«se ;^' É Y S Ui(^^ \ 1'' :^ 'ii V] \i *<;;3fe l li jifj .^^^ î 'Ai t'^- \ ,*^ '^^^; ■^*^f4* 1 BULLETIN DE LA X ^ SOCIETE NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE I Ko ■-' 'fSf' BULLETIN DE LA SocW Satioflale ïAccliDiatatiflii Je Fraace FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE Par Décret du 26 Février 1855 ANNEE 1918 SOIXANTE-CINQUIÈME ANNE Llll« <" ^ ll|i\s ■ ■ .'»■■ •OTA UA' PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 198 , BOULEVARD SAINT-GERMAIN, (vil*) i9t8 m Mce^d.i«a BULL.ETI N 53i-52 691-52 DE LA SoeifitÉ Nationale d'AcelimatatioD DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 65° ANNÉE N°1.- JANVIER 191S SOMMAIRE ACTES-DK LA-SOCIÉTÉ DÀCCLIMATATION. . .Ti^^A . ^^^^^^ . U ^^^ff^i^A . . 1 Jean Delacour. ~ Croisement de Pigeons ^o(jLé . .fJê'iAAvKi'.y 6 Henri Lecomte. — Le jardin alpin de la Société d'Acclimatation 7 D' Robertson-Proschowskt. — Les elïels de la neige sur les végétaux de la Côte d'Azur 13 pendant l'hiver 1916-1917 Extraits des procès-verbaux des 5éa; '/, Société : Séance du 5 novembre .1917 Chronique générale et faits divers. Un numéro , 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. LE SIEGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLLMATATIOxN DE FRANCE EST TRANSFÉRÉ 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VIF). BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 Président, M. Edmond Pbrrier, membre de l'Insiitul et de l'Académie de Médecin», Directeur *» Muséam d'Histoire naturelle, Paris. l MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, FrofeMeur k l'Ecole Vice-Prétidentt. \ coloniale, 15, rue Faidiierbe, Saint-Mandé (Seine). ( Maurice db Vilmorin, 1, rue de la Planche, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Lotbr, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Lb Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Etranger). H. Hua, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Samt- Seerétaires. i Germain, Paris {Conseil). Capitaine, 48, boulevard Raspail (Séances). Ch. Dbbrbuil, 25, rue de Châleaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M. le D' Skbillottb, 11, rue Croix-des-Petits-Charaps, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Gaucurte, Moulin de la Madeleine, à Samois (Seine-et-Marne). Membres du Conseil M. Lb Mtre db Vilbrs, 28, rue de Surène, Paris. -A. Chappellier, 6, place Saint-Michel, Paris. /'' WuiRioN, 101, rue Sadi-Carnot, Puteau\. / AcHALMB, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d Histoire naturelle, 1, rue Andneux, f arw^ D' P. Marchal, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 89, rue du Cherche-Midi, Paris. D' Leprince, 62, rue de la Tour, Paris. Mailles, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). / D' E. TROtJESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Pans. XiECOMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. ''^REPiN, 18, rue Lhomond, Paris. Pendant l'année 1918, les Séances hebdomadaires des Sections sont remplacées par des Séances Générales bimensuelles Dates des Séances générales et du Conseil POUR liANNEE 1918 Séances du Conseil, 2^ mercredi du mois à 4 heures Jaovier Février Mars Avril Mai Novembre Décembre 9 13 13 nC) 15 13 11 Séances générales, le lundi à 2 h. 1/2. ', -Skctio 1 ■ . , 14 " 21 21 4 18 18 4 18 18 8 22 22 6 27 27 4 18 18 2 16 16 fU DaU vQculé' t.. raison des fêles proclia ines. =^ Les membres de la Soci^^é qui désirent assister aux Séances générales recevront sur leur demande les ordies dû joui mensuels des séances. Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les personnes qui désireraient l'entretenir, qu'il se tient à leur disposition, au siège de la Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'être applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. La Société ne prend sous sa responsabilité aucune dts opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, des articles publiés dans le Bulletin est interdite. Les Membres de la Société qui désirent obtenir des cheptels sont priés d'adressçr leurs demandes au Secrétariat, 198, boulevard Saint-Germain ; les cheptels seront consentis, après examen de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à mesure des disponibilités. SOCIÉTÉ NATIONALE DACCLIMATATION DE FRANGE pev ttA' ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION PENDANT LA GUERRE Distinctions honorifiques et Citations. M. Louis Perrier, Sous-intendant militaire, Secrétaire général du Commissariat de France en Angleterre, vient d'être promu officier de la Légion d'honneur. M. Louis Perrier est le fils aine de M. Ed. Perrier, président de notre Société. rs'otre Collègue, M. le D'' Hubert Kresser, a été l'objet de la citation suivante à l'ordre du ...^ régiment : « A donné à la troupe l'exemple de l'esprit de devoir et de courage, en se por- tant spontanément et à découvert, sur un terrain violemment battu par l'artillerie ennemie, au secours de blessés qui venaient de lui être signalés en première ligne. » Le D'" H. Kresser est aujourd'hui directeur de l'Ecole de Rééducation des Mutilés (Hôpital de la Maison-Blanche) qu'il a fondée. Situation des membres de la Société pendant la guerre. Commandant Dulignier, major de zone. S. p. 65. ç>^ BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1918. — 1 en k".", 2 BULLETIN DK LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION AGRANDISSEMENT DU SIÈGE SOCIAL Deuxième liste de souscriptions. (1918) Bons de 50 francs. M™« CoEz ■ 4 M™* Th. Delacour 7 M. le professeur Bugnio.n 2 M. le docteur Cathelix 2 M. Julien Potin 2 Les noms des généreux donateurs seront inscrits sur un tableau placé dans la salle des séances. La souscription reste ouverte. ■•i LISTE SUPPLEMENTS DES. MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ARRÊTÉE AU 1"' JANVIER 1918 M. HoRNUNG (D"" William), 9S, boulevard Haussmann, à Paris (Ville); Membre bienfaiteur, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. jyjmes Hearn (A.-W.), villa Saint-Louis, à Menton (Alpes-Maritimes) ; Mem- bre titulaire, présentée par MM. E. Perrier, A. Chevalier et C. Debreuil. Masson (Frédéric), 13, rue de la Baume, à Paris (VIII'=); Membre ïiîuZaire, présentée par MM. E. Perrier, P. A.-Pichot et C. Debreuil. NoAiLLES (marquise de), 52, rue de Chaillot, à Paris (XVF) ; Membre titulaire, présentée par MM. E. Perrier, J. Crepin et C. Debreuil. Poli de Saint-Tronquet (comtesse), 51, boulevard Suchet, à Paris (XVP) ; Membre titulaire, présentée par MM. E. Perrier, J. Cre- pin et C. Debreuil. (1) Le Conseil ayant décidé, depuis 1914, de surseoir aux élections jusqu'à la fin de la guerre, l'organisation de la Société reste, cette année, telle qu'elle était précédemment. LISTE SUri'LEMEM'AIRK DES MEMBRES DE LA SOCIETE 3 MM Besnier, directeur de l'Entrepôt des Dons au Ministère de la Guerre, boulevard Lannes, bastion S5, à Paris (XVI'=)'; Membre titulaire, présenté par MM. E. Pnrrier, J. Crepin et M. Loyer. Blanc (D'' Henry), professeur à l'Université de Lausanne, conser- vateur du Musée de Zoologie de Lausanne ; Membre correspondant, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. Bonnet (Félix), docteur en droit, avocat au Conseil d'État et à la Cour de Cassation, 198, boulevard Saint-Germain, [à Paris (VII*') ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, M. Loyer eC G. De- breuil. BoppE (Auguste), ministre p^énipotentiaire, envoyé extraordinaire en Chine, 60, boulevard de Courcelles, cà Paris (XVII''); Membre titu- laire, présenté par MM. E. Perrier, P. A.-Pir,hot et C. Debreuil, Boulanger, pharmacien de 1™ classe, 4, rue Aubriot, à Paris (IV'); Membre titulaire, présenté par MM. E. Periner, C. Debreuil et M. Loyer. Bouret (Désiré), pharmacien de 1" classe, 87, rue Lafayette, à Paris {l\"); Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, l'abbé G. Fou- cher et M. Loyer. Boutillter (Feriiaml), propriétaire à Boisguillaume (Seine-Infé- rieure) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, Mme Au- gustin-Normand et G. Debreuil. Brazz\ (comte François Savorgnan de), palais Brazza, à Cdine (Ita- lie) ; Membre titulaire, présenté par MM. Ed. Perrier, l'abbé G. Fou- cher et G. Debreuil. Buer (capitaine Emile), domaine du Chadois, à Colayrac-Saint-Cirq (Lot-et-Garonne); Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, J. Crepin et M. Loyer. Cannarsa (D"" Severio), Campobasso, Termoli (Italie); Membre titu- laire, présenté par MM. E. Perrier, P. A.-Pichot et C. Debreuil. •Cathelin (D"-), chirurgien en chef de l'hôpital d'Urologie, 21, rue Pierre-Charron, à Paris (XVP), médecin-chef de l'Hôpital com- plémentaire no :J4, à Orléans ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. Cléry (Eugène), directeur des Tanneries de Sireuil, à Sireuil (Cha- rente) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, J. Crepin et G. Debreuil. CoGNiACQ (D""), directeur de l'Ecole de Médecine d'Indochine à Hanoï (Tonkin) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, Aug. Chevalier et C Debreuil. Decoudun (J.-C.), ingénieur-chimiste E, P. C, 57, rue Montmoreau, à Angoulême (Charente) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier. J. Crepin et C. Debreuil. Faculté d'Agriculture de Santiago, Université catholique, calle Agus- tinas 1038, à Santiago (Chili) ; Membre litulaire, présentée par MM. E. Perrier, professeur J. Besnard et C. Debreuil. ''■ HoLBET (Gustave), ingénieur, 18 bis, rue Brune), à Paris (XVII«) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, G. Debreuil et M. Loyer. 4 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION MM. Institut Agricole de Santiago, Quinta Normal, à Santiago (Chili); Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, professeur J. Bes- nard et G. Debreuil. IzQUiERDO (Salvador), calle Santo Domingo 736, à Santiago (Chili) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, professeur J. Bes- nard et C. Debreuil. Kestner (Paul), industriel, 38, rue Rihera, à Paris (XVIe) ; Membre à vie, présenté par MM. E. Perrier, Aug. Chevalier et C. Debreuil. Lauwers (Léon), ingénieur, agent technique aux Tanneries de Sireuil (Charente) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, J. Cre- pin et C. Debreuil. Lehmann (Louis), industriel, 144, avenue des Champs-Elysées, à Paris (VIII^); Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, J. Ci'e- pin et C. Debreuil. Lemaitre (Monseigneur Alexisj, évêque du Sahara et du Soudan français, à Ségou (Haut-Sénégal et Niger) ; Membre titulaire, pré- senté par MM. E. Perrier, Henry GeotTroy-Saint-Hilaire et l'abbé G. Foucher. Le Souef (W. h. D.), directeur du Jardin Zoologique de Melbourne, à Melbourne (Australie) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. Lewintre (Ernest), négociant à Dunkerque, 3, avenue de la Faisan- derie, à Chatou (S.-et-O.) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, d'Hébrard de Saint-Sulpice et C. Debreuil. Madeuf (D''), 26, rue du Faubourg-Saint-Jacques, à Paris (XIV') ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. MousïiER (marquis de), président du Conseil général du Doubs, dé- puté, 17, avenue de l'Aima, à Paris (VIII"); Membre à vie, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer. Musée Zoologique de Lausanne, palais de Rumine à Lausanne (Suisse) ; Membre titulaire, présenté par MM. le professeur H. Blanc, E. Per- rier et C. Debreuil. Pachundaki (D.), membre de l'Institut Egyptien, P. 0. B. 1138, à Alexandrie (Egypte) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, JouBTN et C. Debreuil. l'uGA-BoRNE (D'' Frédéric), avenue de las Delicias 870, à Santiago (Chili); Membre correspondant, présenté par M. E. Perrier, C. De- breuil et M. Loyer. PoNGiNS (vicomte Edmond de), explorateur, à Montevran, par Chau- mont-sur-Tharonne (Loir-et-Cher) ; Membre à vie, pi'ésenté par MM. E. Perrier, Gli. Debreuil et M. Loyer. Potin (Julien), industi'iel, 9, boulevard Richard-Wallace, à Neuilly (Seine); Membre à vie, présenté par MM. E. Perrier, D. Bois et C. Debreuil. Reboul (Henri), sous-chef de bureau de l''^ classe de l'Administra- tion pénitentiaire, à Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane française) ; Membre à vie, présenté par MM. E. Perrier, E. Le Moult et M. Loyer. LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 5 MM. RouBAUD (Emile), docteur es sciences, chef de Laboratoire à l'Insti- tut Pasieur, 96, rue Falguière, à Paris (XV"); Membre tilulaire, présenté par MM. E. Perrler, Aug. Ciievalier etC. Debreuil. RouMiGuiER (Auguste), industriel, 92, rue de Bondy, à Paris {X«) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loypr. Roux (Bernard), directeur technique des Etablissements Liebig en Amérique du Sud, Fabrica Colon, Entre Bios (République Argen- tine); Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, J. Crepin et C. Debreuil. Savigny (Paul-Albert), propriétaire, 6, rue du Bassin, à Bellevue (Seinn-et-Oise) •,Mf'mbre à vie, présenté par MM. E. Perrier, Magaud d'Aubusson etC. Debreuil. ScEY-MoNTBÉLiARD (marquis dej, château de Buthier, par Voray-sur- rOKiion (Haute-Saônn) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Per- rier, Mngaud d'Aubusson et C Debreuil. ScHMiDT (Frédéric), industriel, 22, rue de Gharonne, à Paris (XI<=) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, J. Crepin et M. Loyer. SoucHARD (Eugène), notaire à Conlie (Sarthe); Membre titulaire, pré- senté par MM. E. Perrier, J. De^acour et C. Debreuil. Tourillon de Clercq, ingénieur, 92, cours de Vincennes, àParis (XII^); Membre titulaire, présenté par Mvl. E. Perrier, l'abbé G. Foucher et M. Loyer. Vallée .(Félix), professeur honoraire, 26, rue de la Chapelle, à Mont- Ihérv (Seine-et-Oise) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Per- rier, l'abbé G. Foucher et C. Debivuil. Vendran (Paul), éleveur-amateur, 36, avenue du Teii, à Montélimar (Urôine) ; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, M. Loyer et C. Debreuil. Vergé (Charles\ maître des requêtes honoraire au Conseil d'Etat, 5, avenue de l'Aima, à Paris (Vm«) ; Membre titulaire, présenté par MVI. E. Perrier, M. Loyer et C. Debreuil. ViGREUx (Charles), directeur général de la Société des Papeteries de la Haye-Descartes, à la'-Haye-Descari es (Indre-et-Loire); Membre à lie, ^.résenté par MM. E Perrier, docteur Roche et C. Debreuil. WoRMS de Romilly, ingénieur; Membre titulaire, présenté par MM. E. Perrier, Ch. Debreuil et M. Loyer. b BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION CROISEMENT DE PIGEONS Par JEAN BELACOUR En avril 1914, je reçus par Saint-Naz^ire un couple de Pigeons de Cayenne {Chlorœnas speciosa). C'est, à mon avis, une des plus belles espèces de Pigeons granivores. De taille un peu inférieure au Hamier, de forme très élégante, ce Pigeon a le bec et les pieds roses, la tête brune, le cou tout entier et la poitrine marqués de mailles noires sur fond blanc, le dos et les ailes brun rouge, la queue brune. La femelle est semblable au mâle avec des couleurs un peu moins vives. Ces Oiseaux étaient en bon état à leur arrivée, mais la femelle fut malheureusement tuée peu de temps après par des Gouras couronnés dont elle partageait la volière. Je mis alors le mâle avec une femelle de Pigeon des neiges [Chlorœnas maculosa), qui pondit pendant l'été, mais les œufs furent clairs. Dès le mois d'avril 1913, elle pondit de nouveau et un jeune naquit qui s'éleva facilement; deux autres couvées en juin et en août donnèrent encore deux jeunes. En janvier 1916, deux œuls furent pondus, mais le froid empêcha la couvée de réussir ; en mars, un jeune s'éleva, en mai un second et en septembre un troisième. En résumé, ces Pigeons n'ont cessé de reproduire depuis plus d'un an et j'ai actuellement 6 hybrides dont trois adultes. Chaque couvée est de deux œufs, mais n'a jamais donné qu'un jeune. Les hybrides ont à peu près la forme et l'allure du C. spe- ciosa, avec le bec gris du C. maculosa. Leurs pieds sont roses. Leur couleur est intermédiaire entre celle des parents, gris brun uniforme, sans trace des taches blanches des ailes de la mère ; mais les marques du père sont représentées par des mailles à la partie postérieure du cou, qui cependant ne se continuent pas comme chez lui sur le devant du cou et la poi- trine. Ces mailles sont gris foncé sur jaune clair. Les jeunes sont plus jolis que le C. maculosa, mais sont loin d'atteindre la beauté du C. speciosa. Mon intention est de mettre une des eunes femelles avec son père l'année prochaine LE « JARDIN ALPIN » DE LA SOC. NAT. D ACCLIMATATION 7 afin d'obtenir des Oiseaux se rapprochant davantage de ce dernier. J'ai tout lieu de croire que ces hybrides seront féconds, bien qu'aucun n'ait encore pondu. Ces Pigeons sont très rustiques ; ils passent l'hiver dans une volière en plein air, communiquant avec un compartiment de la maison chauiTée où ils peuvent rentrer à leur gré. Ils n'ont jamais semblé souffrir du froid. Par la gelée, les parents cou- vaient sous un auvent de la volière extérieure. Leur nourriture est composée de blé et de millet. LE (c JARDIN ALPIN » DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION (JARDIN COÈ'Z) Par HENRI LECOMTE MEMBRE DE l'iNSTITUT Professeur au Muséum. * Notre regretté collègue M. Ed. Coëz, dont on a pu lire, dans le Bulletin de 1914, une série d'articles très documentés et particulièrement intéressants sur « Les plantes alpines et leur culture », avait fondé en 1910, à Bièvres (Seine-et-Oise), un « Alpinum » oîi il se proposait de cultiver un certain nombre de plantes de montagnes et, en particulier, des Campanulacées dont il avait recueilli une belle collection, et dont il poursui- vait l'étud en vue d'une thèse de doctorat es sciences. Le 21 mai 1914, les inombres de la Société étaient conviés à visiter ce jardin qui datait de quelques années seulement, mais qui contenait déjà un bel ensemble de plantes alpines (1). M. E. Coëz, qu'une santé délicate tenait éloigné d'un ser- vice actif, avait cependant tenu, dès que la guerre fut déclarée, (1) Le ternie de « jardin alpin », exclusivement réservé autrefois aux jardins consacrés à la culture des plantes originaires des Alpes, est employé aujourd'hui pour désigner tous les jardins où on cultive les plantes de montagnes et nous avons eu, par exeinple, l'occasion de visiter, il y a quelques années, à Nikko (Japon), un > M. E. Coëz se proposait surtout, comme on Ta vu plus haut, de cultiver certaines catégories de planles de montagnes dont il poursuivait personnellement l'étude. Il est tout naturel qu'en devenant la propriété de la Société d'Acc4imatation, le Jardin Coëz s'adapte à sa condition nouvelle en prenant uiïe orientation spéciale. Se proposer de cultiver uniquement des plantes de nos mon- tagnes de France serait insuffisant, malgré tout l'intérêt que présente un « Alpinum » de ce genre. Il paraît indispensable de poursuivre l'acclimatation des plantes de hautes régions, quelle que soit leur origine, pourvu que ces plantes se recommandent à l'attention, soit par leurs qualités ornementales, soit par les produits utilisables qu'elles sont susceptibles de fournir. La faible étendue de terrain dont nous disposons d'une part, et son aménagement en rocailles d'autre part, limitent d'ail- leurs aux plantes herbacées et arbustives les essais qu'il est permis d'envisager. En poursuivant ce double but, de tenter l'introduction des plantes ornementales ou économiquement utilisables dans le Jardin Coëz, nous nous conformerons à l'esprit même de la Société et nous nous efforcerons de remplir une partie de son prot^ramme, en nous gardant d'ailleurs d'empiéter sur le domaine des horticulteurs, dont les intérêts sont profondément respectables. Nous n'aspirons qu'à leur apporter une collabo- ration dont les relations de notre Société avec des correspon- dants de diverses parties du monde constitueront le facteur principal. Dans la direction scientifique de ce jardin alpin, direction qui nous a été confiée par une délibération du Conseil, en date du 11 mai 1917 et que nous avons acceptée, nous ne sommes que le représentant de la Société. Le Jardin Coëz étant doréna- vant la propriété de la Société d'Acclimatation, nous serons 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aGCLIMATATION heureux de voir le plus grand nombre possible de nos collègues s'intéressera son sort et contribuer par tous leurs moyens à sa prospérité. Pour assurer le bon fonctionnement de ce nouvel orga- nisme, le Conseil, dans sa séance du il juillet 1917, a adopté le règlement ci-dessous sur la proposition de M. D. Bois, Prési- dent de la Section de Botanique : Jardin alpin di^ Bièvres (Jardin Coez) Règlement adopté par le Conseil de la Société d'Acclimatation. [Séance du li juillet 1917.) 1° Le Jardin alpin de Bièvres, appartenant à la Société d'Ac- climatation, portera le nom de « Jardin Coëz », pour perpétuer le nom de ?on fondateur, notre regretté collègue M. E. Coëz. 2° L'organisation spéciale de ce Jardin en un ensemble de rocailles permettra d'y poursuivre non seulement l'acclimata- tion des plantes de nos montagnes de Frapce, mais encore de toutes les régions tempérées et froides des diverses parties du monde, ce qui mettra la Société à même de poursuivre, dans le domaine végétal, des essais d'acclimatation pratique. 3° Un catalogue des plantes cultivées sera établi et tenu à jour pour être, s'il y a lieu, publié chaque année. Les plantes y seront classées par familles, avec l'indication de la prove- nance. Un autre catalogue, déposé au Jardin, sera établi dans l'ordre alphabétique, pour faciliter les recherches, avec l'indi- cation de l'emplacement dans les rocailles. 4° Une liste des grfines récoltées et des plantes disponibles permettra les relations d'échanges, soit avec les établissements similaires, soit avec les particuliers et spécialement avec les membres de la Société d'Acclimatation. Cette liste sera établie par les soins du directeur scientifique du Jardin. 5" Aucune graine ou plante venant du Jardin Alpin ne pourra être concédée ou échangée sans l'autorisation du direc- teur ou de son délégué. LE « JARDIN -ALPIN » DE LA SOC. NAÏ. d'aCCLIMATATION 11 Toute infraction à cette règle par le jardinier pourra en- traîner un retrait d'fmploi temporaire ou définitif. 6° La visite du Jardin Alpin, dans un but d'études, soit par les membres de la Société, soit par des personnes étrangères, aura lieu, sur autorisation du directeur ou de son délégué, à des jours et beures coïncidant avec les périodes de présence du jardinier et dont l'indication sera fournie par le Bulletin de la Société. 7° Une visite annuelle organisée par notre section de Bota- nique permettra aux membres de la Société d'Acclimatation de se rendre compte de l'état du Jardin et de suggérer, s'il y a lieu, les modifications à apporter ou les améliorations à réa- liser. 8° Un rapport annuel sur le fonctionnement du Jardin sera établi par le directeur et présenté à la section botanique de la Société d'Acclimatation dans une des dernières séances de l'année, c'est-à-dire en novembre ou décembre. Personnel du jardin. Le Conseil de la Société, sur la proposition du président de la section de botanique, a décidé que le personnel spécial du Jardin comprendrait : 1° Un directeur scientifique représentant le Conseil de la Société; ce directeur devra faire au moins quatre visites par année : 2° Un botaniste-conservateur, directeur technique des opéra- tions de jardinage, devant faire au jardin vingt visites par année. Soit : 1 visite par mois, en octobre, novembre et décembre, janvier, février, mars et avril; 2 par mois, en mai et juin, 3 par mois, en juillet, août et septembre. 3" Un jardinier fournissant 136 journées de travail : 15 jours par mois, du l^"" mars au l*'' novembre; 4 jours par mois, soi! 'f- h. l/"2 tous les deux jour.-;, du l*"" novembre au 1" mars. Le Conseil a décidé : 1° que les fonctions de directeur scien- tifique seraient confiées au professeur de botanique phanéroga- 12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION mique du Muséum, s'il appartient à la Société ; 2° que le bota- niste-conservateur serait autant que possible le jardinier, chef de l'Ecole de botanique du Muséum ; 3° le choix du jardinier appartient naturellement au Conseil de la Société, sur la pré- sentation du directeur scientifique. Dispositions transitoires pour la période actuelle. Depuis le début de la guerre et par suite de la mobilisation du jardinier ordinaire, le jardin a manqué des soins nécessaires, surtout depuis le décès de M. E. Coëz. Il ne pourra être remis en état qu'après la fin de la guerre, lorsqu'il sera possible d'assurer un entretien régulier, de rem- placer les plantes disparues, de vérifier les déterminations, de refaire l'étiquetage et de compléter le jardin par l'apport de plantes nouvelles. Pour le moment, en raison des difficultés de communication d'une part et de la rareté de la main-d'œuvre d'autre part, nous nous contenterons de conserver autant que possible les col- lections existantes et de maintenir la propreté du jardin pour éviter l'envahissement par les mauvaises herbes. L'ouvrier jardinier employé actuellement pourra, croyons- nous, se contenter de fournir 40 journées de travail par année pendant la durée de la guerre. Dans le cours de l'année 1916, M. D. Bois, président de la section de botanique, a consacré personnellement plusieurs journées au Jardin de Bièvres surtout pour la revision des étiquettes, et grâce aux dispositions prises par lui beaucoup de plantes ont pu être conservées en bon état. Au mois d'août de celte année 1917, j'ai chargé l'un de mes préparateurs du Muséum, M. Jeanpert, d'établir une sorte d'in- ventaire des plantes cultivées dans le Jardin. Ce catalogue comprend plusieurs parties : 1° Un plan sommaire des rocailles composant le jardin ; 2° Une liste par ordre de rocailles des plantes cultivées et actuellement existantes; 3° Un catalogue par familles; 4° Une liste par ordre alphabétique; 5° Enfin un tableau indi^juant les diverses séries déplantes par catégories de prov<^nances. LES KFFETS DE LA NEIGE 13 Cet inventaire comporte un ensemble supérieur à un millier de plantes. D'après ce nombre, on comprend facilement l'importance et la variété des soins que nécessite l'entretien d'un jardin de cette nature. Or, nous répondrions incomplètement aux désirs de la Société en nous bornant à entretenir le jardin Coëz. Nous avons l'ambition de développer les services qu'il peut rendre à l'Acclimatation, — du moins après la guerre, — et tous nos efforts convergeront vers ce but. LES EFFETS DE LA NEIGE SUR LES VÉGÉTAUX EXOTIQUES DE LA COTE D'AZUR PENDANT L'HIVER 1916-1917 Par le D' ROBERTSON-PROSCHOTVSKY « Depuis vingt-sept ans que j'habite la Côte d'Azur, pendant toute l'année, je n'ai jamais vu, même de loin, une chute de neige aussi importante que cette année. La neige, étant tombée toute la nuit jusqu'au matin, avait atteint une épaisseur de 12 centimètres. Le soleil ne réussit à la faire fondre qu'au midi et à l'ouest, et dans mon jardin, exposé au nord et à l'est, la neige persista plus de vingt-quatre heures. La plus forte chute de neige que j'avais, vue avant celle-ci n'était que de 4 centimètres. A part cela, l'hiver n'a pas été très rude sur la Côte d'Azur, et même chez moi, à une exposition peu favo- rable, le thermomètre n'est descendu que deux ou trois fois au-dessous de 0° C. Ce fait a son importance, car les pertes de plantes constatées sont, de cette manière, uniquement à rap- porter à l'effet de la neige, les plantes que je cultive ayant supporté maintes fois des températures plus basses, sans souf- frir, quand le temps était sec. En somme, mes plantes ont éprouvé peu de dommages de la chute de neige, et maintenant, au mois de novembre, où je vous éeris ces lignes, je puis con- firmer que la résistance des plantes tropicales à une couver- ture prolongée de neige a été très grande. Cela est assez sur- 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION prenant, car pareil fait ne doit pas se produire dans leur pays d'origine. Par exemple, un Pandanus furcalus Roxb. n'a aucu- nement souffert. Les quelques espèces qui ont souffert sont Aleurites Moluccann Wild., bel exemplaire très vigoureux, qui ne donne plus signe de vie. Deux grandes Araliacées ont perdu leurs feuilles et leur cime, mais ces plantes ont repoussé. Mais pour une même espèce, il y a certainement des différences physiologiques individuelles, car de l'un à l'autre pied, les effets du froid et de la neige sont très différents. Et si VAleurites Moluccana, précité, est définitivement perdu, cela ne prouvera nullement que cette espèce, qui avait supporté tant de petites gelées, soit à éliminer de la liste des plantes tropicales qu'on peut cultiver sur la Côte d'Azur. J'ai d'ailleurs insisté, dans la lievue Horticole de Paris, entre autres, sur la nécessité de faire de multiples semis pour pouvoir juger avec quelque certitude de la résistance éventuelle d'une plante dans un nouveau cli- mat, et j'en ai fourni maints exemples. La neige, par son poids, a entraîné la chute de quelques arbres; de grandes feuilles de Musacées, Palmiers, etc., ont été cassées. Mais ce qui prouve que de telles chute de neige sont excessivement rares, dans le Midi, c'est que des pieds séculaires du Pùius ffalepensis Mill. ont été renversés par le poids de cette neige, arbres qui, jamais sans doute auparavant, n'avaient connu semblable épreuve. » EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 15 EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAOX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ SEANCE GENERALE DU 5 NOVEMBRE 1917 Présidence de M.M. E]cl. Perrier et D. Bois. M. Edmond Perrier, retenu à TAcadémie des Sciences, s'excuse de ne pouvoir assister à l'ouverture de notre séance de rentrée ; mais il arrive cependant assez tût pour nous souhaiter à tous la bienvenue, dans noire nouvelle installation. « J'espère, nous dit-il, que l'affluence sera de plus en plus nombreuse, ici, dans ce quartier plus central, et je profite de l'occasion qui m'est ofîerte, de me trouver ce soir parmi vous, pour féliciter spécialement, en votre présence, M. l'abbé G. Foucher, à qui l'Académie des Sciences vient de décerner le prix Montyon de Physiologie, pour le récompenser de ses beaux travaux sur la biologie des Orthoptères. » Tous les membres présents joignent leurs applaudissements aux paroles de M. Perrier, pour exprimer à notre collègue la part qu'ils prennent à son heureux succès. En prenant place au fauteuil, pour inaugurer la nouvelle salle de nos réunions, M. D. Bois prononce les paroles suivantes : « Messieurs, « Depuis la réunion de clôfure de la session 1916-1917, des événements importants se sont produits ; mais, avant de les examiner, permettez-moi d'adresser, tout d'abord, des condo- léances émues aux familles de nos collègues décédés. c Deux sont morts au champ d'honneur : M. Louis Dériard, fils de M. A. Dériard, de J^yon. Il n'avait que vingt ans, et avait été décoré de la Croix de guerre, avec une citation des plus élogieuses, reproduite dans notre Bulletin. M. Robert de Beau champ, fils aîné et dernier survivant des enfants du comte de Beauchamp. Le capitaine de Beauchamp avait été deux fois blessé, et fait Chevalier de la Légion d'Honneur. 1 6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION « Ceux de nos collègues décédés sont : M. Philippe Lévêque de Vilmorin, membre du Conseil de notre Société, membre de l'Académie d'Agriculture, dont la perte est vivement ressentie dans le monde scientifique, comme dans le monde agricole et horticole. Notre Société était représentée à ses obsèques par une délé- gation, elj'ai prononcé, sur sa tombe, une allocution publiée dans notre Bulletin. M. le président de Vief ville ; M. Blumenfeld; M. E. Leroide, inspecteur d'Agriculture à Dakar. « J'adresse également mes bien vives condoléances à notre collègue, M. l'abbé G. Foucher, qui vient de perdre son père, âgé de quatre-vingts ans. « Nous sommes heureux de féliciter chaleureusement les fils de nos collègues qui ont été cités à l'Ordre du Jour, pour leur vaillance dans la lutte contre lés ennemis de la Patrie, et j'as- socie leur famille à ces félicitations si méritées. Ce sont : M. Pierre Lévèque de Vilmorin, fils de M. Maurice Lévêque de Vilmorin, vice-président de notre Société ; M. Emmanuel Hua, fils de M. Henri Hua, secrétaire du Conseil de notre Société ; M. Jean Vigreux, fils de M. Ch. Vigreux, directeur général des papeteries de la Haye-Descartes (Indre-et-Loire) ; Les trois fils de M. Charles Janet, ingénieur des Arts et Manufactures, à Allonne (Oise), qui avaient été déjà l'objet de brillantes citations : Lieutenant Edmond Janet, pilote-aviateur (deux nouvelles citations) ; Liei! tenant André Janet (deux nouvelles citations) ; Brigadier téléphoniste Maurice Janet. c( C'est un puissant réconfort de voir avec quelle ardeur, quel courage, les fils de la France remplissent leur devoir patrio- tique. Qu'ils reçoivent ici l'expression de notre admiration et de notre profonde reconnaissance. u Comme vous le savez, Messieurs, nous avions élé char- gés, MM. Debreuil et moi, de représenter notre Association auprès de Madame Coëz, pour le règlement des questions con- cernant le don, qu'elle a si généreusement consenti en mémoire EXTRAITS DES PROCES-VERBACX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 17 de son fils, et pour assurer, en même temps, le meilleur entre- tien possible du jardin alpin de Bièvres. « Une note, parue dans le numéro de juin de notre Bulletin, vous a appris que la fondation Edouard Coëz est devenue chose faite par acte notarié du 11 mai 1917. Madame Coëz, en nous donnant le jardin de notre regretté collègue, a joint à ce don une rente de 2.500 francs pour l'entretien des collec- tions destinées à l'étude des plantes de montagne. « Depuis la mort d'Edouard Coëz, nous nous étions appli- qués à conserver les plantes qu'il avait réunies au prix de grands efforts, et à en maintenir le bon étiquetage. « Après la signature de l'acte de donation, notre Conseil d'ad- ministration a estimé que la direction provisoire de ce jardin devait prendre fin. Dans une séance extraordinaire, tenue le 11 juillet, il adopta un projet de règlement qui lui fut présenté, pour permettre de donner à l'œuvre, grâce aux ressources désormais assurées, une direction plus effective, et des soins plus suivis. « M. H. Lecomte, membre de l'Institut, professeur de Bota- nique au Muséum, voulut bien accepter les fonctions de direc- teur de ce jardin ; iM. Caille, chef de l'Ecole de Botanique (chaire de Culture) du même Établissement, fut nommé conservateur, et chargé des questions culturales avec l'aide d'un jardinier. « Grâce à ces précieux concours, le jardin Coëz aura une excellente direction scientifique et horticole, indispensable pour en assurer l'entretien et le développement progressif, et M. le professeur H. Lecomte nous fera connaître, tout à l'heure, l'état actuel de ce jardin. ^( Notre Société pourra ainsi non seulement perpétuer l'œuvre d'Edouard Coëz, mais contribuer à la connaissance des plantes par l'introduction et la propagation d'espèces nou- velles, et par les études auxquelles elles pourront donner lieu, dans l'intérêt de la Science. « La séance que nous tenons aujourd'hui, dans ce nouveau local, marquera, espérons-le, le début d'une ère nouvelle de prospérité pour notre Association. « Ainsi que vous avez été à même de vous en rendre compte, nos locaux de la rue de Buffon étaient beaucoup trop exigus ; la salle des réunions ne suffisait plus à contenir les membres qui assistaient à nos séances, aux jours d'affluence. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1918. 2 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION a En envisageant l'utilité que pouvait présenter le transfert du Siège social dans un quartier et dans des locaux mieux appro- priés, il ne s'agissait pas seulement de placer notre Société dans des conditions matérielles meilleures, mais de la mettre à même de développer plus sûrement et plus largement son action utile. « Le projet de déplacement du Siège social fut adopté dans la séance extraordinaire du 11 juillet, avec cette condition qu'un appel de fonds serait adressé aux Sociétaires, pour permettre de l'eftectuer sans aucun prélèvement sur l'encaisse de la Société. « Dans cette séance même, une^omme importante était déjà réunie, et cette somme s'est accrue, grâce aux souscriptions généreuses d'un grand nombre de nos collègues. « Nous adressons à tous l'expression de notre reconnais- sance. « Avec cette nouvelle installation, notre Société va pouvoir se livrer plus complète! ent à sa tâche et travailler au relève- ment de la France par l'application des Sciences naturelles, aux- quelles sont si intimement liés tant de problèmes économiques. (( Notre Société, qui compte tant d'hommes qualifiés et désintéressés, pourra donner ainsi un précieux concours. Je suis sûr d'être en plein accord avec vous, en disant que nous l'assurerons dans la plus large mesure. » Généralités — Chronique — Informations diverses. Nous sommes heureux d'annoncer ici les récompenses décer- nées par l'Académie des Sciences à quelques-uns de nos collè- gues, auxquels nous adressons nos sincères félicitations. M. Henri Jumelle a obtenu le Prix Gay (1.500 fr.). M. le Docteur Roubaud a obtenu le Grand Prix des Sciences Physiques (3.000 fr.). M. l'abbé G. Foucher a obtenu le Prix Montyon de Physiolo- gie {voir plus haul). M. D. Bois a obtenu le Prix de Parville. A ce propos, M. Debreuil rappelle le geste généreux de M. D. Bois, qui a tenu à partager le montant du Prix de Par- ville, entre des œuvres de guerre et notre Société. Qu'il soit remercié pour cette libéralité. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉrÉ 19 Notre collègue, M. le C G.-V. Pérez, nous adresse troisexem- ■ plaires d'un article sur la pellagre, maladie commune chez les paysans d'Italie et d'Espagne qui mangent la polenta, faite de maïs cru (non grillé préalablement). Cette maladie est inconnue aux îles Canaries, oii les paysans se nourrissent de gofio, dont les ingrédients sont toujours grillés, avant la mou- ture. Cet aliment, très ancien, est bien meilleur que le pain. Les habitants actuels des îles Canaries l'ont reçu des fameux Guanchesqui peuplaient ces îles jusqu'aux temps de la décou- verte de l'Amérique. Ces hommes de belle race, forts, athlé- tiques, blonds, devaient ce beau physique à leur merveilleuse et simple nourriture, le gofio. Mammalogie, A propos des Castors et du projet qu'on avait exposé, de créer, pour eux, des réserves, dans les îles du Rhône, M. de Chapel nous écrit : « Il faudrait qu'il y ait des clôtures, sans cela, je suis convaincu que les Castors regagneraient les bords des eaux du filîône. Dans les îles de ce fleuve, je n'ai jamais entendu dire qu'ils construisissent de huttes, comme le font générale- ment, je crois, ceux du Canada. Les nôtres se logent presque toujours dans des terriers, le long des berges, et sont souvent victimes des inondations (1), n'ayant pas toujours le temps de sortir par plongée, ni de se frayer un passage par le haut de la cheminée, pour arriver à l'air libre, sur la berge. « Dans le choix d'une réserve, il y aurait à considérer le ter- rain, si ces animaux doivent bâtir et éviter les terrains sablon- neux, ou à faible épaisseur de sol plus ou moins argilo-calcaire. Il y- a beaucoup d'endroits où cette épaisseur n'est que de 0-20 à O-^SO ou O-^So ; cela ne suffirait pas, je crois, à nos Cas- tors, pour construire leurs huttes, construction à laquelle ils seraient obligés d'avoir recours, si, comme c'est très probable, la réserve se trouvait en terrain plat, caractère de la Camargue. Je ne vois, comme emplacement pour une réserve, que des murais, avec, aux alentours, un terrain ferme et un peu élevé, le marais pouvant recevoir de l'eau, en cas de sécheresse. » (1) Cependant, il est notoire que les Castors du Rhône savent ménager dans leur terrier une cheminée d'issue, en cas d'attaque imprévue ou d'inon- dation.pis peuvent fuir sans grands risques. (N. D. L. R.) 20 ' (îULLICriN DE LA SOCIlVlÉ NATIONALE d'aGCLIMATATION Au sujet des animaux qui mangent du papier, et dont il a été question à la séance du 19 février 1917 (procès-verbal publié au Bulletin, p. 176), M. de Chapel nous écrit : « C'est un fait que j'ai observé plusieurs fois sur les Bœufs, mais cette perversion du goût indique une maladie d'estomac, et lorsqu'on possède des animaux ainsi affectés, le mieux est de les vendre tout de suite pour la boucherie, sans attendre qu'ils maigrissent. » M. Jouffrault nous écrit, de Touraine, que, dans sa propriété, il s'est trouvé, dans un sous-bois clair, en présence d'un Sanglier qui ne le voyait pas et qu'il a eu le temps d'observer. Il était d'une taille moyenne et d\m blanc pur : cas d'albinisme complet. Cet animal, qu'il croit un mâle, devait avoir un an et demi ou deux ans et demi, car il lui avait été signalé aupara- vant, par un cantonnier, dans un tro-upeau où il était unique. Ornithologie. « Trouvant de plus en plus difficilement la nourriture con- venable, j'ai été obligé, dit M. Debreuil,de sacrifier une grande partie de mes Oiseaux, cette année. J'en ai profité pour voir comment se comporteraient en liberté certaines espèces et j'ai lâché, en juin, des Perruches ondulées [Melopsittacus undu- latus) et des Colombes Lophotes {Ocyphaps lophotes). Les Per- ruches disp.arurent presque immédiatement et sur environ 25 qui avaient été lâchées, 3 ou 4 seulement restèrent, pendant à peu près huit jours, autour de la volière; elles criaient et ne semblaient penser qu'à y rentrer. Elles mangèrent peu le Millet qui avait été mis à leur disposition et moururent. Aucune n'es- saya de se réfugier dans les Epicéas voisins ou de descendre à terre; la plupart des autres se laissèrent prendre par des voisins et beaucoup moururent rapidement. Je ne sais s'il en reste en liberté, mais je n'en vois plus aucune. « Sur 9 Colombes lophotes lâchées, 3 ne s'éloignèrent pas et un couple qui a élu domicile dans de grands arbres et qui vient manger avec les Poules, s'est très bien adapté à ses nouvelles conditions d'existence. Ce couple a niché deux fois dans des Pins et des petits sont nés. Les autres Colombes s'éloignèrent immédiatement. « Ces Perruches et ces Lophotes avaient parfaitement sup- porté, dans de grandes volières à l'air libre, les rigueurs pro- EXTRAITS DES PROCÈS-VEKBAUX DES SÉANCIiS DE LA SOCIÉTÉ 21 longées du dernier hiver, ce qui prouve que ces Oiseaux, qui volent très bien et se nourrissent de graines diverses, pour- raient vivre en liberté, surtout si pendant les premières années on les aidait à trouver leur nourriture durant la mauvaise saison. Il serait à souhaiter que des essais soient repris dans de grands parcs, plus isolés que chez moi. » M. Debreuil rapporte ensuite l'observation suivante : « Pour faire honneur à un « Poilu » qui avait accepté à déjeuner un jour sans viande, je sacrifiai mon dernier Tinamou. Aussi quel ne fut pas mon élonnement lorsque, un matin, j'entendis fort distinctement le chant très spécial du Tinamou roux. Pensant qu'un Oiseau échappé avait été capturé par un voisin, je fis une petite enquête, mais il n'y avait aucun Tinamou dans les envi- rons. Et cependiint, chaque jour, parfois le matin, mais prin- cipalement dans l'après-midi, vers 4 ou 5 heures, les notes flûtes du chant du Tinamou se faisaient entendre. Fort intrigué, je cherchai vainement, pendant plus de huit jours d'où provenait ce chant qui, parfois, se déplaçait, J'eus enfin l'explication du mystère en voyant un Merle s'envoler d'un arbre dans la direction duquel je venais d'entendre siffler le Tinamou. Ce Merle, qui habitait probablement chez moi depuis plusieurs saisons, avait appris à imiter le chantdes nombreux mâles Tinamous que je possédais les années précédentes. Il l'imitait à merveille, mais comme je pus m'en convaincre par la suite, il y ajoutait parfois des fioritures de son crû. Ces variantes, d'ailleurs, m'apportèrent la preuve certaine que c'était bien ce virtuose qui m'avait si joliment mystifié, » M. le professeur Trouessart pose une question : Il y a trois variétés connues de la Perruche ondulée : la variété sauvage, qui est verte; la variété décolorée, qui est jaune; une variété plus rare qui est bleue. On lui signale deux autres variétés, l'une qui est complètement blanche, l'autre qui est rouge. En a-t-on déjà entendu parler? La variété blanche semblerait provenir de la jaune déplus en plus décolorée. Mais pour la rouge, comment l'obtient-on, car ces monstruosités ne sont que des secrets de marchands d'Oiseaux? M. Loyer répond que pour donner aux Serins une robe plus vive de couleur, tirant sur l'orange, il suffit d'additionner leur 22 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONAL!': I) ACCLIMATATION nourriture de poivre de Cayenne ou Piment pulvérisé. Mais, bien entendu, cette coloration n'est pas stable et disparaît avec la cause qui la produit. M. le D"" Cathelin envoie une communication intitulée : « Le froid et le besoin de nourriture ne sont pas les causes vraies des migrations des Oiseaux ». Ce mémoire paraîtra in extenso au Bulletin. L'élevage de Faisans de M. Labbe, à Tunis, continue à bien réussir, surtout en ce qui concerne les Vénérés, qui prospèrent particulièrement bien. Une femelle a donné 60 œufs. Une seule couvée de i 2 œufs a donné 1 1 petits, 3 o^ et 8 Ç . M"^ Verniére a^perdu une femelle Ho-Ki dont elle a envoyé la dépouille à M. Dechambre, à Alfort, aux fins d'autopsie, et pour faire naturaliser la peau. Aquiculture. Notre collègue M. Lefèvre présente, dans son Aquarium por- tatif, dont il a été autrefois question au Bulletin, deux métis de Poissons. «Les deux Poissons que je présente, dit-il, sont des métis 9 provenant du croisement d'un o^ de Pœcilia reti- culata Peters, petit vivipare d'une couleur jaune-paille, très claire, parsemée de taches irrégulières d'un noir intense, les ouïes sont brillantes, bleues et roses (couleurs métalliques), et d'une $ de Platypœcilia maculata Gunth., de forme très ovoïde, vivipare, de même habitat, présentant une couleur bleu clair' avec taches noires. Les formes de ces deux espèces sont com- plètement dissemblables. « Les jeunes sont nées en mars 1917 pendant ma mobilisa- tion et je cherche, en ce moment, à savoir si ces métis 9 repro- duiront avec les c/' avec lesquels elles vivent, mais qui,, jusqu'à présent ne s'en occupent guère. Leur forme tient le milieu entre les deux espèces, avec la tête plus arrondie que chez leurs parents. Leur couleur est jaune d'or, tirant sur l'orange, les ^ouïes ont les teintes métalliques du o^, mais les taches noires sont beaucoup plus compactes et tiennent une grande partie du corps. » EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 2;{ Entomologie. Au printemps, il y eut une invasion de Chenilles de Piérides en Seine-et-Marne. En juillet, les Papillons, surtout celui de la Rave [P. rapae L.), Curent extrêmement nombreux ; ils volaient par centaines. Les Crucifères déjà endommagées par les Che- nilles, furent ensuite attaquées par les Âllises. Par contre, pro- bablement à cause de la rigueur prolongée de l'hiver, les Mulots, les Campagnjjls, les Limaces et les Escargots, lurent beaucoup moins nombreux. Les Funkias, dont les Mollusques sontsi friands, ne furent pas touchés. Ainsi que notre Bulletin l'a signalé (page 342, août 1917), la Galéruque de l'Orme, Galerucella luteola Miill., fit d'importants ravages en Seine-et-Oise. L'invasion s'était propagée en Seine- et-Marne età Fleury-en-Bière, entreautres, chez notre collègue, M*"'' la comtesse de Béarn, tous les Ormes furent dépouillés de leurs feuille?. Heureusement, l'humidité prolongée et les mau- vais temps du mois d'août favorisèrent les Champignons para- sites de l'Insecte et la plupart des Larves et des Nymphes, qui s'étaient réfugiés au pied des arbres, semblent avoir péri. On peut espérer que l'invasion a été arrêtée et que les Ormes n'au- ront plus à soutfrir l'an prochain. A propos de l'article « Les Poux et le Chemineau », paru dans le Bulletin d'août, p. 318, nous devons signaler que le même moyen de désinfection a été publié dans les Archives de Parasi- tologie, t. XV, p. 339, 1912. « La lessive du Pouilleux », par Cunisset-Carnot. M. GotTart nous écrit de Tanger qu'il a vu dans cette ville de fréquentes invasions de Sauterelles (Schistocerca peregrina Oliv.). Elles arrivent au printemps et sont alors à l'étatjaune. Partout ailleurs qu'aux environs immédiats de Tanger, elles se ■ transforment, se dépouillent, deviennent ailées et roses et repartent vers le Sud. Dans tous les jardins de Tanger, ajoute M. Gotfart, ces Criquets pèlerins, malgré les dégâts qu'ils com- mettent, n'opèrent pas leur dernière transformation ; ils dispa- raissent sans qu'on sache comment. Une enquête à laquelle il s'est livré a établi qu'à 8 ou 10 kilomètres à la ronde, on «e 24 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCGLIMATATION trouve pas le Cric^uet rose autour de Tanger. Il demande quelle est la cause de la destruction. MM. Trouessart, Ménegaux et Rivière rappellent que c'est la maladie connue sous le nom de psorospermie des Articulés qui lutte ainsi contre Tenvahissement des Criquets. M. P. Marchai, qui prit connaissance de la lettre de M. Gof- fart, répond qu'il est bien difficile, avec les seules indications fournies, de donner une réponse. Il n'est même pas certain qu'on ait affaire au Criquet pèlerin, et il faudrait, avant tout, être sijr de l'espèce à laquelle on a affaire. Mais il existe plu- sieurs maladies connues des Acridiens, et quelques Diptères qui les détruisent dans l'œuf. La première chose affaire est de prier M. GofTart de nous envoyer des échantillons de ses Criquets. M. Labbe, de Tunis, fait part des ennuis qu'il a eus, dans l'élevage de ses Faisans. Ils sont envahis de parasites « petits insectes roses, puis rouges, qui vivent surtout sur la face des couveuses ». Toutes les méthodes d'épuration employées jusqu'à ce jour ont été vaines. L'emploi des corps gras, même en très petite quantité, a été néfaste et doit être soigneusement évité. La Poule touche ses œufs de sa face graissée, et la coquille de l'œuf engluée perd sa porosité, amenant la mort du Poussin. M, Trouessart pense que ces paj-asites sont des Acariens, que ces animaux vivent dans les arbres du voisinage et que la moindre brise suffit à les apporter dans les nids, après leur épuration. Il ajoute qu'il n'y a pas grand remède, si ce n'est le badigponnage à la chaux avec une interruption de Si^rvicN- des nids pendant un an. M. Ménegeaux signale que M. Ducloux, de l'InstitutArloing, à Rabta-Tunis, pourrait donner d'utiles renseignen)ents à M. Labbe sur la question. jyjme Vernière, de Saint-Fei-me (Gironde), noys adr s»e deux boules, trouvées dans uue viti;ne. Biles ont été découvertes en* labourant. Ces boules ressemblent à des Truffes. L'examen de la matière, qui a servi à leur construction, laisse croire qu elles ont été construites par des Insectes sca'ophages. Notre collègue serait heureuse d'en connaître le nom. Ces boules sont contiées à M. Clément, aux fins d'examen. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 25 Botanique. M""" Vernière vient d'acheter à M. ^abonand, l'horticulteur de Golfe Juan, un Goyavier et un Feijoa. Le premier a cinq fruits qui se développent normalement, le second n'a pas fleuri. Le climat de la Gironde n'est sans doute pas assez chaud. M. Debreuil présente des Pommes À cidre, rouges à chair ferme, de la variété douce, qui sont atteintes d'une sorte de dégénérescence des tissus : les parties malades sont translu- cides, avec une apparence graisseuse. Notre collègue, au mois de septembre, avait déjà fait une observation analogue sur des Reinettes d'Angleterre. Sur ces fruits, la tache translucide se remarquait, a cette époque, exclusivement au centre, enveloppant l'endocarpe d'une sorte d'anneau de un à deux centimètres de rayon : rien ne décelait cet état extérieurement. Certaines Pommes présentées aujourd'hui ont, au contraire, soit de larges taches à la périphérie, se prolongeant vers l'inté- rieur par d'étroites pénétrations, soit des taches isolées, larges ou étroites, à l'intérieur. D'autres Pommes sont entif-rement envahies; dans ce cas, les fruits prennent, sur toute leur peau, une apparence huileuse on cireuse, très caractéristique, qui les fait reconnaître immédiat^^ment. Cette maladie ne semble atteindre le fruit que vers le mo- ment de sa maturité; elle lui donne un goût qui semble peu différent du goût normal, mais légèrement miellé. Nous ne pouvons dire si ces Pommes se conserveront et nous ne savons si cette maladie a été étudiée, en tout cas elle n'a rien de comparable avec la maladie connue sous le nom de « Graisse des Pommes » « Maladie des taches des Pommes » ou « Maladie du bouchon », dont il a été parlé p tge 152 du Bulletin de 1915. M. P. Amédée-Pichot signale que dans le Midi il a vu et mangé des Pommes et Poires dites (jéUves, espèces spéciales à chair transparente, ayant l'appaience d'avoir été gelées. M,ais le cas des fruits de M. Debreuil n'est pas le même. Il s'agit ici, sans doute, d'une tratisformation du contenu des cellules par l'effet d'un ferment hydrolisant non figuré, car les 2() BULLETIN DK LA SOCIÉTÉ NATIONALE Û ACCLIMATATION fruits présentés n'ont pas subi l'attaque de la gelée. Des échan- tillons sont remis à M. D. Hois, qui les transmettra au Labo- ratoire de Cryptogamie du Muséum, pour que cette question soit étudiée. M,. Ch. Rivière fait une communication sur hs Bambous et leur répartition géographique en Afrique. Cette communica- tion paraîtra au Bulletin. M. D. Bois dépose .sur le bureau un fruit de Xanthoceras sorbifolia/Bge. (Sapindacée) qui est offert par M. P. Amédée- Pichot et qui a mûri dans sa propriété, à Sèvres. M. A. Fauchère a reçu de notre collègue, M. Emile Annet, un très important travail sur le Palmier à huile. Il y est question, sinon d'une espèce nouvelle, au moins d'une intéressante variété de V Elaeis Guineensis Jacq., à laquelle l'auteur a donné le nom à' Elaeis Poissoni Annet. On trouve deux formes, à fruits durs et tendres, mais le principal intérêt de ce Palmier est do donner un rendement en huile^très supérieur à celui du type connu jusqu'à ce jour. Comme M. A. Fauchère signale, qu'au Cameroun les Alle- mands, et au Congo belge les Belges ont obtenu de bons résultats avec les Pommes de terre et rappelle aussi les immenses étendues qui, à Madagascar, sont plantées de cette Solanacée, avec succès, M. Ch. Rivière revient sur la question et répète qu'en Algérie c'est avec la plus grande difficulté qu'on obtient ce tubercule. Il y a probablement une question de climat, mais il ne paraît pas du tout contraire au bon sens de supposer qu'il existe ou qu'on pourra trouver des races de Pommes de terre plus spécialement adaptées aux pays chauds. Les exemples du Cameroun et du Congo belge sont assez élo- .iuents dans ce sens. A ce propos, M. Morel rappelle qu'à Beyrouth la Pomme de ttiTe ne réussit pas. Mais on recourt au Colocasia Antiqucrum Schoti qui y est bien acclimaté. M. Ménegaux contîrme qu'il n'y a aucune raison pour qu'on ne trouve pas de variétés appropriées. M. le professeur IL Lecomte résume une note de M. le D'' Ro- bertson-Proschowsky, de Nice, Sur les fruits d'un Bananier à EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 27 graines, ayant mûri sur la Côte d'Azur, et dont il avait reçu précédemment les fleurs. Le Bananier cultivé par M. R. Proschowsky formait « une touffe haute de 7 mètres et d'une beauté qu'on pourrait dire idéale de grâce et de majesté combinées, avec des immenses feuilles de la plus pure couleur vert clair... '> « Les hampes florales se distinguent de celles des Bananiers ordinairement cultivés, en ayant de onze à quatorze fleurs par mois au lieu de huit. Les fruits n'ont que le tiers ou, au plus, la moitié de la grosseur de celles du Bananier ordinaire et arrivent à maturité en conservant leur couleur verte qui, à peine, prend une faible teinte jaunâtre.. Ces fruits, sans égaler comme goiU ceux des Bananiers ordinairement cultivés, ont pourtant une abondante chair, très sucrée et agréable et sont parfaitement comestibles. « M. Lecomte ajoute que ce Bananier, dont les fruits sémini- fères sont habituellement considérés comme non comestibles, esi Musa paradisiaca L., subspecies seminifera (Lour.) Batter, in A7in. of Bot., VII (1893), p. 213. Les fruits reçus conte- naient de nombreuses graines. M. le professeur H. Lecomte nous retrace, en quelques mots, l'effort fait par notre regretté collègue Edouard Coëz, pour son jardin alpin de Bièvres. Il nous fait Tliistorique de ce jardin, nous expose comment il conçoit son avenir. La note de M. H. Lecomte paraîtra in extenso au Bulletin. M. Ménegaux signale que sa fille a trouvé cet été un noyau de Datte germé, dont la pousse avait déjà une longueur de 10 à 12 centimètres. MM. Lecomte et Bois répondent que c'est un cas fréquent. M. Ch. Rivière rappelle qu'après l'Exposition universelle de 1867, on pouvait faire une abondante récolte de jeunes Dattiers, sur les bords de la Seine. M. D. Bois dépose sur le Bureau des graines envoyées des îles Marquises, par notre collègue M. Henry. H s'agit du très rare Coreopsis polycephala Drake. Cette Composée est une plante arbustive de serre chaude, qui est constamment en fleurs dans son pays d'origine et croît dans les endroits secs. Fleurs petites, jaunes, en inflorescences assez denses. M. le D'" G.-V. Pérez, de Ténérife, envoie des graines à'Echium hybrides, qu'il accompagne de deux photographies 28 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION représentant ces curieuses et gigantesques plantes. L'une de ces photographies, de M.,J.-G. Rivero, à Laguna (Ténérife), représente de beaux exemplaires d'Echium Wildpretii II. -H. -W. Pearson, cultivées à Laguna, dans le jardin public, à 560 mètres s. /m. L'autre représente Echium Pininana Webb et Berth., cultivé par le D"" Pérez, dans son jardin, à Villa Orotava (Ténérife). Ces Echium atteignent une hauteur de 5 m. 25, ainsi qu'en témoigne une toise, placée à proxi- mité. Notre collègue ajoute que des hybrides de Pininana X Wild- pretii seraient très désirables pour leur grandeur et leur beauté. M. Harrison Wright, de Riverside (Californie) envoie deux paquets de graines de Palmiers rares : Trocinjcarpus ciespitosa Becc, et Erythea elegans Franceschi. M. D. Bois est chargé de lui accuser réception et de le remercier. M. P. Amédée-Pichot nous signale que le Sechium edule Sw., cette Cucurbitacée, connue dans le Nouve;iu-Monde sous les noms de Choco dans l'Amérique du Nord, Tallote à Saint- Domingue, Perulero au Guatemala et Chai/oite dans l'Amérique du Sud, n'arrive toujours pas à trouver d'amateurs dans l'Ancien monde. Cependant, en Amérique, les médecins recom- mandent son usage, non seulement comme aliment, pour les enfants et les vieillards, mais aussi à l'extérieur : des cata- plasmes de feuilles bouillies seraient très efficaces contre les rhumatismes. M. Ch. Rivière contirme que la Chayoit" sent un peu la pommade de Concombres et n'est pas pour nos goûts un mets bien agréable, mais qu'il existe certaines variétés qui sont très supérieures aux autres. Le H. P. Nathanaël Coste^^, nous annonce un envoi de graines du Chili, par la Légaiion. M. le D"" G.-V. Pérez éprouve de grandes difficultés pour nous expédier des graines de plantes utiles a propager. Il demande si l'on pourrait oblnnir une autorisation spéciale par le Ministère de l'Agriculture. M. Louis Capitaine est chargé des démarches nécessaires. M. GofTart, de Tang^'r, nous envoie d^s graines de quelques espèces dWcacia dont on trouvera la liste au Bulletin. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 29 M. le D"" G.-V. Pérez nous adresse deux notes : Tune relative à l'emploi des Cytises comme fibre textile, et l'autre au sujet de la culture de la Pomme de terre aux îles Canaries. M. Louis Capitaine signale que, cette année, en fin de saison, les Platanes de Paris et des environs, dans presque tous les parcs et jardins publics, ont perdu complètement leur rhyti- dome écailleux. Le tronc reste à nu jusqu'en haut, d'une belle couleur jaune pâle. Il est probable que les Platanes sont partout pareils, cette année. Quelqu'un peut-il donner l'expli- cation de ce curieux déshabillage? M. de Sainville écrit, de Courbes-Vaux (Loiret) que décidé- ment, toutes les Conifères, dont on a cité précédemment les noms (p. 197 du Bulletin de 1917), ont résisté à l'hiver, et que, seules, quelques branches de certaines espèces ont été perdues. VAcanthopanax ridnofolium Serm., un Ceanothus sp. [Gloire de Versailles), le Mahonia Aquifolium Nutt. sont repartis après avoir semblé gelés. Le Ruscus racemosus L. (1) ; les Phyllosta- chys nigra Munro, Bamhusa aurea Sieb., ont beaucoup souffert, mais ne sont pas morts. Le Mahonia Japonica DC. aut. Thunbg. ? n'a pas souffert. Sur les Rosiers, l'effet de la gelée a été très irrégulier et parfois imprévu. Notre collègue termine sa lettre en demandant des renseignements, pour arriver à féconder des Figuiers, sur le littoral méditerranéen. M. Ch. Rivière répon- dra à cette question dans une prochaine séance. Colonisation. M. A. Fauchère a reçu la visite du frère Gillet, actuellement à Paris. Ce frère s'est beaucoup occupé de l'acclimatation des légumes à Kisantou, sous l'équateur, à 300 mètres s. /m. Il a obtenu des graines, sur place, en ajoutant au terrain des phosphates. Le frère Gillet a obtenu, à Kisantou,une variété de Pommes de terre, qui mûrit et se conserve. Il a répandu le goût de la culture chez les indigènes. Le Secrétaire des séances, D'' Louis Capitaine. (1) Ou mieux Danae I.aurus Medic. 30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE n'ACCLniATATION CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Les Pélicans du parc de Ssint-James. — Le gibier dans le département de l'Indre. — LAlose fiute à Argenton. — Le départ des Martinets. — Le torpillage d'un envoi d Animaux vivants en Amérique. Les pièces d'eau des parcs de la ville de Londres sont peu- plées d'Oiseaux d'eau qui contribuent autant à rornementa- tion des promenades qu'à l'aniusement des promeneurs et qui portent le peuple à s'intéresser aux êtres de la création. Au mois de juillet dernier deux couples de Pélicans ont niché sur un rocher qui s'élève au milieu du petit lac du parc de Saint- James. Leurs nids étaient construits très près l'un de l'autre et composés d'un amas de brindilles et de baguettes auxquelles les Oiseaux continuèrent à ajouter des matériaux longtemps après s'être mis à couver. Le nid d'une Poule d'eau dans le voisinage tînit par être annexé à l'une de ces constructions. Dans chaque nid deux œufs furent pondus, mais lorsque M. Rudge Hardin rendit visite à cette petite colonie, il ne vit ^ qu'un seul œuf dans un des nids, l'autre ayant été sans doute cassé ou jeté dans l'eau par les manœuvres maladroites des Oiseaux incubateurs. M. Harding assista à la relève d'une des couveuses. Le mâle qui vint la remplacer déploya beaucoup de prudence et de précautions pour se mettre sur le nid et ramener avec son bec l'œuf qui avait roulé trop près du bord du rocher pendant ces manœuvres. Le 3 août, à la suite d'une semaine de pluies froides, les nids furent abandonnés. Un des œufs était fécondé et aurait pu éclore sans ce contretemps. Le Field rappelle qu'en 1828 des Pélicans avaient pondu trois œufs et couvé dans la ménagerie qu'on entretenait alors à la Tour de Londres. En 1872 des Pélicans avaient réussi à élever des jeunes au Jardin zoologique de Rotterdam. Des Grèbes huppés nichent tous les ans sur le grand étang du ;parc de Richmond. Cette année ils ont aussi niché sur le petit étang, comme ils l'avaient fait l'année précédente. Depuis trois ans que les hommes se battent. Perdrix, Fai- sans et Lièvres jouissaient d'un calme plus ou moins profond lorsque septembre 1917 amena la fin de cette ère de paix. GQRONIQUE GÉNÉRALE El FA[TS I.IVEKS ' 'M Dans rindre, Touverture de la chasse eut lieu le 16 sep- tembre. Après trt)is années d'accalmie, on constate que le gibier est très abondant dans les endroits où la propriété est très morcelée, surtout dans ceux où le campagnard n'est pas assuré de la discrétion de son voisin. Dans les grandes chasses, où beaucoup des gardes ont été mobilisés, il est, en général, moins abondant, car les braconniers peuvent y jouir d'une sécurité relative et les bêtes de rapine, n'étant plus chassées et piégées, ont fortement augmenté de nombre. Les Perdrix, après quelques coups de feu, sont devenues aussi sauvages qu'autrefois et partent à grande distance. I Jadis, l'Alose commune et l'Alose finte remontaient jusqu'à Argenton, chaque année. Mais depuis fort longtemps déjà, des barrages établis sur la Creuse, à la Haye-Descartes et à la Guerche, empêchent ces Poissons migrateurs de remonter et on ne les voit plus dans la région que très accidentellement, lorsque de fortes crues leur permettent de franchir ces obsta- cles, d'ailleurs peu élevés et qui ne peuvent être comparés à ceux récemment construits en amont d'Argenton. En juillet dernier, depuis quelques jours, les pêcheurs voyaient dans les eaux de la Creuse, aans leur traversée de la ville, des petites bandes d'Aloses de cinq à dix individus. Le 13 juillet, un pêcheur en prit une à l'aide d'une ligne amorcée d'un Criquet. C'était une Alose finte, très maigre, qui mesurait 50 centimètres de longueur et pesait seulement 520 grammes. Il paraissait évident que ces Aloses éprouvaient des difficultés pour se nourrir. Pendant les jours qui suivirent, on en trouva plusieurs mortes, en amont et en aval d'Argenton. Cette année, à Argenton-sur-Creuse, les Martinets sont partis, en masse^le 22 juillet. 11 en a été aperçu 6 le 28, 2 le 29, et un les 8 et 9 août. Il y eut de gros départs d'Hirondelles dès la première quin- zaine de septembre; le 8 octobre, de nombreuses volaient ' encore en ville. Le 11 octobre, alors que dans la nuit il y avait eu seulement 1° C. au-dessus de zéro, et que le temps t 32 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCGLIMATATION était sombre et froid, plusieurs centaines d'Hirondelles de fenêtre, et surtout de cheminée, étaient groupées sur les che- minées et les toits des maisons situées en face de Thôpital, ainsi que sur les fils distributeurs d'électricité. De nombreux sujets étaient même accrochés aux murs. C'était un départ qui se préparait; mais il resta encore beaucoup d'Hirondelles en ville et elles ne disparurent que le 13. En 1917, les Hirondelles étaient à Argenton beaucoup plus nombreuses que les années précédentes; cela provient, peut-être, de ce que, par suite de l'état de guerre qui persiste, on les détruit moins en Italie et dans le Sud de la France. Le premier envoi d'animaux vivants qu'Hamlyn a fait en Amérique, depuis son voyage à New-York où il était allé organiser son commerce entravé en Angleterre par les règle- ments de guerre, a eu une issue fâcheuse. Le steamer Atlantic, qui avait quitté les docks de Tilbrery le 3 septembre, a été tor- pillé en plein jour sur les côtes de l'Irlande et s'est englouti dans les flots en cinq minutes, entraînant une cinquantaine de matetots dans l'abîme. Le commis d'Hamlyn, Gard, qui accom- pagnait le convoi a été miraculeusement sauvé, ayant été pro- jeté dans la mer par des éclats d'obus, mais il avait pu se cramponner à une épave sur laquelle il a été ramassé évanoui par un bateau de patrouille. Bien entendu il n'avait pas eu le temps d'effectuer les recommandations de son patron qui étaient d'ouvrir les cages et de mettre les animaux en liberté en cas d'accident, pour donner aux captifs une chance de salut. Ce convoi d'animaux, évalué à 15.000 francs, se compo- sait de 700 Canaris, 300 Perruches ondulées, 17 Oies de Magellan, 11 Cygnes blancs, 1 Tortue des Seychelles, deux Cotingas à gorge nue, H Quadrumanes et divers Oiseaux d'Europe. ERRATUM. — Dans le Bulletin de décembre 1917, p. -i66, 30« ligne, au lieu de : case, lire : cave. Le Gérant : A. Maretheux. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. / EN DISTRIBUTION Graines d'Acacia offertes par M. J. GOFFART, do Tanger. Toutes les espèces sont origi- naires d'Australie, à l'exception de i'A. Farnesiana Willd. ou Cassie, aux fleurs dt'licieusement parfumées, qui croît dans toutes les régions tropicales et qui est cultivé en Provence, de A. corni- gera Willd. d Amérique (Mexique et Jama'ique) et de A. trinervis Derv. dont l'habitat est inconnu. Acacia acanthocarpa Willd. = Mimosa ac. Poir. A. aneura F. Mnell. A. arrnata R. Br. A. Bayleyana F. Muell. A. buxifotia A. Cunn. A. cuiamilolia Sweet. A. comigera Willd. = A. spadi- cigera Ch. et Schl. = A. sphae- rocephala Ch. et Schl. A. cj/anophyllu Linàl. A. Cyclops A. Cunn. A. dealbata Link. A. Diet ichiana F. Muell. A. Donkelarii (?) A. falcata Willd. A. Fai'nesiiva Willd. A. glaucescf-m Willd. A. hovialoTihylla A. Cunn. A. jiiniperina Willd. A. leptoclada A. Cunn. {type, var. var. pen- A «M i/'o?iis polycephala Drake des lies Marquises (Plante très rare). S'adresser au Secrétariat. OFFRES, DEMANDES. ANNONCES OFFRES Poissons exotiques. Plantes aquatiques. M. LEFEBVRE, 53, rue de Saint-Quentin, Nogent- sur-Marne (Seine). Poissons d'étangs, espèces nouvelles, ou peu ré- pandues, ou améliorées. M. DODE, à Sorbier, par Jaligny (Allier). Désirant augmenter collection d'Acacias, j'échan- gerai graines d'espèces rares et demaude qu'on me signale où je puis me les procurer. M. GOFFART, villa Mahadi, à Tanger (Maroc). Co. Nandous gris. Co. Grues antigènes. Co. Chèvres naines du Sénégal. Mâle Renard. Mâle Renard du Bengale, 'i mâles Oppossum, superbes. 1 Mangouste {Heperstes paludosus). Co. Cervus Eldi. M. BABAULT, 10, rue Camille-Perier, Chatou (Seine-et-Oise). Chevreaux et Chevrettes nubio-alpins, grandes oreilles tombantes, physionomie particulière . Beaux animaux sélectionnés pour grosse pro- duction laitière. M. BOUGHAGOURT, domaine des Thinons, par Sologny (Saône-et-Loire). DEMANDES Petit Cacatoès à huppe jaune {C. sulfurea), fe- melle de préférence, Cacatoès de Leadbeater (C. Leadbeateri) et Grand Cacatoès à huppe rouge (C. moluccensis), Perroquet à collerette (D. accipitrinus) acclimatés. M. G. DE SOUTHOFF, 13, via S. Spirito, à Flo- rence (Italie). Prière fournir renseignement ou, à prix modérés, des poulets des races suivantes. : Phénix du Japon (et des nains des mêmes races); Suma- tra; Sultana; Nègre-soie; Combattants nains très petits. D' GANNARSA, Termoli (Italia). Grues cendrées ou de Numidie. M^e DULIGNIER, a Saint-Gérand-le-Puy lier). (Al- Jeune Chienne do garde, dressée; envoyer offres avec photo si possible. M. DE GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. société; N\TIONiLE O'àCGLIHiTiTION U F&LVCë; Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir : 1» à l'iiitioduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles ou d'ornement. Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dames peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis- sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, Sociétés commerciales, etc.). La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres Donateurs, membres Bienfaiteurs. Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une cotisation annuelle de 25 francs. Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s'affran- chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. Le membre Donateur est celui qui verse une somme d'au moins 500 francs. Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 francs; son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois des séances spéciales de Sections : 1° Mammalogie; 2° Ornithologie et sa sous-section. Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4" Entomologie; 5° Botanique, et 6° Colonisation. Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour men- suels leur sont régulièrement adressés sur leur demande. La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et de Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- maux à ses membres. Le Bulletin bimensuel forme, chaque année, un volume d'environ 800 pages illustrées de gravures. U traite des questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particulièrement des faits d'acclimatation survenus en France et à l'Etranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et le» plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'histoire naturelle : initallation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), etc., etc. La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- téressé; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce; adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. Le Gérant : A. Mabsthitcx. Paris. — L Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. Mce^jc^al : BULLETIN 531-52 591-52 CE LA MM Nationale d'AcelimatatiOD DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 65e ANNÉE N°2. - FEVRIER 1918 SOMMAIRE Pages. Louis Roule. — L'élevage de la Carpe-cuir et du Black-Bass en Sologne 33 J. Pois.soN. — Du rôle des Lombrics ou Vers de terre sur les Végétaux 35 R. RoLLiNAT. — Les effets du froid hivernal 1916-1917 sur quelques Reptiles et Invertébrés de l'Indre 39 H. MoREL. —A propos des dégâts causés aux Plantes par le froid pendant l'hiver 1916-1917. 40 A. Meunissier. — Expériences génétiques faites à Verrières 43 Extraits des procès-verbaux des Séances générales de la Société : Séance du 19 novembre 1917 56 Un numéro, 2 francs : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATIOiN DE FRANCE 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (Vn«). BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 Pritidint, M. Edmond Perribr, Membre de l'Institut et do l'Académie do Médecine, Directeur *» Muséniu d'Histoire naturelle, Paris. l MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur k l'Ecole Vice- Présidents. \ coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). ( Maurice db Vilmorin, 1, rue de la Planche, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris {Etranger), H. Hua, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Seerétaires. i Germain, Paris {Conseil). L. Capitaine, 48, boulevard Raspail {Séances). Ch. Dbbrbuil, 25, rue de Ghâteaudun, Paris {intérieur). Trésorier, M. le D' Skbillotte, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Caucurte, Moulin de la Madeleine, à Samois (Seine-et-Marne). Membres du Conseil M, Le Mtrb de Vilkrs, 28, rue de Surène, Paris. A. Chappellier, 6, place Saint-Michel, Paris. WuiRiON, 101, rue Sadi-Carnot, Puteaux. . ACHALMB, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoiro naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. ' D' P. Marchai,, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 89, rue du Cherche-Midi, Paris. D' Leprince, 62, rue de la Tour, Paris. Mailles, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). Dr E. Trouessart, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Lecomte, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. Crepin, 18, rue Lhomond, Paris. Pendant Tannée 1918, les Séances hebdomadaires des Sections sont remplacées par des Séances Générales bimensuelles Dates des Séances générales et du Conseil POUR L'ANNÉE 1918 Séances du Conseil, 2* mercredi du mois à 4 heures Janvier Février Mars Avril Mai Novembre Décembre 9 13 13 n(') 15 13 11 Séances générales, lé lundi à 2 h. 1/2. Sous-Section d'OrniLliologie {Ligue pour la Protection des oiseaux) le lundi à 4 b 1/2 [ 1-i 1 21 21 4 18 18 4 18 18 8 22 22 6 27 27 4 . 18 18 2 16 16 (1) Date reculée en raison des fêtes prochaines. | Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les oersonnes qui désireraient l'entretenir, qu'il se tient à leur disposition, au siège de la Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variatious fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'être applicable ; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. L& Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, des articles publiés dans le Bulletin est interdite. L^ÉLEVAGE DE LA C\RPE-CUIR ET DU BLACK-BASS EN SOLOGNE Par LOUIS ROULE, Professeur au Muséum. Une mission de pisciculteurs, assemblée par les soins de l'actif et intelligent directeur du service commercial de la Compagnie d'Orléans, M. Poher, a visité, le 8 novembre der- nier, un remarquable établissement de pisciculture, situé en Sologne, non loin de Brinon-sur-Sauldre (Cher). Cette mis- sion avait pour objet de préparer les moyens d'étendre l'ex- ploitation rationnelle des étangs par la cypriniculture auv régions qui ne la connaissent pas encore, et de l'amélioi^v dans les lieux où elle existe déjà. Elle a trouvé, en cette instal- lation de Sologne, un exemple excellent. La Société d'Accli- matation, à son tour, sera sûrement heureuse d'avoir, parmi les renseignements obtenus dans cette visite, à laquelle j'ai participé, quelques réponses à diverses questions qu'elle a discutées. M. Brunet, créateur et possesseur de cet établissement, s'est lancé résolument dans la voie de l'acclimatation métho- dique. Ancien conseiller d'État, ancien Directeur général des douanes, il a mis ses qualités d'esprit et de travail au service de sa résolution. Propriétaire du vaste domaine des Mon- teaux, qui comporte treize étangs environ, il a voulu exploiter ces derniers d'une manière toute scientifique. C'est ainsi qu'il fut conduit à acclimater en elle la Carpe-cuir et le Black-bass, et qu'il en a obtenu des rendements dignes de retenir notre attention. La Carpe-cuir, comme on le sait, est une variété spéculaire, c'est-à-dire à larges écailles, mais dont ces dernières se bornent à occuper une part restreinte de la région dorsale du tronc, laissant à nu le reste du corps; les téguments ainsi dénudés s'épaississent quelque peu, d'oti le nom donné au poisson. La Carpe miroir est une variété du même ordre, dont les écailles, plus nombreuses, recouvrent tout ou partie des flancs, et surtout la ligne latérale. Ces anomalies sont trans- missibles par hérédité, partiellement tout au moins, et per- BL'LL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1918. — 3 34 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION mettent ainsi d'établir, à la condition de sélectionner, des races véritables. Or ces races se distinguent de celles des Carpes ordinaires à écaillure normale par la rapidité de leur croissance, par leur rusticité, par la petitesse de leur sque- lette et notamment de leurs arêtes, enfin par la qualité de leur chair. Elles se recommandent donc comme races d'éle- vage à acclimater et à propager; Les premiers sujets élevés par M. Brunet, voici une dizaine d'années, provenaient de l'Europe centrale. Depuis celte époque, M. Brunet empoissonne ses étangs avec les alevins qu'il obtient lui-même, et n'éprouve point la nécessité de recourir à de nouvelles importations. L'acclimatation est com- plète. Il a pris soin, au surplus, d'aménager toutes choses selon les meilleures indications. Il a créé des bassins de ponte, des bassins d'alevinage, des étangs pour les divers âges et les diverses tailles de ses élèves, des bassins de réserve. Il nourrit ses Poissons et leur distribue, pendant la belle saison, du maïs concassé. Il obtient, dans celte exploitation piscicole, des résultats surprenants. Les Carpes-cuir pèsent, en moyenne, 500 grammes à la fin de leur deuxième été, 1.300 grammes à la fin du troisième, 3 et 4 kilogrammes à la fin du quatrième, alors qu'une Carpe ordinaire du même âge, c'est-à-dire du quatrième ou du cinquième été, dépasse rarement 500 grammes. Malgré les frais causés par cet entretien, le rendement final est rémunérateur. Quant au Black-bass ou Perche truitée {Microplerus sal- moides Lac), importé des États-Unis en Europe, la Société, tout en reconnaissant que cette espèce est susceptible de vivre sous nos climats, s'est demandée, à plusieurs reprises, si elle pouvait s'y reproduire, ainsi qu'elle le fait dans la Haute- Italie. L'établissement des Monteaux donne à celte demande une réponse favorable. M. Brunet a réparti entre deux de ses étangs, en avril 1914, .30 alevins de Black-bass, venus d'Italie. Or ces étangs, péchés en octobre 1915, non seulement lui ont rendu ses élèves parvenus à une belle taille et à un poids voisin d'un kilogramme, mais encore 4.000 alevins environ. Les Black-bass s'étaient donc reproduits. Si l'on se représente que cette reproduction a eu lieu en Sologne, région froide pen- dant la mauvaise saison, et dans des étangs exposés sans pro- tection aux intempéries et aux animaux déprédateurs, on voit qu'un tel succès mérite d'être pris en considération sérieuse. ROLE DES LOMBRICS OU VERS DE TERRE SUR LES VÉGÉTAUX 35 et qu'il en faut conclure à la possibilité de la ponte et de Talevinage du Black-bass, c'est-à-dire de son acclimatation complète, dans les étangs de notre pays. DU ROLE DES LOMBRICS OU VERS DE TERRE SUR LES VÉGÉTAUX Par J. POISSON. .Te demande pardon aux membres de la Société d'Acclima- tation, si je me permets d'appeler leur attention sur un sujet aussi banal et aussi dépourvu d'intérêt que le rôle des Lom- brics dans le sol oi:i ils vivent, et de leur utilité possible dans les cultures. Avant le célèbre Darwin, les Vers de terre n'ont jamais eu l'honneur d'être vantés pour leur efficacité en aérant le sol et en ramenant à sa surface des éléments fertilisants pour les véo-é- taux qu'on y cultive. Je ne crois pas toutefois que la génération actuelle soit unanime sur ce point. On n'a pas encore sono-é à attribuer la même fonction aux animaux fouisseurs, aux Taupes ni aux Courtilières et, par extension, aux Cloportes et aux Forficules qui ne sont pas réellement terrestres, mais des animaux de surfaces abritées. Les Lombrics sont végétariens et ne se nourrissent que de Thumus des feuilles tombées, des jeunes tiges tendres, suscep- libles de se décomposer promptement, ainsi que du fumier employé comme engrais. C'est surtout la nuit, de préférence, et par un temps pluvieux et chaud, qu'ils rampent à la re- cherche dés feuilles pour les pousser et les entraîner dans leurs trous, puis aussi aux périodes d'accouplement. Je les ai vus, avec un second témoin, quand les feuilles tombées manquent, pincer de leur bouche rudimentaire et déchirer des lambeaux de bord de feuilles et les emporter dans leurs retraites. C'est donc de la cellulose à l'état d'humus que se nourrissent ces Annelés. Dans leurs déjections, qui forment des bourrelets bien reconnaissables à la surface du sol, on constate une por- tion plus ou moins grande d'éléments minéraux qui ont été ingérés en même temps que l'humus : c'est de la poudre d'argile 36 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION et des parcelles de calcaire si le sol considéré est argilo-calcaire, ou de la silice, si le sol est argUo-siliceux. EnOn des traces d'humus ou de fragments de cellulose ayant résisté à la diges- tion se trouvent également dans ces excréments. Il est clair que plus ces Vers pullulent dans le sol, plus Fhu- mus qu'il contient, venant des feuilles ou des fumiers, sera soustrait aux végétaux qui en ont un besoin presque indispen- sable. Le poids de la matière représentée par les Vers corres- pondant au poids d'engrais qu'ils exigent et qui a été dérobé à la culture, c'est donc en parasites qu'ils vivent, puisque c'est là 011 l'on a fumé que les Vers se multiplient le plus. Faut-il donc se plaindre quand les Vers abondent, ou faut-il se réjouir? Voilà le dilemme devant lequel on est placé, suivant qu'on est pour la théorie darwinienne, ou qu'on y est contraire. Envisageons maintenant la façon dont nos pères appré- ciaient le rôle des Lombrics. Dans un mémoire publié en 1810 dans les Annales du Muséum d" Histoire naturelle, signé Jean Thouin, nous allons trouver d'intéressants détails, et, comme par hasard, sur les Lombrics. Ce savant naquit au Jardin des Plantes et y mourut à près de 80 ans en 1824. Ce mémoire qui n'était qu'une broutille pour lui, sur l'usage, alors peu connu, du mâchefer dans les cultures des serres et des orangeries, lui donna l'occasion de s'étendre sur les Vers de terre dont se plaignaient fort alors, comme maintenant, les horticulteurs, et il s'exprime ainsi : « Dans les jardins du Muséum, on emploie le mâchefer à des usages qui le rendent recommandabledans la culture des végé- taux étrangers que l'on conserve dans des vases et que l'on fait hiverner dans les serres. Voici ce qu'une expérience de cinq années révolues a démontré de son utilité. Tous les cultivateurs savent combien les Vers de terre, Achées (1) ou Lombrics com- muns, en s'introduisant dans les vases des arbustes délicats, y occasionnent de dégâts et d'accidents. Que ces vases soient enterrés dans le sol plus ou moins profondément, ou que leurs fonds reposent à la surface, les Lombrics s'y introduisent par des trous ou les fentes destinés à l'écoulement des eaux, dont on les arrose journellement pendant l'été. La fraîcheur de la (1) L'expression Achée, rarement employée actuellement et absente de plusieurs dictionnaires, était synonyme dappût pour la pêche à la ligne. RÔLE DES LOMBRICS OU VERS DE TERRE SUR LES VÉGÉTAUX 37 terre les y attire et leur facilite les moyens d'y établir leurs galeries. De là, résultent deux accidents également nuisibles à lu prospérité de ces végétaux, et à leur conservation. « Le premier est que les Achées, en creusant leurs galeries dans tous les sens, à la proximité des racines, donnent lieu d'abord à l'introduction d'une grande masse d'air extérieur qui évente ces dernières et dessèchç la terre, ensuite ils ouvrent des issues, par lesquelles les eaux des arrosements s'écoulent, sans qu'elles puissent être profitables aux racines des plantes, et être absorbées par elles pour fournir à la végétation. « Le second est que les Lombrics ne vivant que de l'humus végétal dont les sucs extractifs sont aussi l'un des principaux aliments des plantes, en diminuent la quantité, en proportion qu'ils sont en plus grand nombre dans les vases ; et, comme ces Vers ovipares se multiplient très rapidement, il en résulte que dans l'espace d'un an ou deux, l'humus de la terre contenu dans les pots se trouve consommé. » Jean Thouin continue à dépeindre l'état languissant dans lequel les Plantes en pots se trouvent, et si l'on n'y porte remède en poursuivant les Vers, opération souvent fort difficile, avec des vases d'un volume et d'un poids qui ne permettent pas de les renverser aisément et de les démotter pour saisir ces Lombrics, lesquels fuient la lumière pour se réfugier au centre de la motte de terre. 11 faut donc renoncer à cette chasse ingrate, et laisser périr les Plantes. C'est pourquoi l'on dresse les élèves jardiniers à surveiller, dans les serres et les orangeries, les pots de petite dimension, en examinant s'ils portent des traces de déjections révélatrices de Vers et alors l'opération de leur destruction est bien facile. Toutefois, un inconvénient peut se présenter. Lors des rempotages à l'automne, habituellement, éviter de se servir de vieilles terres ayant été déjà usagées et qui, presque toujours, contiennent des œufs de Lombrics, ce serait enfermer le Loup dans la bergerie. Si nous revenons aux observations déjà lointaines du savant professeur de culture, on comprendra qu'il n'ait pas, peut- être, saisi tout le mécanisme qui rendrait le mâchefer hostile aux Lombrics? Les arêtes vives et les portions coupantes des scories doivent singulièrement gêner ces Annélides rampant sur un pareil sol. D'ailleurs, les scoriesfontfuir d'autres bestioles nocives pour les plantes : les Cloportes et les Araignées entre autres. Pour protéger des semis délicats, par exemple, une 38 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION mince couche de menu mâchefer passé au crible, épandue sur la portion ensemencée, est excellente pour épargner des déboires au jardinier. C'est une défense mécanique et une intervention chimique (1) qui ne sont pas à dédaigner. Enfin, on pourra préparer un plancher de mâchefer frais de 10 à lo cent, d'épaisseur, bien damé, sur lequel reposeront les pots avec leur plantes qui seront très bien â l'abri des Vers et autres vermines des jar- dins, à l'exception, toutefois, des Limaces et Escargots. Ceux-ci, favorisés par la viscosité qu'ils sécrètent, peuvent passer partout où il y a place pour eux. Là où l'emploi des engrais chimiques intervient, lorsque le fumier fait défaut, les Lombrics ne trouvent pas à vivre si l'humus manque au sol. Dans la grande culture, les Vers sont moins abondants que dans les cultures de faible étendue ; en général, on fume beau- coup moins dans la première que dans les secondes auxquelles on demande davantage commeproduits, telles sont lespropriétés bourgeoises, les maraîchages, etc. Il paraîtra assez étrange que, dans la pléiade de savants qui depuis près de trois siècles ont illustré le Jardin des Plantes de Paris, ou d'autres établissements scientifiques en France, soit comme zoologistes, ou physiologistes, il ne s'en soit pas trouvé pour s'apercevoir du rôle utile ou nuisible des Lombrics dans les terres couvertes de végétation. Je sais bien que dans toutes les sciences il apparaît, de temps à autre, des découvertes auxquelles on s'attendait le moins. Si celle dont il s'agit ici est véritablement fondée, qu'on la consolide par de nouvelles observations pour la rendre irréfutable. En terminant cette note trop longue déjà pour un sujet aussi restreint, on se demande si l'onn'aimeraitpasàvoirlesLombrics rendre des services en dehors de ceux qui sont en discussion et qui leur donneraient plus d'intérêt? Ces Annélides sont bien conniis comme aliment recherché des Corbeaux, des Merles et de la volaille, ainsi que des Porcs. Comme appât pour la pêche à la ligne, ils'sont universellement estimés dans les régions (1) Les scories ou mâchefer qui sont le rebut de la houille brûlée dans les usines et dont on se débarrassait naguère en les jetant aux décombres, ont été analysées, puis préconisées par Grandeau. Cette matière contient une importante proportion d'acide phosphorique utile aux végétaux et efficace dans les sols acides et dépourvus de calcaire. / LIÏS EFFETS DU FROID HIVERNAL 191G-1917 39 tempérées, mais leur capture exige de la patience, c'est une chasse d'un rapportliuiitésinonaléatoire. J'aiun lointain souve- nir que des voyageurs qui revenaient de l'Extrême-Orient, et parmi eux des missionnaires, qui observent bien, parce qu'ils séjourneul dans les pays qui leur sont assignés, racontaient que chez les Chinois qui sont gens pratiques dans le domaine écono- mique, vivent certaines peuplades qui sont friandes de Vers de terre; mais je n'insisterai passurce genre de gastronomie, crai- gnant de heurter la susceptibilité de nos honorables confrères. LES EFFETS DU FROID HIVERNAI* 1916-1917 SUR QUELQUES REPTILES ET INVERTÉBRÉS DE L'INDRE Par R. ROLLINAT. L'hiver 1916-1917 fut très dur. En janvier, il y eut, à Argen- ton-sur-Creuse, 26 jours de gelée; en février, 22, avec une température minima de IG^o; en mars, 19; en avril, 22. Je compte, comme jours de gelée, ceux où, la nuit, la tempéra- ture tomba à zéro degré ou au-dessous. Dans mon jardin, tous les jeunes Tropidonotes provenant de mon élevage de 1916 et qui s'étaient réfugiés sous des petits las de débris, périrent. Mais j'en avais mis dans des boîtes d'hivernage, aussi instal- lées dans mon jardin, et, là, je n'en perdis que .5 sur une vingtaine. Sur une trentaine de petites Cistudes d'Europe nées eh 1916 et placées dans des boîtes analogues, 6 moururent, et sur une trentaine de sujets de même espèce nés en 1915, je n'eus aucune perte. Aucune perte non plus dans le fumier de.9 terrariums contenant des Tortues plus âgées, et aucune parmi mes Cistudes adultes, qui s'étaient abritées comme elles le font chaque année, dans un gros tas de fumier déposé à leur intention le long du mur le mieux exposé. Les froids s'étant prolongés, le l"' mai j'avais encore des Tortues adultes qui n'avaient pas quitté leur fumier d'hivernage et qui, par con- séquent, n'avaient pris aucune nourriture. Le mois de mai fut superbe et les retardataires se hâtèrent de se rendre à l'eau; il ne gela pas une seule fois pendant la nuit; à midi' à l'ombre, la température varia de 17 à 29°. Malgré cela, je n'eus, en juin 40 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION et juillet, que 17 pontes, et cela n'était jamais arrivé depuis que j'ai, en nombre, des Cistudes dans mon enclos. Malgré les grands froids de Fhiver 1916-1917, les Insectes et les Mollusques pullulèrent au printemps, ainsi que pendant l'été et l'automne. Il y eut énormément de Hannetons et de -Papillons. Les Navets furent fort maltraités par les Pucerons, et les Choux dévorés par les Chenilles de la Brassicaire et ensuile par celles de plusieurs générations de Piérides; en novembre encore, les Chenilles provenant des dernières pontes de la Piéride du Chou exerçaient de gros ravages sur celle plante. Au printemps, les Limaces des grandes ou des petites espèces étaient foçt abondantes et dévoraient les semis. Quant aux Hélices, beaucoup de celles qui hivernaient dans les trous des vieux murs furent gelées; mais celles qui surent mieux s'abriter ne périrent pas, et mes pourvoyeurs habituels d'Es- cargots, dont il me faut une grande quantité pour nourrir mes Cistudes pendant la belle saison, purent faire d'amples récoltes. A PROPOS DES DÉGÂTS CAUSÉS AUX PLANTES PAR LE FROID PENDANT LHIVER 1916-1917 Par H. MOREL. • L'hiver 1916-1917 fut aussi rigoureux que celui de 1879-80 où les gelées, commençant dans la première quinzaine de décembre, firent descendre le thermomètre à — 30° dans la région de Beauvais. J'avais constaté dans ma propriété à Âuteuil (Oise) — 27". Or, malgré les rigueurs de l'hiver 1916- 1917 et les appréhensions qu'il avaitfait naître, j'ai eu la joie de sauver bien des sujets pour lesquels je craignais les effets de la gelée. Et, en somme, les pertes que j'ai subies n'ont pas été comparables à celles de 1880. ' Les Conifères ont montré une résistance inespérée au froid. Néanmoins l'une des plus précieuses, à mes yeux, l'Araucaria I A PROPOS DES DEGATS CAUSÉS AUX PLANTES 41 imbricata Pavon, a souffert. Très engoué du genre Araucaria, j'eus à Auteuil jusqu'à soixante imbricata vivant à la fois. C'est le dernier qui me reste. Il atteint aujourd'hui 11'" 40 et parais- sait avoir bien résisté aux rigueurs de l'hiver, entouré qu'il était d'une toile ainsi que je le fais depuis une vingtaine d'années, lorsque, au milieu de mai, la teinte rouge-brique a envahi tout le bas. Deux autres Conifères ont souffert mais semblent reprendre ; ce sont : le Cupressus Lambertiana Carrière et le Séquoia sem- pervirens Endlicher. J'ai vingt-cinq Séquoia gigantea Torrey, plantés à la fin de l'hiver 1880; ils sont hauts de près de 20 mètres, et c'est à peine s'ils ont perdu quelques feuilles. Le Séquoia gigantea var. pendula et le S. gigantea var. nana ont parfaitement résisté. Les Cephalotaxus drupacea Siébold et Zuccarini et C. Fortunei Hooker, bien qu'ayant souffert, se refont. Il en est de même de Pinus Fremontiana Endlicher. Je n'ai perdu aucun Conifère durant l'hiver 1910-17, sauf les Juniperus pachypkkea Torrey, ces merveilles de l'Arizona, mais il convient de dire que les sujets plantés étaient très jeunes. Au contraire les Pinus Armandi Franchet et les P. Vibnorini, qui m'inspiraient des craintes, se sont fort bien comportés. Les plantes suivantes ont souffert du froid. Plusieurs Arte- misia; les divers Arundinaria, qui ont perdu presque toutes leurs feuilles, et le Duddleya variabilis Hemsley v. Veilchi qui néanmoins a repris et donné des graines. Je dois citer encore Clerodendron trichotomum Thunberg, Cotoneaster Simonsiî Hort. (les autres Cotoneaster ont bien résisté) : Escallonia Langleyensis et E. sanguinea Hort. ; Ehholzia Stauntoni Bentham; Fraxinus\syriaca Boissier; Itex cornM^a Lindley. Les divers Laurocerasus ont tous souffert du froid. Le Laurus nobilis Linné a gelé jusqu'à terre, mais il a repoussé au printemps. Le Idguslrt/m japonicum Thunberg, le L. lucidum Alton et sa variété coriaceum, ainsi que L,vestilum Wallich ont été atteints ainsi que les Ruscus aculeatus L. et H. hypophyllum L. et Slaphylea colchica Steudel, Vitex Agnus-Castus L. et Zan- thoxylum planispinum Siebold et Zuccarini, du Japon, réputé' cependant comme rustique sous le climat de Paris. Dansla liste ci-dessous, j'énumère succinctement les victimes de ce cruel hiver, mortes par le froid : Ce sont: Aristolochia Sipho L'Héritier; Baccharis halimifolia L., Berberi$ Gagnepaini 42 BULLETIN DE~LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION Schneider; H. stenophylla Master, B. Wilsonx Ilemslèy ; Bupleurum fruticosum L., Ceanothus iniermedius \ C Moseri, C. gloire de Versailles; C. Pinguet-Guindou; Oaphniphyllumglau- cescens Blume; Duvaua dependens De Candolle; Elieagnus reflexa Morreu et Decaisne; Eurotia lanata Moquin ; Hedysarum midtijugum Maximowicz; Heder-a Hel'ix L. et sa variété Letellier; Hcemanthus Kalbreyerihakev, Indigo fera dosua Hort. Juniperus pachyphlœa Torrey, Magnolia grandiflora L.; Olearia Haasli Master; Perowskia atriplicifolia Bentham, Polygonum Auberti Hort. &\, P . multiflorum Hort, qui reprennent faible- ment du pied; Purshia iridentata De Candolle; Statice eximia Schrenk; Tamarix hispida Wildenow var. œstioalis Hort; Veronica speciosa Cunningham. A cùté des perles que j'ai subies, voici la liste des plantes qui ont supporté sans en souffrir les rigueurs de l'hiver 1916-17 : Les Rhododendron, Cerasus japonica Veitchi Hort. et C. Sieboldii Hort. ont sonné la diane du réveil de la nature, puis ma collection d'arbres pleureurs n'a pas tardé à dissiper mes craintes en reverdissant à profusion, notamment Fraxinus excelsior L., xdiV.pendula, formant une tonnelle de 8 mètres de diamètre; Ulmus campestris L., var. pendula ; Taxodium disti- chum Richard, var. pendulum; Belula alba L., var. pendula; Juniperus prostrata Persoon; Picea excelsa Link, var. inversa ; P.excelsa Link, var. pendula; Cralaegus Pyracantha Persoon, var. pendula; Morus alba L., var. pendula. Il en est de même de Pinus Coultei^Don, des qusilre Cercidiphyllum japonicum 'Sieh. et Zucc. que je possède. Les diverses variétés de Buis n'ont pas soufTert ainsi que les AslilbeQaeea Victoria et Reine des Lacs, le PhiUyrea latifolia qui n'a perdu que quelques feuilles, les Decaisnea Aar^/esn' Franchet el Deutzia divers, Gillenia{Spirœa) tjnfoliataUœnch; Exochorda Alberti Regel, Kœlreuteria pani- culala Laxmann et llhus typhina L., var. laclniata. Ce sont le Japon et l'Amérique qui ont fourni la plus grande partie des plantes qui composent mes collections. Ces deux pays alliés, après nous avoir comblé de fleurs, vont nous aider de toutes leurs forces à terrasser l'hydre germanique : Ullimus imminet iclus. EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES Par A. MEUNISSIER. Les expériences génétiques de Verrières remontent à la fon- dation même de l'établissement (1815) ; mais ce n'est qu'à partir de 1902 que de nouvelles et importantes séries d'expériences furent entreprises, par M. Philippe de Vilmorin, dans le but de vérifier la loi de Mendel et de trouver son application à des cas nouveaux. Nous parlerons seulement de ces dernières. On sait que les travaux du célèbre moine autrichien, publiés en 1865 (1) dans le Bulletin d'une société locale, ne furent découverts qu'en 1900 et, simultanément, par trois biologistes travaillant indépendamment les uns des autres : le Hollandais de Vries, l'Allemand Correns et l'Autrichien Tschermak. L'ouvrage célèbre de Hugo de Vries, Die Mutalionstheorie, venait de paraître (1901-1903) et, sous une forme plus con- densée, Species and varieties, their Origin by Mutation (1905), avait attiré l'attention générale. Cette loi de Mendel, vérifiée déjà sur beaucoup de cas [Report to the Evolution Comittee of the Royal Society (1902-1905), et par un grand nombre d'expéri- mentateurs, parmi lesquels seulement deux Français, Coutagne (1902), et Cuénot (1903-1907), posant en principe l'indépen- dance des caractères, laissait entrevoir des résultats féconds au point de vue pratique et paraissait, en fait, fournir un guide précieux pour des croisements rationnels et pour une amélio- ration certaine des êtres vivants. Les travaux du Danois Johannsen sur les lignées pures (1903) jetèrent ensuite un jour nouveau sur la question si controversée de l' u influence du milieu ». L'hypothèse de « présence et absence » émise en 1906 permit une plus claire interprétation des faits. Les éditions successives du petit ouvrage de l'Anglais Punnett [Mendelism, 2« édition, 1909; 3« édition, 1911), le magistral ouvrage de l'Anglais Bateson (1909i, réimprimé en 1913 (2), firent con- naître, dans toute son extension, le Mendélisme. au public (1) Mendel (G.-J.)- " Versuche uberPflanzen-Hybriden (Verh. Naturf. Ver. in Brunn », B X, 186o, abh., p. 1). Une traduction française a paru dans le Bulletin scientifique de la France et dé la Behjique (décembre 190"!;. (2) Bateson (W.). MendeVs Principles of Heredity (Cambridge 1909). Une traduction française est en préparation. 44 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION scientifique, sinon au grand public. Enfin, les conférences internationales de génétique (la première à Londres, en 1899, avant la redécouverte des travaux de Mendel ; la seconde, à New-York, en 1902; la troisième à Londres, en 1906; celle de Paris, en 1911, organisée par M. Philippe de Vilmorin et dont le succès est encore présent à l'esprit de tous) achevèrent de mettre en contact savants et praticiens. Les deux principes fondamentaux qui se dégagent des expériences de Mendel purent finalement être exposés de la manière suivante : « 1° Les facteurs héréditaires sont indépendants les vns des autres; 2" Lorsquun individu na reçu un de ces facteurs que d'une seule des gamètes ayant constitué son germe, cet individu produit à son tour, et en nombre égal, des gamètes avec ou sans ce facteur. » Verrières, avec ses imporlantes collections de végétaux, son passé scientifique, était naturellement tout indiqué et bien pré- paré pour de telles expériences. On sait, en. effet, que c'est à Verrières qu'eurent lieu les recherches mémorables de Louis de Vilmorin sur l'amélioration de la.Betterave à sucre; c'est à Ver- rières également que fut énoncé, en 1856, pour la première fois (1), et, depuis, toujours rigoureusement appliqué, le prin- cipe de la sélection généalogique, employé avec tant de succès à la station d'essais de Svalof, en Suède, dans ces dernières années. C'est à Verrières qu'Henry de Vilmorin fit ses croise- ments de Blés d'espèces différentes (2) ; et obtint, par des hybri- dations raisonnées, la magnifique pléiade de Blés hybrides à grand rendement, dont l'emploi a eu une répercussion si heu- reuse sur la culture du Blé en France (3). (1) Louis de Vilmorin. Notices sur V amélioration des plantes par le semis et considérations sur l'hérédité dans les végétaux. (Nouvelle édition, Paris, 1885.) (2) Bulletin Soc. botanique de France (janvier et décembre 1880; jan- vier 1883 et janvier 1888). Une des expériences génétiques prémendéliennes les plus intéressantes est celle commencée, en 1874, à Verrières, sur l'amélioration de /'-l?z- Uiriscus sylveslrisei qui a toujours été continuée depuis. Cette expérience avait été entreprise dans le but de confirmer les résultats obtenus en 1832, à Verrières également, par André de Vilmorin sur l'amélioration de la carotte sauvage (voir : Philippe de Vilmorin, « Sur une expérience de sélection ». Comptes rendus du Conf/rès Internalioiial de Botanique, Paris, 1900). (3) Voici la liste des principaux blés hybrides de Verrières, avec la date d'i croisement initial : Dattel (1874), Briquet jaune (1880), Grosse tête (1880). Massy (1886), Trésor (1890), Bon Fermier (1894), Hâtif inversable (1898). EXPÉRIENCES GENETIQUES FAITES A VERRIÈRliS 45 On a dit que les travaux de Naudin (1), publiés un peu avant ceux de Mendel — et dont les conclusions «e rapprochent de celles de ce dernier en ce qu'elles montrent clairement la disso- ciation des caractères chez les hybrides, — étaient restés ignorés. Ce ne fut certes pas le cas à Verrières, et je me rappelle à ce propos, et non sans émotion, les leçons prélimi- naires du cours de floriculture professé autrefois à l'Ëcole nationale d'Horticulture de Versailles, par le regretté Bernard Verlot, ancien chef de l'École de botanique du Muséum, alors chargé du service des cultures expérimentales de la maison Vilmorin, à Verrières, leçons dans lesquelles il nous exposait succinctement, mais clairement, les expériences de Naudin et tout ce que l'on connaissait, à l'époque, de l'hérédité et de la variation dans ses rapports avec l'horticulture. A vrai dire, les règles établies par Naudin, concernant la disjonction des hybrides, étaient loin d'avoir les conséquences pratiques de celles du principe del'indépendance des caractères si lumineusement énoncé par Mendel. Ses expressions : « l'hy- bride est une mosaïque » et celle plus malheureuse de « varia- tion désordonnée » montrent bien que Naudin n'entrevit pas^ l'existence de la ségrégation des caractères qui est, comme le dit Bateson, la découverte essentielle de Mendel. 11 est juste d'ajouter qu'il n'eut pas ce qui fit la grande chance de Mendel, un matériel aussi idéal d'expérimentation : le Pois. Et l'on peut même prévoir qu'opérant dans des conditions identiques, il serait arrivé aux mêmes conclusions. « Avec la méthode mendélienne, dit également Bateson, nous possédons le moyen d'entreprendre l'analyse des organismes vivants et celui de distinguer les unités ou facteurs qui déter- minent et produisent le développement de leurs différents attributs (2). » Les rôles, dans l'amélioration des êtres vivants, purent être enfin délimités. D'un côté, le rôle du génétiste, à qui incombe l'étude et la manipulation des facteurs héréditaires; de l'autre celui du praticien, qui a pour mission de choisir entre les diffé- rents types soumis à son appréciation et de renseigner le géné- tiste sur ses desiderata. (1) Pour Tœuvre de Naudin, voir: Blaringhem, « La notion d'espèce et la disjonction des hybrides, d'après Charles Naudin (1852-1875) », Progressus Rei Bolanicœ, 1911. (2) W. Bateson. l'roblems of Genetics, 1913, p. 3. 46 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION Les expériences de Verrières furent, d'abord, entreprises sur les Pois, la plante •même de Mendel, mais étendues à beaucoup d'autres caractères non étudiés par lui. Elles furent ensuite appliquées aux Blés et à diverses Céréales, puis à un grand nombre de plantes. Un laboratoire spécial fut créé en 1910 (fig. 1), et largement ouvert aux génétistes français et étran- gers (1). Enfin, comme corollaire des expériences faites sur les Fig. 1. — Vue du laboratoire de Botanique et de Génétique de Verrières. végétaux, des essais furent également entrepris sur divers animaux et, en particulier, sur les Chiens. Nous allons résumer succinctement les divers caractères étudiés et les problèmes soulevés au cours de ces expériences. (1) Parmi les génétistns étrangers qui firent un stage plus ou moins long au laboratoire de Vei-rières, il faut citer tout parlicnlièreuîent le D"" Il^ge- doorn, génétiste du Gouvernement hollanilais à Java, et le D'' Backhouse, génétiste du Gouvernement argentin à Buenos-Ayres. EXPÉRIENCES GÉNÉTIOUES FAITES A VERRIÈRES 47 ' Pois (1). î.es 7 paires de caractères étudiées par Mendel chez les Pois con- sislaienl en des différences : \° dans la forme des grains mûrs; ^'^ dans la couleur des cotylédons; 3° dans la couleur de l'enveloppe des grains; 4° dans la forme des cosses mûres; 5° dans la couleur d^s cosses non mûres; 6" dans l'arrangement des fleurs; 7» dans la longueur de la lige. I. Forme des grains. — Grain rond est dominant sur ridé. Ce caractère a été étudié à nouveau par de nombreux expérimenta- teurs et les expériences de Verrières ont confirmé les résultats obtenus ailleurs. Gregory a trouvé que la fécule se présentait à l'examen microscopique, chez les « ronds » en grains allongés, simples, et chez les « ridés » sous forme de petits grains irrégu- iiers souvent réunis, l'hétérozygote étant intermédiaire à ce point de vue. Un troisième type de grain, dit grain « bossue » {indent), se présente chez les races à fleurs colorées, c'est-à-dire chez celles ayant l'enveloppe des grains colorée. Ce type peut être parfois con- fondu avec la forme « ridé » ; mais l'examen microscopique les montre semblables à ceux des ronds. L'hérédité de ce dernier carac- tère a été surtout étudiée par Gregory, Bateson, Tschermak, Lock, Darbishire, et présente diverses complications curieuses. II. Couleur des cotylédons. — Meadel trouva que jaune était dominant sur vert. C'est un des cas qui ont été vérifiés le plus grand nombre de fois et par beaucoup d'expérimentateurs; comme celui des grains ronds et ridés, ce caractère appartient à la graine elle- même et, par suite, à une génération plus récente que celle de la plante qui le porte. Il suffit donc d'examiner les grains sans qu'il soit nécessaire de les semer. Comme l'a montré Bateson, la couleur (1) Pour les lecteurs qui ne sont pas au courant de là terminologie niendéUenne, rappelons brièvement que dominant se dit d'un caractère qui apparaît dans la première génération d'un croisement, masquant com- plètement le caractère qui lui est opposé et qui est appelé récessif. Ce dernier réapparaît en seconde génération. Les caractères donainants résultent de la présence de facteurs hérédi- taires déterminés, et les caractères récessifs qui leur sont opposés, de l'absence de ces marnes facteurs. Le terme hétérozygote indique qu'une plante est hybride pour un carac- tère ou plus exactement pour un facteur donné : V^ (première filiat'on) et F; (seconde filiation) sont les formules adoptées pour désigner pre- mière et seconde génération. 48 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION des cotylédons chez le Pois varie sous l'influence des conditions extérieures; tantôt ce sont des grains jaunes restés verts par insuf- fisance de maturité; tantôt, au contraire, des grains verts devenus partiellement jaunes après maturité. Mais tout ceci n'est que de la fluctuation et n'a rien d'héréditaire. D'autre part, il existe des variétés commerciales qui n'ont pas été fixées au point de vue couleur des cotylédons, et chez lesquelles on peut sélectionner une forme verte et une forme jaune. Verrières possède une curieuse variété reçue de Russie sous le nom de Foposer ou <( Pois de cire » et ayant les cotylédons jaune très foncé, passant au vert. L'iiérédilé de ce caractère est encore à l'étude. III. Couleur de l'enveloppe des grains. — Caractère étudié par Mendel et vérifié également par un très grand nombre d'expérimen- tateurs. Tégument coloré est dominant sur tégument incolore. Les grains des variétés à fleurs blanches sont toujours à enveloppe incolore. Différents facteurs concourent à cette coloration : il y a, 1° un violet, apparaissant par ponctuations, par taches, ou couvrant parfois le grain entier; 2° un brun disposé en marbrures ou cou- vrant toute la surface; 3° un gris verdûtr« réparti par toute la graine. Ce dernier facteur cause également la coloration des fleurs. Les deux premiers ne peuvent se développer en l'absence du troi- sième, mais peuvent évidemment être transportés par les plantes à fleurs blanches. Dans quelques cas, on peut constater, par des traces, la présence du facteur pour la marbrure chez des plantes à fleurs blanches. C'est ce que Lock a appelé le « fantôme de la mar- brure ». Ce fait a été observé, à diverses reprises, dans les croise- ments de Verrières et même chez une variété connue, le Pois « raange-tout hâtif ». Nous l'avons également constaté chez le Haricot. Chez le Pisum elatius le grain est grenat, et ce coloris, super- posé à celui des grains violets, donne un Pois à grain « noir ». IV. Forme des cosses mures. — Cosse parcheminée est dominante sur cosse sans parchemin dans les expériences de Mendel; à Ver- rières, comme chez Bateson, l'hétérozygote est intermédiaire et tou- jours facilement reconnaissable. Nous avons du reste constaté à difTérentes reprises la présence de cosses parcheminées et de cosses sans parchemin sur le même rameau. Ce caractère semble d'ail- leurs complexe et résulter de l'action de divers fadeurs; on a, en efîet, obtenu à Verrières à plusieurs reprises une F, parcheminée du croisement de deux « sans parchemin ». Dans ces cas, la géné- ration F, n'a pas été assez importante pour pouvoir établir une pro- portion. EXPÉRIENCES GENETIQUES FAITES A VERRIÈRES 49 V. Couleur des cosses non mures. — Mendel trouva que la cou- leur verte étaiil dominante sur la couleur jaune de certaines variétés. Ce caractère a été également étudié. Dans la première génération du croisement entre les deux types, tout est à cosse verte; et il va exactement réapparition d'un quart de plantes à cosse jaune dans la génération suivante. Il existe aussi des variétés à cosse violette dont la coloration est dominante sur le type à cosse verte. Ce carac- tère « cosse violette » peut être superposé à « cosse jaune » et on obtient alors un curieux coloris rouge vif très ornemental. A Ver- rières, comme chez Sutton, on a pu constater que cette coloration violette pouvait être transportée par des plantes à fleurs blanches et alors se manifester sous forme de traces de violet sur les jeunes cosses, ou bien de rose si la plante est à cosse jaune. Chez les plantes à fleurs colorées les cosses peuvent être entière- ment violettes ou simplement panachées ou lavées de violet. Les rameaux et les pédoncules peuvent être teintés de violet, mais cette coloration est indépendante de celle des cosses, tout comme l'est celle des grains violets. VI. Arrrangement des fleurs. — Dans ses expériences Mendel avait croisé la forme ordinaire, chez laquelle toutes les fleurs sont réparties le long de la tige avec la forme Pisum umbellatum (Pois Turc, Mummy-Pea) où toutes les fleurs sont réunies au sommet en une sorte d'ombelle; il avait trouvé que le type normal était domi- nant. Mais cette forme en ombelle est, en réalité, une forme fasciée et la disposition des fleurs n'est qu'une conséquence de lafasciation. Le type fascié est donc récessif par rapport au type normal, et cela semble vrai chez toutes les plantes où cette monstruosité apparaît. Ce caractère est, d'aUleurs, un des plus influencés par le milieu et il se présente toujours avec une intensité variable, d'où apparition de nombreux intermédiaires. Beaucoup de croisements ont été faits à Verrières, soit avec le Pois turc ordinaire (à fleurs roses), soit avec sa forme à fleurs blan- ches. La plupart des combinaisons possibles ont été obtenues et le caractère c fasciation » a pu être associé avec un grand nombre d'autres. VII. Longueur de la tige, — Le caractère taille est le dernier de ceux étudiés par Mendel chez les Pois. Tout comme dans ses expé- riences et celles de Tschermak, la dominance complète du type grand a été constatée à Verrières lorsque des parents très difTérents de taille sont croisés, notamment dans le croisement Géant sans parchemin X Merveille d'Amérique. Mais la taille est de nature complexe et dans les croisements entre demi-nains des intermé- diaires apparaissent et des complications surgissent, résultant BULL, soc. NAT. ACCL. FK. 1918. — 4 50 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION l'action cumulative de divers facteurs. Keeble et Miss Pellew ont étudié cette complexité et trouvé, qu'en connection avec le carac- tère taille, tige épaisse, longs entre-nœuds et floraison tardive, élaient également dominants. Vin. Couleur des fleurs. — Les Pois cultivés sont à fleurs blan- ches, roses ou pourpres. Ces couleurs apparaissent dans les croise- ments dans la proportion de 9 pourpres pour 3 roses et 4 blancs. Ce qui indique nettement l'action de deux facteurs : l'un qui déter- mine la coloration rose, et l'autre qui produit la couleur pourpre, mais seulement loi'sque le premier facteur est présent. Parmi les 4 plantes à Heurs blanches, 3 possèdent ce dernier facteur qui ne peut se manifester par suite de l'absence du premier; la 4^ plante ne possède ni l'un ni l'autre. Ce facteur pour la couleur pourpre peut donc être transporté par les plantes à fleurs blanches, ce qui est confirmé par de nombreux croisements exécutés à Verrières entre plantes à fleurs blanches et roses et où la première génération est à fleurs pourpres. Ce facteur jDOurpre est d'ailleurs très répandu et joue un grand rôle dans la coloration de beaucoup de plantes. Nous avons vu, au sujet des grains bossues ou << indent » que le caractère s'observait chez les plantes ayant l'enveloppe des grains colorée. D'après les expé- riences de Tschermak, deux facteurs sont nécessaires pour la production de ce caractère : celui qui le produit et celui sans la présence duquel il ne peut se manifester. Bateson pense que ce dernier facteur est précisément celui qui produit la couleur pourpre chez les fleurs, ce qui semble être confirmé dans nos expériences, par l'absence de grains « indents » chez les plantes à fleurs roses. Les plantes à fleurs colorées ont généralement une tache colorée, rose ou pourpre, à la base des stipules. Certaines races ne pos- sèdent pas cette tache; et comme Tschermak, nous avons pu con- stater que le facteur pour ce caractère pouvait être transmis par les plantes à fleurs blanches. Nous possédons, dans les collections de Verrières, trois variétés à fleurs colorées, dépourvues de la marque stipulaire, le Pois de Palestine de Sutton {Pisum humile), le Pois Solo (de Svalof) et une variété chinoise, introduite du Yunnan en 1915 parles soins de M. Maurice de Vilmorin. IX. Forme et grandeur des cosses. — Tschermak a trouvé que le caractère « cosse arrondie » était iominant sur « cosse pointue ». M. Philippe de Vilmorin a surtout expérimenté à Verrières avec une variété, Pois <> Sabre », dont la cosse présente la curieuse particula- rité d'être recourbée en sens inverse de celui des autres Pois. Dans le croisement avec Pois « Serpette », la forme de ce dernier est dominante; mais il y a des intermédiaires et le cas parait être de EXrÉRlENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES 51 nature complexe. Les caractères irrandeur et épaisseur des cosses ont été également étudiés; ce dernier caractère tel qu'il existe chez le Pois <( beurre » est de nature récessive. Bateson et Miss Pellew ont essayé, en ces deriiières années, d'élucider une question fort obscure, celle de la réapparition constante et en de très faibles pro- portions, de plantes inférieures d'un même type chez certaines variétés commerciales. Ces plantes auxquelles les Anglais ont donné le nom expressif de « rognes » diffèrent de la variété qui leur a donné naissance par la petitesse et l'étroitesse de leurs parties folia- cées, ainsi que par la courbure des cosses qui sont également plus petites. Toutes les variétés à cosses courbées ont l'extrémité de !a cosse pointue et il semble y avoir incompatibilité entre la pointe arrondie et la courbure accentuée de la cosse. X. Feuillage émeracde. — La plupart des espèces et variétés de Plsinn ont les feuilles et les rameaux recouverts d'un enduit cireux qui leur donne un aspect glauque. Quelques variétés en sont dépour- vues, ce sont celles dites à feuillage « émeraude ». Ce caractère a été étudié à Verrières et le feuillage ^:lauque reconnu dominant.; mais, comme dans l'exemple bien connu cité par Bateson et Punnett, où le croisement de deux Pois de senteur à fleur blanche donne une première génération à fleur pourpre, et comme chez le caractère « cosse parcheminée » que nous venons de voir, le cas est également complexe et comporte la mise en jeu de deux facteurs. En effet, le croisement de deux émeraudes nous a donné une première généra- tion à feuillage glauque et une F^ se répartissant en 9 glauques pour 7 émeraudes. Ces derniers se décomposant en 3 plantes possé- dant seulement le premier (acteur, .3 ne possédant que le second et 1 ne possédant ni l'un ni l'autre. Cette dernière plante croisée avec un autre émeraude ne donne que des plantes de ce caractère. Les différentes races de Verrières à feuillage émeraude ont été croisées entre elles et, par suite des résultats différents de la pre- mière génération, soit tout glauque, soit tout émeraude, on a pu aisément se rendre compte si elles possédaient ou non l'un ou l'autre de ces deux facteurs. Une curieuse variété à feuillage et cosse devenant jaunâtre « neuer gelbschottige zucker perl » a été également étuliée en connection avec le caractère émeraude. XL Caractère << adhérence des graixs e.xtre eu.x ». — L'étude de la curieuse particularité que présente une variété de la collection de Verrières d'avoir des grains soudés entre eux à maturité — variété à laquelle on a donné le nom de Pois « chenille » — a fait l'objet d'une communication de M. Philippe de Vilmorin à la IV' Con- férence internationale de Génétique à Paris en 1911. Le caractère est 52 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION de nature récessive, disparaissant lors du croisement avec une plante normale, pour réapparaître ensuite en seconde génération. H est complexe et sa présence résulte de l'absence de divers facteurs, notamment de ceux qui produisent la glaucescence. Les plantes « chenillées » sont donc toujours émeraudes. Il' est également sen- siblement-inlluencé par (les facteurs non génétiques, provenant du milieu et est plus ou moins accentué selon les années. FiG. 2. — Les 4 feuilles à droite appartiennent à la race de Pois sans vrille, dite : Pois << Acacia »; les 3 feuilles à gauche apfiartiennent à des plantes normales. XII. Feuillage « .\cacu ». — On cultive sous le nom d'Acacia une variété de Pois de la collection de Verrières extrêmement curieuse par ce fait qu'elle est complètement dépourvue de vrilles, par suite de l'absence d'un facteur qui, dans les plantes normales, arrête chez les feuilles le développement des folioles après les premières paires ^t les remplace par des vrilles. Les Pois de cette race ne peuvent donc s'accrocher (tlg. 2). Dans les croisements avec les plantes ordinaires, le type sans vrilles est récessif; mais il y a <' association génétique » entre la forme ridée du grain et l'absence de vrilles, ou, plus exactemenf, un « redoublement » de cette combinaison. Le cas a été étudié par Bateson et Philippe de Vilmorin. Les hélé- EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES 53 rozygotes sont généralement reconnaissables parce qu'ils ont les vrilles légèrement aplaties au lieu d'être rondes. Cette absence de vrilles, qui est un désavantage — les plantes ne pouvant se maintenir sans supports — peut, dans certains cas, être recherchée. Par exemple, en Hollande, où on cultive le Pois en grand pour la production du grain à consommer en sec; des varié- tés grandes, donnant un rendement plus élevé, sont employées dans ce but. Les plantes sont cultivées en lignes et non ramies. Pour procéder aux binages, on rejette alternativement les plantes d'un côté et de l'autre; opération qui devient naturelle- ment impossible lorsque les plantes sont assez développées pour s'accrocher ensemble à l'aide de leurs vrilles. Il arrive que, dans les années particulièrement humides, les mauvaises herbes étouffent les plantes et compromettent grave- ment la récolte. Pour obvier à cet inconvénient, une race sans vrilles, possédant toutes les autres qualités des Pois hollandais, a été créée à Verrières. De même le caractère « sans vrilles » a été associé à la fasciation du Pois turc. Une variété fixée, demi-naine, ïasciée et sans vrilles, donnant énormément de feuillage et ne s'accrochant pas, a été obtenue. Cette variété pourrait avoir de l'intérêt pour les pays comme la Suède, où l'on cultive les Pois comme fourrage. XIII. Nombre de fleurs par pédoncule. — Chez les Pois cultivés, les fleurs sont généralement au nombre de deux sur chaque pédon- cule; mais souvent une des fleurs avorte, surtout chez les variétés hâtives et le Pois est alors dit « à une cosse ». Ce développement restreint du pédoncule floral semble dii à la présence d'un facteur héréditaire; car chez quelques variétés — vraisemblablement dépourvues de ce facteur — l'axe floral est plus ou moins allongé, et la maille peut donner, suivant la vigueur de la variété, trois, quatre ou même un nombre indéfini de fleurs. Ce sont les variétés dites " à trois cosses ». La variété la plus typique à ce point de vue est le Pois « plomb », race très tardive et à très petit grain vert donnant régulièrement trois et même quatre cosses à la maille. C'est la variété qui a été employée à Verrières pour l'étude de l'hérédité de ce caractère qui est de nature récessive mais complexe et assez délicat à observer comme tous les caractères quantitatifs. Les croisements faits avec Rêva, variété d'origine russe, très vigoureuse, et ne présentant jamais de <• trois cosses », ont donné, en première génération, quelques plantes avec ce caractère et, dans la seconde, des plantes avec quatre et même cinq cosses à la maiile (fig. 3). 54 BCLLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALR d"aCCL1MATAT10IV XIV. Coloration du hile. — La plupait des variétés de Pois ont le hile du grain incolore et plutôt plus pâle que le reste, et chez quelque? races seulement on remarque une tache noire très nette représentant exactement le point d'ai tache de l'ovule. Ce caractère * hile noir» abondamment étudié à Verrières, et aussi par Tschermak, est dominant sur hile non coloré. Fiii. — 3. Pois à cinq cosses. Des cas très curieux se sont en outre présentés et n'ont pu être élucidés jusqu'à ce jour. (Test, d'une part, l'apparition de plantes à hiles mélangés, c'est-à-dire portant des grains à hiles noirs et à hiles blancs dans les mêmes cosses; de l'autre, une relation étroite entre le coloris violet de i'envi^loppe du grain et la présence du hile noir. Dans ces plantes il semble nécessaire, pour que les grains violets apparaissent, que le grain qui donne naissance à la plante qui les porte soit à hile noir. XV. Caractères DIVERS. — Beaucoup d'autres caractères ont été é'-alement étudiés chez le Pois ; bradées foliacées, panachure' des EXPÉRIENCES GÉNÉTIQURS FAITES A VERRIÈRES 55 feuilles, craquelure des forains, anomalies florales, etc.. et parmi ces dernières, des variétés présentant héréditairement des fleurs monstrueuses avec pétales supplémentaires, étamines partiellement pétaloïdes et carène ouverte laissant " le style apparent. Mendel avait déjà signalé que, quelquefois, par suite d'un développement défectueux de la carène, le stigmate pouvait rester partiellement découvert. Cette observation est particulièrement intéressante en ce qu'elle montre que le Pois peut n'être pas toujours strictement auto- fécondé. D'ailleurs, comme le dit avec raison Lotsy, « les « autofé- condateurs » absolus n'existent pas. La xénie, c'est-à-dire l'influence directe du pollen sur les tissus maternels de l'ovaire ou de l'ovule, n'a jamais été prouvée d'une façon absolue. Dans quelques-uns des nombreux croisements faits à Verrières, il semble cependant y avoir des cas où la xénie pourrait être invoquée; mais ces cas devront être examinés à nouveau et étudiés critiquement. Le Pois est la plante chez laquelle le plus grand nombre de caractères ont été expérimentés, et probablement celle qu'on connaît te mieux au point de vue génétique, On s'est amusé à Verrières à réunir le plus grand nombre possible de caractères spéciaux sur le même individu; et un véritable monsire : Pois demi-nain, sans pirchemin, fascié, à < trois cosses », rouges (violet sur jaune) à feuillage émeraude, sans vrilles, à grain <( chenille », ridé, noir (violcît sur grenat), etc., a été obtenu ou est en voie d'obtention. (A suivre.) EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU 19 NOVEMBRE 1917 Présidence de HI. D. Bois, vice-président de la Société. Le procès-verbal de la dernière séance générale, est lu et adopté. A propos du procès-verbal et des dénégations apportées à M. Ch. Rivière par M. le D' Robertson-Proschowski, au sujet de l'abaissement de température l'hiver dernier, sur la côte d'Azur, M. Ch. Rivière demande que l'on consulte les relevés de température de l'École d'Horticulture d'Antibes, où il a puisé ses informations. Il rappelle qu'à Montpellier le froid a été assez vif pour détruire complètement les magnifiques planta- tions de Jubaea spectabilis, mais M. Bois répond qu'aux der- nières nouvelles, une lettre de M. Daveau, de Montpellier, signalait que ces beaux arbres étaient repartis. A propos du procès-verbal, également, M. Mailles signale — au sujet du gofio, — que dans l'Est, les paysans, qui se portent très bien, s'alimentent avec une sorte de bouillie de maïs ou gaudes, dans laquelle cette Céréale figure, sans avoir été préa- lablement torréfiée. 11 semblerait donc qu'il ne faut pas chercher exclusivement l'origine de la pellagre dans l'usage de maïs ou de blé non torréfiés avant la moulure, comme le signale M. le I)"" G.-V. Pérez. Les paysans du Midi consomment également de grandes quantités de maïs non torréfié. GÉNÉRALITÉS. — MÉTÉOROLOGIE. Nous avons reçu de bonnes nouvelles de M. A. Chevalier, président de noire Section de colonisation, qui est en mission en Indochine. Actuellement à Saigon, il espère pouvoir, bien- tôt, achever la création d'un jardin botanique destiné à rendre EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 57 des services analogues à ceux du célèbre jardin de Buitenzorg à Java. Il organise, également, une École supérieure d'Agri- culture et de Sylviculture. Notre collègue, M. Boppe, ministre plénipotentiaire, est envoyé en^mission extraordinaire à Pékin. Il nous assure de son bienveillant concours et mettra, à la disposition de la Société, son influence pour tout ce qui peut intéresser nos travaux. En Tabsence de MM. Delacour et Chappellier, la Ligue pour la protection des Oiseaux continuera quand même à fonction- ner, sous la présidence de M. Mailles, avec M. l'abbé G. Fou- cher, comme secrétaire intérimaire. M. Ch. Rivière nous signale que des Chamœrops excelsa ont gelé à Saint-Verin, près de Paris. Mais il ajoute qu'ils étaient dans des bacs, et quoique protégés, pour ce qui est du feuil- lage, par une bourriche de paille, ils ont supporté certai- nement, par leur appareil radiculaire, une température beaucoup plus basse que d'autres, par exemple, qui eussent été en pleine terre. M. Ch. Rivière dépose sur le bureau une brochure de M. Lecq, tirée à part du Bulletin de l'Académie d'Agriculture de France, dans laquelle l'auteur expose avec quelle méthode pratique l'ennemi sait faire suivre ses têtes de colonnes d'équipes tech- niques d'agriculture, pour mettre immédiatement en valeur le terrain provisoirement conquis. Cette brochure est d'une lec- ture très suggestive. Ornithologie. M. Ch. Rivière montre des œufs de Poule d'une forme irrégu- lière, qu'il a observés, à la reprise de la ponte, après couvaison et élevage des Poussins : les premiers œufs, gros comme des billes, les autres plus ou moins forts, puis offrant une forme ovoïde, assez irrégulière, jusqu'au retour à l'état normal. Il a aussi observé ces déformations sur des oeufs de gros Oiseaux. Une Autruche, âgée de trente-trois ans, paraissant arrivée au terme de sa vie, ne pondait plus que très rarement de petits œufs ronds et à coque rugueuse. Une jeune femelle d'Emeu a pondu ses premiers œufs, ayant une forme étranglée par le milieu, comme si deux œufs étaient accolés par leurs extrémi- tés, OU; pour mieux dire, représentant une grosse Cacaouette. o8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION M. Debreuil a mangé un Tinamou âgé de douze ans, rôli; malgré ce grand âge, il avait une chair tendre et juteuse. Cela semble prouver que, comme finesse de goût, aucun Oiseau ne peut être comparé au Tinamou, même servi dans de mauvaises conditions. A ce propos, notre collègue regrette que les conseils donnés autrefois, par la Société, n'aient pas été suivis, et que'l'élevage du Tinamou roux [IVnjncholus rafescens) ne se soil pas vulgarisé en France. Mais, il y a quinze ans, le Tinamou avait été lancé, sans scrupules, comme gibier nouveau pour nos plaines et, malgré nos avertissements, choisi pour repeupler les chasses. Au contraire, le Tinamou, élevé dans de vastes parquets, ou en demi-liberté dans des parcs entourés et purgés de bêtes de rapine, aurait prospéré et serait rapidement devenu pour nos tables un appoint des plus délicats. Aquiculture. M. Lefèvre nous adresse un rapport sur l'acclimatation des Poissons exotiques en France. Il y a quelques années, dit-il, Tintérêt du Français pour les Pois- sons d'aquarium était nul : il ne connaissait pas. Il a fallu l'Expo- sition de juin 1914, oi'ganisée au Jardin d'Acclimatation par les soins de notre Société, pour lui ouvrir un horizon nouveau : cette exposition présentait au public des Oiseaux, des Insectes, des Pois- sons vivants. En Allemaj^ne, toute une industrie est née de là. Les navires de commerce alimentaient les marchés des plus belles et intéressantes espèces des pays tropicaux. Les Allemands nous écou- laient ensuite leur marchandise à prix d"or. Je voudrais, après la guerre, faire naître et prospérer, dans notre pays, ce nouveau commerce, en faisant concurrence à nos ennemis. Au point de vue scientifique, la possibilité d'étudier dans un 1«l1)0- raloire les mœurs des êtres vivants qui évoluent sous nos yeux n'est plus à signaler : c'est un travail intéressant et profitable aussi bien pour les espèces de nos rivières, mal connues, que pour celles des contrées les plus lointaines. Au point de vue comm-'rcial, on peut espérer tirer un bon rendement des fonds consacrés à une entrepiise qui exigerait peu de capitaux. Il n'y a doue aucune raison pour qu'après la guerre nous retombions dans les erreurs et hs apathies du passé. Pourquoi payer des prix exorbitants à l'étranger, quand nous pourrons, si nous en avons la volonté, avoir aussi bien et moins cher dans notre pays? EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES .SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 39 Entomologie, M. Ch. Rivière répond à une question posée par notre collègue M. de Sainville, sur la possibilité de féconder des Figuiers, sur le littoral méditerranéen. On peut résumer la réponse comme suit : L'insuffisante fructification des gros Figuiers que possède un de nos collègues dans sa propriété sise sur le littoral du Sud-Est de la France, lui fait rechercher si la caprificalion ne serait pas avantageuse et, dans ce cas, comment se procurer les Insectes chargés de ce rôle? M. Ch. Rivière traite deux points principaux : ou greffer les arbres improductifs, ce qui est le plus certain, ou recourir à la caprification, ce qui l'est beaucoup moins. Sur l'utilité, ou mieux sur l'efficacité de la caprificalion, les avis restent partagés. Déjà à la fin du xviii« siècle, le célèbre naturaliste OUivier, explorateur du Bassin oriental de la Médi- terranée, niait l'utilité de cette opération, et de nos jours les travaux de Soms-Laubach dans l'Italie méridionale établissent que, dans le cas où l'action de l'Insecte serait utile, ce dernier n'agirait que sur le développement du fruit, la fécondation y étant étrangère. On appelle Caprifiguier un type sauvage du Figuierdont les figiies, nullement comestibles, contiennent des Hyménoptères dits Blastophages {Blastophaga grossorum) gui, périodiquement, s'en échappent pour pénétrer dans les figues comestibles qu'ils féconderaient en s'inlroduisant par l'œil de la figue oîi se trouvent d'abord des fleurs mâles chargées de pollen qu'ils répandent sur les fleurs femelles situées en grand nombre dans le fond du réceptacle et qu'ils parasitent. Pour faciliter la caprification, les populations musulmanes notamment, recueillent au commencement de l'été, des figues sauvages contenant ces Insectes et les pendent en chapelets aux branches des Figuiers comestibles pour que les Hyménop- tères s'introduisent dans les réceptacles de ces Figuiers. Encore une fois, et c'est la question intéressante, l'Insecte agit-il par la fécondation ou par l'excitation due à sa présence dans le réceptacle où il parasiterait les ovaires? Depuis longtemps, les Kabyles, notamment, ont déterminé les variétés de figues réclamant ou non l'intervention des Capri- 60 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION figuiers : nous paraissons être moins avancés. Et à ce sujet, M. Ch. Rivière rappelle les expériences qu'il a faites il y a déjà plus de quarante ans au Jardin d'Essai d'Alger, en entourant de gaze fine des rameaux chargés de figues naissantes dans lesquelles les Blastophages n'avaient pu pénétrer et qui, malgré cela, produisirent de bons fruits. D'autres méthodes sont employées et avec succès, quoique l'insecte en soit exclu. Ainsi, dans le Midi de la France, quelque- fois on verse une goutte d'huile sur l'œil de la figue, et, sans aller si loin de nous, aux environs de Paris, à Argenleuil, le cultivateur introduit un petit bâtonnet pointu imprégné d'huile dans l'œil de la figue, mais y pénétrant quelque peu : de là, assure-t-on, maturité parfaite, moindre sans cette opé- ration. La caprification est une très vieille coutume, plusieurs fois millénaire : les auteurs arabes du xir siècle la rappellent dans leurs traités d'agriculture. On demande ensuite d'où vient ce nom de Caprifiguier, Figuier de Chèvre. Plusieurs hypothèses sont proposées dont nous retiendrons les deux suivantes : 1° Le Caprifiguier ou Figuier sauvage a un mauvais fruit, mais ce fruit contient des graines qui mûrissent. Ce mauvais fruit, fruit à chèvre (comme arbre à cochon, suivant M. Diguet, désigne au Mexique un arbre donnant des fruits inutilisables, tout au plus bons pour les Cochons), serait l'origine du mot. 2° Le Caprifiguier pousse dans les endroits rocailleux, oii vivent les Chèvres. C'est donc essentiellement un arbre à chèvre, soit qu'il constitue le décor où se plaît cet animal, soit que ce dernier y trouve quelque nourriture (?). L'origine du mol est peut-être bien ailleurs. Quelqu'un pourrait-il nous la fournir? M. Clément rapporte les boules que M"" Vernière a envoyées. Ce ne sont simplement que des pilules de Bousiers, fabriquées par le Copris lunaris L. M. le Secrétaire annonce que le cours public et gratuit d'Apiculture, professé au Luxembourg par M. Sevalle, s'ou- vrira le mardi 9 avril, à 9 heures du matin, et se continuera les mardis et samedis suivants. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 61 Botanique. — Agriculture. M. Bois annonce qu'il a remis entre les mains de M. Mangin, professeur de Cryptogamie au Muséum, les Pommes que notre collègue, M. Debreuil, a présentées à notre dernière réunion et qui avaient l'aspect de fruits gelés. M. Vincent, attaché au laboratoire de M. Mangin, a examiné ces fruits et a fait, à leur sujet, une communication à la Société de Pathologie végétale de France (séance du 9 novembre). Ces fruits, dit-il, montrent dans la chair des régions deve- nues translucides par suite de l'expulsion de l'air contenu dans les espaces intercellulaires et son remplacement par du liquide. Il n'existe aucun parasite dans les tissus. Cette altération a été signalée déjà par Sôvauer, puis par Delacroix, qui l'attribuent à des causes physiologiques mal déterminées. Les fruits ainsi altérés sont désignés sous le nom de Pommes vilreAises. M. Ch. Debreuil répond que la Pomme sur laquelle il a constaté le phénomène appartenait à la race dite Chandreville, à Melun, mais il a aussi vu cette maladie — cette année pour la première fois — sur d'autres races. M. Aimé Bouvier aurait constaté le même phénomène sur des Poires. A propos des Pommes de terre coloniales et de ce qui a été dit à la dernière séance sur ce sujet, M. Ch. Rivière rappelle que ces sortes de Pommes de terre ne peuvent pas se reproduire sur place, mais qu'elles proviennent de tubercules exportés d'Europe. Ceci ne serait pas exact pour l'île de Madagascar oii M. A. Fauchère nous a dit qu'on cultivait maintenant, avec succès, ce tubercule sur une grande étendue du plateau, sans doute sous un climat assez analogue au nôtre. La Pomme de terre se reproduit à Madagascar (Fauchère) et au Kisantou, d'après le frère Gillet. Des échantillons de très belles Pommes de terre, que montre M. Ch. Rivière, *sont le résultai de la plantation desimpies yeux auxquels attenaitune infime portion de tubercule réduite à[la dimension d'un fort pois. Chaque œil a donné deux gros tubercules, parfois trois, mais dont l'un plus faible. La récolte a été presque double d'une normale, et le tubercule multipli- 62 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLTMAÏATION caleur est resté presque entier et utilisable pour la nourriture. Mais, comme noire collègue l'avait dit précédemment, ce pro- cédé ne peut convenir à la grande culture et doit rester confiné dans le domaine du petit jardinage où, dans les temps actuels, il pourrait être avantageux. M. le R. P. Costes, de Santiago (Chili), nous écrit: « J'ai remis à la Légation de France des graines de Persea Linçjue, Acacia cavenia^ et des Cocos de la Palme du Chili : Jubaea spectabilis. » Continuant ses expériences sur le Maïs cultivé aux altitudes dans le Jura, M. Ch. Rivière nous montre un bel épi provenant des sélections auxquelles il se livre depuis une douzaine d'an- nées sur les types obtenus autrefois par M. Blaringhen. Les graines récoltées dans le Jura ont été semées à Alger et vice versa. Or, aux altitudes jurassiennes, il remarqua que ces Maïs beaucoup plus beaux deviennent de plus en plus pré- coces. Ainsi, celte année, les échantillons recueillis avaient une avance de 15 à 20 jours sur les époques normales de ma- turité des variétés du pays. Faut-il dire que ce résultat serait dû en partie à quelques actions actinométriques peu communes dans la dernière quinzaine de septembre où ractinomèlre à boule noire dans le vide a atteint + 67°, mensuration vérita- blement saharienne, mais degré de faible durée sous nos latitudes? Alors qu'on en est encore en France à discuter sur l'oppor- tunité de la mise en valeur des terres abandonnées, il sera intéressant de lire les passages suivants d'une communication faite le 10 octobre dernier à l'Académie d'Agriculture (1), par M. Henry Sagnier, qui a bien voulu nous autoriser à en repro- duire ici quelques passages. « Un de mes correspondants, dit l'auteur, m'a transmis des documents sur les mesures prises récemment par le Gouver- nement fédéral, en vue d'intensifier en Suisse la production des Céréales panifîables. 11 ne paraîtra pas inutile d'indiquer le caractère de ces mesures. On sait combien la Suisse est tributaire de l'étranger pour son alimentation. Néanmoins, à raison du régime douanier (1) Cf. C. fi. Acacl.. Ar/ric, 1917, 30. p. 869! EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 63 SOUS lequel elle vit, le quinlal de blé valait 22 à 23 francs à Genève à la fin de juillet 1914, quelques jours avant la guerre. Ce prix monta rapidement, malgré la bienveillance manifestée par le Gouvernement français pour faciliter l'approvision- nement du pays ; il devait fatalement suivre la hausse des marchés américains. En vue de régulariser autant que possible les importations, le Gouvernement fédéral en établit le mono- pole, et il devint l'unique Fournisseur en dehors de la produc- tion indigène. Il fixa périodiquement les prix auxquels il livre- rait les blés au commerce; ce prix fut d'abord de 40 francs par quinlal en février 1915, et il a été élevé progressivement au taux de 64 francs. Depuis trois ans, le Gouvernement fédéral s'est, en outre, préoccupé de susciter un accroissement dans la culture du Blé et des autres Cçréales paniriable=. En raison des difOcullés toujours accrues de l'importation, une mesure nouvelle a été adoptée : le Conseil fédéral a pris le 3 septembre 1917 un arrêté enjoignant aux agriculteurs suisses d'augmenter de 50.000 hectares la surface ensemencée en Céréales d'automne (blé, seigle, épeautre) ; d'après la statistique agricole officielle, la surface en Céréales d'automne pendant la campagne 1916- 1917 a dépassé à peine 73.000 hectares. Le même arrêté a fixé la répartition de cette augmentation entre les cantons; aipsi le canton de Berne devra ensemencer 32.600 hectares au lieu de 22.100, celui de Vaud 18.900 au lieu de 12.400, etc.; pour certains cantons, l'augmentation est encore proportionnellement beaucoup plus élevée, Faugmen- lalion des emblavures en Céréales d'automne ne peut pas ou ne doit pas s'eflfectuer au détriment de la culture des Pommes de terre. Comment assurera-t-Qn l'exécution de ce programme? Les communes ont le droit de mettre la main sur les terres non cultivées ou mal exploitées^ de réquisitionner les instruments et les animaux de travail, de régler les méthodes à suivre, etc. Je n'ajouterai qu'une observation empruntée à l'excellent Journal d'Agriculture Suisse; les agriculteurs suisses se de- mandent si on leur fournira les engrais nécessaires pour réaliser l'énorme effort qui est exigé d'eux. » Le Secrétaire des séances, D^ Louis Capitaiine. 64 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION Ordres du jour des séances générales POUR LE MOIS de FÉVRIER 1918. Lundi, 4 février, à 3 heures. — M. Le Moult : Sur quelques pro- cédés de chasses entomologiques dans les Pays étrangers, et parti- culièrement à la Guyane. M. J. Crepin : Formation historique du troupeau caprin d'Europe occidentale et sa régénération. Lundi, 18 février, à 3 heures. — M. Pieraerts, Conservateur au Musée de Tervueren : Utilisations possibles de certaines Plantes du Littoral méditerranéen et du Congo belge. M. C. Rivière : Méthode d'observations météorologiques (suite). M. A. PiÉDALLU : Jardins militaires improvisés. Lundi, 18 février, à 5 heures — Sous-segtion d'Ornithologie (Ligue pour la protection des Oiseaux). M. Ternier : Le froid et les Oiseaux, Ordres du jour des séances générales POUR le MOIS DE MARS 1918. Lundi 4 mars, à 3 heures. — M. C. Rivière : La Teigne du Pla- tane. — Les Éléphants dans l'Afrique romaine. M. J. DE Guerne : La préparation des Gaudes dans le Jura. Lundi, 18 mars, cà 3 heures. — M. A.-L. Clément : Évaluation delà production des Ruches. M. Vayssière : Sur les Champignons parasites des Insectes. M. G. Rivière : Étude sur le Phytolacca disica. Lundi, 18 mars, à 5 heures : Sous-section d'Ornithologie (Ligue pour la protection des Oiseaux). Tous les membres de la Société sont priés d'assister aux Séances générales, qui ont lieu deux fois par mois^ au Siège social, 198, boulevard Saint-Germain. Sur demande, les Ordres du Jour sont adressés mensuelle- ment. Erratum : Dans la Liste supplémentaire des Membres de la Société parue dans le Bulletin de Janvier 1918, la Faculté d'Agriculture de Santiago (Chili), l'Institut agricole de Santiago (Chili) et le Musée zoologique de Lausanne sont désigués comme « Membre titulaire », c'est « Membre af/rége' » qu'il faut liie. Le Gérant : A. Marethei'x. Paris. — L. M\rkthkcx, imprimeur, i, rue Cassette. EN DISTRIBUTION Graines d'Acacia offertes par M. J. GOFFART, de Tanger. Acacia acanthocarpa "Willd. = Mimosa ac. Poir. A. aneura F. Muell. A. armata R. Br. A. Baylexjana F. Muell. A. hiixifolia A. Cunn. A . caiamifolia Sweet. A. cornigera Willd. = A. spadi- ciyera Ch. elSchl. = A. sphae- rocephala Gh. et Schl. A . ci/anophylla Lindl. A. Cyclops A. Cunn. A. dealbata Link. A. Dietrichiana F. Muell. A . Donketarii (?) A . falcata Willd. A. Farnesinna Willd. A. ç/laucescens Willd. A. homalophylla A. Cunn. A. juniperina Willd. A. leptoçlada A. Cunn. A Unifolia Willd. A. longifolia Willd. A. macradenia Bih . A . utyrtifolia Willd. A. neriifolia A. Cunn. {type, var. à grandes feuilles, var. pen- dants). A, prominens A. Cunn. A . pruinosa A. Cunn. A. pycnantha Bth. {fo)'me pen- dante). A. saliqna Wendl. A. spaaicigera Ch. et" Schl. (v. A. cornigera Willd.) A. spectabilis A. Cunn. A. sphaerocephala Ch. et Sch. [v. A. cornigera Willd.) A. stenopkylla A. Cunn. A. stricta Willd. A. trinervis Desv. {habitat in- connu ?) A. venicillata Willd. (type et var.) Graines offertes par M. MOREL. Alnus incana laciniata. Araucaria imbricata. Anémones de Caen. Cedrus Libani. Doronicum plantagineum . Lythrum atropurpureum. Graines offertes par le R. NATHANAEL COSTES, Santiago (Chili). Acacia Cavenia. Araucaria brasiliensis. Bellota Miersii. Boldoa fragrans. Cassia vernicosa. P. de Cnjplocarya Pevmus (Peumo à fruits rouges). Edwardsia sp. ? Escallonia illimita. Lithriea mollis. — veuenosa. Phaseolus sp. F'orliera hygromeirica. Prnsopis siliqnastrum. Graines offertes par le frère APPOLLINAIRK, de Santa Fé de Bogota (Colombie). Acacia heterophylla. Graines offertes par le D' G. H. FER EZ.deTénérife (Canaries). Tecoma Brycei. Graines offertes par M. HENRY. Coreopsis polycephala Drake des Iles Marquises (Plante très rare). Graines offertes par M. DE CHAPEL. Lu/fa (Courge éponge). Medeola. Aspprgulc plumosa. Lathyrus silvestris. S'adresser' au Secrétariat. I OFFRES. DEMANDES. ANNONCES OFFRES Poisspns exotiques. Plantes aquatiques. M. LBFEBVRE, 53, rue de Saint-Quentin, Nogenl- sur-Marne (Seine). Poissons d'étangs, espèces nouvelles, ou peu ré- fiandues, ou améliorées. M. DODE, à Sorbier, par Jaligny (Allier). Désirant augmenter collection d'Acacias, j'échan- gerai graines d'espèces rares et demande qu'on nie signale où je puis me les procurer. M. GOFFART, villa Mahadi, à Tanger (Maroc). Cl). Nandous gris. Co. Grues antigones. Co. Chèvres naines du Sénégal. Màlo Renard. Mâle Renard du Bengale. 2 mâles Oppossum, superbes. î Mangouste (Heperstes paludosus). Co. Ceruws Eldi. M. BABAIJLT, 10, rue Camille-Perier, Chalou (Seine-et-Çise). Clievreaux et Chevrettes nubio-alpins, grandes oreilles tombantes, physionomie particulière. Beaux animaux sélectionnés pour grosse pro- . duction laitière. M. BOUGHAGOURT, domaine des Thinons, par Sologny (Saône-et-Loire). DEMANDES Petit Cacatoès à liuppe jaune (C. sulfurea), fe- melle de préférence, Cacatoès de Leadbeater (C. Leadbeateri) et Grand Cacatoès à huppe rouge (C. moluccensis). Perroquet à collerette {O. accipitrinds) acclimatés. M. G. DE SOUTHOFF, 13, via S. Spirito, à Flo- rence (ISalie). Prière fournir renseignement ou, à prix modérés, des poulets des races suivantes : Phénix du Japon (et des nains des mêmes races); Suma- tra; Sultana; Nègre-soie; Combattants nainss très petits. D' CANNARSA, Termoli (Italia). Grues cendrées ou de Numidie. M-e DULIGNIER, à Saint-Gérand-le-Puy (Al- lier). Jeune Chienne do garde, dressée; envoyer ofllra avec photo si possible. M. DE GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. SOCIÉTÉ NiTION&lE D'&GCLIH&T&TION M tUUî Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de coucourir 4» à l'introduction, à racclimatatiou et à la domestication des espèces d'animauxj utiles et d'ornement; 2» au perfectionnement et à la multiplication des races ^ nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation i de végétaux utiles ou d'ornement. Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dames peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis- 'i sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques. Musées, ' Sociétés commerciales, etc.). La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres Donateurs, membres Bienfaiteurs. Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et uue cotisation annuelle de 25 francs. Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s'affran- chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. Le membre Donateur est celui qui verse une somme d'au moins 500 francs. Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 francs; son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois erce la traction de ses camarades; s'il en fait plus, il s'épuir^e inu- tilement. La valeur des Chiens de trait varie avec la demande. Lors- qu'on découvre un nouveau placer, vers lequel se porte la ruée des chercheurs de fortune, le prix d'un Chien peut monter de 500 à 750 francs, et l'individu qui aurait à ce moment un lot de Chiens à vendre réaliserait un joli bénéfice. En temps ordi- naire, on aurait peine à tirer d'un Chien plus d'une centaine de francs. Le prince Demidoff rapporta du Kamtchatka un grand Chien blanc de formes parfaites, ressemblant à un Loulou de Poméranie de grande taille, dont il donne le portrait dans son livre, et qui ne lui coûta que 75 francs. Il acheta ce bel animal au starost de Khutor, dont le chenil renfermait une soixantaine de Kamschadales qui, au moment de la visite du prince, étaient tous installés dans les terriers qu'ils s'étaient creusés pouF se garantir des Moustiques (I). Les attelages de Chiens des traîneaux de l'Alaska sont géné- ralement assez disparates. Quelques amateurs seuls se piquent d'avoir des Chiens bien railés et ces équipages sont toujours très remarqués. Dans les photographies qui illustrent les ouvrages que nous avons cités, on remarque beaucoup de Chiens qui tiennent plus du Terre-Neuve et du Saint-Bernard que du véri- table Chien esquimau des côtes de l'océan Glacial. Tel l'attelage de la poste de Nome, que M. Niedeck a photographié et dans lequel, sur 10 Chiens, nous n'en voyons que 2 à oreilles droites et du type esquimau. Les autres ont toute l'apparence de Saint-Bernard. Le chenil du révérend Hudson Stuck contient (1) E. Demidoff. A shooling Irip io Kanitchalka, Londres, 1904. LES CHIENS DES ESQUIMAUX DE l'aLASKA 77 également des animaux de diverses races, à voir la photographie où il nous montre ses fidèles auxiliaires attendant leur repas autour de leur auge. S'il fallait juger d'après les apparences, la vie des Chiens de traîneaux serait une des plus misérables que l'on put imaginer. Ayant à peine de quoi se nourrir, exposés à des jeûnes pro- longés, astreints à un labeur pénible jusqu'à ce qu'ils tombent de fatigue, ayant à subir les rigueurs d'un climat impitoyable, dévorés pendant la saison par les Moustiques auxquels ils ne peuvent échapper pendant les haltes qu'en s'enfouissant sous la neige, on est tout étonné de la bonne humeur avec laquelle ils acceptent leur sort et s'attachent à l'homme qui exploite leurs forces jusqu'à l'épuisement et dont ils n'ont à attendre qu'une parcimonieuse alimentation. « Cependant, dit le révé- rend archidiacre, la vie d'un Chien de traîneau qui a un bon maître n'est pas malheureuse. Non seulement il témoigne de la joie de vivre en jouant et gambadant dès qu'il est dételé, comme si on ne lui avait jamais imposé un harnais, mais encore il paraît aimer son métier et il accomplit gaiement sa tâche. Il se tourmente de l'inaction et vient de lui-même, le matin, demander qu'on l'attèle, impatient de partir. Si pour une raison quelconque, boiterie, ulcération du cou ou des doigts, on le dispense temporairement du service pour le laisser courir en liberté, il accompagne le traîneau, essayant à chaque instant de se replacer dans le rang et il cherche querelle au Chien qu'il croit l'avoir supplanté. Si on le laisse à l'attache au campement, il se met à hurler d'une façon lamentable et fait tous ses efforts pour rompre sa chaîne, rejoindre ses compagnons et reprendre son collier. Et ce qui est pitoyable, c'est que les sévices qu'il a parfois à endurer de la part d'un mauvais maître ne diminuent en rien son zèle à le servir. » Puis, notre missionnaire ajoute : « Tout homme qui a passé un hiver dans les régions polaires ne peut pas se défendre d'une profonde sympathie pour ses compagnons d'hivernage et il reconnaît pleinement tout ce qu'il leur doit. Il y a vraiment quelque chose de mystérieux dans nos relations avec les animaux domestiques quels qu'ils soient. N'est-il pas incompréhensible que l'homme puisse leur imposer sa volonté, changer leurs habitudes et modifier leur caractère, les forcer à travailler pour lui et absorber toute leur existence pour des fins qui ne leur sont pas naturelles? Et ce qui rend la 78 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION chose encore plus mystérieuse, c'est (ju'il puisse en outre s'assurer leur affection et leur dévouement. » « Je ne tarirais pas, disait Peary, à faire l'éloge de ces admi- rables Chiens grâce auxquels on a pu entreprendre l'explo- ration du cercle polaire. Compagnons, auxiliaires, serviteurs dévoués, ils n'hésiteraient pas à donner l-eur vie pour défendre leur maître contre les charges furibondes d'un Ours blanc ou d'un Bœuf musqué. « Le Gouvernement des Étals-Unis a entrepris d'introduire le Renne dans l'Alaska et les troupeaux qui y ont été amenés ont donné de bons résultats en tant qu'ils ont fourni à la consom- mation des habitants une viande de boucherie succulente, mais il faut faire paître ces Cervidés sur les montagnes oti pousse le seul lichen dont ils se nourrissent et qu'on doit souvent aller chercher très loin des routes frayées par où se feront les transports. Hudson Stuck ne pense donc pas qu'ils puissent jamais remplacer les Chiens. Lorsque les Chevaux seront utilisés sur les grandes artères du pays, il restera toujours de bien nombreuses voies secondaires dans ces vastes étendues désertiques où le Chien seul sera d'un usage pratique sur les champs de neige et les rivières gelées, et, dit le missionnaire, <( aussi longtemps qu'on aura besoin d'un traînage rapide pour franchir ces distances, aussi longtemps que les rivières fourniront une abondante capture de Saumons, aussi longtemps que les Indiens auront à transférer leurs campements d'un endroit à l'autre selon les exigences de la pêche et de la chasse, on entendra les bruyants accueils de ces utiles auxiliaires retentir à travers l'Alaska pour saluer le maître auquel ils restent soumis et fidèles malgré les rigueurs de leur esclavage. » Nous n'avons pu ici extraire de l'ouvrage du révérend archi- diacre du Yukon que ce qui concernait les races canines de l'Alaska, mais nous ne fermerons pas ce volume, si intéressant sous tant de rapports, sans signaler l'hommage que rend l'auteur au courage et à la persévérance des hommes qui ont ouvert ces pays sauvages à la civilisation. Sans doute ce n'est pas toujours latine tleur des nations européennes qui est allée chercher fortune sous ce climat rigoureux ; cependant, de beau- coup de ces exilés volontaires, Hudson Stuck a pu dire qu'il les avait trouvés loyaux et généreux, ne se rebutant devant aucun travail et toujours prêts à s'entr'aider, et nous devons aussi un tribut d'admiration à ces missionnaires de toutes les confes- LES PILULES DES COPRIS 79 sions chrétiennes qui, sans aucune préoccupàlion personnelle, ont été se fixer au bout du monde, au milieu des Esquimaux et des Indiens dont ils ont accepté les dures privations et la lutte contre les rigueurs d'un climat impitoyable, pour porter à ces peuplades primitives, pour lesquelles la Nature s'est montrée si avare de ses bienfaits, les consolations de la morale et l'espoir d'un ciel meilleur. LES PILULES DES COPRIS Par A.-L. CLÉMENT. Les boules terreuses envoyées précédemment à la Société par M""" Vernière et présentées à l'une de nos séances sont l'œuvre du Copris lunaire {Copris lunaris Lin.), Insecte de l'ordre des Coléoptères, famille des Scarabéiens ou Lamelli- cornes, et sont construites par cet Insecte pour servir de ber- ceau à ses larves. Elles leur ofï'rent à la fois la table et le gîte, et la nymphe y subit sa métamorphose. Les mœurs des Copris ont été longuement étudiées par Fabre qui leur consacre plusieurs chapitres de la cinquième série de ses Souvenirs entomologiques. Quoiqu'il n'ait pas observé la même espèce, mais une autre très voisine, le Copris espagnol [Cojjris hispanus Lin.), très abondant dans notre Midi, ces deux Insectes sont suffisamment voisins l'un de l'autre pour que l'on puisse admettre que leurs mœurs sont semblables. Fabre nous montre d'abord le Copris espagnol à la recherche de matières stercoraires (crottin de Cheval de préférence, sui- vant Maurice Girard), et le soir creusant en dessous un terrier de la grosseur d'une pomme, puis introduisant par brassées la matière qui forme la toiture et s'en nourrissant, ne sortant plus tant qu'il en reste, et allant ensuite recommencer ailleurs le même manège. Cet « enfourneur d'ordure ", nous dit Fabre, ne fait pas alors de boules, mais am moment de la ponte, en mai et juin, les choses changent, l'Insecte [Copris hispanus) recherche alors les excréments du Mouton, creuse en dessous un terrier plus grand que les précédents, construit avec plus de soin, jusqu'à une profondeur de vingt centimètres environ, et y fait descendre le gâteau {sic) tout entier. 80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLTMATATION Fabre, ayant rencontré fréquemment réunis dans le même terrier le mâle et la femelle, pense qu'ils y travaillent et l'ap- provisionnent ensemble, qu'il sert de chambre nuptiale et qu'après l'accouplement le mâle l'abandonne, le laissant abon- damment pourvu de matière alimentaire. La femelle façonne alors les matériaux en une seule masse autour de laquelle elle laisse seulement un étroit passage, elle la rend plus homogène en la brassant, pétrissant; lorsqu'au bout d'au moins une semaine les manipulations et la fermen- tation l'ont amenée à un état voulu, elle la rejette dans un coin du terrier et la divise en deux ou trois blocs égaux, quel- quefois quatre, qu'elle arrondit au fur et à mesure en forme de sphère ; à la partie supérieure, elle creuse une sorte de godet dont elle relève ensuite les bords après y avoir déposé un œuf volumineux qui, pendant les quinze jours que dure son incu- bation, grossit par endosmose au point de tripler de volume et dont la larve sortira déjà « grandelette ». La pilule ainsi terminée est devenue ovoïde et l'œuf s'y trouve placé dans une chambre également ovalaire située vers le sommet dont la partie supérieure est formée de fibres feu- trées laissant filtrer l'air à l'intérieur. Les pilules achevées mesurent environ, d'après Fabre, quatre centimètres de long sur trois et demi de large à l'état frais sans doute, car toutes celles que nous avons eu occasion de voir étaient déformées par la dessiccation qui avait dû leur faire subir en même temps une réduction notable de volume. Elles demandent à la mère pour leur construction complète quatre jours de travail chacune, et quand toutes sont achevées, celle-ci reste enfermée dans le terrier avec elles pendant tout l'été sans prendre de nourriture, si ce n'est parfois quelques débris restés en trop, réparant les pilules que la chaleur fait cre- vasser, enlevant les moisissures, etc. Elle n'en sort plus qu'en septembre avec les jeunes qui maintenant éclosent après une nymphose qui a commencé vers la fin de juillet. Les larves, au cours de leur développement, avaient consommé le contenu des pilules ne laissant qu'une mince paroi très durcie, l'arrivée des pluies étant nécessaire pour la ramollir et permettre la sortie de l'Insecte ; à ce moment chacun part de son côté, la mère ne portant plus aucune attention aux enfants qu'elle a veillé avec tant de solli- citude pendant plusieurs mois. EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES 81 Fabre ne nous dit rien de l'enduit terreux qui recouvre les pilules, il n'est certainement pas obtenu ici comme celui des pilules de Bousiers qui l'en revêtent en roulant sur le sol, sans doute est-il appliqué par la mère qui en emprunte les maté- riaux aux parois du terrier. EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES Par A. MEUNISSIER. Suite (1). Blé. I. Compacité de l'épi. — Ce caractère a surtout élé étudié par Spillman et par Biffen. Épi lâche est dominant sur épi compact; mais, dans certains cas, la première génération a l'épi intermédiaire comme compacité. La différence est surtout bien nette dans les croisements de Verrières : Blé « Touzelle anone X Massy » qui donne une F^ à épi lâche et « Touzelle anone X Hérisson sans barbes », une F, intermédiaire. II. « Barbes » de l'épi. — Épi barbu est récessif sur " sans barbes » ainsi que cela a été démontré par de nombreux expérimentateurs, notamment par Spillman et Tschermak. Le plus souvent, la domi- nance n'est pas complète et les hétérozygotes sont légèrement <> aristés ». Les expériences de Verrières ont confirmé ces observa- tions. La question des variétés fixées, normalement « aristées », reste à élucider. III. ViLLOsiTÉ DES GLUMEs, — Caractère étudié par beaucoup d'au- « leurs, épi velu est dominant sur épi glabre. Dans la plupart de nos expériences, sauf dans certains croisements avec h Parscl » qui est une forme très velue, les hétérozygotes peuvent être facilement distingués par leur villosité plus faible. Comme pour les variétés « aristées » l'étude de l'hérédité des formes faiblement ou finement velues est encore à l'étude. IV. Couleur de l'épi. — Au point de vue couleur, les Blés peuvent être blancs, roses, rouges, gris ou noirs; ce que l'on considère (1) Voy. Bw^/e^i/;, février 1918, p. 43. BLLL. soc. NAT. ACCL. FR. 1918. — 8 82 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION ■comme blanc étant récessif à toutes les autres nuances. Il y a donc différents facteurspour la coloration, et leurs propriétés sont cumu- latives, comme cela a été nettement montré par Nilsson-Ehle. La coloration noire des barbes qui se remarque chez certaines variétés est dominante. A Verrières, dans les croisements avec « Tnticiim vulgare clavatum », forme à épi brun très velu, il y a une association bien nette entre la villosité et !e coloris très foncé des glumes. Plusieurs variétés de la collection de Verrières : Ghirka de Bessa- rabie, d'automne rouge barbu, Odessa, n° H (et, à un moindre degré. Hérisson barbu) présentent habituellement, sur la même plante, des épis bruns et des épis non teintés. Les deux formes, semées séparément, ont donné des plantes identiques présentant le même fait. L'élude de la transmission de cette particularité n'a pas encore été faite. V. Ramifications d'épis. — Ce caractère est récessif par rapport à épi normal. Les variétés à épi ramifié (Blé de Miracle) appartien- nent presque toujours au groupe des Foulards [Triticum turgidum) et très rarement à celui des Blés tendres. Nous ne possédons dans la collection de Verrières qu'un seul Blé tendre présentant héré- ditairement des épis faiblement ramifiés; c'est un « Blé de prin- temps russe » provenant de l'exposition russe en 1900. Un croise- ment typique au point de vue de la recombinaison des caractères est celui exécuté à Verrières en 1911 entre Blé de Miracle (variété à é|)i très ramifié) et Blé de Pologne (bien spécial par ses longues glumes foliacées). La première génération avait donné une plante tout à fait normale par son épi non ramifié et par ses glumes de dimensions ordinaires. En seconde génération, au contraire, une variation intense s'est produite avec réapparition en proportions strictement mendéliennes, de plantes à épi de Miracle et de plantes avec les longues glumes de Pologne. Il y a eu, également, superpo- sition de ces deux caractères, et des plantes extrêmement curieuses, à épi très ramifié et à longues glumes foliacées, ont été aisément fixées. Quelques-unes de ces plantes ont les épillets de la base avortés, et les épis ont un aspect si bizarre qu'on serait tenté de les prendre comme appartenant à une plante autre que le Blé. Un botaniste descripteur, ne connaissant pas l'origine de cette variété, n'hési- terait pas en faire une espèce nouvelle (fig. 5). VI. Caractère, taille. — Plante grande est usuellement dominante SUT plante naine. Cependant, dans un cas extrêmement bizarre qui a fait l'objet d'une communication de M. Philippe de Vilmorin au Journal of Genetics, en 1913, c'est l'inverse. Le caractère nain EXPERIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIERES 83 (90 centimètres à 1 mètre) est dominant sur le caractère grand (l™20 à 1™40); mais ce qui ajoute à l'élrangeté du cas, c'est que les homozygotes dominants, c'est-à-dire les nains, nf peuvent être fixés. Les individus purs pour ce caractère semblent ne pas être viables, ce qui rend l'exemple tout à fait semblable à celui des Souris jaunes étudiées par Cuénot. Depuis la publication de cette note, quelques individus aberrants, très nains (50 à 60 centimètres), ont Fio. E. — Blé « Pologue rameux ». été suivis et ont donné des résultats fort curieux, de même qu'une plante très naine (50 centimètres), issue du Blé « blanc à paille raide ». La guerre a malheureusement retardé l'élucidation de ces cas étranges. Divers croisements réciproques exécutés entre variétés de Blés présentant une petite différence de taille, ont montré à ce point de vue, en première génération, une influence très nette de la mère. Lorsque le parent employé comme mère était de taille plus élevée, les enfants étaient également un peu plus hauts que ceux du croi- sement contraire, quoique semblables par tous les autres caractères, cette influence disparaissant en seconde génération. Différents observateurs ont constaté le même fait chez d'autres plantes, 84 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION notamment Hayes chez des Talacs; cela a été également observé à Verrières dans les croisements des espèces de Columnea magnifica et Schiedeana. C'est d'ailleurs un phénomène de nature analogue à celui qu'on constate dnns les croisements ré^ciproques de l'Ane et du Cheval, où l'influence maternelle est si visible. VII. Epillets surnuméraires. — Anomalie curieuse dans laquelle on observe la tendance à produire deux epillets en un même point du rachis, ou même leur développement complet (fig. 6). Cette ano- malie a été observée sur diverses variétés de la collection de Ver- rières, principalement chez les variétés de Blé tendre sans barbes, surtout depuis 1000; quoiqu'elle soit d'origine ancienne, ainsi que le montre un épi de la variété « Van Diemen » cultivé à Verrières en 1852, présentant un épillet surnuméraire parfaitement développé. Cette variété est encore, à l'heure actuelle, une de celles qui produit le plus fréquemment cette curieuse particularité. Dans les croisements, l'anomalie se comporte comme récessive, mais il y a des gradations diverses et on a pu distinguer dans la môme variété (Chiddam d'automne à épi blanc X Gros bleu) une race pauvre en epillets surnuméraires et une race riche. VIII. Caractères divers. — Beaucoup d'autres caractères chez le Blé ont été étudiés à Verrières, l'énumération en serait trop longue. Citons seulement les plus intéressants. Résistance à la rouille. — C'est une des particularités les plus importantes qui aient été étudiées par Biiïen, en Angleterre. La résistance à la maladie s'est montrée de nature récessive et les plantes se reproduisent pures à ce point de vue. Les expériences de Verrières n'ont pas donné de résultats bien nets et devront être reprises. Paille pleine . — L'hétérozygote est intermédiaire et à paille demi- pleine. Couleur du (jrain. — La couleur peut varier du blanc au brun foncé, par suite de l'action de divers facteurs. Grain blanc est géné- ralement récessif. Précocité. — Caractère difficile à étudier par suite des pertur- bations apportées par les conditions extérieures; mais, dans l'en- semble, la précocité paraît dominante. Bractée à la base de Vépi. — L'apparition d'une sorte de bractée lus ou moins développée à la base de l'épi est de nature acciden- elle. Cette monstruosité s'est cependant montrée héréditaire chez une race sortie du Blé « Bou Seloum. » Fragilité de Vaxe. — Caractère spécial aux Blés des groupes épeautres, amidonnier-, engrains, ainsi qu'aux Egilops. Les Blés à xe fragile, et qui sont généralement en même temps à grain vêtu, EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES 85 sont tellement dilTérenfs des autres Blés qu'il est extrêmement diffi- cile d'étudier ce caractère seu'. Daus l'ensemble, les hétérozygotes sont intermédiaires à ce point de vue; mais il y a un faraud nombre de facteurs en jeu, et on sait d'ailleurs, depuis les expériences bien connues de Henry de Vil- morin, relatives k des hybridations entie Blés d'espèce différentes, Fio. 6. — Blé « Épillels surnuméraires ». qu'à peu près toules les formes possibles de Blés peuvent être obtenues dans la descendance de ces croisements. Parmi les formes les plus curieuses obtenues ainsi à Verrières, on peut citer une série de plantes isaines d'un aspect tout spécial qui leur a fait donner le nom d' « œgilopiforme '< et qui ressemblent certainement plus à un tegilops qu'à un Blé. C'est également à des recombinaisons et dissociations multiples de facteurs héréditaires que sont dues — vraisemblablement à la suite de croisements accidentels — les curieuses variations obser- vées dans ces dernières années à Verrières chez WEgilops speltx- 86 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION formis, le HIé noir du Wallaga (si distinct par sou grain noir), et le Blé sauvage de Palestine de Aaronsohn. Enfin, différentes combinaisons ont pu è're réalise'es, ou tentées, dans un but pratique déterminé. Ce sont nés Blés u dumvi S'ins barbes », dont l'obtention pouvait sembler intéressant!-' pour les pays méiidionaux."Il a été prouvé par la suite qu'au contraire l'absence d^ barbes pour ces régions était un défaut. Qnoi qu'il en soit, la série des variétés de Blés durs sans barbes, qui n'exisiait pas, a été créée par l'utilisalion d'une forme simplement aristée, apparue dans la descendance d'un croi- sement. Un Blé <( velu et barbu » résistant à l'échaudage a été créé, spé- cialerf.ent pour les Balkans. Des Blés pour le Sud algérien ont été obtenus à la suite de croi- sements faits pour étudier le caractère « précocité », entre un Blé très nain et à balles très velues, reçu de l'extrême Sud algérien, et nos variétés ordinaires à t/rand rendement. Pour l'Argentine, où l'on sait que la variété la plus cultivée et la mieux adaptée au climat est le Blé « Barletta », des croisements ont été faits entre nos joeilleurs Blés et cette dernière variété. La seconde génération des croisements a été envoyée tout entière au Dr Backhouse, génétiste du Gouvernement argentin à Buenos- Ayres. Dans un but identique, le Blé du Chili, qui possède la faculté de pouvoir rester très longtemps sur pied à l'état de maturité — qua- lité très précieuse pour ce pays — a été croisé avec quelques-uns de nos meilleurs Blés. Des plantes extiêmement tallées ont été obtenues dans la seconde génération de ces croisements. L'une d'elles, sans soins spéciaux, avec simplement le repiquage en planches habituel, nous a donné, avec une hauteur de 124 centi- mètres, 53 tiges et plus de 1.700 grains (1). Avoine. Avoine. — Différents caractères ont été étudiés chez l'Avoine, ou sont encore en cour^ d'étude. Couleur de renvcloppe du grain. — Blanc est récessif aux diverses colorations. (1) Citons, comme comparaison, ce qu'il est possible d'obtenir dans ce sens : De Vries {Species and varielies, p. 110) parle d'une plante choisie par Shir^B', en 1819, qui donna, cultivée à part et particulièrement soignée, 63 tiges et 2.500 grains. M. H. Devaux, dans sa brochure récente, Nouvelles méthodes de culture du Blé, cite des plantes de Riéti ayant donné en moyenne plus de 20 figes. EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES 87 Forme de la particule. — Panicule dressée ou étalée, les hétéro- zygotes sont intermédiaires et le caractère est complexe. Adhérence de Venveloppe du grain. — Il y a des intermédiaires; grain vêtu n'est pas franchement dominant. Arête des grains. — Caractère très fluctuant. II y a des races très aristées, d'autres qui le sont très peu, et quelques-unes franchement sans arêtes. Absence d'arête, paraît nettement récessive. La torsion de l'arête est sinistrorse, tout au moins dans les cas que nous avons observés. La précocité est dominante. Une forme très tardive, à large feuil- lage, apparue chez « très hâtive d'Australie », s'est bien reproduite, mais a disparu, n'ayant pu grainer à nouveau. Nombre d'épillets. — Le type « multiflore » n'est pas franche- ment dominant etFj est intermédiaire pour ce caractère. Ante belliim, une intéressante expérience avait été entreprise sur l'Avoine : celle de vérifier, à nouveau, la constance des lignées pures. Dans ce but, 4 variétés d'Avoine absolument fixées et de même provenance devaient être cultivées à la fois chez Bateson, à Londres; chez Nilsson-Ehle, à Svalof; chez Baur, à Berlin, en Hol- lande et à Verrières, Par échange de semences, au bout de quelques années, on devait pouvoir se rendre compte si le milieu avait une influence héréditaire quelconque. Orge. Orge. — Cette Céréale a été étudiée par beaucoup d'expérimen- tateurs, notamment par Rimpau, Tschermak, Shull, Biffen, etc.. Nombre de rangs de graim à Vépi. — . Le type à deux rangs, produit par l'avortement des organes femelles dans les fleurs latérales, est dominant sur le type à 6 rangs, où il y a développement complet de toutes les fleurs. Mais le caractère est, à nouveau, complexe, et dans quelques-unes de nos expériences, des formes à 6 rangs imparfaits apparaissent en F,,. Coloration des grains. — La présence d'un pigment noir qui colore l'enveloppe des grains de certaines variétés est dominante sur l'absence. La « coiffe « ou « capuchon » qui surmonte les grains de cer- taines variéfés. Ce caractère est franchement dominant sur le type normal dans les expériences de Verrières. Chez d'autres expé- rimentateurs, il y a une dominance partielle. Comme l'a montré BifTen, ce « capuchon » n'est, en réalité, qu'une fleur avortée. Quel- quefois, dans les croisemeuls, on trouve des plantes où cette coiffe se trouve à l'extrémité d'une barbe. Adhérence de l'enveloppe du grain. — Comme chez l'Avoine, dans beaucoup de croisements, grain vêtu n'est pas franchement domi- 88 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'acCLIMATATION nant et les hétérozygotes ont des grains demi-vêtus. Les résultats des expériences de Verrières confirment, à ce point de vue, les obser- vations de Rimpau. Caractère « barbes lisses ». — Une forme à barbes lisses a été trouvée à Verrières dans l'Orge « noire à six rangs », alors que chez les autres variétés, les barbes sont rugueuses par suite de la pré- sence de dents très fines. On sait d'ailleurs qu'une forme algérienne, étudiée par Trabut, et à laquelle Kornicke avait donné le nom de Hordeum ciorhynchum, présente également ce caractère. Cette par- ticularité, qui pourrait avoir de l'intérêt ponr les pays où l'Orge est employée comme fourrage vert — les barbes très rudes des variétés . usuelles ayant l'inconvénient de blesser les animaux — a été étudiée à Verrièi'es. Elle résulte de l'absence d'un seul facteur génétique comme le prouvent les résultats des croisements avec les variétés à barbes ordinaires. En F^, toutes les plantes sont à barbes accro- chantes, et il y a, en F„, réapparition d'un quart de plantes à barbes lisses. Plusieurs autres caractères d'importance secondaire ont été éga- lement étudiés. Dans certains croisements, une F, à épi très fragile, comme l'est celui de VHordeum spontaneum de Aaronsohn, a été obtenue. C'est, sans aucun doute, la réapparition d'un caractère ancestral due à une recombinaison de facteurs, tout comme dans le cas des Pigeons cité par Darwin, l'ancêtre commun (Biset) réap- paraît du croisement de deux variétés bien distinctes. Une forme à feuilles panachées a été fixée dans « Siichsische Kaiser Gerste », la panachure qui est très nette sur les premières feuilles de la base, et avant la montée des tiges, disparaît ensuite pour réap- paraître sur la feuille engainant l'épi. D'autre part, nous n'avons jamais réussi à Verrières à fixer les épis rameux qui se montrent de temps à autre; des formes à épi ramifié, fixées, existent cependant. Maïs. Maïs. — Par suite de la difficulté de maturation de la plupart des variétés, le Mais n'a pas été étudié à Verrières au point de vue men- délien. Du reste cette plante a fait, ailleurs, l'objet d'expériences nombreuses, principalement aux Etals-Unis. Il n'y a, à l'actif de Verrières, que l'étude de la première génération d'un curieux croi- sement, fait à Mutsamudu (Madagascar), par M. Laurent, entre fieana liixurians (Teosinte) et Maïs. Les caractères des deux parents étaient juxtaposés dans le grain. La seconde génération n'a malheureu- sement pu être conduite jusqu'à la fructification. On sait que, d'après Harshberger, le Zea canina de Watson serait UQ hybride de Teosinte et de Maïs cultivé au Mexique sous le nom de « Maïs de Coyote ». Cette plante qui possède, pour quelques EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES 89 régions de ce pays, certaines qualités précieuses, notamment une très grande précocité, n'est cultivée qu'en première généra- tion. Pour l'obtenir, on sème côte à côte Mais et Téosinte et on obtient la fécondation de cette dernière par le pollen du mais en suppri- mant les inflorescences mâles dès leur apparition. Les graines récoltées sur Téosinte donnent naissance à une plante intermédiaire d'aspect et très précoce. La production de l'hybride est tellement facile et si assurée qu'il n'y a nul intérêt à fixer la race. Betterave. La Betterave à sucre est un exemple de plantes chez lesquelles la sélection est particulièrement difficile par suite de l'existence de nombreuses chances de fécondation croisée. Le pollen, est, en effet, extrêmement fin et capable d'être transporté par le vent à de très grandes distances. En fait, sans même faire intervenir le pollen des variétés fourragères ou potagères, il y a constamment croise- ment entre les racines riches en sucre et les pauvres, et le travail du laboratoire consiste essentiellement dans l'élimination des racines hybrides. D'après les récentes expériences faites au labo- ratoire de chimie de Verrières sur la question des enzymes chez la Bettei^ave, il semble n'y avoir, au point de vue richesse, qu'un seul facteur, dont la présence chez la plante détruit le sucre. Le travail à faire consiste donc à étudier les divers facteurs et à fixer des races par strict isolement. Les caractères de forme, couleur, etc.. des racines des diverses races de Betteraves ont été surtout étudiés par Kajanus. Ils sont extrêmement complexes et gouvernés par de nombreux facteurs. Dans les expériences de Verrières, la couleur blanche de la racine est récessive, par rapport aux types colorés. Une curieuse race à glomérules déhiscents est à l'étude. Le « caractère annuel » de certains individus montant à graine la première année semble récessif par rapport au type normal, mais là encore règne une grande complexité. Choux, navets. La génétique du genre Brassica a été étudiée par Kajanus, Sutton, Biffen et divers auteurs. Chez les « Rutabagas » et les « Navets » la couleur blanche de la racine est dominante sur jaune. La tendance à tubériser est récessive et disparaît, par suite, dans la première génération du croisement avec des espèces à racines non tubé- reuses. Un croisement fait à Verrières entre Chou cavalier et Chou 90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION de Bruxelles a donné une F, présentant les bourgeons axillaires caractéristiques du Chou de Bruxelles, la taille et la grande vigueur du Chou cavalier: la seconde génération a été extrêmement hété- rogène. Le feuillage vert cru de certaines variétés est, comme il fallait s'y attendre, récessif par rapport à feuillage glauque. Chez navet, « collet vert » est dominant sur « collet blanc ». Chez ces plantes, l'étude des facteurs héréditaires présente uue importance excep- tionnelle au point de vue pratique. Haricots. Mendel expérimenta égalera'ent sur les Haricots et trouva, comme chez les Pois, que, dans le croisement d'un grand et d'un nain, la couleur verte des cosses, leur forme renflée et la grande taille de la plante étaient des caractères dominants. Il croisa aussi le Haricot ordinaire avec le Haricot d'Espagne et rencontra diverses complications ainsi qu'une stérilité partielle. Les mêmes fait's se sont reproduits dans les croisements de ïschermak et dans ceux de Verrières. Les Haricots cultivés sont généralement autofécondés ; cependant il arrive parfois qu'une hybridation accidentelle se produit entre deux variétés de coloris de grain différents. Il en résulte une disso- ciation considérable en seconde génération et dans les générations suivantes, ainsi que l'apparition de formes nouvelles, par suite du nombre considérable de facteurs qui contrôlent la coloration du grain. Une série suivie à Verrières, résultant de l'hybridation acciden- telle d'une variété à grain blanc « Coco toulonnais » par une . variété inconnue, maia qui était certainement à grain coloré, nous a donné un nombre considérable de formes. Malgré cette diversité on peut se rendre compte que les formes à grain marbré sont rfomf- 7ia7ites sur les formes de coloris unis et que « grain coloré » l'est également sur « grain blanc «. Par suite les grains de coloris uni ne redonnent plus de marbrés et les grains blancs de formes à grains colorés. Oignons. Il y a diff"érents facteurs pour la coloration du bulbe. Dans de nombreux cas, jaune est dominant sur rouge et sur blanc; mais on rencontre également un jaune récessif. {A suivre.) EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 91 EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ SEANCE GENERALE DU 3 DÉCEMBRE 1917 Présidence de HI. D. Bois, Vice-Président de la Société. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Président a la douleur de nous annoncer le décès de M. Magaud d'Âubusson, membre du Conseil, président de la Section d'Ornithologie, président de la Ligue pour la Protec- tion des Oiseaux. Il fait l'éloge du regretté défunt et adresse à sa famille les condoléances de la Société. Nous avons le regret d'apprendre le décès de M. Georges Chappellier, fils de notre doyen M. Paul Chappellier, aujour- d'hui âgé de 96 ans, et père de M. Albert Chappellier, notre dévoué collègue, secrétaire-fondateur de la Ligue pour la Pro- tection des Oiseaux. Nous adressons à MM. Paul et Albert Chappellier les condoléances de la Société. GÉNÉRALITÉS. M. le D' J. Roussel fait une communication sur le nouveau procédé de M. Hermite pour la conservation et la restauration du lait et des matières alimentaires, lorsqu'un commencement d'altération en compromet la salubrité. Il cite de très nom- breuses expériences faites sur le lait, le beurre, la viande, le poisson. Les résultats de ces expériences sont des plus curieux * et offrent, au point de vue des applications pratiques, un très grand intérêt. Deux produits, le stérilène à base de chlore, le lactène à base de magnésie, permettent d'assurer, en particulier au lait et au beurre, une résistance remarquable aux transfor- mations, si préjudiciables, dues à l'acidification. M. Grepin demande alors si, après l'emploi de ce procédé, il ne subsiste aucune toxine. M. le D"" Roussel répond que l'ob- 92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION servalion de M. Crepin a lieu d'être prise en considération : lorsque la chair des animaux se défraîchit, c'est qu'elle devient le siège d'une fermentation putride, dont le résultat est l'éla- boration d'éléments ayant perdu leur oxygène pour se trans- former en aminés. La présence de ces aminés se traduit par une odeur caractéristique. Elles constituent des toxines, orga- nismes très fragiles en présence de l'oxygène. L'oxygène nais- sant du stérilène est un grand ennemi des toxines, qui ne sau- raient subsister en sa présence. M. Crepin demande ensuite, si pour le lait de Chèvre, le pro- cédé Hermile permet de faire disparaître Vodeu7' caprine. Y a-t-il un procédé pour l'écarter? On sait que cette odeur n'est pas dans le lait. Celui-ci, lorsqu'il est obtenu aseptiquement, n"a aucune odeur. Mais c'est surtout quand on fait bouillolter le lait de Chèvre sur le feu que l'odeur caprine se développe. M. le D"" Roussel répond qu'on a fait des études sur cette ques- tion, mais qu'on ne peut encore rien dire, car l'emploi du sté- rilène entraîne une oxygénation et que justement l'odeur caprine semble se développer chaque fois que le lait est en con- tact avec un courant d'air, par le bouilloltement en particulier. Il semble donc logique de présumer que l'emploi du stérilène tendrait plutôt à développer qu'à supprimer l'odeur caprine. M. de Scey rappelle qu'on emploie souvent le permanganate de potasse pour enlever l'odeur des viandes avariées. Mais, comme là encore, l'action chimique agissante est celle de l'oxy- gène, on ne pourrait pas espérer débarrasser le lait de Chèvre de l'odeur caprine par l'emploi du permanganate de potasse. De plus, le permanganate agit sur les diastases et il y a le plus grand intérêt à conserver celles du lait. On demande enfin si le métabisulfite de sodium, si employé pour atténuer et corriger le goût des moûts, dans la fabrication du vin, pourrait être avantageusement utilisé pour le lait. « Impossible, répond M. le D"" Roussel, car le métabisulfite de sodium agit par l'anhydride sulfureux, qui arrête la fermenta- tion des moûts, et ce gaz, lorsqu'il a été en contact avec le lait, est impossible à chasser complètement du liquide, car il est entré en combinaison avec le glucose, le lactose, le galac- tose, etc., qui s'y trouvent. » M. Crepin demande ce qui arrive quand on met du lait traité au stérilène, en vase clos. « Si le stérilène a agi sur le lait frais neutre, répond M. le D"" Roussel, on peut le garder sans incon- EXTRAITS DES PROCÈS-VKRBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 93 vénient loO heures, identique à lui-même. Mais il faut que le traitement au stérilène ait été appliqué avant racidification du lait, car il est alors trop tard pour enlever — surtout en ce qui concerne les laits en poudre — le goût de rance qui se produit dès l'ouverture de la boîte. » A une question qui lui est posée, M. le D"^ J. Roussel répond qu'on trouve le produit de M. Hermite dans le commerce. 11 ajoute que ce stérilène est extrêmement avantageux pour rafraîchir les aliments un peu avancés par le voyage, notam- ment le poisson. Il cite l'expérience suivante qu'il a faite, et que chacun peut recommencer : Il avait acheté au marché quel- ques harengs défraîchis par le transport de la côte à Paris et les manipulations successives qui accroissent ce défraîchissement jusqu'au moment de la consommation. Il en trempa quelques- uns dans une saumure où il avait versé quelques gouttes du produit de M. Hermite : le rafraîchissement fut complet et instantané. Les harengs témoins, non traités par le bain, déve- loppaient une odeur nette de triméthylamine, caractéristique du poisson avancé, cette trémîthylamine ayant pris naissance par désoxygénalion et accroissement dq la teneur en azote. Au lieu d'une matière azotée quaternaire — la chair fraîche du poisson — il se développe, par perte d'oxygène, des matières azotées ternaires, qu'il faut enrichir en oxygène pour les rafraîchir. L'altération se produit par le mécanisme des bactéries aéro- bies sur les parties exposées à l'air. L'usape du produit de M. Hermite enrichit les produits azotés l< ■ lires qui sont nés et les retransforme en produits quaternaii. -, ceux du poisson frais. Dans l'usage de ce produit, il n'y a pas à craindre la moindre altération de composition de l'aliment : le produit agit par addition de traces de chlorure de sodium (sel marin), bien inférieures à la dose qu'on emploie habituellement dans la nourriture. M. P. A.-Pichot résume l'important rapport bisannuel de ÏAssociaiio7i pour la Protection de la Faune sauvage aux Etats- Unis, pour 1915-1916, que nous a adressé M. le D"" Hornaday. Ce consciencieux travail, appuyé sur des documents officiels, montre toute la persévérante énergie de nos nouveaux alliés et pourrait être lu avec avantage par les habitants du vieux monde où la faune est encore plus menacée que dans le nou- veau. 94 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION Le D'' Hornaday, qui est membre de V Association pour la Défense de t Amérique, nous a également adressé une brochure, dont il est l'auteur, sur les atrocités commises par les Alle- mands pendant la guerre actuelle. Bien que cet énergique réqui- sitoire sorte du cadre habituel de nos travaux, il est décidé qu'un des passages de sa vigoureuse conclusion sera publié dans notre Bulletin. Mammalogie. Au sujet de la note de miss Fr. Pitt, sur la Taupe (procès- verbai du 7 mai 1917, p. 2ti9 du Bulletin), M. le D'' X. Raspail nous adresse des renseignements intéressants que l'on trouvera à la Correspondance. Entomologie. M. l'abbé G. Foucher présente une Mantide de Serbie, reçue vivante d'un officier français, actuellement sur le front serbe. Cet Insecte, qui a refusé toute nourriture depuis trois semaines et qui est encore vivant, était accompagné d'un rameau, sur lequel on l'a capturé : ce rameau semble appartenir à un Ecliivm sp. M. A.-L. Clément nous remet une note sur le Copris lunaria. Elle paraîtra in extenso au Bulletin. Botanique. M. Morel nous adresse des graines de Cletlira alnifolia, Indigofera Bosua, Parotia Persica, récoltées à Auteuil (Oise). M. Baldrati nous envoie d'Erythrée des graines de Juniperus sp. (probablement/, oxcycedrus L.). M. le D. Robertson-Proschowski nous adresse un exemplaire de la petite Revue agricole et horticole d'Antibes, contenant un article de lui sur l'horticulture dans son jardin « Les Tro- piques ». Sont déposés sur le bureau, de la part de notre collègue, un spadice de Brahea dulcis MarL et d remarquables nodules sur EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 95 les racines d'Albizzia lophanta Bth. La note suivante les a3compagne : , « 1. Petite ramification d'un spadice de Brahea dulcis Mart. Comme le remarque le prof. Od. Beccari dans son ouvrage: Le Palme Americana délia tribu délie Coryphea, qu'il a bien voulu m'envoyer avec d'autres ouvrages sur les Palmiers, c'est une inflorescence des plus caractéristique, par l'e'pais tomentum qui couvre les boutons des fleurs. Les spathes se sont ouvertes au commencement d'août cette année, et comme vous voyez, les fleurs ne se sont pas encore épanouies. Le prof. Beccari men- tionne que trois ans passent depuis la sortie des spathes jusqu'à la maturité des fruits pour Brahea calcarea Liebm., mais il n'indique pas si c'est aussi le cas pour B. dulcis. Il pourrait bien en être également ainsi. « 2. Nodules remarquables sur les racines de Alhizzia lophanta Benth. Cet arbre de très rapide croissance est natura- lisé en abondance dans mon jardin. Des nodules se trouvent toujours sur les racines et sur les grands exemplaires. Les nodules arrivent à former des masses pesant jusqu'à un kilo quelquefois. La valeur comme « engraisseurs » de ces plantes à nodules a été mise en doute. L'espèce en question, qui se développe par milliers dans mon jardin, ne pousse jamais sur les terrains provenant de grands défoncements, terrains qui ne contiennent pas de terre végétale, et cela malgré le voisinage d'arbres qui y laissent tomber leurs graines par quantité. 11 faut donc que le sol contienne déjà des substances nitrogènes assimilables, pour que l'arbre en question puisse s'y établir. Beaucoup d'autres plantes de différentes familles possèdent plus ou moins de nodules sur les racines, parmi les espèces que je cultive. Au sujet de ces nodosités, M. D. Bois rappelle qu'elles sont produites par des bactéries spéciales. Mais quand elles atteignent un volume et un poids aussi considérables que le mentionne notre collègue de Nice, il y a peut-être un phéno- mène complexe à envisager. Hellriegel et Willfarth ont montré que ces bactéries fixent l'azote de l'air. Ce sont de» nitrificateurs de l'azote (1). Schlesing et Laurent ont démontré cette action. Elle a été rigoureusement confirmée par Mazé et Winogradsky. (1) Hellriegel et Willfarth. Recherches sur la nutrition azotée (traduit d& l'allemand in Ann. de la Soc. ofjron. franc, et e'iraiig., 1888). 96 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION M. Ch. Rivière nous remet quelques notes, et présente des Pommes de terre avec tigelles et bulbilles à la base. On trouvera les communications de M. Ch. Rivière au Bulletin, Colonisation. M. A. Fauchère fait une communication sur le Palmier à huile en Afrique tropicale. Cette communication sera insérée au Bulletin ; c'est le résumé d'un important travail de notre col- lègue Emile Annet, qui est toujours en Afrique, au Cameroun. Cette communication sera suivie d'une réponse de M. Ch. Rivière sur le même sujet. Le Secrétaire des séances, D*" Louis Capitaine. Ordres du jour des séances génébales POUR le mois d'avril 1918. Lundi 8 avril, à 3 heures. — M. P. A-Pichot : L'élevage pratique du Skung. M. R. RoLLiNAT : Le Grand-Duc ; sa Reproduction en captivité (rapporteur C. Debreuil). Lundi 22 avril, à 3 heures. — M. le Professeur Vincent, Médecin inspecteur général de l'Armée : La Fièvre de Malte ; sa Prophylaxie. Lundi 22 avril, à 5 heures : Sous-section d'Ornithologie (Ligue pour la protection des Oiseaux). M. L. Rousseau : Les Oiseaux nos alliés. Tous les membres de la Société sont priés d'assister aux Séances générales, qui ont lieu deux fois par moiSy au Siège social, 198, boulevard Saint-Germain. Sur demande, les Ordres du Jour sont adressés mensuelle- ment. ERRATA. — Dans le Bulletin de février 1918, p. 61 : 1" ligne, au lieu de Vincent, lire : Vincens. 14« ligne, au lieu de : Sovauer, lire : Sorauer. Le Gérant : A. Maretheux. Paris. — L. Maretheu.x, imprimeur, 1, rue Cassette. EN DISTRIBUTION Graines d'Acacia offertes par M. J. GOFFART, de Tanger. Acacia acanthocarpa Willd. = Mimosa ac. Poir. A. aneura F. Muell. A. armata R. Br. A. liaijleyana F. Muell. A. biixifolia A. Cunn. A. ctiianiifolia Sweet. A . cornigera Willd. = A. spadi- ''/era Gh. et Schl. = A. sphae- cf.phala Cil. et Schl. .; . ii/tnwphylla Lindl. A. Cyclops A. Cunn. A. dealbata Linl<. A . Dietrichiana F. Muell. A . Donkelarii (?) .1. falcata Willd. A . P'arnesinna Willd. .-1 . i/laucescens Willd. A. komalovhylia. A. Cunn. A. jrniperina Willd. A. lepioclada A. Cuun. A linifolia Willd. A. longifolia Willd. A. macradenid Blh. A. iiiyrtifolia Willd. ! iieriifolia A. Cunn. {type, var. grandes feuilles, var. pen- Junts). A. pr.ominens A. Cunn. A. pruinosa A. Cunn. A. pycnanlha Bth. (forme pen- dante). A. saligna'Wenà]. A. spadicigera Ch. et Schl. (v. A. loriiigera Willd.) A. spectabilis A. C\inn. A. sphaerocephala Ch. et Sch. [v. A. cornigera Willd.) A. stenophylla A. Cunn. A. s trie ta Willd. A. irviervis Desv. [habitat in- connu ?) A. ver.icillaia Willd. (type et var.) Graines offertes par M. MOREL. Alntis incana laciniata. Araucaria imbricata. Anémones de Caen. Cedrus Libani. Doronicum plantagineum. Lythrum atropurpureum. Graines offertes par le R. NATHANAEL COSTES, Santiago (Chili). Acacia Cavenia. Araucaria brasiliensis . Bellota Aliersii. Boldoa fragrans. Cassia vernicosa. P. de Cryplocarya Peunius (Penmo à fruits rouges). Edwnrdsia sp.? Escallonia illimita. Lithrxa mollis. — venenosa. Phaseolus sp. Porlieri hygromelrica . t'riisiip is siliquaslrum . Graines offertes par le frère APPOLLINAIRE, de Santa Fé de Bogota (Colombie). Acacia heterophylla. Graines offertes par le D' G. H. PEREZ,deTénérife (Canaries).- 2'ecoma Brycei. Graines offertes par M. HENRY. Coreopsis pohjcephala Drake des Iles Marquises (Plante très rare). Graines offertes par -M. DE CHAPEL. Luffa (Courge éponge). Medeola. A.tp' rgula phimosa. Lathyrus silvestris. S'adresser au Secrétariat. OFFRES. DEMANDES, ANNONCES OFFRES Poissons e.xotiques.. Plantes aquatiques. M. LBFEBVRÈ, 53, rue de Saint-Quentin, Nogent- sur-Marne (Seine). Poissons d'étangs, espèces nouvelles, ou peu ré- pandues, ou améliorées. M. DODE, a Sorbier, par Jaligny (Allier). Désirant augmenter collection d'Acacias, j'échan- gerai e^raines d'espèces rares et demande qu'on me sienale où je puis me les procurer. M. GOFFART, villa Mahadi, à Tanger (Maroc). Co. Nandous eris. Go. Grues antigènes. Co. Chèvres naines du Sénégal. Mâle Renard. Mâle Renard du Bengale. 2 mâles Oppossum, superbes. 1 Mangouste (Heperstes paludosus). Co. Cervus Eldi. M. BABAULT, 10, rue Camille-Perier, Chatou (Seine-et-Oise). Chevreaux et Chevrettes nubio- alpins, grandes oreilles tombantes, physionomie particulière. Beaux animaux sélectionnés pour grosse pro- duction laitière. M. BOUGIIACOURT, domaine des Thinons, par Sologny (Saône-et-Loire). DEMANDES Petit Cacatoès à huppe jaune (C sulfurea), fe- melle de préférence. Cacatoès de Leadbeater. (C. Leadbeateri) et Grand Cacatoès à huppe rouge (C. moluccensis), Perroquet à collerette {D. accipitrinus) acclimatés. M. G. DE SOUTHOFF, 13, via S. Spirito, à Flo- rence (Italie). Prière fournir renseignement ou, à prix modérés, dos poulets des races suivantes : Phénix du Japon (et des nains des mêmes races); Suma- tra; Sullana; Nègre-soie; Combattants nains très petits. D' GANNARSA, Termoli (Italia). Grues cendrées ou de Numidie. M°'e DULIGNIER, à Saint-Gérand-le-Puy (Al- lier). Jeune Chienne de garde, dressée; envoyer offre avec photo si possible. M. DE GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. SOCIÉTÉ NàTIONME riCCLIMlTiTIOS DE 1U\U Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir : 1» à riutioduction, à l'acclimatcatiou et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2» au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3» à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles ou d'ornement. Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les DamesJ peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis- sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, Sociétés commerciales, etc.). La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres Donateurs, membres Bienfaiteurs. Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une cotisation annuelle de 25 francs. Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s'affran- chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. Le membre Donateur est celui qui verse une somme d'au moins 500 francs. Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 fraocs; son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. I En outre de la Séance solennelle e^ publique des récompenses et du Déjeuner' amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois des séances spéciales de Sections : 1° Mammalogie; 2° Ornithologie et sa sous-section. Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4» Entomologie; ^° Botanique, et 6" Colonisation. Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour men- suels leur sont régulièrement adressés sur leur demande. La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et de Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- maux à ses membres. Le Bulletin bimensuel forme, chaque année, un volume d'environ 800 pages illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particulièrement des faits d'acclimatation survenus en France et à l'Etranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'histoire naturelle : installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), etc., etc. La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- téressé; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce; adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efl'orts, c'est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. Le Gérant : A. Markthkux, l'aris. — l- Wabf.thkux, imprimeur, 1, ruo Cassette. ï>06 531-52 591-52 BULLETIN DE LA SoeiHU Nationale d'AGClimatation DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 65« ANNÉB W 4. - AVRIL 1918 SOMMAIRE Pages. J. Dblacour. — Notes d'Elevage de 1917 97 Vicomte de Poncins. — Le chant de la Bécassine 99 D' F. Cathelin. — Le froid et le besoin de nourriture ne sont pas les causes « vraies » des migrations des Oiseaux 103 R. P. CosTES. — Sur quelques Plantes utiles du Chili 112 A. Meunissier. — Expériences génétiques faites à Verrières (suite) 115 Extraits des procès-oerbaux des Séances de la Société. Séance générale du 17 décembre 1917 122 Un numéro, 2 francs : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. AU SIEGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION DE FRANCE 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (Vn«). BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 Président, M. Edmond Perrier, Membre de l'Institul et de l'Académie de Médecine. Directeur *«< Muséum d'Histoire naturelle, Paris. ( MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole Vice- Présidents. i coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). f Maurice de Vilmorin, 1, rue de la Planche, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Etranger). H. Hua, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Seerétaires. < Germain, Paris {Conseil). L. Capitaine, 48, boulevard Raspail (Séances). Ch. Debreuil, 25, rue de Ghâteaudun, Paris (Jntérieur). Trésorier, M. le D' Skbillgtte, 11, rue Croix-des-Petits-Chaïups, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Caucurte, Moulin de la Madeleine, à Samois (Seine-et-Marne). Membres du Conseil M. Le Myre de Vilers, 28, rue de Surène, Paris. A. Chappellier, 6, place Saint-Michel, Paris. WuiRioN, 101, rue Sadi-Carnot, Puteaux. AcHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. D* P. Marchal, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 89, rue d» Cherche-Midi, Paris. D' Leprince, 62, rue de la Tour, Paris. Mailles, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine) Df E. Trouessabt, Professeur au Muséum d'Histoire naturehe, 61, rue Cuvier, Paris. Lecomte, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. Crepin, 18, rue Lhomond, Paris. Pendant l'année 1918, les Séances hebdomadaires des Sections sont remplacées par des Séances Générales bimensuelles Dates des Séances générales et du Conseil [POUR L'ANNÉE 1918 Séances du Conseil, 2^ mercredi du mois à 4 heures Janvier Février Mars Avril Mai Novembre Décembre 9 13 13 n(*) 15 13 11 Séances générales, le lundi à 2 h. 1/2. Sods-Section d'Ornithologie [Ligue pour la Protection des oiseaux) le lundi à 4 h. 1/2 \ 1^ 21 21 4 18 18 4 18 18 8 22 22 6 27 27 4 18 18 2 16 16 (1) Date reculée en raison des fêtes procha ines. TLes membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront sur leur demande les ordres du Jour mensuels des séances. Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les personnes qui désireraient l'entretenir, qull se tient à leur disposition, au siège de la Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'être applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, des articles publiés dans le Bulletin est interdite. NOTES D'ÉLEVAGE DE 1917 Par J. DELAGOUR. La continuation de la guerre rend l'entretien des animaux de plus en plus difficile. Aussi me suis-je défait dans le courant de l'année d'un grand nombre d'oiseaux. Je n'en ai gardé qu'environ 400, les plus rares, les plus malaisés à obtenir, ou ceux qui m'intéressent particulièrement. Après la victoire, je compléterai ma collection, que je transporterai probablement dans un meilleur climat. Je n'ai rien d'intéressant à signaler parmi les Brévipennes, les Echassiers et les Palmipèdes. Les Gallinacés se sont comportés comme les autres années. J'ai reçu au printemps une jolie Pintade huppée du Gabon {Guttera cristata). C'est un mâle, en parfait état; il est accouplé à une P. vulturine. La Pintade huppée a une robe à peu près semblable à celle de la P. ordinaire; mais le pointillage est bleu-ciel au lieu de blanc, ce qui change complètement et très avantageusement le ton du plumage; de plus, sa huppe si élégante lui épargne la laide tête chauve des autres Pintades. Un Hocco à pierre, mâle {Pauxi galeata), m'est arrivé cetélé^ ainsi qu'un Hocco de Sclater. Le Pauxi est un des plus curieux oiseaux du monde, avec ce galet gris, en forme d'œuf, posé, par son extrémité aiguë, à la naissance du bec. Ce bec est rouge ainsi que les pieds. Plumage noir. Une Pénélope huppée a pondu, mais les œufs étaient clairs. Rien à signaler parmi les Pigeons en dehors de la reproduc- tion du Funingo des Seychelles que j'ai rapportée ailleurs. Parmi les Perroquets arrivés cette année, je citerai un couple de Pionus violaceus, petit Perroquet gris, bleu et rouge, et un Zanygnathus Lucïonensis, de la taille d'un Amazone, mais plus allongé, vert-amande pâle, de forme et de couleur très parti- culières. Une très jolie Perruche m'est aussi parvenue : Paleornis schis- liceps : corps vert très clair presque jaune, ailes plus foncées, queue très longue et effilée, jaune passant au blanc, puis au bleu pâle; tête gris bleuté, tirant sur le violet; bec corail. Taille de la P. multicolore. J'ai eu aussi pendant quelques mois BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1918. — 9 98 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION un ravissant Nymphicus C/vencsis qui est malheureusement mort à la fin de Tété. Cette espèce est décidemment très délicate. Un Calao [Buceros alratus) du Gabon fait ma joie; ce grand Oiseau, de la taille d'une Dinde, est sûrement un des êtres les plus étranges et aussi les plus laids de la création : bec énorme et difforme, face dénudée, tête surmontée d'une invraisem- bla,ble crinière jaune, corps noirâtre au-dessus, blanchâtre au- dessous; avec cela, un cri qui ressemble au son d'une trompette d'enfant. Ce personnage est doué d'une santé robuste; il mange surtout des pommes de terre et du riz cuit. Il habite une grande volière en plein air avec abri chauffé et se "montre absolument inoffensif pour ses compagnons, Aigrettes, Tou- cans, Pies, Geais, Pigeons, etc.. J'ai reçu des Toucans : 12 Ramphastus discolor, 4 R. Ainel, 7 Selenidera maculirostris et 4 Audlgena Bailloni; je compte tenter leur reproduction l'été prochain. Mon Motmot est toujours magnifique, mais depuis sa mue d'automne, il est devenu excessivement méchant et se précipite sur quiconque ouvre la porte de sa volière ; ses coups de bec sont assez redoutables. J'ai un Geai ordinaire isabelle 1res pâle, presque blanc; seules ses moustaches sont indiquées, en gris, ainsi que les petites couvertures, qui sont ici bleu pâle. Mes trois couples de Touracos de Buffon, sur lesquels je comptais beaucoup, n'ont rien donné cette année. La vieille paire éleva deux jeunes jusqu'à un mois, puis les tua comme de coutume. Elle ne fît pas de seconde couvée. Un couple com- posé d'une femelle, née à Villers en 1915, et d'un mâle importé eut une première ponte d'œufs clairs, puj^ éleva un jeune qui mourut d'accident à deux mois. Le troisième couple, dont la femelle est de 1916, était trop jeune et n'a pas reproduit, J'espère être plus heureux l'an prochain. Le Touraco géant n'a vécu que quelques mois et je ne puis me consoler de la perte de ce superbe Oiseau. Il arriva malade et son état ne fît qu'empirer jusqu'à sa mort malgré tous les soins et les nourritures les meilleures possibles. Le seul Paradisier qui me reste [Paradisea apoda) a quatre ans accomplis : sa couleur est notablement plus foncée cette année; j'espère qu'il revêtira sa belle livrée l'an prochain. Il serait grand temps que l'on pût réimporter des Souï- 3 t-i A) O > 3 a Faisan Mikado. Ciriies Anligones. Grande Aigrellc et Calao. Aiilruclie du Cap. Pintade hufipée et P. vullurine. LE ClfANT DE LA BÉGASilNE 99 Mangas. Ceux qui restent d'avant-guerre se font vieux et il en meurt quelques-uns de temps à autre. J'ai perdu cette année un Malachite [Nectarinia famosa); un double collier {Cinnyris chalibœus); un Amélhyste [C. amethystina) et un Antholaphfis violacp.a, dont la perte m'a été très sensible à cause de sa rareté, de sa beauté et de sa gentillesse. Il me reste encore cinq espèces, dont VŒtopyga saturala. Les Diamants sont des Oiseaux dont la réimportation serait très désirable. Ceux que l'on- peut encore trouver, géné- ralement nés en France, atteignent des prix excessifs, surtout les Diamants de Gould et psittaculaires, dont je possède encore quelques exemplaires. Il en est de même des Rossignols du Japon, si communs avant la guerre et des Perruches ondulées bleues, qui valent à peu près dix fois plus cher en France qu'en Angleterre. Je me suis procuré un lot de ces derniers Oiseaux; je compte faire avec eux des expériences d'élevage et de croise- ments, dont j'espère pouvoir donner le résultat à mes collègues l'année prochaine (i). LE CHANT DE LA BÉCASSINE Par le vicomte de PONCINS. Les Bécassines ayant leur nid font entendre un chant, ou plus exactement un bêlement, très analogue à celui d'un jeune Chevreau. Comme les endroits où elles nichent ne sont pas très fréquents, peu de personnes l'ont entendu et, parmi celles- là, quelques-unes ont dû ne pas y attacher d'importance, croyant qu'il y avait dans les environs un Mouton ou un Che- vreau. Celles qui l'ont très justement attribué à la Bécassine se sont parfois demandé si ce chant était produit par le passage de l'air dans le gosier ou de quelque autre manière. Je crois avoir résolu la question expérimentalement. Approchons d'un endroit où niche un couple de Bécassines : l'une d'elles part, s'élève vivement, et monte haut dans le ciel. Là, elle tourne comme si elle désirait revenir à son départ, et (1) Depuis que ces notes ont été écrites, Villers-Bretonneux se trouve sur la ligne de feu, en pleine bataille. L'élevage de M. Delacour a disparu au milieu de la tourmente saus que rien ait pu être sauvé ! 100 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION décrit de grands cercles; brusquement, elle se laisse glisser en biais, en une descente rapide, les ailes ne battent plus l'air que d'une sorte de frémissement et nous entendons un son, assez difficile à localiser, qui dure quelques secondes, imitant à s'y méprendre le bêlement d'un Chevreau. La Bécassine reprend son vol normal, monte à nouveau, puis se lai>se glisser une fois de plus à la descente, et le même son s'entend encore. Il n'est pas rare de l'entendre quinze ou vingt fois'de suite. Parfois, les deux Oiseaux à la fois décrivent des courbes alter- nant avec des périodes de chant, puis finalement se laissent tomber presque à pic et se posent au loin. Presque tous les Oiseaux ont, pendant la saison des amours, la faculté de chanter différemment de l'ordinaire. Ce n'est point chez eux une fantaisie, c'est une faculté momentanée,- qui ne dure qu'un temps très court et cesse complètement après. En écoutant'.leurchant, on se rend très bien compte du moment où leur voix faiblit, perd son timbre, et finalement disparaît. Il n'y a point là caprice de leur part : tant qu'ils peuvent chanter, ils chantent et cessent, non parce qu'ils ne le veulent plus^ mais parce qu"ils ne le peuvent plus. Est-ce le cas pour l'étrange bêlement des Bécassines? Une bonne vue permet de se rendre compte qu'au moment où le son est produit, la Bécassine se laisse glisser à la descente avec un mouvement d'ailes très particulier, une sorte de frémissement plutôt qu'un battement. Elle tient les plumes de la queue relevées sur le dos,^ en éventail et largement ouvertes, presque à angle droit avec la ligne de sa chute. Ceci m'avait déjà amené à en conclure que le passage rapide de l'air entre certaines plumes produit le bêlement, et que le frémissement des ailes lui donne les pulsations caractéristiques, le chevrotement ; mais quelles sont les plumes qui produisent le son ? Un jour de très grand vent, je tuais une Bécassine haut en l'air. Tous les chasseurs ont remarqué que Bécassines et Bécasses, soit blessées à terre, soit lorsqu'on les achève à la main, ont tendance à retrousser les plumes de la queue en éventail. Cette Bécassine, en tombant, mit ses plumes en éven- tail en l'air et, pendant une fraction de seconde, je pus entendre lèvent produire le son que jusque-là je n'avais entendu que pendant la saison des nids. Examinez les plumes de la queue d'une Bécassine adulte. LE CQANT DE LA BÉCASSINE 101 VOUS remarquerez que les deux plumes extérieures font, à leur base, un coude brusque. Les barbes en sont très longues pour se relier avec les autres; c'est là l'origine du bêlement. Prenons deux aiguilles; enfonçons-les d'un centimètre dans l'intérieur du canon de la plume, une très petite goutte de ver- nis les maintiendra en position et un lien léger, en fil bien serré, rendra le tout parfaitement rigide. Prenons un bouchon de bouteille et piquons les deux aiguilles suivant un angle de 50" environ dans le bouchon, en les écartant comme elles le sont naturellement sur l'Oiseau, puis fichons un morceau de bois léger obliquement dans le bouchon ; à ce bois, attachons une ficelle quelconque. Nous avons donc nos deux plumes espacées et fixées solidement, le bouchon, le bois de 20 à 30 centimètres de long, et la ficelle de 40 à 50. Tenant le bout de la ficelle, tournons doucement en fronde tout notre appareil, en augmentant de vitesse. Un moment viendra où, si l'angle de fixation des plumes et la vitesse sont justes, nous repro- duirons exactement le bêlement si singulier des Bécassines. Quelques tâtonnements assureront le succès de l'expérience, .le la tiens pour concluante : le chant dès Bécassines est pro- duit par le passage rapide de l'air entre les deux plumes extérieures de la queue, coupant le vent sous un certain angle. Leur forme spéciale en est la cause, les essais faits avec des plumes de formes analogues, mais non identiques, prises sur d'autres Oiseaux ne m'ont jamais donné aucun résultat. Seules les Bécassines peuvent, avec leurs plumes, produire le bêle- ment étrange que j'ai souvent entendu discuter. Puisque nous parlons de Bécassine?, faisons sur ces intéres- sants Oiseaux une autre expérience qui nous indiquera leur mode de nourriture. '■■ Dans les vases qu'elles parcourent en quête de Vers, on^voit fréquemment une série de petits trous, exactement de la gros- seur de leur bec fermé. Ces trous sont groupés comme si l'Oiseau avait plusieurs fois fouillé le sol par places. Pourquoi les trous sont-ils groupés? Pourquoi sont-ils tous et toujours de la grosseur du bec fermé et pas plus? En regardant les Bécassines manger, et ce n'est pas chose facile, car il faut être près des Oiseaux dans une partie de vase nue, on remarquera que leur manière de procéder est assez singulière. Elles marchent absolument comme des Chevaliers, 102 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION mais ne s'éloignent jamais des couverts, où. au moindre bruit elles se rélugient. Elles avancent doucement, le bec incliné près du sol, et de temps en temps l'y enfoncent, non d'un seul coup, mais d'un mouvement lent, insistant, souvent accompagné d'oscillations de la tête comme si elles faisaient un effort. Elles répètent le mouvement plusieurs fois et vont recommencer plus loin. A chaque fois, le bec pénètre depr«^sque toute sa lon- gueur. Il se passe ceci ; au bout du bec des Bécassines existe un renflement assez mou percé de trous excessivement petits, qui ne sont autres, je crois, que l'ouverture des nerfs olfactifs : la Bécassine chasse au nez. Elle doit sentir la présence sous la vase d'un Ver quelconque, elle y enfonce son bec fermé, et quand son odorat, après quelques tâtonnements, lui indique que là est la proie cherchée, alors elle ouvre Y extrémité seule- ment du bec dont la partie supérieure se retrousse sur 1 ou 2 centimètres, happe le Ver et sort son bec fermé, sans effort, par le trou d'entrée. Quand-on vient de tuer une Bécassine, et pendant seulement les quelques minutes où il conserve sa sou- plesse, il suffit, pour reproduire le mouvement d'ouverture du bout du bec, de prendre l'Oiseau, à pleine main par le cou, la tête sortant sur le poing. En appuyant avec le pouce douce- ment sur la nuque, on fait ouvrir le bout du bec pendant que toute la base reste immobile. La même expérience faite sur les Bécasses, les Chevaliers et même les Courlis à long bec, donne le même résultat : tous ces Oiseaux ont la faculté de sentir leur proie sous la vase et de la happer, en n'ouvrant que l'extré- mité du bec. Du reste, leur mouvement n'est point saccadé comme celui des autres Oiseaux qui piquent leur proie d'un coup net, ils fouillent en insistant, en tâtonnant et prennent autant, sinon plus, de vermisseaux invisibles à quelques cen- timètres de profondeur dans les vases qu'à leur surface. LE FROID ET LE BESOIN DE NOQIlRITUaE NE SONT PAS LES CAUSES « VRAIES » DES MIGRATIONS DES OISEAUX (1) Par le D^ F. CATHELIN. L — Non-iiifluence directe du froid. Le froid, à lui seul, ne peut jouer le rôle décisif dans les mi- grations des Oiseaux pour les raisons suivantes : 1° D'abord, il y a parmi les nombreuses espèces migratrices certaines unités dans chaque groupe qui restent souvent dans nos contrées et qui n'en meurent pas pour cela. Même en admettant, suivant l'opinion du professeur Trouessart, qu'il y a lieu de distinguer dans une même espèce des formes migratrices et des formes sédentaires, le cas n'en doit pas moins être signalé. Bosche fils a vu des Rossignols domestiques qui se bai- gnaient en plein mois de janvier par 3 à 4° au-dessous de zéro. Il est donc possible que ce qui se passe pour des cas isolés et sporadiques se produise également pour d'autres. C'est ainsi que Roger Reboussin a vu une nichée d'Hirondelles de fenêtres sortir le 7 octobre. De même J. Verreaux, le grand naturaliste, a cité l'histoire de Podarges observés par lui dans les ravins du mont Welling- ton et qui tombaient en hiver dans une sorte d'engourdissement qu'il compare à l'hibernation de certains Mayimifères comme la Marmotte ou les Loirs, mais ce cas est trop particulier pour en faire état. Il est certain toutefois que par les grands Froids, beaucoup d'Oiseaux même sédentaires sont comme engourdis et sont de ce fait moins agiles et moins méfiants. 2° De plus, n'oublions pas que les Oiseaux sont très chaude- ment vêtus, el que le coussinet de plumes qui les protège fait un meilleur obstacle aux froids vifs et aux gelées, que la robe lisse de certains Mammifères. Les Canards qui cependant mi- (1 Extrait d'un livre à paraître après la guerre sur les Migrations des Oiseaux. 104 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION grent en venant du Nord ne peuvent-ils pas supporter les plus basses températures? 3° En outre, il y a pendant certaines périodes d'élés euro- péens des baisses de lempéralure qui valent les froids de Thiver sans que pour cela les Oiseaux émigrent hâtivement. Lescuyers a signalé qu'en juin 1871 le froid fut tel à Saint- Dizier (Haute-Marne) et aux environs, que plus de SOO Hiron- delles rustiques et 250 Hirondelles de fenêtres périrent. Quelque chose ne leur disait-il donc pas qu'avec quelques heures de vol, toute la colonie pouvait être sauvée? C'est le cas de rappeler cet aphorisme : ce n'est pas parce que c'est le printemps que l'Hirondelle vient, mais c'est parce que l'Hirondelle vient que c'est le printemps, dont elle reste la meilleure annonciatrice. 4° Enfin, si Ion étudie l'échelle de départ des migrateurs, on peut voir que la question du froid ne peut être posée pour les migrateurs précoces. Ainsi, quand à la fin de juillet et à la rai- août, la Caille et le Martinet quittent nos villes et nos campa- gnes, peut-on vraiment objecter que le froid en est la cause? En réalité, le froid n'est pis plus la cause des migrations qu'il n'est la cause delà grippe chez l'homme. C'est tout au plus une cause occasionnelle, mais il y a autre chose qui joue le rôle de cause efficiente et déterminante (1). Les départs tardifs d'automne viennent encore à l'encontre de la doctrine du froid. J'ai vu moi-même un grand nombre d'Hirondelles, par un froid vif, le mardi i 0 octobre /^ /6, pendant la grande guerre, dans la portion nord-ouest du Pas-de-Calais, qui avoisine le Marquenterre, à quelques centaines de mètres des côtes de la Manche autour des villages de Verton et de Conchil-le-Temple. Mourgue et Crespin ont aussi vu des Hirondelles, le 23 no- (1) J'en excepte bien entendu tes migrations accidentelles qui, elles, peu- vent en effet' reconnaître une cause unique et rare, — froid on nourri- ture,— comme par exemple le fameux passage de Jaseurs de Bohême, observé chez nous en janvier 1914. fl est bien certain qu'on peut, dansée cas particulier, incriminer le froid rigoureux des grandes forêts du Nord. De m*me, c'est à tort qu'on a incriminé la r/face pour obliger les Diseaux d'eau à migrer, puisqu'il y a par les hivers doux, des aimées où les cours d'eau ne sont pas gelés et où cependant les migrations n'en per- sistent pas moins. DLS MIGRATIONS DES OISEAUX iOo vémbre 1891, à Nîmes, sur la promenade de la Fontaine, et Mourgue a même vu le 20 décembre 1909 un Martinet et trois Hirondelles. Je citerai de même le fait curieux, observé dans ma famille, d'un couple d'Hirondelles resté trois années de suite dans le même village etla même écurie, pendant trois hivers consécu- tifs et qui ne mourut que d'accident. Spallanzani dans son livre : Voyage dan's les Deux-Siciles, dont la traduction française a paru en 1800, cite des faits sem- blables : ^ Le 11 novembre 1791, il vit au-dessus de sa maison, à Paris, deux Hirondelles voler alors que le thermomètre marquait — 6"5 et que les deux nuits précédentes, il avait gelé à glace dans la campagne. De même, le 9 janvier 1785, il aperçut au même endroit une Hirondelle domestique voler avecmoins d'agilité, mais avec une température de — 2°5. Enfin, il cite encore le fait des Hirondelles prisonnières volontaires de l'église de la Madone délia Chiara, à Reggio, qui restèrent dans le temple jusqu'au milieu du mois de janvier, malgré le froid que rendaient plus vif des coupoles de verre et ne vivant que des Araignées ou des rares Insectes blottis dans les coins des corniches. Tous ces faits résumés ont frappé l'esprit de ce naturaliste qui conclut en disant : « que les Hirondelles domestiques ne sont pas aussi ennemies du froid qu'on le croit communément, en les voyant fuir nos climats pendant l'hiver et ne revenir qu'au printemps. Hs expliquent pourquoi celles qui arrivent au com- mencement de cette saison, et sont surprises par des retours de froid, ne s'éloignentpoint, pourvu toutefois que ce froid ne soit pas de longue durée ». Enfin, tout récemment, M. Jean Delacour, dans une bonne étude parue dans le n° 8, d'août 1917, du Bulletin de la Société Nationale d'Acclimatation de I^rance^d, montré non seulement la résistance de nos propres Oiseaux indigènes au froid de l'hiver, mais — et la valeur n'en est que plus grande — la résis- tance des Oiseaux exotiques pendant le rigoureux hiver de 1917, €ù, comme on le sait, la température oscilla entre — 5° et — 15° et oîi la glace des bassins dépassait 40 centimètres d'épais- seur. Ces observations ont la valeur de véritables expériences de d06 BULLETIN DK LA SOCIÉTÉ NATIONALK d'aCCLIMATATION laboratoire puisqu'il s'agit d'espèces nées même aux tropiques et qui cependant résistèrent à une température arctique pro- longée (1). L'argument est donc décisif contre la doctrine du froid invoquée comme facteur primordial des migrations puisque même les Aulruclies, les Nandous, les Emeus, les Perroquets et les Perruches, la plupart des Passereaux des îles ont résisté chez lui (dans la Somme), en volière ouverte, à des tempéra- tures extrêmes, ce qui lui a permis de conclure ainsi : « Il ressort donc de l'expérience de cet hiver 1917 que la résistance au froid des Oiseaux est surprenante et que des espèces originaires des pays tropicaux supportent aisément de basses température^. 11 faut dire que dans des volières ouvertes, dont certains côtés sont vitrés ou maçonnés et dont les toits grillagés étaient à moitié couverts de neige, il y avait toujours 2° à 3° de plus qu'en pleine campagne ; il n'en est pas moins vrai que les Oiseaux qui s'y trouvent ont supporté pendant bien des nuits — 12°. Quant à ceux des parcs, ils ont eu à subir — 15°. » II. — Aon-influence directe du manque de nourriture. La question des vivres ne peut jouer de même un rôle pré- pondérant et pour les raisons suivantes : 1° D'abord, en dehors des Oiseaux, il y a d'autres animaux qui restent dans nos contrées, or comment se fait-il que ce que les uns font, les autres ne puissent le faire? Le blocus économique, même en hiver, n'est pas total. Qui a dit au premier Oiseau migrateur qu'il n'aurait pas à manger à sa guise pendant les mois d'hiver? Si le fait eût réellement lieu, celui-là aurait succombé. Je ne sache pas qu'aucune de nos petites Mésanges arboricoles soit morte de faim pendant le rigoureux hiver de 1917, ce qui montre bien qu'il reste autant de larves en hiver que d'Insectes parfaits en été. 2° L absence temporaire de nourriture qui devrait les éloi- (1) M. Debreuil a rapporté de même sur l'Emeu, au cours du même hiver 191" et pendant les froids de — 18", des observations qui conservent toute leur force pour notre th«^orie. « Cet animal, malgré le froid, n'aban- donna pas ses œufs, et pondant deux nuis, continua à couver sans se Icjver et sans prendre aucune nourriture : cependant il ne mourut point. » DES MIGRATIONS DES OISEAUX 107 gner plus tôt de nos climats n'a pas plus d'action sur eux quand V heure de la migration n'a pas sonné. Témoins les Oiseaux q-ui, pendant les hivers rigoureux de 79-80 et 90-91, préférèrent mourir sur des mares gelées alors, dit Polhelet, « qu'à un millier de kilomètres plus au sud (10 à 12 heures de vol au plus) se trouvaient des étangs, dss marais non gelés où l'abondance régnait toujours ». Que diront devant ces faits les partisans de la théorie de l'instinct? De même, à propos des Martinets, le même auteur écrit : « Aujourd'hui ils crèvent de faim et de froid sur un angle de mur, n'ayant pas l'instinct de faire quelques centaines de kilo- mètres pour aller chercher soleil et nourriture. » Il y a exception cependant pour les Canards sauvages domes- tiqués qui peuvent ne pas émigrer quand ils rencontrent dans nos marais la nourriture copieuse qui leur est ofTerte par de grands éleveurs. Il est bien certain aussi qu'il y a des conlrées traversées plus favorables que d'autres comme pourvoyeuses en cours de route. Il y a même des terres déshéritées où TOiseau ne trouve rien, comme le rappelle ce vieux dicton espagnol que répètent les paysans voisins de l'Estramadure :« L'Alouette fait sa provision de grjiins pour traverser la Castille. » 3° D'ailleurs pourquoi ces Oiseaux ne cliangeraienl-ils pas leur genre de nourriture, comme le font la plupart des espèces animales, quand le besoin V exige ? M. Debreuil n'a-t-il pas vu en septembre le Pinson se régaler de Pucerons lanigères? N'y a-t-il pas des Oiseaux insectivores, comme le Troglo- dyte, le Roitelet et la Mésange à longue queue qui hivernent dans nos contrées? L'homme lui mêm€ n'était-il pas à l'origine des temps exclu- sivement frugivore? Quand il n'y a plus d'Insectes à croquer, il reste encore leurs larves et leurs vers, indépendammmenl des baies sauvages, en proportion variable et nos Oiseaux des grandes volières sont là pour prouver, que Vadaplitlon à une nourriture nou- velle est parfaitement compatible avec une vie normale. Le fait le plus remarquable à ce sujet est celui des Acrido- thères qui, d'après le comte d'Orfeuille, se nourrissaient d'abord des Sauterelles de l'île Bourbon et qui, après la disparition de 108 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION ces Acridiens, devinrent d'insectivores, baccivores et granivores pour, plus tard, poussés par la nécessité, devenir franchement cartiivores et s'attaquer aux petits des Pigeons qu'ils man- geaient. N'y a-t-il pas également des Poules carnivores et les recher- ches de Frédéric Houssaye n'ont-elles pas montré expéri- mentalement le passage de la Poule granivore à la Poule Carnivore? De mième, dans les forêts de Sibérie et du Japon vit un Geai à bec grêle qui se nourrit de baies peu résistantes du Pinus cimbra Siberica. iMais cet. arbre n'a de fruits que tous les -4 à 5 ans; or, dans les années intermédiaires, cet Oiseau émigré en Europe, surtout en France et en Angleterre où il vit d'Insectes alors que notre Geai indigène est frugivore. Son bec grêle n'ayant pas la force de briser les cônes de nos Pins autochtones, il a changé de régime. « C'est, dit Laloy, à qui j'emprunte ce fait, un des exemples les plus caractéristiques de l'influence réciproque des deux règnes organiques. » Le Pélican, exclusivement piscivore à l'état sauvage, ne de- vient-il pas omnivore en captivité ? Ne nourrit-on pas de chair hachée le petit Rossignol qui cependant, à l'état de nature, ne vit que d'Insectes et la Chouette carnassière ne mange-t-elle pas, à l'occasion, le Grand Paon de nuit? Les Molothrus de l'Amérique du Nord qui, autrefois, se nourrissaient des Insectes nombreux qu'ils trouvaient dans la toison des Bœufs et des Bisons, peuplant les régions éloignées des Etats-Unis, sont devenus maintenant, par nécessité, de purs granivores (1). D'ailleurs, on ne se doute pas de l'abondance de larves, de vermisseaux endormis et de chrysalides ou de cocons qui attendent sous Técorce le premier rayon de soleil du prin- temps et toute la prébende que renferme l'intérieur complè- tement creux de ces Saules indigènes qui bordent les fossés des campagnes et dont la tête, continuellement émondée. (1; Get'e loi de l'adaptation est générale : ne connaît-on pas l'histoire de ces Chevaux rapportée par M. Capitaine, qui mangeaient du papier et de la viande et celle des plantes carni,vores (les Droseras, les Nepenthès et les Sarracéniôes). DES MIGRATIONS DES OISEAUX 109 redonne toujours, à notre grand étonnement, des frondaisons toufTues. M. A.-L. Clément, dans son livre: La Destruction des Insectes, a bien montré d'ailleurs que beaucoup d'entre eux offrent une grande résistance aux plus grands froids ; il en est même, dit- il, qu'on peut congeler sans les faire périr. De plus, cet auteur rappelle le phénomène de la po^yem6r?/ome grâce auquel un seul œuf peut fournir plus d'une centaine de larves. Il y a donc, on le voit, même en hiver, une nourriture abon- dante pour certains migrateurs amateurs d'Insectes ou de leurs nymphes et on ne peut invoquer la pénurie d'Insectes, puisque leurs larves et leurs chrysalides sont là, même centuplées. Si Naumann a pu dire que la plupart des Oiseaux préfé- raient les Insectes à leurs œufs, cela tient à ce qu'ils n'ont que l'embarras du choix et préfèrent évidemment l'Insecte parfait, plus nutritif. 2° M. Plocq a publié dans la Revue d'Ornilholoyie d'avril 1917 des renseignements curieux sur la transformation de nourri- ture et les adaptations des Oiseaux à ce sujet pendant la grande guerre : « d'abord, écrit cet auteur, ce sont les débris cuits, jetés aux ordures pa:r les cuistots. Les Mésanges bleues et char- bonnières mangeaient la moelle des os (1), le pain et les pommes de terre ; les Longues-queues, le riz et le chou-rave; les Etourneaux et Pinsons d'Ardennes, la viande; les Merles, des nouilles ; les Sitelles, du riz ; les Bruants jaunes et les Pin- sons ordinaires, le pain. Les Litornes, après avoir mangé toutes les baies d'Aubépine et d'Eglantier, se rabattirent sur celles d'Asperges. Les Pinsons royaux, très abondants, ne mangent que les graines du Charme; quant aux Bouvreuils, très nombreux aussi, à mon grand étonnement, ils mangent toutes les graines des plus mauvaises herbes, comme celles de l'Ortie et celles d'une grande plante ressemblante l'Oseille sauvage, appelée Pronarle en Vendée et Parelle dans le centre de la France, qui est une vraie calamité pour les agriculteurs et qu'aucun autre Oiseau ne mange. Ces changements observés dans la nourriture et ces substi- (1) Ne retroave-t-on pas, d'une manière indirecte, l'instinct carnassier de ces petites bêtes qui excellent tant à percer le crâne de leurs rivales dans les volières ? 1 110 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION tutions d'une alimentation végétale à une autre animale ou réciproquement ont d'ailleurs été étudiés un peu dans tous les pays. Vernon [Variations in Animais and Plants, 295, 1903) cite à ce sujet les faits suivants : John Hunter a vu que, chez les Goélands nourris pendant un an avec des graines, l'estomac devenait plus dur et plus épais. Le D' Edmonston a vu de même qu'aux îles Shetland, le Goéland argenté se nourrit de Poissons l'hiver et de graines diverses ou de céréales l'été. Lesmêmesphénomènes du côté de l'estomac ont été o'oservés par Edmonston chez le Corbeau et par Ménétrier chez le Hibou, ainsi que par leD'' Holmgramchez les Pigeons qu'il nourrissait de viande : il y a donc une vraie transformation de l'estomac qui prend même chez les herbivores-nés tous les aspects d'un estomac de Carnivore. Il y a donc ici des phénomènes d'adaptation curieux qui seraient assez puissants pour empêcher uneespèce de s'éteindre si les circonstances extérieures modifiaient trop son genre de vie. 4° Pourquoi encore les Oiseaux en cage manifestent-ils leur besoin de partir àl'époque des migrations, alors qu'ils ont une nourriture abondante et riche qui semblerait combler tous leurs vœux et que même certains meurent dans leur prison à l'époque des passages? Gela ne prouve-t-il pas à l'évidence qu'il y a un principe supérieuràleur volonté ou à leurs caprices, — principe dont ils ne sont pas maîtres et qui, en secouant tout leur organisme de mouvements insolites, prouve que quelque chose de quasi mystérieux intervient dans les migra- tions, indépendamment de toute question de nourriture (1) ? o" De plus, pourquoi, si la nourriture est le but de leur lointains exodes, la plupart d'entre eux prolongent-ils leur voyage, alors que sur leur longue route ils ont rencontré de quoi subvenir à tous leurs besoins? Pourquoi, en un mot, la Caille, par exemple, émigre-t-elle jusqu'au cap de Bonne-espérance avec l'Hirondelle, le Mar- tinet et la Cigogne, alors que la prébende est bonne de l'Algérie au Centre-Africain ? (l)Les ('ailles en cage manifestent cette fièvre curieuse pendant environ un mois, surtout le suir, et sont agitées toute la nuit. DES MIGRATIONS DES OISEAUX 111 6° Enfin, que dire du même Oiseau qui nous quitte en pleine canicule, alors que la nourriture est largement assurée pour des semaines encore? On ne comprend plus, si l'on adopte cette explication seule de la nourriture, pourquoi l'Alouette et la Caille, ce Bécasseau de nos plaines, ainsi que le Loriot, nous quittent prématurément avec devant eux un marché bien achalandé, alors que leur cousine de guérets, la douce Perdrix grise, cependant plus grosse et plus vorace, reste chez nous tout l'hiver, après un canardage de plomb de plusieurs mois. De même Polhelet (Haute-Saône) écrit à propos des Tourte- relles : « Ce qui m'étonne, c'est leur départ précipité à une époque où il y a des graines en quantité, oii l'eau ne manque pas et oii les nuits sont encore chaudes. » Qu'on n'objecte pas que si les Oiseaux migrateurs fussent restés tous en hiver dans nos contrées, il y en aurait un grand nombre qui serait mort, faute de nourriture; cela peut être vrai en effet, mais il faut bien admettre aussi qu'avec les migrations un nombre au moins égal disparaît par les fatigues du voyage et surtout les massacres de tous genres. On cite à ce sujet des chiffres colossaux, surtout en terre du Midi. Or, si ces Oiseaux étaient restés dans nos climats, leur droit à la vie eût été plus âpre et il y aurait eu des luttes infinipent plus vives, de même que dans l'espèce humaine il y a — mode inversé de sélection et de concurrence vitale — des guerres affreuses, au cours de chaque siècle, qui ne reconnaissent — on le sait aujourd'hui — aucune raison de conquête, mais bien des raisons d'ordre exclusivement économique, commercial et industriel, c'est-à-dire d'ordre vital. Tous ces arguments ne plaident-il pas encore en faveur de cette merveilleuse théorie lamarckienne que notre pays s'enor- gueillit d'avoir produite ? La migration devient alors un fait nécessaire à l'évolution, un mode de sélection naturelle (1). Par contre, la nourriture, qui ne peut être un mode détermi- nant des migrations, semble exercer une certaine attraction pour quelques espèces et créer des migrations insolites, telles (1) M. Astor, dans l'Agriculteur, a de même bien montré que 80 p. 100 au moins des Abeilles qui périssent en hiver dans une colonie bien hivernée sont tuées par le froid. 1121 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION que celles du Martin-rose, du Faucon Kobez, du Bec-croisé du Nord, signalés déjà par Toussenel comme faisant de curieuses apparitions sans régularité dans les contrées de France où ils rencontrent leurs mets favoris (1). SUR QUELQUES PLANTES UTILES DU CHILI Par le R. P. COSTES. L'Algarrobo [Prosopis siliquastrum Gay.)- — Cet arbre croît , depuis Coquimbo jusqu'au fleuve Cachapoal. Dans les terrains secs et pierreux, il se développe lentement. Il acquiert, dans le& sols fertiles, la hauteur de 6 à 8 mètres. Ses feuilles sont bipen- nées, de 13 à 20 paires de folioles d'un vert tirant sur le jaune. La gousse est indéhiscente. Les semences sont enveloppées par une pulpe spongieuse et sucrée. Les animaux recherchent la gousse avec avidité pendant les mois de mai et de juin. Son bois, d'après quelques-uns, est incorruptible dans l'eau. Il est d'une couleur brun violacé; sa dureté est très grande, au point que les outils s'ébrèchent quand on le travaille. Il donne un très bon charbon; les branches fournissent un excellent combustible pour les fours de boulangerie. Les char- rons emploient le cœur de TAlgarrobo pour la fabrication des rais et des jantes. Les graines du Prosopis sont très estimées en médecine, dans les affections cardiaques, quand celles-ci, comme conséquence du manque d'équilibre dans la circulation, produisent des œdèmes. C'est à cause du tannin que contiennent les gousses que se produit cette action bienfaisante sur le patient. Le Molle {Lithrœa mollis Gay.). — Le Molle du Chili est un arbre touffu de cinq mètres de hauteur. Il ne doit pas être con- (1) Nous dounerons la contre-partie de cet article, c'est-à-dire une théorie explicative des migrations des Oiseaux, dans le livre auquel nous faisions allusion en commençant. I SUR QUELQUES PLANTES UTILES DU CQILI 113 fondu avec le Molle péruvien {Schinus Molle), qui a ses feuilles impaires pennées et ses folioles dentées, tandis que le Molle chi- lien a des feuilles entières, ou très légèrement dentées, glabres, d'un vert foncé dans la paptie supérieure, vert cendré et un peu duveté dans l'inférieure. Les fleurs sont petites, blanches, disposées en épis courts. La corolle comprend 4 pétales oblongs, concaves, renferme 8 étamines de longueurs différentes. Le fruit est une petite drupe de 4-.^ mm. de diamètre. L'épi- carpe est membraneux, violacé et fragile à l'état sec. Le méso- carpe est très réduit. Le noyau contient une seule semence. Le goût du fruit est très aromatique et très piquant. Autrefois, avant l'introduction de la Vigne, on faisait aveo les fruits une boisson fermentée appelée « Chicha de Molle ». Les propriétés thérapeutiques sont nombreuses. On fait des ncisions dans les troncs, pour obtenir une résine blanche, très estimée pour faire disparaître les taies des yeux ; avec elle, , on prépare des emplâtres, employés dans les campagnes pour les coups, les entorses et les rhumatismes musculaires. La décoction de son écorce sert à calmer les maladies nerveuses. Quelques-uns prétendent que ses propriétés balsamiques pourraient être d'une grande utilité dans les bronchites et dans les affections des voies urinaires. En charronnerie, on emploie son tronc comme moyeu de roue. Planté le long des cours d'eau, des rigoles, dans des terrains profonds, il devient un arbre touffu; ses branches s'étendent avec ampleur et conservent leurs feuilles. Le GuAYAGAN {Porliera hygrometrica R. et Pav.). — Arbuste de rameaux courts, alternes et noueux, de couleur' cendré. Les feuilles sont opposées et jouissent du mouvement de veille et de sommeil, même quand le temps est à la pluie. Les fleurs sont violacées, sur un pédoncule velu. Le fruit est une capsule divisée en loges profondes et séparées. Il croît dans les terrains sablonneux, ou mieux d'alluvion. II n'a pas besoin de beaucoup d'humidité. Le bois est fort dur, jaune clair ; le cœur est sillonné de veines d'un vert foncé. Il con- tient une grande quantité de résine, qui a les mêmes proprié- tés chimiques que le Guayacum officinale. On l'emploie comme emménagogue, stimulant, diaphorétique et balsamique. On le recommande dans les affections herpétiques, dans les rhuma- BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1918. — 10 114 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION tismes chroniques, affections de la poitrine, contre les coups- violents, contusions, et surtout dans les affections syphilitiques. L'industrie emploie le bois du « Guayacan » po^ur la fabrication de peignes, de cuillers, de couteaux, de coussinets, etc. L'Alcaparra {Cassia vernicosa Clos.). — Ce sont des arbustes communs dans les provinces centrales, très touffus, avec feuilles alternes, simplement pennées: les fleurs sont grandes, d'un beau jaune, quelques-unes avec une teinte légèrement rougeâtre; le calice est composé de cinq sépales inégaux; les pétales, alternes, sont au nombre de cinq, et les étamines, iné- gales, au nombre de dix; les fruits oblongs, pointus et petits. Le bois de ces arbustes est très dur, résistant, presque inat- taquable par l'humidité, ce qui le fait employer avec avantage comme échalas pour les Vignes. L'écorce et les fruits sont astringents et donnent un préci- pité noirâtre avec les sels de fer. Les gens de la campagne utilisent cette propriété dans la médecine domestique. Les feuilles de ces arbustes jouissent de la renommée d'être purgatives, et malgré leur action bien moins énergique que celle du Séné elles le remplacent parfois. Gay dit que la décoction des feuilles des Cassia vernicosa et stipulacea sert pour nettoyer la tête et la débarrasser des para- sites qu'elle abrite {Plantes médicinales du Chili, par le D' Adolphe Murillo). Depuis quelques années, j'ai remarqué que l'on plante des Cassia dans les jardins publics. Ces arbrisseaux se couvrent de belles fleurs jaunes qui peuvent durer plusieurs semaines. Ses feuilles pennées produisent un bel effet, à côté des Aristotelia Maqui et des Maijtenus Boaria, etc. Le Litre. — C'est un arbre toujours vert. Il atteint, dans les bons terrains, la hauteur de cinq à six mètres. Sur le flanc des montagnes rocheuses ou formées de terre glaise, il reste rabou- gri, et la tige croît parallèle au sol. Cette espèce est recherchée ; par les charrons, pour des jantes de voitures. Le bois est très dur. Dans plusieurs régions, on emploie le cœur comme soc de charrue, rayons de roue, etc. Le charbon est excellent. , Il est connu dans tout le pays comme dangereux. Sur certains tempéraments, l'ombre, la fumée, la feuille mouillée, la sève, produisent desi.-nflures (jui se transforment en pustule. D'après EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRKS 115 le D'' Ilerreak, les vésicules sont remplies d'une sérosilé citrine. La sérosité, mise au contact de Fair, devenue plus concrète, formait des croûtes jaunâtres. Le D"^ A Murillo dit : c Je crois que l'extrait, qui renferme le principe actif du « Litre », pourrait s'utiliser sous la forme du sparadap, pour déterminer les éruptions que nous obtenons au- jourd'hui avec le thapsia, dont la consommation est si grande. » Le « Litre » contient aussi une résine et une huile volatile. Personne ne s'est donné la peine de faire des recherches sur les propriétés du « Litre » depuis la mort du célèbre D'A. Murillo. Si quelqu'un désirait étudier cette essence, je me ferais un plaisir de lui procurer de l'écorce en sève et des feuilles récol- tées à diverses époques. EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES Par A MEUNISSIER. Suite (1). Pommes de terre. La Pomme de terre, par suite de sa floraison irrégulière et de sa grenaison qni Test encore plus, est un très mauvais matériel pour des croisements mendéliens. Cette planle a été cependant abon- damment étudiée à ce point de vue par SaJaman ; et les caractères suivants ont été reconnus dominants : anthères stériles, tubercules longs; yeux enfoncés, tubercules colorés (violet est dominant sur rouge et rouge sur jaune.) Au point de vue de la forme des tubercules, long étant dominant, les hétérozygotes peuvent être facilement reconnus en ce sens qu'ils donnent fréquemment, en mélange avec des tubercules longs, des oblongs et des franchement ronds. Une variété de la collection de Verrières, Zélande, est bien spéciale à ce point de vue. Salaman a également expérimenté avec une forme d'origine obscure et très vraisemblablement hybride, le S. etuberosum du jar- din botanique d'Edimbourg; cette variété qui, pendant près de vingt ans, était restée absolument stérile chez Sutton, donna quel- (1) Voir Bulletin^ février 1818, p. 43, et mars 1918, p. 81. 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION ques fruits eu Angleterre en 1906, 1907 et surtout en 1908. Cette fructification permit d'en faire l'étude au point de vue héréditaire et, contrairement aux observations faites chez les autres variétés de Pommes de terre, les caractères suivants se montrèrent domi- nants : yeux superficiels, tubercules ronds et non colorés. La résis- tance à la maladie fut récessive. A Verrièi'es, cette plante, reçue en 1907, donna un fruit en 1908 (année de grande fertilité en Angle- terre) et depuis n'a plus jamais fructifié. Dans la descendance de cette unique fructification, plusieurs plantes à tubercules panachés de violet ont été obtenues. Quelques croisements ont pu également être faits avec Solarium Commersoni. PLANTES DIVERSES Abies Vilmorini. — Bel hybride obtenu artificiellement à Ver- rières, en 1867, par Henry de Vilmorin entré A. Pinsapo etA.cepha- lonica. L'étude de la seconde génération a montré une dissociation évidente dans le feuillage. Certains individus retournent nettement à /'Abies Plnsapo, d'autres au cephalonica. Argcmone.. — Croisement entre A. mexicana à fleur jaune vif et A. platyceras à grande fleur blanche. Exemple d'une variation intense et inattendue en seconde génération, par suite de l'action de nombreux facteurs latents. La première génération était, en effet, à fleurs grandes et jaune pâle; en F^ une quantité de formes se sont montrées différant à la fois dans le coloris et la forme des fleurs, dans le feuillage, le port de la'plante, etc. Des types nouveaux sont apparus, les uns à fleurs doubles, les autres à fleurs « polycéphales », c'est-à-dire présentant la trans- formation plus ou moins complète des étamines en carpelles. Des plantes à fleurs de coloris chamoi&é ont été observées. Ces variations sont une preuve évidente que les parents employés différaient beaucoup plus qu'on ne le pensait dans leur constitution géné- tique. L'apparition de plantes <.< polycéphales « est curieuse, car elle n'avait jamais été signalée dans le genre Argemone; par contre elle est fréquente dans le genre voisin, Papaver. Digitalis. — Le croisement des deux espèces très distinctes : D. purpurea et D. grandiflora (à fleur jaune), réalisé à diverses reprises, a toujours donné des plantes stériles, sauf à Verrières où quelques graines ont pu être récoltées sur des plantes de première I r EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES 117 génération. Une F^ a pu ainsi être obtenue et étudiée par le D"" Hage- doorn, « La plante de F^ était intermédiaire d'aspect entre les parents. En F2 l'ensemble (56 plantes) formait un groupe un peu variable, mais se rapprochant plutôt de la plante de première génération. Une observation plus attentive a montré néanmoins une ségrégation parfaitement mendéjienne. En examinant, par exemple, les poils situés à la partie inférieure de la fleur, on a trouvé qu'il y avait environ un quart des plantes (15) glabres à cet endroit. La présence d'un autre facteur déterminait la division de ces poils en plusieurs cellules et un troisième facteur provoquait la production de glandes à l'extrémité de ces poils. • « Parmi les H plantes à poils anicellulaires, il y en avait 9 avec glandes et 2 sans glandes. Parmi les 30 plantes à poils multicellu- laires, il y eu avait 22 avec glandes et 8 qui en étaient dépour- vues. » ' Toutes ces plantes de seconde génération se sont montrées inva- riablement stériles et ont disparu peu à peu. Gladiolus. — Quelques croisements, parmi les nombreuses hybri- dations faites dans le genre Glaïeul à Verrières, ont permis l'étude de l'hérédité de divers caractères. Ainsi dans les croisements avec primulinus (espèce à fleur jaune pur récemment introduite) les caractères dominants sont : couleur jaune du primulinus (qui se superpose, lorsque c'est le cas, au coloris foncé de l'autre parent), fleur casquée et absence de macule. Cayeux a obtenu dans ses croi- sements des résultats identiques. Le caractère « stries » de ïhybridus aspersus (fines stries sur le dehors des pétales) apparaît sur environ 50 p. 100 des plantes du croisement avec une variété non striée. Cette plante, dont l'origine est obscure, est donc bien hybride à ce point de vue. Dans les croisements des diverses variétés de Lemoinei avec la série des glaïeuls hâtifs •.<■ cardinalis Reine Wilhelmine » et autres, la précocité est dominante . Juglans Vilmoriniana. — Comme VAbies Vilmorini, c'est un des hybrides bien connus de Verrières entre Juglans regia et J. nigra qui avait été annoncé comme se reproduisant identique à lui-même ; mais il suit la règle commune et certains individus de seconde géné- ration présentent une dissociation évidente, se rapprochant plus de l'un ou de l'autre parent que la plante de F^. Nicotiana. — Les croisements bien connus de Naudin, entre diverses espèces de Nicotiana, ont été reprisa Verrières. Dans chaque cas les plantes obtenues ont été intermédiaires entre les parents. 118 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Malheureusement les individus étaient annuels et stériles et la seconde génération n'a pu être suivie. Ce sont les croisements : N. Tabaciim var. fruticosa X N. quadrivalvis var. multivalvis ; ]S. Tabacum var. sanguinea yC N. glutinosa; N. af finis y( N. longiflora; N. quadrivalvis var. multivalvis X ^^- glutinosa ; N. paniculata X ■^' glutinosa. Pétunia. — On sait que les variétés de Pétunia à fleurs doubles ne donnent pas de graines par suite de la transformation des carpelles. Pour obtenir commercialement la reproduction de ces variétés, il est nécessaire de leur prendre du pollen pour féconder des plantes à fleurs simples de même race. On obtient, en procédant ainsi, environ 50 p. 100 de plantes à fleurs doubles, ce qui est l'indice du croisement d'un hétérozygote avec un récessif; mais il y a par- fois, comme dans les expériences de Miss Saunders, des doubles ou des simples en excès. En 1910 une plante à fleur double grainant fut Irouvé.e à Verrières et immédiatement suivie. Des graines de cette plante furent envoyées à Miss Saunders qui put en étudier la descendance en com- paraison avec une race de même nature obtenue en Californie. Les premiers résultais, qui semblent indiquer pas mal de complexité dans l'hérédité de cette duplicature, viennent d'être publiés (1). On a également étudié à Verrières la couleur du pollen qui peut être jaune ou bleu suivant les variétés. Il n'y a aucune corrélation avec la couleur des pétales ; pollen bleu paraît dominant, mais le cas est de nature complexe et il y a des intermédiaires. A signaler aussi, d'après Lotsy, la redécouverte à Verrières du P. violacea type, disparu des cultures depuis de longues années. Cette plante croisée par Lotsy avec P. nyctaginiflora a redonné en Fjj, et en grand nombre, des individus avec fleurs bordées de vert, qui avaient été signalés dans les croisements avec P. nyctaginiflora, peu après l'introduction du P. violacea dans les cultures, vers 1830. Primula. — De nombreux croisements ont été faits à Verrières entre iiverses races de Primevères et notamment avec les nouvelles espèces introduites de Chine dans ces récentes années. Le caractère « caiycanthème », c'est-à-dire le redoublement de la corolle, a été étudié dans le croisement du P. acaulis par la forme à . double corolle, du P. grandiflora. Il y a, en F, une calycanthémie imparfaite ; ce qui confirme les observations de Correns sur les Campanules et les Mimulus à fleurs calycanthèmes. (1) E. R. SauQier-i. The rcsults of furlher breeding experiments with Pétunia. American Naluruli.il, septembre 1&16. EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES 119 Saponaria. -- Exemple de la production expérimentale de formes horticoles nouvelles. Verrières avait reçu en 1902, de M. G. de Lépi- nay, amateur d'horticulture à MorioUes (Corrèze), une forme à Heur blanche du Saponaria ocymoldes trouvée par lui à l'état spontané. Cette plante était à petite fleur et stérile; pensant que cette stérilité était due à un défaut de pollinisation, elle fut plantée en 1907 à proxi- mité du S. ocymoldes splen-iens (forme à grande fleur rose) dans le but d'obtenir une fécondation croisée, te résultat fut atteint et les graines récoltées donnèrent des plantes en tout semblables à la forme splendens. En seconde génération sur 8 plajites, 1 était à fleurs blanches, o ou 6 à fleurs roses et 1 ou 2 portaient des fleurs qui, blanches en s'épanouissant, devenaient roses par la suite; forme nouvelle qui fut fixée et à laquelle on donna le nom de S. ocymoldes versicolor. D'autre part, une forme à grande fleur blanche et fertile fut également fixée, ce qui était le but de l'expérience. Pour étudier le nombre des facteurs en jeu et leur relation et aussi la question de fertilité, de nouvelles expériences furent entre- prises ; mais les chiffres recueillis ont été trop faibles pour pouvoir établir des proportions. Thladlantha. — Un hybride a été obtenu à Verrières en 1907 entre T. dubla (femelle), plante ancienne des cultures et T. Ollveri, plante de Chine, introduite par M. Maurice de Vilmorin et dont la forme mâle seule est connue. La plante de première génération est inter- médiaire entre les parents pour la plupart de ses caractères, et la seconde génération montre la dissociation habituelle. Ces plantes, extrêmement traçantes, se prêtent malheureusemeut peu, par suite de l'entremèlement des pieds, à une étude appro- fondie des facteurs héréditaires. Il y a impossibilité à peu près com- plète à cultiver un grand nombi-e de plantes. Il pourrait cependant y avoir, comme dans le cas de Bryones', étudié par Correns, d'intéres- santes constatations à faire au point de vue de l'hérédité du sexe. Une expérience intéressante, quoique non rigoureusement scien- tifique, a pu cependant être faite. En refécondant à nouveau les individus obtenus, puis à trois reprises différentes les résultats des fécondations successives par du pollen de T. Oliveri, on est parvenu à reconstituer pratiquement la forme femelle de cette espèce qui n'avait pas été introduite. ANIMAUX Animaux. — Les expériences les plus importantes ont été faites sur les Chiens (lig. 7), et le caractère surtout étudié a été le carac- tère : absence de queue ou queue courte qui est la particularité de .120 BLLLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION certaines races. Les types suivants ont été expérimentés : Chiens sans queue (anoures) : braque bourbonnais, berger hongrois, ship- perke; Chiens à courte queue (brachyures) : braque d'Auvergne à queue courte, braque allemand, épagneul breton. L'expérience fut commencée en 1911 et les résultats ont été com- muniqués à l'Académie des Sciences, en décembre 1913. Sur 100 jeunes résultant de l'accouplement de Chiens anoures ou bra- FiG. 7. — Vue du chenil de Verrières. chyures avec des individus normaux, il y en eut 52 avec queue et 48 sans queue ou à courte queue, proportion sensiblement mendé- lienne qu'on rencontre dans le croisement d'un récessif avec un hétérozygote. Le caractère semble donc être dû à la présence d'un facteur qui empêche ou restreint le développement des vertèbres caudales. A nouveau, comme dans le cas des Blés nains étudié à Verrières et celui des Souris jaunes de Cuéiiot, on ne rencontre pas de dominants purs ; combinaison qui, vraisemblablement, n'est pas viable. Tous les individus sans queue ou à queue courte sont hété- rozygotes pour ce caractère. La relation des caractères anoure et brachyure n'a pas été complètement étudiée. EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES 121 Une Louve avait été également élevée dans le but de servir à des croisements avec Chiens; elle est malheureusement morte avant d'avoir pu être utilisée. Il aurait cependant été fort intéressant de voir, avec la ségrégation mendélienne en F,, comment se compor- tent, dans les croisements avec un type aussi distinct, les différents caractères dominants chez le Chien, notamment l'absence de queue. Des croisements avec Renards, à l'aide de la fécondation artifi- cielle (procédé du D"" Iwanofî), furent aussi tentés sans succès. Les autres caractères étudiés à Verrières chez le Cbien sont : la longueur des pattes — pattes courtes est récessif et un individu avec ce caractère est réapparu dans la seconde génération d'un croisement — la couleur noire de la langue du Chien chinois, chow-chow, l'hétérozygote, intermédiaire à ce point de vue, est à langue fortement panachée de noir. Quelques animaux de seconde génération ont été obtenus, mais en trop petit nombre et inju- geables; la fécondité paraît d'ailleurs restreinte. Le croisement avait été fait avec une Chienne colley et il en est résulté des animaux de toute beauté. La même hybridation avec chow-chow a été également réalisée par le D'' Lotsy à Haarlem, qui a bien voulu confier au chenil de Verrières, pour la suite de l'expérience, les produits de première génération. Des croisements avec un Sanglier mâle reçu d'Autriche furent également entrepris avec des Truies noire (race Berkshire) et blanche (race craonnaise) afin d'étudier l'hérédité de la couleur de la robe en seconde génération. On a malheureusement été obligé de se défaire de l'animal, devenu féroce, avant d'avoir pu obtenir des résultats positifs. On sait que Simpson, aux Etats-Unis, a fait à ce sujet des observations fort intéressantes. Pour les Chiens, il faut citer les expériences de Lang (1910). La guerre a malheureusement interrompu la plupart de ces recherches sur les animaux. Enfin, pendant le séjour du D'' Hagedoorn à Verrières, un impor- tant élevage de Rats fut entrepris et tous les caractères, notamment ceux de coloration, purent être abondamment étudiés. Le Rat, par suite de sa multiplication rapide et de son élevage facile, est un excellent matériel pour des études mendéliennes. (A suivre.) I EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ SEANCE GENERALE DU 17 DECEMBRE 1917 Présidence de M. D. Bois, Vice-Président. Le procès-verbal delà précédente séance générale est lu et adopté. A ce propos, M. le Président signale que les nodosités pré- sentées à la dernière séance sur des racines d'Albizzia lophania sont tellement énormes qu'il est vraisemblable d'admettre autre chose que des bactéries nitrificatrices. Il suppose qu'il doit y avoir également là une concentration de micro-orga- nisme comme des Ânguillules. GÉNÉRALITÉS. — NOUVELLES. Nous avons le regret d'apprendre la mort de M. Georges de Frézals, agent consulaire de France à Rome, décédé dans cette ville le 21 novembre 1917. Il était membre à vie de notre Société. Des remerciements sont adressés à M°"^ de Warren, héritière de M. Magaud d'Aubusson, qui a bien voulu se dessaisir, en faveur de la Société, d'une partie de la bibliothèque de notre regretté collègue, contenant de nombreux ouvrages généraux sur les sciences naturelles, sur l'Ornithologie en particulier. M. Loyer donne lecture d'une note de M. G. Babault relati- vement aux effets du froid sur les animaux exotiques pendant l'hiver 1916-1917. ^jmo Delacour offre à la Société un ameublement de bureau ayant appartenu à son mari. Ce don est accueilli avec recon- naissance. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 123 M. André des Gâchons fait une communication très inté- ressante sur la météorologie mise à la portée de tous. L'au- teur, avec une inlassable patience, a réuni, depuis plusieurs années^ un grand nombre de diagrammes barométriques et thermométriques, et une collection unique d'aquarelles repré- sentant l'état du ciel, chaque jour, à l'heure du lever, du cou- cher du soleil, et dans la journée, quand cela était nécessaire. De ces précieux documents, il a pu tirer quelques conclusions qu'il énonce sous forme de lois, et dont les principales sont les suivantes : Quand le baromètre baisse et que le thermomètre monte en même temps, on va vers la pluie, et cela d'autant plus vite et sûrement que les mouvements du baromètre et du ther- momètre sont plus accentués. Quand le baromètre monte et que le thermomètre baisse, c'est le contraire qui se produit, etc. M. A. des Gâchons a réuni, dans sa communication, qu'on trouverai in extenso au Bulletin, un certain nombre de conseils sur l'établissement pratique et peu coûteux d'un petit poste météorologique, que chacun peut établir à sa guise aux alen- tours de son logis. M. L. Capitaine fait ressortir le très grand intérêt pratique de la communication de M. des Gâchons. Il signale, en particulier, que si tous les instituteurs des communes de France installaient à la porte de leur école un semblable petit poste météorolo- gique, il serait aisé de réunir à peu de frais des indications très précises sur la météorologie générale de la France entière, et de tirer de ces précieux documents des indications fort intéressantes. M. de Guerne approuve pleinement cette idée et ajoute que cela lui rappelle les travaux météorologi(iues que les Jésuites avaient faits en Extrême-Orient, et notamment leurs observa- tions nombreuses sur les typhons. Grâce aux renseignements qu'il avait pu recueillir avant son départ duTonkin, le comman- dant du vaisseau sur lequel avait pris passage M. de Guerne, à son retour, put éviter de graves dangers en traversant l'océan Indien. M. Ch. Rivière demande ensuite à tous nos collègues de France ou des colonies, de faire des observations de même nature sur les phénomènes météorologiques qui sont contraires à la végétation ou à la reproduction des animaux. Il ajoute que la température est très intéressante à connaître, très près du sol. Il cite un cas fréquent en Algérie : alors qu'à 1™30 du sol i 124 BULLETIN DE LA'SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION on enregistre +5°, il esl fréquent qu'à 5 centimètres on enre- o-istre —4°. Cela explique des phénomènes, sur l'apparition desquels'on resterait, sans cela, très perplexe. En outre, il faut aussi envisager la durée du phénomène, ainsi que la brusquerie ou la lenteur de son apparition et de sa disparition. Il faut donc réunir, des points les plus divers, des observations suivies, et faites toutes, comme le demande M. des Gâchons, avec la même méthode et les mêmes instruments. On peut adjoindre à la méthode de M. des Gâchons d'autres observations complémen- taires, telles que celles du thermomètre-fronde, de l'actinomètre, de la température à diverses hauteurs au-dessus du sol, de la température du sol à sa surface et à diverses profondeurs. De cet ensemble^d'observations de météorologie dynamique et sta- tique on pourra déduire l'explication de phénomènes, restés jusqu'ici incompris et méconnus. M. Paul Kestner demande si l'on a fait des observations hygrométriques, M. des Gâchons répond que pour l'établisse- ment d'un poste simple, cela n'a pas une très grande impor- tance. Que si l'on imposait des études d'hygrométrie, d'ané- mométrie, de pluviométrie, on risquerait, par une trop grande complication, d'anéantir toutes les bonnes volontés, qui au contraire pourront être séduites par la simplicité et le côté très pratique de sa méthode. Mammalogie. M. Brunot nous écrit de Chagny(Saône-et-Loire) qu'il a réussi à capturer des sangliers. au piège. « Après avoir longtemps nié, nous dit-il, que le Sanglier puisse être pm au piège, l'Adminis- tration a consenti à reconnaître qu'on en prenait tout de même, et à instituer des primes pour la destruction de ces pachydermes, même pris au piège. J'en ai immédiatement profité. Un de mes fermiers m'ayant avisé de la visite de sangliers dans un de ses champs de maïs, je lui fis récolter ses épis, à l'exception d'une trentaine de pieds, laissés comme appâts, et je tendis deux pièges, le 30 septembre au soir. Le l'^'' octobre, un sanglier de 31 kilogrammes environ était pris. Le piège ayant brisé l'os de la patte, la bête put se réfugier dans un buisson voisin, où elle fut achevée d'un coup de fusil. Depui*;, j'ai pu prendre onze r EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ l2o sangliers avec mes pièges (1). A défaut de maïs, il faut utiliser, comme appât, des fils de coton, parfumés par un séjour dans un flacon de truffes. Le piège est disposé de façon que les pas- sants lisent facilement un écriteau qui les avertit du danger, tandis que les sangliers, alléchés par l'odeur, s'avancent et se font prendre. M. Pierre Crepin fait une communication sur le Fennec. L'auteur présente ce petit animal vivant à l'assistance, et vante ses nomi)reux avantages sur le Chat, comme sociabilité, comme propreté, pour lâchasse aux rongeurs, etc. La communication très littéraire de M. P. Crepin sera insérée in extenso au Bul- letin. M. Ch. Rivière rappelle que pour domestiquer cet animal, il faut le prendre très jeune, sans quoi il reste sauvage. C'est du côté de l'Egypte, maintenant, qu'il faudrait chasser, pour ris- quer de rencontrer ce petit Mammifère, devenu très rare en Algérie. Cet animal fait la guerre aux Gerboises, ajoute M. Mailles. Ornithologie. M. Labbe nous écrit de Tunis (11 décembre 1917) : « Traver- sant en barque le lac de Tunis pour me rendre à la Goulelte, j'ai vu une quantité considérable d'Oiseaux d'eau, nullement intimidés, parmi lesquels j'ai remarqué : Foulques (en grande quantité). Sarcelles, Canards, Chevaliers Gambettes, Hérons, Courlis, Bécasseaux, Goélands (plusieurs variétés). J'ai eu le plaisir, également, de voir de splendides Aigrettes garzetles, d'un blanc de neige éblouissant. M. Rollinat nous envoie d'Argenton-sur-Creuse plusieurs notes intéressantes, qu'on trouvera à la Chronique ou à la Cor- respondance. L'une d'elles, qui pourra prendre pour titre : Les oiseaux ont-ils un moral'? nous fait connaître de curieux phéno- mènes de ponte, chez des Étourneaux et des Faucons. M. Pierre Crepin signale une Poule dorking qui avait une cicatrice sur le dessus de la tête. Cette poule a pondu et les (1) « J'ajoute, dit M. Brunot, qu'il faut éviter l'usage du piège à arêtes vives, trop coupantes. J'emploie le n" 6.402 du Catalogue de la Manufac- ture française d'xVrmes et Cycles de Saint-Étienne, dénommé piège à gros fauves. Ses mâchoires sont à crans demi-ronds. Il me donne de bons résultats. » 12t> BULLETIN Dlî LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION petits qui sont nés avaient, au nmoins quelques-unS; la même cicatrice sur la tête. Quelqu'un de nos collègues connaît-il ce phénomène? Aquiculture. — Reptiles. M. le professeur Louis Roule fait une communication sur « rélevage de la Carpe-cuir et du Black-bass, en Sologne ». En novembre dernier, l'auteur a visité une propriété qui com- prend de nombreux étangs et où la Carpe-cuir, depuis une dizaine d'années, s'est parfaitement acclimatée. Quant au Black-bass, importé jadis des États-Unis dans la haute Italie? il s'agissait de savoir s'il pourrait se reproduire en Sologne, région froide pendant la mauvaise saison, et dans des étangs exposés aux intempéries et aux animaux déprédateurs. L'expé- rience a parfaitement bien réussi, et la ponte et l'alevinage du Black-bass sont réalisés avec succès. A propos de cette communication, M. de Guerne rappelle qu'un de nos collègues, M. Liiling, avait déjà essayé l'accli- matation de la Carpe-cuir à Joncheries, mais il n'avait pas d'eaux assez chaudes pour la reproduction. 11 confirme l'excellence de la chair de ce poisson, mais les cuisinières, bien souvent, répugnent à l'employer, car elles s'imaginent, à l'aspect inattendu de sa peau nue, que ces animaux ont une maladie de peau. M. le professeur Roule répond qu'on trouve maintenant des Carpes-cuir sur le marché, mais que leur prix est encore très élevé (10 francs le kilogramme). M. Debreuil signale que, dès 1904, notre collègue, M. Edgar Roger, avait obtenu la reproduction du Black-bass, à Nandy (Seine-et-Marne) (1). En 1915, on constata la présence de très nombreux alevins chez notre collègue, M'"^ la marquise de Ganay, à Courance (Seine-et-Oise), dans le « Miroir », grande pièce d'eau peu profonde et très ensoleillée en face du château. On avait d'abord remarqué au milieu des plantes aquatiques (Characées) des sortes de tunnels semblables à des passages de Rats; puis on vit des mâles Black-bass monter une garde vigilante autour de leur nid. Les Poissons de Courance provenaient, eux aussi, de la haute Italie. (1) Voir Bulletin, année 1906, page 171. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 127 Mais comme la pièce d'eau dénommée miroir se vide diffici- lement et n'est point aménagée pour la pisciculture, il est possible qu'au milieu des Characées, les petits n'aient pas pu trouver une nourriture appropriée, et aussi qu'ils aient servi de pâture aux adultes. M. de Scey demande s'il s'agit du Black-bass à grande bouche. Oui, répond M. Roule; c'est le Micropterus salmoides ou Perche fruitée qui est envisagé ici, car le Micropterus Dolo- mieui ou Black-bass à petite bouche est moins facile à élever. M. Debreuil dit que pour ces Poissons, il faut des eaux assez chaudes, pour qu'ils puissent se reproduire. M. Loyer connaît des sources dont la température est à peu près constante d'un bout à l'autre de l'année, ne variant que de 4- 7° en hiver à-}- 15° en été. Ces eaux sont excel- lentes pour les Salmonidés, répond M. Roule, mais pas pour les Carpidés. Ces derniers passent Thiver en léthargie, sans prendre aucune nourriture, mais quand arrive la belle sai- son, il leur faut une alimentation très abondante et substan- tielle, et une eau qui atteigne au .moins -{- 20°, faute de quoi la reproduction est impossible. C'est parce que cela est réalisé en Sologne, dans les étangs dont il vient d'être question, que l'élevage de la Carpe-cuir a si bien réussi. M. Mailles demande si en Sologne on pratique Talimenta- tion des Poissons, comme en Allemagne, avec des eaux usées. Ici, répond M. le professeur Roule, onles nourrit avec du Lupin, quand on en a, ou du Maïs cru et concassé, pendant les quelques mois de chaleur durant lesquels la Carpe mange tant qu'elle peut. A défaut de Maïs on pourrait essayer l'emploi des Faînes. EIntomûlogie. — Invertébrés. A propos de Sauterelles, M. Goffart, de Tanger, confirme qu'il s'agit bien du Schislocerca peregrina, dans la remarque qu'il a faite récemment. Il ajoute que l'agent de l'Administra- tion des travaux publics de Tanger, chargé de la destruction des Criquets, résume ainsi son rapport : Premier vol de Sauterelles 15 mai 1917 Disparition des Sauterelles 9 juin — Première éclosioa 9 juin — Deuxième éclosion 22 juin — Disparition des criquets 23 juin — 128 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION donc tous les Criquets éclos le 22 juin avaient disparu le 25, trois jours après — laps de temps notoirement insuffisant, pour que les diverses transformations soient opérées. Botanique. M. GoflFart a envoyé à M. Bois un lot de bulbes d'Iris tingitana ; ce bulbe, d'après lui, pourrait être employé dans l'alimentation. Mais M. Hassenfratz, chimiste au Muséum, ayant fait l'analyse de ces bulbes, conclut, de son étude, à l'inutilité de leur emploi. Les bulbes d'Iris contiennent 67,76 p. 100 d'eau et 2,22 p. 100 de matières cellulosiques. Il reste donc environ 30 p. 100 de matières solubles dans les agents chimiques. Il est certain que ces 30 p. 100 de produits ne sont pas extrêmement assimi- lables. La proportion exacte des matières nutritives ne pourrait être fixée que par des essais physiologiques. Il est probable que 2.^ p. 100 du poids total des bulbes au maximum pourraient être utilisés par l'organisme. Le Secrétaire des séances, Louis Capitaine. Ordres du jour des séances générales POUR LE mois de MAI 1918. Lundi, 6 mai, à 3 heures. — M. le professeur Roule : L'élevage de la Carpe. Lundi, 27 mai, à 3 heures. — M. Léon Diguet : La Culture de l'Huître perlière da.ns le golfe de Californie. Lundi, 27 mai, à 5 heures : Sous-segtion d'Ornithologie (Ligue pour la protection des Oiseaux). M. le D^' AsTLEY : Mes Aigrettes. Tous les membres de la Société sont priés d'assister aux Séances générales, qui ont lieu deux fois par moiSy au Siège social, 198, boulevard Saint-Germain. Sur demande, les Ordres du Jour sont adressés mensuelle- ment. Le Gérant : A. Maretheux. Paris. — L. Marktheux, imprimeur, t, rue Cassette. EN DISTRIBUTION Graines d'Acacia offertes par M. J. GOFFART, de Tanger. Acacia acanthocarpa "Willd. = Mimosa ac. Poir. À. aneura F. Muell. .4. armata R. Br. A. Baylei/ana F. Muell. A buxifolia A. Cunn. A. caiamifoUa Sweet. A. cornigera Willd. := A. spadi- cigera Ch. et Schl. = A. sphae- rocephala Ch. et Schl. A. cyanophylla Lindl. A. Cyclops A. Cunn. A. dealbata Link. A. Dieti ichiana F. Muell. A. Donkelarii (?) A. falcata Willd. A. Farnesiima Willd. A. ylaucescens Willd. A. homalovhylta A. Cunn. A. juniperina Willd. A. leptoclada A. Cunn. A Hnifolia Willd. A. longifolia Willd. A. macradfiniii BLh. A. riiyriifolia Willd. A. neriifolia A. Cunn. (type, var. à grandes feulles, var. pen- dants). A. prominens A. Cunn. A. pruinosa A. Cunn. A. pycnantha Bth. (forme peu dante). A. saligna Wendl. A. spadicigera Ch. et Schl. cornigera Willd.) A. spectabiiis A. Cunn. A. sphaerocephala Ch. et (v. A. cornigera Willd.) A. stenophi/Ua A. Cunn. A. stricta Willd. A. trii'Crvis Desv. (habitat connu '?) A. veriicillaia Willd. {type var.) (V. A. Sch. et Graines offertes par M.MOREL. Alniis iyicana laciniata. Araucaria inibricata. Anémones de Caen. Cedriis Libani. Doroniciim plantagineum . Lythrum atropurpureum. Graines offertes par le R. NATHANAEL COSTES, Santiago (Chili). Acacia Cavenia. Araucaria brâsiliensis. Bel Iota Miersii. Boldoa fragrans. Cassia vernicosa. P. de Cryptocarya Pevmiis (Peumo à fruits rouges). Edwardsia sp. ? Escallonia illimita. Lilhrxa mollis. — venenosa. Phaseolns sp. Porliera hygromelrica . Prosopia siliquastrum. Graines offertes par le frère APPOLLINAIRE, de Santa Fé de Bogota (Colombie). Acacia heterophylla. Graines offertes par le D' G. H. PEREZ,deTénérife{Canaries). Tecoma Brycei. Graines offertes par M. HENRY, Coreopsis polycephala Drake des Iles Marquises (Plante très rare). Graines offertes par M. DE CHAPEL. Luffa (Courge éponge). Medeola. Aspergula plumosa. Lathyrus silvestris. S'adresser au Secrétariat. OFFRES. DEMANDES. ANNONCES OFFRES Poissons exotiques. Plantes aquatiques. M. LEFEBVRE, 53, rue de Saint-Quentin, Nogent- sur-Marne (Seine). Poissons d'étangs, espèces nouvelles, ou peu ré- pandues, ou améliorées. M. DODE, à Sorbier, par Jaligny (Allier). Désirant augmenter collection d'Acacias, j'échan- gerai graines d'espèces rares et demande qu'on me signale où je puis me les procurer. M. GOFFART, villa Mahadi, à Tanger (Maroc). Co. Nandous gris. Co. Grues antigènes. Co. Chèvres naines du Sénégal. Mâlo Renard. Mâle Renard du Bengale. 2 mâles Oppossum, superbes. 1 Mangouste (Heperstes paludosus). Co. Cervus Eldi. M. BABAULT, 10, rue Camille-Perier, Chaton (Seine-et-Oise). Chevreaux et Chevrettes nubio-alpins, grandes oreilles tombantes, physionomie particulière . Beaux animaux sélectionnés pour grosse pro- uuction laitière. M. BOUGHACOURT, domaine des Thinons, par Sologny (Saône-et-Loire). Serre adossée démontable, panneaux fer et vitres, 500 fr. S'adresser au Siège de la Société. DEMANDES Petit Cacatoès à huppe jaune (C. sulfurea), fe- melle de préférence, Cacatoès de Leadbeater (C Leadbeateri) et Grand Cacatoès à huppe rouge (C. moluccensis), Perroquet à collerette (D. accipitrinus) acclimatés. M. G. DE SOUTHOFF, 13, via S. Spirito, à Flo- rence (lialie). Prière fournir renseignement ou, à prix modérés, des poulets des races suivantes : Phénix du Japon (et des nains des mêmes races); Suma- tra; Sultana; Nègre-soie; Combattants nains D^ CANNARSA, Termoli (Italia). Grues cendrées ou de Numidie. M°"e DULIGNIERv à Saint-Gérand-le-Fuy (Al- lier). Jeune Chienne de garde, dressée; envoyer offre avec photo si possible. M. DE GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. SOCIÉTÉ NâTIONilE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir : 1» à riiitroductioD, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2» au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3» à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles ou d'ornement. Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dames peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis- sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, Sociétés commerciales, etc.). La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres Donateurs, membres Bienfaiteurs. Le membre Titulaire est celui qui paie uu droit d'entrée de 10 francs et une cotisation annuelle de 25 francs. Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s'affran- chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. Le membre Donateur est lui qui verse une somme d'au moins 500 francs. Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 francs; son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses.J Ces réconipensep sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo-^ riques que prati ues, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. 1 En outre de ' Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner, amical annuei, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois des séances spéciales de Sections : 1° Mammalogie; 'Z° Ornithologie et sa sous-section. Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Entomologie; 5° Botanique, et 6° Colonisation. Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour men- suels leur sont régulièrement adressés sur leur demande. La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et de Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- maux à ses membres. Le Bulletin bimensuel forme, chaque année, un volume d'environ 800 pages illustrées de gravures. 11 traite des questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particulièrement des faits d'acclimatation survenus en France et à l'Etranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'histoire naturelle i installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), elc, etc;" La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- téressé ; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce ; adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. Le Gérant : A. Marbthkcx. Paris. — L. Ma.rrtheux, imprimeur, 1, rue Cassette. «»*w BULLETIN 531 -M 591-52 DE LA MM Nationaie d'AeelimatatiOD DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) q 65« ANNÉB N° 5. - MAI 1918 SOMMAIRE Pages D. Bois. — Maurice Lévêque de Vilmorin 129 Actes delà Société pendant la guebre ' 133 A. Meunissier. — Expériences génétiques faites à Verrières (suite) 134 Extraits des procès-verbaux des Séances de la Société. Séance générale du 14 janvier 1918 13g Séance générale du î21 janvier 1918 I43 Séance générale du 4 février 1918 '. . . iib Extraits de la Correspondance . X. Raspail. — A propos de la nourriture de la Taupe I49 A. RoLLiNAT. — Les Oiseaux ont-ils un moral? 151 A. Cligny. — Sur l'élevage de la Truite de nier I53 D' G.-V. Ferez. — Note sur les Echium ' ". 154 D' Robertson-Proschowsky. — A propos du froid sur la Côte d'Azur 155 Chronique générale et faits divers 15g Un numéro, 2 francs : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. AU SIEGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION DE FRANCE 198, BOULEVARD SAINT- GERMAIN, PARIS (Vn«). BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 Président, M. Edmond Pkrribr, Membre de l'Institut et de l'Acaaémie do Médecine, Directeur d:u i) Muséum d'Histoire naturelle, Paris. f MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. Professeur à l'Ecole j coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). ; Vice-Prétident ■ \ I Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Lb Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Etranger). H. Hua, Directeur adjoint & l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Sainte Secrétaire*. { Germain, Paris (Conseil). L. Capitaine, 48, boulevard Raspail (Séances). j Ch. Dbbreuil, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). î Trésorier, M. le D' Skbillottb, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. "| Archiviste-Bibliothécaire, M. Caucurte, Moulin de la Madeleine, à Samois (Seine-et-Marne). | Membres du Conseil I M. A. Chappellier, 6, place Saint-Michel, Paris. "WuiRiON, 101, rue Sadi-Garnot, PuteauY. AcHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. D' P. Marchal, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 89, rue dw Cherche-Midi, Paris. D' Lbprince, 62, rue de la Tour, Paris. Mailles, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine) D' E. Trouessart, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Lecomte, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. Crepin, 18, rue Lhomond, Paris. [Pendant l'année 1918, les Séances hebdomadaires des Sections ;8ont remplacées par des Séances Générales bimensuelles] Dates des Séances générales et du Conseil POUR L'ANNÉE 1918 Séances du Conseil, 2^ mercredi du mois à 4 heures . Séances générales, le lundi à 2 h. 1/2. Sous-Section d'Ornilhologie [Ligue pour la Proteclioti des oiseatix) le lundi à 4 h. 1/2 Janvier 14 21 21 Févrief 13 4 18 18 Mars 13 4 18 18 Avril nC) 8 22 22 Mai 15 Novembre 6 27 27 . 13 4 18 18 Décembre I 11 2 16 IG (1) Date reculée en raison des fêles prochaines. Les membres de la Société qui désirent assister axxx Séances générales recevroi sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. Le Secrétaire général a l'honneur d'infornaer MM, les Membres de la Société et les Personnes qui désireraient l'entretenir, qu'il se tient à leur disposition, au siège de la ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'être applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, des articles publiés dans le Bulletin est interdite. M4URICE LÉVEQUE DE VILMORIN (1849-1918) La Société nationale d'Acclimatation se trouve de nouveau durement frappée par la mort de l'un de ses membres les plus éminents, M. Auguste-Louis-Maurice Lévéque de Vilmorin, » Cliché obligeamment prêté par la Revue horticole. survenue un an à peine après celle de son neveu, M. Philippe de Vilmorin, qui laissa un si grand vide parmi nous. Il avait été admis dans notre compagnie en 1889, et fut nommé membre du Conseil en iOiO, puis vice-président en 1911. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1918. — 11 130 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATAtlON Né 'à Verrières-le-Buisson (Seine-et-Oise), ie 26 février 1849, il est mort aux Barres (Loiret), le 21 avril 1918. Comme ses ancêtres, il eut la passion de l'horticulture, et surtout de la dendrologie à laquelle il s'adonna particulière- ment. Lorsque ses études classiques furent terminées, il s'occupa de la revision des plantations forestières que son grand-père avait établies au domaine des Barres, lequel fut cédé à TÉtat en 1866, et est devenu un centre iniportant d'enseignement forestier, en même temps que Tune des collections d'arbres les plus considérables et les plus belles qui existent en Europe. Les connaissances spéciales de M, Maurice de Vilmorin s'ac- crurent rapidement, grâce aux visites qu'il fit aux principaux arboretum et aux forêts de la France continentale, de la Corse, de l'Algérie et à des voyages d'études à l'étranger : Allemagne, Autriche, Belgique, Etats-Unis, Russie, etc. Il entreprit des plantations forestières importantes, pour éprouver le degré de résistance de certains arbres à des mi- lieux variés, notamment de divers Pins aux sols calcaires, et d'arbres à feuilles caduques aux terrains secs ou humides. Ce furent des expériences instructives au plus haut degré en ce qui concerne les applications pratiques. Ces premières études devaient l'amener à entreprendre celle des arbrisseaux. Malheureusement, V Arboretum des Barres, si riche en arbres de toutes sortes, ne possède pas de collections arbustives, et nos grands établissements scientifiques, tels que le Muséum, sont placés dans des conditions si défavorables de milieu et d'espace, qu'on ne peut y trouver que des collections incomplètes, en ce qui concerne les plantes vivantes de plein air. Il voulut combler cette lacune d'autant plus regrettable pour notre pays, que la mort de M. Lavallée détermina, à cette époque, la disparition de V Arboretum de Segrez, au grand dommage des botanistes et de tous ceux quintéressait la den- drologie. C'est dans le voisinage même àQV Arboretum des Barres que fut choisi le terrain destiné à l'établissement d'un Fruticetum, c'est-à-dire d'un lieu exclusivement consacré aux collections d'arbrisseaux, celui-ci s'ajoutant à celui-là pour former, ainsi groupés, un centre d'études complet des plus précieux, malgré son éloignement de Paris. MAURICE LÉVÈOUE DE VILMORI.N 131 Les plantations du Fruticetum des Barres lurent commencées en 1894, sur une superficie d'environ 4 hectares, qui s'accrut ensuite d'une partie presque égale en étendue ; le parc du châ- teau permettait, en outre, l'expérimentation culturaledes espè- ces jugées intéressantes pour l'horticulture. Le fond de ces collections fut constitué par des plantes pro- venant de l'ancien Arboretum de Segrez, du Muséum de Paris, de V Arnold Arboretum (États-Unis), des jardins royaux de Kew (Angleterre), etc. Mais notre collègue n'était pas simplement un collectionneur. S il avait pour objectif principal la réunion de végétaux aussi nombreux que possible, il s'attacha tout particulièrement à la recherche et à l'introduction d'espèces nouvelles, et son rôle, à ce point de vue, a été considérable. A cet effet, il se mit en relations avec les botanistes-voyageurs et les missionnaires qui exploraient certains pays encore peu connus, à climat tempéré, et tout particulièrement la Chine occidentale : Thibet, Yunnan, Chen-si, Su-tchuen, etc. Les envois de graines qu'il en reçut lui procurèrent de nom- breuses espèces, certaines d'entre elles connues seulement des botanistes par des échantillons d'herbier, introduites ainsi pour la première fois dans les jardins à l'état de plantes vivan- tes; d'autres, au contraire, nouvelles pour la science comme pour l'horticulture, et qui furent décrites par ses soins. On peut donc dire que nul, plus que M. Maurice de Vilmorin, ne mérita l'épithète d'acclimateur, et la liste est longue des espèces qu'il a propagées, et qui sont venues, ainsi, enrichir la flore de nos jardins. Dans le catalogue de ses collections, publié en 1904, sous le titre de Fruticetum Vilmorinianum, et à la rédaction duquel j'ai eu l'honneur de collaborer, on peut trouver la liste com- plète des arbrisseaux qui y figuraient alors; mais elle s'est sensiblement accrue depuis : aussi, la publication d'une nou- velle édition de ce livre avait-elle été envisagée. Malheureusement, la guerre et les deux derniers hivers, si rigoureux, ont causé de grandes pertes. Le Fruticetum des Barres était largement ouvert aux visi- teurs; botanistes, horticulteurs, amateurs français et étrangers y venaient nombreux et y recevaient le meilleur accueil. La Société d'Acclimatation organisa, à diverses reprises, pour le visiter, des e.KCuroions instructives au plus haut 132 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION degré, que notre collègue dirigea lui-même, et dont le souve- nir est resté vivant chez tous ceux qui y prirent part. On doit à M. Maurice de Vilmorin un certain nombre d'ou- vrages, ainsi que la publication de mémoires et de notes qui ont paru dans divers recueils périodiques, notamment dans le Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation, les Mémoires de V Académie d'agriculture, le Journal de V Agriculture, le Journal de la Société nationale d' Horticulture de France, le Bulletin de la Société dcndrologique de France, la Bévue des eaux et forêts, le Bulletin de la Société des amis des arbres, la Revue horticole, Garden and Forest, The Garden, etc. En 1900, la Société nationale d'Agriculture, qui est devenue l'Académie d'Agriculture, l'appela à prendre place dans sa section de sylviculture. Il devint président de cette haute Com- pagnie en 1916 et participa dans une large mesure à l'enri- chissement des collections du célèbre Arboreium d'Harcourt, qui en relève. Il fut aussi : Vice-président de la Société nationale d'Acclimatation; Président de la Société botanique de France; Président de la Section d'horticulture et de sylviculture de la Société des Agriculteurs de France ; Vice-président de la Société nationale d'Horticulture de France et président de sa Section des Roses ainsi que de son comité d'Arboriculture d'ornement; Vice-président de la Société dendrologique de France; Membre du Conseil d'administration du Jardin colonial de Nogent (depuis sa fondation). Il était chevalier de la Légion d'honneur et titulaire de divers Ordres étrangers et la médaille commémorative de Veitch lui avait été conférée en 1906, pour services rendus à l'horticulture. M. Maurice de Vilmorin avait combattu en 1870 contre les Allemands; comme tous les bons Français, il ne doutait pas de l'issue glorieuse de la lutte que nous soutenons, aujourd'hui, pour abattre les ennemis de notre chère Patrie et de la civili- sation. Au nom de la Société nationale d'Acclimatation, nous adres- sons, à la famille de Vilmorin, si cruellement éprouvée, l'expression de notre profonde et douloureuse sympathie. D. Bois. ACTES DE Li SOCIETE D'ACCLIMATATION PENDANT LA GUERRE Notre Président ayant adressé, au nom du Conseil de la Société, à lord Bertie of Thame, Ambassadeur de la Grande- Bretagne en France, ses regrets au sujet de son départ, lord Bertie, qui, en toute occasion, a montré nne grande bien- veillance à notre Société, a répondu par la lettre autographe suivante : , British Embassy Paris 21 avril 1918. « Cher monsieur, '(Je m'empresse de vous remercier, bien vivement, de la lettre que vous avez bien voulu m'adresser le 18 avril et par laquelle vous m'exprimez, au nom du Conseil de la Société d'Acclima- tation de France, vos regrets de mon prochain départ. J'ai été très touché par cette aimable démarche et je vous prie de vou- loir bien être auprès du Conseil de la Société mon interprète pour lui exprimer ma gratitude de toute la courtoisie qu'il m'a témoignée pendant mon séjour à Paris. « Veuillez agréer, cher monsieur, l'expression de mes senti- ments très distingués et dévoués. « Bertie of Thame. » Distinctions honorifiques et Citations. Le médecin aide-major de l""^ classe Henri GeoflVoy-Saint- Hilaire a été l'objet des citations suivantes : 1" « S'est particulièrement signalé le 26 août et le 2 novem- bre 1914, par son courage et son esprit de décision, en sau- vant, dans des circonstances critiques, son personnel et son matériel. » {Ordre du jour de la 69* division d'infanterie.) 2° « Homme de caractère et de dévouement, s'est porté maintes fois, et notamment le 24 mai 1917, à travers des posi- tions violemment bombardées pour soigner des blessés de son 13i BULLETIN m: LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION groupe et dunilés étrangères à ce groupe. » {Ordre du jour du 113" régiment d'artillerie lourde.) Le médecin-major Geoffroy-Saint-Hilaire, fils de notre ancien président M. Albert Geoffroy-Saint-Hilaire a été nommé cheva- lier de la Légion d'honneur en janvier 1918. EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES Par A. MEUNÎSSIER. Suite (1). Au cours de ces expériences multiples et parmi nombre d'hybrides encore à l'étude, beaucoup de plantes intéressantes ont été obtenues, notamment diverses plantes ornementales pour nos jardins. Qu'on nous permette seulement de men- tionner le Blé « hybride des Alliés » mis au commerce l'an dernier par la Maison Vilmorin, car c'est un Rlé dont l'obten- tion illustre bien l'application des méthodes mendéliennes. L'un des parents de ce Blé est un hybride à très grand rende- ment, mais possédant un grave défaut pour nos pays : une très forte villosité des glumes. Dans l'ignorance de l'indépendance des caractères, et avec les idées admises sur ce que l'on appelle « atavisme », jamais personne n'aurait osé employer un tel Blé comme parent! Nous l'avons osé car nous savions que la villosité, une fois éliminée, ne réapparaîtrait plus. En attendant qu'un travail d'ensemble ait paru sur les expé- riences de Verrières), voici une liste de quelques publications dans lesquelles ont été exposés différentes idées acquises et divers résultats obtenus. niBLIOGRAPHIE 1906. Philhm'k ue . Vilmohin. Hybrids and variations in wheat. Commu- nication à la m» Conférence internationale de Génétique. Londres, 1906. 1906. — Notes théoriques et pratiques sur la sélection des semences. Conférence donnée à Bruxelles, extrait de la Revue générale agronomique de Louvain, 1906. (1) Voir Bulletin de février, mars, avril 1918. EXPERIENCES GEMETIOUES FAITES A VERRIERES 135 1907. — Évolution et sélection. Théories anciennes et théories nouvelles. Communication à la Société des Agriculteurs de France, 1907. 1907. — Sur un hybride de Téosinte et de Maïs. Bulletin de la Société Botanique, 1907, p. 39. 1909. — Les hybrides de Gerbera Jamesonii. Revue Horticole, 1909, p. 102. 1910. — Le monument de Mendel, à Briinn, Revue Horticole, 1910, p. 548. 1910. — La Génétique et la /!'« Conférence internationale de Génétique^ Paris, 1910. 1910. — Contribution à l'histoire des plantes agricoles. Conférence donnée à Bruxelles, extrait de la Revue fjénérale agronomique, 1910. 1910. — Note sur des croisements, de Pois. Comptes. rendus de l'Acadé- mie des Sciences, 1910, 2" semestre, p. 548. 1910. — Le monument de Mendel à Brùnn {Revue horticole, 1910, p. 548). 1910. Meunissier (A.). La loi de Mendel et ses applications. Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'École Nationale d'Horti- culture de Versailles, armée 1910. 1911. Philippe he Viliviorin et W. Bateson. A case of Game tic Goupiing in Pisum, Proceedings of the Royal Society, vol. 84, 1911. 1911. Hagedooks (A. L.) Autokatalytical Substances, the Déterminants for the inheritable characters. Vortruge und Aufstase. Roux, 1911. 1911. Hagedoorni (A. C). The interrelation of genetic and non genetic l'actors in the development (XLIX Band der Verhandlungen des naturforschenden Vereines in Brûnn, 1911). 1912. Philippe de Vilmorin. Influence des découvertes scientifiques sur le développement de V Agriculture. Conférence faite le 12 mai 1910, à la séance jubilaire du Conseil supérieur de l'Agriculture de Belgique. Paris, 1912. ■ 1912. — Argemones hybrides. Revue Horticole, 1912, p. 277. 1912. — Présentation de pois à cosses rouges. Journal de la Société nationale d'Horticulture de France, 1912, p. 571. 1912. Philippe de Vilmorin et A. Meunissier. Au sujet d'une fasciation de Lis. Journal de la Société nationale d'Horticulture de France, 1912, p. 640. 1912. Philippe me Vilmori.x et F. Levallois. Sur l'hérédité de la richesse en fécule de la Pomme de terre. Comptes rendus du VIll^ Con- grès international de Chimie appliquée. New-York, 1912. 1912. Hagedoorn (A. L.). Mendélisme et lamarckisme. Rullelin scientifique de la France et de la Belgique, t. XLVI, fasc. A, 1912. 1913. Philippe de Vilmorin. Fixité des races de Froments. Comptes rendus de la IV^ Conférence internationale de Génétique. Paris, 1911. 1913. — Sur des hybrides anciens de Triticum etd'JEgilops. Comptes rendus de la 1V<^ Conférence internationale de Génétique. Paris, 1911. 1913. — Étude sur le caractère « adhérence des grains entre eux » chez le Pois chenille. Comptes rendus de la IV" Conférence inter- nationale de Génétique. Paris, 1911. 1913. — Excursion aux cultures expérimentales de la Maison Vilmorin- Andrieux etC's à Verrières-le-Buisson(Seine-et-Oise). Comptes rendus de la IV'' Conférence internationale de Génétique. Paris, 1911. 136 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 4913. — Sur les caractères héréditaires des Chiens anoures et brachyures. Comptes revdus de l'Académie des Sciences, l""" décembre 1913. 4913. — Sur une race de Blé nain infixable. Journal of Genelics, juin 1913. 1913. — Liste des documents relatifs à l'hyhridaiio7i et à la sélection, exposés à la XYII* Exposition internationale d'Horticulture de la Société Royale d'Agriculture et de Botanique de Gand. 1913. Philippe de Vilmorin et A. Meukissier. Origine hybride du Sapo- naria ocymoides versicolor. Bévue Horticole, 1913, p. 302. 1913. — Quelle a été jusqu'à présent l'influence des nouvelles méthodes de sélection sur la stabilité des variétés df. plantes cultivées? Communicatiou au Congrès international d'Agriculture. Gand, 1913. 1913. YiLMORiN-ÂNDRiEux et C'»^. iMendéUsme, hybridation, sélection. Le Bon Jardinier, 150^ édition. 1913. Melnissier (A.). La section scientifique à l'Exposition internatio- nale d'Horticulture de Gand. Le Jardin, 1913, p. I.^jC. 1913. Hagedoorn (A. L). Facteurs génétiques et facteurs du milieu dans l'amélioration et l'obtention des races. Comptes rendus de la IV" Conférence internationale de Génétique. Paris, 1911. 1913. — Oordeelkendifje zuadteelt en Fokkerij, publié par la Société d'Agriculture de Hollande. 1914. Vilmorin-Andriei'x et €•«. Liste des documents exposés à la section scientifique de l'Exposition internationale d'Horticulture de Saint-Pétersbourg (mai 1914). 1914. Philippe de Vilmohij;. A propos de la résistance des Froments au froid. Problème des corrélations. Bulletin des séances de ta Société }iaLionale d' Agriculture de Fi unce. 1914, p. 630. [A suivre.) EXTRAITS DES PROCÈS -lERlUllX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ SEANCE GENERALE DU 14 JANVIEU 1918 Présidence de M. Piailles, membre du Conseil. Le procès-verbal de la précédente séance générale e.sl lu et adopté. Ad.mission de nouveaux membres. Sont admis comme nouveaux membres, par décision du Conseil, en sa séance du 9 janvier 1918 : EXTRAITS DES PROCÈS-VKRBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 137 MM. Crepin (Pierre), avocat à la Cour d'Appel, 18, rue Lhomond, à Paris (V« arr.), présenté par MM. Perrier, Debreuil et Delacour. Deles.vlle (Raymond), dessinateur, 181, boulevard Voltaire, à Paris (XI« arr.), présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. Frey (René), mécanicien, directeur de l'usine à glace de Dakar, à Dakar, présenté par MM. Perrier, J. Crepin et P. Crepin. Henéville (comte Henri de), au château de Bresson, par Eybens (Isère), présenté par M. le baron J. de Guerne, Ms'' Leroy et M. Perrier. Société linnéenne de la Seine maritime, membre agrégé, 34, rue du Chillou, Le Havre (Seine-Inférieure), présentée par M™'' A. Nor- mand, MM. Perrier et Loyer. Laboratoire de zoologie de la Faculté des Sciences de l'Université DE Caen, présenté par MM. Perrier, Debreuil et Loyer. Généralités — Nouvelles. M. André Piédallu dépose, sur le bureau, une brochure (Paris, in-12, Larousse, 1917) sur Vutilisation des plantes sau- vages, au front, comme légumes. Cette brochure, abondamment illustrée, contient d'utiles et intéressants renseignements sur l'emploi, pour l'alimentation des hommes, d'un grand nombre d'espèces, jusqu'ici négligées. M. Morel, d'Auteuil (Oise), nous envoie une série de graines récoltées dans sa propriété. Le journal Le #aim publiait, il y a quelques jours, V « écho » suivant, sous la signature de M. Louis Forest : « Depuis dix-sept ans, régulièrement, chaque année, décembre, janvier, février, mars, on voit, au pavillon de la pépinière du jardin du Luxembourg, un brave homme qui, devant une cinquantaine d'auditeurs, fait un cours sur la destruction des Insectes et autres Animaux nuisibles. Très vieux maintenant, il continue. II n'est pas payé. Il travaille à l'honneur, ce que d'autres appellent à l'œil. « Quel intérêt cela a-t-il? Un intérêt national, simplement. Si l'exemple de M. Clément était suivi partout, si l'État, comprenant sa vraie mission, si les électeurs, mesurant l'effort d'ensemble à sa vraie mesure, multipliaient partout les leçons du pavillon du Luxem- bourg, la France aurait, par an, conquis sur les Insectes nuisibles plus d'un milliard de produits absorbables, consommables, man- 138 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION geables, qui seraient demain sur nos tables. On se demande pourquoi les États-Unis sont si riches?... C'est à cause de leur immense volonté collective pour les forces positives de la nature et- contre ses efforts négatifs. Les États-Unis, pour lutter contre les Insectes nuisibles, dépensent des millions par dizaines... Chez nous, pour la même immense besogne, on voit, depuis dix-sept ans, seul, devant quelques isolés comme lui, un vieillard dévoué qui parle gratuitement ! » M. Mailles et tous les membres présents s'associent pour féliciter M. Clément de continuer, chaque année, les intéres- santes leçons qu'il professe avec un si complet désintéres- sement. Mammalogie. M. Loyer annonce qu'il a reçu des nouvelles des Castors du Rhône. Quoique les braconniers en détruisent une assez grande quantité pour vendre leurs fourrures, il en reste encore. "M. Loyer fait circuler dans l'assistance deux photographies, représentant des troncs d'arbres coupés par les Castors. Ornithologie. M. Loyer résume une note de M. Decoux, qui réussit tou- jours bien ses élevages, et qui répond à la proposition faite dans une des dernières séances, au sujet de l'acclimatation dans nos bois, parcs et promenades publiques, d'un certain nombre d'espèces faciles à élever. Entomologie. M. Gofîart (de Tanger) nous écrit qu'à loccasion d'une expo- sition prochaine d'horticulture, il voudrait amener les indi- gènes marocains à pratiquer l'apiculture, qu'ils connaissent depuis fort longtemps, avec des méthodes plus rationnelles que celles qu'ils emploient. De cette façon, ils auraient un meilleur rendement. Il demande h qui il devrait s'adresser pour avoir des ruches à présenter à cette exposition ? M. Clément répond qu'on peut s'adresser à la maison Mathien, rue Turbigo. Il ajoute qu'en moyenne, et dans nos pays, une bonne ruche fournit, annuellement, 40 à 50 kilogrammes de EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 139 miel, mais que cela dépend, bien entendu, de la quantité de nectar que les Abeilles ont à leur disposition. Botanique. M. du Pont écrit de Baltimore à M. Chappellier, pour savoir sMl serait possible de faire cultiver en France, pour les soldats américains, des Patates (S/t'eef potatoes). M. JD. Bois, consulté sur la question, répond que la culture de la Patate n'est vrai- ment praticable qu'en pays tropical et subtropical. Elle donne d'assez bons résultats dans le Midi de la France, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en terres fertiles, irrigables. Mais il fau- drait, avant tout, s'assurer la possibilité du transport des récoltes. On pourrait demander à la Direction des services agri- coles du, Maroc et de l'Algérie, s'il serait possible d'obtenir des concessions de terres favorables, et si l'on pourrait compter sur une main-d'œuvre indigène. On cultive bien déjà quelque peu la Patate, pour les besoins domestiques, mais de là à ali- menter les soldats américains, il y a loin. En outre, la récolte est délicate, la conservation et la mise en réserve exigent des soins incompatibles avec l'état actuel des choses. M. le D'' G.-V. Pérez (des Canaries) nous adresse un colis de graines de Juniperus Cedrus Webb, et d'une lettre qu'il nous envoie nous extrayons les renseignements suivants : 0 Fruits dé Juniperus Cedrus Webb, adressés à la Société d' Acclimatation par le D'^ Georges V. Ferez, de La Quinta, Santa- Ursula, Tenerife [Canaries). « Instructions. — Les 8 livres de galbules envoyées à la Société d'Acclimatation sont d'un arbre indigène de Tenerife, cultivé par le D"" Perez, dans son jardin de la villa Orotava. Les graines sont excellentes et cela estdii, sans doute, à la présence d'un arbre mâle de même origine, cultivé dans le voisinage. « Comme pour la plupart des Juniperus, la germination des graines contenues dans ces galbules sera sans doute difficile et lenle. Cette germination peut se faire attendre plus de deux ans. Le D' Perez a indiqué la méthode suivante pour la hâter : <( 1° Extraire soigneusement les graines contenues dans les galbules ; 140 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION « 2° Envelopper les graines extraites dans un sac de mous- seline et les plonger dans de l'eau bouillante, durant seulement six secondes, et, ensuite, les plonger dans de l'eau ordinaire pour les refroidir ; « 3° Invariablement, je sème moi-même, dit-il, les graines en terre de bruyère dans des terrines, et je préfère beaucoup cela à tout; habituellement, elles commencent à germer après 2 mois ; <■ 4° Dans ce climat, dans mon jardin, en bonne terre irriguée, je mets en place quand les jeunes plantes ont été en pots seulement quelques mois, mais, comme la plupart des Juniperus, ils résistent remarquablement bien en pots, même s'ils y sont gardés 3 ans ou davantage ; o° Je prends la liberté de conseiller que le Sud de la France serait convenable aux endroits où les hivers ne sont pas trop rigoureux, et que des groupes carrés de cet arbre pourraient être plantés en bon sol irrigué, cela pour obtenir précocement de « bons porteurs de graines » pour distributions futures; la distance entre les arbres à laquelle j'ai planté [moi-même est de 1°\50, et, 6 ans après plantation à demeure, j'ai récolté de bonnes graines. « Je serais très heureux, si environ 1 kilogramme pouvait être envoyé en Italie aux gens que cela intéresserait, avec les instructions ci-dessus. « J'ai envoyé récemment un autre paquet au directeur de l'Agriculture du Maroc, avec prière d'envoyer 1 kilogramme à Alger et 1 autre à Tunis. » M. Piédallu fait une communication sur le Sorgho sucré qui paraîtra au Bulletin. A ce propos, M. Ch. Rivière rappelle que, de tous temps, la culture du Sorgho, dans l'Afrique du Nord, l'Espagne, le Midi de la France a été un désastre. Il faudra donc, si l'on veut renouveler l'expérience, savoir où et comment cultiver cette plante. Il faudrait rechercher la cause des insuccès antérieurs. Il faut de l'arrosage, c'est-à-dire choisir des régions à pluie d'été, mais s'il faut irriguer, il arrive souvent qu'on ne dispose que de terrains oti l'eau d'irrigation est plus ou moins salée et donne des résultats mauvais. On assure, dit M. Piédallu, qui ne l'a pas personnellement constaté, que dans la Dordogne, les Charente?, le Lot-et- EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 141 Garonne, les viticulteurs cultivent un peu le Sorgho à sucre en bordure de leurs vignobles, et qu'il s'en serviraient pour rehausser leurs vins en alcool. M. Ch. Rivière répond qu'il faut être très prudent dans cette assertion, qui, selon lui, est fort sujette à caution. Au point de vue chimique, si l'on emploie le Sorgho frais, en se contentant d'introduire les tiges vertes, coupées, dans un moùi en fermentation, on rehausserait, dit M. Piédallu, cette fermentation. Mais quel est, interrompt M. Rivière, le résultat obtenu? Il faudrait tout d'abord se ren- seigner. Pour le papier, on fait une pâte, comme d'habitude, en trai- tant les tiges par une solution de soude; on obtient la fibre, qu'on blanchit au chlore. La pâte est étalée sur toile métallique, en plus ou moins grande épaisseur. M. Ch. Rivière appelle l'attention de la Société sur les bruits qui courent actuellement, concernant les cultures dites nou- velles. 1° Matières grasses. — 2° fibres textiles. P M. Ch. Rivière pense qu'il serait sage et prudent de bien établir l'origine des insuccès. On cite les tentatives de culture de V Arachide dans le Sud- Ouest de la France, mais cette Légumineuse, qui n'est même pas dans son véritable milieu dans le Nord de l'Afrique et encore moins dans le Midi de la France, ne peut donner là que des rendements incomplets. Pour le Sésame, également conseillé dans le Midi de la France comme plante oléagineuse utile, même observation. Cependant, parmi les oléifères dont la production pourrait offrir en ce moment un réel intérêt, il faut citer le Ricin. En efllet, son huile devient indispensable dans certaines industries, notamment parla petite machinerie et spécialement pour l'avia- tion. On a signalé l'Afrique du Nord comme région favorable à cette culture, mais l'Egypte ne paraît pas indiquée à cause de la sécheresse de son climat. Quant aux insuccès antérieurs de cette culture en Algérie dus à des éléments défavorables, froid, grêle, sécheresse, qui réduisaient les rendenients, la hausse des prix de l'huile changerait en ce moment le point de vue économique. En effet, avant 1915, le prix des 100 kilogrammes d'huile industrielle variait entre 70 et 73 francs. Actuellement le prix s'est élevé à 900 francs. 142 BCLLliTIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION L'Afrique occidentale, dans les parties périodiquement inondées, en sol léger et limoneux, paraît mieux indiquée que le Nord africain. 2° Les institutions les plus autorisées appellent Faltention sur la possibilité de cultiver le Lin textile dans le Nord de l'Afrique. Suivant les auteurs de la proposition, la rareté de l'eau pour le rouissage ne serait pas une difficulté, cependant l'arrosage seraitindispensable à cette culture. Or, rappelle M. Ch. Rivière, ces questions sont bien anciennes et leur solution n'a jamais été avantageuse. L'obtention de la graine du Lin est courante même en agriculture indigène, mais le Lin filifère convenant à l'industrie est de qualité très inférieure et presque inutilisable. Évidemment le Lin textile, avec arrosage, peut donner un produit acceptable, ainsi que M. Ch. Rivière a pu le constater il y a une trentaine d'années dans ses cultures d'Algérie. Mêmes observations pour le Chanvre. Colonisation. M. A. Fauchère fait une communication sur les Moutons à laine du Macina. On lira cette communication au Bulletin. — M. Ch. Rivière dit qu'avant de se prononcer sur les qua- lités de cette laine, il faudrait en voir des échantillons. M. Pié- dallu signale qu'il y a, en ce moment surtout, beaucoup d'étoffes constituées par une grande quantité de poils de Chien. M. Ch. Rivière rappelle enfin que chez les Moutons gro^e queue^ la laine n'est que du jarre, une bourre raide et courte, qui diminue de qualité et d'abondance, à mesure que l'on s'avance vers le Sud, où les pâturages, beaucoup plus réduits, restreignent la nourriture du bétail. Dans les climats secs à nourriture peu abondante, les animaux à laine ne donnent pas de bonne laine. Le meilleur exemple qu'il puisse donner de ce fait est le suivant : lorsqu'il se rendit en mission en Bactriane, il constata que les Chameaux avaient de belle laine, car ils sont bien nourris; les Vrais Mérinos ont aussi de très belle laine, quand ils trouvent une nourriture abondante et appropriée. Mais, qu'on descende vers le Sud, les conditions changent : avec l'absence de nourriture, la laine se fait plus rare et devient plus âpre. M. Piédallu rappelle aussi que le Mouton du Sahel a un beau pelage. Il en avait autrefois apporté à la Société en même EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉAJVCES DE LA SOCIÉTÉ 143 temps que des peaux de Gazelle. Ces pea\ix de Mouton rappellent un peu celles du Poulain. Elles pourraient servir aux mêmes usages : couvertures de voiture, vêtement d'auto- mobiliste, etc. Le Secrétaire des séances, D"' Louis Capitaine. SÉAiNGE GENERALE DU 21 JANVIER 1918 Présidence de M. D. Bois, Vice-Président de la Société. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. « M. le Président souhaite la bienvenue à notre collègue, M. Beebe, assistant de M. Hornaday, au Jardin zoologique de New-York. M. Beebe, venu combattre sur le front français comme aviateur, dans l'armée des États-Unis, a été blessé en service commandé. Aussitôt guéri, il va retourner dans sa patrie, pour participer activement à l'instruction des milliers d'aviateurs que la République alliée compte envoyer bientôt combattre à nos côtés. M. le Président se fait l'interprète de la Société, pour présenter à M. Beebe l'expression de ses félici- tations pour sa belle conduite. Ornithologie. M. de Southofï", notre collègue de Florence, nous écrit, en date du 15 janvier 1918 : « A propos de la nouvelle station métropolitaine d'Étourneaux que vous av«z signalée, à Paris, rue Ménars, et dont parle M. Magaud d'Aubusson, dans le a Bulletin » d'octobre 1917, je vous signale un fait analogue, à Florence : petit jardin surélevé, attenant à une maison, 16, via dei Fossi. Ce petit jardin (25 m. X 13 m. environ) se trouve entre deux maisons et deux rues très étroites, en plein centre de la ville. Les murs, du côté des maisons, sont couverts de Lierre, sur 4 à 5 mètres de hauteur. Quelques maigres Lauriers se trouvent au milieu. Les Étourneaux arrivent le soir et repartent le matin. Il y en aurait, dit-on, plus de 3.000. Le fait est qu'on en trouve de morts, victimes, sans doute, de la com- pétition pour les meilleures places. Les Oiseaux arrivent fin 144 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION décembre, repartent fin février. Comme pour la rue Ménars, on se demande pourquoi, parmi tant dautres, les Étourneaux ont choisi cet endroit pour dortoir. Cela dure depuis des années, car la propriétaire du jardin, la marquise Niccolini, a ordonné qu'on respectât les Oiseaux. » M. F. de Gliapel nous signale, à Cardet (Gard), l'absence totale de Geais, malgré l'abondance de glands. Quoiqu'il y ait quantité d'olives, il n'y a presque pas de Grives, ni de Merles. Il est à remarquer que, depuis le dernier grand passage de Geais, il n'en est presque point revenu. Même observation pour les Loriots. Il serait intéressant de connaître la nouvelle direc- tion que ces Oiseaux ont prise. Aquiculture. Sur l'élevage de la Truite de mer, M. Gligny adresse à M. de Guerneune note qui paraîtra au Bulletin. Botanique. M. L. Capitaine donne lecture d'une note de M. Debreuil sur les Saules historiques. Cette note paraîtra au Bulletin. M. Ch. Rivière fait une communication sur la météorologie statique et la nécessité — pour expliquer certains phénomènes physiques inexplicables chez les animaux et les végétaux — de connaître la température qu'il a fait, durant une période déter- minée, à différents niveaux au-dessus du sol. La note de M. Ch. Rivière paraîtra au Bulletin. Les travaux de M. Ch. Rivière n'ont aucun rapport avec ceux dont M. des Gâchons nous a précédemment entretenus (V. procès-verbal de la séance du 21 janvier 1918). Tandis que ce dernier a cherché et trouvé une méthode simple pour la prévision du temps à venir, M. Ch. Rivière cherche à tirer des conclusions du temps passé, au point de vue de ses effets phy- siologiques et physiques, sur les êtres animés. L'une et l'autre de ces études se complètent avantageusement, et M. Ch, Ri- vière nous fera, dans une prochaine séance, une autre confé- rence sur la géothermie. A une objection de M. Ch. Rivière, sur l'emploi des thermo- mètres sous abri, en météorologie, M. des Gâchons répond EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 145 qu'il a fait diverses expériences, avec des thermomètres, sous abri, sur talus herbeux, avec thermomètres exposés au midi, etc. Les résultats sont des plus variables. Il faut que les thermomètres soient exposés à tous vents, dans un endroit dégagé, à l'abri des radiations directes du soleil ou des courants d'air. Pour étudier les relations de la température avec les phénomènes végétatifs, M. des Gâchons approuve — comme très intéressante, — l'idée de placer des thermomètres à différentes hauteurs. Pour l'étude des mêmes pliénomènes sur les Poissons, les Lapins, etc., il faudrait, de même, prendre les températures de l'eau, des clapiers, etc. Enfin, il fait ressortir, de la communication de M. Ch. Rivière, ce fait intéressant qu'un thermomètre, subissant l'action directe du soleil, à son lever, cesse d'agir comme thermomètre, pour se transformer en actinomètre. Le Secrétaire des séances, Louis Capitaine. SEANCE GENERALE DU 4 FEVRIER 1918 Présidence Je M. D. Bois, vice-président de la Société. Le procès-verbal de la précédente séance générale est lu et adopté. M. le Président annonce le décès de M. Emile Yung, pro- fesseur à l'Université de Genève, membre correspondant de notre Société, qui vient de mourir subitement. Le savant gene- vois, très estimé en France, où il comptait un grand nombre d'amis, était correspondant de l'Institut pour la section d'Ana- tomie et do Zoologie de l'Académie des Sciences. GÉNÉRALITÉS. Sont déposés sur le bureau, pour la Bibliothèque : 1° Quatre fascicules sur « les Fougères » de son herbier, par S. A. I. le prince Roland Bonaparte. La publication de ces fas- cicules s'échelonne de juin 1915 à mai 1917; 2° Compte rendu, par M. Rabaté, directeur des Services agri- BULL, SOC. NAT. ACCL. KK. 1918. — 12 146 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION coles du Cher, sur une Mission organisée pour l'étude de la culture des plantes médicinales à alcaloïdes, et offert par la Direction des services commerciaux de la Compagnie du Chemin de fer d'Orléans. M. le Président remercie les donateurs au nom de la Sociélé. M. le Secrétaire général lit une lettre de la Direction des services techniques du ministère du Commerce, de l'Industrie et des Postes et Télégraphes, où l'on nous demande des rensei- gnements sur la culture possible de certaines plantes sauvages, pour l'alimentation. Une Commission est nommée pour étudier les problèmes qui seront posés. Cette Commission comprend : MM. D. Bois, Lasseaux, Ch. Rivière, A. Piédallu et M. Loyer. Elle tiendra sa première séance le lundi 11 février. M. du Pont nous envoie d'Amérique (Baltimore) une grande quantité de brochures diverses ayant trait aux résolutions que nos alliés ont prises à l'égard des ennemis, tant par les res- trictions apportées à leurs besoins domestiques, que par les décisions qu'ils ont prise» au point de vue commercial et industriel. Dans la lettre qu'il nous adresse, il se plaint qu'aux États-Unis on ne connaisse pas assez ce que la France a su faire dans le domaine scientifique. Il regrette que nos belles insti- tutions nationales se laissent complètement ignorer. Les intéressantes brochures de M. du Pont seront classées à la Bibliothèque, comme constituant une précieuse propagande antiallemande. Un ami de M. du Pont, le D*' Dangaix, de Plandome, écrit qu'il nous adresse une brochure intitulée. : « Hoiv Latin Ame- rica aff'ects our daily Life », dans laquelle il est question des rapports journaliers de l'Amérique latine avec les États-Unis. L'auteur regrette que l'Amérique du Nord et sa sœur latine se soient trop longtemps ignorées, et que cette dernière se soit laissé envahir par les empires centraux de l'Europe. M. P. A.-Pichot communique une lettre qu'il a reçue du D"" ^\. T. Hornaday, de New-York. Le D' Hornaday a été heureux d'apprendre que l'exposé de son rapport sur le Fonds de garantie pour la protection de la i EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 147 faune sauvage a été favorablement accueilli par la Société d'Acclimatation, et encore plus content de savoir que sa bro- chure La lumière sur V Allemagne a été appréciée. Il regrette que son âge ne lui permette pas de s'engager et de combattre, mais il fait tous ses efTorts pour aider son gouvernement à atteindre le but de guerre qu'il s'est proposé. Il vient d'écrire un nouveau livre, L'Amérique endormie, pour mettre ses com- patriotes en garde contre la déloyauté allemande. Il a été satisfait de constatei", après enquête, que ce sont les savants zoologistes, qui apprécient le mieux la situation; beau- coup parmi eux, et, entre autres, le D'' Holland, Directeur dn Musée Carnegie de Pitlsburg, ont renvoyé au Kaiser les déco- rations qu'ils en avaient reçues. Le D'" Hornaday termine en disant que, malgré la guerre, il n'a jamais eu dans ses collections d'Oiseaux (actuellement^ 800 espèces et 2.800 individus) un plus grand nombre de raretés. Après la guerre, il demandera à la Société' d'Acclima- tation ce qu'il doit faire pour reconstituer nos collections. Il nous donne l'assurance qu'il considérera comme un devoir de restaurer les Jardins zoologiques de Paris, d'Anvers et de Londres. Nous sommes extrêmement sensibles aux sentiments exprimés par le D' W. T. Hornaday et le remercions, unanimement, du concours que sa vigoureuse campagne apporte à nos efforts pour le triomphe de la Justice et de la Liberté. Nous avons également reçu un grand nombre de brochures et de cartes, qui, propagées en Amérique, engagent tous les Américains à se restreindre dans leur alimentation, pour venir, plus complètement, en aide aux Alliés ; ces brochures en indiquent, très pratiquement, les moyens et préconisent une vie simple. Des feuilles d'adhésion, largement répandues aux États-Unis, demandent aussi aux Américains de s'engagera ne pas acheter, après la guerre, de produits allemands et de cesser toutes relations pendant de longues années avec les Alle- mands. Puisse l'exemple qui nous vient d'Amérique être mieux connu en France et vaincre, enfin, les dernières hésitations de certains groupes qui n'ont pas encore impitoyablement rayé de leurs listes les noms de nos ennemis. 1 i8 BULLETIN DE LA SÛCÏÉïÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Mammalocie. Notre coliègue, M. de Chapel, écrit qu'il continue à s'occupiîr de la question des Castors du Rhône. M. le professeur Henri Blanc, conservateur du Musée zoolo- gique de Lausanne, envoie une note sur VErtermination de la Loutre en Suisse. Cette note sera publiée nu Bulletin. M. Crepin fait une très intéressante communication sur la Chèvre : Formation historique du troupeau caprin d'Europe occidentale et sa régénération. Ce mémoire paraîtra au Bulletin. Uknithologie. Une étude^de M. Decoux, sur la reproduction et l'élevage du Donacole à tête blanche, paraîtra au Bulletin. Entomologie. M. E. Le Moult fait une communication sur Quelques chasses entomologiques peu connues dans les régions tropicales de l'Amé- rique du Sud. Cette communication paraîtra au Bulletin. M. Le Moult nous présente quelques Papillons de la Guyane, notam- ment des Morphos mâles aux splendides couleurs bleu métal- lique. A propos de cette communication, M. Diguet rappelle qu'au Mexique il employait, pour ses chasses, des bocaux à cyanure de potassium. M. Le Moult répond que, dans les bocaux, les ailes des grands Papillons risquent de se détériorer. Il est préférable de les étoufl'er entre le pouce et l'index, par com- pression du thorax. BOTAMOLE. Le R. P. Costes, du Chili, nous envoie des graines, dont oa trouvera la liste sur la couverture du Bulletin. Le secrétaire des séances, \y Louis Capitaine. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE A PROPOS DE LA rsOURHlTURE DE LA TAUPE Par le D^ X. RASPAIL (1). J'ai publié, en 1912, une note sur la Taupe, pour démonlrer qu'elle était classée à tort dans les Insectivores et qu'elle était nuisible, non seulement par les ravages qu'elle cause dans les prairies et les champs, mais surtout dans les jardins dont elle bouleverse, en quelques instants, les cultures potagères et les massifs de fleurs. Les auteurs, qui ont invoqué en sa faveur les circonstances atténuantes, la considérant comme insectivore, ont émis la plus complète des erreurs, car elle ne se nourrU que de Vers de terre ou Lombrics. Elle n'est pas plus insectivore parce qu'elle mange exceptionnellement quelques larves dinsectes, qu'elle n'est Carnivore parce que le hasard l'amenant à débou- cher dans une rabouillère, sa voracité s'exerce sur les Lapereaux tout nouvellement nés. Je l'ai constaté deux fois. Par exemple, je n'ai pas mentionné qu'elle pouvait s'attaquer aux Oiseaux; du reste, le fait apparaît comme impossible, à jnoins cependant qu'elle ne rencontre dans ses courses souter- raines un nid établi dans un terrier, dans une cavité creusée dans la berge d'un fossé ou placé sous une pierre, comme l'est notamment celui du Traquet motteux; mais je n'émets là qu'une supposition rendue admissible par l'exemple de la rabouillère. Desmarets, qui a laissé inachevés Les Mammifères de la F aune française, tout en maintenant la Taupe comme insecti- vore, a reconnu cependant qu'elle ne touche pas à la larve du Hanneton. Je me suis attaché à vérifier l'exactitude de ce fait, et j'ai procédé à la capture des Taupes qui sillonnaient de leurs galeries des parties de terrain où ce redoutable destructeur de nos cultures était abondant. 'Voici des résultats d'autopsies de Taupes que j'ai pratiquées pendant les ditféreuts mois de l'année 1911 : sur 60 estomacs, / (i) Réponse à la aote de Miss Fr. Pitt, p. -GO. Bulletin 1917. b 150 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALK d'ACCLIMATATION dont j'ai examiné le contenu avec la plus rigoureuse minutie, 56 ne renfermaient que des Lombrics plus ou moins digérés; ceux récemment absorbés étaient nettement coupés par tron- çons, certains longs de 2 centimètres et demi. Pour les quatre estomacs qui ne contenaient pas uniquement que des Lombrics, j'ai trouvé, dans l'un, un débris qui pou- vait provenir d'un très gros Ver de terre, bien que j'aie été tenté de le rapporter à la peau dune larve de Coléoptère, j'ai dû rester dans le doute à ce sujet; dans un autre, deux Néma- todes bien conservés longs de 2 centimètres; dans un troi- sième, une petite pelote de poils feutrés; enfin, dans le dernier, deux larves très facilement reconnaissables de Tau- pins; cette exception ne saurait suffire pour faire considérer la Taupe comme insectivore. En se nourrissant, pour ainsi dire, exclusivement de Lom- brics, elle détruit un animal très utile à la fertilité de la terre ; ce dernier, sans nuire sous aucun rapport aux végétaux, sert, en effet, à aérer le sol par les conduits qu'il trace dans son épaisseur et à y faire pénétrer l'azote de l'air qui est l'élément le plus riche des engrais; de plus, véritable noctambule, il sort de terre la nuit pour attirer dans son trou des débris de végé- taux tels que les feuilles mortes dont il se nourrit et qu'il transforme, par ses excréments, en une sorte de terreau. Ma conclusion est donc que la Taupe est nuisible sous tous les rapports. J'ai bien lu, dans le numéro d'octobre 1917 de la Société nationale d'Acclimatation, votre demande concernant le poids minimum indiqué par Miss Fr. Pitt, de 85 grammes de Vers de terre nécessaire à la Taupe par jour; je crois ce chiffre un peu exagéré. Je ne connais pas les détails des expériences faites par Miss Pitt, mais lorsqu'elle affirme que la Taupe se nourrit exclusivement de Vers ou d'Insectes, elle est dans le vrai pour les premiers, mais non pour les seconds qui n'entrent qu'exceptionnellement dans la nourriture de cet animal, qui ne louche jamais aux végétaux. Gouvieux (Oise), le 28 novembre 1917. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 151 LES OISEAUX ONT-ILS UN MORAL? Par R. ROLIiINAT (1). Parlant des Oiseaux, maîtres d'accélérer, ralentir ou sup- primer leur ponte, vous me dites : Vinflîcence du moral sur le physique me semble insuffisante pour expliquer d s phénomènes. Alors, comment les expliquer? Ayant eu besoin de quelques œufs d'Etourneaux, j'en trouvai trois dans un nichoir et les enlevai le '< mai 1917. Je n'avais rien détérioré à l'intérieur du nichoir, qui fut de suite remis en place. Le lendemain matin, la femelle était dans son domi- cile, et je la vis sortir à mon approche. La ponte continua et le couple n'abandonna pas son nid pillé une première fois. Le 4 juin suivant, je fis descendre le nichoir et j'y trouvai trois petits déjà forts, mais ayant encore pennes et rémiges dans leur étui, et deux œufs non fécondés que j'enlevai et vidai de leur contenu en putréfaction. Le nichoir à nouveau remis en place, les Etourneaux continuèrent l'élevage de leurs petits et tout se passa à merveille. Qu'étaient les deux œufs clairs? Je crois que la femelle a continué à pondre normalement après l'enlèvement de ses trois premiers œufs; sa ponte aurait donc'été de six œufs, l'espèce en pondant d'ordinaire de cinq à sept. Mais la vue de son nid vidé des trois premiers œufs avait produit sur cette malheu- reuse mère un phénomène psychologique intense qui s'était de suite transformé en phénomène physiologique non moins intense sur l'ovaire. Quelque temps après la ponte du sixième œuf devant constituer la ponte normale, un septième œuf était venu, puis un huitième. Et pourquoi ces œufs n'étaient-ils pas fécondés? Sans doute parce que les deux gros ovules arrivés à maturité n'ont pas été fécondés en quittant l'ovaire pour tomber dans le pavillon de l'oviducte, la femelle, occupée à couver sa seconde série de trois œufs de la ponte normale ne s'élant pas accouplée à nouveau. Pourquoi ces œufs non fécondés étaient-ils seulement au nombre de deux? Parce que, ayant en peu de jours pondu les trois derniers œufs de sa série de six et ayant commencé de suite à couver, le calme est (1) Lettre adressée h M. Debreuil le 11 décembre 1917. 152 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION revenu chez elle très rapidement. Si j'avais pillé son nid de suite après le dépôt de son sixième œuf, la ponte suivante n'aurait certainement pas été de deux œufs seulement, ou du moins je le crois. Cette année même, un jeune garçon habitant une ferme située non loin de chez moi avait connaissance d'un nid de Faucon cresserelle installé dans un vieux nid de Pie, sur un i:hène; il s'amusa à voler les œufs de la malheureuse femelle, presque au fur et à mesure qu'elle les pondait. En mai, et jusque vers le milieu de juin, il lui en prit dix-huit, puis la ponte cessa. Avouons que cette bète, qui était bien toujours la même, sans erreur possible, y mit de la persévérance. En 1908, ma femelle de Hibou Grand-Duc, aidée de son mâle, creusa dans le sable humide de la cour de sa volière de larges cuvettes. Comme je ne voulais pas la laisser couver en cet endroit, je l'engageai à aller pondre sur la paille de son abri en y plaçant son premier œuf. Elle ne répondit pas à l'invitation et pQndit, en tout, huit œufs dans le sable, les 21, 24, 27 avril, l^"", 4, 7, 11 et 15 mai. Cette espèce pond, le plus souvent, deux œufs seulement, rarement Irois. Or, tous les œufs de ma femelle, pondus du 21 avril au 15 mai, ne sont séparés que par des intervalles de trois ou de quatre jours; l'influence du nid pillé est donc très rapide sur l'ovaire. L'année suivante, en avril, le couple mettait en cercle des brins de paille, cette fois dans l'abri. Le 17 du mois, ma femelle était couchée sur le rond, et, en passant ma main sous elle, car elle était aussi pacifiqne que son mâle était féroce, je touchai un œuf superbe, qu'elle se mit à couver de suite, dans la matinée du 21, je constatai la présence d'un second œuf, et ce fut tout. Le petit du premier œuf naquit le 23 mai, dans la soirée; il est maintenant dans sa neuvième année, et c'est un superbe Oiseau. Qnant au petit du second œuf, il périt par ma faute, car j'étais vraiment trop curieux de voir ce qui se passait sous ma femelle. Le 28 mai il allait naître, car il avait fait une large fenêtre à sa coque , je le voyais se remuer et l'entendais pousser de petits cris ; le lendemain, il était mort étouflfé sans avoir pu sortir de sa coque. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE lo3 SUR L'ÉLEVAGE DE LA TRUITE DE MER Par A CLIGNY (1). Directeur de la Station aquicole de Boulogne-sur-Mer. a L'élevage des Truites de mer est assez délicat et décevant, parce que les sujets grandissent difficilement en vivier, au delà d'une certaine taille; j'en ai élevé très souvent et avec succès jusqu'à l'âge de six mois. Au delà de ce temps, j'en ai conservé chez un pisciculteur de mes amis; mais il était visible que les sujets commençaient à bouder sur la taille de 12 à 15 centi- mètres et leur humeur vagabonde s'accommodait mal d'une captivité pourtant confortable. « Et toutefois, cet échec relatif ne supprime pas l'intérêt d'une tentative qui pourrait être plus heureuse dans des cir- constances que je ne puis définir. Il serait donc souhaitable que l'on poursuivit cette expérience. Il y a quelque difficulté à se procurer des œufs qui, naturellement, ne se trouvent pas dans le commerce : il faut pêcher des reproducteurs, moyen- nant une permission préfectorale, dans les rivières oii ils vont frayer, la Touques par exemple. Dans le Pas-de-Calais, le moment propice est le mois de janvier, de préférence la fin de ce mois; à ce moment les femelles sont assez mûres pour qu'on soit dispensé de leur infliger une longue captivité et la fécondation peut être opérée séance tenante. J'ai souvenir d'un certain dimanche où j'ai pris 22 femelles, d'un poids presque uniforme de 2 kilos : j'ai pu en faire pondre la moitié sans désemparer et l'autre moitié était mûre le dimanche suivant. En 1912, j'en ai eu derechef en telle quantité que j'ai pu dis- tribuer près de 30.000 œufs à des collègues, après avoir abon- damment garni mes claies. .< J'ai eu également l'occasion d'élever des œufs de Truite de mer provenant du Danemark et qui étaient excellents; mais il ne faut pas compter actuellement sur une telle ressource. « La Truite de mer est une espèce bien intéressante; mais le zoologiste danois Trybom a démontré qu'elle a la fâcheuse habitude de dévorer ses propres œufs et, a fortiori, ceux de (1) Extrait d'une lettre adressée à M. Jules de Guerne à la fin de l'au- tomne ion et commun! {uée à la Société en janvier 1918. 154 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION son congénère le Saumon, péché véniel si l'on en juge par les hahiludes actuelles de l'espèce humaine. » NOTE SUR LES ECHIUM Par le D' G.-V. FEREZ (1). Je vous envoie par la poste un petit paquet de graines d'un Echium nouveau, el hybride naturel, que j'ai obtenu, ici où j'habite, et qui a la propriété remarquable de fleurir toute l'année. Je vous dirai comment je l'ai obtenu, sans aucun doute par les Abeilles, qui sont très friandes des fleurs de tous les Echiinn. 11 y a quelques années, j'avais une plante solitaire d' Echium Decaisnei Webb et Berthelot à environ un demi-kilo- mètre du jardin de la maison et, en semant les quelques rares graines qu'il me donna, je fus très surpris de constater que toutes les plantes qui en naissaient étaient exactement seni blables à VE. simplex DC; je les plantai dans un endroit absolu- ment dépourvu d'eau, dans une mauvaise terre argileuse, com- plètement sèche pendant six mois de l'année. Deux ou trois de ces plantes, tout à fait semblables, je le répète, à E. simplex, maisqui en difl'èrent surtout parce qu'elles ont plusieurs toufl"es de feuilles, fleurirent, pour la première fois, l'année dernière; elles donnèrent des « thyrses » ressemblant aussi à celui de E. simplex, mais, au lieu d'un seul, il y en avait plusieurs ayant environ 2 mètres de haut. Un autre caractère à signaler est que cet Echium ne meurt pas après sa floraison, comme c'est le cas pour V Echium simplex, mais il hérite de la curieuse propriété de V Echium Decaisnei, de continuer à fleurir presque toute l'année. Les amis du mendélisme ont beaucoup à appren- dre dans l'étude de nos différentes espèces &" Echium et de leurs hybrides. Il y a bien des années, j'ai obtenu un nouvel hybride naturel entre V E. candicans L. et YE. simplex. Il vit encore et continue à fleurir chaque année, ressemblant en cela à ÏE. can- dicans. En ce moment, j'ai en fleurs un autre Echium hybride naturel, obtenu ici, entre E. simplex et E. Wildpretii. Je ne manquerai pas à la fin de l'été de vous envoyer des graines de \i) Lettre adressée à M. D. Bois. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE i OO cet hybride, car l'E. Wildpretu est le seul de nos Ecldura qui résiste aux gelées; c'est une plante alpine de ïenerife; son hybride et lui seraient tout à fait propres à être cultivés dans le Sud de la France oîi, ainsi que l'a publié récemment la Jieoue Norticole, M. Verlaque perdit tous les Echium des îles Canaries qu'il avait dans son jardin à Tamarissur-Mer près de Toulon, à l'exception d'un seul, qui doit être, je suppose, E. Wildpreiii, ainsi que je vous l'écrivais dernièrement en vue de répondre à son article. L'hybcide naturel dont je vous envoie des graines aujour- d'hui doit être une plante très sensible au froid, car il esta floraison précoce; je vous engage donc à donner ces graines à vos correspondants habitant Alger ou Tunis, près de la mer, et si vous en envoyez à M. Verlaque, vous pourrez l'avertir que, comme tous les Echium des Canaries, les gelées le tueraient. Plus tard, j'espère avoir le plaisir de vous envoyer, pour être distribuée, une grande quantité de graines de mon hybride naturel £'. Wildpretii X simplex (1). ^ A PROPOS DU FROID SUR LA COTE D'AZUR Par le D>^ ROBERTSON-PROSCHOWSKY (2). J'ai vu dans le Bulletin de la Société d'Acclimatation (février 1918) que notre collègue, M. Ch. Rivière, conteste ce que j'ai dit au sujet de l'hiver 1913-1914. Al. Rivière dit avoir été renseigné par l'Ecole d'horticulture d'Antibes, dont le directeur est M. Jules Grée. Mais c'est dans le journal même de M. Grée, La Petite Revue agricole et horticole^ que les températures minima dudit hiver, réguliè- rement indiquées toutes les semaines, ont été celles que j'ai dites, montrant que l'hiver 1913-1914 n'a nullement été rigou- reux. C'est ce que M. Rivière a pu constater lui-même en voyant des plantes comme les Bananiers, les Anona, les Man- (1) M. le Df G.-V. Ferez prie ceux de nos collègues qui ont semé des graines d'Echium hybrides de ses précédents envois de vouloir bien faire connaître les résultats qu'ils ont obtenus. (2) Lettre adressée à M. Bois, le 23 avril 1918. 156 BULLbiTIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION guiers, qui avaient conservé leurs feuilies de l'année précé- dente. Le climat de la Côte d'Azur, au moins de Cannes à Menton, est si doux que, ainsi que je l'ai remarqué, une température de — 10°, comme le veut M. Rivière, y est inconnue : c'est seule- ment en 1826 qu'une température de —9" fut constatée. Depuis que j'habite celte région, c'est-à-dire depuis 28 ans, je n'ai jamais vu souffrir les arbres fruitiers de la famille des Agrumes, tandis qu'en Floride, presque tous ces arbres ont été tués ou gravement endommagés, il y a une quinzaine d'années, jusqu'à la lalitude de 28^ et nous sommes ici sous celle de 43» à 440 ! Je n'ai pas besoin de répéter, je pense, que notre aimable et sympathique collègue, M. Ch. Rivière a été, certainement de bonne foi quand il a exprimé ce qui, par une erreur quel- conque, lui a été communiqué et qui est contraire à la vérité. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Les animaux du Jardin zoologique de New-York. — A propos de deux Oursons. — Les réserves de chasse en Amérique du Nord. — La nourriture des Lièvres en captivité. — Saules napoléoniens. La collection d'Oiseaux actuellement réunie au Jardin zoo- logique de New-York compte 802 espèces, représentées par 2.799 individus venant de toutes les parties du monde. C'est assurément la collection la plus nombreuse qui ait été jamais présentée au public. Depuis la guerre, le recrutement en ani- maux d'Europe, d'Afrique et d'Orient a été forcément inter- rompu, et les Oiseaux de la faune de ces pays troublés par les événements sont les hôtes déjà anciens du Jardin de New-York, mais l'Amérique du Sud a largement contribué à remplir les cages et les volières de l'établissement, qui possède en outre de nombreux représentants de la faune australienne, notam- ment 41 Kangurous de 16 espèces différentes. Le Jardin a aussi pris en dépôt une Chèvre noire qui était la mascotte du 98'' escadron d'aviateurs et qui lui fut confiée par ces aéronautes CUBONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 157 lorsqu'ils partirent pour rejoindre le front en France. Celte Chèvre avait été souvent emmenée dans les machines volantes de ses possesseurs et a parcouru ainsi plus de 500 milles dans les airs, où elle aurait pu rencontrer Pégase, le seul quadru- pède capable (d'après les anciens auteurs) de battre ce record aérien. La Société zoologique de New-York a reçu d'un de ses mem- bres une lettre où celui-ci raconte avoir capturé deux jeunes Oursons dont il avait tué la mère. Ces petits animaux recon- nurent la dépouille maternelle au milieu de plusieurs autres que l'on avsit mises à sécher dans le campement, et, se jetant dessus avec de grandes démonstrations de joie, ils se cram- ponnèrent à la peau, dont on eut le plus grand mal à les arra- cher. Mais ce qui est le plus singulier, c'est qu'avant d'être capturés ces innocents n'avaient pas reconnu la carcasse qui avait été laissée en forêt et qu'ils avaient dévorée avec plaisir. C'est même en revenant de la manger qu'ils s'étaient fait prendre. Tous les États de l'Amérique du Nord, se rendant compte que le gibier était menacé d'extinction par suite de l'intempé- rance des chasseurs et de l'esprit de lucre des commerçants, s'occupent de créer des réserves sur leurs territoires et de prolonger les fermetures de la chasse. D'aucuns ont limité le nombre des pièces de gibier que chaque chasseur serait auto- risé à abattre et d'autres ont prohibé la destruction de cer- taines espèces pendant des durées variables qui vont jusqu'à cinq ans. Le poète anglais du xvin* siècle, William Cooper, a donné dans le Gentlemaris Magasine de minutieux détails sur la façon dont il nourrissait ses fameux Lièvres apprivoisés. « On croit en général, dit-il, que ces Rongeurs ne mangent que de l'herbe, mais c'est une erreur, car ils ne se tiennent pas longtemps à ce genre d'alimentation et se rabattent sur les feuilles de tout genre. Celles du Laiteron, du Pissenlit et surtout de la Laitue ont leur préférence. J'ai découverl, par hasard, qu'ils aimaient 158 BULLETIN DF, LA SOCIETE iNATIONALE D ACCLIMATATION beaucoup le sable blanc lin, qu'ils consomment sans doute pour aider à leur digestion. Un jour que je nettoyais une cage d'Oiseaux, j'avais posé par terre auprès de moi un vase rempli de ce sable. Mes Lièvres, guidés par leur instinct, se mirent à le dévorer et, depuis lors, je leur en ai toujours donné. Ils apprécient beaucoup le Blé en herbe; ils en mangent la tige et les feuilles, mais touchent rarement à l'épi. Toutes les pailles, surtout celles de Froment, font leurs délices; ils sont gour- mands d'avoine, mais ils la laissent de côté s'ils ont de la paille propre à leur disposition. Ils ne recherchent pas les herbes aromatiques, mais en mangent un peu avec plaisir, surtout le Musc. Il semble que, comme pour les Moutons, les pâturages trop succulents les rendent sujets à la maladie du rot (?). C'est pourquoi je les nourrissais surtout de pain coupé en petits cubes, que je leur servais tous les soirs dans une terrine placée dans leur cabane, car ils ne mangent qu'à la tombée du jour et pendant la nuit. En hiver, quand je ne pouvais pas me pro- curer de végétaux, je mélangeais à ce pain des quartiers de carottes et des pelures de pomme très minces, car quoiqu'ils aiment ces pelures, la pomme elle-même les dégoûte. Comme cette alimentation sèche ne remplace pas les sucs des plantes d'été, il faut alors leur donner de l'eau, mais en ayant soin, qu'elle ne puisse mouiller leur logis en se renversant. J'ajoute qu'à l'occasion ils sont très friands des branches d'Aubépine ou des tiges de Bruyère, dont ils consomment même le bois lorsqu'il a une certaine épaisseur. » La| /?eywe //or/ico/e ayant reproduit, dans son numéro du 16 octobre 1917, l'article « Laurier et Saule historiques», paru dans le Bulletin de la Société d'Acclimatation d'août 1917, un correspondant de la Revue Horticole, M. A. L'Esprit, donne sur un Saule historique, planté à Paris, les renseignements sui- vants, dans le numéro de la Revue du 16 novembre 1917 : « L'article jparu dans la chronique de la Revue Horticole (16 octobre 1917, p. 314), sur les Saules provenant de l'arbre célèbre, qui ombrageait le tombeau de Napoléon P"" à Sainte- Hélène, fait mention d'une bouture empruntée par Théodore Ballu à un arbre de cette espèce du petit jardin du Préfet à l'Hôtel de Ville de Paris. CHRONIQUE GÉMÉRALE ET FAITS DIVERS 139 Or, coïncidence curieuse, non loin de la rue Ballu, dans le square Berlioz, occupant le centre de la place Vintimille, se trouve un Saule pleureur qu'on s'accorde à dire fils de celui ae Sainte-Hélène, et qui est d'ailleurs inconnu des Parisiens. « Le square Berlioz fut établi en 18M,en^utilisant les jardins d'un comte de Ségur, dont la femme était née de Vintimille du Luc. Dans ce jardin, qui ne devint vraiment public qu'en 1838, les anciens propriétaires firent élever une statue nue de Napo- léon 1°', due au statuaire Matliieu Meusnier, et n'ayant pour tout costume qu'une couronnede laurier. Aussi, fut-elle remisée au dépôt des marbres lors de l'ouverture du jardin au public. (v L'érection de cette statue donna lieu à de nombrtiux arti- cles de journaux. Tous s'accordèrent pour dire qu'à gauche de la statue se trouve un Saule venu d'une bouture apportée de Sainte-Hélène (voir Illustration , numéro du 27 juillet 1850). A cette époque, le jardin napoléonien était appelé square de Sainte-Hélène. H nous semble rationnel d'attribuer cette plan- talion à Philippe de Ségur, l'auteur de Y Histoire de Napoléon et de la Grande Armée et de la famille du ou des possesseurs de terrain. « Ouel que soit d'ailleurs celui qui planta ce scion, l'arbre a prospéré et il est toujours vivant et vigoureux, comme on peut s'en assurer en entrant dans le square Berlioz; il se trouve à quelques pas, à gauche de la porte d'entrée, et ses rameaux encadrent maintenant la statue de l'illustre compositeur, dont l'appartement donnait sur la place Vintimille. » Ces renseignements ne sont plus exacts qu'en partie, car quelques jours après la visite faite par M. A. L'Esprit au square Berlioz, M. Forestier, conservateur des promenades et jardins de Paris, notre collègue, était obligé de donner l'ordre d'abattre le Saule historique qui, mort depuis quelque temps, menaçait de tomber; « ses rameaux n'encadreront plus la statue de l'il- lustre compositeur ». M. Frédéric Masson possède, dans ses collections, une très intéressante lithographie de la place Vintimille. La Revue Horticole, dans son numéro de janvier 1918, publie'une nouvelle note sur un Saule historique du Jardin Botanique de Dijon, dont nous extrayons le passage suivant : « Aux Saules napoléoniens, signalés dans les derniers numéros de la Revue Horticole, il convient d'ajouter celui que possède le Jardin Botanique de Dijon. C'est un superbe Salix 160 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION babylonien L. femelle, dont le tronc mesure actuelieipaent. à 1 mètre du sol, une circonférence de 3"'2o; il est situé sur le bord du principal cours d'eau qui traverse le jardin, contre le pont reliant l'École de Botanique à VArboretum. « Dans son Catalogue général des plantes cultivées au Jardin botanique de Dijon, publié en 1854, le DM. Lavalle dit du Salix babylonica L. : « Le Jardin de Dijon possède plusieurs beaux « individus de cette plante provenant de boutures recueillies à « Sainte-Hélène, par le général deMontholon,et offe: tesendon, « au Jardin, par M. Lepelletier de Cléry. » « L'arbre que nous signalons est le seul de cette espèce que nous ayons jamais vu au Jardin Botanique ; les autres ont sans doute disparu depuis de nombreuses années. » ERRATA Dans le Bulletin d'avril 1.918, p. 121, 28^ ligne au lieu de fènes, lire fèves. Dans l'article de M. Meunissier sur les' Expériences géoétiqiies faites à Verrières, les légendes des figures 3 et 6 ont été transposées : page 8:'.. fig. 5, au lieu de Blé « Pologne rameux », lira: Blé « Epillets surnumé- raires » ; page 85, fig. 6, au lieu de Blé « Epillets surnuméraires », lire : Blé " Pologne rameux ». Le Gérant : A. Maretheux. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Casàolle. EN DISTRIBUTION Graines d'Acacia offertes par M. J. GOFFART, de Tanger. Acacia acanthocarpa Willd. = Mimosa ac. Poir. A. aiieura F. Muell. A. armata R. Br. A. Baijleyana F. Muell. A. buxifolia A. Cunn. A. cuiamifolia Sweet. A. cornigera Willd. = A. spadi- cigera Ch. et Schl. = A. sphae- rocephala Ch. et Schl. A. cyanophylla hindi. A. Cyclops A. Cunn. A. dealbata Link. A. Diet ichiana F. Muell. A. Donkelarii (?) A. falcata Willd. A. Farnesi'ina Willd. A. olaucescens Willd. A. fiomaionhyl la A. Cunn. A. juniperina Willd. A. leptoclada A. Cunn. A Uni folio Willd. A. longifolia Willd. A. macradenia Bth. A. myrtifolia Willd. A. neriifolia A. Cunn. {type, var. à grandes feuilles, var. pen- danti). A. prominens A. Cunn. A. pruinosa A. Cunn. A. pycnanlha Bth. {forme pen- dante). A. saligna Wendl. A. spadi'iget a Ch. et Schl. (v. A. corrigera Willd.) A. spectabilis A. Cunn. A. sphaerocephala Ch. et Sch. {v. A. cornigera Willd.) A. stenophylla A. Cunn. A. stricta Willd. A. tri'iervis Desv. {habitat in- connu ?) A.uenîCî7/af the permanent W'dd life protection fund, 1915- 1916. Vol. II. New-York, published by the fund, May 1917. LA PROTECTION DE LA FAUNE SAUVAGE AUX ÉTATS-UNIS 171 tation; nous ne pouvons cependant nous empêcher de citer un passage de la vigoureuse conclusion de notre collègue : « Quelle sera donc après la guerre l'attitude des Américains, des Anglais, des Français, des Italiens vis-à-vis des chiens enragés et des loups-cerviers de l'Allemagne? Pour faire des affaires, commercer et acheter à bon compte, irons-nous fra- terniser de nouveau avec les sanguinaires meurtriers de dix mille citoyens belges et français, avec les forbans qui ont em- mené en esclavage cent mille femmes belges et françaises, qui ont coulé la Lusitania et assassiné le capitaine Fryatt et^Finfir- miére Cavell? Achèterons-nous des objets fabriqués par les mains rouges de sang des Allemands qui ont arraché les jeunes filles belges et françaises des bras de leurs mères? Voudrons- nous acquérir le butin de leurs vols en Belgique et en France ? Faudra-t-il patroner la science allemande qui a imaginé d'as phyxier les soldats anglais avec des gaz de chlore et inventé une artillerie perfectionnée pour réduire en poussière la cathé- drale de Reims? Le chant du cygne de Lohengrin couvrira-t-il les cris d'agonie des femmes et des enfants de la Lusitania lut- tant contre les flots glacials de l'Océan ? Par ce qui vient de se passer depuis trois ans y a-t-il rien qui provoque plus de dé- goût que la Kultur allemande? La seule conclusion logique de la carrière criminelle de l'Allemagne et de son ignoble ma- nière de faire la guerre est de la mettre au ban des nations. Que l'Allemagne s'arrange avec l'Autriche et la misérable Tur- quie, mais aucun Américain n'éprouvera plus jamais le désir de visiter le pays du Kaiser malfaisant qui a déclanché la guerre, la terre des meurtriers, des brigands et des traîtres, dont cette guerre a révélé l'infamie. Par ses crimes et son ignoble manière de se battre, l'Allemagne s'est attiré le mépris et le dégoût du monde entier et cela durera tant qu'il y aura une civilisation dans le monde (1), » (1) A Searchlight on Germany. Germany's blunders,c)-imes and punish- ment, by D"" W. T. Hornaday, member board of trustées American dé- fense Society. (American défense Society, 303, Fifth Avenue, New- York City.) LE MOUTON A LAINE DU MACINA (HAUT-SÉNÉGAL, NIGER) Par A. FAUCHÈRE. M. le gouverneur général Vollenhoven a transmis au Congrès d'Agriculture coloniale une très remarquable étude sur les produits de l'élevage en Afrique occidentale française, étude due à la plume de M. Pierre, chef du service vétérinaire de la colonie. Il m'a paru intéressant de tirer de cette étude une courte communication sur le Mouton à laine du Macina, tant il est rare d'obtenir de la laine des Moulonsdans les pays de la zone intertropicale. La race de Mouton qui fournit de la laine est cantonnée dans la vallée du Niger et plus spécialement dans les cercles de l'Issa-Ber, de Djenné, de Bandiagara et de Goundam. Elle compte près de 2.000.000 de sujets. M. Pierre donne les caractéristiques suivantes du Mouton. Très répandu au Macina, dans le nord-est du Soudan. Taille variant de 0™,60 à 0™,80, tête forte, cornes souvent au nombre de 3, 4, 5 ou 6, col court et épais, queue longue, laine assez longue en mèches pointues et vrillées. Brin grossier, poids de la toison ne dépassant pas 1 kilogramme. Taille au garrot 0m,63 Longueur du tronc 0™,61 Hauteur du sol au sternuuj 0™,43 Poids vif 44 kilogrammes. Poids de la peau^ 2 kil. TOO Jadis, la laine du Mouton du Macina n'avait aucun écoule- ment en Europe. On en était alors aux tissus fins, serrés, pour la fabrication desquels seule la laine des mérinos convient. La laine du Macina était dure, aux brins courts, mal pré- sentée, mélangée de noir, elle était encombrée de corps étrangers et de crams-crams. Depuis que la mode a lancé de gros tissus, dits « anglais », rudes au toucher qui affectent de conserver dans leur trame des matières étrangères même des parcelles ligneuses, la laine LE MOUTON A LAINE DU MACINA 173 du Macina a trouvé un écoulement considérable, car elle convient merveilleusement pour le tissage de ces draps légers et perméables. Le succès de ces laines fut tel qu'elles se sont souvent vendues à des prix très voisins de ceux oflferts pour les laines fines. La toison du Mouton du Macina, écrit M. Pierre, est régulière, ouverte, peu épaisse, le brin est d'un diamètre moyen d'un tiers plus gros que celui du Mérinos, peu vrillé, nerveux, très résistant à la traction et présentant une grande élasticité. Il serait d'une longueur très acceptable si l'on s'en tenait toujours à ne pratiquer qu'une tonte par année et con- viendrait merveilleusement alors à la confection de la chaîne. Des tentatives très intéressantes d'amélioration du Mouton du Macina ont été faites à la bergerie de Niafiinké. M. Pierre ne conseille pas le métissage avec des races d'Eu- rope. Le métissage avec les Mérinos, par exemple, n'a pas été couronné de succès. 11 est partisan de la sélection des repro- ducteurs. Commerce de la laine. — Au début, le commerce de la laine du Soudan a été saboté, écrit M. Pierre. Les agents de chaque maison établie dans les centres d'élevage se firent un point d'honneur d'assembler un tonnage supérieur à celui de leurs voisins et il fut acheté à certains moments des mélanges innom- mables de laine, de poils, de terre récolté sans lavage préa- « lable. Fort heureusement, l'administration analysa clairement les causes de cet état de choses et s'appliqua à le réparer. On créa notamment des Sociétés de prévoyance pour faire disparaître l'usure dont étaient>ictimes les producteurs de laine et l'on s'efforça défaire disparaître les Moutons à poils du Sahel qui vivaient souvent en mélange avec ceux du Macina. In arrêté du 2 juin 1909 a même interdit aux éleveurs de faire pacager, de parquer et de transhumer ensemble les Moutons à laine et les Moutons à poils. On créa des marchés de laine et un marché central à Mopti, oii l'on manutentionne toutes les laines achetées ailleurs. On lave les Moutons avant la tonte, mais on ne lave pas les toisons pour les expédier en Europe. Au lavage, la laine du Macina ne perd que 2-5 p. 100 de son poids alors que celles d'Europe et d'Amérique perdent jusqu'à 174 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION 50 p. 100 de leur poids. Cette difTérence est due à ce que la laine du Macina n a pas de suint. Le rendement moyen en laine d'un troupeau comprenant des animaux de tous âges est de 600 grammes par an en deux tontes. Au début, la laine du Macina était payée 200 à 350 francs la tonne, puis 450 et 500 francs, même 600 francs ; de 1914 à 1916, elle a subi une hausse considérable et s'est vendue de 0 fr. 90 à 1 fr. 50 le kilogramme. Les Foulbés tondent leurs Moutons au couteau. Un homme exercé, rapporte M. Pierre, tond facilement 60 Moutons par jour." Exportations des laines du Macina. ■1008 228 tonnes 1909 8? — -1910 93 — 1911 m — 1912 219 — 1913 325 — 1914 351 — 1915 •. . . . 570 — EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES Par A. MEUNISSIER. Suite et fin (1). Observations du D"" Hagedoorn SUR l'élevage des rats du groupe Battus. Les expériences génétiques du D"" Hagedoorn sur les Rats ont été, en partie, poursuivies à Verrières-le-Buisson de 1910 à 1912 alors que leur auteur était attaché au Laboratoire de Biologie de MM. Vilmorin-Andrieux et C'''. Elles ont surtout été faites sur le Surmulot {Mus decumanus) €t ses diverses variétés, Rats blancs et Rats tachetés, dont (1) Voy. Bulletin, février, mars, avril, mai 1918. EXPÉfilEiNCES GÉNÉTIQUE^ FAITES A VERRIÈRES 17o rélevage el la reproduction étaient très facilement obtenus en des petites cages en fil de fer sans fond, pouvant s'ouvrir à la partie supérieure et posées simplement sur le sol cimenté d'un cellier. Une sorte de premier étage en fil de fer était disposé sur près de la moitié de la cage et il était facile d'y faire grimper les habitants lorsqu'on voulait déplacer la cage soit pour en nettoyer l'emplacement, soit pour apporter la nour- riture. La reproduction en captivité du 3fus Rattus est beaucoup plus difficile. Nous traduisons, ci-dessous, les passages à ce sujet d'un récent article du D'' Hagedoorn (1). « Il est plutôt difficile d'obtenir la reproduction en captivité des Rats du groupe Rattus. Gomme au début nous ne pouvions réussir, nous louâmes dans les ruines d'un château, en France (à Verrières-le-Buisson), un cellier qui fut rempli de vieilles boîtes et paniers, de fagots et de paille et nous y mîmes en liberté deux femelles et un mâle. Nous leur donnâmes ensuite de la nourriture pour une semaine afin de les déranger le moins possible. « Plus tard à Bussum, en Hollande, nous réussîmes à obtenir la reproduction dans des chambres cubiques de quatre pieds de côté faites d'amiante {asbestos slates) et remplies de détritus pour que les animaux puissent s'y cacher. Au début, beaucoup d'entre eux refusèi-ent de se reproduire même dans ces cages, et comme ces animaux étaient des hybrides, nous pensons qu'une sorte de sélection naturelle, très rigoureuse, fut la raison du fait qu'après quelques générations la reproduction devint assurée. Ces cages étaient couvertes par devant sur la moitié d'un petit réseau, et elles ouvraient sur une sorte de corridor qui était presque obscur et pouvait l'être entièrement. A Java, nous pûmes même obtenir la reproduction dans de petites cages de fer-blanc de la dimension des bidons à pétrole. A Bui- tenzorg, le Département d'agriculture a construit, d'après nos plans, un local composé d'une série de chambres bétonnées faites de façon que les animaux puissent être observés d'un corridor obscur sans qu'ils puissent s'en apercevoir, et dune série de cuves en maçonnerie avec une couverture grillagée. Ce local est employé pour l'étude biologique des Rats et pour (1) A. C. et A. L. Hagedoorn. Rats and Evolution, American Naturaliste juillet 1917. 176 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION des expériences de croisements afln de déterminer la compo- sition^'un matériel d'étude plus ou moins douteux. « Il n'est pas nécessaire de nettoyer les cages très souvent, à condition qu'elles soient bien garnies de paille sèche et non surpeuplées. Le dérangement empêche les animaux de se reproduire librement. Il arrive que ces Rats se reproduisent dans des cages entièrement grillagées; mais il y a alors danger que la mère ne puisse rendre le nid suffisamment obscur et retiré pour éviter le dérangement apporlé'par le mâle. D'après notre expérience, il ne faut plus compter sur une jeune femelle qui a une fois négligé ou détruit une de ses portées. Générale- ment, les femelles ne quittent pas le niddurantles deux ou trois premiers jours, ou aussi longtemps que les jeunes crient. Après, elles cachent les jeunes vers le soir, couvrant le nid de terre si elles en ont à leur disposition, pour le déterrer h nouveau à la fin de la nuit. Lorsque les petits sont âgés de trois jours, la mère permet aux jeunes d'une portée précédente de retourner au nid, mais exclusivement aux femelles. C'est seulement lorsque les jeunes ouvrent les yeux, c'est-à-dire du 14^ au 16« jour, qu'il est permis au père de retourner au nid. Les jeunes mâles soQt tenus hors du nid tant que les petits ne sont pas sevrés. « Pour observer les mœurs des Rats de ce groupe, une pa- tience sans fin est requise, car les animaux sont extrêmement sensibles à des bruits ou mouvements à peine perceptibles et ne sont habituellement actifs que la nuit. S'il est possible d'obscurcir la chambre complètement, on peut arriver à observer les animaux dans le jour, à la lumière d'une petite lanterne après les avoir réveillés. Une faible lumière artificielle semble faire à peine impression sur les Rats et sur les Souris. « Nous avons vu des Rats sauvages s'accouplant ou conti- nuant à manger ou à jouer, même si l'on passait à difîérentes reprises devant eux la lumière d'une petite lampe, tandis que le craquement d'une allumette suffisait pour les déranger. Une bonne méthode est de ne nourrir les Rats en cage qu'une fois par jour et à la même heure, chose à laquelle ils s'accoutument très rapidement, et, de cette façon, on peut les observer à un moment très propice. Les Rats sauvages s'accoutument même à un repas à heure fixe. Un inconvénient du système est que lor>que la quantité de nourriture n'est pas très abondante, un retard de seulement deux heures dans la distribution du repas peut causer la mort de jeunes récemment sevrés ou même de EXPÉRIENCES GÉNÉTIQURS FAITES A VERRIÈRES 177 Rats à demi développés. On peut mettre partiellement ceci sur le compte du découragement, car ces Rats sont des animaux extrêmement nerveux. Un choc, une frayeur soudaine, peut leur faire perdre connaissance pour un temps assez long, et la peur peut souvent les tuer sur le coup. « Pour pouvoir observer des Rats de ce groupe à notre aise, nous essayâmes d'en apprivoiser quelques-uns. De jeunes iVus decumanus pris au moment du sevrage deviennent apprivoisés ou plutôt restent apprivoisés sans autre difficulté. Il est impos- sible de les apprivoiser à Tâge de six semaines à deux mois lors- qu'ils sont sauvages et aptes à mordre. Les animaux adultes sont plus faciles à dresser, même s'ils sont capturés à Télat sauvage. « Pour apprivoiser le Mus Rattus, il est nécessaire de prendre les jeunes au nid avant qu'ils soient âgés d'une semaine ce qui est seulement possible si ia mère est assez apprivoisée pour permettre qu'on les dérange. Dans les premières généra- tions de notre travail, nous employions fréquemment, comnie nourrices, des femelles apprivoisées de 3Ius norvégiens. 11 est particulièrement nécessaire, au début, de ne manipuler les jeunes que la nuit alors qu'ils sont beaucoup plus actifs. Une patience infinie est requise pour apprivoiser ces Rats, car si une fois un jeune Rat saute de la main, ce qui arrive aisément, il est impossible par la suite d'obtenir qu'il reste à nouveau sur la main. Il est possible d'apprivoiser complètement les plus grosses espèces de façon à ce que les animaux arrivent à sauter sur la main de leur maître dès que la cage est ouverte, à venir lorsqu'on leur tend la main, à se nourrir avec insouciance, à se laisser prendre et retenir sans effroi et à ne pas être dérangés par les observateurs, même au moment de l'accou- plement. « Il est curieux de noter qu'ils ne semblent pas connaître leur maître. Un Rat apprivoisé l'est en ce qui concerne tous les humains. Il semble que la domestication lui enlève une bonne dose de sa nervosité, car les Rats apprivoisés sont beaucoup plus calmes, même entre eux, se reproduisent en de plus petites cages et deviennent plus gras que les sauvages. « Quoique ayant une grande expérience dans le dressage des petits animaux nerveux, nous n'avons pas encore réussi à apprivoiser le petit Rat des maisons. Mus concolor. Les jeunes mêmes, dont les yeux ne sont pas encore ouverts à lo lumière, BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1918. — 14 178 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION sont si nerveux qu'on ne peut obtenir qu'ils restent tranquilles sur la main sans qu'on les tienne. Tout ce que nous avons pu, c'est d'accoutumer ces animaux à être retenus sans manifester de nervosité. « Il y a une très grande différence dans le caractère des différentes espèces de Rats, même dans un groupe aussi étroi- tement uni que le groupe Battus. Les Rats des champs, java- nais aussi bien que ceux d'Egypte et de Sumatra, se comportent comme Mus norvégiens : ils sont insouciants, timides et impulsifs. « Un Rat des champs échappé peut être repris en un moment, car on peut calculer d'avance la direction dans laquelle il s'enfuira, c'est-à-dire vers le mur, et on peut ainsi aisément le reprendre dans une cage ou dans une trappe. « Le Rat des maisons, européen ou javanais, est audacieux, calculateur et relativement peu nerveux; lorsqu'il est pour- suivi, il recherche très bien les cachettes possibles oîi il restera immobile pendant des heures. Un Rat de maison échappé n'est très souvent retrouvé qu'avec la plus grande difficulté. Le caractère de ces Rats les rend relativement faciles à appri- voiser. « Les Rats des arbres, les égyptiens comme les javanais, essayent d'échapper à leur persécuteur en grimpant. Ils sont extrêmement agressifs et nous avons été certainement mor- dus plus de fois par des Rats des arbres que par tous les autres Rats réunis. « Dans nos expériences, nous employons pour tous les Rats un catalogue par fiches. Chaque animal a sa fiche sur laquelle est noté son numéro, le numéro de ses parents et, si néces- saire, le croquis des taches de son pelage et les numéros des animaux avec lesquels il a été accouplé, ainsi que le nombre déjeunes nés de ces accouplements. En changeant un Rat de cage, un double de la fiche est attaché à la cage. Sur les fiches classées, le numéro des cages est marqué au crayon. Les ani- maux morts ont une marque distincte et les fiches sont classées à la fin. Avec ces fiches, il est très aisé de trouver les ascen- dants et les descendants d'un animal donné. Il est également facile de classer ces fiches sur une grande table sous forme de pedigree. « Nous commençâmes nos expériences avec le groupe Rattiis, par quelques animaux reçus du D'' Lewis Bonhote » EXPÉRIENCES GÉNÉTIQUES FAITES A VERRIÈRES 179 « Le D'' Bonhote croisa, en Angleterre, le Rat des maisons égyptien, Mus alexandr'mus , un Rat gris agouti, à queue plutôt courte et ventre foncé, avec le Rat des arbres égyptien, Mus tectorum, animal plus petit, agouti fauve à longue queue et à ventre d'un coloris blanc nettement délimité. Les jeunes étaient tous comme tectorum. Ces animaux, croisés entre eux, donnèrent quelques jeunes à ventre foncé, et du croisement de deux jeunes « tectorum », le D'' Bonhote obtint, avec quelques agoutis à ventre foncé et à ventre blanc, plusieurs Rats jaune orangé. C'est à ce moment que nous prîmes la suite de l'éle- vage. Par suite du zèle excessif de la douane française, qui craignait la transmission de la peste par l'intermédiaire de ces animaux, ils furent retournés de Dieppe à Londres et la plupart d'entre eux moururent en chemin et, parmi eux, tous les jaunes. Quand, finalement, ils arrivèrent à Verrières, il ne res- tait plus que quelques animaux à ventre blanc. Une femelle de ces derniers, le n° 13, finit par s'accoupler avec un mâle, Rat noir français [Mus Rattus), après avoir tué en cage un grand nombre de mâles. Les hybrides furent noirs avec une très longue queue. Nous en perdîmes un grand nombre dans le transport de France en Hollande. Un des Rats agoutis à ventre blanc obtenus, le n° 17, fut accouplé avec deux femelles noires hybrides, 24 et 25, et avec une femelle tectorum., n° 19. De l'union de 17 avec 24, 20 jeunes furent obtenus parmi lesquels 7 noirs, 7 agoutis à ventre blanc (comme tectorum)., 5 jeunes et quelques gris-perle. Parmi les noirs, l'un avait la pointe de la queue blanche, ce qui était également le cas pour un des agoutis à ventre blanc. Trois des agoutis à ventre gris étaient des « valseurs ». Ces animaux se comportent exactement comme les Souris valseuses. Ils tournent avec une rapidité amusante en formant de petits cercles et ils sont incapables de grimper. Mais, tandis que les Souris valseuses sont moins viables que les normales, les Rats valseurs sont aussi vigoureux que les Rats ordinaires; et, alors que les Souris valseuses sont sourdes de naissance, les Rats valseurs entendent de façon normale. « De l'union du mâle 17 avec la femelle 2o, 17 jeunes furent obtenus, dont 7 noirs, 1 valseur, 1 à gorge blanche, 7 agoutis à ventre blanc et 1 agouti à ventre jaune-citron. Comme les femelles 24 et 25 étaient de la même portée et avec la même parenté, on peut nous permettre, pour la discussion des faits, 180 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION d'additionner ensemble les nombres de jeunes obtenus. Il y avait donc ii7 jeunes dont 14 noirs et 17 agoutis (les chiffres calculép'étant 15,5 et 13,5). Parmi ces 37 il y avait 5 jaunes, 1 gris-perle, 2 avec l'extrémité de la queue blanche, 4 valseurs et 1 à ventre jaune, tous ces animaux présentant des carac- tères entièrement nouveaux » SUR L'IMPORTANCE DU SORGHO SUCRÉ Par ANDRÉ PIÉDALLU. Le Sorgho sucré (Sorghum vulgare, Fers. var. saccharatum) est une Graminée qui, d'après Candolle, serait originaire de l'Afrique équaloriale. De là, il aurait été répandu en Egypte, aux Indes et en Chine. Les Romains le connaissaient ainsi que les autres produits de la Ilaute-Égypte et de l'Abyssinie. Il est cultivé depuis très longtemps en Mandchourie, en Chine, au Japon, en Russie méridionale ainsi que sur la côte d'Afrique- On le cultive également aux Indes, aux Philippines, en Arabie, en Abyssinie, etc. 11 fut introduit en Europe, au xv« siècle, par les Génois et les Vénitiens. En 18.50, Montigny le réimporta à nouveau de Chine en Europe et, en 1834, Wray rapporta du Natal plusieurs variétés du Sorgho sucré cultivées par les Cafres zoulous qui les appellent Imphy. La Société d'Acclimatation s'en occupa à l'époque. Mais cette tentative coïncida avec le développement consi- dérable de la culture de la Betterave à sucre. Celle-ci s'accom- modait des climats du Nord dont les populations habituées aux entreprises industrielles en tirèrent le parti que l'on sait. Mal- gré les efforts tentés et les succès obtenus alors, le Sorgho sucré retomba dans l'oubli. Les circonstances actuelles en font à nouveau une plante très intéressante à cause de la multiplicité des produits qui peu- vent en être retirés. Je l'ai cultivé cetts année aux environs de Paris. Il y pousse bien et y mûrit en partie ses graines. La culture en est, facile ; la germination se fait très bien ; toutes les graines que j'ai SUR l'importance du sorgho sucré 181 mises en expérience en avril onl germé. En repiquant les jeunes plantes de pépinière, j'ai observé qu'on pouvait faire multiplier les tiges en couchant les jeunes pieds ou en les but- tant. On obtient ainsi des plantes vigoureuses à 4 ou 5 tiges et plus, au lieu d'une, qui chacune produisent une panicule. Elles atteignaient, en août, l^jSO et certaines tiges ont dé- passé 2"°, 50. Tiges. — Les analyses faites immédiatement après la récolte ont montré que dans le climat parisien, peu favorable, la teneur des tiges en sucre n'est pas très élevée, elle est seule- ment de 4 à 5 p. 100 de saccharose sans sucres réducteurs au moment le plus favorable, c'est-à-dire, comme l'ont prouvé mes expériences, à la maturité des grains. Les analyses ont été faites par le procédé de Bertrand, modifié par Saillard, très sensible et très précis. Tous les auteurs parlent de la présence de sucres réducteurs incristallisables. Ces sucres provenaient sans doute des fermentations des liges avant traitement. Dans les pays méridionaux, la teneur en sucre est beaucoup plus grande, elle atteint d'après les auteurs de 10 à IS p. 100 avec 2 à 4 p. 100 de sucres réducteurs. Et je sais que cette plante est cultiv;''e en petite quantité par quelques viticulteurs du Midi pour re.nonter le vin en alcool. C'est pratiquement le seul souvenir qui soit resté des efforts tentés vers 1850 pour l'introduction de cette plante. Si l'on compare avec la Betterave qui vient mal dans les pays méditerranéens et dont la teneur en sucre atteint jusqu'à 16 à 18 p. 100 dans un climat favorable, on voit que le rendement en sucre du Sorgho peut déjà être intéressant. D'après Gustave Heuzé, un hectare peut produire une moyenne de 33.000 kilo- grammes de tiges effeuillées donnant de 50 à GO p. 100 de jus titrant 10 à 20 p. 100 de sucre, soit 1.650 kilogrammes de sucre à l'hectare. Heckel a signalé l'influence de la castration sur l'augmen- tation du sucre dans le Sorgho et le Maïs sucrés. Il a obtenu à Marseille 3 à 4p. 100 d'augmentation en sucres dans le Sorgho, mais a constaté la présence d'amidon dans le jus sucré qu' gène la préparation ultérieure du sucre. Il a proposé de laisser quelques fleurs à chaque pied pour obvier à cet inconvénient. On peut utiliser le sucre de plusieurs façons : 1° par extrac- tion industrielle; 2** par extraction ménagère ; le jus de la lige déféqué à la chaux jusqu'à neutralisation au papier de tour- 182 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION nesol, clarifié au sang de bœuf ou ou blanc d'œuf, filtré et enfin concentré jusqu'à consistance sirupeuse peut servir aux usages domestiques, fabrication des marmelades, sucrage du café, fabrication des boissons à bon marché, etc. ; 3° remontage du vin en alcool; 4" fabrication d'alcool industriel. Résidus de la tige. — D'autre part, l'étude micrographique de la plante m'a montré des fibres abondantes avec lesquelles j'ai pu fabriquer en petit un papier de belle apparence. Le rendement de la tige à l'analyse donne 10 à 17 p. 100 de matières cellulosiques, soit pour 33.000 kilogrammes de tiges effeuillées, un rendement d'environ 3 tonnes de pâle à papier à l'hectare. Cette matière appelée pâte sapin mécanique vaut 135 francs la tonne. Un hectare produirait un rendement de 403 francs. L'exploitation en grand de cette pâte à papier aurait en plus de son abondance l'avantage immense de pré- server nos forêts déjà si éprouvées d'une des causes de des- truction qui les menacent. Cérosie. — La tige exsude à la maturité une cire qu'on pour- rait extraire par grattage. Les cires sont d'un prix élevé, elles ont un gros emploi dans la fabrication des produits d'entretien : cirage, encaus- tique, etc. Feuilles. — Les feuilles avec lesquelles j'ai nourri des Lapins sont pour eux un bon fourrage, quoique les auteurs signalent en Egypte et aux Indes des empoisonnements de bes- tiaux produits par l'ingestion de tiges jeunes ou mal venues qui contiennent à cet état un glucoside cyanogénique : la dhur- rine. On sait que des plantes toxiques dans certains pays sont inoffensives ailleurs. La Digitale, toxique dans les Vosges, est consommée en infusions théiformes en Vendée. Un hectare fournit 4.300 kilogrammes de feuilles de Sorgho et quand la récolte est faite de bonne heure on peut avoir une deuxième coupe d'un fourrage excellent. Racines. — Les racines peuvent être utilisées pour faire de l'alcool ou après lavage et cuisson pour la nourriture des porcs. Grains. — Les grains m'ont donné un rendement de 100 gram- mes par pied, ils sont beaucoup plus abondants dans le Midi où chaque pied peut donner 2 à 300 grammes. Ces grains sont enveloppés dans les glumes qui prennent, à la maturité, une couleur noire caractéristique. 100 grammes de grains don- SUR l'importance du sorgho sucré 183 nent : grains mondés 72 grammes, glumes 28 grammes. Les grains sont comestibles; j'en ai fait manger à des Lapins; les oiseaux en sont très friands et les Sénégalais en mettent dans le couscous. Ils contiennent une importante réserve d'amidon de matières azotées et de matières grasses. La farine est bise, elle a bon goût et pourrait parfaitement être mélangée à celle du Blé pour faire du pain. Le grain pourrait en tout cas servir à la nourriture du bétail et des volailles, ainsi qu'à la fabrication des pâtes alimen- taires et de la bière. La bière de Dolo est faite avec les grains du Sorgho. Un hectare contenant 20.000 pieds peut donner 4 à 6.000 kilo- grammes de semence, ce qui montre l'importance alimentaire de ce grain. Glumes. — Enfin, j'ai trouvé et j'ai extrait des glumes qui enveloppent le grain une matière colorante dont je continue l'étude. Elle est caractérisée en première analyse par une colo- ration rouge orangé, en solution étendue d'acide fort qui vire au violet par les alcalis. Une goutte de cette solution acide mise en présence d'eau de concession contenant des sels calcaires donne une laque rose violacé caractéristique. Cette matière colorante teint la laine, la soie, le coton et les cuirs : en gris avec le fer, en gris violacé avec le cuivre, en vieux rose avec l'alumine, en brun plus ou moins foncé avec les bichromates alcalins. Les gris sur peaux de ganterie peu- vent remplacer les gris-perle au sanguin (jus fermenté des baies de Troène) dont la récolte nécessite une main-d'œuvre onéreuse et rare en ce moment. Si l'on pense que 4.000 kilo- grammes de semence à l'hectare donnent 1.120 kilogrammes de glumes, lesquelles sont riches en matières colorantes, on peut encore voir là un fait important. La tige et les feuilles peuvent aussi fournir de la matière colorante. M. Jacques de Vilmorin a eu l'amabilité de me communiquer un petit album contenant des échantillons de tissus de soie et de laine teints au rouge badois, extrait de la tige du Sorgho par Winter en 1858. L'auteur ne donne d'ailleurs aucune indi- cation sur le mode d'extraction et d'application de cette tein- ture. 484 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION En résumé, celte plante, oubliée dans notre pays, pourrait dans le Midi, en Corse, en Algérie, en Tunisie, au Maroc, sans compter l'Italie, produire, dès cette année, du sucre, de l'alcool, du papier, de la cire, de la farine, une matière tinctoriale et du fourrage pour les bestiaux. Je pense même que la Corse pour- rait, ainsi, se suffire à elle-même en sucre, et qu'on devrait obtenir un rendement intéressant en France jusqu'à la Loire. EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LÀ SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU 18 FÉVRIER 1918 Présidence de M. D. Bois, Vice-Président. Le procès-verbal de la précédente séance générale est lu et adopté. Généralités. Sont déposés sur le bureau, pour la bibliothèque : 1° Maiden. — Un fascicule de la Grande monographie des Eucalyptus. 2° Pieraërts. — Plusieurs notes sur les plantes oléagineuses (Huile de Sele, Cocorico, Noix de Ximenla americana.) 3° Robertson-Prosciiowski. — Une nouvelle plante rnellifère^ pour la Côle-d.Azur (in Petite Revue agric. et hort. d'Antibes, 548, 27 janvier 1918). C'est une Légumineuse du genre Prio- tropis. Météorologie. M. Ch. Rivière, pour faire suite à sa précédente communi- cation sur l'influence que la température de Pair exerce sur les phénomènes physiologiques (animaux et végétaux), nous entretient aujourd'hui de la géothermie. La place manquant pour donner de cette communication le résumé détaillé qu'elle comporterait, puisqu'elle a coûté à son auteur toute une vie de recherches et d'observations patientes et souvent fastidieuses, on en est réduit, bien à regret, en raison des restrictions EMRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 185 imposées parles nécessités de l'heure actuelle, à rappeler briè- vement que M. Gh. Rivière étudie les effets géothermiques sur les végétaux et les animaux. A Taide de graphiques et de tableaux il démontre les différences de température dans un sol nu et dans un sol gazonné jusqu'à un mètre de profondeur. Les températures prises dans la motte d'une plante, dans un pot sur le sol ou enterré offrent des amplitudes contraires ou favo- rables à la végétation. Les cultures faites sous clayonnage subissent des variations inverses de celles qui sont à l'air libre. — La température des terriers où logent certains animaux varie peu à une certaine profondeur et il est rare d'y observer du froid sous zéro. L'i°nfluence de la température des eaux superficielles ou de la première couche aquifère est grande sur la végétation. L'arrosage même en plein soleil, n'a aucune réaction fâcheuse même sur les jeunes plantes parce que l'eau au contact du sol ne produit pas toujours une légère et fugace élévation thermique. — M. Ch. Rivière signale aussi les heu- reuses exceptions climatiques dues à la température de l'eau, et recherche si l'emploi de sources thermales à hauts degrés canalisées ne pourrait avoir un résultat économique, en cultures spéciales comme échauffement du sol. Mammalogie. M. G. de Southoff nous écrit de Florence que M. W. R. Temple d'Ormonde, Datchet (Bucks), publie dans l'annuaire pour 1917 de V Amateur Ménagerie Club qu'il a réussi à faire reproduire en captivité le Mulot {Mus sylvalicus L.). Entomologie. M. Louis Capitaine lit une note du F. Gineste,-qui décrit un Champignon parasite des larves de Hannetons, au Mexique. Il s'agit simplement, remarque M. Vayssière, du Champignon déjà étudié et décrit, depuis longtemps par Giard et que M. Le Moult, père, essaya de cultiver en grand ici, dans l'espoir de pouvoir détruire chez nous les Vers blancs. Les résultats, jusqu'à ce jour, ne semblent point avoir été aussi beaux qu'on l'espérait. Botanique. M. Robertson-Proschow^ski nous envoie : a) Un rameau de Melaleuca hypericifolia avec agglomé- 186 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION rations de fruits. Ces derniers ne s'ouvrent pas, tant qu'ils restent sur les rameaux. Si l'on coupe celui-ci, ils s'ouvrent aussitôt; b) Des débris à' Opuntia Tuna Mill., morts depuis 5 ou 6 ans, et réduits à une pelure desséchée ; c) Des racines à' Acacia melanoxylon A. Br. avec nodules de bactéries assirailatrices; d) Un écha.nii\\on à' Archontophœyiix CunninghamûV^endl. et Dr. tué par une moisissure ; e) Un pétiole de Washingtonia ûlifera Wendl., attaqué éga- lement par une moisissure. Ces deux Champignons seront soufnis à l'examen du labo- ratoire de Cryptogamie du Muséum d'histoire naturelle, pour essayer de déterminer la nature du parasite, s'il y a parasitisme. VArchoniophœnix Cunninghamii fut soumis par M. D. Boisa M. le Professeur Mangin, qui y reconnut la présence d'un Champignon saprophyte. M""^ Johanna Westerdijk, Directrice du Palhologisch Laboratorium, à Amsterdam, à qui des échan- tillons avaient aussi été envoyés par M. le D'' Robertson-Pros- chowski, a répondu que le Champignon en question est le Pénicillium roseum Link. qui est saprophyte. Elle ne connaît, ajoute- t-elle, aucun cas de parasitisme certain chez les Pénicillium ; mais cet organisme peut accompagner un vrai parasite (difficile à trouver et à isoler) ou bien vivre dans un milieu favorable créé par un insecte ou une maladie physio- logique. M. Piédallu fait une communication sur les Jardins militaires improvisés. Il récite à ce propos deux poésies dont il est l'auteur et obtient un vif succès. M, Fernand de Chapel envoie des graines, dont la liste paraîtra au Bulletin (couverture). Le ministère des Affaires étrangères fait savoir, en réponse à une demande d'autorisation que la Société avait formulée en vue d'obtenir l'envoi d'échantillons de Pommes de terre origi- naires des îles Canaries, que l'affaire est en bonne voie et que l'agent consulaire français aux îles Canaries est saisi de cette demande. Le Secrétaire des séances, Louis Capitaine. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES DE LA SOCIÉTÉ 187 SÉANCE GÉNÉRALE DU 4 MARS 1918 Présidence de M. D. Bois, vice-président de la Société. Le procès-verbal de la précédente séance générale est lu et adopté. GÉNÉRALITÉS. M. Daly Murray, de Cork (Irlande) envoie, pour la Biblio- thèque, le dernier ouvrage de M'"'' G. Stratton-Porter : Moths of the Limberlost (1) (les Papillons nocturnes de Limberlost). M'"e Porter a pu élucider beaucoup de points obscurs des mœurs de ces Papillons pendant qu'elle habitait Limberlost dans rindiana, entre le Michigan et l'Ohio. Elle raconte avec humour ses chasses et ses élevages de Chenilles. Après un chapitre consacré à des généralités, M™^ Stratton- Porter traite individuellement les espèces suivantes : Cecropia sp., Eacles impevialis, Deilephila lineata, Actias luna, Proto- parce celeus, Byperchiria lo, Caiocala sp.^ Telea Polyphemus, Protoparce carolina, Hemœris Thysbe, Triptogon modesta, Aitacus Promethea et Citheronia regalis. Mammalogie. M. Mérite écrit que, depuis longtemps, on lui avait signalé Fexistence de Campagnols à taches noires. Il vient de recevoir un spécimen avec le dos couleur de Taupe. Il ne s'agit pas d'une espèce particulière, mais d'un animal ayant l'extrémité gris jaunâtre du poil râpée sur toute l'étendue du dos et des côtés, ce qui laisse voir la couleur noirâtre de la base du poil. Sous quelle intluence et dans quelles conditions le phénomène se produit-il? M. Debreuil répond que les poils s'usent rapidement chaque fois qu'une maladie de peau entraîne un animal- à se gratter. C'est là — vraisemblablement — la cause du phénomène. M. Ch. Rivière fait une communication sur les Éléphants dans l'Afrique romaine. II recherche dans quelles conditions les Éléphants ont pu vivre à l'état sauvage ou domestique dans le Nord de l'Afrique dont le climat, suivant lui, ne semble pas avoir changé depuis les temps historiques. Pline et Strabon (1) Chez Hodder et Stoughton, à Londres. 188 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION sont sobres de renseignements. Les Éléphants de guerre, quelle que fût l'espèce, africaine ou asiatique, ne pouvaient être bien nombreux dans l'Afrique mineure aux temps des Car- Ihaginois et des Romains, dans un pays soumis à des disettes périodiques et où l'alimentation herbacée manque la plus grande partie de l'année. Ensuite, ce pays où le froid n'est pas inconnu se prêtait-il à la vie facile de ce gros Pachyderme? Notre collègue ne le pense pas, et il insiste pour bien établir qu'il n'envisage le climat qu'aux temps historiques et même préhistoriques, mais nullement les périodes géologiques qui les ont précédés, car il a trouvé dans des fouilles qu'il a faites aux environs d'Alger en 1872 des débris d'Elephas antiquus et primigenius qu'il a offerts au musée de TUniversité d'Alger. A propos de celte communication, M. de Guerne dit que, sur certains points, il n'est pas de l'avis de son collègue. 1° les Mammouths ont vécu en Sibérie. C'étaient des animaux beau- coup plus grands que les Éléphants, et qui se trouvèrent réunis, en certains points, en si grand nombre, que l'on exploite encore aujourd'hui des carrières de leur ivoire fossile; 2° dans l'Afrique du Nord, il n'a jamais été question de l'Élé- phant d'Asie, mais bien de celui d'Afrique, facilement recon- naissable à ses énormes oreilles, comme le prouve l'examen des médailles conservées à la Bibliothèque nationale. Un ouvrage, publié par Tissot, reproduit des dessins et des inscrip- tions gravées sur des rochers et où l'on reconnaît les Éléphants d'Afrique. Ces inscriptions et ces dessins datent des temps préhistoriques; 3° quant à la question de l'élevage de l'Élé- phant, il est d'accord avec M. Ch. Rivière. On ne saurait le conseiller, car l'animal ne donne un rendement pratique qu'au bout de trente ans environ. C'est un délai qui dépasse les pos- sibilités commerciales. M. Ch. Rivière répète qu'on ne peut pas comprendre com- ment, à l'époque carthaginoise, on pouvait faire vivre un trou- peau d'Éléphants sans herbe. Et comme cet animal, en raison de sa taille énorme, consomme une quantité prodigieuse de nourriture, il devait falloir une organisation spéciale, au temps d'Annibal, pour assurer la subsistance d'un pareil troupeau. Mais ce troupeau constituait en quelque sorte un moyen dn guerre, destiné à frapper l'imagination des peuples et il n'est pas surprenant qu'à une époque où, malgré l'insuffisance de moyens mécaniques, on a réussi à édifier des constructions EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 189 qui défient les attaques des siècles, on ait pu alimenter, par des moyens spéciaux, un troupeau d'Éléphants destiné à stu- péfier tous les peuples du monde. Enfin, M. de Guernô rappelle que l'ouvrage du D"" Loisel sur les Ménageries, contient de nombreux renseignements sur les anciens troupeaux d'Éléphants, et que la ménagerie Hagen- beck, à Hambourg, réussissait à faire vivre, en Europe, une assez grande troupe d'Éléphants en captivité. Ornithologie. M. Pichot envoie une note rectificatrice au sujet de pré- tendus élevages de Faisans faits en Chine, en vue de la vente des plumes et dont il avait parlé dans la séance du 7 mai 1917. La lettre de M. Pichot paraîtra à la Correspondance. A ce sujet, M. de Guerne rappelle que dans ses voyages il a parcouru il y a une dizaine d'années, une grande partie de la Chine. Il a séjourné à Hongkong, Macao, Canton. Là, le consul français qu'il a rencontré, fonctionnaire très au cou- rant de toutes les questions d'élevage et d'agriculture générale, a pu lui donner toutes sortes de renseignements, et jamais, à sa connaissance, il n'avait entendu parler, ni vu d'élevages de Faisans pour l'industrie plumassière. A Amoï, qui fait un grand commerce avec l'île de Formose, ce fut pareil-. A Changaï, à Nankin, toujours même absence de renseignements sur ces prétendus élevages de Faisans; dans cette dernière ville et ses environs, on fait de très grands éle- vages de volailles, Poules, Canards, etc., et les marchés chi- nois sont célèbres par la façon dont les animaux sont présentés aux clients. Ces marchés possèdent, en outre, des échaudoirs très bien organisés, pour la conservation des plumes. Les Chi- nois savent donc tirer parti des plumes de leurs volailles, alors que chez nous, dans les marchés, on laisse, en général, perdre là une matière précieuse. En remontant le Yang-tsé-Kiang, de Nankin à Hang-Kéou, M. de Guerne eut, au cours de ce long trajet, maintes occasions de s'informer delà question des Fai- sans. H ne put rien connaître, et cependant il lui fut donné, à plusieurs reprises, d'assister au débarquement ou à l'embarque- ment de toutes sortes de marchandises, sur le bateau, où il avait pris passage. .\ Pékin, à Tien tsin, même en Corée, il ne put obtenir aucun document sur l'élevage des Faisans pour la plume. Les mœurs essentiellement agricoles des Chinois sont 190 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION également un obstacle à ce qu'ils se livrent à un élevage com- mercial d'animaux pour en tirer un rendement dont le but et la nécessité ne leur apparaissent pas bien nettement. Tout ceci peut donc confirmer ce que dit M. P. -A. Pichot. M, Debreuil répond que l'on prétend que ces fermes à Faisans seraient de création très récente. Mais M. de Guerne répond que l'on ne peut pas organiser un élevage de Faisans, aussi considérable, en un temps aussi court. Entomologie. M. Ch. Rivière fait une communication sur la Teigne du Pla- tane, LithocoUelis Platani Staudinger. C'est un Microlépidop- tère qui altère gravement les feuilles du Platane, mais heureu- sement il sévit rarement à l'état épidémique et disparaît brus- quement après quelques années de ravages. M. Gh. Rivière fait un exposé complet de la dernière invasion constatée dans le Midi de la France et dans le Nord de l'Afrique de 1897 à 1904. Gette Tinéide ronge le parenchyme de la feuille qui se des- sèche et tombe. Les nouvelles pousses sont de suite attaquées et l'arbre doit se défendre contre des atteintes successives. A l'état parfait, l'Insecte se répand en vols compacts, parfois gênants pour la vie domestique; aucun moyen de lutte. Brus- quement, cette invasion intense a cessé depuis 1904, et dans beaucoup de régions, l'Insecte est introuvable. Gette étude sera publiée au Bulletin. A ce propos, M. Vayssière signale qu'en Algérie, la Tinéide dont parle M. Ch. Rivière est reparue en 1914, ainsi que dans le Midi de la France. L'été de 1917, a été marqué par une recru- descence inouïe de la Piéride du Chou [Pieris brassicx) dans presque toute la France. Sur le chemin de fer transcaspien, dit M. de Guerne, l'abondance des chenilles était tellement consi- dérable, qu'elles empêchaient les trains d'avancer. Elles fai- saient, par leurs corps écrasés, un enduit glissant sur les rails, et les roues patinaient, impuissantes à avancer. On a prétendu aussi que la Piéride du Chou avait eu, en l'été 1917, une recru- descence, du fait de l'extrême développement de la culture du Chou, par les réfugiés belges. Dans la région champenoise, M. Vayssière, dans le Jura, M. Ch. Rivière, et dans la Seine-et- Marne, M. Debreuil, signalent que des milliers d'hectares de Choux ont été ravagés en une nuit, réduits en quelques heures à leur rachis, par les chenilles incriminées. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 191 M. Bois signale d'autre part, un parasite du Lilas, Gracilaria Sijringella, qui, il y a quatre ans, fit de grands ravages. Et M. de Guerne rappelle le cas de la Galéruque de l'Orme [Galerucella luteolaUnW.) qui, certaines années, prend un déve- loppement considérable. Chez un de nos collègues des environs de Lille, M. Ch. Maurice, décédé le 2 juillet 1914, savant mo- deste et consciencieux, dont le souvenir doit être conservé parmi nous, l'invasion fut telle en 1914, que tous les moyens de destruction employés restèrent impuissants. M. Debreuil ajoute que, certaines années, chez M™° la marquise de Ganay à Gouranceet dans une grande partie du département deSeine- et-Marne, ceColéoptère fit de grands dégâts, mais que les mau- vais temps et le froid du mois d'août favorisèrent le développe- ment d'un Champignon parasite qui, sans doute, aura eu pour effet de détruire une grande quantité de larves et de nymphes; c'est cette année que l'on sera fixé sur ce sujet. Botanique. M. de Sainville demande des renseignements sur des nou- velles variétés de Topinambour, les terrains où elles peuvent êtres plantées, les soins à donner à leur culture. M. Mérite signale, à la Celle-Saint-Cloud, en lisière d'un bois, une Tourterelle prise dans des Graminées qui paralysaient ses mouvements. Il s'agissait du Setaria verticillata L. dont les panicules sont garnies de soies accrochantes à pointes dirigées en bas. A propos de cette communication, M. Debreuil rappelle qu'au printemps les Merles et autres Oiseaux sont souvent englués par les écailles tombées des bourgeons de Peupliers, et que pendant un certain temps, cela les empêche de voler. M. Mérite nous entretient également des graines de l'If {Taxus baccata). « En novembre, nous écrit-il, dans une déjec- tion de Fouine, je trouvai une quinzaine de petits fruits que M. D. Bois voulut bien déterminer. C'étaient des fruits d'If. L'arille rouge vermillon, qui entoure le fruit, est recherchée par la Fouine, et n'est pas toxique, alors que l'amande contient un poison. L'animal absorbe l'arille. La graine se retrouve intacte dans les déjections. » A ce sujet M. Bois dit que MM. U. Roberto et A. Jelmoni ont signalé un cas d'empoisonnement chez l'homme par les fruits deVU. {Taxusbaccala) Bolletino chim.-farm., Milan, 1915, p. 705. 192 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION La taxine existe dans les feuilles et dans les graines de cette plante, mais non dans l'arille. Ces graines traitées entières par l'acide chlorhydrique à 2 p. 100 ne lui cèdent pas de taxine, mais celle-ci passe en solution lorsque les graines ont été écrasées avant le traitement par l'acide chlorhydrique. Leur conclusion est que les fruits de l'If ne donnent lieu à un empoisonnement que lorsque les graines sont broyées par la mastication. {Bulleiin des Sciences pharmacologiques^ 1917, p. 118.) D'après Cornevin, Des plantes vénéneuses, p. 47, la quantité de poison contenue dans les fruits de l'If est incomparablement plus faible que dans les feuilles. C'est en 1879, ajoute cet auteur, qu'une relation circonstanciée de l'empoisonnement d'enfants, à Oxford, par les fruits de celte Conifère démontra, ce qui n'avait pas été établi, jusqu'alors, que, si l'arille n'est point vénéneuse, les graines renferment, par contre, une certaine proportion de matière toxique. Certains Oiseaux, notamment les Grives, ont un goût marqué pour ces fruits, dont la graine, à tégument très dur, n'est pas attaquée par le bec de l'Oiseau et passe intacte dans son tube digestif, l'arilie seule étant absorbée. Le Secrétaire des Séances, D'' Louis Capitaine. Le Gérant : A. Maretiieiix. Paris. — L. Markthbux, imprimeur, i, rue Cassette. EN DISTRIBUTION Graines d'Acacia offertes par M. J. GOFFART, de Tanger. Acacia acanthocarpa Willd., = Mimosa ac. Poir. A. aneura F. Maell. A. amiata R. Br. A. Bayleyana F. Muell. A. buxifolia A. Gunn. A. calami/olia Sweet. A. comigera Willd. =: A. spadi- cigera Ch. et Schl. = A. sphae- rocephala Ch. et Schl. A. cyanophy lia hindi. A. Cyclops A. Gunn. A. dealbata Link. A. Diet ichiana P. Maell. A. Donkelarii (?) A. /oicara Willd. A. /'arne«i"na Willd. A. alaucescem Willd. A. homaiovhylla A. Gunn. A. jnntperina Willd. A. ceptoc/arfa A. Gunn. A linifoli'i Willd. A. longifolia Willd. A. macradenia Bth. A. myrtifolia Willd. A. neriifolia A. Gunn. (type, war. à grandes feuilles, var. pen- dants). A. prominens A. Gunn. A. pr«ino«a A. Gunn. A. pycnantha Bth. {forme pen- dante). A, saligna Wendl. A. spadicigera Gh. et Schl. (v. A. comigera Willd.) A, spectabilis A. Gunn. A. sphaerocephala Ch. et Sch. {v. A. comigera Willd.) A. stenophylla A. Gunn. A. stricta Willd. A. iriiiervis Desv. (habitat in- connu'!) A.«enici«a peuvent pas rendre probants des résultats en matière de vacci- nation antituberculeuse. Ces animaux, indemnes en apparence, étaient cependant bien porteurs du bacille tuberculeux. Ce fait fut révélé par des inoculations : ayant fait des prélèvements sur les ganglions bronchiques et mésentériques de ces animaux, EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 207 qu'on prétendait indemnes grâce au vaccin de Behring, et ayant injecté à des Cobayes une émulsion de ces ganglions, je constatai que tous ces Rongeurs succombèrent à la tubercu- lose, quelques mois après rexpérience. M. Crepin. — Cette expérience me semble contestable. Les Cobayes ont pu succomber, comme nous en verrons plus loin un exemple, à un état cachectique intense, provenant du traumatisme causé par l'injection massive de pus. Il en est résulté une réceptivité extrême, et les Cobayes ont très bien pu prendre accessoirement la tuberculose, sans qu'elle leur fût administrée par l'injection, en même temps que le pus. [A suivre.) EXTRAITS DES PROCES -VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ ^ SÉANCE GÉNÉRALE DU 18 MARS 1918 Présidence de M. D. Bois, Vice-Président de la Société. Le procès-verbal de la précédente séance générale est lu et adopté. PRÉSENTATION D'UN NOUVEAU MEMBRE M. Cruchon, membre titulaire, présenté par MM. Perrier, DebreuU et Loyer. Mammalogie. M. P. A..-Pichot vient de perdre un Écureuil gris du Canada dans des circonstances qui se présentent assez souvent chez les Rongeurs. Par suite de quelque accident à sa mâchoire, les incisives de cet animal ne s'usaient plus par le frottement l'une contre l'autre. Les incisives supérieures et une incisive inférieure avaient continué leur croissance en cercle et avaient 208 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION pénétré, les premières dans le palais, la seconde dans le maxil- laire, formant ainsi obstacle au passage de toute nourriture. Si Ton s'en était aperçu à temps on aurait pu, en coupant ces incisives dévoyées, empêcher la pauvre bête de mourir de faim. Ornithologie. M. Debreuil présente la préface d'un travail de M. R. Rol- linat sur la « Destruction des Rapaces diurnes, des Geais, Pies, Corbeaux et autres Oiseaux, à l'aide de Grands-Ducs vivants ou empaillés, de Chouettes et de Buses vivantes ou montées, de Mammifères, d'Oiseaux, de Reptiles montés, de mannequins d'étoffe et de la glu ». Ce travail sera inséré au Bulletin. Une lettre de M. Labbé, de Tunis, nous annonce qu'il a lu avec regret la décision prise par plusieurs de nos collègues de sacrifier tout ou partie de leurs Oiseaux, faute de pouvoir les nourrir. Il recevrait volontiers, soit des œufs, pour faire couver, soit des Oiseaux des volières de nos collègues, qu'il pourrait soigner jusqu'après la guerre. En ce moment, le transport d'Animaux vivants, surtout d'Oiseaux, n'est pas possible. Quant aux œufs d'Oiseaux pré- cieux, qu'on pourrait — à la rigueur — envoyer, il faudrait les placer, dans de la sciure de bois, bien calés dans une boîte de fer-blanc, le tout emballé dans une caisse de bois. Entomologie. A propos du procès-verbal de la dernière Séance générale, et de l'invasion du Papillon du Chou, M. de Guerne remet une note, d'après les documents de M. Arnold Piclet, de Genève. Il y a eu quatre apparitions en 1917. Les Microgaster, Hymé- noptères parasites qui détruisent les Piérides, s'élant trouvés en quantité infime en 1916, ce fait explique en partie l'inva- sion des Piérides de 1917. M. Vayssière dit, qu'en 1917, il a vu beaucoup de Micro- gaster. M. Ch. Rivière rappelle que l'un des derniers Bulletins de l'Académie d'Agriculture contient une note sur les Papillons qui se transforment en automne, et dont Vimago peut com- mencer à devenir dangereux dès le premier printemps. Cela confirme le deuxième vol d'automne, remarqué en Suisse par M. Pictel. EXTKAITS DKS PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES DE LA SOCIÉTÉ 209 M. Robertson-Proschowsky, de Nice, nous écrit, au sujet des Chenilles processionnaires du Pin, que, dans la région niçoise, ces larves sont assez répandues. En dehors des jar- dins, c'est sur le terrain calcaire et le Pi7ius Halepensis qu'on les rencontre le plus souvent. Dans les jardins, cette espèce est délaissée pour Pinus insignis Dougl. ( — radiata D. Don), P. Ca- nàriensis C. Sm., P. longifolia Roxb. Au contraire P. excelsa Wall, n'est jamais attaqué. M. Robertson-Proschowsky, cette année, a constaté que les Chenilles avaient attaqué d'autres genres de Conifères, qui, jusqu'ici étaient restés indemnes; il cite deux Cedrus Deodara dont les cimes étaient complètement dégarnies de feuilles. Il demande si ce fait a été observé antérieurement. M. A.-L. Clément fait une communication sur la production moyenne des ruches. D'après les principaux auteurs, on peut conclure qu'une bonne moyenne serait de 15 à 20 kilogs ; on peut obtenir 45 à oO kilogs et on a constaté des rendements exceptionnels de 150 et 200 kilogs de miel par an. A ce propos, M. Debreuil demande s'il s'agit de ruches à cadres. Oui, répond M. Clément, car la ruche à calotte donne un rendement beaucoup inférieur (4 à 6 kilogs). Toutefois cette dernière ne demande presque aucun soin. Dans les questions de rendement, il y a lieu de considérer mi peu tous les fac- teurs, abondance des fleurs, région, soins dont on entoure les Abeilles, et doigté de l'apiculteur. Pour la ruche à cadre, il faut s'en occuper au printemps, l'agrandir à la grande miellée, la surveiller à l'essaimage, et en fin de saison. Une ruche à cadre, neuve, dont il faut garnir les rayons de feuilles de cire gaufrée, coûte une soixantaine de francs. C'est une assez forte dépense, que M. Clément ne conseille pas de faire au début. Pour lui, le mieux est de commencer par une ruche à calotte, qui ne coûte guère plus de cinq francs. L'essaimage est facile à faire, l'entretien est presque nul, et dès la seconde année, cette ruche peut donner de quoi en faire une deuxième, et cela double régulièrement chaque année. On voit ainsi si l'on peut s'habituer aux Abeilles. M. Vayssière fait une communication sur les Champignons parasites des Insectes, que l'on pourrait essayer d'employer pour la destruction des Insectes. En réalité, les divers essais BULL. soc. NAT. AC3L. FK. 1918. — 16 210 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION que l'on a tenté jusqu'ici — si quelques-uns ont donné des résultats encourageants en laboratoire, — sont loin d'avoir produit, en grand, ce qu'on en attendait. Sur les effets douteux ou nuls plutôt des Entomophytes, M. Ch. Rivière confirme les conclusions générales de M. Vays- sière, particulièrement en ce qui concerne les tentatives faites en Algérie sur l'Altise de la vigne, les Rhizotrogues, etc., à l'aide du Sporotrichum globuiiferum qui avait été, admiuistra- tivement, conseillé. Botanique. A. Water-Core. — M. D. Bois a reçu une note du colonel Prain, Directeur du Jardin botanique de Keu', relative aux Pommes translucides signalées par M. Debreuil, à la séance générale du 5 novembre 1917 (1). « Nous aussi, ajoute M. Prain, nous avons eu beaucoup d'exemples de ce cas curieux en 1917. La description de M. Debreuil permet d'identifier cette maladie au W'ater core, phénomène physiologique étudié en Amérique et en Australie, et qui se rencontre partout où les Pommes sont cultivées. Elle varie avec les conditions de climat, d'humidité ou d'autres facteurs. » B. Bitter Pit. — M. Mac Alpine a étudié les taches amères des Pommes, maladie qu'il nomme Bitter Pit, et qu'il différencie ' du Water core, dans son troisième rapport. Ces recherches ont été publiées à Melbourne, par les soins du Gouvernement aus- tralien. C'est ce qui a été fait, jusqu'ici, de plus complet. La maladie que M. D. Bois appelle Graisse des Pommes ou Maladie des Taches des Pommes, et dont il parle dans le numéro de mai 1913 du Bulletin de la Société d'Acclimatation semble être, d'après la description qu'en donne M. le Professeur Man- gin, dans la Bévue Horticole, une forme de la maladie connue en Angleterre sous le nom de Bitter Pit ( — tache amère). M. Delacroix la nomme ^^ points bruns de la chair des Pommes » . On a attribué cette maladie à des piqûres d'Insectes ou au con- tact de corps étrangers, mais elle est considérée, presque una- nimement, comme une maladie physiologique. Le D'' Ewart, de Victoria (Australie), cependant, considère que les Pommes sont particulièrement sensibles aux poisons métalliques, et que les pulvérisations contenant des sels comme le sulfate de (1) Cf. Bulletin, numéro de janvier 1918, p. 25. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX: DES SÉANCES DE ' LA SOCIÉTÉ 211 cuivre, peuvent être rendues responsables des taches. M. Mac Alpine, qui a été nomme parle Gouvernement australien pour étudier la question, a publié cinq rapports, de 1911 à 1916, sur ce cas de Bitter PU. M. Brocks a résumé son travail, y compris les quatre premiers rapports, dans' Pathology, VI, 295; 1916. La maladie a été étudiée principalement en Australie, au Cap, aux États-Unis ; dans ces pays, elle semble avoir causé de grands ravages. En réponse à la note envoyée par M. Prairi, de Kew, M. De- breuil dit, au contraire, que, chez lui, à Melun, il n'a pu con- stater aucune des causes citées. Il ne conteste pas Tinfluence de ces causes, mais affirme qu'il en existe certainement d'au- tres. De même pour la maladie des taches, M. Debreuil con- teste la piqûre des Insectes. Ses Pommes tachées n'avaient pas, à sa connaissance, été attaquées par les Insectes. Il faudrait en effet que les Insectes en question puissent être armés d'une tarière de plus d'un centimètre de long, chose difficile à admet- tre, si l'Insecte est invisible à l'œil. Plusieurs membres répon- dent que ce peuvent être des Acariens, échappant à la loupe, qui s'enfoncent dans la chair du fruit, qui de son côté réagit par la tache brune. Colonisation. ' M. A. Fauchère lit une communication du Frère Gillet sur la production de graines potagères au jardin d'essais de Kisantu [Congo belge). Dans ce jardin, sous l'Equateur, on cultive par- faitement bien la Pomme de terre, pendant toute l'année. Le F'rère Gillet signale la présence, au Congo belge, d'un Palmier à huile, à grand rendement, qui semble être de la même race que celui que notre collègue M. E. Annet a découvert au Cameroun et nommé Elœis Poissoni. A ce propos, M. Ch, Rivière appelle de nouveau l'attention sur la négligence des pouvoirs coloniaux au sujet de l'exten- sion, chez nous, du Palmier à huile; on n'a rien fait, tandis que les Anglais, en Malaisie, cultivent abondamment le Pal- mier à huile. A l'appui de ce dire M. Fauchère fait passer des photographies montrant des Palmiers à huile, cultivés, qui produisent des régimes magnifiques pesant de 30 à 40 kilo- grammes. Le secrétaire des séances, D' Louis Capitaine. 212 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION SÉANCE GÉNÉRALE DU 8 AVRIL 1918 Présidence de M. D. .Dois, Vice-Président de la Société. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté- DÉCÈS. Nous avons le regret d'apprendre la mort de notre collègue ie baron Gourgaud; il était le petit-fils du général Gourgaud, compagnon de Napoléon à Sainte-Hélène. GÉNÉRALITÉS. M. Jean Delacour nous écrit que sa mère, notre collègue, M"* Th. Delacour, a pu heureusement quitter Villers-Breton- neux à l'approche des Allemands. 11 nous fait savoir que ses volières, ses serres, ses superbes collections (1) sont détruites. Tout est perdu, nous dit-il, rien n'a pu être sauvé, ni un Oiseau ni une Plante. D'autre part, M. E. Boullet nous dit que, le 25 mars, il a été obligé de quitter précipitamment Corbie, laissant toutes ces collections à l'abandon. Certaines de ces pertes peuvent être irréparables. Profon- dément émus de ces destructions, nous partageons les tris- tesses de nos amis. Ayons confiance, cependant; après la Vic- toire, la foi dans l'avenir sera plus vive que jamais, et nos collègues, aidés par ceux d'entre nous qui ont été moins éprouvés, sauront réparer les désastres impies commis par les Vandales. M. Rosaire Beaudoin, de Saint-Joseph-de-Beauce (Canada), nous envoie pour la Bibliothèque le livre que M. F. M. Holbrook a publié à Chicago sur l'Élevage pratique du Skunk {Skunk culture for profit). M. H. Morel fait don d'une collection de fruits d'Eucalyptus, provenant des cultures de sa villa « Eucalypta », à Beyrouth. (1) Voir Bulletin, année 1916, p. 313 : note sur les Elevages de Viilers- Bretonneux; p. 3 49 : Le Touraco de Buffon; p. 445 : les Oiseaux de Villers- Bretonneux; 1911, p. 406 : le Funingo des Seychelles; p. 309: Résistance au froid des Oiseaux exotiques; p. 354 : le Touraco géant et passim. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 213 M. le Président adresse les remerciments de la Société à nos deux Collègues. M. Graham Renshaw demande l'échange de VAvicuUural Magazine, organe de la Société d'Aviculture anglaise, avec le Bulletin de notre Société. Cette demande, avec avis favorable, est renvoyée au Conseil. Mammalogie. M. P. Â.-Pichot, continuant la série de ses études sur les Animaux à fourrure (1), revient sur l'élevage du Skunk et fait une communication sur l'élevage pratique de ce charmant Mustélidé aux États-Unis. La communication de M. Pichotsej'a insérée au Bulletin. M. de Chapel nous écrit : Dans le dernier Bulletin, je vois un extrait de ma lettre sur les Castors et l'allusion qui est faite à la cheminée prenant air à l'extérieur. En effet cela est nor- mal dans les endroits peu fréquentés ; mais j'ai vu le long des digues du Rhône, à l'Albaron, digues qui servent de passage aux piétons, un trou de Castor dont la cheminée n'arrivait pas à l'extérieur et'je crois que c'est à peu près la règle dans les endroits passagers. A propos de ces Animaux, je me propose de voir s'il n'y aurait pas moyen d'intéresser quelqu'un à la garde et à la prospérité de la colonie qui est sur les bords du Gardon. ^ Ornithologie. M. Decoux, de Géry (Haute-Vienne), fait don pour nos collec- iions d'un mâle Paroare à joues noires [P. nigrigenis), qui vient de mourir chez lui. M. Decoux possédait deux Oiseaux de cette espèce. Ce Paroare, très rare en Europe, est à peine connu en volière. Notre collègue nous communique les renseignements sui- vants : je connais peu de chose sur cette espèce, qui m'a plu par sa rareté, ses formes gracieuses et ses jolies couleurs. J'ai gardé mes Paroares en cage, d'abord, puis en volière fermée et chauffée, mais je compte sortir en plein air, cet été, l'Oiseau qui me reste et que je crois un mâle; je l'accouplerai, si je (1) Bulletin, 1910, p. 41; 1912, p. 193 et p. 585; 1914, p. 6. 1915, dé- cembre 1916, p. 67. 214 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION puis, avec un Paroare d'une autre espèce. Je crois, en somme, que ce Paroare est assez robuste. Ces Oiseaux sont vifs, mais doux au milieu des petits Oiseaux avec lesquels ils vivent. Ils mangent plus de pâtée et de pain trempé que de graines et, en été, les Insectes font leur nourriture à peu près exclusive. Le Millet est la graine qu'ils préfèrent. . M. R. RoUinat adresse d'Argenton-sur-Creuse une commu- nication sur la reproduction en captivité du Grand-Duc {Bubo maximus Flemming). Cette étude fait partie d'un travail déjà annoncé sur la destruction des Rapaces diurnes, des Geais, Pies, etc. Notre collègue, qui a acheté son premier Grand-Duc en 1904, a eu un jeune en 1909. M. Rollinat, avec sa conscience habituelle, a suivi jour par jour et presque heure par heure ses Oiseaux; les détails nombreux et précis qu'il donne sur l'élevage et les mœurs de ce grand nocturne seront très utiles aux amateurs qui voudront tenter, à leur tour, la reproduction de ce bel Oiseau. Cette communication sera publiée au Bul- letin. , Entomologie. M. Vayssière nous adresse lès renseignements suivants sur les hôtes susceptibles d'héberger la Chenille processionnaire du Pin {Cnethocampa pityocampa). Ces lignes sont un complé- ment à la lettre sur ce parasite envoyée, dernièrement, par M. Robertson-Proschowsky, de Nice. Pour Barbey, dit-il, un de nos plus éminents forestiers {Traité d'entomologie forestière, 1913), « toutes les espèces de Pins deviennent la proie de ce Papillon, sauf peut-être le Pin Weymouth, mais il est probable que si cette espèce était cul-" tivée dans le Midi où la Processionnaire abonde, elle serait à son tour attaquée ». La Chenille processionnaire a été signalée en 1893, comme ayant commis des dégâts considérables dans les départements de la Marne et de l'Aube, détruisant des bois de Pins sylvestres, s' attaquant, après avoir dévasté cette essence qu'elle préfère à tout autre résineux, aux Pins d'Autriche et même aux Epicéas., Enfin j'ai eu Toccasion, en 1912, de consacrer dans la Vie agricole et rurale un article à la Chenille de la Processionnaire du Pin que j'avais observée sur Pin d'Alep. Voici un passage sur les essences qui ont le plus à redouter cet ennemi. « Parmi EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 215 les Conifères, le C. pityocampa n'exerce ses ravages que sur les Pins et assez souvent sur les Cèdres. Les autres essences n'ont pas à souffrir de ses attaques. On a pu établir un classe- ment parmi les différentes espèces de Pins selon qu'elles ont plus ou moins à craindre les Chenilles. Les deux arbres attaqués en première ligne, ceux que la Processionnaire paraît préférer à titre égal et bien au-dessus de tous les autres, sont le Pin sylvestre et le Pin noir d'Autriche, ainsi que l'a fort bien observé M. Calas (Calas : La Processionnaire du Pin. Perpignan, 1897). Puis vient le Pin à crochets qui, dans certaines régions, paraît jouir d'une immunité relative due uniquement à l'alti- tude de sa station. Sur le même plan, on peut mettre ensuite le Pin maritime, le Pin parasol et le Pin laricio de Corse. En dernier lieu, enfin, le Pin d'Alep et le Pin laricio de Salzmann qui ne souffrent réellement que les années de grandes invasions. » Excusez la longueur de ces citations, mais je les crois susceptibles d'intéresser vu leurs divergences avec les hypo- thèses de notre collègue. Botanique. M. Debreuil présente des Pommes vitreuses qui, malgré leur maladie, se sont fort bien conservées tout l'hiver. A propos de ces Pommes, M. Frédéric Passy écrit à M. Bois qu'il a, de tout temps, constaté celte particularité. Quand il était enfant, il recherchait ces fruits qui avaient un goût plus miellé et une saveur de Coing. Il les trouvait principalement sur un Pommier centenaire, de la variété Breton-Henri ; les fruits atteints l'étaient, en général, aux deux tiers ; il était plus rare d'en rencontrer sur d'autres variétés de Pommes. M. F. Passy termine sa lettre en donnant quelques rensei- gnements sur les effets du dernier hiver en Seine-et-Oise. Le Cotoneaster pannosa et le Lierre sauvage ont gelé. Un Séquoia sempervirens, âgé de plus de cent ans, haut de 25 mètres, a très bien résisté, tandis que, en 1879, un Séquoia gigantea avait gelé. M. Lasseaux souligne l'intérêt que présente, au point de vue forestier, la culture dans les régions méridionales du Séquoia sempervirens. Au cours d'un voyage que je fis, dit-il, au Portugal, en 1906, 216 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION en compagnie de M. Jacques L. de Vilmorin, nous visitâmes le célèbre domaine de Bussaco. Au milieu d'un nombre considé- rable d'essences ligneuses exotiques, il nous fut donné de contempler des groupes importants de Séquoia sempervirens plantés en massifs au milieu de la forêt. Certains sujets, les plus âgés, approchaient 40 mètres de hauteur. M. Ernesto de Lacerda, conservateur de la forêt, nous affirma que de tous les arbres de Bussaco, le Séquoia sempervirens était celui qui poussait le plus vite, la croissance étant plus rapide même que celle de V Eucalyptus globulus et du Pinus insignis. Nous vîmes des spécimens qui, âgés de vingt ans, mesuraient 30 centimètres de diamètre à la base. A part les vieux exemplaires venus, croit-on, de semence, tous les arbres de Bussaco sont issus de bouture. Chaque année, on prélève les extrémités de quelques rameaux (têtes ou branches latérales, peu importe), on met en godets dans du sable et, au bout de quelques mois, la bouture est enracinée et prête à être plantée. Il est toutefois préférable de choisir les boutures sur les rejets vigoureux de la base du tronc. A ajouter que le Séquoia sempervirens n'est pas exigeant sur la nature du sol, qu'il réussit bien dans les terrains meubles, humides, et qu'enfin il supporte admirablement le couvert. M. de Guerne fait une communication sur la préparation des gaudes, dans le Jura. 11 commence par déclarer qu'il entend surtout appeler l'attention sur l'usage du Maïs dans l'alimen- tation humaine et accessoirement sur l'intérêt que présente la culture de cette Céréale dont les produits très variés peuvent être utilisés sous des formes diverses. Les gaudes sont en effet essentiellement composées de farine de Maïs diluée et cuite dans de l'eau, du lait ou du bouillon. Elles constituent un aliment très sain, nourrissant et facile à préparer. 11 en est fait un usage courant dans toute la Franche- Comté et ce serait chose fort utile que de le répandre partout en France. Le public méconnaît en général la farine de Maïs qu'on croit propre tout au plus à mélanger au Blé pour écono- miser celui-ci en rendant le pain médiocre. On peut cependant la consommer seule, et M. de Guerne cite à ce propos, en dehors des recettes de gaudes depuis longtemps expérimentées dans sa famille, diverses autres préparations de Maïs qui seront EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 217 publiées tn extenso dans le Bulletin. Elles sont nombreuses dans TAmérique du Sud el au Mexique où M. Léon Digiiet a pu les essayer ; la farine de Maïs y est employée pure ou mélangée à diverses substances aromatiques. La farine de Maïs préalablement grillé, plus ou moins addi- tionnée d'autres farines, constitue le goffio, aliment fort agréa- ble que l'on consomme en grandes quantités aux Canaries et aiti Brésil. Il est facile d'en faire d'excellents entremets en y incorporant un peu de beurre et de sucre. Faute de sucre on peut y ajouter du miel ou des raisins secs. Aux Étals- Unis, les jeunes épis de Maïs, outre qu'ils se man- gent en pickles confits au vinaigre, comme chez nous, sont servis au beurre en guise de légumes, ainsi que les grains mûrs bouillis qui garnissent souvent la viande. Ce sont là des ressources culinaires qu'il est utile de faire connaître en temps de guerre et dont la diffusion ainsi que M. de Guerne le fait justement observer, rentre essentiellement dans le programme de la Société d'Acclimatation. Cultivons le Maïs partout où cela est possible sur le terri- toire de la France et des colonies françaises. Celte plante réussit très bien au Tonkin, au Dahomey et aussi dans cer- taines régions du Togo et du Cameroun récemment conquises par nous sur les Allemands. Le Maïs nous fournira non seule- ment, sous diverses formes, une matière alimentaire d'excel- lente qualité pour l'homme et les animaux domestiques, mais encore une matière première pour la production de l'alcool industriel, voire même du sucre, du fourrage pour le bétail, les éléments d'excellentes paillasses, de quoi faire du papier et des emballages, du combustible à l'état de déchets ou sous forme d'allume-feux (allumettes landaises — rafles ou axes d'épis égrenés et imbibés de résine), enfin des appâts artificiels parfaits pour la pêche du Thon ou plutôt du Germon dans l'Atlantique; les parties les plus délicates des spathes servent même aux Espagnols à rouler des cigarettes, etc. La communication de M. de Guerne sera publiée danà le Bulletin. A propos du Maïs, M. Ch. Rivière présente un épi qu'il a obtenu de culture, dans le Jura, à une alti^tude de 600 à 700 mè- tres. Là, le Maïs arrive à maturité avant les froids et la neige. Il produit deux flèches par pied. 218 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE d'aCCLIMATATION M, Loyer rappelle le « Maïs préhisLorique » que nous avons reçu jadis à la Société et dont il avait planté quelques caryopses qui lui donnèrent des plantes de 4"', 50 de hauteur. Ce Maïs était simplement une de ces races géantes, bien connues en Amérique du Sud, mais qui ne tardent pas à dégénérer, comme l'a constaté, d'ailleurs, notre collègue, quand on resème les caryopses obtenues chez nous. Colonisation. M. Jean Vuillet, chef du Service de l'Agriculture à Bamako- Koulouba (Ilaut-Sénégal-Niger), communique, par l'intermé- diaire de M. Bois, les observations suivantes concernant la culture du Cresson de Para {Spilanthes oleracea L.) comme plante médicinale, par quelques noirs de Bamako. Je les crois, dit-il, intéressantes à un double titre, la culture de cette Com- posée par les indigènes de l'Ouest africain n'ayant pas encore été signalée et l'usage qu'ils en font étant de nature à en pré- ciser les propriétés. Les fleurs sont déjà connues comme étant antiscorbutiques et sont employés dans les douleurs des gen- cives (J. Gérôme, in D. Bois. Dictionnaire d'Horiiculture). Ce sont les feuilles qui sont utilisées par les Soudanais. Ils les consomment le matin, coupées en petits morceaux et assai- sonnées avec du vinaigre. Ils leur attribuent les plus grandes vertus contre les maux de l'appareil digestif. Elles ont une saveur très piquante et, pour le moins, excitent d'une façon remarquable la sécrétion salivaire. A Bamako, la plante, exclusivement cultivée par les noirs, est connue sous le nom de Salade de Madagascar. Elle a été, en effet, introduite de la grande île à une date récente par un ancien tirailleur, nommé Hadia, aujourd'hui retiré à Tombouctou. M. Vuillet avait joint à sa lettre un échantillon du Cresson de Para sur lequel on observe les capitules floraux subconiques d'un jaune vif, dépourvus de ligules. Pour le secrétaire des séances empêché, C. Debreuil. i EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE LES PRÉTENDUES FERMES A FAISANS EN CHINE Par PIERRE AMÉDÉE-PICHOT « A la séance du 7 mai 1917 (1) j'ai communiqué à la Société d'Acclimatation le rapport d'un consul des États-Unis à Hong- Kong, M. G. E. Anderson, d'après lequel il se ferait en Chine un élevage intensif de Faisans, dorés et argentés pour fournir la plume de ces Oiseaux au commerce et cela dans de telles proportions que certaines fermes d'élevage produiraient jus- qu'à 200.000 Oiseaux par an. Je me suis informé de divers côlés de la créance que l'on pouvait attacher à cette assertion un peu surprenante et j'ai constaté qu'elle ne repose sur aucune donnée sérieuse. M. Beebe, le directeur des services ornithologiques de la Société zoologique de New- York, qui a parcouru récemment les pays asiatiques en vue d'étudier sur place les Phasianidés dont il prépare une grande monographie actuellement sous presse, n'a rencontré nulle part en Chine de ces fermes à Faisans et M. Roy Andrews, attaché au Musée d'Histoire naturelle américain, qui vient d'explorer minutieu- sement la province de Yunnan, n'^en a pas vu davantage et en 'aurait certainement entendu parler, si elles avaient existé. L'avis général aux États-Unis est que le rapport du consul ne s'appuie que sur des affirmations verbales qui n'ont pas été contrôlées et qui pourraient bien avoir été mises en circulation par les commerçants en plumes qui font tous leurs efforts pour faire rapporter la loi par laquelle toute inthoduetion de plumes, autres que celles d'Oiseaux domestiques, a été formellement interdite aux États-Unis. « H y a quelques mois un ballot de plumes de Faisans dits domestiques fut envoyé directement de Chine à New-York où il fut arrêté par la douane qui consulta le D" Hornaday sur ce que l'on pouvait penser de la domestication de ces Oiseaux. (1) Voir Bulletin, année 1917, p. 274. 220 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION Après examen de la marchandise dont l'importateur parais- sait être de bonne foi, comme une certaine quantité de ces plumes portait des traces de souillures et semblait bien pro- venir d'Oiseaux ayant vécu en volières, on fut d'avis d'auto- riser exceptionnellement l'entrée de cet envoi, maison déclara qu'il serait inutile à l'avenir de solliciter pareille faveur si on ne pouvait appuyer sa demande de preuves incontestables et notamment de photographies prises sur place des fermes dans lesquelles les Oiseaux étaient censés avoir été élevés. « Cette preuve photographique a été déjà demandée par M. Hornaday, qui a même indiqué aux parties intéressées un jeune naturaliste américain susceptible d'aller prendre sur place les clichés exigés, mais il n'a jamais été donné suite à cette proposition, *ce qui est bien étonnant vu les avantages qui pouvaient en résulter pour le commerce. « Enfin le rapport de M. Anderson ayant spécifié que les exportations de plumes de Faisans étaient dirigées sur Mar- seille pour^ de là, être réexpédiées sur l'Amérique et particu- lièrement sur l'Amérique du Sud, nous avons fait une enquête auprès de la douane de Marseille, et auprès de la Direction générale des Douanes à Paris. A.Marseille, on a déclaré à noire envoyé que l'on n'avait pas connaissance d'arrivages de plumes de Faisans dans ce port, oii d'ailleurs, depuis la guerre, toute importation de marchandises de luxe était prohibée et qu'il n'y avait été reçu de plumes d'Oiseaux d'aucune sorte. A Paris, la réponse a été identique, mais on a ajouté qu'en temps ordinaire, en dehors de quelques plumes de luxe comme celles des Aigrettes, aucune catégorie spéciale n'était ouverte à la plume de Faisan qui pouvait passer sous la rubrique de plumes ordinaires. « Je suis donc obligé de revenir sur ce que j'avais dit des fermes de Faisans, en Chine, dont j'avais eu connaissance par le journal colonial anglais « Tropical life » (mars 1917), car devant le manque de preuves des assertions contenues dans le rapport en question, il semblerait bien que la bonne foi du consul américain à Hong-Kong a été surprise par des trafi- quants intéressés à présenter leurs importations sous un faux jour. » EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE 221 DEUX VARIÉTÉS DE BLÉ Par le D' G.-V. FEREZ (1). Je vous envoie deux variétés locales de Froment, poussées près de la côte, à Tenerife, et appelées : 1° Trigo-morisco (maure en espagnol). Les boulangers préfèrent à présent ce Blé au suivant, parce qu'il donne beaucoup plus de farine pour faire le pain. 2° Irigo-jarinegro {barbu et taché de noir). Ce Blé a beaucoup moins d'amidon, et on le cultive beaucoup moins qu'autrefois (les boulangers ne l'achetant pas pour faire le pain). Quel est celui qui donne réellement la meilleure nourri- ture pour les hommes? Voilà la question?— Ces dernières années, on nous a dit que la farine seule n'est pas la meilleure partie du Blé, qu'il y en a d'autres très importantes, qui sont plus importantes au point de vue de l'alimentation humaine; des dentistes, de grande expérience, affirment que les mau- vaises dentitions viennent de la farine américaine. Il semble que la meilleure nourriture du monde entier soit le Go/îo des îles Canaries, dont nous avons hérité des Guanches et qui consiste en Céréales (Blé, Maïs, etc., etc..) tout d'abord grillées dans des récipients de terre, puis ensuite écrasées par des meules de pierre (les meilleures viennent de France, du dépar- tement de la Sarlhe). Il est probable que les grains grillés sont purifiés ainsi et rendus plus digestibles. En tous cas, je puis vous assurer que les dents de la population, parmi les paysans de nos îles, qui vivent de Gofio, font plaisir à voir et que le rachitisme, si commun dans les grandes villes européennes, est inconnu ici. BIBLIOGRAPHIE La standardisation des grains. - La Section des Céréales et Plantes à Fécule de l'Institut colonial de Marseille vient de publier son premier Bulletin qui est destiné à devenir un organe consacré non seulement aux travaux de la Section, mais encore à l'élude des questions relatives à l'exploitation et au com- merce des céréales et plantes à fécules considérées plus parti- culièrement au point de vue colonial. (1) Extrait d'une lettre adressée à M. Bois. 222 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION La Section a décidé d'étudier d'une manière toute particu- lière les méthodes employées à l'étranger pour la standardisa- tion des grains", méthodes qu'il y aurait le plus grand intérêt à voir appliquer à nos produits coloniaux. Ce premier Bulletin contient la traduction des dispositions officielles que le département d'Agriculture des Etats-Unis a bien voulu adresser à l'Institut colonial sur l'application de la standardisation des Blés et Maïs. Cette organisation se substitue aux mesures prises par chacun des États des États-Unis qui adoptent ainsi une législation fédérale pour réglementer les transactions commerciales concernant les grains -et les céréales. Une simplification de ces standards est du reste à l'étude et l'Institut colonial publiera cette nouvelle réglementation dès qu'elle sera adoptée. La Consommation, le Bien-être et le Luxe (1). — Les esprits sages se préoccupent avec raison du relèvement de nos industries, de notre agriculture et de notre commerce après la guerre barbare des Allemands qui aura causé tant de désastres. On ne saurait donc trop attirer l'attention de nos concitoyens sur les problèmes économiques qui n'ont guère été étudiés jusqu'ici que par des spécialistes et nous devons savoir gré à notre collègue M. André Pinard d'avoir misées questions ardues à la portée de tous dans le volume qu'il vient de publier sous le titre : la Consommation, le Bien-être et le Luxe. Nous ne pouvons qile signaler ici tels chapitres qui rentrent dans le cadre des études de la Société d'Acclimatation et qui ont ^fait l'objet de nos préoccupations constantes, à savoir le déve- loppement des richesses naturelles de notre sol et l'utilisation de produits nationaux ou étrangers qui pourraient si nota- blement augmenter nos ressources; mais cet ouvrage, basé sur les faits et les expériences antérieurs, rendra particulière- ment service à ses lecteurs en leur faisant comprendre le dan- ger que pourraient faire courir à la communauté les théories sociales que de soi-disant réformateurs ont appliqué en Russie avec un résultat qui devrait pourtant ouvrir les yeux aux plus aveugles, s'ils n'étaient pas aussi les plus malintentionnés. P. A.-P. (1) Paris, 0. Doin et fils, édit. Un vol. in-lS Jésus, cartonné. Prix : 6 fr. BIBLIOGRAPHIE 223 Plantes et Santé. — M. H. Correvon, le botaniste suisse bien connu, vient de publier un ouvrage sur les plantes médi- cinales, intitulé : Plantes et Santé. C'est un volume in-12 de 331 pages (1), divisé en S chapitres : 1° Excelsior ; 2° Culture et récolté des simples; herborisations; 3" Liste des plantes médicinales qu'on peut cultiver chez nous ; 4° Les plantes odorantes et balsamiques ; o° Listp des plantes mellifères; suivis d'un « Index des propriétés des plantes », d'un « Mémo- rial thérapeutique » et d'un « Index alphabétique des noms des plantes médicinales » en deux parties : noms techniques et noms vulgaires. L'auteur, persuadé que l'homme resterait en boune santé s'il savait utiliser les ressources naturelles placées à sa portée, entreprend de faire connaître le parti que l'on peut tirer des « simples », non seulement comme moyen thérapeutique, mais aussi pour l'agrément de leur parfum et l'apiculture. Il traite de ce sujet avec toute son ardente conviction, passe en revue un grand nombre de plantes dont quelques-unes plus ou moins délaissées de nos jours et engage vivement ses com- patriotes à en développer la culture pour se libérer de^l'impor- tation allemande, jusqu'ici maîtresse de cette production. M. H. Correvon ne cesse, depuis le commencement de la guerre, d'affirmer son attachement à la cause des Alliés par ses écrits et, ce dont nous lui devons une vive reconnaissance, par ses actes, dont un très grand nombre de Belges et de Français ont pu apprécier la portée. On ne lira pas sans émotion les lignes suivantes que nous extrayons du premier chapitré du livre qu'il vient de publier : V Nous avons, nous aussi, à remonter un courant et, si Dieu nous a épargnés jusqu'à ce jour, s'il a bien voulu nous octroyer l'honneur d'être les bons Samaritains de la guerre, n'oublions pas que nous avons là, malgré la misère des temps présents et malgré lesdifficultés de notre existence, un privilège qui double nos responsabilités. a Que nous n'ayons pas protesté énergiquement et vigou- reusement contre la violation delà libre Belgique, et qu'on ait attendu à Berne que le Genevois Fazy le fasse à l'ouverture de la session du National, c'est une tache dont nous aurons de la peine à nous laver. J'ai plaisir à constater pourtant que la pre- mière protestation est partie de Genève, le 30 août 1914 » (1) Prix : 1 francs, chez Tauteur, Fioraire, Chéne-Bourg, à Genève. 22 i BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION « Ilot surgissant du sein des flots en furie, noire Suisse a le devoir de sauver les naufragés et de les restaurer physique- ment et moralement. Mais elle doit rester fière et indépen- dante et se souvenir que quiconque salue le drapeau deGessler n'est pas digne d'être Suisse. Celui que la Realpolitik amollit et assouplit n'est pas le fils des guerriers de Morgarten. Et celui qui excuse les criminels qui assassinent, brûlent, pillent et violent sous prétexte que les femmes belges ont pris les armes pour défendre leurs foyers (trop souvent aussi leur honneur), est indigne des femmes de Scuol, de celles de l'Unterwald et de nos grand'mères de l'Escalade. Ces femmes-là qui avaient reçu les Impériaux de toutes nations avec des haches, des fourches, des tridents et des faux; ces femmes grisonnes qui, à cause de ces faits (elles avaient repoussé l'Autrichien, ennemi héréditaire de l'Engadine protestante), ont la place d'honneur dans les églises, à la droite du pasteur, sont nos héroïnes, et nous leur tressons des couronnes à trois siècles de distancç. « Nous, les fils de la vieille Helvétie, nous ne courberons jamais l'échiné devant l'impérialisme, et la Realpolitik nous fait horreur. £ursum corda ! et que Dieu nous aide à maintenir haut et ferme le drapeau rouge à la croix blanche qui conduisit nos pères contre les princes, les rois et les empereurs. Nos ancêtres nous ont légué un sol libre ; à nous de maintenir les droits acquis par eux au prix de tant de luttes et de sang. Les conventions du Gothard et autres sont une tache dans notre histoire et la politique qui nous a conduits à ce honteux tra- quenard sera condamné par nos fils qui rougiront de nos défaillances présentes. « Le pays peut être infesté d'espions et les louches agents d'outre-Rhin peuvent encore encombrer les avenues du Palais- Fédéral; il n'en reste pas moins que si la Suisse est politique- ment neutre, les vrais Suisses, eux, ne peuvent l'être, attendu que tout homme qui se respecte ne peut voir un assassin assaillir un enfant sans prendre parti pour la victime. Excel- sior ! montons sur nos sommets glacés et purs, et là, face au grand ciel de Dieu, jurons à nouveau de rester fidèles à la poli- tique des pères : celle de l'idéal et de la vraie indépendance. » D. Bois. Le Gérant : A. Maretheux. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. EN DISTRIBUTION Graines d'Acacia offertes par M. J. GOFFART, de Tanger. Acacia acanthocarpa Willd. = Mimosa ac. Poir. A. aneura F. Muell. A. armata R. Br. A. Bayleyana F. Muell. A. buxifolia A. Cunn. A. caîamifolia Sweet. A. cornigera Willd. = A. spadi- cigera Ch. et Schl. = A. spliae- rocephala Gh. et Schl. A. cyanophylla Linil. A.. Cyclops A. Cunn. A. dealbata Link. A. Diet'ichiana F. Muell. A. Donkelarii (?) A. falcata Willd. A. Farnesinna Willd. A. alaucescens Willd. A. nomalonhyl la A. Cunn. A. jiiiiiperina Willd. A. leptriclada A. Cunn. A Unifolia Willd. A. longifolia Willd. A. macradenid Bth. A. myrtifolia Willd. A. neriifolia A. Cunn. ( A N N É B N° 8. - AOUT 1918 SOMMAIRE Pages. Pierre Grépin. — Un Fennec en captivité •225 La Chèvre et la tuberculose. — Compte rendu in extenso des débals qui ont eu lieu à la Société d'Acclimatation au cours des Séances générales les 5 mars, 7 et 21 mai 1917 ( uite) . 228 D' MiLLET-HoRSiN. — Note sur les Oiseaux rapportés du Sénégal au Muséum en octobre 1916. 236 Gh. Rivière. — Un Cocos nucifera dans les Alpes-Maritimes 24S Extraits des procès-verbaux des Séances générales de la Société. Séance générale du 22 avril 1918 246 Séance générale du 6 mai 1918 250 Extraits et Analyses. Les Migrations de Pierig-Brassicx, en Suisse, en 1917 255 Bibliographie. H. Geoffroy Saint-Hilaire. — Les Animaux domestiques du Maroc 256 W. Bbebe. — Monographie des Phasianidés 256 A. Godard. — Les Oiseaux nécessaires à l'Agriculture 2r)G Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION DE FRANCE 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (Vn«). Viee-Pritident. IBUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 Pritidtnt, M. Edmond .Phrribr, Membre de l'Institut et do l'Acaaémief/ de Médecin», Directeur duT" Musénra d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. Professeur i l'Ecole coloniale, 15, rue li'aidherbe, Saint-Mandé (Seine). Seeritaire général, M. Maurice Lotbr, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Lb Fort, 89, boulevard Maleaherbes, Paris {Etranger). H. Hua, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254,] bouleyard SainU Seeritairei.[ { Germain, Paris (Conseil). L. Capitaine, 48, boulevard Raspail (Séance*). Cb. Dbbrbuil, 2d, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M. le D' Skbillottb, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. ArehivisteSibliothécaire, M. Caucurtb, Moulin de la Madeleine, à Samois (Seine-etJilame). Membres du Conseil M. A. Chappellier, 6, place Saint-Michel, Paris. WuiRioN, 101, rue Sadi-Carnot, Puteaux. AcHALMB, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. D* P. Marchal, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 89, rue do Cherche-Midi, Paris. D' Lbprince, 62, rue de la Tour, Paris. Mailles, rue de l'Union, La "Varenne-Saint-Hilaire (Seine) D' E. Trouessart, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Guvior, Paris. Lbcomte, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. Crepin, 18, rue Lhomond, Paris. Pendant Tannée 1918, les Séances hebdomadaires des Sections sont remplacées par des'^Séances Générales bimensuelles Dates des Séances générales et du Conseil POUR L'ANNÉE 1918 Séances du Conseil, 2^ mercredi du mois à 4 heures Janvier 9 février Mars Avril ïai Novembre Décembre 13 13 nC) 15 13 11 Séances générales, le lundi à 2 h. 1/2. Sous-Section d Ornithologie [Ligue pour la Protection des oiseaux) le lundi à 4 h. 1/2 21 21 4 18 18 4 18 18 8 22 22 6 27 27 4 18 18 2 16 16 (1) Date reculée en raison des fêtes prochaines. 1 Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. Le Secrétaire général a l'honneur déformer MM. les Membres de la Société et les personnes qui désireraient l'entretenir, qu'il se tient à. leur disposition, au siège de la Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variation» fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'être applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les autears des articles insérés dans le Bulletin. La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, des articles publiés dans le Bulletin est interdite. UN FENNEC EN CAPTIVITÉ Par PIERRE GREPIN. Je viens vous présenter aujourd'hui un animal peu connu en général et qui pourtant gagnerait fort à l'être. Utile au premier chef et d'une acclimatation que je crois facile, son espèce, mtlheureusement assez rare, rendrait d'im- menses services à l'agriculture, si on pouvait en faire l'élevage. •A . j s i ! 1 \ Kr ^^^^^^^K^"^ 1 i i ■ m ^^K "'qr '^ !to^>^ ^ÉJ^M 1 m c i l Je vais essayer de vous exposer les remarques que j"ai été à même de faire depuis plus d'un an sur le Fennec rapporté de Tunisie par notre collègue le D"" Loisel à notre collègue le D' Vincent; ce dernier, étant aux armées, m'a confié le petit animal. Ce qu'il m'a été donné de constater, c'est que le Fennec peut remplacer le Chat, et cela très avantageusement. En efl'et il a toutes les qualités de ce félin, sans en avoir les graves défauts. Examinons-le tout d'abord au physique. Le Fennec, avec sa petite taille, son joli pelage brun-roux où l'on discerne de légers refiels argentés, sa large queue de Renard maculée à la racine et à 1? pointe de deux taches BULL. SOC. NAT. ACCL. FK. - 1918. — 17 226 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION noires dont la netteté de coloris ne le cède qu'à celui de ses larges yeux phosphorescents, avec ses pattes inofTensives parce que non armées comme celles du Chat de griffes réfrac- tibles et acérées, enfin avec ses oreilles de dimensions énormes et qu'il dresse drôlement au moindre bruit, est un animal d'un abord plaisant avec, quand il est apprivoisé, plus de bonho- mie franche que le Chat. Je le conçois très bien à la place du Toy-Terrier ou du King- Charles dans les bras d'une élégante ou sur les coussins d'une limousine. Mais j'écarte délibérément ses qualités physiques et ce qui peut lui valoir des succès auprès des dames ; je ne veux le con- sidérer qu'au point de vue moral, là où il peut faire montre de toutes ses vertus. Le Chat, dit-on, est un animal facile à garder chez soi et propre puisqu'un plat contenant de la cendre lui suffit. C'est exactement ce qu'il faut au Fennec qui, comme le Chat, recherche la cendre ; mais, à la différence de ce dernier, le Fennec n'a pas besoin d'y être dressé : il est propre naturelle- ment et tant qu'il a de la cendre fraîche à sa disposition, il ne lui arrive jamais de souiller le parquet. Admettons, au pis aller, qu'un accident puisse lui arriver, si nous en comparons le résultat à celui dont un Chat pourrait être l'auteur, il y a la même différence de l'un à l'autre de ces... résultats qu'entre, par exemple le Rhône et le tout fluet Ilissos. En outre, les déjections du Chat sont d'une épouvantable féti- dité, alors que celles du Fennec sont parfaitement inodores. Le Chat ne mange pas de tout, tandis que le Fennec est facile à nourrir. Voici son alimentation variée, acceptée chez moi avec reconnaissance : De la viande blanche ou rouge, crue ou cuite ; du biscuit spratt, du riz au lait, du pain au lait, des pâtes, du sucre, du chocolat, de- la banane, des dattes, des œufs crus ou cuits qu'il faut. lui casser, de la graisse froide, des Moineaux, des Sauterelles, des Hannetons et toutes sortes de Coléoptères (il se montre particulièrement friant d'Insectes), enfin des Souris. On peut donc penser qu'au point de vue alimentaire comme au point de vue du logement le Fennec ne présente aucune difficulté d'entretien. L'une des raisons de la mésestime de beaucoup pour le Chat est qu'il est grand destructeur de petits Oiseaux : noii seule- UN FENNEC EN CAPTIVITÉ 227 ment les adultes guettés et surpris par lui trouvent la mort de son fait, mais encore il dépeuple les nids et supprime, dès l'enfance, des générations entières de nos charmants Oiseaux de France. Le Chat, à ce point de vue, est un véritable fléau, agile et armé pour la chasse sur les arbres comme à terre. Le Fennec, lui, ne peut pas grimper aux arbres avec sa con- formation canine : il est donc complètement inofïensif vis-à-vis de la gent ailée. Il est bien certain que s'il rencontre, d'occasion, un oisillon courant dans l'herbe et trop faible pour voler, il ne se fera pas faute de le saisir. Mais les avicides ne seront de sa part qu'en nombre infime à côté de ceux du Chat dont les crimes seraient surtout, si je puis m'exprimer ainsi, des infan- ticides d'Oiseaux. Si le Chat a droit de cité partout, c'est qu'il détruit les Sou- ris. Cela fait pardonner ses méfaits. Or le Fennec, qui n'a rien à se faire pardonner, qui n'a pas la dent plus redoutable que la griffe, attrape les Souris aussi bien que le Chat. Au printemps dernier, en arrivant à la campagne, j'ai ins- tallé mon Fennec dans la pièce oîi je serre les graines de mes volatiles. Elle était infestée par d'innombrables Souris. Peu de temps après, il n'y avait plus ombre d'une Souris dans cette pièce. Comme le Chat, il s'attache à son logis et y revient à son retour de promenade. Le mien s'échappait de temps en temps dans le jardin, faisait, la nuit, un grand tour, puis je le retrou- vais le lendemain matin endormi sur un sac de son. Le Fennec a, sur le Chat, un dernier et immense avantage que j'ai mentionné dans l'énumération des denrées et des ani- maux qu'il consomme : il fait son ordinaire de prédilection des Sauterelles, des Hannetons et d'une foule d'Insectes nuisibles. Indigène de l'Afrique du Nord, il a été placé par la Provi- dence à côté du Criquet migrateur pour le combattre. Malheu- reusement la loi d'équilibre a dû, à cet égard, être contrariée par une cause qui n'est peut-être qu'accidentelle. En tout cas, le héros de notre histoire est actuellement débordé, car il n'y a que peu de Fennecs en Algérie et les Sauterelles y sont innom- brables. N'empêche que ses sérieuses qualités militent en faveur de la multiplication de son espèce et de son acclimatation quand les circonstances s'y prêtent. Destructeur de Hannetons, des- 228 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d"aCCLIMATATION tructeur de Souris, propre, peu encombrant, silencieux, ne dégageant aucun vestige d'odeur, facile à vivre, beau de pelage et charmant d'allure, existe-t-il beaucoup d'animaux qui puissent se vanter de réunir autant de dons naturels ? Aussi je ne m'explique pas que les anciens Egyptiens aient pu faire du Fennec, doué de tant de grâce et de gentillesse, le funeste compagnon du dieu du mal « Sit », meurtrier chaque soir de son frère le Soleil, Osiris. LA CHÈVRE ET LA TUBERCULOSE COMPTE RENDU w extenso DES DÉBATS QUI ONT EU LIEU A LA SOCIÉTÉ d'aCCLIMATATION AU COURS DES SÉANCES GÉNÉRALES LES S MARS, 7 ET 21 MAI 1917 Suite (1). CHAPITRE II EXPÉRIENCES ET DOCUMENTS AYANT ilOTIVF. LE DÉBAT DU D MARS 1917. A. — Renseignements fournis par M™« L... M. Crepin. — J'avais donc publié les diverses notes, dont il a été ci-dessus question, sur la résistance de la Chèvre à l'infec- tion tuberculeuse, quand une de nos collègues, M'"*^ L..., me fit la communication suivante : 11 décembre 1916. Monsieur, je prends la liberté de vous faire parvenir un petit aperçu des déboires que j'ai éprouvés depuis dix mois, dans mon élevage caprin, aperçu qui vous dira la terrible conclusion de M. le professeur Moussu. Admiratrice de votre livre sur La Chèvre, l'ayant lu et relu maintes fois, et suivant actuellement avec le plus grand intérêt vos articles de V Acclimatation, je ne puis, en aucune façon, partager la façon de voir de M. le professeur Moussu, et il me paraît indispensable de faire une contre-épreuve. J'ai pensé que ce n'était pas à moi qu'il appartenait de justifier la Chèvre de cette accusation. (1) Voy. Bullelin, juillet 1918. LA CHÈVRE ET LA TUBERCULOSE 229 Je sais que M. le professeur Moussu doit entretenir la Société nationale d'Acclimatation de ce cas de tuberculose spontanée, qu'il a découvert dans mon troupeau (c'est l'expression dont il s'est servi). Si vous voulez preudre en main la défense de la Chèvre, je vous ofîre de faire sacrifier un des animaux déclarés contaminés par M. le professeur Moussu, afin que vous puissiez faire une analyse bacté- riologique sérieuse, qui, je l'espère, rétablira les faits, en conformité avec votre article du 3 décembre. Depuis 4 ans et demi, j'élève des Chèvres. Jusqu'au commencement de l'année 1916, toutes les bêtes de mon élevage se sont admira- blement portées. Vers le milieu de janvier 1916, une Chèvre, de très grande taille, forte et robuste, pesant oO kilogrammes, présumée âgée de sept ans, sembla fatiguée. Comme elle était pleine, j'attri- buai à son état la cause de celte fatigue. Elle mit bas, au commen- cement de février, un seul Chevreau, extrêmement petit, faible et chétif, qui fut abattu à sa naissance. La montée de lait de la Chèvre fut nulle, et comme elle toussait un peu, je demandai mon vétéri- naire. Il diagnostiqua de la bronchite « /Vijore et me conseilla, étant donné que la bête allait être longtemps improductive, de la sacrifier pour la boucherie. La Chèvre, quoique déjà maigrie, était encore très grasse. Le boucher qui l'abattit trouva un petit abcès à l'extré- mité d'un des lobes du poumon; mais je ne vis pas cet abcès, le boucher ayant donné le poumon au chien. Au mois de juin, le lils de cette Chèvre, un bouc splendide de trente mois, très grand et très fort et parfaitement bien portant jusque-là, présente les mêmes symptômes de fatigue que sa mère : il mange volontiers couché et tousse aussi. Un vétérinaire appelé ne le reconnaît pas malade et attribue sa toux aux poussières du fourrage. La toux persiste, malgré l'arrosage du fourrage à l'eau salée; je rappelle donc le vétérinaire, le seul de la région actuellement, qui, constatant l'amaigrissement de la bête, s'inquiète et l'ausculte longuement. 11 conclut que la maladie est exclusivement dans la gorge et ordonne des cataplasmes sinapisés autour du cou, des inhalations de goudron et du sirop de terpine. Malgré cette médication, le Bouc va de mal en pis, et succombe le 22 août, avec tous les symptômes de l'asphyxie : écume aux lèvres, dilatation des narines, etc. Le vété- rinaire vient faire l'autopsie : on trouve la trachée parsemée de petites ulcéralions, longues de 1/2 centimètre et larges de 1 à 2 milli- mètres, et le poumon plein de pus. Le vétérinaire ne peut dire à quelle maladie le Bouc a succombe, et prétend n'avoir vu de trachées, dans cet état, qu'à des bêtes ayant respiré des vapeurs irritantes ou corrosives. Consulté sur le danger de contagion, il le déclare nul. A ce moment toutes les Chèvres, au nombre d'une douzaine, parais- saient en parfaite santé, mais vers le commencement d'octobre, une Chevrette de dix-huit mois, qui avait eu un petit Chevreau à treize ;230 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION mois, commença à dépérir, et mourut, au commencement de novembre, presque étique. En présence des hésitations du vétéri- naire, appelé pour le Bouc, je fis moi-même Fautopsie de la Che- vrette, et trouvai la trachée indemne, mais le poumon plein de pas. N'ayant pas pu faire examiner ce poumon à l'École vétérinaire d'Alfort, comme j'en avais eu l'intention, il fut confié à M. Guéniot, vétérinaire sanitaire d'Ivry. Au bout de quelques jours, celui-ci me St savoir que ma Chevrette avait succombé à la tuberculose pulmo- naire. Comme il était venu voir mes autres Chèvres huit jours après, je lui demandai si l'examen bactériologique du poumon avait révélé la présence du bacille de Koch. Il me répondit que l'examen visuel lui avait révélé plus que suffisamment la maladie, et qu'il n'avait pas eu besoin de recourir à un autre examen. Il me demanda d'exposer le cas à M. le professeur Moussu, ce que je fis volontiers. M. le profes- seur Moussu soumit toutes mes Chèvres à l'épreuve de latuberculine, par injection intrapalpébrale, le 30 novembre. Le 2 décembre, il m'en déclarait 5 contaminées, 2 douteuses et 5 indemnes. Ces der- nières étaient toutes de jeunes bêtes entre quatre et douze mois. — J'acceptai naturellement avec empressement l'offre de M"® L..., qui m'écrivit quelques jours après, la lettre suivante, accompagnant un colis : Comme cela a été convenu, Je vous envoie les poumons d'une Che- vrette de vingt et un mois, faisant partie du lot ayant réagi à la tuberculine et déclarée de ce fait tuberculeuse par M. le professeur Moussu. Cette petite bête, élevée au biberon, avait eu une croissance très lente, et ne mesurait encore .que 37 centimètres. Malgré cela, elle paraissait en parfaite santé : son poil était très brillant, et elle était en bon état de graisse, comme toutes les Chèvres que j'ai menées à Alfort, du reste. Vous demandiez, dans la lettre que vous avez bien voulu m'écrire, d'en faire abattre une très malade. Cela m'a été impossible : elles paraissent toutes très bien portantes. J'ai choisi celle-ci, comme étant la plus chétive pour son âge. Elle eût été une très jolie bête pour quatorze mois; pour vingt et un, elle n'était pas assez développée. Et maintenant, je n'ai pas besoin de vous dire avec quelle anxiété j'attends votre verdict. Quel qu'il soit, je vous garderai une grande reconnaissance d'avoir bien voulu prendre en main la défense de mes Chès^res et en même temps de toutes les Chèvres. — Les poumons de cette Chèvre furentimmédiatement portés à M. Roussel, docteur de l'Université de Paris, bactériologue, chimiste-expert près les Tribunaux, et particulièrement exercé, LA CHÈVRE ET LA TUBERCULOSE 231 par sa pratique quotidienne, à la recherche de la tuberculose. Je le priai de rechercher le bacille de Koch, et acceptant cette mission, il fît instantanément, sur le poumon présenté, de multiples prélèvements de surface et de fond, prenant soin de relever toutes les manifestations morbides constatées sur l'organe infecté. Le lendemain, j'avais connaissance des résultats de l'examen bactériologique, auquel M. le D"" Roussel s'était livré et dont ou va lire le rapport. J'informai aussitôt M. le professeur Moussu et la propriétaire du troupeau, et je gardai chez moi les restes du poumon, pour le cas où on aurait jugé à propos de faire à Âlfort la contre-épreuve du travail de M. le D" Roussel. Celui-ci avait d'ailleurs fixé ses préparations microscopiques de manière à pouvoir les mettre sous les yeux de quiconque aurait voulu les contrôler. Le 27 décembre 1916, M"''' L... m'adressait la troisième lettre que voici : Je vous remercie beaucoup des renseignements très précis que vous avez bien voulu prendre la peine de ra'envoyer et qui ne laissent place à aucun doute dans mon esprit. Le jour où M. le professeur Moussu m'a prié de venir à Alfort pour cpnstater que beaucoup de mes Gtièvres avaient réagi à la tuberculine, il m'a dit : si vous voyez M. Crepin, ne manquez pas de lui faire part du résultat ». Dans ces condi- tions, je n'aurai pour ma part aucun scrupule à lui dire que vous avez fait la contre-épreuve et qu'elle a absolument infirmé et le premier diagnostic porté simplement de visu par M. Guéniot, vétérinaire sani- taire d'ivry, et le résultat de l'épreuve de la tuberculine. D'ailleurs j'estime trop M. le professeur Moussu, je le crois trop homme de science, pour ne pas penser que, mettant l'amour de la vérité bien au-dessus de toute autre considération, il ne vous soit reconnaissant de lui avoir fait connaître le résultat des recherches de M. le D'' Roussel; contrôlées par M. le professeur Blanchard, auquel M. Roussel a fait voir ses prépai'ations. B. — Premier rapport de M. le D"^ J. Roussel. 1° Of/jet de cette élude. — Il y a quelque temps, une Chèvre faisant partie d'un important troupeau mourait dans des con- ditions telles que le diagnostic de tuberculose pulmonaire semblait s'imposer. Ce diagnostic, formulé par M. Guéniot, vétérinaire sanitaire à Ivry, était, quelques jours plus tard, appuyé par ce fait que le troupeau ayant été tuberculine à Alfort, un certain nombre d'animaux réagirent. Cependant, diagnostic et confirmation ne donnaient pas satisfaction à la 232 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ÀCCLIMATATION propriétaire du troupeau, qui aurait voulu voir dissiper ses doutes par un examen bactériologique. D'autre part, afin de prendre les mesures nécessaires pour éviter la contamination du troupeau tout entier, il y avait urgence à préciser la nature de la maladie. Afin de résoudre la question on sacrifia une Chèvre paraissant plus atteinte que les autres et ayant réagi à la tuberculine. L'autopsie révéla des lésions pulmonaires en apparence identiques à celles qu'avait signalées M. Guéniot, lors de l'autopsie de la première Chèvre et qui lui avaient dicté le diagnostic de tuberculose. C'est alors que me fut remis le poumon suspect, pour la recherche de l'agent pathogène. 2° Aspect de l'organe. — A l'examen macroscopique, l'atten- tion est attirée par quelques taches et granulations disséminées à la surface et dans la profondeur de l'organe et ressemblant aux lésions tuberculeuses. Si l'on s'en tenait à cet examen su- perficiel, la présomption serait : tuberculose pulmonaire, 3" Examen microscopique. — Pensant me trouver en pré- sence de foyers microbiens et probablement tuberculeux, j'opérai des grattages, dont le produit, déposé sur des lamelles par frottis, fut fixé et coloré suivant les méthodes habituel- lement employées pour la recherche des bacilles. L'examen révéla la présence d'un petit nombre de microcoques, de diplo- coques encapsulés et de pneumobacilles, en même temps que l'absence absolue de bacilles tuberculeux. Par contre au lieu de l'affection tuberculeuse, dont j'avais l'idée préconçue, et que je pensais identifier sans peine, j'ai vu apparaître dans le champ de l'objectif un nombre assez considérable d'embryons et de larves d'un Nématode mesurant en moyenne 300 [j. de long sur 18 [j. de large et qu'on peut identifier, soit avec le Strongyhis filaria Rudolphi, soit avec le Str. rufescens Leuckart, tels que les décrit Railliet dans son Traité de Zoologie médicale et agri- cole (1895, p. 424 et 427). 4° Conclusions. — Je conclus que la Chèvre sacrifiée n'était pas atteinte de tuberculose pulmonaire, mais d'une bronchite vermineuse avancée. G. — Commentaires ajoutés par M. le D' J. Roussel. M. le D' J. Roussel. — Il ne me paraît pas déplacé de tirer de cette étude les enseignements suivants, qui me semblent en ressortir d'eux-mêmes. LA CHÈVRE ET LA TUBERCULOSE 233 1° El d'abord voici une Chèvre qui tousse et meurt; son poumon, présenté à une personne compétente, est déclaré à première vue, tuberculeux. Une seconde Chèvre du même trou- peau, ayant réagi à la tuberculine, tousse comme la première et semble atteinte d'une dépression assez intense. On la sacrifie, et à Tautopsie, le poumon apparaît parsemé de taches, qui à première vue feraient présumer la tuberculose. Mais le micro- scope, mis à contribution, répond négativement et ce résultat jette un doute sur le diagnostic formulé à propos de la pre- mière Chèvre, morte spontanément. Est-ce à dire que celte conclusion entraîne nécessairement chez ces deux animaux l'absence absolue de la tuberculose? Non, je prétends seulement que l'organe qui m'a été remis et qui paraissait tuberculeux ne l'était pas. Mais, objectera-t-on, la Chèvre tuberculinée avait réagi, donc, si son poumon était indemne de la tuberculose, elle était tuberculeuse par ailleurs. Je réponds que c'est là une hypothèse et non une certitude. En effet, pourquoi cette Chèvre a-t-elle réagi? Envahie par des parasites, elle était certainement surchargée de toxines, et d'ailleurs mal en point. C'en est assez pour que, par l'injection d'une nouvelle toxine, la dose que lui permettait de tolérer sa capacité actuelle de résistance ait élé dépassée et que l'intolérance se soit manifestée par une réac- tion. Ce phénomène n'est-il pas souvent observé après l'ab- sorption de poisons minéraux, d'alcaloïdes ou de certains sérums, par des organismes atteints d'affections fortement toxiques? Ne sont-ce pas là des accidents anaphylactiques? D'ailleurs il existe des témoins de la tuberculination du trou- peau auquel appartenaient les deux Chèvres dont il s'agit. Que sont devenus les sujets qui ont réagi? Ils continuent à se bien porter, malgré que M. le professeur Moussu ait annoncé qu'ils sont tuberculeux. Ils n'ont pas continué à dépérir, non plus qu'à devenir cachectiques. Au contraire, ils ont pris le dessus et semblent marcher vers la guérison. Un décès nouveau pour- rait nous fournir l'occasion d'une autopsie nouvelle, mais s'il ne se produit pas, il faudra conclure que la réaction sur laquelle nous discutons aujourd'hui est une manifestation morbide non " spécifique, comme le prétend si nettement M. Crepin. Ainsi surgirait à nouveau le problème de la spécificité de certains agents thérapeutiques dont les réactions seraient parfois le critérium, non pas d'une maladie spéciale, mais d'une morbi- dité quelconque. 234 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 5° Nous voyons, par le cas qui nous occupe, combien il est facile de confondre une affection bactérienne avec une aulre, lorsqu'on se contente d'un examen macroscopique, sans recourir aux méthodes de recherches bactériologiques. Les méprises de ce genre ne sont pas rares et leur fréquence s'explique par la similitude des lésions causées par des bacilles de nature tout à fait différente. A titre de documentation, je me contente de signaler le Recueil de Médecine vétérinaire du 15 décembre 1916, qui contient, sous la signature du D'" Chaussé, un intéressant article sur la pseudo-tuberculose du Porc. Cet article est illustré d'une gravure présentant une coupe de deux ganglions maxil- laires, où l'on reconnaît des pseudo-tubercules, rappelant de très près l'aspect des lésions du poumon qui m'a été remis. La conclusion de cet article est que la différenciation de ces pseudo- tubercules d'avec les tubercules vrais est une question de plus ou moins, quant à l'aspect macroscopique. A défaut d'une très grande habitude, cette différenciation ne peut s'établir que par les méthodes bactériologiques habituelles. // semit donc à souhaiter^ la chose en vaut la peine, de voir utiliser, pour Vexamen des viandes, des méthodes moins trompeuses que iexamen à VœU nu, plus scientifiques et d'une application pratique. D. — Réfutation par M. le professeur Moussu. M. le professeur Moussu. — Si M. le D"" Roussel n'a pas trouvé de bacilles de Koch dans le poumon examiné, il ne s'ensuit pas qu'il n'y ait pas dé tuberculose. Il est donc présomptueux de soutenir cette. affirmation et de prétendre que les ravages constatés sur l'organe sont uniquement dus à la strongylose. Même en multipliant les préparations microscopiques, le champ d'exploration est trop vaste pour que M. le D"" Roussel ait la pré- tention d'avoir tout vu. De plus, il peut arriver qu'on ne puisse pas découvrir le bacille dans le crachat d'un tuberculeux, alors que le poumon de celui-ci en contient des multitudes et que l'expectoration en rend à d'autres moments : c'est le cas lorsque les bacilles sont emprisonnés et enkystés dans les corps caséeux des ganglions. Le bacille de Koch est, à mon avis, seul capable de produire des lésions de dégénérescence caséeuse et caséo- calcaire, comme celles que j'ai fait voir dans les ganglions bronchiques, médiastinaux et mésentériques de la nouvelle Chèvre abattue le 4 mars et que je place sous vos yeux. LA CUÈVRE ET LA TUBERCULOSE 235 Cette Chèvre est la deuxième que nous sacrifions pour notre démonstration. J'étais absent de Paris lorsque M. Crepinareçu le poumon de la première et n'ai pu me rendre au laboratoire de M. le D"^ Roussel, pour voir les préparations. J'ai donc demandé, moi-mêcne, à M'"" L... de nous faire le sacrifice de cette Chèvre, exécutée le 4 mars et dont le poumon suspect est exposé en séance. D'ailleurs, comme suite à tout ce qui vient d'être dit, je vais prélever, dans les ganglions, de la matière caséeuse et d'autre en voie d'altération, je vais broyer le tout dans un mortier avec de l'eau et je vais injecter ce liquide à des Cobayes, bien por- tants, en apparence, à la face interne de la cuisse, sous les yeux de l'assistance. Pour moi, ces animaux seront tuberculeux par expérience et succomberont presque sûrement d'ici quinze à vingt jours à de graves lésions. Il sera alors facile d'examiner ces lésions au microscope et d'y déceler le bacille de Koch. J'ajouterai que pour quiconque a l'habitude de ces sortes d'examens, il est impossible de se tromper sur l'état tubercu- leux de la Chèvre, dont les poumons et le mésentère sont devant vous. Car dans la strongylose et la bronchite vermineuse, il n'y a pas de lésions ganglionnaires semblables dans la poitrine et sur l'intestin. — Cette conférence contradiGtoire est suivie d'une série de pro- jections où M. le professeur Moussu fait voir les phénomènes de la réaction palpébrale à l'injection intradermique. Enfin, on fait sur- le-champ quelques préparaiions microscopiques, qui prolongent la séance fort tard, mais qui ne donnent aucun résultat probant, si ce n'est, sur la plaque, vue au microscope, un point coloré en rouge et que M, le professeur Moussu dit pouvoir être un bacille de Koch, se présentant mal pour être positivement identifié. La difticulté de ces préparations, l'installation plus que précaire dont on dispose ne permettent pas de poursuivre l'examen dans des conditions favo-. râbles : les expériences seront continuées en laboratoire, et d'ici la prochaine séance, on suivra l'évolution des Cobayes. En terminant, M. le professeur Moussu déclare que rien ne sera changé dans l'état de choses connues : que la Chèvre est et restera très rarement atteinte par la tuberculoi-:e, mais qu'il ne faut pas la considérer comme absolument réfractaire à cette maladie. Et lorsqu'il sera question de l'alimentation des enfants et des malades, il sera tou- jours prudent de faire au préalable un examen attentif des sujets à utiliser. (A suivre.^ NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL AU MUSEUM EN OCTOBRE 1916 Par le D' MILLET-HORSIN Médecin-major des troupes coloniales. Déplacé du front, malgré moi, pour assurer une relève colo- niale, un séjour très écourté au Sénégal m'a permis de récolter quelques Oiseaux que j'ai pu rapporter vivants. Voici le relevé des notes prises à leur sujet, depuis leur capture, jusqu'à leur arrivée à la Ménagerie du Muséum. Ils ont été embarqués le 30 septembre sur le vapeur Afrique, des Chargeurs Réunis, et je dois rendre grâce à la parfaite com- plaisance de tout le personnel du bord vis-à-vis de mes Oiseaux ; en particulier je dois largement remercier le Commissaire du bord. Le transport de Bordeaux à Paris a été effectué par les soins de M. Fontana et a été exécuté dans d'excellentes condi- tions. Vautour de Kolb [Gijps Kolhii). — C'est la première fois que celte espèce est signalée au Sénégal, et, au cours d'un précédent séjour, il ne m'avait pas été donné de l'observer. Le sujet que j'ai ramené a été capturé le l*"" août 1916 au fortin du point A, près de Dakar, par M. Chédé, adjudant gardien de batterie, au moyen d'un piège à palette, placé à côté d'une charogne de Bourriquot, autour de laquelle se pressaient de nombreux Vautours. Ils partirent à la pose du piège, revinrent dès que le piégeur se fut éloigné, et le Gyps Kolhii, qui nous occupe, fut pris. La leçon était suffisante; aucun autre sujet ne se laissa prendre, et tous les Vautours surent parfaitement éviter le piège. Ce Gyps se montra très méchant. Amarré à une drisse au pied gauche (le droit ayant été meurtri par le piège), il se lan- çait au bout de sa corde, le bec ouvert, les ailes demi-étendues, contre quiconque s'approchait de lui. Si on le regardait sans l'approcher, il laissait pendre la tête au bout de son cou, inerte, comme une pierre attachée à une corde, les ailes demi- NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL AU MUSÉUM 237 étendues. On me l'apporta le lendemain à Uuakam, où je résidais. Je le plaçai, toujours amarré à sa corde, h proximité d'un Hélotarse avec qui il n'eut jamais que des rapports très pacifiques. Chez moi, il s'est loujours montré aussi méchant. Quand on le prenait, de rage, il se mordait les ailes. Il restait volontiers allongé à terre et les premiers jours il ne mangeait pas; il ne se levait que pour boire ou pour se mettre en état de défense dès qu'on approchait de lui, et venait ensuite se recoucher à la même place, entre les racines d'un Baobab. Ce n'est que le 6 août qu'il s'est décidé à manger un peu de foie de Bœuf. A partir de ce moment il a fait preuve d'un solide appétit ; quand il était rassasié, il se couchait sur ce qui lui restait de viande, attendant que la faim revienne. Mais il était rare de le voir manger dans l'après-midi. Au bout d'une dizaine de jours, il commença à voler et même à se percher sur les branches basses du Baobab, que sa corde très longue lui laissait atteindre. Le 20 août, il se prit dans sa corde et pendait lamentablement par une patte à 3 mètres en l'air. Je fis couper la branche au coupe-coupe et le pied étant blessé, je lui fis mettre la corde à l'autre pied qui était guéri. Ce ne fut pas une petite affaire. Il se débattit comme un beau diable, commença par vomir son déjeuner et je dus le faire maîtriser avec une pince à Blaireau, pendant que je lui enlevais son amarre pour la passer à l'autre pied. Il restait la nuit dehors, le plus souvent couché, allongé à terre, ou perché sur une murette en pierre, la tête sous l'aile. Souvent au matin, je trouvais tout près de lui des traces de Chacal {Canis variegatus) mais, si quelquefois le reste de sa viande avait été enlevé par ces carnassiers, jamais il ne fut inquiété et je n'entendis jamais (non plus que mon personnel) de bataille nocturne. Il aurait d'ailleurs, certes, su se défendre énergiquement. Le 28 août, je rentrdi à l'hôpital de Dakar et dus laisser ma ménagerie aux soins de mon boy et de mon ordonnance, sous la surveillance de mon infirmier et du jardinier du camp, Euro- péens tous les deux. En mon absence, le Vautour se détacha, partit, fut rattrapé par mon ordonnance et mon boy qui lui firent une amarre incassable en fil de fer; de sorte que lorsque, le 22 septembre, je remontai à Ouakam donner les ordres pour mon déménagement, mon malheureux Vautour avait les deux 238 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATAÏION pieds ulcérés, à demi coupés par les entraves en fil de fer et horriblement tuméfiés. Je fis enlever ces liens, ou plutôt je les enlevai moi-même, le sujet étant enfermé dans une cage de transport, les deux pieds passant par la porte entre-bâillée ; naturellement, au cours de l'opération, il rendit son déjeuner. La cage où je le mis était une cage de transport de un demi- mètre cube; il y fit le voyage avec un Néophron moine et rriélotarse. Le 23, au matin, les trois Oiseaux furent mis au large, dans une volière du laboratoire de bactériologie de l'A. 0. F. à Dakar; ils furent remis le 30, au matin, dans leur cage de transport et embarqués sur l'Afrique. L'Hélotarse fut mis à part. A l'arrivée à Bordeaux, les deux pieds du Vautour étaient cicatrisés, très désenfles et il se perche parfaitement, actuelle- ment, à la Ménagerie du Muséum. Charognard [Néophron monachus). — Le 24 août 1916, le bri- gadier d'artillerie coloniale Orsini m'apporta un Charognard [Néophron monachus), qu'il avait blessé d'un coup de fusil à petit plomb. C'était une femelle, ayant encore sa livrée de jeune; il avait juste l'œil gauche fermé, recouvert par une pau- pière tuméfiée et sanglante. Très doux, pas agressif du tout, il laissait pendre sa tête comme faisait le Vautour dans les pre^ miers jours, puis se couchait et se laissait prendre dans les mains, sans esquisser la moindre défense. Je le mis dans un poulailler vide ; il ne se décida à manger que le 27 août ; à ce moment il ouvrait la paupière ; son œil gauche me sembla alors blanchâtre et dépoli. Je rentrai à l'hôpital le 28 et revins le 22 septembre; l'œil était guéri. Le Charognard se laissa facilement prendre et mettre dans une cage de transport; cependant, dans le trajet de Ouakam à Dakar, il se querella avec l'Hélotarse ; ils ne se dirent rien dans la volière du laboratoire, se battirent, à nou- veau, dès que je les remis dans la cage* de transport pour les embarquer; je dus isoler l'Hélotarse. A bord le Néophron affec- tionna une position étrange : perché sur le Vautour, qui était le plus souvent couché. Le Néophron est arrivé en parfait état à Bordeaux, puis' à Paris, où il a retrouvé un mâle de son espèce que j'avais éga- lement rapporté du Sénégal en mai 1911. NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL AU MUSÉUM 239 Aigle Bateleur {Helotarsus ecaudalus). — Le 25 juin i91ti, un maréchal des logis, en permission, rencontrait à Dakar un indigène porteur d'un gros Oiseau ficelé dans un panier diouUa; le sous-officier eut la bonne idée de le lui acheter (cent sous avec le panier) et de me faire porter l'Oiseau, que je m'empressai de lui racheter. C'était un Aigle Bateleur (/?e/oZar- sus ecaudalus), jeune de l'année, provenant de Vintérieur. C'était vague, mais c'est tout ce que je pus recueillir comme indication de provenance. On me l'a apporté le 26, toujours cousu dans son panier (ces paniers sont des sortes de cabas, sans anse, en lames végétales souples etleur contenu est main- tenu par des cordes qui traversent, en bâti, d'un bord à l'autre). Il était en bon état, mais avait les rémiges coupées. Je lui fis donner à manger et à boire. Il but un peu et mangea assez gloutonnement un morceau de cœur de Bœuf. Il n'était nulle- ment méchant, ne cherchait pas à frapper et se contentait, quand on voulait le prendre, de souffler comme un Hibou et de redresser ses plumes occipitales, un peu à la façon d'un Cir- caète, mais l'aspect de la tète était plus hérissé à cause de la plus grande longueur des plumes. Je pratiquai l'extraction des rémiges coupées à l'aile droite, pour leur permettre de repousser plus facilement. Il fit alors entendre un gloussement en tous points semblable à celui d'une Poule. Je lui fixai au pied droit une corde longue de o à 6 mètres, puis fixai cette c^rde à un Baobab, à proximité de mon logement. Aussitôt apparurent des Milans [Milvus legyplius) et des Corbeaux {Corvus scapu- latus), qui tournèrent en cercle autour de lui, comme ils l'eussent fait pour un Hibou, mais sans trop approcher. Ne pourrait-on employer l'Hélotarse comme une Chouette ou un Grand-Duc pour la chasse aux Rapaces ? Il est vrai que plus tard, quand ils y furent habitués, ces Oiseaux cessèrent leurs manifestations, mais les Milans ne se gênèrent pas pour cher- cher, à maintes reprises, à lui voler sa ration alimentaire ; il savait, d'ailleurs, parfaitement défendre sa nourriture. Je lui fis redonner du cœur de Bœuf et un Mulot mort. Cette fois, il se montra intimidé et fut longtemps à se décider; ce ne fut que quand je me fus éloigné et caché qu'il s'attaqua au Mulot. Il le retourna avec sa serre gauche (non attachée), redressa ses plumes occipitales, gloussa, promena fièrement son regard à droite et à gauche, puis dévora, successivement la face, la poi- trine et enfin la peau du Mulot. Peu après, il essaya de dénouer ^40 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION sa corde à coups de bec, mais sans insister (il ne se livra, d'ailleurs, que les trois ou quatre premiers jours à ce genre de tentative). Dès le lendemain, après extraction des plumes coupées de l'aile gauche, il semblait habitué à son nouveau sort. Il man- geait surtout le matin et son appétit était relativement faible ; un peu plus d'une demi-livre de viande par jour lui suffisait; je lui donnai, alternativement, du foie, du cœur, du mou et de la viande musculaire de Bœuf. Il préférait de beaucoup le cœur; il n'aimait pas dépecer sa viande et ne mangeait de bon appétit qu'une pitance coupée en petits morceaux gros comme une noix; il les avalait, alors, d'une seule bouchée, jamais gloutonnement. Souvent, je lui donnais des Oiseaux, de petits Mammifères, des Reptiles ; alors même, venant de manger, il se redressait, se hérissait, les attaquait de la serre et les dévo- rait, en les dépeçant soigneusement, et il laissait des squelettes parfaitement nettoyés. Il buvait assez, mais jamais je ne l'ai vu se baigner dans le tonneau coupé à 25 centimètres de hau- teur, qui lui servait d'abreuvoir. Par contre, il aimait beaucoup recevoir l'eau de pluie; arrivait-il une tornade, il se perchait sur une grosse pierre, étendait largement les ailes et recevait, voluptueusement, l'eau du ciel, quelle que fût la force de la pluie; dès le soleil revenu, il séchait en quelques minutes. C'était un Oiseau fort intelligent et fort doux; le troisième jour de sa captivité, un canonnier européen ayant voulu le caresser reçut à la main un coup de serre sans gravité, mais jamais l'Oiseau ne renouvela cette manifestation déplacée, qui probablement lui avait été inspirée par la crainte. Il apprit très vite à me connaître et encore plus à connaître deux personnes : ce même canonnier européen, jardinier du poste, qui lui donnait des Mulots, et surtout mon ordonnance; cet indigène avait pris mon Aigle en afTeclion, lui donnait sa pitance jour- nalière, le rentrait le soir, (car on le rentrait le soir, en sa qua- lité de jeune sujet; j'avais peur pour lui des visites nocturnes: Chacals, Civettes, Mangoustes, Ichneumies et Zorilles grouil- laient dans la région, sans parler du Serval et du Chat ganté). Tous les soirs. Laminé Sidibé, mon ordonnance, détachait la longue drisse qui amarrait l'Hélotarse, prenait l'Oiseau à pleine main et le rentrait pour la nuit, dans un corridor, où il se per- chait sur une grosse pierre. Le matin, il le reprenait et allait l'attacher à son Baobab. Jamais l'Oiseau n'a cherché ni à le NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL AU MUSÉUM 241 mordre ni à le griffer; il se contentait de protester bruyam- ment, absolument comme une Poule que l'on prend. Plus lard, il marchait, pour rentrer le soir ou ressortir le matin, à côté de l'ordonnance qui tenait la corde; il avançait en sautillant, les ailes écartées, en tournant, d'une façon comique, sa tête hérissée de droite à gauche et de gauche à droite. Ou bien il sautait sur le poignet ou l'épaule de mon Noir et se laissait ainsi emmener. Les étrangers ne pouvaient l'approcher, nous non plus, quand il était de mauvaise humeur. Alors il se reculait au bout de sacorde, les ailes étendues, la tête hérissée et il jetaitun cri bizarre, un Hou prolongé. Quand il était bien disposé, il se laissait prendre et caresser; il aimait beaucoup se faire gratter la tête. 11 n'aimait pas les Mammifères; un Chien le mettait hors de lui et il s'apprêtait à la lutte; mais les Chiens, les plus déter- minés, battaienten retraite devant son aspect hirsute et impres- sionnant. Un jour, un Piat palmiste [Xerus erytkropus), qui jouait dans la brousse, s'approcha de lui sans l'apercevoir; il bondit dessus au bout de sa corde; je n'oublierai jamais, la terreur du Rongeur, qui fit un saut surplace, fegarda effrayé Ce formidable adversaire et fut quelques secondes avant de se décider à se sauver. Les Oiseaux l'excitaient moins ; cependant il suivait avec beaucoup d'intérêt les faits et gestes d'une bande mixte de petits Oiseaux [HypochKra nitens, Lagonos- ticta minima, Mariposa phœnicotis), qui venait souvent picorer, tout près de lui; il ne les a jamais attaqués. Il savait parfaite- ment défendre sa nourriture contre les entreprises des Milans. Quand on m'apporta le Vautour de Kolb, qui fut amarré près de lui, jamais les deux Oiseaux ne se battirent, ni même ne se menacèrent, bien que parfois, leurs cordes se soient trouvées emmêlées. Je le transportai le 22 septembre à Dakar, dans la même cage de transport que le Vautour et le Charognard, mais il se battit pendant le trajet avec ce dernier, en faisant entendre un siffle- ment modulé, un peu analogue à celui produit par beaucoup d'Oiseaux de proie. Il se livra dans sa cage à des mouvements d'ailes désordonnés et se mit les ailes en sang. Lâché au labo- ratoire de bactériologie de Dakar, dans une volière avec ses deux compagnons, il ne se battit plus et ses ailes se guéris- saient, quand, le 30, je dus l'emballer pour embarquer; la BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. • 1918. — 18 242 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION bataille recommença; on dut les séparer à bord et l'isoler pour le transport de Bordeaux à Paris où il arriva les ailes à vif. Il s'en est remis, d'ailleurs, assez vite. Les Bambaras appellent cet Oiseau Ségué, et les Ouolofîs l'appellent Loie. Merle métallique {Lamprot omis caudatus). — Cet Oiseau a été blessé le 23 juillet d'un coup de feu à petit plomb, à l'aile droite, près de Ouakam. On me Ta donné le 28, complètement guéri et en superbe état. On l'avait gardé dans une toute petite cage, et nourri uniquement de mil et d'arachides. Il était sous une vérandah du camp du 4® Tirailleurs sénégalais, et quand il chantait, les camarades de sa bande venaient se percher tout près, sur les Flamboyants du camp. Je le mis dans une grande volière démontable qui faitpartide mon matériel, en compagnie à''MXiCalao{Lophoceros erythrorhincus) àox\\.}Q parlerai plus loin et d'un Perroquet (i^œcep/m/w.? fuscicollis). D'un plumage remar- quablement brillant il se montra vif, enjoué, très remuant; il mangeait de bon appétit mil, cacaouettes, pain mouillé, viande hachée, Chenilles, Termites; il aimait la tomate crue. Ses deux compagnons de cage l'ont accueilli fraîchement, surtout le Perroquet: celui-ci éprouvait un plaisir très vif à lui tirer sa grande queue. Il ne s'en fâchait pas. Ensuite, il fit bon ménage avec le Calao. Il fut transporté en France avec lui, et deux autres Oiseaux, nourris à bord à la cambuse. Il se montra assez gourmand de raisins de Ténérife, Mais dans le transport il se cassa ses longues rectrices. 11 est arrivé à Paris, fatigué et malade, et s'est remis peu à peu. Il a conservé ses compagnons de captivité et est resté en bons termes avec eux. Malheureuse- ment il est mort vers le lo novembre. Le Père noir [Hypochsera nitens). — J'avais capturé un cer- tain nombre de couples, cinq ou six; je suis arrivé à Paris avec un mâle et trois femelles ; je n'ai eu en cours de route que deux décès, un mâle et une femelle seulement; je suis certain d'avoir été à Dakar, où mon convoi est resté quelques jours, du 27 au 30 septembre, victime de vols de la part d'un nègre, qui m'a allégé d'un Lagonoslicta cxrulescens, d'une paire de Estrilda cinerea et de quelques-uns des Oiseaux dont je vais parler plus loin. (A suivre.) UN COCOS ISUCIFERA (?) DANS LES ALPES-MARITIMES Par CH. RIVIÈRE. Nos Bulletins de mai 1915 et de novembre 1916 reproduisent un fait des plus intéressants, étonnant même, peut-être sujet à discussion, signalé par notre collègue le D' Proschowsky, de Nice. Ce serait la végétation d'un Cocos nucifera qui aurait résisté pendant des années à Eze. point, il est vrai, très abrité dans les Alpes -Maritimes, et ce, dans un jardin, « qui nest même pas un jardin d'amateur » {sic). Une noix de Coco mise tout simplement en pleine terre y aurait germé, se serait développée et, quoique de croissance évidemment beaucoup moins- rapide que dans ses véritables zones de végétation, la plante aurait néanmoins atteint 2-", 50 de haut, dans une période d'une dizaine d'années. Donc, pen- dant un laps de temps relativement considérable, cette espèce d'une zone intertropicale chaude et humide, ordinairement si sensible aux abaissements de température, surtout dans le jeune âge quand on la sort de son milieu climatique, môme de traitement difficile dans les serres bien conditionnées d'une horticulture habile, aurait résisté aux intempéries, pourtant très dures, de certains hivers sur la Côte d'Azur, et même la mort de ce Palmier ne semblerait pas avoir eu le froid pour cause, mais plutôt le manque de soins et le défaut d'arro- sage. Mais ici une réserve est à faire : M. le D'' Proschowsky se borne seulement à publier des renseignements recueillis sur des faits qu'il n'a pas constatés lui-même, a-t-il ajouté avec une prudente réserve, dans la lettre qu'il a bien voulu m'écrire à ce sujet, en réponse à mes questions. Je n'ai jamais observé cette résistance du Cocos nucifera dans mes essais tentés à plusieurs reprises sous le climat d'Alger, malgré des soins et des précautions reconnus abso- lument inutiles dans le fait précité. Pourtant, au Jardin d'Essai du Hamma, l'éducation de ce Palmier avait été patiemment poursuivie, malgré l'avis con- traire des praticiens les plus autorisés Mais, à cette époque il 244 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION y avait, encore plus vivace que maintenant, cette tendance vers l'exoticité à outrance qui a causé et causera tant de déceptions. En efîet, vers 1870, on pensait à border le canal de Suez, alors en achèvement, de massifs de Cocotiers, puis, les plaines d'Oran devaient aussi convenir à ce Palmier; enfin, en 1883, dès la con- quête de la Tunisie, l'idée fut reprise à la suite d'une concep- tion climatique fort erronée du littoral du golfe de Gabès dont l'exposition orientale devait, pensait-on tout théoriquement, avoir pour conséquence une influence tempérée et humide sur le milieu, et l'on citait cette belle oasis si bien arrosée, dont les Dattiers s'avancent au bord de la mer, comme l'indice certain de conditions très favorables à la végétation du gros Cocotier. C'était encore là une grave erreur climatologique, car il y a dans ces régions, où domine l'influence saharienne, des météores hivernaux tout particuliers dus aux courants conti- nentaux qui abaissent très souvent la température au-dessous de zéro, de même qu'il y a des périodes de siroco, temps de sécheresse et d'aridité atmosphériques, plus ou moins pro- longés, et toujours défavorables aux plantes de la nature du gros Cocotier. Pas plus sur les bords du canal de Suez qu'à Gabès, ce Palmier ne pouvait vivre. D'abord, les tentatives de culture de cette espèce présentent dans notre milieu une première et sérieuse difficulté, c'est d'avoir des graines aptes à germer, car celles du commerce dites Noix de cocos sont toujours à l'état laiteux ou presque, et plus ou moins fraîches; aussi, quand j'ai pu m'en procurer aux pays d'orifçine, ce fut en recommandant de les cueillir à point et de les expédier en stratification dans des serres de voyage, séjournant plus ou moins longtemps dans des matièreslégères, entretenues humides, mais sans excès. Dans une serre où la température hivernale était maintenue aux environs de -\- 20", mais qui ne s'abaissait jamais au- dessous de 4- 12°, quelques germinations ont été obtenues et aussi le développement de quelques grandes feuilles primor- diales, mais soit l'atmosphère trop sèche de certains jours de l'été d'Alger, soit toute autre cause indéterminée, la plante finissait par péricliter. J'ai observé, en Belgique et en Angleterre, des tentatives analogues faites dans de bonnes conditions par des horticul- teurs émérites, sans qu'elles fussent jamais couronnées de succès, aussi est-il bien reconnu que la germination et sur- UN « COCOS NUCIFERA » (?) DANS LES ALPES-MARITIMES 24.3 tout réducalion de ce Cocotier constituent une des plus sérieuses difficultés de Tart horticole. Ce sont ces diverses considérations qui font que rétonnement des praticiens et des climatologistes reste fort grand devant cet exemple, unique jusqu'alors, d'un vrai Cocos nuciféra germant et se développant en pleine terre et à l'air libre pendant une dizaine d'années, et ce, sur la côte orientale de la Provence, sans soins particuliers. Aussi, la meilleure réponse à faire à ceux qui, comme moi, je dois l'avouer, conservent quelques doutes sur le cas en question ou sur l'identité de l'espèce observée à Eze, ce serait de renouveler l'expérience au même lieu ou dans une localité à climat aussi favorable, même en entourant la plante de soins horticoles ordinaires que, paraît-il, n'aurait pas eus le sujet discuté ici. Évidemment, on peut invoquer qu'en Floride, le Cocotier à grosse noix, là, à la dernière limite de sa végétation, subit des froids relatifs sans trop en souffrir, mais, pour établir une analogie climatique entre les deux points de culture, il fau- drait se baser sur des données météorologiques que nous ne possédons pas, même pour nos stations provençales les plus favorisées. Puis, en acclimatation, un seul terme météorique est insuf- fisant, et si des végétaux résistent à certains froids, ils n'en supportent pas d'une autre nature, car il y a acuité et durée, de même pour des extrêmes de chaleur et de siccilé. Donc, la meilleure preuve à faire concernant la rusticité du Cocotier à gros fruits dans le climat précité de la Provence, c'est, je le répète, de recommencer l'expérimentation, même avec les meilleures méthodes horticoles. EXTRAITS DES PROCES -YERBACX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LÀ SOCIÉTÉ SÉANCE GENERALE DU 22 AVRIL 1918 Présidence de M. D. Bois, vice-président de la Société. M. le Président souhaite la bienvenue à M. Mihaïlo Gradoïe- vich, professeur serbe au Lycée de Koumanovo, qui assiste à la réunion. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. DÉCÈS. M. le Président annonce la mort de M. Maurice de Vilmorin, vice-président de la Société, décédé subitement la veille, dans sa propriété des Barres, à Nogent-sur-Vernisson (Loiret). Il fait l'éloge de notre collègue, si dévoué à notre œuvre; sa grande bonté n'avait d'égale que sa modestie. 11 venait de perdre son gendre, notre collègue, M. André de Lesse, petit-fils du géologue, mort subitement, quelques semaines auparavant. M. le Président, au nom de la Société, adresse à M. Jacques de Vilmorin, son fils, notre collègue, et à toute sa famille, si cruellement éprouvée, ses compliments de condoléance. C'est le troisième vice-président que nous perdons depuis la guerre, sans compter M. Magaud d'Aubusson, désigné par le Conseil pour ces fonctions. Une délégation composée de MM. Perrier, Bois, Loyer, Hua, Lecomte, Crepin et Debreuil est désignée pour représenter la Société aux obsèques de M. M. de Vilmorin. M. le Président envoie également l'expression de ses regrets à notre collègue, M. Otto Wegener, qui vient de perdre son fils, M. Maurice Otto Wegener, notre collègue, décédé à quarante- trois ans à la suite de fatigues dues à la guerre. Présentations de nouveaux membres. MM. Clède (D"" Marie-Jean), médecin à Grand-Bourg, Marie-Galante (Guadeloupe), présenté par MM. E. Perrier, R. Blancliard et C. Debreuil ; EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 247 MM. Colas (Roger-Georges), lieutenant au 68° d'infanterie, présenté par MM. E. Perrier, J. Crepin et M. Loyer; Despommiers (René), pisciculteur-ostréiculteur à Carnac (Morbihan), présenté par MM. E. Perrier, C. Debreuil et M. Loyer; Pereira da Cunha (Francisco), de Rio-Janeiro (Brésil), présenté par MM. E. Perrier, Dagry et G. Debreuil. Mammalogie. M. Viton, qui a une propriété très giboyeuse dans le Lot-et- Garonne, cherche à la protéger en détruisant le plus possible les Animaux de rapine. Il tend ses boîtes en écrasant sur la palette les glandes à parfum que les femelles de Putois ont sous la queue. Depuis 1914, il a pris 3 Loutres, .5 Fouines, 123 Putois, 3 Hermines et un Blaireau, sans compter les Belettes et les Ecureils. Toutes ces prises ont été en diminuant d'année en année : En 1914, 45 Putois; en 1915, 30; en 1916, 25; en 1917, 17; et en 1918, 6. Notre collègue a remarqué que le Putois est beaucoup plus voyageur que les autres Mustélidés; les Putois se renouvellent constamment chez lui et viennent de très loin. Ils voyagent surtout pendant les quatre premiers mois de l'année; ce sont les jeunes de l'année précédente qui arrivent les premiers; les vieux viennent ensuite, A propos des bêtes de rapine, dites « bêtes puantes », il est bon de remarquer que s'il convient de les détruire lorsqu'on fait certains élevages intensifs, il faut se garder, cependant, de les anéantir complètement. Ces jolis Animaux mangent, en effet, beaucoup de Rongeurs nuisibles, Rats, Mulots, etc. Il serait intéressant, d'autre part, de chercher à en faire l'élevage en captivité, pour tirer parti de leur fourrure. M. le professeur H. Vincent, médecin inspecteur général de l'Armée, fait une importante communication sur la fièvre de Malte et sa -prophylaxie. M. Vincent, qui a déjà rendu au pays d'inappréciables services, que chacun connaît, par ses belles découvertes contre la fièvre typhoïde, les fièvres paratyphoïdes, le choléra et la peste, a appliqué ses mêmes méthodes contre le Micrococcus melitensis, le microbe de la fièvre de Malte. La fièvre de Malte, qu'il vaudrait mieux appeller fièvre ondulante, car elle ne règne pas seulement dans l'île de Malte et sur le littoral méditerranéen, mais se manifeste aussi dans l'Inde, en Chine, en Afrique, etc., a été constatée en 1908 en 248 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION France, dans certains départements et à Paris même. Cette fièvre, maladie infectieuse, grave chez Thomme, puisqu'elle peut entraîner la mort, est toujours de longue durée et amène un état d'affaiblissement et d'anémie sérieux. Elle se transmet, principalement, parles Chèvres, les Moutons, les Chevaux, etc., et il est d'autant plus difficile d'éviter la contagion, qu'il est pratiquement impossible de forcer les propriétaires à abattre leurs animaux contaminés. Les animaux atteints paraissent, d'ailleurs, peu souffrir, et il est parfois nécessaire de recourir à un examen spécial pour reconnaître la maladie. C'est dans ces conditions que M. le professeur Vincent, en immunisant, au moyen d'un vaccin polyvalent, reconnu absolument efficace, la Chèvre et les autres Animaux susceptibles d'être infectés par le microbe, est arrivé à trouver la façon la plus pratique de faire disparaître la maladie. Mais pour atteindre un résultat aussi complet, il faut faire l'éducation des éleveurs de troupeaux et les amener à pratiquer la vaccination sur leurs animaux. Ces mesures scrupuleusement appliquées feront rapidement dispa- raître la fièvre ondulante chez l'Homme et chez les Animaux, comme autrefois pour la maladie charbonneuse. M. le profes- seur Vincent compte sur l'appui de la Société d'Acclimatation. M. le Président, se faisant l'interprète de tous, remercie l'éminent savant, qui, malgré ses multiples occupations, a bien voulu venir faire à la Société cette importante communication; il l'assure de la collaboration de la Société et lui renouvelle l'expression de notre reconnaissance pour ses découvertes d'une importance si hautement humanitaire. La communica- tion du professeur Vincent sera insérée au Bulletin. Ornithologie. M"*^ Caucurte signale l'arrivée de l'Hirondelle rustique, le 5 avril, à Samois-sur-Seine (Seine-et-Marne) et le 15 à Melun, par vent du nord, temps sombre et froid, — l*' C, la nuit et -\- 5° à midi. Depuis le 15 avril, le mauvais temps a continué; la température s'est abaissée jusqu'à moins de 6° et les Hirondelles ont disparu. Entomologie - Invertébrés. M. A. Chappellier, frappé de l'ignorance, parfois complète, des habitants des villes et même des campagnes, sur les con- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 249 naissances les plus élémentaires de l'histoire naturelle, dési- rerait qu'un livre pratique, évitant toute théorie, soit publié, avec de nombreuses tîgures, sur les choses ordinaires de la vie à la campagne. Cet ouvrage serait une série de manuels com- posés par nos collègues spécialistes et traiterait des Mammi- fères, des Oiseaux, des Insectes et des Plantes, au point de vue de leur utilité. Chez les Insectes, l'Abeille y aurait une large place. L'Apiculture, dit M. Chappellier, est trop peu connue et beaucoup de gens pourraient lui demander une amélioration très sensible de leurs ressources. Le lecteur y apprendrait ce que doit être un rucher, ce qu'entraîne son entretien, ce qu'il rapporte, et pourrait procéder à son installation sans maître. La Société d'Acclimatation le conseillerait ensuite. M. Debreuil dit avoir trouvé à Melun, malgré deux hivers successifs rigoureux, un certain nombre de Testacelles [Testa- cella haliotidea Drap.), dans les fonds de couche. Ce Mollusque commun dans le Midi de la France est plus rare dans les envi- rons de Paris. Les Testacelles qui portent une coquille presque rudimentaire recouvrant une très petite partie postérieure du corps, diffèrent encore des Limaces en ce qu'elles s'enfouissent dans le sol pour se nourrir de Lombrics en les avalant par succion. Cet animal peut donc être considéré comme utile, et les jardiniers devraient apprendre à le connaître pour le pro- téger. Botanique. Le Consul de France àTénérife, répondant à notre demande de Pommes de terre des Canaries, nous informe qu'il adresse de Sainte-Croix, à la Société, deux colis contenant des échan- tillons de Pommes de terre poussant à Ténérife, sans avoir recours chaque année à un nouvel apport de tubercules venant de la Métropole, des variétés Papas negras, Papas blancas et Papas palmeras, cette dernière d'un excellent rendement. Dès que nous aurons reçu ces Pommes de terre, elles seront remises à divers de nos collègues afin qu'elles puissent être multipliées et étudiées, puis envoyées dans nos colonies où, si elles réussissent aussi bien qu'aux Canaries, elles seront d'un grand secours. M. Debreuil présente une grosse branche morte de Peuplier suisse, attaquée par le Gui; cette branche fouillée de trous 2o0 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION très rapprochés les uns des autres est comme sculptée ; sciée dans sa longueur, elle laisse voir les racines du parasite péné- trant profondément de la périphérie vers le cœur, où elles se rejoignent presque. On comprend ainsi quels ravages le Gui peut produire et avec quel soin il convient de le détruire sur les Arbres fruitiers. Par décret, publié dans VOfficiel du 5 avril 1918, il est créé, au ministère du Commerce et de l'Industrie, un Comité chargé de Texamen des questions concernant les Plantes médicinales. Notre collègue, M. le professeur Costantin, est nommé pré- sident. Poïir le secrétaire des séances empêche, C. Debreuil. SEANCE GENERALE DU 6 MAI 1918 Présidence de M. D. Bois, vice-président de la Société. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. A propos de ce î)rocès-verbal et au sujet de l'arrivée tardive de la plupart des Oiseaux, M. Mailles fait remarquer que cette année, au contraire, le Loriot est venu plus tôt que d'ha- bitude. Une nouvelle des plus attristantes, venant surtout après l'anéantissement des collections de M. Delacour, à Villers-Bre- tonneux, nous est parvenue : Les importants établissements de notre collègue, M. A. Cordonnier, connus sous le nom de « Grapperies du Nord », à Bailleul, ont été complètement détruits. Le représentant de M. Cordonnier, M. F. Charmeux, nous écrit : « C'en est fait, cette fois, de toutes nos belles Grap- peries et Forceries du Nord de la France. Après Somain et Quessy, pillés et détruits en 1914 et 1915, ce fut hier, 19 avril, le tour des incomparables établissements de Bailleul. Un des fils de M. A. Cordonnier, mobilisé agricole, M. Joseph Cordon- nier, est resté jusqu'au dernier moment, avant de se retirer sur Dunkerque. Les derniers envois de Black-Alicante et de Généixil-Jo/fre, parvenus le même jour aux Halles centrales, EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 2ol ont été offerts par MM. A. Cordonnier et fils à nos grands blessés du Val-de-Gràce. » INous prenons la plus vive part au malheur qui frappe si durement notre collègue, M. A. Cordonnier, et nous lui adres- sons, ainsi qu'à sa famille, l'expression de noire profonde sympathie. M. G. de Southoff nous écrit, de Florence, que les événe- ments de Russie, son pays, le touchent cruellement et qu'il est obligé de se défaire de presque tous ses Animaux. Avant la guerre, notre collègue avait, entre autres, une très belle col- lection de Reptiles (800 xVnimaux) qui était d'un grand intérêt. Nous remercions M. de Southoff de ses sentiments de chaleu- reuse admiration pour nos soldats. Avec lui, nous avons la cer- titude absolue de la victoire et nous lui souhaitons de pouvoir, bientôt, réorganiser ses collections et reprendre ses études. M. E. Jaeglé, directeur de la station d'Essais de l'ivoloina, près Tamatave, remercie pour des graines de Boldo que nous lui avons envoyées, et nous informe qu'il expédiera à la Société diverses graines produites par les plants mères de sa station. Le passage de M. Boppe, ministre plénipotentiaire en Chine, qui rejoignait son poste, nous avait été signalé à Singapour; une dépêche annonce qu'après un heureux voyage notre col- lègue est arrivé, le 17 avril, à Pékin. Bibliographie. \ Notre collègue, M. A. Pinard, adresse pour la bibliothèque le livre qu'il vient de faire paraître chez 0. Doin : La Consomma- tion., le Bien-Elre et le Luxe. Nous avons reçu, du professeur 0. Mattirolo (de Turin), les deux brochures suivantes, dont notre collègue est l'auteur : 1° I bulbi del Muscari comosum Mill., proposés comme ali- ment à la population de l'Italie septentrionale; 2° Ricei^che analiliche sopra un pane preparato colla pasta di frumento. En outre : Anniial Report ofthe V. S. national Muséum, 1916; Le Journal d' Agriculture tropicale, avril 1918; Colonies et Marine, avril 1918 et les premiers numéros d'échange de Avicultural Magazine, de Londres. 252 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION Mammalogie. jyjme Prioleau, de LoxwooJ house, Billingshurst, Angleterre, a donné au Jardin zoologique de Londres un Skunk qui s'était échappé de chez elle et qui, pendant sept mois, de juin 1915 jusqu'à janvier 1916, avait vécu en libeité dans le comté de Sussex, sans avoir été signalé dans les bois et campagnes d'alentour où on l'avait cherché en vain. Au mois de janvier, ]\|me Prioleau apprit qu'un fermier, demeurant à six milles de sa résidence, avait attrapé un curieux animal, qu'elle alla voir et dans lequel elle reconnut le Skunk qu'elle avait perdu. L'animal était en très bon état et sa fourrure était magnifique; il avait donc trouvé facilement à se nourrir d'Insectes et de Mulots, qui sont le régime naturel de ces Mustélidés dans leur pays d'origine, e!, étant nocturne, il n'est pas étonnant qu'il ait pu échapper à toutes les recherches; mais on voit que le climat de la Grande-Bretagne ne serait pas un obstacle à son acclimatation. M. Pocock, le sous-directeur du Jardin zoolo- gique, est d'avis que son introduction pourrait être tentée sans inconvénient, l'animal étant surtout un insectivore. D'autre part, on nous dit que des Skunks, échappés de chez un four- reur de Lausanne, ont très bien vécu en liberté en Suisse. Ceci s'accorde avec ce que M. Pichol nous a communiqué, rela- tivement à l'élevage pratique du Skunk en Amérique. Aquiculture M. le professeur L. Roule, délégué de la Société au Congrès de VElang et de l'élevage de la Carpe, qui s'est tenu à Paris, en plein bombardement, du 18 au 23 mars dernier, rend compte des travaux de ce Congrès. Le programme consistait à faire l'étude des procédés qui doivent permettre d'augmenter la production piscicole de nos étangs à Carpes. La section de l'élevage de la Carpe a étudié le choix de races sélectionnées, l'installation de bassins spéciaux pour la ponte et l'alevinage et les méfaits d'une acclimatation non surveillée. Le Congrès a préconisé, unanimement, l'emploi exclusif de races sélec- tionnées et particulièrement de la race dite « Carpe cuir ». Il a adopté la méthode des bassins spéciaux. Les méfaits de l'accli- matation non surveillée visaient ceux du Poisson-Ch;it.et de la Perche-Soleil. Suivant les principes mêmes de la Société d'Acclimatation, qui ont été souvent formulés ici, les proprié- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 2o3 taires d'étangs furent d'avis qu'il conviendra désormais de n'introduire dans nos eaux aucune espèce étrangère sans une enquête préalable. Les travaux du Congrès seront exposés dans un volume qui paraîtra prochainement. M. le capitaine Gau, affecté au Service de la pèche et de la pisciculture au ministère de l'Agriculture, écrit que si d'après M. Poisson le rôle utile des Lombrics est contestable dans la culture des terres, il semble que ces Vers pourraient être em- ployés, avec profit en pisciculture, comme aliment jeté eu pâture aux Salmonidés. Il conviendrait, dit notre correspondant, au moment où il est fort difficile de se procurer une nourriture économique, d'envisager la question de l'élevage intensif des Vers de terre. M. Gau demande, en conséquence, des rensei- gnements sur les mœurs, la croissance et la reproduction des Lombrics. Ces renseignements lui seront envoyés, mais il sem- ble, dès maintenant, bien difficile d'organiser un élevage assez important de Vers de terre pour qu'il soit d'une utilité vrai- ment pratique. Botanique. La maison Vilmorin-Andrieux présente quatre fruits à'Elœis, reçus du Congo belge. Les fruits paraissent appartenir à l'es- pèce ElceU Poissoni, variété lenera E. Annet, au sujet de laquelle M. Fauchère fit, récemment, une communication. Leur poids est respectivement de 25, 24, 18 et 17 grammes. Il con- vient de remarquer l'enveloppement du fruit par les stami- nodes développés en même temps que l'ovaire aussi haut que le fruit et soudés jusqu'aux deux tiers environ de la hauteur. La pulpe, gorgée d'huile, peu fibreuse, est épaisse de 4 à 6 milii- • mètres. La coque, très dure, a une épaisseur latérale de 2 à 3 millimètres. L'amande mesure 20 millimètres dans son grand axe et li millimètres dans son petit. M. Bois présente de la part de notre collègue, M. Robertson- Proschowsky, de Nice, des fruits de Yucca aloifoUa Linné. Ces fruits ont été récoltés il y a sept ans et l'un est resté écrasé depuis cette époque. On peut constater, dit M. Proschowsky, que la pulpe n'est aucunement desséchée, pas même dans le fruit écrasé, ce qui montre que ce n'est pas l'épiderme qui pos- sède la propriété de préserver le contenu du fruit contre la 254 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION dessiccation, mais bien la pulpe elle-même, qui retient Thu- midité d'une manière excessive. Notre collègue a l'intention de conserver quelques-uns de ces fruits pour voir combien de temps ils pourront se maintenir dans l'état où ils sont. Il est regrettable que ce fruit, si remarquable par la durée de sa con- servation, soit trop amer pour être mangeable. La pulpe est cependant sucrée et le D'' R. Proschowsky connaît une personne qui en mange avec plaisir. Il paraît, d'ailleurs, que les Peaux- Rouges en font autant. Notre collègue avait joint à cet envoi un fragment d'inflo- rescence de Brahea dulcis Martius. Les cinq énormes inflores- cences, qui se sont développées chez lui, sont dans le même état qu'au mois d'août, moment oîi elles sont sorties de leur spathe. Les boutons à fleurs demandent probablement une année, ou davantage, pour s'épanouir. Notre collègue nous communiquera ses observations à ce sujet. Sur les indications de M. Bois, nous avions demandé aux v Canaries des Pommes de terre de races locales. Par les soins de notre Consul à Ténérife, M. Juan Claverie, trois variétés de ces Pommes de terre viennent de nous parvenir. Des tuber- cules ont été remis au Muséum, a la maison Vilmorin, à M. C. Rivière et à quelques autres de nos collègues en Algérie, au Maroc et en Tunisie, pour être étudiés et multipliés. Si ces variétés, très bien adaptées au climat subtropical, réussissent aussi bien dans nos colonies qu'aux Canaries, elles seront d'une grande importance, puisqu'elles éviteront, chaque année, un apport de nouveaux tubercules de la métropole. Nous remer- cions vivement M. Juan Claverie qui a si aimablement et si rapidement donné satisfaction à notre demande. Une note sera publiée sur ce sujet, dans le Bulletin, par M. Bois. Pour le secrétaire des séances empêché, C. Debreuil. EXTRAITS ET ANALYSES LES MIGRATIONS DE PIERIS BRASSIC.E EN SUISSE, EN 1917 M. Arnold Pictet (de Genève) a constaté, en 1917, en Suisse, quatre apparitions en grand ;nombre, de Papillons de la Pieris brassiez. I. — Au commencement de juillet, jusqu'au 15 de ce mois. Ce sont des Papillons indigènes, ils butinent les (leurs et volent sans direction donnée ; ils sont en immense quantité. Leurs chenilles sont devenues adultes dans la première moitié d'août et ce sont elles qui ont complètement dévasté les plantations de Choux du pays. II et III. — Deux vols immenses qui ont traversé toute la Suisse du nord su sud, le premier vol ayant eu lieu presque sans interruption du 19 au 22 juillet, le second du 27 au 29 juillet; ils sont constitués par de longs exodes de Papillons qui, après avoir franchi le Jura, franchissent les Alpes jusqu'à 3.000-3.200 mètres d'altitude, pour s'enfuir dans le Sud. Ces Papillons ne butinent pas les fleurs, mais ils volent droit de- vant eux. Ils ont en conséquence traversé la Suisse à une épo- que où les plantations de Choux étaient déjà en grande partie détruites par les chenilles du n° I. Ne trouvant plus d'aliments pour leur progéniture, ces Insectes ont dû poursuivre leur route. C'est vraisemblablement la raison qui a déterminé la migration. Les Papillons de ces deux vols n"ont pondu en Suisse que peu d'œufs, le dixième environ de la ponte de ceux des n°^ I et IV. IV. — Une seconde apparition de Papillons indigènes qui butinent les fleurs et n'observent pas, dans leur vol, de direc- tion donnée. Leurs petites chenilles apparaissent en immense quantité sur ce qui reste de Choux, vers la fin d'août, âgées seulement de quelques jours. Les Hyménoptères du genre 3Iicrogaster se sont trouvés en infime quantité en 1916 ; la rareté de ce parasite explique en partie la surabondance extraordinaire des Piérides en 1917 ; les migrations de juillet s'expliqueraient par le fait de la dévas- tation des Choux au moment des passages (1). (1) Extrait des Actes de la Société helvétique des sciences naturelles (session de Zurich 1917), paru en mars 1918, p. 277. Communiqué par M. de Guerne, à la séance générale du 18 mars 1918. BIBLIOGRAPHIE La Direction de l'Agriculture au Maroc vient de publier le rapport de notre collègue M. Henri Geoffroy-Saint-Hilaire, sur les Animaux domestiques du Protectorat. L'inventaire des ressources animales de cette région africaine a montré, lorsque le service de l'élevage fut constitué en 1913, combien l'anarchie qui régnait dans l'Empire des Sultans avait nui au développe- ment des richesses naturelles de leurs sujets. Aujourd'hui tout est en bonne voie pour réparer le dommage, et le Maroc pourra bientôt subvenir largement aux besoins de ses habitants et alimenter très sérieusement la métropole. M. GeofFroy-Saint- Hilaire expose successivement l'état de la production cheva- line, bovine, ovine, caprine, etc., mais ce rapport n'est que le prodi^ome d'un grand ouvrage sur le Bétail colonial que notre collègue vient de terminer et qui est actuellement sous presse. La Monographie des Phasianidés, que vient de terminer M. W. Becbe, notre collègue, après plus de deux ans d'explo- rations dans les régions asiatiques, pour saisir sur le vif tout ce qui concerne cette importante famille de Gallinacés, est à l'impression à Londres chez, les éditeurs Witherby et C'^ L'ou- vrage comportera quatre volumes magnifiquement illustrés, à en juger par la planche représentant lel'ragopan, qui est jointe au prospectus de cette œuvre magistrale, digne suite aux belles éditions des travaux de Gould, d'ElIiott et d'Audubon. Le prix de chaque volume est de 31:2 francs. Nous apprenons avec plaisir que la Société des Agriculteurs de France vient de décerner une médaille d'argent, grand module, au tract de M. André Godard : « Les Oiseaux néces- saires à l'Agriculture » dont la diffusion est d'une importance capitale. Plusieurs assemblées départementales, notamment le Conseil général de Maine-et-Loire, l'ont répandu dans les écoles primaires, et il a été inscrit sur la liste des ouvrages recommandés par le ministère de l'Instruction publique. Il faut enfin démontrer à nos populations que c'en est fait de notre agriculture, si l'on ne combat pas l'elTroyable pullu- lement des Insectes nuisibles, en protégeant les Oiseaux qui les détruisent. — {Librairie Académique Perrin, 35, quai des Grands-Augustins, Paris (VP). Prix : 1 fr. 50.) Le Gérant : A. Maretheiix. Paris. — L. Marktheux, imprimeur, 1, rue Cassette. EN DISTRIBUTION Graines d'Acacia offertes par M. J. GOFFART, de Tanger. Acacia acanthocarpa Willd. = Mimosa ac. Poir. A. aneitra F. Maell. ,4. armata R. Br. A. Bayleyana F. Muell. A. buxifolia A. Gunn. A. cuiamifolia Sweet. A. cornigera Willd. = A. spadi- cigera Ch. et Schl. = A. sphae- rocep hala Ch. et Schl. A. cy anophy lia Lindl. A. Cyclops A. Gunn. A. dealbata Link. A. Diet'ichiana F. Muell. A. Donkelarii (?) A. /■aicara Willd. A. Farnesiiina Willd. A. olaucescens Willd. A. homalophylla A. Gunn. ^. jnniperina Willd. A. leptoclada A. Gunn. A linifolia Willd. A. longifolia Willd. A. macrarfenin B th. A. myriifolia Willd. ^. neritfolia A. Gunn. (/ype, war. à grandes feuilles, var. pen- dants). A. prominens A. Gunn. A. pj-uinosa A. Gunn. A. pycnantha Bth. (forme pen- dante). A. saliana Wendl. A. spadicigeta Gh. et Schl.(v. /l. lortiigera Willd.) A. specfaèjàs A. Gunn. A. sphaerocephala Gh. et Scli. (y. A. cornigera Willd.) A. stenophi/lla A. Gunn. A. s/ric. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. I !ii^ice décimal,:] bC6 531-52 691-52 BULLETIN DE LA MM NatiODalB d'AcelimatatiOD DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 6 5e ANNÉE N° 9. - SEPTEMBRE 1918 SOMMAIRE Pages. D' H. ViN-CENT. — La fièvre de Malte et sa prophylaxie -.'57 La Chèvre et la tuberculose. — Compte rendu in extenso des débats qui out eu lieu à la Société d'Acclimatation au cours des Séances générales les 5 mars, 7 et 31 mai 1917 {suite) 270 Df MiLLET-HoRSiN. — Note sur les Oiseaux rapportés du Sénégal au Muséum (suite) . . . -,'75 A. PiÉDALLu. — Mes jardins improvisés de Verdun -.^Sl A. Fauchère. — Une variété nouvelle de Palmier à huile à grand rendement .'85 Ch. Rivière. — Au sujet du Palmier à huile 288 Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. AU SIEGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIOxNALE d'aCCLIMATATIOiN DE FRANCE 198, BOQLEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (Vn«}. BUREAU ET ,CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 Prétident, M. Edmond Pbrrier, Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du Mnséum d'Histoire naturelle, Paris. Vice- Président. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Maitdé (Seine). Secrétaire général, M. Maurice Loybr, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris {Etranger). H. Hda, Directeur adjoint k l'Ecole des Houles Etudes, 254, boulevard Saint- Seeritatres.l ( Germain, Paris (Conseil). L. Capitaine, 48, boulevard Raspail (Séances). Ch. Dbbrkuil, 25, rue de Ghâteaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M. le D' Skbillottb, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Caucurte, Moulin de la Madeleine, à Samois (Seine-et-Marne). Membres du Conseil M. A. Chappellier, 6, place Saint-Michel, Paris. WuiRioN, 101, rue Sadi-Carnot, Puteaux. ACHALMB, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris.' D' P. Marchal, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 89, rue do Cherche-Midi, Paris. D' Leprince, 62, rue de la Tour, Paris. Mailles, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine) D' E. Trouessart, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvior, Paris. Lbcomte, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 1 4, rua des Écoles, Paris. Grepin, 18, rue Lhomond, Paris. _ Pendant Tannée 1918, les Séances hebdomadaires des Sections sont remplacées par des Séances Générales bimensuelles Dates des Séances générales et du Conseil POUR L'ANNÉE 1918 Séances du Conseil, 2^ mercredi du mois à 4 heures Janvier février Mars Avril Mai Novembre Dèceobrt 9 13 13 170 15 13 11 Séances générales, le lundi à 2 h. 1/2. Sods-Section d Ornithologie [Ligue pour la Protection des oiseaux) le lundi à 4 h. 1/2 1 1^ 21 21 4 18 18 4 18 18 8 22 - 22 6 - 27 27 4 18 18 2 16 16 (1) Date reculée en raison des fêtes prochaines. 1 Les membres de la Société qui désirent assister aus Séances générales recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et le^ personnes qui désireraient l'entretenir, qu'il se tient à leur disposition, au siège de la} Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variationij^ fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'êtr applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. L& Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. -' La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, des articles publiés dans le Bulletin est interdite. LA FIÈVRE DE MALTE ET SA PROPHYLAXIE Par le D-^ H. VINCENT, Médecin laspecteur général de rArniée. Professeur au Val-de-Gràce, Membre de rA'^a léniie de Médecine. La connaissance de la fièvre de Malte est de date relative- ment récente. La cause en est, sans nul doute, que cette maladie est restée longtemps confondue avec le paludisme, la fièvre typhoïde, voire la tuberculose; et la dénomination fort impropre qui lui a été donnée, en laissant croire que le domaine de cette affection était limitée à Tîle de Malte, a longtemps détourné les observateurs du diagnostic exact et de l'interprétation réelle de cette pyrexie. Les premiers travaux de Marslon, qui datent de 1863, restèrent peu connus. Mais la fréquence véritable- ment inquiétante de cette maladie infectieuse parmi les troupes anglaises soit à Malle, soit à Gibraltar, ne pouvait manquer de susciter des recherches nouvelles. En 1903 et en 1904, les sol- dats et les marins anglais en comptèrent, en effet, près de 900 cas. En totalisant la durée du traitement de cette affection pendant les deux années précitées, on arrivait à près de 80.000 journées d'hospitalisation. C'est qu'en effet, Tune des caractéristiques de la fièvre de Malte est sa longue durée. Dans une communication faite à la Société nationale d'Acclimatation, au mois d'avril 1910, M. René Caucurte a insisté très justement sur cette particularité qui rend la maladie si grave et si pénible. Elle résulte de la juxtaposition de périodes fébriles d'une durée moyenne de dix à quinze jours, périodes séparées par des intervalles d'apy- rexie à peu près complète, mais en général fort courts. Ces cycles fébriles se succèdent interminablement en chapelet, pendant plusieurs mois, quelquefois pendant un an, deux ans ou davantage. Chez certains malades, chaque période pyrétique est très prolongée et subsiste pendant un mois, deux mois, trois mois. Au début, les symptômes nerveux et digestifs, la céphalalgie, la courbature, l'état saburral de la langue, la douleur épigas- trique, l'hypertrophie de la rate, les symptômes pulmonaires, simulent la fièvre typhoïde. C'est, du reste, le diagnostic habi- BULL. SOC. NAT. ACCL. FK. 1918. — l'J 258 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION tuellement porté. Celte phase est suivie d'une période rhuma- toïde compliquée de sueurs profuses, de névralgies. Elle est parfois accompagnée d'orchite, enfin d'amaigrissement pro- gressif, d'anémie profonde, d'affaiblissement extrême, de chute des cheveux, de complications suppuratives : abcès, mastoïdites, parotidite, furonculose. On peut enfin voir surve- nir, du côté du cœur ou des reins, des accidents graves qui entraînent la mort ainsi que je l'ai vu dans deux cas sur quatre que j'ai observés. Les symptômes cardinaux de la fièvre méditerranéenne sont: le cvcle fébrile ondulant, avec arthrites ; les crises sudorales, l'orchite, les troubles digestifs et ramaigrissement, la longue durée de la maladie. Ils impriment à la fièvre de Malte un caractère bien personnel. Où règne cette singulière maladie? La Commission médicale anglaise, chargée de l'étudier sur place, pensait qu'elle était spéciale à l'île de Malte et que l'insalubrité du port de La Valette, dépourvu d'égouts, en élait la cause efficiente. Mais, depuis que l'attention a été appelée sur cette infection, il est bien peu de pays où elle n'ait été observée, sous la forme sporadique ou épidémique. Si, à Malte, cette affection frappait dans les casernes, jusqu'à 15 à 2/0 p. 100 des effectifs; si à Gibraltar, elle se manifestait avec une fréquence presque équi- valente, une enquête plus étendue n'a pas tardé à révéler aussi son existence en Sicile, en Sardaigne, dans l'Italie du Nord (Padoue), à Naples où on l'appelait « fièvre napolitaine », à Trieste, en Corse, en Espagne, à Barcelone où j'en ai récem- ment observé des cas, à Cadix, à Madrid, à Valence; aux îles Baléares, dans les îles de la Méditerranée, et dans tous les pays riveraihs de celle-ci : Grèce, Turquie, Asie-Mineure, Syrie, Alexandrie, Port-Saïd, Tunisie, Algérie. Là ne se limite pas, d'ailleurs, son habitat, car elle est com- mune, d'après les médecins anglais, dans llnde ainsi que dans les ports de la mer Rouge, en Chine, etc.. On la retrouve dans toutes les colonies anglaises de l'Afrique et au Sénégal. Elle s'étend à l'Amérique du Sud, notamment au Brésil, au Venezuela, aux Antilles, etc., ainsi qu'à l'Amérique du Nord. Et voici que des observations nombreuses, dont les deux premières ont été publiées par MM. Danlos, Wurtz et Tanon en décembre 1908, appelent l'attention sur l'existence de la fièvre de MaUe en France même, non pas seulement dans les LA FIEVRE DE MALTE ET SA PROPHYLAXIE 259 départements du littoral méditerranéen, mais aussi à Paris et dans plusieurs départements des Cévennes, du Centre, de ia Région lyonnaise et du iNord. Un médecin attaché à mon laboratoire, M. le D'Lochon, m'a signalé l'existence de cette maladie en Savoie, en Dauphiné et dans les Hautes-Alpes. Vous me dispenserez de vous faire Ténumération des cas qui en ont été signalés en France pendant ces dernières années. Leur bilan est fort élevé. Plusieurs sont, sans doute, des cas d'importation étrangère et proviennent d'Espagne, de Grèce, de Syrie, de Madagascar, de Shangaï, etc.. Maisfactueliement, la fièvre méditerranéenne a élu domicile chez nous, et je n'en veux pour preuve que les épidémies vraiment graves observées à Marseille en 1909; dans le département du Gard, de janvier à juillet de la même année, notamment à Saint-MartialJfGard) où, sur 639 habitants, les D-"* Aubert, Cantaloube et Thibault ont signalé 179 cas; à Saint-Bazille, où Lagriffoul, Arnal et Roger ont relevé 25 atteintes; dans l'Aude, le Rhône, etc. Mais en réalité, en France, la maladie se manifeste habituellement par des cas isolés ou sporadiques, plutôt que par des atteintes massives comme celles dont il vient d'être question. Les particularités cliniques de la fièvre méditerranéenne ou ondulante — cette dernière dénomination me parait la meil- leure — sont celles d'une maladie infectieuse. Elle est sous la dépendance du Micrococcus melitensis, découvert par Bruce en 1887. On trouve ce microbe dans la plupart des organes et dans le sang des malades. Il peut être isolé aussi du lait des femmes, de l'urine, des crachats, des déjections. On l'obtient plus aùsément, soit par l'ensemencement du suc splénique, extrait par ponction capillaire de la rate, soit par celui du sang veineux. Le diagnostic est fait, fréquemment aussi, par la recherche de la fixation du complément, proposé par un de mes anciens chefs de Laboratoire, M. Sicre, enfin par la séro- agglutination employée par mon éminent collègue et ami M. A. E. Wright, c'est-à-dire par l'action coagulante et agglu- tinante du sérum du malade sur la culture en suspension dans l'eau physiologique. Le Micrococcus melitensis est facilement cultivable et peut se conserver assez longtemps dans le milieu extérieur : dans 260 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION l'urine (7 semaines), dans Teau (6 à 72 jours), à la surface du sol, dans le lait, etc.. Notons ce point. Il présente un grand intérêt. De plus, ce microbe est fort contagieux pour Thomme. Les contagions de laboratoire sont loin d'être rares, et plu- sieurs bactériologues ont contracté la maladie ou même en sont morts, après s'être contaminés en manipulant des cultures ou faisant des expériences. La Commission médicale anglaise, envoyée à Malte par la Société, Royale de Londres, en 1905, pour étudier cette maladie infectieuse se composait de MM. Horrocs, Zammit, Shaw, Bassett, Smith, Kennedy, etc.. Elle prolongea son séjour et ses recherches pendant trois ans. Les résultats de cette enquête ont été très importants. On était en possession du microbe pathogène ; il fallait déterminer son origine et par quel mécanisme ce microbe était transmis à l'homme. On avait constaté que la fièvre méditer- ranéenne, bien que sévissant pendant toute l'année, avait une recrudescence marquée pendant l'été et pendant la saison sèche. Etaienl-ce les poussières qui propageaient le M. meiiten- sisl Mais rien ne vint confirmer cette hypothèse. L'état endémo- épidémique était-il dû à la mauvaise hygiène du port de La Valette, à l'eau de boisson? On refit les égouts, à grands frais d'ailleurs. On alimenta la ville avec une eau salubre. Mais la fièvre de Malte persistait avec la même fréquence. Alors on s'oriente vers une autre hypothèse. La maladie étant une infection du sang et régnant plus particulièrement en été et en automne, la Commission médicale anglaise se demanda si elle ne serait pas propagée par les Moustiques qui pullulent à Malte — comme l'est le paludisme, ou comme l'est encore la fièvre jaune. Zammit fit piquer des Singes par des Stegomyia nourris de sang de malades. Un seul Singe prit la maladie, mais je dois dire que ce cas resta absolument isolé. Toutes les tentatives réitérées faites sur d'autres Singes restèrent incer- taines ou négatives. Elles furent poursuivies avec une grande persévérance, en utilisant d'autres ecto-parasites, soit le Culex vulgaire, soit les Puces, les Punaises, agents ou intermédiaires possibles de l'inoculation du M. melitensis. Une circonstance fortuite, sinon un hasard heureux, mit les médecins sur la voie du mode de transmission le plus com- mun de la fièvre de Malte. Zammit manquait de Singes comme matériel d'inoculation. Il avait déjà constaté que la Chèvre est r LA FIÈVRE DE MALTE ET SA PROPHYLAXIE' 261 peu malade à la suite de l'injection de culture du microbe. Afin de suppléer à l'absence de Singes, il fit acheter quelques Chèvres et, dans un but d'économie, demanda de mauvaises laitières, de race maltaise. Votre collègue si érudit, si attaché à la cause de la Chèvre. M. Crepin, a donné une description très complète des Chèvres de cette race. Avant d'expérimenter sur ces Chèvres, Zammit préleva du sang et constata, non sans surprise, que 5 Chèvres sur 6 agglutinaient énergiquement le M. melitensis. Il ensemença le sang, le lait et l'urine de ces 5 Chèvres et voici quel fut le résultat observé : le lait des 5 Chèvres contenait le microcoque de la fièvre de Malte. Ce même microbe existait dans le sang de deux d'entre elles, et dans Yurine de l'une des Chèvres. Le microbe inoculé au Singe lui donna la fièvre de Malte. Ce fut, pour Zammit, une révélation, On mit en observation plusieurs milliers de Chèvres du paj^s. On ensemença, comme on l'avait fait déjà, le sang, le lait, les urines; on rechercha la réaction agglutinante de Wright avec le sang et avec le lait. Avec des résultats très variables dans leur pourcentage, mais néanmoins d'importance bien significative, on constata que la plupart des troupeaux soumis à cette enquête étaient atteints par l'infection : -j p. 100 à 10 p. 100 des Chèvres laitières de l'île de Malte, hébergeaient le M. melitensis dans leur lait. Dans les villages oîi la fièvre ondulante était plus fréquente, cette proportion était plus élevée. Par contre, dans un village où l'on n'observait, chez les habitants, aucun cas de la maladie, les Chèvres étaient absolument saines. Dès qu'elles furent connues, ces constatations ne man- quèrent pas de susciter des recherches semblables, à Gibraltar, à Malaga, dans les Indes, dans l'Afrique du Sud, etc.. Elles furent partout confirmées. A Messine, oii la fièvre de Malte avait été observée, 42 Chèvres ayant été sacrifiées, on isola chez 9 d'entre elles, le M. melitensis. Chaque lois, d'ailleurs, qu'on pratiquait l'étude de la séro-réaction agglutinante, celle-ci donnait une réponse parallèle et semblable à celle de la cul- ture. ' A Alger, les D" Sergent, Gillot et Lemaire étudièrent, en 1907, le lait de 609 Chèvres : 26 d'entre elles avaient un lait agglutinant et, ce qui est plus significatif, 2 donnèrent le M. melitensis par la culture. A Tunis, Nicolle et Conseil examinent 2.060 Chèvres : 262 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLBIATATION 30,72 p. 100 d'entre elles agglutinaient le microbe spécifique. C'est une proportion très analogue (31,9 p. 100), que les D""^ Aubert, Cantaioube et Thibault ont constatée sur les Chèvres du Gard, dans les régions infestées par la fièvre de Malte. Une épidémie bien connue est celle qui a frappé, en 1905, l'équipage d'un vapeur, le Joshua Nicholson, chargé de transporter des Chèvres de Malte en Amérique. Parmi les 65 Chèvres maltaises transportées, une forte proportion d'entre elles (la moitié) fut trouvée infectée à son arrivée en Amérique. L'équipage de ce bateau, qui avait consommé le lait des Chèvres, et qui était composé de 23 hommes, eut 11 cas de fièvre de Malte. Ainsi que vous le voyez, ces expériences étaient trop précises pour laisser le moindre doute, étant fondées sur la recherche et sur l'isolement du microbe dans le sang ou dans le lait. Depuis lors, et dans nombre de cas, on s'est basé sur la recherche de la séro-réaction pour affirmer l'infection des Chèvres. Tous les savants qui ont étudié l'infection caprine ou ovine sont unanimes à affirmer que, lorsque cette réaction est positive à un taux suffisant, elle doit être tenue comme signi- ficative de l'infection. Les Chèvres ainsi infectées conservent fort longtemps le M. melilejisis dans leur sang et dans leur lait : la culture permet de le retrouver après 10 mois, 15 mois et davantage, d'après Zaramit,. La Commission anglaise fit boire à des Singes du lait de Chèvres porteuses de germes. Ces Singes prirent la maladie et le microcoque fut retrouvé soit dans leur sang, soit même dans tous leurs organes. A cijté de ces faits expérimentaux, vous rappellerai-je les exemples d'infection humaine ayant succédé à l'absorption de lait cru de Chèvres? Il n'est ici personne qui ne connaisse les cas de Fontainebleau qui, les premiers en France, ont fixé l'attention sur ce mode de contamination. Il en est, d'ailleurs, d'autres fort nombreux et, à l'occasion des épidémies m^assives. signalées dans le Gard, le lait des Chèvres malades s'est révélé comme l'agent de contamination le plus fréquent. J'ai, personnellement, soigné quatre malades atteints de fièvre de Malte ; deux d'entre eux avaient bu du lait de Chèvre. Le premier étant allé dans son pays natal, la Corse, avait voulu LA FIÈVRE DE MALTE ET SA PUOPIIYLAXIE 263 faire une cure de lait. Il voulait, disait-il, engraisser et prenait deux à cinq litres de lait cru de Chèvre par jour. Quinze jours après, il tomba malade. 11 succomba, d'ailleurs. Le second eut, pour la même raison, une fièvre de Malte fort grave, avec déchéance physique considérable. Il guérit. Le troisième, malade depuis plus de deux ans, avait été soigné pour tubercu- lose aiguë, puis pour polynévrite, pour né\Tite, pour palu- disme. Il était atteint de fièvre de Malte et en mourut. J'appris de lui qu'il faisait venir des fromages de Chèvre de sa propriété du Poitou. Il les mangeait aussi frais que possible et en était très friand. Je n'ai pu découvrir la cause de la fièvre de Malte chez mon quatrième malade, appartenant à une famille de Paris. Dès que l'on eut découvert que la Chèvre est l'hôte fréquent du M. meUtensis et qu'elle l'excrète par son urine et par son lait, dit Melville, on prit, à Malle, des mesures pour supprimer l'emploi du lait de Chèvre dans tous les régiments et hôpitaux et le remplacer par du lait condensé. L'ordre fut donné en juin 1906. Voici quelle fut la fréquence de la maladie, dans la garnison de Malte, à partir de ce moment : 1904 320 cas. 1905 643 — 1906 161 — 1907 11 — 1908 2 — Actuellement, celle maladie est inexistante parmi la garnison de Malte, de Gibraltar et des autres colonies anglaises. Pendant ce temps, la population civile, qui n'est pas soumise à la même réglementation, continue à présenter de nombreux cas de la maladie infectieuse. Il va sans dire que le lait de Chèvre n'est pas le seul inter- médiaire de la transmission du microbe. Celui-ci peut exister dans l'urine des Chèvres malades, peut-être aussi dans leurs excréta et l'on comprend que les fermiers ou les bergers qui les soignent ou nettoient leurs étables peuvent être contami- nés. Il en est de même des garçons bouchers qui, en abattant et dépeçant les animaux, peuvent s'inoculer. Les Chèvres se contaminent elles-mêmes entre elles, en vivant dans la même étable ; l'infection se fait par la voie diges- tive ou bien par voie ascendante, par leurs mamelles pendantes 26 i BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE n'ACCLIMATATION et leur lait, lorsqu'elles se couchent sur une litière souillée par l'urine d'une autre Chèvre malade, ou bien à l'occasion de la traite, lorsque l'éleveur a les mains contaminées par le lait d'une autre Chèvre porteuse de germes. On a signalé des cas de contagion des Chèvres par un Bouc atteint de l'infection. Il est un fait important et qui complétera ce que je viens d'exposer brièvement : c'est que, bien que la Chèvre soit, d'après les observations multipliées, l'agent de transmission le plus fréquent du M. melitensis , elle n'est pas le seul. Dans les pays à fièvre de Malte, où Chèvres, Moutons et Vaches vivent dans la même élable, ces derniers sont assez souvent trouvés aussi porteurs de germes. Des Mulets, des Chevaux, débarqués en Sicile et parfaitement sains, sont devenus à leur tour infec- tés par le même microbe. La question n'est pas sans intérêt, surtout pour les Ovins, car si on consomme rarement du lait de Brebis, on en fabrique assez souvent du fromage qui peut apporter avec lui la maladie. Aussi, est-il un certain nombre de cas, dans lesquels l'infec- tion a pu se faire par les poussières détachées des étables souillées par les urines de certains animaux domestiques. L'homme malade peut être lui-même une source de contagion pour son entourage et sa famille. Cette contagion interhumaine ' est due à la présence abondante du microcoque dans l'urine des malades. La Chèvre n'est donc pas le facteur exclusif de transmission de la fièvre de Malle, au moins dans les cam- pagnes. Son rôle n'en demeure pas moins très important. Grave chez Ihomme, par sa longue durée habituelle et par l'état d'affaiblissement et d'anémie qu'elle entraîne, la fièvre ondulante est loin d'avoir la même sévérité chez la Chèvre. On serait tenté de regretter que, chez les Caprins et les Ovins, cette maladie ne se manifeste pas par des signes plus évidents, parce qu'il deviendrait plus facile de prendre, à leur endroit, les précautions nécessaires. On a constaté, assez souvent, la diminution de l'appétit. La Chèvre est assez maigre norma- lement et, par conséquent, on ne peut tenir compte de cet état. Son lait est, en général, moins abondant, parfois rare ou même altéré, plus aqueux. Enfin les Chèvres malades avortent sou- vent, du moins en France. Aubert, Canlaloube et Thibault ont LA FIEVRE DE MALTE ET SA PROPHYLAXIE 265 observé, sur 164 Chèvres, 63 avortements. Dans une élable infectée, la même fréquence des avortements ma été signalée. C'est donc l'examen bactériologique du lait, du sang et de l'urine, qui permet seul de diagnostiquer l'infection méliten- sienne chez la Chèvre. Renvoyées de Malte et de Gibraltar, les Chèvres malades ont émigré en grand nombre en Algérie, en Tunisie, en Espagne, en Italie et dans le Midi de la France. Cet exode donne t-il l'explication du plus grand nombre de cas de fièvre ondulante observés, depuis lors, dans ces régions? Le fait est possible. Mais quelle que soit l'origine des cas et de leur extension, nous avons le devoir de nous en préoccuper. li paraîtra à chacun nécessaire de mettre en œuvre les mesures prophylactiques propres à prévenir la dissémination de cette maladie. Les causes de diffusion du microbe pathogène nous sont, aujour- d'hui, connues. Il a son origine dans les animaux malades et chez l'homme malade. Les uns et les autres : l'homme, la chèvre, le mouton, etc., sont contagieux. Le microbe accède à l'homme par contact direct avec un malade, par transmission indirecte due au lait, au fromage de Chèvre et de Brebis infec- tées; enfin, il peut infecter la servante de ferme qui trait la Chèvre, le fermier ou le berger qui soigne les animaux et fait leur litière, le boucher qui abat les animaux. Si un certain nombre de cas de fièvre ondulante reste d'une interprétation imprécise, laplupart des autres sont justiciables des causes que je viens d'énumérer. Que peut-on faire pour les prévenir? On a recommandé de rendre obligatoire la déclaration de la maladie chez l'homme. Sur ma proposition, dès l'année 1907, l'Académie de Médecine a demandé que la fièvre ondulante soit classée parmi les maladies à déclaration obligatoire, en Algé- rie et dans les colonies. On a encore proposé d'instituer une inspection des étables et d'interdire la vente du lait des animaux malades ; d'interdire l'importation des Chèvres maltaises ; de désinfecter systéma- tiquement les étables ; de renseigner la population des cam- pagnes sur le danger de consommer le lait non cuit, ou de préparer du fromage avec du lait de même nature; d'abattre, moyennant indemnité, tous les animaux reconnus infectés, etc. Toutes ces mesures prophylactiques sont, en principe, fort sages; quelques-unes d'entre elles sont réalisables, d'autres ne 266 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION le sont pas ou le sont difficilement. Certaines trouveraient assurément une grande résistance de la part des propriétaires. Il est un autre inconTénient non moins sérieux sur lequel je demande à m'expliquer. La Chèvre est un animal précieux, sobre, peu exigeant pour sa nourriture, peu sensible aux intem- péries, robuste, sain, doux, sociable. Elle offre, en outre, une grande résistance aux diverses maladies infectieuses, et parti- culièrement à la tuberculose, qui ne l'atteint qu'exception- nellement. Dans le bel ouvrage si documenté qu'il a consacré à l'étude de la Chèvre, M. Crepin a mis en lumière toutes ces qualités de la Chèvre, les avantages considérables de son éle- vage, l'abondance et les qualités nutritives de son lait, les ser- vices que l'on peut en attendre dans les campagnes. Avec M. Edmond Perrier, l'éminent Directeur du Muséum et Prési- dent de la Société nationale d'Acclimatation, je veux m'associer au tribut d'éloges qui ont été décernés si justement à la Chèvre par celui qui s'en est fait l'apôtre. Il serait profondément regrettable, en conséquence, que les mesures administratives ou hygiéniques qui ont été proposées eussent pour résultat de jeter le discrédit sur la Chèvre. Dans les'circonstances présentes, et pour employer un mot dont on a peut-être abusé, la Chèvre est un animal d'utilité sociale. Gardons-nous de le rendre par trop suspect. Surveillons-le. Soignons-le. Protégeons-le. Mettons-le, enfin, à l'abri d'une maladie qu'il peut, dans certaines conditions, communiquer à l'homme ; cet animal restera ainsi notre véritable ami. Est-il possible de protéger l'homme, par un moyen simple, facile et efficace, contre l'infection mélitensienne? Je me suis préoccupé depuis longtemps de cette question si importante. Elle paraît pouvoir être résolue par l'immunisation de la Chèvre et des autres animaux susceptibles d'être infectés par le 31. melitensis. En supprimant l'infection chez ces derniers, n'est-il pas évident qu'on écarte ainsi le facteur le plus fréquent de la contamination humaine? Sublata causa, tollitur effectus. Tel est le problème que je me suis efforcé de résoudre. Si j'ai pu le mener à bonne fin, c'est grâce au concours très bien- veillant de M. Edmond Perrier, qui, dès l'année 1910, a bien voulu m'autoriser à pratiquer la vaccination des Chèvres du Muséum; grâce â M. Valois qui amis libéralement des Chèvres à ma disposition pour les expériences que j'ai poursuivies; I LA FIÈVRE DE MALTE ET SA PROPHYLAXIE 267 grâce à M. Crepin c[ui, comprenant rutilité de ces recherches, m'a mis en rapport avec deg éleveurs. Je rappelle que la Fièvre de Malte présente, chez la Chèvre, une allure bénigne. Cet animal offre donc, à l'égard du M. meli- tensis, une résistance normale, innée, bien prouvée par l'obser- vation, et qu'il s'agit de renforcer. Un autre point de grande valeur, c'est que la Chèvre peut, pendant cette période, mettre bas des Chevreaux qui ne sont pas nécessairement infectés à leur naissance. D'autre part, bien qu'elle reste longtemps por- teuse de germes, la Chèvre finit par guérir. Elle a acquis spontanément l'immunité : inoculée à l'aide d'un nouveau virus, elle est devenue réfractaire à celui-ci, ainsi que l'a constaté Bruce. Voilà.un ensemble de constatations qui ouvrent la voie aune conclusion intéressante, savoir la possibilité de réaliser prati- quement et rapidement cette immunité que la Chèvre infectée peut acquérir naturellement, et de renforcer cette résistance normale par la vaccination. J'ai appliqué, à la préparation du vaccin aritimélitensien, la méthode générale d'immunisation qui m'a donné des résultais efficaces dans la vaccination contre la fièvre tj^hoïde, les fièvres paratyphoïdes, le choléra et la peste. Le M. melitensis, cultivé sur gélose pendant 3 jours, puis recueilli, est stérilisé par l'éther. On obtient ainsi un antigène capable d'immuniser fortement les animaux. Le vaccin que je prépare est polyvalent, c'est-à-dire qu'il est fait avec dix races de M. melitensis et une race de M. joarameli- tensis. Il en est pratiqué deux injections de 2 centimètres cubes chacune, à 5 ou 8 jours d'intervalle. L'injection est faite sous la peau de l'aisselle. En vue de vérifier le degré d'immunité conférée par les injections vaccinantes, j'ai fait les expériences suivantes. Un premier lot de 2 Chèvres adultes a reçu les injections d'anti- gène. Un mois après, on a inoculé, dans la veine jugulaire de chacune d'elles, 4 centimètres cubes de culture vivante et viru- lente. Leur sang, abondamment ensemencé 8 jours et 1 mois après l'inoculation d'épreuve, était stérile. Les 2 Chèvres se sont parfaitement portées, ont beaucoup gTOSsi. L'une d'elles est devenue pleine et a mis bas 2 Chevreaux normaux. Deux jeunes Boucs ont été également vaccinés par injection intraveineuse. On a procédé, A semaines après, à l'inoculation 268 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION d'épreuve de 4 centimètres cubes de culture vivante dans la veine jugulaire. Leur sang et leur urine, ensemencés 3 à 6 se- maines après, n'ont pas donné de culture du M. melitensis. Ces animaux ont grandi et leur croissance s'est effectuée normale- ment. Une Chèvre adulte et 2 Chevreaux âgés de 2 à 3 mois ont été vaccinés en deux fois, sous la peau. On a inoculé, 1 mois après, dans la veine de la Chèvre, une grande quantité de culture vivante, savoir : le contenu total d'un tube de culture sur gélose. Les 2 Chevreaux ont reçu, dans le péritoine, la même quantité de virus vivant. On les a ensuite nourris avec des ali- ments mélangés de culture du M. melitensis. Tous ces animaux sont restés indemnes. On les a sacrifiés 1 mois, 3 mois et demi et 9 mois après, étant à jeun depuis la veille et on a ense- mencé le sang du cœur, la pulpe splénique, la pulpe hépa- tique, ainsi que de la bile, du tissu rénal, de l'urine prélevée par ponction de la vessie, enfin de la moelle osseuse. Tous ces produits se sont montrés stériles. On sait que, chez les Chèvres inoculées par injection sous- cutanée, le M. melilensis peut être retrouvé dans les viscères 1 an et même 16 mois après, d'après Zammit. Mes expériences montrent donc que les Chèvres vaccinées avaient acquis une forte immunité. J'ai vacciné, par cette méthode, seul ou avec le concours de MM. Pilod, Collignon et Emery, plus de 200 Chèvres jeunes ou adultes, après avoir vérifié si leur sang agglutinait le microbe de la fièvre de Malte. Ces vaccinations ont porté sur des Chè- vres, des Boucs et des Chevreaux âgés de 2 à 3 mois, sur des Chèvres en gestation, sur des Chèvres en lactation. Les injec- tions vaccinantes sont très bien supportées. Les injections amènent, quelques heures après, une élévation de température de un demi à un degré. Le lendemain, la température est nor- male. Les Chèvres conservent leur appétit. La vaccination n'a eu aucun inconvénient chez les Chèvres pleines ni chez les Chèvres nourrices. Il est donc permis d'espérer qu'on pourra protéger les Chè- vres saines, et aussi les Moutons, les Brebis et les autres ani- maux contre l'infection due au M. melitensis. On sait que la maladie charbonneuse faisait autrefois de grands ravages parmi le bétail et que, par ce dernier, elle se transmettait à l'homme. L'application de la vaccination pastorienne a fait dis- LA, FIÈVRE DE MALTE ET SA PHOPUYLAXIK 269 paraître à peu près entièrement le charbon humain. L'immu- nisation, contre le microbe de la fièvre de Malle, des animaux réceptifs pour cette infection est appelée, par une conséquence semblable, à diminuer considérablement la fréquence de la même maladie chez Thomme, sinon à la faire disparaître. Je ne me dissimule point que pour mener pratiquement cette œuvre à bonne fin et préserver ainsi les Chèvres et les Mou- tons, Thomme lui-même, contre l'infection mélitensienne, de grands efforts doivent être accomplis. Il paraît nécessaire de faire l'éducation des éleveurs et des propriétaires de trou- peaux ; de les amener à pratiquer la vaccination de leurs ani- maux ; de leur démontrer que cette immunisation vient à leur aide, qu'elle augmentera leurs profits par un rendement plus abondant en lait salubre, par des naissances plus nombreuses d'animaux, par une santé meilleure de ces derniers ; qu'elle les protégera eux-mêmes contre une maladie menaçante, et qu'elle assurera la sécurité des enfants et des adultes qui consomment le lait et les dérivés du lait de provenance ovine ou caprine. Il faudra faire entrer la même conviction dans l'esprit de ceux qui ont la charge de l'Hygiène des animaux domestiques. Il faudra entraîner les pouvoirs publics, toujours lents à s'émou- voir. Bien que l'expérience faite il y a 8 ans sur le troupeau de Chèvres du Muséum ait montré combien la vaccination est sim- ple et facile, je ne pourrais espérer un résultat satisfaisant de cette lutte rationnelle et scientifique contre la fièvre de Malte si je n'avais votre précieux appui. Je vous demande, je de- mande à la Société nationale d'Acclimatation de me faire le grand honneur de me l'accorder. Une autre question, d'ailleurs, sollicitera encore notre atten- tion. C'est celle du traitement curatif de l'infection chez les Chèvres déjà malades. La guérison n'en paraît pas impossible. Quoi qu'il en soit, on peut estimer que lorsque la prophy- laxie spécifique de la fièvre de Malte sera appliquée avec soin, elle amènera la disparition de cette maladie infectieuse chez l'homme et chez les animaux. C'est pour cette œuvre si profon- dément utile que je prends la lit)erté de solliciter votre con- cours. La Société nationale d'Acclimatation aura ainsi une nouvelle occasion de rendre un important service à l'agricul- ture et au pays. LA CHÈVRE ET LA TUBERCULOSE COMPTE RENDU in exteiiso DES DÉBATS QUI ONT EU LIEU A LA SOCIÉTÉ d' ACCLIMATATION AU COURS DES SÉANCES GÉNÉRALES LES 5 MARS, 7 ET 21 MAI 1917 Par LOUIS CAPITAINE. Suite (1). CHAPITRE III CRITIQUE DES EXPÉRIENCES A. — Recherche du bacille de Koch sur la Chèvre abattue le 4 mars 1917. M. Crepin. — La séance du 5 mars ne pouvant pas se pro- longer indéfiniment en vaines recherches, il fut décidé que Ton ferait deux parts du poumon et des viscères de la Chèvre sacrifiée la veille et qu'une de ces deux parts serait attribuée à M. le professeur Moussu, tandis que j'emporterais l'autre pour M. le D'' Roussel, absent pour cause de maladie. Je fus chargé, en même temps, de la garde des deux Cobayes, intro- duits en l'affaire, je ne sais encore au juste pourquoi. S'il est, en effet, de coutume classique de faire certaines démonstra- tions sur le terrain des Cobayes, il semble qu'il était contre- indiqué de faire la nôtre sur ce terrain. On peut donc résumer comme suit la question posée à la séance du 5 mars : « Deux Chèvres tuberculinées fournissent l'une et l'autre la réaction positive selon la naéthode intrapalpébrale. Ces Chèvres abattues successivement à un mois d'intervalle sont autopsiées. Les opérateurs trouvent dans les deux cas un foyer d'infection, caractérisé à l'œil nu dans le sens de la tuberculose. Des par- celles prélevées sur les parties ulcérées, en particulier sur les ganglions caséifiés, sur les lésions et érosions purulentes, sont portées sous le microscope, selon les procédés classiques en bactériologie. Ces opérations sont faites séparément par trois (1) Yoy. Bulletin, juillet et août 1918. LA CHÈVRE ET LA TUBERCULOSE 271 opérateurs, qui se livrent isolément à la recherche de la tuber- culose. Quoiqu'ils étudient spécialement une matière où la virulence microbienne a exercé ses ravages en pleine évolution, ils ne sont pas arrivés, ni les uns, ni les autres, à déceler, dans la moindre mesure, le bacille de Koch. Est-on fondé, dès lors, à affirmer quand même que ces Chèvres sont tuberculeuses? Non, et nous appuyons cette négation sur une documentation aussi complète et précise que possible et sur la grande expé- rience que possèdent, des troupeaux caprins, certains de nos collègues. Nous avons des preuves tirées de nombreux cas semblables à celui qui nous occupe en ce moment, pour sou- tenir que la tuberculose n'évolue jamais spontanément, c'est- à-dire par voie naturelle, sur le terrain de la Chèvre, lorsque celle-ci est adulte et en possession de ses moyens physiologiques normaux. Pour que l'on puisse dire que dans ces conditions une Chèvre soit tuberculeuse, alors même qu'elle aurait réagi à la tuberculine, il faut montrer le bacille de Koch, sur le terrain de cette Chèvre, déclarée suspecte, et non sur un autre terrain, surtout quand cet autre terrain, le Cobaye, est celui que la tuberculose envahit normalement avec la plus grande facilité. Je répondrai par avance aux objections que je sens en immi- nence de m'être faites. M. le pro^fesseur Moussu prétend que si l'on n'a pas trouvé le bacille de Koch dans la matière puru- lente et sur les fragments suspects prélevés sur l'une et l'autre des deux Chèvres sacrifiées, c'est que les opérateurs, malgré leur compétence et leur excellente méthode, n'ont pas ea la chance de porter leurs regards au bon endroit. Oui, sans doute, le champ des recherches au microscope est extrêmement vaste et confus, mais cependant, quand une maladie fait des ravages comme ceux que l'on a observés, il y a bien des chances de trouver les auteurs de la destruction à pied d'oeuvre : ce ne sont pas quelques microbes qui ont fait cela, c'est leur pullulation. En tout cas, si l'on n'en trouve pas du tout, on doit rester dans le doute sur la nature du bacille à incriminer et je ne puis< pas laisser affu^mer quil y a du bacille de Koch, là où, il est impossible de constater sa présence. Évidemment, pour nos contradicteurs, l'expérience à la tuberculine suffit pour faire cette affirmation; mais alors, qu'on prouve la spécificité absolue de cette tuberculine, chose que, jusqu'ici, il n'a pas été possible de mettre en évidence de façon indiscutable et 272 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION péremptoire. Et je ne vois pas qu'il soit possible de faire cette preuve autrement qu en montrant le bacille de Kocli dans le corps même de la Chèvre. Toute autre démonstration me paraît vaine et hypothétique. Une certitude se déduit des faits vus au grand jour, en dehors de conjectures plus ou moins subtiles, comme le sont les raisons de croire qu'on voudrait aujourd'hui suggérer. B. — Inutilité de l'emploi du Cobaye. M. Crepin. — C'est ainsi qu'on veut nous amener, sous prétexte que c'est la procédure usuelle, à rechercher la tuber- culose caprine, non pas sur le terrain caprin, mais bien sur celui du Cobaye, l'être le plus accessible à la tuberculose, qui prend spontanément cette maladie, sans contamination volon- taire et cela avec la plus grande facilité. M. le professeur Moussu. — C'est une erreur absolue ! M. Crepin. — C'est parce que le Cobaye exalte la virulence du mal, plus que tout autre, qu'il occupe le premier rang parmi les sujets d'expérience. Il est certain que la simple toxine tuberculeuse injectée à des Cobayes indemnes peut déterminer chez eux la tuberculose, mais dans ce cas, pour que l'épreuve soit concluante, après une inoculation pratiquée à dose massive, il faut que les Cobayes infectés meurent 15 à 20 jours au plus après l'opération. Or, les Cobayes que j'ai emportés se sont maintenus en bonne apparence de santé, de poil lisse et brillant, pendant plus de 40 jours. Ils ont com- mencé ensuite à maigrir progressivement, quoique restant vifs et alertes. En les examinant de près je me suis rendu compte que leur blessure à la patte était devenue purulente; ils l'envenimaient, d'ailleurs, en rongeant leur plaie, sans doute pour calmer la démangeaison ou la douleur qu'elle leur faisait endurer. Il y avait donc là un état de souflfrance, une suppuration qui devait se produire fatalement, puisqu'on leur avait injecté du pus, leur faisant en quelque sorte une piqûre anatomique. Cette affection, à elle seule, devait à la longue les épuiser, et c'est ainsi que l'un d'eux est mort le 53" jour et l'autre le 55" jour après l'inoculation. Celui des deux, qui a été autopsié par M. le D' Roussel, en présence de quelques-uns LA CHÈVRE ET LA TUBERCULOSE 273 des membres de notre Société, contenait, dans ses organes essentiels, de nombreuses colonies de pneumobacilles de Friedlànder, comme ce que l'on avait vu à Tautopsie des deux Chèvres. Mais en plus, on a réussi à trouver dans les organes de ce Cobaye quelques bacilles de Koch. Faut-il conclure de leur présence dans les organes du Cobaye autopsié une preuve quelconque, pour admettre que les Chèvres, sur lesquelles avait été prélevée la matière purulente, étaient tuberculeuses? Non, 'car plusieurs hypothèses sérieuses s'opposent à une pareille conclusion. 1° On peut admettre que les Cobayes étaient déjà en puis- sance de tuberculose. Rien n'a été fait pour nous démontrer qu'ils fussent indemnes : ils n'ont été soumis à aucune épreuve à cet efTet. Mieux que cela, l'injection intradermique leur a été pratiquée, sans qu'on ait pris aucune des précautions d'asepsie habituelles. 2° On Ipeut considérer qu'en leur inoculant le germe de la pneumonie à dose massive, on a déterminé chez eux une mor- bidité grave, pouvant à elle seule les faire mourir. 3° L'issue fatale ne s'étant produite qu'après 50 jours de contamination, qui nous prouve que cet état de souffrance, de dépression physique n'a pas constitué le terrain favorable à l'appel spontané de la tuberculose? Quand l'Homme prend la tuberculose à la suite d'une maladie qui l'a fortement anémié, ce n'est pas parce qu'on lui a injecté le bacille de Koch ou la toxine que ce microbe élabore. Et nos Bovins ne prennent-ils pas la tuberculose, sans inoculation et même sans contami- nation directe? 4" Remarquons en passant, que les agents pathogènes de la pneumonie simple évoluent sur le terrain caprin sans grand risque, puisque les 2 Chèvres dont provenaient les poumons que nous avons vus et mis en expérience, quoique ravagées par la suppuration, étaient en voie de guérison. M. le professeur Moussu. — C'est vous qui le dites! M. Crepln.^ — Ce qui le prouve d'une façon évidente, c'est que ces bêtes, au moment oîi elles ont été sacrifiées, avaient toutes les apparences de la santé reconquise : elles étaient, en effet, grasses, le poil brillant et de parfait appétit. La proprié- t aire du troupeau voulait les considérer comme bien portantes BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. / 1918. — 20 274 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLMATATION et a même protesté quand je lui demandai de nous sacrifier les deux plus malades. Cette dame a affirmé qu'elle n'avait, pour les supposer sous une influence morbide, aucune autre raison que celle révélée par la réaction positive à la tuberculine. f»" Il importe encore de noter que, sur le domaine caprin, les représentants du service vétérinaire ne semblent pas avoir été plus heureux que M. le D'^ Roussel, dans leur recherche du bacille de Koch. Cependant, ils se sont donné beaucoup de mal, et M. le D' Roussel n'a pas exploré moins de trente plaques chargées de la substance purulente de la Chèvre, pour ne rien trouver, si ce n'est les agents de la pneumonie. Il est donc bien présumable qu'il ny avait pas autre chose à trou- ver. Par contre, en cherchant dans les viscères du Cobaye, M. le D"" Roussel a trouvé facilement le fameux microbe, quoique très peu abondant. Cela prouve qu'on peut lui faire pleine confiance : sa méthode d'investigation est la bonne et de tous points semblable à celle pratiquée partout. Il est fâcheux que, dans cette expérience, on n'ait pas choisi comme témoin un animal susceptible d'être soumis à l'épreuve de la tuberculine, puisque M. le professeur Moussu tient cette épreuve comme donnant des résultats certains. En apportant les Cobayes, il a avoué de bonne foi qu'il n'avait aucune assu- rance absolue que ces animaux fussent exempts de tout germe tuberculeux. 11 les supposait tels, les croyait même tels, cela va sans dire, mais sans garantie possible, sans quoi il ne les eût pas soumis à l'injection du 5 mars. J'ai entendu des phy- siologistes déclarer qu'ils ne voulaient pas conclure à l'exis- tence de la tuberculose chez l'Homme, du fait seul que des Cobayes, pris comme champ d'expériences et capables d'exal- ter le virus tuberculeux, auraient révélé, dans leux organisme, la présence du bacille de Koch, parce que ces Cobayes, on ne saurait trop le répéter, sont prédisposés à prendre la tubercu- lose naturellement. 6° Enfin, un excellent moyen de nous convaincre serait de nous apporter la preuve que l'on a trouvé le bacille de Koch dans l'organisme de l'une des trois Chèvres qui restent à M""" L..., sur les cinq que M. le professeur Moussu a déclarées tuberculeuses. Ces trois Chèvres, si elles sont tuberculeuses, ne le seraient que depuis le mois de décembre 1916, d'une façon sûre, puisque c'est l'époque où elles ont réagi à la tuber- culine. Cesj Chèvres, suspectes au dire de M. le professeur NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL AU MUSÉUM 275 Moussu, sont aujourd'hui (7 mai) grasses et de belle appa- rence. Elles sont même pleines et en promesse de donner beaucoup de lait cet été. M, le professeur Moussu. — Cela ne veut rien dire, et pour moi, elles n'en sont pas moins tuberculeuses, puisqu'elles ont réagi à l'injection intrapalpébrale. M. Crepin. — Il n'en est pas moins vrai que ces bêtes ont là une singulière manière de progresser vers la cachexie tuber- culeuse! L'argument qu'elles apportent jusqu'aujourd'hui pour notre thèse est certainement plus concluant que celui que l'on voudrait tirer de la tuberculine, et aussi de la mort de deux Cobayes, injectés d'une purulence mal définie et vivant plus de 50 jours dans une boîte étroite et mal aérée, sur lesquels on a pu trouver quelques bacilles. (A suivre.) NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL AU MUSÉUM EN OCTOBRE 1916 Par le D-^ MILLET-HORSIN Médecin-major des troupes coloniales. Siiife (1). Le Sénégali [Lagonosticta minima). — r J'avais capturé au Iré- buchet trois couples et deux mâles isolés (même observation que ci-dessus); il est mort un mâle et deux femelles; je suis arrivé avec un seul mâle. J'avais un jour installé une cage-trappe dans la brousse; j'avais comme appelants un couple de ces Oiseaux et un couple de Mariposa phœnicotis. Un moment je m'approchai de ma cage : elle contenait un Serpent venimeux {Cxlopeltis) qui s'y était introduit, avait empoisonné un mâle de Mariposa, une femelle de Sénégali et avalé le mâle; il n'avait pu ressortir (1) V. Bulledn, août 1918. 276 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION entre les barreaux; j'ai pu le tuer, l'autopsier et extraire le corps de la victime. Le Cordon bleu {Mariposa phaenicotis). — Cet Oiseau est très commun dans la brousse autour de Dakar; j'en avais capturé une dizaine de couples ; j'ai rapporté toutes les femelles et un seul mâle, et je n'ai constaté la mort que d'un seul mâle. (Même observation que plus haut.) . Le Bi^c de plomb {Aidemosyno cantans). — Commun autour de Dakar, j'en ai pris une demi-douzaine de couples au trébuchet, dont quelques sujets avec des rémiges secondaires décolorées. J'ai eu un décès à bord et deux évasions à Dakar; comme leur plumage est terne, la cupidité de mon voleur n'a pas sévi sur eux. Le Mange mil [Quelea sanguinirostris). — Une femelle blessée d'un plomb à la chasse et guérie en cage. N'a jamais mani- festé le mauvais caractère que cette espèce montre en général, en captivité. Arrivée à Paris en bon état. Le Moineau DU SÉNÉGAL [Passer diffusus). — Un couple capturé au lacet, cette espèce ne se prenant presque jamais au trébu- chet, a été amené en bon état à Paris. Tous ces petits Oiseaux ont été transportés dans une petite cage ensefnble, il n'y a pas eu de mortalité par rixe. Le Calao, à bec rouge, vulg. Toucan {Lophoceros Erytkro- rhyncus). — On a la mauvaise habitude, mais invétérée, d'ap- peler, en Afrique, les Calaos du nom de Toucans, par analogie avec les Oiseaux d'Amérique. Aussi, qu'on ne me garde pas trop rancune s'il m'arrive, accidentellement, de leur conserver ce nom impropre. C'est le 23 juin 1916, que j'ai capturé le sujet rapporté. J'avais passé l'après-midi à chasser dans la brousse épineuse et serrée, parsemée de nombreux Baobabs, qui s'étend entre les pentes rocheuses de la Mammelle orientale, la plaine de Yofî et le village de Ouakam. Il y avait quelques RoUiers {Caracias nœvia) que leur méfiance extrême rend inapprochables, des Lophoceros et les inévitables Milans. Il y avait aussi quelques Vanneaux {Sarciophorus inornatus) et des Courvites [Cursorius c^a/co;3/eru5). J'étais accompagné de deux canonnierseuropéens, fervents disciples de Nemrod et nous rentrions à la batterie de NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL AU MUSÉUiW 277 Ouakam; le soir tombait, une bande de Singes {Cercopilhecus pa^a5) bondissait sur la crête de la Maaimelle orientale; les Vautours se perchaient sur la cime des Baobabs, et, de temps en temps, montait le hurlement des Chacals. Nous nous hâtions dans les rocs et les broussailles desséchées, quand un magnifique mâle de Calao à bec rouge, celui qui nous occupe, se posa à une quarantaine de mètres devant moi sur la plus haute branche d'un Baobab. Je glissai dans mon fusil deux cartouches de plomb n° 8, j'épaulai, je fis feu; l'Oiseau tomba, puis, à 2 mètres du sol, se releva, monta en oblique, et retomba à 300 mètres, environ, dans un fourré de brousse épineuse. Un de mes compagnons se trouvait très en avant de moi, et vit l'Oiseau tomber à peu de distance de lui. Il courut dessus et m'appela : « M. le Docteur, votre Toucan va s'en\oler, venez vite. » J'arrivai : mon canonnier faisait de vains efforts pour s'emparer de ma victime et jurait avec beaucoup de fer- veur. Le Calao lui glissait sous la main, passait entre ses jambes, s'insinuait dans les épines. Or, la brousse est en grande partie composée dans la presqu'île du Cap-Vert d'une horrible liane que les anciens voyageurs appelaient le c Attend.s un peu ». C'est une Mimosée, extrêmement longue, rampante et flexible avec des épines en hameçons, comme celles des Ronces en France; la liane vous accroche, s'enroule autour de vous, vous ligote; ses épines vous coupent, vous incisent, déchirant vêtements et peau. Et plus vous vous agitez, plus vous vous accrochez ; de nouvelles branches, déplacées par vos mouvements, viennent vous flageller ; elles adhèrentàvous ; les plus longues s'enroulent autour de vos membres et, de plus en plus, vous êtes ficelé. En général, la maudite plante se con- tente de vous accrocher, de vous retarder [attends un peu), mais, parfois, elle vous empoigne d'une solide étreinte. J'ai vu, à quelque temps de là, un cadavre de Chacal ainsi ligoté; sans doute blessé et se traînant, il avait été immobilisé. Dans l'intérieur, on trouve parfois aussi des squelettes d'animaux de grande taille, de Biches, d'Antilopes; mais les petits ani- maux filent sans difficulté dans ce lacis. Notre Toucan se glissait là dedans avec une agilité stupéfiante et que nous étions bien loin d'égaler. Et quand, sans que nous sachions comment, au moment où la nuit commençait à tout brouiller, l'Oiseau se trouva sous ma main, nous étions tellement empê- trés, ficelés, ligotés, garrottés, qu'il nous eût été très difficile de 278 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION nous dégager, si nous avions été seuls, malgré les jurons que multipliait mon soldat; mais mon deuxième canonnier arriva avec son couteau et put, après cinq bonnes minutes de travail, nous dégager. Nous avions les effets et la peau déchirés, les mains et le visage en sang... mais j'avais mon Oiseau. Sa bles- sure était insignifiante; un plomb au fouet de l'aile gauche; elle ne saignait même plus. Je le rapportais à la maison et le mis, pour la nuit, dans une cage de 1 mètre de longueur sur 0"50 de largeur et 0"oO de hauteur, où se trouvaient déjà deux Perroquets {Pceocephalus fascicoUis et Pseocephalus senegalus). Le lendemain matin, grande agitation dans la cage. Nerveux, agité, sauvage, le Calao saute du sol aux perchoirs, des per- choirs au grillage, bousculant les deux Perroquets, qui crient comme des brûlés ; ou bien il reste immobile dans un angle de la cage, la queue verticale, le cou rentré, la tête posée sur les épaules, le bec passé à travers le grillage. Je ne l'ai vu toucher ni aux arachides ni au mil, ni à de la viande hachée; je lui fais attraper par mon ordonnance quelques Sauterelles vivantes et je les mets dans la cage. Au bout d'un petit moment, il en bec- queté une, la tue, mais ne l'avale pas. Je tiens à faire remar- quer que, pour le surveiller, je m'étais caché; beaucoup d'Oiseaux, dans les premiers temps de leur captivité, ne man- gent pas s'ils se savent observés; j'ai eu en 1913 un Lophoceros nasutus qui mangeait bien, et que je n'ai pas pu réussir à voir manger pendant au moins un mois. Vers midi, une Sauterelle qui lui semble meilleure est choisie; il la tient déjà dans son bec. Tout à coup une autre prend peur, se lance à travers la cage, et mon pauvre Calao en a lâché sa proie. Dans lajournée,il semble déjà plus calme; il dévore quelques Chenilles; et pour la nuit il atteint le perchoir le plus élevé, où sont déjà ses deux camarades les Perroquets; il se place contre eux, tout contre eux et dort calmement. Le 25, il est moins farouche. Il ne se sauve plus à ma vue; je puis l'examiner sans qu'il se livre à la gymnastique effrénée d'hier; il reste perché, ramassé, le cou dans les épaules, l'œil clos, le corps oblique, la queue tantôt dans le prolongement du corps, tantôt pendante dans le sens de la pesanteur, tantôt verticalement dressée; l'aile blessée est un peu pendante,, des frissons l'agitent; il a de la fièvre. Mais cette fièvre doit être légère : dès qu'il ne se croit pas observé, il s'agite, tue des Sauterelles. D'après mon ordonnance que j'ai posté en obser- NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL AU MUSEUM 279 vation : « Lui y en a cassé son g à Sauterelles, et puis y a mangé; y a moyen manger pitaces. » {Pistaches, arachides.) Mais son agitation diffère de celle d'hier : j'ai, par moments, l'impression qu'il a de courts accès de gaité : l'œil brille, l'Oiseau se dandine, remue la tête et frappe de son bec le perchoir, entre ses deux pattes, à coups redoublés et assez for- tement assénés, comme ferait un Fie. Le 26 juin, il avait l'air tout à fait acclimaté à sa nouvelle existence. Il n'avait plus l'air d'avoir de fièvre et ne manifestait plus de sauvagerie. Mais je n'ai pas pu faire de sieste; on eût dit, dans mon logement, qu'une équipe de menuisiers plantait des clous. (Ai-je dit que ma cage se trouvait dans la vérandah du rez-de-chaussée dont j'occupais le premier étage?) Et comme le vacarme continuait, j'ouvris ma fenêtre et j'attrapais vertement mon cuisinier que j'accusais de casser du bois à la cuisine; mon cuisinier, tout effaré sortit : « Moi y a pas cassé bois, moi y a couché. » Et c'était vrai! Or, à l'instant même, le bruit, qui avait cessé, redoublait. Je descendis à pas de loup, et je vis, dans sa cage, mon Oiseau qui poursuivait les Sauterelles, les assommait à coup de bec, ou bien les laissait partir pour les reprendre fort adroitement d'un coup de bec, et après les avoir rouées de coups de ce même bec, les avalait; et aussitôt, il cognait, tant qu'il pouvait, sur les perchoirs ou le grillage; l'équipe de casseurs de bois, c'était lui. Mais, dès qu'il m'aperçut, il se tint calme et tranquille. Je remontai, croyant dormir; et tout aussitôt, le bruit recommença et je dus, ce jour-là, abandonner tout espoir de sieste. Au bout de quatre ou cinq jours, j'en avais pris l'habitude et je n'en souffrais plus. Et lui était tout à fait habitué à la captivité, et mangeait, avec un bel appétit, pain mouillé, cacaouettes, Sauterelles. J'avais trouvé un excellent comestible : les Flamboyants sont dévorés par des multitudes de Chenilles qui se font un foureau protecteur avec des folioles de Flam- boyant; ces Chenilles pendent aux branches par de longs fils de soie qui tombent jusqu'à terre; elles grimpent le soir au moyen du fil jusqu'aux branches, et, quand on veutles prendre, elles se rétractent au fond de leur étui et s'enferment en tirant sur elle une des moitiés de l'orifice. J'^-n mettais une poignée dans la cage; dès qu'elles se montraient, le Toucan sautait dessus, les saisissait par la tête et, très adroitement, les décor- tiquait pour les avaler. Il aimait, aussi, beaucoup les tomates. 280 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALK d'aCCLIMATATION Son caractère était gai, remuant et pas querelleur. Cependant, il lui est arrivé de battre un Texlor Aleclo blessé que j'avais mis dans sa cage. Mais cette cage était trop étroite, il s'y cassa toutes les rectrices. Le 18 juillet, je l'installai avec le Pœcéphale à tête rouge (l'autre était mort), dans une grande volière démontable qui me suit dans mes déplacements, et revenait de réparation. Cette cage a un peu plus de 1 mètre cube. Avant l'installation, je lui arrachai les rectrices cassées. Dans cette grande cage, qui était dehors et que l'on rentrait le soir, ou au moment des tornades, il cessa de cogner aux parois et aux perchoirs et ne se montra plus du tout sauvage ; il arriva très vite à me con- naître, car il savait que je ne m'approchais jamais sans avoir pour lui q^iv^l'-ues friandises : Sauterelles, Larve ou Cafard. Et j'avais l'avantage de pouvoir, de ma fenêtre, le surveiller et l'observer sans qu'il s'en puisse douter. C'est ainsi que je vis comment il s'y prenait pour manger les arachides. Il les prenait, les lançait en l'air et très adroitement les recevait dans soh bec, vers la commissure; il les cassait, en serrant, et on entendait un claquement sec; puis il les lançait en l'air de nouveau et savait, sans se tromper, saisir au vol non les deux écailles, mais l'amande, qu'il engloutissait aussitôt. Le 23 juillet, mes Noirs le laissèrent échapper, mais désha- bitué du vol et gêné par l'absence de queue, il volait mal, avec des repos fréquents; il fut rattrapé, sans trop de peine, par mon cuisinier. Le 28 juillet, je mis dans la cage un Merle métallique; le Calao lui fit grise mine, le menaçait de son bec quand il s'ap- prochait; mais l'autre lui opposait la plus calme indifférence, ainsi qu'au Perroquet; aussi, au bout de trois ou quatre jours, il tolérait son voisinage sur le même perchoir. Seulement il cherchait à le devancer quand il s'agissait de manger une Sauterelle ou des Termites; le Merle savait parfaitement lui chiper sa proie et esquiver, très adroitement, son courroux momentané. L'humeur acariâtre et taquine du Perroquet ne fit que s'accroître à la longue, et il lui arriva, souvent, de tirer sur les rectrices du Lophoceros et de le gratifier d'un coup de bec au passage; celui-ci se défendait pour la forme, sans insister. C'était, en cage, un vif et gai compagnon, qui jamais n'a fait preuve de méchanceté vis-à-vis de ses codétenus. Le 11 août, ses rectrices étaient repoussées, en partie, et MES JARDINS IMPROVISÉS DE VERDUN 281 dépassaient de 5 centimètres; elles furent complètement repoussées fin août. [A suivre.) MES JARDINS IMPROVISÉS DE VERDUN Par A. PIÉDALLU. Lorsqu'après la bataille de la Marne, en 1914, la guerre de mouvement fit place à la stagnation, il fallut bien s'installer. Nous avions pourtant de la répugnance à rester là au lieu de marcher de l'avant. C'était l'hiver : nous étions dans la boue; il pleuvait, il neigeait et, pour nos blessés, les tentes de toile, usées déjà, étaient bien inconfortables. L'eau tombait dessous. Il fallut les remplacer par des baraques à double paroi en planches garnies de carton bitumé. Quelle joie ce fut d'y avoir chaud ! je vois encore le bon sourire de nos pensionnaires d'un jour, quand nous allions, le soir, leur dire une blague ou une chanson. Car on blaguait et on chantait là-bas. Notre II. 0. E. était installé à la gare de Verdun, et comme nous hébergions parfois 2 à 3.000 hommes, il fut nécessaire d'emprunter les glacis des fortifications pour y installer nos tentes d'abord, nos baraques ensuite. Vous pouvez vous imaginer ce que peut devenir un glacis gazonné quand on y passe et repasse. Il est rapidement trans- formé en un cloaque abominable. Le D"" Cauvet, médecin principal, actuellement directeur du Service de Santé d'un corps d'armée, notre chef, qui avait conçu le plan de l'hôpital, fit d'abord faire un chemin de plan- ches dans l'allée principale, mais le reste du terrain, malgré le mâchefer, demeurait impraticable. C'est alors, dès janvier 1913, que je proposai de dessiner un jardin, d'avoir des fleurs et même des légumes. Mon plan était simple : j'avais à desservir les baraques, les douches, les lavabos, la salle d'opération et la maison des infirmières. Je tirai des lignes droites ([ue je rendis un peu sinueuses pour faire l'ensemble moins rigide et je commençai à planter mes jalons. Us eurent un gros succès mes jalons ; le lendemain, je les trouvai fleuris de roses en papier et le sur- lendemain garnis d'oranges. Il faut bien rire, n'est-ce pas? 282 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION Les Verdunois restés là me demandaient en riant combien vait paru très exagéré. La seconde variété a été nommée dura par ^I. Annet. Elle se distingue de la précédente par la gaine qui entoure le fruits laquelle est incomplètement et irrégulièrement formée. Les régimes de cette variété sont volumineux, pesant parfois plus de 30 kilogrammes. Les fruits sont en général plus gros que dans la variété précédente, mais le rendement en huile est de beaucoup inférieur. Opérant dans les mêmes conditions que pour la variété précédente, M. Annet n'a obtenu que 25,8 p. 100 d'huile du poids du fruit entier. Le noyau de cette variété est épais, dur, difficile à casser, et l'amende en est réduite. Cette variété est loin d'être aussi intéressante que la précé- dente et elle ne mérite pas d'attirer l'attention, si ce n'est à cause de la particularité que présentent ses fruits, d'avoir une gaine formée par les pièces du calice, gaine qui n'existe pas dans les formes d'EUeis signalées jusqu'à ce jour. Si nous comparons ces deux variétés au point de vue du rapport des différentes parties du fruit entier, nous avons : I -UNE VARIETE NOUVELLE DE PALMIER A HUILE 287 A. — Tenera. i Gaine. . . 37 p. 100 Proportion de pulpe oléagineuse : 76 p. 100. j péricarpe. 39 p. 100 -13 p. 100 11 p. 100 18 p. 100 26 p. 100 ' r^ . , . ( Coque . . Proportion de noix : 2 1 p. 100 j Amande Rendement en huile de la pulpe : 70,25 p. 100. Rendement en huile du fruit entier : 53,5 p. 100. B. — Dura. ( Gaine . . Proportion de pulpe oléagineuse : 44 p. 100. { péricarne ( Coque . . 46,2 p. 100 Proportion de noix : 56 p. 100 j ^^^^^^ ^ 9 g ^ ^^^ Rendement en huile de la pulpe : 58,6 p. 100. Rendement en huile du fruit entier : 25,8 p. 100. Si nous comparons ces données à celles obtenues avec la meilleure des formes de Palmier à huile connues jusqu'à ce jour, la forme « Lisombe », nous avons : Lisombe. Proportion de pulpe oléagineuse : 61,5 p. 100. ( Coque . Proportion de noix : 38,5 p. 100 \ Amande Rendement en huile de la pulpe : 63,15 p. 100. Rendement du fruit entier : 38,35 p. 100. 21,5 p. lOO 17 p. 100 La différence entre le rendement de la forme lisombe et de la forme tenera est donc considérable : 38,5 p. 100 dans la première forme et 53,5 p. 100 dans la seconde. Toutes choses étant égales d'ailleurs, il y a donc un intérêt considérable à répandre la forme tenera., d'Annet. Pour terminer l'étude comparative qu'il a faite des diverses variétés de Palmier à huile, M. E. Annet a établi le tableau suivant très instructif, avec 10 fruits de chacune des princi- pales variétés d'Elseis du Cameroun. VARIÉTÉS POIDS des FRUITS POIDS do la PULPE POIDS des AMANDE:^ POIDS de l'huii.e Dibope Lisombe \'ar. dura .... Var. tenera . . . 123 gr. » 121 gr. 5 m gr. » 168 gr. 5 51 gr. 5 76 gr. 5 74 gr. 2 128 gr. 3 23 gr. .. 20 gr. 5 18 gr. 1 19 gr. 4 27 gr. 47 gr. 44 gr. 90 gr. AU SUJET DU PALMIER A HUILE Par CH. RIVIÈRE. Les renseignements communiqués par M. Fauchère sur les variétés ou les sous-espèces que présente le Palmier à huile dans diverses régions de FOuest et du Centre africains sont précieux au point de vue économique en raison de la richesse oléifère de divers types que M. Chevalier avait déjà classés : Elseis nigrescens, virescens avec leurs variétés, en indiquant leurs avantages et leurs défauts. Mais les sujets qui présentent des cas de parthénocarpie, c'est-à-dire de fruits sans noyau au milieu d'autres normalement constilués, sont dignes d'attention en ce sens que leurs pulpes plus grosses sont plus riches en huile et que les individus aptes à ces variations sembleraient naturellement se prêter à des essais capables d'accroître cette utile parthénocarpie. Mais ce sont là des expérimentations de longue haleine, parce que les Elœis ne drageonnent pas et sont sans bourgeonnements caulinaires, contrairement au Dattier qui offre ces moyens si rapides de multiplication et surtout de fixation de la variété. Quant à l'idée émise autrefois de faire remonter VElxis dans la région saharienne et de l'associer ainsi au Dattier, cela reste une erreur de climatologie; d'ailleurs, les graines envoyées il y a une vingtaine d'années ont permis de constater le manque absolu de résistance de cette espèce dans toute la zone nord- africaine, où, traitée comme plante de collection, elle exige une serre chauffée pendant l'hiver, encore y est-elle de tenue passable. Evidemment il est regrettable que dans les oasis l'association du Palmier à huile et du Dattier, ainsi que du Bananier, soit impossible; mais alors ce ne serait plus le désert, bien au con- traire, cette végétation en ferait une des régions les plus riches du globe. Le Géraiit : A. Maretheux. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue CasscLle. EN DISTRIBUTION Graines offertes par M. G.-H. CAVE. Guralor Llyod Botanic Garden. Darjeeling (Indes an- glaises). Acer Papilio King. — Hookeri Miq. — Camphellii Hook t'. — Osmastoni Gamble. Artemisia pauciflora Spreng. Astragabis atipulatus D. Don. Ardinia macrocarpa Wall. Anémone vitifolia Buch-Ham. — rivularis Buch-IIani. Bœhmeria macrophylla D. Don. Berberis nepalensis Spreng. — iimbellata Lindl. — concinna Hook. f. Callicarpa rubella Lindl. Cassiope selaginoides Hook. f. Thoms. Cassiope fastigiata D. Don. Clematis monlana Buch-Ham. Celastrus Championi Benth. Cotoneaster frigida Wall. Coriaria nepalensis Wall. Corylus ferox Wall. Cnicus involucratus Wall. Cynoglossum inicranthum Desf. — denticidatum K.ïi.C». Dichroa fehrifuga Lour. Diclytra thalictrifolia Hook. f. et Thoms. Decaisnea insignis Hook. f. et Thoms. Debregeasia velutina Gand. Echinocarpus dasycarpus Benth. Enkianthus himalaicus Hook. i. et Thoms. Embelia Gambtei Kurz. Erythrina arborescens Roxb. Ficus Hookerii Miq. Fraxinus floribunda Wall. Hippophae salicifolia Don. Belwingia himalaica Hook. f. et Thoms. Holbœltia. Hymenopogon parasiticus Wall. Hypericuni ffookerianum Wight et Arn. Hypericum paiulum Thunb. Ilex insignis Hook. f. Ilex intricala Hook. f. Indigofera Dusua Haui., var. lo- ineiilusa. Jasminum humile L. Juniperus /Jseurfo-Saéina Fisch. ot Mey. Ligustrnm confusum Dcne. Lilium yiganteum Wall. — nepalense D, Don. Lobelia erecta Hook. f. et Thoms. — pyramidalis Wall. Litsxa tontentosa H. C. Heyne. Luculia gralissima Sweet. Magnolia Campbellii Hook. f. et Thoms. Mandriigora cxrulescens G. B. Clarke. Meconopsis Wallichii Hook. — simplici/olia G. Don. — paniculata. Micheiia Cathcarthii Hook. f. et Thoms. Mucuua macrocarpa Wall. Neillia Ihyrsiflora Don. Nyssa sessiliflora Hook. f. Pedicularis ScuUyana Prain. — trichoglossa Hook. f. Picrorhiza Kurroa Royle. Piptanthus nepalensis D. Don. Potenlilla fruticosa L. — Griffithii Hook f. — leuconota D. Don. Podophyllum Emodi Wall. Polygonuin vaccinifolium Wall. Poterium diandrum Hook. f. Primula Elwesiana King. — capitula Hook. — Kingii Watt. — pusilla Wall. — reticulata Wall. — ■ sikkimensis Hook. — Stuartii Wall. — Waitii King. Priotropis cytisoides Wight et Arn. Pruntis acnminata Wall. — Pudduin Roxb. Pyrus foliolosa Wall. — insignis Hook. f. — sikkimensis Hook f. Rosa macrophylla Lindl. — sericea Lindl. Richelia lanuginosa. Ruhtis alpfstris Blume. — muluccanus L. — panindalus .Sm. — reliculal'is Wall. Rufllia cordifolia Wall. Rhus semialata Murray. Rhcum nobile Ilook. f. et Thoms. Rhododendron arboreum Sm. — arhoi'eum, var. Camp- bell'. Rhododendron barhalum Wall. — cainellisp/lornm Hook. t. — campanulatum Don. — cantpannlatum, Doa.vAr. Wallichii. — campylocarpum Hook. f. — cinnaLarimum Hook. f. — DalhousimWook.î. — Falconeri Hook. f. — /ulgens Hook. f. — grande Wight. — Hodgsoni Hook. f. — lanalum Hook. f. — lepidoliun Wall. — Maddeni Hook f . — "Wightii Hook. f. Sambucus adnata Wall. Saussurea Laneana. — erioslemon Wall. — SughosB G. B. Clarko. Saxifraga purpurascens Hook. f. et Thoms. Sedum asiaticum Spreng. — elongatum Wall. — Ewersii Ledeb. — himalense D. Don. Senecio Candolleanus Hook. ot Arn. — diversifoliiis Wall. — Lifjularia Hook. f. — Murtoni G. B. Clarke. — pacAi/crpMsG. P. Clarke. — paiiciflorus. Sivertia dilaiala C. B. Clarke. — Hookeri G. B. Clarke. — Kingii Hook. f. — multicaulis D. Don. Symplocos thexfolia D. Don. Thalicirum Chelidonii Hook. t, et Thoms. — cullralwn Wall. Tephrosin candida D G. Toddidia aculcata Pers. Vacvinium serratum Wight. Veronica himalensis D. Don. Viburnuin ste.lalum Wall. S'adresser au Secrétariat. SOCIÉTÉ NiTION&LË D'.\GCL1H&T1T19N DE FRANCE Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir : 1» à l'iiitioduction, à racclimatatiou et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles ou d'ornement. Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dames peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis- sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, Sociétés commerciales, etc.). La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres Donateurs, membres Bienfaiteurs. | Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une cotisation annuelle de 25 francs. Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s'affran- chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. Le membre Donateur est celui qui verse une somme d'au moins 500 francs. Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 francs; son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois' des séances spéciales de Sections : 1° Mammalogie; 2° Ornithologie et sa sous-section. Protection des Oiseaux; Z" Aquiculture ; 4° Entomologie; ^"Botanique, et 6° Colonisation. Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour men- suels leur sont régulièrement adressés sur leur demande. 1 La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et de Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- maux à ses membi*es. Le Bulletin bimensuel forme, chaque année, un volume d'environ 800 pages illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particulièrement des faits d'acclimatation survenus en France et à l'Etranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'histoire naturelle : installation^ éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction], etc., etc. La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- téressé ; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce ; adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. Le Gérant : A. Mvbbthkux, Paris. — L. Marethkux, imprimeur, 1, rue Cassette. 'Iir BULLETIN 591-52 DE LA SotiUté Nationale d'Acelimatation DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 6 5e ANNÉE NMO. - OCTOBRE 1918 SOMMAIRE Pages. Actes de la Société d'Acclimatation pendant la guerre 289 P. Amédéb-Pichot. — La destruction des Rongeurs aux États-Unis 290 La Chèvrb et la Tuberculose. — Compte rendu in extenso des débats qui ont eu lieu à la Société d'Acclimatation au cours des Séances générales des |5 mars, 7 et 21 mai 1917 (suite et fin) 094 Dr Millbt-Horsin. — Note sur les Oiseaux rapportés du Sénégaljau Muséum (suite et fin). 303 E. Le Moult. — Quelques chasses entomologiques peu connues dans les régions tropi- cales de l'Amérique du Sud 310 Henry. — Les îles Marquises. Flore et cultures 315 Un numéro, 2 francs : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. AU SIEGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION DE FRANCE 198, BOaLEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VW). BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 Préiident, M. Edmond Pbrribr, Membre de l'Institul elj de, rAcadémie-7.do iMédecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. Vice- Préiident \ ^^**" ^' '^°'^' ■'assistant au Muséum d'Histoirek/iaturelle, Professeur |à l'Ecole } coloniale, 15, rue Taidlierbe, Saint-Mandé,(Seine). Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Lb Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris {Etranger). H. Hua, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Secrétaires. -^ { Germain, Paris (Conseil). L. Capitaine, 48, boulevard Raspail (Séances). Ch. Dbbreuil, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M. le D'^Skbillottb, U, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Gaucdrte, Moulin de la Madeleine, à Samois (Seine-et-Marne). Membres du Conseil M. A. Ghappellier, 6, place Saint-Michel, Paris. WuiRiON, 101, rue Sadi-Carnot, Puteauv. AcHALMB, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. D' P. Marchal, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 89, rue du Cherche-Midi, Paris. D' Leprincb, 62, rue de la Tour, Paris. Mailles, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). Df E. Trouessart, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Lecomtb, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. Crepin, 18, rue Lhomond, Paris. Pendant l'année 1918, les Séances hebdomadaires des Sections sont remplacées par des Séances générales bimensuelles DsiiBs des Séances générales et du Conseil POUR L'ANNÉE 1918 Séances du Conseil, 2e mercredi du mois à 4 heures Janvier Février Mars Avril Mai Novembre Décembre 9 13 4 18 18 13 15 13 11 Séances générales, le lunli à 2 h. 1/2. Soos-Section d Ornithologie {Ligue pour la Protection des oiseaux) le lundi à 4 h. 1/2 14 i 21 21 4 18 18 8 22 22 6 •27 27 i 18 18 2 16 16 (1) Date reculée en raison des fêtes procha ines. Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les personnes qui désireraient l'entretenir, qu'il se tient à leur disposition, au siège de la Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. Les auteurs sont informés que, les prix des tirages à part subissant des variations fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'être applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, des articles publiés dans le Bulletin est interdite. ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION PENDANT LA GUERRE MOHT AU CHaMP d'honneur. Nous apprenons avec un vif regret la morl glorieuse du D'' Pierre Vincent, médecin-chef au 233" régiment d'infanterie, décoré de la croix de guerre avec quatre citations, tombé au champ d'honneur le 5 septembre 1918. Notre collègue, zoologiste distingué, était un fervent défen- seur des Oiseaux. 11 avait participé à la fondation de la Ligue française pour la Protection des Oiseaux, dont il était le tréso- rier. Parti au front dès le premier jour de la mobilisation, il s'y était fait remarquer par son ardeur et son dévouement. Nous adressons à sa veuve, M™" Pierre Vincent, l'expression de nos condoléances. Distinctions honorifiques et citations. Le capitaine Tolet vient d'être promu au grade de chef d'escadron. Notre collègue, avant la mobilisation, s'était spé- cialisé dans l'emploi des Chiens pour la recherche des blessés. Depuis la guerre, il n'a cessé de préconiser l'usage du Chien de sentinelle et de liaison, qui, tous deux, ont rendu de si grands services trop peu connus du public. Le fils de notre collègue, M'"'' B. Willard, a été cité pour la seconde fois le 26 juillet 1918, dans les termes suivants : « Willard, Marcel, sous-lieutenant, commandant provisoi- rement la 9'' batterie du 42 1« régiment d'infanterie. « Officier plein d'allant et d'entrain, ne ménageant pas sa peine pour obtenir le meilleur rendement de sa batterie. A fait continuer des tirs sous des bombardements très violents et a toujours donné à 'ses hommes le plus bel exemple de bra- voure. » BILL. SOC. N.VT, ACCL. FR. 1918. — 21 v290 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION * » j Le D*" Hubert Kresser, médecin-major de 2*" classe de l'armée territoriale, déjà décoré de la croix de guerre, vient d'être promu chevalier de la Légion d'honneur. Notre collègue, après avoir servi au front dans un bataillon d'infanterie, a fondé et dirige sous les auspices de 1' « Union des Colonies Étrangères en France en faveur des victimes de la guerre » VEcole de Rééducation Professionnelle de Maison- Êlanche à Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise), oii depuis deux ans, près de 3.000 amputés ont été mis à même de se faire une situation, digne et indépendante, en exerçant un métier compatible avec leur cruelle mutilation. Le Conseil de V Avicullural Society, par l'intermédiaire de miss Rosie Âlderson, secrétaire de cette Société, a voté une adresse de sympathie et de condoléances à notre collègue M, Jean Delacour pour les pertes qu'il a subies, lors du bom- bardement de VilIers-Bretonneux,qui a anéanti ses splendides volières et ses collections d'Oiseaux. LA DESTRUCTION DES RONGEURS AUX ÉTATS-UNIS Par PIERRE AMÉDÉE-PICHOT. La protection que le gouvernement des États-Unis étend sur la faune sauvage n'est pas une protection sentimentale et aveugle. Le Bureau des études biologiques du ministère de l'Agriculture sait parfaitement bien faire la part du feu et, basant ses opinions sur une observation minutieuse des mœurs des animaux, il reconnaît franchement que certaines espèces peuvent nuire à l'agriculture et à l'élevage. C'est pourquoi le ministère vient de publier et de répandre un fascicule (n° 708) pour attirer l'attention sur les ravages causés par les Rongeurs, dans les territoires cultivés et pour préconiser les meilleurs moyens de les combattre. Dans cet opuscule, M. David E. Lantz fait cependant un exposé général de la question où nous trou- vons certaines restrictions qu'il ne serait pas inutile de placer LA DESTRUCTION DES RONGEURS AUX ÉTATS-UNIS 291 SOUS les yeux des personnes qui, chez nous, se font trop Taci- lement les propagateurs dn préjugés courants et qui proscrivent sans discernement les hôtes de nos bois et de nos pUiines qui ont le malheur de leur déplaire ou d'apporter quelques entraves à la satisfaction de leurs plaisirs ou de leurs intérêts. Les Ron- geurs du nord et du centre de l'Amérique, qui se présentent sous 1.330 formes différentes, classées en 77 espèces distinctes, ne sont pas les mêmes que chez nous ; nous n'avons donc pas lieu de nous étendre sur ces exotiques étrangers à noire faunn^ mais les conclusions de M. Lantz seraient autant de circon- stances dans le Vieux que dans le Nouveau monde, et c'est sur elles que nous voudrions surtout insister ici. « Les Rongeurs, dit le rapporteur, sont les ennemis les plus persistants et les plus agressifs de l'homme, qui est d'autant plus désarmé contre leurs attaques, qu'il connaît moins leurs mœurs et la manière de les atteindre. Malheureusement, il est impossible de classer les animaux d'une façon rigoureusement exacte, sous les rubriques utiles ou nuisibles. Telle espèce peut être bienfaisante dans certaine localité, qui devient un né;iu dans une autre, ou bien encore les actions contradicloires de ces espèces peuvent se produire sur le même point, de telle façon qu'il soit impossible de les catégoriser en utiles ou nui- sibles. D'autres espèces qui ne nuisent pas, à proprement parler, aux entreprises de l'homme, peuvent n'avoir pour lui aucun intérêt économique ou agréable ; d'autres, comme le Castor et le Rat musqué, ont une valeur commerciale; d'autres encore, comme le Lapin et l'Écureuil, sont d'un emploi alimen- taire; il faut donc se garder de les proscrire en masse. La noci- vité des Kongeurs dépend de la nature des contrées (qu'ils habiient et de la façon dont ils peuvent intervenir dans les exploitations agricoles. Leur régime est principalement végé- tarien et leur multiplication assez rapide peut les transformer en fléau; c'est alors seulement qu'il y a lieu d'en diminuer le nombre, car il faut toujours respecter le droit a la vie des CRÉATURES, LORSQU'ELLES .NE FONT POINT DE MAL. « Le terme de vermine a été appliqué à tort et h travers. Les écrivains cynégétiques oublient trop souvent que ce qui est nuisible à l'un peut être utile à l'autre, selon le point de vue auquel on se place. Si on veut bien se donner la peine d'étu- dier les mœurs des animaux et la façon dont ils se nourrissent ou servent à la nourriture d'autres êtres, on réduira très sensi- 292 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION blement le nombre des espèces qualifiées de vermine. Aucune, à vrai dire, dans les conditions où elle a été placée par la Nature, n'est à proprement parler nuisible, mais l'homme, en dérangeant l'équilibre de la création, a provoqué un état de choses artificiel dont il est souvent le premier à souffrir, et il a dû se défendre contre des animaux qui, à une époque, étaient parfaitement inoffensifs. « Ainsi, la plupart des animaux carnivores font une grande consommation de Rongeurs ennemis du fermier. Les Coyotes, les Renards, les Chats sauvages, les Blaireaux, les Skungs, les Visons, maintiennent dans de justes proportions les Souris, les Spermophyles, les Rats à abajoues et autres analogues, et les ravages des Rongeurs dont on a à se plaindre aujourd'hui, proviennent en grande partie de la guerre incessante que l'on a livrée aux Carnivores. On les a chassés, non seulement parce que certains ont une fourrure estimée, mais encore parce qu'on voyait en eux des ennemis de la volaille et du gibier. Les règlements protecteurs de la chasse, en offrant indistinctement des primes pour la destruction de certaines espèces, n'ont pas tenu compte des cas où elles faisaient plus de bien que de mal. Les animaux à fourrure sont une des richesses des États-Unis, et leur destruction n'a guère profité à la conservation du gibier. La principale fonction biologique des Aigles, des Faucons et des Hibous, est de détruire les Rongeurs nuisibles. Quelques Rapaces, il est vrai, se nourrissent de petits Oiseaux, mais ce n'est pas une raison pour étendre la proscription à tous les Oiseaux de proie. Dans bien des cas, la dîme, que certains Oiseaux ou Mammifères prélèvent sur les basses-cours, est le fait d'individus isolés et non de toute une classe, et c'est le délinquant seul qu'il faudrait rendre responsable et punir. 11 est tout naturel que le fermier défende sa propriété, mais il serait injuste de faire payer à tous les Oiseaux de proie et à tous les Mustélidés, la maraude d'un des leurs. Les primes de destruction offertes par les pouvoirs publics à des gens qui sont peu en état de faire la distinction entre les prédaciers utiles et ceux qui ne le sont pas, doit forcément entraîner la destruc- tion d'animaux qui rendent de très grands services. Les Ser- pents, par exemple, mangent une très grande quantité de Rongeurs, et l'on oublie trop qu'il y a très peu de Serpents venimeux, lorsque l'on enveloppe tous ces Reptiles dans la même réprobation. » LA DESTRUCTION DES RONGEURS AUX ÉTATS-UNIS 293 C'est très justement que l'observateur, dont nous venons de citer l'exposé si clair de la situation, fait remarquer combien il est illogique de faire peser, sur toute une classe d'animaux, les méfaits d'un seul qui, pour des raisons diverses, a pu changer le régime qui lui est habituel. Nous en avons eu récemment un exemple, dans une campagne où toutes les espèces sédentaires ou de passage, utiles ou nuisibles soi-disant, trouvent une égale protection, sans que l'on ait jamais eu à le regretter. Cependant, il a fallu dernièrement faire tuer un Épervier qui avait pris l'habitude de venir tous les jours, à la même heure, planer et même se jeter sur les grillages d'un parquet oii l'on élevait des Colombes exotiques. Les Oiseaux, afïolés par les tentatives de l'Oiseau de proie pour les saisir, s'estropiaient ou se brisaient la tête contre les mailles de leur prison, et il fallut mettreun terme aux exploits du visiteur indis- cret que les longs froids de l'hiver dernier avaient sans doute afTamé et poussé à prélever ailleurs que sur la faune sauvage une subsistance précaire. Les Rongeurs plus particulièrement visés par le rapport de M. Lantz sont : les Campagnols {Microtus), les Mulots à pattes blanches {Peromyscus), les Gerboises {Perodipus elDipodomys^, les Rats à abajoues (6?eomj/sl, des Spermophiles [Citellus], les Marmottes [Monax) et les Chiens de prairie [Cynomys], les Lapins et les Lièvres. Les photographies des endroits ravagés par ces Rongeurs peuvent donner une idée des dévastations qu'ils commettent lorsqu'ils se sont trop multipliés. Ainsi, on nous montre une digue emportée par les eaux après qu'elle eût été affaiblie par les terriers des Spermophiles de Californie; un champ de Maïs complètement rasé par les Spermophiles de la Colombie ; de vastes érosions du sol que les pluies entraînent, lorsque les Chiens de prairie en ont détruit toute la couverture végétale, et enfin, un véritable lumulus s'élevant au milieu d'un champ d'Avoine, par suite des fouissements d'une colonie de Spermophiles. Les pièges dont on se sert contre ces Ron- geurs sont les mêmes, ou à peu près, que ceux usités ici, soit qu'on les place à l'air libre, soit qu'on les glisse, comme pour les Taupes, dans les couloirs des terriers ; mais les pièges seraient bien insuffisants pour venir à bout de populations si nombreuses, et c'est l'empoisonnement par des préparations de strychnine qui est le plus recommandé, avec des indications très précises pour que ces préparations soient efficaces et qu'on 294 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION puisse les employer sans mettre d'autres animaux en péril. Pour les Lièvres, on fait, dans FOuest, des battues d'une grande étendue auxquelles tous les habitants d'une région contribuent, afin de pousser les animaux vers des parcs en entonnoir, où on les accumule avant de les massacrer. Une des photographies les plus curieuses du rapport représente l'arrivée dans un de ces corals d'une armée de Lièvres, à laquelle une foule de spectateurs, dans des véhicules de tout genre, est venue assister, comme s'il s'agissait d'une réunion de courses. Mais pour que ces destructions soient efficaces, le rappor- teur insiste sur la nécessité qu'elles soient faites simultanément sur toute une région sous peine de voiries localités nettoyées rapidement envahies par des colons arrivant des localités voi- sines. C'est ce qui se passe au Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne oii la nourriture disposée dans les parquets pour les sujets de la collection, attire des nuées de Rats qui s'y éta- blissent. On n'est pas plutôt débarrassé de ces Rongeurs que de nouveaux envahisseurs, sortant du Bois de Boulogne et des environs, viennent les remplacer. [LA CHEVRE ET LA TUBERCULOSE COMPTE RENDU iu exteuso DES DÉBATS QUI ONT EU LIEU A LA SOCIÉTÉ d'aCCLIMATATION AU COURS DES SÉANCES GÉNÉRALES LES 5 MARS, 7 ET 21 MAI 1917 Par LOUIS CAPITAINE Suite et fin (1). C. — Spécificité de la tuberculine. M. le professeur Moussu. — Tout d'abord, je garde ma con- viction, mais j'insisterai, comme je l'ai toujours fait, sur les méthodes modernes de tuberculination. Il n'est plus ques- tion d'injections à doses massives, après l'administration des- quelles on étudie la réaction thermique plus ou moins trojn- (1) V. Bull, juillet, août, septembre 1918. LA CUÈVRE ET LA TUBERCULOSE 295 peuse à ce sujet. La dose actuelle est trente à quarante fois inférieure à celle que l'on employait jadis, et c'est grâce à l'application du principe de cette méthode, que l'on a pu, au cours de cette guerre, lutter contre l'extension de la morve du Cheval dans notre cavalerie. Il eût été impossible, d'ailleurs, d'employer l'ancien procédé, trop long et réclamant une main- d'œuvre que l'on n'avait pas. Pour moi : i° Dans l'état actuel de la science vétérinaire, il n'y a pas même une petite minorité de médecins pour refuser d'admettre la spécificité de la tuberculine. 2° Au sujet de la découverte du bacille tuberculeux dans les organes, il faut remarquer que si ce bacille donne toujours des produits de désintégration, il n'est pas toujours possible de déceler sa présence, car il peut prendre des aspects qui le rendent difficilement reconnaissable : il peut être détruit ou modifié dans ses formes. Dans ce cas, des altérations, comme celles que nous avons vues le 5 mars, sont des réactions de défense analogues aux réactions des plantes, après la piqûre des insectes. Les tissus réagissent, dégénèrent, prolifèrent de façon plus ou moins complexe, mais si l'on recherche l'auteur du mal, il a disparu. M. Ch. Rivière. — C'est une réaction physiologique d'un tout autre ordre ! M. le professeur Moussu. — Laissez-moi vous décrire rapi- dement le processus de l'inoculation chez le Cobaye. Ce pro- cessus, étudié par des spécialistes, peut se résumer ainsi : la piqûre étant pratiquée, par exemple au niveau de la cuisse, le produit de l'injection disparaît pendant les huit ou dix jours suivants. Au bout de ce temps, il se produit, au niveau de la piqûre, une inflammation. S'il n'y a pas de bacilles tuberculeux, il n'en résulte rien du tout, ou parfois un abcès, qui guérit au bout d'une quinzaine de jours. Même si l'inoculation n'a pas été faite avec toutes les précautions d'asepsie nécessaires, on rentre dans ce cas. Il faut tenir compte, dans' les expériences du 5 mars, faites à la Société, de la précarité des moyens dont je disposais. Dans le cas où l'inoculation contient du bacille de Koch, il se produit, vers le dixième ou le quinzième jour, au niveau de la piqûre, une ulcération qui ne se guérit plus, mais qui gagne, de proche en proche, tous les organes de l'animal en commençant par le ganglion lymphatique le plus voisin. 296 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION Celui-ci s'hyperlrophie, tandis que rinfeclion s'étend dans le réseau lymphatique. Elle attaque d'abord les ganglions abdo- minaux, puis4arate, le foie et finalement le poumon. A ce pro- cessus il est impossible de se tromper: on a affaire à la tubercu- lose, même si le bacille de Koch reste introuvable dans un certain nombre de préparations faites avec les organes infectés. Je repousse donc l'attaque dirigée par M. Crepin contre les Cobayes. Evidemment cet animal est très sujet à la tuberculose, mais lorsqu'on fait des recherches ayant justement pour objet de trouver cette maladie, on s'adresse à des individus pré- sumés sains, qu'on a suivis depuis longtemps. M. Crepin. — Cela ne prouve rien, M. le professeur Moussu. — En outre, il est exagéré de pré- tendre que le Cobaye ait une telle réceptivité pour la tubercu- lose, qu'il puisse la prendre régulièrement, sous l'influence d'affections cachectisantes. On pourrait laisser des animaux non inoculés et sains, en contacts d'animaux inoculés, sans qu'ils contractent à leur tour la tuberculose et sans qu'ils pré- sentent de lésions. Enfin, si j'ai proposé les Cobayes pour faire l'expérience, c'est que c'est l'animal auquel on recourt d'habi- tude... M. Crepin. — Ce n'est pas une raison suffisante, et j'ai rappelé plus haut que l'Académie de Médecine et les physiolo- gistes le récusaient souvent. M. le professeur Moussu. — Si je me suis adressé à ce Ron- geur, c'est en raison de son prix peu élevé et de sa vitesse de réaction. Mais je suis tout disposé à recommencer les expé- riences de Chèvre à Chèvre, si tel est le désir de la Société d'Acclimatation et si cela suffit à mettre tout le monde d'accord, M. Crepin. — Il ne me semble pas que ce soit la peine de faire des expériences de Chèvre à Chèvre; caries injections intrader- miques risquent d'entraîner le sacrifice d'un certain nombre d'animaux, sans apporter de preuve très convaincante. On pourra toujours observer que la tuberculose, si jamais elle apparaît dans ce cas, a pu venir du dehors, en raison de l'état de réceptivité de l'animal. 11 suffirait, à mon avis, de faire voir, ce qui serait bien autrement probant, le bacille de Koch dans une des Chèvres présumées tuberculeuses par M, le professeur Moussu et qui restent encore à M°"= L... LA CHÈVRE ET LA TUBERCULOSE 297 M. le professeur Moussu. — Ma conviction n'en restera pas moins' formelle dès aujourd'hui. L'inoculation à une Chèvre d'une émulsion de produits suspects, comme elle a été prati- quée, le 5 mars, sur les Cobayes, donnerait exactement le même processus. Pour moi, toutes les Chèvres du troupeau indiqué, qui ont réagi à la tuberculine, en décembre 1910, sont tuberculeuses, malgré leur apparence de santé. Il y a des jeunes gens atteints de tuberculose, à vingt ans, et qui vivent jusqu'à soixante-dix ans. M. Crepin. — Question de terrain! M. le professeur Moussu. — Pas complètement. En effet, des Vaches laitières, reconnues tuberculeuses par la tuberculine, n'avaient aucune lésion mammaire décelable. Ces bêtes ont fait l'allaitement prolongé de Veaux pendant six à huit mois. Les Veaux ont été contaminés, malgré l'état sain des mamelles. D'autre part, ces bêtes, gardées quatre ans en stabulation, n'ont pas vu leur état s'aggraver de lésions. Par analogie, les Chè- vres en question peuvent donc avoir une apparence de santé, elles n'en sont pas moins tuberculeuses et peut-être dange- reuses. En tout cas, je ferai observer que la marche des lésions, chez les Cobayes en expérience, est entièrement con- forme à ce que j'avais annoncé le 5 mars. J'ajouterai qu'avec les produits des lésions de la Chèvre, abattue le 4 mars, j'ai inoculé un Cobaye supplémentaire et un Lapin, à mon labora- toire d'Alfort. Le Cobaye a succombé à la tuberculose, en ce sens que l'évolution de la maladie a bien eu l'allure classique. M. Crepin. — Cet argument ne me paraît pas suffisant! M. le professeur Moussu. — Quant au Lapin, il est encore en vie. Je l'ai apporté et on va le sacrifier: cet animal devra pré- senter des lésions pulmonaires tuberculeuses. Cette expérience n'a pas encore été tentée sur le Lapin à ma connaissance, et on sait combien cet animal est plus résistant que le Cobaye à la tuberculose. Elle sera donc intéressante au point de vue scien- tifique. Enfin, il n'est pas certain que la tuberculose caprine prenne avec succès sur le Lapin. — Le lapin autopsié, en séance, le 7 mai, a révélé des lésions pulmonaires ne laissant aucun doute, àVanlnu, à ceux des membres présents qui ont l'habitude de ces examens et en particulier à M. le D'' Larcher. L'injection de l'émulsion suspecte avait été prati- 298 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION quée dans la veine de l'oreille. Elle s'était immédiatement répandue dans le torrent circulatoire et s'était amassée dans le poumon, où elle avait évolué à l'exclusion des autres organes. M. le professeur Moussu. — Je répète encore que je suis prêt à reprendre l'étude de la question sur le terrain caprin, mais que les expériences faites jusqu'ici sont largement suffisantes pour asî^eoir une conviction. Et pour affirmer encore combien il est fréquent que la tuberculose, reconnaissable à l'œil nu, ne donne au microscope qu'un résultat négatif, je rappellerai que Heymans, il y a quinze ans, à Bruxelles, a signalé que des lésions de plèvre d'origine tuberculeuse (maladie dénommée la grappe des bouchers) ne donnaient très souvent aucun bacille à l'examen microscopique. M. Crepin. — C'est peut-être un cas de pseudo-tuberculose. M. le D"' Larcher. — La foi de M. Crepin et d'autres observa- teurs dans l'immunité naturelle dont jouirait la Chèvre, en face de la tuberculose, est due au petit nombre des cas publiés, dans lesquels des Chèvres ont été reconnues atteintes de cette maladie. Il suffit pourtant de lire l'ouvrage de Nocard, pour savoir que, il y a plus de dix-sept ans, il en avait été rapporté des exemples, dans lesquels on a constaté la pré- sence du bacille caractéristique. M. Crepin. — Il s'agit là de sujets très jeunes ou bien d'adultes épuisés et affaiblis par un mauvais régime, des fatigues ou des privations. M. Pion n'a pas réussi à déceler de bacilles de Koch sur des Chèvres adultes, en possession de leurs moyens physiologiques normaux. En outre, dans l'un des cas rappelés par M. le D"^ Larcher, la Chèvre avait cohabité avec des Vaches tuberculeuses et, dans un autre, la bête, âgée de quinze mois, avait été élevée avec du lait de'Vache. M. le professeur Moussu. — Il est certain, aujourd'hui, que les Chèvres peuvent devenir tuberculeuses, en dehors des conditions expérimentales. M. Crepin. — C'est vous qui l'affirmez, sans que, d'après le débat actuel, j'aperçoive aucune raison valable de me rendre à cette manière de voir. M. le professeur Moussu. — Comme il peut se faire que la tuberculose, chez les Chèvres, comme chez d'autres animaux, LA CHÈVRE ET LA TUBERCULOSE 299 ne soit pas toujours décelée par des signes extérieurs appré- ciablf^s, il faut à notre époque, par prudence, ne pas utiliser les Chèvres, comme laitières, sans les avoir soumises à Tépreuve de la tuberculine. M. Crepin. — Le cas cité par M. le D' Larcher ne corres- pond pas à la question posée aujourd'hui. L'expérience rappelée est, en effet, celle que M. le professeur Moussu a faite autre- fois pour connaître le délai de contamination des animaux. Ces expériences ont montré que la Chèvre peut contracter la tuberculose, le Mouton aussi, mais que pour ce dernier il faut un temps particulièrement long, déjà fort appréciable (une année) pour la Chèvre. En tout cas, il est ici question, exclusi- vement, de tuberculose spontanée. L'expérience rappelée par M. le D"^ Larcher n'est donc pas à retenir ici. La Chèvre est susceptible de contracter la fièvre aphteuse, quand elle est encore à l'état de croissance, quand elle est encore un biquet, c est-à-dire avant six mois, alors que la peste bovine la laisse indemne, comme l'a fait observer un vétérinaire, en Orient. C'est donc une simple question de terrain. Nocard, lui-même, cite des cas de contamination chez la Chèvre, mais pas de tuberculose spontanée. Mon fils, qui est médecin, a fait, à plusieurs reprises, des examens de poumon de Chèvre, suppo- sées tuberculeuses à l'œil nu, comme je l'ai dit plus haut : il n'a pas réussi à y déceler le bacille de Koch. Le tempéra- ment delà Chèvre est donc particulièrement réfractaire. M. le professeur Moussu. — Le seul examen macroscopique du poumon peut prêter à confusion avec les cas de pseudo- tuberculose. Mais quand les ganglions bronchiques et médias- tinaux sont attaqués, c'est la preuve vraisemblable que la tuberculose existe. M. Crepin. — Ou bien la pseudo-tuberculose. M. le professeur Moussu. — Inconnue jusqu'ici chez les Bovidés et les Ovins. M. Crepin. — Alors, on ne peut rien affirmer, et nous sommes en droit d'admettre une pseudo-tuberculose caprine. 300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION D. — Nouveau rapport de M. le D'' J. Roussel, (Rapport relatif aux recherches effectuées sur les organes de la Chèvre abattue le 4 mars 1917, sur le Cobaye et le Lapin en expérience.) Exposé. — Le 4 mars, en présence de MM. Crepin et Gué- fliot, M. le professeur Moussu autopsiait à Alfort une Chèvre et extrayait le poumon et des ganglions mésentériques, en vue de procéder à un examen bactériologique et de pratiquer une inoculation à des animaux de laboratoire. Un fragment du poumon et deux ganglions m'étaient remis, pour recherches bactériologiques. Ultérieurement me fut apporté pour autopsie un Cobaye, qui, après injection des matières purulentes, extraites du poumon et des ganglions de la Chèvre précitée, succomba cinquante-quatre jours après Finoculation. Après la séance du 7 mai, j'emportai une partie du poumon du Lapin autopsié à la Société, toujours en vue d'y chercher la tubercu- lose. La question posée est de décider si la Chèvre autopsiée le 4 mars est ou n'est pas tuberculeuse. Examen macroscopique. — 1° Dans le poumon de la Chèvre,' on voit de nombreuses pustules et de nombreux grains caséeux. L'un des ganglions est rempli de pus concret et de granula- tions dures, difficiles à écraser ; l'autre ganglion renferme du pus liquide. 2° A l'autopsie du Cobaye, on voit tous les organes, sauf le cœur et les reins, malades et parsemés de grains jaunâtres. De plus, de nombreux ganglions apparaissent un peu partout. Le Cobaye est dans un état cachectique intense, tandis que la Chèvre est en très bon état et plutôt grasse, 3» Le Lapin offre des poumons très ulcérés, qui laissent croire à la tuberculose. Exame7i bactériologique . — a.) Chèvre. — Par frottis, après coupe des parties purulentes et non purulentes, sont effectuées de nombreuses préparations en double coloration, qui, examinées en immersion avec le plus grand soin, se montrent dépourvues de bacilles de Koch. Par contre, elles sont très chargées d'une multitude de bacilles variés, principalement de pneumocoques, de pneumobacilles, de staphylocoques et de divers cocci. b) Cobaye. — L'examen, pratiqué, comme pour la Chèvre, fait voir dans toutes les préparations une véritable purée micro- bienne, au milieu de laquelle abondent surtout les pneumo- coques, les staphylocoques et les pneumobacilles. On y ren- contre, mais dans un certain nombre de préparations seulement, les autres s'en montrant dépourvues, des bacilles tuberculeux LA CHÈVRE ET LA TUBERCULOSE 301 de Koch, en quantité assez clairsemée, pour que le champ du microscope en soit fréquemment privé. c) Lapin. — L'examen révèle une grande abondance de pneumocoques, de diplocoques encapsulés, etc. Le bacille de Koch reste introuvable. Conclusions. — A. L'examen macroscopique ne pouvant donner qu'une présomption, sans aucune autorité devant les résultats contraires des autres examens, ne relient pas notre attention. — B. Les recherches du bacille tuberculeux de Koch dans le poumon et les ganglions de la Chèvre ont été stériles. — C. Le Cobaye a succombé à la suite d'une cachexie très avancée résultant des affections provoquées par les agents pyogènes, les pneumocoques, les microcoques associés à un nombre restreint de bacilles tuberculeux de Koch. — D. Les propor- tions relatives des divers agents pathogènes dans le Cobaye autorisent l'hypothèse que, parmi ces agents, ce sont les pneu- mocoques et les pyogènes qu'il faut rendre responsables du début de la maladie, dont l'évolution aboutit à la mort du sujet, en facilitant, au cours de son processus, l'éclosion ou le déve- loppement de la tuberculose. Ne connaissant pas l'état du Cobaye avant l'inoculation, il est impossible de décider si ce dernier était ou n'était pas, à ce moment, atteint de tubercu- lose latente, s'il est devenu spontanément tuberculeux après l'inoculation, ou si la tuberculose lui a été inoculée en même temps que les matières purulentes prélevées chez la Chèvre. Il semble plus vraisemblable, d'après les observations ci-dessus, que le Cobaye a pris spontanément la tuberculose à cause de l'état de résistance nulle où l'ont placé les désordres consécutifs à l'inoculation. D'ailleurs, l'absence complète de ce bacille chez le Lapin conflrme nettement cette manière de voir. E. — Commentaires ajoutés par M. le D' J. RousseL M. le D"" J. Roussel. — N'ayant pu assister à la séance du 5 mars, pour raison de santé, je répondrai ici à quelques objec- tions faites par M. le professeur Moussu.. le souhaite voir dans les abattoirs un service bactériologique bien organisé. Cela aurait fréquemment pour effet de faire écouler sur les marchés des viandes de second choix, souvent mises au rebut à la suite d'ua examen trop superficiel, et qui, après une stérilisation soignée, pourraient être livrées à la consommation, à des prix extrê- 302 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION mement bas, ce qui, à l'heure actuelle, offre un grand intérêt pour les petites bourses. J'ajouterai que, pour la pseudo-tuberculose de la Chèvre, M. le professeur Moussu affirme devant vous qu'elle n'existe pas. Or, nous avons assisté coup sur coup à l'autopsie de deux Chèvres, que, sans hésiter, un praticien habile déclara, de visu, indubitablement tuberculeuses. Je n'ai pu parvenir à y déceler le bacille de Koch. La présence de la tuberculose chez ces Chèvres est donc plus que douteuse, aussi demanderai -je à M. le professeur Moussu, comment nous pourrons désigner ces fausses tuberculoses, si le terme de pseudo-tuberculose nous est interdit. Je ne prétends pas que les caprins soient scientifi- quement réfractaires à la tuberculose, mais j'affirme que la résistance de ces animaux au fléau est assez forte pour les faire considérer comme pra^îguemen^ réfractaires. Je corrobore l'opi- nion de M. Crepin sur l'utilisation du Cobaye, la réaction de cet animal n'étant pas une preuve absolue que la Chèvre soit tuber- culeuse, et je conclus, en rappelant que M. le professeur Moussu, à la séance du 28 mars 1917 de l'Académie d'Agriculture, a affirmé ce qui suit : « Pour ma part, j'ai, depuis vingt ans, vu amener bien des Chèvres à la clinique d'Alfort, pour des affections extrêmement' variées, j'ai fait bien des autopsies, je n'en ai jamais trouvé de tuberculeuses. » F. — Conclusions. — En terminant, on peut conclure de ce débat que la question ne pourra être considérée comme résolue, que quand on aura réussi à mettre en évidence le bacille de Koch dans les organes d'une Chèvre adulte et en possession de tous ses moyens physiologiques normaux. Ce bacille de Koch étant réputé jusqu'à ce jour l'agent spécifique de la tuberculose, on est en droit de renier cette maladie, tant qu'on ne l'aura pas monti'é, dans les organes de la Chèvre, pullulant avec une abondance qui ne laisse aucune espèce de doute. Jusque-là, on peut affirmer que la tuberculose n'existe pas chez la Chèvre. Il est convenu d'un commun accord que le débat sera porté devant l'Académie des Sciences, en la priant de désigner d'office une com- mission spéciale pour faire une nouvelle recherche du bacille tuber- culeux chez la Chèvre et pour trancher ainsi en dernier ressort entre les honorables contradicteurs. Lu et approuvé le texte ci-dessus. Signé : J. Crepin, G. Moussu, J. Roussel. Le Secrétaire des Séances, D"" Louis CAPITAINE. NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTES DU SÉNÉGAL 303 NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL AU MUSÉUM EN OCTOBRE 1916 Par le B'^ MILLET-HORSIN Médecin-major des troupes coloniales. Suite et fin (1). Le transport de Ouakam à Dakar et l'embarquement se firent sans incident. La cage (cage en métal déployé, sans parois pleines, permet- tant l'aération par ses six faces, de 0™,30 de longueur sur 0™,20 de largeur et 0™,2o de hauteur) fut descendue de la cam- buse du bord et grâce aux excellents soins du cambusier, le Merle métallique, les deux Lopkoceros nasulus, compagnons de l'Oiseau qui nous occupp, firent, comme lui, une excellente traversée. Le 2 et le 3 novembre, il me donna quelques inquié- tudes; il semblait triste dans un coin, il s'était sali, il mangeait mal l'ordinaire du bord (pain mouillé, viande crue hachée, tomate crue, cacaouettes). A Ténériffe, j'achetai des raisins, dont mes quatre Oiseaux se régalèrent. C'est ainsi que mon Calao fit une cure de raisins et retrouva sa gaieté. Il en fit mau- vais usage, martela du bec son grillage et comme celui-ci n'était pas tout neuf (il est même un peu rouillé), il y fit un trou. Il se prit même une fois le bec dans une des mailles du grillage; le cambusier fut obligé de le dégager; et dans cet accident, il s'abrasa la partie médiane du culmen; cela saigna un peu, mais le lendemain il n'y paraissait plus. L'Oiseau est arrivé à Paris un peu sale, conséquence inévi- table d'un long transport dans une cage de faible dimension, mais en bon état de santé, très vif, très gai; il mange de fort bon appétit et promet de durer, longtemps, dans sa volière (2). Le Calao A bec noir [Lophoceros nasutus) : 2 sujets. — Le 12 août 1916, étant allé à la batterie du point A, près Dakar, (i) Voy. Bulletin, août, septembre 1918. (2) Il est mort en juillet 1917; il était dans une volière de petits oiseaux avec lesquels il vivait en paix. 304 BULLETIN DE, LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION j'achetai au gardien de la batterie, M. Chédé, un jeune Calao à bec noir {Lophoceros nasuius). Il avait acquis d'un Noir, une dizaine de jours auparavant, deux de ces Oiseaux ; le nègre venait de les dénicher dans un trou d'arbre et avait l'intention de les manger. Il les céda pour 1 franc pièce, ce qui est cher. Les deux Oiseaux étaient à ce moment tout nus. M""' Chédé les a nourris de riz cuit et de pain au lait. Très voraces, ils ont tout de suite été d'une grande familiarité; ils se sont toujours montrés très propres; comme ils étaient dans une toute petite cage, ils savaient, pour déféquer, se tourner du côté de l'exté- rieur et projeter leur crotte au loin, en fusée, comme font les jeunes Rapaces diurnes. Leurs matières fécales étaientplus cohérentes, un peu foncées, et rappelaient, en plus liquide, celles des Pigeons. Au bout de quelque temps, ils se battirent et on dut les séparer; le plus faible fut mis dans une grande cage avec des Euplectes et des Pigeons qui ne l'ont jamais molesté; lui s'est toujours comporté fort paisiblement avec eux. L'autre, le plus fort, est celui qui me fut cédé. Comme son frère, il avait déjà, le 12 août toute sa taille et toutes ses plumes; seules les grandes pennes des ailes et de la queue étaient encore en tuyaux et n'avaient que les deux tiers de leur longueur normale. Je le mis dans la volière avec le L. erythrorhi/ncus, le Merle métallique et le Perroquet; aucun d'entre eux ne lui fit de démonstration désagréable. II. se casa dans un coin de la cage, le corps vertical et les genoux élevés, la queue verticale, le long du dos, le bec horizontal et en remuant la tête d'un mouvement lent de négation. 11 réalisait assez l'aspect de ses cruches en forme d'Oiseau, et évoquait l'aspect d'un dieu égyptien assis. De temps en temps, il s'épouillait, se lissait soigneusement les plumes, et particuliè- rement les rectrices. Dès que je m'approchais, il venait vers moi en sautillant, le bec demi ouvert, avec un cri étranglé, absolument semblable à celui d'un jeune Corbeau. Si je lui donnais le doigt, ill'avalait, sans cesser de crier. Je le régalais avec de petites tomates indigènes, du'pain mouillé, de la pâtée Duquesne; il ne mangeait pas seul, mais il prenait immédiate- ment les aliments qu'on lui présentait à la main ; il n'y avait pas besoin de l'embecquer. Comme je donnais des Papillons vivants à ses codétenus, il cherchait à les attraper. Il lui était impossible de voler, mais il sautait sur un perchoir de 20 cen- timètres du sol; il est vrai qu'il s'y maintenait difficilement. NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL 305 Dès le lendemain, il se mit à manger seul. Je l'avais sorli de la cage pour lui donner à manger du riz cuit au sucre ; j'avais mis dans la cage quelques Sauterelles vivantes et j'en avais près de moi cinq ou six, tuées, que je ne voulais pas distri- buer tout de suite. Le riz ne convenait pas à mon nouveau pensionnaire et il le rejetait. Sans doute, une Sauterelle mal tuée se mit à bouger ; en un clin d'œil, mon Oiseau m'échappa, happa la Sauterelle, la lança en l'air, la rattrapa et la déglutit; puis il mangea les autres ; le tout, tout seul. A partir de ce moment, il mangeait le régime de ses csmarades (voir Lopho- ceros erijlhrorijnchus); il devint, rapidement, d'une particulière adresse pour attraper les Sauterelles ou les Papillons en vie. Il était donc tiré d'affaire; pas très remuant, il restait souvent immobile sur son perchoir; au bout de six à huit jours, il grim- pait partout dans la cage, et se servait de ses ailes. Au repos, il faisait entendre, presque sans interruption, un « tia-tia tia- tia », qui s'entendait' de fort loin; il ne manquait jamais de saluer mon arrivée par son cri enroué de jeune Corbeau. Jamais je ne l'ai vu se battre avec les autres Oiseaux. Je le quittai le 27 août, pour rentrer à l'hôpital, et le retrou- vai le 22 septembre, dans tout son développement, volant dans la cage et en parfaite santé. A cette date, l'adjudant Ghédé consentit à me céder le jeune Toucan qui lui était resté. Il était parfaitement apprivoisé; on, lui avait rogné les rémiges et on le laissait en demi-liberté, se contentant de le rentrer le soir. Comme on lui donnait tou- jours à manger à la main, et qu'on ne l'avait jamais vu manger seul, on croyait qu'il ne savait pas manger seul; du reste, il criait en présence d'un aliment, jusqu'à ce qu'on se soit décidé à lui donner la becquée, et il n'y louchait pas spontanément. Or, le 22 septembre, à 6 heures du soir, quand on voulut me le remettre, on ne le trouva pas; on l'appela; il répondit: « lia-tia-tia-tia » ; il était perché au centre d'un Papayer; je le pris et constatai qu'il avait l'estomac très rempli, bien que ses maîtres n'eussent pas eu le temps de s'occuper de lui, depuis midi ; ses excréments, que je me fis garder, me montrèrent qu'il s'était nourri de Sauterelles, qu'il avait lui-même cap- turées dans la brousse; car ses promenades l'entraînaient parfois assez loin. Malgré leurs anciennes dissensions, les deux frères ne se battirent nullement; le dernier arrivé se mit sans difficulté au régime ordinaire. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1918. 22 306 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Le transport se fit sans aucun incident ; cependant les deux Oiseaux arrivèrent à Paris avec les rectrices tellement abîmées que je dus en faire l'extraction pour leur permettre de repousser plus rapidement; j'ai, de même, pratiqué l'enlève- ment des rémiges du dernier arrivé, à qui, on s'en souvient, son premier maître les avait rognées. A la ménagerie du Muséum, ils ont, dès les premiers jours, témoigné une grande affeclion à leur gardienne. Le dernier, aux ailes coupées, ne pouvant se soustraire à l'humidité du sel, est mort le 20 novembre suivant. Le premier est mort en décembre. Le Perroquet a tête rouge {Pœocephalus fuscicollis) ; le Perroquet you-you {Pœocephalvs senegalus). — Je liens à raconter les faits et gestes de ces deux Perroquets, bien qu'ils ne soient pas arrivés à bon port (le dernier est mort à la veille d'embarquer), parce que leur observation me semble com- porter quelques détails intéressants. Le premier a été le premier Oiseau vivant que j'ai recueilli à ce voyage ; je l'avais acquis le 9 juin d'un sous-officier qui l'avait acheté à des indigènes du village de Ouakam. Il n'avait pu, malheureusement, avoir aucune indication de provenance ; les premiers possesseurs noirs lui avait seulement dit qu'il avait été pris dans les environs. C'était un sujet jeune, ayant encore un peu de duvet; il était, très doux, et cherchait à suivre son maître ; il n'avait aucune velléité d'indépendance, ayant du reste les rémiges rognées. Il restait des heures immobile sur son perchoir, faisant entendre des sifflements stridents et ininterrompus. Il était caressant, prenant le doigt dans son énorme bec et mordillant s;ins faire de mal, poussait en même temps la main de petits coups de son aile demi- ouverte ; il aimait beaucoup à se faire gratter la tête ; dès qu'on lui présentait un doigt, il se perchait dessus; si on le quittait, ses cris et sifflements redoublaient. Il se nourrissait unique- ment de cacaouettes et refusait toute autre nourriture, parti- culièrement les Mangues, dont il n'a jamais voulu. Le 19 juin, je Jui donnai la comp..gnie d'un You-you {Pœo- cephalus senegalus), que j'avais acheté au village ; celui-ci était peu apprivoisé et pinçait volontiers. C'était un jeune sujet, l'œil était vert-bouteille et non jaune. La première rencontre en cage des deux Perroquets fut impayable. Le You-you s'avan- NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL 307 çait en marchant à pas comptés, le corps horizontal, sans voir le Tête-rouge, qui perché sur le plus haut bâton de la cage, lui tournait le dos. 11 eut l'idée de se retourner et le You-you eut celle de regarder en l'air; aussi surpris l'un que l'autre, ils donnèrent, tous deux, des signes de la plus violente terreur. Le Téte-rouge bascula en arrière, tomba sur le sol de la ca"-e, et s'accula dans un angle, les plum'fes hérissées, le bec ouvert ; le You-you s'arrêta net, ouvrit d'immenses yeux et un bec non moins immense, se mit tout droit, s'ébouriffa, trembla, fit demi-tour, et alla prendre à l'opposé de la cage, la même posi- tion que son compagnon. Puis, à la suite de savantes évolu- tions, les deux Oiseaux furent l'un à côté de l'autre; le Tète- rouge becqueta, légèrement, son confrère (et je crois plutôt que c'était par caresse). Mais le petit You-you se rebiffa, cria, et une courte bataille s'ensuivit, terminée par la retraite du plus gros, du Tête-rouge, qui semblait terrorisé; le You-you, bien que plus petit, étant maître du terrain, perdit du coup toute espèce de crainte. Il monta sur un perchoir, s'y tint im- mobile, grave et silencieux. L'autre grimpa à côté de lui ; toutes les deux ou trois minutes, il se penchait, la tête au niveau de la tête du You-you, et criait. A la suite d'une nou- velle bataille, je dus les séparer; le Tète-rouge, m'ayant vu caresser l'autre, se mit à crier et me bouda, refusant de se laisser prendre à la main. Le lendemain, je les remis ensemble ; ils se toisèrent avec beaucoup de dignité, mais sans s'approcher; ce jour-là, la paix ne fut pas troublée ; le petit You-you se jeta avec avidité sur des quartiers de mangues, dont il nettoya, très propre- ment, les noyaux. Le lendemain matin, 21 juin, le gros, le Tête-rouge, avait repris ses agaceries ; il sifflait sous le bec du You-you ; en fin de journée, ils étaient amis et couchaient, côte à côte, sur le même perchoir. Les jours suivants, ils se caressaient, récipro- quement, se faisant mille agaceries ; le You-you avait appris à son camarade à manger du mil, de la tomate, de l'ananas, du pain, sans jamais avoir pu le décider à goûter aux mangues. Mais le You-you fut toujours méfiant et méchant vis-à-vis de moi, et quand je m'approchais, sans quitter son perchoir, il se rejetait en arrière, très en arrière, au point que son corps atteignait l'horizontal, et pendait, alors perpendiculaire, à l'axe des pattes, sous le perchoir. Il était, d'ailleurs, peureux, 308 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION poussait des cris de terreur dès que le Toucan à bec rouge, que j'avais mis dans la cage le 23 juin, le dérangeait au cours de ses évolutions brusques ; un Textor aleclo blessé, qui resta aus'^i quelques jours dans la cage, provoquait la terreur et les cris du Youyou. Mais jamais les deux Perroquets ne se mon- trèrent hostiles à leurs camarades de détention. Le 12 juillet, sans avoir été malade, ou du moins sans l'avoir paru, le You-you fut trouvé mort au matin dans sa cage (l'autopsie révéla une pneumonie de la base gauche). Le déses- poir du FusckoUis fut touchant. Il criait, poussant des cris et des sifflements désespérés; il retournait, becquetait et mor- dillait le cadavre; le poussait de l'aile et de la patte et criait de plus belle ; quand je l'eus enlevé il termina sa journée dans le plus morne silence. Le 18 juillet, quand je l'ôtai de sa cage sous ma véranda pour l'installer avec le Calao à bec rouge, dans la volière démontable en plein air, il devint de plus en plus gai, bien que souffrant, en ce moment, d'un petit abcès à la langue ; cet abcès, du reste, ne le gênait ni pour crier, ni pour manger, ni pour grignoter des cailloux, ni pour grimper dans sa cage; il ne le gênait même pas pour ronger ses perchoirs, car mon Per- roquet faisait, sous ce rapport, mon désespoir : impossible d'avoir des perchoirs propres! Je touchai l'abcès à la teinture d'iode, plusieurs fois par jour; il avait l'air de trouver à ce médicament un goût particulièrement agréable. Cet abcès mit une quinzaine de jours à se guérir. Son caractère devint taquin et agressif avec les autres Oiseaux (voir ce que j'ai rapporté à ce sujet à propos du Tou- can à bec rouge et du Merle métallique). Avec moi, il se mon- trait de plus en plus gentil, et s'il ne parlait pas, il sifflait quelques mots. Le 10 août, des taches rouge vif apparaissent dans le plumage de la courbure des ailes, et son front qui avait mué se para de plumes d'un rose plus vif que les précé- dentes ; le rose s'étendit aussi vers l'occiput; les jarretières rouges apparurent peu après. Le 20 août, il prit sa première crise d'épilepsie. Au réveil, son attitude inquiète m'avait frappé ; il ne sifflait plus, mais poussait, par intervalle, un soufflement que je ne lui avais jamais entendu : on eût dit une Effraie. Puis il descendit à terre, tomba presque aussitôt sur la droite, eut quelques con- vulsions au cours desquelles, tout en battant des ailes, il tour- NOTE SUR LES OISEAUX RAPPORTÉS DU SÉNÉGAL 309 nait en cercle de gauche à droite, les yeux fixes, les pupilles dilatées ; il eut, ensuite quatre ou cinq secondes d'immobilité, se releva, l'œil terne, l'air hébété, poussa le même cri-souffie, puis, peu à peu, se rétablit et vaqua à ses occupations comme si de rien était. J'observai une nouvelle crise le 24, à 2 h. 30 du soir, une autre le 27. Pendant mon séjour à l'hôpital, il en eut d'autres, souvent, paraît-il. Je le revis le 22 et le 2G septembre à Ounkam, il était en parfaite santé; le 26, je l'emmenais à Dakar avec ses compagnons de cage ; le 27, au matin, au labo- ratoire de l'A. 0. F., il décédait au cours d'une crise. Un exa- men du sang ne révéla aucun parasite. C'était une femelle. Le PÉLICAN d'Afrique {Pelecanus rvfescens). — Cet Oiseau est un vétéran de la captivité. Je l'ai vu en 1913 (mai) au labora- toire de bactériologie de l'A. 0. F., qu'on "venait de transférer de Saint-Louis à Dakar. Le Pélican était au laboratoire depuis quelques mois, venait du cours supérieur du Sénégal. Il était, à ce moment, gris brun, tavelé de lâches plus foncées; il était dans une grande volière, entravé d'une corde au pied et avait une grande baille d'eau, sur le bord de laquelle il se perchait volontiers. Il était méchant, avait le coup de bec facile et vivait en mauvaise intelligence avec un Héron pourpré et des Poules. Au cours des batailles avec le Héron, celui-ci se précipitait, tête baissée, dans le bec largement ouvert, pointant dans le fond du gosier du Pélican, qui ne s'en portait pas plus mal. Tellement, que je me suis parfois demandé si ce n'était pas plutôt un jeu qu'une lutte. Le 20 mai 1913, un Héron Goliath fut mis avec eux et la mésintelligence devint telle qu'il fallut amarrer chacun des trois Oiseaux à distance l'un de l'autre. Depuis, on installa des volières distinctes au laboratoire et les Oiseaux y furent placés séparément. On trouva des Filaires dans le sang du Héron Goliath et du Pélican. En avril 1914, rentrant en France, je demandai, pour le Muséum, les deux Oiseaux, mais on me les refusa. F n reve- nant du Sénégal, en juin l9IG, je renouvelai ma demande, mais le Pélican seul me fut accordé, le Héron fut conservé à cause de ses Filaires, qui étaient intéressantes pour le labora- toire ; il fut néanmoins convenu qu'on profiterait de la pre- mière occasion pour l'expédier, les études faites, à Paris. A bord, il se passa un fait curieux : le Pélican (depuis 1914, 310 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION il a pris une teinte brun cendré, avec les flancs et le croupion brun rosé) refusa de manger de petits maquereaux ; il s'était habitué, en captivité, à se nourrir de poissons coupés en mor- ceaux; il fallut le maintenir à ce régime. Il est arrivé à Paris en parfait état, et il s'y est mis à manger de fort bon appétit des poissons entiers. QUELQUES CHASSES ENTOMOLOGIQUES PEU CONNUES DANS LES RÉGIONS TROPICALES DE L'AMÉRIQUE DU SUD Par E. LE MOULT. La récolte des Insectes en Europe malgré tous ses attraits très variés ne donne aucune idée des difficultés multiples que rencontre le chasseur d'Insectes dans les contrées exo- tiques. Mais aussi grandes sont les difficultés, aussi fortes sont les joies et émotions du chasseur, les spécimens capturés ayant souvent double intérêt, d'abord celui de la grande rareté depuis longtemps convoitée de la part du chasseur-collection- neur, et ensuite celui de la grande valeur marchande de quel- ques pièces pour le chasseur de métier (1). Je ne veux consacrer les quelques lignes qiii suivent qu'aux chasses les moins connues parmi celles pratiquées par moi- même en Guyane française pour les espèces les plus jolies et les plus rares ; je commencerai par la méthode la meilleure pour la capture du Morpho Menelaus. Le Morpho Menelaus, avec le dessus des ailes d'un beau bleu métallique, avec quelquefois des reflets verts est une des plus belles espèces parmi les Morpho communs. J'ai pu, grâce au procédé que j'indique et qui a été adopté par tous mes chasseurs, procurer au marché mondial quelques dizaines de milliers d'exemplaires de cette jolie espèce qui ont été utilisés en dehors des collections, pour la bijouterie, la mode ou di- verses applications dans la décoration. Cette espèce, au vol très rapide et puissant, et quoique ne volant pas aussi haut que les Morpho rares, dont je parlerai (1) Certains bons chasseurs arrivent à se faire 3 ou 4.000 fr. par mois. QUELQUES CBASSES ENTOMOLOGIQUES PEU CONNUES 311 plus loin, est presque toujours à portée inaccessible du filet. On peut rester des semaines avant de pouvoir capturer un de ces jolis Papillons, les guettant en vain dans les clairières ensoleillées qu'ils afTectionnent particulièrement, ou au bord des rivières qu'ils longent quelques instants avant de s'en- foncer tout d'un coup dans la moindre trouée de la forêt vierge. Le chasseur novice désespère d'en jamais prendre un seul, car, lorsque le hasard en amène un dans son vol rapide à portée du filet, le Papillon se méfie du moindre mouvement, et d'un brusque crochet s'échappe, ne laissant dans les yeux que l'impression de l'éclair rapide du soleil se réfléchissant sur le métal bleu de ses ailes comme sur un miroir (1). Il faut profiter d'un jour de grand vent pour essayer d'en capturer un exemplaire, le vent les forçant à raser le sol. Le premier une fois tué peut être piqué avec une épingle par son thorax à l'extrémité d'une petite baguette de 30 à 40 centi- mètres. Il est alors facile par des mouvements alternatifs de la main gauche de simuler le vol du Morpho ou tout au moins le battement d'ailes, ceci par la résistance de l'air à chaque mou- vement. Le chasseur se cache derrière quelques petites bran- ches au tournant d'une rivière de façon que son regard fouille, le plus loin possible, les deux rives. Il ne fait dépasser du feuillage que la petite baguette avec son Papillon à l'extrémité, qu"il agite en présentant le dessus bleu de différents côtés. Aussitôt, du plus loin de la rivière, quelques Morpho de même espèce accourent croyant que leur congénère s'amuse, ou bien a trouvé quelque nourriture h son goût. Ils forcent leur vol pour arriver plus vite et partager ses ébats ou son repas. Sans méfiance, malgré qu'alors ils peuvent vous apercevoir, ils tour- nent autour du malheureux défunt que l'on agite comme une poupée de guignol. Le chasseur choisit le moment propice pour rabaisser brusquement la baguette et, avec son filet tenu par sa main droite, emprisonner d'un geste rapide l'imprudent le plus à sa portée. Dix secondes à peine pour ce geste et celui de tuer sa victime étouffée entre le pouce et l'index. En remet- (1) Rien de plus beau que le vol des Morpho vu d'une des rives. On les aperçoit à une très longue distance dans un fourmillement d'éclairs bleus, plus ou moins rapides suivant qu'à vos yeux apparaissent les dessus bril- lants ou les dessous obscurs. Quelquefois, c'est une traînée bleue lorsque, le vent leur étant favorable, ils peuvent planer sur une certaine distance. 312 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION tant immédiatement en fonction celui servant d'appât, les Morpho les plus proches viennent subir le sort des premiers les uns après les autres sans se demander pourquoi ceux qui vien- nent de les précéder ont disparu mystérieusement. L'héca- tombe est commencée et, pendant que les premiers y passent, les autres, de loin, suivant ceux qui précèdent et écoutant leur instinct de funeste curiosité ou de gourmandise, viennent à leur tour se faire prendre. Le chasseur, inlassable, continue son geste de mort et ne s'arrête que fatigué, ou lorsque, le soleil baissant, les Morpho cessant de voler se cachent sous les feuilles. Avec un peu d'habileté, en trois ou quatre heures, il est possible d'en capturer 50 ou 60 exemplaires. Ce procédé de chasse n'attire presque exclusivement en Guyane que le Morpho Menelaus mâle, ou le Morpho AchiUes mâle, les femelles ne viennent qu'à de très rares exceptions. Le même procédé ne peut être employé en Colombie, à l'Equateur, au Pérou, en Bolivie pour les Morpho amathonte, Didius, Go- darti. Adonis et espèces voisines. Les Morpho rhetenor, Fuge- nia, Uletallus, Crameri qui volent à une très grande hauteur ne viennent pas à cet appât. Pour les capturer, il faut employer d'autres procédés qui, en même temps, permettent de capturer leurs femelles ordinairement rarissimes. Un des procédés les plus connus des chasseurs exotiques était celui du vin sucré avec un peu de rhum ou éther nitreux placé dans le creux d'une feuille, dans une petite anfractuosité d'arbre renversé ou d'une feuille horizontale ou dans une coquille de fruit sec (ne jamais employer aucun vase pour contenir le vin). Mais par la pratique, j'ai trouvé que ce procédé ne donnait pas toujours les résultats attendus, il ne réussit ordinairement que pendant les heures très chaudes de la journée et lorsqu'il n'y a pas de vent. De temps en temps, un des Morpho qui ne se tiennent qu'à la cime des arbres, descend en décrivant quelques cercles ou après avoir rôdé un peu aux environs de l'appât, il se place, carrément à côté, se met à table et, avec sa trompe aspire le vin jusqu'à ce qu'il soit complètement ivre. Il faut donc se garder de le déranger avant qu'il en soit repu. Lorsqu'il a fini, il tente de reprendre son vol ; mais, alourdi comme un homme ivre, ses ailes refusent de battre avec assez de force pour lui permettre de regagner les hauteurs qu'il n'aurait pas dû quitter. Il se traîne plutôt qu'il ne vole et préfère aller se poser sous la feuille la plus proche. On peut alors le saisir facilement soit à QUELQUES CHASSES ENTOMOLOGIQUES PEU CONNUES 313 la main, soit avec le filet. Ce procédé, comme je le dis plus haut, peut donner quelques petits résultats, mais souvent il faut rester quelques heures sans rien voir approcher. Je pré- fère, de beaucoup, à ce procédé, celui des bananes très mûres employées à la place du vin. On doit utiliser les bananes très mûres, presque pourries, ce qui est très facile dans les régions exotiques. Suivant Fimportance de la chasse que l'on veut faire, on peut utiliser soit quelques dizaines ou quelques centaines de bananes. Ces bananes doivent être exposées, environ une ou deux, tous les 5 ou 10 mètres le long d'une clairière bien enso- leillée, soit attachées par une ficelle et suspendues, soit em- palées sur une petite branche dont on a coupé l'extrémité en biseau. Au préalable la peau de la banane doit être fendue en plusieurs endroits. Il est facile avec une centaine de bananes de garnir un kilomètre ou seulement oOO mètres d'une clai- rière fréquentée ordinairement par les Morpho ou d'autres espèces intéressantes {Agrias, Prepona, Castnia). Le mode d'arrivée des futures victimes est identique à celui de la chasse précédente. Avec le jus de la banane un peu fermentée, elles / se grisent de la même façon et se laissent prendre aussi facile- ment. On peut alors seul, ou à deux ou trois, parcourir conti- nuellement les 500 ou 1.000 mètres organisés; on n'a pas le temps de s'ennuyer, car ce procédé donne des résultats, pour chaque point d'appât, dix fois supérieurs à la méthode du vin sucré, et il y vient beaucoup plus d'espèces non seulement en bons Lépidoptères, mais aussi en bons Coléoptères, surtout Gymnetis (genre de Cetonidx) et un grand nombre d'Hymé- noptères, Hémiptères, et Diptères. Pour cette chasse et la sui- vante, il faut de très grands filets, beaucoup plus grands que ceux du commerce, avec au moins 0,60 à 0,80 et même 1 mètre de diamètre et la poche de profondeur en proportion, afin qu'elle puisse bien se fermer au demi-tour sur le côté comme les autres filets, et un manche léger en bambou assez long, de 2 à 3 mètres et plus. Une des adaptations les plus productives de cette dernière chasse est de la pratiquer sur la cime des arbres, au lieu de la faire en bas d'une clairière. On doit choisir un arbre très haut, dominant les autres afin de pouvoir atteindre les premières branches, quelquefois seulement à 10 ou 12 mètres, et pour faci- liter l'ascension il est utile d'abattre un moins gros se trouvant à proximité et calculer par l'entaille le point de chute de façon 314 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION qu'une de ses fourches vienne tomber obliquement contre l'arbre qu'on a choisi. En ayant ainsi un plan incliné, il est facile d'atteindre la partie où les branches sont plus rappro- chées. On décapite l'arbre à quelques mètres de sa cime un peu au-dessus d'une fourche, en laissant environ 1 mètre à chaque branche de la fourche. Avec quelques grosses lianes solides ou quelques planches, on peut, suivant la disposition des branches, se ménager soit une sorte de dossier pour s'appuyer, soit une sorte de siège à la fourche, pour moins se fatiguer sur ce mirador improvisé. Il n'y a plus qu'à disposer sur les bran- ches qui vous entourent et à portée de votre filet des bananes très mûres fixées ou suspendues comme pour la chasse près du sol (employer également un grand filet, mais de préférence avec manche en plusieurs morceaux avec douilles, afin de pou- voir retirer ou ajouter une rallonge pour en faciliter le manie- ment). Cette chasse est, sans conteste, la plus productive pour la récolte des très grandes raretés. C'est presque la seule façon d'arriver à prendre les femelles extrêmement rares des Morpho Eugenia^ Adonis, Rhetenor, Metellus, Crameri et Hecuha, les AgriasNarcissus et Claudia qui ne se tiennent presque toujours qu'à la cime des arbres. En même temps que ces raretés, ce mode 'de chasse permet de prendre une grande quantité de femelles de Morpho et autres espèces de toutes les familles de Rhopalocères, de Coléoptères et autres ordres ; en un mot, toute la faune entomologique qui ne se tient qu'au sommet de la forêt vierge est attirée par ce procédé. Une remarque à propos du Morpho Eugenia et de cette der- nière chasse. Ce Morpho, qui ne peut être pris près du sol que le matin juste à l'aurore pendant dix minutes au plus, peut être attiré à n'importe quelle heure de la journée par cette der- nière méthode. Cette chasse donne des résultats identiques pour la chasse des Morpho dans les autres parties de l'Amérique du Sud. Pour terminer, je recommanderai aux chasseurs, en Afrique, d'essayer le même procédé pour obtenir les femelles introuvables des Papilie Zalmoxis et Antimachus et aussi à ceux de l'Archipel Indo-Malais pour la capture des Ornithoptères qui volent très haut. Je suis persuadé que cette chasse, étendue d'une façon méthodique sur divers continents, contribuera beaucoup à la découverte d'un bon nombre d'intéressantes nouveautés. LES ILES MARQUISES — FLORE ET CULTURES Par M. HENRY, Directeur technique de la Société française des lies Marquises (1). Perdues au milieu de l'océan Pacifique, éloignées de toutes autres terres, il semblerait que les Marquises dussent posséder une flore toute spéciale. Les îles les plus proches sont celles des Tuamotou, dont la plus voisine est Takaroa, à environ 400 milles de l'île de Nuka-Hiva, la plus importante de celles du groupe nord-ouest. Les Tuamotou, d'origine essentiellement madréporique, doi- vent aux importations, volontaires ou inconscientes, les quelques rares végétaux qui constituent la maigre brousse que l'on trouve en quelques îles. Ce n'est donc point de ces îles que les Marquises ont pu recevoir des végétaux; d'où tirent-ils alors leur origine? La question est aussi embarrassante, à ce point de vue, que celle que se posent les anthropologues, au sujet des indigènes. De même qu'on trouve aux Marquises des indigènes de types différents, ce qui les 'pourrait faire dériver de peu- plades du nord, de l'ouest ou du sud, voire même de Mada- gascar, on trouve aux Marquises des végétaux de même espèce qu'aux Sandwich, qu'à Samoa, qu'aux îles sous le Vent ou Tahiti, et même qu'en Australie. La flore est relativement pauvre et surtout peu brillante. On n'y trouve pas, à une ou deux exceptions près, de fleurs aux coloris brillants, aux formes étranges, ni de dimensions extraordinaires. C'est de la verdure et toujours de la verdure. Parmi les espèces foncièrement spontanées, celle qui se ren- contre le plus abondamment et le plus souvent est une sorte (1) M. Bois a reçu de M. Henry, en même temps que cette note, des échantillons de plantes qu'il a identifiées et dont voici la liste : Walllieria Lophanthus DC, montagnes dans tous l'archipel; Tephrosia purpurea Pers., sommet des montagnes, dans tout l'archipel ; Desmanthux virgatus Willd., groupe sudest; Guel tarda speciosa L., hauts plateaux; Coreopsis polycephala Drake, endroits ensoleillés et secs; Cordia marchio- nica Drake, groupe sud -est; Cordia sp.?, montagnes, dans tout l'archipel; Plumbago zeylanica L., Nuka-Hiva; Cladhttn angusLifolium, mont de Taiahoe, Nuka-Hiva; Ophioglossum nudicaule L., vallée de Tevaïtoa, Raiatea, Iles sous le vent; Selaginella Menziezii Spring, mont de Nuka- Hiva, 800 mètres d'altitude, sur les ci êtes. 316 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCGLIMATATION d'Hibiscus arborescent, VBibiscus tiliaceus ou Paritium tilia- ceum, arbre de grande utilité pour les indigènes; son bois, léger et résistant, est comparable à celui du Noyer; les indi- gènes en construisent leurs cases ; l'écorce des jeunes sujets donne des fibres très résistantes, et les fleurs émollientes sont employées à l'instar de la Guimauve. Cette espèce est repré- sentée par de nombreuses formes, dont la variation est carac- térisée par les feuilles, car les fleurs sont toutes identiques. Une forme curieuse et qui peut être classée comme variété réellement distincte est caractérisée par le dimorphisme de sa frondaison. Deux formes de feuilles, parfaitement distinctes, croissent, soit sur des arbres distincts, soit sur un sujet commun, mais jamais sur un rameau commun, on trouve des sujets totalement tiliformes et d'autres populiformes; chez d'autres sujets les deux formes sont réunies. Qu'elle soit isolée ou qu'elle croisse en commun avec la forme type, la populi- forme a toujours un bois plus lourd et de grain plus fin. 11 existe, à Tahiti et aux îles sous le Vent, la variété tricuspî- data. Voisin du précédent et moins répandu, se trouve le Thespesia populnea (mio, aux Marquises), au bois dur et à odeur de rose, dontles indigènes font des coupes sculptées très recherchées. Dans toutes les îles se trouvent ces deux espèces dont la crois- sance est très rapide, surtout pour YH. tiliaceus. Parmi les autres espèces, moins abondantes, on trouve : le Cerbera Manghas, aux jolies fleurs blanches étoilées, délicieu- sement odorantes; le fruit, poison violent, servait autrefois à assouvir les vengeances. Le Bancoulier, Aleurites triloba^ est abondant dans certaines contrées, et le manque de main-d'œuvre en empêche l'exploi- tation. Çà et là, se trouve Y Erythrina indica, aux jolis panaches rouges et aux graines de sang, le Ficus prolixa, aux nombreuses racines adventives, improprement appelé ici « Banian ». Par groupes, se rencontre le Pisonip, umbellifera, recherché des Abeilles qui établissent leurs rayons dans ses cavités. Gorgé d'une sève exhubérante, cet arbre est toujours frais; c'est pourquoi les Abeilles le recherchent. C'est l'arbre immor- tel; les grosses branches détachées du tronc, les gros troncs eux-mêmes totalement déracinés, n'en continuent pas moins à végéter. LES ILES MARQUISES — FLORE ET CULTURES 31 •7 Le long des ruisseaux et dans les endroits humides croît V Inocarpus edulis, au grand et joli feuillage vert foncé; les fruits sont consommés à l'instar des Châtaignes, dont ils - rappellent un peu le goût. Sur les crêtes inaccessibles, ensoleillées et sèches, croissent les Filao [Casuarina equiselifolia). Les espèces précitées sont les plus répandues ; on trouve, en moins grande abondance, d'autres espèces, dont : plusieurs Phyllanthus ; le Cordia viarchionica ; le Sapindus microcarpa, assez, répandu; le Calophyltum inophyllum, de plus en plus rare ; le Barringtonia speciosa, aux gigantesques aigrettes blanches et roses et au superbe feuillage; le Terminalia gla- brata., des amandes duquel les Canaques sont friands; le Mussienda frondosa, très rare, sur les montagnes; le Carissa grandis, aux jolies fleurs blanches à odeur de Gardénia et au joli feuillage; le Santal, devenu très rare. Le sous-bois est constitué par quelques espèces, parmi les- quelles des Pandanus, sous différentes formes, constituent la majorité: quelques Ceanothus; le Crotalaria sericea ; Vlndi- gofera Anil; et, escaladant les arbres les plus élevés, le Guilandina Bonduc, aux épines acérées, dont les jolies graines sont appelées « OEil de Chat » ; une autre Légumineuse, qu'il ne faut pas trop approcher, se rencontre assez fréquemment : le Miicuna pruriens ; les innombrables petits aiguillons qui hérissent ses fruits causent des démangeaisons intolérables; très répandu, VAbrus prxcatorius émaille de ses jolies graines rouge vif à œil noir, les troncs des arbustes autour desquels il s'enlace; une Cucurbitacée, dont les tiges peuvent atteindre une dizaine de mètres, est aussi très répandue ; c'est une sorte de Benincasa, à fruits ronds, simulant une Coloquinte, et cou- verts d'une efflorescence cireuse, blanche; des fJioscorea de diverses formes, et quelques Convolvulacées, dont Vlpuviea Bona-nox est la plus répandue, constituent à peu près toute la flore grimpante. H y a lieu, cependant, d'y ajouter un Melothrial, le Clitoria ternata et le Cardiospermum halica- cabum. Sur les montagnes, à une altitude d'environ 6 à 700 mètres, se rencontre le Freycinetia demissa, ainsi que le joli Ipomxa pes-caprœ, plutôt rampante que grimpante; on trouve cette dernière espèce également sur les plages, voisinant avec une espèce de Canavalia, le Phaseolus amœnus, ainsi qu'une autre 318 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION espèce à fleurs contournées comme le Ph. Caracalla ; sur les crêtes, le rutilant iMet7'osideros collina. Les espèces herbacées sont représentées, en majorité, par deux familles : les Graminées et les Fougères. Parmi les Graminées, une sorte d'Oplismenus couvre des étendues considérables en sous-bois ombreux; les bestiaux l'apprécient fort; selon que Ton change d'altitude, on trouve la forme à toutes petites feuilles ou celle à grandes feuilles; la petite vit sur les hauteurs. Les Fougères sont nombreuses ; plusieurs sortes de Pohjpo- dium et de Nephrolepis envahissent totalement certains districts et sont d'une destruction difficile ; d'autres jolies formes, très grandes, comme les Cyathea et les Abophila, ou menues comme les Gymnogramma, sont très répandues; VAsplenium ^idus, var. australasica, est extrêmement abondant et croît surtout en épiphyte, avec le curieux Ophioglossiim pendulum, dont les rubans atteignent et parfois dépassent 1 mètre. Les Orcliidées sont très rares et j'ai tout juste trouvé, crois- sant en épiphyte, une petite sorte paraissant être un Bulbo- phyllum. Les plantes bulbeuses sont représentées par le joli Hymeno- callls litloralis. si odorant, et une sorte de Crinum aux fleurs blanches et roses; en sous-bois se trouvent VAmorphophallus verrucosus et le Tacca pinnatifida; le Typhonium trilobaiutn se rencontre, bien qu'assez rare, ainsi que de nombreuses formes de Colocasia. Comme espèces sub-spontanées, quelques-unes ont totale- ment envahi d'énormes surfaces et constituent des fourrés quasi impénétrables, difficiles à détruire : de ce nombre, V Acacia Farnesiana et le Leucœna glauca sont les plus envahis- sants; les crêtes d'une certaine partie du sud de Nuka-Hiva sont entièrement boisées de Tecoma stans^ certainement d'importation; le Tamarindus indica, également importé, se répand de plus en plus, à la grande satisfaction des Rats qui apprécient fort ses fruits. Les Palmiers indigènes sont représentés par le Pritchardia pacifica (1), qu'on rencontre, assez rare toutefois, par petits (l) Ce Palmier, étudié par le D'' Beccari, constitue un genre nouveau du plus haut intérêt; il a été décrit sous le nom de Pelayodoxa Henryana Beco. (voir : D. Bois, Palmier nouveau des îles Marquises. Revue liorlicole, 1917, p. 302). LES ILES MARQUISES — FLORE Eï CULTURES 319 groupes, et une autre sorte de Palmier, peut-être inconnue, à feuilles entières et argentées du plus bel aspect. Comme on le voit, la flore marquisienne n'offre rien de bien saillant et est assez pauvre. Cultures. — Il n'y a point à proprement parler de cultures. Si l'on excepte les quelques petits terrains plantés de Tabac, dont la production très restreinte est entièrement consommée sur le lieu de production et quelques autres, plantés de Taros (Colocasia esculenta), qui servent à alimenter leurs proprié- taires sans plus, on ne trouve point de cultures suivies. Les plantations de Cocotiers sont faites dans la brousse, qu'on extirpe plus ou moins, lorsque les arbres atteignent 5 à 6 ans; c'est une méthode qui nuit un peu à la croissance pendant les premières années, mais qui, cependant, peut et même doit être employée en raison de Tinconstance climaté- rique du pays oîi il n'existe point de saisons, mais des périodes plus ou moins prolongées de pluies ou de sécheresse, parfois plusieurs années de l'une ou de l'autre; on conçoit que les jeunes Cocotiers, plantés à découvert, ne résistent point à une sécheresse de quelques mois et à plus forte raison de quelques années; plantés dans la brousse, l'ombrage de celle-ci les pro- tège et, à 5 ou 6 ans, ils peuvent se défendre. Les formes du Cocotier sont nombreuses : la forme type, la plus productive en coprah et aussi la plus prolifique, est la forme à fruit rond légèrement triangulaire à son sommet; il en existe d'ovales, de tout ronds, de plus ou moins gros, dont l'amande est plus ou moins épaisse et l'enveloppe fibreuse plus ou moins fournie ; de cette dernière, on extrait par le rouissage des fibres estimées qui servent à la sparterie, à la brosserie et à faire des cordages. Le coprah, constitué par l'amande desséchée des noix de Cocos est l'objet d'un commerce important, et son prix atteint parfois 0,60 centimes le kilogramme sur les lieux de produc- tion ; très riche en huile qui est employée à de nombreux usages, ce produit aura toujours des débouchés. Le tourteau, issu du coprah est recherché par les éleveurs. Le Cocotier est la seule culture qui produise pour l'exporta- tion; les autres plantes fruitières sont de consommation exclu- sivement locale. L'arbre le plus utile en ces pays est sans conteste l' « Arbre à pain » {Artocarpus incisa), dont les fruits frais, cuits à l'eau 320 BULLETIN DE LA SOClÉlÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION OU au feu, remplacent le pain et dans la cuisine peuvent suppléer aux Pommes de terre. Les Canaques récoltent les fruits de l'Arbre à pain (meï) et les épluchent au moyen d'une coquille de (.< Porcelaine », usée sur le dessus, de façon à la percer et à en faire une sorte de rabot; pelés, les fruits sont coupés menus et jetés dans un trou garni sur ses surfaces de feuilles de Dracœna australis; le tout est recouvert d'autres feuilles, de terre et de pierres; cela fer- mente plus ou moins longtemps et acquiert une consistance pâteuse. Cette préparation constitue la « popoï ». Le trou oîi se trouve la « popoï » reste ainsi plusieurs mois, souvent des années, et alors, lorsqu'on découvre cette prépara- tion, après un long temps, il exhale une odeur à faire reculer la plus tolérante olfaction et qui réjouit les Canaques qui s'en régalent; ils la consomment mélangée à des fruits frais d'Arbre à pain, cuits au feu et écrasés. Les variétés d'Arbre à pain sont, d'après les Canaques, très nombreuses. Deux types, l'un qui ne produit qu'une fois l'an et l'autre plusieurs fois représentent ce genre; de ces deux types, existent des formes plus ou moins grosses, rondes ou ovales et à feuilles plus ou moins incisées. En second lieu, au point de vue alimentaire, vient la banane. De croissance rapide, venant sans soin, le Bananier rend de grands services. Les variétés principales sont : le Bananier de Chine; le Bananier Maori, Alusa sapientum, représenté par plusieurs formes : la banane-figue, l'une des meilleures; la banane, dite des Samoa, à fruits, tronc et pétioles rouge vio- lacé ; la banane corne de bœuf, très longue, peu sucrée, bonne à cuire; une sorte qui reste toujours verte et que Ton consomme après l'avoir meurtrie, etenfin le Feï {MusaFei). Les autres arbres fruitiers sont en petites quantités; parmi ceux-ci, les Orangers, les Citronniers, le Spondias a/therea, l'Avocatier, la Pomme rose {Eugenia malaccensis), VEugenia amicorum et le Goyavier, qui envahit toutes les montagnes. • On ne trouve aucune culture maraîchère, cela demande trop de travail dans un pays où tout vient sans soins et oii la pousse est un sixième sens. L'Européen qui veut avoir quelques légumes doit les cultiver lui-même, et sous ce climat constam- ment chaud il est vite fatigué. Le Gérant : A. Marethel'x. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. ORDRES DU JOUR DES SÉANCES GÉNÉRALES pour le mois de Novembre 1918. Lundi 4, a 3 heukes : M. le Professeur Roule : Lacépède et les débuts de l'Acclimatation en France. M. R. Rollinat : La Capture des Alouettes aux lacets, dans le département de Tlndre. — Projecliuns. — (Rapporteur, C. Debreuil.) Lundi 18, a 3 heukes : M. le Professeur Trouessurt : Pour quelles raisons et à quelle époque 1 Eléphant s'est-il éteint dans le Nord de l'Afrique ? M. Vaissière : L'Acclimatation des Insectes auxiliaires et son importance au point de vue agricole. Lundi 18, a 5 heures : Sous-Section (T Ornithologie. Ligue pour la Protection des Oiseaux. EN DISTRIBUTION Grraioes ofiFerles par M. G. -H. CAVE. Curator Llyod Botanic Garden. Darjeeling (Indes an- glaises). Acer Papilio King. — Hookeri Miq. — CainpbeUii Hook f . — Osmastoni Gamble. Arteinisia pauciflora Spreng. Astragalus stipulatus D. Don. Ardisia macrocarpa "Wall. Anémone vitifolia Buch-Ham. — rivularis Buch-Ham. Bœhmeria macrophylla T). Don. Berberis nepalensis Spreng. — umbellata Lindl. — concinna Hook. f. Callicarpa rubella Lindl. Cassiope selaginoides Hook. f. Thoms. Cassiope fastigiata D. Don. Clematis montano, Buch-Ham l'elastrus Championi Benth. Cotoneaster frigida Wall. ' oriaria nepalensis Wall. ' orylus ferox Wall. 'Jnicus involucratus Wall. Lijnoglossum micranthum Desf . — dent iculatwn A. D.C. Dichroa febrifuga Lour. Diclijira thalictrifolia Hook. f. et Thoms. Becaisneu insignis Hook. f. et Thoms. Bebregeasiu velutina Gand. Echinocarpus dasgcarpus Benth. Eiikianthus himalaicus Hook. f. et Thoms. Embelia Gamblei Kurz. Eri/thrina arborescens Roxb. Ficus Hookerii Miq. Fraxinus floribundo. Wall. Hippophae salicifolia Don. Helwingia himalaica Hook. 1'. et Thoms. Eolbœliia. Hymenopogon parasiticus Wall. Hypericum Hookerianwn Wight et Arn. Hypericum patulum Thunb. llex insignis Hook. f. llex inlricata Hook. f. Indigofera Dosua Ham., var. lo- mentosa. Jasminum humile L. Juniperus pscudo-Sabina Fisch. et Mey. Ligustriim confusum Dene. Lilium giganteum Wall. — nepalense D. Don. LobeliaerectaYlook. f. et Thoms. — pyramidalis Wall. Litsxa lomentosa H. C. Heyne. Luculia graiissima Sweet. Magnolia Campbetlii Hook. f. et Thoms. Mandragora cserulescens C. B. Clarke. Meconopsis Wallichii Hook. — simplici/olia G. Don. — paniculata. Michelia Cathcarthii Hook. f. et Thoms. Mucuna macrocarpa Wall. Neillia thyrsiflera Don. Nyssa sessiliflora Hook. f. Pedicularis Scullyana Prain. ■ — trichoglossa Hook. f. Picrorhizu Kurroa Royle. Piplanthus nepalensis D. Don. Potenlilla frulicosa L. — Griffithii Hook f. — leuconota D. Don. Podopliyllum Emodi Wall. Polygonum vaccinifolium Wall. Poterium diandrum Hook. f. Primula Elwesiana King. — capitata Hook. — Kingii Watt. — pusilla Wall. — reticutata Wall. — ■ sikkimensis Hook — Stuartii Wall. — Wattii King. Priotropis cytisoides Wight et Arn. Prunus acuminata Wall. — Puddum Koxb. Pyrus foliolosa Wall. — insignis Hook. f. — sikkimensis Hook f. Rasa matropkylla Lindl. — sericea Lindl. Bichelia, lanuginosa. Rubus alpestris Blume. — moluccanus L. — paniculalus .Sm. — reticulat'is Wall. Ruellia cordifolia Wall. RItus semialata Murray. Rheum nohile Hook. f . et Thoms. Rhododendron arboreurn Sm. — arboreurn, var. Carap- betli. Rhododendron barbatuin Wall. — camellixflorum Hook. t. — campanulatum Don. — campannlaturn,'Don.y a.r. Wallichii. — campyloearpum Hook. f. — cinnatàrimum Hook. f. — Balhousix Hook. f . — Falconeri Hook. f. — /ulgens Hook. f. — grande Wight. — Hodgsoni Hook. f. — lanalum Hook. t. — lepidotiim \\'all. — Maddeni Hook f. — WigUtit Hook. f. Sambucus adnata Wall. Haussurea Laneana. — eriostemon Wall.» — Sughox C. B. Clarke. Saxifraga purpurascent Hook. t. et Thoms. Sedum asiaticutn Spreng. — elongalum Wall. — Ewersii Ledeb. — himalense D. Don. Senecio Candolleanus Hook. et Arn. — diversifolins Wall. — Liyulario, Hook. f. — Mort'ini C. H. Clarke. — pat7i(/c«/';)j«C. P. Clarke. — paiiciflorus, Swertia dilaiala C. B. Clarke. — Hookeri C. B. Clarke. — Kingii Hook. f. — multicaulis D. Don. Symplocos Ihexfolia D. Don. Thalictrum Chelidonii Hook. t. et Thoms. — cuUratuin Wall. Tephrosia candida I) G. Toddalia acuteata Pers. Vaccinlum «erratum Wight. Veronica himalensis D. Don. Vibumuiu tsiellatwn Wall. S'adresser au becrélarial. SOCiÉTE NiTIONiLE D'&GCLlHiT&TION DE FRINCE Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir : 1» à rintroduction, à i'acclimatalion et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2" au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3" à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles ou d'ornement. Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dames peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis- sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, Sociétés commerciales, etc.). La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres Donateurs, membres Bienfaiteurs. Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une cotisation annuelle de 25 francs. Le membre à Vie est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et qui s'affran- chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. Le membre Donateur est celui qui verse une somme d'au moins 500 francs. Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 francs; so'n nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois des séances spéciales de Sections : 1° Mammalogie; 2° Ornithologie et sa sous-section. Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4" Entomologie; 5° Botanique, et 6° Colonisation. Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour men- suels leur sont régulièrement adressés sur leur demande. La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et de Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- maux à ses membres. Le Bulletin bimensuel forme, chaque année, un volume d'environ 800 pages illustrées de gravures. Il traite des questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particulièrement des faits d'acclimatation survenus en France et à l'Etranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'histoire naturelle :. inttallation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), etc., etc. La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- téressé ; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce ; adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. Le Gérant : A. Mirkthkcx. i'aris. — L. Mabktheux, imprimeur, 1, rue Cassette. "; BULLETIN " DE LA mî\t Nationale d'Aeclimatation DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 6 5e ANNÉE IM° 11. - NOVEMBRE 1918 SOMMAIRE Pages. Actes de la Société d'Acclimatation pendant la guerre 3-31 J. Grbpin. — Formation historique du troupeau caprin d'Europe occidentale et sa régéné- ration 324 A. Decoux. — Le Donacole à tète blanche 331 Raymond Rollinat. — Destruction des Rapaces diurnes, des Geais, Pies, Corbeaux et autres Oiseaux à l'aide de Grands-Ducs vivants ou empaillés, de Chouettes et de Buses vivantes ou montées, de Mammifères, d'Oiseaux, de Reptiles montés, de mannequins d'ctofie et de la glu 336 A.-L. Clément. — A propos du rendement des ruches. 339 D. Bois. — Le Water Gore (Pommes vitreuses) et le Biller Pit (Taches amères) des Pommes. 342 G. Mailles. — Un Haricot chilien cultivé dans le département de la Seine 350 Un numéro, 2 francs : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. AU SIEGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIOlNALE d'aCGLIMATATION DE FRANCE 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (Vn«). BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 Préiident, M. Edmond Pbrribr, Membre de l'Institut et Jdo l'Âcaaéinie do Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. Vice-Prétident. Secrétaires.' \ MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole ) coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Lb Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Etranger). . H. Hua, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Germain, Paris {Conseil). L. Capitaine, 48, boulevard Raspail (Séances). Ch. Dbbrbuil, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). Tri$orier, M. le D'^^Skbillottb, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Caucurte, Moulin de la Madeleine, à Samois (Seine-et-\îarne). Membres du Conseil M."A. Chappellier, 6, place Saint-Michel, Paris. iWuiRioN, 101, rue Sadi-Carnot, Puteaux. AcHALMB, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. D* P. Marchal, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 89, rue do Cherche-Midi, Paris. D' Leprincb, 62, rue de la Tour, Paris. Mailles, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). Dr E. Trouessart, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Lecomte, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. Grepin, 18, rue Lhomond, Paris. Pendant Tannée 1918, les Séances hebdomadaires des Sections sont remplacées par des Séances générales bimensuelles Dates des Séances générales et du Conseil POUR L'ANNÉE 1918 Séances du Conseil, 2e mercredi du mois à 4 heures Janvier Février 13 Mars Avril Mai Novembrs Décembr» 9 13 170) 8 22 22 15 13 11 Séances générales, le lundi à 2 h. 1/2. Sous-Section d Oryiilhologie {Ligue pour la Protection des oiseaux) le lundi à 4 h. 1/2. ;...... 21 21 4 18 18 4 18 18 6 27 27 4 18 ■ 18 2 16 16 (1) Date reculée en raison des fêtes prochaines. 1 Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les personnes qui désireraient l'entretenir, qu'il se tient à leur disposition, au siège de la Société, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. Les auteurs sont informés que, les pri.K des tirages à part subissant des variations fréquentes du fait de la guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'être applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. L& Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, des articles publiés dans le Bulletin est interdite. ACTES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION PENDANT LA GUERRE INÉCROLOGIE. Charles Le Myre de Vilers, président honoraire de notre Société, est mort à Paris le9 mars 1918, à l'âge de quatre-vingt- cinq ans. D'abord officier de marine, il donna sa démission, ea 1861, pour entrer dans l'Administration. Il était préfet d'Alger lorsqu'éclata la guerre de 1870. Il reprit alors du service, et, comme lieutenant de vaisseau, remplit les fonctions d'officier d'ordonnance de l'amiral commandant les marins pendant le siège de Paris. Après la guerre, rentré à nouveau dans l'Administration, il fut nommé préfetde la Haute-Vienne, puis directeur des affaires civiles et financières de l'Algérie. En 1879, il devenait le premier gouverneur civil de la Cochin- chine, puis en 1886 il était nommé résident général à Madagas- car, fonctions qu'il occupa jusqu'en 1894. Entre temps il avait été élu, en 1889, député de la Cochinchine; il conserva son mandat jusqu'en 1898, où il renonça à la vie politique. C'est à celte époque que notre conseil l'appela à la présidence de notre société. Il en occupa les fonctions jusqu'en 1904. Lors de sa retraite, ses collègues lui conférèrent le titre de président honoraire de la Société d'Acclimatation. Depuis la guerre, Le iMyre de Vilers, malgré son grand âge, avait consacré toute son activité aux œuvres patriotiques, et particulièrement aux œuvres d'assistance aux blessés et aux victimes de la guerre. Le Conseil de la Société d'Acclimatation vient encore d'être péniblement éprouvé par la mort de M. Edmond Wiirion, commandeur du Mérite agricole et officier d'Académie, décédé BULL. SOC. NAT. ACCL, KK. 1918. — 23 322 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION à l'âge de soixante-quinze ans, après une longue et pénible maladie, le 2 septembre. M. E. Wuirion faisait partie de notre Conseil depuis de longues années. 11 avait été l'un des plus dévoués collaborateurs de M. A. Geoffroy Saint-Hilaire au Jardin d'Acclimatation et chargé par lui de plusieurs missions à l'étranger. Sa compé- tence dans tout ce qui touchait aux races des Animaux domes- tiques et ses qualités d'organisateur l'avaient désigné au ministère de l'Agriculture pour remplir les fonctions de Com- missaire et de Membre du Jury dans les Concours généraux et il fut Secrétaire général de la Société nationale d'Aviculture. L'obligeance inépuisable et l'excessive urbanité de M. Wuirion, le feront profondément regretter de tous ceux qui eurent recours à lui dans ces différents services. Distinctions honorifiques et citations. Notre collègue, M. le commandant Dulignter a été nommé, par ordre du 12 septembre 1918, chevalier de la Légion d'hon- neur avec la citation suivante. « Officier supérieur ayant rendu les meilleurs services dans les diverses situations qu'il a occupées depuis le début de la guerre. S'est, comme" major de zone, particulièrement distingué lors du bombardement des cantonnements qu'il occupait et notamment le 23 août 1918 où, blessé am cours de ces bombar- dements, il a continué à diriger les secours pour combattre uu violent incendie et n'a consenti à se faire soigner que lorsque tout péril fut écarté. » La nomination ci-dessus comporte l'attribution de la Croix de guerre avec palmes. Le sous-lieutenant d'artillerie Marcel Willakd, fils de notre collègue M'"*' Willard, a été décoré le 25 août 1918, sur le front français, de la Croix du Mérite de guerre d'Italie. ACTES DE LA SOCIÉTÉ d'aCCLIMATATION 323 Le maréchal des logis d'artillerie Marcel Dagry, fils de notre collègue M. A. Dagry, a été l'objet, le 12 octobre 1918, de la citation suivante, à l'ordre de l'artillerie lourde du 11° corps d'armée. « Dagry (Marcel), maréchal des logis à la l'^ batterie du 5'' régiment d'artillerie à pied, sous-officier très énergique, s'est, en toutes circonstances, fait remarquer par son complet mépris du danger, notamment sous le bombardement de sa batterie, en mai 1918. A obtenu, grâce à son ascendant, un parfait rende- ment de sa pièce lors des opérations des 26 et 28 septembre 1918. * Notre collègue, M. Emile Annet, qui s'était signalé par sa belle conduite lors de la conquête du Cameroun et avait été chargé par M. le gouverneur Fourneau d'une mission scientifi- que et économique dans cette ancienne colonie allemande, vient d'être promu lieutenant d'infanterie coloniale et adminis- trateur de Bâclasse des Colonies. FORMATION HISTORIQUE DU TROUPEAU CAPRIN D'EUROPE OCCIDENTALE ET SA RÉGÉNÉRATION Par J. CREPIN. » Dans les premiers siècles de notre ère, les Barbares, guer- riers venus des fins fonds de lAsie, traînaient à leur suite des troupeaux de ravitaillement ramassés en cours de route et composés plus particulièrement d'animaux d'espèce caprine. Gela s'explique par le fait qu'aucune bête d'alimentation ne répond mieux que la Chèvre aux besoins d'une troupe en mar- che. Encore de nos jours, les explorateurs qui fournissent à travers la brousse des randonnées considérables n'ont rien trouvé de mieux que la Chèvre pour les réserves de viande à constituer sur pied à la suite de la colonne, tel par exemple le troupeau de mille têtes caprines qui suivait la caravane du général Lenfant dans son voyage au lac Tchad. L'endurance de la Chèvre est, en effet, remarquable et son aptitude à la marche lui permet de franchir en un jour, sans fatigue, à la recherche de sa nourriture, plus de 40 kilomètres sur les chemins abrupts et difficiles des sites alpestres. De plus, elle est, mieux que tout autre animal domestique, disposée à se plier à tous les régimes alimentaires que lui offriront les hasards d'un long voyage à travers les pays les plus divers comme production et comme climat. Non seule- ment elle se contentera, comme nourriture, de végétaux de tous ordres, mais on Va vue se nourrir, dans l'extrême besoin, d'aliments carnés. C'est ainsi que Kœchlin-Schwartz, dans son voyage en Lapo- nie, a contemplé des Chèvres, sur l'estacade de Hammerfest, par 70°75 de latitude nord, très occupées à dévorer des débris de poissons infects (1). La Chèvre sait ainsi, mieux que tout autre animal de consom- mation, transformer la provende de rencontre qu'elle trouve soit dans la .steppe désertique, soit sur la roche aride, soit enfin dans la verdoyante contrée, en de multiples produits de (l) Recueil de médecine vétérinaire, t. XCUI, avril-mai 1917, p. 219. FORMATION HISTORIQUE DU TROUPEAU CAPRIX d'eUROPE 32;J premier choix, que Thomcne, dans les circonstances heureuses ou difficiles, utilisera pour sa nourriture et son vêtement. Voilà donc surabondamment expliqué pourquoi les Chèvres dominaient comme nombre dans les troupeaux d'approvision- nement de bouche des hordes migratrices qui ont envahi toute l'Europe aux premiers temps de Tère chrétienne et pourquoi également la population caprine de toutes les régions accessi- bles de cette partie du Vieux Monde présente un aspect si hété- rogène et si uniformément varié. Nous avons appris, cependant, au cours de nos recherches, que toutes les Chèvres à longs poils sont présumées originaires des hauts plateaux de l'Asie centrale. Depuis leur immigration dans nos parages, les influences climatiques et locales ont affaibli ce caractère, mais pas au point d'effacer la marque profonde de la race originelle. De même la Chèvre à poil ras, qui a son habitat primitif dans la zone tempérée, a perdu de son originalité et de ses facultés particulières par son alliage de sang avec sa congénère originaire des climats rudes et incléments. C'est même à l'incessant va-et-vient et au refoulement sou- vent très loin des peuples envahisseurs que nous devons vrai- semblablement le fait constaté par de nombreux voyageurs et, dans le nombre, le R. P. David, missionnaire en Chine, à savoir que la Chèvre commune, telle que nous la voyons en Europe se rencontre, dans toutes les parties du globe, dans son type incohérent et mal fixé. Elle est môme sous cette forme hétéro- clite scientifiquement cataloguée par les naluralistes qui, à bout d'arguments pour expliquer le phénomène, se sont rési- gnés à la dénommer tout bonnement : Capra vulgaris. Le mérite de la mise au point de la question caprine, ques- tion qui prend seulement son essor et aura certainement plus de retentissement qu'on ne se l'imagine encore aujourd'hui, revient incontestablement à la Société nationale d'Acclimata- tion de France qui est le seul lieu du monde oîi l'on ait appro- fondi cette question et oîi l'on puisse parler de la Chèvre avec compétence et connaissance de cause. Cette Société a été la première à signaler au monde les apti- tudes précieuses de la Chèvre, la première à déterminer les races caprines et à indiquer non seulement les avantages éco- nomiques que l'on peut retirer de l'utilisation judicieuse d'une 326 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION Chèvre de race pure et améliorée, mais également l'influence considérable que cette utilisation peut exercer sur la santé publique. Connaissant l'insurmontable avilissement du cheptel caprin exploité suivant les méthodes actuelles, soit en France, soit sur les hauts plateaux de l'Algérie, la Société d'Acclimatation a eu le sentiment que paur obtenir une reconstitution intéres- sante et profitable, en quelque sorte la régénération de notre cheptel européen, il fallait rechercher tout d'abord les grou- pements de principe de cette espèce afin de pouvoir puiser en source pure. • Des questionnaires bien étudiés et lancés dans toutes les parties du monde, par l'entremise des agents consulaires fran- çais, ont procuré sur la question caprine une précieuse et riche documentation souvent illustrée d'intéressantes photogra- phies. Des envois d'animaux sont venus de très loin augmenter nos éléments d'études, dus les uns à l'initiative et aux frais de nos sociétaires, les autres aux dons expédiés à la ménagerie du Muséum et mis gracieusement par notre Président à la dispo- sition de ceux de nos membres occupés à faire l'étude pratique des types de race. Faisant état de l'opinion universelle qui veut que l'espèce caprine soit indigène des hauts sommets, la Société a recher- ché, dans chaque partie du Vieux Monde, parmi les massifs montagneux, celui dont le système devait être assez étendu et de conditions climatiques assez spéciales pour influencer les caractères morphologiques des espèces qui y vivent, au point de les marquer d'un cachet particulier les différenciant des espèces similaires des faunes d'autres pays. Elle n'a porté ses investigations que sur les trois parties du Vieux Monde parce qu'il paraît établi que la Chèvre n'existait pas dans le Nouveau Monde à sa découverte, et qu'on ne trouve en Océanie que des types caprins de races manifestement importées. Il a donc semblé que si l'on trouve dans chacun de ces mas- sifs importants une agglomération de Chèvres d'un type bien homogène et distinctif, marquant ainsi une commune origine, il est très présumable qu'il y a là, dans chaque cas particulier, le berceau d'une race caprine ou tout au moins la souche com- mune de plusieurs races de qualité voisine. 11 paraît aujourd'hui avéré que l'immense massif monta- FORMATION HISTORIQUE DU TROUPEAU CAPRIN d'EUROPE 327 gneux qui encercle le Grand plateau central de l'Asie et sur lequel dominent les monts Altaï et l'Himalaya, est le lieu d'ori- gine de toutes les races caprines à longue toison, et ce fait est si vrai qu'on ne connaît pas d'animaux caprins à poil ras dans cette zone à températures extrêmes. C'est de là que nous viennent la race du Thibet, dite Chèvre de Cachemire et celle d'Angora, toutes deux si précieuses comme espèces lanigères. En Afrique, pour la recherche de la race primitive, l'atten- tion ^e portera sur les monts d'Abyssinie, qui présentent incontestablement les cimes les plus importantes de tout le sys- tème orographiqoe de ce continent. Là, se distingue par sa caractéristique toute particulière la Chèvre de Nubie, connue de temps immémorial pour sa remar- quable productivité et son incomparable rusticité. Cette der- nière qualité est à souligner parce qu'elle nous a été contestée sous l'innocent prétexte que la Chèvre nubienne étant origi- naire des pays chauds ne devait pas pouvoir s'acclimater en France. Notre collègue, M. Ch. Rivière, nous a dit avec son autorité de savant, ce qu'il faut penser du climat africain qui, sur les hauteurs, affecte, sous des influences météoriques, des chutes de température telles qu'on n'en trouve de pareilles que sur le plateau de Pamir. D'ailleurs si nous avons affirmé et signalé la rusticité de la Chèvre nubienne, c'est parce que nous l'avions expérimentée personnellement. Aucune r^ce caprine ne supporte mieux que celle-ci les températures extrêmes et ne s'adapte mieux à tous les climats. Son influence se manifeste dans toutes les races caprines indigènes du continent africain et qui y régnent comme Chèvres domestiques. Ses caractères se retrouvent dans la race du Fouta-Djalon, de Sokoto, et enfin dans la nature fine et distinguée de la belle Chèvre maure qui, par des contacts que nous n'avons encore pu préciser, aurait donné naissance à la race élégante de Murcie. Celle-ci, d'après la tradition populaire, aurait été importée en Espagne par l'invasion sar- rasine. 11 y a également, dans la chaîne de l'Atlas, et en particulier dans l'Aurès, des multitudes de Chèvres de physionomie uni- forme et par conséquent d'une race déterminée. Ce Caprin vulgaire, connu sous le nom de Chèvre arabe, n'a en aucune 328 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLTMATATION façon les caractères d'une race d'Afrique. 11 a été certainement importé dans cette contrée, et comme il existe sur toute la côte septentrionale de l'Afrique, jusqu'à Obock, et i^ême en Europe, il est présumable qu'il a rôdé ainsi partout à la suile de la migration arabe. Son poil à tendance allongée, ses cornes en spirale feraient supposer une provenance asiatique que confirmeraient encore sa face moutonne et la cassure du bout de ses oreilles. C'est vraisemblablement cette Chèvre, d'essence nomade, qui a gâté nos troupeaux caprins des Pyrénées et du Midi de la France. Elle nous aurait, dans cette hypothèse, envahi par la Corse et l'Algérie, puis encore et surtout par l'Espagne à l'époque, comme nous l'avons dit, des invasions arabes dont elle formait les troupeaux d'approvisionnement. En Europe, des chaînes de montagnes, d'étendue importante, se montrent dans beaucoup de parages; mais la plus impo- sante, celle qui l'emporte de beaucoup sur toutes les autres, est incontestablement la chaîne des Alpes. C'est donc là qu'on est tenté de placer l'habitat originel de la Chèvre authentique d'Europe. Cependant, le problème visant la détermination de cette Chèvre d'Europe une fois posé, où trouver le fil d'Ariane qui nous conduira à la solution cherchée? Comment discerner, en effet, sous les multiples influences qui se superposent, au cours des migrations, pour adultérer le sang du Caprin d'Europe, comment discerner, disons-nous, les caractères propres, le type morphologique de la Chèvre aborigène de ce pays. Parcourez les montagnes de France, du Massif central aux Pyrénées, des Vosges aux contreforts des Alpes, vous êtes frappé par l'aspect disparate, hétéroclite de nos troupeaux caprins. Ces poils longs, demi-longs ou ras, ces pelages aussi divers de couleur que de nature, ces conformations variées qui appa- raissent avec intermittence, au hasard de la descendance d'une famille caprine, indiquent l'alliage multiple incohérent, le mélange peut-être de toutes les races du Monde. Ce serait peine perdue que de tenter une sélection sur ces animaux de sang vague, abâtardis jusqu'à la moelle, pour en sortir un type original avec descendance fixée. FORMATION UISTGRIQIJE DU TROUPEAU CAPRIN d'eUROPE 329 On a vu, à cet égard, les résultais misérables des éleveurs de Belgique dont les troupeaux caprins ont précisément, à un degré remarquable, ce caractère de diversité et ont conservé leur inaltérable banalité, malgré les efforts pour les régénérer. On s'explique ainsi pourquoi l'élevage rationnel et industriel de la Chèvre n'a pu être mis en faveur dans nos pays d'Europe où s'exerce avec tant de succès et d'ingéniosité lart de sélec- tionner et d'améliorer les espèces. Cette bête de forme grêle, d'aspect étique, lâchée dans le troupeau non pour lui donner le bien-être d'un semblant de liberté, mais pour faire même l'économie de sa corde au cou, a toujours été considérée en France comme le paria de nos animaux domestiques, une bête venue d'on ne sait où, une espèce de romanichel sans papier d'origine, malfaisaijte, dent il faut se méfier. « Les biques, nous disait un paysan, quand elles ne font pas de mal, elles en pensent. » Cette mésestime aussi inique qu'injustifiée est si générale qu'on arrive à ne plus parler du tout de la Chèvre dans l'énu- mération de nos animaux agricoles. Jusqu'aux historiens et voyageurs modernes qui évitent d'en tenir compte dans les rapports qu'ils nous font sur la faune et les richesses d'un pays. C'est donc bien là une attitude systématique de la part du public français. H faut dire aussi qu'en qualifiant, dans une bonne intention sans doute, la Chèvre, de vache du pauvre, on a achevé de la perdre dans l'estime générale qui, en réalité, n'a d'attentions que pour l'opulence et la force massive. Cependant, dans ces hauts parages de la chaîne alpestre que les vagues d'invasion, soit par le nord, soit par le sud, n'ont fait que contourner, à l'écart des lieux fréquentés et surtout des routes naturelles livrant de tout temps passage aux trou- peaux et aux lourds chariots de l'envahisseur, sur ces sommets perdus où la vie est rude comme le climat et où ne monte le touriste que pour contempler les splendeurs solaires des vastes horizons, là vit ignorée de nos économistes agricoles, une race caprine superbe et pure de tout contact étranger. De caractères morphologiques identiques chez tous les individus, elle est de conformation vigoureuse, de grande taille et de formes har- monisées. La plupart des sujets ont la tête ornée de cornes qui sont de forme arrondie et s'élèvent du front légèrement 330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION arquées, mais parallèles jusqu'au bout, par opposition avec ce que Ton observe dans les troupeaux caprins d'autre essence où les cornes sont plus ou moins contournées en lyre et de forme aplatie. S'il existe dans ces troupeaux alpins 15 à 20 p. 100 de Chèvres sans cornes, certains sujets par contre, environ 5 p. 100, sont poui'vus de quatre cornes comme pour affirmer que, si l'absence de cet attribut naturel est un signe de dégénéres- cence dans l'espèce caprine normalement cornue, la race des hauts sommets réagit encore vigoureusement contre les causes d'affaiblissement. Le pelage de ces animaux est très différent d'aspect, mais le poil en est généralement ras et, s'il n'est pas de couleur uniforme, il est tout au moins exactement de même nature. L'Alpine se donne le luxe de posséder de multiples livrées, mais celles-ci ont bien un caractère commun, distinclif de race, qui se trouve dans la disposition des teintes et des dessins. Cette pigmentation dermique, cette nature de poil et de corne très spéciales la caractérisent remarquablement et affectent vigoureusement la descendance de tous les caprins de sang indéterminé qui se croisent avec cette Chèvre profon- dément racée. C'est là incontestablement le type de la Chèvre autochtone des Alpes dans son intégrité. C'est en même temps le plus précieux de tous les types de race que nous connaissions, puisqu'aucune race d'autre région ni d'autre contrée ne l'égale comme taille, aptitude laitière et durée de lactation. Ce qui est à noter également, dans sa physionomie intelli- gente et éveillée, c'est la forme assez développée de son mufle qui est l'indice d'une bonne mangeuse, détail important chez une espèce animale dont la production doit se mesurer aux quantités qu'elle est capable d'ingérer. Pour fortifier notre présomption que c'est bien là la Chèvre aborigène d'Europe ou tout au moins celle qui s'est le mieux gardée des contacts de l'étranger, nous relèverons ce fait que, lors des fouilles opérées en Suisse, près du lac de Starnberg, on découvrit, en mettant à jour d'anciennes demeures humaines remontant à l'époque des habitations lacustres, des tas d'osse- ments de Chèvres correspondant, à peu de chose près, au squelette de notre grande Alpine. {A suivre.) LE DONACOLE A TÈTE BLANCHE DONACOLA FLAVIPRYMNA Gollo Par A DECOUX. Des trois Donacoles introduits jusqu'à ce jour en Europe, c'est le dernier venu. Le Donacole à poitrine cliâtaine [D. cas- taneothorax Gould) est le plus fréquemment importé; le prix de beauté serait, sans doute, décerné au Donacole à poitrine blanche [D. pectoralis Gould), mais le Donacole à tête blanche mérite assurément celui de l'originalité du plumage. Chacune des plumes qui couvrent le dessus de la tète est grise, largement bordée de blanc cendré, de telle sorte qu'il semble, quand on tient l'Oiseau dans la main, que cette partie du plumage est finement écaillée; de loin, la tête semble d'un blanc cendré plus ou moins clair, selon les sujets, et toujours plus foncé vers la nuque; la partie inférieure du corps est de nuance crème ou chamois très pâle, un peu plus claire sur la gorge et les joues; les parties anales, les couvertures infé- rieures de la queue sont noires; le croupion et la queue jaune d'ocre vif très brillant, l'extrémité des rectrices étant parfois bordée de brun; le dos et les ailes brun-châtain; le bec gris de plomb, la mandibule inférieure un peu plus pâle que l'autre; pieds et tarses gris-perle; iris brun-sombre. Longueur 118 millimètres. L'aspect général de l'Oiseau est celui des Munies, parmi les- quelles Gould l'avait d'abord rangé et dont les Donacoles sont de proches parents. Aucune différence de plumage n'existe entre le mâle et la femelle. Certains auteurs assurent que cette dernière est plus élancée que le mâle, qu'elle a le bec moins gros... Pour moi, je ne puis distinguer les sexes que par le chant que les mâles répètent fréquemment à l'époque des amours, en s'agitant sans quitter le perchoir et en dressant les plumes de leur tête. Les mâles ne chantent pas en dehors de la saison des nids. Leur chant a beaucoup d'analogie avec celui des Munies : il est très bas, désagréable et monotone ; il se compose de 3 ou 4 notes qu'ils répètent plusieurs fois de suite. Les femelles ne chantent pas. Certains naturalistes pensent que ce Donacole est une sous- 332 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALK d'aCCLIMATATION espèce du D. castaneothorax, dont le plumage s'est modifié sous l'influence du climat très sec des régions qu'il habite... On le rencontre dans le Nord et le Nord-ouest de l'Australie; son aire de dispersion n'est pas nettement délimitée. Celte origine septentrionale explique sa rareté sur les marchés d'Oiseaux d'Europe jusqu'à ces dernières années, car cette partie de l'Australie, qui s'ouvre peu à peu aux entreprises de toute nature, n'envoie que depuis peu de temps quelques-uns de ses Oiseaux en Europe. Les navires qui font le trafic des marchandises nous rapporteront, sans doute, un nombre de plus en plus grand d'Oiseaux de cette contrée dont la faune paraît être très riche et très variée. Nous ne savons rien de certain sur la vie à l'état libre du Donacole à tête blanche. Gould ne put obtenir qu'un seul sujet de cette espèce pi la peau du Brilish Muséum resta très long- temps unique en Europe. Ce fut en 1904 qu'on vit pour la première fois un Donacole de cette espèce dans une exposition d'Oiseaux en Angleterre. Dès l'année suivante, quelques importations avaient lieu à Londres. En 1906, M. W.-E. Teschemaker, amateur anglais dont les succès d'élevage sont nombreux, obtenait, le premier en Europe, la reproduction du Donacole à tète blanche. Il a donné un compte rendu de cette expérience dans YAvicultural Maga- zine. Vers la même époque, ce Donacole était importé en Alle- magne ; mais il ne semble pas qu'il s'y soit reproduit. Un important arrivage avait lieu à Marseille en 1914; c'était le premier qui atteignait un port français. Je reçus plusieurs couples de ces Oiseaux, achetés chez divers marchands. Leur bon état, à leur arrivée, contrastait de la plus heureuse façon avec l'air triste et fatigué de leurs compagnons de route, des Diamants à longue queue et de Bichenow. Mis en cage par groupe de quatre, ils se montrèrent peu sauvages, et ne parurent pas un seul instant fatigués. Cette façon d'être, après un voyage long et pénible, prouvait le robuste tempérament de ces Oiseaux, et, en effet, depuis que je les possède, j'ai pu constater qu'ils résistaient beaucoup mieux que la plupart des Diamants aux rudesses d'un clim.at si différent du leur. Ils ont passé tous Les hivers en volière froide et n'ont jamais paru souffrir de la température, très LE DONACOLE A TETE BLANCHE 333 basse cependant à certaines époques. Quand ils sont accli- matés, ils sont aussi résistants que les Gouttelettes. Déjà, dans leurs petites cages, les couples se formaient; les mâles chantaient fréquemment, indice évident de leur désir de s'accoupler. J'ai l'habitude d'accorder aux Oiseaux qui ont subi un long voyage d'importation un repos de deux ou trois mois en cage, avant de les exposer au plein air; mais voyant les Diamants exceptionnellement vigoureux, j'en lâchai deux couples dans une grande volière, quinze jours après leur arri- vée chez moi. Ils s'habituèrent vite à leur nouvelle demeure et déjà au 15 juillet, c'est-à-dire moins d'un mois après leur installation, l'un des couples avait fait un nid entre les branches vertes d'un petit Thuya. Ce premier succès, si rapidement obtenu, me décida à me défaire de mes autres couples, restés en cage. Je les cédai en échange d'autres Oiseaux, méthode excellente pour augmenter les pièces rares d'une collection. Le couple qui avait construit un nid dans le Thuya pondit et couva trois œufs; dans les premiers jours d'août, on entendait distinctement crier les jeunes quand les parents les abec- quaient... Nous vivions alors les premières journées d'an- goisse du début de la guerre. Dans la désorganisation géné- rale, les Oiseaux furent mal soignés et les jeunes disparurent, morts peut-être faute d'une nourriture convenable... Je perdis d'ailleurs beaucoup d'Oiseaux à ce moment-là. Mais les deux couples d'adultes survécurent. Et lorsque je pus réorganiser mes volières, au début de 1915, j'étais plein d'espoir sur la suite de cette expérience d'acclimatation si bien commencée. Cependant le succès se fit attendre, et la saison d'élevage 1915 ne donna rien de bon. Plusieurs nids furent faits par chaque couple, des jeunes naquirent mais ne furent pas élevés. Mani- festement les deux couples se gênaient l'un l'autre : les mâles se disputaient souvent entre eux. Enlin, ils refusaient obstiné- ment la pâtée, les Insectes et les œufs de Fourmis. Les graines, les herbes et le mouron étaient sans doute insuffisants pour nourrir les petits. Celte saison-là, les couvées commencèrent en août; l'un des couples fit deux pontes et l'autre une seule. L'hiver se passa bien pour les deux couples. Le printemps venu, je les séparai, et j'installai chacun d'eux dans une volière distincte. Le couple, qui avait fait 2 pontes l'année précédente, se mit à nicher dès le mois de juin 1916 : 4 œufs furent pondus 334 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION et 2 jeunes sortirent du nid, vêtu d'un plumage sombre diffé- rent de celui des adultes. L'un des jeunes mourut peu de temps après avoir quitté le nid; l'autre mangeait déjà seul quand il disparut à son tour : son petit cadavre fut trouvé dans Tabreuvoir, un matin. L'accident était-il arrivé à la suite d'une panique nocturne?... Ces jeunes furent nourris avec des graines vertes de Paturin, du Mouron, un peu de pain au lait et quelques Sauterelles que les reproducteurs se mirent peu à peu à manger à l'exemple de leurs compagnons de volière. La seconde couvée fut interrompue parla mue. Mon autre couple fit an nid, mais ne couva pas. Je suppose que des Oiseaux beaucoup plus gros, qui habitaient la même volière, les empêchèrent de couver. Je cédai ce couple à la fin 'de l'été. Cette année, après avoir subi sans souffrance apparente les grands froids de janvier et de février, les Oiseaux se mirent à nicher dès la fin de mars. La femelle pondit dans une boite, mais les œufs furent cassés par d'autres Oiseaux. En mai, quand Ja communication fut rétablie entre l'abri vitré et le parquet, les Donacoles s'installèrent dans une boîte et éle- vèrent trois petits. Dès qu'ils furent sevrés, la femelle se remit à pondre dans un nid construit celte fois dans une touffe de Lierre en plein air : quatre petits prirent leur essor quelques semaines plus tard. Une quatrième ponte eut lieu dans la boîle oti la première nichée avait été élevée, sous l'abri clos, et dans les premiers jours d'octobre six petits en sortaient, tous très vigoureux. C'était un spectacle charmant que cette petite famille prenant ses ébats au soleil. La mue des adultes commença plus tard que l'année précé- dente. Il y a lieu de remarquer que ces Oiseaux ont peu à peu adopté nos saisons et modifié leur régime alimentaire. Cette année, les reproducteurs ont nourri leurs petits avec des œufs de Fourmis et des œufs durs hachés, du pain au lait et des Sauterelles, tout en donnant toujours une préférence marquée aux Graminées vertes ou au Millet, gonflé à l'eau froide. Je suppose qu'en liberté les Donacoles, et particulièrement les Donacoles à tète blanche, sont presque exclusivement grani- vores, même pendant l'élevage des jeunes. Ils ont des mœurs douces; très attachés l'un à l'autre, le mâle et la femelle ne se quittent pas souvent. Leur genre de vie rappelle celui des Capucins; moins timides qu'eux, ils ne LE DONACOLE A TÈTE BLANCHE 335 passent pas la plus grande partie du jour dans les buissons les plus touffus ; ils fréquentent au contraire de préférence les endroits découverts de la volière; ils se suspendent volontiers aux longs fils de fer presque verticaux qui soutiennent les plus hauts perchoirs, et voltigent de l'un à l'autre ; ils ne restent pas longtemps immobiles; quand l'un d'eux s'envole, il jette parfois un cri d'appel semblable à celui du Donacole à poitrine châtaine, auquel l'autre répond; ils font cependant peu de bruit. Plus gais et plus vifs que les Capucins, ils sont, comme eux, d'une grande douceur envers tous leurs compagnons de volière; ils se laissent aisément effaroucher. Pendant les cou- vées, il ne m'est pas possible d'entrer dans leur parquet sans que celui des Oiseaux qui est sur les œufs quitte aussitôt le nid, qu'il regagne d'ailleurs dès qu'il m'a vu refermer la porte en m'en allant. Ils paraissent être très attachés à leurs petits et à leurs œufs. Les nids sont ordinairement construits en plein air, tou- jours dans un endroit abrité. Ce n'est que lorsque la tempéra- ture est très fraîche que les Donacoles choisissent les boîtes. Ces nids sont sphériques, assez volumineux et assez profonds, faits uniquement d'herbes sèches plus ou moins fines; l'inté- rieur, tapissé de feuilles d'herbe verte, que les Oiseaux arra- chent au gazon des parquets, est extrêmement doux; l'entrée est large et s'ouvre d'ordinaire au soleil, à l'est ou au sud. La ponte se compose de 3 à 6 œufs, très petits, longs et pointus, un peu. analogues à ceux des Diamants à gouttelettes, mais sensiblement plus petits. L'incubation est partagée par le mâle; elle doit durer de treize à quinze jours; je n'ai pas fait d'observations exactes sur ce point, car les nids sont placés trop haut pour qu'on puisse les atteindre facilement et sans déranger beaucoup tous les habitants de la volière; d'autre part j'ai craint d'effrayer ces Oiseaux très timides et de leur faire abandonner leurs œufs. Les jeunes restent trois semaines au nid. A leur sortie, ils ont la tête et le dessus du corps gris-brun, les rémiges et les rectrices étant un peu plus foncées; la partie inférieure du corps, blanchâtre teintée de brun; le bec est noir. Leur taille est bien inférieure à celle des adultes. Ce costume n'est pas sans analogie avec celui du jeune Dalhilda ruficauda. Une nichée de chaque espèce ayant quitté le nid à peu de jours d'intervalle dans la même volière, je devais observer un 336 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION instant ces Oisillons pour ]es distinguer les uns des autres. Les jeunes Donacoles sont un peu moins longs, plus sombres, et ont la tête et surtout le bec sensiblemeni plus gros... Natu- rellement l'hésitation n'est possible que lorsqu'on voit les uns et les autres de loin daiis un grand espace. La prise de couleur commence assez tôt mais dure long- temps; des jeunes qui ont quitté le nid en août achèvent seu- lement de prendre leur couleur en ce moment, 31 décem- bre 1917. Le bec change rapidement; puis l'ensemble du plumage s'éclaircit peu à peu; le jaune du croupion apparaît, ensuite le gris-blanc de la tête et le noir du dessous de la queue. Vers l'âge de quatre mois, les jeunes mâles com- mencent à chanter. DESTRUCTION DES RAPAGES DIURNES, DES GEAIS, PIES, CORBEAUX ET AUTRES OISEAUX A l'aide de GhANDS-DuCS vivants ou EMPAILLÉS, DE Chouettes et de Buses vivantes ou montées, , DE Mammifères, d'Oiseaux^ de Reptiles montés, DE mannequins d'ÉTOFFE ET DE LA GLU, Par RAYMOND ROLLINAT. La destruction des Rapaces diurnes à l'aide du Grand- Duc est, depuis quelques années, à l'ordre du jour de la plupart des Revues cynégétiques ainsi que de la chronique sportive ou champêtre des grands journaux quotidiens. Avec l'extension prodigieuse des chasses gardées, le Grand-Duc, surtout sa dépouille montée, est devenu le principal auxiliaire des personnes auquelles incombe la charge de proléger le gibier contre les attaques des pirates de Vair, qualificatif qu'il est bon de ne pas généraliser lorsqu'il s'applique à des Oiseaux dont beaucoup peuvent compter parmi les princi- paux défenseurs de nos récoltes. Ayant cherché à savoir ce que pouvaient bien avoir sur la conscience, c'est-à-dire dans l'estomac, les nombreux Rapaces diurnes tombés devant mes Grands-Ducs vivants et les mannequins variés que j'oflVais DESTRUCTION DES RAPACES DIURNES 337 à leur curiosité, je suis devenu l'ami de plusieurs des espèces qui composent d'ordinaire le tableau de ce genre de chasse, espèces menacées d'une extermination prochaine, victimes de l'ignorance ou de l'injustice de l'Homme. Mais les Rapaces ne sont pas les seuls parmi la gent emplumée à venir au leurre, et la famille des Corvidés procurera souvent au huttier l'occasion de brûler sa poudre sur des Oiseaux en général peu sympathiques, ou d'assister à des scènes burlesques qui viendront rompre la monotonie du guet et de l'attente du passage d'un roi de l'air, parfois bien long à se présenter. Passionné pour cette chasse qui permet d'observer l'allure et la psychologie de quelques Oiseaux, j'avais comme auxi- liaires, il y a trente ans et plus, de modestes Hulottes vivantes; devenu taxidermiste, j'ai exhibé des Mammifères, des Oiseaux, des Reptiles montés, toujours accompagnés — et c'est là l'in- dispensable — de Pies et de Corbeaux empaillés. Plus tard, j'ai eu des Grands-Ducs vivants, et d'autres montés, articulés ou non, sans abandonner pour cela mes Hulottes ou mes mannequins ; j'ai même employé la glu, genre de chasse interdit mais combien amusant. Chez les Oiseaux attirés par le leurre, les sentiments sont multiples, et ces sentiments sont variables selon les circonr- stances et aussi, mais pas toujours cependant, selon le carac- tère dominant de l'espèce chez laquelle ils sont provoqués. Un Autour, être agressif et dangereux, attaquera d'ordinaire avec audace et violence, et pourtant la Buse vulgaire, Rapace plutôt pacifique, poussera l'attaque jusqu'à renverser, comme j'en ai eu le spectacle, le Grand-Duc de son perchoir en lui arrachant des plumes; voilà donc deux Oiseaux qui, n'ayant cependant pas le même caractère agressif, agissent presque de la même façon en présence de l'animal captif enchaîné à son piquet; car si le Grand-Duc n'était pas enchaîné, l'attaque serait certainement plus prudente, moins brutale, ainsi qu'on pourra s'en rendre compte quand je parlerai des Chouettes, des Pies et des Corbeaux. Le Faucon Cresserelle, ce merveilleux acrobate de l'air que j'ai vu si souvent fixe dans l'espace, soutenu par un léger batn tement d'ailes et la queue formant frein et balancier, exacte- ment au-dessus de mon Grand-Duc comme un accent circon- flexe sur un I, est-il poussé, lorsqu'il vient à TOiseau nocturne, BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1918. i— 24 338 BULLETIN DE LA SOCTÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATIOX par un sentiment de haine ou de curiosité? Enigme indéchif- frable ! car si la haine semble le guider lorsqu'il arrive et tourne en vitesse et en criant, il se fait vite à l'aspect de cette grosse bête qui se hérisse, roule de grands yeux jaunes tout en claquant parfois du bec et dont l'immobilité relative l'enhar- dit et lui fait bientôt prendre comme amusement des évolutions qui, au début, pouvaient être la conséquence de la colère. Car la Cresserelle décrit autour du Grand-Duc de fantastiques ara- besques, piquant droit sur lui et lui passant même les doigts dans le chignon — spectacle toujours intéressant pour l'obser- vateur — puis, s'élevant un peu, s'arrête dans l'air exacte- ment au-dessus et l'examine longuement; elle part, souvent pour revenir quelques minutes plus tard et recommencer son manège. Des Busards planeurs et équilibristes viennent se balancer silencieusement au-dessus du Grand-Duc, semblant s'intéresser à le voir, alors que d'autres, appartenant aux mêmes espèces, ne cessent de crier et passent presque sur lui en allongeant les pattes, reviennent à grande allure, paraissent inquiets, irrités par la présence de cet Oiseau bizarre rarement rencontré. L'Épervier, ce bourreau des petits Oiseaux, constamment en quête d'un mauvais coup, sera des plus réservés à l'égard du grand Nocturne. Il pourra évoluer deux ou trois fois autour, mais d'ordinaire il se perchera à proximité, souvent même sur la hutte, ou à terre, où il restera là longtemps, à regarder. Mais que dire du Faucon hobereau qui, blessé d'un coup de feu alors qu'il évoluait autour du Grand-Duc, revient quelques minutes après, une patte brisée, pendante, souffrant puisqu'il la touche de son bec tout en volant, ainsi qu'il m'est arrivé de le voir, tournant, hardi, hargneux, près de la bête abhorrée? C'est bien là la manifestation d'une colère intense. Chez certains sujets de quelques espèces de Rapaces diurnes, l'instinct de la conservation semble disparaître à la vue du Grand-Duc ; je l'ai constaté bien des fois alors que mal caché sous un abri de fortune construit à la hâte, les agresseurs me voyaient certainement. Et ce sentiment de haine est inné, car des Buses vulgaires, prises au nid à l'état de petits poussins, élevées chez moi en liberté, se hérissèrent, firent le gros dos, poussèrent des cris par atavisme instinctif, lorsque pour la première fois je leur montrai un de mes Grands-Ducs; et A PROPOS DU RENDEMENT DES RUCHES 339 celui-ci ne les perdait pas de vue, se hérissait et reconnaissait en elles la silhouette d'agresseurs déjà vus en campagne. Bien des auteurs ont cherché à expliquer la cause des senti- ments qui peuvent attirer vers les Rapaces nocturnes certaines espèces d'Oiseaux : Représailles à exercer contre des ennemis qui attaquent pendant la nuit ; curiosité provenant de l'aspect d'êtres bizarres et assez rarement rencontrés; gaucherie des Nocturnes pendant la durée du jour, ce qui du reste n'est pas entièrement vrai, etc.. Je n'ai rien à ajouter à cela; je crois à tous ces sentiments isolés ou réunis, et j'estime qu'il y en a sans doute d'autres qu'il nous sera bien difficile de pénétrer. Quoiqu'il en soit de ces sentiments dont l'origine exacte nous échappe, l'Homme a su les mettre à profit pour attirer sur ses engins, ou à portée de son fusil, des Oiseaux diurnes dont quelques espèces font montre, à son égard, d'une méfiance extrême. Je n'ai pas l'intention de donner ici une description complète de la chasse à l'aide du Grand-Duc et de la façon d'établir les nombreux modèles de huttes qui existent actuellement. Ces notes élant destinées à une Revue d'histoire naturelle, je n'ignore pas que je dois parler plutôt en naturaliste qu'en chasseur. {A suivre.) A PROPOS DU RENDEMENT DES RUCHES Par A. li. CLÉMENT. Le miel pouvant remplacer le sucre (je dirai même avanta- geusement) dans tous ses usages, il n'est pas étonnant que l'apiculture depuis le début des événements actuels ail appelé de toutes parts l'attention, et il n'est pas douteux que l'après- guerre lui réserve un grand essor. 11 est bien certain que toutes les œuvres qui se créent en ce moment pour le retour à la terre lui réserveront l'accueil qu'elle mérite. On sait aujour- d'hui que l'Abeille n'est pas seulement utile parce qu'elle récolte le nectar des fleurs, origine du miel, si précieux en ce moment à cause de la disette du sucrn, mais qu'elle rend à l'Agriculture des services considérables en opérant la fécon- dation croisée d'une foule de plantes utiles, et pour cette rai- 340 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION son encore l'élevage des Abeilles devrait tenir dans toute exploitation agricole une place beaucoup plus importante que celle qu'elle y a occupé jusqu'ici. Partout en effet oii il y a des ruches, il est démontré que les champs et les vergers deviennent plus productifs ; l'intérêt qui s'attache à l'élevage de l'Abeille est donc à tout point de vue on ne peut, mieux justifié. Aussi la question de savoir ce qu'une ruche peut fournir annuellement de miel est-elle souvent posée, et c'est à une question de cette nature qu'au cours d'une de nos séances nous avions cru pouvoir avancer qu'une ruche à cadres bien conduite, en pays mellifère et en bonne année peut donner 45 à 30 kilogrammes de miel de surplus, c'est-à-dire miel qu'on peut enlever aux Abeilles en faisant la récolte et après leur avoir laissé les provisions dont elles ont besoin pour leur consommation pendant l'hiver. Ce chiffre a paru exagéré et l'on nous a objecté qu'aux environs de Paris, dans la région de Montgeron par exemple, les ruches ne rapportent guère que 12 à 15 kilogrammes par an de miel de surplus. En présence d'un pareil écart une explication, une enquête même, s'imposait. La faire auprès des apiculteurs eût été long, et le moment peu favorable, nous nous sommes donc borné, quitte à revenir plus tard sur ce sujet, à relever les chiffres donnés par quel- ques auteurs : M. Hommell, professeur départemental d'apiculture à Cler- mont-Ferrand, dit qu'on a constaté des rendements exception- nels de 200 kilogrammes et qu'il a obtenu lui-même plusieurs fois 150 kilogrammes ; mais selon lui un rendement moyen de 45 à 50 kilogrammes est rarement atteint. Il pense même qu'un rendement de 15 à 20 kilogrammes doit être considéré comme une bonne moyenne. 11 ajoute que de Layens, à Louye (Eure), pays peu mellifère, obtenait une moyenne de 22 livres par ruche et par an, que M. Baffert,à Vienne (Isère), enregis- trait une moyenne de 31 livres par ruche et par an également, et que M. Beuve a noté 14 kil. 158 pour des ruches horizon- tales et 13 kil. 725 pour des ruches verticales. M. Arnould donne le chiffre de 16 kilogrammes et Langstroth celui de 25, comme rendement annuel, mais il cite néanmoins des rendements de 40 kilogrammes. M. de Kesel, apiculteur belge, dit qu'avec sa ruche diago- A PROPOS DU RENDEMENT DES RUCUES 34Ï. nale feuilletable, malgré une saison défavorable, il a pu en- lever d'une seule ruche 51 kilogrammes de miel de surplus, pendant qu'un modèle à hausse ordinaire ne lui en donnait que 32. Nous pourrions ainsi citer de nombreux chiffres entre celui de 12 à 15 kilogrammes et celui dépassant 200 kilogrammes relaté par M. Ilommell, chiffre duquel nous pouvons rappro- cher certaines récoltes américaines citées par Root et C", entre autres une de 492 livres et demie pour une seule ruchée d'Abeilles italiennes. Un apiculteur belge, M. Halleux.dans un ouvrage très estimé aussi bien en Belgique que chez nous [Le rucher belge), donne une série de chiffres fournis par divers apiculteurs et dont voici le relevé : MM. Froissard, à Annecy 15^'i » Harbisson, en Californie 22 » Drory, à Bordeaux 21,000 Dutilleux, en Belgique 32 » Sneepers, en Belgique 35 » Morsaint, en Belgique 40 » Tombu, en Belgique 41 » Médart 43 » Froissard, en Savoie 45 » Abbé Grandin, dans T Aisne 48kii >> De Kesel, en Belgique 50 » Root, Amérique du Nord 50 » Bertrand, dans la Meurtbe-et-Moselle 51,500 Halleux, à Spa 51,500 Bemacle, en Belgique S2 » De Kesel, en Belgique 60 » Delhalle, en Belgique 65 » Martin, dans l'Ain. 70 » Tombu, à Andemeltes 10 » Halleux, en Belgique T6 » De Kesel, en Belgique ^6 » Bignens, en Suisse . - 80 » Abbé P. M., dans la Somme 80 » Vierling, en Suisse 85 » Bertrand, dans la Meurthe-et-Moselle 96 » Abbé P. M., dans la Somme 100 » Bignens, en Suisae 120 » Nemry, de Saint-Hubert 123 Pierard, dans la Meuse 125 » Carbonnier, en Belgique 136 » Lancelot, Ile-de-Man 151,500 Carbonnier, en Belgique 1^2 » Virling, en Suisse 1^^ " Par l'examen de ces chiffres on peut voir que si celui de 45 à 30 kilogrammes que nous avions avancé dépasse la moyenne 342 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION ordinaire du rendement de surplus d'une ruche, il n'est cepen- dant pas une rare exception, et qu'il peut être dans des condi- tions favorables et en bonne année non seulement atteint, mais encore dépassé. En tout cas, même en admettant un faible rendement de 12 à 15 kilogrammes de surplus par ruche, une exploitation agricole possédant une dizaine de ruches (ce qui ne serait qu'un petit rucher pouvant facilement être soigné sans préju- dice des autres travaux culturaux} assurerait à son proprié- taire environ 120 à 150 kilogrammes de miel annuellement, et souvent davantage, ce qui serait une précieuse ressource pour les temps présents et ceux qui vont suivre, et notre conclusion, c'est qu'on ne saurait trop encourager l'élevage des Abeilles à toute personne habitant la campagne et désireuse d'augmenter ses ressources en profitant de l'aide et des conseils que l'on multiplie partout à présent pour le retour à la terre avec tant de zèle et de dévouement. LE WATER GORE (POMMES VITREUSES) ET LE BITTER PIT (TACHES AMÈRES) DES POMMES Par D. BOIS. J'ai communiqué à notre Société, dans la séance du 4 -mars 1918, une lettre que le colonel Prain, directeur des jardins royaux de Kew (Angleterre) m'avait aimablement adressée, dans laquelle il donnait de précieux renseignements sur deux affections des Pommes observées en France par notre collègue M. Debreuil et dont il a été question dans le Bulletin. Water-Core. Le colonel Prain établit que l'une d'elles, à laquelle les Pommes doivent l'aspect caractéristique qui leur fait donner chez nous le nom de Pommes vitreuses, est identique à celle qui avait été précédemment décrite en Amérique et en Australie sous celui de Water Core. LE WATER CORE (pOMMES VITREUSES) 3i3 D'après M. Debreuil, la Pomme à cidre Chandreville, qu'il cultive à Melun, gérait particulièrement atteinte par la ma- ladie, mais il dit l'avoir également observée sur la variété Rei- nette d'Angleterre (1). Quelques-uns de ces fruits me furent confiés et je les remis, pour étude, au laboratoire de Cryptogamie du Muséum. M. Vin- cens donna le résultat de ses recherches à la séance du 9 no- vembre 1917 de la Société de Pathologie végétale et je le com- munique à nos collègues (2). Je ne reviendrai pas sur la description de lafTection, donnée par Sorauer en 1909 (3) ainsi que par divers auteurs, et qui a pour elï'et le remplacement de l'air contenu dans les espaces intercellulaires des tissus des fruits par de Feau, d'où leur aspect translucide qui leur donne l'apparence de Pommes gelées, sans qu'elles aient subi l'action du froid. Les parties vitreuses ont une saveur douce, presque nulle; l'analyse décèle un excès d'eau et un manque correspondant de sucre, d'aci- des et de cendres. Les fruits ainsi altérés se trouvent, non seulement dépréciés, mais ils ne se gardent pas aussi bien que ceux qui sont sains; les tissus envahis par le liquide dépé- rissent et la peau qui recouvre ces parties brunit. Cependant, d'après M. Mac Alpine, à moins que la maladie ne soit arrivée au point où toute la chair du fruit est atteinte, on peut l'en- rayer si l'on cueille les Pommes dès qu'on aperçoit les pre- miers indices du mal et si on les place dans un bon fruitier, à température basse et régulière. Il semble que cette maladie existe en France depuis un bon nombre d'années comme le montre une lettre que m'a écrite M. Pierre Passy, maître de conférences à l'École nationale d'Agriculture de Grignon (4). Notre collègue disait, en effet, qu'un Pommier de la variété Breton Henri, cultivé chez lui, au Désert de Retz, près Chambourcy (Seine-et-Oise), et aujourd'hui centenaire, produit depuis longtemps, à un degré plus ou (1) Bullelin de la Société nationale d' Acclimalalion , janvier 1918, p. 25. (2) Bulletin de ta Société nationale d'Acclimatation, février 1918, p. 61. Voir aussi : D. Bois, sur deux maladies des Pommes. Bulletin de la Société de Palliologîe végétale de France, t. V, fasc. 1 -août 1918), p. 34. (3) Sorauer. Die Stippflecke, Handbuch der P/lanzenkrankheilen, 1909, p. 166. (4) Lettre communiquée à la Société nationale d'Acclimatation. Séance du 8 avril 19.8. 344 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION moins accentué, selon les années, des fruits vitreux, et qu'il en a fait Fobservation dès son enfance. En Australie, d'après M. Mac Alpine, les variétés à chair ferme seraient les plus sujettes au mal, et les plus précoces plus que les tardives, sans que cela soit une règle absolue. Dans l'État de Victoria, les plus prédisposées seraient : Mêla Carlo, Stone Pip-pin, Stewards Seedling, etc. La première le serait à un degré tel, que, lorsque la saison est favorable au développement du mal, il est difficile de trouver un fruit indemne sur un arbre. En Allemagne, selon Sorauer {loc. cit.), les Pommes les plus fréquemment attaquées seraient : Transparente de Zurich, White Astrakan et Gloria Mundi. Je ne m'étendrai pas, ici, sur les travaux des auteurs qui se sont livrés à l'étude du Water Core et parmi lesquels il con- vient de citer surtout : MM. Campbell (l), Pôle Evans (2), O'Gara (3), Norton (4), Hesler et Whetzel (5). M. Mac Alpine, phytopathologiste du Gouvernement, à Mel- bourne (Australie), dans son bel et important ouvrage Bitter Fit Investigations, a exposé, en même temps que ses propres observations, tout ce qui a été écrit sur cette question (6). Pour lui, le Water Core, parfois associé à une autre maladie, le Bitter Pit, est déterminé par les mêmes facteurs, bien que ces deux affections soient très distinctes dans leurs manifesta- tions. Cet auteur s'est livré à des recherches poursuivies, dans le verger comme dans le laboratoire, pendant plusieurs années, sur les causes probables et les effets de ces deux maladies, qui ont les mêmes causes déterminantes et sur les moyens à employer pour les prévenir ou les atténuer. Nous verrons plus (1) Campbell (A. J.), Constitulional Diseases of Fruit Trees, Agricultural Department of Agriculture Journal. S. Victoria, 1905, p. 463. (2) Pôle Evans. Bitter Pit of the Apple, Transvaal Department of Agri- culture Technical Bulletin. Pretoria 1909. Kew Bulletin, 1910, p. 401. (3) O'Gara, Medford, Oregon Bulletin, 9, 11 octobre 1912. — Studies on the Water Core of Apple, Phytopathology, 111, avril 1913, p. 121. (4) Norton (J. B. S.). Water Core of Apple, Phytepathology, I, (1911), p. 126 et 128. (o) Manual of Fruit Diseases, Léx. R. Hesler and H. H. Whet-zel, New York, the Macraillan Company, 1911, p. 120. (6) Mac Alpine. Bitter Pit Investigations, First Progress Beport (1911 _ 1912), p. 29 et Thircl Progress Report (1913-1914), p. 13. LE WATER CORE (POMMES VITREUSES) 345 loin que le même traitement est recommandé dans les deux cas. BiTTER PiT. Le Bitter PU est une maladie connue en France sous les noms de Points bruns de la chai)' des Pommes (1), la Graisse (2), le Liège (3), le Bouchon et atteignant surtout les variétés les plus estimées : Calville, Reinette du Canada, etc. M. Gallaud a entretenu les lecteurs de la Revue horticole (4) d'une affection observée sur des Pommes adressées de Théo- dosie au laboratoire de culture du Muséum de Paris, et qui est certainement le Bitter Pit. Elle avait pris une grande extension en Crimée où elle attaquait les variétés Calville blanc, Newton Wonder, Kandil Sinape et même les Poires, comme Beurré Bosc. M. Debreuil montra à notre Société, dans la séance du 8 février 1915, des Pommes Reinette du Canada, offrant les caractères de cette maladie et auxquelles j'ai consacré une note dans notre Bulletin (5). La chair des fruits présente de petits îlots de tissu mortifié, spongieux, brunâtres, de saveur plus ou moins amère, correspondant à de petites taches de contours mal définis, déprimées, grisâtres ou brunâtres qui s'observent sur la peau (Voir figure). En Australie, où la culture du Pommier a pris un dévelop- pement extraordinaire, la National Fruit Growers' conférence, tenue à Melbourne en 1908, à juste titre émue par les lourdes perles causées par le Bitter Pit qui sévissait d'une manière intense, déposa une motion demandant aux pouvoirs publics de faire entreprendre des études pour enrayer le mal. C'est alors que M. Mac Alpine fut chargé des recherches dont j'ai parlé et dont il consigna les résultats dans cinq rapports (1) Delacroix. Maladie des plantes cultivées. Maladies non parasitaires. Office des renseignements agricoles, Paris, 1908, p. 275. (2) Mangin. La Graisse des Pommes. Revue horticole, 1901, p. 163. (3) Griffon et Maublanc. Annales de l'histitut national agronomique, Paris, 1911, part. I, p. 9. (4) Gallaud. Sur une altération des Pommres de Grimée. 'fleuMe horticole, 1906, p. 456. (5) Bois (D.). La Graisse des Pommes. Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation, 1915, p. 152. 346 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION réunis sous le titre général de Bilier Pit Investigations, S vol. in-4°. Government Australia, Melbourne (1), qui constitue Tun des plus remarquables ouvrages publiés jusqu'à ce jour sur un sujet de pathologie végétale. La première mention du Bitter Pit dans la littérature australienne, d'après M. Mac Alpine, est due à Fraser S. Crawford, Report in the f'usicladium, the Codlin Moth, etc., Adélaïde, 1886, p. 33, qui donne, d'une manière précise, les caractères de la maladie désignée plus tard sous le nom de Bitter Pit par le D' Cobb, botaniste pathologiste du Départe- Pommes Calville blanc attaquées par le Bitter Pit. (Cliché Revue horlicolf.). ment de l'Agriculture du New-South-Wales. Sa présence fut aussi constatée en Nouvelle-Zélande. En Allemagne, oîi la maladie est commune, elle est connue des arboriculteurs sous les noms de Stippen, Stippflecke, Stippiverde des Pommes. Elle fut mentionnée, en 1819, par (1) 1" The past history and présent position of the Bitter Pit Question, 1911-1912, 197 p., 1 pi. en couleur et 33 pi. noires; 2° The cause of Bitter Pit : its contributing factors, 1912-1913, 224 p., 1 pi. en couleurs, 59 pi. noires, 1 carte en couleurs; 3» The Contrat of Bitter Pit in llte Growing Fruit, 1913-1914, 116 p., 1 pi. en couleurs, 37 planches noires, S cartes.; 4» Tlie Expérimental Results in. tlieir relation to Bitter Pif and a General Summary of the Investigations, 1914-1915, 187 p., 1 pi. en couleurs et 40 pi. noires; 5° The cause and Cqntrol of Bitter Pit, ivith the Results of Expé- rimental Investigation, 1915-1916, 144 p., 1 pi. en couleurs et 37 pi. noires. LE WATER CORE (POMMES VITREUSES) 347 Pries qui l'altribuait à un Champignon (Spilocxa Pomi)^ opi- nion réfutée par .l;eg*er qui lui donnait comme cause la mise de fruits incomplètement mûrs dans un fruitier trop humide. Aux États-Unis, elle est communément appelée Baldwin Fruit Spot parce que la variété de Pomme Baldwin y est parti- culièrement sujette. La première mention dans ce pays en fut faite, en 1891, par M. L. R. Jones, dans un rapport à la Vermoni Agriculiural Station, p. 133, comme étant très répandue dans cet État, M. Maynard, Report of the H orticullurist Massa- chusetts, Hatcli Station Report, 1898, Ta appelée Dry rot Spots. M. Brooks lui donne le nom de Fruit Pit dans le Bulletin 2'orrey Bolanical Club, 1908, p. 423. Au Canada, elle fut étudiée par M. Craig : A Dry rot of Apples, F. £ périment. Farms Report for 1896, p. 171. Dans l'Afrique australe, elle a été mentionnée par M. Louns- berry, dans une lettre adressée à M. Mac Alpine, en 1901, puis par M. Pôle Evans : Bitter Pit of Apple, Transvaal Department of Agriculture Technical Bulletin, Pretoria, 1909 {Keiu Bulletin, 1910, p. 401). En Russie, elle fut reconnue en 1910 par M. Daikonoff. In Russland beobachtele Pflanzenkrankheiten, Zeilsch fur Pftanzen, kranklieiten,W, t. 8, p. 464 (1910) ; nous avons déjà vu qu'elle sé- vissait en Crimée dès 1906(Gallaud,/feuMe/«oraco/e,1906,p.456). En Angleterre, une note parue dans le Gardeners' Chronicle, en 1903, fait connaître cette maladie sous le nom de Apple Brown Spot. Ce n'est pas la première fois, y est-il dit, qu'elle est observée en Grande-Bretagne. Au point de vue de la résistance à la maladie, en Australie, ce sont, d'une manière générale, les variétés Cléopâtre, Ribslon, Pippin et Nothern Spy qui sont les plus atteintes, alors que les Pommes Five Crown (ou London Pippin), Rome Beauty ne le sont pour ainsi dire presque pas. Il a fallu remplacer les pre- mières par d'autres considérées comme réfractaires. Aux États-Unis, la variété Baldivin est si atlaq\iée que l'affection y porte le nom de Baldwin Spot et qu'on se préoccupe de la remplacer dans les vergers par une autre de même qua- lité et de même saison, plus résistante. M. Mac Alpine n'est pas d'avis que le Bilter PU doive être attribué à la piqûre d'Insectes ou d'Acariens, comme certains auteurs l'ont pensé, car il a constaté que des fruits développés à l'intérieur de sacs en calicot n'y avaient pas échappé. 348 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCC LIMAT ATION Il n'est pas dû non plus à un Champignon ni à des Bactéries. Ce n'est donc pas une maladie parasitaire, mais une affection d'origine physiologique. Le D' Ewart, Proceeding Royal Society, Victoria, 1912, p. 1, a émis l'opinion que les taches des Pommes pourraient être déterminées par les pulvérisations métalliques, notamment par celles à base de sulfate de cuivre, auxquelles ces fruits sont très sensibles; mais les taches ainsi produites sont différentes de celles du Bitter Pit. M. Mac Alpine conclut de ses études que la cause primaire des altérations est l'afflux excessif de la sève d'abord dans les couches de cellules les plus externes du fruit, déterminant leur rupture et leur affaissement, avec rupture de leur réseau vasculaire. Il compare le Bitter Pit au Water Core et les considère comme ayant les mêmes facteurs originels, quoique cependant tout à fait distincts. Le Bitter Pit se manifeste d'abord sous la peau du fruit tandis que le Water Core commence au voisinage des bords de la cavité carpellaire (cœur du fruit). Dans le premier cas, le tissu est moins aqueux que dans la normale et les cellules qui le composent sont désorganisées, tandis que, dans [l'autre, il y a excès d'eau, les cellules étant pleinement distendues et résis- tant à la pression. Les deux maladies commencent en con- nexion avec le système vasculaire, mais, dans l'une, ce sont les vaisseaux périphériques qui sont affectés et rompus tandis que, dans l'autre, le trouble se fait sentir d'abord dans les vaisseaux qui environnent le cœur du fruit sans qu'il y ait rup- ture des vaisseaux. En ce qui concerne spécialement le Water-Core, M. 0' Gara {loc. cit.) a observé qu'une chute de pluie coïncidant avec une forte irrigation du sol, dans un verger, avait déterminé la présence de la maladie sur plus de 90 p. 100 des fruits, tandis que, dans un verger voisin, du même type, avec les mêmes variétés, mais non irrigué, 5 p. 100 seulement des fruits étaient affectés. Dans un autre verger où les arbres étaient soumis à une taille sévère, presque tous les fruits prenaient le Water Core LE WATER CORE (POMMES VITREUSES)' 349 tandis que, dans un verger adjacent, présentant les mT^mes conditions mais oii les arbres n'étaient pas taillés, il y avait à" peine trace de la maladie. Un autre exemple cité est celui d'un verger avec 90 p. 100 de Water Core pour les arbres taillés et seulement a p. 100 pour ceux non soumis à la taille. Absorption et transpiration seraient donc les facteurs d'ori- gine aussi bien du Bitter PU que du Water Core, qui se manifestent lorsqu'il y a manque d'équilibre entre eux, c'est-à- dire : 1° chez les jeunes arbres à végétation excessive portant un petit nombre de fruits qui se trouvent gorgés de sève ; 2" dans le cas de pluies ou d'irrigations excessives peu avant la maturité des fruits, suivies par de grands écarts de température et d'humidité atmosphérique ; 3° lorsqu'une taille trop sévère a été faite avant la période de maturité du fruit; 4'' par la défolia- tion ou la destruction partielle des feuilles par maladie ou autre cause (gelée, etc.) qui réduisent la surface d'évapora- tion de l'arbre. Les causes de ces deux maladies étant ainsi reconnues, M. Mac Alpine propose, pour les réduire, les moyens suivants dont lefficacité lui a été démontrée par l'expérience : régula- riser le plus possible la distribution de la sève dans les bour- geons à fruit de façon à ce que chacun reçoive sa part sans être gorgé à l'excès. La taille est ici le grand facteur et il a été prouvé expérimentalement, dit l'auteur, même en ce qui con- cerne une variété particulièrement sujette à la maladie comme Cléopdtre, qu'il est possible de réduire le mal de 4 à 6 p. 100 par ce moyen. La taille doit être aussi limitée que possible et effectuée de manière judicieuse pour obtenir une charpente bien équilibrée avec bonne distribution, bien régulière, des fruits sur les branches principales. Il ne faut pas laisser les jeunes arbres vigoureux porter trop tût des fruits. On évitera les fumures excessives en engrais azotés, l'acide phosphorique étant plus particulièrement recommandable. Un assurera au verger une irrigation suffisante pour éviter le danger de la sécheresse, mais elle devra être réglée en cas de pluies exces- sives et on n'établira jamais de vergers en sols bas et maré- cageux. Un bon drainage du sol devra toujours être assuré. Il convient aussi de choisir avec soin les variétés à mettre 350 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION en culture, certaines d'entre elles étant attaquables à divers degrés et plus ou moins selon les conditions du milieu oij on les place. La mise des fruits en fruitier froid, à température uniforme, permet de conserver ceux qui, cueillis sains en apparence, sont déjà quelque peu altérés et destinés à se gâter rapidement dans un milieu où leur activité vitale serait plus développée. Parmi les principaux auteurs qui ont traité du Bitler Pit, on peut citer : Osborne (J.), Bitter Pit in Apples, Agricultural Gazette Tasmania, 1910, p. 282; Norton (J. B. S.), Jonathan Fruit Spot, Phytopathology, 1913, p. 99; Brooks et Fischer, Jonathan Spot, Bitter Pit and Stigmonose, Phijtopathology, 1914, p. 402; Whetzel (H. H.), Baldwin Spot or Stippen, Pro- ceedings New York Fruit Groivers' Association, janvier 1912; Hesler (L.R.) et Whetzel (H. H.), Manual of Fruit Diseases, Macmillan, London, 1917, p. 23. On trouvera d'ailleurs les renseignements bibliographiques les plus complets dans l'excellent ouvrage de M. Mac Alpine. UN HARICOT CHILIEN CULTIVÉ DANS LE DÉPARTEMENT Dp LA SEINE Par C. MAILLES. L'année dernière, en 1917, le R. P. Costes, de Santiago dn Chili, faisait parvenir, à notre Société, un lot impjjrtant de graines. Cet envoi comprenait un certain Haricot dénommé, dans le pays, « Los Peralinos », nom dont je n'ai pu trouver le sens dans deux dictionnaires espagnols. J'ai cultivé ce Haricot. J'avais reçu trente-quatre graines, qui, toutes ont germé et ont parcouru le cycle complet de leur végétation. Cette variété est à rames, et sans parchemin; la fleur en est relativement petite et d'un blanc douteux : la gousse, verte dans sa jeunesse, se jaspe de violet en avançant en âge. Elle contient généralement de cinq à sept graines presque globu- leuses de teinte chamoisée. Seul, un pied a donné des fleurs UN HARICOT CniLIEN 331 violettes; mais sa fructification n'en a été |nullement modifiée. Le feuillage est abondant; également abondantes sont la floraison et la fructification. Bien que l'été ait présenté des périodes de temps pluvieux et de médiocre insolation, la maturité a été parfaite et je n'ai observé ni moisissure, ni pourriture. Le semis a été effectué le 10 mai et la récolte achevée à la fin de septembre. Dans une note qui accompagne son envoi, le R. P. Co«tcs dit que cette variété est excellente en vert. Je crois qu'il faut comprendre, ou en grains frais écossés, ou en mange-tout, et non en filets, lesquels, je pense, seraient plutôt médiocres, à en juger par les apparences. Je n'ai pu en faire l'essai, vu le trop petit nombre de sujets que j'avais en ma possession. Mais j'ai eu la satisfaction de manger ces Haricots en grains presque mûrs et tout à fait secs, en plein hiver. Dans les deux cas, je les ai trouvés très bons, notamment en haricots de mouton et en soupe trempée au pain (si ce dernier n'est pas trop de guerre). Ce grain est très farineux; il cuit bien, sans s'écraser, et son enveloppe, bien que résistante, est bien plus digestible que celle des Soissons et similaires. Il ne faut pas chercher à comparer ce Haricot chilien avec nos flageolets, ni avec les autres sortes que nous sommes habitués à voir servir sur nos tables; il produit une impres- sion difTérente, et c'est pourquoi il mérite de retenir notre attention. En résumé, cette introduction dans notre pays me paraît des plus intéressantes. Nous sommes en présence d'une .variété qui possède beaucoup de qualités bonnes et une seule fâcheuse : celle qui oblige à ramer. Mais celui qui n'a qu'un défaut est bien près de la perfection. 352 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATÀTION COURS PUBLIC D ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE M. Clément, président de notre Section d'Entomologie, ouvrira son Cours public d'Entomologie agricole, horticole, arboricole et industrielle, le mardi 3 décembre 1918, à 9 heures et demie du matin, dans le pavillon de la Pépinière du jardin du Luxembourg et le continuera les samedi et mardi de chaque semaine, à la même heure, en janvier, février et mars 1919. 11 traitera de la destruction des Insectes et AUTRES ANIMAUX NUISIBLES. Ordres du jour des séances générales pour le mois de décembre 1918. Lundi 2, à 3 heures. — M. A. Piédallu : 1» Pour la reconstitution rapide des vergers dévastés par rennemi; 2° Sur le bouturage du Sorgho. M. A.-L. Clément. — A propos de nids de Megachiles. Lundi 16, à 3 heures. — M. D. Bois : Essais de culture de variétés de Pommes de terre des Canaries. M. P. Carié. — La Culture du Filao et son utiUté comme bois de chauffage dans les régions intertropicales. (Projections.) M. Gh. Rivière. — L'Eléphant et le climat du pays de Carthage aux temps historiques. Lundi, 16, à 5 heures. — Sous-section d'Ornithologie (Ligue pour la protection des Oiseaux). Tous les membres de la Société sont priés d'assister aux Séances générales, qui ont lieu deux fois par moiSy au Siège social, 198, boulevard Saint-Germain. Sur demande, les Ordres du Jour sont adressés mensuelle- ment. Le Gérant : A. Maretheix. Paris. — L. Marbtukux, imprimeur, 1, rue Cassette. OFFRES. DEMANDES. ANNONCES OFFRES Collection naturalisée : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Coquillages, Grande vitrine portative chêne massif. M'"" Jeanne Rousseau, 64, rue de Paris, .loinville-le-Pont (Seine), S.-K. M. d'IIébrard de Saint-Sulpice offre, gracieuse- ment, au membre de la Société d'Acclimatation qui voudra venir les chercher au château de Torv;y, pri's Fruges (Pas-de-Calais), les anim,aux suivants 6 Paons blancs adultes, dont -2 femelles; •2 Cygnes noirs (mâle et femelle) ; 1 Grue de Numidie : 1 Grue cendrée ; 1 inàlc Canard Tadorne; 1 couple Canards siffleurs; 1 mâle Canard Pilel. DEMANDES Co. iNaudous, Co. Lamas, Daim mâle : M. Vermorel, constructeur à Villefranche-sur-Saône (Rhône). Urainea offerle» par M. G. -H. CAVE. Curator Llyod Botanic Garden. Darjeeling (Indes an- glaises). Acer PapHio King. — Honkeri Miq. — Campbellii Hook f. — Osmastoni Gamble. Artemista pauciflora Spreng. Astragaliis stipulatus D. Don. Ardina macrocama "Wall. Anémone vitifoUa Buch-Ham. — rivularis Buch-Ham. Bœhmerla mac rophyUa D. Don . Berberis nepalensis Spreng. — umbellata Lindl. — concinna Hook. f. CalUcarpa rubella Lindl. Ca<:siope selaginoides Hook. f. Thoms. Cassiope fastigiata D. Don. Clematis montana Bucli-Ham Celastrus Càampioni Benth. Cotoneaster frigida Wall. Coriaria nepalensis Wall. L Corylus ferox Wall. • Cnicus involucratus Wall. Cynoglossum micranthnin Desf. — denticulatum A. D. G . Dictiroa febrifuga Leur. Biclytra thalictrifolia Hook. f. et Thoms. Decaisnea insignis Hook. f. et Thoms. Debregeasia velutina Gand. Echinocarpus dasycarpus Benth. Eiikianthus himalaicus Hook. t. et Thoms. Embelia Gambki Kurz. Erylhina arborescens Roxb. Ficus Hookerii Miq. Fraxinus floribunda Wall. Hippophae salicifolia Don. Helwingia kimalaica Hook. f. et Thoms. HolbœUia. Hymenopogon parasiticus Wall. Hypericum Hookerianum Wight et Arn. Hypericum patulum Thunb. Ilex insignis Hook. f. llex intricata Hook. f. Indigo fer a Dosua Ham., var. to- raentosa. Jasminum humile L. EN DISTRibUl lUiN) Juniperus pseudo-Sabina Fisch. et Mey. Ligustrnm confusion Dcne. LÙium giganteum Wall. — nepalense D. Don. Lobeliaerecta Hook. f. et Thoms. — pyramidalis Wall. Liisxa tomentosa H. C. Heyno. Luculia graiissima Sweel. Magnolia Campbellii Hook. f. et Thoms. Mandrcigora cserutescens C. B. Clarke. Meconopsis Wallichii Hook. — simplici/olia G. Don. — paniculala. \ Michelia Cathcarthii Hook. f. et I Thoms . j Mucuna macrocarpa Wall. j Neillia thyrsiflora Don. Nyssa sessiliflora Hook. f. Pedicularis Scullyana Prain. — trichogjossa Hook. f. Picrorhiza Kurroa Roylo. Piplanthus nepalensis D. Don. Potentilla fruticosa L. — Griffithii Hook f. — leuconola D. Don. Podophyllum Emodi Wall. Polygonum vaccinifolium Wall. Poierium diandrum Hook. f. Primula Elwesiana King. — capitala Hook. — Kingii Watt. — pusilla Wall. — reticulala Wall. — sikkiniensis Hook — Stuartii Wall. — Wattii King. Priotropis cytisoides Wight et Arn. Prunus acuminala Wall. — Puddum Koxb. Pyrus foliolosa Wall. — insignis Hook. f. — sikkimensis Hook f. Rosa maerophylla Lindl. — sericea Lindl. Richelia lajiuginosa. Rubus alpestris Blume. — muluccamcs L. — paniculatus .Sra. — reticulal'is Wall. Ruellia cordifolia Wall. Rhus semialata Murray. Rheum nohile Hook. f. et Thoms. Rhododendron arboreum Son. — arboreum, var. Cumv- betli. Rhododendi'on barhalum Wall. — camellixflorum Hook. f. — campanulntum Don. — canipayiii latum, Doa.\3iV. Wallichii. — campyloearpum Hook. f. — cinnaiarinunn Hook. f. — />«//iOMsi« Hook.f. — Falconeri Hook. f. — l'ulgens Hook. f. — grande Wight. — Hodgsoni lîook. f. — • lànniurn Hook. f. — lepidulinii Wall. — Maddeni Ilook f. — Wightii Hook. f. Sambucus adnala Wall. iiaussurea Laneana. — erioslemon Wall. — Sughox C. B. Clarke. Saxifraga purpurascens Hook. t. et Thoms. Sedum asiaticum Spreng. — elongafum Wall. — Ewersii Ledeb. — himalense D. Don. Senecio Candotleanus Hook. et Arn. — diversifoliiis Wall. — Ligularia Hook. £. — Morti'iii G. B. Clarke. — pachyc'(rpu. Lp Gérant : A. Mvrbthbdx. l'aris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, ruo Casselte. "•"£" BULLETIN 591-52 DE LA Soeiitll Nationale d'ActlimatatioD DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 6 5e ANNÉB N> 12. - DECEMBRE 1918 SOMMAIRE Pages. J. Crepin. — Formation historique du troupeau caprin d'Europe occidentale et sa régé- nération 353 H. Blanc. — La Loutre en Suisse 361 D' MiLLET-HoRSiN. — Anomalies génitales chez les Oiseaux. Observations faites au Sénégal. 363 L. Ro0LE. — Considérations sur l'élevage de la Carpe 366 D. Bois. — Pommes de terre des îles Canaries . . . ." 369 Ch. Rivière. — Les Bambous et leur répartition géographique en Afrique 370 Extraits des procès-verbaux des Séances générales de la Société. Séance générale du 27 mai 1918 372 Chronique générale et faits divers 380 D. Bois. — Guide pratique d'Agriculture tropicale 381 Le traitement mécanique des fruits du Palmier à huile . , 383 Bibliogi-aphie. Etat des Dons faits a la Société en 1918 386 Table des Matières 388 Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION DE FRANCE 198, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS {VU*). Yiee-Pritident. BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1918 Président, M. Edmond Pbrribr, Membre de l'Instilul et de l'Acaaémio 'do Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Lb Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris {Etranger). H. Hua, Directeur adjoint k l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Seerétairei. < Germain, Paris [Conseii). L. Capitaine, 48, boulevard Kaspail (Séances). Ch. Debreuil, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M. le D' Skbillottb, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Caucukte, Moulin de la Madeleine, à Samois (Seine-eUMarne). Membres du Conseil M. A. Chappellikr, 6, place Saint-Michel, Paris. WuiRioN, 101, rue Sadi-Carnot, Puteaux. AcHALMB, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. D' P. Marchal, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut National Agronomique, 89, rue du Cherche-Midi, Paris. D* Lepkince, 62, rue de la Tour, Paris. Mailles, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire (Seine). Df E. Trouessart, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Lecomte, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. Crepin, 18, rue Lhomond, Paris. Pendant Tannée 1918, les Séances hebdomadaires des Sections sont remplacées par des Séances générales bimensuelles Dates des Séances générales et du Conseil POUR L'ANNÉE 1918 Séances du Conseil, 2e mercredi du mois à 4 heures . . Janvier Février Mars Avril Mai Novembre Décembre 9 13 13 n(') 13 13 11 Séances générales, le lundi à 2 h. 1/2. Sous-Section d'Ornithologie [Ligue pour la Protection des oiseaux) le lundi à 4 h. 1/2 14 21 21 4 18 18 4 18 18 8 22 22 6 27 27 4 18 18 2 16 16 (1) Date reculée en raison des fêtes prochaines. 1 Les membres de la Société qui désirent assister aux Séances générales recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les Personnes qui désireraient l'entretenir, qu'il se tient à leur disposition, au siège de la ociété, 198, boulevard Saint-Germain, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. __i Les auteurs sont infoi'més que, les prix des tirages à part subissant des variations fréquentes du fait de U guerre, le tableau publié sur la couverture du Bulletin cesse d'être applicable; il sera fait désormais un prix spécial pour chaque tirage à part. La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. La reproduction, sans indication de source, ni de nom d'auteur, des articles publiés dans le Bulletin est interdite. FORMATION HISTORIQUE DU TROUPEAU CAPRIN D'EUROPE OCCIDENTALE ET SA RÉGÉNÉRATION IPar J. CREPIN Suite et fin [\). En parlant tout à l'heure de l'abâtardissement des troupeaux caprins d'Europe et en désignant la Chèvre des hauts sommets alpestres comme le véritable Caprin d'Europe, nous ne pré- tendions pas faire, en cette question, une affirmation au sens absolu. Nous avons observé, ailleurs que dans les Alpes, des troupeaux qui ont quelque homogénéité et ne ressemblent pas à ceux, très communs du reste, dont nous avons décrit et expliqué la décadence. Nous trouvons, par exemple, au nord, dans le massif Scan- dinave, une race caprine, dont l'expression de la tête peut rappeler celle de l'Alpine, mais qui diffère essentiellement de celle-ci par sa robe à très long poil, couleur noir de jais à l'avant-train (tête comprise), et d'un blanc de neige sur toute la partie postérieure du corps. Les cornes également sont diffé- rentes, en ce qu'elles s'écartent en s'allongeant. Le corps aussi est plus court et plus ramassé, quoique élégant et distingué. Ce bel animal nous est surtout familier, parce qu'il en existe de nombreux troupeaux dans le Haut- Valais, oii il a été importé à une date si ancienne qu'on en a perdu le souvenir. On pourrait se demander s'il est naturel des monts Scan- dinaves; en tout cas, sa présence dans la région européenne remonte à l'antiquité, et voici ce qui le ferait croire : Sur deux crânes de Chèvre provenant de fouilles faites en Europe, dans la couche de l'époque préhistorique, on remarque, nous apprend M. le professeur Dechambre, de l'École vété- rinaire d'Alforr, que les cornes sont de dispositions dissem- blables, d'un crâne à l'autre : sur l'un, elles montent parallèlement comme chez l'Alpine ; sur l'autre, elles s'écartent (1) Voy. Bulletin, novembre I91S. BULL. soc. NAT. ACCL. FK. 1918. — 2i) 354 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION en s'allongeant, comme chez la Scandinave, dite race de SchwarLzhals. Nous avons également en Europe, notamment en Espagne et en Afrique, dans la province d'Oran, la Chèvre de Murcie, qui constitue une race nettement dessinée, bien qu'elle dérive, mais de loin, comme nous l'avons dit, du sang de la Nubienne. Nous trouvt)ns de même à Malte, et dans la province d'Alger, la race dite Maltaise. Il faut dire que celle-ci est plutôt une métisse résultant du croisement constant entre le sang de la Murcienne, ou de la Chèvre à courte oreille de la Mancha et le sang des races asiatiques, notamment de la Syrienne, que l'on trouve partout sur le littoral du Nord de l'Afrique, et surtout en Asie-Mineure. Enfin, il existe dans l'intérieur de la France, dans le Poitou, des troupeaux caprins intéressants par leurs produits, qui donnent l'impression d'une certaine fixité de race. Leur ten- dance vers le long poil les désigne, à Finstar de certains types originaux qui ont pu se maintenir dans les Pyrénées, pour fournir des substratum à la création des races lanigères que l'on fera peut-être un jour en important des reproducteurs soit de Cachemire, soit d'Angora. Toutes ces races caprines que nous venons de signaler et qui, pour la plupart, sont peu exploitées en France, se sont révélées excellentes laitières, mais d'un rendement très infé- rieur à celui de la Chèvre aborigène des Alpes, de taille d'ailleurs beaucoup plus grande. La France possède en cette dernière, l'Alpine, une race de tout premier choix, susceptible d'être encore améliorée d'une part, par certains procédés d'élevage, même d'entraînement physique à la lactation, que nous ne manquerons pas d'indiquer, sans lesquels il ne serait pas possible d'obtenir les 1.000 à 1.200 litres de lait que la grande Alpine est capable de donner; et, d'autre part, parle croisement de l'Alpine avec la Nubienne zaraïbe qui peut lui conférer la faculté de grande beurrière, avec l'absence d'odeur hircine chez le Bouc. Nous parlons ici de la Nubienne zaraïbe et non, bien entendu, de la Nubienne berbère, avec laquelle la zaraïbe est constamment confondue, même par des éleveurs qui prétendent s'y connaître. Du fait que la grande Chèvre que nous signalons est indigène du système orographique alpestre, les Suisses en disposent FORMATION UISTORIQUE DU TROUPEAU CAPRIN d'eUROPE 355 comme nous, mais la proclament d'essence helvétique, pour se la mieux approprier. Pour rimposer sous ce titre à l'attention du monde, ils la détaillent habilement en sous-races, et pour faire ces sous-races, ils collectionnent simplement, pour ne pas dire naïvement, leurs animaux par couleur de robe, en évitant de choisir les sujets normaux, c'est-à-dire ceux qui sont à cornes et qui sont généralement les plus vigoureux. Chaque district a ainsi ses préférences et donne son nom à sa collection particulière, en s'efforçant de produire et de fixer la couleur de son choix. C'est par cette déplorable méthode de sélection qui exclut les véritables qualités à accuser au profit de phénomènes de fan- taisie, sans rapport aucuû avec les caractères réels et utiles de la race, que nous voyons en Suisse les soi-disant races de Saanen, de Toggenbourg, de la Gruyère, de Fribourg, etc., et, tout cela, pour désigner en réalité la seule race Alpine. Si, plus heureux que les Belges, les Suisses se sont trouvés bien placés pour opérer leur pseudo-sélection caprine sur un matériel de qualité pure et précieuse, ils n'en ont pas moins manqué leur but du fait qu'ils n'ont pas su observer les lois qui règlent la nature intime de l'espèce et en développent les facultés. Il est certain que colliger, comme on fait à Saanen depuis un siècle, tous les sujets sans cornes et de robe blanche, et vouloir, avec des reproducteurs triés sur le volet h ce seul point de vue, modifier en mieux une race, ne peut tenter que le snobisme le plus puéril et ne déterminer sur la race que les plus funestes effets. L'albinisme est un signe de dégénérescence chez toutes les espèces animales situées en dehors de la zone polaire ou soustraites aux influences mimétiques du cadre boréal. La pratique des gens du Simmenthal, pour fructueuse qu'elle ait été à leurs intérêts pécuniaires, a fait apparaître, dans la belle race alpine, une variété qui n'a pas perdu sa qualité laitière, mais s'est si bien aflfaiblie qu'elle est la seule de toutes les races caprines que nous connaissons, qui résiste mal aux effets du dépaysement. Pour l'acclimater en dehors de ses montagnes d'origine, même en France, le déchet est considérable : nous l'avons constaté par notre propre expérience, dans la mesure de 60 p. 100. Certaines importations faites en Saxe ont été désas- treuses, et il a dû en être de même en Russie, puisque, avant la 356 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION guerre, les achats d'Alpines qui ont été faits en France pour des membres de l'Association capricole de Moscou comportaient l'exclusion de tous les sujets de robe blanche. Cette précautionjudicieuse, lorsque l'animal en cause a, dans ses ascendants, des générations de caprins albinos, devient, à notre sens, excessive lorsque le sujet blanc provient d'auteurs plus ou moins polychromes et ne porte sa tare qu'en surface : il est alors aussi rustique qu'un autre. Nous avons dit que notre Alpine authentique revêt de mul- tiples livrées chez lesquelles l'étoffe seule, si nous pouvons nous exprimer ainsi, est de même nature. Les couleurs en sont, en effet, très diverses et se dégradent dans les tons les plus imprévus et les teintes les plus difficiles à noter. Les couleurs de fond sont le noir et le fauve, et l'un et l'autre tirent plus ou moins, dans ses gammes de nuances, vers le brun ou le gris, pour arriver au clair et au blanc absolu. La robe pie est fré- quente, de même la chamoisée, la pécharde ; et le zain se produit beaucoup également dans toutes les couleurs de fond. La bande noire le long de la colonne vertébrale, commune à beaucoup de races ordinaires, paraît souvent sur la robe de l'Alpine. Ce qu'il faut retenir de tout ce qui précède, c'est que d'abord les cornes n'exercent aucune influence sur la valeur du produit ou la qualité de la Chèvre alpine; qu'il n'y a pas plus de raison de la vouloir sans cornes qu'à vouloir la Vache sans cet attribut de son espèce, ce que pour cette dernière, personne ne se soucie de réclamer. Pour ce qui est de la robe, la bête a la même valeur économique sous tous ses costumes et, quand la forme est belle, bien caractéristique de la race, harmonieuse, que le poil est brillant, ce qui est l'indice des bons soins qu'elle reçoit, qu'avons-nous à demander de plus pour trouver en notre Chèvre française un animal de grand choix? Surtout, veillons bien à ce que les Suisses ne nous la prennent plus, pour l'échanger, sous leur étiquette, contre du charbon allemand, comme le fait nous est rapporté par voie américaine. Nous n'empêcherons pas vraisemblablement le besoin frivole de certains amateurs d'assigner à l'Alpine un uniforme à leur goût. Ce qu'il importe, c'est que nous fassions, à cet égard, mieux que nos voisins suisses. Même plus tard, quand tout le monde appréciera la Chèvre, que son sort sera bien fixé, qu'elle FORMATION HISTORIQUE DU TROUPEAU CAPRIN d'EUROPE 357 aura droit de cité partout, et enfin quand notre goût pour les variétés et les changements de la mode nous y poussera, nous ne voyons aucun mal à nous amuser à en adopter une qui durera tant que le voudra notre caprice, comme nois faisons pour les Chiens, les Chevaux et autres animaux de luxe. Ce sera l'application du principe utile didci, auquel tout le monde est disposé à souscrire. Mais, en attendant, soyons utilitaires comme les circon- stances présentes nous y invitent. Si nous nous sommes penchés sur la Chèvre pour l'observer dans ses mœurs et dans son caractère ; si, à force de scruter, nous avons fini par saisir les vœux de sa nature et l'étendue de ses capacités, c'est afin de pouvoir, cette science une fois acquise, en user à notre profit en l'adaptant selon les méthodes de réalité pratique que nous appliquons à tous les objets. Pour montrer comment nos idées se sont enchaînées à cet égard, rappelons que nos connaissances en aviculture nous ont appris qu'en confinant certains animaux de basse-cour dans un espace restreint, en les immobilisant en quelque sorte et en les gavant de nourriture dans une mesure scientifiquement établie, nous obtenons de l'engraissement et des transformations phy- siologiques qui font de l'animal traité de la sorte un produit de consommation très recherché et de grand rapport économique. Cela ne répond pas évidemment à la formule : « Soyez bons pour les animaux », mais encore pouvons-nous croire que l'animal créé à l'usage de l'homme et soumis à ce régime dans un but de meilleure utilisation, est moins à plaindre que la Chèvre traitée comme elle l'est habituellement, en France, reléguée et confinée elle aussi, mais dans les conditions les plus pénibles, tout l'hiver dans une masure, sans air et sans lumière, où elle prépare sa mise bas et sa lactation au dur régime de la misère et de la privation. En lui assignant un genre de vie assez voisin de celui de la volaille au gavage, nous savons pertinemment que la Chèvre non seulement s'en trouve très heureuse, mais qu'elle s'y porte à merveille et y double son rendement en produit lacté de toutes sortes. C'est la bonne manière pour faire de l'industrie caprine à gros résultats. Voici d'ailleurs comment nous organisons les choses : 3S8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION Nos Chèvres sont en stabulation permanente : elles sont attachées à leur mangeoire aux heures des repas fit pendant tout le temps que durent la digestion, rassiniilation et l'utili- sation écfinomique des aliments absorbés. Nous ne leur ren- drons la liberté que juste dans la mesure nécessaire pour prendre un peu d'exercice hygiénique, afin de les maintenir en bonne forme physique. Un peu de marche rapide au grand air remplit ce but. A ce régime d'internement, agrémenté de grand jour et d'air dans toute la mesure suffisante, la Chèvre, loin de s'étioler, prospère comme nous venons de le dire, son inaction l'entraîne à manger beaucoup pour s'occuper. Elle fait dans ces conditions de la production laitière, comme le Porc, l'Oie, le Canard et la volaille font de la viande et de la graisse. Elle n'a aucune rai- son pour se porter moins bien que ceux-ci. 11 faut, bien entendu, comme pour tous ces animaux, choisir, pour la soumettre au traitement de la production intensive, le moment où elle est naturellement disposée à faire l'effort physiologique qu'on lui demande. En effet, en dehors de la période de lactation, l'appétit de la Chèvre ne lui permettrait guère d'absorber au delà de la ration d'entretien que l'on .peut fixer en foin, par jour, à environ le trentième de son poids. Par contre, une Chèvre douée et entraînée pour être grande laitière, au régime intensif institué autrefois au Mont d'Or lyonnais, était capable de s'assimiler jusqu'à 9 repas par jour et savait tirer des 5 litres de sang qui circulent dans ses veines, pour un sujet de 70 kilogrammes, jusqu'à 1.200 litres de lait par an. Et ce sont là des faits incontestables : nous les avons vérifiés personnellement en mettant en expérience des animaux de cette même race caprine. D'auires, que nous sommes en mesure de nommer, ont obtenu le même succès. Nous tenons nos preuves à la disposition des incrédules. Par l'exemple du Mont d'Or, nous prouvons également que le régime de réclusion et surtout la pratique essentielle de l'attache à la mangeoire, comme facteurs de grande produc- tion, ne constituent pas de notre part une innovation origi- nale. Nous ne faisons, en effet, que nous écarter péremptoirement des théories officielles qui nagent dans l'erreur lorsqu'elles veulent soutenir que la Chèvre ne doit son extraordinaire vita- FORMATION HISTORIQUE DU TROUPEAU CAPRIN d'EUROPE 3S9 lité qu'à l'existence qu'elle passe normalement au grand air de la montagne. Est-ce que les Vaches qui vivent comme la Chèvre, en Savoie et dans les Alpes, au grand air de la montagne, y deviennent moins tuberculeuses pour cela? Elles le sont peut-être un peu moins qu'à l'étable où le fléau les gagne et les détruit plus vite. La Chèvre par contre y vit, sans dommage aucun pour sa santé, pendant dix ans, et si nous nous arrêtons à ce chiffre, ce n'est pas pour marquer le temps de ses possibilités de pro- duction et de santé, mais bien pour envisager la durée de son utilisation en boucherie, car il n'est pas douteux que la chair d'une vieille Chèvre doive être supérieure à celle d'une Brebis du même âge. Nous insistons beaucoup sur la convenance de tenir la Chèvre enfermée, non seulement parce qu'il y a grand avantage écono- mique à le faire, mais aussi parce qu'on règle de la sorte le reproche que les forestiers et les agronomes font à cette espèce animale, classée par eux comme nuisible au développement de notre richesse agricole. En Belgique, avant la guerre, le cheptel caprin national comptait 241.000 sujets tenus à l'attache à l'étable pour le plus grand bien de tout le monde et le plus grand profit de ceux qui en faisaient l'exploitation. L'état de santé de cette population caprine, vivant en recluse, émerveillait le professeur Reul, de l'Ecole vétérinaire de Bruxelles, qui nous a dit personnellement qu'il n'avait jamais observé dans les étables à Chèvres le moindre cas de tuberculose, alors que, dans les vacheries, cette maladie sévissait dans une mesure effroyable comme partout ailleurs. Aussi, si la vie au grand air, dans les plantureuses prairies irriguées, peut être recommandée comme un palliatif à l'en- vahissement de la tuberculose chez la Vache, cette condition de vie est non seulement sans objet pour la Chèvre, mais lui est même nuisible, car c'est sur les riches pâturages de la plaine que le Caprin prend le germe de la strongylose et de la cachexie aqueuse, deux affections parasitaires plus dangereuses aux Chèvres qu'aux Moutons. Si donc il faut s'abstenir d'appliquer aux Chèvres les règles de la zootechnie bovine, il faut leur éviter avec infiniment plus de soin encore celles adoptées partout pour la conduite des 360 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION troupeaux de Moutons. Ce serait la plus détestable méthode à employer pour une exploitation caprine. La Chèvre, envoyée aux champs en troupeau comprimé par la discipline du Chien de berger, se verra contrainte de brouter dans la mesure stricte pour ne pas mourir de faim, mais mangeant mal et avec dégoût, elle ne produira que très médiocrement et ne devra plus compter que comme bête de boucherie, dans des conditions, toutefois, bien inférieures à celles du Mouton qui utilise à fond'ce pâturage et peut ainsi s'engraisser. La Chèvre, elle, ne le peut pais, parce qu'elle n'acceptera jamais de bon gré de se nourrir de l'herbe qu'elle foule de ses pieds et qui, dès lors, se trouve nécessairement souillée. On nous objectera que les cas sont innombrables où la Chèvre figure dans des troupeaux de Moutons et semble s'y bien com- porter. On va même jusqu'à insinuer qu'elle s'y donne la mission de conduire et de guider la troupe ovine qui accepte docilement sa direction. Le fait est exact, mais mal compris et mal interprété. Jamais la Chèvre n'a eu l'ambition qui lui est ainsi prêtée. Ce qu'elle fait, en réalité, c'est courir en avant du troupeau pour atteindre la première la touffe de plantes dont elle veut faire sa nourri- ture ; elle a grand souci d'y arriver avant que l'haleine ou la dent d'un autre ne l'ait effleurée. S'il existe, en montagne, des troupeaux qui ne sont composés que de bêtes caprines, on voudra bien constater que ces trou- peaux n'ont nullement l'allure de ceux de Moutons. Les sujets s'y disséminent, non par besoin d'indépendance, comme on veut le croire communément, mais simplement pour marquer leur humeur à ne pas tolérer qu'une de leurs congénères vienne manger à leur assiette. Où cette disposition de leur caractère est très manifeste, c'est quand on leur jette la "nourriture en tas devant le trou- peau lâché. Ces animaux habituellement doux et patients deviennent intraitables et personne ne les empêcheradese battre furieusement. La conséquence de ce mode de distribution de fourrage, c'est le désordre dans les rangs, la persécution des faibles qui n'arrivent pas à se nourrir suffisamment, c'est sur- tout le gâchage de la nourriture qui aura été piétinée et salie de toute manière. Faut-il conclure de ce qui précède que la vie pastorale à •■»/^ • LA LOUTRE EN SUISSE ool laquelle la Chèvre a été assujettie sous toutes les latitudes et de tout temps doive être abandonnée comme contraire au développement économique d'une industrie caprine? Certes non. Nous n'avons envisagé dans notre étude que la production laitière de la Chèvre, et c'est k ce seul point de vue que nous recommandons le régime de l'écurie avec maintien à rattache. Pour une exploitation recherchant la production de la viande, de la peau et surtout des précieux textiles dont la matière pre- mière est tirée de la toison des Chèvres lanigères, le pâturage en pays de montagne, sur un sol pauvre et inculte, est tout à fait recommandable. Là ne se développent pas les larves et germes de parasites antozuaires, si redoutables pour l'espèce caprine. Celle-ci, par contre, surtout vêtue de sa longue robe de cachemire ou mohair, affronte les climats à température extrême, et rémunère avec prodigalité l'homme qui sait la comprendre et lui donne des soins intelligenls. LA. LOUTRE EN SUISSE Par HENRI BLANC Professeur ù TUniversité de Lausanne. /; extermination de la Loutre en Suisse, tel est le titre d'une étude bien documentée et raisonnée que vient de publier, à Bâle, M. le D^ Paul Sarasin, président de la Ligue suisse pour la Protection de la Nature et du Parc national des Grisons. Après enquête faite par ses correspondants auprès des vingt- deux services cantonaux des « Forêts, chasse et pêche », l'au- teur peut certifier d'après les statistiques officielles qui lui ont été communiquées, que la Loutre sera, sous peu, exterminée en Suisse. Cet animal intelligent risque de passer à l'état d'es- pèce éteinte pour la faune helvétique, si les pouvoirs publics continuent, comme ils l'ont fait jus(iu'à aujourd'hui, à favo- voriser la destruction de ce Mammifère déjà cité par Lamarck dans sa « Philosophie zoologique .. comme un bel exemple de Carnivore adaptée à la vie aquatique. Alors qu'en 1895, 122 Loutres étaient tirées ou plutôt prises au piège en Suisse, on n'en dénombre plus que 15 exemplaires 362 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLTMATATION en 1914. La statistique de Tauteur repose sur des données absolument certaines, parce que la chasse de la Loutre, consi- dérée comme une bête toujours avide de Poissons, est auto- risée toute Tannée comme animal nuisible à l'économie pisci- cole des lacs et cours d'eau. Ce Carnivore piscivore est, en outre, l'objet d'une prime accordée au chasseur, dont la valeur varie d'un canton à un autre, soit de 5 fr. 15 à 5 fr. 30; la moitié de cette prime est remboursée à l'autorité cantonale par le Service fédéral « Forêts, chasse et pêche ». Étant données ces récompenses par trop exagérées, le chasseur est naturelle- ment encouragé à tuer la Loutre, qui lui rapporte davantage qu'un Blaireau ou qu'un Renard. A la prime payée sur présen- tation de la victime à la préfecture de district, s'ajoute encore le prix de vente de la fourrure fort appréciée. Il y a vingt ans, le marchand pelletier payait à Lausanne 5 fr. 30 pour la peau d'une belle Loutre adulte, ajourd'hui, elle serait achetée pour 80 francs ; mais, voilà ! il n'y en a plus, me répondait hier le pelletier interrogé à ce propos. Si l'inventeur du chapeau haut de forme moderne a pro- voqué la disparition du Castor, ce sont les pêcheurs et les pis- ciculteurs qui ont toujours visé à l'extermination de la Loutre en Suisse et ailleurs. Ils l'accusent, bien à tort, d'avoir pro- voqué la furonculose chez les Salmonidés (les Truites en parti- culier) et de la propager, alors qu'il est établi que cette maladie a fait son apparition en Suisse il y a une dizaine d'années oii la Loutre était déjà très décimée sur tout son territoire. Il est certain que cet animal si agile, si rusé, est un grand destruc- teur de Poissons, dédaignant le menu fretin pour s'attaquer aux belles et grosses pièces, mais M. Sarasin relève le fait qu'il détruit aussi des Rats d'eau. On a tort de reprocher à la Loutre le peu de rendement des cours d'eau, malgré tous les efforts faits pour leur réempoissonnement par les pouvoirs publics, et les associations des pisciculteurs et pêcheurs. Si M. Sarasin réclame la suppression des primes accordées jusqu'ici aux tueurs de Loutres pour que cette intéressante espèce ne soit pas exterminée à bref délai, il réclame pour que les pêcheurs soient toujours satisfaits, que l'on prenne enfin des mesures plus efficaces contre les empoisonnements toujours plus fré- quents des cours d'eau par les déchets d'usines qu'on y déverse souvent en abondance, provoquant la maladie et la mort d'une quantité de Poissons jeunes et adultes. ANOMALIES GÉNITALES CHEZ LES OISEAUX 363 Si la cause de rextermination de la Loutre si bien défendue par M. Sarasin n'est pas bientôt gagnée, ce Mammifère ne sera plus à voir en Suisse que comme sujet plus ou moins bien naturalisé dans les musées zoologiques. ANOMALIES GÉNITALES CHEZ LES OISEAUX OBSERVATIONS FAITES AU SÉNÉGAL Par le D-^ MILLET-HORSIN. 1° MÉLANGES d'espèces. Je n'ai pas constaté d'hybrides, à part un Merle métallique, qui réunit en lui Lamprocolius nitens et L. chloropierus. Ce sujet a été acheté en 1914 à un marchand indigène et est mort le 13 avril 1914 dans ma volière. Ses dimensions sont les sui- vantes: longueur, 249 millimètres; envergure, 430 millimètres; œil, 6 millimètres, rouge feu; sexe J. Il ressemble assez forte- ment au L. nitens, mais n'a qu'une rangée de taches veloutées très raréfiées sur les rémiges et a plutôt la teinte du chlorop- ierus. Si je n'ai pu noter qu'un seul hybride, j'ai eu par contre deux fois à observer sinon des accouplements, du moins des couples mixtes : En captivité, j'ai vu dans la volière du D'Bouet, à Dakar, un ^ de Lagonoslicta senegala qui était aux petits soins pour une Ç de Mariposa phœnicotis; celle-ci le payait de retour. Ces deux Oiseaux ne se quittaient guère. J'ai eu en volière chez moi, à Dakar, des couples mixtes : 1" Bec de plomb 5 et Cou-coupé Ç; 2° Père noir et Serin de Hartlaub; 3° un Cordon bleu 5 veuf, courut après une Q de Pytélie sanguinolente; 4° un ^ de Hypocfuera nileiis poursuivit en vain une $ de Veuve [Steganura paradisea) et 5° un Euplecte franciscain $ n'eut pas plus de succès auprès de la même 9 de Veuve. Je citerai pour mémoire ce fait observé en 1906, quand j'étais à Melun. J'ai vu dans ma volière un Coq de la race nègre du Japon s'accoupler avec une 2 de Perdrix {Starna cinerea) et 364 BULLETIN 1»E LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION refuser de s'accoupler à une Pintade ordinaire $ ; la $ de Per- drix lui témoignait beaucoup d'afifection, faisait preuve de alousie et pourchassait impitoyablement toute Ç, quelle que fût son espèce, introduite dans la cage. Elle était en très bons ter- mes avec la Pintade. Il y eut des œufs dont l'incubation resta négative. Voyons maintenant les mêmes faits en liberté. Au début d'août 1916, j'ai plusieurs fois, en allant à mon service à Oua- kam, observé une bande de Becs-de-plomb [Haydemosina can- tans). Parmi eux se trouvait toujours un ^ de Mange-mil {Quelea sanguinirostris). Celui-ci était presque toujours en com- pagnie très rapprochée d'un des Becs-de-plomb. Il est prob9,ble qu'il devait être accouplé dans cette bande; il n'avait aucune relation avec une bande importante d'Uiseaux de son espèce, dont le quartier général n'était pas très éloigné, et le Quelea est en général peu sociable avec les autres espèces. 11 est probable que d'autres mélanges doivent ne pas être rares : certaines espèces vivent en commensalité constante, leurs bandes, étant intimement mélangées ; en particulier, on observe de nombreuses petites bandes mixtes de Cordons bleus {Mariposa phœnicotis), de Sénégalis {Lagonosticta mininia) et de Pères noirs ou Combassous [Hypochxra nitens). 2° Rapports contre nature. On les observe facilement en captivité, et cela s'explique. J'ai eu jadis (en J905) en France quatre Tourterelles [Turtur semi- torquatus) nées en captivité : les deux 5 moururent, les deux Ç, à titre de consolation, se couvraient chacune leur tour, et s'accablaient de caresses ; ce peut être une dégénérescence mentale due à plusieurs générations de captivité. En 1913, à Dakar, le lieutenant Nauge, de l'Artillerie colo- niale, me signala dans sa volière deux Sénégalis rouges (Lago- nostieta senegala) 5 qui agissaient exactement comme mes Tourterelles. En août 1913, dans ma volière un 5 de Quéléa à bec rouge (appelé mange-mil ou travailleur), qui s'y trouvait seul de son espèce depuis deux mois et avait commencé à construire un nid, poursuivit pendant quatre à cinq jours de ses assiduités un ^ de la même espèce, mais de la variété sans masque, et fut du reste très mal reçu. ANOMALIES GÉMTALES CHEZ LES OISEAUX 363 A Dakar encore, chez le D''Bouet, j'ai vu desj^ de Pyromelana flammiceps en captivité depuis deux et trois ans, et sans Ç, qui sautent sur le dos de Pigeons [Colomba r/uinea) détenus dans la même cage qu'eux et se donnent l'illusion de les couvrir, copu- lant sur leur dos. Mais ce sont là des observations dont on pourrait rapporter la cause à la captivité. Il y a des faits analogues en liberté. Dans le courant du mois d'août, j'ai remarqué et surveillé un couple de petites Tourterelles à longue queue [Œna- capensis). Ce couple absolument inséparable, et qui paraissait normalement constitué d'un § et d'une 9, m'intéressait, et je cherchais à savoir oili il nicherait, pour pouvoir étudier de près sa nidification et sa couvée. Or, un de ces sujets, celui que je croyais être la 0, se modifia : son plumage se mua en plumage de 5 (ce qui était mue un peu tardive pour l'espèce). Ces deux oiseaux, très unis, se becquetaient et se caressaient très souvent ; je ne les ai jamais vu se couvrir, mais ils avaient tellement les allures d'un couple uni pour la reproduc- tion, que je ne doute pas qu'il s'agissait d'un ménage homo- sexuel. J'ai remarqué également une paire de ^ de Pères noirs (Hijpocluera 7iitens) fin août. A cette époque, les couples de cette espèce sont appariés. Mes deux 5 étaient toujours ensemble et nettement semblaient fuir les $ de leur espèce. Un jour, un d'eux se prit dans un trébuchet placé près de mes cages et je le mis en volière. Son ami rôda dès lors autour des cages, comme font les ^ ou les ? dont le conjoint a été capturé. Il avait ceci de remarquable qu'aune époque où presque tous les 5 de cette espèce ont>evêtu leur beau plumage indigo métallique, celui-ci avait (comme VŒnacapensis ci-dessus cité) un plumage de mue très en retard; il avait de nombreuses plumes encore brunes dans le manteau et sur les ailes ; signe d'infériorité, qui, peut- être, constituait une imperfection dans les caractères masculins, et aurait la valeur des tares de féminisme observées chez les invertis humains? Je n'ai pu pousser plus loin l'étude de ce couple étrange, car quelques jours après je dus rentrer à l'hôpital de Dakar, mes cages furent déplacées, mes pièges furent rangés dans une caisse, et je ne sais ce qu'est devenu VIJupochiera veslé en liberté. D'autres lecteurs du Bulletin ont-ils constaté des faits ana- logues ? 366 BLILLKTIW DE LA SOCIÉTÉ NATIONALb; d'aCCLIMATATION 3° HeRiMAPIIRODISME. Je n'ai pas d'observation sénégalaise; je citerai seulement, pour mémoire, un Grèbe Huppé {Podiceps cristatm) tué en décembre 1910 à Gabès (Tunisie) qui portait un plumage de 5 classique et dont l'autopsie me révéla des ovaires et des testi- cules parfaitement et également développés. CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉLEVAGE DE LA CARPE Par LOUIS ROULE Professeur au Muséum, '^d'histoire naturelle. La Société nationale d'Acclimatation m'ayant délégué pour la représenter au « Congrès de l'étang et de l'élevage de la Carpe » qui fut tenu à Paris, du 18 au 23 mars 1918, sous la présidence de M. le sénateur Gomot, ancien ministre de l'Agri- culture, assisté de M. Cardot comme secrétaire général, je tiens, avant de signaler parmi les questions traitées celles qui nous intéressent plus spécialement au sujet de l'acclimatation et de la reproduction, à rappeler les circonstances <\\x\ ont amené la réunion de ce Congrès. Cet historique remonte à quelques années avant la guerre. La Compagnie d'Orléans (P.-O.), et son service commercial dirigé d'une manière intelligente et active par M. l'inspecteur principal Poher, avaient alors tenté de grouper les principaux propriétaires d'étangs du réseau, et de leur faire apprécier les résultats obtenus à l'étranger, notamment en Europe centrale, par la méthode de la carpiculture intensive. Grâce à cette initia- tive, plusieurs de nos compatriotes, notamment M. Brunet, directeur général honoraire des Douanes et ancien conseiller d'État, ont pu aménager leurs élevages selon ces méthodes, et en ont obtenu d'excellents résultats. La guerre arrêta ce mou- vement qui débutait. Puis, dans l'automne de 1917, sous l'influence des nécessités du ravitaillement, l'initiative fut reprise, un groupement de propriétaires alla visiter en Sologne les établissements de M. Brunet, et de là naquit l'idée du Con- grès. Un Comité d'organisation, dont M. Poher était le secré- CONSIDÉRATIONS SIH l'ÉLEVAGE DE LA CARPE 307 taire général, et que je présidais, se mit sans tarder à la besogne, et, grâce au bienveillant appui du ministre de l'Agri- culture, des hautes administrations, des sommités agricoles, le Congrès fut prêt en temps voulu. Son programme consistait à faire l'étude des procédés pra- tiques qui doivent permettre d'augmenter la production piscicole de nos étangs à Carpes et de procurer ainsi à l'alimen- tation nationale d'importantes ressources complémentaires. Ouvert gratuitement à tous les propriétaires et exploitants d'étangs de notre pays, il fut divisé en quatre sections, législa- tion, commerce, transport, élevage, afin de permettre l'examen complet des questions diverses que i'on devait traiter. Ce Congrès a réuni un nombre considérable d'adhérents. Les circonstances, malgré les facilités de voyage accordées par la Compagnie d'Orléans, n'ayant pas permis à plusieurs de ces derniers de venir à Paris, les séances furent cependant très fréquentées, et même les deux dernières, celles du 23 mars, jour où commença le bombardement par les canons à longue portée. Malgré les détonations pourtant proches et répétées, malgré le défaut de protection de la salle, malgré l'anxiété de la bataille sur le front, les deux séances eurent lieu, de 9 heures à midi, et de 14 à 17 heures, sans faiblesse ni appréhensions. Le travail effectué, qui sera exposé dans un volume de comptes rendus auquel je renvoie, se résume en une série de vœux, dont certains, touchant aux questions les plus vitales de l'exploitation rationnelle des étangs, bénéficieront, selon la promesse faite par M. Dabat, directeur général des Eaux et Forêts, et l'un des vice-présidents, du patronage de l'Adminis- tration. La section de l'élevage des Carpes, qui a tenu cinq séances de plusieurs heures chacune, a eu l'occasion d'étudier et de discuter diverses questions techniques qui se rapportent à celles dont nous nous occupons, et qu'il est utile par suite de men- tionner. Ces questions, prises dans leur ordre, sont les sui- vantes : choix de races sélectionnées pour l'élevage, installa- tion de bassins spéciaux destinés à la ponte et à l'alevinage, enfin, méfaits d'une acclimatation non surveillée. Sur le premier point, un accord unanime s'est réalisé pour l'emploi exclusif de races sélectionnées de Carpes et notamment de celles appartenant au type dit « Carpe-Cuir ». Les races actuellement employées chez nous par quelques propriétaires 368 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION proviennent originairement de l'Europe centrale, et se sont bien acclimatées à notre pays. Elles présentent l'avantage, par rapporta nos carpes indigènes, d'une croissance beaucoup plus rapide; ce sont des races précoces, procurant à égalité de conditions le meilleur profit. Plusieurs membres du Congrès, tout en convenant du fait, ont laissé remarquer cependant que le type des Carpes-Cuir et des variétés précoces se présente parfois chez nos carpes indigènes, et qu'il conviendrait de le sélectionner afin de voir s'il ne vaudrait pas mieux que les races acclimatées. Les bassins de ponté et d'alevinage sont destinés, par une intéressante application des conditions biologiques de la repro- duction, à déterminer artificiellement la ponte naturelle. On se base à cet effet sur l'action de la température de l'eau qui, poussée à un degré suffisant, oblige les individus reproducteurs parvenus à la maturité sexuelle à émettre leur semence et leurs œufs. Cette température, en ce qui concerne la Carpe, est de 20° à 24° C. La méthode usitée est toute différente de celle que Ton emploie à l'égard des Salmonidés, où l'on pratique la fécondation artificielle, c'est-à-dire l'émission et le mélange des produits reproducteurs par le moyen de manœuvres manuelles. Ici, la fécondation est naturelle, en ce sens que les individus en cause émettent eux-mêmes leurs produits, la manœuvre consistant seulement à leur procurer les conditions thermiques qui actionnent l'émission. Quantaux méfaits de l'acclimatation non surveillée, ils visent ceux du Poisson-Chat (Aîneiw7'us nebulosus) et des Perches-Soleil [Eupomods, Lepomis) dans les étangs à Carpes. Ces Poissons, d'importation américaine et récemment acclimatés dans nos eaux, se propagent d'eux-mêmes et gagnent de plus en plus, non pas en s'ajoutant à nos espèces indigènes, mais en se substituant à elles tout en ne les valant pas toujours. Ils se rendent nuisibles, dans les étangs exploités, en détruisant pour en faire leur nourriture les alevins de divers âges. Aussi les propriétaires sont-ils obligés souvent de vider leurs bassins pour détruire à leur tour ces Poissons importés à tort, et sont-ils d'avis qu'il conviendra désormais de n'introduire dans nos eaux aucune espèce étrangère sans une enquête préalable, destinée à apprécier si l'acclimatation sera dangereuse ou profitable. POMMES DE TERRE DES ILES CANARIES Par D. BOIS. La Pomme de terre est cultive'e depuis longtemps aux Cana- ries pour Tapprovisionnement de l'Angleterre en tubercules de primeur. Des tubercules de semence sont envoyés chaque année, en octobre-novembre, des îles anglaises aux îles Canaries pour assurer la production, car les variétés d'Europe, sous ce climat subtropical, doivent être ainsi renouvelées pour donner un ren- dement rémunérateur. La maladie et la dégénérescence ren- dent rapidement impropres à la reproduction les tubercules qu'elles y produisent. Les tubercules venus d'Angleterre sont cultivés en hiver, d'octobre à mai. Mais il existe aux Canaries des variétés locales cultivées de très longue date (de temps immémorial, dit le D"" Perez) par les paysans de ces îles et tout à fait adaptées à leur climat. C'est ce que m'apprit le D"" Perez, mon excellent correspondant et ami, dans une lettre qu'il m'écrivait en juin 1917. Ces Pommes de terre donnent une récolte beaucoup plus abondante que celles que l'on obtient des variétés européennes et sont plus appréciées des gens du pays, parce que leurs tuber- cules, au lieu d'être farineux, ont une chair ferme, consistante. Les paysans ont l'habitude de les consommer dans leur repas du milieu du jour, non pelées, en les brisant en deux et en trempant chaque moitié dans une sauce composée d'huile, de vinaigre et de piment. Le D"" Allart, qui fut jadis consul général de Belgique aux Canaries, fît adresser quelques-unes de ces variétés locales ù un propriétaire rural belge, M. Stertevens (?) qui en expéri- menta la culture dans son pays et qui obtint, paraît-il, des résultats extraordinaires au point de vue de l'importance des récoltes. Je n'ai malheureusement pas pu trouver trace des notes qui les relatent. Sur ma demande, grâce aux indications du D"" Georges Perez, M. Debreuil fit une démarche auprès des pouvoirs publics pour obtenir de M. Juan Claverie, consul de France à Ténérife, l'envoi de tubercules des diverses variétés de Pommes de terre locales, des Canaries, qui, en raison de leur adaptation au BULI,. SOC. NAT. ACCL. FK. 1918. — 26 370 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION climat subtropical, pourraient peut-être être introduites' avec chances de succès dans nos possessions du Nord de l'Afrique et peut-être même dans certaines de nos colonies tropicales. Le 6 mai 1918, la Société nationale d'Acclimatation a reçu de M. Juan Claverie 2 colis postaux de tubercules appartenant à trois variétés : Papas blancas, Papas negras, Papas palmeras, cette dernière étant iudiq-uée comme la plus productive. Un second envoi, reçu en fin juillet 1918, contenait les variétés Colorados de Baga et Meloneras. Nous ne saurions assez remercier notre consul de l'empressement qu'il a mis à nous donner satisfaction. Quelques-uns de ces tubercules ont été remis au Muséum de Paris et à la maison Yilmorin-Andrieux et C'% pour l'étude comparative avec les variétés connues. Six de chaque variété ont été en outre expédiés, à M. le D' Trabut, à Alger; à M. Guillochon, à Tunis; à M. Goffart, à Tanger (Maroc), pour culture expérimentale, avec prière de nous faire connaître les résultats obtenus et de tenir à la dis- position de notre Société une partie des récoltes en vue des essais qu'il pourrait y avoir utilité ù poursuivre dans l'avenir, en d'autres pays. MM. Charles Rivière, Debreuil, Mailles, Leprince se sont fait remettre quelques tubercules et nous apprendront ce qu'ils en ont obtenu dans leurs propres jardins. LES BAMBOUS ET LEUR RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE EN AFRIQUE Par Ch. RIVIÈRE. Le terme de continent africain exclut les grandes îles, Mada- gascar, Bourbon, Maurice, etc., qui, par leurs caractéristiques géologiques et botaniques, appartiennent plutôt à l'Asie. Sur 500 espèces de Bambusées actuellement connues dans le monde, l'Afrique n'en possède qu'un très petit nombre parmi lequel se trouve une seule espèce de taille moyenne, comparée aux grandes formes asiatiques : les autres sont plutôt petites, parfois naines, surtout dans le genre Puelia. LES BAMBOUS ET LEUR RÉPARTITION GÉOGRAPUIQUE 371 La plante qui reste donc intéressante est Tancien liambusa ahyssinicak. Richard {Oxylhenanlltera aôyssm/ca M unro), espèce encore fortement discutée à cause de son conspectus très variable suivant les milieux et qui a laissé croire à la pluralité des Bam- bous de haute taille en Afrique, ce qui est une erreur. Schweinfiirth partageait ce doute, mais plusieurs voyageurs, moins naturalistes que lui, n'hésitaient pas à reconnaître dans cette plante le Bambusa arundinacea Retz, espèce asiatique généralement mal dénommée. Cependant, dans certains milieux climatiques favorables, ce Bambou africain atteint d'assez fortes dimensions, notamment dans la région du volcan Kirounga, aux attitudes de 2.700 m. environ où le froid est vif et la neige parfois longtemps persis- tante : « les Bambous y sont géants », dit le lieutenant de Gotzen. Au Fouta, d'après Mage, les abaissements de tempéra- ture sont assez forts pour que pasteurs et bestiaux ne sortent pas avant huit heures du matin. En Ethiopie méridionale, J . Bo- relli a rencontré, à 3.400 m. d'altitude, le Bambou en peuple- ment si serré qu'il fallait s'y faire un passage à la hache. Sur un très grand nombre de points géographiques, soit autour des marigots, dans les plaines ou aux altitudes, cette végétation dense, souvent impénétrable oppose aux voyageurs et surtout aux armées, notamment dans les expéditions fran- çaises au Soudan, un sérieux obstacle : le général Galliéni en a bien décrit la nature. Aucune espèce de Bambous n'occupe le Nord du Continent africain : la plante ne franchit pas le climat saharien et s'arrête à la limite des savanes, mais une espèce de petite taille descend vers le Cap : Arundinaria lessellala Munro. Le gros Bambou africain est donc une espèce intéressante, mais pour ainsi dire inconnue dans nos collections. En résumé la caractéristique du groupe des Bambous afri- cains, c'est sa limitation à un très petit nombre d'espèces sur une grande surface et surtout par la présence d'une seule de large extension et de taille relativement élevée. Le Bambou rend beaucoup de services aux populations, mais bien moindres qu'en Asie où les espèces sont si nombreuses et où l'indigène, plus industrieux dans des milieux civilisés, sait mieux l'utiliser. Néanmoins les populations africaines trou vent dans celte forte Graminée les matériaux nécessaires à la construction de leurs cases, à leur outillage, et parfois du 372 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATIOX grain pour leur alimentation et un fourrage pour leurs bes- tiaux. Et puis ce Bambou a aussi son histoire dans le continent noir si longtemps fermé à la civilisation. Souvent, au sommet d'un haut Bambou, les couleurs de la France et de l'Angleterre ont flotté dans les traversées des grands lacs et des fleuves inté- rieurs, et dans l'Afrique septentrionale, Livingstone, épuisé par la fièvre et mourant abandonné, n'écrivait-il pas ses dernières lignes avec un bout de crayon emmanché dans un petit Bambou ? EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ f r SÉANCE GENERALE DU 27 MAI 1918 Présidence de HI. D. Bois, vice-président de la Société. M. le Président souhaite la bienvenue à nos collègues M. L. Misson, Directeur de l'Industrie animale au Brésil et à M. P. Faucon, qui assistent, pour la première fois, à nos réunions. Il félicite M. Faucon, un des premiers colons de Tunisie, qui, par son heureuse et patriotique initia- tive, sans espoir de rémunération immédiate, a créé, en 1900, dans la région de Sfax, le beau domaine de « la Fauconnerie », où la Direction de l'agriculture vient d'établir la station expé- rimentale du Sud-tunisien. Sur ce domaine de 5.000 hectares, il a été planté 30.000 Oliviers, 8.000 Amandiers, 2.000 Carou- biers et 1.500 Figuiers; en 1906, une ferme pour l'élevage du Mout©n a été créée, et une nouvelle ferme, qui comporte, acces- soirement, la culture du Pêcher, de l'Abricotier et du Prunier pour l'industrie des fruits séchés ou conservés, vient d'être établie pour l'élevage de l'Autruche ; 160 Oiseaux, nés sur le domaine, composent le troupeau actuel. Enfin, la culture des Céréales, qui était considérée, comme à peu près impossible dans la région, a été entreprise par notre collègue sur des EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 373 étendues croissantes chaque année; elle couvre, aujourd'hui, 1.200 hectares. M. Faucon remercie M. le Président et dit qu'il se met à la disposition de la Société pour faire, à ses frais, tous les essais de culture ou d'élevage qui lui seront indiqués. M. le Président proclame les noms des nouveaux membres titulaires admis par décision du Conseil, en sa séance du 13 mai 1918 : MM. Châtelain Henri, pharmacien à Niort, actuellement mobilisé comme pharmacien auxiliaire, présenté par MM. Ed. Perrier, Anthony et Debreuil; LuGENA DE EuGENio, avocat, 158, San Clémente, à Rio-de- Janeiro (Brésil), présenté par MM. Ed. Perrier, J. Crepin et Debreuil. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. A propos de ce procès-verbal, M. Rivière dit que les fruits de Yucca, que M. Robertson-Proschowsky attribue au Yucca aloi- folia, pourraient bien appartenir à une autre espèce. Le Yucca Draconis a, lui aussi, de bons fruits. M. Diguet ajoute que le Yucca valida Brandegee, de Californie, donne des fruits dont la saveur rappelle celle de la datte. M. Rivière a planté les Pommes de terre des Canaries, qui lui ont été remises; il les étudiera avec soin, mais, dès main- tenant, il fait des réserves à leur sujet. Il n'y aura, peut-être, dit-il aucun avantage à remplacer dans nos colonies certains tubercules, qui y viennent bien, par ces Pommes de terre. M. le Président renouvelle à M. Fauchère, qui va partir à Madagascar, comme inspecteur général de l'agriculture et des forêts de Madagascar, ses félicitations et ses vœux. Nous avons reçu des nouvelles plus rassurantes sur les collec- tions de M. E. Boullet, à Corbie, on pense pouvoir sauver celle des Papillons. 11 n'en est malheureusement pas de même pour Bailleul. Ts'otre collègue M. A. Cordonnier, en nous remerciant de l'in- térêt que nous lui témoignons dans son infortune, complète nos précédentes indications par les détails qui suivent : « Les ouvriers, encouragés par la présence démon fils Joseph 374 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION et espérant que les Allemands n'arriveraient pas à forcer les lignes anglaises, restèrent à leur poste. Les derniers moments furent terribles; il fallut fuir, en hâte, en une heure, sans avoir le temps de rien sauver, ni meubles, ni livres, ni documents Après les Forceries de l'Aisne, après Quessy, où les Boches, avant de partir, scièrent tous les arbres à raz de sol, les « Grap- peries du Nord » ont vécu. » Cet établissement fournissait des raisins toute l'année; ISO. 000 pêches de serre, qui précédaient l'arrivée des pêches de Montreuil; 50.000 prunes, autant de cerises, permettaient d'attendre les fruits de plein air. Il y avait plus de 55.000 mètres de vitrage; le chauffage au thermosiphon était réparti au moyen de 70 kilomètres de tuyaux de 9 à 10 centimètres de diamètre; on y consommait 250 wagons de charbon, annuelle- ment; la main-d'œuvre était assurée par 150 à 225 personnes, hommes, femmes et jeunes gens. Les « Grapperies du Nord » avaient été fondées en 1889, par M. Anatole Cordonnier sur la demande du Directeur de l'Agri- culture, M. Tisserand. Ornithologie. M. C. Debreuil rapporte une observation sur un mâle de Faisan argenté, qui a couvé plusieurs fois et qui, en 1917, a mené à bien une incubation d'œufs de Poule. Notre collègue, à propos des Oiseaux mâles couveurs, demande quelles sont les causes qui déterminent un Oiseau à couver, 11 y aurait, dit- il, grand intérêt à faire des recherches à ce sujet. La com- munication de M. Debreuil sera publiée. M. J. Delacour nous adresse la liste, ou, comme il dit, « la lettre de faire pan des Oiseaux qu'il possédait à Villers Bre- tonneux en mars 1918, et qui ont été tués par les bombarde- ments allemands. La collection de noire collègue se composait encore de plus de 350 Oiseaux, dont certains, par leur rareté ou leur valeur propre, présentaient un grand intérêt : Autru- ches du Cap, Nandous blancs. Grues, Aigrettes, Hoccos, Gouras, Pigeons carpophages, Perruches, Touracos, Calaos, Tangaras, Sucriers, Guils-Guits, Souï-Mangas, etc., etc.; des hybrides de Faisans Mikado, de Pigeons, etc. Une note détaillée paraîtra dans le Bulletin. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIETE 375 M. le Président regrette que M. Dclacour n'ait pu assister à la séance, comme il nous l'avait fait espérer; nous aurions voulu lui renouveler, de vive voix, la grande part que nous prenons à sa tristesse et le prier de transmettre à sa mère, M"" Th. Delacour, notre collègue, notre respectueuse sympathie. La seule chose qui puisse nous consoler, c'est que M. Delacour n'a pas perdu courage, qu'il saura reconstituer ses collections et reprendre ses études. A propos de la capture d'une Perdrix rouge à plastron blanc, signalée par un de nos collègues, M. de Chapel rappelle qu'il y a quelques années, il a fait un article paru dans le Bulletin (année 1903, p. 84 et 85), dans lequel il mentionnait des com- pagnies de Perdrix rouges à plastron localisées dans un coin de l'Hérault et dans les dunes et vignes voisines, aux environs d'Âigues-Mortes. Notre collègue croit que cette Perdrix n'a été cîgnalée par personne avant lui ; c'est pourtant, à son avis, une variété fixée, se reproduisant par accouplement d'Oiseaux semblables. M. de Chapel qui écrit de Cardet, dans le Gard, termine sa lettre datée du 15 mai en disant que les Guêpiers sont arrivés. M. P. Vendran, de Montélimar, qui s'est rendu acquéreur des Aigreitesde notre regretté collègue, le comte de Najac, nous dit que les difficultés actuelles l'empêchent de poursuivre, comme il le vaudrait, ses expériences; il serait heureux de se mettre en rapport avec les membres de la Société qui s'intéressent à cet important élevage, Depuis longtemps, les éleveurs cherchent, au moyen de pro- cédés plus ou moins empiriques, à connaître, avant l'éclosion, la proportion de mâles et de femelles que doivent leur donner les œufs mis à couver. Parmi ces procédés, un des plus connus est celui qui consiste à choisir les œufs à bout arrondi quand on veut des femelles et les œufs à bout pointu quand on désire des mâles. Mais cette méthode n'a encore donné que des résultats incertains. M. Lasseaux l'a complétée, sur les indications d'une sœur de la congrégation de Remiremont, par l'examen de la chambre à air. On obtiendrait le plus grand nombre de femelles, dit notre collègue, avec des œufs à bout arrondi, parmi lesquels on aurait 376 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION choisi ceux dont la chambre à air est netiement inclinée en dehors de Vaxe de Vœuf. Voici les résultats sur deux couvées ainsi choisies : 1» 13 œufs, 5 naissances, 4 poulettes et 1 coq; 2" 13 œufs, 6 naissances de 6 poulettes. L'expérience est intéressante, mais il est évident que pour qu'elle soit concluante, il faudrait la poursuivre sur un beau- coup plus grand nombre d'œufs et la compléter par une autre contraire sur des œufs à bout pointu. II est bon de remarquer que M. Lasseaux n'avait qu'un Coq pour 18 Poules, ce qui explique la grande proportion d'œufs clairs, mais ce qui eut dû donner un plus grand nombre de mâles sur la totalité des œufs pondus, si l'on accepte la théorie de l'âge des Spermatozoïdes. Aquiculture. M. Diguet fait une communication, accompagnée de projec- tions, sur l'Huître perlière dans le golfe de Californie. Cette étude sera publiée au Bulletin. L'ostréiculture perlière, quoique tentée à plusieurs reprises dans l'océan Indien et les mers océaniennes, n'avait pas donné jusqu'ici de résultats bien décisifs. Cette culture de mer tropi- cale entreprise depuis une vingtaine d'années, par M. Gaston Vives, dans le golfe de Californie, est entréeaujourd'hui dans le domaine de la pratique industrielle et donne des résultats sérieux depuis plusieurs années. La culture de l'Huitre perlière telle quelle se pratique actuel- lement dans le golfe de Californie comporte trois opérations successives : 1° Récolte du naissain : 2» parquage de ce naissain ; 3» ensemencement des fonds perliers et protection contre les animaux destructeurs. La première opération s'exécute à l'aide de collecteurs spéciaux consistant en caissons d'une capacité d'environ deux mètres cubes, dont l'intérieur est entièrement sarni de branchages ou d'autres matériaux susceptibles de fournir à la larve, lorsquelle se transforme, un point où elle puisse se fixer à l'aide de son byssus. La seconde opération consiste à reprendre les jeunes coquilles fixées sur les garnitures des caissons collecteurs et de les dis- poser sur de nouveaux supports capables d'être transportés en haute mer sur les fonds que l'on veut peupler. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 377 Cette seconde opération s'effectue dans de grands viviers établis dans l'île d'Espirilu Santo au fond de la baie de San Gabriel. Ces viviers sont disposés de telle façon qu'ils sont constanament soumis à un courant assez fort produit par les mouvements de marées. Lorsque la coquille est parvenue à une certaine taille et quelle se trouve bien fixée à son support par le byssus, on pro- cède à la troisième opération qui est l'ensemencement en haute mer sur les fonds perliers. Ce dernier travail s'exécute par des scaphandriers qui vont déposer les Huîtres perlières et leurs supports aux endroits convenus et qui les placent sous des appareils protecteurs que l'on maintient en position jusqu'à ce que les coquilles aient atteint une taille suffisante pour ne plus avoir à redouter les ravages des animaux destructeurs. L'Huître perlière demande habituellement quatre ans pour son dévelop- pement complet. Entomologie. M. P. Vayssière fait une communication sur les principaux moyens de destruction de la Mouche de l'Olive {Dacus olese). Cette Mouche peut faire manquer les deux tiers de la récolle. Les recherches n'ont pas encore donné de solution définitive. Jusqu'à présent, les méthodes basées sur l'emploi des appâts toxiques, préconisées surtout par les Italiens, n'ont pas procuré, quoiqu'on en ait dit, des résultats satisfaisants. La méthode par l'emploi des Insectes auxiliaires, comme l'Opius concolor, petit Hyménoptère, que M. le professeur Marchai a découvert, en 1910, en Tunisie, semble être la meilleure pour l'avenir; actuellement, il serait sage d'employer les deux méthodes con- curremment. M. de Guerne dit que, avec M. Faucon, M. Chevalier, qui possède 2.000 hectares d'Oliviers à Tebourba (Tunisie), et qui a créé une huilerie modèle, serait un excellent correspon- dant. M. Rivière, qui possède de très anciennes olivettes, en Kabylie, plantées, dit-on, par Annibal, perd, parfois, du fait de la Mou- che, la moitié de sa récolte; il s'élève contre l'emploi des poi- sons, qu'il trouve dangereux et sans résultats satisfaisants; il préfère la méthode dite « des Cochons ». Lorsque les Olives attaquées par le Dacus sont tombées, on lâche des Cochons qui 378 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION les mangent et on supprime, ainsi, les générations suivantes de la Mouche. La communication de M. Vayssière sera reproduite au Bul- letin. M"° de Gourcuff signale une invasion de Chenilles au Bois de Boulogne; dans certaines parties du Bois, les arbres, sur- tout les Chênes et les Hêtres, entièrement dépouillés de leurs feuilles, offrent un aspect hivernal désolant. M. Clément, à qui des Chenilles ont été envoyées, aidenlifié : Liparis Chrysorrhea (Cul brun), Hybernia defoliaria (Phalène effeuillante) et un certain nombre de Noctuelles, Hadena oie- racea, etc. Il est à souhaiter que l'Administration, qui probablement souffre du manque de main-d'œuvre, puisse, néanmoins, faire le nécessaire pour empêcher le fléau de se répandre aux alen- tours. A la séance de rentrée, M. Clément donnera une note sur des nids de Mégachile, que M™" Vernière a trouvée dans une ruche. Botanique. Le R. P. Costes envoie, de Santiago du Chili, des graines d'Orchidée. Ces graines, qui ne sont accompagnées d'aucune indication, semblent être, dit M. Bois, celles d'un Chlonca, c'est-à-dire une Orchidée terrestre, assez comparable à nos Orchidées indigènes et, comme elles, d'une culture difficile, surtout par semis. Une certaine quantité de ces graines sera remise au Muséum, et le reste réparti entre divers horticulteurs spécialistes. M. Mailles donne des renseignements sur un Haricot, envoyé l'an dernier du Chili par le R. P. Costes, et qu'il a cul- tivé dans son jardin près de Paris. M. L. Misson préconise, comme plante fourragère, un Chlo- ris, qu'il a trouvé au Brésil, mais dont l'espèce reste à identi- fier. Cette Graminée,peu exigeante, résisterait aux périodes de sécheresse et donnerait un rendement très élevé. Notre collègue fera parvenir les éléments nécessaires pour l'identification de la plante. Une note sera publiée sur ce sujet. extraits des procès-verbaux des séances de la société 379 Colonisation. Le Congrès d'Agriculture coloniale, organisé par l'Union coloniale française, sous le patronage de M. le Président de la République et du Ministre des Colonies, vient de terminer ses travaux qui, répartis en dix-neuf sections, se sont poursuivis du 21 uu 25 mai. Plus de 300 rapports concernant les produits coloniaux : Café, Huile, Soie, Riz, Elevage, Pêche, etc., ont été étudiés. M. J. Chailley était président de ce Congrès et notre collègue, M. A. Fauchère, secrétaire général. M. le Président félicite vivement les organisateurs, parmi lesquels nous comptons un grand nombre de nos collègues, de leur heureuse initiative. Il espère que ce Congrès sera, comme il a été dit, un Congrès d'action et il souhaite, avec M. Fauchère « qu'un immense effort de production se substitue à l'exploitation indo- lente de richesses naturelles, qui s'épuisent chaque jour ». Cette séance étant la dernière de la session, M. le Président adresse des remerciements et des félicitations à ceux de nos collègues qui ont pris part aux travaux de la Société dans la période qui vient de s'écouler. Depuis le mois de novembre 19i7, date de l'inauguration de notre nouveau Siège social, les communications ont été nom- breuses et d'un grand intérêt, et les réunions très suivies. Malgré les heures graves et les difficultés des temps présents, on peut même dire qu'elles ont été plus suivies qu'avant la guerre. Noire Société a tenu à donner ainsi des preuves de sa vita- lité et à préparer l'avenir par l'étude des questions d'applica- tion des Sciences naturelles dont la solution se posera à la fin des hostilités. Souhaitons, dit-il, que notre cher pays voie bientôt la fin de ses maux et que nous nous retrouvions, à la rentrée, prêts à travailler davantage encore dans la paix glorieuse. Pour le Secrétaire empêché, Cn. Debreuil. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Les Fermes à Faisans. — La folie d'un Singe. — Le recrutement des Jardins zoologiques. L'existence de fermes pour l'élevage des Faisans en Chine vient d'être définitivement contredite par le consul de France à Mong-Tseu, M. L. Flayelle, qui écrit au D' Hornaday qu'il n'a jamais entendu parler pendant sa résidence dans le Yunnan d'aucun établissement de ce genre. M. Flayelle a inter- rogé à cet égard un missionnaire catholique, le père Maire, qui pendant plus de trente ans a parcouru le Yunnan en tous sens et qui l'a assuré qu'il n'y avait jamais eu de fermes à Faisans dans la région. Le D'' Legendre, qui a visité les mêmes pays et qui a poussé ses explorations jusqu'au Thibet, a fait à M. Flayelle la même déclaration. L'exportation de Faisans, vivants ou en peau, est d'ailleurs défendue en Chine et dans rindo-Chine et les douanes chinoises ont confisqué il y a quelques années un lot important de plumes de Faisans expé- dié à un négociant de Canton. Ainsi se trouve confirmée la lettre de M. Pichot que nous avons publiée dans le Bulletin de juillet dernier. Un Singe rhésus de la collection du Jardin zoologique de New-York vient d'être atteint de folie. L'animal sort subite- ment de l'attitude du repos pour fixer son regard sur quelque chose qu'il lui semble voir passer en l'air et qu'il cherche ensuite à saisir soit d'une main, soit en ouvrant largement les bras comme si l'objet de son hallucination était de grande dimension. Dans la poursuite de ce quelque chose imaginaire la pauvre bête déploie parfois une considérable énergie. A part ces démonstrations bizarres ce Singe est en bon état de santé générale. Le recrutement des Jardins zoologiques en animaux de tous genres est singulièrement entravé par l'interdiction des trans- ports d'animaux vivaats. La Société zoologique de New-York vient de se voir refuser l'autorisation de faire venir plusieurs BIBLIOGRAPUIE 381 intéressantes collections que ses correspondants étaient sur le point de lui envoyer. Aux États-Unis, comme en Europe, tout le fret doit être réservé aux approvisionnements et au matériel de guerre. Ces interdictions sont vraiment puériles et compro- mettent tout au moins la situation d'établissements scienti- fiques pour un bien petit avantage, car ce n'est pas l'occupation de quelques mètres carrés par des cages qui pourrait beau- coup gêner le ravitaillement civil ou militaire. BIBLIOGRAPHIE Guide pratique d'agriculture tropicale, par A. Faucuère, vol. I, Principes généraux. Ouvrage honoré d'un prix de la fondation Lucien de Reinach (1). Cet ouvrage, comme ceux que notre collègue M. A. Fauchère a déjà publiés, est le fruit d'études faites sur place, pendant plus de vingt ans, dans les colonies françaises et étrangères, après une excellente préparation à l'École nationale d'Horti- culture de Versailles et au Muséum d'Histoire naturelle, dont il a été l'élève. Envisageant résolument les choses sous leur véritable aspect, avec le seul désir d'être utile, ne reculant pas devant les cri- tiques nécessaires pour éviter le renouvellement de fautes qui pourraient compromettre l'avenir, il s'est acquis une juste autorité, affirmée encore au Congrès d'Agriculture coloniale, tenu à Paris au mois de mai dernier, dont il fut l'un des prin- cipaux organisateurs comme secrétaire général. Sa nomina- tion récente aux hautes fonctions d'Inspecteur général de l'Agriculture et des Forêts de Madagascar et dépendances montre la faveur avec laquelle ses idées ont été accueillies et autorise tous les espoirs pour la mise en valeur de notre grande île africaine. C'est que M. Fauchère est un homme d'action, à l'esprit pratique, qui considère que le temps est venu de faire de la colonisation non pour la forme, mais d'une manière efTective, {*.) 1 vol. in-8o de 138 p. A. Challamel, 26, rue Jacob, Paris, 1918. 382 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION avec une organisation orientée dans cette direction et des fonctionnaires à la hauteur de leur tâche, bien pénétrés de leurs devoirs. Ce n'est pas faire de la colonisation que d'exploiter d'une manière irraisonnée, sans souci de l'avenir, les richesses natu- relles d'un pays dont l'épuisement serait rapide. La vraie colo- nisation consiste au contraire, comme le dit l'auteur : « dans un immense effort de production ; en mettant en œuvre toutes leurs sources vives : sol, eau, lumière, chaleur, habitants, richesses latentes, que nous devons vivifier à l'aide de capi- taux et de notre science ». Avant la guerre, la France achetait annuellement à l'étran- ger pour six milliards de francs de produits coloniaux et n'en produisait qu'une quantité minime. Il ne tient qu'à nous de réduire considérablement ce lourd tribut, en nous mettant immédiatement à l'œuvre. Pour cela, des capitaux sont nécessaires et il les faut suffi- sants; mais il faut aussi le concours de techniciens qualifiés, éprouvés, prudents et avisés, capables d'appliquer pratique- ment les données de la science pour l'obtention de produits de plus en plus abondants, en même temps que plus parfaits, et suffisamment rétribués pour qu'ils s'intéressent aux entreprises qui leur sont confiées. C'est une grave erreur de croire que l'agriculture est à la portée de tous et qu'il est possible de s'improviser directeur d'exploitation lorsqu'on possède de l'intelligence, une bonne instruction et de l'activité : cette conception a été la cause de nombreux mécomptes, aussi convient- il d'éloigner de toute fonction active les hommes même les plus pourvus de parche- mins, lorsqu'ils n'ont fait que de la colonisation en chambre, dans les livres ou dans les écoles. L'on peut s'étonner qu'il faille rappeler des choses d'une telle évidence, mais la longue période de tentatives infruc- tueuses, dont nos colonies ont tant souffert, tient pourtant à cela et l'on n'en continue pas moins, hélas! à voir se perpétuer les plus regrettables errements. C'est à montrer les vices de ces mauvaises organisations que M. Fauchère s'est attaché avec la plus louable énergie. Son nouvel ouvrage, dont le premier volume vient de paraître, est un exposé des principes généraux d'agriculture adaptés aux pays chauds. Dans un premier chapitre, l'auteur BIBLIOGRAPHIE 383 examine les facteurs de la production agricole : sol, climat, capital, personnel, outillage. Un autre est consacré à l'appro- priation du sol à la culture : défrichement et aménagement, drainage, chemins, bâtiments; un dernier ayant trait à l'en- tretien des cultures : maintien dé la fertilité du sol, lutte contre l'eau de pluie dans les régions humides, utilisation rationnelle de cet élément dans les pays secs, hygiène des plantations, emploi des matières fertilisantes et des engrais chimiques. Ce livre écrit avec clarté et une connaissance approfondie du sujet est bien documenté. On y trouve de nombreuses obser- vations originales, d'excellentes remarques et de judicieuses critiques, exposées en toute sincérité dans l'intérêt supérieur du pays. On ne peut que souhaiter la publication prochaine des volumes destinés à la compléter. D. Bois. Le traitement mécanique des fruits du palmier à huile. ~ L'Institut colonial vient de publier, dans le 6^ bulletin de sa Section des Matières grasses, une étude détaillée de M. A. Stieltjès, chef du Service des Études industrielles de cet Institut sur la machinerie employée pour l'extraction de l'huile de palme des fruits du Palmier à huile et le concassage des amandes de palme. On trouvera dans cette étude la description détaillée et le schéma des différentes machines qui ont été inventées pour ces opérations ainsi que les indications précises sur les résultats obtenus notamment dans les colonies allemandes au point de vue du traitement des fruits du Palmier à huile. 384 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aGCLIMATATION Ordres du jour de la séance générale ET DE l'assemblée GÉNÉRALE QUI AURONT LIEU EN JANVIER 1919. SÉANCE GÉNÉRALE, LuncU 13, à 3 heures. M. Poisson : Un antiseptique pouvant suppléer l'alcool, dans les préparations d'Histoire naturelle. M. A. PiÉDALLU : Utilisation des déchets de la maison, comme engrais. M. L. Rousseau : Le Renard en captivité. (Lecture.) Assemblée générale, Lundi 20, à 3 heures. Rapport de M. le Secrétaire général sur la situation de la Société. Rapport de M. le Trésorier sur Tétat des Finances. Élections pour le renouvellement du bureau et des membres du Conseil sortants. M. MouQUET : Gestations d'une femelle d'Hippopotame. M. )e D"" Cathelin : Le nid de l'Oiseau répond-il aux lois de Lamark et de Darwin? (Lecture.) Lundi 20, à 5 heures. — Sous-Section d'ornithologie. (Ligue pour la Protection des Oiseaux.) Tous les membres de la Société sont priés d'assister aux Séances générales, qui ont lieu deux fois par moîs^ au Siège social, 198, boulevard Saint-Germain. Sur demande, les Ordres du Jour sont adressés mensuelle- ment. LISTE DES SOUSCRIPTEURS POUR L'AGRANDISSEMENT DU SIÈGE SOCIAL (1918) Bons de 50 francs. J^mes CoEz 4 Delagour (Th.) 13 Ganay (Marquise de) 10 Le'gallier 1 Normand (Augustin) 2 Pascalis 1 MM. Arenberg (Prince Pierre d') 10 Aron (Arm.) 2 Babault (G.) . . g BOHN 5 Boullet (E.) i Buchet (Gh.) 2 BuGNiON (Prof.) . 1 Cathelin (D^) 2 Caugurte (R.) 2 Chappellier (Albert) 4 Chauveau (D-" G.) 3 Ghevreux (E.) 2 Glément (A. L.) 1 Debreuil (Gh.) 10 Degoudun (G.) 10 Delagour (J.) 10 Dériard (A.) 4 Fellay (A.) 1 FoucHER (Abbé G.) 2 Hua (H.) . 2 Kestner (P.). . 4 Laghesnais (de) 1 Lassalle (G.-B.) 10 Lehmann 10 Lemaitre (Mgr Alex.) 1 Leprince (D'') 5 Loyer (Maurice) 2 PiCHOT (P. A.-) 2 Société centrale des chasseuhs 1 Stewart (W.) 3 Vilmorin (J. de) 2 VlTON (L.) i WORMS DE ROMILLY 1 BULL. SOC. NAT. ACCL. KR. 1!)18. — 27 386 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION SUBVENTIONS Par décision, en date du 22 avril 1918, le Ministère de l'Agri- culliire a accot-dè à la Société une subvention de 1.500 francs. Le Ministère de l'Instruction publique a également accordé à la Société une subvention de 100 francs. ETAT DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE PENDANT l'année 1918. NOMS DES DONATEURS Permanent Wild Life Protection fl:nd. (New-Yoiik. U. S.). HoBNADAY (Dr. W. t.) Ministère de l'Agriculture . . Ministère de l'Instruction pu- blique MM. Chappellier (Albert) Debreuil (M™« J.-G.) Debreuil (Ch.) Guerne (Baron J. de) Bois (D.) Behm (A.), directeur du Jardin botanique de Stockholm. . . Cave (J.-H.). Curator Lloyii Bota- nic Garden Darjeeling (Indes). Claverie (J.), consul de France aux îles Canaries Costes (R<'.-N.) Debreuil (Ch.) GOFFART (J.) Jeanson (M.) Marnier-Lapostolle Mailles (Ch.) MOREL (H.) Muséum d'Histoire naturelle. . Perez (Di- G.-V.) PlÉDALLU (A.) Robertson-Proschowsky (D') • . Bois (D.) Beille (D') OBJETS DONNES 10 Dons en espèces. Don de 2.720 fr. Subvention de i . . . . 1.P500 fr. Subvention de 100 fr. Subvention .... î ...... . 73 fr. Subvention 150 fr. Subvention 175 fr. Subvention ... : 150 fr. 2" Végétaux : Plantés et graines. Graines diverses. Graines diverses. Graines des Indes anglaises. Plusieurs variétés de Poihmes de terre des Canaries. Graines du Chili. Plantes et fruits. Graines diverses. Fruits, légumes et gràiiifeS. Graines diverses. Graines diverses. Collection de graines d'Eucalyptus et graines diverses. Plantes et graines. Graines des Canaries. Graines diverses. Graines diverses. • 3° Livres et brochures pour la Bibliothèque Livres et brochures pour la Bibliothèque. Livres et brochures pour la Bibliothèque. ÉTAT DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ PENDANT l'aNNÉE 1918 387 NOMS DES DONATEURS MM. Beaudoin ^R.) Bonaparte (Prince R.) . Carié (Paul) GoËz (M'"'') Daily Murry Dangaix DebREUIL (Cb;) ..... Du Pont (L-t".) .... Falchère (A.) Geoffroy Saint-Hilaire Hornaday (D-- W.-T.) . Jumelle (H.) Janet (Gh.) Maiden Mattirolo (Profi 0.). . . Perez (D'- g. V.) PlÉDALLU (A.) PlERAEKTS (Prof. A.) . . . Pinard (A.) Rorertson-ProschoWsky. rociion-duvigneaud (d') ROSTER (Prof. G.) ; . . , Roule (Prof. L.) Vayssière (P.) .*..., Vital-Brazil (Df). . . . VOITELI.IER H.) CuAPi'ELLiER (Albert) Dedreuil (Ch.). . . Delacour (J.) . . . PiCHOT (P. A.-). . . Anonyme. ....... Besse (Ch.) Capitaine (L.) . . . i Debreuii. (Ch.). i ; , Debreuil (Ch.) . . . . Decou.x(A.) Delacour (J.) ... Koucher (Abbé G.). . GuERNE (Baron J. de) Hédiard Loyer (Maurice) . . Loyer (Maurice) . . Loyer (Maurice) . . Rollinat (R.) ... Rivière (Charles). . OBJETS DONNES Livres et brochures pour la Bibliothèque. Livres et brochures pour la Bibliothèque. Livres et brochures pour la Bibliothèque. Livres et brochures pour la Bibliothèque. Livres et brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour ,1a Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. Brochures pour la Bibliothèque. 40 Clichés typograi>hi«iue»!>. Clichés typographiques. Clichés typographiques. Clichés typographiques. Cliciiés typographiques. 5° Objets diveri^. Un panneau-fleurs. Lampes électriques. Installation électrique. Meubles et tentures pour installation. Oiseaux naturalisés. Oiseaux naturalisés. Aquarelles et dessins. Papillons et Oiseaux naturalisés. Casiers de Bibliothèque. Produits divers. Un panneau-fleurs. Un album à dessins et aquarelles. Oiseaux naturalisés. Clichés pour projections. Échantillons botaniques. Le Conseil renouvelle ses remerciements aux Donateurs - il adresse ses sentiments de gratitude à tous les collabo- rateurs du Bulletin qui contribuent si puissamment à la dillu- sion de l'œuvre de la Société. TABLE DES MATIÈRES TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS DONT LES ARTICLES SONT PUBLIES DANS CE VOLUME Babault (G.)- Effets du froid sur les Animaux exotiques, 196. Blanc. La Loutre en Suisse, 361. Bois (D.). Pommes de terre des îles Canaries, 369. Bois (D.). La Watter Core (Pommes vitreuses) et le Bitter Pit (Tache* amères) des Pommes, 342. Capitaine (L.). La Chèvre et la tu- berculose (^Compte rendu in ex- tenso des débats qui ont eu lieu à la Société d'Acclimatation au cours des Séaaces géoérales les 5 Mars, 1 et 21 Mai 1917, 198, 228, 270, 294. Cathelxn (F.). Le froid et le besoin de nourriture ne sont pas les causes « vraies » des migrations des Oiseaux, 103. Clément (A.-L.). Les pilules des Copris, 79. Clément (A.-L.). A propos du ren- dement des Ruches, 339. Cligny (A.). Sur l'élevage de la Truite de mer, 1S3. CosTES (R.-P.). Sur quelques Plan- tes utiles du Chili, 112. Crepin (J.). Formation historique du troupeau caprin d'Europe oc- cidentale et sa régénération, 324, •353. Crepin (P.). Un Fennec en liberté, 225. Decoux (A.). Le Donacale à tête blanche {Donacola flavipt^mna Gould), 331. Delacour (Jean). Croisement de Pigeons, 6. ÛELAcouR (Jean). Notes d'élevages de 1917, 97. Falchèrk (A.). Le Mouton à laine du Macina (Haut-Sénégal, Niger), 172. Fauchère (A.). Une variété nouvelle de Palmier à huile à gi-and ren- dement, 285. Henry (M.). Les lies Marquises. Flore et Cultures, SIS. Lecomte (Henri). Le Jardin alpin de la Société Nationale d'Acclimata- tion (Jardin Coez), 7. Le Moult (E.). Quelques chasses entomologiques peu connues dans les régions tropicales de l'Amé- rique du Sud, 310. Mailles (C). Un Haricot chilien cultivé dans le département de la Seine, 350. Meunissier (A.). Expériences géné- tiques faites à Verrières, 42, 81, 115, 134, 174. MiLLET-HoRsiN. Anomalics génitales chez les Oiseaux, 363. MiLLET-HoRSiN. Note sur les Oiseaux rapportés du Sénégal au Muséum en Octobre 1916, 236, 275, 303. MoREL (H.). A propos des dégâts causés aux Plantes par le Iroid pendant l'hiver i9;6-1917 40. Pérez (G.-V.). Note sur les Echium, 154. Pérez (G.-V.). Deux variétés de Blé, 221. PiCHOT (P. A.-). Les Chiens des Esquimaux de l'Alaska, 68. PiCHOT (P. A.-). L'Association pour la protection de la Faune sau- vage aux États-Unis, 167. PiCHOT (P. A.-). Les prétendues fer- mes à Faisans en Chine, 219 i INDEX ALPHABETIQUE DES ANIMAUX 389 PiCHOT (P. A.-). La destruction des Rongeurs aux États-Unis, 290. PiÉDALLU (André). Sur l'importance du Sorgho sucré, 180. PiÉDALLU (André). Mes Jardins im- provisés de Verdun, 281. Poisson (J.). Du rôle des Lombrics ou Vers de terre sur les Végétaux, 33. PoNCiNS (Vicomte de). Le chant de la Bécassine, 99. Raspail (X.). A propos de la nour- riture de la Taupe, 149. Rivière (Ch.). Les Bambous et leur répartition géographique en Afri- que, 370. Rivière (Ch.). Un Cocos nucifera (?) dans les Alpes-Maritimes, 243. Rivière (Ch.). Au sujet du Palmier à huile, 288. Robertson-Proschowsky (A.). Les eÉFets de la neige sur les végétaux exotiques de la Côte d'Azur pen- dant l'hiver 1916-1917, 13. Robertson-Proschowskt (A.). A pro- ' pos du froid sur la Côte d'Azur» 155. RoLLiNAT (R.). Destruction des Ra- paces diurnes, des Geais, Pies, Corbeaux et autres Oiseaux, à l'aide de Grands- Ducs vivants ou empaillés, de Chouettes et de Buses vivantes ou montées, de Mammifères, d'Oiseaux, de Rep- tiles montés, de mannequins d'étoffe et de la glu, 336. RoLLiNAT (R.). Les effets du froid hivernal 1916-1917 sur quelques Reptiles et Invertébrés de l'Indre 39. RoLLiNAT (R.). Les Oiseaux ont-ils un moral?, 151. Roule (professeur Louis). L'élevage de la Carpe-cuir et du Black-bass en Sologne, 33. Roule (professeur Louis). Considé- rations sur l'élevage de la Carpe, 366. Vincent (professeur H.). La Fièvre de Malte et sa prophylaxie, 257 INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNES DANS CE VOLUME Abeille, 111, 139, 209, 339. Acridotheres tristis, 197. Aidemosyna cantans, 276. Aigle Bateleur, 239. Alose, 31. Alouette, 111. Amadina castanolis, 197. — fasciata, 197. Autruche, 57, 106. Bécassine, 99. Bec-croisé, 112. Black-bass, 34, 120. Blastophaga grossorwn, .^9. Bœuf, 20. Bouvreuil, 109. Bruant jaune, 109. Buceros atratus, 98. Caille, 104, 110. Campagnol, 187. Canard sauvage, 107. Carpe, 252, 366. Carpe-cuir, 33, 126. — miroir, 33. Castor, 19, 138, 213. Chenille processionnaire du Pin 209, 214. Chèvre, 156, 199, 228, 260, 270, 294 324, .353. Chien, 68, 119. Chouette, 108, 336. Cigogne, 110. Cobaye, 295. Colin du Mexique, 169. — de Virginie, 169. Colombe Lophote, 20. Columba picala, 197. Copris hispanus, 79. — lunaris, 79. Corbeau, 110, 336. Cyanospiza ciris, 197. 390 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION Cyanospiza cyanea, 197. Drepanoplectes Jacksoni, 197. Donacole à tète blanche, 331. ju^cureuil gris, 207. Élan du Cap, 196. Éléphant, 187. Émeu, 57, 106. Étourneau, 109, 143. 151. Evplectes franciscanus, 197. Faisan, 22, 24. 189, 219. Faisan argenté, 374. Faucon cresserelle, 152, 337. — Kobez, 112. Fennec, 125, 225. Fringilla lepida^ 197. Galéruque de i"Orme,23, 191. Geai, 98, 144. Geai à bec grêle, 108. Genette, 196. Geopelia striata, 197. Goéland, 110. Gracilaria Syringella, 19J. Grand-Duc, 214. Grèbe huppé, 30. Grive, 144. , Guttera crislata, 97. Hanneton, 185. Hibou, 110. — Grand-Duc, 152, 336. Hirondelle, 31, 103, 110, 248. Huître periière, 376. Hypocksera nifens, 242. Jaseur de Bohême, 104. Lagonosticta minima, 275. Lièvre, 157, 294. Litorne, 109. Lombric, 35. Longue- queue, 109. Lop/toceros Erylhrorhynous, 276. — nasutus, 303. Loriot, 111, 114, 250. Loutre, 361. Lo.ria oryx, 197. Loxigilla hypocksera nitens, 197. Mariposa phœnicotis, 276. Martin-rose, 112. Martinet, 31, 104,107, HO. Melopsillacus undiil.atus, 197. Merle, 21, 109, 144. — métallique, 242. Mésange, 106, 107, 109. Moineau du Sénégal, 276. Molothrus, 108. Morpho Eugenia, 314. — Menelaus, 310. Motmot, 98. Mouche de l'Olive, 377. Mouton, 142, 172. Mulot, 185. Munia malaccensis, 197. Mus alexandrînvs, 179. — concolor, 177. — decumamis, 174. — norvégiens, 177. — Ratlus, 175. — syhuticus, 185. — teciorum, 179. Neophron monachus, 238. Oie du Canada, 169. — sauvage, 169. Oiseaux (Anomalies génitales chez les), 363. Paleornis schisticeps, 97. Papilio Antimachus, 314. — Zalmoxis, 314. Papillon du Chou, 208. Paradisea apoda, 98. Paroare à joues noires, 213. Paroaria cuoullata, 197. Pauxi galeata, 97. Pelecanus rufeseens, 309. Pélican, 30, 108. Perdrix grise, 111. Perdrix rouge à plastron blanc, 375. Perroquet, 106. Perruche, 106. — ondulée, 20. Piéride du Chou, 190, 25 k Pigeon, 110. — de Cayenne, 6. Pigeon des neiges, 6. Pinson, 107, 109. — d'Ardennes, 109. — royal, 109. Platypœcilia maeulata, 39, Ploceus melanocephalus, 197. — melanogaster, 197. — sanguinirostris, 197. Podarges, 103. Psecilia reticulata, 22. Pœocephalus fuscicollis, 306. — senegaLus, 306. Porc cinghalais, 196. Poule, 57. — dorking, 125. Putois, 247. Quelea sanguinirostris, 276. Rat, 121. — palmiste, 241. Roitelet, 107. Rossignol, 103, 108. Sanglier, 20, 121, 124. INDEX ALPHABÉTIQUE DES VEGETAUX 391 Sauterelle, 23, 127. Serin, 21. Sitelle, 109. Skunk, 252. Spermestes acuticauda, 197. — cantans, 197. — fjuttata, 197. Spermophile, 293. Strohilophaga enuclealor, 197. Sycalis flaveola, 197. Taupe, 149. Teigne du Platane, 190. Testacella haliotidea, 249. Tétras Cupidon, 169. Tinamou, 21, 58. Tortue, 39. Touraco de Buffon, 98. — géant, 98. Tourterelle, 111, 191. Troglodite, 107. Truite de mer, 153. Vautour de Kolb, 236. Ver de terre, 35, 2.j3, INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME Abies Vilmorini, 116. Abrus preecatorius^ 317. Acacia farnesiana, 318. — melanoxylon, 186, Acunlhopanax ricinif'olium, 29. Albizzia lophanta, 95, 12^, Aleurites moluccitna, 14. — triloba, 31G. Alsophiln, 318. Amorphophallua verruçQSUB, 318. Arachide, 141. Araucaria imbricata, 40. Arbre à pain, 319. Archontophœnix Cumin fjhamii, 186. Aristolochia Sipho, 41. Arçiernone mexicana, 116. — platyceras, 116. Asplenium Nidus, var. australasica, 31S. Avoine, 86. Baccharis halimifolia, 41. Bambous africains, 370. Bambusa aurea, 29. Bananier, 26. Barringtonia speciosa, 317. Benincassa, 317. Berberis Gagnepaini, 41. — stenophyUa, 42. — Wilson^, 43- Betterave, 89. Betula alba, var. pendvla, 42. Blé, 81, 134,221. Brahea calcarea, 93, — dulcis, 95, 254, Buddleya variabilis, 4i. Bulbophyllum, 318. Bupleut-eum fruticQSum, 42, Callophyllum inophylhim, 317 . Cardiospeimum /ialicctiJabum, 317. Carissa grandis, 317. Cassia stipulacea, 114. — vernicosa, 114. Casuarina equisetif'alia, 317. Ceanolhus, sp., 29, 317. — inter médius, 42. — Moseri, 42. Cedrus Deodara, 209. Cephalotaxus drupaceu, 41. — Fortufiei, il . Cerasus Japonica Veilcln, 42. — Sieboldii, 42. Gerbera Manghas, 316. Cercidiphyllum japonicum, 42. Chamœrops excelsa, 57. Champignon parasite, 209. Chanvre, 142. Chloris, 378. Chou, 89. Cladium angustifoUum, 313, Clerodendron trichgtomum, 41, Cliloriu ternata, 317. Cocos nucifera, 243. Cocotier, 319. Colocasia, 318. — Antiquorum, 26. — esculenta, 319. Cardia marchionica^ 315, 31 7t Coreopsis polycephala, 27, 315, 392 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION Cotoneaster pannosa, 215. — Simonsii, 41. Crataegus Pyracantha, var. pendula, 42, ' Cresson de Para, 218. Crinum, 318. Crotalaria sericea, 311. Cupressus Lambertiana, 41. Cyathea, 318. Daphniphyllum glaucescens, 42. Dattier, 27. Decaisnea Fargesii, 42. Desmanthus virgalus, 315. Digitalis grandiflora, 116. — pui'purea, 116. Dioscorea, SIT. Duvana dependens, 42. Echiutn candicans, 154, — Decaisnei, 154. — Pininana, 28. — simplex, 154. ■ — Wildpretii, 28, 154. Elaeagnus reflexa, 42. EZcBfs Poissoni, 253, 285. Elsholzia Stauntoni, 41 . Epicéa, 214. Erythrina indien, 316. Escallonia Langleyensis, 41. — sanguinea, 41. Eurotia lanata, 42. Exochorda Alberti, 42. Ficus prolixa, 316. Figuier, 59, Fraxinus excelsio)\ var. pendula, 42, Fraxinus syriaca, 41. Freycinetia demissa, 311. Gillenia [Spirœa) trifolatia, 42. Gladiolus primulimis, 117. Guayacwn officinale, 113. Guettarda speciosa, 315, Gui, 249. Guilandina Bonduc, 317. Gymnogramma, 318. Hœmanthus Kalbreyeri, 42. Haricot, 90. Haricot chilien, 351, Hedera Hélix, 42. Hedysarum multijugum, 42. Hibiscus tiliaceus, 316. Hybridus aspersus, 117. Hymenocallis littoralis, 318. If, 191. //ea; cornuta, 41, Indigofera Anil, 317, — ' dosua, 42. Inocarpus edulis, 317. Ipomea Bona-nox, 317. — pes-caprae, 317. //■is tingitana, 128. Juglans nigra, 117. — regia, 117. — Vilmoriniana, 117. Juniperus Cedrus, 139. — pachyphlasa, 41, 42. — prostrata, 42. Kœlreuleria paniculatn, 42. Laurus nobilis, 41. Leucaena glauca, 318. Lierre sauvage, 215. Ligustrum japonicum, 41. — lucidum, 41. — vestitum, 41. Lilas, 191, Lin, 142, Lithrœa mollis, 112, Litre, 114, Magnolia grandiflora. 42. Mahonia Aquifolium, 29, — Japonica, 29, Maïs, 56, 62, 88, 216. Melaleuca hypericifolia, 185. Melothria, 317. Metrosideros collina, 318, Morus alba, var, pendula, 42. Mucuna pruriens^ 317. Musa Fd, 320, — sapientum, 320. Mussœnda frondosa, 317. Navet, 89, Nephrolepis, 318. Oignon, 90. Olearia Haasti, 42. Ophioglossum nudicaule, 315. — pendulum, 318. Oplismenus, 318, Opuntia Tuna, 186. Orchidée terrestre, 378. Orge, 87. Palmier à huile, 26, 211, 285, 288, Pandanus, 317, — furcatus, 14, Paritium tiliaceum, 316, Patate, 139, Pelagodoxa Henryana, 318, Penicillum roseum, 186. Perowskia atriplicifoliu, 42. Pétunia nyctaginiflora, 118. — violacea, 118. Peuplier, 249, Phaseolus amœnus, 317. — Caracalla, 318. TABLE ALPHABETIQUE DES ARTICLES 393 Phylloslachys nifjra, 29. Phillyrea lalifolia, 42. Phyllaiithus, 317. Picea excelsa, var. inversa, 42. — — var. pendula, 42. Pin d'Alep, 215. — d'Autriche, 214. — à crochets, 215. — laricio de Corse, 215. — — de Salzmann, 215. — maritime, 215. — parasol, 215. — sylvestre, 214. Pinus Armanili, 41. — Canariensis, 209. — Coulteri, 42. — excetsa, 209. — Fremonliana, 41. — Halepensis, 14, 209. — insignis, 209. — longifolia, 209. — Vilmorini, 41. Pisonia umbellifera, 316. Platane, 29, 190. Plumbago zeylanica, 315. Pois, 47. Polygonum Auherti, 42. — mutiflorum, 42. Polypodium, 318. Pomme, 210, 215, 342. Pomme à cidre, 25. — de terre, 26, 29, 61, 115. 211, 249, 259, 254. Pommes de terre des îles Canaries, 369. Porliera hygrometrica, 113. Primula acaulis, 118. — grandiflora, 118. Pritchardia pacifica^ 318. Prosopis siliqudslrum, 112 l'ursliia Iridenlaht, 42. Hkus lyphinu, var. laciniala, 42. Ricin. 141. Rhododendron, 42. Ruscus aculealus, 41. — hypophylbun, 41. — racemosus, 29. Sapindus microcarpa, 317. Saponai'ia ocyynoides, 119. — — splendens, 119. — — versicolor, 119. Saule, 108. — pleureur, 159. . Schinus Molle, 113. Sechium edule, 28. Selaginella Menziezii, 315. Séquoia gigantea, 41, 215. — — var. pendula, 41. — — var. nana, 41 . — sempervirens, 41, 215. Sésame, 141. Setaria verticillalu, 191. Sorgho, 140, 180. Staphylea colchica, 41. Statice eximia, 42. Tacca pinnatifida, 318. Tamarindus indica, 318. Tamarix hispida, var. aestivalis^ 42. Taxodium distichum, var. pendu- lum, 42. Tecotna stans, 318. Tephrosia purpurea, 315. Terminalia glabrata, 317. Thespesia populnea, 31G. Thladiantha dubia, 119. — Olivieri, 119. Typhonium trilobatum, 318. Ulmus campeslris, var. pendula, 42. Veronica speciosa, 42. Fi/ea- Agyius-Castus, 41. Walllieria Lophantus, 315. Waskinyionia filifera, 186. Xanthoceras sorbifoliu, 26. ywcca aloifoiia, 253. Zunthoxylum planispinum, 41. TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES PUBLIES DANS CE VOLUME Animaux exotiques (Effets du froid sur les) 196 AuBUssoN (Louis Magaud d') 65 Bambous (Les) et leur répartition géographique en Afrique .... 370 Bécassine (Le chant de la) 99 3^4 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION Black-bass (L'élevage de là Càrpë-cuir et du), en Sologne 33 Blé (Deux variétés de) 221 Caprin (Forrnation histori(^ue du troupeau) d'Europe occidentale et sa régénération 324, 353 Carpe (Gotisideràtions sur l'élevage de) 366 Carpe-cuir (L'élevage de la) et du Black-bass en Sologne 33 Chasses entomologique^ (Quelques) peu connues dans les régions tropicales de l'Amérique du Sud 310 Chèvre (La) et la tuberculose (Compte rendu in extenso des débats qui ont eu lieu à la Société d'Acclimatation au coUt-é dès séances générales les 5 Mars, 7 et 21 Mai 1917 198. 228,270, 294 Chiens des Esquimaux (Lhs) de l'Alaska * 68 Chronique générale et faits divers 30. 156. 380 Cocos nucifera (?) (Un) dans les Alpes-Maritimes 243 Copris (Les pilules des) 79 Crivelli Serbelloni (G.) 165 Donacole (Le) à tête blanche (Donacola flaviprymna Gould) .... 331 Echium (Note sur les) 154 Élevage en 1917 (Notes d') 97 Faisans (Les prétendues fermes à) en Chine 219 Faune sauvage (L'association pour la protection de la) aux États- Unis 167 Fennec (Un) en liberté ^ 225 Fièvre de Malte (La) et sa prophylaxie 257 FtOid (A propos dti) sur la Côte d'Azur 155 Génétiques (Expériences) faites à Verrières. ... 42, 81, 115, 134, 174 Haricot (Un) chilien cultivé dans le département de la Seine. . . . 350 Invertébrés de l'Indre (Les effets du froid hivernal 1916-1917 sur quelques Reptiles et) 39 Jardin alpiu de la Société Nationale d'Acclimatation (Le) (Jardin COEZ) ; 1 Jardins improvisée (]\Iès) de Verdun * 281 Lombrics (Du rôle des) Oti Vers de terre sur les végétaux 35 Loutre (La) en Suisse 361 Marquises (Les îles). Flore et cultures 315 Membres de la Société (Aux) 193 Membres de la Société (Liste supplémentaire des) 2 Migrations des Oiseaux (Le froid et le besoin de nourriture ne sont pas les causes « vraies » des) \Q'.\ Mouton à laine (Le) du Macina. (Haut-Sénégal, Niger) 172 Oiseaux (Anomalies génitales chez les) 363 Oiseaux (Les) ont-ils un moral '.' lîj] Oiseaux (Notes sur les) rapportés du Sénégal au Muséum en Octobre 1917. . 236, 275, 303 Palmier à huile (Au sujet du) 288 Palmier à huile l'Une variété nouvelle de) à grand rendement. . . . 285 Pieris brassicae (Les migrations de) en Suisse, en 1917 255 Pigeons (Croisement de) 6 Plantes (A propos des dégâts causés aux) par le froid pendant l'hiver 1916-1917 40 Plantes utiles du Chili (Sur quelques) 112 Pommes de terre des îles Canaries 369 Rapaces (Destruction des) diurnes, des Geais, Pies, Corbeaux et autres Oiseaux, à l'aide de Grands-Ducs vivants ou empaillés, de Chouettes ou de Buses vivantes ou montées, de Mammifères, d'Oiseaux, de lieptiles montés, de mannequins détotle et de la glu. 336 BlBLlOGRAPfliiî 395 Reptiles (Les effets du froid hivernal 1916-1917 sur quelques) et invertébrés de llndre 39 Rongeurs (La destruction des) aux États-Unis 290 Ruches (A propos du rendement des) 339 Société d'Acclimatation (Actes de la) pendant la guerre. .;..!, 67, 133, 161, 194, 289, 321 Sorgho sucré (Sur rimportaoce du). . 180 Taupe (A propos de la nourriture de la) 149 Truite de mer (Sur l'élevage dfe la) 153 Végétaux exotiques de la Côte d'Azur (Les effets de la neige sur les) pendant l'hiver 1916-1917 13 Vers de terre (Du rôle des Lombrics ou) sur les végétaux 33 ViL-woRiN (Maurice Lévèqub de) 129 Watter-Core (Le) (Pommes vitreuses) et le Bitler Pit (Taches amères) des Pommes 3i2 TABLE DES GRAVURES Aigrette (Grande) et Calao, 99. AuBussoN (Louis Magaud d'), 65. Autruche du Cap, 99. Blé « Epillets surnuméraires », 85. Blé « PologU'? rameux », 83. Faisan Mikado, 98. Fennec, 225. Grues Antigoues, 98. Pintade huppée et Piotade vultu- riue, 99. Pois « Accacia », 52. Pois à cinq cos'^es, 54. Pommes Calville blanc attaquées par le Bitler Pit, 346. Verrières (Vue du laboratoire de Botanique et de Génétique de), 46. Verrières (Vue du Chenil de), 120. Villers-Pretonneux. Intérieur de volière, 98. Vilmorin (Maurice Lévéque de), 129. BIBLIOGRAPHIE Bois (D.). — Guide pratique d'Agriculture tropicale, par A. Fau- CHÈRE 381 Bois (D.). — Plantes et santé, par H. Correvon 223 l'iCHOT (P. A.-). — La Consommation, le Bien-ôtre et le Luxe, par A. Plnard. 222 Animaux (Les) domestiques du Protectorat, par H. Geoffroy— Saint- IIilaike; rapport publié par la Direction de l'Agriculture au Maroc 256 Phasiauidés (Monographie des;, par \V. Beebe 256 Standardisation des Graines (La). — Bulletin de la section des Céréales et Piantes à fécules de l'Institut Colonial de Marseille. . 221 396 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION 1 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES GENERALES 1917. Séance du 5 novembre. 15 — Séance du 19 novembre 36 — Séance du 3 décembre. 91 — Séance du 17 décembre. 122 1918. Séance du 14 janvier . 136 — Séance du 21 janvier . 143 1918. Séance du 4 février. 145 — Séance du 18 février. 184 — Séance du 4 mars . . 187 — Séance du 18 mars . 207 — Séance du 8 avril. . 212 — Séance du 22 avril . 246 — Séance du 6 mai. . 250 — Séance du 27 mai. . 372 Le Géra7it : A. Maretheux. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. OFFRES. DEMANDES. ANNONCES Graines offertes dium sibiricum L. OFFRES par M. Alarik BEHM : Mulge- CoUection naturalisée : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Coquillages, grande vitrine portative chêne massif. M""' Jeanne Rousseau, 64, rue rie Paris, -Joinville-le-Pont (Seine), S.-E. M. d'IIébrard de Saint-Sulpice offre, gracieuse- ment, au membre de la Société d'Acclimatation qui voudra venir les chercher au château de Torcy, près Fruges (Pas-de-Calais), les animaux suivants : 6 Paons blancs adultes, dont "2 femelles; 2 Cygnes noirs (mâle et femelle); 1 Grue de Numidie ; 1 Grue cendrée; 1 mâle Canard Tadorne; 1 couple Canards siffleurs; 1 mâle Canard Pilet. DEMANDES Co. Nandous, Co. Lamas, Daim mâle : M. Vermorel, constructeur à Villefranche-sur-Saône (Rhône). Spécialiste belge, membre de la Société, dont les collections personnelles ont été volées par les Boches, prie ses collègues français de bien vouloir l'aider à reconstituer ses matériaux d'étude : fruits, graines, iieurs, écorces, racines, etc., de Végétaux tropicaux, subtropicaux et méditerranéens, ayant une application utilitaire quelconque ou n'ofifrant qu'un intérêt spéculatif. Envoyer spécimens au Secrétariat de la Société d'Acclimatation, 198, boulevard St-Germain, Paris. Graines offertes par M. G. -H. CAVE. Curator Llyod Botanic Garden. Darjeeling (Indes an- glaises). Acei- Papilio King. — Hookeri Miq. — Camphellii Hook f. — Osmastoni Gamble. Artemisia pauciflora Spreng. Astragalus stipulalus D. Don. Ardisia macrocarna Wall. Anémone vitifolia Buch-Ham. — rivularis Buch-Ham. Bœhmeria macrophylla D. Don . Berberis nepalensis Spreng. — umbellata Lindl. — concinna Hook. f. Callicarpa rubella Lindl. Cassiope selaginoides Hook. f. Thoms. Cassiope fastigiata D. Don. Clematis monlana Buch-Ham Celastrus Championi Benth. Cotoneaster frigida Wall.' Coriaria nepalensis Wall. Corylus ferox Wall. Cnicus involucratus Wall. Cynoglossum micranthutn Desf. — denticulatum A. D.C. Dichroa febrifuga Leur. Diclytra thaliclrifolia Hook. f. et Thoms. Dficaisnea insUjnis Hook. f. et Thoms. Debregeasia velutina Gand. Echinocarpus dasycarpus Benth. Enkianthus himalaicus Hook. t. et Thoms. Embelia' Gamblei Kurz. Eryihrina arborescens Roxb. Ficus Hookerii Miq. Fraxinus floribunda Wall. Hippophae salicifolia Don. Belwingia himalaica Hook. f. et Thoms. Holbœllia. Hymenopogon parasilicus Wall. Hypericum Hookerianuiii Wight et Arn. Hypericum palulum Thunb. Jlex insignis Hook. f. llex intricata Hook. f. , Indigofera Dosua Ham., var. io- nien tosa. Jasniinum humile L. EN DISTRIBUTION Juniperits pseudo-Sabina Fisch. et Mey. Ligusiriim confusum Dcne. Lilium giganteum Wall. — nepaletise D. Don. Lobeliaerecta Hook. f. et Thoms. — pyramidalis Wall. Litsxa tomentosa H. C. Heyne. Luculia graiissima Sweet. Magnolia Camphellii Hook. f. et Thoms. Mandragora cxrulescens C. B. Clarke. Meconopsis Wallichii Hook. — simplici/olia G. Don. — paniculata. Michelia Cathcarlhii Hook. f. et Thoms. Mucuna macrocarpa Wall. Neillia thxjrsiflora Don. Nyssa sessiliflora Hook. f. Pedicularis Scullyana Prain. — trichoglossa Hook. f. Picrorhiza Kurroa Royle. Piptanthus nepalensis D. Don. ' Potentilla fruticosa L. — Griffithii Hook f. — leuconota D. Don. Podophyllum Emodi Wall. Polygonuin vaccini/olium Wall. Poteriuni diandrum Hook. f, Primula Elwesiana King. — capitula Hook. — Kingii Watt. — pusilla Wall. — reticulala Wall. — sikkimensis IJook — Stuartii Wall. — Watiii King. Prioiropis cyt isoides Wight et Arn. Prunus acnminala Wall. — Puddum Hoxb. Pyrus foliolosa Wall. — insignis Hook. f. — sikkimensis Hook f. Itosa maerophylla Lindl. — sericea Lindl. ~ KicKeiia lanuginosa. Rubus alpestris Blumo. — mûluccanus L. — paniculalus Sm. — reticulatus Wall. Iluellia cordifolia Wall. Bhus semialaia Murray. Rheum. nohile Hook. f. et Thoms. Rhododendron arboreum Sm. — arboreum, var. Camp- betli. Rhododendron barbatum Wall. — camellixfloriim Hook. f. — campanulatum Don. — ca»;/)aw(/a/u»i,Don.var. Wallichii. — campyloearpum Hook. f. — cinnaharimum Hook. f. — -Da^/ioMS!« Hook.f. — Falconeri Hook. f. — fulgens Hook. f. — grande Wight. — Eodgsoni Hook. f. — lanatum Hook. t. — lepidoium Wall. — Maddeni Hook f. — Wightii Hook. f. Sambucus adnata Wall. Xaussurea Laneana. — eriostemoH Wall. — Sughox C. B. Clarke. Saxi fraya purpurascens Hook. f. et Thoms. Sedum asiaticum Spreng. — elongatum Wall. — Eiversii Ledeb. — himalense D. Don. Senecio Candolleanus Hook. et Arn. — diversifolius Wall. — Ligularia Hook. f. — Mortoni G. B. Clarke. — pacAî/c'ir;>w«G. P. Clarke. — paiiciflorus. Sivertia dilaiata C. B. Clarke. — Hookeri C. B. Clarke. — Kingii Hook. f. — multicaulis D. Don. Symplocos Ihexfolia D. Don. Thaliclrurn Chelidonii Hook. f. et Thoms. — cultratum Wall. Tephrosia candida D C. Toddalia aculeata Pers. Vaccinitim serratum Wi;,'lil. Veronica himalensis D. Don. Viburnum steilatum Wall. Graines offertes par M. MAR- NIER-LAPOSTOLLE : Primula malacoides. Dracsena indivisa atropurpurea. Cycas rcvoluta. Alsophila ausiralis. Archontophœnix Cunni'ujha- miana. S'adresser au Secrétariat. SOCIÉTÉ NITION&LE D'AGGLIM&T&TION DE FftiNCR Le but de la Société Nationale d'Acclimatation de France est de concourir : 1» à rintioduction, à racclimatatiou et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2» au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles ou d'ornement. Le nombre des Membres de la Société est illimité : les Etrangers et les Dames peuvent en faire partie, ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablis- sements publics ou privés (Laboratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, Sociétés commerciales, etc.). La Société se compose de membres Titulaires, membres à Vie, membres Donateurs, membres Bienfaiteurs. Le membre Titulaire est celui qui paie un droit d'entrée de 10 francs et une cotisation annuelle de 25 francs. Le membre à Vie est celui qui paie un'droit d'entrée de 10 francs et qui s'affran- chit de la cotisation annuelle par un versement de 250 francs. Le membre Donateur est celui qui verse une somme d'au moins 500 francs. Le membre Bienfaiteur est celui qui verse une somme d'au moins 1.000 francs; son nom est inscrit, à perpétuité, en tête de la liste des membres. La Société décerne, chaque année, en Séance solennelle, des récompenses. Ces récompenses sont attribuées aux personnes qui, par leurs travaux, tant théo- riques que pratiques, ont aidé à la vulgarisation des idées de la Société. En outre de la Séance solennelle et publique des récompenses et du Déjeuner amical annuel, exclusivement réservé à ses membres, la Société tient chaque mois des séances spéciales de Sections : 1° Mammalogie ; 2° Ornithologie et sa sous-section. Protection des Oiseaux; 3° Aquiculture; 4° Entomologie; 5" Botanique, et 6° Colonisation. Tous les membres peuvent assister à ces séances dont les ordres du jour men- suels leur sont régulièrement adressés sur lejjr demande. La Société encourage d'une manière toute spéciale les études de Zoologie et de Botanique appliquées en distribuant des graines et en confiant des cheptels d'ani- maux à ses membres. Le Bulletin bimensuel forme, chaque année, un volume d'environ 800 pages illustrées de gravures. 11 traite des questions concernant l'élevage des animaux, la culture des plantes et particulièrement des faits d'acclimatation survenus en France et à l'Etranger. Il donne des renseignements les plus variés sur les animaux et les plantes utiles ou d'ornement d'introduction nouvelle. On y trouve des articles de fond relatifs aux applications de l'bistûire naturelle : installation, éducation des animaux, culture des plantes, usages, introduction), etc., etc. La Société Nationale d'Acclimatation poursuit un but entièrement désin- téressé ; elle ne sert aucun intérêt particulier, ne se livre à aucun commerce ; adhérer à ses statuts, l'aider dans ses efforts, c'est contribuer au bien-être général et à la prospérité du pays. Le Gérant : A. MiBiTHKDX. Paris. — L. Marktheux, imprimeur, 1, rue Cassette. vs^lS ff.llw i^' , \^ 1^ ^SÊ^iâ ^^m ^ ^ ■^} r "^^1^ ^jm^ ^ fes ^ mmi i i ^ i 3 î?^ s \ TMrvi % •y^. '%. ■i U '!' lil'lli i »,uv II New York Botanical Garden Libra 3 5185 00259 8991 iiiiii t?SJi