Sw? i tK9S _t' BULLETIN DE LA .r r SOCIETE LIIVNEEMNE DE N0RM4NDIE. BULLETICV DE LA r r SOCIETE LINNEENNE DE IVOHMA^DIE. HUITIÈME VOLUME. ANNÉE 1862-63. CAEX, CUEZ A. IIAHUKL, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE. Rue Froide, 2. DEBACHE, LIBRAIRE, RUE DU BOULOY, 7 ; PARIS , SAVY, LIBRAIRE, RUE HAUTEFEUIILE , 24. 186Z». AVIS AUX SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES DE LA SOCIÉTÉ LINNÈENNE- Nous prions les Sociétés , nos correspondantes , de re- garder, comme accusé de réception des ouvrages qu'elles ont bien voulu nous adresser, l'insertion au bulletin biblio- graphique de chaque séance des titres détaillés de ces mêmes ouvrages . IMPOSITION DU BUREAU DE LA SOCIETE Pour Tannée 1809-63. Président Vice-président. . . Secrétaire Sécréta ire-adjoint. Trésorier Bibliothécaire. . . mm. morière. Faucon, erdes-deslongchamps. MORIÈRE. Le Clerc. Perrier. La Commission d'impression des Mémoires est formée du Président , du Secrétaire et de cinq membres de la Société ; elle se compose ainsi qu'il suit pour l'année 1862-63 : MM. MORIÈRE , président. Eudes-Deslongchamps , secrétaire. Pierre. De L'Hôpital. Halbique. LUARD. Perrier. La Commission du Bulletin est formée de trois membres, dont voici les attributions : Zoologie : MM. Perrier. Botanique: De L'HÔPITAL. Géologie et minéralogie : Eug. Eudes-Deslongchamps. ■3^4^^-- EXTlî.Vri' STATUTS El RÉGLKiVlEM' 1)K LA SOCUEIK 1". La Société Linnéenne de Normandie s'occupe excki- siveincnt des sciences naturelles : zoologie, botanique et géologie (art. l""". des Statuts). 2". Elle se compose d'un nombre indéterminé de membres résidants, correspondants et honoraires (art. 2 des Slattiis). 3". Pour devenir membre résidant ou correspondant, il faut être présenté par deux membres résidants ou corres- pondants. 4". La Société publie, sous format in-4", , des Mémoires paraissant à des époques indéterminées (un volume tous les tiois ans environ). ^ .'>". Elle publie également un volume annuel de Bulletin, format in-8". , contenant : 1". le compte-rendu des séances; 2". les travaux dont l'étendue ne permet pas l'insertion dans les Mémoires; 3°. la liste des membres résidants et de ceux des correspondants qui ont adhéré aux présentes disposi- tions. 6". La Société n'imprime (jue les travaux inédits de ses membres. Ceux-ci sont autorisés à traiter avec l'imprimeur et le lithographe de la Compagnie , pour les tirag(>s à |)art ( texte et planches) qui restent à leurs frais. 7°. Les dessins et mise sur pierre des planches sont à la charge des auteurs. 8". Les mémoires, notices, etc., destinés aux publications de la Société, doivent être adressés, avant le 1". juillet de chaque année, à M. Eudes-Deslongchamps , secrétaire, l'ue de Geôle, 28, à Caen. 9". Les membres résidanis paieiU : un droii de diplôme de 5 fr. , une cotisation annuelle de 10 fr. , une amende de 1 )r. pour chaque séance obligatoire à laquelle ils n'auraient pas assisté. Ils reçoivent, sans frais, toutes les publications de la Société. 10°. Les membres correspondants sont soumis à : un droit de diplôme de 5 fr. , une cotisation annuelle de 5 fr. Ils ont droit au Bulletin. Moyennant une cotisation annuelle de 10 fr. , ils ont droit au Bulletin et aux Mémoires de la Société. 11°. Les membres de la Société n'ont droit qu'aux publi- laîions des années dont ils ont payé la cotisation. 12'. Les cotisations des membres correspondants sont reçues : à Caen , chez W M. Leclcrc, docteur-médecin, tré- sorier, rue St^-Annc-St. -Gilles ; Perrier, docteur-médecin, bibliothécaire , rue de Baveux, 17, et à Paris, chez M. Savy, libraire, rue Hautefeuille, 2/i. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1862. Présidence de II. tbel VAUTIER. Le Secrétaire annonce que la correspondance , assez nom- breuse et qui ne consiste guère qu'en accusés de réception d'ouvrages envoyés par la Société aux Sociétés ses corres- pondantes , de lettres d'avis d'envoi de la part des mêmes Sociétés , et de demandes de nouveaux échanges par des Sociétés qui ne sont pas encore en rapport avec nous , sera remise à la séance de décembre , ainsi que les nombreux ouvrages reçus en don et en échange, la séance d'aujourd'hui étant presque entièrement consacrée à des sujets d'adminis- tration. M. Isidore Pierre demande la parole, et soumet à l'Assem- blée la proposition suivante : Vous savez , Messieurs, que notre Secrétaire s'occupe, depuis plus d'un an , d'un travail très-élendu sur les grands reptiles fossiles des terrains secondaires du Calvados, Pendant sa longue et laborieuse carrière , il a recueilli de toutes parts de très -nombreux matériaux sur ces animaux, matériaux qu'il a dégagés de leur gangue avec autant de patience que d'adresse , et dojit il a fait de fort beaux dessins. Il en a été de même pour les restes de ces reptiles que possède notre Faculté des sciences ; pour ceux qu'avait rassemblés 31. Tesson et qui ont été achetés par le Brilish >Iuseum; pour ceux, si remarquables et si beaux qui ornent la magnifique col- lection de notre honorable collègue, M. A bel Vautier ; enfin à l'égard de tous ceux que possèdent d'autres personnes qui les ont confiés à noire Secrétaire pour les dessiner et les décrire. Ces nombreux matériaux fournissent prcsi[ue Ions des faits nouveaux , inconnus dans la science. Mous avons vu , avec une grande satisfaction que notre Secréiaire, a; rès avoir long-temps hésité à les mettre en œuvre, s'y est enfin décidé. Il nous a présenté , l'année dernière, plusieurs chapitres con- cernant la première partie de son travail, qui en comprendra encore deux autres ; mais celte première partie est presque entièrement achevée, et commencera d'être imprimée dans le courant de l'année où nous jiHons entrer. Il nous a succes- sivement soumis neuf planches in-i°. dont quatre doubles , qu'il a lithographiées lui-même , afin de diiiiinuer autant que possible les frais de celte publication. Notre confrère s'est occupé toute sa vie de l'anatomie et de l'osléologie des reptiles, tant vivants que fossiles. Il connaît toutes les cir- constances qui ont accompagné la découverte de ces débris, recueillis dans le (lahados et toutes les localités d'où ils pro- viennent, en un mot, pour mènera bonne fin une pareille entreprise. Vous vous êtes empressés de déclarer que la Société Linncenne était prèle à faire tous les sacrifices pour que cet ouvrage , qui couronne honorablement la vie labo- rieuse de notre Secrétaire , ne restât pas incomplet. Mais, ^lessienrs, si la bonne volon'é de la Société est grande , ses ressources sont bornées. J'ai pensé que ce serait le cas, on jumais, de nous adresser à la mniiificence du Ministre de l'instrurtii n |:ubli(ine , qui a donné tant de preuves de l'intérêt qji'il porte aux publications de notre Société , pour l'aiJer dans l'impression du beau travail de notre Secrétaire ; son zèle pour la science et ses nombreux travaux antérieurs le rendent digne de la bienveillance de — 9 — Son Excellence. Aussi, Messieurs, je vous propose de nous adresser le plus lot possible à RI. le Minisire, qui ne peut manquer d'écouler favorablement notre demande et d'y ob- tempérer , si la chose es; en son pouvoir. La Société s'unit , par acclamation , à la proposition de M. Pierre et charge son Secrétaire de la soumelire à qui de droit. 31. Eugène Eudes- Deslongchamps fait connaître l'étal où se trouve l'impression du VIT. volume du BuUeiin de la Société : toutes les planches sont faites et tirées ; il reste à imprimer quatre ou cinq feuilles el les tables. La fin des ma- nuscrits est entre les mains de l'imprimeur et il est à espérer que le volume paraîtra au mois de décembre , ou , au plus tard , au mois de janvier. Le même membre expose verbalement un aperçu sur les dépôts siluriens de la vallée de la Laize. Il rédigera cette note et l'accompagnera d'une coupe de terrain pour être in- sérée dans le prochain volume du BuUeiin , û \di Société y consent. La note sera imprimée dans une des prochaines séances. M. Abel Yautier, président, annonce qu'il vient de rece- voir du Ministre de l'Inslrut lion publique une lettre annonçant l'envoi d'une allocation de /tOO francs pour aider la Société dans ses publications. M. le Président donne lecture d'une lettre de M. le Préfet du Calvados , en date du 21 juillet , lettre qui n'a pu être soumise plus tôt à la Société , puisqu'elle était en vacances depuis le commencement de juillet. Dans cette lettre, M. le Préfet annonce que Son Excellence - 10 - M. le iMiîiisiie de l'Instruction publique emploiera volontiers ses bons offices auprès du Conseil d'État pour que la Société Linnéenne soit reconnue institution d'utilité publique , à la condition que l'inspecteur d'Académie, en résidence à Caen, sera de droit membre de la Société , assistera à ses séances mensuelles et à celles de ses Commissions. Après délibération sur la proposition du Ministre exposée dans la lettre de M. le Préfet , la Société , consultée , tenant compte de l'intérêt et de la bicnveilhince que Son Excellence a toujours témoignés à la Société pour ses publications, admet cette proposition. En conséquence, M. Vondryès , inspecteur d'Académie , en résidence à Caen , seia prévenu de la dé- cision de la Société et sera convoqué , comme membre résidant , pour toutes les réunions de la Société , mensuelles ou autres. L'ordre du jour appelle le renouvellement du Bureau el des autres fonctionnaires de la Société. M. Morière est nommé président ; lAI. Faucon vice-président; MM. Eudes- Deslongchamps , Morière , Faucon , Le Clerc et Perrier sont réélus à leurs fonctions respectives de secrétaire, vice- secrétaire, archiviste, trésorier et bibliothécaire. Les membres de la Commission d'impression sont : MM. Pierre, de L'Flôpit;iI , Halbique, Luard et Perrier. M. Perrier reni|)lace M. Morière, devenu président, et qui fait de droit partie de la Commission d'inipression. Commission du Bulletin : 31M. de L'Hôpital, Perrier et l'iugène Eudes- Deslongchamps. En quittant le fauteuil, M. Abel Vautier adresse à ses collègues l'allocution snivant<' : — H — ALLOCUnON DE M. A. VAUTIER, EN QUITTANT LE FAUTEUlf. DE LA PRÉSIDENCE. En quittant le faiileuil , permettez-moi , chers collègues . de vous exprimer ma reconnaissance pour les preuves que vous avez bien voulu me donner d'une affection si bien- veillante. J'ai été fier , Messieurs , de représenter à la réunion des Sociétés savantes une de celles qui ont obtenu des récom- penses : l'une pour la Société , l'autre pour l'un de ses membres , dont le nom , si connu dans le monde savant , a été applaudi par le i^Jinistre. La Société doit compter sur de nouveaux succès , auxquels la valeur personnelle de ses membres et leurs utiles travaux lui donnent des droits cer- tains. Déjà le Ministre, à litre d'eficouragemoiif , a élevé à ùOOfr. l'allocation ordinaire de 300 fr. En m'élevant à la |)résidcnce , chers collègues, vous avez fait preuve d'une grande indu'gence , car vous avez accordé à l'ami de la science ce qui n'appartient ordinairement qu'aux représenta nts de la science. Merci , mille fois merci de toutes vos bontés, et croyez que je serai toujours heureux, dans les autres positions que je vous dois , de donner à la Société et à mes collègues des preuves de la plus sincère aifection. >i. Morière , qui vient d'être nommé président, remercie, au nom de la Compagnie, M. A. Vautier de son zèle pour la prospérité de la Société , et de tout l'intérêt qu'il n'a cessé de lui témoigner en toute occasion. M de Mafhan annonce que l'ANiuelte à hausse-col 'Alauda — 12 — atpestns ) , oiseau d'Afrique et du midi de l'Europe , qui n'avait pas été signalé dans notre pays , a été tuée dernière- ment à Isigny , et qu'il possède ce rare spécimen dans sa collection. M. Fauvel annonce , de son côté , que trois spécimens de l'oie d'Egypte (Anser crgypiiacus) ont été tués, il y a quelques jours, aux environs du village d'Allemagne, près Caen , et que deux font actuellement partie de la colieciion de M. le docteur Delangle. Le même membre donne lecture de la note suivante ; I\OTE SYI^OIMTIIIIQIIE SUR OUELQUËS P.iilDERUS EUROPÉENS (Insectes coléoptères), Par m. a, FAUVEL. \°. Le Pœdertn minutus , Gautier des Cottes, de Turin (Annales de la Société entomologiqne de France, 1862, p. 76), est une variété insignifiante du P. limnophilus, Er., caractérisée par un écnsson brun-rougeâtre foncé. Cette modification de couleur se retrouve plus ou moins sensible chez des limnophilus que j'ai recueillis dans les Alpes , en Basse-Savoie et [\Iaurienne. Un exemplaire typique du P. minutus, que je dois à 1\L Chevrolat , et récolté par Trugui à Turin même , s'y rapporte exactement. 2°. A la même espèce apimrticnt , sans nul doute , le P. corsicus, Gaut. (Annales, 1861, p. 393), d'après ces ex- pressions mêmes de l'auteur qui , décrivant le P minutus cité pins haut, nous dit: « Il est encore plus petit (le — 13 — minuius j que mon P. corsicus , dont il difjcre par l'écusson roux au lieu d'être noir. » Or , ce minutus n'étant précisé- ment, je viens de le dire, qu'une variété à écusson roussâtre du limnophihis, et la descrijjtion du soi-disant corsicus con- venant bien à l'insecte d'Erichson, quoique des plus in- complètes, il me paraît opportun de réunir les deux Paderus en question. J'ajoute que l'habitat indiqué concorde avec celui du limnophilus , espèce plus particulière au Midi et aux montagnes. S". Il est également indubitable qu'on doit assimiler au P. riparius , Linn. , espèce répandue dans le nord et le centre de la France, le P. longicollis, Gaut. , de France {Annales, 1861, p. 393), quelque brève que soit la de- scription. Bien que les caractères essentiels, comme ceux tirés de la couleur des palpes , des mandibules , de l'écusson, etc., soient omis par l'auteur , les indications données de la taille, de la forme de la tète et du corselet suffisent pour faire preuve de l'identité. k°. Enfin il me paraît bon de réunir, jusqu'à plus ample informé, le P. venin cosus , Gaut., du Piémont {Annales, 1862 , p. 77 ) , au hrevipennis , Er. On trouve , il est vrai , des exemplaires de ce dernier un peu plus grands, à corselet et abdomen plus larges, à genoux plus ou moins obscurs ; mais ces variations , fréquentes chez les Paderus , sont in - dividuelles et entraîneraient , s'il fallait en tenir compte , à créer , aux dépens du seul longipennis par exemple , deux ou trois espèces , sinon davantage , pour peu que l'auteur eût des vues larges. 5°. Quant aux P. carbonarius et Pœderomorphus pedon- cularius de M. Gautier , je n'ajoute rien à ce qu'en a dit (Annales de la Sociéié eniomologique de France , 1862, Bulletin, p. vi ) M. de Saulcy, dont l'opinion ne peut manquer d'être partagée par les entomologistes sérieux. I — \!^ — Un dernier mol : Erichsoii ( Gênera , p. li5iJ ) donne , comme enlièrement lestacés, « toti testacei », les palpes maxillaires de son P. caligatus. — MM. Fairmaire et La- boulbène {Faune française, t. 1 , p. 571) reproduiseul celle description. Il y a là une petite erreur qui devait èlre, relevée, et qui l'a été par M. Kraalz (ISaiurg., p. 729), mais que je dois signaler à ceux de mes collègues qui n'ont pas l'ouvrage allemand sous la main. Ce n'est que par exception que le dernier article des palpes maxillaires est entièrement lestacé chez le caligatus, Er. ; en règle générale , il est largement brunàlre au sommet. On procède au scrutin, sur la nomination de MM. Douniel, député au Corps législatif ; René de Brébisson et Godey , médecin , à Balleroy , présentés comme membres corres- pondants dans la dernière séance. Ces Messieurs sont admis. La séance est levée. SEANCE DU !•'•. DECEMBRE 1862. Présidenve de 11. IIORIÉRE. Avant d'ouvrir la séance, M. le Président, nouvellement élu, remercie ses collègues de l'honneur qu'ils ont bien voulu lui faire ; il redoublera d'efforts pour se montrer digne d'avoir réuni leurs suffrages ; il engage les membres à donner souvent des communications et des mémoires écrits ; il rap- pelle les succès obtenus récemment par la Société , et chan- geant quelque peu un adage bien connu, il en fait l'application à la Société , en lui disant : succès oblige. CORRESPONDANCE. Un assez grand nombre de lettres sont déposées sur le bu- reau ; la plupart consistent en accusés de réception de volumes envoyés par la Société à ses correspondantes , ou annonces d'envois de celles-ci à la Société Linnéenne , parmi lesquelles se trouve une lettre du Secrétaire de la Société royale d'Ams- terdam , sous cette épigraphe : ISatura artis magistra, avec envoi de sept livraisons d'un recueil magnifique qu'elle publie pour l'avancement de la zoologie ; elle demande à entrer en échange de publications avec la Société Linnéenne. La Société accepte, et décide qu'elle enverra à celle Com- pagnie un exemplaire complei de son Bulletin. Une autre lettre du Secrétaire de la Société d'histoire naturelle de Neufchâtol, en Suisse, se plaint de ce qu'elle n'a reçu aucune des publications de la Société Linnéenne depuis 183:j. — Une — 16 — plainte analogue a lieu de la part de la Suciélé Liiméenne d'Angers, qui annonce n'avoir encore rien reçu de la Société Linnéenne de Normandie, quoiqu'elle lui ait fait parvenir tout ce qu'elle avait publié jusqu'ici. Il est probable qu'il ) aura eu confusion dans les envois de notre Société, parce qu'il existe à Angers plusieurs Sociétés savantes avec lesquelles nous sommes en correspondance. Toutes ces lettres sont remises à M. le Bibliothécaire. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. Revue des Sociétés savantes, publiée sous les auspices de M. le Ministre de l'instruction publique et des cultes. Mois de juillet, août, septembre, octobre et novembre 1862. Catalogue raiso7iné des plantes vasculaires de L'arroU' dissement de Cherbourg , par MM. Besnou et Bertrand Lachênée ; in-8°. , 257 pages. Cherbourg, 1N62. List of American Writers on récent Conchology , by George \V. Tryon ; in-S"., 68 pages. New-Yoïk, 1861. Address toilie geotogical section of the bvitisk Association of Cambridge, octobre 1862; in-8°., 16 pages, Dublin, 10 octobre. Address delivered to the anniversary meeting ofthe geo- togical Society of London , by professeur Huxley; in-8". , 30 pages. Londres, 1862. Note sur le développement du deltidium chez les Bra~ chiopodes articulés, par M. Eug. Eudes-Deslongchamps ; in-8°., 6 pages et une planche. Janvier 1862. Du terrain jurassique supérieur sur les côtes de la Manche , par M. Hébert; in-8'. , 16 pages. Paris, 1860. Sur l'argile à silex, les sables marins tertiaires et les calcaires d'eau douce du nord-ouest de la France, par M. Hébert ; in-8°. , 20 pages avec une planche. Paris, 1862, — 17 — i\o(e sur Us dislocations auxquelles est due la configuiaiion de la vallée de la Seine , aux environs de Rouen , par M. Fîarlé , ingriiiour des mines; in-8". , 13 pages. Paris, 1862. Essai sur l'histoire naturelle de l'archipel des îles Mar- quises , par M. E. Jardin; in-8"., hO pnf?es. (herbonra; , 1862. Essai d'un Calcdogue dis Mollusques terrestres et [luria- lUes vivants dans les environs de (her bourg et de Valogn(s, par M. Mare; in-8., 'i8 pages. Cherbourg, 1860. Coupe dans les terrains moyens, par iM. Gonhert; in-8"., M pages. Paris , 1861. Aofe sur le gisement de Glos , par M. Gonher ; in-8'\ , 23 pages, 2 planclies. Paris, 1861, Anniversaire séculaire de la Société d'agriculture et de commerce de Caen , par M. Is. Pierre; in-8'\, 72 pages. Caen , 1862. Discours d'ouverture de /a 28°. session du Congrès scien- tifique de France, par M. Gh. Des Moulins ; in-8''. 18 pages. Bordeaux , 1862. Discours d'ouverture de la séance publique du 24 janvier de la Société Linnéenne de Bordeaux , par M. (Ji. Des .Mdulins ; in-8'\ , 9 pages. Bordeaux, 1862. De la connaissance des fruits et des graines, par M. (h. Des Moulins ; in-8'., 32 pages. Bordeaux, 1862. Eclaircissement sur une question d'orthographe , par M. Gli. Des Moulins; in-8".. 8 pages. Cordeaux, 1861. Union des Arts; in-8'\, 68 pages. Marseille, 1862. Maître Jacques, n"\ de juillet, septembre et octobre. iNiort, 1862. La Vie des champs, l"'. et 15 septembre, 1". el 1.') oc- tobre, 1". et 5 novembre. Paris. 1862. — 18 — La Société a reçu , en échange de ses publications : Mémoires de la Société d'Emulation de Cambrai , t. XXVI, 2". partie, 3^ fascicule des Comptes-rendus. Cambrai, 1862. Mémoires de la Société d'Émulation de Cambrai, t. XXVII, 2\ partie. Cambrai, 1862. Mémoires de l'Académie d'Arras, t. XXXIII. Arras , 1861. Idem, t. XXXIV. Arras, 1862. Précis analytique des travaux de l'rîcadcmie impériale de Rouen, pour l'année 1860-61. Rouen , 1861. Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses pour 1860-61. Le Havre, 1862. Bulletin de la Société académique d'Agriculture , Belles- Lettres, Sciences et Arts de Poitiers , n"'. 68, 69 et 70. Poitiers, 1862. Annales de' la Société Linnéenne du département de Maine-et-Loire , t. IV, 2^ fascicule. Angers, 1861. Bulletin de la Société des sciences historiques et natu- relles de l'Yonne, XV^ volume, W. trimestre. Auxerre , 1862. Journal de la Société d'horticulture de Seine-et-Oise , n". 12. Versailles, 1862. Idem , n". 1, 2, 3, h. Versailles, 1862. Annales du Comice horticole de Maine-et-Loire , 2'. tri- mestre. Angers, 1862. Annales de la Société d'horticulture et de botanique de L'Hérault, t. II, n". 3. Montpellier, 1862. Bulletin de la Société des sciences naturelles de Neuf- chàtel, t. III, /»'. caliicr. Ncufcliâtel , 1855. Idem, t. IV, l''". cahier. 1836. Sitzuncjsbcricht , etc. Bulletin de l'Académie impériale de Vienne, classe des mathématiques et des sciences na- lurelles , XLir. volume, décembre 1860. Vienne. — 19 — Sitzungsbericlit, etc. BuUeiin de L'Académie impériale de Vienne, classe des mathémaliques ei des sciences nalti- relles, XLIII^ volume, avril l.Sfij. Vienne. Idem, 2 numéros. 1861. Idem, t. XLIV, juin 1861, 2 cahiers. Vienne , 1861. Idem, t. XLIV, juillet 1861. Niuterbericht , etc. Neuvième rapport sttr les travaux de la Société des sciences cl de médecine de Gicssen. Mai 1862. Abhandlungen , etc. Mémoires de la classe de physique et de mathématiques, des sciences de Munich, IX^ volume; Munich, 1862. VerzcKhniss dcr milglieder etc. Liste des membres de l' Académie des sciences , pour 1862. Munich, 1862. Zumgedachtniss o?i Jcan-Baplist Biot. Notice sur Jean- Baptiste Biot par Charles-Frederic-Philip de Martiiis ; iu-^r. , 20 pages. 1862, Cher Parthencgenesis , par Sichnld ; in-Zi". , 2.") page.s. Munich, 1862. Bijgdrogen toi de dierkunde , etc. Coninbuiions pour servir à l'histoire naturelle des animaux, publiées par la Société royale ISatura artis magistra d'Amsterdam, 1"". li- vraison, 1868. — 2''. livraison, 1851. — 3'". livraison, 1851. — W., 1852. — 5^, 1852. — 6^, 1856. — 8^, 1859. Verhandelingen , etc. Mémoires de l' Académie royale des sciences, IX*. voluiiic ;'in-8'\ Amsterdam, 186i. Jaarboek, etc. Annuaire de l'Académie royale des sciences ; \\\-^". Amsterdam, 1860. Verslagen, etc. Comptes-rendus des travaux de l' Aca- démie royale des sciences, XI^ volume; in-S". Amsterdam, 1861. Idem , XIP. volume. Amsterdam, 1861. The Quarterly journal, etc. Journal trimestriel de la Société géologique de Londres , février 1 862 , n". 69. — 20 — The Quarterly journal , etc. Journal trimestriel de la Société géologique de Londres , mai 1 862 , n". 78. Idem, mai 1862, n". 70. Idem, août 1862 , n". 71. Procès-verbaux de la Société des sciences naturelles de Philadelphie ; in-8', 1861. Depuis la feuille 7 inclusivement. Proceedings ofthe Academy of sciences of Philadelphia, n'\ 1 , 2, 3 et 6. l'hiladelpliie , 1862. Memoirs ofthe American Academy of sciences, nouvelle série, t. VIII, 1". partie; \n-!\°. Cambridge et Boston, 1861. Proceedings of the American Academy of sciences , vol. V, de la feuille 31 à la feuille l\%. Cambridge et Boston. 1861. Catalogue of publications ofthe Smithsonian Institution ; in-8°,, UU pages. Washington, juin 1862. Annual Report of the Board of ihe rcgents of the Smithsonian Institution , pour l'année 1860; in-8°. , UUS pages. Washington, 1861. Smithsonian Miscellaneous Collections ; in-8°. vol. I, II, lïl, IV. Washington, 1862. Residte of meteorological observations , from the year 185/j à 1859 inclusivement, publiées par l'Instilulion Smilhson. ; m-k". , vol. I. Washington , 1861. M. le Président doime lecture'd'une lettre de M. le comte Achmet d'Héricourt , annonçant qu'il compte publier un Annuaire des Sociétés savantes françaises et étrangères ; il demande les noms des membres du Bureau de la Société Linnéenne , et l'indication des principales publications faites pendant l'année 1862. ^\. le comte d'Héricourt ajoute, dans sa lettre , qu il publie en outre une Revue des tr.ivaux des Sociétés savantes françaises et étrangères. A cette lettre est — 21 — joiiile une feuille de souscripiion de 12 fr. pour Y/innuaire, et de 15 fr. pour la Revue. Quelcjucs meuibres font observer que M. d'Héricourt pourra trouver , dans le Bulletin de la Société Linnéenne , tous les renseignements qu'il demande , et que l'on peut éviter, en l'y renvoyant , une assez grande perle de temps et des frais de correspondance. Pour ce qui est des souscrip- tions, l'on fait encore observer que la Société Linnéenne n'a l'habitude de souscrire à aucun ouvrage ; qu'elle se contente des échanges qu'elle fait avec les autres Sociétés. M. Eudes-Deslongchamps remet sur le bureau une note de M. de Cauniont où il est question d'un sable calcaire d'alluvion, (pii se remarque sur les bords de la Dive et qui renferme , en énorme quantité, un petit polypier roulé , le Fungia o*- hitolites de Lamouroux ; il dépose en même temps beaucoup d'échantillons de ce polypier. La même espèce est assez com- mune dans la grande oolithe, à Ranville, à Luc, etc. ; mais elle est loin d'y abonder comme elle paraît le faire dans le sable remis à M. de Caumont par M. le docteur Pépin , de (Iroissanvilie ; ces exemplaires paraissent , du reste , avoir été triés. RL de Caumont se propose de revoir cette localité et d'examiner le sable alluvial pur , comme il a été déposé. Le même polypier, la mèinc espèce sans doute , se trouve aussi irès-communément dans l'oolithe milliaire, aux environs de Séez et probablement ailleurs. iM. Eudes-Deslongchamps entretient la Société d'un bolide, do couleur bleue éclatante, qu'il a observé le 29 septembre (le cette année , à 10 heures du soir , lui et son fils; et, par occasion , d'un auUe bolide, également de couleur bleue, observé à (aen le 27 novembre, à 6 heures du soir. 22 SUR DEUX GHA?sDS BOLIDES, DE COULEUR BLEUE, Observés l'un, le 19 stpteiubie, vm 10 iieares du soir, ei l'autre, le 27 uovembre 1862. Il n'est pas besoin d'ètie versé dans les études astrono- miques pour comprendre combien sont importantes les ob- servations détaillées faites sur les bolides qui s'approchent de la terre , ou tombent à sa surface. La théorie de ces corps singuliers, ou plulùl les conjectures faites à leur occasion , sont loin d'être admises sans contestation ; peut-être n'arri- vera-t-on jamais à expliquer leur nature, et à connaître exactement les régions qu'ils occupent et parcourent dans les espaces céleslrs; mais on peut espérer que, plus les bonnes observations se multiplieront, plus il y aura de chances d'arriver à une solution satisfaisante de cette grande ({ueslion. Les bolides sont les seuls courriers qui nous arrivent des espaces célestes , j'entends de ceux sur ies(juels nos moyens mécaniques et cliiujiipies nnis permettent d'exercer nos investigations. Nos yeux et les instrumenls d'optique et de mathématiques nous ont fourni une foule de révélations, lou- chant les corps occupant l'espace inliui , qui confondent l'im;igination et que notre raison refuserait d'admettre, si les prévisions des astronomes ne montraient, par leur accomplis- sement précis au temps et aux heures marqués, toute la puis- sance du calcul secondée par les instruments astronomiques. Quoique je sois complètement étranger à l'étude des astres , j'apprécie , comme un autre, l'imjwrlance de cer- taines observations que le hasard permet quelquefois de faire , et dont souvent la durée est tellement passagère qu'il — 23 — est rarement possible d'appeler d'autres témoins à constater le fait ; mais je me fais un cas de conscience de signaler à de plus compétents que moi ce dont le hasard m'a rendu témoin, A mon avis, il ne faut pas craindre d'entrer dans tous les détails qui ont précédé, accomi)agné et suivi l'apparition du phénomène: telle petite circonstance, qu'il semble superflu de relater , peut avoir sa valeur ; et si plusieurs sont sura- bondantes, au moins ne peuvent-elles nuire à l'observation. Le 19 septembre 1862 , vers 10 heures du soir (l'heure que marquait alors ma montre, n'étant pas très-exacte) , la nuit était sombre, quoique le ciel fût étoile partout. Le vent, qui avait été très-fort pendant toute la journée, s'était apaisé. Nous faisions alors, mon filsot moi, un tour de promenade dans notre jardin, à Angucrny, village situé à 8 kilomètres au nord- ouest de Caen ; nous discutions en marchant, et nous venions de nous arrêter pour mieux éclaircir un point de la discussion. 3Jon fils était placé de manière à regarder le nord, vers la mer ; quel({ues arbres peu élevés , un mur et deux maisons inlerrom|)aicnt à peine, de ce côté , la vue de l'espace libre du ciel. J'étais à un pas de dislance en face de mon fils, par conséquent je regardais vers le sud ; notre maison était en face de moi , ainsi que quelques arbustes et un bout d'allée du jardin. Quoique très-près de mon fils , l'obscurité était telle que je pouvais à peine distinguer ses traits. Tout à coup la figure de mon fils me parut éclairée d'une lueur très- vive, d'abord d'un blanc-jaunâtre, mais à laquelle succéda une teinte brillante d'un bleu très-\if et très-beau ; la nui- raille de notre maison, l'allée du jardin que je ne fixais pas pourtant particulièrement, les arbres, tout enfin et en même temps, fut éclairé des mêmes nuances successives que je voyais sur le visage de mon fils. Celui-ci s'écria aussitôt : Un bolide !... regarde !... Je me retournai immédiatement, mais — 2a — le globe bleu était déjà caché derrière la clieiniiiée d'une oiai- son voisine et ne laissait plus apercevoir qu'une auréole bleue qui disparut très-vile. Cependant la traînée lumineuse formée sur le parcours du bolide existait encore, et se montrait conmie celle d'une grosse fusée vclanle , sur une ligne droite un peu inclinée vers le sol. Nous pûmes juger très-bien sa direction et observer les étoiles situées sur son trajet et dans sou voi- sinage. Bientôt la traînée s'alTaiblit de largeur et d'intensité, se divisa par tronçons, et disparut : la durée du phénomène avait été à peine de trois ou (juaire secondes. >]on fils, beaucoup mieux placé que moi pour obser\er le corps lumineux, puisqu'il était tourné vers le nord, vit d'abord comme une grosse étoile filante partant de l'est et s'avançant vers l'ouest avec une excessi\e rapidité, d dont la traînée était très-brillante ; l'extrémité de la traînée qui marchait vers l'ouest s'épanouit comme une sorte de bouquet de feu d'artifice duquel s'élança , toujours vers l'ouest , un corps globuleux du bleu brillant le plus intense, scintillant, mais dont les étincelles qui en sortaient étaient d'une lumière blanche. La grosseur du globe bleu paraissaii égaler celle du poing. Dans l'origine, la traînée formait une lumière continue, puis elle parut formée d'étincelles. La marche de la traînée s'arrêta alors; apiès l'épanouissement, le globe lieu continua de s'avancer dans la même direction, éclairant de sa nuance le fond du ciel. Une cheminée d'un toit, interposée entre l'obser- vateur et le bolide, cacha bienlôl celui-ci; mais l'.iuréole bleue parut encore pendant (pielcpies fractions de seconde au-dessus de la cheminée. t.( s différences de couleur expliquent tout nainrellenieni la variation des nuances éclairantes (pie je venais de \oir sur le \isage de mon lils et les corps environnants. On peut juger de Tiiitensité de la liiuîière , puisqu'elle éclaira d'un |)lein jour tous les objets \crs lesquels j'étais tourné. — 25 — Le bolide paraissait être renfermé dans la traînée qui se déroulait comme un bas qu'on retourne. La couleur bleue ne s'est montrée que lorsque le globe a eu quille l'extrémité de la traînée. Nous ne perçûmes aucun bniit pendant la durée du pliéno- niène; mais l'agitation produite [)ar le vent dans les arbres eût été suffisante pour empccliei- d'entendre le bruit du bolide, en supposant qu'il en fût accompagné comme l'était celui (pje nous observâmes, mon (ils et moi, il y a cpielques années, h (^acn. Après nous être un peu remis de l'étonncnient où nous avait jetés rajtpariiion subite de ce magnifKpie phénomène , nous examinâmes les étoiles près desîpielks la trajectoire du bolide avait passé. J'avais précisément à la campagne une carte céleste. La lumière s'est montrée d'abord très-près de l'étoile S du cocher; elle a lilé droit, vers l'ouest, en se diri- geant un peu vers la terre, et a cessé d'être visible par l'inter- position d'une cheminée, après avoir passé par le milieu d'un petit groupe formé de trois étoiles qui paraissent appartenir à la Grande-Ourse et (jui sont marquées, sur ma carte, des lettres i//, / et u. Du lieu où nous étions, en supposant une ligne parlant de nos pieds et dirigée vers le bolide , elle eût formé, avec un plan horizontal, un angle d'environ 'ij' ; mais c'est une simple ajjprécialion : m)us n'avions pas d'instrijinents pour mesurer cet angle. i]i^ qui me paraît le plus remarquable dans rapjt.iiiiion de ce bolide, c'est sa belle couleur d'mi bleu intense, c'est-à- dire celle du corps sphéricpie qui sortit de la traînée; car celle-ci était d'une lumière blanchâtre. La couleur bleue que les artificiers produisent, pour la co- loration bleue de leurs feux , rapi)elle conijjlèiement celle de notre bîilide ; ils se servent, je crois, du chlorure de cuivre pour obtenir celle nuance. Ne pourrait-on pas supposer que notre bolide du 19 septembre contenait du cuivre, n'im- NO' • VO — 26 — p orte en quel état ? Je ne crois pas que ce métal ait été si- gnalé jusqu'ici dans les analyses des aréolites. Je transmis immédiatement l'observation de ce bolide à M. Élie de Beaumont, qui voulut bien la faire insérer dans les Compi es -rendus de l'Académie des sciences. Je ne sais si ce remarquable phénomène a été observé par d'autres personnes que |)ar mon fds et moi, du moins aucune observation pareille n'e.>t venue à ma connaissance. L'heure avancée , et le temps assez mauvais qu'il avait fait pendant toute la journée, expliquent assez qu'il y avait alors peu de personnes en plein air, à portée d'examiner le phénomène. Cependant M'"". Puiseux m'a rapporté que, vers la mi-septembre (elle ne se rappelle pas précisément la date), à St.-Aubin-de- Langrune, en se promenant sur le bord de la mer , elle vit une traînée lumineuse , comme celle d'une fusée volante qui marchait de l'est à l'ouest et qui lui parut se perdre dans la mer. Elle ne remarqua point cependant de couleur bleue. Serait-ce le même bolide que nous avons observé à Anguerny ? L'heure et la direction conviendraient assez, mais la date n'est pas certaine. La couleur bleue n'a pas été aperçue, et celte particularité était si remarquable, qu'elle aurait dû frapper les moins attentifs. Cependant, la couleur bleue n'a été visible qu'à peine pendant une seconde ; la traînée lumineuse est restée plus long-temps : 1M"'^ Puiseux n'aurait-elle vu que cette dernière, son attention étant ailleurs pendant l'ap- parition du globe bleu? Est-ce un autre bolide? On ne peut que faire des conjectures. Notre observation n'en est pas moins avérée et positive. Mais j'eusse été tlatlé que d'autres ({ue nous eussent observé ce magnifique phénomène céleste, et eussent ainsi corroboré notre observation, ou ajouté des détails que nous n'avons pu connaître. _ 27 — Bjlidr du 11 novembre 1862, Quaranlc jours après la date de notre observalioii, c'esl-à- dire le 27 novembre, un nouveau bolide a été observé à Caen, mais vers les six heures du soir, et un grand nombre de personnes en ont été témoins, non-seuloment à(]aen, mais dans beaucoup d'autres localités plus ou moins éloignées; la plupart des journaux en ont parlé : il a été vu à Rouen , au Havre et ailleurs; mais je ne l'ai pas vu : j'étais à Caen pour- tant, mais enfermé chez moi. Beaucoup de personnes qui l'ont vu m'en ont parlé , ei ce qu'elles m'en ont dit n'était pas plus précis que ce que j'en ai lu dans les journaux. La plupart des témoins s'accordent cependant à dire qu'il ré- pandait une lumière bleue , et cette ressemblance avec celui dont je parle dans le commencement de cette note, mérite beaucoup d'attention. Je me bornerais à signaler cette cou- leur si je n'avais reçu, le 2 décembre, une lettre de M. Alexandre Herscliel, de Nevvcastle, attaché à la Commission de l'Association anglaise pour le relevé annuel des météores, étoiles filantes et aréolites qui tombent sur la terre. Il me demandait des renseignements sur le bolide du 27 novembre. Je n'ai pu satisfaire que bien incomplètement à la demande de iM. Herschel , et sa lettre me fournil des renseignements beaucoup plus précis que ceux que j'ai pu lui donner. En Angleterre, ce météore a été observé à six heures moins dix minutes, à Nanthan , à Croxiioume , à ^^estminster , à Clapham, à Chizzlehairst , à !\Iallinghani , à Pecham-Rye, à Douvres, à llawhurst , à ^yindsor ; et , d'après sa direction , on pensait, en Angleterre, (|u'il avait dû éclater aux environs de Caen, ce (pii n'est pas. comme on l'a vu p'us haut. Toutes les observations anglaises s'accordent à dire qu'il était d'un bleu magnifique , sui\i d'une traînée lumineuse, rouge sui- vant les uns, blanchâtre suivant les autres. — 28 — Je ne doiineryi pas tous les détails (|ue conticiil la lettre (le iM. Ilcrscliell, relatifs aux divers points où le météore igné a été vu en Angleterre et qui seront consignés, sans doute, dans les Eplicmcrides dv l'Association anglaise, où les savants (jue les bolides intéressent pourront aller les chercher. Mais il est fort remar(|nal)le que deux bolides de couleur bleue aient paru à peu près dans les nièe.ies régions du ciel, à un n)ois et demi d'intervalle : le [iremier s'y étant montré quatre heures plus tard que le deuxième ; il y aurait peut-être de bons renseignements à tirer de ces deux laits. iM. Peirier lit une note de M. Duhamel , correspondant à Camembert , sur un état de prolification du Scabiosa atro- purpurea : PROLUICATION UC SCABIOSA ATROPIRPUREA , Par M. Dlhamel (de Cumembeil), membre coirespoiidaiit. Depuis plusieurs années, j'ai observé le développement anormal de cette jolie dipsacée que je cultive dans mon jardin. L'.nnnée dernière , plusieurs pieds ont donné une floriparité assez curieuse : au-dessous des fleurons extérieurs se dé- veloppaient sept à huit pédoncules mesurant 6 à 8 centi- mètres de longueur, portant chacun une llenr ; puis, sur le même pied, au-dessus des llrurons extérieurs normaux , se trouvaient huit à dix pédoncules munis ég;demeni de Heurs. (iette année, j'ai remarqué la même anomalie avec hyper- trophie des folioles de l'involucre, qui sont pinnatifides ; puis, comme je l'ai déjà dit, an-dessous, tantôt au-dessus des fleu- rons partent des pédoncules, au nombre de dix à douze, d'une longueur de 8 à 13 centimètres, portant chacun une fleur fromlipare. Du milieu de cette fleur, s'élèvent quel- — 29 — quetbis plusieurs pédoncules qui se raiiiilienl cl donnent des fleurs ayant la même anomalie que la fleur-mère ; c'est-à- dire que ces secondes fleurs donnent des fleurs tertiaires. iM. Moquin-Tandon [Tératologie végétale , \\ 381) cite une observation analogue de ^I. lîoivin, faite sur le Scabiosa coiumbaria, dont presque toutes les fleurs se trouvaient por- tées par des pédicelles très-allongés, et en même temps plu- sieurs d'eutr'elles s'étaient multipliées et formaient déjà un petit capitule assez analogue au capitide primitif. ( liote du Secrétaire de la Société. ) M. Terrier dépose une note sur des localités nouvelles de plusieurs plantes rares en Normandie : LOCALITKS NOUVELLES DK PLANTES UARES EN NORMANDIE, Par M, le docteur Peurier 1861-62). Ccntunculus minimus, L. — Lieux humides. Frenay-Ie- Samson (Orne). Leontodon hastilis , L. — Pelouses argileuses. Monts d'Ai- grefin, près Chamboy (Orne). Gentiana germanica , yi'xWA. , ai var. veriicillaïa. — Pe- louses des terrains crayeux. Survie ( Orne). Epipactis atrorubens^YkQxoh. — (Coteaux crayeux. Sur\ie et bois d'Auge, près Trun ( Orne ). Epipactis violacea, Durand-Duquesnay. — Bords des haies des terrains argileux et bois. Champosoult et forèl de Gouffern (Orne). Androsœmum ofjichiale , Ail. — Bois. Bois d'Auge, près Trun ( Orne ). Linaria ochroleuca, Vtvth. — Haies. Liitry (Calvados). — 30 — MelUotus leticaniha , P.ocli. — Champs ciillivés. Douvres ( Calvados). Agrimonia odorata, iMill. — Champs d'ajoncs, Orbois (Cal- vados). Cirsium semipectinatum , Reich. — Bords des étangs. iMM. Eudes-Deslongchamps père et fils présentent, comme membre correspondant, !\I. Colteau , juge-snjipléanl au Tri- bunal d'Auxerre. iMM. Perrier et Fauvel présentent, comme membre cor- respondant, M. Léon Yvcr , ornithologiste, au château (\u Quesnot, près St.-Lo (Manche). MM. Pierre et Morière présentent, comme membre cor- respondant, M. Lepage, pharmacien-chimiste, àGisors (Eure). MM. de Caumont et Morière présentent, comme membre correspondant, M. Pépin , doctenr-niédecin , à Croissanvilie. La séance est levée. SÉANCE DU 12 JANVIER 1863. Présidence lie II. BI0RII<:RE. Le VIP. volume du Bulletin est distribué aux membres présents. La Société , consultée sur l'opportunité de com- mencer le VIIP. volume pourl8G3, donne son consente- ment. CORRESPONDANCE. Il est donné lecture d'une lettre de M. Abel Vaulier, qui s'excuse de ne pouvoir se trouver à la séance du 12 janvier, étant forcé, ce jour-là même, d'assister à la rentrée du Corps législatif. Il transmet en uiême temps une lettre de son collègue au Corps législatif, M. Doumet, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres corres- pondants ; — d'une lettre de M. Champion Dubois de Man- souly, colonel du 8^ régiment de lanciers, qui remercie la Société de l'honneur qu'elle a bien voulu lui faire en l'ad- mettant au nombre de ses membres correspondants; — d'une lettre de M. Derache, libraire , à Paris, annonçant l'envoi d'un paquet de livres pour la Société , et en même temps que la vente des publications de la Compagnie a été très-faible Cette année ; — d'une lettre de M. Rlarignac, secrétaire de la Société d'histoire naturelle de Genève, annonçant l'envoi du tome XVI, 2^ partie, des Mémoires de cette Société. M. IMarignac s(; plaint que , depuis 185/i , époque où le IX*. volume des Mémoires de notre Société lui est parvenu , il n'en a pas reçu d'autres; que, (juant au Bulletin, Genève - 32 — n'a roçu ([ue les loiiKh 1 ol V. Remise de celle lellie à M. le Bibliolliécaire pour y faire droil ; — de deux lettres de I\I. >Valliembeig, secrétnire de l'Académie des sciences de Stockholm , luinonçaul l'envoi de plusieurs volume» pour la Société Linnéeune ; ■ — de deux lettres de iM. Schrosler , secrétaire-général de l'Académie impériale de Vienne, l'une annonçant l'envoi de plusieurs ou\ rages pour la Société Linnéeune ; l'auirc accusant réception de plusieurs des pu- blications de celte Société , mais indiquant plusieurs lacunes dans l'envoi de ces mêmes publications, (les lettres sont re- mises à M. le Bibliothécaire. OUVRAGES r.EÇrS PAR LA SOCHÎTI-:. La Société a reçu, en don : De la part de M. le Alit)istre de l'iaslruclion publique : Revue des Sociétés savantes, de la feuille 1^ à la feuille 17. Bulletin bibliographique des sciences physiques, natu- relles et mcdicalis. In-tS". , de la i)art de M. Baillière , li- braire. La vie des champs , journal de quinzaine. \". septembre, 1". et 15 novembre, 1". décembre 1862. Revue des plantes critiques ou nouvelles de la Seine- Inférieure. 1"". mémoire, par M. Maibrauclie. Quatre mémoires (autonomie du gcme Schufjia.— Note sur une publication récente sur des vrilles de la vigne vierge, — Vilis borealis americana , par M. Charles Des Moulins ; in-8". , 6^1 pages. Bordeaux, 1802. Les Beaux- Ans. Revue de l'art ancien et moderne, t. VL 1". livraison, 1". janvier 1863. Éludes sur la production agricole et la richesse saccha- rine des betteraves ensemencées à différentes époques , par Lug. Marchand. 1861. — '66 — f.a Sociétré a reçu, en échauge de ses publicaiions : Mémoires de la Société d'agriculture , des sciences , arts cl belles-lettres du département de l'Aube, 1". et '2'. tri- mestres de 1862. Troyes. Société académique des sciences, a>ts, belles- Icit' es et agriculture de St. -Quentin (Aisne), 3". série, I. III. Sl.-Quenliii, 1862. Mémoires de la Société impériale d'agricultwe , Siicnas et arts d'Angers, t. III, k". cahier. Angers, 1860. Id., I. IV, 1"., 2^ et 3'. cahiers. Ang«rs, 1861. Annales de In Société impériale d'agriculture , industrie , sciences , arts et belles-lettres du département l'e la Lo.ir«i , t. IV, 1"., 2^, 3'. et Zl^ livraisons. St.-Kiieni;e, 1860. /(/., id., t. V. St. -Etienne, 1861. Bulletin de la Société centrale d'IwrticuUure de acn et du Calvados (année 1861 à 62) ; iii-8°. (^aen , 1862. Zeitschrifl der Deutschen geologischen gesellschaft , l'-j*. cahier, février, mars, avril 1862. Berlin , 1862. The Quarterly journal ofihe geolugical Society, n". 72, novembre 1862. Londres. List of the gcoloyical Society ofLondon;\ï\-^"., "66 page.*-'. Londres, 1862. Tlxe Charter and Bye-Loivs of the geotogical Society of London; in-8". , 28 pages. Londres, 1862. Bulletin delà Société Vaudoise des sciences naturelles, t. VII, n". /i9. Lausanne, septembre 1862. Bulletin de la Société des sciences naturelles de IScuf- châtel, t. IV, T. cahier. Neufchâlel, 1857. Die fossiles Molluskcn des tcrtiar-beckcns , von Wien , par le doc'eur Moriz-Burnes, 5". vol. Bivalon, petit in-f". Jahrbuch des Kaiserlich-Kvniglict.en geologischen reich- sandtali. W. vol., 1861, et \il^ v2; grand in-8". Vienne. — 34 — Reyisier zu den baenden, 31 bis, U2, der Sitzungsbe- richt, t. IV. Wieii, 1862. Siizungsbcricht der Kaiser liches , 7 cahiers, 1861. Vienne, 1862. Kongliga Svenska fregatten Eugenies, etc., botanique, t. II; in-6°. Stockholm, 18)1. Kongliga Svenska fregatten Eugenies, elc, zoologie, t. V. Slockhohn , 1861. Kongliga Svenska Veienskaps akademiens handlingar , tradjet bandet ; in-l\°., 1859. Kongliga Svenska, etc. ; \n-h°. Stockholm, 1860. Ofversigt of Kongl. Veienskaps akademiens forhand- lingar ; in-8"., 1860. Stockholm, 1861. Id., id., 1861. Stockholm, 1852. Beskyddare hans maj : Tommgen; in-8°., 1 feuille. Oni-faunan och fiskcrierna : Norrboiiens Lan; in-8°. Stockholm, ^0 pages, 1861. Memoirs ofthe geological Surveij of India; in-/i". , vol. III, part 1, avec carte. Calcutta, 1861. Annual Report of ihe geological Survey of India for ann. 1860-61. 16 pages, avec une carte. Calcutta, 1861. Mémoires de l' Académie impériale de Dijon , 2^ série , t. IX, 1861. Dijon, 1862, in-8''. Société des sciences naturelles de l^Ardcche , jeudi 6 no- vembre 1862 ; in-8°. , 1 feuille d'impression. Annales de la Société d'agriculture , sciences, arts et commerce du Pny, t. XXill. 18(i0. Compte-rendu des travaux de la Société de médecine de Caen, pendant les années académiques 1861-62, par le docteur Eugène Poslol. Bulletin de la Société des sciences historiques et na- turelles de V Yonne, année 1862, XVI'. volume, 1". el 2'. trimestres. — 35 — Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire , XI*. et WV. vol. Angers, 1862. Mémoires de la Société de physique et d'histoire na- turelle de Genève, t. XVI, seconde partie. 1862. Bulletin de la Société académique d'agriculture, belles- lettres, sciences et arts de Poitiers, iv\ 71. Rnltelin de novembre 1862. /annales de la Société d' horticulture et de botanique de l'Hérault, t. II, n". h. 1862. Journal de la Société d'horticulture de Seine-et-Oise : n". 5, mai 1862; w". 6, juin 1862. Mémoires de la Société impériale d'agriculture , de sciences et d'arts, séant à Douai, t. VI. 1859-61. i\l. Eudes-Deslongchamps donne lecture de la noie sui- vante : 8LTR UN FCETUS ABORTIT^ DE I^APIX M eo même temps qae cinq petits lapins i terme et bien vivants. Le 30 août 1862, IM. Pagny , chef d'insiilulion privée , à Caen, me remit une petite masse charnue, arrondie de 2 centimètres h peu près de diamètre , assez ferme , à surface un peu granuleuse , rougeàtre , qu'il venait de trouver , le matin, dans une caisse où était logée une lapine pleine, et qui avait mis bas, pendant la nuit, cinq petits bien formés et bien vivants. Celte masse charnue se trouvait à l'une des extrémités de la caisse, tandis que les petits et la mère étaient tapis à l'autre extrémité. Une membrane molle, (pioifpi'assez épaisse, recou\rait — 36 — une pallie de la surface de la masse charnue , et laissait apercevoir à travers, mais difficilement, une sorte d'tcîY assez gros et aplati ; tout le reste était indistinct. Je crus d'abord à un cas de monstruosité du genre des violes, ou mylacè- phales , quoique la présence d'un œil pût faire présumer l'existence d'une lèle. Je plaçai la masse charnue dans l'eau, et , au moyen de pinces et de ciseaux, j'enlevai par lambeaux la membrane qui recouvrait partiellement la masse ; je dé- couvris bientôt un fœtus ratatiné, aplati , tenant encore à son cordon ombilical, qui se rendait à la masse, laquelle était évideuiment un placenta ; il n'y avait point de liquide dans la cavité que remplissait ce fœtus; sa tèie, ses yeux, ses oreilles étaient assez développés , mais aplatis et comme comprimés; le tronc et le cou avaient une longueur à peu près double de celle de la tète ; les membres étaient peu développés, mais les doigts étaient bien distincts ; de même que la tête , le tronc était aplati et déprimé. Je ne poussai pas plus loin la dissection , qui ne m'eût appris que ce que tout le monde sait du développement du lapin , l'intérêt de celte pièce n'étant pas là. Le développement du petit ani-nal était h peu près à la moitié de celui que présenterait un lapin dans le cas de ges- tation normale. N'était-ce point un cas de superfétation ? Je ne connais point de cas bien et dûment constaté de véri- table superfétation dans les animaux dont les cornes de la matrice sont distinctes et s'ouvrent séparément dans le vagin, comme c'est le cas chez les lapins, lièvres, etc. La chose ne paraît pas impossible , si l'une des cornes de la matrice était vide au moment où se sérail eiïectué l'acte de la super- fétation ; mais , dans le cas actuel , il est difficile de croire que les cinq petits lapins se seraient développés dans une seule des cornes, et que l'autre n'aurait contenu que le — 37 - lœtus surajouté. Puisqu'il y avait cinq petits et un avorton , il est à croire que trois étaient dans une corne , les deux autres et l'avorton dans l'antre coi ne. Comment supposer que l'œuf, dernier fécondé, eût pu, dans ce cas, recevoir l'in- fluence spermatique du màle? Comment l'œuf aurait-il pu même se rendre dans la corne ? iMais il est inutile de se perdre en conjectures sur les comment et les pourquoi ; les renseignements qui m'ont été fournis par M. Pagny sont de nature à repousser entièrement la possibilité d'une super- fétation. Pour donner toute l'autlienticiié possible aux circonstances (jui ont accompagné la gestatiiiu de la lapine , je priai M. Pagny de me donner une noie reiataiu ces circonstances. Je la transcris : M La laj)ine n)'a été donnée du 2') au 30 juin dernier, je « ne me rappelle pas précisément le jour. Elle n'avait pas « encore porté. Elle avait passé, la veille, cinq ou six heures « avec son mille. Je la plaçai dans une caisse chez moi. (1 Pendant la gestation, elle n'a pas été couverte de nouveau, « puisque je n'ai pas de lapins mâles, ni même d'autres « femelles. « Il est probable que je suis arrivé peu de temps après <' la mise bas du fœtus abortif ([ue j'ai remis à M. Eudes- « Desiiingcliamps. Au moment où j'ai ouvert la caisse , la « lapine \c flairait et le léchait encore. Allait-elle le manger? (( A l'extrémité de la caisse , j'ai trouvé cinq petits lapins (1 parfailcment conformés et recouverts du poil de la mère ; (( il n'y avait aucune trace de placentas, ni dans la caisse, « ni dans le nid. Les lapines ont- elles l'habitude de dévorer « le placenta comme le font les chiennes (1) ? n (\j Celle liabitucle parait comimine à pie>;c|ue toutes les lenielles des mammifères. — 38 — Ce n'est donc pas ici le cas d'une supertélalion. Mais il serait possible que plusieurs faits regardés comme tels fussent le résultat d'un pareil avortement , dans des circon- stances où l'on ne pouvait constater, avec la mCme certitude, (juo la superfélalion n'avait pu avoir lieu. L'observation de M. Pagny se rapporte nécessairement h la mort prématurée d'un des fœtus, et à un commencement de résorption de ce fœtus, après sa mort. 11 n'exhalait aucune mauvaise odeur, et ne portait point de traces d'un commen- cement de putréfaction. Sa présence ne paraît avoir occasionné aucune inflammation dans la corne utérine. Les exemples de résorption de fœtus, plus ou moins déve- loppés, ne sont pas très-rares dans l'espèce humaine. Les cas de grossesses extra-utérines où le fœtus, ne peut être ex- pulsé, n'entraînent pas toujours la mort de la mère : tantôt ils déterminent des inflammations suivies de collections pu- rulentes qui peuvent s'ouvrir à l'extérieur, et guérir ; tantôt ils occasionnent de simples tumeurs qui diminuent peu à peu, c'est-à-dire qui sont résorbées plus ou moins complètement; et l'on trouve, après la mort des mères arrivée par d'autres causes, des ossements de fœtus, des dents, des cheveux, etc. Il est à croire que, chez la lapine de M. Pagny, l'un des fœtus est mort vers le milieu à peu près de la gestation , et que les parois de la corne utérine avec le.squelles il était en contact en ont commencé la résorption , d'abord par les liquides, en les desséchant pour ainsi dire, et qu'elles eussent fmi par absorber le placenta et les parties charnues du fœtus, si la gestation eût pu duier plus long-temps; mais lorsque le moment de la mise bas est arrivé pour les autres petits, le fœtus mort, et déjà en partie résorbé, a été expulsé comme les autres. Il est présumable même que le fœtus mort se trouvait dans la partie la plus reculée de la corne, vers l'insertion de la — 39 — trompe : s'il eût éié le plus voisin de l'orifice de la corne dans le vagin , ou même le second, par sa position, il eût été expulsé avant le dernier situe de son côté , et la mère l'eût dévoré comme elle a dévoré les placentas de ses autres petits. M. P.igny arriva assez à temps pour que la disparition de l'avorton n'eût pas lieu. Des cas analogues ne sont proh^.blement pas rares; mais la mère, en les mangeant, les fait disparaître, et l'on ne se doute pas même de ce qui est arrivé. Toute siuiple que soit l'observation due à !M. Pagny, elle m'a paru mériter d'être consignée dans les annales de la science. 31. de L'Hôpital lit une note sur deux plantes nouvelles pour la flore de la Normandie. XOTK SDR DEUX PLANTES NOUVELLES FOUR lA FLORB NORMANDE. Poterùirn mun'catum, Spach. Loc. Petits talus herbeux des Cliamps-St. -Michel, à Caen. Coteau qui domine le hameau des Roches, à Clopée, près Caen. Mercurialis anmiOt L. — ^'ar. monoica, Nob. DiAGNOSt". Port de l'individu mâle du type de l'espèce , mais plante plus robuste. Flein-s staminées et pislillées, en- tremêlées et disposées en glomérules formant des épis axillaires longuement pédoncules. Loc. Champs cultivés, près du moulin de Blainville. M. Pierre donne lecture d'une note intitulée: Étude chi- mique sur les graines dît Fusain d'Europe (Evonymus europeus) , envoyée par M. Le Page, pharmacien à Gisors, inspecteur de l'Association normande , membre et lauréat de plusieurs Sociétés savantes. - /.o -^ Avant de déciiler l'emploi qui pourra être lait de celte note, d'ailleurs iriléressaute , le secrétaire , croyant qu'elle a été imprimée en entier dans un recueil scieniifi(iue dont il ne se rappelle pas le litre, pense qu'il est nécessaire de sur- seoir à riini)ression de ce travail dans le Bulletin, la règle étant que celui-ci ne doit renfermer que des travaux inédils. Le même membre donne lecture de la première partie d'un travail qu'il a entrepris sur le rendement en huile de la graine de colza prise à difîérents degrés de malurilé. On vole successivinienl sur MM. Colleau , Munier , Léon Yver et Le Page , piéscntés, comme correspondants, dans la dernière séance. C(s Messieurs sont admis. MM. de Caumoni et Murière présentent, comme membre- correspondant , M. Léon de La Sicolière, avocat à Alençon , membre du Conseil général de l'Orne et de plusieurs So- ciétés savantes. La séance est levée. SÉANCE Dl -2 FÉVKIEK 1863. rréi«ideiife de 11. SIOItli:ill<:. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. Revue des Sociétés savantes. 9, 15, 23, 30 janvier 1863. Notice sur quelques Aléochariens nouveaux ou peu connus, cl description de larves de Phytosus et l.eptusa, par IM. A. Fauvel, membre résidant; in -8°., 12 pages el une planche. Mémoires de l'Académie impériale des sciences , inscrip- tions et belles-lettres de Toulouse, 5^ série, t. M. 1862. Mémoires de L' Académie impériale de Metz, XUIl*". année. 1861-18()2. Annales du Comice horticole de Maine-et-Loire. Année 1862, 3'. trimestre. Journal de la Société d'horticulture de Seine-et-Oise , n". 7, juillet 1862 , et n". 8, août 1862. Die Fortschitle der Physikaliscken Géographie, hn Jahre, 1860. Dargestellt^von D'. E. Sochting. lieriin . 1862. Zur Paragenesis des Glimmers und neber einsehluesse in deit Krystallen Russischer Mineralien, von K. Sochting. St.-Pétersbourg, 1862. Liste des Sociétés savantes des départements. 1862. Kn échange de ses publications : Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Stras- bourg , t. V , 2^ et 3". livraisons. Zeiischrift der Deutschen geologischen gesellschaft , \l\\ vol. , n'-. 3; mai, juin. 1862. Berhn , 1862. La vie des champs: 15 janvier 1863. — 42 — CORRESPONDANCE. M. le Président donne lecture : 1°. d'une lettre de M. René de Crébisson , qui renjorcie la Société du litre de correspondant qu'elle a bien voulu lui accorder; — 2". d'une IcUre de .M. Joseph Henry, secrélairc-général de Tlnsli- tulion Sniilhsoiiienne, réclamant plu^ieurs volumes des Mémoires et (\\\ Bullciin de ta Socit'ié Liniicenne qui ne sont pas parvenus à l'Association Smiilisonionne. Remise de cette lettre au Secrclaire; — 3°. d'une circulaire de M. le Ministre de l'Instruction publique relatixe à la collection anthropologique du Muséum d'histoire naturelle de Paris. — Le but de cette circulaire est de faire remettre au Muséum le plus grand nombre possible de squelettes et de têtes osseuses des diverses |)oi)tdati()ns qui se sont succédé sur tous les points de notre territoire. On faii remarquer que c'est plutôt aux membres en particulier que celte circulaire peut s'adresser qu'à Ja Société elle-mèriie; car elle ne fait pas de collections; el les menibres de la Société qui possé- deraient des ossements de la nature de ceux que demande M. le Minisire , pourront , s'ils le veulent , en disposer en laveur du Muséum. On fait encore rcmaniuer que presque tous les ossements trouvés dans les tombeaux antiques de nos localités, ont dû être recueillis p>ar les membres de la Société des Antiquaires de Normandie qui sont à la piste de pareilles découvertes, et qui ont recueilli, avec un soin jaloux, tout ce que ces tombeaux ont pu fournir; aussi est-ce plutôt la Société des Antiquaires qui pourrait fournir à la collection ethnologique du Muséum les débris (lu'il ré- clame dans l'intérêt de la science , cl dont la Société com- prend toute l'imporlance. M. le l'résident se charge de répondre en ce sens à M. le Ministre de l'Instruction pu- blique ; — h", d'une lettre de M. le Président de la Société — 43 — impériale des sciences , de l'ngricullure et des arts de Lille . en envoyant le programme des prix proposés par cette Société pour être décernés en 18G3 et 186^. M. Luard présente à la Société deux exemplaires de VAUitnn Pcrro, dont l'une des feuilles, sur chacun de ces exenjplairos, a ses bords soutîés sur toute leur longueur. M. Eudes- De^longcllilmps, qui s'était chargé d'examiner ces deux spécimens, a présenté à Uur sujet la note suivante:' NOTE SUR DEUX SPÉCIMENS DE POIREAU {ALUUM PORRO) Sur lesquels la gaine et l'une des premières feuilles se prolongent jusqu'à leur sommet et simulent une tige ancipitée , anomale dans cette espèce. !>J. Luard a présenté, dans celte séance, deux spécimens de VAlUwn Porro, d'un développement encore assez peu avancé, entre les premières feuilles desquels se montrait une sorte de lige comprimée, tranchante en ses bords, ancipilée enfin ; au sommet seulement cette pseudolige était fendue. Dès le premier aperçu, il a été facile de voir que cette apparence était due à ce que la gaine d'une des feuilles de ces spéci- mens se prolongeait beaucoup plus haut qu'elle ne le fait or- dinairement, ou, si l'on veut, que les deux bords de celte feuille s'étaient soudés ensemble presque jusqu'à son sonmiet. Ces deux spécimens me furent remis par M. Luard ; en fendant sur toute leur longueur les feuilles soudées, j'ai constaté que toutes celles qui s'y trouvaient renfermées ne présentaient rien de semblable , leurs bords étaient libres et leurs gaines ne se prolongeaient pas plus qu'à l'ordinaire. J'aurais volontiers supposé qu'il devait en être autrement, et que toutes les feuilles reufeririées dans cette gahie prolongée étaient également soudées par leurs bords; il n'en était rien. — kh — Je ne sais si celle légère anomalie a été quelquefois re- marquée sur le poireau, ou autre plante à feuilles planes, en- gainantes par leurs bases; ce que je sais, c'est que les sou- dures (les feuilles par les bords ne sont pas rares. J'ai vu moi-niêine cette soudure sur une feuille de tilleul et de lilas commun; elles ressemblaient, dans cet état, à un cornet coupé obliquement et porté p;ir sa pointe sur le pétiole. J'en ai vu un autre exemple, [)lus remarquable, sur un rameau de Lantana. On sait que ces charmants arbrisseaux ont leurs feuilles opposées : chacune des feuilles des verli- cilles était soudée sur à peu près toute sa longueur i)ar ses bords du même côté, de sorte qu'à chaque verticille on ne voyait, pour ainsi dire, qu'une seule feuille, mais plus large du double que les feuilles normales. Les deux pétioles avaient été ramenés l'un contre l'autre ; mais il était facile de reconnaître par les nervures la cause de cette apparence insolite. Il semble que les feuilles rubannes, pliées sur leur milieu et ayant leurs bords en contact sur toute la longueur , devraient y cire plus sujettes que les autres. Je n'en connais encore d'exemple que sur les deux poireaux de M. Luard. Le Secrétaire montre, au nom de son lils , une planche lilhographiée, réduite, de V Arcliaoptet yx macnirus. On sait que l'on a découvert , il y a quelques années , dans les calcaires lithographiques de Solenhoiïen , le .squelette jiresque entier d'un animal présintant des empreintes de plumes, niais d'un aspect tellement singulier que les premiers pa- léontologistes qui en eurent connaissance le rajtportèrent à la classe des reptiles. Frescjue tous les recueils scientifiques d'Allemagne et d'Angleterre signalèrent cette singulière dé- couverte. Les Anglais, qui sont à la piste de tout ce qui est important dans la science, et qui ne regardent pas à la de- — h5 — pense pour se procurer les raretés de tous les pays, ache- tèrent non-seulement la pièce principale, mais toute la col- lection (le celui qui la possédait, et qui se composait de nombreux fossiles recueillis dans les pierres lithographiques, au grand dé|)Iaisir des savants de la Bavière. La pièce, dont il est question, fut soumise à l'examen du professeur Ovven, et il faut avouer qu'elle ne pouvait toir.bcr en de meilleures mains. M. Ovven a reconnu qu'elle appartenait à la classe des oiseaux, mais que la queue de cet animal était surtout fort anormale; il l'a décrite sous le nom d'Arcliccoptcryx ma- crurus. M. Eugène Eudes-Deslongchamps reçut de M. >Vood- vvard une planche représentant ce singulier habitant de l'an- cien monde , et s'empressa de présenter celle planche à la Société géologique de France, en y ajoutant quelques mois au sujet de la découverte de cet ornitholiihe. La Société géologique engagea M. Eudes-Deslongchamps à faire une ré- duction de la planche qu'il tenait de i>L AVoodward pour l'insérer dans un des numéros de son BuUeiin. C'est un exemplaire de celle réduction qui est mis sous les yeux de la Société Linnéenne. M. le Président lit une note sur la nouvelle exploiiation des ardoisières de Caumont (Calvados). I\OTE SUR LA NOLVELLE EXPLOITATION DES ARDOISIÈRES DE CAUMONT. Le gisement ardoisier de Caumont l'Éventé appartient à la formation cambrienne , c'est-à-dire à l'étage inférieur du terrain de transition; les couches qui le constituent sont à peu près verticales, elles plongent légèrement au sud et sont dirigées de l'ouest à l'est. Les bancs , remarquables par leur - (i6 - étendue et leuf épaisseur, couvrent tout le mamelon sur le- quel est hàli le bourg de Caumoiit, et, à quelques décimètres de profondeur, on trouve partout des alïleurcmenls qui, bien (pie dépourvus de densité, de cohésion, et désagrégés en partie par l'action des eaux , présentent déjà les caractères particuliers de schistes exploitables. La qualité supérieure des ardoises de (laumont est au- jourd'hui un fait acquis ; elle rivalise, sur le littoral, avec celle des meilleurs produits anglais et elle offre sur eux une éco- nomie notable. Déjà, depuis longues années, des essais d'ex- ploitation de nos schistes ardoisiers avaient été tentés sur plusieurs points et notamment à (lastillon , à laBazoque.à Litteau, à Caumontetà Curcy; mais ces essais se sont bornés à des trous de dimensions variables, élargis à mesure de leur approfondissement, puis abandonnés quand l'extraction et l'épuisement y devenaient trop coûteux. Les produits que l'on en retirait n'ont été aussi pendant long-temps que des ardoises fort épaisses, «'appliquant mal les unes sur les autres, que l'on était obligé de mastiquer avec de la chaux et dont on peut voir encore aujourd'hui de curieux spécimens sur les couvertures de plusieurs maisons de la ville de Bayeux et des villages qui avoisinent les ardoisières. Ces premières exploitations ne possédaient, en général, qu'un outillage Irès- priinitif, et dirigées par de simples ouvriers, dont quelques- uns, comme les frères Marie, étaient cependant fort intelligents, elles tombaient nécessairement le jour où leurs ressources étaient épuisées. Depuis quatre ans , il s'est formé, pour l'exploitation du gisement de Caumont, une compagnie puissante dont les ef- forts persévérants ont contribué au développement industriel et au bien-être de la localité. Au début, cette compagnie adopta le système des travaux à ciel ouvert suivi par les petits exploitants; mais des difficultés imprévues, produites par des — UT — accuniulalions d'eau dans les grandes tranchées, des mouve- menls de terre considérables, le morcellement de la propriété et les exigences des propriétaires, vinrent un instant jeter le trouble dans sa marche. Ce découragement n'a heureusement pas été long; la So- ciété a doublé son capital, et, chose plus importante , elle a confié la conduite de l'exploitation h un habile ingénieur qui a donné aux travaux une direction nouvelle , basée sur l'ex- périence acquise , en remplaçant les excavations à ciel ouvert par une exploitation souterraine, et qui a parfaitement com- pris qu'une des premières conditions de succès était de bien connaître les couches exploitables. En eiïet, les couches verticales ont subi, pour être amenées dans cette position, un soulèvement considérable qui les a brisées et a rendu leur densité très-variable, surtout à proxi- mité du sol. Cette densité varie dans la même veine avec une rapidiîé surprenante; elle influe sur la finesse, la fissilité et par conséquent la dimension de l'ardoise, et ce n'est qu'à de grandes profondeurs qu'on peut obtenir des produits sains et homogènes. Ailleurs, les couches exploitables sont, en gé- néral, bien définies, enclavées dans d'autres couches très- dures, généralement siliceuses et bien distinctes de la for- mation des schistes; à part les accidents ordinaires des mines, tels que failles, plis, brisures, on peut conduire les travaux avec certitude et l'on sait sur quelles richesses compter. A Caumont , il n'en est pas ainsi : le schiste est partout sans être nulle part entièrement défini ; et comme jusqu'ici on a tai lé et foncé à l'avenlure, ([ue le hasard seul a dirigé les recherches et que l'on s'est occupé bien pins du voisin-ige des routes et du bon marché des terrains, il en est résulté l'abandon de la plupart des carrières. Jl eût fallu , pour réussir, commencer par étudier le gisement, recouper les bancs sur une longueur suffisante et distinguer les veines sus- — 48 — cepiibles d'une exploitalioii avantageuse de celles donl il u'y avait rien à allcndre. C'est d'après ces idées que l'entreprise fonctionne aujour- d'hui. Le grand puits de montage et d'aérage a maintenant 30 mètres de profondeur et il sera poussé jusqu'à 50 ; deux machines à vapeur, l'une pour l'extraction, l'autre pour l'épuisement, sont installées sur les bords de ce puits. Une galerie qui doit mettre en communication deux carrières, sé- parées jusqu'ici, a déjà 170 mètres de longueur et sera pro- chainement terminée; elle donnera aux eaux un écoulrmeni naturel, facilitera l'extraction et diminuera la proportion des parties stériles qui sont amenées au dehors. Pendant que ces travaux préparatoires ouvrent dans des régions connues un premier champ d'exploitation, une galerie transversale étudie le gisement dans son épaisseur , afin d'étendre cette exploi- tation en la limitant aux meilleures couches. Bien (pie les chantiers ne doivent être régulièrement ins- tallés qu'au printemps, la Compagnie fabrique déjà de petites quantités d'ardoises qui sont avidement disputées. Elle fait d'abord des produits non échantillonnés, dont le prix varie de 16 à 20 fr. le niille; puis des ardoises taillées, modèle an- glais, variant entre 30 cent, sur 20 et ^5 sur 25, dont les prix sont de ù5 à 85 fr. le mille, suivant les dimensions. Des scies mécaniques sont installées pour débiter des pavés, des dalles, des tables de billard , etc. ; on trouve ainsi un emploi avantageux du schiste dont le grain ne serait ni assez fin ni assez régulier pour la fente. En un mot, la Société actuelle des ardoisières de Cauniont- r Éventé dispose de ressources suffisantes pour compléter son outillage et se monter de toutes les machines que l'avenir rendra nécessaires , et elle a mis un ingénieur d'un mérite éprouvé h la tête de ses travaux. —En présence d'éléments aussi sérieux , d'une marche basée à la fois sur le savoir et — /,y — robservatioi), nous croyons le succès assuré et nous voyons avec bonheur dans l'exploitation de nos schistes ardoisiers une nouvelle source de prospérité pour notre département. i)l. Fauvel montre un spécimen de musaraigne commune atteint d'albinisme presque complet. Il a été trouvé mort dans un jardin, à Veuoix, près Caen. Ce petit mammifère , connn dans nos campagnes sons le nom de misereiie ou musette, a été trouvé mort, à la fin de décembre dernier, dans un jardin des environs de Caen. Son' pelage qui, chez les indixivius ordinaires, est d'un brunâtre gris en-dessus et cendré en-dessous, est devenu d'un blanc pur argenté, à l'exception d'une sorte de petit manteau qui a conservé la couleur ordinaire. Ce manteau couvre tout le dos ; il est coupé droit en avant à la hauteur des membres antérieurs ; en arrière , il forme un angle droit dans son milieu et s'arrête à peu près au-dessus des pattes. Il ne dépasse pas le milieu des flancs qui , du côté gauche, passent au grisâtre. Ce cas d'albinisme est surtout curieux en ce sens que le brun et le blanc du pelage sont séparés d'une manière très-nette, et qu'on ne voit, sur la partie brune, aucune trace de poils blancs ou grisâtres (|ui indique que la décolo- ration des poils se faisait graduellement et de proche en proche , comme on l'observe d'ordinaire , mais par toufl'es ou par plaques ; il est probable que si la dent implacable des chats eût épargné quelques semaines encore notre pauvre sorcx , sa livrée albine eut été complète de la tète aux pieds. Le même M. Fauvel annonce qu'un très-bel Autour fe- melle (Astur palumbarius) a été tué à la fin de décembre, auprès de Caumont , et se trouve actuellement dans sa col- lection. Il montre également un spécimen du Thnlussidroma — 50 — Leachti, Tcnmi.) qu'il a iu('; «lernièicujenl près do rcmhoii- chuiede l'Orne. Celle espèce est assez rare chez nous. MM. Léon de La Sicolière , avocal à Alençon, et Cilles, professrur an collège de St.-Miliiel, présentés comme cor- respondants dans la dernière séance, sont admis. La séance est levée. SÉANCE DU 2 MAHS 186:5. Présidence de il. M4»ltlÈKE. En ouvrant la séance , M. le Président rappelle à la Com- pagnie la perte si regrettable de notre bien-aimé collègue , M. Abcl Vaulier , membre du Corps législatif, mort à Paris le 19 du mois dernier. Il retrace en termes chaleureux les qualités éminentes de cet homme de bien , toujours prêt à obliger tous ceux qui réclamaient son influence ou son appui, qui portait un intérêt si vif à la prospérité de la Société Linnéenne, qui a enrichi la bibliothèque de la Compagnie de plusieurs ouvrages importants et d'un haut prix , con- cernant divers sujets d'histoire naturelle. Le Secrétaire se joint au Président pour déplorer la perte que la Société vient de faire en la personne de M. Vautier : tout le monde a senti que sa mort n'est pas seulement un malheur privé ; c'est un malheur public pour notre ville et pour notre dépar- tement. Tout le monde, chez nous, trouvait en M. Vautier, dans les circonstances difficiles , un aide empressé , un con- seiller dévoué et souvent un protecteur. Toujours le premier à prendre pan aux entreprises généreuses et utiles, il laisse , dans notre ville, un vide qu'il sera lien difficile de combler. Ouvrages reçus en don : L)e la part du Ministre de l'instruction publique : Revue des Sociriès savantes , n"'. 0 , 13, 20 , 27 février 1863. — 52 — Reçu, en échange des publications de la Société : Bulletin de la Sociéié des sciences naturelles de Neuf- châiel , t. VI , !*'■. cahier. Aora Acia regiœ Socictatis scientiarum Upsalensis. Seriei teniœ , vol. IV , fasc, 1 , 'm-h°. Upsal, 1862. MaUre Jacques. Janvier 1863. CORRESPONDANCE. M. le Président donne lecture d'une circulaire de M. le Ministre de l'instruction publique, annonçant que la distri- bution solennelle des prix accordés aux Sociétés savantes , à la suite des concours de 1861 et 1862, aura lieu à Paris dans la grande salle de la Sorbonne , le samedi 11 avril prochain. Indépendanniient de cette cérémonie , les trois sections des travaux historiques et des Sociétés savantes tien- dront, les mercredi 8, jeudi 9 et vendredi 10 avril, des séances extraordinaires, dans lesquelles MM. les Membres des Com- pagnies savantes seront admis à donner lecture des notes ou mémoires qu'ils auront bien voulu préparer pour cette cir- constance. Le Ministre invite également le Président à communiquer la présente circulaire à ses collègues, et à lui faire connaître, avant le 8 mars , dernier délai , le nom des membres de la Société qui auraient l'inleulion de prendre |)art à ces lec- tures , en indiquant le sujet et, autant que possible, l'étendue des travaux. Il est donné lecture : d'une lettre du Président du Comice horticole de Maine-et-Loire, à Angers, annonçant qu'il lient à la disposition de la Société Linnéenne les numéros du Bulletin du Comice horticole qui pourraient manquer h la Société. Renvoi à M. le Bibliothécaire ; — d'une lettre de M. H. Giraud, président de la Société centrale d'agri- — 53 — ciiliure des Deux-Sèvres, proposant l'échange du journal intitulé 3Iaiire Jacques , dont la Société a déjà reçu une année , contre le BuJleun de la Société Linnécnne. Ac- cepté. Renvoi à ^1. le Bibliothécaire ; — d'une lettre du secré- taire de la Société des sciences d'Lpsal, on date du 15 septembre 1862, accompagnée de la l"^". partie du 1V«. vol. de ses Mémoires in-'i". , avec prière de présenter ce volume à la Société Linnéennc. Renvoi à iM, le Bibliothécaire pour de- mander si c'est à titre d'échange, et quelles seraient les con- ditions de l'échange demandé. La Commission nommée dans la dernière séance pour examiner la proposition, faite par plusieurs membres, de de- mander aux correspondants de la Société une cotisation annuelle, moyennant quoi ils recevraient gratuitement le Bulletin de la Société , fait son rapport par l'organe de M. Perrier. Il résulte de ce rapport , qu'il sera demandé annuelle?nent une somme de 5 francs à chaque correspondant, qui en ferait parvenir le montant, soit directement à M. Perrier, bibliothécaire, rue de Bayenx , à Caen , soit à M. Savy , libraire, à Paris, rue Hautefeuille, n". 2i , avant le 1". aotJt de chaque année ; que le Bulletin lui serait envoyé gratuitement; que les noms des correspondants payant la cotisation seraient iniprimés dans le Bulletin ; que ceux des correspondants qui voudraient payer, comme les membres résidants , la cotisation de 10 francs à laquelle ceux-ci sont astreints, auraient dioit, connue eux, aux volumes des Mè- inoires à mesure de leur publication. La Société approuve le rapport de la Commission ; dit qu'il sera imprimé et adressé à tous les correspondants par les soins du Bibliothécaire. M. Pierre dépose sur le bureau le manuscrit d'une note assez étendue, dont il avait donné des communications par- tielles dans les séances précédentes. — 56 — RECHERCHES EXPÉRIMEmiES SUR LA COMPOSITION DE LA GRAINE DE COLZA ET SUR LES VARIATIONS Ql'ÉPROlVE CETTE COMPOSITION Pradant les diverses phases du développement de la plante, Par J. -Isidore PIERRE. COîiSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. — MARCHE SUIVIE DANS LES EXPÉRIENCES. Dans deux séries de recherches publiées dans le Bulletiti de la Société Linnéenne de Normandie, année 1860, p. 18, et dans le même Recueil,!. VII, p. 12, année 1861-62 . j'avais essayé de suivre , au moyen de l'analyse chimique , la iparche du transport et de l'assimilation de la matière orga- nique, des substances minérales et des maiières grasses dans les dilTérenles parties de la plante , depuis le moment où elle est sur le point de fleurir jusqu'à sa maturité , c'est-à-dire pendant cette période de sa vie où les phénomènes d'assimi- lation , de transport et de transformation se manifestent avec le plus d'énergie , et j'avais consacré à ces études plusieurs années d'un travail assidu, dont j'ai essayé de formuler som- mairement les résultats en terminant les deux premières parties de mes études. Profondément pénétré de la pensée qu'en définitive toute recherche de cette nature doit tendre , autant que possible . vers un but d'application , je m'étais attaché à mettre en — 55 — évidence le point de vnc agronomique des résultats de ces investigations. Et en complétant aujourd'hui mon travail par une étude spéciale de la graine, je me suis, en même temps', proposé de montrer une fois de plus que l'agriculture et l'in- dustrie peuvent tirer quoique profit des recherches de chimie appliquée à l>i physiologie végétale, puisque c'est principale- ment dans la graine que viennrul s'accumuler les principes les plus énergiques d«'S engrais (azote et pliosphates), et les ma- tières que recherche l'indui^trie, puisque c'est pour leur graine que sont cultixées nos |)lai)tes oléagmeuses. En étudiant la composition de la graine du colza , je me suis proposé de suivre les variations qui se manilestent dans celte composition , pendant que la graine se développe et parcourt successivement les diverses phases qui la conduisent jusqu'à sa parfaite maturité. Je me proposais également de définir numéri(juement , dans les limites du possible, l'im- portance pondérale des principaux éléments constitutifs de la graine, aux diverses époques successives auxquelles auraient lieu les observations. L'n mot d'abord sur la manière dont les expériences ont été conduites , afin de bien définir les conditions dans les- quelles ont été obtenus les résultats : l)«ns un champ de colza promettant une bonne récolte moyenne , on a choisi une étendue d'environ 5 ares qui paraissait , au moment de la floraison . aussi uniforme que possible, et c'est dans cette partie du champ qu'on a con- stamment pris les échantillons destinés aux expériences, fies échantillons, composés chacun de six à huit plantes, étaient prélevés deux fois par semaine, en ayant toujours soin qu'ils représentassent, autant qu'on en |)ouvail juger à l'œil, l'état moyen de la parcelle réservée. Le premier prélèvement a eu lieu au moment où la plante était complètement défleurie . ce qui, l'an dernier (1862), — r)6 — arriva le 2b mai dans le champ qui a servi à mes expé- riences {]). La coupe générale du champ a été faite le 21 juin , de sorte qu'il s'est écoulé , entre la première et la dernière ob- servation de la plante sur pied , un intervalle de vingt-six jours. Un nouvel échantillon de graine a été prélevé au moment du battage de la récolte , après dix-neuf jours de javelage à l'air libre. Enfin, In graine a été examinée une dornière fois au com- mencement de décembre, après avoir été, pendant 5 mois, étendue en couche mmce d'environ 4 centimètres d'épaisseur, dans un grenier bien sec et bien aéré. Lorsque chaque lot de plantes avait été choisi et coupé, on en détachait immédiatement toutes lessiiiques et l'on soumet- tait ces dernières à une dessiccation progressive bien ménagée, surtout dans les premières séries d'expériences ; sans cette pré- caution, les graines, sous l'influence de la très-grande quan- tité d'eau qui en formait l'élément dominant, se seraient réduites en bouillie par une élévation de température trop brusque et trop élevée. Quand les siliques étaient assez sèches, on procédait à l'extraction des graines par un battage soigné suivi d'un net- toyage minutieux , qui n'était pas sans difficulté pour les trois premières séries d'expériences. Les graines se trouvaient ainsi amenées peu ii peu à une sorte d'état hygrométrique normal, dans lequel elles ne con- (1) Il arrive, parfois, que certains pieds de colza rcstenl en (leur pendant très-long-lemps , ce qui constitue sur une même plante des états très-différenls de développement pour la {çrainc ; on a eu soin d'éviter l'emploi des plantes qui se trouvaient dans ces désavantageuses conditions. — 57 — fenaienl plus qu'environ 10 "/o d'humidité, dont il était tenu compte ultérieurement par un dosage spécial. Il est à peine nécessaire d'ajouter que la plupart des ré- sultats n'ont été admis comme définitifs qu'après de nouveaux essais destinés à en contrôler l'exactitude. CHAPITRIt; II. ANALYSE DES GRAINES. — RÉSULTATS. xNous a\ons cru devoir compléter nos renseignements par queli|ues déterminations spéciales qui nous ont paru propres à faciliter à nos lecteurs des rapprochemenls qui ne se se- raient pas présentés à notre esprit, telles sont: l'\ la déter- mination du poids moyen des graines à l'époque de chacune de nos observations ; 2". le nombre de graines contenues dans 10 centimètres cubes, afin d'en déduire approximative- ment le volume de la graine, en parlant de cette donnée ex- périmentale que , dans un volume occupé par des graines de colza , le vide que laissent entr'clles les graines est sensible- ment le tiers du volume total. f*. série d'exiiérîenees. (26 MAI 1862.) >ombre de graines contenues dans 10 centimètres cubes 7960 graines. gr. Poids du litre de graines à l'état brut (1). 510, » Poids moyen d'une graine à l'état brut . . 0,milligr.557 Poids moyen d'une graine sèche 0, ^85 (1) Il Taut entendre ici par étal brut de la graine l'étal liygroraétrique on elle se trouvait lorsqu'elle contenait 8 ou 10 pour 100 d'humidité. — 58 — rom\ios\,V\ou *Si5, Va ^vamt. su\i^osit c.om\At\.ii*c(y,ctyil ijmtt Sur un kilogramme. Huile. 100,70 iMaiières organiques combustibles ( non compris l'aznle) 759,01 Aznte en combinaison 50,63 Silice et oxyde de fer 3,2i Acide phosphorique 18,6'2 Chaux 15,10 Magnésie 1,26 Potasse 23,88 Sonde 0,76 Substances diverses non dosées 11.80 TOTAL. . . 1000, « Iv'huile obtenue , d'une couleur jaune-brun verdâlre , avait une consistance sirupeuse. d ti''\\'aw\'\A.'v\,ç. Sur un kilograramc. Matières organi([ues combustibles ( azote non compris ) 860,67 Azote 56,30 Silice et oxyde de fer 3,60 Acide phospliorique 20,71 Chaux 16,80 Magnésie l/iO l'olasse 26,57 Soude OM Substances diverses non dosées 13.11 Total. . .^1000, » — 59 -^ s*, série fi'expérienees. (31 MAI 1862.) Nombre de graines contenues dans 10 centinièlres cubes ^^70 graines. gr. Poids du litre de graines à l'état brut. . . 6/i2, » Poids moyen d'une graine à l'état brui . . 1,niilligr.ù59 Poids moyen d'une graine sèche .... 1, 3615 Com\to?.vV\,ou \i Va (j\a\u«, ^u^^çosm tuVVtvtTO.tuV ^mw Sur un kilogramme. gr. Huile 276,75 Matières organiques combustibles ( azote non compris) 621,36 Azote en combinaison 63,12 Silice et oxyde de fer 1,67 Acide pliosphorique 18,18 Chaux 15,16 Magnésie 0,73 Potasse 16,66 Soude 1,20 Substances diverses non dosées 9,59 TOTAL. . . 1000, » L'huile obtenue de cette graine , moins sirupeuse que la précédente , n'avait cependant <'ncore ni la fluidité ni la couleur normale. — 60 — Sur un kilogramme. Matières organiques combustibles ( azote non compris) 856,75 Azote en combinaison 59,^5 Silice et oxyde de fer 2,07 Acide phosphorique 25,07 Chaux 20,87 Magnésie 1, » Potasse 19,9/i Soude 4,66 Substances diverses non dosées 13,19 Total. . . 1000, » 3'. série d*exi>ériences. (4 JUIN 1862.) Nombre de graines contenues dans 10 centimètres cubes 3875 graines. Poids du litre de graines à l'état brut . . 651, » Poidj moyen d'une graine à l'état brut . . l,inilligT.601 Poids moyen d'une graine sèche .... 1, hh\ C.o'w.'YOS.WVou à«, Va ^^ft'wt '=<\v\i\»oî.â tuWwfcmt'uV 'ynxu Sur un kilogramme. f-T. Huile 348,50 Matières organiques combustibles ( azote non compris) 552,73 Azote combiné ûl,22 Silice et oxyde de fer 1,17 — 61 — Acide phosphorique 18,24 Chaux 15,59 Magnésie 1,56 Potasse 11,52 Soude 0,72 Substances diverses non dosées 8,75 Total. . . 1000, .. La couleur et la fluidité de l'huile extraite de cette graine se rapprochaient beaucoup plus que les précédentes de celles de l'huile normale de colza. Sur un kilogramme. gi'. Matières organiques combustibles ( azote non compris) 848,60 Azote en combinaison 63,27 Silice et oxyde de fer 1,80 Acide phosphorique 28, » Chaux 23,90 Magnésie 2,40 Potasse 17,76 Soude 1,14 Substances diverses non dosées 13,33 Total. . . 1000, » 41''. sépîe d'expériences. (9 JUIN 1862.) Nombre de graines contenues dans 10 centimètres cubes 2397 graines. gr. Poids du litre de graines à l'étal brut . . 659, » Poids moyen d'une graine à l'état brut . . 2, œi'l'êr- 567 Poids moyen d'une graine sèche .... 2, 331 — 62 - Sur un kilogramme. Huile /j43,89 Matières organiques rombnslibles ( non compris l'azote) ^477, 20 Azote en combinaison 39,13 Silice et oxyde de fer 1,36 Acide phosphorique 1(5,17 Chaux U,12 Magnésie 0,72 Potasse 10,80 Soude 0,72 Substances diverses non dosées 5,89 Total. . . looo, » L'huile obtenue n'avait pas encore (omplètement la couleur ni la fluidilé de l'huile normale , elle était encore un peu plus foncée. Sur un kilogramme. Matières organiques combustibles ( azote non compris) 842,95 Azote combiné 69,12 Silice et oxyde de fer 2,/iO Acide phosphoricpie 28,56 Chaux 2Zi,95 Magnésie 1,27 Potasse 19,07 Soude 1,37 Substances diverses non dosées 10,31 i'OTAL. . ,1000, >. — 63 — &'■ série d'expérieueeK. (43 JiiN 1862.} La graine , après dessiccation , était encore entièrement rouge. Nombre de graines contenues dans 10 centimètres cubes 1910 graines. Poids du litre de graines à l'état brut . 665, « Poids moyen d'une graine à l'élat brut. . S^miUigr. 089 Poids moyen d'une graine sèche. ... 2, 797 Sur un kilogramme. Huile 457,03 Matières organiques combustibles ( azote non compris) 657,02 Azote combiné 37,66 Silice et oxyde de fer 2,06 Acide phosphorique 15,71 Chaux 13,61 >lagnésie 0,59 Potasse 11, » Soude 0,83 Substances diveises non do.sées 4,49 Total. . . 1000, « L'huile obtenue de cette graine différait peu de l'huile nor- mak* de graine mûre. — 6/i — Sur un kilogramme. «r. .^latières organiques combusliblcs ( non compris l'azote) 831,71 Azote en combinaison 69,36 Silice et oxyde de fer 3,80 Acide phosphorique 28,91 Chaux 25,07 Magnésie 1,06 Potasse • . . . 20,30 Soude 1,52 Substances diverses non dosées 8,27 Total. . . 1000, » W. série d'e.xpérIencoN. (17 .iLixN 1862.) Après la dessiccation, on trouvait déjà quelques graines de couleur noire ; mais le plus grand nombre étaient encore rouges. ^'ombre de graines contenues dans 10 centimètres cubes 1897 graines. Poids du litre de graines à l'état brut . 666, » J*oids moyen d'une graine à l'état brut . . 3, millier. jZi 5 Poids moyen d'une graine sèche .... 2, 839 La graine, prise sur la plante le 17 juin , quatre jours avant la récolle pratique du cliatnp , conienaii encore 625 millièmes de son poids d'eau, et sctdemcut 375 millièmes de matière sèche. — 65 — Sur un kilogramme. Huile i.^5,93 Matières organiques combustibles ( azote non compris ) 463,98 Azote combiné 3i,l'4 Silice et oxyde de fer 1,27 Acide phosphorique 15,0;} Chaux 13,37 Magnésie O.nS Potasse 9^9h Soude 0,67 Substances diverses non dosées 4*86 TOTAt. . . 1i)00, 0 Sur un kilogramme. Bl'. Matières organiques combustibles ( non compris l'azote) 852,84 Azote en combinaison dans les matières organiques. 62, '»6 Silice et oxyde de fer 2,33 Acide phosphorique 27,67 Chaux 24,93 Magnésie 1,06 Potasse 18,24 Soude 1,21 Substances diverses non dosées 1,69 ToT.U. . . 1000, .) 5 — 66 — 7*. série d'expériences. (21 JUIN 1862.) C'est ia dernière fois qu'on a prélevé un échantillon sur pied , le jour mêaie de la coupe du champ tout entier pour en faire la récolte. Nombre de graines contenues dans 10 centimètres cubes 1587 graines. gr. Poids du lilre de graines 5 l'état brut . . 667, » Poids moyen d'une graine à l'éiat brut . . S.niilligr. 709 Poids moyen d'une graine sèche .... 3, ^00 A,''\\um\Ai\U, Sur un kilogramme. RI- Huile 456,07 Matières organiques combustibles (azote excepté). 467,51 Azote en combinaison dans les matières organiques. 33,96 Silice et oxyde de fer 0,91 Acide phosphorique 14,88 Chaux 13,28 Magnésie 0,44 Potasse 8,89 Soude 0,63 Substances diverses non dosées 3,43 Total. . . looo. » 67 — Sur un Lilogramnii'. gr. Matières organiques combustibles (azote excepté). 859,50 Azote combiné avec les matières organiques. . . 62, /j3 Silice et oxyde de fer 1 ,67 Acide phospliorique 27,36 Chaux 2^,/rl Magnésie 0,80 Potasse 16,35 Soude 1,15 Substances diverses non dosées , 6,33 Total. . . JOOO, » S", série d*exiiérîen«es. (10 JUILLET 1862. ) La graine qui a servi pour cette série d'expériences pro- venait de la récolte générale faite le 21 juin, et battue le lu juillet , après un javelage sur place de dix-neuf jours. — L'échantillon avait été prélevé sur la masse générale , qui re- présentait le produit du champ (environ 1 hectare). Nombre de graines contenues dans 10 centimètres cubes 1525 graines. gr. Poids du litre de graines à l'état brut . . 667, •> Poids moyen d'une graine à l'état brut . . 3,inilligr.720 Poids moyen d'une graine sèche .... 3, 362 — 68 — Sur un kilogramme. Huile a5/i,28 Matières organiques combustibles ( azote nou compris) ^69,16 Azote en combinaison 33,98 Silice et oxyde de fer 1,27 Acide phospliorique 15,02 Chaux 13,Zi8 Magnésie 0,31 Potasse 8,19 Soude 0,91 Substances diverses non dosées 3,40 Total. . . lOOO, » Sur un kilogramme. Matières organiques combustibles ( non compris l'azote) 859,70 Azote en combinaison 62,26 Silice et oxyde de fer 2,33 Acide phosphorique 27,53 Chaux 24,71 Magnésie 0,57 Potasse 15,00 Soude 1,67 Substances diverses non dosées 6,23 Total. . . 1000, >» — 69 — O*. série d'expériences. { i". DÉCEMBRE 1862. ) La graine qui a fait l'objet de ce dernier examen avait la même origine que celle de la S", série, et avait été prélevée en même temps sur la masse totale produite par le battage de la récolte du champ, et après un vannage qui en avait ex- pulsé une quantité de graine avortée ; elle avait été ensuite déposée et conservée dans un grenier bien sec et bien aéré, en couche d'environ li centimètres d'épaisseur, depuis le ik juillet jusqu'au 1". décembre (1). Nombre de graines contenues dans 10 centimètres cubes l/i68 graines. er. Poids du litre de graines à l'état brut . . 682, » Poids moyen d'une graine à l'état brut . . S.miUigr.QQS Poids moyen d'une graine sèche . ... 3, 646 C.ow.'^osWvou Alt Va tjvawï, s\v\>\Aosâ tom"çV,t\.«.m«,'w\, y^wi^ À."'\v'V!tm"\Ai\,U. Sur un kilogramme. er. Huile /j53,63 Matières organiques combustibles (azote non com- pris) /i70,93 Azote combiné ... 33,37 Silice et oxyde de fer 1,16 Acide phusphorique 15,30 f 1) CeUe graine , par suite du nettoyage plus soigné dont elle avait été l'objet, pouvait être considérée, commercialement, comme de qualité supérieure à celles des septième et liuiliCme séries d'expé- riences. — 70 — (iliaux 13,08 Magnésie 0,26 Potasse 8,03 Soude 0,69 Substances diverses non dosées 3,55 Total. . . 1000, » Sur un kilogramme. Matières organiques combustibles (azote non com- pris) 861,92 Azote en combinaison. • 61,08 Silice et oxyde de fer 2,13 Acide phosphorique 28, » Chaux 23,9Zi Magnésie 0,47 Potasse 14,70 Soude 1,26 Substances diverses non dosées 6,50 Total. . . 1000, » Pour faciliter les conclusions auxquelles peut conduire l'ensemble de ces divers résultats analytiques , nous allons d'abord les résumer sous forme de tableaux dont l'un repré- sentera la composition des graines au moment de cha(|ue prise d'échantillon, et dont l'autre contiendra les résultats fournis par les tourteaux de ces mêmes graines épuisées de niatières grasses autant qu'il est possible de le faire. — 71 s a o o m S o o ^ 5 « R o ■""■" i/5 e •ajquiM?p •:.4 à ct" o' î'S -^ lO ^ o ce o W O lO r- co Ti "r< o sagAaasNOO -^ -5 o "H / O M «rHOrîOO«(NO-a e -=3 c; <5'r-iOsoooooeo cT S es lO <= c<5 •ï' ^ o •^^ u •et -a o O «ri •^ ^. ^ à/:oS!wî«Lrc5t^(M » _'s^ ^ CD r--^o «n «H O a u CCI lO o u <3 ^ Cil t- .^•^L'3•* a • <3 — ««nOOlOO-a-riO o r^ IM -3 ^ "Tl ■« o ) u (T) CO o co "^ — • t> OCOiMCO-^eOOlOOOO ^ es E ^ O -aOCOOOO-TiîOO»:" «15 — O l> O -n «n C^) • o (M ■sH • _aJ ' ' * , . j2 . a tS a> es • i? • j ' ' ' ; *1 S < H O o • «•-S • ^ a; • • • a H o i S = SR 2 Cd H H ■ © 4d Q fi ES S z u < a •ajqiU93^ 'aâi «^•^^OOilOC^î'SUî • c: •^ «^eTcxTioo-J^o ^ sagAuas.wj u 50 œ es iT) ^ 00 0 0 "^ ^ t^eor3mio»or^-a c à OlMCSt^-^IOO»?!» «S o u 10 ,0 iT-l ÎS ^ 0 0 '^ c io-or»» ^ bJ '= tf U -!H'orModo,-Co,rtoo cT H '"^ >sj to trj S-) SM 0 .J « 00 0 O u - ce "^ ■" > o^<ïœc5«— roo <î-rroï".ri'o tO < -a -o Q c [3 -5JWOOO(3>-flOO.?-CO s CA3 B6 ooso-^'aosos-rr^-TTs^ 0" U a •« W SS (N «ri ■»> 0 o o -a 00 0 cg r^L'î.jH^cvoot-.H S BS COOtNL-SO^œ^M ^ S5 00 10 0 M ■(3 t^«t^r^oo«acoooo S: e£ oœiQoto^cooM 0 ^ «0 ifs ss ^ es «!« ^ » 00 0 IM 0 ■ • ■ • J3 . . . _ u ' * tA • < 3 . . . . . . .1 a S e o: 0 en 3 -A • • • 0 .2 s ... * 6 O es §"1 '«^^ 0 = '- >' 6 c • . • ai ... -5 tn H a = 0 - a» ce >« 4» s _ — Si C " t -^ '3j »» 0; 1) oj i: •r; " — cj -s : 5, ^ ?= t — .2 . . u — 73 — OBSERVATIONS SIR LKS DEUX TAIîI.EAUX PRÉCÉDENTS. 1°. Graines. — Si nous nous bornions à comparer entre eux les résultats fournis par un même poids constant de graines, sans nous préoccuper du nombre des graines ou des plantes qui les ont produites, sans tenir compte de l'étendue superficielle du terrain nécessaire pour obtenir le rendement en poids dont il s'agit, aux diverses époques qui correspondent h nos ob- servations, les tableaux (|ui précèdent nous permettraient de formuler un certain nombre de conclusions parmi lesquelles nous citerons les suivantes : Du 26 au 31 mai, c'est-à-dire en cinq jours, le rende- ment en matières grasses du kilogramme de graine a éprouvé un accroissement de 175 "/o ; Du 26 mai au h juin , c'est-h-dire en neuf jours, cet accroissement s'est élevé à 2^8 "/o; Cet accroissement s'est élevé, du 26 mai au 9 juin, en quatorze jours, à environ 333 "/o; Du 26 mai au 13 juin, en dix-huit jours, à 356 °/„. A partir de ce moment, jusciu'à la récolte, le rendement en huile, à poids égal de graines, n'a plus éprouvé aucun accroissement. Nous voyons les proportions d' mole, d'acide phusphorique, de chaux et de potasse suivre, au contraire, une marche dé- croissante pendant le même intervalle de temps, pour rester ensuite sensiblement constante jusqu'à la complète maturité de la graine. La proportion de soude y reste constamment très-faible, rela- tivement à celle de la potasse, et ne paraît éprouver que des va- riations insignifiantes pendant toute la durée des observations. Lorsqu'au lieu d'envisager les observations dans leur en- seD)ble, on passe d'une série à celle qui vient immédiatement après, on voit parfois quelques irrégularités dans la loi que - 76 — suit la niarclie ascendante et décroissante de la proportion de certains principes constitutifs de la graine ; on n'en saurait être surpris, parce qu'en prenant à quatre ou cinq jours d'intervalle les plantes destinées à servir d'éclianiillon , il est difficile d'être paifaiicnu-nl sûr, eu jugeant d'après les carac- tères extérieurs , qu'on n'a pas fait entrer dans le premier des doux échantillons une ou plusieurs plantes un peu trop avancées, et dans le suivant une ou plusieurs piaules un peu moins avancées que la moyenne des plantes voisines des- tinées aux expériences ultérieures. 2°. Tourteaux. — Si, dans le 2'". tableau (page 72), nous comparons entre eux les tourteaux de ces différentes graines, après les avoir complètement dépouillés d'huile et d'humidité, nous y voyons la proportion d'azote, celle de l'acide phospho- rique et celle de la chaux éprouver, pendant la première cjuinzaine, un accroissement notable , pour de\enir ensuite h peu près stationuaire ; la proportion de potasse, au con- traire, va constamment diminuant depuis le commencement des observations jusqu'à la fin, el la diminution finale repré- sente environ U^) "/„ de la proportion initiale. La proportion des matières organicjues combustibles, en y comprenant l'azote , n'éprouve que des changements insigni- fiants, dont les plus grands n'atteignent pas la centième partie de la pro|iortion moyenne. On peut encore faiie celle remarque, à laquelle toutefois je n'attache qu'une importance secon- daire, que les plus fortes proportions d'azote paraissent corres- pondre aux plus faibles proportions de matières organiques. CHAPIXIiEl III. COMPARAISON DES RÉSULTATS FOURNIS PAR UNE RÉCOLTE ENTIÈRE DE GRAINES CONSIDÉRÉES A DIVERS ÉTATS DE DÉVELOPPEMENT. Mais si l'ensemble de ces résultats, envisagés ainsi à un point de vue purement chimique, en se bornant à les rapporter — 75 — à un même poids constant de graines sans tenir aucun compte des variations de poids qu'éprouve la graine elle-même pen- dant le cours des observations, peut offrir quelqu'intérêt au chimiste et à l'industriel fabricant d'huile, le physiologiste et l'agronome auraient intérêt à obtenir encore quelques ren- seignements complémentaires, dont plusieurs pourraient être déduits sans peine des résultats qui précèdent , en les combinant avec les poids successivement acquis par la graine aux diverses époques d'observation. Avant d'entrer dans l'examen de ce nouvel ordre de ré- sultats, nous ferons observer encore une fois, pour n'être plus obligé d'y revenir , que toutes nos indications se rap- porteront à la graine supposée entièretuent privée d'eau. Les proportions d'eau que renferment les graines de colza au moment où les siliques sont détachées dos rameaux qui les' portent, est considérable, puisque, quatre jours avant la coupe définitive et pratique, la graine contient encore plus de 60 "/„ d'eau ; celte proportion d'eau n'est pas la même au moment des différentes observations, et elle est susceptible d'éprouver de notables variations sous l'influence des changements qu'é- prouve lui-même l'état hygrométrique de l'atmosphère. Celte observation faite, no.us allons suivre, non plus dans un poids constant de graines, mais dans un nombre constant de grailles, la marche de l'accumulation desmaticres grasses, des autres matières organiques, combustibles, de l'azote com- biné , de l'acide phosphorique, de la chaux et de la potasse. Au lieu de prendre un nombre entièrement arbitraire de graines, nous allons raisonner sur le nombre de grainesqui,à l'état de complet développement, représenteraient approxima- tivement une bonne récolle moyenne de notre plaine de Caen. Nous avons vu précédemment (S'', série d'expériences) que le poids du litre de graines, peu de jours après le bat- tage de la récolle, peut être évalué, dans nos expériences, à 667 grammes ; soit par hectolitre 67'^'', 7 gr. Une bonne récolte moyenne de 25 lieclolitres par hectare pèserait donc, à ce compte, environ 1668 kilogrammes. Nous savons d'ailleurs, par des expériences directes dont nous avons enregistré précédemment les résultais dans chaque série , que le poids moyen de chaque graine, à l'étal brut , est alors de 3 millig. 720 ; il en résulte que l'hectolitre doit contenir environ 17 930 000 graines, et la récolte entière de 25 hectolitres, environ Zi/i8 250 000. Si donc nous supposons que, pendant le développement de la graine, il ne s'en est pas perdu et (pie 1<'S graines, fort imparfaitement développées, existant au moment de la pre- mière observation ont fourni, au moment de la récolle dé- finitive, un pareil nombre de graines compléicmenl dévelop- pées, il sera possib'e, au moyen des données précédemment recueillies dans chaque série d'observations, de calculer, pour un hectare, le poids total de ces réccdtes successives diversement développées, et entièrement privées d'eau par l'étuvage. On trouverait ainsi : au 26 mai, 207 kil, au 31 mai. 517 au U juin. 575 au 9 juin. 1023 au 13 juin. 1186 au 17 juin. 1215 au 21 juin. U60 au 10 juillet. l/i73 Si maintenant, au moyen de ces nouvelles données, nous calculons les quantités totales de matières grasses, d'autres matières organiques combustibles , d'azote combine , d'aciJe phosphorique, de chaux et de potasse contenues dans ces ré- colles diversement développées, nous trouverons des résultais que nous allons rassembler dans le tableau qui va suivre: 77 — w a u •< c s •u S ?: ■n s s o a> (J C3 u S. H .^ O O) S9 < J3 O •\ -S •\ u .w en ■< C S ca H n -« H &. "Oi O} 9 a c u «; S e a o M ,_ U u 3 cr co (A >J o P •<" O O* m u z u tu rs co < es -3 O :d ïiî rj u 3 a; 'ft •M H as O ■< !-? S l> tO «5 <} 0 ^^ c eO lO 0 SM 00 0 tt '3 J tO «r< 05 -4 SS "0 0 z 10 IM <3 «?< "n t-> -=t CO «0 •3 z _ (M "^ < ce _ = 0 CO -a lO 00 00 e o '5 J eO 30 — «0 0 0 '^^ tt es .j co -c" 0 -^ — otT eo 3 S -3 •« -It «r( ^ 00 (M -s* "-n ■a «3 0 J H 0 ■^ Q j; -3 lO r- 0 -0 00 e t/3 b2 >j 0 0 CO 05 œ r- 10 S S 0 ^ (M •^ (M eo 1— 10 a -U o CL ,^ 0 -3 co 00 l-O co e 'M S ■j (M C5 5^ t- I> »?H r^ 2 -a j 0 eo 0 CO -a 0 l^ 2 (M «n to 0 i œ ^rt IN e>i •^ • 0. u . a < 0 u 0 u • • • ^ H ce s M < • c H s • 0 0 Cd •M S = i C3 en ~ i a c: ll • • 'S O ■|i es • • g? 0 0 3 ■ a. c ■ ' « a\\ tuVVht'vacwV YWïiji vVVvwVVc Sur un kilogramme. Matières organiques combustibles ( non compris l'azote) 850,30 Azote en combinaison 59,35 Acide phosphorique 29,63 Chaux 21,92 Silice 1.60 Potasse, soude, etc., malières di\ erses non dosées. •")7,20 TOTAL. . . 1000, • - ^ - 2". r.KAI.NE DU 7 JUIILF.T ISGl». Nombre de graines contenues (hms H» centi-nètres cubes \UUS gr.iines. niilligr. Poids moyen d'une graine 5 l'éial brut /i,l05 Poids moyen d'une graine sèche 3,858 A,'\v\vwV\à'\\é. Sur un kiliigiamme. Huile /i68,91) Matières organiques combustibles (azote excepté). ^60,24 Azote en combinaison 29,74 Acide phiiSj)liori(|ue 15,06 Chaux 11,51 Silice 1,06 Potasse, soude, etc. , matières diverses non dosées. 1 3,39 Total. . . 1000, » Sur un kilogramme. Matières organiques combustibles (azote déduit). 865,95 Azdie , 56, » Acide |)hospliorique 28,96 Chaux 21,90 Silice 2, . Potasse, soude, etc. , substances di\er.»*es non dosées. 25,19 Total. . . loo^), » 6 — 82 - 3", GRAINE DU 11 JUILLET 1860. Nombre de graines contenues dans 10 centimètres cubes 1352 graiiirs. niilligr. Poids moyen d'une crainc à l'état brut /i,'2S2 Poids mojen d'une graine sèche ù,116 Sur un kilogiaiiiDip. Huile 458,50 Waiières organiques combustibles (azote non com- pris) (i69.66 Azote 31. aO Aci'ie pbosphorique 16.82 Chaux 11,62 Silice 1,08 Potasse, soude, etc., substances diverses non dosées. 1 2,92 Total. . . looo, » Sur un kilogramme. rr. Matières organiques com!)uslibles ( non conpris l'azotO 806.77 Azoie en combinaison 5^, » A( ide pho.spiiorique 27,97 Chaux 21,46 Silice 2, B Potasse, soude, etc., substances diverses non dusées. 23,80 Total. . . looo, » — 83 — Pour faciliter les rapprochoincnts , nous allons résumer, sous forme de tableaux, ressemble des résultais obleniis sur les };raiii('S de 1860, comme nous l'avons di'-jà fait pour celles df 1862. COMPOSITION DE LA CHAINE DE C0I.Z\ ( COMI'I.ÈTKMEM PRIVÉE D'eAI) a diverses ÉI>0QI.:ES SICCKSSIVES DE S0.^ DÉVELOPPEMENT (Aimée 1860). SUR UN KILOGRAMME. f;i'OQUES DE LA RÉCOL'IE. 23 juin. 7 juillet. Il jiii'lei. lîni'p \l. liions orsJiniqiiPS cninl)ii'-I.Lii es diverses non lUt'iù.t s 370,2 53i.l 37, û is, 2 13, H 1,0 23,3 GK. iOH,9 i57.!t .•Î2,0 15.1 1 i,() 1,1 13,4 Gli. .'.58,5 'iP0,2 3i,9 1/i,S H,() 1>' 12,9 COMPOSITION DES TOLKTEAL.K DE GRAINES HE COLZA RECOLTEES A DIVEliSES ÉPOOLES Sl'C.tESSI VES DE LEIR DÉVELUPPEMENT ( Année 18fi0). Ml! Il\ KILOlillAM.UE W. TOilITliAU tlotièrrDKSt privé d'tiuiie et d'IiuiuidJti'. fil'OQUES DES RÉC îLTES. 2." juin. 7 jiii lel. 1 I jiiiMi 1, Miilièrps orzan'qnes coinbiistihles ( îiziiie ex<'eplé ) Azote en riinilj'iKiKiiii \ci(li' pliii^iiliiii i(|iie rii.uix Si lire l'(iia>se, s'inile, eic, snl)sl;inre.s di- \erses non do.sées 850,3 . 9, . 29.6 21,9 1,6 37,2 862, 'j 59,5 29.0 21.9 2,0 25,2 865.8 59,0 i8 0 21.4 2,0 23,8 — 84 — l.'accroisseincnl de la proporlion d'Imile dans la graine, à mesure que celle dernière avance vers la nialurilé, suit une marche analogue à celle que nous avons observée dans les résultats des expériences de 186'2. No:is y voxons de même décroître sncccs>iveinenl les proportions d'azole , d'acide phospliorique el de chaux. La comparaison des rendenienls fournis par les récolles de ces deux années diiïérenles, en opérant sur un kilogramme de graine, dans dts cuiiâiiioiis analoyites de maturiie, sem- blerait iudi([uer encore que lorsqu'il s'agit , comme ici , d'une même espèce de graine, la proporlion d'huile aug- mente d'une manière sensible avec le poids ou le volume de la graine, c'est-à-dire (|ue la plus grosse graine rendrait plus d'huile , à poids égal , que la plus petite. Si , au lieu de comparer enlr'eux les résultats fournis par des poids égaux de graine , nous voulons établir une com- paraison entre des nombres égaux de graines à ces divers étals successifs de leur développement, n(ius pourrons suivre la même marche que pourjes expériences de 1862. (Voir page 71 et suiv.) l/hectolilre de graines récollées le 1 1 juillet, pesant 67 kilogrammes , conliendrait 15 6j/i 000 graines, et une ré- colle de 2") heclolilres en contiendrait 39 1350 000, pesant ^ l'état de complète siccilé 1610 kilogiammes (le poids moyen d'une graine sèche élanl de 6 milligrammes 116). Le poids de la lécolie de graines serait , pour un hectare : Au 23 juin 603 kil. Au 7 juillet 1510 Au 11 juilet 1610 Calculant , au moyen de données expérimentales qui se rapportent à ces Irois récoltes, les poids d'huile , de matières organiques, d'azote, d'acide phosphoricpie, etc., qu'elles conlienneni , on trouve des nombres que nous avons inscrits dan>< le tableau (\m va sin'vre : 85 QDANTITÉS d'HCILE, DE MATIÈRES OltGAMQUES DIVERSES, d'azote , d'acide PIIOSPIIORIQCJE ET DE CHAUX Contenues dans une honne récolte moyenne de graine de colza qui , à malurilé, a produit 25 heclolilies à rUeclare et pesait, complètement desséciiée, 1610 kilogrammes. ÉPOOIKS DF,S RÉCOLTES DE GRAlSi S. ANXKE 1860. POUR l\ HECTARE. 23 juin. Poids de la récolle i:u3 kil 7 juillet. l'oids «le la recolle 1 oio un. 11 juillet. Poids de la reçoit ItlIO kil. Huile. .Mallt'res orfraniques i ( azote non compris Azote en combinaison. Acide pliosplmrique . Chaux KIL. 223,2 323,3 22,5 11,0 8,3 KIL. 708,0 691, i 48,3 22,7 17,5 KlL. 738,2 755,4 51,3 23,9 18,7 Nous n'avons à faire aucune reinarqiic nouvelle à roccasion de ce detnier lableati , qui ne présente aiilie chose que la confinnalion des lésultats généiaux déjà signalés anlérieure- ment , et nous résumerons ainsi les conclusions (ju'il noti.s semble permis de tiror des données fournies par cette troisième jiartie de nos éludes : RÉSUMÉ LT CONCLUSIONS. l'. Depuis le moment ou le poids moyen de chaque graine de colza s'élève à environ un demi-milligramme jusqu'à la setiiaine qui précède l'époque habiluelletiient adoptée pour — 86 — la rérollo, h propori'on d'IiuHc contenve r/nns un poids donné lie graines suit mip niiirche constininiieiil (iscruilunle, Cl rii(cnti'«sf^inciil pciil s'Ole\cr à pins iW ;i>0 '/, ck' l;i li- chrssc initijilc. 2". I,a rirlirssc on luiiU; fie la s'"'T''ie ne p.itaîi pins é|)r()nver fracrioisscment apprécial)le pentlanl la dernière se- maine de véi;éia(i()n de la planle, hieti {pi3 le poids delà graine puisse encDre angnu-ntcr d'environ 20 "/„. 3°. Les proportions d'azole , d'acide phosplioiiqiie , de potasse et de rlianx siiixcnt, an roiitraire, nne nuvche dé- cioissnnic]nsi\\\ik la dernière siimiiiie de véi^éialion, pendant laiinelle l'Ilcs restent sensilJi-nienl constantes. h". Si, an lien de considérer la graine, on considère le tourt an qid en provient après coinpi.l épnis •ment de ma- tières gra'^ses , on y voit Ifs }nopo>tions d'azole, d'aride phospliorique et de chanx croître jusqn'à ce qne la graine ail ac(piis environ les deux tiers de son développement, |)nis rester ensnite à pen près stationnaires. La proportion de potasse, an contraire, va constamment en diminuant d*pnis le commenccmint dfs obseivations jnsqn'à la mainrilé de li graine, et la diminntion (i lale re- présente environ 60 "/„ de la proportion initiale de potasse. 5". En comparanl enir'elles , non phis les propo-iims retnt'vfs ^\t}s divers principes con>i|itutifs d'un même poids de graines, mais les (pinuiltès loinles de ces divers princij)es contenus dans des récoltes formées d'un même nombre de gioiiirs diverscnunt dé\elop]iées , j'ai trouvé qne les aug- menta ions de poids de ces dinerenles sid)stances ne se faisaient ni dans !<• même rapport (pie celui de la graine , ni dans un même rapjiort enir'enx. Ainsi, pendant qne le poids de la graine aiignente dans le rapport de 1 à 7 (1). (1/ De un demi-millijjianiinc à (rois milligrammes et ifcnii. — 87 — Celui de riuiile croît dans le rapport de. . 1 à 33 envirofl? Celui de lu chaux, diiii;; le rapjjor». de . . là 6,5 Celui de l'aclae phosplioriijue , dans le rap- port de 1 à 5,5 Ct'Ini de l'azole, dans le rapport de. . . là /j,75 Celui des matières org.iniqucs antres que l'azote et les uiatières grasses , dans le rappoi t de 1 a U Enfin celui de In pot.isse, dans le rapport de, 1 à 2.5 env. 6". l/accroisscnient de poids de la potasse contenue dans une récolle de graines scnihie s'arrêter a\anl li niatiuMié de ces dernières, alurs (pie le poids de chacun des autr s prin- cipes conslilutils n'est encore parvenu (pi'aux trois «piarts do la limite (|u'il doit atteindre à l'époque de la inaturiié de la plante, 7". F.e poids de l'huile contenue dans une récolle de graini' augmente jnscpi'à l'époque de la luiiiuriié , ainsi (|ne le poids de la récnlie el!e-nièni<' , lanilis (pie nous venons de voir plus haut que , pendant la dernière semaine, la richesse en huile de la graine cesse d'aiiginenter. Il y a donc, pour le culiivateur, avantagea ne récolter son colza que loisque la graine est parvenue à son entier développement : il ohlieiit ainsi plus de graine sans que cet accroi-^semenl de poids se fasse aux dépens de la qualité industrielle de cette dernière. 8". Par le javelage, la richesse en huile ne paraît pas augmenter dans la giaine ; mais co:nme celle-ci peut encore éprouver, juMidant celle sorte de lente agonie de la plante, un accroissemrnt sensible de poids, il s'ensuit que la masse d'huile pnidiiile par la récolte piut encore éprouver elle- même une légère aiignunlaiioii pi'iidanl le temps qui s'écoule entre la coupe de la plante et le battage de la récolte. 9. En nous reportant, parla pensée, auv résultats ob- »pnn<5 dans les premières parties de ce travail , nous y voyons - 88 — diminuer simu''rn ment , et dans une proportion assez considérable, dans la partie inférieure tle la plante qui se termine aux plus basses siliques : Le poids des matières grasses contenues dans la récolte de cette partie de la plante ; Le poids de l'azote ; Celui de l'acide phosphorique ; Celui de la chaux ; Et celui des sels alcalins. Cette diminution progressive et continue paraît commencer vers répo(|ue de la formation de la graine , et dure jusqu'au moment de la récolte. 10". En rapprochant ce dernier ré.^^ulial de ceux que nous venons de résumer plus haut , on se trouve conduit à ad- mettre que , pendant |f*s dernières semaines de la végétation de la plante, la plupart des éléments constitutifs dont la graine s'enrichit doivent provenir en très-giande partie , si ce n'est entièrement, de la masse des principes siinilaires accumulés et en quel(|ue sorte emmagasinés dans la partie supérieure des rameaux, jusqu'à l'époque de la floraison et de la formation de la graine. Il resterait encore , pour compléter celle étude sur le dé- veloppement de la graine et de la plante en général, à péné- trer plus avant dans la nature intime des principes qui s'y développent et s'y accumulent successivement ; mais c'est un travail extrêmement complexe qui exigerait plus de temps que je n'en pouvais consacrer aujourd'hui à de pareilles re- cherches. f>L >Iorière donne lecture d'une note stir des rru*ilacés fossiles trouvés a La Caine et à Luc. — 89 — ^ NOTE SUR LES CRUSTACÉS FOSSILES m TERRAINS JURASSIQUES DU CALVADOS. Découverte du genre t"/iVO.V diins le lias super ieur, et du çeiue /'/T'i/O.VOrOA' dans la grandp ooliilie; Par m. MOlilÈRR. Malgré les découvertes qui ont eu lieu sur divers points du globe, malgré les travaux des Desniarest, des Aleyer, des Milne-Edwards pt're et fils , des Queustedt , des Étallon , des Oppf'l , il reste encore beaucoup à faire pour que l'on puisse tirer, d<\s (irusiacés fossiles, des caractères aussi cer- tains (|ue ceux (pii sont fournis par les niolluscpies, Kt cependant, il est juste de dire que les études des sa- vants dont nous venons de citer les noms ont augmenté la liste des (Jusiacés caractéristiques des diverses formations , ou mieux fait connaître les périodes géologiques pendant lesquelles ils ont vécu. Kn consignant les découveiles de Crustacés faites dans diverses localités, et surtout en faisant connaître avec soin l'étage dans lequel on les a rencontrés , on réunira des matériaux qui pourront permettre im jour d'augmenter l'importance paléonlologique de cette division des Annelés. Aussi ai-je pensé, à l'occasion de deux Crus- tacés nouveaux que j'ai eu la bonne fortune de trouver ré- cemment , qu'il ne serait pas inutile d'exécuter un travail d'ensemble sur les Crustacés fossiles de notre déparlement. Jusqu'à présent le contingent du Calvados a été assez restreint , excepté toutefois pour les terrains paléozoïques. ].o$ irilobites recueillis à .Turques, à Fonlaine-Éfoupefotjr, — 90 — à May, à Falaise, etc., qui se irouvont répartis dans diverses collcclions, pcrincltront dï-laUlir une liste intéressante de cet ordre d'Enlornoslracés (1). Los (jriislacés inin>és dans nos terrains jurassicpies, ou plnlôt renx dont il a été (pieslion dans les Mcmoires de la Société Linnéenne de Xorniaiidie, soiii les suivants: 1". Vn crnsiacé rnacronre , le Crmiqnti MognerUlii (2) : denx échanlilNms ironvés, l'iiii dans les carrières de Vau- celies par ^I. I.nard , médecin ; l'anire, dans nne carrière abandonnée, à Vcnoix, cl apparicnani comme les |)remières an fnller's-earlli. par \\. l)es!on<;cIi;mips. Tr is antres exem|)laires pins on moins compl'^fs dn même crnsiacé ont été nnconirés à nainille dans la grande oolithe, l'un par iM l)e>!onscliamps, l'antre par M. Tos»on. Le caial.-tgiie de VIeyer, reproduit jiar Kiallon dans son ex- cellf'nt travail sur les criisiacés fossiles du ,Jnra . rapporte le CraiHjon Mugucvillii de l>L Di-sIonRclianips an genre Gly- phaa et le désigne sons le nom de Gh/phaa Rrtjlrijami. 1". Des pinces que M. I)(sl(ing(h;nnps a rapportées avec hésitaliiin au g<'nre Pagunis? et (pii ont été lenconirées dans diverses assises des terrains secondaires : le lia-^, l'ooliihe in- férieure, le fidier's-earili et la grande ooliilie. M. Kiallon a con- sidéré ces pinces conune appatienanl au genre 0' honnidis. .3°. Des débris (If Palitni'us, trouvés à Banville par M. Tesson, que M. Deslongchamps avait considérés counne ap- partenani au P. lonycln oc hiatus et (pii sont cités par Meyer et par Élallon comme devant èlre attribués au Glypliau Re- gleyuua. (1) C'esi lin travail que nous uvoris riniPiilinn de fuiie prorliaine- mnil, PII rollalmiMlion avtc M. Eng'iie Deslon^cliiimps. (2) Menwires de la Sociêlé Linnéenne de yurmandir , \. V , année i 835. — 91 - U". Enfin VHomolm Avdoiniti ironvé par !\1. Doslong- cliainps «laiis la pilaii lie ^W l.ani;riiiR' (giaiifk* oolilhe) et à llaii\illo dans l.i iiirnu- foiinalioii par M. Tcsm)ii ; la place (le ce cm lacé dans la chissilicaiion n'est pas encore parf.iileni ni (ixic. Voici , en eir< i , ce qn'un lit sur celle es- pèce dans le iiiéiMoire de i^I, Éiallon : « l.c l\pe du genre Prusojon apiiarlicnl au néocnniien. (1 Nous reliouvons dans les lerraiiis jiirassiqiKs une forme (( qui n'en isl pas éloignée, u>;iis il en tacé (pii , dégagé avec soin lorsque je fus de retour chez moi, m'oiïiii les caractères du genre Eryon , décapode macrouie de la famille — 92 — «les cuirassés, qui seml)Io en quelque soiie fumier une lian- sition entre les crabes et les écrevisses. Le premier examen qui fut fait de ce cruslacé , par M!M. Deslongcliamps père et fils et par moi , nous fil rapporter d'abord cet Eryon à l'espèce désignée sous le nom iVEryon Hartmanni par IMeyer et figurée dans le Der Jura de Quenstedt. Toutefois l'Eryon de La Caine ne nous a pas paru complètemeîit semblable à la figure de YE. Hartmanni, et nos doutes ont été encore augmentés par l'opinion de M. Saemann , qui regarde notre espèce comme étant diffé- rente de celle de Boll. En se reportant au dessin , pi. VI , fig. 1 , 2et 3, que nous devons à l'obligeance et à l'habile crayon de noire ami, M. Eugène Deslongchamps, et le comparant avec le dessin donné par Quenstedt , on reconnaît des diffé- rences assez grandes, ce meseiuble, pour que Y Eryon de la (iaine soit une espèce dilTérente et probablement nou\elle. En effet , dans la caractéristique de Hartmann , donnée par Ouensteur Im crusl mes jurassiques du besoin du Juin (Extrait des Mémoires de la Société d'agrxullure de la Huule-Suûne, année lb61 }. — 95 — virgnlien ; une 4'. espèce, le P. gihbosum, a été rencontrée dans le spongitien de Sl\-(ilqiK' jus(|irau rostre ; les régions liépan(|ues sont convexes et divisées [)ar un sinus obli(pie en deux parties inégales; la partie postérieure, dont la surface est à peu près les 5/i de la partie aniéricuro , oiïre en oulre deux tubercules beaucoup plus forts que les auîres granulations qui sont à peu près égales et également distribuées. La région cordiale est bien distincte et plus netlemcnl séparée de la région génitale que M. Étullon ne Ta figuré dans ses dessuis. — Enfin, dans le Pulionoion de l.angrune , la division principale postérieure est plus large que les divisions moyennes et antérieures, et les pièces qui recouvrent les brancbies ont une forme iriangnl.iire que nous n'a\ons ob- servée dans aucune des espèces décrites par M. Étdlnn. I>o Piilionoion de Langrune , (|ue nous rapportons pro- visoirement au P. Meyeii^ serait-il une espèce nouvelle? Nous laissons aux natuialistes qui voudront bien en exa- miner les dessins, et qui se sont plus occupés que nous de l'étude des Crustacés, le soin de décider la question. Quelle que soit leur décision, il faudra, dans tous les cas, faire rcmonlcr l'apparition du genre Pnhunoion à l'époque de la grande ooliihe. Le temps ne nous a pas encore permis d'examiner les dé- bris de cruslacé.s pKo\enant des étages oxfordien , corallien et kinjmeridgicn du (lalvados; mais nous pouvons dès à présent alfirmer la présence, dans les lerr.iins jiuassiques de noire déparlemeiit, d'au moins trois genres de crustacés : \csGhj- ph((a,c[u'\ sont en queUpie sorte les langoustes des -ners ju- rassi(|u.s; les Pitliotwion , (\m sont peut-èlre les rtpiésen- tanls d<'S Pagures ; et les Erijons , qui établissent le passage des Anomouiesaux ^Jacrouns. — 97 — Le Secrétaire dépose sur le bureau la note suivante : SITU LES VULSELLID^] , Adams , Par M. MUNIER-CHALMAS , membre correspondant. < WiM. Adams, dans leur traité de conchyliologie, retirent les Vulselles des iMonomyaires nialléacés, et proposent pour ce genre une famille nouvelle. Avant de l'adopter définitive- ment , il serait bon d'en discuter la valeur ; mais on ne pourra le faire, d'une manière bien sérieuse, que lorsque l'animal des Vulselles sera connu et qu'on pourra le comparer à celui des véritables malléacés. Quoi qu'ail en soit , sans adopter ni rejeter celte nouvelle famille , on ne peut lui con- server la place que lui assignent ces auteurs, lin effet, quelle analogie existe-t-il entre une Vulseila et un Dreysseina (1) ? Si l'on considère seulement les caractères externes propres aux Vulselles , on trouve certainement, outre les caractères génériques qui les différencient des autres genres de la famille des Malléacés , quelques autres caractères particuliers , qui semblent annoncer des modifications dans les organes de l'animal, mais qui ne suffiraient pas sans doute, si l'on ne les retrouvait que dans ce genre , pour établir celte nouvelle section. C'est après avoir placé dans les VulselUdœ les Eligmus de M. Deslongchamps , et un nouveau genre que je propose , el après avoir donné les raisons qui me conduisent à ce résultat, que je donnerai les caractères propres à chacun de ces deux groupes, M. Deshayes avait déjà depuis long- temps , dans des lettres écrites à iM. Deslongchamps et en (1) MM. Adams placent les VulselUdœ après les Dreysseina, elc. 7 — 98 — partie publiées par ce dernier , rapproché les Eiigmus des Vulselles (1); mais celte opinion ne fut pas admise parle savant auteur, qui, s'appuyant sur d'auirps caractères et sur- tout sur la structure lamelieuse et non fibreuse du test , conserva son genre dans les Ostracés. Depuis cette époque j'ai pu , sur des échantillons de la Vulsella Turonensis , Dujardin (2), rapportés de Touraine par M. Hébert, qui a bien voulu , avec sa bienveillance habituelle , me les com- muniquer , faire une série de nouvelles observations , qui semblent clairement confirmer la première opinion de M. Deshayes. Les faits que j'ai pu observer sont que : 1°. Lorsque la couche nacrée interne disparaît chez les Vulselles, Vempreiuie musculaire est mise en relief absolu- ment comme chez les Eiigmus, et qu'elle se prolonge de même sous les crochets (pi. I , fig. 3) ; 2". Que le bâillement sinueux , très-intéressant , que M. Deslongchamps avait justement fait remarquer chez les Eiigmus , et qu'il croyait n'exister que dans ce genre , se retrouve aussi et avec les mêmes caractères chez les Vulselles (FI. I,fig. 3); 3°. Que ce bâillement est postérieur, comme chez les Eiigmus ; h". Que le test des Vulselles crétacées est entièrement feuilleté, et qu'il est souvent compacte et non fibreux (3), etc. De tous ces caractères , il paraît résulter que les Eiigmus étaient des mollusques très-voisins des Vulselles, et dont l'empreinte musculaire est mise en relief par la disparition (Ij Voyez Bull, de ta Société Linnéenne de Normandie, t. I, p, 110. (2) Dujardin, Mémoires de la Société géologique, t. II, p. 228, pi. XV, fig. 1. (3) De rares échantillons présentent des traces à peine sensibles de fibres dans la couche corticale. — 99 — probable d'un test interne nacré , semblable à celui de ces dernières. Pour donner uuc idée plus nette de ces analogies, je donne ici, à la suite, un tableau résumant les rapports et les différences qui existent entre les VuLselles , les Eligmus et les Naïadines (I). Du reste, que l'on jotie les yeux sur la planche que M. Eugène Deslongrliamps a bien voulu me dessiner et que je dois à son habile crayon , et l'on sera con- vaincu de l'analogie qui existe entre ces trois acéphales. VULSELLA. Coquille iirégulière , bâillante, droite ou Iraiisvcrse. Bâillement sinueux et postérieur. Surface ornée de si ries longitudinales ou transverses. Crochets terminaux ou ol)liques, rappro- chés ou divergents. Empreinte musculaire allongée (en relief quand le lest in- terne disparaît). Couclie corticale fi- breuse ou lamel- leuse et compacte. Couche interne na- crée, etc. ELIGMUS. Coquille irrégulière , bâillante , trans- verse. Bâillement sinueux et postérieur. Surface ornée de côtes transs erses. Crochets obliques , rapprochés ou di- vergents. Empreinte musculaire allongée (eu relief par la disparition d'un test interne). Couche corticale la- mellcuse et com- pacte. Couche interne jjroba- blemenl nacrée, etc. NAYADINA. Coquille irrégulière, bâillante, trans- \crse. Bâillement simple et postérieur. Surface ornée de la- melles transverses. Crochets obliques , rapprochés ou di- vergenls. Empreinte musculaire semi -lunaire ( en creux ) . Couche corticale sub- fibreuse et lamel- Icuse. Absence de couche interne, etc. Si , après avoir mis ainsi en regard les rapports et les différences qui existent entre ces trois genres , on compare en quelques lignes les Malléacés aux VulseJlidées, il sera plus (1) Voyez page 8, planche I, figures 1, a, b, c, d, e, f. — 100 — facile de saisir l'ensemble des caractères propres à chaque famille. En eiïet , si l'on prend d'abord les Monomyaires malléacés, on voit que ces mollusques ne sont pas exactement clos : leur coquille est bâillante , et ce bâillement est anté- rieur ; il est destiné à laisser passer le pied et le byssus qui les fixent aux corps sous-marins auprès desquels ils vivent sus- pendus. Leurs coquilles , formées par une double sécrétion , se composent de deux couches, l'une interne, nacrée, l'autre externe et toujours fibreuse. Leur ligament est très-souvent multiple, et leur région cardinale, h l'exception d'une ou deux espèces appartenant au genre Malleus , offre toujours les mêmes caractères , c'est-à-dire qu'elle est presque tou- jours droite et très-allongée , sauf encore les Malleus. Ces mollusques sont tous réguliers. Les Vulselles, au contraire, n'ont pas besoin de se fixer solidement aux corps sons-marins : aussi paraissent-elles entièrement privées de byssus. Elles vivent plongées perpen- diculairement dans des éponges , et s'y accumulent quel- quefois au point d'en faire disparaître presque entièrement le tissu. IM. Ueshayes a démontré que leur bâillement était postérieur, au lieu d'être antérieur comme celui des Mal- léacés. Ce bâillement est semblable à celui des Eligmus , comme je l'ai démontré , et celui du genre que je propose est semblable à celui delà plupart des Vulselles. Ces dernières partagent avec les Malléacés le mode de formation de leur enveloppe solide , mais avec cette différence que la couche corticale, fibreuse dans certaines espèces, peut devenir lamelleuse et compacte dans d'autres. Les Eligmus se com- portent de même que les Vulselles crétacées, pour la sécrétion de leur test. Les Nayadines , au contraire , offrent un type extrême de la famille et semblent s'en écarter bien davantage: en effet, leur coquille n'est plus formée que dune seule couche presque compacte et lamelleuse, ce n'est qu'avec la — 101 — plus grande difficulté qu'on y aperçoit des traces de fibres. Leur empreinte nnsculaire est voisine de celle des Ostracés; mais il ne faut pas oublier que ce sont des coquilles équi- valves , dont le ligament et la fossette cardinale rappellent tout ce qui existe dans les autres genres du même groupe. Si nous ajoutons à ces faits que la région cardinale des Vul- sellida est excessivement courte , que leur ligament n'est jamais multiple, etc., etc., on trouvera certainement des caraclères externes différents entre ces deux familles. Mais ces différences seront-elles confirmées ou détruites , lorsque M. Fischer, qui attend l'animal des Vulselles, se sera occupé de leur anatomie ? VULSELLA , Lamarck. Coquille irrégulière, allongée, subéquivalve, imparfaite^ ment close, bâillante; bâillement postérieur, simple ou si- nueux ; intérieur nacré ; nacre largement débordé par le couche corticale fibreuse, lamelleuse ou compacte; crochets courts, terminaux ou obliques , divergents ou rapprochés. Charnière portant une petite fossette triangulaire en forme de cuiller on, destinée à recevoir le ligament ; surface on- duleuse ou ornée de stries longitudinales ou transverses. Empreinte musculaire allongée, subcenlralc , en relief quand le test interne disparaît , etc. Ce genre, créé par Lamarck, fut placé par l'auteur dans les Ostracés ; (Xivier, le premier, le transporte dans les iMal- léacés , près des Maliens ; d'Oibigny , par des considérations difficiles h comprendre , le détruit et range ses espèces parmi les Ostrea; Gray le remplace, dans sa famille des Pleriadœ , par le genre Baphia (1), de Gevers, 1787 ; Woodvards n'en (1) Ce {çeiiie, comme l'a bien démoiilié M. Desliayes dans sa De- — 102 — fait plus qu'un sous-genre des Avicules dans son Manuel de conchyliologie ; Swaison, trompé par la forme singulière des jeunes Vulselles, propose le genre Reniella ; cnûn MM. Adams établissent pour elles une nouvelle familk' , qu'ils placent entre les Aviculidœ (1) et les Dreysseinidic. Cette nouvelle section n'est pas admise par M. Deshayes, qui replace les Vulselles après les Maliens, entre les Avicules et les Periies, etc. Le nombre des Vulselles actuellement connues s'élève à vingt-huit; dix-huit sont vivantes, les dix autres sont fos- siles ; huit de ces dernières appartiennent au terrain tertiaire éocène et deux seulement au terrain crétacé. ESPÈCES VIVAXXES. N°. 1. VULSELLA PHOLADIFORMIS. Vulsella pkoladiformis, Reeve, Conch. iconogr. Vulsella, n". 1 , pi. 1 , fig. 1. Uab. Ceylan. N". 2. VULSKLLA ISOCARDIA. Vulsella isocardia , Reeve, Conch. iconogr. Vidsella, n". 2, pi. 1. Uab. Mer rouge. N°. 3. Vulsella tasmamca. Vulsella tasmamca, Reeve, Conch. iconogr. VuUclla, pi. 1 , n°. 3. Hab. Tasmanie. scriplion des animaux invcrlébrés du bassin de Paris, conlieiil .T Luio, 2 Psaniniolies, 1 Lulraire, 1 Vulscllc et \ Anomie. (1) Avinilirla- . d'Orbijïny, psI synonyme des Mallcnrtv , Laniarck. -- 103 — N°. U. VULSELLA IJ.NGULATA. Vulsella lingulata , L?imck. , Hist. nal. des anim. sans vert., 1\ éd., vol. VII , p. 267. Mtja Vulselln , Linné, etc. Hab. Les Moluques, Madagascar, Nouvelle-Hollande. ]N°. 5. Vulsella hians. Vulsella hians, I.anick. , Hisl. nal. des anim. sans vert., 2'. éd., vol. VII, p. 267. Hab. Mer rouge. N°. 6. Vulsella mytilina. Vulsella mytilina, Lamck. , Hisi. nat. des anim. sans vert., 2^ éd., vol. VIT, p. 268. Hab. Mer rouge ! ou Océan indien ! N°. 7. Vulsella rugosa. Vulsella rugosa , Lamck. , Hist. nat. des anim. sans vert., 2^ éd., vol. VII, p. 268. Hab. Mt'r rouge. N". 8. Vulsella spongiarum. Vulsella sponcjiarum, Lamck., Hist. nat. des anim. sans vert., 2". éd., vol. VII, p. 268. Hab. Nouvelle-Hollande, mer rouge, Suez. ]N°. 9. Vulsella attenuata. Vulsella attenuata, Reeve, Conclu icotiogr. Vulsella, pi. 1 , n'\ 5. Ilcib. Mer rouge. — 10^1 — N". 10. VULSELLA CRENULATA. Vutsella crenulata , Reevc, Concli. iconogr. VulseUa, pi. 1 , n". 9. Hab. Mer rouge. N°. 11. VULSELLA LIMiEFORMIS. VulseUa Limœformis , Reeve , Conch. iconogr. VulseUa , pi. 2 , n°. 10. Hab. Port-Adélaïde, Australie. N". 12. VlILSELLA PHASIANOPTERA. VulseUa phasianoptera, Reeve, Conch. iconogr. VulseUa, pi. 2, n°. 11. Hab. Australie. ]N°. 13. VULSELLA RUDIS. VulseUa rudis , Reeve, Conch. iconogr. VulseUa, pi. 2, 11°. 12. Hab. Australie. N°. l/l. VULSELLA LINGUA-FELIS, VulseUa Ungua-felis , Reevc, Conch. iconogr. VulseUa, pi. 2, n". 13. Hab. Inconnu. N". 15. VULSELLA OVATA. VulseUa ovata, Lamck. , Uist. nat. des anim. sans vert., 2^ éd., vol. VII , p. 268. Hab. Nouvelle-Hollande. — 105 — IN°. 16. VULSELLA COROLLATA. Vulsella corollata, Reeve, Conch. iconogr. Vulsella, pi. 2 , n". 1/4. Hab. Zanzibar. N". 17. Vulsella trita. Vulsella trita , Rceve , Conch. iconogr. Vulsella , pi. 2 , fig. 17. Hab. Mer rouge. N°. 18. Vulsella iminor. Vulsella minor (1), Chemnitz , Cal. conch., p. 22, lab. 2 , fig. 8 , 9 , t. VI. Hab, Inconnu. Ex museo Spengleriano. ESPÈCES FOSSlLiES. N". 19. Vulsella falcata. Vulsella falcata, yinmidY', Goldfus , Petr.,\t\. 107, fig. 10, a, 6,- d'Archiac , Mèm. de la Soc. géol. de France, t. II , 2^ série, p. 2U , pi. VIII , fig. 2 , 3 , a, 4, a. Hab. Biarritz, Crcssemberg (Bavière or.). N". 20. Vulsella legumen. Vîdsella legumen , d'Archiac et J. Haiine , Descr. des anim. foss. de l'Inde, 1853-5^, p. 276, pi. 2ti, fig. 13. (1) Laraarck considérait celte espèce, mais avec doute, comme une variété de son Vilsei.la sponciari m. ^V '.s V ",• ..'Ç / y ^ K^ — 106 — Hab. Chaîne d'Hala ( Inde ) , dans le calcaire blanchâtre à grains spalhiques. IV". 21. VlLSELLA DEPEItDITA. Vulsella dcperdùa , I.anick. , Hùt. nat. des anim. sans vert., 2^ éd., vol. VII, p. 268; Ostrea deperdùa, d'Orb. , Prod. de pal., p. 39/i, n". 1133; Deshayes, Coq. foss. des env. de Paris, t. I, p. 37/t, pi. 65, fig. ^-6. Hab. Grignon, Chaiissy, F"ercourt , etc. ; Barlon , liants (Angleterre). Calc. grossier. N". 22. YULSELLA ANGUSTA. Vulsella angusta , Desh. , Descr. des anim. du bass. de Paris, p. 52, pi. 76, fig. 13-15; Vulsella minima, Desh., Ibid., p. 53, pi. 76, fig. 16-18. Hab. Le Guépolle, Anvers, Fercourt, Chaussy, etc. Calc. GROSS. , SABLES MOYENS. A". 23. Vulsella aaomala. Vulsella anoma la, Desh., Descr. des anim. sans verl. du bass. de Paris, p. 52, pi. 76, fig. 19-20. Hab. Grignon. Calc. gross. X". 2^. Vulsella , nov. sp. Hab. Le Guépolle (sab. mot.). Ma collection. iV". 25. Vulsella, n. sp, Hab. Inconnu. Collection Deshayes. N". 26. Vulsella, n. sp. Hab. Angleterre ( tert. im'.). Collection Desluiycs. — 107 — N". 27. VULSELLA PERNOIDES. Vulsella pernoides {Coq. sp.) , IMunior-Chalmas; Ostrea pernoides , Coquand. fJab. Inconnu. N". 28. Vulsella Turonensis. Vulsella Turonensis , Dujardin , Mémoires de la Société géologique de France, p. 228, pi. XV, fig. 1. Ostrea Turonensis , d'Orbigny , Paléontologie française, terrain crélacé , n°. 1079, p. 7/i8, pi. CCCCLXXIX. Hab. St. -Paterne, Tours, Cognac, etc. (Craie marneuse). ELtGML'S , Dcslongcliamps. Eliymus, Deslongchamps (Mémoires de la Soc. Linnéenno de Normandie, t. X, p. 272. 185^-55). Coquille transverse , irrégulièrement équivalve , inéqui- latérale et bâillante , convexe , dilatée en avant , légèrement déprimée en arrière. Bâillement postérieur et sinueux. Test assez épais, lamelleux et non fibreux. Crochets obliques , à sommets plus ou moins divergents. Surface externe ornée de côtes transverses , rayonnantes et obliques. En arrière des crochets, une espèce de lunule très-longue, étroite et limitée par les côtes transverses Empreinte musculaire subcentrale, portée sur une espèce de cuilleron proéminent. Empreinte palléale paraissant simple. Obs. Depuis les deux mémoires du savant doyen de la — 108 — Faculté de Caen, aucune observation nouvelle ne paraît avoir été faite sur les Eligmus. Les trois espèces décrites par cet auteur sont encore les seules connues. N°. 1. Eligmus polytypus. Eligmus polytypus (1), Deslongcliamps , Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie , t. X , p. 287 , pi. XV , fig. 1-17; pi. XVI, fig. 1-6. Hab. Le Maresquet (Grande oolithe). N". 2. Eligmus labyrynthicus. Eligmus labyrynthicus , Deslongcliamps , Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie , t. X , p. 290, pi. XVI , fig. 16, 17, 18. /lab. Montreuil (Maine-et-Loire) (Grande oolithe). N". 3. Eligmus pholadoïdes. Eligmus pholadoïdes , Deslongchauips , Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie , t. X , p. 292 , pi. XVI , fig. 19, 20, 21. Hab. Le Maresquet (Grande oolithe). KAYA-DINA, Munier-Chalnias. Testa crassa, irregulariter œquivalvis, transversa, trigona, lamellosa, hians subfibrosaque, anlice arcuata, dilalala, poslice angulosa, lamellis transversis ornata ; liiantia poslica , siniplex. Liinula angusto-elongala. llmbones obliqui, non paiumve discedentes. Cardo fossula trigona, profunda, oblique directa , cavatus et (in valva dcxtra ) dénie valde (1) M. Deslongcliamps dlstingne, dans celte espèce, les variétés suivantes au non)bre de quatre : orata, compressa , rctaa i, clonfialn. — 109 — obsolelo depressioiii in valva seneslra respondente, munitus. Impressio pallii simplex. Cicalricula muscularis subcenlralis, semi-lunaris, valde impressa cavalaque. Coquille épaisse , irrégulièrement équivalve , inéquilalé- rale , bâillante, transverse et trigonc , anguleuse à son extrémité postérieure , arquée et dilatée à son extrémité antérieure , qui est la plus courte ; bâillement postérieur et simple. Test très-épais , composé d'une seule couche non nacrée , feuilletée et presque sub fibreuse. Crochets obliques , rapprochés ; surface externe couverte de lamelles trans- verses, limitant en arrière des crochets une espèce de lunule étroite, mais très-longue. Charnière creusée d'une fossette cardinale, subir iangulaire , assez profumle , dirigée en sens inverse de celle des Eligmus , c'est-à-dire des crochets vers l'extrémité postérieure, et munie, sur la valve gauche, d'une dent rudimcntaire peu proéminente , placée au-dessus de la fossette et correspondant , sur l'autre valve , à une petite dépression. Empreinte musculaire subcentrale , semi- lunaire , fortement marquée en creux. Empreinte palléale paraissant simple. NAYADINA HEBERTI , Municr-Chalmas. Testa crassissima , solida, valde transversa, trigona, antice arcuala, convexiuscul.i , dilalala, poslice depressiuscula , atlenuata , angulo- saque, lamellis numerosis, aiigustis, lenuibusqiie ornala. Lunula anguslo-clongala, lamellis parvis miinita. Hianlia poslica, parum curdo fossula trigona, obliqua munitus. Cicalricula muscularis, semi-lunaris, valde cavala. Coquille très -épaisse , solide , très- transverse et trigone, arquée, dilatée, convexe à son extrémité antérieure , atté- nuée et légèrement déprimée, et plus longue à son extrémité — 111) — poslériewe. Surface externe couverte de lamelles irans- verses, étroites, nombreuses. Lunule allongée, étroite, portant de faibles lamelles longitudinales. Bâillement simple, un peu onduleux. Charnière portant une fossette triangulaire oblique. Cicatrice musctdaire semi- lunaire , fortement marquée en creux. Je saisis avec empressement cette circonstance, qui me permet de donner à mon savant maître , M. Hébert , un témoignage de ma reconnaissance et de ma gratitude. Hab. Aubeterre (Craie marneuse). EXPLICATION DE LA. PLANCHE L Fig. 1. Naïadina Heberti , Munier-Chalmas. Fig. l,r). Valve gnuclie, vue par-dessus. Fig. 1, b. Valve droite, vue par-dessus. Fig. 1, f. Valve droite, vue par-dedans. F"ig. 1, (/. Valve gauche, vue par-deJans. Fig. 1, e. Coquille, vue sur la région cardinale. F'ig. \,f. Coquille, vue sur la région palléale. Fig. 2. Eligmus polyiypus, Deslongchamps. Fig. 2, a. Coquille, vue sur la région cardinale. Fig. 2, b. Valve gauche, vue par-dedans. Fig. 3. Vulsella Ttironcnsis , Uujardin. Fig. 3, 0.. Valve gauche, vue par-dedans. REMARQUES SUPv LA Î^OTE PRÉCÉDENTE, Par M. Eudks-Deslongchamps, secrétaire de la Société. Dans celle note, M. Munier-Chalmas cherche à prouver que mon genre Eligmus doit être rapproché des VuheJIes , et qu'il existait à l'intérieur des valves des Eligmus une couche iu- — \\i — terne, uou lamelleuse, disparue pendant la fossilisation. Cette note renferme, de plus, la descripiion d'un nouveau genre et d'une nouvelle espèce , Nayadina Heberti, voisins du genre Eligtnus. Le travail de M. Munier-Chalmas n'ajoute rien aux idées que M. Deshayes s'était formées de mon genre Eligmus. M. Deshajes me les avait transmises dans une lettre que j'ai imprimée dans le tome 1®'". du Bulletin Je la Société Linnéenne de Kormandie , p. 110. Je répondis en imprimant, à la suite de la lettre de M. Deshayes, les raisons qui ne me permet- taient pas d'adopter son opinion et qui me forçaient de main- tenir la mienne. Je regrette que MM. Deshayes et Munier-Chalmas n'aient point eu occasion de voir en nature des Eligmus en bon élat. Je doute qu'ils persisteraient h penser qu'il y a eu pour ces coquilles, à l'état vivant, une couche interne, disparue pendant la fossilisation. Quant à moi, je persiste à regarder ces co- quillescomme n'ayant rien perdu pendant leur enfouissement; et, malgré leurs valves presque régulières et leur bâillement, comme devant se rattacher à la famille des Ostracées. La coquille sur laquelle M. Munier-Chalmas établit son genre Naiadma me paraît fort intéressante. Comme son test n'est formé que d'une seule nature de couches lamelleuses , elle doit , suivant mon opinion , se rattacher , comme les Eligmus, à la famille des Ostracées; son empreinte muscu- laire unique, non saillante, l'en rapproche encore. Il est vrai que sa forme presque régulière et son défaut d'adhérence ne permettent pas de la réunir au genre Ostrea; mais elle me pa- raît former un anneau entre ce dernier genre et mes Eligmus, et tendre à combler la lacune assez importante qui sépare ces deux genres. J'ai lu avec un grand intérêt, dans un travail récent de M Dumortier , intitulé : Coup-d'œil sur l'oolithe inférieure du Var, inséré dans le Bulletin de la Société géologique de France, t. XIX, séance du 28 avril 1862, qu'il a recueilli, sur la route de St.-Nazaire à Bandol , et en nombre assez considérable, — 112 — VEligmus polylypus, avec la curieuise ouverture à bords sinueux qui se fait fort bien voir sur bon nombre (C échantillons , ainsi que le cuiller on à bords amincis et tressaillant gui porte V em- preinte musculaire. M. Dumortier ne paraît pas avoir eu connaissance de la note additionnelle au genre Eligmus que j'ai insérée dans le tome l". du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, où je fais connaître que M Ed. Suess , professeur de géologie au Muséum de Vienne, a trouvé VEligmus polytypus , en Pologne, à Balin (à 12 lieues deCracovie), et que la même espèce a été recueillie par M. Bouchard-Chantereaux aux environs de Boulogue-sur-Mer ; car M. Dumortier ajoute dans sa note ; « Il est curieux de voir ce genre de coquille , si peu connu « encore, passer du département du Calvados aux environs « de Toulon , sans presque laisser de traces sur l'immense « surface des dépôts jurassiques qui séparent ces deux sta- « tions. En effet , après l'exemplaire de Montreuil Bellay , « cité par M. Deslongchamps , je ne connais que la jolie es- « pèce à' Eligmus de Poitiers , du môme niveau de la grande « oolithe , dont je dois un exemplaire fort bien conservé et « bivalve à l'obligoauce de M. le docteur Constantin. En « comparant cet Eligmus du département de la Vienne aux « autres, il y a de telles différences , soit dans la forme gé- « nérale , soit dans la disposition des côtes, qu'il me paraît « probable qu'il faudra la considérer comme une espèce nou- « velle. Quoi qu'il en soit, les couches de Bandol renferment « ces coquilles singulières en nombre considérable ; mal- « heureusement la nature de la roche s'opposera toujours à « ce que l'on puisse recueillir des exemplaires bien complets. » M. Dumortier remarque encore que les échantillons de Bandol sont plus petits que ceux que j'ai figurés : ils se rapprochent par là des Eligmus de Balin et de Boulogne-sur- Mer. Enfin, j'ai signalé en 1860, dans le t. V du Bulletin de la Société Linnéenne, p. 89, uî,e nouvel'e localité d' A" /t'émus — il3 — polyiypns trouvé par M. Porrier aux environs de Caen , sur le talus d'une route qui va des Chainps-St. -Michel à Ar- dennes. Il est assez difficile de savoir à quel terrain appar- tient VEligmus trouvé par M. Perrier, c'est-à-dire s'il provient de la grande oolilhe, de l'onlillie miliaire ou du fuller's-oarth : je n'ai pu avoir là -dessus uu renseignement précis ; mais, si c'était à ce dernier , ce serait à sa partie tout-à-fait supé- rieure. Ainsi , n-ion genre Elujinus fait petit à petit son chemin. Le voilà signalé à Caeu , au Maresquet , dans la Sarthe ( par M. Triger, in lilleris) , à Mon treuil -Bellay , dans la Vienne, dans le Var, dans le Pas-de-Calais, c'est-à-dire sur à peu près tout le pourtour de la France et , en dehors de la France , aux environs de Cracovie. Cette forme typique a donc existé sur une immense surface ; et , quand on saura bien la distinguer de certaines huîtres avec lesquelles un examen superficiel la ferait aisément confondre, elle deviendra de plus en plus une précieuse ressource pour les géologues. MM. Eudes-Deslongchanips père et fils présentent, comme membre correspondant, MM. Schhimberger, ingénieur de la marine à Nancy; Sœmann, géologue et minéralogiste à Paris. MM. Morièrc et Eudes- Deslongchamps présentent, comme correspondant, M. Chalin, profes.seur de botanique à l'École supérieure de pharmacie à Paris. La séance est levée. SEANCE DU 20 AVRIL 1863. Présidence de 11. SIORIÈRE. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. Sur les dépôts erratiques et sur ^extension des anciens glaciers dans le département de l'Isère , par M. Lorry ; brocli. in-16 , 12 pages. Description d'une nouvelle espèce de Scissureile , par M. Munier-Chalmas; in-8°., 7 pages, une planche. La Société a reçu , en échange de ses publications : Mémoires de l'Académie des sciences, belles- lettres et arts de Clermont-Ferrand , nouvelle série, t. P*"., 1". et 2*. semestres, in-8". Clermont-Ferrand, 1859. — Id., t. IL 1860. — Id., t. IIL 1861. — Id., t. IV. 1862. Verhandelingen der Koninklijke Akademie van Wetens- chappen. Achtste deel , 'n\-h". Amsterdam, 1862. Verslagen en mededeelingen der Koninklijke Akademie von Wetenschappen. — Afdeeling natuurkunde dertiende deel, in-8". Amsterdam, 1862. Id. Vurtiende deel. Amsterdam, 1862. Id. Afdeeling litterkunde. Zesde deel, in-S". Amsterdam, 1862. Joarboek der Koninklijke Akademie van der Wetens- ciiappen gevestigd , in-8". Amsterdam, 1861. Zcitschrift der Dcutschen geologischen gesellschaft , XIV band : août , septembre et octobre 1862. Berlin , 1862. — 115 — Zeitschrift der Deutschen geologischen (jeseUschaft , XV band : novembre, décembre 1862 et janvier 1863. Berlin, 1863. Mémoires de L'Académie impériale des sciences, arts et belles-lettres de Dijon , 2^ série, t. IX. 1861. Aiinales de la Société impériale d'agricidlure, industrie, sciences, arts et belles-lettres du département de la Loire , t. VI, 1". et 2^ livraisons de 1862. St. -Etienne , 1862. CORRESPONDANCE. Il est donné lecture d'une lettre de M. Vendryès , qui s'excuse de ne pouvoir assister à la séance d'aujourd'hui ; — de plusieurs lettres de membres correspondants, annonçant qu'ils acceptent la proposition de la Société, de payer an- nuellement une cotisation de 5 francs et de recevoir le Bulletin annuel. L'un d'eux , M. Le Bréhot , écrit pour annoncer qu'il paiera la cotisation annuelle de 10 francs , comme les membres résidants , pour recevoir le Bulletin et le volume des Mémoires. M. Fauvcl dépose sur le bureau le manuscrit d'un ca- talogue des Lépidoptères du département du Calvados , et demande à la Société la faveur de le faire imprimer dans le t. XIII des Mémoires de la Société. — M. Eudes- Deslong- champs fait connaître que le manuscrit de la 1". partie de son travail sur les reptiles Téléosauriens du Calvados est terminé, et qu'il en commencera incessamment l'impression dans le XI IP. volume des Mémoires de la Société. M. Eudes- Deslongchamps asinonce qu'il vient d'observer un cas d'ectrodactylie fort remarquable sur un veau qui a vécu 12 à 15 jours, et dont les quatre pieds sont terminés par un seul doigt bien conformé : ce qui fait ressembler, par les pieds , ce jeune ruminant à un solipède. 116 NOTE SUR UN CAS TRÈS-REMARQUABLE d'eCTRODACI YLIE AUX OUATRE PIEDS , OBSERVÉE SUR UN VEAU NÉ A TERME (PI, XIV, fig. 1 et 2) , Par .11. EIJOES-BESLOXGCHAMPS , secrétaire de la Société. L'anotnalie dans le nombie des doigts est chose assez com- mune, surtout quand ce nombre surpasse celui de l'état normal ; ainsi la polydactylie , dans l'espèce humaine et dans la famille des oiseaux gallinacés , est loin d'être rare ; il n'en est pas ainsi quand le nombre des doigts est moindre qu'il ne devrait être , et ce cas est presque toujours acconjpagné d'autres anomalies da.is différentes parties du corps. En par- lant de l'ectrodactylie , Is. Geoffroy-Saint-Hilaire (//m, des Anom. de l'org., t. I , p. 676), a dit : « Il est plus rare (( d'observer une diminution dans le nombre des doigts chez « un individu non monstrueux ; je ne connais même cette « anotnalie que par un très-petit nombre de cas, dans plu- « sieurs desquels une seule extrémité s'écartait des conditions « régulières. •> Suit l'énuméralion de ces quelques cas. J'ai eu moi-même occasion de faire une observation de ce genre sur un petit chat , né chez moi , et dont la patte gauche n'avait que deux doigts ; le petit animal ne montrait , à l'ex- térieur aucune autre anomalie. J'ai mentionné ce fait, mais sans aucuns détails , dans le VI'. volume du Buileiin de la Société Linnéenne ; la pièce est conservée dans l'alcool , et je l'ai déposée dans la collection tératologique de noire Fa- culté des .sciences. Vers le milieu du mois de mars do cette année (1863), on — 117 — m'apporia , de l'abaUoir de noire ville , la peau d'un veau qui venait d'y être ahailu , et à laquelle ou avait laissé les quatre pieds; chacun de ces pieds n'avait qu'un doigt, avec un seul sabot bien conformé, ressemblant à ceux d'un jeune solipède ; seulement il avait , comme dans l'espèce bovine et à chaque pied , deux petits sabots accessoires qui ne tiennent aux parties sous-cutanées que par des ligaments, et qui n'existent pas dans les solipèdes. J'acquis celte peau ; je l'ai fait préparer au savon arse- nical et bourrer avec du foin , pour la conserver et mettre les quatre pieds en évidence. Comme les quatre pieds étaient également conformés et développés , j'ai extrait le squelette de l'un d'eux , le pied droit de devant, alin d'en étudier les os, les ligaments et les tendons; j'ai laissé les autres dans la peau , qui fait partie de la collection téralologique de la Faculté. La peau, dans toutes ses régions, ne présente rien de par- ticulier. L'animal éiait une femelle ; elle a dû rester vivante au moins quinze jours ou irois semaines , puisque la police de l'abattoir ne permet |)as de li\rer à la consommation des animaux plus jeunes. Un pareil défaut de conformation ne pouvait empêcher l'animai de vivre et de se développer; il était facile de reconnaître , à rinspedion de la corne de ses sabots, qu'il pouvait très-bien se tenir sur ses quatre pattes et marcher; car la corne, en-dessous, montrait un léger commencement d'usure; bref, s'il eûl appartenu à des gens curieux de conserver un pareil spécimen , il aurait très-bien pu vivre; toalelois, il est probable que sa marche eût été moins assurée qu'avec des pieds d'une conformation ordinaire. Enfin, quelle (ju'ait été la raison de ne pas le conserver, il fut vendu et abailu. Je doute qu'eu conservant cette variété on eût pu obtenir d'elle quelque race mile ; cette race n'aurait présenté aucun — 118 — avaiilage sur les races connues, et leur eût été évidemment inférieure. Il n'eûl pas été nécessaire d'associer, dés l'abord, à celte femelle solipède un mâle monodactyle comme elle , ce qui d'ailleurs eût été à peu près impossible , vu la rareté d'une pareille conformation chez l'espèce bovine ; mais une observation bien fréquente, faite sur l'homme et sur les ani- maux atteints d'anomalies dans la conformation des doigts , démontre que ces anomalies reparaissent très-souvent dans la descendance : on eût fini sans doute par avoir des mâles et des femelles à pieds de cheval. Toutes ces idées-là n'ont certainement pas passé par la tête du propriétaire de la génisse monodactyle : il eût fallu qu'elle fût tombée entre les mains de quelque cultivateur riche et aimant à faire des expériences. Mais, encore une fois, si la tentative eùl réussi , elle n'eût amené qu'une race inférieure aux autres , et (ju'aucun intérêt mercantile n'eût engagé à propager. Il n'en eût pas été de même sous le rapport de l'intérêt scien- tifique : le résultat eût été des plus curieux. Des bœufs à pieds de cheval ! Quel beau chapitre à ajouter aux sélections de Darwin ! Je donne, dans la planche XIV qui accompagne cette note, le dessin du squelette osseux du doigt extrait de la peau, vu par la face postérieure, fig. 1. Je donne en même temps celui d'un veau normal. Mes dessins sont réduits d'un cin- quième environ, afm qu'ils pussent entrer dans une planche in-8". L'extrémité supérieure du métacarpien du veau monstrueux est, à irès-peu près, de la même largeur que chez le veau normal; sa surface articulaire n'en diffère pas non plus d'une manière notable, mais elle ne resseujble pas à celle du mé- tacarpien du cheval. Sa partie moyenne, ou corps de l'os, ne se rétrécit [)as, à beaucoup près, autant (|ue chez le veau normal : chez celui-ci , l'cxlrémilé inféiieure s'élargit beau- — 119 — coup transversalement pour donner place aux deux têtes articulaires qui soutiennent les deux doigts. On voit, à la face postérieure de ce métacarpien, une gouttière longitudinale naissant d'un trou vasculaire situé près de l'extrémité supé- rieure; elle règne en s'élargissant un peu jusqu'au point où elle atteint l'intervalle des deux tètes articulaires. Sur le veau monstrueux le trou \asculaire existe, mais il n'y a pas de gouttière. L'extrémité inférieure du métacarpien ne s'élargit pas, elle ne montre qu'une seule tête articulaire dont les con- dyles latéraux sont séparés par une crête médiane, comme dans le cheval. Quoique cette unique tête, ou poulie, soit évidemment le résultat de la fusion des deux poulies normales du ruminant, on n'y aperçoit aucune tracede soudure; on n'y voit qu'une surface articulaire très-régulière; seulement l'arête médiane me paraît un peu plus large que dans le cheval , et les deux rainures de la poulie moins profondes. Sur le côté externe do la face postérieure du métacarpien normal, je remarque (fig. '2, a) un court stylet osseux re- présentant évidemment le métatarsien avorté du deuxième doigt, qui n'est représenté, à l'extérieur, que par un petit sabot dépourvu même de noyau osseux, ne tenant aux parties profondes que par des ligaments. Au côté interne et supé- rieur du même métatarsien, il n'y a pas de stylet osseux ; on n'y voit qu'une assez large surface rugueuse et une forte ligne aponévrotique à latjuelle s'attachent les fibres du muscle inter-osseux externe, quoiqu'il y ait aussi de ce côté, à l'exté- rieur inférieurement, un petit sabot tenant par des ligaments, comme au côté interne. C'est le seul veslige de la présence du cinquième doigt. On sait que chez le cheval il y a, de chaque côlé de la face postérieure du métacarpien , deux forts slylets osseux, articulés contre celui-ci , repré'^entant les métacarpiens des deuxième et cinquième doigts, et qu'il n'y a pas de petits — 120 ~ sabols cxlérieiiis iiuiiquant les dernières phalanges de ces deux doigis ; ou plulôl que ces doigls ne se voient que dans quel<[ues cas de monstruosilé fort rares. On sait encore qu'il a existé , dans les âges géologiques , des chevaux à trois doigls apparents (les Hipparions), depuis long-iemps éteints, c'est-à-dire ayant un, doigt principal, repiésentant le troisième et le quatrième doigt soudés , accompagné de deux petits doigts complets, séparés, représentant le deuxième et le cinquième. (^lipz le veau monstrueux il y a , à la |)lace ordinaire (fig. 1 , rt) , un styiet externe très-développé , alleigiianl au moins à la moitié du métacarpien principal. A la suite de ce stylet et dans son proiongemenl , il en existe un second {b), très court , uni au premier par uno substance ligamenteuse. Sur le côté interne, dans l'épaisseur de l'aponévrose, à laquelle s'insèrent les fibres externes du nmscle inter-osseux, est un stylet osseux {<:) , plus mince que celui de l'autre côté, mais qui n'atteint pas tout-à-fait l'extrémité supérieure du niéîacarpien. Ainsi, le métacarpien monstrueux ressemble inlerieuremeni à celui du cheval ; et la présence à la fois de deux slylels sur ses côtés, quoique fort différents par la forme de ceux du clunal, semble néanmoins un |)as de plus vers la confor- mation des solipèdes. la première phalange du veau monstrueux monire, sauf les dimensions qui sont plus considérables, i"! peu près les mêmes formes que chez le veau ncrmal ; mais elle est tout- à-fait symétrique , tandis que , chez celui-ci , la face qui regarde la phalange voisine est plane et verticale, et que l'autre face latérale est oblique et arrondie ; il y a également plus de symétrie aux faces articulaires de cette phalange chez le veau monstrueux que chez le veau normal. T.es mêmes observations sont à faire pour la seconde [)halangc. — 121 — La troibièiDC piiaiangc , chez le voau moiisiriieux , est plus peiiie qu'elle ne devrait être chez un poulain de son âge; elle surpasse un peu , mais pas de beaucoup , la dernière phalange d'un des doigts du veau normal ; mais celle-ci n'est pas symétrique, puisqu'elle ressemble à l'une des moitiés d'une dernière phalange de solipède , sciée suivant sa lon- gueur. (iOlle du veau monstrueux est presque symétrique, arrondie à sa pointe, ayant ses deux faces latérales arrondies, presque semblables, et sa face postérieure, non concave comme dans le veau normal , mais plane et même partagée en deux moitiés prescjue égales par une très-légère saillie longitudinale. Cependant^ en la considérant très-attentivement, on voit qu'elle représenterait plutôt la jihalange du doigt externe du veau que l'iiUcrne; et qu'il n'y a pas pour elle de fusion aussi évidente de deux phalanges onguéales , que pour les deux phalanges qui la précèdent et pour le mé- tacarpiciî. J'ai peu de chose à dire des muscles, ou plutôt des tendons qui passent sur le métacarpien et se rendent aux phalanges. Dans le veau normal , il y a antérieurement deux tendons assez larges qui se fixent en partie aux premières phalanges , en pariie aux secondes ; puis un tendon situé entre ceux-ci , plus étroit, qui se bifurque au niveau de la rainure située entre les deux poulies articulaires du métacarpien, et chacune des branches du tendon bifurqué , marchant l'une près de l'autre, vient se fixer à l'angle supérieur des deux der- Piicres phal.uigos. Sur le veau tnnnstrneux je tiouve, au-devant du méta- carpien , deux tendons assez larges , d'abord distincts , puis qui s'unissent par leurs bords voisins et vieiuiciit se fixer à la première et à la seconde phalange. Je n'ai point vu de tendon grêle , simple ou bii'ur(iué, qui vint se fixer à l'angle supérieur de la troisième phalange. ~ 122 - A la face postérieure du métacarpe je trouve, dans le veau normal, deux tendons fléchisseurs, le perforant et le perforé, qui se divisent en deux en passant derrière les os sésamoïdes; un perforant et un perforé pour chacun des doigts: le second se fixant près de l'extrémité inférieure de la seconde pha- lange , le premier à l'angle postérieur de la troisième. Chez le veau monstrueux , le perforant et le perforé ne se par- tagent pas en deux , il n'y a qu'un faisceau de tendons; le perforé s'attache , comme dans le veau normal , près de l'ex- trémité inférieure de la seconde phalange , et le perforant à l'angle postérieur de la troisième. Les nmscles dits inicr-osseux situés à la face postérieure du métacarpien , m'ont présenté quelques différences assez notables entre le veau normal et le veau monstrueux, (^hez le premier ils se présentent, dans la moitié supérieure, comme un large faisceau musculaire , à fibres longitudinales attachées à la face postérieure de l'os et à deux fortes aponé- vroses situées de chaque côté du métacarpien , et dont l'une fait suite au stylet osseux dont j'ai déjà parlé. Vers son tiers inférieur, ce faisceau musculaire se partage en trois lan- guettes, une moyenne et deux latérales; la moyenne donne insertion à trois tendons fort distincts : celui du milieu , le plus étroit, vient s'adapter au-devant de l'union fibreuse des deux os sésamoïdes moyens , et s'enforicer profondément dans la rainure qui sépare les deux extrémités inférieures du métacarpien, et semble se perdre dans le tissu fibro-graisseux situé dans cette rainure. Les deux autres tendons de la lan- guette musculaire moyenne viennent s'attacher aux bords supérieurs des deux os sésamoïdes moyens, qu'ils tirent vers le haut lors de la flexion des doigts. Les deux languettes musculaires latérales se terminent chacune par un assez fort tendon qui se rend aux os sésamoïdes latéraux , et en même temps aux ligaments latéraux externes, qui unissent chaque — 123 ~ première phalange avec les têles articulaires du métacarpien correspondant (1). Les choses sont un peu autrement disposées chez le veau monstrueux. Le faisceau musculaire, situé à la face postérieure du mé- tacarpien , ne se partage qu'en deux languettes, chacune terminée par un tendon assez large qui se rend aux liga- ments latéraux unissant la première phalange au métacarpien et aux deux os sésamoïdes ; car , sur celte pièce , il n'y en a que deux : la languette musculaire moyenne et ses trois tendons manquent ici complètement ; les fibres musculaires des deux faisceaux se croisent souvent en allant d'un côté à l'autre. Cette conformation , jointe à la présence de deux stylets osseux latéraux, rappelle tout-à-fait celle des vrais solipèdes. Malgré cette ressemblance dans l'ensemble de l'organisation de ces pieds avec ceux des solipèdes , malgré la fusion com- plète, en pièces simples, de pièces doubles chez le rumi- nant, et sans se laisser influencer par l'idée de l'origine bien certaine du monstre, le type du ruminant n'est pas com- plètement effacé , surtout en ce qui concerne la troisième phalange. Dans les deux premières phalanges , la taille plus considéral)le s'explique naiurellon:enl par la fusion de deux doigts; mais la troisième, plus petite qu'elle ne devrait être, s'y prête moins et semble ne représenter que le doigt externe, comme si l'interne eût fait défaut; mais toute trace de la présence de celui-ci a disparu. Je ne puis m'empêcher de faire ici une réflexion ou plutôt une conjecture. Ne serait-ce point quelque cas semblable à [1) Ainsi, de coniple fait, il y a, au moins chez le veau, quatre os sésamoïdes dislincls, lauRés sur une li^ne Iraiisversale, deux pour clinqnc articulation niélacarpo-plialangiennp , cl unis entre eux par un tissu librciix cl cartiiaLnncux Irès-dense. — 12^ — celui que je décris dans cette note, mais vu superficielle- ment, qui aurait donné lieu de croire à l'existence de mulets entre l'espèce bovine et l'espèce chevaline, que l'on a quel- quefois mentionnés sous le nom de Jmnars? La croyance à ces métis est très-ancienne: on prétend ({ue Columelle en a parlé le premier; Jonslon, le crédule Jonston , en parle, mais pourtant sans y croire. Gesner paraît y avoir mis plus de créance. Elle est aussi assez généralement ré|)andue dans le public ; j'ai été plusieurs fois interrogé sur l'existence des jumars. La nature du chevalet celle du bœuf sont trop diverses et trop éloignées pour pcn.ser que de l'union de ces espèces puissent provenir des métis, et tout fait supposer que l'exis- tence de vrais jumars n'est (|u'une fable. BufFon, qui ne croyait pas à de pareils produits, fit venir, sur le dire de Gesner (jui aurait entendu dire qu'il se trou- vait de ces mulets auprès de Grenoble , un de ces jumars du Dau|)hiné et un autre des Pyrénées où l'on en citait aussi: « il reconnut, tant par l'inspection des parties exté- -sé vivre mon veau soli- pède , en lui voyant des pieds de cheval avec un corps de bœuf, des gens, amis du merveilleux et prompts à se former des convictions sur de simples apparences, auraient très- bien pu trouver, dans ce fait, une preuve que de pareils métis ne sont pas des èires chimériques. iM. Eiidcs-Deslongchamps annonce encore qu'il s'est pro- cure tout récemment un autre cas de monstruosité dans l'espèce bovine : c'est un veau hyperencéphale , portant sur le crâne une énorme tumeur arrondie, entièremeni recou- — 125 — verte parla peau, garnie uniformémcnl de poils serrés. La peau enlière de l'auiin:\! , écorché préalablement , lui fut apportée; il réclama la tète osseuse, qui lui fui remise im- médiatement : la paroi supérieure du crâne n'existait pas et l'on voyait à nu la base du crànc recouverte par la dure- mère seulement ; mais une partie de la moelle allongée et le commencement de la moelle épinière existent très-proba- blement; le reste de la moelle est demeuré dans le canal rachidien. Il lui a été rapporté que ce monstre a vécu deux jours; qu'on s'avisa d'ouvrir largement la tumeur; qu'il en sortit un liquide trouble, plein de grumeaux blanchâtres, et que l'animal mourut aussitôt après. Il paraît fort douteux à M. Eudes-Deslongchampsquece monstre ail pu vivre après sa naissance. Forcédes'absenlerpour quelques jours, M. Eudes- Deslongchamps fil mctue la lèle dans l'alcool et bourrer la peau. Il remit pour un autre temps à faire l'examen détaillé de la pièce conservée. L'animal était né à terme. La peau de la tète, du corps et des membres no présentait rien de parti- culier, seulement il sortait par l'ouverture de la narine droite une portion aplatie, d'apparence culauée, recouverte, des deux côtés, de poils plus longs que ceux qui garnissaient le reste du corps. Le Secrétaire dépose sur le bureau la note suivante de M. de Ferry, correspondant à Bussières (Saône-et-Loire). — 126 — NOTE SUR LES LIMITES DES ÉTAGES GÉOLOGIQUES ET SUR LA PERSISTANCE ET LES VARIATIONS DES ESPÈCES, Par M. DE FERRY , correspondant de la Société. Los deux questions que nous essayons d'aborder sont celles-ci : 1°. Les étages géologiques sont-ils rigoureusement limités, et le synchronisme de chacun d'eux est-il absolu? 2°. Existe-t-il des espèces persistantes, c'est-à-dire qui passent dans plusieurs de ces étages, et quelles sont les variations dont ces espèces sont susceptibles dans le temps et dans l'espace? CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Suivant l'acceptation généralement admise en géologie , comme en paléontologie, on appelle étage l'ensemble d'un certain nombre de couches stratifiées (1), de nature minéra- logique variable, qui, renfermant une faune et une flore spé- ciales, partout identiques ou analogues, partout distinctes des faunes et des flores antérieures ou postérieures, sont, comme (1) Il est bien entendu que nous ne vouions excepter de l'étage, pris dans son sens géologique complet, ni les produits volcaniques, ni au- cune des roches cristallines, etc., contemporains des dépôts sédimen- taires; mais c'est de ces derniers seulement que nous avons à nous occuper ici. — 127 — par cxeraplc, le règne animal et le règne végéial actuels, l'expression particulière et tranchée d'une grande époque du monde animé. Chaque étage géologique doit donc se distin- guer nettement par ses fossiles caractéristiques , et ceux-ci ne se retrouvent plus ni dans les terrains inférieurs, ni dans les terrains supérieurs de l'échelle stratigraphique. Deux systèmes sont en présence pour expliquer les révo- lutions diverses dont le globe a été le théâtre, et l'apparition et l'extinction successives des êtres qui l'ont peuplé. Le premier est celui des cataclysmes qui ont périodique- ment détruit tout ce qui existait, et ont chaque fois changé ou modifié plus ou moins profondément la position des mers et le relief des continents. D'après cette opinion , à la suite de chacun de ces bouleversements et au bout d'un temps plus ou moins long , lorsque la tranquillité s'est trouvée rétablie, de nouvelles créations sont venues repeupler la terre et la couvrir d'espèces distinctes ou de types inconnus jusqu'alors. Le second est celui des transformations lentes, mais conti- nuelles de l'écorce terrestre et de la somme de vie répandue ici-bas. Des perturbations partielles peuvent agir avec plus ou moins d'énergie , mais sans jamais occasionner une des- truction totale, et le travail incessant des agents naturels suffit, avec l'aide des siècles, au renouvellement de toutes choses. La théorie des catastrophes violentes et universelles , dont Alcide d'Orbigny a été l'un des principaux partisans en paléontologie, devient de jour en jour plus difficile à sou- tenir, en présence d'observations multiples qui tendent à constater que, dans une foule de cas, loin qu'il y ait eu entre les étages de brusques séparations, comme on le croyait , les strates se sont généralement succédé d'une ma- nière régulière et normale, et que, si le contraire se présente I — 128 ~ sur certains poinls, i! faut l'atlrihuer ù des discorclaîices locales ou à dos dénndaiions plus ou moins considérables, qui n'ont cependant influé que partiellement sur la totalité et rensemblc des dépôts. Le renoiivollemenl périodique des créations semble également trouver un démenti dans les dé- couvertes, chaque jour plus nombreuses, déformes spécifiques communes entre étages différents; et la paléontologie, na- guères encore invoquée à l'appui de l'opinion contraire , semble faire table rase de tout système préconçu, et, appor- tant dans l'examen minutieux des êtres qui sont de son do- maine, rimparlialilé de l'esprit philosophique, se voit obligée de déclarer qu'entre des formes réputées spécifiquement dif- férentes , presque par La raison seule qu elles appariicnneiit à des étages difjcrcnts (1) , il y a similitude complète ou seulement des modifications telles qu'on est en droit de les attendre de simples variétés. Si à cela on objecte que de telles décisions ne sont que le résultat d'observations insuf- fisantes, et d'autant plus incerlaines qu'elles ne peuvent avoir pour base que ia nature morte et par là nième altérée, il faudra beaucoup de bonne volonté pour admettre d'abord un tel raisonnement, et croire ensuite que le pouvoir créateur, après avoir brisé ses moules comme inutiles, s'est mis à les refaire presque immédiatement sur des modèles tellement semblables qu'ils ne sauraient être distingués, et cela tout exprès pour les besoins d'une cause (jui n'est rien moins que suffisamment prouvée. L'idée des transforuîations incessantes, se manifestant avec plus ou moins d'intensité, mais sans jamais arriver au dia- pason de cataclysmes universels, a de plus sérieux arguments en sa faveur, parce que, des milliers de siècles aidant , les (1) C'est cependant là le critérium d'un assrz t>on nombre dp per- sonJies : « Etage aif]\rcni . donc espèce dislinclc. ) — 129 — causes actuelles , avec leurs modilicalions possibles dans les temps passés, ont pu produire naturellement tous ces chan- gements qui nous étonnent en apparence par leur grandeur et leur diversité, mais qui ne sont au fond que des résultats proportionnés à la puissance des agents qui leur ont donné naissance. Il n'en est pas de même de la doctrine des mutations in- sensibles des espèces et de leurs transformations graduelles , doctrine qui se rattache plus ou moins à la précédente et qui crée pour tous les êtres vivants une perpétuelle et véritable métamorphose. Son défenseur le plus spécieux , M. Charles Darwin, et, après lui, son traducteur et com- mentateur, M"'. Royer, de Lausanne , ont poussé leurs con- clusions à l'extrême et à l'égal d'Alcide d'Orbigny, mais dans un sens diamétralement opposé. D'après les théories du livre (( De L'origine des espèces », les principes des forces vitales, ou la vie en soi, étaient, au moment de la formation du globe, à l'état de germes et d'atomes moléculaires (1) qui , (1) Ce système n'est pas nouveau au fond, cm- les sopliistes anciens, et notamment Démociite, enseignaient déjùque les atomes, ou principes élémentaires ou éternels, étaient doués d'une vie propre, et s'agitant librement dans le vide, y formyienl toutes les combinaisons possibles. Le problème de VO'igiite des espèces s'agite depuis que Tliomme raisonne, et se dtmande d'où il vient et où il va. Ce qui existe dans l'univers est-il l'expression d'une force universelle infinie, à la fois élernellement cause et effet, ou bien les créations commencées dans le temps et limitées dans l'espace, ont-elles pour ciiusc première, et en dehors d'elles-mêmes, cet infini qui n'est pas elles? Telle est l'éter- nelle question qui divise le monde des esprits, et dont la réponse est dans un Dieu-Nature, ou dans le Dieu tout-puissant , éternel , incréé, infini, c;iuse, principe et support de toutes choses. Le Dieu-Nature conduit à l'absurde, parce qu'il est tout à la fois fini et infini, créé et incréé, et que sa formule consiste dans des termes contradictoires. L'infini, en ellet, ne peut exister nulle part dans la nature créée, — no — suivant des lois d'attraction et d'affinité incessamment déter- minées et modifiées par des causes multiples, telles que le milieu ambiant ou les dilîérenles phases de transformation de la planète, se seraient groupés et organisés pour con- stituer soit les rudiments du monde inorganique , soit ceux du règne organique. Puis, par une foule de combinai- sons, la molécule, marchant de transformations en transfor- mations, se serait végctalisi'e ou anùnaUsèe. Enfin, confor- mément aux nécessités de la concurrence vitale et de l'élection naturelle, ces forces rudimenlaires , ainsi spé- cialisées , auraient donné naissance aux prototypes des divers embranchements des séries , soit végétales, soit ani- males. On conçoit que, ce point de départ une fois admis, ainsi qu'un pouvoir illimité de transformation dans le temps et dans l'espace attribué aux créatures , des êtres très-difîérents dans le principe, aient pu, suivant les besoins de l'existence, modifier plus ou moins profondément leurs divers or- ganes et engendrer ainsi , à la longue, tous les types connus, car la malière n'est, en aucune façon, continue, ni divisée ou divi- sible intlniment , et les formes géométriques, les seules qui réalisent le caractère de l'infini, ue sont que des idées et des abstractions de noire esprit. Mais il suffit que ces idées existent pour en conclure qu'elles doivent correspondre à quelques réalités, puisque autrement leur notion serait impossil:lc pour nous; et comme le parfait, l'absolu, le continu, ne sont autres que des formules de l'infini, ils ne peuvent s'appliquer à aucune des réalités de la nature, et n'ont leur raison d'être qu'en Dieu, et dans ses attributs. Or, ces formes absolues qui sont en Dieu, ces limites qu'il réalise seul, sont les lois d'où dé- coulent tous les possibles et les formes des êtres contingents; et comme ces idées sont éternelles, il s'ensuit nécessairement que ces formes, ces niodMcs subsistent dans l'inltlligence divine avant d'exister en réalité, et que celte vue antérieure des possibles suppose la liberté des créations. — i:vi — depuis le poisson volant jusqu'à l'oist'au (I), el depuis le mammifère le plus rudimentaire jusqu'îi l'homme (2). iMais, dès le début, ce système donne lieu à de graves objections; car comment la molécule se serait-elle organisée par ses piopres forces, puisque la matière essentiellement inerte ne peut produire le mouvement et par conséquent la vie , à moins de l'avoir reçu en dehors d'elle-même ; et en- suite comment supposer une telle descendance pour les êtres intelligents, à moins d'admettre que l'atome est à la fois pensée et matière, ce qui serait affirmer bien gratuitement les contraires, à savoir que des propriétés différentes ne supposent pas des substances distinctes. Toutefois, à côté de ce qu'il y a d'inadmissible dans celle doctrine, la théorie de Ch. Darwin fournit d'utiles preuves de la variabilité des espèces, quoique l'auteur n'enxisage celles-ci que comme des formes essentiellement transitoires, et non comme des types permanents, sujets toutefois à de certaines modifications. Il nous semble pourtant que l'espèce, en tant que type, existe bien réellement; car nier sa réalité distincte, c'est encore affirmer dans un autre sens la coexis- tence des contraires, puisque, ce qui constitue l'essence d'un être étant la nature même de ses propriétés , des propriétés différentes supposent des êtres distincts. Seulement nous croyons devoir envisager l'espèce dans un sens plus large que ne le font généralement la plupart des paléontologistes, et (1) Voir : De l'origine des espèces, trad. par M""'. Clémence Rojer. Paris, 1862, pag. 259 el suiv. (2) La meilleure preuve de la ciéalion ii pari do l'iiomme csl dans sa faculté d'abstraire, el dans son sens dis in ou de rinliui. En effet , par quelle loi de génération i'insliiicl du sin^e ptrfeclioniié aurait-il pu se transformer eu cet acte originel el fuudainental de la laison humaine, qui, ne se contentant pas d'mferer d'un fait h un autre dans l'ordre des choses naturelles, supprime les limites el s'élance du fini dans l'infini ? — 132 — appeler ainsi tout type spécial (prototype) doué , d'une part , dès l'insiaiU de son apparition dans le temps et dans l'espace, d'un certain nombre do caractères essentiels qu'il reproduira constamment à l'avenir et qui lui seront communs avec tous ses descendants, et de l'autre susceptible, suivant les degrés de son énergie vitale, de modifications plus ou moins consi- dérables et plus ou moins transmissibles (1) , appropriées à sa nature particulière et capables d'assurer , au meilleur titre, sa conservation sur le champ de bataille de la vie. Aussi regardons-nous la formule des espèces comme devant se composer de trois termes et s'énoncer ainsi : 1°. Principe de permanence ; 2°. Principe d'acquisition ; 3". Principe de transmission. Ces trois modes ou manières d'être ne sont au fond qu'une seule et même chose , puisqu'ils constituent évidemment , d'une part, la capacité (2) ; de l'autre , l'essence de l'espèce, qui ayant reçu, à son point de départ, une première somme de forces vitales caractérisées par des organes primitivement essentiels, les conserve toujours (principe de permanence), avec la faculté pourtant de certaines modifications secon- daires (principe d'acquisition) et transmissibles à différents degrés, et durant un temps plus ou moins long (principe de transmission ). Aussi, en réalité, la plupart des distinctions minutieuses sur lesquelles les paléontologistes basent l'espèce sont-elles (1) l'ius ces modilicalions oui leur raison d'être, plus au bout d'un cerlain nombre de généralions, elles s'aflirnienl et se IransnieUcnl par voie d'hérédité, mais sans préjudice des caractères essaiticls que l'on peut toujours retrouver chez toutes les variélés. (2) Pour nous, la capacité de l'espace est son aptitude à recevoir et à éprouver toutes les modificalions, que, dans la nature de son essence, peuvonl lui comniuniqucr inressamnienl les milieux ambiants. — 133 - puériles; et, dans beaucoup de cas, il y aurait lieu de les rejeter, car si l'espèce réelle ne peut être en paléontologie , comme en zoologie, que la coniiuualion dans le temps et dans l'espace, par voie de géiiéralion directe, d'un être type dont les principaux caractères doivent rester immuables, il n'en est pas moins vrai que ses caractères secondaires, pou- vant se modifier incessamment par les influences et l'action des milieux environnants, il serait absurde d'y trouver ma- tière à des êtres de nature différente. Ainsi, par exemple, l'unité de l'espèce humaine, malgré tout ce qui en a été dit, ne nous paraît pas souffrir de doute, et celle-ci descend, à nos yeux , d'un prototype spécial dont toutes les races ac- tuelles ne sont que des modifications, qui sont encore loin d'être épuisées et qui varieront tant qu'il y aura des hommes sur la terre, mais ^ans perdre pour cela les caractères fon- damentaux qui ont différencié ce caractère à l'origine. Nos réserves une fois établies, il ne nous répugne nulle- ment d'admettre ce que dit Darwin sur les variations dont tous les êtres vivants sont susceptibles. Au contraire, nous croyons que l'on a beaucoup trop multiplié les espèces et que la plupart d'entre elles ne constituent que de simples va- riétés. Sans doute, depuis que la vie circule sur le globe, beaucoup de types spéciaux ont été créés et ont déjà dis- paru pour faire place à d'autres ; mais de même que, nulle part, les forces naturelles n'ont cessé d'agir, et que si, dans nombie d'endroits , les couches sédimenlaires en voie de formation se sont trouvées interrompues par des causes diverses, sur d'autres points , au contraire, leur dépôt s'est toujours opéré tranquillement , et sans subir de temps d'arrêt , rien n'a pu empêcher également les espèces pré- existantes, restées dans des milieux favorables, de continuer à vivre et de se transformer incessamment. Si nous recherchons quelles peuvent être les causes (pii — 134 — amènent la destruction des espèces ou l'apparition de nou- veaux types , nous nous trouvons soit en possession de quelques données pinusibles, soit livrés à des conjectures plus ou moins probables, mais qu'il serait téméraire de con- sidérer dès maintenant comme épuisées; car nous ignorons profondément quel est le nombre d'inconnues qu'il reste en- core à représenter pour la solution d'un problème si com- pliqué. L'extinction des espèces tient certainement à des circonstances trop multiples pour que l'on puisse les préciser toutes avec rigueur; mais, néanmoins, trois grandes causes semblent plus spécialement intervenir. Ces causes seraient : 1°. l'épuisement vital lui-même; 2". la destruction de cer- taines races par d'autres ; 3°. les révolutions physiques capables d'exercer leurs effets destructeurs, d'une manière plus ou moins générale, sur un plus ou moins grand nombre de types, ou d'anéantir accidentellement , sur des stations données , certaines espèces qui s'y trouvent cantonnées d'une manière toute spéciale. Tout type, nous l'avons vu, possède une triple somme de forces nécessaires, tant à la conservation et à la propagation de sa race, qu'au rôle qu'il doit jouer dans l'économie de la nature. Les unes sont immédiatement agis- santes, les autres sont encore en germe, laientes, et ne se développeront qu'au fur et à mesure des circonstances. Comme chaque être a des attributions différentes, chaque race se trouve douée d'une vitalité plus ou moins grande, suivant l'importance et la durée des fonctions auxquelles elle est réservée. La somme de vie inhérente à chaque espèce est donc probablement en raison directe de son importance. De là, des êtres esseniiellement passagers, et d'autres dont la persistance étonnerait, à bon droit, î-i l'on ne prévoyait que les besoins pour lesquels ils ont surgi durent encore. Quand, pour une cause on une autre, une race devient iniilile, elle doit sans doute disparaître, et c'est ce qui peut cxpli([uer — 135 — pourquoi, même de nos jours, sans motif apparent bien connu , l'aurochs de Lithuanic perd son pouvoir générateur et semble devoir être bientôt rayé de la faune actuelle. Il est inutile d'insister sur dos faits aussi bien admis que ceux de la destruction possible de certaines tribus animales par l'effet de la concurrence vitale. Depuis les temps historiques , l'honmie a supprimé l'élan et le castor d'une grande partie du continent européen, et , de nos jours même , il a détruit le dodo à IIIe-de-France; l'ours, le sanglier et les loups en Angleterre. D'un autre côté, lorsque des espèces ou des variétés se trouvent cantonnées dans certains districts qui leur sont spéciaux et dont elles ne peuvent franchir les bar- rières, la nature et les conditions des lieux venant à changer et à leur être complètement défavorables, ces espèces ne peuvent que disparaître en totalité ; et pour ce qui est du fond des océans et de leurs aréas spécifiques, des faits ana- logues ne doivent pas y être relativement très-rares, quand une province sous-marine, par exemple, propre seulement à l'existence de certains mollusques, vient à subir de rapides perturbations , et lorsqu'un fond rocailleux se trouve brus- quement changé en une station boueuse. Si la \ue des phénomènes destructeurs qui s'accomplissent journellement sous nos yeux, nous ont habitués, et comme préparés de longue main , à comprendre presque sans sur- prise, non-seulement la possibilité, mais même la nécessité de la disparition des types qui ne sont plus, rien, au con- traire , dans la nature vivante ne peut nous donner l'idée de l'apparition subite d'êtres nouveaux et l'explication d'une sem- blable merveille. Nous voyons bien la vie, en effet, se mani- fester à chaque instant et sous mille formes diverses; mais la vie naît de la vie, ou plutôt se poursuit comme une chaîne imuîense, où l'anneau tient à l'anneau, et où la race existante porte inscrite au front la ressemblance des aïeux. Mais, si — 136 — plongeanl nos regards dans l'abîme des temps, nous évoquons les poussières qui y dorment leur sommeil , alors du sein de ces multitudes ensevelies se dressent devant nous, éche- lonnées dans le temps, des formes jusque-là inconnues, des chaînes qui commencent, et des comparses nouveaux. L'ob- servation enregistre le fait , mais n'en donne pas l'expli- cation. Aussi bien , n'est-ce pas dans l'étude pratique seule des observations terre à terre que l'on doit, selon nous, chercher la clef de ce problème. Connexe avec les spécu- lations philosophiques , c'est dans ces régions qu'il faut s'élever pour en saisir, s'il est possible, certaines faces, et prendre quelques idées des exigences du plan des créations. Celui-ci nous apparaîtra alors avec ses combinaisons mul- tiples, résultant soit de la nature de chacun des êtres en particulier, soit des rapports nécessaires de ces êtres entre eux , soit des fins pour lesquelles ils sont réservés. Des acteurs disparaîtront , parce que leur rôle sera terminé ; le rideau tombera quelquefois derrière eux ; mais il se re- lèvera bientôt, et des figures nouvelles ou transformées vien- dront ranimer la scène et y régner à leur tour. § !•■'. Limites des étag-es. Les données que nous fournit l'observation relativement à la manière dont se sont formées les couches sédimentaires, ne peuvent guère être que des approximations d'autant plus variables que le nombre des facteurs est réellement encore in- connu, et que nous ignorons, relativement à la durée et h l'es- pace, dans quelles proportions sont en droit de se combiner les causes chimiques et minéraloj^iques, ainsi que l'organisme des êtres qui leur sont subordonnés. 11 est donc tout au moins prématuré de prétendre assigner des limites cliiono- logiques précises aux terrains qui renferment des dépouilles — 137 — organiques similaires, el d'établir coinplèlcmcnt leur syn- chronisme. Efïeclivenient , si l'on fait pour un moment abstracliou des faunes que l'on invoque comme distinctes et caracté- ristiques, et si l'on envisage seulement le dépôt mécanique des sédiments, on verra qu'il n'est le même ni dans le temps, ni dans l'espace; mais, qu'au contraire, il se trouve dépendre de tous les changements journaliers qui s'accom- plissent dans le relief et la forme des continents et des mers, et dans la nature minéralogique des massifs sur lesquels et par lesquels s'exerce la sédimentation. Que des dépôts, contemporains ou non, soient de nature essentiellement variée et, comme tels, renferment des êtres très-distincts, personne ne le conteste; mais ce que l'on admet plus difficilement, quoique au fond, eu égard au principe de causalité, il y ait, dans un ordre inverse, autant de motifs pour cela, c'est que des couches de même nature et renfermant des êtres semblables puissent être le produit d'âges diiïérenis , et synchroniques de terrains et de faunes plus nouvelles ou plus anciennes. Constatons d'abord que si les mêmes causes produisent généralement des effets analogues, ce n'est pis une raison pour que ces causes soient toujours contemporaines, et , par conséquent, pour (lue les eiïets qui en découlent aient lieu en même temps. Aussi, minéralogiquement parlant, il n'est pas douteux que des sédiments de nature semblable ne soient, en plusieurs occasions, l'expression d'époques différentes, vu la nature des agents mis en œuvre et qui peuvent être les mêmes, à différentes reprises, soit dans le ieiups, soit dans l'espace. On peut donc entrevoir déjà qu'en l'absence des faunes la question ne souffrirait plus guère de difficultés ; car si , d'une part, certains dépôts affectent, pour une période chro- — 138 — nologique donnée, une très-grande exlcnsion régulière et continue, il peut arriver également, dans nombre de cas, que ces mêmes dépôts n'aient aucune raison d'envahir à la même date d'autres espaces plus ou moins considérables, et qu'ainsi certaines couches d'origine commune viennent à différer, comme âge, d'une manière assez notable, le jour où des surfaces restées jusque-là intactes viendront à être recouvertes postérieurement. Si , au lieu de tracer d'abord des divisions plus ou moins arbitraires dans l'échelle des temps, et d'en conclure que là où s'arrêtent des observations approximatives, se trouvent des limites réelles , on fut parti de vues plus en rapport avec la multiplicité des faits possibles, la question eût changé de face, et l'on aiuait tenu compte davantage des relations encore indéterminées de toutes ces variables entre elles. Il est fort possible cependant de concevoir la persistance de certains phénomènes en dehors des lois modificatives qui, 5 certains moments, tendent à inaugurer un régime nou- veau. En considérant attentivement, par exemple, les faits en eux-mêmes, nous verrons qu'à toutes les époques les terres et les espaces sous-marins ont dû cire formés, dans une variable proportion, de massifs minéralogiques distincts et partagés en aréas ou provinces spéciliques dans lesquelles se trouvaient diversement groupées et cantonnées des faunes plus ou moins spéciales. Sans nous arrêter ici à rechercher quelles ont été les causes de toute sorte, primitives ou encore actuellement agissantes, qui ont donné lieu à ces répartitions, constatons qu'elles existent, et que, pour nous en tenir à la configura- tion des océans , des surfaces rapprochées et séjiarées, soit par des barrièies- terrestres ou sous-marines relativement insignifiantes , présentent souvent un ensemble d'êtres orga- nisés fort différents et des conditions de sédimentation d'une — 139 — tout autre nature ; de telle sorte que , dans un temps donné, l'ordre de superposition des couches scdimentaires et des êtres caractéristiques qu'elles renferment, ainsi que la continuation future, sur d'autres points, de strates un mo- ment circonscrits, dépendront uniquement des perturbations qui peuvent modifier incessamment un tel état de choses. Va\ effet, quels changements n'apporterait pas, et dans la distribution actuelle de certaines faunes , et dans la nature niinéralogique des sédiments, un affaissement quelconque, qui viendrait affecter soit la totalité , soit seulement une portion d'un bassin maritime et les contrées environnantes, de manière à livrer passage aux eaux d'une mer voisine ! Tandis que certaines tribus d'animaux continueraient à sub- sister et à se propager loin du théâtre des événements et dans des milieux restés favorables, ailleurs le régime des eaux, se trouvant modifié plus ou moins profondément, inaugurerait une ère nouvelle. Des races incapables de sup- porter les conditions présentes , ou émigreraient , ou seraient dans la nécessité de périr; d'importantes su|)erficies seraient envahies par de nouvelles populations, et, sur différents points, quelques anciennes espèces plus tenaces et qui trou- veraient à s'accommoder de ces nouveaux milieux d'exis- tence, persisteraient à vivre côte à côte avec les races étran- gères, comme des témoins du j)assé et des traits-d'union de l'avenir (1). (I) Il est vrai que jusqu'à présent le nombre des êtres communs à (l(ux formations considérées conmie distinctes, et dont l'identité pro- teste ainsi des liens qui !fs unissent réellenienl , =i nib'o de l)ien pc u de valeur, car il est convenu encore aujourd'hui de le considérer comme très-rcstreint. Mais, Siins examiner mainlenant ce qu'il y a de bien ou mal fondé dans de semblables assertions, le fait peut s'expliquer par les modifications inévitables dues aux phénomènes qui accompagnent tonjouis de pareils changements et qui sont nécessairement favorables — 1^0 — lui réalité, des cliangemcnts de celle naïuie n'ont pas élc sans prendre parfois des proporlions considérables , et le renouvellement des faunes qui en étaient la consé- quence ont |)u être des plus caractérisiiques , si surtout l'on accepte l'opinion généralement répandue , à savoir , qu'en raison de l'ancienneté des époques , la température étant d'autant plus uniforme à la surface des mers et des con- tinents, les êtres ont dû avoir alors une distribution plus générale. Des faits semblables à ceux que nous venons de citer , et cette considération que les discordances stratigraphiques, in- voquées cependant comme des preuves irrécusables de la séparation nettement motivée des étages , sont loin d'être universelles et peuvent parfaitement se produire en temps et lieux différents pendant la durée d'une seule et même pé- riode, nous amènent à penser que, dans nombre de cas, les formations successives, considérées journellement et de parti pris comme des étages géologiques distincts , tant à cause des différences trancliées de leurs faunes, qti'en raison de l'anomalie de leurs expressions, ne sont que les différents termes, variables et temporaires, d'un ensemble continu où tout se succède , il est vrai , mais où rien , en définitive , ne saurait être scindé. Quoi qu'il en soit, la possibilité de la continuation, dans le temps et dans l'espace, des mêmes phénomènes physiques, chimiques et minéralogiques, nous sendilanî hors de cause, aux races nouvelles venues. De plus, les rapports des populations pré- sentes étant complètement cliangés par l'elTct de la concurrence vitale et les milieux s'étanl également Iransformés, les espèces autochthones subiront forcément certaines modilicalions qui les dériveront plus ou moins de leur type primitif, et qui, empêchant de les reconnaître au premier abord, les feront regarder comme des formes spécifiques différentes. — \h\ — reste la question de la persistance dos espèces, et sa solution seule, on le conçoit, peut entraîner celle des limites des étages. Y a-t-ii, oui ou non, des espèces qui passent dans plu- sieurs étages géologiques? Tel est le problème encore si con- troversé, parce que l'on peut en tirer des conclusions si différentes. Il nous semble que la réponse à cette demande consiste à savoir si une espèce est susceptible de se développer tant qu'elle irou\era dos conditions favorables. D'où il suit que si l'on ne parvient pas à prouver que, toutes choses égales d'ailleurs, des milieux de même nature sont cependant inca- pables de nourrir des êtres semblables, il ne peut y avoir à cela aucune inipossibilité; la durée d'une espèce dans le temps et dans l'espace se trouvant alors seulement limitée par les causes que nous connaissons déjà, à savoir : l'épuise- ment vital, ou sa destruction par d'autres races ou par des perturbations physiques de diverses natures. En outre, il faut faire remarquer, en faveur de cette assertion, que c'est précisément dans les couches analogues des soi-disant étages, que l'on a le plus de probabilités de rencontrer ces espèces, et que réellement de telles couches fournissent souvent , au lieu de quelques cas isolés, tout un ensemble de formes tellement voisines d'autres réputées éteintes, qu'il serait beaucoup plus logique de voir en elles les représentants dé- rivés de types antérieurs , que des êtres distincts et de nou- velle création. Les partisans les plus dévoués de la doctrine du cantonne- ment des faunes par étages géologicpies et de leurs différences spécifiques n'ont pu s'empêcher, malgré leurs théories exclu- sives, de reconnaître une certaine quantité d'espèces com- munes. Il est vrai qu'ils ont restreint ce nombre par tous les moyens et on lui assignant généralement des causes acci- — 1/I-2 — clcnli'lles. Toulcluis, en présence du cliitlre quelquefois con- sidérable des individus de certaines espèces, qui, naturelle- ment associés à dilTérenis niveaux, ne permettaient pas de semblables explications, il a fallu céder à l'évidence; mais, contrairement à ce que l'on était en droit d'attendre de sévères investigations qui ne doivent rien laisser passer en pareille matière, on a cherché à diminuer autant que pos- sible l'importance de ces faits, et à n'y voir que des excep- tions sans conséquence et sur lesquelles il n'y avait pas lieu de s'arrêter. Et cependant c'était bien l'occasion d'insister sur un point aussi capital et de rechercher, dans l'intérêt de la vérité , quel était le nombre probable de ces espèces persistantes et les conditions dans lesquelles leur passage pouvait s'effectuer. Cette manière d'agir eût en certaine- ment un grand intérêt, et aurait délivré de bien des embarras les auteurs qui, par parti pris de diminuer, autant que possible, les espèces communes, ont été obligés d'en diffé- rencier un certain nombre, bien plutôt par terrains qu'au moyen de caractères spécifiques valables qu'ils sont impuis- sants à fournir. Aussi, comme on devait s'y attendre, le nombre de ce que ces mêmes auteurs appellent des espèces voisines est-il relativement assez considérable entre leurs divers étages; mais, en examinant avec soin les caractères sur lesquels sont fondées ces distinctions , on reconnaîtra facilement combien ils sont peu tranchés, difficiles à saisir et à peine équivalents, la plupart du temps, aux différences de simples variétés. Si donc, comme la chose paraît probable, rien n'empêche une espèce de pouvoir se propager dans de certaines limites et successivement dans tous les milieux favorables où elle sera à même de pénétrer, il est clair (lu'elle pourra se rencontrer à des niveaux très- différents; et si, pour terminer par un exemple qui est également possible , une espèce ayant un — 163 — centre de création spécial sur un point quelconque des océans devait, dans sa ligne de propagation , faire pour ainsi dire le tour du globe ; comme, entre son point de départ et celui de son arrivée à sa dernière étape, il doit s'écouler ua temps suboriionné aux difficultés de toute si rte qu'elle est à même de rencontrer dans sa marche en avant, et que ce temps sera quekiuefois réellement considérable, il s'ensuit que cette espèce qui, dans le principe , faisait partie d'un étage géolo- gique quelconque, pourra continuer à prospérer, loin du lieu de sa naissance, dans des milieux quelquefois identiques à ceux d'où elle est issue , pendant que de nouvelles forma- lions renfermant d'autres associations spécifiques, seront sus- ceptibles de se déposer sur sa patrie primili\e. Ainsi même, avec des allures minéralogiques qui rappelleraient le passé, les derniers dépôts, dont elle sera également l'un des fossiles caractéristiques , ne seront nullement synchroniques des couches où elle se sera montrée pour la première fois ; mais, contemporains d'un nouvel ordre de choses, ils pourront subsister long-temps encore dans cet élat, et continuer à se déposer, avant d'être eux-mêmes recouverts par des formations semblables à celles qui régneront déjà sans conteste sur d'autres points des océans. § S. Persistance et variations des espèces. Le fait de la persistance de certaines espèces semble admis, il est vrai, mais, ainsi que nous l'avons vu, presque à titre d'exception seulement, et nous ne saurions trop le répéter sans qu'on veuille en généraliser les conséquences et y re- connaître encore une des principales lois qui régissent la coniinuiié de la vie sur le globe. INul doute qu'il ne se pro- duise incessamment, dans le temps et dans l'espace, des — Ui'i — espèces nouvelles, cl qu'au boni d'un cerlain temps (1), les coiidilions d'associations spéciliqucs se trouvant totalement changées, un faciès d'animalisalion tout nouveau ne ressorte de ces modifications; mais si l'on retranchait, d'un étage géologique tel qu'il est ordinairement entendu , les formes vraiment récentes et sur lesquelles il ne peut rester aucun doute comme types distincts, on verrait bientôt qu'elles ne se sont pas produites simultanément en assez grand nombre pour suffire et répondre, dans un moment donné, à la somme de vie nécessaire à l'économie de la planète, et ((u'il faudrait y adjoindre, pour compléler la faune générale d'une époque déterminée, un grand nombre d'autres êtres, qui , loin de se distinguer par des différences tranchées , rap- pellent, au contraire, plus ou moins exactement, des types plus anciens et déjà connus. Que l'on considère, en outre, qu'il n'existe aucune raison plausible pour admettre ([u'une espèce ne puisse pas con- tinuer à se propager dans des milieux favorables , chaque fois qu'ils se sont trouvés à sa portée, si celte espèce n'a pas épuisé sa viabilité, ou si elle ne succombe pas devant la con- currence vitale, chose peu probable, tant qu'elle aura un rôle spécial à remplir; et l'on sera convaincu que ce n'est pas là une exception seulement, mais que le plus souvent bon nombre d'espèces ont dû persister pendant un temps plus ou moins long, quoicpie peut-être groupées différem- ment et modifiées suivant leur nature et les milieux ambiants. Comme l'action des causes naturelles varie sans cesse et que , si légères que soient ces variations, elles influeront né- (1) Nous croyons devoir répéter que le temps géologique, le seul dont nous parlons, est une durée dont la longueur ne saurait s'assi- gner précisément, mais qui doit toujours êlre en proportion de la lenteur avec l;u|nelle les faits que nous sign;iloiis peuvent se produire. — l'iâ — cessairement stir les objets qui y sont soumis, il n'est point étonnant, d'une part, que la réj)artition des espèces change sans cesse, et, de l'autre, qu'elles soient en voie de trans- formations continuelles. Ces transfornialions, quoique ren- fermées dans de certaines limites , peuvent relativement varier dans de nombreuses proportions, comme les causes qui les produisent. A partir de la naissance même d'un type, sa partie susceptible de modifications sera immédiatement influencée , et cette tendance n'aura de ternie qu'avec la vie même de l'espèce. Il existera donc, dès le principe, chez les divers rejetons d'un ancêtre commun , des nuances qui s'af- firmeront ensuite plus ou moins, soit dans les centres mêmes de création, soit dans les différentes stations que leur des- cendance viendra à occuper sur des points divers et à des époques successives. Si les influences qui le sollicitent sans cesse sont légères et sans réelle importance, le type se reproduira à peu près avec les mêmes caractères, tandis qu'il y aura, ou de brusques écarts, ou des modifications, à la longue, caractéristiques, si les causes de transformation agissent avec énergie ou persé- vérance. De là, et par le fait, il y auia donc, même normalement pour l'espèce, nécessité de se reproduire sous des formes queUpie peu différentes, et, dans un trop grand nombre de cas, ce sont précisément ces quantités différentielies que l'on a considérées à tort comme des qualités essentiellement spéci- fiques. Comme tout ce que nous venons de dire n'est point pal^li- culier à telle ou telle espèce, mais peut s'appliquer à tout type créé ou à créer (1), on voit que les espèces persislanîes, (1) C'est avec une intention toute ]iaiticuliùre que nous insistons sur la possibilité de formes nouvelles. Qu'elles existent ou non, en K^'alilé, là n'est pas la question; mais leur idéalité (qu'on nous passe ce mot) lu — l'ifi — clc;i-i\(''t'S ou lion, pcuvoiU cl doivciil cHrc liès-nombreuses dans la nature et à toutes les époques. Que sont, on effet, toutes ces nuances, souvent imperceptibles et sans importance réelle pour l'organisme, avec lesquelles on a établi jusqu'ici tant d'espèces, sinon de simples variétés, telles que peuvent les déterminer le temps, le climat, l'influence du sol, la nourriture, le croisement, le régime des eaux, etc. , etc.? Mais si, par le fait d'observations superficielles, desimpies variations ont été transformées en traits spécifiques distincts , comment s'étonner ensuite que les dérivés extrêmes n'aient pu être encore reconnus et rapportés aux types dont ils ont épuisé les limites? Kt, effectivement , il peut se faire que les variétés les plus écartées du type en soient réellement assez différentes, au premier abord, pour être envisagées comme distinctes, si l'on ne connaît pas les intermédiaires et si l'on n'accorde pas aux rameaux d'une même souche le pouvoir de se développer dans le tem|)s et dans l'espace, conformément à leur nature et aux nombreuses influences qui sont susceptibles de les modifier. Les destinées des descendants d'un type quel- conque, ainsi que celles des branches collatérales, peuvent être très-différentes, et leur dispersion, en s'effecluant de diverses sortes, pourra à la longue ramener côte à côte, soit sur les mêmes horizons, soit à des niveaux stratigraphiques diflerenls, des êtres d'origine commune, mais déjà rendus dissemblables par le principe d'acquisition inhérent à leur n'en subsiste pns moins, et elles renlrcnt ainsi diins l'ordre des faits possibles. En partant des liens si gradués qui unissent tous les êtres et en examinant leurs rapports et leurs dilTéreiices , on s'aprrçoil bientôt des lacunes qui subsisteul encore, soit que les types qui doivent les combler aient échappé jusqu'à présent à nos investigations, soit que réellement, ce qui est cependant moins probable, Ils n'aient jamais vu le jour. nature, et qui passeront alors pour auiant d'espèces dis- tinctes. Ainsi que nous l'avons vu , une espèce ayant la faculté de se propager sur des surfaces successives, qu'un type A vienne à naître et à se développer sur une première surface S', rien n'empêche qu'en suivant sa ligne de propagation, il ne donne naissance à deux premières variétés A' et A". Le type A pourra ou s'éteindre à cette première étape, ou persister et atteindre une seconde ou une troisième surface S- et S', et s'y roj>ro- duirc encore sous sa forme primitive, ou sous forme de n .u- velles dérivées. Il en sera de même pour les deux pre- mières variétés A' et A" : de sorte (jue, en nous en tenant seulement aux combinaisons (|ue peuvent présenter, à partir d'une souche, la suite des générations et leur nombre, il est impossible de ne pas en conclure qu'une espèce pont et doit varier, et que c'est là un fait général, et non un cas particulier. >ious n'insisterons pas davantage pour prouver qu'une saine logique ne doit ni s'arrêter devant des barrières fac- tices et des distinctions qui n'existent nullement dans la nature, ni hésiter à proclamer le droit à la durée cl aux it ansformations dans le temps cl dans l'espace, en faveur de toutes les créatures, selon le rôle (ju'elles ont été appelées à remplir. Un jour viendra , où l'enchaîuement de la vie à travers les siècles sera mieux ap-piécié, et où, évoqués par une raison plus calme cl plus sereine, les degrés de filiation des races apparaîtront dans toute leur vérité. Les sciences d'observation sont trop nouvelles, il est \ rai, pour espérer dès à présent de tels résultats, et leur champ se trouve trop vaste pour exiger, de long-temps encore, que l'exploration soit complète; niais un des principaux obstacles à des constatations de ce genre consiste bien plus dans l'idée, généralement ré[)nndue parmi les paléontologistes , que l'espèce est prescpie tonjonis spéciale à tel ou tel terrain , que dans les difTu iiités mêmes — 1/4S — (les recherches des vrais caractères spéci(i((ues. Du jour où, dégagés de tous préjugés à cet égard, les naturahsles abor- deront francliement la question, ils reconnaîtront, nous n'en doutons pas, combien trop absolue était la doctrine des créations distinctes et périodiques, et combien sont nom- breux les Cires auxquels il s'agit de restituer leurs titres de famille. Conclusion. En commençant , nous nous sommes trouvé en présence des deux grandes doctrines qui divisent la plupart des géo- logues et des paléontologistes. D'un côté, les bouleverse- ments violents et les renouvellements périodiques des faunes; de l'autre, les transformations lentes et les passages graduels d'espèces. Pour que ces doctrines aient été soutenues dans les deux camps par des hommes aussi éminents que ceux qui en ont été les champions, il faut qu'il y ail de bonnes raisons pour cela, et qu'on ait pu développer des arginnents sérieux en faveur de l'une et lauire thèse. Toutefois, la vérité doit se trouver entre ces extrêmes, et, sous peine d'exclusions irrationnelles, il faut admettre, de part et d'autre, bon nombre de faits qui ne semblent plus douteux. Évidemment, si l'on considère toutes les phases qu'a eu à traverser notre planète pour arriver à son état actuel, on ne peut douter qu'elle n'ait été , sur plusieurs points et à différentes re- prises, le théâtre de perturbations considérables en rapport avec rintonsité des forces contemporaines ; et , plus ces per- turbations auront été considérables, plus aussi elles ont dû affecter la vie dans ses diverses manifestations. Néanmoins, quelque considérables ((u'aient pu èlre ces influences, il ne faut pas oublier que détruire n'est pas créer , et que la force universelle (jui transforme incessamment le monde est égale- — l/iO - nient celle (jui y maintient la vie, et qu'elle est aux acci- dents dcstrncteuis ce que la loi est aux perturbations. Qu'il se soit réellement produit, à dilTérenles époques, des types nouveaux, sans qu'il y ait eu pour eux oblij^ation d'être le résultat de transformations antérieures (1) , cela n'est guère douteux non plus, si l'on admet que le pouvoir créateur n'est pas fatalement enchaîné à subordonner ses créatures les unes aux autres: ce qui serait le priver de l'un de ses attributs essentiels, la liberté, puisque la nature même des œuvres créées, supposant un plan quelconque, une telle conce|)tion entraîne forcément une libre intelligence (2). L'existence de |)rototypes distincts, une fois admise, comme ces prototypes ont précisément une essence propre et des attributs caractéristiques, ils sont en droit de réaliser tout ce (i) Il fuut distinguer ici entre les nécessités pl)ysiques, résultant des lois de la nature une fois établies, et la continy;ouce de ces mêmes lois. La nature de chaque être, une fois créé, entraîne sa solidarité et des rajiports nécessaires avec d'autres êtres sans lesquels il ne pourrait réaliser ses destinées. Il est donc vrai de dire en ce sens qu'une création en aniiiie une autre, et qu'elles sont toutes, à diffé- rents degrés , proportionnelles entre el'es. Mais de ce que, à un mo- ment donné, subsistent des relations déterminées, s'ensuil-il qu'elles ne puissent changer, ou qu'elles ne pourraient pas exister autrement? (2) Nous sa\ons très-bien qu'il existe une école considérable, celle des matérialistes, qui, niant l'être en dehors de la nature proprement dite, rejette, au point de vue de sa logique, de pareilles considé- rations, en réduisant toutes choses à l'unité de substance matérielle. Pour ses disciples, l'Être pur excellence, c'est-h-dire Dieu, est une pure abstraction, sans réalité correspondante, et ne peut se distinguer des propriétés iumianentos des choses. Ainsi de l'intelligence humaine, qui devient simplement fonction de la substance cérébrale. Si notre cadre est trop restreint pour discuter de telles doctrines que nous re- poussons, du leste, absolument, nous n'en devons pas moins exprimer hautement notre manière de voir au sujet des liens qui peuvent unir la question de l'espèce aux autres coud)inaisons de lu création. — 1M) — (jui est renfermé dans cette essence et cos attributs , et , suivant la nature de leurs propriétés, ils pourront en modi- fier les rajiports mutuels, c'est-à-dire être soumis à diverses variai ions; mais, comme il est impossible d'assigner des bornes certaines à la durée et à la grandeur de ces va- riations, il faudra bien admettre purement et simplement leur possibilité, et en tenir compte toutes les fois cpie l'occa- sion s'en présentera (1). S'il est donc téméraire de vouloir limiter l'espèce dans des bornes aussi étroites que celles qu'on lui assigne générale- ment, il n'est pas moins basardé de préciser l'étage et de le formuler avec la rigueur que nous connaissons. Expression momentanée et partielle d'un travail qui n'a jamais cessé, réellement l'éiage n'existe pas, et ne peut être qu'une con- vention purement arbitraire, bonne pour s'entendre dans de certaines limites, mais journellement susceptible de |)r()- fondes modifications. Nous considérons donc les étages géo- logiques comme une suite de coupures artificielles, pratiqué* s dans le vaste enscmi)lc de la création, jalons d'un jnnr, placés par l'lion)me fatigué sur la roule de ses rerbercbes, et qu'un pas en avant mnliipiio ou qu'un regard en arrière eiïace, suivant que l'œil du voyageur embrasse l'œuvre dans son unité ou la contemple dans ses détails. Dans une note aussi courte sur d'aussi vastes sujets, nous avons été forcément souvent bien incomplet et nous n'avons pu que .soulever en courant quelques coins du voile ([iii çom re des questions si complexes. Le temps n'est pas venu encore de sonder comme il ie faudrait ces problèmes, et si nous nous sommes décidé à en parler, c'est que nous espérons qu'en lisant (1) C'est ici qu'il l'aul se (leiiiai)(lei si, parmi les iioinhieux genres élubiis en liisloiie iialmelle, (iiiel(|iies-uns ne soiil. pas fondés siniple- nienl sur les vaiia;i(iiis niulli|)les d'une seule isp'co. — 151 — ces pages on ne tiendra compte ni des lignes, ni des mots, mais seulement de la somme d'idées qu'ils expriment. M. Morière montre un exemple de fasciation très-déve- loppée sur la fleur du Primida o/ficinalis qui a vécu dans son jardin , à Caen. Le même membre lit une note importante sur le lias moyen, étendu par lambeaux plus ou moins considérables dans le département de l'Onie. NOTE LE GRÈS DE SALME-OPPOR'J UNE (Ok.m:) ET SUA LE LIAS UE L'ARRONDISSEMENT DARGENTAN; Par .11. MORlÉItE, préiiidont de la Société. I.e grès de iSt^ -Opportune forme une bande dirigée du nord-ouest au sud- est, étranglée et quelquefois interrompue de place en place; nous avons pu la suivie sur une longueur de 2,500 h 3,000 mètres; sa largeur , toujours assez faible, nous a paru comprise entre 10 et 50 mètres. Ce grès est déi)osé par couches horizontales ; la plus voisine du sol est tendre et friable ; les autres possèdent une dureté et une cohésion qui augmentent ordinairement avec la |)ro- fondeur, et qui deviennent parfois tellement grandes qu'on ne peut (|ue irès-difhcilemenl les entamer avec le marteau. L'épaisseur de cette formation est, en moyenne.de 1 mètre à 1 mètre 50 ; mais elle \arie beaucoup et va |)resque toujours en diminuant du milieu de la bande à ses bords, ccMiime si le grès avait nivelé des cavités appartenant à la roche sous- jaccnte (le granité), dont il est séparé en plusieurs cndioils — 152 - par un sable lin provenant de la disgrégalion de celle roclie el conlenanl souvent du kaolin. Ce lambeau de grès se trouve situé a peu près à la limite sud du massif granitique le plus considérable et le plus septentrional du département de l'Orne (1), c'est-à-diie dans la portion de terrain graniticpie qui avoisine les schistes micacés, lesquels occupent une étendue assez considérable vers St. -Gervais-de-iMessey et Briouze. Le grès de St*. -Opportune est un grès quartzeu\ à grains fins et assez homogènes, de couleurs irès-variécs; la couche inférieure offre souxent, empâtés dans la roche, des fragments disséminés de granité à feldspath décomposé, des fragments arrondis de quartz hyalin gras et des galets de quartzite. — Les fossiles renfermés dans ce grès sont très-nombreux, mais seulement à l'éial démoules intérieurs ou cxtérieuis. Eu 18^6, il existait à Si". -Opportune deux carrières de grès en exploitation pour l'entretien de la roule de Briouze à Fiers : la carrière dite du Bois-de-Haut el celle de la Piqucric. t^elle dernière était probablement la seule qui fût ouverte lorsque M. Blavier visita St'.-Opportune et écrivit, en I8/4O, dans ses Eludes géologiques sur le dépariemeni de l'Orne, les lignes suivantes : « Les terrains de la Piquerie sont des couches disconiioues, « horizontales, d'un grès blanc-jaunâtre ou bien d'un blanc (( panaché de roux, tendre, friable, placé au milieu d'un « sable fin, el ce grès paraît être le résultat de l'agrégation « des sables qui s'est produite par place. « Nous avons trouvé dans ce grès divers fossiles , plusieurs « espèces de ïérébratulcs, notamment le T. leiraedra , une (d) Ce massif a la forme d'un ellipsoïde allongé, dont le grand axe anrait la direction E. 25" S. el 25,000 mètres de long, cl le petit axe dO,OOÛ nièlres environ (Bla\ier, Éludes (jéoUxjiijiies sur le dcpai lancnl de l'Orne. Alençon , I8Z1O). ~ 153 — « Modiole cl le moule extérieur, bien conservé, d'une 'un des fragments de roche que j'avais apportés à la réunion ollVait trois ein- l)reintes de la grande valve d'un Brachiopode appliqué par sa face concave, montrant une area triangulaire assez large, traversée par une saillie longitudinale due à ce que les delti- diums avaient disparu depuis l'eufouissemenl. La vue de ces empreintes fit tout d'abord supposer à )1. Dcslongclamps que le grès de Si". -Opportune pouvait appartenir à la craie; 7". l'Ue valve d'huître indéterminable ; 8". Des fragments de coquilles indéterminables. On admit, comme conclusion, que ma récolte était de nature à faire dis|)araîlie en grande partie les hésitations de .M. Blavier, et à fournir des données plus précises sur la liaison du grès de St'. -Opportune a\ec la craie iiiféricure. Ce fui surtout l'opinion de M. Klie de Beaumont, qui ht remarquer que la craie inférieure se trouve souvent par lambeaux isolés au milieu des terrains anciens, et qui cita, connne exemple de localité, le landieau découvert par i\L de — I.IG — Cauinonl au Flessis-Grimoult (Calvados) et qui est comme perdu au milieu des terrains de transition. On le voit , malgré l'examen approfondi auquel s'étaient livrés deux de nos plus émincnts géologues , toute espèce de doute, relativement à l'âge du grès de St^-Opportune, n'avait pas encore été levé, et cette questionne pouvait pas être considérée comme définitivement résolue. Aussi , chatpie fois que les circonstances m'ont conduit à Condé-sur-Noireau ou à Fiers, deux villes voisines de St*. - Oj)|)ortune , j'ai rarement maïKiué de visiier de nouveau les carrières et d'en rapporter les échantillons qui renfermaient quelques fossiles différents de ceux que j'avais déjà recueillis. Je poursuivais avec intérêt l'étude d'une localité qui me paraissait devoir offrir quelques faits nouveaux et intéressants pour la géologie normande, et plus j'examinais la carte géolo- gique de l'Orne, |)lus j'avais peine à me figurer que le grès de St". -Opportune pût appartenir à la craie. — En effet, dans le département de l'Orne, on observe trois zones géologiipies parfaitement distinctes, dirigées à peu près du nord au sud : une zone de terrains primordiaux et plutoniensoccu|)e la partie occidentale du département ; les terraiiis secondaires [con- stituent la partie centrale et sont bornés à l'est presque exclusivement par les terrains tertiaires. — Dans la seconde zone, le terrain crétacé est à l'est, et les terrains secondaires qui longent les terrains primordiaux appariiennent à l'étage jurassique. — II me semblait donc plus naturel de voir dans le grès de Si". -Opportune une des couches du terrain jurassique , que de le rapporter à la craie , et je conservais toujours l'espoir de rencontrer un jour quelques fossiles nettement caractéristiques du terrain jurassique ou de la craie. Une seule cocpiille, la Terebratuia pcc'ifa, paraissait avoir décidé la question en faveur delà craie inférieure; — 157 — mais, en examinant les nombreux échantillons provenant de mes nouvelles excursions, il me fut inpossible de reconnaître un seul pectiia : de sorte que j'en vins à douter que le moule examiné par M. Deslongchamps, en premier lieu, appartînt bien réellement à cette espèce; bien plus, les nouvelles espèces provenant des fragments recueillis dans mes derniers voyages ressendilaient par leur faciès à certaines coquilles de la craie, très-voisines d'autres espèces du même genre que renferment les terrains jurassiques, et ne pouvaient, par suite, que contribuer à augmenter encore ma perplexité. Enfin , au mois de novembre dernier , à force de briser des moellons provenant de diverses excursions, j'ai eu le bonheur de trouver deux coquilles qui me paraissent avoir complè- tement décidé la question en faveur du lias ; ces deux coquilles, à l'élat de moules, appartiennent aux genres Spiriferina et Cardinia ; l'une m'a paru être le Spiriferina oxijgona, et l'autre le Cardinia concinna. Cette découverte , de deux genres nettement carac- téristiques du lias, m'a donné l'idée de passer en revue tous les fossiles contenus dans les moellons de grès que j'ai rap- portés à diverses époques : au moyen de gulta-percha , j'ai pris un grand nombre d'empreintes afin de mieux faire ressortir les caractères de diverses espèces ; j'ai soumis celles qui m'olfraient des doutes à mon savant doyen , M. Deslong- champs, aux lumières duquel on ne fait jamais appel en vain, et qui m'est venu en aide avec une obligeance dont je ne saurais trop le remercier; et, de l'examen auquel je me suis livré et que j'ai fait le plus consciencieusement possible, il m'a paru ressortir la présence, dans le grès de St^ -Opportune, des fossiles suivants : 1". Spiriferina oxygona, "1°^ Terebratula indentaïa. — numismalis. — l.'xS — 3". lihyiichonelia telracdra. — teiraedra ausiriaca , Ouenslcdt. — variabiiis. h". Belemniies niger. — ■paxillosus. — acutus. 5°, Ammonites. Deux espèces, non déterminées. 6". Peclen textorius. — priscus. — cfqtialis. — cornetis. 1°. Plagiosioma giganieum. — pectinoïdes. 8". Lima. Plusieurs espèces. 9". Cardxnia concinnn. 10°. fj'arpax Parkinsoni. Plusieurs variétés, cl surtout les variétés eurabdota et adoxa , Deslong. 11°. Carpenteria? Une espèce. 12°. Plicaiula. Plusieurs espèces. 13°. Spondylus niduians . \h°. Ostrea. Une espèce. 15°. Monotis inrtquivalvis. 16°. Modiola minima? 17". A suivie compianata ou Psilonoti , (). 18". CticutUca Une espèce, non déterminée. 19". Pholadomija. Une espèce. 20". Gonomya vscrip'a, Q. 21". Ckemnitzia sîibnodosa. — semi-costata. 22°. Melania Zinkeni? 23°. Ceriihium precalorium , E.-D. — variculositm. E.-D. 2'r. Fmiis textiis , E.-D. — 159 — 25°. Tornatelic ou Acidonina, l)cu\ espèces. 20°. Picurotomaria heliciforvus, E.-D. A ut les Pleurolomaires. 27°. Straparolus sinisler , d'Orb. 28°. Diadema. Difficile à délerininer , poul-ètre /A Edwardsii. 29\ Caryophyilia. 3l)'\ Échnnlillons assez nombreux de bois fossiles se rap- porlant , les uns à des Dicolylédoiiés , les autres à des Monocolylédonés. il me paraît ressortir, de cette énuméralion, que la fauue du grès de St^ -Opportune oITre un ensemble véritablement basique, et si quelques genres s'éleiideiit dans d'autres étages de la forme jurassi'pie , il en est un certain nombre, tels que les genres Spinferina, Cardinia , Straparolus, qui s'éteignent dans le lias; quelques espèces, telles que Tere- bratida nuinismaiis, T. indentata, Rkynchonciia leiraedra, etc. , n'ont aussi été rencontrées jusqu'à présent (|ue dans le lias. Il ne me paraît donc plus rester de doute sur l'âge du grès de Sl^ -Opportune : il est bien réellement un grès liasique, et si certaines parties de la roche (|ui contiennent Belemn/tes aculus , Rhytichonella variabilis , Chemniizia semicosiaia , etc., peuvent être rapportées au lias inférieur; d'autres couches, (pji offrent des (léritbes, des Mélaiiies, des Fuseaux, le Straparolus sinisler, le Pleurotoinana heliciformis , des Tornatelles, etc. , nous ont tout-à-fait rappelé l'aspect du lias moyen de Fontaine-Étoupefour et de Alay ; enfin , certaines portions qui renferment des Rhytichonella leiraedra , des Harpax , le Spondylus iiidulans , 'des moules d'Aslarte, nous ont seud)lé représenter le lias supérieur ou l'étage toarcien. Il arrive, le plus ordinairement, que des fossiles caractérisant les trois étapes sont contenus dans les mêmes — 100 — fragments. — Les débris de ()Iai)tes, qui ne sonl pas rares dans le grès de Si*'. -Opportune, annoncent un point littoral de la nier liasique. Après avoir démontré que le grès de St^ -Opportune est bien véritablement un grès liasique , j'ai dû me demander si -le Lias ne se rencontrerait poinlsur d'autres points du littoral du massif breton, reliant ainsi la formation liasique du Cal- vados à celle de la Mayenne. La solution de cette question était d'autant plus importante que les illustres auteurs de la (Jarte géologique de la France avaient écrit : « La bande de calcaire jurassique, dont la largeur, depuis « les environs de Valognesjusqu'à l'embouchure de la Seine, « est à peu près de 30 lieues, se rétrécit subitement, à son (( entrée dans le département de l'Orne, par l'empiétement « du terrain de transition de la Bretagne; elle se réduit à « une simple lanière , dont la direction nord 30" devient « presque sud depuis Alençon jusqu'à Poitiers. Sur toute « cette étendue, la partie inférieure des formations ju- if, rassicjiies n'a jamais existé et la partie supérieiire a été « presque dénudée avant le dépôt du grès vert (1). » Cette opinion avait été admise par tous les géologues. M. le vicomte d'Arcliiac avait cependant émis quelques doutes sur l'absence complète de tout le groupe du lias dans le département de l'Orne : « Si , jusqu'à présent , dit M. « d'Archiac, le groupe du lias n'a pus été signalé au-delà de « Falaise, le long des nombreux méandres et des anfrac- « tuosilés qu'affecte le terrain de transition dans le dépar- « tement de l'Orne où il limite, à l'ouest, la formation juras- « sique , peut-être de nouvelles recherches y feraient-elles « découvrir quelques rudiments des marnes supérieures (2) ? » (1) r;xplicalioii (le la Carie «géologique de la l'rance, t. II. (2; D'Aiclùac, llint, des -pvofjrh de la géologie, l, VI, p. 368. — 161 ■- Kn 1862, i\J. Eugène Deslongcliamps (1) a constaté la présence du lias moyen à Fresnay-la-Mère , en-fieçà du récif de Montabard ; quant à ce qui se liouve au-delà du récif, notre collègue et ami s'exprime ainsi : 'i. >'ous n'avons remarqué, depuis Montabard, aucune « trace ni d'oolithe inférieure , ni de lias ; ou pourrait croire « que ces dépôts sont simplement masqués par les autres « sédiments. Il n'en est rien : ces assises n'existent plus à « partir du récif de Montabard, qui a élé leur extrême " limite ; elles ont bien contourné le grand cap vers Falaise K et se sont avancées jusqu'auprès d'Écouclié, à Fresnay-le- « Buffard et à Habloville où le lias moyen est encore irès- (' bien caractérisé , pétri de Delemnites et de Terebroiida « sarihcnsis ; mais elles n'ont pas dépassé cette limite. On « n'en trouve nulle trace dans l'arrondissement d'Argenian (' ni dans ceux de Séez et d'Alençon, et ce lias ne reparaît " plus vers le sud que dai« le département de la Sarthe, « aux envii'ons de Précigné. Le lias supérieur , dont le dépôt (( n'a pas même atteint le récif de Montabard , s'arrête dans (( le Calvados, vers BrettevilIe-sur-Laize, et, de là, une « petite pointe s'avance vers Bazoclies où est sa dernière (( limite. Quant à l'ooliiiie inférieure, elle reparaît dès les « environs d'Alençon. )> Afin de vérifier si la bordure (.uesl des terrainsjurassicpies, dans le département do l'Orne, est bien réellement dépourvue de lias, j'ai cru ne pouvoir mi( ux faire que de commencer par étudier les tranchées du chemin de 1er en voie d'exé- cution d'Argentan à Granville. Déjà , dans un graïul nombre de cas , les coupes des chemins de fer , en faisant mieux voir la superposition des couches que l'on peut suivre souvent (1) Bulletin (le la Sociclé Linnccnne de ^ormmul'w , Vil", vol. , p. 317. 11 — 102 — sur un parcours considériible , oui permis au géologue d'asseoir SCS lliéories sur des faits et non sur des hypothèses, dont il fallait néanmoins se contenter lorsqu'on ne pouvait consulterque de petites excavations du sol, pratiquées presque toujours à des distances éloignées les mies des autres. Voici ce que nous avons pu observer dans une excursion géologique faite rapidement, le 2U mars dernier, sur la nou- velle voie ferrée (1) : La ligne d'Argentan à Granville se branche sur celle de iMézidon au Mans, à peu près à 3 kilomètres d'Argentan, on revenant vers Montabard. Au point de jonction des deux lignes existe une tranchée dans l'ooliihe miliaire (la tranchée St^-Anne) , qui se poursuit pendant 200 à 300 mètres ; la voie traverse ensuite en remblai un marais situé sur la com- mune de Moulins-sur-Orne ; puis on atteint une seconde tranchée qui offre , dans sa partie supérieure, de l'oolithe miliaire, et à sa partie inférieure, du fuUer contenant de nombreux échantillons de Rkynchoneila spinosa. Un remblai sur un marais tourbeux succède à cette seconde tranchée, et, à 2 kilomètres plus loin, se trouve une troisième tranchée coupant les schistes siluriens inférieurs que Ton rencontre depuis la commune de Goulet jusqu'à la rivière d'Orne ; les couches de schistes ont subi un relèvement considérable atteignant presque la verticalité, et elles offrent, dans plu- sieurs endroits , des incurvations assez prononcées. Après avoir traversé l'Orne, puis l'Udon , qui est un de ses (4) M, Gaudin, ingénieur des poiUs-el-cliaus'ées, chargé par la Compagnie d s clieiîi:;s de fer de l'Ouest de la construction de la l'gne (jue je désirais visiter, a bien voulu m'accompagner dans celte excursion, et lui elles employés sous ses ordres ont mis la plus grande complai- sance à me fournir les renseignements dont j'avais besoin. — Je les prie d'agiéer l'expression de toute ma gralitndc. — 163 — allIuoiiLs, la voie arrive en remblai jusqu'à Écouché, bourg situé à 10 kilomètres d'Argentan. « Dans les vingt ou vingt-cinq cariières ouvertes autour « d'Écouclié, sur la ri\e gauche de l'Orne, on observe (( constammenl huit ou dix couches d'un calcaire un peu (( grenu, peu distincteinenl oolilliique, et d'un calcaire mar- (( neux très-friable. Au-dessous il existe des bancs d'un « calcaire plus dur, (pi'on exploite pour pierre de taille, et V qui sont séparés des bancs de marne et pierre à chaux par « des rognons de silex noirâtre. Tout ce système de couches (( est surmonté par un banc Irès-épais d'un calcaire frag- <( mentaire , contenant un grand nombre de débris de corps « madréporiques , cimentés par une pâle calcaire plus ou (( moins cristalline (1), » Jl est diliicile de ne pas reconnaître, dans ce passage ce l'ouvrage de M. Blavier, le fuller qui repose probablement sur un calcaire b!anc siliceux , analogue à celui de la cou|)c de Mgnals, près Alonlabard, et qui représente l'oolithe fer- rugineuse; le fuller est surmonté sans doute par le calcaire à polypiers des Normands, dont il est ailleurs séparé par l'oolithe miliaire. lîu quittant le bourg d'Écouché , la voie ferrée ne tarde pas à nous offrir une nouvelle tranchée, dite de la grande pièce du Poirier , commune de Sevray. dette tranchée, qui commence au hameau de Vigneral , appartenant à la même commune, n'offre d'abord que des argiles et des marnes irisées; puis au piquet n", 101 , c'est-à-dire à 12 kilomètre» ouest d'Argentan à peu près, on ap^irçoit, à partir de la surface du sol , la succesaion de couches suivante : Terre végétale 10 à 15 cent. Grès feuilleté, non fossilifère. . . . 20 à ^lO id. Argiles et sables de couleurs vaiiées. . (30 à 80 id. (1) Bluvier, Eludes géologiques sur le départi meut de t Orne, — 16/i — Grès fossilifères alternant avec du minerai de fer iimouile , en fragments irréguliers, allant jusqu'au fond de la tranchée, qui ne donne pas sa limite inférieure ; ces dernières couches reposent probablement sur des schistes siluriens. Le grès de celte tranchée , très-friable h la partie supé- rieure, augmente un peu de cohésion avec la profondeur; sa couleur est souvent d'un jaune ocreux ; quelques couches passent à l'état de grès ferrugineux. Ce grès nous a offert à peu près les même fossiles que celui de St^ -Opportune, et en outre plusieurs spécimens de Pecten œqiiivalvis , coquille caractéristique du lias; il renferme également un grand nombre de Harpax Paridnsoni, var. eurabdota, E.-D. , dans les couches supérieures. Les couches de minerai de fer offrent aussi fréquemment les empreintes des mêmes coquilles et surtout des moules de Pecten ccquivalvis. Le minerai alternant avec les couches de sables siliceux et de grès provenant de l'agglutination de ces sables, il est assez rationnel d'en conclure que les sables et le minerai appartiennent, comme le grès, à l'étage basique (1) et non pas à l'époque tertiaire , comme ceux qui se trouvent à l'est du département, dans les cantons de La Ferté-Fresnel, de ïourouvre et de Longny. Ce n'était d'ailleurs qu'avec hésitation, et par suite de l'analogie qu'ils lui avaient paru offrir avec les terrains de grès et de minerai de fer de la Mayenne, considérés par lui comme tertiaires, que M. Blavier avait rapporté à ce même étage le minerai de fer qui couvre les plateaux dans les communes de Joué-du-I'lain, St.-Brice et les Yveteaux. Continuons notre excursion et passons rapidement la por- tion de la voie qui , en quittant les grès fossilifères du (1) Peut-être même à une époque antérieure : par exemple, à celle du Trias, qui a été sur plusieurs points du globe três-féconde en émis- sions ferrugineuses. — 165 — Poirier, traverse en remblai une vallée, gagne une nouvelle tranchée pratiquée dans les scliisles, coupe la route dépar- tementale d'Argentan à Granville, et arrivons à la tranchée de la Ficotière, commune de Longé. Cette tranchée, qui n'a pas moins de 12 à 15 mètres de hauteur , est creusée à son origine dans des schistes, puis elle est constituée uniquement par des argiles et des sables siliceux agglutinés, dans quelques points, de manière à constituer des leniilles argilo-siliceusosde diverses grosseurs, quelquefois assez volumineuses, dont la cohésion et la dureté vont en augmentant de la péri|)hérie au centre. Ces lentilles, qui nous ont rappelé les miches de Cure y Cl do Aa Quaine , contiennent toujours un certain nombre de fossiles basiques, qui probablement ont servi de centre d'agrégation pour la matière qui les constitue. Les sables, les argiles et les lentilles argilo-siliceuses de la Pico- tière appartiennent évidemment à l'étage du lias. La dernière tranchée que nous ayons pu visiter dans cette journée, et, sans contredit, la |)lus curieuse dans^cetle partie du département de l'Orne, située à 18 kilomètres ouest d'Ar- gonlan , est celle de la rue Mancé, située entre Fromenlel et les Yveteaux. Dans celle tranchée, dont la plus grande hauteur est de 6 à 7 mènes, le liasse montre avec des caractères mi- néralogiqiics bien dilTérenls de ceux que nous avons observés à Sf. -Opportune et à la tranchée du Poirier. Ce ne sont plus des sables siliceux et des grès, mais bien des calcaires siliceux et des marnes noirâtres remplis de sulfure de fer. A la partie inférieure de la tranchée , on remarque plusieurs strates horizontales de calcaire dont l'ensemble forme une épaisseur d'environ 2 mètres; 1 mètre 50 à 2 mètres plus haut, on voit encore quelques lits de calcaires , séparés des premiers par une couche marneuse; ces lits supérieurs sont eux-mêmes surmontés d'une couche de marne bleuâtre, ou d'argile noire, (pii occupe toute la partie supérieure de la tranchée. — La — 166 — roche calcaréo-siiiccuse devient très-dure dans plusieurs bancs. Aussi l'a-t-on employée comme pierre de taille dans les travaux du chemin de for qui avoisincnt cette partie de la ligne. Les fossiles sont nombreux et tons pourvus de leur test ; dans les quelques nunutes que nous avons passées dans celle tranchée , il nous a été possible de recueillir plusieurs f)ssiles caractéristiques du lias, tels que Bclcmniies 7iiger , acutîis, digiialis , c'ic. , Rlujiiclwnetla letraedra : un grand nombre de Harpax Parkiitsoni eiirabdoia , E.-D. ,etde magnifiques échantillons de Pecten cvijuivaLvis qui avaient conservé leur couleur. Les bancs calcaréo-siliceux du lias de la tranchée des Yveteaux oflVent, à leur base, un poudingue contenant de gros galets quartzeux et reposant lui-même sur une couche argilo-sableuse qui surmonte les schistes anciens ; celle dis- position offre beaucoup d'analogie avec celle que représente le lias de Fresnay -la-Mère. La nuit nous ayant snrj)ris dans celte dernière station, nous fûmes forcé d'abandonner la ligne du chemin de fer et de nous faire conduiie à Rriouze, où nous avons couché. Le lendemain j'étais sur la route de Sr.-Opportune, alu) de faire une nouvelle visite aux carrières qui m'avaient fourni mes premiers écliantiiions ; mais grande fut ma déception lorscju'à mo!i arrivée dans celte ct)nunune on m'appiit que les carrières de la Piquerie et du lîois-de-lLiut étaient aban- données, parce qu'elles ne donnaient plus de matériaux d'assez bonne qualité pour l'entretien des routes. En revenant à Briouze, je descendis jilusieurs fois de voiture pour exa- miner la nature des las de pierres déposés sur la roule, et je n'eus pas de peine à reconnaître le même grès liasique qu"à St'.-Opporluue , mais olbanl une force de cohé.sion con- sidérable i\\.\ii en partie à l'oxyde de fer dont la roche est pénétrée, ,1'appris par le cantonnier que ce grès ét.iil extrait — 167 — nu hameau de la Mousse, commune de Sr. -Honoriiii-'-la- Guillaumo. En quillant Briouze pour regagner Argentan, je retrouvai encore , à Pointel, une grande quantité de moellons de grès liasique très-ferrugineux , destinés à être em|)loyés comme matériaux dans la construction d'un pont du chemin de fer. L'entrepreneur des travaux fait extraire ces grès sur la commune même de Briouze. Le temps ne me permit pas de pousser phis loin ma pro- menade d'exploration géologique, forcé que j'étais de rentrer à Caen par le train d'une heure. Aussitôt que les circonstances me le permettront, jo re- commencerai cette excursion , afin de compléter les éludes de plusieurs couches que je n'ai pu voir que trop rapidement, examiner avec soin la constitution des terrains jurassiques qui avoisinent le massif granitique de Sr. -Honorine, et prendre les coupes des principales tranchées. Quelqu'incomplet que soit notre travail, il en ressort déjà, ce nous semi)le, plusieurs faits nouveaux et intéressants qui peuvent se résumer ainsi : 1". Le grès de Sf, -Opportune appartient à la formation liasique ; ce grès ayant nivelé en quelque sorte les inégalités de la roche granitique sur laquelle il repose et ses strates étant horizontales, il en résulte que le massif granitique de cette localité et aussi probablement les autres massifs gra- nitiques de l'Orne, qui affectent tous à pou près la même direction, E. 25" S. , O. 25° N. , ont surgi à une époque an- térieure à celle du lias, en crevassant probablement les couches déjà déposéesdes diverses formations du terrain de transition; l'inclinaison des couches de transition, dans d'autres parties du département de l'Orne, doit être attribuée à rérnj)iion des Diorites et des Porphyres. 2°. Le minerai de fer que l'on rencontre sur les plateaux dans les communes de Joué-du-Plain, les Y\eteaux, St.- — 168 — Biico, etc., apparlienl également à la formation liasiqiie. 3". Le lias, (jue l'on avait cru s'arrêter en-deçà dn récif silurien de iMontabard , pour ne reparaître au midi que dans le département de !a Sarthe, se retrouve de l'autre côié de ce récif; son existence, qui avait été pressentie dans l(S carrières d'Habloville et de Fresnay-le-Ruffard par les au- teurs de la Carte géologique de la France et par M, Riavier lui-même, a é(é constatée récemment sur ces points par M. Eugène Deslongchamps. Il est probable que le lias se retrouve également à la base des carrières des environs d'Écouché. J'ai reconnu sa présence à la tranchée du Poirier, commune de Sevray; h la tranchée de la Picotière, com- mune de Lougé ; à la tranchée de la rue Mancé , commune des Yveteaux, et tout me porte à croire qu'on le reverra encore plus loin entre les Yveieaux et St-. -Opportune. En de- hors des tranchées du chemin de fer, le lias apparaît encore à l'élat de grès dans les communes de Sf. -Opportune, de Sf'.-FIonorine-la-Guillaume et de Riiouze. U°. Suivant que le dépôt basique a eu lien sur le graiiile ou sur les terrains de transition, il offre des caractères miné- ralogiques différents : des alternances de calcaire, de marnes et d'argiles avec des fossiles pourvus de leur lest, constituent le faciès du lias que l'on rencontre au-dessus des terrains de transition (tranchée de la rue Wancé). Le dépôt fait sur le granité consiste en sables siliceux et en grès dont le ciment est siliceux ou ferrugineux (Sl^-Opportune, Sl^-^onorine , Rrionze, etc.). Les fossiles sont presque toujours dépourvus de leur lest et réduit'; à l'élat de moules intérieurs ou ex- térieurs, et ils offrent plusieurs espèces différenles de celles qu'on rencontre dans le lias calcaire ou marneux des Yve- teaux. On conçoit, en effet, que la faune des grès doive, dans beaucoup de cas, différer de celle des marnes, par la raison que les espèces qui se plaisent dans le sable ne sont pas les mêmes que celles qui vivent dans ia vase. — 169 — 5". Dans la partie de rarrondisseinent d'Argentan que nous avons étudiée, c'est-à-dire dans une espèce de golfe resserré entre le cap granitique, vers Ratiily, el le cap silurien de la vallée de la Cance , la largeur de la zone jurassique indiquée sur les cartes géologiques doit être augnicnlée de 25 à 30 kilo- mètres en largeur du côté ouest ; la mer liasique s'est mêire étendue jusque dans l'arrondissement de Domfront, où elle a consiitué le grès de Sf. -Opportune, auquel viendront s'a- jouter probablement quelques autres formations basiques que les tranchées du clieiniu de fer dans cet arrondissement ne tarderont pas à nous faire connaître. Si maintenant nous nous demandons comment la mer liasique a pu dépasser lo récif silurien de .Monlabard pour venir battre contre le massif granitique situé entre Athis et Batilly, et probablement aussi contre les terrains de transition qui s'étendent d'Écouclié à Alençon, en formant un cap à peu de distance de Vingt-Hanaps, deuv hypothèses se présentent à l'esprit : 1°. le niveau de la mer liasique s'élevait sur plusieurs points au-dessus du récif de iMontabard , et elle a rencontré quelques passes pour arriver sur les contrées situées au sud de ce récif: Bazoches, Habloville, Fresnay-le-Ruffard, Vxou- ché, etc.; 2". la mer liasique aura pu contourner l'extré- mité du grand cap silurien vers Villedieu-lès-Bailleul, pour revenir baigner les contrées placées au midi. Si l'existence du lias était constatée dans les deux petits lacs jurassiques situés entre Noron (dalvados) et Pont-Val.iin (Orne) , la première hypothèse se trouverait confirmée. Il est possible, d'ailleurs, que les deux causes que nous venons d'invoquer aient co- existé. Les vallées que l'on observe à l'ouesl et au sud-ouest d'Ecouché expliquent parfaitement l'arrivée de la mer lia- sique àSevray, à la Picotière, aux Yveteaux, à Briouze, etc. Quelle (pjc soit la route suivie par la mer liasique pour venir baigner les contrées où nous avons constaté la présence — 170 — de SOS sédimeiKs, le fait existe. Le lias se rencontre au sud du récif de Monlabard comme au nord; il s'avance vers les dépôts liasiques de Précigné, cl nous sommes convaincu que de nouvelles reclicrchos amèneront la découverte de plusieurs giscmciiis de lias reliant les formations de la Normandie à celles de la Mayenne. Le Secrétaire présente , de la part de son^fds.le travail sùixani, NOTES PALÉONTOLOG^IQUES Pau m. Eugène DtSLONGCHAMPS. 1*'. ARTICLE, AVEC 2 PL\>'CHKS LITHOGRAI'HIÉES. i. sur varch^opterix lithographica , ou oiseau fossilf; de solenhofen. ri. 11. IJopuis quelque temps, les journaux scientifiques ont en- tieionu le public de la découverte des débris d'un animal très-singulier, qui possédait une longue queue garnie de plumes allongées et des ailes comme un oiseau. Celte décou- verte a eu lieu à Solenîiofon (Bavière), dans ces calcaires, dépendant du cornl-rag , si connus par leur usage comire pierre lithographique et par les magnifuiues exemplaires d'animaux qu'ils renferment (1). (1) Ces calcaires scliisteux litliogivipliiques ronfonncnt, comme on sait, un nombre proiligienx de pièces paléonlolo^iques remarquables, fiirinut parce que les animaux y sont coniplels el d'une conservcTlion qui ne laisse rien à désirer. Nous citerons, entre autres, des Bélemuiles avec leurs cornets enlicrs, des Astéries, des Comatules où les plus pe- tites divisions de ces Heurs animales sont conservées dans leurs plus - 171 — Dès le premier moment de celle découverte ( soplcmbre 1861), les restes de ce singulier animal ailirèrent l'altenlion, et M. [1. de Rleycr lui dotitia le nom iï At chctopten'x litlwgra- ;)/u'ca, c'est-à-dire volatile du calcaire lithographique ; ce nom, comme on le voit, avait l'avantage de laisser dans im doute prudent l'analogie de cet animal avec les diiïérentes classes de verlébrés; et en effet, ses caractères analonnques forment un euscmhle très-singulier et qui mérile un profond examen. La même année, M. A. Wagner, dans les Sùznnsberitclite de l'Académie de Munich, lui imposait le nom de Griplio- saurus probLemaiiais , c'est-à-dire de Sauiien énigmati(iue. M. AVagner regardait donc ces débris comuîe ayant appartenu à un reptile lout-à-fait anormal cl garni de plumes ; mais, en jelanl les yeux sur l'animal, on voit que rien ne peut auto- riser une pareille supposition, la paite, la fourchette, les ailes, le sternum, apparlenant de toute évidence à un oiseau ; la queue, avec ses 20 vertèbres, |)0uvait seule autoriser un pareil rapprochement, que tous les autres caractères viennent démentir. Aussi Jl. Owen, en 186'2, change ce nom de Griphosaurvs en celui de Griphomis Longe-caiidatus , ou oiseau énig- liiis détails, (les Libellules et ;uilies insectes, un nombie prodijiieiix de (Tuslacés in;icrnuies, de poissons, de reptiles , pin lui Ics(|ik'Is il faut p'acer en première ligne les Plérodaclyles et les [^ampliorliynques : ces ivpliles si curieux qui volaient ou du moins pou\aienl se soiilenir diMis les airs au moyen A\\ parachute naturel formé par le doigt externe de leur main, deuil les phalanges allongées, comme celles de la chauve- souris, soutenaient une mend)rane allachée sur les i)arois du corps et enveloppant les pattes postérieures. On trouve aussi, à ce niveau, une giaiide (|ui)nliié iVAplyclius , corps sur la nulure descjuels on discute encore aujourd'hui, les uns les regardant comme des cirrhipèdes, les autres comme des coquilles hivahrs, d'autres enfin comme des déhris de céphalopodes , et sur le-quels nous donnerons notre opinion à la suite de cet article. — 172 — MATIQUE A LONGUE QUEUE. Cctte dénomination est bien plus conforme à la vérité; mais on ne peut la conserver, puisque le nom <ï Arcluropierix liiliographtca est le premier en date et qu'avec sa vague signification , il a encore l'avantage de rappeler, par sa désinence, une série tout entière d'oiseaux dos plus singuliers, animaux antédiluviens qui , par hasard , coniinuent à habiter noire globe , au milieu d'une faune et d'une llore bizarres paraissant être un reste de ces anciennes créations qui avaient précédé la venue de l'homme sur la terre. Nous voulons parler de VApierix de la Nouvelle- Zélande , dont les pattes ne sont pas sans rapport avec celles de l'oiseau de Solenhofen. M. Henry Woodward , dans le n". de décembre 1862 du journal The inieUeciiuil Observer , fit paraître un excellent article sur l'animal de Solenhofen qui venait d'être acquis par l'administration du British Muséum. A ce mémoire était jointe une planche lithographiée, à trois teintes, que nous reproduisons ici. Dans ce niémoire , M. Woodv^'ard rappelle les différentes pièces qu'on avait rapportées jusqu'ici à des oiseaux, et il est à peu près certain que toutes celles qui sont antérieures à la période tertiaire, doivent èire rapportées à des reptiles. On a souvent pris pour des débris d'oiseaux des fragments de Ptérodactyles et de Rhamplwrhynchus (1), qui ne sont que des Ptéiodaciyles avec une longue queue. Il en est de même du CinioUornis (Uornedcus de la craie marneuse de liurham, qui doit être rapporté à un Ptérodactyle de grande taille. Quant aux empreintes connues sous le nom d'Orwài'c/i- (1) El cette erreur s'étale encore aujonrd'luii avec complaisance dans les vitrines de la galerie paléonlolngiqne du Muséum de Paris , où un plâtre el i)lusienrs déhris de lUinmpUorliyuchiis portent iiilrépidemenl le nom d'oiseau. — 173 - niies , et qui ont été trouvées dans les dépôts lriasi(]ues, il reste encore de l'incertitude à ce sujet , et on n'a d'ailleurs retrouvé dans ces dépôts aucun débris qui puisse être lap- porté avec certitude à des oiseaux. Le plus ancien ossement authentique d'oiseau était donc le Gasiornis Farisiensis du conglomérat de l'argile plas- tique de Meudon , appartenant aux dépôts dos lignites du terrain tertiaire éocène (Suessonien, d'Orb. ). A partir de ce moment , les oiseaux deviennent nombreux et on en a retrouvé d'abondants débris aux divers niveaux des terrains tertiaires. La découverte de l'animal de Solenhofen vient donc d'as- signer une bien plus grande antiquité à cet ordre de ver- tébrés, puisque le coral-rag appartient à la partie supérieure des terrains jurassiques. On se rappelle que dans cette pé- riode si remarquable ont aussi apparu les premiers mam- mifères , le MicroLesies antiquus dans les couches les plus inférieures du lias , les Phascalolkeriwn et Thylacodieriuin dans les couches oolithiques de Stonesfield , c'est-à-dire à la partie moyenne du système oolithique inférieur. Quoi qu'il en soit, l'oiseau de Solenhofen , à peu près de la taille du Freux, était bien différent de nos oiseaux actuels: au lieu de présenter un coccyx très-raccourci autour duquel s'implantent les pennes de la queue en forme d'éventail , il montrait une série de 20 vertèbres, parfaitement distinctes sur les côtés desquelles s'inséraient de longues plumes, ce qui produisait une queue énorme ayant quelque ressem- blance, mais pour la longueur seulement, avec celle du paon. M. Owen a fait à ce sujet une remarque très-curieuse. L'embryon de l'autruche offre aussi une série de 18 h 20 vertèbres caudales, qui bientôt s'atrophient et se réduisent : ainsi, chez \' Archaopterix l'état embryonnaire aurait, sous ce rapport, persisté pendant toute la vie de l'animal, et si on — 17'i — se reporte à ce l'ail que les prcmieis niainiiiifères sont des niarsii|)iaiix , c'est-à-dire les moins élevés dans l'échelle, on y verra un exemple nouveau et frappant de celte loi que la nalure s'est imposée généralement dans ses créations nou- velles , à savoir de pioccder du simple au composé et de former tout d'abord , lorsqu'elle crée un type nouvenu , nn être im|)arfait dont les suivants arriveront pou à peu au degré de perfection où nous les voyons à notre époque. On a, comme nous l'avons vu en commençant, liésité sur la place zoologi(ine de Y Archccoptcrix. La queue , très- longue , composée de 20 vertèbres grêles , ne convient guère à ce que nous somnies habitués de voir dans un oiseau ; mais le pied et surtout les longues plumes qui garnissent cette queue , les os des membres , du bassin , de la fourchette, les ailes également fournies de longues pluujes, tout indique un oiseau et non un reptile. ï.es os des ailes, très-bien con- servés , ne peuvent laisser aucun doute à ce sujet. Celte aile était garnie d'un éperon analogue à celui de l'O/e armée , du Kaniichi, du Vanneau armé , etc. ; mais l'éperon était bien plus court , recourbé , alTectanl la forme à peu près des cro- chets de la chauve-souris. Quant aux ongles des pieds , ils sont recourbés et très- renflés à leur base; ils offrent beaucoup de ressemblance avec ceux des Ptérodactyles et des lxainphorhynchu$ , dont les restes proviennent du même gisement de Solenhofen : il est à croire que V Archccopterix était un oiseau grimpeur et que ses ailes et sa queue lui donnaient une grande facilité pour planer et descendre comme en parachute. Son vol devait , sous ce point de vue , avoir (|uelque resseuïblance avec celui des Ptérodactyles ; mais il devait aussi |)ouvoir volera lire- d'aile , ce qui me parait impossible aux Ptérodactyles qui n'avaient pas de bréchet et , par suite , pas de ces puissants muscles pectoraux qui permettent seuls les grands mouve- ments de haut-vol — 175 — OiKii ([u'il en soit, la liste de ces animaux, qu'on pourrait appeler fantastiques , de la grande période jurassique s'ac- croît chaque jour, et nul doute que nous soyons encore des- tinés à voir apparaître de nouvelles formes d'êtres dépassant tout ce que les poètes ont |)u rêver, où des combinaisons bizarres de caractères semblent relier enlr'elles des familles séparées de nos jours par un hiatus immense. Les Ptérodactyles , les Rampkorhynctnis , VArchceopterix semblent prouver que la nature n'avait pas encore , à cette époque, bien fixé le type reptile et le type oiseau. Les Icihyo- saures , les Plésiosaures, les Téléosaures , nous olfrenl un ensemble de caractères qui paraissent contradictoires : le premier , une forme de cétacé avec une osiéologie de reptile et les yeux d'un oiseau; le second, l'adaptation du serpent au corps d'un Saurien avec les nageoires d'un cétacé. Les Téléosaures, avec leur plastron et leur carapace, tendent à confondre les deux types Chélonien et Crocodilien. En un mot, si nous avons vu, pendant la période paléo- zoïque, la nature hésiter entre le type reptile et le type poisson, nous voyons que durant la période jurassique, où le reptile règne en maître, elle s'essaie , pour ainsi dire , à former deux types nouveaux de vertébrés qui domineront à leur tour dans le cours des périodes postérieures. Cette faune, si extraordinaire, n'est imlle part mise en évidence d'une manière plus complète qu'à Solenbofen ; les calcaires analogues du Bugey ne le cèdent en rien à ceux de la Bavière , et iM. Jourdan , de Lyon, y a recueilli une foule de pièces des plus intéressantes, montrant que les animaux de l'est de la France ne le cédaient en rien à ceux de l'Alle- magne, ni pour le nombre des espèces, ni pour l'originalité des formes , et dont les caractères bizarres , au premier aperçu , viennent bouleverser les idées reçues et mêler, pour ainsi dire , d'une manière inextricable toutes les familles de Sauriens. — 176 — L'illustre aiiatomistc Uicli. Owen a depuis reproduit, dans le n". de février 1863 des Annals and Magazine of naiural history, une description de notre oiseau , auquel il donne le nom û! Archaopieryx macrurus , et nous pensons qu'on lira avec intérêt la partie de l'introduction de ce travail qui traite des détails anatomiques et des homologies de ce curieux animal ; (( Les parties visibles du squelette sont : la portion ini'é- « rieure delà fourchette, la |)orlion gauche de l'os coxal, (( 19 vertèbres en série naturelle , quekjues côtes ou por- « tions de côtes , les deux omoplates , les liuniérus , les os « de l'avant-bras , quelques fragments des os du car] e et du « métacarpe , avec deux phalanges onguiculées appartenant (( probablement à l'aile droite, les deux féinurs et les deux « tibias et les os du pied droit. Des empreintes de plumes (' avec leurs tuyaux rayonnant en forme d'éventail de chacun « des carpes, et d'autres plumes divergeant par paires des « deux côtés d'une queue longue et grêle. Les |)arties ci- « dessusmentionnées indiquent que la taille de cUte créa- « ture emplumée , et susceptible de voler, devait égaler à « peu près celle du Freuiv (i). « Il résulte , de la comparaison des os avec leurs homo- « logues chez les différents oiseaux et Ptérodactyles, qu'à (1) On a toutefois remarqué, à rexlrétnilé de la queue du llamplio- rln/nclnts Curtimanus , des stries dans la gangue, s'adaptant symélri- quemenl aux dernières vertèbres, et on a regardé ces stries comme étant l'empieiule de liges de plumes dont les barbes auraient disparu par la fossilisation. Je crois que ces traces se rapporteraient plutôt à des poils ou h d'autres matières cornées analogues. Il n'y aurait rien d'étonnant à ce que le corps et surtout l'écliine d'un certain nombre de Ramphorliynclius auraient porté, à l'état de \ie, des tubercules ou des épines cornées comme les Iguanes actuels, et qu'il y aurait eu de ces ornements jusqu'à l'extrémité de la queue. — 177 — « l'exception de la région caudale de la colonne vertébrale, « l'apparence d'une uiain bionguiculée et l'état moins con- « fluent des os du métacarpe, les parties conservées du (( squelette de l'animal emplunié s'accordent avec les modi- « Ocalions du squelette d'un vertébré, et que les principales « différences existent dans les parties du squelette les plus <( sujettes à varier. Les vingt vertèbres caudales étendues « depuis le sacrum, en une série consécutive et dans leurs « rapports naturels , ressemblent , par leur structure et leurs « proportions, à celles d'un écureuil. Les plumes de la « queue sont rangées par paires , correspondant en nombre « avec les vertèbres, et divergent, en arrière, sous un angle « d'environ U5", angle devenant plus aigu vers l'extrémité « de la queue. A la dernière paire , les plumes sont presque (( parallèles et s'étendent de '6 pouces au-delà de la dernière « vertèbre caudale. Celte queue emplumée est de 11 pouces « de long, elle a 3 pouces 1/2 de laigeur , et sa terminaison (( est arrondie d'une manière obtuse. Ce caractère nouveau « et imprévu de la queue contraste avec la constance que u tous les oiseaux connus du monde actuel et de l'époque K tertiaire avaient toujours offerte, c'est-à-dire une queue V osseuse , courte , avec la modification terminale , pour « beaucoup d'entr'eux, d'un os en forme de soc de charrue. « Le professeur Ovven vient de donner le résultat de re- i( cherches concernant l'ostéogénie de l'embryon des oiseaux, « montrant le nombre des veilèbres'qui correspondent aux (( vertèbres "antérieures caudales de V Arch.vopierix. Celles-là « se soudent au bassin daris le cours de l'accroissement; il a (( montré en même temps le degré de ressemblance que 0 conservent , avec les caudales postérieures de VArchct'op" « leri.c , ces mômes vertèbres dans les oiseaux à ailes riidi- (' meniaires. Ainsi on peut compter 18 à 20 vertèbres « caudales dans la jeune autruche. Dans VArchceopterix , la 12 — 178 — « st''parali()n embryonnaire persiste avec accroissemeul pareil (( de l'individualilé des vertèbres candales , comme on l'ob- 0 serve ordinairement dans les vertébrés à longue queue , « reptiles ou mammifères. « La modification et la spécialisation des os terminaux de « la colonne épinière, chez les oiseaux de l'époque actuelle , (( est très-analogue à celle qui arrive à la longue dans la « queue étroite et très-articulée des embryons de poissons « de l'époque actuelle, c'est-à-dire dans la forme symétrique, (( courte et cachée , par coalescence , des vertèbres lermi- « nales en un os comprimé , lamelliforme comme les os en « soc de charrue des oiseaux et auquel s'applique le terme de « homocercal (poissons homocerques) , et qui a été arrêté <( dans les poissons paléozoïques et plusieurs mésozoïques (( (poissons hétérocerques). Ainsi on peut discerner, dans <( le principal caractère différentiel de l'oiseau mésozoïque , « la persistance de structure qui est embryonnaire et tran- « sitoire dans les représentants actuels de la classe, on y voit « conséquemment un rapport étroit avec le type général des (( vertébrés. « Les parties les moins équivoques du présent fossile dé- « montrent que c'est un oiseau , avec de rares particularités « indiquant un ordre distinct dans cette classe. Quoique la « tête soit absente , on peut prédire , d'après la loi des cor- « relations , une bouche en forme de bec ; vu la présence du 0 plumage ; on peut encore en inférer la présence d'un « sternum large et caréné, en corrélation avec les autres or- (( ganes emplumés du vol. « II. SLR LA NATURE DES APTYCHLS. Les Apiychus (Meyer) se rencontrent en grand nombre- dans les terrains jurassiques et crétacés; mais ne sont nulle — 179 — part mieux conservés qu'à Solenliol'eii , dans les mêmes cal- caires liiliographiques dont nous venons de parler , comme renfermant de si précieuses dépouilles d'animaux vertébrés. Ces corps , n'ayant presque aucune analogie de forme avec les êtres vivants de notre époque, et se présentant dans des conditions tonl-à-fait spéciales de gisement , id('nli(|ues aux divers niveaux, ont frappé vivement la curiosité : ou a ciier- clié tout naturellement à savoir de quelle classe d'invertébrés on pourrait les rapprocher. Sous ce rapport , les hypothèses ont été leur train , el ces pauvres Apiychits ont été ballottés dans toutes les classes d'in- vertébrés, avec des raisons plus ou moins spécieuses. Certains auteurs sont allés même jusqu'à les regarder comme étant des dents palatines de poissons cartilagineux. Parmi les opinions inadmissibles, se présente tout d'abor l celle de Schlotheim et de Parkinson,qui les ont pris pour des coquilles de Lamellibranches , et les ont léunis au genre Trigonellites. M. d'Orbigny prétend (p. 254 du l"". volume de son Cours clémenlaire de paléontologie) que mon père les considère également comme des coquilles de Lamelli- branches; mais c'est une supposition toute gratuite, car mon père dit (1) que ces coquilles ne hii semblent pas se rappro- cher des Lamellibranches , mais au contraire pouvoir se lier aux fossiles singuliers qu'il décrit plus l.)iu (2) sous le nom de Teudopsis , et qu'il rapproche des Calmars; seulement, n'ayant pu consulter l'ouvrage de M. Meyer , il donnait à ces corps le nom de Milnsieria. Cette assertion de I\L d'Orbigny est d'autant plus étrange, (pi'à la page suivante de son même volume, c'est-à-dire p. 255; il s'élève contre la réunion des (1) 1835. Eiides-Desiongciiiimps , Mémoire sur les coquilles fossiles (lu genre Mûnsteria, V*. volume des Mémoires de la Société Liiniéeiine de Normandie , p. 6i. ri] lil. , p. r>8. — 180 — Apujchus aux Teudopsis , c'est-à-dire conlre les idées de M. Eudes- Uesloiigchamps. Une opinion tout aussi peu acceptable que celle de M. Bourdet , de la Nièvre, et de Sowerby, qui regardaient les Aptyclius comme des dents de poissons , est celle de M. d'Orbigny lui-même; c'est-à-dire que ce sont des Cirrhi- pèdes , en un mot des Analifes à deux valves. Anatife bivalve ! Voilà deux mois i\n\ jureni ensen)ble, et j'espère bien démontrer que l'opinion de M. d'Orbigny (qui l'a du reste prise de Scheuchzer et Knorr) ne peut supporter un sérieux examen. M. d'Orbigny s'appuie sur la forme trian- gulaire des deux grandes valves des x\natifes, offrant par leur réunion un bâillomcnt très-prononcé pour laisser sortir les bras ; mais il n'existe aucune espèce de bâillement analogue dans des Apiychus que l'on voudrait réunir à la façon des valves d'une Anatife. Les deux valves se rejoignent et coïn- cident parfaitement. Supposons un instant les Anatifes ré- duites à leurs deux grandes valves et faisons abstraction des autres, ces valves montrent , sur l'un des bords, une sorte de biseau naissant brusquement d'une carène obtuse qui délimite la portion libre , où le manteau largement ouvert permet le passage des bras. Dans les /iptychus , cette même portion est arrondie d'une manière uniforme. Quant aux facettes coupées à angle droit et qu'on observe à la base et en-dedans des Aptychus , cela ne prouve en rien qu'elles aient dû servir pour l'insertion d'un pédoncule: cela prouve tout simplement que, par ces points , les Aptychus étaient en rapport avec des portions cliarnues de l'animal, et ne peut servir qu'à une seule cbose , exclure complètement l'idée d'un acéphale la- meilibranclie. Quant à la composition poreuse et aux lignes internes de certains Apiychus , sur lesquelles s'appuie M. d'Orbigny pour nionircr une sorie d'analogie avec la carapace ûqs Cypns , — 181 — c'est peut-être un point de vue spécieux , mais qui n'im- plique qu'une ressemlilance fortuite. Et que serait-ce donc s'il fallait juger les coquilles et autres productions fossiles d'après de simples apparences extérieures? Il est d'ailleurs un autre caractère qui anéantit toutes ces conceptions de l'imagination , alléguées pour le besoin de la cause. Le test des Anatifes et la carapace des Cypris et autres crustacés sont dus à un encroûlement de carbonate et de phosphate de chaux , qui n'admet qu'une seule couche pierreuse ; les Aptycims , au contraire, comme la plupart, et je pourrais dire tous les mollusques, sans en excepter même les Bra- chiopodes , ont leur test formé de deux couches distinctes , plus ou moins étendues , et d'une composition à tel point dilTérente qu'elles ne résistent pas également aux agents dis- solvants auxquels les fossiles sont exposés. Arrivons maintenant à une autre série de faits plus con- cluants , et auxquels M. d'Orbigny accorde volontiers cl avec raison la préférence . c'est-à-dire aux habitudes des animaux qui peuvent sedéduirc rationnellement de leur caractère mor- phologique, et aux conditions de leur enfouissement. On peut presque toujours , d'après ces données , reconnaître , an moins en partie, quelles étaient les habitudes de ces animaux, la profondeur où ils vivaient, en un mot leurs conditions d'existence. Il n'est pas nécessaire de risquer sa vie pour connaître les habitudes des Anatifes : on n'a qu'à se transporter dans w\ port de mer, et l'on y voit souvent soit des pièces de bois fioltaiiles , soit des navires tout couverts de Cirrhipèdes pé- doncules, Anatifes, Pollicipes ou autres, que les ha! liants du littoral appellent des pousse-pieds, et sur lesquels courent des légendes plus ou moins absurdes (1). On peut donc Irès- (1) Fnlre autres, que ces coquilles (InniieiU naissance ;inx macrruses. — 182 — fucilement être édifié sur la façon dont viveni les Analifes : elles accaparent louie espèce de corps flottant qu'elles reu- contrenl , renvahisseiit eu entier et arrivent ainsi assez fré- quemment au rivage portées par les courants, le vent ou la marée. Quant à des coquilles de Spirules toutes couvertes d'Ana- lifes , je n'ai pas été sous les Tropi(|ues , par conséquent je n'ai pu vérifier ce fait ; mais je ne m'explicpie pas hieu com- ment une coquille aussi fluette aurait pu supporter le poids d'une Analife sans couler au fond de l'eau ; je me demande même comment une Anatife , parvenue à sa croissance, pourrait trouver assez de place sur une Spirule pour y ap- pliquer son pédoncule. !\]. d'Orbigny prétendait expliquer ainsi la présence des Aptychus dans la dernière chambre d'une ammonite: j'avoue que j'aurais beaucoup mieux compris que la surface exté- rieure de l'ammonile fût toute couverte (V Aptychus , que de voir la dernière chambre en renfermer un seul. D'un autre côté, comme les ammonites , corps flotteurs par excellence , sont arrivés au rivage en quantité iniinense dans certains points, comment se fait-il que précisément dans ces points là, où les ammonites sont arrivées vides, couvertes de ser- pules, d'huîtres, de petites plicatules , etc. ; comment ex- pliquer, dis-je , que les Aptychus soient lout-à-fail absents ou bien d'une rareté désespérante? (le serait pourtant sur de pareils rivages que les Aptychus devraient être couchés par milliers et sur le côté, c'est-à-dire les vahes fermées au milieu des corps llotiants ipii les auraient transjiorlés. Je ne vois donc pas que la comparaison zovlogùjue et les faits yê- ncraux iC observation viennent ici se corroborer pour c'esl-ù-diie ù ccrliiiiics espaces de cciiKiids (|iii uc (niillenl giit'ie lu mer ri (|ur DOS lualelols décorent du nom d'iiuipliihies. — 183 — èciaircir la question: je vois, au contraire, (juc les Apiijchus sont ABSEiMS LA OU ILS DEVRAIE.NT ÊTRE PRÉSENTS pOUr donner raison à l'hypothèse de lAI. d'Orbigny. Une dernière observation vient complètement , ce me semble, infirmeries concUisions du célèbre paléontologiste; en effet , dans certaines localiiés où la sédimenlation s'est opérée avec une tranquillité extrèn)e, où les animaux morts sur place ou échoués à l'étal de cadavre n'ont nullement été dérangés , où les astéries , les comatules , les crustacés , les poissons, les reptiles montrent leurs moindres tentacules conservées, leurs pièces les plus délicates non dérangées, leurs écailles et leurs os en rapport parfait ; là où par conséquent rien n'a été dérangé depuis la mort et l'enfouissement des êtres qui avaient animé ces rivages, à Solenhofen, à Pappen- heim , à Boll , elc , les Aptychus sont nombreux , comme les autres corps organisés ; ils devraient donc être couchés sur le côté, leurs deux valves fermées; à leur intérieur, on de- vrait retrouver des traces de ces bras enroulés en crosse , dont la n.iiure est bien assez calcaire pour s'être conservée ; |iuisque des plumes, des tendons et autres parties plus molles encore ont bien laissé des empreintes parfaites, comme celles de la (pieiie et des ailes de V Arclucopierix. Eh bien ! rien de semblable n'a lieu : les Aptychus ont eireclivement presque toujours leurs valves en rapport , mais comment? Elles sont toutes, ou bien disposées à plat l'une à côté de l'autre , sans que la symétrie soit dérangée en (juoi que ce soit , ou bien logées dans l'intérieur de la dernière chambre d'une ammo- nite; , la même toujours dans chaque espèce et toujours aussi la grandeur de VAptycIms renfermé est proportionnée à celle de l'ammonite (pii le contient. J'ani\e maintenant à une opinion toute différente de celle de M. d'Orbigny. Le créateur de ce genre, M. H. de Meyer, rct^arde les Aptychus comme étant des coejuilles intérieures — 184 — de mollusques. M. Coquand (1) les considère comme se rapprochant des Teudopsis , en faisant des deux valves un seul toul analogue à l'osselet intérieur des Calmars. Cette manière de voir se rapproche beaucoup de celle qui est aloptée par la majorité des paléontologistes. Je ne crois pas, toutefois, qu'on puisse se ranger h l'opinion de M. Coquand : les Aptychus offrent en effet une structure différente de celle des divers osselets des Céphalopodes dibran- ches, tels que la Seiche, les Calmars, les Geoilieuiis, les Teu- dopsis , les Belemniies , etc. Comment d'ailleurs expliquer, dans ce cas, leur présence à l'état normal, dans l'intérieur de la dernière chambre des ammonites et seulement de celles de la section des Arieies ? Une dernière opinion est celle qui considère les Apiychus comme ayant été une partie constituante de l'animal des Ammonites, et destinée à soutenir et à renforcer, dans ces Céi)halopodes , l'organe musculeux auquel on a donné, dans ]e ISatiiitc flambé, le nom de pied ou capuchon. C'est ce qu'ont pensé MM. Ruppel, Voltz, i\!orris, Moore, ^Yoodward et un grand nombre de paléontologistes et surtout M. Ouens- tedt , cet observateur si consciencieux, qui ne laisse rien échapper de son Jura >Vurtembergeois , sans en faire une étude profonde ; ce maître , dont tonte l'Allenjagne suit avec raison la méthode positive. M. Quensledt, dis-je , est celui qui a surtout popularisé celle idée que je crois conforme à la vérité, à savoir que les Aptychus étaient une partie intégrante de l'animal des Ammonites. Il allait même plus loin : com- parant ces corps à ceux qui ferment la coquille des Gasté- ropodes, il a osé donner aux Aptychus le nom d'opercules d' Ammonites, (1) C'était aussi l'opinion de mon pÎTO lorsqu'il commença l'élude do CCS aniinuux, pour lfs(|ncls il avait créé le ;;onic Miuisicria. — 185 — C'est peut-être s'avancer un peu iiop : les Aptyclius ne peu- vent être en réalité assimilés à des opercules, et je pense qu'ils (levaient être enchâssés au milieu des chairs, recouverts peut- être d'une peau très-mince ou d'une simple membrane. Celte manière de voir est aussi celle de M. Deshayes, notre grand conchyliologisle, et l'autorité d'un pareil nom , qui fait force de loi , est d'un grand poids dans cette discussion et appuie victorieusement les raisons que j'ai énuméiées plus haut , et auxquelles il me paraît impossible de répondre d'une façon satisfaisante. Je retracerai ici les raisons . Le même, grossi. IV. SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE D'05f.lL'fi/aV ( CHIïON LIASINLS) DU LIAS MOYEN DE LA NORMANDIE. ri. V, fig. 4. Depuis que M. Terquem a signalé la présence du genre Oscabrion dans le lias moyen des environs de Tliionville , les recherches incessantes , continuées avec persévérance par les paléontologistes normands , dans la localité si remarquable de IMay, près Caen , ont amené la découverte d'une seconde espèce liasique beaucoup plus grande que le Chiion Des- hayesi , et que mon père a décrite sous le nom de Chiion Terquemi (1). Je viens y ajouter une troisième espèce que j'ai recueillie dans la même localité et dans le même étage , au printemps de l'année dernière. Nous venions , RI. Morière et moi , de mettre au jour une (1) Voir Bulletin c'e la Société Linnéenne de Normandie, t. IV, p. 13, il. I, fig, 1, 2. — 193 — de ces poches à Gastéropodes si remarquables , donl j'ai eu souvent à eiilrelenir les lecliurs du Bulletin, htrsc]»' au milieu d'une foule de fossiles de la plus Ix'lle conservation , dont plu?ieurs étaient nouveaux pour la faune du lias, j'aperçus avec un vif senlinient de satisfaction deux valves d'un très-bel Oscabrion, dont les caractères étaient des plus tranchés; un instant après, M. iMorière recueillait une troisième v.ilve , un peu plus grande que les deux autres , mais appartenant incontestablement à la même espèce. M. Terquem a bien voulu me confier les échantillons qui lui ont servi pour établir son Cfiiton Desliaijpsi , et pour mieux faire saisir les rapports et différences des trois espèces basiques , je les ai figurées à côté les unes des autres dans la pi. V qui accompagne ces notes. (;es trois Oscabrions offrent tous une partie médiane triangidaire et deux parties latérales. Dans le Chiton Terquemi, la partie médiane est entièrement lisse; dans les deux autres, au contraire, elle est ornée de lignes longitudinales enfoncées, très-nombreuses et comme granulées dans le Chiton Desliayesi ; dans notre nouvelle espèce, ces lignes longitudinales sont beaucoup moins nom- breuses, non granulées et bien plus accusées. Sur les parties latérales, les ornements sont aussi très-différents: ces trois es- pèces sont donc faciles à disiinguer par leur taille, leur foruie générale, et enfin par leurs ornements extérieurs. Voici, du reste , une description succincte de ces trois espèces : Chiton Desuavesi (TV;//.), 1835. l'i. v, fii;. ;;. Syn. 1852. Chiton Desliai/esi (Terq.). Ihilletin de la Société géologique de France ,1. IX, 2*. série, p. 387. DlA('.. Valves deux fo,'s ints.sl Ltrges que longues , assez i:j — 19/i — élanjies d'arrière en avant, divisées en trois portions trian- gulaires bien distinctes par deux lignes obliques enfoncées , s' étendant depuis le sommet jusqu'aux bords. Partie médiane très-échancrce en avant , marquée de lics-nombreuses lignes longitudinales granuleuses, coupées , principalement vers les bords, par des lignes d'accroissement bitti marquées. Par- ties latérales ornées de lignes obliques très-nombreuses , granulées, également coupées par des lignes d'accroissement bien marquées. Commet obtus. Dimensions : longueur, à millim. 1/2; largeur, 11 raillim. l/ab. Lias moyen de Tliionville. A. C. PI. V, lig. 5. Chiton Dcslinyesi (Terq.). Valve entii-re, grossie, vue par l'extérieur (Collection de M. Terquem). Un Irait indique la gran- deur naturelle. Chiton Terqdemi {DcsI.), 1859 PI, V, (ig. 3. Syn. 1859. Chiton Terquemi [Des].). Bulletin de la Société Lin- néenne de Normandie, l. IV, p. 16, pi. i, (ig. 1, 2. DiAG. Valves près de trois fois plus larges que longues , as^ez étroites d'arrière en avant , divisées en trois parties triangulaires bien disiiiicies par deux lignes obliques en- foncées , s'éiendani depuis le sommet jusqu'aux bords. Partie médiane triangulaire , arrondie en avant , lisse et n'offrant que de très-légces lignes d'accroissement. Parues latérales marquées de sillons assez profonds , rayonnant du sommet jusqu'aux bords latéraux, croisés par des lignes — 19:) — d'accroissement nombreuses , plus développées vers Us calés. Sommet assez aigu. Dimensions: longueur, 9 niiilim. ; laigour, 211 niiiiini. Hah. Lias moyen de May ( Calvados'. T, R. PI. V, fig. ;}. (hiton Terqueml (Desl.'. Valve enlière , grossie, vue par l'exiéiieur (ma colleclion ;. Vn trait indique la grandeur nalu- lelle. CHtTOX l.IASINUS ( E. DC'SL), UOV. ., moins pro- noncérs sur la partie moyenne qwi sur les côtés. Parties LitéiaUs marquées d'un petit nombre de niions très-pro- fonds , rayonnant du sommet jusqu'aux bords luiéraux , dichotomes vers les boi ds , croisés par des lignes eiifo cées très-fortes , ce qui donne ci l'ensemble un aspect crénelé. Sommet obtus et légèrement échancré. Dimensions: lon;^ueui , .'j miiliiii. \ 2 ; hugeur, ITniilini. Ilab. Lias moyen de Mny ( (',;;!va(los;. I'. IL PI. V, fig. 4. Cliilon liasinus (Eng. Desl.). Valve eiilièie, grossie, \ire |Jar Pexlérietir ( in.» cnlliction '. l'tV Irait indique la grandeur liaturclli». -_ 196 — V. SUR DES PATELLIDÉES ET BULLIDÉES NOUVELLES DES TERRAINS JURASSIQUES. Patella squammula {Eug. Desl.), nov. sp. PI. V, fig. fi, 7. DiAG. Coquille assez grande , conique, à base ovale, à sommet élevé , subcentral , très légèrement infléchi , un peu concave en arrière et légèrement convexe en avant. Surface à peu près lisse sur les côtés , mais marquée , sur les parties antérieure et postérieure , de squatumes peu profondes , disposées en lignes interrompues , occupant tout l'espace étendu depuis le sommet jusqu'à la base. Dimensions : longueur, 5.5 millim. ; largeur, 36 millim. ; hauteur, 25 millim. Ohs. Cette espèce est voisine des Patella nitida (Desl.) , et inornata (Morr. et Lycelt. ) ; elle se dislingue de la pre- mière par sa forme plus comprimée sur les côtés, et des deux par les squammiiles (pii ornent la surface des régions antérieure et postérieure , et qui sont au contraire absentes sur les parties latérales. Celle ornemenlalion , toute spéciale à celle coquille , la disiiugue au premier aspect de toutes les autres espèces connues. On rencontre la P. squammula à la partie inférieure de la grande oolithe proprement dite, que l'on désigne en plusieurs régions de la France sous le nom d'oolilhe miliaire. Rare dans le Boulcnais , elle paraît au contrairedevoir être assez abondante aux environs de Langres, dans le département de la Haute-Marne, où M. de Ferry en a recueilli cinq écbanlillons très-bien conservés. Les Patella nitida et inornata se rencontrent également dans la grande — 197 — ooliihe. La première est spéciale à la partie supérieure (niveau des Terebratida digoiia , cardium , etc. ) ; la seconde au niveau inférieur, caractérisé par les Terebraiula maxdlata et Rlujiichonella Hopkinsi et subieiraedra ; c'est également le niveau des gros Purpwoidea viinax et Moreaitsi. Une troisième espèce de Patelle, non encore décrite et très-voisine de forme de la P. iyiornata , appartient au coral-rag de l'est de la France. Hab. Partie inférieure de la grande oolithe proprement dite (oolithe miliaire). Environs de Marquise (Boulonais), et de Langres (Haute-Marne). PI. V, fig. 6 a, b. Patella squammula (F. Desl.). Échantillon recueilli, aux environs de Lanj^res, par M. de Ferry (ma collection ). — Fig. 6 c. Portion grossie de la partie antérieure du lest. — Fig. 7. tchanlillon plus petit , recueilli à Marquise ( I^as-de- Calais), par M. de Eauduyl (ma collectionl. Emarginula NOBiLis {Eu(j. DesL), nov. sp. PI. V, fig. 8. Coquille très-grande pour le genre, un peu comprimée sur les côtés , à base ovale-allongée , à sommet très-élevé, assez recourbé , se terminant en pointe fine, atteignant, par sa projection sur la base , au cinquième environ de la longueur de celle-ci. Surface ornée de grosses côtes rayon- nantes carrées , s'étendant depuis le crochet jusqu'aux bords. Entre les intervalles des côtes principales se voient des surfaces aplaties, ornées chacune sur leur partie mé- diane d'une côte secondaire étendue depuis le sommet jusqu'à la base , et coupée en travers par une multitude de stries profondes , ce qui donne à l'ensemble un aspect treillissé fort élégant. Bandelette de l'entaille tressaillante - H)S au-dessus de la surface générale , bordée de chaque côié par une côie aiguë fort élevée , ei creusée en son centre d'un sillon profond, crénelé. Entaille assez grande, étroite, atteignant environ au tiers de la hauteur totale. Dimensions : loiisut'i'r de la base, 18 millim. ; largeur de la base, 13 millim. 12; hauleur de la coquille, 12 millim. 1/2. Obs. Celte ciK|nillo est une des plus grandes du genre : sa taille la distinguera donc facilement des autres espèces jurassiques, qui ne dépassent guère 5 millimètres. La forme de la bandelette annoncerait plutôt une Ri mule ; mais j"ai pu constater sur plusieurs échantillons que l'entaille était tou- jours béante , et ne se reformait pas en avant comme dans ce dernier genre. \^' Emarginula nobdis a été découverte par M. Perrier , dans les couches à Gastéropodes du lias moyen, à May (Calvados) , dans une petite poche du grès silurien , qui nous a foiu ni plus de 800 individus de Gasté- ropodes et de l*olypiers dans un ét^it parfait de conservation. Celle espèce y est fort rare: .M. l'crrier en a recueilli toutefois cinq éclianiillous, dont deux complets ; c'est l'un de ces der- niers que je figure ici et dont il a bien voulu , avec son obligeance si connue, enrichir ma collection. Hab. Lias moyen de May (Calvados). T. R. PI. \, fig. 8 (T, 6. Emaiginula nobilis ili. Desl. \ Grandeur iialiirelle (le la couclie à Gastéropodes du li.is moyen de M.ij i Calvados). — Fig. 8 c. La même, grossie, \(ie par le dos. lUi.r.A MASi.NA { Eii'j. Dc'sl.) , noo. sp. l'i. v, n^'. Il fJlAC. Coquille trés-globulnise . imparfaitement connue. — 199 — à dernier tour très-grand , les autres au contraire très- petits. Spire complètement cachée par le développement des tours, rentiaiit dans l'intérieur. Dimensions : longueur, 19 millim.; largeur, 15 riiillim. Obs. Cette espèce , que nous ne connaissons que d'après un seul éclianlillon Irès-inutilé , demanderait, pour è:re bien connue , une élude approfondie faite sur de nombreux spé- cimens. Quoi qu'il en soit , celui que nous figurons ici sulïit pour bien constater le genre Bulle dans le lias moyen , où il n'avait pas encore été annoncé. Je profiterai de cette occasion pour signaler encore , dans notre lias moyen , un autre genre, dont les plus anciens représentants reconnus jusqu'ici appartenaient à la grande oolitlie , je veux dire le genre Pdeolus , dont nous avons recueilli trois exemplaires d'une espèce nouvelle dans le même étage et la même localité. Hab. Lias moyen de May (Couches à Gastéropodes). T. R. l'I. \, fig-. 9 a, h. ISuIld lidsina { E. Desl.J. Grandeur naturplle. BULLA ? FLOLESTI {EH(J, Dcsl.) , HOV. Sp. PI. \\ fig. 10. DiAG. Coquille assez allongée, globuleuse en arrière , un peu comprimée sur les côtés , atténuée d'abord , puis enfin élargie vers la bouche , à sw face légèrement ondu- Iriise , marquée de lignes d'accroissement assez prononcées ; test excessivement mince. Dernier tour bien plus grand que les autres. Spire rentrant vers l'intérieur , mais à tours bien visibles et arrondis. Dimensions : longueur, 27 millim. ; largeur, 17 millim. Obs. Jusqu'ici celte espèce , si elle appartient bien au — 200 — genre Bulla, serait la plus ancienne connue; mais, comme le seul échantillon recueilli , quoi(|ue fort bien conservé , ne montre pas la forme de la bouche , on conçoit que nous (levions être circonspect à ce sujet ; la forme est d'ailleurs plus élancée que dans toutes les Bulles connues: c'est donc encore une pierre d'attente (|ue je ne signale ici que pour démontrer la présence des Bullidées dans les terrains les plus anciens de la période jurassique ; en effet , la Bulla Flouesii a été recueillie dans le lias inférieur à Gryphées arquées des environs de Semur, par IM, Flouest, procureur impérial près le Tribunal de cette ville ; et c'est pour moi un devoir et un plaisir de lui dédier celte espèce , remarquable à tous les égards et par sa forme et par sa station stratigraphique. Espérons que les géologues de Sémur , dont l'ardeur in- faiigable ne se ralentit jamais , retrouveront bientôt de nou- veaux échantillons qui permettront de compléter cette description, en nous montrant la forme de la bouche et de la columelle de celle curieuse espèce. Hab. Lias inférieur h Gryphées arquées des environs de Semur. Un seul échantillon connu (Collection de M. Flouest). PI. V, fig. 10 a, b. Bulla '.' Flouesti ( Eug. Desl.). Grandeur na- turelle. Le scrutin est ouvert sur MM. Schlumberger, Sa^mann et Chatin, présentés comme correspondanis dans la dernière séance. Os Messieurs sont admis. MM. Morière et Eugène Eudes-Deslongchamps présentent, comme correspondant , M. A. Dolfuss, naturaliste à Paris. A 9 heures la séance est levée. SÉANCE DU II MAI 1863. Présidence de II. SBOKIÈRE. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. De la part de Son Exe. M. le Ministre de l'inslructloQ publique : Mémoires lus à ta Sorbonne dans les séances exlraor- dinaires du Comité impérial des Travaux historiques et des Sociétés savantes tenues les 21 , 22 et 23 novembre 1861. — /jistoire , philologie Cl sciences morales, Paris, Imprimerie impériale, 1863. Mémoires lus à la Sorbonne dans les séances extraor- dinaires du Comité impérial des Travaux historiques et des Sociétés savantes tenues les 21 , 22 et 23 novembre 1861. — Archéologie. Paris, Imprimerie impériale, 1863. Réunion générale des Sociétés savantes. Session de no- vembre 1861. — Compte-rendu de la séance solennelle du 25 novembre 1861. Table des matières contenues dans le tome II de la Revue des Sociétés savantes. Revue des Sociétés savantes, n°'. des 6, 13, 20 et 27 mars, 3, 10, 17 et 2k avril, 1". mai 1863. La Société a reçu , en échange de ses publications : Annales de la Société académique de Na7ites et du dé- partement de la Loire- Inférieure, 1"". et 2 novembre 1862. Mémoires de la Société d'agriculture , sciences , arts et — 202 — belLes-leitres du dcpartcnient de VAube,{. XIII. 2". série, n"'. 63 et 6/|. 3^ cl lx\ îriinesires de l'année 1862. Bulletin de la Société académique d'ayriculime , belles- leiires, sciences ei arts de Poitiers. —Bulletin de décembre 1862 , janvier et février 1863. Annales du Comice horticole de Maine-et-Loire. Année 1862. h", trimestre. Annales de la Société d'horticulture et de hotamque de C Hérault, I. III , n". 1. Maître Jacques. - — Journal populaire iV agriculture , n'". de février et mars 1863. Société entomologique suisse {Bulletin n"\ 1 , 2 et 3, en 1862 et 1863. Société des sciences naturelles du grand-duché de Luxem- bourg , i. Il, 185/,; t. m, 1855; t. lY,1856;t. V, 1857-62. Mémoires de l'Académie des sciences , arts et belles- lettres de Caen pour 1863. Bulletinde la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne. Année 1862. XVI«. volume. 3^ trimestre. Auxerre, 1862. CORRESPONDANCE. Le Secrétaire donne lecture de deux lettres de MM. Sclilumberger et Saemaiin , admis à faire partie de la Société comme membres correspoiulants , et qui lemercient la Com- pagnie du titre qu'elle a bien voulu leur accorder. M. le Président donne lecture (V\me lettre adressée par •M. Cliesnon , correspondant, à Évreux, sur la germination du Carum Imlbo-caslanwn , qui ne lui a présenté qu'un seid cotylédon pendant celte période de son existence. Pour mieux s'assur( r du fait , il a fait germer des graines ré- cenles de celte planic qui ne lui ont montré également qu'un seul cotylédon. Il envoie (pielques petits pieds desséchés, pour aider à faire vérifier son assertion de visu. M. de 1,'Hôpital fait remarquer {(ue cette particularité curieuse avait été observée et publiée il y a plus de douze ans. Il cite l'ouvrage de M. E. Germ.tiii {Dictionnaire des termes de botanique, p. k{)2 , imprimé en 1851 ) , où il est dit que le Buniutn bulbo-caxtonuni et anires onjbellifères tubéreuses appartenant à la même section (notamment le Biasoleitia tuberosa )'^(^vn\('n\. avec un scid cotylédon; et non- seulement on ne trouve pas de trace du T. cotylédon, mais encore la végéiation de la plante pour l'année où elle est entrée en germination se borne , au point de vue de la lige et des feuillt s , au développement de cet unique cotylédon en un limbe foliacé , elliptique . longuement pétiole ; la gem- mule ne se développe que l'année suivante, .M. de Caumout demande à la Société de vouloir bien dé- signer deux membres pour la représenter, comme délégués, au Congrès scientifique de Chambéry. MM. Perrieret Fauve! acceptent cette délégation. >l. Fierre lit deux notes, l'une sur le dégagement d'acide carbonique par la graine de colzt , sous l'influence de l'oxy- gène de l'air, et sur une absorption d'oxygène supérieure à celle que contient l'acide carboni ,ue produit par cette graine; l'autre sur la diminuiion de l'huile contenue dans la graine de colza pendant sa germination et sa transformation en d'autres substances organi(iues. M. Eudes-Ueslongchamps montre une feuille de Peiargo- nium tonale, dont les bords latéraux se sont soudés jusqu'à la base du limbe , de manière que celle feuille ressemble à un — 20/i — entonnoir porté sur un court pétiole. Cette sorte de soudure n'est pas rare , elle est analogue à celles des feuilles de poireau présentées, dans une des dernières séances, par !M. Lunrd. M. de L'Hô|)iial annonce avoir recueilli une feuille de tilleul montrant une pareille soudure. M. Eudes-Deslongchamps présente la note suivante. SUR UN MONSTRE CÉLOSOMIEN, DE PROVENANCE BOVINE- M, Victor Chàtel , de Vire , m'a envoyé , il y a quelques jours, un veau venu à terme ou à peu près, appartenant à la famille des Célosomiens, c'est-à-dire aux mammifères dont les parois abdominales ne sont développées que très-incom- plètement et dont les viscères digestifs sont hors de celte cavité. Comme chez presque tous les monstres de cette famille, le tronc est raccourci et la colonne vertébrale fortement pliée en zigzag ; les quatre membres existent ; trois ne pa- raissent pasatniphiés; mais ils sont bizarrement contournés et leurs articulations ne sont qu'incomplètement uiobiles. Le quatrième membre, l'antérieur du côté gauche, est visible- ment atrophié; il ne paraît qu'inconiplèiement articulé dans sa région scapulaire , car il est très-mobile; mais, quoi- qu'airophié , il est atteint de polydactylie , ayant deux de ses doigts conformés comme à l'ordinaire , et un troisième , moins gros, mais aussi long que les deux autres, n'ayant qu'un seul sabot. La tète et le reste du corps ne paraissr'ut , à un premier aperçu , atteints d'aucune difformité ; mais les viscères de la poitrine et surtout ceux de l'abdomen m'ont — 205 — paru présenter plusieurs altérations dans leurs formes et dans leurs connexions. Ne pouvant, pour le moment, m'occuper de la description détaillée et de la dissection de ce monstre , je l'ai fait raelire dans l'alcool , pour pouvoir l'étudier et le décrire convena- blement dans une autre occasion. Les monstres célosomiens , assez communs dans l'espèce humaine, sont beaucoup plus rares parmi les animaux. C'est l'espèce bovine qui en a fourni quelques cas , décrits par les auteurs. Nous possédions déjà à la Faculté un autre monstre célosomien , de provenance bo\ine, que nous devons à M. Pastey, vétérinaire, et qui est conservé dans l'alcool depuis plusieurs années. Ce dernier est surtout remarquable, en ce que toute la partie inférieure du corps, du cou, de la poitrine et de l'abdomen manque eiiiièremcnt ; tous les viscères sont , pour ainsi dire, dehors. Comme pour le célo- somien de 31. Chàte! , la colonne vertébrale est forlemoni contournée en zigzag cl les membres déformés. Du reste, cette déviation de la colonne vertél)rale et ce coniournement des membres se voient à peu près constamment sur les monstres célosomiens auxquels une grande étendue des parois abdominales fait défaut. Il est assez reniai (|uable que , dans l'espace de moins d'un mois, trois monstres de divers genres, appartenant à l'espèce bovine, m'aient éié remis; c'est une des prove- nances qui en fournit le plus fréquemment. Le Secrétaire présente, de la part de son fils, le travail suivant. — 200 — NOTES roim SKRvui a la géologie du calvados. 'à\ ARTICLE (1) , A\t'i- uiu' i)luiulie lilliograpliii'c; Par li\. biigèfle bESLO^GCUAUPS , préparateor de géologie à la Facalié des sciences de Paris. III. — i>IFI ICILTft:^ »E L'f.TLUE i»K«» «^B^KIES SILLU1L!\\I£S. Le déparlpmciit du Calvados n'a élé jusqu'ici que peu éludic au point de vue de ses anciens terrains, et, si l'on en excepte la Topographie géognosiique de M. de Caumont et le prennïr voUnne de l'Explication de la Carte géologique de France, où l'on peut prendre une idée d'ensemble de noire système silurien du Calvados, on ne trouve licn ou pres(|ue rien de satisfaisant sur ce sujet. Ces terrains lournienlés, recouverts en beaucoup de points par des sédiments plus récents d'une grande épaisseur , sont d'une étude difficile, rendue encore plus ingrate par l'ab- sence à peu près complète de fossiles , ces guides si com- modes et si atlravants dans les leconnaissances géologiques. Aussi on conçoit que nos observateurs aient tourné , de pré- férence , leur attention vers les séries jurassique et crétacée, où l'on n'a qu'à se baisser pour recueillir des fossiles, où les niveaux sont d'une constance remarquable et développés (t) Voir Bulletin di' la Socirlé Liiiiitu'niic fie Normandie, I. I, |). J 7, et uiênie recueil , t. Vil, p. 30i. — 207 — d'une manière si admirable dans la longue série de falaises étendues depuis Ilonfleur jus(|u'à Grandcamp. Dans le silurien, c'est bien dilTérent : |)lus de niveaux ré- guliers, plus de coucbos horizontales; il faut tout d'abord s'orienter au milieu de bancs fortement disloqués, redressés, contournés sur eux-mêmes , avec des failles continuelles , de faux clivages désespérants , des apparences trompeuses de stratification. Les couches sont d'ailleurs d'une puissance énorme et les lignes fossilifères, quand elles existent, sont si minces qu'elles échappent presque toujours à l'observation. Tout minces qu'ils sont, ces niveaux fossilifères ont été d'un grand secours, car ils sont d'une constance remar- quable, et quand on a le bonheur de ne pas les manquer (1), on possède un point de repère précieux. L'une de ces minces assises existe dans les schistes in- férieurs du silurien moyen, par exemple à la base du château de Falaise ; le fossile le plus abondant est le Calymene Trisiani, espèce qui ne trompe jamais et dont le niveau est des plus constants. La seconde est un grès quarlzeux , bien connu sous le nom de grès de JMay et qui correspond évidemment au Caradoc-Sandstone. Les fossiles les plus remarquables sont les Homalonoius Brongniarti , les Conularia ondulata, les Onhis redux , etc. Le troisième niveau est de tous le plus fossilifère ; il ap- partient à la série silurienne supérieure ; c'est un calcaire (1) On |Hul, t'ii effet, passer cent fois à côlé d'un de ces niveaux d'une minceur exlrènie , sans se douter de sa présence; on ne peut guère les reliouver que piir les éboulis; car alors quelques fra^iments de Irilobiles, quelques Oitliis dans les roches éboulées vous .iverlis- sciil (le la présence du niveau fossililère , el en regardant les bancs avec atlenllon , en monliinl el descendant plusieurs l'ois la série, on finit par le rencontrer, et dans ce mince niveau les fossiles abondent. — 208 — noir, fétide , bilumineiix , cl renfermant une immense quan- tité desGraphioliies priodon, des Onlwcères, qui'I(|ues Car- diola interrupia, et une grande quantité d'autres espèces, ftlalheureuseinenl ce niveau, si précieux par la grande quan- tité do ses fossiles et par ses caracières tranchés , est très- rare en Normandie, et on en est réduit le plus souvent aux deux premiers que nous avons signalés. Quoi qu'il en soit, l'étude de ces petites assises fossili- fères, qui d'ailleurs font souvent défaut, ne serait pas sulFi- sanle pour reconnaître la série silurienne dans le départe- ment du Calvados : il faut avoir recours à d'autres caractères, c'est-à-dire à la composition des roches et surtout à leur succession rigoureusement éiab.ie. Ici , les difficultés sont grandes: les quarizites , par exemple, existent à plusieurs niveaux fort éloignés les uns des autres , et leur apparence est la même ; les schistes se ressemblent tous ; les calcaires et les conglomérats ont des caracières plus précis et per- mettent un peu de se reconnaître. Il y a deux manières d'étudier les séries siluriennes : l'une consiste à observer les roches de loin , à regarder la forme des moniicuies et embrasser leur ensemble , en moulant sur le point culminant du pays. Cette manière d'observer a l'avantage de donner immédiatement une idée générale et de tracer aisément les limites des grandes formations. Ce pro- cédé a permis à M. Dalimier de reconnaître , en moins de deux années, la constitution géologique d'une grande étendue de pays, c'est-à-dire de la Bietagne et de la Normandie; mais (juelciuefois aussi , on peut être trompé par de fausses apparences , et ensuite il devient à peu près impossible de se reconnaître. La seconde manière est , tout au contraire , de suivre les vallées une à une, d'en faire une étude minutieuse, de bien reconnaître les points de contact, les failles, les redressements — 209 — de couches , etc. , etc. (l'est cette façon de procéder que j'emploierai de préférence. On me dira que c'est une ma- nière mesquine d'observer , que c'est de la géologie de pro- vince , de la géologie de clocher. Géologie de province soit; pour moi, c'esi la bonne. Pour moi , la géologie de clocher seule offre une base solide. On ne peut contester un fait de superposition , puisqu'il est là devant les yeux de tous et que les plus belles phrases ne peuvent le faire disparaître. Au contraire, la généralisation en géologie n'admet que difficilement le contrôle. Lue ana- lyse soignée est inalla(jual)le ; une synthèse prénïalurée peut, pendant longues années , donner lieu à des discussions indé- finies qui seraient terminées d'un seul mot, si les auteurs en désaccord avaient pris la peine de voir les choses en petit avant de les ei»visager en grand ; s'ils veulent suivre celte marche un peu moins brillante peut-être , mais plus sûre, suivant nous , il ressortira de leurs premières observa- tions des données certaines auxquelles ils pourront revenir par la suite, lorsqu'ils généraliseront leurs études pour le groupement en étages et en séries des terrains qu'ils auront consciencieusement observés. C'est donc la marche que je sui\rai constamment dans une série de notes, où j'examinerai successivement les ex- cavations produites par les vallées (|ni mettent au jour les terrains siluriens dans les départements de l'Orne et du Calvados. Une série d'élutles semblables sera faite en même lemps par M. Morière , et lor^-que nous aurons pu comparer le résultat de nos observations particulières , nous espérons pouvoir donner, en collaboration, un giand travail qui com- prendra la série silurienne dans les départements de l'Orsie et du Calvados, sous le triple point de vue de la stratigraphie et de la composition des loclies, de l'oiognipliie et Ai'. la paléontoldgif. l't — 2i0 — Je commencerai par l'étude de la vallée de la Laize , l'une des plus insiructives sur ce sujol. IV.— LASI^KIE 8ILllltli:\\E WAXS Ll VALLÛE DE LA LAIZE. PI. m, fig. 1 , 3. La Laize coule dans une vallée charmante et vient se jeter dans l'Orne, au lieu dit Moulin -de-Courgan. Ce petit cours d'eau, depuis Bretteville-sur-Laizo jusqu'à son embouchure, est encaissé dans une gorge profonde très-favorable aux géo- logues par ses rochers escarpés, ses coupures nettes, où l'on peut observer la série dans toute sa conlinuiié et sans la- cunes. C'est d'ailN'urs une délicieuse promenade: la peiite rivière ser|)enle, en faisant des méandres continuels au milieu d'une végéiaiion luxuriante, et certes, le géologue ou le touriste qui voudra prendre la peine de faire celte petite excursion ne peut en rapporter que de bons souvenirs, sur- tout s'il est en même temps botaniste ; car la vallée de la Laize est non-seulement remanjuable par sa série silurienne, mais encore par la richesse de sa végétation , qui renferme un certain nombre de plantes qu'on n'est habitué à rencon- trer que dans les montagnes. Prenons la série , à partir de Laize-la-Ville, La route de Caen à Harcourt a coupé la roche au lieu dit la Butte-de-Laize, et le long de cette pente abrupte on trouve tout d'abord des schistes ardoisiers bleuâtres, très-fendillés dans tous les sens, et dont la stratification est fort difficile à reconnaître ; ou voit cependant qu'ils plongent fortement vers le nord sous un angle de 50° environ ; ils sont recou- verts par une puissante masse de calcaires rouges ou gris , que l'on connaît dans le pays sous le nom de maibres de Laize ou de Vieux, et qu'une exploitation maintenant aban- donnée a permis d'étudier en détail. Nous reviendrons plus - 211 — loin sur ce calcaire, ei sur le reste de la série jus |u'J. Uufrenoy et Kiie delîeaumonl ont donné à celte série le nom de cambiien ; mais je pense (ju'il vaut mieux réserver ce nom aux séries inférieures, tout-à fait azoïques, dont les différentes assises ont subi des actions métamorphi- ques bien plus intenses et sont généralement beaucoup plus disloquées ; nous voulons parler des étages du gneiss , du micascliisie, des sléaschlstes et des plus anciens quartzites (jui occupent des espaces étendus dans la partie sud-o lesi du déparlemenl. — 212 — Ces couches schisteuses, à l'ensemble (lesquelles nous don- nerons le nom de schistes infcriturs, se développent sur une étendue de plusieurs kilomètres et avec des inclinaisons dont la pente varie depuis la verticale jusqu'à ^5"; mais, à une certaine distance, l'inclinaison devient régulière: elle est alors en\iron 50° sud-ouest nord-est, c'est-à-dire diamétralement opposée à celle de ces mêmes schistes à la base de la butte de Laize; elle se continuera ensuite régulièrement, sauf de pe- tits accidents partiels, jus(|u'à ce qu'elle soit recouverte par les assises supérieures du silurien moyen. Les escarpements qui bordent la rive de la Laize offrent des coupes fort nettes, où on peut étudier la succession régu- lière des schistes ; bien que des failles nombreuses, des liions de quartz carié et de diorite traversent la masse en divers sens et rendent celte étude difficile, on peut cependant s'orienter et suivre la succession des couches. On poursuit ainsi cette série jusqu'à moitié route environ de Laize à Brctteville, vers le point marqué A sur notre coupe n". 1. On rencontre alors une gorge profonde où les schistes infé- rieurs ont subi une forte dislocation; les strates y sont con- tournés , tordus et plissés ; on voit qu'il y a eu en ce point un centre de dislocation. Mais bientôt la série reprend son inclinaison régidière de 50" environ sud-ouest nord-est et ne présente plu-» de parties ainsi tourmentées. Toutefois les faux cli\ages sont toujours nombreux et donnent lieu à des apparences trompeuses de stratification qui croisent les véritables joints sous des angles variés ; aussi, en observant les choses de près, il est fort difficile de s'y reconnaître; il suffit , pour s'orienter , de s'éloigner un peu et en montant sur la berge opposée, les horizons se dessinent , la direction générale des bancs apparaît, et il suffit de suivre de l'œil un lit un peu plus ferrugineux, ou une couche un peu moins fendillée que les autres pour comprendre l'allure générale — 213 — et se rendre compte de celte stratification si confuse au pre- mier abord. En suivant toujours la route de Bretleville , on arrive bientôt dans un point très-sauvage, à la hauteur du village de Fresnay-le-Puceu\ et marcjué Rochers sur la carte de l'état-major. On y voit les schistes inférieurs plonger sons une masse de rochers dont les escarpeincnts pittoresques marquent très-netiement la limite des schistes inférieurs. Ces rochers sont formés d'un poudingue (pi. III, fig. 3,1) très-dur, de couleur rougeâire ou violàire , renfermant de gros galets roulés de quartz et de diverses roches anciennes réunies par une pâte calcaire. Il est divisé en trois bancs dont rensemble a environ 10 mètres de puissance. Celle roche, excellent horizon géologicjue, forme la base de la série moyenne du silurien moyen, qui se développe ensuite jus- qu'à Breltevi!le-sur-Laize , sous une inclinaison constanle nord-ouesl sud-est variant enlre /4O et 65". Imu)édialement au-dessus on voit quelques bancs (2) de schistes verdàires feuilletés et de grauwacke schisteuse d'une puissance de 10 mètres, au-dessus desquels paraissent quel- ques petits bancs de schistes ampélileux alternant avec de minces assises de marbre brun ou violacé, de mauvaise qua- lité et très-fondillé. A la partie supérieure, ces marbres sont séparés par des lits de psammites pourprés ; le tout a environ 3 mèlres d'é|)ais>eur; puis 10 mèlres de schistes argileux se terminant par 2 mètres d'une sorte de grauwacke violai re et d'un calcaire très-dm- , et enfin une mince assise d'argile schisteuse. Au-dessus se développe (i) une série de bancs minces d'un calcaire bien, d'une puissance de 10 mètres environ. Ce calcaire est très-impur, caverneux et comme concrétionné , formé de portions noduleuses; il est emp'oyé pour empierrer les roules et sérail impropre à tout autre usage; puis on voit — 2\li — paraiire do nouveaux sclistes noirs, puis dos calcairos ri des scliisies noirs en alternance, dont l'ensemble (5, 9) peut avoir 20 inèlres environ de puissiince. Avec eux se icrniiiie ce qu'on peiii ap| cler la partie moyenne (!u silurien moyen (|ui es! , comme on le voit , formée d'une allcrnaiice de srliisles et de cilcaires où ces derniers dominent. Si donc un peut donner à la | arlie inférieure du silurien moyen le nom de schistes inférieurs, on voit (ju'on pourrait, sans incon\é- nicnl , désigner la partie movenne sous le nom (îe calcaires iiiférieiM's. Les dernières assises de celte série se chargent peu à peu de silice, et, en arrivant à lirette\ille-sur-l,aize, on voit ap- paraître de véritables grès, d'aboi d gris, puis rouges, et (|ui sont identiques avec ceux de May , renfermant les flonwlo- nolus et les Comiloires , et (ju'on sait être les représentants du Garadoc-Saudslone des Anglais. Cer leur entreprise devant la cnncnrreni'C des maibres d? la Helgiqne. — 2I() — la base quelques scliisies, gris ou verdàtres, en feuillets minces, donl les parties supérieures se chargent de silice, |)uis bientôt la niasse tout eniière de la roche se présente sous la forme de grès bl;inc, ronge, p()ur|)ré on violàlre, avec d.' nombreuses veines irrégulières, (a' grès est formé d'une es- pèce de pâte siliceuse dans laquelle sont enchâssés des mil- liers de petits grains de quartz, et même, ( n certains jioints, cette roche prend l'aspect d'un conglomérat donl les grains seraient très-petits. Au-dessus du conglomérat, on voit les bancs de grès proprement dits se dé\elop|)er sur une puis- sance de 30 à ZiO mètres. Les lignes de stratification sont très-régulières et les bancs plongent tous suivant une pente de /4 5" sud-nord. A la partie supérieure de ces bancs, on ob- serve une petite couche d'une épaisseur irès-faible et où l'on a rencontré de nombreux fossiles ; ce sont des Trilolnies du genre Honudonoius , des Conulaites , des Cypricardes , VOrthis redux , etc., etc. Entre May et St. -André, une grande faille fait reparaître les schistes feuilletés de la base du grès ; puis ou voit une se- conde crête (L)'') de grès de i>]ay (jui plonge sous l'inclinaison habituelle, et aux dépens de laquelle sont creusées un certain nombre de cariières. La faille a déterminé une large solution de continuité dont les deux côtés ont formé les bords d'une sorte de petite cu\etle, qui a été comblée postérieurement par les dépôts jurassiques du lias nioyen et du lias supé- lieur (1). Les couches plongent de nouveau et, au \illage de St.- (d) Les deux bords de la fiiilleonl formé, |)cndanl la période juras- sique, deux poiiUes qui s'élevaient proLablemciil au-(les.»'Us des eaux. Llnlie les deux pointes existait une profonde dépression où les animaux marins puiiiilaient à l'abri des vagues : de là l'immense quanlilé d'in- dividus el Ja richesse si eMiaojdinaiie de la faune du lias mojen , dans celte locjjité. — 217 — André , elles sont recouverles par les diverses assises juras- siques. Enfin , si on traverse la rivière d'Orne , on voit les dernières couches du grès de May recouvertes par une al- ternance de calcains et de schistes noirs, fétides ; ce sont les premières assises du silurien supérieur, caractérisées par les Graphiolùes priodon , de nomhïeuses Orihocères, la Car- diola interrupta, etc., etc. Conclusion. D'après ce que nous venons de dire, on voit qu'à partir de Laize nous avons reconnu d'abord les schistes inférieurs, puis la masse principale des calcaires; ensuite la série du moulin de Clincliamps , formée de schistes et de calcidres noirs, et enfin les grès supérieurs ou grès de May : celte succession est donc toul-à-fait identique à celle que nous avions observée en suivant la roule de Laize à Bretteville- sur-Laize, mais en sens inverse. A partir de la butte de Laize , la direction des bancs est aussi diamétralement op- posée d'un côté et de l'autre de ce point, qu'on peut ainsi prendre pour axe de plissement. En un mot , la butte de Laize peut être considérée comme le centre ou l'axe d'un petit soulèvement , cjui a disposé en stratification arquée les diverses roches du silurien moyen. Elles se sont ensuite renversées à droite et à gauche , d'où est résultée une espèce de stratification en éventail comprenant très-régulièrement la succession suivante (pi. IJI , fig. 2) : 1". calcaires à Graphtolites du silurien supérieur ; 2°. grès de May ; 3". schistes et calcaires noirs ; [x°. calcaires purs ; 5". schistes inférieurs; 6". calcaires purs; 7°. schistes et calcaires noirs ; 8". grès de May. Comme on le voit , l'équivalence des deux séries est com- — 218 — plùle, el b partir de la biUlc de Laize, qu'on s'avance à droite ou à gauche , on suivra une succession identique. (A'tie succession nous oiïre donc trois séries i)iei! nettes composant le silurien moyen de cette partie du département: 1". la '^érie inférieure, composée essentiellement de yraowackes cl des schistes habituellement sans fossiles ( zone des Culy- vicne Trisiani ) , que nous désignerons sous le nom de SCHISTES J^FÉRIEL'RS; 2'\ la série moyenne, composée à la hase d'un congli)mérat à gros galets ïoidés de quartz, au- dessus des marbres de Laize (calcairi:s jnféiuhjrs ) , et enfin d'une alternance de schistes et de calcaires gris ou noirs ( CALCAiiiiiS moyeiNS) ; 3°. des grès de IMav , corres- pondant au Caradoc-Sandsione et caractérisés par les Ho- malotioius et les Conulaires. Au-dessus viennent les schistes et calcaires noirs à Car- diola iutcmipta , dépendant du silurien siqiérieur, et (pie nous désignerons sois le nom de calcaires supérieurs. Telle est la con)position «les diverses assises siluriennes dans la vallée de la Laize. Nous étudierons, dans d'autres articles, ces mêmes séries siluriennes dans les vallées de l'Orne et de i'Odon. V. — <:<»1IS>.%IM1$0\ ISE LA (;iSA\i»K «M)LITIIF lîK i\oiMaA\f»iE<: \v¥a: c elli*: m: la saktbie et DU ISOt LO.\AIS. PI. Ilî, iig. !i , 5, GRA^DE OOLITME EN KOR^^A^DIE. Dans un j^récédent article , nous avons suivi la grande ooliihe du (lalvados dt^puis la mer jusqu'à Séez. Nous avons vu que ses couches les plus inférieures reposaient sur le fiiUcrs-varth (calcaire de Caen), constitué, dans cette partie i — 219 — (le lii Xormnndio, par un calcaire l)lanc, tachant comme la craie et irès-paiivie en fossiles, et (jue la dernière couche du fuller's-earth avait éié, avant le dépôt de la grande oolilhe, usée par les eaux et perforée par les coquilles lithophages : ce qui équivaut h une discordance de straiilication ; enfin, nous avons vu (p'e la graiule oolithe proprement dite était divisée eu deux séries : 1". la série inférieure, ou oolilhe miliaire, formant une seule assi e , dont la composition minéridogique varie, suivant les localités ; "2". la série supérieure, composée de deux mend)res, l'inférieur, ou assises de Ranvilic , indi- quant un sédiment formé au fond des eaux, et le supérieur, ou assises de Langnwp, indicjuaut au contraire un dépôt de rivage ; le tout recouvert en slralification discordante |iar les assises calloviennes inférirures, ou couches de Lion- sur-Mer, renfermant un certain nombre de fossiles remaniés du cornbrasli , entre autres la Rhynchoneita major et la la Ter. obovala. Ces différentes assises peuvent donc se résumer de la manière suivante : Callomex. \ Conciles de Lion-sur- ; Fossiles remaniés du / Mer. < coinl)r;isli. DISCORDANCE Pr.0FO>Dr. ET GKNÉliALE. Couches de ti\;ige de \ Lansnine. i r. • • " \ Série supérieure. ... r 1 I (Aliondiuicc de brNOïouircs. (.ouclies piokmdes de \ GiiANDE OOLITHE, i Fîanville. ^ I DISCORDANCE PAiiTIEI.I.E. f r\ i-.i •!• • J Série inl'érieure. \ ) {>ouclies a |)olypiers. DISCOUnANCr. FuLLEit'sKARTn. \ Calcuire de Caen. ' Fossiles rares. F>a grande oolilhe , quoique moins développée que dans le (ialvados, offre, dans la Sartlie et le Boulonais , des — 220 — caractères remarquables qui diffèrent , au moins , par les détails de la coupe que nous venons de tracer. GRANDE OCLITIIE DE LA SARTHE. Nous retiouvous , dans la Sarilie, la même succession que dans le Calvados; mais les couches, el pariiculièremeut les supérieures, ont une puissance bien moindre ; le fuiler's-earth, l'oolillie miliaire et les couches supérieures y existent. Les deux premières n'offrent rien de particulier à noter; mais les couches supérieures diffèrent un peu de celles du Cal- vados. Nous n'entrerons point ici dans de grands détails , parce que ce serait empiéter sur les droits des géologues du Mans , qui nous donneront une monographie bien |)lus complète que je ne pourrais le faire (1). Je me contenterai de dire quelques mots de la coupe de Conlie , dont les couches fossilifères ont été, pendant longues années, con- fondues par les uns avec l'ooliihe inférieure et par les autres avec le callovien. Cette coupe n'offre pas la série complète. En effet, nous voyons les couches à NucUuUies cliiniculatis , c'est-à-dire l'équivalent du forest-marble , reposant directement sur l'oolithe inférieure à Avimoniies Purkiitsoni; les couches à (1) Nous espérons que M. Tiij;er fera bientôt profiler la science du réàullal des immenses reclierclies auxquelles il s'e>l livré depuis lonp;ues années, en publiant , pour la série jurassique, le pendant de ses belles coupes du terrain crétacé de la Sarllie, D'uu autre côté, M. Guéranger a recueilli avec grand soin les fossiles de ce beau déparlement. Il a raôme déjà donné un apei eu de ses richesses paléonlologiqucs ( Hé- pevtoirc pulèontoUujique de la Saillie, Le MiUis, 1853). Nous espérons également qu'il publ.era bientôt les espèces si remarquables qu'il a recueillies : les merveilleuses séries de la Sarllie ne |HU\enl trouver un plus savant et plus digne révélateur. — 221 — Apiocrmites roiimdus , si remarquables à M a mers par leurs empreintes végétales, l'oolillie miliiiire et le fuller's-earlh, font donc entièrement défaut en ce point. Il va, en un mot, discordance d'isolement très-manifeste entre les deux grandes séries , Bojocien et Bathonien , composant le système ooli- tliique inférieur. Le fuller's-earth n'apparaît que dans des points très-restreints de ce déparienient : aussi n'y a-t-il pas, dans la Sartlie , de ces belles coupes si répandues aux en- virons de (laen et qui permettent, en étudiant un seul point, de prendre une idée exacte de l'ensemble. La coupe d'une des carrières de (^onlie nous offre , de haut en bas, 2 mètres de calcaire jaunâtre divisé en plu- sieurs bancs et renfermant de grosses Lima proboscidea. Les couches inférieures de ce calcaire sont constituées par une roche à oolithes brunes, disséminées irrégulièrement et renfermant une quantité énorme de fossiles parfaitement conservés, parmi lesquels dominent les gastéropodes et les acéphales; ces couches, irès-fossililères, ont été pendant long- temps considérées comme ap|)arlenant à l'oolithe inférieure ; mais cette opinion est contraire aux analogies : on y ren- contre, en effet, les fossiles les plus caractéristiques du ni- veau de Ranville : les Terebrainla cardium et coarciata, les Rhijnchonella concinna et obioieta , une grande quan- tité de bryozoaires, entre autres le Diasiopora mcrusians qui recouvre constamment , comme à Ranville , le Trochus Halesus. Un grand nombre de fossiles de celle couche sont décrits dans le Prodrome de d'Orbigny, comme appartenant à l'étage bajocien; nous citerons, entre autres (1), les Trochus Lorieri, (1) Nous citons les noms de fossiles sinipltnieiU comme extrait du Prodrome , car W est fort probable que beaucoup de ces coquilles ont reçu autérieuiement d'aulifs uoms de MM. Phillips, Sowerby, Morris — 222 — Siraparollus pulchellus, Actaonina Sarthaccnsis, Turbo Da- vousii , Purpioina pulcIic'Ua, Opis similis, O. Lorieriaiia, 0. Davoiisliana, 0. Tlialia, Trigonia Proserpina , Corbis Davousliana, Limopsis Davoiisliana , L. Gauilryaua , Arca Daphne , A. Délia, A. Loriciiana , Diastopora incnistans, Enlalophoi a Sarlhocoisis , Ceriopora Sarlhacensis , C. Lorieri , Eudea hippaliinus , SieUispongia ruyosa. D'aulros espèces sont évidoriinu'iU commîmes à la grande oolillie cl à l'ooliihe de lîayeiix ; telles sont les Ccriihium coniorium , V Hippopodiuin Bajucense , la Trigonia cosiatn , le Cidaris copeoides , \' HoUciypus deprcssus , le Collyritcs ovalis, etc. Au-dessons de la zone fossilifère on voit un |)clit banc marneux, de 15 centimètres de puissance, caractérisé par le iSucleoliles clumcularis el la Teiehratiila digonn, et appar- tenant conscqueni.nent encore à la série de l>angrune. (le petit banc est assimilé dans la Sarthe au forest-mai ble et paraît bien , en ed'et , représenter ce ni\cau. Enfin, les dernières couches, formées d'un calcaire en gros bancs, appartiennent à l'ooliihe inférieure et renferment les fossiles de ce niveau : Ammoniies Par kinsoni et Gamn- tianus , Tereb. Phillipsii, elr. , etc. La couche la plus intéressante est donc celle qui renferme les Gastéropodes; la plupart sont identiques a\ec ceux de Ranville; quelques-uns sont spéciaux nu département de la Sartlie; d'autres, enfin, ne se retrouvent que dans l'oolitlie ferrugineuse du "NVast ( Uoulonais). On peut donc admettre qu'à (lonlie , la série de nan\ille est représentée par l'assise oolitliique 5 Gastéropodes et la petite couche iDarueuse à Nucleoliies clunicularis ; mais rasj)ect de la roche est nii et Lycoll , el que tl'Orbi^ny , poursuivi de celle iiiée qu'elks appar- leiiaienl ù un autre tla(;o, leur a doiiiié de notacaux noms qui ne pciaeul Hvc que ^yu(ui) aies îles pins anciens. — 223 — peu (iillérenl el se rappiocherail plulôir, par l'aspecl el la composiiion des fossiles, de l'oolithc du Wast dont nous par- lerons plus loin et que nous considérons comme un peu su- périeure aux couches de la grande oolilhe du (Calvados, comprenant l'ensemble des séries de Ranville et de Langrune. SYSTÈME OOLlTHinUE IiN'FÉlilLUR DU BOLLO.N'AJS. Le Bouloiiais forme, comme on le sait, au milieu des ter- rains tertiaires et des aliuvioiis plus récentes , une sorte de grande boutonnière bordée par la craie et dont le centre est occujié par les assises jurassiques , adossées elles-mêmes aux terrains anciens ( carbonifère et dévonien supérieur J qui forment l'axe de cette contrée. Les environs de Boulogne ont donc produit, au milieu de la mer tertiaire, une île bordée, à son" pourtour, parla craie; aussi l'aspect légèrement montueux et très-pittoresque de cette petite contrée est-il tout dilférent des régions envi- ronnantes ([ni constituent une immense plaine ou des maré- cages sans (il). Ce soulèvement ne s'est pas d'ailleurs effectué tranquillement, mais, au contraire, par suite de dislocations dont la preuve manifeste est démontrée par les failles qui ont relevé en certains points , abaissé dans d'autres les dif- férents sédiments, dont nous allons passer en revue les cou- ches inférieures. Un second îlot, celui du pays de Biny, ne met au jour que les sédiments ooliibiques supérieurs ; nous n'avons donc point à nous en occuper ici. le système oolithique inférieur occupe dans le Boulonais deux petites régions, séparéesentre elles par les sédiments du système oolithicpie moyen et supérieur. La première de ces régions est située à l'est de Boulogne , sur la roule de Si. - Omer , et sur le territoire des communes de Culembert , Le — nh — Wasl, Belle, Bellebrune , etc. ; la seconde région est plus étendue que la première et comprend les environs du bourg de lAIarquise, Hidrequeut, Brequenecque, La Coste, Leulin- glien , etc. 1'^. Région. — Envifonii Cornbrasii. Foiest-marble. Fuller's-earth. 1°. A. 1 mètre environ de calcaire , en lits minces , sou- vent en plaquettes, et renfermant une grande quantité de — 22:) — Brachiopocltîs, parmi lesquels nous citerons : Tereb. iaije- nalis (Schloth. ), Ter. subUigenalis ( Dav. ) , Ter. obovata (Sow.), RhxjnchoneUa major (Sow.). Rh. badensis (Oppel); 2". B. Calcaire sableux ou noduleuv à ooliilies ferrugi- neuses très-petites , excessivement nombreuses , renfermant une énorme quantité de fossiles, Gastéropodes, Acéphales et Rracliiopodes, parmi lesquels nous ciierons : Nerinea impli- caia (d'Orb. ), Chemtiitzia ISepluni (d'Orb. ), JSaiica aciea (d'Orb.), Trochus bellona (d'Orb.), Turbo callirhoe (d'Orb.), Pierocera cornuta (d'Orb.), P(. camelus (Pielle), Sirapn- rotiiis pulcheUus (d'Orb.), Cylindriies acutus (Sow.), Cyl. cuspidatus (Sow.), Panopœa Dejanira (d'Orb.), P. decur- taia (d'Orb. ) , Lyonsia peregrina ( Phill. ) , Anatina acuva (d'Orb.), Astarte stisana (d'Orb.), A. orbicuiaris (Sow.), Opis similis, 0. Loricriana (d'Orb.), Unicardium ornalum (d'Orb.), Mucrodon Hirsonense (d'Arcb.), Aviada echiriaia (Sow.), Pleroperna costaia, Pecten vagans (Sow.), P. Re- thus (d'Orb.), Terebraluia intermedia , T. obovata, T, coarcuiia (très- rare), T. cardium (très-rare), Rhynchonella major (Sow.), Rhynch. Badensis (Oppel), Slomalopora di- chotoma, Diaslopora Eudesiana , Entaiophora ccllarioides , HoLectypus depressus (Agass. ) , Hemicidaris luciensis{(\'' Ovh. ) , Anabacia orbuliies ( d'Orb. ) , Mondivallia caryophyllaia ( Lam. ), etc. , etc. Avec ces fossiles se présente une grande quantité de ceux qu'on trouve à [.angrune et à Ilanville (1), Toutefois, la rareté très-grande des espèces les pluscaractéris- (1) VEligmus pohjtijpus (Desl.) a élé également recueilli dans celle couche, mais il y est excessivement rare (quaire éclianlillons seule- ment onl élé trouvés, deux par M. lîoucliard, un par M. Rijçaux, le dernier par M. Hébert. La présence d'un fossile aussi caractéristique, ajoutée à celle des Ter, cardiiim et coarctata, prouve que si ce n'est pas idenliquement le niveau de Ranvdle, nu moins on en est bien près. 15 li(|ii(\s (le ce ni \ l'an, tt'lk's ([uc les Ter. cardinm el coarctala, nous fait supposer que celle oolithe du Wasl ne représenle pas exacleinent nos couclies du (lalvados avec lesquelles on a voulu les identifier ; 3°. G. (Calcaire blauchàlre, esquilleux , un peu argileux, couipacle , de 0"',20 d'épaisseur, renfermant eu quanlilé énorme une |)etile espèce, la Rhijnchonciia elegantula {Vmucb. ) , ([ui est la même que la llhynch. concinnoides de d'Orbigny , el quelques tleinicidaris luciensis. Celle petite couche est très-remarquable par sa constance dans tout le Bonlonais, où elle est regardée connue représentant le forest -marble des Anglais; celte assimilation me paraît très -probable ; l'aspect de la roche et la posiiiou stratigraphique semblent bien con- lirmer celte opinion, dette pelile couche du foresl-marble , étant plus résistante que les antres , s'avance au-dessus des bancs inférieurs en une sorte de petite corniche et marque fort bien la séparation des deux niveaux ; h'\ I). Argile de 0"',58 de puissance, dont la partie supé- rieure est bleue, la seconde jaunâtre; on y trouve une grande quantité A' Ostrea acuminata,i\u\ acquiert ici de très- grandes dimensions ; c'est pour nous la première couche du fuller's-earlh ; b". K. Banc de 0"',25 d'un calcaire jaune, dur el sonore, sans fossiles ; 6°. V . Couche d'argile jaune feuilletée, 0"',20; 7". Enfin, G. Calcaire en gros bancs de pierre de taille, sans fossiles ; 3'". Nous voyons par celle coupe que nous avons : 1". deux couches (|ue l'on a assimilées au cond^rash ; la première , formée d'un calcaire fiiarneux , renfermant surtout une grande quaniité de Brachiopodes , est certainement identique avec le même dépôt d'Angleterre. Ka présence de celte es- pèce si remar(]uabl(', Ter, /«, ([ui ne sort j.unais de — 227 -- Ce niveau , csl coiicliiaiile el ne laisse aucune espèce de doute (1). Quant à la seconde couche, ou oolitlie du Wast, il est bien difficile de ne pas aussi l'assimiler au cornbrash, bien qu'elle renferme une grande partie des fossiles de Ranville; toute- fois, la grande rareté des espèces que je considère comme les plus caractéristiques de ce niveau , c'est-à-dire des Tcreh. canihim et coarciata et de VFÂigmus polijiypus, me semble ici très -importante à constater. Kn eiïet , lorsque le niveau de Uan ville apparaît, la Ttr. cardium est très-fré(iuenle et con- stamment accompagnée de la Ter. digona ; ov , parmi les nombreuses séries de Térébratules que j'ai recueillies moi- même dans le Boulonais , parmi celles que je dois h l'amitié de MM. Bouchard-Cbanteraux el Rigaux, parmi les magnifi- ques suites de la collection de !M. i)0ucbard, je n'ai pu voir une seule dùjona bien caractérisée : aussi je ne puis croire (|ue cette oolitbe du AVast puisse être assimilée aux couches de l.angrunc et de lîanville. Du reste , je ne vois pas en quoi la présence de quelques individus de Ter. cardium il coai ctnia et de ï'Eligmus polytijpns doive nécessairemenl faire conclure que les deux dépôts du Calvados et du Boulo- nais sont entièrement parallèles. Ils sont certainement très- voisins l'un de l'autre. Kl qu'y aurait-il d'élonnanl à ce que (|ue!ques échantillons de ces diverses espèces eussent con- tinué à vivre au connnencement d'une nouvelle |)ériode? On pourrait dire encore que les fossiles sont remaniés dans l'oo- (1) 11 faut se garder de coiifoiidre la \éiil;'l!le VVr. laçjenalis avec quelques autres espèces qu'on rtiiconlre, soil dans les couches de Ran- ville, soit dans le callovien : la Ter. lageiialis est liès-fucile ù recon- naître à son aspect fusiforme, à sa lui. le toujours assez grande, el sur- tout à son crochet excessivement recourbé, fin, délié el arrondi à son extrémité ; nulle autre espîce n'a le crochet fuit de celte fuçon-lù ; c'est une (Nj)("ce tri's-jiriciense pour CJraclériSLT le nixeiti du coiihia^h. — T2H — liilic (lu W'.isi ; relie ni)iiiion ii>c |)arail peu a;linissil)le , car les étliaiitillons que j'ai observés sont en parfait état de con- scrvatioti; les arêtes eu sont vives; ces coquilles n'ont pas été roulées; elles ne sont pas percées par les vers comme les Rhynchonella major de la base du dépôt callovion de Lion- sur-iMer. En un mot , je ne crois pas qu'on puisse admettre ici de remaniement. Nous considérons donc , avec les géologues boulonais , ces deux couches du ^Vasl comme représenlant le cornbrash d'Angleterre , et nous désignerons consé(|uennnent les cou- ches à Tercbiaïula iagcnaLis sons le nom de cornbrash supérieur; l'ooliihc du AVast sous le nom de cornbrash infé- rieur; 2". Nous voyons ensuite sous ces deux niveaux une toute petite couche assimilée au forest-marble; 3\ Enfin les antres strates ([ui se voient aujourd'hui dans la carrière du Wast, dont quelques-uns sont pétris tyOs'.rea acuminaia , appai tiennent de toute évidence à une autre série de faits ; et, malgré la grande taille d(s Ostrea acumi- tiaia , nous ne pouvons balancer un instant à regarder celle nouvelle série comme représentant le fuller's-earlh ; les cou- ches argileuses qui s'y intercalent, donnant lieu à une alter- nance de calcaires ei d'argiles, offrent d'ailleurs l'aspect le plus habituel que revêt celte impoi tante assise qu'on pourrait appeler de transition entre la grande ooliihe et l'oolilhe infé- rieure. H n'y a donc point ici de (jreai oollt proprement dite ; et dans la région du Wast , le cornbrash et le forest-marble reposent directement sur le fuIler's-earih. Cette coupe se répèle dans un grand nombre de carrières; à Belle néan- moins le fuller's-earlh devient plus fossilifère; on commence à y rencontrer ces Terebraiula maxillata, ces perues , ces Oîirsii).^ (pii rendent relie rorhe si intéressant*' dans les en- — 229 — virons de .Marquise. Au milieu du village inèuje , l'oolitlie du Wast se présente sur le bord de la roule, dans les fossés d'une petite haie , et c'est le point le plus fossilifère que j'aie rencontré. Le chemin de Belle au "NVasl nous ollVe ensuite une coupe fort intéressante qui nous permet de voir le contact du cornbrash avec !c système oolilhi(|ue moyen. On avait dit qu'il y avait dans ce point alternance entre les dernières couches du cornbrash et les couches inférieures oxfor- dienncs à Ter. umbo7ieUa; c'est une erreur profonde, ces deux couches sont aussi distinctes (|iic ])ossible. Les obser- vateurs avaient éié trompés par une faille, comme il est facile de s'en convaincre lorsque les talus du chemin sont coupés nettement. Voici, en elfet , la succession qu'on ob- serve (Voir fig. 5 de la pi. Il) : 1". au haut de la butte, quel- ques petites assises argileuses dépendant de l'oxford-day ; mais ces argiles ont été tellement dér)U(!écs qu'en beaucoup de points la loilie sous-jacenîe est seule visible; 2". 1 mètre (r;)de calcaire compacte un peu siliceux en pla- ([uettes, renfermant, vers le milieu, un petit lit entièrement formé de Terebroiida iagcnaUs, var. subUigouitis, répandues par milliers, et au-dessous de nombreux débris de Tcrcbra- tnla lagcnnUs type ; 3°. 0"'. 70 de cornbrash un peu ooli- ihique renfermant en grande quan!i;é des bracliiopodes : Ter. Iciijcnnlis, oboiHita , inientiedia ; llhi/nclioiieUa imijor^ /». Badensis, etc., etc.; puis, au-dessous, apparaît ()'". 50 d'un calcaire lrès-ooliiiii(pr:; avec tous les gastéropodes et acéphales (pie nous avons déjà désignés sous le nom d'ooliihe du M'ast. En creusant un peu dans le fo.ssé, on voit pa- raître le forest-marble à Rhyncli. eleganiula. Si nous con- tinuons à descendre cette petite butte, nous voyons en F une terre jaunâtre avec d<'s cailloux disposés d'une manière un jteu confuse, mais simulant (piei(pulbis cej)en'.lanl une slia- — 230 — lilicalion (1) ; puis nous voyons , un peu plus loin , paraître une couche lout-h-fail argileuse ( 0 ) renfermant une Irès- grande quantité des Terebratula umbonella , et Gnjphœa (lilatata, quelques fragments de Bilcinnites hnslatus et A'AmmonUes calloviensis : celle roche csl donc évidemment d'origine oxfordienne ; enfin on retrouve , en descendant en- core un calcaire à Terebratula logenalù , et , au-dessous, l'oolilhe du AVast ; par conséquent, ou hicn il y a alternance entre Toxfordclay et le coriibrash, ou bien il y a une faille. Lors(|iie la végétation recouvre ce point, la chose est difficile à juger; mais j'ai eu la chance de voir ce point complète- ment déblayé: on avait netloyé récemment les talus de toutes traces de buissons , et la coupe était d'une netteté parfaite, telle que je l'ai représentée pi. I!I, fig. 5. On a dit, et quel- (|uefois a\ec laison , que les géologues avaient toujours à leur disposition quelque faille chargée d'expliquer ce qui (1) Lorsque (les terres rapportées, où nécessaiieineiil les niulériaux sont disposés sans ordre , viennent ù se tasser , il se forme bieiiU.t une apparence de slralific.ilion des plus trompeuses, qui peut l'aire rejjarder un leriain d'origine remaniée comme a^ant été siratilié régnlièremenl. Celte fausse inlerprélalion est surtout Irès-fàcheuse lorsqu'on la pra- tique pour le dilnvium ; c'est ce qui a souvent lr()nq)é les géo'ogues et leur a fait consilérer comme anciens des dé|)ôls lout récents. Dans les mille et mille démolitions eilecluces dans ces deriiièi'es années par la ville de l'aris, j'ai son\cnl considéré avec teneur les couches de terre vés!;étale, évidemment remaniées, (|ue la pioche entamait pour crcnsi'r les caves des nouvelles maisons ; car il y avait presque conslainment des lignes alternatives l)lanches et grises qui simulaient , à s'y méprendre, une siratilicalion des plus uelles; c'est à une fausse appa- rence de cette nature que doit être rappoilée celte erreur, (|ui (il beau- coup rire, où un fjéoloi^ue prétendit avoir trouvé dans le diluvium des environs de I.yoii de nombreux ossemeiits d'homnies. ("était un cime- liirc où avaient élé enterrés des l'iussieiis lors de la campai^ne de l'ianee ! — 231 — paraissait coiilrodiio K-urs assenions , el souvenl celle laillc n'exisiait (iiie dans leur iraagination ; mais ici ce n'est pas le cas , la l'aille est très- nette : je l'ai d'ailleurs fait constater par deux témoins (|ui ont, sur place, allirmé mes conclusions : M. Rigaux , (pii fait des éludes paléontologiques du Bou- lonais sa plus chère occui)aliou , et M. de Bauduyl , membre de la Société géologitjue. Il ne peut donc y a\oir sujet d'hé- sitation , et j'en appellerais , au besoin, au témoignage de ces deux Messieurs. Ainsi, les deux aineuremenls du cornbrash , dans le |)elit chemin creux de Helle, appartiennent à une seule el n>êmc couche. Voyons maintenant (piel est l'état de la roche , à la séparation des deux niveaux, (^elte séparation est des plus tranchées. La siuface supérieure du cornbrash est durcie , usée par les flots , corrodée par les vers et les litliopliagcs ; sa surface est recouverte; par de grandes huîtres plates du dé|iôt supérieur; par consé(pient cette séparation, si nette entre les deux systèmes oolilhiques inférieur et moyen , est aussi bien établie dans le Boulonais (pie dans le Calvados : c'est exaciement la même chose que ce qu'on observe à l>ion- sur-Mer, au Merlerault , à Argentan . etc., etc. On voit donc (pi'il n'y a nul passage (Vunc roche à l'autre, et (pje le c(irtd)rash de Boulogne ne j-e fond pas insensiblement a\ec les couches oxfordiennes comme certains auteurs l'avaient avancé (1). Quant à ces couches oxfordiennes elles-mêmes, on peut se demander si elles appartiennent à l'oxfordicn proprement dit ou à la série callovienne; toute la partie argileuse, avec les Gryplicca (liLnata , les Ikleinnites Itasfatus , les Tci cbra- ttila iinprc.ssd , ai)parliennent de toute é\idence à l'oxfordien (1) .le ne s;iis si celle opiiiidi) a éié iiiipiiiiiée ; mais au luoiiii elle m'a clé avancée de vive voix |)ar piiibicuis personnes. — 232 — propromeiil dit ; mais on voit toiit-à-fail à la base une sorle (le calcaire oolilliique , très-fenugincux , alternant avec des argiles également ferrugineuses ; on y rencontre avec abon- dance des fossiles évidemment calloviens: Terebraiulaum- bonella, T. C. ; Rlujnchonclla spathica, R. ; des tronçons à' Ammonites cailovicnsis et Jason , des Osirca Knorri. >Jais on ne peut admettre que la série callovienne soit représentée par une assise aussi mince , car cela n'a pas plus de 0"',50 d'épaisseur. Il est bien plus probable que la mer oxfordienne a enlevé et délayé les couches calloviennes primitives qui reposaient en ce point même ou dans le voisinage, et que ce sont des débris d'un calcaire oolithique callovien qui , sédi- mentés ainsi à la base des argiles oxfordiennes , ont rempli leurs premières couches d'oolillies ferrugineuses et de fossiles calloviens. Si nous remontons du W ast vers Alinclhun , nous voyons reparaître à la base de la butte, dans le lit du ruisseau d'Alinc- thun , les mêmes assises, el le fond même de ce petit cours d'eau devient une excellente station où l'on peut recueillir , en grande quantité , les fossiles calloviens dont nous venons de parler, et qui, lavés par une eau courante, sont ici en ex- cellent état de conservation. Au-dessus , on voit des argiles, puis une alternance d'argile et de calcaire argileux renfer- mant des chaillos à zones concentriques colorées. C'est l'ox- fordien propren)ei)t dit, qui peut avoir 10 mètres de puis- sance, enfin la bulle est couronnée par le coral-rag (jui se présente , sous forme d'une oolithe iniliaire , renfermant de grosses ISérinées en mauvais état de conservation et quelques Terebralula humcralis. Voici donc quelle est, en somme, la composition géolo- gique des environs du Wast : 1". Coral-rag; 2". Oxfordicn (à la base, fossiles remaniés du callovien). — 233 — Surface de séparation durcie el percée par les coquilles lilhophnges; c". Gornbrash supérieur à T". lagenalis; W. — inférieur à Gastéropodes ; 5". iMince couche de foresl-inari)le. Absence de grande oolitjie proprement dite, c'esl-à-dire de l'ooliliie niiliaire ; 6". Fuller's-eartli. Roches anciennes. -'. Kcgioii. — Envirott» fie .llttÊ-fgtiine. Le bourg de Marquise est situé au centre d'une deuxième région qui s'étend beaucoup plus que la première, et où les couches inférieures ont pris un bien plus grand développe- ment , tandis que les suiiérieures sont , au contraire, moins bien représentées. L'adjonction d'un troisième membre entre les deux premiers , c'csl-à-dire de l'oolilhe miliaire , vient compléter la série. Tout près de Marquise même on trouve d'anciennes car- rières ouvertes dans l'oolithe miliaire , formée d'un calcaire blanc composé de débris de fossiles à test spaiiiique; on y rencontre la IMnjnchonella IJop/iinsï {[)i\v.), la Tcrebraiida global a , une coquille bivalve ressemblant d'aspect aux Hou- lettes; la Pafella squammula. Pat. Aubenlonensis , une grande espèce d'Émarginule. (^'est peut-être le niveau du PurpuToidea minax. La carrière d'Escalotte, ouverte pour l'exploitation de l'oo- lilhe -miliaire , donne de bonnes pierres de taille. File est très-importante au point de vue géologi(|ue , en ce qu'elle nous montre, au-dessus de l'oolilhe miliaire, le foresl-marble et le cornbrash , qui A-.t beaucoup plus mince que dans la région du Wast. Voici la coupe de cette carrière : B' D" C C" C"" D' D" U"' 1 m. — o,;30 j — 1,50 ! 5 m. Cornbriisli. Fo:c.sl-niail)le. 0()liiiic miliairc. 1". A. 1 inôtrc de terre végétiile et de débris en pla- (jnelles, remaniés du conibrasli supérieur ; 2". B. 0"',20 de cornbrash, à l'éiat remanié , formé d'une .■^orte d'argile avec de nombreux débris du cornbrash infé- rieur ou ooiilhe du >Vast. La jiorlion mar(|uéc B' esl trés- calcaire et re/ifermc un grand noinbie de f<;ssiles identiques à ceux du AVasl;la partie B" est presque entièrement formée d'une argile jaunâtre ; elle conii(>nt des fragments de Gasté- ropodes ; 3". (]. Alternance de calcaire marneux et d'argile. grise renfermant, en très-grande quantité, \a Rhijnrlionclia clegnn- tuia, une véritable Anomye avec sa valve adhérente ou per- forée; pinsiem's Kchinides, enlr'autres V Hemicidaris Lu- cicnsù; C, ', cakaiie marneux ; d", argile ; CJ" , deux petits lits de calcaire marneux ; C"", argile. L'ensemble oll're une pnissaiice d'environ 1"',50. Au-dessous on voit se développer l'ooliihe niiliaire on gros hancs formant de bonnes pierres de laille, el .ur une puis- sance de 5 mètres environ. I,a surface du banc supérieur est i;sée et perforée , il y a donc séparation manifeste entre celte ooliiho niiliaire et le forcst-marble. L'oolithe miliaire est ici f(irmée d'un c;ilcaire saccliaroïïle où les fossiles sont rares ; néanmoins , vers les deux tiers de celte formation, on trouve un petit banc (D" ), |)lus spathisé ([ue les autres, renfermant en grand nombre de très-beaux-éclianiillons de Rhyncho- ncila Hopkinsi (!), qui paraît être bien caractéristique de ce ni\eau. On y trouve également quelques éclianlillons de Liicina beUonn. L'exploitation n'arrive pas jusqu'aux bancs du fuller's- earth ; mais, comme on le voit, un membre nouveau et assez puissant est venu s'intercaler entre le forest-marble et le fidler's-eartji , c'est-à-dire l'oolithe ndliaire, dont nous n'avons vu nulle trace dans la région du ^Vast. Lu avançant vers Houcquinghen , le cornbrash n'existe plus, mais le forest-marble subsiste et prend un assez grand développement; on y trou\e une grande quantité d'Oursins et de RlnjnchoncUa clrganlula. A Hidrequeut nous pouvons parfaitement étudier le ful- ler's-earth , qui y présente un beau dévelopj)ement , ainsi (|u'une succession d'assises très-fossilifères où le s coquilles sont parfaitement conservées. (1) J'eiiga;;L' les amateurs de Braciiiopodes à exploiter celle pelile conclie, car c'est la station la plus liclic que je connaisse de Hhyuclio- hclla Ihpkiiisi. Les éclianlillons y sont d'ailleurs parfaltenieul con- servés; leurs caractères sonl parfailcnient accusés; enfin , le type pour le(|nel a été créée l'espèce esl sorti de celte carrière. On peut donc être certain d'avoir ainsi un type sûr de cette belle coquille. — 236 — Voici la coiipo de la carrière d'Hidrccjiicul FiilIci-'s-tMilli Siihlo* Ca'cnii'p carbo- nift rc. A. Une couche de calcaire marneux, de 0"',80, avec (juel- ques petits points ferrugineux, irès-lendrc et renfermant une i.'nmense quaiilité de fossiles de la plus belle conservation , parmi lesquels dominent les Gastéropodes et les Acéphales; nous y avons recueilli une série irès-remar(jual)le , entre au- tres de magnifiques exemi)laiies du HostcUaria myiirus avec ses pointes en parfait étal de conservation : de nombreuses Nérinées , une maginfifjue espèce nouvelle offrant les carac- tères du genre ISiso , mais beaucoup plus allongée, à forme pyramidale; deux espèces de ('.\Iindri!es , la ToniaicUn mi- nima (Coniis minimus, d'Arch), JSalica l}(ijoceiisis (d'Orb.); diverses espèces de Turbo cl Troclnix;un grand ufMnbre d'Acéphales, entre autres plusieurs es|)èces dVlifarfc, d"C>/?M; — 2;'. 7 — In iMcina bcUoiui ) ahoiitlc ri ollVo dos e\(.'n)i>!;iiros dans lui élat de magnifique conservation ; une Cypricarde ; plusieurs Aviculcs , les unes lisses, les autres à grosses côtes. Nous nous bornons h cette simple énumération pour indiquer la richesse cxtrC-me de celte couche , qui paraît n'avoir été que peu étudiée par les géologues étrangers, mais que U. Rigaux avait soigneusement explorée (1). Celte faune si curieuse est des plus remarquables et se rapproche beaucoup plus de celle do Toolilhe miliaire que de celle de l'ooliihe inférieure ; mais cela n'a ricu d'étonnant, puisf|u'elle se rencontre à la partie la plus supérieure du fuller's-earth. 15. 1 mètre environ de calcaire marneux, rougeâlre, caractérisé par de grosses Terebrattda maxillata , malheu- reusement en mauvais état de conservation , écrasées ou tourmentées con)me si elles avaient été soumises à une forte pression dans une boue à moitié fluide. On y rencontre en même temps de noud)reuses l'crnes, également mal conser- vées, et de nond)reuses Osirea acumùiaïa. C. Marne rougeàtre, de 0"',50, avec Osirea ncuminata. D. 0"',S0 d'un calcaire semblable à celui du n ". B , mais plus dur, el les fossiles y sont encore plus mal conservés; on y trouve pélc-méle des Tereb. maxillota, et surtout une immense quantité de Modioles, dont il est difficile d'extraire de bons échantillons. La série du fuller's-earlli se termine par une assise de sables ocreux , blancs , gris ou rougeàtres , qui s'adossent au (1) Je saisis celle occasion pour rappeler ici ([iie c'est à M. Rigaux que je dois la connaissance de celle fanne si remarquable : non-seule- mciil il m'a donné les plus précieuses indicalions à ce sujet, mais en- core il m'a servi de guide avec le plus aimable empressement; enfin, lors de mon départ de Boulogne , il m'a donné une foule de fossiles Irès-inléressanls. C'est donc un devoir bien-doux pour moi de le remer- cier avec elTusion de son exlrêuin obligeance. — 238 — IciTiiiii carl)(>iiilV;i(; cl conibli'iil les iiiégiililés do d'Un roche. Comme il n'y a aucun fossile dans ces sables , il est difficile de dire s'ils appartiennent encore au fuller's-earlh ou si , comme penchent à le croire plusieurs géologues , ils doivent être rapportés à l'oolithe inférieure. Il paraît qu'on y a tiouvé, en plusieurs points, des liges veriicalesd'équisélacées. Je n'ai pu vérifier celte assertion. Cela indiquerait cependant un étal de choses diiïérent de celui qui a présidé au dépôt du fuller's-earlli. Les carrières ISaj)oléon inérilent de nous occuper un in- stant : elles sont ouvertes également à la jonction du calcaire carbonifère et du système ooliihique inférieur, (^e sont ces marbres qui ont élé employés dans la construction de la co- lonne destinée à rappeler le souvenir de la grande armée, et des armements considéiablcsdonl Boidogne a élé témoin sous le prejuier Kmpire. On y voit, à la partie supérieure, quelques as^1ises d'oolithe miliaire sen)blableà celle d'Escalotte et renfermant également la Rliynclionella Hopkinsi. Au-dessous se déveloj)pent les assises du fuller's-earth , qui sont constituées ici par un cal- caire blanc-jaunàlre beaucoup plus pur que celui des car- rières d'Hidre(|ueut ; ce calcaire renferme également U!i très-grand nombre de fossiles lrès-caracléristi(|ues, tels que VOslrea acuminata , la Terebraluia globala , la Ter. viaxiL- lata, vma lihijnchonelie non décrite, le Clypeus patcUa , etc. On y voit aussi quelques gastéropodes et un grand nombre d'acéphales ; mais il s'en faut de beaucoup que ces carrières sijient aussi riches que celles d'Hidrequeut. Lu fait qu'il est bon de noter , c'est que le fuller's-earlh et l'oolilhe miliaire paraissent ici se succéder régidièrenient et sans l'interruption qu'on observe habituellemeiii entre ces deux dépôts ; mais il est vrai qu'il peut exister entre ces deux roclies ui:e surf;:ce usée et perforée (jui m'aura échappé. — -239 — Au-dessous du rulld'scai ili icparail ccUo luruio assise sablotincuse que nous avons renconliée dans la cairière d'[lidrc(juout , et sur le compte de laquelle les géologues ne sont pas d'accord. Knfin , celte assise sablonneuse s'appuie elle-même sur les tranches très-rediessées du calcaire carbonifère. Cette succession s'observe seulement dans la partie des carrières Napoléon tournée vers Marquise ; car, au contraire, en s'avançant dans cette suite d'excavations, on voit bientôt le système ooliiliicpie inférieur diuiinuer d'é|)aisseur , et le calcaire carbonifère, adossé au dévonien supérieur, apparaît seul en se rapprochant de Ferques C'est donc le rivage oolithique de ce côté du Uoulonais. Une grande quantité d'autres carrières sont ouvertes à Lizelot, à Lacoste, à I.eulinghen, où on peut voir le fuller's- earih en contact direct avec le terrain carbonifère. La couche de sable siliceux d'Hidrequeut et des carrières Napoléon manque en ces points. Il n'entre pas dans le cadre Irès-res- treinl où nous sommes forcé de nous renfermer de décrire en détail toute cette partie du Boulonais. Nous ne nous occu- perons donc pas ici de ces carrières , qui ne nous offriraient que la répétition moins complète de ce que nous avons déjà observé. Voici donc quelle est la composition géologique des en- virons de i\lar(piise, qu'on peut observer directement eu ajoutant la série d'Hidrequeut à celle d'Escalotle : 1". Cornbrash (en quelques points seulement et très- réduit). 2°. Forest-marble (puissance maximum, 2 mètres ) à Rhynchoneila eleganiida. 3°. Oolilhe miliaire à Rhynchoneila Hopkinsi. t\°. Fuller's-earih supérieur ( couches à gastéropodes ). 5". — inféiieur à Ter. maxillala et Osirea acuminala. — 2hO — ()". Sables inférieurs ( d'iige iiicorlaiii ). 7". Marbre carbonifère. 8". Dévonien supérieur. DIAGRAMME RÉSUMANT LES DEUX RÉGlOiNS. Pour mieux faire comprendre ce que nous venons (l'énoncer , nous terminerons l'étude du Bouionais par le diagramnie représenté pi. III, Hg. U , olTrant l'ensemble des divisions du système oolilliique inférieur et les allures de ses couciies dans les deux régions de Marquise et du AVast. On y voit que le fui 1er s'adosse au calcaire carbonifère dans les carrières Napoléon , qui sont ouvertes précisément au point de jonction des terrains primaire et secondaire. Il y est recouvert , dans les en\ irons de Marcjuise, par l'ooliihe miliaire ([ui s'amincit de plus en plus en se rapprocbanl de la région du Wast, et est complètement absente en ce point du Bouionais. Le forest-marble , quoique n'oiïrant partout qu'une faible épaisseur , est également plus développé du côté de Marquise; au contraire, le cornbrash n'existe plus à Marquise même et du côté des carrières Napoléon ; mais, en marchant vers le sud-est , on le voit commencer à poindre à la carrière d Escalotte où il est mal caractérisé; il devient un peu plus épais vers Belle et le AVast où il repose directement sur le foUer's-earth , sans interposition de l'oolithe miliaire ; enfin , on voit les dernières assises du système oolithique in- férieur plonger , h la butte d'Alinctliun , sous les argiles ox- fordiennes du système oolithique moyen. Coiacliisions. Si nous comparons la grande ooliihe dans la iNormandie , la Sarthe et le Bouionais , nous \ oyons (pie, dans ces grandes — '2U\ — régions elle repose Mir le fuller's-eai lli , dont les caractères sont ceux d'un étal transitoire entre les deux membres du systèmp ooliihique inférieur ; que les couches les plus pro- fondes de la grande oolilhe (l'ooliihe miliaire) sont très- semblables entre elles dans les trois régions , et qu'au con- traire , les assises supérieures offrent , dans chacune d'elles, un type particulier qui a son caraclère propre; que le corn- brash peut être considéré comme le dépôt le [)lus récent de ces assises supérieures, mais qu'il ne s'est développé que dans le Boulonais et ne s'est pas étendu aux régions occidentales , puisque nous ne le retrouvons ni dans le Calvados, ni dans l'Orne, ni dans la Sarthe. Les limites du cornbrasli devai nt toutefois singulièrement se rapproclier des côtes actuelles du Calvados , puisque les assises les plus inférieures du callovien nous offrent des fossiles ( Rhynchoneiia major , Ter. inier- media , Ter. obuvaia , Pecten vagans , etc., etc.), qu'on n'y rencontre p(tint habituellement et qui sont, de toute pro- babilité, remaniés par les eaux calloviennes et déposés |)èle- mèle avec des espèces plus récentes. Pour qu'un semblable remaniement ait eu lieu, il faut, de toute nécessité, que le ri- vage du cornbrash ne soit que très-peu éloigné de ces loca- iités. Nous constaterons enfin que, dans les trois régions, l'oolithe miliaire est séparée des couches supérieures par une ligne de démarcation très-tranchée, dont la preuve existe aussi bien dans une composition très- différente des fossiles des deux assises que dans un temps d'arrêt bien manifeste, prouvé par une ligne d'usure de la roche de contact, rendue plus manifeste encore dans le Boulonais par l'absence des couches de Banville , entre le cornbrash et l'oolithe miliaire. Je ne puis terminer cet article sans citer les personnes qui ont bien voulu me donner des renseignements fort précieux sur le Boulonais. Ce sont : >LM. Hébert , professeur de 16 — 2'>2 <5 "5 ■2 ?5. a » ^ s t. ra "*"* -a .^ ■<^ fi c« -n *— ^ i a;> fcC < ., .__, tl > W3 S ^ — C£l . il rj -= rr 'iT; -= fi ■-= g ■^ PO -^ ''■-' o c; «^ ca S c "^i "S ai 5" I I 2 0^ ra 5 s -^ u ■n TS -3 1^ a .- o 7 _o C" — o ai s E 2; -n — -s o U o — '-' n O géologie à la Facullé des sciences de l\iris, qui m'a indiqué sur la carte les points .'es plus iniporiants ; Zetlol, professeur de paléontologie à Vienne, (pii m'a donné de nombreuses notes sur ces contrées (|u'il venait de parcourir ; mais sur- tout MM. RoucIiard-(.luuiteraux et Rigau\. M. Bouchard, au(|ui'l je suis lié d'une ancienne amitié , a mis ses magni- fiques collections à ma disposition, et si cette étude a quelque imjiortance, on doit en être redevable moins à moi-même qu'à M. lîouchard, (|ui m'a très-libéralement fait profiler du résullat de ses longues éludes sur sou cher IJoulonais ; nous csj)érons bien que les notes el les travaux si remarquables qu'il a accumulés pendant les nombreuses années de son existence si bien remplie ne resteront pas toujours sans publicité, et qu'il se décidera à en faire profiler la science. Il a d'ailleurs en M. Rigaux un aide actif et jeune, dévoré aussi de l'amour de la science, qui connaîl son pays à fond et qui ne manquera pas de faire connaître les richesses ()aléonlologic{ues du Boulonais. iM. A. Fauvel annonce que deux Autours, Asiur palumba- rius (un vieux mrde et une jeune femelle) , viennent d'être tués près de Beaumont-en-Auge (Calvados) et moniés par un amateur , M. Barette , naturaliste à (laen. On se rappelle que, dans une des précédentes séances, M. Fauvel a\ait déjà signalé l'apparition, pendant l'hiver de 1862, d'un autour femelle dans notre dépariemeiii. On s'occupe de la course linnéennc de celte année. Après une courte discussion , ou décide qu'elle aura lieu à Trou- ville et au Marais-Vernicr. M. Dolfuss , géologue el p;iléontologiste à Paris, piésenté, dans la séance précédente , par MM. Morière et Fugène Des- longchamps, est nommé memlue correspondant de la Société. La séance est levée. SEANCE DU [r, JUIN 1863. Présidence de II. SIORIÈKE. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. De la part de M. Abel Vaulier : Recherches sur les ossements fossiles du département du Puy-de-Dôme , par MW. l'abbé Croizet et Jobert aîné. In-^'*. , 224 pages, 67 planches. La Société a reçu , en échange de ses publications : La vie des champs, livraisons des 1". et 15 mai 1863. Bulletin de l'Académie des Sciences de Si.-Pétersbourg , tome IV, n"'. 3 , Zi , 5 et 6. (Wùrternhergischte, etc. ) , Bulletin de la Société Wur- tembergeoise des Sciences naturelles , 16^. année , 2% et 3*. numéros, avec un atlas de 6 planches. Stuttgart, 1860. (Sitzungsberichte , etc. ), Bulletin de l'Académie royale des Sciences de Munich, n°\ 1 et 2. Munich , 1862. CORRESPONDANCE. Le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Chatin, professeur de botanique à l'École supérieure de pharmacie de Paris, remerciant la Société du litre de correspondant qu'elle lui a accordé ; — d'une lettre de lM. Renard , secrétaire de la Société Impériale des naturalistes de iMoscou, accusant ré- ception du VII*. volume du Bulletin de la Société Linnéenne ; — d'une circulaire de l'Association anglaise pour l'avancement des sciences, annotjçant que la 33*. réunion aura lieu le 26 août à Newcastle, et invitant les membres de la Société Lin- néenne à y assi>ler. M. le Président donne lecture de la lettre suivante , de M. le Préfet du Calvados , annonçant que la Société Lin- — -iks — néeniie vient d'èire reconnue par l'État comme établissement d'utililé publique : « Napoléon, par la grâce de Dieu cl la volonté nationale, « Empereur des Français , « A tous présents et à venir , salut. « Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d'État au « département de l'Instruction publique et des Cultes; « Vu la deinniide formée par la Société Linnéenne de « Normandie, à l'ciret d'être reconnue comme établissement « d'utilité publique ; « Vu les avis favorables du Préfet du Calvados , du Rec- « leur de l'Académie ei du Comité impérial des Travaux his- « toriques et des Sociétés savantes ; « Noire Conseil d'Étal entendu ; « Avons décrété et décrétons ce qui suit : » Art. !•'". — I.a Société l.innéonne de Normandie est (I déclarée établissement d'utilité publiciue. « Art. 2. — Les Statuts de la Société sont approuvés, tels « qu'ils sont joints au présent décret. Aucune modification « n'y pourra être introduite sans notre assentiment. " Art. 3. — Notre iMinislre Secrétaire d'État au départe- « ment de l'Instruction pid)lique et des Cultes est chargé de « l'exécution du présent décret. « Fait au palais des Tuileries, le 22 avril 1863. a Signé : NAPOLÉON. « Par l'Empereur : « Le Ministre Secrcttiire d'Etnt au département 0 (le l'Instruction publique et des Cultes, u Signé : Rouland. « Pour amplialion : « Pour le Conseiller d'I^tat, Secrétaire-général, « Le Chef de section , « Signé : A. du Mesnil. « Pour copie conforme : « Le Secrétaire-général , u E. Di Margat. » — 2/i6 — la Suciéié clKirj,e son secrétaire d'adresser une léltre de reniercînicnts à M. le Préfoi. Le Secrétaire donne ensuite lecture des modificalions laites par le Con.'-eil d'Étal aux Statuts de la Société, et remet au Bibliothécaire riuatre cerils exemplaires de ces Sta- tuts , dont voici la teneur : DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE NORMANDIE. Art, 1". — La Société Linnéennc de Normandie s'occupe de toutes les branches de l'histoire naturelle et, en particu- lier, de tous les produits naturels du sol normand. Sou siège est à Caen. Art. 2. — Elle se compose d'un nombre indéterminé de membres : résidants, correspondants et honoraires. Art. 3. — Pour devenir membre résidant ou correspon- dant, il faut être présenté en séance par deux membres rési- dants ou correspondants. La présentation aura lieu par écrit, signé des deux membres qui font la présentation , et déjwsé entre les mains du président. Le \ote sur le caiididat pré- senté aura lieu à la séance suivante et au scrutin secret. L'admission n'est possible qu'autant (jue le candidat aura réuni l'adhésion des (|uatre cinquièmes des membres pré- sents. L'inspecteur d'Académie, en résidence à Caen, est, de dioii , membre de la Société , assiste à ses séances et à celles de ses commissions. Le litre de membre honoraire est acciuis , sur k-ur demande, aux membres résidants que leur âge, kurs infirmi'.és, ou des causes niajeures empèehenl d'assister régulièrement aux séances, ou de prendre une part active aux travaux de la Société. - -Ihl — Celle-ci se réserve de décider dans quelles circonstances elle pourrait adfnettre , comme membics honoraires, des personnes qui n'auraient pas fait précédemment partie de la Société. Les membres résidants qui cessent d'habiter la ville où siège la Société deviennent , de droit , membres correspon- dants, s'ils en font la demande. Art. h. — Les dignitaires delà Société ne peuvent être pris que parmi les membres résidants. Ils sont au nombre de sept : président, vice-président, secrétaire, vice-secrétaire, archiviste, trésorier et bibliothécaire. Ils sont nommés pour un an, excepté le bibliothécaire. Le président et le vice- président ne pourront remplir les mêmes fonctions deux années de suite. Les autres dignitaires peuvent être réélus. Les élections auront lieu à la première séance de novembre, au scrutin, à la pluralité des suffrages. Art. 5. — Le président ou, en son absence, le vice-pré- sident dirige les séances ; il approuve , s'il y a lieu , les mé- moires de dépenses transmis par le trésorier , après avoir été visés par le secrétaire. Il représente la Société vis-à-vis des tiers. Art. 6. — Le secrétaire rédige les procès-verbaux des séances , convoque les niembres , tient la correspondance , vise les mémoires de dépenses et dirige les publications de la Société. Art. 7. — L'archiviste , ou le bibliothécaire , a sous sa garde les ouvrages imprimés ou nianuscrits que possède la Société. Il est chargé de faire les échanges entre la Société Linnéenne et les Sociétés savantes ses correspondantes. Il s'entend avec les libraires de la Société , pour tout ce ([ui regarde la vente et la transmission de ses publications. Il fait à la Société les rapports sur sa gestion lorsqu'ils lui sont de- mandés. ' ^i- [«" » • R A f. — 2Û8 — Art. 8. — Les ressources de la Société se composent : X". d'une cotisation annuelle que les membres résidants et hono- raires paient entre les mains du trésorier, au commencement de l'année académi(|ue; 2'\ des amendes délei minées par le Règlement ; 3". d'un droit de diplôme pour les membres ré- sidants et correspondants; k'. du produit de la vente des publications ; 5". de dons ; 6". d'allocations éventuelles. Art, 9. — Le trésorier est chargé des fonds de la Société. Il solde les mémoires visés par le secrétaire et approuvés par le président. Il rend compte de chaque gestion annuelle à la séance de novembre. Ses comptes sont examinés |)ar une commission nommée par le président, et leur teneur est in- sérée au procès-verbal de la séance de novembre. Art. 10. — Les divers membres de la Société sont invités à faire, en séance, des lectures de leurs travaux, ou des com- munications verbales. Le président règle, s'il y a lieu, l'ordre des lectures ou des communications. Art. 11. — Les articles des Statuts de la Société Lin- néenne ne pourront être modifiés, supprimés, ou de nou- veaux ajoutés, qu'anianl qu'une proposition écriie, signée de la moitié, plus un, des membres résidants et honoraires, aura été présentée en séance, disculée et admise par les quatre cinquièmes des membres présents. Toute modification aux Statuts doit être soumise à l'approbation préalable du Gou- vernement. Vu à la section de l'Intérieur, de l'Instruction publique et des Cultes, le 6 mars 1863. Le Rapporteur, 5i'n sec/rcqnn's. Cardinali dente in minori valrà crussd , cl per unis'ularia raldè inscvlptâ. DlAG. Coquille ovalairc, plus longue que large , tronquée — 252 — à la région frontale , un peu étalée vers les côtes, légèrement conjpriniéc à la région cardinale , entièrement lisse. Grande valve très-élevée sur la partie médiane, depuis le crochet jusqu'au front; petite valve offrant, sur la partie médiane , une dépression plus ou moins profonde et plus ou moins limitée, correspondant à l'élévation de la plus grande. Valves unies sous un angle assez aigu. Commissure des valves, droite sur les côtés, offrant au front une inflexion plus ou moins forte, déterminée par l'élévation de la grande valve. Crochet assez recourbé , un peu comprimé et non caréné sur les côtés. Foramen assez grand , rond ou ovalaire. Couleur. — Inconnue. Caractères internes. —Pe^/îe m/re. Appareil bradiial inconnu , plateau cardinal divisé en deux parties divergentes dès leur naissance. Ces deux parties rendues très-concaves par l'impression très-profonde des muscles pédonculaires. Apophyse cardinale ou calcaniemie ( A, C ) très-grosse , proéminente , étranglée à sa base , très-fortement excavée pour l'insertion des muscles rétracteurs Empreintes des muscles adducteurs (A) très-écartées , étroites surtout vers la région caidinale, séparées entre elles par un large espace, dont la partie médiane forme une bosse assez forte rem- plaçant le sepium médian des Maklbcimia — Grande valve. Empreintes des muscles adducteurs (A), rétracli'urs (R) et pédonculaires (P) réunies en une niasse en forme d'écnsson, au milieu d'une très-forte dépression creusée dans la sub- stance même de la coquille. Le test , fort épaissi de chaque côté de cette dépression, montre des empreintes génitales (0) bien manifestes. Jeune A(;e. — On reconnaît les jeunes à lem- forme bien — 253 — plus élargie el à leurs bords cou pan Is; la dépression de la petite valve est visible dès les premiers instants de la vie ; la grande valve , au contraire , est alors peu bombée , par conséquent l'élévation du dos , correspondant à la dépression de la petite valve , na devient bien manifeste que dans l'âge adulte. Du reste , le foramen des jeunes , dans cette espèce comme dans les autres , n'est pas conjpicté en-dessous par le dellidium (Voir fig. 6), et c'est à ce caractère surtout qu'on reconnaîtra toujours une cocjuille non parvenue à sa croissance, quelle que soit d'ailleurs sa taille. Dimensions : longueur, Ul millimètres ; largeur, 35 millimètres; épaisseur, 27 millimètres. Obs. La Terebraiula Breinssoni , qiioifjiie appartenant à la section epiihyris , ressemble beaucoup d'aspect à la Ter, cariiiata , de Lamarck , qui se rapporte à la section WaL- dheimia ; on rcconn.iîtra ces deux espèces par l'absence, dans la Ter. Brebissoni , de la ligne noirâtre à la petite valve iiidi(|uant le septnm méilian , mais surtout par la forme du crocliet non caréné sur les côtés et dont le foramen est grand. Toutefois, il est bon de rappeler que, le foramen de la Ter. carinaia étant pins grand qu'il n'est d'habitude dans cette section , il faut regarder d'assez près pour distinguer les deux espèces; mais si l'on observe l'in- térieur des valves, le doute disparaît: la grosse apophyse cardinale , la forme des muscles adducteurs , l'épaississement excessif du test de la grande valve sous les parties latérales du crochet, sont atitant de caractères des plus saillants , qui ne permettront aucune confusion. L'aspect extérieur de cette espèce diffère de celui des autres epiihyris , sauf la Ter. sxibovoides, dont certaines variétés olîrent aussi une dé- pression longitudinale stir la petite valve. — 25/. — Cette espèce varie peu. Toutefois , si nous comparons atlciiliveineiit les ccliaiiiilloiis du (jnlvailos cl ceux de la Bourgogne , nous verrons qie ces derniers ( Voir pi. IX , (ig. Ha, h) sont plus larges, plus évasés ; (|ue la grande valve est moins bombée , le foiamen un peu plus grand ; mais, comme nous n'avons pu compaier qu'un petit nou)bre d'ccliantillons , il peut se faire que ces légères dilTéreucis soient simplement individuelles. Pendant long-temps cette espèce était rare , et je ne la connaissais que par deux mauvais échantillons recueillis à î\lay par M. Perrier. La regardant alors comme uitf simple variété un peu grande de la Ter. an/»^im , je n'avais prêté que peu d'attenlion îi ces deux échantillons. IM. de Ferry m'avait depuis envoyé quelques exemplaires du calcaire à eiilroques des environs de Alàcon, que je m'obstinais toujours à regarder comme des Ter. carinaia ; toutefois , la grandeur du foramen de ces échantillons laissait des doutes dans m( n esprit. Mais la découverte d'une série nombreuse de ma- gnifiques échantillons que j'ai faite à Kresnay-la-Mère en 1861 , surtout les intéiieurs, montrant parfaitement toute la région cardinale et les em|)reintes muscidaires des deux valves , ont dissipé tous les doutes : c'était bien une espèce nouvelle des plus belles et des mieux caractérisées. Comme je faisais connaître, l'année dernière , la coupe de Fresnay- la Mère , dans le VIP', volume du BuUciin de la Société Linnéenne de Normandie , je profitai de l'occasion pour dé- crire sommairement la nouvelle espèce , el c'est avec un bien vif plaisir que je l'inscrivis sous le nom de M. de Bré- bisson , notre célèbre botaniste normand ; je désire qu'il y voie un jiommage de reconnaissance pour toutes S'S bontés et pour les indications précieuses qu'il m'a données sur la constitution géologique des environs de Falaise , soit de vive voix , soit en poussant la complaisance jusqu'à me servir de — 255 — guide dans mes explorations géologi(incs autour de celle ville. Hab. La Tcrebraiula Brchissoni est spéciale aux couches les plus inférieures de l'ooliilie inférieure , caractérisées par les Ammonites Murchisoncc , Sowcrbyi vi primordiaiis ; à ce niveau, elle a élé recueillie à May (CaUados), par iM. Perrier ; à l'resuay-la-Mcre, par mon père et par moi, dans une couche inférieure à la zone à Ammonites Humphrie- sianus , et séparée de celle ci par une discordance d'u-^ure et de perforiition |)ar les vers. Elle est très-aliondante dans cette dernière localité. On la retrouve dans le calcaire à en- troques inférieur de la Bourgogne, principaleinenl à Milly ( Saône-el-Loire). Je l'ai encore reçue de M. Jaubert, qui l'a trouvée dans le déparlement du Var, également au niveau de V Ammonites Minclusoiiœ , Lima heicromorpha , Pecien barbatus , etc. PI.VI, lig. 1. Terebrululd (epilliyris) HiThissoni ( Eug. Desl.). Partie cardinale de l'intérieur de la petite valve un peu grossie. A, C. Apopliyse car- dinale. A. Muscle adducteur, a, b. Alla- clies de l'appareil hracliial.O. empreintes génitales. — fig. 2. — Même partie, grandeur naturelle, pour montrer la grande saillie ( A, C. ) déter- minée par l'apophyse cardinale. — Gg. 3. — Inlérieur du crocliet de la grande valve, grossi. U. Denis cardinales. A. Muscles adducteurs. P. Pédonculaires. 0. Em- pieinles génitales. — fig. i. — Jeune échanlillon provenant de Milly (Suône- el-Loire). — fig. 5, ti. — Jeunes éclianliilons de Fresnay-la-Mère (Calvados). — fig. 7 a, b, c, d. Le plus grand échantillon connu, provenant également de Fiesnay-la-Mère. — "256 — PI. VI, fig. 8 a. II, Terebrtitula (epithyris] Brebissoni (Eug. Des). '. Écliitnlillon adulte , recueilli à Milly (Saône-Pl-Loire), par M, de Ferry. — Tous ces éclianliilons font parlie de ma collection. 29". NOTE SUR UNE VARIÉTÉ PLISSÉE DE LA TEBEBRATULA PEROVALIS (Sott\ ). PI. X, fig. i, 5. Le caractère si remarquable d'èlre frangée de plis plus ou moins prononcés est généralement spécifique et se rencontre, à l'étal normal, dans un certain nombre d'espèces de di- verses sections, telles que les Terebratuia ausindis (Eudesia), Cleinenii , echiuutata ['ïvr(^\)Vî!i\.yx\\\VA , Gueranyeri ( Wal- dbein)ia), fhnbrioidcs , plicdla , funhrin , suhorbicularis ( TercbraïuUi pi()|)rem('nt dile); lontefuis il est bon de re- marquer que,dai;s la même espèce, le nombre, la disposition de ces plis et leur éiendtie varient beaucoup, et même ()ue certains échantillons plus ou moins nombreux de ces espèces sont entièrement lisses à tous les âges. D'un autre côté, nous avons pu remarquer que, dans d'autres espèces , l'éial lisse était le plus habituel ; m;iis qu'il arrivait cependaril qu'un nonibre plus ou moins considérable d'échantillons présentaient des plis frontaux en nombre va- riable ; pour exemple , nous citerons la Terebratuia conglo- bata (1) et la Terebratuia Ferryi , que nous a\ons décrite (1) Nous donnons ce nom de conglobata à une espèce remarquable, provenant de la couche à Ammoniies Murchisoiur de l'oolillie inférieure, que nous avons décrite et figurée p. 352 du W. volume du Bulletin de la Société Linnéennc de Normandie, pi. Il, lig. 11, 13 (Catalogue descriptif des Brachiopodes du système oolitliique in!érieur du Cal- vados), et que nous regardions alors comme une simple variété de la ~ 257 — dans le 2*. fascicule de ces Éludes critiques, p, 27, pi. V, fig. 1 , 6. Enfin , nous voyons des espèces lisses montrer très- accidentellement des plis quelquefois très-prononcés. La Ttr. dorsopUcaia , var. excavata, nous en a fourni un exemple très-remarquable (1). Nous croyons très-utile d'attirer l'at- tention sur ces accidents quand ils se rencontrent, parce qu'un spécimen de ce genre pourrait être considéré comme appar- tenant à une espèce particulière ; nous signalons aujourd'hui une variété semblable dans la Terebrauda perovalis ( Sow ). La Terebraiida perovalis (Sow. ) caractérise , comme on sait , les couches à Ammonùes Murchisonœ ; mais elle est très-variable dans sa forme et dans sa taille, et chaque localité produit, pour ainsi dire, une variété à elle ; tantôt les deux plis sont très-prononcés et donnent lieu à une espèce de lobe médian , caractère qui la rapproche un peu de forme de la Ter. PluUipsu. Celte variété, à laquelle Lamarck avait donné le nom de Ter. Kleinii , se rencontre principalement dans les environs de Bayeux. Une autre variété , très-remarquable aussi, paraît, dans le Calvados (2), être cantonnée dans les environs de Harcourt; elle abondait dans la localité jadis cé- Ter. spliccroidalis (Sow.). Nous pensons qu'il est inutile de donner ici la deW"iplion de celte espèce, ciui sera décrile et figurée dans la Palcoiitoloyie française, nous renvojons donc siinplemenl aux figures ci-dessus indiquées. (d) Voir mon mémoire sur le kelloway-rock du nord-ouest de la France, dans le XI*. volume des Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie, p. 21, pi. II, fig. 5 a, h, c. (2) Les deux variétés que nous venons de signaler se rei;conlrent aussi Irancliées en d'autres points de la Frunce; ainsi, il existe dans la collei:tion Brongniart, qui fait uiaiiitenaiil p^irtie de la c li< c on de la Soibonne, un gros écliunlillon provenant de Suliiis (Ji.r ), el qui est semblable en luut ù la variété des Mouliers. Elle a été éoalcoieut re- cueillie dans les Deux-Sèvres par Al. Baugier. 17 — 258 — lèbrc des Mouiiers-en-Cinglais ; mais tlepuis loug-iemps ces carrières sont abandonnées, et ces échantillons , si remar- quables par leur taille énorme, leur forme globuleuse et leurs plis à peine indiqués, ne se rencontrent plus que dans les anciennes collections. C'est un de ces exemplaires que je figure ici. Sa taille, quoique très-grande, n'atteint pas encore à la limite des plus gros échantillons ; son lobe médian et ses deux plis caractéristiques, à peine indiqués, sont toul-à-fait semblables à ceux des autres échantillons des Moutiers ; ou aperçoit , vers la région frontale , de très-nombreuses lignes d'accroissement qui prouvent que la coquille est déjà vieille ; de plus , toute la région frontale et principalement le lobe médian sont frangés de plis obscurs qui ne s'étendent guère à plus du quart antérieur de la coquille. Cette ornementation singulière rappelle la Terebratula plicaia (Buckm.) , espèce qu'on rencontre en Angleterre et dans la Bourgogne, au même niveau géologique, et qui paraît ne pas s'être développée en Normandie ; mais si l'on compare ces deux formes entre elles , on voit bientôt qu'elles sont tout-à-fait différeiUes , la Terebratula pLicata étant con- stamment cordiforme , avec le crochet proéminent , allongé et comprimé sur les côtés, tandis que notre coquille présente tous les autres caractères de la Ter. perovalis , c'est-à-dire forme arrondie et globuleuse, crochet court , ramassé, très- épais et très-souvent étalé. Il n'y a donc aucun doute, notre échantillon n'est qu'une Terebratula perovalis, dont la région frontale est accidentellement frangée. Nous devons cet échantillon remarquable à M. Michelin , qui l'avait recueilli aux .Mouliers et qui a bien voulu en enrichir ma collection; aussi , l'intérêt que j'attache à celte pièce est-il encore rehaussé à mes yeux par celui de sa pro- venance , qui témoigne l'affectueux intérêt dont veut bien m'honorer l'aimable doyen des géologues français. — 259 — H. X, lig. k. Tercbralula peroviitis (Sow.). Variété frangée, provenant de lu coucbe à Ammonites Mur- cliisoiHC de l'oolillie inférieure des Mouliers (Culvados). — (ig. 5. — Le même écliantillon, vu par le I ord fiontal. 30°. TEREBRATLLA {TcrcbratelUi) AKATELLA (r.iig. DcsL), nov. sp. P]. X, fig. 1, 3. Testa obiongd , longiori quàm latiori, nd frontein obiusâ et panhdnm lobaiâ ; ex apice ad frontein, piicis crebris in- strucià. Minori valvâ convexâ,in medio pauluiàm pianuiaiâ. Valvis obtuse unitis. Majori conve.câ , ad apicem U vùer altenuaià; apice crasso, vix incurvato, per areum truncaio ; areà mediocrï , Leviier cotcavâ, dctit.; ex laiere resectâ ; deiiidio infrà diiaialo ; foramine inagno , roiundo ex arcâ scisso. Iniùs ignoiâ. L)iAG. Coquille oblongue, plus longue que large, tronquée à la région frontale , offrant un lobe médian peu prononcé , ornée depuis le crochet jusqu'au front de nombreux plis aigus , dont quelques-uns sont dicholomes. Valves réuniis sous un angle obtus, très-émoussi''. Commissure des valv(S droite au front , légèrement inflécbie vers les côtés , la plus grande inflexion portant vers la région cardinale. Peiile valve convexe, un peu aplatie à lu région médiane. Grande valve convexe, un peu gibbeuse au milieu, atténuée vers le crochet; crochet épais, très-peu recourbé, tronqué brus- quement par l'area et le foramen. Area triangulaire, légère- ment concave, coupée brus:iuement sur les côiés du crochet ; percée en son centre par un large foramen arrondi, complété en-dessous par un deltidium assez grand. — 200 — Caractères internes. — Inconnus. Couleur. — Inconnue. Dimensions : longueur, 16 millimètres ; largeur, 13 miliimèlres ; épaisseur, 11 millimètres. Obs. Cette belle et rare espèce se rapproche de la Tere- bratula ohionga , de l'étage néocomien , elle en diffère par son crochet moins allongé et par son area moins grande ; elle ressemble aussi à la Terebratula cardium ; mais outre qu'elle en diffère par la forme de son area et de son foramen, on la distingue encore en ce que les plis qui ornent la surface sont beaucoup plus nombreux. Les térébratelles sont rares dans les terrains jurassiques; nous en connaissons cependant dans le lias, dans la grande ooliihe et peut-être dans l'ox- fordien ; mais ces espèces sont tout-h-fait différentes de la Ter. araieUa. Nous ne connaissons ni son appareil brachial , ni les autres caractères internes ; toutefois , nous avons pu voir l'empreinte des muscles adducteurs (A). Sur la petite valve , cette empi einte est peu marquée ; il n'en est pas de même du septunt médian (S', M'), qui paraît fort développé ; comme nous ne connaissons jusqu'ici qu'un seul échantillon, nous ne pouvons savoir si elle est variable ; la forme des jeunes nous fait également défaut. Hab. L'assise supérieure de la grande ooliihe ( couches de Ranville). Un seul échantillon connu , trouvé à Grave , près CourseuUes (Calvados). Ma collection. PI. X, Gg. 1. Terebratula {TereOvatclla) aratella (Eug. Des!.). Grossie à deux diamètres. A. Empreintes des muscles adducteurs. S', M'. Scplum mé- dian de la petite valve. — fig. 2 a, b, c, d. Le même échantillon. Grandeur naturelle. — fig. 3. — Portion grossie du lest. — 261 — 31". RHYNCHONELLA ELEGANTULA. (Bouch.) M. S. PI. X, fig. 7 a, b. Stn. 18i5. Bhynchonella elegantula (Bouch.). In Utteris. — 1849. — concinnoides (d'Orb. }. Prodrome , I". vol., p. 315, n». 346. Étage ba- thonien. Testa minuta , trilobatâ , ex apice ad frontem striis numerosïs instructâ. Minori valvà ad apicem infla(â et in mediâ parle hiijusce regionis parvâ depressione noiatâ, ad fronievi et latera trilobatâ, mediano Loboprcc elevaio. Majori autem vatvâ mediano et profundo sinu instructâ. Apice tenui , attennato , maxime adunco. Valvarum commissure per minoris vaivcc Lobum valdè infJexà. Intiis iynolâ. DiAG. Coquille petite, trilobée, de profil triangulaire, ornée sur toute sa surface de stries rayonnantes, fines et très- nombreuses. Petite valve renflée à la région cardinale et marquée en ce point, d'une très-légère dépression, divisée en trois lobes, un antérieur et deux latéraux, séparés par de profondes dépressions ; grande valve offrant un profond sinus opposé au lobe médian de la petite valve , gibbeuse et élevée à la région cardinale; crochet très-recourbé, atténué, se ter- minant en une pointe effilée et recourbée qui masque le point de réunion des deux valves. Commissure des valves profon- dément dentelée sur les côtés et le front , offrant une très- brusque et profonde inflexion à la région frontale; au point où les valves s'articulent , se voit , de chaque côté , une pro- fonde dépression. Caractères intérieurs. — Inconnus, Couleur. — Gris-bleuâtre. — 262 — Dimensions : longueur, 11 millimètres; largeur, 12 millimètres; épaisseur, 9 millimètres. Celle espèce se rapproche de la liliynchonella varions par sa petite taille et son profil triangulaire ; elle s'en dislingue par la forme de son crochet, qui est beaucoup plus fin , délié el recourbé ; sous ce rapport , on ne pourrait la confondre qu'avec la RInjnchonella Hopkinsi ( Dav. ). Nous avons re- présenté sur la morne planche, fig. 6, vue de profil, cette dernière espèce qui est très-abondante dans l'ooliihe miliaire de diverses localités , mais principalement dans les environs de Marquise ( Pas-de-Calais). On voit qu'elle est d'une taille double de la Rhynch. clegontula, qu'elle est beaucoup moins bombée, enfin que le profil de ces deux espèces, triangulaire dans l'une, arrondi dans l'autre, est très-différent. Elles caractérisent, dans les environs de Marquise, deux couches différentes, la Rliynchonella elegantula se renconlraul ex- clusivement dans la petite couche marneuse que les géologues boulonais assimilent au forest-marble. Hab. La RhijnchoneUa cleyaniula se rencontre par mil- liers dans toutes les localités du Boulonais ou affleure la petite couche du forest-marble ; nous l'avons recueillie à Belle, à Bellebrune , au Wast, à Marquise même (carrière d'Escalotte ), à la Coste , près Leulinghcn, etc. , etc.. On la retrouve également dans tout l'est de la France, dans les Ar- dentes, la Lorraine, la Bourgogne, la Franche-Comté, etc., où elle est plus rare toutefois que dans le Boulonais; elle n'existe point en Normandie , où elle est reinplacée par la Rhynchonella concinna. PI. X, fijî. 7 a. llhi/niiionelta elegantula ( Bouch. ). De grandeur natu- ri'lle, vue de face. — fig. 1 b. — — (Bouch.). Même échantillon, vu de profil. Nota, Cet échantillon provient de Marquise (Pas-de-Calais). Ma collection. — 263 — VII. - UltA€HIOI>0»ES Kii:€UElLLIS 1*AR M. DE VEKNLML DAXi» LE LIAS l»E L'ESPAG!«E. Les nombreux voyages géologiques en Europe el en Amé- rique , ainsi que les ouvrages de JM. de Verneuil , sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de les rappeler ici. En visi- tant les belles collections faites pendant ces excursions par le savant géologue, mon attention fut attirée, on le pense bien, sur les Brachiepodes et particulièrement sur ceux du lias. Parmi ceux-ci, j'en remarquai plusieurs qui ne m'étaient qu'imparfaitement connus et même qui étaient entièrement nouveaux pour moi. IM. de Verneuil , avec la plus aimable complaisance, m'offrit de les publier moi-même et de les figurer dans le Bulletin de la Société Linnéenne de Nor- mandie. Telle a été l'occasion de la présente note (1), Les espèces que j'ai eu l'occasion d'examiner dans la col- lection de I\L de Verneuil sont au nombre de quatorze , ap- partenant aux trois genres Terebralula, Spiriferma et Rhyn- choncUa, toutes m'ont paru devoir être rapportées à l'horizon du lias moyen, bien caractérisé par le Pecten ccqiàvalvis el le Harpax Pai kinsoni (Oesl.) (Plicatula spinosa des aut. , non PUcatula spitiosa, Sow.); d'autres espèces annoncent incon- testablement le lias supérieur, d'autres enfin la base de l'oolilhe inférieure, c'est-à-dire les couches à Ammonites Murchisonœ et Pecten barbatus ; mais aucun des brachiopodes ne me paraissant se rapportera ces couches, je n'aurai à citer ici (!) Nous renvoyons, pour les détails géologiques, aux divers Ira- vaux de M. de Verneuil sur l'Espagne et, en particulier, sur le mémoire imporlanl publié par MM. de Verneuil et E. Collomb dans le I. \ du Bulletin de la Société géol(igi(iue de France {2'^. série), sous le liU'e : Coup-iVicil sur la constitulion géologique de quelques pvuviuccs de l'Espagne, p. 61. —Séance du 6 décembre 1852. — 264 — que des espèces du lias moyen. Je ne citerai pas les localités, parce que ces coquilles ont été recueillies par !M. de Verneuil sur tous les points, la composition de la faune du lias moyen paraissant être en Espagne, comme dans les autres pays, ré- pandue avec une remarquable uniformité. l'"^ Famillb. TEREBRATULIDÉES. TEREBRATULA { Waldheimia) RESUPINATA {Sow.). PI. XI, fîg. 5. Cette espèce est abondante en Espagne , mais sa forme est un peu différente de celle de France et d'Angleterre: la co- quille est beaucoup plus allongée , la partie médiane de la grande valve généralement plus large et plus élevée , enfin le foramen plus grand. Les séries nombreuses recueillies par M. de Verneuil offrent des passages insensibles de cette espèce à la suivante. En France, au contraire, les deux espèces pa- raissent bien plus tranchées, la Ter. resupinata y est canton- née dans les couches supérieures à Ammonites margariiatus ; la seconde, au contraire, dans les couches inférieures à Ter. numisinalis (1). TEREBRATULA ( Woidhcimia) l'LORELLA {d'OrO.). PI. XI, fig. II. Paraît très-répandue dans les diverses parties de la Pénin- sule, accompagnée de la Ter. resupinaïa. Il y a certainement passage entre les deux formes, la Ter. floreiia est d'ailleurs (d) La partie iiifûrieure (lu lias moyen ne me paraîl pas être repré- sentée en Espagne, au moins je n'ai eu aucun échanlillon qui puisse être rapporté ù la Ter. numismalis ; il en est de même de toule la série du lias inférieur et de l'iiifrà-lios, qui paraîl faire défaut. — 265 — ici beaucoup plus grande que le type français; les valves sont plus renflées , et certains de ces échantillons ressemblent, à s'y méprendre, à la Ter pala (de Buch.) , espèce propre aux couches oxfordiennes inférieures, TEREBRATULA ( Waldheimia) CORNUTA {Sow.). Identique aux échantillons de France et d'Angleterre. TEREBRATULA [W Idheimia) VERNEUILII, nov. sp. PI. XI, fig. 2, 3. Voir, plus loin, la description de cette espèce. TEREBRATULA (EpUhyris) SUBOVOIDES {\Hom.). Identique aux échantillons de France; les deux variétés à ressauts brusques et à surface entièrement lisse, se retrouvent en Espagne. TEREBRATULA JAUBERTI, nor. s/i. Voir, plus loin, la description de cette espèce. TEREBRATULA EDWARDSI {Dar.). Identique aux échantillons de France et d'Angleterre. TEREBRATULA PUNCTATA {Soiv.). Cette espèce est, en Espagne, tout-à-fait semblable aux échantillons de France et d'Angleterre; on y rencontre la plupart des variétés de cette espèce si polymorphe, entre autres celle qui a reçu de M. J. Haime le nom de Ter. Davidsoni, variété qui paraît propre aux îles Baléares et au midi de la France. — 266 — 2'. Famille. SPIRIFÉRIDÉES. SPIRIFERINA ROSTRATA ( Scidotli.). PI. XII, fig. 1. Cette espèce acquiert ici de très-grandes dimensions , nous avons figuré un des plus gros exemplaires, dans lequel les dellidium sont parfaitement conservés ; sauf la taille , on voit que l'espèce est identique à celle de France et d'Angle- terre ; on rencontre également les diverses variétés de celle espèce , entre autres celles dont le sinus et le bourrelet mé- dians sont très-prononcés. SPIRIFERINA HARTHMANNI (Ziei.]. Identique aux échantillons de France et d'Angleterre. SPIRIFERINA OXYPTERA ( Buv. ). PI. XI, fi[?. 6-10. Otie belle espèce , si rare en P'rance , paraît au contraire très-abondante en Espagne, où iM. de Verneuil l'a recueillie dans un grand nombre de localités , particulièrement entre Obon et Josa ; les échantillons , en parfait état , permettent de voir les plus petits détails d'ornementation ; les épines , dont je n'avais pu jusqu'ici voir la disposition que d'une ma- nière confuse, sont parfaitement conservées et ressemblent beaucoup, par leur forme et leur disposition, à celles du Spiriferina oxygona ; elles ne sont donc pas disposées seule- ment sur les arcles des côtes , comme cela a lieu dans les Sp. Deslongcliamp.sii et Davidsoni ; mais au contraire cou- vrent la surface tout entière des valves. La belle suite d'exemplaires recueillis par i\l . de Verneuil nous permet de voir - 267 — les variations de ces espèces; elles sont nombreuses; les unis (fig. 6) offrent des ailes très-allongées et comme les Spirifers paléozoïques seuls en possèdent liahituellement ; dans d'autres (fig. 7), ces deux ailes sont très-courtes; d'autres n'en ont même pas du tout (fig. 10) ; enfin, dans les fig. 8 et 9, nous voyons que tantôt les ailes suivent la courbure des valves presque ^ans former d'indexioiis, tandis que, dans d'autres, ces deux ailes naissent brus(|uenient des parties lalt'rales. Le Spiriftj iita oxypiera i\ déjà été signalé, l'année der- nière , par i\l. Davidson dans le lias de l'Ecosse; ainsi , cette espèce a une très-large distribution gé>)grapliique. 3V Famille. RHYNCHONELLIDÉES. RHYNCHONELLA TETRAEDRA {Suu\). Identique aux échantillons de France et d'Angleterre. RHYNCHOJNELLA MERIDIONALIS , nuv. sp. P). XII, (îg. Zi, 9. Voir , plus loin , la description de celte espèce. RHYiNCHONELLA LYCETTI (Dav.). FI. XII, fig. 2, 3. Cette espèce est d'une taille beaucoup plus grande que les échantillons d'Angleterre et de France, qui d'ailleurs se rencontrent généralement dans le lias supérieur, au ni- veau des Ammoniies bifrons et serpmiinus; ceux d'Es- pagne sont également plus larges; leurs plis et leurs lobes sont disposés d'une manière différente et semblent se rap- procher delà Mijnchonella Thalia (d'Oib.) du lias moyen ; mais , comme dans cette dernière , le crochet est toujours — 268 — beaucoup plus épais , que les valves sont bien plus renflées, il nous reste des doutes sur la détermination de celte espèce. Elle paraît être abondante en Espagne et offrir une grande variabilité. 32°. TEREBRATULA {Waldheimia?) VERNEUIL[, nov. sp. PI. XI, fig. 2, 3. Testa subpentago7iali, paululùm Longiori quàm laliori, plus minùsve dilataiâ , ad frontcm biplicatâ, ad latera le- viter alatâ, Iccvi. Minori valvâ suhplanald, quatuor lobis per latas et obsoletas depressiones segregatis instructâ ; his Lobis ad latera et duo adfroniem dispositis. Major i valvâ inflaiâ, lobis et depressionihus par mn productis notaiâ ; quoqne loba ad rninoris valvœ depressiones respondente ; apice incurvato, sub compressa, ad latera raldè carinaio, Foramine mcdiocri, oblongo. Valvis acutè unitis, valvarum commissurâ quadri- inflexâ. Intùs, brachiorum fulcro ignoto, mediano septo minoris valvcc elato. DiAG. Coquille subpentagonale, un peu plus longue que large, plus ou moins déprimée, tronquée à la région frontale, élargie sur les côtés en deux lobes obtus, lisse. Petite valve très-déprimée, marquée de quatre lobes obtus, dont deux au front et deux autres sur les côtés; ces lobes , séparés par de larges dépressions plus ou moins profondes. Grande valve renflée, marquée de lobes pou prononcés, opposés aux dé- pressions de la petite valve; crochet arqué, saillant, un peu comprimé et acimiiiié, fortement caréné sur les côtés; fo- ramen assez petit, oblong. Valves réunies sous uii angle aigu. Commissure des valves offrant quatre inflexions qui répondant aux lobes et aux dépressions des valves. — 269 — Intérieur. — Appareil brachial inconnu. Seplurn uiédiaa de la petite valve bien prononcé; empreintes des muscles ad- ducteurs plus longues que dans les autres Waldheimia. Couleur. — Incomiue. Dimensions : longueur, AO niiilimèties; largeur, 34 millimètres ; épais- seur, 21 millimètres. Jeune âge. — Nous n'avons pu observer des échantillons très-jeunes, mais il est probable que, pour les caractères lires du crochet, ils ne diffèrent pas des autres AValdheimia : en observant les lignes d'accroissement, on voit que les jeunes devaient avoir une forme toul-à-fait différente de celle des adultes, que la coquille devait être beaucoup plus large que longue , et offrir deux grandes ailes latérales , que le front ne devait point être tronqué, mais présenter une es- pèce de lobe aigu ; en un mot, que la coquille devait être tout-à-fait rhomboïdale, le grand axe du rhomhe occupant la largeur. A cet état, la coquille devait également être loul-à-fait déprimée; en avançant en âge, elle s'allotige un peu (Voir fig. Z a, b) et le lobe aigu du front commence à se tronquer. A mesure que la coquille grandit , la grande valve se renfle , la petite restant toujours déprimée , enfin les sillons se creusent sur les côtés et sur la région frontale, et l'on arrive ainsi à la forme adulte représentée fig. 2. Obs. Celte belle espèce est Irès-remarquable, en ce qu'elle paraît offrir en même temps des caractères qui se rapportent aux coquilles de la section Waldheimia et à celles des Téré- bratules proprement dites ; en effet , si le crochet caréné , le foramen petit , le sepium médian de la grande valve sont des caractères spéciaux aux Waldheimia, la forme biplissée, au contraire, ne s'est jamais rencontrée que dans les Epithyris et les Téréhratules proprement dites, h-s empreintes muscu- — 270 — laires ne sonl pas nun jiUis disposées comme dans les léié- bratules à long appareil brachial; on conçoit donc, qu'en l'absence de données sur ce dernier point, puisque nous ne connaissons point sa charpente interne , il nous reste des doutes sur la section à latjuelle elle doit être rapportée. Sa forme se rapproche de celle de plusieurs Térébratules pro- prement dites et, en particulier, de la Ter. maxillaia; mais les caractères du crochet sont tout différents. Nous sommes heureux de pouvoir dédier à M. de Verneuil la plus belle et la plus curieuse des espèces jurassiques re- cueillies en Espagne par ce savant géologue ; nous espérons qu'il voudra bien regarder cette dédicace comme un témoi- gnage de notre admiration pour ses travaux et de notre re- connaissance pour les manjues d'intérêt dont il a bien voulu nous honorer (1). Hab. Jusqu'ici celle espèce paraît spéciale au lias de l'Espagne, elle est assez abondante dans toutes les localités. Des deux échantillons figurés, l'un provient d'Obon, l'autre de iMont-Alban. M. de Verneuil l'a également recuillie à Auchuela, Abbarracin , etc., etc. PI. XI, fig. 2 a, b. Tervbratida ' WaMIioimia ) Verncuili (E. Desl. ). Échantillon adulte, montrant une partie du moule interne de la petite valve. S , M. Seplum médian. A. Muscles adducteurs. Lias moyen, Obon (Espagne). — fig. 3 rt, 6. — Jeune échantillon provenant de Mont- Alban (Espagne), S, M. Septum médian. A. Muscles adducteurs. (1) Il y a bien une autre espèce qui a reçu le nom de Terebratula Verneuili, mais comme celte coquille n'appartient pas au genre Teré- bralule, mais au genre lihynchonelle et à une forme tout-à-fuit pa- iéozoïque, nous pouvons, en toute sCtreté, appliquer ce nom à notre nouvelle espèce. 33°. TEfiEBlUTLLA JAUBEUT[, nov. sp. PI. XI , fig. 1. Tesiû roiundâ, mil subovaii, rarà subpenlagonali , ad fronlem irunculâ , ad cardincm palulà ; Utvi. Valvis ceqiiè convexis , ■plus minàsve obesis , alii/uoties suhplanalis. Vai- variiin commissurd recid , sed ad froniem in seueACetiti lesld , (éviter inflexà. Minori vaLvâ adaniiissun convexâ , aliquoiies ad froniem leviter biplicutâ ; plicis obsoletis per latam et obsoletam depressionem segregatis. Majori ralvâ adamiis.sim convexà; apice lato, patuto , brevi , parlim in- curvato , ad latera leviter et longé carinato. Foramine medioai , tel etiàm pano , rotundo. Iniùs ignotâ. DiAG. Coquille arroiitlie , ou ovalaire , quelquefois sub- pentagonale , k'gèrement tronquée à la région frontale, élargie à la n'giou cardinale ; lisse. Valves également con- vexes. quel(|uefois un peu renflées , mais piesque toujours plus ou moins déprimées. Commissure des valves droite , mais présentant au front, dans l'âge très- adulte, une intlexioii plus ou moins forte. Valves unies sous un angle très-émoussé. Petite valve régtilièrcaient convexe , marquée vers le front d'un lobe peu apparent qui, dans l'âge adulte, se creuse sur la partie médiane d'une légère dépression , comme dans les Térébratules biplissées. Grande valve régulièrement convexe; crochet large, court, très-peu recourbé, offrant sur les côtés deux longues carènes peu prononcées. Foramen assez petit , arrondi. CARACTÈRiis INTÉRILIRS. — Appareil brachial inconnu. — 272 — Empreintes des muscles adducteurs , sur la petite valve , grandes, ovalaires et allongées, comme dans les autres Térébratules proprement dites. L'intervalle de ces muscles adducteurs marqué d'une petite saillie longitudinale super- ficielle remplaçant le septum médian. Empreintes génitales, de chaque côté des muscles adducteurs, très-fortement gra- nulées. Couleur. — Bistre. Dimensions : longueur, 39 millimètres; largeur, 35 millimètres; épaisseur , 19 millimètres. Obs. J'avais depuis long-temps observé un grand nombre d'échantillons de cette belle espèce, recueillis par M. Jaubert dans le déparlement du Var, et j'avais pu constater qu'elle est facile à disiinguer par ses contours arrondis , sa forme étalée, son crochet plus ou moins caréné et son foramen généralement assez petit. Ces caractères se rapprochent beaucoup des WaUiheimia ; aussi ai-je long-temps hésité pour savoir où ranger celte espèce ; mais j'ai pu voir , sur des échantillons recueillis en Espagne par JM. de Verneuil , des portions de moules internes de la petite valve où les empreintes musculaires et ovariennes étaient on ne peut mieux conservées (Voir pi. XI, fig. 1, A et O ). Ces empreintes sont tout-à-fait semblables à celles des Térébra- tules proprement dites. Toutefois on voit , entre les empreintes des muscles adducteurs, un petit sillon qui a été déterminé par une petite crête, superficielle il est vrai, mais qui nous représente en rudiment le septum médian, si développé dans certaines Waidheimia. On voit donc que, même par ses caractères intérieurs , la Terebralula Jauberii se rapproche des WaLdheimia. Quant à l'appareil brachial , — 273 — nous n'avons pu jusqu'ici parvenir à l'isoler. Toutefois cet appareil devait être assez court, comme dans les Térébralules proprement dites , si nous en jugeons par une coupe que nous avons figurée pi. XLV , fig. 9 , de la Paléontologie française: on voit, en effet, que les branches currentes (a, b) de cet appareil sonttrès-divergenles dès leur origine , et que par suite elles annoncent un api)areil peu allongé. Cette coquille est fort variable et chaque localité a, pour ainsi dire, sa furme |)articuiière. Ainsi , dans la Sarihe , où l'espèce est rare , elle est très-globuleuse et de petite taille ; dans le département du Var, les échantillons sont très-dépiimés , affectent une forme élargie; le crochet est auîinci et le foramcn petit, à tel point que l'on a pu la considérer comme une sinq)le variété de la Ter. numismaLis. Les échantillons recueillis en Espagne par M. de Verneuil ont également leur physionomie particulière : leur forme e^t ovalaire, déprimée, leur foramcn un peu plus grand que ceux du département du Var; ils paraissent, du reste, être assez abondants, et iM. de Verneuil l'a recueillie dans un grand nombre de loca- lités. Nous dédions cette belle espèce à M. Jaubert , ingénieur du chemin de fer d'Italie , qui a bien voulu nous donner d'utiles documents sur la géologie du département du Var, et nous communiquer une série des plus intéressantes des Bra- chiopodes de ce département, PI, I , fig;. 1. Tcrebratula Jiiubcvti {E. Desl.), Échantillon provenant d'Ancluiela, près Molina (Aragon), et montrant une partie du moule interne. A. Muscles adducteurs. 0, Empreintes géni- tales ( Colleclion de M, de Verneuil). 18 — 21U — Sh", RHYNCHOINELLA MEUIDIO^ALIS , noo. sp. PI. XII , fig. i, 9. Testa maxime irilobatà, ad umbones sublavi, ad fron- lem et latera plicis subacutis et clatis, ad marginem accres- centibus instructà. Valv'.'i abrupte unitis. Valtarum com- missw'â dentatd , et per abriiptam iuflexionem anterioris lobi insigne ; in aream angustam ex lateribus abrupte re- s.ciam extensâ. /IJiiiori valvâ viediano allissimo bi aut tri- partito et projcctis ad latera lobis per aitam et angustam depressioneui segregatis noiatd. Majori valvd , altd et me- dianâ depressione , necnon abruptis ad latera lobis notatâ; apice crasso, brevi, vix incurvato, ad extremarn partem vix acuto. DiAG. Coquille assez grande , marquée de trois lobes for- tement projetés en avant et sur les côtés, à peu près lisse vers les crochets , mais marquée sur les deux tiers de son étendue de plis simples , peu prononcés d'abord et devenant de plus en plus profonds en se rapprochant des bords. Ces plis s'ar- rêtent subitement auprès du rebord des valves en détermi- nant une surface assez large , entièrement plane, sur laquelle la trace des plis s'imprime en dentelures rendues plus ma- nifestes par de nombreuses et profondes lignes d'accroisse- ment. Commissure des valves dentelée par les plis et offrant en outre une inflexion médiane énorme, suivant la courbure du lobe médian. Petite valve offrant un lobe médian exces- sivement élevé et se projetant à angle droit sur la région car- dinale, ce lobe marqué lui-même de deux ou trois plis pro- fonds. Grande valve offrant une large dépression non moins profonde et correspondant au lobe de la petite. Crochet épais, couri, !rès-peu recourbé et à peine aigu à son extrémité. — 275 — Couleur. — Bi'im foncé. Intérieur. — Inconnu. Obs. Celte espèce remarquable se rapproche des Rhynch. acuia, ringens et cynocepliala ; elle se dislingue de la Rlujn- choneila acuta en ce que son lobe médian est encore plus prononcé , que les plis occupent un plus grand espace , enfin que le nombre normal des plis du lobe médian est de deux ou trois , tandis que dans la Rhynch. acuta il est toujours ou presque toujours unique. Elledifi'ère également de la Rhynch. cynocephala , en ce que dans celte dernière les plis sont beaucoup plus aigus, que la surface lisse est bien plus grande, enfin que la taille est à peine le tiers de la Rhynch. meridio- nalù. Enfin , la Rhynch. ringens a ses plis bien plus ar- rondis ; le lobe médian est bien plus étroit : on ne peut donc la confondre avec aucune de ces trois espèces. La Rhynch. meridionalis est tout-à-fait absente dans le lias moyen du nord de la France, où elle est remplacée par la Rhynch. acuta. Elle abonde au contraire dans le midi , dans le déparlement du Var , par exemple , où elle est identique aux échantillons recueillis en Espagne par M. de Verneuil. Une remarque analogue a été faite pour hTer. Jauberti, qui est également très-nombreuse dans le sud et devient au con- traire très-rare vers le nord. Il est donc probable que ces deux espèces s'accompagnent et caractérisent par leur abon- dance le lias de la région pyrénéenne : de là le nom de meri- dionalis que nous donnons à celte remarquable coquille. Hab. Celle espèce est abondante en Espagne et a été re- cueillie par M. de Verneuil dans un grand nombre de loca- lités; les échantillons deVillar sont surtout remarquables par la netlelé des caractères. — 276 — PI. \II, Cig;. !i, '.>. llliync'.ioncUii mciidionolis ( E. Dosl.), Échantillons divers provenanl duiiasdei'KspagiiP. (Collection de M. de Veriieuil). — 11};. 5. — Moule intérieur de la grande \alve. A. Muscles adducteurs. R. Rétracteurs. 0. Empreintes génitales. S. V. Sinus \einou\ renfermant les organes gé- nitaux. Lias moyen de Villar (Es- pagne). (Collection de M. de Ver- neuil. ) — lig. G, il, l>, c. — Magnifique échantillon très-adulte pro- venant du lias moyen de Villar (Es- pagne). (Collection de M. de Ver- neuil.) — fig. 7, 8, 9. — Échantillons divers offrant des varia- tions dans le nombre des plis du sinus. Lias moyen de Villar (Espagne^. (Collection de M. de Verneuil. ) EXPLICATION DES PLANCHES DES TROIS PREMIERS FASCICULES (0. Planche 9 . P, 250. Fig. 1. Tliccidra cotnplunata (E. Des!.), intérieur de la grande valve, giossie. Lias moyen de May ( Calvados ). — 2. — — Intérieur de la petite valve de la mOme, grossie. Une croix in- dique la grandeur réelle. P. 251. Fig. oa,'>.Sp!rifriinarupe>.iris[E.DeAl. ). De grandeur naturelle, vue de face et de prolil. Lias moyen de Fontaine-Étoupefour (Calvados). (1) Par erreur, l'explication des planches des deux premiers fascicules a été omise dans le Bulletin de Tannée dernière; c'est donc aux plan- ches 1....8 du lluHi tin de l'année dernière que cette explicalion se rap- porte. L'explication des planches 9 ù 12 a Irait aux planches du volume de celle a:uièi'. — 277 — P.SSl.Fig.i. Siiirifcriiiii rupa-tris (E.Desl.).Échanlilloiieii partie brisé, pour faire voir la forme de l'ap- pareil brachial. — 5. — — Petite valve, grossie, nioiilraiil ù son pourtour les expansions fo- liacées des épines. May. • — 6. — — Portion grossie du test montrant les cicatrices des épines. — 7. — — Portion grossie montrant la nais- sance, la disposition des épines, leur base libre et leurs extré- mités se soudant en expansions foliacées. Planche 11. P. 202. Fig. 1 <(,/>. A'/;ii//t'i//(8. Fisî. 2 u, h.Tfrchraiiild ;WaI(llieimia) Verucuili{^. Desl.).Échan- lillon adulte montrant une pariie du moule interne de la petite valve. S, M. Septum mé- dian. A. Muscles adducteurs. Lias moyen? Obon (Espagne . — ^(i,b. — — Jeune érhanlillon provenant de Montalban (Espagne). S, M. Seplum médian. A. Muscles adducteurs. P. 264. Flg. U. — jlurelln (d'Orb.). Échantillon, de grandeur naturelle, provenant du lias moyen d'Obon (Espagne). Col- lection de M. de Verneuil. P. 2G4. Fig. 5. — >'r.s)/;)î«(7/« (Sow.). Échantillon remarquable, de grandeur naturelle , pro- venant du lias moyen de Mon- talban (Espagne). P. 2G6. Fig. G r/,/<. ,S>H-//Vn)i(7,').T?/?;/('rrt (Buv.). Échantillon offrant les ailes latérales très-développées ; lias moyen de Josa ( Es- pagne). Collection de M. de Verneuil. — 7. — — Échantillons à ailes très-courtes. — 8, 9. — — Échantillons ù ailes assez pro- noncées. — 10. — — Jeune échantillon ù ailes assez prononcées. Colleclion deM.de Veineuil. Planche XII. P. 266. Fig. 1. Spirlfcrina ronirota (Schlolh., sp.). Grand échantillon provenant du lias moyen de l'Espagne. Colleclion de M. de Vi rnciiil. — 286 — p. 206. Fig. 2o,b. ltfiijnclionell(iLycclli{Bâv.). Échantillon provenant du lias moyen de Josa (lilspagne). Collection de M. de Verneuil. — o a, b. — — Petit échantillon montrant seu- lement deux plis au sinus cl ressemblant beaucoup à la Rhynclu Oppeli, Même localité. Collection de M. de Verneuil. P. 21fu Fig. à. Rhyncliunella mcridionalis (E. Desl.). Moule intérieur de la petite valve. S, M. Scptura médian. A. Muscles adducteurs. N F. Foie. O. Empreintes géni- tales. S, V. Sinus veineux, du lias moyen de Villar (Espagne). Collection de M. de Verneuil. . — 5, — — Moule intérieur de la grande valve. A. Muscles adducteurs. R. lîétracteurs. 0. Empreintes génitales. S, V. Sinus veineux renfermant les organes géni- taux. Lias moyen de Vilkir (Espagne). Collection de M. de Verneuil. — &a,b,c. — — Magnifique échantillon très- adulte, provenant du lias moyeu de Villar (Espagne). Collection de M. de Verneuil. — 7, 8, 9. — — Échantillons divers offrant des variations dans le nombre des plis du sinus. Lias moyeu de Villar (Espagne). Collection de M. de Verneuil. M. le PrésidoiU annonce qu'il vient de se procufer une tète |)rc.squo entière de Téléosaure , recueillie au Mesnil de Bavent (étage callovieii) , dans les argiles qui servent à ali- mt'iiior une Uiilerif. — 287 — M. Eudes-Doslongchamps prcsenle, à ce sujet , les obser- vations suivantes : La tète de Teleosaurus présentée par M. IMorière est presque entière; il y manque l'extrémité du museau, quoique la partie postérieure de l'intermaxillaire droit soit restée en place; il y manque encore, des deux côtés, les arcades fronto-mastoïdiennes et zygomaliques ; à la face inférieure , les ptérygoïdiens sont enlevés, mais leur branche supérieure est restée sur !a gangue, qui, dans ce point , est fort dure et permet de voir que le caractère principal de la famille des ïéléosauriens est ici très-reconnaissable, La tète a été un peu écrasée de haut en bas et quelque peu déformée ; mais les os fracturés sont restés en place , un peu écrasés seule- ment, et les légers interstices entre les fractures sont remplis de calcaire cristallisé. La surface de la tête présente , dans certains points, de fortes rugosités, ce qui annonce un animal avancé en âge et que confirme d'ailleurs la grandeur des cel • Iules diploïques des os de la tête et le peu d'épaisseur du tissu compacte qui recouvre ces cellules. Cette tête ressemble beaucoup au Teleosaurus super ciliosus, dont M. Eudes- Des- longchamps possède une tête entière, trouvée dans le même terrain, à Sannerville. Cependant, outre les rugosités plus fortes dans celles du Mesnii, ce qui dépend simplement d'une différence d'âge , je ferai remarquer : 1". que, dans le type du superciiiosiis, la pointe des os du nez est distante de celle des intermaxillaires de 8 centimètres environ, tandis que dans la tête de Bavent la pointe des os du nez touche celle des inter- maxillaires, entraînant par suite un museau plus court et pro- portionnellement plus large; 2'. dans les fosses temporales, le frontal principal se prolonge latéralement au-dehors beaucoup plus que dans la tète de Sannerville. Je serais donc assez dis- posé à admettre que ce sont deux espèces différentes : les carac- — 288 — lèrcs désignés plus haut me paraisscnl bien snffisanls pour légiiiuier celte séparation. Cependant deux espèces de grands Téléosauriens , dans ce même terrain , ne pourraient être admises que sur des preuves évidentes. J'espère donc, par une étude plus attentive, arriver à préciser la question ; les résultats en seront consignés dans la troisième partie de mon grand travail sur les Téléosauriens. iM. le Président annonce avoir trouvé , sur une feuille de l'oseille cultivée, une soudure entre les deux bords du limbe, semblable h celle que M. Eudes-Deslongcliamps montrait , à la dernière séance , sur une feuille de Pelargonium. !M. le Président soumet également h la Société de beaux dessins , représentant des modifications de corolles en forme de pistils et de fruit du colza en rameaux foliacés, dans un état plus ou moins avancé ; altération (jui se voit fréquem- ment dans nos campagnes, mais qui ne paraît pas avoir suffi- samment attiré l'attention des phytologisies. M. Morière se propose de faire imprimer un travail à ce sujet dans le X^ volume des Mémoires de la Société. Le même membre montre également les dessins d'une Alliacée à tige volubile , dont il avait reçu des graines de la Californie et qu'il a élevée chez lui ; l'espèce paraît être nouvelle. Il se propose delà décrire, ainsi qu'une Bryone du même pays, venue également de graine , et dont les fleurs sont monoïques. Ce sera le sujet d'un autre mémoire. iVl. Eudes-Deslongchamps présente la note suivante : NOTE SUR UN CAS DE PYGOMÉLIE OBSERVÉ SUR UN FOULET NAISSANT ; Par M. Ecdes-Deslongchamps. Notre confrère , M. lo Cieic, m'a remis, le 17 mai, UM — 289 — poulet pygomèlc , iic dans son quartier et mort en sortant de l'œuf. La pygoraélie est une monstruosité observée souvent chez les oiseaux : j'en possède un assez grand nombre de cas, dont plusieurs des sujets qui les présentaient ont vécu jus- qu'à l'âge adulte, et dont le plus remarquable peut-être a été observé sur une bécassine tuée à la chasse, qui me fut remise, il y a déjà long-temps , par 31. de Formigny de La Londe. J'en ai doimé l'observation dans le t. VIII, p. 12, des Mé- moires de la Société Linnéenne. Mais, comme chaque cas présente presque toujours des particularités bonnes à noter , je vais décrire succinctement celui que m'a remis M. Le Clerc. Le sujet principal paraît bien conformé; il ne montre de remarquable : 1". qu'une sorte de plaie longitudinale longue de 15 millimètres, large de 3, située sur la région lombaire, et dont les bords, déprimés et amincis, ressemblent à ceux d'une plaie en train de se cicatriser. Cette plaie intéresse toute l'épaisseur de la peau ; 2°. les parois de l'abdomen ne sont qu'incomplètement formées : il reste une large ouver- ture ovalaire, entièrement bouchée par le jaune, qui fait néanmoins en dehors une saillie assez considérable; 3°. je n'ai pu apercevoir d'anus; U°. enfin , le groupe de vertèbres caudales paraît manquer tout-à-fait et le petit animal ne montre pas de croupion. Le sujet accessoire est situé dans l'axe du sujet principal , auquel il fait pour ainsi dire suite; il est fixé à la suite de celui-ci, auquel il est uni par du tissu cellulaire, des chairs et de la peau, et nullement par des connexions o:-seuses. Il occupe la place du croupion , qui manque entièrement, ainsi que je l'ai déjà dit. Le sujet accessoire est composé de deux membres postérieurs, égaux entr'eux, mais plus petits de moitié que ceux du sujet j)rincipal. Les deux cuisses exis- 19 — 290 — tent , on sent distinctement les dcnx fémurs à travers la peau; mais ces deux cuisses sont réunies entr'elles par une peau commune. Au niveau des genoux , les pattes sont dis- tinctes ; chaque jambe est isolée et mobile sur son fémur ; les tarses et les doigts sont de forme ordinaire et bien con- formés; les genoux sont dirigés en arrière , de manière à se fléchir en sens inverse de ceux du sujet principal; c'est-à- dire que si on supposait le sujet accessoire marchant, il le ferait dans une direction opposée à celle du frère principal : en d'autres termes, que ces deux anneaux sont orientés l'un par rapport à l'autre en sens contraire; l'un, pour être com- plet , ne manque que de croupion , et l'autre est réduit à l'existence des deux membres postérieurs, soudés dans leur partie fémorale. M. A. Fauvel fait part à la Société des remarques sui- vantes : REJVIARQTJES SUR QUELQUES POINTS DE L'HISTOIRE DE LA COCHENILLE Ou Kermès de la Vig^ne (Cocctta viti», Linné) ; Par M. A. Fadvel. M. Eudes-Deslongchamps me remit , ces jours derniers , un cep de vigne dont le bois était couvert d'un grand nombre de petites masses blanchâtres , ressemblant , au pre- mier aspect, aux flocons de matière cotonneuse que dépo- sent les araignées sur les végétaux. Ce cep lui avait été donné par notre confrère , M. Le Clerc , qui , lui-même, le tenait d'une tierce personne. Je ne tardai pas à reconnaître dans ces cocons, recouverts à moitié d'une pellicule navicu- laire , l'œuvre du Kermès ou Gallinsecte de la Vigne (1) (1) Gallinsecte de lu Vigne. Réaumur, Mémoires sur les Insectes , l. IV, p. Cl , pi. VII , fig. 5-7. - 291 — (Coccus vins , L. (1) ), et , désirant voir de près la vigne où ces parasites avaient élu domicile, je me rendis chez son pro- priétaire , qui me fournit obligeamment tous les renseigne- ments désirables sur l'époquo et les circonstances de l'in- vasion du Leucanium. D'après la quantité considérable de Kermès fixés sur la petite branche qui m'avait été remise ( plus de cent ) , je m'attendais à trouver le cep complètement envahi. Quelle ne fut pas ma surprise de n'en apercevoir que trois ou quatre, dispersés sur autant de branches et près de ter- miner leur ponte ! — La vigne en question , placée dans une serre à une exposition convenable , était des plus vigou- reuses et déjà couverte de belles grappes de raisin. Les Gallinscctes s'étaient fixés sur une seule branche , la plus inférieure, et on ne les avait aperçus qu'à la fin d'avril, époque où commençait la sécrétion de matière cotonneuse dont les femelles enveloppent leurs œufs. Immédiatement cette branche avait été enlevée et remise, partie à un membre de la Société d'agriculture , partie à M. Le Clerc , à l'obli- geance duquel j'en dus depuis la communication. Voyant le Leucanium pour la première fois , je pris des informations auprès des principaux jardiniers de la ville ; aucun n'avait jamais constaté sa présence. Je parvins pour- tant, à force de recherches, à trouver une seconde vigne qui nourrissait des Kermès; l'espèce, sans être commune, n'est donc pas étrangère à notre pays (2). Un point important ressortit pour moi de ma visite à la vigne attaquée : la présence de Kermès sur un cep des plus (1) Coccus vitis , Linn., Sysi. iiat. , \i. l\!i , n°. 16. -Geoffroy, Fabricius , Sclirank , Fourcro}, Oli\ier , etc. — Leucanium nitis des uu leurs modernes. '2j Elle est al)oiidaiile dans les vignobles de quelques (lépartcnicnts méridionaux et y cause parfois des ravages considérables. — 292 - vigoureux. Les entomologistes, en effet, ne sont pas d'accord sur le point de savoir si les Gallinsectes sont la cause de la maladie de l'arbre qu'ils allaquenl, ou s'ils ne s'en prennent qu'aux arbres déjà malades. Le fait que je rapporte tendrait à prouver que la première opinion , quoique moins accré- ditée que la seconde , n'est pas dépourvue de preuves et mérite d'être prise en considération. En possession de ma branche de vigne , je vis bientôt éclore les petits Leucanhim. D'abord il n'en apparut que quelques-uns , mais le nombre en augmenta rapidement , et, après trois ou quatre jours, ils s'étaient répandus par myriades sur l'écorce avoisinanle et la soie blanche des nids , qu'ils recouvraient comme d'une fine poussière rougeàlre. L'éclo- sion complète dura quinze jours environ. Les petits , au sortir de l'œuf, ont à peine 1/3 de millim. de long; ils sont pourvus de deux antennes, six pattes et deux soies anales. Ils sont peu agiles et leur accroissement se fait avec lenteur ; ce n'est que vers la fin d'août qu'on dis- tingue nettement les deux sexes de l'espèce. Un mois plus tard, les mâles, remarquables par leur petite taille, ont ter- miné leur période évolutive et se métamorphosent; on ne trouve plus alors que les femelles, qui continuent de grandir sans changer de forme jusqu'à l'hiver , qu'elles passent dans l'état d'inertie où on les trouve au printemps ; encore le froid en détruit-il un grand nombre. Les mâles , sur le compte desquels on a jadis beaucoup discuté , sont aujourd'hui bien connus ; ils sortent de leurs chrysalides au commencement d'octobre , et sans doute l'ac- couplement a lieu à cette époque, car il ne paraît pas qu'on en rencontre au printemps. Ils sont rougeâtres avec les ailes blanches bordées de rouge extérieurement , les antennes et le corselet noirs ; l'abdomen est terminé par un filet médian et deux soies allongées. — 293 — La nature a créé an Leaca?i»/m i;/rj5 plusieurs ennemis , utiles auxiliaires de l'hoinme dans l'œuvre de destruction de cet insecte nuisible. Nous devons à un entomologiste dis- tingué, M. Goureau , d'en connaître l'histoire intéres- sante (1). Deux de ces parasites sont de petits hyménoptères, de la tribu des Chalcidiles , V Encyrius Sivederi , N. D. E. , et VEidophus scuieUarius du même auteur; ils pondent dans le corps du Gallinsecie , où leurs larves se développent ; le troisième (2) est encore un hyménoptère , de la tribu des Crabronites, la Celia ttoglodytes, Schuck. , qui s'empare des petits Gallinsectes à leur éclosion et les porte aux nids où elle a déposé ses œufs ; le dernier est un petit diptère , Leiicopis annulipes , Zett. , qui dévore les œufs après la ponte. Les Leucanium se trouvent à peu près par toute la France, quoiqu'ils habitent de préférence les pays vignobles des pro- vinces méridionales. Il semble que l'année de sécheresse qui s'écoule a été favorable à leur développement; car, d'après les renseignements que j'ai recueillis dans plusieurs départe- ments du Midi , ils se sont multipliés sur un grand nombre de points où précédemment ils étaient inconnus, et, tout récemment encore , un membre de la Société entomologiquc de France signalait leur apparition dans les vignobles de la Touraine (3). Ce n'est que dans ces derniers temps qu'on a entrepris des recherches sur la matière dont se composent les fils pro- duits parle Kermès. C'est une substance soyeuse, légèrement gluante et adhérant facilement aux objets avec lesquels elle (1) Annal. Soc, eiitum. Franc, 1863. Dullclin , p. 3. (2) Goureau, Les Insectes nuisibles aii.v arbres fruitiers , etc. Bul- letin de la Soc. des scienc. Iiist. et natur, de l'Yonne, 1861, 3*. trim., p. l/i5. (3) ^(iH. Soc. ent. Fr., 1863. Bull., p. 22. — 29/i - entre en contact, assez analogue, du reste, à celle que sécrè- tent certaines Arachnides. Chaque fil est d'une ténuité extrême et, soumis au micromèirc, mesure à peine 0'",002 à 0"\00/i. Je renvoie, du reste, pour d'autres détails, à une note récente d'un auteur anglais, M. J. Queketl (1) , qui traite de la nature de celte sécrétion singulière. Passons aux moyens de détruire le Kermès. Il faut con- stater d'abord que le mal qu'il peut causer aux vignes dans nos contrées est peu redoutable avec le mode de culture généralement adopté pour cet arbuste. Cependant, comme il n'est pas impossible que sa multiplication sorte des limites actuelles , il convient d'indiquer par quels remèdes on devra la combattre. Je ne parle pas de celui qui consiste à couper au i)ied la branche envahie , ou même la vigne tout entière; ce fut pourtant cette medicina in extremis que , sur le con- seil de gens bien avisés , on mit en pratique pour la vigne qui fait l'objet de cette note. Mais, pour être moins radicaux, il existe des remèdes aussi efficaces , et les horticulteurs feront bien d'user, suivant les circonstances, de ceux ci- après, puisés dans la connaissance des mœurs de rinsectc, première condition de supériorité contre nos microscopiques ennemis : Surveiller la vigne en avril , et , dès que les premiers cocons apparaissent , les enlever avec la main recouverte d'un gant ou avec un couteau de bois ; Écraser le cocon sur les branches, à la même époque; Laver les ceps 5 l'eau de chaux ou avec des infusions de cendre , de tabac , d'aloès. Le lavage est utile pour détruire , après l'ablation des (1) Obsci valions on Ihe structure of Ihe wliite (ilamentous substance surroundinf!; ihe ( Coccus viris ) Mealy Bug. — Traitsacl. microscop, Societij, sOr. 2, 1858, t. VI, p. I-/1. — 295 — cocons, les œufs ([ui resteraient encore sur la branche, ou , après l'éclosion des petits , les Leucanium qui se seraient répandus sur l'écorce et les feuilles. On pourrait encore se servir de poudre de pyrèthre ou d'autres poudres insecticides; mais leur emploi en grand est moins praticable et leur efficacité moins certaine. Je borne ici cette note, déjà trop longue, par une remarque à l'adresse, non plus des viticulteurs, mais des curieux de révélations historiques. Dès la plus haute antiquité, ces cocons d'un blanc argenté, qui soudain apparaissent aux pre- miers jours du printemps et émaillent les vignes conmie de flocons de neige, frappèrent la vue et l'imagination des peu- ples. Comme la cause de ces productions insolites restait cachée et qu'un événement trouvait d'autant plus de crédit qu'il touchait de plus près au surnaturel , on en tira des signes pour le présent , on y chercha des présages pour l'avenir. Plus tard on reconnut que ces masses, blanches à l'origine , perdaient tout à coup leur éclat et se coloraient de rouge plus ou moins intense. Cette transformation resta éga- lement inexpliquée , mais on conmiença à désigner par une appellation générique la matière colorante qui naissait de ces flocons neigeux. Il existe mainte preuve authentique de cette renommée du coccus ou cochenille chez les peuples anciens; je n'en citerai qu'une : elle est tirée de la Bible et fait le sujet d'une curieuse allégorie dans la bouche d'un prophète exhortant les Juifs à la pénitence : « Si peccata vestra fue- " runt ut coccus, nive redduntur albidiora, si rubent instar « purpurae, sicut uativa lana fiunt. >•■ Vulgate, haïe, ch. i". , V. 18. — Je ne sais si je dois ajouter que cette révé- lation n'empêcha pas un célèbre médecin et professeur en philosophie de, Bologne , Dominicus G aléas ou Galeatius, de signaler , vingt-cinq siècles plus lard , en 17^5 , le même Coccus comme un insecte inconnu jusqu'alors , dans son — 29G — traité De insecio quodam novo in vite rcpcrto (1). Tant il est vrai que les tapstis de mémoire échappaient aux savants du XVIII'. siècle comme à ceux du XIX''. ! M. Perrier présente le travail suivant : TROISIÈME NOTE SUR le: I'»RIMflJl..% ^i^ItlJVBILIIS(Ooupil); Par le D'. Alfred Perrier. Je croyais la cause de l'hybridité jugée en faveur du Pri- mula variabilis. A l'autorité des noms les plus illustres dans la science viennent se joindre, chaque année, des témoignages aussi consciencieux qu'éclairés (2). Cependant de nouveaux adversaires se présentent. Dans la séance du 25 avril 1862 de la Société botanique de France, M. Alph. de Uochebrune a revendiqué comme espèce le Primula variabilis , se fon- dant , comme l'a fait antérieurement M. le D"". Lebel , sur la fécondité de ce Primula et sur sa station éloignée de celle de ses congénères. <» En examinant , dit M. de Rochebrune , les stations des • environs d'Angoulême, nous constatons deux localités pour « le Primida variabilis : la première dans le bois de « Cimarrc, sur un terrain ooliihiquc humide , où la plante (1) Comment. Bonon. , 1745, P. 1 , p. 78-80 , et 17/i6, t. Il, P. 2, p. 279-284. (2) Mon honornble collègue, M. de Bouiiechose, m'a fait parvenir celle année une ample colleclion de P. variabilis. Ces écliantillons provenaienl des environs de son cliùleaii de Cîary, près Dii)eu\ (Cal- vados) ; ils in'onl olFerl les formes les pins variées enire les /'. grandi- flora cl ufficinalis, espèces très-ahondaitles dans celle contrée, ii l'exclu- sion de Vetatior. -^ 297 — « est Irès-raro cl où le P. grandiflora manque couiplèle- <■ meiU; la seconde dans la Ibrèt de Basseau , sur un terrain << d'alluvions anciennes, où, à la suile d'une coupe d'une " partie du bois , l'espèce s'est montrée très-abondante et <' continue à croître depuis ; là, absence complète du P. ofji- « ciualis. Le P. grandiflora est très-commun dans la gèné- « ralité de nos bois, particulièrement ceux qui sont humides « et ombragés, tandis que le P. variabiiis préfère les taillis " rocailleux. « Quant au P. officinalis , très-commun aussi dans ses « différentes stations , on ne le rencontre que dans les prai- « ries et beaucoup plus rarement sur le bord des bois « humides. » Est-il bien démontré (|ue , dans une contrée où abondent les deux espèces auxquelles on rattache , à tort ou à raison , l'origine du P. variabiiis , cette plante se soit dével()|)pée sans le concours de ses parents supposés ? La disparition ancienne ou récente du P. grandiflora ou du P. officinalis n'est-elle pas aussi bien admissible? Je connais à Lisorcs (Calvados) une station de P. variabiiis parsemée, il va deux ans, de grandiflora et d' officinalis, qui n'a donné , ce printemps, aucune tige floiùfère de cette dernière espèce ; il est vrai que le bois était très-couvert cette année , et per- sonne n'ignore que le P. officinalis ne se plaît que dans les lieux aérés; d'ailleurs, sa floraison est généralement très- lardive , ce qui peut quelquefois entraîner des erreurs. Le transport du pollen par les insectes ne peut-il pas aussi remplir un rôle important dans l'hybridation des plantes? Les savants travaux de M. Henri Lecocq sur la fccondaiion indirecte dans les végétaux viennent certainement légitimer cette supposition ! Quant à la fécondité du Primula variabiiis , je l'admets incontestablement , sauf que mes conclusions ne sont pas — 298 — celles de mon iionorablo collègue trAngoulèmc ; M. de Rocliebrune atteste la reproduction de l'espèce par les semences du porte-graines , reproduction identique avec les échantillons-mères. Aux conclusions de IM. de Rocliebrune j'opposerai les faits que voici : 1°. Des semences de P. variabilis confiées, l'an dernier, aux soins de M. Duhamel , de Camembert , membre de la Société botanique de France , ont donné, ce printemps , des tiges de P. offici7ialis type , entremêlées de fleurs acaules, avec un pied de P. grandi fiera, var. purpurata. 2°. Dans une contrée graniti(jue de la Mayenne, à Lassay, où je ne connais aucune station de P. variabilis, j'avais réuni depuis long-temps des échantillons d'officinalis et de grandi flora dans l'espoir d'obtenir des semis ; j'y ai trouvé, cette année, deux jeunes pieds de P. variabilis parfaitement caractérisés. Si je n'ai pas rencontré jusqu'à présent cet hybride dans les environs , c'est que ses deux générateurs sont presque toujours fort éloignés l'un de l'autre. 3°. Enfin, voici ce que m'écrivait dernièrement le savant naturaliste d'Angers, iM. Boreau : I' La nature hybride du Primida variabilis ne peut être « contestée , parce que j'ai obtenu de ses graines : un P. « variabilis type, un P. officinalis et un P. grandi/lora. » Il m'est arrivé plusieurs fois de rencontrer dans des semis de primevères variées quelques types de P. grandiflora et de P. variabilis. ^ 'est- ce pas au P. variabilis qm^ la plupart des natura- listes, particulièrement RI. Boreau, rapportent l'origine de ces innombrables et brillantes variétés qui font l'ornement de nos parterres, et que Kock et ses copistes font descendre du Primtda elatior? Niera-t-on les fécondations artificielles obtenues par IM. Lecocq sur le P. grandi/lora par le P. pur- — 299 — purea, qui lui ont oITert des formes de variabilis si tran- chées (Soc. bot. do Trauce , séance du 25 avril 1862)? L'exclusion du P. eiatior n'est pas justifiée pour cela : la coloration, quelquefois pourprée, de sa corolle et surtout sa grande propension à l'Iiybridité ont dû la faire rechercher par les horticulteurs. Revenons maintenant h l'examen comparatif du P. varia- bilis de la Charente et du variabilis normand. Ce dernier ne diffère , en aucun point , de la plante de Goupil , ce que j'ai démontré précédemment (1). Le Prinmla d'Angoulême pré- sente invariablement des feuilles brusquement anémiées en pétiole ailé; le Primula de la Normandie a les feuilles insensiblement atténuées en pétiole , sauf dans les échantil- lons qui reviennent sensiblement au type de ïofficinaiis. Le calice à dents aiguës, lancéolées, égalant la moitié du tube et se courbant en-dedans s'adapte beaucoup mieux au P. eiatior qu'au variabilis , dont le calice est plus ou moins évasé, à dents élargies à la base , souvent aussi long que le tube de la corolle et fortement écarté de la capsule après la déflorescence ; le calice n'et.t étroit, à dents aiguës lancéo- lées, que lorsqu'il ter.d à passer au P. grandiflora ombelle. M. de Rochebrune tient compte de !a forme du calice des Prinmla dans l'appréciation des espèces et de leurs hybrides. En cela je partage son avis ; je crois même qu'il est facile de caractériser l'espèce , ou ses différents modes d'hybridation , d'après l'inspection du calice et de la capsule ; ajoutez-y l'examen des feuilles , une méprise me paraît impossible. Il faut donc croire que le P. variabilis d'Angoulême dif- fère essenliellemenl de nos types , car je ne puis supposer qu'un botaniste aussi éminent que 31. de Rochebrune l'ait confondu avec le P. eiatior; celte instabilité dans les (1) Deuxième note sur le P. varinOilis , p. à. — 300 — formes, suivant le cliinai et le sol où la plante se propage, ne serait-elle pas encore un témoignage en faveur de l'hy- bridité du variabilis? Les autres signes différentiels énumérés par M. de Roche- brune ont trop peu d'importance pour les rappeler ici. Je m'arrêterai cependant sur la villosité du style, que je n'avais pu constater les années précédentes; ce caractère m'avait sans doute échappé parce qu'il n'est apparent qu'en raison du rapprochement consanguin du variabilis avec le P. offi- cinalis. L'initiative de cette découverte appartient à Durand- Uuquesnay , notre bien regretté collègue , qui consigna , en 1842, dans un Mémoire encore inédit, le résumé de longues observations critiques sur les différentes formes qu'affectaient les Primula des environs de Lisieux et de Pont-l'Évèque. Ce mémoire fut inspiré à l'auteur par la publication de la Flore parisienne de ftJéral , qui , contrairement h l'opinion de la plupart des botanistes modernes , crut devoir revenir au sentiment de Linné, qui n'admettait dans nos contrées qu'une seule espèce , sous le nom de Primula veris , dont les autres n'auraient été que des variétés (1). Je ne connais- sais pas celte monographie lorsque j'abordai l'étude des Pri- mula de la Normandie, et je puis affirmer que mes observa- tions sont parfaitement conformes à celles du naturaliste consciencieux dont les connaissances étendues ne le cédaient pas à l'esprit d'analyse le plus pénétrant. L'opinion de Durand-Duquesnay , appuyée du contrôle du savant auteur de la Flore tiormande , M. de Brébisson , serait suffisante pour résoudre la question de l'hybridité du P. variabilis, si les formes anormales que paraissent revêtir les Primevères (1) Je dois ce liaviiil iuiporlanl à la bienveillance de mon savant collègue el ami , M. Gahéry , de Lisieux, légataire du riche herbier et des manuscrils de Durand-Duqnesnay. — 301 — suivant la diversilé du terrain, ne venaient soulever quel- ques doutes : ainsi , M. de Rochebrune prétend ( Cat. rais, pli. Char., p. Idl) (|ue la brièveté et la longueur du style n'existent que dans les Primula ofjicinalis, et c'est d'après cette considération qu'il a créé la variété brevistyla. Que les botanistes de la Charente prennent la peine de venir observer \çs Primula Au Calvados et de l'Orne, ils retrouveront ce cachet sur nos trois espèces et même sur le variabilis. MM. Vaucher, de Genève; Charles Darwin; Lecocq, de Cler- mont , et tant d'autres observateurs émérites n'ont-ils pas consialé qu'il y a dans la plupart des Primevères autant d'individus cloués qu'il y en a d'œiUés ? C'est ainsi que les horticulteurs distinguent les corolles dont le stigmate fait saillie de celles dont le style est inclus. On regarde généralenienl la stérilité des fleurs comme le caractère le plus tranché des hybrides; celte supposition n'est plus soutenable aujourd'hui (Voyez le Bulletin de la Soc. bot. de France, t. VIII, p. 11 , et surtout le savant mémoire de M, Alfred Wesmael, sur la fécondation au point de vue des croisements et des hybridations, publié dans le Bulletin de la Fédération des Sociétés d'horticulture de Belgique, p. ^15. 1863). « On peut être certain d'un fait, dit M. Lecocq (De l'es- « pèce et de ses croisements dans le genre Mirabilis) , c'est « que tous les végétaux hybrides ne sont pas stériles, CI puisque nos plantes croisées donnent des graines en petite « quantité, mais des graines fertiles, et que, en croisant ces « hybrides avec leurs propres parents , on obtient des sujets « d'une grande fertilité. Des .17 «V<'j/>î7/5ja/«;;rt, hybrides par « des hybrides , me donnèrent des graines nombreuses et , « par suite , des plantes extrêmement curieuses et presque « toutes fertiles. » ( Bulletin de la Soc. bot. de Fraiice , t. IX, p. 229). — 302 — J'ai réuni clans mon jardin la plupart des formes iniermé- diaires entre les Primula grandiflora, officinalis el elaiior, et tous ces métis m'ont donné, celte année, des semences en abondance ; les pieds de grandiflora et à'elatior types ne m'ont pas offert la moindre trace de fructification. Faut-il conclure de là que ces dix ou douze représentants à formes bien distinctes sont des espères? Dans quelle catégorie fau- drait-il alors placer le grandiflora et Yelutior , qui , dans certaines localités, fructifient très-rarement? M. de Roche- brune attribue la stérilité du P. grandiflora aux ravages d'un petit gastéropode, le Vertigo pygmcta, qui s'introduirait par l'ouverture du calice sans en endommager la paroi et ouvrirait les ovules avant leur maturation. Je no suis pas encore parvenu à surprendre cet animalcule ; je soupçonne- rais davantage l'action dissolvante des terres argileuses et humides , d'autant mieux que le P. grandiflora présente une grande fécondité dans les contrées granitiques et sablon- neuses de l'Orne et de la Mayenne. M. Lecocq a prétendu ( Soc. bot. de France , séance du 25 avril 1862) que l'on ne trouvait jamais ensemble les quatre espèces de Primula et que partout où se montrait le P. variabiiis il n'existait pas (ïetaiior. L'habile professeur de Clermont conclut, d'après cela, que le P. variabiiis n'est qu'une variété de Velatior. Le D^ Lebel a déjà combattu celte erreur (Bulletin de la Soc. bot de France, t. IX, p. /i38) , et je puis démontrer que les trois espèces vivent, dans plusieurs stations de la Normandie, en relations intimes avec le variabiiis , par exemple à Lisores et au Billot ( Cal- vados), où MW. de Brébisson et M. Duhamel ont pu les observer plusieurs fois avec moi. Là, les P. grandiflora q\. elatior ont une telle disposition à s'hybrider entre eux qu'il devient souvent difficile de déterminer l'origine de chaque re- jeton, tandis qu'ils conservent invariablement le caractère spécifique à leur lignée , tant qu'ils vivent isolés. — 303 — Duiand-Duquesnay étant le premier qui ait protesté contre la légitimité du P. variabiUs de Goupil comme espèce , je suppose qu'on ne lira pas sans un vif intérêt le résumé de ses observations : " Les trois espèces de Primula , dit le boia- « niste lexovien (mémoire inédit) , ont chacune des carac- « tères qui leur sont propres et qui les distinguent très-bien, « Parmi ces caractères , il en est un dont je ne sache pas « qu'aucun auteur ait parlé et qui isole complètement le « Primula officinalis des deux autres espèces. Dans ces i< deux dernières, le style est parfaitement glabre; dans le « P. officinaiis il est chargé de poils courts , visibles à la « loupe. Vus au microscope , ces poils sont coniques, obtus « et composés de trois ou quatre articles ou cellules. « Aux environs de Lisieux, où les trois espèces sont « extrêmement abondantes, elles affectionnent des stations « diverses : le P. officinalis aime le ciel ouvert et se trouve « en grande quantité en plein pré et sur les coteaux her- (' beux ; le P. grandiflora habite le bord des bois , des « haies et les coteaux boisés ; le P. elaiior, les prés frais, le « bord des ruisseaux , le fond des ravins humides et cou- « verts. Quand les diverses stations que je viens d'indiquer « se trouvent l'une près de l'autre , les espèces se rappro- « chent quelquefois jusqu'à se toucher, sans se mêler jamais « complètement, chaque espèce restant toujours presque ex- « clusivement dans la station qui lui est propre. Ce rappro- « chement donne lieu probablement à la fécondité d'une » espèce par l'autre et produit la plupart des variétés que « Linné , et plusieurs botanistes après lui , ont regardées « comme des modifications d'une même espèce , et qui sont " alors des hybrides; ce qui n'empêche pas le type de cha- « cune des trois espèces de se perpétuer en grand nombre « et de conserver les caractères qui servent h les distinguer. « Je suis donc convaincu, autant qu'on peut l'être sans se — 30/t — (< livrer à des essais de culliire qui exigeraient beaiicoii|) de (i temps el de soins, que le P. grandiflora, qui se trouve « en contact avec les denx autres espèces, les féconde l'une « et l'antre ou est fécondé par elles, et que c'est h ce croise- (I ment que l'on doit attribuer la plupart des formes que ce <' genre présente dans nos contrées. Je dois dire comment <' cette conviction est entrée dans mon esprit. « Depuis plusieurs années , j'avais reniarqué une Prime- M vère tenant exactement le milieu entre le P. officinalis et « le P. gnmdi/lora : hampes de 2 décimètres environ, avec « une ombelle de (leurs portées sur des pédoncules assez « longs; calice ouvert, à l'entrée vaste, incane comme le /'. « ofJicinaLis , mais plus anguleux et h dents plus longues, « plus aiguës; corolle plus grande, plus ouverte, d'un jaune (( moins vif que dans celte dernière espèce, mais plus petite, (( moins plane et d'un jaune beaucoup plus prononcé que u dans le P. grandiflora. Cette jolie variété , qui se trouve « toujours dans la station des P. officinalis et grandiflora , " je la considérais depuis long-temps comme un hybride de « ces deux espèces. « L'année dernière, lorsque j'eus remarqué que le P. « officiîialis a le style velu , je n'eus rien de plus pressé (( que de voir si la plante que je regardais comme lui tenant u de si près n'avait pas aussi quelque ressemblance avec elle (( sous ce rapport , et je remarquai avec satisfaction que son « style portail aussi des poils, peu nombreux à la vérité, « mais suffisamment pour constater la parenté. 11 y a même « bon nombre d'individus dont le style est glabre : cette << variation lient peut-être au mode de fécondation , selon (( qu'elle s'opère an moyen du pollen de l'une ou de l'aulre « espèce. Si j'avais un semblable moyen de vérification <( pour les autres variétés, j'acquerrais probablement la con- (1 viction (jue la plupart des formes intermédiaires qui se — 305 — « renconlrent toujours là où les P. elaiior ol grandiflora (( sont eu coulaci, et qu'on ne sait auquel des deux atlri- « biier, sont dos li\ brides de ces deux espèces. >> L'an dernier, dans une localité où les P. ofpcinal/s et ela- liur se propagent en dehors du voisinage du P. (jrandlfJorn, j'av.'lis observé une variété de Primida (|ui me parut offrir la plus grande analogie avec le P, laicrijlova que Goupil a décrit et figtiré dans les Mémoires de la Société LiMnécniK.' de Paris, année 182'!, p. 236. J'ignorais alors que Durand- Duquesnay avait conimuni(iué cette curieuse variété à M. Boreau , qui l'introduisit dans la Flore centrale sous le nom de PrimuLa elaiior , var. parvtflora. Voici la descrip- tion qu'en donnait, en 18/i2, le naturaliste de Lisieux : (( Fleurs au moins deux fois plus petites que dans l'espèce; « calice à dents courteineni acuminées , longuement dépassé (- par le tube de la corolle. » ;r(if, fyr,fu J'ai retrouvé, ce printemps, cette forme anormale en grande abondance dans les prairies humides de Lisores ((Cal- vados). J'ajouterai que les divisions calicinales , fortement déjetées en dehors, n'atteignent pas le milieu de la capsule, qui est plus ou moins cylindrique et souvent un peu tordue.' Cette règle n'est p urlant pas sans exception : j'ai rencontré des échantillons dont le calice recouvrait la capsule en entier, même à l'époque de la maturité des graines. Ces métis, ou plutôt ces hybrides, sont presque tous fertiles ; leurs feuilles tiennent le milieu entre celles de Vofficinalis et de V elaiior , c'est-à-dire qu'elles sont plus ou moins brusquement atté- nuées eu pétioU' , à moins qu'elles ne se développent au milieu de longues herbes : alors, le disque s'allonge insensi- blement sur le pétiole , ce qui a lieu pareillement pour le P. elaiior. M. Adolphe (iiihler a publié, dans le Bulletin do la Soc. bot. de France, t. Vil , [). 872, un article sur un hybride 20 — 300 — qu'il a découvert dans un endroit ombragé du parc de Mille- mont , près Montforl-rAinaury (Seinc-et-Oise) , au milieu d'une très-grande abondance de P. officinaUs et de quelques toufTes de P. elatior , et qu'il a nommé cLaiori-officinalis. <■ (les pieds de Pritmda, dit l'auleur, m'ont paru participer « à la fois des caractèi'cs des deux types primitifs: ils se rap- « proclient de la Primevère élevée par leur hampe plus (t grêle, leur ombelle |)auciflore, 3-i flore seulement ; par « leur corolle plus grande, à limbe moins concave ou presque <( plan. iMais leurs calices sont pubescents, blanchâtres, « tomenteux , à peu près unicolores, grands et largement (( ouverts, comme dans la Primevère officinale. Ainsi, le ver- ce ticille interne du périanlhe rappelle le P. elatior , tandis « que le verlicille externe, plus voisin des feuilles, est seiii- (< blable au verticille homologue dans le P. ojjicinaiis. Les (' feuilles, elles-mêmes, ne diffèrent point de la forme com- « mune aux deux espèces voisines. » Il n'est pas douteux que celle descrijjlion ne pourrait s'appliquer à la variété parvifïora de M. Boreau. La hampe à ombelle paitci flore ; la corolle plus grande que celle de /'elatior , à limbe moins concave ou presque plan ; le calice pubescents blanchâtre , tomenteux , à peu près unicolore , grand et largement ouvert, nous rappellent tous les carac- tères du variabilis. Que ce soit un hybride? C'est possible ; ces produits peuvent varier à l'infini. Mais je n'accepte pas la dénomination qu'on lui donne : elle convient aussi bien à nos formes variées, produits incontestables, suivant moi, des P. officinaUs et elatior. Quel que soit l'arrêt suprême de la science, il n'en sera pas moins constant, pour l'observateur qui voudra étudier sérieu- sement cette question dans nos contrées normandes, que les Primula grandiflora , officinaUs et elatior, dès qu'elles vivent en contact, donnent lieu à des productions fort lemar- quables , que ce soiint des métis ou des hybrides. — 307 — N.-B. — La planche qui accouipagne telle notice esl due aux soins obligeants de mes deux habiles collègues, MM. Ku- gène Deslongchamns et Albert Kauvel ; elle a été dessinée sur le vif. C'est la reproduction exacte de notre Primtda variabilis type, que les botanistes pourront facilement con- fronter avec les \ariét('s de chaque pays. M. Morière donne lecture de la noie suivante : NOTE UNE AGGLOMÉllATIO^ CO.XSIDÉr.ABLE DE MOULES ( \nriLVS GlU PHOIDES?) Tt'ottrée i coiidiiii . sans lu'sitation , à la rapporter à Ci'lie des Hyacint lices , <\m ont lui périar)the lubulciix ou di\isé profoudéuieut eu six seguieuls, les élamiues insérées sur le périanlhe ou rareuîent hypogynes , et un fruit caj)- sulaire Les difiicultés deviennent plus grandes lorsqu'on clierciie à passer de la trihuau genre : lout en piésenîanl un caractère coMunun avec certaines espèces du gerne AiiiUCA (3 éianiines stérihs ou staniinodes ) , notre Liliacée oITre un ensemble de caractères qui ne perinetlenl pas de la séparer du genre Allii M : des fleurs en ombelle sortant d'une spatlie bivalve, un périanlhe coloré régulier, persistant, à 6 folioles soudées seulement un peu plus haut ijue dans les espèces connues ; un ovaire sessile triloculaire , surmonté d'un style dressé , que termine un stigmate obtus ; une capsîde ci trois loges; — mais la formi" et le mode d'insertion des éîamines , l'alter- nance constante de trois étamines fertiles avec trois stami- nodes ne permettent pas, il nous semble, de considérer noire Liliacée comme étant simplement une espèce par- ticulière du genre Allium : son androcée et son port doivent en faire une section spéciale , qui a l'avantage d'olïrir un lien entre le genre Allium et le genre Albuca. Nous proposerions alors d'en former un sous-genre à part , auquel on donnerait le nom du voyageur qui a fait connaître cette Liliacée; le nom spécifique serait tiré d'un caractère très-remar(îual)lc et très-rare dans les Ijliacées : la volubilité. Noire fjliacée serait alors le Hupatlci/a volubilis ; et, dans le cas où les botanistes n'en feraient qu'une espèce du genre Allium, on pourrait la désigner sous le nom iV Allium vo- lubile. Nous ne croyons |)as (|ue celle Liliacée soit connue en France; l'est-elle en Atigleleri-e? Il nous a été impossible de le — 317 — vérifier. Dans tous les cas, notre noie aura au moins l'avantage d'appeler l'altenlion des bolauislcs sur une plante extrêmement curieuse ; et si elle ne conserve pas le nom que nous venons de lui donner , nous apprendrons alors celui (prelle porte, dans le cas où (Ile aurait été déjà décrite. Le sous-genre Rupalteya et l'espèce Rupaileya volubilis pourraient être caractérisés de la manière suivante : i;UI»ALLEYA, Nob. Perianlhe sexfido , hexandro. Stamina : 3 fcrlilia , scpalis ituerioribus partitn adhereniia , antheras ad basim lujularuin nec lenninales qerenlia ; 3 sterilia , seu polius staminodia , sepnlis exlerioribus parlim adhereniia. Cap- sula triloculari , quatuor ovidos gerenie. Stylo prisinaiico triaiigulari et stigmate trilobo. Siipite volubili. i. RUPALLEYA VOLUBILIS, Nob. Bulbis lunicatis , folia ovato-lanceolata emittentibus, Floribus spatha bi seu aliquando tri vel quadrivalvi in- clusis , umbcllaiis , roseis , marcescentibus. Tubo sex carinato , urceolato. Siipite dextrorsum volubili usquc ad sex pedes alto. Meuse aprili iisque ad Julium florens. California , in pascuis. Après discussion , la Société arrête que sa promenade lin- néenne aura lieu le 12 juillet , à Trouville et aux environs, et que des lettres seront adressées, à ce sujet, à nos membres correspondants de la Normandie. !M. Euues-Deslongcliamps et son fils présentent , comme membre correspondant, )I. de Verneuil, membre de l'Institut et paléontologiste , à Paris. A dix heures la séance est levée. s '".ANGE DU 6 JUILLET 1863. Présidence de 11. MOISSiJSi:. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. De la part de S. Exe. M. le Ministre de rinslriiclion pu- blique cl des cultes : Reiue des Sociétés savantes, n"-\ des 5, 12, 19 et 26 juin et du 3 jiùliot 1863. De la part des auteurs : Catalogue des Lépidoptères de la Gironde , par .'\î. Tri- boulet; iii-S". , 68 pages. Bordeaux, 1858. Plantes rares de la Gironde, par MM. Des Moulins et Lespinasse ; iu-8". , 20 pages. Bordeaux, 1863. Discours prononcé par M. le chevalier de Maijuard au Congres scientifique de France réuni ci St. -Etienne ; in-/r\, 7 pages, Paris, 1863. Remarques sur le Leptinus testacens, par M. A. Fauvel ( Extrait des Annales de la Société entomologique de France, 1". trimestre. 1863). La Société a reçu , en échange de ses publications : Annales de la Sociéic d'horticulture et de botanique de l'Hérault , t. III, n". 2. Bulletin de la Société académique d'agriculture , belles- lettres, sciences et arts de Poitiers , n"\ 75, 76 et 77 (mars, avril et mai 1 863 ). — 319 — Bulletin de la Société d'agriculture , sciences et arts de la Sartlie , 2". série, t. I\ , 1". Irimeslre , 1863. Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, nniu'e iSG'i, t. XVI, h". Uiineslre. Annales dii Comice horticole de Maine-et-Loire , mmée 1863, l". trimestre. Annales de ta Société Linnéenne du département de Maine-et-Loire , 5'. année. 1862. Maître Jacques, Journal populaire d'agriculture, n". de mai 1863. Report of tlie Commissions of patents for tlie year 1861. Agriculture, 1 vol. in-8'. "NVasIiiiigton , 1862. ( Wiener e.itoniologische , etc./ , Journal entomolocjique de Vienne, sous la direction de MM. Leclerer et Miller; in-8''. Vienne. Vol. I-VI : 1857, 1858, 1859, 1860, 1861, 1862. — Vol. VII , 1863, \V\ \-h (janvier, février, mars etavriri863). Meinoirs of the geologicai Survetj ofîndia, vol. I, part 2 ; in- 8". 1858. — Vol. lï , part 1 ; in-8". 1859. Paleonlologia Indica publishcd on the direction of Thomas Abdham (Bci:mnitidie. — ISautilidce), by Henry F. Blanford; in-P. Calculla , 1861. CORRESPONDANCE. Le Secrétaire donne lecture : 1°. De plusieurs lettres annonçant l'envoi de publications destinées à la Société; 2". D'un programme de concours ouverts pendant l'année 1863-6/1 ; 3". D'une lettre de M. Eugène Deslongcliamps , en date du 21 mai, annonçant l'adhésion aiiv nouveaux staluis de la Société Linnéenne de M>1. Hébert , Schlumberger, Cotleaù, — 320 — Sœni;inn , ^lunier-Clialinas , de Fon y ol Dulfiiss. Le luème membre annonce en même temps que I\J. I.audy lui a remis, pour la hibliolhèque de la Socirlé , tous les volumes qui man(iuaienl de la 2". série du Bttlleitn de la Société géologique de France ; h". D'une seconde lettre de M. Fugène Deslongchamps , en date du 3 juin , annonçant la découverte récente des sources du Nil, dont la nouvelle a été donnée la veille par M. de Verneuil à la séance de la Société géologique de France. A cette même lettre est joint un mémoire, du même membre , sur les roches et fossiles recueillis à la Nouvelle- (^alédonie par i\I. Emile Déplanche , membre correspondant de la Socfété. M. l'abbé Marc soumet à l'examen des membres présents un petit pain de sucre d'érable, qu'il a reçu de Pénéionghechis (baie Géorgienne dépendant du lac Iluron), M. Fauvel fait connaître le fait suivant , qu'il tient de I\J. Yver, membre correspondant de la Société : u Vers le milieu de l'hiver dernier , un éboulement se produisit dans une partie des falaises qui bordent le rivage de Sl^-l^Jarie-du-.>Jont (Manche). Quel ne fut pas l'étonne- ment de ceux qui en avaient été témoins , lorsqu'ils aper- çurent une volée de plusieurs centaines d'hirondelles de rivage (Hirundo rïparia, Temm. ) , dont cet éboulement avait mis à découvert les retraites souterraines ! Surpris aussi inopinément dans leur hivernage , les pauvres oiseaux ne sortaient qu'à grand'peine de leur torpeur, et Il Tirant l'aile, liraiil le pied, » se pressaient çà et là à la recherche de nouveaux logis dans la falaise ; un grand nombre , des moins agiles , périt par le froid et les jiluies. — 321 — « Il n'est pas rare de voir demeurer chez nous quelques hirondelles de fenêtre ou de cheminée [H. rustica et urbica), trop faibles pour entreprendre le voyage avec leurs com- pagnes. Mais ce fait d'un hivernage en règle chez VHirundo riparia, contesté encore aujourd'hui par beaucoup d'or- nithologistes, ne mérite-t-il pas notre attention? Quelle cause a affranchi ces insectivores de la loi commune de migration ? La ponte des hirondelles de rivage a lieu en juin , et dès les premiers jours de juillet , les petits prennent leur vol ; leur éclosion précède ainsi celle des autres hirondelles. Pourquoi donc les hirondelles de rivage ne suivent-elles pas leurs congénères dans les contrées méridionales ? Il n'y a pas appa- rence qu'elles oublient l'heure du départ ; il est plus probable qu'elles restent fidèles à leurs mœurs particulières: la nature leur a donné les moyens d'attendre, dans nos climats , le retour de la belle saison et, avec elle, celui des insectes sur lesquels se fonde leur existence. » Le Secrétaire donne communication à la Société du travail suivant , de la part de M. Sœmann. NOTE UNE PISTE DECOUVERTE DANS LES CALCAIRES LITHOGRAPHIQUES DE SOLENHOFEN , Par M. SOEMANN , membre correspondant de la Société. PI. VI. M. Oppel, professeur de géologie à l'Université de Munich et conservateur du Musée paléontologique de la Bavière, a 21 — 322 ~ publié, vers la fin de 1862, un beau volume de mémoires puiconlologiques accompagné de 50 planches grand in-S". d'une exécuiion parfaite. Ce volume conlicnt trois mémoires, dont le premier iraite des Crustacés jurassiques; c'est une monographie des Déca- podes macroures , comprenant cent (rente-six espèces appar- tenant à vingt-quatre genres, avec des figures nouvelles repré- sentant plus des trois quarts de ces espèces; la Monographie publiée, en 1839, par le comte de Munster sur les crustacés des calcaires lithographiques de Solenhofen , a été remaniée en entier à l'aide de la collection originale et de tout ce qui s'est trouvé dans les grands musées de l'Allemagne. Une étude approfondie de ces riches matériaux a permis à l'auteur de réduire le nondire des espèces de Munster de quatre- vingt-seize à quarante-six. Trente-sept espèces sont figurées pour la première fois, et l'indication exacte du gisement et des localités rendra ce travail précieux aux géologues qui s'occupent de la paléontologie du terrain jurassique. Le second mémoire donne la description d'une piste ou empreinte, trouvée égalcmenldans la pierre lithographique de Solenhofen , et qui fera l'objet de quelques remarques que nous présenterons à la fin de cette note. Le troisième mémoire traite des (Céphalopodes et notam- ment des Ammonites jurassiques; il donne la description de trois Bélemnites nouvelles et celle d'une quarantaine d'Ammonites, également inédites, (|ui sont figurées avec un soin tout particulier. Parmi ces dernières, il y a des types remarquables et incot)tesiablement nouveaux; d'autres sont le résultat du démembrement d'anciennes es|)èces. La grande expérience et la circonsjjection de l'auteur nous sont un sûr garant que ces changemenis ne sont pas proposés h la légère, et qu'ils méritent d'être pris en sérieuse considération. M. Eugène Deslongchamps a |-."nsé que les empreintes — 323 — décrites dans le second mémoire étaient de nature à intéresser la Société , et il a bien voulu se charger de la reproduction de la planche que M. Oppel a donnée ( Voir la pi. VI ). (i'cst la représentation partielle , et en grandeur naturelle, d'une plaque de calcaire lithographique des environs de Soleidiofen , qui a fait partie du musée de fe*u le duc de Lcuchienberg , après avoir été posée dans le dallage d'une maison. La plaque entière montre neuf em- preintes des deux pieds entre lesquelles se placent symé- liiqucmeni autant d'impres.sions, petites et ovales, posées obliquement sur la direction générale de la piste Entre ces empreintes, on voit une ligne médiane successivement plus ou moins prononcée, de manière que son plus grand ren- flement corresponde à peu près avec la position des em- preintes ovales. M. Oppel , en donnant la description détaillée de cette piste , s'exprime avec une extrême réserve sur la nature probable de l'animal qui l'a produite. Il se contente de men- tionner que les pieds à trois doigts étaient généralement attribués à des oiseaux. V Arclucopierix récemment décou- vert, et dont les lecteurs du Bulletin peuvent voir une repré- sentation dans la planche II (1) de ce recueil, pouvait seul justifier un rapprochement de cette nature ; mais la taille des pieds, indiquée par les empreintes, ne permet pas de les rapporter directement à l'oiseau si extraordinaire de Solen- hofen. Le critique du Journal de Leonhard et Bronn (2) y a mis moins de réserve , et il regarde comme possible que la piste appartienne à V Archceoplerix iithographica. Nous ne (1) Voir la Noie de M. Eugène Deslongchamps sur V Arcluvopteriat Iithographica, ou oiseau fossile de Soleuliofen , p. 170. (2) Année 1863, p. 378. — 32a — pensons pas, toutefois, que l'on puisse raisonnablement ailiibuer la piste en question à un oiseau , même en ne tenant compte que des empreintes parallèles des deux pieds. Ces pieds sont beaucoup trop petits , comparés à la distance qui les sépare, pour avoir pu soutenir un bipède; en un mot , Técartement des pieds dépassant quatre fois leur lon- gueur, une pareille conformation nous paraît tout-à-fait in- compatible avec les lois d'équilibre qui régissent la marche des animaux bipèdes. Il paraît, d'ailleurs, impossible de ne pas tenir compte des impressions qui accompagnent celle des pieds avec une si parfaite régularité, et l'équilibre n'est évident qu'en ad- mettant que ces empreintes ovales appartiendraient aux extrémités antérieures d'un animal construit sur le plan des Ptérodactyles. — Les pieds de devant étant organisés, en quelque sorte, à la manière de ceux des chauves-souris, l'animal, lorsqu'il marche à quatre pattes (ce qui d'ailleurs ne lui arrive sans doute qu'assez rarement) , en est réduit à s'appuyer sur ses coudes pour faire suivre, par un petit saut, son arrière-train , à la manière des lièvres et des kanguroos, lorsqu'ils paissent paisiblement. La traînée linéaire du milieu est donc, de toute probabilité, l'empreinte de la queue alter- nativement plus forte ou plus faible , selon que les pieds de derrière posent à terre ou s'élancent en avant. La présence d'une longue queue indiquerait, selon nous, le genre Rham- phorhyncus, de 31eyer , qui est aux véritables Ptérodactyles à peu près ce que sont les Salamandres aux Batraciens anoures. Pour comprendre la marche des Rhamphorhyncus, d'après ce point de vue , il est nécessaire de se reporter à la planche IV (qui s'est trouvée trop courte pour la reproduction de deux pas): on doit considérer les empreintes ovalaires bb et les traces des pieds a a comme faites en même temps. Le — S25 — gonnomciu de la lipjnc médiane correspondant à celte posi- tion n'a pu tronvcr place sur la planche IV. On a reproduit sur bois les cinq impressions constituant la trace complète de l'animal au repos. La seule objeclion sérieuse qui paraît se présenter est celle du nombre des doigis des pieds, qui laissent leurs em- preintes dans la boue calcaire; les trois doigts posés en éventail, le quatrième opposé en arrière, ne touchant pas toujours à terre , et le nombre des phalanges 2 , 3 , /i , en partant du doigt externe , sont généralement considérés comme les signes distinclifs du pied des oiseaux, abstraction faite du caractère général de la piste , de ne montrer que deux pieds identiques pour chaque piste. Appuyé sur cet argument, le monde savant a admis, pendant de longues années , que les traces de pieds dans le grès rouge du Connecticut étaient faites par des oiseaux. Le vénérable président de l'Université d'Aucherst, M. Hitchcok, ne s'est pas lassé d'étudier et de décrire ces singuliers fossiles, et le résultat le plus remarquable obtenu, dans ces derniers temps, par lui et ses collaborateurs, c'est que certaines pistes appartiennent h des quadrupèdes , et que d'autres pieds ont en réalité cinq doigts, au lieu de trois , les deux internes ne s'imprégnant que très-rarement lorsque la boue est plus liquide qu'à l'ordinaire. Peut-on supposer que des découvertes analogues ne se reproduiront pas successive- ment pour toutes ces prétendues impressions de pieds d'oi- seaux du grès rouge du Connecticut ? Quoi qu'il en soiî, le fait suffit à prouver ([ue la forme et la disposition des empreintes des pieds de l'oiseau ne sont pas encore sufTisaramentdéfiniespar la science pour qu'on puisse renvoyer VIchniies Ihhographiais avec certitude dans cet ordre; à moins d'admettre, comme paraît le vouloir M. Hitchcok , qu'il puisse avoir existé des oiseaux quadrupèdes. — 326 — M. Modère présente à la Société la note suivante : NOTE UNE FRAXINELLE MONSTRUEUSE; Par M. J. MORIÈRË. Les fleurs d'un pied de Fraxinelle {Diaamyius FraxincUa, Pers.) cultivé à l'École botanique du jardin des plantes de Caen , nous ont olTerl , en 1863, plusieurs cas téralologiques que nous croyons utile de faire connaître et qui peuvent se résumer ainsi : 1°. Coloration en vert de toutes les parties de la fleur ; 2". Transformation plus ou moins comi)lèle en organes foliacés des enveloppes florales et des organes essentiels de la reproduction ; 3°. Transformation de certains carpelles en étamines ; h". Enfin , diverses espèces de prolification. Examinons successivement chacune de ces modifications : Cototuttion en vert de toutes le» partie» de lu fleur. Celle anomalie n'est pas très-rare , mais , si l'on en ex- cepte la rose verte , aucune plante ne nons l'a montrée d'une manière aussi complète que la FraxineUe du jardin botanique : les pièces de la corolle et celles qui constituaient ou qui remplaçaient les organes sexuels a\ aient adopté la livrée des organes foliacés, el s'étaient remplies de ckromulc d'un \eri très-intense. — 327 — Tfan»foftnatfo»t en ot'ganc» fulittcéa de» divef» verticille» de ht fleuf. Notre pied de Fraxinolle nous a offert un exemple remar- quable du phénomène lératolngique désigne par Gœllie sons le nom de métamorphose rctroyrade. — Les enveloppes florales et les organes sexuels se sont transformés plus ou moins complètement en feuilles, offrani ainsi une démonstration saisissante des idées adn)ises aujourd'hui dans la science relativement à la structure et à la nature morphologique des diverses parties de la fleur. Calice. — Les sépales ont à peu près la forme et la struc- ture des mêmes organes dans la Fraxinelle normale ; seule- ment ils ont acquis , dnns plusieurs fleurs monstrueuses, un plus grand développement , et ils offrent une nervation plus prononcée ; ajoutons encore que le calice est devenu persistant, tandis que daiss les fleurs noriuales il est caduc. Corolle. — La corolle est formée par cinq feuilles égales vertes, i^innatinerves , ovales ou ovales-lancéolées; deux, trois , quatre et même cinq fois plus longues que les sépales, et finement dentées dans la plupart des lleurs (Voir les fig. 2, 12 et 17 de la planche XVI). Ces feuilles corollaires, qui rappellent à tous égards les folioles des feuilles comp isées de la plante , ont d'ailleurs conservé leur position priuiitive et leur mode de i)rénoraison quinconciale. — Dans certaines fleurs (Hg. 1, 2, 17) , les feuilles de la corolle ont ac(piis un grand développement dans le sens de la longueur ; dans d'au- tres ( fig. 12 et surtout fig. 15) , le dé\el()ppement a porté à la fois sur la longueur et sur la largeur. La transformation foliacée des pétales de la Fraxinelle a — 328 — été signalée pour la première fois, en 1693, par Marchant (t). Ce phénomène a été observé depuis par du Pelil-Thouars et de Candolle (2) , puis par Eysenhardt (3). — En 1846 , M. Chalin a également eu l'occasion de remarquer et de faire connaître le retour des appendices floraux à la forme foliacée chez le Dictamnus Fraxinella (i). Androcée, — Dans quelques fleurs , comme celles qui sont représentées fig. 12 et fig. 15, l'étamine est parfaite; le filet n'a subi aucune modification , l'anthère possède la forme et la structure normales; seulement, toutes les parties de l'étamine ont pris une couleur verte. La plupart des fleurs offrent, au contraire, des étaroines qui s'écartent plus ou moins du type normal et qui tendent h revenir à l'état foliacé. — C'est ainsi que les fig. 7, 8 et 9, qui représentent des élamines prises dans la fleur fig. 2, nous montrent des anthères dont les loges , plus ou moins distinctes , s'allongent de plus en plus ; l'état d'hypertrophie de la plante a produit, dans plusieurs étamines (fig. 7 et 8), la rupture des loges dans lesquelles on aperçoit encore quel- ques grains polliniques formés aux dépens du mésophylle du limbe de la feuille staminale , dont la nervure médiane , qui constitue le connectif , s'est prolongée au-delà des loges , l'onglet du limbe s'étant replié sur lui-môme et rétréci pour former le filet. — Les fig. 4 , 3 et 5 sont des étamines de la fleur fig. 1 ; dans l'étamine fig. 5 , le filet est très- court , et les loges de l'anthère , qui occupent la majeure partie de la longueur de l'étamine , sont longitudinales linéaires adnées ; elles ne contiennent point de pollen. Dans les fig, 4 et 3 , on (1) Mém. Acad. des sciences (1693) , p. 23. (2) De Candolle, Or g. végâl., t. I, p. 5/i3. (3) Beobaclit. ûber Pflant. missbiUL, lab. 1. (4) Revue botanique de Duchartre, t. II, 184G-i7. — 329 — aperçoit deux étamiiies dont le filet est plus allongé que dans la fig. 2 ; mais les loges de l'anthère ne sont plus représentées que par de petits bourrelets dont les crénelures représentent les dents de la feuille modifiée. En comparant entr'elles les étamines de plusieurs fleurs monstrueuses de Fraxinelle , on peut observer le passage de l'état normal de l'organe à l'état foliacé , ou bien, en partant de ce dernier étal, en déduire l'origine de l'anthère et le mode d'apparition des loges. Dans notre Fraxinelle monstrueuse , on voit l'onglet des feuilles staminales s'allonger , se rouler sur lui-même en- dedans et se rétrécir pour se changer en filet , et en même temps le limbe se réduisant de plus en plus pour se trans- former en anthère. Sur les bords de certaines feuilles stami- nales, apparaissent des renflements glanduleux ; sur d'autres, les deux bords de la feuille s'épaississent , et en même temps deux autres renflements de longueur variable se montrent le long de la nervure moyenne ou du connectif — Dans quel- ques étamines , nous avons pu voir ces quatre renflements réunis et formant deux lobes parallèles biloculaires. — Voilà donc un fait de plus h l'appui des idées qui sont adoptées généralement aujourd'hui sur la nature morphologique des étamines: « Le filet de l'étamine, c'est l'onglet du pétale « ou le pétiole de la feuille. L'anthère , c'est le limbe de la « feuille ou la lame du pétale. La substance qui se trouve « entre les deux surfaces de la feuille ou , si l'on veut , le « mcsophvlle , devient la poussière fécondante et la partie « moyenne de la feuille dont la substance n'éprouve aucune (' altération fait le connectif (1). » Gynécée. — Il nous a été impossible de reconnaître, dans (1) Aug. de Siùnt-Hilaire, Morphologie vérjétale, p. 450. — 330 — les fleurs monstrueuses de Fraxinelle , un seul carpelle normal , le retour à i'éiat foliacé s'élant opéré d'une manière complète dans presque toutes les fleurs; quelques carpelles ont cependant offert le passage de l'état normal à l'état foliacé. La fig. 6 représente un carpelle extrait de la fig. 1 ; dans la partie inférieure , on aperçoit un commencement de sou- dure entre les bords de la feuille ; ce carpelle est foliiforma et lancéolé à sa partie supérieure. A la séparation de la partie close et de la partie foliacée , endroit qui semble répondre au sommet de l'ovaire , on voit sortir deux lamelles qui re- présentent sans doute deux ovules transformés. Les fig, 10 et 11 sont deux carpelles de la fleur fig. 2, qui sont encore plus rapprochés de l'état foliacé que le car- pelle de la fig. 6. La fig. 12 nous offre une fleur dont les cinq carpelles, portés au sommet d'un gynophore commun ayant la forme d'un prisme penlagonal cannelé, divergent, sous forme de feuilles plus ou moins ouvertes qui représentent un état transitoire entre les carpelles normaux et les carpelles foliacés. La fig. 13 est une coupe de celte fleur, sur laquelle il est facile de reconnaître que le placenta et les ovules foliacés sont formés par la partie axile , et dans le carpelle isolé fig. iU on voit sortir , par la fente béante , plusieurs folioles inégales résultant de la transformation des ovules. La fig. 15 est une fleur monstrueuse pourvue du même gynophore que la fig. 12 ; mais ce gynophore porte à la fois , et des feuilles ouvertes simulant un iiérianthe intérieur aux étamines, et des feuilles carpellaircs plus ou moins étalées , chargées , comme celles de la fig. 1 3 , d'ovules transformés en folioles. La fig. 16 représente un de ces carpelles isolés, vu par sa face intérieure, avec les ovules transformés. Il y a donc eu , dans noire Traxiiielle monstrueuse , une transformation complète de l'ovaire en feuilles ; le retour à — 331 — l'état foliacé s'est manifesté à la fois sur l'enveloppe ovarienne, ce qui est le cas le plus commun , et sur « les ovules qui sont, par rapport au placenta, ce que les bourgeons sont par rapport à la tige et à la branche (1). » Dans le cas par- ticulier que nous venons d'examiner , l'ovule se trouve trans- formé en bourgeon , et, au lieu de perpétuer l'espèce après sa fécondation , il peut seulement répéter l'individu. T»'ungfoftnaiion den ort»'i»elJe« cm t'rritiiûte*. Plusieurs carpelles nous ont offert, dans quelques (leurs , une disposition analogue à celle du carpelle représenté fig. 10, c'est-à-dire qu'à la partie supérieure on aperçoit , près des bords de la feuille, des tuméfactions qui sont des rudiments d'anthères. Pt'otiftcaiiott, Quelques fleurs monstrueuses de Fraxineile étaient pro- lifères (2). Le cas le plus remar(iu.'d)lc de prolificalion est représenté fig. 17. Dans colti; fleur, le réceptaile, après avoir donné naissance au périanthe, à l'anflrocée et au gynécée, se prolonge en nu rameau qui supporte une grappe chargée de plusieurs boutons ; c'est là un exemple de proiification médiane à la fois floripare et frondipare. La fig. 15 peut être considérée comme un cas de proiification médiane fldripare, dans lequel le rameau provenant de rallongement du ré- ceptacle, ou le gyîioplwre, supporte une fleur incomplète. (1) AuîïusU' de S;iiMl-Hi'aire, Morplwlogie végétale, p. 58G. (2) Un exemple de prolificalion axiiliire de Dictumniis ctlbus à l'aisselle des pislils a été sijçnaié par Eistnliardl (Motiuiu-ïiindon , Eléments de tératologie végétale, p. .376 J, — 332 — Le Secrétaire présente à la Compagnie, de la part de son fils , la note suivante sur des roches et fossiles recueillis à la INouvclle-Calédonle par M. Deplanches, membre correspon- dant de la Société, DOCUMENTS SLR LA GÉOLOGIE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, Suivis dn Catalogne des Roclies recueillies dans cette île par MM. Jouan et Emile Deplaoches, et de la description des FOSSILES TRIASIQUES RECUEILLIS A L'ILE IIUGON, Dépendance de cette colonie ; Par M. Eugène Dësloncchamps , préparateur de géologie à la Faculté des sciences de Paris. AVEC UNE CARTE ET UNE PLANCHE DE FOSSILES. Au retour de son premier voyage à la Nouvelle-Calédonie, oîi il séjourna trois ans, mon ami Emile Deplanches (1), chi- rurgien de la marine impériale, me remit un certain nombre de roches qu'il avait recueillies, et parmi lesquelles se trou- vaient divers calcaires renfermant des coquilles fossiles. Les plus nombreuses et les plus grandes masses consistaient en un calcaire de formation ancienne, provenant de l'île Hugon, qui m'a paru digne, à plusieurs titres, d'auirer l'allention : aussi lui ai-je consacré une place spéciale dans celte notice. (1) Depuis longues années, MM. Emile [Deplanches et Vieillurd recueillent, avec un grand zèle pour la science, les productions de la Nouvelle-Calédonie, qu'ils ont déjà parcourue en divers sens et dont ils ont exploré avec soin les petites îles environnantes. Ces deux intré- pides voyageurs ont fait pari à la ville de Caen d'une grande quantité d'objets très-précieux el dont plusieurs ont déjà été décrits dans le liul- Ictin de la Société Linnéeunc. — 333 — J'ai trouvé également un calcaire tout particulier, d'une couleur gris sombre , rappelant un peu par son aspect cer- taines variétés de calcaires jurassiques ou triasiques ( mus- chelkalh ou lias). Ce calcaire renfermait deux fossiles à peu près indéterminables, une sorte de Pecten et deux corps qui m'ont paru être des écailles très-minces de poisson et d'un aspect noir brillant. Il provient du cap St. -Vincent, sur la côte sud-ouest de la Grande-Terre. Le plus grand nombre des roches que me remit Dcplanches proviennent de différents points de l'île des Pins ; la plupart sont des calcaires plus ou moins durs, ou des faluns d'ori- gine lout-à-fait récente, renfeimant en nombre considérable des coquilles encore actuellement vivantes sur la côte et dont le test a subi des altérations si peu profondes que la plupart montrent encore , plus ou moins effacées , les couleurs qui les avaient ornées pendant la vie. Les autres sont dos roches non stratifiées, qui paraissent de nature magnésienne. J'ai cherché à les déterminer; mais, peu confiant dans mon savoir sur des choses si difficiles, j'ai prié M. Sœmann de con- trôler mes déterminations, ce qu'il a fait avec le plus aimable empressement. Je donne, à la suite de cette note, le catalogue de toutes les roches qui m'ont été remises par É. Deplanches. Je n'ai pas la prétention de donner même un aperçu de la constitution géologique des régions de la Nouvelle-Calédonie. La plupart des éléments me manquent , et ce travail ne peut être entrepris que par des personnes ayant long-temps séjourné dans le pays et placées dans les conditions les plus favorables. Pour obvier autant que possible à cet inconvé- nient et donner quelque importance à ce petit travail , je commencerai cette notice par un extrait de divers travaux sur la topographie de ces contrées (1) et de ce qui traite de (1) Kssaissur la Nouvellc-Calcdoine, pnr MM. Vieillard cl Dc|)l;tiiclu'S — 33a — la géologie dans un article fort intéressant, inséré par le R. V. iMontrouzier dans la Revue algérienne et coloniale (1). Pour compléter autant que possible ces données qui , quoi([ue importantes , sont bien incomplètes , je me suis adressé à Al. Jouan , capitaine de frégate , qui a été pendant plusieurs années gouverneur de cette colonie. i\J. Jouan (2) m'a donné des indications très-précieuses; et, dans un voyage que j'ai fait à Cherbourg , il a bien voulu mettre à ma dispo- sition un certain nombre de roches qu'il avait recueillies , ainsi qu'une carte très-exacte où il a marqué quelques indi- cations d'un haut intérêt pour ceux qui , par la suite, ex- ploreront noire colonie au point de vue géologique. Je donne ici une réduction de cette carte. Il me reste un devoir bien doux à remplir, celui d'ex- primer ici ma vive reconnaissance pour la manière affec- tueuse dont j'ai été reçu par M. Jouan , et de rappeler les instants trop courts et si pleins de charme qu'il a bien voulu me consacrer lors de mon voyage à Cherbourg. Ceux qui ont eu le bonheur d'avoir, même pour quelques ins- ( Extrait de la Bévue maritime et coloniaU', 18G3). — Les îles Loycdiy, par M. Jouan, capilaine de frégate (Extrait des Actes de la Société des sciences naturelles de Cherbouig). (\.) Nouvelle-Calédonie ( Extrait de la Revue algérienne et coloniale , avril 1860 , p. 209, par le R. P. Montrouzicr, missionnaire aposto- lique, curé de Napoléonville, Nouvelle-Calédonie). (2) M. Jouan a publié plusieurs travaux fort remarquables sur l'océan Pacifique au point de vue de Thisloire naturelle, et principale- ment de l'iclithyologie : Archipel des Marquises (Extrait de la Revue coloniale, 1857-58); — Note sur les îles basses cl les récifs de corail t'u Grand-Océan; — Notes sur quelques animaux observés ù la Nouvelle- Calédonie ; — Noies sur quelques espaces de poissons de la Nouvelle- Calédonie ; — Supplément ;i la description des poissons de la Nouvelle- Calédonie ; — Les îles Lojally (Extraits des Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cliertourg ,. — 335 — tants, des rapports avec M. Jouan, apprécieront comme moi le noble caractère de cet officier rempli des sentiments les plus grands et les plus généreux. Description géographique. J'extrais les lignes suivantes, pour ce qui a trait à la Nou- velle-Calédonie, du travail déjà cité de 31iM. Emile Deplanclics et Vieillard , et, pour les îles Loyaliy, de celui également cité de iM. Jouan : « La Nouvelle-Calédonie est située entre les 20° 10' et « 22' 26' de latitude sud et entre les l(il° 35' et 16/i"35' de « longitude est du méridien de Paris. C'est une des îles les « plus importantes de la Mélanésie : elle comprend une largeur « moyenne de 12 lieues sur une longueur de 70 à 80; c'est « une terre haute , allongée , dont la position oblique fait « avec l'Équatcin- un angle d'environ Ui)°. Les côtes, profon- « dément découpées , sont défendues par des récifs madré- 0 poriques dont les bancs extérieurs laissent, entre eux et le « rivage, un canal d'eaux tranquilles d"nne grande ressource « pour mettre en communication les différents points de la « colonie , et d'une navigation sure pour les bateaux à « vapeur et même pour les navires à voile d'un faible « tonnage. « Ces récifs constituent , dans tout le pourtour de l'île , « une ceinture qui s'étend, au sud , un peu au-delà de l'île (( des Pins , et se prolonge dans le nord , sous le nom de « récifs des Français , sur un espace d'environ 100 lieues. (( Ces bancs ne forment point un tout continu : de distance « en dislance, ils offrent des ouvertures nombreuses, plus ou (( moins larges, plus ou moins profondes. Ces passes condui- (' sent, pour la plupart, à des embouchures de rivières, à <( des baies dans lesquelles les navires peuvent très-souvent — 336 — (( trouver un excellent mouillage et un abri sûr contre les « vents qui , à certaines époques , soufflent avec violence. « Des îles plus ou moins importantes se rattachent à cette « terre et forment, pour ainsi dire, un marchepied néo- « calédonien. Ce sont , dans le nord , Varchipei d'Entrecas- « feawa;, composé d'un certain nombre d'îles peu connues; <■ celui de Balade, formé de terres hautes et basses ; les pre- « mières comprennent deux îles : Balabéa, séparée de la « Grande-Terre par le délrok Devarenne , el Pam , toutes (( deux inhabitées et couvertes de cocotiers el de bois de « diverses essences. Les autres constituent le groupe de f Ncnéma , qui comprend une dixaine d'îles habitées, assez « fertiles et plantées principalement en cocotiers. « Plus au nord-ouest, à 10 ou 12 lieues, se trouve le groupe « de Belep , les îles An , Pott, etc., terres hautes, peu fer- « tiles , dont les habitants forment une tribu à part et où les « missionnaires possèdent un établissement. « Au sud de l'archipel de Balade et sur la côte est, à peu « près à distance égale à'Ienghen et de Tuo, entre les récifs « et la côte , sont plusieurs îlots dont l'un présente cette (( particularité de ne posséder qu'un seul arbre , un pin , « Eutassa Cookii, dont la conservation devrait être assurée « pour les besoins de la navigation. « En longeant cette côte , l'on rencontre encore de nom- « breux îlots sans importance , privés d'eau et sans navi- « gation. « Au sud de la Nouvelle-Calédonie se trouve l'île des « Pins, Kunié des indigènes. Elle est le centre d'un groupe « d'îlots boisés et couverts de pins, au nombre desquels « nous citerons l'île Alcmène ; ses abords, pleins de récifs, « sont d'un accès difficile ; séparée de la Grande-Terre par « un chenal de 5 à 6 lieues, elle affecte la forme d'un cercle (( irrégnlier de 10 milles de diamètre environ ; sa superficie — 337 — « consiste presque entièrement en un immense plateau ferru- « gineux, aride , que domine une montagne, le pic Nga, « haute de 266 mètres , dont le sommet , visible à une * grande distance , est un excellent point de repère pour le « navigateur; la circonférence de l'île, au contraire, offre « une succession de prairies, étroites, il est vrai, dans la <' partie nord, mais très-fertiles et parfaitement arrosées. « En remontant de l'île des Pins vers la côte ouest, la « première que l'on rencontre est l'île Wen , île boisée, aux t sommets escarpés , et ne possédant que très-peu de terres « cultivables, quoique d'une surface assez étendue. D'un (t accès impossible du côté du large, elle est séparée de la « Grande-Terre par un chenal d'une largeur moyenne et « très-profond , connu sous le nom de canal de Woodin. « Au nord de cette île est le groupe de Morari, dont la « principale île est l'île BailLy , et non loin de là est un îlot (( élevé, auquel la présence de quelques mines de houille a <( fait une réputation qu'il est loin de mériter. « A l'entrée de Port-de-France , dont elle forme la rade , « est l'île JSu ou Dubouzei, longue de 3 milles environ; « elle a quelques sommets assez boisés ; elle renferme d'ex- « cellents pâturages , et , chose bien précieuse dans cette (c partie de la Nouvelle-Calédonie, une source d'eaux vives qui « ne tarissent jamais. (( En s'avançant toujours vers le nord, l'on rencontre, (( avant d'arriver h St.-Vincent, quelques îlots sans impor- « tance, élevés seulement de quelques mètres au-dessus de « l'eau et couverts d'une faible végétation. « Au-dessus de ces îlots , on trouve les îles qui forment le (( mouillage de St.-Vincent; trois, les îles Ducos, Hugon et « Leprédour , ont une certaine étendue ; mais la première « l'emporte de beaucoup sur les deux autres par sa beauté. « sa grandeur et sa fertilité; elle possède d'excellents bois 22 — 338 — i( dans sa partie montagneuse, un petit porl dont le mouillage « est excellent et un ruisseau dont les eaux forment, au (( centre de l'île, un étang peu profond. « Au-delà de ce point jtis((u'à Ut'uï, l'on ne rencontre que (( quelques îles de peu d'importance, telles que Togni, Scee, (i Nui, etc., etc. ,qui,pres(pie toutes, sont dépourvues d'eau. « (1) A environ quinze lieues dans l'esi de la Nouvellc- « Calédonie, le groupe des îles Loyalty s'étend du sud-est au (( nord ouest, entre les parallèles de 20° 10' et 21" IxO' de « latitude sud et entre les méridiens 163" 50' et 165" 50' à (( l'est du méridien de Paris. Ce groupe se compose de trois (( îles principales, qui sont habitées, et de nombreux îlots. Les « trois îles principales , placées à une distance moyenne de (( sept lieues environ les unes des autres, sont, en allant du (( sud-e.st au nord-est. Mare on Ncngonc , lÂfu et L'vca ; ce (i sont les noms que leur ont donné les naturels et par les- (( quels les navigateurs de ces régions remplacent les appel- (i laiions de Britiaiiia, Chabrol et Halgan. « Vues de loin , les îles Loyalty se présentent comme une « suite de plateaux isolés, presque de même niveau, et (( s'élevant peu au-dessus de la mer. Je ne crois pas qu'on (( trouve un point dépassant 60 ou 80 mètres d'élévation. Le « rivage, presque partout escarpé, est à pic au-dessus de (( l'eau, rarement coupé par de petites plages de sable, ex- (( ceplé dans les endroits où les rochers sous-marins ont servi « de base aux polypiers |)our élever jusqu'à la surface leurs « dangereuses constructions; l'eau est profonde tout près du (i rivage: aussi n'y a-t-il que quelques rares mouillages trop « près de terre pour que les navires y soi( nt en sûreté. u I.a constitution de ces îles , celle de Lifu surtout , rap- (1) Les (Icluils ,s«ivuiil>, sur les îles Lojally, sont emprunlés au lia-» Viiil (le M Jouiiri. — 3H9 — c( pelle colle de quelques îlols voisins de Tahiti. Le sol est (( un carhonalc de chaux, tantôt semé de sables calcaires , « tantôt liérissé de blocs redressés ; ce calcaire grossier a été « perforé par l'eau de manière à avoir à la surface l'aspect « de rochirs madréporiqucs ; mais ce n'est qu'un calcaire « coquillieroù l'on trouve des bivalves pétrifiées et, çà et là, '( de rares madrépores empâtés dans la masse et dans les <' fissures (1). A Lifu, l'horizontalité des couches est assez « bien gardée; à IJvéa, surtout dans la partie nord, le ni- « veau est souvent interrompu , le sol est disloqué comme (( s'il avait été soumis à de fortes secousses de tremblements « de terre. L'eau potable manque presque entièrement, celle « qu'on peut se procurer au moyen de puits est toujours « plus ou moins saumâtre ou a un goût calcaire. A' Uvéa , « nous avons visité une espèce de lac i\u\ occupe le fond (( d'une dépression circulaire dont les bords, taillés à pic , " sont remar(|uabk's ; l'eau, très-profonde, au dire des na- (( turels, a abbohiment le goût de l'eau de mer. Près de la u Mission catholique de la buie du Simdal, à Lifu, on trouve H toujours de bonne eau dans un puits naturel situé au fond « d'un précipice , où l'on est obligé de descendre avec des « échelles et des cordes et en s'aidant des racines des arbres (c qui poussent sur les parois. Nous avons remarqué , dans « nos promenades sur cette île, que souvent le sol sonnait (( creux sous nos pieds ; il est probable qu'alors nous pas- « sions au-dessus de quelque grotte souterraine, semblable « à celle que nous avions visitée auprès de la demeure des '( missionnaires, et où l'on voit les plus beaux exemples d'in- (1) Ce calcaire est d'origine toute récente, et d'après des échanlillons recueillis par M. Jouan et que j'ai eu l'occasion d'observer avec lui au musée de Cherbourg, il est, en tout, semblable à celui de l'ile des Pins, de l'ile AIcmèiie et d'un grand nombre d'autres points de la Nou- Vflle-Calédoiiii'. — 340 — « nitrations el de concrétions calcaires (1) : statues, colon- « licites, arbres et fleurs de pierre, etc., etc. « D'après l'aspect de IMaré , où je n'ai point abordé , tout (( nie porte à croire qu'elle ne doit point différer des autres a dans sa constitution. « Uvéa est une bande étroite de calcaire, légèrement con- (( vexe du côté de l'est , qui s'étend du sud sud-ouest au {( nord nord-est, sur une longueur de 23 milles et une lar- « geur moyenne de 2, sauf dans la partie du nord qui a près « de 8 milles de large. A l'ouest d'Uvéa, une série d'îlots , « dont quelques-uns ont des formes bizarres el que d'Urville « a appelés les Pléiades, circonscrivent un lagon de 4 à « 5 lieues de diamètre, dans lequel quelques passages entre (! les îlots donnent accès; le fond , dans l'intérieur de ce « bassin, est un plateau de sable blanc mêlé de produits co- « ralligènes dont la pente est insensible. » Topographie. J'extrais également les lignes suivantes du même travail de IMiM. Emile Deplanches et Vieillard : « Le sol de la Nouvelle-Calédonie est essentiellement mon- (1) D'après ces quelques lignes, tout porte à croire que le sous-sol des îles Loyalty est sillonné de profondes crevasses en forme de cavernes lout-à-fail analogues à celles où l'on a trouvé tant de débris de la pé- riode diluvienne ; il est très-raisonnable de croire que les cavernes ca- lédoniennes renferment ét^aleraenl, dans leur sous-sol, des ossements de celle nature. Il serait du plus haut intérêt scientifique de faire des fouilles dans ces grottes, el tout porte à croire que l'on trouverait ainsi les restes des animaux qui ont peu|)lé ces îles avant ou au commence- ment de l'arrivée de l'hounne sur la terre; cela est d'autant plus vrai- semblable que de pareilles découvertes ont été faites en Australie, dont la constitution géologique a tant de points de ressemblance avec celle de lu Nouvelle Culédonie. — 341 — <( lagneux ; l'île entière est traversée par une longue chaîne (( (le montagnes, qui offrent ce caractère tout particulier, de (( paraître superposées les unes aux autres. Les sonimets de « cette chaîne ne dépassent pas 1,500 mètres et semblent se 0 confondre en une seule arête, IMais cette arête se bifurque « dans le nord de manière à former deux branches , dont « l'une se dirige vers le nord-est et l'autre vient aboutir à <( la pointe nord-ouest , enclavant ainsi enir'elles l'immense « et fertile vallée de Coco. Dans le sud, elle donne naissance (( à de nombreux chaînons, desquels s'élancent des rameaux « secondaires qui viennent mourir à une certaine distance de « la côte et dont quelques- uns laissent entr'eux de spacieuses '( vallées couvertes de la plus riche végétation. Les pentes de u ces montagnes sont généralement assez douces ; les vallées, « même les plus élevées, sont arrosées par une multitude de « ruisseaux qui rendent la culture possible, même à plusieurs (( centaines de mètres. Les hauts sonunets sont généralement « arides et dépouillés. « Dans un grand nombre de localités, entre la base des « montagnes et la côte, l'on rencontre fréquemment des li- ce sières dont l'étendue varie de 1 à 10 kilomètres. Ces (( plaines , formées de terre d'alluvion d'une grande fertilité, (( sont défendues contre les envahissements de la mer, et (( voilées pour ainsi dire par un réseau de palétuviers, aux- « quels certains explorateurs ont donné le nom de marais. « Quelques voyageurs ont prétendu que la chaîne centrale « néo-calédonienne était double. Cette question difficile à rc- <( soudre dans l'étal actuel des connaissances sur ce pays, (i nous semble, du moins pour une partie, un fait assez pro- « bable. « L'aspect de la Nouvelle-Calédonie est, au premier abord, 0 des moins séduisants... La nature y a éprouvé de violentes « convulsions dont le sol offre des traces à chaque pas. L'on - 342 - « y retrouve les cratères de volcans éteints; mais jusqu'ici, « à l'exception du volcan Mathew, éloigné de 25 à 30 lieues, {( l'on n'en a point encore découvert qui fussent en activité. « Le peu de largeur de la Nouvelle-Calédonie s'opposent « à la formation de grands cours d'eau , il n'y a pas de ri- (( vières très-considérables. Les plus importantes sont : la (( rivière du Coco, Diahot-des-Français, qui arrose la su- (( perbe et fertile vallée de ce nom. Cette rivière , que nous (( avons vue à sa source et à son embouchure , n'a pas un (( cours de plus de hO milles; le flux s'y fait sentir, de ma- (( nière qu'on peut la remonter jusqu'à 27 milles avec des (( embarcations et des chalands , c'est-à-dire dans toute (( l'étendue de la vallée. Son embouchure , située au nord , « entre la pointe de Tiari et d'Aranca , est large de 2 lieues (( environ ; au milieu , est située la petite île de Pam, dont « une des anses, dite port du Prony, offre un mouillage très- « sûr pendant huit mois de l'année pour les bâtiments d'un « faible tonnage. « Deux cours d'eau , presque aussi considérables que le (( précédent, arrosent la fertile plaine de Tuo; vient ensuite (( celui de Kannla, dont les eaux se déversent dans la baie de (( ce nom, à laquelle sa ceinture de hautes montagnes boisées <( donne un aspect des plus grandioses ; au-dessus de Tuo , (' se trouve la rivière de Jaté ou le Nuanro, dont le cours est c< obstrué par de nombreuses cascades. (( De ce point, pour trouver dos cours d'eau assez consi- (( dérabics , il faut passer sur la côte occidentale, où l'on (( rencontre la rivière de Ndumbéa.ou grande rivière, celles « qui arrosent la baie de St.-Vinccnt, enfin la rivière d'Uraï, « toutes navigables pour les embarcations , seulement à la (( haute mer. » — zhz - Gfiolofsîc. Nous n'avons que Irès-peu de données sur la géologie de la iNoiivelle-Calédoiiie : aussi je pense qu'il ne sera pas inulile de rappeler ici les lignes suivantes, extraites de l'article si in- téressant inséré par le R. T. Montrouzier , dans le nuinéfo d'avril 1860 de la licritc alyniemie ci coloniale : , souvent consi- — zuu — ti dérables, formés par les torrents, dépôts absolument récents « dont la formation se continue sous nos yeux. « L'intérieur et la côte sud-ouest sont moins connus et offrent « certainement plus d'intérêt. Après avoir quitté les mica- « schistes sur le versant sud-ouest des montagnes de Balade, V nous trouvons une deuxième série de schistes ardoisiers a formant le bassin du Diaot. Ils sont traversés en tous sens, « de même que les micaschistes , par des filons de quartz et «f de roches magnésiennes, surtout des stéatiles. Plus loin, se « présentent des couches épaisses d'argiles blanchâtres , « tachées d'ocre , des collines calcaires , des grès houillers « avec traces de houille , et enfin deux séries de collines o d'un calcaire dur, blanchâtre, non cristallin, entremêlé de « filons de chaux spathique et de quartz blanc-laiteux. « Au sud , à Jaté , au-dessus des serpentines qui forment « la chaîne principale, près de la côte nord-est, nous trouvons « des argiles rouges contenant en abondance du fer à l'état de « limonite , des calcaires probablement métamorphiques , « un bassin étendu des mêmes argiles rouges avec minerai 0 de fer, des argiles de couleurs diverses, traversées par des « pegmatites dont la décomposition forme un kaolin quel- « quefois pur , plus souvent taché par l'oxyde de fer. La « serpentine apparaît de nouveau, formant le Mont-d'Or, et « enfin les terrains houillers se montrent sur le rivage de « Morari et dans les îlols voisins. Les calcaires reparaissent « sur quelques points avancés, tels que l'extrémité du cap « sur lequel Pori-de-France est bâti. « Ces quelques lignes, trop générales, suffisent pour nion- « trer aux personnes qui connaissent un peu l'Australie « l'analogie qui existe entre la Nouvelle-Calédonie et cette « grande terre, dont elle n'est pour ainsi dire que la répéti- « tion en petit et en sens inverse. Ainsi , partant de la côte « nord-est de la Nouvelle-Calédonie, nouïi trouvons les terrains — 345 — « siluriens associés aux serpentines, puis les terrains houil- « 1ers. Sur la côte est de la Nouvelle-Hollande, nous trou- « vons les terrains houillers, puis les terrains siluriens asso- « ciés de même aux serpentines et traversés, comme ceux « de Balade, par des filons de quariz qui forment les mines « sèches (drxj diggins) de l'Australie, et dont les débris « constituent les alluvions de la Nouvelle-Galles du Sud et « du voisinage de Melbourne, alluvions si riches en métaux « précieux. « (]ette analogie devait faire soupçonner l'existence de l'or « dans les quartz qui traversent les roches siluriennes de la « Nouvelle-Calédonie , surtout à Fliengen , Tao, Pucpo et « Balade. Hâtons-nous d'ajouter que nous ne connaissons « aucun fait certain (1) qui soit venu à l'appui de cette {( induction. Nous croyons pouvoir assurer que l'enthou- « siasme a fait prendre du sulfure de fer pour de l'or ; que « la mauvaise foi ou d'autres motifs peu honorables ont fait (( donner comme trouvé en Nouveile-C^alédonie de l'or « apporté d'Australie; enfin, qu'il n'y a eu qu'un cas où « l'erreur a pu être un instant justifiable. « Un autre trait de la constitution géologique de l'île, « c'est l'étendue probable des terrains houillers qui se trou- « vent , des pieds du Mont-d'Or au sud , jusciu'à Kumak , « presque à l'extrémité nord. Tout fait espérer que des « recherches seront plus fructueuses encore dans le nord- (1) Depuis la publication du travail du I^. P. Monlrouzier, on suit qu'il a élé trouvé de l'or en (luanlilé très-notable, en tout semblable ù celui de la Nouvelle-Hollande; découverte qui ajoute aux richesses minérales de la Nouvclle-Cialédonie un intérêt non-seulement indus- triel, mais encore scientifique, puisque cela confirme l'analogie extrême qui exisle entre ces deux contrées, qui, à une époque reculée et sans doute bien avant l'apparition de l'homme, ont dû faire partie d'un seul tout. — 3Ù6 — « ouest où la formation, occupant le cintre de l'île, acquiert « un plus grand développement. <' On doit ajouter à ces deux éléments de richesse future « les minerais de fer carbonate et oxydulé si abondants dans « le sud et presque en contact avec les houilles de Morari. (i L'évêque d'Aniafa a, en outre, empoité en France, en « 18Zj6, des échantillons trouvés du côté de Kumak , et les « minéralogistes ont reconnu que c'étaient des carbonates de « cuivre. û Dans un autre ordre, des schistes siluriens offrent, sur (( plusieurs points , des ardoises de bonne qualité. Les mis- « sionnaires de ïiuaka en ont couvert leur établissement. <( Elles ont été grossièrement divisées par les indigènes; « mais le résultat obtenu indique qu'un bon ouvrier pour- « rail en tirer un excellent parti. '( Les terres à briques, les argiles figulines abondent dans « toute l'île ; les kaolins du Sud ne sont pas sans impor- « lance. Des grès calcaires récents ont fourni aux mission- M naires de l'île des Pins des pierres de taille solides et « faciles à travailler. Des variétés molles de serpentine oui (( été employées avec avantage dans le même but par ceux « de Tiuaka. Les grès houillers et les calcaires qui reposent (1 au-dessus offrent aussi de bons matériaux de construction : f( ressource d'autant plus précieuse que les coraux qui crois- « sent près des rivages , et les palétuviers qui bordent ces « derniers, assurent aux colons une quantité indéfinie de « chaux de bonne qualité et à bas prix. « Au milieu de ces richesses minérales, auxquelles nous « devons ajouter au moins deux sources thermales, dont (1 l'une est sulfureuse, les indigènes, paresseux, inqiré- " voyants , dégradés, ne se font pre.s(|ue aucune ressource. (i Les argiles quartzeuses dans le nord , les kaolins impurs « dans le sud , leur servent à fabri(juer des niarmites gros- - 367 — .(( sières qu'ils cuisent en plein air clans un brasier de menu « bois et vernissent parfois avec la gomme-résine d'un dam- (( mara : c'est un des travaux réservés aux femmes. Les ocres « rouges leur servent 5 peindre les sculptures de leurs « maisons. Les serpentines dures leur fournissaient, il y a « plus de quinze ans , les seuls instruments de charpen- « tage dont ils faisaient usage et leur fournissent encore u des casse-lèle de pierre [buat padi), dont les chefs se (( font présent dans les occasions les plus solennelles. Les (( stéaliles et les calcaires durs sont taillés eu pierres ovales, <' pointues aux deux extrémités, pour leurs frondes. Enfin des « stéatites molles , friables , quelquefois onctueuses , sont " mangées en très-petile quanlilé , plutôt comme friandise <| que comme aliment. » J'ajouterai à ces renseignements les indications suivantes, qui m'ont été fournies par iM. Jouan, dans une lettre qu'il a bien voulu m'adresser : >' Au tiiois de juin dernier, on a trouvé de l'or en assez (' grande quantité du côté ûc Puebo (côte nord est de la Nou- « velie-(^alédonie) (1). Quant au charbon de terre, tous les (( rapports s'accordent à dire qu'il y en a beaucoup; mais, <' jusqu'à présent, les recherches ont eu peu de succès. Celui « du pied du i^lont-d'Or n'est (|u'un petit affleurement: la « mine semble se perdre dans la mer, et par consé(iuent l'ex- " ploitation en serait au moins fort dillicile ; du reste, aucune « entreprise sérieuse n'a encore été tentée. <■ M. Lecomte , capitaine de vaisseau de notre marine , a 0 naufragé en 1866 à Balade, avec la corvette la Senié ; il a (1) Nous renvoyons, pour jjliis île détails, i\ j'urlide (in Moniteur de la Flotte, tiuniéio dn J5 scptcnilire 1863. — 348 — « séjourné pendant plusieurs mois sur ce point. Voici ce « qu'il dit dans les Mémoires pittoresques d'un officier de « marine, Brest, 1851 : « La Nouvelle-Calédonie a tous les caractères d'une terre « primitive : aucune trace de volcan ne paraît y exister ; le « terrain y forme partout des couches régulières qui, en gé- « ncral , font un angle peu incliné avec l'horizon. Le sol , « fort accidenté, est couvert, en général , sur les montagnes « et les versants , de blocs et de fragments de quartz d'une (' grande blancheur et de morceaux de cristal de roche; on « trouve quelquefois des pierres calcaires, parmi lesquelles « se voit de beau marbre blanc. • i « Les premières couches de terrain sont sablonneuses , « d'une couleur rouge foncé, remplies de [jelites parcelles de (( mica; parfois on trouve du laïc ainsi que des jaspes d'un « assez beau vert ; quelquefois , mais plus rarement , on « trouve le terrain d'un gris-argenlé , compacte, mais très- « friable ; on rencontre quelques cristallisations minérales de « fer, de cuivre et de plomb, ainsi que des carrières d'ar- ec doises et un sol tout schisteux , qui donnerait lieu de (( croire qu'il pourrait s'y rencontrer de la houille. » Quoique fort intéressants, puisqu'ils ont trait à une con- trée très-éloignée et qui ne fait que commencer à être connue sous le rapport scientifique, ces renseignements sont, comme on le voit, bien loin d'èlre complets ; ce que j'ai à ajouter est également peu de chose, puisqu'il n'a trait qu'à un certain nombre de roches recueillies, pour ainsi dire, en passant. Toutefois , les échantillons récollés h l'île Hugon par M. De- planches ont un intérêt t(^ut particulier, puisqu'ils montrent la grande analogie exislanl entre les terrains de celte île et ceux des autres grandes régions australiennes , telles que la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Hollande , où l'on a signalé aussi tout récemment des roches triasiques identiques. — 349 — En somme , le peu que l'on connaît de la géologie de noire colonie prouve, par la variété des roches méta- morphiques anciennes (granité, porphyre, diorites , ser- pentines, spilites, etc.), que ce sol est d'origine très-ancienne et qu'il a été dès le principe élevé au-dessus du niveau des eaux ; les roches siluriennes , carbonifères et triasiques, qui y sont maintenant bien connues , prouvent également que ce pays a été exondé long- temps avant l'époque actuelle , et que nous ne voyons en ce moment que le squelette lui-même d'une contrée autrefois plus étendue , représenté par les arêtes montagneuses les plus élevées. Les îles Loyalty , ali- gnées suivant une ligne parallèle à l'axe de la Nouvelle- Calédonie , sont probablement les sommités d'une chaîne secondaire moins élevée que celles qui donnent son relief actuel à la Grande-Terre. On n'a pas signalé jusqu'ici de dépôts crétacés ou ter- tiaires. Si ces dépôts n'existent pas dans le pays , ce fait viendrait corroborer nos prévisions et prouver que le sol s'est affaissé depuis la période jurassique , et que les affleure- ments du rivage de ces époques sont maintenant sous l'eau. La Nouvelle-Calédonie serait, dans ce cas, les restes d'une terre plus étendue pendant les périodes qui ont précédé l'apparition de l'homme sur notre planète. II. C.4TAL0GUE, PAR RÉGIONS, DES ROCHES RECUEILLIES PAR MM. JOUAN ET EMILE DEPLANCHES. Grande— Terre. Aux renseignements qu'on trouvera au commencement de cette note, et dont la plupart sont extraits du travail du R. P. Montrouzier , voici ce que j'ai pu ajouter d'après M. Jouan : — 350 — Dans loulc la pariio sud de la Nouvelle- Calt''d()iiic, ahondont des minerais de fer limonite analogues à ceux de l'île des Pins. Le Mont-d'Or est entièrement formé de serpentine , dont on peut voir des échantillons au musée de Cherbourg. A St. -Louis, au pied du iMont-d'Or , le sol est formé par une sorte de granité à petits grains , composé de feldspath blanc avec un petit nombre de grains de quartz, de nombreux petits cristaux de mica et quelques-uns d'au)pliibole. A Kanaia, on trouve de magnifi(|ues serpentines d'un beau vert et deux variétés d'eurite, pélrosilex gris et rougeàtrc. Des échantillons de ces diverses roches, rccueiliis par M. Jouan, se voient au musée de Cherbourg. !>L .louan a également rapporté une brèche à pâle calcaire, avec nombreux galets de quartz jaune, noir et gris; celte brèche est magnifique, et, si elle existe en quantité suffisante, elle pourrait scr^ir avantageusement pour l'ornementation. Au fond de la baie du Sud, existe une source thermale sulfureuse qui produit des incrustations tout-à-fait semblables à celles de la fontaine Si"'. -Allyre et donne lieu à un dépôt de tuf. C'est, sans doute , à des aclion.s semblables que sont dus les dépôts de ces calcaires modernes qui se font dans la mer, tout autour de la Nouvelle-Calédonie, ainsi que dans la [)lu- part des îles, telles que les Loyaliy, l'île des Pins, etc. Les environs de Port-de-France doivent être fort intéres- sants à étudier au point de vue géologicjue ; en effet, les roches recueillies aux environs de cette ville, siège du gouvernement et capitale de la colonie, appartiennent à des formations ignées et sédimentaires. Plusieurs exploitations ont entamé un cal- caire compacte à grains fins , tantôt gris pâle ou gris de fumée, tantôt rouge, à cassure esquilleuso, qui m'a rai)pelé certains calcaires carbonifères (1). Le même calcaire se re- •1) Il y a lieu de s'éloui.ei- qu'on soil nl!é, dniis le principe, clieiclier i\ grands frais du calcaire à Sidney, tandis que cette précieuse ressource — 351 — trouve dans une pclile île de la rade de Port-de-Francc, l'île aux Lapius. M. Ueplaiichcs a recueilli égalcmenl, dans les environs, deux éclianlillons d'un autre calcaire gris, beaucoup moins dur que le premier, h cassure terne, rappelant d'aspect le muscheikalk ou même le zeclistein. Dans l'un de ces échan- tillons, j'ai trouvé deux corps d'un noir brillant vernissé, en forme de losange irrégulier , qui m'ont paru devoir être rapportés à des écailles de poisson. Il existe également , en ce point, (le grandes masses d'une roche éruplive noirâtre , qui m'a paru être un mélaphyre. Cette roche est d'une struc- ture très-singulière : au lieu de se diviser en masses irrégu- lières ou par colonnes prismalicpies connue les basaltes, elle se di\ise par boules ovoïdes, grosses comme les deux poings et formées de couches conceniriciues, emboîtées les unes dans les autres comme des cornets de papier. L'aspect général de la masse, m'a dit Deplanches,esl très-singulier, et rappelle les piles de boulets qu'on voit dans nos parcs d'artillerie. Enfin Deplanches a rapporté du cap St. -Vincent, également sur la Grande-Terre, une sorte de grawacke noirâtre, à grain fin et toute pétrie de bivalves indéicrminables, dont le test gris-bleuâtre fait effervescence avec les acides; l'une de ces coquilles ressemblait d'aspect à une Myophona , et j'avais cru devoir tout d'abord rapporter cette roche au trias ; mais, depuis, j'ai dû regarder cette détermination comme au moins prématurée, (ies co(|uilles , dont j'ai isolé un certain nombre, en brisant une portion de la roche, sont en effet complètement indéterminables. Dans les nièmes environs , Deplanches a recueilli une portion de tionc d'un assez gros Calamité. Je ne puis tirer aliondo, sons divers états, dans un p;iand nombre de points : d'excellenles ardoises, de magnifiques roclies, d'origine ignée, pouvant servir comme pierres dures, y rxisleni également, et il est Irès-probaMe que l'on y trouvera également du gjp^-e. — 352 — grand parti de ces données pour la détermination de ces divers terrains ; mais il est hors de doute qu'il y existe plu- sieurs formations , et qu'une étude géologique sérieuse de cette partie de l'île donnerait des résultats fort importants , et pour la science et pour l'industrie. Voici le catalogue de ces roches de la Grande-Terre , qui m'ont été remises par MM. Jouan et Emile Deplanches : 1. Granité amphibolique passant à la protogyne. Rivière St. -Louis, au pied du Mont-d'Or. Deux échantillons re- cueillis par M. Jouan , dont le plus grand au musée de Cherbourg. 2. Mélaphyre en boule ovoïde , à couches concentriques , se détachant par le choc. Port-de-France. Trois échantillons, dont l'un fait partie de la collection de la Sorbonne et un autre du musée de Cherbourg. 3-^. Grawacke à grains fins, presque homogène, avec bivalves nombreux indéterminables, dont le lest gris-bleuâtre conservé fait effervescence avec les acides. Cap St. -Vincent. Deux échantillons. 5. Calcaire gris de fumée, à cassure terne, avec Pecten h\- déterminable et écailles de poisson. Recueilli à Port-de- France par E. Deplanches. 6. Portion de tige de Calamité un peu écrasée , de 12 millimètres environ de diamètre. Grande-Terre , localité in- connue. 7. Calcaire compacte , à cassure esquilleuse , rappelant le calcaire lithographique de Solenhofen. Un échantillon , pro- venant de Port-de-France , carrière de l'Artillerie , m'a été remis par M. Jouan ; d'autres existent au musée de Cherbourg. 8-9. Silicate de magnésie hydraté (écume de mer ou magnésite) pouvant être employé avec avantage , si l'on par- venait à trouver des échantillons plus purs. Grande- Terre , localité inconnue. -_ 353 — 10. Calcaire gréseux avec veinules de laïc schistokle ou (Hallage, avec celle note : Roche au-dessous du corail , sur les bords de la nier. H. Calcaire érodé et carié par les agents atmosphériques , renfermant un polypier indéterminable spathisé , avec celle note : Calcaire érodé moderne , avec les coraux , initié par la mer, qui lui donne la couleur et la forme de clianipiynons. Cette roche est en tout semblable et dépend, ainsi (pie la précédente, du calcaire moderne qui entoure toute la colonie, et ne diffère point de celui dont nous parlerons bientôt comme formant une grande partie du sous-sol de l'ile des Pins. 12, Roche serpenlineuse noire, homogène, taillée en petits blocs ovoïdes, pointus aux deux extrémités, et dont les naturels se servent comme de projectiles pour la fronde. Une dixaine d'échantillons. 13. Projectiles de même forme et servant aux mêmes usages , mais de couleur grise, avec points et veinules blan- châtres. Quatre ou cinq échantillons. Iles de I\^ul et Icîé ou Uraï. Le sol de ces îles paraît entièrement formé d'un calcaire moderne, semblable à celui de la Grande-Terre et de l'île des Pins , et qui pourrait également servir comme pierre de construction et comme pierre à chaux. \U. Calcaire compacte jaunâtre, à grain visible à l'œil nu. 15-17. Même calcaire , mais à grains plus gros ; le der- nier d'une couleur un peu plus rougeâtre. 18. Calcaire compacte blanc-jaunâtre sale, très-dur, un peu caverneux , à cavités tapissées de petits cristaux ; partie supérieure cariée. Ce morceau a été corrodé par la mer, c'est la pointe d'un rocher. 23 — 854 — Ile des Pins. L'île des Pins , Kunié des indigènes , est située au sud-est de la MouvelkMJalédonie, ainsi que nous l'avons dit au com- niencemenl de cetle notice. En partie d'origin»; ignée, surtout dans sa partie méridionale , elle est dominée par une mon- tagne, le pic Nga , haute de 266 mètres. D'après les échan- tillons recueillis par Ueplanches, plusieurs roches en forment le squelette; en effet, parmi ces roches , dont la plupart appartiennent au pic et aux chaînons environnants , j'ai re- connu des porphyres curiliqucs et argileux, des amphibolitcs, des spilites et surtout des serpentines renfermant parfois d'a.ssez gros cristaux de diallage. La réunion d'éléments de nature si différente, sur ce petit espace, prouve que ce point a été sotmiis, à plusieurs reprises, à des actions dont il serait du plus haut intérêt scieriiifique de constater la suc- cession , en prenant des coupes exactes et en étudiant la manière dont ces différentes roches se comportent et se sont injectées les unes dans les autres. D'après leur inspection, on peut regarder comme certain que la formation de l'île des iMns n'est pas due à une action volcanique récente , mais à des mouvements du sol relati- vement anciens , (|ui ont ou leur effet avant l'apparition de l'homme, car on n'y trou\e ni basaltes, ni trachytes, en- core moins des laves ou autres produits volcaniques de l'époque actuelle. Le reste de l'île des Pins , surtout la partie septentrionale, e.st beaucoup plus basse et formée en totalité par un calcaire récent très résistant, quehpicfois compacte , d'autres fois lé- gèrement caverneux ou même carié , où l'on trouve des coquilles marines identi(|ues à celles qui vivent encore acluellemonl sur celte côte. Ce calcaire fournit d'excellente — 355 — pierre de taille , avec la(|uelle on a JKiti l'église de la Nou- velle-Calédonie. Il ressemble beaucoup, d'aspect, à certaines variétés du calcaire pisolitique des environs de Paris. A la partie supérieure, le calcaire <;st moins cohérent, il est sou- vent tachant et a quel(|ue ressemblance avec la craie de INIaëstricht ; il renferme , en grande quantité , les coquilles marines qui vivent actuellement dans les eaux environnantes, et dont la plupart conservent encore leurs couleurs, plus ou moins altérées. En haut on rencontre, suivant M. Deplanches, un mélange de coquilles marines et terresires; et, tout-à- fait à la sommité , il n'y a plus que des coquilles terrestres, entre autres ces gros Bulimes particuliers à la Nouvelle- Calédonie. Cette formation , évidemment coralligène , est en tout semblable à celle qu'on rencontre au pourtour de la Grande- Terre et dans un grand nombre des petites îles environ- na lUes , entr'autres celles qui sont une dépendance directe de l'île des Pins, telle que l'île Aicmène. C'est encore un dépôt semblable (lui forme les îles Loyaliy , et dont j'ai vu au musée de Cherbourg des échantillons recueillis par RI. Jouan. Ce calcaire se forme avec une grande rapidité; ainsi, M. Deplanches, ayant placé de grands os longs dans ce dépôt, a vu , au bout de quelques mois , les portions exposées à l'air diminuer de plus en plus , et au bout d'une année, ils étaient entièrement disparus. Sur les flancs des collines et dans les plaines , on trouve des argiles jaunâtres et rougeâlres et des minerais de fer, qui abondent également dans toute la partie méridionale de la Grande-Terre. Les roches recueillies dans celle île par M. Deplanches sont les suivantes : 19. Calcaire compacte avec débris de fossiles marins tr"s- — 356 — aliérc'S, avec celte indication: Roches de sable au niveau (le la mer employées, dans diverses localités, par les RR. PP. comme pierres à bâtir. Ile des Pins. On s'en est servi pour bdiir l'église, Tn niotcoau exactement semblable, et recueilli également par M. Oeplaixhes, fait partie de la collection de la Sorbonne , sous le n". 62-26. 20. Calcaire compacte à grains visibles , de couleur gris- jaunâtre , avec de petites cavités remplies d'argile ocreiise , un peu carié h sa surface libre , portant colle note : Roche sous les coraux, enlevée d'une petite croule qui se détache du plateau et se dirige en haut. 21. Calcaire gréseux, carié, d'apparence scoriforme, d'un rouge-brun , avec celle note : Roche formant la partie sous-jacente à celle qui sépare le plateau du petit chaî- non. 22. Calcaire caverneux , de couleur blanchâtre , à cellulo- sités petites , à surface libre cariée par les agents atmosphé- riques , avec cette note : Chaînon détaché du plateau , direction sud-est; bloc à la base de ce chaînon. Hauteur, 9 à 10 mètres. 23. Calcaire caverneux, avec cellulosilés remplies d'argile ocreuse , avec cette indication : Couche sous-jacente aux coraux. 2h. Calcaire compacte, caverneux, à cellulosilés vides. Paraît avoir séjourné dans la mer. 25. Calcaire compacte , gréseux , empâtant une aslrée , avec celle note : Caillou pris au bas du Pic. partie sud- est sur le bord de la mer. 26. Fragment en tout semblable au précédent , avec cette note : Couche de corail au dessus de la couche de la partie sud- est du torrent du Pic. Ces échantillons proviennent tous de la couche inférieure du raie aire récc ni, ri doiii la dciisiié eM beanconp pins grande — 357 — que relie de la partie su|;érieuie; il est évident (|iie ce c.il- caiie a été, dans le principe, formé d'un falun semblable à celui de la partie supérieure , lequel a été pénétré par des eaux chargées de carbonate de chaux en dissolution, qui a peu à peu comblé les interstices de la roche ; il est facile de comprendre alors comment la partie inférieure du dé.mi , soumise pendant long-temps à ces influences, est beaucoup plus dure que la partie supérieure. 12. Sable calcaire, formé par l'agrégation de détritus de coquilles marines et de petits cailloux arrondis, agglutinés et cimentés légèrement par un suc calcaire, ayant un aspect tout- à-fail semblable à certains faluns de la Touraine ou du calcaire grossier des environs de Paris , tel que celui qu'on observe, par exemple, à Fercourt, à Parnes , etc. — Collection de la Sorbonne, sous le n°. 62-27. 13. Chaux carboualée lamellaire, demi-transparente, d'un blanc-jaunàtre , probablement extraite d'un filon, avec celte note : Couche de peu d'épaisseur dans la marne. iU. (.baux carbonatée laminaire, à grandes lames demi- transparentes, blanc-jaunàtre, extraite probablement d'un filon, avec celle noie : Bluc du petit chaînon calcaire. ir)-lH. Pioches de calcaire moderne, très-peu cohérent , avec coquilles à test non spalhisé et qui ont conservé en grande pallie leurs couleurs. 49. Co(|uilles nombreuses, marines et terrestres, extraites de ce calcaire. Les roches suivantes , recueillies sur les flancs des coteaux et dans la plaine intérieure, sont di Ticiles à classer, et ou ne ptui déterminer à quel ordre de terrain eiles appartiennent; il est probable que la jlupart sont dues à la décomposition de roches métamoipiiiciues. 20. Ruche quarizeuse, cariée, ressemblant à une meulière — 358 — d'un bruu-jaunàtie, avec celle noie: Sw le flanc du chaînon, à l'entrée de la grotte. Nota. — Si celle roche exisle en quaniité exploitable, elle poiirrail être très-utile et serait employée avec avantage comme pierre meulière , par exemple pour les soubassements d'édifices, les travaux de fortification, meules de moulin, etc. Ce serait une ressource précieuse pour la colonie. 21. Roche décomposée, très-tendre, non effervescente avec les acides, de couleur jaune sale, avec cette note: Roche très-tendre, formant, -par sa désagrégation, Le soi végétai de ia pente du Pic. 22. Fer hydroxydé (limoneux) en petits amas irréguliers, séparés par de l'argile ocreuse. 23. Roche altérée, compacte (grawacke homogène?), d'un gris-jaunâtre, non effervescente avec les acides, rayée par la pointe du burin, avec celte note : lie des Pins , partie sud- est du Pic; roche dure formant Le fond du bassin. 26. Poudingue à pâte de calcaire gréseux et à nodules si- liceux , avec cette note : Chaînon , couche inférieure de ia grotte située à 25 pieds au- dessous du sommet du coraii. Les numéros suivants appartiennent à des roches ignées. 25. Roche porphyroïde , h pâle rude, avec points d'un roux-brun cl taches grisâlres, inégales, entamées par la pointe du burin. 26. Porphyre argileux, à pâle gris foncé, rude au loucher, à grains blancs-jaunâtres, peu nondireux, tendres. 27. La même roche avec des grains plus nombreux. 28. Amphibolite à cristaux noirs, avec cette note: Couche de 1 centivièirc à 1 mètre , passant à divei s états , vis-à-vis L'île Alcmène. On trouve la même roche plus dure, passant près de la Mission. Celte couche, légèrement ondulée, se re- lève quelquefois perpendiculairement , et dans ce cas est très- — 859 — mince. ( C'est , sans doute, le résultat d'un filon dénudé. ) 29. Asbeste dur, gris-blanchàlre, avec pâle ainpliiholique. 30. Eupholide altérée, avec diallage bronzite. 31. Serpentine avec diallage métalloïde. 32. Roclie serpentineuse dure , d'un gris-noirâtre avec points blancs, formant filon dans une eupholide altérée, avec diallage bronzite, qui paraît la même que le n". 30. 33. Roche sorpcnlineuso, avec grandes lames de laïc noir, avec cette note : Couche épaisse de 77 centimètres. — Crête du Fie. Partie inférieure. '6h. Spiliie à pâte gris foncé et à petits grains blancs. 35. Spilite à pâte gris-noiràire et à petits grains irès- nombreux. Ile lliigon. J'ai déjà dit que, parmi les échaniillons recueillis par M. Doplanches, les plus imporianls, au point de vue scienli- lique, provenaient de l'île Hngon ; ils consistent piiiuipale- mcnt en un calcaire d'un faciès tout parlicidicr. contenant en immense quantité, une espèce de co(|uille bivalve {/!vi< ula), si abondante qu'elle y forme luuiaclielle , et que la roche e.-.t, pour ainsi dire, formée de leurs valves empilées les unes au- dessus des aiitres. Cette coquille, très-facile 5 reconnaître, ressend)le telle- ment à VAvicula ( ^lonolis ) 5r/////rtr;VMle Goldfuss, qu'on a grand'peine à l'en distinguer ; toutefois les côtes paraissent être beaucoup plus fortes que dansTespècc calédonienne; les intervalles en sont plus grands, les côtes intermédiaires moins régulièrement disposées. Celle espèce se rapporte é\iiiem- ment au Monotis stdiuaria , \ar. Hichemundiana (Z\llc\). Quoi (|u'il en soit, la singulière association de cette co- (piille , par millii'rs d'échantillons, rappelle eu tout point les — 360 — roches si remarquables du trias supérieur ( saliférie» ) , tel qu'il se présente dans les Alpes, à Dorrenberg , où VAvicula salinaria existe également par milliers d'échantillons ; et quoique l'apparence de la roche calédonienne , dont le faciès rappelle la grawacke dévonienne , contraste avec les roches triasiques si connues de St.-Cassian, Hallstatt, Ausshée, etc., je n'hésite pas à regarder le calcaire de l'île Hugon comme appartenant à la série supérieure du trias, avec un caractère ANTIPODIAL, comme le dit M. Zittel. Je me suis donc décidé à attirer l'attention sur cette co- quille importante, et sur sa nouvelle localité. Mais si cette espèce y est très-répandue, par contre, les autres y paraissent très-rares; ce sont : 1". trois espèces de brachiopodes dont le faciès rappelle également , quoique avec une taille quadruple ou quintuple, les formes de St.-Cassian; 2°. deux gastéro- podes, appartenant à la famille des Trochidées ; 3°. une Asiarte de très-petite taille. J'ajouterai que j'ai retiré de ce calcaire trois morceaux assez considérables du tronc d'un arbre si- licifié. La roche se présente sous deux aspects : le premier, et celui du plus grand nombre des échantillons, est un calcaire d'un gris-jaunâtre, dur, peu homogène, et ressemblant parfois à un grès ; il fait avec les acides une vive effervescence qui s'arrête bientôt ; il laisse en résidu un dépôt considérable formant près des 5/6 du morceau dissous et paraissant formé, en grande partie, de silice et d'un peu d'argile. Il est formé d'une quantité énoime iYAvicula Richemondiana de diverses tailles, entremêlées les unes dans les autres, et disposées à plat. Ces coquilles sont presque toujours plus ou moins déformées; il est évident qu'avant son durcissement, le cal- caire a subi une pression assez forte , ayant déformé les fossiles : de plus , il a été soumis depuis à des actions chimi- ques dont l'influence a été très- variable, puisque, parmi les — 361 — cchantillons de calcaires, les uns montrent le test des coquilles intact , tandis que dans d'autres il a disparu et que les coquilles ne montrent plus que leurs moules. Dans celte première variété de calcaire, je n'ai rencontré qu'une seule espèce, VAvicula Richemondiana , répandue, il est vrai , par milliers d'échantillons (1). Une autre variété de calcaire se présente avec une structure moins serrée : il est plus grossier et est uniquement formé de débris de co- quilles triturées et fortement décomposées; sa teinte est ver- dâtre ; il contient des petits grains très-nombreux d'une matière vert foncé, qui s'entame facilement avec une pointe d'acier et qui paraît être de la chlorite. Ce dernier calcaire oITre moins d'échantillons de fossiles; mais, par contre, il paraît être plus riche en espèces. En effet , quoique je n'aie eu à ma disposition que deux ou trois échantillons, j'ai constaté la présence, outre YAviada Richemondiana, de trois exem- plaires du Spirigera Caledoîiica , d'une valve du Spirigera Planchesi, d'une valve de Spirifer d'espèce indéterminée, de deux Turbos, et enfin d'une portion de polypier qui me paraît se rapporter au Scyphia armata (Rlipet). La série d'échantillons recueillis dans ce calcaire de l'île Hugon , que je rapporte au trias supérieur, porte les nu- méros suivants : 36. Calcaire gris de fumée, de structure assez compacte, avec un petit nombre de débris de valves de YAvicuLa Ri- chemondiana privés de test , et un moule interne, en bon état, d'une valve droi!e de grande taille assez bien conservée, figuré pi. XIII , fig. 1. 37. Échantillon de calcaire brun-rougoàtre , avec nom- breux débris de valves de VAvicuLa Richemondiana , dont (1) II fuiil, loiilcfois, y ajoulcr les morceaux d'arbre silicitiés et la petite Aslitrtc indélcriniiiable figurée pi, XIII, lig. 6, — 362 — (|uelques-inis ont conservé une faible partie du test, qui s'enlève par feuillets. On voit sur cet échantillon un moule interne, en bon état de conservation , d'une valve gauche de grande taille, figurée pi. XIII , fig. 2. 38. Calcaire gris foncé , assez compacte , formé de dé- bris de coquilles triturées , ayant conservé leur test et une valve gauche de grande taille de la même avicule , dont le test est en parfait état de conservation, figuré pi. XIII, fig. 3 a. 39. Échantillon de calcaire, très-semblable au précédent et offrant probablement les deu\ valves disjointes d'un même individu , avec le test parfaitement conservé ; la valve droite, fig. Il a, est légèrement déformée et aplatie; la valve gauche, au contraire , fig. 5 a, b, paraît n'avoir subi aucune dé- formation et montre bien la forme du crochet et une petite partie de l'aile. 60-69. Échantillons divers du même calcaire , avec débris d'Avicuia Richemondiana plus ou moins écrasés, les uns ayant perdu , les autres ayant conservé leur test. 50. Iioclie un peu plus compacle , avec la même avicule à test conservé , avec quelques veines de chaux carbonatée spathique. 51. Beau morceau de la même roche assez lourd, plus homogène , avec chaux carbonatée spaihique et quelques empreintes de petites avicules. O morceau a séjourné dans la mer et porte quelques petites balanes vivantes. 52-53. Morceayx du même calcaire , avec avicules et quelques veines de fer hydroxydé. 56. .Morceau de roche calcaire plus gréseux, à grain plus grossier, montrant à sa base seulement des empreintes d'avicules. Ce morceau a été détaché d'un rocher , dont il forme la pointe , et la surface supérieure a été fortement corrodée par les agents atmosphériques. — o63 — 55. iMorceau de bois silicifié , avec fiagmoul de calcaire semblable à celui des numéros précédenls , avec empreintes de y Avicula Richemondiana et nioule extérieur de la petite Astarte, figurée pi. XIII , fig, 6 a, b. 56. Morceau de bois silicifié , où s'aperçoivent assez dis- tinctement les couches annuelles , avec fragments de fer hydroxydé. 57. Morceau de bois silicifié, avec veinules de fer hydroxydé. 58. Portion de roche calcaire , de structure grossière , avec fragments nombreux d'une roche friable d'un vert foncé ; on y voit également de nombreux débris informes et triturés de coquilles et d'autres cor|)s organisés , quelques valves en tnauvais état A' Avicula Richemondiana d'assez petite taille , et enfin un Bracliiopode appartenant à la même espèce que les deux numéros suivants. 59-60, Deux échantillons du Spiriyera Caledonica, dont l'un, n". GO, est représenté pi. XIII , fig. 9 o, b. 61. Petit échantillon de même roche , avec une petite valve bien conservée du Spirigera Planchcsi , représenté pi. XIII, fig. 10. 62. Petit échantillon de la même roche que le n". 58 , avec une petite valve incomplète d'un 5;nV//è/' indéterminable représenté pi. XIII, fig. 11. 63. Fragments de roche semblable à la précédente , mais plus compacte , avec moule intérieur de Turbo indéterminé, figuré pi. XIII , fig. 7. 6/j. Échantillon de Turbo Jouani, relire de la roche marquée au catalogue sous le n". 58, et représenté pi. XIII, fig. 8 a, 6, c. 65. Échantillon très-fruste d'un polypier en mauvais état de conservation , et qui rappelle le Scyphia armata (Klips.), représenté pi. Xill , fig. 12 a. b, c. Tels sont les échantillons recueillis dans l'île Ilugon par — 36/i — M. E. Ueplanches : ils nous permettent de reconnaître l'âge de ce calcaire , qui me paraît appartenir au trias supérieur. Bien qu'elles soient pour la plupart assez mal conservées, j'ai pensé qu'il y avait un haut intérêt à figurer les plus remar- quables de ces pièces, d'abord comme terme de comparaison avec les échantillons de la même période géologique, re- cueillis à la Nouvelle-Zélande par les naturalistes de l'expé- dition de la Novara, et qui seront décrits prochainement par M. Zittel ; et en second lieu, parce que la publication de ces matériaux, les premiers que l'on possède pour la paléontologie de notre colonie naissante , ne manquera pas d'être reçue avec faveur par les géologues français et étrangers , soii à cause de leur valeur même , soit pour rendre un témoignage d'intérêt aux généreux efforts des voyageurs intrépides qui , loin de la patrie, comme le R, F. .Moutrouzier , E. De- planchcs , Vieillard , etc., se vouent de tout cœur à l'étude de ces régions éloignées , que le (Iréateur a douées d'une façon si splendide, et dont ils nous permettent de connaître les merveilles. 111. DLSCRIPTM DES FOSSILES TIIIASIQUES DE L'ILE IIUGON. 1. TUr.BO {Syec. ind.) PI. XIII, fis. 7. Cette espèce ne m'est connue que par un moule interne , en trop mauvais état de conservation pour pouvoir être décrit convenablement: il (st donc sim]ilcment figuré ici pour con- stater la présence d'une espèce dont ou pourra, sans doute, plus tard reconnaître les caractères. Dimeusious : liauleur lolale, 20 iiiiilini. ; liauleur du dernier tuur, 11 millim. ; largeur ù In base, 18 milliin. — 365 — Hab. Un seul échantillon connu , recueilli par IM. E. Deplanclies clans le trias de l'île Hugon (Nouvelle-Calédonie). Ma collection. 2. TURBO JOUANl, E. DcsL PI. XIII, fig. 8 u,b,c. Coquille petite , à sommet aigu , offrant 5 tours de spire assez larges , légèrement bombés , marqués de h petits bourrelets parallèles à l'enroulement et séparés cntr'eux par autant de méplats pcîi prononcés ; ces bourrelets croisés par des sillons obliques peu nombreux. Base large , con- tinuant la courbe du dernier tour , offrant 5 sillons con- cejitriques dont l'externe est le plus prononcé. Au centre , une dépression peu étendue , formant une sorte de faux ombilic. Dimensions : Iiauleur totale, 8 niillim. ; liaulciirdu dernier tour, 4 millini. ; largeur, à la base, 6 miliim. Hab, Un seul échantillon connu , recueilli par M. E. Ueplanches dans le trias de l'île Hugon, Ma collection. Obs. Je me fais un plaisir et un devoir de dédier cette espèce à M. Jouan , capitaine de frégate de la marine im- périale , long-temps gouverneur des colonies françaises de rOcéan-Pacifique , et qui a bien voulu , avec la plus aimable complaisance, me donner les renscignenKnts les plus in- structifs sur la géologie de ces contrées éloignées. 3. ASTARTE [Sper. incl). PI. XIII, fig. 6 a, b. Celte coquille ne m'est également connue que par inic empreinte do la valve gauche qui, quoique très-ncile, est — 366 — insuffisante pour pouvoir être décrite convenablement , le genre même restant douteux; c'est donc simplement à titre de renseignement qu'elle a été figurée. Dimensions : longueur, i millim. ; largeur, 5 1/2 millim. Hab. Un seul échantillon connu, donné par une empreinte très-nette trouvée sur un morceau de calcaire contenant un débris de bois silicifié et quelques échantillons de VAvicula Ricliemondiana , recueilli par IM. E. Deplanches dans le trias de l'île Hugon (Nouvelle-Calédonie). Ma collection. ti. AVICULA P.ICHEMONDIANA, Ziltel (1863). PI. XIII, fi. 1, 5. Syv. Monotls Sdlinaria {\ar.). nicliemoudidua , Ziltel fiVf'Mes YuhrbucU (ter Minéralogie , p. 151. Wien , 1863. Coquille bivalve , sitbéqîiivalve , incqyilatérale , plus ou moins irrégulièie , trés-éialèe , déprimée , excepté vers les crockeis , où elle est assez renflée , rendue inégale à son bord libre par les saillies des côtes principales. Ligne car- dinale droite , peu prolongée des deux côtés du crochet, celui-ci saillant et recourbé en dessous à l'une des valves , moins saillant et moins recourbé sur l'autre ; marquée de côtes ragonnanles, plus ou moins arrondies et plus ou moins nombreuses , suivant les individus , les côtes étendues depuis le crochet jusqu'aux bords. Espaces intercostaux presque planes , mais relevés par une ou trois petites côtes , suivant qu'on les examine plus près du bord libre ; montrant quel- ques ondulations transversales plus ou moins sensibles dans la direction des stries d'accroissement , plus marquées vers la circonférence qu'ailleurs. Intérieur répétant, moins pro- — 367 — nonces, les ornements de la surface externe. Charnière inconnue ; empreintes musculaires inconnues. Dimensions : longueur, 55 millim. ; l.irgeur, 66 miliim. — Dimension des échantillons moyens : longueur, ^5 millim. ; largeur, 50 millim. Hab. Excessivement abondanle dans le calcaire triasique de l'île Hugou (Nouvelle-Calédonie), où elle forme presque toujours une lumachelle et où elle a été recueillie par Emile Depianchesà tous les âges et à diverses grandeurs, conservant toujours son caractère. — Ma collection et collection de la Sorhonne. Obs. Cette espèce et les autres formes voisines, telles que VA. salinaria , ont été rangées par les uns dans le genre Avicula, par les autres dans le genre Monotis ; mais, comme ce dernier ne me paraît pas jusqu'ici avoir été bien circon- scrit, et que les auteurs y ont accinnulé une foule de choses disparates, j'aime mieux la conserver provisoirement dans le genre Avicula ,• je dis provisoirement , car sa ligne cardinale ne se prolonge pas sur l'un des côtés comme dans la plupart des vraies avicules; les deux volves paraissent à peu près égales et non inégales ; elle ne semble pas avoir sur sa petite valve, près de la ligne cardinale, de sinus pour le passage d'un byssus. î,a forme générale est irrégulièie , tandis que dans les vraies avicules elle ne l'est point. Klle paraîtrait se rapprocher, par ses côtes rayonnantes, des avicules fossiles de la section des Digitatce, telles (|iic VA. cycnipes, echinata, inaquivalvis , etc. ; mais elle en dilfère très-notablement par sa petite valve, à peu près égale à la grande et couverte de côtes comme elle , tandis que dans les espèces de la section citée , la petite valve est presque lisse , ne montrant que des lignes à peine saillantes ; leur bord est entier, jamais digité ; elles montrent, en outre, près de la ligne cardinale, un sinus étroit et très-profond pour le passage du byssus. — 368 — Ces différences ont déjà frappé un grand nombre de pa- léontologistes, qui ont fait rentrer les espèces do la section des Digitaitv, ainsi que les avicules semblables à celle dont je m'occupe aujourd'hui, dans un genre parliculier , Monoiis; mais comme ce genre , ainsi constitué, renferme une foule de coquilles fort disparates, et qu'il est nécessaire, pour le reconstituer sur des bases certaines, de faire une révision complète de toutes les espèces jusqu'ici connues , je con- serverai le nom général à'Avicula comme provisoire, en ne préjugeant rien sur la place des Avicula Richemondiana , saiinaria et autres dans la famille des Aviculidœ ; il sera nécessaire, d'ailleurs, de comparer ces avicules triasiques à d'autres formes pins anciennes encore du permien , du car- bonifère , du dcvonien et du silurien supérieur , pour lesquelles on a déjà proposé les genres Aviculo-Pecten , Pterinea , etc. Je n'ai pas voulu entreprendre ici un parail travail de ré- vision , qui m'eût entraîné hors de la question des espèces triasiques calédoniennes , et qui aurait allongé outre mesure cette note, déjà irop longue. Ce travail de révision sera d'ail- leurs fait par mon père , qui a rassemblé une foule de ma- tériaux en vue d'un mémoire qu'il se propose de publier. Il pense que ces coquilles n'a|)parliennent pas aux vrais Avicules, ni même à la famille dos Maitéacées; il se fonde sur ce que le test n'est formé que d'une seule couche de nature lamelleuse ; qu'il n'existait point à l'intérieur une couche nacrée , devenant spaihique par la fossilisation ; que l'empreinte musculaire est unique et qu'il n'y en a pas une seconde plus petite, comme dans les vraies Avicules; enfin sur la position particulière de cette empreinte musculaire unique. M. Zittel, dans un mémoire important sur la paléontologie de la Nouvelle-Zélande , dont je donne plus loin un extrait — 369 — comprenant l'article relatif aux fossiles iriasiqiics, regarde cette espèce comme une simple variété de VAvicula satinaria, sous le nom à' Avicida salinaria , var. Richemondiana. Je pense, toutefois, que les différences sont assez gran Jes pour constituer une espèce particulière très-voisine de la coquille européenne, et je proposerai de l'inscrire sous le nom A. Ri- chemondiana, érigeant ainsi à titre d'espèce ce que notre ami Zittel a proposé comme variété. 5. SPIRIGERA? CALEDONICA (jiov. spec). PI. XIII, lig. 9 a, /'. CocfuiUe ovalaire , plus longue que large , déprimée , un peu réirécie Ders les crochets , à surface entièrement lisse , montrant à la région frontale de la petite valve un lobe médian mal déterminé , un peu excavé dans sa partie moyenne. A ce lobe médian correspond , sur la grande valve , îin large sinus peu profond. Crochet peu recourbé , rétréci et comme comprimé , coupé obliquement par un foramen ovalaire assez grand , s'étcndant jusqu'au crochet de la petite valve. Deltidium nul ou rudimentaire. Structure simplement fibreuse , non perforée. Caractères internes inconnus. Dimensions : longueur, 30 miUlra, ; largeur, 22 milllmj Hab. Trois échantillons recueillis par M. E. Deplanches dans le trias de l'île Hugon (Nouvelle-Calédonie ). Obs. Cette coquille offre , avec une taille quadruple , la forme d'un certain nombre d'espèces de St.-Cassian , telles que les Terebratula ampulla, lyrata , tricosiata , etc., qui appartiennent, je pense , à la famille des Spiriferidœ , et ne 1h ^ 370 — sonipas, par conséqueni , des Tcrtbiatules. Quanta leur vOiii;il)l(' genre , je n'ai pas jusqu'ici de données snfTisanles pdur le reconnaître exaclemenl , puisque je n'ai janjais pu voir l'inléiieur de ces dilTércnles foinies; le lesl , d'ailleurs, manque des | erforalions si caraclérisliques de la famille des Térébratulidées , et sa nature simplement livreuse |)a- raît, au coiUraire, ressenibler beaucdiip à celui dos S/n- rtgcra et autres Spiriféridées térébratuliformes. D'un autre côté, M. de llaucr a publié, dans les Mémoires de l'Académie impéiiale-royale de Vienne, un >iémoire remar- quable sur les fossiles Iriasiques drs Alj)es vénitiennes, où il décrit une es|)èce figurée t\ans la pi. IV , fig. 12 a, 6, c, i)0(ics , la forme des — 37^4 — deux coquilles que je rapporte avec doute au genre Spirigera, nous éloigne du lias et nous fait considérer la roche comme l>lus ancienne. Si maintenant nous cherchons dans la série paléozoïque , nous voyons bien quelques espèces analogues d'aspect à ces brachiopodes; mais les formes les plus émi- nemment paléozoïcjues font ici défaut : ainsi, il n'y a ni Pro- ductus ni Strophalosia. L'absence de ces genres , qui do- minent toujours dans les séries permienne et carbonifère, nous fait rejeter ces deux terrains et, à plus forte raison, la série silurienne; car nous n'avons pas ici un seul trilobite, et les avicules siluriennes et dévoniennes ont un tout autre aspect; reste donc, en dernier ressort, la série triasique. Si , malgré leur petit nombre , on compare l'ensemble des fossiles que je viens de décrire à la faune du trias, on ne peut méconnaître une association de formes tout-à-fait analogue à celle de cette grande formation, et en particulier de la faune si remarquable de St. -Cassian. Ainsi, l'avicule ressemble tel- lement à 1'//. salinaiia qu'on a peine à l'en distinguer et qu'elle n'en est même peut-être qu'une variété australe. Le Turbo Jouani nous rappelle un certain nombre de ces charmantes"?lpèces décrites par 1\JM. Klipstein et [Munster. Quanjiaux Brachiopodes, comme j'ai étudié principalement cet Qjpre, je me suis appliqué, malgré leur mauvais état de conservation, à voir de quel âge on pourrait rapprocher les fossiles cal^fenicns de l'île Hugon. Or, les deux Spirigera n'ont pcrar .nielle ressemblance directe qu'avec certaines formes, égalt^nt du trias de St. -Cassian. Quant au Spi- rifer, une espèce très-semblable , le Sp. fragilis, existe dans le trias de l'Europe; on voit donc que tout nous donne raison pour rajÇ)orter ce calcaire de l'île Hugon à la partie supérieure du terrain triasique. Enfin, une agrégation toute particulière d'échantillons d'une diîs^ espèces de VAvicuia Richemojidiana, répandue par — 375 — milliers dans le calcaire de l'île fliigon, nous rappollo la même association de VAvicula saiinaria dans les roches nia- siqncs des Alpes. Je sais qu'un pareil argument peut paraître lr('s-f;iil)le au point de vue paléontologique ; mais il me semble qu'au point de vue géologique , ce n'est plus la même chose; et en effet, nous avons vu, à ces anciennes époqtu's du monde, telle espèce de coquille vivre en société , cl cela stir toute la surface du globe, avec tant de régularité qu'aussitôt qu'on trouvait, par exemple, une gryi>liée arquée, on était c-riain d'en voir des milliers, et que, par contre, aussitôt que paraissait le lias inférieur, immédiatement on rencontrait des gryphées ar(|uéps et souvent cette espèce seule, I/associatiou d'une seule espèce, répandue par milliers, devient donc d'une importance extrême pour reconnaître les niveaux géologicpies : aussi est-ce principalement dans la présence de celle avicide, aussi répandue dans le calcaire de l'île llugon, que je prends l'argument le plus positif pour regarder celte Dche comme appartenant à la série triasiqiie su|»érieure. On a, d'iiillcurs, reconnu cette même roche ei cette même espèce dans un certain nombre d'îles de l'Océan-Indieu : VAvicula liiclieiHowliana de\ient donc un point de repère fort précieux pour reconnaître aisément un horizon constant, un niveau bien déterminé dans la série géologique des réyi(jus australes. M Ziltel est arrivé, pour la Nouvelle-Zélande, à des con- ciusions qui concordent d'une manière si complète avec ce (|ue je viens de signaler pour la Nouvelle-Calédtmie , (pie je ne puis résister au désir de transcrire ce qui a trait au iriiis dans le mémoire de M. Ziltel : je pense donc qu'on lira avec grand inlérêi les lignes suivantes, extraites du IS'eucs Ynlirlmrh der mincridogic et dont je dois une traduction à rolligi-ance si comme de IM. Sœmann : « La plus ancienne formation fossilifère de l'île du Su I — 376 — « (Nouvelle-Zélande) se irouvc h Richemond , près Nelson , ({ et consiste en un grès de couleurs variées, souvent ferru- (( gineux , qui a une grande ressemblance avec la grawacke « (dévonienne) des bords du Rhin. Le nombre des fossiles « qu'on y a trouvés jusqu'ici est très-restreint. Deux bivalves (c y dominent par le grand nombre des individus. La plus " grande , qui est en même temps la plus commune, appar- (( tient au genre Monotis; leurs empreintes remplissent des » couches entières], laissant à peine des intervalles entr'elles. « Ce mode d'association rappelle à lui seul le Monoiis sai'i- « naria, de Bronn, et celte première impression est confirmée « par la grande ressemblance des deux fossiles. La variété « de la Nouvelle-Zélande atteint bien une taille plus considé- « rable , de sorte que ses côtes se développent davantage , « paraissent plus fortes , et que l'ensemble de la coquille est u alors plus bombé; mais, à côté de ces exemplaires, on en (( trouve d'autres qu'on a de la peine à distinguer de noire « espèce européenne, et qui prouvent qu'on n'a affaire qu'à « une variété andpodiale. Je l'ai décrite sous le nom de u Avicuta salinaria, var. Richemondiana. (c La seconde bivalve, bien que moins nombreuse, est (( cependant encore abondante et ne se distingue pas de « VHalobia Lommeli (Wisseniann) , décrite dans iMunsier (( (Beitrage, vol. IV, p. 22, pi. XVI, fig. H). « L'association de ces deux espèces imprime au terrain « qui les renferme un caractère si éminemment tiiasique , « que l'aspect paléozoïquc de quelques autres échantillons (( ne saurait prévaloir pour la fixation de leur âge. Parmi ces « espèces, on remarque une Spùigera qui rappelle la Sp. <( undata , Defr. , le Mytihts problcmaticiis ( nov. spec. ) et » des moules indéterminables (ÏAsiarte, de Turbos et d'une Il coquille semblable à une huître. — La grande extension « de l'étage triasique, qui a été dans ces derniers temps re- — 377 — « connue en Turquie et à l'Hymalaya, reçoit une nouvelle et « remarquable confirniaiion par son apparition à la NouvcUe- « Zclande. » Ist j'ajouterai à la Nouvelle-Calédonie et à la Nouvelle- Hollande : L'extrait ci-dessus fait partie d'un mémoire dans lecpiel M. Zittel annonce la publication, aux frais du Gouvernement autrichien, des recherches géologiques faites par M. F. de Ilolhsiatter, géologue de l'expédition de la frégate la Novara. La Novara , partie pour un voyage de circumnavigation, est revenue sur ses pas en apprenant la nouvelle de la décla- ration de guerre de la France à l'Autriche, Ou ignorait, à bord, qu'une réserve spéciale avait été faite en sa faveur par le Gouvernement français, dont les généreuses et nobles as- pirations ont été de tout temps vers tout ce qui porte un cachet de grandeur et qui a toujours protégé les recherches scientifiques qui honorent l'huaianité , sous quelque pavillon qu'elles s'abritent; et, pour n'en citer qu'un exemple célèbre, on doit se rappeler que, lors d'une guerre maritime bien plus terrible , engagée avec l'Angleterre , pareil ordre avait été donné de laisser passer librement les deux frégates du capitaine Cook. Le Gouvernement français s'est toujours fait un honneur de respecter et de protéger la science , restant ainsi toujours fidèle à son principe de marcher à la tête de la civilisation. l-;XPLICAT10N DES PLANCHES. IManehe XIII. I-'ig. 1. Avicula liiclioiioiidiiiiui (Zitt.). Valve droite, privée de lest. — 2. — — Vulve gauche, id. — 3 ((. — — Valve gauche, avec le test bleu conservé. — 378 — Fig. Z b,3 r, Avicula Richemondiana (Zill.). Porlions prnssics du test du môme individu. Valve droite un peu déformée, montrant une partie du test. Valve gauche, de taille assez petite, en parfait état de con- ser\alion. Crochet de la même valve. Grand, nat. La même , grossie. Grand, nat., moule interne. (E.-Desl.). Grand, nat. Dernier tour, grossi. (Id.). Gnind. nat.'» (Id.). Petite valve, de grand, nat. Petite valve, grand, nat. (Miinst.). Grandeur naturelle. Portion de la surface et coupe, grossies. — lia. — 5 a. — 5 6. — _ — G a. Astnrtc ? (sp. ind.). — 6 6. — — — 7. Turbo (sp. ind.). — 8 o, b. — Jouani .-8 c. — — — 9 ff, 6. Spirigera Caledoriira — 10. — Planchesi — 11. Spirifer (sp. ind.). — 12 fl. Scyphia armata — 12 6, c. — — Planche XIII. Carte de la Nouvelle-Calédonie et des îles Loyalty, rcduclion d'une carte communiquée par M. le commandant Jouaii. M. cil! Veriioiiil , présenté dans la séanco précédente par MM. Eiidcs-Dcslongchainps père et ftls, est admis coninic tncmbfe coricspondant. A 10 heures la séance est levée. COtlPTE-RKI^DU DE L'EXCURSION DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE A THOUVILI-E-SUR-MEK, Le jeufli 15 juillet I86!J, PAR M. MORIÈRE, Président de la Société. Dans la séance du 5 juillei , la Société iJiinéciiiic s'occupa de fixer le lieu de son excursion annuelle. Parmi les diverses propositions qui furent faites, celle qui consistait à explorer, le jeudi 15 juillet , les environs de Trouville-sur-^ler réunit l'unanimité des voix: cette localité permettait, en effet, de donner satisfaction à la fois aux botanistes , aux géologues et aux entomologistes. Une antre considération militait encore en faveur du choix qui eut lieu : les nouvelles constructions qui s'élèvent sur la rive gauche de la Touque auront bientôt fait disparaître le marais de Ueauville, si bien exploré par M. Durand-Duquesnay, et il n'était pas sans utilité de faire une dernière fois l'inventaire des plantes de celte localité ; les plus rares ne se rencontreront plus dé.sormais que dans le remarquable Catalogue, publié en 1866, par notre excellent et regretté collègue. Le jeudi 15 juillet, MM. Morière, président de la Société; le docteur Fancon-Duquesnay, vice- président ; le docteur Pcrrier, bibliothécaire ; le docteur Lrclerc, trésorier; Luard, — 380 — Halbiqiie, de L'Hôpital, iouanne, Faiivel (All)cil), le docteur Postel, le docteur Vigor, Biu-Dupart, Férou , de INIatlian, de Bomiedioye, Aunay, [''auvel (Octave), prenaient place dans le train sur Paris parlant de Caen à 6 heures et deuiie du malin. A la station de iMézidon, nos wagons s'ouvraient pour recevoir iM AI, de Caumont , de Brébisson père el fils et de IMontbrun. A Lisieux , nous quittions lo train de Paris pour prendre le train spécial de Trouville , et nous recrutions encore MM. Gahéry, de Lisieux; Duhamel, de Cambremcr ; et iMélion, de Vimoutiers. A 8 heures 25 minutes, le sifflet de la locomotive se fait entendre : noire train se mot en marche et nous fait passer sous la ville de Lisieux ; quelcpies minutes après , nous ar- rivons dans celle belle et planiureuse vallée de la Touque, que l'on ne peut se lasser d'admirer. Quelle luxuriante vé- gétation ! Quel magnifi(pie la!)is de verdure délicieusement encadré par des coteaux aux moelleux contours , ici émaillés de coquettes habitations, là vêtus de bois-taillis d'une fraî- cheur qui défie le soleil de juillet , de place en place bordé de gracieux cottages avec leurs vergers de pommiers, lit comme ces bœufs, qui ruminent dans les herbages avec une quiétude parfaite, donnent bien l'idée du bonheur matériel : herbe tendre et succulente , table toujours servie , eau lim- pide de la Touque pour se baigner et se désaltérer, rien ne manque, en effet, à leurs besoins physiques. INous saluons en passant la ville de Pont-l'Évèque , placée au centre de la grande fabrique de viande de la Normandie , .et dont les armes, parfaitement appropriées à cette position, sont de pourpre à deux bœufs d'or au chef cousu de Fraucc. Celte \\\\q s'honore d'avoir donné le jour an célèbre jiuis- consulte .lacques-Guillaumc Thourel; à son frère, Michel- Auguslin Thouret , qui fut, en 1795, directeur de l'iîcole de médecine de Paris, et au brave amiral [Limelin. — 381 — Oc Pont-rÉvôqno à Tminille , la voie continue à suivre la riante valk'c de la Touque qui s'élargit à mesure qu'on approche de la mer ; les flancs des collines s'allongent et montent en gradins arrondis ; de lointaines perspectives s'ouvrent sur des plans successifs. A gauche, sur le plateau qui domine toute la contrée, on aperçoit le bourg de Reau- mont, patrie de l'immortel auteur de la Mécanique céleste. Plus loin , sur la droite , s'offrent à notre vue les ruines du châtrau féodal de Bonneville-sur-ïouque , où Cuillaume-le- Conquéranl se jilaisait à réunir les barons normands lorsqu'il méditait la conquête de l'Angleterre. Près de Touques, la voie qui a suivi depuis Lisieux la rive droite de la rivière passe sur la rive gauche. Deux églises témoignent de l'imporiance de l'ancienne ville de Touques ; d'aucier.s marais sahuits , dont on ne voit jilus aujourd'hui que l'emplacement, étaient pour cette localité l'objet d'un commerce très-important aux XVIP. et XVIir. siècles. En sortant de Touques, nos yeux se |)orlent, à gauche , sur une colline dont le point culminant est occupé par le château de Lassay , que fit constiuire en trois mois le comte de Médaillant-Lesparre , marquis de I.assay , pour recevoir M"', de Montpensier , qui avait accepté de venir visiter son château de Normandie (un château qui n'existait alors que dans son imagination). Aujourd'hui il ne reste plus, du châ- teau de Lassay, qu'un escalier eutouré de u)uraillcs que l'on aperçoit de la pleine mer et que le département de la ma- rine a fait conserver |)our servir de point de repère aux marins. Les ruines du prieuré de Sl.-Arnoult se montrent au- dessous du château de Lassay, au pied d'une pente ombragée. Sous l'église se trouve une crypte (|ue nous avons visitée il y a une vingtaine d'années et qui est erore remplie d'ossc- — 382 — mcnls humains. Cette chapelle, qui appartient au style roman , paraît dater du commencement du XII"'. siècle. Bientôt une écliancrure , située entre la pointe de Bénor- ville et celle de Hennequeville, nous permet d'apercevoir la mer qui s'étend devant nous à l'horizon ; sur la droite, une agglomération de chalets et d'habitations de tous les styles , de toutes les fantaisies architecturales , part du quai qui borde la Touque à son embouchure et s'élève d'étage en étage dans la colline : c'est Trouville, humble hameau comp- tant à peine quelques misérables cabanes de pêcheurs il y a trente ans, aujourd'hui jolie petite ville de 5,0U0 âmes, villo de bains de mer à la mode , préférée à Dieppe par l'élite de h société parisienne et des étrangers, qui, ne trouvant plus assez d'espace de ce côté de la Touque . a fait irruption dans les marais de Deauville, où, depuis moins d'un an, une centaine d'habitations, jalons d'une ville ftilure , se sont éle- vées comme par enchantement. A 9 heures o/i, nous arrivons à la gare de Trouville, où nous sommes reçus avec la plus grande affabilité par MM. Féret, président delà Société d'agriculture de Pont- l'Évéque, et de Prailauné , secrétaire de la même Société, qui, à la prière du président de la Société Linnéenne, avaient gracieusement accepté de préparer nos logements et de nous guider dans nos excursions. Je suis certain d'être l'inter- prète des sentiments de tous mes collègues , en exprimant à ces Messieurs notre vive gratitude pour leur complaisance inépuisable et leur exquise courtoisie. A peine étions-nous descendus de wagon que nous nous dirigions vers l'hôtel d'Angleterre, où nous attendait un solide déjeûner qui fut prestement servi et au(|uel nous finies tous parfaitement honneur: l'air vif du malin et quatre heures de chemin de fer avaient singulièrement aiguisé ï'ayt- pétit. Nous nous partageâmes ensuite en trois sections : bo- — 383 — tanistcs, géologues, enlomologisles (i), et nous nous mîmes eu n)arclie. Les botanistes explorèrent plus particulièrement les dunes, la partie du marais de Deauville qui n'a pas encore été envahie par les constructions , puis la moitié environ du marais de Tourgéville. Voici la liste des plantes les plus remarquables qui purent être récoltées : Ranunculus Baudotii , Godr. SaGINA MARITIMA, Dotl. SPtRGULA NODOSA, lAn. LEPlGOiNUM MAUINUM , Wilhl. LEPIGONUM SALINUM , Pries. ARliNARlA LLOYDII, Joni, Erodium pilosum , Bor. MEDICAGO DENTICULATA , WiUd. MEDICAGO MtNlMA, Liim. Laihyrus sylvestris , L. OEmanthè Lachenalii , Gmel. BLPLb;VRUM ARISTATUM , Bartt. Ruplevrum temjissimum, L. Orobakche amethystea , ThuiL Arenaria pubescens, Link. ATRIPLEX LITTORAMS, L. Atriplex halymus, L. , planté en haies. EUPHORRIA PARAHLFAS, L. PoTAMOGËTON PECTINATUM , L, RUPPIA ROSTELLATA , Koch. Zanicheu.ia PEDiCELLATA, Fries. fl) Notre colligne, M. Albert l'auvel , s'est cliarfçé de faire le procès- vephiil é- rieur des côtes de la Manclie, publié, m 1860, dans le BuL- letin de la Société géologique de France, iM. Hébert établit, dans l'oxford-clay des côtes du Calvados , au point de vue paléonlologique comme au point de vue minéralogi(|ue , trois divisions principales : « 1". V oxford- clay inférieur , formé de calcaires argi- « leux, d'épaisseur encore inconnue, est subdivisible en trois « zones fossilifères qui se relrouvent de la manière la plus (( régulière dans presque tout le bassin de Paris. » L'oxford-clay inférieur se voit, dans le (>alvados, à l.ion- sur-Mer, à Écovi.Ie, au Alesnil de Bavent. « 2". L'oxford-c'ay moyen , | uissant niashif argileux qui « n'a pas moins de 100 mètres d'épaisseur, avec lits njinces «< de calcaire o(>liihi(pie intercalés et une immense quaittité « d'Ostrea dilatiitu, 0. gregaria, Perna myiiluidcs, pré- « sente deux hoiizons distincts aux Vaches-Noires. Daus les « couches inférieures se trouve une faune (jui renferme un « certain nombre d'espèces de l'oxford-clay inférieur, mais « aussi plusieurs espèces des parties les plus élevées de l'ox- « ford-clay movcn (Turbo Men'ani, PUwoiomaria Mutt»- <( teri, etc.), et (pi(l(|ues-unes qui sont propres à ce niveau, « notannncnt V Ammonites Goliaihus , d'Orb. , et In variété « sans tu!)ercules de V Amm. Dunkani. — A plus de 60 u»è- — 389 — « très au-ilessus est la couche la plus riche en A^umonùcs « cordolus, Amm. pcninmitus , Ainin. arduenncnsis , (;\c., « caraclcrisée aussi par la Plicatula lubifvra. « 3". Voxford-clay supérieur présciilo, à rrouvillo, trois c( zones : 1". la zone de la Perna quadriiatcra ; 2". celle du " Nudeolùes scutatus ; 3". celle des Opis et des Serinées. « On peut en évaluer l'épaisseur à 25 mètres. » La partie supérieure de l'oxfordien , telle que la considère 31. Hébert, est oolitlii(jue et calcaire dans presfpie louies ses couches; c'est l'ooliihe de Trouville, dans laquelle on voit une carrière à peu de distance du chalet de \f, Coidicr; elle esi surtout caractérisée par le Nudeoliies sciiiatus et V .Jvi- monites plicaiiUs. Au pied du sentier qui descend de l'église d'Hennequeville à la mer, nous reconnûmes, ainsi que l'a constaté M. Hébert, que les couches ooliihiques de Trouville sont imniédiatement recotivertes par les couches à Cidaris florigemma (pu con- stituent la hase du coral-rag, surmontée elle-méiue par dos calcaires à polypiers. Sur |)lusieius points de la tranchée du chemin de fer du l'out-rÉvè(pie à Monfleur, on retrouve \r coral-rng , repré- senté par des sables oiïiaiit des lentilles de grès renfermant surtout des moules de Thracia B'onni? ; sur la commune du Vieux- Bourg, ou aperçoit une coupe très-curieiisc dont la base, constituée par l'o.c('ord/fn nioijen, est recouverte de coral-rng , au(p)el succède le kimineridgien , surmonté d'ime couche de craie glauconieuse , analogue à celle que l'on trouve à Auberville; mais, dans cette dernière localité, la craie glauconieuse recouvre l'oxfordien supérieur. Le ré- dacteur du pr()cès-verl)al se propose de soumettre plus tard à la Société Liunéenne un travjnl sur les tranchées du chemin de fer de Pont-rÉvè(pie à llondeur , qui viendra peut-être ajouter (|u»'lques faits à ceux que l'on couu lîl déjà sur la — 390 — dislribulion du coral-iag el du kimmeridgiei» dans le Cal- vados. En approchant de Trouville, nous trouvâmes de nombreux échantillons de NuclcoUtes sculatus , Nerinea ctavus, Ostrea ditatata (variété aplatie), Panopica peregrina , Pholadomya decemcostata (variété major) , Trigonia claveUata (variété major) , très-abondante dans la zone inférieure de i'oxford- clay supérieur , c'est-à-dire dans la zone à Perna quadri- latera. A 5 heures, les géologues rentraient à Trouville , à peu près en même temps que les botanistes et les entomologistes. A 5 heures 1/4, nous prenions place autour d'une table un peu petite pour le nombre des convives ; mais si nous n'avions pas nos coudées franches, nous n'en donnâmes pas moins à nos estomacs la satisfaction qu'ils réclamaient. Le service était d'ailleurs irréprochable, et pendant tout le repas, une gaîié franche et un joyeux entrain ne cessèrent de régner. Au dessert, comme de coutume, plusieurs toasts furent portés dans l'ordre suivant : 1°. Par M. Morière, président : « A la mémoire de Linné, notre illustre patron! A celle de notre regretté collègue, M. Durand-Duquesnay , qui nous a si bien fait connaître la flore de l'arrondissement dans lequel nous siégeons aujour- d'hui ! » 2". Par M. de Caumont : « A la prospérité de la Société Linnéenne, qui compte actuellement quarante années d'exis- tence, âge qui est trop souvent le commencement de la dé- crépitude pour les associations comme pour l'espèce hu- maine , mais que n'a pas à craindre notre Société , qui , plus vigoureuse que jamais , est bien décidée à vivre encore de longues années sans atteindre la période de caducité. » Se levant une seconde fois , M. de Caumont j)rop()se de boire à la santé du président. — 391 — 3". Par i\l. Halbique : (( Aux niombres concspondanls de noire Société, qui veulent bien se rendre à notre appel lors des réunions annuelles ! » U°. Par M. le docteur Faucon-Du(|uesnay : « A M. de Cauniout, l'un des fondateurs de la Société I>innéeniie, l'ar- dent et courageux apôtre de la science archéologique ! » 5°. Enfin M. de Brébisson , le gracieux patriarche de la science, toujours vaillant malgré les années et les fatigues d'un labeur incessant , a clos la série des toasts en disant : (( Messieurs, toujours je serai avec vous et je prendrai [)art à ces excursions si profitables à la science et aux bonnes re- lations des membres de la Société. Malheureusement il viendra un moment où je serai obligé de vous laisser aller après le déjeûner; mais vous me retrouverez toujours au dîner pour boire à la prospérité de la Société Linnéeiine. » Tous ces toasts furent chaleureusement applaudis. A 7 heures, il fallut regagner la gare, et quelques minutes après, nous (juillions 'Irouville, emportant les plus agréables souvenirs d'une journée cctusarrée à nos études favorites et pendant la(|uelle nous avions resserré d'une manière plus étroite les liens d'alfectueuse sjmpalhie qui unissent les membres de la Société. M. Fauvel rend compte, en ces ternies, des travaux de la section d'entomologie : Messieuks, Ayant à vous rendre compte de la partie enlomologi(pie de notre excursion , j'ai dû f.iire un choix parmi les nombreux insectes que nous avons recueillis et omettre les moins di- gnes ; la liste des espèces n'en est pas moins bien remplie, et j'espère que cette note, tonte brève qu'elle est, prouvera — 302 — «ne fois (le plus que la sciencp , avant tout, sait faire son profit fie nos promenades annuelles. Tronville est dans une position exceptionnelle pour la re- cherche des insectes : d'un côté , le littoral avec ses sables et ses falaises ; de l'autre, une vaste étendue de marais salés où la Touques , à son embouchure , forme de larges alterrisse- menis. Nous attendions beaucoup de cette situation favo- rable ; il faut l'avouer, nos espérances ne se réalisèrent qu'à deuii. Chaque jour , en effet , la vie entomologique se retire de ce petit coin du rivage: les voies ferrées, les grandes routes, les villas élégantes remplacent le marécage inculte; encore quelques mois , et celte localité intéressante aura le sort de tant d'autres: de la plante rare, de l'insecte précieux que la dune ou le palus gardait pour nous, il ne restera que le souvenir ! Si j'écrivais autre chose qu'un compte-rendu, — porte close aux dissertations, — peut-être serait-ce le lieu de dire un mol de cette influence que l'homme exerce sur la répar- tition géographique des êtres à la surface du globe, influence si frappante sur ce monde des infiniment-petits que l<-s causes civilisatrices modifient sans cesse dans ses conditions d'existence, multipliant telle espèce aux dépens de telle autre, anéantissant les races après les avoir repoussées du sol natal, créant enfin cette ubiciuité d'habitat, appelée aujourd'hui du nom de cosmopolitisme. Mais je m'abstiens, car ce serait tenter une excursion, et une excursion trop longue , en de- hors de celle dont j'ai mission de vous entretenir. A onze heiues, nous étions réunis à Deauville , sur le lieu de chasse. Profitant du soleil qui échauffait les rives de la Tou(|ucs et des étangs salés, nous nous mettons à la [mur- suite des Carabiques qui, à notre approche, s'enfuyaient avec une rapidité désespérante dans les fissures de la vase ; grâce au procédé d'inondation bien connu des entomopl.iks , la — 393 — r('I('iité do leurs piods n'en sauva qu'un potit nombre, et, parmi les Bembiiiinm surtout , on lit bonne récolte. Notons ■seulement : Dyschirius nitùtus. Un seul exem|)Iaire. Bembidiwn fcmoratum. T. R, — concinnum. (1. — pusillum. Id. — normannmn, I)ej. A. (',. Ce dernier , regardé à tort par certains auteurs comme «ne variété du précédent , constitue , à notre avis, une es- pèce particulière. Il est impossible de se méprendre à la forme si caractérisliquc , convexe , allongée et moins cordi- forme de son corselet; les élytres sont aussi plus convexes, avec les stries profondes, irès-fortement ponctuées, et la forme est constamment plus grande , plus allongée et plus robuste (1). Les dissidences d'opinion touchant le nor' (1) On peut dresseï- le tableau suivant des principaux caractères distinctifs des B. normannum , pusillum et tenellum : A. Sillons frontaux parallèles. «. Corselet allongé; élytres à stries profondes, très-fortement ponctuées norniannuin , Dej. 6, Corselet large , forlemenl rétréci en ar- rière; stries des élytres assez fines, pusillum, Gyll. V. rivulare, Dej. B. Sillons frontaux obliques tenellum . Er. Dans le Catalogue de M. Grenier, cité plus loin, p. 10, le B, rivulare de Dejean figure comme variété du tiormannum, inscrità juste tilre, nous venons de voir pourquoi, comme espace propre. Beaucoup d'entomo- logistes se seront étonnés sans doute de celte réunion, après les remar- ques de MM. Scliaum et Jacquelin du Val [Glan. entom, , 1860, II, 150), qui ont établi sans conteste que le rivulare constituait une variété , non pas du normannum , mais bien du pusillum. Pendant notre dernier voyage en Savoie ( août 1863 ) , nous avons étudié sur — 39^1 — mannum soiil venues de ce qu'à l'origine , beaucoup de na- turalislcs n'avaient sons ce nom que des variétés plus ou moins tranchées du pusiiium , espèce très-répandue; mais, nous le répétons , quand on étudie sur place , comme nous avons pu le faire, les deux insectes dans le Nord et dans le Midi, quand on en compare de nombreux individus de toutes provenances , on ne tarde pas à déclarer inadmissible leur identité spécifique. (]'est donc à bon droit que cette identité, contre laquelle s'élevait dans le principe le savant D^ Schaum, vient d'être rejetée du Catalogue des Coléoptères de France de ai. Grenier (août 1863). Belle occasion, pour nos \oisins d'Outre-Rhin, de revenir à une opinion qu'ils n'avaient abandonnée que sur les instances et les affirmations des au- teurs français ! Nous reconnûmes , parmi des myriades de Bembidium varium , cinq exemplaires d'une variété de ce Carabique très-voisine de Vobliquvm , Stm. , si même elle ne doit pas s'y rapporter , et au milieu du vulgaire chalceus et de ses variétés, une centaine de Pogonus IktoraUs, Insecte nouveau pour la Normandie et signalé seulement des bords de la Méditerranée et du midi de l'Europe. Après l'exploration dos rives, vint celle des fossés, presque secs à cette époque ou n'offrant plus que de loin en loin de petites flaques d'eau saumâlre. Chaque coup de filet ramenait place le rimlare et nous avons pu reconnaître la justesse de l'opinion professée par ces savants auteurs: la forme du coi-selet et les stries des élytres sont caractéristiques. Ajoutons que le vrai pusiiium est particulièrement septentrional et ne se trouve pas dans les Alpes, au moins à notre connaissance, où il y est remplacé par sa var. rivulare, qui y habite mOlée au seul li. tenellum. Le normannum se rencontre dans le Nord et le Midi ; les exemplaires de la région méditerranéenne sont d'ordinaire plus petits que ceux de nos rivages océaniques. — 395 — une population hétéromorphe, mollusques, crustacés, coléop- tères, hémiptères aquatiques, au sein de laquelle nous n'apercevions qu'à grand'peine huit ou dix Hydrophilides que leur stature microscopique rendait encore plus insaisis- sables : Agabus paludosus. T. R. Hydroporus pubescens. A. R. Philhydrus, v. teslaceus. Id. — melanocephalus. Id. Helophorus griseus. C. — pallidipcnnis, Thoms? Unique. Ochihebins marinus. T. C. — • margipallens A. R. — exaratus. Id. Laccobius minutus et les passages au L. palUdus, IMuIs. et Rey, qui en est à peine une variété répandue en France. Près de ces flaques d'eau, au milieu des herbes humides, habitaient une foule de Staphylinides : Philontlms nigrùulus, fimeiarius, atraïus, Aleochara rufipennis, Stenus subcvneus, Ocypus morio, Pccderus longipennis, Platystethus , var. scybaLarius et alutaceus, Thoms. {tristis, Muls, , Rey) , in- secte méridional. Et çà et là , sur les bouses de ruminants , deux insectes rares , Homalata airamentaria et Oxytelus ■puvnlus, couraient à la poursuite de leur proie , au sein d'une tribu compacte A' ^phodius , tout entiers à leur tra- vail de Sisyphe. En vain nous tentâmes la chasse au filet sur les graminées et les arbustes: les fleurs étaient passées ol les coléoptères disparus ; on ne signala que les Luperus rufipes et Phttdon betula, un Stiones et des Apion bien connus, un Scymnus et deux Coccinella sans valeur, enfin un Brachypterus uriicœ, sur la plante dont il porte le nom. — 396 — Munis de ces captures et n'espérant plus rien des maré- cages, nous décidàtnes de consacrer la fin de la journée à une chasse sur le rivage. I.a marée était presque basse et deux heures furent employées à tourner et retourner les (juartiers de roc que le flot venait de laisser à sec : chasse diabolique, s'il en fut, et bien digue d'exercer la patience et les mains du plus ardent ami de la nature ; peine perdue , ce qui est pis, car les dipus Robinii et Micralyninia hrevipenne, objets de si rudes poursuites , restèrent ici invisibles , comme l'an dernier h Arromanches (1). On reprit, en conséquence, la route de Trouville. l'ne courte station , employée à visiter les mousses d'une jolie cascade qui tombait des falaises , nf)us valut encore diverses espèces notables : Hydrana nigrita , Tachyusa vmbratica , Myiictua minuta, fonicorms, Kraaiz (très-rare), glatira et intermedia, Quedius nigriceps, Pœdenia cnligaïux, Lalhro- biiim mtdiipunctum et I. estera pubrscens (commune); et, quelques pas plus loin, un Pterostichusparurnpvnaatus, égaré sur la falaise et qu'on ramassa pour la rareté du fait. Nos flacons s'étaient fermés à demeure sur ce (]arabicide ; ils ne se rouvrirent qu'à la station de Pont-l'I^'vêqne pour re- cevoir un magnifique A.Mfan«5 ccnus télraphylle, qui vînt, au crépuscule, se jeter dans le wagon où nous étions réunis. (1) Ces deux iiispclps ne se trouvent que dans celte localilé du Cal- vados; le Micralymma y est très-commun. Fait remarquable , c'est V/Epun Hobiiiii qui s'>' prend, A Texclusiou du maiinus qui vil à quel- ques lieues de là, près de Luc et de Langrune. LISTE DES MEMBRES AUMIS A FAIRE PAUTIE DK LA SOCIETE PENDANT i/aNNÉE ACAUÉMIOL'E. Mlcmbre rësidant. M. Ypadryès, in«ppctPttr de l'Académie. Bleiubre» correspuntlants. MlM.DoLMtT, nncien député ;in Corps lé^islalif, maire de Celte (Var). Dp. Bbébisson (René), à Falaise (Calvados). GoDKY, médecin, ù Balleroy (id.). CoriiAu, juge au Tribunal d'Auxerie (Yonne). De Najusoutt , colonel du 8'. lanciers, i (.berboiirg (Manche). L. SoEMAAN, minéralogiste, ù P;iri-i, 45 , rue St.-Andréiles-Arts. YvER (Léon), ornilliologisie, an château du Qu^snot, près St -Lo (Manche \ Lepage, pharmacien, à Gisors (Eure). Pépin, docteur-médecin, à Croi^sanville Calvados). Munieu-Chàlmas (géologue), ù la Snrhonne (Paris). De La Sicotièrk (Léon), avocat, à Alcnçon (Orne). GiLLRS, professeur au roMége de St.-Miiiiel (Meuse). ScHLLMBF.RGKR , ingénieur de la maiiiie, î» Nancy (Mcnrilie). DoLFuss, natnialisle, rue de Flcurus, 31 (Paris). De Vebneuil, membre de l'Insiitnl, rue de Varennes ( Paris), LISTE DES MEMBRES RÉSIDANTS DE LA SOCIÉTÉ. Date de nomination. MM. Bix-Dlpart, pharmacien 1861 BoNNECHOSE (de) , au château de Monceaux , près Bayeux 1826 BouRiENNE , docteur-médecin 1 823 fondateur BouiiiEPiNE (A.), id 185i Bréville (E.), paléontologiste 1853 Caumont (de), correspondant de l'Institut, secré- taire houoraire de la Société 1823 fondateor Dh L'Hôpital ^ professeur au Lycée 1854 Du MoNCEL, au château de Lébisey, près Caen. . 1853 Durand, pharmacien des liôpitaux de Gaen . . . 1854 Eudes-Deslongchamps , doyen de la Faculté des sciences de Caen, correspondant de l'Inslilut , secrétaire de la Société 1823 fondateur Eldes-Deslongchaups (Eugène), préparateur de géologie à la Faculté des sciences de Paris, membre du Comité de la Paléoutologie française. . . . 1853 Faucon, docteur-médecin , vice-président de la So- ciété. 1823 fondateur Fauvel (A.) , entomologiste. 1859 Fatel, pharmacien. 1854 Fayel (C), docteur-médecin 1859 Féeon, pharmacien, ex-interne des hôpitaux de Paris 1859 Fourneaux, docteur-médecin 1825 Halbique, pharmacien 1843 Hue de Mathan , entomologiste 1859 Jouanne , professeur au Lycée 1860 La Chouquais (de), président honoraire à la Cour impériale 1826 La Marioize (de), directeur de l'Enregistrement, 1857 La PicQi erie (de), piiarnuicicn 1859 — 399 — MM. Le Bol CHER, professeur de physique 5 la Faculté «les sciences 18i8 Lr Clerc, (locteur-médecin , trésorier delà So- ciété 1827 Le Prrstrb, docteur-médecin, chirurgien en chef des hôpitaux de Cnen 1854 Li'ARD, docteur-médecin. . 1824 Marc (l'abbé) 1861 MoNcocQ (l'iibbé ), chef d'institution 18Gi MoNTBRt.N (de), minéralogiste, à Quétiéville , près Mézidon 1840 MoRiÈKE, professeur de botanique à la Faculté des sciences , président de la Société, 1844 Pbrriek , docteur-médecin , bibliothécaire de la Société. 1837 PiERHE (I.), professeur de chimie ù la Faculté des sciences, membre de l'Institut 1848 PosTK.L, docteur-médecin. ........ 1858 Vendkyks, inspecteur d'Académie 1862 ViGRR, docteur-médecin 1861 m tu ^ LISTE DES MEMBltKS COIlRESrOtV r)ANTS QUI ONT ADHÉRÉ AUX NOUVEAUX STATUTS. t°. î»ou84.'rî|tieurs à touÉns les publications. MM.Bkrtot, pliarmacien , à Bayeux (Calvados). . . BdNNECHosF. (E. de) , botuiii>le, à Bayeux (Cal- vados) 18r)9 Brkbissok (de), bolanisle, ù Falaise (Calvadns). . 1825 CoTTEAU, magi'îtrat, membre du Comité de la Pa- léontologie française, à Auxerre ( Yonne). . . 1863 DoLFuss (A.), naturaliste, rue de Fleorus, 31, à Paris DoLMET, ancien député au Corps léj^islalif, à Celle (Var) 18C2 Dlhamkl, botaniste, à (Camembert (Orne). . . . IS.'iG Rbr*y , infçéiiiciir du chemin de fer de I-yon , à Tarare (Rliône), membre du Comité de la Pa- léontologie fiaiiçaise 1863 Feruï t Souscripteurs au Bulletin. Bksnou , chirurgien en chef de la marine en re- traite , à Cherbourg 1861 Lebel , docteur-médecin, botaniste, à Valognes (Manche) 1850 Lepage, pharmacien, à Gisors ( Eure). . . . 26 TABI.R DES (OMMUNICATIONS P It: \<>>jiy- ;;Ao!V/cs) trouvée dans le ias supérii ur ri l.a Caisne, p. 307. — Noie sur une Liliacéc de la Califoruie, p. ol3. — Gpiire Riipallcyn, p. 317. — Ihi/utllnjn volu- bilis, p. 317. Note sur une Fraxinelle monstrueuse, p. 32(). — Colora! on en verl (le loules les parties de la llour, p. oi'G. — Tiansforniatioii eu orj^anes ro.iacés des diverses parties de !a tieur, p. 327. — 'liansfi.r- inalion des rarpelk's t n étainines, p. 331. — l'io'ilica- lion , p. Soi. — (om|)ie rendu de l'excrr-'on de la Société Unoéeniie ù Troiivilie-sur-Mer . p. 378. iVIuiMKR-CuALMAs. Note sur 'os Vul.scl lirlc: , p. 97, pi. I. — Geine lui- Sittii, p. 101. — F,-.pèces vivantes, p. 102. — E^jj'ces fossiles, p. 105. — Genre Elirjmuti, p. 107. — Genre :^:vuli,ul, p. 108 PhRRiER. Loealilés de plantes rares en Nniniand'e, p. 29. -Troi- sième noie sur la Priinidn niriithilis Goipl!), p. 296. l'irRRE. Pioposilion d'inie demiinde adressée à S. I'".xc. le Mi- iiistic de rjnsîruelion publique pour une allocation extraordinaire, afin de couvrir ies frais d'une partie (lu Mil*, volume des .)Jciiwircs, p. 7. — Reclierclics 406 — SCEHANN. Vautier (A.) expériiueiitales sur la composition de la gruine de colza, p. 5à. — Considérations générales, p. 54. — Analyse des graines, p. 57. — Tableaux indiquant la composition de la graine h divers étals, p. 71. — Ob- servations sur les deux tableaux, p. 73. — Compa- raison des résultats , p. lli. — Expériences faites sur la graine de 1860 comparée à divers étals de dévelop- pement, p. 79. — Résumé et conclusions, p. 85. — Lecture de deux notes sur le dégagement d'acide carbonique par la graine de colza sous rinfluence de l'air, et sur la diminution de l'huile contenue dans la graine de colza pendant sa germination, p. 203. Note sur une piste découverte dans les calcaires litho- graphiques de Solenhofen, p. 321 , pi. VI. Annonce d'une allocation de /lOO fr. accordée par S. Exe. M. le Ministre de l'instruction publique, p. 9. — Allocution en quittant le fauteuil de la présidence , p. 11. TAP.LK GENEliALE I)i:S MATIERES CONTENUES DANS CE VWV. VOLUWIE. Pages. ("dinpoMlioii (lu bur. au pour l'année 18(12-6;; v — dé la Comrnissidu d'impicss'on des Mnnoircs. , . hi, — — dll r.ulUtin. . . . K SÉA\CK Ul 3 .NOVEVIDIiR 1S62. Conununicnlion du Sccivlaiio 7 Pioposiliiin présiMilée pat M. Pi( no ht. Décision de lu Société à ce sujet 9 ronunuuicaliou par M. i^ugùie De;'on;;cliuiîips Id AniKtuce d'une urocaliou de /|00 francs accordée par S. Exe. M. le M uisire de riuslrucliou pul,ru|ue Iii. Déiil)ér;ition iiduiellaut rpie TiuspecU ur de l'Aïadémie seia de droil uieu)l)ie de la Seciélé 10 llenoiiveilenr ul du iiureau /(/. Alloculidu de ^\. A. Vaulier 11 Alouelie ù liaiisse-col {Aluudii (ilpcsiris aunoiicée par M de Mnlluin comme avant élé liiée à Isij^ny i C.alvados . ... 12 Annonce, par M. l'auvil, (!e r.^ppnriliou de tro s s|)éciuiins de Toit; d'Éf;}|)le {Anser arties de la lleur Id. Transformation en organes foliacés des div rs vertitilles de la fleur " 327 Transformation des carpelles en élamines 331 l'roliiicalion > Id. Documents sur la géologie de la Nouvi ile-Calédonie , suivis du catalogue des roches recueillies dans cette île par M\f. Jouan el K Deplanches, et de la description des fossiles Iriasiques de l'île Hugon, dépendance de celte colonie, par M, E. Des- longcliami)s 332 Desciiption géograpli (|ue 335 To|)ograpliie 340 Géologie 343 Calalctgue, par régions, des roches recueillies par MM. Jouan cl K. iJep'anclies 349 lies de Nui et Icié on Uraï 353 lie des IMns 354 — ilG - Ile Hugon 359 Descriplion des fossiles Iriasiqucs de l'île Hugun 364 Turbo, sp Id. Turbo Juuani 365 Asiiirte M. Avicula Richemoiidiana 366 Spirigera Caledonica 369 — Planchesi 370 Spirifer 372 Scyphia armata 373 Explication delà planclie XIII 377 — XVII 378 Réceplion de M. de Vcrneuil comme membre correspondanl. . . /«/. Compte-rendu de l'excursion de la Société Linnécnne à Trou- ville-sur-Mcr , le jeudi 15 juillet 1863, par M. Morière, président de la Société Id. Parties botanique et géologique , par M. Morière 383 Partie entomoogique, par M. Fauvel 391 Membres admis à faire partie de la Société pendant l'année aca- démique 1862 63 397 Liste générale des membres résidants et de ceux des membres correspondants qui ont adhéré aux nouveaux statuts. . . . 398 Table des communications par noms d'auteurs 402 Cacii, typ. de A. Hirdil. Bullelm Soc.liTni'-deNorm''.'fTomeVllI.Pl.I. 1? A /.'^ Dulon^cÀa^Tuyj It-t^. Tmp. £uoutt . Or Sar 1 a,t,c,d,e,f. Naïadma Hel)erti ( Mun-CKalm.j craie Marn. 2 a.b Eligmus polylypus ( Desl.) gr. ool. •5. .. Vlllsella Turonensis ( Dujard.) cr.Mam. Rullntin Soc.linn^deNorm*"' Tome VlII.Pl II, -X i^chiunps liiÂ. S. Imp. Btc^tui Faris. Arctioeoptervx litlioé^rapliica ( H.deMcpr) SolenTiofen. Bulletin SorlinnfdeNorm'^.\'= TomeVUl.P! IH. W.,rbr.> Cornbrash [ Cale, à iev.\ llaêenalis / Fll^r, r~ '1 Oolile pvpVa For.: t . .1 Corntrashr~^ I -"^ l 1 miliaire bMiiil niartlc •> '• ' ' ■ ''■'(Oolitc duV/astjt ' Callovien °£;' EU c°"i-8 ED 0 •O^C Nota, id faille F pourrait au premier abord faire croire à une alternance de couches . .-..)fc. i,2.<5. Silurien de la Vallée de la Laize . 4. Coupe tliéorique offrant l'allure des couches du Système ool. inférieur dans leBoulonais. 5. Coupe auprès de Belle au contact du Cornbrash et du Callovien. "<;►.„. ï£iV:., BuUeUn Soc.lmn'de Norm".'f Tome VIII.PI.IV, ï \ (> ■ 3 'ms^sam^^m H /t; M ^ '^cA^^^ — ■ ip.J>cc^iut, à-Jhris. ichnites liiliographiciis ( Oppel SolenliofeTi . Bulletin SocHira"" de NoTm"^nome VIILPL.V 2' !^ ^■" 'C } \^^ £'iw.J)tsloTUfc7iajruxs lith. /nyj^ufiuifJ^oJ i_2.PeltarioTi Moreausi.cDesI) Oxf. 6_7. Patella squammula, (Desl.) g-o. 3. Chiton Terquemi,(Desl.)I..inoy, 8. Emarôinula nol3ilis,(Desl.)l.moy. 4 . C. „ liasmus , id. id. 9 . Bulla liasma , ( Desl.) L.moj. ,6.C. „ Desliayesi, (Terq.) id. 10. B. „ Plouesti, id, I,.raf. BuUeliTi Soc.lirm"^ de Worm''."- tome VIII.PL.VI. ''é- 2)tsfcnQch(UTU7j iiih. jnuu. Bttattii^JkrLi Ervon Edwardsi . ( Mor). L.sup. Bulletin Soc Imn^'ae Norni''.'nomc VIU.PL.VIL Fié. 9.' '^- "; .:*iij t^,'ii-js;Eiifc«si,;; 6 ■JJ 1_2 . PilhoTioton . Lit formé par . T\roellon avec jTnv Jiu^iui,I'aiij . Meyen. ( g.ool. ) des moules au dessus d'une pièce de tois.(Lii moules , ( réduclion) 6- Groupe de moules. ( grand -nal ) 7_8. MltyluS érypWideS. ( grand. nat.) 9 . Pajsaée représentantlarade de Curcj au commencement du dépôt du lias supéneur.avec l'artre couvert de moules . Bulletin Soc.linn"'de Norm*!' tome VIII. PL.TOI. C^^^wi i  . Fattrd (àl. Suy.Dtslcn^chainj» liiA. Pnrauia vanaMis . ( Goupil) A.C. Mlalm Soc.lmu'^Meyorm^lMoiTie VIII.PLIX. 2 ^ BRACHIOPODES NOUVEAUX OU PEU CONNUS . Teretratula ( EpilE/ris ) BreEissoni (E.Desl) ool.mf. 2" BullelmSoc.lum"''-deNom'''nomeVlll.PL.X 2? tm -fr I '"'J .< J^ti^.DtslorwcJuimjoS tt DdaÂayi lùfi. Jmp^uoiiU ,1'arU . BRACHIOPODES NOUVEAUX OU PEU CONNUS S . oolitique inférieur. Eullelin Soc.limi^'cleNom''.'noTiie VIII.PI.XI \ '^1 '-^ 6f^ \ ■~^ 9 J6» --^ ^ii^.Duloriac/iamps t( jOtiaÂai/e iitA. /m^.Jiec(jfuci,Jhj-ù BRACHIOPODES NOUVFAUX OU PEU CONNUS Lias de l'Espaéne . ]]ullcimSoc.linTi''McNonn'!'=tomeVlll.Pi,.Xll ^■■'>>. ■::ri^ S.V.- 8 £ufl.D(sloTiychamps e/ DÛaAai/e /li/i ^ /mp.Bu^uti, Fans . BRACHIOPODES NOUVEAUX OU PEU CONNUS Lias de l'Espagne. jc,lmn"'deNorm'''MomeVllLPlXIlI, 2 luj Dcslo}içchamps litft. Fossiles de la N'i' Calédonie. _Trias "f* ^//,'/e^:/i 'I' v: I ym iJ r/Ajl' FudesJJesUn^chamfs lilA Lemîrc/iand /me Eullelm Soc.lmn"'"- de Norra'^!^- tome VU! .PL.W 1 1^ 11 Fcu/iuJ: dcl U 7itk. Jritp.^tcauti . FarLs \5 Riipalieya volubilis ( Liliâcée californienne.) Bulletin SocLmu^de Norm*!'Tome VIlI.PL.XVi. ,/>' i ^J '. ^_ 1 iicT ; ^ l'îa 12 vV5f-f^| "i^ ^lé") \ m m il fi 1 f /;';-■' ' !: l) '? ./''^ J.' 15 Fraxinelle . Biilletm Soclinn. Ac Nottu''^' iome VIII .PL.W1I. - e ,^,' .i--» ^ ■» i: S" -1 . ■'^ QJ ^ â ^ ZS; "S ■" 1 A ir' -l 1 fi ^ÊÊ*' 1 0 -^^ « '- 1 -Sj ^f. , »o ^> -> " ^ -^ ■~^ 0 1 1 11 \, ■ï •*l 1 -, -^'"^ "^ !rt ^>1" o " S' - t ^f^^ ^ ' ■ ^ ~ 3 "^ i *i ' - -- 1 '^ ^^1 ^ ^ 0 -1 ^"^ 1 ï-^ £3 •3 -^'"" ii ■1 .g A rc3 ^ < ^ 's #■ -ô fS \ s " 1 1 "^ '<*' E^ ..-»5 /■ m \,^ - ' -g #■ ^- ^,.^1 .--*" ^ _i ,'i 1 1 ^ Ê. .\fl ■ i ' ;»w ■'' 'i^ CD ?'■ ^%;^ •ta a . 1 1 \^ ^ '. ^^r< 0 . i 2 rS 0 3, 0 < 1 0 1 0 0 0 „ ce! "^ ■■g f 1 .■3 ."3 -3; 0 e ^ ^ . 13 S .•5 *^ .0) 0^ ': ■^ 03 ' 0 s (N w BULLETIN DR LA r r SOCIETE LINNEENNE DE NORMANDIE. HUITIEME VOLUME. ^IVI!tfE:E: 196^-6». CHEZ A. lIAnOKL, [MPRlMKUr. DK î/ \C ADÉMIK , ! Rue Froide, 2. PARIS, SAVV, I.IURAIRE DK I.A SOCIÉTÉ liÉOl.nilIQliE UK FRANCE, j Rue Hautefeuillc, 2/i. 186^1. ^. «fi»OT» LISTE DES PUBLICATIONS DF. U SOCIÉTÉ LINNKKNNE DE NORMANDIE- I. — Séa»tveit publUfues de ta Société. Séance tenue ù Fali.ise le 5 juin 18:34. ln-8". , 452 pages. ... 1 fr. Séance tenue à Bayeux le 4 juin 1835. In-S"., 92 pages .... 1 IV. Séance tenue à Vire le 24 mai 1836. In-8°., l^eo pages 1 fi'. Séance tenue ù Honneur le 28 juin 1837. In-S'. 74 pages. ... 50 c. II. — Miétnoit'e» de ta Société linnéenne du Calvado». Tome I"., 1824 ; in-S"., 300 pages, 10 planclies . 8 fr. Tome II, 1S25; iii-8". , 600 pages 5 fr. Atlas, 1825. ln-4"., 26 planches. . . .' tO fr. Mténtoiweu de ta Société hinnéenne de Xottnandie. Tome III, 1826-1827; in-8°., 368 pnges. (Épuisé.) Allas, 1826 182.7; in-4°., 6 planches coloriées. (Épuisé.; Tome t-V, 1828; in-8"., 409 pages. (Épuisé.) Allas, 1828; in-4''., 8 planches coloriées. (Épuisé.) Seconde série, — 1". vol., 1829; V'. partie. In-4''., 193 p., 4 pi- (Épuisé.) Nota. — C'est le sr.ul volume de cette série que la Société ait publié. Tome V, 1829-1833; in-4''., 281 pages, 6 planches. (Épuisé.) Tome VI, 1834-1838 ; iu-4"., 312 pages, 11 planches JO fr. Tome VII. 1839-1842; iii-4''., 232 pages, 12 planches. (Très-rare.) 25 fr. Tome VIII, 1843-1848; in-4^, 369 pages, 19 planches . . . . 20 fr. Tome IX, 1849-1853; in-4°., 257 pages, 15 planches 15 fr. Tome X, 1854-1855 ; in-4".-, 343 pages, 18 planches 20 fr. Tome XI, 1856-1859; in-4''., 276 pages, 31 planches 20 fr. Tome XII, 1860-1861; in-4''., 177 pages, 14 planches 15 fr. Tome XIII, 1862-1863; iu-4°., 310 pages, 18 planches . . . . 20 fr. 121. — JBictfefin de ta Société Hnnéenne de Xot'tnandie. Tome 1"., 1855-1856 ; in 8". , 144 pages, 7 planches. . . Tome II, 1856-1857 ; in-8»., 368 pages, 5 planches. . . . Tome m, 1857-1858; iii-S°., 195 pages, 7 planches. . . . Tome IV, 1858-1859; in-8"., 273 pages, 4 planches. . . . Tome V, 1859-1360; in-S»., 330 p;igcs, 12 planches . . . Tome VI, 1860-1861 ; in-8°., 186 pages, 8 planches. ... Tome VII, 1861-1862; in-S". , 354 pages, 15 planches. . . Tome VIÎI, 1862-1863; in-8"., 410 pages, 17 planches. . . 3 fr. . 4 fr. . 3 fr. 4 fr. . ,5 fr. 4 fi-. . 6 fr. - 7 fr. Pour toutes demandes d'échanges, s'adressera M. Perribb, bibliothécaire- archiviste de la Société, rue do Bayeux, 17, fi Caen. yA- — - — Pubbés pat fascicules de 50 numéros , au prix de 3 Ir. I'ud. Siidrcsser à M. MArBnvNCHE. rue Per'i'-re (•. l'i Rnupn. /f ^ .& ' ' . 2 ., . , ' "l ':• iilîHÏ ' ' '> '.../. î:i*