson qui nous avait obligeamment été prêté par notre collègue M. Besse, comprenait : des Seiches du Japon qui, découpéesen longs filaments avaient une odeur très prononcée de poisson séché ; une omelette, qui présentait cette particularité remar- quable qu'elle provenait de conserves d'œufsbattus et expédiés ainsi de Chine ; des Perches américaines (Black-bass), dont notre Société préconise beaucoup l'élevage en France, et qui furent jugées délicieuses. Le Zébu malgache et le Bœuf de l'Argentine ne furent pas trouvés inférieurs à leurs congénères européens ; la purée d'Igname de Chine, légume qui commence à être connu en France et qui s'y acclimate fort bien, parut au moins aussi délicate que celle faite avec la Pomme de terre. Nous ne dirons rien des Chapons du Mans, mais le jambon d'Ours brun de Russie fut très goûté des convives ainsi que la salade de Chayotte algérienne. Le soufflé de Coucourzelle d'Italie rappelait, avec plus de finesse, les préparations culinaires analogues faites avec nos Polirons, enfin les Melons d'or de Malaga, plus juteux, plus sucrés que nos Melons, furent justement appréciés, surtout en cette saison où ces fruits font complètement défaut en France. Au dessert, M. Ed. Perrier, après avoir remercié S. E.Robert Bacon d'avoir bien voulu honorer le déjeuner de sa présence, félicita les organisateurs du banquet et ceux de nos collègues qui avaient bien voulu, par leurs envois, contribuer à son succès. Ses félicitations s'adressèrent tout particulièrement à MM. Rivière et Le Fort ainsi qu'à M. l'abbé Meuley, auquel nous devions les Ignames et les Coucourzelles qu'il fait pousser à Montgeron (Seine-et-Marne). Il termina en nous parlant d'un plat qu'il eut pu nous pré- senter, mais qu'il renonça, réflexion faite, à faire figurer sur notre table. Il s'agissait d'un morceau de Mammouth, trouvé au bord de l'Océan glacial par des Samoyôdes, au milieu des glaces et envoyé au Muséum d'Histoire naturelle. La chair de cet animal préhistorique a, parait-il, le goût etla saveur du camembert ! Nous n'avons pas mangé du Mammouth et nous devons en remercier notre président. Ces Éléphants antédiluviens ne sont plus à acclimater et nous voyons avec DÉJEUNER AMICAL ANNUEL 18!) peine leurs descendants, nos Éléphants d'Afrique, tombersous les coups des chasseurs d'ivoire, sans pouvoir même espérer que dans plusieurs milliers d'années, leurs cadavres frigorifiés, pourront, comme ceux des Mammouths, évoquer devant nos arrière-petits-neveux, les splendeurs de cette faune africaine de grands Mammifères qui, avant la fin de ce siècle, aura com- plètement disparue. Après le déjeuner eut lieu la visite des serres du Muséum. MM. Gerôme et Bret voulurent bien nous montrer les intéres- santes collections de plantes exotiques qu'elles renferment. Le succès de ce déjeuner dépassa celui des précédents, et le nombre des convives qui y assistaient nous prouve une fois de plus, combien fut heureuse l'idée qui présida à sa fondation, en permettant à des collègues souvent éloignés de se réunir au moins une fois l'an et en fournissant à tous l'occasion de nouer des relations amicales si utiles au progrès et à la prospérité de la Société d'Acclimatation. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Encore un Oiseau qui disparait ! La Perruche de la Caroline. — L'appri- voisement des animaux sauvages dans les ménageries. On nous a entretenu pendant la session dernière de l'extinc- tion aux États-Unis de la belle Colombe voyageuse dont il ne reste plus qu'un exemplaire unique dans le Jardin zoologique de Cincinnati. Voici que M. Crandall, directeur adjoint des ser- vices ornithologiques du Jardin z<>ologio,ue de New-York, nous avise de la disparition prochaine d'un autre volatile de l'Amé- rique du Nord : la Perruche de la l vages et se laissaient approcher facilement. Comme elles se tenaient en groupes serrés, un seul coup de fusil suffisait pour en faire une hécatombe. Wilson donne une pittoresque description de la façon dont ces bandes semblaient couvrir d'un lapis vert les champs arides où elles pâturaient, puis prenant leur vol, elles allaient s'abattre sur un même arbre qu'elles paraient d'un feuillage animé. Chose étonnante pourtant, on sait peu de chose de la vie intime de la Perruche de la Caroline, qui aura disparu sans avoir marqué dans les annales de l'Histoire Naturelle, peut-être parce qu'étant si commune, les naturalistes remettaient au lendemain pour noter ses faits et gestes. Ainsi on n'est pas fixé sur la façon dontelle faisait son nid, les uns prétendant qu'elle le construisait avec des baguettes dans la fourche d'un arbre, les autres assurant qu'elle élevait sa nichée dans le tronc ou la branche d'un arbre creux. C'était un Oiseau facile à apprivoiser et qui s'accommodait de tout. Wilson en eut un qui voyageait enveloppé dans un mouchoir de soie au fond de sa poche et qui parcourut dans ce simple appareil quelques milliers de lieues, mais pendant une navigation sur le golfe du Mexique, l'oiseau prit imprudemment son vol et tomba à la mer. Espérons que les « Carolines » confiées à M. Crandall se dé- cideront à faire souche, et donneront au directeur adjoint du Jardin zoologique de New- York l'occasion de compléter l'inté- ressant article où il sonne le glas funèbre de ce charmant Oiseau. M. Ditmars, dans le Bulletin de la Société zoologique de New-York, raconte qu'il avait remarqué combien il était diffi- cile de conserver longtemps des Gerboises dans la Ménagerie quoiqu'elles fussent placées dans des conditions qui parais- saient favorables. Entassées dans les boîtes pleines de litière qu'on leur avait ménagées pour qu'elles pussent s'y cacher comme à l'état libre, elles ne tardaient pas à être affectées d'une sorte de transpiration cutanée et dépérissaient rapide- ment. M. Ditmars changea de système et plaça ces petits Ron- geurs dans une cage ouverte où ils n'avaient plus qu'une mince litière pour se coucher. Ces animaux firent alors des nids découverts en coupant menu les brins de foin et de ce jour la mortalité s'arrêta et on en possède depuis deux ans en par- 192 BULLETIN' DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION faite santé, tandis que les Gerboises qu'on laissa dans les condi- tions habituelles succombèrent rapidement les unes après les autres. Ce résultat n'est pas pour nous surprendre car nous avons éprouvé nous-mêmes l'efficacité du système sur certains animaux nocturnes dont nous retirions la litière pendant le jour pour les forcer à s'apprivoiser. C'est une erreur de croire qu'on assure toujours le bien-être d'un animal en captivité en le plaçant dans un milieu semblable à celui où il est habitué à vivre à l'état libre. La première chose à obtenir d'un animal sauvage, c'est qu'il prenne confiance dans son entourage; c'est qu'il ne soit plus en proie à des accès de terreur qui ébranlent son système ner- veux chaque, fois qu'il voit un visage nouveau ou qu'il entend un bruit insolite. Tant qu'il n'aura pas été apprivoisé, il man- gera à des heures irrégulières dès qu'il croira qu'on ne l'ob- serve pas et, dans sa hâte de retourner se cacher, il absorbera en trop grande ou trop petite quantité des aliments dont l'assi- milation se fera mal. Les animaux nocturnes sont plus difficiles à rendre familiers que les animaux diurnes par cela même qu'ils sont plus rarement en contact avec le public et avec leurs gardiens. Au Jardin zoologique de New- York, dit M. Dit- mars, nous avons soin de ne jamais laisser les animaux se gor- ger, quitte à leur présenter plusieurs fois par jour leur nourri- ture. Les animaux nocturnes se plient à ce régime et attendent bien éveillés le repas qu'on leur sert le matin à des heures régulières. De cette façon, ils ne sont pas à demi engourdis par une torpeur qui pèse sur leurs organes digestifs comme sur tout leur être et on a pu conserver longtemps ainsi des animaux qui passaient pour être irréductibles dans leur sauvagerie. Le Héraut : A. Maretheux. Paris. — L. Markthkux, imprimeur, 1, rue Cassette. ANIMAUX A FOURRURE L'ONDATKA OU RAT MIJSOUÉ Par PIERRE-AMÉDÉE PICHOT Un des ordres les mieux définis parmi les Mammifères ter- restres est celui des Rongeurs. Je n'insisterai pas ici sur leurs caractères scientifiques, mais je rappellerai que c'est un des ordres les plus répandus à la surface du globe et un de ceux qui comptent les plus nombreux représeniants. D'après Flower et Lydekker (1), on en connaît aujourd'hui plus de neuf cents espèces armées de ces terribles cisailles auxquelles rien ne résiste. Or, ces dents sont au service d'animaux dont on peut dire que l'activité est dévorante; ils ont la digestion rapide et il leur faut une abondante nourriture pour entretenir le foyer de la combustion vitale, pour réparer les pertes de substance et pour alimenter une croissance qui dans un espace de temps restreint les conduit à l'âge adulte et à l'époque de la repro- duction. Quoique cosmopolites, les Rongeurs sont plus nombreux sur certains points que sur d'autres et semblent avoir pour mission de contrebalancer la rapidité de développement de la végéta- tion. Soit par leurs destructions, soit par leurs terrassements, ils contribuent puissamment aux révolutions qui modifient d'une façon continue la surface du globe. Comme une armée qui comprend différentes armes appropriées à des spécialisa- tions de service, les Rongeurs ont des terrassiers qui fouillent le sol, des forestiers dont les arbres sont le domaine, des aquicoles ad;tpiés à une vie aquatique et jusqu'à des aviateurs dont les membranes latérales et la queue en éventail leur permettent de franchir dans l'air, en vol quasi plané, des espaces considérables. C'est ainsi que dans les conditions les plus diverses, les incisives des Rongeurs trouvent leur appli- cation et que rien n'est à l'abri de leurs entreprises. S'il y a des Rongeurs sur tout le globe, c'est en Amérique que l'on en trouve le plus grand nombre. Dès les premiers temps de la découverte du Nouveau Monde, l'attention des (1) Flower et Lydekker. Mammals living and extinct. Londres, 1891. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1912. — 13 194 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION explorateurs se porta sur une des espèces les plus remarqua- bles, le Castor, que ses mœurs singulières, poétisées par la légende, ne tardèrent pas à rendre populaire et dont le poil, particulièrement apte au feutrage, devint un objet de com- merce considérable. Mais à côté de lui, se trouvait un autre Rongeur dont la fourrure, analogue à la sienne, devait égale- ment prendre une très grande place dans le commerce des pelleteries, où elle est utilisée sous les noms de Loutre d'Hudson et de Vison d'Amérique, et si l'Ondatra ou Rat musqué fut d'abord négligé par les trappeurs, sa dépouille ne tarda pas à faire son apparition sur les marchés européens, d'autant plus que, bien plus prolifique que le Castor, son aire de dispersion était plus étendue; alors que les centres de production du Castor s'épuisaient déjà, ceux de l'Ondatra restaient encore indemnes. De cinq cent cinquante-trois peaux d'Ondatra que la Compagnie de la baie d'Hudson envoyait en Europe en 1752, le chiffre de l'exportation montait à plus de quatre millions de dépouilles en 1871 (1), et la mode des fourrures s'élant de plus en plus répandue depuis cette époque, il est probable que le chiffre actuel est encore plus élevé. Devant cette consommation prodigieuse qui menace d'une destruction rapide l'existence de l'Ondatra, comme elle a déjà compromis celle du Castor, le gouvernement des Etats-Unis s'est ému, car le commerce des fourrures est une de ses sources de richesse les plus importantes. Le Ministère de l'Agriculture à Washington vient en conséquence de publier sur le Rat musqué un remarquable travail rédigé par M. Hollister (2), naguère attaché au bureau des recherches biologiques. M. Henry \Y. Henshaw, le directeur de cet important service, en recom- mandant au Ministère de l'Agriculture la publication du mémoire de son ancien collaborateur, aujourd'hui conserva- teur-adjoint des collections de Mammifères du Muséum na- tional, insiste sur l'intérêt que présente la protection du Rat. musqué au moment où la diminution des animaux à fourrure des Etats-Unis s'accentue tous les jours, et il préconise l'éle- vage ou le fermage de ce Rongeur, dont on a déjà reconnu la possibilité sur les terres marécageuses et inondées que l'agri- (1) H. Poland. Fur bearinq animais. Londres, 1892. (2 X. Hollister. A syslematic synopsis of Ihe muskrats, U. S. '/<'/'. >>f agriculture. Norlh American fauna, n° 32. ANIMAI IX A FOURRURE 195 culture ne peu! utiliser. Il est temps, en effet, de prendre des mesures pour ne pas compromettre l'avenir d'une exploitation très rémunératrice. La description du Rat musqué a été publiée pour la première fois en IC12 dans un ouvrage sur la Virginie, du capitaine Smith, qui gouverna quelque temps le pays (1). Il l'appelle Mussascus, et dit qu'il ressemble au Rat d'eau de nos pays, sauf pour la taille, et qu'il exhale une très forte odeur de musc. C'est sous ce vocable de Mussascus que les auteurs en ont parlé après Smith. Linné l'a confondu un instant avec le Desman d'Asie (2), mais en 176G il lui assigna une place à part dans son Systema Naturae et, le rapprochant du Castor, il le désigna sous le nom de Castor Zibethlcus (3). Tiedemann, en 1808, lui restitua son nom indien d'Ondatra, sous lequel les Hurons le connaissaient et sous lequel Buffon l'avait décrit (i). Mais au fur et à mesure que Ton approfondissait l'étude de l'animal, les naturalistes étaient amenés à reconnaître qu'il y en avait plu- sieurs variétés se distinguant par la coloration du poil, par la taille et par certaines particularités du crâne. M. Hollister a entrepris avec un soin minutieux la revision de ces différentes races en s'appuyant sur une masse de documents considérable; il a examiné et comparé plus de mille spécimens conservés soit dans les Musées publics, soit dans les collections particu- lières (la collection du Bureau d'Etudes biologiques n'en contient pas moins de cinq cents); mais s'il est arrivé à bien définir les caractères des quatorze espèces auxquelles il a conservé les noms qui leur avaient été donnés par leurs pre- miers nomenclaleurs, il semble que ces quatorze espèces ne sont que des variétés locales d'un même animal modifié par des influences climatériques ou autres. Situées dans des régions déterminées, comme on peut le voir sur la carte dressée par les soins du consciencieux rapporteur, ces espèces présentent sur les limites des régions qu'elles occupent des caractères de transition d'un type à l'autre. M. Hollister a d'autre part rappelé que les espèces actuelles ont été précé- dées par trois espèces fossiles de l'époque pliocène, qui ne (1 Gaptain John Smith. .1 Map of Virginia, with a. description of the country, etc.. 1612. 2) Linnœus. Systema naturse, e.d 10, I, 50. 3) Linnœus. Systema naturœ, ed 12, I, 79. 1 Tiedemann. Zoologia, 1, p. 480-481 196 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D'ACCLIMATATION diffèrent que par une plus petite taille des Rats musqués de notre époque (1). Les Ondatras sont répandus sur la plus grande partie de l'Amérique du Nord, depuis la limite septentrionale de la végé- tation forestière jusqu'à la frontière méridionale du Mexique. Ils ne descendent pas plus bas sur les côtes de l'Atlantique, excepté dans le sud de la Louisiane, et il n'y en a pas dans la région qui borde le golfe du Mexique. On n'en trouve pas davantage sur le versant du Pacifique, au-dessous de l'Orégon central. Une aire de dispersion aussi étendue dans des pays de natures si diverses devait, on le comprend, modifier les mœurs d'animaux qui se plient facilement aux variations locales. Dans la plus grande partie de son parcours, le Rat musqué construit des habitations lacustres et amasse des végétaux de marais pour y établir sa demeure et s'abriter contre les rigueurs de l'hiver. Ces meules, qui rappellent les loges des Castors, don- nent une physionomie caractéristique aux terrains maréca- geux qu'il affectionne, car elles ont parfois de grandes dimen- sions, quoiqu'elles ne soient généralement habitées que par une seule famille. La chambre d'habitation est placée au centre de la meule, à l'abri des crues, et communique avec le dehors par des tunnels qui débouchent sous l'eau. Mais tous les Rats mus- qués ne se construisent pas des habitations de ce genre. Lors- que au lieu de rives basses et marécageuses, ils ont affaire à des berges escarpées bordant les cours d'eau ou les étangs, ils préfèrent, semble-t-il, s'y creuser des terriers. Le Castor aussi, là où il est trop dérangé, comme dans les Rouches-du-Rhone. renonce à construire ses loges sur terre et se réfugie dans le sous-sol. Dans ce cas, le terrier, dont l'entrée est toujours sous l'eau, remonte dans la berge jusqu'à une chambre située près de la surface du sol et que les plus fortes crues ne peuvent atteindre. En conséquence, il y a bien des endroits où les loges des Rats musqués sont inconnues et où l'habitation de ces ani- maux est creusée dans la terre. Enfin, là où il n'y a pas de talus pouvant leur offrir une retraite souterraine, les Rats mus- qués se contentent de mettre au jour leur progéniture dans des nids à ciel ouvert, qu'ils placent sur les parties les plus sèches et les plus élevées de leur humide domaine. (i) Brown. The Cernant fissure. Mem. Americ. Mus. Nat. HisL. IX; et llollister.Descrip. of two New Muskrats. Biological Soc. Washington, XXIII. ANIMAUX A l'OUllil lii; lï>7 •t. "■O Si v_ 3 P 3 O 6 198 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION La nourriture du Rat musqué est essentiellement végétale et se compose des plantes aquatiques ou de rivage qui croissent autour de lui, mais il s'écarte parfois de l'eau pendant la nuit et fait de lointaines randonnées pour aller chercher tel aliment dont il serait particulièrement friand. On a constaté que ce Rongeur mange aussi, à l'occasion, des substances animales et notamment des Anodontes ou Moules d'eau douce, et au besoin il ne dédaigne pas les Poissons, les Oiseaux morts et autres bestioles. Le Dr Mearns (1) a vu le Rat musqué poursuivre les Poissons dans la rivière Verte, en Arizona, et sur un lac près de Crested Butte, M. E. R. Warren (2) en a observé un, qu'il prit d'abord pour un Vison, plongeant après une Salamandre (Ambhjstoma tigrinum), qu'il rapporta entre ses dents pour la déguster tranquillement à terre. Les conditions climatériques ne sont probablement pas sans influence sur la fécondité du Rat musqué, car ses portées varient, suivant, les localités. D'après le professeur Lantz(3),qui aurait interrogé de nombreux trappeurs du Maryland, les Rats musqués y feraient de trois à cinq portées par an, chacune de trois à douze jeunes, la moyenne étant généralement de six à huit. L';iccouplement a lieu en mars et la première mise-bn> en avril; une seconde portée vient en juin ou juillet; une troi- sième en août ou septembre; et il peut y en avoir une qua- trième et même une cinquième si la saison est favorable. Les jeunes naissent complètement nus et n'ont pas encore les yeux ouverts, mais leur croissance est rapide. Chez des femelles pleines, on a trouvé de six à douze fcetus en différents stages de développement. La taille du Rat musqué est en moyenne de cinquante centi- mètres du bout du nez à l'extrémité de la queue, qui en mesure une vingtaine. Cet appendice est remarquable par sa forint aplatie sur les côtés, au lieu de l'être dans le sens horizontal, comme celle du Castor, avec laquelle elle aurait une certaine analogie par suite de cette conformation si ce n'était pas bien une queue de Rat et non une palette élargie. Quant au pelage de ce Rongeur, il se compose d'un sous-duvet épais que recou- (1) Mearns. Mammals of Ihe Mexican Boundary. Bull. U: >'. Nat. Mus.. n° 56, p. 414-498. (2) Warren. Mammals of Colorado, p. 105-107. (3) Lantz. The Muskrat, U. S. departmentof agriculture. Farmers Bull. 39G, p. 1-38. ANIMAUX A FOURRURE L99 vrent de longs poils qui s'allongent à mesure que la saison s'avance el qui lui donnent son brillant. La mue a lieu une lois par an pendant les mois les plus chauds de l'été, niais le liai musqué des côtes île la Louisiane fait deux mues, une au prin- temps, l'autre à l'automne. La couleur varie du noir foncé, à l'ocre rougeàtre ou pâle; plus de la moitié des Rats musqués de certains marais du Maryland sont complètement noirs el dans tous les cas ce sont les longs poils qui donnent au pelage une teinte plus ou moins foncée en recouvrant le sous-duvet qui est plus clair. Les besoins toujours croissants du commerce de pelleteries donnent au Rat musqué une importance économique considé- rable. Les belles peaux foncées rapportées par les trappeurs de la campagne 1909-1910 ont été payées jusqu'à un dollar, cinq francs la pièce, et à mesure que les animaux à fourrure les plus estimés se feront rares, il faut s'attendre à voir les peaux du Rat musqué être de plus en plus recherchées. Il y a donc urgence pour les Etats-Unis à en empêcher la destruction ; sa multiplication rapide et la facilité avec laquelle il s'accommode de conditions de vie différentes, faciliteront sa conservation, et pendant bien longtemps encore les Etats de l'Amérique du Nord pourront, grâce à une protection intelligente, s'assurer cetLe source importante de revenus. Les dégâts causés aux récoltes par ce Rongeur ne sont pas très grands, quoiqu'il lui arrive d'aller fourrager à une petite distance du bord de l'eau dans les cultures. Ce qu'on lui reproche le plus, c'est de creuser ses terriers dans les talus des digues et des fossés de vidange, de façon à en compromettre la solidité; aussi est-on obligé, dans certains endroits, de le détruire, mais, en général, la valeur de sa fourrure compense largement le tort qu'il peut faire aux agriculteurs, qui auront intérêt à ne pas le molester, surtout pendant la saison où il se reproduit et pendant le temps de la mue où sa fourrure n'est pas en valeur. Une autre considération qui n'est pas négligeable, c'est que la chair du Rat musqué constitue un aliment très apprécié sur les marchés de l'Est, où l'on en consomme plusieurs milliers dans les grandes villes, au même titre que le Lièvre et le Lapin, et M. Hollister pense que de tous les animaux à fourrure dont on pourrait entreprendre l'élevage, aucun ne promet plus de chances de réussite que l'Ondatra. Déjà, il rapporte de jolis 200 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION bénéfices aux fermiers et aux trappeurs qui ont été assez sages pour lui aménager certaines réserves en vue de favo- riser su reproduction. Voici donc qui vient à l'appui de l'élevage des animaux à fourrure, préconisé par la Société d'Acclimatation depuis bien longtemps. Nous avons dit naguère (Bulletin, février 1910) ce qui se faisait dans les îles Aléoutiennes et dans quelques Etats de l'Amérique du Nord pour le Renard argenté et pour le Renard bleu. 11 y a bien d'autres espèces menacées d'une extinction prochaine ou se faisant rares dont il serait bon de ne pas négliger la conservation. L'Australie sent déjà la néces- sité de s'occuper de l'Opossum, dont l'élevage pourrait se faire économiquement dans notre climat. Mais, sans aller à l'étranger chercher des espèces exotiques, n'avons-nous pas encore en France un Castor autochtone, dont on laisse les derniers repré- sentants s'éteindre dans le Delta du Rhône sans qu'on fasse aucun effort pour le multiplier et l'utiliser? Quoique l'ingénio- sité de nos fourreurs mette aujourd'hui le Lapin à toutes les sauces, ne serait-il pas regrettable d'être un jour obligé de manger des Merles quand on pourrait avoir des Grives? PROJET DE PARC NATIONAL Par FERNAND MASSE Suite ;i). Rappelé à Cannes, où je réside pour quelques mois, je trouvai sur mon bureau le Bulletin du 1er août de la Société d'Acclima- tation. J'y lus la conférence faite à la séance annuelle de la Société par le Dr Loisel, conférence. qui traitait du parc suédois de Skansen et où le conférencier concluait en rappelant que Bufïbn avait, le premier, entrevu et indiqué l'intérêt de ce genre d'institution, en émettant enfin le vœu devoir notre pays réaliser à l'exemple de l'étranger cette conception d'un grand Français du xvme siècle. Tout pénétré encore des beautés que je venais d'admirer, sachant en outre que le massif de l'Esterel, pour la presque totalité, est un domaine d'un seul tenant appartenant à l'État, une association d'idées toute naturelle se fit dans mon esprit. Pourquoi l'Esterel ne deviendrait-il pas, en partie du moins, noire Parc national? Entendons-nous : je n'ai nullement la prétenLion d'avoir découvert l'Esterel, ni même celle d'avoir le premier envisagé sa transformation en Parc national. Ce mot se retrouve à son sujet dans la brochure de M. Martel et jusque dans certains guides. D'autres l'ont prononcé aussi, mais c'est tout. Je crois donc simplement être le premier à préciser le sens dans lequel cette transformation, ou plus exactement cet aménagement, devrait se faire, le premier surtout à avoir suffisammentcreusé l'idée et poussé l'étude pour prouver que le projet est pratique- ment réalisable, pour montrer qu'au point de vue financier le choix de l'Esterel présente des avantages de premier ordre, pour apprécier enfin les difficultés à surmonter. Car nous ne sommes plus au temps où il suffisait à la fée Estérelle, notre gracieuse patronne, de prononcer un mot pour qu'une chose lut. La fée est aujourd'hui, paraît-il, prisonnière des mauvais génies. Autrefois, chez les Ligures, elle guérissait de la stéri (1) Voir Bulletin, 15 mars 1912. 202 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION lité. Peut-être, pour féconder nos projets, altend-elle que nous allions la délivrer. Dans cette intention et ayant encore présente à l'esprit, dans ses moindres détails, la région que je venais de visiter, sentier par sentier, rocher par rocher, pourrai-je dire, puisque je l'avais parcourue en tous sens, de jour et de nuit, sous le clair de lune, je développai sur ma table l'excellente carte au vingt- millième éditée par le Touring-Club et dressée par M. Martel, qu'il faut toujours citer, dès qu'on parle de l'Esterel. Je rends ici à ses travaux un hommage d'autant plus impartial que je n'ai pas l'honneur de le connaître. Il me suffira de dire qu'ayant passé, tant à cette époque que depuis, environ un mois dans l'Esterel, je n'ai jamais eu un renseignement à demander aux maisons forestières pour la direction à suivre, je n'ai jamaiseu une seconde d'hésitation au milieu de cet écheveau de routes et de sentiers, inextricable à première vue, et cela, même la nuit, alors que je me mettais en roule sans autre précaution que d'étudier la carte au préalable. Les erreurs que j'ai rele- vées soit dans la disposition des sentiers, soit dans la situation des sources, sont autant dire insignifiantes et semblent plutôt des erreurs de transcription que des inexactitudes de relève- ment. Cette carte constitue donc un document précieux pour toute étude de l'Esterel. Armé de cette carte et de mes souvenirs de fraîche date, j'ai noté les indications et réflexions suivantes que mes visites ultérieures, ayant pour but de préciser certaines données que je mentionnerai, n'ont fait que confirmer : 1° Aux trois points de vue utilitaire; esthétique et pratique, l'Esterel ne laisse rien à désirer. Cela ressort de ce que j'ai dit précédemment et de ce que je préciserai plus loin. On ne chicanera pas, je suppose, sur le climat , qui est le plus heureux que nous possédions en France. Le massif, à la vérité, est surtout montagneux, mais il ne l'est pas exclusivement. Outre les parties d'alluvions que j'ai signalées et certains affaissements situés au cœur du massif, tous susceptibles de culture, il ne faut pas oublier que les lianes de l'Esterel sont loin de présenter partout des murailles à pic ou des éboulis. Nombreux sont les mamelons arrondis et les pentes douces où la terre est grasse, l'herbe drue, et dont l'animal de plaine le plus exigeant s'accommoderait volontiers. PROJET DE PARC NATIONAL 203 Je me souviens à ce propos do ce que j'ai observé en Tunisie dans le massif de l'Ishkel, où, après une journée passée \ autres jusqu'aux oreilles dans la vase du marais, les Mehara el les Buffles reviennent le soir et escaladent de leur plein gré des pentes et des sommets aussi élevés, aussi abrupts et aussi rocheux que ceux de l'Ksterel. Et pourtant. Huiles et Meliara ne sont pas précisément des alpins. Une objection qui pourrait se présentera l'esprit de cen\ qui ne connaissent PEsterel que superficiellement, est celle rela- tive à l'eau. Je dis que c'est une objection, parce qu'elle a fait avorter différents projets d'aménagement ou d'exploitation divers, conçus antérieurement dans le pays. L'Esterel n'a pas d'eau; c'est un axiome. Je suis heureux de pouvoir affirmer que c'est une légende. C'est vrai, en été, les torrents sont à sec; c'est vrai, l'Esterel n'a pas d'eau quand on suppute la consom- mation énorme de certaines industries ou celle d'une agglomé- ration de quelque importance qui exigerait par surcroit une source considérable susceptible d'être canalisée etamenéepure de toute souillure. Tel n'est pas notre cas. Ce qu'il faudrait, c'est que les ani- maux, même au fort de l'été, trouvent toujours de l'eau fraîche à discrétion; et si par aventure nous pouvions en surplus mettre à leur disposition une réserve d'eau inépuisable sous forme d'un chapelet de petits lacs, cela n'en vaudrait que mieux. Tout cela est facilement réalisable; il suffirait de quel- ques travaux tellement simples et peu coûteux qu'ils s'impo- sent même au profane. Cependant, hanté moi aussi par l'axiome déjà cité, je voulus en avoir le cœur net, avant d'aller plus loin. En plein mois d'août, — et chacun voudra bien convenir que l'été excep- tionnellement torride de 1911 m'a réellement fourni un chiffre minimum, — j'ai mesuré très exactement le débit des source- susceptibles d'être englobées dans le projet. C'est ainsi que pour les seuls massifs du Collet Redon, de l'Ours et de l'Adret de l'Escale, en y ajoutant la belle source de la Sainte-Baume, je notai un débit quotidien de quinze mille litres d'eau exquise répartis entre onze sources. Je mets en fait qu'en prenant soin d'édifier sous chacune de celles-ci un minuscule réservoir cimenté, susceotible de contenir le double du débit estival quotidien de chaque source et de le couvrir partiellement de façon que les animaux ne puissent s'y vautrer, 20 i BULLETIN' DE LA SOCIETE NATIONALE D'ACCLIMATATION on aura là de quoi abreuver sans restriction un troupeau de mille animaux de la taille d'un Cheval. Nous sommes loin d'en être là, et le jour où nous y serons, il y aura longtemps que nous aurons dû étendre les limites du périmètre indiqué ; nous aurons alors d'autres sources à utiliser. Ce n'est pas tout. J'avais remarqué d'importantes citernes creusées par le torrent à même le rocher de son lit, citernes qui n'assèchent pas puisque le Poisson y prospère. (Et n'ou- blions pas que nous sommes en plein été.) Je retournai les examiner avec plus d'attention. Là, je ne pouvais pas m'aven- turer dans les précisions, mais j'estimai de 500 à 1.000 tonnes le volume d'eau subsistant à celte époque. Certaines citernes du Mal Internet contenaient respectivement de 30 à 60 tonnes d'eau. N'est-ce point déjà là une jolie réserve assurée par la nature ? Il est possible de mieux faire encore. J'ai indiqué que le lit du torrent est fréquemment étranglé entre deux murailles. En ces points, où tous les matériaux, pierre, sable et eau, sauf le ciment, sont à pied d'œuvre, il suftirait d'édifier quelques barrages de trois à huit mètres de large (je ne pense même pas qu'on atteigne cette dernière dimension) et d'une hauteur variable qui ne dépasserait guère quatre ou cinq mètres. Grâce à la pente naturelle du terrain, on constituerait ainsi, .sans iamais risquer de léser un intérêt supérieur ou inférieur, un chapelet d'étangs que le premier hiver remplirait une fois pour toutes et que les hivers suivants entretiendraient et rafraîchi- raient. Ce serait là le paradis pour de futures colonies de Cas- tors, d'Aigrettes, de Flamants, de Cygnes, de Tadornes, de Canards et d'Echassiers divers, pour les Poissons, cela va sans dire, et pour toutes les espèces auxquelles un étang ou une rivière sod indispensables. Tous ces ébats discrets, toute cette vie emplumée et diaprée animeraient la surface et les rives de l'étang, où se retlèteraient les profils invraisemblables des cimes voisines. Au-dessus et au-dessous des barrages, que couronneraient quelques blocs biscornus empruntés à la montagne, ce serait ainsi pour l'Esterel une cascade, un lac, un paysage et une beauté de plus. En hiver, bien entendu, la question de l'eau ne se pose même pas : il y en a partout. D'autre part, pour les animaux que l'abreuvoir aux étangs l'HOJET DE PARC NATIONAL 203 ne tenterait pas, il n'est pas mauvais qu'en été la rareté rela- tive des points d'eau les oblige, pour s'abreuver, à effectuer des parcours de quelque importance. C'est là une prescription d'hygiène bien comprise qui se retrouve dans la vie à l'étal, libre. En hiver, la recberche du bon rayon de soleil sur les pentes orientées au midi, et celle des pâturages plus plantu- reux des versants nord leur imposeront une gymnastique analogue. Les rudes autochtones de l'Esterel, les Sangliers qui le peuplent, se chargeraient d'ailleurs de donner l'exemple. On trouve leurs traces partout, dans les grasses alluvions des torrents et sur les cimes aiguës et dénudées où les futurs Moulions seraient tout étonnés de les surprendre. 2° Dans sa conférence, le Hr Loisel soulignait l'intérêt que présenteraient des parcs différents, dont chacun conespondrail au degré d'adaptation des animaux sélectionnés dans le sens d'une vie plus libre, plus près de la nature, pour aboutir à la transition définitive dans les élevages particuliers ou dans les chasses françaises, il envisagent trois degrés, dont le premier serait représenté par un Jardin d'essais, un Jardin d'études obtenu par l'aménagement ad hoc de ce qui existe déjà à Paris ou dans ses environs immédiats. Le Parc de l'Esterel me semble indiqué pour le troisième et dernier degré et même pour la réunion des deux derniers degrés, car lespace ne manque pas. La quasi-liberté dont les élèves devront jouir avant leur « extradition » rendrait plus difficiles les soins individuels. Un climat tempéré, régulier et saluhre s'impose doncafin d'écarter les maladies et les soins consécutifs, car l'expérience a démontré que le plus gros déchet, dans cet ordre d'idées, est dû au froid et à l'humidité. En prévision de hardes nombreuses, l'espace à volonté et à bon marché ne s'impose pas moins. Nous touchons ici la pierre angulaire de l'édifice. L'Etat, je l'ai déjà dit, est propriétaire de la presque totalité de l'Esterel. Ce domaine de l'Etat descend à l'est jusqu'à la voie ferrée et à la Corniche d'or. Il est limité au sud et au sud-ouest par des propriétés particulières de même nature que l'Esterel mais non encore percées, n'ayant que quelques sentiers tracés par le passage et ne se raccordant pas à l'intérieur. Elles ne présentent aucune ressource remarquable en eau (si elles en présentent) et ne sont desservies que sur leur périphérie par les routes de l'Etat qui les contournent. Elles n'offrent donc 2l>!i BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION aucun intérêt, ni par leur nature et leur situation, aucun obstacle pour le projet. Des observations presque identiques peuvent être appliquées à la limite nord et nord-est que n'atteindrait d'ailleurs pas le projet. A l'ouest, le domaine de l'Etat s'étend bien au delà de ce qu'on pourrait souhaiter embrasser. La portion la plus intéressante seraient les gorges axiales du Mal Internet avec les crêtes qui les dominent à l'ouest, le versant sud du Collet Redon, l'Ours, l'Adret de l'Escale et le Pic d'Aurèle, sans qu'il soit besoin de descendre jusqu'à la côte; enfin, une partie du Cap Roux. On obtiendrait ainsi, en augmentait approximativement d'un tiers le chiffre planimétrique en raison des ondulations du terrain, une surface utilisable d'environ 2.300 hectares, surface qu'il serait facile d'accroître ou de restreindre selon les ressources financières et selon les facilités qu'accorderait l'Etat. J'ai ainsi précisé à première vue cette surface, en situa- tion et en quantité, parce que c'est la région la plus proche de moyens d'accès directs, parce qu'elle englobe les beautés et les facilités essentielles du massif et parce que son étendue semble correspondre à une honnête moyenne. De plus, dans cette région, on a la certitude de ne se heurter à aucun droit riverain, à aucun intérêt industriel ou agricole, particulier ou général. Les routes du domaine public ou la voie ferrée ne font que contourner le massif sans le traverser. A l'intérieur du périmètre indiqué, tout appartient à l'Etat. Et c'est !à enfin qu'il faut en venir : si ce projet était pris en considération par la Société. l'Etat consentirait-il à en faciliter la réalisation? Tout est là. Sans un beau geste de l'Etat, il faut convenir que la combinaison, sans être compromise, se com- pliquerait de façon regrettable. Mais ce geste, pourquoi l'Etat ne le ferait-il pas... surtout si on lui démontre que ce beau geste ne lui conterait rien et lui vaudrai! même de très appré- ciables avantages? Il ne serait pas question, en eiï'et, de la part de l'Etat, de céder son domaine, mais d'en concéder la jouissance à la Société exploitante, dans un but et dans des conditions déterminés. Le but est déjà précisé. Ce but, l'Etat ne peut qu'encourager à l'atteindre puisque le projet est d'intérêt général, national même et intéresserait à des titres divers la chasse, la piscicul- ture et surtout les sciences naturelles et agricoles pour la France et ses colonies, toutes choses qui se tiennent étroi- PROJET DE PARC NATIONAL iE PARC NATIONAL 2^0 ncux ; les Arbousiers abondent partout, couverts en automne de leurs fruits rouges et savoureux. Quelques bouquets de Lauriers-roses sont piqués dans le lit même des torrents. Cer- tains ravins sont pourvus d'espèces variées, comme l'Aulne, le Frêne, le Chêne commun et le Châtaignier. On a introduit éga- lement quelques sujets d'Eucalyptus et de Mimosas exotiques qui montrent que ces espèces peuvent y prospérer. Reste enfin la foule des petits arbustes et des plantes des plaines et des bois dont il ne m'a pas été possible de noter le détail. L'Euphorbe y est rare, très rare même, dans le p ri- mètre prévu, ce qui est une heureuse circonstance. Par contre, les glands olfrent pour certains animaux un menu copieux si- non varié. L'ensemble de cette flore est réparti tantôt parmi les rocailles, tantôt en pàturr»^ s, en futaies claires, en tailli n- chevêtrés de lianes ou en iourrés. Deux fois par an, au printemps et en automne, la Bruyère jette aux flancs de la montagne son immense tapis de fleurs mauves. Sur les cols, sur les hauts pâturages, dans les gorges enso- leillées et dans l'herbe de quelques grasses prairies, les ani- maux confiants paîtront en toute quiétude. Les espèces crain- tives auront le fourré pour abriter leurs angoisses. Quant aux animaux de tempérament fier et farouche, ils trouveront faci- lement un cadre approprié à leurs instincts. L'intérieur du cirque de l'Ours, notamment, offre des sites et des retraites sauvages à souhait et d'un isolement tel, qu'abrité derrière un rocher, j'y ai observé des Fouines chassant en nombre et en plein jour comme des Fox dans un jardin. Sous ce rapport, le Parc pourrait donc encore satisfaire à toutes les exigences. 4° On peut affirmer sans crainte que ce projet, s'il se réali- sait, conduirait vers l'Esterel un flot de visiteurs. L'intérêt des expériences et des sélections poursuivies dans le Parc créerait vers l'Esterel un courant continu, et bien des Français seraient tout étonnés de rencontrer chez eux, souvent à leur porte, ces merveilles de la nature qu'ils vont chercher au loin. Ce serait donc rendre service aux Français et justice à la France. Les Français, d'ailleurs, ne seraient pas seuls : on peut escompter la visite de la presque tot.dité des étrangers qui hivernent sur la Riviera. C'est là un appoint d'importance qui rentre dans le cas du paragraphe suivant. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1912. — 14 2J0 BULLETIN 1>E LA SOCIÉTÉ NATIONA I.K D'ACCLIMATATION 5" Il importe, en effet, même clans an avanl-projet de prin- cipe, d'indiquer, sinon l'importance exacte, du moins l'origine des ressources financières, ainsi que les avantages de haute valeur que comporterait le choix de l'Esterel pour une entre- prise de ce genre. Seule une étude approfondie du problème permettrait de préciser certains chiffres. Ce serait là un travail de second degré après la prise en considération du principe même de l'affaire. Ainsi que nous l'avons vu. il appartiendrait à l'Etat de résoudre par son apport de terrain la plus grosse difficulté qu'on puisse rencontrer dans un pays comme le nôtre. A ce point de vue. il est bon de rappeler que l'étendue de son domaine, en dehors de l'enclave prévue, permet d'envisager à des conditions identiques l'extension future des limites du Parc, si besoin est. Dans le même ordre d'idées, on doit considérer l'existence du réseau des voies de communication de l'Esterel comme un appoint inestimable. La lecture de la carte du T. C. F. per- mettra de l'apprécier à première vue. Tous les sentiers indi- qués au trait noir plein mesurent au moins un mètre de large. Toutes les routes forestières en trait rouge plein sont carros- tables. D'après cette carte, — très exacte, je le répète, — j'ai calculé que les 2.300 hectares prévus sont percés, à très peu de chose près, par cent kilomètres de routes et sentiers en parfait état. Ce chiffre se passe de commentaires. Il correspond à une économie énorme réalisée d'entrée de jeu. Est-il besoin d'ajouter que toutes les stations hivernales du Var et des Alpes-Maritimes, c'est-à-dire la presque totalité du littoral de ces deux départements, auraient intérêt à ce qu'un tel projet se réalise? Ce serait une attraction — et non des •moindi vs -ajoutée à toutes celles qu'on s'efforce d'y susciter. Le IV-I..-M. lui-même n'y serait, sans doute, pas insensible. Il y a donc là matière à subventions possibles, sinon probables, de la part des départements, des villes de la côte et des syn- dicats d'initiative. Enfin, l'appoint majeur serait fourni par les hivernants eux- mêmes. La plupart d'entre eux. blasés sur les distractions des .villes de saison, sont perpétuellement à la recherche d'un emploi du temps, au cours de leur hiver ensoleillé. Nantis de .tous les moyens de locomotion que leur procure le progrès moderne, ils apaisent leur spleen en dévorant la route, sans l'KiUI !' DE PARC N OTONAL -1 I autre bul que de prendre l'air et de chwoigeir de place. La vi-.ii.- .lu Parc apporterai! une heureuse diversion dans la monotonie de leurs déplacements, et le droit d'entrée minime qui seraiil perçu n'entrerait même pas pour eux en ligne de compte. Détail qui a son importance pour des gens qui aiment leurs iiises : la situation du Parc sur les grandes voies de commun i- eation sera telle, que tant de la direction de Toulon que de crlle de Nice et Vinlimille, les visiteurs pourraient partir des points extrêmes de la Cùle-d'Azur à une heure raisonnable de la matinée, soit par chemin de fer, soit en automobile, con- sacrer trois à quatre heures à la visite du Parc, et rentrer chez eux avant l'heure du dîner. Outre ces deux moyens de locomo- tion, les visiteurs venant des stations plus rapprochées, comme Cannes et Saint-Raphaël, pourraient utiliser tous les autres moins rapides dans le même délai. 11 est vraisemblable d'ail- leurs que, si besoin était, l'administration du P.-L.-M. qui exploite si intelligemment son réseau, accorderait des facilités d'horaire pour qu'au moins un train, dans chaque direction, à l'aller et au retour, s'arrêtât aux stations d'Agay et du Travas (les deux meilleurs points de départ pour la visite) à des heures appropriées. L'affluence des visiteurs pourrait donc être consi- dérée comme acquise. En dernier lieu, il convient de signaler les ressources appré- ciables qui résulteraient de l'exploitation elle-même : vente d'élèves, de reproducteurs, de plumes d'Autruche, d'Ai- grettes, etc.. Mais il appartient à de plus compétents que moi d'en évaluer l'importance. Tel'es sont les considérations que m'avaient suggérées mes visites des lieux, ainsi que l'étude de la carte et des circonstances locales. Ce projet m'avait quelque peu grisé, je l'avoue, et la prudence exige que l'enthousiasme, dans une entreprise de cette envergure, soit tenu en suspicion légitime. « Méfions- nous de notre premier mouvement, a dit un diplomate, c'est le bon! » Avant de livrer ces idées à l'appréciation de qui de droit, il me fallait donc un contrôle qui consentit à me crier: « Halte-là! » en cas d'hérésie ou d'impossibilité majeure. C'est ainsi que je fus tout naturellement ramené au nom du Dr Loisel, dont la conférence m'avait inspiré cette étude et que ses travaux, ses trois ans de mission passés à visiter, à étudier 87 Parcs nationaux et Jardins zoologiques de l'Europe et des 212 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION deux Amériques, qualifiaient plus que tout autre pour un con- trôle de ce genre. N'ayant pas alors l'honneur de connaître le Dr Loisel ni d'être connu de lui, je m'ouvris de ce projet à M. Dehreuil, notre collègue, toujours obligeant et actif, en lui soumettant un résumé de ce qui précède. M. Dehreuil voulut bien m'encourager à développer cette idée, à en pousser l'étude et me mettre en rapport avec le D1 Loisel. Ce dernier, avant de prendre une décision, manifesta le désir très légitime d'obtenir diverses précisions. Je lui transmis celles-ci après une nouvelle visite sur les lieux. Sans hésiter plus longtemps, au début de janvier, le D1' Loisel arriva de Paris, et nous nous rencontrâmes au pied de l'Esterel,où nous passâmes plusieurs jours à vérifier de compagnie le bien fondé de mes dires. Dès le premier jour, mon savant collègue, se rendant compte de l'absence de toute exagération dans l'exposé de mon projet, fut séduit par l'idée et par le cadre que la nature offrait à celle-ci. Cette impression ne fit que se confirmer en présence des possibilités de réalisa- tion qui se révélaient à chaque pas, et je crois pouvoir affirmer que lorsque le D1 Loisel me quitta, j'avais cause gagnée auprès de lui : le contrôleur sceptique du début avait fait place à un propagandiste, à un collaborateur convaincu. J'ai donné ici quelque développement aux grandes lignes du projet, persuadé qu'il passerait ainsi sous les yeux, du groupe- ment le plus qualifié en France pour s'y intéresser de prime abord. Si j'étais assez heureux pour faire partager ma convic- tion, serait-il donc impossible de rencontrer parmi nos hommes d'Etat, parmi nos savants, nos éleveurs, agriculteurs et chas- seurs, parmi tous ceux que peut séduire une telle entreprise et qui disposent des moyens matériels pour la favoriser, un concours de bonnes volontés et d'efforts qui la ferait aboutir? En s'y employant dans ce sens, en en prenant au besoin l'initiative et la direction, la Société nationale d'Acclimatation justifierait une fois de plus et son nom et son but. Ce serait mieux qu'un feuillet ajouté à son livre d'or, mieux même qu'une couronne de lauriers décernée à sa persévérance, ce serait le couronnement de toute son œuvre. Cannes. Janvier 191 J. LE LABORATOIRE DE SPÉLÉOBIOLOGIE EXPÉRIMENTALE D'HENRI GADEAU DE KERVILLE I Par C RAVERET-WATTEL L'étude des cavernes est d'origine récente. Si Bernard Palissy — le célèbre potier, qui fut l'ancêtre des modernes géologues — sut recueillir des connaissances assez exactes sur les caves, sur leur origine et leur rôle, il n'eut pas de succes- seurs immédiats. 11 faut arriver à la fin du xvme siècle et au \ixe siècle pour trouver toute une série de chercheurs qui — en Autriche — réinventent et mettent au point la « Kohlenkunde », ou étude des cavernes. L'Amérique du Nord suivit le mouve- ment avec les études sur la grotte du Mammouth {Mam- moth'Cave), les grottes du Kentucky, de la Louisiane, etc. Mais c'est seulement à la fin du xixe siècle, après avoir fait leur tour du monde et reçu la consécration de l'expérience, que les vieilles recherches de Bernard Palissy nous revinrent en France avec E. A. Martel, souvent et très justement appelé « le père de la Spéléologie ». Dans ces derniers temp-*, une légion de chercheurs, au pre- mier rang desquels ligure le Dr A. Viré, du Muséum d'Histoire Naturelle, se sont levés, et, actuellement, une Société prospère, la Société de Spéléologie, s'occupe de mettre au point tous les problèmes soulevés par l'étude du inonde souterrain. Une des branches les plus intéressantes de ces recherches est celle qui s'occupe des phénomènes de la vie chez les êtres, animaux et végétaux, qui habitent les cavernes. La Spéléobio- logie — c'est le nom donné à celte science — consacre ses efforts à l'étude de l'influence du milieu souterrain sur les formes animales ou végétales. C'est surtout expérimentalement que les phénomènes de cet ordre peuvent être étudiés. Aussi ne saurait-on qu'applaudir très vivement à la création toute récente, due à M. Gadeau de Kerville, d'une station de Spéléo- biologie expérimentale dans le département de la Seine-Infé- rieure, à quatorze kilomètres nord-ouest de Rouen, sur le territoire de la commune de Saint-Paër, entre Barentin et Duclair. (1) Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1910. 214 bull&tilN de la société nationale d'acclimatation Des fouilles préhistoriques, entreprises en 1909 par l'auteur de la " Faune de Normandie», lui firent découvrir une carrière fort ancienne et profonde, qui lui parut présenter d'excellentes conditions pour la création d'un laboratoire de biologie sou- terraine. Immédiatement, commencés, les travaux d'installation furent poussés avec une grande célérité et, le 10 juillet 1910, était inauguré ce laboratoire, le plus vaste établissement de cette nature actuellement existant dans le monde entier. Nous n'avons pas à entrer ici dans uDe description détaillée des installations, en tout point excellentes; mais nous devons dire qu'elles témoignent du soin extrême qu'apporte dans tous ses travaux notre distingué collègue; lequel a, comme on le sait, l'habitude de dépenser sans compter, sur son propre avoir, quand il s'agit de quelque ouvre utile devant contri- buer au progrès de la Science. Une porte d'entrée à un seul ventail ouvre sur un escalier de quarante marches, conduisant à un petit couloir horizontal par lequel on arrive dans une première salle, meublée de tables de service et d'une vaste cage, à cinq compartiments, pour recevoir des- animaux mis en observation. Elle est suivie d'une galerie dite de zoologie, renfermant de nombreux aquariums, ainsi que vingt-quatre caisses à couvercle, destinées aux Batra- ciens et aux Mollusques, et douze caisses en bois et toile métallique, disposées pour recevoir des Insectes et d'autres animaux. Vient ensuite la Salle de Bola/nijne, qui possède quatre plates-bandes présentant de la terre végétale sur une épaisseur de plus 0m70, une réserve de terre et une étagère circulaire de deux mètres de hauteur pour recevoir, dans des pots, les plantes mises en observation. Au delà, se trouve la mile du fond, qui n'est meublée que de tables de service. La température, peu variable, qui règne dans tout le labora- toire, ainsi que la très-grande humidité de l'air, sont très avan- tageuses, car les animaux et végétaux en expérience se trou- vent placés dans des conditions de milieu semblables à celles des véritables grottes. L'expression de Spéléologie expérimen- tale est donc parfaitement justifiée. M. Gadeau de Kerville a, dès maintenant, légué ce labora- toire (immeuble et mobilier; au département de la Seine-Infé- rieure, avec un terrain v attenant, d'une superficie d'environ LE LABORATOIRE D'HENRI GfADEAU DE KERVILL] 215 cinq hectares el demi, et une somme de cinquante mille francs, dont Ic-^ intérêts pourroni servir soit à des expériences biolo- giques, dans le laboratoire on ailleurs, soit à tout autre usage, pourvu qu'il soit d'ordre scientifique. Des expériences de Spél(''olot!,ie animale et végétal»! sont naturellement déjà en cours dans le laboratoire, et M. Gadeau de kerville a dressé tout un programme d'études (|u'il se pro- pose d'y effectuer. Il faut espérer <|u'il ne manquera pas d'en l'aire connaître les résultats, car on ne peut douter que l'en- semble de ces- expériences ne présente un vif intérêt et une réelle importance au point de vue scientifique. Signalons, en terminant, que la création du laboratoire de- Saint-Pair est d'autant plus opportune, que le laboratoire de biologie souterraine, que MM. Alphonse Milne-lidwards et Armand Viré avaient installé, en 1890, dans une partie des Catacombes située sous le Jardin des Plantes, a malheureuse- ment été complètement détruit par les eaux lors de la terrible rue de la Seine pendant l'hiver de 1909-1910. LA FAUNE ET LÀ FLORE DE DESAGUADERO PROVINCE DE MENDOZA, RÉPUBLIQUE ARGENTINE Par LUCIEN ICHES iiOrs de notre voyage, en septembre 1909, nous nous réjouis- sions, au départ, de connaître celte fameuse province de Men- doza, si riche par ses vignobles et le piltoresque de sa nature; aussi ne fûmes-nous pas peu surpris de nous trouver à Desa- guadero, au milieu d'un vrai désert aride et sans eau. On trouvera dans le récit complet de ce voyage, que nou« publie- rons quelque jour, tous les détails complémentaires, mais, pour aujourd'hui, nous nous bornerons à donner une énumé- ration des principaux animaux et végétaux que nous avons rencontrés en la saison où nous y étions, et ce qui frappera par-dessus tout, c'est que la plupart de ceux-ci sont identiques aux espèces qu'on trouve en Patagonie, c'est-à-dire à l'autre bout de la République Argentine et dans une région désolée par excellence. Les Insectes constituent le principal contingent de notre récolle et cependant ils y sont aussi pauvres en nombre qu'en espères. Voici la liste de ceux-ci : l Coléoptères. — Famille des Scarabaeidae. Glyphoderus sterquil'mus Westw. 7'rox gemmifer Blanch. ' 'hesas }>astillarius Blch. Xyloryctes satyrus Fab. Coprobius plicatipennis Bl. Famille des Tenebrionidae. Cacicus americanus Lacord. [Vyctelia plicatipennis BL Epipedonoia margine-plicata Curt. Epipedonola angustata Burm. Entomoderus satanicus Waterh. Famille des. Carambycidak. Spherion ruslicum Burm. Elaphidium Sp. LA FAUNE KT LA FLORE DE DESAGUADERO 217 Famille des Chrysomelidae. Phaedon bonaërense Stâl. II. Hémiptères. — Famille des Coreidae. Eubula sculpta Slâl. Famille des Reduviidae. Conorhinus infestons Klug. III. Hyménoptères. — Famille des Icuneumonidae. Ophion merdarius Grav. IV. Diptères. - - Famille des Anthomyidae. Pegomi/ia fusciceps (Zett) Coq. Nous citerons encore, parmi les animaux dignes de mention (lue nous avons vus : la Tes'udo argentina, la seule espèce ter- restre de Tortue que possède l'Argentine ; les Conurus acuti- caudatus Vieil. Perroquets d'un beau vert qui vivent par bandes de cinq et plus et font des nids énormes dans les arbres ; quand ils voyagent ou circulent dans les airs, ils forment entre eux comme un V, et leur couleur tranche nettement sur le bleu du ciel. Enfin il y a les Viscachas ( Viscaccia viscacio [Molina]), très abondantes, et les Renards (Canis Azarae). Il existe aussi dans la région un Boa, le Boa occidentalts Thil., appelé par les indi- gènes : lampalagua. La flore de Desaguadero, sauf de très rares exceptions, est constituée par des plantes basses et des arbustes qui ne dé- passent guère 1 m. 50. Les feuilles sont petites, situées le plus souvent au niveau même de la tige, et, chez certaines, les feuilles se sont modifiées et transformées en épines. On sent qu'il a fallu à toute cette végétation une adaptation spéciale pour parvenir à vivre dans ces terrains sablonneux et sans eau. Les familles le plus abondamment représentées sont les suivantes (1), avec les espèces ci-dessous indiquées : 1) Nous devons la détermination des plantes énumérées dans cette note, à l'obligeance du distingué chef du Service de Botanique au Minis- tère de l'Agriculture, M. le Dr Carlos Spegazzini. ■2IS BULLETIN DE L\ SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Famille des Zyuopiiyllacae. Bulnesiaretamo lirisebach ; nom vulgaire : Ketamo. Larrea divaricata Cav. ; nom vulgaire : Jarilla mâle. Larrea cuneata ; nom vulgarise : Jarilla femelle, ou plante boussole. Famille des Chenopodiaceae. Alriplex undulatifolia (Moq. . Famille des Lej iminackak. Cercidium andicola Crisebach. Cassia aphylla Cav. Famille des Graminaceae. Panicum urvilleanum Kunth. Famille des Gàctaceae. Opuntia diadenwta Lehman; nom vulgaire: Tuna de chanchos, c'est-à-dire : Cactus à cochons. Oplllllin nuraul itirn. L. Famille des Fungaceak. Clami/ilo/'U-s tiicijpmanus (Klotzsch) Lloyd. Baiarrrn pgtagtxniea Spegazzini. Les plus intéressantes parmi ces plantes sont la Jarilla mâle et la Jarilla femelle, autrement appelée plante boussole. On conçoit que ces dénominations vulgaires de mâle et de femelle sont erronées, puisqu'il s'agit bel et bien de deux espèces diffé- rentes ; aussi leur intérèl réside-t-il en ce que la première a des propriétés médicinales, et que la seconde est vraiment une plante boussole : planta brujula. Dans une « Note surquelques piaules médicinales et industrielle* de la Terre-de-Feu », M. le D'Jii.iii A. Dominguez dit. à propos de la première : « Cette ■spèce, qui se rencontre aussi en Patagomie. Cordoba, .Men- doza, Catamarca, Kioja. Santiago, etc.. est fort bien connue sous les noms de Jarilla et Jardin det cerro. Elle est très rési- neuse et possède des propriétés diaphorétiques, fébrifuges et emmena go gués. Son principe aclif esl une résine Brun-ver- dàtre. aromatique, qui fond entre 57 et 59 degrés, soluble LA FAUNF FT LA FLORE DE DESAGUADERO 219 dans l'alcool, l'acide acétique el l'acétone et dans les alcalis avec coloration rouge vineux '1) » Quant à la Jarilla femelle (Larrea cuneata), elle est toujours orientée de nord à sud. Ses branches forment comme un éven- tail autour du pied, et ses feuilles, petites, sont vernies d'un côté, et unîtes de l'autre. Or, le côté mat de la feuille, eelui que Ton considérerait comme la face inférieure, si, au lieu d'être dressées, les feuilles avaient un côté regardant le sol, ce ci'iié mat. disons-nous, est invariablement tourné vers le sud. Grâce à celte disposition, il est extrêmement facile de s'orien- ter, sans boussole ni soleil, c'est-à-dire par temps couvert. Entre autres particularités à citer, parmi les plantes déjà mentionnées : le Retamo n'a pas de feuilles; on croirait voir des tiges récemment dépouillées après un passage de Saute- relles, mais ce n'est là qu'une apparence, carie Bulnesia retamo n'a pas de feuilles. Celles-ci ont l'aspect contourné de lichens chez la pauvre toute petite plante qui s'appelle : Atriplx undu- latifolia. Elles sont complètement modifiées et transformées en épines, chez le Cercidium andicola, dont la fleur jaune jetait une note gaie (une des rares, hélas!), en fin septembre dernier, sur la vallée triste et désolée de Desuguadero. Pour terminer, nous ajouterons que : lletamos et Jarillas sont infestées de Cochenilles, mais comme celles-ci ont été envoyées à M. le Professeur Leonardi, de Portici (Italie), nous attendrons le résultat de ses déterminations avant d'en parler plus longuement. N. B. — Nous avions rapporté à Buenos-Aires, pour orner notre maison, X Opuntia dïadiemata et l'Opuntia auvàniwca1, mais M. le D1 C. Spegazzini, déjà cité, nous ayant dit ne pas con- naître la fleur de la première de ces Cactées, nous lui avons offert cette plante, en quittant l'Argentine, dans l'espoir qu'elle voudrait bien fleurir pour le charme de ce savant. 1 Cité à la page 20-21 de : Emitnéràlion des plantes récoltées par Miles Stuart Pennington, pendant son premier voyage à la Terre-de-Feu en 1903, par Eugène Autran, avec l'aide de plusieurs collaborateurs. (Buenos-Aires, 1905, Facultad de Giencias Medicas de Buenos-Aires. tra- bajos del Museo de Farmacologia, n" 10. BIBLIOGRAPHIE Histoire des légumes, de M. Georges Gibault, bibliothécaire de la Société nationale d'Horticulture de France, 1 vol. in-8° de 400 pages, Librairie Horticole, à Paris. Avant la publication du livre de M. Gibault. les auteurs qui s'étaient occupés des plantes potagères n'en avaient surtout parlé qu'au point de vue cultural ou technique, car on ne pos- sédait sur leur histoire que des données vagues, souvent erronées. C'est que Y Histoire des légumes était une étude très ardue, qui exigeait des recherches longues et difticiles : elle n*avait pas encore tenté les érudits. VOrigine des plantes cultivées d'Alphonse de Candolle était la seule source autorisée que l'on pouvait consulter. Cependant, comme l'indique le titre de son livre, ce savant botaniste s'est surtout appliqué à rechercher l'origine botanique et la patrie primitive des plantes cultivées. Il n'a examiné qu'un nombre restreint de légumes usuels et, d'ailleurs, les détails historiques qu'il donne ne sont qu'un accessoire occasionnel à l'appui de ses arguments : ce n'est pas encore une Histoire des légumes. Au contraire, l'érudit bibliothécaire de la Société nationale d'Horticulture de France a envisagé principalement le coté historique, archéologique et anecdotique, de sorte que les ouvrages: V Origine des plantes cultivées d'Alphonse de Candolle et l' Histoire des légumes de M. Gibault non seulement ne font p;is douhle emploi, mais se complètent l'un par l'autre. Le livre de M. Gibault est remarquable par la quantité de détails inédits ou peu connus qu'il renferme. Il abonde en faits curieux et même piquants. On sent qu'une telle documentation n'a pu être obtenue que par de longues recherches. Le bibliothécaire de la Société nationale d'Horticulture a puisé ses renseignements aux sources les plus variées et les plus sûres. Il a trouvé des données sur l'histoire la plus ancienne des légumes chez les auteurs de l'antiquité classique. Souvent il a pu remonter plus loin encore, dans la préhistoire, à l'aide des travaux archéologiques disséminés dans des recueils peu accessibles au public. C'est ainsi que les débris de végétaux BIBLIOGRAPHIE ±±\ trouvés dans les cilés lacustres, dans les tombes égyptiennes, les peintures de Pompéi, etc., lui ont fourni d'utiles indications. Il a examiné soigneusement les étymologies d'après les travaux des philologues et linguistes éininents. L'auteur a entrepris son travail en historien, comme il l'au- rait fait pour raconter la vie d'une individualité humaine. On pourrait dire en langage imagé, que chacun de ses chapitres, grands ou petits, renferme la biographie d'un légume. M. GibaulL remonte d';ibord à l'origine botanique de la plante alimentaire indique sa patrie certaine ou probable. Il la montre telle qu'elle était dans son état sauvage, c'est-à-dire souvent immangeable ou au moins d'une importance minime pour l'alimentation. Autant, que le lui permettent les documents littéraires qu'il a rencontrés et les indices archéologiques, l'auteur suit la plante pas à pas dans ses migrations à travers les peuples. Il note avec soin les perfectionnements successifs, les transformations que la culture et la sélection lui ont fait subir dans ses parties utiles. Il indique la création des variétés de plus en plus amé- liorées. En un mot, Y Histoire des légumes étudie Y Acclimatation de la plante potagère dans nos pays à travers les âges et son adaptation à nos besoins, le tout agrémenté de réflexions judi- cieuses et instructives, parfois d'anecdotes curieuses et intéres- santes qui donnent au livre l'attrait d'un véritable roman, comme l'a fait remarquer M. Philippe L. de Vilmorin dans un rapport inséré dans le Journal de la Société nationale d'Horti- culture de France, qui a déterminé l'attribution d'une médaille d'or à l'auteur. M. Gibault a su rendre agréable la lecture de son ouvrage en raison de son style simple et très clair. Il a évité les disser- tations fatigantes pour le lecteur; il est concis sans tomber dans la sécheresse. Dans ce livre, les plantes sont rangées par catégories, et classées dans l'ordre alphabétique dans chaque division. La classification envisage seulement le légume au point de vue de la partie comestible, sans avoir égard à la famille botanique. Il est bon de dire que l'auteur a limité son travail aux légumes de nos pays européens, aux climats tempérés ou tempérés froids. Le premier chapitre comprend les Légumes proprement dits : Asperge, Artichaut, Cardon, Céleri, les différents Choux, la Rhubarbe, etc., puis viennent les Légumes herbacés, parmi 222 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION lesquels on remarque l'Epinard. le Bette, la Tétragone et bien d'autres plantes de second ordre. Les Légumes salades sont nombreux : Chicorée, Laitue, Endive, et les chapitres de la Mâche, du Pissenlit, du Cresson ne sont pas les moins inté- ressante. Dans les Planées bulbeuses, nous notons l'Ail, l'Echa- lotte, l'Oignon et le Poireau. Puis les Légumes racines nous offrent l'histoire du Navet, de la Betterave potagère, du Panais, de la Carotte, etc. L'intéressante histoire de la Pomme de terre trouve sa place au chapitre des Plantes tubmcvlewsps. Ici, nous signalons tout particulièrement les 36 pages consacrées à l'introduction si peu connue du précieux tubercule en France. Contrairement à l'opi- nion reçue, M. Gibault refuse à Parmentier le titre de vulgari- sateur de la Pomme de terre dans son pays. C'est là une thèse hardie, qui semble bien paradoxale. Cependant, il faut dire que l'auteur présente une ensemble de preuves convaincants. Il montre des faits cl des dates, le tout tiré des archives et écrits contemporains. La Pomme de terre était cultivée, cela ne peut faire le moindre doute, dans beaucoup de provinces, cent ou cent cinquante ans avant la naissance de Parmentier, et, dans beaucoup de départements, on la voit cultivée en grande culture bien avant la campagne entreprise par cet homme célèbre. M. Gibault, grâce à ses longues recherches, a pu préciser nombre de détails incertains sur les dates d'introduction de certains légumes. Il montre l'Epinard cultivé en France au xine siècle, alors que les auteurs les plus autorisés en fixaient l'introduction au xvic siècle. Il rectifie des erreurs analogues pour la Fraise, la Mâche, etc. L' Histoire des légumes ne donne pas seulement l'historique des plantes les plus vulgaires. Y figurent aussi : le Cerfeuil bulbeux, le Crosne, le Pé-tsai, le Cliervis, l'Ovidius, l'Helianli. les Ocas et bien d'autres, et M. Gibault a signalé le rôle qu'a joué la Société d'/Vcclimatation dans l'introduction de quelques-unes de ces plantes utiles. D. Rois. OUVRAGES OFFERTS A LA BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ Gruvel A. . -Contribution à l'élude générale systématique et économique des PalinuridseA Mission Giwvél; sur lia Cote occi- dentale d'Afrique, 1909-ÎMÔ). (Extrait des Annules de l'Institut <)crdiii> Vital . — La défense contre l'Ophidisme. (Travail de l'Institut de Bulanlan. 1911, Pocai et Weiss, Largo Aronche, 1, Sao-Paulo, Brésil . A.RENBEHG i Prince E. d'j. — Les Oiseaux nuisibles de France. Livre premier, 1911, imprimerie Henri Tessier . Bureau (Dr L.). — Le Muséum d'Histoire naturelle dé Nantes et la Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France. (Extrait des Comptes rendus du Congrès des Sociétés sanantes en !909, Sciences. Paris, Imprimerie nationale, MDGCCCX). Clément (A .-L.). — Destruction des insectes et autres animaux nuisibles. (Librairie Larousse, Paris). Gadeau de Kekville (H.). — Le laboratoire de spéléobiologie expérimentale d'Henri Gadeau de Kerville, à Saint-Paër (Seine- Inférieure). (Extrait du Bulletin de la Société des Amis des sciences naturelles de Rouen, année 1910. Rouen, imprimerie Lecerf fds, 1911). Kaveret-Wattel (C). — Atlas depoebe des Poissons de mer de la France et de la Belgique. (1909, Paris, Librairie des sciences naturelles. Paul Klincksieck). Kaveret-Wattel (C). — La Pisciculture, I. — Traité pratique de l'Elevage industriel du Poisson (Salmonidés). (1911, Paris, Librairie des sciences naturelles, Léon Lhomme, successeur). Maiden (J.-IL). -- A critical revision of thegenus Eucalyptus. (Vol. II, Part 3). (1911, Sydney, William Applegate Gullick, Governement Printer). Gibault (Georges). — Histoire des Légumes. (1912, Paris, Librairie Horticole, Si bis, rue de Grenelle). Rolland (Léon). — Atlas des Champignons. (1909, Paris, Paul Klincksieck, éditeur, 3, rue Corneille). Silver (Allen). — British Bird Management Throughout the Year. (« The feathered World ». « Canary and cage Bird life ». 9, Arundel street, Strand, London, W. C). Alderson (Miss Rosie). — My Foreign Doves and Pigeons. (« The feathered World ». « Canary and cage Bird life ». 9, Arun- del street, Strand, London, W. C). Silver (Allen) and Trower(T. R.). — The Bird-Keeper's guide. (W. E. Clubb, Printer, c2, Rye Lane, Peckham, London. S. E.). 224 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Bkuel (G.). — Notes géographiques sur le bassin de l'Ogooué. (Extrait de la Revue coloniale, nos 03-97, 1911, Paris, A. Chal- lamel, éditeur, 17, rue Jacob). X. Raspail. — Les années à Hannetons en décroissance depuis te commencement du siècle. Extr. Bull. Soc. Zool. fi'r., XXXVI, p. 158 1911 . Wilson. - Development ofSponges from dissociated tissue cells. Extr. Bull. Bureau hisheries, XXX, .'10 p., 5 pi. (1910). L. 0. Howard and W. F. Fiske. — The importation into The United States of the parasites of the gipsy moth and the brow n tail moth (Nombreuses illustrations, planches et cartes). Bull. Bureau Eulom. U. S. Départ. Agriculture (1911), n° 91. S. A. Rouwer. — Studies in the sawfly Genus Hoplocampa. Bur. E'ntom. U. S. Départ. Agric. Technical séries., n" 20, part. IV. E. J. Kraus. — Revision of the powder post beelles of tlie family Lyctidse of the United States and Europe. Appendice by A. D. Hopkins. Bur. Entom. U. S. Départ. Agric. l'echn. Ser., n° 20, part. III. Contents and index Papers on Cercal and Forage Insects. Bull. Dur. Entom. U. S. Départ. Agric, n" K5. KRIiATU.M Dans le Bulletin du 15 mars 1912, p. 164 r-t 165, "î« lieu de : Caribou, lire : Cariacou. Le Gérant : A. Maretbelx, Pans. — L. Marethkux, imprimeur, 1, rue Cassette. LE CHEVAL CAMARGUE, VNCIEN ET AMÉLIORÉ Par F. DE CHAPEL M. le D1 Drouet, vétérinaire en premier, oflicier acheteur au dépôt de remonte d'Arles, a fait paraître' dernièrement un ouvrage fort documenté, intitulé : Le Cheval Camargue. M. Drouet a traité le sujet avec sa haute compétence, aussi lui emprun- terai^, sur l'origine du Cheval Camargue, quelques passages, que je résumerai ainsi : « Le Cheval paraît avoir existé dès les temps préhistoriques dans la hasse vallée du Rhône, si Ton s'en rapporte aux restes d'un squelette d'Equus raballus, trouvé à deux kilomètres en amont de la ville d'Arles, sur la rive droite du Rhône. La coexistence de ces restes et d'un silex, taillé en forme de cou- teau, permet de les rapporter au deuxième âge, ou âge de la pierre taillée. Certains passages d'Horace ou de César per- mettent de croire avec certitude qu'il existait des Chevaux dans le midi de la Gaule, notamment en Camargue, avant l'occupa- tion romaine... « Au ivc siècle, Symmiaque voulant donner à Rome des fêtes extraordinaires pour la prèture de son fils,... fait venir des Chevaux d'Espagne de chez Euphrasius, et comme la saison devient mauvaise, que la route d'Espagne à Rome est longue, Symmiaque écrit à Bassus, qui possède à Arles des haras impor- tants, de retenir ces animaux à leur passage et de leur donner l'hospitalité dans ses terres... « En 730, les Sarrazins se rendent maîtres des bords du Rhône; leur cavalerie renommée est remontée en Chevaux numides et berbères; quelques chefs pouvaient posséder des Chevaux arabes, mais en petit nombre, et n'ayant guère eu de contact avec la race du pays. A l'époque des croisades, des Chevaux auraient aussi été introduits en Languedoc et dans le delta du Rhône. Ces Chevaux cantonnés dans le delta auraient, d'après la tradition la plus accréditée, donné naissance à la race Camargue qui se serait transformée en s'adaptant au milieu où elle vivait. » Pour ma part, je crois plutôt que les Chevaux du pays reçurent soit des Chevaux des Sarrazins, soit de ceux des Croisés, un sang nouveau qui a pu, peut-être, modifier momen- Bt'LL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1012. — 13 226 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION tanément la race, mais qui. dans la suite, n'a pas empêché le retour au type primitif adapté au sol, au pays. Ne voyons nous pas la chose se passer ainsi tous les jours. Si, après avoir infusé un sang étranger, nous abandonnons les produits à l'état sau- vage, au bout de deux ou trois générations le type primitif a repris le dessus. Les produits des Bretons, des Normands per- dent bientôt leurs caractères de race, pour se rapprocher de ceux des Chevaux du pays : « Adaptation au milieu ». A milieu égal, caractères égaux, pourrait-on dire, et la preuve en serait dans ce que me rapportait une personne digne de foi connais- sant très bien la Camargue, et ayant visité le delta du Danube. D'après ce voyageur, il y a une similitude parfaite de pays, de terrain, de flore entre les deltas de ces fleuves. Or, dans le delta du Danube, il existe une race de Chevaux ayant la plus grande analogie avec le vrai et ancien Cheval Camargue : le pur-sang Camargue. Avant de nous occuper du Camargue pur-sang (non croisé), c'est-à-dire du Cheval d'il y a quarante à cinquante ans, et dont il reste encore quelques échantillons, jetons un coup d'œil sur le pays à cette époque et nous verrons que l'amélioration de la race suit l'ascension graduelle de l'amélioration culturale. Aussi loin que mes souvenirs puissent remonter, il y a envi- ron cinquante ans que je fus en Camargue pour la première fois. A cette époque, pas de routes empierrées. En sortant du faubourg de Trainquetaille, on trouvait des ornières profondes dont souvent Ips roues ne touchaient pas le fond et la voiture à deux roues (celles là seules pouvaient circuler) faisait traîneau. Puis, la route se divisait en différentes pistes tracées à travers le pays; pistes larges où de nombreux trains indiquaient la fantaisie des voyageurs. Le mode de locomotion le plus usi té était le Cheval, et le samedi, on voyait arriver à Arles les Camarguais, hommes et femmes à cheval, les enfants trop jeunes pour ce mode de transport, accroupis dans les bats que portait un vieux Cheval bien sage. 11 me souvient aussi, chose qui avait frappé ma jeune imagination, d'avoir vu le courrier d'AIbaron aux Saintes-Maries-de-la-Mer, fait par une femme qui montait à califourchon sur une selle du pays, dite à la gardian. Le Cheval était le moyen le plus pratique, et, à certaines époques, le seul possible, pour se transporter d'un point à un autre, et cependant, la plupart du temps, le Cheval rentrant LE CQEVÀL CAMARGUE ANCIEN ET AMÉLIORÉ 227 d'une course n'était l'objet d'aucun soin; il était dessellé, débridé, et recevant une tape sur la croupe, il allait rejoindre la manade au marais. Les Chevaux vivaient toujours dehors, enfermés seulement le soir dans des paddocks, lorsqu'il faisait Irop froid, mais subissant toutes les intempérie3, ne recevant aucun soin dans leur jeunesse. Ils naissaient là où la mère se trouvait et voulait bien les déposer. L'étalon était en liberté au milieu de ses épouses ; on l'appelait le : Grignon. L'été, la Camargue était une vaste galette, crevassée, brillante d'efflorescences salines; et souvent, le Rhône éiant trop bas pour rentrer dans les canaux qui portent l'eau aux fermes (mas), il fallait amener troupeaux, manades, bêtes de travail jusqu'au fleuve pour les abreuver et. cela, quelquefois de 4, 5 et 7 kilo- mètres. En rentrant, les pauvres animaux avaient au si soif qu'au départ. L'herbe desséchée n'offrait aux Chevaux qu'une maigre pitance, et les voilà harcelés par les Mouches, Mouche- rons, etc.; aussi à certains moments perdaient-ils la tète, et l'on voyait la bande qui s'enfuyait tout à coup dans une course folle, sans but, pour s'arrêter essoufflée au bout de 7 et même 10 kilomètres. Allons, gardien, à cheval et vas rapatrier la manade ! Voici les moissons, c'était un dur moment, une rude épreuve pour nos Chevaux déjà éprouvés par le manque de nourriture, et la bataille contre les Insectes qui ne leur laissaient de répit ni jour ni nuit. Cependant manade et gardien partaient pour le Languedoc où on les louait pour le dépiquage des Céréales. Sur les aires, les gerbes étaient dressées, debout les unes contre les autres, et nos pauvres bêtes attachées deux par deux, enfonçant jusqu'au poitrail, trottaient en rond, grimpées sur un tas de gerbes, et détachaient ainsi avec leur sabot le grain doré de son épi. Ce rude travail, sous un soleil de plomb, n'était récompensé que par une nourriture inférieure, « bien bonne pour ces bêtes : rossalines », comme on les appelle encore de nos jours. L'hiver, nos pauvres bêtes souffraient encore : en temps de pluie, de l'eau partout; pas un endroit pour se reposer au sec. Puis la pluie ayant cessé, c'était alors le mistral glacé, l'herbe gelée, la nourriture qu'il fallait aller chercher au fond de l'eau en enfonçant le museau jusqu'aux yeux. Enfin le prin- temps ramenait la verdure et les Chevaux reprenaient bon poil ; les mères avaient du lait pour leurs nourrissons. 228 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ .NATIONALE D'ACCLIMATATION Est-il étonnant, après les souffrances que supportaient les Camarguais : intempéries, nourriture insuffisante et grossière, fatigues du travail de l'été, surmenage auquel rien ne les avait préparés, est-il étonnant, dis-je, que le Pur sang Camargue tût petit, maigre, mais dune* rusticité et d'une endurance extrêmes, car beaucoup mouraient poulains soit à cause de la faiblesse delà mère, soit à cause des intempéries qu'ils suppor- taient. Aussi seuls les robustes résistaient et ainsi se faisait une sélection qui ne laissait subsister que les tempéraments à toute épreuve. De là certaines qualités propres à la race. Le Cheval Camargue pur sang est de robe gris clair (les autres robes sont de très rares exceptions), souvent marquée de ladre. Sa taille ne dépasse guère lm30 à lm35 ; cependant elle est très notablement augmentée, lorsque, pris poulain, il reçoit une bonne nourriture, et est l'objet de soins particuliers. La tête est forte, carrée, les oreilles courtes, droites, écartées. Le développement des muscles masticateurs, soumis à des efforts continuels pour broyer une nourriture grossière et dure, explique la lourdeur de la ganache. Le chanfrein est droit. L'encolure courte, plate, quelquefois renversée. Le rein de carpe, mais souvent long et mal attaché. L'épaule droite, la croupe en pupitre, les hanches saillantes, jarrets droits, cuisses plates. Les extrémités sont généralement minces. L'on trouvait souvent autrefois des tendons faillis et fatigués, j'at- tribue cette tare à l'habitude que l'on avait d'entraver les Che- vaux pour la nuit. L'entrave était une corde doublée, formanl boucle par conséquent, et les deux bouts étaient joints par un gros nœud. La corde embrassait la jambe droite au-dessus du boulet, en plein milieu du tendon; elle était tressée de quelques tours entre les deux jambes, et la boucle servant «le boutonnière au noeud embrassait la jambe gauche. Le pied a une forme tout à fait caractéristique, il est rond el même souvent oblong dans le sens des lamelles de la corne: il offre ainsi une bonne base d'appui dans les terrains fangeux : c'est une adaptation au milieu, comme la dureté de la corne qui doit résister, l'été, à un terrain de brique cuite. Le Cheval Camargue trotte mal, ce qui n'est pas étonnant à cause de. son épaule trop droite, et de l'astragale empâté. Mais il galope bien et soutient des journées entières l'espèce d'entre- pas qui lui est propre, à foulées répétées, le genou se relevant LE CHEVAL GAMARGl i: ANCIEN RT AMÉLIORÉ 229 heaucoup et l'arrière-main suivant, dans une espèce de balan- cement qui évite au jarret de se plier. C'est à cette allure, nous rapportent les journaux de l'époque et M. Drouet dans son ouvrage, que deux éleveurs de Camargue, le marquis de Baroncelii etM. Marignan, ont accompli, en mars 1905, le raid d'Arles à Lyon. L'un partait des Saintes-Maries-de- la-Mer, l'autre de Massillargues. Ces messieurs avaient l'équi- pement à la Gardian. Le Cheval Sultan, pure race Camargue, au marquis de Baroncelli, portait 76 kilogs, il avait lm42 et quatorze ans. Le Cheval de M. Marignan, croisé Camargue- anglo-arabe portait 120 kilogs, avait lm50 et neuf ans. Partis le 2 mars à midi, ces Messieurs arrivaient à Lyon le G au soir, ayant parcouru 311 kilomètres. Sultan, pris au marais au mo- ment du départ, n'était pas ferré et n'avait aucune préparation : malgré cela, après quarante-deux heures trois quarts de route, les Chevaux n'accusaient aucune fatigue. Repartis de Lyon, fe 8 à une heure après-midi, ils étaient à Arles ayant fait 314 kilo- mètres en quarante-trois heures. Ils avaient accompli, pendant ce retour, l'étape de Montélimar à Saint- Vallier (82 kilomètres en onze heures. Le Camargue pure race ne se rencontre guère en ce moment que chez les propriétaires de manades de Taureaux. Son agilité, sa façon spéciale de faire des demi-tours sur lès hanches en s'écrasant sur les jarrets et sur le côté, lui permettant d'éviter les attaques du Taureau, le désignent tout particulièrement pour la garde de ces animaux. Il est sobre, endurant, mais souvent l'un mauvais caractère, ses défenses sont rudes et le proverbe ne ment pas, qui dit: « qu'il n'y a pas de bon Cheval Camargue qui n'ait eu son cavalier ». Le Cheval s'affole faci- lement ; devant un geste brusque, il perd la tête complètement. Voilà lé Cheval de mon enfance, le Pur sang Camargue. Il vit en liberté, n'étant l'objet d'aucun soin, subissant les intem- péries, la disette. Il est rude au dressage, a des qualités propres, comme la rusticité, l'endurance, qualités que le croisement ne semble pas avoir conservées à un si haut degré. Avons- nous bien fait, suivi la bonne route en croisant nos Chevaux, n'aurions-nous pas mieux fait peut-être en sélectionnant les meilleurs sujets de notre race et en leur donnant quelques soins? Nous avons vu le vrai Camargue dans son milieu d'autrefois, dans une Camargue sans routes, inondée l'hiver, desséchée 230 IH I.LKTIN DE LA SOCIETE NATIONALE \) ACCLIMATATION l'été ; nous allons voir maintenant, le milieu s'améliorant, le Cheval s'améliorer aussi dans une progression parallèle. La population de Camargue a conservé ses habitudes de généreuse hospitalité, autrefois si précieuse aux voyageurs. De nos jours encore, malgré la facilité des communications, le passant trouve toujours, dans les Mas, visage aimable et place à la tiible familiale. Quelle différence maintenant au point de vue de l'hygiène et du confort ; le cabanon tout en roseau, murs et Fi'g. I. — Altesse : demi-sang anylo-arabe. toiture, a laissé la place à la maisonnette bàlie à chaux et à sable. La propreté scrupuleuse des Provençales rend ces demeures pleines d'altraits; tout est lavé, ciré, brillant, même chez les plus modestes. Ce n'est que dans ce pays où Ton peut voir la crémaillière de la grande cheminée, astiquée et brillante comme de l'argent. Aussi, avec de meilleurs logements, ne voit-on plus sur la cheminée le pot de quinine où l'on venait puiser au premier frisson. La Camargue a ses roules empierrées et ses lignes de chemins de fer assurant de rapides et faciles communications ; les autos la sillonnent. Les machines à vapeur puisent au Rhône l'eau bienfaisante qui, par les canaux, va porler la fraîcheur, l'eau LU CHEVAL CAMARGUE ANCIEN ET AMÉLIORÉ 231 potable et la fertilité dans les champs nivelés. Si les proprié- taires ont fait de grands sacrifices pécuniaires, ils ont au moins a présent des prés, des luzernières ; les bords des marais donnent une herbe grossière, mais verte et appétissante. Plus de disette, ni l'hiver ni l'été. Les Chevaux, objets de meilleurs soins, trouvent des abris pour la nuit contre le froid et contre les chaleurs du milieu du jour en éle. Ces améliorations cullurales et d'hygiène on I pousse Fie Tourterelle : deuii-saug anglo-arabe. les éleveurs à améliorer leurs Chevaux, dès l'instant qu'ils avaient la possibilité de les nourrir, afin d'en tirer meilleur parti. En faire des Chevaux pour l'armée a été l'objectif. Au début, les juments reçurent des étalons, au petit bonheur, simplement pour se procurer un Cheval plus fort que la race du pays, en vue de l'atteler. Ces croisements furent presque tous fait, avec des Chevaux barbes, mais il y eut aussi des croi- sements avec des anglo-arabes, des pur sang anglais, anglo- normands, bretons ; ces trois derniers croisements n'ont donné que de piètres résultats, comme nous le verrons dans la suite. Avec le croisement du Cheval barbe, on obtint quelques bons produits ; en voici que nous avons eus chez nous, à Méjane, et 232 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION . dont je peux donc parler en connaissance de cause. Le « Lyon » fut notre premier Cheval vendu à la remonte : il était gris clair, d'un modèle peu élégant, mais bâti en bon serviteur; grande profondeur de poitrine, bon rein, membres forts, mais encolure courte et forte tète. Le « Cerf » , même origine, fortement bâti comme le précédent, mais moins commun, gris, a couru pendant dix ans sur tous les hippodromes de la région : Béziers, Nîmes, Avignon, Carpentras, L'Ile, Vauvert, etc., et toujours avec succès, battant même les pur-sang arabes. Ce Cheval arrivait comme il était parti, soutenant son même branle de galop rasant le sol ; il dépassait peu à peu ses concurrents et arrivait premier sans que son flanc eut un battement plus fort ou plus vite. Voici trente ans que se poursuit l'amélioration de nos Che- vaux et il y a desmanadesqui peuvent actuellement présenter à la remonte, non seulement de bons Chevaux, mais des Che-' vaux assez élégants, et que peuvent même monter des dragons.; Par les soins, la taille s'est accrue. Nos juments reçoivent maintenant les étalons du gouvernement et d'une façon' raisonnée. C'est ainsi que nous sommes arrivés dans certaines, manades à voir nos Chevaux classés comme demi-sang anglo- arabe. C'est le croisement de notre vieille race avec l'Arabe (je ne dis pas le Barbe), ou l'Anglo-arabe qui nous a permis peu à peu d'arriver au résultat actuel. Malgré le nombre d'années que nous donnons ces étalons, nous avons quelquefois un retour à la race primitive ; c'est tantôt dans l'ensemble du Cheval, tantôt dans son allure. Mais nous sommes arrivés à avoir des Chevaux trottant bien, et brillamment; ils passent bien la patte, avec énergie, trottent dans le jarret, ce qui est le contraire de la race primitive. Leur éducation en plein air, en demi-liberté, leur a conservé l'endurance, la rusticité. Voici leur vie actuelle : lorsque l'on voit une Jument près de mettre bas, elle ne va pas au marais, et on la met en liberté dans l'écurie de la manade. Dès le cinq ou sixième jour après sa naissance, voici notre poulain suivant sa mère avec le troupeau et ne rentrant que le soir; l'été, la nuit se passe dehors. Au sevrage, il est enfermé quelque temps dans une écurie ou une grange et là. avec ses pareils, il est toujours en liberté : on lui donne un peu d'avoine, de fourrage et de luzerne. Dès que les poulains sont remis de cette épreuve-, ils sont rendus à la liberté complète et se mêlent à la manade: nos animaux qui ont LE UHi VAL CAMARGUE ANCIEN ET AMELKHil : 233 souvent été caressés, et ont goûté l'avoine que leur offre leur gardien, sont, en liberté, d'une grande douceur, et n'envoient jamais de coups de pieds. On peut en toute sécurité passer au milieu d'eux, les pousser ou leur donner une tape sur la croupe. Mais voici l'âge de la remonte, il faut les mettre à l'écurie pour les préparer. Alors, pour un bon nombre, le caractère change; non pas le plus souvent par méchanceté, mais par ce que le Cheval, changeant de vie, est apeuré. Fig. 3. — Sortie de l'abreuvoir. Domaine de Méjane (Camargue . Quelques-uns se laissent facilement mettre le licol, distraits qu'ils sont par un peu d'avoine et dès que l'on a réussi à faire passer les oreilles, l'animal est pris, car deux ou trois hommes sont là qui tiennent la corde du licol, et si le Cheval se défend, il a affaire à forte partie. Pour quelques animaux plus méfiants, il faut les prendre au lazzo (sédéu). Les Chevaux plus ou moins récalcitrants sont amenés vers la crèche et la corde du licol est fixée à un fort anneau. En général, le Cheval se défend énergiquement, se jetant en avant, pointant, tirant au renard, etc. C'est par ce dernier acte qu'il termine sa résistance ; il tire, les quatre pattes raidies dans l'effort, puis au bout de quelques minutes, il tombe tout d'une 234 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION pièce sur le côté, et reste ainsi inerte quelques minutes; il est vaincu, c'est fini. Il s'agit maintenant, de lui donner confiance, de lui faire peu à peu le pansage. Pour cela, beaucoup de patience, de douceur, pas de mouvement brusque ou de paroles grondantes. Deux fois par jour, les Chevaux sont conduits, en main, à l'abreuvoir et c'est le moment choisi pour faire une partie de leur éducation. Ou les caresse, on les toise, on leur lève les pieds, on leur apprend à se placer, on les fait trotter en main. Tout cela se fait peu à peu, et, au bout de deux ou trois mois, les Chevaux sont prêts à être présentés à [la remonte. Ils onteu bonne nourriture, du pansage, ilsontle poil brillant, sont en bonne chair, presque tous sages et sachant trotter. La remonte les paie de 850à 1.100. Le Camargue actuel fournit même quelques Chevaux pour les régiments de dragons, mais c'est surtout à la cavalerie légère qu'ils sont affectés. Au début des achats de Chevaux camarguespour la remonte, j'ai entendu dire par des officiers que ces Chevaux suivaient difficilement la colonne au trot. Cela ne m'étonne pas, car autrefois le Camargue trottait mal; mais il n'en e>t plus^de même, et nos Chevaux ne méritent plus ce reproche. Comme je l'ai dit, beaucoup trottent brillamment et nos Chevaux ont des robes de couleur, ce qui était autrefois tout à fait exceptionnel. Presque tous les Chevaux vendus à la remonte, sont fils de mères ayant déjà du sang arabe et d'étalons arabes, anglo- arabes et beaucoup de demi-sang anglo-arabes. Je crois que les éleveurs de Camargue feront bien de s'en tenir là pour le moment. Y aura-t-il avantage plus tard, lorsque noire race demi-sang anglo-arabe sera mieux confirmée, de donner le pur sang anglais? Mon opinion personnelle n'est pas que l'on doive entrer dans cette voie, car ayant affaire, alors, à des animaux plus affinés, plus délicats, il faudra ou renoncer à notre mode d'élevage rustique, à demi sauvage, nécessitant peu de frais, ou bien continuer ce mode d'élevage, mais alors nos produits délicats supporteront-ils la nourriture grossière, la vie rude et ne dégénéreront-ils pas à bref délai. Continuons notre mode d'élevage, rationnel pour notre pays, profilant des pâtu- rages qu'il nous offre et conservons nos Chevaux qui s'en contentent. Nous pouvons ainsi faire œuvre patriotique, en fournissant de bons Chevaux à l'armée à des prix qui nous satisfont, et qui devraient être beaucoup plus élevés, si nous .ivions un autre mode d'élevage. LL CHEVAL CAMARGUE ANCIEN ET AMÉLIORÉ 235 Quant aux croisements faits avec d'autres races que l'arabe, anglo-arabe ou demi-sang anglo-arabe, ils n'ont pas donné de bons résultats et il y en a extrêmement peu de sujets dans le pays. Le Syrien a élé aussi un peu délaissé, car il donnait de petits sujets comme furent tous les produits de Nedji. Les fils de l'étalon normand, très peu nombreux, ne sont presque jamais pris par la remonte; ceux de l'étalon breton sont devenus très rares, ce qui prouve aussi le peu de satisfaction que l'on a eu de ce croisement. J'ai connu une manade qui avait autrefois presque toutes ses juments ayant du sang breton et en ce moment je ne connais en Camargue que deux sujets ayant ce croisement. Le Dr Drouet nous dit qu'on peut évaluer approximativement au chiffre total de 1.400 (Chevaux, Poulains et Jumenis de tout âge) dont 800 Camargues amélio- rés, la population chevaline de la Camargue. LES CHEVRES D'ANGORA Par IPSAN ABDIN de l'École vétérinaire militaire de Constantinople. Les Chèvres d'Angora sont appelées en langue turque Tiphti- que-quetchisi, c'est-à-dire Chèvre (quetchi) à bonne laine (tiphtique.) On rencontre la race d'Angora dans les régions suivantes : en Asie Mineure, entre les rivières de Kizil-Irmak et Sivri- Hissar, aux environs de Zafranboli et de Kastamonie, mais principalement dans la province d'Angora. Ces Chèvres s'acclimatent difficilement dans les pays très chauds; elles préfèrent vivre dans les régions montagneuses où le climat est tempéré. La province d'Angora est à une altitude moyenne de 1.100 mètres, ce qui lui assure, même pendant l'été, un climat frais. En hiver, le thermomètre des- cend souvent à — 18 degrés et les Chèvres sont très sensibles aux changements brusques de température. Reaucoup d'Européens ont essayé d'acclimater la race d'An- gora dans diverses régions; ces tentatives n'ont pas donné de bons résultats; dès la deuxième portée, la qualité de la laine s'altère sensiblement et le climat paraît être la cause princi- pale de cette modification. Parmi ces essais, il convient de citer par ordre chronologique ceux faits en J76o, en Espagne; en 1787, en France, notamment dans la région des Alpes; en 1830, en Espagne, dans les montagnes de l'Escurial près de Madrid; en 1864, en France, par la Société d'Acclimatation. Dans le centre de l'Allemagne, en Suisse (Alpes Rémoises) et dans le Tyrol, les résultats obtenus ont. été assez bons; des Chèvres d'Angora furent élevées à Constantinople, mais dès la troisième portée, la modification du poil était déjà fort sensi- ble. Par contre, la race réussit parfaitement au Cap, dans l'Afrique du Sud. La conclusion des essais nombreux qui furent faits est que les Angora ne peuvent supporter ni le froid excessif ni la cha- leur surtout lorsqu'elles sont tondues. Les origines de la race ne sont pas encore bien établies; à notre avis, on ne sait exactement d'où proviennent ces ani- maux qui n'existent que depuis deux cents ans environ. On i.i's chèvres d'angora 237 croit que la race est venue de la province de Van aux confins de la Turquie d'Asie et de la Perse. En Perse, malgré les magnifiques tapis que livre l'industrie, la laine est de beaucoup inférieure à celle de l'Asie Mineure. Les Chèvres d'Angora ont vraisemblablement été importées par les Turcs qui partirent des plateaux du Thibet et fondèrent plus tard l'Empire ottoman. Caractères. — La Chèvre d'Angora est de poids moyen et d'une taille de OmQ0 à 0m(>5. Les cornes sont rejetées en arrière et spiralées; la robe est blanche; on y rencontre rarement des taches noires; les mamelles sont pleines et arrondies sphéroïdes). La laine très blanche, très longue et soyeuse est formée de mèches ondulées et tombantes; c'est en hiver qu'elle est la plus jolie; la tonte a lieu au printemps en mars et avril (i). A partir de quatre ans, la laine diminue de qualité; c'est à l'âge d'un an qu'elle est la meilleure. Chaque Chèvre donne par an de un à deux kilogrammes de laine. Production. — L'Asie Mineure compte environ 800.000 Chè- vres de véritable race Angora ; la moyenne est de cent Chèvres pour un mâle. Durant tout l'hiver, les Chèvres quittent la zone monta- gneuse et sont entretenues dans lesétables. Elles y sont nour- ries de foin, de paille et de son; d'une manière générale, elles consomment beaucoup d'herbes sèches. Les producteurs livrent annuellement à l'industrie près de .'J00.000 kilogrammes de laine. Le prix de cette matière pre- mière a baissé énormément à cause de la concurrence du mar- ché africain du Cap; le kilogramme qui valait autrefois vingt francs n'est plus payé aujourd'hui que trois ou quatre francs. La quantité produite en Asie Mineure a également diminué; de un million de kilogrammes, elle est tombée à cinq cent mille. Cette diminution a pour cause l'autorisation consentie par le 1) M. Crepin a présenté à la sous-section d'Etudes caprines un échan- tillon de laine d'Angora qui, mesuré au microscope, a donné les diamètres -uivants : minimum 35 p., maximum 42 - P.P. 238 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION sultan Abdul-Hamid à l'exportation de ces animaux, autorisa- tion qui a porté une grave atteinte à la production indigène. Ce n'est qu'à dater de la Constitution de 1908, que le Gouverne- ment jeune turc s'est occupé de cette question et a interdit l'exportation. Grâce à cette mesure, il y a lieu de compter sur le relèvement de la production lainière, qui remontera dans quelques années à son ancien niveau. Sur les marchés d'Angora, nous trouvons beaucoup d'Amé- ricains et d'Anglais; ces derniers profitent du bas prix pour acheter des laines; la principale richesse du pays est l'élevage et comme l'argent est rare dans ces contrées, les éleveurs ven- dent de suite leur produit pour se procurer du numéraire. Exportation et Industrie. — Le commerce d'exportation se fait principalement par les ports de Tequa Four-Dagui sur la mer de Marmara et de Salonique sur la Méditerranée. Le premier a exporté en 1903 : 15.000 kilos de peaux de chè- vres et 20.000 kilos de laine pour divers pays. Le second possède un trafic beaucoup plus important qui s'est élevé en 1903 à : 786 tonnes de peaux de Chèvres, évaluées à 1.535.000 francs; 280 tonnes de peaux de Chevreaux, éva- luées à 1.143.000 francs. De ces 280 tonnes de peaux de Chevreaux, 134 ont été diri- gées sur la France et les 146 autres sur l'Amérique. 100.000 kilos de laine restent en Turquie et sont livrés à l'industrie qui transforme la matière première en fils de laine qui sont envoyés en grande partie en Hollande. En outre, l'industrie prélève encore 50.000 kilos pour la fabrication des lapis. (Tapis de Smyrne et de Conia.) Il existe en Orient, pour la fabrication des étoffes riches, deux grandes fabriques appelées Hereké et Cara-Moursel. En Asie Mineure, près de Sansouné, il y a un village nommé Cara-Arslan qui produit les meilleures étoffes connues sous le nom de Angora-Sophi. Ces étoffes sont d'un tissu brillant et >nlide, rendu imperméable par un procédé spécial de tissage, qui est comme le secret des tisserands de Cara-Arslan et de Stanos. Les Chèvres qui habitent la province de \ an, donnent une meilleure laine que celles d'Angora: mais ces dernières, don! la toison mesure 25 centimètres, portent une laine plus lon- gue. EN UME RATION DES PLANTES CULTIVÉES PAR LES INDIGÈNES EN AFRIQUE. TROPICALE ET DES ESPÈCES NATURALISÉES DANS LE MÊME PAYS ET AYANT PROBABLEMENT ÉTÉ CULTIVÉES A UNE ÉPOQUE PLUS OU MOINS RECULÉE Par Aug. CHEVALIER Suite (1). PÉDALINÉES. Sesamum indicum L. — Originaire des Indes orientales- Cultivé pour ses graines oléagineuses dans presque toutes les régions de l'Afrique tropicale, spécialement dans les pays de savanes. Présente d'assez nombreuses variétés. Sesamum alatum Thonn. — Origine inconnue. Naturalisé au- tour des villages dans une grande partie de l'Afrique tropicale. Kn certains villages de la Côte d'Ivoire, les femmes ensemencent encore l'espèce autour de leurs cases. Les feuilles desséchées de cette espèce entrent fréquemment dans la préparation de la cuisjne indigène. On leur substitue parfois les feuilles du Ceratolheca sesamoïdes Endl., spontané dans la zone soudanaise. Sesamum angustifolium Engler. — Origine inconnue. Parfois naturalisé autour des villages comme l'espèce précédente. Nous l'avons observé dans ces conditions aux environs de Djougou (Dahomey). Les feuilles servent aux mêmes usages que celles do l'espèce précédente. ACANTHACÉES. Hygrophila spinosa T. Anders. — Spontané en Afrique et en Asie tropicales. Cette espèce est cultivée dans le Haut-Oubangui autour des villages, par les Bandas et les Mandjias, pour la pro- priété qu'elle a d'être riche en sels de soude. Les indigènes brûlent la plante et en obtiennent par lessivage un sel con- sommé dans le pays. (li Voir Bu/letiii, 1>' et 15 février, ï" mars 1912. 240 bulletin de la société nationale d'acclimatation Verbénacées. Lantana Catnara L. — Originaire de l'Américjue tropicale. Cette plante, importée par les Européens, commence à se répandre en divers points de l'Afrique occidentale, spécialement à proximité des villes : Dakar, Conakry, Bingerville, Porto- \ovo,Abomey: elle a déjà envahi les abords de certains vil- lages de l'intérieur. Les indigènes n'ont aucune influence sur sa dissémination et ne font aucun usage de cette plante, qui peut devenir un fléau pour l'agriculture. Duranta Plumici /Jacq. — Originaire de l'Amérique tropicale. Employé par les Européens, au Sénégal et dans la Basse-Guinée française, pour faire des haies. Les indigènes en plantent aussi autour de leurs cases. Vitex cuneala Schum. et Thonn. — Spontané en Afrique tro- picale. En beaucoup de villages du Soudan nigérien et du Dahomey, les indigènes conservent cet arbre autour de leurs cases à cause des fruits comestibles et des jeunes pousses pou- vant être mangées comme brèdes. Labiées. Ocimum Basilkum L. — Originaire de l'Asie tropicale. Natu- ralisé en quelques points de la Côte, où il a été apporté par les Européens. Ocimum canum Sims. — Origine asiatique. Répandu à proxi- mité des villHges de presque toute l'Afrique tropicale, parfois avec les apparences d'une plante spontanée, mais il est pro- bable qu'elle est simplement naturalisée. En quelques villages des régions forestières, les femmes ensemencent encore l'espèce, considérée comme médicinale. Ocimum viride AVilld. -- Origine inconnue. Naturalisé et par- fois ensemencé par les indigènes autour des villages, spécia- lement dans les territoires de forêt vierge cl dans les régions avoisinanles. Coleus roliindifolius (Poir.) A. Chev. - Oussounifing. Ori- gine inconnue. Cultivé par les indigènes clans le Soudan nigé- rien, le Mossi, dans la Nigeria du Nord, au Gabon, dans le IFaut-Oubangui et le llaut-Chari. Présente trois variétés prin- cipales que nous avons précédemment décrites. CoJi'us Duzo A. Chev. -- Origine inconnue. Cultivé au Mossi PLANTES CULTIVÉES EN AFRIQUE TROPICALE t\\ Soudan français), au Congo, région de Brazzaville, dans le llaut-Oub mgui et le Haut-Chari. Tubercules comestibles. Colins langouassiensin A. Chev. — Origine inconnue. Cullivé dans la région du Haut-Oubangui. Paraît très voisin de Coleus Dekindtianus Gùrke. de l'Angola. Coleus edulis Lamk. — Spontané et cultivé en Aibyssinie, d'après Richard. Hrjpiis spicigeru Lamk. — Origine incertaine. Cependant l'espèce nous a semblé spontanée dans la zone soudanaise de l'Afrique tropicale, à moins qu'elle ne soit naturalisée à la suite d'anciennes cultures. Aujourd'hui encore, elle estcultivée en grand pour ses graines oléagineuses en diverses régions de l'Afrique tropicale : Guinée française, Haut-Oubangui, Haut- Chari, Hahr-el-Ghazal. Menlha vubra Sm. — Hybride d'origine européenne. Nous avons observé en 1899 cette espèce plantée par les indigènes autour des mares de Tombouctou. Elle avait probablement été apportée des oasis sahariennes. La Menthe serait aussi cultivée au Ouadaï. M. Chudeau a aussi trouvé dans le Sahara, à l'état spontané, le M. syloestris Desf. Nyctagijnéks. t Mirabilis Jalapa L. — Originaire du Pérou. Aujourd'hui natu- ralisé en quelques points de la Guinée française, de la Côte d'Ivoire et du Bas-Dahomey. Les indigènes ne connaissent pas d'usage à cette plante et nous ignorons les raisons qui l'ont fait introduire et transporter parfois assez loin dans l'intérieur. Dans un village du pays Dyola, près des sources du Cavally. c'est-à-dire à plus de 300 kilomètres de la mer, nous avons observé quelques individus de cette espèce croissant sur des décombres : les indigènes les considéraient comme fétiches. Amarantacées. " Amaranthus caudalus L. — Origine asiatique. Espèce non spontanée en Afrique et ne s'y naturalisant même pas. Elle s'y rencontre à l'état cultivé autour des villages d'un grand nombre de pays. Nous avons observé des formes à feuillage vert et d'autres à feuilles et inflorescences pourpres. Ce n'est pas pour la graine, comme dans l'Inde, que la plante est cultivée en Afrique, mais bien pour les feuilles, qu'on mange comme l'Epinard et qui entrent dans la confection des sauces. BL'LL. SOC. RAT. ACCl.. FH. 1912. — 16 2i'2 BULLETIN M! LA SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION Gomphrena globosa. L. — Originaire de l'Amérique du Sud. Observé autour des cases indigènes dans quelques villages de la Basse Côte d'Ivoire et du Bas-Dahomey. Introduction récente provenant des parterres européens. La plante n'a pas d'usages et est considérée par les indigènes comme fétiche. Celosia argentea L. — Originaire de l'Asie tropicale et du Pacifique. Cultivé et naturalisé à travers les lougans ou sur l'emplacement des anciens villages. Nous l'avons observé crois- sant dans ces conditions à la Côte d'Ivoire, au Dahomey, au Congo, dans le bassin du Chari. Feuilles utilisées comme brèdes. CllÉNOPODIACÉES. Basella alba L. — Originaire de l'Inde. Nous ne l'avons pas observé à l'état cultivé en Afrique trop>cale en dehors des jar- dins européens, mais Baker et Clarke (FI. of trop. Africa, VI, p. 94) le mentionnent à Sierra-Leone, en Abyssinie, dans l'Usam- bara et jusque dans le pays des Niams-Niams (Congo bel^e). Basella rubra L. — Originaire de l'Inde, cette plante n'est qu'une race fixée de l'espèce précédente, à laquelle la plupart des auteurs la rattachent. Nous l'avons observée naturalisée et cultivée par les indigènes à Djougou, au pied des monts Atacora (Haut-Dahomey). Les feuilles, comme celles de l'espèce pré- cédente, se mangent en guise de brèdes. Chenopodium ambrosioides L. — Europe méridionale. Espèce cultivée comme vermifuge ou comme plante fétiche dans le Bas-Dahomey; parfois naturalisée autour des villages de cette colonie. Nous avons vu en 1010 quelques plants de cette espèce autour des tombeaux des rois du Dahomey, à Abomey. Ricinus communis L. — Originaire de la région méditerra- néenne. Naturalisé aujourd'hui autour de presque tous les villages de l'Afrique tropicale. La plante n'est jamais ense- mencée par les indigènes et ses produits ne sont pas utilisés. On rencontre dans l'Ouest africain deux races principales, Tune h feuillage vert, l'autre à feuillage pourpre. Il convient d'ajouter ici une Euphorbiacée que nous n'avons encore pu déterminer et qui est cultivée au Bas-Dahomey pour ses graines oléagineuses. C'est une plante herbacée grimpante, ù feuilles ovales, à fleurs mâles comprenant de nombreuses étamines, à Heurs femelles tétra-mères. I suivre.) EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS IIIe SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE DU 15 JANVIER 1912 Présidence de M. Kavcrel-Waltel, président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. A l'occasion du procès-verbal, M. Raveret-Waltel fait con- naître qu'il a parcouru les nombreux Reports de la Commission fédérale des Pêches, dans l'espoir d'y trouver des renseigne- ments sur l'élevage des Grenouilles aux Etats-Unis. Mais il n'a guère relevé que quelques indications sur la consommation faite de ces Batraciens dans divers Etats de l'Union, notam- ment les suivants : New-York, Vermont, Missouri, Indiana et Arkansas. La quantité vendue s'élèverait annuellement à plus de 300. 000 livres, d'une valeur totale de 22.900 dollars, soit environ 115.000 francs. Quelques essais d'élevage ont bien été tentés sur divers points; mais il a fallu promptement les abandonner, par suite de l'impossibilité de nourrir convenable- ment les Grenouilles, postérieurement au stade larvaire. On a été plus heureux dans la propagation de ces Batraciens dans des régions où ils n'existaient pas, notamment aux îles Hawaii. En 1899, quelques douzaines de Grenouilles-Bœufs {Rana catesbiana) provenant de Californie, ont été expédiées à Hono- luhu, à Hilo et dans l'île Kahuai, où l'espèce s'est rapidement multipliée, au point de constituer un article de commerce. Sa propagation a été particulièrement profitable au point de vue de la destruction de différents Insectes nuisibles. Elle a aussi contribué à réduire considérablement l'abondance des Douves {Fasciold hepatka) qui infestaient les eaux stagnantes et les herbes des prairies mouillées, où les bestiaux se contaminaient très vile. Depuis l'introduction des Grenouilles-Bœufs dans plusieurs îles de l'Archipel, les troupeaux d'ovins et de bovins ont beaucoup moins à souffrir des attaques de ce distome, qui infligeait souvent de grosses pertes aux éleveurs. Au sujet de l'élevage des Grenouilles, M. Le Fort signale la 241 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION distinction faite par les marchands des Halles entre les Gre- nouilles dites de parc et les Grenouilles de pêche, les pre- mières atteignant un prix beaucoup plus élevé que les secondes. 11 demande sur quoi se base une pareille .distinction. Comme complément au procès-verbal, M. Le Fort signale un entrefilet du Journal des Halles et Marchés où Ton note l'ar- rivée à Lorient de deux dundees de pèche retournant des côtes marocaines avec des pèches exceptionnelles. M. le Dr Pellegrin avertit la Section, qu'il a écrit à M. Serre, consul de France à Montevideo au sujet des Pesce-rey ainsi qu'il avait été convenu dans la précédente séance. M. Louis Houle présente, au nom de M. de Drouin do Bouville et au sien, deux exemplaires de Leucaspius delineatus Heck., récemment recueillis dans un étang voisin de Lunéville; ce Poisson est nouveau pour la faune française; on ne l'avait signalé jusqu'ici que dans le centre et l'ouest de l'Europe. Sa pré- sence en France est le résultat d'une acclimatation accidentelle, le propriétaire de l'étang l'ayant importé avec des alevins de Tanche. M. Louis Houle signale, à ce sujet, les curieux caractères de Leucaspius quant à la brièveté de la ligne latérale, et il signale la nécessité de changer le nom spécifique adopté par les auteurs allemands pour lui substituer celui de Leucaspius sti/mphalicus donné en premier lieu par Cuvier et Valen- ciennes. A propos de la communication ci-dessus, M. Raveret-Wattel se demande si l'on ne pourrait tirer partie de la grande prolili- cité des Leucaspius pour la nourriture de Poissons voraces et en particulier de Black-Bass si difficiles à alimenter autremenl que de proies vivantes. M. le Fort signale l'emploi déjeunes alevins de Cyprinidés. L'emploi de Vers de farine proposé a contre lui la lenteur de croissance de ces larves. M. Debreuil expose quels sont les inconvénients et les dan- gers que présente l'usage des asticots pour la nourriture des Poissons. Ces larves, souvent souillées de sanie, peuvent causer la mort du Poisson qui les a ingérées. Il faut donc les nettoyer avant de les distribuer au Poisson. M. Debreuil attire l'attention de ses collègues sur l'excur- EXTRAITS DKS PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 243 sion projetée dans l'Italie septentrionale, durant laquelle Ton visiterait les principales exploitations piscicoles. 11 prie ses collègues de s'inscrire de bonne heure, ce qui facilitera les dispositions à prendre. Le Secrétaire, Dkpax. Ve SECTION. — BOTANIQUE. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1911 Présidence de M. D. Bois, président. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 20 novembre; la rédaction en est adoptée. Au sujet de ce procès-verbal, il est donné les indications suivantes : 1° M. Bois fait connaître la réponse que lui a adressée M. Lesne relativement à l'échantillon de Saule envoyé par M. de Chapel. « La cécidie (1) des Saules que vous m'adressez est déter- minée par un Diptère de la famille des Cécidomyides, le Rhab- dophaga rosaria H. Lôw., dont la larve rouge pâle vit au centre de la rosette anormale des feuilles. Cette déformation s'observe sur un certain nombre d'espèces de Saules. » 2° M. Maurice de Vilmorin dépose une notice bibliographique sur l'un des ouvrages qui lui avaient été remis [V Année fores- tière); 3° M. Gérôme fait connaître que la Poire citée par M. Debreuil n'est pas Adèle de Saint-Denis, décrite par André Leroy dans son Dictionnaire de pomologie, et qu'il faudrait avoir un échan- tillon de ce fruit pour permettre son identification. M. Bois présente l'ouvrage publié par M. Gibault, bibliothé- caire de la Société nationale d'Horticulture, intitulé : Histoire des légumes, et il dépose une notice bibliographique qui sera insérée au Bulletin. Les échantillons déposés sur le bureau, apportés par (1) On nomme cécidie une déformation produite sur un organe végétal par la présence d'un parasite; elle résulte de la réaction du végétal sous l'influence du parasite, qui peut être un Champignon ou des parasites anormaux. "246 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d"aCCLIMATATIOX M. Debreuil, sont un Melon, un rameau en fruit de S'uilax aspera, et une jeune tige de Châtaignier préparée en vue d'une utilisation particulière, la fabrication des cannes. Ces sortes de cannes, dit M. Debreuil, sont la base d'une industrie peu connue du grand public; à l'aide d'outils spé- ciaux, des dessins variés sont incrustés dans l'écorce de rejets de trois ans de jeunes tiges de Châtaignier. L'échantillon présenté provient d'une forêt des environs de Triel. M. Chappellier rappelle qu'il y a quelques années les outils spéciaux d'une des maisons s'occupant de la préparation de ces cannes lui furent volés par une maison concurrente; cette industrie est assez importante; elle n'utilise pas seule- ment les rejets qui se développent après recépage, mais elle provoque même des cultures spéciales, en pépinière, de Châ- taignier sur tige unique. Le Smilax aspera, déterminé par M. Bois, a été observé par M. Debreuil à la devanture de fleuristes parisiens, qui utilisent celte plante pour la garniture des tables. C'est une Aspar.iginée de la région de l'Olivier, sarmenteuse, à lige grêle, flexueuse. grimpante, portant des feuilles échancrées en cœur à la base, coriaces, persistantes et luisantes. La plante est dioïque; le pi-. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION H. — Plantes oléifères. Ce deuxième chapitre comprend : l'Olivier, Cocotier, Arachide, Palmier à huile, Sésame, Ricin, Karité, Arganier et plantes oléifères diverses. III. — Plantes saccharifères. Ce troisième chapitre traite de la Canne à sucre et des plantes sacchanfères diverses, et Vin de Palme. IV. — Plantes fourragères. Arachide, Bananier, Dolic bul- beux, Haricot, Herbe de Para, Herbe de Guinée, Maïs, Manioc, Mil et Sorgho, Patate, Soya, Téosinte. V. — Les Bois. Bois <• des îles », Acajous, Ébène, Palissandre, Gayac, Thuya, Bois d'Amboine, Bois de rose, Bois de santal^ te. VI. — Plantes textiles. Cotonnier, Kapok, Jute, Ramie, Abaca, Agaves, Textiles divers; Sparterieet vannerie, Plantes à papier. VU. — Plantes tinctoriales et substances tannantes. Indi- gotier, Bois de Campêche, Rocou, Cunao, Cachou, Gambir, Henné, Savonniers, Matières tannantes. VIII. — Plantes a caoutchouc et a gutta. Hevea,Ceara,Cas- tilloa, Mangabeira, Ficus, Lianes à caoutchouc; Gutta-percha; Balata. IX. — Gommes, Résines, Oléo-résines. Gommes-résines. Gomme arabique, Résines (Sandaraque, Copals, Damars), Dipté- rocarpées; Oléo-résines fluides; Gomme gutle; Plantes à laque. X. — Essknceset parfums, a) Fruits et graines (Vanille, Fève tonka, Badiane, Muscadier, Ambrelte); b) Fleurs (Cassie, Giro- flier, Ylang-Ylang); c) Feuilles (Géranium rosat, Patchouly, Ci- tronnelle, Eucalyptus, Niaouli) ; d) Bois (Bois de rose femelle, Santal, Boit> d'Aigle, Bois d'Aloès); e) Ecorces (Cannellier); f) Racines (Vétiver); g) Résines (Encens, Myrrhe, Benjoin). XI. — Plantes et produits stupéfiants. Tabac, Opium, Has- chich, Arec et Bétel. XII. — Plantes médicinales. Quinquina. Kolatier, Coca, Maté, Camphrier, Casse, Tamarinier, Quassia amara. Chacun connaît, au moins de nom, une quantité plus ou moins grande de ces divers produits végétaux, mais beaucoup ignorent la nature exacte de beaucoup d'entre eux, leur identi- lication scientifique, leur lieu de provenance, l'importance de leur production et de leur commerce. Ce sont tous ces renseignements, qu'on ne trouvait qu'épars dans des ouvrages spéciaux, qui sont condensés dans l'ouvrage BIBLIOGRAPHIE 253 de MM. Capus et Bois, sans que la lecture en devienne aride. Le sommaire ci-dessous des paragraphes consacrés à deux plantes bien connues : lliz, Caféier, donnera une idée de la façon dont les questions sont envisagées : Riz. --Origine et historique; Botanique, espèces et variétés: culture du Riz en Indo-Chine; opérations culturales; succes- sion des récoltes ; importance de l'irrigation; rizières hautes; Riz de montagne; Riz gluant; Riz flottant; rendement des rizières; engrais; ennemis des rizières; industrie du Riz; usages du Riz ; production et commerce. Caféier. —Historique, botanique; Café d'Arabie; variétés: climat et sol; conduite des cultures; semis; récolte et rende- ment; préparation du Café; maladie du Caféier; Café de Libéria) espèces diverses; production et commerce du Café; sortes commerciales ; propriétés. Il est tout naturel que toutes les plantes citées plus haut, ne soient pas traitées avec autant de détails ; ceux-ci sont propor- tionnés à l'importance du sujet. La deuxième partie de l'ouvrage (produits du règne animal est divisée en sept chapitres qui sont : I. La Soie; II. Les Plumes; III. L'Ivoire; IV. Produits des pêcheries; V. Produits divers d'origine animale (Gomme laque. Cochenille, Nids d'Hirondelle, Musc, Civette, etc.); VI. Pro- duits de l'élevage; VII. Apiculture. La troisième partie s'occupe des Minerais, des Phosphates de chaux et des combustibles. C'est, comme on le voit, un inventaire méthodique des pro- ductions coloniales, mais un inventaire scientifiquement fait, dans lequel ces productions se trouvent à la fois sous leurs noms vulgaires et sous leur nom scientifique, le seul qui per- mette d'en parler avec précision. L'ouvrage est illustré avec le plus grand soin (263 figures dans le texte). On ne peut que féliciter et remercier les auteurs de cet excellent livre; il sera utile à tout le monde, mais l'hor- ticulteur, l'amateur et l'acclimateur pourront lui faire une place à part dans leur bibliothèque. ,1. Gérôme. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Les ventes publiques d œufs du Grand Pingouin. Une nouvelle nourriture pour les Salmouidés. Aux consommateurs qui se plaignent dans ce moment de payer les œufs un peu cher, nous recommandons, en guise de consnlaiion, la ^lecture d'une curieuse brochure de M. Thomas Parkin, dans laquelle ce membre de l'Union des ornitholo- gistes de la Grande-Bretagne a relevé les prix auxquels ont été adjugés certains œufs à la salle de vente aux enchères de Ste vens, l'Hôtel Drouot de la ville de Londres*. On verra qu'un œuf peut trouver acquéreur à 8.267 francs, et que d'autres ont fait individuellement 7.875, 7.350, 7.600; ne parlons pas de ceux qui n'ont atteint que les prix de 4, 5 et 6.000 francs en bonnes espèces sonnantes. 11 faut dire que ces œufs ont été les derniers pondus par le Grand Pingouin avant de disparaître de la surface du Globe, ce qu'il fit aux environs de l'année 1844. C'est vers cette époque qu^ le dernier, dont on ait eu connaissance, a été tué sur un des îlots qui se trouvent sur les côtes de l'Islande. Autrefois, le Grand Pingouin, dont la taille approchait de celle de l'Oie, vivait en troupes nombreuses dans les mers du Nord et venait même nicher dans les îles Feroë et Hébrides; il y arrivait par eau, ayant des ailes trop courtes pour voler, mais, quoiqu'il n'y eût pas alors de tor- pilleurs italiens pour entraver la navigation, le Grand Pingouin avait le malheur d'êire excessivement gras et de fournir une huile abondante. Pourchassé sans trêve ni merci dans son habitat par les baleiniers qui fréquentaient ces parages, il avait tini'par devenir un oiseau rare dont les collectionneurs d'objets d'histoire naturelle se sont évertués à capturer les derniers survivants. Aujourd'hui, c'est fini et nous ne connaîtrons le lirand Pingouin que par les spécimens conservés dans les musées. Hélas! le compte en est bien facile. On ne connaît que quatre-vingts Grands Pingouins empaillés et il n'existe que soixante et onze de ses œufs dans les collections publiques ou particulières. On conçoit donc que lorsque quelques-uns de ces spécimens se présentent dans les ventes, les amateurs se les disputent et les paient au poids de l'or. Chacun de ces œufs CHRONIQUE GENERALE ET FAITS DIVERS J.'\'> porte un numéro d'ordre et il s'en faut de peu qu'on ne leur donne un nom dn baptême. Le numéro IX fut payé 2.500 francs en juillet 18< bographiques représentant la lamentable dévastation d'une héronnière australienne où les chasseurs étaient venus « ra^ masser » des plumes, et la misérable agonie d'innombrables jeunes Oiseaux à côté des cadavres de leurs parents. Ces cli- chés, naguère exposés à Melbourne, y soulevèrent une telle indignation que la législation fédérale vient d'interdire l'exportation des plumes d'Aigrette et l'importation des plume-, venant de la Nouvelle-Guinée où le massacre continue. Et, savez- vous quel est le tableau du marché de Londres, pour d'aulres Oiseaux, trop beaux pour vivre : 28.281 Oiseaux de Paradis — 20.820 Oiseaux-Mouches— 27. 733 Gouras — 28.615 Martins-pêcheurs — 69. HO Hirondelles de mer, en un an. Voilà, Mesdames, à quelles cruautés peuvent conduire les entraînements de la mode. Vous vous pardonnerez à demi d'avoir fait passer un fort mauvais quart d'heure au commerce des tissus en rétrécissant vos robes et en simplifiant les vête- ments cachés qui vous en séparent, ce qui vous a permis de payer plus cher le génie de vos couturiers; mais vous avez bon cœur : je suis bien certain que celles d'entre vous qui, avant d'entrer ici, avaient envie de porter une Aigrette en diffé- reront l'achat; que celles qui en portent déjà jetteront ce soir sur elles un regard mélancolique, sauf peut-être à en acheter de plus belles demain dans un stock qu'il ne faudrait pas laisser perdre ; on ne doit pas trop demander, et comme lorsque vous exprimez un désir, on a pour vous toutes les faiblesses, voilà qu'on s'occupe de satisfaire votre goût sans qu'il soit néces- saire de rien massacrer. On songe à fonder un prix considé- rable en faveur de celui qui aura réussi à élever les Aigrettes, comme on élève au Cap les neuf cent mille Autruches qui font la fortune de ce pays. Mais peut être, avant qu'on ait réussi, vos beaux veux se seront tournés vers d'autres horizons. On dit que vous revenez à la fleur : les Oiseaux ne peuvent que s'en féliciter et aussi ce genlil peuple de petites fées qui, sans verser d'autre sang que celui qu'une aiguille malencontreuse peut faire couler du boul de leurs doigts, savent tout comme le printemps, suivant l'expression de Théophile Gautier, repasser pour les marguerites de blanches collerettes, ciseler des boutons d'or et lacer les roses naissantes dans leur corset de velours vert. 268 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Quoi qu'il en soit, ce qu'il imporle de retenir c'est que les ressources de la Nature ne sont pas inépuisables. Quand les hommes étaient encore peu nombreux, quand ils n'avaient que des armes grossières et de faible portée, quand leurs outils de pierre ou de bronze leur permettaient à peine de se glisser tout épeurés, par un chemin entr'ouvert, dans les forêts mysté- rieuses et peuplées de puissants rivaux; quand à sa misérable marche de piéton les hautes montagnes, les grands fleuves, les déserts opposaient des obstacles insurmontables, la Nature pouvait se défendre, et il était le plus souvent le vaincu. Avec les moyens dont il dispose aujourd'hui, il est presque toujours le vainqueur; mais il payerait chèrement sa victoire s'il en abusait. L'équilibre qui, par un travail plus de mille fois sécu- laire, s'est établi sur la Terre entre les êtres vivants, ne peut être impunément rompu : nombre d'animaux, en effet, tra- vaillent pour nous à notre insu. On prétend que si le Tigre disparaissait, la pullulation des Cerfs et des Antilopes rendrait l'Inde inhabitable. La Beauce n'a ni arbres ni clochers où puissent s'abriter les Oiseaux de nuit, mangeurs de Rats; elle est périodiquement envahie par les Mulots. A une certaine époque, on réussit, en Angleterre, à supprimer les Moineaux ; il fallut les réintroduire pour mettre un terme aux dégâts des Insectes. Que serait-ce si nous laissions détruire non seule- ment les Passereaux omnivores comme le Moineau, mais aussi ceux qui, comme les Fauvettes, les Rouges-gorges, les Rossignols, les Mésanges, les Hirondelles, les Martinets, se nourrissent presque exclusivement d'Insectes? Or, il est indéniable que le nombre des Oiseaux diminue rapidement chez nous; les étrangers sont frappés de leur rareté dans nos bois. Pour essayer de parer à ce danger, un de nos collègues, M. Chappellier, a proposé la formation d'une ligue française, annexe de notre Société, pour la protection des Oiseaux. Nous sommes, à ce point de vue, très arriérés; à Vienne, de place en place, dans les rues les plus larges et les plus fréquentées, sont disposées des mangeoires pour les petits Oiseaux et des abris pour leurs nids. La ligue s'efforcera de déterminer l'étendue du mal, d'en préciser les causes et de les faire dispa- raître; elle favorisera la création de réserves et la domesti- cation des espèces recherchées, ainsi que leur amélioration partout où cela sera possible. Notre Société ne pouvait qu'ac- cueillir ce projet avec empressement. DISCOURS PRONONCÉ PAU M. EDMOND PERRIER 269 C'est d'ailleurs en s'inspirant de cette idée qu'elle a décerné cette année une grande médaille à sir William Ingram qui a acheté l'île de Tabago, aux Antilles, pour donner aux Oiseaux de Paradis une nouvelle patrie, la leur devenant par trop inhospitalière. D'autre part, nos espèces domestiques sont déjà largement utilisées dans l'industrie de la plume; elles lui fournissent 1.800. 000 kilogrammes de matière première, valant ensemble neuf millions deux cent soixante-dix mille francs. C'est un très bon point pour l'ingéniosité des négociants en plumes qui ne sont pas forcés de dire dans quelles basses- cours ou dans quels pigeonniers ont pris naissance les mer- veilles qu'ils savent produire. D'ailleurs, les plumes d'Oiseaux domestiques sont souvent du plus bel effet; tous ceux qui ont vu les Coqs-phénix du Japon, dont la queue peut atteindre \ mètres, se sont rendu compte du parti qu'un élevage bien entendu doit savoir tirer de nos Oiseaux domestiques. Alors les Oiseaux sauvages seront sauvés. En attendant, nous avons essayé de les mettre sous la pro- tection de ceux qui sont encore par curiosité ou désœuvrement leurs plus dangereux amis : les enfants. Aujourd'hui, ils vont à l'école ou du moins ils devraient y aller; nous voudrions qu'on utilisât le temps qu'ils employaient à dénicher les Chardon- nerets et les Pinsons à leur apprendre qu'il faut respecter les nids, à leur enseigner que tout ce qui est vivant mérite trop d'admiration pour qu'il soit loisible de le détruire sans nécessité. Au lieu d'écraser d'un pied méprisant les Insectes qui vagabon- dent autour de nous, il faut, suivant le mot d'un grand écrivain. se pencher sur eux, les observer, apprendre à les connaître, et l'on se relève émerveillé et respectueux de tant de perfection. Une Mouche qui marche aisément sur la vitre polie, s'envole en bourdonnant, hume avec sa trompe les sucs dont elle se nourrit; un Papillon aux mille couleurs qui voltige mollement de fleur en fleur et pompe leur nectar, un Ver installé dans un fruit, une Araignée qui tisse sa toile dans quelque coin sombre, une Souris qui apparaît, s'efface et s'enfuit, que sais-je encore? peuvent être, pour qui regarde, l'occasion de mille remarques qui semblent au premier abord sans importance, mais qui habi- tuent — ce qui est plus rare qu'on ne croit — à voir les choses comme elles sont, ce dont l'esprit tire le plus grand profit. 271) BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D' ACCLIMATATION Avec l'autorisation de l'éminent directeur de l'Enseignement primaire de la Seine, M. Bédorez, qui a accueilli notre vœu avec la plus extrême bienveillance et nous a aidés avec son habituelle élévation d'esprit, nous avons demandé à MM. les directeurs des principales écoles de Paris d'habituer ainsi leurs élèves à bien voir et à rendre compte par écrit de ce qu'ils ont vu. Le succès a été complet. Nous allons, pour la première fois, récompenser ces jeunes observateurs, et nous avons tout lieu d'espérer qu'ils nous seront un jour reconnaissants de les avoir poussés à fixer leur attention et à s'exprimer avec une rigou- reuse exactitude; sans compter qu'ils trouveront dans l'obser- vation de ce qui les entoure, plantes, bêtes et gens. une source infinie de jouissances, un infaillible moyen de détente dans les mauvais jours. On n'observe pas qu'avec ses yeux, on observe aussi avec ses oreilles, et ceci n'est pas indifférent. On sait quelles inten- sités prennent dans le silence de la nuit les moindres bruits. La respiration rythmée d'une personne peut être prise pour les coups de hache réguliers d'un bûcheron maraudeur ; les join- tures des meubles qui se décollent, les fibres du bois qui se rompent, ont plus dune fois jeté l'épouvante chez de bonnes gens, mal à l'aise dans les ténèbres, et c'est sans doute une des raisons pour lesquelles les esprits frappeurs aiment tant à opérer dans la nuit. Un de nos collègues, M. Ternier, a eu l'occasion de correspondre avec un de ces esprits. Un soir, il entendit dans sa chambre de petits coups secs, frappés avec une certaine régularité contre une boiserie ; il y répondit en variant le rythme ; l'esprit lui lit savoir qu'il l'entendait en adoptanl lui-même un rythme identique. La conversation dura une huitaine de jours, bornée d'ailleurs à cette manifestation de concorde. Sans doute plus d'une de mes auditrices pense, en ce moment: Comme j'aurais eu peur! M. Ternier fut, au contraire, fort amusé ; il savait, par la fine observation des entomologistes, que ces bruits nocturnes ne sont que des séré- nades données à leur fiancée par certaines Araignées ou certains Insectes dont le plus commun esl la Vrillette qui troue nos vieux meubles aussi correctement qu'une menue vrille et que les naturalistes qualifient du prénom d'opiniâtre, en raison de la persistance avec laquelle elle simule la mort quand elle se croit en danger. . DISCOI RS PRONONCÉ l'Ai; M. UDMOJNl) PEBHIEB 271 Ce sont ces hommes qui ont acquis de bonne heure le goût et l'habitude de l'observation qui deviennent plus lard des explo- rateurs de premier ordre, comme M. Auguste Chevalier, à qui nous devons une connaissance si approfondie, si exacte des productions végé taies et, si j'ose m'cxprimer ainsi , de la capac ihé de rendement agricole de notre magnifique colonie de l'Afrique occidentale. Sous l'administration féconde de M. le gouverneur général William Ponty, qui sait choisir ses hommes et prendre la responsabilité des résolutions heureuses, les données si vaillamment rassemblées seront rapidement mises en œuvre. Déjà dans une localité de choix où tout peut être essayé, à Dalaba, par une altitude de 1.200 mètres qui, sous les tropiques, permet de réunir dans un espace restreint les conditions des climats tempérés et celles des climats les plus chauds, d'étudier le régime forestier et celui des cultures, s'installe un jardin d'essai dont la direction a été confiée à notre collègue Chevalier et que des liens étroits rattachent à notre Muséum national d'Histoire naturelle. Jeudi dernier, Monsieur le Gouverneur général, vos amis, au nombre desquels je suis heureux de me compter, et qui sont aussi vos admirateurs, fêtaient votre promotion au grade de commandeur de la Légion d'honneur ; vous me per- mettrez de vous dire publiquement ici combien le Muséum et notre Société vous sonl reconnaissants cle les avoir associés à votre œuvre et de vous assurer de tout le dévouement de cette vieille et grande Maison. Grâce à vous, grâce à des hommes formés à votre exemple comme M. le gouverneur Angoulvent, qui, à la Côte d'Ivoire, a tant fait pour la pacification et pour la mise en exploitation des richesses de ce pays naguère si troublé, le Muséum va reprendre en Afrique le rôle séculaire qu'il a joué un peu partout et que voulut accroître Isidore Geoffroy Saint-Hilaire en fondant la Société d'Acclimatation. Ce rôle a été un peu méconnu. Les Bouvard qui, le long des mails de province, discutent avec les Pécuchet, de la morale, de la religion et du sort des empires, ne se doutent certes pas qu'ils nous doivent les Marronniers à l'ombre desquels se déroulent leurs profondes dissertations et que nous pourrions leur montrer, bien vivant encore, le père de tous les Acacias qui répandent dans l'air, aux soirs de printemps, leur parfum dr (leur d'Oranger ; mais nous avons eu la joie de voir le directeur du célèbre Jardin de Kew s'étonner que malgré ses modiques 272 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ressources, le Jardin des Plantes de Paris ait pu jouer, vis-à-vis des Colonies françaises, un rôle comparable à celui de la grande institution de botanique coloniale dont les Anglais sont si fiers. Puissions-nous vous aider, si peu que ce soit, à mettre en valeur celte Afrique occidentale où vous avez fait toute votre carrière et dont tout le monde se félicite de voir la destinée entre vos mains. L'an dernier, à pareille époque, vous la parcouriez en tous sens pour vous rendre compte du degré de prospérité auquel elle était parvenue et de celui qu'elle pourrait atteindre lors- qu'elle serait dotée de routes, de voies ferrées et de canaux d'irrigation pour la culture du coton. Ce voyage est de ceux qui, en dehors des résultats économiques, seront toujours invoqués quand on voudra démontrer qu'au point de vue de l'énergie, du courage, de l'endurance, les femmes les plus gracieuses peuvent, quand elles en ont la volonté, égaler les hommes. Mma William Ponty vous accompagnait. Avec une inébranlable bonne humeur, elle traversa près de vous les mon- tagnes du Foula Djalon, la grande brousse du Soudan, les sables de Tombouctou, les plaines cultivées du Dahomey, l& forêt vierge de la Côte d'Ivoire. Durant cette longue randonnée, la plus grande qu'ait accomplie une Européenne dans l'Ouest africain, Mme Ponty se fit naturaliste ; elle sut recueillir sur sa route les animaux les plus intéressants, et, à son retour à> Paris, c'est toute une précieuse ménagerie qu'elle faisait conduire au Jardin des Plantes. Mes collègues, Madame, ont tenu à vous en témoigner leur reconnaissance en vous décer- nant un titre qui a été porté par des voyageurs illustres, celui de correspondante du Muséum ; je suis heureux que les circons- tances me permettent de vous remettre aujourd'hui, en leur nom, le diplôme et la modeste médaille que ce titre comporte- Vous aiderez sans aucun doute, Madame, Monsieur le Gou- verneur général à organiser, dans le beau royaume dont il est le vice-roi, la défense de celte faune africaine dans laquelle- sont conservés les animaux qui peuplaient l'ancien monde, qui vivaient en France bien avant que l'homme y soit venu et qui» mérite d'être classée comme un véritable monument historique. Elle est assez grande, votre belle Afrique, pour qu'on y puisse- créer dès maintenant, car le temps presse, des réserves ana- logues à celles qu'ont instituées dans les Alpes, S. M. le roî d'Italie; en Bulgarie, S. M. le tzar Ferdinand, qui ontbien voulu DISCOURS PRONONCE PAR M. EDMOND PERRIER 273 accepter d'être nos lauréats; en Russie, en Autriche, les sou- verains de ces empires, ou de grands seigneurs, comme le comte Joseph Potocki, lui aussi notre lauréat et dont nous visi- tions l'an dernier les troupeaux de Bisons d'Europe et d'Elans. Dans ces réserves, que M. le ministre de l'Agriculture songe aussi, je crois, à organiser en France, les forêts primitives et la brousse sauvage garderaient indéfiniment leur physionomie, les Éléphants, les Rhinocéros, les Hippopotames, les (iirafes, les Buffles, les Antilopes, les Autruches et mille autres Oiseaux viendraient se réfugier et se reproduire. M. le comte Justinien Clary, président du Saint- Hubert Club, qui a bien voulu accepter de nous parler aujourd'hui de la chasse, avec son incomparable compétence, vous dira sans doute tout à l'heure que c'est, au demeurant, la méthode qu'ont adoptée les pro- priétaires de grandes chasses qui sont en même temps, quelque paradoxal que cela puisse paraître, les protecteurs les plus avisés du gibier. C'est aussi la méthode qu'a appliquée aux États-Unis M. le président Roosevelt. Ses exploits cynégétiques en Afrique l'ont classé, pour le public, comme un grand chasseur. Il a, en effet, beaucoup chassé en Amérique, a poursuivi le Cariacou des montagnes et s'est mesuré avec l'Ours grizzly ; mais ce chasseur était, en réalité, un naturaliste avide de connaître et habile à pénétrer les mœurs des animaux qu'il approchait, comme le Cougouar, le Puma ou Lion d'Amérique. Enfant, il apportait chez lui et élevait tous les animaux qu'il pouvait capturer ; il lui arrivait même d'oublier des Serpents dans la chambre d'amis. Jeune homme il s'établit dans l'ouest, au moment où l'ère des grandes chasses allait se clore, faute de gibier ; il put contempler le dernier troupeau de Bisons fuyant vers le sud d'où il ne revint pas; il assista au massacre révoltant des splendides Cerfs Wapiti que l'on en était arrivé à tuer simplement pour se pro- curer leurs dents qui servaient d'insignes à une sorte de franc- maçonnerie; il vit le terrible Ours grizzly se résigner, à force d'être pourchassé, à n'être plus qu'un timide rôdeur nocturne ; et les sanglants spectacles auxquels il assista hantèrent depuis son esprit. Devenu président de la grande République améri- caine, il résolut de sauver ce qui restait de la riche faune de son pays. Il fit ériger de vastes réserves dans le fameux parc national du Yeliowstone où tant de merveilles sont réunies, où notamment dix mille geysers lancent jusqu'à 45 mètres de BULL. SOC. NAT. ACCL. FB . 1912. — 18 274 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION hauteur leurs trombes d'eau bouillante; il décréta la formation de véritables bois sacrés pour les Oiseaux de la Floride et de la Louisiane ; au pied des monts Withita. dans l'Oklaoma.il dota le Bison et l'Antilope furcifer d'un vaste domaine où ils peuvent se reproduire à l'aise ; dans l' Arizona, il transforma en une précieuse réserve pour le gibier des montagnes le long défilé où coule le Colorado, et dans l'état de ce nom il créa de nom- breux parcs où tous les animaux de la région trouvent un abri sur. C'est cette œuvre grandiose de protection que la Société d'Acclimatation a voulu reconnaître en décernant sa grande médaille, hors classe, à M. le président Roosevelt. En vous priant, Monsieur l'Ambassadeur, de lui transmettre l'expression de notre vive admiration, nous ne pouvons nous défendre d'éprouver un regret. Vous allez quitter notre pays où vous aviez acquis tant de vives sympathies et où vous saviez accorder la vôtre aux oeuvres de progrès et de désinté- ressement, nous en avons fait l'expérience. Vous quittez volon- tairement la diplomatie pour prendre une part active à la haute direction de cette grande université d'Harward qui s'est fait rapi- dement une si belle place parmi les établissements où se perfec- tionne, se fortifie et se concrète en des formes nouvelles la pensée humaine. C'est un grand exemple que vous donnez. Laissez-nous vous en féliciter en espérant que votre départ ne vous séparera pas de nous et que vous serez un des grands ouvriers de cette union France-Amérique qui peut exercer une si bienfaisante influence sur la marche progressive de l'esprit humain. Fardonnez-moi, Mesdames et Messieurs, ce long discours. 11 es !■' preuve que notre Société a beaucoup à faire, qu'elle vil d'une vie intense. Quelques-uns de ses pionniers demeurent en route; nous avons perdu cette année MM. le baron Hottinger, le baron Gustave de Rothschild, le savant entomologiste Edouard André qui étudia si bien les mœurs des Fourmis, l'illustre botaniste Hooker qui dirigea si longtemps le jardin colonial de Kew, L. Jacquet, Ralli, Médina, Finatel ; leur sou- venir demeurera parmi nous. Vous ne vous étonnerez pas que l'attention des pouvoirs publics se soit fixée sur plusieurs de nos collègues et qu'ils aient tenu à les récompenser. MM. .loubin, professeur au Muséum; Leprince, président du groupe français de la pêche à DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER 27.:i L'exposition de Londres; Crepin, fondateur de noire Section caprine, ont été promus officiers de la Légion d'honneur; MM. le capitaine Tolet, le professeur Ligniéres, de Buenos-Ayres, dont un éminenl compatriote, M. Gallardo, assiste à cette séance, enfin M. le D1 Achalme, directeur du laboratoire colonial du Muséum, ont été nommés chevaliers de la Légion d'honneur, tandis que M. Gérôme, jardinier en chef du Muséum, recevait la cravate de commandeur du Mérite agricole. Nos succès académiques n'ont pas été moindres : l'Académie des Sciences a décerné des prix particulièrement flatteurs à ■MM. Antony, assistant au Muséum; Cuénot, professeur à l'Uni- versité de Nancy, et Chevalier dont vous connaissez la belle œuvre d'exploration. En votre nom je leur adresse nos félici- tations les plus chaleureuses, Enfin, M. le ministre de l'Ins- truction publique a nommé aujourd'hui officiers d'Académie M. l'abbé Gabriel Foucher, secrétaire de notre section d'Ento- mologie, et M. Maurice Loyer. M. Maurice Loyer est notre Secrétaire général depuis dix ans. C'est à lui que notre Bulletin doit la bonne tenue, l'intérêt qu'il a acquis. C'est le plus modeste et le plus dévoué des hommes, ce qui ne l'empêche pas de nous charmer par la tinesse de son esprit et son délicat sens artistique. C'est pour moi une grande joie que de voir à sa boutonnière le ruban si bien gagné. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES PRÉSENTÉ PAR MAURICE LOYER SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ Grande médaille hors classe) à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire « Les chasseurs vraiment dignes de ce nom, ceux qui chassent en saison permise et avec modération, ne font aucun tort au gibier. » Ces lignes, extraites de l'un des ouvrages que Théodore Roosevelt a écrits sur la chasse « Out door pastimes », nous montrent que, loin de ressembler à ces chasseurs insatiables qui ne mesurent leur plaisir qu'au nombre de leurs victimes, l'ancien Président de la République des États-Unis a été, au contraire, l'adversaire déterminé de ceux qui déciment incon- sidérément la faune sauvage de leurs pays, et vont même por- ter au loin l'ardeur de leur manie destructive. Son goût pour la chasse et les exercices physiques, sa passion innée pour l'Histoire naturelle guidèrent la croisade qu'il mena pour la protection réfléchie de la faune nord-américaine. En France où, comme aux Etats-Uni?, les tueurs insatiables sont légion, cette campagne vigoureuse et couronnée de succès est pour nous un exemple salutaire qu'il est de notre devoir de signaler. Cette victoire du bon sens sur la barbarie instinctive a eu pour heureux effet d'inciter les Américains à examiner de plus près les ricbesses naturelles que possédaient encore leur pays, à les apprécier, et enfin à en assurer la protection et la con- servation. Il en est résulté la création d'une quantité de ligues pro- lectrices des beautés de la Nature sous ses formes les plus RAPPORT Al NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 2T3 diverses, de Sociétés et d'Institutions publiques organisées pour les études zoologiques et botaniques, et entin la création de grandes réserves nationales où, au milieu de sites pittores- ques, à l'abri des incursions des barbares, vivent les animaux sauvages, autrefois habitants de la forêt ou de la prairie, aujourd'hui hôtes tranquilles des vastes territoires dont une administration prudente leur a assuré la paisible jouissance. Félicitons celui dont la sage initiative a soustrait à une dis parition certaine, les divers représentants de la faune nord- américaine, et souhaitons qu'en un jour prochain noire pays possède également pour la plus grande joie des naturalistes, des artistes et de tous ceux qui s'intéressent aux choses de la Nature, des réserves dont nos montagnes, nos forêts et nos plaines pourraient si facilement fournir le territoire. En décernant à Théodore Roosevelt notre plus haute récom- pense, notre Société a voulu honorer le naturaliste, l'homme d'aclion dont l'exemple a servi de guide à tous ceux qui, aux États-Unis, ont travaillé à la sauvegarde des richesses natu- relles de leur patrie. Pe SECTION. — MAMMIFÈRES Médailles de première classe. Les Mammifères sauvages sont sujets, comme les Mammi- fères domestiques, à de redoutables maladies épidémiques qui viennent souvent, malgré tous les soins, décimer les élevages les mieux surveillés. Nous savons maintenant que ces épidémies sont dues à la présence de parasites qui vivent dans le sang et dans les divers organes de ces animaux. Parmi les savants qui ont contribué le plus puissamment à la connaissance de l'étiologie et de la prophylaxie de ces di- verses maladies, nous devons citer le Dr Emile Brumpt, profes- seur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, qui, le premier, a établi que la maladie du sommeil, ce fléau de l'Afrique équa- toriale, était une trypanosomiase transmise à l'homme et aux Mammifères par la piqûre de la Mouche Tsé-tsé. C'est encore à 278 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION lui que nous devons ces remarquables travaux sur les Helmin- thiases auxquelles les Mammifères sauvages et domestiques de notre pays paient chaque année un si lourd tribut. C'est grâce à lui, que nous pouvons maintenant diagnostiquer les affections pulmonaires et intestinales qu'elles provoquent, et déterminer les moyens prophylactiques qui viendront en empêcher le retour. Ces titres seuls, sans parler des autres travaux scientifiques du D1 Brumpt, démontrent amplement l'importance des services rendus à l'acclimatation et à l'élevage par ce savant auquel nous sommes heureux de décerner notre médaille de première classe. La carrière de M. Rossignol, vétérinaire départemental de Seine-et-Marne est, tout entière, faite de dévouement profes- sionnel et de désintéressement; elle est aussi caractérisée par la volonté d'appliquer les plus hautes découvertes scientifiques au progrès de la médecine vétérinaire. C'est ainsi que M. Rossignol a provoqué, de la part de Pas- teur, les mémorables expériences de Pouilly-le-Fort, sur la vaccination charbonneuse. La réussite complète de la méthode pastorienne, assura le succès et l'extension d'une vaccination qui garantit désormais les Mammifères contre cette maladie. 11 y a là, dans la mise en application des idées de Pasteur, un fait d'une haute importance auquel le nom de M. Rossignol reste indissolublement attaché. Ses recherches sur la maladie de la pulpe, les maladies para- sitaires des Ovidés, les expériences qu'il a organisées pour le contrôle de la valeur des procédés de vaccination contre la péripneumonie contagieuse et la tuberculose bovine, celles qu'il effectue actuellement pour rechercher la valeur pratique de la vaccination contre la tuberculose, montrent bien qu'il recherche constamment l'application utilitaire des travaux sortis des laboratoires. Notre Société récompense aujourd'hui un labeur plus que cinquantenaire, consacré exclusivement à la recherche de la guérison des maladies qui affectent les Mammifères, en offrant à M. Rossignol une médaille de première classe. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES liTI » Médailles de seconde classe. Nous enregistrons toujours avec satisfaction les succès obte- nus dans l'élevage des Chèvres de race pure, dont notre Société a fixé définitivement les caractères. Le nombre de ceux qui s'adonnent à cet élevage et qui en ont compris tout l'intérêt, augmente de jour en jour. C'est ainsi qu'à Thourotte, dans l'Oise, Mm'' David s'est atta- chée à constituer un troupeau de Chèvres de race alpine, qui est maintenant en pleine prospérité, et dont les laitières don- nent des résultats supérieurs à tout ce que l'on a constaté jus- qu'alors. Les succès ont mis en éveil l'attention du public d'alentour qui s'applique maintenant à l'imiter, en soignant mieux les Chèvres et en s'attachant à posséder des animaux de race pure, qui procurent une génération de sujets agrandis, de belles formes el surtout d'aptitudes laitières plus grandes. Nous apprécions tout le mérite de Mme David en lui accor- dant notre médaille de seconde classe. Nos études caprines sont suivies également avec intérêt hors de France. En Russie, aux environs de Moscou, la femme d'un ingénieur. jyjme Marie Mamontoff, s'est faite l'interprète de nos idées. Convaincue que la Chèvre peut rendre les plus grands ser vices au point de vue de l'économie domestique et de l'hygiène, elle s'est attachée à faire connaître la Chèvre en Russie, et surtout nos belles alpines françaises. Le troupeau qu'elle a ainsi constitué, a fait l'admiration de tous et lui a valu, dans les concours organisés en Russie, les principaux prix. Nous nous associons aux succès remportés au loin, avec des sujets issus de nos élevages, par une adepte de la cause que nous défendons ici, en donnant à Mme Marie Mamontoff notre médaille de seconde classe. 280 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION IIe SECTION. — ORNITHOLOGIE Grande médaille à l' effigie d'Isidore Geoffroy S aint-Hil aire La mode a des exigences despotiques, l'élégance ne souffre pas de dérogations à ses lois, et toutes celles de nos contem- poraines qui s'y soumettent avec tant de docilité, ne savent certainement pas de combien de souffrances, de sang et de meurtres est faite la rançon de la parure qu'elles sont heu- reuses de porter. Beaucoup d'entre elles qui ne peuvent supporter le spectacle d'un poulet qu'on égorge, portent sur leurs chapeaux des parures qui ont coûté la vie non seulement à l'Oiseau aux brillantes couleurs qui chantait sa joie de vivre sous le grand soleil des tropiques, mais encore à sa jeune famille qui atten- dait, dans le nid, la nourriture qu'il ne pourra plus lui porter. C'est ainsi que disparaissent nombre d'espèces, et non les moins brillamment parées, parmi lesquelles les Oiseaux de Paradis de la Nouvelle-Guinée. Ces massacres ont ému le monde artiste et savant, et un ornithologiste anglais, sir William Ingram, désireux d'assurer la conservation de ces beaux Oiseaux, a acheté, en 1909, une des Antilles anglaises, la petite ile de Tabago, entièrement inhabitée, et y a fait mettre en liberté 47 Paradisiers apodes, qui semblent s'y être acclimatés. Nous souhaitons que l'œuvre entreprise .par sir \Yilliam Ingram soit couronnée de succès et comme preuve de l'intérêt avec lequel nous suivons ces expériences, nous lui octroyons notre grande médaille à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint- llilaire. Médaille de première classe. Nous avons signalé, à maintes reprises, tout l'intérêt qu'il y aurait, pour notre pays, à faire vivre et reproduire en pleine liberté, certains Oiseaux exotiques, grâce à l'analogie que présente le climat de leur pays d'origine avec le nôtre. Les expériences tentées jusqu'ici n'ont pas été suivies de succès. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 281 Les Oiseaux insuffisamment protégés ont tous disparu. Il n'en est pas de même à l'étranger. Le Dr Heinroth, assis- tant scientifique à la direction du jardin zoologique de Berlin, a réussi à naturaliser dans les parcs et les jardins de la capi- tale le Canard mandarin de la Chine, le Canard de la Caroline, et cette charmante Colombe huppée, YOcyphaps lopliotes de l'Australie. Le Dr Heinroth est un ornithologiste distingué dont les travaux sur la morphologie et l'hybridation des Anatidés sont bien connus, c'est en outre un fervent ami des Oiseaux, c'est au savant et à l'amateur que nous rendons hommage en lui attribuant notre médaille de première classe. Médailles de seconde classe. Parmi les Colombidés exotiques, les Tourterelles rieuses de l'Inde, et les Colombes maillées d'Egypte sont seules bien connues du public; les autres, fort nombreuses, au brillant plumage ou aux formes élégantes, n'ont été l'objet des études que de quelques amateurs. Miss Rosie Alderson, qui est un observateur sagace et un éleveur émérite, a possédé dans ses volières plus de quarante espèces de Colombidés, dont un certain nombre s'est reproduit dans ses volières. Elle a noté les mœurs, les diverses phases de la reproduction et de l'élevage de ses pensionnaires et les a décrites dans un livre : Mes Colombes et Pigeons exotiques, qui est non seulement un plaidoyer en faveur de ces Oiseaux, mais aussi un excellent traité pratique pour l'élevage, dont nous ne saurions trop recommander la lecture. En témoignage de notre satisfaction, nous accordons à Miss Rosie Alderson notre médaille de seconde classe. Depuis quelques années, le goût des Oiseaux de cage et de volière, si commun à l'étranger, en Angleterre, en Allemagne et dans les Pays-Bas. tend à se répandre en France et à y devenir l'objet d'une pratique raisonnée et d'observations judicieuses. Les amateurs manquaient d'un manuel dans lequel toutes les questions intéressant la détermination des 282 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Oiseaux qui peuvent vivre en volière, leurs mœurs, leur nourriture, leur nidification, leur hybridation, la façon de présenter les élèves en brillant état dans les expositions seraient indiquées. M. Allen Silver vient de combler heureuse- ment cette lacune, car, depuis l'ouvrage de Bechstein qui date de 1794, jamais guide plus précieux n'avait été mis à la disposition des éleveurs. .Nous en remercions l'auteur en lui offrant notre médaille de seconde classe. * Tous ceux qui ont pratiqué l'élevage des Poules de race, savent de quels soins minutieux il faut les entourer si l'on veut obtenir, non pas seulement quelques sujets de choix, mais un lot important, parmi lequel aucune tare ne pourrait être relevée. Parmi ces races, les Poules deLeghorn, les Espagnoles, les Andalouses, la race de Minorque peuvent être citées parmi les plus décoratives, mais aussi les plus délicates et il a fallu toute l'habileté d'un éleveur émérite comme l'est M. Montero, pour réussir à posséder un remarquable ensemble de ces jolis Oiseaux. Nous adressons nos félicitations à M. Montero, en lui décer- nant notre médaille de seconde classe. IIP SECTION. — AQUICULTURE Grande médaille à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Le repeuplement de nos rivières et de nos étangs fait l'objet des préoccupations constantes de notre troisième section. Tour à tour, elle a étudié toutes les questions ayant pour but l'introduction dans nos eaux territoriales des espèces dulcaquicoles étrangères qui pourraient peut-être vivre et se reproduire en France avec succès. Parmi celles-ci, les Salmonidés ont retenu son attention; les travaux que leur acclimatation a provoqués sont des plus nombreux et nous pouvons, à juste titre, nous féliciter d'avoir contribué, dans une large mesure, par nos écrits et par nos expériences, à l'acclimatation de ces intéressants Poissons. RAI'POHT AU NOM DK LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 283 Une part de nos éloges va ('gaiement à l'Administration des Eaux et Forêts, qui a favorisé puissamment l'importation d< ss principales espèces de Salmonidés américains et a facilité leur dilï'usion dans les établissements de pisciculture. Parmi les hauts fonctionnaires de cette Administration, nous devons citer le nom de M. l'Inspecteur des Eaux et Forêts, de Drouin de Bouville. Le savant professeur à l'Ecole forestière de Nancy est un< autorité incontestée en ce qui concerne l'acclimatation, la pêche et la pisciculture. Fortement intéressé par l'élevage des Salmonidés, leur alimentation et leurs maladies, M. de Drouin de Bouville a écrit de remarquables mémoires sur ces diverses questions; il a traité également avec beaucoup d'autorité du repeuplement, des maladies et de l'élevage des Ecrevisses qui disparaissent si rapidement de notre pays. La grande médaille à l'effigie d*Isidore Geoffroy Saint- Hilaire que nous offrons à M. de Drouin de Bouville n'est qu'un juste hommage que nous rendons à ses travaux. Médailles de première classe. Parmi les nombreux titres de M. Audigé, chef de travaux pratiques à la Faculté des Sciences de Toulouse, nous devons citer ses travaux concernant l'anatomie et la biologie des Poissons, et surtout ses remarquables rapports sur les instal- lions piscicoles où nos acclimateurs et éleveurs de Salmonidés trouveront une mine si riche de renseignements techniques. Le développement dans la France du sud-ouest de l'accli- matation des Salmonidés américains est, en grande partie, son œuvre; de nombreux laboratoires de recherches et des établis- sements de pisciculture ont été créés à son instigation et d'après ses plans. Il en a suivi le développement., en a perfec- tionné les divers services et en reste toujours le conseiller autorisé. Par sa féconde initiative, au prix d'un labeur incessant, M. Audigé a rendu à notre pays un service éminent; nous nous plaisons à rendre hommage à son dévouement et à sa science en lui octroyant notre médaille de première classe. 284 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION + Après s'être, durant de longues années, consacré à l'étude des Reptiles et des Batraciens de Bornéo, de Madagascar et du Mexique, sur lesquels il a publié de nombreux travaux, M. Mocquart, assistant honoraire au Muséum d'Histoire natu- relle, donne encore toute son activité à l'étude de la piscicul- ture dans notre pays. Fermement convaincu de l'importance qu'avait, pour le développement de nos richesses piscicoles, le repeuplement de nos eaux libres à l'aide des Salmonidés d'origine améri- caine, M. Mocquart a, depuis longtemps, préconisé dans ses écrits, l'importation en France de ces Poissons de l'Amérique du Nord; ses remarquables travaux sur ces intéressantes questions ont rendu de précieux services à tous ceux qui s'occupent de pisciculture. Nous en proclamons ici tout le mérite en offrant à M. Moc- quart notre médaille de première classe. Médailles de seconde classe. L'élevage du Black-bass (Micropterus salmonidés), excellent Poisson des États-Unis, tente depuis quelques années bon nom- bre de pisciculteurs. L'un d'eux, M. Betremieux, de Roubaix, a obtenu, en étang, une reproduction considérable de ce Poisson américain. La réussite de cet élevage, véritablement industriel, présente d'autant plus d'intérêt qu'elle va permettre de propager dans nos eaux une espèce particulièrement recommandable tant par sa rusticité que par l'excellente qualité de sa chair. Notre Société est heureuse de constater ce succès en récom- pensant M. Betremieux par l'attribution d'une médaille de seconde classe. La question de l'alimentation des Salmonidés est d'une impor- tance capitale pour la pisciculture. M. Marcel Blanchet, de Saint-Valery-sur-Somme, a eu l'heu- reuse idée d'utiliser un Mollusque très commun sur nos côtes. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 28î» la Buccarde (Cardium cdule), qui fournit pour le Poisson une nourriture de qualité supérieure, tout en étant d'un prix peu élevé. C'est encore dans cet ordre d'idées que M. Blanchet poursuit, depuis le début de 1909, des expériences sur l'acclimatation de la Crevette, d'abord dans l'eau saumàtre, puis dans un marais, uniquement alimenté par l'eau de source. Ces expériences semblent être couronnées de succès. Les pisciculteurs et les amateurs trouveront là une ressource précieuse et abondante, aussi nous sommes très satisfaits de consacrer tout l'intérêt des travaux de M. Blanchet en lui accordant notre médaille de seconde classe. Nos jardins, nos potagers les mieux entretenus sont dévastés durant la belle saison par les Escargots et les Limaces qui dévorent à l'envi nos fruits, nos fleurs et nos légumes. Un naturaliste français, qui habite le Mexique et dirige le collège de Saint-Pierre et Saint-Paul à Puebla, le frère Jean- Baptiste Berthier, a pensé qu'il rendrait serviceà l'horticulture française en lui signalant tout l'intérêt que présenterait, pour nous, l'acclimatation d'un Escargot Carnivore du Mexique, le Glandina vanuxemensis, grand destructeur de Mollusques her- bivores. Il nous envoya à plusieurs reprises des spécimens de ces Glandina dont quelques sujets seuls ont pu arriver vivants en France. Ceux qui survécurent, nourris comme il convenait, (Y Hélix de nos jardins et de Limaces, ont pondu et nous pou- vons espérer que cette intéressante espèce de Mollusques car- nivores pourra s'acclimater et se reproduire en France pour le plus grand profit de notre pays. En remerciant M. Jean-Baptiste Berthier pour le service qu'il nous a rendu, nous lui offrons notre médaille de seconde classe. Nous avons coutume, chaque année, de récompenser les efforts des agents de l'Administration des Eaux et Forêts qui luttent pour la conservation des richesses piscicoles de la France. Le lauréat que nous voulons distinguer aujourd'hui est M. Léon Ménigoy, brigadier domanial à Champigneulles 286 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION (Meurthe-et-Moselle), qui est chargé de la surveillance du labo- ratoire de pisciculture de l'Ecole nationale de Nancy et qui s'ac- quitte de ses fonctions avec le plus grand zèle et le plus grand dévouement. En témoignage de notre satisfaction, nous donnons à M. Léon Mcnigoy notre médaille de seconde classe. IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE Médailles de première classe. Parmi les Insectes les plus redoutables figurent à bon droit les Diptères dont les piqûres sont souvent la cause de terribles maladies pour l'homme et les animaux. L'un des savants qui nous ont appris le mieux à les connaître est M. Surcouf, chef des travaux de zoologie au laboratoire colonial du Muséum, qui a dirigé ses études sur les Diptères piqueurs qui habitent non seulement la France, mais nos colonies de l'Afrique occidentale, l'Angola et le Mozambique, l'Abyssinie, Madagascar, le Cambodge, l'Annam et l'Amérique intertropicale; il en a décrit les diverses formes et signalé les propriétés dangereuses. Son activité s'est étendue à l'étude des parasites de nos pro- duits coloniaux d'origine végétale et nous ne pouvons faire moins que de citer ses mémoires sur les parasites de la Patate ;iu Tonkin, de la Noix de Kola en Afrique, des Cotonniers de l'Asie et des Cucurbitacées de l'Afrique. Par ses études, par ses remarquables travaux, M. Surcouf s'est créé de véritables titres à notre reconnaissance, aussi sommes-nous heureux de le proclamer ici en lui attribuant notre médaille de première classe. Nous ne connaissons bien les ennemis naturels de nos vergers et de nos jardins que lorsque nous voyons à côté d'eux les victimes de leurs ravages. M. Paul Estiot a consacré une partie de ses loisirs à réunir une fort intéressante collection d'Insectes nuisibles dans leurs différents états (larve, nymphe et adulte) et à côté de ceux-ci a placé presque toujours la RAPPORT AU NOM DE La COMMISSION DES RÉCOMPENSES 287 l»;irtie de la plante qui a souffert de leurs al laques : tige, racine, feuille ou fruit. De plus, une note jointe a chaque espèce précise la nature des dégâts commis et mentionne également la forme sous laquelle l'Insecte présenté se montre le plus redoutable. En outre de la détermination scientifique, M. Estiot a établi la division de sa collection suivant l'ordre des cultures auxquelles ces Insectes s'attaquent, si bien que les personnes étrangères à l'Entomologie peuvent reconnaître par la seule vue des dégâts causés à une plante à quel Insecte ces dommages doivent être attribués. Une œuvre qui intéresse à un si haut point l'Entomologie appliquée méritait d'être signalée et nous en reconnaissons toute la valeur en donnant à M. Estiot notre médaille de première classe. Médailles de seconde classe. S'il est malheureusement une liste trop longue d'Insectes nuisibles à l'homme, aux animaux et aux plantes, il en est cependant qui leur sont utiles et qu'il convient de propager. M. André Vuillet, préparateur à la station entomologique de la Faculté des sciences de Rennes, s'est occupé très activement de la question de l'acclimatation des Insectes utiles. Il a étudié particulièrement les parasites des Liparis dispar cl Liparis chrysorrkgea et a pris une part très importante à la grande expérience faite aux États-Unis pour enrayer les ravages causés en Amérique par ces deux Bombyx d'origine euro- péenne. En accomplissant cette mission, M. Vuillet a fait un travail utile non seulement pour les États-Unis, mais d'un intérêt général de premier ordre, et il se trouve actuellement dans les conditions les meilleures pour appliquer au profit de l'Europe et de la France les méthodes qu'il a expérimentées au cours de sa mission. Nous accordons à M. Vuillet notre médaille de seconde classe. Mon loin de Paris, à Joinville-le-Pont, le docteur et Mme Rousseau ont créé, sous des ombrages où jadis Mme de 288 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Sévigné aimait à rêver, un institut colonial où nombre de jeunes gens venus d'Afrique et surtout de l'Extrême Orient apprennent, en s'instruisant, à aimer notre pays. L'industrie de la soie étant une des plus importantes parmi celles de ces colonies, les directeurs de cet intéressant établis- sement ont établi, dans le parc de l'institution, une magna- nerie où les élèves peuvent suivre toute l'évolution du Yer à soie depuis l'œuf jusqu'au cocon et au papillon. Les élèves trouvent là le complément pratique de leur instruc- tion technique et tout porte à croire qu'au sortir de l'établisse- mentde Joinville-le-Pontils seront des sériciculteurs accomplis. En témoignage de notre satisfaction, nous offrons au docteur et à Mme Rousseau notre médaille de seconde classe. Ve SECTION. — BOTANIQUE Grande médaille à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire Peu de personnes ont des titres aussi éminents que miss Ellen Willmott à la reconnaissance des amis des Plantes, bota- nistes et amateurs. Héritière d'un beau domaine aux environs de Londres, en Essex, elle s'est plu à le transformer en une série de jardins ayant chacun leur caractère propre et leur objet de culture différent. Autour d'un étang qui occupe une partie du parc, sont dis- posés les Bambous, Gyneriums, et autres grandes Graminées, tandis que cette pièce d'eau est garnie de plantes aquatiques rares. Un jardin de rocailles abrite les plantes les plus délicates des montagnes de tous les pays. Une autre partie du parc est con- sacrée à la culture des plantes bulbeuses, enlin un dernier jardin renferme un nombre immense de plantes vivaces et d'arbustes grimpants. Outre ses jardins d'Angleterre, miss Willmott en possède un fort pittoresque sur les bords du lac du Bourget, dont une fort belle collection de Rosiers et de plantes de montagne formant surtout les éléments. Enfin, sur la côte méditerranéenne, miss Willmott a acquis RAPPORT AI NOM Dl LA COMMISSION l»H> RÉCOMPENSES 289 de vastes jardins, à la Mortola, où elle possède de magnifiques plantations d'arbres exotiques. L'ensemble de ces travaux de recherches, !».'! résultats obtenus déjà sous son énergique impulsion méritent d'attirer notre attention. Tout nous porte à croire que, grâce à ses persévérants efforts, la culture de cette essence à caoutchouc va prendre, en Cochinchine, un essor considérable. Nous applaudissons aux succès remportés par M. Vernet en lui attribuant notre médaille de première classe. Parmi les collaborateurs dont M. le gouverneur Augoulvant ,i su s'entourer pour effectuer l'appropriation économique de notre colonie de la Côte d'Ivoire et procéder à l'étude de ses ressources agricoles et forestières, nous devons citer M. Bret, sous-inspecteur de l,e classe, attaché, depuis 1902 au service de l'Agriculture de l'Afrique occidentale. M. Bret s'est occupé de tous les problèmes intéressant l'agronomie tropicale, mais s'est attaché plus spécialement d'abord à la culture du Pal- mier à huile et du Cacaoyer, et enfin à celle du Funtumia elas- lica, l'arbre à caoutchouc de nos possessions africaines, qui est appelé à jouer sans doute, grâce à lui, un rôle fort important parmi les plantes de grande culture capables de fournir un caoutchouc de valeur. Les études qu'il a publiées sur ces- diverses cultures, les méthodes fort remarquables qu'il a préconisées pour l'extraction du caoutchouc seront un secours précieux pour l'extension économique pour notre colonie africaine. Nous en reconnaissons toute la valeur en décernant à M. Maurice Bret notre médaille de première classe. Médailles de seconde classe. Nous devons à M. G. Audan, adjoint aux affaires indigènes en Mauritanie, de précieux renseignements sur la flore de la région de Podor. Vivement intéressé par l'étude de l'Histoire naturelle. M. Audan s'est préoccupé de recueillir les plantes de cette contrée, d'en noter les aspects et les propriétés alimentaires, industrielles ou thérapeutiques. Il a réunis également de nom- breux documents concernant la médecine indigène et a adressé notamment, au laboratoire de matières médicales de 294 BULLETIN DE LA SOCTÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION l'Ecole supérieure de pharmacie de Paris, de nombreux échan- tillons dont l'étude a fait l'objet de mémoires importants. M. Audan a largement contribué à la connaissance de la valeur économique de notre colonie de la Mauritanie; nous voulons l'en récompenser en lui accordant notre médaille de seconde classe. M. Maurice Huchery, commis de 2e classe des atl'aires indi- gènes à Tombouctou. a étudié les diverses productions végétales "I minérales de notre colonie du Haut-Sénégal-Niger. C'est ainsi que ses observations se sont, tour à tour, portées sur l'étude des roches de sel gemme, sur les produits colorants et autres, destinés à l'apprêt des cuirs, sur les diverses gommes pouvant être l'objet d'un commerce important et provoquer la mise en valeur, par la culture des plantes qui les produisent, de terrains jusqu'ici improductifs. En considération des mérites de M. Huchery. nous lui attri- buons notre médaille de seconde classe. M. André Hauet. administrateur colonial, a fourni de pré- cieux renseignements sur les Insectes parasites de la Guinée française. Ses éludes ont porté spécialement sur les Diptères vulné- rants : Glossina, Stomoxys et Taons, dont il a envoyé en France de nombreux exemplaires à l'état adulte et à l'état larvaire. Ses observations ont également eu pour objet l'étude des Diptères du genre Dacus, parasites do?, Cucurhi lacées, et des Charançons des Kolatier-;. Les rapports très documentés de M. Uauet ont été particu- lièrement utiles à l'étude de ces Insectes qui causent de si grands dégâts parmi les troupeaux et les planlations de nos possessions africaines. Nous reconnaissons tout le mérite de M. Hauet en lui offrant notre médaille de seconde classe. ENCOURAGEMENTS A L'ETUDE DE L'HISTOIRE NATURELLE DANS LES ÉCOLES. Nous avons pensé que notre Société ne pouvait mieux taire connaître et aimer l'Histoire naturelle qu'en s'adressanl aux enfants, assurés que nous sommes que ceux qui, dans leur- jeunesse, auront appris à aimer la Nature, resteront, plus lard, de précieux collaborateurs de l'œuvre que nous avons entre- prise, chercheront à propager autour d'eux le goût de la Zoologie et de la Botanique appliquées, deviendront les protecteurs de notre faune et de notre flore, et chercheront à accroître par l'acclimatation, l'élevage ou la culture, notre richesse nationale. Nombreux sont les jeunes élèves qui nous ont adressé des mémoires où les observations qu'ils ont faites sur un animal familier ou une plante cultivée par eux, sont notées au jour le jour, avec soin et sincérité. Nous avons classé ces envois suivant l'intérêt qu'ils présen- taient et avons décerné aux lauréats les récompenses suivantes : Diplômes de satisfaction Première classe (or) Jeanne Ducos, Marguerite Prud'homme, M. Morel, Lucienne Poussin, Henri Rousseau, Jean Nantes, Lucien Armand, L.-C. Poterie, Henri Ledart, Camille Robert, Robert Bourdin. Deuxième classe (argent) Suzanne Moret, Marguerite Clerté, Raymonde Martinet, Yvonne Denariez, Fernand Emmanuel, H. Guidetto, Henri Knab, Robert Deutsch, Henri Coignet, Georges Barrier. Troisième classe (bronze) Yvonne Rieaux, Emilienne Dunand, Odette Joufl'rey, Yvonne Ami, Jeanne Bouvet, Urban Pecautet, M. Gaulin, André Offroy, Georges Voisin, Henri Landré. iPti BULLETIN DF, LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Nous n'avons pas cru pouvoir attribuer de plus hautes récom- penses à ces essais, mais ce premier effort est encourageant pour l'avenir et nous espérons qu'avant peu il nous sera pos- sible de récompenser la persévérance et la régularité de nos jeunes observateurs par les médailles, les livres et les livrets de Caisse d'épargne qui sont affectés à ce concours. Nous remercions en outre, vivement, les instituteurs et les institutrices de ces établissements scolaires de l'appui qu'ils nous ont prêté pour la réalisation d'un projet qui ne peut manquer d'avoir des conséquences intéressantes. Nous sommes heureux de pouvoir reconnaître ces efforts en décernant la médaille de la Société d'Acclimatation à : MMmes P. Chasseriau, institutrice à l'école du boulevard Uichard-Lenoiv: L. Simonin, institutrice à l'école de la rue Delambre; Monin. institutrice à Tanninges (Haute-Savoie), et à MM. Canu. insti- tuteur à l'école de la rue Godefroy-Cavaignac ; Jean Martiniau. instituteur à l'école de la rue du Pré-Saint-Gervnis. et Barrier, instituteur à Boigny (Loiret). I.f fieront : A. MARETHErx. Pans. — L. Marktheux, imprimeur, I, rue Cassette. L'EXPLOITATION DE LA CHASSE ET LES RÉSERVES A GIBIER Par le comte Justinien CLARY, Président du Saint-Hubert Club de France 1). Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs, Je suis quelque peu confus et encore plus intimidé de prendre la parole devant un auditoire aussi brillant et aussi nombreux, dans cet amphithéâtre illustré par tant de princes de la science. Si j'ai cédé, mon cher Président, aux très aimables et trop flatteuses instances de votre conseil, c'est pour placer sous l'égide de la Société Nationale d'Acclimatation la véritable doctrine de l'exploitation de la Chasse, pour lui demander de travailler avec nous à changer la mentalité du peuple destruc- teur qu'est le nôtre, et nous aider à défendre avec toute l'au- torité de son institution notre gibier sédentaire et le gibier migrateur. Je veux espérer, mon cher Président, que vous ne nous refuserez pas votre précieux concours, votre puissant appui. J'ai pensé aussi que je ne pourrais trouver un milieu plus sympathique pour essayer une fois de plus d'être utile aux chasseurs en exposant ici et en m'efforcant de démontrer, par l'exemple de quelques-uns de nos voisins, ce que pourrait, ce que devrait être la chasse en France. Je ne vous parlerai donc ni de l'exploitation de la chasse, ni des réserves de chasse aux colonies. Modeste chasseur d'Eu- rope, je laisse à de plus compétents, à de plus qualifiés que moi le soin de vous faire connaître la chasse coloniale fran- çaise, et surtout ce qu'elle pourrait être, en vous montrant comment elle est comprise dans les colonies anglaises, alle- mandes ou autres. Dans notre pays où la chasse s'est démocratisée à ce point que le chiffre des porteurs de permis a vingtuplé depuis soixante-dix ans, et qu'il représente aujourd'hui le trentième de la population masculine, sans compter, hélas ! le nombre (i) Conférence faite lors de la distribution solennelle des récompenses de la Société, le 10 février 4912. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1912. — 2U 298 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION beaucoup trop grand des chasseurs irréguliers, on peut dire que tous les chasseurs, sauf quelques rares exceptions, sont uniquement des destructeurs; ils chassent sans souci du len- demain, et, en France, l'exploitation, nous devrions dire la destruction annuelle du gibier indigène, n'a d'autres limites que les dates d'ouverture et de fermeture. Aussi, depuis déjà une trentaine d'années, assistons-nous à la décadence de notre chasse nationale, à la diminution pro- gressive, et même dans certaines régions à la disparition de notre gibier sédentaire. Dans quelques départements du Midi, la Perdrix et le Lièvre sont passés à l'état de mythes. Des eflorts considérables ont été faits, depuis une dizaine d'années, pour lutter contre le braconnage, pour galvaniser les indifférents, pour ouvrir les yeux et les oreilles de ceux qui ne veulent ni voir ni entendre. Je veux toujours espérer que nous sommes à la veille d'un changement dans nos mœurs cynégétiques; je souhaite surtout que le mouvement d'opinion publique que nous avons créé en faveur de la chasse, et que la Commission permanente de la chasse au Ministère de l'Agri- culture décident enfin les Pouvoirs publics et le Parlement à prendre les mesures administratives et législatives néces- saires, indispensables pour sauver cette fraction importante de notre richesse nationale. En France, la chasse est uniquement un plaisir, une passion atavique; le petit chasseur s'y livre avec un égoïsme excessif qui sacrifie l'avenir au présent; le chasseur fortuné, pour pou- voir chasser toute l'année, a été obligé de demander à l'élevage de lui fournir la quantité de gibier que la production naturelle ne pouvait pas, ou ne pouvait plus lui fournir. Si l'élevage artificiel a droit à tous les éloges, voire même à tous les encouragements, s'il répond au programme de voire Société, il ne devrait, pour certaines espèces tout au moins, n'être qu'un expédient provisoire, et le moyen de repeupler un territoire sur lequel le gibier a complètement disparu. Mais il ne devrait qu'aider la nature, et le gibier artificiel ne devrait jamais remplacer complètement le gibier naturel. — Il serait infiniment plus logique, infiniment plus sage de prévenir le dépeuplement en appliquant la loi naturelle qui exige que la production soit toujours numériquement supérieure à la des- truction; et, par conséquent, il est nécessaire de limiter cette dernière. l'exploitation dé la ceasse 299 Par son climat, par sa situation géographique, par L'étendue de son domaine forestier, par la richesse de son sol, par son admirable réseau lluvial, par le développement de ses côte- la fertilité de ses plaines, de ses vallées, de ses plateaux, la France pourrait être le pays le plus giboyeux d'Europe, comme elle l'était encore ù la lin du xvme siècle. — Eu ne faisant rien pour protéger efficacement noire gibier, en ne prenant pas les mesures indispensables pour empêcher notre pays de se trans- former non seulement en désert cynégétique, mais de devenir « l'enfer des Oiseaux » au lieu d'en rester le paradis, nous perdons une des raisons d'être les gardiens de ce « joli pays de France », du « plus beau royaume sous le ciel », comme l'a appelé Onésime Reclus. Sans doute, il y a des exceptions. A côté des exterminateurs inconscients, des chasseurs vraiment dignes de ce nom se dou- blant deprotecteurs du gibier, et s'inspirant des grands exemples donnés par notre Société ont tenté d'acclimater et de vulgariser certaines espèces nouvelles pour enrichir nos plaines et nos bois. Dans le parc de Rambouillet, les Cerfs Sika ont très bien réussi; ils s'y multiplient, vivent en bonne intelligence avec les Chevreuils et viennent ajouter une variété nouvelle, très appréciée, aux tableaux des chasses présidentielles. On a dû renoncer à M a ri y aux Dindons sauvages (Dindon bronzé d'Amérique). S'ils sont excellents à manger, ils ne cons- tituent pas un Oiseau de chasse ; ils se décident difficilement à prendre leur vol, mais s'élèvent facilement et ont enrichi nos basses-cours d'une variété nouvelle très rustique pour l'éleveur, et très prisée des gourmets. Le ïinamou, Rallidé de la République Argentine, s'élève très facilement dans notre pays; mais dès qu'il est mis en liberté il disparait, quelque approprié que soit le terrain à ses habitudes et à ses préférences. — Comme le Râle, il court devant le Chien ; quand il se décide à. s'enlever il vole rapide- ment, un peu comme une Poule faisane, et avec un bruit d'ailes très particulier. — Sa chair est très délicate, il offre un rôti délicieux, et s'il ne répond pas aux exigences des chasseurs comme Oiseau de chasse, il reste une acquisition précieuse comme Oiseau comestible. Le Mara ou Lièvre de Patagonie est un animal ravissant sur les pelouses d'un parc ; il est aussi très bon à manger, mais n'a pas justifié les espérances des chasseur-. 300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION Il en a été de même des Colins de Californie Californian quail) et de Virginie (Virginian partridge). Ce dernier vole très vite et eût été une acquisition précieuse pour la chasse. Chez le duc de Chartres à Saint-Firmin, et à Sandricourt, chez le marquis de Beauvoir, il en restait tous les ans une ou deux compagnies, mais la plupart disparaissent et ne se cantonnent pas sur les territoires où ils sont élevés et agrainés. On a fait, cette année, dans le Loiret, des essais d'élevage de la Perdrix de roche ou Gambra, petite Perdrix rouge que l'on trouve en assez grande abondance au Maroc. La tentative dont j'ai eu connaissance a bien réussi, mais il faut attendre encore une ou deux saisons pour être fixé à cet égard. Dans la Dordogne, le coin le de Bezaures a lâché il y a quelques années un couple de Perdrix de Chine, ou pour mieux dire de « Perdrix de Bambous » [Hambusicola thoracica), pour essayer de les acclimater en Périgord. Depuis cette époque, elles se sont reproduites chaque année. Malheureusement la propriété est trop peu étendue pour retenir au printemps tous les couples, et la plupart sont tués en bor- dure, probablement au moment des amours. A cette époque, le mâle se montre quelquefois, chante beaucoup sur un ton perçant et bizarre, quoique harmonieux. — Il ne reste guère sur la propriété que deux ou trois compagnies tous les ans. Elles sont peu nombreuses, d'environ huit ou dix Oiseaux. En Chine, les couvées sont de douze à dix-huit. Cet intéressant gibier se défend très bien. Il faut de bons chiens pour lever cette Perdrix. Elle affectionne les ronciers épais et les grandes haies. Elle se perche et s'aventure rarement dans les champs ou sur les coteaux, gardant toujours le fourré et cherchant sa nourriture sous les feuilles. Son vol est irrégulier et rapide. La compagnie s'enlève en bouquet et part dans toutes les direc- tions, ce qui rend le tir difficile et donne l'occasion de faire de beaux « snap shots ». La Perdrix de Bambous, en chinois « Tchou-ki », est origi- naire de la vallée du bas Yang-ïsé; on la trouve plus particu- lièrement dans la province de Tché-Kiang. Cette Perdrix e?t non seulement un joli Oiseau, mais aussi un mets fort délicat: qualité qui a bien sa valeur. Permettez-moi de limiter à ces quelques exemples les essais d'acclimatation de gibier en France; il n'y a pas de raison de l'exploitation de la chasse 301 s'arrêter dans cette voie et toutes ces tentatives sont aussi ins- tructives qu'intéressantes. Les chasses gardées ont, sans aucun doute, empêché la disparition totale de notre gibier sédentaire et le trop -plein, l'excédent des chasses d'élevage, en se répandant sur les chasses voisines a permis de qualifier le gibier des chasses banales « le gibier des autres ». Dans tous les pays, les lois écrites eussent dû être mises en harmonie avec la loi naturelle, et la décadence actuelle de la chasse est la démonstration la plus probanLe de l'insuffisance de la loi de 1844. — Si paradoxale que puisse paraître cette opinion, le renforcement de la législation actuelle, une répres- sion plus sévère et vraiment efficace du braconnage, la préoc cupation de la loi de maintenir l'équilibre entre la destruction et la production, constitueraient des mesures démocratiques par excellence, puisqu'elles auraient pour but de donner à chaque porteur de permis l'espoir légitime et la quasi-certitude de prélever une part sur le gibier redevenu abondant. Avec la division, avec le morcellement de la propriété, il y a nécessité absolue d'amener chacun à respecter partout le gibier de tous, et cette doctrine pourrait à bon droit être réclamée même par les collectivistes. Je ne vous ferai pas le tableau de la chasse populaire fran- çaise ; le souvenir d'une ouverture sur une chasse banale, dans un coin quelconque du département même le plus giboyeux, a dû vous édifier à jamais sur la façon dont la masse des porteurs de permis comprend l'exploitation de la chasse. La battue est devenue la règle presque générale des chasses gardées, et depuis quelques années, de sérieux progrès ont été réalisés pour rendre ce genre de chasse aussi sportif que possible. La chasse à courre est, en France, la seule chasse dont l'ex ploitation soit rationnelle et conforme à la loi naturelle. Les maîtres d'équipage ont intérêt à équilibrer les prises avec la production annuelle, pour ne pas diminuer leur stock d'ani- maux et avoir la quasi-certitude de lancer chaque fois qu'ils découplent. — Si l'on n'y met obstacle, le braconnage, et sur- tout le droit des propriétaires et fermiers de détruire les grands animaux, classés dans certains départements comme animaux nuisibles, finiront par supprimer ce qui reste de Cerfs en France. Nous ne pouvons songer, dans les forêts domaniales, 302 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION ni dans les bois particuliers à chasser le Cerf ou le Chevreuil à l'approche, comme en Autriche ou en Allemagne, mais la Vénerie française a maintenu et poussé à ses dernières limites l'art et la science de la chasse à courre. Si la chasse banale est mal exploitée en France, la chasse gardée a été mise en coupe réglée ; elle a été exploitée d'une façon presque immorale par les petits propriétaires riverains. En particulier l'indemnité pour « dégâts de Lapins » a atteint des proportions si exagérées qu'une réaction s'est produite, et que propriétaires et locataires ont détruit le Lapin aussi radica- lement que possible. En ce faisant, ils ont obtenu un résultat doublement avantageux puisqu'ils se sont soustraits à « l'exploi- tation du Lapin » et, qu'ils ont en même temps sauvegardé le capital-bois très entamé par ce Rongeur qui constituait la base des chasses de bois. La disparition du Lapin a été compensée dans une certaine mesure par l'augmentation et l'abondance de plus en plus grande du Faisan. Depuis longtemps acclimaté en France, cet Oiseau d'origine asiatique s'est multiplié dans certaines régions d'une façon tout à fait remarquable. Le Chevreuil, très abondant il y a encore un demi-siècle, dans tous nos massifs forestiers, a beaucoup diminué depuis une vingtaine d'années. Il a augmenté, en revanche, dans les forêts où on le chasse à courre, et s'est maintenu sur les grandes chasses gardées où les propriétaires interdisent de tirer les chè- vres. Mais cette règle élémentaire de conservation et de multipli- cation n'est appliquée qu'exceptionnellement, et en France, les chasseurs à tir tuent chèvres et broquarts indistinctement. Le Chamois dans les Alpes, et l'Izard. le Chamois des Pyrénées, naguère encore très nombreux, diminuent de jour en jour. La surveillance et le contre-braconnage sont particu- lièrement difficiles dans les hautes montagnes, et seule la législation suisse, dont nous dirons un mot tout à l'heure, pourrait, non seulement permettre le repeuplement, mais favoriser l'accroissement de cette ravissante Antilope d'Europe. Les touristes et les guides des Pyrénées chassent l'izarcl dès l'ouverture des stations thermales, soit au moins six semaines avant l'ouverture de la chasse, et cela depuis des années. A cette époque, il y a des Chèvres pleines ou qui allaitent encore; gendarmerie et administration ferment les yeux sur ces délits de chasse, commis au vu et au su de tous. L EXPLOITATION DE LA CHA^E HQ'A A côté du gibier indigène, si menacé drnne façon générale, nous ne devons pas oublier le gibier migrateur que nos lois françaises protègent encore moins que le gibier sédentaire. Les Oiseaux migrateurs sont un patrimoine international, et il serait grand temps que des conventions, qu'une législation internationale commune vinssent mettre un terme à la destruc- tion irraisonnée qui met en danger l'existence même de cer- taines espèces. Le gouvernement français a fait ce qu'il a pu pour protéger la Caille, et il a été suivi dans cette voie par l'Allemagne ; mais on continue à exterminer en masse les Cailles sur toutes les côtes méditerranéennes, et la métropole n'a jamais osé imposer à ses colonies les mesures de protection prises sur le territoire français, mesures qui restent forcément inutiles puisqu'elles n'ont pas leur corollaire en Algérie et en Tunisie. La prolongation de la chasse du gibier migrateur au prin- temps (jusqu'au 31 mars ou au 15 avril) est contraire à la loi de nature, qui exige la protection la plus absolue au moment de la reproduction des espèces. Quelques vrais chasseurs s'abstiennent de tirer certaines espèces au lendemain même de la fermeture générale, mais les autres tuent les Canards accouplés, les Canes en train de pondre ou de couver, les Bécasses dans la période d'accouplement. Jadis les réserves de la nature étaient peut-être suffisantes pour combler les vides faits par une quantité restreinte de chasseurs; mais les chasseurs sont devenus légion, leur armée promène le fusil dans tous les pays, sur tous les continents, exploitant successivement toutes les contrées du globe. La nature a été partout asservie par l'homme ; c'est l'homme qui doit à présent protéger et développer partout la vie libre, et considérer le gibier migrateur comme un bien commun collectif. Avant de quitter notre pays, je voudrais mettre successive- ment sous vos yeux l'organisation de deux chasses à la sauva- gine, la première comme type de chasse naturelle, et la seconde comme prototype de chasse artificielle. -A Marchais, dans le beau domaine de S. A. S. le prince de Monaco, à quelques kilomètres de Laon, s'étend toute une série d'étangs formés par l'extraction de la tourbe. La contenance de chacun de ces étangs peut varier de deux à quatre hectares, et ils se succèdent sur une longueur d'environ 16 kilomètres. Chaque étang est entouré d'une palissade de roseaux dont 304 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION l'assemblage est très serré, véritables écrans qui permettent au chasseur, en se tenant constamment baissé, de circuler tout autour, sur un chemin de ronde, sans être aperçu et sans être entendu par le gibier, pour peu qu'il observe toutes les précau- tions nécessaires. Chaque étang est commandé par une hutte en roseaux, aussi simple que rustique, suffisamment grande pour contenir à l'aise trois ou quatre chasseurs, et pour qu'on puisse y introduire un canon mobile. Des « guichettes » ou « guignettes » à volets-coulisses per- mettent de voir les Oiseaux sur l'étang, de pointer le canon et de passer de chaque côté des canardières à mains. Le canon, du calibre 43 millimètres monté sur roues pneumatiques, peut envoyer sur la bande visée une livre de plomb. Le canon placé au centre est généralement pointé et visé par le prince, pendant que deux gardes placés de chaque côté et armés de canardières calibre 8 attendent le signal pour effectuer une décharge générale. Le prince de Monaco a dépassé plusieurs fois 60 Ca- nards et atteint le chiffre de 97 Vanneaux en un seul coup de canon. Les Vanneaux fréquentent certains de ces étangs spécialement aménagés pour les attirer. Un barrage, dit à Vanneaux, fait en oourrées de bois ou en mottes de tourbe, est construit en travers de l'étang de façon à être balayé par le canon de la hutte ; le barrage arrive à fleur d'eau pour permettre aux Oiseaux de se poser. Chaque étang est pourvu de son effectif d'appelants dont la faction et la relève sont militairement organisées. Chaque groupe d'étangs est placé sous la surveillance d'un garde, logé dans un pavillon à proximité. Ces différents postes sont reliés entre eux par le téléphone, et chacun aboutit direc- tement au château, dans la chambre même du prince. Dès qu'une bande d'Oiseaux se pose sur l'un des étangs, fût-ce au milieu de la nuit, les gardes ont l'ordre de téléphoner immédia- tement. En quelques minutes, grâce à une piste cyclable, le prince arrive à motocyclette ; il peut parfois faire plusieurs coups de canon en passant successivement d'un groupe d'étangs à un autre. La chasse des marais de Marchais a été méthodiquement, j'allais dire scientifiquement organisée, et il est impossible l'exploitation de la cuassi: 305 d'exploiter d'une façon plus complète les passages de sauvagine s'arrêtant sur les étangs. Parallèlement à cette mise en valeur de marais naturels, nous avons pensé qu'il serait intéressant de présenter la création artificielle, de toutes pièces, d'un étang d'eau courante com- mandé par un gabion. Les gabionneurs et les buttiers savent que l'eau courante est la condition essentielle et presque indispensable du succès ; l'étang, le marais qui, grâce à des sources ou au passage d'eau courante, ne gèlent presque jamais, sont privilégiés, et les vols de sauvagine s'y abattent toujours de préférence. Le prince Michel Sturdza possède à Longueil, près de Dieppe, à environ 1.500 mètres de la mer, à vol d'oiseau, une prairie de onze hectares entourée de marais dont il est locataire. Cette prairie est limitée sur plus de la moitié de sa périphérie par une petite rivière, la Saâne. Le problème consistait à se servir des eaux de la rivière pour alimenter l'étang, dont la profondeur avait été fixée à 0,40 centimètres, et le problème était d'autant plus difficile à résoudre que le niveau de la prairie était plus élevé que celui de la rivière. MM. Beaucantin et Le Morvan, architectes paysagistes à Rouen, qui s'étaient chargés de ce travail très important, ont triomphé de toutes les difficultés ; grâce à des terrassements considérables, le niveau de la prairie a été suffisamment abaissé pour qu'un étang d'un hectare soit constamment alimenté par la rivière à l'aide de vannages et de déversoirs savamment combinés. La poussée d'eau est suffisante pour empêcher la gelée d'avoir action sur le centre de cette grande mare, et grâce à ce courant constant la surface n'est jamais gelée tout entière pendant les plus grands froids. L'étang n'est pas concave, il est convexe, c'est-à-dire plus profond sur les bords que dans son milieu, et cette disposition ingénieuse assure l'eau limpide en tout temps. L'eau de l'étang s'écoule par différents petits canaux qui, à l'aide de plantations de roseaux et de leiches, ont été arrfénagés aussi habilement que possible pour servir de réserve à la Bécassine. A l'une des extrémités de la mare se trouve le gabion. Cette hutte très confortable, mais très rustique, a été construite en ciment armé. Elle se compose de trois pièces: en arrière, la cuisine-salle à manger et la chambre de repos, en avant. éiOfi BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION la chambre de « guette » ouvrant sur la mare. Cetle chambre a 0 mètres de long sur 2m50 de profondeur, et deux pans coupés permettent de tirer sur les côtés. Les portes intérieures forment tambour pour éviter le bruit et tout passage de clarté : le plafond et les côtés sont recouverts de nattes noires. En Allemagne et en Autriche, la chasse est une véritable institution. Elle est bien, comme en France, un plaisir, une passion, mais elle est aussi une sorte de religion. Les Autri- chiens et les Allemands ont un véritable culte du gibier et de la chasse! La chasse est considérée, traitée comme une richesse économique, une partie importante du patrimoine national, et depuis plus d'un siècle le gibier est protégé par une législation qui ^a fait de l'Allemagne et de l'Autriche- llongrie en particulier les pays les plus giboyeux d'Europe. Le principe fondamental de cette législation est l'obligation pour tout propriétaire ne possédant pas un certain nombre d'hectares d'un seul tenant, d'abandonner son droit de chasse à la commune. Celte dernière met alors en adjudication le droit de chasse sur ce qu'on pourrait appeler le bloc commun. Les propriétaires kde la commune bénéficient du prix de location, qui vient diminuer leurs impôts fonciers ou commu- naux au prorata de la contenance de leurs terres. Cette disposition législative a empêché les conséquences désastreuses de la division, du morcellement de la propriété au point de vue de la protection et de la conservation du gibier. Chez nos voisins, le gibier est considéré comme un produit du sol, tout comme le blé, le bois ou la vigne; la plus-value chasse vient toujours se superposer à la plus-value culture ou bois, et bien loin de leur nuire, le produit chasse s'ajoute aux autres revenus de la terre. Les propriétaires fonciers sont aussi fiers de la plus-value chasse de leurs terres que de la plus-value récolte ou coupes de bois. Les régisseurs, les intendants tiennent les comptes de chasse aussi soigneusement que les comptes fermes et forêts, et dans le pavillon du prince de Sclnvartzenberg à la première Exposition internationale de Chasse à Vienne en 1010, on pouvait voir et consulter les livres de chasse de ce domaine de 220.000 hectares, depuis, l'année 1610, soit troi> sièeles de chasse et de traditions cynégétiques! Sans dépasser le Rhin, il suffit de voir ce qu'est devenue la L EXPLOITATION DE LA CHASSE :{()7 chasse eu Alsace-Lorraine depuis trente ans qu'elle a pu obtenir d'être placée sous le régime de la législation cynégé- tique allemande. Le gibier a plus que décuplé, et le prix de location des chasses a suivi la même proportion. En Alsace-Lorraine, comme dans le grand-duché de Bade, on ne fait aucun élevage, et il est difficile de trouver uni' pareille densité de Perdreaux et de Faisans naturels ; je ne parle pas des Lièvres et des Chevreuils qui fournissent d< rs tableaux qui seraient tout à fait exceptionnels en France. Allemands et Austro-Hongrois exploitent la chasse d'une façon et suivant des règles presque identiques. Les gardes voient ,1a proportion de gibier qui peut être tuée pour maintenir l'équilibre et même pour augmenter la récolte annuelle, si l'on peut appliquer ce mot au produit gibier. Les communes sont les premières intéressées à ce qu'aucun fait de braconnage ne soit commis sur leur territoire, puis- qu'elles sont obligées de payer les frais d'entretien des délin- quants condamnés à la prison. Ces frais viennent donc dimi- nuer d'autant le revenu communal ; et d'autre part, les sanctions pour les délits de chasse sont suffisamment sévères pour donner à réfléchir aux braconniers les plus déterminés. Sur toute l'étendue des territoires allemands et austro- hongrois, on chasse le Perdreau devant soi pendant les quatre ou six premières semaines de l'ouverture. En Alsace-Lorraine et en Bade, où l'on pratique les battues à la française à partir du mois de novembre, — principalement pour atteindre le quantum de Lièvres qui doit être tué chaque année, — on tire aussi les Perdreaux à cette époque; mais ces battues ne sont pas faites uniquement pour la Perdrix, et sont infiniment moins meurtrières pour celle-ci que les battues et les contre- battues telles qu'elles sont pratiquées chez nous et en Angle- terre. (A suivre.) UNE ENQUÊTE SUR LE FAISAN VÉNÉRÉ Le samedi 16 mars, une réunion organisée à l'impromptu entre amateurs de Faisans vénérés avait amené à l'Hôtel du Louvre des chasseurs éminents tels que MM. Rejot, président de la Société centrale, le bâtonnier Rétolaud, l'inspecteur général des forêts Lafosse, le comte de Ronvouloir, de Granrut, Mutel, Stresse r-Péan, Mellerio, etc., qui s'y sont rencontrés avec des ornithologistes de marque comme MM. Magaud d'Au- busson, Debreuil, Vincent, Duriez, A. Pichot, Ch. Va- lois, etc., et d'autre part, avec des gardes-chefs, qui appor- taient leur expérience personnelle et les constatations de leur longue pratique. La discussion, conduite avec la méthode qu'on pouvait attendre de tels interlocuteurs, a nettement séparé les points sur lesquels tout le monde est d'accord de ceux sur lesquels des divergences se sont produites. Les points contestés sont dès maintenant soumis à une enquête dont nous parlerons plus loin. Quant aux points acquis et désormais hors de discussion, ce sont : La beauté du Vénéré, la hauteur et la rapidité de son vol, son mutisme au brancher, l'excellence de sa chair (quand il a vécu en liberté), la précocité de ses facultés prolifiques, sa poly- gamie, son endurance au climat de la France ; enfin ce fait qu'il n'est pas migrateur. La discussion avait été amorcée par une communication de notre collègue M. Rrunot, qui a résumé ses expériences person- nelles (le compte rendu en a été publié dans le Bulletin de Saint-Hubert Club, octobre 1911 et mars 1912). Sans rééditer cette publication, M. Rrunot la complète sur deux points : 1 endurance au climat et la polygamie du Vénéré. Endurance au climat. — Le Vénéré ne craint ni le froid ni la chaleur, à l'état adulte. Si les petits Vénérés, comme tous les faisans indigènes, sont très sensibles à l'humidité, au froid et à l'insolation, en revanche, le Vénéré adulte se plaît sous le climat français; il se reproduit spontanément en liberté depuis plus de quarante ans, dans le magnifique parc de Grosbois 037 hectares), appartenant au prince de Wagram ; ces Oiseaux de Grosbois, en retournant à l'état de nature, ont pris une UNE ENQUÊTE SUR LE KA1SAN VÉNÉRÉ .'{01) allure plus élancée, plus line que l'Oiseau de volière. 11 y a, entre le Vénéré de Grosbois et le Vénéré des parquets ou des jardins zoologiques, à peu près la même différence qu'entre un Pur sang anglo-normand et un Percheron. La captivité empâte le Vénéré et parait l'élargir et l'épaissir; la liberté au contraire effile et développe l'Oiseau dans la lon- gueur, en forme de fuseau, favorable à la rapidité du vol et au passage aisé à travers les broussailles. 11 ne s'agit pas ici d'une apparence résultant de plumes plus ou moins lisses, le poids moyen des Oiseaux de Grosbois paraît être inférieur de 200 grammes à celui des Oiseaux de parquets : 12 Poules et 12 Coqs de Grosbois pesaient ensemble 22 kilo- grammes. 12 Coqs et 12 Poules de parquets, de provenances diverses et sensiblement de même âge que les premiers, pesaient 27 kilo- grammes. La perte de poids ne paraît pas être considérée comme une dégénérescence résultant de la consanguinité, car les Oiseaux de Grosbois sont plus vifs, plus nerveux, plus agiles; ils sem- blent plus hauts sur pattes, probablement en raison de leur attitude plus droite et plus effilée. Polygamie. — Pour s'assurer si le Vénéré est monogame ou polygame, M. Brunot avait divisé les Coqs de ses parquets en trois groupes : les premiers reçurent une seule femelle; les seconds eurent deux Poules; enfin les Coqs du troisième groupe furent pourvus de trois Poules. Aucune bataille ne survint entre les Poules polygames, la proportion des œufs fécondés fut sensiblement la même partout. Le Vénéré est donc polygame, sans répugnance, en capti- vité. Une autre constatation prouve que les Poules sont volontai- rement polygames en liberté. Dans un petit bosquet isolé et clos mais non couvert se trouvaient trois Coqs entravés et trois Poules également entravées; ce bosquet était à deux kilo- mètres de la réserve du grand bois où avaient été lâchés des Oiseaux libres. Une de ces Poules libres n'hésita pas à faire spontanément ces deux kilomètres pour venir rejoindre un des Coqs entravés du bosquet : elle négligea, ce faisant, les nombreux Coqs libres qui étaient dans son voisinage immédiat, et ne s'arrêta pas à la considération que le captif de son choix (Hait déjà lui-même en état de polygamie. Cette volontaire en 310 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION surnombre resta de son plein gré dans le bosquet, pendant toute la ponte: elle y couva onze œufs, dont dix vinrent à bien, et ne retourna au grand bois que lorsque ses Faisandeaux devenus grands purent l'y suivre. M. Brunot en conclut que le Vénéré est naturellement poly- game ; celte question n'est plus contestée aujourd'hui, et si quelques marchands soutiennent encore que le Vénéré est monogame, cette affirmation ne repose sur aucun fondement et semble avoir simplement pour objet de faciliter l'écoule- ment des Coqs en surnombre. M. Brunot a constaté, à plusieurs reprises, que les Poules les plus jeunes sont cochées les premières : quelques-unes de ces jeunes cochées chassaient d'abord les Poules non encore cochées-, mais cette sorte de jalousie passagère disparaissait dès que les faveurs du Coq s'étaient impartialement réparties. A partir de cette « légitimation » la concorde n'a jamais cessé de régner entre les sultanes du même Coq. Après avoir fixé les points hors de discussion, la réunion de l'Hôtel du Louvre a dressé le bordereau des questions contro- versées et a décidé d'instituer une enquête pour en obtenir la solution précise. Cette enquête sera dépouillée et disculée dans une réunion ultérieure qui aura lieu au mois de juin, lors de l'Exposition canine. Elle porte sur les points suivants : Réputation d insociabilité. — Constatations précises d'insocia- bilité; les Coqs batailleurs étaient-ils jeunes ou vieux ? Avaient- ils été lâchés adultes ou entraînés? Étaient-ils pourvus de Poules Vénérées en nombre suffisant? Quelle élait la densité respective par hectare : d'une part des Coqs et Poules Vénérés, d'autre part, des Coqs et Poules ordinaires? Habitats préférés. — Quels sont les lieux de cantonnement préférés et naturels du Vénéré? Sol granitique, ou calcaire, ou argileux, ou tourbeux ? terrain sec ou humide? montagne ou plaine? futaies ou jeunes coupes? arbres résineux ou feuillus ? Est-il exclusivement silvestre, ou se plail-il parfois en plaine? Nourriture d'élection. — Granivore, haccivore ou insecti- vore? Quelles sont, selon la saison et les circonslances, ses aliments de choix? Plantes à propager ou à proscrire ? Influence de l'eau ? Ois, ■nu de compagnie. — Le Vénéré peut-il. à certains égards, elre considéré comme Uiseau de compagnie? Les groupements UNE ENQUÊTE SI I! LE FAISAIS VÉNÉRÉ .'Jll constates résultent-ils, comme |>our les Perdrix, de la commu- nauté d'origine et d'incubation? ou, comme pour les Corbeaux, Outardes, etc., d'un instinct de défense sociale? Conditions, époques, nature et durée de ces groupements : Le Coq s'inté- resse-t-il à la protection et parfois à l'éducation des jeunes, comme le Coq-Perdrix? ou s'en désintéresse-t-il comme le Coq- Faisan commun ? Procédés artificiels de cantonnement. — Quels sont, selon les divers terrains, les meilleurs artifices pour cantonner les Vénérés de repeuplement? Par les Coqs ou par les Poules? Captifs ou entravés? Nourritures cantonnantes? Quel âge pré- férable pour la mise au bois des jeunes? Enfin, d'une façon générale, quelles sont les particularités constatées dans les mœurs particulières du Vénéré : Défense contre les animaux nuisibles? Brancher diurne et nocturne? Nidification, incubation, et éducation à l'état libre? Tels sont les points soumis à l'enquête. Nos collègues son^ instamment priés de recueillir soit par eux-mêmes, soit par leurs relations, toute documentation précise et nettement con- statée, relative à ces divers points, et de les classer précieuse- ment pour en faire bénéficier la réunion projetée lors de l'Exposition canine. ÉNUMÉRATION DES PLANTES CULTIVÉES PAR LES INDIGÈNES EN AFRIQUE TROPICALE ET DES ESPÈCES NATURALISÉES DANS LE MÊME PAYS ET AYANT PROBABLEMENT ÉlÉ CULTIVÉES A UNE ÉPOQUE PLUS OU MOINS RECULÉE Par Aug. CHEVALIER. Suite (1). PllYTOLACCACÉES. Mohlana nemoralis Mart. — Originaire de l'Amérique tropi- cale, Répandu autour des villages dans un grand nombre de pays de la région des forêts vierges. A la Côte dTvoire, notam- ment, l'espèce est fréquente et elle a toujours l'allure d'une plante naturalisée. Les indigènes ne la cultivent plus et n'en font aucun usage à notre connaissance, mais, autrefois, elle a pu être cultivée comme brède. Phytolacca dodecandra L. Hér. {=P. aby ssinica Moq.). — ■ Origine inconnue. La plante est naturalisée autour des villages dans un grand nombre de régions de l'Afrique tropicale, mais nulle part elle n'est connue d'une manière précise à l'état spontané. Nous l'avons observée en grande quantité autour des villages Dyolas dans la haute Côte dTvoire. La plante n'est pas cultivée, mais elle s'écarte peu des alentours des cases et a certainement été cultivée autrefois. Les femmes utilisent les jeunes pousses pour faire des sauces, ou bien on les consomme comme brèdes. Nous avons utilisé les feuilles pour remplacer les Epinards et les avons trouvées excellentes. POLYGONACÉES. liumex abyssiniens Jacq. - Originaire des montagnes de l'Afrique tropicale. Nous l'avons observé à San-Thoiné à l'état spontané à 1.81)0 mètres d'altitude. Cultivé par les indigènes comme plante potagère dans presque tout le bassin du Congo. Les Européens nomment ce légume Oseille Sango. (1) Voir Bulletin, l,r et 15 février, îer mars, 15 avril 1912. PLANTES CULTIVÉES EN AFRIQUE TROPICALE 313 PlPÉRACÉES. Piper guineense Schum. et Thonn. — Spontané dans les forêts vierges et les galeries forestières de l'Afrique tropicale. iSous avons observé cette espèce à l'état cultivé seulement dans le Kissi (Guinée française). Le Poivre de Guinée, dans cette région, donne lieu à un petit commerce. Laurinées. Persea gratissima Gaertn. — Avocatier. Originaire de l'Amé- rique tropicale. Cultivé par les indigènes dans les colonies por- tugaises. On en trouve aussi quelques exemplaires plantés dans les villages Soussous, en Guinée française. EUPUORBIACÉES. Euphorbia Hermentiana Ch. Lem. — Euphorbe cultivée dans la plupart des villages du Congo, soit pour former des haies, soit comme plante fétiche. Euphorbia Poissoni Pax. — Spontané dans les rochers du Dahomey. Cultivé comme plante fétiche dans le Bas et le Moyen-Dahomey. Euphorbia Renouardi Pax. — Spontané au Soudan français. Parfois planté comme fétiche. Euphorbia elastica J. Poisson. — Spontané en Afrique occi- dentale. Planté çà et là comme fétiche. Euphorbia balsamifera Ait. (=E. sepium N. E. Br. =E. Rogeri N. E. Br.). — Spontané dans la zone sahélienne. Très fréquemment employé pour faire des haies au Sénégal. Parfois planté dans le Haut-Dahomey, le Gourma et le Mossi, comme plante fétiche ou médicinale. Euphorbia lateriflora Schum. et Thonn. — Plante à port à? Euphorbia Lathijris L. Souvent planté dans le Bas et le Moyen- Dahomey comme plante médicinale et comme plante fétiche. Euphorbia Teke Schweinf. in Pax. — Congo belge. Haut Chari. Commun dans le Haut-Oubangui et fréquemment planté dans les villages comme plante fétiche. JEleophorbia drupacea (Schum. et Thonn.) Stapf. — Spontané danslesforêts viergesde l'Ouest-africain. Planté dans les villages de la Côte d'Ivoire, soit comme plante fétiche, soit comme plante à poison d'épreuve. Au Fouta-Djalon, elle est souvent utilisée parles Peulhs pour faire des clôtures autour de leurs fermes. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1912. — 21 314 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ .NATIONALE D'ACCLIMATATION Jatropha Curcas L. — Originaire de l'Amérique du Sud. Sert à faire des clôtures chez la plupart des peuplades de l'Afrique tropicale. Plante parfois naturalisée sur rempla- cement des villages détruits. Les indigènes ne font pas usage de la graine, qui est oléa- gineuse et constitue un purgatif drastique. Jatropha multifida L. — Originaire de l'Amérique tropicale. Quelques exemplaires sont cultivés dans de nombreux villages du Bas-Dahomey ou de la basse Côte d'Ivoire, soit comme plantes d'ornement, soit comme plantes fétiches. Jatropha goss'jpïfolia L. — Originaire de l'Amérique tro- picale. Naturalisé en abondance le long du littoral africain, depuis la Guinée française jusqu'au Congo. Planté dans de nombreux villages de la Haute-Guinée française comme plante fétiche, empêchant le tonnerre de tomber sur les cases. Ricinodendron africanum Muell. Arg. — Spontané dans les forêts et les galeries forestières de l'Afrique tropicale. Graines comestibles riches en matières grasses. Au Baoulé et dans quelques autres parties de la Côte d'Ivoire, on conserve les arbres venus de graines perdues aux alentours des villages. Manihot Glaziovii Muell. Arg. — Originaire du Brésil. Plante à caoutchouc introduite dans l'Ouest-africain par les Européens vers 1890. Aujourd'hui, on constate la présence de cette essence dans de nombreux villages indigènes, notamment en Guinée française, dans la basse Côte d'Ivoire, au Dahomey, dans le Haut-Oubangui, où les premiers plants furent intro- duits en octobre 1902 par la mission Chari-lac Tchad et ense- mencés parle jardinier V. Martret. Manihot utilissima Pohl. — Manioc. Originaire du Brésil. Introduit en Afrique vraisemblablement peu de temps après la découverte de l'Amérique. De nombreuses variétés se ren- contrent aujourd'hui en Afrique tropicale. Beaucoup de peu- plades de la forêt vierge font du Manioc leur nourriture pres- que exclusive. On cultive, outre les variétés amères contenant de l'acide cyanhydrique dans leurs tubercules, des variétés douces, comestibles sans préparation préalable. D'après F. Pax, tous les Maniocs cultivés en Afrique tropicale se rattacheraient a la même espèce, et ce serait à tort que l'on aurait rattaché les Maniocs africains doux soit au .)/. dulcis (G. F. Gmel.) Pax, soit à sa car. Aipi (Pohl) Pax. Ces deux dernières plantes ne seraient connues qu'au Brésil. PLANTES CULTIVÉES EN AFRIQUE TROPICALE 'M-> llnru crepitans L. — Originaire de l'Amérique tropicale. Introduit depuis longtemps par les Européens a la Côte occi- dentale d'Afrique. Les indigènes ont planté cet arbre en quel- ques villages du Ras-Dahomey. Urticackes. Celtis integrifolia Lamk. -- Spontané dans les forêts vierges de l'Ouest-africain. Cet arbre a été transporté parles indigènes bien au delà de son habitat naturel. On en observe de beaux exemplaires servant « d'arbres à palabres » sur les places ou aux alentours d'un grand nombre de villages de la zone soudanaise. Cannabis sativa L. — Spontané en Asie, de la Sibérie à la mer Caspienne. Le chanvre n'existe qu'à l'état cultivé en Afrique tropicale et y est assez rare. Dans la forêt vierge du Congo français et du Congo belge on en ensemence dans beaucoup de villages, non pour la fibre qui n'est pas utilisée, mais pour les feuilles utilisées par les fumeurs de hachisch. Morus mesozygia Stapf. — Spontané dans la partie nord de la forêt de la Côte d'Ivoire. Planté comme « arbre à palabres » dans quelques villages de la haute Côte d'Ivoire et du Lagos. Ou trouve aussi ces arbres à travers les champs cultivés du Baol (Sénégal), où ils ont été sans doute introduits. Ficus Rokko Warb. et Schweinf. — Origine incertaine, mais fréquemment naturalisé dans une grande partie de l'Afrique tropicale. Cet arbre a dû autrefois être cultivé sur de grandes étendues pour la fabrication des vêtements à l'aide de l'écorce battue. La culture, pour cet usage, se pratique encore à notre connaissance au Baoulé (Côte d'Ivoire), et dans le pays des Bandas et des Mandjias (Haut-Oubangui). Ailleurs, notamment au Soudan français, ce Ficus est conservé seulement comme « arbre à palabres ». Ficus Vogelii Miq. — Spontané sur le littoral depuis le Sénégal jusqu'au Lagos. Dans cette zone et dans les territoires qui l'avoisinent, il est planté comme « arbre à palabres » ; en outre, en quelques points de la Côte, les indigènes en ont bou- turé des branches pour en retirer plus tard du caoutchouc. Enfin, au Baoulé, on cultive une race de cette espèce dont l'écorce fournit après battage un tissu comparable à celui pro- duit par l'espèce précédente et par VAntiaris a /ricana (Scott- 316 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Elliot) Engler, dénommé « Arbre à pagnes » mais exploité seu- lement dans la forêt et non cultivé. Ficus trachyphy lia F enzl. — Spontané dans la zone sahélienne, souvent planté dans la zone soudanaise et parfois plus au Sud, soit comme « arbre à palabres », soit comme arbre émettant des pousses que l'on coupe pour donner en nourriture aux Moutons. Nous avons observé à Saint-Louis un magnifique Ficus Caribah. greffé sur cette espèce et produisant de bonnes Figues. Ficus bembicicarpa Warb. — Spontané en Afrique occiden- tale. Cultivé jjcomme « arbre à palabres » dans la plupart des villages du Soudan nigérien. Ficus Kerstingii Warb. — Spontané en Afrique occidentale. Cultivé comme « arbre à palabres » dans les villages du Togo et du Dahomey. Ficus Jollyana A. Chev. (= F. lyrata Hort.). — Spontané dans la forêt de la Côte d'Ivoire. Planté dans quelques villages de la basse Côte d'Ivoire comme « arbre fétiche ». Ficus blbracteata Warb. (inclus F. umbrosa Warb.). — Spon- tané en Afrique tropicale et parfois exploité comme producteur d'un gutta de qualité secondaire (gutta de la Nigeria). Parfois planté dans les villages de l'Afrique occidentale et du Chari central, comme « arbre à palabres ». Chlorophora excelsa (Welw.) Benth. et Hook. f. — Spontané dans la grande forêt vierge africaine et dans les régions avoi- sinantes. Des exemplaires détaille aujourd'hui gigantesque ont été réservés ou plantés autrefois par les indigènes dans divers villages de la Guinée française, de la haute Côte d'Ivoire et du Bas-Dahomey. Artocarpus incisa L. f. var. scminifera auct. — Arbre à pain châtaigne. Originaire de Java et des îles du Pacifique. Assez répandu à la Côte d'Ivoire, dans la région du Bas-Cavally. Artocarpus incisa L. f. var. apyrea auct. — Arbre à pain vrai. Même origine que la plante précédente; en est une variété stérile se multipliant par bouturage des racines. On en trouve j quelques individus cultivés par les indigènes, au Bas-Dahomey, à Lagos, sur la Côte du Gabon. Fleurya xsluans (L.) Gaudich. — Origine asiatique. Natura-I lise autour de la plupart des villages de l'Afrique tropicale. Lesj indigènes n'en font aucun usage et ne l'ensemencent pas;[ cependant il semble avoir été introduit à une époque reculée. PLANTES CULTIVÉES EN AFRIQUE TROPICALE i!l7 ZlNGIBÉRACÉES. Curcuma longa L. — Originaire de l'Asie tropicale. Cultivé par les indigènes dans le Soudan nigérien, dans la haute Côte d'Ivoire, au Baoulé, au Bas-Dahomey, au Bas-Congo, pour ses rhizomes produisant une teinture jaune employée pour colorer les cuirs. Maranta arundinacea L. — Arrow-root. Originaire de l'Asie tropicale. Cultivé en quelques points du littoral de la Gold- Coast et du Congo par les Noirs civilisés. Zingiber officinale Bosc. — Gingembre. Originaire de l'Asie tropicale. Cultivé sur une assez large échelle en Guinée fran- çaise, au Sierra-Leone, dans le sud du Soudan français, au Dahomey, dans la Nigeria du Nord. Introduction fort ancienne. Canna indien L. var. C. orientalis Bosc. — Originaire de l'Asie tropicale. Commun aujourd'hui dans les territoires très étendus de l'Afrique tropicale, principalement dans la zone des forêts. La plante se rencontre exclusivement aux abords des villages actuels, ou détruits, ou sur l'emplacement des anciennes cultures. La plante n'est plus cultivée, mais nous pensons qu'elle l'a été autrefois pour ses rhizomes riches en fécule. Costus afer lier. — Spontané dans les forêts et galeries fores- tières de l'Afrique tropicale. Est cultivé près de quelques villages au Bas-Dahomey, pour l'écorce de ses tiges qui, découpée en lanières, sert à tresser des corbeilles. Aframomum Melegueta (Bosc.) K. Schum. — Paraît spontané en certaines parties de la forêt de la Côte d'Ivoire et du Libé- ria. Cultivé en grand pour la production de la Méléguette ou Graine de Paradis, dans la partie côtière de la Guinée fran- çaise, au Kissi, au Sierra-Leone, dans presque toute la Côte d'Ivoire, au Bas-Dahomey, etc.. Aframomum cereum (Hook. f.) K. Schum. — Spontané à tra- vers la forêt de la Côte d'Ivoire. Cultivé dans le Bas-Cavally et chez les Bakoués pour ses feuilles, que l'on met dans la cuisine indigène afin de la parfumer. Musacées. Musa Schweinfurthii Warb. (= M. Chevalieri Gagnep.). — Spontané dans la zone guinéenne depuis la Guinée française jusqu'au bassin du Haut-Nil. Bemonte parfois dans la zone sou- 318 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION danaise. Parfois quelques exemplaires sont plantés aux abords de certains villages de la haute Côte d'Ivoire pour les graines à l'aide desquelles on fabrique des chapelets ou qu'on emploie en guise de billes pour jouer. Musa paradisiaca L. — Originaire de l'Asie méridionale. Cultivé en grand en Afrique tropicale dans la zone des forêts vierges, desquelles il s'écarte de quelques centaines de kilo- mètres au plus. Ses fruits constituent encore la base de l'alimentation de nom- breuses peuplades africaines. En temps de disette, les indigènes consomment aussi les rhizomes et les bourgeons souterrains de la plante, qui ne fournissait probablement au début de la culture que ce produit utilisable. Il est très probable en effet que les races à fruits charnus sans graines sont apparues chez des plantes déjà soumises à la culture. On sait que les espèces de Bananiers à graines fertiles produisent des fruits à pulpe très mince, à peine comestible. Musa sapientum L. — Simple race de l'espèce précédente, probablement originaire aussi de l'Asie tropicale. En Afrique, où l'on connaît une dizaine d'espèces de Musa spontanés, les espèces cultivées seules ont des rhizomes et produisent des bourgeons à leur base : elles dérivent donc sûrement des types spontanés spécifiquement différents des espèces africaines. Le Musa sapientum est cultivé en moins grande quantité que le précédent, mais il est répandu sur une aire beaucoup plus étendue puisqu'il existe aussi dans beaucoup de villages du Soudan. Comme l'espèce précédente, il présente de très nom- breuses variétés africaines. Musa Cavendishii Lambert (= Musa c/nnensis Sweet, M. Mas- sonii Sagot, M. sinensis Sagot). — Originaire aussi du continent asiatique. Quoique beaucoup moins répandu que les deux Bana- niers précédents, il a pourtant pénétré déjà sur les rives du Congo et de l'Oubangui, où nous l'avons observé en 190-2. 11 existe aussi dans les cultures indigènes du Gabon et de la Basse-Guinée française. La race dite de Camayenne, cultivée aux environs de Conakry pour l'exportation en Europe, est origi- naire des îles Canaries, où elle était cultivée depuis longtemps. (A suivre.) EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 15 JANVIER 1912. Présidence de M. Clément, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. 11 est donné lecture d'une lettre de M. Howard, qui remercie la Société du compte rendu de son ouvrage sur le Liparis dïspar. M. Le Fort communique un entrefilet du journal Le Temps, sur un parasite de la Pomme de terre. Un de nos collègues attire l'attention sur un article de M. Guénaux publié dans la Vie agricole, à propos d'un nouveau procédé de destruction des Papillons nuisibles à la Vigne; ce procédé est basé sur l'emploi des pièges à liquide ; voici en quelques mots le dispositif du piège : M. Labergerie ayant remarqué que tous les moyens employés pour la destruction des Cochylis, Eudemis et Pyrales échouaient presque toujours, soit que l'on se serve de bière, de vin, ou autre liquide s'évaporant facilement au soleil, soit que l'on emploie la boisson du marc frais fermenté, prit du sirop mélasse et remplit aux trois quarts des godets en terre cuite, qu'il plaça dans les endroits les plus ravagés; tous les deux ou trois jours, M. Labergerie ajoutait un peu d'eau pour mieux délayer la mélasse, le résultat ne se fit pas attendre : du 15 mai au 15 septembre, dans 3.000 godets, M. Labergerie put détruire 60.000 Cochylis, 30.000 Eudemis, et 20.000 Pyrales, et le nombre de raisins attaqués lors de la prématuration fut tellement faible, qu'on peut considérer la destruction comme pratiquement réalisée. 320 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Marchai fait observer que ce moyen n'a pas donné partout des résultats aussi satisfaisants, et que, seules, quelques indi- cations sont à retenir. L'action des ferments est la meilleure, et il faut abriter les pièges: le nombre des captures varie aussi avec les conditions climatériques. M. Henri Loyer dit avoir eu de bons résultats avec l'acide picrique sur les Cryptocephalus; les sels organiques de cuivre semblent produire quelques effets, mais avant de formuler un avis décisif, il est à désirer que les expériences soient continuées quelque temps encore. M. Marchai fait une communication sur la Cochylis et l'Eudemis, leur biologie, leurs dégâts, leurs ennemis, et montre aux assistants de nombreuses aquarelles, illustrant l'histoire de ces Insectes. Les stations entomologiques pour l'étude de la Cochylis et de l'Eudemis ont été instituées par décret du 11 février 1911. Cinq stations furent ainsi créées, qui, toutes se rattachèrent à Paris, station principale chargée de centraliser les résultats obtenus dans chacune d'elles. M. Marchai fut nommé directeur de la Station de Paris; M. Chalanay, de Chàlons-sur-Marne; M. Paillot, de Beaune ; M. Vezin, de Blois; M. Feytaud, de Bordeaux ; et M. Picard, de Montpellier. Un long rapport détaillé contient l'exposé, par chapitre, des travaux des membres de la mission en 1911 ; nos collègues pourront le lire avec le plus grand intérêt, dès qu'il sera paru, ce qui ne saurait tarder. La Cochylis et l'Eudemis, comme beaucoup d'autres Lépido- ptères, se délectent de nourriture liquide ; l'eau et surtout les liquides sucrés sont presque une nécessité de leur existence. Dans l'année 1911, sous l'influence de la grande chaleur et de la sécheresse excessive, on a pu constater une diminution notable dans la deuxième génération. En Champagne, cette influence a porté sur le Papillon; le vol n'a duré que quelques jours et il a brusquemment cessé sans que la ponte ait pu s'effectuer : dans le Bordelais, l'action de la chaleur et de la sécheresse s'est exercée sur la Chenille arrivée à son complet développement ou sur la Chrysalide. L'Eudemis a beaucoup moins souffert que la Cochylis de ces inlluences climatériques. Parmi les insecticides expérimentés, la bouillie bordelaise EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 32d nicotinée a donné les résultats les plus favorables ; une analyse détaillée de l'action de la nicotine faite par M. Feytaud, de Bordeaux, donne la raison de son efficacité: 1° Elle agit comme insectifuge sur le Papillon, ainsi d'ailleurs que le cuivre des bouillies cupriques dans lesquelles elle se trouve incorporée. -2° Elle exerce une action abortive sur les œufs. 3° Sa puissance de destruction surlaChenille se fait sentir aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. La pyridine a une action analogue à la nicotine, mais elle est beaucoup moins efficace et doit être employée à doses beaucoup plus fortes. La question du moment favorable pour l'application des traitements est de la plus haute importance. Contrairement à ce que l'on pensait jusqu'ici, il ne coïncide pas toujours avec le maximum du vol des Papillons, mais on doit tenir aussi grand compte de l'état de la végétation, surtout pour la première génération. S'il s'agit d'un insecticide n'agissant que par voie interne, tel que les arsenicaux, l'application devra être plutôt vers le déclin du vol qu'au moment du maximum, et en tout cas on devra toujours attendre que les boutons des inflores- cences soient suffisamment espacés les uns des autres, pour que l'insecticide puisse pénétrer dans toute la grappe, et recouvrir tous ses éléments. Si la pulvérisation est faite à un moment où les boutons sont encore serrés les uns contre les autres et enveloppés de bractées, les parcelles de la substance toxique qui se trouvent sur l'inflorescence au moment où celle-ci se sera étalée et épanouie, seront si minimes que les jeunes Chenilles nouvellement écloses demeureront indemnes de tout germe mortel. En raison de l'échelonnement de l'éclosion, il sera d'ailleurs sage de faire un nouveau traitement huit à dix jours après le premier. Lorsque l'on emploie la bouillie bordelaise nicotinée, le premier traitement pourra être fait avec avantage un peu avant ou pendant le maximum du vol des Papillons, en raison de l'action insectifuge et de l'action abortive de cette matière sur les œufs ; mais si, à ce moment, la végétation n'est pas assez avancée, et si les boutons des inflorescences ne sont pas dégagés des bractées, et suffisamment écartés les uns des autres, on devra différer de quelques jours le traitement, ou mieux encore l'appliquer à titre d'insectifuge, destiné à agir comme insec- ticide, et faire une nouvelle application au moment où les inflorescences seront suffisamment étalées. 322 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION Le piégeage lumineux, étudié en Champagne par M. Chatanay (installation électrique de Yerzenay, installation à l'acétylène d'Avize et de Cramant), a donné de bons résultats. Les femelles sont prises en grand nombre aussi bien que les mâles, et la majeure partie avant ou au début de la ponte. Le piégeage alimentaire (vin mélasse, liquides fermentes) est à l'étude, il a donné succès ou déception selon les contrées. Parmi les parasites de la Cochylis et de l'Eudemis, il convient de si- gnaler particulièrement YOopihora semblidis, petit Hymé- . noptère Chalcidien se développant dans l'œuf de la Cochylis et de l'Eudemis. M. le professeur Marchai, en collaboration avec M. Feytaud , a fait une élude toute spéciale de ce parasite. Les Cryptogames parasites constituent aussi des foyers naturels souvent fort importants pour limiter la multiplication de ces Lépidoptères: ils déciment les Chrysalides pendant la période hivernale ; et augmenter la germination des Crypto- games, c'est diminuer d'autant le nombre des Papillons. M. Fron, maître de conférences à l'Institut agronomique, a étudié les matériaux qui ont été adressés à la Mission de la Cochylis ; la question était Irop grave pour en négliger la moindre partie, et une espèce particulièrement virulente pour les Chenilles de la Cochylis a retenu l'attention du savant professeur: aussi l'a-t-il décrite sous le nom de Spicavia (Isaria verticilloides. Les modes de culture propres à chaque vignoble ont une influence réelle sur la multiplication plus ou moins grande, et sur la répartition de la Cochylis; les directeurs des stations ont examiné la question dans tous ses détails, et ont pu ainsi donner des indications précieuses pour la lutte contre le fléau. Le provignage en Champagne limite d'une façon fort heureuse le développement des Lépidoptères ; l'épluchage à la clayette, l'usage des paillassons contre la gelée agissent dans le même sens. Dans le Midi, l'arrosage à au contraire favorisé le développement des Insectes, et la submersion ne s'est pas montrée efficace, malgré l'avis de certains viticulteurs qui espéraient trouver par là un moyen pratiquede destruction. Les vendanges précoces et rapides, partout où elles ont pu être réalisées, ont eu une influence très favorable et ont entraîné la disparition d'un grand nombre d'Insectes. Mais nous recom- EXTRAITS DES PROCÈS-VEKBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 323 manderons tout particulièrement l'effeuillage, qui augmente de beaucoup l'efficacité des traitements. Le Secrétaire, Abbé G. Foucnen. Ve SECTION. — BOTANIQUE. SÉANCE DU 22 JANVIER 1912 Présidence de M. D. Bois, président. Il est procédé d'abord au renouvellement du Bureau de la Section. M. Bois exprime l'idée qu'il serait utile, dans lintérêt même de la Société, que le Bureau ne soit pas toujours composé des mêmes personnes, et demande qu'on veuille bien désigner des noms nouveaux. Sur la proposition de M.Maurice deVilmorinet deM.Debreuil, la Section décide par acclamation de maintenir pour 1912 le Bureau tel qu'il était constitué, soit : Président : M. Bois. Vice-président : M. Jules Poisson. Secrétaire : M. Gérôme. Délégué aux récompenses : M. Bois. M. Bois renouvelle l'opinion qu'il avait émise avant le vote; mais puisque la Section ne l'a pas faite sienne, il assure ses collègues de tout son dévouement, ainsi que de celui des autres membres du bureau. Le secrétaire donne ensuite lecture du procès-verbal de la séance précédente, dont la rédaction est adoptée. M. Gérôme présente un travail de M. Guignard, membre de l'Institut, directeur de l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, extrait de la Revue de viticulture (1906) et intitulé : « Le Haricot à acide cy an-hydrique (Phasseolus lunaius L.). Etude historique, botanique et chimique, nouveau procédé pour déceler l'acide cyanhydrique. » M. le Président communique: 1° une lettre de M. deSainville, demandant le nom de deux plantes, qu'il a observées à l'île 324 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Sainte-Marguerite (Alpes-Maritimes) et au Cannet. Ces deux plantes, déterminées par M. Bois, sont le Phylolacca dioica L. et YAlbizzia Julibrissin Ben th. La première de ces plantes est un arbre de l'Amérique du Sud, dioïque, pouvant atteindre 6 à 10 mètres de hauteur, à tronc épais, charnu, de croissance très rapide, à feuillage dense, d'un beau vert. C'est un arbre d'ombrage, précieux pour la Provence, l'Algérie et le Sud de l'Europe, où on le con- naît sous le nom de Belsombre. Une bouture d'une année donne déjà des exemplaires de très forte taille. VAlbizzia Jullibrissin est connu aussi sous le nom d'Arbre de soie; il est très répandu dans les cultures méridionales, et même dans le sud-ouest de la France, où il est rustique jusqu'à Angoulème. Ses fleurs sont d'un blanc légèrement rosé ou rose tendre. On le confond souvent avec VAlbizzia Nemu Willd. ; mais dans cette espèce les fleurs sont d'un rose carminé plus vif. 2° Une lettre de M. de Chapel, remerciant pour les renseigne- ments qui lui ont été donnés au sujet des Saules (voir procès- verbal des séances du 20 novembre et du 18 décembre 1911), et donne des détails sur la végétation du Cereus Iricostatus qu'il a reçu de la Société il y a un an et demi. « Ces boutures ont actuellement plus d'un mètre de long; les racines adven- tives qui ont poussé à certains endroits de la tige se sont des- séchées, ce qui me fait croire que ce Cereus est peut-être ram- pant. Les premières gelées cette année viennent de flétrir le bout de la lige, je vais leur faire un abri. » Dans la même lettre, notre collègue cite aussi qu'il a depuis trois ans en pleine terre et poussant avec vigueur les Eucalyptus Gunnii et E . robusta. M. Le Fort communique une coupure du Journal Halles et Marchés^ d'après laquelle on trouve depuis temps une huile jusqu'à présent inusitée, l'huile de graines de Tomates. « C'est surtout en Italie, où l'industrie des conserves de Tomates est très prospère, que ce nouveau produit a pu être obtenu en quantités assez considérables pour prendre immé- diatement place sur le marché des corps gras. La province de Parme, notamment, traite, à elle seule, 84.000 tonnes de Tomates don t le résidu, autrefois rejeté comme déchet, a fourni 600 tonnes d'huile. L'huile de graines de Tomates se classe au EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 325 point de vue chimique, parmi les huiles demi-siccatives, du type de l'huile de colon. Elle trouvera, par suite, un débouché immédiat en savonnerie et dans toutes les industries où ceth' dernière huile est utilisée. » M. Bois dit qu'on tire aussi une huile très siccative des graines de Tabac ordinaire ; et M. Gérùme signale aussi que le même souci d'utiliser tous les résidus a provoqué aussi en Italie le réveil de l'industrie de l'extraction de l'huile contenue dans les pépins de raisins qui existait déjà à Albi vers 1780. D'après une étude récente (1), rapportée par la Science au xxe siècle, octobre 1911, il ressortirait que pour les seuls départements du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées- Orientales, une récolte moyenne de 28.000.000 de quintaux de raisins fournirait 1.036.000 quintaux de pépins, et environ 155.000 quintaux d'huile, valant, prix brut 11.655.000 francs. M. Debreuil présente ensuite un nouvel ouvrage de M. Cor- revon intitulé : Fleurs dis champs et des bois. M. Bois donne connaissance de quatre notices, adressées par M. Bivière, directeur du Jardin du Hamma, et dont voici ci- dessous le texte in extenso : « Fructification du Washiwjtonia filifera (ou W. robusta). J'ai signalé dans mes notes de 1910 et de 1911 qu'un sujet de cette espèce avait présenté à Tunis cette remarquable anomalie de produire un grand nombre de racines adventives à sa base. J'avais ajouté que ces Palmiers, malgré leur âge et leur grande taille, n'avaient jamais montré d'inflorescences en Algérie et en Tunisie. Or, M. Guillochon, directeur du Jardin d'Essai de Tunis, m'a annoncé l'heureuse fructification de cette plante dans le courant de l'an dernier et m'en a adressé des graines fertiles. » « Romarin à fleur blanche. — Dans ma récente excursion en Kabylie, dans la région haute de l'oued Sahel, j'ai revu un magnifique pied de Bomarin à fleur blanche que je connais depuis une trentaine d'années. Cette variété est moins com- mune qu'on le dit. J'en ai rapporté des boutures que j'adres- serai sous peu à notre Société. » « Climatologie. — L'hiver 1911-1912 présente en France, (1) Revue générale de Chimie jmre et appU, XIV, n. 326 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION comme sur la côte nord-africaine, une climatologie parti- culière : la caractéristique, c'est la douceur de la température à ce jour, 15 janvier. Mais la variante consiste en France dans des pluies abon- dantes et en une sécheresse persistante dans le nord-africain. Des renseignements qui me sont fournis sur quelques essais que je fais sur les bas plateaux du Jura, il résulte que les Bam- busa aurea et Simoni sont encore en végétation, tandis qu'habi- tuellement ils sont anéantis jusque sur la souche; que les Rosiers ont encore leurs feuilles, etc.. Au Jardin d'Essai d'Alger, les floraisons sont merveilleuses, grâce à l'absence de chutes thermiques, de grêles et d'ouragans : aussi les tleurs sont fraîches et intactes sur le groupe des Strelitzia reginse, des Bombacées, etc. Les bractées des Bou- gamvillca Sanderiana et brasiliensis, ainsi que les involucres du Poinseltia pale lier rima ne sont pas altérés. Roses en plein épa- nouissement. Puis beaucoup de plantes grimpantes en fleurs, Passiflora guadrangularis , Oxera pnlchella, divers Banis- leria, etc. Encore en pleine terre des semis de Pandanus utilis et de Poinciana regia, si délicats et qui vont disparaître à la pre- mière descente de température vers zéro. Je développerai cette notice prochainement. » « Araucaria Rulei. Cette année, les inflorescences sont nom- breuses sur cet Araucaria peu commun. J'adresse à la Section un échantillon d'organes mâles (chatons), remarquables par leur grosseur. Cet Araucaria est de croissance lente, mais sa variété ou l'une de ses formes, Araucaria elegans, l'est encore bien plus : c'est une forme naine. » M. Gérôme rappelle que M. Rivière a déjà, en mars 1908. adressé des échantillons (chatons mâles) de cet Araucaria : voir Bulletin, 1908, p. 349 et 531. M. Maurice de Vilmorin entretient la section de la floraison et de la fructification des Hambusées ; en dehors du mémoire rédigé sur ce sujet, et qui sera inséré au Bulletin, il complète sa documentation en présentant une coupure de la Patrie suisse qui a publié une belle photographie représentant le Bambou de llénon [Phyllostaohys Henonis) en fleurs, en juillet 1905, dans le Rare de l'Indépendance à Morges (Suisse romande), et des EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS .'127 ligures de délails dessinées par lui-même, représentant des fleurs de Y Arundinaria Sémoni -J!» août L908 . Au sujet des espèces de Bambusécs que M. .Maurice de Vil- morin a eu l'occasion d'observer, M. Bois signale que l'une d'elles, Arundinaria. Hindsii, lui a été aussi signalée en Heurs à Montpellier, par M. Daveau. M. le comte de Norion, qui possède une importante planta- tion de Bananiers à la Guadeloupe, a apporté à la séance de ce jour un magnifique régime de Bananes, des photographies, et un échantillon de farine de Bananes. Il donne des renseignements très circonstanciés sur la cul- ture du Bananier à la Guadeloupe ; en voici un résumé très succinct. La Guadeloupe se trouve être dans des conditions meilleures que la Martinique pour la production des meilleurs fruits tro- picaux (Bananes, Ananas, Avocats et Mangues). Les Bananes alimentaires sont de deux catégories : les unes si; consomment crues (Bananes figues); les autres se mangent cuites. Ce sont les premières qui ont de l'intérêt au point de vue commercial, notamment la petite figue sucrée jaune d'or, qui arrive maintenant sur les marchés de Paris, et la figue naine, plus grosse et plus charnue, produite par une plante moins élevée. (La première est probablement une variété du Musa sapientum, la deuxième du Musa Cavendishi ou .)/. sinensis.) Deux inconvénients sérieux s'opposent à la réussite des cultures de Bananiers : une maladie spéciale, à laquelle la figue naine a résisté jusqu'à présent, et l'influence désastreuse des grands vents, des cyclones qui déracinent les plantes : un Bananier qui a été secoué, reste improductif pendant un an au moins. Certains points de la Guadeloupe sont précisément dans de très bonnes conditions, au point de vue de l'influence mauvaise des grands vents ; il y a de plus l'action heureuse de l'humidité de l'atmosphère, qui manque ou est trop faible dans d'autres points où on a voulu cultiver le Bananier. Les récoltes de Bananes de la Guadeloupe sont surtout expédiées en Amérique (New-York), et à Londres (la récolte doit être faite à un état d'autant plus vert que la durée du trajet est plus longue). .*528 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Les difficultés des expédi Lions régulières en France résident surtout dans le petit nombre de bateaux (un seul par mois), et le prix du fret bien trop élevé. Il faudrait des départs tous les huit jours, à marche rapide, de façon à expédier les fruits au fur et à mesure de la maturité ; il faudrait aussi que le service du transport ne soit pas le monopole d'une compagnie unique, ne redoutant aucune concurrence et, à cause de cela, peu portée à rechercher des améliorations au régime des transports. Le Secrétaire, .1. ( JÉRÔME. ERRATUM Page 228, 33'' ligne, lire : mamelles et non lamelles. Page 233, 14e ligne, ljre : séden et non sedeu. Le aérant : A. Marethecx. Pans. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. L'EXPLOITATION DE LA CHASSE ET LES RÉSERVES A GIBIER Par le comte Justinien CLARY Président du Saint-Hubert Club de France. Suite (1). Dans les autres pays allemands, c'est le « kesseltreibe », la battue-chaudron, qui est généralement pratiqué; nous avons donné à cette battue circulaire le nom de « rond de lièvres » qui traduit assez bien ce genre de chasse. Le « kessel » s'exé- cute de la façon suivante : Chasseurs et rabatteurs se trouvent réunis au môme point de départ. Simultanément un chef de file part à droite, l'autre à gauche, et chacun est chargé de tracer les deux demi-cercles qui vont délimiter le « rond'». A intervalles réguliers, le directeur de la battue fait partir derrière chaque chef de file rabatteurs et chasseurs, en ayant soin de placer entre chaque tireur un nombre égal de batteurs, tous se trouvant espacés à distances égales sur la ligne de la circonférence. Quand il ne reste plus personne au point de départ, le rond doit être formé et fermé. Un coup de trompe donne le signal d'une marche concen- trique sur un centre idéal en ce sens que rien ne l'indique; le gibier cherche à franchir le cercle qui se resserre progressi- vement, et les Perdreaux de « rond » offrent des coups de fusil particulièrement difficiles en raison du vol très spécial qu'exé- cutent les Oiseaux pour franchir la ligne. Les ronds ont environ un kilomètre de diamètre, parfois davantage suivant le nombre des tireurs ; quand le cercle n'a plus guère que deux cents mètres de diamètre un coup de trompe indique aux chasseurs qu'ils doivent s'arrêter, et à partir de ce signal, ils ne doivent plus tirer que derrière eux pendant que les rabat- teurs continuent leur marche en avant jusqu'au point central. En Autriche-Hongrie, le mode de chasse le plus employé est le « sireife ». Il est employé aussi en Allemagne, mais moins généralement que le kessel. (1) V. Bulletin, 13 mai 1912. BULL. SOC. NAT. a-ccl. fr. 1912. — 22 330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Le streife est une marche en avant et en ligne avec deux ailes parallèles marchant en même temps et en avant du fond. Les ailes sont constituées par les hatleurs, le fond par les tireurs, et le streife en marche ressemhle comme figure géomé- trique à un parallélogramme ouvert. Cet entonnoir humain marche ainsi droit devant lui pendant plusieurs kilomètres, traversant plaines, prairies, guérets, bois, remises, etc.. Quand ces ailes arrivent à l'extrémité du terrain à couvrir, elles se rejoignent et reviennent alors en battue sur la ligne des tireurs arrêtés en temps voulu par un coup de trompe. Le streife est basé sur ce principe que le gibier, Perdrix, Faisans ou Lièvres poussés en avant, décantonnés, refusent à un moment donné d'aller plus loin; et pour retourner en arrière à leurs cantonnements, ils sont obligés de franchir ou de forcer la ligne des tireurs. En Allemagne comme en Autriche, on ne fait jamais d'éle- vage de Perdreaux et généralement pas de Faisans. Seuls, certains propriétaires désireux de faire de gros tableaux pra- tiquent l'élevage du Faisan, et on aréaliséenSilésie,en Bohème, en Hongrie, des tableaux fantastiques, mais toujours propor- tionnés à la production annuelle. Les territoires de chasse sont infiniment plus étendus que la plupart de nos chasses gardées françaises ; la densité à l'hec- tare en gibier naturel est évidemment moindre que celle du gibier d'élevage, mais elle est très remarquable et est généra- lement supérieure à celle de nos meilleures chasses naturelles. Les œufs des nids abandonnés ou mis accidentellement à dé- couvert, ne sont jamais mis en incubation ; mais pour favoriser autant que possible la multiplication de la Perdrix, les lois au- trichiennes et allemandes autorisent l'écoquetage, c'est-à-dire la suppression de l'excès de coqs. Ce sont les gardes qui sup- priment au fusil et à l'aide d'une « chanterelle » les coqs non pourvus de poules. La chasse à courre n'existe pour ainsi dire plus en Allemagne et en Autriche, et c'est à balle qu'on lire les Cerfs et les Che- vreuils. L'Autriche surtout est, par excellence, le pays du sport à balle, et l;i qualité. <»n se trouve bien aussi de n'employer qjue des mâles qui n'ont pas reçu de nourriture artificielle. « Je me permettrai d'ajouter, continue M. Raveret-Wattel, qu'à la station aquicole du Nid-de-Verdier, où la Truite arc-en- ciel est cultivée depuis dix-neuf ans, ce Poisson continue, comme par le passé, à faire preuve de la plus grande vigueur. C'est en 1893 et 1894 que des œufs nous ont été adressés par la Commission fédérale des Pèches, de Washington; depuis cette époque, nous n'avons jamais eu besoin de recourir à d'autres importations pour renouveler le sang, et il n'est pas inutile de signaler que les œufs que nous avions reçus n'avaient pas été recueillis sur des Poissons vivant en liberté dans les rivières californiennes, mais provenaient tout simple- ment de Truites élevées déjà depuis plusieurs générations dans les bassins d'un établissement aquicole de la région est des États-Unis, la station de pisciculture de Wytheville (Virginie). Or, non seulement le Poisson n'a pas dégénéré chez nous, mais il a, de plus, subi une sorte d'acclimatation qui s'est traduite notamment par une modification dans l'époque de la ponte, laquelle s'est rapprochée peu à peu de celle de notre Truite indigène. Tout d'abord, la fraie de l'Arc-en-ciel eut lieu chez nous comme en Virginie, c'est-à-dire dans le courant de février ou même au commencement de mars; mais, graduellement, l'époque avance; nous eûmes des pontes d'abord en janvier, puis en décembre. En 1902, nous pûmes commencer à recueillir des œufs dès le 27 novembre, et, en 1903, notre première récolte d'œufs s'effectuait le 23 novembre. Actuellement, c'est toujours vers le 20 novembre que l'on commence à pratiquer les fécondations artificielles, et les éclosions s'obtiennent dans les derniers jonrs de décembre. Il me paraît inutile d'in- sister sur les avantages qui en résultent au point de vue pra- tique. Nés dans le courant de l'hiver, et non plus pour ainsi dire au printemps, les alevins sont déjà très forts, très déve- loppés dès le mois de juin suivant; c'est presque une année de gagnée pour le pisciculteur. « L'acclimatation s'est, en même temps, manifestée par d'autres changements, portant d'abord sur la livrée du Poisson; nous avons obtenu, sans aucunement le chercher, sans nulle sélection, des Truites chez lesquelles la bande rouge des flancs est beaucoup moins marquée que dans le type normal. Ces Truites, à coloration très claire, ayant été répandues dans les 356 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION cours d'eau voisins de notre station aquicole, sont bien connues des pêcheurs, qui les appellent les ci Truites blanches du Nid- de-Verdier ». « Mais une autre modilication, bien plus remarquable encore, s'est aussi produite. Le tube intestinal, si développé chez la Truite arc-en-ciel, a perdu de son ampleur; l'abdomen est, par suite, moins volumineux, et, lorsqu'on prépare son envoi de Poisson pour le marché, on n'est plus obligé de faire, aussi longtemps à l'avance, jeûner ces Truites avant de les sacrifier, pour qu'elles soient d'un emballage plus facile et se conservent en meilleur état de fraîcheur. Je dois mentionner que ces Truites, qui n'ont subi aucune dégénérescence quant à la capacité reproductrice, loin d'avoir perdu en qualité, ont, au contraire, gagné sous un certain rapport, attendu que la chair en est un peu plus ferme, tout en restant d'un goût très fin, et il est à noter que les sujets reproducteurs eux-mêmes ne reçoivent cependant jamais qu'une nourriture artificielle, con- sistant principalement en mou de bœuf et hareng salé. « En terminant, ajoute M. Raveret-Wattel, je signalerai que c'est à tort que Marianne Plehn estime que la Truite commune supporte très mal, elle aussi, l'élevage en captivité et la nour- riture artificielle, lesquelles provoqueraient la dégénérescence de la race dès la seconde génération, à tel point que les pisci- culteurs sont obligés de renouveler fréquemment la population de leurs bassins, en recourant à l'emploi d'oeufs recueillis sur des Poissons vivant en liberté dans les rivières. Il convient de rappeler que. dans les établissements de pisciculture bien conduits, on arrive, au contraire, à améliorer la race de la Truite commune par des soins spéciaux de nourriture et par un bon choix des sujets reproducteurs. Comme je l'ai vu notam- ment en Ecosse, dans de superbes établissements situés près de Stirling et de Dumfries, on arrive, au bout de quelques générations, à développer le volume des œufs, dont le nombre diminue, il est vrai, mais qui, en raison de leur grosseur, donnent des alevins très beaux, très vigoureux, faciles à élever et de croissance rapide. Dans ces établissements, on conserve précieusement la race améliorée que l'on est parvenu à créer, et l'on se garderait bien d'employer des œufs récoltés sur des Poissons pris dans les eaux libres. » Le Secrétaire, Despax. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAL" \' DES SÉANCES DES SECTIONS 351 VI0 SECTION. - - COLONISATION SÉANCE DU 22 JANVIER 1912 Présidence de M. Au g. Chevalier, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. L'ordre du jour appelle une communication de M. Noury, sous-inspecteur d'agriculture en Afrique occidentale française sur les productions du Dahomey. Après un aperçu sur les caractéristiques du sol et du climat de notre colonie, M. Noury aborde la question du Palmier à huile. V Elseis giiineensis est d'une extrême abondance dans tout le Bas-Dahomey; il diminue dans la partie moyenne pour dispa- raître dans le nord où il est remplacé comme espèce produc- trice de matière grasse, par le Karité. En 1910, l'exportation des produits du Palmier, huile et amandes a atteint 92 p. 100 du commerce total d'exportation ; la production est encore augmentée par une notable quantité d'huile consommée par les indigènes. Au cours de cette même année la colonie a produit 36,500 tonnes d'amandes de palmes surlesquelles3i. 780 tonnes ont été exportées. Ces 36.500 tonnes d'amandes correspondent à 26. 430 tonnes d'huile dont 14.620 tonnes ont été exportées. On peut déterminer approximativement le nombre de Pal- miers qui ont contribué à semblable production. Il faudrait environ 252.000 tonnes de fruits pour produire 26.130 tonnes d'huile. Un Palmier étant capable de produire en moyenne 30 kilogrammes de fruits par an, il y aurait eu S. 391. 000 individus adultes et exploités pendant l'année consi- dérée. Le Palmier à huile constituant la culture exclusive dans tout le Bas-Dahomey, en dehors des plantes vivrières indispen- sables qui végètent dans les palmeraies, on se trouve en pré- sence d'une monoculture qui pourrait présenter certains dan- gers si une grave affection venait à faire son apparition. Fort heureusement cette espèce présente dans l'Ouest africain une résistance remarquable et aucun parasite n'a causé de dégâts appréciables. Parmi ses principaux ennemis, il faut citer une 888 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION' Cochenille {Aspidiotusdestructor)el\inCo\èoplève,\e Rhinocéros (Oryctes nasicornis). La constitution des palmeraies est assez longue. Il est diffi- cile, dans l'état actuel de la question, de n'avoir que des races ou variétés choisies; la fécondation est en effet toujours croisée, les in floresrences mâles et femelles ne se présentant jamais en môme temps sur un même individu, Les indigènes établissent leurs palmeraies avec de jeunes plants trouvés sous les Palmiers adultes ; ils n'ont aucune garantie quant à la valeur des plants. Il serait donc très utile de créer, dans des situations différentes, des plantations ayant pour but d'isoler et de sélectionner les variétés d'élite. M. Noury signale la quantité considérable de main-d'œuvre absorbée par la préparation des produits du Palmier. Pour le concassage des graines et le triage des amandes il a calculé notamment qu'il fallait cent cinquante heures de travail pour décortiquer et trier 100 kilogrammes de fruits, valant 30 francs à la factorerie. L'introduction des procédés mécaniques est, dans ces condi- tions, d'un intérêt primordial. L'établissement d'une usine a déjà été tenté, et il faut rap- peler ici les efforts du regretté Eugène Poisson. Toutefois l'ali- mentation d'une usine en matières premières est un problème difficile à résoudre dans les conditions présentes, si l'on con- sidère qu'il faut pouvoir traiter tous les fruits produits dans un rayon de 30 kilomètres. M. le Président souligne l'intérêt du Palmier à huile en mon- trant la place que tiennent ses produits dans le commerce de tout l'Ouest Africain. Or, on doit constater qu'à l'égard d'une espèce aussi précieuse rien n'a été fait pour l'amélioration de la culture, de l'exploitation ; nombre de recherches sont à poursuivre de ce coté et la création de stations d'essais spécia- lement consacrées à l'étude de V Elaeis s'impose dans les pays où la prospérité commerciale repose sur le trafic des huiles et amandes de palme, par exemple au Dahomey. La parole est donnée à M. Girard, de retour du poste de Gao 'Haut -Sénégal et Niger), d'où il a rapporté, ainsi qu'il l'a fait déjà à plusieurs reprises, des animaux vivants pour la ména- gerie du Muséum. M. Girard a réussi, cette fois, à amener au .lardin des Plantes deux Girafes et des Antilopes de diverses EXTRAITS DBS I'K(h;i;s-VKI!HA1 \ DES SÉANCES DBS SEQTH3NS 389 espèces. Au cours de sou séjour, il captura deux jeunes Laman- tins qui, malheureusement, disparurent. Il indique qu'en général tous ces animaux sauvages se trouvaient très bien d'une semi-, liberté leur permettant de chercher en partie leur nourriture. M. Debreuil présente un travail de M. Courtet sur l'élevage des Bovidés à Tahiti. Cette communication sera reproduite dans le Bulletin. M. le Président présente quatre échantillons de Café en grains, se rapportant à trois formes bien distinctes de Caféiers sauvages et récoltés à la Côte d'Ivoire (district d'Assikasso), par M. de Gandillac, adjoint des affaires indigènes. L'un de ces échantillons proviendrait du Co/fea excelsa A. Chev., déjà trouvé par M. Aug. Cbevalier dans le Haut-Chari. Les deux autres formes ne sont pas encore déterminées et vont faire l'objet d'une étude spéciale. M. le Président donne ensuite lecture d'extraits de corres- pondance qui lui ont été adressées. Le maréchal des logis Charles, des spahis sénégalais, en ser- vice au peloton des Meharistes du Tagant, fait connaître qu'il est en possession d'une nouvelle collection de plantes récol- tées dans le Tagant (Mauritanie). M. Charles écrit : « Tout dernièrement, j'eus l'occasion pendant une poursuite de pil- lards de parcourir une région, « le Batey », encore vierge jusqu'à ce jour de toute incursion européenne. Située entre la barrière Est du Tagant et l'Aouker (région de hautes dunes non encore explorée), celle du Batey est intéressante à bien des points de vue. Malheureusement le peu de temps dont je dis- posai ne me permit pas d'en profiter pour une récolte abon- dante de plantes. Néanmoins j'en rapportai des morceaux de poterie, des coquilles, etc. « Du poste de Àm Dam (Ouadaï) le sergent Bonnaure envoie les renseignements suivants : « Le terrain autour du poste est formé de couches profondes de terre rouge. Le Mil y pousse abondamment. 11 est à remar- quer que ce terrain est couvert de grandes Euphorbes attei- gnant quelquefois 3 mètres de haut. Comme arbustes beaucoup d'épineux ressemblant à l'Acacia ou au Mimosa. Un de ces épi- neux donne un petit fruit de la grosseur d'une groseille et d'un goût sucré. Quelques gros arbres fournissent du bon bois 300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION de construction et dans le nombre il s'en trouve dont le bois ferait bien pour la menuiserie. Je vous donnerai les noms dans ma prochaine lettre. « La Batha, oued assez important passe à environ 800 mètres du poste. Depuis le mois de juillet, nous l'avons vu couler deux fois. Cela dure environ huit jours au bout desquels il ne reste que quelques mares dans les fortes dépressions du lit. « Nous avons fait un jardin à côté de cet oued et les quel- ques graines de légumes que nous avons confiées à la terre sont assez bien venues. « Faune. — A deux ou trois jours du poste il y a, paraît-il (car je n'ai pu le vérifier ne pouvant pas aller très loin du poste), des Rhinocéros, des Autruches, des Girafes et même quelques Éléphants. Autour du poste nous avons des Antilopes, Gazelles et petites Biches grises, beaucoup de Lièvres, quel- ques Perdrix et une petite quantité de Pintades. En ce moment tout ce gibier couve ou niche. Après la saison des pluies les amateurs de chasse pourront se distraire et manger du gibier. « La situation autour d'Abêché et dans le Ouadaï semble s'être bien améliorée depuis la bonne leçon que le commandant Hillaire a infligée aux Kodo'ïs. Doudmourah et ses partisans semblent en avoir assez. « Comme vous, je crois que la. situation économique de ce pays ne deviendra jamais assez brillante pour compenser les sacrifices que l'on y a faits et que l'on y fera encore. Pour l'ins- tant je ne vois qu'une véritable richesse dans ce pays : le bétail. Plus tard peut-être, le coton qui vient bien le long des oueds. « En ce moment, je crois que pour aider au développement de cette région il faudrait s'assurer la roule du nord, afin que les nombreuses caravanes qui viennent de la Tripolitaine puissent arriver à Abêché sans encombre. Or, pour cela, il faudrait occuper le Borkou et cela mènerait encore loin. En tous cas quoiqu'il arrive, avec le colonel Largeau et le com- mandant Hillaire, le territoire est en bonnes mains. » /.<■ Secrétaire, M. R.0UYER. /.'■ Gérant : A. Maretheux. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. ESSAIS DE TRAITEMENTS PRÉVENTIFS DES STRONGYLOSES DES RUMINANTS Par E. BRUMPT et R CAUCURTE Les nombreux traitements préconisés pour enrayer les stron- gyloses des Ruminants sont ou inefficaces, ou dangereux, ou extrêmement coûteux (l). En présence de la faiblesse de la thérapeutique vétérinaire, tous les efforts des agronomes se sont portés vers les mesures préventives qu'il serait possible de prendre en celte circonstance. Parmi les mesures préconisées, certaines sont efficaces mais demandent des modifications assez profondes dans les pratiques de l'élevage et chacun sait combien il est difficile de réformer les usages séculaires des paysans. D'autres mesures préventives qui semblent avoir été appliquées avec succès en Amérique nécessitent l'emploi d'un second berger. La difficulté de recruter de bons bergers à l'heure actuelle rend cette solution peu pratique. C'est la complexité des différents problèmes économiques liés à la prophylaxie des maladies parasitaires qui nous a engagés à rechercher dans la prophylaxie thérapeutique la solution de ce problème vital dont la solution pourrait amener un accroissement considérable de la richesse nationale et éviter, en tout cas, de cruels déboires à beaucoup d'agriculteurs. Les expériences prophylactiques que nous voulions faire avaient pour but de voir l'influence que certains médicaments, facilement tolérés et pris spontanément, pouvaient exercer sur le développement des Strongles parasites des Ruminants. Ces mômes expériences devaient nous permettre de faire des cons- tatations intéressantes au point de vue zoologique, en montrant la vitalité des embryons de parasites dans la nature et d'étu- dier également l'influence du régime sec pauvre ou du régime vert exclusif sur l'alimentation, et, partant, sur l'engraissement des animaux en expérience. La propriété du Moulin-de-la-Madeleine (Samois, Seine-et- Marne) était particulièrement favorable à ce genre d'expé- 1 Nous devons faire exception toutefois pour certains lavements médi- camenteux qui peuvent rendre de grands services dans certaioes épidémies. BULL. soc. -\"AT. acc.l. fb. 1912 — 24 362 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION riences. Une petite prairie d'environ 2.000 mètres carrés avait été contaminée par les déjections de Chèvres atteintes de diverses strongyloses durant au moins deux années (août 1908- août 1910 . Les Chèvres qui allaient s'ébattre sur cette prairie hébergeaient un grand nombre de parasites appartenant à des espèces variées : Strongles capillaires du poumon, Strongles contournés de la caillette ; Trichostrongyles et Ostertagies de la caillette et de l'intestin grêle ; Uncinaires et Strongles filicols de l'intestin grêle; Trichocéphales, ÛEsophagostomes, Scié- rostomes hvpostomes du gros intestin. Certaines Chèvres pré- sentaient encore en décembre 1910, après un traitement thymolé (voie buccale et lavement >, 107. 170 et même 256 œufs de Strongles par lamelle de 32 millimètres X 22 (1). L'intensité de l'infection des Chèvres permettait de croire à une infestation aussi intense du sol sur lequel elles avaient pâturé. Les résultats que nous avons obtenus nous ont montré le bien fondé de cette hypothèse. Grâce à M. Rossignol père, chef du service vétérinaire de Seine-et-Marne, nous avons pu nous procurer douze Agneaux élevés en bergerie et provenant d'une ferme indemne de slron- gylose. Avant de mettre ces Agneaux en expérience un examen minutieux des déjections a été fait et a montré l'absence de parasites dans l'intestin des animaux. Deux Agneaux ont d'ail- leurs été conservés comme témoins à l'écurie (nos 4 et 6), ils n'ont jamais présenté d'œufs de Vers dans leurs déjec- tions. Grâce à la grande obligeance de M. et deMmeDebreuil, qui ont consenti à élever pendant plusieurs mois deux de nos Agneaux, nous avons pu étudier le passage des parasites d'une espèce animale à une autre espèce animale. Nous les prions, ainsi que M. Rossignol, d'agréer nos bien sincères remerciements. Diverses expériences ont été faites dans le but de démontrer : 1° Si une prairie infestée, abandonnée pendant neuf mois (août 1910 à mai 191 1 . esl encore infectieuse? -!'• En combien de temps les animaux s'infestent ? i (:cs Chèvres avaient été traitées préventivement par la racine de Fougère mâle fraîchement pulvérisée Traitement du professeur Moussu à deux reprises différentes au moii de mai 1916 ci -111 mois de juin de la même année. STRONG^ LOSES DES RI H :; Quelle est l'influence préventive des div< n médicaments créosote de houille, sulfate de fer, sulfati 'r L'herbe d'une prairie, abandonnée depuis plus de trois ans, el ayant été inondée par la Seine eu 1909-1910-19J i, peut-elle infester des animaux ? Les parasites d' Intilope cervicapra peuvent-ils parasiter de- Moutons ? Voici dans quelles conditions nos expériences onl effectuées. Les dou/e Agneaux achetés le 16 mai 191 J ont été répartis de la façon suivante : I Deux ii i el 6 onl servi de témoins. Ils ont été nourris istammenl à retable au régime sec, ils n*onl jamais montré d'œufs dans leurs selles, ce qui démontre que les autres ani- maux du loi étaient indemnes avant nos expériences; 2° Deux (noa i I et !» ont été envoyés à M. Debreuil, à Melun. Ils ont vécu dans un parc où l'herbe a été vite desséchée et dans lequel vivaient auparavant des Antilope cervicapra ayant de nombreux œufs de Slrongles dans leur- selles el en particu- lier le Strongle filicol. Les huit autres .Moutons ont été nourris sur la prairie conta- minée du Mouliu-de-la-.Madeleine dont nous avons parlé ci- dCSSUS. Ils \ ont été placés le il> mai et, jusqu'au ta juillet environ, M- ont pu se nourrir exclusivement de l'herbe desséchée de cette prairie. Depuis cette époque, du 15 juillet à la fin de septembre, date à laquelle nousavons terminé ces expériences, ces huit Agneaux ont été alimentes avec l'herbe de la prairie inondée par la Seine et abandonnée depuis environ trois ans. - huit animaux exposés à l'infection spontanée par les Strongles onl été expérimentés de la façon suivante: 1° Deux d'entre eux nos I \ et 11 oui bu de l'eau naturelle el onl servi de témoin- pour les six suivants i rai tés avec différentes solution- médicamenteuses : c2° Les Agneaux 3 el ~i\ onl bu constamment de la solution de créosote de houille à 8 p. 1000; 3° Les Agneaux -i et H» ont bu dans les mine- conditions du sulfate de fer en solution à 1 p. 1000; 364 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. 4° Enfin les Agneaux 5 et 8 ont été abreuvés avec de la solution de sulfate de cuivre à 1 p. 1000. Le tableau ci-contre montre les poids de nos animaux aux différentes époques et le nombre d'œufs de Strongles trouvés en juillet et en septembre. Conclusions. Les expériences relatées ci-dessus permettent de tirer un certain nombre de conclusions qui pourront trouver leur appli- cation en agriculture, et dont nous donnons l'énumération dans les lignes qui suivent : 1° Malgré une année très défavorable pour les parasites, des Moutons se sont infestés en vivant pendant deux mois environ sur une prairie contaminée, abandonnée, et à l'abri de toute souillure (1) nouvelle depuis neuf mois. Ces animaux, n'ayant pu consommer d'herbe verte que pendant quinze jours environ, ont contracté néanmoins toutes les espèces de Strongles qui avaient été déversées à l'état d'œufs sur la prairie, à l'exception toutefois d'un Strongle du poumon (Str. capillaire), qui n'a été observé dans aucun cas. Cette expérience d'infestation naturelle est, à notre connais- sance, la première qui ait été tentée, ayant été faite avec des animaux d'un même élevage et avec des animaux témoins (4 et 6) qui ne se sont pas infestés; elle est à l'abri de toute objection. Celte expérience confirme un certain nombre d'obser- vations épidémiologiques qui étaient discutables à bien des égards. Elle montre la grande vitalité des embryons de Strongles d'au moins cinq espèces (2) dans la nature. Dans les conditions météorologiques défavorables dans lesquelles nos expériences ont été faites, celte vitalité dépasse certainement neuf mois, sauf peut-être pour le Strongle capillaire; -2° Des Moutonsontpu supporter pendant quatre mois et demi, 1) Cette prairie est située dans uae propriété close et est elle-même entourée île palissades m111 empêchenl les animaux sauvages d'y pénétrer et de contaminer le sol. Cette contamination du sol par des animaux es peut expliquer, dans certains cas. l'infestation d'une prairie ab indonnée depuis longtemps. [2) Strongle Qlicol, Strongle contourné, Ostertagies, Tridiostrongyles, rostome hypostome, e1 peut-être lEsophagostome. H> 3 o -1 7| - C3 3 - - - r o S C9 e o — O -- -1 a = o - o 1 o ,a ■ji 7. S J. — — ■ "77 o O O o O 3 O 3 1 a « - o Xi 0 ~ 3 ce — ; 7 — v: ;£ r7 / ' — -^ — — : . 71 r" / II 53 3 3> - O 3 O 3 3 o o 3 3 O o o fc x* m ce >: r. f - »- 77 T7 NOUVlNBNOnV *«* _£ M -* ■ > ■*■ ^£ ±c M M • i - » - 1- "* r~ Sl T. c= 1 O o o o o = <3> O 3 o o o 2 s — «o O O _ -- r7 C7 X 1— ."7 X CC C m £ ■~ ^ _ • y Jd ^£ _i *• ^i -^ M ^. ^. ■ ' r / Z 71 71 3 — r- — - l— 71 CO — 71 71 7J 77 7-1 71 71 > -*! -^ _£ ^i — bd ' ' '5 '■J 3 71 — — 3 71 y: «*• O Cl 3 - - Cl — 71 ."7 71 — 71 TC 7 1 CI o r. ■- 2 1 r- — — 3 3 --« — 3 O 3 3 — C5 / - t- — 3 't. •2, ï __' J | • 3 - =■ O o 3 3> = O — 3> 3 ° = ? = ^ l - '5 Z" " — > * en / - 4) -^ | ?;^> ~l .s i 12 ~* — 3 O a — O 3 1 J" ■- 71- ■ 3 l~~l rt r_ 7| -■* 3 ; 7 ("■ — 71 7- / - - Cl — — — O y - X -^ C3 2 o = 3 — O O 2 t s 71 _h - < " 7*3 77 m - • ;: ••n - — — _; M. ■«» ■^ ■> _£ ^i _^ ~ _. 1' ~*r oo — ^C — ~ — ■ : ~ ■cj 71 -M 71 71 — Cl Cl 7| Cl ■2 | o o O O — o 2 s 2 o 2 3 3; : 2 2 _ y: -— 71 1^7/ — ^; co < o o •T* — M ,M ^i Ji -1£ _* -!£ '> -* ^i •^ '* o .H i - .-7 — 3 cg 3 ; 7 r^ — 30 O — ~ S 0 t- V ai "* tij V 2 ç / a; *"* — " OfJ "cû "3 - c g 7 3 — o o i- — 3 •J — a ' - — : - 49 t— "s 3 — al 4-> ET] * Il 11; — — * ~ /. 0) "~ 3 3 "d i M - ' "5 — ■" nf a) — 1 M /. W -1- t— ^^ »>_»_»■. _» *>—- ^-^fc^-^— . ^ .^-N 1 i m£ •— ce ;7 — 71 o ^5 ■Jl rc "■" — 3- 7 1 H- î- s c c 3 c C a 3 C 3 3 c c i r ; c :. r o z O t O O o o 1 ; t. 3 3 3 r 3 3> 3 3 3 3 3 3 : - - - - O r. r : : O ^ ~~. .'566 BULLETIN !>E LA SOCIÉTÉ NATIONALE ^ACCLIMATATION comme boisson exclusive, sans que leur sanlé ail élé altérée de la solution de créosote de houille à 5 p. 1.000 exp. 3 et 21); du sulfate de fer à 1 p. 1 .000 (exp. 2 et 10) ; du sulfate de cuivre à 1 p 1.000 (exp. 5 et 8). Ces expériences sont intéressantes, car si elles ont permis de démontrer l'inefficacité de ces médi- caments dans les strongyloses, elles montrent que, pendant la saison où les Moutons peuvent contracter la distomalose, il serait possible de les traiter de cette façon. Il est vraisemblable que le sulfate de cuivre et le sulfate de fer, qui sont peu coûteux, agissent in vivo comme in vitro envers les Distomes. Des expériences semblables aux nôtres devraient être tentées pour prévenir la distomatose (cachexie aqueuse) ; 3° Les médicaments préventifs employés ont élé totalement inefficaces. Tous les Moutons traités ont hébergé des Strongles : les Moutons 3, 21, 2 et o ont même présenté plus de parasites que les témoins (13 et 14 buvant de l'eau ordinaire. On ne pourrait néanmoins pas conclure de ces quelques expériences au rôle favorisant des médicaments employés; si les Moutons 13 et 14 ont eu moins de parasites que les autres, cela peut tenir à des particularités individuelles expliquées par leur chimisrae intestinal ou à certaines préférences alimentaires; i Au poinl de vue de l'engraissement. régime sec et pauvre loin , accompagné de stabulation, s est montré infé- rieur au régime vert exclusif, accompagné d'exercice au dehors Moulons i et 6 ayant augmenté de 5.400 et 8.500, au lieu de 9.300 et JO. 300 pour Les Moutons L3 et I '< : 5° Les Moutons 11 el 9, élevés à Melun, dans le parc à Anti- lope cervicapra de M. el M"" Debreuil, ontcontractéles Slrongles de ces Anlilopes. Le Mouton 11 a présenté' en juillet des unis de Strongle filiool. Cette expérience intéresse I acclimatation, en- si (die démontre que les parasites hébergés par heep. ' 0 ■ Bureau of animai industry, U. S. A., 8 mars 1907. Ransom l!. H. . — Tlie life history o( the twisted wireworm Hœmonchus ■ntus on sheep and otber ruminants. Preliminary report. Circuit n° 9.!. Bureau of animal induslry, L". S. A.. 23 avril 1906. Rausom B. Il — The prévention of toises aniong sheep from stomach worms Hsemonchus conlorlus). Circulaire n' 157. 25 Annual Report of the Bureau of animal industry. U. S. A .. Moi B8i G.). — Sur la strongylose gastro-intestinale de la Chèvre e\ du .t. 'ii Bulletin de la - lationale d'acclimatation - Fra février, mars, avril 19 Brumpi [E . — Acclimatation, élevage et parasitisme. Bulletin 'le la te' national? d'acclimatation de France, novembre-décembre 1911. Bri mm E. . — Sur les cachexies du Mouton dues aux parasites kilomètres carrés. En Espagne, la plus grande réserve de chasse est le l'are royal de la Casa del Campo, d'une contenance de 37.00(1 liée- tares, où le roi Alphonse XIII fait de très belles battues de Fai- sans el de Perdrix rouges. Dans la Sierra de < uiadarrama, dans la Sierra de (iredos, on a installé des réserves très intéressantes pour la conservation du Bouquetin que les Espagnols appellent CabraMontes (Chèvre de montagne). En Andalousie, le domaine de Villamanrique, au duc de Montpensier, est célèbre par ses chasses de Grandes Outardes, de Lynx et aussi de Sauvagine dans « las Marismas ». Dans celle réserve de chasse et dans les domaines du marquis de Villa franca, des Dromadaires et des Chameaux importés des des Canaries vers 183o, employés d'abord comme bêtes de somme, puis abandonnés dans les immenses landes maréca- geuses de l'embouchure du Guadalquivir, vivent en troupeaux à l'état sauvage. Ils se sont multipliés dans cessolitudes et sont tellement farouches qu'ils fuient devant l'homme avec une rapidité extrême ; le hasard seul permet de les apercevoir ou de les approcher. En Italie, le roi Victor-Emmanuel II, grand chasseur, pos sède des réserves de chasses très importante-,. Si, ;i la mort du roi Ilumbert, la chasse du parc de Mon/a a été supprimée. le mi possède encore à la porte de Home la réserve de Castelporziano où on laisse tous les ans 2-.300 San- gliers, 1.000 Daims, LOO Cerfs. L.400 Chevreuils el 250 Anti- lopes. \ San Rossore, près de Dise, le tableau des chasses royales s'élève annuellement à 0.000 Eaisans. Sans être clos, le domaine royal d'Aoste-Cerisole. dans les Alpes, est gardé de la façon la plus sévère el constitue une admirable réserve qui s'étend sur une circonférence de 135 kilomètres. Elle comprend le massif du • Gran Paradiso », d'une altitude moyenne de 5.050 mètres et contient 3.000 Bou- quetins (Capra ibex et i.500 Chamois (Rubicapra tragus . 370 BI LLI'.TIN DE LA SOCIÉTÉ .NATIONALE D 'ACCLIMATATION En Autriche-Hongrie, nombreuses sont les réserves de chasse. En Bohème, près de la frontière saxonne, à la Balz- liiïtte, dans son admirable domaine forestier de 20.000 hec- tares, le prince Kinsky essaye depuis trois ans d'acclimater le Chamois. 11 en a lâché quelques-uns dans une partie clô- turée de palissades et deux chèvres ont mis bas en 1910. La tentative n*est pas encore concluante et il faut attendre quel- ques années pour savoir si les animaux mis en liberté complète resteront et se multiplieront. Je ne puis passer sous silence les deux parcs impériaux de Lobau et de Lainz. Tous deux s'étendent aux portes mêmes de Vienne et sont placés sous la haute direction du grand veneur de la Cour. S. Exe. le comte Max Thun-IIohenstein. Lainz, qui se trouve à l'ouest de la ville, à peu de distance de Schônbrunn, renferme 3.500 hectares clos de murs. Le terrain, très accidenté, montagneux par endroits, est très pittoresque; il renferme de belles.futaies de Hêtres et de Chênes ainsi que de hautes sapinières; de belles prairies arrosées de cours d'eaux sinueux assurent en grande partie la nourriture du gibier, car Lainz est un véritable éden cynégétique. De nombreuses hardes d'animaux y vivent cantonnées sui- vant leurs préférences, leur instinct, et suivant aussi les gagnages et les centres artificiels de nourriture.il est néces- saire, en effet, de nourrir les Cerfs, les Daims et les Mouflons pendant l'hiver, elles Sangliers pendant presque toute l'année. Ces derniers sont autant que possible séparés des Cerfs par une clôture qui divise le parc en deux parties presque égales, pour éviter qu'ils ne troublent les Biches et les Chèvres, dont ils dévorent très souvent les Paons. ^près les chasses impériales, il reste tous les ans dans le parc de Lainz au moins trois cents Cerfs, autant de Hiches, environ 600 Sangliers, 200 Daims et une centaine de Mouflons. Le nombre des Sangliers est facilement doublé par les por- tées de Marcassins: la moyenne annuelle des Sangliers tués est de 600. Elle atteignil To.'i en L908. Tons lés ans on me à Lainz environ 200 Cerfs, 78 à 100 Daims et environ 28 Mouflons. I.a quantité des Cerfs suivant la qua- lité 'les têtes ainsi que le nombre de Biches à tuer est tixé de la façon la plus précise. Le parc 'l>' Lobau, situé au nord est de Vienne, presque en face du Prater, s'dend pour la plus grande partie sur la rive L'EXPI 01 i A i [OU DE i \ m V.SSB .'{"l gauche du Danube. 11 renferme 1.000 hectares entourés d'une palissade de boisasses tnal entretenue. On j Laisse une réserve d'environ 1.200 Cerfs tous les ans; il a > o pas de San- gliers. \ Lainz comme. à Lobau il) a de nombreux Chevreuils; dans le parc de Lobau, très marécageux, oa fa.il quelques chass -.le Faisans, au cours desquelles on tue ud assez grand nombre de Dindons - tuvages. 11 \ a à I. cl.au une colonie d.' Cormorans tirs prospère el rôs curieuse. Mu tue à Lobau environ .'>00 Cerfs tous les ans: eu 1908 le total des Cerfs tués dans les deux parcs fut tic 703, exactemenl le même que le nombre des Sangliers tués à Lainz. L'empereur possède encore uni' très belle réserve de chass à Gôdôllo en Hongrie, el surtout sa chasse de prédilection a Bfurstzeg en Styrie. Sur les hauteurs de la Taira, dans les Carpathes centrales, à la frontière de la Hongrie et de l'Autriche, le prince de Hohcuhilie-OHhringen a essayé d'acclimater le Bison d'Amé- rique dans son vasle domaine de Javorina. Il en possède deux troupeaux qui ont prospéré et qui sont cantonnés dans une vallée très profonde encaissée dans de hautes montagnes cou- verte- de forêts de Sapins. Kn Galicie, a Lançut, chez le comte Roman Potocki, il existe une véritable reserve, je n'ose dire une garenne de Renards, où l'on a tué celle année en une seule battue .SI Renards. Si nous passons en Russie, nous trouvons à Pilawin en \ olhynie, chez le comte Joseph Potocki, frère du comte Roman, une admirable reservi' de 1.200 hectares, entourés sur iî kilo- mètres d'une clôture de pins de - mètres, moitié palissade de bois, moitié grillage à mailles très fortes. 180 kilomètres de route sillonnent le domaine qui est divisé en douze cantons, placés sons l.i surveillance de ±\ gard Dans cette forêt-paradis, vivent en liberté 8 bisons d'Europe Boa Bonosnu improprement appelés Aurochs. C'est Le Zubr des Polonais. Deux bisons d'Amérique : une soixantaine d'Elans, de nombreux Wapitis Cervun canadensis , des Wapitis d'Asie (Altaï ou Sayansk), d.^ \\ .i|.iii- foncés de I ï i aisseï, des Cerfs - Perse et du Caucase, des Chevreuils de Sibérie ( uêPyrargtis ,des stors il Europe, blaireaux. Loutres, Putois, Martes abondent 372 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE 1)'aCCLIMATATION à Pilawin. Les Grands Tétras s'y plaisent particulièrement ; très nombreux sont les Coqs de Bruyère (Tetrao tetrix) et les Gelinottes [Tetrastes Ixmasia). Le comte Potocki a essayé de réaliser son idéal ; l'étendue du parc est si grande que rien ne peut faire supposer à ses habitants qu'ils vivent dans un endroit clos, et la variété, la diversité de la nature de la forêt, l'existence d'un grand nombre de clairières, leur permet de choisir et d'habiter le terrain le mieux approprié à leurs goûts, à leurs besoins. Le climat est très sévère à Pilawin, le froid intense, et par conséquent seules les espèces les plus rustiques peuvent y vivre. Un fait abso- lument remarquable s'est produit à cet égard : avant d'enclore Pilawin en 1902 il n'y avait dans la forêt que des Chevreuils. Or, au cours de l'hiver de 1906-1907, très rigoureux en Volhynie, un grand nombre de Chevreuils moururent de froid dans le parc, alors que les espèces introduites résistaient admirablement et qu'aucune mort ne fut constatée parmi elles. Depuis 1902, l'accroissement de la population est con- stant. La Société nationale d'Acclimatation a d'ailleurs visité en 1910 le parc de Pilawin et décerné à son créateur en 1909 une de ses grandes médailles. Trois grandes réserves appartiennent au Tsar. La plus impor- tante est celle de Bieloveg ou Bielowicz, en Lithuanie, dans le Gouvernement de Grodno. Cette forêt qui a 10 lieues de long et 12 de large est reliée à la forêt de Swissletsch. Isolée au milieu d'une vaste plaine, cette réserve couvre 1.500 kilomètres carrés. Elle renferme surtout des Bisons d'Eu- rope au nombre d'environ 500, des Elans, des Cerfs, des Chevreuils, des Sangliers. Les deux autres réserves du Tsar sont celles deSpnla, toujours en Lithuanie, et celle de Gatchina, près de Saint-Pétersbourg. On y conserve surtout des Bisons et des Elans. Sur ses terres d'Unin en Polésie, le comte Xavier Branieki a une réserve de Castors qui semble être entrée en pleine pros- périté. En lisK'.i, M. Falz Fein a créé à Vscania Nova, prèsde Pérékop, eu Tauride, sur le bord du Dnieper, nue réserve d'environ 600 hectares où il est parvenu a acclimater avec succès le Bison d'Europe, le Bison d'Amérique, le Zrbre, les Chevaux de I 'EXPL01 i \ 1 1 ' • N m i.\ CHASS Prejwalskj , certaines antilopes, des Mouflons, des Autruches et des Nandous l . Il existe en Suède de très beaux parcs à gibier el de grandes réserves d'animaux. Nous citerons sur le lac Malar le Parc royal de Gripsholm, où vivent de grandes bandes 'i Élans, de nombreux Cerfs et Daims, el des Chevreuils, donl les b atteignent des proportions remarquables : el d'après la docu- mentation si intéressante du docteur Loisel, dans son Histoire des Ménageries, les réserves el faisanderie- ra- oienburg, de Schorteide, de Postdam, et enfin, en Hanovr celle- de Springe el de Goehrde. La forêt impériale de Goehrde, qui appartenait autrefois à la couronnede Hanovre, constitue une reserve de cbasse d'environ 1 Le Prince Youssoupoff possède deux grandes réserves, l'une on Crimée et l'autre dans le Gouvernement de Kou M\ BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D- ACCLIMATATION 8.000 hectares. Elle est complètement entourée de grillages de 2 mètres de hauteur, grillages à grandes mailles très fortes. La forêt est très vive en grands animaux, principalement en Cerfs, en Daims et en Sangliers. Pour faire des tableaux plus fantastiques, on n'y chasse en général que tous les deux ans. On ne tire qu'à balle, et j'ai raconté en son temps la manière dont on procède à ces battues de Sangliers et de Cerfs. En 1907 on tua dans la forêt de Goehrde 4-20 Sangliers et 127 Cerfs ou Biches, dont 37 Cerfs au moins dix-cors, au total 553 pièces. Le baron von Heintze, grand veneur de la Cour, a bien voulu me communiquer le tableau personnel de Sa Majesté jusqu'au J" janvier 1912. Dans sa carrière de chasseur l'Empereur a déjà tué : Ours 3 Bisons 0 Élans 12 Rennes 3 Cerfs 1.990 Biches 92 Daims I .774 Daines 98 Chevreuils broquarls) . 943 Sancliers 3.442 Mouflons 2 Renards 532 Soit ;iu total Blaireaux 6 Marte I Lièvres 17.988 Lapins 2.68G Grandes Outardes . . . 19 Dindons bronzés. ... 3 Hérons 826 Perdrix 807 Faisans 28.578 Bécasses 5 Bécassines 2 hivers 525 70.433 pièces. Je m'en voudrais de ne pas vous indiquer en Hollande le parc de Gooilust, à S'graveland, où M. Blaauw a fait avec succès les — lis d'acclimatation les plus intéressants puisqu'on y compte 394 Mammifères ou Oiseaux de 102 espèces différentes. En Angleterre, les parcs à Daims (deer-parks existent depuis le \ir siècle, el les ■• réserves •■ particulières! sont plus nombreuses que dans n'importe quel autre pays. Od comptait en Angleterre en I.x'.i2. 395 parc-. Les plus célèbres el les plus intéressants sonl : le parc royal lima niger), cette variété est la très ancienne variété anglaise de Daims. — 50 tètes de Cerfs sika. — Un Cerf sika de Mandchourie (Cervus sika mande hurtcus) et 50 têtes de croisement du Cerf de Mandchourie avec le sika. Un Cliital (Cervus axis). L'Antilope de l'Inde (Antilope cer- vicapra) avait réussi, mais toutes ont été tuées par les Cerfs wapitis. En Amérique, à l'embouchure du Saint-Laurent, un Fran- çais, M. Henri Menier, a acheté au Gouvernement canadien l'ile d'Anticosti. D'une étendue à peu près double de celle de la Corse, elle est couverte de forets splendides, sillonnée de cours d'eau et entre les mains de M. Henri Menier, elle est en train de devenir une réserve à gibier absolument unique. 11 y a importé, il y a sept ans, deux cents Cerfs de Virginie (Dorselaphe américain ou Cariacoui qui se sont multipliés en si grande quantité, qu'il est impossible de les dénombrer. La sauvagine est très abondante à Anticosti, on y trouve en très grand nombre les Oies sauvages et une 1res riche variété de Canards, de Pluviers et d'Echassiers. Ces Oiseaux n'ayant jamais été tirés, et n'ayant jamais entendu un coup de fusil, ne s'enfuient pas à l'approche des piétons, des chevaux et des voitures. On arrive parfois à les approcher jusqu'à une dislance de sept ou huit mètres, soit pour les photographier, soit pour les tirer. M. Menier a importé aussi à Anticosti des Renards argentés, des Martes zibelines qui semblent s'y plaire et qui devront à un moment d « > 1 1 1 n - apporter une souree >\f revenus très appré- ciable. Au Canada, le Gouvernement du Dominion a établi le parc national de - Banff •■ Etocky Mountains, Park of Canada, qui couvre une superficie de 5.732 milles carrés. H renferme prin- cipalement «1rs Bisons, des Elans, les différentes variétés du Cerf américain du Nord, des Rennes ou Caribous el des Ours i trizzlj el • lurs unir). A h \ Etals-Unis, il existe actuellement neuf grands parcs L'EXPLOITATION Dl i \ CBASS nationaux qui couvrent au total près de trois millions d'hec- tari Les deux plus importants sonl le parc d'Arizona the Grand non National game Réserve » d'une étendue d'environ 800.000 aectstres. El surtout le Wyoming Yellowstone National Park > créé en 1872. Le parc national de Yellowstone esl un haut plateau boisé d'environ 857.000 hectares, situé dans les Montagnes Rocheuses, à une altitude moyenne de -i.tiïH mètres. Cette réserve renfermail en 1907 environ 2.000 Antilopes, 25.000 Wa- pitis, 1.100 Dorcéphales, 200 Moulions, de nombreux trou- peaux d'Elans, de Bisons, des Grizzlys et des Ours noirs qui deviennent si hardis dans le voisinage de l'homme qu'ils l'oul - incursions dans les cuisines des hôtels, des maisons, et de\ iennent les favoris des servantes ou des cuisinier-. Dans l'Amérique du Sud, le Gouvernement argentin vient de créer deux grands pares nationaux; le parc national de l'Ignassu, réserve de 25.000 hectares sur les rives d'un affluent du Parana; l'autre, le Parc National de Nahuel-Huapi, situé à une altitude de 500 à 600 mètres sur le versant oriental des Andes; il tire son nom de l'admirable lac de Nahuel-Huapi lac du Tigre), d'une superficie de l.iJUO kilomètres carrés, bordé de fjords allongés et entouré de grandes montagnes boisées el couvertes de glaciers. lu de ne-- uni-. M . de Anchorena, possède au milieu du lac une ile verdoyante el boisée de 1.600 hectares, dont il com- mence à faire une réserve à gibier, el où il a importé plusieurs variétés de Cervidés. M. de Anchorena possède en Argentine une magnifique estancia de 9.100 hectares, ha Barra de San-Juan se trouv l'embouchure du Rio San-Juan et du Rio de la Plataà î" kilo- mètres de Buenos-Aj res. En bordure «le l'estancia ou se l'ait un très important ele\ de bétail, M. de Vnchorena a établi une réserve de six cents hectares protégée par une clôture continue el ou l'on compte actuellement : Wapitis du Canada, 55 Cerfs roux de Russie, _'s i erfs des marais de l'Argentine ce Cerf indigène porte le nom de Guazu- Pucu : 22 Cerfs axis ou Chital; 15 Daims d'Europe; lî Antilopes rvicapres; environ 100 Sangliers originaires de Russie el des pays rhénans; 500 \utruches de l'espèce indigène, le Nandou; \ m . acci.. ii.. 1912 — 378 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 300 Carpinchos [Hydrochœrus Capybara) appelés aussi Capy- bara ou Cabiai, espèce de Cochon d'eau indigène dont le poids atteint parfois 100 kilogrammes, et qui offre une chasse des plus intéressantes. Les différentes espèces importées se sont merveilleusement acclimatées et se reproduisent si rapidement que M. de Ancho- rena va être obligé d'augmenter l'étendue de cette réserve et de procéder à la destruction d'un certain nombre de Cerfs et de Sangliers. Alors que nous voyons les pays de tradition non seulement conserver leurs parcs à gibier, mais en augmenter le nombre, alors que certains États justement préoccupés de la disparition progressive de leur faune indigène ont, depuis quelques années, créé des parcs nationaux, d'immenses réserves pour protéger les espèces sédentaires et en favoriser le repeuplement en leur permettant de vivre et de se reproduire en toute sécurité, combien il est attristant et quelque peu humiliant de constater l'indifférence coupable avec laquelle nous assistons au dépeu- plement progressif de nos plaines et de nos bois, et l'inertie avec laquelle les Pouvoirs publics et le Parlement se désinté- ressent de cette question nationale au premier chef ! Et pourtant, combien il serait facile de créer en France des réserves régionales qui deviendraient autant de pépinières, de réservoirs à gibier, qui pourraient répandre leurs produits sur tout le territoire et favoriser le repeuplement de tous les départements ! Il suffirait d'ériger en parcs nationaux et par régions, un certain nombre de forêts de l'État, de diviser, comme en Suisse, par bans successifs et trisannuels nos Alpes et nos Pyrénées, et surtout d'assurer par une législation véritablement protectrice îcurité de notre faune indigène dans ces différentes réserves. Je ne doute pas que, soutenue et encouragée par le Gouver- nement, se sentant efficacement protégée, l'initiative privée ne seconderai! parallèlement et très utilement l'oeuvre de l'Étal. Nous possédons en France d'admirables parcs. Chambord, Apremonl à Chantilly, la Ferté-Vidame, Ménars, Dampierre, Noisiel, Meslay-le-Yidame, Gros-Bois, Pontehar- in, Nade, Ferrières1 etc., etc., sont déjà d'importantes réserves à gibier, mais pourraient prendre un développement plus grand - avons vu disparaître le beau pure de Beaujardin, où I. EXPLOITA I I"\ DE LA I (1 ^SS un Hollandais, M. Cornéiy, avail installé an véritable jardin zoologicfue aux portes de Tours; on trouve en ronraine, à Champigny-sur-Veade, le parc zoologiqui d( la Pataudière Dans ce parc de 10 hectares, M. Pays-Mellier a réuni la plus intéressante collection kilo- grammes vaut I IV. 50; or, celte même quantité de 13 kilo- gramntee donne après cuisson et extraction de la chair un maximum de 2 kilogrammes vendus au total 0 f'r. :\-2. Si, d'autre part, on considère que 1rs trais de transport et de vente de Coques fraîches, destinées à la consommation pari- sienne, balancent à peu près les frais de cuisson et de prépa- ration des Coques destinées à la pisciculture, on esl surpris de la supériorité des bénéfices réalisés en vendant sur les halles et marchés. Dans ces conditions, il esl logique de se demander pourquoi nous ne livrons le Cardium edule qu'après ébullition et seule- ment aux pisciculteurs. La raison es! que nous pensons que ce M.'lllisque. qui vit dans 1rs r;iu\ pn||i|r, - ! - , sIikiii le véhicule «lu bacille typhique. Nous envoyons actuellement buï le- gisements, que marée, un bateau de i" tonneaux 1 1 nous pn < par 384 BULLETIN ME LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION semaine environ 2.800 kilogrammes de chair représentant 22.000 kilogrammes de coquillages bruts. Le système de préparation, encore rudimentaire, ne nous permet pas de produire davantage ; mais, pour répondre à une demande de plus en plus intense, nous mettrons en œuvre, au cours de la saison prochaine, un système de cuisson et d'extrac- tion automatique breveté; parce moyen, nous espérons doubler notre production, qui s'élève de septembre à avril à 75.000 ki- logrammes de chair et qui, dès lors, pourra être portée à 150.000 kilogrammes. Les gisements supporteront ces prélève- ments sans faiblir, tant le Cardium edule est prolifique et pros- père rapidement. La durée de croissance de ce coquillage est de trois ans; mais le gain en chair paraît être surtout intense pendant la deuxième et la troisième années. C'est un point dont il importe de tenir compte, en employant, pour la récolte, des cribles à mailles suffisamment larges pour éliminer le sable, ainsi que les coquillages trop jeunes ou mal venus, qui progresseront d'autant mieux qu'ils se trouveront dans un milieu moins peuplé. La préparation de ces Mol- lusques laisse 1 kilogramme de chair sur 8 kilogrammes bruts, le kilogramme de chair fraîche sans déchet est vendu 0 fr. 20 et le kilogramme de chair salée, 0 fr. 28. Ce prix de vente minime invite, si on désire réaliser le plus bas prix de revient, à ne pas abandonner de chair dans les déchets; néanmoins, cette perte est inévitable, mais elle peut être réduite à4/10 p. 1000, soit une proportion intime. Il y a lieu, d'autre part, d'utiliser les sous-produits qui con- sistent en coquilles et eaux résiduaires, dans la proportion de 87 p. 100. Les coquilles se présentent chimiquement comme suit : Silice 1,0 Alumine ou oxyde de fer 0,5 Chaux D8 » Magnésie 0,2 Acide sulfurique 0,2 Total 99,9 Physiquement, ces coquilles sonl très dures, leur surface est fortement striée, elles constituent, par suite de ces qualités, un liant tirs énergique pour le ciment armé. Les eaux résiduaires provenant de la cuisson et de la salaison LE a i uuui M i m Ll 385 sonl riches en matières organiques, el peuvent être employi comme engrais, à la condition d'être traitées de façon amener une fermentation putride qui Liquéfie les matières organiques et permet le travail des ferments nitreux. I réactions successives amènenl la formation de l'azotate de soude el tir calcium. Ce travail des infiniment petits, dans des conditions déterminées, esl encore, s; j'ose dire, un fail d'ac- climatati i quand les essais, heureusement commencés, onl au point, nous demanderons à la 'Société d'Acclimata- tion de nous faire l'honneur d'en prendre connaissance. Pour terminer, j'ajouterai que les résultats donnés en pis- ciculture, par la chair grands fleuves d< l'Afrique tropieale, spécialement dan- les régions forestières ainsi que dans le bassin du Chari. indropogon dtratus DC. (= Cymbopogon citrattts Stapf. . — Citronnelle. Cultivé par quelques indigènes aux environs i poste- du littoral : en Guinée française, à la Côte dTlvofre, au Dahomey. Provient des jardins européens, qui l'ont introduit depuis une trentaine d'années seulement. Paspalum exile Kippist. = Paspalum longiflorum aucl. Afr. occ. non Retz. . — Ponio. Cultivé sur une grande éehelle par les indigènes pour son grain servant à l'alimentation. Très répandu en Guinée française (surtout au Fouta-Djalon el dans diverses régions du Haut-Sénégal-Niger. Çà et là, dans la partie orientale du Sénégal, dans la Hante-Côte d'Ivoire, dans le Haut-Dahomey. Encore commun dans les pays Haoussas, mais manque complètement dans le bassin du Chari-Tehad el dans le Haut-Oubangui. Présente quatre ou cinq variétés. Origine inconnue. Oryza sativa L. — Cultivé en grand dans beaucoup de régions de l'Afrique occidentale française, principalement en Casa- mance, en Guinée Française, dans la vallée dn Moyen-Niger, dans les vallées du Sassandra et du Cavally. Présente de très nombreuses variétés africaines, les unes aristées, les autres mu tiques. Certaines variétés aristées dérivent probablement de Oryza Barthii \. Chev., espèce spontanée, rbizomateu répandue dans le Soudan e1 en Afrique centrale. I altrvé fait complètement défaut dans le bassin du Cbari. Il a été importé par les Européens depuis quelques années dan- le Haut ■< tubangui. Eleusine Concerna L. Gsertn. — Origine inconnue. Cultivé en Afrique centrale Haut-Oubangui et bassin du Chari . dans le Haut-Nil, en Ibyssinte. Eragrostis aôyssmiea Schrad. [= Poa abyssinien Jacq.) — Taff. Spontané en Ibyssinre et cultivé dan- ce pays ainsi qu'en 388 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Erythrée à des altitudes supérieures à 400 m. D'après Manetti, sa culture rappelle celle de l'Orge; la graine est appréciée pour l'alimentation de l'homme et la paille est un bon fourrage. Coix Lacripna-Jobi L. — Originaire de l'Asie tropicale, mais cultivé et naturalisé (avec les apparences d'une plante spon- tanée^ dans diverses régions de .l'Afrique tropicale où vivent des Musulmans : Sénégal, Casamance, Guinée française, Soudan nigérien, Haute-Cote d'Ivoire. Les graines sont employées pour faire des chapelets de Musulmans. Saccharum officinarum L. — Origine asiatique. Cultivé dans un grand nombre de régions africaines, toujours en petite quantité et simplement pour sucer les cannes. Nous l'avons observé au Sénégal, en quelques points de la Guinée française, à la Côte d'Ivoire, au Dahomey, dans la Nigeria anglaise, au Congo. Bambusa vulgaris Wendl. — Grand Bambou creux formant des touffes énormes, originaire probablement de la Malaisie. On le trouve planté dans les villages ou naturalisé en pleine forêt, mais à proximité de lieux anciennement habités, en Basse-Guinée, au Libéria, à la Côte d'Ivoire, où la plante re- monte, du côté du Cavally, jusqu'à 300 kilomètres de la mer, au Dahomey, dans la .Nigeria anglaise, au Congo. A été intro- duit par la Côte de l'Ouest africain et s'en éloigne encore peu aujourd'hui. La liste que nous venons de donner contient rénumération de 293 espèces ou variétés principales. Elle est, du reste, loin d'être complète, puisque presque toujours nous n'avons men- tionné que les plantes observées par nous-mème à l'état cultivé ou nettement naturalisées. Pour que ce tableau fût complet, il faudrait encore citer une trentaine d'espèces mentionnées par divers auteurs. C'est ainsi qu'en Abyssinie, la Flora of tropica Africa mentionne à l'état cultivé : llrassica campestns L. Colza), Ruta graveolens L. (Rue), Catha edulis Forsk. Cathe . Vitis vinifera L. (Vigne), Cicer arietinum L. l'ois chiche), Vicia sativa L. (Vesce), Ervum Lens L. Lentille . Faba vulgaris Mœnch Fève), Phaseolus vulgaris I.., Lathyrus sativus L., Pisum sativum L., Pisum arvense L., Pisum abyssinicum, Rosa sancia Rien., Prunus PLAN rES Cl l.i l\ i BS i V U RIQ1 E TROPICAI l 389 dômes tica L. .' Prunier), Cucumis sativus L., Cucurbita mos- chata Duchesne, Cuminum Cyminum L. Cumin . Daùcus Carota L. Carotte . l'arum Carvi I... Apium graveolens I... Lactuca sativa L. Laitue), 0/ea europsea L. Olivier), cultivé aussi dans l'Angola, /•'"".s- C'anca L. Figuier), cultivi aussi dans les oasis sahariennes. Dans les oasis mauritaniennes el sahariennes, d'après des renseignements inédits de M. Chudeau, les indigènes cultivenl aussi le Grenadier Punica Granatum L.) el l'Abricotier- (A rme- niaca vulgaris Lamk . \ Zanzibar, les indigènes cultivenl en grand le Giroflier ryophyllus aromaticus L.). Enfin, M. Bois nous signale comme naturalisé en grand dans l'Ouganda septentrional, à 1.200 métros d'altitude, le Cosmos bipinnalus, plante ornementale de la famille des Composées. Le nombre des espèces cultivées aujourd'hui par les Noirs ou naturalisées en Afrique tropicale, atteint donc le chiffre de 320. Nous n'\ faisons pas rentrer naturellement les espèces qui n'existent encore que dans les jardins d'Européens ('plantes potagères d'Europe, Ileurs ou arbres fruitiers tropicaux el dans 1rs stations d'essais agricoles. Nous avons intentionnelle- ment niais aussi les espèces incomplètement naturalisées qui apparaissent à l'état sporadique autour des Postes adminis- tratifs, tel ie Zinnia elegans qui, quoique commun en dehors de certains jardins européens, n'a pas encore acquis sa pleine acclimatation en Afrique. Les différentes plantes de ce tableau présentenl un intérêt b - inégal; les unes, comme le Sorgho, le Riz, le Maïs, le Bananier, les Ignames, le Manioc, le Coton, onl acquis ou pour- ront acquérir dans l'avenir un intérêt immense; les autres, au feontraire, comme certaines plantes fétiches, ne son! mention- nées qu'à titre documentaire. Pour chaque espèce végétale, dont l'homme tire parti, un ad nombre de problèmes sont à élucider. 11 faudrait : l Préciser ses caractères botaniques différentiels. Etudier les diverses variétés et races de celte espèce vivant a l'étal sauvage ou déjà domestiquées par l'homme. Pour différencier .'}yO BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION ces variétés, il faut tenir compte à la fois des caractères des organes plus ou moins fixes pour lesquels on ne cultive pas l'espèce, ainsi que des caractères des organes pour lesquels on cultive l'espèce (forme et couleur des fruits ; forme, taille, cou- leur, saveur des parties charnues; degré de précocité, durée de la plante) ; 2° Etudier les espèces botaniques voisines, même si elles ne sont connues qu'à l'état spontané et si l'homme n'en tire pas encore parti. Il y a une trentaine d'années, on connaissait seu- lement deux ou trois espèces de Caféiers donnant des produits utilisables. Depuis, on a découvert un grand nombre d'espèces nouvelles en Afrique tropicale, et certaines sont déjà entrées dans la culture ; 3° Les caractères de chaque espèce utilisable étant connus et ses principales variétés étant recensées, il importe de déter- miner exactement l'aire géograpbique où vit cette plante à létal spontané, ainsi que les conditions biologiques dans lesquelles elle vit : station, associations végétales, degré de fréquence, exposition préférée, ombrage; 4° Préciser les conditions météorologiques où vit l'espèce à l'état spontané : saisons, température annuelle de l'air et du sol, ma xi ma et minima annuels; quantités annuelles d'eau tombée, répartition des pluies dans l'année, degré d'humidité de l'air. Phénomènes particuliers : tornades, cyclones, gelées, neige; '6* Etude agrologique du sol où vit l'espèce à l'état spontané : analyse physique et ebimique des terres prélevées dans les lieux où vit la plante, spécialement dans les endroits où elle est plus abondante et plus vigoureuse, c'est-à-dire là où elle parait rencontrer des conditions optima; 6° Déterminer les caractères biologiques propres à l'espèce étudiée; non seulement ses rapports avee la station et les asso- ciations . avec le climal (§ î . ave.' le sol g .". . mais aussi la manière dont elle se comporte elle-même : longévité, âge <•! époque de la floraison et de la fructification. Manière don! la piaule se développe, se ramifié. Degré de fécondité. Dissémina- tion d.s graines dans la nature; germination. Parasites el ennemis végétaux h animaux. L'espèce est-elle en voie extension on de disparition? Dire si plusieurs espèces appar- tenant au genre de la plante aide vivent ensemble à l'étal spontané .' PL INTES C{ il l \ ) l - EN LFRIQ) B l ROPICALK .'5!>1 7 Si la plante esl cultivée, déterminer les procédés de cul- ture dans les différents pays et chez les différents peuples examinant le cas particulier de chaque varii Lee indigènes savent-ils différencier ces variél leui donneut-ils des noins particuliers ' Époques de culture el de récolte. Rendements. Sait-on ;i quelle époque la culture a été apportée? Est-elle en voie d'extension el d'amélioration ? Il n'esl pas douteux que toutes ces il" tes sonl de la plus inde utilité pour l'agronomie, el elles ue peuvent être four- oies que par des observations très précises. M ; i i s la ne doivent pas s'arrêter les investigations du bi giste. Il serait indispensable de réunir dans les stations appro- priées toutes les plantes dont L'homme tire parti et de les sou- mettre à ili's expériences en vue de leur amélioration. Des travaux remarquables de ce genre ont déjà été faits pour presque loutes les plantes des pays tempérés, les Céréales, la Vigne, la Pomme de terre, etc. Qu'il nous suffise de citer ! investigations méthodiques que poursuit le Department oj \ inculture des Etal s- Unis sur le Mais, le Cotonnier, les arbres fruitiers, le Tabac el sur tanl d'autres sujets. En France aussi ces recherches de biologie appliquée à l'Agronomie prennent de plus en plus d'importance. Citons les travaux de Naudin sur les Cucurbitacées, de l'ian- chon et des ampélographes qui l'ont suivi sur la Vigne, les études de Heckel sur la Pomme de terre, celles de Blaringhem sur les variétés d'Orges et les imitations du Maïs. Pour la plupart des plantes utiles tropicales, des recherches de ce -'Mire sont a peine entamées. Pour ce qui concerne les plantes cultivées en Vfrique tropi- cal'' les plus utiles, "H ne possède que des renseignements très incomplets. \ vaut de >ou_vr à améliorer les cultures indigèm il faut les inventorier, el c'est pour contribuer à celte tâche que dous avons dressé l'exposé préliminaire qui fait le principal I de ce travail. Pour L'amélioration de ces espèces el l'extension de leur cul- ture dans nos Colonies, nous pensons qu'il serait utile de pr r de la manière suivante : I. — Créer dans chacun de nos grands groupes de Colonies Indo-Chine, Madagascar, Aîriqu :cidentale el équatoriale un ou plusieurs grands jardins botaniques, sur le type du 392 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Jardin de Buitenzorg. On réunirait dans ces jardins le plus grand nombre possible de plantes utiles : plantes industrielles, arbres fruitiers, plantes vivrières et fourragères. Cet établissement serait pourvu d'un personnel scientifique ayant la compétence suffisante pour faire, au point de vue bio- logique comme au point de vue chimique, les recherches en vue de déterminer les cultures qui conviennent au groupe de Colonies dont dépend l'établissement. II. — Créer un certain nombre de stations d'essais chargées chacune d'une seule espèce de culture et situées au centre d'une région convenant le plus possible à la culture qu'on veut développer. En Afrique, nous aurions une station pour le Palmier à huile, une autre pour le Cacaoyer, une pour les plantes à caoutchouc, une pour l'étude de l'aménagement des Forêts, une pour les Plantes oléagineuses annuelles. En Indo-Chine, on en créerait qui s'occuperaient du Mûrier et de l'élevage du Ver à soie; une autre s'intéresserait exclusivement au Riz, une autre encore à la culture de Y Hevea (en Cochinchine), etc. Les établissements centraux seraient chargés des recherches d'ordre général. Ils centraliseraient les travaux des stations d'essais et inspireraient leurs recherches tout en leur laissant une large initiative. Chaque station n'ayant à s'occuper que d'une plante, pour- rait arriver assez rapidement à une connaissance approfondie de cette espèce. Par exemple, pour le Caféier, on rassemblerait dans un même jardin toutes les espèces et variétés de Co/fea connues, et on sait qu'elles sont innombrables. Toutes les variétés étant ainsi réunies, des expériences de greffe, d'hybridation, de mu- tations par Iraumatismes, de sélection par culture dans des milieux variés, pourraient alors être entreprises. Pour formes qui paraîtraient aptes à donner de bons résultats, îles plantations seraient Faites non plus sur quelques mètres carrés, mais sur de grands espaces. On substituerait ainsi à l'empirisme, qui a dirigé jusqu'il présent l'évolution de l'Agriculture tropicale, des procédés rationnels. Le Gérant : A. M \ ni :hi i \. - i Mai tr, i, nie Cassette LA NOURRITURE DES PICS MA ÉTATS-UNIS Par PIERRE-AMÉDÉE PICHOT Lorsque l'on examine les phénomènes biologiques, on est frappé de voir qu'il n'y a pas de fait qui n'ail sa contre- partie et que la vie des uns ne se maintient que par la destruc- tion de celle des autres. L'équilibre entre toutes les forces de la Nature est le résultat d'un antagonisme continuel dont les oscillations et les contrastes peuvent seuls nous rendre percep- tible la réalité de l'existence, et il semble que le problème de la paix et de la concorde universelles ne puisse se résoudre que par l'immobilité et par le silence du Monde. L'histoire des Oiseaux de la famille des Pics nous fournit un remarquable exemple de l'action destructive des êtres organisés pour assurer leur perpétuité. Les Pics détruisent les Insectes et ceux-ci détruisent les plantes, et cette corréla- tion ressort d'une façon intéressante de l'étude que le Bureau de recherches biologiques des Etals-Uni> vient de publier sur les rapports des uns avec les autres. Cette question a, en effet, une importance économique considérable, en ce qu'elle touche à l'exploitation des bois et à Lu conservation des forêts. Dans son rapport sur le travail de M. Beal, M. Henshaw estime à un demi-milliard les dégâts causés annuellement par les Insectes aux richesses forestières des Etats-Unis. La Commission entomolo^ique, dans son Y rapport, a calculé que '»<)'> espèces d'Insectes vivent aux dépens du Chêne; que l'Orme en entretient su. le Noyer d'Amérique hiekorj L70, l'Acacia 11, l'Erable 100, le Bouleau L05, le Saule 186 et le Pin !•''">. Il n'y a pas une partie de l'arbre — qu'il soit sain, malade, mort ou en décomposition — qui n'alimente quelque parasite. Il est donc nécessaire de combattre cette armée de dévastateurs et l'Homme n'a pas de meilleur auxiliaire que l'Oiseau pour défendre son domaine végétal. Aux Etats-Unis comme ailleurs, les Pics comptent parmi les plus utiles. Leurs Organes sont spécialement adaptés à l'aire la chasse aux Insectes sur les arbres; leur instinct leur permet de décou- vrir la présence d'une larve au cœur d'une branche, même d'apparence -aine, et de délimiter sa position aussi sûrement BULL. SOI . RAT. kCCL. FR. 1912 — 26 394 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION que s'ils opéraient avec l'aide des rayons Rœntgen; leur bec, en forme de coin, dont la pointe acérée est placée dans l'axe de la tête, ce qui en fait, selon l'expression de Levaillant, une tête martelière, perce facilement les tissus les plus durs, et leur langue, que le développement des cornes de l'os hyoïde contournant le crâne permet d'allonger en dehors des mandi- bules, va chercher les larves au plus profond de leurs retraites caverneuses. Mais je n'insisterai pas davantage sur les carac- tères anatomiques des Pics, non plus que sur leur nomencla- ture, qui s'est beaucoup augmentée des espèces nouvellemeut décrites. Tandis qu'en France nous n'en avons que quatre ou cinq, on en compte quarante-cinq aux Etats-Unis, ce qui est conforme à la plus grande étendue des forêts répandues sous des climats plus divers. Les minutieuses recherches de M. Beal ont porté non pas tant sur la classification de ces Oiseaux que sur leur nourriture, de façon à voir dans quelle mesure ils pouvaient être utiles ou nuisibles. C'est ainsi que l'examen de 3.453 estomacs de Pics, habitant les Etats-Unis et répartis dans les divers Etats de l'Amérique du Nord, a donné lieu à de précieuses observations. Leur contenu, analysé avec soin et à différentes saisons de l'année, accuse une proportion de 64,26 p. 100 de matières animales contre 35,74 p. 100 de substances végétales. Poussant plus loin son expertise, M. Beal a fait la même enquête pour chaque espèce individuellement, afin d'être fixé sur l'utilité de chacune. Tandis que les Pics du genre Picoides avaient dans leur esto- mac 94,06 p. 100 de matières animales contre -">.(.)'< p. 100 de substances végétales, d'autres n'ont donné que 2-2, 59 des premières, contre 74,41 des secondes. Dès lors, il était facile de se rendre compte des espèces qu'il fallait protéger et de celles qui justifiaient les accusations don! elles étaient l'objet. La nourriture animale des Pics ne se compose pas exclu- vement d'Insectes ou de larves perforateurs des bois. Les Coléoptères, les Hyménoptères, les Lépidoptères, les Hémi- ptères, les Orthoptères, les Névroptères fournissent chacun leur contingent. Parmi les Hyménoptères, les Fourmis entrenl pour une large part dans l'alimentation de plusieurs espèces. Le Sphyrapicus thi/roidrus en consomme H5,!tf p. 100; le Melanerpes erylhrocephalus Pic à camail rouge de Buffon), 5,17 p. loi) seulement. Chez le Picoides amerieanus Pic tri- LA NOURRITURE DE3 PICS AUX ETATS-UNIS 395 dactyle), on trouve 71,03 p. 1 de larves ou de Coléoptèri - xylophages; chez le Helanerpes de Californie -JJ'û p. 100 seulement. Les entomologistes les plus distingués des Etats-Unis reconnaissent pleinement les services rendus par les l'ics. Le D* llopkins dit que par 100 Sapins on peut compter 600.000 larves, et qu'en admettant que les Oiseaux n'en puis- -ent détruire plus de la moitié ou des deux tiers, ce sera assez pour permettre aux arbres de résister aux survivants. Les Pics, ajoute le savant observateur, sont assurément les sauveteurs de l'Erable et du Peuplier qui, sans eux, seraient voués à une destruction rapide. Il peut arriver à ces Oiseaux de donner un coup de sonde là où il n'y a rien à prendre, mais leur inslinct les trompe rarement et j'ai toujours constaté que les trous qu'ils perçaient dans les bois sains étaient en très petit nombre. Si nous analysons maintenant de quoi se compose la nourri- ture végétale des Pics américains, nous trouvons qu'il y entre des fruits cultivés ou sauvages, des graines d'essences fores- tières et du cambium. Or, le cambium a une importance liés grande dans la formation du bois. C'est une matière plus ou moins fluide qui circule entre le liber et l'aubier et ce liquide mu- cilagineux. en prenant de la consistance, fournit les matériaux d'une nouvelle couche d'aubier. On accuse les Pics d'attaquer l'écorce des arbres pour manger cette substance dont ils sont très friands. Cela est vrai pour quelques espèces, mais non pour toutes, comme il résulte des recherches de M. Beal. Les Pics du genre Sphyrapicus seuls font une consommation de cambium assez grande pour nuire à la végétation, et ceux-là, si avec raison que la voix populaire les a baptisés du nom de buveurs île sève. Pour atteindre au cambium qu'il recherche avec frénésie, l'Oiseau arrache l'écorce sur des surlaces parfois considérables ou se contente de la cribler de ponctions rappro- chées qui font tout le tour du tronc ou de la branche. Lorsque ces plaies se ferment, le bois peut n'être plus bon que comme bois de chauffage et les cicatrices défigurent les planches que l'on en veut tirer. 11 arrive aussi que l'eau pénètre par ces blessures et provoque la formation de taches qui onl pourtant parfois un efl'et décoratif. Voilà le principal grief des forestiers américains contre le-^ Pics. L'enquête de M. Beal prouve que l'on a eu tori de généra- 396 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION liser et que, sauf quelques espèces, ces Oiseaux ne creusent leurs mortaises dans les arbres que pour aller chercher dans le cœur même du tronc ou de la branche l'Insecte pernicieux qui y a élu domicile et y poursuit ses ravages. Les horticulteurs et les propriétaires de vergers se plaignent encore que les Pics s'en prennent à leurs fruits, dont l'exploi- tation est si importante dans quelques Etats, et que les Pommes et les Oranges ont beaucoup à souffrir de leurs atteintes. M. Beal a examiné de près ces accusations émanant d'observateurs sérieux et dignes de confiance; mais, là encore, il a constaté que l'on avait une fâcheuse tendance à généraliser les fans exceptionnels attribuables à des circonstances locales particu- lières. Prenons, par exemple, le Pic à camail rouge, un des plus compromis par ces accusations : 443 estomacs, prélevés dans 27 Etats différents, ont fourni 33,83 p. 100 de matières animales contre 06,17 de matières végétales. Dans les matières animales on a identifié 67 espèces de Coléoptères, 4 Hymé- noptères, 5 Hémiptères et 1 Lépidoptère. Quant aux matières végétales, elles étaient représentées par un peu de Blé dans 64 estomacs, de l'Avoine dans 1, du fruit cultivé dans 175 (si toutefois les framboises et baies analogues ne provenaient pas de plantes sauvages). Les glands, les faines et autres graines >restières entraient dans la composition du bol alimentaire dans la propori.^a de 23,26 p. 100 répartie sur la consom- mation de toute l'année. Pour le reste, c'étaient les graines de 23 espèces déplantes sauvages non cultivées. Quant à la chair déjeunes Oiseaux et aux œufs que l'on accusait le Pic à camail rouge de manger, on n'en a jamais trouvé trace. Citons encore le Pic à ailes dorées (Collaptes aureus, vulgo flicker), une des espèces les plus répandues aux Etats-Unis et dont la chair, par exception, est bonne à manger. 680 estomacs ont été examinés et ont donné 60,02 p. 100 de matières animales contre 39,08 de matières végétales. On y a reconnu Les téguments de 42 Coléoptères, 36 Hyménoptères et les graines ou fruits de 54 plantes sauvages non cultivées. C'est incontestablement là un Pic auquel on n'a rien à reprocher, si ce n'est qu'il contribue ;'i la dispersion des graines du Sumac vénéneux, dont il ne digère; que La pulpe. Mutin. Le Pic à collier de Lewis [Asyndesmus Leivisi), très fortement accusé de ravager les vergers de Pommiers dans l Orégon, a, il faut le reconnaître, un goût très prononcé pour LA NOURRITURE DES PICS Al \ ÉTATS-UNIS •', ToUéhL Ûyaa/ictf (re'rrt/attûc C<> 7 L'opération, selon ce procédé, n'a rien d'absolument chirur- gical, mais on comprend qu'avec de l'habileté, du doigté et de la pratique, on puisse cependant arriver à obtenir de bons résultats; el la preuve s'en trouve dans la pratique usuelle des régions où l'on fait couramment le chaponnage. In second procédé plus chirurgical, mais qui comporte bien ses aléas, lui aussi, consiste à pratiquer l'extirpation des testi- cules à l'aide d'instruments spéciaux, et sans mettre le doigl dans les plaies. 402 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Dans ce second procédé, on intervient au niveau des testi- ticules de façon à les mettre directement à découvert. Le sujet à opérer est couché sur le côté gauche ou le côté droit, de préférence le côté gauche, et maintenu immobilisé par un aide, les pattes allongées en arrière. Premier temps. Incision. — L'incision de 2 à 3 centimètres est faite à la partie supérieure du dernier ou de l'avant-dernier espace intercostal, préalablement débarrassés de leurs plumes. Elle donne accès direct dans la cavité abdominale et doit per- mettre, après emploi d'éearteurs des lèvres de la plaie en avant et en arrière, et éclairage convenable, de découvrir di- rectement les testicules ou l'un d'eux tout au moins. Deuxième temps. Extirpation. — A Taide de pinces ail hoc (pinces à forcipressure à anneau), le testicule est pincé en bloc au niveau de son pédicule. Par un mouvement de torsion imprimé à ces pinces on rompt le pédicule vasculaire, et l'or- gane est extirpé. On agit de même pour le second testicule, s'il est accessible parla même voie, ou, après suture de la plaie, on opère de même sur le côté opposé après avoir retourné le patient. Ce second procédé est évidemment plus chirurgical et plus élégant que le premier; mais comme le pédicule vasculaire du testicule est très court, il expose aussi à des accidents si la pince à torsion est placée trop bas et intéresse la veine cave postérieure en particulier. Dans ces conditions, la torsion pro- voque la déchirure de la veine cave postérieure et une hémor- ragie mortelle consécutive immédiate. Comme, d'autre part, on n'a pas une très grande liberté de mouvements par suite même de. la profondeur de situation de l'organe que l'on aperçoit tout juste, il y a là un accident avec lequel il faut compter. J'ajouterai cependant que l'on a songé à modifier ce procédé pour éviter les chances d'accident, et qu'au lieu de pinces à forcipressure pour torsion, on a recommandé l'emploi d'une sorte de petit écraseur constitué par un simple tube cylindrique et nu lil de laiton. Le testicule (Haut mis à découvert, comme il est indiqué au premier temps du second procédé opératoire, on engage le lil de laiton eu anse dans Le lu lu- cylindrique. L'anse de laiton esl passer sous h' testicule au niveau du pédicule vasculaire. le tube est lui-même pOUSSé jusqu'au contact île l'organe et main- -I l. I. \ CAS! RAI ION DES I OQS 103 tenu immobilisé par la main gauche, ainsi que l'une des extrémités du Bide laiton. En agissant sur l'autre extrémité de ce til avec la main droite, on comprime d'abord le pédicule vasculaire, puis on te déchire par pression et par élongation des vaisseaux. Le testicule est extirpé ainsi. Les dangers sont peut-être moindres que dans le procédé précédent, mais en réalité il peut y avoir hémorragie aussi, si la déchirure par élongatiou des vaisseaux Lesticulaires se pro- page à l'aorte ou la veine cave. Quoique plus chirurgicaux, ces deux procédés sont surtout du domaine vétérinaire, et il est probable qu'ils seront délaiss par les éleveurs, en raison même de leur délicatesse d'exécution. I.'- premier, entre des mains habiles, peut d'ailleurs parfai- tement suffire. En résumé, l'opération de castration du Coq est une opéra tion quelque peu délicate, et qui reste délicate par le fait même de la situation des organes qui sont difficilement accessibles à la vue. aux doigts ou aux instruments. Pourrait- elle devenir une opération sûrement économique entre les mains de quelques amateurs qui voudraient se spécialiser, je le crois; mais je ne pense pas que ce soit une opération qui devienne à la portée de tous les aviculteurs. Ce ne sont pas là d'ailleurs des restrictions qui portent la moindre atteinte au rôle économique de l'intervention. Il y a toutefois au moins une précaution fondamentale à prendre c'est de ne pas opérer durant la période de ponte des volailles, car durant celle période qui correspond à celle de- amours, les testicules sont très volumineux, très vascularisi s et les dangers d'hémorragie sont d'autant plus grands. La saison la plus favorable est la saison d'automne, celle où la période d'excitation génésique est la plus faible, celle <>u '■ testicules sont le moins vascularisés et celle où le volume de ces organes est le plus réduit. Les chances d'hémorragie et d'accidents sont alors très limitées. Aux différents procédés que je viens de rapporter, je donm la préférence au second, celui dans lequel le testicule esl pincé dans une pince a forcipressure
    •"> p. 100 de tanin. La racine fraîche eontient environ l<> p. 100 de tanin. La teneur en tanin de la Canaigre commerciale en petites cossetl - 406 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION varie de 20 à 40 p. 100. Sa teneur en sucre est élevée, elle varie d'ailleurs suivant la saison et le mode de conservation. D'après Jetlmar, on peut prendre comme composition moyenne : Eau L4,"J p. 100 Substances tannantes 21.8 à 34,9 — Substances non tannantes 9,4 à 18,1 — Cendres 1,9 à 2,1 — Matières insolnbles 33,9 — Matières sucrées 6,8 Ce qui donne 23 de sucre p. 100 de matières tannantes. Cette teneur élevéeen sucre voisine de celle de l'écorce de chêne environ 25 p. 100 de tanin est très intéressante. C'est en effet ce sucre qui, en fermentant, donne des acides susceptibles de gon- fler le cuir et fournit finalement un rendement plus considé- rable. Beaucoup de matières exotiques, importées en Europe, sont riches en tanin mais pauvres en sucre et donneraient des cuirs plats, si on les employait seules. Si Ton ajoute à cette qualité de la Canaigre cette autre, non moins intéressante, de donner un cuir clair, d'une couleur orangée agréable, on reconnaît facile- ment l'énorme avantage qu'on aurait à en propager la culture. Celte couleur orangé-clair est voisine de celle du cuir tanné à l'écorce du Chêne. Employée seule, la Canaigre donne un cuir mou et ne peut servir qu'à la fabrication des cuirs à empeigne, cuirs pour sellerie, cuirs de luxe. Employée en mélange, étant donnée sa richesse en tanin facilement soluble dans l'eau, elle est le parfait adjuvant de la Yalonée et de l'écorce de Mimosa. On peut s'en servir pour retanner certains cuirs et même dans certains cas pour rem- placer le Sumac. Si cette matière était moins chère, on pourrait l'employer dans les tanneries travaillai l'écorce de Chêne. Traversant très rapidement le cuir, son tanin activerait le tannage, au début surtout, mélangée avec de la Valonée, elle augmenterait le rendement tout en conservant au cuir sa belle couleur chêne des cuirs d'autrefois. Il n \ .i pas de marchés établis pour cette matière première dans le-; ports européens. Les importateurs de Hambourg ef d'Anvers en reçoivent de A PROPOS DE LA CAN UGRE i<)7 petites quantités dont le prix peut varier entre cent-viDgt-cinq et deux cenl cinquante francs l;i tonne. Les graines germent assez irrégulièrement. La multiplication de la Canaigre se t'ait plutôt au moyen des jeunes tubercules, plantés comme la Pomme de terre de distance en distance. L'analyse des cendres de la Canaigre, d'après le D' Trabut, donne : Acide phosphorique 18,l!J p. 100 Potasse 28,14 — Soude 1,17 — Magnésie 16,93 — Azote 1,93 — Cette plante parait exiger des pbospliates, de la potasse, de la magnésie el de l'azote. Il faut prévoir, toujours d'après Trabut, 200 kilogrammes d'azote enlevés dans une récolte d'un hectare. D'après l'expérience faite au Muséum de Paris, dans le carré d-s couches, la Canaigre prospère dans un terrain calcaire, ses tubercules sont très beaux, malheureusement, cette plante. ,i végétation hivernale, gèle sous notre climat parisien et on est obligé de couvrir le beau pied qui existe là depuis plusieurs années déjà. Le midi de la France et la Corse pourraient tirer un bon parti de la culture en grand de cette Oseille, qui n'a pas donné de i ésultats en Algérie, les années sèches et les sols maigres ne lui ii venant pa-, la croissance étant longue dans ces condition-. Quant au traitement industriel précédant la dessiccation, un simple hache-racine suffirait pour une petite exploitation, et cel instrumenl existe presque partout aujourd'hui. LA VALEUR DE LA PARTIE DU MOYEN -CONGO CÉDÉE A L'ALLEMAGNE Par A. BAUDON La partie du Moyen-Congo comprise entre la Sangha, le Congo et lOubangui et qui s'étend d'Ouesso d'une part, à Bonga et Mongoumba de l'autre, en englobant toute la basse Sangha et la Likouala aux Herbes est en grande partie basse et maré- cageuse. Les berges de ces rivières se trouvent être en effet plus élevées que l'intérieur des terres, de telle sorte qu'au moment des crues, lorsque l'eau les a dépassées, elle s'étend rapidement partout, ne pouvant plus ensuite s'écouler de cette sorte de cuvette. Les terrains qui s'étendent de Youmba, voire même Piconda sur la Sangha, à Boubangui sur l'Oubangui, avec comme limite au sud, Bonga, sont de beaucoup les plus bas; il n'existe aucune voie de communication par terre entre ces points; par contre, la contrée est sillonnée de nombreux canaux dans lesquels l'eau coule tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre. Les points qui émergent aux hautes eaux sont peu nombreux et leur surface restreinte. Ce sont d'abord Bonga, où l'eau iarrive dans les cases dans les années de grandes crues, puis Boyenghé, siège d'une factorerie de transit pour le ravi- taillement et l'écoulement des marchandises de la Likouala aux Herbes: Loukolela, poste administratif sur une pointe assez élevée a terrain argileux latéri tique, avec autour de vastes marécages; Liranga, où existe une mission catholique, terrain latéritique ; Djoundou, siège de l'exploitation d'un colon, M. Fredon ; Boubangui, village indigène peu important, le plu-- grand nombre des habitants étant passé sur la rive belge ; si l'on ajoute à cela quelques points oii se trouvent de petits vil- lages, on voit le peu d'importance de la terre ferme dans ce territoire qui s'étend sur un degré environ de latitude. Dans .rite partir, les Iles sonl très nombreuses et quelques-unes ont uni' vaste étendue; il est difficile du reste d'indiquer où se trouve réellement la terre ferme, de même que de préciser la provenance des eaux qui arrosent certains de ces parages, l'influence de chacune des trois rivières Congo, Oubangui, i.\ V LL1 n; DE LA PAR l 11'. Dl MOÏ in 10 M)9 Sungha se faisanl plus ou moins sentir, suivant que telle ou telle se trouve en période de crue ou de basses eaux. \ partir de Boubangui, qui esl situé à peu près 30us réqua- teur, le pays esl aussi plat quoique un peu plus élevé en moyei [ue la partie située plus au sud, aussi la dur le la période des inondations > est elle moins longue. Les points habitables sonl toujours aussi peu nombreux el la population y est aussi peu dense; seuls, quelques groupements d'une importance relative existent aux Bal ois, à Imfondo, Béton, Mongoumba sur l'( lubangui ; par contre, l'arrière-pays esl plus peuplé sur la Likouala aux Herbes à partir d'Epena, poste administratif. Sur la Motaba et l'Ibenga, il y a d'importants villages, et une population plus dense non encore soumise el pénétrée habite ce pays qui serait plus riche el qui est celui que nous abandonnons, conservant par contre ce qui esl pauvre. Aucun des établissements commerciaux eréés dans celle région n'a donné de bons résultats, sauf en ce qui con- cerne ceux de la Lobaye qui liraient leurs produits de L'inté- rieur el du voisinage de la Haute Sangha. Partout, dans ces parages, l'argile domine, argile de couleur bleutée, mais qui en certains endroits doit être blanche, car aux BaloïS l'on vend des poteries indigènes absolument blanches ; au-dessus, la couche d'humus est en général peu épaisse. En certains endroits existent des affleurements gréseux ou latéri- tiques qui deviennent particulièrement fréquents à part r de Bétou, où le cours de L'Oubangui commence à être encombré de banc- rocheux. Du côté de la Likouala aux Herbes, l'on ne trouve pas de roches et par contre de nombreux terrains sablonneux. La végétation dominante de cette partie du Congo esl li grande forêl équatoriale primitive; elle esl coupée parfois par des savanes assez étendues à contours irréguliers, dans des partie-, mu il oe semble pas qu'il ail pu exister jamais de vil- lages, ce qui rend leur présence et leur origine difficiles à expliquer. La végétation très luxuriante de ces forêts varie suivant qu'il s'agit de terrains inondés ou non el dan- le premier cas suivant la durée de l'inondation. ?ur ' - rive >, dans les parties les plus basses, du côté de Bonga, ce ne sonl que des arbustes, des broussailles, des Calamus enchevêtré? : ailleurs, ce sonl de grands el beaux arbres d i — nces diverses. A partir d Imfondo, les Copaliers Copaifera Demeusei Mann-) ii i . soc. nm. \< • i.. 1 1 . L912— 21 UO BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION sont nombreux, mais là seulement où il y a de l'eau, ces arbres ne se plaisant qu'au voisinage immédiat des ruisseaux: ils fournissent la gomme copal. employée par les indigènes pour s'éclairer et pour vernir les poteries. Us voisinent avec de nombreux Eriodendron anfractuosum L. dont la bourre ou kapok est sans usage dans le pays, avec des Pentaclethrn macrophylla Benth., portant toujours leurs gousses recroque- villées et dont personne ne recueille les graines ; avec des Cynometra^ aux bois de teintes variées. Partout les espèces d'arbres les plus diverses se rencontrent; les unes à bois durs, tels les Pterocarpus, duquel les indigènes tirent la poudre de hgula, dont ils se servent pour se barioler le corps lors de leur- tam-tams et qui serait un excellent bois de teinture et d'ébé- nisterie en même temps que l'on pourrait en tirer un kino : le Chlorophora e.rce/\« Wehv. Benth. et Hook., dont les plus beaux troncs servent à faire des pirogues et que les Européens utilisent pour la construction des charpentes de leurs" bâtiments ; le Petersia africana Wehv., particulièrement abondant, au bois rougeâtre et d'odeur nauséabonde lorsqu'il est fraîchement coupé ; le Tetrapleura Thonningii Bth., dont les gousses, qui renferment de lasaponine, servent à étourdir le Poisson pour en faciliter la capture; YIrvingia Smithii il., dont les graines alimentaires sont inutilisées ; de beaux Khaya grandifoliola C. D. C, arbre à acajou dont on tire de superbes pirogues et qui devient de plus en plus rare au voisinage immédiat des rivières. Les arbres à bois tendres ou relativement tendres sont tout aussi nombreux et l'on trouve surtout Bombu.r buonpergènse Pal. Beauv. ; Pyenanthus Komba Baill. : Terminalia altissima A. Chev., communément employé pour la confection des piro- gues, malgré son peu de durée ; lticinodendron africanus Muell. Arg. : Pachylobus edulis G. Don, à fruits consommés par les indigènes \Sjialhodea campanulata Pal. Beauv., et S. nilotica Seem.; CanariUm Schweinfurthii Engl., qui fournit une résine très odorante d'uo usage courant en médecine : Cola gigantea \. Chev., cl divers Sterculia, en même temps que de nom- breuses autres espèces dont rénumération serait trop longue, il convient «le noter, dans ces parages, la rareté pour ne pas dire l'absence de Musanga Smithii H. Br., qui se retrouve par- toul en abondance là où la forêt primitive a été détruite. Mais, a côté de ces essences qui pourraient être intéressantes LA VALEUR l»E LA PARTI I lu n «Il par leurs bois, d'autres 3ont dignes de retenir l'attention |> des produits d'un usage courant. VEUeis guin emi* Jacq., qui fournit l'huile de palme, la plus employée dans la cuisine indi- gène, el aussi le vin de palme, boisson fermentes* ible for! appréciée des non--, est 1res commun tant sur la terre ferme que dans 1rs nombreuses lies que l'on rencontre sur le Coi - l'Oubangui. Divers Raphia, parmi lesquels Raphia - W'ild. et Raphia textilis, qui fournissent une huile analogue à celle de YEUris et le dernier en outre une fibre textile qui sei vait à confectionner les pagnes avant noire arrivée, se rencon- trent en abondance, le premier dans les endroits in lés sur- tout dan- les Likouala et l'Alima; l'autre, au contraire,» terrains secs. Comme arbres à graines oléagineuses citons : les PeiUaclethm macrophylla et Irvingia Smithii déjà mentionnés, auxquels il convient d'ajouter les Carapa procera 1>. C, Manniophytum africanum M. A., et diverses Sapotaeées. Diverses plantes donnant îles produits d'un intérêt aussi grand se rencontrent encore dans cette région : il convient de citer parmi elles les Co/fea congensis Frœw., arbuste particuliè- rement abondant dans les îles et dans les endroits inondés aux hautes eaux: le Co/fea Dybowskii, véritable arbre atteignant 12 mètres et plus de haut avec un tronc de 0m-2o de diamètre, qui ne se rencontre que dans les terrains restant toujours à sec. Le Cola Ballayi est très commun aux environs d'Imt'ondo el il y donne lieu à un certain commerce avec le personnel des bateaux naviguant sur l'Oubangui; Cola acuminata (ïrif. du Bel., plus rare el qui paraît importé. Les essences caoutchou- tifèressont, elles aussi, assez communes. Le Funtumia elastica Stapf., qui ne se plaît pas dans les terres inonder-, se ren- contre fréquemment loin des rives, mais les indigène-, peu enclins au travail el découragé- par les prix de vente p élevés du produit, ne préparent du caoutchouc que lorsqu'ils ne peuvent faire autrement. Les liane- -.ml plus abondant* -. elles appartiennent aux espèces Landolphia owarifinsis P. B. et Clitandra [rnoldiana l>. W\. en certains points, surtout pi de Loukolela, l'on trouve aussi le Landolphia Klainii Pierre. Bien que ces essences soient moins abondantes qu'en d'autres régions du Congo, elles seraient néanmoins susceptibles d'un. exploitation rémunératrice le jour où l'on voudrait l'aire leur e xploitation. ïP2 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D'ACCLIMATATION Les populations de cette région ont des cultures assez éten- dues, car elles tirent une source sérieuse de revenus de la vente de leurs produits aux équipages des bateaux qui ne peu- vent pas se ravitailler à leurs escales extrêmes de Brazzaville ri de Ban gui. Les principales cultures du pays sont le Manioc amer, les Bananiers, quelquefois les Patates, des Colocasia et Xeantkosoma, le Maïs (surtout aBétou, d'où l'on en expédiesur Brazzaville et différentes autres plantes d'importance moindre. En dehors de la culture du sol, pratiquée surtout par les femmes, les hommes se livrent à la pêche, qui est l'industrie la plus prospère de cette région. Grâce à des barrages judicieuse- ment disposés au moment de la baisse des eaux, ils capturent des quantités importantes de Poissons, qui sont fumés pour assurer leur conservation. Les espèces capturées par ce pro- cédés sont peu nombreuses; au premier rang se trouve le Citharinus macrolepis, qui à lui seul représente les trois quarts des pêches, puis de nombreux Siluridse des genres Clarias, Eutropius, Chrysichthys, qui donne des Poissons énormes; Gephyroglanis et Aucheroglanis, Synodontis, Malapterurus elec- tricus peu apprécié et même repoussé par certaines tribus: l'on trouve aussi fréquemment des Polyptères et Protoptères, sur- tout aux hautes eaux, des Mormyridœ d'aspect bizarre, des Hydrocion aux dents robustes et pointues, des Cyprinidx dont quelques-uns sont très appréciés des Européens. Le gibier est très irrégulièrement répandu dans cette vaste région; rare en certains parages, il abonde dans d'autres et parfois l'on rencontre d'importants troupeaux d'Eléphants, de Bœufs, d'Antilopes, des bandes de Singes divers sautant dans les forêts, et, sur les bancs de sable, de nombreux Kchassiers, Canards, etc.. voisinant avec des Hippopotames etdes Caïmans. EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS I SECTION. — MAMMALOGIE SE INI l l'i ."> FÉVRIER 1912 Présidence de M. Trouessart, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu el adopié. M. Falz-Fein remercie la Société de la médaille qui lui a été décernée et exprime le désir de pouvoir un jour faire à ses collègues les honneurs de son domaine d'Askania-Nova, où il poursuit avec succès ses multiplications et acclimatations d'animaux exotiques. M. Falz-Fein donne d'intéressants détails mit l'élevage des Antilope- Saïgas qui ont retrouvé en Tauride les conditions dans lesquelles avaient prospéré leurs ancêtres, depuis longtemps détruits dans cette région. M. Falz-Fein nous promet un compte rendu détaillé, avec photographies, de ses expériences. M. Debreuil dépose sur le bureau de la Section le numéro du cent-cinquantenaire des A)»iales de la Société d'agriculture de Maine-et-Loire. Ce fascicule contient une description du Jardin ïoologique de l.;i Pataudière, appartenant à notre collègue, M. Pays-Mellier. M. Magaud d'Aubusson présente des photographies de bes- tiaux du Brésil, qui lui ont été transmises par M. Misson, directeur du poste zootechnique de l'État de Sao-Paulo (Brésil . La race nationale de Bœufs du Brésil descend <\*'< animaux apportés par les Portugais <■{ croisés avec le Zébu. Les carac- tères de cette dernière forme tendent d'ailleurs ;i disparaître ••! ne sonl réellement apparents que dans les produit- de croi- sements récents. < >n cherche a améliorer celte race en la croisant avec l,i race suisse, la race hollandaise, la flamand et la limousine. il t BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Les Chevaux indigènes brésiliens sont les descendants des produits de croisement entre des Chevaux arabes et des Che- vaux de l'Argentine. On cherche à améliorer la race en la croisant avec des arabes ou des anglo-arabes d'importation. Deux races porcines, l'une noire, l'autre rouge, existent au Brésil, mais on y élève également des Yorkshire. Enfin nous examinons aussi des photographies de Chèvres et de Moutons brésiliens, ainsi que des Chiens du pays. Ces der- niers sont dos sortes de Lévriers, croisés sans doute avec d'autres races. Ils sont très vigoureux, très ardents à la chasse. An sujet du métissage du Zébu et du Bœuf domestique, M. Trouessart fait remarquer que ce croisement est extrême- ment facile, ce qui s'explique sans doute par la parenté étroite des deux animaux. La plupart des systématiciens renoncent à faire du Bomf et du Zébu deux espèces distinctes et les consi- dèrent simplement comme deux sous-espèces. M. Trouessart fait une communication sur « La Génétique et les nouveaux hybrides d'Ascania-Nox a ». Il rappelle que l'étude de la transmission des caractères dans les produits de croise- ments constitue actuellement l'une des parties les plus impor- tantes de la Génétique. Dans ce domaine, la loi de Mendel est venue fournir un guide permettant d'interpréter des phéno- mènes restés jusqu'alors sans explication et surtout permet- tant de prévoir les caractères du produit d'un croisement donné. Cette loi, mise à la portée des éleveurs, est susceptible de leur fournir de précieuses indications dans des circonstances où ils procédaient jusqu'ici par tâtonnements. Ils devront en tenir compte chaque fois qu'ils s'efforceront d'éliminer un caractère donné. C'est le cas, par exemple, des éleveurs de Chevaux de remonte qui cherchent à supprimer de leurs pro- duits la couleur blanche. Les Chevaux blancs ne sont plus, en effet, acceptés par l'armée. L'étude des hybrides est donc uelleiiiellt de grande imporl a nce. Dans cet ordre d'idées, il y a lieu de mentionner les remar- quables expériences tentées par .M. Falz-Fein à l'établissement d'Ascania- Nova, en Tauride. Notre collègue procède par fécon- ition artificielle. La seule description des procèdes primitifs employés dans le Poitou pour la production des Mulets suffit à démontrer combien la technique perfectionnée de M. lai/ Fein doit être préférable. Il a réussi à obtenir le croisemen( du Bison EX l H \ l r8 DES PROI ES-V] i;r.\i \ DES - - i IONS I I • sauvage d'Amérique avec la Vache, du < heval de pur sang maie avec la Jumenl de Przewalsky, du Zèbre et de la Ju- ment, etc. ( es hybrides onl souvent des qualités précieuses. I < / broïde, animal plus résistant que le Cheval, peut être dressé à la selle. L'hybride de Bison d'Amériqi i de Vache est un animal très doux, mais aussi très résistant. M. Falz-Fein a l'espoir de créer une race stable de cet hybride qui pourrai! être très intageusemenl utilisé dans les travaux agricoles. - tentatives, ainsi que celles que se propose de tenter an vétérinaire russe, M. Iwanoff, dans la station y.ootechniquc que le gouvernement vient de créer près d'Ascania-Nova, méritent donc d'être suivies avec beaucoup de soin, car elles peuvent. en dehors de leur intérêt scientifique, fournir des résultais pratiques très importants. Le Secrétaire, Max Kollmann. S SECTION. — BOTANIQUE. SE w< I. DU 19 FÉVRIER 1912 Présidence de M l>. Itois, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. A l'occasion de ce procès-verbal, et au sujet de la question relative au commerce des bananes, M. Le Fort demande et la section de botanique le décide l'insertion au procès-verbal • l'un entrefilet paru dans le Journal des Halles et Marchés du \l février L912. Voici ce passage, qui explique l'extraordinaire abondanc depuis quelques semaines des Bananes sur le- petites voitures dans les rues de Paris : « En janvier, pour la première fois, un paquebot chargé , île l'Algérie et de lu Tunisie, Pari. s. 1906 : Jumelle. Les cultures coloniales; plantes industrielles, l'an-. 1901 : Capus el Rois. Les productions coloniales. Taris, 1912. EXTIIA : - DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DES SI ["IONS \ I i Jute. — Le Jute est une plante annuelle qui prospère surtoul dans l'Inde, uotammenl au Bengale, qui esl le principal pays exportateur de la fibre. Des expériences de cullure tentées au loiikin m uni pas encore donné de résultats vraiment satisl sants. La culture en grand est impraticable en pays tempéré : Les Corchorus capsularis et olilorius, les deux espèces qui pro- duisent le Jute, sont des plantes qui ne donnent de résultats rémunérateurs que dans les régions inlertropicales à climat chaud et humide. SlGaves rEXTiLES Sisal, Hennequin). Ce sont des plantes un peu plus délicates que VAgave americana aujourd'hui si abon- damment naturalisé dans la région méditerranéenne. Ils sont l'objet d'importantes cultures au Yucataneten Floride. Consulter, à leur sujet, les trois derniers ouvrages cités ci- dessus, puis, dans le Bulletin delà Société nationale d'Acclima- tation : Mairaux E. . Les Agaves textiles au Mexique, L904, p. 282 ci |». 313; Rivière. Répartition géographique des Agaves textiles, P.1112. p. 27 : Weber l>' . Observations sur la nomenclature et la synonymie des Agaves textiles, 1903, p. 90; Hautefeuille. Les Agaves textiles (Bulletin économique de l'Indo-Chine, 1906 . Bambous. Les Bambous sont des plantes précieuses el certaines espèces peuvent être cultivées avec succès dans les régions tempérées. La célèbre allée de bambous du Jardin du llamma, prés d'Alger, esl un bel exemple du grand dévelop- pement que certaines de ces plantes peuvent atteindre dan- les régions subi ropicales. Voir pour ces plantes : Rivière A. el Ch. . Les Bambous, végétation, culture, multi- plication en Europe et en Algérie. Paris, 1878. Houzeau de Lehaie. Les Bambous, six livraisons, en 1906, 1907. Mons Belgique . M. Bois signale ensuite parmi les autres pièces de correspon- dance reçues par la section une note de M. Ch. Rivière, sur la subspontanéité des Eucalyptus, puis une lettre de notre collègue M. Dulignier, qui écrit <\r l'Allier pour signaler qu'il a obtenu des fruits de cinq centimètres de longueur, arrivés à maturil du Musa Basjoo ; voici ces deux ootes : 418 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 1° Lettre de M. Ch. Rivière. « Subspontanéité des Eucalyptus. — Quoique les Eucalyptus n'aient donné aucun résultat économique en Algérie et en Tunisie, ils y présentent cependant quelques laits intéressants de végétation. « Depuis quelque temps que certaines espèces y fructifient on remarque des cas de subspontanéité assez fréquents, mais loca- lisés, c'est-à-dire restant aux environs immédiats des planta- tions premières où les jeunes plantes n'ont pas à lutter contre la flore sauvage. « Dans une propriété de ma famille, en Kabylie, dans le haut de la vallée de l'oued Sahel, se trouve une grande ligne d'Euca- lyptus rostrala, comme brise-vents. Ces arbres plantés dans une terre d'alluvion perméable se sont développés avec vigueur, sont devenus gigantesques et ont produit des graines qui ont germé à quelques mètres des ombrages, Tannée même; ces semis naturels forment des plants vigoureux, bien établis, corsés, hauts deOm8o. « Au lieu de détruire ces plants, pouvait-on les utiliser? On en fit l'expérience. « Ils sont bien droits, roides, épais à la base, ils ont un long- pivot non dépourvu de radicelles. L'extrémité de ce pivot fut tranchée, les feuilles de la tige supprimées, le sommet de la tige rabattu, puis le plant fut confié à la terre, à ratine nue. La reprise n'offrit aucune difficulté et la réussite fut com- plète. « Voilà qui change du tout au tout l'éducation première jus- qu'alors assez complexe de l'Eucalyptus, qu'il faut semer en terrine, repiquer en pot et qui par ce système de culture l'ail un plant plus ou moins étiolé et à racines contournées. Mais le plant d'arrachis de pleine terre supporterait-il un emballage et un certain laps de temps avant d'être transplanté? Ce point important n'a pas été élucide, car dans le cas précité la transplantation sur place eut lien aussitôt L'arrachage. « Cette subspontanéité des Eucalyptus a présenté mie curieuse conséquence. Parallèlement à cette Ligne d'arbres existait à •*"> <>n n mètres plus Loin uni' baie il icacia eburnea, aux redoutables épines. \n milieu et ;'i l'abri «le celte baie, germèrent des Eucalyptus constituant rapidement de beaux arbres qui, éclaircis dans le EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SI \N.< : - DES SECTIONS U9 jeune âge, forment maintenant une allée grandiose / South Africa, 1912, p. M)7 à I 20, (m trouve un long rapporl sur ce même sujet. J'j relève notamment, qu'en 1910, la col. mie par M. i;.>is i L'attention de dos collègues qui s'occupenl d'apiculture el de botanique appliquée. M. Gérôme l'ait ensuite une communication sur le polvm.ir phisme de certains végétaux : puis M. Piedallu, préparateur au Muséum, présente un certain nombre d'échantillons des matières premières employées dans l'industrie de la teinture des peaux, pour les gants : Gaude Reseda luteola pour les teintes beurre irais et toute la gamme des teintes claires; baies de Troène Liguslrum vulgare pour les nuances gris clair, toute la gamme 1:22 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION des gris plus ou moins fonce.-- : écorces de Chêne et écorces de Pins, pour d'autres nuances. Les deux communications seront imprimées dans le Bulletin. Le Secrétaire de la section . J. Gér'ôme. VI SECTION. - COLONISATION SÉANCE DU 19 FÉVRIER L912 Présidence de M. Au»-. Chevalier, président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Le Vice-Président de la Section. M. le Dr Achalme, vient d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur. A cette occasion, M. le Président se fait l'interprète de tous les membres de la Société pour adresser ses plus vives félicitations au distingué Directeur du Laboratoire colonial du Muséum. Lors de la distribution solennelle des récompenses, M. Cour- tet, un des correspondants les plus actifs de la Section, a reçu du Ministre de l'Agriculture la croix de chevalier du Mérite agricole. M. Courtet a dû prendre une retraite prématurée à la suite des fatigues de sa longue carrière coloniale; les membres de la Section lui adressent leurs félicitations et leurs vœux de prompt rétablissement. M. Dehreuil dépose sur le bureau le rapport sur les essais de culture du coton avec irrigation à Richard-Toll (1909-I'.UI . paru dans le Bulletin dr V 'Association cotonnière coloniale, ainsi qu'un tirage à part de la /imie coloniale : Notes géogra- phiques sur le bassin de l'Ogooué par M. G. Bruel. administra- teur en chef des Colonies. M. le Président signale la présence de M. Bruel dans lassis- tance el lui souhaite la bienvenue. M. I.e Forl lii un article extrait du Journal des Halles et Marchéi sur la viande dr L'Argentine, et d'où il résulte qu'un commerce actif de bétail devrait s'établir entre la République sud-américaine el la France; aucun préjudice n'en résulterai! pour l'éleveur français, bien au contraire. Il \ aurait la un moyen efficace d'améliorer les conditions de la vie eu France. L'introduction pourrait se faire, soil à l'étal de viande frigo- rifiée pour la boucherie, suit sur pied pour que les animaux EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS puissent êl re engraissés avant d'être In rés à La consommation. De toute façon, ou trouverait ainsi, pour La clientèle peu fortu née, de la viande .1 un prix de revient plus bas quecellequi provient de L'élevage français. I»'1 leur côté, les éleveurs français devraient se consacrer à L'élevage des reproducteurs de races pures qui trouvent à L'étranger des débouchés exti m. ment avantageux. Il est donné lecture d'une nouvelle étude «le M. Courtel : V onies à Bovidés : La Nouvelle-Calédonie. La parole est ensuite donnée au Lieutenant Serge Besnier, du détacliemenl des spahis du territoire militaire du Tchad, poui une communication sur l'élevage au Bahr-el-Ghazal Kanem). Cette communication ainsi que celle de M. Courtet seront inséré» 3 dans le Bulletin. Le Président félicite M. Besnier des détails intéressants qu'il vient de donner sur une région si peu connue. Il s'agit de territoires recelant peu de richesses, mais qu'il était nécessaire d'occuper pour assurer notre sécurité dans l'Afrique centrale. Il convient don»- d'étudier avec soin le principal revenu qu'il - xa possible d'en tirer : celui de l'élevage, dont les produil- trouveront toujours un débouché sûr dans Les régions moins favorisées, principalement vers le Congo. Cette communication soulève, d'autre part, un problème aussi grave qu'intéressait : il s'agit du Dromadaire, animal de trans- port, absolument indispensable dans toutes Les régions saha- riennes ei que Les chemins de fer même n'arriveront pas à rendre inutile. Les opérations militaires ont exigé L'utilisation d'un grand nombre de ces inimaux qui n'ont pas toujours résist . . Aussi, partout où il était autrefois abondant en Afrique : au Tchad, au sud de l'Algérie et de la Tunisie, au centre du Sahara, en Mauritanie, on constate sa disparition progressive. Le Dromadaire a une biologie qui esl peu connue; on manque encore d'expérience sur les méthodes d'élevage très spéciales qui doivent lui être appliquées, el I» si souvent dans l'im- iibilité de conserver les animaux d'une caravane qui meurent -.m- qu'on puisse en relever les causes. M. le Président cite rexemple de la mission Blanchet, qui partit de Saint-Louis ([Sénégal . en 11)00, avec une centaine de Chameanx et qui, un mous après, n'en avait plus qu'une vingtaine. l lieutenant Besnier indique qu'il a constaté que le Droma ! i24 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D1 ACCLIMATATION daire était un animal délicat, qui ne pouvait, par exemple, supporter le changement de milieu. Si, à la rigueur, on voulait le remplacer par le Cheval, il faudrait multiplier les points d*eau. M. Bruel signale qu'en Tunisie, le Résident général a récem- ment interdit l'exportation des Chameaux. C'est une initiative fort heureuse, qui a été légitimée par les opérations qui se déroulent en Tripolitaine et qui devrait être généralisée. M. le Président propose, et tous les membres s'associent à lui, que la Section de colonisation prenne des mesures pour empêcher la disparition du Dromadaire dans nos colonies désertiques. Des démarches seront faites dans ce sens près des Pouvoirs publics. M. Bruel rapporte qu'il a été très surpris de rencontrer à Okoyo, sur l'Alima, deux Autruches qui vivaient là en parfait état depuis une dizaine de mois. Il est possible que cet élevage puisse réussir dans les sables batekés. l'oin- lr Secrétaire empêché, M. Bret. EXTRAIT DE LA CORRESPONDANCE L'âge des Perdrix rouges. M. Louis Bureau, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Nantes, fait appel à ceux de ses collègues qui seraient en mesure de connaître exactement, cette .innée, le jour d'éclosion d'une ou plusieurs compagnies de Perdreaux rouges. Il dési- rerait contrôler, sur des individus nés et vivant à l'étal sauvage, son ,tableau chronométrique de l'âge des Perdreaux rouges aujourd'hui achevé sur le terrain de chasse. Il suffirait pour cela de hier, dans ces compagnies, à partir du 30e jour seulement, des Perdreaux à des dates dix erses et île lui adresser l'extrémité des deux ailes, comprenant les dix premières rémiges, avec les dates d'éclosion et. de capture. S'obtiendrait-on qu'un seul Perdreau d'âge exactement connu, ce serait un 1res utile résultat. Il adresse à l'avance ses sincères remerciements aux personnes (pu voudront bien lui prêter leur utile concours. Le Géran i : A. M ire rm ox. Paris. — l. Mw.iiiim ■.. imprimeur, I, nu- Ca LISTE SUPPLEMENTAIRE DKS MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ARRÊTÉE \l I.. JUILLET L912 Membres titulaires. M "' ' Boislandry (vicomtesse Marie de), 31, rue Guyot, à Paris, présentée par .MM. È. Perrier, le comte de Pontbriand et G. Debreuil. Bouctot (A. , 36, ni'' Porte-Paris, à Amiens Somme), présentée par MM. Ë. Perrier, Boullet et J. Delacour. David (Amélie), à Thourotte (Oise), présentée par MM. E. Perrier, J. Crepin el le comte d'Orfeuille. Marchand Louise), 51, avenue Montaigne, à Paris, présentée par M R. Caucurte, MM. E. Perrier, et II. Caucurte. MM. Bacon Robert , ancien ambassadeur des Etats-Unis, l,Park-a venue, New-York (Etats-Unis), présenté par MM. E. Perrier, Ch. Debreuil et Ph. de Vilmorin. Beaucantin Raoul-Emmanuel), architecte-paysagiste, :i8, rue Verte, à lion. mi Seine-Inférieure), présenté par MM. E. Perrier, L. Ternier et Ch. Debreuil. Beebe (C. William), Curator of Ornithology, New-York zoological Society, 18."» th. St. ami Southern boulevard, à New-York Etats- Unis), présenté par MM. E. Perrier, R. Le Fort et Magaud dWubussnii. Bétrkmiei \ Emile-Henri , pisciculteur, 36, rue du Collège, à Roubaix \ »rd . présenté par MM. B. Perrier, Raveret-Waitel et R. Le Fort. Blawchkt Marcel . néeociant, à Saint-Valéry-sur-Somme (Somme), présenté par MM. E. Perrier, Raveret-Wattel el R. Le Fort . Chauvaux (Henri), chef du service des vu>, avenue Thiers, à Melun Seine-et-Marne), présenté par MM. E. Perrier, Ch. Debreuil et M. Loyer. Massion .Paul), notaire honoraire, 3, rond point des Champs- Elysées, à Paris, j résenté par MM. E. Perrier, Ch. loyer et M. Loyer. Mf.ii.kv Tabbé Alphonse-Achille), aumônier des Invalides, à Mout- on (Seine-et-Oise , présenté par MM. Ch. Debreuil, M. de \ ilmorin et D. Bois. Moreau (Armand , négociant, 117, rue du Palais-Callien, à Bordeaux (Gironde . présenté par MM. E. Perrier, Magaud d'Aubusson et Ch. Debreuil. Ni ci \ i sse AIImiI .ingénieur-constructeur, 12'.», avenue des Champs- Elysées, à Pans, présenté par MM. E. Perrier, Ch. Debreuil et M. Loyer. Niclausse Jules), industriel, 120, avenue des Champs-Elysées, à Paris, présent*'- par MM. E. Perrier, M. Loyer et Ch. Debreuil. Pams Jules , sénateur, ministre de l'Agriculture, 85, avenue Henri- Martin, à Paiis, présenté par MM. E. Perrier, M. Loyer <-t Ch, Debreuil. I'm ' Auguste), industriel, consul général de Norvège, 30, rue de Grammont, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Raveret- w attel et Ricois. Pebacca Dr comte M.-G.), assistanl au Muséum zoologique de "l'Université de Turin, 31, via Monti, à Turin Italie . présenté par MM. D. Bois, M. Loyer el Ch. Debreuil. Pi rcoFi D vi , professeur de Botanique à l'Université de Sophia^ Bulgarie, présenté par MM. E. Perrier, D. Stancioff el Ch. Debreuil. Rothschild barou Maurice di . t7, rue de Monceau, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Raverei Wattel el M. Loyer. Roussel D' I. , 71, rue de Grenelle, à Paris, présenté par MM. E. Péri ier, J. Crepin et le comte d'i il Feuille. Vito l ouis propriétaire, au < hâleuu de Lisse, près Mézin Lot-et- Garonne), présenté par MM. A. Chappellier, P. Vincenl el Ch, Debreuil. I. ïl.l.l'llWï DE LA MISSION DE SAINTE-ANNE M FERNAN-VAZ Par C RAVERET WATTEL lui 1899, Qotre Bulletin a publié p. '■>'■'> . une très intéressante cote ayaol pour titre : Sur le dressage d'un jeune Éléphant d'Afrique au Fernan-Vaz. Il s'agissait, on s'en souvient, d'un tout jeune individu mâle, qui' les Pahouins avaient pu capturer, après avoir tue la mère dans nne de leurs chass< s, et qu'ils avaient cédé, moyennant un prix raisonnable, aux Pères de la Mission catholique de Sainte-Aune. Au l>out d'environ deux mois île captivité on le tenait enfermé dans un enclos l'ail e grand malin, il commençait sa journée par un bain, pris dans le lac voisin, puis travaillait jusque vers onze heures. A un repas copieux lait un temps de repos, pendant le plus fort de la chaleur, ei le travail reprenait ensuite jusqu'au déclin du .jour. lOute occupation clans les champs et SUT les roule- étant -pendue le dimanche à la Mission, Fritz — c'est le nom qui lui avait été donné — s'habitua très vite à ce repos hebdoma- daire. Il en profitait régulièrement pour prolonger, beaucoup plu- (pie pendanl la semaine, son bain matinal ; puis il parlait se promener seul dans la campagne, principalement à l'ombre de la forêt, et revenait ponctuellement le soir à son enclos. Malheureusement pour lui comme pour les propriétaires Voisins de la Mission, il élail gourmand, et -ornent il ne -avait pa- résister à la tenta lion de visiter le- récoltes encore -ur pied, liment les champs de Mai-, où de larges vides marquaient L'ÉLÉPHANT DE LA MISSION D] SAINTE-ANNE FERNAN-VAZ 'ii!» alors son passage. Plusieurs fois, la Mission reçut des récla- mations à son sujet et «lut paver des dommages-intérêts aux propriétaires lésés. L'un «le ceux-ci trouva un expédient pour s'éviter d'avoir à faire de nouvelles plaintes. L'année dernière 191 1 . un dimanche soir, Fritz rentra plus tôl que de coutume de sa promenade habituelle ; il était triste et paraissait souffrant. Bientôt on le vit s'étendre sur le sol; il rendil par la bouche une écume jaunâtre el expira. Frit? avait été empoisonné. Il travaillait à la Mis-ion depuis douze années. ESSAIS D'ENGRAISSEMENT FORCÉ DES OISEAUX DE BASSE-COUR AU TONKIN Par E. JARDEL. L'accueil bienveillant témoigné à mon travail sur « l'Hélianthi au Tonkin » (numéro du 1(> août 1911) m'encourage aujour- d'hui à présenter quelques notes sur l'engraissement forcé mécanique des Oiseaux de basse-cour, toujours dans la même colonie. J'ai pensé, d'une part, que lès observations qui suivent, relevées avec la plus grande exactitude, intéresseraient peut- être quelques-uns des membres de notre Société, curieux des questions d'aviculture. D'autre part, il est d'un usage courant de dire que l'avicul- ture est une utopie et que dans les colonies, en particulier, ce regrettable cliché s'applique avec encore plus de force : c'est donc aussi pour essayer de détruire ce jugement erroné que je présente ce travail qui n'a, je me hâte de le dire, qu'un seul mérite, la sincérité. Ancien élève diplômé de l'école pratique d'aviculture de Gambais, j'occupe mes loisirs à l'élevage des Oiseaux de basse- cour, m'efforçant de me rapprocher le plus possible des excel- lents principes que propagent si savamment à Gambais (Seine- et-Oise) M Roullier-Arnoult et ses collaborateurs immédiats, MM. Pointot frères. Il est vrai qu'ici, à Hongay, dans ce Tonkin lointain, les con- ditions d'élevage, indépendamment de la question de climat. De sont pas les mêmes qu'en France : d'abord au point tic vue races de volailles, ensuite au point de vue ressources d'alimen- tation. Pour les races de volaille, il n'en existe pas de vraiment caractérisées. On ne trouve (jaune sorte de volailles que je dénommerai o race commune », réunion de volailles quel- conques, i\v> plus disparates, produits de croisements hétéro- clites dus au hasard. Toutefois, eu les observant attentivement, patiemment et Longuement, on parvient à reconnaître chez quelques rares sujets les principaux caractères distinctifs de certaines race- gallines, mais encore ces caractères sont-ils affaiblis el dégénérés: on relève parfois la taille el la corpu- ENGRAISSEMENT DES "I-I\i\ Dl BAS 'M; Al TONKltS 431 lence extraordinaires de la race cochinchinoise, Les formes naines de la race de Mangasaki, la queue très longue de la race de Yokohama, le port redressé et le tempérament batailleur de la race malaise. Mais, je le répète, ces sujets sont forl rares el plus le temps passe, plus ces indices s'effacent el deviennent inapparents. Au Tonkin, les ressources alimentaires, les verdun - - pauvres en éléments nutritifs et sonl beaucoup trop aqueusi - Parmi 1rs graines et farines, le ri/, seul est utilisable à condi- tion d'augmenter son peu de pouvoir nutritif. Les farines et les grains européens ne peuvent être employés ici à cause de leur prix très élevé et leur emploi deviendrait ruineux pour l'éleveur. Cependant, je suis certain qu*un élevage sérieusement suivi parviendrait à établir une race bien définie de volailles par des séries de croisement surveillés et bien compris, par une alimentation intensive scientifiquement dosée. Personnel- lement, mes loisirs sonl Lrop limités pour me pei mettre de tels --.ii-. Néanmoins, je me suis efforcé, durant ces derniers temps, d'atteindre, pour les volailles indigènes, généralement de taille el de |>'»m1s restreints, un accroissement de poids, donc de chair, par l'engraissement forcé mécanique, c'est-à-dire par la gave use. Ce sont ces expériences qui font l'objet principal de cette communication. Alimentation. — J'ai adopté le mode d'alimentation suivant : deux repas par jour, donné- pendant 20 jours consécutifs, l'un à 7 heures du mutin, l'autre .1 • > heures du soir. Composition de la ration par tète de volaille : ■"3 p.u. m bwas emp Bléiline j _i.iiiu Farine de riz 10 grammes. I. lit eon tensé 5 grammes Graisse it>' porc 3 gramni - Kau 60 gr-iinmei Toial 80 grammes La farine dite « Blédine Jacquemaire . des établissemen ts 1,32 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMAT VITON Jacquemaire, fabrique de produits pharmaceutiques de Ville- franche-sur-Saône (Rhône), est la partie nutritive du blé dont les ferments nuisibles ont été éliminés; la farine ainsi obtenue est additionnée d'un peu de sucre, de lait: un gramme deblé- dine représente au point de vue du pouvoir nutritif, 8 grammes de farine ordinaire de blé. La farine de riz employée était très tinement moulue et abso- lument propre. Le lait employé était du lait condensé qu'on trouve dans le commerce; il était non sucré et était complètement délayé dans l'eau avant d'être ajouté aux farines. La graisse de porc était versée fondue dans le mélange. L'eau était pure et avait été filtrée avant son emploi. Tout le mélange était enfin énergiquement et longuement malaxé. Prix de revient de la ration : l'ENHKES PRIX DU PRIX POUR employées. gramme. 1 repas. Blédine 0 fr. 005625 0 fr. 011250 Farine de riz . . . (i fr. 000250 0 fr. 002500 Lait condensé . . . 0 fr. 001000 (i fr. 005000 Graisse de porc . . 0 fr. 000500 0 fr. 001500 Eau Pour mémoire. Total Pour mé moire. (i fr. 020250 Le prix de revient de l'engraissement est donc par tète de volaille et'pour deux repas, de 0 fr. 020250X2=0 fr. 0405 X 20jours = 0 fr. 81 centimes. Cependant, pour donner à la chair plus de fermeté et un meilleur aspect, pendant les trois derniers jours de la période d'engraissement, j'ai ajouté, matin et soir, à la ration un œuf de poule frais part» tètes de volailles, œuf mélangé intime- ment à la ration précitée. Le supplément de dépense occasionné par l'adjonction de l'œuf à la ration d'alimentation esl presque insignifiant. Cependant, pour rendre le prix de revient aussi exact que possible j'estime cette dépense par tête de volaille à Ofr. 01 cen- time. Le prix de revient total de l'engraissement par télé de volaille, B'élèverait donc à ofr. 81 -f-Ofr. 0i = 0fr. 82. I NGRAISS1 min r Dl - 0IS1 iVl i\ i"NKi\ 433 Ici, je ferai une pelite digri ssion, tenant à déterminer exacte- ment le prix total du poulel gras prêt à être consommé. Les expériences que j ai poursuivies onl porté sur i groupes de volailles ,; par groupe : les groupes A el I» voir tableau n° 1 ci-après se composaient de sujets acheb - au marché à l'âge de ;> "u I mois; les groupes B et C se composaient au ontraire, de sujets éclos et élevés chez moi par les procédés artificiels incubateur, éleveuse . Le prix d'achat des volailles achetées au marché, peul se compter, par tel-', à I franc. Le prix «le revient des volailles écloses et élevées artificiel- lement peut se compter, par lête, à l'âge de 3 mois et demi, i 1 fr. -J<> centimes. D'où un prix moyen à adopter, par tête, de 1 fr. 10 centimes. Par conséquent, lf prix total de revient du poulet gras prêt i être consommé serait de 0 fr. S2 4- 1 fr. 1" = 1 fr. 92, prix de beaucoup inférieur à celui de n'importe quelle région de France. Façon ACCLIMATATION 03 0) - H ■/. -r. s. n "3 "S co 0) ce s— '8 'ô M y. zz ce] c ^t O 5"S .2 = PS 5 = .2 S H O t. O fc. •— - < X 1 ■ co > o as o & o œ O «3 H a; X C Ecl levag o te a a Ecl levag 0) •4) •4) TS -aj +J , 03 o 0) z z 2 00 •— ~ > 35 O? ~. — x — . a « 3 .y — O O o — 77 O S — OC S s = ■/ T3 iyant subi le gavage. o - •-; ■-: «M - - / r en T. — — J _3 = 3 _3 V > o. CL, 1 O .-- 1 ci o 1 1. 71 •s. l* ^ 1 ^1 ■M Cl 3 : a, >• r z CD m 3 — C -0 a. « 3 --_ 22 O Q S - 2 _a * ta 0 — a on CD C C m / CO «3 a. a U a. 0 - B 3 3 3 S ho o 0 O s. u -i h & a h s « u "~ S l CO -- I v.li VISSI MINI in - OISEAUX W I ONKIN N 3 as es H 1 * / "S . a> 0) / h G 'S 3 i^ I§ - t. r 2 < / •7 ~ M « ^ - - > C — U JS - -J se - a ta X > 6â ' z - X S 0 ■i/ ■_ ■i. — *J «« 4d ^ o ~ £ i - S * * BN M S n ■■> ù : - ~ 1 - 00 ~j / — s = ^* S .--' =' ; I ' — H ■ — 5 ' - X '-T se -* * ^. 9 — O Cl u E — .1 X •_ o a a> a> !» co 0 (M 1 — • Cl - - ' nourrit volontiers de Poissons el exerce de grands ravages dan- 1rs étangs à Carpes. On a dû, vers 1883, s'efforcer de 1»' détruire en partie. En résumé, les Ondatras sont considérés, aux Etats-Unis, comme nuisibles à la pisciculture. Notre collègue dépose en outre deux brochures relatant des essais de domestication de L'Eléphant d'Afrique, qui semblaient devoir donner des résultats satisfaisants, mais qui ont été interrompus par la mort prématurée des sujets. Ces essais n'en démontrent pas moins que la domestication de l'Eléphant ifricain est parfaitement possible. A ce propos. M. Pichot dit que le jardin zoologique de New- "ork possède un Eléphant d'une variété naine acheté à Hagenbeck en 1905 pour le prix de 12.500 francs. Cet Eléphant provenait du Congo français, et le professeur Noakes, qui le vit ;'i Hambourg avant qu'il ne fut expédié aux Etals Unis, a bien reconnu dans ce spécimen une espèce nouvelle qu'il a baptisée E.pumilio. C'est très probablement l'Eléphant nain du Fernan- Paz que les indigènes appellent Hfésalla, el dent il- redoutent 438 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION excessivement le mauvais caractère car le Mésalla n'hésite pas à attaquer les chasseurs blancs ou noirs qui s'aventurent sur son territoire. La légèreté de ses allures non moins que sa férocité le rendent très dangereux. Le Mésalla du jardin zoolo- gique de New- York que l'on suppose âgé de onze ans mesure seulement Im52 et pèse 015 k. 849 gr. Ses oreilles ont une forme très particulière ; comme on peut le voir sur l'excellente photogravure que publie le Bulletin de la Société zoologique, loin de couvrir le cou, elles ne descendent pas plus bas que la mâchoire; le pavillon s'arrondit en arrière et l'extrémité forme un lobule bien détaché. M. Pichot donne ensuite quelques renseignements sur certaines pièces du Musée d'Anatomie comparée du collège des chirurgiens de Londres, relativement à la présence de corps étrangers que l'on trouve profondément enkystés dans l'ivoire des défenses, et dont l'industrie a à tenir compte pour la fabrication des billes de billard, notamment. Ces corps étrangers sont des balles dé fusil, des fers de lance et des exosloses ou odontoplasmes. M. Pichot explique com- ment ces corps étrangers pénètrent dans la substance de la dent par la racine et cheminent avec la croissance de la défense qui est continuelle pendant toute la vie de l'animal. Notre col- lègue termine en donnant quelques détails sur l'industrie de l'ivoire qui consomme une telle quantité de cette matière que les Eléphants seraient certainement menacés d'une extinction prochaine, si les gouvernements coloniaux n'avisaient à leur protection. M. liivière signale la rencontre faite parle Dr Durrieux, pen- dant son exploration de la Likouala (Congo), d'une nouvelle espèce d'Anthropoïde, dépassant deux mètres de hauteur. D'après M. Ménegaux, il s'agit probablement du Gorille de Matschi. Le même explorateur a rapporté un fœtus d'Eléphant ne mesurant pas plus de 11 centimètres de longueur totale, mais cependant déjà complètement formé : M. Ménegaux signale à ce sujet L'existence, au musée de Berlin, d'un fœtus de vingt et un jours déjà entière ni formé. M Pichol lit un travail sur l'élevage du Lapin angora. < et animal possède des poils longs el soyeux qu'on est parvenue filer el à tisser dans des conditions satisfaisantes. M. Brunûl l'ait une communication sur le Mouflon de Cor-' Cel animal j esl devenu fort rare. Notre collègue a pu EXTRAITS DES PROCÈS-VKRBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS \-> ' procurer un mâle vivanl qui esl maintenant au Muséum, mais il u'a jamais pu trouver de femelle. On cite la présent in Corse, de deux petits troupeaux de Mouflons; mais il en iste aussi quelques-uns i a Sardaigne où quelques personnes ccupent de l'élevage de cet animal pour la pente. On >aii que le Mouflon a été acclimaté en Allemagne, et que l'opéra- tion aurail très bien réussi. Il semble que la région de L'Esterel, qu'on parle de transformer en réserve, conviendrait également fort bien au Monilon. M. Brunol a eu l'idée de demander à la Marine l'autorisa lion d'introduire le Mouflon dans l'île du Levant, une des îles d'Hyères. Pendant longtemps, cette île a servi à des exercices de tir; actuellement, il n'en est plus ainsi, el il semble que le Mouflon s'j trouverait forl bien ; les démarches ont été repris auprès de la Marine; il semble qu'elles recevraient peut-être meilleur accueil si la Société d'Acclimatation voulait bien leur donner son patronage. En conséquence, la Section décide donc de rédiger un vœu qui sera transmis par les soins de la Société à M. le ministre de la Marine. / c Secrétaire, Max Kollmann. Il SECTION. ORNITHOLOGIE-AVICULTURE 5ÉANI l. la i MARS 1912 Présidence de M. Maçaud d'Aubasson, président. M. If Président esl heureux de pouv >ir féliciter, au uom de l,i Section, le secrétaire général '\<: la Société, M. Maurice Loyer, qui vient d'être nommé officier d'Académie, et M. Mailles, un de ii"- plus anciens collègues, qui ;i reçu la croix d'ol'i i<- ni- du Mérite agricole. Le procès-verbal de la précédente séance esl lu el adopté. M. Le Forl regrette que lorsqu'on parle du moyen d jbroi urer >\>~> Autruches on oublie trop de r.-ippeler les tentatives heureuses faites dans notre colonie de Madagascar. M. Magaud d'Aubusson a vu, a son pa i Paris, M. le 140 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION capitaine Lens, de l'armée hollandaise. Cet officier, qui connaît très bien Curaçao, où les Hollandais ont le projet d'établir une autrucherie, a dû se rendre à Nice, et de là à Malarieh. La visite de la ferme égyptienne l'intéressera d'autant plus que les Oiseaux y sont en stabulation, système qui doit être suivi à Curaçao. Notre Président, qui sera tenu au courant, lui a parlé également de l'Autrucherie de Tulear. M. P. -A. Pichot rappelle que le marquis de Brizay a publié un excellent ouvrage sur l'élevage de l'Autruche. M. Debreuil dit qu'il est un autre livre dont la traduction en français rendrait de grands services, c'est le Guide de l'Amateur d'Oiseaux, de M. Silver ; il serait bien à désirer qu'un de nos collègues, ayant des loisirs, en facilitât la lecture à nos com- patriotes. M. Plocq possède toujours le Tichodrome échelette, dont il avait annoncé la capture l'an dernier ; il est en parfaite santé et commence à chanter, fait qui étonne son propriétaire. M. Vincent, qui a entendu le Tichrodrome à l'état sauvage, dit qu'en effet il fait entendre un chant court et argentin, formé de sept à huit notes. M. Mérel désire exposer cette année ses Serins blancs et des Perruches ondulées bleues, dont certains amateurs nient l'existence. M. Mérel a encore remarqué cette année que l'accou- plement de deux Canaris, blanc pur, donnait des panachés à plumes noires ; c'est ainsi qu'il possède un jeune de 1911 complètement blanc avec une petite calotte noire. Chez M. de Chirac, les Pilets et les Canards sauvages conti- nuent a produire des hybrides, et il est né un Canard sauvage mâle dont la livrée est complètement cendrée avec le col vert, il n'y a pas chez lui trace de plastron marron ; il est, parait-il, forl joli et provient d'animaux de son espèce absolument puis Une lettre de M. le vicomte P. d'Applaincourt, qui habite la Somme, parle de la capture de quelques Oiseaux. En septembre 1910, il avail été tue deux S\rraptes paradoxaux, et, au mois d'octobre 1911, il lui a été envoyé d'une localité située à environ 20 kilomètres au nord d'Abbeville, un Casse-noix. Enfin, le 8 février dernier, il a été liie sans succès sur une EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Vil bande de quinze Cygnes, à Allery ; ces Oiseaux sonl passés à Bray-le-Mareuil, où trois ont été tués, et on en a vu douze à Gouy; c'était probablement le reste delà bande, qui se dirigeait vers ltl mer. D'après la description, ces oiseaux appartenaient à L'espèce du Cygnus mansuetus. L'auteur de la lettre raconte aussi que, vers avril 190!», on a tué aux environs de Péronne, deux femelles de Mareca chiloensis. Chez M. Debreuil,à Melun, le mâle Casoar Emeu a commence à couver, le T.\ novembre 1911, douze œufs ; retirés le 28 décembre, ils étaient tous clairs. En janvier, il y a eu une nou- velle ponte et le mâle s'est remis sur sept ieufs, le 11 février 1912. Comme les années précédentes, il y a eu des rapproche- ments fréquents avec la femelle, mais il est peu probable que les nouveaux œufs soient fécondés. Pourquoi ? Ces animaux sont en parfaite santé, jeunes et vigoureux. \ cette question M. Magaudd'Aubusson répond en conseillant de donner à ces Casoars une nourriture annualisée, comme à d'autres Oiseaux, aux Mo Ki,par exemple, et l'on sait qu'à l'étal sauvage le Casoar a un régime plus végétal que l'Autruche. Ce ne peut être la captivité qui nuit à la fécondation, car lorsque Florent Prévost Ta obtenue, c'était dans un grenier. M. Charles Brunot écrit pour annoncer une réunion d'ama- teurs de Faisan- vénérés, qui doit avoir lieu à Paris ; il espère ipi'un certain nombre de membres de notre Section voudront bien y assister. Répondant à des questions que lui avaient posées M. Loyer. M. de Chapel s'exprime en ces termes : Xiche-t-il beaucoup d'Oiseaux dans la Camargue ? Si nous considérons certains Goélands, des Sternes, des Flamants, il en niche évidemment une assez grande quant ile sur le bord des étangs voisins de la mer et dansles marais. Une amn ù le printempsetle commen- cement de l'été pluvieux avaient conservé l'eau dans les marais, j'ai vu un très grand nombre de nids et de jeunes de Sternes. L'Avocette aussi niche en novembre. Les Echasses aiment à s'installer dans les rizières, mais j'ai aussi rencontré de leurs nids le long de l'étang de Valcarès, cachés dans ce qu'on appelle les « Inganes » Consoude). Les Pies de mer nichent aussi en assez grand nombre. Si d'un autre coté nou> regardons bull. soc. Rat. ac.i.l. iu. 1912 — J'1 i'ri BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION le vrai gibier : Canards, Râles, etc., nous voyons qu'en réalité il en niche peu. Au printemps de 1!) Il, deux jeunes naturalistes écossais sont venus en Camargue pour photographierdes nids ; ils ont parcouru, chez moi, les marais, en compagnie Ql mon fils et de mon garde ; ils sont allés dans diverses propriétés, et» s*ils ont trouvé des nids, cela a été en petite quantité. En ré- sumé, si dans nos marais il niche des exemplaires de beaucoup d'espèces d'Oiseaux, les nichées ne sont pas en nombre. A mon avis, sous ce rapport ce n'est pas un pays de production ; il y niche bien des Foulques noirs, en assez grand nombre, il est vrai, mais, au point de vue Canards, Sarcelles, la quantité est minime de nos côtés, vu l'étendue déserte qui existe et où les couples peuvent cependant trouver tranquillité et sécurité. Si nous envisageons un autre côté de la question, nous voyons que la Camargue est plutôt une région de passages, attirant les Oiseaux migrateurs, qu'une région de producteurs. Presque toutes les grandes propriétés sont gardées et le revenu de la location de la chasse est pour plusieurs propriétaires le plus clair du rapport de leur terre. Le braconnage se pratique en grand et est peu réprimé ; il existe des associations de bracon- niers qui, au nombre d'une vingtaine ou plus, parcourent le pays en ligne. On ne peut faire de procès à tous, et ceux qui aboutissent sont payés par le syndicat ; de plus, on se trouve souvent en face de repris de justice qui sont dangereux.. le crois qu'il} aurait de grandes difficultés pour internationaliser la Camargue et le profit au point de vue du but à atteindre serait, jecrois, minime. Ainsi, s'exprime M. de Chapel. «Ju'il nous soit permis de nous extasier devant l'établissement des syndicats de bracon- niers. Les promoteurs de l'institution n'avaient peut-être pas pensé à cette ingénieuse application. M. Besuier annonce qu'il a parfaitement réussi l'élevage des Euplocomes nobles : sur quinze œufs pondus, douze étaient fécondés el onze petits onl été obtenus. Quiconque a essayé de s'occuper de ces beaux Oiseaux sail du reste qu'il y a peu de difficultés à vaincre, et mitre correspondant esl arrivé à si bien les acclimater que ses reproducteurs passent l'hiver dans une volière à air libre, enfermés seulement le soir. Egalement bien réussi L'élevage des Gould et îles Mirabilis, donl il > a en ce moment quinze jeunes sortis du nid en novembre, décembre EXTRAITE DES PROCÈS VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS et janvier. Ces Oiseaux, que l'oo prétend si délicats, ne -<>nl enfermés que la nuit, et, chaque matin, les portes sont ouvertes par n'importe quel temps. Il n'arrive plus, dit en ler- minanl 11. Besnier, d i » seaux rares, surtout parmi les l aisans, et l'on est forcé d'avoir toujours les mômes espèi s, ce qui décourage les éleveurs. N'j aurait-il pas moyen de - • procur des esp ces nouvelles La parole est ensuite donnée ô M. Ifénegaux4 qui veut bien nous offrir les prémices du grand travail qu'il prépare sur l'Autruche et que nous espérons voir bientôt paraître. Sans doute l'aperçu que nous allons en donner, grâce à quelques nol prises rapidement au courant de la plume, ne p omettra d'avoii qu'une bien faible idée de l'intérêt que présente l'ouvrage de notre Vice-Président, maison pourra cependant, en lisant ce résumé de la communication, juger quelle en est Timporl mce. Le genre Struthio renferme quai re espè •■■- et c'est en Algérie qu'a commencé l'élevage de l'Autruche au moyen de l'incuba- tion naturelle, tandis qu'au Cap c'esl la méthode artificielle qui a prévalu. Cet Oiseau présente successivement quatre plu- mages différents : celui du pullus naissant, celui du poussin. celui dit juvénile, quand l'animal a atteint douze mois, enfin. lorsqu'il a deux ans, il revêt la livrée de L'adulte. C'esl alors seulement qu'il a toute sa valeur. Le prix des plumes diflï beaucoup selon leur division par nuances et nous ne pouv<> en donner ici la nomenclature qui est fort compliquée. Puis il faut tenir compte île la sélection, du choix des reproducteurs, des soins donnés aux petits. Croirait-on qu'il est des races dans lesquelles le prix d'un reproducteur atteint 25.000 Iran - et la valeur d'une livre de plumes celle de 2.000 francs? Un Stud-book indique ces rares dont la production se rapproche le pins de la perfection idéale ; il est tenu d'une façon très sévère et le nombredes admissions est fort restreint. <>n aura une idée de ce qu'est un Oiseau 'le valeur, quand on saura qu'en trente-cinq ans de captivité, l'un d'eux a produit 150.000 francs de plumes. Certaines d'entre elles se recollent par arrachage; quant aux remises, on les coupe, le- rognant à deux cenlimètres de la peau. Quand l'Autruche esl élevée en ibulalion, on la l'ait passer dans mi couloir en (orme il- triangle el on opère quand elle esl arrivée dans un endroit rétréci, on Ion se trouve a l'abri de ses coups de pied. Cela ï \ ï BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION reproduit tous les huit ou neuf mois; on use même aujour- d'hui d'un nouveau système, qui consiste à faire la récolte tous les douze mois, vers juin, et cela présente un avantage, celui d'obtenir des plumes plus longues. On donne auparavant beau- coup de Luzerne à l'Oiseau, et lésiner sur sa nourriture serait un fort mauvais calcul, car on a constaté qu'un animal maladif ne fournit que la moitié des plumes qu'il aurait pu donner. 11 n'est pas rare qu'une Autruche rapporte à chaque fois une somme de 475 francs, dont il faut défalquer 50 francs pour les frais. La croissance d'une plume est rapide, six millimètres par jour, quarante-trois millimètres par semaine; du reste, la filiation de l'Oiseau a encore là de l'influence. Une belle peau rougeâtre indique la santé; le sujet ne doit pas être trop gras. 11 est bien intéressant de suivre le mouvement de la produc- tion dans la colonie du Cap. Si l'on se reporte à l'année 1805, on voit que les Autruches y donnaient un revenu de 3.750 fr., qui, en 1864, s'élevait déjà à la somme énorme de deux mil- lions. Mais bientôt la progression va devenir extraordinaire. En 1875, nous arrivons à 7 millions ; en 1882, à 27 millions, en 1907. à '(5 millions, avec 750.000 Autruches; en 1910, le produit se chiffre par 57.821.000 francs, fournis par un million d'Oiseaux ! Mais de pareilles richesses sont-elles destinées à demeurer à tout jamais le privilège exclusif de la colonie du Cap? Non et voici pourquoi : l'industrie ne peut augmenter toujours au Cap, car il faudrait y créer de nouvelles prairies: il est permis de penser que d'autres pays peuvent tenter et réussir l'élevage de l'Autruche, surtout si l'on se rappelle qu'il peut réussir dans une contrée où le thermomètre oscille entre un maxima de -f-40 degrés et un minima de — 2 degrés. Une température froide serait contraire à la bonne venue des plumes. Du reste, les Autruches ne proviennent pas aujourd'hui uniquement du Cap, on en tire du Caire, de Tripoli, de la Nigérie anglaise. Nous ne parlerons pas ici de ce qui s'est passé dans notre Algérie, où h's plus louables efforts oui échoué, grâce au mau- vais vouloir de L'administration. Dès 1851, notre Société d'Accli- matation avait fondé un prix d'encouragement, mais à quoi cela pouvait-il servir alors que le lise poursuivait le malheu- reux cultivateur, incapable de payer un impôt écrasant el que ses Oiseaux étaient saisis et tués '■ Mais revenons au Cap. Trois systèmes y sont en présence :1e EXTHAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS US pâturage libre, la stabulation, le procédé mixte. Sur un espace de 1.000 à 5.01 10 hectares, on peut éleverjusqu'à 500 autruches, c est-à dire dix animaux par hectare. Hâtons oous de dire que, grâce aux irrigations, <>n obtient jusqu'à six coupes de Luzerne. On laisse deux femelles à un mâle et l'on se serl d'incubateurs. Certain»^ l'erm.-s possèdent 7.000 individus et il es) des éleveurs qui se Font un bénéfice net de 100.000 francs. Une femelle peut en moyenne donner un n-uf tous les deux jours, soil environ, pour deux femelles, deux cents œufs ou cenl cinquante Aulruchons en un an, car L'éducation uécessite beaucoup de soins, el i! faul compter sur une perle de 50 p. 100. Le séjour de l'œuf dans l'incubateur esl de qua- rante-deux à quarante-trois jours ; le temps est plus long quand l'animal couve. Le climat de Tiaret esl absolument défavorable, et, si on j a vu des Autruches, c'est qu'elles provenaient d'animaux accli- matés. A Madagascar, les plumes sont plus belles qu'au Cap. Huant à l'Arizona, on y voit des fermes de 1.200 Autruches. Aux Etats-Unis, le commerce des plumes d'Oiseaux sauvages «tant prohibé, il va un grand intérêt à y élever l'Autruche, surtout si l'on songe que chaque année on y importe des plumes du Cap pour une -.mime de 22 millions de francs. M. Vincent fait une communication sur la reproduction du Goéland argenté et de l'Aigrette des Antilles. On pourra la lire dans le Bulletin. .Nous n'aurons garde de passer sous silence unarticle contenu dans le Bulletin de la Société des Agriculteurs de France du 15 lévrier 1912 et communiqué par M. Raveret-Wattel j il rentre en effel absolument dans Le cadre de nos études. Si vous voulez voir la réussite absolue de la reproduction de la Perdrix en captivité, pour le repeuplement des chasses, rendez-vous à Epernon, chez M. le comte Potocki, et, si vous ne le pouvez, lisez ce qu'en dit M. Amédée Meslay, et vous jugerez de L'établissement du gentilhomme polonais, quand vous saurez qu'on j compte •"»u cinq jour- en plaine, dans les remises ou dans les blés près des remises : elles cantonnent tellement bien qu'on cite l'exemple de quatre petites compagnies, de chacune un coq avec dix ou douze Perdreaux, lâchées aux quatre coins d'un grand champ de Luzerne M. Le Forl rappelle que M.Blanchel avail fait des essais pour obtenir la reproduction de la Crevette en eau douce, ces essaie furent signalés dans le Bulletin. / ,■ Secrétaire, Dksi'AX. IV SECTION. — ENTOMOLOGIE SB W' l Dl 12 FÉVRIER 1912 . Présidence de M. Clément, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Clément présente des Abeillles connues des apiculteur- sous le nom de « Petites Noires ». Elles appartiennent à un type spécial, caractérisé par une taille plus petite, un corps plus effilé, un.' coloration plus noire. On les observe dan> beaucoup de ruche-, en nombre plus ou moins grand : tantôt quelques-unes se montrent disséminées çà el là, tantôt on en peut compter plusieurs milliers dans une même ruche; elles apparaissent ordinairement un peu avant les mâles, el ne sont chassées souvent qu'après ceux-ci, quand la récolte touche à sa tin. Elles ne se livrent à aucun travail et jamais on ne les voit apportera la ruche quoi que ce soit, ni miel, ni eau, ni pollen; les spécialistes de l'Apiculture affirment môme qu'elles ne cherchent jauiai- a piquer. Hamet, l'abbé Raffert, MM. Sautier, Odier, Valpellier ci d'autre- encore les ont encore observées, mai- -ans pouvoir déterminer leur rôle dan- la ruche. Cheshire attribue leur i BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ N ITIONALE D'ACCLIMATATION présence au milieu de leurs compagnes à un bacille {Bacillus Gaytoni qui se trouverait dans le corps de la Mère, et prétend qu'on peut les faire disparaître en remplaçant celle-ci. D'autres naturalistes et apiculteurs, dont M. Clément a pu recueillir les opinions, seraient d'avis qu'on est en présence d'une dégénérescence provenant d'une alimentation insuffi- sante des larves; mais alors, on peut faire cette objection : Pourquoi les « Petites Noires » se présentent-elles avec des caractères aussi réguliers? car on ne voit jamais d'individus intermédiaires entre elles et le type normal. De Layens, que M. Clément eut l'occasion de rencontrer certain jour et qui disserta assez longuement au sujet des « Petites Noires » accep- terait volontiers un cas de parasitisme. Quoi qu'il en soit de toutes ces discussions, une étude analo- mique sérieuse pourrait seule aider à éclairer une question qui présente un réel intérêt. Il n'est pas inutile d'ajouter que les « Petites Noires » sont observées aussi bien chez les Abeilles italiennes que chez les Abeilles communes: les anneaux jaunes persistent, mais prennent alors une coloration plus rouge et plus vive. Cette étude si documentée de notre Président a été écoulée avec vive satisfaction par tous les auditeurs, et un cadre renfer- mant nombre de ces « Petites Noires » a permis à chacun de se rendre un compte très exact des différences essentielles de - abeilles anormales. V* SECTION. — BOTANIQUE SÉANCE 1)1 18 MARS 1912 Présidence 'le M. I). Dois, président. Le procès verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Président donne lecture d'une lellre de M. Bach, sylvi- culteur-paysagiste à Chantilly; elle esl relative à l'analysa sommaire de la communication faite par lui à la séance du 20 novembre dernier voirBulletin, L 912, p. 60). ■• .l'ai pensé, 'lit M. Bach, que les nouveaux éléments rus-; tiques que dous possédons, tant en caducs que conifèreE EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SEANCKÏ DES SECTIONS 151 devraient être utilisés pour les repeuplemenls. vi je préconise l'emploi de ces plantes exotiques qui Boni essentiellement forestières dans leurs pays d'origine, c'est que chez nous elles ont résisté aux attaques des grandes gelées et que sans changer l'esthétique de nos bois, elles permettraient, en outre, ai d'autres espèces hybrides, par des croisements naturels avec les nôtres, de faciliter les transformations nécessaires et pré- venir de nouveaux désastres par suite de l'évoluti slimaté- rique. Ainsi seraient couronnés les efforts de nos vaillants i xplorateurs botanistes. ■■ M. Le Fort émet l'avis qu'autrefois les forêts ne devaient pas être riches en espèces, et qu'elles se sont enrichies successive- ment par des introductions exotiques; il cite le cas de la Sologne. M. Maurice de \ ilmorin déclare qu'il est partisan de- espèces exotiques, partout où elli s peuvent s'acclimater; mais, ajoute- t-il. aucune espèce exotique n'a remplacé utilement jusqu'à jour nos espèces indigènes. Il y a toujours eu, dans les l'orèts de la vieille Gaule, les Sapins des Vosges, les Ormes, les Frênes, les Charmes, le- Chênes, les Hêtres, etc.; il- mit supporté, dans la suite des temps, des hiver- autrement rigoureux que ceux de ces der- nières années. Le Pin maritime existait lui-même à l'étal naturel dans la gion provençale et pyrénéenne : il a été étendu systématique- ment par l'homme pour la plantation des dunes de Gascogne. ■ h is plaines de la Sologne, etc. M. le Président clol cette discussion en indiquant que le passage le plus important d<> la lettre de M. Bach sera inséré au procès-verbal, avec les observations auxquelles elle a donné lieu. Il communique ensuite des notices qui lui nul été adress par M. Ch. Rivière, sur V Arundinaria Hookeriana\ l«' Rosier Roseraie de l'Hay et YOxalis cernua. Des remerciements sont adressés à M. Rivière pour ces inté- ressantes communications. I Arundinaria Hookeriana «mi Hookeri Cet Arundinai ia, qu'il ne faut pas confondre avec le Bambusa Hookeri ou 11. maxima, parait avoir une certaine analogie avec noire ancien Bambusa gracilis de L'Horticulture. 152 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION « C'est une plante fortement cespiteuse, c'est-à-dire pous- sant en touffe très serrée des chaumes hauts de 6 à 8 mètres, revêtus au moment de leur croissance d'une matière pruineuse et de couleurs violacées devenant bleuâtres du plus bel effet. « Ces tiges ou chaumes abondants, droits, flexibles, pou- vaient-ils avoir quelque utilité comme clayonnage, Uiteurage, cannes à pêche, matériaux d'emhallage ou de vannerie, etc.? Mes essais ont démontré leur inutilité absolue. « Coupés à aoùtement complet, séchés à l'ombre, ces chaumes n'ont pas présenté la moindre résistance : exposés à l'air, les mérithalles se sont fendus ou aplatis dans toute leur longueur: dans d'autres cas, les mérithalles se sont détachés les uns des autres. La contexture de ces chaumes est sèche, friable, peu fibreuse quand ils arrivent à la fin de leur végétation, en un mot. ils sont loin d'avoir la solidité dont ils présentent cependant l'apparence. « J'ai signalé dernièrement à la Section que le Phyllostachys violascens, qui peut être classé parmi les grandes espèces de ce groupe et qui a toutes les apparences de solidité que possèdent les Phyllostachys mitis, viridiglaucescens, etc., n'était pas utili- sable à cause justement de cette rupture des mérithalles au nœud même. « En horticulture, ce peu de résistance du chaume n'a aucune importance, mais il n'en est plus de même si l'on cultive les Bambous dans un but utile et économique, c'est pourquoi j'ai procédé actuellement à l'étude des qualités de diverses espèces, au point de vue industriel. » 2° « Rosiers : Pose de l'Hay et Roseraie de FHay ». En décembre 1910, ma communication orale laissait déjà entrevoir l'incertitude du rendement rémunérateur du produit industriel obtenu de ces deux roses traitées pour la distillation alin d'en obtenir une essence abondante et de haute qualité. aujourd'hui, les expériences que j'ai pu suivre et pour- suivre affirment un résultai absolument négatif. M. Picimbona, maire de Etovigo Mitidja), cultivateur et distillateur de profession, pour lequel j'avais multiplié plu- sieurs milliers de lîosiers /{ose de l'Hay, vient d'arracher ses plantations après trois années de rendements entièrement nuls comme essence, malgré d'abondantes floraisons, Mes expériences personnelles avec l'autre variété de Rosier EXTRAITS m- PROCES- VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 153 Roseraie de VHay,qa\ a beaucoup d'analogie avec la première, n'ont pas été plus heureuses el me per ttenl toujours ciéU d'Acclimatation a publié l'original, il y a environ vingt-cinq ou trente ans. 134 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCUMATATION M. Jules Poisson, assistant honoraire au Muséum, donne Lecture d'une noie sur le boisement des dunes « dont il y a peut-être encore soixante mille hectares qui ne sont pas amé- nagées en France. « Malgré les encouragements exprimés dans plusieurs publi- cations depuis une quinzaine d'années, poursuivre les exemples qui ont été donnés par la consolidation des dunes de Gascogne an commencement du siècle dernier, puis des dunes de la Charente-Inférieure en 1878, et aussi en deux points différents du Pas-de-Calais, vers le même temps, l'Administration supé- rieure et l'initiative privée n'ont rien fait depuis pour utiliser ces portions du territoire, jusqu'à présent improductif, alors que le sol augmente sans cesse de valeur dans notre pays. En Belgique, en Ecosse, et aux Etats-Unis, le maintien des dunes a été entrepris avec succès. » M. le Président remercie M. Poisson, et son travail très inté- ressant paraîtra dans le Bulletin. A ce sujet, M. Maurice de Vilmorin établit un curieux paral- lèle entre le Pin maritime et le Pin sylvestre pour le boisement de ces dunes du nord de la France. Ces deux espèces gagnent à être associées. Le Pin maritime pousse très vite, et gèle inva- riablement aux grands froids qui reviennent presque périodi- quement; il n'en a pas moins fourni une masse de bois utili- sante plus grande que n'en aurait donnée une plantation de Pin sylvestre, plus rustique, à développement plus lent, et qui doit, malgré tout, occuper plus tard le fond de la plantation. M. Millier, négociant en fruits exotiques, fait ensuite une communication sur les causes de l'abondance, extraordinaire cette année, des Bananes sur les marchés et petites voitures de Paris; il appuie sa démonstration sur de magnifiques échantil- lons de Bananes fraîches, des Canaries, de Colombie, de Costa-Rica, et sur des produits tirés de la Banane (farine. pâtisseries, etc.), le tout dégusté à la séance et trouvé excel- lent. Des remerciements sont adressés à M. Huilier pour son inté- ressante causerie el sa présentation; M. Hollier s'engage à résumer en une courte uote les renseignements commerciaux et statistiques concernanl la question. / .■ Sect élaire de lu section, .1. GÉRÔME. EXTRAITS l>l> PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 153 \ | SEi MON. — COLONISATION SÉANI l. Dl 18 MARS 1912 Pj sidence de M. Vu^- Chevalier, Président. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la pn dente séance, qui est a lopté sans observation-. M le Président dépose une note du lieutenant Besnier relative à la question du Dromadaire au Kanem »> et qui sera insérée daûs le Bulletin. M. Galin, docteur es -eiences. ingénieur agronome, prépa- rateur à l.i Sorbonne, fait une communication sur les Algues alimentaires d'Extrême Orient, au sujet desquelles il a récem- ment publié une étude très complète, en collaboration avec M le Professeur Perrot, de l'École de Pharmacie. Certains peuples d'Extrême Orient, et en particulier les Hawaïens, les Chinois el les Japonais, font une consommation considérable d'Algues marines dans leur alimentation. Au Japon, de même qu'à Hawaï, certaines de ces Algues sont d'un usage journalier et se vendent couramment sur les places publiques, ce qui indique la faveur dont elles jouissent. C'esl surtout au Japon que les Algues marines donnent lieu a une industrie. L'auteur insiste particulièrement sur le kan- ten, on gélose japonaise, fournie par le Gelidium corneum, et qui l'ail l'objet d'un important commerce d'exportation. Puis vient le Kombu, produit par diverses Laminariacées, et a\ec lequel on fait grande quantité de préparations alimen- taires. Le Funori, produit par le Gloiopeltis tenaa , est principalement emploj é pour faire des colles végétales. Enfin l'Amanori est l'Algue alimentaire de choix. Sou impor- tance est considérable. Aussi les Japonais la cultivent-ils, prin- cipalement dans la baie de Tokyo. Cette culture a été motivée par la disparition de l'Algue qui croissait autrefois en abon- dance à l'embouchure de la rivière Tokvo:elle est actuellement Voir : Em. Perrol .1 C.-L. Gatin. Les Algues marines et, en parti- culier, les Algues alimentaires d Extrême Orient. Ann. Inst'Uu pAiV/ue, Paris, 1911, Itl. fasc. I 456 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION très florissante. M. Gatin insiste sur les procédés de culture et de fumure de l'Algue qui, au .lapon, ont été étudiés en détail par M. Okamura et qui sont des plus curieux. Enfin ces Algues, et surtout le Kanten, sont exportées du Japon en grande quantité, et ce commerce représente une somme annuelle de 40 millions de francs. Il y aurait intérêt à étudier la flore algologique de l'Indo- Chine et peut-être pourrait-on introduire ainsi, dans cette colonie, des industries nouvelles, ayant pour but la production des colles végétales, qui doteraient le pays de produits d'une réelle valeur. Pour le Secrétaire empêche, M. Bret. Nous apprenons, au moment de mettre sous presse, le décès de M. Courtet, survenu le 10 juillet 1912, à Landerneau (Finis- tère), où il s'était retiré depuis un an. M. II. Courtet avait rendu à notre Société, et plus particuliè- rement à la Section de Colonisation, de signalés services qui nous rendent plus sensible encore la nouvelle de sa fin pré- maturée. X. D. L. Et. Le Gérant : A. M \n\ meux, Parti. — L. m I >v, imprimeur, I, rue Cassotto. LES PENDELOQUES CHEZ LA CHÈ\ RE ET QUELQUES AI rRES ESP1 i I - Par P DECHAMBRE Professeur de zootechnie à l'École d'Alfort. .Mm de répondre à unequestion posée incidemraenl au cours de l'u les dernières séances de la section d'Etudes caprines j'ai l'honni ur de présenter une courte unie sur la structure et l'origine des pendeloqi Les pendeloques sont de petits organes appendiculaires situés au bord inférieur de l'encolure, un peu en dessous de la gorge. Elles mesurenl habituellement 70 millimètres de longueur et 15 à 20 millimètres de largeur ; leur forme est cylindrique ou sub-conique. On les rencontre chez la Chèvre, la Brebis el le Porc, parfois chez la Vache; on connaît même chez l'homme une particularité qui a quelque analogie avec elle. La structure de ces appendices n'es! ni constante ni uniforme. Quelquefois ils sont seulemenl constitués par un relief cutané iveloppanl un peu de tissu conjonctif el de petits vaisseaux. D'autn - fois leur complexité esl plu- urande et l'élude analo- mique faite par Blanca permis d'j retrouver les éléments sui- vants I 1° Un cartilage élastique inséré par du tissu fibreux sur le muscli sterno-maxillaire le sterno-zygomatique un le sterno- masloïdien suivant les espèces . au niveau «in corps thyroïde. _ Des faisceaux musculaires rudimentaires, appliqués suc ce cartilage. / les peauciers insérés par leur pointe sur la lia-. ■ du cartilage : Le premier descend à la surface du muscle sterno-thyroïdien : I..' second s'étale en dedans sur le sterno-hyoïdien ; Le troisième remonte vers le maxillaire inférieur en se con- fondant avec le peaucier de la région parotidienne. I Blanc, chel des ire aatomie a l'Ecole vétérinaire de Lyon: Les pendeloques de l I le canal 'lu soyon chez i Porc. Journal de V i le la Physi tt de zootechnie tle l'Ecole ù I . même innée. BILL. Se, . \ \ i . \o I . ! II. 1912 — 458 ]'. DECHAMBRE '(• /'// muscle -profond, en forme de cordon, qui part de la base du cartilage, traverse le muscle sterno -maxillaire, passe sous la jugulaire, sous la glande sous-maxillaire, sur le sterno- thyroïdien et remonte le long de la paroi postérieure du pha- r\ nx où il se termine. ")' Twis filets nerveux: deux viennent de la seconde paire cervicale et se rendenl l'un à la peau de la pendeloque, l'autre à ses muscles peauciers ; le troisième, fourni par le nerf hypo- glosse, suit le muscle profond et se perd dans la pendeloque. 6 Des artères et des veines qui se détachent des vaisseaux situés à proximité de l'appendice. Les pendeloques sont parfois accompagnées d'un petit pertuis creusé à leur base et analogue au canal du soyon du porc ce '•anal est une invagination de la peau, profonde de deux ou trois /timètres et d'où sortent quelques poils). La pendeloque, complètement développée ou réduite à l'aspect d'une sorte de verrue, est un organe d'origine branchiale n'ayant surtout gardé que des relations cutanée-. ( >n sait qu'il existe chez l'embryon quatre fentes branchiales. De la première dérive le conduit auditif externe et c'est à son extrémité supérieure que se développe la conque auriculaire. Or les pendeloques prennent naissance au niveau de la partie inférieure de la seconde fente branchiale qui persiste quelque- fois sous la forme d'une petite fistule. Elles peuvent donc être comparées à la conque auriculaire en raison de leurs origines et de leur structure ; le cartilage qui en forme la charpente, les divers muscles qui les constituent montrent la ressemblance anatomique de ces deux sortes d'organes qui ont leur point de départ situé parallèlement sur deux fentes branchiales succes- sives. Les pt-iidtdoques sont très fréquentes chez la Chèore : elles ac doivent cependant point être considérées comme spécifiques par suite de leur origine qui leur donne un caractère accidentel et non permanent, et aussi parée qu'elles manquent commu- nément dans certaines races caprines. ( >n 1rs rencontre dans plusieurs races de Moutons, par exem- ple le Mouton barbarin, le soudanais, le poitevin. Eudes Deslongchamps en a signalé la fréquence sur les Porci normands. Darwm Variations, Tome I) a ligure un Porc irlan- dais de race ancienne portenr de deux appendices volumineux. PENDELOQI ES CH1 / LA I il: \ RE 159 Ceux-ci -""t toujours attachés aux angles de la mâchoire; ils sonl cylindriques, longs de sept à huil centimètres, couverts de soies el présentenl un pinceau roide sortanl d'une cavité laté- rale; ils "ni un centre cartilagineux avec deux petits muscl - et s.' trouvenl tantôt des deux côtés à La fois, tantôl d'un seul. thusius a constaté qu'ils apparaissent parfois chez les ra< porcines à oreilles pendantes mais- qu'ils lonl pas sti cie- nienl héréditaires, car, dans une môme portée, ils peuvent exister chez certains individus el faire défaut chei d'autr Darwin ajoute qu'on ne connaît aucune rare sauvage qui p< semblables appendices et que, dans ces conditions, l'existence de ceux-ci doit s'expliquer non par un-effet de retour, mais par une variation subite apparue -ans L'aide de la sélection. Cette constatation vient à l'appui de ce que mais avons 'lit plu- haut de l'origine accidentelle des pendeloques. Si mention doit être faite de la présence de ces dernières dans les races ou ell< - fréquentes, cela ne peut autoriser à les considérer comme un attribut indispensable. La description sommaire faite par Darwin des pendeloques ou appendices maxillaires » du Porc met en évidence une uteture identique à celle des pendeloques de la Chèvre et fournil un argument de plus on laveur de l'origine de ces p"i its sçanes, c'est-à-dire de leur dérivation de la seconde fente branchiale, ce qui est, en définitive, le point le plus intéressant de cette brève étude d'anatomie comparée. LES COLINS (\V PERDRIX DE L'AMÉRIQUE Par PIERRE AMÉDÉE PICHOT. \ ers le milieu du dernier siècle, le commerce des animaux de luxe, des belles races de Volailles et des Oiseaux exotiques n'était guère tenu à l'aris que par un seul grand établissement situé à Grenelle et que dirigeait M. Gérard. J'y ai vu passer beaucoup de bêtes curieuses et je me souviens d'y avoir acbeté un jour une Sarigue ou Opossum de Virginie que j'eus beau- coup de mal à rapporter chez moi dans un sac de toile un peu mûre que l'animal, peu satisfait de ce mode de transport, s'efforçait de déchirer dans son impatience à comparer les bois de Meudon avec les forêts vierges de son pays natal. C'est chez M. Gérard, dont j'étais un visiteur assidu, que je vis vers lu mémoire que je lui remis M. Gérard tira une plaquette qu'il lit illustrer par Charles Jacques, donl il sérail difficile aujourdhui, je pense, de trouver eul exemplaire, mai- le Colin de la Californie a fail son chemin dans le nd< plus exactement dans les faisanderies, car li lis d'acclimatement en liberté n'onl donne que des LES COLINS OC PERDRIX DE l'aMÉRIQI i t i J résultats momentanés, faute de persévérance chez les amateurs qui onl essayé d'en mettre dans leurs tirés l . A la même époque on élevai) déjà en assez grand nombre le Colin de \ irgi le Bob-\N hite des Etats-1 nis, et M. <;■ r I en obtinl un croisement avec le Colin deCalifornie. Cel hybi avail la face blanche du Colin de Virginie, mais la huppi -i caractéristique du Colin de Californie était restée rudimentaire et ne se terminait p - a volute comme chez cel oiseau. Le i olin de \ irginie ou Colin Houi étail connu depuis longtemps • il avait élé introduil dans différents pays d'Europe où sa mul- tiplication à l'étal libre, notammenl en France el en Angleterre, avail été plusieurs fois observée, mais uous ne cou naissons pas aujourd'hui d'endroit où il se voil li\é d'une façon permanente. Un petit nombre d'amateurs possédait encore une autre Perdrix d'Amérique sous le nom de Zonécolin. Je crois que cette espèce était plus exactement !«■ Colin de Sonnini à huppe blanche et pointue comme celle de l'Alouette. On en oblinl la reproduction moins fàcilemenl que celle des espèces précé- dentes, puis, pendant de longues années, le silence se tit sur le> Colins, sauf pour le Colin de, Californie qui continuait à prospérer en volière. Depuis quelques années les Perdrix d'Amérique on! de nouveau attiré L'attention des amateurs par suite de l'importation de quelques espèces que l'on connaissait par les descriptions données par le- naturalistes qui s'étaient Ipécialemenl occupés des Oiseaux du Nouveau Monde. Au premier rang des ouvrages où l'on trouve le plus de renseignements sur la matière, il convient de placer la grande monographie de Gould sur les Odontophorinx uu Perdrix d'Amérique publiée en 1850 el dédiée au Prince Charles Bona- parte auquel l'Ornithologie américaine esl redevable d'impor- tants travaux _ . L'attention de Gould s'était portée sur cette intéressante famille de Gallinacés à la suite d'une importation de quelques couples de Colins de Californie en Angleterre par le capitaine Beechey en 1833 : pendant vingt ans Gould s'atta- cha à réunir tous les documents épars dan- les récits de voyage et les musées sur les Colins d'Amérique dont il détermina l Voir l'article sur les Colins publié par la Revut Britannique en mar- 18 - .1 of the OdontophorinsE or partridpes of America John Gould, Londres, 18 iO. PJERRE-AMÉDÉE PIC.HOT trenle-trois espèces admirablement figurées dans un de ses somptueux in-folios. Nous renverrons à cet ouvrage magistral pour les détails scientifiques de cette nomenclature, ne voulant présenter ici que quelques renseignements sur les espèces nouvelles pour l'aviculture, sur lesquelles s'est portée derniè- rement notre attention. Mais d'abord nous ferons remarquer la diversité des coiffures par lesquelles se signalent les différentes espèces de Colins. Les genres très rapprochés les uns des autres par des caractères généraux qui les distinguent des Perdrix et des Cailles du Vieux Monde n'ont pas cependant la tète ornée de la même façon. On peut les séparer en trois groupes d'après la manière dont ils sont huppés. Les uns, comme le Colin Honi et les variétés analogues du Texas, de la Floride et du Mexique, sont pour ainsi dire « coiffés en cheveux » et n'ont pas de huppe à proprement parler, quoiqu'ils puissent hérisser leurs plumes occipitales sous l'impression de certaines émotions. D'autres, comme le Colin de M asséna et les grosses espèces d'Odontophore-. ont une huppe épaisse et étalée retombant en arrière à la manière d'un chignon. Une huppe allongée verticale se termi- nant en pointe avec une légère inflexion en avant est le propre des Colins deSonnini, cristatus, elegans et analogues ; celle du Colin maillé est également verticale mais arrondie du bout et - ouvrant en éventail. Le Colin de Californie est le type d'es- pèces dont la huppe se compose de plusieurs plumes imbriquées étroites à Ja base et Larges au sommet, s'enroulant à la partie supérieure comme la crosse d'un évêque ou une virgule «le typographie ; enfin chez les Colins plumifères deux plumes lie- longues et lancéolées sont couchées sur la nuque et ll< >t- tent sur le dos comme les ruhans qui étaient il y a une qua- rantaine d'années un des accessoires de la toilette féminine et qu'on avait gratifiés du nom impertinent de : « Suivez-moi jeune homme ». Si la formation des nombreuses espèces de < lolins d'Amérique îultat d'une sélection naturelle, il tant avouer «pie cefl Oiseaux ont lait preuve d'autant d'imagination que de goal dan- I" choix des différents types de coiffures que les influences climatériques el l'adaptation aux milieux auraient l'ail surgir spontanément chez leurs ancêtres com- muns ! Une particularité non moins remarquable que leur coifluw LES I "i INS "i PERDRIX Dfi l'aMÊRIQI i; chez les diverses espèces de Colins, c'esl la différence de leurs cris, je n'ose dire de leur langage. Chaq espèce esl doi d'une émission vocale qui la distingue autanl de l'esp voisine que la huppe donl sa tête esl ornée. Le Renard «1.- la Fable pourrail sans flatterie l'aire l'éloge de ces ramai quoique ces chants soient de construction assez simple, rapprochant des langues monosyllabiques primitives plus que des langues agglutinatives ou à flexion donl les êtres d'un ordre plus élevé tirenl un sujel d'orgueil, malgré le fâchi usage qu'ils en fonl quelquefois. Dan- ses Transaction* philoso- phiques, l'Honorable Daines-Barrington constate que les no du l'haut des Oiseaux se succèdent avec une telle rapidité el nchainenl tellement les unes avec les autres que l'oreille humaine ne peut saisir la valeur de chacune ni en Irow l'équivalence dans notre notation musicale. La difficulté a pas aussi grande pour les chants des Colins, carie monosyl- labisme de leurs expressions peut être approximativem rendu par l'articulation humaine. Le chant du Colin de Vir- ginie se décompose en quatre syllabes : une syllabe longue, deux syllabes précipitées et la dernière brève: quiou-ooi-i-cuick. Le Colin de Sonnini n'en a que deux; la première longue, la - conde brève : nu ni : le Colin maillé, deux aussi, mais brèves toutes <\ru\ et d'une accentuation toute dillèrente : tchick-ti an k. Le Colin deMasséna s'exprime par un sifflement métallique prolongé sur lequel il traîne d'une façon monotone : chu m. Ces syllabes sont répétées plusieurs fois comme les cris d'appel de mis Cailles et de nos Perdrix, el si on peut leur reprocher «le dire toujours lu même chose, les conversations humaine- sont-elles beaucoup plus variées? Le Pierrot du Don Juan de Molière ne dit- il pas toujours la même chose à Charlotte, parce «pie c'est toujours la même chos Des diverses espèces de Colins récemment importées, l'une des plus remarquables esl assurément le Colin de Masséna qui diffère de toutes les autre- par son altitude. Il n'a pas les formes élancées et les allures gracieuses des Colins huppi Ramassé en boule, la tête dans les épaules el le dos boml la queue courte entièrement recouverte par les lancettes du dos, le Masséna a la silhouette d'un petit Casoar, mate l'originalité de la coloration de son plumage esl sans égale. Les plumes du dos sont brunes, Gnemenl striées ou plaquées de noir, et une tache lancéolée «le couleur ocre clair se proton .404 PIERRE-AMÉOÉE PIGHOT tout le long de leur lige. Les lianes sont d'un beau noir de velours, criblé de points blancs, comme chez la Pintade; sur le poitrail, une tache d'un roux vif s'étale en manière de gilet jusqu'au milieu du ventre et la tête blanche, barioléede dessins noirs nettement découpés, fait songer au masque d'un clown. La huppe brune avec zébrures noires est du type que nous avons qualifié de chignon et recouvre l'occiput. Le costume de la femelle est plus modeste; il ne présente pas les contrastes de couleurs heurtées du plumage du mâle mais un glacis rosé adoucit la tonalité brune du vêtement crayonné de noir dont elle est parée. «.'est dans l'ouvrage de Daniel Giraud Elliot (1), Président de l'Union des ornithologistes Américains, qu'il faut aller chercher des renseignements précis sur les mœurs, à l'étal sauvage, des Colins que cet auteur a chassés dans les contrées qu'ils habitent. Le Colin de Masséna, nous dit-il, est plus ou moins répandu dans le Texas, le Nouveau Mexique et l'Arizona où il se plaît dans les régions montagneuses à quatre ou neuf mille pieds d'altitude. On le rencontre en très petites compa- gnies qui semblent constituées par des Oiseaux de la même couvée. Peu farouches, ces Masséna s'écartent à peine quand on les approche et regardent les intrus avec plus de curiosité que de crainte ; mais s'ils prennent peur, ils se tapissent contiv le sol et il faut presque leur faire violence pour les décider à s'envoler. Aussi est-il facile de les tuer à coups de bâton, ce qui leur a vallu le surnon de fool quail, Caille sotte, dont on a stigmatisé leur placidité. Quand ils s'envolent enfin, ce n'est pas pour aller très loin; d'un vol rapide, ils se dispersent pour aller se blottir, chacun de son côté, â l'endroit où ils tembent sans courir comme la plupart des Colins qui sont des piéleurs infatigables. Ils pondent une dizaine d'eeufs d'un blanc pur â coquille vernissée dans un nid caché sous un buisson ou une souche de bois mortel ce nid très rudimen taire n'est qu'une simple excavation grattée dans le sol el â peine garnie de quelques brins d'herbe. Gould a donné le nom de Masséna â ce Colin en souvenir du prince d'Essling dans la collection duquel il en avait trouvé une peau, mais il est plus connu chez les importateurs sous le (l) The Gallinaceous game birds <>/ Norlh Imerica, by D.-G. Elliot, Londres, 1897. PIERRE-AMÉDÉE PICHOT nom de Colin de Montézuma. Gould en signale une autre espèce, sous le vocable d'Ocellé et dont les Qancs de couleur bise ne sont pas pointillés de blanc, mais on ne sait rien de cette variété si ce n'est qu'elle habite le Guatemala et que Gould la décrivit d'après une peau dans les collections du .Muséum d'Histoire naturelle de Paris. L'étrange bigarrure du masque du Colin de .Masséna m'avait depuis longtemps donné le désir d'en posséder; il n'en venait pas sur le marché et ce n'est qu'il y a trois ou quatre ans qu'il lit son apparition chez les oiseleurs. J'en achetai plusieurs couples au mois d'avril 1910 et je les installai dans un parquet de faisanderie avec quelques autres espèces de Colins avec les- quels ils vécurent en très bonne harmonie en attendant le moment de la pariade, mais ils se montrèrent excessivement sauvages; ils s'enfouissaient pelotonnés l'un contre l'autre sous le foin de leur litière et il était difficile de découvrir où ils étaient gités. Ils ne sortaient de leur cachette que le matin et le soir, quand ils pensaient qu'il n'y avait personne pour les observer. Alors ils se mettaient à gratter le sol avec une ardeur fébrile, comme pour y chercher une nourriture qui leur manquait. Elliot pense que ces Oiseaux, tout en étant grani- vores, mangent beaucoup de bulbes et de racines qu'on ne trouve que dans certains endroits, ce qui explique qu'ils ne soient pas plus répandus, mais il ne spi cifie pas ce que sont ces bulbes et ces racines. Il est évident que La forme du bec el des oncles du Masséna indique lin Oiseau piocheur comme le Lophophore. Mes Masséna grattaient donc avec rage et n'ayant pas trouvé sans doute ce qu'ils désiraient, ils dépérirent les uns après les autres. Au mois d'avril 1011, il ne me restait qu'une femelle que je pus heureusement apparier avec un mâle donl je lis L'acquisition à la vente annuelle du Jardin zoolo- gique d'Anvers. Le 7 juillet, ce mâle mourut et, en allant rele- ver le cadavre dans le parquet, je vis que la femelle avait pondu quatre œufs dans le coin d'une caisse en bois garnie de loin sous lequel ces Oiseaux continuaient à aller se cacher, lorsqu'ils n'étaient pas blottis dans les herbes un peu longues de leur promenoir. La femelle ayant perdu du même coup sou mâle el ses espérances de famille se montra une Niobé incon solable. Elle allait el venait sans cesse, émettant continuelle- ment son cri d'appel, et je crois qu'elle en oublia de boire el de manger car, au boul de douze jours, elle mourul à son tour LES I OLINS 01 PERDRIX Dl l.' \MI RIQ1 l 'jliT dans mi étal complut d'émaciation au momenl même où je renais de me procurer un autre mâle à Anvers pour remplac celui qu'< lie avail perdu. Quant aux œufs, je ies avais mis à couver le l - juillet smis une petite Poule de race cochinchinoise naine, lo seule donl je pouvais disposer dans ce moi m1 ni. Malgré mes craintes que le poids de "■elle mère nourricière ne fûl fatal au trésor mici copique que je lui avais confié, elle se tira fort bien d fonctions délicates* et après une incubation de 25 jours je fus agréablement surpris, le 7 août, de voir éclore ions en même temps trois petits Colins Masséna guère plu- gros que des Hannetons. La coquille des œufs avait été très nettement découpée dans sa partie supérieure rabattue comme le couver- cle d'une tabatH re. Le quatrième œuf était clair. Les jeunes poussins se montrèrent aussi actifs dès leur nais- sance que des Colins de Californie- Ils furent nourris de la même manière. Malheureusement, la Coule fut moins adroite pour abriter sa jeune couvée sous ses ailes qu'à se replacer sur les œufs et le 8* jour elle écrasa un des petits sous les plu- mes de ses pattes que je n'avais pas suffisamment raccourcies. Je plaçai les deux survivants dan- un parquet mobile sur La pelons.- où ils allèrent aussitôt fourrager. Le o novembre ils étaient bien emplumés : il- avaient encore un peu de duvet sur la tête, mais la buppe ('-tait bien prononcée et ils avaient pris les allure- de- l M-eaiix adultes, marchant le dos bombe la tête dans les épaules. Leur familiarité était surprenante ; accouraient du plus loin qu'ils apercevaient la personne qui les soignait et sautaient après la main pour prendre i ntre - doigt- le- Papillons et Les Vers de farine dont Lis étaient très friands. Leur gazouillement de contentement doux el llùté elail charmant a entendre ; il- vous suivaient de si pie- qu'il fallait faire attention pour ne pas marcher dessus. Le Chat d'uD voisin n'eut pas pareil- scrupules et emporta a cette époque un de m. 's petit- élèves. Dans la crainte que pareil accident n'arrivât an survivant, je du- l'enfermer dans un de.- parquets • le la faisanderie où il se tourmenta beaucoup pour sortir. Il aima;; a se blottir dai;- le creux de ma main donl il semblait rechercher la chaleur, delà aurait dû me mettre en garde contre le- premiers froid- de L'automne qui survinrent inopinément pendant une absence et monfdernier Masséna, après avoir traîné quelques jours, fut trouvé mort le :■> octobre dans sa volière. 468 PIERRE-AMÉDÉE PICHOT Celle reproduction du Colin deMasséna, la première je crois que l'on ait obtenue en Europe, malgré les circonstances fata- les qui l'entourèrent, n'est pas pour décourager, et je me propose de recommencer l'expérience avec les deux couples quej'ai pu me procurer de nouveau. Ce qui me paraît le plus difficile, -t de faire vivre les adultes qui, chez d'autres amateurs aussi bien que chez moi, n'ont pas eu une longue existence. J'avais conserve pourtant la femelle qui avait pondu pendant quinze mois et tout me porte à croire que le chagryj causé par la perte de son mâle a été pour beaucoup dans sa mort intempestive. Après avoir été assez commun dans nos volières et avoir même été essayé en liberté, le Colin de Virginie ou Colin Houi est devenu rare. On en a vu importer depuis quelque temps deux espèces voisines, le Colin de Cuba, qui se distingue du iloui par la nuance plus foncée de son plumage et la plus grande largueur de la bordure noire de sa gorge, et le Colin du Mexique ou pectoral dont la poitrine est d'un roux vif uni- forme sans les mouchetures latérales du Colin de Virginie. Un des membres de Société d'Aviculture anglaise, M. Hubert D. Astley, a obtenu l'année dernière la reproduction du Colin de Cuba. Celui du Mexique à poitrine rousse que je possède depuis deux ans n'a pas encore pondu chez moi. Il esl pour- tant d'un tempérament robuste et ses allures sont celles du Colin de Virginie. Le Colin maillé ne s'est pas reproduit davantage. Il est vif, remuant, d'un port élégant, et quoique son plumage n'offre pas de couleurs éclatantes, sa huppe d'un brun clair à extrémité blanche et les plumes de son poitrail, d'un gris bleu bordées de noir formant comme une cotte de mailles d'un dessin régu- lier, ne peuvcnL passer inaperçues dans le groupe plus brillant des Colins à huppes droites. C'est un Oiseau coureur par excellence. Elliot, qui l'a chassé dans le Texas, le Nouveau Mexique el l'Arizona, dit qu'il fuit à pied devant le Chien et qu'on a la plus grande peine à le faire lever. C'est un Oiseau des régions arides el désertiques, ce pourquoi on l'appelle la Caille des Cactus ; il semble pouvoir se passer de boire, car ou m; trouve pas d'eau dans les localités qu'il fréquente où on le Connaît encore sous les noms de Perdrix bleue, Perdrix à plumet ou à huppe blanche. Il y a peu de différence entre le ui.de el la femelle, alors que «lie/ les Colins les sexes sonl parés d'une facou bien distincte. On le dit prolifique, faisant jus- LES COL] \- 01 PI RDRIX DE i ' \Mi' RIQ1 l qu trois couvées par an. Ceux que j'ai a'onl pas encore pondu, mais oolre collègue M. Pays-Mellier en a obtenu des œufs, trop tard malheureusement pendaol La saison dernière pour qu'il fui possible de les mettre en incubation. Quelques autres espèces de Colins onl encore paru tout i emmeril dans les ménageries publiques ou privées : !'■ Colin .1 gorge blanche, le Dendrortyx barbu, le Colin de Gambel, oie. Le Jardin zuologique de Londres a reçu du Jardin zoologiq dr \« «'-York le Colin de Douglas el le Colin à gorge noire. Le joli Colin a { > 1 1 1 1 n • - lancéolée u'a fait, il y a plusieurs années, qu'une courte apparition au Fardin d'Acclimatation où non- avons pu L'admirer dans toute la splendeur de son plu- ornemental. Il faut espérer que les aviculteurs pourront s'assurer La p ssession de ces jolis Oiseaux avant qu'ils ue soient détru dans leur pays Datai par l'intempérance des chasseurs. Déjà plusieurs espèces deviennent rares el la Société zoologique de N v. -York a dû s'occuper du sauvetage du Colin de Virginie. Par une curieuse coïncidence, le jour même où la question était en dis ussion, une compagnie de ces Colins Houi vint chanter -ous Les f( aêtres de la salleoù Le Conseil était assemblé comme pour i. er sa protection. La pétition de ce syndical volatile, propos, reçut naturellement le meilleur accueil. L'ÉLEVAGE DES BOVIDÉS A TAHITI Par H. COURTET. Les seuls animaux domestiques que possédaient les Tahiliens lors de la découverte de l'île sont :1e Porc, le Chien et la Poule. Ajoutons qu'il existait en outre, dans l'île, pullulant dans cer- tains endroits, un Rat (Mus exulans), décrit par Peale. Mendana, qui découvrit les Marquises en L595, y signale l'existence de ce Rat en bandes nombreuses. Il s'agit donc bien d'un Rat existant avant tout contact européen. La présence du Porc, du Chien et de la Poule, animaux maoris (1), s'explique en ce sens que les migrations abandonnant, en partant à la recherche d'une nouvelle patrie, toute idée de retour, empor- tèrent avec eux leurs animaux domestiques et des plantes alimentaires : Arbre à pain, Patate, Igname, Taro, Banane, mais la présence du Rat ne s'explique que difficilement. Cet animal étant un animal nuisible que les Polynésiens devaient connaître comme tel dans leur patrie primitive n'au- rait pu suivre les migrations que par surprise. Cependant, les moyens île navigation, grandes pirogues doubles avec plate- forme entre les deux pirogues sur laquelle un abri était con- struit, et la longueur du voyage ne se prêtaient guère à de semblables surprises. En outre, ce Rat existait dans toutes les îles hautes qui forment nos Établissements actuels. Dans ces conditions, il est difficile d'admettre que les Poly- nésiens l'aient apporté avec eux, et la seule hypothèse plausible est qu'il devait exister dans les îles avant leur arrivée, ainsi que quelques autres animaux comme le Gecko, le Scinque à queue bleue, vulgairemenl nommés Lézards, el les oiseaux. Les animaux domestiques autres que le Porc, le Chien et la Poule, qui existent actuellement dans les lies formant nos Etablissements, ont donc été importés, el il n'est pas sans intérêt de rechercher ou d'indiquer les premières importations el leurs résultats. lui 17117. W'allis avait à bord des Chèvres, des Moutons, des Cochons et drs l'unies. Il laisse Une Chatte pleine, deux CoqS d'Inde (Dindons . deux Oies et trois Coqs de (iuinée. Tabitiens appartiennent o la race maorii , i l M \ KG] DES r.n\ [DÉS \ i Mil II i,l r.n I Tus. Bougainville laisse un couple de Dindes el un couple de Canards. En ITT:;. Cook laisse trois Moutons du Cap, mais très, el par conséquenl sans aucune utilité pour la reproduc- tion. Ku ITT i. Cook constate que deux des Moutons étaient me el il laisse vingl Chats, ainsi qu'à Raiatéa et Huahiné. Entre 1774 el ITTT. deux vaisseaux espagnols, donl l'un tait de Lima, onl relâché à Tahiti, el uni laissé : Cocl 3, Chiens, Chèvres, un Taureau el un Bélier, ces deux dernh animaux destinés à Bora-Bora, mais le Taureau étail encore à Tahiti en ITTT. Cook pense que si les Espagnols n'ont pas lais de Vaches, c'est parce qu'elle- étaient mortes pendant la traversée. Nous arrivons maintenant au troisième voyage de Coo important au point de vue de l'introduction du bétail. Eu ITTT. Cook laisse, Le - \ août, à Part' districl de Paré donl Papeete fâil partie : un couple de p.. m couple de Coqs d'Inde Dindons), quatre Oies, un mâle et trois femelli un Canard mâle et, trois femelles. Il y trouve une Oie mâle provenant de Wallis, plusieurs Chèvres el le Taureau espagnol, el il envoie à ce Taureau, très bel animal, les trois Vaches qu'il avait à bord. H dépose à Matavai pointe Vénus le Taureau, le Cheval, la Jument el les Moutons qu'il destinait aux Tahitieas. Il retourne ensuite à Paré, laisse un Bélier et nue Brebis de la race d'Angleterre el trois Brebis du Cap. Les trois Vaches ayant reçu le Taureau, Cook pensa qu'il pourrait en conduire uneoudeu\ à Raiatéa. 11 demande donc au propriétaire du Taureau espagnol de le céder au chef Too Otoo , lui oflranl en échange de lui donner le sien avec une des Vaches, mais cel échange n'eut pas lieu. Il donna donc au chef Too -"ii raureau el se- Vaches, el lui recommanda surtoul de les conserver à Paré, d'j retenir en outre le Taureau espa- gnol et chacun des Moutons, jusqu'à ce que les Vaches el les Brel) s eussenl produit. 11 l'avertil qu'il serait alors le maître d'offrir à ses .unis des animaux des deux races el d'en envoyer dans les iles voisines. Le -T septembre ITTT, Cook passe la revue des animaux de Part'-. Sun Bélier avait été tué par un des Chiens laissés par les Espagnols. Il demande quatre Chèvres à Too pour en laiss \,1 11. COURTET deux à Raiatéa, où elles étaient inconnues, et les deux autres pour une île qu'il pourrait rencontrer. Le 30 septembre, il part pour Mooréa et Iluahiné. 11 laisse dans cette dernière île le Cheval, la Jument, une Chèvre pleine, une Truie et deux Cochons «te race anglaise. La Jument avait été couverte pendant son séjour à Tahiti. Le 3 novembre. Cook mouille à Raiatéa, où il apprend que la Chèvre laissée à Iluahiné est morte en faisant ses petiN; il envoie alors deux Chevreaux, mâle et femelle. 11 laisse à Raiatéa un Verrat, une Truie et deux Chèvres. Le 8 décembre, il passe à Bora-Bora et laisse une Brebis pour le Bélier espagnol. En 1788, Bligh arrive avec Le Bounty à Tahiti et mouille dans la baie de MaUvai. 11 rachète, de deux insulaires qui demeuraient dans des endroits éloignés l'un de l'autre, une Vache et un Taureau et les met dans un bon pâturage, sous la garde de deux chefs qu'il chargea d'en prendre soin jusqu'à son retour. Son équipage se révolta peu après son départ de Tahiti, revint a Matavai, déclarant aux indigènes qu'il venait de la part de Bligh, qui avait trouve une île favorable à un établissement. Les croyant de bonne foi, les indigènes don- nèrent aux révoltés : 460 Cochons, 50 Chèvres, une grande quantité de Volailles, de Chiens, de Chats. Ils donnèrent auss le Taureau et la Yarhe que Bligh leur avait confiés, mais le Taureau fit une chute et mourut des suites de cet accident. En 1791, Edwards arrive à Tahiti sur la frégate La Pandore pour châtier les révoltés du Bounty, et au moment de son départ, on lui promit, s'il voulait rester quelques jours de plus, de lui amener des Vaches qui étaient dans une île voi- sine. Les Tahitiens n'avaient pu s'habituer à boire le lait de animaux. Le bétail laissé par Cook quatorze années auparavant avait dont- prospéré. En 1838, Dumont d'Urville parle dii bétail dans les termes suivants : « Le jeune Henry a commencé aujourd'hui à livrer du bœuf a l'équipage à raison de il piastres •':_ francs les Kio [ivres; le prix est raisonnable, et le bétail est déjà assez abondanl dans l'île pour pouvoir en fournir aux navires autant qu'il leur en faut. Les Cochons sont devenus raie-,; il- >ont très chers, el même il esl assez difficile de s'en procurer. Les missionnaires anglais sonl les principaux propriétaires de l'île, EVAG1 DES B0> IDÉS \ i IHIT1 173 ,■! pi-, sque l< - possesseurs exclusifs du bétail el 'I"- Cochons. M. Pritchard l fail d'importantes affaires dans ce commerce qui, du reste, rentrerai! dans sa première spécialité, car la chronique assure qu'il étail d'abord garçon boucher. » \iu-i. i ii 1838, Dumonl d' Urville déclare que I»' bétail est assez abondant dans l'île pour pouvoir en fournir aux navires; on peul donc admettre que I»"- Bovidés étaienl acclimatés à cette époque il se reproduisaienl dans des conditions régu- lières. Son- le gouvernement de M. de la Richerie, an mouvement se produisil en faveur de l'agriculture en général el une somme fui allouée, en 1863, comme encouragement; la répartition île cette somme fui la suivante : 40.H0O francs. Caféiers à raison de. . . 1.000 IV. par hectare. 10.000 — Cacaoyers 500 — 2.000 — Cotonniers — i 000 — Cannes à sucre 100 000 — Prairies artificielles . . . 100 — ■ — Cocotiers 50 lu. 000 — Elevage. IS i 00 — Huile de coi 000 — Vanille. 900 — rabacs. 91.000 franc-. En réalité, l'i - aérai recevait 10.000 francs, aux- quels il faut ajouter les 2.000 francs alloués pour les prairies artificielles, soil un total de 12.000 francs de prim En outre, la libre pâture était permise à Tahiti el Moon malgré la rareté du fourrage, les animaux ayant de grands espaces à parcourir trouvaienl une nourriture suffisante et se développaient. La viande étail abondante et d'assez bonne Dualité. La libre pâture étail d'ordre général el concernai) tout aussi bien les Porcs [ue les Bœufs. Il y eut des dégradations, les Porcs I «1m mu i ni les plantations; les Bœufs, faute de fourra^ - infoucèrent dans les vallées ''i s'attaquèrenl aux féhis dont l Pritchard, missionnaire protestant 'Minent d l'Ile, et qui causa de nombreux ennuis au gouvernem Birmingham en I7'.M>. arrivé a Tahiti en 1824, investi des fonctions consul anglais pi ur li es de la Société, mort à Samoa en I8i BULL. SOI HAT. Al CL. PB. 1912 — 31 '<7î IT. CODRTET le fruit constitue une partie importante de la nourriture des indigènes. 11 y eut de nombreuses protestations contre les quelques propriétaires de Bœufs et contre les nombreux pro- priétaires de Porcs, et la libre pâture fut interdite par arrêté du 13 mars 1S77. sous peine d'une amende de 10 francs par animal arrêté, non compris les frais de fourrière. La libre pâture ne fut donc pratiquée que dans des cas exceptionnels, comme par exemple dans la vallée de Pa- pénoo, dont une grande partie appartient à la mission catho- lique. On aurait aussi conduit des Bœufs sur le plateau des Tama- nus. dans la vallée du Punaaru, à Punaauia, et les difficultés d'accès auraient fait abandonner l'élevage dans cet endroit. Nous n'avons pu savoir, dans notre excursion à ce plateau en 1887, si c'était avant ou après l'arrêté que cette tentative avait eu lieu. En 188-2, la libre pâture n'existait réellement que dans la vallée de Papénoo; il est donc à présumer que la tenta- tive du plateau des Tamanus a été faite avant l'arrêté interdi- sant la libre pâture. On peut considérer qu'à la même époque, la libre pâture existait aussi dans le territoire d'Atimaono, où l'on cultivait autrefois le Coton ; seulement, la partie traversée parla route de ceinture était palissadée avec des Bambous, ainsi que les parties latérales accessibles. La capture du bétail élevé librement dans des endroits aussi montagneux n'était pas chose facile, et il fallait employer des • procédés spéciaux, comme nous l'avons vu dans la vallée de Papénoo en 1880. Dans des endroits favorables, les indigènes installent, avec de forts poteaux fichés en terre, de larges entonnoirs se terminant par un couloir d'une cri (aine longueur et très étroit. Ils chassent sur cet entonnoir un ou plusieurs Bovins el les poussent peu à peu dans le couloir où. à l'aide d'une forte corde, ils sont attachés par la tète à l'un des poteaux. Après avoir fait tourner l'animal vers la sortie, ils l'emmènent, el c'esl alors une lutte continuelle entre les agiles Tahitiens el le Bovin. Cinq hommes au minimum participent à l'opération el celle-ci coûtait, en ISSU, dans la vallée de Papénoo, •"> piastres. I.' s statistiques qui ont été données sur l'effectif du in mi peau tahitien sont les suivantes : M. A. Goupil, dans la France col*- I. I l i:\ \'.l Dl S BO> 1 l Mil II niale L Rambaud, 1886), adonné le cfaifl ■ s pour Tahiti el lAooréa I . I . Notice sur Tahiti, à L'occasiou de I'Exj i d< l ». donne : 2.328 têteB en L884 l et 2.631 17. M. Seurat, dans bob travail sur Tahiti elle* ! français de VOcéanie, L906 (mission L902 190 . donne pour Tahiti un effectif de 1.300 à L.400 tètes. Nous avouons ae pas connaître L'effectif actuel l'.Ml troupeau de Tahiti. L< - effectifs donnés ci-dessus ae sont daiiieurs qu'approxi- matifs, car, eu réalité, on n'a jamais connu exactement nombre de têtes existant dans la vallée de Papénoo et il en de même pour le troupeau d'Àlimaono. La consommation moyenne de la viande de Bœui .. Tahiti »ez difficile à déterminer et elle a varié a mm- L'effectif des troupes des armées de terre el do mer. L'effectif du troupeau les importations. -i ainsi que, pendant la présence presque continuelle de L'escadre du Pacifique avant La prise de pos Iles sous 1.' Vent en 1888, la consommation annuelle moyenne a été stimée à •"•< 0 têtes. Le poids vif par tête est estimé à _•'»<) kilo- :niij' s, el si on admet comme à la Noirvelle-Calédonie on rendement de •"',| p. 1(,<> en viande nette par tête, on a une con- sommation de 62.500 kilogrammes. Lorsque D amont d'Urville disait en 1838 que le bétail était déjà assez important pour fournir aux navires en quantité suf- fisante, il ne s'agissail pas seulement des navires de guerre - ournant ou de passage, mais aussi des baleiniers el des navires de commerce. A cette époque, quatre-vingts navires baleiniers <>u de commerce relâchaient <>n visitaient Tahiti chaque année et -'\ ravitaillaient. Les dépenses <\'^ navires fréquentant Les de-, en droits <•! en provisions fraîches, étaient de 50.000 piastres «Le 5 fr. 37 - 268.7CK) francs 3 . Actuellement ka consommation ne porte que sur Les Euro- péens de Phpeete et des environs immédiats, la population Mans le même on\ rage, M. Ch. Lemire dit qu'il y a pJ»s rib aux Marquises. (2) Pour Tahiti et Mooréa, statistiques colonia s» Du Pelit-Thou&rs -ur L* l 476 II. COURTE! indigène ne consommant la viande de Bœuf que par exception. En 1906, la ville de Papeete comptait 2. 4 il Européens auxquels on peut ajouter l'effectif de l'équipage de la canonnière /." Zélée, ou 95 hommes, soit un total de 2.536 Européens. En nous basant sur ce chiffre qui vraisemblablement n'a pas varié depuis 1906, si chaque Européen consommait 200 grammes de viande de Bœuf par jour, on aurait une consommation annuelle de lS:>.li,S kilogrammes, c'est-à-dire de 1.481 têtes pour Papeete. On admet d'une manière générale (1) que, dans un troupeau mixte, ou a chaque année comme bétail livrable : Bœufs 1 10 du troupeau et Vaches 1/30; en appliquant ces chiffres à Tahiti on a pour l'effectif moyen 1884-1897, soil 2.482 tel Bœufs 248 et Vaches 82, soit un total de 330 tètes. Si on prend le chiffre maximum donné par M. Seurat pour Tahiti, 1.400 tètes, on a, Bœufs 140 et Vaches 46, soil un total de 186 têtes. Depuis longtemps, on constate que l'effectif du troupeau tahitien est insuffisant, aussi l'importai ion du bétail sur pied s'est-elle imposée. En 1884, la .Nouvelle-Calédonie a même tenté d'envoyer du bétail a Tahiti, mais cet essai n'a pas été renouvelé. Lu semblable commerce ne pouvait se faire avec la Nouvelle-Calédonie sans qu'il soit créé une ligne commerciale régulière, car il n'était en réalité qu'un appoint. Aujourd'hui on importe des Bœufs provenanl surtout de la Nouvelle-Zélande, contrée depuis longtemps reliée à Tahiti par une ligne régulière de navigation. L'importation des Bœufs a été la suivante de 1902 à 1908: NOMBRE VALEUR PROVENANCE _ 129 34.251 fr Nouvelle-Zélande. ; 120 36.440 fr Nouvelle-Zélande. 1904 280 57.480 Tr Nouvelle-Zélande. 1905 219 54.993 fr Nouvelle-Zélande. 1906 179 . - fr. Nouv. Zélaude et un des États-Unis estimé 100 fr. 1907 162 31.903fr. et deux d'autres pays estimes 203 fr. P.I08 132 31.432 fr Nouvelle Zélande.- Moy. : ITi En 1884, L'importation a été de 11 tètes provenanl de la Nouvelle-Calédonie estimées 2.800 francs, el de 36 têtes pro* l Lafforgue. L'Elei mie. A. Cballamel, I L'ÉLEVAGE DES BOVIDÉS A TAHITI 17' venanl de l'étranger estimées 8.030 francs, soil un total de '»7 têtes estimées l<>.s;{i) francs. Le Qombrt' de peaux I ru tes exportées peul nous donner une idée approximative de la consommation de 1902 à 1908. Nous donnons donc les chiffres suivants : 1902 772 1903 701 I - m > ; I 1903 678 1906 6 1907 734 1908 859 Moyenne 7Ji> La moyenne des importations ayant. été de \~'t têtes, on a donc prélevé 552 têtes sur le troupeau de nos Ëtablissements en général. Le nombre de 552 têtes correspond à un troupeau mixte total de '«. 150 tètes. En admettanl nue les 7-20 tètes aient été consommées à Papeete. la consommation par Européen n'aurait été en chif- fres ronds que de ÎOO grammes par jour. L'élevage peul donc prendre une certaine extension, mais dément en vue <\>- la consommation locale et du ravitaille- ment des navires qui foui escale et qui feront escale après le percement de Panama que l'on escompte pour 1915. I suivre.) EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SEMES DES SECTIONS IIe SECTION. — OUMTHOLOGIK-AVICULTURE SÉANCE DU 1er AVRIL 1.912 Présidence de .11. M a g nu A d'Aubiissoii, président. Le procès-verbal delà dernière séance est lu et adopté. A propos de ce qui y a élé Inséré surl'élevage de M. le comte Potocki, M. Dannin tient à l'aire observer que le système employé a é!é inventé par sera père, et qu'il a été décrit dans l'ouvrage de notre collègue, M. André de Lesse, intitulé : Chasse, vageet piégeage. M. Dannin ajoute qu'il y a exagération dans le chitïre de 'd> œufs et que la moyenne est de 16. M. Debreuil parle ensuite des Oiseaux qui vivent dans les jardins de la capitale; il rappelle que M. J.-C.-N. forestier, con- servateur des Promenades de Pans, esl un ardent défenseur des Oiseaux; néanmoins il pense qu'il ne l'a ni pas, par un ex - de sentimentalité, laisser certaines espèces pulluler au point de devenir nuisibles. Ainsi, dit-il, les Moineaux causent, à Paris, de véritables dégâts; outre qu'ils empêchenl de nicher beau- coup d'Oiseaux insectivores, ils détruisenl certaines plantes, et il esl parfois impossible d'obtenir des ma-si(s de Bégonias, des bordures de Gnaphaliums, etc., qui sonl mangés par eux a mesure qu'ils poussent. Les Ramiers, donl le nombre considé- rable s'accroît chaque année, deviennenl très nuisibles. Au Parc Monceau, des Frênes séculaires onl fini par mourir. 1 s Ramiers mangeant, chaque printemps, leurs bourgeons. Il est relativemenl facile, ajoute M Forestier, de se protéger des dégâts des Pigeons dans le- massifs, il suffit d'entourer ces derniers d'un lil de Fer englué, élevé légèremenl de terre; les Pigeons, api'- s'j 'ire sali les pattes el le- plumes, n'j revien- EXTRAITS DES PROCÉS-VBRRAUJ DBS 8ÉANCBS DES SECTIONS VIS cent plus de l'année. Par contre, on ne connaît aucun moyeB de se protéger des Moineaux. i prouve que, c aime en toutes choses le vrai poui i question esl dans le juste milieu, et que, s'il convient de proté- les Oiseaux, il ne faut pas que cette protection soi le. Les mesures ne doivent pas être définitives et surtout n'être pas semblables pour toute la France; c'est en les adaptant au moment, au* circonstances et aux régions qu'elles pourront produire tous Leurs utiles effets. If. Pichol rappelle que les Pies pullulent dans le Bois de Boulogne. 11 est évident, ajoute M. Magand d'Àubusson, qu'en tout il est impossible de donner des règles fia exemple, qu'un naturaliste allemand demande la protection îles mrneaux, notre collègue, M. Ternier, les dénonce comme très nuisibles dans les pays où on cultive le Cerisier. Au sujet des perruches ondulées bleues que M. Mérel se pro- se d'exposer, M. le comte d'< Irfeuille dit qu'il a écrit, comme il avait promis de le faire, à Mme de la Guérinière, au Mans, dan- le bul de recueillir des détails sur l'apparition de cette variété. M""" de la Guérinière ne peut malheureusement donner aucun, ayant eu par héritage les premiers exemplaires qu'elle a possédés M. Vincent ajoute qu'il y a une douzaine d'années, il a été estion de la Perruche ondulée bleue dans le Bulletin notre Société; non- assistons à une nouvelle apparition de te modification dans le plun M. Chappellier montre des œufs io dont le vitellus est r; on sait que cette coloration dépend de la nourriture l'< liseau. Depuis la dernière communication faite par M. I*. A. Pichot :herches auxquelles M. Beal s'est livré pour se rendra compte de la nourriture des Pics d1 Amérique, notre collègue a a un travail complémentaire d'un autre attaché an Buw d'Etudes biologiques des Etats-Unis, M. Macatee, quia eneon eux précisé les altérations que les ponctions des buveurs A 480 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION sève causent aux différentes essences forestières. M. Macatee a examiné l*un après l'autre tous les arbres attaquéspar ces Oiseaux et a pris de très curieuses photographies des déformations qui en sont le résultat. Ses conclusions sont conformes à celles de M. Beal, mais il a mis en évidence certaines entreprises des Pics en général contre les bois utilisés dans les constructions et nous montre la charpente d'une école qui fut tellement criblée de trous qu'il fallut l'abattre pour en construire une neuve. De plus, les poteaux de télégraphe ou de téléphone sont très recherchés par ces Grimpeurs pour y creuser les trous où ils font leurs nichées. Le Mélanerpe à tète rouge et le Centure à front jaune recherchent particulièrement ces poteaux pour nicher; l'endroit est sec sans doute et ils sont aux premières loges pour savoir ce qui se passe dans le monde. Dans le Texas, il y a peu de poteaux de télégraphe qui ne contiennent un nid de Pic, et il y en a quelquefois dix ou douze dans le même poteau. Ces Oiseaux y creusent encore des trous plus petits, comme dans la charpente de l'école ci-dessus, pour y enchâsser les noix dont ils font provision. Ce qui semble attirer les Pics vers les poteaux de télégraphe, ce sont probablement les bruis- sements causés par les fils, qu'ils croient être produits par des Insectes. Dans ces cas, le trou est poussé tout droit, mais il est prolongé en bas dans le cœur du poteau et évidé en poche, s'il doit servir de nid. Ces excavations ne compromettent cepen- dant pas trop la solidité des poteaux sur lesquels on a exerce des tractions de 2.500 livres avant de les faire casser. Dans un cas où la traction fut poussée jusqu'à 3.1500 livres, c'est la corde qui se rompit et non le poteau, et, de l'avis unanime, les ser- vices que les Pics rendent, comme destructeurs d'Insectes, doivent leur faire pardonner quelques ravages dans les bois de charpente. M. Macatee préconise du reste l'emploi de nids arti- ficiels faits dan> des bûches naturelles, que l'on pose partout où les travaux des l'ies seraient à redouter; ils ne manquent pas de les adopter plutôl que d'être obligés <\'<-\: creuser eux- mêmes. Pour ce qui est des buveurs de sève, la question est toul autre ; on peut se défendre de leurs entreprises au moyen de treillis de lil de 1er mi en badigeonnant les troncs avec de la bOUSe de vache ou de la colle de poisson ; cela aelive la cicatrisation des bleSSUreS el donne de bons résultats dans quelques vergers, mais cela n'esl pas applicable sur une grande quantité d'arbres el alors il faul tuer les buveurs de sève an EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 181 fusil ou les empoisonner avec delastrychni [ue l'on mélange à du miel et donl on barbouille les tr îs ou qu'on introduil dans les pondions fraîches auxquelles l'Oiseau a toujours une tendance à revenir, mais ce moyen radical a pour effel d'être ilemenl funeste aux Oiseaux-mouches el aus Becs-fins qui se laissent tenter par les matières sucrées. Vprès cette intéressante communication, M . Vincenl présente deux exemplaires vivants de Perdiçula asialica, et parle des caractères de relie espèce et des différences du plumage dans les deux sexes. /.. Secrétaire, COMTK n'( >i:i i i n.i i . I\ SECTION. — ENTOMOLOGIE Si USCE ni 1 1 MARS L912. Présidence de M. Clément, président. La parole esl donnée au secrétaire pour la lecture du proi verbal de la séance précédente qui esl adopté. M. Chappellier, au sujet delà communication de M. Clément sur les - Petites Noires . demande si ces Vbeilles ont été disséquées, pour en connaître la structure exacte, de manière à se rendre bien compte des différences intimes qu'elles pour- raient présenter avec les autres Â.beilles. .Nous xoyons pas que ce point précis ail été examiné : l'un de aos collègues pour- rail se laisser tenter par la curiosité de cette ai lalie, el rechercher toutes les particularités qu'elles présentent. M. Semichon a fail l'élevage d'un" \beille solitaire : Osmia muta Linné, et étudié méthodiquement L'effet delà réduc- tion de nourriture chez la larve sur la morphologie de L'adulte. lia constate que les individus moins nourris se distinguent des individus normaux par la réduction des saillies superfi- cielles du tégument, en particulier des cornes de ï Osmia cornula, 582 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION et par le volume de l'abdomen proportionnellement plus petit que le thorax cl la lète. 11 y a lieu de se demander si les « Petites Noires » de l'Abeille domestique ne seraient pas une forme résultant d'une alimentation insuffisante. M. Clément hésite à accepter cette idée d'une influence de régime, qui amènerait forcément des variations plus ou moins grandes dans chaque individu, tandis que ces « petites noire- son t exactement semblables par milliers d'exemplaires; il faut donc trouver une autre cause. M. Le Fort présente une note du journal les Halles à propos de la Cochylis et de l'Eudemis, et bien que dans le dernier compte rendu nous ayons longuement traité cette élude, il est de toute nécessité, pour que la question demeure entière, de revenir sur quelques points spéciaux. Nous avons dit les ell'orls tentés par les différentes stations pour la destruction rapide et complète de ces Lépidoptères; or, d'après le rapport présenté par M. le professeur Marchai au ministre de l'Agri- culture, nous voyons que M. Chatanay, directeur de la station de Châlons-sur-Marne, dont le zèle est au-dessus de toul éloge, a réussi, dans une très large mesure, parle piégeage lumineux. Il est de l'ait que dans un réseau bien établi, comme le réseau électrique de Verzenay, on peut estimer que la majeure partie dr< Papillons, éclos depuis la nuit précédente sur la partie éclairée, se trouvent capturés ; la réduction d< la ponte peut être évaluée à 50 p. 100. A la station de Blois, M. Vezin a également obtenu des résultats très favorables avec le piégea lumineux, alors que les émulsions de pétrole, d'essence, d'huile, de suif are de carbone restaient à peu près inefficaces; mais ce qui doit toul particulièrement retenir noire attention, -I la remarque l'aile par .M. Paillol. directeur de la iiun de Beaune, el nous ne saurions trop insister sur cette découverte, qui obligera nos viticulteurs à rompre avec une routine si préjudiciable à leurs vrais intérêts. A la station de Beaune, l'attention de M. Paillol fui attirée par la présence de la Cochylis sur des arbustes divers el en particulier sur les Cornouillers, donl les haies peuvent héberger un grand nombre de Chenilles; en outre, les buissons sonl favorables an\ Papil- lons delà Cochylis, el leurfournissenl leconverl el La fraîcheur qu'ils recherchent; de sorte que la contamination des Vignes EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÊAlfCES DES 9ECTÏON8 183 esl généralemenl plus grande dans leur voisinage. Pourquoi alors conserver près des Vignes de ces haies don! l'utilité esl contestable, el qui cachent dans leur retraites tan I drennec de nos vignobles ' Ne serait-il pas plus i de dénuder un peu plus le terrain, et de ne laisser ponsser que les arbus terne dI indispensables, si tant esl qu'il ru existe? Aux vigne- rons «le Beaune d ru faire l'essai. I 1 1 1 i ii . d'après M. Marchai, 1rs traitements qui se 3onl montrés les plu- efficaces sonl les traitements ;i base de nico- tine el de pyrèthre. La nicotine surtoul produit les meilleurs effets nu moment de l'éclosion des Chenilles; le pyrèthre, associé au savon noir, parait être le meilleui insecticide pendant la période des dégâts. M. Bugnion dajis mie lettre du 11 février I9i2, datée de Paradenya Ceyian , dit qu'il a obtenu de nombreux Nycteribia parasites des flyingfoxes Roussettes), ainsi que des Termito- tenias, roiii osaux '1rs l'en m i l rs. et qu'il a l'ail diverses jervations anatomiques mu- ces Insech M. Debreuil donne lecture d'un travail du professeur E. Bu- gnion, membre rnrrr-pMnd.ni! de la Société, intitulé le bruissement des Termites . I ertains Termites soldats ont ituuir. lorsqu'ils sonl inqniétés, de frap] urs man- dibules, "H peul-êli c leur menton, une série de petits coups produisant ainsi une sorte de bruissement. Ce bruit, vrai signal d'alarme, est, si les circon - -<>nt favorabL perçu par 1rs ouvriers qui r tôt, r! prennent des mesures de précaul ion. i '<> bruissement très marqué esl produit par exemple par 1rs Termites Iburrageurs du genre Hodotermes au cours de leurs expéditions à découvert, lorsque ces Insectes sonl me m dérangés. Quelques indications relatives au bruissement Hodoii'rmen se Irouvenl déjà dan- les anciens ouvi a de Konig 1770 el de Smeathma\* I7K1). Les armées du Termite coupe-feuilles T. Silljeborgi de l'Afrique Iropicale donnent lieu à un phénomène analogue; on peut voir à ce suj I les observations de SjOstedl 1900). Escherieh 1900), au cours de son voyage en Vbyssinie, rap- le que laillanl un jour une termitière de Tei nés bel il perçut un son qui, à chaque coup <\>' pi iche, répondait de BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION l'intérieur; cette termitière étant très sèche, les meules formées de débris de bois agglutinés étaient assez dures pour pouvoir au moment où les Termites frappaient à leur surface trans- mettre les vibrations à travers les parois. Les observations personnelles du professeur Bugnion se rapportent au Tenues obscuriceps de Ceylan. Visitant un jour une petite ile inhabitée sur le lac d'Amobalangoda, M. Bugnion perçut tout à coup une sorte de bruissement ; s'étant approché' de quelques pas, il aperçut une colonie de T. obscuriceps installée sous de grandes feuilles desséchées, tombées d'un Arbre à pain : le bruit, roulement prolongé pendant quelques secondes, provenait manifestement de petits coups secs ti. ppés par les Termites à la face inférieure des feuilles. L ne deuxième observation se fit à l'intérieur d'un bungalow. Un mur fait de terres durcies ayant été envahi par les Termites, on avait placé dans l'angle de la pièce une caisse soutenue par un support : celle-ci avait été remplie de morceaux de bois dans le but d'attirer les Termites à l'intérieur cl de pouvoir les brûler: l'intendant de la plantation, étant entré quelque temps après dans ce local et ayant fermé un peu brusquement une armoire, entendit un bruissement qui venait de la caisse. M. Biignion ayant répété l'expérience vit que le bruit était produit par les Termites: c'était un roulement égal, prolongé, coupé de petites saccades, se répétant d'une façon distincte chaque fois que l'on frappait contre le bois, ou que l'on parlait un peu fort; sa durée étail tantôt de deux à trois secondes, tantôt même de cinq à six. Cette dernière observation sera. mme on voit, très facile à reprendre : il suffira de placer auprès d'une termitière de 7. obscuriceps une caisse soutenue un support, remplie de morceaux de bois, el de la relier avec l'intérieur au moyen d'un Bambou; les Termites, toujours avides de bois, ironl s'établir dans la caissette; ce résultat obtenu, l'observateur s'approchera avec précaution à la tombée d la il ii if : (humant alors de petits coups à la paroi, ou parlant à haute \oix auprès de la caissette, il percevra certainement le bruissement. Il suffil d'ailleurs, pour faire parler les Termites, 'inrr une meule de la termitière et, après l'a voir apport.. à la maison, d'en mettre quelques frag nts sur un plateau. ayant soin de les couvrir de papier d'emballage; les Termites qui se déposent contre la feuille répondeni à la tindre excitation, Si, par exemple, on donne avec le doigl un EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX D 3 - INCES DES SECTIO - coup sur le papier, lepetil roulement se rail entendre aus soulevant alors le bord du papier el s'aidanl d'une loupe, voit qu'au moment de frapper, le rermite soldai relèveunp ta Lête, puis La baissant brusquement, el tenant les mandibu - rement écartées, donne une série de petits coups; il - d'un seul soldai bien disposé pour que l'on puisse perce bruissement à dislance; le mouvement esl si rapide q difficile de dire si les coups sont frappés avec les mandibules au moyen du menton. Le menton, pièce basale «lu labium, - ri un h n le sait, plus allongé chez le soldat que chez l'ouvi et « 1 1 1 u «* structure plus solide, soudé par ses bords. Du moment que les Termites font des signaux d'alarme moyen de bruissements, ceux ci pour être utiles doivent ■ entendus. Dans une des observations rapportées ci-dessus, ["ermites faisaient le bruit qui leur esl propre, uon seulei en lorsqu'on frappait contre la caisse, mais encore, se plaçan environ un mètre de distance, ACCLIMATATION notre argument par la petite note suivante que nous sommes heureux d'insérer pour l'utilité de nos amis et qui nous montre avec quel soin notre collègue conduit ses expériences : La Sectiona bien voulu s'intéressera la communication que je lui ai faite sur les appâts parfumés qui plaisent aux Insectes et les capturent, mais elle a pensé que ce procédé ne pouvait pas rendre service aux entomologistes; cette opinion provient d'un manque d'explication de ma note à ce sujel. Le piège que j'ai adressé à la Section, rempli d'Insectes de toutes sortes, est avant tout un instrument de destruction, el, en effet, quand il a fonctionné pendant plusieurs mois, il ne contient plus qu'une masse d'Insectes agglomérés, infecte parfois et dans laquelle les Insectes sont assez difficiles à déterminer. Mais si j'ai dit et si je confirme que ce procédé pouvait en outre rendre des services aux entomologistes et aussi aux praticiens, en leur précisant la nature des espèces dont les attaques sont à craindre, suivant les saisons, c'est que dans la préparation du piège dans ce but, il y a une question de mesure. Il y a grand intérêt à connaître et surtout à captu- rer ces Insectes minuscules ailés, Diptères, Hémiptères, etc.... à pe'inc visibles, surtout ces mâles auteurs de générations parthénogénétiques; pour cela, une préparation spéciale de l'appât est tout indiquée. Si l'on veut déterminer par périodes plus" ou moins courtes la présence d'Insectes plus ou moins gros avant toute altéra- tion, le moyen à employer est bien simple : il s'agit de trans- former l'appât plastique en liquide plus ou moins ûuiée el de ne pas laisser les Insectes s'y putréfier. On les retire en versant le contenu du piège sur un linge lin, on lave à l'eau tiède alcoolisée, et Les prises se précipitent propres el reconnais- sablés au fond du récipient au-dessus duquel on opère; on peut employer tous moyens analogues. C'esl ainsi que j'ai pu prendre en grande quantité et dans leur jeune âge des Insectes très nuisibles comme Caratites edpitata qui gâte nus fruits, ainsi <|ue des ailés de Fiorma Camelliae si redoutables pour certaines plantes, l'our prendre ces sortes d'Insectes qui, sous nos clayonnages Mes étendus, constituent parfois de véritables essaims, mais éphémères, j'ai pendu des carreaux enduits de gomme et d'huile, sur Lesquels venaient se coller, pousses par Les vents, tous i ailés; on peut ainsi Les déterminer et connaître, ce qui est EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 187 important, l'époque de leur essaimage; c'est une indication précieusi . il esl vrai, mais noc ane capture suffisante comme protection. La solution visqueuse el sucrée que recommande la Société d'Agriculture esl un bon procédé mais elle devienl rapidement aigre el n'attire plus les Insectes. Doit-on prendre les Mouch avec du vinaigre? La question reste à résoudre. L'intérêl des recherches en cours réside dans la préparation différente des appâts odorants el attractifs, suivanl l'époque d'apparition des Insectes el leur nature. Quant aux terribles propagateurs des maladie- qui affectent l'homme el les animaux, dans les pays intertropicaux surtout : Moustiques, Glossines, Mouches Tsé-Tsé ou autres, Slégo- mies, etc., peuvent-ils être attirés par (\<>* émanations d'une autre nature. c'est-à-dire par une préparation non empruntée au règne végétal? La difficulté est de conserver de la chair el du sang sans altération, en un mut de maintenir le principe d'attraction des Insectes de celte catégorie qui recherchent gens et bêtes. Je trouve à l'institul Pasteur d'Alger maintenant situ»'' sur le domaine du Hamma un précieux concours pour cette étude. » M. Fabre ayant émis l'opinion que le Grillon d'Italie était peu répandu dans le nord de la France, M. Mailles affirme avoir vu quantité de cet Orthoptère dans les plaines de Saint- Maur, mais de couleur blanchâtre et ayant une stridulation li douce, les ailes déployés. M. Clément pose la question de savoir >i c'est bien le même (îrillon : peut-être serait-ce le '/ yllus pellucens de Scopoli ; seul, M. Le capitaine Finot aurait pu, avec sa compétence reconnue, trancher la question ; malheu- reusement la mort île nuire cher ami laisse, pour l'étude si ardue des Orthoptères, une place vide que personne ne semble vouloir occuper. /.,• Secrétaire, Ahbe (,. Foi CHER. BIBLIOGRAPHIE Études sur les gisements de Mollusques comestibles des côtes de France. M. le professeur Joubin a bien voulu offrir à la bibliothèque de la Société sept dos mémoires déjà publiés par lui dans le « Bulletin de l'Institut océanographique », sous le titre: Etudes sur les gisements de Mollusques comestibles des côtes de /ronce. Ce magnifique travail présente un intérêt considérable, tant au point de vue de la zoologie pure qu'à celui des applications pratiques, particulièrement en ce qui concerne l'industrie ostréicole et la mytiliculture, et il constitue un excellent inven- taire des ressources fournies à l'alimentation par la faune malacologiqué de notre littoral. Des cartes à grande écbelle, établies avec un soin minutieux, indiquent, à l'aide de couleurs el de signes conventionnels, les gisements de toutes les princi- pales espèces de Mollusques côtiers comestibles, fruits de longues et patientes recherches, les renseignements fournis par ces cartes et par le texte qui les accompagne ne sont pas qu'une sèche énuméralion des points hébergeant telles ou telles espèces. On y trouve des observations d'un haut intérêt relati- vement à l'influence de la nature du sol sur la composition de la faune ; elles montrenl que les espèces, loin d'être distribu» - au hasard, ne se rencontrentque dans les endroits qui répondent à certaines conditions biologiques très précises. Les régions décrites dans les mémoires offerts à la Société sont (par ordre de publication) : La côte nord du Finistère, le Morbihan oriental, la côte de Tréguier à Paimpol, l'île de Bréhat, la baie de Saint-Brieuc, la baie de Cancale el la presqu'île «lu Cotenlin. Nous devons de vifs remerciements à M. le professeur .loulou pour ce très aimable envoi, el nous osons espérer qu'il voudra bien accorder, de me, a la Société, les fascicules restant encore à publier de son si intéressanl travail. Et. W . / e Gérant : A. \i on : iiei \. Paris, — !.. Mu.. imprimeur, I, rue i llKMil COURTE! C'est un des meilleurs artisans de noire œuvre, une phy- sionomie >> mpathique entre toutes qui vient de disparaître. Officier d'administration coloniale, Henri Courte! avail passé une partie de son existence dans nos possessions d'outre-mer; il avail pris pari à la conquête du Dahomej el de Madagascar el parcouru Tahiti, la Cochinchine el le Sénégal. Sorti de l'école à l'âge de douze ans, il s'était instruit sans le secours d'aucun niaitre et ne devait qu'à lui seul l'ensemble des connaissances scientifiques qu'il avait acquises grâce à une singulière puissance d'observation et une heureuse aptitude a l'étude «les sciences naturelles. Durant ses séjours aux colo- nies, il avait obéi à l'attrait puissant qu'exerçaient sur lui la Zoologie et la Botanique: il avail beaucoup vu el beaucoup retenu, el revenait de chacun de ses voyages avec une ample moisson d'observations tant sur l'ethnographie que sur la flore et la faune des régions qu'il avait visitées. Il était donc tout particulièrement désigné au choix d Auguste Chevalier lorsque le distingué explorateur se l'adjoi- gnit comme collaborateur, quand il entreprit, en 1902, cette remarquable mission au Chari et au Tchad, dans le bul d'étudier les ressources économiques de notre empire centre africain. G'- fui la dernière expédition à laquelle prit part Henri Courte! ; il en revenait soutirant de maladies déjà contractées au cours de ses précédents voyages et désireux de jouir d'un repos que les servicesrendus ànotrepaysjusti fiaient amplement . C'esl a ce momenl qu'il devint le collaborateur assidu de notre Bulletin, l'un des plus ardents défenseurs de l'œuvre de propagande coloniale que nous avons entreprise. Aucune ques- tion de Botanique ou de Zoologie appliquée, aucun problème inléressanl l'avenir économique de la France ne le laissaient indifférent, et, à chacune de nos séances, il apportait la contri- bution de son expérience et l'attrait de ses judicieuses obser- vations. D'abord Agenl général de notre Société, puis Surveillant général du Muséum national d'Histoire naturelle, il apporta dans l'exercice de chacune de ses fonctions, l'ardeur au travail, l'affabilité souriante, qui attiraienl à lui la sympathie de lous. Il meurt à cinquante-trois ans, Offrant l'exemple d'une vie de désintéressement et de labeur opiniâtre, consacrée tout entière a la recherche el au développement des richesses écono- miques de notre pays. M. I.. BULL. soc. nu. ACCL. ni. 1912. — 32 LE MOUFLON DE CORSE {Ovis Musimon Scureb.) ET SON ÉLEVAGE Par CH. BRUNOT Inspecteur général des Services administratifs du ministère de l'Intérieur. Le Mouflon de Corse est en voie de disparition, et Ton est réduit à escompter sa domestication aléatoire pour sauvegarder la survivance de cette espèce compromise. La rareté actuelle du Mouflon est établie par toutes les cons- tatations récentes : notre Muséum national qui possède un mâle, n'arrive pas à lui fournir une femelle ! Cette pénurie est d'autant plus regrettable qu'elle atteint exclusivement les amateurs français, car ce gibier d'origine française est acclimaté et se reproduit, depuis plusieurs années, dans le massif montagneux du Harz, en Prusse. C'est M. Oscar Tesdorf, de Hambourg, qui vers 1900, a réussi à importer, acclimater et faire reproduire en cette région, un troupeau aujourd'hui florissant. (Congrès de la Chasse de Vienne, 1910. Section II, rapp. n" 3.) Pour mener à bien cette expérience d'acclimatation du Mouflon de Corse, M. Tesdorf avait des avantages dont nous sommes, en France, démunis : une législation protectrice de l'élevage et des mœurs rurales non orientées vers la destruction. I ne entreprise comme celle de M. Tesdorf ne pourrait réussir, en France, que dans la condition toute spéciale d'un parc clos, séparé des héritages voisins. Mais il n'existe pas dans nos montagnes, de parc à la fois clos et d'assez vaste super- ficie pour se prêter à une telle entreprise. A défaut de parc continental, il en est un qui se prêterait parfaitement à une telle entreprise, c'est le parc insulaire formé par l'île du Levant, L'une des Iles d'Hyères : par son étendue 900 hectares , par ses réserves d'eau (5 sources) par son climat même, l'île du Levant offre des chances de succès oettemenl supérieures;! celles du massif du Harz prussien. Inhabitée en dehors du phare, du sémaphore et des services postaux en tout. I î personnes), elle offrirait aux Moulions reproducteurs une tranquillité favorable au développement I 1.1 MOUFLON DE COHS1 191 naturel do troupeau; d'autre part, les borda escarpés de l'Ile du Levant «mi rendent l'accès difficile aux braconniers, alors que la surveillance des douaniers de la côte continentale, s'oppo- serait à l'importation en maraude. L'île 'lu Levant apparaît do m' comme la terre d'élection pour un élevage méthodique et rationnel du Mouflon de Corse. Or, cette lie du Levant appartient en majeure partie à l'administration de la Mari ni' "m lice tares et le chemin principal continuanl a appartenir à un sujet belge, M. Otlet . La Marine, jusqu'à ces dernières années, utilisait l'Ile (rocher du Lizerol pour ses tirs de mer et pour des exercices de débarquement, et elle se refusait dépêche ministérielle du 28 juillet 1893) à toute concession de droits privés à des particuliers sur cette lie. Mais, dans ces dernières années, la Marine nationale a aban- donné les tirs sur le Lizerotetles compagnies de débarquement n'opèrent plus sur les rives, presque inaccessibles, de l'île du Levant. Lors de mon dernier passage à Toulon, j'ai eu l'honneur d'être reçu par une très haute autorité maritime qui, à titre purement officieux et sous toutes réserves des décisions supé- rieures, a bien voulu me déclarer que, dans les circonstances actuelles, aucun obstacle décisif ne paraissait s'opposer à l'utilisation que j'avais en vue. J'ai même reçu le bienveillant conseil d'introduire dans ma demande imminente ces deux clauses, de nature à calmer d'éventuelles objections : l" clause de résiliation avec six mois de préavis; 2° engagement de ne concéder aucune sous-location, directe un indirecte, à un étranger et d'une façon générale à tonte autre personne qui n'aurait pas été préalablement agréée par la Marine. C'est en s'inspiranl de ces bienveillantes observations qu a été rédigée une demande de concession que j'ai eu l'honneur de soumettre à la haute appréciation de M. le Ministre de la Manne. La section de Mauimalogie, après avoir entendu la com- munication ci-dessus présentée par M. Brunot, a éiui^ le vœu suivant : La Société nationale d'Acclimatation, en sa séance du lundi i mars 1912; V.I-2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION « Ouï M. 'Charles Brunot en sa communication; considérant que le Mouflon de Corse (Ovis musimon) est menacé d'une dispa- rition prochaine sur le territoire français, et que les mesures conservatoires tendant à sauvegarder la survivance de cette espèce remarquable méritent les plus exprès encouragements; « Considérant que les essais d'acclimatation réussis en Alle- magne par M. Oscar Tesdorf dans le massif du llarz démon- trent que l'acclimatation de YOois musimon est possible hors de son pays d'origine; « Considérant que l'île du Levant, de l'archipel des îles d'IIyères, offre, à tous égards, des conditions naturelles capables d'assurer le succès de l'acclimatation de YOois musimon] « Considérant que les expériences d'acclimatation projetées dans cette île ne semblent devoir apporter aucune gène aux services qui y sont installés; qu'au surplus, M. Brunot haut fonctionnaire de l'état, officier de la Légion d'honneur, offre par sa longue carrière administrative et sa situation person- nelle toutes garanties aux scrupules éventuels des pouvoirs publics ; « Considérant qu'il s'est déjà signalé par d'autres élevages qui lui ont valu les distinctions spontanées du ministère de l'Agriculture; «. Que dans ces conditions, sa tentative salutaire mérite d'être nettement encourager; <' Emet, à l'unanimité, le vœu que le territoire disponible de l'île du Levant soit mis à sa disposition par les pouvoirs publics compétents, pour l'élevage et l'acclimatation du Moutlon de Corse et plus généralement de tel autre animal inoffensif dont l'importation dans l'île pourrait donner d'heureux résultats; « Fait et délibéré en séance, le 4 mars 1912, au siège de la Société. » ÎMHK LE CIRCAETE JEAN LE BLANC Par PAUL PARIS Préparateur a la Faculté des Sciences de Dijon. Si tout If inonde esl d'accord pour reconnaître les grands services que nous rendent les pet ils ni-eaux, il n'en e-i pas de même do l'utilité que peuvent avoir pour nous les représen- tant- il.- certains autres groupes, les Kapaces particulièrement Si le- Slrigiformes ont encore pour eux une très forte' majo- rité, il D'en ''-i pas de même pour les Accipitriformes; c'est à peine -i quelques voix s'élèvent pour la défense de quelques .-.[Mit-. Les méfaits de plusieurs d'entre eux reportés sur l'ensemble, l'exagération des dégâts des autres, la confusion des espèces, ont beaucoup contribué à donner à ce groupe une mauvaise réputation qui est loin d'être toujours justifiée. Il est certain que si l'Autour [Aslur palumbarius) el l'Lpervier Accipiter in'.sus) sont des espèces très nuisibles par la destruc- tion qu'elles font de gibier et de petits Oiseaux, d'autres comme la Buse Buteo buteo), ht Rondrée [Pernis apivorus), la Crécerelle (Tinnunculus tinnunculus), si elles n'ont pas la conscience absolument pure, n'en ont pas moins droit à notre protection par la quantité de petits Rongeurs et d'Insectes qu'elles dévorent. Il est chez nous un magnifique Etapace, dont la disparition est proche, si une protection spéciale ne vient le sauver, et qui pourtant ne mérite guère les poursuites incessantes dont il est l'objet : c'est le Circaète Jean le Blanc Circaëtus gallicus . D'un naturel peu sauvage, il se laisse facilement approcher a portée de fusil; d'autre part, il vient très bien au (îrand hue, genre de chasse qui devrait bien être sérieusement réglementé', car autorisé en principe pour la destruction des Rapaces nui- sibles, il ne sert en réalité qu'au massacre d'une Poule d'Oiseaux utiles. Le Circaète, d<>nl la diagnose est trop connue pour qu'il soit nécessaire d'y revenir ici, se rencontre un peu partout en France, sans être commun nulle part. Ne pondant qu'un seul (eut', il est, par suite de cette reproduction très limitée, dans l'impossibilité de pulluler jamais; <>n n'a donc de ce côté aucune crainte de lui voir commettre des dégâts importants. -494 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE Ij'aCCLIMATATION Son peu de vivacité et la brièveté de ses doigts montrent d'autre part que cet Oiseau ne peut s'attaquer qu'à des proies de petites dimensions et de fuite trop peu rapide pour pouvoir l'éviter. Le fait que le Jean le Blanc nous quitte en automne pour descendre en Afrique, pouvait faire supposer que l'ab- sence, pendant la saison froide, de sa nourriture habituelle dans nos pays, est cause de son départ; et c'est en effet une des raisons, puisqu'il est avant tout opbiophage. Cette qualité lui est d'ailleurs reconnue dans les dénomina- tions qu'il porte, dans la plupart des régions qu'il visite. Appelé quelquefois en France : « Circaète des Serpents », les Anglais le nomment : « Serpent Eagle, Snake Eagle » ; les Allemands : « Natternadler; Scblangenadler »; les Espagnols : « Coule- brera; Serpentanio » et les Arabes : « Mangeur de serpents: Ogob el Hanech (Aigle des Serpents) ». Voyons d'autre part ce que lui assignent les Ornithologues comme nourriture habituelle : Ternminck (1) dit que ses préférences vont aux Lézards et aux Serpents. Degland et Gerbe (2) : « Pendant l'été et l'automne, il fré- quente les marais (3) et se nourit de Mulots et plus particulière- ment de Reptiles nus ou ôcailleux. Un sujet tué près de Douai en octobre 1853 avait la gave pleine de grenouilles. Cinq ou six autres capturés vers la même époque dans les environs de Marseille et de Montpellier et examinés par M. Loche, avaient tous des Reptiles dans le jabot. — Enfin. M. Martin de Bellevue possède la dépouille d'un vieux mâle tué en juin, dans l'esto- mac duquel il a rencontré une Couleuvre à collier intacte longue d'environ un mètre. Il est donc acquis que le Jean le Blanc, pendant la belle saison du moins, fait sa principale nourriture de Reptiles. — 11 s'attaque même aux Insectes, trois sujets tués eu octobre 1839 et 1841, que nous avons eu rn d'examiner à ces deux époques différentes, avaient l'estomac uniquement rempli «le grands Insectes a élytres. » l Temmink. Manuel d'ornithologie, 2« édit., première partie, p. 47. Cousin, édit, Paris, 1840. _' |)f^l;nii| et Tierbe. Orniilmloqie européenne, t. I. p. 51. Baillière. édit. Paris, 1867. .; lu Bourgogne, Le Jean \<\ lil.nn ne visite jamais les marais, mais restfl confiné dans les grands boifl el la ivuiuii montagneuse. PO! R LE CIBI ABTE JEAH LE B! VNC 193 Le l> Savatier l : Sur quatre Jean le Blanc que j'ai obtenue morts et que j'ai ouverts dans le but de savoir ce que contenait leur estomac, je n'en ai pas trouvé un seul qui eût autre chose « 1 1 1 < - des delu'is il'' lieptiles. » Brehm - : Le Jean Le Blanc chasse surtout les Serpents. 11 les chasse avec une adresse innée et instinctive. — Mon jeune Circaète, écrit Meclenburg à Lent/., fond comme La foudre sur les Serpents, quelque gros et méchants qu'ils soient; de son bec, il coupe les tendons et les ligaments qui s'attachent a la tète, et le Serpent se trouve sans défense. Eu une matinée, il mangea trois gros Serpents, dont l'un avait près de lmUt)de long. Je lui ai donné à la lois des Serpents, des Hais, des Oiseaux, des Grenouilles; toujours il a sauté' d'abord sur les Serpents. » Marchant 3 : (Juand il arrive pour donner à manger à son petit, le jeune se lève et prend avec le bec la pâture qui lui est donnée, et qui <'st toujours un Reptile. Quand un des parents était tué pendant cet acte, avant que le petit ait reçu sa nour- riture, la queue du Serpent, et c'était presque toujours une Vipère, sortait un peu du bec, <'t elle n'avait que la colonne vertébrale de brisée, tout près de la tète. — Élevés en captivité, ils s'apprivoisent très facilement et se laissent volontiers caresser. Enfermés dans une cage à claire-voie, disposée dans la cour où l'on élève la volaille ils y laissent entrer, sans jamais leur faire de mal, les Poussins qui viennent s'y percher à côté d'eux. — Quand on leur présente, au contraire, un Serpent, ils manifestent une certaine émotion, il> s'agitent et se préparent à se jeter sur lui. D'une patte, ils le saisissent tout près de la nuque, de l'autre un peu plus loin, puis ils leur brisent a coups de bec la colonne vertébrale. Quand le Serpent ne remue plus, ils l'engloutissent alors en commençant par la tête. » Lacordaire î : Un vigneron de Marnoyqui en a tué un d'un 1 1 Savatier l>' . Note sur la ponte et les mœurs du Jean le lUanc. Aetet ëe la Société linéenne de Bordeaux, t. XXIII, 1864. 2 Brehm. Les Oiseaux, l-Mit. française par !.. Gerbe, t. I. p. 124. Bail- lière, '-'lit. l'ari.-. (3) Marchant i l»r . Catalogue des Oiseaux Le département de la Côte d'( »r seulement, il a été payé des primes pour La destruction de près de soixante mille Vipères | ,, et celles-ci sont loin d'avoir diminué de nombre. La présence dans ns région* d'un oiseau ophiophage y semble donc plutôt à désirer. 1 P.Paris. La Faune de la Côte-d'Or. XI/ Congrès Association Avan- cement des Sciences, hijon. 19H. LES GRENOUILLES DE PARC Par C RAVERET-WATTEL. Les tableaux des mercuriales, que publient les journaux spéciaux, mentionnent toujours, en indiquant le prix de vente des Grenouilles aux Halles centrales, deux catégories distinctes : les Grenouilles « de pêche » et celle dites « de parc ». Cette dernière appellation donne lieu de croire que, dans certaines localités, les Grenouilles sont l'objet d'un élevage industriel ou, tout du moins, d'une sorte d'engraissement; d'autant plus que les Grenouilles de parc, qui sont toujours cotées assez cher, justifient par leur forte taille et par le bel aspect de la chair, le prix élevé auquel elles sont vendues. J'ai donc pensé qu'il y aurait intérêt à renseigner à ce sujet notre 3e section, en recourant à quelque source d'information sûre. Deux mandataires aux Halles centrales, M. Grosperrin et M. Arthur Jeanmaire, s'occupant particulièrement de la vente des Grenouilles, m'ont paru pouvoir être utilement consultés. Je n'ai pas eu occasion de voir le premier de ces deux mes- sieurs, mais j'ai pu rencontrer M. Jeanmaire, qui, avec une obligeance pour laquelle je suis heureux de lui renouveler ici mes remerciements, a bien voulu me fournir des informations détaillées sur la question qu'il connaît très bien, avant été à même de l'étudier tout spécialement. Le département de la Vendée est, paraît-il, à peu près la seule région de France d'où sont expédiées aux Halles des Grenouilles de parc. Il en vient bien un peu d'une partie très limitée de la Loire-Inférieure, près du Croisic; mais la quantité en est insignifiante, et ce sont les environs de Saint-Hilaire-de- Riez (Vendée) qui constituent le grand centre de production de ces Batraciens. Il existe sur ce point d'immenses marais qui, pendant fort longtemps, restèrent tout à l'ail improductifs. C'est seulement depuis (pie l'on s'esl décidé à y creuser tout un système de grands fossés d'égout que l'on a réussi à tirer un revenu de cette région. Ces fossés, qui atteignent parfois plu- sieurs kilomètres de longueur, sont établis parallèlement entre eux et très rapprochés les uns des autres. Réunis à leurs extré- mités par une tranchée, ils forment, par leur ensemble, une LES GR] NOl H LES DB PARI 499 sorte de canal décrivant une multitude de Lacets, el dans [*-< | u<-l l'eau ne présente qu'un courant à peine sensible. On j trouve quelques Carpe- très petites, presque sans valeur, et dont la pêche n'est pas exploitée. Les vase? el la terre provenant du creusage des fossés ont rvi ù former, entre ceux-ci, «les sortes «le terre-pleins très étroits, sur lesquels est ordinairement cultivée de La Luzerne; mais, sur beaucoup de points, il n'y pousse que de l'herbe. La seule exploitation vraiment sérieuse de la région est l'élevage du Canard, elevwge qui s'y pratique sur une vaste échelle. Certains propriétaires ou fermiers possèdent jusqu'à 3.(H)i) Canards, parfois même davantage. Ces Canards, auxquels on ne donne pour ainsi dire pas de nourriture et qui ne vivent guère que de ce qu'ils trouvent à consommer dans les fossés et dans l'herbe des terre-pleins, ne rentrent pas toujours le soir à la ferme, el passent au dehors une partie de la belle saison. La superbe race des Canards de liouen a été introduite clans le pays, il y a déjà un certain nombre d'années, et elle y a parfai- tement reus-i ; aussi est-elle c\ peu près la seule qui y soit aujourd'hui cultivée. La grande majorité des Canards rouen- nais qui se vendent actuellement aux Halles de Paris pro- riennenl, parait-il, de ce coin de la Vendée. Dans celte région humide abondent les (îrenouilles, qui y deviennent même très belles, quand on leur laisse le temps de grossir, parce qu'elles trouvent beaucoup.de nourriture, et elles font l'objet d'un commerce assez important : mais ni les culti- vateurs, peu nombreux, du reste, ni les éleveurs de Canards ne n occupent. Ce sonl les gens les plus pauvres du pays qui s'adonnent à la pèche des Grenouilles, métier peu lucratif, attendu qu'il arrive souvent qu'un homme exercé à celle pèche ne réussit a prendre dans sa journée qu'une ou deux douzaines de Grenouilles, lesquelles lui sont payées i raison de 7 IV. ."><) le cent, parfois moins cher encore; le prix varie suivant les Baisons. Pour pouvoir circuler dans L'immense marais, au milieu du dédale de canaux, de fossés, d'égouts, où il n'existe ni barques ni pont-, ces pécheurs sont tous munis d'une solide perche, longue d'environ •". mètres; ils enfoncent dans le lusse qu'ils veulent traverser une des extrémités de la perche, puis - appuyant sur cel engin, ils s'élancent et franchissent l'obstacle avec la plus grande aisance, tout en étant chargé «h1 leur 500 bulletin de la société nationale d'acclimatation matériel de pèche, d'un sac contenant les Grenouilles, etc. Les femmes elles-mêmes, qui pratiquent souvent la pêche, n'ont pas d'autre moyen de franchir les fossés. Ces pêcheurs de Grenouilles vendent chaque jour leurs cap- tures à des individus, guère plus aisés qu'eux, qui centralisent les produits de la pêche pour les expédier sur Paris; ce sont les soi-disant « parqueurs ». Le rôle de ceux-ci est de conserver les Grenouilles jusqu'à ce qu'ils en aient suffisamment pour faire un envoi aux Halles, après les avoir triées pour les grouper par grosseurs, et leur faire subir une préparation qui en augmente la ^aleul' marchande» Pour conserver les Gre- nouilles, ils les mettent dans de très grands sacs en toile, qu'ils étalent à plat sur le sol, de façon que ces Batraciens ne forment jamais qu'une seule couche dans leur prison, où ils ne peuvent guère bouger. « Comme les Grenouille?, disent-ils, ne reçoivent pas de nourriture, il ne faut pas qu'elles puissent sauter, parce qu'elles se fatigueraient et ne tarderaient pas à maigrir. » Quand la quantité entreposée est suffisante pour faire un envoi, on assortit les Grenouilles par tailles, puis on les sacrifie pour ne garder que les cuisses, dont la préparation exige certains soins. Après les avoir bien lavées, pour faire disparaître toute trace de sang, on les plonge dans de l'eau aussi froide que possible, qu'on renouvelle au moins toutes les deux heures. Cette immersion, pendant laquelle elles absorbent beaucoup d'eau, a pour effet de les blanchir et, en même temps, de les rendre très grosses. Le talent de l'opérateur est de les laisser tremper juste le temps convenable. Si on les retire de l'eau trop tôt. elles ne gonflent pas assez, et leur chair prend des teintes marbrées qui nuisenl à la vente. Si, au contraire, on les laisse trop longtemps Immergées, elles ne conservent pas tout le volume qu'elles avaient acquis, parce qu'elles abandonnent une partie de l'eau absorbée et deviennent flasques, ce qui leur enlève toute valeur. Il n'y a, dit-on, que deux nu trois parqueurs connaissant parfaitement le métier et apportant dans leur travail le véritable tour de main nécessaire pour obtenir une marchandise irréprochable, c'est-à-dire ces très grosses Grenouilles, à chair bien blanche, qui se vendent d'ordinaire "i fr. r><) la brochette de douze. C'est pour justifier ce prix élevé que les parqueurs prétendent donner des soins particuliers de nourriture aux Grenouilles, qu'ils alimente- LES GREN01 [LL1 S DE PARC 501 nient, disent-ils, avec des farineux, avec du La.il caillé, des Limaces, etc. Pendant la saison froide, soit de novembre à février, on ae npture pour ainsi dire pas une seule Grenouille, les frileux Batraciens s'étant terrés pour se mettre à l'abri des gelées; il Le se vend donc guère, ii celle époque, que les sujets qu'on a mis en réserve pendant L'automne. Mais, au printemps, au moment du frai, on en prend au contraire de 1res grandes quantités, c'est le fort de la saison ; puis la vente diminue con- sidérablement à l'arrivée de l'été, parce que les Grenouilles se dispersent alors dans les cultures, où l'on ne réussit plus à les Capturer qu'en très petit nombre. En moyenne, MM. Grosperrin et Jeanmaire vendent chacun pour 150 francs de Grenouilles par jour; ce qui représente par an, léduction faite de la morte-saison, une consommation annuelle de 80.000 francs, rien que pour la ville de Paris. La quantité vendue est actuellement un peu moins forte qu'il y a quelques Innées, parce que les arrivages se font moins abondants. Les marais tendent, en effet, à se dépeupler, par suite de factivilé de la pêche; mais, les prix augmentant en raison de la rareté de la marcbandise, le montant des ventes se main- tient ton jours à peu près au même chiffre. Pour rassurer les personnes qui craindraient que des Cra- pauds fussent parfois mélangés aux Grenouilles >• de parc », disons que, d'après M. Jeanmaire. le l'ait est rendu impossible par la brièveté relative des pattes chez le Crapaud; la diffé- rence de conformation entre les deux Batraciens décèlerai I immédiatemenl la fraude. Un dernier détail est à noter en terminant. Chacun sait qu'autrefois nos voisins d'outre-Manche plaisantaient volontiers l'emploi, fait par nous, des Grenouilles dans l'alimentation; ils appelaient les Français des « mangeurs de Grenouilles ». Or, on compte aujourd'hui parmi les Anglais d'assez, nombreux amateurs de Grenouilles. Les meilleurs clients de MM. Gros- perrin et Jeanmaire sont, parait-il, les propriétaires de quel- ques grands hôtels de Paris, où descendent certains gourmets britanniques, parce que les cuisiniers de ces établissements ont la réputation de préparer <\v^ plats de Grenouilles particu- lièrement savoureux. UN CURIEUX CAS DE PRODUCTION DE LA. MORILLE Par R. LE FORT Lorsqu'il y a un mois, je donnais connaissance, à notre Société, de l'article d'un journal décrivant l'influence de la pulpe de la Pomme de terre sur la production du roi des Cham- pignons, la Morille, plusieurs de nos collègues se récrièrent en prétendant qu'il était impossible de soutenir une pareille thèse. Or, le 30 mars 1912, j'étais en Sologne, au Rriou, près de Menestreau en Villette (Loiret) et j'y fus témoin du fait suivant: chaque année, je fais du cidre, et lorsque, l'année terminée, il me reste quelques pièces qui n'ont pas été employées, je fais venir un bouilleur pour faire de l'eau-de-vie de cidre. Cet homme, depuis plusieurs année?, a choisi une place à l'ombre d'un grand Sapin, au milieu d'une allée sablée. Lorsque son alambic ne donne plus un degré d'alcool suffi- sant, il éteint les feux et renverse, sur le sable de l'allée, le restant du cidre contenu dans la cucurbite. Je fais remarquer que ce n'est que le liquide seul qu'il verse. Quelle fut ma surprise, en passant dans celte allée, d'y voir des Champignons! J'en récoltai, ce jour-là plus d'une douzaine et fus fort étonné lorsque je constatai que c'étaient des Morilles. Les jours suivants, d'autres poussèrent. Je demandai à mon jardinier s'il avait remarqué ce fail, mais il me répondit que n'ayant jamais vu, en Sologne, un Champignon semblable, il ne les connaissait pas et que, de plus, il avait soin d'arracher et de jeter au fumier les Champignons qu'il voyait dans cette allée. Je ne sache pas qu'il existe des Morilles en Sologne, c'est pourquoi je trouve le fait doublement intéressant. J'ai aussitôt donné des ordres pour que, dorénavant, au lieu de jeter les pulpes de Pomme, on les mette dans un jardin potager, étant curieux de constater les résultats qui pourraient se présenter. J'ai eu, du reste, le soin de recueillir et de présenter à la Section de Botanique de notre Société, quelques-uns des spécimens recueillis par moi et conservés dans l'alcool. L'ÉLEVAGE DES BOVIDÉS A TAHITI Par H. COURTET. Suite et fin (1). Pour que l'élevage puisse prendre l'extension nécessaire, il faut que le bétail trouve des pâturages suffisants, ou du four- rage vert ou see, cultivé et récolté en vue de lui fournir, faute de pâturages suffisamment étendus une ration journalière suffi- sante. Or, Tahiti, en particulier, et nos Établissements, en général ne sont pas très riches en pâturages; nous allons donc examiner la question fourragère. Cynodon dactylon. — Le principal fourrage consommé en foin est surtout le Cynodon dactylon (Chiendent). Ce fourrage a un grand avantage, c'est que la plante (lui le fournit sup- porte bien l'ombrage des Cocotiers et qu'il constitue par ce fait une culture secondaire pour les plantations de cette essence, il est donc précieux. Malheureusement, il résiste mal au piétinage des animaux, c'est-à-dire à la pâture libre en parcs fermés, c'est un fourrage à consommer en coupe, soit vert, soit séché. Le Cynodon n'est pas originaire de la Polynésie, il y a été introduit. Lors d'un premier voyage en 1802, E. Raoul a remarqué qu'il était assez rare (2). Lors de sa mission en 1887, il a constaté qu'il avait envahi toutes les terres à pâture de Tahiti en se substituant partout à la végétation herbacée pri- mitive. Il donne un bon foin et résiste bien â de fortes séche- resses. Le département de l'agriculture des États-Unis a donné l'analyse suivante : Eau I*,3 p. 10(1 Matières grasses 1,3 — pmtéiques H»5 — Hydrates de carbone 15,0 — Cellulose 19,9 - Cendres '»8 — (1) Voir Bulletin, !•» août 1912. _■ Manuel pratique des cultures tropicales. A. c.liallainel, 1893. 504 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION Comparaison avec le foin : Bon foin de prairie Bon foin de trèfle rouge . . Luzerne pendant la floraison Cynodon MATIERES MATIERES HYDRATES grasses. prott'-iques. de carbone 2,5 9," il. 4 •2,!) 13.5 37,1 2,6 14,2 29,2 1,3 11,5 45.0 Herbe de Guinée {Panicum altissimum, Panicum maximum). — L'Herbe de Guinée a été introduite à Tahiti après 1858, car Cuzent (1) n'en parle pas. Elle a été vraisemblablement intro- duite par le service de l'Artillerie, qui l'a utilisée pour la nour- riture des Chevaux et Mulets. Ce service possédait dans la la vallée de Sainte-Amélie ce qu'on appelait « le champ d'herbe » planté entièrement en Herbe de Guinée. En 1887, M. Poroï, adjudicataire du service postal entre Papeete et Taravao, créa pour la nourriture des Chevaux un champ d'Herbe de Guinée à chacun des relais, et un autre champ dans la propriété qu'il possédait dans la vallée de Tipaérui, auprès de Papeete. Il comptait se livrer dans cet endroit à l'élevage du Cheval. FOl'HHAHE VERT ANALYSE DONNÉE ANALYSE DONNEE par E. Raoul. par Eau 13,20 Matières grasses . . 0,34 — protéiques. 1,72 Hydrates de carbone. 11,28 Cellulose 10,97 Cendres 2,49 Vildeman 2 MOYENNE 74,91 71,05 0,20 0,27 1,20 1,46 11,03 11,15 9,88 10,1 ; 2,88 2,68 L'Herbe de Guinée résiste mal au libre pâturage des Chevaux qui la broutent trop près de la racine. Herbe de Puni Panicum molle). — L'Herbede Para fut intro- duite en 1887 par E. Raoul dans rOcéanie: orientale el particu-: lièremcnt à Tahiti. 1 Tahiti, par Cazent, pharmacien de la marine. Impr. Ch. Thèse, Rochefort, 1860. Compagnie DF \ il - grasses. protéiques. de carbone. Herbe de pâturages ordinaires. Trèfle rouge eu pleine floraison. Luzerne en pleine floraison. . . Herbe de Guinée Herbe de Para Canne à sucre o.s :',..'. 9,7 o.-; 3,4 9,4 0,8 3.9 9,3 0,27 1,46 1 1 , i :; 0,37 1,60 12,00 0,28 o 32 16,00 Patate douce. Les feuilles de la Patate douce peuvent être utilisées comme fourrage. On estime qu'un kilogramme de feuilles de Patates équivautà trois kilogrammes de foin ordi- naire. Nous ne possédons aucune analyse à ce sujet, el nous attirons simplement L'attention sur cette plante cultivée ;ï Tahiti sur une assez grande surface. Les tubercules peuvent èlre. donnés crus aux animaux. In fourrage particulier sur lequel l'attention a étéattirée, ce Boni les feuilles ou plutôt les jeunes brandies en feuilles du BULL. SOC. BAT. kCCL. PB. 1912. — 33 506 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Mapé hiocnrpus edulis) dont les indigènes mangent les fruits comme nous mangeons les châtaignes. Le Mapé est un grand arbre de la famille des Sapotacées. Selon E. Raoul, le feuillage de cet arbre a été, pendant long- temps, le seul fourrage de Tahiti avant l'introduction du Cynodon, de l'Herbe de Guinée et de l'Herbe du Para. Malgré cette déclaration, il ne faut considérer les feuilles du Mapé que comme un fourrage de fortune que l'on peut utiliser à l'occa- sion. Il y a dans l'île cinq variétés de Mapé. On peut cultivera Tahiti d'autres plantes fourragères comme le Maïs, qui y est cultivé pour son grain depuis longtemps, la Téosinte, le Sorgho, etc: Nous ferons seulement remarquer que ces plantes avec la Canne à sucre ne peuvent constituer des prairies permanentes comme le Cynodon, l'Herbe de Guinée et l'Herbe de Para; nous préconisons donc ces dernières de préférence. Comme on l'a vu plus haut, le bétail de Tahiti ne pèse sur pied que 250 kilogrammes en moyenne et ne fournirait que 50 p. 100 de viande nette. Il est évident que l'on peutaméliorer ce bétail par la sélection et un élevage méthodique. On peut aussi introduire des reproducteurs nouveaux, mais, dans cet ordre d'idées, il faut être très prudent, et nous conseillons d'abord l'amélioration par la sélection du bétail existant et de la méthode. C'est seulement lorsque cette pratique aura donné des résultats que l'on pourra songer aux. reproducteurs nou- veaux s'il y a lieu. Pour cela, il faut évidemment que l'Admi- nistration locale intervienne, soit avec des Taureaux lui appar- tenant, soit en primant les plus beaux Taureaux et les plus belles Vaches des particuliers. Quoique Tahiti jouisse d'un climat tropical, il est nécessaire que le bétail ait des abris pour la nuit afin de le protéger contre le vent frais hupé) descendant des montagnes vers la mer, qui commence dans la soirée vers 8 ou 9 heures, et souftle toute la nuit pour atteindre son maximum vers le lever du soleil. Ce veut est souvent très violent à l'embouchure des grandes vallées. H s'atténue ensuite pour être remplacé dans la matinée vers 9 ou 10 heures par la brise de mer. Dans les endroits ou ce vent est trop violent, il semble prudent de ne sortir le bétail «pie lorsqu'il est apaisé et que le soleil esl assea haut, c'est-à-dire vers 7 ou 8 heures du matin. EXTRAITS DES PROCÈS -YERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS l SEC! [ON. — MAMMALOGIE 5] VNI i: Dl I "' AVRIL 1912. Présidence de M. Tronessart, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Pichol communique une lettre, du directeur-adjoint du jardin zoologique de New -York qui, à la demande de quelques- uns des memlires de la Société, répond qu'il est très difficile de se procurer des Ondatras vivants et de les expédier en Europe. M. l'ai/. Fein a envoyé à M. Picliot une liste des croisements qu'il a pu obtenir à Ascania-Xova et invite les membres de la Société à venir \isiter ses domaines de Tauride. M. Loyer fait une communication sur une ferme de Renards à fourrure installée dans le Wyomingetqui parait donner des résultats intéressants. Cette ferme élève annuellement une centaine de Renards, répartis par couples dans des enclos d'où ils ne peuvent s'échap- per, lue sélection et des croisements judicieux permettent d'obtenir des fourrures de qualité satisfaisante. La peau est vendue à un ou deux ans. La reproduction se continue jusqu'à six ou lniil ans. La fourrure dt>s Renards captifs est bien supé- rieure à celle des animaux sauvages, car elle est beaucoup moins abîmée. Les eenl Renards élevés annuellement dans cette ferme valent de 50à 2.500 francs chacun. Une paire de Renards argen- tés particulièrement beaux a atteint 10.000 francs. La vente totale de l'an dernier s'est élevée à i(). 000 francs. Enfin les essais tente- dans cette même ferme pour élever en captivité des Moufettes Skungs) n'ont donné que peu de résultats. Le & lire de lnus mint na. 510 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Depuis 1908, existeàUfa, dans l'Oural, un quatrièmeètablis- sement s'occupanl surtout de la multiplication de Luciotru.Ua leucichtijs Giildenstadt, Salmonidé très voisin des Truites, (jui habite le Volga et quelques autres cours d'eau de Russie. C'est un Poisson migrateur, il se rend périodiquement dans la mer Caspienne et remonte en eau douce pour frayer. Au sujet de cette communication, la Section émet le désir devoir contrôler la méthode d'incubation entièrement nou- velle employée par l'établissement de Uftj-Luga. M. Raveret-Wattel fait ensuite une communication sur les Grenouilles dites de Parc et sur le prétendu élevage dont elles seraient l'objet en certains points de la Vendée. Eu réalité , il n'y arien d'autre que l'exploitation de circonstances natu- relles très favorables à la pullulation des Grenouilles, jointe au mode un peu spécial de préparation de ces Batraciens pour leur donner un bel aspect. Cette communication sera insérée au Bulletin. Le Secrétaire de la section. Despax. IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 15 AVRIL 1912. Présidence de M. Clément, président. A. l'ouverture de la séance et après lecture et adoption du procès-Yerbal de la séance précédente, M. Clément, président de la Section, propose à l'assemblée d'envoyer les plus cor- diales félicitations à nos collègues MM. Gadaud de Kerville et Bureau, nommés chevaliers de la Légion d'honneur. Tous les membres présents s'associent à cette marque de sympa- thie, et offrent leurs compliments pour cette honorable dis- tinction. M. Ir Président communique une petite note rectificative de M. Rivière sur une Coccidée, Antonina australis, que, par erreur, on a nommée Animiia : cette Coccidée du Cyperui rotundusa fail l'objet d'une bonne étude «le M. w. Froggatt, avec planche, dans From Agricultural Gazette <>/' A . >'. Walles, mai 1904. Il ne faul pas oublier que le genre Antonina & été I KTRA1TS DBS PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS '"> I I créé el bien étudié par par feu notre collègue, le l)r Signoret, entomologiste émérite. If. Rivière nous signale en outre que Les Rhizotrogues ou Vers blancs, les Douda des Arabes, onl fail L'an dernier de grands ravages dans Les champs de céréales, el onl rongé le collet des jeunes Vignes; ce printemps, c'est l'Insecte parfait qui s'attaque principalement aux nouvelles pousses de la Vigne el Les détruit avec La plus grande rapidité. Ces rava- geurs sont nocturnes, et le moyen le plus efficace de s'en débarrasser e-t encore Le ramassage de nuit à la lanterne, car, très vigoureux el très voraees, ils se moquent des enduits collants ; quant aux pulvérisations toxiques, c'est trop sou- vent un procédé dangereux sur des pousses encore l>ien tendres. If. Semichou fait une communication sur la durée de période de repos chez les [chneumonides et les conditions de leur parasitisme ; nous en donnons un rapide résumé : Il est d'observation courante que des Ichneumonides adultes peuvent passer l'hiver, plus au moins engourdis, sous les mousses et SOUS les écorces. Les individus rencontrés dans ces circons- tance- ont des réserves abondantes et ne semblent pas avoir commencé à se reproduire. Mais, une fois la fécondation ou la ponte accomplies, mâles et femelles ne peuvent survivre jusqu'à l'année suivante ; du moins, on n'en connaît pas d'exemple. La larve sortie de l'œuf d'un Ichneumonide peut, dans certains cas, ne devenir adulte qu'au bout dfi [dus de deux année- ; ce retard résulte principalement de la durée variable de la période de repos qui précède la métamorphose. Ainsi la progéniture de certains Ichneumonides peut deve- nir active à longue échéance, ce dont il importe de tenir compte lorsqu'on veut les utiliser pour la destruction d'In- sectes nuisibles ; les conditions qui permettraient d'obtenir l'ichneumonide adulte et mature à l'époque voulue doivent die précisées; elles sont incomplètement connues. Souvent les conditions extérieures de chaleur, de lumière, d'humidité, d'aération, auxquelles on soumet les larves en élevage modi- fient beaucoup la durée de la phase de repos et celle de leurs niétainorphos' ■- Mais l'élude de plusieurs centaines d'individus de Sphecth 512 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION phaga Vesparum Curtis a montré à M. Semichon que ces Tryphonides, pris dans un même nid de Guêpes à l'automne, se comportaient sensiblement de même dans chacun des lots soumis à des conditions expérimentales différentes. La durée de la phase de repos semhle dépendre, dans ce cas, surtout de facteurs internes ; elle varie de quelques semaines à deux ans, aussi bien dans les lots placés à la chaleur que dans ceux exposés à l'humidité, dans ceux laissés en pleine lumière auprès d'une fenêtre que dans ceux placés dans une armoire obscure, quelques-uns séjournant dans une pièce à atmos- phère sèche exposée au midi, d'autres dans une pièce fraîche où jamais le soleil ne peut pénétrer directement. Cette indépendance relative par rapport aux conditions de milieu pourrait bien être, chez les Ichneumonides, assez répandue, et, pour le vérifier, il y a lieu de poursuivre le élevages pendant un temps plus long qu'on ne le fait d'ordi- naire. On verrait en même temps quelles circonstances réali- sées pendant le développement de la larve parasite précédent sa période de repos plus ou moins prolongée, et l'on serait conduit peu à peu à dégager les facteurs qui agissent d'une façon prépondérante sur cette durée. 11 serait aussi plus facile de voir comment varie l'importance de ces facteurs suivant les groupes d'éthologie différente. La durée de la phase de repos du parasite peut être influencée par l'état des tissus de sa victime plus ou moins âgée, plus ou moins chargée de réserves ou de produits d'excrétions. Il est bien évident qu'une larve jeune, une larve complètement développée, et surtout une nymphe, diffèrent tellement que l'évolution ultérieure d'un parasite qui les a attaquées peut s'en trouver fortement modifiée. Cette conférence animée par des dessins précis et dune documentation des plus détaillées a pour un grand nombre d'entre nous l'attrait de la nouveauté ; bien peu, en effet, osent se livrer à une étude qui demande une attention sou- tenue de plusieurs mois dans une observation de tons les instants ; mais du moins apporterons-nous tout notre con- cours a M. Semichon en lui envoyant les Insectes parasites qu'il sollicite des membres de la Section d'Entomologie. M. Clément nous fait part d'une observation intéressante. Ayant recueilli un nid de Guêpes au commencement de juin EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES Si INCES DES SECTIONS 513 avec un en fumoir aux Abeilles, il a pu le conserver toute ranuée et a constaté que les éclosions se faisaient d'une manière très irrégulière, non seulement pendant l'été, mais aussi pendant tout l'automne. Une autre fins, ayant reconnu l'emplacement d'un nid de Yrsjiii germanirn, M Clément se rend près du nid entre neuf heures et dix heures du soir, quand tous les habitants sont rentrés, verse un verre à liqueur de sulfure de carbone dans le trou principal, le referme rapidement ; trois quart d'heure après l'application du sulfure, toutes les Guêpes semblent mortes; M. Clément enlève la terre, prend le nid avec tous ses occupants, le pose dans un récipient quelconque, sous une cloche en verre de préférence, et le lendemain ces mêmes Guêpes se réveillent ainsi que tous les parasites que le nid peut contenir ; il n'y a plus qu'à faire un choix parmi les divers Insectes. Que si, par hasard, pour une cause quel- conque, l'action du sulfure de carbone a été plus longue, les Guêpes peuvent être tuées, mais les cocons et les nymphes ne sont point touchés et vivent encore le lendemain. A ce moment, une discussion s'engage entre les membres présents pour savoir la meilleure manière de prendre les nids de Guêpes ; chacun cite des faits acquis par son expérience personnelle ; nous rappellerons quelques-unes des expérimen- tations faites qui permettront à nos collègues absents de juger les meilleures et de s'en servir à l'occasion. M. Diguet, au Mexique, emploie, pour détruire les nids suspendus au sommet des arbres, le pulvérisateur à Vigne avec l'essence de pétrole ou même le pétrole ordinaire, et réussit assez bien à prendre la plus grande partie des Guêpes. Un antre de no- collègues, dont le parc ne renferme pas seulement de fort jobs Oiseaux et de gracieux Mammifères, répudie tous ces moyens trop délicats à son avis; il est poul- ies moyens radicaux : sur son ordre, un ouvrier monte le soir sur l'arbre, quand ce n'est pas lui-même qui entreprend cette ascension parfois difficile, coupe toutes les branche- aux- quelles le nid est puspendu, et le feu anéanti 1 feuilles, bran- ches, Guêpes et parasites ; ne l'inquiétons pas aujourd'hui pour sa haine des Guêpes, il a promis à M. Semichon de respecter à l'avenir au moin- les Ichneumons, et de les envoyer, 55, rue de Bufifon. M. Chappellier remarqua, certain jour, un nid de Bombus M \ BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION dans le sol d'une allée, il l'arrosa copieusement, et les poils étant collés au corps des Bourdons, il fut facile de les détruire sans aucun danger; àquoi M. Mailles d'observer que les Polistes sont peu agressifs de leur nature et fuient toujours l'attaque. M. Raveret-Wattel, se promenant un soir d'été dans son jardin découvrit un nid de Guêpes dans une allée de gazon, il le lit inonder pendant un temps relativement considérable, et ferma l'entrée par une cloche à melon ; le lendemain la cloche étant enlevée, avec l'espérance d'avoir détruit tous ces Insectes incommodes, il constata avec stupéfaction que les Guêpes sortaient les unes après les autres d'un petit trou situé sur le côté de l'ouverture principale, portant chacune une larve et fuyaient à tire d'ailes ! le soir toutes étaient parties, et la terre une fois enlevée, notre collègue put se rendre compte que le déménagement était complet, il ne restait ni Insecte parfait, ni larve. C'est la première fois que pareil fait a été constaté, et M. Clément pose la question de savoir si les Guêpes ont ainsi emporté leurs larves pour en faire leur nourriture, ou pour les placer dans un vieux nid abandonné. Nos collègues seraient bien aimables d'étudier le cas quand la circonstance se présentera et de nous faire part de leurs observations à ce sujet. M. Marchai, qui a étudié avec grand soin les Cécidomies, a constaté fréquemment que les nids les mieux nourris ren- ferment un bien plus grand nombre de femelles. .Notre collègue M. Jardel, qui habite llongay au Tonkin. nous envoie une note d'un très grand intérêt sur une plante destructrice des Insectes. Nous sommes heureux de commu- niquer cette note en entier à nos collègues absents, ils trou- veront sérieux avantage à cultiver une plante au->i extraor- dinaire et ;ius-i précieuse: « L'Aur septembre 1911, dévaster et anéantir ma plantation (ÏAuragia til/n-ns, dont j'étais si lier. J'ajouterai que, pour comble de malheur, je fus absent de chez moi pendant quelques jours encore après le passage de ce malencontreux typhon ; je ne pus, à mon retour, que constater les dégâts irrémédiables, tous mes soins furent impuissants à sauver la moindre radicelle du précieux végétal. C'est dire que tout fut perdu pour moi qui rêvais de doter mes compatriotes, habi- tant les colonies', du remède destructeur radical du Mous- tique. De longtemps, peut-être jamais plus, l'occasion d'acqué- rir des plants d'.l uragia albens ne se présentera à moi, d'autant plus que cette plante est complètement inconnue en Indo-Chine. Tous ceux qui connaissent les desagréments des soirs brû- lants des étés tropicaux, compliqués des piqûres de Mous- tiques, el ils sont légion, se joindront a nous pour solliciter de la Direction de l'Agriculture de l'Indo-Chine, voire môme du Ministère des Colonies, l'introduction en Indo-Chine d'une plante qui joint l'utile à l'agréable. Passe encore l'agréable, mais l'utile esl à signaler aux pouvoirs publics, car, je le répète, VA uragia albens esl par excellence le destructeur efficace des Mou-tiques el personne n'ignore que les Mous- tiques ne soient un des fadeurs les plus actifs et les plus dangereux de la fièvre qui, en Indo-Chine, l'ait chaque année tant de victimes. » Le Secrétaire, SJùbé G. Foochbr. .'>16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION VIe SECTION. COLONISATION SÉANCE DU 22 AVRIL 1912 Présidence de II. le Dr Achalme, Vice-Président. Après la lecture du procès-verbal de la précédente séance, M. J. Surcouf, chef des travaux de zoologie du Laboratoire colonial du Muséum, a la parole pour présenter plusieurs études auxquelles il vient de procéder. Au sujet des Ennemis des plantes tropicales, il donne le résultat de l'étude d'un Dyptère, parasite des Cucurbitacées en Afrique, le Dacus longisli/lus. Le genre Dacus n'est représenté en France que par une seule espèce, le D. olex, qui s'attaque aux Oliviers et y fait de tels ravages que certains cultivateurs ont dû parfois arracher leurs arbres. En Afrique, au contraire, il y a beaucoup d'espèces de Dacus ; M. Surcouf en cite douze, parmi lesquelles le D. longistylus qui s'attaque aux Cucurbitacées indigènes, melons, pastèques, concombres. Les Insectes qui ont la forme d'une petite Guêpe, pondent leurs œufs dans le fruit; ces œufs donnent naissance à de petites larves ayant environ 10 millimètres de long sur 2 1/2 de large, qui sillonnent le fruit en tous sens, s'en nour- rissent et le font pourrir; ces larves quittent finalement le fruit pour s'enfoncer en terre, s'y transformer en nymphes qui ne tardent pas à donner des Insectes parfaits. Les attaques de cet Insecte rendent souvent impossible en Afrique la culture des Cucurbitacées; il faudrait empêcher la ponte sur les fruits ; on a préconisé pour cela des sacs en gaze ou en toile métallique, analogues aux sacs à raisins, ou encore, de semer, sur quelques points des cultures, des graines très précoces qui fourniraient des fruits-pièges que l'on n'aurait plus qu'à détruire. M. .1. Vuillet, directeur d'agriculture coloniale à Koulikoro,a remarqué que les Insectes se tenaient toujours à l'état adulte sur les sommités fleuries d'une Aselépiadée, le Calotropis procera ; il semble intéressant de rechercher s'il n'y aurait pas lien de détruire tous les Cnhiropis, en réservant seulement autour des cultures quelques-unes de ces plantes qui ser- viraient de pièges et que l'on pourrait visiter tous les jours. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 517 M. Surcouf présente ensuite un travail sur l'industrie nacrière en France. La nacre employée pour la fabrication des boutons el autre-, objets provient, en outre. île l'Huître perlière, de divers coquil- lages. Les Trocas el les /largos sont les plus importants ; les premiers forment la base de l'industrie nacrière en France. Les Méléagrines Heleagrina oulgaris donnent la nacre franche, la plus estimée et la plus chère. La Nouvelle-Calédonie fournit la plus grande quantité de coquillages utilisée par l'industrie. La nacre a d'autant plus de valeur qu'elle est plus blanche; les nacres teintées ou noires on! un cours assez irrégulier, car leur emploi est subordonné à des questions de mode. Comme les Trocas, les Méléagrines deviennent rares et on a cherché d'autres espèces qui pourraient être utilisées par l'industrie ; c'est ainsi qu'on a été amené à exploiter les e-pèces suivantes : Le Burgas, qui est de grande taille; le petit liurgosde Mada- gascar, qui esl moins grand ; le Singasse ou Singak, Huître perlière fournissant desproduits bon marché; le Sharksbay (Baie du !{«■< i h i il donnant une coquille épaisse et jaune; les Palourdes, coquilles de rivières fournissant ('gaiement des produits bon marché, mais dont la nacre est sans reflets. Il y ;i quinze ans, l'industrie du boulon n'était organisée que dans deux pays, la France et l'Autriche ; les deux industries p uivaient prospérer côte à côte, car elles étaient spécialisées. Actuellement, les Japonais, qui produisent les boutons de trocas .'i.*i p. Uni meilleur marché que les industriels français, sont de sérieux concurrents. Le relèvement des droits de douane (portés de îOO à 7(iu francs par KM» kilogrammes de boulons . devrail enrayer la concurrence japonaise; cependant il semble que cette mesure soit insuffisante. L'auteur insiste donc sur la nécessité d'autres mesures, ayant pour but de favoriser l'industrie française. M. Surcouf présente ensuite un travail relatif aux Insectes qui transportent le paludisme, la lièvre jaune et la filariose ; il indique les moyens de les combattre. Pour le Secrétaire empêché : M. H H ET. BIBLIOGRAPHIE Le chasseur à tir, chez lui, chez Varmurier, sur le terrain, dans le cabinet de l'historien, au Muséum, au Palais de Justice, par M. Marcel Bidault de l'Isle. — Tous les chasseurs qui ne connaissent pas encore ce beau volume, illustré de 420 pages, voudront l'acquérir. Ils auront ainsi, dans leur bibliothèque, une véritable encyclopédie cynégétique où l'étude des armes, du tir, des manières de chasser et d'organiser des réunions, le droit de chasse enfin et bien d'autres choses sont traitées avec compétence. Cet ouvrage constitue également une véritable petite histoire naturelle pour les chasseurs (avec description de tous les gibiers européens), puis un manuel de préhistoire cynégétique et un guide pour l'élevage et le dressage des Chiens. C'est, on le voit, le livre de chasse à tir le plus complet qui existe en librairie à l'heure actuelle. Sans doute, il n'a pas été composé pour le grand public, pour la grande foule qui ne chasse qu'occasionnellement, mais bien plutôt pour une élite de fervents Nemrods, aussi soucieux de précision et de bonne littérature cynégétique, qu'ardents dans la pratique de leur sport favori. N'est-ce pas là la meilleure des références de la qualité d'un ouvrage ? C'est aussi pour l'élite des chasseurs à la fois passionnes, méthodiques et ordonnés que M. Marcel Bidault de l'Islea écrit : Carnet de chasse théorique et pratique 1 vol. 150 p., -2 IV. 50 . Comme le titre l'indique, il y a deux parties à cel ouvrage: 1° //// ■ partie pratique, qui constitue un carnet de chasse pour la comp- tabilité des pièces de gibier abat lues (toute la faune d'Europe occi- dentale susceptible d'être tuée au fusil figure dans ses colon nés) ;2° une partie théorique, donnant le plan et la méthode pour établir et tenir commodément et utilement un carnel de chasse. Celle-ci sélectionne parmi tous les Mammifères el Oiseaux de France ceux qui présentent un inlérèl particulier pour le chasseur. Les Mammifères et les Oiseaux nuisibles à l'agriculture et à la chasse en France : moyens de les détruire, législation de /'/ destruction. Les nouvelles éditions onl pour titre : la Destruction des Animaux nuisibles [Mammifères et Oiseaui , BIBLIOGRAPHIE 519 parle même auteur. Cel ouvrage esl le véritable oade^mecum de l'agriculteur <•! œufs de gibier d'un article défendant le colportage du gibier vivant, braconné avant l'ouverture. Les conclusions du romte Clary ont été adoptées à L'unanimité. M. Tissier, avocal à La Cour, a ensuite traité La question des engins prohibés et celle des mues desti- né» - à reprendre les faisans. M. Béjol a terminé la séance par In lecture de son rapport sur la divagation «les Chien-. Il a proposé une surtaxe sur les Chiennes donl les écarts de con- LA COMMISSION DE LA CHASS1 M MIN1STÈR IGRICULTURE 52 duite dolent les campagnes d'un • roi le de roquets qui devien- nent un Qéau pour le gibier. .\ la seconde séance la Commission s'esl occupée de la question de la chasse au gibier d'eau. Elle a toutefois étudié la question de la destruction des Oiseaux par les phares. J'avais sur ce point présenté un rapport duquel i! ressorl que la des- truction des Oiseaux par les phares provient en grande partie da fait par les gardiens de phares d'assommer S coups de bâton les Oiseaux qu'attire te Foyer lumineux de leur- appareils et qui -"ii! ensuite vendus sut les marchés français on étrangi rs Dne circulaire ministérielle ordonne que lest liseaux tués antoni des phares doivent être vendus au profil des établissements de bienfaisance. L'application de cette circulaire, en supprimant leprofit pour les gardiens, supprimera leur regrettable bracon- nage nocturne. Puis en Hollande et en Allemagne on a trouvé le moyen d'empêcher les Oiseaux de venir tournoyer autour des phares. Le professeur Thysse, de Moemendaal, a inventé on dispositif consistant dans l'aménagement autour de certaines parties du phare de perchoirs et échelles on viennenl se pos les Oiseaux attirés par la ramîère. La Commission a décidé de demander l'essai de ce "dispositif à différents phares français. Commission s'est oecopëe ensuite de la fixation des da d'ouverture et de clôture de la chasse au gibier d'eau et sur point entendu une partie démon rapport. Efle a adopté pin- sieurs des conclusions qui lui étaient soumises, notammenl celles tendanl à la défense d'employer les tilets pour la chas du gibier d'eau. Ellea aussi émis le vœn que la chasse de nuit dn Canard sauvage à la huile et an gabion soit légalement auto- risée au lieu d'être simplement tolérée comme elle l'est sut rtains départements. Passanl ensuite à l'examen de certains vœux formulés par divers intéressés, la « ommission a répons ane demande de négociants parisiens qui demandaient que la vente de la «'.aille soit autorisée jusqu'à la date de la clôture nérale, malgré la fermeture de la chasse de ce gibier en octobre. Ellea agi de même pour une demande émanant d'un groupe de laceteurs du Midi qui voulait qu'on les autorisât, ce qui eût été contraire à la convention de ' ■ Ire les --aux uu lacet seulement pendant la période ..ii la chasse est ouverte. Elle a ensuite ajourné sa prochain -■ nce ;• La rentrée, soit au mois d'octobre prochain. MIGRATION MARINE DE L'ANGUILLE COMMUNE Par A. CLIGNY Directeur de la station aquicole de Boulogne-sur- Mer. A la fin de décembre 1892, un chalutier anglais capturait une Anguille dans la Manche, à 12 milles au sud du phare d'Eddystone et à 20 milles de la terre ferme la plus voisine. C'est le seul exemple connu jusqu'ici d'une Anguille prise au large, si l'on excepte les captures célèbres faites dans le détroit de Messine. On sait pourtant que, à la fin de chaque automne, des milliers de grandes Anguilles quittent les fleuves de l'Europe occidentale et septentrionale pour gagner les lieux de pontes, et l'on sait également que ceux-ci se trouvent exclusivement dans l'Atlantique, sur la ligne des fonds de 1.000 mètres. Les premières étapes de cette migration et le commencement de métamorphose qui les accompagne ont été suivis attentivement dans les eauxsaumàtres delà Raltique, où les Anguilles cheminent le long du littoral avec des habitudes très analogues à celles qu'elles présentent en rivière. Mais, passés les détroits danois, leur trace était complètement perdue : si l'on avait lieu de croire qu'elles traversent la mer du Nord et la Manche, loin sans doute à mi-hauteur des eaux, on pouvait aussi se demander, avec Ilolt, si ces Anguilles réussissent bien à accomplir le long trajet qui sépare le Danemark deseaux pro- fondes de l'Atlantique. Or, entre la fin de novembre 1911 et les premiers jours de janvier 1912, les chalutiers boulonnais ont capturé successive- ment et isolément une douzaine d'Anguilles dans la Manche occidentale, à 20 ou 25 milles des côtes de Gornouailles, par 80 à 100 mètres de fond. L'un de ces spécimens est venu entre nos mains. C'esl une Anguille femelle qui mesure 91 centimètres de long, \ i millimètres de hauteur, el qui pèse 720 grammes : elle es! en excellente condition, très vigoureuse, el parfaitement capable de parcourir les 300 milles qui la séparaient encore des lieux de ponte : vingt jours de route à la vitesse moyenne mesurée dans les observations suédoises et finlandaises. Elle ne possède plus trace de pigment jaune, el par là correspond aux Anguilles argentées 'l" Petersen, mais elle n'a pas le lustre métallique ni MIGRATION MARINE DE L'ANGUILLE COMMUN] •"•-•' le dépôt il»' guanine qui argenté le ventre (tans la transfor- mation classique. Sud dos el sa dorsale sonl noirs : les flancs el le ventre sonl d'un gris Foncé, les écailles j dessinanl des hachures sur le fond blanc de la peau. Le squelette de la tête ut* nous a pas semblé ramolli, et la dentition esl demeurée intacte. Le dessus de la tête esl nettement convexe, surtout eo arrière des yeux; ceux-ci sont grands el ovales, mais non hypertrophiés : ils mesurent 10 millimètres de long sur 8 inilli- n iè très de haut, ce qui est peu pour un individu aussi gros, surtout en comparaison des dimensions relevées par Grassi el Calen- druccio ou parJohs. Schimdt. A cela près, ces yeux onl bien l'orientation latérale signalée par Petersen. Les ovaires, encore très éloignés de la complète maturité, -"ut plus développés que tous ceux que l'on a décrits jusqu'ici. Ils s'étendent du bord postérieur du foie jusqu'à un point situé très en arrière de l'anus, mesurant 16 centimètres de long dans la région abdominale et s ou 9 centimètres au moin- dans la région caudale. Dans l'abdomen, ils ont l'aspect d'épais rubans fraisés symétriques, qui mesurent !•'• millimètres de larg<* et I ou 5 millimètres d'épaisseur; leur couleur est d'un blanc crème légèrement rosé; les lobes qui se séparent facilement entre eux sonl sillonnés de tin- vaisseaux sanguins. Au delà de l'anus, les ovaire- sont moin.- développés et forment deux rdons non lobés, à section ovale, qui s'atténuent vers l'arrière. Nous n'avons découvert aucune connexion entre ces ovaireset orifices postanaux; sans doute, les ovules, parvenus à leur maturité, tombent simplement dans la cavité abdominale, comme on le supposait déjà par analogie. Les ovaires sont composés d'une faible proportion de strôma et d'une masse d'ovules sphériques tous égaux qui mesurent 0mm22 de diamètre. Ces ovule- ont une membrane très ferme, ■/. mince et anhiste. Ils présentent un espace périvitellin appréciable, dû sans doute à l'action du formol, et qui s'exa- re sous l'influence de divers réactifs. Le vitellus est presque opaque, fragmentaire el 1 vv>- d'inclusions. Nous n'avons pu j découvrir aucune goutte d'huile, bien que les cellules du stroma soient riches en matières grasses. Ce fait tend à corro- borer l'attribution faite par Rafïaele de son <>i'd. au cours des deux derniers siècli s, et li s résultats admi- rables qu'ils onl obtenus. De même dan- l'Amérique du Sud, Portugais et les Espagnols, malgré les difficultés d'un climat : lia esprit nouveau pour la mise en râleur de nol: niai se manifeste en ce moment al r bien marquer cette nouvelle orientation, vient d'instituer, auprès du ministère des perman mie des cultures et jardins d'essai coloniaux ». C'est notre collègue A. Chevalier, qui a été mis àla tête de cette mission permanente, el nos vœux, nous sommes heureux de lui adresser no- plus vives Félicitations. Nous sommes eertain> que. sens sa direction, no* UT le plus grand bien iu pays tout entier, peuvent dans la recherche méthodique du progri - agricole. Nous devons d'autant plus non- féliciter de l'heureu gouvernement, que M. Chevalier, comn aisation de iété 'I acclimatation, va pouvoir do partie de nos travaux, toute l'activité et toute l'ampleur qui lui conviennent Tour lii'Mi dire ndre les idé- ier, nous n. mieux faire que de reproduire la conférence qu'il a pronom aille, te 2! oc1 > l>re dernier, à la cérémonie de cli l'Exposition ■ Mai- et Sorghos » de l'Institut colonial marseillais. 528 BULLETIN DE LA SOCIÉTL NATIONALE D'ACCLIMATATION 1res défavorable, ont créé de toutes pièces d'immenses indus- tries agricoles comme la production du Calé et du Cacao au Brésil, l'élevage et la production des céréales en Argentine. A .lava, les Hollandais ont introduit et transformé la culture de la Canne à sucre, du Riz, du Tabac. A Ceylan, c'est la culture du Thé et des Arbres à caoutcbouc que les Anglais ont complète- ment créée et développée. Citons enfin les remarquables résul- tats de la colonisation agricole française en Algérie et en Tunisie au cours des vingt dernières années. On peut dire que les indi- gènes, puissamment secondés par les gouvernements de ces contrées, auraient été incapables, même après un nombre incal- culable d'années, d'amener de telles transformations dans l'Agriculture de leur pays et, en outre, il n'est pas niable qu'ils ont largement profité de ces transformations, là du moins où les Européens ne les ont pas exterminés ou parqués, c'est-à- dire en dehors du Nouveau-Monde. Cependant les indigènes ont une immense supériorité sur les Européens pour accroître la production agricole de nos Colo- nies : ils sont le nombre et ils sont chez eux. C'est du reste une erreur absurde de croire que chez les peu- plades primitives de nos Colonies l'agriculture est demeurée à Pétat rudimentaire. Le Riz était cultivé en Asie probablement bien avant que le Blé le fût en Europe. A part la culture des Arbres à caoutchouc, celle des Arbres à quinquina et de quelques autres plantes de peu d'importance, l'Européen, depuis qu'il pénètre dans tous les pays chauds du globe, n'a innové aucune culture tropicale. Il a seulement emprunté aux indigènes celles qui existaient chez eux; il les a perfectionnées et développées; parfois, il les a portées d'un pays dans un autre; il a par exemple introduit la cul turc du Café ici- au Brésil, celle du Cotonnier dans les Etats luis du Sud. Après la découverte de l'Amérique il a apporté à la Côte occidentale d'Afrique le Manioc, le Maïs, l'Arachide, qui étaient déjà cultivés en grand sur les les terres découvertes par Christophe Colomb alors que ces plan tes étaient tut a h 'ment inconnues clans l' Ancien- Monde. El savez-vous ce qui est arrivé? De proche en proche, ces plantes sonl parvenues jusqu'au centre du Continent noir, et elles ont apporté à la race nuire souvent décimée par la faim un appoint précieux pour l'alimentation. I>e sorte que lorsque nous avons pénétré, il y a quelques années, au cœur de l'Afrique, 1 'aGRII i i.i i R] D kNS i ONU - 529 dous avons été loul surpris de trouver ces plantes d'origine américaine cultivées en grand, môme par les anlhropophag des bords de l'Oubangui, c'est-à-dire par les races les plus arriérées. i es peuples n'avaieni pas attendu notre arrivée pour s'assi- miler des cultures qui leur étaienl profitabli s. La culture du Palmier à huile el celle du Kolatier, qui donnent lieu chaque année à un commerce colossal, onl bien pris nais- sance chez les Noirs du eoniinenl africain, puisque ces plantes n'existent que là au monde ;i l'étal spontané et ces deux cultures son! encore aujourd'hui exclusivement entre les mains dea Noirs. Il y a quelques années, on eul traité de fou celui qui eût osé affirmer •pi'' la noix de kola, ainsi que l'huile el l'amande de Palme, étaienl des produits de culture et non des produits de cueillette. L'on admettait alors que loul venait -ans effort en Afrique. L'indigène vivait, disait-on, dans l'apathie la plus profonde el récoltait sans la moindre peine les denré< s néces- saires à Sa vie. Au Soudan, il suffisait de gratler le sol el de répandre un peu de semence pour faire d'abondantes recolles de Sorgho ! Au Congo, on se contentait d'enfoncer dans la terre un bout de lige de Manioc pour recueillir, en revenant à l'emplacement au hou! de quelques mois, autant de tubercules qu'il en fallait pour nourrir pendant toute une semaine une nombreuse famille noire ! Les colons qui crurent à ces utopies dureul déchanter par la suile. Pas plus dans les pays tropicaux que partout ailleurs, la terre ne produit pas sans être fécondée, travaillée, péniblement ensemencée '. Nous avons dan- ces dernières années découvert, à travers la forêl vierge, des Kolatiers el des Palmiers à huile bien spon- tanés. Ces arbres sont presque stériles et on sait aujourd'hui que celles de ces plantes qui fournissent les produits exportés par la Côte occidentale d'Afrique demandent presque autan I desoins que le paysan mand en consacre au Pommier ou le provençal à l'( Hivier I En réalité, l'indigène de nos colonies n'arrive à faire rendre à la terre les produit- nécessaires à sa vie que par un travail ■ssidu. Depuis des siècles, la plupart des races autochtones s'adonnent avec un soin extrême a la culture des piaules nécessaires à leur 530 BULLETIIS DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION alimentation, plantes presque toutes admirablement adapi au climat, au sol, 1res désistantes aux maladies. 11 faut être profondément ignorant, on avoir l'esprit de dénigrement vis-à- vis de la race noire poussé très loin, pour déclarer, comme on l'a l'ait si souvent, que l'indigène d'Afrique occidentale est un paresseux inapte même au travail de la terri Après avoir parcouru à la saison des pluiesles grandes plaines du Cayor couvertes, sur des milliers el des milliers d'hectare^ d'un seul tenant, de plantations d'Arachides: après avoir vu les lougans de la boucle du Niger où les Sorghos forment dès le mois de juillet une immense mer verte interrompue ça et là par les rs de Karité et de A été: après avoir aperçu d'oc- tobre à décembre les vastes rizières de Ilssa-Ber (Meyi Niger) ou de la Basse-Casamance ; après avoir circulé en août à travers les champs d'Ignames du Baoulé, dont les sarments rames font penser aux belles houblonnières du Aord de la fiance ; après avoir voyagé dans les glétas du Bas-Dahomey qui sont, sur des dizaines de kilomètres autour de chaque .ire habité, de superbe champs de Maïs bornés par des bou- quets de Palmiers à huile très soignés; après avoir vu, disons- nous, ces cultures si variées, dis] sur un territoire grand comme trois ou quatre fois la France et quatre fois moins |i uplé, on reste plein d'admiration pour les Noirs qui ont ompli ces travaux agricoles avec des moyens rudimentaires. Cependant — les analyses chimiques effectuées dans ces der- nières années l'ont démontré — le sol de l'Afrique est plutôt pauvre en éléments utiles à la végétation. Mais le noir souda- nais et dahoméen possède en agriculture une expérience archiséculaire que chaque génération transmel a la suivante, l'ai- l'observation des phénomènes météorologiques, il sait l'époque précise à laquelle il tant préparer le terrain ou l'ense- mencer. Il a appris la durée pendant laquelle il faut I lisser les terrains en jachères après des Cultures épuisantes; parfois, il pratique de- assolements bien compris. Tour chaque plante de leh- culture, il possède des variétés nombreuses el adapl .1 chaque région. Aussi l'IJiropee ■ devrait-il in terveair comme guide agri- cole auprès de l'indigène qu'après avoir acquis une Ion.. expérience dans le pays, après avoir beaucoup observé le aucoup quesi ionnè le ciill i\ aleur el s'être pénétré de celte vérité que les procédés de culture des pays tempérés ne cou- L AGRICI l.'I I BE DANS NOS Cl LONII S 53i viennent pas toujours aux pays tropica physiolog végétale est une science encore nai nous ignorons plupart des phénomènes iatin Le des plantes dans gions tropicales el on commence seulenu ni à d esp les races de végétaux cultivés dans ces régioDs, vn semblablemenl plus nombreuses que Les races dj paj s tempe i é On se rendra mieux compte de L'importance des culti indigènes en passant en revue la Liste des grands produits qui ont été exportés en L910 par i - nies. L'indo-Chine a exporté k.269.516 tonn 84-280 tonnes de Maïs produits par le- uadig Le Sénégal a export - 947 tonnes uehides produites par Lies Wol< La Guadeloupe el La Martinique nous ont fourni D.'j.ouo tonnes de sucre provenant des Cannes cultivi Les Noirs. La Nouvelle-Calédonie el Tahiti ont fourni environ 3.000 tonnes de coprah noix de coco coupée el séchée), produit presque exclusivement par Les indigènes. Dans L'Ouest africain,, le Palmier à huile exploite exclusivement par Les aborigènes fournit annuellement à L'exportation plus de L00.0Q0 Ion; d'huile et 2S0«.000 tonnes d'amaad .Nuire colonie du Dahomey exportait à elle seule, en ! 21.420 tonnes d'huile et »;;.;;7i tonnes d'amandes el cesdenr proviennent d'un territoire qui compte seulement iOO.000 à 500.000 habitants, l'a;- de 100.000 individus soni occupés toute L'année à La fabrication de L'huile et à La préparation des amandes, et un nombre presque égal de main-d'œuvre est occupé à L'entretien des Palmiers, à La cueillette des rniit>. au transport de l'huile el des amandes jusqu'aux factoreries En - ' isant sur les chiffres que nous venons d'énuntérer, on voit combien Le commerce de nos colonies pourrait être accru Si l'on parvenait par des méthodes de culture meilleures à augmentée Le rendement des plantes cultivées, si l'on pouvait substituer aux procédés indigènes de préparation de produite des procédés plus rapides Laissant une abondante main-d'œm ce disponible pour l'extension de ces cultures. On sait en antre que des cultures nouvelle- pourraient être introduites dans certaines colonies ou elles n'existent pas encore ou bien où el -'•ni à l'état r udi m en ta ire. C'est ainsi que La culture il u Cacaoyer, qui était inconnue a la GoLd-Coast en L890, donne Lieu aujour- 532 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION d'hui dans cette colonie anglaise à une production de plus de 2S millions de francs. Les mesures qui permettent d'accroître et qui ont déjà accru la production agricole de nos colonies par les indigènes sont de deux ordres. Les unes sont d'ordre économique général. Tout le monde admet aujourd'hui l'utilité de ces mesures; je me contenterai de les énumérer. 11 faut tout d'abord que l'indigène puisse trouver à son travail le profit le plus élevé sous forme de bien-être; il faut donc qu'il puisse1 vendre sa récolte le plus cher possible, et pour cela il n'y a qu'un moyen, il faut que la concurrence commerciale existe ; c'est donc la condamnation du système des grandes compagnies à monopole. Est-il utile d'ajouter qu'il nous paraît aussi indispensable que les produits soient payés à l'indigène sous forme d'espèces monnayées pour qu'il puisse acheter à sa guise les denrées qu'il désire? Cette vérité qui n'était pas encore admise par tout le monde, il y a quelques années, l'est aujour- d'hui, et sur les points les plus arriérés de nos colonies les achats se font contre espèces. Il importe en outre de créer des débouchés à nos produits coloniaux en les faisant, autant que cela est possible, bénéficier des détaxes. La création de moyens de transport a déjà eu une grande influence sur le développement de l'agriculture indigène. Le long du Thiès-Kayes, le chemin de fer qui reliera prochaine- ment le Sénégal au Soudan, nous voyons chaque jour à mesure que se construit la voie ferrée, d'immenses lougans d'Ara- chides remplacer la brousse désertique. Mais les voies terrées et les grandes routes ne suffisent pas. Beaucoup de rivières de nos colonies pourraient être rendues navigables. In grand nombre de produits de L'agriculture ne peuvent venir a la côte p;ir chemin de fera cause de la cherté « 1 1 1 fret; le transport par eau est le seul que pourraient sup- porter beaucoup de produits indigènes de l'intérieur de nos possessions. Un jour viendra sans doute où il existera des moyens de Iransporl pénétrant jusque dans les moindres villages afri- cains. Le transport ;i tête d'homme aura alors disparu. En attendanl que L'industrie moderne trouve les moyens «le irans- porl appropriés aux pays nouveaux où les routes sont mau- L kGRll Ml i RE D v\s NOS COLOMI S 533 vaises ou n'existent pas, il faul se contenter des animaux por- teurs; là ou ils peuvent vivre, il faul les multiplier: Les Bœufs porteurs et les Baudets rendent déjà de grands services au Soudan et en Afrique centrale. En Indo-Chine, on utilise aussi le Cheval et l'Éléphant. Mais il existe des pays étendus comme le Congo et la Côte 'I Ivoire où les animaux porteurs ne peuvent vivre par suite de la présence «les Mouches tsé-tsés. 11 faudra trouver le moyen de combattre ce Qéau qui décime aussi des populations entières, car on sait aujourd'hui que c'est encore une Mouche tsé-tsé qui inocule aux hommes la terrible maladie du sommeil. Ceci nous amène à parler de- efforts qui sont à taire pour améliorer l'hygiène des indigènes par l'assistance médicale 1res ('tendue. Un humoriste a dit qu'avant de faire de l'agriculture en Afrique, il fallait faire de la négriculture '. J'ajouterai que l'un est le corollaire de l'autre. L'homme qui se crée des ressources par le travail de la terre se procure un bien-être qui lui permet ainsi qu'à ses enfants de résister hien mieux aux maladies endémiques. En fait de travaux publics, il en est une catégorie dont on s'est encore très peu occupé dans nos colonies et qui auraient pourtant la plus heureuse influence sur le développement de l'agriculture. Nous voulons parler des travaux d'hydraulique jricole, particulièrement nécessaires dans les pays à longue période sèche, au Soudan par exemple. Le jour où ces travaux auront été exécutés, le grand et beau Niger sera vraiment une immense source de richesse et il pourra devenir un Nil français. Nous arrivons à la seconde catégorie des mesures qui per mettront aussi d'accroître la production indigène. Nous vou- lons parler de celles qui sont d'ordre purement technique et doivent être basées sur des recherches scientifiques. La France a été La première des nation- à comprendre L'intérêt qu'il j avait a introduire dans des pays nouveaux les cultures tropi- cales qui y étaient inconnues et à confier à des spécialistes l'étude de ces introductions. Dans la seconde moitié du wnr siècle et dans le premier quart du xix siècle, toutes les grandes expéditions marilin qui sillonnèrent le monde eurent à bord des naturalistes chargés d'étudier lu végétation des pays nouveaux visités et de transporter dans nos colonies les plantes à épices, les Caféiers, les Plantes vivri La Canne à sucre, etc.. .'i.'i i BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Turgot, ministre de Ja Marine à la vrille de la Révolution, avait étendu ces introductions en envoyant des spécialistes dans les pays lointains pour chercher les espèces végétales utiles qu'il voulait introduire dan-- la France et dans ses colo- nies. « C'est un des plus grands biens qu'on puisse faire, disait-il, et des plus satisfaisants pour la conscience que d'introduire et de multiplier dans un pays des productions et des cultures nouvelles. » Et. de l'ait, ce sont les Français qui ont fait le plus d'intro- ductions de végétaux utiles a travers le inonde. Qui ne con- naît les courageux efforts de Parmentier pour vulgariser la culture de la Pomme de terre en France, l'introduction des Plantes à épices à l'Ile de France par l'intendant Poivre, celle de la Vanille à la Réunion par les jardiniers Perrottet et Bréon. celle du Caféier à la Martinique par le capitaine de Clieux dès 17-j;!? Avant la Révolution, les Antilles françaises devinrent ainsi les principales sources de café et de sucre du monde entier! Nous n'avons malheureusement pas su garder l'avance que nous avions prise pour la production de ces denrées coloniales. Des concurrents redoutables sont nés et se sont développés à travers le monde. Aujourd'hui, les Etats-Unis fournissent à la consommation mondiale presque tout le coton dont elle a besoin et un stock énorme de Mais et de Riz; presque tout le Café nous vient du Brésil, le tabac de luxe en partir des Antilles et de Cuba, Java produit en quantité du tabac, du rufé. du riz, des écorces de Quinquina, de la gutta. du sucre, Ceyten produit du thé et du cacao. Toute l'indo-Malaisie a amenée à exploiter le caoutchouc de culture et il est très vraisemblable que. dans quelques années, le caoutchouc de cueillette du Brésil ne pourra plus lutter contre le caoutchouc de [plantation qui tient déjà une place sérieuse sut les marchés. Plusieurs causes 30n1 évidemment intervenues pour donner aux pays que nous venons de citer l'importance agricole qu'ils ont actuellement, mais on peut assurer que dans tous ces pays les instituts techniques d'agriculture organisés sur des bases ••ntitiipies ont été un des principaux facteurs de la prospé- rité igricole dont ils bénéficient. Dans notre pays, on n'a pas encore compris assez, l'intérêt de ces organismes. San- doute, il en existe chez nous - ils DANS NOS COLONIES qI mêm< peut-être trop nombreux - je veux dire que leurs maigres budgets gagneraient à être condene Mais comme iis sont modestes par rapport àceuxdel'étT l - : tats-Unis, pour an orédil de 88 raillions de francs affecté bu Département de l'Agriculture, consacrent chaque am plus île 10 millions aux stations d'essais, el la section maladies de Plantes à elle seule absorbe deux millions de francs, c'est-à dire une somme environ double de celle que coûte annuellement le Muséum d histoire naturelle de Paris qui s'occupe comme vous le savez ;i\-. Le service d'Agriculture eut été alors en état d'indiquer ensuite des régions où chaque culture pouvait réussir, surtoul en l'établissant dan- telle ou telle condition et en prenant telle ou telle précaution. Les critiques formulées par le Bavant professeur de l'Oniver- 536 BDLLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION site de Marseille à l'égard de Madagascar s'appliquent à toutes nos autres colonies. Non seulement il importe au début de la colonisation que toutes les ressources agricoles et forestières d'un pays soient inventoriées, mais elles doivent être sans cesse transformées et améliorées. Dans le pays où la culture est parvenue au degré de perfection le plus élevé, la science permet encore des améliorations. Une foule de problèmes tels que les suivants se posent à tous les instants : I \ est-il pas possible de substituer à une plante cultivée une autre variété de la même espèce présentant des avantages? 2° Ne peut-on combiner la culture de plusieurs plantes faite simultanément ou successivement et dont les rendements s'ajouteront? .'}° Elude des effets de fumures, des amendements, des asso- lements, de l'action des climats, de l'irrigation et des labours. En faisant subir à la terre certaines façons et en n'ensemen- çant que tous les deux ans, on est parvenu aux Etats-Unis, dans l'État d'Arizona, à faire vivre plusieurs races de Blé dans des terres désertiques où il tombe seulement 25 centimètres d'eau par an. Cette méthode de culture désignée sous le nom dry- farming permettrait presque, si elle était généralisée, de doubler l'étendue des terrains cultivables à la surface du globe. 4° Introduction de cultures nouvelles dans un pays. o Lutte contre les maladies qui s'attaquent aux plantes. 6° Création des types nouveaux déplantes plus productrices ou plus résistantes aux maladies, par hybridation et sélection des races acLuelles qui sont du reste très imparfaitement con- nues. Une science née d'hier, la Génétique, quoique encore dans l'enfance, peut déjà servir de guide au praticien pour produire de tou es pièces des nouveautés végétales ou animales diffé- rentes des types el qui sonl en vérité de réelles créations. L'Agriculture tropicale, pour progresser, a encore plus besoin de La science <|ue. L'agriculture métropolitaine. Pour celle-ci, en effet, le paysan français a acquis une expérience séculaire; à défaut de science, il a apporté un grand bon sens, un travail obstii i une grande ténacité à l'améliorai i c ne apprentis cultivateurs de jeanes indigènes, ainsi qui 1 nos fermes écoles de France. Ces apprentis, revenus da leurs villages, seraienl les premiers à cultiver par de saii nences distribuées par la station. Il ne me paraît pas utile d'insister davantage sur I que rendraient à l'agriculture indigèi i par conséquent au commerce d'exportation ane organisation plus itifîqne plus méthodique des services de recherches aux colonies. Il til «lu reste déplacé de Faire ici un long plaidoyer dans - EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 13 MAI 1012 Présidence de M. Clément, Président. Le procùs-verbal de la séartce précédente est lu et adopté. M. Rivière nous communique une note sur le « Chenues Cycadis » une des plus grosses espèces du genre, déjà signalée par Bois-Duval, qui l'a rencontrée sur quelques C.yeadées culti- vées en serre, notamment sur les Cycas revoluia et circinalis. Suivant l'auteur, cet Insecte ne commettrait pas de dégâts apparents, mais M. Rivière le déclare très commun à Alger sur les Cycas revoluta en plein air, où il attaque assez sérieu- sement les feuilles, favorisant ainsi le développement de la furnagine, et altérant un feuillage pourtant fortement cons- titué. Le C hernies Cycadis pullule sur les Cycas, mais ne dédaigne pas pour cela d'autres plantes voisines; on le trouve fréquemment sur les Zamia spiralis, /.. Lehmanni, Encepha- lartos cafer, E. horridus, Ceratozamia mexicana, où il semble élire domicile avec plaisir. M. Xavier Kaspail envoie à la Société une série d'observa- tions « Sur La perception à distance par la Mouche bleue, Musca vomitoria ; du passage de la vie à la morl chez les animaux ». Cet observateur sagace affirme d'une manière absolue que la Mouche bleue perçoil a une distance relati- vement considérable l'instant précis où la vie cesse d'exister chez un animal, et, comme preuve de cette affirmation, cite plusieurs faits don) il a été témoin. Donnons en quelques mots le plus caractéristique, puisque plusieurs de nos collègues ont cru devoir citer «les faits contraires. Le 30 juillel 1911, étanl 6 L'affût, M. Raspail tira inùs Pies, EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS ">îl • qu'il alla chaque Pois ramasser, les déposant à côté l'une de l'autre, près de la loge. Au boul de peu de temps, plusieurs M. Miches s'annoncèrent aux alentours par leur bourdonnement) • i bientôl vinrent se | >• >-< -r sur deux des cadavres de Pies, mais aucune sur la troisième j les ayanl classées, elles mire ni comme toujours, un certain temps à revenir, mais évitèrent encore avec soin la même Pie, se posant avec avidité sur les deux autre-. Vivemenl frappé de la singularité de ce fait, M. Raspail en recherchait la cuise, quand, après s'être absenté quelques instants, il aperçut a sou retour celte Pie, dressée sur ses pattes, essayant de fuir à sou approche. La vie en s'éteignanl chez un animal laisserail doue s'exhaler quelque chose de volatil, impossible à définir, d'une subtilité infinie, qui en se diluant dans l'air .servirait de til conducteur à la Mouche bleue, pour découvrir instantanément le cadavre et \ déposer ses oeufs. A cette affirmation, .M. Le Fort oppose de nombreux exemples contraires ; certain jour, ayanl ramassé un Oiseau blessé, mais encore vivant, la partie atteinte (Mail remplie de larves de Mouches ; une autre fois, à la chasse, une Perdrix, liapi à l'aile et trouvée quelques jours après, était déjà le réceptacle de nombreux asticots. M. .Mailles l'ait observer avec quelque rai-un que c'est la Mouche verte et non la Mouche bleue '|ui se pose sur les cadavres et quelquefois aussi sur le- Oiseaux vivants, mais blessés. M. Poucher corrobore cette opinion et a pu constater que si le cadavre d'un animal exhale une odeur spéciale, perçue a longue distance par le- Mouches, bien d'autres Insectes sonl attirés par cette même odeur; ainsi une Souris, une Taupe à peine mortes, si bieri cachées soient-elles, seront vite le régal de oombreux Nécrophores qui arrivenl à tire d'ailes de tous le- pomis de l'horizon. Cette odeur spéciale aurait-elle assez de | voir pour attirer même les Elapaces : d'après le- observations «le quelques-uns de nos collègues, nous serions tentés de le croire ; e toute cette discussion ressorl avec évidence une certi- tude, c'esll que les parasites oui besoin de chaleur èl que le refroidissement produit par La mort d'un animal les incite à quitter celui qui leur donne asile et nourriture, mais il serai! peut-être exagéré de conclure qu'ils sentenl venir La morl et que leur instinct Leur en donne la prescience. EXTRAITS DES M. Ii l'i • sidi !i 11 1 > 1 .!.• Fourmis trouvé dans linteau de porte; cette espèce, Camponolus ligniperdus, la plus grande . liois, présidenl Le procès-verbal de La précédente séance ''si lu : la rédac- tion en esl adopl Au sujet de ce procès-verbal M- Le Forl présente unr note qui insérée au Bulletin', elle relaie le (Jéveloppernent de Morilles à l'endroit un on avait vers»'', dans sa propriéti Sologne, de- résidus liquides provenant di la distillation de cèdre l . M. Le tort dit n'avoir jamais remarqué de Ëorilles darw propriété . mais plusieurs collègues en ont constaté l'exist dans le Loiret et le Loir-et-Cher: i d'aili ornbien i Les échantillons de Morilles apportés par M. Le fort >>nt M. Hariot, rit de Cryptogamie au Muséum; il \t .nu- comme étanl le M u W 54 4 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION sont ténues les spores de ces Champignons qui sont transportées au loin par l'air. M. le Président remercie M. Le Fort de son intéressante observation. 11 présente les excuses de M. Maurice de Vil- morin, empêché d'assister ù la séance de ce jour, et fait part des démarches qu'il a faites en vue d'une visite de la Société d'Acclimatation aux collections de M. Thiébaut, au Vésinet. Cette visite aura lieu le dimanche 30 juin, dans l'après- midi. M. Bois présente également un certain nombre de brochures et publications scientifiques, françaises et étrangères, parmi lesquelles le Bulletin de la Société nationale d'Agriculture de France, et les Annales de l'Ecole nationale d' 'Agriculture de Grignon. Cette dernière publication contient des travaux et recherches intéressants concernant diverses plantes recom- mandées depuis peu aux agriculteurs et acclimateurs (notam- ment YHelianthi). M. Poisson, assistant honoraire au Muséum, fait la commu- nication suivante : « Une question toute d'actualité, qui parait être du ressort des milieux qui s'occupent d'intérêt économique, est celle de la houille, dont on a failli, en Angleterre et dans d'autres pays de l'Europe, être privé pour une période peut-être indéter- minée. Ea presse s'est justement émue de ces appréhen- sions dont la portée était incalculable comme dommage causé à toute l'industrie européenne, et même extra-européenne, car les bassins houillers n'existent pas partout. D'autre part, ces gisements houillers ne seront pas inépuisables, même les plus riches; pas inépuisables non plus les ressources en pétrole • luiit laconsoinmation s'accroît sans cesse. En quart du com- bustible brûlé par les chemins de fer russes en P.tns a con- sisté en pétrole et ses résidus. J'ai en L'occasion, dans une conférence faite au Muséum, sur les matières grasses, d'appeler L'attention sur leur importance quand nos combustibles habituels \ iendraienl ;i disparaître. Ecs anglais à ce moment venaienl de faire faire une enquête pour savoir ;ï peu près à combien <1«' temps leurs gisements de houille pourraienl encore durer. Les ingénieurs répondirenl quatre - iècli ôtail encourageant, assurément, mais il n'avait pas été EXTRAITS DES PROCÈS VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS .">'»•> question de grève possible du personnel spécial don! on ne peut pas se passer. Si. <>ii regard de cette situation, :onsidère que depuis plusieurs années les constructeurs de bateaux s'efforcent, en vue d'échapper a L'obligation de traîner avec soi un poids mort d'au moins 60 p. !<•'> de charbon, de Paire des machines aou- velles pour brûler un charbon liquide, moin- encombrant, plus propre et «l'un maniement facile : pétrole i>is par Le pétrole. Plusieurs membres citent des exemples de cas où l'on a cherché à remplacer le charbon par autre chose : en Egypte, d'après M. Le Fort, divers ingénieurs ur lesquels il appelle l'attention sonl le Troène ci le liquid* colo- rant u vin de Troène , obtenu avec ses baies ; le RJèus Cotinus ; o Le bois rouge efl le ■ bois jaune ■ obtenus, le premier avec certaines espèces d i ■ alpinia,le dernier avec le Maclui* aurantiaca. M. Piedallu résumera, pour le Bulletin, les iadicatiom pré- sent* M. Lasseaux demande si quelqu'un, parmi les membres i:\ rRAl l- l>ES PHO( ÈS-> ERBAI K ni - présents, pourrait le renseigner sur la ur culinaire racines de Lunaria annua. M. t ; * > i — di1 qu'il a goûté cette racine, dont la saveur rappelle bien celle des Crucifères; ••Ile atteinl les dimensii de celle du Chervis, mais n s ligneuse à l'intérieur ; c' avant que la plante Fleurisse qu'il Faudrait la consomi salade, comme celle de la Raiponce, el aussi comme li frit. te plante a'est pas citée dans le Potager il un ■ u les auteurs s'y ayant fart rentrer que des plantes exotiques peu connu* - "u nouvelles. M. Mailles indique aussi l'utilisation, | quelques personnes, déjeunes pousses de Houblon en ome- lette, comme on li- fait avecdes turions d'Àspergi - ige - habitue] en Belgique el dans fesl de La France. Li - .). Gérômi . SECTION. — BOTANIQUE SÉA» I Im 30 MAI 1912 Présidence de M. D. Bois, président. II. Bois lait connaître les diverses correspondances parvenues a la Section : r l>e M. Ch. Vandeville, pépiniériste à Pontpoint, | Sainte-Maxence Oise), une notice imprimée concernant la S -un' à feuilles subulées Sagina subulata Wimxo . petite Caryopbyllée à tiges grêles, rameus izonnantes, recom- nandée comme plante .1 gazon dans les lieux - Une lettre de M. Delacour communiquée par M. Ch. De- breuil . signalanl les belles collections d'Orchidées notammenl Odontoglossum, Miltonia, Cochlioda el hybrides obtenus avec t ares el OncUvam qu'il 1 obs - su cours d'une visite faite ;ui château d'Heilemmes, près Lille M. m. pi priétaire . Diverse- notes adressées par M. Rivière, du llamma, et dont le texte est intégrale ment reproduit ci-dessous, relatif ;'i la fructiûcati le- Kentia, à VAnthistiria auêtrahs, au Cl - ria tpeciosa, au Bambwa tsa, el à an Radis-fruit; des .M.S BULLETIN I>E LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION remerciments son! adressés à M. Rivière pour ces communi- cations. Kentia Forsteriana. - L'inflorescence de ce Palmier a un développement particulier dont l'organisation a été décrite autrefois par M. Daveau qui a constaté pour la première fois cette floraison en Europe, à Lisbonne : je reviendrai sur ce cas intéressant. Le régime est petit, mais chargé de fruits qui arrivent à maturité; les graines sont fertiles et quelques centaines de jeunes Kentia âgés de trois ou quatre ans figurent déjà dans les cultures du Hamma. Ce fait est intéressant en ce sens que l'on peut prévoir l'époque où Ton ne pourrait plus être tributaire de l'étranger pour se procurer ces graines recherchées. On sait, en effet, que ce Palmier est étroitement localisé dans l'île Lord Howe, située au sud-est de l'Australie et que la fructi- fication du Kentia est en quelque sorte administrativement protégée. Il y a quelque temps, de grandes maisons de graines, françaises et étrangères en ont môme recherché le monopole. Le Kentia Forsteriana résiste bien sur la Côte d'Azur, notam- ment dans la partie orientale, mais il se comporte bien mieux à Alger, et au Jardin d'Essai il y a en ce moment de nombreux exemplaires chargés d'inflorescences et.de fructifications. .1 ai montré, il y a quelques années, une photographie repré- sentant de belles et nouvelles fructifications de ce Palmier, quand elles se sonl produites, pour la première fois au Jardin d'Essai d'Alger. » Au sujet de cette communication, M. Lasseaux s'étonne qu'on n'ait pas. depuis longtemps déjà, songe à établir des plantations n petit cependant préférer à ces espèces, en culture arrosée, le vieux Bromus Schraderi. En résumé, dans les terres soumises à des arrosages régu- liers pendant l'été, il y .1 d'autres piaules plus économiques. Chorisia speciosa. — J'ai eu l'occasion de cher bien souvent I cette intéressante Bombacée qui m'a servi a diverses expé- riences. J'en adresse aujourd'hui des fruits à maturité pour montrer qu'ils contiennent un duvet se rapprochant de celui du Kapok. Connue l'hiver a été des plus cléments à Alger, cet arbre a bien fructifié, ce qui est assez rare, car malgré ses énorme^ dimensions, il semble être à la dernière limite de sou évolution complète, parce que sa floraison est automnale et que, brusque- ment, elle est saisie par les pluies froides OU des chutes de température. Les plants formés que j ai envoyés du Caire, il y a une quaran- taine d'années, fructifient beaucoup mieux. La matière duve teuse, très soyeuse, a-t-elle quelque utilité comme le vrai Kapok? S'il en était ainsi, le ('hmisln sj>rriosa qui exige moins de •■ ha leur que l'A riodendron anfractuosum pourrait avoir une aire 550 BULLETIN D] SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCC LIMAT ATION d'extension économique beaucoup plus grande que celle de L'espèce précitée. Il n'est pas inutile de rappeler que, dans sa séance du 1 r avril ISTi). notre Société d'acclimatation s'était déjà occupée du il et qu'elle m'en remettait des graine-. En 1 a des variations diverses dans la racine, qui &s\ Loague, dure et sèche, mais qui, suivant les époqu semis, parait devoir présenter d'autres caractèr te plante paraît devoir prendre une place considérable dans le potagerel remplace avantageusement le Radis hypof aussi la continuationdecesessaisen France semble intéressante. J'en envoie des graines Parmi les pièces de correspondance imprimée, M. Bois nal-- le Rapport annuel l'.UI du Jardin Botanique de Missouri, contenant des études botaniques intéressantes [descrip- tions et figures d'espèces nouvelles consacrées aux Opuntia, Kweeaet Cratxgm et deux Bulletins de la station expé- rimentale de Berklej q( 218 et 224 consacrés le premier aux maladies des plantes cultivées, le deuxième à la production en grand du Haricot de Lima. M. Le Forl signale également, dans ffaltes et Marchés du avril 1912, une note intéressante sur l'importation des Qeurs et plantes à Moscotr. M. Debreuil présente dans les Annales africaines _T avril 1912 p. 187 une noie de M. Rivière sur les orangeries du Zegzell Maroc irriguées par des eaux tièdes naturelles, et, dans le a' du II mai, une autre noir gur l'historique du Jardin d Essai d'Alger. M. Magenne, administrateur colonial, fait ensuite une com- munication fort intéressante et très documentée sur le sol et les cultures du Cambodge, qu'il résumera dans une note pour le Bulletin. 552 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Puis M. Piedallu présente une série d'échantillons des espèces végétales employées en teintures (Rocou, Bois jaune, Bois rouge, Campêche, etc.) ; il se propose de se rendre compte si le Maclura aurantiaca (oranger des osages) pourrait être utilisé, et diverses espèces de Troëne (en baies). M. Debreuil signale un « Haricot vert » à cosses grises et striées, qui est très abondant en cette saison, et demande à quelle variété il se rattache. C'est, 4e l'avis de MM. Bois et Mailles, le H. de Bagnolet, cultivé comme primeur autrefois à Paris, mais provenant main- tenant de régions plus méridionales. M. Debreuil ajoute qu'on lui a servi, en Haricot vert, une variété qui lui a été indiquée comme se rattachant au Haricot de Lima (Phaseolus lunatus var.); d'après M. Bois, il doit y avoir erreur, car le II. de Lima est parcheminé et ne convient pas pour être consommé en cosses vertes. M. Piedallu signale aussi que la consommation de graines vieilles de Haricot d'Espagne (Phaseolus multiflorus) aurait rendu malades plusieurs personnes, et demande si la cause peut être imputée à la présence d'acide cyanhydrique. D'après les travaux de M. (iuignard, l'acide cyanhydrique existe surtout dans les formes colorées du Phaseolus lunatus, telles que Haricots de Java, H. de Sieva, H.duCap; il est moins abondant dans les formes à grains blancs comme les Haricots de Lima cultivés aux Etats-Unis, qui sont les formes les plus améliorées au point de vue alimentaire : mais il n'existe |kis dans le Ph. multiflorus. Toutefois, on peut l'y faire paraître en greffant le //. d'Espagne sur //. de Lima, opération qui a été faite expérimentalement, mais qui n'est pas du domaine pratique. Dans ces conditions, il faudrait plutôt croire que les graines de //. d'Espagne incriminées étaient avariées par une autre cause humidité, par exemple). /.■ Secrétaire, .1. Gérôme. Erratum. — Dans le Bulletin nc 16, 13 août 1912, p. 502, 3 Ligne, au de Pomme de terre, lire : Pomme fruit du Pommier . /.-• Gérant ; V M mi resi \. 1, Markthkux, imprimeur, l, ruo SOINS \ DONiNER \ I. ÊLEN \«,:: Dl SANDRE I Par C RAVERET WATTEL Dan- une conférence faite à L'assemblée annuelle de l'Union piscici le de la province de Brandebourg, conférence donl le texte a été récemmenl publié par la Fischerei-Zeitung, M. !.. Noessing, a donné sur rélevage du Sandre des rm- ments intéressants à retenir. D'après M. Noessing, Le Sandre, qui fraye d'avril à juin. effectuerai! -.1 ponte en plusieurs l'ois, à quelques jours d'in- tervalle, quand la température est favorable. Trois sujets reproducteurs une femelle ci deux mâles ayanl été placés, au printemps dernier, dans un étang à reproduction, des œufs fécondés furenl remarqués le 24 avril, puis d'autres le I."» mai. ri. à l'automne, on recueillit des alevins de différentes tailles alors que les plus beaux atteignaient !."> centimètres de lon- gueur, il s'en trouvai! qui ne dépassaient pas 1; centimètres. Pour pouvoir produire industriel I. ment des Sandres d'un an, il faut disposer d'étangs suffisamment alimentés en eau et très riches en éléments nutritifs. Il est indispensable que l'eau s'} déverse en faisant un.' chute de O^bOau moins «le hauteur; sans quoi, les alevins, qui cherchenl toujours a remonter les courants, ne manqueraient pas de s'échapper. L'étang à repro- duction peut-être «le petite dimension 25 ares suffisenl , mais il doit être traversé par un fosséde l "><>à -1 mètres de profon- deur. Si le fond n'es! pas sablonneux, il convienl «le le recou- vrir de sable sur une étendue d'environ î mètres carrés, attendu que le Sandre a besoin d'un fond de sable pour frayer : il \ creuse une petite excavation pour le dépôt de ses œufs. L pisciculteurs autrichiens ont observé que ce Poisson aime à fixer - - œufs -m les rameaux île plantes dures et rigides C'est la. «lit M. Noessing une observation parfaitement exacte; aussi je conseille de déposer dans les fossettes creusées par le Poisson de petites bottes de rameaux de Genévrier; on à peu près ci ii un que la ponte se Ceci sur ces rameaux, on l'on peut facilement suivre le développement 'le- œufs, et qu'il est aisé de transporter au loin, si Ton se propose d'em- D'après les obsen itiona de M Noessing. m i.i-. soi . > \ 1 1912. — .>.>i BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION poissomuT d'autres eaux. >• Néanmoins, pour les achats d'œufs fécondés, il est bon de ne pas s'adresser à des maisons trop éloignées, afin d'éviter de longs voyages, qui pourraient être dangereux. Différents éleveurs sont aujourd'hui en mesure de livrer d'excellents produits; on peut citer notamment l'établis- sement Wurke, de Pammendorf, qui s'est fait depuis quelques années une spécialité de ce genre de fournitures. Suivant la température, les œufs du Sandre mettent de cinq à dix jours pour éclore. 11 est indispensable de protéger les alevins contre la voracité des parents, qui dévoreraient infailli- blement leur progéniture. Par suite, il est à conseiller de relier L'étang à reproduction avec un grand étang d'empoissonna- dont il est séparé par un fin grillage, qui laisse passer les alevins, mais relient les sujets reproducteurs captifs dans le petit étang. « Afin d'obtenir un plus fort rendement, j'ai, dit M. iNoessing, mis quelques Carpes d'un été, à raison de 50 par arpent (1) dans les étangs d'empoissonnage, el j'ai pris soin de nourrir ces Poissons avec de la farine de viande et du maïs égrugé. Je crois que les jeunes Sandres n'ont pas plus dédaigné cette nourriture que ne le font les Carpes ; car on les voyait habituellement en grand nombre sur les points où se faisaient les distributions. » Les difficultés que présentent la pèche, la conservation et le transport du Sandre sont la principale cause des fréquents échecs éprouvés dans l'élevage de ce Poisson. Il se produit parfois de grandes pertes, même lorsqu'on ne néglige rien pour réussir, et qu'on fournit aux alevins une eau fraîche. abondante et bien renouvelée. Pour beaucoup d'étangs à Carpes, l'usage assez général est aujourd'hui de pratiquer la pêche un an après l'empoisson- nement Ces! un système complètement à déconseiller en ce qui concerne le Sandre ; attendu que ce Poisson n'atteint pas, ,i un an, la taille marchande, et qu'on risque de subir de grosses pertes en introduisant des sujets de cet âge dans une eau nou- velle La pêche à 2 ans ne présente pas les mômes inconvénients ei l'on peut alors opérer avec sécurité, si l'on prend les soins ûécessairi La production de l'alevin esl une industrie assez rémunéra- trice, quand on opèredans des conditions réellement favorables. 1 L'arpent ou morgen vaut 30 ores SOINS A DONNER A I. ÉLEVAGE DU SANDRE Il \ a néanmoins bien des aléas, el rien n'est plus irrégulier que le chiffre des récoltes obtenues. En 1903, dil \l. Noessing, avec 12 sujets reproducteurs, je n'obtins que 500 sujets d'un an; tandis que l'année suivante, j'en récoltai mille. L'année 1905 fui exceptionnellemenl favorable : la récolte atteignil »00 sujets; mais elle retombai I à 500 en 1906. On voil «loue que l'élevage du Sandre est une sorte de loterie. Quand il réussit, le bénéfice esl sérieux, car on trouve un placement très avantageux des produits récoltés ; mais ce n'esl pas lé une spéculation de toul repos. « Pour l'empoissonnement de grands laes, le Sandre convient à merveille; c'esl le Poisson qui rapporte le plus. Dans beau- coup di buH ices d'eau, le Sandre se reproduit sans que la pisci- culture ail à prendre de soins spéciaux, et la propagation e abondamment assurée. Mais, en ce qui concerne la pêche de ce Poisson dans les lacs, je ne puis rien dire, car je ne l'ai | pratiquée. •■ La Carpe n'étant malheureusement plus aujourd'hui aussi recherchée qu'autre fois, nous devons chercher à produire pari oui où il est possible, un Poisson de meilleure vente. Onne doit pas combiner la production de la Carpe et du Sandre en rotation annuelle : «■,■ sérail courir à des échecs. Mais L'intro- duction du Sandre' est, au contraire, à recommander comme avantagi ux dan- les grands étangs à rotation bisannuelle, dans airs d'eau, ainsi que dans les lacs. Comme le Sandre ae vend bien, en toute -ai-on, il mérite d<' fixer sérieusement L'attention des pisciculteurs elui qui réussirait à obtenir par quelques soins spéciaux, une race plus résistante que le type sauvage, ferait une opération pécuniairement très avan- use. •> SUR LE POLYMORPHISME DE CERTAINS VÉGÉTAUX Par J GÉRÔME Le tilre de celte note m'a été suggéré, par f examen des jeunes pousses développées sur des rameaux, boutures de Cereus ti'icostatus, reçues de M. R. Rolland-Gosselin. Les articles reçus (rameaux-boutures étaient courts, trapus, renflés, nettement à trois côtes ; les pousses qu'ils ont fournies sont grêles, au moins trois fois plus minces, à peine angu- leuses, bien plus allongées, en un mot, absolument dissem- blables : si l'on examinait ces rameaux séparément, on se refuserait à y voir l'a même plante. Ce résultai était d'ailleurs prévu, il n'est pas moins intéres- santde le constater de ri.su ; c'est une preuve de plus qu'il faut se méfier de l'aspect souvent très variable des plantes de jar- din. En effet, en décrivant le Cereus tricostatus, M. It. Rolland- Gosselin écrivait en 1910 1 : «Les collectionneurs d'Europe n'obtiendront que de maigres résultats en cultivant cette plante en pots ; elle est trop vigoureuse et ne prend sa forme adulte que si les articles de soutien trouvent un bon point d'attache permettant aux articles florifères de se lancer en urilé de bas en haut. Dans le cas particulier qui nous occupe, la bouture ayant été faite et maintenue dans un pot relativement petit, le polymor- phisme constati' est certainement dû aux conditions de mili à la petite quantité de nourriture donnée à la plante. C'est l'analogue, mais avec moins d'ampleur dans les effets, le ce qui se produit chez les arbres nains japonais présentés au- expositions, arbres qui reprennent leur forme normale ►nt ensuite cultivés dans les conditions ordinaires. De très nombreux exemples de plante- se présentant d les jardins sous des aspects différents peuvent être cités : c'est petit résumé que je me propose de présenter ici. Il n'ap- prendra rien à beaucoup; mais les amateurs non prévenus, qui ne suivent que d'assez loin leurs collections et sans j garder de très près, pourront être intéressés par les su l'étude qu'un examen plus attentif peut leur procure] l r,, i ue //".' ficole, p SUR ] i OU MORPUISMK Ml i.i ai \ Les exemples que je me propos* de ciler peuvenl i groupés en deux séries \. le polymorphisme esl dû a l'influence des conditions d< milieu : B. Le polymorphisme est dû à la nature même de la plante, celle ci présentanl successivement un étal juvénile et un étal adulte différents l'un de l'autre : tantôl cette différenciation esl très grande el intéresse l'ensemble di mes, tantôt n'intéresse que les feuilles. A. — Modifications dm aux conditions de milieu. Certaii plantes aquatiques ou amphibies sonl a ce pojnl d< vue loul à lait remarquables ; rime des plus typiqui - - le Polygonum pmphibium, donl l'aspecl général est tout différent suivant qu'il se développe dans la vase, sur le bord d'un marais, ou dans un étang; dans le premier cas, les rameaux sonl coui trapu-, dans le second i. sont très longs et Qottants. Les Sagittaires, les lienoncules de la section Batrachium, peuvent être également citées comme exemple de modifica- dues à l'influence du milieu, avec cette restriction que Des modifications ne portent que sui i aspect des feuilles. Les plantes des régions sèches, (dus ou moins désertiques, pultivées dans nos pays se modifient aussi d'une manière très -i asible quand on les cultive en des points plus humides elles y perdent leui niions ou ne les présentent plus qu'en nombre moins grand, elle- pr< -.•nient davantage de feuilles, et ces organes persistent plus longtemps. Les grands Euphorbes ceréiformes, cultivés lans des serres tenues plus humides qu'à l'ordinaire, développent el e^n-ei- v-'iii ainsi di - feuilles a la partie supéi ieure de leurs rameaux, tandis que les mêmes espèces dans une aine- plu- - sont toutàfait aphylles, ou n'ont au moment du développe nient de leurs pousses, que de- feuilles très réduili s el promp- tement caduques. J'ai pu observer ce fait plusieurs i"i- dans les serres du Muséum; quelqu'un qui ne sérail pas prévenu pourrait considérer qu'il s'agit de plantes différentes, tandis qu'il n'y a en somme que l'influence d'un.' atmosphère plus humide. Les Colletia, arbrisseaux de la famille des Rhamnai • originaires du Chili, sonl également curieux k examiner. • >ii -,iii que certaines espèci - - sting oes des autres par la forme el la dimension de leurs rameaux plus ou 558 bulle™ de la socrêTÉ nationale d acclimatation moins aplatis et plus ou moins épineux; le C. cruciata, est remarquable par l'applatissement et l'élargissement de ses rameaux de forme triangulaire terminés par une pointe dure et acérée ; ses rameaux généralement opposés deux à deux, mais disposés en croix par rapporta ceux qui sont immédia- tement au-dessus et au-dessous. Ce C. cruciata, d'aspect aussi caractéristique et singulier, se modifie parfois plus ou moins complètement, sous l'influence d'un été humide. J'ai pu voir plusieurs fois, sur des pieds de cette espèce cultivés au Muséum, se développer des rameaux rappelant la forme de ceux du C. sp'niosa (rameaux plus 'grêles, plus arrondis, et rappelant plutôt la forme des Ajoncs). On peut aussi constater très facilement l'influence du milieu et l'action d'une quantité différente- de nourriture donnée à la même espèce, en examinant le développement comparé de deux plantes issues de même semis, l'une conservée en pots ou en caisses, l'autre cultivée en pleine terre. Les amateurs, qui voyagent un peu, ont pu se rendre compte de la grande différence qui existe dans l'aspect des collections de plantes succulentes (Agav<\ iloe, Cereus, Euphorbes cacti- formes, etc.), suivant qu'ils les examinent dans notre climat parisien, ou qu'ils retrouvent ces mêmes espèces se dévelop- pant librement en pleine terre dans des régions plus favorisées Nice, Cannes, Menton, ou le nord de l'Algérie). C'est cette même impression qui est ressentie par les explo- rateurs qui ont parcouru les régions tropicales, et qui ont peine à reconnaître, dans nos plus grandes plantes de serre. les végétaux (ju'ils ont rencontrés ou envoyés en Europe; il- y retrouvent bien la forme des feuilles, mais l'aspect général est tout à fait modifié, surtout pour les lianes. Ces modifications dans l'aspect de mêmes végétaux placés dans des milieux différents se comprennent très bien, el l'on admet très facilement qu'il en soit ainsi ; il \ a pourtant quelques-unes d'entre elles pour lesquelles on n'a que des données très vagues. Ces! h- cas, par exemple, d'une modification tout récemmenl signalée dans la racine d'une variété du Haricot ordinaire; un sait que notre Haricot commun a les racines grêles et fasciculées. Or, toul récem m 15 janvier l '» 1 2 la //■ Horticole publiai! une note accompagnée de ligures montranl ce Haricot avec des racines charnues qui se sont développ - ,. i l'OLYMOKl'HISMI Dl Cl : \ I ÉTAUX sans qu'il \ ail eu, comme pour les cas précédemmenl cités par \i. Daniel Comptes rendus de 1 A * ; i « 1 . des Se, 14 novembre 1910 , interventioa de l'homme el influence du greffa B. — Modifications dues à la nature mên La cause la plus fréquente du polymorphisme dans les lux est qu'un grandnombre possèdent an étal juvénile el un étal adulte différents l'un de l'autr i st ce que l'on remarque très bien dans un grand nombre de Cactées obtenues par semis ; certaines espèces de <'•■< l' tus, Epiphyllum el Bhipsalis en sont des exemples bien connus. Il en esl de même dans la nombreuse famille de Conifèi - surtout dans les genres Juniperus, Chamsecyparis, Cupressus, Retinospora, donl les formes jeunes -oui toutes différentes des tonnes adulti Les Palmiers conservent plus ou inoins longtemps, selon les genres, leurs premières feuilles, ordinairement de forme plus ou moins entière ; ce n'est que plus tard qu'ils prennent les feuilles caractéristiques de l'âge adulte, tantôt palmées, lantôt pi on i - Le commerce horticole recherche surtout li - genres ila h - lesquels la forme juvénile dure le moins longtemps, ceux dans lesquels les plantes jeunes Sonl le plus tôt «caractéri- • . De ce nombre sont les Kéntia, Cocos Weddeliana. Beaucoup de plantes grimpantes de serre sont très poly- morphes; les ifaregravia, les Polkas, V Epipremnum mirabile en sont des exemples bien connus. C'est le même cas pour le Ficus xti/iiihitn, plus connu sous sa forme juvénile pour tapis- p les mur- de fond des serres, ou pour l'aire grimper Le long des col les on m/uue des cloisons vitrées de certaines serres. Souscette forme, il est désigné sous le nom de Ficus repent. En le taillant régulièrement tous les ans aux cisailles, il con- a rve sa forme juvénile, esl entièrement grimpant : mais si on le laisse se développi r naturellement il ne tarde pas a donner naissance à des rameaux d'une tout antre nature, portant des feuilles également différentes, rameaux qui donneront n sance aux fruits. La fructification s'est produite fréquemment dans les terres el les jardins du midi de la France, où ou l'utilise pour tapis des murs de terrasse I . ,1 Voir /'■• • .'/■ e, 1891, p. 148, pi. col 56Ô BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Sa fructification en plein air, à Nantes, sur un vieux pied autrefois cultivé dans une serre (démolie depuis qu°lques années) a été constatée l'été dernier (1911) I . Parmi les plantes grimpantes de plein air dans lesquelles on peut constater des faits de polymorphisme de même nature, le groupe des Vignes vierges (surtout Y Ampélopsis Veitchi), et celui des Lierres nous en fourniront de bons exemples. Une muraille tapissée d'Ampélopsis Veitchi, mais tondue régulièrement, de façon à ne pas laisser se développer de rameaux adultes à un aspect tout différent de celui qu'il revêt sur une autre muraille où on a laissé la plante végéter libre- ment; cela est dû à la grande différence de forme qui existe entre les feuilles des rameaux juvéniles et celles des rameaux fructifères. C'est le même cas pour le Lierre; l'exemple est si connu que je ne fais que de. le citer. Le Houx est tout aussi remarquable; les vieux arbres ont des feuilles qui arrivent à ressembler à celles d'un Laurier, ne présentant plus aucune épine; si sur ces vieux arbres, des branches sont taillées fréquemment, elles donnent naissance à des rejets à feuilles fortement épineuses. C'est ce que l'on peut constater à L'entrée du Muséum, près la statue de La mark, sur deux vieux Houx à feuilles tout entier s dans le haut, dont les rameaux du bas, souvent coupés pour qu'ils n'attei- gneul pas les promeneurs, produisent ainsi des jeunes branches à feuilles très épineuses.. Le développement des Eucalyptus, et tout particulièrement de l'E. globulus est curieux à suivre pendant plusieurs années ; les feuilles sont d'abord sessiles, opposées, élargies a leur hase et soudées entre elles (c'est analogue à ce que l'on remarque dans les feuilles florales du Chèvrefeuille). Un dit, en employant la langue des botanistes, que ces feuilles sont connées; leur disposition est celle des feuilles ordinaires, c'est- à-dire que L'épiderme supérieur regarde I" ciel, l'inférieur esl tourné vers la terre. Quelques années i>lu.^ tard, le même /■'. globulus présente des feuilles alternes, pélioléf& H disposées suivant un plan vertical. Dans celte espèce l'étal juvénile el l'état adulte sont ires nettement dissemblables. t.. i Voir /-'• Jardin, 1912, p. 70. SUR LE POLYMORPHISME DE CERTAINS VEGETAUX -»1»' Des constatations analogues peuvenl être faites sur la majorité des Acacias australiens ceux à phyllodes entiers dans le jeune âge, les feuilles sont composées de folioles plus ou moins nombreuses; ce n'esl que plus tard qu'elles prennent la forme de phj Llode. on pourrait encore ajouter aux exemples précédents, les innombrables espèces de végétaux à feuilles normalemenl composées el qui onl fourni des formes monophylles et, par opposition, la non moins abondante série d'espèces normale- menl à feuilles entières, mais dont les variétés ptus ou moins laciniées ou déchiquetées ornenl les jardins en embarrassanl quelquefois beaucoup les botanistes. Il l'aul citer aussi les espèces, vivaces ou non, dans lesquelles Les feuilles radicales celles de la base), les feuilles caulinaires celles des tiges el les feuilles Qorales qui accompagnent les Deurs) sont dissemblables. Pour ne citer qu'un exemple l>ien connu, devenu en quelque sorte classique, il suffit «le rappeler Le Campanula rote la el l'embarras dans lequel cette plante met les débutants pour la détermination des plantes récoltées au cours d'une herborisation. Peut-être pourrai je rappeler aussi le Broussonetia papyri- fera comme un autre exemple également très connu du poly- morphisme des feuilles, non seulement sur l'ensemble de l'arbre, mais sur le même rameau. Certains genres de végétaux d'ornement sont nombreux en variétés due. au polymorphisme des feuilles; les Crolons des horticulteurs Codieeum piclum , de nombreuses variétés de Fougères, surtout parmi les Pteris, l\ ■ lepis, > en- (Iriiiin, etc., en sont de- exemples également très connus. Enfin, il existe an certain nombre de végétaux possédant cette particularité singulière de se présenter pendant une période plus ou moins longue de leur vie période juvénile . avec <\r> feuilles dune forme déterminée, et de transformer progressivement la forme de ces feuilles de manière à être tout différents à l'étal adulte. Tantôt des plantes à feuilles entières dans leur premier ne portent plus ensuite que des feuilles très divisées j tantôt e'e-t l'inverse qui se produit. Je voudrais signaler ici quelques cas que j'ai observés, notara ni dans [es serres du Muséum. En L896, j'ai eu l'occasion de faire semer aux serres du 562 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Muséum, des graines que M. Max. Cornu, alors professeur de culture, venait de recevoir de Nouvelle-Calédonie. Les plantes issues de ers graines avaient, dans leur jeune âge, des feuilles à sept divisions très profondes et, dans leur ensemble, pouvaient être comparées à un éventail peu ouvert. Successivement, au bout de quelques années, les nouvelles feuilles se modifièrent et lurent de moins en moins divisées : 6, 5, \, 3 divisions, puis, par réduction des lobes, la feuille finit par ne plus présenter qu'un limbe, de forme ovale lancéolée, entier sur les boni-. et à sommet d'autant plus obtus que la plante est plus âgée. Cette plante avait intrigué tous les botanistes qui avaient eu l'occasion de l'observer et M. Pierre lui-même (l'auteur de la Flore forestière d'Indo-Chine) avait déclaré qu'elle était pour lui une véritable énigme. I »r. en 1911, à l'exposition d'Horticulture de Paris, je remar- quai dans le lot d'un exposant (M. Chantrier) la même plante que la nôtre, mais plus jeune îles feuilles étaient encore à 3 divisions) ; elle était étiquetée Herrania palmata Ilort. : la plante, d'après les autorités de Kew, devrait être une Araliacée, du genre Dendropanax . Des rechercbes faites à l'herbier du Muséum, et la comparai- son des échantillons authentiques des graines conservées au laboratoire de culture ont permis au service des herbiers de déterminer notre plante qui est Y Ilernand'm eordigera Vieill., Laurinée de Nouvelle-Calédonie, dont les feuilles adultes sont ovales, entières et obtuses, et bien plus petites que dans L'état juvénile, état sous lequel elles nous ont tant intriguées 1). Dans te Musanga Smithil, grande Aartocarpée du Congo, qn< j'ai eu également l'occasion de faire semer plusieurs fois dans nos serres, les feuilles sont aussi d'abord très divisées, mais avec l'âge elles deviennent également entières. Comme exemples de plantes qui, dans le jeune âge avaient des feuille- entières, et onl eu ensuite des feuilles composées, je puis signaler entre autres une Aiurantiacée envoyée par M. Pobéguin vers 1895, et qui u'a montré ses feuilles adultes '|ll" relie ani'ée. e| une Si e|vi| I iaeee . envnvée liai' M. < '.\\i'\ a I ier. mais dans laquelle le changement dans l'aspect des feuilles t'ait beaucoup plus toi 1 - exemples, que Pon pourrait augmenter, suffisent pour I Voir bulletin du Muséum, 1911 R LE POLYMORPHISME DE CERTAINS VÉGÉTAUX 563 mx amateurs toul l'intérél qu'il j a .1 3uivre de près le développemenl des végétaux qu'ils possèdenl : dans cerl lins cas, certaines modifications son! 1res remarquables. Je in' veux pas dire qu'on pourra en observer beaucoup: cela esl subordonné à l'importance des collections : el ce sonl 1rs collections qu'il importe de faire naître, de provoquer. \ beaucoup de nos coll gués, ma note c'aura rien appris; ils oni eu tous l'occasion d'observer des cas analogu d'autres, suivant leurs moyens voudront, je l'espère, examiner davantage les végétaux : ils y trouveronl des sujets d'études ssants. STERCULIA ACERÎFOLIA Par C RIVIÈRE La remarquable floraison de cet arbre australien a été cons- tatée au jardin d'essai d'Alger en juillet 1910, où elle a pu être suivie dans toutes ses phases : je l'ai décrite en partie dans notre séance de bolanique du mois de décembre de la même année et je complète ici l'étude de cette plante. Cette floraison est réellement merveilleuse. Au soleil, ses innombrables panicules, rouges, flamboyantes, produisent un effet absolument féerique et la dénomination anglaise Flame- Tree est bien justifiée. Cet arbre est encore peu connu, mais quand il le sera davan- tage, il prendra place parmi les rares arborescents aux belles inflorescences qui apparaissent quand l'arbre est dépourvu de feuilles, tels que Jacaranda mimosœfolia, quelques espè d'Erytbrines, notamment E. corallodendron , Eriodendron Rivv'ri, etc. La floraison de cette espèce paraît avoir été constatée pour la première fois dans nos régions du midi de la France et la Revue Horticole de 1903 donne une plancbe en couleur de celle inflorescence. D'ailleurs la floraison de diverses espèces voi- sines, mais qui sont moins remarquables, a suscité des appré- ciations différentes relativement à leur identité. La plante en question, Sterculia acerifolia, soumise à l'exa- men de notre distingué collègue, M. Lecomte, professeur de botanique systématique au Muséum, semble bien être l'espèce de Cuningham et décrite dans la Qore de l'Australie de Ben- tliain cl Miillcr. L'arbre qui a fleuri au Jardin d'Essai d'Alger a 7 mètres de haXiteur el "•'! centimètres de circonférences un mètre au- dessus du sol. Un exemplaire beaucoup plu- grand, mais mal placé, ii .i pas encore montré ses inflorescences. l/ccorce du tronc est verdâtre, avec des taches ferrugi- neuses. Les feuilles de ;j à •"> lobes sont d'un beau vert clair et leur face inférieure esl lisse. Floraison générale en juillet, quand la plante est complète- ment dépourvue de feuilles : de grandes panicules de Heurs STERI i l.l.\ \< ll;ll 01 l\ rouge brique, nombreuses el pendantes, persistent ass •/ loi - temps. Fleurs inodores. Fructitication abondante de novembre à janvier; gou noirâtres, dures comme de la corne; graines enduites d'une matière jaunâtre el collante. Les ramifications de cel arbre présentent un caractère parti- culier dans leur poinl d'attache sur Taxe. La ramification esl droit"-, presque horizontale, plutôt maigre, renflée à sa bas en une sorte d'empâtement saillant, élargi, presque trapézi- forme, semblant collé sur le tronc. Mais quand cette ramifica- tion se dessèche, ce qui arrive naturellement el successive- ment en commençant par la partie inférieure 'erifolia n'a pas. comme les arborescents précédents une floraison annuelle: elle esl irrégulière, périodique, : capricieuse et plutôt rare. Cel arbre esl à feuilles persistantes : les signes qui pi dent sa floraison sonl intéressants à décrire. L'année où i! doit fleurir ses feuilles tombent au printemps, puis les boutons floraux apparaissent, souvent la floraison 566 lil'LLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCUMATATIOX Ju moins sur les deux pieds observes — n'esl pas générale comme celle constatée au Jardin d'Essai en 1910, mais ne se produit que sur un des côtés de l'arbre. Cette dernière remar- que a été faite dans le beau jardin de Mme Arthur, à Mus- tapha-supérieur (Alger) où se trouve un grand représentant de cette espèce. L'arbre porte ses fructifications pendant tout l'hiver et ne se couvre d'une nouvelle foliaison qu'au printemps et elle persiste jusqu'au moment d'une autre tloraison. Or, cette dernière ne se produit qu'à des intervalles encore impossibles à détermi- ner dans nos contrées. EMPLOI IM»l STRIEL DE \:i-l(llll"li\l \ CRASSIPES NÉNUPHAR Dl JAPON l\ Indo-Chine Par E JARDEL Celte plante, Luc-Binh ■ en Cochinchine, Hoa Sen-nhât- bàn » en Annam el au Tonkin, est essentiellement aquatique et très commune eu [ndo-Chine: très répand m Cochinchine ci au Cambo Lie L'esl cependant relativement moins au Tonkin, en Annam et au Laos, quoique fréquente encore. I. Eichhomia crassipes, de la famille des Pontédériacées, a été introduite en Cochinchine, venant du Japon, il j .1 une quinzaine d'années, — au Tonkin en L905, - el, de ce point, elle esl descendue jusqu'à Hué, quelle a atteint en 1908. VEichhornia crassipes surnage par le moyen de flotteurs ellipsoïdes qui se trouvent àia base de ses feuilles cordiform Elle est rec laissable facilement à ses belles et grandes fleurs violettes avec une tache jaune sur le pétale médian ex tcrm Le développemenl de cette plante esl tellement rapide el puissant que, faute de surveillance, en détruisant d'abord les plantes aquatiques déjà existantes, elle envahil ensuite les cour- d'eau cl étangs au point de devenir une gène des plus sérieuses pour la navigation, laquelle, en [ndo-Chine, a une importance primordiale — « les routes qui marchent étant encore le principal facteur de l'activité commerciale intérieure de la colonie. Pendant Longtemps on n'avait guère songé à utiliser cette plante : c'est à peine si <>n la vendait comme Qeur d'appar- tement dans quelques mardi'- de- grands centre- de la colonie habile- par de- Européens. Celte lacune, je dirais même plu-. e.' dédain du luc-binb ou « hoa sen-nhât-bân . car telle la dénomination annamite de I' « Eichhomia i -••mille devoir disparaître à la suite des recherches et d< - travaux naguère tentés au Cambodge par des indig - otelli- its. \\ant entendu parler vaguement de . ùs, j'ai pensé qu'il serait de quelque utilité de procéder au Tonkin ■* de- 568 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION expériences analogues. Je me suis donc mis à l'œuvre en prati- quant ainsi : La matière première qui, soit dit en passant, ne coûtera jamais que la peine de la ramasser à brassées dans les eaux courantes et stagnantes où elle pullule, a été recueillie par une équipe d'enfants de huit à dix ans, d'où coût insignifiant, on le voit. Chez moi, sous des préaux ou en plein air, suivant le temps et la température, la première opération a consisté à décou- ronner les tiges centimes l'un — tandis que le sac de jute de dimensions el de forme pareil] se vend normalement au Tonkin au p ix ! i o fr. 65 centim -. Pour compléter ce compte rendu, je dirai en toute franco que, sur cette vente de 1.500 sacs, j'ai réalisé un bénéfice de 175 fr. 50 centimes, soitOfr. 105 pi Les renseignements qui précèdent, liais pécuniaires obtenus sont suffisamment éloquents l< crois, el plaident assez en faveur «In • loc-binh ». Nul doute qu'après des essais sérii ni et judicieusement tentés, une nouvelle source de gains non à dédaigner i i aussi une industrie vraimenl française ne viennent augmenter le développement économique de notre belle po- o d'Indo- Ghine. Honga) fonkin . Il I I SOC. RAT. Al — 31 ÉTUDE DE LA SAIGNÉE DE L'ARBRE A CAOUTCHOUC D'AFRIQUE OU « FUNTUMIA ELASÏICA » STAPF par CM. BRET Sous-inspecteur d'Agriculture des colonies, Adjoint au Chef de la Mission permanente d'études des cultures et jardins d'essai coloniaux. Le Funtumia elastica est généralement considéré comme ne pouvant supporter le régime des saignées continues, condition importante, sinon essentielle, pour la production du caout- chouc de plantation. On se trouve donc toujours dans l'incer- titude en ce qui concerne le mode d'exploitation de cette intéressante espèce, au grand détriment du développement d< sa culture méthodique. Dans un rapport récent à M. Le Gouverneur de la Coke d'Ivoire (1), nous avons relevé plusieurs particularités biolo- giques propres à cette essence à caoutchouc et qu'il est indis- pensable de connaître pour la récolte du latex, avec le minimum de dommage? pour la plante. La suite des- expériences que nous avons entreprises à ce sujet, met encore en lumière des laits nouveaux, très impor- tants à considérer, puisqu'ils permettent de concevoir les élé- ments d'une méthode de saignée adaptée aux exigences de L'espèce et par suite aussi peu nuisible que possihle à la vita- lité des individus. Conséquences des saignées cbez le Funtumia. Trois mois après les premières expériences, une nouvelle saigner a été laite sur les arbres de la série D. dan- Les mêmes conditions qu'en Août 1910, mais sur Les laces opposées des troncs Paru dam le Bulletin de caout- chom il une moyenne de -■'> ^v. -'■> par arbre. En cotnparanl ee dernier chiffre avec le rendemenl moyen de 38 grammes par arbre, obtenu en août, par des incisions de même importance faites de la même Façon, â une saison sensi- blement analogue, sur 1rs mêmes arbres, on relève une ■", Castilloa. Manihot, Fins. Landol- jih"i. Ctitaiidra, et parmi toul essences, seules les lianes appartenant au dernier genre pouvaient être comparées au / untmnia au point de vue du rendement des incisions en latex. u' qu'il en soit, le phénomène précité esl poussé issez loin puisque la n mvelle observation se rapportant à la diminution des rendements, permel de lui reconnaître un corollaire : la quantil il- /<<■■/ que Con peut extraire >/u Puntumia /"'/■ »'"' pri's-iile uni' finir proportio.n de / à i."> centimètres les unes des autres. Dans ce cas, on enlève à l'arbre une 'propor- tion encore plus grande du latex contenu dans tous ses organes. I. 'appauvrissement général en caoutchouc qui en résul- tera (1), se manifestera longtemps encore après l'opération et pendant toute celle période le Funtumia se trouvera dans des conditions physiologiques défavorables. En effet, quelles que soient les fonctions attribuées au Latex, un végétnl ne sau- rait en être dépourvu dans une large mesure sans être grave- ment atteint dans sa vitalité (2). I Nous nous bornons ici à constater le l'ait de l'appauvrissement général de la plante en caoutchouc, consécutif à une saignée intensive. Or, ce sont là des données fort incomplètes, car "n peut se tr a présence, soit d'une diminution de la tension du latex dans les vaisseaux, soit d'un abais sèment de la teneur du latex en globules de caoutchouc, suit encore des d.-uN phénomènes combinés. C'est dire que, dans cel ordre d'idées, il y a matière à des i tudes très délicates qui devront venir en leur temps. Cette note était déjà préparée lorsque nous avons eu 30us les yeus une élude de M. E. de Wildeman : Fondions du Lu ex, parue des le 1'. août 1909 dans la Revue Le Caoutchouc et lu G r cha. Le -avant Directeur du Jardin botanique de Bruxelles concluait ainsi : \us devons donc conclure de cet examen que ./lierait être ••■il idérè timplement comme mi déchet, <• e impunément enlevé à la planle... Cette appréciation si autorisée et qui vieul donner plus de poids notre point de vue, n • semble pas malheure t avoir été consi lérée i i .i pn ienl i importance qu'elle a. LA SAIGNI l DE l.' IHBRE k CAO! I ■ 1 1 • » LT C •">T.'i Cette manière de voir qui nous a été suggérée par l'observa- tion des sujets en expérience, se trouve confirmée parla théorie : de plus en plus, on tend à considérer les latex, non seulement comme «1»' simples i xcrétions ou sécrétions, mais comme d( - produits ayant des ï :tions très diverses, apparaissant eu huit cas, comme absolument indispensables à l'activité physiolo- giqu< des espèces qui en -<>nt pourvues el en relation intime avec les phénomènes de nutrition. On observe bien d'ailleurs, quelque temps après la saignée énergique d'un Funtumia, le jaunissemenl el la chute d'une partie d«'s feuilles, une turgescence incomplète de celles qui persistent. Dans ces conditions, la Fonction d'élaboration du latex doil être ralentie au détriment des récoltes futures, la cicatrisation des incisions se fait lentemenl ; en définitive, t, ,11 1rs les fonctions se I mu vont affectées, lous 1rs faits ci-dessus se compliquant encore, dans le cas d'arbres traités par les noirs, de blessures graves \<± saignées pour rendre celles-ci rationnelles. Il esl ii mm d'abord facile, d'éviter les blessures graves ; nous étions aisément arrivés, dans cel ordre d'idées, a des résultats inespérés à la suite de dos premières expériences et en nous appuyant sur les phénomènes que nous avions mis en évidence, notamment la grande surface d'écorce drainée par une incision. l Journal d'Agriculture tropicale, 1911, n° 109-114 II-' I. \ S VIGNE] DE l. \i;i;i;i. \ l \m rCHQ! I Le Funtumia apparat) alors, parmi les auli caout- chouc, comme Vespèce qui nécessite le moins d'incision •met les blessures (es moins importantes pou) V extraction du latex, h cet égard, la simple substitution d'une méthode raisonnée à l;i pratique courante, permel des améliorations considérabl tanl par la réduction très importante des blessures que par une augmentation des rendements. Cette disposition spéciale a encore une conséquence qu étrangère à la pratique des saignées, mais qui u'en esl pas moins capitale: la main-d'œuvre nécessaire à la récolt< du latex est, dans le cas qui nous occupe, infime en comparaison de celle qui esl employée pour les autres ai bres ; il en résulte que le prix \>'- étrangères, notamment au > ameroun, 5 6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION on a préconisé une méthode que l'expérience paraissait devoir pendre plus recommandable que les autres : la méthode par incisions verticales. Nous l'avons également essayée et le point qui dous a le plus frappé dans les résultats est le faible rende- ment qu'elle fournil comparativement aux incisions obliques ou horizontales I . On conçoil facilement que cette méthode soit supérieure aux autres, car elle s'effectue dans les conditions requises pour la conservation de l'arbre, ■•voir : extraction de faibles quantités de latex à chaque opération ; blessures facilement supportées, n'occasionnant aucun trouble physiologique grave. pendanl nous l'avions, a priori, condamnée parce qu'elle entraînai! des incisions trop longues, trop importantes. La direction des incisions n'entre pas, en effet, en lip;ne de compte dans les conditions à observer, et puisqu'il est établi qu'à longueur égale, des incisions obliques ou horizontales sont plus productives que des incisions verticales, il y a tout lieu de donner la préférence aux première-, en les restreignant toutefois dans des proportions convenables, à cause de leur fort rendement relatif. Rr aucun cas, il ne faudrait cherchera appliquer au Funtumia un système de saignée par ravivage des incisions, tel qu'on le pratique surYHevea brasiliensis. La -impie observation montre bien que, dans le cas qui nous occupe, une incision effectuée au milieu d'une portion d'écorce vierge de coupure est plus productive qu'un rafraîchisse- ment exécuté sur les lèvres d'une blessure. On ne remarque na- notamment — ou tout au moins la manifestation n'est plus la même — le phénomène encore inexpliqué, croyons- nous, connu sous le nom de Wound-response réaction île l'arbre à la saignée), qui justifie pour VHevea la pratique du ravivajge. Il n'y a doue aucune raison d'élargir les plaies à outrance en rafraîchissant périodiquement une des lèvres de l'incision. Bien au contraire, comme non- le verrons un peu plu- loin, il e-t possible, et il \ a è cela un grand intérêt, de faire (die/ le Funtumia des incisions relativement étroites (in s'esl beaucoup atta< lié, pour rendre rationnelle la saignée l Voir Bulletin de iu peut dire qu'en réservant ><>n latex, 17/ se défend lui-même contre l'effet des saignées alors que le Funtumia en est incapable. Nous avo amené a adopter |>our ce dernier, une mé- thode de saignée visant l'extraction échelonnée du latex et qui, par suite, se rapproche en principe de la méthode ordinaire- ment pratiquée sur VHev< a. Voici donc deux essences très éloignées l'une de l'autre, d'une structure bien différente. Nous avons i> is uog us sur cette circonstance, l>nti<- que l'on veut ■ • " bon état a là une -rave erreur: il faut bien SI dire, au contraire, qu'un arbre à latex que l'on a devant les ' il Wright.— Hevea brasiliensis or Para rubbi lition 1908, p 89. LA SAIGNÉE DE L'ARBRI 581 yeux, esl un réservoir d'une capacité donnée, auquel il ne faul pas demander au delà d'une certaine proportion du contenu. si là encore un l'ail très importanl qui devra s'ajouter j ceux qui précèdent pour réaliser, dans le cas qui nous i eupe, une saignée rationnelle, bien adaptée à l'espèce, aussi peu nuisible que possible a la vitalité des arbres el permet- tant des rendements rémunérateurs. Conçu sions. \ la suite d'une longue mission à la Côte d'Ivoire en 1907, M. Aug. Chevalier, chef de la Mission permanente d'études des cultures el jardins d essais coloniaux, a émis l'opinion sui- vante, sur laquelle nous appuierons nos conclusions : « Nous croyons qu'il n'y a pas encore lieu de condamner la culture du Funtumia elastica, el si nous parvenons à trouver un procédé de saignée qui ne compromette pas la \ ie de l'arbre, L'arbre à caoutchouc d'Afrique pourra, croyons-nous, soutenir la luil<' avec VHevt a américain 1 . D'autre pari, dans noire rapport précédent, nous avons munir/' qu'au point de vue puremenl cultural, aucune diffi- culté ne se prési niait dans la plantation du Funtumia. Dès maintenant, nous avons la conviction que les éléments réunis sonl suffisants pour permettre de pousser au dévelop- pement de la culture méthodique du /• un tu m ia elastica el à la production d'une bonne sorte de caoutchouc de plantation en Afrique occidentale. On peut voir là un facteur important pou i- la mise en valeur d'une certaine étend le territoires, notamment à I i Côte d'Ivoire el en Guinée française. Mais nous pensons que cette production devra rester, au moins pendant un certain temps, le monopole d'exploitations dirigé* - se >n les méthodes européennes, tout comme pour 17/. ' ■■ i. el ne sera pas toul d ■ suite le fait de l'exploitation par les indigènes. Ceci découle principalement des précautions, des soins, de la méthode, de la surveillance qu'exigenl la récolte du latex sur ces arbres a caoutchouc el la préparation d'un bon produit. I \.ug. Chevalier. Les végétaux utiles de l'Afrique tropicale française. — Fasc. V. — l'rem ère Ivoire. A l net, Paris, 19 MliLlOGRAIMIIK Importation aux Etats-Unis des parasites de Gipsy Moth Porhetria dispar et Brown-Tail Moth [Euproctis Chry- sorrhoea . par L. 0. Howard el W. F. Fiske (1). Ce nouveau rapport est intéressant, autant au point de vue de la biologie générale qu'au point de vue de l'entomologie économique. Les auteurs y donnent un exposé suffisamment détaille de toute la technique mise en œuvre pour l'exportation et l'acclimatation de parasites auxiliaires: el leurs indications sont d'autant plus précieuses qu'elles sont relatives à une entreprise réalisant peut-être le maximum de complication : parasites nombreux appartenant à des groupes varies, de biologies très diverses, de tempéraments délicats. Pour les faire parvenir à l'état vivant, en Amérique, il ne faut négliger aucun détail : il est fort important d'utiliser, pour envelopper les boîtes dont les dimensions ne doivent pas être quelconques, telle qualité de papier plutôt que telle autre. Certaines espèces n'arrivénl que si on les fait voyager dans des chambres frigo- rifiques. A l'arrivée, on trouve quelquefois un seul couple vivant d'une espèce d'Hyménoptère parasite; si l'on se conten- tait de libérer ces deux individus, le premier acte sérail de s'éloigner séparément du poinL de libération, ce qui supprime- rail toute chance d'accouplemenl : en l'ait, l'expérience a montré qu'une colonie d'Insectes de ce groupe, établie en un lieu où l'espèce n'existe pas encore, n'a des chances de subsis- ter que si elle comprend au moins 1.000 individus. Aussi ne libère-t-on pas, en pareil cas. l'unique couple reçu, niais on le soumet à des essais d'élevage; en employant judicieusement des chambres chaudes el des glacières., on peut obtenir avec certaines espèces, en une seule saison, plusieurs milliers d'in- dividus. Il n'esl même pas absolument nécessaire, dans cer- tains cas, d'avoir pour point de dépari deux individus; une 1 \ Report uf progress witta some considération of prevlous and con currenl efforts ofthis kind U. S. Dep. \gr.. Bur. of Ent. Bull. 91 , m s , 312 page», 74 figures et 28 planches; Washington, l'Ui BIBLIOGB \llili. seule femelle peul suffire à condition qu'elle soil parthénof lique el donne une descendance de mâles el de femelles ou seulement an mâle avec lequel elle pourra s'accoupler. on comprend donc que l'exportation el L'acclimatation de séries de parasites comme ceux de Porhetria dispar el Eupr ■ Chrysorrhoea ne sonl pas des choses aussi simples qu elles peuvenl paraltn à première vue. Or, les opérations analogues qui, précédemment, avaient été effectuées, surtout en Amérique et dont les auteurs font un historique 1res documenté .étaient en réalité beaucoup moins complexes. Par exemple, l'introduction du .Y irdinalis Muls., ennemi d'Icerya Purchasi Mask., en Californie et dans nombre d'autre paysesl devenue classique, ir il es! bien certain que son succès u'a pas été égalé depuis; mais, en fait, on en voil très bien les raisons : [cerya, la proie, fixée pendanl presque toute son existence el à peine mobile toul .ni début. Knsecoii'l lieu,/Voim« esl un Insecte;'! dévelop- pemenl très rapide, présentant deux générations pendant la durée d'une génération de sa victime. D'autre pari. Novius se nourrit aussi d'œufa d'/cerr/a; enfin, l'ait assez remarquable, il semble que Novius n'ait pas d'ennemis spécifiques. Pour les Gipsy el Broton-tail maths, 1rs conditions étaient toul à l'ail dif- férentes. Les auteurs <>ut du imaginer presque entièrement les méthodes qu'ils onl mises i d œuvre pour la récolte, l'envoi, la réception el l'élevage des parasites. Toute cette technique ne n'est pas édifiée en un jour; c'est donc un éminenl service qu'ils rendent aux entomologistes ■'■ mistes du monde i l'onl fait, mesun les différents facteurs de cel équilibre. Il" montrent 584 BIBLIOGHAI'UIK que, dans un cas comme celui des Liparis. un seul parasite. même relui dont l'action est le plus efficace, ne pourrait suffire à maintenir cet équilibre et qu'il est nécessaire de faire agir toute une séquence d'entomophages ne laissant indemne aucune des phases du développement de l'hôte. D'autre part, des cas très curieux d'hyperparasitisme sont étudiés en détail et, préparations microscopique à l'appui, de véritables tragédies nous sont racontées : c'est ainsi qu'un parasite japonais îles œufs de P. dispar, Schedius Kuwanae How.. esl parasité lui- même par deux autres espèces, Tyndarichus Navae et Pachy- neuron gifuensis] Tyndarichus et Pu* lu/neuron sont tous deux habituellement et essentiellement parasites secondaires, chacun d'eux peut manger l'autre, aussi bien que Schedius. avec une parfaite impartialité; Tyndarichus par exemple peut faire sa proie du Pachyneuron qui est en train de se développer aux dépens d'un Schedius et le même Tyndarichus peut êtr< ensuite détruit par un autre Pachyneuron, après quoi il n'y a a pas de raison pour qu'un autre Schedius survenant ne vienne à son tour faire une victime du bourreau habituel de sa race. Tous les actes de ce drame se sont passés, remarquons-le bien, dans un œuf de papillon! Enfin, les auteurs, après avoir bien mis en évidence les multiples conditions du problème, font connaître d'une façon précise les résultats de leurs travaux. Ils nous montrent que plusieurs espèces sont déjà sérieusement établies en Nouvelle- Angleterre; ils indiquent dans quel sens il faut opérer pour en inlroduire plusieurs autres; ils laissent en somme au lecteur l'impression que. dans quelques années, le but sera atteint, c'est-à-dire que, en Amérique comme en Europe et au Japon, les Liparis dispar el Chrysorrhoea auronl leur séquence de parasiti \. \ I ll.l.KT. Le Géi ai i \ Mahbtiii P j. — L. Maki ipi imeur, i , cttr. I.'l ' l \ VGE DU LAPIN ANGORA Par PIERRE-AMÉDÉE PICHOT La Société d'Acclimatation ae doil pas seulement avoir pour objectif l'introduction en France d'espèces nouvelles, elle doil encore signaler le parti que l'on peut tirer des animaux el des plantes que nous possédons déjà. Ces! à ce titre qu'il esl hon de rappeler l'importance de l'élevage du Lapin Angora auquel les procédés perfectionnés de filature el de tissage devront assurer une reprise intéressante. L'utilisation du poil di - Lapins Angoras esl assez ancienne, mais elle avait été un peu négligée lorsque la création de certains grands clapiers d'éle- vage a ramené l'attention publique sur celle admirable four- rure. Parmi ces industriels-éleveurs, M. Patard-Chatelain à Lons-le-Saunier Jura)occupe le premier rang el ilabien voulu nous envoyer d'intéressants détails sur son exploitation. S - premiers essais datent de 1878. D'abord, simplement éleveur el ayant possédé jusqu'à cinq et six mille Angoras, M. Patard- Chatelain a fini par adjoindre à son élevage une fabrique de fils el de lissus pour manufacturer lui-même ses produits et il aurait accru in léfiniment le nombre de ses Lapins à poil soyeux si les grèves des ouvrières chargées de soigner ses animaux n'élaienl venu mettre son exploitation en péril. Pen- dant un temps, avec un service de fortune, il eut toutes les peines du monde à empêcher ses Lapins de mourir de faim. Aujourd'hui, M. Patard-Chatelain a don,- été forcé de réduire son élevage à un stricl minimum, mais il s'est appliqué à répandre les Lapin- Angoras parmi les petits cultivateurs dont il recueille les envois de poils les plus minimes pour les manufacturer sur ses métiers perfectionnés. Il reçoit mainte- nant du poil d'Angora de Lien des arrondissements de Fram l'élevage a traversé les Alpes, le Jura, la Méditerranée el le Rhin ; il lui vient des envois d'Algérie el de Kœnigsberg. .Non- ne saurions ici entrer dan- ton- ],■> détails de Vé\e\ du Lapin Vngoraque M. Patard fournit le plus obligeamment du monde à lous les éleveurs qui veulent entreprendre cette exploitation. Nous non- contenterons de relever quelques faits très intéressants dan- sa pratique el dont son expérience a su BCLL. SOC. Nvr. ACCL. Fil. — 586 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION profiter. On sait que les Lapines tuent souvent leurs petils lorsqu'on les touche. Or, il suffit, pour éviter ces infanticide-, d'opérer les manipulations nécessaires pour retirer les petits morts ou diviser les portées entre plusieurs mères, hors de la présence de la mère qu'on ne remettra dans la loge où se trouve le nid qu'après l'avoir laissée une heure séparée de ses jeune- et lui avoir donné abondamment à manger. De cette façon, ses mamelles seront gonflées de lait, elle éprouve le besoin de se faire téter, et le soulagement qu'elle ressentira à la suite de cette opération l'empêchera de s'apercevoir qu'on a touché à sa nichée. I ne autre raison pour laquelle les Lapines I tient leurs petits, c'est la soif qui les dévore après la parlurition. Elles mangent leurs petits pour se rafraîchir! Il faut donc leur donner à boire ou leur fournir des aliments suffi- samment aqueux pour qu'elles n'aient pas à chercher dans le sang de leurs jeunes l'humidité qu'elles ne trouvent pas dans leur manger. L'alimentation du Lapin Angora a d'ailleurs une très grande importance pour la production du poil. Les conseils de M. Pa- tard-Chatelain seront utiles à suivre. Il préconise les bouillies de farine, principalement de mais, certains fourrages et cer- taines racines. Parmi ces dernières, il proscrit absolument les Pommç de terres crues, qui sont un poison pour le Lapin, et le son, auquel il attribue les mortalités dont il eut beaucoup à souffrir. La suppression du son, remplacé par la farine de maïs délayée dans l'eau (cuite, elle est encore préférable . til cesser les accidents, qui disparurent peu a peu complètement de ses clapiers. On peut compter que le prix moyen du poil est de 25 francs le kilo. Il s'est vendu beaucoup plus cher, mais actuellement il est en baisse et ne réalise que de 12 à LS francs. D'après tes calculs île M. Patard-Chatelaiu, un couple de Lapins Angoras et les jeunes qu'ils produisent dans l'année fournissent 1.420 grammes de poil, ce qui l'ail un rendement de 50 francs environ. M. Herbelin, à Noirmou tiers Vendée), est encore un grand éleveur de Lapins Angoras, son clapier se compose de cmq à six cents sujets de diverses couleurs el date de 1903. Comme M. Patard-Chateïain, M. Herbelin a bien soin de donner à boire Lapins, surtout lorsqu'ils manquent de verdure. Les i. i u.\ \u ni i.Ai'is \\i;ni;\ :,ST poils épilés tous les soixante- quinze jours sonl expédiés aux Fabriques qui les manufacturent. On cite encore parmi les éleveurs de Lapins angoras exploités d'une façon industrielle MM. Mallard, à Saint-Chris- lophe du Ligneron Vendée ; Marquet, à Chercuzac Dordogne ; l'abbé iiiranlin. .1 Baisse^ Baute-Marne : Junghluth, à Roche- Servière Vendée |GollonTàChatOHrupl Haut-Marne ^Weillan, à la PouadeSigog i tiarente : Menachet^à Fo.nta*ine-les Bas- sets Orne); fcuvray, à Marines (Seine-et-Oise ; el Guyon, à Entraines Nièvre). LA DÉGÉNÉRESCENCE DE LA TRUITE ARC-EN-CIEL Par A. CLIGNY Le Bulletin de la Société d'Acclimatation a déjà signalé la dégénérescence observée en Allemagne sur les Truites arc-en- ciel (1911, p. 28S . Il est utile de compléter ces indications sommaires, car la situation est grave pour les pisciculteurs et intéressante pour les biologistes. La pisciculture allemande a éprouvé depuis quelques années de singuliers mécomptes. Ce fut d'abord la meurtrière épidé- mie de furonculose qui, sévissant sur les Truites communes, les Ombles et les Saumons de fontaine, infesta bon nombre de viviers avant de ravager les eaux libres de l'Europe centrale, et sans qu'il y ait eu, croit-on, de contagion certaine entre les eaux des deux catégories. Les travaux de Hofer établissent que la furonculose naît de la pollution des eaux par une bactérie anaérobie, et qu'elle se propage essentiellement des sujets contaminés aux sujets sains par cannibalisme. La sécheresse anormale de deux étés consécutifs aurait causé une stagnation locale des cours d'eau, et une bactérie de type banal y aurait pullulé en exaltant sa virulence. Mais com- ment expliquer qu'une telle maladie ait sévi, depuis vingt ans et plus en des établissements de pisciculture (1). Il semble que l'élément pathogène n'aurait pas dû se développer dans des eaux convenablement aérées, surtout si l'on avait régulière- ment assuré la propreté du fond. L'assèchement périodique et prolongé des viviers, qui est si recommandable, ne semble pas avoir été pratiqué suffisamment. D'autre part, il est reconnu qu'en eaux contaminées, la furonculose ne frappe guère tout d'abord que des Poissons affaiblis : mais elle se propage ensuite de ceux-ci aux autres par cannibalisme; or, le cannibalisme, normal dans les rivière-, devrai! être l'exception en vivier puisque, pour l'éviter el pour maintes .-mires raisons, les Poissons doivent toujours être triés selon leur taille. Sur ce point encore, il semble bien que la technique suivie en certains établissements étrangers ae soil pas à l'abri de loul reproche. m Hofer. Ail. I Zeilung, 15 décembre 1911. LA DÉGÉNÉRJ SI l !*( E DE LA 1R1 ITE A Ml. 889 Nous arriverons à la même conclusion en étudiant la dégé- nérescence constatée pour la Truite arc-en-ciel. Depuis quelques années, en Autriche d'abord, puis en Allemagne, on a observé que les Arc-en-ciel étaient de moins en moins vigoureuses, de moins en moinsaptes à une croissance rapide. Cette dégénérescence prend une forme aiguë au moment de la reproduction : la ponte devient irrégulière, tantôt trop hâtive et tantôt trop tardive : les œufs deviennent moins gros et moins beaux: le déchet à L'éclosion atteint des proportions inusitées et le surplus fournit des sujets médiocres ou fran- chement mauvais, voués à des troubles digestifs ou a d'autres maladies meurtrières, particulièrement au tournis. [lofer a poussé le premier cri d'alarme en 1907, et son élève Marianne Plelm, d'accord avec la généralité des pisciculteurs allemands, est bien près de proclamer la Faillite de V Arc-en-ciel, si bon n'intervient pas énergiquement 1 . Mettant hors de cause toute affection bactérienne ou parasi- taire quelconque, Plchn incrimine au premier chef certaines techniques défectueuses, certains modes d'alimentation du Poisson par des aliments trop gras (déchets d'abattoirs1 quelques farines de sang, de poissons ou de crevette- . l'absent <■ di> nourriture naturelle au moins à litre d'appoint tonique, puis la captivité des reproducteurs qui entraîne une paresse forcée avec ses conséquences néfastes, inappétence, troubles digestifs, mauvaise assimilation, mauvaise élimina- tion. Appliqué à notre Truite indigène, ce régime a des con- - [uences plus funestes encore, car il provoque la dégéné- rescence de la race dès la seconde génération, et il faut jtimer heureux que l'Arc-en-ciel y ait résisté pendant de nombreuses générations. En revanche, le Saumon de fontaine, élevé dans des conditions identiques, et depuis fort longtemps, n'a pas encore manifesté de dégénérescence. Plehn considère comme la forme aiguë de la dégénéres- cence une maladie de foie de plus en plu^ fréquente chez l'Arc-en-ciel et qu'elle caractérise de la façon suivante: c'est une maladie non contagieuse, à laquelle on ne peut attribuer aucune cause bactérienne ou parasitaire, qui évolue avec une extrême lenteur et en plusieurs mois. Ses stades initiaux peuvent être décelés microscopiquement, alors que 1 AU . i erei Zeitung, 13 décembre 1911. £90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION rien encore ne la révèle au dehors: toutefois, dès ce moment, le Poisson est déjà moins résistant : souvent de telles Truites succombent en masse, et à la grande surprise des piscicul- teurs, pendant des transports minimes que des sujets sains supporteraient sans inconvénient: elles sont déjà très anémiées, mais seul un examen assez minutieux peut le révéler. Envi- ron deux semaines avant la mort, elles perdent l'appétit, prennent une coloration sombre et se tiennent isolément près des berges : la mort survient généralement sans aucun sym- ptôme frappant. Déjà le praticien observateur, qui ne se contente pas de rejeter ses Poissons morts, mais qui les ouvre et les examine d'abord soigneusement, est frappé de la forte altération du foie. Tous les autres organes paraissent entièrement sains; mais, au premier coup d'oeil, le foie révèle sa condition patho- logique par une nuance brun jaunâtre ou gris jaunâtre : il est tlasque et comme en bouillie, on y découvre souvent des épanchements sanguins grands ou petits. La vésicule biliaire, toujours très gonflée chez les sujets qui ont jeûné longtemps, ne contient ici qu'une trace de liquide rosâtre. Le foie n'est plus en état d'élaborer la bile, il a cessé sa fonction capitale. La bile étant essentielle à la digestion, particuliè- rement à la dissolution et à la transformation des graisses, sa disparition supprime naturellement l'activité intestinale et l'appétit. La dégénérescence du foie consiste en une accumulation massive de substances grasses qui sont passées à l'état inso- luble et qui chargent l'organe en quantité» toujours crois- sante, jusqu'au moment oti il devient incapable de remplir sa fonction. Mais les troubles digestifs commencent dès les premiers stades du mal, entraînant une anémie qui, elle- même, provoque une oxygénation insuffisante de tous les tissus; il en résulte une nouvelle accumulation de graisse el ainsi s'établit un cercle vicieux qui se termine généralement par la mort du Poisson. Cette maladie de foie, Plehn L'attribue, comme on l'a vu, au régime néfaste qui découle de la captivité h de L'alimentation artificielle. Mais commeni expliquer que les mômes causes ae provoquent pas des effets identiques sur le Saumon de fon- laine f C'est que, d'après Plehn, les deux espèces 3onl inéga- lement résistantes. La Truite arc-en-ciel a u ra i t , proportion- I a M '-im RI SCENC] m LA i Hl i il-: HU -EN-I II l. 591 Bellement au poids h >t;t I du corps, un foie beaucoup plus petit que la Truite commune el même que le Saumon de fon- taine. Alors que bod foie ne représente que l à -p. I'"» du poids 'lu corps, celui de la I iuii «■ commune atteint aorma- Iniiriii î ..m .". p. 100 el celui du Saumon de fontaine est inter- médiaire à '■• i égard entre cens de r - congénèr< s. \ L'examen microscopique, I" foie du Saumon de fontaine révèle une autre supériorité sur celui de l'Arc-en-ciel : lui aussi contient une proportion do table de graisse chez Les sujets sains qui ont été ■uraMmentés ; maiselleyest à l'étal soluble et elle rej sans peine dans La Circulation à La première disette, au lieu de s'accumuler fous ane forme insoluble comme che? l'Arc- en-ciel. Le foie de l'Arc-en-ciel n'esi donc pas seulement plus petit que celui des formes voisines', il esi aussi particulièrement moins actif pi m Vélaboration des graisses. Voila qui explique l'occurence exclusive de la maladie de foie el de la dégéné- ence, chez Les Truites arc-en-ciel. Quoi qu'il 'Mi soit de celte interprétation, d'ailleurs plausible, et de la moindre ri sistance intrinsèque de l'Arc-en- ciel. il n'ea découle pas moins que celle ei est victime d'un régime défectueux, confinement exoessifel nourriture impropre ou surabondante, sans parler des autres erreurs de technique dont nous dirons un mot. Pourtant Piehn estime que la dégéné- rescence f-i inéluctable el qu'elfe apparaît fatalement, un peu plus tôt, un peu plus tard, selon que les établissements sont Bal ou bien tenus. Nous inclinons a croire, au contraire, que le maintien indéfini de la race des Are-en-«iel dans nos eaux d'Europe esl parfaitemenl possible; c'est une affaire desoins, incompatibles peut-ôlre avec L'élevage industriel el mercantile (,■1 qu'on Le pratique pour les sujets destinés a L'alimentation, mais parfaitemenl réalisables si l'on traite comme il convient les quelques sujets destinés à la conservation de la race el à la reproduction. Beaucoup de pisciculteurs produisenJ eux-mêmes les œufs dont il- ont besoin, réalisant ainsi une économie notable et trouvant dan- celte pratique une sécurité supérieur* à «elle que leur offre le commerce des œufs, au potnl de d où il est tombé; au surpins, leur ambition est légitime dès qu'il- disposent de bons reproducteurs en vaste pièced'eau, avec circulation parfaite el nourriture naturelle abondante. Malheureusement, ces conditions ne son] pas toujours réalisé 592 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION et surtout les reproducteurs sont trop souvent suspects. Dans la pratique courante, et parmi les alevins issus d'ceufs quel- conques, on choisit à la fin du premier été, ou plus tard encore, les individus les plus grands et les plus vigoureux en apparence, alors que ce sont peut-être les plus voraces, les plus suralimentés et les pins suspects de troubles digestifs ou hépatiques. Puis on les met dans un vivier exigu où ils reçoivent la même ration artificielle que les sujets de consom- mation ; ils font l'orgueil du pisciculteur et L'admiration des visiteurs, ce qui leur vaut maint repas supplémentaire au moins inutile, et la suralimentation continue son œuvre. Nous estimons que c'est là une erreur capitale. De même qu'un éleveur ordinaire demande ses étalons à quelque spé- cialiste, particulièrement installé, outillé et instruit, de même le pisciculteur doit acheter en lieu sûr les quelques milliers d'œufs nécessaires au remplacement de ses reproducteurs, et ces sujets doivent être, dès l'éclosion, l'objet de soins spéciaux : alimentation naturelle en quantité modérée, élimination des individus malingres, douteux, ou même trop voraces et trop grands, et, aux divers stades, l'élevage de cette élite doit se poursuivre selon les mêmes principes. Dans tout ceci il n'est pas question de sélection, celle-ci étant l'affaire du spécialiste étalonnier s'il y a lieu : mais on a commis de telles hérésies sous prétexte de sélection (création de variétés pour amateurs, fausses Truites blanches ou pourpres, faux Steelbead, fausses races précoces, etc.), que, pour notre part, nous l'envisageons avec méfiance, et que nous ne sommes pas éloigné de lui attribuer les mécomptes de la pisciculture allemande. Mais où s'adresser actuellement pour trouver des reproduc- teurs parfaits? Il reste sans doute des éleveurs consciencieux el éprouvés : mais tant d'abus, connus ou inconnus, ont été commis que nous ne sommes pas loin de partager sur ce point l'Opinion des plus pessimistes, de llol'er, de l'Ielin, de Khren- baum, de Lubbert, et de préconiser avec eux le recours aux importations directes d' Amérique. La Société allemande des Pêches et diverses Unions de pis- ciculteurs allemands ont multiplié les tentatives de ce genre eu ces dernières années : en France même, on est entré dans cette voie, h. puisque la question est à l'ordre du jour, il est bon aregistrer les résultats de certaines de ces tentatives. i \ i>i:>.i' m R] SCENC1 DE LA rit l 1 1 1 : Ain:-; N-i n i. En 1907-08, la Société allemande des Pêches, par l'entremise du bureau fédéral des pêches de Washington el des autorités locales de San-Francisco, reçut de Californie trois envois d'œufs d'Arc-en-ciel. Le 30 décembre 1908, 50. i œufs arrivèrent à Hambourg, complètemenl gâtés; un autre envoi, aussi malheureux, parvkil vers Pâques 1908; mais dans l'in- tervalle le M février 1908, an lot satisfaisant de 50.000 œufs était arrivé à Bremerhaven avec un déchel de _ p. L00. Ces œufs furent répartis entre trois établissements, et nous ignorons le sort de deux de ces lots. Le troisième, attribué au domaine de Sarlhusen, comportait 20.000 œufs, qui donnèrent Ki.oOo alevins, Ceux-ci furent placés dans deux bons viviers naturels; nourris de poisson de mer mit, broyé et purgé d'arêtes, ils mangèrent assez peu dans le premier été; à l'automne, ils mesuraient généralement 9,5 centimètres, quelques-uns allant jusqu'à b- ou 15 centimètres. La pêche faite a ce moment donna 7.600 pièces, dont 3.000 furent cédées ù un autre éleveur et dont le surplus fut placé en trois viviers qui mesuraient respectivement 2.400, L. 900 et 500 mètres carrrés. alimentées comme précédemment el de façon modérée, ces Truites man- gèrent beaucoup mieux la seconde année el les plus belles atteignirent une demi-livre. Enfin, ces Poissons, nés au prin- temps 1908, arrivèrent pour la première fois à maturité dans l'hiver de I • » 1 1 : ils avaient alors :; ans et pesaient de 350 à 500 grammes. La ponte se prolongea du 9 janvier au 10 avril, ri donna 117.000 œufs ; L'éclosion se fit avec l'énorme déchet de '■<> p. 100, laissant 70.000 alevins seulement. Soumis au même régime que les précédents, ces sujets nouveaux se développèrent beaucoup mieux, mangèrent très régulièrement, et atteignirent en 6 mois la taille de 15 à 18 centimètres, avec une livrée magnifique. On escompte qu'ils donneront a latin de l'.'ll. 12 à 15.000 pièces de 12 à L8 centimètres, dont beau- coup pèseront un quart de livre. Quant à leurs parents con- servés à Sarlhusen, ils forment un stock de 280 femelles et 150 mâles dont on espère des œufs abondants el excellents pour le début de 1912. Cette tentative réussie, non sans quelques déboires, montre que les œufs d'importation directe donnent des sujets qui ont quelque difficulté initiale a s'acclimater el qui boudent les premiers mois au moins, mais l'acclimatation sérail parfaite dès la génération suivante. 594 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION Ea avril loll. le D* Khrenbaum et le Directeur des pêches Lubbert importèrent d'Amérique 50.000 œufs dont 2.000 furent encore cédés à l'établissement de Sarlhusen; les alevins de ce lot, mis dans un vivier de 200 mètres, abondamment pourvu de proies naturelles, et recevant par surcroit la ration habi- tuelle de poisson de mer cuit et -broyé, se développèrent exactement comme ceux du premier essai, c'est-à-dire médio- crement; eux aussi semblent traverser une crise d'acclima- tation, et à la fin de la saison, on reprit 1.225 sujets mesurant en général 9,5 à 10 centimètres, les plus beaux ayant 13 cen- timètres. On espère que, comme les sujets de l'JOS, ils se développeront mieux dans leur seconde année. Tout récemment, le ~2ï juillet 1911, la Société des produc- teurs de Truites de l'Allemagne occidentale reçut du Colorado 100.000 œufs qui furent repartis entre les adhérents, et de divers côtés des démarches sont faites pour assurer à l'Alle- magne des importations beaucoup plus considérables en 1912. On remarquera la date tardive de l'arrivée du dernier envoi mentionné, et aussi les échecs de plusieurs expéditions ant - rieures, ces faits dénotent une certaine maladresse de la part des expéditeurs américains : en particulier pour Tarrim des œufs, ils interposent entre les châssis une couche épaisse et lourde de mousse comprimée; celle mousse, en segonlhmt, écrase les o^ufs, et en outre elle y apporte des germes de moi- sissure du plus fâcheux effet. Enfin, d'après certains rensei- gnements qui demandent vérification, ce serait peut-être une erreur d'emprunter les œufe d'Arc-en-ciel aux États de l'Ouest américain ; sans doute, c'est bien la patrie de la race, et on peul espérer l'y trouver dans Imite sa vigueur et sa pureté d'origine, mais la pisciculture serait encore peu développée dans la Cali- fornie, l'Utah, le Colorado, et 1rs éleveurs de ces États, dit-on, tireraienl leurs œufs des provinces atlantiques : s'il en esl réellement ainsi, ou impose aux œufs bien gratuitement an sur, -nui de voyage ej un supplément de fret pour un profit illu- soire, en continuant à les tirer de la région californienne. Pour quelques unes de ces raisons, on réclame en Allemagne l'envoi sur les In-ux d'un praticien allemand qui aurait mission de contrôler les œufs offerts en vente, d'acheter exclusivemenl des produits de premier choix, de déterminer la saison et le stade les plus propices au s'oyage, de -urvcilli r l'emballage i I LA Dl '.f m' Il SCENC1 Dl L k I ROI M- VRC-EN-CIEL de donner enfin aux œufs les soins nécessaires pendanl toule la durée du transport. Les indications qui précèdent se passent de commentai) soulignent suffisamment l'émotion qu'on éprouve en Allemagne à propos de la dégénérescence de L'Arc-en ciel, ainsi que Ui décision avec laquelle nos voisins tentent d'enrayer i cala- mité qui tourne au désastre. LE TROENE EN MÉDECINE ET DANS L'INDUSTRIE Par ANDRÉ PIEDALL.U • Tout le monde connaît le Troëne, Liguslrum vulgare de la famille des Oléacées. C'est un arbuste commun, autant qu'aimable. Virgile a chanté les blancs Troènes (alba ligustra). Nous avons tous comme lui goûté le charme de leurs grappes fleuries, sur lesquelles butinent les Abeilles. Les Cantharides l'habitent volontiers concurremment avec le Frêne. Les feuilles de Troëne ont été signalées dans les Thés fal- sifiés. En thérapeutique, elles sont considérées avec les fleurs comme astringent léger. Les baies de Troëne sont utilisées dans la teinture des peaux destinées à la ganterie pour obtenir la gamme des gris-clair. C'est cette question qui nous intéresse aujourd'hui. A l'époque de la maturité, les baies sont récoltées dans la Haute-Marne, le Dauphiné, le Gard, surtout aux environs de Chaumont, de Grenoble, de Gap, qui sont des contrées de gan- terie. Autrefois, les ouvriers parisiens s'en allaient le lundi en récolter dans les environs de la capitale, où cette plante est assez commune. Ces baies sont placées dans des marmites en cuivre, on ajoute environ 1/10 de leur poids d'eau et on fait cuire pen- dant une heure. Le tout est placé sur un pressoir à claie. Le liquide qui en sort est ensuite traité comme les vins blancs : On le met dans des fûts qui restent débondés. Une fermenta- tion se déclare, le dégagement d'acide carbonique avec les levures et les lies forme une mousse qui s'écoule sur le fût. Quand la fermentation est finie, on fait le plein et on bonde. Celle matière arrive dans les teintureries en fût comme le vin. On la soutire à la cannelle. Elle serl de base aux nuances gris clair, gris perle, gris argent, lavande, toute la gamme des gris plus ou moins foncés. La couleur directe gris verl esl tournée au sulfate de fer. Il faut toujours y ajouter «lu violet Campêche), du rouge (Per- LE ihoim; EN MÉDECINI El DANS L'INDUSTRIE 597 nambouc), du jaune bois jaune de Cuba ou pastel d'iLalii D'après Nickles J. de Ph. el Ch. 3, t. XXXV, p 328 les baies de Troène renferment : eau, cellulose, glucose, cire, et une matière colorante d'un beau rouge cramoisi soluble dans l'eau rt l'alcool, insoluble dans l'éther, à laquelle il a donné le nom de liguline. Lns alcalis lui donnent une teinte verte, ramenée au rouge par les acides, elle peul servir de réactif indicateur comme le tournesol. Cette matière colorante n'au- rait pas été obtenue complètement pure. Nous avons l'intention d'essayer en teinture lesbaies d'autres rroënes, plus fructifères nue le Ligustrum vulgare et qui seraient d'une récolte Facile. Cette plante n'a d'ailleurs qu'une application restreinte. LE LANTANA CAMARA L. SA VÉGÉTATION A ALGK11 Par Ch RIVIÈRE Notre Bulletin du 15 aoù! 1!H1 contient une très intéressante observation de notre collègue M. le Drlleckel, relative à l'enva- hissement des forêts de la Nouvelle-Calédonie par une plante importée : Lantana eamara L. C'est une Verbénacée ligneuse, fortement sarmenteuse qui, grâce à sa prodigieuse végétation, enlace comme de véritables lianes les plus grands arbres jusqu'à leur sommet, mais surtout recouvre les petits arbores- cents, fatigue les uns et tue les autres : en d'autres termes, ce Lantana constitue un cas de subspontanéité assez redoutable, encore aggravé par la quantité considérable de tiges et de rameaux secs qui s'amassent au pied des arbres et deviennent la cause de terribles incendies. Sans avoir des conséquences semblables, ce Lantana a cependant dans le climat du littoral algérien, et l'on peut dire dans celui de toute notre Afrique du Nord, une végétation exu- bérante quand il se trouve dans un bon sol, naturellement frais ou arrosé pendant l'été. Autrefois, cette plante était très employée dans les environs d'Alger pour former des haies plus ou moins hautes, momen- tanément assez défensives, presque toujours fleuries, mais en vieillissant elles présentaient quelques inconvénients. On utili- sait aussi cette rapide végétation aux belles floraisons pour garnir les murailles et les bâtiments, mais depuis une quaran- taine d'années le Lantana a cédé la place aux divers Bougain- villea, de conduite plus facile et aux bractées brillantes et diversement colorées suivant les espèces. Le D* Heckel rappelait que feu notre collègue Quihou, dans son voyage à Alger en 1875, avait été émerveillé, lors de sa visite à la villa Yusuf, à Mustapha supérieur, à la vue d'un Lantana qui cachait de ses innombrables Heurs un long mur. haut de plus de trois mètres. .rajouterai qu'en l.ST.'i, un de nos éminents collègues, dont nous conservons aussi l'excellent souvenir, Duchartre, de L'Institut, avail également observé au Jardin d'Essai d'Alger une immensi touffe de Lantana recouvrant une machine à LK o l.VMAW i.i.M\i;a i.., -\ VÉCJ fATION A Al .V.l'.l monter l'eau et son grand bassin, puis s'étendanl sur un groupe de Chamssropt excelsa. C'était un énorme fouillis aux nombreuses ramifications chargées de Qeurs presque en toutes saisons et qui occupai l alors ane très large surface. Duchartre le définissait ainsi pai ce mol heureux : Un échantillon dépaysé de l'opulente végétation des tropiques. Société cen- trale d'Horticulture, Paris, issu Plus tard, sur sa demande, j'indiquai à notre collègue que la plante s'étail encore étendue au poinl d'entraver le service de cette parcelle et de nuire à la circulation dans les deux chemins voisins. Il fallut un jour, à grand regrei. détruire cette belle, mais trop envahissante végétation. Les formes, les variétés, les races du Laniana camara sonl nombreuses. "> a-t-il eu en horticulture des hybridations natu- relles ou voulues entre les différentes espèces introduites Y a-t-il surtout des formes plutôt arbustives que sarmen- leuses, ou la plante présente- t-eUe, suivant les milieux, des variations dans son développement ? C'> que cecherche le DT Heckel. Dans la culture en pot, même en milieux tempérés chauds, la plante est forcément de végétation restreint»', de même quand elle se trouve en terrain de qualité médiocre ou s sans nier qu'il n'y ait de- variétés à taille plus réduite. Dans I,- pays tempérés ou cependant, malgré L'élévation de la moyenne thermique, grâce aux extrêmes ardeurs de l'été, des froids relatifs sont par hasard plus rigoureux que de coutunu alors ces gelées intempestives suppriment, véritable el rabattage, une grande partie des tiges et rameaux encore mai aoùlés. Le Laniana camara, var. aculeata sérail plus sarmenteux, dit-on. Cependant, j'ai vu dans ce groupe des plantes énormes ou presque, avoir la même végétation. A\e«- raison, le 1» "Heckel a toujours professé que l'influence du milieu était souvent prépondérante el pouvail agir sur des tendances premières capables d'être exaltées ou restreint* pourtant, si en Nouvelle-Calédonie la plante est à l'étal sar- menteux, presque de liane, et si à Alger 'Ile acquiert un grand développement, quoique moins exubérant que dans la insulaire précitée, M y aurait cependant Là, d'après certaines I indication-, quelques différences dans le- caractères apparent* de la végétation. ' 600 BULLETIN ni: LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION En effet, dans cette dernière station océanique, les tiges ou les rameaux de cette plante subspontanée se dessécheraient après floraison et fructification et cette masse de débris tombe- rait au pied des arbres créant ainsi une cause d'incendie. Ce dessèchement ne se remarque pas à Alger où la plante est à végétation persistante, toujours verdoyante et fleurie, résistant bien à l'insolation ou ne souffrant que peu, dans son jeune âge seulement, des froids par rayonnement auprès du sol. La subspontanéité gênante du Laniana sur le littoral algérien n'est pas à craindre, car on ne la constate qu'à un très faible degré dans quelques parcs ou jardins et dans des conditions particulièrement favorables où même l'occupation de cette plante ne paraît être que temporaire ainsi que le laisserait prévoir l'exemple suivant : En plus du fait précité relativement à l'envahissement d'une machine hydraulique et des constructions environnantes, observation rapportée par Ducharlre, un autre exemple tout aussi intéressant, peut-être plus à un certain point de vue, mérite d'être signalé. Toujours au Jardin d'Essai, existait une haie de Hambusa spinosa, véritable rempart impénétrable, haut de S à 6 mètres remarquable par la vigueur de sa végétation, grâce, il est vrai. au bon sol sur lequel elle reposait et à l'action bienfaisante d'une rigole d'irrigation qui coulait continuellement à ses pieds. Aussi, dans ces conditions de fertilité extrême, la haie devint le support et la proie d'une foule de végétaux, princi- palement de grimpants qui la recouvrirent au point de l'étouffer si elle n'avait résisté par ses moyens de défense, c'est-à-dire en lançant avec vigueur ses puissants chaumes qui percèrent celte sorte de carapace composée de végétaux si divers. Parmi les plantes dont les assauts furent redoutables, se trouva un Laniana camara, variété sans doute nouvelle, remar- quable par le colori> éclatant de ses tleurs et certainement semée par les oiseaux, botes nombreux de ce fouillis impéné- trable. Le Laniana recouvril toute la Face -ml ri est de celle haie, c'est-à-dire avait choisi la meilleure exposition pour - \ étendre en un épais revêtement de foliaison et de floraison. Mai- l'autre face de cette haie, au nord-nord-ouesl, la moins Favorisée, \ii s'accrocher à ses branches d'autres végétaux grimpants, principalemenl ceux nui sont spontanés au pays tels que Biniona dioica, Smilax rrn. Aristolochia altissima el LE i LANTANA CAMAR4 i L., 9A VÉGÉTATION \ aij.N; »'»<»1 Clematis cirrhosa. Cette dernière espèce, plus vigoureuse que [es précédentes esl d'un très bel effet, grâce à la multitude de ses clochettes blanches. Parfois cependant des plantes subsponlanées se joignirent à elles : Delairea odorata ou Senecio grimpant aux Qeurs jauni el fpomea Leari, ce grand Liseron aux couleurs si vives pas- sant du bleu aux teintes violacées. Mais toul ce monde végétal vivait longtemps en bonne intel- ligence... quand la Ronce survint. Il fut intéressant de suivre pendant des années ce combat acharné, patient et incessant pour la place au soleil et à la vie entre les plantes spontanées et les intruses originaires d'une autre partie du monde, toutes à l'assaut de leur vieux soutien de nature formidable. Ce fut pourtant le Bambou qui succomba, non sous tant d'efforts réunis, mais par une cause naturelle : il fleurit. Pen- dant quelques années, il lança avec vigueur ses longues hampes aux inflorescences argentées, qui percèrent cet épais revête- ment de feuillage et de fleurs, puis il Qnit par périr, ne pré- sentant plu? qu'une haie encore formidable, mais à ossature desséchée, s'émieltant pendant des années. La floraison esl le dernier terme de la vie du Bambusa spinosa, alors on ne peut dire qu'il succomba sous les elTorts réunis de ses ennemis, du Lantana camara principalement, puisque, fait connu maintenant, celte tloraison s*esl produite partout à la môme époque entraînant irrémédiablement la mortalité com- plète de la plante. De l'extension de ce Lantana dans le sud de l'Afrique médi- terranéenne, rien à redouter : cette espèce, comme d'ailleurs toutes celles des pays tempérés chauds serait bientôt arrêtée par les froids rigoureux qui régnent dès que l'on s'éloigne du littoral ou par les extrêmes de chaleur el de sécheresse qui Bévissent pendanl les longs étés. Sur li' littoral, où le Lantana pourrait vivre avec vigueur, une agriculture progressive ne lui permettrait pas de franchir la limite des parcs et des jardins où, même dan- les milieux les plus favorables, les cas de subsponlanéité de cette plante sont plutôt rares. ci I l. SOC *A1 PB. 1912. - L'ÉLEVAGE AU BAHR-EL-GHAZAL ( KANEM ) Par SERGE BESNIER Lieutenant de cavalerie hors cadres. La Circonscription du Kanem, à l'est et au nord du lac Tchad, comprend plusieurs régions très différentes les unes des autres : Dagana, îles et bords du Tchad, Chitati, Lilloa, Manga, Kanem proprement dit, enfin Bahr-el-Ghazal, pays presque aussi étendu à lui seul que l'ensemble des autres parties de la Circonscription du Kanem et la dernière occupée des subdivisions de cette circonscription. La question de l'éle- vage au Kanem a été très nettement traitée au point de vue général par M. Aug. Chevalier dans le si documenté récit de sa mission en Afrique centrale française; en étudier les détails entraînerait à des développements trop complexes et je dois décliner la compétence suffisante pour traiter à fond un pareil sujet. Mais j'ai parcouru la Subdivision du Bahr-el-Ghazal pendant près de trois années, de 1908 à 1911, après avoir eu l'honneur d'en être le premier habitant européen : c'est d'elle que je puis parler. Il est nécessaire de dire quelques mots du pays et des indi- gènes qui v résident avant de passer successivement en revue les différentes espèces d'animaux dont l'élevage fait l'objet de cette communication. Le Bahr-el-Ghazal est actuellement une région vraiment saharienne au sens étymologique du mot arabe sahar, qui signifie pâturages. Les habitants vivent à l'état de nomadisa- tion absolue; j'évalue leur nombre à 30.000 environ : en juillet 1911, 0.000 adultes du sexe masculin étaient inscrits nominativement sur les registres de l'impôt. Ce sont des Tébou. Ils ne se livrent à aucune culture et leur seule richesse consiste dans leurs immenses troupeaux, de même que leur seul travail consiste à creuser des puits et à puiser l'eau des- tiner ;i abreuver leurs animaux. Le lait est la base de leur ali- mentation. La zone de nomadisatiou de ces Tébou, désignés administrativemenl sens les noms de Kréda et de Kécherda, tend à peu près sur deux degrés de Latitude au nord du 13 parallèle '•! a peu près sur deux degrés de longitudeà l'est du méridien 13°30' esl de Paris. !-'■ sillon desséché de l'ancien L El EVAGE Al BABR-1 L- .il \/M. K INEM 603 fleuve l qui donne Bonnom à la région du Bahr-el-Ghazal distingue à peine des dépressions voisines II traverse !«• pays presque en diagonale, du sud-ouesl au nord-est. Les points d'eau n'y sont pas plus nombreux m plus superficiels que dans le reste de la contrée et l'ancien Qeuve ne présente plus d'in- térôl «iue pour notre curiosité d'Européens. Les nomades reconnaissent au contraire deux aspects 1res tranchés du paj s : Au sud-esl 1<- pays brûlant Harr, en arabe), caractérisé par de petites dunes de sable très peu élevées el très plaies, ton orientées perpendiculairement au vent régnanl qui souffle toujours 'I'- l'est-nord-est. Ces dunes sont séparées par d'étroites cuvettes en chapelet, au sol argileux, où l'eau se rencontre parfois à Unir de terre, parfois à une brasse ou deux, rare- ment plu-. La végétation, souvent très dense, > comprend sur- tout des Palmiers doums Byphene) et aussi dis Etôniers (Borassus , des Jujubiers, de petits arbres au gros tronc rabougri dont le bois très léger et résistant sert à confec- tionner d'excellents arçons de selle et que l'on appelle gaffai en arabe, enfin beaucoup d'autres arbres des paye mieux arrosés et même un ou deux Baobabs. Sur les dunes, pou exclusivement une longue Graminée dont la valeur nutritive sauf au début de la saison dv> pluie-, est presque nulle pour les animaux. La paille, haute de près de deux mètres en saison - :he, alimente de grands incendies auxquels j'attribue la disparition df toute végétation arborescente sur les dunes du llarr. I.a limite septentrionale du llarr suit, à une distance moyenne d'une centaine de kilomètres, la direction générale de la ligne d'eau que forment le Tchad, les mares du sud du Dagana el du nord du Baguirmi et la lagune du Fittri. Elle tourne sa concavité grossièrement vers le nord-est. Au nord est lr Bahar, pays de dunes plus élevées une quin- zaine de mètres, souvent davantage . séparées par de larges vallées continues. Ces vallées conservent dans leur ensemble l'orientation des petites cuvettes du llarr, mais avec une végé- (1) Le nom que donnent lei i b m i oel ancien tleuve est si Le noua Bahr-el-Ghazal (M arabe et signifie : Rivière - ce qui explique pourquoi de nombreui cours il eaa en Afrique portent la même dénomination. En particulier, l'affluent du Nil popularise par la mission Marchand . liOi BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION talion très différente, où le Siwack (Salvadora) domine et où le Garatt (Acacia arabica) abonde. Sur les dunes couvertes de petites herbes courtes mais excellentes pour les troupeaux, sont disséminés de nombreux hedjilidjs et quelques Savais (Acacia tortilis). Dans les vallées, les puits ont de cinq à douze brasses mais les mares d'hivernage sont abondantes; certaines durent très longtemps et peuvent, quand l'année est favorable, être à peine taries à la fin de la saison sèche. La saison sèche dure d'ailleurs actuellement près de dix mois. Le Bahr-el-Ghazal a dû être autrefois habité par une popula- tion nombreuse, ayant atteint un degré de civilisation assez avancé et vivant d'une manière qui semble indiquer de toutes autres conditions climatériques : on rencontre fréquemmen les ruines de constructions en briques cuites très régulières, les restes d'enceintes fortifiées encore relativement bien con- servés. D'après les traditions orales des indigènes, ces cons- tructions ne remontent pas à plus de douze générations et sont attribuées aux Boulala, ancêtres des habitants actuels du Fitlri. Ces traditions sont peut-être sujettes à caution. 11 existait bien, parait-il, des archives écrites chez les Kréda, mais elles auraient été détruites, il y a vingt-cinq ans environ, au cours d'une grande guerre dont j'ai eu souvent l'occasion d'entendre parler. Quand je demandais aux Kréda pourquoi ils ne faisaient pas de constructions permanentes comme celles dont nous rencon- trions les ruines, ils me répondaient : « La forteresse des Kréda, c'est le dos de leurs Bœufs. » C'est effectivement par leur mobilité perpétuelle que ces nomades évitaient, jusqu'à ces dernières années, les représailles des voisin--, pour lesquels ils étaient de terribles pillards et même qu'ils échappaient trop souvent aux poursuites de nos détachements. La manière dont sont dressés leurs abris de nattes tendues sur quelques arceaux de racines de Sayal incurvées au feu a déjà été fréquemmeut décrite. La réunion d'une quinzaine de ces abris plantés en cercle de manière à entourer le troupeau pendant la nuit forint un campement où vivent les gens tranquilles, vieillards, femmes et enfants; auprès d'eux restent les Bœufs porteurs nécessaires à un brusque déménagement, la plupart des Vaches laitières, les Mouton-. Tout ce qui est précieux, belles Génisses, bons Chevaux, jeunes filles à marier, esl caché en pleine campagne, à 15 ou 2<) kilomètres «les points d'eau et vit à la belle étoile I- 1 LEVAGE Al BAHR-EL-GHAZAL KAN1 M 603 sous la garde de ce que le campemenl compte de batailleur el ilr hardi au pillage. Inutile de dire que l'Européen, commandanl du pays, ne met pas facilement la main sur ce groupe presque insaisissable el que l'administration ne s'en trouve pas simplifiée, ni les recen- sements facilités : aussi la statistique des troupeaux élevés au Bahr-el-Ghazal restera-t-elle encore longtemps forl approxima- tive. Les Chevaux sonl ce qui'intéresse le plus l'ofliiier de cava- lerie que je suis. Ceux du Bahr-el-Ghazal sont très réputés. C'esl grâceà leur supériorité que Krédael Kécherda sonl resl jusqu'au moment ou nous avons occupé leur pays, la terreur des populations sédentaires du sud el de l'ouest, l'a-; bien braves, mais hardis à la façon des Hyènes, ils enlevaient la nuit animaux ou jeunes enfants. En cas de poursuite, la rapi- dité de son Cheval mettait le pillard hors de danger. L'un d'eux me disait : « En montant la première dune, mon Cheval souffle; à la seconde, il a un peu chaud, mais à la troisième, il a repris haleine, son poil est sec et il n'y a plus personne der- rière ni"i. Aussi [es indigènes prennent-ils autant de soin que le permet leur caractère fataliste de bons musulmans pour sélectionner la race : elle ressemble assez à la race arabe et à la race barbe. Les traditions indigènes relatives à l'origine de ces Chevaux sont naturellement entourées de légendes : à l'époque où le Bahr-el-Ghazal était navigable, vivait, caché dans les eaux du fleuve, un très bel Etalon loul blanc: beaucoup de riverains avaient cherchée s'en emparer... vainement : le Cheval mysté- rieux était insaisissable ; un éleveur avisé, habitant du Dagana, éleveur dont la tradition a d'ailleurs conservé le nom, eul l'idée d'attacher sa meilleure Jument près de l'endroit où se cachait l'Étalon et, onze mois après, il était eu possession d'un Poulain magnifique qui esl l'ancêtre de tous les bons Chevaux du Bahr-el-Ghazal. On peut expliquer d'une façon plausible ce que figure cite légende : les Kréda el lés Kécherda, originaires du Tibesti, en sonl venus, avec des Chameaux naturellement, à une époque rapprochée, il y a quelques siècles seulement. Les premier^ Chevaux qu'ils eurent furent certainement pris par eux aux Arabes du Dagana el ils améliorèrent la race par d'heureux croisements avec le- Chevaux des riverains du ! 61 6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Tchad (1). Les pâturages du Bahr-el-Ghazal sont riches et conviennent admirablement aux Chevaux, les indigènes font boire à ceux auxquels ils tiennent de grandes quantités de lait. Cette nourriture donne d'excellents résultats et, avec une sélection bien comprise, la race a acquis kjs qualités qui lui ont valu sa réputation. S'il n'y a pas de slud-book, les indi- gènes, qui sont tous doués d'une mémoire prodigieuse, peuvent citer l'ascendance mâle de leurs Chevaux jusque vers la dixième général ion. Un éleveur, nommé Moussa-Soouda, mort il y a quelques années à peine, semble avoir possédé un véri- table génie pour trouver les meilleurs cioisements : qu'il s'agisse de Chevaux, de Bœufs, de Chameaux ou d'Anes, les animaux provenant de son élevage ont une supériorité énorme sur tous les autres. Les Chevaux des kréda sont très viles et très résistants : les indigènes forcent, en chassant sans Chiens et toujours à vue, Antilopes, Girafes et Autruches. Les Chevaux sont courageux aussi, puisque au Bahr-el-Ghazal, on chasse à courre le Lion lui-même. La taille moyenne de ces Chevaux est de 1""i0 environ; j'en ai vu d'au moins lu,50. Ils sont généralement forts et râblés, mais une tête très commune les dépare souvent; l'abus des fantasias abîme héréditairement leurs jarrets et ils sont pour la plupart assez peu nerveux : ce défaut les a fait moins apprécier de quelques Européens à qui j'en avais pour- tant procuré d'excellents. Le Bahr-el-Ghazal était, avant notre arrivée au Tchad, la région d'où les sultans ouadaïens tiraient la remonte de toute leur cavalerie. L'aguid, seigneur suzerain du pays, quand il venait recueillir les redevances de son tief, s'emparait de tous les Chevaux mâles; il ne laissait que quelques bons Étalons et les Poulains trop jeunes. Mais, malheur à l'éleveur qui ne pouvait pi présenter l'année suivante les animaux <|iii lui avaient été ainsi confiés ; il avait beau alléguer vol ou mort de maladie, il était massaere. ses biens confisqués, sa femme el ses enfants emmenés en captivité. Nos procédés sonl plus doux : nous achetons à l'amiable les Chevaux que la dispari- tion «les pillages entre voisins rendent moins précieux à leurs propriétaires. Un Cheval moyen vaul cinquante lhalers : le i liahr, en nrahe, signifie: étendue d'eau assez considérable et peut aus.M bien s'appliquer au la'1 <|n*à l'ancien Ûeuve. l'élevage AI BAHR-EL-GHAZAL KANKW I'.iiT thaler esl coté officiellement trois Francs, mais pour se rendre compte du prix réel desanimaux, il faul reconnattn que 1 'indi- gène voit dans le thaler une pièce d'argent plus lourde el plus grosse qu'une pièce de cinq Francs, de valeur donc au moins de. Un très l>> >n Cheval route cru! pièces d'argent. Les Étalons réputés n'ont pas de prix. Malheureusement, la production du Bahr-el-Ghazal réponde peine à nos besoins croissants par suite de la considérable extension de notre occupation militaire. J'évalue à 2.000 indi- vidus la population chevaline totale du Bahr-el-Ghazal an débul de 1907. Presque tous les mâles adultes ont été achef«» depuis. Nous utilisons les Chevaux pour do pénibles exigences de guerre dès l'âge de quatre ans, quelquefois même avant. Même s'ils n'étaient employés exclusivement que par des 9] scialistes, ces Chevaux s'useraient rapidement. Au moment où j'ai quitté le territoire du Tchad, la question de la remonte des troupes à cheval se posait sérieusement; il est vrai que. pour nous, le Bahr-el-Ghazal n'est pas, comme pour les Ouadaïens, la seule région où nous puissions trouver de bons Chevaux : les bords du Tchad el le Baguirmi m'ont semMé en posséder d'assez nombreux. Comme non- n'achetons pas de Juments, l'élevage au Bahr- el-Ghazal, du fait des nécessités d'ordre militaire, ne court | un gros danger. 11 faut seulement éviter la disparition des bons Étalons : un Européen, nouvellement arrive dans le pays el peu au courant encore des intérêts locaux, pourrait commettre l'erreur d'amener le- indigènes, par la persuasion que lui donne son autorité, à lui céder un de ces brillants Chevaux comme monture. J'ai souvent demandé, sans que la question pûl recevoir une solution, qu'une distribution périodique de prime- aux propriétaires encourageai au contraire les indi- gènes a ne pas se défaire de leurs meilleurs reproducteurs. La solution quelquefois proposée d'acheter pom- le compte de la colonie Etalons ou Juments et de nous livrer nous-mêm< un élevage modèle, offei i à l'admiration de nos administrés, ne m'a jamais semblé être que de l'utopie. L'indigène >sez méfiant : il n'amènera pas d'ici longtemps une belle Jumenl à nos Etalon-. Nous pourrions difficilement consacrer à l'encou- ragement de l'élevage les sommes considérables, qu'il faudrait pour Tachai d'animaux vraiment exceptionnels el enfin, un -ai d'élevage tenté en conformité de nos habitudes admi- 608 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION nistratives risque trop d'aboutir à un échec regrettable. Une expérience tentée au Kanem l'a d'ailleurs montré. Puisque les indigènes, avant nous, avaient réussi à créer une race de Chevaux doués de qualités reconnues très loin à la ronde, il semble tout indiqué de n'aider leur initiative qu'avec la plus extrême prudence. Les Chevaux du Bahr-el-Ghazal semblent s'acclimater assez difficilement dans les régions humides comme les bords du Chari ou du Tchad, où l'on rencontre les Mouches piquantes que je n'ai jamais remarquées même dans le Harr. J'ai vu un certain nombre de Chevaux atteints de tripanosomiase, maladie qui ne sévit à ma connaissance sur aucun autre animal domes- tique dans la subdivision. Il est probable que ces Chevaux avaient pris les germes de la maladie au cours d'un voyage accompli dans les contrées voisines. Les indigènes soignent la tripanosomiase au moyen de piqûres faites avec du sang de Gazelle aux nazeaux des Chevaux atteints. Je n'ai pas pu con- stater de résultats certains de ce traitement qui pourrait s'expliquer en admettant que la Gazelle soit immunisée contre la tripanosomiase. Actuellement, d'après ce que je viens de dire, toute la production chevaline du Bahr-el-Ghazal est absorbée par des besoins locaux et l'exportation des Chevaux, dans un avenir assez lointain, semble avoir un débouché Limité aux régions sud-sahariennes. Les Bœufs, au contraire, donnent dès maintenant lieu à un trafic assez considérable vers les régions pauvres en bétail, Ni- geria anglaise et zone équatoriale. Ce sont des Bœufs à bosse, comme ceux des régions analogues de l'Afrique occidentale française; leur taille est à peu près celle de nos Bœufs bretons. La plupart des mâles sont utilisés par les indigènes comme bêtes de somme : ils servent à tous les transports. Quand le campement se déplace, les femmes entassent avec arl les nattes roulées et les charpentes légères de leurs cases de chaque côté du dos de leur Bœuf; puis, tous les ustensiles de ménage s'élèvent symétriquement en deux échafaudages savants el bien équilibrés ; au centre sont installés enfants. Agneaux, Veaux trop jeunes pour suivre ; la maîtresse de maison s'assied enfin au milieu du tout et le Bœuf, docile seulement à la voix qu'il connaît, s'ébranle avec tranquillité. Quand le même L'ÉLEVAGE Al BABR-EL-GUAZAL KANEM 609 Bœuf, réquisitionné par l'Européen, reçoit comme charge deux petites caisses bien pareilles, arrimées de la manière qui nous semble la plus logique, il l'ait preuve malheureusement île sentiments xénophobes très préjudiciables à la solidité de nos bagages. Pourtant, landi» que la castration des Chevaux est à peu près inconnue, beaucoup de Bœufs employés comme porteurs oui subi cette opération. Les Taureaux non dres qui n'ont rien de remarquable pour l'amélioration de la race encombrent les troupeaux, où ils sont plus nuisibles qu'utiles. Les Kréda'autrefois vendaient le moins possible de leurs ani- maux : ils mangent fort peu de viande pourtant, sauf à l'occa- sion de certaines cérémonies, ou bien quand un animal est sur le point de mourir de maladie. Dans ce cas, on lui coup la gorgé en disant « bissmillaï! », suivant le rite musulman, et la viande es1 déclarée saine el bonne pour l'alimentation : je n'ai jamais eu connaissance que cela eût rendu quelqu'un malade. Les Kre. la thésaurisaient leurs troupeaux en avares jusqu'au jour où quelque razzia opérée par les gens du Oua ou du Borkou venait débarrasser le pay- de toute surproduc- tion, .le me suis efforcé d'attirer les commerçants et de déve- lopper l'exportation qui doit se faire normalement du Bahr- el-Ghazal vers les régions moins riches en troupeaux comme le Baguirmi, ou très pauvres comme les pays que j'ai cités tout à l'heure. L'impôt, malheureusement fort lourd pour des nomades, leur rend du moins, en les obligeant à se procurer du numéraire, le service de leur faire prendre des habitudes de commerce et d'échange. Presque toute l'exportation se fait par l'intermédiaire des commerçants bornouan-. qui vont acheter. quelquefois au marché de Moussoro (le poste que j'ai fondé . plus souvent directement dan- les campements, les animaux qu'ils conduisent soit sur Kano par N'Guigmi et Zinder, - sur Bangui,par Fort-Archambault et FortrCrampel. Au Bahr-el-Ghazal, un boni' moyen non dressé vaut cinq thalers ; un bon porteur, ^epl à huit thalers; une belle Génisse pleine pour la première fois l vaut une quinzaine I D'après les indigènes, les Génisses comin«n -eut a porter seulement au cours de leur quatrième année: le nom qu'on donne à I e pleine pour la première fois édjilé arbaïi en arabe. d> en lébou Bignifie bien Génisse de quatre anj peu de précocité me Burprend, mais je n'avais pas les connais^ >"• l'appréciation de l'âge des bovins i">ur vérifier le fait. 610 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION de thalers, souvent plus; une Vache laitière et son Veau, souvent un peu moins. Naturellement, c'est surtout l'expor- tation des mâles inutiles qui est à encourager. Je ne sais pas exactement combien les Bornouans revendent à Kano leur Bœuf acheté cinq thalers, mais à Fort-Crampel, ils peuvent en tirer une centaine de francs et le triple à Bangui : c'est une jolie opération pour eux. Elle a tenté même les Euro- péens. M. l'ingénieur des mines Bastet, installé à Laï sur le Logone depuis plusieurs années, est venu acheter à Mous- soro, en février 1911, environ 650 tètes de gros bétail : il les a revendues à Carnot sur la Haute-Sanga à la Société forestière au prix de cinquante centimes le kilo sur pied. Au total, j'évalue à 3.500 environ le nombre des Bovins exportés du Bahr-el-Ghazal en 1911. La sélection des Bœufs se fait avec beaucoup moins de soin que celle des Chevaux. C'est tout juste si elle n'est pas laissée au hasard. Dans cette voie, il y aurait beaucoup à faire. Ce n'est qu'à la longue, en faisant accepter peu à peu nos conseils par les indigènes que nous pourrons obtenir des résultats. La race existante est la mieux adaptée aux conditions du pays ; elle produit quelques très beaux animaux, très aptes à faire de parfaits reproducteurs ; la castration du plus grand nombre possible des autres est la meilleure solution pour l'améliora- tion de l'ensemble. Le mélange avec les races voisines, race du Mortcha (1) et race des îles du Tchad, est tout à fait à éviter. Les Bœufs du Mortcha sont de taille beaucoup plus petite que ceux du Bahr-el-Ghazal : il n'y a pas avantage à diminuer la taille de ces derniers. Quant aux Bœufs du Tchad, ce sont des animaux plus gros, généralement tout blancs, à dos plat et a cornes immenses ; ils sont lents, ne se plaisent que dans les endroits très humides ; transportés au Bahr-el-Ghazal, ils s'y acclimate ni difficilement, leurs produits dégénèrent et devien- oentde plus en plus petits. Ce serait probablement le cas de tout animal de croisement introduit dans la région presque désertique dont nous nous occupons. En Baison des pluies. i Le Mortcha est le pays situé au N.-W. du Ouadaï et habité par d'autres Rréda, frères de ceux du Bahr-el-Ghazal. Une zone absolument déserte et -uns eau qu'il faut de trois à cinq jour- pour traverser, sépare le Bahr-el-Ghazal du Mortcha. Lea exodes d'an irs l'autre sont continuel L'ÉLEVAGE ai r. \)iii-i:i.-i.HA/..\i. KANEM 6H quelques troupeaux de Bœufs sauvages venant des pa - inon- dés du sud, remontent dans le Barr; les indigènes prétendent que de jeunes Veaux de lait, capturés dans ces troupeaux, ont pu être élevés avec les Bœufs domestiques et sont devenus par la suite de parfaits reproducteurs, donnant de beaux produits indéfiniment féconds. Le fait me paraîtrait très intéressant à vérifier, d'autant plus que les Bœufs sauvages, vivant dans des régions où généralement l'élevage est impossible, doivent être immunisés contre les épizooties qui j délruisentles troupeaux. Au Bahr-el-Ghazal, la seule maladie dont j'ai constaté les ravages est la péripneumonie infectieuse, qui y existe à l'état endémique. De tempsen temps, une recrudescence se produit. occasionnant la mort de quelques centaines d'animaux, puis on n'entend plus parler de rien. La lutte contre la péripneu- mouie est excessivement difficile : l'abatage des malad qui est de règle en France, ne peut pas être imposé à des indigènes ignorants, car ils s'enfuiraient en dispersant les troupeaux atteints au milieu d'animaux sains et ceux-ci seraient contaminés à leur tour. L'isolement des suspects a toujours été, au contraire, assez bien pratiqué par les Kréda : celte précaution, d'ailleurs insuffisante en elle-même, demande quelques perfectionnements qu'il est possible de l'aire adopter peu .1 peu par les intéressés. Quant à la vaccination, ses effets ne sont pas assez frappants ni assez durables pour que les indigèm - se prêtent volontiers a L'application de cette mesure a leur bétail. Heureusement, les grands désinfectants que sont là-bas Le soleil et la dessiccation permettent rarement le déve- loppement des épizooties. Je n'ai pas eu connaissance de perles subies par les Kréda en 1909 ; à peine une centaine d'animaux Bout morts en L9J0, environ 500 en mil. ou une épizootie iss violente.i sévi sur tout le territoire du Tchad. Ce ne. sont pas des chiffres élevés pour une population bovine aussi nombreuse que celle du Bahr-el-Ghazal. J'ai déjà dit combien il était difficile de faire un recensement : j'ai compté à peu près 10.000 têtes de gros bétail ; tout me porte à croire que c'esl à peine le tiers, ou même Le quart de la popu- lation totale. D'ailleurs, celle population pourrait facilement augmenter dans des proportions considérabl - au moins. Presque entièrement anéantie, il j a une trentaine d'années, je crois, par une terrible épizootie sans doute la peste bovine . elle s'est reconstituée sur place avec les survi- 01-2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMAT VITON vants (1), malgré tous les obstacles qu'opposaient à l'élevage les luttes continuelles de tribu à tribu et les razzias commises par des voisins mieux armés que les Kréda. Aujourd'bui, nous pouvons assurer aux nomades soumis une tranquillité presque absolue; les troupeaux peuvent profiter des pâturages du nord, qui sont les meilleurs pendant la plus grande partie de l'année; l'eau se trouve en un assez grand nombre de points pour que les indigènes puissent creuser les puits suffisants, même avec les moyens rudimentaires dont ils disposent; au reste, il ne me parait pas impossible de triompher peu à peu de leur routine et de leur faire améliorer les procédés qu'ils emploient pour amener l'eau à la surface du sol. Dans ce pays si peu arrosé, la question de l'eau est la plus importante de toutes : l'animal le mieux adapté à ces région-. le Chameau ou plus exactement le Dromadaire), tend malheu- reusement à disparaître. Ce que j'ai à dire de son élevage risque même de ne présenter bientôt qu'un intérêt purement rétrospectif. Les Kécherda sont à peu près, au Bahr-el-Ghazal. les derniers éleveurs de Chameaux. La taille de ces animaux est de près de 2 mètres: ils ont le poil court, fauve clair; ils sont généralement très forts et font d'excellents animaux de bât pour l'artillerie. Le Chameau vil habituellement en trou- peau: le mâle le plus vigoureux prend rapidement le comman- dement de la bande; il empêche les autres d'approcher des femelles et, le plus souvent, son autorité n'est pas contestée. C'est le fahal. Au Bahr-el-Ghazal, je ne crois pas que l'on ait fait autre chose que de respecter cette sélection naturelle : le chamelier se contente de ne jamais faire travailler le fahal. Les indigènes utilisent les femelles (en dehors de leurs qua- lités de laitières) pour le transport de leurs bagages, concur- remment avec les Bœufs porteurs. Quant aux mâles, ils s'en servent comme montures pour de longues excursions au Borkou ou dans l'Ennédi, car Ie> Kécherda, encore beaucoup plus turbulents que leurs cousins Kréda, n'ont pas renoncé aux pillages el aux hardis coups de main. Les rigueurs de noire occupation les ont, à leur grand regret, forcés à se i A.u dire des indigènes, aoimaui sauvages el animaux domestiques étaient également Frappés; d'ailleurs, cette <'pi/noiir -omNe :i\oir sévi en même temps sur tonte l'Afrique centrale. LELEVAG1 \( BABR-EL-GHAZAL KANEM 613 tourner vers leurs voisins plus lointains des oasis insoumis - de la rive nord du Sahara. On reconnatl que les nomades renoncent à leurs habitudes guerrières pour se consacrer à l'élevage quand le prix des Chamelles de\ ienl supéi ieur à celui des Chameaux; or, au Bahr-el-Ghazal, un beau Dromadaire maie vaut actuellement i<» thalers, et on a une jolie femelle pour l'> à :*n. Les prix ont d'ailleurs considérablement aug- menté pendant 1rs Irois ans de mon séjour. C'est que nous Faisons nue consommation terrible de Cha- meaux. Je ne parle pas des procédés subis autrefois par les Chameaux du Bahr-el-Ghazal, du temps où Kréda et Kécherda étaient l'ennemi. Le chef du peloton méhariste de Bir-Alali, tué glorieusement depuis en Mauritanie, n'appréciait pas comme bêtes de selle les Chameaux du Bahr-el-Ghazal qu'il enlevait en contre-rezzou ; il disait que ce n'était que de la viande de boucherie, et il le leur taisait bien voir. Il n'est malheureuse- ment pas besoin de les manger pour faire disparaître les Cha- meaux; peu à peu, les exigences militaires ont lait passer entre nos mains la presque totalité de ceux du pays. L'insuffi- sance du nombre des mâles, la possibilité d'utiliser ceux-ci en même temps que les femelles nous ont fait employer même ces dernières. Or, le Dromadaire est un animal fort délicat, d'un élevage dis plus difficiles et dont l'emploi demande un apprentissage coûteux, apprentissage que les nécessités de la relève des Européens l'ail renouveler trop souvent. Le Chameau n'accuse la fatigue qu'au dernier moment, lorsqu'il est com- plètement épuisé; alors, tout soin esta peu près inutile, le Chameau qui tombe ne <,• relève plus. Le Chameau a horreur des règlements administratifs et des habitudes militaires : c'est un philosophe, un poète presque, qui aime à rêver en ruminantaux étoiles, a manger à ses heures, a toujours noma- diser et a peu travailler, «'.lie/ les indigènes qui en font le plus grand usage, il fournit quatre mois d'efforts par an et, pendant ces quatre mois, pour qu'il ne dépérisse pas, il Tant qu'il soit utilisé par un compatriote qui vive de sa vie et ait à peu pi les mêmes besoins et les mômes goûts que lui ; alors seulement le Chameau rend en servici ibles ions les soins que l'on B dépensés pour lui. Je ne puis entrer ici dans l'exposé, mê sommaire, des précaution- qu'il y a à prendre dans l'emploi des Chameaux au Bahr-el-Ghazal eu particulier, .b' crois que malheureus - 614 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ment il n'y a aucun moyen pratique d'éviter leur disparition : sur les 5.000 à 6.000 Dromadaires que possédaient à peu près Kréda et Kécherda au moment de l'arrivée des Français au Kanem, il ne reste que quelques centaines d'individus au maximum. D'ailleurs, si, au Bahr-el-Ghazal, les pâturages sont excellents pour les Chameaux, si l'on rencontre en maint endroit les eaux natronnées qui leur conviennent, les Mous- tiques sont encore trop abondanls pendant les deux mois que dure la saison des pluies pour ne pas compliquer sérieusement l'élevage du Dromadaire. Les maladies (1) qui atteignent ces animaux sont fort mal connues; jusqu'à présent, les vétéri- naires qui ont cherché à étudier au Tchad, avec le zèle le plus louable, les causes généralement mystérieuses de la mort pré- cipitée de nos Chameaux, étaient entravés dans leurs travaux par le manque absolu de tout matériel d'étude. 11 n'existait même pas un microscope au Territoire! Je crois que, mainte- nant, un laboratoire complet est organisé. Je n'ai plus que peu de détails à donner sur quelques espèces dont l'élevage est assurément moins intéressant pour le Bahr- el-Ghazal que celui des Chevaux, des Bœufs et des Chameaux. Les Chèvres et les Moutons sont représentés par de très nombreux individus; je ne puis, même approximativement, donner une évaluation du chiffre que représente l'ensemble des troupeaux de ces animaux. Dans un seul campement, j'en ai compté 12.500! Les Chèvres sont de petite taille, mais res- semblent beaucoup à celles des races que nous connaissons. Les Moutons, maigres, noirs, hauts sur pattes, tels que .Naehtigal a décrit ceux du Tibesti, portent une toison fort peu laineuse et que les indigènes n'utilisent pas. Ni les Chèvres, ni les Moutons ne trouvent guère de débouchés pour l'exporta- tion ; ils ne sont point supérieurs à ceux des pays voisins (au contraire et valent presque aussi cher, de un à trois Ovidés pour I thaler. Les peaux de- uns ou des autres, tannées avec leur- poils, servent à confectionner des couvertures; ces mêmes peaux, débourrées et colorées, généralement en rouge, servent à confectionner des boite-, des sacoches, des housses de selle et toutes sortes de petits objets analogues, Mats ces articles, fabriqués au reste par des artisans étrangers, ne 1 Sauf li sale LÉLEVAGE K\ BAHR-EL-GUAZAL KANBM 613 servent qu'à la clientèle locale el ae pourraient donner lieu qu'à de très maigres échanges avec les pays voisins. Les Mou- tons sont d'ailleurs assez ouisibles, car ils abîment beaucoup les pâturages; les Chèvres s'attaquenl aux arbres, détruisenl leur- rejetons el risqueraient, en se multipliant, d'achever la transformation du pays en déserl absolu. L'élevage de animaux n'est point à encourager l , Les Anes, au contraire, rendent de très précieux servii sobres, se passanl même fort bien de boire à l'oc< ils sont la monture traditionnelle de la caste '1rs Hézzé _ . forge- rons, artisans et chasseurs. Les Anes sonl malheureusemi trop peu nombreux : très recherchés par les commerçants bornouan> ou haoussas, ils atteignent un prix de 8 à 10 tha- lers. La race est généralement de très petite taille, le poil est gris rougeâtre, la bande cruciale bien marquée. Moussa Soou l'éleveur dont j'ai eu à citer le nom à propos des Chevaux, avait obtenu, je ne sais comment, des animaux beaucoup plu- grands, presque de la taille des Anes d'Europe, les un- g bleu, d'autres de couleur pie. Il est fort regrettable que les formules de cet éleveur soient perdues et qu'il n'ail pas transmis secrets à ses héritiers. Le Mulet est complètement inconnu dans tout le Kanem et les Kréda comme les Kécherda sont bien trop strict- observa- teurs des prescriptions coraniques pour se livrera l'élevage du Pore. Us ne chassent même pas les Phacochères, d'ailleurs peu nombreux, qui vivent à l'état sauvage mais s'apprivoisenl - facilement. J'ai pu ('gaiement conserver un certain temps en demi-liberté autour du poste, une demi-douzaine de petites Gazelles, quel- ques Oryx leucoryx à longues cornes el deux ou trois de i - ravissantes \nlilopes blanches à mantelel fauve que les Arab appellent Ariel » (Gazelle de Rfohr .' . Tous ces animaux. comme les Girafes d'ailleurs, ont, au dire des indigèn chacun son propriétaire, djin ou chitane, génie plus ou moins malin- nt. qui le chevauche au clair de la lune : il n'est ; rare, parait-il, de voir une Antilope marquée au fer rouge du I Los peaui 'ii' Chèvres servent également ù faire d mais celles du Bahr-el-Ghazal sont d'assez mauvaise qualité. - Déformation Tébou, >lu mot arabe il : pied, en rabattant le gibier dans d'immenses Blets tendus convenables. 016 11 LLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION signe particulier de son maître invisible et tel grand chasseur a tué une Girafe qui portait un licol! J'ai interrogé bien des ■ indigènes à ce sujet, mais chacun tenait naturellement de son voisin le récit qu'il me faisait. Beaucoup d'Autruches se rencontrent au Bahr-el-Ghazal à l'état sauvage. Les habitants chassent à courre ces Oiseaux surtout pour leur chair. Ils vendent la dépouille complète au marché de Moussoro pour une somme de huit à dix thalers. J'ai vainement cherché à amener les Kréda à se livrer à la domes- tication des jeunes animaux, en attendant de pouvoir faire, à proprement parler, l'élevage de l'Autruche. Je n'ai obtenu aucun résultat. L'expérience n'a même pas été tentée de voir si les Autruches apprivoisées s'habitueraient à la vie nomade des campements Tébou du Bahr-el-Gazal, ou bien si elles profi- teraient de leurs continuels changements d'emplacement pour reprendre leur liberté. La situation de l'élevage au Bahr-el-Ghazal, telle que j'ai pu la connaître, se résume donc ainsi : la production chevaline, malgré sa qualité, suffit provisoirement à peine aux besoins locaux ; les Dromadaires sont menacés de disparition complète ; les Anes sont en trop petit nombre et il faut tout juste par- donner aux Ovins l'infériorité de leur race et les dégàls commis aux pâturages en considération de leur qualité démocratique : ce sont bétail de pauvre. La grosse richesse du pays, richesse qui dès maintenant permet à la Subdivision de rembourser au budget local à peu près ce que coûte au budget colonial son occupation militaire, consiste en ses grands troupeaux de Bœufs. L'avenir semble leur réserver des débouchés de plus en plus vastes et rémunérateurs : la mise en valeur de notre domaine équatorial nécessitera une main-d'œuvre de plus en plus nombreuse; le ravitaillement en viande de zones fores- tières où l'élevage parait impossible, se fera grâce aux res- sources offertes par ces régions sahariennes où nous sommes allés surtout au nom de la paix et de la ci\ ilisation, mais où le oq gaulois, pour le grand étonnemenl de beaucoup, a trouvé autre chose que le sable à gratter. Le Gérant : A. Mahbi ri i \. Paris. - I. M Mu mieux, imprimeur, i, rue Caa • LES OISEAUX EXOTIQUES D'EVERBERGH Par MAURICE LOYER Les Latins n'aiment pas les animaux, me disail un jour, S Berlin, un zoologiste allemand. Considérez, au contraire, ajoutait-il, le nombre et l'état florissant de nos jardins zoolo- giques, Én (118 BULLETIN DK LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION mêmes; il les entoure d'une sollicitude toute particulière, étudie leurs caractères, leurs mœurs, s'efforce de pourvoir à tous leurs besoins et n'est satisfait que lorsqu'il les voit expri- mer leur joie de vivre par leurs chants, l'éclat de leur plumage et la vivacité de leur allure. Le choix et la variété de la nourriture, des abris, des nichoirs, les mille riens qui adoucissent la vie du prisonnier et lui donnent l'illusion d'une liberté perdue, tout est ici combiné pour donner aux pensionnaires, sans luxe inutile, le maximum de confort, de gaité et de santé. Donc, tous ces Oiseaux sont vifs, bien portants, et nombreux sont les couples qui reproduisent dans ce milieu éminemment favorable à l'acclimatation. Décrirai-je l'installation des volières? C'est là chose difficile, tellement elle est complexe, non au premier abord, car ces vo- lières semblent toutes conçues suivant le même modèle ; mais si l'on y regarde de plus près, on remarquera que les détails de l'aménagement intérieur diffèrent suivant les espèces. Seuls, le propriétaire ou son faisandier anglais Millsum pourraient nous renseigner sur ce point; mais le visiteur, en présence de tant de beautés qui vibrent et qui ehatoyent devant lui, n'a de regards que pour le spectacle qu'il a sous les yeux et ne peut s'arrêter à ces détails. Disons cependant que ces volières, celles qui sont à l'air libre, apparaissent sur deux rangées, se Taisant vis-à-vis. et laissant entre elles une large allée qui permet aux visiteurs de s'y promener à l'aise. Elles semblent construites comme toutes celles que nous connaissons : châssis en bois, garnis de grillages à mailles souples, peintes en noir, pour l'espace à l'air libre, avec abri fermé et quelquefois chauffé occupant le fond. Elles sont destinées à recevoir les Oiseaux robustes, pouvant supporter le climat, souvent rude, de la Uelgique. Les autres, réservées aux hôtes pins frileux ou non encore acclimatés, sont installées chaudement dans une maison toute proche, disposée pour recevoir deux rangées de volières avec couloir central, éclairé largement par le haut. Examinons d'abord les parquets à air libre : voici d'abord une fort belle collection de Perruches australiennes, Oiseaux rustiques, autrefois abondants sur le marché européen, aujourd'hui fort rares, si l'on en excepte certaine- espi telles que la Perruche ondulée Melopsiltacus undulatus, et la - OISE U \ EXOl IQUES D E\ i RB] RGII 619 Perruche cah psilte, Calopsittacus Nova Hollandiu [successive- ment nous naissons les Perruches de Pennant, Plalyt et us Pennanti et 1 s Omnicolores, /'/. eximius, les Perruches de la Nouvelle-Zélande, PI. Novœ Zelandise^ autrefois si communes, puis les P I îelù Barrabandi, vertes à tête jaune el à collier rouge, les I lycercus erythropterus, si belles avec Leurs ail noires et i ges, .sur le fond verl clair de leur plumage; les Perruches royales, PL cyanopygius, splendides Oiseaux tout rouges ave dos el les ailes d'un verl sombre; les Platy- cerçus adel d nsis, flaviventris, Barnardi, au plumage diapré de vives coal urs; les si précieuses Pl.semi torquaius, à la tête noire entouré* d'un demi-collier .jauni', avec La poitrine, le dos et la queue d'un verl sombre, les ailes d'un vert clair Le ventre jaune; Les PI. multicolore qui semblent parées de pierres précieuses: Les Trichoglossusrubritorquatus et Tr. nigri- gularis, \oisi\ esdes Perruches dr Swaioson que nous connais- Bons tous, mi - beaucoup plus rares que ces dernières; enfin Les joyau:: de cette belle collection : des Platycercus Browni, /'/. icterolis et Euphema Pourki^ devenues si rares, qu'un de dos amis ;1 iveur et amateur passionné, désolé de ne plus pouvoir s'eri procurer en Europe, voulait aller les chercher lui-même or. Australie, où elles sont, du reste, presque introu- vables. Voici enfin des Loris : Chalcopsittacus scintillalus et Char- mosyna Si Use, de Nouvelle-Guinée, Oiseaux délicats qui nblenl ic m robustes et si bien portants! Les premiers ont le front rouge, la tète noire, le dos, les ailes et la queue d'un vert émeri i de, le ventre vert el jaune, les cuisses et les sous- caudales rouge- ; les secondsonl la tête, la poitrine, le croupion rouge carminé, la nuque et le ventre son 1 noirs, les ailes et la queue d'ur. vert sombre. Ceux-ci ont pondu, chaque ann< lepuis 'b'i x ans. hélas! -ans résultat. voliè es renferment bien d'autres richesses. Visitons collection des Colombidés. Après la série des petites Colombes africaines, voici Les beaux Pigeons deGuim I umbaguin au dos couL'ur de brique, moucheté de taches gris bleuté; des I ilombes d< Smith, poignardées el à nuque rousse ; puis des Tur\ jpaulettes blanches, de la Nouvelle-Guinée. Dans d s parquets contenant un compartiment qui chauffé L'hiver, nous admironsdes Pigeons carpophages : Myris- Jor; Ptilnpus porphyraceus el Osmolreron bicincta. 620 BILLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION Oiseaux qui, comme leur nom l'indique, sont essentiellement frugivores et que l'on nourrit ici à l'aide de bananes, de riz cuit et d'autres friandises. Ces superbes Colombidés méritent bien les soins assidus dont ils sont l'objet, car ils sont splen- didement vêtus. Comme nos Pigeons sauvages ou domestiques ont une livrée modeste à coté de leurs congénères océaniens! Les plus brillantes couleurs parent ces derniers : le rouge, le jaune, le vert s'étalent sur leurs corps, dune manière- si inaccoutumée que l'on croirait volontiers que le coloris étrange de leur plumage est dû plutôt au pinceau d'un peintre qu'au fait de la nature. Auprès d'eux voisine une colonie de Diamants australiens, Gould, mirabilis, Bichenow, Phaeton, Meesia, Papes de Nou- méa, qui, tous, nichent et reproduisent à qui mieux mieux. Mais d'autres raretés attirent notre attention, ce sont des Touracous, Turacus macrorhynchus et T. albocristatus, beaux Oiseaux africains au corps d'un vert sombre, a la tête ornée d'une aigrette de même couleur. Ceux qui vivent ici sont malheureusement deux femelles, et il est fort regrettable que l'on n'ait pu leur donner de mâles, car elles ont déjà pondu 13 œufs! Plus loin s'ébat un couple de Geais bleus du Mexique huppés, Cyanocitta diademala, qui ont eu, cette année, trois petits; mais ces parents dénaturés ont mangé leur progéniture; bien >[u'on leur eût fourni, à foison, des jeunes Moineaux, des nichées le Souris, rien n'a pu satisfaire leur gloutonnerie. Ce que l'on craignait arriva : un beau matin, le nid fut trouvé vide; les bourreaux ne s'étaient pas contentés de tuer leurs enfants, ils les avaient dévorés! Mais notre attention, déjà si fortement excitée, se porte Mrs d'autres parquets où voltigent des Oiseaux merveilleux. Ce sont des Diseaux de Paradis, au plumage somptueui ruisselant d'or, de pourpre el li LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION cages; puis une foule d'Oiseaux aux brillantes couleurs; Pic de Santa Cruz, Melanerpes Santa Cruzi; Trogon de Cuba, Prionotelus temnurus', Tangaras de diverses espèces, Merles bronzés et Merles de roche, etc. Mais nous assistons aune envolée de pierreries vivantes : ce sont des Colibris asiatiques, ravissantes petites merveilles de la faune ailée de l'Inde, Arachnothera asiatica et des Guit-guit des Antilles, Cœreba cyanea. Malgré leur nombre relativement élevé, car j'ai compté seize Guit-guit, ces jolis Oiseaux ne liendraient pas plus de place que de gros Coléoptères, si leur vivacité, la rapidité de leurs mouvements, la grâce de leur atti- tude, ne venaient remplir d'un bourdonnement d'ailes diaprées de mille couleurs, les cages qui leur sont réservées. Les Oiseaux-Mouches d'Amérique n'ont pas encore fait leur apparition à Everbergh, mais leur venue ne saurait tarder, car nous avons eu sous les yeux, la demeure toute vitrée, qui sera garnie de fleurs exotiques le jour où ces gracieux et brillants Oiseaux des tropiques y puiseront le nectar dont ils veulent se désaltérer. Cette remarquable collection s'impose à notre admiration, non seulement par la rareté des sujets qu'elle contient, par leur nombre et leur beauté, mais aussi par l'impression générale de bien-être, de vigueur et d3 santé que tout ce monde ailé fait ressentir au visiteur émerveillé. Tout le mérite en revient à M. Pauwels, qui ■-omble s'être donné pour règle in 11 exible de réussir dans toutes ces entreprises. Ce qu'il a fait pour les Oiseaux, il le fait également pour les Poissons et les Plantes, avec les mêmes succès. «Ju'il nous per- mette, en lui adressant nos plus sincères félicitations, d'expri- mer un regret, c'est que son exemple ne soit pas suivi en France et qu'il ne se trouve pas dans notre pays, pourtant si épris de tout ce qui est beau, de tout ce qui revêt une forme artistique, un homme qui nous procure cette satisfaction que nous avons éprouvée à Everbergh, mais que nous avons dû aller chercher à l'étranger. FLORAISON DES BAMBOl - SI RVIVANC1 A < I I TE FLOR MSON Par MAURICE DE VILMORIN La croyance générale, basée, il faul le dire, sur des affir- mations de naturalistes el écrivains horticoles, considèn comme un fa.il démontré la simultanéité de floraison en pleine terre <'i sons verre, sous lous les climats, des individus d'une espèce de Bambous et, en second lieu, la morl certaine de toute piaule «pli a fleuri. Il s'en faul de beaucoup qu'il en soil ainsi. La simultanéité de floraison existe : c'est un phénomène très curieux, très remarquable, passablement mystérieux et déconcertant. Une division faite récemment, mise en terrain neuf, en voie d'accroissement rapide, en un mot en pleine adolescence, n'échappe pas plus à la crise profonde de la floraison qu'une louffe qui a vieilli sur le même emplacement Celle mise a llenr est doue lies remarquable, mais quant à croire que la simultanéité soil absolue, il y a bien à en rabattre: la période pendant laquelle des sujets d'une même espèce con ncenl ça el là leur floraison peut être une période, non de quelques jours, semaines ou mois, mais de quatre, cinq ou six ans. El quant a la mori des sujets qui ont donné des Qeurs el 'les fruits, elle esl plutôt exceptioi Ho qu'habituelle. L'univer- salité des floraisons dans une espèce el dans le délai ci-dessus précisé semble du moins à peu prés établie par les observa- tions européennes. Mais, avant de pousser plus loin, je veux établir les bornes de la présente note el faire quelques rem irques. Je n'ai pas l'expérience de la vie du Bambou tropical ; j'en- tends doue me restreindre à des • bservations sur la manière dont s" comportenl les Bambusées pie je cultive en plein air ou qui se rencontrent en Pranci . Belgique el Angleterre (Irlande comprise), et que j'ai pu ob irver persoi Ilement. .l'ai ajouté à mes propres observations celles qui son! consi- gnées dans le n" I de la Revue du Bambou 1906 . bous la (Vi'i BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION signature de M. Houzeau de Lehaye(l), ayant visité à peu près toutes les localités qu'il cite dans son mémoire remarquable par sa précision et ses conclusions. Les genres de Bambusées cultivées dans nos jardins d'Europe occidentale appartiennent surtout à deux genres, dont lun est en voie de subdivision nécessaire. Ce sont : I. — Les Phyllostachys qui, dans nos régions, acquièrent les plus grandes dimensions; ils ont des chaumes lisses, presque pleins; leurs gaines tombent dès que la tige se durcit; entre deux nœuds existe une cannelure bien marquée; au bas de cette cannelure se trouve un rameau accompagné d'un second rameau plus faible et parfois d'un troisième, très faible. II. — Les Arundinaria , aux gaines persistantes, aux chaumes ronds, sans cannelure; rameaux en nombre indéter- miné, parfois sans rameau, ou seulement au sommet des liges. Une espèce de grandes dimensions, à gaines caduques, V Arun- dinaria fastuosa, semble faire transition avec les Phyllostachys. lia. — Les Arundinaria cespiteux forment un groupe très homogène, aux tiges fines et longues, aux gaines persistantes, aux rameaux très nombreux, très tins, parfois successifs, et non strictement annuels. Les plantes tracent peu; presque toutes sont himalayennes. llb. — Les Arundinaria à tiges menues, à gaines persistantes, peu ramifiées, très traçantes; type du variabilis de Makino, comprenant des espèces et variantes à feuilles velues, lignées, etc., ou vertes; hautes de 80 centimètres à 1 mètre en général. Ile. — Arundinaria à tiges fortes, assez pleines, à ramifica- tions indéterminées, plutôt rares et fortes. ;. gaines persis- tantes, à feuilles grandes, d'une hauteur de l à ."> mètres, parfois plus. Cette section comprend V Arundinaria japonica, générale- ment nommée en France Bambusa Metalte. Llle a une sous-section, lier/, comprenant un groupe assez homogène, les Sasa des Japonais, a liges raides, ne dépassant pas 2 mètres, parfois «le I.". à 20 centimètres, à feuilles très grandes : ce groupe généralement japonais et très septentrional comprend V Arundinaria (essellata ou Razamowski, le Sasa (1) Contribution à l'étude du processus de fructification chez l> is Bam- - il Europe. I LOH \I~"N DES B IM81 <•-•"> paniculata de la nomenclature Makino et Shibala plus connu sous le 1 1 • > 1 1 1 de B imbusa palmata, etc. C'est à |>"u près tout ce que nous avons à Paris de Bam- busées rustiques, au plein air. Ma répartition, en groupes, très insuffisante au point de vue botanique, pourra, je l'espère, donner quelques points de repère à qui voudrait s'intéresser aux bambous ce -"ut di groupes horticoles plutôt qu'autre chose. Plante. J'étends à une touffe le nom de plante, car c'est le cro d'une plante d'abord unique, bien que les rhizomes pui senl être individualisés cl n'avoir plus d'intercommunication. Floraison. — Les revues et journaux qui ont parle dans ces dernières années des floraisons de Bambous n'ouï pas toujours distingué si i es floraisons ont été suivies de fructification el si celte dernière a été abondante. Chez moi, aucun Phyllostachys n'a donne de graines. La production de celles-ci a été rare partout el ce n'est pas surprenant que les touffes de Phyllos- tachys aient généralement survécu. Esthétique dp. la floraison. — Elle est presque nulle, à l'inverse de ce qui se passe chez la plupart des autres végétaux; nous en reparlerons pour chaque groupe. I. — Phyllostachys. C'esl par la floraison d'un Phyllostachys nigra Boryana ou l'h. Boryana Bean que j'ai fail connais- sance avec la floraison des bambou-. C'élail en juin 1904, ce pied, plante vers 1895, avait trois à quatre chaumes princi- paux et 3 mètres de hauteur environ ; des nœuds, des fins rameaux les plus jeune- étaient issus de très nombreuses ramifications portant, plus ou moins emboîtées, des glumelles rappelant les balles de l'Avoine el de ces glumelles pendaient, ;ui bout d'un pédicelle très tin. «les anthères d'un jaune ver- datre. L'apparence générale de la floraison est la même pour tous les Phyllostach] La seconde année, des ramifications florifères oaissenl i u.-m-.' sur le chaume, bien épuisé, presque desséché, qui a Ûeuri l'année d'avant, el qui présentail alors un aspect en -e toi — rable, quoique privé, ou à peu près, de tout feuillaj A la seconde année, la Qoraison envahil les pousses de l'été précédenl qui ont pu être stériles durant une partie de la saison ; les premiers chaumes desséchés de\ iennenl lamentables d as- pect. Puis, suivant les circonstances, les nouv< Iles poua 626 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION partir de la troisième ou quatrième année, reprennent leur feuillage et leur stérilité. C'est ce qui s'est passé, chez moi, pour le Ph. Boryana. Dès la troisième année, quelques liges nouvelles et naturellement bien moins vigoureuses que celles des années antérieures ont repris une certaine abondance de feuillage tout en montrant quelques fleurs en 11)08, toutes les pousses étaient stériles et deux ans après la touffe était aussi forte et vigoureuse qu'avant sa floraison. La graine ou caryopse est cbez les Phyllostachys un corps nu, du moins à sa pointe, corné, glutinenx. demi-trans- parent; je n'en ai pas observé une seule sur ma plante. M. Bois, qui nie visitait au début de la floraison, m'informait que cette espèce, ou variété, avait fleuri en 1903 au Muséum et continuait sa floraison. En Angleterre, de L900 à 1904, on constatait de même sa floraison, sans production de graines fertiles, mais sans qu'aucune plante fût. morte à la suite de la floraison. Il n'en avait pas été de même pour une espèce très voisine le Phyllostachys nigra punctata Hean. En Angleterre, une floraison de nombreux sujets s'était produite en 1900, et beaucoup étaient morts. Au .lapon, en Belgique, des floraisons avaient ( u lieu, mais presque toujours sans amener les plantes à un épui- sement mortel. En 1901. le Phi/llostachys nigra Munro avait fleuri ça et là en Angleterre donnant un certain nombre de graines fertiles, aucun pied n'était mort. Le Phyllostachys fuira Mitford a fleuri en 1900 chez lord Kedesdale à Batsford et à Kew, mais seulement sur quelques chaumes qui ont donné fleurs et graines fertiles; les autres chaumes sont re-lés verts 11 en a dé de même à Kew. Ce l'ail irait à l'enconlre de l'universalité des floraisons dans une même espèee : les parties non florifères des touffes sont restées feuillues depuis lors, autan I que je le sais. Une dernière espèce du groupe nigra eul surtout, en 1 905, une floraison très remarquée : nous voulons parler du Ph. Henonis Mitford. Les pins récents desciipb urs des bambous asiatiques, Makino et Shibata, réunissenl toutes les espèces précédera m en I citées en une seule qui errait nommée Ph. puberula Miquel el dont le Ph. Henonis sérail le type. Il y a, en effet, grande similitude entre un chaume jeune de toutes ces espèces ou varie!,'-,, entre celui du ni^/ a, veri pendant I LORAISON DES B tMBOI - i.j , - première année el partiel le me ni coloré à la seconde seule- ment el l»i> chaumes toujours verts de VHenonis; même ramifi- cation, angle des rameaux, feuillage, etc. Quoi qu'il en soit, le Ph. ffenonis a fleuri en 1908 avec plus de simultanéité, semble-t-il, qu'aucune autre espèce. De beaux spécimens au jardin de Nyon, Suisse : en Angleterre, -■il Belgique, enfin deux exemplaires aux Barres, donl l'un reçu sous un faux nom, fleuri renl au commencemenl ou au min-, du mois de juin. De mes deux touffes âgées de sept à huit ans, l1une étail sensiblement plus forte el portail des chaumes de 6 mètres environ. Elle a fleuri pendanl cinq années de suite, sur des tiges de plus en plus petites el maigres. Il parail certain que les touffes sonl un |>eu soulagées par l'ablation des tiges florifères qui leur permet de ne pas j envoyer, uw>- -•rond,' année, une sève absorbée par le travail d^ la floraison. Pour en faire l'expérimentation, j'ai supprimé, à partir de I907, les liges ayant fleuri sur nia second.' touffe, un peu plus faible que la première. Celle touffe a ûeuri encore en 1907 el 1908, mais dès 1909, elle donnai) des rameaux stériles, 3ez vigoureux el elle est pleinement rétablie aujourd'hui. La grosse touffe a donné encore quelques fleurs en 1910, mais déjà plusieurs rameaux stériles dés celte même année et des pousses sans fleurs en 1911. Elle étail sauvée; mais pour des raisons de convenance, je l'ai détruite. Je n'ai jamais pu trouver aucune gram.' sur ces deux pieds : il es! bien possible pourtant qu'ils en aienl donné. Il en a été recueilli en Suisse, en Belgique et abondamment à la ville Thuret, à Antibes. Le Bambusa t/enonis avait fleuri en 1902 au Japon après un intervalle de quarante ans. En Angleterre, quelques pieds avaient fleuri, cette même année, en serre, puis en 1903 el en 1904 quelques pieds isolés, en pleine terre. La mort d'aucun sujet n'a été relatée en Europe. P/iyllostarhys aurea \. el C. Rivière. M. Bouzeau de Lahaye cite un l'ait de 11. «raison partielle, survenu chez lui à l'Ermitage, près Rions. Un pied de Bambou doré ayant été installé en pi. une terre avant l'époque des dernières gelées, l'une de celles-ci atteignit sensiblement le feuillage; quand, en juin, de nouvelles feuilles se développèrent, une branchette produisit une demi- douzaine dépillets â glumes vertes, très allongées. On ne relate pas de floraison générale en Europe jusqu'ici. 628 BULLETIN DE L.V SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Pli. violascens A. et C. Rivière a fleuri, en 1003, au jardin de la Société d'Horticulture de Soissons, dit M. Grosdemange. Ph. Quiliri \. et C. Riv. var. Castilloni. Vax L903 et 1004 se sont produites, çà et là, des floraisons, à Kew, chez M. Magne, à Ricton ; des touffes voisines semblent être demeurées non florifères. On a recueilli quelques bonnes graines ; pas de mortalité signalée. En résumé, dans nos jardins d'Europe occidentale, les Phyl- lostachys atteints par la floraison semblent y être astreints, sans exception bien positivement constatée, dans un délai qui peut atteindre quatre ans ; la floraison est à peu près aussi souvent accompagnée de production de fruits fertiles que non, les sujets meurent rarement, il semble qu'on favorise leur retour à l'état non florifère en enlevant les tiges florifères dès qu'elles se dessèchent. La graine est germinative dès que la substance a pris un peu de consistance et cessé d'être verte. II. Arundinaria, série cespileuse. U Arundinaria falcata Nées est le plus ancien qui fui intro- duit dans nos jardins, où il est peu rustique. Je m'étais procuré un jeune pied en 1008. Avant d'avoir pris de la vigueur, haut de lm50 seulement, il a fleuri sans trace de graines en 1009. L'hiver 1000-10 a présenté, aux Rarres. un minimum de — 15 : les chaumes déjà fatigués ont gelé, mais, en mai 1!U(>, repa- raissaient de nouvelles tiges, également florifères, sansgraines. Après ces mésaventures, la touflé n'a pas repousse en 101 1. En 1904, cette espèce avait fleuri et fructifié sur tous les exemplaires de certaines localités d'Angleterre, mais non par- tout en Angleterre : les plantes florifères étaient toutes morte-. A Kew. dans l'une des serres, existe une Bambusée, sous le nom d'Ar. falcata var. glomerala. D'après une note parue dans le Gardeners' chronicle (sept. 1903, p. 169), la plante fleuri) chaque année sur un certain nombre «le tiges sans que la vigueur de la touffe soit diminuée. Arundinaria Kashiana Munro. M. Houzeau deLehaye relate, dans h' Mémoire que j'ai déjà plusieurs luis cité, «pie, faisant \i-ite. en 1905, a M. riirn/,> 1903, p. 272 . VAr. nobilisfâil- ford. d'Afrique australe, fleuri! cette môme année en Angle- terre, après intervalle de trente ans. Il semble donc que les Arundinaria cespiteux fleurissent en général tous ensemble, dans un même lieu, grainent souvent, meurent le plus souvent après la fructification. Mais la fructifi- cation assez fréquente ayant donne des générations de plantes dont la date d'évolution ne se correspond pas, il peut y avoir des plantes fleurissant hors des périodes générales. Des voya geurs ont vu dans l'Himalaya des touffes isolées en tleurs an milieu de milliers d'autres non fleuries. .Mais s'agissait-il bien de la même espèce ? 11/». — Arundinaria menus, traçants, groupe variabilis. Je n'ai pas observé, aux liane-, de floraison dans celte série. Ce n'est pas a dire qu'il n'y en a pas eu, mais il semble que. dans la dite série, la floraison soil axillaire et réduite à quelques ramifications sur quelques rares liges. Je me souviens que M. Houzeau de Lahaie m'a montré sur une plante d' Arundinaria variabilis probablement de la variété / à l'Ermitage, quelques floraisons axillaires. A Kew, VArundinaria auricoma Rutf or d fleurit tous les ans sur une partie seulemenl des chaumes. Ile. — Arundinaria à fortes liges, groupe Metake. Arundinaria japonica S et /. Bambusa Metake hort. En ce qui concerne cette espèce, je ne peux citer qu'une noie d< M. Edouard Bureau. 11 rappelle avoir vu, dans sa jeunesse, la fructification de cette plante; presque tous les sujets mou- rurent. En lHiiT. la floraison fut, de nouveau, générale, el c'esl avec peine qu'au Hamma II M. Rivière purent isoler et Bauver quelques fragments de rhizomes très affaiblis qui reprirent peu à peu leur vigueur. Il est fort probable que des graines fertiles 630 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION furent produites lors de ces floraisons. Av. Simoni A. et C. Rivière. En 1908, ma touffe la plus imposante de Bambous était un Arundinaria Simoni variegata, haut de 5U150 à 6 mètres. A côté se trouvait une touffe moindre d'Ar. Simoni type. Cette touffe fleurit en 1908; elle acheva de fleurir en 1909. Rien n'est lamentable comme une seconde année de floraison dans cette espèce. Les gros chaumes sont secs au sommet, des nœuds s'échappent en masse des brindilles desséchées du milieu desquelles sortent quelques brindilles florifères nou- velles; il reste quelques feuilles, mais altérées et languis- santes. J'avais décidé le déplacement de cette touffe; je l'ai fait arracher en 1910, sans m'assurer si elle avait quelques chances de survivance. Elle m'avait donné des graines fertiles. En 1909, fleurit à son tour ma grosse touffe cVAr. Simoni variegata. Elle donna abondance de graines qui germèrent promptement. Autour de la touffe sortirent de terre, surtout la seconde année des tiges grêles, hautes de 25 à. (!0 centimètres, non ramifiées, ou rarement portant une ou deux brindilles, el terminées par des épis qui souvent ne donnèrent pas de fleurs. J'ai supprimé cette touffe en 1911. Je crois qu'elle aurait suc- combé, comme aussi le type. M. II. de Lehaye dit qu'en 190i, dans un fort massif chez M. Schreiber, près de Tongres (Belgique), des tiges Ar. Simoni type ont fleuri, par-ci par-là, sans que la floraison fût devenue générale; il y eut production de graines fertiles. A Kevv, une grosse touffe n'a fleuri celte même année que sur quelques chaumes. Dès 1902, la plante fleurissait et grainait à Montpellier, puis à Lisbonne, au Ilamma, etc. J'avais déjà, en 1908, un assez beau pied de Simoni, graines de Lisbonne, et recevais peu après des jeunes sujets, très variés d'aspect, d'un semis l'ail à l'Ermitage des graines qui y avaient mûri de 1901 à 1905. In fait assez curieux est rapporté, au sujet de celle espèce, par M. Edouard André'. Vyanl détaché d'une grosse touffe une parlie et l'ayant plantée dans son parc à quelque dislance de la touffe mère, le partie déplacée fleurit un an avant la touffe mère. M. Bureau rapporte qu'à la Meilleraie Loire Inférieure), dans sa collection de Bambous, des touffes d'Ar. Simoni sont demeurés feuillues et non florifères longtemps après la dorai- FI OR USO.N DES BAMBi - 631 son '1rs voisines : elles étaient encore telles lors de la rédaction de la note. Il semble que la manière donl fleuri! VArundinaria s ■ - ■i to '. a 5 d soil assez variable, qu'il donne généralement des graines fertiles quand se produit la floraison el que la plante meure souvent quand la fructification a été al dante. La graine brunâtre esl longue de plus de I'» millimètres, en forme de langue, | > 1 » 1 1 .*» t que de grain de blé. Bile germe au boul de quelques jours el encore dans une certaine proportion après 032 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION six semaines de récolte, quand elle a mûri sur le pied. Les oiseaux la recherchent et ne m'ont pas permis d'en récolter beaucoup. Arundinaria Hindsii Munro. var. graminea. Cette espèce qui ne s'élève guère qu'à 1 mètre, en général, m'avait donné, en 1909, une hampe de lm80. Elle s'est mise à fleurir en 1910, sans fructification. La floraison se continue en 1911 sur cette forte tige, déjà bien fatiguée et sur des tiges plus faibles qui l'en- tourent. Point de graines fertiles. — Je vais faire couper toute la partie aérienne. II c a. — Arundinaria à liges rondes, raides, à grand feuil- lage. Je n'ai connaissance d'aucune floraison dans ce groupe, mais suppose qu'elle pourrait être partielle et échapper à un examen sommaire. Tel est le résumé de mon expérience personnelle et des faits que j'ai constatés en assez grand nombre hors de chez moi. Ces faits montrent que la question de la simultanéité, de l'universalité des floraisons d'une espèce et la mort des sujets sont une théorie fort exagérée, et que des observations sont encore nécessaires pour établir même la généralisé des faits. Nous serions heureux d'avoir provoqué des éludes attentives sur ce sujet qui devra être suivi en des circonstances de temps et de lieu diverses avant d'être pleinement élucidé. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Il SEC! ION ORNITHOLOGIE WK.i t. Il KE -ous-section : Ligue pour la Protection de 1 Oiseau. -I INI i DU 26 i IN> H i: 1912 Présidence de II. tlagaud d'Aubusson, Président. La sous-section se réuni) pour la première fois el M. le si taire général de La Société d'Ao-liimUation demande ,1 collègues de vouloir bien procéder à l'élection d'un bureau qui est ainsi composé : MM. Magaud il'Aubussoii, />r>'-sir(cnt. Minegaux el Ternier, vice présidents. Le comte d'< Irfeuille, secrétaire. Chappellier, vice-secrétaire. \ incenl . trésorier. Wuirion, délégué à la commission des récompem M. Magaud d'Aubusson, élu à La présidence, expose en peu de mois le bul que se propose la ligue dr La Protection i l'Oiseau : il y aura beaucoup à travailler, sans compter la lutte qu'il sera nécessaire de soutenir contre L'ignorance. La Ligue esl sans doute fondée par la Société d'Acclimatation de France : mais il oe faul pas oublier que la première id d esl venue à M. Chappellier. J'ai voulu, dil en terminant M. le Président, qu«- mes premières paroles soient un hommage rendu à - efforts. M. Chappellier expose ensuite avec beaucoup de détails l'objel de la Ligue el il dépouille une nombreuse correspondance qui nous permet, dès à présent, de bien augurer de l'intérêl n u ■ présenteront dos séances. Déjà non- trouvons des sympathies à I étranger el c'est ;i\' c plaisir que dous entendons le professeur Schillings, de Berlin, accompagner L'envoi de deux brochures adressé* - à ootre \ i< secrétaire de ces paroles écrites dans le meilleur français : nu - \- \ i \r«'i . 1912 — 41 03 i BULLKTIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ». J'espère qu'en France, en Angleterre el en Allemagne, on ne sera pas plus longtemps autorisé à nous priver — et priver le monde entier — de tous les Oiseaux, de tout ce qui est joli, coloré, élégant. » Plus près de nous, le journal le Chenil et l'Echo de l'élevage implore avec un au Ire langage la protection de ees pauvres êtres; il aimerait mieux voir favoriser la nidification des Oiseaux chanteurs que d'avoir à constater les ravages opérés dans les squares et les jardins publics par les Chats errants et les Rats propagateurs de microbes. On pourrait, pense-t-il encore, peupler les arbres et les buissons d'Oiseaux à beau plumage comme sont les Colombes australiennes; entretenir sur les pelouses ces grands Echassiers qui donnent tant de cachet aux horizons exotiques el animer les pièces d'eau, où l'on trouve à peine un vulgaire Poisson rouge, par ces milliers de Palmipèdes à plumage varié dont les évolutions sont si amusantes et qui. tout au moins, détruiraient les larves des Moustiques qui, pour ne pas nous donner la lièvre jaune comme à la Havane, ne nous infligent pas moins de cuisantes piqûres aux saisons de l'année où ils envahissent certains quartiers. Puisque nous en sommes aux Oiseaux qui font l'ornement de nos pièces d'eau, on nous permettra d'insérer dans ce procès verbal une anecdote et cela parce qu'il y est parlé d'un nom porté par un de nos collègues, un des plus sympathiques; c'est, j'en suis sûr, l'avis de tous. Donc le même journal, dans le même numéro, raconte ce qui suit : « Le château de Closeburn, domaine des Kirkpatrick, les ancêtres de l'Impératrice Eugénie, était situé en Ecosse sur les bords d'un lac où revenait de temps à autre un Cygne qui, d'après la légende, annonçait par ses apparitions mysté- rieuses les événements Intéressant les membres de cette ancienne famille. A l'époque du mariage de M"' de Montijo avec l'empe- reur Napoléon III, il y avait aussi un Cygne solitaire sur le bassin de la grande cascade . ainsi que les irai- consi di râbles nécessités par le- traitements insecticides qui, jusqu'à présent, n'ont donné cependant que des résultats a peu pi insignifiants. Vous n ignorez pas le danger véritable que la manipulation des produits insecticides employés jusqu'à présent tait courir aux viticulteurs et aux agriculteurs, el les prix exhorbitanls, prohibitifs qu'atteint la nicotine, ainsi que l'impossibilité pour les viticulteurs de se procurer les quantités qui lui -uni indis pensab Considérant que les petits Oiseaux sont plus que jamais comme le meilleur agent de destruction, il importe par conséquent de leur assurer nue protection efficace... Tel est le cri d'alarme de L'agriculture français l • pic les pouvoirs publics nr demeureront pas sourds, el qu'on finira au-si par ne pas laisser à l'Allemagne le m. pi.- de la préservation. Dans ce pays, une étude attentive de la oidifii tion, disait naguère M N ff, a la Société des agriculteurs de 636 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Franco, a permis de reproduire systématiquement les condi- tions offertes par la nature aux Oiseaux, et de multiplier ainsi les nids et les couvées. D'autre part, des abris ont été créés, une taille spéciale de certains arbres a été inaugurée, et une nourriture suffisante et appropriée régulièrement distribuée en hiver. Dans telle installation allemande, il n'est pas distribué moins de 100 kilogrammes de chénevis aux Oiseaux par jour. Quand l'instinct de la conservation nous fera-t-il imiter ces exemples? Que ne pouvons-nous nous étendre dans ce procès-verbal sur la remarquable communication faite à la même Société des Agriculteurs de France par M. Franz Buhl et déposée sur le bureau par M. Raveret-Wattel. Après avoir parlé, avec des détails vraiment effrayants, de nos ennemis, les Insectes, M. Buhl s'est occupé de la façon la plus intéressante des Oi- seaux insectivores et de l'utile Chauve-souris; il a rappelé ces liandes de Mésanges et autres Oiseaux forestiers, qui, au Grii- newald, près Berlin, accouraient pendant les invasions de la Nonne, dont ils restaient maîtres. De môme, a-t-il ajouté, à l'époque des ravages de la Pyrale, en 1902-1903, les Étour- neaux arrivèrent dans le Palatinat à la fin du mois de mai, fait inoui jusqu'ici, car l'Etourneau ne niche pas dans la région viticole de cette contrée et ne vient généralement que pour les vendanges. Les Etourneaux, bienvenus cette fois, sauvèrent les Vignes de l'invasion de ce destructeur, en les regardant comme leur propriété. De tels cas offrent un grand intérêt, parce que les Oiseaux ont joué, cette fois, un rôle régu- lateur au lieu du rôle préventif qui leur est attribué généra- lement. Elles sont bien décisives pour la cause que nous avons fait nôtre les expériences de Rôhrig, cité par M. Buhl. Selon ce savant, la grande utilité des Oiseaux résulte de quatre qua lités : Leur appétit formidable, leur mobilité, Leur sociabilité, L'acuité de leurs sens. Quant à Leur besoin de nourriture, Rôhrig esl arrivé aux constatations les plus curieuses. Il n'a pas seulement examiné les pelotes de déjection des Etapaces; mais il a aussi analysé le contenu des estomacs des Oiseaux insectivores, el il a acquis la preuve «pie les plus petits Oi- seaux -"ut le-- plus gros mangeurs. Le Eloitelel huppe et le Troglodyte consomment journellement, eu matière sèche, 30 p. LOOde Leur propre poids la relation de la matière sèche EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS *'<■'<■ au poids de l' Insecte vivant esl comme un à trois . Les Oiseaux prennent ees masses formidables en petits morceaux, aidés par (a facilité de leur digestion; ils passent donc presque toute leur journée à chercher leur nourriture. Quand ils o'avalenl pas leur proie en un seul morceau mais la d ip cent, comme le t'ont les Mésanges, ''il ne mangeant que les parties tendres, ils anéantissenl dans une -mie journée a peu près une fois el demie leur propre poids. Une paire de Mésanges charbonnier avec leur progéniture, — c'est-à-dire vingl têti - - consom- ment T."> kilogrammes d'Insectes pendant une seule anni chiffre est-il assez éloquent et ne suffit-il pas à prouver la videur immense de leur recours contre nos ennemis ' l>u peste, les Oiseaux les attaquent -nus toutes les formes de leur vie. Les uns, ci ne les Hirondelles, les bergeronnettes, les Tri quels, font surtout la chasse aux Papillons; ce sont les Engou- levents et la Chauve-Souris, cet utile Mammifère, qui les rem- placent à la tomb lu jour. Faut-il aussi rappeler qu'en une seule journée deux Mésanges charbonnières, placées dan- une volière, consommèrent cent quatre-vingt-sept chrysalides du Bombyx neustrien, ce dévastateur de nos vergers, et, que, dans le même laps de temps, deux Mésanges nonnettes ava- lèrent trois mille d'ufs du Bombyx processionnaire du Pin, ce ravageur de nos forêts. Et voilà les êtres que l'on massacre, sans compter l'infor- tunée Chauve-Souris qui. pour certaines populations imbéciles, esl une créature de mauvais augure, bonne tout au plus à être clouée à une porte, en compagnie du Chat-huani et de l'Effraye. Heureusement que. dans notre pays de France, le cri d'alarme a été entendu et que des âmes généreuses "ut com- mencé une véritable campagne pour la protection de l'Oiseau. Nous voudrions voir distribuer par millions la magnifique con- férence faite à Montpellier, le 16 novembre dernier, par M. R,ouvière-Huc. Les limites de ce procès-verbal ne non- per- mettront malheureusement de ne citer que quelques chiffres pris au hasard parmi les observations qui fourmillent dan- ■ travail. Comment ne pas se sentir ému quand on apprend qu'en l'.iiiii la Gironde a perdu plus de 20 million-, et l'Aude, l'anm dernière, ï«> million-, par le fait des Insectes ' vurait-on assisté a de semblables désastres, si les pouvoir- publics avaient R38 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION prohibé ces coupes réglées pratiquées par les chasseurs du pays, qu'où ménage pour le? motifs que Ton sait et qui défen- dent leur coupable industrie, sous le prétexte fallacieux de l'alimentation publique, alors qu'il est démontré que leurs victimes, plumées et nettoyées, représentent un poids moyen de 7 grammes. Quand un de c^s Oiseaux est tué, c'est pour l'agri- culture un tort considérable et dont il est facile de se rendre compte, quand on songe que la moyenne des Insectes qu'il absorbait journellement ne s'élevait pas à moins de 100 et que la Mésange p' ut même dévorer 5(10 Insectes. De la Blanchére a compté qu'en vingt jours deux Mésanges avaient mangé plus de i.000 Chenilles; dans certains estomacs d'Hirondelles, on a trouvé plus de 300 Insectes, et Jules Pizetta [trouve, d'après ses expériences, que le trépas d'un Oiseau coûte à l'agriculture un prix supérieur à celui de la Poule au pot dont parlait le Béarnais 11 est à craindre que tous ces chiffres ne paraissent bien fastidieux et bien arides dans ce procès-verbal: mais est-il un autre moyen de prouver l'utilité «l'une Ligue pour la protection de I Oiseau? (le qu'il faut, c'est démontrer mathématiquement les résultats de l'incurie que nous avons à déplorer en France. Pourquoi, s'il e-t une loi, ne pas l'appliquer? Pourquoi, si elle est insuffisante, ne pas la refaire? Le bulletin qui les contient est chaque année assez volumineux, pour qu'une page de plus ne le rende pas incommode, lui Allemagne, les infractions peuvent être punies jusqu'à la prison et une amende de 150 marks, et le cardinal Donnet, qui fui un grand ami des petits Oiseaux, raconta un jour au Sénat avoir vu. à Berlin, trois adolescents et deux petites tilles conduits par un caporal et trois soldats dans une maison d'arrêt pour avoir abattu un nid d'Hirondelles tl s'être Irouvés en possession de certaines nichées. Quand on parle d'Oiseaux utiles, il est un nom qu'il est impossible de ne pas prononcer, c'esl celui de la Mésange; aussi M. Rouvière-Huc n'a-t-il garde de l'oublier et de rappeler qu'à chacun t\< ses 200 voyages journaliers, elle n'apporte pas moins de -■'» a :;o Insectes à Min nul, ce qui l'ail le job chiffre de •"> à 6.000 Insectes absorbés quotidiennement par chaque famille. On le comprend, nous ne pouvons suivre M. bouvière à travers noire faune ornilhologique, car il passe en revue le Rouge- queue, le Bec-figue, le Rossfgnol des murailles, le Roitelet, EXTBAITS'DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 639 ^;his oublier ce délicieux petil être qu'esl le Rouge-gorge, cel hôte des chaumières, à l'heure où la nature s'endort sous son manteau de neige et qu'a illustré La Légende bretonne ci ne ayant accompagné le Chrisl sur Le Calvaire el ayant détaché une épine de la couronne du Rédempteur. Mais M. Rouvière n'a pas seulemenl une àme poétique, il sail aussi donner des conseils utile* et rappeler L'exemple île la Hon- grie, qui, chaque année, répand de •'> à 1.000 nids dans lesqu nichenl près de 2.000 Oiseaux, ce qui constitue une totalité de s a 10.000 petits. Pratiques aussi sont les conseils du conl - rencier suppliant les petits enfants de cesser les méfaits qu'ils commettent en faisant L'école buissonnière; pratique enfin son appel aux femmes françaises, qu'il supplie d'abandonner de soti • s modes, dont le moindre défaut est d'outrager le bon goût et qui ont pour résultat de véritables massacres d'Hirondelles, que l'on foudroie, dit-on, par dizaines de mille, d'un seul coup, au moment de leur repos, au moyen de batteries éleclriqui En Angleterre, nous apprend le Chenilet l'Echo de Vélevage la Société protectrice des < liseaux a institué un comité de veil leurs, qui a commencé à fonctionner en 190."). et voici que déjà l'envoi «le ces agents i si réclamé de toutes parts, connue l'est chez non- le service de la brigade du Saint-Hubert Club contre le braconnage. Ne pouvant encore donner salisfac ion à tout le monde, la Société a dû, cette ani se contenter de faire sur- veiller lé comté de Kent, le nord du pays de Galles le Somerset, la Cornouaille, le Cumberland, l'île de Wight, les Shetland el l'Aberdeenshire. Les mspe.iei.i-~ de la Société ont, d'autre part, vHté les Highlands d'Ecosse el les Hébrides, el les membres du comité ont surveillé eux mêmes le travail de leurs agents dans un certain nombre de localités pour se rendre compte des nécessités du service. Nombreux sont les Oiseaux qui ont profité de cette protection efficace : ci i on- le grand Corbeau, la Mésan - huppée, le Pbalarope, Le faucon pèlerin, le Mi an, les Aigles el Pvgargues, les trois i spèces «le B isards, la B ise ordinaire, le Pluvier à collier, l'OEdicnème criard, le grand Stercoraire el les différentes espèces d'Hirondelles de mer. C'est ainsi que les nids, si rares, du grand Corbeau el du Faucon pèlerin, qui n'étaient pins représentés, dans certains endroits, que par un Beul couple, ont été sauvés d' • lestruction imminente et beaucoup sont revenus nicher dans des pays où L'on n'en avait plus vu depuis vingt ans. Ces nouveaux arrivants ont joui d'un veilleur Hit) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION spécialement attaché à leur personne et se fixeront sans aucun doute dans l'habitat dont ils ont repris possession. Les grands Stercoraires se sont régulièrement multipliés et sont en progres- sion constante dans les îles qui entourent les deux seuls îlots où il en restait encore et dont les propriétaires ont facilité, autant qu'il était en leur pouvoir, la surveillance des veilleurs de la Société. Citons encore les Pluviers à collier, dont le nombre a tellement augmenté dans le comté de Kent, qu'il faut maintenant trois veilleurs au lieu de deux pour surveiller la région dans laquelle ils se sont répandus. Malgré ces conso lants résultats, nous ne pouvons, en traçant ces lignes, ne pas éprouver un sentiment de tristesse; l'exemple nous viendra-t-il donc toujours de l'étranger? Et comme la Société anglaise s'est aussi occupé d'une espèce d'Hirondelle de mer au point que l'île de Mickery, dans le Firth of Forth. sur la côte du Fife- shire, a vu refleurir sa colonie, si quelque jour nous revoyons cette espèce sur les côtes françaises, nous devrons en être reconnaissants à nos voisins d'outre-Manche. Mais pourra-t-on dire : Pourquoi tant de sollicitude quand il s'agit, comme plus haut, du Milan et de la Buse, c'est-à-dire d'Oiseaux de l'ordre des rapaces? M. Debreuil va répondre en communiquant à la Sous-Section les lignes suivantes extraites du numéro de La Nature du 30 septembre 1911 : << Les Oiseaux de proie ne font pas que du mal. Ils détruisent surtout des bats el des Souris. Tous les chasseurs qui en tuent vous le diront. Il suffit d'ouvrir leur estomac pour s'en rendre compte. Aux colonies, à Madagascar, les Corbeaux el les Aigles mangent aussi quantité de Sauterelles; ils harcèlent leurs vols. Vous savez qu'il y a à Paris autant de Rais (trois millions de Rats à Paris, un couple de Rats fournit 880 bats par an) à peu près que d'habitants el que les Rats font perdre annuellement 200 millions à la France, SM) à l'Allemagne, 300 à .'17:> à l'An- gleterre, 500 millions au\ Etats-Unis. Ils pullulent parce que nous tuons les Vipères, les Loups, les Renards, fouine-. Belettes, Hiboux. Les oiseaux de proie rétablissent l'équilibre. De plus, eu détruisant les Rats, ils nous protègent de la peste. » Cette question nous remet en mémoire une parole que nous avons entendu prononcer par un zoologiste célèbre, le vieux baron de Sélys-Longchamps. Prenez garde, disait-il, ne décrétez pas l'extermination systématique de imite une EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 641 catégorie d'êtres, vous iriez a ['encontre de l'éc unir de la nature. <>n connaît L'histoire de ces Eperviers anéantis; L'année suivante, les Geais avaient pullulé au point qu'il ne resta p;is un gland. Nos Félicitations, en passant, à M. Dorbeaux, instituteurs Sébécourt (Eure). Grâce à lui, en 1911, ses élèves onl proté 66 nids avec environ 339 petits; en additionnant Les résultats des années antérieures, c'est un total général de 1.081 uni- sauvés avec une population de 5,383 oisillons. Jugez quel serait le résultat si tous les instituteurs de France imitaient, ne t'ùt-ce que de Loin, cet homme intelligent et dévoué. Si quel- qu'un mérite une récompense, c'est bien lui, car. dans la mesure de ses forces, il a défendu La cause de l'( liseau, cet ''ire infortuné, auquel une mode Féroce a déclaré une guerre de Peaux-Rouges et qui, naguère, dictait à L'académicien Emile l'ami. 't. ers pamles publiées dans la /{rviir française : Je suis pour que l'on fonde une ligue contre ce Lieu de carnage, contre ce campo sanlo, contre ce charnier, contre celte morgue qu'on appelle le chapeau des femmes. » Pouvons-nous mieux faire que de renvoyer à L'excellente note de notre collègue Debreuil parue dans notre Bulletin de juillet 1909 et dans laquelle il indique, avec son style toujours si pittoresque, le moyen d'épargner Les discaux de dos bosquets tout en ne privant pas nu- !>«>lles Parisiennes d'une parure qui ajoute à leur- charmes? Espérons que nous serons secondés dans la lutte entreprise par la Société d'Acclimatation de France, el c'est p ■ nous d'un bon augure qu'aux encouragements venus de notre patrie s'unissent ceux de L'étranger. C'est ainsi que M. Chappellier a peÇU Ulie lettre e\eellenle de la Sueielé n.\ale pour la pndCC- tion de l'Oiseau en Angleterre. Il n'\ a pas jusqu'aux poètes qui ne s'en mêlent el cela se comprend : est-il plus délicieuses créatures que les Oiseaux el les fleurs ! tutez plutôt l'illustre auteur de àfireioe\ de Calendal : •• Ne tue pas tes amis, homme ! écrivait naguère Frédéric Mistral; les Oisillons, ce sont des anus fidèles, les pauvrets! Ce sonl de petits anges qui, en volant el chantant, t'égaient, te servent ; de la vermine, ils te préservent ; el cela retombe sur toi, quand tu vas, rasant le soi. contre eux, en plein ciel, mauvais sujel . tirer ton plomb Nous ne pouvons oubliei Le si bienveillant accueil fait à la Ligue par la A française d'Ornithologie. Cette Revue, 642 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION dirigée ;ivec tant de compétence par MM. Denise et Menegaux est, bien qu'avant tout scientifique, largement ouverte à l'ornithologie pratique et à tout ce qui a trait à la protection des Oiseaux. Telle a été cette première séance; elle permet de bien augu- rer de tontes celles qui suivront. Mais, avant qu'elle ne se termine, M. Chappellier demande deux choses au secrétaire, la première est de rappeler à tous ceux qui s'intéressent à l'Oiseau que, tous les jeudis, en dehors de l'époque des vacmees universitaires, ils trouveront dans l'après-midi, au siège de la Société d Acclimatation, un membre de la Ligue, qui sera heureux de fournir tous les renseignement désirés. Le second sujet est beaucoup plus délicat à traiter et il exigerait des circonlocutions, si votre secrétaire n'avait à s'adresser aux membres de la Société, c'est-à-dire à des collègues et à des amis déjà convertis d'avance. On a dit que l'argent était le nerf de la guerre, il est aussi celui de la paix que nous voulons procurer à nos chers petits Oiseaux. Et maintenant vous com- prenez. Les ressources sont minimes, les frais seront considé- rables; c'est dire que, pour pouvoir travailler, et c'est son plus cher désir, la Ligue de la protection de l'Oiseau compte sur la générosité de tous les membres de la Société d'Acclimatation. Ses espérances ne sauraient être déçues. Le Secrétaire, Comte d'Orfeuille. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Les lois cynégétiques des États-Unis. — L'Amateur Ménagerie Club: Tau- reaux sauvages, Zébroïdes, Capybara, un Lapin il', .ai gigantesque, etc — Les Grues n captivité. — Le jardin zuologique de New-York. \mi iés étra iges. Une nouvelle Itbagine. l a nouv< au taisan. - Chez les impor- tateurs. M T. s. Palmer, un des directeurs du Bureau d'études biolo giques du ministère de L'Agriculture aux États Unis, vienl de publier le relevé de toutes les lois sur la chasse el pour la pro- tection du gibier qui oui été édictées dans les différents États depuis 1776; mais la législation cynégétique des États-Unis ren te à 1629, lorsque la compagnie des Indes occidentales voulul assurera ses premiers colons les privilèges de Lu chasse. ( I1R0MQI ! • .{ M R \l.l ET KAITS DIVERS 643 \.>u- n'avons pas à entrer ici dans le détail de ce relevé minu- tieux, mais nous j signalerons quelques paragraphes <|ni ioté- ressenl particulièrement l'Acclimatation. Cesl vers 184-4 que les derniers Dindons sauvages se montrèrent dans les régions de Nom ïork, de Sullivan, de Rockland, d'( frange i i des ts Mlegany, el l'année suivante le dernier Élan Fui tué dans la vallée de G nesee, dans l'Étal de New-York. En is-">n eul lieu ht première importation du Moineau d'Europe dans le Nouveau Monde. Huil couples conservés pendant l'hiver au Brooklyn Institut a multiplication excessive dan- certaines localités. En 1857, le Colin de Californie lui introduit par MM. Mason et Goldesborough aux alentours de Washington. Le loi. lâché au printemps par M. Goldesborough, H qui - c posait de cinq mâles H «le quatre femelles, se multiplia c-l compta l'hiver suivant uni- centaine d'individus. En l ;i m tout treize troupeaux de ces Taureaux primitifs comptant clt'uiH| à s i \ cents têtes ; cinq de ces troupeaux sonl d'une varii -.m-, cornes. C'est celle que sir Claud Alexander recommande i 1 1 1 1 . • la meilleure et la plus pratique et il s'offre de fournil tous les renseignements que pourraienl désirer les amateurs ayanl l'intention d'ess lyer de cette race. Un autre membre de l1 Amateur Ménagerie Club poursuil les expériences 'lu professeur Cossar-Elwarl et de notre collègui M. de Parana sur lf- Zébroïdes : un produit qu'il a obtenu d'un /•'•lire di' Burchell el d'une Jumenl pie esl mi Zébroïde pr< 3en lanl des taches blanches comme la mère. M. Dennis rend compte de ses élevages de «'-111) bara ou Cabiai, le gros Rongeur aquatique de l'Amérique du Sud qui pèse jusqu'à 50 kilogs et qui semble se plier très facilement à notre climat; aussi nous reviendrons plus en détail sur cette acclimatation qui pourrait avoir de iiv> gro — - conséquences économiques et rivaliser avec le M ara de l'Argentine, lequel est aujourd'hui un animal tout à fait acquis et ayant passé la période expérimentale. NOUS avons déjà parle ici des reproductions de Crue- obtenues à Lilford Hall. M. Et. Cosgrave, I habile faisandier de domaine, a résumé dans un article de VA vicultural Magazine le résultat de ces élevages. Il n'y a pa- d'I liseaux plus décoratifs que ces grands Echassiers qui se familiarisenl -i facilement et donl l'entretien esl de- plus faciles 1 'esl une erreur de croire qu'ils ne se nourrissent <\ le poisson ; il u'\ a ^uère que la (.rue leucogérane dont il faille, jusqu'à un certain point, Datter les goûts ichthyophages : toutes les autres se mettent -ans diffi- culté au réunie granivore el le pain forme un excellent com- plément à leur alimentation. En leur procurant un abri pour l'hiver, on les prédispose à la reproduction. Les Grues du Canada, leucauchen, de Mandchourie, de Paradis el couroi - ont reproduit à Lilford Hall, pas toutes cependant avec le même succès. L'incubation pouf les Grues du Canada, leucauchen el de Mandchour e esl de trente jours ; pour la Crue à barbillons, 646 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION de trente-six. Les Grues de Paradis ont couvé au printemps pen- dant trente-deux jours. Les Grues couronnées ont fait des nids et on pense que la Grue couronnée du Cap se mettra à pondre, mais il est assez dilficile de reconnaître les sexes chez les Grues couronnées et les Demoiselles de Numidie, tant les mâles et les femelles sont semblables. La ponte des Grues est de deux œufs pondus à un jour d'intervalle; le mâle se charge du poussin le premier éclos tandis que la femelle continue à couver l'œuf retardataire. On a obtenu à Lilford Hall le croisement de cer- taines espèces; VAvicullural Magazine nous donne la photo- graphie d'une Grue du Canada a* et d'une Grue à barbillons Q avec leur jeune métis. Le bulletin de septembre de la Société zoologique de New- York publie une série de vues photographiques de son jardin qui montrent cet établissement sous le jour le plus pittoresque et le plus artistique. L'art de La Quintinie n'a jamais été appliqué avec une plus parfaite connaissance des effets que l'on peut obtenir de plantations d'arbres et de fleurs bien ordonnées. Dans cette livraison, M. Lee Cràndall, directeur adjoint des services ornithologiques, a raconté les curieuses amitiés qui se sont formées dans cet Eden entre Oiseaux d'espèces bien différentes. C'est d'abord une Oie du Canada qui, après s'êlre liée avec un ménage de Céréopses et avoir endormi la méfiance du mâle du couple australiens voulu èlre le plus heureux des trois et qu'il a fallu expulser du parquet où elle s'était subrepticement insinuée. Une Oie d'Egypte femelle se consola rapidement d'un accident arrivé à son époux tyran- nique en formant une liaison avec une Oie bernache ; une oie des moissons el une Oie sauvage eussent donné naissance a une couvée d'intéressants mélis si un Cygne de Bewick n'avait manifesté son indignation contre cette union scanda- leuse en détruisant le nid où cinq petits étaient sur le point d'éclore : mais les amitiés les plus surprenantes que M. Cràndall ail remarquées furent celles entre un Nandou el une Pintade et entre un Casoar de Ceram el un Marabout. La Pintade n'avait pas placé son affection d façon très désintéressée car, à mesure que i,i température baissait, elle allait passer la nuil 3ous l'aile du Nandou qui lui lit bon accueil pendant tout l'hiver; au retour du printemps l'Autruche américaine fil sans doute CBR0NIQ1 i G] M .i:\l.i: n i ai rs DIVERS 647 observer à son compagnon qu'il abusai! de sa complaisance. La Pintade |>ril mal la chose el poursuivil d'une hainn si active, malgré sa petite taille, le gigantesque Oiseau, qu'il fallut mettre un terme à leurs disputes el les séparer. Quant au Marabout, il se servait du Casoar comme d'une chaufferette, il se perchait sans façon sur son dos dès qu'il se couchait. On séparait ces Oiseaux pour l'hiver, afin de les mettre dans des locaux chauffés, mais, au retour de la belle saison, lorsqu'on les réunissait dans le même parc, le Marabout reprenait - habitudes l I manifestait le plus grand plaisir à retrouver son calorifère ambulant. Le chef des services ornithologiquesdu .1 an lin de New -York, M. Beebe, qui a abandonne à M Crandall la direction technique de son département afin de se consacrer entièrement à la rédaction de |,i grande monographie des Phasianidés dont il a recueilli les éléments en faisant un long -.jour dans l'Extrême Orient el en visitant tous les musées d'Europe, uous donne un avant-goût de ci' que sera cetl uvre magistrale en signalant dans un fascicule spécial uni' nouvelle espèce d'Itha- gine qu'il a découverte en cours de roule, dans le Vuunan et dont il a retrouvé des peaux dans les collections du Muséum de Paris L'Illiagine de Kuser prendra place dans les nomen- clatures auprès de l'ithagine sanglante et de l'Ilhagine de I leoffroj . La description «pic M. Beebe donne de ces Phasiauidés n'esl pas pour diminuer le désir que nous avons de 1 (s posséder un joui- dan- nos faisanderies. En attendant, M"" Jolmstone a reçu en Angleterre un Faisan jusqu'ici complètement inconnu des amateurs el qui, sil se répaud un jour, sera ires recherché; c'esl le Faisan \l\!>ii<\.<, venant du Japon, el dont nous oe pouvons donner une meil- leure description qu'en disant que c'esl un Faisan vénéré com- plètement bleu deroi avec >\<^ reflets métalliques du plus scin- tillant effet. Parmi les importations qui se sont beaucoup ralenties cet été, non- a'avons à signaler que 1rs suivantes «'.lie/ William .lamraeli : des Kangurous rouges, des Grues couronnées du Cap, des Ibis rouges de la Guyane, des Colombes leuconola du Thibet, el les différentes espèces de Paons. 648 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ .NATIONALE D'ACCLIMATATION ■ Chez Hamlyn : des Opossums, des Ecureuils gris de l'Amé- rique du Nord et des Ecureuils du Mexique, un Tatou, des Faons nigripennes et un couple de Dindons sauvages de l'Amé- rique du Nord aujourd'hui devenus si rares qu'il est pres- que impossible de s'en procurer. Le stock du grand importateur de Alfeld, près de Hanovre, L. Kiihe, est si considérable que nous ne pouvons que ren- voyer les amateurs à son catalogue, nous contentant de noter en passant : des Hippopotames, des Tapirs, des Bisons d'Europe et d'Asie, des Lamas, des Antilopes Gnu, Oreas, Bubales, des Cerfs des différentes espèces asiatiques, des Kangurous géants et de Bennett, des Grues et des Casoars. Dans sa dernière séance, le Conseil d'administration du Tou- ring-Club a décidé d'organiser un grand Congrès forestier, lequel sera international et se tiendra à Paris en juin 1913. Suite logique de l'œuvre entreprise depuis sept ans par le Touring-Club en laveur de « la forêt », envisagée comme un des éléments essentiels de la beauté de notre pays, cette mani- festation vient à son heure. Tous les esprits, avertis et soucieux de conserver à la France son domaine forestier, ont conscience des dangers que lui jont courir d'une pari un régime tiscal d'un autre âge, d'autre part des exploitations abusives qui le mènent à sa perte, et sont résolus à porter remède au mal, alors qu'il en est encore temps. Le Congrès, qui réunira, nous en avons le ferme espoir, tous les amis de la forêt, formulera leurs desiderata et précisera les réformes nécessaires. L'organisation de cette importante manifestation, à laquelle d'ores et déjà, la sympathie des pouvoirs publics est assurée, va être poussée I rès activement. Le lieront : \. M mu :iu i \. Paris. — !.. Makrthbi \. imprimeur, I, roc Cassette. LA DISPARITIONS Dl DROMADAIRE M BAHR-EL-GHAZAI Par SERGE BESNIER Lieuten ml de cavalcri La très aimable insistance avec laquelle j'ai été invité à revenir aujourd Imi sur la question de la disparition progr sive du Dromadaire est ma seule excuse d'aborder spéciale- ment ce sujet, et je Liens à faire valoir cette excuse auprès des méharisles très compétents qui pourrunl avoir connaissance de ma communication. Je réussira i 1res difficilement, en effet, à ne rien dire qui dépasse le cas particulier du Bahr-< I Gbazal • lu Kaneiii. Avant de reparler de relie région fort peu connue, dont le nom prête facilement à confi sion, je sui- obligé de demander que l'on veuille bien se reporter à la rapide présenta i«>n du pays el de ses habitants faite au début de ma communication sur l'élevage 1 1 . Le Bi hr-el-Ghnzal touche à la limite sud de la zone où est possible du Dromadaire. Les Européens qui, venant des r< i proprement parler plus désertiques, oui nbordé celle contrée au m- nu ni où les pluies du mois d'août changent momentanément, mais d'une manière absolue, L'aspect au pajs, ont même dilficilemenl compris que le Chameau [•!) pût \ vivre. Il l'ont expliqué par la nomadisation à outrance el I ■ i < s«|ue individuelle des Kr< da et d< - K< cherda. Les éleveurs de Chameaux doivent, en effet, suivre encore bien plus rigou reus< meut que li s i eveurs de Bœufs les règles naturelles de la nomadisation fixées par l'étal des pâturages, donc par le régime des pluies. La -a, -ou des pluie-, assez improprement appelée d'habitude l'hivern ?t, dans la zone interlropii le, d'autant moins précoce, moins abondante et moins pro que l'on s e ie de I Equateur. Au Uahr-el Ghazal, en parti- culier, les premières averses tombi ni dans le sud du llarr. I veurs doivent à ce moment lit j amener leurs troupeaux, puis remonter assez rapidement vers le nord, au fur el 1 \ Bulletin, I i>' Clr mit au. il 3 O C. W A T. ACCL. I . — 42 650 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONAÉE d' ACCLIMATATION mesure que l'herbe grandit et que l'humidité permet la multi- plication des In- ■>. en particulier des Moustiques. Quand l'hivernage est terminé, les troupeaux doivent retourner vers le sud, très lentement, en épuisant d'abord les pâturages les plus au nord, de manière à revenir progressivement à leur point de dépari à la fin de la saison s«'jche. l'air se dispenser de la stricte observance de ces règles sans voir rapidement une forte mortalité frapper les troupeaux, il faut multiplier -oins et précautions (protection contre les Insectes par la fumée, goudronnage de la moindre dépilation, régime natronné, abreuvages (1) faits avec discernement et convenablement espacés, etc.. . J'ai pu ainsi, avec un per- sonnel chamelier choisi et dévoué, au zèle entretenu par une continuelle surveillance, conserver en permanence, à Mous- soro, et maintenir en santé normale un troupeau comprenant, à certains moments, une centaine de Dromadaires, dont bon nombre de Ghaanelles', suitées de leurs Cbamelons. Il est naturellement impossible d'attendre autant d'atten- tions des indigènes généralement enclins à trouver dans leur fatalisme les meilleurs prétextes à paresse. Or. Kréda et Kécberda ne se conforment même pas avec rigueur aux règles de oomadisation. I>e tout temps, les mares d'bivernage, épargnant aux gardiens des troupeaux la peine de tirer l'eau dos puits, ont trop attiré auprès d'elle- les éleveurs mal avisés et, depuis notre arrivée dans le pays, la plupart des indigènes modilient l'itinéraire Habituel de leurs pérégrinations, soil que, désireux «le recourir a la protection du poste contre les pillards du Boriiou, certains h isitenl à s'éloigner vers le nord, soit qu'au contraire, soucieux d'éviter foute relation avec nous, d'autres ne pensent qu'à fuir le voisinage de nus détachements mobiles. Tout cela cause naturellement le plus grand tort à l'élevage du Chameau. Nbtr cupalioii a apporté de bien plu- grands ebange- ments encore ;'i ce qui se passait au Bahr-el-6-hazal. Autrefois, Kréda el Kécherda, bien qu'ils eussent eux-mêmes souvenl à souffrir <\<- huis déprédations, étaient au mieux avec nos adversaires du Borkou : quelques pillages Q'empêchenl pas Dromadaire d"it boire dans nu récipient spécial el non aux néralemenl creusés dans l'argile : l'ingestion de parcelles de ter e peui pro oquer In tnorl 'le l'animal. Dans les con- ditions normales, il il"ii boire au maximum i"ii< les quatre jours. I. \ DISPARITION DJ DROMADAIRE \l BAI1R-EL-GHAZAL 651 sentiments d'amitié el surtout de complicité entre boni compères et coreligionnaires musulmans. L''s rezzous dirigé! contre les sédentaires du Kanem on du Fittri venaient parfois du oord par la vallée de l'ancien Sorro I . déçus en amis par oomades du Bahr-el-Ghazal, ils se ravitaillaient chez eux en eau el en vivres, changeaient leurs fcléhara fatigués, puis opéraient rapidement leur coup de main et pouvaient retirera toute vitesse sans que nos détachements, dé- ment prévenus i r< >p lard, pussenl faire autre chose que recon- ii;i le sable les traces déjà trop anciennes des pillards i\ ci, surtout quand ils opéraient contre les sédentaires protégés par des détachements non montés, pouvaient profiter au contraire de ce qu'ils n'avaient pas été éventés par aos services de renseignements pour réussir immédiatement la razzia projetée; puis, déjouant par quelque feinte ha) l'activité de nos postes el le zèle trop souvent douteux de no! espions, dos pillards trouvaient au Bahr-el-Ghazal l'accueil le l»lus sympathique. Iprès quelques jours de repos, ils don- oaienl aux Kré*da ou aux Kécherda quelques parts de prises quelques Dromadaires en reconnaissance de leur hospitaliti ils s'en retournaient à loisir parla voie du Sorro. Naturelle- ment, toul cela oe se savait qu'après coup et c'est pour met lin à ces pratiqui s que l'on a créé le poste de Moussoro, • lieu du pays Kréda. J'ai cru devoir m'étendre un pi u sur ces faits : ils avaient une sérieuse répercussion sur l'él vage du Chameau. Les indi- ies du Bahr-el-Ghazal réussissaient généralement à sauver el ;i remettre en étal les animaux fatigués qui leur venaient ainsi de pays où la race esl plus vigoureuse : c'était un excel- lent appoint pour <-\ iter le d , emenl de l'esj peu es imée comme je l'ai expliqué en parlant de l'éle^ i léral, obtenue près de la limite d'- la zone nu -, rencontrent en toute saison Ii"- troupeaux de [>romadair< Une dernière causée! non des moindres accélère la diminu- tion du troupeau indigène. Les luttes entre tribus oui certai- nement toujours existé; notre pr ;enc< les rend de plus i jdu-< rares, mais maintenant l'armement a changé. \u lieu combats homériques, à courte distance, ou lances el jouaient le pi tnd rôle au milieu Ar> imprécations ■ boa du B 652 B( I.LKTI.X DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION dj lires, les escarmouches se déroulent maintenant plus brèves, a coup de fusil à tir rapide, et les Dromadaires, spectateurs malgré eux de ces batailles, eu sont en plus m-and nombre les innocentes victimes. J'ai déjà exposé, dans ma communication précédente, comment nous avions été amenés par les nécessités d'ordre militaire à acheter peu à peu un très grand nombre des Chameaux et Chamelles du Bahr-el-Ghazal. L'effectif du poste de Moussoro n'en a pourtant jamais comporté beaucoup, une cinquantaine en moyenne, mais la subdivision a eu de fréquentes occasions d'en fournir aux postes voisins. Or le Dromadaire, bien que cela puisse sembler contradictoire avec ses goûts essentiellement nomades, souffre beaucoup d'un changement d'habitat. La nomadisation, comme je l'ai expliqué, n'est pas en effet un déplacement indéfini et sans raisons: dans une zone de nomadisation donnée, un ensemble de troupeaux donné trouve les pâturages, les eaux, les condi- tions climatériques qui lui conviennent. Cesconditions ne seront pas les mêmes dans une zone même très proche où les trou- peaux existants peuvent être pourtant bien plus beaux. Lps indigènes n'hésitent cependant pas à aller chercher des ani- maux* dans les zones voisines, mais ils connaissent toutes les précautions à prendre pendant la période d'acclimatement et généialemenl rien ne vient les obliger à se départir des ména- gements indispensables. Il est très difficile de se faire rensei- gner par eux sur toutes ces questions comme sur bien d'autres : les plus sincères et les plus dévoués, quand vous les questionnez, cherchent d'abord à vous répondre ce qui, pensent-ils, vous fera plaisir et pas du tout ce qui est vrai. Cela explique aussi pourquoi L'apprentissage de l'emploi du Dromadaire par les Européens est, comme je l'ai dit dans ma préi êdente communication, si compliqué. D'ailleurs, en prenant le mol zone dans un sens beaucoup plus étendu, la manière d'employer le Chameau, les heures où il peut marcher, celles «m il doit manger diffèrent tant il une zone à l'autre que, lorsque l'Européen change de zone ci trouve des Chameaux nouveaux, il a presque un apprentissage a recommencer. Les méharistes de la région de Zinder marchent tout le jour, ceux delà région du Tchad, toute la nuit, .l'ai assisté à beaucoup LA DISPARITION Dl DKOMADAIRI M UABK-EL-UUAZAL 633 de discussions mtre iuî i ce sujel el mon opinion est que chacun ;i raison . Les troupeaux des postes franc lis forment une réunion géné- ralement 1res importante d'animaux choisis: enleyer un pareil butin ajoute à la gloire de la guerre sainte un profil dont la perspective groupe trop souvent contre nousde sérieuses harka. Noua avons également de grandes précautions à pren Ire contre les simples voleurs, el nous oe pouvons jamais, comme les éle- veurs indigènes, laisser nos Chameaux jour el nuil au pain rage. Il esl très difficile de faire prendre aux animaux qui y mettent généralement une extrême mauvaise volonté, les aliments supplémentaires, plus nutritifs, qui leur seraient née saires par suite de cette réduction «les heures de palurag réduction d'autant plus considérable que le Chameau ne mange pas pendant les heures 1rs plus chaudes de la journée. Je rappelle à ce propos que le Dromadaire esl un anim N Par A THAUZIÈS Professeur an Lj • e de Périguemi Président de La Fédération des Sociétés Colombophiles de l'Ou et du L'orientation du Pigeon voyageur a donné matière .1 cinq tryothèses principales : L° vue; - vue el mémoire oombinéi 3° loi dite «lu contre-pied : 1° sens des altitudes et enregis- trement automatique de la direction à l'aller; 5° sensibi magnétique. Il sérail trop long d'examiner es hypothèses l'une ap L'autre el de les - mmeitre l'une après l'autre à L'épreuve des faite d'observation; ce serai) d'ailleurs se condamner à des redil s. Mieux vaut sans aucun douie entrer d'emblée dans la pratique colombophile et voir, à la lumière de L'expérience, l'insuffisance de < -i ou de eeUes-là. [fous sommes â la mi-août. Nous possédons vingt Pigeons- voyageurs âgés de si* mois. Us sortent et volent à l'extérieur, dans un rayoji pins ou moins étendu, depuis environ quatre mois ci demi. Nous savons qu'ils oui l'habitude d'aller s'abattre dans la campagne, pour y picorer, et toujours au mêmes endroits, à quatre oh cinq kilomètres de Leur colom hier. 1 i) matin, 11. mi- les emportons en panier clos dans la région qu'ils firéquentenJ el nous les lâchons aussitôt, sans hésitation, il> prennes! la direction du pigeonnier, où ils arrivciii ea trois ou quatre minutes. Le lendemain, nous les transportons dans un.' direction différente. Du lieu où dous Les lâchons, nous api roevona aous-mêmes la localité à rejoindre voire le colombier. Cela n'empêche pas que dos jeunes PL indécis, voient plus «mi m. .m- longtemps à la hauteur d'une centaine de m tvanl dr choisir leur route, quelque- fois même disparaissent d'un côté tout autre que celui 1 lequel ils auraient du s'en aller. Le lendemain encore, transportons les dan- une troisième direction : nous ferons Les mêmes consl l talions que la veille. Il sera de- lors manifeste pour nous qu'ils a'onl pas cherch( voir, qu'ils n'ont pas vu, quoique pouvant le voir, le colombier. 656 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE 0 ACCLIMATATION Si au contraire nous les transportons tous, trois ou quatre lois de suite, dans la même direction, le Nord par exemple, à des distances de plus en plus grandes : 5, 10, 20, 40, 100 kilo- mètres, nous remarquerons, à partir de la troisième étape, la rectitude et la rapidité de l'orientation : en quelques minutes, en une minute peut-être ou même. moins, ils prendront leur ligne de retour. Après 100 kilomètres, essayons d'une étape de 300 kilo- mètres: si le temps n'est pas contraire, le départ s'effectuera de même, avec une prompt i Inde déconcertante. Dix ou quinze jours plus lard, changeons la direction et imposons une étape de 300 kilomètres encore, au Sud : tou- jours sans monter très haut, les Pigeons partiront assez vite dans leur ligne et rentreront normalement (observations contraires aux hypothèses 1 et 2) . Supposons que nous habitons Orléans. No^ jeunes Pigeons mil été poussés jusqu'à Douai (Nord;, puis jusqu'à Brive (Sud). Knvoyons-les subitement à Saint-Nazaire (Ouest), mais par un itinéraire très compliqué et très long : Limoges, Angoiilème, Saintes, La Rochelle, La Koche-sur-Yon. Lâchés à Saint- Nazaire, après les quelques soins et h; repos indispensables, ils rentreront à Orléans, s'il n'y a pas intempérie, en quatre à cinq heures au maximum (observation contraire à l'hypo- thèse '■>. qui ne permettrait pas le retour avant dix à douze heures, et très peu favorable à l'hypothèse 4). Les années suivantes, avec des Pigeons plus âgés et en pleine force, recommençons nos expériences dans de plus grandes proportions Employons des sujets n'ayant jamais été pntraînés que du .Nord au Sud. et après une étape de 600 à 70 > kilomètres dans cette direclion, envoyons-les brusquement ns le Midi, à Dax 540 kilomètres), en les faisant passer, à l'aller, par Vierzon, Nevers, Lyon, Avignon, Narbonne, Tou- louse, Mont-de-Marsan. Quel sera le résultat? Lâchés à 5 heures du malin, par temps calme, nos Oiseaux rentreront m huit à neuf heures (observation contraire aux hypothèses I el 1, à l'hypothèse :!, qui doublerait au moins la durée du vol, très l'en favorable à l'hj pothèse \ . M, us nous n'avons pas négligé d'observer uns Pigeons ndanl leur.-- longs trajets en chemin de fer. Avons-nous qu'ils l'i-sent attentifs, préoccupés, qu'ils eussent ' e apparence d'animaux inquil tés par leurs dépl. 1 I. li'.I.HN \-Q\ M., I, . . me ois forcés el cherchant à se rendre compte de la direction qu'on leur faisait suivre el des changement- répétas de celte direction? Nullement. Ils roucoulaient, picoraient, s'agitaient, •-r battaient, dormaient, passaient leur temps dans le tohu- bohu el le pêle-mêle, el il nous a paru que s'ils enregistraient la série de leurs déplacements successifs, il ta.lla.il que cel enregistremenl lût en eflFel automatique à un degré invraisem- blable, pour relier possible dans de telles conditions obser vation très peu favorable à l'hypothèse \ . arrivés au but el sur le point d'être mis en liberté, les paniers à claie-voie, qui les contiem i étant alignés en plein air dans un endroit propice à l'envolée, qu'ont rail les Pigeons? Ils ont, avec quelque agitation, des allées el venues, regardé au-dessus d'eux le ciel, devant eux et sur les côtés l'horizon; vous ave/, vu nettement leurs regards sonder l'espace; puis, au bout de quelque- instants, redevenus tran- quilles, comme s'ils étaient déjà fixés sur la route à suivre, ils oui attendu l'ouverture des paniers. Les paniers a peine ouverts, les captifs se soin enfuis d'abord en rasant le sol, ensuite en gagnant peu à peu une altitude très modeste — lui» mètres en général, bien raremenl 150 — : au bout de quelques secondes, ils avaienl disparu observation contraire aux b\ polhèses I el _ . A vrai dire pourtant, les choses ne se passent pas toujours ainsi. Par exemple, lorsque les Pigeons ont été transpoi dans une direction inaccoutumée, l'agitation un peu Bévre qu'on remarque chez eux au moment du départ est beaucoup plus évidente el dure davantage. Au lieu de prendre leur direction dès la sortie des paniers, ils s'élèvent d'abord un peu plus haut — rarement toul de même au-dessus de 100 mètres — el ils effectuent ensuite quelques randonnées circulait appuj anl de préférence ;'i l'Esl . Celte exploration est d'autant plus longue que le temps plus troublé. Même sur une ligne connue, quand le cie est trageux, brumeux surtout, les Pigeons ne partent qu'après des circonvolutions inquiètesel fébriles, qui peuvent 9e prolonger une heure durant. Pourquoi donc cela, s'ils ont un sens des altitudes et .s'il- enregistrent automatiquement la série de leurs déplacements suc< -vation contr l'hyp >th ise \ ' tte inc sur la 'ut 658 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION une quasi-impuissance à la discerner, quand la terre porte une couche de neige. Alors, il bat l'air en Ions sens, véritablement désorienté et comme incapable de se diriger. Rares sont ceux qui, en pareille circonstance, peuvent revenir au gîte avec une vitesse d'une vingtaine de kilomètres à l'heure. Pourquoi cela, si l'hypothèse 4 était fondée? La neige, plus que la brame, serait-elle inhibitoire du fonctionnement du sens des altitudes et de l'enregistrement des déplacements successifs? Qu'est-ce' qu'un sens qui ne remplit plus son rôle parce que quelques centimètres de neige tapissent le sol? Mais il y a mieux. 11 peut arriver que par un temps parfait, sans bruine, sans neige, sous un ciel superbe, les Pigeons, que toutes ces circonstances semblent favoriser, se tirent beaucoup plus mal d'affaire, même sur un petit parcours, que dans une atmosphère en apparence très contraire. J'ai fait cette constatation maintes l'ois, au cours de ma longue carrière colombophile, et j'ai remarqué toujours une coïnci- dence dont on ne peut pas ne pas être frappé, entre les mauvais retours des Pigeons et des perturbations magnétiques. Le 22 juillet 1901) notamment et le IN août 1907, deux dates où nos jeunes Pigeons, sujets d'élite et bien entraînés, rentrèrent! fort mal d'Angoulême et d'Orléans (moyenne: ."><) kilomètres à l'heure), je m'assurai, auprès de l'éminend spécialiste de l'observatoire du Pic du Midi, M. Marchand, que l'atmosphère avait été «lans des conditions électriques anormales et qu'il avait eu à relever des orages magnétiques d'une notable intensité. l'ai- contre, tout récemment encore, le 26 juin 1910, une équipe de nos vieux Pigeons, lâchée à Gr an ville pour Péri- gueux (443 kilomètres), fit ce trajet considérable, -mis une pluie torrentielle, presque incessante él malgré de fortes bourrasques, avec une \iiesse moyenne de :;,'{ kilomètres à I heure. Mais si ies emidilimis météorologiques étaient très défavorables, les conditions magnétiques ne l'étaient pas, et par conséquent les résultats 'lu Lâcher devaient être bien sup< rieurs a ceux qu'on semblait pouvoir espérer (observations favorables i l'hypol hèse •"> . I.e Pigeon voyageur présente dans .ses habitudes «le vol quelques particularités remarquables, que je dois signaler en passanl : il se comporte beaucoup mieux, imites choses les d'ailleurs, dans les voyages du >\\d au nord et de l'ouest i mi; (i59 à l'esl que du nord au ^ 1 1 < I el de l'esl a L'ouest; si le voya coïncide avec un changement de lune, la vitesse devient inoimiiv. ri ,in retour l'Oiseau paratl relativemenl fatigué, même après un trajel peu fatigant; enfin, dans les randonnt quotidiennes qu'il effectue, pour son plaisir semble I il, ou pour se rendre aux champs, chercher des graines ou des petits Escargots ronds, il témoigne d'une prédilection toute particulière puni- l'est, 'l'un goûl moins marqué pour le sud, h d'une répugnance invariable pour l'ouest. C'esl à ce poinl que la Société colombophile donl je suis membre ne fail jamais surveiller la -campagne à l'ouesl delà ville nord-ouest, ouest, sud-ouest), sûre que nos Pig sn'j courent aucun risque, par l'excellente raison qu'ils n'j vont jamais. - quelques observations suffiraient déjà, semble-t-il, pour nous permettre de supposer le Pigeon voyageur doué d'une sensibilité spéciale grâce à Laquelle les courants magnétiques peuvent lui fournir de précieuses indications. Comme tous les animaux peut-être, comme tous les Oiseaux certainement, mais surtout comme les Oiseaux de grand vol, le Pigeon voyageur a des perceptions électriques et magnétiques que non- ignorons, que nous ne soupçonnons même pas. Comment expliquer cette hypothèse qu'il puisse voyager la nui! .' Voici des faits récents, et d'une authenticité indiscutab que j'ai exposée naguère dans La Revue de$ idées. Du 30 sep tembre au I r décembre 1909, c'esl à dire dans une saison particulièrement défavorable, les Sociétés colombophiles de Valence Espagne), secondant l'heureuse initiative «l'un éleveur très distingué, M. Bstopina, ont effectué des lâchers nocturnes à des distances variant de -•"> a ."><> kilomètres; la direction «'lait rarement La même; le 7 novembre, • Rebollar 9 kilomètres i 0 . la difficulté de L'orientation s'augmentait de oe qu'une montagne de LOGO mètres d'altitude barrait la voie «lu retour. Eh bien, sur ui\ totaJ de 188 Pigeons Lâchés en pleine nuit, 135 sonl rentrés en pleine nuit, avec une vites qui a été, en certaii supérieure a il kilomètres .i L'heure; :; l Le Lendemain matin; !•". seulemenl n'ont pas reparu.! expériences ont été publiques, officielles el contrôlées avec rigueur. Reprises en septembre 1910, elles oui donné 'ele\anl a ut a ut que possible, ils ne trouvent pas de points de repère, la pluparl sont perdus; or, même en pareil . le retour esl la règle, el la perte esl l'exception. J'ai, le 6 août 1009, lâché à Genève, plaine de Plainpalais, a ni les membres du Congrès de psychologie el les représen- tants de la pi ocale, 70 Pigeons voyageurs français, donl i\ ippartenaient à une Société colombophile de Versailles. l.l I I .1 ON VOYAGEl H 661 Les lâchers de Pigeons voyageurs étant très rares en Suisse, où l'autorité militaire les rend quasi impossibles par d'inter- minables formalités, u ie foule de curieux entourail les paniers, ce qui n'était pas sans troubler les Pigeons, peu habitués à celte affluence auto ir d'eux. L'intérêt qu'offrait cette épreuve se doublail de ce que les Pigeons qui \ étaient soumis n'avaient jamais voyagé dans >os, «'i que ceux de Versailles notamment je m i n liens à ceux-là parce qu'ils avaient le plus long parcours — venaienl de terminer leur saison sportive par l'étape i sec. et 5 h. 18 min. 51 Comme c'ét«il inévitable, il y cul des retardataires; mais au bout de qu( Iques jours le> \ idis étaient comblés. I.' SA juin IH07, l'aviso L'Actif, du port de Rochefort, lâchait à -•")<» kilomètres au large d'Arcachon 850 Pigeons appartenant ;i la Fédération des Sociétés colombophiles d< l'ouest et du sud ouest, et confiés à M. C. Pâleur, comptable du génie militaire ;'i Rochefort et vice-présidenl de la Fédé- ration. La nuit avait été fort mauvaise, et les Pigeons avaient tous plus ou moins le mal de mer; la plupart d'entre eux n'axaient jamais vu l'océan, et ils ne voulaient pas quitter leurs paniers, qui turent ouverts à ■> li. 35, p r vent 1res fort du nord-nord-ouesl. En deux on irois évolutions circulaires ils atteignirent une hauteur maxima de K'i» uièlres et gnô- renl aussitôt, sous !■■ vent, suivant une ligne sud-sud-i S'il leur a\ ni fallu des points de i , ils auraient ilù monter, pour apercevoir la côte ch qui n'était d'aill 's pas pqs>i tune altitude d'environ 6 kilonièli i ons de Périgueux, qui prenaient pari à cette épreuve, avaient un parcours de ( kilomètres. Ils cominencèrenl a arriver à 10 h 22, ayant donné une \i noyenne de sM> kilomèti lie in-.-, et |>as un ne manqua à l'appel. 662 BULLETIN DE 1. \ SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATCON Le 1>" C. Viguier semble avoir borné à presque rien sa con- naissance expérimentale du Pigeon voyageur. Il raisonne, par exemple, d'après les données d'une Société colombophile de Sainl-Étienne, qui aurai! perdu 13 Pigeons sur 23 dans des entraînements poussés jusqu'à Marseille seulement. Assuré- ment c'étaient des Pigeons comme il y en a tant, voyageurs de nom. Pourquoi s'étonner que les dix qui restaient après ces trop modestes étapes n'aient pas su, transportés à Alger, fran- chir la Méditerranée? Jamais encore aucun Pigeon voyageur ne l'a traversée. Ce n'est pas que la distance soit excessive, à peine 700 kilomètres : nous avons des retours de 1.300 et même de L.600 kilomètres. Mais la mer effraie le Pigeon. Il suffirait de l'habituer à cet élément. Par malheur, ce serait fort oné- reux et malaisé, étant donné surtout que la plupart des Sociétés colombophiles importantes se trouvent loin du littoral médil rranéen.Les Oiseaux migrateurs sont en majorité moins bien doués pour le vol que le Pigeon voyageur, et pourtant ils passent la Méditerranée sans difficultés bien sérieuses. Je regrette de ne pas savoir, ne i'At-ce qu'à peu près, quel rapport il peut y avoir entre l'orientation îles Oiseaux migra- teurs ei celle des Pigeons voyageurs. J'incline à supposer qu'elle s'accomplit par des moyens très analogues, sinon identiques. Il faut remarquer toutefois que nous demandons à nos Pigeons plus que ne l'ont les Oiseaux migrateurs. Nos Pigeons ont à voyager dans les directions les plus variées, tandis (pie Les Oiseaux migrateurs suivent toujours, sauf quelques dévia- lions locales à l'arrivée, les grandes lignes nord-sud, sud-nord, nord-est. — , sud-ouest, nord-est. Habitant dans une ban- lieue très découverte, j'observe avec attention depuis vingl • i\ ans les • passages » d'automne el de printemps. Je ne les ai jamais vus s'effectuer autrement que suivant celle ligne immuable : nord-est — sud-ouest. 11 est très probable qu'au lui- el à mesure que les bandes en migration atteignent les régions connues, elles s'émiettenl el s'éparpillent, à droite el à gauche, pour retrouver leur habitat particulier. Bl dans ce cas, outre la notion des courants magnétiques ou telluriques laté- raux coupant les grandes lignes longitudinales, il est ire- pin bable encore qu - La Mie el la mémoire, moyens aux il iaires, con- tribuent à conduire les groupes el les individus à leur bul spé ( ial. •le ne puis citer qu'une seule expérience d'orientation faite P] ON VOl \..l I i: avec deux Birondelles, en août 1903. M. P..., alors el aujour d'hui encore employé principal de la Compagnie d'Orléam Périgueux, avail chea lui un couple d'ïlir lelli - élevant une couvée déjà forte. Un matin il prit les deux Oiseaux nourri- ciers el les emporta à Vngoulème Go kilomètres . <>u il 1rs Lâcha à 9 li. 30 min., |>.u- temps normal. Leur retour ne fui ►nstaté qu'à l<> h. '■'>'< min. lu sec, c'est-à dire après |>lns de H'.\ minutes de vol. La vil — >e de l'Hirondelle atteignant L20 i l'heure, la lenteur de cette rentrée ne parait pouvoir être expliqi [ue par la difficulté d'une orii atation insolite. De fait, après quelques rapidi s évolutions au dessus île la gare, les deux Hirondelles avaient cinglé à vive allure vers le oor l-est, au lieu de prendre, comme elles eussent dû Le faire, le sud-est. En s imrne, l'hypothèse magnétique du DT C. Viguier qui Ique vague et incomplète qu'elle soit, el malgré les erreurs de détail dmii il l'accompagne, a sur toutes les autres l'avantage énorme u> n'être pas contredite i>;u- les faits. On objecte des expé- riences effectuées avec des Pigeons qui, mis d'état de per- cevoir des sensations magnétiques pendant le transport en mi ii de fer el lâchés ensuite, revinrent cependant au colom- bier. Que prouvent donc ces résultats? L'hypothèse magné- tique n'implique pas que le Pigeon doive éprouver à l'aller des sensations magnétiques dont la répétition inverse, au retour, lui révélerait sa route. Il esl parfaitement concevable que, lâché dans une région éloignée, le Pigeon voyageur, par I bîtude <|ii'il a des courants m ignétiques donl esl sillonné l'i - pace, retrouve < - • ■ i » \ < j • i i lui sonl familiers el qui guident sa imme un autre lil d'Ariane, dans le labyrinthe des airs .Mais, dit-on, s'il <'n étail ainsi, pourquoi l'entraînement iii-il nécessaire ? D'abord il n'esl pas absolument nécessaire, el lescassonl nombreux de Pigeons qui, sans entrainemenl d'aucune sorte, sont revenus au toil natal après un long trajet rapidement fourni. Mais l'entraînement >■-' au Pig i voyageur ce qu'est au chanteur, ^i bien doué soit-il, l'éducation musicale, ce qu'i Le dressage au Chien de chas ne «lu meilleur sang. <»n culii\.' toujours la faculté ou pour en obtenir le maximum de rendement >i les proportions de mon travail n'excédaient p jà la 664 i;l U.i i l .> IU. LA SOCIÉTli [S AI ION A LE L> ACi i.ima l aï:<>\ mesure permise, je pourrais multiplier en faveur de l'hypo- thèse magnétique les arguments et les observations. M. us il faut se buroer et conclure. Rt je ne saurais mieux conclure, m'a dressant à une élite de zoologistes, c'est-à-dire aussi sans aucun doute de « zoophiles », que le Pigeon voyageur, si pas- sionnant par le redoutable problème qu'il nous pose, et si captivant par les qualités intellectuelles et morales qui le dis- tinguent, et qu'on ignore généralement, doit être, plus que jamais, étudié et entraîné, et cela malgré la télégraphie sans fil. Cette télégraphie constitue, en effet, un immense progrès, mais au prix de quels dangers? On oublie trop, soit dans le pub'ic, soit même dans les sphères officielles, que la télégraphie sans til est incapable d'as-urer le secret de ses transmissions. En temps de paix, il est déjà très fâcheux que les radio lélégrammes puissent être captés ou brouillés; en temps de guerre, combien serait plus grave ce péril ! Il en pourrait résulter d'incalculables désa- très. Sans doute, on espère que des perfectionnements ultérieurs viendront assurer l'inviolabilité des communications radiolélé- graphiques? Mais, outre que ces perfectionnements n'ont pas été réalisés encore, quelle certitude a-t-oh qu'ils le seront un jour? L'électricité, les ondes hertziennes, l'atmosphère nous appartipnnent-elles au point que d'autres n'en aient la jouis- Sance autant (iue nous? De- lors, quand et coin me ni serons- no us légitimement convaincus «pie les messages envoyés par la télégraphie sans til ne seront ni «sabotés » ni volés par des curieux, par des espions, par des ennemis? La question esl redoutable et vaul d'être traitée avec une extrême circonspec- tion. Il se peul qu'en dépil de tous nos efforts el à noire insu nos radiotélégrammes soient p utôl c,ausesde péril que moyi ns de défense ; inutile d<- préciser < i de citer d"s faits. La conséquence de cel étal de choses, c'esl que le Pigeon voyageur, agen! plus modeste, mais rapide et éprouvé, de correspondance, doit être conservé el protégé, sinon dans colombiers d'Etat, sur lesquels on n'a jamais beaucoup compté, el pour cause, du moins dan- les colombiers des bonnes sociétés colombophiles, qui oui le double mérite de ne rien couler a la nation el de tmir en r "serve, prèle- à toute éven- tualité, des légions de courriers aériens d'élite parfaitement uerris. Ici encore on objectera peut-être la capture possible, la perle LE PIGEON VCn \'.i i R litl.'i possible de Pigeons chargés de messa i accidents sonl toul à l'ait improbables. An cas d'une mobilisation de colom- biers, les Pigeons voyageurs n'auraieni à fournir que de courtes étapes, des relais d'un mtai I<- kilomètres en moyenu qui ne seraienl qu'un jeu pour de vieux routiers rompus au difficultés et aux fatigues des grands parcours. Leur mission serait extrêmement simplifiée par l'habitude qu'ils ont des con- trées où on les emploierait et parla brièveté même des voyaj en sorte qu'on obtiendrait d'eux, avec une sécurité à peu pi absolue, un maximum de rapidité. l'ont milite «loue en faveur du maintien des Pigeons voya- geurs au rang, qu'ils ont si glorieusement mérité, en des jours terribles, E LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Les retours d'endroits fort éloignés, sans points de repère possibles, démunirent uianil'esi émeut que la vue n'est pas l'organe essentiel de l'orieniution, mais seulement un organe qui, quoique indispensable n lui-même, ne joue dans le phé- nomène qu'un rôle de second plan. L'ARACHIDE Par H. COURTET Examen sur l'omgwi . L'Arachide I icki* hyp esl surtout connue du public sous le nom de Cacaouette, nom provenant du mol CacahuaU donné par les \ tèques du Mexique à la graine de l Iracbiée qui présente une certaine analogie avec les amandes de Cacao qu'ils dénommaient ainsi, el qu'ils connaissaient bien avanrt l'Arachide. Les Espagnols mit ensuite du 0*0 1 CacahuaU fait ahuete, d'o* vienl note,' appellation vulgaire actuelle. L'Arachide esl une plante très curieuse et devenue fort inté- ressante depuis la grandi extension de sa culture dans cer- tain -mus tropicales, en particulier dans mitre colonie du Sénégal, et son emploi dan- l'industrie et dans l'alimentation. nn a beaucoup discuté sur son origine, et il n'est pas - intérêt de revoir ce qui en a été dit. De Candolle l rappelle que Linné a dit: « Elle haibiti Surinam Paramaribo, Guyane hollandaise)-, au Brésil 64 au -.m- spécifier, spontané a eulth 1 Selon Brown, elle sérail d'origine asiatique, mais il ajoute qu'il n'y a aucune impossibilité à supposer qu elle esl an indigène en Afrique el en Amérique. Sloane dit que les négriers en chargeaient leurs vaisseaux pour nourrir laves pendant la traver qui indique une cul ure alors très répandue en Afrique. Elle n'étail 1 comme au temps des Egyptiens el des Arabes, el le silence des auteurs grecs, latins el arabes, comme son abse en Egypte du temps de Forskal, fail penser à de Candolle que sa culture en Guinée, au Sénégal et sur la Col • occidentale d'Afrique, ne remo 1 une date forl ancienne, lui \- ie lui coni aucun qoib sanscrit, mais seulement un nom hindustani. û api npliius, elle aun importée du Japon d plusieurs des îles de V Vrchipel indien. A la lin du - nier (xvni lie étail culti el en Cochinchine. (l) 0 (lu.S BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Tliumberg n'en parle cependant pas dans sa Flore japonaise Elle n'est pas indiquée par Forster parmi les plantes cultivées dans les petites îles du Pacifique. L'ensemble de ces données fait présumer, dit de Candolle, l'origine américaine, et il ajoute même brésilienne. Aucun des auteurs consultés ne dit avoir vu la plante spontanée, soit dans l'Ancien, soit dans le Nouveau Monde. Ceux qui parlent de l'Afrique ou de l'Asie, ont soin de dire que la plante y est cultivée. Marcgraf ne le dit pas pour le Brésil, mais Pison l'indique comme espèce semée. Des graines d'Arachide ont été trouvées dans les tombeaux péruviens d'Ancon, ce qui fait présumer quelque ancienneté d'existence en Amérique, et appuie son opinion de 1855. L'étude des livres chinois, par le Dr Bretschneider, renverse l'hypothèse de lîrown. Elle n'est pas mentionnée dans les anciens ouvrages de ce pays, même dans le Pent Sao, publié au xvic siècle; il croit l'introduction seulement du siècle dernier. Bentham, après avoir constaté qu'on ne l'a pas trouvée sauvage en Amérique ou ailleurs, ajoute qu'elle est peut-être une forme dérivée d'une des six autres espèces du genre spontané au Brésil, mais il n'indique pas de laquelle. Enfin, de Candolle incline vers l'origine américaine : elle aurait élé transportée en Guinée par les premiers négriers, et aux îles du midi de l'Asie par les Portugais depuis la fin du xve siècle. Coude de Ficalho, dans sa dissertation ( J ), donne des éléments nouveaux d'appréciation. Gabriel Soarès de Sousa, qui a habité le Brésil pendant dix-sept années à partir de 1570 ou un peu avant, et qui fut un agriculteur et un observateur attentif el intelligent, parle de l'Arachide et dit: « Ile cousa que se nao sebe haver senao no Brazil •< (2); celle affirmation, dit Gonde de Ficalho, esl parfaitement claire, el vu l'époque el la qualité de celui qui l'aftirme, elle prend uoe très grande importance. Ou la rencontre cultivée dan- la majeure partie de l'Afrique ; Joao de Loureiro, à la lin du xvme siècle, mentionne son existence dans la zone maritime orientale. Lacerda la cite comme su b- (I) Arachide Ginguba . Plantes utiles de l'Afrique portugaise. Lisbonne, l mprimi rie nationale, 1884. • H. phrase «'nie en vieux portugais el traduite pur M. le vicomte de s,.,jnt Léger, botaniste explorateur au Brésil, signifie : « Celle cli" u' xiste qu'au Brésil. » l'abacuidk 009 slance alimentaire abondante dans les terres de l'intérieur de l.iimla ; Lands of Cazembe . Mais ce qui vienl d'être 'in au sujel a multiplication el sa culture en Afrique soulèvenl une série de difflcultés à l'idée d'une introduction relativemenl ré cente. André Alvarez de Almada, écrivant en 1594, el se reportanl a trente années en arrière, parle de sa culture sous le nom de Macara avec une description suffisamment claire, el dil qu'elle se récolte en quantité considérable dans l'archipel Bujagi (Bissagos . Esl ce cette Macaraqui fut introduite au Brésil? I fait n'esl pas prouvé, car l'étal peu sociable alors des habitants de Bujagoz s'opposait à des relations intimes soil avec les Portugais, soil avec les étrangers en général. Les témoignages de l'historien peuvent faire admet in- qu'elle esl à la fois indigène de l'Afrique et de l'Amérique, mai> des Faits botaniques sonl contraires ouvertemenl à celte opinion; ce sonl : l'extension de la formation spontanée nombreuse dans le Nouveau Monde, el la localisation au Brésil de toutes les espèces spontanées, actuellement connues, du genre ara- chide. Les annotations qui accompagnent cette dissertation ayant une certaine importance dans la question, il y a lieu aussi d'en parler. Sprm^cl suppose que rin'oplirasle connaissait cette plante; il se réfère à la version latine de Wimmer : « Et si que rruc- i ii ii 1 1 1 subterraneum habenl ut arachidea el le in tâgyptus vigum appelatur ». Cette Arachide, selon Sprengel, serait le Lathyru* amphicarpus. Pluckiger, dans sa pliarmaro^rapliie, se prononce pour son origine africaine. Schweinfurth, d'une grande autorité sur les choses d Afrique, proft sse la même opinion. Robert Brown pense qu'elle esl d'origine asiatique, mais il ajoute : There is nothing ?erj improbable in Ihe supposition i Lonnda, Haut-Kasai Congo belge et Congo portugais). 670 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION of Avachis hyp&gea being indigenous to Asia, Africa, and even America 1). » Engler (2) suppose qu'elle esl une forme culturale 1res ancienne de Y Avachis prostata du Brésil. If. Lecomte (3) dit que l'Arachide du Foui Soudany des indi- gènes existe à Tétai spontané dans le harfour, dans le Kor- dofan et dans la région du Nil Blanc. A. lîdve ij, co-directeur des cultures de S. A. Ibrahim-Pacha, au Caire, dit : « La grande culture et celle des jardins se com- posent des mêmes plantes que celles citées des environs d'Alexandrie. Cependant, j'y ai de plus observé, et surtout dans les jardins des princes, plusieurs espèces qu'ils paraissent avoir reçues de l'intérieur de l'Afrique et d'autres pays éloignés. Je crois utile de présenter ici la liste de ces plan introduites, parce qu'elle donne une idée de l'a facilité avec laquelle on pourrait cultiver au Caire d'autres plantes étran- gères : Moringa aptera, Avachis hypogea, Voandzeia subteiranea, Jalvopha mullifida, Mangifeva ind/ica, etc. »... Marcel Dubard (5). — M. Dubard, reprenant la question de l'origine de l'Arachide, dit que R. Brown, en 181S, considérait comme possible son rndïgénal à la fois en Afrique et en Amé- rique, à une époque où le genre Avachis ne comptait que cette seule espèce. Depuis lors, ajoute-t-il, « il s'est accru de sept autres espèces, appartenant toutes au Brésil ou aux régions limitrophes ; c'est là un argument presque péremptoire en faveur d'une origine américaine et particulièrement brési- lienne; d'ailleurs nulle part, actuellement, l'Arachide n'a été signalée d'une façon certaine à l'état spontané, et il devient fort, probable qu'elle est simplement une forme culturale très ancienne d'une des espèces du Brésil, liés vraisemblablement [? Avachis pvostvata Ben th., comme le suppose Engler». M. Dubard, prenant ensuite le mot Mantiga, et par abréviation Tiga, sous lequel les Mandingues désignent encore aujourd'hui (1) Traduction : <• 11 n'y a au< une impossibilité à Bupposer que VArachis hypogea Km- snidee : Tiga . lige paille d'Arachide : Tiga I. m*- i snbterranea : ■ — Le mol mantiga n'eaiste pas dans ce dictionnaire. i: Iqriculture '/uns l i, note <\r la pagl ' G72 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION •sil, en Afrique et en Asie, par eux également (les Portugais) au commencement du xvie siècle. MM. Costanlin et Bois (1) ont repris la question au sujet des recherches faites par le capitaine Berthon au cours de ces der- nières années dans les tombeaux d'Ancon. M. le capitaine Berthon a trouvé surtout dans les tombes qu'il a explorées, des Haricots et des Maïs en abondance, et ensuite d'autres graines ou tubercules représentés en général par un petit nombre d'échantillons, quelquefois un ou deux, et qui devaient, de ce fait, jouer un rôle subordonné. Parmi ces dernières, se trouve l'Arachide (Arachis hypogea), et à son .sujet MM. Coslantin et Bois s'expriment ainsi : « M. Berthon a trouvé dans le cimetière de la Binconada plusieurs cosses se rattachant à celte espèce; ces cosses de forme allongée attei- gnent jusqu'à ."> centimètres de long et 1 centimètre à 1 cent. 1/2 d'épaisseur, très fortement réticulées, contenant deux à trois graines et sont terminées en crochet au point d'attache. Les arguments en faveur de l'origine américaine de l'Ara- chide ont élé exposés avec beaucoup de clarté par de Candolle, dans son ouvrage : De l'origine des Plantes cultivées (p. 330) (2). Nous n'y insisterons pas ; nous nous contenterons d'ajouter deux faits nouveaux qui viennent corroborer cette manière de voir : 1° Celte nouvelle découverte de la même espèce dans les tombeaux péruviens, et 2° l'attribution à la plante d'un nom Quichua que ne connaissait pas de Candolle, car le nom Mani serait d'origine espagnole d'après Gracia Lasso de la Vega. Le véritable nom Quichua serait fnchig ou lucide (dictionnaire Quichua ou Yuchic, d'après Gracia Lasso de la Vega (3). » Kn réalité, la seule hypothèse qui semble devoir être prise en considération est celle de Brown, qui dit qu'il n'esl pas (1) Sur les graines et tubercules des tombeaux péruviens de la période incasique. Revue générale de Botanique, t. XXII (1910), |>. 242. 2 Voir aussi la note de M. Dubard. Bulletin du Muséum d'Histoire lurelle, L906, p. 340. « L"i uchic, dil Gracia Lasso de la Vega, ressemble forl aux amandes, et île; moelle et de goût; si nu le mange cru. il fait mal à la tente; comme au contraire, >i "ti le mange cuit avec du miel, il est extrême- ment sain ci ilt lu-aï \\ir ce qu'ils < n font une manière de gâteau (i|i de pain d'i pire, ils en lucnl une forl beUe huile qui guérit de plusieurs 1rs de maladies. » i. ai; \< iilM 673 impossible que l'Arachide soil indigène en taie, en Afrique et en Amérique. I-»1 fail que les anciens livres chinois n'en ton! pas mention, oe renverse en rien cette hypothèse en ce qui concerne l'Asie. Ce n'esl que depuis quelques années seule ment que l'utilisation industrielle de l'Arachide, et, par suite, le développement intense de sa culture en ont fail une plante importante. Elle n'a jamais été autrefois une plante de grand emploi alimentaire, elle n'était dans l'alimentation qu'un appoinl aux aliments principaux, et, par cela même, oejouail qu'un rôle secondaire dans la vie d'un peuple; dans ces con- ditions, il devient possible qu'aucun livre ancien n'en ail parlé. Il existe on Asie bien d'autres plante- qui en -oui dûmenl Originaires el dont il n'est pas lait mention dan- les livres anciens, est-ce nue raison pour dire que ces plantes ne -m\\ pas indigènes en Vsie ' Évidemmenl non. Rien ne s'oppose encore à ce qu'elle suit indigène en Afrique, et ce qui a empêché ('.onde île Ficalho d'émettre cette opinion est la présence au Brésil de toutes les espèces spontanées du genre, mais ce n'est pas une raison très valable puisqu'il s'agil d'uin- es} èce différente et non d'une variété culturale provenant d'une espèce spontanée. Rien de sérieux ne s'oppose non plus à ce qu'elle soil indi- gène dans l'Amérique du Sud : elle a pu être remarquée par les indigènes parmi les autres espèces, et cultivée de préférence. m on l,i considère connue originaire d'Asie, il y a lieu de remarquer qu'à une date reculée l'Afrique et l'Asie étaient en relations suivies. Le même motif subsiste pour l'Asie, si on la considère comme originaire d'Afrique. Vis-à-vis de l'Amérique, si ou la considère comme originaire d'Afrique, il j a lieu de remarquer que les Portugais taisaient la traite des nous sur la c.ie d'Afrique avant la découverte du Brésil il et devaient, par conséquent, connaître l'Arachide d'Afrique. Auraient-ils transporte cette Irachide directem au Brésil ou au Portugal d'abord et au Brésil ensuite ' Les botanistes s'étanl occupés de l'origine de l'Arachide, sauf M. II. Lecomte _ . fonl remarquer que cette plante n'a jamais été trouvée a l'étal spontané, mais sans donner aucune définition, m aucune explication de ce qu'ils considèrent comme (1) Revue <■■/■ miale, [9 i Tr iité de a >irs p ■2 La culture de l I ni BULLETIN DE LA SOCIÉfÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION état spontané d'Une plante, il ressort cependant de ce qui a été dit, qu'une plante à l'état spontané esl une plante à Tétai sau- vage. L'Arachide, selon eux, n'aurai1! donc jamais existé en cet étal. et. pour généraliser, une plante aujourd'hui alimentaire n'aurait donc jamais été spontanée. Pourquoi? Est-il donc nécessaire dans la nature qu'une plante lasse un stage comme plante sauvage, avant de devenir alimentaire, et ne pouvait-elle pas être de suite alimentaire, et par ce fait choisie pour la culture ? Dans cil ordre d'idées, il est évident qu'on ne découvrira jamais l'Arachide à l'état spontané en quelque endroit que ce soit, car celui qui la découvrira trouvera toujours quelqu'un pour lui dire que cette plante étant cultivée quelque part, il Douj ours possible qu'elle ait été transportée. Sa dissémination est cependant entourée de grandes difficultés, quand on con- sidère l'état actuel de noire globe terrestre, et qu'on reste hyp- notisé par cet état, car notre globe esl parsemé de limites, de frontières ou plutôt d'obslacles naturels, difticiles à franchir pour une plante sans l'intervention d'un être animé quel- conque. La même question se pose d'ailleurs pour l'homme, dont on a trouvé des représentants sur tous les points du globe, et elle n'a pu être relativement résolue que parce que l'homme peut se déplacer de lui-même. Néanmoins la solution du problème posé entre les monogénistes et les polygénisles reste toujours très obscure et peut être encore l'objet de longues et s* vanter discussions. Ainsi pour l'Arachide, entre l'Asie et L'Afrique il y a L'océan Indien ; entre l'Afrique et l'Amérique il y a l' Atlantique ; < I ''ii ne considérant seulement dans l'Amérique du Sud que le Brésil et le Pérou, mitre ces deux contrées il \ a la Cordillère d. s Amie-. Gomme dans l'étal actuel des choses on ne peut trouver aucun raisonnement Sérieux pour expliquer la dissémination mondiale île l'Arachide, on peut donc admettre que celle dis- sémination peu! remonter plus loin, c'est-à-dire jusqu'aux âges ►logiques. La Géologie nous apprend que les continents non! pas ion jours été ce qu'ils sont, ei la Paléontologie nous enseigne qu'à des \ géologiques très reculés les continents existant alors [DE 67o étaienl recouverts de végétation, et en outre que la végétation est antérieure .1 L'homme. L'Arachide peut donc, el sans avoir besoin de remonter à un âge géologique il'''- reculé, avoir existé dans toute une bande tropicale ou de température tropi >ntinenl pou- vant être continue. Jusqu'à p ésent, direz-vous, on n'a trouvé aucun Fo rapportanl à l'Arachide; c'esl vrai, mais !• - recherhes paléon- tologiques sonl - | étendues comp 1 la surface du globe, que l'on peut considérer une semblable découverte comme possible. D'un autre côté, le champ d'investigations de la science paléontologique est encore diminué par la possi- bilité ou non de la fossilisation de i' de. Pour qu'une plante devienne fossile, il faul néce sairement qu'elle pui • trouver dans des conditions de fossilisation possibles, ce qui ne s'esl pas toujours rencontré en ce qui concerne les plantes herbacées, car on estime en Paléontologie <|n'il devail existi r aux âges géologiques beaucoup plus de plantes que nous n'en connaissons, el que ces plantes n'ont pu ssiliser. Quoi qu'il en soit, au sujet de l'origine une hypothèse en vaut une autre, et quelle que soil c< tte hypothèse elle n'enlève rien àla valeur de l'Arachide comme produit agricole, commercial et industriel. 1 suivn EXTRAITS «ES PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS IIe SECTION. — ORNITHOLOGIE-AVICULTURE Sous-section : Ligue pour la Protection de l'Oiseau. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1912. Présidence de M. JIa»aii toute saisoo sur le bord de la mer. \l. le Président remercie M. Vincent des démarches qu'il a laites auprès de M. Forestier en vue .le l'établissement d< iiiclii.ir- dans les jardins publics de Paris. EXTRAITS DES PR0 ES- VERBAUX D iNCES DES SECTIONS t»7 • Ce n'est pas seulement au sein de notre Société qu'esl jeté le •ri d'alarme. Ecoutez plutôt comment l'exprime un groupe de viticulteurs de Vaucluse dans une pétition lu député ■l'( frange : ■ La liste -cr.nl longue de tous les modes innombrables el variés par lesquels on arrive en toul temps à faire de vérilabl hécatombes des précieux auxiliaires de nos culture ., L'un de ce moyens, el c'est le plus meurtrier, esl la cha au poste. Cette chasse délruil toutes les années dans chaque commune du Midi environ 100.000 petit* Oiseaux. Le calcul i facile à faire. La sous-préfecl ure d'Orange délivre chaque année dans nuire petite commune environ su permis de chass En admettant que les deux tiers seulemenl de ces chasseurs pratiquent la chasse au poste, sans tenir compte des postes qui n'ont pas besoin de permis, nous avons 50 postes sur le terri- toire ii besoin d'j insister ici, que les inondations, I excès d'humidité, les submer- sions répétées des prairies au cours de l'année 1910 onl repré- senté les facteurs essentiels de cette épizootie exceptionnelle. Les pays qui onl le plus soufferl sont, par ordre d'importance : le Berry, la Sologne el le Gàtinais, l'Indre, le (Hier, le Loir-el Cher, le Loiret el l'Indre-et-Loire, puis les départements de la Nièvre, de l'Allier, de la Vienne, du Puy-de-Dôme, du Can- tal, etc. Il est des localités de ces départements où tous les Moutons <»nt disparu, d'autres où la mortalité a vaiié de 50 à 80 0/0; il en est par contre sur les plateaux, dans la Champagne berrichonne, la région d'Issoudun el de Châteauroux, par exemple, où la mortalité a été insignifiante <>u nulle. La mortalité, chez les bêles bo\ s, a été un peu moins dis séminée, mais la Nièvre, l'Allier, le Plateau central et cer- taines régions de l'Esl vers la vallée de la Meuse, le Bassigny, BULL. SO'\ HAT. m CL. PB. 1MI2. — • 682 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION la région des Dombes Ain. Doubs, Jura. Haute-Marne, Ilaute- Saône, etc. onl subi des pertes considérables. En ce qui concerne les Moutons, tous les animaux ont été frappés, les adultes comme les jeunes ; parmi les bêles bovines, ce sont les jeunes de un à trois ans qui ont payé le plus large tribul. Les adultes ont aussi été infestés par les parasite?, mais en raison d'une résistance plus grande, la mortalilé a été beau- coup moins élevée chez eux. Evolution du parasite. — Il serait superflu de rapporter ici les conditions écologiques de cette maladie, ce sont des don- nées classiques. Cependant, comme nous avons établi avec MM. Railliet et Henry quelques données nouvelles, je reviens rapidement sur certains détails. La maladie est causée, on le sait, par un ver, la Douve hépa- tique, qui se développe dans le foie, dans les canaux biliaires. C'est un ver plat, de dimensions variables suivant son degré de développement, mais à l'état adulte il a jusqu'à -1 cl 3 cen- timètres de longueur sur 5 à 7 millimètres dans la pins grande largeur. Sa forme générale est celle d'un fer de lance Trois conditions sont indispensables pour que la distomatose ou maladie de La Douve puisse se développer. Il faut qu'il y ait de la semence, de l'eau et enfin un hôte intermédiaire né< • saire au développement du parasite. Dans certains pâturages bas et marécageux (Sologne, Berri, vallée de la Meuse, etc.) la distomatose sévit en permanen mais sous une forme bénigne. Le fois des sujets atteints con- tient peu de parasites, mais cela suffit pour la semence. Ces parasites adultes pondent des œufs qui, entraînés par le courant biliaire, vont tomber dans l'intestin. La semence est apportée dans les pâturages sous forme d'œufs de Douve, rejetés avec les excréments, partout où des Ruminants Moutons ou Bovins) atteints de la distomatose vont pâturer. C'est dire que dans les régions précitées, ou la distomatose sévit 60 permanence sous une forme légère, les lemencements des pâturages sont toujours effectués abon- damment, puisque Les Douves du foie pondenl un nombre con- lérable d'œufs qui sont entraînés avec la bile el les excré- ments. Mais tous ces œufs oe subissent pas dans Le milieu extérieur une évolution complète. v'ils tombent sur des terrains secs, l'évolutioo ne se l'ait pas. si H ! A DISTOMA l'OSE DES •. \ I \l A I X Pour que cette incubation - ii r a;u ière, il faul qu il j ail de l'eau el une certaine chaleur. En hiver, il n'y a pas «I noir Dation el pas d'éclosion, les œufs sonl perdus. Vu prin cl en été, an contraire, cette incubation se l'ait bien • la température oscille de l" à 28 degrés. Dan- li'- incubations artificielles, que nous avi à la température tin laboratoire ou de l'étuve, -mi- uni couche de 1 centimètre a I centimètre l - d'eau, non s ii m- se produire après 30 ou 10 jours à la température de ! : 19 degrés, el après 12 a 24 jours seulement lorsque cette I impé rature était de 25 à ^7 degrés fig. I el 2 . La lumière joue un rôle intéressant dans l'écli : de fetire passer des œufs Fig. I. i Euf Fig. 2. — 01 • le petiti mûrs, de l'obscurité à la lumière, pour voir se pro- duire en quelques instants des éclosions en masse Ce ne sont pas là des nervations totalement nouvelles, mais elles sont inti tes à. rappeler e qu'elles montrent ,ie grande Douve que, dan- les i onditions naturelles, l'incubation des œufs rejetés au dehors peul i on mencer dès le mois d'avril avec des éclosions en mai pour atinuer sans doute jusqu'à la lin de l'automne. Et, commi c'est générale ni durant le printemps et le début de I i que les pâturages sonl mouillés, ce sont deux saisons qui ciblent les plus favorables losion des œufs des para- sites. V ers la tin >\r l'été el en automne, au contraire, 1 les terres sonl di — chi s, ces éclosions ne peuvent plus 3e faire Or. en 1910, toute l'année a été favorable puisqu'il j a eu de* plaies continuelles, des débordements répétés de ruisseaux, de rivières et que les pâturages ont été humides en permanen C'est là l'explication de la gravité de l'éptzootie que w subie. \ l'éclosion, l'œuf de Douve lai-- happer un petit embryon cilié, microscopique, qui ne peul vivre que là où il y a de /'• Usage vigoureusement entons la façon d'un alevin n'a qu'une vie très éphémère S'il ne trouve pas l'hôte inter- médiaire qui est nécessaire a son développement ultérieur, il 684 BULLETIN 1»E LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION meurl cl le cycle évolutif du parasite estrompu. Si au contraire il trouve cet hôte intermédiaire favorable, il le pénètre, s'éta- blit chez lui en parasite, et subit là les transformations en spo- rocystes, rédies et cercaires. Il est admis comme classique aujourd'hui depuis les travaux de Thomas que ces transformations se font chez un petit Coli- maçon, une petite Limnée, la Limnsea truncatula; mai* il n'est pas prouvé qu'il n'y ait que cette Limnée qui puisse servir d'hôte intermédiaire, et il est probable que d'autres Mollusques de la même famille ou d'autres familles voisines peuvent jouer le même rôle. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'on ne trouve pas facilement la Limnsea truncatula partout où il y a de la dis- tomatose, alors que d'autres Limnées communes, la Limnsea stagnalis surtout, s'y rencontrent en abondance. C'est là un point d'étiologie de la maladie qui reste à compléter et à pré- ciser. Les transformations en sporocystes, rédies et cercaires, dans le corps de la Limnée, demandent quelques semaines, après quoi les cercaires (sortes de têtards microscopiques) s'échap- pent du sujet qui les a nourries et abritées, nagent quelque temps dans les eaux stagnantes et vont se fixer et s'enkyster, en abandonnant leur queue, à la base des plantes tout près du sol. Elles attendent là le moment où elles pourront pénétrer dans l'appareil digestif des herbivores avec les herbes ingérées comme aliments (fig. .'î et -i). Si les herbes sont coupées, fanées et emmagasinées comme fourrages secs, les cercaires meurent et ne peuvent donner naissance à des Douves. C'est pour cela qu'on ne voit jamais la distomatose sur des animaux nourris eu permanence à l'étable mi à la bergerie. Mais si au contraire ces herbes sont consommées sur place. si les cercaires sont introduites vivantes avec les aliments dans L'appareil digestif, alors le cycle évolutif du parasite se termine. Les cercaires arrivées dans L'estomac el l'intestin, guidées par un instincl naturel, remontent vraisemblablement le courant biliaire, passent dans le canal cholédoque, gagnent les canaux biliaires, ci s'j i tablissenl à demeure. Elles grandissent progres- sivement, ei la jeune Douve, presque microscopique au moment de l'invasion, acquiert bientôt un, puis deux, puis trois milli- mètres {ù> à la mort. Les malades n'ont plus de force, n'ont plus de sang; ils continuent généralement à manger un peu jusqu'au dernier jour, mais finissent par succomb italemi Voilà, en somme, la marche de cette affection. .!<■ ne veux entrer dans plus de détails sur les symptômes cliniqu ait de la médecine vétérinaire pure, h j'aborde tout de suite raitement. itement. — Cequi domine toute cetl itu- rellemenl celle du traitement : on intérêt scientifique, il es i lin qu'i peuvi être directement d'aucune utili irs. En fait '!<• prophylaxie, les doi ituelles peuvent <-n effet se résumei sèment et ami 688 BULLETIN- DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION don des prairies, bonne alimentation des malades. Elles sont suffisantes tant qu'il ne s'agit que d'épizootie légère; elles rendent des services et limitent la mortalité dans les épizooties graves, mais elles sont manifestement insuffisantes au cours d'années semblables à 1910-1911. Nous avons donc envisagé le problème d'une autre façon; nous nous sommes demandé si tout d'abord il ne serait pas possible d'interrompre le cycle évolutif des Douves, ensuite s'il n'y aurait pas aussi un traitement réellement efficace. Il est évident que si, par un traitement quelconque, on pou- vait interrompre le cycle évolutif des parasites, on réaliserait, au point de vue de la propbylaxie, un progrès énorme contre Ja cachexie aqueuse. Avec un traitement curatif, ce serait mieux encore assuré- ment, et l'association des deux moyens permettrait d'entrevoir un avenir meilleur, si l'on voulait bien s'en souvenir en temps utile. Nous n'avons pas la prétention de dire que les solutions trouvées sont parfaites ; elles nous semblent cependant réaliser un progrès assez marqué pour mériter une publication immé- diate. Dans le problème de la propbylaxie, nous avons cberché par quels moyens il serait possible de tuer les embryons immédia- tement après leur éclosion (embryons ciliés), ou encore les Limnées, et nous nous sommes adressés pour cela aux subs- tances d'usage courant en agriculture : sels de potasse et de soude, sulfate de fer, plâtre et chaux. Nous ne voulons pas rapporter ici par le détail les expé- riences faites au laboratoire (1), mais voici en bloc les résultats obtenus : Avec les sels de potasse : nitrate de potasse, sulfate de pillasse, chlorure de potassium, en solutions titrées varices, avec maximum de solution à tu p. 1.000, pas de résultai appré- ciable. Les embryons de Douves vivenl parfaitement dans ces solutions pendant un certain temps, el tout l'ait supposer que ces substances son! à peu près inactives pour la destruction des embryons de parasites sur les prairies. \vcc les sels de soude : nitrate de soude, sulfate de soude, au même Mire, les effets sonl un peu plus marqués; Les em- i Voir Recueil de Médecine vétérinaire^ a01 des IS avril, 15 mai 1911. -i R LA D1ST0M ITOSE Dl - A M M \i \ 689 bryons paraissent succomber au boul d'un certain temps soin- lion à H) |>. 1.000), mais, en somme, l'action destructive esl légère, et nous pensons encore qu'il s'agit de substances Bur lesquelles il ne faul guère compti r. I. solutions de chlorure de sodium à 15* p. 1.000 sonl cependant plus efûcaces; les embryons y sont tués en une minute, el presque instantané- ii h 'ni dans la solution à concentration de l'eau de mer 33 p. I .001 1 . mais c'esl Là un titre de solution que l'on ne pourrai! pratique- ment réaliser partout. Il ne faul donc pas \ compter. Le sulfate de fer en solution à 10 p. 1 .000 donne des résultats .i-->'/ nuii|t;ir;ilili's à nn\ du chlorure dr sodium, les embryons de parasites sonl tués en tl i x à quinze minutes. \\i'c le plâtre, résultat nul. V.vec la chaux vive, au contraire, les effets sonl merveilleux. Des solutions titrant 0 gr. 30 et I gramme p. 1.000 tuenl instantanément des embryons en pleine vitalité; des solutions à 0 gr. 10 el 0 gr. -<> p. 1.000 n'ont que peu d'action; celles à 0 gr. 20 ou 0 gr. 10 établissent La transition el tuent ces em- bryons plus ou moins vite, en quelques secondes ou quelques minutes. Comme la chaux vive ne pourrai! pas être d'un emploi très commode, nous avons essayé L'action de la chaux éteinte plus ou moins carbonatée poussière de chaux) et pu con-lalrr que des doses de •'} grammes p. 1.000 tuenl aussi les embryons instantanément. Pratiquement, il semble donc possible, par Le chaulage des prairies 500 à 800 ou 1.000 kilos à l'hectare), de pouvoir réaliser une prophylaxie efficace; mais il faudrait pour cela que ce ihaulage fûl effectué durant les périodes d'éclosion desœufs de parasites, c'est-à-dire durant l'été, de lin mai à Rn septembre. Il esl évident, en effet, que si le chaulage étail pratiqué dur.ini l'hiver ou au débul du printemps, il resterait ineffica puisque 1rs œufs de Douves ne sont répandus >ur ces prairies que beaucoup plus tard, après La mise au pâturage des trou- peaux qui sonl Les semeurs de ces oeufs de parasiti A défaut de chaulage général des pâturages en temps oppor- tun, el c ne il ne faul pas perdre de vue que l'incubation peut se faire que là où il j a de l'humidité persistante, nous pensons que la désinfection des pâturages pourrait être facile- ment réalisée durant les mois ci-dessus, en chaulant, au titre approximatif Indiqué, toutes Les zones humides, toutes les ('.!»( I BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION dépressions de terrain, les rigoles, les fossés et les abords des ruisseaux. S'il y avait des débordements, des submersions, des inonda- tions, ce chaulage serait encore indiqué peu de jours après le retrait des eaux et avant la remise des animaux sur ces pâtu- rages. On pourrait même, pour plus de sûreté, le répéter une fois par mois dans les endroits précités, puisque les périodes d'incubation des œufs varient en moyenne de vingt à quarante jours. — C'est une pratique qui, en somme, ne serait pas très coûteuse, qui est à la portée de tous les élevages, et de laquelle il serait possible, pensons-nous, d'obtenir les meilleurs résultats au point de vue de la santé des troupeaux. Le chaulage aurait d'ailleurs un autre avantage, il agirait aussi sur les Limnées, et ce serait peut-être là son rôle le plus actif. Nous avons pu voir dans nos essais, que des Limnées variées sont tuées par l'eau de chaux à 1 p. 1.000 après cinq minutes à un quart d'heure. En supprimant les Limnées, c'est- à-dire les hôtes intermédiaires indispensables au développe- ment des embryons de Douves, le cycle évolutif serait encore rompu, et il y a là un moyen particulièrement efficace. Les Limnées vivent surtout au voisinage des flaques d'eau, des rigoles, des fossés et des cours d'eau, mais elles peuvent s'en wler notablement, surtout dans l'herbe humide, de sorte qu'il ne faudrait pas hésiter à faire des chaulages étendus et non limités aux seuls abords des flaques ou des fossés. C'est là un< constatation assez inattendue et quelque peu paradoxale, puisque les Limnées ont besoin de calcaire pour élaborer leui coquille, mais elle n'en est pas moins intéressante. Il y a bien un écueil qu'il faut prévoir, c'est que les Limnées onl la faculté de s'enfoncer dans la vase, el qu'elles pourraient it-étre ainsi se soustraire aux conséquences du chaulag l'avenir en révélera l'importance; mais, dans tous les cas, li ins que l'on puisse obtenir, c'est de contrarier le mo d'existence el de reproduction de ces Mollusqu» En résumé, nous pensons qu'au point de vue de la prophy- laxie «le la cachexie aqueuse par distomatose, il esl possible ^ ïtraclion faite des mesures concernant le drainage el l'a- chemenl des prairies, de réaliser de très grands progrès par li simple chaulage <\i^ prairie- selon les indications formulées dessus. Par ce moyen, on peul créer une brisure dans le lutif des parasites, el cette brisure ne peut pas -I l. LA DIS li'.'i combler; par conséquent quelq a devrait pouvoir, • théoriquement tout au moins, faire d tre la di8tomatose d'une région. urafif. --- Le second pr lui d'un traitement curatif, permettant de débarr - malad de Leurs parasites hépatiques, condition primordiale de la guérison. Bien d<-> essais ont été faits déjà, l'his épizooties de distomatose est là pour le prou> somme, il- semblent m bien avoir échoué, que les auteurs i siques sont unanimes à considérer la question comme il ranl entière. Nkii- avons commencé par établir un pi méthodiques, ui été à i près négatifs, et que si dans quelques cas les mal bénéficier thérapeutique. Mais c'esl Là une question de détail pharmaco- Logique que nous arriverons à faire disparaître en exigeanl un titrage déterminé. De L'ensemble de ces données, il résulte donc fine l'on peut faire beaucoup plus et beaucoup mieux qu'autrefois contre la :hexie aqueuse par distomatose. El si Les donnl [ue nous venons d'indiquer étaient scrupuleusement suivi voire perfectionnées, dans les localités où la distomatose sévit en permanence, il serait peut-être permis d'espérer, sinon la disparition de la maladie, du moins une réduction accentu du taux de la mortalité. LK LAVATERA 'MIMES I III s UN EXEMPLE DE GRANDE VÉGÉTATION Par C. RIVIÈRE Cette belle Malvacée, spontanée dans le bassin méditerra- néen, est commune dans les moissons du climat marin de l'Algérie, mais notamment sur le bord des chemins ou des fossés où son développement est plus grand. Sa floraison se prolonge jusqu'au moment des fortes chaleurs, et est remar- quable par l'ampleurdes corolles et la variation de leurs colorisT allant du rose foncé aux teintes claires, même blanches, car il y a quelques variétés naturelles de cette couleur. On sait que cette plante est cultivée depuis longtemps et figure dans les parterres des jardins du Nord, où elle fleurit jusqu'à l'automne. En Algérie, son développement est variable et dépend, comme toute végétation d'ailleurs, de l'état pluviométrique du printemps. Quand celui ci est sec, les plantes, quelle que soit l'importance de la tranche d'eau déjà tombée, restent rabou- gries et mal caractérisées. Quand au contraire le printemps est pluvieux et que les plantes se trouvent dans un bon sol, alors- leur accroissement est parfois luxuriant. C'est le cas d'un Lavatera trimestris que je décris succinctement ci-dessous. L'an dernier (1911), le printemps a été chaud, la pluviosité suffisante dans h» région d'Alger, aussi la végétation spontan a été favorisée par cet état météorique. Au Jardin d'Essai d'Al- ger, sur le bord d'un carré de culture laissé en repos en atten- dant une plantation d'automne, se développa avec rapidité un Lavatera trimestris dont les premières ramifications s'éten- dirent sur le sol en une large rosace. La plante atteignit bientôt l'"2.*') de hauteur el 3 mètres de diamètre : je dis :! mètres. I fut un véritable buisson Henri, issu d'une seule plante qui porta 2.200 capsules fertiles; mais on estima d'après le nombre des pédoncules des diverses ramifications que beaucoup de ûeurs s'étaienl prématurément flétries sous Telle! de la sécheresse et de la chaleur, el qu'en totalisant à :;.<> situation et à son sol, un fait économique des plus importants inscrit à l'actif du commerce français sur la Côte d'Afrique. Pourquoi La culture de l'Arachid s'est elle développée si vite au Sénégal? C'est que l'Arachide était une plant. ■ de tradition, quoique n'étant pas la base de L'alimentation. Les vieux ont raconté qu'autrefois chaque famille avait son petit champ d'Arachide et que le produit de ce petit champ servait d'appoint au grand produit alimentaire, le Mil. Elle était cultivée à une date inconnue el jouait son rôle dans l'existence de la popu- lation ; une statistique de 1857 donne les quantités consommées à Saint-Louis et à Gorée (213 barriques pour Saint-Louis et 19 barriques à Gorée . Les indigènes ont donc trouvé toul naturel d'être poussés à cultiver cette plante sans s'inquiéter de l'usage que nous en faisions, puisqu'elle était une de leurs plantes alimentaires, et jusqu'à présent on n'a pu leur faire cultiver sérieusement certaines autres piaules devant lesqueli il- sont restés indifférents. i -I en 1840 que se lit de Gorée le premier envoi en France qui fui de ■'!■'! hectolitres 28 litres, soit l.-^nu kilogrammes, l'exportation du Sénégal a été île : AlWi TON ,X UKI ''' milliers de irancs. 1901 154. .;: 122 I ii.l M 1909 2_' i .:; J7 13.829 L' Vracbide étant un produit encombrant, le prix de transp du lieu de production au lieu de consommation devient relati- vement élevé. • m a donc pens ortiquer l'Arachide sur place, pour éviter le transport d< matières inutiles, et ne-un' d'en extraire L'huile également sur place. La décortication qui se faisait à la main fut abandonné) 700 BULLETIN HE LA SOCIÉTÉ NATIONALE û' ACCLIMATATION comme trop coûteuse l-. 1 La quantit*' d'eau ( bée a été en moyenne de 0m60 de 1830 à 1840. Aujourd'hui elle est de 0n,40 {Géographie élémentaire du Sénégal, par le Frère Marie-Bernard, 1900 . I ne autre moyenne prise sur vingt et one années adonné pour Saint-Louis 0mî;. 702 Bl LUTIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE DrACCLIMATAJION Un autre essai de culture indigène fait sur une surface d'un are seulement à M. Bambey a donné 2i kilogr. 500 de graines. Un essai fait à Kaolak sur une surface de dix ares a donne 270 kilogrammes de graines. Le procédé de culture indigène faite avec l'outil nommé iler et sans fumure, dont il est question ici, a besoin d'être expliqué. L'indigène cultive son champ en tenant compte des données acquises par l'expérience, et à ce sujet il est en général un véritable cultivateur. Le premier labour est superficiel, c'est vrai, mais selon lui il est suffisant. Il pratique l'assolement, ne revient qu'après quelques années (trois années au minimum) sur son premier champ, coupe toutes les broussailles, arrache les mauvaises herbes, réunit le tout en tas, les fait brûler un peu avant le premier labour, et répand en faisant ce labour la cendre sur le sol. 11 connaît son terrain et espace les pieds en conséquence. 11 fait généralement deux binages ; le dernier est le plus important, car il sait que le sol doit être bien ameubli pour permettre aux jeunes graines de pénétrer avec plus de facilité. 11 sait en outre que, pour que les graines ne restent pas en terre, il faut que l'arrachage ait lieu dès que les feuilles commencent à sécber. Le temps qu'il consacre ainsi à la culture d'un hectare peut é!re évalué de 1.700 à 1.800 heures y compris le travail des femmes et des enfants, et en procédant ainsi il recueille en moyenne 2.000 kilogrammes de graines à l'hectare. lirenneman évaluait ainsi la superficie cultivée par un homme ou un jeune homme travaillant pour son compte : Ouolof 40 à 50 ares, Sérère 60 à 75 ares. M. Perruchot à évalué le rendement moyen à l'hectare cultivé par les indigènes de 1.500 à L.800 kilogrammes 1 . Nous pensons que cette évaluatian est un peu faible et qu'on pouvait déjà admettre à cette époque, pour les champs «les Ouofols et des Sérères, un rendement moyen de 2.000 kilo- grammes à l'hectare. M. Lecomte (2-) admet en Egypte comme rendement aved irrigations périodiques un minimum de I- ardebs de 197 litres 7 ï au feddan de 'ri ;hcs. ce qui correspond à 2.100 Kilogrammes à l'hectare. Mais il ajoute que ce n'esl qu'un minimum et que i i :/. PnblicatioD du Ministère deo Colonie». .' La culture de l Irachide en /'■ '< . 1904. i.'ai'.auitdf. 703 ta rendement moyen pourrait être évalué à 45 ardebs au feddan, soit '1. Ton kilogrammes à l'hectare. De tous 1rs pays producteurs, c'est certainement li Sénégal qui se trouve dans 1rs meilleures conditions pour la culture de l'Arachide, et si la densité de la population était suffisante, tte colonie seule pourrait vraisemblablement fournir tontes arachides :essaires à l'industrie européenne. La moyenne de l'exportation du Sénégal pour la période quinquennale de 1905 à 1909 a été de 143.943 tonnes; examinons ce qui se passerait si toutes ces Arachides pro- venaient seulement des terrains ayant accès à la foie ferrée de Dakar à Saint-Louis, qui a une longueur totale de 263 kilo- mètres. Prenons sur cette longueur de la mer à la mer, c'est-à-dire de Rufisque à Leybar, soit 230 kilomètres. En prenant le rendement de 2.000 kilogrammes à l'hectare, la moyenne ci-dessus donne une superficie cultivée de 71.956 hectares. L'assolement étant de trois années, il faut donc nue superficie de 215.868 hectares. Cette superficie donne li long des 230 kilomètres ci-dessus une bande cultivée de 9 kil. 4 de largeur. En admettant maintenant que le tiers des terrains soient cultivés en Arachides, on a une bande de 28 kil. 2, soit 14 kilomètres seulement de chaque côté de la voie ferrée. Ce calcul montre bien toutes les ressources en Arachides dont pourrait disposer le Sénégal si la densité de sa population le permettait. Si on admet un rendement moindre que 2.ooo kilogrammes, 1 1 ..">on. soii 1.800, la bande sera un peu plus large sans lien enlever de la valeur de la démonstration ci-dessus. En 1908, la production était de liï.l îo tonnes et en loo!» de il\.:\H lomi - - I 80.186 tonnes en plus. Une grande partie de ce surplus doit être attribuée à la construction du chemin d fer de Thiès à Kayes, qui traverse 9 — Arachide;- de Gambie 30 à -'il — - arachides de El Salliieh Egypte) ont fourni une ..■nue d.'.'il, .".p. 101) aux usines de la Société 3 Dell! 1). iure de V Arachide en Egypte, par l/L: II. Leeomte, 1984. l'arachidi .'», Les résidus industriels de l'Arachide, c est-à-dire les tourteaux, sont utilisés comme aliment pour !<• bétail el comme engrais Les analyses suivantes indiquenl La valeur nutritive el ferti- lisante de ces tourteaux : d'après déci ois d'après GB \NM ai En i ■ • i [uée En cosse Di Kau 10.00 Matières grasses. . . Matières 's. . . 30.63 Matii rea non azotées. 29.71 Cellulose 18.10 Cemlri's 5.66 D'après MM. Eug. Collin el Em. Perrot, Les résidus industriels utilisés par Vag ire comme alimenta et comme engrais, 1904 : EN IilYnlM DQ| FES 7",. sa i kidet << 0 : '■ Acide p ios. Azote. \ ios. T.9 i.:::: Imo kilogrammes de tourteaux d'Arachides en cosses valent 1.342 kilogrammes de fumier type au point de vue de l'azote el -'•>■"> kilogrammes au point de vue de l'acide phosphorique. 9. M) 11.50 6.20 8.90 . 31.00 17.00 20.70 24 1" L.80 22.70 5.42 6.90 EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Ire SECTION. — MAMMALOGIE SÉANCE DU 6 MAI 1912 Présidence de 31. Debreuil, membre du conseil. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté- M. Pichot signale la présence à Paris même de deux Zébroïdes appartenant à M. le vicomte de Ilamilton. Ces animaux proviennent de l'élevage d'un propriétaire brésilien,. le baron de Parana. L'un de ces Zébroïdes est alezan, l'autre est noir, leur caractère est assez difficile: cependant il a été possible avec beaucoup de patience de les dresser et ils se laissent assez facilement atteler. M. Gustave Rivière, qui avait promis d'exposer le résultat des expériences de traitement de la fièvre apbteuse par la méthode du Dr Doyen, prie la Société de vouloir bien attendre que les études actuellement en cours soient complètement terminées et aient donné des résultats définitifs. Enfin M. Magaud d'Aubusson fait parvenir à la Société une remarquable élude qu'il a reçue de M. Misson. vétérinaire de l'État du Brésil, sur 1' - Élevage dans l'Etat de Saû-Paulo » h secrétav M \\ KOLLMANX. KTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES 5ÈA ES - HONS 709 II' SECTION. — ORNITHOLOGIE — AVICULTURE -l W< E DC envo\cr à Colon. UÙ se trouve un vice-consul de France. Une fois par mois un paquebol tramai- quitte ce port pour Bordeaux, el cel agent doit pouvoir organiser le voyage. La Société devra seubmenl prendre des précautions pour la réception el le transport à 710 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Paris. M. Fabre, qui serait bien heureux, dit-il, de pouvoir nou- être utile, écrira dès que les Oiseaux seront embarqués. M. Pierre-Amédée Pichot parle de la dernière vente d'Anvers, fort remarquable au point de vue des Oiseaux. M. Pichot a appris, par une lettre de\Yilliam Jamrach, qu'il a vendu les 225 paires de Lophophores qu'on lui a envoyées des Indes ; mais notre collègue demeure assez sceptique en présence de cette nouvelle, et cependant ce fait expliquerait qu'il n'y ait pas eu d'amateurs pour les Lophophores de la vente d'Anvers. M. Ménegaux place sous nos yeux un ouvrage d'Arthur But- ler, intitulé : Foreign Finches in caplivihj. M. le Dr Louis Bureau demande l'insertion au Bulletin de la note suivante: « M. Louis Bureau, directeur du Muséum d'Histoire natu- relle de Nantes, fait appel à ceux de ses collègues qui seraient en mesure de connaître exactement, cette année, le jour declosion d'une ou plusieurs compagnies de Perdreaux rouges. Il désirerait contrôler, sur des individus nés et vivant à l'étal sauvage, son tableau chronométrique de l'âge des Perdreaux rouges aujourd'hui achevé sur le terrain de chasse. « 11 suffirait pour cela de tuer, dans ces compagnies, à partir du trentième jour seulement, des Perdreaux à des dates diverses et de lui adresser l'extrémité des deux ailes, compre- nant les dix premières rémiges, avec les dates d'éclosion et de capture. • \ '.■>()( it-ndrail-on qu'un seul IVrdreau d'âge exactement connu, ce serait un très utile résultat. 11 adresse à l'avance ses sincères remerciements aux personnes qui voudront bien lui prêter leur utile concours. i a Société reçoil [également la suite du travail de M. Robert, Ridgway, paru dans le Bulletin «lu Smithsonian Institution ie ce titre The /Unis of norih middle America. On aura i lée de L'importance de cette monographie quand nous irons au mois d'avril dans une certaine pré- punition el mangés au mois d'août, avaient alors toutes les qualités de fraîcheur de l'œuf pondu la veille. Cette remarque a éoané a M. A. Chapnelliei1 l'occasion d'étudier La question de la conservation des o'ufs, si importante pour L'économie domestique. Il rappelle une note publiée dans Le Bulletin du |."> avril de la Société des Agriculteurs de France el conçue en ces termes :' Aux deux congrès de Genève et de Paris sur la répression des fraudes, on a distingué trois sortes d'œufs: l'œuf irais. c'est-à-dire celui qui, au mirage, ne montre aucune déperdi- tion en poids et eu qualité pratiquement; cet œufnedépas jamais un mois) ; l'œuf commercial, non piqué, non taché, sain en un mol : enfin l'œuf de conserve, c'est-à-dire celui qui a été conservé par un moyen physique, d'enrobage ou autre. En réalité, il y a au moins trois sortes d'œufs de conserve. savoir: 1° ceux conservés à l'eau de chaux; _' ceux conservés par tous les procédés brevetés d'enrobage, vaseline, cire, etc.; '.\° les œufs frigorifiés. Les oeufs conservés par les procédés d'enrobage (lait de chaux, etc.) sont très pleins et lourds. Leur vente au poids aboutirait à tromper l'acheteur par l'acquisition d'un poids mort. » M. Chappellier parle ensuite de différentes préparations. La première esl celle que votre Secrétaire avail pu expérimenter et a nom Vovisolat; elle est composée de deux parties, un liquide qui. d'après l'analyse, esl du silicate de potassium et une poudre de carbonate de calcium. Il y a aussi Les combinés Barrai •■. Après deux ou trois mois de séjour dans le bain, Les œufs peuvenl en être retir< bien essuyés, ils se conservent alors à l'air libre deux ou trois mois, el on peut en faire des expéditions Lointaines. Enfin n'oublions pas un troisième procédé, celui d'un pro- îeur bavarois, le l> Hanika, qui a été, à Chàtellerault, delà pari de MM. Séguin el Carret, L'objet d'essais forl intéressants et ti-es cueillants. Plusieurs centaines d'œufs turent consen pendant >ix mois. Quand ou ouvrit les on constata, 71:2 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D'ACCLIMATATION nous (lit Le Monde ailé et tout l'Elevage, que les œufs avaient toute l'apparence et toutes les qualités des œufs fraîchement pondus. Ces œufs, stérilisés et réfrigérés, ayant été expédiés sur le marché de Paris, furent vendus au cours moyen de 145 francs le mille, soit à peu près le prix des œufs frais, laissant un bénéfice de 30 à 35 francs le mille. Ce procès-verbal serait incomplet si nous n'ajoutions, en terminant, qu'en savant pratique M. A. Chappellier ne s'est pas contenté de nous exposer d'intéressantes théories. Il a fait mieux ; sur un réchaud à l'esprit-de-vin il nous a préparé des œufs à la coque vraiment exquis et qui, pour avoir été con- servés par les procédés ci-dessus énumérés, n'en auraient pas moins fait certainement honneur au plus habile des cordons bleus. Le Secrétaire, Comte d'Orfeuille. Le Gérant : A. M m.m hbi \. r , — Li Makktubcx, imprimeur, i, ruo Cassotic. FRANÇOIS FOREL La Suisse a perdu, le s aoùi dernier, l'un de ses naturalistes les plus universellement estimés, tant pour L'amabilité de sou caractère que pour l'étendue et l'originalité de ses travaux. F. A. Forel fui longtemps professeur d'anatomie comparée à l'I'uiversilé de Lausanne, mais il n'a point confiné son activité dans le domaine, cependant si vaste, de la science des animaux : sa curiosité s'est, tour à tour, portée sur l'archéologie, la géologie, la météorologie, aussi bien que sur les problèmes biologiques. Né à Morger le -2 février 18U, il lit en Suisse et en Alle- magne de fortes études scientifiques et médicales cl il obtint, en l.StiT. le grade de docteur de l'Université de Wttrzbourg, sur la présentation d'une dissertation relative à l'embryogénie des .Naïades [Unio, Anodonta, etc.), préludant ainsi à des recherches sur les animaux invertébrés auxquelles il est resté fidèles jusqu'à la fin de sa vie. Rentré-, peu après, dans son pays, il s'installa dans sa ville natale et, durant plus de quarante ans, il ne cessa de produire d'importantes publications louchant, comme nous le disions tout à l'heure, aux questions les plus diverses, depuis celle du Phylloxéra qui préoccupait tous les esprits au début de sa carrière, jusqu'à celle des tremblements de terre, sur laquelle il nous a laissé une abondante documentation. Aucun phénomène de la nature ne lui était indifférent. .Nous lui devons un nombre incalcu- lable de communications aux multiples sociétés dont il étail le plus assidu des membres, «les articles de journaux, des mémoires el des livre- traitant des mille sujets auxquels il a successivement appliqué sa sagacité el son ingéniosité toujours en éveil. Dans une courte notice comme celle-ci, il n'est pas possible île donner un aperçu, même succinct, de l'œuvre énorme de Forel. Nous nous bornerons à rappeler qu'il a surtout marqué son empreinte dans l'étude des glaciers el dans celle des lacs. Il a patiemmenl suivi les variations périodiques des glaciers des Alpes; il l'ut le première montrer, en collaboration ai son compatriote, le professeur Charles Dufour, le rôle con- sidérable que joue dans la vie d'un glacier, la condensation {Je BULL. BOC. RAT. Al I l . ni. 1912. — . I '. BULLETIN DE L4 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION i 1 « li vapeur aqueuse de l'air au contact île la glace: il a dressé le plan du glacier du Rhône et de ses moraines fron- tales. Ce magnifique glacier du Rhône fut le siège principal, mais non exclusif, de ses investigtations glaciaires; il en mesura la température inlérieure, la perméabilité et ses différentes conditions d'existence. Habitant sur le bord du lac de Genève ou lac Léman, il voua dès son enfance ace vaste bassin d'eau azurée une affection qui ne s'est jamais démentie. Parodiant un mot de Spallanzani sur le Vésuve, il aurait pu dire que ce beau lac était pour lui un océan de cabinet. En 186!», il fît paraître dans le Bulletin de lu Société Vaudoise dm sciences naturelles son « Introduction a l'étude de lu faune profonde du lac Léman », puis il com- mença, en 1874, à publier une série de mémoires qui ont été tirés à part sous le titre de : Matériaux pour servir à Vétude de la faune profonde du lac Léman. Dès le début, Forel envisagea les choses d'un point de vue élevé. On en jugera par les lignes suivantes empruntées au premier de ces mémoires. « Nous sommes, disait-il, en présence d'un fait général, la vie dans les profondeurs du lac; nous découvrons une faune nouvelle, la faune profonde des lacs d'eau douce. Nous aspirons à étudier ce fait, à étudier cette faune d'une manière générale. Notre idéal serait de ne pas nous bornera la simple description dé- formes, mais de chercher à comprendre comment les formes - . i » L en rapport avec le milieu, comment ces formes littorales • •I pélagiques se sont transformées en formes profondes; notri vœu serait de déterminer l'effet de l'habitat dans les grand- fonds des lacs d'eau douce sur la morphologie et la physio- logie des animaux et des plantes. » Le nombre des questions soulevées par un pareil programme était trop grand pour qu'elles puissent être toutes abordées el résolues par un seul homme. C'est pourquoi Forel s'entoura de collaborateurs, spécialistes distingués. Le résultai final de cette vaste enquête a été exposé par le savant naturaliste dans les trois volumes intitulés : Le Léman, Monographie limnologique, qui ont vu le jour de |8!>:> à l'.HH. C'est un ouvrage monu- mental qui, parmi tous ceux de Forel, portera le plus sûrement -m aomàla postérité, car il restera le modèle «les monographies usai rées a celte science «les lacs que son auteur ;i appelée : limnologie. On sail combien ce moi a l'ail fortune. .< i neutre là l'admirable diversité de ses aptitudes; il y PBANÇOIS FOREL "I traite en effet u si une égale maîtrise : l'hydrologie, la clima- tologie, la thermique, l'optique, la chimie, la fau i la More. Mais à côté de îes éminentes facultés intellectuelles, Korel possédait à un rare degré les qualités d'un homme de cœur. Sa bonté étail proi rbiale, elle le tenait toujours prêt a rendre service à ses collègues et à ses 'lèves. Ou ne 9aura jamais combien il a soutenu de geus, de jeunes gens surtout, ni combien de cuti res il a ouv»*ries ou encouragées, grâce au sourire réconfortant qui flottait sans cesse sur ses lèvres et aux judicieux conseils qu'il prodiguait à ceux qu'une irrésis- tible sympathie approchait de lui. Sa mort fut un deuil public et son souvenir vivra à jamais dans le petit pays dont il a augmenté la renommée par ses persévérants labeurs d'un demi- siècle. LES ECHIUM ARBORESCENTS Par D BOIS (1) Il peut, être utile de rappeler, en quelques mots, les princi- paux caractères de ces plantes, pas assez connues, dont quel- ques-unes sont précieuses pour l'ornement des jardins de la région de l'Oranger en raison de leur port tout particulier et de la splendeur de leurs grandes inflorescences. Dans les régions plus septentrionales, ces mêmes espèces peuvent être cultivées en serre froide et en orangerie. Elles méritent d'être tout particulièrement recommandées aux amateurs. Le genre Echium appartient à la famille des Borraginacées; il comprend une cinquantaine d'espèces qui croissent dans les régions tempérées et subtropicales. L'une d'elles, YE. vùlgare L., très répandue dans nos champs et désignée sous le nom de « Vipérine », est connue de tous. C'est une superbe plante bisannuelle de 20 à 50 centimètres de hauteur, à feuilles radicales en rosette, couvertes de poils raides, à fleurs très nombreuses, tubuleuses, bleues ou rou- geâtres selon leur degré d'épanouissement, formant une longue panicule dressée. Un bon nombre d'autres espèces sont, comme la Vipérine, des plantes herbacées bisannuelles. Mais il en est un groupe, représenté surtout aux îles Canaries, chez lesquelles la tige s'élève sensiblement au-dessus du sol .et devient ligneuse, constituant ainsi des plantes arborescentes très distinctes de leurs congénères. Cependant, ces Echium arborescents sont monocarpiens : ils meurent après avoir fleuri et fructifié. Quelques-unes figurent déjà dans les jardins de la Côte d'Azur où on les désigne souvent, d'une manière générale, sous le nom d'A'. arboreum Mort. L'un des plus connus est YE. simplex DC. fig. I . dénommé L'un de mes excellents correspondants, le D1 Georges V. Pérez, de Puerto orotavn. Té m ri lie Canaries . a eu L'amabilité de m'adresser des ines •! Echium simples el Bowp&anum, plantes Buperbes donl il erait beureus de voir propager la cullure en France, el que j'ai déposées Bur le Bureau de la Section de Botanique pour être mises en dislri- bution i i - ■ I i llll M ARBOHESCliNTS 71 t Orgueil de Ténériffe . en raison de sa beauté 1 . C'est une plante bisannuelle, à larges Feuilles ovales-lancéolées, acumi- i . I . — Hchium simpli Dl s, atténuées en pétiole, couvertes de poils blanchâtres. La tige Florale unique, dressée, non ramifiée, atteinl de 2à '• mètres I Ces clichés ont été prêtés pat la Revue Uorti 718 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION de hauteur et porte une inflorescence dense, de forme cylindro- conique, composée d'un nombre considérable de fleurs dispo- sées en grappe composée. Ces fleurs, à corolle presque régu- lière, trois fois plus longue que le calice, sont blanches, avec les élamines saillantes, à filets rose lilacé (D. Fio. 2. — Eckium Piniana Webb el lierlhelot. h'J:\ Piniana Webb et Berthelol'lig. 2 , que le D' Pérez cul- tive dans son jardin, à Ténériffe, est remarquable par sa grande taille. Il atteint jusqu'à 5 mètres de hauteur. Avant la floraison, sa lige couronnée de longues feuilles lui donne l'aspect d'un (1) On trouvera la description dt taillée de toutes ces espèces et la Bgure de la plupart d entre elles dans le bel ouvrage de Webb et Berthe- lot, Phytographia canaritnsil Histoire naturelle des Iles Canaries), Paris. 1836 1850. Consulter aussi l'élude du Dr Christ : Spicilegium cana riens, ! I - El lin M » ARB0R1 Si i \ l - 71!» petit Palmier ou plutôt d'un Dracaena. La tige florale i simple, comme dans l'espèce précédente; les fleurs -ont de couleur bleu pale. l-'io. 3. — Echium Bourgseanum W'cbb. VE. Bourgseanum Webb (fig. •"{ . auquel le 1> Perez rattache 17,". IVildpretii comme synonyme ou comme simple variété, esl l'une des plus belle- espèces «lu genre, et probablement celle 720 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION qui sera la plus rustique dans les jardins du midi de la France, en raison de la grande altitude (-2.000 m.) à laquelle elle croît- dans Tile de Ténériffe, où elle devient de plus en plus rare. Elle atteint une grande taille; ses feuilles sont velues argentées et la tige florale, non ramifiée comme dans les espèces précé- dentes, porte une énorme inflorescence formée de milliers de fleurs d'un beau rouge. L'E. f'astuosum Jacquin, dont la Revue Horticole a donné une bonne figure en couleur, année 1870, p. 10, est encore une espèce à tige frutescente; mais au lieu d'être simple comme dans les espèces que nous avons déjà passées en revue, elle se ramifie, et ses nombreuses ramifications sont terminées cha- cune par une inflorescence cylindrique, cqjnpacte, de 2o cen- timètres de longueur, de façon que la plante, au moment de la floraison, constitue une sorte de grand buisson de 2 mètres de hauteur, portant une centaine de grappes de fleurs d'un bleu foncé nuancées de rose. A cette même section des Echium frutescents à tige ramifiée se rattachent les E. callithyrsum Webb, des Canaries, candi- cans Linné fils, de Madère, plus répandus : l'un et l'autre à (leurs bleues ; l'E. biffons De Candolle, des Canaries, à fleurs bleues, plus petites; V E . Decaisnei Webb et Berthelot, à (leurs blanches; YE. giganteum Linné, aussi des Canaries et à fleurs blanches, etc. Ajoutons que ces plantes croisées entre elles ont donné par- fois naissance à des hybrides. Les Echium arborescents se multiplient au moyen des graines semées dès la récolte, en terre légère et saine : terre de bruyère ou terreau de feuille mélangé de sable. On repique avant l'hiver en évitant soigneusement de blesser les racines et l'on hiverne en serre froide ou sous châssis, en situation aérée, bien éclairée. Les arrosages doivent être très mode] <>n rempote plusieurs fois, en augmentant progressivement l,i dimension des récipients. Dans le midi de la France, on plantera en pleine terreau mois de mai; dans les régions plus froides, on placera les plantes en pots en plein air, en situation ensoleillée el on les rentrera sous abri vitré aux approches de la mauvaise saison. La floraison a lieu ordinairement un an et demi ou deux ans après le semis. I SSA1S D'UTILISATION DU LOUKBINH AU CAMBODGE Par H LECOMTE Professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle Sous le nom de Loukbinh, on désigne, dans la langue anna- mite, une planle de la famille «1rs l'outéderiacées, 1res com- mune sur les cours d'eau et qui n'est autre que Eichhornia crassipes Solms. Personne n'a pu nous renseigner mm- la signi- fication et l'origine de ce nom de Loukbinh employé dans la plus grande partie de l'Indo-Chine. Au Cambodge, la même plante esl désignée communément -ous le nom de Trakiet, qui signifie Pied de bœuf. Ce végétal aquatique se développe dans la vase des cours d'eau, se détache par la violence du courant et va former des îlots flottants qui s'accroissent peu à peu en étendue et cou- vrent parfois des surfaces considérables, dans lesquelle- le- bateaux m- réussissent pas toujours à se frayer un chemin. La partir basse du lleuve Mississipi a été envahie, il y a vingtrou vingt cinq ans, par la même piaule, qui est connue en Amérique sous le nom de Jacinthe d'eau (Water-Hyacinth el qui a trouvé, dans les eaux exceptionnellement chargées de sédiments, un terrain très favorable a son développement. L'envahisse ni a été si rapide que toute navigation devint bientôl impossible el que les riverains durenl entreprendre, contre cette Jacinthe d'eau, une lutte acharnée, dans laquelle ils ne durent la victoire qu'à l'emploi de bateaux spécialement équipe- pour procéder au déblayage des cours d'eau. Apres avoir envahi les lleuve- de l'Amérique du Nord, le Eichhornia crassipes s'est répandu au .lapon et, plus lard, dan- toute l'Asie orientale et parliculièremenl en Indo-Chine. Des cours d'eau qui étaient vierges de Loukbinh, il yaseulement dix ans, -"ni aujourd'hui couverts par celte plante el c est sur- tout vrai pour les cours d'eau du Cambodge. Lors de mon passage réc< al dans >■<■ pays, j eus 1 occasion de rencontrer Y Eichhornia crassipes Solms sur tous les cour- d'eau, en particulier sur le Mékong, avant d'arriver a Pnom-Penb, sur le ion h: Sap, mai- spécialement sur h Sieam Reap, où il 722 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION a pris un tel développement qu'il devient un véritable obstacle pour la circulation des sampangs qui établissent les communi- cations entre les bateaux à vapeur desservant le Grand Lac d'une pari et le village de Sieam Reap et Angkor d'autre part. Partout les riverains réclament un moyen de destruction pour ce végétal particulièrement envahissant et on cherche nécessairement à l'utiliser pour couvrir autant que possible les frais de récolte. Or, à mon passage à Pnom-Penh, M. le Rési- dent supérieur Moulié voulut bien appeler mon attention sur ces essais d'utilisation entrepris à la prison locale par l'initia- tive du directeur de l'établissement et je m'empressai de faire une visite à la prison, où M. Perrot, directeur, voulut bien me mettre au courant de la question et me faire suivre les travaux entrepris. M. Perrot a eu l'ingénieuse idée d'employer la partie aérienne des pétioles pour obtenir des lanières utilisées comme textile grossier ou servant aux travaux de sparterie. Les premiers essais ont donné un résultat défavorable. En effet, on séchait au soleil les lanières obtenues qui perdaient toute résistance et s'effritaient à la moindre traction. Il n'en fut plus de même quand on eut l'idée de les faire sécher à l'ombre. Dans ces conditions elles gardent une résistance qui permet de les employer à divers usages. Avant de décrire les travaux de préparation, je dirai quelques mots de la structure de l'organe utilisé. La partie aérienne des pétioles peut mesurer 0 m. 50 de long et présente une forme sensiblement cylindrique; la partie inférieure renflée de ces pélioles fonctionne comme flotteur. Sous un épidémie fai- blement eutinisé, on rencontre d'abord un parenchyme continu, formé de cellules à membranes minces, puis un parenchyme lacuneux, comme e'est la règle pour les organes aquatiques. Dans le premier existent quelques faisceaux tenus, formés d'éléments à membranes peu épaisses. De place en place, dans le parenchyme lacuneux, on aperçoit des faisceaux lihéro-ligneux, ne mesurant pas plus d'un sixième de millimètre en section transversale el assez espacés les uns des autres (intervalles d'un tiers ou d'un quart de millimètre). Chacun de ces faisceaux comprend quelques vaisseaux de bois el un parenchyme à membranes très minées entouranl une lacune. C'est précis*'- essais d'utilisation di loukbinh vu camboi 723 ment cette région comprenant l'épiderme el la partie bous épidermique qui esl employée pour les usages industriels, el l'examen que nous eu avons fait ne permel pas d'escompter une résistance bien grande, car, d'une pari, les faisceaux sonl assez espacés et, d'autre pari, leurs élé Dis sonl à membrane singulièrement mince ! La p.uiir employée comprend donc l'épiderme du pétiole, renforcé par quelques faisceaux longitudinaux courant dans le parenchyme sous-jacent. Décrivons maintenant les opérations successives. I La récolte esl faite par les prisonniers Les pétioles sont débarrassés de leur base et de l'extrémité supérieure cons- tituant le limbe de la feuille. Ils sont ensuite réunis en bottes. Chaque homme récolte environ loo kilogrammes de pétioles verts en une journée. ■1 \ l'aide d'un couteau, chaque pétiole est fendu dans sa longueur en quatre portions affectant la forme d'un quart de cylindre. 3° Ces bandes sont ensuite passées les unes après les autres sous un couteau qui racle le parenchyme, mais laisse l'épi- lerine el les faisceaux fibreux sous-jacents. Ce couteau est maintenu abaissé par un ressort. Une commande à pédalo serl a le relever chaque fuis qu'on veut changer de lanière ou repasser une lanière pour la deuxième fois. 4° Les lanières plates ainsi obtenues sont appliquées par une extrémité sur une sorte dépeigne lixé à un bloc de bois; l'ouvrier tire à lui, ce qui divise la lanière primitive en lanières plus étroites dont la largeur correspond à l'écarlement des dents du peigne. Pour les travaux de vannerie, on choisit un peigne à dents assez éloignées; pour les travaux de tissag -l au contraire un peigne à dents très rapprochées. Les lanières sont ensuite sécbées M Cmnf/re; elles sont, pour celte opération, réunies en petites bottes. Le séchage au soleil, d'abord employé, n'a jamais fourni qu'un.' filasse sans aucune résistance. 6° A la suite du séeliage, il faut encore débarrasser les lanières du parenchyme sec qui rendrai! la surface de filaments quelque peu irrégulière; on y arrive par une opé- ration analogue au leillage el qui consiste à passer les lanières entre deux couteaux de bois. 724 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 7° Les prisonniers prennent ensuite ces filaments un à un, les tordent avec leurs mains et en fabriquent des ficelles, les unes grossières, pour les travaux de vannerie, les autres plus fines, pour la fabrication des tissus. Il est clair que ce travail à la main ne peut être pratiqué que dans une prison, où la main-d'œuvre ne comporte qu'un salaire excessivement minime (i cens par jour pour ceux des pri- sonniers qui reçoivent un salaire). 8° Ces ficelles ou ces fils sont ensuite mis en œuvre. Pour ce qui concerne les travaux de vannerie, tels que sièges, la carcasse est d'abord construite en rotin, puis recouverte par la ficelle disposée comme le câble entourant un cylindre. En ce qui concerne les tissus, on obtient des toiles grossières à l'aide d'un métier à tisser de construction très sommaire. Les tissus obtenus peuvent être utilisés pour les travaux de tapisserie et. dans ce cas, ils reçoivent une teinture; ou bien ils sont destinés à la fabrication de sacs pour l'exportation du riz. On sait en effet que l'Indo-Chine est tributaire de l'Inde pour les sacs destinés à contenir le riz et, si les essais tentés à Pnom-Penh donnent des résultats satisfaisants, les sacs de Loukbinh pourront être avantageusement substitués aux sacs de jute, au grand profit de notre colonie. D'après les renseignements qui nous été fournis, un pri- sonnier à travail réduit) peut dans une journée de travail récolter 100 kilogrammes de pétioles verts. D'autre part, loi) kilogrammes de pétioles verts peuvent fournir 4 kil. 200 de fibres battues et séchées, prêtes à être employées. Cette quantité est suffisante pour fournir trois sacs destinés au transport du riz. Le prix de revient de la matière première se monte à environ 3 cens pour la quantité nécessaire a la fabri ', <;ilion d'un sac à ri/, si on ajoute au prix de récolte les salaires payés pour la manipulation. Or, un ouvrier tisseur fabrique, dans une journée de travail, la toile nécessaire pour un sac. La journée étant payée sur le taux de ï cens, il en résulte que le prix de revient d'un sac de Loukbinh fabriqué à la prison n'est que de 7 cens (I . I Le cena est la centième partie d'une piastre qui vaut - IV. 30 iroo. Le prix de revient du sac est donc, en monnaie française il environ 0 lï. 16. ESSAIS D'UTILISATION Dl LOUKB1NB ai CAMBODGE 723 Nous ignorons encore si ces intéressant essaie seront cou- ronnés d'un plein succès, c'est-à-dire s'ils permettront de fournir aux exportateurs de riz des sacs pouvant rivaliser de résistance avec ceux de jute employés actuellement. Nous le souhaitons très vivement. En tout cas. l'envahissement des cours d'eau d'Extrême Orient par une plante naguère encore complètement inconnue en Asie et confinée on Amérique, constitue nu exemple remar quable d'intempestive acclimatation. La beauté des fleurs de VEichhornia crassipes fait penser que l'homme n'est peut-être pas complètement étranger à ce transport. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS IIe SECTION. — ORNITHOLOGIE-AVICULTURE Sous-section : Ligue pour la Protection de 1 Oiseau. SÉANCE DU 22 MARS 1912. Présidence de M. Magautl d'Aubusson, Président. Le procès-verbal delà dernière séance est lu et adopté. M. Mailles dit qu'il a déjà vu une bande de Chardonnerets et que les Cinis ont commencé à chanter. M. Chappellier a reçu de la Société anglaise de Protection de l'Oiseau une collection de clichés qu'elle met gracieusement à notre disposition. D'un article d'Excelsior concernant le futur congrès, dont ce journal est le promoteur et que communique M. Le Fort, il y a à retenir que, dans une réunion préparatoire, M11" M. des Yarennes a fait un résumé très complet et très étudié de la protection des petits Oiseaux à la campagne sur les halles et marchés. M. Chappellier lui a écrit à ce sujet. M. Le Fort lit le passage d'un journal, dans lequel il est raconté qu'en réponse à une question écrite adressée pai M. Faillot, député de Paris, au sujet de l'attitude qu'aurait le gouvernement français dans la question delà prohibition des Oiseaux et plumages nécessaires à l'industrie des plumes, le ministre du commerce a fait la déclaration suivante : \ 1,1 suite du dépôt à la Chambre des communes d'un projet de bill édictanl l'interdiction du commerce des plumes et plumages de certains Oiseaux sauvages, interdiction qui . si elle était définitivement admise, aurait une fâcheuse répercus- sion sur le chiffre des échanges commerciaux entre l'Angle- terre et la France, le gouvernement français, qui avait EXTRAITS DES PROCES- VERBAUX DES SI \ v- ES DES SECTIONS ~-~ représenté comme ayant l'intention d'instituer un régime mblable, a eu L'occasion de faire savoir au gouvernement anglais qu'il n'avail pas de motif légitime de donner son adhé- sion à une proposition établissant en France une telle prohibi- tion qui aurait pour conséquence déporter une grave atteinte à des industries faisant vivre une population ouvrière française d'au moins 50 000 personnes el provoquant plus de 100 mil- lions d'affaires. Va i il quelque chose de plus éloquent que ces chiffres et ne constituent-ils pas un aveu de ce qu'est chez nous le massacre des Oiseaux el le torl effrayant fait à nos agriculteur- M. le présidenl répond que. quoi qu'il en soit, il faut toujours lutter dans l'espoir que tôt ou lard no> efforts aboutiront et que la France finira par imiter ee qui se fait en Angleterre et en Amérique M. Magaud d'Aubusson a peine à s'expliquer comment, dans le Midi, un congrès, qui vient de se ralliée à la cause de la pro- tection de l'Oiseau, demande la conservation de la chasse au poste avec fusil. Il est vrai qu'on ne risque peut-être pas grand'- chose, car, dans ce malheureux pays, il ne reste plus rien. Tar tarin pourrait renouveler ses exploits cynégétiques de la banlieue de Tarascon. M. Chappeliier donne un aper u de l'étal de noire sous-seclion qui comprend déjà 127 adhérents, parmi lesquels -I dames. M. de <:ii ■[ I ccepte les fonctions de délégué et envoie le i >dèle d'un tableau destii e ois ntreles mains des sous- délégu S'il esl u _i! ii r qui, par la saveur exquise de sa chair. mérite d'être protégé, c'est â coup sur la Bécasse. Auss pensons nous faire œuvre utile en nous étendant dans procès-verbal sur un article du lin il h' s Magazine, analysé dans le journal français le Chenil et l'Echo de l'Élevagi . M. Frank Bonneii y confirme pleinement l'opinion du plus grand nombre des disciples de Saint-Hubert, à savoir que la Bécasse oi< beaucoup plus dan- nos contrées qu'on ne l'a cru jusqu'à ce jour et que. loin de la traiter comme un gibier «le pass taillable el corvéable à merci, il importe d'encourager a - tendance i -'''dentaires et de favoriser sa nidification. M. Bonnetl 728 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE I)' ACCLIMATATION appuie sa démonstration sur des faits indiscutables qui ne manqueront pas de jeter le désarroi dans le camp des fusilleurs braconniers. Depuis le jour où, il y a une vingtaine d'années, on s'est avisé de baguer de jeunes Bécasses sur le domaine du duc de Northumberland à Alnwick aussi bien que sur d'autres points du territoire, notamment en Irlande, on s'est aperçu que ces Oiseaux se cantonnent parfaitement dans les endroits qui les ont vu naître et, s'ils s'en éloignent, ils y reviennent volontiers, même après plusieurs années. Les gardes conscien- cieux, qui se sont donné la peine d'observer par eux-mêmes et qui n'ont pas endossé des opinions préconçues, reconnaissent que la plupart des Bécasses tuées dans les chasses anglaises proviennent d'Oiseaux autochtones et cela a été aussi bien constaté chez le duc de Northumberland que chez lord Car- navon, dans le Hampshire, à l'autre extrémité du pays; la même remarque a été faite en Irlande et dans le pays de Galles. Dans son ouvrage sur les Oiseaux du Northamptonshire, lord Lilford avait déjà consigné, qu'au dire des observateurs les plus compétents, les Bécasses nichaient en bien plus grandes quantités dans les Iles Britanniques qu'elles ne le faisaient il y a une cinquantaine d'années et qu'il y avait bien peu d'endroits en Angleterre, dans le pays de Galles, en Ecosse et en Irlande, où l'on ne pût signaler leur reproduction. Si le nombre de ces Bécasses sédentaires dans la Grande- Bretagne a augmenté, celui des Bécasses de passage a considé- rablement diminué. Cela tient peut-être à la destruction qui en a été faite au cours de leurs voyages de migration. Une quantité incalculable de ces Oiseaux viennent maintenant se tuer contre les lanternes des phares, comme il ressort d'une enquête publiée par le Saint-Hubert Club. 11 serait intéressant de savoir si. depuis que les Bécasses nichent beaucoup plus en Angleterre et en France qu'elles ne le faisaient autrefois, elles s,' reprodui- sent moins au nord de l'Europe, en .Norvège et en Suède, où l'on trouvait leurs nids en abondance. 11 se pourrait que l'affluence des Bécasses reproductrices dans nos régions tempé- rées soi! la résultante de certaines influences climatériques. M. Bonnet) termine cette étude intéressante par le è0té pra- tique, c'est-à-dire qu'il recherche les moyens d'encourager les Bécasses b se fixer chez nous el les conditions qui sont favo- rables à cel Oiseau, la nature du sol el îles remises où il se plaît. H préconise la plantation d'arbusles à feuillage persis EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 729 tant : le Houx, le Rhododendron, le Genévrier, les Cypéracées, el des arbres à port élancé tels que le Châtaignier, le Noisetier, le Frêne, donl la végétation verticale ne gêne pas l'envolée presque perpendiculaire de l'Oiseau, comme le Chêne, le Bou leau el le Hêtre. Mais il importe aussi, pour favoriser le canton- nement de la Bécasse, d'assurer sa tranquillité el de ne pas troubler les bois où elle montre une tendance à se (ixer, pai des battues bruyantes trop souvenl répétées; la manière la plus SÛre ''I la plus agréable île la chasser riant avec de petits Epagneuls comme le Glumber, dont la quête silencieuse dans tes sous-bois el les broussailles peut être facilement suivie, si l'un inri un grelot au cou du Chien ainsi qu'on avail coutume de le l'aire L'abondance du Faisan el du Lapin dans les remises fré- quentées par les Bécasses esl encore de nature à leur l'aire abandonner le pays. La daine au long bec aime à passer tranquillement sa journée au pied d'un buisson ou sous une ronce. Le va-el vienl continuel des Faisans et des gardes chargés de les agrainer trouble sa sieste ; les Lapins sont moins gênants parce qu'ils ne se mettent guère en mouvement qu'aux heures où la Bécasse va de son côté à la recherche de sa nour- riture M. Payne-Gallwaj esl du même avis que M. Bonnett et lord Lilford et dit que depuis ien ordonnée commence par soi-même. Puisque nous faisons tant que :!(> février 1911 Pigeons couronnés 27.133 l'»08) Martins Pêcheurs 80.625 juin I Hirondelles de mer 69.1 ;u [1908) Grandes plumes d'Albatros. . . 15.000 (février 1907) Chaque année, le nombre des Oiseaux détruits est si con- sidérable que les espèces employées dans la plumasserie 732 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION tendent à disparaître, si une prompte intervention ne vient les secourir. & La Ligue pour la protection des Oiseaux fera un grand pas quand la mode, cette reine du jour, décidera de ne plus employer la dépouille des Oiseaux sauvages. En dehors de ceux-ci, les plumassiers disposent encore d'assez de matériaux pour satisfaire la coquetterie de nos élégantes. Songez donc qu'il y a quelque 900.000 Autruches domestiquées, et aussi tous nos Oiseaux de basse-cour sacrifiés pour la consommation dont on fait ou peut faire usage pour la fabrication des orne- ments et garnitures en plumes. Voici quelques chiffres commu- niqués par M. Bordeaux, président de la Chambre syndicale des plumassiers de Paris : Plume d'Oie 470.000 kilogrammes. Plume de Dindon 3 '. 1 . 000 — Plume de Canard ....... 840.000 — Plume de Poulet 3.060.000 — Plume de Pigeon 70.000 — « Par différents procédés, les plumassiers peuvent teindre ces plumes, les apprêter, les façonner et en tirer tous les effets décoratifs que demande la mode. « Pour obtenir de beaux résultats, il convient aussi que les éleveurs sélectionnent un peu les races, et prennent celles qui donnent les plus beaux produits comme plumes, telles que, par exemple : les Phénix, Yokohama, Sumatra, Langsham à rellet métallique, etc., etc.. » Il nous est impossible de continuer, car nous remplirions un volume, et terminons ces intéressantes citations par ce vœu formulé dans le Petit journal de Maine-et-Loire : « Je souhaite vivement que la nouvelle Ligue enraie un peu ce désordre, el sauve ce qui reste de notre catalogue ornithologique ! Puissent les adhérents lui venir nombreux ! Puisse-t-elle surtout, m les sénateurs et députés ont le moindre souci de l'intérêt public, remuer enfin l'indolence du Parlement el obtenir celle ferme législation de la chasse que, non seulemenl les amis des Oiseaux, mais les chasseurs intelligents eux-mêmes réclament en vain depuis tant d'années ! » Le gouvernemenl l'avait compris, quand, le 24 décembre 1910, le ministre de l'Agriculture s'exprimait ainsi devant la Chambre députés : >• Le gouvernemenl esl obligé par ses engagements el par la EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS loi à tenir la main à ce que la convention internationale soil respectée. Le départemenl de l'Agriculture fait tous ses efforts pour obtenir que la loi soil partout respectée. Nous préférons ces paroles, citées par M. Kehrig dans excellent petit livre L'Oiseau et les Récoltes, à la déclaration du ministre du Commerce citée plus haut. Quanl a la conférence de M. Rouvière-Hue, déposée sur 1<' bureau, nous eu avons dit trop «le bien pour avoir à 5 revenir : ce que nous voulons seulement répéter, c'est que nous vou- drions la voir répandre par centaines de mille. Voici, direz-vous, un procès-verbal bien long. Hélas, il nous Faut «mi convenir et nous devenon- bien encombrant. El dire que nous n'avons pas parlé de la nombreuse correspondance reçue depuis la dernière séance. Merci à tous ces amis connus et inconnus qui veulent bien nous aider de leur approbation, de leurs conseils et de leurs précieuses adhésions. Notre Vice- Secrétaire. M. Albert Chappellier, pourra peut-êti a parler dans le Bulletin de lu Ligue, qu'il rédige avec tant de zèle et qui fera connaître l'intéressante communication sur les Nichoirs, par laquelle M. Vincent a terminé cette séance. Disons seule- ment qu*il n'y a pas que la France qui réponde à notre appel, l'Angleterre est de la partie, et le Bureau ornithologique central royal hongrois nous demande, par la plume de son directeur. M. Otto Herman, de le considérer au nombre des membres donateurs. Le Sécréta Comte d'Orfeuille. HP SECTION. — AQUICULTURE se in< E du 13 mai 1912 Présidence de ME. Magand d'Aubusson, membre boîtes de Poissons dits : Truites de \or\Vge, les prétendues Truites étant de simples Sprat ts. M. Loyer donne lecture de la communication de M. Uaveret- Waltel sur les soins à donner à L'élevage du Sandre. \ ce propos, un de nos collègues demande si le Sandre et le Koggosch sont deux Poissons distincts. 11 a été établi que ces deux nom^ désignaient la même espèce de Poisson. M. Loyer fait ensuite une communication sur l'aquarium du jardin zoologique d'Anvers. Le Secrétaire, Despax. VI" SECTION. — COLONISATION SÉani i: du -20 mai 1912 Pi ésidence de M. Itret. Le procès-verbal de la précédente séance esl lu et adopté. M. Leroide, sous-inspecteur d'agriculture coloniale en < minée française, établit un rapport entre la production du caoutchouc et la consommation toujours croissante de ce produit naturel, car. dit-il. l'avenir ne nous donne pas encore 736 BULLETIN DE LA SOCIÉTH NATIONALE D ACCLIMATATION à espérer que le produit synthétique viendra supplanter le caoutchouc naturel. Cette demande, toujours croissante, a incité les récoltants à frauder sur la qualité et sur la quantité de latex coagulé qu'ils livrent au commerce. Le coagulant a une très grande importance sur la valeur du produit; le sel est à rejeter, l'oseille de Guinée est meilleure, et enfin le jus de citron est de beaucoup préférable. Le traitant ne peut surveiller la coagulation du latex, mais ce qu'il peut exiger, c'est que le produit soit livré en morceaux de certaines formes. Le plus ancien procédé consiste à préparer des boules plus ou moins grosses, elles sont livrées coupées parle milieu pour éviter l'introduction de corps étrangers à l'intérieur. Mais celte forme permet encore la pratique d'une fraude sur le poids: le mouillage, qui consiste à plonger les boules de caout- chouc dans de l'eau. M. Leroide préconise la forme en plaquette, dont il montre différents exemplaires. Elle présente les avantages suivants : 1° impossibilité d'introduire des corps étrangers; 2° si elles sont mouillées, il est 1res facile de les faire sécher, étant donné leur peu d'épaisseur. A l'école de caoutchouc de Kankan, des moules ont été faits et distribués aux indigènes. Les produits ainsi traites augmentent de valeur et dans un avenir prochain ils seront cotés aux prix du Para. L'administration, en préconisant ces formes, avait compté sans la mauvaise volonté des récoltants et sans la force d'inertie des commerçants que certaines affaires obligent à satisfaire une clientèle souvent très exigenle. M. Lamy-Torrilhon est de l'avis de M. Leroide, et il entrelient ensuite la Section sur les observations que lui suggèrent vingt années d'expérience en matière coloniale. M. Lamy-Torrilhon parle ensuite du caoutchouc de synthèse et du caoutchouc régénéré; le premier n'est pas encore trouvé d'un'- façon pratique, el le second ne peut remplacer, pour ions les usages, le caoutchouc naturel. Il \ a donc encore de beaux jours pour les plantations de caoutchouc. Le Secrétaire, EtouYER. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS La faune et Les zones climatériques du Colorado . - Talégallea en I rance. — Elevages d'amateurs : M. Blaauw. — M. Shore-Baily. Ua < -• • I i i» bybride. — La Perruche de Barnard. — La protection des Otaries des ll( a Pribilow . — Le Coypu ou Nutria. — Imposition do fourrures de Renard bleu di la maison Revillon. — La Musareigne. — Mortalité causée par les morsure- de Serpents dans les Indes. — Un AM.v do géographie zoolo- gique. La dernière publication du Bureau d'Etudes biologiques des Etats-Unis est une étude très minutieuse de M. Merritl Cary sur la distribution des an maux et des plantes dans le Colorado en vue de servir de guide aux agriculteurs qui voudraient exploiter cette région. Celte distribution indique cinq zones climatériques différentes qui commandent les cultures et les élevages que l'on y voudrait faire. De nombreuses vues pho- tographiques donnent l'aspect caractéristique de chaque région et des cartes sont spécialement afl'eclées au parcours de chaque espèce animale dont l'existence a été constatée par l'enquête qui couvre Les a tes 1905 à 1909. Les observations recueillies sur les Mammifères du Colorado constituent une l'aune très complète de cette région. Elles signalent la diminution regret- table de certains animaux sur des points où ils étaient nom- breux autrefois et les efforts pour les défendre contre les empiétements successifs de la colonisation; elles constatent dans quelles conditions ces animaux peuvenl se plier à des conditions nouvelles et quelles sont les espèces dont l'existence est incompatible avec les exigences de la culture. Nous oe saurions entrer dans le détail d'une étude aussi approfondie et nous devons nous contenter d'y relever quelques chiffres et quelques faits d'un intérêt général. Le Cerf wapiti est un des animaux qui ont eu le plus à souf- frir de leur contact avec l'homme. Il c'en reste que quelques hardes dans le Colorado, très éloignées les une- des autres, et les véritables amoncellements de bois de Wapiti que l'on voit dans certaines fermes témoignent de l'ardeur avec laquelle les colons se sont livrés à sa poursuite. En 1898, on estimait à 7.000 têtes les Wapitis du Colorado: en 1902, on c'en comp- tait plus que 3. (KHi. 738 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Le Cariacou à queue blanche esL également en diminution et a été refoulé jusqu'aux premiers contreforts de la chaîne de montagnes. Le Cariacou mulet est plus répandu, mais il tend aussi à se réfugier sur les hauteurs. L'Antilope furcifère, si commun autrefois sur toutes les prairies, est rare aujourd'hui, même dans les parties les moins peuplées de l'Etat. On en a fait une destruction insensée pendant les dix dernières années. En 1898, le garde officiel préposé à la conservation du gibier estimait leur nombre à 25.000; en 1908, on n'en comptait plus que 2.000. et les enquêtes du Bureau d'Etudes biologiques, l'année d'après, démontrent qu'il n'en restait guère que quinze à dix-huit cents. Quant au Bison, si abondant en 1862, il n'en faut plus parler! Les Mouflons, protégés depuis 1885, seraient en accroissement ; en 1902, on a pu estimer leur nombre à 700. L'Ondatra est encore nombreux; le Castor est en diminution; mais nous devons nous arrêter là dans l'examen des Mammi- fères du Colorado, dont M. Cary a relevé les habitats et les moeurs pour plus de 130 espèces. Son examen de la flore n'est pas moins complet et donne une nouvelle preuve du soin avec lequel les agents du Bureau d'Etudes biologiques poursuivent leurs enquêtes dans un intérêt général et utilitaire. Au mois de juillet dernier, pendant la réunion du Congrès des professeurs d'aviculture à Londres, la duchesse de Bedford a fait visiter à quelques-uns des congressistes et des membres du Con- seil de la Société zoologique de Londres, les bois qui entourent sa résidence de Woburn, où tant de Mammifères et d'Oiseaux exo- tiques ont été, ou sont en voie d'être acclimatés par ses soins. La duchesse a fait ouvrir devant ses hôtes une des meules où les Talégalles déposent leurs œufs que la chaleur, développée par la fermentation végétale, suffit à faire éclore. On a trouve plusieurs œufs dans ce lumulus-incubateur et même un jeune en train de remonter a la surface de la moule d'une profondeur de 80 centimètres, où était enfoui l'œuf dont il venait de sortir. Les Talégalles ont merveilleusement réussi dans les bois de Woburn et nous sommes heureux d'apprendre que deux de nos collègues, MM. Roger et Debreuil, vont reprendre des essais qui avaient autrefois été couronnés de succès en France comme en Angleterre. MM. Roger, Cornély et Pays- CBR0NIQ1 i GÉNÉR UE I I FAITS DIVERS Mfllier ont possédé, en effet, des Talégalles qui onl pondu et élevé des jeunes, si on peut dire élevés pour des poussins qui, dès leur naissance, vivent indépendants et >■• suffisent à eux- mémes. Les deux couples d'< )ise;uix < | u i ■ MM I ;.._■■ i- et Debreuil viennent d'acquérir deW. Jamrach et le couple que possède M. Touchard portent à six le nombre de Talégalles actuellement en France. Notre collègue, M. Blaauw, d'Hilversum (Hollande . nous a dernièrement communiqué une intéressante li>te des repro- ductions qu'il a obtenues pendant la dernière campagne dans son parc de Gooïlust malgré que le temps ait été continuelle- ment défavorable. Ainsi, au mois de juillet, une tempe effroyable a sévi sur les arbres du parc où, tous les ans, quel- ques centaines de Hérons gris reviennent nicher. Beaucoup de nids ont été arrachés de la héronnière par la violence du vent et on a ramassé a terre .'{!)" Iléronnaux qui s'étaient tués en tombant. Il y a aussi un nid de Cigognes à Gooïlust comme dans tant de résidences hollandaises. Les parents sont repartis pour le Midi, le 22 août, avec les trois petits qu'ils avaient •'■levés. Le départ de ces migrateurs, à vingt-quatre heures près, a toujours lieu à la même date. Quant aux multiplications des pensionnaires de M. Blaauw, nous notons deux Bisons amé- ricains, un Bœuf banting, un Antilope canna, deux (irues à queue blanche, un Kangurou géant, plusieurs Kangurous de Bennett et, dans l'ordre des Oiseaux, neuf Casoars émeus, cinq Nandous, huit Oies céréopses en deux couvées de la même paire, six Bernaches de Magellan, cinq Cygnes à cou noir, huit Sonnerai, plusieurs Paons nigripennes dont quatre sont entiè- rement d'un blanc p>n\ des h\ brides de Paon spicifère et de bleu, croisé nigripenne, enlin nombre de Bernaches, Canards et Colombes. M. Blaauw a fait d'intéressantes observations sur a livrée des jeunes Oies barrées de l'Inde et des Canards per- cheurs Dendrocygna qui ont été publiées dans Y Ibis (octobre 1912). Chez les Dendrocygnes, les taches blanches du duvet nu lieu de constituer des rayures longitudinales, affectent la disposition de cerceaux parallèles bien définis sur la tête, le cou et le corps du Caneton. 740 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Un membre de la Société d'aviculture d'Angleterre, M. Shore- Baily, a obtenu un intéressant croisement du Colin mailla Callipepla squamata) fret du Colin deCalifornie $. Après vingt- quatre jours d'incubation, la femelle de Californie a fait éclore neuf jeunes hybrides qui se sont élevés très facilement. Le Squamata mâle prit le plus grand soin de ses poussins qui, au bout d'une quinzaine de jours, eurent les ailes assez déve- loppées pour voler d'un bout à l'autre de leur parquet. Ce sont de très jolis Oiseaux, qui tiennent de l'un et de l'autre des parents; le dos et les ailes ont la même couleur que chez le Colin de Californie, mais ils ont la poitrine maillée comme le Squamata et, sur le ventre, une tache d'un marron éclatant comme le Colin de Californie. Cela donnerait à penser que le Squamatak ventre marron, qu'Elliot signale dans une région limitée du Texas, pourrait bien n'être qu'un hybride. Les mail- l ures de la tête et du cou de l'Oiseau obtenu par M. Shore-Baily sont dessinées par un liséré brun. Cette nuance remplace d'une façon générale les parties noires du plumage du Californie; la face, la gorge et les parties blanches chez le Californie sont gris perle dans l'hybride. Nous ne connaissons qu'un autre hybride de Colin, celui du Colin de Californie et du Colin de Virginie qui a été obtenu par M. Gérard, comme il a été dit dans l'article du Bulletin sur les Colins, du Ier août 191 ± L'année dernière, M. Shore-Baily avait obtenu treize poussins du Colin à face blanche (fiupsychorliée leucopagon), mais il ne réussit pas à les élever. La Perruche de Barnard, une des plus jolies Perruches australiennes, a reproduit celle année dans une bûche creuse au Jardin zoologique de Régent's Park. A ce propos, M. Pocock, l'habile administrateur de l'établissement, l'ait remarquer qu'une condition indispensable pour assurer le succès de l'éle- vage 'les jeunes Perroquets el Perruches esl qu'il faut leur fournir en grande [abondance de la nourriture verte contenani des sommités fleuries el des graines encore* molles, du Séneçon, ■ i Phoques à fourrure des Iles Pribilow, pour cinq ans. Malgré que, dans le traité entre les États-Unis, le Japon, la Uussie et 1'A.ngleterre pour la protection de ces intéressants Amphibies, une période de Fermeture n'ail pas été prévue, l'exposé 'I'1 la situation placé son- les yeux du Sénal l'a Facilemenl convaincu de la nécessité '\ multiplièrent si bien qu'il en existe aujourd'hui de 100 150, autant qu'un peut les compter dan- les arbres el les fourrés où ils se dissimulent si facilement. Il- trouvent eux-mêmes leur nourriture dan- la forêt, mangeante l'occasion, affirme le garde-chef de Woburn, des œufs et de jeunes Oiseaux. Pendant L'hiver, on se contente seulement de Leur donner un peu de Maïs. Us se rassemblei I a l'endroil ou on met le Mai- pour manger; on voit là des mâles se pourchasser Les un- les autres, mais Bans se battre réellement. I ••- conditions de vie leur conviennent -m- douti parfaitement, car il- n'onl jamais quitté ci gion du parc, Bl I !.. SOC. > \ I \< CL. Kl». 746 BULLETIN TE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION malgré les chasses annuelles qui viennent souvent les déran- . Ils se réfugient alors dans les très hautes branches et s'échappent en volant d'arbre en arbre. C'est ainsi, qu'un jour d'hiver, la duchesse de Bedford, chassant le Faisan, put en compter 40 fuyant devant elle. C'est à la fin de mars, ou au commencement d'avril, qu'on voit les Oiseaux s'occuper activement à construire leurs tumulus ou à renouveler et à augmenter le volume des tumulus construits durant les années précédentes. Très généralement, il n'y a que deux individus pour chaque tumulus et c'est par exception que le garde-chef de AVoburn en a vu, une seule fois, quatre travaillant au même nid. Le tumulus qui fut ouvert devant nous, le 19 juillet 191:2, était situé au pied et sous le couvert d'un gros Châtaignier. De forme conique assez régulière, il avait environ 3 mètres de diamètre à la base et lm10de haut. Trois hommes l'attaquèrent d'un côté; ils enlevèrent d'abord, à la main, une couche de feuilles et de brindilles de bois sec qui formait un revêtement peu épais sur toute sa surface; puis ils entamèrent à coups de pioche, une sorte de terreau brun, compact, formé de terre et de débris de végétaux complètement décomposés, qui formait la masse entière du monticule. Après vingt-cinq minutes de travail continu, les hommes avaient rejeté ainsi, derrière eux, à peu près la moitié du nid sans avoir encore rien trouvé; quand, arrivés a la partie centrale de la masse, dans une région où la chaleur (évaluée malheureusement à la main était peu considérable, un premier oeuf fut mis à découvert, exactement à 70 centimètres au-dessous du point le plus élevé du nid; quatre œufs furent trouvés peu après dans la même région et à peu ]>rcs à la même profondeur, mais non exacte- ment au même niveau. Tous les œufs étaient posés horizonta- lement suivant leur grand axe. Ils étaient littéralement enfouis dans le terreau, qui forma.il une masse continue, tassée autour de chacun d'eux ; aucune trace de canal d'aération ou de ponte, ni de cavité quelconque ne se voyait dans leur voisinage, de sorte qu'on se demandait comment les jeunes pouvaient sortir de l'œuf. Certes, on comprend que les pattes si robustes des jeunes ralégalles arrivenl à -■■ creuser un chemin dans un terre. m relativement friable; mais où le petit oiseau place-t-îJ la première masse de terreau qu'il rejette derrière lui, quand lll DE D i v MU DB i \U '.Al. Il DE LATI1AM - î i l'œuf brisé, il commence à creuser son tunnel pour sortir de l'œuf? La découverte d'ua œuf, celui-ci fraichemen! éclos, fini répondre à la question. La coquille de cel œufétail largement ouverte «l'un côté el toul l'intérieur étail rempli d'une masï de terreau fortemenl pressé. C'esl donc dans la cavité même de l'œuf qu'il veul abandonner, que le pelil rejette le première masse de terreau attaquée par lui. Il devait \ avoir peu de temps que cel œuf avail été aban- donné, car la partie de la coquille non ouverte étail encore intacte el l'on sait que la fragilité de cette coquille lafail dis- paraître bientôl sous la pression de la masse supérieure. C'esl pourquoi les naturalistes qui onl étudié de ces nids, en Aus- tralie, disent D'avoir jamais trouvé de débris de coquille à leur intérieur. Du reste, de nouveaux coups" de pioches donnés avec des précautions de pluji en plus grandes, ue tardaient pas à mettre à découvert, à si) centimètres de distance de cel œuf, el ;i 80 centimètres de profondeur, un petit Oisillon qui devait être l'ancien habitant de cel œuf vide. Il faut avoir assisté à ce travail de piochage pour comprendre c quelle stupéfaction nous vîmes apparaître t•■ duc el la T'iS BULLETIN DF. LA SOCIETE NATIONALE I) ACCLIMATATION duchesse de Bedford voulurent bien m'offrir les six œufs qui axaient été découverts et dont je vais maintenant donner les caractéristiques. Ces œufs sont allongés, de forme un peu variable et un peu irrégulière, mais, dans leur ensemble, ovoïdes ou elliptiques. La coquille est blanche, quelquefois parsemée de taches grises ou ocre; mais ces taches paraissent être dues au contact du terreau; elle a un grain très fin, est très mince et peu résis- tante. Quatre de ces œufs mensurés et pesés exactement ont donné respectivement les chiffres suivants : LONGUEUR LARGEUR POIDS CAPACITÉ N° 1. 0">10 0m0670 H'O gr. 170 C. C. N° 2. 0^095 0n>070 207 gr. 190 c. c. N° o. 0m095 0^065 207 gr. 190 c. c. N° 4. 0m0951 0^066 185 gr. » Deux des cinq œufs intacts n'ont pas laissé voir, à l'examen ;ï L'œil mi, traces de développement: leur jaune paraissait très développé par rapport au blanc. Les autres, au contraire, renfermaient des embryons à divers degrés d'évolution et dont nous ferons l'étude ultérieurement. HISTOIRE ET BIOLOGIE DE LA COCHENILLE />i mai de l'année suivante 1906 . ce Coccide fut à nou- veau signalé, mais celte luis dans la province de Buenos- Aires, à Villa Elisa et à IVreyra, deux stations du chemin de 1er du Sud. situées à 40 minutes de train entre Buenos-Aires et La Plata. L'alarme fui grande, car le danger était aux portes de la capitale, dans une région où l'on cultive en grand les Pêchers, et il y avait tout lieu de craindre qu'il ne vînl à envahir le delta du Tigre, à l'embouchure du Rio Paranà, où la culture des l'ècliers constitue une des principales richesses de la population des innombrables iles de ce delta. Le laboratoire de zoologie appliquée du ministère de l'Agri- culture, auquel incombe l'étude de toutes les plaies occasion- nées à L'agriculture ou au bétail par des parasites animaux, fut officiellement saisi de la chose, et nous lûmes envoyé a Villa Elisa el à Pereyra afin de mesurer l'étendue du mal, de L'étudier 2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION si semblables entre elles au début, qu'il est impossible tout d'abord de savoir lesquelles donneront des femelles et lesquelles donneront des mâles. Peu à peu, toutefois, elles se différencient, et le dimorphisme sexuel apparaît alors pour se conserver de plus en plus accentué tout le reste de leur vie. Il resterait à dire, comment dans l'Argentine on lutte contre le Diaspis pentagona, mais cela nous entraînerait trop loin (1). Nous indiquerons simplement, pour terminer, les deux formules qui ont donné les meilleurs résultats : l'une pour le traitement d'été, et l'autre pour l'hiver : Traitement d'été, formule de Riley : P.'trole * G litres. Savon dur ordinaire 250 gramn>es. Eau de source ou de pluie I litres. Traitement d'hiver, formule d'Oregon : Chaux vive 1 partie. Soufre 1 partie. Sel 1 partie. Eau 30 parties. Ces traitements, joints aux prohibitions d'importer dans le pays des plantes sans les faire désinfecter à leur arrivée ici, et de transporter, sans les avoir préalablement désinfectées, des plantes, provenant des régions infectées, dans les régions indemnes (ces désinfections ayant lieu officiellement et contre certificats), auront raison promplement, nous l'espérons, du nouveau et redoutable fléau qu'est pour l'Argentine le Diaspis pentagona. (1) On pourra consulter pour cela les travaux suivants : « Los Coccidos y les mejores procedimientospara destruirlos »,por Lucien tches, Boletin ilel Ministerio de Agricullura, t. VI, n° 5, Dicierabre de 1906, et « Biolo v procedimientos de destruction del Diaspis pentagona »; confrivnce du même auteur h l'Ecole Présidente Hoca; et « Aventuras extraordinarias ' F. Lahille, Revista ■/ Jard n Zoologico, 1908, n" 15. LE JUNIPERl - ( / />/>'' - WEBB i r BERTHELOT Par D BOIS i ette Conifère fruit aux Canaries (Ténériffe où elle est en voie de disparition. Junipei us Cedrxis. mmuniqud par In Soc. nai. «rilort. do Fra C'est un arbre voisin du Juniperus macrocarpa, de la région méditerranéenne, mais à rameaux plus uombreux el plus courts T-i'i BULLETIN I>E LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION et à feuillage plus dense. Les feuilles, moins longues, sont souvent très glauques. Le fruit (galbule) est sphérique, gros 10 millim. de diamètre), presque lisse, d'un rouge brun et couvert d'une poussière glauque. Ce Genévrier ne serait pas rustique dans le centre dv la France et sa culture ne pourra être tentée avec chances de succès que dans le Sud et le Sud-Ouest. M. le Dr Pérez, qui cultive ce Genévrier à Puerto Orotava (Ténériffe) et à l'obligeance duquel nous devons les graines que nous avons distribuées, recommande pour faciliter, la germi- nation de celles-ci, de les plonger pendant o à 10 second.- dans Peau bouillante avant de les semer (voir Recherches sur la germination des graines de Genévrier par le Dr G. Y. Pérez et E. Jehandiez, Annales de la Société d'Horticulture de Tou- lon, 1911). EXTRAITS DES PBOCÈS-YERBACX DES SÉANCES DES SECTIONS Il SECTION. ORNITHOLOGIE-AVICULTURE Sous-section : Ligue pour la Protection des Oiseaux h' \m:i M 26 w "i:il. 191 1 Présidence de M. Magaud d'Aubusson, président. I • procès-verbal de la dernière séance esl lu el adopté. A propos du passage qui a trait à la plumasserie, M. Mene- gaux l'ait remarquer que la Lettre du ministre indique des idi - favorables à l'important commerce de la plumasserie el que -ont eu accord avec ce qu'il a dil et soutenu lui-môme, ,i savoir qu'il ne fallait pas chercher à anéantir cette industrie, mais à l'orienter dans une direction nouvelle. M. le Président ajoute que la pensée de la Ligue a'esl pas de combattre à fond les plu massiers ; elle vient, au contraire, de montrer ses sentiments d'indépendance en recevant, parmi ses membres, les présidents des syndicats de la plumasserie. La Ligue veul seulement la suppression dans la mode de l'emploi des dépon il 1« - d'Oiseaux sauvages; la basse-cour, aidée de l'acclimatation, peut et doit fournir le terrain de conciliation. Des renseignements ont été demandés à M. Menegaux pour la création d'une ferme à plumes pour La parure. \ propos des articles parus dan- Les journaux el dan- les- quels il est parle de la Ligue, M. Debreuil demande que les journalistes veuillent bien indiquer L'adresse de son si< social; mais plusieurs membres fonl observer qu'il esl bien difficile d'obtenir cela de publicistes auprès desquels on n'a pas d'action directe ; pour le- antre-, on cherchera à faire le nécessaire. Seion If. Menegaux, le gouvernement est très bien dispos* en faveur des mesuresà prendre pour la protection des Oiseaux de franco et il serait décidé à agir sérieusement. M. Maille- pense qu'il ne faudrait pas pour cela négliger 756 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION les espèces exotiques, et la Ligue doit intervenir en faveur des plus menacées. 11 y en a effet, fait observer M. le Président, soit sous Faction de la plumasserie, soit pour des motifs tout différents, des espèces qui disparaissent; on peut citer, par exemple, les défrichements, l'agriculture, etc. 11 ne faut pas se dissimuler que, pour les Oiseaux étrangers, parmi lesquels les Paradisiers, dont quelques espèces ne pourront peut-être pas être sauvées, il est très difficile d'agir: On peut, dit M. Menegaux, nommer des espèces indigènes détruites par des espèces introduites, et, d'après sir Walter Rothschild, il en est appartenant à la faune de l'île Maurice et à celle de l'île Kauai, une des Sandwich, qui ont été décimées par VAcvidolheres trislis, importé pour la destruction des Sau- terelles. M. le Président trouve ces faits assez bizarres, l'Acridophage n'étant pas Carnivore; n'y aurait-il pas là une question de nourriture accaparée par le nouvel arrivant? A propos de la propagande qui peut être faite par la Ligue, M. Debreuil raconte qu'il y a quelques jours, il a assisté, au Lycéum, association de dames dont M1"0 la duchesse d'Uzès est présidente, à une charmante conférence de M. Edmond Perrier. Le sujet choisi était : « la Robe de noce des animaux », et l'orateur s'est demandé, devant ses auditrices, si elles étaient plus jolies sous une parure d'Oiseau tué en période de noce et au moment où il élevait sa progéniture, qui succombe, se trou- vant ainsi privée de ses parents. M. Menegaux pense qu'il est bon en effet d'aejir auprès de la femme, et M. Vincent est d'avis qu'il faut arriver à lui démon- trer qu'on est obligé de tuer une mère de famille pour lui four- nir la parure qu'elle convoite. Plusieurs membres craignent qu'il ne soit bien difficile d'obtenir un résultat dans celte voie.ei MmeCaucurte ajoute que la plume a un gros avantage sur la (leur; la plume se conserve très bien, fait un long usage et par conséquent est plus éco- nomique. Mais (in l'ait remarquer que cela est vrai de toutes 1rs plumes. aussi bien de celles de l'Autruche, que la Ligue ne cesse, de prôner, que de celles des oiseaux de basse-cour et de volière, dont elle veut propager l'usage. Un de- dangers que rencontre l'< liseau est le til télégraphique, et une revue anglaise montre de petits miroirs, qui, suspen- EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS <■'>• dus, en signalent La présence el par ci nséquenl le danger. M. Debreuil necroil guère à l'efficacité de ce procédé. M. Vin- cenl en indique un autre employé dans le département 'lu Nord ci qui consiste à enfiler sur les til- télégraphiques des bouchons espacés «le 3 mètres environ, cela suffit pour que le- Pigeons voyageurs les e\ itent . I h moyen de protection nous est indiqué par un journal allemand : deux villes, dont celle de tu-sel. mil établi sur leur territoire de petite- réserves, et à ce propos, M. Menegaux nous rappelle qu'à Hambourg les promenades sont surveillées par un Vogelv âchter spécial. M. le Président lit une lettre do M. Comandon de Jarnac . qui envoie son adhésion à la Ligue et demande que celle-ei veuille bien lui désigner un conférencier pour nue réunion qu'il projette de taire et à laquelle seraient convoqués tous les présidents des syndicats agricoles de la région. M. Vincent est tout disposé à répondre à l'appel de M. Comandon. M. Yasse demande pour un membre de Saint-Hubert Club S00 bagues de migration destinées à des Caille-; elles sont accordées. M. Vincent communique plusieurs lettres à la Sous-Section. L'une est de M1"" Régine, membre de la Ligue, à laquelle nou- devons une propagande zélée, dont nous sommes bien recon- nais ants, el qui, depuis peu de temps, nous a envoyé plus de quinze noms, de lapait de M. le comte de Lacarelle. M. Wynn demande l'échange de son journal, qui aura lieu désormais avec notre Bulletin. La revue publiée par M. Wynn e-i loin d'être banale, car elle est publiée dans la char- mante langue catalane sous le titre de Bullleli de /lnntr< de Catalunya. Il sérail bon d'inculquer dans bien des esprits cet adage que uous j lisun- : Tourmenter un animal indique un instinct criminel; /»-//■ lormi nto à in animal inslinto 1 s de ci iminal. Accordé est également, sur la demande du vice-président, M. Béjot, l'échange avec le Bulletin en a chez lui qui sont très petits, mais très audacieux et très dangereux; il leur a vu prendre une Grive et la lâcher difficilement. 758 BULLBTIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION M. le Président répond que cet animal est en effet très hardi I 1res nuisible; un jour, en Auvergne, il reçut en pleine poitrine une Grive qu'un Epervier laissa tomber d'un Sapin sous lequel il passait. Quant aux différences de taille, il y a peut-être lieu de distinguer deux variétés ou espèces, mais la question n'est pas très claire. Le nid est assez difficile à dis- tinguer d'un nid de Corbeau, cependant il est moins fourni et moins volumineux. M. Mailles a vu l'Epervier chasser le soir la Chauve-Souris; à la tombée de la nuit, le Rapace tourne au milieu de ces Mammifères en suivant leurs voltes d'un planement très doux, et, quand il en passe un à sa portée, il se laisse tomber sur lui. M. Vincent soulève la question des tolérances sur le marché aux Oiseaux et dans les boutiques des marchands, et M. Devy rappelle également le trafic des espèces de la faune locale au marché du dimanche. M. Debreuil répond qu'à son avis, ce qui périt ainsi est bien négligeable à côté de ce que font mourir tous les engins du Midi et du Sud-Ouest ; il ne voudrait pas priver la vieille tille de son chanteur favori et demande que l'on étudie la question. Cela rentre tout à fait dans la communication que M. Etoc devait faire, ce qui lui a été impossible, ayant dû quitter trop tôt la séance; il est donc décidé que la suite de la discussion sera remise à celle «le mai. Avant de nous séparer, M. A. Chappellier nous rappelle que son frère, M. Louis Chappellier a fuit don à la Ligue de dou/r nichons qui n'ont pu encore être placés à cause des délais de transports. A cette occasion, notre vice-secrétaire présente un fer aux initiales de la Ligue L.P.O. qui servira à marquer an feu les nichoirs et appareils distribués ou placés par nos soins. De plus ace série de chiffres permettra de numéroter chacun de ces objets qui seront inscrits sur un registre spécial et donl on pourra par la suite contrôler les résultats. \ propos de nichoirs, il esl rappelé que non-- devons nous fournira L'étranger, ce qui prolonge les délais et augmente con- sidérablement Les prix; M. Gaucurte va tenter des démarches auprès d'un grand établissement où l'on travaille le bois. La Lecture «lu procès-verbal de cette Béanee donne une idée delà vitalité de notre jeune Ligue ; que serait-ce, si nous pou- vions placer sous les yeux 'lu Lecteur la collection des pério* EXTRAITS DES PRO ÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS diqaes qui eontinuenl à lai faire le plus aimable accueil el celle des lettres oous apportant les témoignages <1<- sympathie de Bombreux correspondants de dous Inconnus jusqu'à ce jour? _t un concerl unanime qui, de plus, a le charme d'être exprimé en des langues diverses, véritable régal pour un poly- glotte. Hélas, l'espace donné ne nous permet pas de nous étendre. Nous n'aurons garde cependant d'oublier : le ( 'henil et l'écho de ïélevaqe, avec un excellenl article «1»' notre toujoui iélé collègue M. Pierre-Amédée Pichot; la Revue illustrée d s animaux; le Bird Notes and News; la Chasse illustrée, quirepro- duil notre Appel in extenso; le Bulletin mensuel de la S dei Chasseurs; VAvi ultural Magazine, etc., etc. Dans le -loin-, ml, le Frère de notre Président de la Société d'Acclimatation, M. Rémj Perrier, parlant de notre Ligue, raconte des choses vraiment effrayantes sur la nocivité des phares au point de vue ornithologique. En aovembre dernier, en ui. sans doute, mais il en esl ainsi. Après avoir rappelé que c'esl par milliers qu'on abal les Hiron- delles, par milliers aussi que les Mésanges, les Kouges-gorgi Fauvettes, etc., tombent sous les coups des oiseleurs; que c'esl par milliers de kilogrammes que, dans une seule partie du Médoc, se sont chiffrées, en une saison, les expéditions de petits Oiseaux par quatre gares; que, dans la Dordogne, on a vu capturer, dans une chasse au lacet, cent douzaines de vie limes par jour; que. dans deux communes du Var, il a été capturé el vendu, en une seule année, environ 80.000 R.oug< -- rges, choses déjà dites ici, mais qu'il faudrait répéter à satiété, Excelsior termine ainsi : Et «lire qu'il existe une loi prohibant formellement ces héca- tombes! il y a, en effet, la convention internationale de 1902 relative à la protection des oiseaux utiles à L'agriculture, — laquelle a force de loi depuis 1906. « C'est la France qui a pris l'initiative de cette convention. Elle l'a signée, mais ne la respecte pas. Le fait est brutal. « Et comment se peut-il que la loi soit ainsi impunément violée? C'est bien -impie. Sous la pression d'influences locale-, ■ les préfets accordent des tolérances, et les gendarmes sont informés qu'ils ne doivent pas sévir. Pour ne pas mécontenter une poignée d'électeurs remuants, des conseillers généraux, des députés el des sénateurs demandent et obtiennent ci - tolérances. Esclaves par trop débonnaires du • clientélisme politique, ils font substituer l'arbitraire au droit commun. II- -'■meut ainsi des ruines autour d'eux en contribuant à L'appau- vrissement du pa\s. car le danger grandit pour les récolles future-, g - lignes sont de M. Henri Kehrig, connu des Lecteurs de uotre Bulletin, el qui, en face des gens qui osent encore gémir sur la maigreur des recolles, rappelle à propos ce p de ['Odyssée, dan- lequel Neptune dit aux Lmmorte - Hélas! les hommes accusent -ans cesse les dieux : ils disent que c'est de nous que viennent les maux, et pourtanl c'esl par leurs propres attentats que, maigre le destin, il- souffrent lanl de douleur-. Heureusement qu'en dehors de notre pays, la protection des m ii . so< . s\r. kccL. i il 7fi2 BULLETIN DE L4 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION oiseaux a de nombreux défenseurs, nous en avons la preuve en parcourant les journaux étrangers qui sont sous nos yeux, le Slrasburger Post, le Frankfurter Z&itung, le Bund (de Berne), etc., N'oublions pas non plus, pour parler des régions méridionales de l'Europe la Veu de Calalugna, publiée, en catalan, à Barcelone, ellaModa illustrata, de Milan. Pourquoi faut-il que nous ayons à signaler une note discor- dante émanée d'un journal français : « Voici qu'aujourd'hui, dit-il, se dessine une nouvelle tactique, après les agriculteurs officiels, les savants officiels. Allons, faites donner... le Muséum d'histoire naturelle, et pour ajouter à vos intrigues un carac- tère de patriotisme tout d'actualité, nommez-vous la Ligue Française. Peu nous importe, sous des masques divers ce sont les mêmes figures grimaçantes de haine et d'impuissance. » On le devine, celui qui s'exprime ainsi est l'organe chargé de défendre les intérêts de ceux, grâce auxquels il n'y aura bientôt plus d'Oiseaux dans notre Midi. Tout cela est dit dans un style charmant, plein d'aménité et qui nous remet en mé- moire une légende de l'antiquité. Un jour, un homme eut une altercation avec le père des Dieux, et comme ce dernier, au paroxysme de la colère, lui disait des choses peu aimables, le mortel se contenta de riposter : « Tu te fâches, Jupiter, donc tu as tort. » Le plus curieux est l'affirmation d'une feuille genevoise qui, gagnée à cette cause, prétend qu'enlever aux destructeurs d'Oiseaux « celte distraction du dimanche et ce petit supplé- ment de ressources, serait vouloir protéger l'agriculture d'une façon bien étrange ». Ce qui nous paraît plus étrange encore, c'est de la protéger en détruisant les seuls êtres capables de faire disparaître les Insectes qui nous ruinent. Le jour où fut fondée notre Ligue, les contradictions étaient prévues, les luttes à soutenir envisagées d'avance, nous sommes donc dans notre voie, celle du travail, mot qui doit, être notre devise : Lahoremus ! /.(• Secrétaire, Comte d'Orfeuille. Erratum. — Ltotiole aécaiQ logique sur François Forai, p, 713, est du professeur Yung de Genève. ETAT DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE PI SDAPi r i." \nm i 1912 NOMS DES DONATE1 RS MM. MlHIS il RE DE l'A'.l.l. DLTOR1 . . MlNl-i i l.i DE L'InSTRI CTION PU- III h.'l I I » \ • o» M.in.Kolicit Bi \i;\ M">e la Comtesse li. de . Bodi i.i i Eug.) Debukiii. (Mm« J.-C.) Dri.iii in Ch.) Di i \ i Jean G \x\v M"1 la marquise de M MLLES (Ch.) PlCHOl I. \.< Vilmorin Maurice de Bbrthibr Abbé |l| BREUll Ch ' Lb Fom R.j Balmb Behm, directeur du jardin bota nique de Stockholm Bois D Cobz I m. Ch ils i directeur du jardin bota- nique de Calcutta llul.LH li Mi i i i v Abbé MOREL II.) Ml SÉOM D'HiSTOIR] .'ii LI B. . l'un/ D G.-> . . P B0W8R> UlMtlU 0BJE1 - DONNE* 1° Dons ««H espèces Subvention de 1 . 3su fr. Iim fr. fr 100 n fr 50 fr 100 lr 50 ti 200 fr 100 ft 100 fr lijn fr Subvention de Pour clichés ...... Don de Pour agrandissement du siège social. l>nn de Don de Pour agrand sseuient du 3iège social. Pour agrandissemenl du ocial. Pour agrandissement du si _■ social. Concours des écoles Pour agrandissement du siège social. 2° Animaux \i\anls. Glandines Escargots carnivores il ti Mexique Poules phénix, Oies d'Egypte el Oiseaux divers Black-Bass. 3° Végétaux : Plantes ot graines Graines diverses. Graines diverses. Graines diverses. Graines diverses. Graines et plantes divei Graines di\ ers Fruits. Ignames de < Ihine el Coui dles. Graines el végétaux divers cultivés dans l'Oise et à Beyrouth Syrie . Graines et \ i gétaux di • i raines dn ei ses liiainc- de végétaux exotiqui tés à Nice Upes-Maritim Graines de plantes Uger. 764 1U ILLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION NOMS DES DONATEURS OBJETS DONNÉS MM. Alderson (Miss Rosie) Arenberg prince E. (H Behm (de Stockholm) Bidault de l'Isle Marcel) . . Bois (D) r Objets de colleelion. produits industriels et objets d'Art. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Nichoirs. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Objets divers. Coquilles d'œufs, Oiseaux naturalisés, radia- teur. Extrait de Malt. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Brochures. Livres pour la Bibliothèque. Brochures. Livres pour la Bibliothèque. Coquilles d'œufs. Sèches fumées. Objets divers pour le siège social. Livres pour la Bibliothèque. Brochures. Médaille d'or. Coquilles d'œufs. oiseaux naturalisés et clichés. Brochures. Livres pour la Bibliothèque et c'ichés. Important don de livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque. Livres pour la Bibliothèque < 1 cli< liés. Bureau (professeur L. Chappkllier (Louis Chevalier (Aug/ Dbbw i u Mme J.-C.) Déjari in E.) Gbassi processeur) Ghuvel (professeur Howard (professeur L.-O.)- • • Janet Gh. Joubin professeur Kerville (Gade.m de; Loyer M.) Maideh Minoaud (G.) Ministère de l'Agriculture. . . Pays-Mellier Piciiot (P. -A. Raspail . X.) Ravere 1 VA A II 1 1 Rivière . , - i 1 WARt ( \V. H.' lin QBALD l''.-\' V w Kempbn \ Il HORIN M. M Le Conseil renouvelle ses sincères remerciements aux Donateurs; il adresse, également, ses sentiments de vive gratitude à ions !<■> collaborateurs «lu Bulletin qui, par leur science et leur désintéressement, contribuent >i puissamment .i I œuvre de la Société. Par décision du ■ > janvier 1912, M. le minisire de l'Agricul- ture o accordé u la Société d'Acclimatation une subvention à forfait de 1 .'MO francs, ainsi qu'une médaille d'or de 32 milli- mètres,à décerner au nom du gouvernemenl de la République frança i TABLE DES MATIÈRES fABLE AI. IMI ^BÉTIQUE DES AUTEURS DONT LES ARTICLES SONT PUBLIÉS DANS CE VOLUME âge au Bahr- Am.iN [psan . Les ChJ vres d'An gona. 2 Ai bi bsoh Magaud d' . La Ligue Iran 3e pour la protection des < li- seau\. Isa. Bai don V l B valeur de la partie du Moyen Congo cédée à l'Alle- magne, 108. Bbjoi Ed.). < Ibservations sur l'éle- vage des Paisans et leur canton- nement, 129. Bi -mi r L« s. . I. el Ghazàl, 602. Bi -mi r, L' S. - La disparition du Dromadaire au Bahr-el-Ghazal, 649. lii w m i M . Le Cardium ea dans i aliment ition de la Truite, Bois l> . la' Junipt l Bois |). . Les Eehium arborescents, 716. Bbbi C M . Etude de la - de l'Arbre à caoul houe d Afri- que, 570. Brdmpi [E. el Cm i dote li. , Essais de traitements préventifs des strongylosea des Ruminants, 361 . Km roi Ch Le Mouflon de l rse, Cai corti R. el Bri mpi E . Ess lis de traitements préventifs des strongyloses des Ruminants, 361. ChAPI l. P. Dl I ■ I heval r:\niii G ancien el amélioré, 225. Chi \ m h h Au.-. . L'Agriculture dan- n-*- colonies, 527. Cm \ m h i- \"_ I numération plante- cultivées parles indigènes en Afrique tropicale, 63, l" i. I ■ Clart Comte J. . L'Exploitation de la chasse el les rési rves à gibier, 291 168. Ci i \u \ i A.-L. . Le Thrips i ulgaire, 41. Cligny \. . Dégénérescence de la 'h uite arc-en-ciel, 588. Clioni \ Migration marine de l'Anguille commune, 524. en i. h i II. . I.' arachide . 698. Coi i:i i i II. . L'éle^ âge des Bovi à Tahiti, HO, Dfchambrb P. . Les pendeloques chez la Chèvre, 157. i, RÔMi J. . Au sujet du M Basjoo, 99. Gi roui (J.). Sur le polymoi pbisme de certains végétaux, 5 Girard Louis). Note but quelques Mammifères importés de Gao Haut Sénégal en France, 97. [chbs Lucien . Histoire el biol de la Cochenille, 1 Iciiks Lucien). La faune el la Qore de Desaguad< ro pi Mendoza, République Argentine . 216. Jardbl E. . Emploi industriel de r Eichhoi ■iiin crassipei en Inde Chine, 567. .1 kRDi i. E, Essais d'engraissement forcé des i liseaux sse-cour ronkin, Lambkri l>r AI . Th. H losevelt, naturaliste, 161. li i ,,mii il. . Essais d'utilisation du Loukliinh au i nul 1 la I- .i.i li. . In curii • ' production de la M< rill< l.,,|s| I D'' (i . I Uivert'ire et étude d'un nid d ! ille de Latham, 766 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION Loyer [M. . Les Oiseaux exotiques d'Everbergb, 617. Loyer (M. . Rapport au nom de la < >mmission des récompen-e-. 216. M. L. — Henri Courtet, 489. Masse [Fernand). Projet de parc national, 170, 201. Moussu (G.). Sur la castration des Coqs, 308. Moi ssu G. . Sur la distomatosc des animaux domestiques et des ani- maux sauvages, 681. Pams Jules). Discours prononcé à la séance publique annuelle de dis- tribution des récompenses, 259. Paris Paul). Pour le Circaète Jean le Blanc, 493. Pehkieh (Ed.). Discours prononcé à la séance publique annuelle de distribution des récompenses, 262. Picbot (P. -A.). Les Colins ou Per- drix de l'Amérique, 160. Pichot (P.-A. . L'élevage du Lapin angora. Pichot (P. -A.). Animaux à fourrure. L'Ondatra ou Rat musqué. 193. Pie.noT (P.-A.). La nourriture des Pics aux Etats Unis, 393. I'iih.mi.i A. . A propos de la Canaigre, 404. Piédallu (A.). I*e Troène en méde- cine et dans l'industrie, 596. Il \yi:i;et- YVattei.. Une Pouliche al- laitée par une Chèvre?, 178. Raverbt-Wattel. L'Eléphant de la mission du Fercan- Vaz, 121 . Raveret-Wattel. Les Grenouilles de Parc, 498. Raveret-Wattel. Soins à donner l'élevage du Sandre, 553. H.\ yi ret-Wattel. Le laboratoire de sreléobiologie de II. Gadeau de Kerville, 213. Raveret-Wattel. L'élevage de Tor- tues comestibles au Japon, 33. Rivière Oh.). Le Lanterna camat^a, 598. Rivière Ch.). Le Lavaient /rimes- iris, 696-. Rivière (Ch. coin. 131. Rivière Ch. 564. Rollinat R.). Chronique orni- thol ogi que d'Argent on-sur-Creuse, 30. Tebnibb Louis;. La Commission de la chasse au ministère de l'Agi i- culture, 522. Thauziès A . Le Pigeon voyageur. Hypothèses relatives à sa faculté d'orientation, 655. Vilmorin (Maurice de . Floraison des Bambous. Survivance à cette floraison, 623. Voillet [$.). Au sujet d'une forme tératologique à.' Agave hetera- fiiiil/ui, 691. Ychg. François Forel. 718. Pulvinaria canali- Sterctdia acerifolia, INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME Achatina fulica, \ i-rette. 266. . llca torda, 155. Mouette, 30, 3 .1. Inchois, H6. \m . 615. Anguille, 524. \ iio|ilnlp, 94< Antilope fin ri for, 161 i ntonina aus traits, 510. Apkis PvMtni, 89'. Aphomia sociella, 122. Ara* hnolhera asialita, 622. Aspidiolits drsi riirlur. 358i Ispidiotus Fictis, 131. Autour, I Autruche, 155, 172, fâ», 148) 646» Bi c croisé, Bécasse, 30, 129, Mis. m. 163. INOI \ kl PU m'.ki rOUl Dl E kNIMAUX 7G" Black-Bass, B6, 1 16, 153. ii.v Bœuf, 608 HniithiK, 513. Bondn Burgox, Bai Cabiai, I Caille. Calolertnes flavicollis, ■ Cariai-.!, K3, 339, 140, I Canard pilet, i 10. — siflleur du Chili. 36k Canari, i 10. Carassius auratus, 86i <>ar de Ceraiu, I — Knien. 347j iil. Casse-nmx. 140. Castor. 194. Cerf, 3 11, 1 — wapiti. 164, 737. Chalçopsittai tillatus, 6i9 Chamois, 368, 612, 649. l 'ha . Stellse, 619. Chauve-souris. I Chermes Cycadis, 540. Cheval, 605. — Camargue, 22 1. Chèvre, 15, 111, 139, I il. 17$ 362, . 7, HO, 61 i. chèvre d'Angora, - Chevreuil, 302. Chlamydodeva maculutu. 821 1 Cini, 349. I aetiu gallicus, 193. enille, 749. '-,v//v. 319, 182. Ccereba cyanea, 622. Colins. 300, 160, 643, 740. Colombe, 619. Co/m/,7^ açuticaudatus, 2\~. Corbeau Grand , I — freux. 31 . g marsena, 509. — rt, 509. Cormoran, 51. Crécerelle, I .. Crossoptilon ho-ki, 351. Cyanocitla diademata, 620. Cycas circinalis, 5 10. — revolula, Cygne, j0, 81, 339, 634. D • ' 516. — olese, 516. Deroptypns accipilrintt», 621. /' (HT, ~ 19. Din Ion bron :é d A.méi ique — ocellé, 153, 709. — - Luvage, >>i.'S. Douve, il. ■ 12, Dromadaire, 123, 612, 649. Ei 1er, I Elan, 643. Eléphant, 1 10< ■!<■>. d' Afrique, 427; Epervier, 193, " 18. Etourneau, Eudemis, 319, I Euplocome nobte; Eupomotis gibbosus, faisan, 82, 129. — arg( até, 50. — doré, 34». — mikado, 647; — vénéré, 30, B. iiola hepatica, 2i:i. on pèlerin, Fourmi, Gerboise, lui . Girafe, 97. Glandina guttata, 87. Gnou. I Grenouille, 243; 358; H)&, 510. — bœ if, - Grillon .1 Italie, Grouse, 334. finie. 31, 19, 81, 12», 645. Guépard, l i0. i riiêpe, 512. Guêpier, 53, 82, 154. Hanneton, 1 19. Beterotnys, I Hirondelle, 31', », »3, 81, l l< Imeumon, il I. Insectes, \22, 211 Ithagine, 647. Jument, i"s. Lamantin. Lapin, Bl 122 — angora, 438* 51 Leucaspius delineatus, 24 i — itymph Liiun.ru stagnai — trunçalula, 684. Lyomis, l / i ■trtiti'i leucichtys, 510. Maehetes pugna ■ . M ir i. 61 768 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Marabout, 646. Martin chasseur d'Australie, 151. Martin des pagodes, 82. Meleagrina vulgaris, 517. Merlan, 382. Mésange charbonnière, 631. Moineau, 178, 643. Montandoniella Moraguesi, 120. Mouche bleue, 540. — verte, 541. Mouflon, 164, 138, 190. Mouton, 364, 470, 614, 681. Mus exulans, 470. Musareigne. "43. Nandou, 646. Nécrophore, 541. Nymphicus cornai us. 621. Oie, 646. — d'Egypte. 83. ciseau de Paradis, 620. Ondatra, 139, 158, 193. 437, 507. Oophlora semblidis, 322. Opossum, 43. Orycles nasicornis. 358. Osmia cornu ta, 481. Otarie, 741. durs gris, 164. Perche-Soleil, 508. Perdia barbata, 84. Perdrix, 310. 145. — des Bambou-. 300. — grise, 82. — rouge, 424. 710. Perroquet, 7 40. Perruche, 159, 618, 740. de la Caroline, 190. — ondulée bleue, 85, 440, 179. Pescey Rey, 87. Petite noire (Abeille , 449, 181. Phlœtribus ficorum, I20. Phoque, 741, Pic, 155, 158, 350, 393. 479. Piéride, 123. Pigeon, 478, 619. — ramier. 30. — voyageur, 655. Pingouin (Grand , 251. l'intade, 646. Pluvier a collier, 640. Poisson-Chat, 508. Porc, il Poule phénix, 55. — sultane, 51, 350. l'u/'/iiius Anglorum, 155. Pulvinaria canalicola, 131. Puma. 164. Pyrale, 319. Râle, 12'.'. Rat, 640. — Coypou, 742. Renard, 507. — bleu, 742. Rhabdophaga rosaria, 2 Rhysotrogue, 511. Roccus lineatus, 94. Roitelet huppé, 636. Rouge-gorge, 761. Sardine, 117. Sandre, 553. Saumon. 509. — à dos bleu, 95. de Californie. 91, 95. — de fontaine, 388. Serin blanc, 140. Serpents venimeux, 743. Spratt, 117. Stercoraire, 610. Strongle, 361. Syrrapte paradoxal, 44u. Talégalle, 738, 7 15. Taureau sauvage, 644. Termite, 483. Tes lu do argentina, 217. Tetrao tetrix, 333. — urooallus, 332. Thrips vulgaiissima, 11. Tichodrome échelette, 440. — des murailles. 82. Tinamou, 299. Tortue, 33. Troca>, 517. Troglodyte, 636. Troupiale, 166. Tuuracou, 620. Truite, 116, 382. — arc-en-ciel, 95, Vache, 457, 171. Vanesse, 123. Vanneau, 30. Vautour, 542. l espa germanica, <\'->. — sylvestris, 90, \ ipère, 1 18. INDEX ALPHABÉTIQ1 I DES A ÉGÎ fAUX (69 INDEX ALPHABÉTIQl E DES VÉGÉTAUX Ml NT10NNÉS DANS Cl VOl UME Icacia albida, lui. — ulaxacanlha, lui. — australien, 561 . Adansonia digitala, 69. /Eleopfiorbia drupaa Aframomum cereum, :il " — Melegueta, '-'A'. Agaoe americana, 342. heteracantha, 6'.'". — Houlleliana, 248. ngida, — var. elongafa, — sisalana 248, 342 - textiles, HT. Mliizzi'i Julhbrissin, 324. I.,' ),/„■/,-. [04. — m' m h, 324. Algue alimentaire, • Alitant asc ilonicum, 'M>. — Ce Bar ter i, :; l Aniiiniin phalloïdes, - Amaranthui caudatus, 'l'A. Ampélopsis Veifchi, Anacardium occidentale, Ananassa saliva, :iii . . i Iropogon citratus, 387. — Sorghum, 386. — v.ir. 8accharalum, 3 il — — v;ir. sanguineum, Anogeissus leiocarpus, 105. Anona muricata, 67. — S'iuiim.isa. 67. i | histiria axislral\ t, < I Antiaris africana, 315. i oeAia /'.'//'".v >8 .irindvi) / — vulgai is, 388. Banane Bananier, 327. Baphia nitida, "s. Base/fa a/fca, 242. — ™/<;w. 242 /}/.'(/ Orellana, l isli;/liin sapida, Bœhmeria ni"pn. Borassus selhiopum, 345. B) assica olenicen. ><~. Rromus Schraderi, 549. Broussonetia papi/rifera, 561. Bryophyllum calycinu ,101 Bu/nesta retamo, 219. Butyrospermum Peu kii, 1 33, Cacaoyer, 531. ilpinia Bonducella, — pulcherrima, ' I. ms indicus, Caladium esculentum, .'iii. Calotropis /< »16. (iim/iiinul'i rotondifolia, 561. Canaigre, 104. i',uiiiriinn occidentale, ' ■ — Schweinfurthii, 74 Canai alia en'sifon Cannab ■ un indica, var. orientalis, Canne a sucre, Caoutchouc, D ■ ■ f 7 70 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Carica Papaya, 106. Capsicura ahyssinicum, 137. — iDIVKUiii. 13". — — var. ovoideum, 137. — cordiforme, 138. — frutescens, 137. Cassia alata, 79. — Sophora, 79. Ceida jieiiliiin/riim, (19. J Celtis integrifolia, 315. Celosia argentea, 242. Ceratotheea sesamoides. 239 Cercidium andicola, 219. Cereus tricostatus, 324, 556. Cerisier, 420. Champignon. 250. Chasmanthera dépendons, 67. Chataigmr. 246. Chenopodium album, 259. — amaranlicolor, 248. — ambrosioides, 212. Chlorophora excelsa, 316. 110. Chorisia speciosa, 549. Chrysophyllum africanvm, 133. Cissus quadrangularis, 73. Citrullus vulgaris, 107. Çilrus Aurantium, var. aman*. 73. — var. dtdcis, 73. — medica, var. limonvm, 73. — neo-caledonica, 63, — nobilis, 73. Clitoria ternatea, 76. Clématite. 247. l 'occulus Leaeba, 67. Cocos nue i fera, 346. ' '"//'<'« anihirii. 109. — excelsa, 359. — Uberica, 109. — stenophylla, 109. C'ojt; Lacryma-Jobi, 38& CoJa acuminata, 72. — Dalla,/,. 72, 111. — cordifolia, 72» — ii ili ,1a, 71. — verlicillala, 72. r„/,'j/.v /)«;o, 240. — I>r/;in'lliuii>is, 241. ni a lis. 211. lani/.iiiassieiisi.s, 211. — rotundifoliua, 240: ' nlle/ni riih-inlit. .',.', S. — \pm,,sa, 8 18. a aniiquomtm, 3< 1. nmiphoi a afriaetna, 74. ■ ilier, W9. .//.// //.s l(jliii(ns, 72. Corchorus olitorius, 72. Cardia Ma/nui, 136. — ;%>'«. 133. — plalylhyrsa, 135. Coriaui/ruiii sativum, 109. o.s bipinnatus, 389. Coslus a fer, 317. Criaiiiii giganteum] 3,12. — glaucum, 342. — SaniJeriaaiii/i. 342. — scabrum, 312. — yuccrflornm, 311 . Cucumeropsis Mannii. 107. Cucumis Melo, 107. Cucurbita maxima, 108. — /V/)o, 108. (■lirai ma hinf/ii. 317. Cymbopogon rilraius, 387. Cynodon dactylon, 503. Cyperus arliculaius, 346. — esculentii*. 346. Cyphomandra betacea, 137. Valura alba, 138. — fastuosa, 138. Desmodium Irijlorum. 76. Dioclea re fiera. 77. Dioscorca alala, 312. — cayennensis, 343. — lolocasisefolia. 343. — durnetorum, 313 — prehensilis; 3 53. — salira. :;i2. — var. anihropropk rua), 352. Diospyros mespiliformis, 133. Dolichos Lahlab. 78. lhar.r/ia frayra IIS. 343. Drimiopsis aroidaslrum, v.ir. I;aba- ni>/!, 34 l. Durai/la PI uiitii'ri . 250. Echium arboreum, 716. H'iiiri/a-amun, 719. — faslaosam. 7211. — Piai-uni, 718. — simples, 7 h'. — vulgare, 7 lu. — wildpretii, 719. Eichhorrria crassipes, 56%, "21. i'.hiis yitiueciisis. 126,345, 357, III. Eleusine Coracana, 3S7. Epinard, 249. Eragi os/ i, abyssinien, 387 Eriodendi . Euphorbia balsaviifera, 319. — elastica, 31 >. — //fi mentiana, 313. — laterifli — Lalhyris, :il 3. — l'oissoni. 313. — Krimititiu/i, 313. — /• e, 31 I. Ficus bembicicarpa, 316. — bibrocteata, 316; — O'/vAr/, 346. — Jollyana, 316. — Kenlingii, 316. Ixvigala, 1-20. — ntticfo, L20. — refusa, 120. — h/ ni lu. — macrophylla, 131. — rejiens, — RoAAo, — stipula ta, — trachyphylla, 316. — umbrosa, 316. — Vogelii, 315. Fleurya sesluans, :;lti. l'ii'iiii-iiliim officinale, 109. Funlumia élastictt, \l\. \.\\. \\\ . icia Kola, 69. Gelidium corneum, ■ Gloiopeltis i ••/(■/ 1 . i Glyphsea grewioides\ 'ri. nphrena globoaa, 242. typium arboreum, var. rosea, Tu. — — var. S'iii'/iiiiH'n, lo. — barbadense, 1 1 . brasiliense, ' I . •— lltC.I illl llUlll, 1 1 . — ll)ICl"i-lir/l'in, 10; — Nankùtg var. suudaurnsis, ~jk — obtusifolium var. o/i icmm. 19. — pi'nuidnuin. 11. — punctalum var. religiosa, 10. — — var. ntoei "/, 10. — I>ur/i)irn-.rriis. ~\ . — vitifolium, 1\ . illea robtuta, ! l tiuizotiii abyssinica, 110. andropsia ptntaphylla, Uxmanthus mullifloru*, 341. Ileniiuii/in cordigera, 51 //. ea brasiliensis, 126, 516. canmzfttntM, — Ibelmoschus, ■ — esculrnhi*. Hibii - ibdctriffxt, Il ./.'//)»! yu H ou s ■ l .. Hygropltila spinosa, . Hyptis spicigera, 241. faen thebaica, var n/a- Indigofera Anil, — tinctoria, 16. Inocarpus edulis, 506. / Bâta tas, 136. Irvingia gabonetisi*, Jacaranda mimosaefdUa, Jatropha Curcas, 31 I — gossypifolia, :i! ». — inul hjiiln. :;i i. Junipei "- Cedm&i ' Jute, H6. Kalanchoe crenala, 10 •. Im-iiIhi Foraleriana, Kei stingella geocarpa, ' i . Khaya grandifoioiia, HO. — senegalensis, 1 1. Kolat i< i Lactuca tara cacifolia^ I LO. Lagenaria vulgaris, 106. Landolphia Heudeletfii, I — owariensis, 134, ill. — senegaletisis, 134. Lanlana Camara, 240, ')98. — — var. acitleattt. 19 Larrea cuneata, 219. — divaricata, 218. Lavatera trimeslris, I sonia inermia, LOS. Leucaena glauca, 104i / // Echium (Les) arborescents 716 Eichhornia crassipes Emploi industriel de 1") en Indo-Chine . . . 561 Eléphant (L' de la mission du Fernan-Vaz 127 Faisan (Une enquête sur le vénéré 308 Faisans (Observations sur l'élevage des) et leur cantonnement. . . 129 Forel Krançois) 113 Gadeau de Kerville (Le laboratoire de spélébiologie d'il. } 213 Gibier (L'exploitati >n de la chasse et les réserves à) . . . 291, 329, Grenouilles (Les) de parc 498 Juniperus Cedrus (Le) 153 Lanlana (Le) camara Lapin (L'élevage du) angora Lavatera trimeslxis (Le) 696 Loukbinh Essais d'utilisation au du Cambodge '21 Mammifères (Notes sur quelques) importés de Gao (Haut Sénégal en France 97 Membres (Liste des, de la Société 4 Membres Liste supplémentaire des) de la Société Membres (Répartition géographique des) de la Société 24 Morille ! Un curieux cas de production de la) 502 Mouflon (Le) de Corse i 90 Moyen-Congo (La valeur de la partie du) cédée à l'Allemagne. . . 408 Musa Bas j oo (Au sujet du) ' 99 Oiseaux (Essais d'engraissement forcé des) de basse-cour au Ton- kin Oiseaux Les) exotiques d'Everbergh 611 oiseaux (Ligue française pour la protection des' 180 ondatra (L') ou Rat musqué 193 l'arc [Projet de) national 110. 201 Pics (La nourriture des aux États-Unis 393 Pigeon voyageur (Le). — Hypothèses relatives à sa faculté d orien- tation 65S Plantes [Eniimération des) cultivées par les indigènes en Afrique tropicale. 65, 104, L33, 239, 312, 341, 386 Pouliche Une) allaitée par une Chèvre 178 Pulvinaria canalioola 131 Récompenses Séance annuelle de distribution des 257 à Roosevell Th.) naturaliste 161 Rnminants Essais de traitements préventifs des strongytoses des . . 361 dre Soins à donner à l'élevage du) nérale du 22 décembre 19H 183 Slerculia acerifolia 364 ralégalli de Latham Ouverture et étude duo nid de) Thrips i.i vulgaire il rortuea L'élevage de comestibles au Japon 33 Troène Le en médecine el dans l'industrie 596 Traite Le Cardium edule dans l'alimentation de Le ... 382 Truite arc-en-ciel Dégénérescence de la Vé( Sur le polj rphisme de certaine 556 BIHLIOGR \lllli: TABLE DES GRAVI RES A ix-rn.ith \ Le chasseur tenant a la main un Loup \ ivant, 169 Altesse : demi sang anglo-arabe, 230. Antilope /urci/er, Il Arundinaria Simon \ et C. Iti- vière Graines fertiles d' grossi 631. Bisons dans le parc de ^ ellowstone, 162. Caribous à queue noire Bur le ter- rain de parade de *» ello"w stone, Cercain i Colin-. Coq ( Irganes génitaux d'un . 101 . Couguar sur un arbre, I Douve Œuf de grande . Douve ' Kuf de petite . 683. Douves l'hase- de destruction des), Echium Bourg manum Webb, 719. /' hium Piniana Webb et Berthe- lot, 718. Echium simplt , D. i " l '•. Kléphant atl Juniperus d rfi i W( bb el Berthe lot, Menu nu déjeuner amical du 18 Janvier 1912, : Muni].. us dan- le p Vellnw . stone. 163. i/ ia Basjoo Musa fa} 101 Ondatra (1/ . ou Rai musqué 197. i nus du pare de Yellow st< l'"ii- ristes regardant les . I < lurs gris, 165. Pouliche allaitée par une Chèvre, 178. Rédie, 6î Roosevelt Th. . I6i Sortie de l'abreuvoir. Domain Méjane I lamargue . 2 Tourterelle : demi-sa arabe. 231. miiUur.isAPiiiK Bois (D.). — Histoire des Légumes par G. Gibault l ,ih L'abbé . — La destruction des Insectes et autres animaux nuisibles, par A. !.. Clément 128 i beh L'abbé . — Le chasseur à tir. — Carnet de chasse théo- rique <-i pratique. — Les mammifères et les Oisi aux utiles a I a - ulture et à la chasse en France. — Le gouffre Sainte Marie. — rernes de Villiera. —Tournois. — Les gueules du cirque de Grimault, par Marcel Bidault de l'Isle !■"..(. heu Abbé). — Vers d'Afrique par Emile Mi- chel Gérons J. . — Les produits coloniaux par G Capus el D. Bois. . - pratiques pour les éleveurs de volailles par (i. E. J. W umy. R. \\ . - Études sur les gisements de mollusques c stibles des c.Mes delà France par M Joubin. . Vu MORin M. de . - L'année re 1910 \ i n i m A. — Importation aux Etats Unis des pai ■ Gipsy th et Brown-Tail Molh, par L. Howard el VV.Fiske. . ■ 76 BULLETIN I>E LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS /r« Section. — Mammalogie. Séance du 6 novembre 1911 — i décembre — 8 janvier u février i mars l,r avril 6 mai 912 4o sO 139 il:! 137 301 708 Section d'Etudes caprines. Séance du 6 niai lui 1 — il novembre — 22 décembre — 40 111 141 Section. — Ornithologie. Séance du 6 novembre 1911 47 4 décembro — M — 8 janvier 1912 1S3 5 lévrier — 347 — 4 mars 139 1er avril 178 6 mai 709 Sous-Section d1 Ornithologie. Séance du 26 janvier 1912 633 2.1 février — fi76 22 mars 726 26 avril — 753 .;'• Section. — Aquiculture. Séance du 13 novembre 1911 86 — Il décembre — 116 — 15 janvier i9!2 243 12 février 352 Il mars lis — lo avril — .'iuS — 13 mai — 733 /'" Section. — Entomologie. Séance du 13 novembre I9H 89 — 11 décembre — 119 — 15 janvier 1912 319 — 12 février — 149 — 1 1 mars — 181 — 15 avril — 510 — 13 mai — 5 10 5e Section. — Bolonitjuc Séance du 20 novembre 1911 18 décembre — 11 janvier 19 février |s mars 22 avril 20 mai '.M 2 56 245 323 1 1 5 450 :. *3 6' Section. Colonisation. Séance du 20 novembre 1911 's décembre — 22 janvier 1912 — 19 février IN mars 22 avril — 20 mai 61 124 : 57 122 155 516 735 Le Gérant : A. M un niEi \. i' — !.. Makbthbux, imprimeur! 1, rue Cassette. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANi Le but de la Société nationale d'Acclimatation de France est de concourt: 1° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'anima;> utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des rac nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagath, de végétaux utiles ou d'ornement. Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Danrii peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etabli, senients publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musée. Sociétés commerciales, etc.). La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membrl Donateurs, membres Bienfaiteurs. Le membre Titulaire est celui qui paye un droit d'entrée de 10 francs et ui cotisation annuelle de 25 francs. Le membre à Vie est celui qui paye un droit d'entrée de 10 francs et qui s'aflra chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 fiancs. Le membre Donateur est celui qui verse une somme d'au moins 500 francs. Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 franci son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de a liste des membres. La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompense Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant thé' riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeun» amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque me des séances spéciales de Sections : 1° Mammalogie; 2° Ornithologie et sa sous-sectio Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Entomologie; 5° Botanique et 6° Colonisatto Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour mei suels leur sont régulièrement adressés sur leur demande. La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et < Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'an maux à ses membres. Le Bulletin bi-mensuel forme, chaque année, un volume d'environ 800 pag« illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l'élevage des animaux, culture des plantes et particulièrement des faits d'acclimatation survenus en Fran< et à l'Etranger. 11 donne des renseignements les plus variés sur les animaux et 1< plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'histoire naturel (installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), etc., et< La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désii téressé ; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerc . adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être génér; et à la prospérité du pays. l'arm I. Mahsthk> x. i-npi inieur. 1, m» Cassett» 3 5185 00259 8959 r^- 'i*">