BULLETIN r r SOCIETE LINNEENNE DE NORMANDIE. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ LINNÉÉNNE DE NORMANDIE. 2« SÉRIE. — 3e VOLUME. CAEN, CHEZ F. LE BLANC-HARDEL, IMPRIMEUR-LIBKAIRE , Rue Froide, 2. PARIS, SAVY . LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. Rue Hautefeuille, 2Zi. 1869. ô^-^ COMPOSITION DU BUREAU DE LA SOCIETE Pour Tannée 1868. MM. Président Le f)' Falgon-Duquesnay. Vice-président Raulin. Secrétaire de bureau .... Mop.Ière. , — de correspondance Eug. DESLO^GCHAMPS. /archiviste L'abbé Marc. Bibliothécaire Fauvel. Trésorier D' Le Clerc. La Commission d'impression est formée du Président, des deux Secrétaires et de cinq membres de la Société ; elle se trouve ainsi composée pour l'année 1868 : MM. Le D' Faucon-Duquesnay, Président. MoRlÈRE, Secrétaire de bureau. Eug. Deslongchamps, Secret, de correspondance. PIERRE. Fauvel. Leboucher. Olivier. D-^ Fayel. 30501 LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES, MEMBRES HONORAIRES. Date de nomination. M. Fée, professeur à la Faculté des sciences de Stras- bourg 1823 Fondateur. Secrétaire — : M. de Caumont, membre corres- pondanl de l'Institut. . . . 1823 Fcndatenr. Archiviste — : M. Faucon-Duquesnay, docteur- médecio 4823FoDdatear. LISTE DES MEMBRES RÉSIDANTS DE LA SOCIETE. MM. AizE, professeur libre 1867 Bebjot, membre du Conseil municipal. . . . 1863 BiN-DuPABT, pharmacien. ....... 1861 BoNNECHOSE ( de ) , au château de Monceaux, près Bayeux 1826 BouRiENNE, docteur-médecin 1823 Fondateor. BouRiENNE (A.), docteur-médecin 1854 Caumont (de), correspondant de l'Institut, se- crétaire honoraire de la Société 1823 Fondateur. Durand, pharmacien des Hôpitaux 1854 Eudes-Deslongchamps (Eugène) , professeur de Zoologie à la Faculté des sciences, mem- bre du Comité de la Paléontologie fran- çaise , secrétaire de correspondance de lu Société 1853 Fa'jcon-Duquesnay, docteur-médecin, président de la Société 1823 Fondateur. Fauvel ( Albert), bibliothécaire de la Société. . 1859 Fayel , pharmacien 1854 Faïel (C), docteur-médecin 1859 — vin — Date de nomination, MM. FÉRON, pharmacien 1859 FoRMiGNY DE La Londe (de), ornithologiste. . . 1864 Gandy, propriétaire, à Caen 1867 Glendowyn Scott (C^')» propriétaire, à Caen. 1868 GoESLE , professeur au Ijcée 1867 GocLARD, botaniste, rue de l'Engannerie. . . 1866 Halbique, pliarmacien 1843 Hue de Mathan, entomologiste 1859 JouANNE, professeur au lycée 1860 Le Baron, pharmacien de la maison centrale de Beaulieu 1867 Le Boucher , professeur de Physique à la Fa- culté des sciences i 8A8 Le Clerc, docteur-médecin, trésorier de la Société 1827 LiÉGARD (L.), professeur à l'École de médecine. 1866 LuARD, docteur-médecin. . 182/i Makc (l'abbé), archiviste de la Société. . . 1861 MoNCOQ (l'abbé), chef d'institution 186/i MoMBRUN (de), minéralogiste, à Quetiéville près Mézidon 1840 Mobière, professeur de Géologie et de Bota- nique à la Faculté des sciences, secrétaire de bureau de la Société 1844 Ogier-Ward, docteur-médecin 1866 Olivier , ingénieur en chef des ponts-et-chaus- sées 1865 Pierre (I. )> doyen de la Faculté des sciences, membre correspondant de l'Institut. . . . 1848 PosTEL, docteur-médecin 1858 PucHOT, préparateur à la Faculté des sciences. . 1868 Raulin , professeur au lycée, vice-président de la Société. . . . • 1864 Roulland , docteur-médecin 1866 Sipière, vétérinaire en chef au dépôt de remonte. 1868 Vieillard, ingénieur des mines 1865 ViGER , docteur-médecin 1861 LISTE DES MEMBRES CORRESPONDANTS QUI ONT ADHÉRÉ AUX NOUVEAUX STATUTS. Date de nomination, MM. Beacmont (Élie de), sénateur, membre de l'In- stitut, etc., à Paris . 1826 Bert (Paul), professeur de Zoologie à la ï'aculté des sciences de Bordeaux 1865 Bebtot, pharmacien, à Bayeux (Calvados) . . 1851 Besnou, chirurgien en chef de la marine en re- traite, à Cherbourg (Manche) 1861 BiGNON, docteur-médecin, à la Ferté-Macé (Orne). 1867 BoNNECHOSE (E. de), botaniste, à Bayeux (Cal- vados ) 1859 BoNvooLOiR ( de ), entomologiste, à Paris. . . 1864 BouTiLLiEB, géologue, à Roncheroiles, par Dar- nétal, près Rouen 1866 Brébisson (de), botaniste, à Falaise (Calvados). 1825 Brébisson (René de ), conchyliologisle , à Fa- laise 1869 Bréon, géologue, à Seniur (Côte-d'Or). . , . 1864 Brongniart (A.-E. ), professeur au Muséum d'histoire naturelle, à Paris 1826 BucAiLLE, géologue, rue St- Vivien , 132, à Rouen . . . . , 1866 Bureau, botaniste, quai de Béthune, à Paris. 1858 Castro, docteur-médecin, à Para (Brésil). . . 1867 Chênedollé (de), conseiller général, à Vire. . 1866 CoLBEAu, secrétaire de la Société malacologique de Belgique, à Bruxelles M. CoLLENOT, géologue, à Semur (Côte-d'Or). . 1826 Constantin, docteur-médecin, géologue, à Poi- tiers 1865 CoTTEAu, magistrat, membre du Comité de la Paléontologie française, à Auxerre (Yonne). 1863 Cboqcet (l'abbé), aumônier de l'établissement thermal de Bagnoles (Orne) 1867 Date de nomination, MM. Deplanche, chirurgien auxiliaire de la marine, à la Nouvelle-Calédonie 1861 Dewalque , professeur de Paléontologie à l'Uni- versité de Liège (Belgique) 1857 Des Moulins (Charles) , géologue, à Bordeaux (Gironde) . -1829 Desnoïers (Jules) , bibliothécaire en chef du Muséum, à Paris 1825 DouÉTiL, instituteur communal, à Vire . . . 1866 DouMET, député au Corps législatif, à Celte (Var) 1862 DcFOL'R, président de la Société des sciences de Nantes (Loire-Inférieure) 1863 Duhamel, botaniste, à Camembert (Orne) . . 1856 DuMORTiER, négociant, membre de la Société géologique de France, à Lyon (Rhône). . . 1866 Ddteau, ingénieur civil, à Rouen 1866 Ebray, ingénieur du chemin de fer de Lvon, membre du Comité de la Paléontologie fran- çaise, à Tarare (RhOnc) 1863 Etienne, pharmacien, à Elbeuf. 1867 FÉDÉRiQUE, bibliothécaire de la ville de Vire. . 1866 Féret , ancien juge de paix, à Pont-l'Évêquo (Calvados) 1865 Ferry (de), membre du Comité de la Paléon- tologie française , à Bussières , près Màcon (Saône-et-Loire) , . 1860 Flouest, paléontologiste, procureur impérial, à Châlons-sur-Marne 1866 Fouchard, docteur-médecin, à La Cambe (Cal- vados) , 1867 Fromentel ( de), docteur-médecin, membre du Comité de la Paléontologie française, à Gray (Haule-Saône) 1866 Germiny (de), entomologiste, à Paris. . . . 186/i GiLLET, botaniste, à Alençon 1867 Gosselin, pharmacien, à Caudebec-lès-Elbeuf . 1868 — XI — Date de nominalion. MM. Grenier, docteur-médecin, président de la So- ciété entomologique de France, 6/i, rue de Vaugirard, à Paris 1867 Hébert, professeur de Géologie à la Faculté des sciences de Paris, membre du Comité de la Paléontologie française 1860 HovEN (Van der), zoologiste, professeur à l'Uni- versité de Leyde ( Hollande) 1857 HcsNOT, botaniste, à Cahan, par Athis (Orne). 1864 Jardin-Edelestan, commissaire de la marine, à Bordeaux 1861 LiiLLEMAN, adjoint au maire de Vire. .... 1866 Larturièhe (dej, maire de Vire Id, Le Béhot , pharmacien , à Aunay-sur-Odon (Calvados) 1862 Le Bel , docteur-médecin , botaniste , à Va- lognes (Manche) 1850 Le BonTEiLLEK, entomologiste, à Rouen, rue des Charettes 1865 Le Demay, médecin, à Bagnoles (Orne). . . 1867 Le Gorjeu, avocat, à Vire 1866 Legrain, artiste peintre, à Vire Id. Lehon (le major) , à Bruxelles 1868 Lennier , conservateur du musée du Havre (Seine-Inférieure) 1863 Le Marchand, médecin major de 1" classe, à Amélie-les-Bains 1866 Lenormand (René), botaniste, à Vire (Cal- vados) 1863 Lepage, pharmacien, à Gisors (Eure). . . . 1850 Lepage, négociant, ingénieur des arts et manu- factures, à Vire 1866 Leymerie, professeur de Géologie à la Faculté des sciences de Toulouse 1864 Limcr ("de), conseiller général du Morbihan. . 18G6 Malinvaud, botaniste, rue Clément, 6, à l'hôtel de l'Aima, à Paris 1864 — XII — Date de nomination, MM. Marchand , pharmacien , à Fécamp ( Seine- Inférieure ) 1860 Marchand (le D' Léon), à Paris 1868 Marsecl (de) , entomologiste , aux Ternes , Martin (Honoré), zoologiste, aux Martigues ( Bouches-du-Rliône ) 1864 Martin, secrétaire de la Société d'agriculture de Vire 1866 Meluon, pharmacien, à Vimoutiers (Orne) . . 1859 Milne-Edw ARDS (Alphonse), professeur à l'École de pharmacie de Paris 1864 MocQUERYS, entomologiste , à Évreux. . . . 1857 Munier-Chalmas , préparateur de Géologie à la Faculté des sciences de Paris 1863 Nanzouty (de), général commandant la subdivi- sion, à Angers 1862 Omalius-d'Halloy ( de ) , président du Sénat belge, à Halloy, près Bruxelles (Belgique) . 1827 OzANNE, juge d'instruction, à Vire 1866 Pépin, docteur-médecin, à St-Pierre-sur-Dive. Picard, professeur au collège de Bouxviller (Bas-Rhin) 1865 PiERRAT, ornithologiste, à Gerbamont, près Vagny ( Vosges ) Id. PiETTE (E.), magistrat, membre du Comité de la Paléontologie française, à Craonne (Aisne). 1864 PoRQOET, docteur-médecin , à Vire 1866 Qdéruel, pharmacien, à Vire Id. Rabauld (docteur) , à Bagnoles 1868 Raincourt (de), archiviste de la Société géolo- gique de France , à Paris 1864 Renou, avocat et botaniste, à Nantes (Loire- Inférieure ) 1823 Pondatenr. Reynès , docteur es sciences et en médecine, à Marseille ( Bouches-du-Rhône ) 1864 Richard, directeur de l'établissement thermal de Bagnoles (Orne). 1867 — XIII — Date de nomination. MM. RocBALET, géologue, à Nancy 1865 Saporta (de), botaniste et paléontologiste, à Aix ( Bouches-du-Rhône ) 4866 Saulcy (de), entomologiste, à Metz (Moselle). 1865 ScHLOENBACH, docteuF ès scicnces , aide-natura- liste au musée de Vienne 1864 ScHLUMBERGER, ingénieur de la marine, à Nancy (Meurthe) 1863 SicoTiÈKE (de La), avocat, à Alençou . . . 1861 Thielens , docteur-médecin , botaniste et géo- logue, à Tirlemont (Belgique) 1865 Verneuil (de), membre de l'Institut et du Comité de la Paléontologie française, à Paris. . . 1855 Vibraïe (de), membre de l'Institut, au cbàteau de Cheverny, près Blois 1855 Vieillard, chirurgien auxiliaire de la marine, à la Nouvelle-Calédonie 1861 Villers ( Georges de ) , adjoint au maire de Bayeux (Calvados) 1845 Vos (de), botaniste, à Namur (Belgique). . . 1866 Yver (L.), ornithologiste, au château du Quesnot, par Canisy (Manche) 1863 Zezchner, professeur à TUniversité de Varsovie. 1866 ZiTTEL, professeur de Géologie à l'École poly- technique de Carlsrhue (grand duché de Bade). 1865 Nota. — Pi-ière à MM. les correspondants de rectifier, s'il y a lieu, la date de nomination et leur adresse. SÉANCE DU 11 NOVEMBRE 1867. Présidence de M. LEROI3CHER. A 7 heures 1/2, la séance est ouverte. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopié. M. le Président donne lecture d'une circulaire par laquelle M. Leverrier , président de l'Association scientifique de France , propose l'échange du Bulletin de cette compagnie avec les pub'icaiious de la Société Linnéenne. L'assemblée accepte l'échange qui lui est proposé. La Société des sciences et arts de Vitry-le-Frauçais et la Société impériale d'Émulation de la Somme adressent à la Société Linnéenne des demandes analogues à la précédente. On décide que le Bulletin seul sera envoyé à ces Sociétés. M. Eugène Deslonchamps fait part à la Société des nom- breuses el précieuses donations qui viennent d'être faites au Musée d'histoire naturelle de la ville de Caen par notre com- patriote , M. Deplanche , chirurgien de la marine impériale. Au nombre des objets offerts par M. Deplanche figure une nombreuse collection de crânes néo-calédoniens , de casse- têtes, de haches en jade , d'instruments de pêche , de divers spécimens de l'industrie de l'île , des oiseaux , des poissons , des reptiles, des coquilles, etc. Grâce à MIM. Deplanche et Vieillard , la ville de Caen possédera , dans peu d'années , un musée ttlmologique des plus remarquables. — M. Deslong- cliamps mot sous les yeux de ses collègues une hache en jade dont lo mode d'emmanchement est très-curieux et très-solide ; 1 il l'ail voir ensuite un crâne qui a reçu un coup d'une haclie semblable dans la région pariétale. Les bords de la blessure occasionnée par l'instrument se sont cicatrisés, tout en laissant persister une ouverture qui ne paraît pas avoir einpCclic le sujet de vivre. Il y a là un cas pathologique curieux à étudier. Le même membre lit à la Société quelques pages de l'in- troduction d'un travail intitulé : Prodrome des lèlèosaiiriens de la Normandie. Il rappelle les travaux importants de son père sur ces reptiles. Ce prodrome en est en quelque sorte un résumé, qui doit comprendre la description des têtes recueillies jusqu'ici en Normandie , en attendant un travail plus étendu qui doit comprendre tout ce qu'on sait au sujet de ces Téléo- sau riens. M. Eugène Deslongchamps indique d'abord les principales sections et subdivisions de sections telles que son père les avait formulées, c'est-à-dire deux grandes sections dont la seconde se subdivise elle-même en quatre autres. Passant à l'historique, il entre dans quelques détails au sujet des auteurs qui ont traité des Téléosauriens , soit en France, soit à l'étranger. Il indique ensuite les rapports zoologiques de ces êtres qui doivent former des familles particulières de Tordre des croco- diliens. — Trois familles sont proposées : 1" les Téléosauriens à vertèbres bi- concaves ; 2° les Streptospondy liens dont le corps des vertèbres est convexe en avant et concave en arrière ; 3" les Crocodiliens proprement dits dont le corps des ver- tèbres est concave en avant et convexe en arrière. L'auteur termine par des considérations stratigraphiques sur les Téléo- sauriens de la Normandie qui sont ainsi répartis : 1" Genre. TELEOSAUKI]«i. Trois espèces : Teleosaurus Cadometisis , gladius et Geof'royi , tous (rois du fiiller'searih. '2" SOUS-GENRE. STENEOSALRUS. Steneosaiinis optites du lias supérieur , Steneosauriis ate- lestatus de l'oolitlie inférieure ; Strneosaiirus lioutilieri de la grande oolithe ; Steneosaurus megisiorhyncus et Larteti du fuller'searlh ; St. Edwardsi et Roissyi de l'oxfordien ; Sten. Blwnembachii du coral-rag. 3* SOUS-GENRE. PEL AGOSAURUS. Une seule espèce, le Pelagosaiirns typus du lias supérieur. A" SOUS-GENRE, TELEIDOSAURUS. Teteidosaurus Calvadosii du fullor'Koartli. 2' Genre. SIETRI<»Ef HYi\CHl]««. Oualrc espèces: une callovieniic, ïq Metriorliynclms Blain- villei ; deuxoxfordiennes , le Metriorliynclms superciliosus el brachyrhyncus , et une kiuinieridgienne, le Melriorhijnchus hastifer. iM. Morière fait connaître le travail suivant de M. le docteur Nylander. /l — NOTE SUR LES LICHENS DE POUT-NAÏAL, M. l'amiral T, Jones ( de Dublin ) a bien voulu me communiquer une collection de Lichens de Port-Natal , en- voyés par J\]. Mackenzie , et récoltés principalement par Miss Armstrong. Voici rénumération des espèces que j'ai trouvées dans cette collection : LICHENES ÎNATALENSES. 1. Sirosiphon saxicola Naeg. — Ad saxa. 2. Pyrenopsis Mackeyiziei Jon. — Thallus niger vel fusconiger, icnuissimus, depressus, rimoso-areolalus, effusus; apotliecia minutissima, urceolato-irapressa, margine thallino, parum prominulo, lurgidulo cincta ( diani. annuli marginalis exlus circiter 0,15-0,22 millira. ); sporae S^* ellipsoideœ , longit. 0,008 millim. , crassit. 0,005 millim. lodo gelatina hymenea cerulescens , dein vinose fulvescens, — Supra saxa quarlzosa. Ohs. — P. Tnsmamca Nyl. Syv. l, p. 97, comparanda , est inajor , tliallo f'rnssinrp , sporis Tiiinoribiis, elc. ; in P. Mac- — 5 — kenz ici ceWnlii} tluiUiiia; facilius segrogautur (versus luccm visae ruLricosae, sicut illud frequens est in hoc geueie ). 3. CoUema redundans ^\\. — Thallusolivaceo-nigricans, suborbiculari-expaosus, niediocris, scrobiculato-corrugatus et granuloso-rugosus ; apolhecia fusconigra vel nigricantia (la- tit. ciic. 0/)-0,5 millim.) coinexa immarginata; spor.T (16 et plures in thecis) fusiformes, l-septata*, longit. 0,015- 21 millim. , crassit. 0,003 millim. lodo gelatina hymenialis caerulescens. — Corlicola. Obs. — Thallus filamenta et séries gonimas moniliforaics continet. Prope G. conglomeratum locum habeat hsec species. U. CoUema byrsinum Ach. (Dichodium). — Corlicola (1). 5. Leptogium HiLdenbrandii (Garov.). — Corlicola. Ohs, — Differt jam rhizinis Jongioribus a L. Menziesii affini. 6. Leptogium chtoromelum var, crassius Nyl. — DifTerl a typo : thallo subrotundato-lobaio, crassiore, lirmo. Spone saepe utrinque acurainatae, longit. 0,03/j-AO millim., crassit, 0,012-15 millim. Apothecia latil. 0,002-3 millim.— Corlicola. 7. Leptogium chloromeioides Nyl. — îSimile L. cfiloro- meio lypico ( vel fere var. ruginoso ) ; sed sponv bacillarcs (cylindracea* , utroque apice obluso ) , 5-7-septalae, longit. 0,03^-/40 millim., crassit. 0,00à5 millim. rhallus iodo sal- lem pro parte vinose rubens. — Ad corlicem arboris. 8. Leptogium phyllocarpum (Pers.). — Corlicola. (1) CoUema tliijsauaum Ach. in C Bon. Spei (BrenleP, ad corli- cem, sporis 3-5-septalis, longit. 0,032-40 millim., crassit. 0,004-6 millim. !'. nmmu'^nacalicaris Ad), ci i'. i:c/iio?in [S\n\). 10. Vsnm .bar bâta IV. jlorida [h.) cl ccraiina Ach. (iiiai fc.;' '»0(?o ; '^^^'^" clongata) el articiUaia{L.). 11. A'acaW î>îf> '^«'«(l^^'l-ielvar. 7 /tOMûr^ï (Ucl.). 06s. - Forte specie i ^^" '''^^*^'^ ^ '^'^- «''i^î/racea. ri, ^«'cfma argyracea '• '•'>/«'^"^« ( OcJ. ). 13. ^«c, 21. Parmelia Iccvigata (Sm.) Ach. 22. Parmelia subtœvigaia (Nyl. ^î/«. I, p. 383), sporis ioiigit. 0,008-9 milUm. , crassil, 0,005-7 millim. — Ad cor lices. 23. Parmelia saxatili s {L.),bQm « leliruga. >-— AtLsaxa. 2ù. Parmelia Mougeotii SchaM-, — Ad saxa. 25. Physcia leucomela Midi. (1). (1) Mcraorctur hic Physcin holoxantlia Nyl., quœ similis est Plu parietinœ, sed li)allo apotiieciisque concoloribus viteliinis el sporis sicut iii Ph. hypoglanva r i-locnkiribus, longit. 0,012-16 miiiim., crassil. 0,006-8 niiliiai.). In Africn iiicridioiiali ( Breiilc), seciindum. hb. Kplih. ), 2(i. Physcia spcciosa { >\ulf. \ 27. Physcia sctosa (Ach. ), insigiiis (1). :28. Pyzine Mcissnerii Tuck. 29. Pyxine Cocoës (Sw.). 30. Lecanora auraniiaca i. /w/i^a (Scliwciii.). 31. Lecanora cinnabarina Acii. — Ad saxn. 32. Lecanora Domùigcnsis Ach. — Ad corticet;. Ohs. — Sporse 6-10 loculares , longit. 0,020-35 millini., crassit. 0,008-12 millim. L. Jlavocrocea'Sy]. Enumér., p. 123, est solum ejus vavietas apotheciis lotis croceis. Va- riât tliallus glauco-virescens. Thecae iodo intense csernle- scentes ( apice intensius ). Hydrate kalico thallus purpiuc- scens. Spermogonia extus convexa lutescentia , spermatia arthrosterigmatibus (crassit. 0,0025 millim. ) adfixa minu- tissima oblongo-cylindrica , iongit. 0,0025 millim. , crassil. 0,0005 millim. Hic typus spermogonicus oslendit specieni hanc pertinere ad Lecanoras stirpis L. cerina ; nuUa eiiim arthrosterigmata occurrunt apud Lecideas biatorinas. 'dû. Lecanora vulpina Tuck., Nyl. L. V, Grau. cd. 2 , p. 69. — Ad cortices. 0^1. Lecanora sopliodes var. roboris ( Duf. ). -- Ad coifices, 35. Lecanora sophodes var. airoalbida Nyl, Facie foie (1) Ad Physciani sclosain perlincl l'armclia hin/mlula AcL. L. U. p. i68, Syn. p. 203, ex lypo lib. Acli. rcexinniiiato fqiiod conigcn- (lum est in Nyl. Licli. Scandin. p. 99); omnino sislil Parin. alrica- jnUam Tayl., Anz, I,. Langob. 57. DilTert stralo coiticalialio (celluloso; et elemeiitis llialli nudis a coniparandis Parmeliis , quibus lilaraenla medullariaclc. , vuiiegianulose adspersa. Lecidect siellulatœ , sed apolliecia lecaiiorina (liypolhecio incolore), sporae longit. 0,013-16 millim. , crassit. 0,007- 10 millim. — Ad saxa socia L. cinnabarinœ. 36. Lecanora flavovirens Fée Ess. p. 115, t. 29, f . 3 ; Suppl. p. 111 (L. asruginosa Nyl. Chil., p. 157) forma apotheciis pallesceDtibus, Sponc longit. 0,011-13 millim., crassit. 0,006-8 millim. lodo geiatina hymenea caerulescens. — Corticola. 37. Lecanora albetla f. angulosa (Ach.). 38. Lecanora constans Nyl. — Sporœ longit. 0,00Zi5-' 0,0065 millim., crassit. 0,0025-0,0035 millim. lodo geia- tina hymenea vix nisi apice ihecarum intense caerulescens. Spermatia breviuscula recta. — Corticola. 39. Lecanora parella Ach. 60. Pertusaria leioplaca Ach. et var. octospora. Simul var. trypetheliiformù ( Nyl. L. exoi., p. '±k\. ) sporis usque 8nis (ex cl. Jones in litt.). — Ad cortices. 61. Phlyctis Boliviensis Nyl. L. exot. p, 221 , L. N. Gran., p. /i2 , t. I , f. 22 , éd. 2, p. 52. — Ad corticem. Obs. — Sporee lô-septatœ, longit. usque 0,215 raillim. , crassit. 0,064 millim. Nec sporas nec geiatina hymenea io, l-scptatcT , longit. 0,01^-22 millim., crassit. 0,007-9 millim. — Cor- ticola. Obs, — Similis L. inlermixke, sed pars inlerior apothecio- rum (quœ in intermixta rubricose violacée lincta ) caerulei coloris. /i9. Lecidea inconsequens Nyl. — Thallus albidus, tenuis- simus, rugulosus, subdetcrminatus ; apothecia pallido-tcstacea vel pallido-rufescentia (lalit. cire. 0,5 millim. ) plana im- marginata , iiitiis incoloria ; sporœ So-»^ incolores, eliipsoideae vel oblongœ, simplices aut irregulariter 3-septatic , longit. 0,021-31 millim., crassit. 0,007-11 millim., epilhecium ot hypothecium incoloria, paraphyses gracilescenles (crassil. 0,0015 millim. ). lodo gelalina hymcnca non lincta. — Corlicola. Obs. — Prope L. coarctatatii locum Iiabeat ; vergit voro versus L. metamorplicam. GouiJia diam. 0.006-11 millim. 50. Lecidea versicolor Fée Ess. p. 115 , t. 28, f. ^4; Suppl. p. lOi. — Sporae Zi-S^* eliipsoidea\ curvuke, 1-sep- tah-e, longit. 0,038-60 millim., crassit. 0,023-33 millim. Spermalia bacillaria recta, longit. 0,006-7 millim. , crassit. 0,001 millim., in sterigmalibus simpliciusculis. — Corlicola. 51. Lecidea packijcarpa Dut, spoiis 5-7-scplalis, Ion- git. 0,080-0,105 milliiii. , crassil. 0,027-ai inillini. — Corlicola. 52, Lecidea mbcrcidosa Féi', Nyl. L. N. Gran. cd. 'û. p, ()6. — Corlicola. 53. Lecidea Lcucaxantha Spr. ; Biaiora iricolor Mut. Syll. p. 'ilx\. — Corlicola. bk. Lecidea millegrana (Tayl.) i\yl. L, N. Gran. éd. 2, p. (Sfi. — Corlicola. 55. Lecidea endoLeuca Nyl. et qiioquc forma apolheciis pallescentibus. Sporae 7-'17-seplatae (iulra atteiiuatœ), longit. 0,050-90 millim., crassit. 0,0035-0,0045 millim. — Cor- licola. 56. Lecidea vestita (Mnt. ) Nyl. L. N. Gran. éd. 2, p. 61. — Thallus sordide glaucescens vel cinereo-viresceus, subleprosus, ambitu albidus; apoihecia sanguineoatra (ju- niora margine pallescente), pianiiisciila (latit. cire. 1 millim); sporœ 8n* aciculares (septis vix uliis), longit. 0,030-26 millim., crassit. 0,002 millim.. paraphyses non discretae. lodo gelalina hymenialis caerulesceiis, deiiide sordide lu- ;tescens. — Corlicola. Ohs. — DiflFert haec Natalensis (a Gujaneusi) apotheciis ob- scurioribus atque hypothecio , lamina temii viso, purpureo (quod dilutum vel obsolète purpurasceus in typo Guya- nensi), 62. Lecidea inconveniens Nyl. — Thallus griseus , sub- opacus, tenuis, rimulosus (vel minute subsquamulose rirau- losus), determinalus; apoihecia nigra (0,5-0,7 millim.) plana marginala , demum convexiuscula iminarginaia , intus concoloria ; sporai 8°^: aciculares 7-septatae , longit. cire. O.OriO millim., crassil. 0,0030-0, 0U;]5 millim. , paraphyses graciles, cpillicciiiiii t;t'rulescens , hypollieciuin rulcscenii- fuscum. lodo gelatina hymenialis caerulescens ( deiiide iheca^ sordide violacée tinctae). — Corlicola. Obs. — Facile suniaturpro L. mcompta Borr., sed thallus alius et paraphyses graciles ( clava caerulescenti-obsciirata), etc. 63. Lecidea Armstrongiœ Jon. — Thallus albidus, lenuis- siraus, subdeterminatus; apolhecia nigra vel fusconigra (latil. 0,5-0,8 millim. ) plana (vel inlerduni demum convexius- cuia) marginala (margine demum variante flexuoso) ; sporae numerosae in thecis , subglobosa' vel globoso-ellipsoideae (longit. 0,0035-0,0050 millim., crassit. 0,0035 millim.), epithecium incolor , paraphyses crassiuscute ( tenerae et non bene distinct» ) , hypothecium fuscum. lodo gelatina hyme- nialis caerulescens , dein fulvescens. — Corticola. Obs. — Hymenium altit. fere 0,070 millim. Sporœ 24 et pluies iii thecis. Pertiaet prope ad L. fuscescentem^mxaïï. 6/4, Lecidea lactea Flk. — Saxicola. 65. Lecidea disciformis Fr. , Nyl. — Ad cortices. 66. Lecidea triphragmia 1S\\. , thallo hydrate kalico fla- venle. — Corticola. 67. Lecidea suhinquinans Nyl. — Apothecia nigra mi- nuta discoidea (0,15-0,25 millim.) plana, margine tenui vel demum obsolelo ; sporag S"-^ incolores ellipsoidene sim- plices, longit. 0,008-10 millim., crassit. 0,005-6 millim., paraphyses non discrela*, epithecium et hypothecium fusca. lodo theca' caerulescentes (gelatina hymenialis ceteroquin vix tincta), — Supra thallum Parmelicv crinitœ (?) pa- rasita. Ohs. — Afiinis L. inquvnanii Tul. Mém. Lich., p. 117, scd apotlieciis sparsis plaiiis et sporis brevioiibus , clc. Tliecœ — 13 — pyriformes (sporil'erae altit. 0,030-33 millim., crassiî. 0,016- 17 millim.); hymeniura fere 0,035-40 millim. la L inqui- nante apothecia latif. cire. 0,15-0,35 millim., convexiuscula, sporis longit. 0,009-13 millim., ci'assit.0,0045-55 millim., li- benter ijiaculatim aggregala. 68. Lecidea Parmeliarmn Smnirf. (Abiothallus Sinithii Tu!. Mém. Lïch., p. 11.3). — Parasita supra Siiciam au- ratam. Obs. — Anne ad Fungos referenda? Sporse Sn-^' fuscte ovoideo-oblongae l-septalse, longit. 0,017-^1 millim., crassit. 0,007-8 millim., paraphyses apice non discrets?. lodo hyme- nium non tinctum. 69. Opegrapha diagraphoides Nyl. — Thallns albus vel albidus tenuissimus opacus determinatus vel subdetermi- natus; apothecia nigra oblonga sat parva prominula , epi- thecio rimiformi , conferla , intus albicantia ; spor.T 8"« incolores ( vel vetusiate fuscescentes ) ovoideo-oblongae 3- septatse, longit. 0,011-15 millim. , crassil. 0,00/i5-0,0050 millim. , hypothecium incolor. lodo gelatina hymenea caeru- lescens ( dein plus minusve lutescens vel protoplosma tlie- carum prassertim vinose fulvescens) — Corticola. Ohs. — Extus fere faciei 0. varice f. vulvellœ Acb., sed mox dignota apotheciis hamidis hiascentibns parte média (hymeniali-hypotheciali ) albicante. Apothecia in memoriam revocant apothecia 0. diagraphcc Nyl. Neo-Caledonicœ. 70. Opegrapha interalbata^y], — Thallus macula albo- virescente indicalus; apothecia nigra ( sœpe nonnihii albo- suffusa ) mediocria , vulgo vermiculari-llexuosa , epilhecio rimiformi ei.Tpius albo-sufîuso ; sporae 8°« incolores, oblongœ, 5-septala2, longit. cire. 0,023 millim., crassit. cire. 0,006 millim. , perithecium eliam infra (hypoihecio) nigruni. — Corticola. — i/l — Obs. — Iii America a'minocliali ad Crolonem occurrit i5tatn simpliciore. 71. Stigmatidùtm vowsum {Sm. in E. B., t. 2i5h) L apotheciis pallesccnlibus et thnllo dcpauperalo. Spora2 usque 15-seplatœ, longit. cire. 0,050 millim. , c^a^Hit. 0,004 milliiii. (non compiitalo halone). — Coriicola. 72. Chiodecion Natalense Nyl. — Thallus albidus siib- byssinus effiisiis ; apotbocia nigra, punctiforniia isi verrucis slromaiicis piilvinatis rotundalis , vel rotundalo-oblongis vel difformibus (huit. cire. 0,7 millim.); spora* 8"->^' arcualte j-septalae, longit. 0,035-45 millim., crassit. 0,0030- 0,0035 millim., parapbyses médiocres, hypotbocium fiisco- nigrum. lodo gelatina bymenea intense caeridescens ( etiam parapbyses tum bene linctae ). — Corticola. Ohs. — Notis dalis ab oninibns facile distinguilur ; facieni externara habet fere Ch. sphcdralis Aoh. 73. Grapins intexta Nyl. — Thallus albo-glaueeseens, opacus, tennis, rimosus, determinalns, chrysogonidicus ; apo- thccia incoloria, innata, linearia, conferta, subflexuosa, me- diocria, extus marginibus thallinis vix prominulis etepithecio rimiformi indicala; sporse 8"'^' incolores fusiformi-oblonga3 8-loculares, longit. 0,025-27 millim., crassit. 0,007-8 mil- lim., hypotliecium incolor. — Ad corticem arboris. Ohs. — Aflinis videtur Graphidi glaucescenti , sed raox thallo chrysoj?onidico distans. là. Grapins analoga .\yl. L. exot., p. 2liU , f. sporis vulgo /i"i'' (longit. 0,OZi6-80 millim., crassit. 0,018-30 mil- lim. ). Accédons ad Gr. PeUetierii fée. -- Corticola, 75. Gra})his striaiula { \c\\.). — Corticola. ' 7(3. Graphis Acharii Fée Ess. p. 39, t. 10, f. k, Snppl. p. 29. — Arcle affmis Graphidi rigidu' (Fée), Sporae l-/i"'' Aisiformes, miirali-divisae, longit. 0,080-0,1 /|0 milliui, , crassit. 0,015-23 niillim, — Corticola. 77. Giyphis confluens Mut. — Corticola. 78. Normandina pulchella (Borr.). — Supra Physciam velustani et Jungermannias. 79. Verrucaria subducta ^\\. L. N. Grau. 2, p. II G. — Thalliis macula pallido-virescenle iudicatus. Sporae ( ^-lo- culares) longit. 0,082-96 millim., crassit. 0.027-30 millim. — Corticola. 80. Verrucaria nitida Sciirad. , sporis longit. 0,023-30 niillim., crassit. 0,010-11 niillim. — Corticola. 81. Verrucaria aspisiea (Ach.), sporis longit, 0,018- 25 millim. , crassit. 0,006-8 millim. — Corticola. 82. Verrucaria pyrenuloides ( Mnt. sub Trypethelio) , promineniiis ihallinis apothecia tegentihus lalit. circiterl mil- lim., sporis longit. 0,060-70 millim., crassit. 0,027-32 millim. — Corticola. 83. Verrucaria Tetraccrœ (Ach. Syn. , p. 125, Nyl, Pyrenoc, , p. 39), ostiolo pallido vel fusccscente , sporis lusiformibus 7-septatis, longit. 0,025-30 millim., crassit. 0,007-8 millim. — Corticola. 'èh. Verrucaria dissipans Nyl. in Flora 1866, p. 296, e Cuba. — Affinis priori. Sporae 7-septat3e, longit. 0,036- ;i8 millim., crassit. 0,004-5 millim. — Corticola. M. Goesle entretient ses collègues des remarques qu'il a faites sur un oiseau rapporté de la Nouvelle-Calédonie par M. Deplancbc et dont le squelette n'a encore été décrit dans aucun ouvrage. Voici, d'après ses observations, quels sont les caractères les plus remarquables du Kagu, nom que porte cet oiseau à la Nouvelle-Cnlédonie et qui est désigné — 10 — sous le nom de Rliynochdtus jubatus dans plusieurs ouvrages d'ornilliologie. La petite crête verticale qui remplace la pro- tubérance cérébelleuse le rapproche des Hérons. Son sternum étroit , long . muni d'un bréchet presque rudimentaire a beaucoup de rapports avec celui de V Agami, dont M. Milne- Edwards fait une tribu de la famille des Grues. Son bassin a beaucoup de rapports avec celui des Gallinacés. Les os de la jambe et du pied ressemblent à ceux des échassiers. La dispo- sition des trochlées indique un oiseau marcheur. WM. le docteur Ogier Ward et Gandy présentent à la Société plusieurs portions de Crangon Magneviilei qu'ils ont trouvées dans les carrières du fuller'searth à Vaucelles de Caen. M. Ogier Ward invite ceux de ses collègues que cela pourrait intéresser, à venir chez lui observer la pluie d'étoiles filantes qui doit avoir lieu dans la nuit du 13 au ik novembre. Le même membre annonce avoir eu l'occasion d'observer plusieurs fois des arcs-en-ciel sans qu'il y eût la moindre apparence de pluie. Une discussion s'engage entre plusieurs membres de la Société relativement à ce phénomène météoro- logique , qui peut être expliqué de diverses manières. M. Fauvel rend compte du classement et de la mise en ordre des livres composant la bibliothèque de la Société Lin- néenne , travail dont il s'était occupé avec le docteur Perrier. Il annonce qu'un catalogue va être prochainement imprimé et qu'il sera distribué à tous les membres de la Société. La compagnie décide qu'il sera publié tous les cinq ans un sup- plément à ce catalogue. A 10 heures IJU, la séance est levée. SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1867. Présidence de SI. LEBOVGUER. A 7 heures 1/2 la séance est ouverte. Le procès- verbal de la séance précédente est lu et adopté. Il est donné connaissance de la correspondance et des ou- vrages reçus depuis la dernière séance. M, de Caumont annonce à la Société que le Congrès scientifique de France tiendra sa session de 1868 à IMont- pellier, et il invite ses collègues à lui faire connaître les questions relatives aux sciences naturelles qu'ils désireraient faire entrer dans le programme de la session. .M. le docteur Léon Liégard considère Vadoption de la même unité de classification en Histoire naturelle comme étant l'une des questions les plus importantes à traiter par le Congrès. M. Morière fait observer que déjà, dans le Congrès bota- nique qui a eu lieu à Paris en 1867 à l'occasion de l'Exposition universelle , l'uniformité de classification était l'une des principales questions à l'ordre du jour , et que De Candolle avait été invité à préparer un projet , qui a dû être soumis à la discussion. INI. Eug, Deslongchamps montre à la Société des tubes en verre renfermant deux espèces de Térébratules vivantes : le Terebratula erythroleuca (Lam.) et le Terebratula sanguinea ( Sow. ). Ces deux espèces , regardées par Reeve comme n'en 2 — 18 — formant qu'nne seule , sont cependant bien distinctes par la forme , par les couleurs et même par la taille. Le caractère du deltidium et du crochet est aussi bien différent dans les deux espèces. Toutefois , elles ont un caractère commun bien remar- quable , celui de posséder à l'intérieur une charpente apophysaire très-compliquée et dont les branches sont reliées entre elles à la manière des Megerlea , tandis que la forme extérieure est celle des Terebratella ; ce sont deux espèces de passage tendant à confondre de plus en plus les deux sous- genres Terebratella et Megerlea. Le Terebratula erythroleuca ne s'est rencontré jusqu'ici qu'aux îles Sandwich , tandis que le Terebratula sanguinea semble avoir une distribution géographique plus étendue , puisqu'elle s'est rencontrée à la fois dans les Moluques , à Taïti et dans la Nouvelle-Calédonie. Les échantillons de cette dernière localité paraissent atteindre une taille plus grande que ceux de Taïti. M. Emile Deplanche a rapporté un cer- tain nombre d'échantillons des deux localités ; les plus pré- cieux sont ceux de la Nouvelle-Calédonie, qui sont conservés dans l'alcool. Dans une prochaine séance , M. Eug. Deslongchamps pré- sentera un travail sur l'animal encore non décrit de cette curieuse forme. M. .Morière présente à la Société , au nom de M. Ernest Malinvaud , une note sur quelques plantes nouvelles ou dou- teuses pour la flore du département du Lot. — 49 — NOTE SDR QUELQUES PLANTES NOUVELLES OU DOUTEUSES POUR LA FLORE DU DÉPARTEMENT DU LOT, Par M. Eknp.st MALINVAUD, Membre correspondant de la Société. Dans l'avant-propos de son « Catalogue des plantes qui « croissent dans le déparlement du Lot , classées d'après le (( système de Linné » (Voir Annuaires de ce département de 18/^5 à 1852), publication qu'il est très -difficile de se procurer et qui est encore aujourd'hui l'ouvrage le plus estimé qui ail paru sur celte flore locale , M. Timothée Puel présentait lui-même son travail comme un premier essai , auquel il espérait pouvoir donner, dans une seconde édition, plus de développement et de précision. Quelques herbori- sations que nous avons eu l'occasion de faire depuis 1860 , dans deux localités des environs de Gramat, chef-lieu de canton, à 26 kilomètres est de Gourdon, nous ont permis de relever un assez bon nombre d'espèces qui manquent au catalogue de M. Puel ou n'y figurent qu'avec des citations empruntées aux flores des départements limitrophes , que l'auteur avait compulsées avec le plus grand soin. Voici la liste de ces plantes , récollées aux environs de Gramat, dans un rayon de 10 à 15 kilomètres, et la plupart d'entre elles sur celte variété de terrain jurassique (coral-rag) — 20 ~ qui forme de vastes plateaux secs et rocailleux, désignés dans le Midi sous le nom de Causses: Ranunculus fliiitans , Lam. Nasturtium trifolium, Reichb. Uarbarea arenata , Reichb. Clypeola Jonthiaspi , L. Sisymbrium asperiim , L. Thlaspi monlanum , L. CapscUa rubeila , Reut. Helianthenmm Apennimtm , DC. Arenaria triflora , Ser. Linum Leoîiii , Schullz. Cylisus Sîipinus, L. Anlhyllis Dillenii , Schultz. Trifolium strialum . L. Vicia varia, Hosl. Agrimonia odorata. Ait. Sedum elegans , Lej. Sedmn anopetalum , DC. Petroselinum segetwii, Koch. Buplevrum tcnuissimum , L. Mnanlhe peticedanifoLia, Poil. Peucedumim chabrcei, Reichb. Toriiis nodosa , GœrtD. Galium commutatum , Jord. G. Timeroyi , Jord. G. Vaillantii, DC. G. Parisicnse , L. G. tenuicaîde , Jord. G. tricorne , Wilh. Dipsacus pilosus , L. Tragopogon tortilis , Koch. Cenlaurea tenuisecta, Jord. Turaxacum erythrospermum, Andr. Lactuca dubia , Jord. Senecio tasconensis, De Martr. Carduus vivariensis , Jord. G. nutanti-acanChoides , Koch. CampanuLa trachelium , var. iirlicifolia , Schra. Orobanche Cruenla, fJert. Vincetoxicum laxum , Baril. Mciampijruvi crislaliim , L. Thymus Chamadrys , Fries. Thesium divaricalum , Jan. Euphorbia stricta , L. Alisma lanceolatum, Wilh. Potamogeton pusilliim , L. Lemna h-isulca, L. Gephalanlhera ensifolia, Rich. Gladiolus segetum, Ganel. Car ex slrigosa , Huds. Anthoxanthum Puelii, Lecoq. Festiica riibra , L. Bromus erectua , L. Agroptjriim giaucum, R. et J. /rf., var. latronum , Godr. Signalons aussi , en dehors des limites du canton de Gramat, dont nous nous sommes rarement écarté : Galeopsis ochroleuca, Lam. Bords de la Dordogne, à Maironne. — 21 i Aux environs d'Assier. Rubia longifolia , Poir. Centaurea solstitialis , L. S Knaïuia dipsacifolia , Hos(. Bords de la Bave, à St-Céré. A côté de ces découvertes , mentionnons les espèces sui- vantes , considérées par M. Puel comme des raretés de la flore du Lot , et que nous avons rencontrées avec les précé- dentes dans nos promenades botaniques aux environs de Gramat. Saponaria ocymoides , L. * Silène armeria , L. Linum Galliami, L. L. strictiim , L. L. angiistifolium , Huds. Impatiens noli-tangere , L. Rhammis alalernus , L. * Rh. infectoriiis , L. kcer monspessulanum , L. Géranium sanguineum , L. G. nodosum, L. G. Incidum , L. Pistacia terebinthus , L. Ononis natrix , DC. 0. striata, Gouan. O columnœ , Ali. Medicago Gerardi , Willd. M. orbicularis , Ail. Melilotus alba , Desr. TrifoUurn rubens , L. * T. glomeratum , L. Dorycnium su/friUicosum , Willd. Astragalus monspessulanus , L. Coronilla scorpioides , Koch. * Vicia uncinata , Desv. Thaliclrum minus , L. * Adonis œstivalis , L. A. flammea , Jacq. * Ranunculus auricomus , L. R. parviflorus , L. Helleborus viridis , L. Dclphinium cardiopetaUtm , DC. Nasturtium pyrenaicuni, Br. Arabis cebennensis , DC. * A. lurrita, L. Erysimnmperfoliatum,CrSintz Draba muralis , L. * Biscutella Uevigata , L. Lcpidium latifotium, L. * Hulchinsîa petrœa , Br. * Senebiera coronopus, Poir, Myagrum perfoliatum , L. Bunias erucogo , L. Rapistrum rugosum , Ail. Helianlhemum pulverulen- tum , DC. H. fumana , Mill. * Reseda pkylcuma , L. Diantlws cartimsianorum, L. /(/., var. congestus. D. caryophyUus , L. * Ervum gracile , DC. * Lathyrus nissolia , L. L. neglectus , Puel. Orobus niger , L. Spircta hypericifolia , L. * liosa spinosissi7na , L. Epilobium molle , Laro. E. roseîim, Schreb. E. obscm-um , Schreb. Herniaria glabra , L, Sedum dasyphylluni , L. 5. altissimian , DC. Sison amoimim , L. *Carumhulbocastanuni,KoC'^- Buplevrum junceum , L. B. aristalum , Baril. jEnanllie pimpinelloides , L. * Libanotis montana , Ail. Laserpitium Galliciim , L. Orlaya grandiflora , Hoffm. * Lonicera Etrusca , Janti. Asperula odorata , L. Crucianella angustifolia, L. Rîibia peregrina , L. Centranthus calcitrapa, Dufr. 7nî, où nous ne l'avons pas trouvé? Ne serait-ce pas plutôt VAthamanta Libanolis , qui y est extrêmement abondant et que M. Puel mentionne avec doute et sans indiquer de localité , sur la foi d'autres catalogues que celui dû à Dom Fournault ? Nous faisons également nos réserves sur la présence, dans les limites du Loi, du véritable Plan- tage alpina L. , qui n'est pas synonyme du Plantago gra- minea Lam. , ainsi que paraît le croire M. Puel. Quel que soit le nombre des exclusions définitives , elles seront largement compensées par d'importantes découvertes. Pour notre compte seulement , si nous discutons une demi- douzaine d'espèces, nous les remplaçons par soixante environ, bien constatées , et dont la plupart sont des acquisitions d'une incontestable valeur : Cli/peola Jonihlaspi , Sisym- brium asperum , .drenaria triflora , Sedum anopetaliim , Gatiuni Timeroyi, Cephalanihera ensifoiia, Carex strigosa, Rubia iongifolia , Ceniaurea soLsiiiialis , etc. La Société décide l'impression dans cette séance de la suite du travail ci-après de M. Albert Fauvel. — 26 — FAUNE GALLO-RHÉNANE ou DESCRIPTION DES INSECTES QDl HABITENT LA FRANGE, LA BELGIQUE, LA HOLLANDE. LES RHÉNANES Eï LE MAIS, AVEC TABLEAUX SYNOPTIQUES ET PLANCHES GRAVÉES, ( Sirite ('] ). ) CHAPITRE IV. OE L.'ii:6E>Ii:ca^ KX DE SES VARli^XIOIVS (2). « Forma dat essS rei. » I. DE l'espèce et de SES DÉRIVÉS. 1. De l'espèce. Je ne viens pas chercher dans ce chapitre si l'espèce est immuable , comme l'école classique continue de le pré- tendre, ou si les êtres sont indéfiniment variables, c'est- à-dire s'il n'y a pas véritablement d'espèces , mais seu- lement des individus qui se modifient sans cesse , comme le veulent les disciples de Darwin (3). Ce « mystère des (1) V. Bull. Soc. Unit, (le Normandie , 2'= série, 1867, t. I, p. 175. (2) Lu à la réunion des Sociétés savantes, à la Sorbonne, le 6 avril 1865. (3) Suivant la doctrine orthodoxe, qui est celle des Védas, du Zend Avesta, de la Genèse, de Platon, etc., chacune de nos formes spécifiques actuelles a été indépendamment créée et sa lixité est éternelle. L'espèce reste et — 27 — mystères, w selon l'expiession de H uni bol dt, est complè- tement étranger à mon sujet ; il ne peut d'ailleurs pro- duire , on l'a trivialement mais justement remarqué , que querelles d'aveugles qui se battent dans une cave oh jamais la lumière ne pénétrera (I ). Heureux, disait Virgile, qui pourrait connaître les causes premières : « Félix qui potuit rerum cognoscere causas ! » Ce privilège échappe à la science qui semble, au contraire, condamnée à les ignorer (2). Son but doit être seulement restera une entité Irauchée , invariable et perpétuelle comme Dieu même. « Species tôt numeramus quot diversaî formae in principio sunt creatx. » ( Linné. ) Le darwinisme, au contraire, admet que tous les êtres vivants descendent les uns des autres par l'action des causes secondes et sont sortis d'un très-petit nombre de formes originaires, peut-être même de la première forme orga- nisée. Les individus constituent ainsi les seules réalités , les seules entités substantielles, et l'espèce n'est qu'une ressemblance contingente d'attributs qui n'ont rien d'essentiel aux sujets qui les possèdent : « Gleiches niemals 0 gleiches evzewji. » « Le même ne produit jamais le même. » (Rutimeyer.) C'est la théorie pressentie par quelques philosophes euipiriques, Kapila , Aristote, continuée par Locke , Condillac et les encyclopédistes, développée enfin par Goethe, Buffon, Geoffroy St-Hiiaire et surtout Lamarck , dont M. Darwin n'est que le continuateur. Si le darwinisme n'était forcé d'ad- mettre pour la transformation radicale des types une longueur «le temps considérable , il serait la négation des sciences zoologiques et botaniques, réduites ù considérer la création comme une image toujours nouvelle, qui ne peut être jamais fixée, un chaos malléable en travail continuel de transmutation dans la main du Créateur ou par la seule puissance de son souffle de vie initial. Dans l'un ou l'autre système apparaît l'intervention directe d'un Dieu, créateur intelligent. Mais, à côté de ces théories dont le point de départ est l'idée divine, il y a l'idée autogène ou matérialisme qui bannit Dieu , ne reconnaît que les lois de la matière , et fait naître spontanément les organismes sous l'action immédiate des forces physiques gouvernant, transformant et assu- jétissant toutes choses à une fatale destinée. (1) « Si l'on essaye de se faire des idées claires de la première formation ■ de quelques corps organisés , on sent bientôt que la force de notre « raisonnement et l'étendue des connaissances qu'il nous est permis d'avoir « ne sçauraient y conduire. » (Réaumur. ) (2) a Nec in ea re débet esse qiiœstio ubi , quidquid essel , quœstio g esset. » ( Saint Augustin. ) — 28.— d'en rechercher les phénomènes et d'en déduire les lois , ces lois que Montesquieu définit l'ensemble des rapports qui dérivent de la nature des choses. Le linguiste n'a pas à certifier l'origine des idiomes , l'astronome la cause de l'attraction , le physicien la nature du calorique , le physiologiste le principe de la vie ; le naturaliste n'est pas tenu davantage de démontrer l'origine de l'espèce. Il ignore absolument ce qu'elle est ; ses limites essentielles , intimes, lui échappent et les plus illustres n'ont pas réussi à les définir (1). La création ne révèle ici rien de son auteur. Quand donc, dans nos monographies ou nos catalogues, nous faisons l'énumération des espèces d'un genre ou d'un pays , nous n'entendons pas spécifier leur essence et les délimiter selon la nature , mais uniquement selon ce qui nous parait être tel, d'après les lois de l'observation et de l'expérience; en d'autres termes, nos espèces , différentes selon toute vraisemblance de celles du Créateur , sont un artifice de classification , une catégorie logique, une fiction (ou, du moins, si elles sont une réalité, nous n'en avons pas la preuve) , fiction nécessaire , ingénieuse, pour dis- tinguer entre eux les innombrables êtres qui peuplent le monde , fiction comprise dès l'origine des peuples , bal- butiée déjà par l'antiquité et le moyen-âge , mais exprimée seulement par Linné dans cette langue admirable qui a fondé les sciences naturelles. D'ailleurs , que l'espèce soit éternellement miiable ou immuable , peu importe. La faune d'un pays est fhistoire de ses animaux considérés dans leur état et sous leur forme actuelle ; elle ne remonte pas plus à leur origine qu'elle ne pénètre leur destinée. Tous nos insectes des- cendent-ils d'un prototype commun , dont les Coléoptères (1) M. cil. Darwin, le dernier et le plus célèbre de nos zoologistes spé- culateurs, vient d'écrire tout un volume, très-intéressant, sur Vorigine des espèces, mais où il ne traite, en somme, que de leur variabilité. — 29 — représenteraient une branche divergée? Le Carabe et le Gurculion en sont-ils l'expression une et indivisible , mais transformée dans le temps et l'espace, et leur transmutation en progressant créera-t-elle des types nouveaux ? Nous n'avons pas besoin de ces vaines hypothèses. La science nous fournit des preuves incontestables et incontestées que, dans l'état sauvage, les animaux n'ont pas changé depuis des centaines de siècles, et, conséquemment , que s'ils se transforment , ils ont besoin pour cela d'une anti- quité fort reculée (1). A ne parler que des insectes, les types fossiles exhumés des assises tertiaires (2) ou en- globés dans le succin (3); ceux qu'on retire des momies d'Egypte (4) , vieux de 5000 ans (5) , nous montrent leurs formes identiques aux nôtres ; la faune alpine s'est perpétuée (1) Là où les espèces ont eu à subir des circonstances locales trop con- traires, elles ne se trouvent plus, soit qu'elles aient été détruites, comme cela a eu lieu pour un grand nombre à l'époque g;laciaire, soit qu'elles aient émigré dans des localités voisines plus favorables, comme le témoignent les ciiangements survenus dans les faunes de pays limitrophes dont la popu- lation aborigène était identique. Il ne s'agit donc pas ici de la disparition progressive des types, de leur limitation dans le temps comme dans l'es- pace, — qui est certaine , — mais seulement de leur transformation. ( V. supra : Ch. Géograplde. ) (2) On a trouvé à OEningen, près du lac de Constance (Suisse), dans les marnes feuilletées de l'époque nùocène supérieure, des insectes que M. Heer ne distingue pas des types actuels [Lnnipyris noctiluca, Geoirupes ster- corarhis, Coccinella 1-puiictala, Libeltula depressa, Apis melli/ica , Aphro- pliora spumaria, etc. ), et, avec eux , des formes spécifiques disparues de l'Europe moderne : nouvelle preuve à l'appui de la succession des faunes et de l'extinction des types cpii ont fait leur temps par des lois que nous ne précisons pas encore, mais qui paraissent en corrélation avec de grands changements dans les conditions physiques de la surface du globe. ( V. supra: Ch. Géographie. ) (3) Cette résine fossile qu'on recueille sur les bords de la mer Baltique en Sicile , etc., renferme également des espèces vivantes ( Tacliyporus brunneus, etc. ) au milieu d'espèces disparues ou de genres confinés au- jourd'hui dans des régions plus chaudes {Articerus, Osorius, etc.). (4) Ateuchus sacer , Hislcr unicolor, etc. (5) Je n'ai pas à vérifier la chronologie égyptienne ; mais cette date , suivant certains auteurs, devrait être reculée. — 30 — la même sur nos montagnes tempérées et sur les rivages arctiques depuis sa séparation au temps de la période gla- ciaire (1) ; des chaînes de montagnes volcaniques , comme celles de l'Auvergne , dont l'âge nous est connu , sont peuplées , non pas d'espèces propres , mais de types em- pruntés aux régions qui les limitent (2) ; enfin d'autres faunes , dont la haute ancienneté est également positive , celle des îles Britanniques, par exemple, ont conservé , à travers la nuit des âges, leur caractère zoologique initial (3). Puisqu'en fait, un laps de temps aussi long et incalcu- lable (4) serait nécessaire pour produire les prétendues transformations des types spécifiques , c'est le droit du naturaliste descripteur d'envisager théoriquement ces types comme fixes et stables, au moins dans leur sphère actuelle, et cela nous sufiit. Mais alors quel sera le critérium de ce que nous ap- (1) V. supra, sur cette identité, notre § Région alpestre (Ch. Géographie], ^2) L'antiquité de ces montagnes, si reculée qu'elle soit, n'a pas créé une faune spéciale, et pourtant depuis que ces volcans se sont éteints, il s'est formé là un milieu aussi différent que possible des plaines et des montagnes environnantes. Viendra-t-on demander encore cent ans seule- ment d'observations sur l'influence des milieux pour prouver que les espèces ne se transforment pas? On peut se reporter, du reste, à ce que nous avons dit déjà au chapitre premier, des régions peuplées uniquement par immigrations des faunes voisines. (3) L'argument a ici toute sa force. En effet , la faune de la Grande- Bretagne date au moins de l'époque glaciaire , ce qui est une antiquité respectable. Elle y a immigré en masse du continent , alors que la Manche n'existait pas encore. Elle a donc rencontré sur ces nouvelles terres des milieux nouveaux et de diverse nature. En outre, nous l'avons rappelé, elle a subi des changements de température tels que les formes méri- dionales qui habitent le sud de l'Angleterre ne se trouvent plus en France que dans le centre el même dans le midi. Et malgré tout cela, elle n'oU're pas, à proprement parler, d'espèces particulières, mais seulement un très- petit nombre de races géographiques. ( V. infra. ) (4) D'après des études d'une rigueur mathématique faites sur la formation des récifs de coraux de la Floride, M. L. Agassiz affirme que l'ùge de ces récifs quaternaires peut être évalué à cent mille ans et plus. Cependant les coraux qui les ont construits n'ont jamais cessé d'être partout de la même espèce ! — 31 — pelons V espèce , et quel sera-t-il au point de vue de ce travail ? C'est ce que j'ai cru utile de préciser d'abord, autant qu'il est possible de préciser sur un tel sujet. La mutabilité est une hypothèse dont on n'a pas donné la preuve ; mais à côté de ce changement radical d'une espèce en une autre , il est un phénomène dont l'évidence frappe au premier abord ; c'est la variabilité. On nomme ainsi la faculté intrinsèque que possède l'espèce de s'écarter de son type dans certaines limites. Ces limites sont extrêmement diverses; en règle générale , l'écart est léger, vague et ne dépasse pas la somme des modifications individuelles; il con- tinue d'offrir tous les passages intermédiaires et n'est pas héréditaire : c'est la variété. Mais souvent cet écart aug- mente; la nuance s'accentue, se précise davantage, en un mot, se caractérise ; elle n'offre plus de passages ; elle n'est plus limitée à un seul être , mais héréditaire et con- stante , c'esi-à-dire générale à toute une catégorie d'indi- vidus , quoique d'ordinaire, dans un lieu donné seulement : c'est la race. L'ensemble des races avec leurs variétés con- stitue ce que nous appelons ['espèce , entité ni absolument fixe, ni indéfiniment variable, comme on le soutient encore dans les camps opposés de la science. Deux caractères principaux nous font ainsi juger de l'espèce , la descendance ou fécondité et la forme ou res- semblance. Il y en a même un troisième chez les insectes , la méta- morphose ; mais on en a vanté outre mesure l'importance, surtout dans l'étude des Lépidoptères. Il serait extraordi- naire , en effet, qu'une race caractérisée à l'état parfait ne différât pas également sous les formes de larve et de nymphe , la variabilité ayant dû afiecter les trois états de l'animal. Faire de cette race une espèce distincte , n'est- ce pas plutôt éluder que trancher la difficulté ? Sans doute si les modifications de la larve affectaient invariablement l'insecte parfait , si la chenille , la chrysalide et le papillon — 32 - qui constituent la race , différaient constamment à des degrés égaux du type spécifique, nous serions extrême- ment fondés à les élever au rang d'espèce ; mais cette concordance est loin d'exister toujours. Tantôt la chenille seule fait race . tantôt la chrysalide, tantôt le papillon seul ; tantôt deux de ces états sont variables , tandis que le troisième reste stable (1). On a même reconnu que plus la chenille varie , plus le papillon est constant (2). Pour n'en donner qu'une preuve , la plupart des races de Bombyx séricifères , si différentes par leurs chenilles et leurs co- cons , se confondent à l'état parfait en une forme unique de papillon qui , chose étrange , résiste même ici à une semi-domestication. Il est donc permis de conclure que si l'étude des métamorphoses est fort utile pour la classifi- cation des insectes , elle ne semble pas , au point de vue de leur distinction spécifique , destinée à donner la clef de V espèce , au moins d'une manière aussi absolue qu'on l'a prétendu. Restent la forme et la fécondité. Malheureusement celui de ces caractères qui imprimerait à l'espèce un cachet indélébile, la fécondité, nous fait généralement défaut. Buûbn y voyait « un des mystères « profonds de la nature que l'homme ne pourra sonder tt qu'à force d'expériences aussi réitérées que longues et « difficiles. » M. Agassiz , tout défenseur qu'il est de la fixité de l'espèce , l'appelle « une manière d'épouvantail « théorique que l'on garde dans sa boîte pour le faire (1) Les variations que subissent les premiers états des insectes , sauf les chenilles des Lépidoptères, sont encore très-peu connues et on en trouve à peine trace dans les auteurs. Cependant beaucoup de questions dou- teuses seraient éclaircies si nous pouvions suivre seulement les développe- ments et les modifications des larves des Coléoptères. (2) L'effet immédiat de la nourriture pour produire hi variation des larves est ici saisissant , mais cet effet n'étant plus sensible chez l'insecte parfait qui souvent meurt sans avoir mangé, il faut chercher à la variabilité des causes plus puissantes et plus complexes. ( V. infra. ) - 33 — t( surgir à certains jours , quand il s'agit de donner le « change et de fermer le débat. » Et , en réalité, sur cent insectes que nous considérons comme spécifiquement dis- tincts , nous n'avons pas vérifié une fois cette fécondité permanente et continue. Où en serions-nous même s'il la fallait expérimenter avant de décrire une forme nouvelle ? Nous la présumons , d'après la fécondité actuelle des es- pèces dont nous croyons connaître la reproduction ; mais qui nous assure que cette fécondité n'est pas bornée an lieu d'être indéfinie? Qui nous prouve qu'elle ne cessera pas après cinquante , après mille , cent mille générations , et comment démontrer que ces individus qui se ressemblent descendent, depuis l'origine, d'un même couple de pa- rents? Par le fait, il n'est pas de physiologiste qui ose sou- tenir en conscience que les limites de la fécondité sont connues avec une rigueur telle qu'on puisse en faire la pierre de touche de l'espèce. Cela est si vrai qu'on n'y a jamais recours , qu'on ne l'a jamais appliquée avec persé- vérance pour s'éclairer sur les cas douteux ; enfin qu'elle n'a jamais tiré d'incertitude l'observateur scrupuleux et perplexe en quête du degré de parenté existant entre des formes, si proche-alliées qu'on les suppose. Cette idée de la fécondité continue , qui implique celle d'une origine commune, n'est donc rien qu'une présomp- tion en faveur de l'entité spécifique (1). Elle se com- plique, d'ailleurs, de cette difficulté que des espèces, que nous sommes unanimes pour considérer comme très-dis- tinctes, s'accouplent ensemble et donnent des produits dé- fi) L'œuf paraît le terme de nos recherches quant à la reproduction des animaux. Jamais il ne se forme d'œuf librement, et ce point de départ de tout être nouveau suppose la préexistence d'un organisme spécial ou parent. On peut donc croire par analogie que l'œuf a été aussi le point de départ de l'espèce à son origine. C'est l'axiome d'Harvey : « Omne viuum ex ovo. » Mais d'où est venu le premier œuf?... 3 — as- signés du nom A'hyhrides (quand ils ont pour parents deux espèces ) ou de métis ( produits de deux races ) dont la fer- tilité atteint, chez plusieurs, des limites que la science n'a pu jusqu'à présent déterminer (i). Quel temps ici encore ne faudrait-il pas et combien d'expériences longuement ré- pétées pour décider , en connaissance de cause , de la fécondité ou de la stérilité de ces hybrides et métis ? On peut ajouter qu'il existe d'innombrables espèces chez lesquelles une foule d'individus ne sont jamais développés sexuellement; d'autres où les individus sexués n'appa- raissent qu'à des intervalles éloignés ; quelques-unes dont la multiplication s'opère par bourgeonnement bien plus que par procréation sexuelle; enfin un certain nombre dont la génération est soumise aux phénomènes si curieux d'alternance et de polyphormisme ; mais la signification de pareils faits nous semble suffisamment démontrée. Ce caractère de fécondité — l'essentiel peut-être, mais que le temps dérobe à notre observation — resté de la sorte problématique et accessoire , nous n'avons plus pour juger de l'espèce que la forme ou ressemblance. Étrange et précaire condition de la science ! Elle amasse dans ses musées les milliers d'animaux et de plantes que le Créateur a jetés sur la terre; elle fouille les couches du globe pour en retirer les millions de ceux qui y sont ensevelis depuis la première aurore de la vie, et, quand elle a réuni , classé , scruté ces archives fossiles et ces collections vi- vantes , son dernier aveu est que l'origine , l'essence , la nature , la destinée des espèces, tout cela est l'inconnu; et que, dans ce mystère, qu'elle est impuissante à définir, elle n'a pour guide que la fugitive ressemblance des êtres entre eux ! (1) Il ne s'agit pas, bien entendu , de ces accouplements infertiles entre espèces de genre ou de famille différents, comme les naturalistes eu citent des exemples. Un des plus curieux, est celui d'un Tclépliore et d'un Taupin dont fut témoin Rossi, l'auteur de la Fauna elrusca , et qui lui sembla si étonnant qu'il en fit dresser procès verbal par les autorités locales. — 35 — La forme ou structure , voilà donc le caractère par ex- cellence , celui auquel , défenseurs de la fixité ou apôtres de la mutabilité , nous sommes tous réduits in extremis , parce que c'est vraiment le seul que le temps et l'espace ne mettent jamais hors de notre portée (1). Je ne puis citer ici , encore moins discuter , même à ce point de vue restreint, les diverses définitions qu'on a données du terme espèce ; la. plus rapprochée de la vérité peut se formuler dans les termes suivants : Tout ce qui a , a eu , oti aura la même forme, le même type , est^ a été ou sera de la même espèce (2). Je ne rappelle pour- tant le principe qu'en hésitant, tellement je sais qu'en pa- reille matière toute définition est périculeuse et tout prin- cipe absolu exposé à lléchir (3). Fondée sur ce terme de la ressemblance et de la dis- semblance des formes , la notion de l'espèce n'est plus qu'une interprétation de l'œuvre de la nature. Mais de combien de difficultés elle est encore entourée ! D'une part, ni l'individu , ni l'ensemble des individus , à un mo- ment donné, ne constituent complètement l'espèce. Ils n'en sont jamais que les représentants temporaires , puisque celle-ci a une plus longue durée, et que les individus de toutes les espèces actuelles succèdent à d'autres individus (1) Cela nous explique pourquoi, dans la pratique de la science, les darwiuistes ne cessent de démentir en fait les principes qu'ils ont posés en théorie. Lamarck fut toute sa vie, malgré son système, classificaleur et spécificateur de premier mérite; on a dû même parfois réduire le nombre des espèces qu'il regardait comme distinctes. M. Darwin et tant d'autres de ses adeptes se sont pareillement illustrés par les travaux descriptifs les plus sérieux et dignes des meilleurs naturalistes de l'école classique. (1) M Ailes, was ist, was war und sein wird, wenn es nacli derselben 0 Weise, nacli demselben Typus, ist, war und sein wird dem Dégriffé der « Art unterstellt. » (Spring. Ueber die naturh. Begriffe von Gattung, Art und Abart. Leipsig, 1838, p. 17.) (3) N'est-ce pas un peu pour avoir voulu faire plier tous les faits sous la rigueur d'une formule que des naturalistes en sont venus à nier jusqu'à rexislence de nos types actuels ? -^ 36 - qui ont vécQ antérieurement et précèdent des générations qui leur survivront. D'autre pari , l'espèce , variable de soi, se divise en races, susceptibles elles-mêmes de va- riations. Quels seront alors les caractères d'espèce , quels seront ceux de race , ceux de variété ? Comment déter- minerons-nous leur importance relative ? C'est là un sujet de doutes graves et de discussions sans cesse renaissantes ; il semble que le Créateur ait livré le monde à la dispute éternelle des savants : <( Tradidit rmmdum disputntionibvs eorum. » Une autre difficulté surgit : c'est qu'au lieu de fixer l'esprit sur des formules claires, précises et invariables, comme l'exigeraient ces sujets ardus de philosophie natu- relle , les auteurs prennent à tâche de ne pas s'entendre sur la valeur des termes dont ils usent continuellement, chacun se créant en quelque sorte sa riomenclature et interprétant à sa manière les mots genre , sous-genre , espèce, sous-espèce, race, variété, sous-variété, aberration, monstruosité , etc. Qu'arrive-t-il de ces incertitudes ? C'est que les uns ( parmi les plus recoramandables ) considèrent comme ca- ractères génériques et spécifiques ceux que d'autres n'ad- mettent que comme caractères de sous-genres , de races et même de variétés , et vice versa ; d'où la conséquence que beaucoup de formes sont déterminées et classées comme races ou variétés par ceux-ci et comme espèces par ceux-là : ainsi 100 formes données constitueront pour tel monographe 100 espèces , pour tel autre 80 espèces et 20 races ou variétés , pour un troisième 60 espèces et 40 races ou variétés , et ainsi de suite. La cause de ces divergences est tout entière dans une appréciation différente de la variabilité et de l'importance subordonnée des caractères. Tout le monde reconnaît , en effet , que l'espèce est douée d'une variabilité propre , tantôt faible , tantôt considérable , quoique limitée ; il ne — 37 — s'agit qae d'en déterminer les limites. Si l'auteur en étend le cercle au delà de ses bornes véritables, il confond ensemble des espèces distinctes et méconnaît la spécia- lité faunique des pays dont il parle ; s'il le restreint en deçà , il prend pour des espèces des formes qui ne sont que des races ou des variétés , et le danger est pins grand encore; car il ne peut plus délimiter ses espèces, — puisque jamais deux individus ne se ressemblent, — et il en vient à cette division extrême et anti-naturelle qui jette la confusion dans son œuvre et laisse le lecteur perdu dans un dédale de définitions indéfinies (1). Si l'on se souvient qu'une somme de caractères dans tel genre ne représentera qu'une modification accessoire d'un type , tandis que, dans tel autre genre , elle indiquera une espèce particulière ; si l'on réHéchit que même ce qui peut nous paraître le plus propre à caractériser un groupe ou un insecte n'est pas toujours ce qui les caractérise véri- tablement ; qu'une variété, quoique légère en elle-même, nous frappe quelquefois plus qu'un caractère essentiel ; que des races aujourd'hui reconnues ont été admises long- temps comme espèces par des juges compétents; enfin que des caractères importants sont susceptibles de variations ; il est facile de se rendre compte des dissidences d'opi- nions , des querelles de genres et d'espèces qui s'éternisent entre naturalistes. Chaque auteur ayant son appréciation , son sentiment à lui , travaille selon les vues que ce sen- timent lui inspire. Avec des vues unitaires , il tend à restreindre le nombre des espèces j avec des vues sépara- tistes, il l'étend , au contraire , parfois jusqu'à des limites '\) Ce sans-gène dans la fabrication des espèces nouvelles est la source continuelle des erreurs qui entravent l'étude de la distribution géographique des animaux, erreurs dont nous avons signalé quelques exemples dans le premier chapitre. Non moins préjudiciable est l'esprit de réunion quand même qui jette d'autres naturalistes dans l'excès contraire. ~ 38 — extrêmes. Lequel est dans le chemin de la vérité ? Là en- core nous devons avouer souvent notre ignorance. Assurément nous sommes fondés à croire, et nous l'avons indiqué plus haut , que chacune de nos espèces actuelles a des limites qu'elle ne franchit pas, « ... quos ultra ci- traque nequit consistere. . . » ; mais ces limites résultent ab- solument de son degré variable, et, dans certains cas, nous ne voj'ons pas trop où ce degré commence et où il finit. Il est bien vrai qne nos hésitations ont leur source principale dans le petit nombre ou le manque d'objets de comparaison ; que même toutes nos espèces douteuses se- ront éclaircies le jour où nos collections, assez riches , nos observations assez complètes , permettront de suivre en tous lieux les gradations de ces formes ambiguës , leurs points réels de départ et d'arrivée (1) ; mais, en attendant ce festa dies, celte terre promise de la science qui n'ap- paraît que comme un horizon vague et incertain , il nous faut pourtant juger des espèces d'après nos moyens et nos collections présentes, et la difficulté subsiste tout entière. J'admets volontiers qu'il n'est pas de zoologiste ou de botaniste digne de ce nom qui ne sache ce qu'il entend par le mot espèce ; mais combien lui donnent son sens propre et sont capables de l'exprimer (:2) ? Heureux alors celui qui en possède le tact, le sentiment réel; il est vraiment l'interprète de la nature. 11 voit bien, il juge sainement , — deux qualités qui manquent à un trop grand nombre , — et s'il y joint l'expérience que donne la pratique , c'est-à- dire une manipulation ancienne et incessante des objets , fl) La suppression d'une forme douteuse salisfuil plus le vrai natura- liste que la découverte d'une espèce nouvelle. (2) « Quand on ne me demande pas ce que c'est que le temps , je le sais u fort bien ; je ne le sais plus quand on me le demande. » Ces paroles d'un grand philosophe ne sainaient être mieux appliquées qu'à l'expression du sentiment de l'espèce. - 39 — il mérite de faire autorité (1). Mais , hors de la, que l'ob- servateur s'habitue à ne pas trop jurer sur la parole du maître. Plus d'un monographe , depuis Dejean , a exagéré le nombre des espèces , et une foule de types d'auteurs estimés en leur temps, sont tombés depuis en synonymie. Étudions plutôt, comparons et vérifions nous-mêmes; nous arriverons à juger de l'espèce et de ses déviations d'après notre sentiment, et ce sera un grand pas ; car autant la routine est préjudiciable à la science, autant un esprit de prudente indépendance en éclaire et favorise les progrès (2). 2. De la Race. Nous venons de voir que l'espèce varie proprio motu à des degrés inégaux et divers ; c'est un fait vulgaire parmi les naturalistes et qui frappe même , quoique d'une manière inconsciente , les personnes étrangères à la science, a L'au- (( teur de tant de petits êtres , remarque Réaumur, semble (( avoir eu le dessein de nous mettre en état de les « distinguer les uns des autres et de nous exciter à les 1 observer en leur donnant des formes si singulièrement i' diversifiées. » Il n'est pas, en etîet, d'animaux propor- tionnellement plus variables que les insectes sous tous les rapports. Ordinairement les différences ( abstraction faite des accidents tératologiques) sont légères, instables , li- mitées à des organes peu importants ; c'est ce que nous appelons la variation individuelle. Mais il arrive qu'elles se précisent et se transmettent identiques , par voie de géné- ration , chez tous les individus d'une même région , d'un même milieu ; elles caractérisent alors ce qu'on a appelé (1) C'est pur ce tact que le génie de Linné, de Fabiicius et de Latreille, lorsqu'on se reporte à leur époque, semble grandir encore avec le temps. (2) « Qui vias natunt noverit, is deviationes etiam facilius observabit,v (Bacon.) — 40 — des variétés héréditaires et géographiques ou races , pré- cisément dans le sens que l'on donne à ce mot chez l'homme et les animaux domestiques. A l'idée de l'espèce nous devons donc associer celle de la variabilité qui donne la race, et dire : « Tout ce qui a, a « eu ou aura la même forme, divergée du même type, est, « a été ou sera de la même race. » Reste à fixer l'étendue de cette divergence ou variabilité intra-spécifique. Lorsqu'un naturaliste commence à étudier une famille largement disséminée d'animaux ou de plantes qui lui était inconnue jusque-là, il se trouve fort embarrassé pour dis- tinguer les différences qui caractérisent les espèces de celles qui n'indiquent que des races ou des variétés ; car il ignore quelle est la somme de variation moyenne dont cette famille est susceptible. Mais s'il concentre son at- tention sur un seul groupe dans une seule contrée, il ne tarde pas à en mettre en ordre les représentants. Toutefois il aura une grande tendance à faire beaucoup d'espèces et très-rarement il admettra des races caractérisées. Au con- traire , s'il étend ses observations sur un large espace , il saura bientôt distinguer avec une grande certitude ce qui est espèce de ce qui est race ou simple variété. L'examen de nouveaux individus lui fera vite reconnaître des formes intermédiaires à ce qu'il appelait tout à l'heure espèces et races ; de degré en degré, un grand nombre des anciennes races se fusionneront avec les anciens individus ; dans certains cas même, les premières espèces descendront au rang de races. Enfin il arrivera peut-être, en réunissant des séries complètes, à disposer graduellement toutes ces formes sur une seule ligne , de façon à ne plus distinguer la seconde de la première, la troisième de la seconde, etc. Comment considérer alors les espèces admises d'abord, les races reconnues ensuite , les individus intermédiaires finalement intercalés, sinon comme autant de formes pro- téiques . comme une seule et même espèce douée d'une — Ui — grande variabilité ? L'observateur qui se sera livré à ce travail sur une espèce ne tardera pas à reconnaître dans les tj'^pes vraiment naturels ou au moins dans plusieurs , surtout ceux des genres protéiques, une forte somme de variabilité. Instruit par l'expérience, il étendra son pro- cédé à d'autres espèces , ensuite aux groupes , puis aux genres , aux tribus , etc. Nos classifications , image de la création, lui apparaîtront alors comme d'immenses plaines, divisées et subdivisées par des palissades en comparti- ments distincts et irréguliers , d'autant plus vastes que les catégories d'animaux qu'ils renferment sont plus va- riables (1). C'est , nous l'avons dit déjà , faute d'apprécier saine- ment la flexibilité variable et grâce à cet esprit excessif d'analyse, introduit dans la science sous les auspices des Allemands , que certains auteurs admettent dans leurs ouvrages tant d'espèces nominales. Les anciens types de Linné sont divisés aujourd'hui en deux , trois , quatre es- pèces. Sans doute cette division a été nécessitée par une recherche plus scrupuleuse, plus rationnelle des formes spécifiques (2) ; mais combien n'a-t-on pas exagéré cette recherche ? On a cru faire des distinctions plus exactes et on n'en a fait que de plus subtiles. Voici un genre qui (1) Quand nous parlons de l'échelle ou de la chaîne des êtres, nous nous représentons volontiers une série immense d'espèces, toutes placées sur une même ligne, s'élevant par le perfectionnement graduel et successif de l'or- ganisation depuis la monade jusqu'à l'homme. Cette idée , grande et vraie, connue des plus anciens philosophes, est conforme à la marche unitaire de la n:iture qui procède du simple au composé , sans lacune, sans saut — « non facil saltum »; — mais il n'est pas exact de dire que cette gradation s'opère sur une seule ligne, comme on l'a cru longtemps. La création est plus opulente et plus fertile ; ce n'est pas une chaîne, c'est un arbre qui embiasse de ses mille et mille rameaux l'empire de la terre et des mers. (2) Au temps de Buffon et même après la réforme linnéenne , on ne s'enquérait pas encore des différences légères et on n'admettait comme espèces que les formes accentuées et très-distinctes ; les espèces voisines s'appelaient races ou variétés. Nous avons changé tout cela ; mais l'excès contraire est-il préférable ? X i — 42 — renferrauil dix formes douteuses , classées provisoirement comme races ou variétés. Un novateur est survenu qui , sans preuves nouvelles, en a fait dix espèces; et sur sa parole il s'est trouvé des adhérents, recrutés sans peine dans la foule ignorante des collectionneurs, pour les adopter. Est-ce là le progrès (1) ? (ly Piivtisde différences d'individu ou de race plus ou moins profondes, les dédoubleurs d'espèces veulent les fortifier par des minuties et, de bonne foi, en arrivent à découvrir do soi-disant caractères insaisissables pour tout le monde et souvent pour eux-mêmes. Nous n'en citerons que trois exemples entre cent. MM. Kraalz et v. Kiesenwetter, dont la compétence ne sera pas contestée, réduisent à 11 espèces, renfermant 25 variétés, toutes nos Oreina européennes que M. Siiffrian , leur monographe, divisait en 31 es- pèces et un nombre infini de variétés. Deux espèces seules, les specinsa et speciosissimo , n'en forment pas moins de 18 dans le travail du dernier auteur avec une suite énorme de variétés. On voit où conduit, en pareil cas, l'abaissement du critérium spécifique. Du reste, M. Suffrian avoue que la distinction des Oreina dépend surtout de l'intuition du monograpiie et que des différences visibles pour l'œil ne sont pas exprimables dans les mots ; on comprend sans peine après cela que la subtilité de ses opinions manque souvent, comme il le dit, cCobjeciivUc persuasive. M. Suffrian n'a pas vu qu'il se perdait, à la suite de tant d'autres , dans le dédale des variations individuelles Autre exemple : 11 n'est pas de genre plus naturel que celui des Noiio- pliilus. Les espèces en sont peu nombreuses et répandues seulement en Europe, en Asie septentrional' et dans l'Amérique du nord; cependant elles offrent la plupart de telles variations de taille, de forme, de ponc- tuation et de couleur que M. Waterhouse y a trouvé jadis matière à 18 espèces (au lieu de 5 ou 6 réelles) pour la seule Angleterre, bien que le monograpiie Dejean, en 1826, fût près de considérer tous les !Soiioplnlus connus comme des variétés du même type spécifique. Enfin le D' Siebel constatait récemment , après des recherches compa- ratives sur plus de 4,000 de ces Hyménoptères , que tous les Spitccodes européens et algéiiens se réduisent au plus à 3 espèces et peut-être seu- lement à une, tandis que M. Foerster en admettrait plus de 150. Le premier auteur a opéré des réductions analogues dans le genre Bonibus. On voit à quels extrêmes deux savants recommandables peuvent se laisser entraîner, suivant leur critérium respectif. Il est même remarquable que la plupart des formes douteuses décrites depuis vingt ans ne sont que la restauration d'espèces précédemment pro- duites par de médiocies naturalistes et rejetées des bons monographes ; d'où il suit que ceUe division sub-spécilique n'est qu'un fâcheux retour à des époques d'observations superficielles. — 43 — S'il est vrai qu'il reste encore, — même en Europe, notamment sur les bords de la Méditerranée,— des espèces à découvrir, ne faut-il pas reconnaître que nos catalogues en contiennent un nombre égal qui seront rayées le jour où l'on pourra les contrôler ? D'où nous concluons que le chitïre actuel des espèces connues représente à peu près leur nombre véritable dans la nature. C'est en procédant sur des collections de plus en plus complètes que la science continuera de reléguer au rang de races ou de rejeter en synonymes une foule d'espèces , les unes douteuses , les autres fondées soit sur un seul exemplaire n'offrant que des variations individuelles (1) , soit sur des caractères va- lables au temps de leurs auteurs, mais qui ont été re- connus depuis moins importants ou nuls par suite de la découverte de formes plus voisines et de chainons inter- médiaires. On connaît l'axiome : « Plus on a d'individus, moins on a d'espèces. » Semblable au spectateur, le naturaliste ne peut (1) 11 est curieux de relever sur ce point les inconséquences des meilleurs traités descriptifs où l'on voit enregistrées comme variétés des formes se ratlaclianl de la manière la plus insensible au type de l'espèce. J'en cite quelques-unes au hasard. Ou conserve la Lebia h-maculata comme variété de la Lebia lurcica et ou supprime à bon droit le Lionijchus bipunctatus qui dilFère au même litre du />. quadrillnm ( disparition de deux taches sur quatre î ; — on distingue v. melaiioconiis du Clilœniiis nigticornis , quand on trouve tous les passages entre le rouge et le brun des pattes et des antennes et quand ou réunit , dans le Calât Inis cisleloides, les exemplaires à pattes brun-noir ( C. frigichis) et ceux à pattes rougeàtres. 11 est vrai que, dans le Cn- latlnis (jlabruollis, on rétablit la distinction entre la forme à pattes rouges et celle à pattes concolores qu'on appelle v. gallicus ; mais on l'aban- donne aussitôt dans le C. punclipeinns pour confondre les deux formes sous la même dénomination. Ce n'est plus de la science , c'est de la puéri- lité ; car la plupart des Calathus de ce groupe ont indifféremment les pattes noirâtres ou rougeàtres avec tous les degrés intermédiaires, et si l'un mé- rite un nom de variété, l'autre n'en est pas moins digne ; or, à ce compte, il faudrait en créer autant que d'espèces. Le genre Carabus , à lui seul , nous fournirait plusieurs exemples ana- logues. se faire une juste idée du spectacle de la nature qu'en élar- gissant sa vue jusqu'aux horizons imposés par le Créateur. Examinés de trop près, l'animal comme l'objet, une faune comme un paysage, nous frappent par leurs seules particu- larités, et l'œil absorbé dans les détails ne peut plus juger de l'ensemble. Vus à distance, les êtres sortent de leur isolement ; leurs rapports avec ce qui les entoure deviennent saisissables, et la vue gagne en largeur ce qu'elle perd en spécialité. Il n'y a, si l'on veut, qu'un faible écart entre les deux points ; mais cet écart suffit à nous présenter les choses sous un autre aspect. Autant l'observateur sera bien placé au second point de vue, autant il jugera mal au premier, absorbé par l'esprit d'analyse qui lui dérobera l'entité spéci- fique, en lui faisant prendre une division de l'espèce pour l'espèce elle-même. Cessons donc de croire qu'il suffit d'examiner quelques individus, souvent disparates, de comparer entre eux les êtres de telle contrée, de telle partie du monde, même d'une grande région naturelle ; il faut que le naturaliste sache, au besoin, ne pas se contenter de collections inertes, forcément restreintes et parfois altérées ; qu'il aille sur place chercher les éléments de sa décision dans les cir- constances de mœurs, de temps, de lieu, de température et mille auti'es qui peuvent l'affermir (1) ; qu'il compare des '1) Il est beaucoup plus rare qu'où ne le croit de trouver des animaux vraiment distincts, offrant les mêmes mœurs, vivant aux dépens du même végétal, éclosant ou voyageant ensemble ; c'est en pareil cas que la biologie des espèces, c'est-à-dire leurs rapports avec leurs coexistantes et le monde ambiant, devient d'un grand secours pour apprécier leur validité. Suflit-il à la science que mille formes de plus soient décrites, si elle ne sait rien de leur vie et ne les connaît que par leurs dépouilles ? Combien ne reste- t-il pas à apprendre sur chacune, après qu'elle a été nommée et classée ! La mort est muette; la vie seule parle el éclaire. Malheureusement le nombre des disciples de l'école réaumuriennc diminue tous les jours ; les recherches ont pris une autre direction ; on attache même si peu d'importance aux notions biologiques, que les hommes qui s'en occupent sont traités comme des inférieurs par les naturalistes leurs confrères, anatomistes et phjsiolo- - 48 - séries d'exemplaires de localités diverses ; qu'il conserve soigneusement les formes douteuses, ces jalons de l'avenir dans la découverte de la vérité, au lieu de les rejeter à l'écart comme inutiles et embarrassantes ; qu'il appelle enfin à son aide l'étude des exotiques (1) (au moins ceux d'une grande famille, si, comme il arrive d'ordinaire, il ne peut les étudier tous) ; à ces conditions seulement il acquerra l'intelligence de la notion spécifique, et, ce qu'il aura observé d'une famille, son expérience lui servira de guide pour l'étendre à toutes les autres. Nous insistons sur ces principes, parce que la science manque d'une formule positive et absolue pour distinguer l'essence de la race et préciser ses limites dans l'espace et dans le temps. En efiet, la race est permanente et héréditaire comme l'espèce ; au moins, tout nous indique que nous devons la considérer comme telle, puisqu'entre elle et l'espèce nous ne connaissons pas de passages intermédiaires, et que les deux termes restent à nos yeux constamment distincts. Mais, si nous pouvons affirmer qu'elle procède de l'espèce, qu'à un moment donné elle s'en est séparée pour se con- stituer à l'état pseudo-spécifique où elle demeure, il est moins facile de pénétrer l'ancienneté de cette origine, a fortiori les limites de sa permanence héréditaire, de sa pro- gression ou de sa réversion possible à la souche-mère dans l'avenir. On a dit : La race est une sous-espèce, une espèce en formation. 11 est vrai que c'est ainsi qu'elle nous apparaît, étant ordinairement bien distincte et caractérisée ; mais d'autres fois, nous la trouvons si voisine du type spé- gistes. Les classilicateurs auront bientôt le même sort. Et pourtant l'histoire des animaux n'est pas complète, tant qu'on se borne à étudier, si intime- ment que ce soit, la partie corporelle de leur nature. (1) La répartition des espèces est d'autant plus utile à connaître, que celles qui ont une grande extension géographique et sont les plus communes semblent aussi les plus variables. — 46 — oifique que nous soupçonnons, entre elle et lui, des passages qui, pour nous échapper, n'en existent pas moins peut-être dans la nature, ce qui nous porte à croire que, par suite de découvertes nouvelles, ces passages seront observés, et que les races actuelles de nos classifications rentreront dans le sein de l'espèce elle-même. On a longuement discuté sur l'origine et le mode de for- mation des races sauvages. D'après la doctrine de Pallas, kl variabilité ou l'apparition de caractères nouveaux est due à quelque etïet mystérieux résultant du croisement de deux espèces ne possédant ni l'une ni l'autre les caractères en question ; c'est aussi l'opinion de Gravenborst et de beaucoup d'auteurs modernes qui attribuent à l'hybridité l'origine de toutes les formes intermédiaires. Il va sans dire que cette théorie ne repose sur aucune observation con- cluante ; elle est même contredite a priori par l'extrême différence que présentent souvent les caractères sexuels des espèces les plus voisines. D'ailleurs, comment les formes vraiment intei^niédiaires seraient-elles autre chose que des variations individuelles ? Selon la doctrine ordinaire admise depuis Buffon, Goethe, les deux Geoffroy Saint-Hilaire et Lamarck, la variabilité a sa cause principale dans l'action moditicatrice du milieu ambiant, indépendante de la puis- sance variable inhérente à chaque espèce; et, en réalité il est impossible de méconnaître cette action. Mais comment agit-elle et quel est l'etfel direct que les différences locales peuvent produire sur un être quelconque? C'est là un point plus embarrassant. Il est permis de croire que l'effet est moins important sur les animaux que sur les plantes. Toutefois, en raison de l'intimité qui unit les plantes aux insectes, ces derniers, de même que les mollusques, sont plus exposés à l'influence des agents extérieurs (1) ; (1) Indépendamment de cette loi naturelle, que les êtres placés plus bas dans Téchelle animale et pourvus d'organes plus nombreux sont plus variables que les animaux supérieurs. — 47 — • nous en avons des preuves positives. Ainsi, les insectes des pays chauds et des calcaires revêtent en général des cou- leurs éclatantes ; ceux qui vivent sur les montagnes, les iles, les roches schisteuses ou granitiques ont des teintes sombres ; ceux des bords de la mer sont pâles ou offrent des retlets lurides et cuivrés, etc. Ainsi encore, lorsqu'un type émigré de son centre dans d'autres zones, il tend à acquérir certains caractères des formes indigènes de ces zones ; par exemple, nombre d'espèces prennent à la limite méridionale de leur station une parure plus brillante que celle des individus qui habitent au nord ou sur des terres froides ; quelques-unes, éclatantes dans les plaines, de- viennent noires sur les montagnes et dans les lies ; dans ces dernières localités, les insectes sont généralement beau- coup plus variables, notamment plus petits que ceux des plaines, sans doute parce qu'ils sont moins favorisés sous le rapport du climat et de la nourriture ; on sait que, par une sorte d'adaptation merveilleuse ou plutôt par le non-usage des organes, diverses espèces sont tantôt aveugles, tantôt oculées; nous verrons bientôt que d'autres sont ailées, sub- aptères ou aptères, suivant la nature des localités qu'elles habitent. On pourrait citer beaucoup de faits analogues, et il n'est pas de naturaliste qui ne les ait observés maintes fois. A première vue, il est même facile de déclarer si tel indi- vidu d'une espèce largement répandue, vient d'une localité septentrionale ou méridionale, plate ou montueuse, etc. Des auteurs attribuent en grande partie ces phénomènes à ce qu'ils appellent l'isolement (isolation) et les darwinistes en déduisent jusqu'à la formation des espèces nouvelles. Il est vrai que certaines iles, comme Madère, les Cana- ries, le Cap-Vert, la Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Guinée, etc., ou certains groupes de montagnes, tels que le mont Rosa, le mont Viso et autres, sont peuplés de formes spé- ciales et localisées, qui ne sont pas sorties de ces îles ou ne se sont pas répandues sur le reste de la chaîne alpestre, quoique, dans ce dernier cas, rien ne parût y faire obstacle. On nous dit alors : De telles formes sont des espèces créées par l'isolement dans les iles ou sur les montagnes ; car « une montagne est une île sur la terre. -> L'observation repousse ces conséquences extrêmes. Sans rentrer dans l'éternelle et inutile discussion de l'origine des espèces, comment croire que la formation des races par isolement s'effectue avec autant de facilité et de prompti- tude que cette théorie le donne à entendre ? S'il en était ainsi, nous verrions la faune des îles ou des montagnes dont la haute antiquité nous est connue, par exemple celle des îles Britanniques, de l'Auvergne, etc., beaucoup plus spéciale qu'elle ne l'est en réalité ; or, nous avons eu occasion d'indiquer que ces contrées ne possèdent pas d'espèces particulières et seulement un très-faible contingent de véri- tables races géographiques (1). C'est confondre deux ordres de faits bien différents que (l) Je rappelle que les faits exposés en substance dans ce thapitre résultent uniquement soit de recherches dans les auteurs les plus accrédités, soit d'ob- servations personnelles longuement poursuivies sur les insectes européens et exotiques. Le lecteur me permettra d'en donner un seul exemple. Après avoir obtenu en communication tous les types des espèces anglaises critiques ou récemment décrites, j'ai relevé avec soin, soit sur ma collection, soit sur celles de MM. Crotch, Wollaston, Rye et Sharp, la liste des espèces et races de Staphylinides indigènes des îles Britanniques ; possédant une série géné- rale et complète des insectes de cette famille, il m'était plus facile d'en vérifier l'extension géographique. Or, voici à quels résultats ce relevé m'a conduit : sur 2,/i00 Coléoptères environ signalés dans les îles Britanniques (en laissant de côté les espèces introduites), les Staphylinides comprennent 700 espèces, soit presque le tiers. Or, sur ces 700 espèces, trois seulement [OxypodarupicolaRye, Stemis exigudus Er. et Omalium rugulipenne Rye) sont particulières aux terres britanniques. Encore peut-on aflirmer d'avance que ces types se retrouveront quelque jour sur le continent de l'Europe septentrionale, en Suède notamment, dont la faune, d'après le récent ouvrage de M. Thomson {Skandinaviens Coleoptera), est si identique ù celle de l'Ecosse et de l'Angleterre. Une seule race paraît vraiment indigène de ces îles , le Tachyporus v. nilidicollis Steph. de Vobtihsus, Quelle meilleure preuve donnerait-on de la persistance des types i'i travers l'espace et le temps ? — 49 — de mettre sur la même ligne les terres peuplées uniquement par colonisation plus ou moins récente (îles Britanniques, monts d'Auvergne, etc.) et celles dont la population autocli- thone (Madère, les Canaries, Madagascar, etc. ) s'est perpétuée sur les débris d'anciens continents en grande partie sub- mergés depuis, mais très-distincts dès l'origine par leurs productions. Ces exemples assez fréquents de localisation d'espèces ou de groupes ne résultent donc pas de l'isole- ment, mais de la distribution originelle des espèces et de leur attachement au sol natal. Nous n'avons pas à revenir sur des preuves exposées en détail dans le premier chapitre ; nous rappellerons seu- lement que si, par des causes qui dépendent de leur nature, beaucoup d'espèces ne sortent pas de leur centre d'habitat, et par cela même tendent à rester pures, un grand nombre se répandent peu à peu dans des localités nouvelles où elles trouvent des conditions d'existence identiques ou également favorables, et toutes les terres devenues habitables posté- rieurement à la faune actuelle, l'Angleterre comme la Basse-Egypte, ne se sont pas autrement peuplées. Il n'est donc pas déraisonnable de penser que, sauf exceptions, l'irradiation dos espèces hors de leur patrie d'origine (1), source principale de la formation des races, se continue depuis les anciens âges, suivant les nécessités, les aptitudes diverses de chacune et l'ancienneté de son apparition. Entre cent exemples, ne sont-ce pas des émigrants ces Mélasomes méditerranéens que nous voyons remonter peu à^peu vers le centre et le nord? ces formes identiques depuis l'Islande et la Suède jusqu'au Labrador et au Groenland, à travers l'immense continent de la Sibérie et de l'Améiique boréale ? ces espèces communes au midi de (1) Ce centre d'origine est indiqué par la prédominance ou concentration plus grande du type, tandis qu'à la périphérie de sd» territoire, ce type est de plus en plus rare et disséminé. 4 — 50 — l'Angleterre et de la France et qui ont disparu du nord et de l'ouest de notre pays où elles vivaient autrefois? ces Staphylinides communs à l'Amérique du nord et à l'Europe dont nous suivons la trace par l'Amérique centrale jusqu'au Chili et dans les pampas de la République Argentine ? ce 'Tarphius gibbulus, entre autres, échappé des îles Atlantides, où son genre compte vingt-huit représentants et en marche vers l'Orient méditerranéen par l'Algérie, la Toscane et la Sicile ? enfin, toutes les espèces erratiques ou importées, dont les îles Britanniques seules comptent plus de cent re- présentants?— Il faut pourtant reconnaître que l'émigration ne dépasse qu'accidentellement les limites de milieux sem- blables, comme le prouve le petit nombre des espèces immigrées d'une grande région zoologique dans une autre, et celui plus petit encore des formes cosmopolites. Si, malgré ces présomptions graves et précises, l'essence et les limites des races naturelles nous échappent le plus souvent, leur existence n'en est pas moins positive dans le plan du Créateur, et, à cet égard, l'entomologie nous fournit des indications irrécusables. Un des phénomènes les plus dignes d'attention et bien propre à justifier la réalité des races, est celui que nous offrent les formes •à.])]yQ\éQè dimorphes on polymorphes. IcWo. variation parallèlement héréditaire est évidente ; car, au lieu d'agir également sur les trois états de l'animal ou sur les deux sexes de l'insecte parfait, ce qui laisse quelque place à l'in- certitude, son action s'est fortement concentrée sur un seul. Elle produit alors ces espèces dont les chenilles, par exemple, offrent seules des races caractérisées, ou encore dont un sexe présente deux, trois, quatre, cinq et jusqu'à six races tellement diverses qu'on en a fait longtemps autant d'es- pèces particulières, tandis que l'autre sexe conserve son uniformité. {Bombyx, Papilio, Hydroporus, etc. (1) ). Nous (1) V. infrà pour les exemples. — 51 — pouvons citer encore ce cas analog^ue et non moins probant, quoique plus rare, d'espèces dont le type changeant à chaque génération, constitue deux races extrêmement distinctes, si bien que la souche-mère n'est plus reconnaissable que par son degré de fréquence et l'époque de son apparition. {A nthocharis, A )'asc/inia,Ennomos,Me(rocampa,Selenia,e[c{{ ). ) Il faut avouer pourtant que l'agent modificateur est loin d'agir d'une façon nécessaire et identique sur toutes les espèces. A.insi personne ne soutiendra jamais que toutes les races sont également distinctes, pas plus que toutes les espèces ne le sont les unes des autres. Tantôt l'action parait complète, invincible; il semble que l'eppèce soit condamnée à s'y plier ou à disparaître ; tantôt elle est moins profonde ; l'animal résiste avec plus d'énergie, ou s'adapte avec plus de facilité aux circonstances nouvelles; enfin, dans certains cas, cette action est vaine et s'exerce autour de l'animal sans qu'il en ressente la moindre atteinte. Nous voyons, en effet, des espèces cantonnées sur des espaces restreints varier avec une facilité extrême, comme si cela découlait fatalement de leur essence, tandis que d'autres, réparties dans deux ou trois parties du monde, sont peu variables, et qu'un certain nombre, dispersées par tout le globe, sont demeurées pures. De pareils faits démontrent encore que la notion d'espace ne suffit pas, comme on l'a cru quelquefois, pour carac- tériser l'espèce et la race, quoiqu'elle fournisse des indi- cations précieuses. L'identité parfaite d'animaux ou de plantes vivant en des lieux très-distants a été si souvent (1) Arasclinia prorsa (génération vernale)et lœvuna (estivale), si différentes de couleur ;—/4/if/ioc/ia/'is belia (à taches blanches nacrées) et ausonia {ii taches blanches mates), le premier vernal, le second estival; — A. ùelemia (vemal) et glauce (estival), etc. Bien mieux ! M. Standinger a obtenu la seconde forme [glaner) d'œufs provenant de la première [hclemia). Ces exemples nous permettent de conclure, en outre, que ce n'est pas seule- ment l'étendue et la durée du caractère qui importent, mais encore sa constance d'apparition, ne fût-elle régulière qu'fi une périofle donnée de la vie de l'animal. — 52 - prouvée, et, inversement, on sait si bien que des espèces habitant ensemble peuvent diÔ'érer sous tous les rapports , qu'une telle manière de voir est injustifiable. Quelle que soit la distance d'habitat qui sépare deux formes très-voisines, il n'en résulte aucunement que ces formes constituent deux espèces : souvent, au contraire, ce ne seront que deux formes géographiques ou races. D'ailleurs, comment appré- cier cette distance ? En admettant que l'on classe comme autant d'espèces différentes beaucoup d'insectes de l'Amé- rique du nord, semblables aux nôtres ou à peine distincts, en sera-t-il de même pour ceux de Madère, de l'Egypte, de la Sibérie ou du Japon ? Que signifie ce certificat d'ori- gine du moment où la stabilité de la forme subsiste ? El que fera-t-on de ces races généralement admises qui se perpé- tuent dans le même pays que l'espèce et à côté d'elle, de sorte que nous ignorons souvent laquelle doit être prise pour le type spécifique, et que nous n'en jugeons que d'après leur abondance et leur localisation plus ou moins grandes (i) ? Ces considérations suffisent, je pense, à démontrer l'er- reur des naturalistes qui nient l'existence de la race et l'inscrivent comme une véritable espèce, dite alliée ou re- présenta^ewe ; car ceux-là justement sont forcés d'admettre, (1) Les premiers naturalistes descripteurs, habitant le nord ou le centre de l'Europe, ont pris pour type des espèces les formes qui vivaient dans leur pays ; mais cette appréciation est souvent erronée. Quand une espèce se compose de plusieurs races, il convient de considérer comme la forme lypique celle qui est la plus abondante et la plus largement distribuée. C'est donc par ce penchant de rapporter tout à nous-mêmes et de restreindre nos vues au petit cercle qui nous entoure, que nous appelons type d'une espèce telle forme localisée de nos régions tempérées, et race de cette espèce telle autre forme nombreuse et largement disséminée de la région méditerranéenne ou boréale, parfois même exotique, tandis que l'opinion contraire serait con- forme à la vérité. Il est certain que quand le nombre des observateurs se sera multiplié dans les pays méridionaux et transatlantiques, on reconnaîtra que beaucoup de nos espèces européennes, par exemple, ne sont que des races d'espèces méditerranéennes, asiatiques ou américaines. -- 53 — M. Wollaston lui-même le remarque, qu'il est des cas où on ne trouve point de passages entre deux formes et où cependant ce ne sont pas deux espèces. Qu'est-ce alors, sinon la race elle-même ? Leur objection principale est celle-ci : Vous convenez que les caractères d'une forme peuvent être très-faibles, et, malgré cela, très-constants. Si les passages manquent, pourquoi y voir une race plutôt qu'une espèce ? On ne peut repousser une espèce sous pré- texte qu'elle est trop voisine d'une ou de plusieurs autres. Ce n'est pas la disparité des caractères qui importe, c'est leur perpétuité. — Nous pourrions répondre à contrario : Poui-quoi faire de cette forme étroitement alliée une espèce plutôt qu'une race? Mais, sans revenir sur de vaines discus- sions de principes, nous dirons simplement : En élevant cette forme au rang d'espèce, vous ne faites plus saisir avec la même force ses affinités (J), car vous séparez ce que le Créateur a uni ; votre critérium ainsi abaissé d'un degré, vous risquez de tomber dans la subtilité ou au moins vous serez entraîné à élever au même rang beaucoup d'autres formes, et finalement à créer de nouveaux noms. Ne vous hâtez pas : les passages que vous n'avez pas vus encore peuvent se présenter; si même la forme est si peu distincte , tout fait présumer que vous les trouverez après de nouvelles recherches (â). La race ne sera, si vous le voulez, dans nos classifications, (\w' une espèce ou une variété en expectative; (1) Dejean soutenait que, dans le doute, il y a plus d'inconvénients ;\ réunir qu'à diviser, et de bons esprits partagent cette opinion. J'avoue que je suis de l'avis diamétralement opposé. (2) Il existe des auteurs qui , par un singulier abus de langage, disent après avoir décrit une espèce nouvelle : « Ce n'est très-probablement qu'une variété de telle autre. » Neuf fois sur dix, l'espèce prétendue n'est effectivement qu'une race^ou une variété, et l'éternel amour du mihi jus- tifie seul ce procédé de l'ancien régime. Comment ! vous êtes portés à croire que ce n'est qu'une race ou une variété, et, du premier jet, vous en faites une espèce ! Vous ne verrez pas cela dans les ouvrages des maîtres :Erichson, Schaum et les autres. — 54 — mais il y a à cela moins de danger qu'à l'ériger du premier coup en type spécifique qui implique un degré de supério- rité que le vôtre n'a pas, et nous éloigne, selon l'idée de Buffon, « de la vraie connaissance des nuances de la na- ture. » Voyez combien d'espèces admises comme valables par les premiers monograplies sont tombées en synonymie par la découverte de rapports nouveaux dans des paj^s alors inconnus; souvenez-vous que des modifications tranchées peuvent nous frapper à priori, mais que notre jugement doit être rectifié par la considération des circonstances par- ticulières qui peuvent les avoir produites ; étudiez davan- tage les modifications géographiques des êtres ; enfin, rap- pelez-vous ces races polymorphes propres à l'un des états ou à l'un des sexes d'une même espèce et invariablement héréditaires, et vous y puiserez la conviction profonde que la race n'est pas une conception fausse, qu'elle est même plus près de la variété que de l'espèce. D'ailleurs, fût-il vraisemblable que nous nous trompons, notre erreur serait au moins profitable ; car, restreindre le nombre des divi- sions, au lieu de l'étendre, c'est encore servir l'intelligence et l'avenir de la science. A la suite des auteurs qui nient la race, de plus hardis vont jusqu'à soutenir que les animaux ne varient jamais; en conséquence, ils considèrent les plus légères différences comme de valeur spécifique, et lorsqu'une forme se ren- contre identique en deux pays éloignés, ils supposent que deux espèces distinctes sont cachées sous le même faciès. Assurément, dans l'état de nature, les individus d'une espèce, ayant tous les mêmes mœurs, tendent à se main- tenir dans des conditions aussi uniformes que possible, et, leur organisation s'y trouvant adaptée, ils ne varient pas, ou s'ils varient (les circonstances perdant de leui' unifor- mité), ce n'est que dans cerlaines limitas: d'ailleurs, toutes les espècpp, nous l'avons dit, n'ont pas le viaii^ variabilis et ne l'ont pas nu même degré. Mais, en présence des innnm- — 55 — brables formes intermédiaires qu'on rencontre à chaque pas chez les animaux sauvages, des variations inouïes que nous découvrent chaque jour les animaux domestiques, prétendre qu'aucune espèce ne varie, que l'influence des milieux est une chimère, parce qu'il n'y a pas de rapports définis entre les êtres et les conditions dans lesquelles ils vivent, c'est là une doctrine qui ne mérite pas la discussion. En définitive, nous sommes autorisés à conclure que les variations des espèces et la création des races locales tiennent, d'abord, à la nature de l'organisation elle-même, douée en propre de la faculté variable, qui fait que si un caractère donné varie dans une espèce d'un groupe il tendra à varier aussi dans les autres (c'est la loi d'égale variabilité) ; en second lieu , à l'usage ou au non-usage des organes dans certaines limites ; enfin, à l'action plus ou moins prolongée et intense du milieu ambiant, c'est- à-dire aux changements de climat avec ses variations de chaleur, d'humidité, de sécheresse, de lumière et d'élec- tricité , à la nature du sol et aux quantités et qualités de nourriture ; — bien qu'il soit constant, d'une part, que nombre d'espèces, malgré une distribution cosmopolite et les changements continuels du globe (géologiques, géogra- phiques et cosmiques ) n'ont pas subi les effets des condi- tions les plus diversifiées, et, d'autre part, que la variabilité se maintient toujours dans des limites intra-spécifîques sans jamais afiecter les caractères essentiels. Attribuer d'autres effets à l'influence des agents physiques serait exagérer la simple corrélation qui existe entre eux et les animaux, en vertu du plan général de la création. La race apparaît dans les traités scientifiques sous des noms diflerents et souvent erronés ; les uns l'appellent variété constante ; d'autres, simplement variété, quoique l'ex- pression variété exprime mal la fixité de la race et doive être réservée pour les variations indéfinies d'ordre infé- rieur. Chez les lépidoptéristes, elle prend, en général, le — 56 — nom d'aberration. Chacun a presque sa formule que le lec- teur est contraint d'interpréter, trop heureux quand l'auteur 1 ui-raême l'a comprise et ne la change pas suivant son caprice. 3. De LA Variété. L'espèce, tantôt pure et uniforme, tantôt composée de deux ou plusieurs races, est sujette, nous venons de le voir, à des modifications de diverse nature ; les moindres de ces modifications — minutiœ varietatis — sont celles qu'on désigne du nom de variation individuelle ou simplement variété (1), La variété peut être définie : '( Toute forme intermédiaire « à une autre forme. » Elle n'a absolument rien de limité, de fixe, de stable ; elle n'est jamais continue et héréditaire ; elle offre toutes les nuances, tous les passages intermé- diaires, si bien qu'on ne sait ni où elle commence, ni où elle finit. C'est un jeu de la nature qui s'exerce à plaisir sur rindividu après l'avoir choisi pour le champ libre de la variabilité. De même que chaque homme a sa physionomie qui nous frappe et que nous reconnaissons de prime abord, de même chaque animal reçoit en partage un faciès parti- culier, parfois inappréciable pour nous, tellement les détails s'en atténuent et s'ettacent, mais toujours sensible pour ses pareils. Qui découvrira jamais cà quels signes tous ces myr- raidons se reconnaissent dans l'industrieuse n'^publique de l'abeille, dans l'intelligente colonie de la fourmi ou du ter- mite et dans mille autres plus ou moins peuplées ? En vain notre œil exercé et armé du microscope s'eflbrce de recher- (!) C'est la sous-variétc de ceux qui appellent la race variété. Quelques- uns confondent môme sous le nom de variété toutes les modifications pos- sibles de l'espèce ; d'autres se servent de termes comme ceux-ci : variété arcidfiitclle , qui n'est rien que lu variation individuelle ; ou irtn'cVc arci- ilenlelte fi constante, qui est un non-sens et n'existe que dans l'imagination de ces auteurs. — 57 — cher d'insaisissables caractères ; en vain notre expérience i'éclaire de ses lumières. Selon le mot de Bacon : « The 1 subtilty of nature far exceeds thesubtilty of reasoning : — « La subtilité de la nature laisse loin celle du raisonnement.» Autant donc il est vrai que les espèces ont peu de ten- dance à se diviser en races, autant leur variabilité indivi- duelle est extrême, changeant à chaque génération et jusque dans les sexes d'une même espèce ; de telle sorte que la ressemblance parfaite n'est jamais une condition de la per- pétuité du type, et qu'il n'y a pas deux individus pareils dans la nature (1). Prenez au hasard plusieurs exemplaires d'une forme très-fixe provenant soit de régions diverses, soit d'une même localité ; examinez-les avec attention, et tou- jours vous reconnaîtrez entre eux des diôerences plus ou moins accentuées, abstraction faite de l'âge, du sexe et de la saison ; ils sont pourtant aussi proche alliés que pos- sible, puisque la limite de leur variabilité ne dépasse pas celle de la race ou de l'espèce qu'ils représentent : « .... Faciès non omnibus una, « Nec diversa tamen, qualem decet esse sororum. » La variété atl'ecle aussi bien la race que l'espèce; mais on voit qu'elle s'en distingue sans peine en ce qu'au lieu d'entraîner l'idée d'une descendance au moins actuellement commune et d'une stabilité de caractères, elle se fond dans une série de nuances llotlantes et intermédiaires dont la multiplication infinie ne laisse pas préférer un degré à l'autre. L'importance de celte instabilité est significative et permet de résoudre une question débattue entre naturalistes, à savoir si la variété doit être seulement indiquée dans la (1) C'est ce que de Candolle cxpriniiiil en définissant l'espèce « l-o (1 collection des individus qui se ressemblent plus entre eux qu'ils ne res- " semblent aux antres.,.. » — 38 — description ou porter un nom dans la nomenclature. Il ne manque pas, en etiet, d'auteurs qui, de bonne foi ou par amour du mihi, désignent d'un qualificatif spécial, je ne dis pas la race, — cela n'est pas en question ; elle doit tou- jours avoir le sien au même titre que l'espèce (1),— mais la simple variété. On comprend combien ce procédé est funeste et irréfléchi. Augmenter de termes inutiles la foule chaque jour croissante, mais nécessaire, des noms d'espèce et de race, c'est restaurer la confusion antélinnéenne des noms vulgaires où chaque forme avait le sien, varié suivant les localités et le bon plaisir des curieux de la nature. Com- ment des savants, d'ailleurs recommandables, se laissent-ils entraîner sur une pente qui conduit, dans un avenir pro- chain, an chaos de la nomenclature, puisque chaque forme qu'ils baptisent n'est qu'une nuance individuelle, ni plus saisissable, ni moins protéique que sa voisine, et n'ayant pas plus de titres qu'elle à une épithète quel- conque ? La variété, état indéfini de la race ou de l'espèce, sera donc rattachée dans nos descriptions, comme elle l'est dans la nature, à l'état normal, race ou espèce, et tous les noms de variété tomberont en synonymie. Il en sera de même de ceux donnés par exception aux insectes anomaux ou mon- strueux (2). (1) Il n'en résulte pas qu'on doive, à l'imitation de certains zoologistes, Schlegel entre autres, ajouter l'épithèlc de l'espèce à celle de la race qu'on énonce. C'est violer inutilement la loi de la nomenclature binaire et abuser d'un principe sullisamnient clair dans la pratique. {2) L'insecîe anumal ou monstrueux est celui qui est atteint de difformité, c'est-ù-dire d'un vice individuel de développement nuisible ou mortel. C'est par une singulière méprise que des auteurs ont considéré cette déviation purcmcni paihologique comme un caractère spécifique ou autre, et créé avec elle des espèces dont quelques-unes déparent encore nos traités descriptifs. — 39 — 4. Des différences sexuelles (1). Nos recherches sur la notion de l'espèce nous ont conduit à considérer la forme comme fournissant, en définitive, le critérium distinctif par excellence chez les insectes, et entre autres chez ceux qui nous occupent ; ce critérium se précise à un degré exceptionnel dans les disparités pro- fondes que présentent fréquemment entre eux les sexes de la même espèce (2). Ces sexes, on le sait, sont le mâle (c?) et la femelle (?) ; — le neutre , ou femelle modifiée , n'existant pas chez les Coléoptères. L'extrême variété des différences sexuelles (3), leur fixité réelle dans les types les plus voisins, fixité qui, parfois, se révèle déjà dans la larve (Oryctes, Bombyx), les ont fait [\) Autant, dans les paragraphes qui précèdent, nous avons dû être sobre d'exemples, autant, dans ceux qui suivent, nous n'avancerons rien sans preuves à l'appui. Afin même de les unifier davantage, nos remarques sur les variations seront puisées en majorité dans trois grandes familles de Coléoptères : les Carahides, les Dytiscides et les Sluphylinides, y compris les exotiques de cette dernière. Faute d'espace, nous ne pouvons faire davan- tage. Du reste, c'est bien le cas d'invoquer l'axiome : « Ab \ino disce omnes. » Car ce que nous dirons de ces familles est, en principe, extensible à toutes les autres. (2) Les anciens ignorèrent la reproduction des insectes qu'ils faisaient naître spontanément, entre autres les Scarabées de la chair pourrie del'àne, les larves des feuilles des végétaux, etc. Épicure convient même que, de son temps, la terre épuisée n'était plus capable d'engendrer autre chose. Six cents ans après Aristote, saint Augustin aflirme encore, dans sa Cité de Dieu, que les insectes n'ont pas de sexe, et, à ce titre, n'entrèrent point dans l'arche de Noé. II faut venir jusqu'au milieu du XVIP siècle pour voir disparaître devant les expériences de Redi (1668) cette antique croyance à la génération spontanée des articulés. (3) On a appelé caractères sexuels secondaires ceux qui ne sont pas direc- tement en rapport avec l'acte de reproduction, comme les modifications des antennes et des élytres, les protubérances de la tête et du corselet, les den- tirnles des pattes, etc. — 60 — utiliser de plus en plus par les auteurs pour la distinction des espèces, et il faut reconnaître que, sauf les cas excep- tionnels que nous indiquerons, elles ont une haute impor- tance. C'est un trait de plus qui s'ajoute à l'infinie diversité des rapports naturels et imprime à toute la création une physionomie spéciale et plus indépendante. En raison de cette importance du dualisme sexuel et de l'appui que ses caractères nous prêteront dans le cours de cet ouvrage, il est utile d'en examiner dès à présent l'en- semble ; on sera moins exposé par la suite à les confondre avec les variations propres de l'espèce. Au premier abord, en effet, le naturaliste qui n'est pas averti par l'expérience des modifications sexuelles dont un type est susceptible, peut très-bien considérer ces modifi- cations comme d'une autre nature. Sans doute, et c'est le cas ordinaire, la somme des différences comparées entre le cf et la $ n'est pas supérieure à celle que présentent deux variétés ou deux races entre elles. Mais, chez une foule d'insectes, l'écart est autrement frappant, au point que, dans certains cas, il trompe les plus habiles (Osphya), et que d'excellents auteurs ont décrit comme deux espèces (Athous , Asida et divers Blapsides, Chrysomela), parfois même comme deux genres de familles différentes {Calopus), les deux sexes d'un même Goléoptère. On voit combien il importe ;ï l'observateur de connaître ces caractères ; il ne faut pourtant pas en exagérer la valeur. En principe, les différences sexuelles, excellentes pour faire apprécier l'espèce, sont de nul secours pour caractériser le genre : cela tient aux dissemblances extrêmes qu'elles présentent dans beaucoup d'espèces proche alfiées d'un groupe naturel quelconque, genre ou section de genre, comme dans les Homalota, Tachinns, etc. A quoi l'on peut ajouter que, dans une foule d'espèces, les deux sexes off'rent entre eux une extrême dissemblance, tandis que les ? d'espèces voisines ( Rythinm, Homalota, etc.) ou même — Gi- de genres voisins (Chrysomélides et autres), sont à peine distinctes. D'autres particularités se présentent, dont il convient en- core de tenir compte. Ainsi un caractère, sexuel dans une famille, peut ne l'être plus dans une autre. Par exemple, un corselet cornu en avant indique le c? de beaucoup de Scarabœides, tandis que, dans les Notoxides, il n'indique qu'un caractère spécifique, les deux sexes en étant égale- ment pourvus [Notoxus, Mecynotarsus). Dans tels cas, la présence ou l'absence d'ailes peut déterminer le sexe, le c? étant ailé et la 2 aptère {Antidipnis, Charopus, etc.), tandis que, dans certains genres {Byrrhus, Morychus, etc.), les deux sexes sont ailés ou aptères, suivant le groupe, ou même suivant des circonstances que nous ferons connaître. Tantôt l'absence d'écusson visible est un caractère de genre { Oc/ithep/nlus ) ; tantôt il n'est plus qu'un caractère de sexe { Pachypus Ç ). Ici une tête bituberculée est l'apanage du c? {Cis, Gnathocerus, etc.); là ce n'est qu'un caractère de groupe dans un genre {Plaiydema). Ainsi en- core, dans la plupart des familles, le nombre d'articles des tarses et des antennes est invariable, tandis que, dans quelques autres, le c? et la $ ont un nombre inégal d'ar- ticles. Un genre ou même une espèce d'une grande famille ordinairement fixe et stable peut varier, comme nous le montre le Sepidium Pradieri^ Hétéromère dont le c?, par une exception unique, est pentamère. Bizarreries plus étranges : il arrive que les caractères des sexes sont inverses dans deux genres voisins. Les c? des Cyphonotus notamment, ont les jambes antérieures triden- tées, et les postérieures élargies comme les Anoxia $ , tandis que les $ ont l'épistome dilaté, saillant, les jambes anté- rieures inermes et les crochets des tarses dentés comme les Anoxia S. Nous voyons les Prionycims <$ dotés d'antennes moins épaisses que les Ç , tandis que le contraire a lieu chez les {? d'Antherophagus et de diverses Homalota. Un corselet •- 62 — plus étroit indique le r^ chez les Lucanus et la o dans les //ofo/e/jtoetunefouledeCérambycides. Les élytres acuminées au sommet sont propres au d* dans les genres Anthobium , Xylopertha et autres, à la $ chez les Ips, les Cryptarcha, etc. Enfin, tandis que le T segment ventral échancré est le signe du c? dans une foule de Staphylinides, etc., nous voyons, chez les Syneta, cette échancrure très-développée chez la $ et effacée chez le cf. Il est inutile de multiplier davantage les citations ; le lecteur qui les voudrait plus complètes trouvera satisfaction dans les exemples suivants. Les principales ditierences sexuelles (au moins pour les Coléoptères d'Europe) portent sur : La présence ou l'absence de certains organes ; Leur nombre; Leur forme ou sculpture ; Leurs dimensions ; Leur couleur; Et, accessoirement, sur les mœurs des espèces. A. Présbnce ou absence des organes. Un sexe (ordinairement le cf) peut être pourvu d'un or- gane qui manque à l'autre ou au moins reste chez celui-ci très-rudimentaire. Les ailes et les élytres nous en offrent les plus nombreux exemples. Les Ç des Antidipnis, Charopus, Atelestm et de beaucoup de Bythinus, Malachius et Troglops sont aptères, c'est-à-dire privées d'ailes. Celles des Elaphocera , Cebrio, celles de beaucoup de Rhizotrogus le sont également et vivent cachées sous terre, tandis que leurs cf sont ailés et ont une vie aérienne. Les Ç des Pachypus sont privées à la fois d'élytres et d'ailes et vivent retirées dans le sol. Les $ des Phosphœnus, — 63 — Drilus, Lampyris sont également aptères et n'ont que des vestiges d'élytres. Inversement, chez le Macronychus tuberculatus, la Ç a des ailes développées, tandis que celles du c? restent rudimen- taires. L'écusson est susceptible aussi d'être alFecté. Ainsi, chez les Pachypus cr, on le voit bien développé, tandis qu'il est invisible chez les Ç . L'appareil lumineux de nos Lampyrides, très-faible dans le cT, acquiert dans la $ une grande puissance. Enfin, par une curieuse exception, la Ç du Rhipidius reste larviforme et passe sa vie en parasite sur une Blatte, tandis que le d' conserve les organes et les mœurs habi- tuels d'un Coléoptère. B. Nombre des organes. Les différences numériques affectent les antennes, les tarses et l'abdomen. La massue des antennes compte 3 articles chez le cf et 2 seulement chez la $ des Heterhelus ; 5 feuillets chez les Anoxia c? et 4 chez les $ , etc. Les tarses antérieurs des Adelops o" sont de 5 articles, ceux des $ de 4. Dans les Leiodes, les cr sont toujours tétramères, tandis que les ^ de beaucoup d'espèces ont 5 articles aux tarses antérieurs et 4 aux autres. Les Lepto- derus d" sont pentamères, tandis que les ? ont des tarses antérieurs de 4 articles seulement. Fréquemment, le a" est tétramère, et la V pentamère {Rhizophagus, Cryptophagus, Anterophagus, Emphylus) ; dans les Mycetophagus, le cs est trimère et la Ç tétramère aux tarses antérieurs. Enfin, il parait que le Sepidimn Pradieri cf est pentamère, tandis que la Ç n'a que 4 articles aux tarses postérieurs. Quant à l'abdomen, il offre 7 segments visibles chez les cf — 64 — des Tetracha, Cicindela, etc., et 6 seulement chez les ? : — 8 chez les cf de Dytiscus et 7 chez les o en dessus ; — 8 chez les cf de Scaphium et 5 seulement chez les $ en dessous ; — 8 chez les d" des Trkhopteryx et 7 chez les $ en dessous ; — 6 chez les cf des. jEmlus et 5 chez les $ en dessous ; — 6 chez le cf des Luciola et 7 chez la $ en dessous ; — 6 chez les cf des Calopus et 5 chez les $ . Dans les cf de divers Clavicornes {Brachypterus, Epurœa, Cybocephalus, Pityophagus, Rhizophagus), le cf est pourvu d'un segment terminal supplémentaire. C. Forme et sculpture uts organes. Les modifications de forme, sculpture, vestiture, etc. que nous offrent les sexes sont innombrables. La forme générale du corps est courte et globuleuse chez divers Scolytus cf, dont les o sont parallèles et allongées. Les Ptinus cf sont parallèles et leurs $ oblongues ; les Aplidia cf sont pubescents en dessus, les 2 glabres. Prises séparément, les diverses parties du corps pré- sentent les principales différences suivantes : Beaucoup de Quedius, Pkilonthus, Triarthron, Hydnobius, Oxyporus^ Oxytelus, Phlœoneus, Bledius, Platystethus, Pro- gnatha, Anthophagus , Heterocerus, la majorité des Luca- nides cf sont remarquables par leur grosse tête. Le même organe est souvent concave (cf de diverses Homalota, Pyro- chroa, Xylographus) , bituberculé (d" des Aphodius, Cù, Gnathocerus, Hoplocephala), bicaréné et quadrimameloné {Alp/iùophagus d"), unicorne {Copris, Hy bains, Bolboceras, OdontœuSj Cerutophyus, Phyllognathus, Sinodendron, Oryctes cf, etc.), bicorne {Bubas, Anthracias , Sitophagus cf) ou tri- corne {Minoiaurus cf). Les joues sont largement dilatées en oreillettes chez les Gnathocerus et Clythra cf. — 63 — La tête des Scolytus, Xylopertha, Ligniperda cr est hérissée d'une touffe de poils. La bouche nous présente des différences fort curieuses et souvent d'apparence ultra-générique. Les palpes maxillaires sont vésiculeux dans les Cerocoma cf, simples dans les $ . Ils ont leurs deux derniers articles extrêmement dilatés chez les Anlidipnis cf et ordinaires chez la $. Une modifica- tion analogue s'observe dans les Colotes. Ils sont énormes, cupuliformes et à appendice tlabellé dans les Hylecœtits cf, simplement filiformes dans les o . Ils ont leur dernier article plus sécuriforme chez iQ'&Euryporus et Astrapœus cf. Ils sont, ainsi que les labiaux, allongés dans les Lucanm, Pla- tycerus, Ccruchus cf. Le menton est plus excavé dans les Hololepta cf. Les mandibules sont inégales dans les Cryp- iarcha, Prostomis, Bronies cf, saillantes, dentées et auriculées dans les Heterocerus cf. Les Lucanus o" ont un menton semi- circulaire, les ? l'ont trapézoïdal. Le labre des Dorcus et Ceruchus cf est élargi, celui des $ étroit. Il est très-grand, semi-circulaire dans les Osphya cr, transverse dans les ? . La languette desPlutyceinis cf est subcordiforme, celle des ^ presque carrée. L'épistome des Bubas et Onitis cf est semi- circulaire, celui des ? ogival. La lèvre inférieure est très- velue chez les <3 à' Anisoplia. Les mâchoires des Lymexylon cf ont leur lobe externe subovalaire, celui des 2 est subar- rondi. Les deux mandibules sont munies d'une longue corne chez les Gnathocerus cf , la gauche seulement offre ailleurs une corne ou un tubercule {Orp/ims, Xylogroplms cf). Le menton est revêtu de poils en brosse ctiez VUloma culinaris cf ; chez VUloma Ferroudi cf , il est glabre, mais denté de chaque côté, tandis que dans les $ de ces deux espèces il est sillonné latéralement. Dans les Enoplopvs, il est fovéolé avec un tubercule médian. Le dernier article des palpes labiaux est arqué et parfois denté dans les Cerocoma cf. Les antennes n'offrent pas de moindres particularités. Dans les Cfl/o/jws(OEdéméride), elles sontdentées et compri- 5 - 66 — inées comme celles d'un Longicorne ; dans VAgabus serri- cornis o" et le Tiresias serra, leurs derniers articles sont dentés en scie ; dans les Bythinm d", le 2"^ article est noueux ou lunule; le 5' article est dilaté dans les lyrus o% etc.; dans les Ruphidopalpa d", il est gros et renllé. Divers Hadrotoma et les Aitagenus cs ont les 2 premiers articles de la massue courts et le 3' allongé, tandis que les $ ont la massue oblongue. Cette même massue est parfois énorme {Polyphylla o") ; dans les Serica et Melohntha d", elle est allongée, dans les $ courte. Ces mêmes antennes sont rameuses et flabellées (d des Cero- phyium,, Melasis, Tharops, Pelecotoma, Evaniocero, Rhipidius), filiformes {Rhipidivs $ ), pectinées {Ptilmiis Ç), bitlabellées {Rhipiphorides d) ou unitlabellées ( 9 ) ,biranieuses {Myodites &) ou flabellées ( $ ). Mais nulle part elles ne sont plus extraor- dinaires que dans les Cerocoma <3 où leurs articles sont échancrés, dilatés, épineux ou vésiculeux, plus encore que cbez les Paussm, tandis que les 2 ont des antennes sim- plement rbopaliformes. Le corselet est tantôt impressionné (diverses Horna- lota c?), tantôt fovéolé en avant {Hololepta c?), parfois denté {Bolhoceras S) ou prolongé antérieurement {Bu- bus c?). Chez les Silis c?, il est denté ou échancré en avant, chez les ^2 . sinué au plus. Les cf de beaucoup de Cis l'ont bidenté, ceux de divers Scolytus, excavé antérieu- rement. L'écusson est visible dans les Pachypm c?, invisible dans les $. Les élytres peuvent être lisses dans le c?, carénées dans la ? {Dytiscus) ou striolées [Cybistcr 5). Les Bolùoc/iara d" les ont denticulées, les Cyphea â bosselées. Elles sont tantôt acuminées (beaucoup à'Anthobium c?), tantôt arron- dies au sommet {Ips, Cryptarcha cf ), impressionnées, plissées ou appendiculées (c? de Malachius, Anthocomus, Attalus, Ebœus , Xylopertho) , parfois striées {Prionychns d") , ou — 07 — chagrinées dans le c? et cosUiléns dans la $ {Spondylis), rarement courtes et divariqaëes [Vesperus 9 ). Le métasternum oflre une impression simple {Psammo- dius c?) ou velue [Scaphidmm d*), quelquefois deux dents saillantes {ScapJuwn d*). Les pattes présentent, dans chacune de leurs parties, de curieuses modifications. Les postérieures sont allongées chez les Anisotoma c?. Les trochanters antérieurs sont dentés dans les Bryaxis d , les intermédiaires sont épineux dans les Tyriis c? ; les pos- térieurs sont tantôt en croissant {Hadrognailms c?), tantôt longs et acuminés (divers Sphodrus d"). Les hanches postérieures deiChrysonthia c? sont épineuses. Les cuisses sont renflées et énormes chez les Osp/tya et Dryops S. Les antérieures seulement sont échancrées [Cephalostenns c?). Les postérieures sont dentées (diverses Epurœa S) ou comprimées et dentées (Iriarthron, Hydno- bius, Cyrtusa d*}. rentlées {Anthaxia c?) et dilatées [Gla- phyrus d"). Les jambes sont uniépineuses chez les â et biépineuses chez les Q. à'Apodervs et Attelabus. Les antérieures sont dentées dans les Lvcanus, Cyphonotus et divers Bryaxis â ; les intermédiaires sont dilatées au sommet (diverses Epu- rœa d") ou échancrées et denliculées {Leiesles d") ; les posté- rieures sont élargies [Cyphonotus ^, Anoxia $), arquées [Anisotoma, Scaphium d") ou denticulées [Micropeplus d'). Les tarses ont leur 1" article prolongé en lobe spini- forme chez les Tarphius « Changeant toujours, quoique jiiniais changée, u Immuable au repos éternel condamnée « En su mobilité sans lin ! » — 91 — CHAPITRE V. L,OI» Dli: IjA ]WOIlfEIVCL( entre les êtres vivants un rapport fondé dans la réalité... « Tout ce que nous pouvons faire, c'est de traduire, avec « l'imperfection du langage humain, les pensées profondes, (' les relations sans nombre , la signification insondable « du plan que manifestent et réalisent les objets de la « création (1). » Envisagée sous cet aspect élevé et philosophique, l'étude des classifications nous ouvre des horizons dignes de pas- sionner les plus indifférents. Ce n'est plus cette nomencla- ture sèche et aride , cataloguant , numérotant les êtres ensevelis d'une nécropole ; c'est le tableau vivant de la nature entière. Malheureusement tous les naturalistes ne regardent pas de si haut. Aujourd'hui encore il est de mode en France, dans un certain monde scientifique — celui des dissecteurs quand- même et celui des chercheurs de l'utile et du nuisible — de faire peu de cas des naturalistes voués aux recheiches méthodiques et descriptives. On feint d'ignorer que la clas- sification est le flambeau directeur de toutes les études d'histoire naturelle ; qu'elle a fait, à elle seule, la gloire des plus grands noms, et que Cuvier, de Blainville, Ehren- bero-,Owen, Agassiz et autres ne se sont pas moins illustrés par leurs œuvres monographiques que par leurs travaux d'anatomie et de physiologie. L'entomologie descriptive est surtout dédaignée ; il semble que ce n'est rien qu'un passe- temps d'esprits superficiels, et, à l'exemple de Réaumur, il faut presque se justifier d'une passion pour elle. Pauvre (1) L. Agassiz, De ^espèce et de la classificaiioii en zoologie. Paris, 1869, p. 282 et 292. — 101 — science, en etiet, qui compte à sa tète des classitîcateurs tels que Linné, Fabriciiis, Laraarck et Latreille ! Pauvres monographes de qui l'illustre danois pouvait dire : « Scienliœ (( heroes systemata condnnt et characleribus certis, bene « elaboratis firmant ! » Nous avons indiqué au cfiapitre troisième la place que devaient occuper , dans la série animale , les insectes et spécialement les Coléoptères, Nous n'y reviendrons pas. Toutefois, en se reportant aux tableaux placés en tête de ce même chapitre, on verra que, fidèle aux principes qui viennent d'être rappelés, nous avons suivi, pour la classi- fication, celle qui nous paraissait le plus conforme aux affinités naturelles de ces animaux. Un grand nombre d'autres arrangements ont été proposés depuis Linné pour la division des insectes en ordres; mais tous ne sont pas également satisfaisants; plusieurs même, fondés sur un caractère unique, quoique important, sont absolument arti- ficiels. Telle est la classification de Linné lui-même tirée de la structure des ailes; celle de Fabricius établie sur les seuls organes buccaux, etc. Il n'entre pas dans notre cadre de rappeler ici ces di- verses méthodes que M. Lacordaire a très-bien résumées , d'ailleurs, dans son Histoire de l'Entomologie (1). Nous n'avons à nous occuper que de la division des Coléoptères en familles. L'analyse des principales classifications proposées pour ces insectes nous permettra de donner une idée générale des progrès de la science depuis Linné; elle nous amènera en même temps à faire connaître la marche qui seia suivie dans la partie descriptive de cette faune. (I) Introduction a l' Kniomolof/ic, t. II, cli. XV, p. 619-682. — 102 — CLASSIFICATION DE LINNE. Linné est le grand maître de Ja science. Créateur à la fois de la méthode et de la nomenclature, il fit le premier usage du caractère primaire, caractère emprunté aux or- ganes du vol , et non plus à la métamorphose comme l'avaient fait avant lui Swammerdam, Ray et leurs disciples. Sa classification, telle qu'elle résulte de l'édition la plus parfaite de son Sjjslème (1), divisait les Coléoptères en genres devenus presque autant de familles dans nos méthodes mo- dernes. Voici le tableau de ces genres, au nombre de 29 (2) : ScAEAB^tJS. LUCANUS. Dermestes (3). Ptinl'S (4j. HiSTF.n. Gyrinus. BynrsHLS (5; SiLPHA (G). Cassida. coccinella. Chrvsomela i;7). HiSPA. Bruchus. curcl'lio. Attelabcs (8 . (1) Sîjslema nalurœ. Ed. 12. Holmiœ, l. I 1766-67). Pour bien apprécier les perrectionnements successifs de cet ouvrap;e, il faut en comparer la 1" édition, publiée en 1735, avec la 2" (17/iO), la G* !l7Zi8), la 10*^ (J758) et la 12^ (1766) ; car ce sont les seules que Linné ait revues lui-même. La 3'^ est une réimpression de lu 1"; la h'-' et la 5' sont des réimpressions de la 2" ; les 7*, S" et 9% des réimpressions de la G' ; la 11* reproduit la l"', et la 13'', publiée par Gmelin après la mort de Linné, esl une compilation qui mérite peu de confiance. (2) Linné y réunissait même un trentième genre, les Forjlcula, appar- tenant aujourd'hui aux Orthoptères. (3) Contenant une foule d'éléments hétérogènes, tels que Dermestides, Bostrichides, Cryptophagides, etc. (4) Anobides, Plinides. (5) liyrrhides, Anihrenus. (6) Renfermant, outre les Silphides actuels, divers Nitidulides et d'antres éléments. (7) Comprenant sui tout les Chrysomélides et quelques Hétéromères. :8j Renfermant principalement des Currulionldes et Clérides. — 103 — CeRAMB'ÏX. EtATER. TBNEDRIO. LePTURA (1). CiCiNDKLA (5). \1eloe (7\ Necyoalis (2), Blprestis. Mordklla (8). Lampyris (3}. Dytiscus Hi], Staphylinus. Cantharis (fi). Carabus. Nous sommes, on Je voit, en présence d'un essai de classification plutôt que d'une classification même, où les genres sont rangés d'une manière aussi peu naturelle que possible et où la division en groupes supérieurs n'existe pas encore. CLASSIFICATION DE GEOFFROY. Geoffroy, surnommé à juste titre le Linné français et contemporain de l'illustre suédois, fut l'inventeur du fameux système tarsal aujourd'hui repoussé de la science comme insuffisant (9) , mais qui a puissamment contribué à ses progrès pendant un demi-siècle. D'après ce système, exposé dans son Histoire abrégée (10), Geoffroy divise les Coléoptères en trois grandes sections ou articles, contenant , savoir : 1° ceux dont les étuis durs (élytres) couvrent tout le ventie ; 2° ceux dont les étuis durs ne couvrent qu'une partie du ventre, et 3" ceux dont les étuis sont mous et membra- neux (11). jl) Parmi lesquelles figurent les Doiiacies. (2) Comprenant quelques Cérambycidcs et OEdeméiides. 3) Lampyrides, Lycides, Pyrochroïdes. (h) Téléphoride?, IMalachides et quelques autres élénienls. (5) Cicindélides, Bembidium, Nuiiopliilus. (6) Hydrophilides, Dytiscides. (7) Meloïdes, Anthicides. (8) Mordellides, Rliipiphoridis. (9") Voyez ci-dessus : cluip. III (p. 73-7/i:, les raisons à l'appui du rejet de ce système. (10) Histoire abrégée des Insectes qui se Irourent dux cmes. . I. Pentamèrks. Sect. Sternoxes. Secl. MALACODtllJIES. Sect. LisiEBois. h. Fam. Cla^iicornes. 5. Fam. Palpicornes. Trib. ("iCINDÉLÈTES. Trib. Carabtquis. Tiib. Hydhocaîstuares. 'J'rib. Blprestides. Trib. Elaterides. Tiib. Cebrio.mtes. Trib. Lampyrides. Trib. MÉLYRIDES. Trib. Claiuones. Trib. Ptimores. Trib. Palpeurs. Trib. HisrÉBOÏDES. Trib. Sii.piiALFS. Trib. Scapbidites. Trib. \lTIDUÎ,AIRES. Trib. Engidites. Trib. Dermestins. Trib. Byrrhieks. Trib. ACANTBOPODES. 1 Trib. Macrodactïles. ^ Trib. llYDROPilILIENS. ( Trib. SpH^iiiDioTES. 6. Fam. Lamellicornes. s Trib. Scaraeéide5. ' Tiib. LicANiuES. II. Hétéromères. . Tiib. Piméliaires. 7. Fam. Mélasomes ! Trib. Blapsiues. ' Trib. TÉNÉBRIOMDES. \ Trib. DiAPÉRALis. 8. Fam. Taxicornes ^ .^^.j^^ Cossyphènes. Trib. Hélopiens. { Trib. Cistélides. 9. Fam. Sténélytres l Trib. Sbrropalpides. j" Trib. OEuEJiÉRiTES. Trib. Rhyncostomks. 10. Fani. Trachélides. — 108 — Trîb. Lagriaires. Trib. Pyrochboïdfs. Trib. MOKDELLONRS. Trib. Anthicides. Trib. HoiiiALES. Trib, Canthabidies. III. TÉTRAMÈRES. H. Film. Rhyncophores. 12. Fam. Xylophages. 13. Fam. Platysomes. ià. Fam. LoNG.coHNES S T"b- Phioniens. ' ' ' } Trib. Cerambycins. 15. Fam. Eupodes ^ '^"^^- ««-«ioes. ■ * ' ■ ^ Trib. Criocéuides. . Trib. Cassidaires. 16. Fam. Cycliques | Trib. Ciiry.>omélines. ' Trib. Galékdcites. 17. Fam. Clwipalpes. IV. Trimères. 18. Fam. Fungicoles. i 9. Fam. Aphidiphages. 20. Fam. Psélaphiens. A part les quatre divisions fondées sur le nombre des tarses, divisions dont l'exactitude est loin d'être rigoureuse, comme nous l'avons expliqué précédemment, cette clas- sification constitue un grand progrès sur les précédentes par l'introduction des groupes subordonnés supérieurs au genre et la disposition de ces groupes. En réalité , c'est de Latreille et de sa distribution des insectes en familles et tribus que date la méthode naturelle en ento- mologie ; les auteurs modernes n'ont rien fait que perfec- tionner celte méthode , en écartant le système tarsal et — d09 — précisant mieux les rapports des diverses familles les unes vis-à-vis des autres. CLASSIFICATION DE GYLLENHALL. Émule et contemporain de La treille, défenseur comme lui du système tarsal, GyllenluiU s'efforça de continuer, en les développant, les traditions du célèbre entomologiste de Brives. Sa classification, exposée dans l'ouvrage descriptif le plus remarquable de l'époque (1) , renferme des vues judicieuses et d'heureux rapprochements; cependant, sous certains rapports , elle reste inférieure à la méthode du savant français. Ainsi, les Carnassiers sont rejetés à tort à la fin des Pentamèi-es, et la première place est donnée aux Lamellicornes ; une nouvelle section est formée erro- nément sous le nom de Dimères ; ces mêmes Dimères et les Trimères sont divisés en genres seulement , selon la méthode de Fabricius, etc. Voici l'exposé de cette classification : Seclio i. Pr.mamera. — Scvkab.eidrs, Llca.noïdes, Hisiksioïdes, SphjEri- DIOTA , AmPHIDII , Df.RMESTIDE.E , NlTIDL'I.ARI.E, PaIPATOUES, PtIMORES, ClCLJIPES, ClEBII, MaLACOUEIIMI, SlEliNCXt, H^DIIOCANTHARI, ClCl>DF.LAT;E, Carabici, Stapuïlinii, Seclio 2, HErEUOMERA.— Melooides, Pyrochroides, Hëiopii, Diaperiales, Tenebriomtes, Moudello.NjE, Cistelim/E. Seclio 3. Tetuameka. — Brccuel^, Circuliomues, Xïlophagi, Erotï- LE^«, CmasoMELiN^E, Cerambycini. Seclio 4. TiiiMïRA. — Indivisa, coiitinens : Lathuidils, Cocci\-ella, Cocci- DULA, Enijomychls, Lycopekdin A. Seclio 5. DiMERA, — Indivisa, continens : Pselaphus, Claviger. 1) Iiisecta Siiecica, CoteopUra. Ix vol. in-8, 1808-1829. HO — CLASSIFICATION DE STEI'HENS. Peu à peu les vrais rapports s'indiquent et se pré- cisent davantage ; le système tarsal, toujours utilisé par les auteurs, cesse pourtant d'être la base unique de la classi- fication ; il en résulte un arrangement de plus en plus rationnel. On doit à Stephens d'avoir réalisé le premier ce progrès, en apportant dans ses études des vues nouvelles et une foule d'heureux rapprochements. On peut dire que de sa classification (1) et de celle d'Erichson date réelle- ment la distribution naturelle de nos insectes Coléoptères. Voici la division proposée par l'auteur anglais : § 1. Adephaga. Stiips 1. Geodephaga. Slirps 2. HYDRADFPH\(i\. $ 2. Rhypophaga. Stirps 1. Phii.hydrida. Stiips 2. Necuophaga. ., r. ^ SlAPHYLllSID^K. Mirps .5. HRACliF.I.YTr.A. , p, ' ' FSELAPHIDiE. § 3. Varicornk?. ,,..,, S Byrrhid*. Stirps 1. Hklocera. , „ ' ' HlSTEHIO,E. Stirps 2. Lamellicou-nes. Stirps 3. Stei'.noxes. Siirps h. Malacoderma. § A. PSELiDOTETUAMERi. Stirps 1. RiiYxcHOPiior.A. Stirps 2. LONGICORNES. Stirps 3. EcpoDA (Criocerid*). Slirps II. CyCLICA (CHRYSOllELlDiE). ^ 5. psf.l'dotrimera (coccinem-id^;, ^ 6, Heteuomera. (1) A Manunt of nrilish Coleoplera, London, 1839. 1 vol. in-8. lli — CLASSIFICATION DERICHSON. Fondée sur le principe de la répartition des Coléoptères d'après l'étude comparative de tous les caractères primaires, sans exception, la classification d'Erichson établit, dans les insectes qui nous occupent, une série de grandes familles naturelles de valeur égale, divisées et distribuées selon les affinités les plus importantes de chacune. L'illustre allemand n'a jamais exposé complètement sa méthode, et il faut, pour l'apprécier, recourir à ses diffé- rents ouviages (1). Toutefois, plutôt que de donner une liste alphabétique des familles qui ne rendrait pas compte de leur ordre systématique, nous en exposerons l'arran- gement d'après le premier Catalogm Coleopterorum Europœ de Schaum (2), dans lequel ces familles sont classées suivant la méthode d'Erichson et de manière à donner de celle-ci une idée satisfaisante. ClCINDELET/E. Cakabici. DytISCITjE. Gïr.lMTKS. HVUROPHILI. SiLPHAi.F.S. ScïnM«MDn.s. PSELAPHII. CLAVlGEni. Paussili. StaphyliiM. HlSIRIXI. SCAPHIDILIA. Tiiiciioprr.nYGiA. PHAL\C1UDF,S. NlTIDL'LAlil.î'.. COLA'DII. Rhyssodides. cucujidf.s. CniPTOPHACIUES, MyCETOPHAGIDKS, Dermestinj. Byrrhii. Georyssu, Parnid-T.. Heteiioceridve. scauab.eii)es. BlPIiESTIDKS. eucnemides. Throscides. Elaieridks. Cebriomtes. Atopites. Cyphomdf.. I.YCtDKS. Lampyrides. Telephoiiidus. Mei.yridf.s. Cl.ERlT, Ptiniores. CiOIDjE, Lyjirxyeoxks. Tenebi'.iomtes. ■Melandryad/K. Lacriari*. Pyrochroïdes. Anthicides. MOROELLINfi. Meloid.ï:, OEdemerit/e. Salpingides. Cl'rculiomtes. BoSTRYCHOÏi)^. Cerambycini. Chrysomcuna. Eryiyloïd^. CoCCIKELLIDjE, Enhomychides. Lathridii. (1) Die K'.efcr ilcr Mari; Hvandcnburg, 2 vol. in-S". Berlin, 1837-39. — Dericlit fur die Enlomologie. Berlin, in-8°, 1836-/18. — Nomcnclator zoologicus A'' Agassi:. Solotluri, ini", fasc. 5 (!845). — Conspcrius Coleoplcronmi quœ inrepublica Peruana oOservala suitt [M'iegniann Arcliiv, t. XIII, 18/17). — Nalurgeschiclite dev Jnseclen Dcvtsclilaiids, Berlin, 18i8, t. III, in-8°; etc. (2) Berlin, 1852, in-8". _ H2 — La classification d'Erichson n'a pas cessé dej3uis trente ans d'être le point de départ de tous les travaux de l'école moderne, et elle fait aujourd'hui autorité dans la science. Toutes les moditications qu'y ont introduites les auteurs récents se sont bornées à augmenter ou à diminuer le nombre des familles, à perfectionner en quelques points leur arrangement et leur compositiou, à préciser davantage leurs caractères, à fixer leur nomenclature, etc. Nous n'avons pas à passer en revue ces modifications, toutes conformes aux traditions ericîisoniennes (1) qui sont égale- ment les nôtres, et dont on trouvera l'indication dans la partie descriptive de cette faune ; aussi bien un simple exposé, si bref qu'il fût, des systèmes contemporains, nous entraînerait trop loin de notre but, sans profit pour la science. Nous nous bornerons à rappeler que les classifications les plus importantes ont été proposées dans ces derniers temps par MM. Blancbard (2), Redtenbacher (3), Jacquelin du Val (4) et C. Thomson (5). D'autres auteurs, d'un égal mérite, tels que MM. Lacordaire (6), Le Conte (7), Rraatz, v. Riesen- wetter (8), Fairmaire et Laboulbène (9), v. Harold et Gem- minger (10) ont entrepris des publications du même genre, (1) Je passe, bien entendu, sur d'autres systèmes tentés par quelques auteurs, en dehors des principes essentiels de la méthode. Parmi ceux-là, on peut rappeler cependant la division de M. de Motschulsky fondée sur les mœurs et le mode d'alimentation des Coléopléres, et dont l'exposé a paru sous le titre : Die Coleopterologisclicn Verhœllnisse und die Kccfer liiisslands. {Bull. Mosc, 1845, t. XVIII.) Nous renvoyons ù ce que nous en avons déjà dit ci-dessus ,'ch. III, p. 179). (2) ilialoire des Insectes. Paris, 18i5. 2 vol. in-12. (3) Faïuia austriaca. Wien, 1" édit., 18i9, 2"^ édit., 1858. 1 vol. in-8'. (i) Gênera des Coléoptères d'Europe. Paris, 185i-68. U vol. in-i». (5) Skaiidinnviens Coleoptero. Lund, 1859-68. 10 vol. in-8°. (6j Gênera des Coléoptères. Paris, 1854-69. 9 vol. in-8*-. (7) List of the Coleoptera of Nortli America. {Smiths. Mise. Coll., t. VI, Washington, 1867. In-S"). (8) Naturgescinchte der Insecicn Deutschlands. Berlin, 1845-68. 4 vol. in-8». (9) Faune entomologique française. Paris, 1854-56. i vol. in-16. (10) Catalogus Coleopteronivi. Monachii, 1868-09. 5 vol. in-8°. — 113 — dans lesquelles la science méthodique puisera de nouveaux et utiles enseignements ; mais ces publications , actuelle- ment inachevées, n'embrassent qu'une partie plus ou moins considérable de nos Coléoptères, et ne peuvent servir encore à l'étude générale de la classification de ces Articulés. C'est en vue de l'achèvement prochain de travaux aussi considérables et en prévision des changements qu'ils appor- teront sans doute dans la méthode actuelle, que nous nous sommes décidé à remettre à notre dernier volume la table analytique des familles. Toutefois, en attendant cette publication et afin de ne pas priver le lecteur d'un guide provisoire dans ses études, nous croyons utile de mettre sous ses yeux le dernier état de la science , d'après les œuvres les plus récentes. Cet aperçu nous sera fourni par le Catalogue des Coléoptères d'Europe (1) que M. Stein vient de faire paraître avec le concours des plus savants entomologistes de l'Allemagne et suivant les traditions d'Erichson et de Schaum. ClRABIDiE. DyTISCIDjE. Gyiunid^. HyDROPHILIDjE. SlAPHYLINlUiE. PSELAPHIl)*. ClAVIGEHTDjE. Paussid^. scydm-enid^. S1LPHID.E. Cl.ambid*. Sph/eriid.e. ÏRICIIOPTERYGIDjE. ScAPIlIDIIDi:. HîSTERID/E. Phalacrid/e. NlTlDlILARIiE. Trogositid*. GoLYDlIDiE. Rhysodid^. CUCUJID^. Cryptophagid^. ThOBICTIDvE. Lathridiid^. Mycetophagid^. Dermestid^. Byrrhid*. Georyssid^. Parnid*. Heterocerid^. LuCANIDjE. ScABABjEID*. Bl'PRESTID^E. EUCNEMID^. Elaterid^. Cebrionid^. RhIPICERIDjE. Dascillid^e. Malacodermata. ClERID/E. Ptinid^. AiNOBIID-E. Tenebriomd*. CiSTELIDjE. Pythid*, MeLANDRYIDjE. Lagriari^. Pedilid^. AnTHICIDjE. PyHOCHROÏDjE. MoRDELLOiN^. RhIPIPHORIDvE. Meloïd^. OEdemerid^. gurculioises. scolytid^. Platypid*. Brentid^. Attelabih-E. Rhinomacerid*. Anthribid^. Bruchid^. Cerambycid^. Chrysomelid^ï Erotyhd^. Endomychid^. Coccinelliu^, COKYLOPHIDiE. I (1) Catahgiis Coteupterorum Europœ, auclore Siein. Berolini, 18(38. la-S". Consultez encore : Caialogus Coteopterornm Europœ, auclore Schaum. Berolini, 1862. In-S". — Caialogus Colcopterofum Europœ el confinium, auclore de Marseul 'J.' AheiUc, t. IV. Paris, 1867 ln-18). — Verzcichniss cler Kœfc Dculschlonds vonlsraulz, Berlin, 1869. In-8°, — au - M. le docieur Liégard propose à la Société de tenir ses séances dans une des salles du musée d'histoire naturelle , ce qui permettrait d'avoir sous la main et de pouvoir pré- senter certains objets à l'appui des lectures qui seraient faites. Plusieurs membres regardent ce changement comme difficile sous plusieurs rapports, — M. le docteur Liégard demande à donner plus d'extension à sa proposition dans la prochaine séance, M, le Trésorier rend ses comptes pour l'année 1866, Ils se trouvent résumés dans le tableau suivant : RECETTES. Avoir de la Société à la Recette générale et en Caisse 7,29/i fr. 9i c. Intérêts de 5,000 fr. à k 1/2 "/o à la Recette, 13 mois 187 n» Encouragements du .Ministre 400 » ■> Id. du Conseil général. . , UOO nn Cotisations 290 70 Boni de jetons U2 »> Neuf diplômes 45 "» Total, , . . 8,862 64 Dépenses 1,957 95 En caisse au 1" janvier 1867 6,704 79 DÉFENSES. Copie de tableaux 6fr, »»c. Lithographies et dépenses pour la Biblio- thèque 123 90 A reporter. ... 129 90 — 113 -^- Report. . . . 129 fr. 90 c. Excursion linnéenne à Vire (voitures). . 130 »» Frais à Vire 13 60 Envoi et emballages de livres 57 75 A compte à M. Le Blanc-Hardel. . . . 1,500 ))» Avances faites par i\IlM. de Caumont et Morière 23 » » Timbre de mandat et affranchissement. . 2 » » Traitement du concierge 101 70 Total. . . . 1,957 95 Une commission composée de iMM. Fayel père , Berjol et Pierre est nommée par le Président pour vérifier ces comptes, tju'elle trouve parfaitement exacts et qu'elle approuve. On procède au renouvellement du bureau , qui se trouve ainsi constitué pour l'année 1868 : MM. le docteur Faucon-Duquesnay , Président. Raulin , professeur de physique au Lycée , Vice- Président. MORIÈRE , professeur à la Faculté des sciences , Se- crétaire de bureau. Eug. Deslongghamps, id., Secrétaire de corres- pondance. le docteur Leclerc, Trésorier. Fauvel, avocat. Bibliothécaire. l'abbé Marc , Archiviste. Le scrutin de liste désigne comme membres de la Com- mission d'impression , outre le président et les deux secré- taires, qui en font partie de droit, MM. Pierre , Fauvel, Leboucher, Olivier et le docteur Fayel. — 116 — M. le Président fait voter sur les présentations qui ont été faites dans la dernière séance. Sont nommés: Membre résidant : i\l. Leroux ( Henri ), professeur au lycée de Caen. Membres correspondants : iMM. Richard , propriétaire de l'établissement ihermo-niiiiéral de lîagnolcs ; D"" Lcdemay , D"" lîignon, médecins de l'établissement; l'abbé Croquet, aumônier de l'établissement. En quittant le fauteuil de la présidence , M. Leboucher remercie ses collègues de lui avoir rendues faciles et agréa- bles les fonctions qu'ils lui avaient confiées. À 10 heures, la séance est levée. 1 SÉANCE DU i2> JANVIER 1868. Présidence de M. le docteur FAUCON-DUQUESNAY A 7 h. 1/2 la séance est ouverte. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après une légère rectification. En prenant possession du fauteuil de la présidence, M. le docteur Faucon remercie chaleureusement ses collègues de l'honneur qu'ils lui ont fait et de l'affection qu'ils lui ont témoignée en l'appelant pour la troisième fois à leur tête. Interprète de la Société tout entière , il adresse à son pré- décesseur, M. Leboucher, les plus vives félicitations pour le zèle et la distinction avec lesquels il s'est acquitté des fonc- tions qui lui avaient été confiées. Il exprime ensuite les sympathiques regrets qui ont été provoqués par la perte de M, Octave Fauvel, un de nos confrères Jes plus jeunes et les plus laborieux. L'un des membres de la Société présents à la séance donne ensuite lecture de la notice nécrologique suivante : Messieurs et chers Confrères, Notre président vient de vous exprimer des regrets qui trouvent un écho douloureux dans le cœur de tous nos confrères , et en effet Oct. Fauvel était aimé de nous tous, estimé de tous ceux qui ont connu notre regretté — H8 — collègue , et l'on peut dire sans crainte d'être démenti que cet événeraenl si inattendu attriste notre ville tout entière. Octave Fauvel a été ravi en quelques jours à la science et h ses nombreux amis par une mort foudroyante et pré- maturée. Mourir à 26 ans ! quand l'avenir s'ouvrait avec de si riantes couleurs , avec de si légitimes espérances. Nature studieuse et ardente , Octave Fauvel consacrait la plus grande partie de son temps à l'étude et à l'étude sérieuse. La Société Linnéenne de Normandie l'avait , avec bonheur , accueilli comme membre résidant. Sa place était marquée parmi les plus assidus à nos séances, parmi les plus conciliants et les plus sérieux membres de la Compagnie , et ses pre- miers débuts dans la science furent brillants. A peine comptait-il quelques années parmi nous que déjà le jeune naturaliste s'était fait connaître par des travaux très-impor- tants sur les insectes et particulièrement sur les oiseaux , dont l'étude était devenue sa passion favorite. 11 ne se bornait pas, comme tant d'autres, à connaître la localité précise de telle ou telle espèce rare , et ne faisait pas consister la science dans l'alignement précis et mathématique d'un nombre plus ou moins considérable de peaux bourrées. Personne ne connaissait mieux que lui les changements de plumages, les divers états de toutes nos espèces indigènes, dont il avait rassemblé une magnifique collection et dont il dé- sirait nous faire connaître les mœurs et les habitudes. Sur ce sujet spécial , le jeune naturaliste s'était déjà fait connaître par des travaux très-importants, qui prouvaient la sûreté de son jugement et marquaient dignement sa place dans la science . Mais il ne se contentait pas d'étudier les espèce indigènes , il avait consacré toutes ses veilles à l'étude si difficile mais si attrayante des oiseaux exotiques , et nous avions tous ap- — 1Î9 — plaudi aux efforls de notre jeune collègue qui , en si peu de temps , avait pu se mettre au niveau d'une science aussi vaste , aussi compliquée que l'ornithologie générale. C'est à Octave Fauvel que le musée de la Faculté des sciences doit le classement méthodique de ses oiseaux , si bien mis au niveau de la science et rangés d'après la classification de Ch. Bonaparte. Notre pauvre ami est donc mort nu moment même où ses études préliminaires, si bien dirigées, allaient lui permettre de se révéler comme un naturaliste distingué , et tandis qu'il préparait un travail très-important sur la faune ornilhologique de la Nouvelle-Calédonie. L'entomologie avait été le preniier objet de ses études; il avait recueilli en Normandie et dans les Alpes un grand nombre d'insectes rares et même nouveaux pour la science. On lui doit, entre autres, la découverte de VArena Octavii sur les côtes du Calvados. Il avait également publié , dans le tome 11 du Bulletin de la Société Linnéenne , 2'' série , une liste de Coléoptères rares ou nouveaux pour la faune du Calvados. Une trop grande modestie était le seul défaut que nous lui connaissions , nous ses amis , ses confidents de chaque jour. Toujours prêt à rendre service, c'était un ami sûr et dévoué, c'était une de ces natures d'élite qui ne semblent nées que pour le bien , et dont le passage si court sur la terre ne laisse après elles qu'un doux souvenir dans la mémoire de ceux qui ont eu le bonheur de jouir de leur intimité. M. le Président donne lecture : 1° d'une lettre de M. le docteur Bourienne, qui, forcé de garder la chambre depuis quelque temps , demande à la Société de le dispenser d'as- sister aux séances jusqu'à ce que sa santé lui permette de nouveau de se trouver au milieu de ses collègues ; 2° d'une — 120 — lettre par laquelle M. Du Moncel prie la Société de le faire passer au nombre de ses membres correspondants ; 3" enfin d'une troisième lettre par laquelle M. Halbique donne sa démission de membre résidant et sollicite le titre de membre honoraire. Ces diverses demandes sont accordées. La Société de climatologie et des sciences physiques d'Alger adresse à la Sociéié Linuéeune le dernier numéro de ses publications, et lui demande à entrer désormais en relations d'échange avec elle. Il est décidé que , dorénavant , les numéros du Bulletin seront adressés à cette Société. M. Modère offre à la Société, de la part de M. le major Le Hon, de Bruxelles, membre de la Société géologique de France, etc., plusieurs ouvrages de géologie et une très- belle carte du Vésuve, à l'appui de sa candidature comme membre correspondant. Il donne lecture du passage suivant d'une lettre qu'il a reçue de M. Le Hon : « Je désire vous envoyer la carte des laves du Vésuve (la (( seule qui existe), à l'échelle de 1/25,000 , sur chine. Il « n'en a été tiré que peu d'exemplaires, et peut-être la (( îrouverez-vous digne d'être placée dans la salle de vos (( réunions, (ù'est mon meilleur travail et je n'en aurai « jamais l'honneur , je le dis sans fausse modestie ; car « personne ne me vérifiera et ne constatera l'exactitude a presque impossible que six mois d'explorations ardentes « m'ont permis d'atteindre. Toute ferme [masseria) pouvant (( servir de point de repère pour la vérification de mon " travail est reproduite sur ma carte. >' Des rcmercîments sont votés à M. Le Hon , et il est dé- cidé qu'au lieu de placer dans la salle des séances la précieuse carte qu'il a bien voulu offrir à la Société , on la déposera dans la salle de géologie du musée d'histoire naturelle, où elle pourra être consultée par un bien plus grand nombre de personnes. — 121 — M. Eugène Deslongchamps fait une analyse des ouvrages de botanique offerts à la Société par M. Léon Marchand , reçu récemment docteur par la Faculté des sciences, à l'appui de sa candidature comme membre correspondant. M. le docteur Ogier Ward montre à ses collègues plu- sieurs échantillons de silex qu'il a r<. cueillis : 1° sur la plage, au jiicd de la falaise de Langrune ; 2° dans ui) champ situé entre St-Aubin et Bernières ; 3° entre Luc et Lion , sur le rivage. Ces silex , au moins quelques-uns d'entre eux , lui paraissent avoir été taillés et devoir se rapporter à l'époque désignée sous le nom iVâge de la pierre. Cette opinion est combattue par plusieurs membres de la Société. M. Goulard annonce avoir trouvé , à l'embouchure de la Uives , le Bostrychia scorpioïdes , et il fait passer sous les yeux de ses confrères plusieurs échantillons qui ont été préparés par M, Morière. Celte algue avait déjà été signalée à St-Vaast, dans le département de la !\l anche ; mais c'est la première fois qu'on la rencontre sur le littoral du Calvados. M. Eugène Deslongchamps annonce la capture d'un oiseau toujours rare dans le département du Calvados, et qui sie vient visiter nos contrées que pendant les froids les plus rigoureux : la grande outarde , Otis tarda , le plus gros oiseau de l'Europe. L'animal a été tué dans les marais de Bures, près Troarn ; c'était une femelle parfaitement adulte. M. Eug. Deslong- champs rappelle à cette occasion que presque tous les in- dividus cYOïis tarda qui ont été tués dans le Calvados étaient des femelles ; il n'a eu connaissance que de deux mâles , dont l'un avait été tué auprès du Moulin-au-Roi, et l'autre faisait partie de la collection de M. Abel Vautier, maintenant dispersée. La femelle, sujet de cette communication , a été acquise ~ 122 — pour les collections de la Faculté des sciences , et mise eu squelette pour compléter la série de cette espèce, déjà repré- sentée dans la collection départementale par deux individus adultes, mâle et femelle, en parfait plumage. M. Goesle, notre collègue , a bien voulu se charger de la préparation de cette pièce importante, et il rendra compte, dans une prochaine séance, des particularités présentées par le sque- lette de l'oiseau. iM. Eugène Deslongchamps fait passer sous les yeux de ses collègues deux planches lithographiées par M. Formant , peintre-naturaliste du Muséum de Paris. La première repré- sente une grande espèce de tortue fossile, provenant de la craie glauconieuse des environs du Havre. La seconde offre, réduits au sixième : une mâchoire inférieure entière et une tête incomplète d'un monstrueux reptile . recueilli au cap La Hève, dans les assises kimméridgiennes. Ces précieux débris, qui font partie de la collection du Muséum , ont été généreusement communiqués par M. le vicomte d'Archiac, notre savant paléontologiste ; ils se rapportent à un saurien gigantesque de la tribu des EnaLiosauriens. Rapportés d'abord au Pliosaurus grandis, on a pu reconnaître que la forme des dents les rapprochait plutôt du genre Polypty- chodon [ Owen ) , et qu'ils devaient constituer une espèce nouvelle. L'auteur propose de la noumier Polyptychodon Arcliiaci. Pour bien faire juger des terribles dimensions de cet animal, M. Eug. Deslongchamps fait voir une dent ayant acquis son entier développement , et la portion antérieure de la partie simphysée de la mâchoire inférieure montrant trois alvéoles et une dent de seconde dentition restée en place. A ces pièces , qui ont été communiquées par M. Len- nier, conservateur du musée du Havre, viennent s'ajouter un certain nombre d'ossements du même animal, qui seront décrits — 123 — dans une monographie spéciale de^. vertébrés kimméridgiens de La Hève. Enfin , M. Eug. Deslongchamps montre égale- ment une dent de Megalosaurus provenant de la même localité, et qui indique un animal dont la taille a dû dé- passer d'un tiers celle du Megalosavrus Bucklandi. Le nom de Megalosaurus insignis est proposé pour cette nouvelle espèce. W. le D' Liégard développe la proposition qu'il a faite , dans la dernière réunion , de tenir désormais les séances de la Société Linnéenne au musée d'histoire naturelle. Il énu- mère tous les motifs qui lui paraissent devoir être invoqués en faveur de cette proposition. M. le Président nomme une commission composée du bureau de la Société et de M. le D' Liégard , qu'il charge de faire un rapport à ce sujet dans une de ses prochaines séances. Les propositions suivantes , qui doivent être l'objet d'un vote dans la prochaine séance , ont été faites à la Société : }Jembres correspondants : M. le major Le Hon , par AIM. Morière et Deslongchamps ; M, le D"^ Léon Marchand , par iMM. 31orière et Poslel ; M. Rabaull , directeur de l'établissement de Bagnoles, par 1VI>L Fayel et Leclerc. Membre résidant : M. le colonel Glendowyn Scott ^ propriétaire, rue de Bayeux, 96 bis, par MM. le D' Ogier Ward et Morière. A 9 heures 1/2 la séance est levée. SÉANCE DU 3 FÉVRIER 1868. Présidence de il. RAULIIV , vice— président. A 7 heures 1/2 la séance est ouverte. Le proces-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le docteur Ogier Ward montre à la Société des frag- ments de crustacés, difficilement déterminables, qu'il a ren- contrés dans les carrières du fullers'earlh, à Vaucelles. M. Eug. Deslongchamps donne lecture de la suite de son mémoire sur les Téléosauriens dont le commencement a paru dans le Bulletin de l'année 1866-1867. Sous-Genre PELAGOSALiRUS, PELAGOSAUUUS TYPUS ( Bronn. ), 18Û2. DiAGN. Museau peu allongé, connu seulement par des échantillons, où cette partie est plus ou moins écrasée et dis- loquée. A partir de la pointe des nasaux, ce museau s'élevant de plus en plus jusqu'à la région orbitaire , suivant une ligne oblique régulière et sans présenter aucune espèce de dépression. Au niveau de la pointe antérieure des nasaux, la largeur, mesurant 2 centimètres, s'agrandit peu à peu et insensiblement jusqu'au niveau du bord antérieur des or- biles , oii elle atteint 5 centimètres 1/2. Cet élargissement — 125 — s'effectuani sans déterminer aucune espèce d'inflexion et se continuant d'ailleurs avec la même ouverture d' angle jusqu'à l'extrémité postérieure du crâne oit elle mesure 8 centimè- tres 1/2, de sorte qu'à partir de cette pointe des nasaux jus- qu'à son extrémité postérieure, la tcie représente absolument un triangle isocèle dont la pointe serait coupée ; ce triangle mesurant 8 centimètres \j'l de hase sur 18 de hauteur. Os nasaux très-développés, élevés et renflés, séparés par une suture bien pro.oncée qui s'accentue de plus en plus en ar- rière, de façon à rendre ces deux nasaux saillants vers leur extrémité postérieure et déterminer par conséquent deux bosses lotigituditiales situées symétriquement de chaque côté de la suture ; ces os nasaux creusés d'ailleurs, sur tout leur parcours, de nombreuses fossettes longitudinales irrégulières, mesurant en longueur 9 centimètres et 3 centimètres . pris en- semble, dans leur plus grande largeur, s'abaissant de cha- que côté en une pente douce, qui se continue par les deux maxillaires supérieurs. Frontaux antérieurs petits, s'intcr- calant sur les côtés, dans une échancrure des nasaux. La- crymaux étroits, s' allongeant de chaque côté, en formant une longue pointe , qui s'applique sur les deux bords exter- nes des os nasaux et atteint environ la moitié de leur lon- gueur ; les bords internes des os lacrymaux montrant de chaque côté, vers leur tiers inférieur, une échancrure assez forte, pour l'ouverture du trou sous-or bitraire. Frontal prin- cipal très-développé, à peu près quadrilatère, sauf en avant oh il forme une légère pointe de 1 centimètre à peine qui s'insinue entre les deux portions postérieures des nasaux ; mesurant au milieu des orbites, 3 centimètres de largeur et, vis-à-vis le bord postérieur de ces mêmes orbites, ii cen- timètres 1/2 ; la longueur totale, depuis la pointe anté- rieure jusqu'à la postérieure dépendaîit de la crête sagit- tale, mesurant 5 centimètres \f2; toute la surface de ce — 126 — frontal principal entièrement plane, mais marquée de fossettes irrégulières très-nombreuses et très-profondes. Orbites très-larges, un peu ovalaires dans le sens longi- tudinal ; mais disposés presque entièrement de côté , de façon à n'être vus en dessus, que d'une manière très-oblique. Crête occipito-frontale assez large, surtout en arrière, mesurant h centimètres 1/2 de longueur et couverte égale- ment partout de fossettes irrégulières, profondes. Fosses temporales assez grandes, disposées un peu obliquement, dessinant deux arcs de cercles sj/métriques, dont la partie convexe serait en rapfort avec la crête occipito-frontale et la corde, avec l'arcade fronto mastoïdienne. Arcade fronto- mastoïdienne ou temporale très-forte, très-épaisse, occu- pant deux larges surfaces latérales, un feu obliques, qui relient la région orbitairc à celle de V arrière-crcme ; ces deux arcades couvertes également de fossettes irrégulières très-nombreuses et très-profondes. A la face inférieure, la région du maxillaire supérieur divisée longitudinalement en deux portions arrondies, séparées entre elles far la suture médiane vers laquelle s' infléchissent légèrement ces deux surfaces latérales. La région des palatins , s'élevant peu à feu, depuis son extrémité antérieure jusqu'à la pos- térieure, de façon à rendre cette surface uniformément bombée , viarquée cependant d'une inflexion en gouttière large et superficielle, s'éiendant tout le long de leur suture longitudinale médiane. Ouverture postérieure des narines grande , profonde , ovale-allongée, t?'ès-large et ronde en arrière où elle se confond avec la fosse ptérygoïdienne , s' avançant en avant entre les deux palati)is où elle se ter- mine en pointe. Crète sphénoïdale très-mince, déliée , déterminant une ligne tressaillante. Ouvertures palatines postérieures très-grandes, allongées, terminées en pointe en avant, arrondies en arrière. Bord alvéolaire des maxil- — 127 — laires supérieurs très-éiroit, garni de dents nombreuses, assez rapprochées , minces et déliées, implantées rerticale- metit et non obliquement en dehors , dont nous ne pouvons apprécier le nombre , ne connaissant la partie antérieure ni de la mâchoire supérieure ni de l'inférieure. Obs. Cette espèce est certainement la plus répandue de tous nos Téléosauriens , et ses débris ont été rencontrés non-seulement dans le Calvados , mais encore dans une foule de localités de France , d'Angleterre et d'Allemagne. Nous pourrons restituer ses formes générales, son squelette proprement dit et son squelette dermique , plus complète- ment encore que pour le Teleosaurus Cadomensis. Nous connaissons , en effet : la région cervicale tout entière, l'atlas et ses pièces accessoires comprises, toute la colonne verté- brale , sauf l'extrémité de la queue , les membres dans leur totalité, en nous aidant des exemplaires allemands, toutes les côtes tant cervicales que dorsales et mêaie ventrales , la tête tout entière admirablement conservée, sauf l'extré- mité du museau des deux mâchoires dont nous pouvons cependant connaître la longueur, en nous servant des pièces recueillies en Allemagne , et enfin les écailles tant dorsales que ventrales. Mais si cette espèce est connue depuis longtemps, elle a été d'autre part l'objet de bien des discussions , de plus de méprises encore ; elle a été décrite et redécrite sous une foule de noms , et toujours sans que personne ait reconnu le Pelagosaurus typus de M. Bronn ; et, en effet, quand on jette les yeux sur les figures représentées tables III , III a et III b du grand travail de MM, Bronn et Kaup, intitulé : Abhandlungen uber die gavial-ariigen reptilien der lias formation , comment y retrouver le Crocodilus tempo- ralis de M. de Blainville ! On reconnaît bien, dans ces — 128 — figures, le squelette écrasé d'un reptile voisin des Cro- codiles; mais voilà tout. En l'absence des pièces originales, il était impossible de savoir quel animal ces auteurs avaient décrit. Cette reconnaissance était d'autant plus impossible que la planche III de l'ouvrage précité nous donne deux restaurations de la tête, l'une (tig. 6) avec les deux mâchoires en rapport , l'autre (lig. 5 ) vue par la partie inférieure du crâne. Or, ces deux restaurations sont aussi éloignées, aussi différentes que possible des formes réelles de l'animal ; la figure 5 surtout n'offre aucune espèce de rapport avec la réalité , et on se demande où iM. Bronn a pu aller chercher cette immense fente ovalaire , amincie aux deux bouts , qu'il place entre les palatins et la base des maxillaires supérieurs. L'imagination est une belle chose, mais pas en paléontologie, et on reste stupéfait en voyant combien elle a pu éloigner de la vérité des auteurs qui, comme M. Kaup surtout, avaient, dans d'autres circonstances, si bien jugé, si bien compris des rapports paléontologiques très-déhcats. Il est vrai que l'obstination des auteurs allemands de vouloir cher- cher l'ouverture des arrière-narines partout , excepté dans leurs rapports réels, les a éloignés de la vérité (1) et leur a fait complètement méconnaître les caractères les plus re- marquables de ces espèces. Aussi, malgré tous les travaux des auteurs allemands, f in- (1) Mon père s'est élevé à plusieurs reprises contre l'interprétation erronée que les auteurs allemands voulaient donner aux arrière- narines des Téléosaurlens. Leur obstination, dans leur attaque contre les idées de G. Cuvier et de E. Geoffroy-Saint-Hilaire , a été telle Ci u'après une discussion des plus opiniâtres, où ils étaient restés seuls de leur avis, alors que, pièces en main, les anatomistes les plus célèbres , tels que MM. Laurillard , de Blainville , Rich. Owen , leur donnaient tort en tous points et constataient la justesse des observations de mon père et de sa revendication pour G, Cuvier et — 129 — certitude la plus complète régnait pour nous sur les iMystrio- saures et autres reptiles du Wurtemberg considérés par ÎWiM. Bronn et Kaup comme voisins des gavials actuels, et nous ne pouvions préciser rien à leur sujet, faute de pouvoir les comparer méthodiquement, et sur les pièces mêmes avec nos Téléosauriens du Calvados. Celle lacune finit cependant par être comblée. Le muséum de Paris acquit tout d'abord de \I. le baron de Ponsort un magiiilique exemplaire très-complet qui fui rapporté au Teieosaurus Ckapmanni (1). Quelques années après, la Faculté des sciences de Caen acquit de M. Sœmann un spécimen entier, déterminé Mystriosaurus Munsteri. Enfin, au moment même où mon père venait de terminer l'impres- sion de son grand travail sur les Téléosauriens et en particulier E. Geoffroy-Saint-Hilaire, leur obstination, dis-je , était telle que nous voyions encore longtemps après M. Wagner d'une part, M. Burmeister de l'autre, chercher ii nier l'évidence de Terreur de MM. Bronn et Kaup. Voir pour cette polémique le travail de MM. Kaup et Bronn déjà cité, le journal Vlnstiiut, année 1845, les lettres de mon père à M. de Blainville au sujet des Crocodiliens vivants et fossiles, insérées dans les Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie, les travaux de Wagner dans les Mémoires de l'Académie royale de Munich, etc., etc., et surtout le grand travail de mon père, intitulé : Mémoires sur les Téléosauriens de l'époque jurassique du département du Calvados, 1863, p. 20 et suivantes, qui traite en détail du Teieosaurus temporaiis, c'est- à-dire précisément de la même espèce que le Pelagosaurus typus de M. Bronn. (1) Nous n'avons pu malheureusement avoir, ni mon père, ni moi, aucune donnée certaine sur le type anglais de ce Teieosaurus Chap- manni, bien que nous ayons demandé à plusieurs paléontologistes an- glais de nous renseigner à ce sujet. C'est une lacune des plus regret- tables de notre prodrome, car dans l'état d'écrasement où sont les têtes des Téléosauriens allemands on ne peut rien décider de certain sur le genre auquel ils appartiennent. 9 — 130 — sur son Teleosaurus tcmporalis, M. Sœmann, dont l'active coopération nous avait déjà été d'un grand secours dans maintes circonstances, put nous procurer par voie d'échange trois pièces très-importantes, c'est-à-dire un squelette com- plet, moins la lèle du Mystriosaurus minhnus, une tête très- belle quoique écrasée du Mystriosaurus Munsteri, mais par- faitement dégagée de sa gangue tant au-dessus qu'en dessous, et enfin une tête en très-mauvais état de conservation, dislo- quée et écrasée d'une troisième espèce qui était déterminée Mystriosaurus BoUensis. Du Mystriosaurus Munsteri nous ne pûmes rien décider, les pièces étaient trop écrasées et nous ne pouvions les rap- procher d'autres en meilleur état, où les caractères géné- riques tirés de la composition des os de la tête, fussent en évidence. Restait la troisième pièce, dont l'état était bien plus mauvais encore. En cherchant bien attentivement, en décou- pant avec des ciseaux des calques très-soignés des divers débris d'os écrasés qui la composaient, et rapprochant les différentes parties dans leurs rapports naturels, mon père put tout d'abord reconnaître: qu'en dessous, la fosse ptérigoïdienne faisant suite aux arrières-narines, était en tout semblable à celle de nos Téléosauriens de Normandie ; le grand procès des Téléosaares de BoU était donc gagné sur les pièces mêmes provenant du bas allemand. De plus , quoiqu'elle fût très- malirailée, la légion frontale, large, criblée de fossettes irrégulières, et Tarcade temporale, si spéciale par sa forme, la largeur et ses fossettes irrégulières, purent être reconsti- tuées. Tous ces caractères se rapportaient évidemment au Teleosaurus lemporalis ou bien à une espèce très-voisine. La région des nasaux , des frontaux antérieurs et des la- crymaux était trop détériorée pour qu'on pût en tirer un parti quelconque ; mais celle du museau, sauf l'extrémité, c'est-à-dire la partie la plus importante , était assez bien 131 conservée. Une première inconnue fut donc dégagée par cet échantillon , c'est-à-dire que le Mystriosaurus BoUensis des auteurs allemands était la même chose que le Crocodilus temporalis de M. de Blainville, que le MoseLlosaurus rostro- minor de iM. de Wonard, que le Teleosaurus temporalis de mon père (1). Enfin , un modèle en plâtre de la collection du muséum de Paris est venu me donner, en septembre 1867, la clé du PeLagosaurus lypus de M. Bronn. Ce modèle, sous le n° de Catalogue V. ^3^ (2), porte l'indication suivante : Tête de gavial du lias de BoU (Wurtemberg) ; il avait été moulé sur une tête écrasée, il est vrai, mais dans laquelle toutes les parties sont restées dans leurs rapports naturels ; aussi, bien (|ue le moulage eût été assez mal exécuté et qu'une épaisse couche de peinture fût venue bien maladroitement boucher les sutures, et la plupart des détails, même les plus petites des fossettes du crâne, je reconnus immédiatement l'identité absolue avec notre Teleosaurus temporalis. Je pris un dessin (1) Mon père avait, en 1866, commencé un travail sur la reconsti- tution de cette tête et sur son identité avec le Teleosaurus temporalis ; il en avait même composé la planche pour paraître dans le 15= volume des Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie. C'est le dernier travail qu'il ait fait ; il ne put en rédiger le texte. La maladie longue et douloureuse qui l'emporta au mois de janvier suivant parvint, â cette époque, à une efliayante intensité ; la vue s'étejgnait peu à peu ; il essaya à plusieurs reprises de rédiger cette note, mais la maladie fut plus forte que son courage. (2) Ces indications du n" de catalogue d'une collection peuvent paraître sans utilité et presque puérils ; toutefois l'on con)|)icndrii que si j'entre dans des détails aussi précis, c'est dans le seul but de pouvoir permettre aux naturalistes, qui me feront l'honneur de lire ce pio- drome, de consulter avec plus de facilité les pièces mêmes qui m'ont servi et de donner fi la critique toutes les facilités possibles pour son contrôle. — 132 . bien exact de ce modèle, et en le rapprochant des figures de MM. Bronn et Kaup, grande fut ma surprise et ma joie de le trouver identique avec le Pelagosaurus tijpus de M. Bronn. Cette laborieuse et délicate élude avait donc fini par éclaircir un point extrêmement important. Le nom donné par M. Bronn ayant la priorité de date, nous devons rap- porter notre espèce calvadosienne, c'est-à-dire notre Teleo- saurus temporalis au Pelagosaurus typus de cet auteur. Voici, du reste, la synonymie par ordre de date de cette espèce : Pelagosaurus typus (Bronn), i8Zi2. Mystriosaurus Bollensis (Bronn), 18/i2. Mosellosaurus rostro minor (Monard), 1847. CrocodiLus temporalis (de Blainville), 1853. l'eleosaurus id. (Gervait;), 1859. id. id. (Eudes Deslongchamps), 1863. Mon père ayant décrit en grand détail cette espèce et sur- tout une tête désarticulée , dont chacun des os est comparé avec ses analogues dans les crocodiliens vivants, je renverrai à son mémoire pour une étude complète de la tète du Pelago- saurus typus, et ne donnerai ici que les détails anatoiniques les plus saillants, empruntés presque textuellement au ré- sumé que mon père en a donné dans le même travail , p. 92 et suivantes. DÉTAILS ANATOMIQUES. Face supérieure de la tète. Le crâne est plus étroit en arrière que chez aucune autre espèce, sa hauteur est presque égale à la moitié de sa largeur. - 133 — Depuis le bord postérieur du pariétal jusqu'à la pointe du frontal , sa longueur surpasse à peine sa largeur en arrière ; la longueur des fosses temporales est presque le double de leur largeur. Le diamètre antéropostérieur des orbites est presque égal aux deux tiers de la longueur de la fosse tem- porale. Le frontal principal est tout-à-fait plat et très-large, surtout en arrière et plus que dans aucune autre espèce. On n'a voit point, à la face supérieure, de suture longitudinale ; mais, à la face inférieure, elle est très-prononcée ; ce fait prouve bien que le frontal principal, indépendamment de ses acces- soires (frontal antérieur et frontal postérieur), est un os double (quoique l'on n'ait pu le séparer en deux moitiés sur les jeunes crocodiliens, même sortant de l'œuf) La surface supé- rieure du frontal principal est couverte de petites fossettes à fond arrondi, en godets plus ou moins irréguliers, plus nom- breuses et plus profondes que chez aucune autre espèce ; il en est de même de celles qui se voient sur les autres os du crâne et de la face. • Entre les deux os nasaux, en avant de l'angle antérieur du frontal principal, est une dépression à fond anguleux qui ne se voit point dans les autres. La face ou le museau, à partir du frontal, se déprime insensiblement en dessus et obliquement sur les côtés. Il n'y a rien à la face postérieure du crâne qui ne se retrouve dans les autres Téléosauriens, sinon que les divers os semblent moins se porter en dehors, mais se tasser plutôt sur la ligne médiane ; ainsi, par exemple, l'extrémité articulaire inférieure des os tympaniques s'écarte moins en dehors que dans les autres espèces. Les orbites sont proportionnellement beaucoup plus grandes que dans les autres; elles sont presque tout-à-fait dirigées en dehors, mais moins que dans les Metriorhxjnchus, tandis que dans les Teleosaurus et les Steneosaurus ils sont entière- ment dirigés en dessus. L'arcade fronto-mastoïdienne est — 13/i — beaucoup plus large daus le sens vertical que dans aucune autre espèce ; elle s'élargit surtout beaucoup en avant contre Torbile ; elle est dirigée en dehors et couverte de nombreuses et profondes petites fossettes en godet, dont plusieurs ont une forme allongée. Le frontal postérieur et le mastoïdien qui forment cette arcade sont également bien plus grands que dans les autres ïéléosauriens. La suture qui les unit, très-difficile à voir sur les pièces naturelles, a une direction à peu près verticale ; elle forme un angle très-aigu à sinus postérieur dans les autres genres. L'os zygomatique qui s'ap- puie en arrière sur le tympanique, formant le rebord du conduit auditif externe, vient atteindre et dépasse en arrière un prolongement du frontal postérieur; cela n'a pas lieu dans les autres Téléosauriens. Le bord externe de l'os nasal s'arti- cule en arrière, dans une petite étendue, avec le frontal anté- rieur, puis avec le lacrymal qui forme une longue pointe placée entre le nasal et le maxillaire. Face inférieure de la tête. A la face inférieure de la tête, la région palatine est un peu bombée au niveau des palatins, plus que dans les Teleosaurus et Steneosaurus, mais moins que dans les Me- triorhynchus. En avant, les palatins montrent une dépression et ensuite une gouttière superficielle. A l'articulation des palatins avec les maxillaires supérieurs, cette gouttière s'ap- profondit et montre de chaque côté, au-dessus des palatins, près de la ligne médiane, un trou qui se prolonge en gout- tière superficielle jusque sur les maxillaires supérieurs, et qui donnait sans doute passage à des vaisseaux ou à des nerfs. On voit quelque chose d'analogue, comme nous avons eu déjà l'occasion de le signaler dans certains Sténéosaures , nous — 135 — le retrouverons également dans le genre Teleidosaurus. Il n'existe rien de semblable chez les vrais Crocodiliens aussi bien vivants que fossiles. Les grandes ouvertures du palais qui correspondent aux trous palatins postérieurs des mammifères sont plus grandes chez le Pelagosaurus typus que dans les autres Téléosauriens; elles se terminent en pointe en avant entre les palatins et les maxillaires supérieurs. L'ouverture pos- térieure des fosses nasales ou arrières-narines présentent ici des différences très-notables avec ce que l'on voit dans les Téléosaures, les Sténéosaures et les Méiriorhynques, tout en restant dans les mômes conditions anatomiques. La fosse où viennent aboutir en arrière les cavités nasales du Pelago- saurus typus (1) a une forme ovoïde, allongée dans le sens longitudinal et s'étend assez loin en avant entre les palatins où elle se termine en pointe; le reste est formé parles ptéry- goïdiens qui sont écartés ; mais ceux-ci se prolongent en arrière, au-delà de la fosse, en recouvrant une partie du corps du sphénoïde ; les ptérygoïdiens se soudent d'ailleurs en dessus de la fosse, comme cela a. lieu dans les autres Téléo- sauriens et contrairement à ce qui existe dans les Crocodiliens. La fosse est profonde, à bords mousses et retroussés sur les côtés, et en arrière où le rebord est également arrondi. Le fond de cette fosse montre, en avant, une carène mousse peu saillante , c'est-à-dire à la séparation des deux os antérieu- rement. La portion du ptérygoïdien qui se recourbe en dehors pour aller à la rencontre des os transverses fait, en dessous , (1) Nous entrons ici dans quelques détails plus précis que dans les autres espèces, parce que cette partie a été très-mal connue des auteurs allemands , el nous pensons qu'il est très-important d'en donner une description exacte et précise dans l'une des espèces mêmes de MM. Bronn et Kaup. — 136 — une assez forte saillie qui dépasse un peu le niveau du reste de la voûte palatine et la limite en arrière. L'espace quadrilatère, situé derrière l'ouverture des ar- rières-narines, est formé, en avant, par une portion du pté- rygoïdien et le corps du sphénoïde en arrière. Cet espace est différemment conGguré suivant les espèces et les genres. Nous avons déjà indiqué ses formes et ses différences dans le Teleosaurus Cadomensis et le Steneosaurus Larieti. Dans le Pelagosaurus typus, il montre, au milieu, une carène longi- tudinale, obtuse, mais fortement exprimée, séparant deux fossettes planes, allongées, et où se voit la suture qui réunit le corps du sphénoïde aux ptérygoïdiens. Ces fossettes com- mencent, en avant, par une sinuosité fortement exprimée, au- delà de laquelle et latéralement est une pointe, suivie d'une légère carène, qui atteint, en s'effaçant, à une grande côte oblique, située à la face inférieure du tympanique, laquelle limite en dehors les deux fossettes. La carène partageant l'es- pace sous-sphénoïdal se termine en arrière par un rebord transversal, très-nettement délimité, qui aboutit de chaque côté à l'orifice externe des trompes latérales d'Eustache. Derrière le rebord transversal, est une gouttière transversale étroite, mais bien délimitée, qui prend de chaque côté origine au même orifice des trompes latérales et rencontre, en son milieu, le grand trou orifice postérieur de la trompe d'Eustache moyenne ; l'usage de la gouttière transversale était évidem- ment de loger le canal membraneux , partant de l'orifice externe des trompes latérales d'Eustache et venant s'ouvrir de chaque côté dans le canal membraneux qui prolongeait la trompe d'Eustache moyenne. Cette conformation singulière se retrouve d'ailleurs dans les Crocodiliens proprement dit ; elle est donc commune aux deux familles. Les traces des canaux membraneux sont moins évidents, toutefois, dans les autres Téléosauriens que dans le Pelagosaurus typus ; mais — 137 — leur présence sur ce dernier met sur la voie, et rien n'est plus aisé, d'après les analogies, que de reconnaître la situation que devait occuper ce singulier appareil des voies aériennes de la cavité tympanique. Le reste de la tête du Pel. typus ne présente rien d'im- portant et qui ne soit très-semblable à ce qui existe dans les autres Téléosauriens. ïSàelioipe inférieure et dents. La mâchoire inférieure ne présente rien de particulier , si ce n'est les nombreuses et profondes fossettes en godet qui se voient sur la surface externe de l'angulaire et près de l'articulation de l'articulaire. La partie inférieure du dentaire offre aussi, sur ses parties latérales, quelques fossettes, mais plus petites que les autres. La portion syra- physée est à peu près de moitié de la longueur totale. Cette partie est arrondie en dessous et n'offre pas cette portion toul-à-fait aplatie, naissant brusquement et à angle droit vers les côtés , et qui rend tout-à-fait carrée cette région de la mâchoire dans d'autres Téléosauriens, et principalement dans les Sténéosaures ; la surface eu est plus rugueuse encore que celle de ces derniers et marquée ici de fossettes assez profondes, comme ce qui se voit sur les côtés du dentaire et de l'angulaire. Les branches de la mâchoire forment entre elles un angle d'environ 26 à 27" ; le trou latéral égale le diamètre longitudinal de l'orbite , et sa hauteur est à peu près la cinquième partie de sa longueur. Le prolongement postérieur de la mâchoire, à partir du point d'articulation avec la mâchoire supérieure, est plus fort que dans les autres espèces , et la courbe limitant inférieurement l'angulaire en face de l'articulation est très-forte ; cette inflexion disparaît très-vite, et vis-à-vis la partie postérieure du trou latéral , la — 138 — ligne de profil de la mâchoire inférieure dovient complète- ment droite jusqu'à son extrémité antérieure ; cette disposi- tion se retrouve, d'ailleurs, dans tous les Téléosauriens, mais l'inflexion postérieure de cette partie est ici plus forte que dans les autres et ressemble plus à ce qu'on voit dans les crocodiles vivants. La troncature de la mâchoire inférieure prise à l'extrémité de la portion figurée , c'est-à-dire à peu près au tiers antérieur de sa longueur , égale presque la moitié de l'axe de longueur de l'orbite et son épaisseur la moitié de sa largeur. Les dents sont , comme à la mâchoire supérieure , petites et implantées verticalement. Elles sont striées sur la longueur ; ces stries sont saillantes , tran- chantes et en assez petit nombre. Relations géologiques. — Le Peiagosaurus typus se rencontre aussi bien en x\ngleterre qu'en France et en Alle- magne , toujours dans les couches toul-à-fait inférieures de ce que nous appelons marnes infra-oolilhiques, et que beau- coup de géologues désignent sous le nom de lias supérieur. Ces couches, bien connues par l'abondance extrême de Pos- sydonomya Bronni qui les caractérisent dans beaucoup de localités, sont non moins remarquables par la (|uantité pro- digieuse d'animaux vertébrés qui y sont quelquefois enfouis, surtout des ichlhyosaures et des poissons ; les Téléosauriens y sont un peu plus rares , mais cependant les localités d'Il- minster , de Witby , en Angleterre , de La Gaine , Curcy , Amayé-sur Orne, etc., en ^'ormandie, et surtout de Boll et de quelques autres localités du Wurtemberg , eu ont fourni un assez grand nombre d'exemplaires. Par contre , les Plé- siosaures, si répandus dans d'autres niveaux, soit oolithiques, soit basiques , paraissent tout-à-fait absents Un autre carac- tère négatif s'est présenté jusqu'ici dans nos localités de la Normandie, c'est-à-dire que nous n'y avons jamais rencontré — 139 — aucune de ces grandes espèces , telles que le Steneosaurus ? Chappmanni d'Angleterre ou les Myrtriosauriis de BoU, On a recueilli jusqu'ici des débris de douze ou quinze Pelagosaurus Bronni dans le département du Calvados. Les plus beaux exemplaires appartenaient à la collection de W. Tesson et ont été acquis , il y a quelques années , par l'administration du Britisch Muséum. La collection de la Faculté des Sciences en possède deux exemplaires presque entiers, dont le premier a été figuré dans le grand mémoire de mon père comme provenant de la collection de M. Bré- ville ; le second , dont la tète est surtout d'une remarquable conservation , a été recueilli par M. Morière, qui a derniè- rement encore acquis, pour la même collection, les débris d'un troisième exemplaire moins complet. J'en possède moi-même , dans ma collection , trois portions très-impor- tantes, quoique d'assez petite taille : l'une du bassin, l'autre de la région cervicale ; la dernière enfin , montrant bien en place les côtes ventrales, m'a été donnée par lM. Durand, ancien pharmacien de l'Hôpital de Caen. La collection de la Faculté des Sciences de Paris possède également un modèle en plâtre, dont les diverses empreintes sont très-neltes , de la meilleure des deux têtes appartenant au musée de la Faculté de Caen ; il sera donc toujours facile d'étudier les types des pièces qui font l'objet de cet article. TELEIDOSAURUS CÂLVADOSI (Eud.-Desl. ), sp. 1865. DiAGN. Museau raccourci , robuste, plus ou moins dé- prime dans toute sa longueur et surtout eu s'approchant de la région frontale , s'élargissanl peu à peu et régulièrement à partir de la pointe des intermaxillaires jusque et même "« — no — peu au-delà des orbites, s' élevant peu à peu jusqu'au niveau des orbites en éprouvant toutefois une légère dépression, ce qui détermine sur le profil de cette partie, une courbe légè- rement concave vers la pointe des 7iasaux ; mesurant en longueur 39 centimètres de l'extrémité antérieure jusqu'au niveau des orbites , offratit en largeur 6 centimètres vis-à- vis la pointe postérieure de l' intermaxillaire et 1 centi- mètres 1/2 vis-à-vis la pointe des nasaux. La tête s'élargit ensuite de plus en plus . mesurant 11 centimètres en lar- geur à la pointe des lacrymaux , 15 aw bord antérieur des orbites et IS au bord postérieur de ces mêmes orbites. Cette tête ne s'élargissant plus vis-à-vis des fosses temporales et offrant une largeur uniforme de 20 centimètres à partir de ce point jusqu'à son extrémité postérieure , les arcades fronto-mastoïdiennes très -développées et portées en dehors surplombent au-delà des parties latérales de la tête et don- nent à cette partie une amplitude de 22 centimètres de largeur. Os nasaux occupant plus de la moitié de la lon- gueur du museau, mesurant en longueur 17 centimètres de leur pointe antérieure à l'extrémité antérieure du frontal principal, séparés de la pointe postérieure des intermaxil- laires sur une longueur de 10 centimètres seulement, où, les deux maxillaires supérieurs se rapprochent par suture sur la ligne médiane ; les os nasaux très-distincts l'un de l'autre dans toute leur étendue par une suture profonde et enfoncée, ce qui accentue encore plus les deux bosses assez prononcées que forment , sur les régions latérales , les os nasaux et lacrymaux. Toute cette région du museau com- prenant l' intermaxillaire , les maxillaires supérieurs , les os nasaux, lacrymaux et frontaux antérieurs , marquée de rugosités très-nombreuses, quoique peu profondes. Os lacry- maux larges, quadrilatères, rejetés sur les côtés. Frontaux antérieurs petits et quadrilatères. Frontal principal court — Ul — et large, mesurant en longueur 1 \ centimètres de sa pointe antérieure , entre les nasaux à la pointe postérieure dépen- dant de la crête sagittale et en largeur, 10 centimètres entre les orbites ; toute la surface de ce frontal principal creusée de fossettes profondes, irrcgulières et très-nombreuses , assez grandes au centre , très-petites et très-multipliées sur les côtés. Orbites dirigés ohliguemcni de côté, non entièrement circîdaires, mais offrant, dans la partie en rapport avec le frontal principal et les frontaux antérieurs , une inflexion assez sensible, inais ne déterminant pas toutefois un rebord saillant en forme d'auvent au-dessus des yeux. Crête occi- pito-froniale très-courte , étroite au milieu , un peu plus dilatée en avant et en arrière , mesurant en tout 1 0 centi- mètres de longueur. Fosses temporales très-grandes en largeur, mais assez courtes , mesurant 12 centimètres de long ,10 de large. Arcades fronto-mastoïdiennes assez fortes, larges et épaisses, faisant saillie en dehors, presque lisses, à bords coupés en vive arête. A la partie inférieure, la région intermaxillaire formant le plateau dentaire an- térieur , large et dilatée , mais courte , rétrécie en avatit, largement échancrée en arrière pour recevoir la partie antérieure étranglée du maxillaire supérieur. La région du maxillaire supérieur large et plane, mais montrant deux gouttières superficielles bien marquées qui régnent sur toute sa longueur en courant parallèlement à la suture médiane et s'accentuent davantage en approchant des palatins ; cette portion mesurant 25 centimètres de longueur depuis sa partie étranglée en rapport avec les inter maxillaire s jusqu'à la pointe antérieure des palatins. Palatins assez développés, assez grands , assez fortement bombés. Fosses palatines petites. Ouverture postérieure des narines , fosse ptérygoî- dienne et sphénoïde inconnus. Région alvéolaire assez large, bien délimitée, disposée de façon a ce que les dents — U2 — soient comptèienietn dirigées de haut et bas; les alvéoles grandes , arrondies et irès-rapproc liées ^ au nombre de 3 de chaque coté sur le plateau dentaire et de \^ de chaque côté sur les maxillaires , ce qui fait un total de hh dents pour la mâchoire supérieure et Zi2 à la mâchoire inférieure, re- présentant en tout 86 dents comme formule dentaire. Obs. Le Teleidosaurus Calvadosi nous a offert un certain nombre de débris de têtes , mais peu d'ossements , soit du squelette proprement dit , soit du squelette dermique. Ce sous-genre est fort remarquable et semble former une sorte de passage entre les Slénéosaures et les Métriorhynques, bien que la composition générale des os de la tête soit presque en tout semblable à celle du premier de ces sous-genres. Son histoire n'offre rien de bien remarquable ; l'espèce même avait été méconnue pendant longues années, et ce n'est qu'en 1865 que mon père reconnut ses caractères tout-à-fait spéciaux et décrivit une tête de cette espèce , qui avait été recueillie l'année précédente par M. Morière, dans les carrières d'Alle- magne près Caen. Rapportée d'abord par mon père au genre Teleosaurus, cette espèce lui parut devoir former une section remarquable dans la famille , et ses caractères m'ont semblé depuis assez spéciaux pour mériter la création du sous-genre Teleidosaurus , comme on a pu d'ailleurs le voir dans les considération préliminaires de ce prodrome D'après les quelques débris de squelette que nous pou- vons rapporter avec certitude à cette espèce, nous devons conclure que ses formes générales étaient beaucoup plus lourdes et plus trapues que celles des autres Téléosauriens déjà étudiés ; mais moins cependant que ne devrait le faire supposer la brièveté et la force de ses mâchoires. Ces débris ne consistent guère qu'eu quelques vertèbres dont une cer- vicale, quelques os du bassin, deux fausses côtes cervicales, — 143 — et enfin quelques débris de côtes. Nous sommes, par consé- quent, loin de connaître le squelette, bien moins encore de pouvoir même approximativement hasarder une restitution de son ensemble. C'est une de nos lacunes paléontologiques que le temps et des circonstances favorables viendront sans doute combler tôt ou tard. DÉTAILS ANATOMIQUES (1). On est frappé, au premier abord, des différences que cette tête présente avec celles des autres Téléosauriens décrits jusqu'ici. Quoique de grande taille, elle est beaucoup plus courte et plus massive. Sa longueur mesurée depuis l'angle postérieur de la mâchoire inférieure jusqu'au bout du museau est de 68 centimètres. Sa largeur prise au niveau de la côte postérieure et de l'écartemeut des surfaces articulaires de la mâchoire inférieure est de tlx centimètres, et sa hauteur en arrière d'environ 18 centimètres. Son nmseau n'a pas une direction tout-à-fait horizontale ; il se déprime un peu vers son milieu pour se relever légèrement derrière l'ouverture antérieure des narines. Il est arrondi sur les côtés et assez fortement déprimé, surtout en arrière, à partir du frontal principal, et montre sur la ligne médiane une gouttière lon- gitudinale large et superficielle. La hauteur du museau est, en moyenne, à peu près de 3 centimètres ; il en résulte que cette partie de la tête du Teleidosaurus Calvudosi est d'une hauteur d'environ 6 centimètres ; en d'autres ternies , le museau de cette espèce représente une pyramide allongée, (1) Nous reproduisons ici, sauf quelques légères modifications de détail, les observations que mon père avait présentées en 1864 en décrivant cette espèce. Voir Bul/et. Soc. Linn. de Normandie, tome X, p. 200 et suivantes. quadrangulaire, à angles arrondis, un peu plus déprimée en dessus et en dessous que sur les côlés. Aussi, la forme géné- rale de la tète ressemble bien moins h celle du Gavial du Gange et à celle des ïéléosaures ou des Sténéosaures, qu'à celle de quelques Crocodiliens vivants à museau très-aigu, tels que le Crocodiius iniermedius ou Molinia iniermedia de Gray, les Molinia Leptorhyncha et Schiegeii {\\ En effet, les formes lourdes et massives du Te le i do saur us Cnlvadosï rappellent plutôt un Crocodilien qu'un Téléosauricn ; mais ce n'en est pas moins un Téléosauricn des mieux caractérisés qui semble montrer un passage entre les Sténéosaures et les Métriorhynques , comme nous l'avons déjà du reste in- diqué p. 131 de ce prodrome. Face supérieure de la tète. Le crâne est borné en arrière par une crête très-élevée et tranchante, cambrée, formant un angle très-prononcé, à sommet arrondi et dirige en avani, correspondant au milieu du bord postérieur du pariétal. Cette crête s'épaissit et s'arrondit sur les côlés qui sont formés par les mastoïdiens. Un peu en dehors de la partie moyeime se voit le point de jonction des deux os pariétal et mastoïdien , constituant cette crête qui est d'ailleurs à peu près horizontale. (1) Celte dernière espèce a élé décrite sous le nom de Gavialis Schlegieli, et considérée depuis par la plupart des auteurs comme un véritable Gavial ; mais, bien que le museau soit très-allongé, c'est en tout la composition de la tête osseuse des Molinia et des autres espèces de ce sous-genre, très-voisin du reste des Crocodiles proprement dits. L'étude rigoureuse que j'ai pu faire d'une magnifique tête osseuse appartenant an Muséum ne peut laisser aucun doute à ce sujet. ~ U5 — Les fosses temporales ont une forme à peu près carrée, à angles arrondis, dont le postérieur externe se prolonge en arrière. Les os qui les circonscrivent sont , en arrière , le pariétal et le mastoïdien ; en dehors , le mastoïdien et le frontal postérieur ;• en dedans et en avant , le frontal principal ; plus en arrière , le pariétal. Cet os montre en arrière un espace triangulaire lisse dans cette espèce et qui, dans d'autres Téléosauriens , est garni de petites fossettes. Dans l'intérieur de la fosse temporale, on voit en outre la grande aile du sphénoïde , la face externe du rocher et une partie du tympanique ; on y voit encore l'orifice antérieur d'un conduit sinueux qui s'ouvre dans le trou auditif. Le frontal principal est très-étendu dans le sens trans- versal. Sa longueur, mesurée de sa pointe antérieure à son extrémité rétrécie qui s'unit au pariétal , égale à peu près sa largeur, il ne concourt à former l'orbite que dans une faible étendue ; je ne connais que le Metriorkynchus hastifer où il se montre encore moins étendu ; sa surface est entière- ment plane, plus que dans les Steneosaurus et les Teleosau- rus ; elle est couverte de vermiculations profondes, sinueuses, très-irrégulières, les plus grandes au milieu, les plus petites sur les parties latérales ; celle ornementation est également très-différente de celle de tous les autres Téléosauriens. Le frontal postérieur qui sépare la fosse temporale de l'orbite n'offre rien de particulier , sa surface supérieure montre quelques vermiculations faisant suite à celles du frontal principal. Le frontal antérieur est petit, un peu plus étendu dans le sens transversal que d'arrière en avant. Le lacrymal est plus grand et s'étend assez loin sur le museau. Ces deux os comme les précédents, sont ornés de vermiculations qui s'ef- facent et disparaissent vers les faces latérales de la tête. Les 10 — l/t6 — os nasaux sont grands et montrent leurs rapports ordinaires avec le frontal principal, le frontal antérieur, le lacrymal et le maxillaire supérieur. Leur pointe antérieure est loin d'atteindre l'intermaxillaire ; l'intervalle qui les en sépare et où viennent se toucher les maxillaires est de 9 centi- mètres, c'est-à-dire qu'il égale la moitié de la longueur des os nasaux dont la pointe s'atténue beaucoup à leur extrémité antérieure. Les os maxillaires présentent leurs rapports ordinaires : en arrière, avec le jugal , le lacrymal et le nasal; en dedans, avec leur semblable ; eu avant , avec l'intermaxil- laire. Ils ont beaucoup plus de largeur en arrière qu'en avant ; leur surface est arrondie en dehors et couverte de rugosités vasculaires ; ils se touchent sur la ligne médiane dans une étendue à peu près égale au tiers de leur longueur. Sur leur ligne de jonction se voit une gouttière superficielle, plus marquée dans le voisinage où ils atteignent l'intermaxil- laire. Ils se rétrécissent un peu à leur extrémité antérieure et concourent h former cette sorte d'échancrure latérale, peu éloignée du bout du museau et qui sert à loger deux dents de la mâchoire inférieure plus saillantes que les autres. Les intermaxillaires ont une longueur de 10 centimètres et montrent en arrière une longue pointe entre les maxillaires auxquels ils s'unissent par une suture oblique en zigzag ; il s'ensuit que leur longueur, à leur bord externe, n'est plus que de 6 centimètres; au niveau de l'ouverture des narines, leur largeur est de 5 centimètres, tandis qu'au niveau de leur suture avec le maxillaire elle est encore de 55 millimètres ; d'où il résulte que le museau va toujours en se rétrécissant depuis sa base jusqu'à son sommet en avant, et que, s'il semble se renfler un peu avant sa terminaison, cela dépend de la légère dépression latérale existant à l'union du maxillaire et de l'intermaxillaire; à 25 millimètres du bout du museau, — \U1 ~ ces deux intermaxillaires sont subitement tronqués , et la troncature est oblique de haut en bas, laissant seulement en dessous des os une épaisseur de ^ à 5 millimètres ; au milieu de la troncature, se voit l'ouverture antérieure des narines, à peu près circulaire et de 18 millimètres de diamètre. En avant de cette ouverture, les intermaxillaires se relèvent presque subitement par un tubercule arrondi, d'environ 1 centimètre de haut. De même, au devant de l'ouverture des narines, la pointe des intermaxillaires se relève en formant un petit tubercule de ^ à 5 millimètres de sailhe ; des deux côtés de l'ouverture nasale, les inîermaxillaires montrent une surface obliquement allongée de haut en bas, sur laquelle ont dû s'insérer des parties molles, muscles ou cartilages, pour fermer et ouvrir, au besoin, l'entrée des voies respiratoires. Faee inférieure de la tête. La voûte palatine est à peine bombée, et sa surface est à peu près lisse ; on y voit en arrière quelques stries ou gout- tières longitudinales dans le fond desquelles sont de petits trous pour le passage des vaisseaux du périoste. Mais à la limite extrême de la suture des palatins avec les maxillaires supérieurs, non loin de la jonction de ces deux os avec leurs semblables, existe de chaque côté un trou auquel vient aboutir une gouttière qui marche parallèlement k la suture et qui logeait d'assez gros vaisseaux et probablement un nerf. Tous nos ïéléosauriens présentent cette disposition; mais, dans le Teleidosaurus Calvadosi, ce trou est très-considé- rable, de même que les gouttières qui sont plus écartées que dans les autres espèces. Outre ces gouttières dirigées d'arrière en avant, on en voit d'autres, naissant aussi des trous, qui rebroussent et se dirigent en arrière. On y en voit encore d'autres ramifiées et qui s'anastomosent avec les gouttières récurrentes. — IhS — L'intermaxillaire n'occupe, dans la partie moyenne de la face inférieure, qu'une étendue de 3 centimètres ; mais, sur les côtés, il en occupe 6 , disposition provenant de l'obliquité et des contournements de la suture avec le maxillaire supé- rieur. Derrière les deux premières alvéoles , sont deux petites gouttières obliques dont les autres espèces ne montrent pas d'exemple. Faee latérale de la tête. L'arcade fronto-mastoïdienne est forte, mais relativement plus courte que dans les autres espèces ; son étendue d'ar- rière en avant, jusqu'à l'orbite, est de 12 centimètres, c'est-à-dire qu'elle est un peu plus courte que le frontal prin- cipal. Elle est formée , comme à l'ordinaire , par le mas- toïdien en arrière et le frontal postérieur en avant. Dans leur union vers le milieu de l'arcade , le frontal postérieur présente un sinus anguleux dans lequel s'engage en pointe le mastoïdien ; mais , en dessous , le frontal postérieur se pro- longe jusqu'au tympanique, qu'il atteint près du trou au- ditif. Cette arcade n'est marquée que par quelques rugosités peu profondes. L'arcade zygomatique est bien plus grêle que l'arcade fronto-mastoïdienne , dont elle égale la longueur ; elle est formée par le zygomatique en arrière , et par un prolonge- ment postérieur du jugal. L'espace vide qui sépare les deux arcades est haut d'un peu moins de 3 centimètres. L'orifice du conduit auditif est constitué, comme toujours, par une lame recourbée du tympanique. Il n'y a pas de différences essentielles dans cette région pour tous les Téléo- sauriens. Nous renvoyons donc, pour le conduit et l'os tym- panique, au grand mémoire de mon père sur les Téléosau- riens , p. 119 et pi. IV , fig. 16 , chiffres 7,3,6. — 149 — L'orbite est proportionnellement grand ; son pourtour est formé, comme à l'ordinaire, par le frontal principal, par le frontal antérieur , par le lacrymal, par le jugal et par le frontal postérieur. Toutefois, dans le Teleidosaurus Cal- vadosi, la part du frontal principal dans le pourtour de l'orbite est bien plus petite que dans les autres Téléosauriens que nous avons étudiés jusqu'ici et ressemble davantage à cette même partie dans les Metriorhynchus ; la part du frontal antérieur est, par contre, bien plus considérable, et cet os semble avoir une tendance à se porter en dehors en formant, sur la ligne du lacrymal et du frontal principal, une inflexion en rn assez prononcée ; le frontal antérieur empiète aussi un peu sur la place qu'occupe, dans les Sténéosaures, le lacrymal, dont tout le développement semble se concentrer pour former la partie antérieure de l'orbite. C'est une tendance manifeste vers la forme de cette partie de la tête dans le genre Metriorhyn- chus, avec lequel notre Teleidosaurus a d'ailleurs, comme on voit, un certain nombre d'autres caractères de ressemblance. L'orbite, presque entièrement dirigé en dehors , a une forme presque circulaire. Très-près de la suture du jugal et du lacrymal est le trou sous-orbitaire , qui est très-petit dans cette espèce. Faee postérieure de la fête. Cette portion est admirablement conservée dans la tête qui fait l'objet de cet article. Celte face postérieure est large de 22 centimètres ; la hauteur , prise un peu au-dessous du condyle de l'occipital , est de 10 centimètres ; en d'autres termes , son étendue transversale est d'un peu plus du tiers de la longueur totale de la tête. La conformation de cette face est semblable à ce qu'elle est dans les autres Téléosau- riens ; on y voit les mêmes sutures , les mêmes parties , sauf quelques différences dans les proportions. — 150 — Le pariétal y forme une longue crête transversale courbée eu chevron, à concavité postérieure et occupant plus de la moitié de la crête , qui limite le crâne en haut et en arrière ; ses deux extrémités s'articulent , par suture très- oblique , avec la portion postérieure des mastoïdiens , et forment , conjointement avec les pariétaux , une longue bande étroite surmontant les occipitaux latéraux et l'occi- pital supérieur. Celui-ci a une forme presque carrée , un peu allongée dans le sens vertical ; il n'atteint pas le grand trou occipital; sa face postérieure est un peu concave; en haut, il présente une petite crête verticale obtuse et occupe le fond d'une dépression assez profonde située entre les occi- pitaux latéraux. Ceux-ci forment en grande partie la face postérieure du crâne ; ils s'articulent entre eux au-dessus du trou occipital qu'ils concourent à former ; en haut , avec l'occipital supérieur , le pariétal et le mastoïdien ; en des- sous , avec l'occipital inférieur et le tympanique. Ils mon- trent au milieu deux fortes saillies transversales , beau- coup moins prononcées en dedans qu'en dehors , où leur extrémité est en partie embrassée par un repli du mastoï- dien. On y remarque encore trois trous : l'un , le plus inférieur , est l'orifice postérieur du canal carotidien ; un second, situé en dedans, près du grand trou occipital, devait donner passage au nerf grand hypoglosse ; un troisième, situé plus en dehors , devait donner passage au nerf pneu- mogastrique. Sous la grande saillie transversale existe , de chaque côté , un enfoncement très-profond , surtout en de- hors, où il dégénère en une sorte d'entonnoir, au fond duquel existent plusieurs trous devant donner passage au nerf facial et à plusieurs de ses divisions, ainsi qu'à des vaisseaux péné- trant dans la cavité tympanique. Ces trous se trouvent dans une suture placée au fond de l'entonnoir , où se réunissent le mastoïdien , l'occipital latéral et le tympanique. Plus — 151 — inférieurement est une surface plane, oblique, qui concourt, avec le tympanique , à former cette large apophyse , avec laquelle s'&rticule la mâchoire inférieure. L'occipital inférieur montre d'abord le condyle de l'oc- cipital qu'il forme presque entièrement ; les occipitaux laté- raux n'y concourent que pour une très-petite portion sur les côtés. Au-dessous du condyle est une large gouttière , dirigée d'arrière en avant, et plus en avant, dans cette gout- tière, un trou médian. C'est l'orifice commun ou médian des trompes d'Eustache. Sur les côtés , et au-dessous du condyle de l'occipital , se voient deux gros tubercules rugueux pour l'insertion de forts muscles. Ces tubercules sont renforcés, sur les côtés, par un appendice appartenant aux occipitaux latéraux. Au haut de la face postérieure du crâne et dans la direc- tion verticale des gros tubercules inférieurs , s'en voient deux autres au niveau de la suture du pariétal , avec les occipitaux latéraux, beaucoup plus gros et plus saillants dans le Teleidosaurus Calvadosi que dans les autres espèces. Ils appartiennent aux occipitaux latéraux ; je n'en vois pas de traces dans les Crocodiliens et dans le Gavial ; seulement, la suture qui unit le pariétal aux occipitaux latéraux est là plus profonde qu'ailleurs ; dans les Crocodiles et le Gavial, il y a , à la vérité , deux tubercules peu développés , mais ils appartiennent à l'occipital supérieur. Nous venons de dire que la suture qui unit le pariétal aux occipitaux est plus profonde au voisinage des tubercules qu'ailleurs ; on peut y introduire aisément la pointe d'un scalpel. Cette disposition de la suture se remarque aussi dans les autres Téléosauriens. Mâchoire inférieure. La mâchoire inférieure est plus forte et plus massive que — 152 — chez les autres Téléosauriens. Elle est formée , comme à l'ordinaire, des six os distincts, que l'on voit également dans les Crocodiliens , à savoir : le dentaire , l'operculaire , l'angulaire, le surangulaire, l'articulaire et le complémen- taire. La longueur totale de cette mâchoire est de 67 centi- mètres, celle de la portion symphysée est de 29 centimètres, celle de la longueur des branches est , en conséquence , de 38 centimètres, dont 7 pour la partie angulaire , mesurée de la crête saillante transversale de l'articulation jusqu'à l'angle postérieur; cette portion angulaire est horizontale, comme dans les autres Téléosauriens. L'écartement des branches , pris au niveau et en dehors de l'articulation, est de 23 cen- timètres ; la largeur du corps de la mâchoire au niveau de l'origine de la symphyse est de 10 centimètres, et à celui de la 3*= et k^ dent , en les comptant d'avant en arrière , elle est de 5 centimètres. Ainsi, comme à la supérieure, la largeur de la mâchoire inférieure va en diminuant jusqu'à son extré- mité , qui est obtuse et bifide ; derrière la U^ dent , la mâchoire se rétrécit de 2 à 3 millimètres. Au niveau de l'origine de la symphyse, la hauteur du corps de la mâchoire est de 3 centimètres ; derrière la 6* dent antérieure , cette hauteur est diminuée de 5 millimètres ; la plus grande hau- teur des branches, à l'origine du grand trou qui les traverse, est de 6^ millimètres ; la longueur de ce dernier est de 9 cen- timètres et sa hauteur de 25 millimètres. La surface supérieure du corps de la mâchoire est un peu concave, surtout en arrière, à peu près lisse , avec quelques petits trous vasculaires. La région alvéolaire est assez forte- ment inclinée en dehors, large et séparée de la supérieure par un léger bourrelet ; en dehors est une rainure , au fond de laquelle se voient de nombreux trous vasculaires. Derrière la i* dent , existe un espace d'à peu près 1 centimètre de — 153 — long , qui sépare l'alvéole de la h^ dent de celle qui la suit et sur lequel s'appuyaient une ou deux dents de la mâchoire supérieure. C'est le plateau dentaire inférieur, qui montre, par conséquent, 8 dents. Une disposition analogue se voit à la mâchoire supérieure ; mais, au lieu de 8 dents, le plateau dentaire supérieur n'en porte que 6 , ou plutôt 6 alvéoles ; chez d'autres Téléosauriens, il y en a 8, et ces dents sont un peu différemment groupées, suivant les espèces. Chez le Gavial du Gange, le plateau dentaire supérieur porte 10 al- véoles de grandeur inégale , très-inégalement espacées. L'os complémentaire est enlevé en totalité sur la branche droite ; on voit , à la place qu'il occupait, une rainure pro- fonde , dans le fond de laquelle on aperçoit la suture de jonction de l'operculaire avec le surangulaire. Dans l'angle rentrant que forment en arrière les deux branches de la mâchoire, au point où commence la portion symphysée, est l'oriûce infondibuliforme d'un canal qui parcourt, d'ar- rière en avant , une partie de la portion symphysée. En dessous, le corps de la mâchoire est aplati , surtout en arrière , et arrondi sur les côtés ; toute sa surface est très- rugueuse et montre un grand nombre de sillons profonds et de trous vasculaires. Le bord inférieur des branches est arrondi et rugueux par des trous et sillons vasculaires ; on y voit encore des rainures assez profondes , où existent les sutures de Tangulaire avec l'operculaire et le dentaire. Relations géologiques. — Le Teteidosaurus Calvadosi provient du fuUers'earth ou calcaire de Caen, et il devait être assez répandu, si l'on en juge par les débris assez nombreux de (ête qui ont été recueillis à diverses reprises. Je possède , dans ma collection , des portions de tête appartenant au frontal , à la portion articulaire du tympanique et à un tronçon mutilé de mâchoire, qui ont été recueillies également. — 154 — il y a longues années , dans les carrières d'Allemagne près Caen. Je possède encore un magnifique fragment de mâchoire inférieure, où la partie symphysée, les dents et une partie des complémentaires sont admirablement conservés. Cette portion avait été recueillie par 31. le D' Perrier, dans les carrières de Bazoches près de Falaise. M. Perrier sachant tout le pri\ que j'attachais aux débris de Téléosauriens , voulut bien enrichir ma collection de cette pièce importante, (|ueje conserve précieusement comme souvenir de l'amitié que me portait cet homme aimable et savant , qui fut , pen- (iant longues années , mon compagnon de recherches dans mes études géologiques. Mais la pièce la plus importante est celle que nous décri- vons dans cet article, recueillie à Allemagne par M. Worière, et qui fait l'un des ornements du musée de la Faculté des Sciences de Caen. Elle a été moulée avec grand soin par M. Slahl, et les modèles de cette pièce remarquable existent maintenant et pourront être consultés dans un certain nombre de collections publiques , telles que celles de la Sorbonne , du Riuséum, de l'École de Cluny , etc. , etc. La Faculté des Sciences possède également une seconde et très-belle mâchoire inférieure. Enfin , un superbe tronçon de mâchoire inférieure, com- prenant toute la partie symphysée , et auquel les branches seules manquent , se voit dans le musée du Havre. Il a été recueilli par M. G. Lennier, conservateur de ce musée, et a été trouvé dans une pierre de taille , qui avait été extraite de l'ancienne église du Havre , dont la plus grande partie avait été bâtie avec du calcaire de Caen, provenant, de toute évidence, des carrières, soit d'Allemagne, soit de La Mala- drerie. Les portions de la tète du Teleidosaurus Calvadosi sont donc faciles à étudier sur les pièces originales qui font partie — 155 ~ de ces diverses collections. L'espèce a , d'ailleurs , été éga- lement recueillie , hors de Normandie et au même niveau , dans les environs de Niort, TELEIDOSAURUS JOBERTI (Nov. spec.) E^ig. DesL, 1809. Ce que nous connaissons de la tête de cette deuxième espèce de Teieidosaurus est trop incomplet pour que nous puissions donner une diagnose , c'est simplement une consta- tation d'espèce, d'après quelques-uns de ses caractères spé- cifiques. Les fragments de cette intéressante pièce ont été donnés au musée de la ville de Gaen , il y a longues années déjà (1825), par feu M. Jobert aîné, négociant, qui les avait obtenus dans d'assez singulières circonstances. Des maçons démolissant l'escalier d'une cave, dans une maison de la rue St- Etienne , à Caen , brisèrent, en la déplaçant , la pierre qui contenait ces fragments. M. Jobert s'arrêta avec les curieux, qui admiraient niaisement des os dans la pierre, et , sachant tout le prix que mon père attachait aux débris fossilf'S , lui remit ces ossements , qui furent dégagés avec grand soin et soumis à Ë. Geoffroy-Saint-Hilaire , qui , dès cette époque , était entré avec mon père dans une corres- pondance très-aclive , au sujet des Crocodiliens vivants et fossiles. Ces pièces consistaient en un fragment très-petit de la mâchoire supérieure ( intermaxillaire droit ) ; une grande partie de la mâchoire inférieure comprenant la portion sym- physée droite tout entière avec une portion de la partie symphysée gauche ; enfin deux vertèbres dont une caudale et quelques parties mutilées du bassin et même des membres. Nous avons longtemps hésité à séparer le Teieidosaurus Joberti de l'espèce décrite précédemment sous le nom de Teleid. Calvadosi ; leurs caractères respectifs présentent en — 156 — effet tant de rapports que nous inclinions à penser que nous n'avions ici qu'une simple variété plus faible et à museau plus effilé que la précédente. Toutefois , comme en comparant minutieusement les parties correspondantes de ces soi-disant variétés, les différences deviennent de plus en plus multipliées , et que, par contre, si nous comparons les mêmes parties dans les quatre autres échantillons , ces dernières sont en tout identiquement semblables: nous avons pensé que nous avions là deux espèces différentes , quoique voisines , dont les caractères devront être mieux précisés plus tard, lorsque nous aurons pu recueillir des échan- tillons plus complets. En inscrivant cette espèce sous le nom de Teteido- saurus Joberii , nous avons voulu rappeler la mémoire de M. Jobert , qui sauva cette pièce d'une destruction cer- taine, et qui a d'ailleurs enrichi la collection de la Faculté des Sciences d'un certain nombre de pièces importantes. DÉTAILS ANATOMIQUES. Il ne reste de la mâchoire supérieure que la portion droite de l'inlermaxillaire (adnasal de M. E. Geoffroy-St-Hilaire ) formant la moitié du plateau dentaire supérieur. Cette por- tion ressemble beaucoup à la partie correspondante du Te- leidosaurus Calvadosi. Les proportions en sont un peu plus grêles que dans l'espèce précédente ; elle est toutefois plus arrondie et l'extrémité antérieure en est moins comprimée. La forme du museau du Teieidosaurus Joberti devait donc être à peu près arrondie à son extrémité et non pincée et presque triangulaire comme dans le Teleid. Calvadosi. La mâchoire inférieure , quoique mutilée , est assez com- plète pour qu'on puisse reconnaître exactement la forme de sa partie symphyséc , en rapprochant les deux tronçons droit - 157 — et gauche et en restituant par un trait ce qui manque au côté gauche, on a bien exactement la forme, au moins de la partie syniphysée , car la moitié au moins des branches est absente. Si on compare alors cette mâchoire à celle du Teleidosaurus Calvadosi, on voit que la première est beaucoup plus grêle et que les branches de la mâchoire du Tel. Joberti étaient bien plus comprimées et moins larges que dans la première espèce. Le plateau inférieur montre également des diffé- rences assez sensibles. Ainsi dans le Teleid. Calvadosi , les h alvéoles sont à peu près d'égale grandeur, et c'est à peine si Ton peut trouver une différence appréciable entre les in- tervalles des deux premières et des deux dernières dents et celui qui sépare la 3^ de la /^^ Dans le Teleid. Joberti , au contraire, on voit que ce plateau dentaire est beaucoup moins dilaté que dans la précédente espèce , les deux premières alvéoles 1 et 2 sont les plus petites ; elles sont séparées de la 3* par un intervalle très-sensible , tandis que les deux der- nières, 3 et ^, sont très-rapprochées l'une de l'autre ; la 3* est un peu plus grande que les deux premières ; la h'' est la plus grosse de toutes. Cette disposition se voit également, et mieux encore peut-être , en considérant cette mâchoire de profd. Ce plateau dentaire montre U centimètres de longueur et 2 de largeur. Mesurée de l'extrémité du nuiseau à l'extrémité de la partie symphysée, nous comptons '2k centimètres; la largeur des deux blanches prises ensemble à l'extrémité pos- térieure de la symphyse , nous donne h cent. 1/2 mesurée à l'extrémité antérieure de l'operculaire. Cette largeur est de 4 1 /2 centimètres sur une épaisseur de 2 1/2. Il reste de l'opercu- laire la pointe qui s'engage de chaque côté des dentaires pour compléter la région symphysée. Cette pointe mesure , depuis son extrémité antérieure jusqu'à sa portion terminale en arrière, 9 centimètres 1/2. En dessous, les branches de la mâchoire inférieure sont arrondies et ne présentent pas vers — 158 — la région operculaire, cette portion tout-à-fait aplatie, naissant brusquement et à angle droit sur les côtés. Toute la surface antérieure de cette mâchoire est fortement rugueuse , les trous nourriciers sont très-accentués , tout y indique un animal dont l'âge était très-avancé. Aussi les dimensions de cette pièce , qui sont bien moins considérables que dans les parties correspondantes du Teleidosaurus Calvadosi , pren- nent-elles encore une importance spécifique , car il est à croire que nous avions sous les yeux deux animaux adultes. Le Teleidosaurus Joberti , si ces présomptions sont vraies , serait d'un tiers au moins plus petit que le Teleidosaurus Calvadosi. Il ne faudrait pas supposer que la tête seule fût réduite dans cette espèce , et que le reste ne fût pas en rapport , comme cela a lieu par exemple dans le Teleosaurus Cado- mensis. Les quelques parties du squelette que nous con- naissons offrent aussi des tailles bien plus petites que leurs correspondantes du Teleid. Calvadosi. Relations géologiques. — Nous ne connaissons point exactement la provenance du Teleid. Joberti, puisque ses débris ont été extraits d'une maison construite depuis lon- gues années. La pierre qui les renfermait appartient de toute évidence à l'une des variétés connues sous le nom de cal- caire de Caen , c'est-à-dire du fullers'earih. En consi- dérant attentivement le grain de la pierre d'où ces ossements avaient été extraits, mon père s'assura qu'elle ne présentait pas le caractère de la pierre de Caen proprement dite , dont est bâtie la ville et qui provient des carrières d'Allemagne , de Vaucelies ou de la Maladrerie , mais que cette pierre venait évidemment d'Aubigny , près Falaise. Plusieurs échantillons de Lima gibbosa et de Pecten lens , qui s'y rencontrèrent , sont tout-à-fait identiques de couleur et de — 159 — faciès avec ceux qui abondent dans les parties inférieures du fuliers'earth des environs de Falaise. Les seuls débris que nous connaissions de cette espèce appartiennent , avons-nous dit , au musée de la Faculté des Sciences de Caen. Ces pièces furent moulées avec grand soin par le mouleur du Muséum sous la direction de E. Geoffroy Saint-Hilaire , et un certain nombre de modèles furent alors distribués à diverses collections; j'en possède un exemplaire ; on peut également les voir dans la collection d'anatomie comparée du Muséum de Paris, à la Sorbonne, collection Brongniart , etc. , etc. Genre METRIORHYNCHUS. Les Métriorhynques , ainsi que nous l'avons déjà indiqué , forment un genre très-naturel qui semble dominer dans les assises jurassiques supérieures, en même temps que le nombre des Sténéosaures diminue. On éprouve de grandes difficultés pour reconnaître les caractères distinctifs des espèces qui sont très-voisines les unes des autres, ce qui a lieu d'ailleurs dans toutes les coupes bien naturelles; mais, par contre, les caractères du genre sont des plus tranchés et permettent de distinguer facilement même de simples fragments isolés de mâchoire et de ne pas les confondre avec ceux des autres genres ou sous-genres de la même famille. Rappelons les caractères distinctifs des Métriorhynques. Ce sont : 1° la forme allongée et déprimée de l'extrémité du museau , dont le disque dentaire porte toujours en dessus trois dents plus grosses que les suiv.tnles et en dessous quatre dents correspondantes ; 2" la forme allongée et renflée des os nasaux , qui s'étendent beaucoup plus que dans les - 160 — Téléosaures et dont la pointe antérieure vient quelquefois atteindre et même dépasser la ligne de suture des os maxil- laires; 3° la disposition remarquable des frontaux antérieurs largement développés et surplombant les orbites , en formant une sorte d'arcade sourcilière ; h° le peu de développement des os lacrymaux très-petits et rejetés tout-à-fait sur les côtés au fond d'une gouttière qui donne à cette partie de la tête une forme toute particulière ; 5" enfin , la forme générale de la partie postérieure de la tête en rapport avec l'arrière-crâne qui, au lieu d'être quadrilatère, forme une sorte de triangle très-aplati, dont la base s'étend entre les deux surfaces d'ar- ticulation avec la mâchoire inférieure et dont les côtés vont en s'atténuant vers la partie postérieure de la crête sagittale qui, dans ce point, est beaucoup plus saillante que dans les autres Téléosauriens. Si îious considérons la face inférieure de la tête, ses caractères sont non moins spéciaux. Ce sont : 1° la forme de la portion interalvéolaire du museau , qui dans toute sa longueur est creusée d'une double gouttière latérale, s'accentuant de plus en plus ou s'approchant des palatins , dont la ligne de jonction forme en outre une crête très-forte qui rend ces deux gouttières plus manifestes en- core , tandis que , dans les Téléosauriens proprement dits , toute cette légion est uniformément plane ou régulièrement bombée ; 2° la forme allongée et rétrécie des os palatins ; 3° la disposition non moins remarquable de l'orifice pos- térieur des narines ; k" enfin , la position oblique d'avant en arrière , et le peu de développement du corps du sphénoïde. La mâchoire inférieure nous offre aussi des différences tran- chées que nous signalerons dans la description des espèces. Tels sont les caractères spéciaux qui sont communs à toutes les espèces du genre. Quant à ceux qui différencient les espèces, ils sont beaucoup plus difficiles à saisir : un peu moins ou un peu plus de longueur, forme plus ou moins — 161 — massive du museau , différences légères dans la longueur , les proportions relatives et les rapports des os maxillaires , naseaux et frontaux antérieurs , voilà à quoi se bornent les différences qui nous permettent de séparer les espèces entre elles. Aussi faut-il, quand on décrit une tète de Métrio- rhynque, apporter le plus grand soin pour que celte des- cription ne puisse pas convenir aussi bien à celle qu'on a sous les yeux qu'à toute autre espèce voisine. J'ai fait tous mes efforts pour écarter cet inconvénient , et pour la des- cription des cinq espèces que je pense avoir pu séparer au moyen de caractères constants, je crois que le mieux est d'adopter une sorte de cadre dont l'uniformité même fera mieux ressortir les légères différences spécifiques. En un mot , la description de chaque espèce sera , pour ainsi dire , un calque de la description des autres où les caractères spéciaux de chacune d'elles apparaîtront d'eux-mêmes par comparaison. Pour mieux faire juger de ces différences, j'ai adopté pour les figures une disposition qui permette de grouper ensemble les mêmes aspects de tête de plusieurs espèces, au lieu de consacrer une planche particulière à chacune, comme je l'avais fait autant que possible pour les Téléosaures, Sténéosaures, Téleidosaures , etc.; car, je le répète, pour les Métriorhynques il faut user de tous les moyens possibles et on ne peut chercher trop de clarté pour éviter la confusion. Du reste , la méthode dichotomique rendant souvent de grands services pour faire distinguer les espèces voisines , nous essaierons de l'employer ici. / Museau très-court ; pointe des os nasaux atteignant et même dé- 1 passant la suture des os intermaxillaires. Met. brachyrhynchus. \ Museau plus ou moins allongé; pointe des (os nasaux séparée de la suture des inter- maxillaires par un espace où les maxil- laires supérieurs sont eu rapport .... 2 11 — 102 — Museau très-robusle et très-diluté , moins de 25 dents ù la mùchoire supérieure. . Met. Itastifer. 2 7 Museau plus ou moins robuste , mais ci; / même temps assez élancé; plus de 25 dents \ à la mâchoire supérieuie 3 / Os nasaux très-renflés en arrière où ils for- i ment deux bosses longitudinales très- \ marquées ; frontal nnlérieur excessive- 3 ' ment développé et très-saillant en dehors Met, superciliosua. I Os nasaux peu rentlésen arrière, frontal ! antérieur médiocrement développé et peu \ saillant en dehors 4 / Animal de très-grande taille, formes Ira- \ pues, museau robuste Met. Moreli. j Animal de moyenne taille, formes sveltes , museau cfTdé Met. Blainvillei. METRIOnilYNCHUS BLAINVILLEI {Eud.-DesL) , 1866, sp. Djagn. Museau assez effilé, (juoiquc robuiie , îiii peu déprivié dans toute sa longueur , conservant ta même larqeur juscfiiau Jiiveati de la pointe des naseaux , à partir de laquelle la tête s'élargit et se bombe de plus en plus , en déterminant une bosse assez prononcée , due au renfle- menl de ces os nasaux , mais continuant régulièrement la courbuic des parties latérales; la sulure lonqiludwale séparant les deux naseaux sur la ligne médiane formant une ligne régulièrement enfoncée , mais peu profonde. Ce museau mesurant en longueur , depuis son extrémité an- térieure jiisqu au niveau des orbites, h centimètres, qui se partagent ainsi: l/i centimètres de l'extrémité antérieure à la pointe postérieure des intcrmaxillaires , 8 centimètres de cette dernière à la pointe antérieure des naseaux, 17 cen- — 1()3 — timèlres de cette dernière à l'extrémùé antérieure du frontal principal. La largeur, de U centimètres 1/2 vis-à-vis la pointe postérieure des intermaxillaires , est rfe 5 1 /2 vis-à- vis la pointe des naseaux. La tête s'élargit ensuite régu- lièrement et atteint 16 centimètres au niveau antérieur des orbites et 18 aw niveau postérieur de ces mêmes orbites , à partir desquels les arcades fronto-mastoïdiennes limitent latéralement la tête en déterminant une ligne à peine oblique à l'axe de longueur. Toute cette région du museau comprenant les intermaxillaires, les maxillaires supérieurs et la moitié antérieure des naseaux presque lisse, marquée à peine de quelques légères stries ; mais la règioti postérieure et surtout les deux languettes latérales de ces derniers marquées de stries longitudinales et assez profondes. Frontaux antérieurs larges, empiétant sur les naseaux, dans la partie postérieure desquels ils s'insèrent en déter- minant sur ces derniers une large échancrure ; toutefois , ces os so7it peu développés pour le ge^ire, la saillie sur- plombante qu'ils déterminent latéralement sur les orbites atteignant ou dépassant à peine la largeur de la tête en ce point. Os lacrymaux formant une simple languette trian- gulaire , rejetés tout-à-fait de côté, presque en dedans et creusés en une gouttière qui fait suite au trou sous-orbi- taire. Frontal principal aplati , large et triangulaire , offrant la forme d'un fer de lance , mesurant en longueur l(i centimètres de sa pointe antérieure entre les naseaux à la pointe postérieure dépendant de la crête sagittale , et en largeur 10 centimètres entre les orbites, entrant pour 1/5® environ dans le pourtour de l'orbite; toute la surface de ce frontal principal marquée de fossettes superficielles, irrégulières et très-nombreuses , irradiant du centre vers les extrémités. Orbites très-grands , dirigés toui-à-fait de côtéf invisibles en dessus et complètement masqués, à leur — \GU — partie antérieure , par le développement des frontaux an- térieurs. Crête occipito-frontate ou sagittale assez allongée pour le genre , très-peu dilatée en avant , très-étranglée en arrière, mesurant en longueur totale 13 centimètres, dans sa partie antérieure dilatée 8 centimètres et 5 da?is sa partie postérieure étranglée; et en largeur, en avant, 3 centi- mètres; au milieu, à sa partie la plus rétrécie , \ centi- mètre. Fosses temporales très-larges, quadrilatères , un peu plus longues que larges , ne présentant rien de particulier. Arcades fronto-mastoïdiennes larges, fortement charpen- tées (caractères de genres). A la partie inférieure, la région intermaxillaire lotigue, m.ais un peu dilatée, formant un plateau dentaire antérieur ovalaire allongé, un peu atténué à son extrémité. La région du maxillaire supérieur ofjrant dans sa partie inter alvéolaire une double gouttière large et profonde (caractère générique) ; celte portion du maxillaire supérieur mesurant 31 centimètres de longueur depuis sa partie étranglée jusqu'à la pointe antérieure des palatins. Région des palatins formant une carène très-forte et très- saillante (caractère générique). Fosses ptèrygoïdiennes, ar- rière-narines, sphénoïde, etc. , offrant les caractères spéciaux du genre, mais rien de particulier à l'espèce. Région alvéo- laire Large et très-nettement séparée ; alvéoles très-grandes, larges et arrondies (caractère générique) ; ces alvéoles, au nombre de 3 de chaque côté sur le plateau dentaire antérieur et de 23 de chaque côté sur le maxillaire supérieur, ce qui fait un total de 52 dents pour la mâchoire supérieure, re- présentant en tout 1 Où à 106 dents comme formule dentaire. % Ons. Le Metriorynchus Blainvillei paraît être rare dans j nos couclies calloviennes, car jusqu'ici nous n'en connaissons \ que la tête, figurée dans cet article. Cette pièce, recueillie il î y a longues années, a une certaine importance historique; en — 165 — effet, décrite par mon j3ère en 18/i^ dans un petit journal intitule Revue de Caen, elle a été l'occasion de longs débats et d'une polémique qui s'établit dans le journal Vlnsiiuit entre MIVl. Bronn et Kaup d'une part , et mon père de l'autre. Les auteurs allemands prétendaient que G. Cuvier et E. Geffroy-Saint-Hilaire s'étaient mépris sur la position des arrières-narines dans les crocodiles ou gavials de Caen et d'Honfleur, dans les Téléosaures d'E. Geoffroy-Saint-Hilaire, et qu'il fallait retrancher de la science le nom de Teleosaurus, ce qui ne les empêchait pas d'admettre pour les espèces d'Allemagne un genre particulier sous le nom de Mystrio- saurus. Ces Messieurs prétendaient que la position des arrière- narines était , dans les crocodiliens jurassiques , absolument la même que dans les vivants, c'est-à-dire rejelées tout-à-fait en arrière jusque vers la région occipitale; les auteurs français, disaient-ils, avaient pris une cassure pour les arrière-narines. Mon père venait de préparer la tête que nous décrivons en ce moment, et comme les arrière-narines étaient, dans cette pièce, très-bien conservées et dans leur position normale, il combattit Terreur de MM. Kaup et Bronu, en montrant que ces Messieurs prenaient pour l'oriûce nasal postérieur un trou particulier situé effectivement presque au niveau du condyle de l'occipital, et qui n'était autre que l'orifice posté- rieur du canal carotidien. M. de Blainville avait d'abord appuyé de son autorité les auteurs allemands , mais il revint ensuite sur sa décision et confirma l'exactitude des obser- vations de mon père dans une lettre publiée dans le IX* volume des Mémoires de la société Linnéenne de Nor- mandie. M. de Blainville put lui-même vérifier la situation véritable de ces arrière-narines sur une très-belle tête de Metriorhyn- chus qui venait d'être donnée au Muséum par M. de Roissy, et qu'il inscrivit dans la science sous le nom de Crocodilus — 166 — superciliosKs (1) à cause de la forme toute spéciale du frontal antérieur. Comme à cette époque (iSkl) on ne pensait pas qu'il dûl y avoir plusieurs espèces ainsi constituées, que l'on considérait les caractères particuliers des IMétriorhynqaes comme simplement si^écifiques, mon père et M. de Blainville lui-même rapportaient les deux têtes à une seule et même espèce. Nous avons reconnu depuis , lorsque j'ai pu étudier par moi-même le type de M. de Blainville, qu'elles formaient en réalité deux espèces différentes. Mon père ayant alors occasion de signaler quelques pièces appartenant à divers Téléosauriens (2) , décrivit sommairement quatre espèces se rapportant à la section des Téléosauriens supercitiosi , comme il les appelait alors , et , pour rappeler ces circon- stances et en même temps rendre hommage h la mémoire de M. de Blainville, il désigna notre espèce sous le nom de TeleosoMrus Blainvillei, qui, d'après notre manière de com- prendre les Téléosauriens, devient par conséquent le Mctrio- rhynchua Biainviilei. Celte tête n'était accompagnée d'aucun autre ossement de l'animal, sauf une petite [ïortion de la région articulaire de la mâchoire inférieure. Le Metriorhynchus Blainvillei ressemble beaucoup par les caractères de sa tête aux deux espèces suivantes ; il s'en distingue par ses formes moins trapues , son museau plus aminci et plus délié; c'est le moins fortement charpenté des Métriorhynques. Il se distingue du Metriorhynchus superci- liosus par la forme de ses naseaux qui, quoi((ue renflés, ne montrent pas deux bosses latérales situées de chaque côté de la région orbitaire, et par la forme de ses frontaux antérieurs (1) Voir plus loin, p. 176, les observations au siijel do cette espèce. (2) Voir I" volume, 2*^ série, du Bulletin de la société Linnéenne de Normandie, p. 146 et suivantes. — 167 — beaucoup moins développés latéralement et dont l'expansion dépasse à peine le niveau de l'arcade sous-orbitaire. Il se distingue du Metriorhynckus Moreli |)ar sa taille d'un tiers plus petite, par la forme plus déliée de son museau et par quelques autres caractères de détails. Il se distinguera tou- jours facilement des deux autres espèces Metriorhynchus brachyrhynchus et hasiifcr par le museau très-raccourci et les formes lourdes et trapues de ces deux dernières espèces. DÉTAILS ANATOMIQUES. Face su|iérieuFe de la tête. La longueur de cette tête, mesurée de son extrémité anté- rieure au coiidyle de l'occipital, mesure 65 centimètres. Son caractère spécial est d'être plus amincie dans ses formes que les autres espèces de Métriorhyuques. Le plateau dentaire antérieur est bien moins massif que dans les autres, il est déprimé et atténué à son extrémité, de sorte que la région iniermaxillaire présente dans cette espèce une forme triangu- laire. La région des maxillaires supérieurs est beaucoup moins renflée (jue dans le Metriorhynchus superciliosus, elle est même légèrement déprimée en «'approchant des os na- saux , et cette tendance à la dépression devient plus mani- feste encore jusfju'à 5 centimètres environ de la pointe des nasaux, à partir desquels la tête commence à se renfler. La coupe de cette partie du musenj nous offre donc une forme parfaitement ovalaire un peu déprimée en dessus et en dessous. A partir de la pointe des nasaux , la lête s'élargit davantage , de sorte que les lignes latérales dé- crivent en ce point une légère courbe concave , ce (jui donne à celle partie une forme un peu évidée et contribue à - 168 — amincir d'autant le museau ; la région des nasaux est uniformément bombée et il ne s'y produit pas. une suture médiane très-enfoncée et très-creuse comme dans le Metrio- rliynchus superciliosus , sauf vers la pointe antérieure des frontaux antérieurs , où la suture est très-forte et enfoncée. Du reste, toute la région correspondant h la base des nasaux, des frontaux antérieurs et du frontal principal a subi des bri- sures et des dislocations qui masquent un peu les caractères sur la pièce originale , et que nous avons tâché de restaurer avec ses caractères propres dans notre figure ; les frontaux antérieurs surtout étaient fort maltraités , nous avons pu toutefois restituer leurs formes, et nous pouvons nous assurer que la partie latérale libre , c'est-à-dire celle qui s'étend au-dessus des orbites, était moins développée que dans les autres espèces. Le frontal principal est absolument trian- gulaire dans sa partie antérieure, son extrême pointe qui est en rapport avec les os nasaux , suivant à peu près la ligne latérale oblique qui est en rapport avec les frontaux anté- rieurs d'une part, et avec le bord libre de l'orbite ensuite ; la portion postérieure du frontal principal faisant partie de la crête sagittale mesure 6 centimètres de longueur et n'offre rien de particulier à noter. La crête sagittale mesure en lon- gueur totale 13 centimètres ; elle est moins large que celle du Metriorhynchus superciliosus, mais plus étroite que celle du Metriorhijnchus Moreli, el offre comme du reste la plu- part des autres caractères de la tête un état intermédiaire entre les deux espèces. Les arcades fronto-mastoïdiennes sont détruites de chaque côté dans leur partie moyenne; toutefois, nous possédons un fragment isolé de cette portion du côté gauche qui paraît en tout semblable h celle du Metriorhyn- chus superciliosus. En dedans des fosses temporales, nous ne voyons rien de paiiicutier à noter. — 169 ~ Face inférieure de la tête. La face inférieure de la tête est très-bien conservée dans réchantillon de Sannerville, surtout la région antérieure com- prenant bien entiers et dans leurs rapports naturels les os intermaxillaires , maxillaires supérieurs et palatins. Le plateau dentaire antérieur est plan et présente de chaque côté trois alvéoles : la première, lout-à-fait au bord antérieur, est la plus petite ; la seconde est un peu plus grande ; la troi- sième la plus développée. Cette portion est très-distincte en arrière de la région maxillaire par une large dépression qui court obliquement de chaque côté et forme une véritable barre séparant ce plateau du reste du museau. La région maxillaire offre dans ses régions alvéolaire et interalvéo- laire les caractères particuliers du genre , presque plane en avant, fortement creusée en arrière en une large gouttière , qui s'accentue de plus en plus en se rapprochant des palatins; cette région porte, de chaque côté, vingt trois alvéoles. Les palatins sont également très-bien conservés dans toute leur longueur, quoique leur partie postérieure soit un peu déviée dans celte pièce et remontée en haut. Très-carénée en avant, elle s'aplatit en arrière où elle concourt à former avec les ptérygoïdiens l'ouverture postérieure des narines qui est triangulaire en avant. Les os transverses sont également bien conservés et limitent , avec les palatins , les maxillaires supérieurs et la partie interne du jugal, les fosses pala- tines qui sont assez grandes et triangulaires. La partie posté- rieure des arrière-narines en relation avec les ptérygoïdiens était très-complète dans le principe ; mais, par suite d'un accident , cette portion a été un peu endommagée ; nous l'avons restituée dans notre figure comme elle était primiti- vement; elle se termine en pointe en arrière à peu près — 170 — comme dans les Stéiiéosauies; toutefois, celle pointe était bien plus raccourcie que dans le Steneosaurus Larieii par exemple, de sorte que l'ouverture postérieure des narines se trouve par cela même, dans les Métriorhynques, un peu plus rapprochée du condylede l'occipital que dans les Teleosaurus, les Steneosaurus et surtout les Pelagosaurus. Ce fait rappro- cherait encore un peu les Métriorhynques des crocodiles actuels. Il est remarquable de voir que le type le plus an- ciennement créé , c'est-à-dire le Pelagosaurus, est en réalité celui dans lequel les arrière-narines sont le plus portées en avant et se rapprochent davantage par conséquent des Plé- siosaures etdes autres genres plus anciennement créés appar- tenant à la famille des Sauroptérygiens. Sans avoir une importance capitale, ce fait est cependant très-important à noter, car il peut produire quelques données pour la solution du grand problème de la filiation des genres et de la succes- sion des types animaux. Le sphénoïde proprement dit est bien conservé dans noire échantillon , il est un peu plus allongé et surtout moins obliquement disposé que dans les autres Métriorhynques, et en particulier que dans les Metrio- rhynchus superciUosus. Derrière, on voit le fameux orifice moyen des trompes d'Euslache que les auteurs allemands avaient pris pour l'ouverture postérieure des narines ; il est excessivement petit dans cette espèce et montre bien, par ses faibles dimensions, qu'il ne peut être cet orifice postérieur du long canal des narines, qui est toujours beaucoup plus largement ouvert pour pouvoir remplir le rôle auquel il a été dévolu. La région lympanique , l'occipital basilaire et les occipitaux latéraux , ainsi que les lubérosités musculaires inférieures, ne nous offrent rien de parliculier à noter. — 171 Face latérale de la tête. La face latérale de la tête nous permet de voir les proportions du museau et de constater qu'il était plus aplati que dans les autres .^létriorhynques. Le trou sous-orbitaire est bien dé- veloppé et situé au fond d'une rainure qui se prolonge jusque sur le maxillaire supérieur comme dans les autres Métrio- rhynques . mais il est cependant bien plus étroit que dans d'autres espèces et en particulier dans le Metriorhynchus superciiiosus, comme on peut facilement s'en rendre compte en considérant par comparaison les mêmes faces de la tête dans ces deux espèces. Les os lacrymaux sont également plus étroits et plus allongés que dans le Metriorhynchus superciiiosus ; ils n'offrent pas le contour sinueux que nous voyons dans le Metriorhynchus Moreii. Les arcades fronto-mastoïdienne et zygomatique manquent dans cette pièce, mais elles nous per- mettent de voir facilement les portions latérales de l'arrière- crâne qui sont ici très-bien conservées et sont, à peu de chose près, disposées comme dans les Sténéosaures. On y voit une partie de la face interne du pariétal , du mastoïdien , du rocher , une portion du lyrapanique et de l'aile du sphénoïde. En arrière et contre l'extrémité interne du tym- panique , se voit le grand trou que le tympanique et la grande aile du sphénoïde concourent à former , et qui donnait passage à certaines portions de la cinquième paire de nerfs. En dessous, on peut voir la terminaison des palatins en avant et leurs rapports avec l'ouverture postérieure des narines à la formation de laquelle entre également le ptéry- goïdien. On peut aussi très-bien se rendre compte de la position oblique d'avant en arrière du corps du sphénoïde et de son union avec l'occipital basilaire. Le profil de celte — 172 — tète nous montre également combien la disposition très-élevée de la crête sagittale, et le renflement surtout antérieur des palatins donnaient aux Métriorliynques un aspect tout diffé- rent de celui des Téléosaures proprement dits, des Slénéo- saures, des Pelagosaures et même des Teleidosaures. Face postérieure de la iêie, La face postérieure du crâne est également très-complète dans la tête de Sannerville. Comparée à celle des autres Métriorhynques et en particulier à celle du Meiriorhynchus super ciliosus, on voit qu'elle est très-semblable en ce qui se rapporte aux parties essentielles; toutefois, cette région est plus aplatie que dans les autres et surtout que dans le Meiriorhynclnis brachyrhynchm. En considérant le crâne du Meiriorhynchus Blainviilei par cette face postérieure, sa largeur est de 22 centimètres, sa hauteur de 10 centimètres. La crête mince et tranchante qui sépare l'arrière-crâne de la fosse temporale est assez bien conservée. L'occipital supé- rieur est très-élevé, absolument quadrilatère ou plutôt rhom- boïde, en rapport avec le pariétal en haut et sur les côtés avec les deux occipitaux latéraux. Le trou occipital est transversalement ovalaire. Le condyle de l'occipital très-gros est formé, comme à l'ordinaire, en majeure partie par le basilaire , et sur les côtés une petite portion dépend des deux occipitaux latéraux. On y voit également eu dessous les tnbérosités musculaires inférieures également formées , comme à l'ordinaire, en grande partie par l'occipital basi- laire et par les occipitaux latéraux. Le tympanique nous montre la partie de son étendue qui présente la sur- face articulaire pour l'articulation avec la mâchoire infé- rieure. Enfin , nous voyons l'extrémité postérieure libre — 173 — du zygoniatiqiie ; le trou pour le passage du nerf pneumo- gastrique , et le trou orifice postérieur du trou carolidien, n'offrent rien de particulier à noter. Relations GÉOLOGIQUES.— Le Metriorhynchus Blainvillei paraît être fort rare dans nos contrées où il a été recueilli dans les assises calloviennes inférieures ou callovien argileux de Sannerville, près du bourg de froarn, situé à 12 kilo- mètres de Caen. Nous ne connaissons, jusqu'ici que la tête qui fait partie de notre collection. Je sais cependant qu'il existe chez M. Morière , mon collègue à la Faculté des Sciences, une tête entière avec mâchoire inférieure et un certain nombre de débris de squelette qui ont élé, m'a-t-on dit, également recueillis dans le callovien et qui appartiennent très-probablement à cette espèce. Les mêmes circonstances, qui m'ont privé de ia communication de la mâchoire infé- rieure du Sieneosaurus DouiiLieri m'ont également empêché de pouvoir consulter cette pièce. C'est une lacune très-re- grettable pour mon travail et pour la science , et sans profit pour personne ; d'autant plus fâcheux que c'est pour la pre- mière fois seulement que des ossements d'un squelette de Métriorhynque ont pu être rapportés avec certitude à la tête qui leur appartenait. Du reste, la tête de Sannerville a été moulée par iNJ. Stahl, et ses modèles existent dans un certain nombre de collections publiques où on pourra toujours les consulter facilement, et où ils ne seront pas confisqués pour cause d'inutililé scientifique. Il est à croire que cette espèce existe dans d'autres localités de la France; j'ai vu entre autres, dans le laboratoire de i>L P. Gervais au Muséum, plusieurs têtes qui ont été re- cueillies dans les environs de Poitiers et qui me paraissent, à un examen superficiel, devoir se reporter à cette espèce. Mli — METRlORHYNCnUS SUPERCFLIOSUS de Blainv.) , 1867, sp. DiAGN. Museau assez allongé, robuste, arrondi et Jion déprimé dans toute sa longueur, conservant la même lar- geur jusqu'au niveau de la pointe des nasaux , à partir de laquelle La tête s'élargit et se bombe beaucoup en dé- terminaiit deux bosses très-fortes dues aux renflements des os nasaux; ces deux bosses latérales interrompant brusquement la courbe uniforme des parties latérales et rendues plus maiiifestes encore par la suture longitu- dinale, qui sépare les deux nasaux sur la ligne mé- diane et qui est profonde et enfoncée , surtout en s'ap- procliant du frontal principal; ce museau mesurant en longueur , depuis son extrémité antérieure jusqu'au niveau des orbites, h\ centimètres qui se partagent ainsi : 13 cen- timètres de l'extrémité antérieure à la pointe postérieure des intermaxillaires , 7 centimètres de celte dernière à la pointe antérieure des nasaux, 17 centimètres de cette dernière à l'extrémité antérieure du frontal principal. La largeur, de U centimètres 1/2 vis-à-vis la pointe postérieure des iniermaxillaires , est de 5 vis-à-vis la pointe des nasaux. La tête s'élargit ensuite régidièrement et atteint \k centimètres au niveau antérieur des orbites et 19 au niveau postérieur des mêmes orbites, à partir duquel les arcades fronio-mastoidiennes limitent latéralement la tête, en restant à peu près parallèles à l'axe de longueur. Toute cette région du museau comprenant : les iniermaxil- laires, les maxillaires supérieurs et les os nasaux , aussi bien latéralement que sur les deux bosses longitudinales , entièrement lisse ou à peine marquée de stries. Frontaux antérieurs larges , empiétant de beaucoup sur les nasaux — 175 — où ils s'insèrent eu dèlerminam une Large échancrure, très- fortement développés , même pour le genre . surtout par leurs parties latérales où ils accusent une large saillie ovalaire surplombant au-dessus des orbites et dé- passant très-visiblement la largeur de la tête en ce point. Os lacrymaux petits , formant une simple languette trian- gulaire, rejelés lout-à-fait de côté et presque en dedans de l'orbite, au fond d'une large gouttière, gid fait suite au trou sons-orbitaire très-développée ici, même pour Le genre. Frontal principal aplati , assez grand , triangulaire, mais largement écliancré sur les côtés, par le développement en arrière des os nasaux et frontaux antérieurs , ce gui lui donne la forme d'un fer de lance , très-déchigueié sur les cotés, mesurant en Longueur 13 centimètres de sa pointe antérieure entre les nasaux à la pointe postérieur^e dépen- dant de la crête sagittale , et en Largeur 9 centimètres entre Les orbites , entrant pour un cinquième environ dans le pourtour de l'' orbite; la surface de ce frontal principal marquée, par parties, de fossettes irrégulières et très-îiom- breuses, irradiant du centre vers les extrémités, en lais- sant certaines portions presque lisses. Orbites très-grands, dirigés tout-à-fait de côté , invisibles en dessus et complè- tement masqués, à leur partie antérieure, par le développe- ment des frontaux antérieurs. Crête occipito -frontale ou sagittale assez courte , mais très-large , surtout à sa partie antérieure, mesurant en longueur totale 10 centimètres, dans sa partie antérieure dilatée 5 centimètres ; en lar- geur : en avant, 3 centimètres ; au milieu, à sa partie ré- trécie, 1 centimètre 1/2. Fosses temporales très-larges , quadrilatères, à peu près aussi longues que larges, n'offrant rien de particulier. Arcades fronto-mastoïdiennes larges et fortement charpentées (caractère commun à tout te genre). A la partie inférieure, la région iniermaxillairc — 176 - longue et étroite , formant un plateau dentaire antérieur ovalaire , allongé , très-comprimé sur les côtés , épais et renflé à son extrémité. La région du maxillaire supérieur montrant, dans sa partie inter alvéolaire, une double gout- tière concave, large et profonde ( caradère générique) ; cette portion du maxillaire supérieur mesurant 29 centi-- mètres de longueur, depuis sa portion étranglée en rapport avec les intermaxïllaires, jusqu'à la poiîite antérieure des palatins. Région des palatins formant nue carène forte et très-saillante (caractère générique). Fosse ptérygoïdienne, arrière-narines, sphénoïde, etc., offrant les caractères spéciaux du genre , mais rien de particulier à l'espèce. Région alvéolaire large et très-nettement séparée. Alvéoles très-grandes, larges et arrondies ( caractère générique ) ; ces alvéoles au nombre de 3 de chaque côté sur le plateau ilentaire antérieur, et de 25 de chaque côté sur le maxil- laire supérieur, ce qui fait un total de 56 dents pour la mâchoire supérieure, représentant en tout 112 à llû dents comme formule dentaire. Oes. Le Metriorhynchus superciliosus est l'espèce la plus abondamment répandue et celle qui a été le plus souvent étudiée, quoique toujours très-mal comprise par les auteurs. C'est avec certaines pièces appartenant à cette espèce et à d'autres se rapportant soit à la suivante, soit au Met. has- tifer de La [lève, que G. Cuvier a fait son Gavial à museau court d'Honfleur. Enfin i'arrière-crâne d'un Metriorhijnchus superciliosus provenant de Dives, ajouté à la région frontale d'un autre individu de taille considérable , et le tout adapté au museau d'un Steneosaurus Edwardsi, tels sont les éléments avec lesquels le grand anatomiste a restitué en outre la tête de son Gavial à museau allongé d'Honfleur. M. de Blaiuville ayant eu l'occasion d'étudier dans la col ~ 177 — lection du Muséum une très-belle tête de l'espèce qui nous occupe actuellement, lui donna le nom de Crocodilus super- ciliosus ; mais il considérait, d'après un premier examen superficiel, l'espèce précédente comme étant la même que celle-ci. J'ai pu vérifier sur son type même, ce que M. de Blain- ville appelait Crocodilus supercilwsus ; c'est ce type précieux que nous figurons ici et que j'ai pu étudier avec soin dans la collection du Muséum. Il ne sera pas sans in- térêt de rappeler ce que dit M. de Blainville au sujet de cette espèce, dans une lettre qu'il écrivait à mon père en mars 18/i8, et qui a été publiée dans le IX* volume des Mémoires de la société Linnéenne de Normandie, p. 109 et suivantes : « A cette forme (1) se rapportent non-seulement le Croco' a dilus Cadomensïs et le Croc, temporaiis de Metz, mais « encore le Croc, supercilwsus dont vous avez décrit la « belle tête (2), de la collection de M. Vautier , espèce dont « les débris sont les plus communs dans les argiles de Dives « et des Vaches-Noires, dont M. G. Cuvier a fait ce qu'il « nomme si bien un monstre anatomique, et dont M. E. « Geoffroy Saint-Hilaire a fait, sans trop dire pourquoi , un «genre sous le nom de Steneosaurus (3). Sans doute ou (1) Celle que mon père désignait sous le nom de Teleosaurus Ca- domensïs. (2) M. de Blainville veut parler ici de la tête type du Metriorhyti' cluts Blaiitvillei, que mon père venait alors de décrire, mais sans lui donner de nom spécifique, dans une petite revue intitulée Revue de Caen, (3) M. de Blainville se trompe ici : c'est surtout au grand crocodile de Quilly, c'est-à-dire à une espèce du fullers'earth , que M. E. Geof- froy Saint-Hilaire appliquait le nom de Steneosaurus que nous avons conservé pour celte espèce, 12 — f78 — a mieux très-probablement, qu'il faudra rapporter aussi à (( cette forme le grand crocodile de Quilly dont vous m'avez v montré d'assez beaux fragments et auquel je soupçonne « que le museau seul du crocodile d' Ronfleur à long mu- « seau de M. G. Cuvier appartient, en en retranchant le « crâne qui est de l'espèce précédente (1). « Cette analyse , quelque contractée qu'elle soit , suffira , (( je l'espère , pour vous montrer combien ma manière de « voir diffère de celle de M. G. Cuvier , non pas pour l'idée ({ préconçue qu'il avait adoptée de Blumembach et autres sur (( la dissemblance des espèces fossiles et des espèces vivantes, « proportionnelle à l'ancienneté des strates où se trouvaient « celles-là , mais pour la démonstration zoologique posi- a tive. Ainsi plus heureux , il est vrai , que lui pour le « nombre et l'importance des matériaux , éléments du pro- « blême, je puis montrer comment il a créé plusieurs mon- a struosités analomiques , en construisant une espèce avec « les pièces de deux autres ; ainsi , son crocodile à long « museau, avec des mâchoires longues en effet, réunies au a crâne du crocodile à museau moins long, les vertèbres de « celui-ci attribuées à celui-là;, ainsi que vous l'avez reconnu « vous-même. « C'est ce qui m'a déterminé à trancher dans le vif, au « travers d'une confusion vraiment inextricable, en désignant « l'espèce la plus commune dans l'argile de Dives et des « Vaches-Noires sous le nom de Crocodilus super ciiiosus , a que M. Conybeare a donné à un crocodile fossile d'Angle- « terre, et qui est indubitablement de même espèce, comme (1) M. de Blainville a parfaitement raison , seulement le museau ap- partient non pas au Sténéosaure de Quilly, mais bien à une autre espèce également de Sténéosaure, mais provenant de l'oxfordien des Vaclies-Noires, et auquel nous avons donné le nom de Steneosaurus Edwardsi, — 179 — « j'ai pu m'en assurer , en comparant le moule en plâtre que 0 possède notre collection, avec une tête entière pourvue de « sa mandibule provenant des Vaches-Noires , et que feu « M. de Roissy avait eu soin de me procurer, et ensuite avec « celle de la collection de M. Vautier, dont vous avez bien « voulu me confier les dessins que vous avez faits. La n forme de son rebord orbitaire qui lui a valu son nom est, « en effet , parfaitement caractéristique. « Devra rester, comme pierre d'attente , également (( le museau à peu près complet , ajusté par M. Guvier au « crâne du Crocodiius superciliosus , et formant la tête « presque entière du crocodile d'Honfleur à long museau , « à moins qu'on ne puisse le rattacher à votre grand cro- « codile de Quilly , dont le museau semble cependant bien « plus comprimé, ainsi que vous me l'avez fait observer (1). » J'ai pu vérifier au Muséum, sur le modèle dont parle M. de Blainville^ l'identité du type de ce savant anatomiste avec l'espèce que Conybeare a envoyée en modèle au Mu- séum , sous le nom de Crocodiius superciliosus ; seulement le type de M. Conybeare était d'une taille plus forte que celui de M. de Blain ville, et se rapporterait pour la grandeur à ce que nous décrivons plus loin sous le nom de Met. Moreli, Nous possédons certainement un grand nombre d'osse- ments qui doivent se rapporter au Metriorhynclius super- ciliosus; mais, comme jusqu'ici tous ces ossements ont été trouvés isolés et sans les têtes qui leur appartiennent , il est absolument impossible de pouvoir vérifier s'ils se rap- portent au Met. superciliosus ou bien au Met. Moreli; (1) Ce rapprochement de M. de Blainville est, en effet, très-réel , puisque le museau du crocodile à long museau d'Honfleur de G. Cuvier appartient à un Sténéosaure , c'est-à-dire au même genre que le cro- codile de Quilly. — 180 — el même on ne saurait décider s'ils n'ont pas fait partie soit du Steneosaurus Edwardsi , soit du Sten. Roissyi, soit même de plusieurs autres espèces que nous soupçonnons, mais que nous n'avons pu encore caractériser, dont les débris se rencontrent pêle-mêle avec les ammonites et tous les beaux fossiles si connus de l'oxfordien des Vaches-Noires. Nous ne pouvons donc rien dire du squelette de cette espèce , et même jusqu'ici d'aucune autre espèce de Métriorhynque, sauf le Met. Iiastifer du kimméridgien de La Hève , et encore n'est-ce qu'une présomption fondée sur ce que jusqu'ici nous n'avons trouvé , dans ces dernières assises , que les débris appartenant à une seule espèce de tête. DÉTAILS ANATOMIQUES. Face supérieure de la tète (1). La longueur totale de la tête, prise de l'extrémité du museau au condyle de l'occipital , mesure 62 centimètres. Cette tête frappe , au premier abord , par la force remar- quable de ses frontaux antérieurs , qui sont très-saillants en dehors, et par la forme des os nasaux qui sont très-bombés, de manière à produire, au devant de la région frontale, deux grosses bosses longitudinales , donnant à cette tête une physionomie toute spéciale. Le plateau dentaire antérieur correspondant aux deux os intermaxillaires est solide , mais en même temps très-comprimé sur les côtés. La région des maxillaires supérieurs est assez étroite, mais bombée sur la ligne médiane , ce qui donne à sa coupe une forme régulièrement arrondie en dessus. Cette région se déprime (1 ) Il pst bien entendu que je décris ici cette tête d'après le type de Blainville, et que les mesures s'appliquent à ce seul échantillon. — 181 — ensuite très-légèrement en arrivant vers la pointe des nasaux, puis , à partir de ce point, elle se renfle beaucoup jusqu'au niveau de la région orbitaire, où le frontal antérieur forme une surface entièrement plane. La région des nasaux est fortement bombée , surtout en sa partie moyenne ; à partir de la pointe antérieure de ces os nasaux, jusqu'à la pointe antérieure du frontal principal, règne une profonde scissure déterminée par la ligne de suture longitudinale, qui sépare ces deux nasaux et s'accentue de plus en plus en arrière , de façon à former alors une véritable fossette , au fond de laquelle commence l'extrême pointe du frontal principal. Les frontaux antérieurs sont excessivement développés , très- rejetés de côté au-dessus des orbites , où ils font une sorte d'arcade sourcilière , d'où le nom de super ciliosus, qui a été appliqué par M. de Blainville à l'espèce , nom du reste parfaitement adopté à l'excessif développement que prend cet os dans cette espèce ; ces frontaux antérieurs ne se pro- longent pas toutefois autant en arrière que dans d'autres espèces, de sorte que, si l'orbite est largement protégé en avant par les frontaux antérieurs, la partie rentrante de leur contour en rapport avec le frontal principal , est plus grande aussi que dans d'autres espèces , surtout que dans le Met. hasdfer, où cette portion est la moins développée que nous connaissions. Le frontal principal est relativement petit dans cette espèce ; sa pointe antérieure très-large admet en outre, sur les côtés, deux petites pointes latérales, qui s'insinuent de chaque côté des deux frontaux antérieurs; à partir de là, leur ligne de suture décrit presque un angle droit , au lieu de suivre une ligne régulière oblique , comme cela a lieu dans le Met. Biainvillei ; cette direction est , du reste , dé- terminée par le développement, moins grand que d'habitude, de la partie postérieure du frontal antérieur, dont nous avons déjà parlé. — 182 — La surface de ce frontal antérieur est marquée de fossettes assez profondes pour le genre, mais très-irrégulièrement distribuées, et par places laissant entre elles des vides où cette surface est tout-à-fait lisse. La crête sagittale mesure en longueur 10 centimètres seulement; elle est donc plus courte que dans le Metriorhynchus Blainvillei , ce qui fait encore paraître les formes générales du Met. superciliosus plus ramassées que celles de la précédente espèce. Cette crête sagittale se divise en deux parties à peu près égales en longueur : l'antérieure , qui fait partie du frontal principal, est très-large , mesurant jusqu'à 3 centimètres de largeur; la portion dépendant du pariétal est , au contraire , très- étranglée , et ne mesure guère que 1 centimètre de largeur. Les fosses temporales sont bien conservées dans leur in- tégrité, grâce à l'arcade fronto-mastoïdienne qui est tout entière dans cet exemplaire ; la forme de ces fosses tem- porales est un peu triangulaire. L'arcade fronto-mastoïdienne est très-forte , très-large , rejetée en dehors où elle dépasse le niveau de l'arcade zygomatique ; trois os concourent comme à l'ordinaire à la former : le frontal antérieur en une petite pointe oblique en avant , le frontal postérieur au milieu, enfin une partie du mastoïdien la termine en arrière. Toute cette arcade est absolument lisse, offrant une surface plane qui s'abaisse un peu sur les côtés. La ligne postérieure, qui termine en arrière la fosse tem- porale et limite par conséquent l'arrière-crâne , est mince et légèrement onduleuse. Faee inférieure de la tête. La face inférieure de la tête, dans la pièce type de M. de Blainville , est non moins bien conservée et non moins remarquable. Toute la région du museau, des palatins, des — 185 — arrière-narines , de l'arrière-crâne , sont en parfait état ; les os transverses et l'arcade zygomatique sont les seules parties absentes. Nous avons pu voir dans d'autres exem- plaires des portions plus ou moins complètes des os trans- verses ; mais jusqu'ici nous n'avons aucune donnée positive sur l'arcade zygomatique des Métriorhynques. Il est à croire toutefois qu'elle était très-petite , plus peut-être que dans les Téléosaures proprement dits. Sur cette face inférieure , nous avons trois parties à con- sidérer que nous passerons successivement en revue. 1° La région du museau comprenant les intermaxil- laires, les maxillaires supérieurs et la partie antérieure des palatins. Les intermaxillaires forment, comme d'habi- tude , le plateau dentaire antérieur ; sa forme étroite , oblongue , semble être un des caractères de l'espèce ; il porte trois alvéoles de chaque côté, dont la plus grande est la postérieure. Les maxillaires supérieurs offrent également la forme typique des Métriorhynques; de chaque côté, une région alvéolaire , et au milieu , bien nettement séparée des deux autres , une région interalvéolaire déprimée ou plutôt creusée longitudinalement de deux larges gouttières, qui s'accentuent davantage à mesure qu'elles se rapprochent de la région des os palatins. Ces os palatins, à leur extrémité antérieure , présentent trois pointes dont la moyenne , plus courte que les deux latérales , est partagée par la ligne de suture médiane. Les deux pointes latérales s'avancent un peu plus en avant et se terminent dans une gouttière très- accusée, qui continue en avant les trous palatins antérieurs et va se perdre dans la large gouttière générale, qui règne dans la partie interalvéolaire des maxillaires supérieurs. Ces os palatins se portent ensuite de chaque côté très-oblique- ment et s'élèvent beaucoup vers leur suture médiane , ce qui donne à cette région une forme bombée et même carénée — 184 — toute particulière, que nous trouvons d'ailleurs toujours plus ou moins accusée dans tous les Métriorhynques. 2° La région des arrière-narines ne comprend que la partie postérieure des palatins et une partie des ptéry- goïdiens. Les palatins , après avoir concouru par leur réunion à former la voûte carénée de la région postérieure du museau, s'aplatissent tout-à-fait, leur suture médiane devient moins prononcée et quelquefois même disparaît par suite de soudure, et, loin de présenter en ce point une partie carénée ou bombée , se creusent légèrement de ma- nière à former une portion un peu concave. L'ouverture postérieure des narines est très-large, béante, déterminant sur la partie postérieure de ces palatins une large cchancrure anguleuse en avant. Les ptérygoïdiens s'évasent ensuite lar- gement en formant une large surface concave que nous avons nommée fosse ptérygoïdienne ; cette surface est très- large sur cette tête. Bien qu'une partie des os ptérygoïdiens soient détruits de chaque côté et ne montrent plus leur point de jonction avec les os transverses, on a une idée bien nette de ce qu'était cet énorme orifice , qui devait repré- senter certainement cette espèce de dilatation brusque et globuleuse, qui donne un caractère si spécial à cette partie du conduit nasal dans le Gavial du Gange , mais qui ne se retrouve point dans les crocodiles proprement dits. En un mot , voici comment on peut expliquer ce conduit nasal dans ces trois types d'animaux : dans les crocodiles propre- ment dits, le conduit nasal, aminci dans toute sa longueur, se porte directement de l'orifice antérieur ou intermaxillaire jusqu'à la partie postérieure de la tête, sans éprouver sur son trajet aucune dilatation bien marquée. Dans les Gavials, ce même conduit peut être divisé en trois parties : la pre- mière qui part de l'ouverture intermaxillaire antérieure jus- qu'au milieu de la région des palatins , est régulièrement — 185 — étroite dans toute sa longueur ; la deuxième forme un ren- flement subit en forme de sphère creuse, qui occupe la partie postérieure de la région des palatins ; la troisième enfin, qui fait suite à la seconde, appartient aux ptérygoïdiens ; elle se rétrécit de nouveau et vient s'ouvrir dans une position iden- tique à ce qui se voit chez les Crocodiles. Dans les Téléo- sauriens , le conduit nasal ressemble à celui dos Gavials ; mais l'ouverture postérieure a lieu directement au milieu de la région renflée, de sorte que la troisième portion du con- duit des Gavials se trouve supprimée. Il se pourrait que , dans les Téléosauriens , une région , soit cartilagineuse , soit membraneuse , eût terminé postérieurement ces arrière- narines, et que le résultat définitif eût été identique dans les Gavials et les Téléosauriens , seulement que la partie posté- rieure eût été osseuse dans les premiers , simplement carti- lagineuse dans les derniers. 3° La région de l'arrière-crâne nous montre l'union des ptérygoïdiens avec le corps du sphénoïde , par une sorte de languette amincie qui appartient encore aux ptérygoïdiens. Cette portion , dans l'échantillon de M. de Blainville , porte en ce point une fossette profonde, qui explique parfaitement l'idée première qu'avait eue M. de Blainville, en disant que les arrière-narines occupaient dans les Téléosauriens une position identique à celle des Crocodiles vivants; en effet, cette fossette remplie en partie de gangue simulait un véritable orifice , occupant précisément la place normale de cette ouverture des arrière-narines dans les Crocodiles vi- vants ; mais M. de Blainville ayant chargé M. Merlieu de dégager cette partie avec le plus grand soin , put s'assurer , après l'opération , qu'il n'avait eu affaire qu'à une fossette sans issue, et reconnut qu'il avait été d'abord mis en erreur par une fausse apparence. Le corps du sphénoïde est ici très-court, quoique dans sa position normale, il est en partie — 186 — détruit par une cassure transversale. On voit ensuite l'ou- verture postérieure des trompes d'Eustache moyennes , que les auteurs allemands avaient prise pour les arrière-narines ; puis les tubérosilés musculaires inférieures et le condyle qui sont formés , comme à l'ordinaire , dans leur partie moyenne et la plus étendue , par l'occipital basilaire , et sur les côtés par les occipitaux latéraux. Faee postérieure de la tète. La partie postérieure de l'arrière-crâne est également très- bien conservée dans l'échantillon de M. de Blainville. Nous avons pu l'observer, en outre, sur plusieurs pièces séparées. Ses formes sont constamment les mêmes, c'est-à-dire un peu plus hautes que dans l'espèce précédente, avec une largeur semblable. Les détails étant d'ailleurs absolument identiques dans les deux espèces , nous renverrons pour ceux-ci à la description particulière du Met. superciliosus. Qui dit l'un dit à peu près l'autre : ce serait donc une répétition inutile. Relations géologiques. — Le Metriorhynchus superci- liosus provient des dépôts oxfordiens des Vaches-Noires où on le rencontre à divers niveaux , soit avec les Ammonites perarmatus et la Gnjphœa ditatata, soit dans les couches plus élevées à Ammonites cordatus. Ses débris existent dans toutes les collections, mais je n'en connais pas de plus com- plets que ceux de la collection du Muséum, à laquelle ap- partient le type de M. de Blainville que nous décrivons dans cet article. L'espèce existe également en Angleterre , m elle acquiert une taille plus considérable, si on s'en rapporte à l'échantillon des environs d'Oxford dont M. Conybeare avait adressé un modèle au Muséum sous le nom de Crocodilus superciliosus. Ces deux exemplaires existant dans la collée- — 487 — tion d'anatomie comparée du célèbre établissement de Paris, pourront toujours être facilement consultés. L'espèce se re- trouve d'ailleurs identique dans les environs de Poitiers. METRIORHYNCHUS MORELI (Eug. Desl.) nov. spec. DiAGN. Museau assez allongé, très-robuste , arrondi et même renflé dans toute sa longueur, ne grandissant guère jusqu'au niveau de la pointe des nasaux, à partir de la- quelle la tête s'évase , sans déterminer toutefois deux par- ties gibbeuses dues aux renflements des os nasaux ; elle se bombe ensuite beaucoup , mais en continuant régulièrement la courbe des parties latérales; la suture longitudinale sépa- rant les deux nasaux sur la ligne médiane , formant une ligne régulièrement enfoncée, mais peu profonde, sauf à la partie tout-à-fait postérieure en connexion avec les frontaux, où cette suture est très-profonde. Ce museau mesurant en longueur, depuis son extrémité antérieure jusqu'au niveau des orbites, 5U centimètres qui se partagent ainsi : 15 cen- timètres de L'extrémité antérieure à la pointe postérieure des intermaxillaires , 10 centimètres de cette dernière à la pointe antérieure des nasaux , 25 centimètres de cette der- nière à l'extrémité antérieure du frontal principal, plus h centimètres pour la pointe antérieure du frontal prin- cipal. La largeur de 6 centimètres vis-à-vis la pointe pos- térieure des intermaxillaires est de & 1/2 vis-à-vis la pointe des nasaux. La tête s'élargit ensuite en se renflant et at- teint 15 centimètres au niveau antérieur des orbites et 19 au niveau postérieur de ces mêmes orbites, à partir duquel les arcades fronto-mastoïdiennes limitaient latéralement la tête en restant probablement à peu près parallèles à l'axe de longueur ; toute cette région comprenant : Les inter- — 188 — maxillaires, les maxillaires supérieurs et les os nasaux, à peine marquée de stries très-légères et très-irrégulières , la région postérieure et surtout les languettes latérales des nasaux marquée de stries ou plutôt de rugosités allongées et irrégulières. Frontaux antérieurs larges, empiétant sur les nasaux , dans la partie postérieure desquels ils s'insè- rent en déterminant sur ces derniers une large échancrure; ces frontaux antérieurs n'étant pas toutefois très-développés pour le genre ; la saillie surplombante qu'ils forment la- téralement au-dessus des orbites atteignant à peu près la largeur de la tête en ce point. Os lacrymaux petits , for- mant une simple laïigueite , rejetés tout-à-fait de coté , presque en dedans de l'orbite et creusés en gouttière, fai- sant suite au trou sous-orbitaire. Frontal principal aplati, très-développé , large et triangulaire , offrant la forme d'un fer de lanee à pointe extrême amincie , acérée et dé- chiquetée sur les bords , mesurant en longueur \ 8 cen- timètres de sa pointe antérieure entre les nasaux à la pointe postérieure formant le manche de la lance et dépen- dant de la crête sagittale, et en largeur 10 centimètres entre les orbites, entrant pour moins d'un cinquième dans le pourtour de l'orbite. Toute la surface de ce frontal marquée de fossettes superficielles, irrégulières, très-nom- breuses , et comme effacées qui irradient du centre vers les extrémités. Orbites très-grands , dirigés tout-à-fait de côté , invisibles en-dessus et complètement masqués , à leur partie antéineure, par le développement des fron- taux antérieurs. Crête occipito-frontale ou sagittale connue seulement à ses deux extrémités et dont on ne peut par conséquent que supposer la longueur , 10 à 12 centi- mètres environ , mais dont on peut facilement apprécier la forme, qui était très-comprimée et étranglée, puisqu'elle mesure à peine un peu plus d'un demi -centimètre dans — 189 — sa partie moyenne. Fosses temporales, arcades fronto- mastoïdienne et zygomatique inconnues. A la partie infé- rieure , la région intermaxillaire longue et un peu dilatée^ formant un plateau dentaire antérieur ovalaire, allongé , un peu comprimé sur les côtés, La région du maxillaire supérieur et des palatins n'offrant que des caractères com- muns à tout le genre. Fosse ptérygoïdienne, arrière-jiarines, sphénoïde, etc. , inconnus. Région alvéolaire large et très- nettement séparée. Alvéoles très-grandes, larges et arron- dies, ces alvéoles au nombre de 3 de chaque côté, sur le plateau dentaire anté?'ieur, et de lU de chaque côté, sur le maxillaire supérieur, ce qui fait un total de 5U dents pour la mâchoire supérieure, représentant en tout 110 à 112 dents comme formule dentaire. Obs. Les débris du Metriorhynchus Moreli paraissent être aussi répandus que ceux du Met. superciliosus , et se ren- contrent dans les mêmes couches oxfordiennes. INous connais- sons les débris de plusieurs têtes, et parmi les nombreux ossements de Téléosauriens qui existent éparpillés dans toutes les collections , il est probable que beaucoup doivent se rapporter à cette espèce. Nous l'avons établie d'après une très-belle tête presque entière, que M. Morel de Glas- ville a recueillie lui-même dans les assises oxfordiennes de Villers-sur-Mer , dans ce banc remarquable que les tempêtes d'équinoxe mettent quelquefois à nu sur la plage située entre Dives et Villers-sur-Mer, et où l'on a recueilli nombre de pièces remarquables. Nous avons pu également étudier une autre tête ou, pour mieux dire, une moitié de tête dont la région des palatins et le museau sont très-bien con- servés. Celte seconde pièce, qui fait partie du musée de Rouen , a été mise obligeamment par le célèbre conservateur de ce musée, M. Pouchel, à la disposition de mon père, qui en a fait des dessins très-soignés, — 490 — C'est évidemment une des espèces confondues long- temps sous le nom de Crocodile d'Honfleur, à museau court ou rostro miiior. Nous avons déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises , de rappeler l'historique de cette espèce ; nous n'y reviendrons plus ; nous devons dire seulement que parmi les espèces confondues sous ce nom , le Metrio- rhynchus MoreLi était la plus grande et la plus robuste. En effet , le Met. Moreli se distingue surtout du super- ciliosus par la forme aplatie et non renflée des os nasaux, par le moindre développement , surtout en largeur , des frontaux antérieurs qui , au lieu de dépasser bien manifeste- ment le niveau des arcades , comme dans le Met. super- ciiiosus , atteignent à peine la largeur de la tête en ce point. On observe également, entre les deux espèces, une légère différence dans la formule dentaire. Si nous nous en tenons au type de M. de Blainville , le Met. Moreli se distinguerait encore par sa taille bien plus considérable, un tiers au moins de plus. Toutefois, nous croyons que le Met. sitper- ciliosus atteignait une taille plus grande que celle du type choisi par M. de Blainville. Si , en effet , la région frontale adaptée par Cuvier au museau allongé et à l'ensemble desquelles il a donné le nom de Gavial à museau aUo7igé d'Honfleur ou rostro major; si cette région, dis-je, comme tout porte à le croire , appartient effectivement au Met. superciliosus , cette dernière espèce dépasserait même le Met. Moreli. Il faut donc attendre de nouvelles pièces de comparaison pour juger en dernier ressort. Le Met. Moreli ressemble aussi beaucoup au Met. Blaiti' villei ; il se distingue de ce dernier, non-seulement par sa taille, ce qui pourrait n'être qu'une affaire d'âge, mais encore par d'autres caractères , spécialement par la force remar- quable du museau, qui est beaucoup plus grêle et effilé dans le Met. Blainvillei, par la forme du frontal principal ; enfin. 191 — on signale une légère dilïéreuce dans la formule dentaire. Au contraire, ces espèces se rapprochent par la forme des os nasaax et des frontaux antérieurs. DÉTAILS ANATOMIQUES. Face supérieure de la tête. La longueur totale de cette tête, depuis le bout du mu- seau jusqu'au condyle de l'occipital, n'atteint pas moins de 80 à 85 centimètres. Elle est remarquable par sa force et en même temps par la forme triangulaire de son ensemble qui rappelle un peu , quoique plus élancée , la forme de cer- taines espèces de crocodiles actuellement vivantes , dont le museau est très-allongé et dont on a fait le sous-genre Mecistops , c'est-à-dire le Crocodilus inter médius , cata- phractus , schlegeli , etc. Cette forme particulière est due à ce que le museau s'élargit insensiblement à partir de la région inlermaxillaire, tandis que dans les Metr. Biainvillei et supercUiosus les deux lignes de contour extérieur restent sensiblement parallèles jusqu'au niveau des os nasaux , où ces mêmes lignes s'écartent davantage et commencent l'élar- gissement de la tête. Cette partie du museau , dans l'échan- tillon de M. Morel, est un peu disloquée par quelques cassures subies avant la fossilisation ; mais il est facile de rétablir ces formes primitives et de voir que la coupe de cette partie, au lieu d'être absolument ovalaire comme dans les deux espèces précitées, est ici atténuée sur les côtés, la plus grande hau- teur étant vers la suture médiane, ce qui donne à cette coupe une forme légèrement triangulaire, forme qui se continue, du reste , jusque sur la région des nasaux ; de sorte que si nous comparons la coupe de cette partie dans notre espèce avec celle de la précédente , nous voyons dans le Met. Moreli - 192 — une sorte de triangle isocèle à ijase très-élargie el à angles arrondis , dont le supérieur est formé par le point de suture des nasaux, tandis que la même coupe du Met. super- ciliosus nous montre en haut deux lignes convexes symé- triques, séparées l'une de l'autre par un angle rentrant déterminé par la suture médiane , lesquelles lignes convexes vont ensuite en s'atténuanl sur les côtés , de façon à donner lieu à deux droites obliques venant rejoindre la base. Lorsque nous pourrons comparer entre elles un grand nombre de têtes de ces deux espèces voisines, ces différences pourront être signalées d'une manière plus précise par des chiffres ; mais en ce moment nous pensons que ces quelques détails suffiront. Le plateau dentaire supérieur très-robuste montre h peu près les mêmes proportions que dans le Met. super- ciliosus; il est cependant un peu moins comprimé sur les côtés. Le frontal principal est très-semblable à celui des deux espèces précédentes ; mais sa pointe antérieure semble plus longue et plus étroite, elle s'insinue en avant entre les deux régions postérieures des nasaux , en déterminant entre ces deux portions une scissure profonde qui ne se continue pas plus loin , au point où les nasaux sont en rapport par suture immédiate. Les frontaux antérieurs sont bien moins développés en largeur que dans le Met. su- perciliosus et ressemblent assez, par ce caractère, à ceux du Met. Blainvillei. Le reste de la tête est plus ou moins brisé ; nous voyons cependant le commencement de la crête sagit- tale qui est beaucoup plus grêle que dans le Met. superci- liosus. Le reste de la partie supérieure de la tête, en rapport avec l'arcade fronto-mastoïdienne , nous est tout-à-fait in- connu. Quant à la surface postérieure , elle nous est connue par plusieurs portions isolées appartenant à divers individus. Dans l'échantillon de M. Morel , une faible partie de cette région est seule conservée ; mais , d'après les autres , nous — 193 — pourrions restituer presque entièrement la forme de cette face postérieure : elle ne présente rien de particulier à noter et est tout-à-fait semblable à ce que nous avons décrit dans le Met. superciliosus. Face inférieure et latérale de la tête, La face inférieure de la tête ne nous est connue dans l'échantillon du musée de Rouen, aussi bien que dans l'exem- plaire de M. Morel de Glasville, que dans sa partie antérieure ; toute la région des arrière-narines et de l'arrière-crâne nous est inconnue. Dans l'échantillon du musée de Rouen la région des palatins est intacte dans sa portion antérieure. Le plateau dentaire antérieur paraît un peu plus dilaté que dans l'exemplaire de M. Morel, mais ces différences sont très-légères ; il porte , comme d'habitude , trois al- véoles très-grandes , très-larges ; la première ou la plus antérieure la plus petite , la troisième la plus grande. La région maxillaire , également bien conservée, nous montre les deux gouttières longitudinales habituelles absolument comme dans le Metriorhynchus superciliosus. La partie an- térieure des palatins se relève , comme dans les autres Métriorhynques , en formant une très-forte carène qui ne présente rien de particulier à noter. Cette région des palatins est ici brisée un peu en avant de l'ouverture postérieure des narines ; on y voit le commencement des fosses palatines postérieures , dont les dimensions étaient très-grandes , comme dans les autres Métriorhynques. La pièce de M. Morel, quoique plus maltraitée sous le rapport des pala- tins , dont une faible partie seulement est conservée , nous offre des caractères importants , en nous montrant la partie iiUerne de la région supérieure de la tête. Nous y voyons tout-à-fait en avant , et sous la partie restante des pa- 13 — 194 — latins , la sulure du frontal principal avec les os nasaux; de sorte que , relativement à leur suture commune , le frontal principal et les deux nasaux répètent en dessus , mais en sens conuaire, ce qui existe en dessous ; le frontal principal s'insinuant en pointe en dessus, entre les deux nasaux, et les deux nasaux réunis s'insérant en pointe en dessous, entre les deux branches du frontal principal, il résulte de cette dispo- sition inverse une grande solidité dans la suture de cette partie de la tête ; ce caractère léiéosaurien ne se rencontre pas dans les Crocodiles vivants , où le frontal antérieur est effectivement plus développé en longueur en dessous qu'en dessus, mais dont la pointe antérieure de la face inférieure ne forme pas ainsi une portion bifide. Nous voyons ensuite les frontaux antérieurs s'articulant en arrière avec la portion élargie de l'os frontal qui offre, sur la ligne médiane, une profonde gouttière longitudinale, étranglée au milieu, dilatée en arrière et en avant pour loger dans la partie antérieure les nerfs olfactifs et dans sa partie postérieure pour faire partie de la voûte crânienne. Enfin, nous voyons une petite portion , qui s'articule également en dessous avec le frontal principal. Sur la face latérale, la pièce de M. Worel nous montre sa région inlerraaxillaire et la région maxillaire , les na- saux et le frontal antérieur; nous n'y voyons rien de particulier à noter. La région sous-orbitaire en relation avec le maxillaire supérieur et les lacrymaux , est un peu mutilée, mais bien mieux conservée sur la pièce du musée de Rouen ; dans cette dernière , on peut très-bien se rendre compte de la disposition des lacrymaux qui pré- sentent quelques légères différences avec ceux des Mei. Biainvillei et superciiiosus. Le lacrymal est un peu plus large que dans ces derniers, et se termine en avant par deux petites languettes dont l'une s'insinue entre la suture du — 195 ~ frontal antérieur et celle de la languette postérieure des nasaux. L'autre s'avance pour aller rencontrer comme d'ha- bitude le trou sous-orbitaire , qui est logé au fond d'une gouttière, laquelle va se perdre sur le nasal. On voit encore la petite portion antérieure du jugal dont l'extrême pointe vient également toucher le trou sous-orbitaire. Cette petite portion du jugal est marquée de stries longitudinales pro- fondes et irrégulières. La pièce de M. Morel nous montre , en outre, les deux extrémités de l'arcade fronto-mastoïdienne, l'antérieure avec la pointe latérale du frontal principal et une petite portion du frontal postérieur. Une fracture a en- levé une grande partie de la crête sagittale et de la région crânienne ; nous retrouvons cependant, mais très-mutilée , la partie postérieure de l'arrière-crâne, où nous pouvons voir encore une portion du pariétal et du rocher , et même une portion très-mutilée du tympanique. Nous pouvons juger que toute cette région, malgré son état de détériora- tion, est tout-à-fait semblable à ce qui existe dans les Met. Blainviiiei et super cUiosus ; une très-faible partie posté- rieure de l'arcade fronto-mastoïdienne se voit encore, et l'état de brisure de la région tympanique , en arrière , nous permet de voir le condyle de l'occipital. Blâchoire inférieure» Nous avons pu étudier dans la collection du Muséum plu- sieurs exemplaires presque entiers de mâchoires inférieures dont les dimensions paraissent devoir se rapporter au Metriorhynchus Moreli. Nous avons représenté celle qui était la plus entière et qui avait subi le moins de frac- tures et de dislocations. Cette mâchoire est , comme on le voit, très-remarquable par ses proportions qui sont — 196 — beaucoup plus fortes, épaisses et surtout plus robustes que ce que nous avons vu jusqu'ici dans les divers genres et sous-genres de la famille de Téléosauriens. Cette forme de mâchoire inférieure, toute différente de celle des autres ani- maux de la même famille, rappelle assez la même pièce ap- partenant à un animal d'une tout autre famille, c'est-à-dire des Sauropiérygiens ; je veux dire celle qui est décrite par S. Rich. Oweu comme étant celle d'un Pliosaurus qui , d'ailleurs , s'écarte notablement de la forme habituelle du Pliosaurus grandis , et qu'il nomme Pliosaurus tro- chanterius (1). Il est hors de doute que la mâchoire décrite ici appartient au genre 3Iétriorhynque ; il serait , en effet, trop étrange que cette forme fût venue pré- cisément se rencontrer dans toutes les assises où se trouvent des Mélriorhynques , et que je puisse rapporter des pièces en tout semblables par leurs caractères par- licuhers de taille, de force et de brièveté ou d'allonge- ment du museau, à chacune de mes espèces de Métrio- rhynques , aussi bien dans les couches calloviennes qu'oxfor- diennes et kimméridgiennes ; et , en effet, je connais dès maintenant des mâchoires inférieures se rapportant parfaite- ment aux Met. super ciliosus, Moreli et liastifer. Les branches de la mâchoire sont beaucoup moins écar- tées que dans les Téléosaures. En se rapprochant de la partie symphysée, elles courent presque parallèlement, de manière à laisser entre elles un espace excessivement étroit et qui se prolonge très-loin en avant, en pointe très-allongée , tandis que dans tous les Téléosaures , cette symphyse se fait brus- quement et sans produire ainsi une partie profondément (1) Voir Paleonlographical society, vol. pour 1868, n°3, Monograph, of the fossil reptiiia of the Kmmeriilge Clay, Sauropterygia, p. 7 pi. III, fig. 3-5. — 197 — échancrée. A la partie antérieure de cette mâchoire, existe un plateau dentaire dont l'extrême pointe est brisée dans l'exemplaire que nous décrivons ici , mais dont nous pou- vons restituer facilement la forme en nous servant de celle du Met. supercilïosus dont nous possédons , avons-nous dit , un plateau dentaire inférieur complet, recueilli dans les assises à Ammonites cordatus de Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) par i>J. de Ferry , qui a bien voulu en enrichir notre collection. Ce plateau dentaire inférieur, très-allongé et très-comprimé, porte de chaque côté quatre alvéoles très- grosses. L'os dentaire , très-renflé et arrondi en dessous , porte de chaque côté une région alvéolaire très-large, sé- parée par un sillon profond de la région interalvéolaire ; celle-ci est entièrement plane jusqu'au niveau de la pointe de l'operculaire, où elle devient légèrement concave. C'est encore une disposition toute différente de celle des Téléosaures, où cette partie, convexe dans toute la longueur symphysée , ne commence à se creuser qu'en se rapprochant des branches libres. En dessous, l'os dentaire est partout arrondi dans toute la région symphysée ; cette convexité réguhère ne change pas , même dans la partie où cet os dentaire vient recevoir la pointe antérieure de l'angulaire , l'ensemble de ces os commençant à se déprimer seulement un peu au-delà de l'ouverture des deux branches , tandis que dans les Téléo- saures, la partie postérieure de la région symphysée en rela- tion avec l'os angulaire détermine généralement une large portion tout-à-fait plane , coupée brusquement à angle droit par les parties latérales. L'os complémentaire est absent de chaque côté , mais sa trace se voit ; il est tout-à-fait semblable à ce qui existe dans les Téléosaures, Quoique sa pointe antérieure soit plus atténuée que dans les Téléosaures, elle ne dépasse pas, comme dans ces derniers , la pointe de l'operculaire, qu'elle est loin d'atteindre; sa forme est donc bien — 198 — celle d'un Téléosaurien et est toute différente de celle de nos Crocodiles actuels. Nous ne connaissons ni les os articulaires, ni les extrémités des os angulaire et suranguiaire. Ainsi donc et pour résumer , outre la forme si caractéristique de sa surface interne, cette mâchoire est remarquable par sa grande force et par son épaisseur considérable , tandis que dans les Téléosaures , leurs dimensions relatives sont bien plus petites et surtout bien plus grêles. Les Métriorhynques avaient donc des mâchoires bien plus massives et bien plus fortes que celles des Téléosaures proprement dits , qui rappellent , sous ce rapport , les proportions des Gavials, tandis que les Métrio- rhynques montrent ces mêmes parties beaucoup plus mas- sives et plus robustes, même que celles de nos Crocodiles et de nos Caïmans actuels. Les divers os de cette mâchoire inférieure nous donnent les proportions suivantes : 24 centimètres de la pointe anté- rieure du plateau dentaire à la partie où commencent les branches libres de la mâchoire ; 36 centimètres pour la lon- gueur totale de ce même os opcrculaire, depuis sa pointe antérieure sur la région symphysée jusqu'à sa pointe ou feuille postérieure en rapport avec l'angulaire ; 25 centi- mètres de la pointe antérieure des operculaires h leur pointe postérieure extrême. En largeur, le plateau dentaire porte U centimètres au niveau de la deuxième alvéole et 5 centi- mètres en arrière de la dernière alvéole. L'os dentaire porte en largeur un peu plus de 5 centimètres vis-à-vis la pointe de l'angulaire ; son épaisseur en ce point est de U centimètres. A la naissance des complémentaires, c'est-à-dire à 7 centi- mètres au-delà de la pointe des angulaires, la largeur est de 7 centimètres, l'épaisseur àe U 1/2 centimètres. Nous comp- tons de chaque côté sur celte mâchoire, en y comprenant les k dents du plateau dentaire antérieur, 22 alvéoles, ce qui correspond bien aux 24 dents que le Metriorhynchus Moreli — 199 — porte, comme nous l'avons vu, de chaque côté de sa mâchoire supérieure. Relations géologiques. — Le Metriorlnjnclms Moreli se rencontre dans la partie moyenne des assises oxfordiennes caractérisées par V Ammonites perarmatus et Lamberti, les Belemnùes liastatus, la Gryphœa dilatata, etc., où l'espèce paraît être aussi répandue que le Meir. superciliosus. La pièce la plus complète que nous connaissions est celle que nous venons de décrire. Elle a été recueillie par M. Morel de Glasville , qui a bien voulu me la communiquer. C'est pour moi une sorte de devoir et en même temps un vrai plaisir de la dédier à ce consciencieux et modeste géologue, toujours prêt à faire profiter chacun du fruit de ses re- cherches et qui, depuis longues années, a rendu de grands services à la science en recueillant avec ardeur et étudiant avec le plus grand soin les gîtes fossilifères non-seulement du Calvados, mais encore d'un grand nombre de points de la France. On lui doit surtout des études très-importantes sur les assises kimméridgiennes et portlandiennes du pays de Bray dans la Haute-Normandie, où il a découvert plusieurs gîtes fort remarquables, entre autres une petite couche port- landienne dans laquelle les Hemicidaris Purbeckensis ont non-seulement toutes leurs plaques en rapport, toutes les pièces du système anal et les mâchoires en place , mais encore les baguettes grandes et petites de ces charmants fos- siles. La seconde pièce appartient au Musée de Rouen et a été obligeamment confiée à mon père par M. Pouchet , le célèbre naturaliste rouennais. Enfin, la mâchoire in- férieure fait partie de la collection du Muséum ; elle a été mise à ma disposition par l'administration de cet éta- blissement , à l'obligeauce de laquelle j'ai dû avoir si — 200 — souvent recours pour la publication des espèces de ce prodrome. METRIORHYNCHUS BRACHYRHYNCHUS (Ewd. DesL), 1868, sp. DiAGN. Museau très-raccourci, très-robuste et renflé dans toute sa longueur, s' élargissant insensiblement depuis le niveau de la poiîite des jiasaux. Cette tête s'élargit ensuite davantage et se bombe beaucoup, en formant une sorte de bosse très-large due au renflement des os nasaux , mais sans que la suture de ceux-ci , gui est peu marquée , détermine ni en avant , ni en arrière, une profonde scissure longitudinale. La tête se déprimant ensuite tout à coup , quoique en restant très-large et même se creusant légèrement dans toute la région interorbitaire. Le museau mesurant en longueur , depuis son extrémité antérieure jusqu'au niveau des orbites, ÙO centimètres qui se partagent ainsi: 15 centimètres de l'extrémité antérieure à la pointe postérieure des inter- maxillaires ; — 2 centimètres de l'extrémité postérieure de cette pointe à la pointe antérieure des nasaux, ceux-ci em- piétant un peu , comme on le voit , sur la région intermaxil- laire; 21 centimètres de la pointe postérieure des inter- maxillaires à la pointe antérieure du frontal principal plus h centimètres pour la pointe antérieure de ce dernier, La largeur de 0 centimètres \ 12 vis-à-vis la pointe posté- rieure des intcrmaxillaires , augmentant graduellement et d'une manière insensible à mesure que la tête se renfle par le développement considérable des os nasaux , atteint 1 k cen- timètres au niveau antérieur des orbites, et devrait égaler près de 20 au niveau postérieur des orbites si cette partie était entière. Toute cette région du museau comprenant : les — 201 — intermaxillaires , les maxillaires supérieurs et les nasaux , marquée de nombreuses rides superficielles et irrégulières plus accentuées à la partie postérieure et sur les languettes latérales des nasaux. Frontaux antérieurs très-grands, em- piétant sur les nasaux dans la partie postérieure desquels ils s'insèrent, en déterminant sur ces derniers une large échancrure. La saillie surplombante qu'ils déterminent laté- ralement au-dessus des orbites ^ n'étant pas toutefois en rap- port avec leur très-grand développement et atteignant a peine la largeur de la tête en ce point. Os lacrymaux assez grands pour le genre , mais formant toutefois encore une simple languette, rejetés tout- à- fait de côté, presque en dedans de l'orbite et creusés en une gouttière faisant suite au trou sous-or bilaire. Frontal principal tr es -développé , entièrement plan, large, triangulaire en avant , quadri- latère en arrière, grâce à 2 angles rentrants que déterminent, sur les côtés, le développement inusité des frontaux anté- rieurs, mesurant en longueur totale , de sa pointe antérieure entre les nasaux à son extrémité postérieure formant le manche de la lance et dépendant de la crête sagittale, 19 centimètres, à savoir : 8 pour la pointe antérieure en rapport avec les frontaux antérieurs; 5 pour l'espace qua- drilatère en rapport avec les orbites, et 7 1/2 dépendant de la crête sagittale , entrant pour un quart environ dans le contour de V orbite. Toute la surface de ce frontal principal, marquée de fossettes irrégulières très-nombreuses , mais superficielles, irradiant du centre vers les extrémités. Orbites très-grands, dirigés tout-à-fait de côté, invisibles en dessus et complètement masqués à leur partie antérieure par le développement des frontaux antérieurs. Crête occipito-fron- tale ou sagittale courte, mais large à sa partie antérieure, mesurant en longueur totale 15 centimètres , et 1 1 12 dans sa partie antérieure dilatée, dépendant du frontal principal; — 202 — en largeur 3 centimètres en avant eM 1/2 à sa partie la plus rétrécie. Fosses temporales, arcades fronto -mastoïdienne s et zygomatiques inconnues. A la pointe inférieure^ la région in^ termaxillaire inconnue , la région du maxillaire supérieur offrant , dans sa partie inter alvéolaire , les caractères ha- bituels, mesurant 21 centimètres de longueur depuis la portion étranglée en rapport avec les intermaxillaires jusqu'à la pointe antérieure des palatins. Bégion des palatins offrant très-fortement accusée la carène (caractère du genre). Fosse ptérygoidienne , arrière-narines, sphé- noïde , etc. , n'offrant rien de particulier à cette espèce. Région alvéolaire très-large , nettement séparée ; alvéoles très-grandes , très-fortes et arrondies ; 3 de ces alvéoles existant probablement de chaque coté, sur le plateau den- taire antérieur ; on en voit 18 seulement de chaque côté, sur le maxillaire supérieur , ce qui donne un total de kl dents pour la mâchoire supérieure , représentant en tout 8i à 86 dents, comme formule dentaire, Obs. Nous ne connaissons de cette espèce qu'une tête assez mutilée, sans mâchoire inférieure, recueillie par M. Mo- rière dans une carrière où on exploite l'argile oxfordienne comme tuilerie, au Mesnil de Bavent, sur la route de Caen à Dives. Ce qui en restait était encroûté , et l'argile , dans le voisinage des os, avait acquis une dureté extraordinaire. Voici ce qu'il y avait de perdu : l'extrémité du museau comprenant l'intermaxillaire , mais qui , par un heureux hasard , a laissé sa pointe postérieure articulée et adhérente au maxillaire supérieur, ce qui permet de reconnaître exactement la lon- gueur ; une partie du pourtour de l'orbite ; les arcades fronto-mastoïdiennes et zygomatiques ; enfin , la face infé- rieure correspondant à i'arrière-cràne est très-mutilée. Pour ne pas achever de briser les parties inférieures du crâne, j'ai — 203 — été obligé de laisser une assez grande quantité de gangue presque entièrement siliceuse et adhérente aux os , qui sont très-fragiles et comme calcinés. Malgré ses mutilations, cette espèce est très-importante, parce qu'elle représente une forme tout-à-fait spéciale dans le genre Metriorhtjnchus , non-seu- lement par la force et par la brièveté du museau, mais encore et surtout par ce caractère unique jusqu'ici dans la famille des Téléosauriens , de la pointe des os du nez atteignant et même dépassant la pointe postérieure des intermaxillaires , caractère qu'on retrouve , à la vérité , plus accusé dans tous les sous-genres des Crocodiles, des Caïmans et des Alligators, mais qui ne se voit plus dans les vrais Gavials. L'importance zoologique et géologique de cette espèce frappera donc tous les naturalistes , puisque c'est une forme tout-à-fait spéciale dans un type bien déterminé de Téléosauriens , rappelant presque des espèces actuellement vivantes , appartenant à la famille des Crocodiliens. Son importance stratigrapbique n'est pas moindre , puisqu'elle devient un excellent témoin strati- grapbique, qui viendra s'ajouter aux nombreux fossiles, tant vertébrés qu'invertébrés, caractéristiques de la grande série oxfordienne. DETAILS ANATOMIQUES. Face supérieure de la tête. La longueur totale de cette tête, depuis le condyle de l'oc- cipital jusqu'à la troncature antérieure du museau, est de 59 centimètres et de 62 environ , si on y ajoute la région intermaxillaire qui est absente. Elle est excessivement robuste et massive ; sa largeur au niveau des orbites devait être d'en- viron 18 centimètres, et sa hauteur au même niveau de 12 — 204 — à 13 centimètres. Le museau va en diminuant de largeur depuis les orbites jusqu'à la troncature, où elle atteint 0'",65. Sa hauteur, en ce point, est de 0°sOii. Il n'y a pas apparence à ce que le plateau dentaire antérieur fût en s'effilant ; il se relèverait plutôt. La surface supérieure du museau est lout- à-fait arrondie, ce qui donne à la coupe de cette partie à peu près la forme d'un demi-cercle , tandis que dans les espèces précédemment décrites, et surtout dans le Met. BlaimnUei , la coupe montre, pour la partie supérieure, une ligne courbe peu sensible, dont la convexité ne s'accentue bien que sur les côtés. Le frontal principal est fort large ; il se rétrécit en arrière dans une étendue de 6 centimètres pour concourir avec le pariétal à former la crête sagittale. Dans l'intérieur des fosses mêmes, il se déprime beaucoup, en «'unissant en arrière avec le pariétal et la grande aile du sphénoïde qui partagent horizontalement cette fosse en deux parties. La face supérieure de ce fontal principal est plane , inclinée en avant, presque lisse. Le bord interne de cette face fait partie du contour de l'orbite sur une longueur de 5 cen- timètres. Ce caractère est important à noter, car , dans le genre Métriorhynque, c'est l'espèce où ce frontal antérieur occupe le plus d'espace dans le contour de l'orbite. Cette disposition entraîne , dans la forme elle-même de la pointe antérieure du frontal principal , une modification assez im- portante ; et , en effet , pour loger la pointe postérieure des frontaux antérieurs, il se forme en ce point un angle ren- trant considérable, qu'on n'observe point dans les autres espèces. Toute cette partie de notre fossile a subi des frac- tures transversales dont les segments sont cependant restés, à très-peu de choses près , dans leur place primitive , de sorte que la forme de l'os et de toute la région frontale n'a pas subi de déformation bien sensible. Le frontal antérieur est très-grand , triangulaire; sa longueur est de 11 centi- — 205 — mètres, sa largeur de 6 ; il est carré de chaque côté en son angle extérieur, libre au-dessus des orbites : on voit toutefois qu'il est moins développé en largeur que dans les Met. stipercilwsus et hasiifer, et qu'il représente à peu près la disposition des Met. Blainviilei et Morelt. Sa surface est raboteuse et couverte de rugosités grossières. Les os na- saux sont énormément développés , plus que dans aucune autre espèce ; ils sont longs de 27 centimètres et larges de près do 8 centimètres ; en arrière , leur angle externe se contourne au devant et au dessous de la pointe du frontal antérieur , pour venir atteindre le lacrymal dans la profonde gouttière qui est située au dessous de l'orbite ; ces os na- saux sont courbés en dehors; leur surface est arrondie, couverte de rugosités grossières ; leur pointe antérieure très- aiguë atteint, comme nous l'avons déjà dit , la pointe pos- térieure des os inlermaxillaires. Leur suture entre eux sur la ligne médiane est bien prononcée ; mais on n'y voit point, comme dans le Met. superciliosus , l'enfoncement longitudinal si remarquable de cette espèce. La face supé- rieure des maxillaires est arrondie en dehors , couverte d'aspérités et de trous vasculaires ; elle se porte en arrière et en dessous dans la grande gouttière placée sous l'orbite, à la rencontre du lacrymal et de la pointe du jugal. Quoique les fosses temporales et orbitaires aient perdu leur rebord externe, on peut néanmoins juger leur longueur par les extrémités qui sont conservées. Face inférieure de la tête. La région des maxillaires supérieurs est bien conservée ; elle nous offre , très-prononcée, la séparation habituelle entre la région moyenne et les régions latérales ou alvéo- laires; la première de ces régions offre, comme d'habitude, — 206 — une forme concave un peu relevée au milieu à la suture longitudinale, ce qui forme en réalité deux gouttières su- perficielles, caractère générique comme on sait , propre à tous les Métriorhynques. La région alvéolaire est très-large ; nous n'y avons recueilli aucune dent , soit dans les alvéoles elles-mêmes, soit dans la gangue voisine. Le bord alvéolaire a plus d'un centimètre de largeur ; il est bien circonscrit par une ligne saillante et un peu inclinée en dehors. Les espaces qui séparent les alvéoles sont un peu inégaux ; mais les plus grands ont à peine 1 centimètre , les alvéoles elles- mêmes dépassent un peu plus d'un centimètre. On voit entre plusieurs des dépressions en forme de trous, dans lesquels venait butter la pointe de dents appartenant à la mâchoire inférieure. Quant au plateau dentaire an- térieur correspondant à la région intermaxillaire , on sait qu'il est absent; nous ne pouvons donc que conjecturer sa forme , qui devait être semblable à celle des autres Métrio- rhynques. Les palatins entiers en avant, sont brisés en ar- rière ; leur pointe antérieure est tronquée ; ils laissent voir assez distants l'un de l'autre les trous palatins antérieurs pré- cédés eux-mêmes de deux gouttières bien marquées , logeant des vaisseaux et des nerfs ; derrière le trou et parallèlement à la suture des palatins , se voient une série de trous et de sillons, par lesquels sortaient des vaisseaux se rendant à la face palatine. Le reste de la face palatine est lisse , quoique caréné encore à sa ligne de suture. Cette face ne présente pas une carène aussi considérable que celle des autres Métriorhynques et en particulier des Met. super ciliosus et BtainviUei où elle atteint son maximum d'élévation. On voit le commencement du grand vide palatin , ou trou palatin postérieur, dont le reste du contour est brisé. On ne voit que d'une façon très-confuse la région postérieure des palatins ; leurs rapports avec les ptéry- — 207 — goïdiens sont impossibles à déterminer , à cause des mu- tilations qu'ont subies ces parties de la tète. On voit ce- pendant le corps du sphénoïde , qui a une disposition et une forme semblables à celles des espèces précédentes, mais dont la position est encore plus oblique par rapport h l'axe de longueur. Ses rapports avec les os occipi- taux et l'occipital basilaire sont très-bien apparents, la conservation de ces parties étant bonne , mais ne pré- sentant rien de particulier à noter. Face postérieure de la tête. Cette portion de la tête est très-mutilée et les parties latérales sont absentes. Toutefois , d'après la forme gé- nérale ramassée des portions qui en restent, on peut être à peu près certain que les proportions étaient un peu diffé- rentes de celles des trois espèces précédentes, mais que les caractères généraux restaient les mêmes. La partie tout- à-fait postérieure de la crête sagittale, donnant à cette face postérieure sa forme triangulaire , est absente, ce qui fait paraître cette partie plus aplatie que dans les espèces pré- cédentes, mais c'est un simple accident de brisure ; et en restituant ce qui est absent, on voit que la forme générale diffère peu de celle des Met. super cUosits et Blainvillei. On voit ensuite une portion de l'occipital supérieur, un peu plus large peut-être que dans les deux espèces pré- cédentes. Les occipitaux latéraux n'ont rien de particulier à noter. Le trou occipital est ovalaire, peut-être un peu plus arrondi que dans les espèces précitées. Ces occipitaux la- téraux concourent ensuite à former les deux parties laté- rales du condyle de l'occipital; on y voit encore, mais du côté droit seulement, le tubercule musculaire supérieur , - 208 — le trou pour le passage du nerf pneimiogaslrique , le trou donnant passage à des vaisseaux et des nerfs ; les por- tions et les ailes latérales sont enlevées , mais on voit encore et juste au niveau de la brisure , l'orifice pos- térieur du trou carotidien. La plus grande partie de l'occi- pital inférieur ou basilaire est conservée ; elle nous montre , comme d'habitude, la partie dépendant du condyle de l'oc- cipital et en dessous le trou pour le passage de la trompe d'Eustache moyenne , dans la position identique à celle qu'il occupe dans les autres espèces et que les auteurs allemands avaient pris pour l'ouverture postérieure des narines. Enfin, en dessous de cette partie et situé obliquement en arrière , on voit assez bien le sphénoïde proprement dit , quoiqu'il soit très-réduit , comme cela a lieu dans les diverses espèces de Métriorhynques. Les tubérosités musculaires inférieures dépendant à la fois du basilaire et des occipitaux latéraux , ainsi que les portions d'articulation avec la mâchoire infé- rieure sont brisées et par conséquent absentes de chaque côté. Relations GÉOLOGIQUES. — Le Meiriorhynclius bracliy- rhynchus se rencontre, avons-nous dit, dans la partie su- périeure des assises oxfordiennes caractérisées par V Ammo- nites cordatus. L'échantillon figuré ici a été recueilli par M. Morière au Mesnil de Bavent. Préparée avec grand soin par mon père, c'est maintenant une des pièces les plus re- marquables de la collection paléontologique de la Faculté des Sciences de Caen. Cette pièce a du reste été moulée par M. Stahl, et les modèles se trouvent actuellement dans les diverses grandes collections : Muséum, Sorbonne, etc. Cette espèce doit également se rencontrer dans d'autres points de la France; notamment l'une des têtes qui ont été recueillies dans les environs de Poitiers , qui fait partie — 209 — maintenant de la collection du 31uséura , et 5 laquelle M. Valcnclennes avait donné le nom de Crocodilus physo- gnaihus, pourrait bien appartenir à cette espèce. Toutefois, l'état de détérioration dans laquelle est cette pièce permet si peu de reconnaître les caractères, que M. Valenciennes lui- même s'y est trompé de la manière la plus extraordinaire, en considérant la face inférieure comme étant la supérieure ; de sorte que les palatins y sont donnés comme étant les nasaux et récipro([uement ; en un mot, que tout y est vu à L'envers, ce qui n'aiderait guère à reconnaître les rapports exacts de l'animal. On s'étonnera peut-être moins, après une pareille méprise, que M. Valenciennes ait déclaré que non-seulement G. Cuvier avait eu tort de faire deux genres des Crocodiles et des Gavials, mais que tous les Crocodiliens fossiles devaient n'en former qu'un seul, le genre Crocodilus. Ce serait, comme on peut le voir, un grandissime genre, et comme aucun de ceux qu'on connaît, aussi bien vivant que fossile, n'en présente actuellement dans les classifications des natu- ralistes , quelque portés qu'ils soient à resserrer les limites des coupes naturelles. METUIOIUIYNGHL'S HASTIFER {Eud. Desl.), 1866, sp.* UlAGN. Museau très-raccourci , massif et renflé dans toute sa longueur, tout d'une venue depuis son extrémité jusqu'à la région orbitaire, qui est à peine un peu plus large que le reste. Celte tête, s'élargissant à peine par le ren- flement des os nasaux, dont la suture est bien marquée et détermine, surtout en arrière, mie profonde scissure longi- tudinale ; la tête se déprimant ensuite et formant une sur- face plane dans la région interorbitaire en rapport avec le frontal principal. Le museau mesurant en longueur, depuis — 210 — son extrémité antérieure jusqu'au niveau des orbites , U5 cejitimèircs qui se partagent ainsi: 17 centimètres en- viron de i'exirémiié antérieure à La pointe postérieure des intermaxiUaires ; 8 centimètres de celle-ci à la pointe anté- rieure des nasaux; 16 centimètres de celle-ci à la pointe antérieure du frontal principal, plus U centimètres pour la pointe antérieure de ce dernier, La Largeur, de 7 centi- mètres vis-à-vis la pointe des iniermaxiUaires , restant absolument la même jusque et bien au-delà de la pointe des nasaux, augmente à peine au point ou les os nasaux sont le plus renflés, c'est-à-dire au niveau antérieur des orbites où elle acquiert seulement 11 centimètres. Toute cette ré- gion du museau comprenant les intermaxillaires , les maxillaires supérieurs et les nasaux, presque entièrement lisse et offrant simplement de très-légères rugosités à peine marquées ; frontaux antérieurs peu développés pour le genre, empiétaiit sur les nasaux , clans la partie postérieure desquels ils s'insèrent, en déterminant sur ces derniers une large échancrure ; la saillie surplombante qu'ils déter- minent latéralement , au-dessus des orbites , étant toutefois assez grande et dépassant d'une manière très-manifeste la largeur de la tête en ce point. Os lacrymaux petits, même pour le genre, formant une étroite languette rejetée tout-à- fait de côté en dessous de la saillie latérale des frontmix antérieurs. Frontal principal peu déreloppé . entièrement plan, absolumejit triangtdaire, en forme de fer de lance (1), mesurant en longueur un peu plus de 8 centimètres pour sa portion dilatée entre les orbites, et 5 centimètres dans sa portion en rapport avec la crête sagittale , n'entrant que pour une très-petite étendue, un 6* environ, dans le contour (1) D'où le nom de Hastifer. — 211 — de L'orbite. Toute La surface de ce frontnL prmcipaL mar- quée de fossettes longitudinales irréyidières nombreuses , mais à peine apparentes, irradiant du centre vers Les extré- mités. Orbites diriges tout-à-fait de côté , compLètement masqués à leur partie antérieure par Le dèveLoppement des frontaux antérieurs. Crête occipiio- frontale ou sagittaLe assez Longue, s' amincissant progressivement depuis sa partie antérieure, oii elle offre à peine 3 centimètres de large, jusqu'à sa terminaison en arrière, où eLLe mesure à peine 1/2 centimètre. Fosses temporaLes , arcades fronto-mas- toïdiennes et zi/gomatique , ainsi que tout L'arrière crâne inconnu à La face inférieure , La région intermaxiLlaire inconnue. La région des maxillaires supérieurs offrant , dans sa partie inieraltéoLaire . Les caractères habituels , mesurant 25 centimètres de longueur depuis La portion étranglée en rapport avec les intermaxillaires jusqu'à La pointe antérieure des palatins. Région des palatins mon- ir,uit extrêmement accusée La carène caractéristique du genre. Fosse ptérygoïdienne , arrière- narines , sphénoïde, région occipitale , etc. , inconnues. Région alvéolaire très- large. Alvéoles énormes et arrondies; 3 de ces alvéoles existant probablement de chaque coté sur le plateau den- taire antérieur ; elles sont au nombre de 19 à 20 seulement, de chaque côté, sur le maxillaire supérieur, ce qui fait un total d'environ hh à 46 dents pour la mâchoire supérieure, représentant en tout 88 à 90 dents comme formule dentaire. Ors. Le Metriorhynchus hastifcr ne nous est connu que par (Içs fragments plus ou moins importants, recueillis à de longs intervalles dans les argiles kimméridgiennes du cap La Hève, près le Havre. Celle espèce est une de celles qui a été longtemps désignée sous le nom de Crocodile à museau court — 212 — de Honfleur , dont nous avons déjà eu souvent occasion de parler. Il s'en faut de beaucoup que nous ayons pu rassembler toutes les parties de l'animal ; toutefois , les débris que nous avons eus à notre disposition sont bien autrement importants que ceux dont G. Cuvier et les autres paléontologistes avaient pu s'occuper. Nous possédons , en effet , des portions de presque toutes les parties de la tête , du corps , de la queue et des membres. Nous pouvons même juger, d'après quelques écailles, ce qu'était le système dermique du dos. Quant au squelette dermique ventral , nous n'en avons encore aucun débris; il y a mieux , je n'ai pu rencontrer jusqu'ici d'écaillés ventrales , appartenant bien certainement à des Métrio- rhynques; et pourtant, les débris de plusieurs des espèces sont répandus , on peut le dire, en très-grande quantité dans les assises oxfordienncs des Vaches-Noires. Décrite sommairement par mon père , en 1866 , dans le Bulletin de la société Linnéenne de Normandie , I" vo- lume de la 2' série , cette espèce ne nous était connue alors que par deux fragments de tête, comprenant la région frontale et la crête sagittale. Le premier nous avait été com- muniqué obligeamment par M. Lennier. Le deuxième , avait été acquis par mon père, avec une foule d'autres débris, soit de Plésiosaures, soit d'Ichthyosaures , prove- nant des dépôts kiraméridgiens du cap La Hève. Une troisième pièce , la plus importante de toutes , consiste en une portion considérable de museau , qui , quoique tronquée aux deux extrémités , n'en est pas moins pré- cieuse, parce qu'elle nous fait connaître la longueur de la tête ; l'un des bouts montrant encore une faible pai^lie de l'os intermaxillaire, l'autre ne s'arrêtant que vers la partie postérieure du frontal principal. Cette belle pièce appartient à la collection du Muséum et nous a été obligeamment con- — 21S — fiée, pour cette étude, par l'administration du Muséum; nous devons particulièrement des remercîmeiits à MM. d'Archiac et A. Gaudry , dont la bienveillance est d'ailleurs connue de tous. Enfin, j'ai pu examiner un instant un fragment d'ar- rière-cràne, avec l'arcade fronto-mastoïdienne en place , dans le laboratoire de M. P. Gervais ; mais le temps m'a manqué pour pouvoir en donner ici la description et la figure. Avec ces données , j'ai pu reconstituer la tête à peu près dans son entier. A la prière de M. Lennier , j'ai publié , dans son beau travail sur Les Falaises de La Hève, pages ^6 et suivantes , une note où j'ai décrit ce que nous avons pu rassem- bler de débris appartenant au Metriorhynchus hasiifer. Ces pièces sont : un groupe de cinq vertèbres en série, com- prenant les trois dernières cervicales et les deux premières dorsales, accompagnées des écailles du système dermique dorsal qui leur correspond ; de plus trois vertèbres cervicales isolées, deux dorsales et une caudale ; enfin , deux portions de fémur, l'un droit et l'autre gauche, appartenant probablement au même individu et se complétant l'une par l'autre. Ces pièces nous montrent que le fémur des Métriorhynques était beaucoup plus long et plus comprimé que celui de nos Cro- codiliens actuels, et indiquait , par conséquent, des habitudes beaucoup plus aquatiques et un être bien mieux conformé pour la natation. Nous ne pouvons rien préjuger des pro- portions relatives entre le membre postérieur et le membre antérieur; toutefois, la forme de ce fémur nous ferait penser, par analogie , qu'il devait en être pour les Métriorhynques comme pour les Sténéosaures, c'est-à-dire que le membre postérieur était très-développé , tandis que l'antérieur devait être très-réduit , sans toutefois être presque rudimentaire , comme cela a lieu dans le genre téléosaure proprement dit. — 21 /i — DÉTAILS ANATOMIQUES. Face supérieure de la tête. Une grande partie de Ja surface supérieure de la lêle est mise en évidence par les trois pièces que nous avons pu étudier et qui se complètent l'une par l'autre; la pre- mière nous montre la partie postérieure terminée en pointe de l'os intermaxillaire , dont la portion lerminale est tronquée. On trouve ensuite les maxillaires supérieurs qui sont épais et eu rapport , sur la ligne médiane , sur une longueur de 9 cenlimèlres , à partir de laquelle ils se sé- parent ensuite pour donner passage à la pointe des os nasaux. Les deux maxillaires, dans l'espace où ils sont réunis, donnent la largeur de la partie moyenne du museau , qui était de 7 centimètres. Les nasaux très-développés , dirigés en pointe en avant, vont en arrière et de côté passer sous les frontaux la- téraux, et se terminer dans une gouttière assez profonde, où ils sont en rapport avec les lacrymaux ; de là ils contournent les frontaux antérieurs jusqu'à leur rencontre avec le frontal principal , où ils sont arrêtés brusquement par la pointe lancéolée (jue vient faire ce dernier aux dépens de ces os nasaux. Les frontaux antéi leurs sont irès-developpés, et quoique en réalité moins étendus en surface que dans la plu- part des Métriorhynques oxfordiens, ils ne le cèdent pourtant à aucun d'eux pour la saillie qu'ils déterminent sur les côtés au-dessus des orbites, ne pouvant, sous ce rapport , être comparés qu'au Meiriorlujnclius superciiiosus. Le frontal principal prend , dans cette espèce , une forme toute par- ticulière, d'où le nom de hasiifer ou porte-lance, que mon père avait donné à celte espèce. Ce frontal principal nous montre, en effet, absolument la figure du fer d'une halle- — 215 — barde , dont rexliême pointe s'insérerait entre les nasaux , dont les bords denticulés viendraient ensuite constituer les branches latérales, et enfin dont la partie antérieure de la crête sagittale serait le manche. Du reste, toutes les autres espèces de Métriorhynques rappellent plus ou moins, par la forme de leur frontal, le fer d'une hallebarde ; le Mei. Bra- chijrhynchus surtout en présente une dont l'aspect est formi- dable, renforcé qu'il est à droite et à gauche par une seconde pointe latérale aiguë et dentelée. Tous ces os ont même appa- rence extérieure ; ils sont à peu près lisses , ne montrent aucune fossette et seulement de très-légers sillons irréguliers ; toutefois, ces sillons sont un peu plus apparents sur le frontal principal et disposés en rayons divergents. Nous n'avons pas figuré la seconde pièce qui appartient au musée du Havre. Elle nous montre en son entier le frontal principal , qui est en tout semblable à ce que nous avons décrit dans la première pièce. On voit qu'il n'entre que très- peu dans le contour de l'orbite. Les parties du frontal prin- cipal, qui font partie des fosses temporales, sont subitement déprimées et annoncent que le plancher antérieur des fosses temporales, formé en partie par le frontal et la grande aile, était assez étendu. Ce que nous avons dit pour le frontal antérieur dans la première pièce , s'applique parfaitement à celle-ci , où ce dernier os est cependant plus complet ; il résulte clairement que , d'après cette disposition , l'orbite était tout-à-fait tourné en dehors et qu'on ne pouvait l'aper- cevoir par la face supérieure du crâne. La partie posté- rieure des os nasaux est restée en place ; leur bord interne par lequel ils s'articulent l'un avec l'autre, bien que forte- ment courbé, ne présente pas cette gouttière si profonde, si marquée que l'on observe dans le Met. superciliostts ; la suture est toutefois plus accusée que dans les Met. Blain- villei et Moreli. — 216 -. Là troisième pièce annonce un individu d'une taille un peu plus faible, mais montrant plus de pièces osseuses et de régions que la précédente. Le frontal antérieur du côté droit est complet; l'échancrure, pour le pourtour de l'orbite, est intacte. On voit contre les angles postérieurs du frontal principal des fragments appartenant au frontal postérieur qui donnent la largeur du bord postérieur de l'orbite ; mais en avant , les os nasaux sont tronqués au niveau de la pointe du frontal antérieur. En arrière, le prolongement postérieur du frontal principal est complet , ainsi que la partie moyenne du pariétal dans les fosses temporales et jusqu'à l'arrière-crâne. On voit ainsi dans la même fosse des portions latérales presque entières du frontal principal et de la grande aile du sphénoïde. Plus en ar- rière, on aperçoit des fragments de l'occipital supérieur et du tympanique. Ainsi on peut juger quelle était la longueur de la fosse temporale, qui ressemblait par ses pro- portions à celle de tous les autres Métriorhynques et ne pouvait, par conséquent, être comparée à celle des Sténéo- saures , tels, par exemple, que le Steneosaurus Larteti , Edwardsi , etc. Face inférieure de la tête. La pièce du museau seule nous montre une partie de la face inférieure de la tête. Ce qu'on peut y observer ne comprend guère que la portion maxillaire. Tronquée en ar- rière , usée et corrodée, elle avait été roulée avant la fos- silisation, car toute la partie postérieure est couverte d'huîtres de la section des exogyres, dont la plupart semblent se rapporter à VExogyra virgula. On voit toutefois le com- ïnencemenl de la voûte palatine formée par la pointe an- — 217 — térieure des palatins et qui, comme dans tous les autres Métriorliynques , est fortement bombée et presque carénée. La suture qui marque en avant la jonction des palatins avec le maxillaire supérieur présente deux inflexions, dont la première forme une pointe qui atteint l'orifice du trou palatin antérieur, et la seconde un peu moins longue re- joint par son extrémité et sur la ligne médiane sa con- génère du côté opposé. Le maxillaire supérieur nous montre très-prononcé l'un des caractères les plus remarquables des Métriorhynques , c'est-à-dire que la partie médiane , située entre les deux rangs d'alvéoles , qui est à peu près plane ou légèrement convexe dans les Téléosaures propre- ment dits, présente une large et forte gouttière qui se pro- longe d'une extrémité h l'autre, de sorte que sur la coupe de cette partie on aperçoit trois gouttières longitudi- nales : la première pour la rangée gauche des alvéoles ; la deuxième pour la gouttière médiane ; la troisième pour la rangée droite des alvéoles. Deux parties saillantes également longitudinales séparent le large sillon médian des deux sillons alvéolaires. En arrière, et par suite de l'ablation de la partie postérieure des palatins, on voit la partie interne de la région frontale constituée au milieu par le frontal principal et sur les côtés par les frontaux antérieurs. Le reste de la partie postérieure de la tête est complètement enlevé. Il en est malheureusement de même de la portion antérieure des ré- gions intermaxillaires ; de sorte que nous ne pouvons que préjuger la forme du plateau dentaire antérieur qui , du reste , devait ressembler à ceux des autres Métriorhynques. La face latérale de la tête ne nous offre rien de particulier h noter. — 218 — Blâcboire inférieure. Un morceau important, appartenant au Musée du Havre, nous fait connaître la plus grande partie du museau et une portion assez étendue dos branches de cette mâchoire. Au premier aspect, on voit qu'elle ressemble beaucoup à celle que nous avons déjà décrite comme appartenant au Met. Moreli. Elle est très-robuste et très-épaisse et ne ressemble nullement à celle des Téléosaures et des Sténéosaurcs. Les branches sont beaucoup moins écartées ; en se rapprochant de la région symphysée, elles courent presque parallèlement, de manière à laisser entre elles un espace excessivement étroit et qui se prolonge très-loin. L'association de cette pièce avec le Met. hastifer, répétant une association iden- tique pour le Met. Moreli, prouve que c'est bien la mâ- choire inférieure d'un Mélriorliynque , puisque la même forme de mâchoire inférieure se répète dans tous les Métrio- rhynques. Pour les figures de cette pièce, nous renvoyons à la note de mon père sur l'os complémentaire des Téléosauriens in- sérée dans le Bulletin de la société Linnéenne de Normandie, tome I" de la 2^ série, p. 112, pi. V, fig. 7, et même encore aux fig. 1 et 2 de la pi. XI du mémoire de M. Lennier sur la géologie dos falaises de La ilève. INous voyons dans cette dernière une grande partie du dentaire offrant de chaque côté 16 alvéoles vides ; mais qui, par leur grandeur, indi- quaient de très-fortes dents. Nous y voyons en outre une partie considérable des operculaires. La surface interne de celte mâchoire, formée par la réunion des os dentaires et des operculaires, est plus creusée encore que dans le Metr. Moreli, puisqu'elle offre 2 gouttières larges et superficielles — 210 — qui courent de chaque côlé do la symphyse, de façon à donner à cette partie une disposition légèrement carénée. L'os com- plémentaire est absent , tant d'un côté que de l'autre ; mais on voit sa trace, et cela nous montre que cet os n'atteignait pas au niveau de la symphyse. Nous ne connaissons rien des os angulaire, surangulaire et articulaire. En résumé, celte mâchoire inférieure, par sa force et son épaisseur considé- rable, est plus robuste et plus solide encore que celle du Met. MoreLi. Cette espèce était donc la plus massive de toutes celles que nous avons élmliées jusqu'ici, sauf peut-être le Mei. brachyriujnchus, dont nous ne connaissons pas la mâchoire inférieure. Relations géologiques, — Le Metriorlvjnchus hasiifer provient des assises kimméridgiennes inférieures, calcaires à trigonies et marnes à Osirea deltoiJea du cap La Hève, près le Havre, où l'espèce semble être rare ; car malgré les re- cherches les plus actives d'un grand nombre de géologues, recherches poursuivies, on peut le dire journellement depuis plus de quarante années, on n'est pas encore parvenu à en trouver une tète un peu complète, et ce n'est qu'au moyen de débris mutilés appartenant à un petit nombre d'individus, que nous avons pu reconnaître ses caractères les plus sail- lants. Un nombre assez considérable de pièces plus ou moins entières, appartenant évidemment à des iMétriorhynqups, ont été recueillis à divers niveaux des assises kimméridgiennes et portlandiennes, soit dans l'est de la France, soit dans les environs de Boulogne-sur-Mer et en Angleterre ; mais n'ayant pas eu jusqu'ici la bonne fortune de pouvoir consulter ces pièces, je n'ai pu rien décidera leur égard. J'ai toutefois entre les mains une vertèbre que j'ai recueillie moi-même dans les assises kimméridgiennes supérieures de Boulogne- sur-Mer; cette vertèbre me paraît un peu grêle pour appar- - 220 — tenir à un animal aussi fortement charpenté que le Met, hastifer. Espérons, maintenant que rattcnlion est éveillée sur les débris de Téléosauriens, que cette question sera résolue prochainement. Les débris de Met. hastifer que je connais appartiennent au Muséum de Paris, au Muséum du Havre, et enfin à ma propre collection ; ils seront donc toujours facilement con- sultés. METRIORHYNCHUS ? INCERTUS {Eug. DesL). J'inscris sous ce nom une écaille appartenant au système ventral ou plastron , pour les figures et la description de laquelle M. Lennier a bien voulu m'accorder l'hospitalité de son travail sur les falaises de La Hcve, pi. IX, fig. 6. J'y décris également une série de 8 vertèbres caudales qui, par leur force et par quelques autres caractères, semblent s'éloi- gner des Sténéosaures et pourraient bien avoir appartenu également au genre Meiriorhynchus. Ces vertèbres y sont représentées moitié grandeur naturelle et vues de côté et par leur face inférieure, pi. XI, fig. 3 et 4 de l'ouvrage déjà cité. C'est tout ce que M. Lennier a pu recueillir de cette espèce de Téléosaurien dans les assises kimméridgicnues de La Hève. Il y aurait témérité à affirmer non-seulement l'es- pèce, mais encore le genre dans de pareilles conditions; aussi ne donnai-je ce Métriorhynquc qu'avec toute espèce de doute. Le nom à'incerius que je joins au ? du genre prouye bien que je tiens à rester ici dans la plus grande réserve, et que mon intention est simplement d'indiquer une espèce à rechercher. Relations géologiques. — Ces diverses pièces ont été recueillies par M. G. Lennier dans les argiles ù ptérocères — 221 — qui surmontent, comme on sait, à La Hève, les marnes et calcaires à irigonies et appartiennent conséquemmcnt à la partie moyenne des assises kiraméridgiennes. IM. Morière annonce à h Société que le Buplevrwn trouvé à Chambois il y a quelques années par notre collègue , M. Duhamel, et que l'on avait d'abord rapporté au Bupie- vrinn ranunculoïdes, a été reconnu, par suite de la culture dont il est l'objet depuis plusieurs années, pour être une espèce complètement nouvelle qui sera décrite dans l'édition sous presse de la Flore de La Normandie. M. de lîrébisson se propose de donner à cette nouvelle espèce le nom de Buplevrum Perierii, en mémoire de l'homme qui a le plus contribué à la faire connaître. M. le docteur "Ward appelle l'attention de ses collègues sur un article d'un journal anglais qui annonce la chute du fameux Dragonnier des Canaries, dont le tronc s'élevait à une hauteur de 2h mètres et dont la circonférence ne pouvait être embrassée par dix hommes. Il croit que cet arbre gigan- tesque, et dont l'âge doit être considérable, va être débité eu rondelles qui seront réparties entre les divers Musées, et il engage la Société à faire une demande en faveur du Musée de Caen. 11 est décidé qu'il sera donué suite à la proposition de M. Ward. Le scrutin est ouvert sur les présentations qui ont été faites dans la dernière séance. 11 résulte de son dépouillement que M. Glendowyn Scott est admis comme membre résidant^ et que MM. le major Le Hon, de Bruxelles, Léon Marchand, de Paris, Rabauld, de Bagnoles, sont nommés membres cor- respondants. MM. Deslongchamps et Morière proposent comme membre correspondant M. Gosselin, pharmacien à Caudebec-les-Elbcuf (Seine-Inférieure). A 9 heures la séance est levée. SÉANCE DU 2 MARS 1868. Présidence de M le D' FAL<:OI\'-DUQUi:srVAl'. A 7 heures 1/2 la séance est ouverte. A l'ouverture de la séance , M. le Président se rend l'in- terprète de la Compagnie en payant un juste tribut de regrets à la mémoire du docteur Leclerc , qui était membre de la Société Linnéenne depuis une trentaine d'années et son trésorier depuis 1858. — Il est décidé qu'une notice biogra- graphique sur ce regretté collègue sera publiée dans le Bulletin qui est actuellement en cours d'impression. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Lecture est donnée de la correspondance. Les divers ouvrages reçus depuis la dernière séance sont déposés sur le bureau. i\L Eugène Deslongchamps fait part à la Société d'un fait très-remarquable. M. G. Lennier, conservateur du musée du Havre, ayant bien voulu me communiquer un certain nombre d'œufs de caïman à museau de brochet , j'ai pu étudier le fœtus de ces animaux à différents degrés de développement , ce qui m'a permis de constater un fait fort curieux et très-important dans l'analomie des crocodiles. * On sait qu'à l'âge adulte , l'orifice postérieur des narines est rejeté toul-à-fait à l'extrémité du crâne, presque au même niveau que le trou occipital , d'où résulte un conduit nasal d'une longueur telle que n'en offre aucun autre animal. — 223 — Celte ouverture se fait alors aux dépens de la partie posté- rieure des os plérygoïdiens , dont les parties antérieures viennent se rencontrer sur la ligne médiane , séparant ainsi par une large surface les os palatins , de l'orifice des arrière- narines. On sait aussi que l'un des caractères anatomiques les plus saillants qui séparent les crocodiles des téléosauriens est précisément la forme des arrière-narines qui , au lieu d'être rejetées à la partie postérieure de la tête, s'ouvrent vers son milieu , presque au niveau des orbites , par un très-grand trou qui non-seulement atteint la partie postérieure des palatins , mais encore fait presque entièrement disparaître les os plérygoïdiens. Il y a donc une grande différence, à l'âge adulte, entre les animaux formant les deux familles Crocodiliens et Téléo- sauriens. Il n'en est plus de même à l'état fœtal. Le carac- tère des arrière-narines, comme place, est identique dans un fœtus de crocodile et dans un téléosaurien à l'état adulte. Ce fait est de la plus haute importance, puisque le type Téléosaurien semble être un crocodilien resté pendant toute sa vie à l'état fœtal, — impliquant par conséquent un degré d'infériorité pour le premier, de supériorité pour le second. Cela confirme une fois de plus, celte loi si remarquable du perfectionnement graduel des organismes, à mesure que l'on se rapproche des temps anciens vers la période actuelle. L'apparition des Téléosauriejis avant les Crocodiliens de- vient donc un des faits qui militent en faveur de cette loi , loin d'y être contraire , comme l'avait pensé E. Geoffroy Saint-Hilaire , qui avait donné le nom de Téléosauriens (parfaits Sauriens) à des êtres qu'il supposait avoir été supérieurs en organisation à nos crocodiUens actuels. L'apparition successive des ovipares se présente donc en tout point conforme à cette loi : — 22a — 1° Poissons. 2° Batraciens pérennibranches : Archœgosaurus. 3° Batraciens ordinaires : Labyrinthodon. k" Enalosauriens : Plesiosaurus , Nothosaurus , Dicy- nodon qui se divisent, dès la période jurassique, d'une part, en Chéloniens ou Tortues, de l'autre en Téléosauriens. Le type Chélonien continue à vivre et à s'étendre de plus en plus jusqu'à la période actuelle où il est à son maximum numérique. Quant au type Téléosaurien , il s'éteint dès la période crétacée , où il est remplacé par le type Grocodilien, Ici se présente une autre question : le fœtus crocodilien répèle-t-il absolument le type Téléosaurien ? En un mot , est-ce un seul et môme type d'organisation ? Est-ce un seul et même animal qui, d'une part , reste toute sa vie à l'état fœtal, de l'autre parvient à son degré de développe- ment? Nullement. Ce n'est pas par le même procédé que la nature a donné ainsi la position, identique comme niveau , des arrière- narines dans les deux êtres. En effet, dans le Téléosaurien , c'est en supprimant une partie considérable de l'os ptéry- goïdien; et, dans le fœtus du Crocodile , c'est, au contraire, en allongeant considérablement , et tout d'abord , le sphé- noïde dont le développement restera ensuite stationnaire , tandis que la plupart des os de la tète et surtout de la face se prolongent de plus en plus. Il résulte encore de ce développement inégal un faciès tout-à-fait différent de la tête du jeune et du vieux crocodile. Dans le jeune âge : face courte , crâne bien développé et ar- rondi , presque de la forme d'une tête d'oiseau ; dans l'âge adulte: face très-longue, crâne excessivement étroit, rac- courci et aplati. Je me borne ici à ces quelques lignes, pour annoncer TERRE de MOîiFREULE à Mèry-Corbou (Plateau Arpile truBe. Argile ^rise. ^-iclie âe Silex '^^:^^^^^^^^v^^^^fe^^^^^^ ^ ^'^^^ anilo^ueUa coude i'Aium /0U( Autre Coupe a GrancKamp aiifoïïd iek dallée surlesiorlsdeliYie. Argile éructe Sil ex Art^ile jaune cerise. -^QX^K^"- î^ -î^^^i^^ Counlif; d'Amiens S's^^pVi-^X^^C'V^Vi-^-^^ et au Moulin Qui'Jaon. Coupe prise à Que ttiè ville ( se trouve aussi à. léziâoaj AréiLe trune devetiani: grise à lipariie inf'i'rie'ure. Satie calcaire a §ros ^rain Représentant la. Couck de Silex des Coupes précédentes =tdaûs lesquelles des dents d'Elépliant on.i été trouvées par M"^ LEGRAND ilya 50 ans. Coupe du Breuil - Blangy. \.rêile trune Argile plu.?; gri sj Silex ''-'^ TJivnan delà ^jucti- jè^i^i^S#^:^<^^^J?^\^fe^^ delà C ie S^ Âcl-Leul C11 d' Amiens . — 225 - simplement un fait qui m'a paru n'avoir jusqu'ici été re- marqué d'aucun anatoraiste, me réservant de traiter ce sujet plus amplement dans un travail, avec planches h l'appui, et où j'aurai à présenter également des considérations très- importantes sur la composition de l'occipital , de l'atlas et de l'axis , et sur la comparaison de ces os dans les Crocodiliens actuels et dans les différents types de Téléosauriens. M. de Caumont témoigne son étonnement de ce que le diluvium du Calvados ait encore fourni si peu d'objets appar- tenant au premier âge de l'homme. « Nous avons pourtant, dit-il, dans le Calvados et dans des espaces très-considérables, le diluvium à silex qui renferme, à St-Acheul , près d'Amiens, ces haches qui ont été trou- vées en si grande quantité, et qui a présenté au moulin Qui- gnon la fameuse mâchoire de M, Boucher de Perthcs. Il serait surprenant que ce diluvium ne présentât dans le Cal- vados aucune trace de l'habitation de l'homme , et pour prou- ver qu'il y a identité de niveau entre la couche à silex de St- Acheul et celle du Calvados, M. de Caumont fait connaître quel- ques coupes prises dans des localités assez distantes les unes des autres, mais qui toutes offrent , comme à St-Acheul , deux couches argileuses recouvrant Le banc de silex qui fournit des haches. Il y a donc lieu de faire des recherches dans ce banc; comme ce diluvium à silex se trouve au fond de certaines vallées aussi bien que sur divers plateaux , on pourrait , en suivant le cours des rivières qui ont dénudé ce silex et qui fournissent, même dans leur lit ( la Vie en entier ) , des quantités considérables de matériaux détachés des bords, matériaux dont ou se sert quelquefois pour la réparation des routes, on pourrait, dit M. de Caumont , examiner, sans excavations , des quantités considérables de ces fragments roulés. La Vie est une des rivières qui cou- lent dans le diluvium , et on peut suivre les couches dilu- 15 — 2^6 — viennes tout près du château de Grandchamp dans les herbages arrosés par cette rivière. Les mêmes circonstances se présentent dans d'autres vallées , de sorte que le Pays-d'Auge offrirait de grandes facilités pour l'exploration du diluvium dans le Calvados. Après cette communication de M. de Caumont , plusieurs membres rappellent les diverses trouvailles qui ont été déjà faites dans le diluvium sur divers points du Calvados et les ossements nombreux de Mammifères qu'on y a rencontrés. Dans son important mémoire sur les ossements de mam- mifères fossiles de la période diluvienne trouvés aux environs de Caen, M. Eudes-Deslongchamps signale plus particulière- ment une lête presqu'entière de Rhinocéros ticliorhinus trouvée à Venoix , dans une tranchée de chemin de fer , la portion symphysée de la mâchoire inférieure d'un jeune éléphant, le \lammouth, provenant de la même localité ; des nombreux ossements renconlrég sur les bords de la Mue, à Moulineaux , et parmi lesquels M. Desiongchamps père reconnut des débris de Felis spelœa , de Hyana spelcca , à'Elephasprimigenius, dii Rhinocéros tichorhinus, d'Ec/uus fossilis , de Megareros kybernicus , de Bas primigenius, — Des ossemorïts pouvant se rapporter à plusieurs de ces espèces , surtout à ÏEqut/s fossilis , au Bos primigenius et h V Elephas primigenius ont été recueillis par MM, Luard , Morière et l'abbé Marc à diverses époques. — M. le docteur Legrand avait aussi , de son côté , signalé la présence de dents d'éléphant dans un sable calcaire à gros ^rain de la vallée de Corbon, il y a une trentaine d'années. — Jusqu'à présent, toutefois, on n'a pas rencontré de silex taillés, ou plutôt l'attention des explorateurs n'avait pas été appelée sur ce point. La communication faite par M. de Caumont va certainement les engager à diriger leur attention sur ce côté; et le musée d'histoire naturelle ne tardera pas , probable- — 227 — ment , à posséder des silex taillés trouvés dans le diluviurn du Calvados. M. Raulin , professeur de physique au lycée de Caen , rend compte à la Société du résultat de ses récentes ob- servations sur la végétation des iMucédinées. Cette commu- nication se trouve résumée dans la note suivante : NOTE LA VEGETATION DES MUCEDINEES DANS LES I\TILIEUX ARTIFICIELS. DE LEUR APPLICATION A L'AiNALYSE CHIMIQUE Dans une des séances de 1867 , j'ai eu l'honneur de com- muniquer à la société Linnéenne les résultais de quelques expériences sur la végétation dos iMucédinées, en particulier de VAscophora nigrans dans un milieu artificiel. Après avoir constaté qu'un certain nombre d'éléments minéraux interviennent utilement dans ces végétations . j'ai commencé depuis quelque temps à rechercher le rôfo qu'ils peuvent jouer. Cette étude est encore peu avancée. Néanmoins je pense que les principaux d'entre eux , le phosphore, le potassium , le magnésium, le soufre, entrent dans ces végétaux comme éléments constituants nécessaires, peut-être en proportions définies , comme dans les composés minéraux, mais en proportions beaucoup plus faibles. Quant au fer, qui a été aussi reconnu utile à ces êtres, il m'a paru jouer un rôle tout spécial. 1" Le rôle des sels de fer est d'empêcher la formation d'une substance que développe la vie de la plante el qui est pour elle un poisoa. — 228 — 2" Cette substance paraît avoir les propriétés de l'acide sulfo-cyanhydrique (lyS^H. 3" Ce corps ne se forme jamais en présence d'une pe- tite quantité de sels de fer ; mais il apparaît toujours en l'absence de ces sels , et se forme probablement aux dépens des nitrates, des sulfates , et du sucre du liijuide nutritif , désoxydés par le végétal. Il est probable que lorsque la plante rencontre des sels de fer , qui se changent facilement en peroxyde de fer, c'est à ces derniers qu'elle emprunte de préférence de l'oxygène , et alors l'acide sulfo-cyanhydrique ne se forme point. Si certains sels minéraux sont utiles à la végétation , d'autres lui sont prodigieusement nuisibles. Ainsi les sels d'argent (nitrate d'argent) à la dose de 7 milligr. par litre de liquide empêchent toute végétation. Avec 0 milligr. 6 par litre, la végétation est encore sensiblement diminuée. Les sels de mercure sont encore des poisons violents , mais relativement moins funestes : leur action est manifeste à la dose de 2 milligr. par litre. Les sels de cuivre , qui ont généralement la réputation d'être vénéneux , exercent sur ces végétations une influence notable , mais beaucoup moindre que les sels précédents: 6 grammes de sulfate de cuivre par litre ne font pas en- core disparaître toute trace de végétation. Si l'on considère un végétal comme un composé chimique so- lide, plus ou moins complexe, pouvant se former par la réunion d'un certain nombre de composés parfaitement déterminables, ce végétal paraît devoir se prêter aux besoins de l'analyse chimique exactement comme un composé minéral. C'est une idée, déjà ancienne, développée par M. Bobierre d'abord, par M. G. Ville ensuite , relativement aux grands végétaux. Mais elle est dans ce cas inapplicable en pratique à cause de la durée et de la difficulté des opérations. Au contraire , , - 229 — les Mucédinées, qu'il est si facile de développer et de ré- coller dans l'espace de trois à quatre jours , paraissent devoir se prêter beaucoup mieux à la solution de ce pro- blème, et donner une méthode d'analyse susceptible d'un certain degré de généralité, si on songe aux substances déjà nombreuses reconnues utiles ou nuisibles à ces végétaux. Le principe de celte méthode serait celui-ci : comparer le poids du végétal obtenu dans un milieu qui contient la substance qu'on veut rechercher, soit qualitativement , soit quantitativement , au poids du végétal , dans un milieu privé de cet élément. Sans insister sur les détails de cette méthode dont je me propose de rechercher avec soin la valeur pratique , je dirai qu'elle me paraîtrait présenter , dans certains cas, une cer- taine supériorité sur les méthodes d'analyses ordinaires ; des quantités fort petites de certains éléments produisant sur la végétation des résultats considérables , dans un milieu chimique fort complexe , cette méthode semblerait donc s'appliquer surtout à la recherche de quantités de substances fort petites disséminés dans un milieu très-compliqué. Lu seul exemple fera comprendre ma pensée : les doses de sel d'argent qui, même dans l'eau pure, ne précipitent plus par les chlorures, détruisent encore toute végétation , cl j'ai reconnu , par l'absence de toute trace de végétation dans un vase en argent , bien que le liquide fût parfaitement ap- proprié aux besoins du végétal , que l'argent se dissout dans un pareil liquide , bien que les chlorures n'y donnent aucun précipité, et que l'argent passe généralement pour inatta- quable par des liquides de cette nature. Il y aurait donc, peut-être dans ces végétaux , un moyen fécond d'analyse qui aurait sa place parfaitement marquée à côté des méthodes analytiques de la chimie minérale. A 9 heures 1 /2 la séance est levée. SÉANCE UU 6 AVRIL 1868. Présidenee de II. J. l'IERRE. A 7 heures 1/2 la séance esl ouverte. En l'absence du président et du vice-président , M. Pierre occupe le fauteuil. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Secrétaire donne ensuite connaissance des lettres et des ouvrages qui ont été reçus par M. le Président et que celui- ci a fait déposer sur le bureau. M. Goulard signale à la Société deux mousses qu'il a trouvées, l'une, YEuryncliium circinnaium , à l'entrée des carrières d'Allemagne près Caen ; l'autre, ï Hypnum pratense, V. b, Schimp. , ou Hypnum armatU7n, Harlm, dans les falaises entre Port-en-Bessin et Longues. M. le docteur Liégard entretient ses collègues de la dé- couverte d'un très-beau nid de guêpes faite à Bavent, dans ua grenier à blé. Ce nid , qui a été rapporté à Caen par M"' Béziée, doit être offert au Musée d'histoire naturelle. Le même membre ajoute à la communication précédente qu'il a eu l'occasion de voir, ces jours derniers, un brochet qui ne mesurait pas moins de O^'SO de longueur et qui pesait 5 kilog. Ce poisson provenait d'un étang du département de la Mayenne. M. Morière lit , au nom de M. le docteur Godey , de Ballerov, le travail suivant. i — 251 — QUELQUES OBSERVATIONS SXJR LES LIClitEISrS DANS LA BASSE-NOHMANDIE, Par le T>' OODEY. Il m'a été souvent adressé par les gens du monde et ies agriculteurs de mon voisinage des questions comme celles-ci : Pourquoi les pommiers sont-ils plus couverts de mousses (lisez lichens) que les autres arbres qui les entourent ? Pourquoi ceux de tel champ en sont-ils envahis, tandis qu'un peu plus loin ils en présentent à peine quelques traces? Ces PARASITES n'ont-ils pas une influence fâcheuse sur la végétation des arbres où, ils se sont fixés, etc. , etc. Pour trouver la solution de ces problèmes et donner une réponse rationnelle aux curieux et aux intéressés qui me les posaient, j'ai été entraîné dans une série d'obser\'ations dont j'ai cru devoir cousigner ici le résultat. § 1". fMaintes fois j'avais été frappé, dans mes herborisations, de la pauvreté en lichens de certaines parties basses de bois et de forêts où la vétusté des arbres, un ombrage plus épais, des troncs rabougris, etc. , me laissaient espérer une ample n'colte d'espèces de cette classe. Je n'y trouvais souvent au — 2S2 — contraire que mousses, hépatiques ou champignons, tandis qu'au\ environs d'une clairière, comme aux abords d'une voie d'exploitation ou sur les lisières, j'y rencontrais généra- lement des lichens en abondance. On est fréquemment surpris au voisinage des grands bois, et dans les terrains arides et élevés du complet envahisse- ment des pommiers par ces sortes de productions. Dans ces conditions, les arbres, même à l'écorce la plus lisse, comme les hêtres, se trouvent souvent aussi recouverts en totalité par des espèces à thalle foliacé ou fruticuLeux. Recherchons donc les causes qui doivent avoir ici la principale influence. Si on envisage par comparaison et au même point de vue les espèces saxicoles, on trouvera les mêmes causes agissant de la même manière, dans les mêmes conditions. En effet , dans les forêts , comme celles de St-Sever , d'Alençon ou de Fontainebleau, on rencontre les blocs de granité ou de grès tapissés de mousses dans les lieux bas et ombragés, partout où l'air n'a pas un accès facile, tandis que dans les points découverts et élevés ces mêmes roches servent de subsiraium aux lichens crustacés ou foliacés. Dans les vallées rocheuses, les parties inférieures abondent en mousses et hépatiques, et les lichens y sont d'autant plus variés et plus abondants qu'on les examine dans des points plus élevés (1). Il existe sur plusieurs points des environs de Balleroy des amoncellements considérables de fragments de schistes, débris d'anciennes carrières d'ardoises. Aucune phanérogame n'a pu encore s'y établir, que déjà de nombreux lichens recouvrent (1) Il s'agit seulement ici des vallons qui sillonnent la Normandie et non des vallées profondes des régions alpesties, où des influences d'un autre ordre viennent favoriser ou enrayer le développement des lichens. — 233 — la surface de ces rocailles dans les points les plus baignés d'air et de lumière, et surtout au sommet de ces sortes de turaulus. De même, la végétation cryptogamique des landes et des bruyères qui couronnent le plus souvent la crête des vallons du Bocage est presque exclusivement composée de lichens à thalle fruticuleux , qui couvrent complètement le sol sur d'immenses étendues ; là encore règne un air pur, sans cesse renouvelé, et une abondante lumière. Les espèces , assez peu nombreuses du reste , qui végètent dans le lit des ruisseaux ou des rivières , et sur les rochers sous-marins , ne prospèrent dans ces stations exceptionnelles qu'à la condition d'un liquide agité el de la plus grande transparence. Aussi, ne les rencontre-t-on guères qu'au contact des sources limpides , dans les courants des eaux vives ou sur les rochers où la vague déferle , et qui le plus souvent sont découverts à chaque marée. L'accroissement des lichens est d'autant plus prompt qu'ils se trouvent plus longtemps imprégnées d'humidité. Ce n'est que dans cet état de ramollissement qu'ils peuvent s'appro- prier les éléments de l'air atmosphérique qui leur con- viennent. A l'état sec , leur activité vitale se trouve momen- tanément suspendue , et ils ne peuvent recouvrer leurs fonctions absorbantes que quand la pluie ou la vapeur d'eau est venue de nouveau les imprégner. Nous trouvons donc dans l'état hygrométrique de notre contrée une cause puissante pour favoriser le développement des Cryptogames et des Lichens en particulier ; aussi , leur abondance y est-elle relativement considérable. S a. Si ces conditions de vitalité et de comfilet développement , — 25a — air pur , abondante lumière et humidité , occupent le premier rang , la nature du substraium joue aussi un rôle d'une grande importance dans leur multiplication et leur évolution. En général , les écorces et les roches dures et rugueuses (chênes, pommiers, grès, granit, etc.) verront se développer un plus grand nombre d'espèces à thalle fruti- cuLeux ou foliacé ; les écorces et les roches lisses ( hêtres , peupliers , schistes , etc. ) ne serviront le plus souvent de support qu'à des espèces à thalle crustacé. La fixité du substraium lui-même doit encore entrer en compte ; car les lichens sont des végétaux éminemment perennes , dont la vie est contrariée , enrayée même par la mobilité de leur point d'appui, de là l'adage : « Pierre qui roule n'amasse pas mousse. » Nous ne rencontrerons donc , dans ces conditions désa- vantageuses , que des espèces avortées ou bien rarement quelques autres d'une évolution très-rapide , comme le Verrucaria biformis, Borr. , qui vit souvent seul sur l'écorce écailleuse et caduque de nos platanes , et ne parvient à y fructifier que dans les lieux bien aérés, en société de quelques espèces foliacées , qui ne font qu'y naître , ou encore de quelqi^tis Grapliidées qui ont à peine le temps d'y développer quelques lirelles. S 3. En pénétrant dans les villes d'une certaine importance, on sera étonné de l'absence presqu'absolue de lichens, soit sur les murs , soit sur les arbres des jardins de l'intérieur. Les faubourgs , où la circulation de l'air est moins entravée , offrent déjà un plus grand nombre d'espèces, qui se trouvent toujours en rapport direct avec une aération plus complète et une plus grande élévation. La proportion en augmentera — 235 — encore dans les villages ayant une exposiiion découverte et libre à tous les vents. Sans nul doute , l'air plus ou moins vicié des grands cen- tres de population , et la dose de lumière moins considérable qui pénètre dans leur intérieur sont un double obstacle à l'évolution des lichens, plantes éminemment aérophiles. Les végétaux qui les y représentent alors , sont de l'ordre le plus inférieur, comme quelques algues de la famille des Palmeltées ou des Lyngbiées. Il semblerait ici que la nature fait un su- prême effort pour fournir encore , dans ces lieux peu favo- rables au développement des êtres supérieurs , une petite dose d'oxygène par l'intermédiaire de ces plantes, uniquement composées de cellules remplies de chlorophylle. Le pied des murailles , les palissades en planches , le tronc même des arbres y sont complètement recouverts de Proiococceus , de PalmeUa ou de Lijngbia. Ces faits établis , il nous paraît intéressant de rechercher si , dans la classe des Lichens , certaines familles ou certains genres n'exigent pas, pour leur complète évolution, le contact de l'air atmosphérique le plus pur et l'exposition à la lumière directe ; s'il est des groupes ou des espèces particulières moins exigeantes auxquelles ces conditions choisies ne sont pas indispensables, et si enfin quelques genres ou quelques espèces seulement font exception à la règle générale. Examinons d'abord les espèces corticoles de nos environs , que nous voyons constamment pulluler dans les parties les plus élevées des arbres , et qui paraissent ne se bien déve- lopper que dans les stations qui réunissent les conditions premières que nous avons signalées. Les tribus des Lsnees et des Ramaiinees se trouvent en première ligne. — 236 — Dans les forêts et les grai;ds bois dominent VUsnea bar- bota Fr. , et ses différentes formes, U. florida Fr., U. hirta Fr. , U. dasypoga Fr., (7. plicataYv., U. articulata hch. , et U. Ceraiina Nyl. Cette tribu semble moins bien prospérer au voisinage des lieux habités. Les Ramalinées , un peu moins difficiles , outre qu'elles sont les fidèles compagnes des Usnées, végètent très-bien dans nos vergers et dans les jardins des bourgades; les espèces suivantes envahissent quelcjuefois des arbres en- tiers et les pommiers paraissent être leur support de prédi- lection : telles sont VEvernia prunastri Ach., le Ramalina caUcaris Fr., et ses variétés fraxinea Fr. , fasiigiaia Fr, , farinacea Fr. , cl le R. poUinaria Ach. , avec sa forme elatior Ach., qui acquiert sur certains arbres d'énormes proportions (8-10 centimètres de haut, jusqu'à /i-5 de large ) , mais qui reste toujours stérile. Bien que les Ramalinées s'élèvent jusqu'au sommet des arbres les plus élevés, où ils accompagnent ordinairement les Usnées , elles descendent toujours beaucoup plus bas qu'elles. Les espèces et les formes saxicoies des deux tribus précé- dentes semblent surtout choisir un habitat bien aéré et les rayons directs du soleil. Ex. : Roccelia fuciformis Ach. — phycopsis Ach. Ramalina scopulorum Ach. Nous ne rencontrons , en effet , ces trois espèces que sur les rochers où arrive le plus d'air et de lumière. Les deux premières ne vivent même que sur les rochers maritimes les plus battus des vents. Le plus grand nombre des espèces de la tribu des Stéréo- caulées se plaisent aussi sur les roches bien aérées et forte- ment éclairées. C'est dans ces sortes de stations qu'on ren- — 237 — contre plus particulièrement en Normandie, les Stereocaulon coraUoides Schreh. , var. dactylaphyllum Flk. , Si. paschale Fr., St. lomentosum Fr., et St. denudatum Flk. — Le St. nanum Acli. semble faire exception , en s'établissanl presque toujours dans les fissures plus ou moins ombragées des ro- chers. Aussi ne parvient-il jamais à un développement com- plet, la fructification n'en est même pas encore connue (1). Les lichens terrestres à thalle fruticuleux, qui composent la tribu des Cladoniées et qui envahissent d'immenses pla- teaux dans l'hémisphère boréal , occupent plus pariiculière- ment dans notre contrée la crête de nos coteaux arides ou leur versant sud ; ils sont, dans nos bruyères élevées, presque les seuls représentants de leur classe , avec les Bœomyces (1) Un Lichen est dit fertile ou fructifié, lorsqu'il a développé des Apothécies, réceptacles des ihèques et des spores, qui sont le mode de reproduction de ces plantes dans sa plus complète expression. Mais , non moins bien dotés que les champignons d'organes reproducteurs multiples , ils ont comme eux leurs spermogonies et leurs pycnides , et de même qu'un fragment du mycélium de ces derniers reproduit la plante entière, de même aussi le tlialle des Lichens , qui peut lui être comparé, donne naissance à de nouveaux individus par la dissémination de ses gonidies , organes analogues à la clUorophylle des végétaux su- périeurs, qui jouit elle-même de propriétés reproductrices, comme l'a observé le premier notre compatriote Turpin sur les feuilles d'un Ornitlwgalum , qu'il a vu se couvrir de germes et reproduire cette Liliacée. Avec de telles ressources de propagation et de vitalité, il n'est plus étonnant de voir pulluler autour de nous ces splendides ornements de la nature ; car, pour couvrir l'énorme surface qu'ils occupent sur le globe, il était nécessaire que leur petit volume fût compensé par leur multiplicité , résultat obligé d'une reproduction large et facile. — 238 — rafus DC. , ïi. roaeus P<'rs. , ot B. icmadopkilus Nyl. , espèces à ihalle crusiacé ou granuleux, qui croissent dans les sentiers et les parties entièrement dénudées. Je ne citerai ici que les espèces les plus tranchées qui se rencontrent le plus fréquemment en Normandie. Elles sont, en général, tellement protéiformes qu'elles se fondent insen- siblement les unes dans les autres par une série de variétés et d'états sans nombre, au point que quelques-unes deviennent presqu'impossibles à délimiter : aussi cette tribu , plus que toute autre , doit-elle être étudiée Largo sensu. Tels sont : Ctadonia papiUaria Hffm., qui accompagne souvent les Bœomyces et choisit , comme eux , les points tout-à-fait dé- couverts et stériles ; Cl. pyxidata Fr, , une des espèces les plus répandues et moins exigeante d'air et de lumière que ses congénères ; CL endiviœfolia Flk. , et CL alcicornis Fr. , espèces à thalle foliacé très-développé ; la première paraît plus fréquente sur les coteaux calcaires et arides que dans les terrains siliceux , où croit de préférence la seconde ; CL gracilis Hffm., et CL cornuta Fr., vivent souvent en société sur la terre des bruyères. Cl. furcata Hffm., fréquent sur le revers des fossés et les murs, dont il occupe presque toujours le faîte ; CL squamosa Hlfm., tout eu affectionnant les lieux élevés, se rencontre aussi parmi les mousses , sur les pierres et même le bois pourri ; Cl. rangiferina Hffm; cette espèce avec ses variétés oc- cupe les plus grands espaces ; CL uncialis Hffm., commune parmi I? précédente ; Cl. cornucopioïdes Fr. ne croît que sur la terre nue et stérile des landes et des bruyères , .se faisant remarquer par ses apoihécies rouges , comme celles des deux espècps sui- — 239 — vantes, que l'on rencontre aussi dans les lieux moins élevés, sur les troncs pourris et parmi les mousses : CL digiiata Hffm. , et CL. macileuta Hffm. 6. Si nous passons au groupe des Lichens à thatie foliacé , nous trouverons en première ligne pour notre thèse la tribu saxicole des Gyrophorées , qui semblent n'avoir jamais trop d'air ni de lumière . car olles occupent sur les points élevés les roches les plus directement exposées au soleil. Parmi les espèces du genre UmbiLicaria , nous remarquons , sur les rochers siliceux et granitiques de Normandie, les espèces suivantes : U. pustulata Hffm., U. Iiirsuta Fr. , U. murina DC, et U. polypliylla Schrad. , qui ont toutes les mêmes habitudes. La tribu mixte des Parméliées , où la plupart des espèces vivent indistinctement sur les écorces ou sur les roches , est déjà moins difficile pour la station , bien que généralement leur développement soit plus complet quand elles réunissent les conditions premières déjà signalées. Il en est même parmi elles qui ne peuvent s'y soustraire et que l'on ne rencontre que là où les Cmbilicaria végètent d'ordinaire : Le Physcia aquïla Nyl. est de ce nombre ; mais le plus ordinairement , tout en affectionnant les stations bien aérées , on rencontre la plupart des espèces à toutes les hauteurs, sur les troncs d'arbres et les rochers. Trois espèces de cette tribu dominent toutes les autres dans notre contrée par leur abondance, leur facile multipli- cation et leur envahissement, ce sont : 1° Le Parmelia caperata Ach. , qu'on rencontre à peu près partout , mais qui fructifie assez rarement en Normandie ; on ne le voit guères muni d'apothécies que sur les roches — 240 — élevées ou les troncs d'arbres isolés et baignés d'air et de lumière. 2° Le Physcia parietina DN. , qui est bien l'espèce la plus vulgaire de notre pays et qui fructifie si aisément , se trouve cependant réduit à un thalle verdâtre et sorédifère, le plus souvent stérile , dans les iieux bas et ombragés ou exposés à un air vicié , tandis que sur les ardoises des toits élevés des vieux châteaux ou sur les arêtes des vieilles églises, mais surtout sur les rochers maritimes et sur ceux de l'intérieur exposés en plein midi, il se modifie alors en la variété awreo/a Nyl, laquelle se fait remarquer par une belle couleur ruti- lante , plus intense que dans toute autre station , et par des apothécies plus développées. 3° Le Physcia ciLiaris DC. , si abondant sur tous nos arbres et particulièrement sur nos pommiers, devient rare dans les jardins de l'intérieur des villes et disparaît même sur les arbres des promenades publiques des grands centres de po- pulation. Les Stictées elles-mêmes, dont l'intérieur des forêts est y habitat le plus ordinaire , atteignent des dimensions consi- dérables , lorsqu'échappées de leur station habituelle elles se sont établies sur des toits de chaume exposés au midi , comme on peut le remarquer à Balleroy , aux abords de la forêt de Cerisy , pour les Siictina fuliginosa et S. scrobicuiala Nyl. Les Peltigérées se comportent exactement de la mênif manière que les Stictées , offrant un thalle exagéré mais le plus souvent stérile dans les lieux bas et ombragés , sur la terre ou parmi les mousses ; on les voit au contraire , soit à la crête des murs (1) , .soit sur les toits de chaume où elles (1) La plupart des murailles de nos campagnes , construites en pierres schisteuses, sont presque toujours couronnées de terre argileuse, qui otTreut surtout aux Pdtigerœ un excellent habitat. — 2M — pullulent , acquérir non-seulement d'énormes dimensions , mais se couvrir encore, surtout le pourtour de leurs lobes, de nombreuses fructifications et prendre les formes les plus diverses et les plus luxuriantes. J'ai sous les yeux un échan- tillon de Peltigera polydactyla Hlîm, , récolté dans ces conditions, sur lequel je ne compte pas moins de quelques centaines d'apothécies. § ^' Toute la série des Piacodées , qui renferment le plus grand nombre des lichens à thalle crustacé, nous fourniraient des exemples sans nombre pour la démonstration que nous poursuivons; mais comme la plupart sont d'une observation moins facile à cause de leurs plus petites dimensions , nous nous contenterons d'indiquer les plus vulgaires et en même temps les plus répandues et les plus apparentes. Si l'on se place d'abord dans les meilleures conditions d'aération et d'insolation , et que l'on porte ses regards sur un tronc d'arbre, une roche, une muraille depuis longtemps construite , on les trouvera émaillés de mille couleurs , qu'ils doivent aux lichens qui les tapissent. Ici , ce seront de larges plaques blanches , grises ou cendrées produites par les Per- lusaria , les Phlyciis , le Telotrema lepodinnm Ach. , les Lecanora parella et tariarea Ach. , le Placodùim canescens DC. , qui couvre presqu'à lui seul, dans nos environs, des murailles entières. Là, des teintes jaunes et orangées de toutes nuances annonceront la présence des Piacodium ochroieucum DC , murornm Hfîm. , et elegans DC. ; des Lecanora vùettina Ach., phlogina Ach., et orosthea Ach. ; des Lecldea iucida Ach. , et geographica L. , etc. Tantôt , les nombreuses apothécies brunes du Lecanora subfusca Ach., noires du Lecanora atra Ach., et de V Artkonia 16 — 262 — astroidea Ach., rouges du Lenacora kcpmatomma Acii.. et de VArtlwîtia cinnabanna Wallt. , cX les larges macules grisâtres formées par le thalle de la plupart des Graphidées viendront compléter cette riche palette. Dans les stations favorables que nous allons quitter, il n'était pas un point de ce tronc d'arbre , de cette roche ou de cette muraille qui ne fût couvert de lichens. Il n'en sera plus ainsi dans les jardins ou sur les places publiques des villes : les arbres y conserveront leur épiderme et les mu- railles leurs enduits plus ou moins intacts, à moins que plongés dans l'atmosphère viciée des rues étroites et des cours insalubres , ils ne soient envahis par une couche ver- dâtre ou sanieuse de sordides Palmellées ou par le mycélium noirâtre de champignons d'un ordre inférieur. § ». Il nous paraît intéressant de comparer maintenant la ri- chesse de végétation des lichens d'un arbre de nos campagnes avec la pauvreté de plusieurs autres pris au centre d'une grande ville , de Paris par exemple , et dans la partie la plus favorable à leur développement, le jardin du Luxembourg. Ce parallèle nous sera rendu facile par la liste complète qu'en a publiée le iY W. Nylander (l). Je choisis un PopuUis alba , qui s'élevait majestueusement au milieu d'une large pelouse dans le parc du château de Balleroy, et qui a été renversé par l'ouragan de janvier 1868 , circonstance qui m'a permis de parcourir aisément toutes ses ramifications et de dresser la liste suivante , à peu (1) Bulletin de la Sociéié b.iiaitU^uf. de France , sé;mce du 13 juillet 18«fi, I. XIII, p. 36/1-371. — 243 — près complète , des espèces auxquelles ce bel arbre donn.iit l'hospitalité : 1. CoUema nigrescens Ach. Stérile. 2. — aggregatum ^'yl. Abondamment fructifié. 3. Trachylia stigonella Fr. , sur le thalle du Parmelia perlata Fr, U. Usnea barbata Fr. , formes florida et hiria Fr. Stérile. 5. Everniaprunasiri Kch. , et la var. soredifera Ach. Stérile. 6. Ramalina calicaris Fr. , avec les variétés fraxinea Fr., fastigiata Fr. , et farinacea Fr. Cette dernière seu- lement stérile. I. Ramalina poUinnria Ach., avec la var. elatior Ach. Stérile. 8. RicasoLia herbacea DN. Fructifié. 9. Parmelia caperata Ach. Stérile. 10. — tiliacea Ach. Fructifié. 11. — acetabulum Neck. Fructifié. 12. — olivacea L. Stérile. 13. — clementiana Ach. (Physcia Fr.) Abondant et fertile. Mi. — perlata L. Stérile, mais tout couvert du Trachylia stigonella Ach. 15. — Borreri Turn. Stérile. 16. saxatilis L. Stérile. 1 7 . Physcia parietina L. Fertile. 1 S. — ciliaris !.. Fertile , avec la var. actinoia Ach. 19. — pulverulenta Schreb. , var. pityrea Ach. Fertile. 20. — stellaris L., avec la var. tenella Scop . Fertile. 21 . — obsciira, var. ulothrix Ach. Fertile. 22. Lecanora ferruginea Fertile. 23. — cerina Fertile. 2û. — subfusca Acii. Fertile , avec les formes allophana Ach. , et argentata Ach. — 7UU ~ 25. Lecanora albella Pers. Fertile. 26. — aira Ach. Fertile. 27. Periusaria communis DC. Fertile. 28. — Wulfenii DC. Fertile. 29. PhLyctis argena Flk. Fertile. 30. Lecidea parasema Ach., avec les var. Leucoplacoides Nyi., limùata Ach., enieroteuca Ach. 31. Lecidea disciformis Fr. 32. — grrowa Pers. F. s'étalant sur les hépatiques. 33. Opegrapha varia Pers. 3i. — rimalis Pers. 35. — atra Pers. 36. Arihonia punctiformis Ach. 37. — astroidea Ach. F. radiata Nyl. 38. Ke/TMcan'a gemmaia Ach. 39. — epidermidis, F. tremula Ach. En scrutant les arbres du jardin du Luxembourg qui, comme on sait, n'est planté que de trois essences principales : Acer pLalanoides, Tûia plaiyphyUa, OEsculus hypocastanum et les Paulownia de la pépinière , voici les espèces que le ïy Nylander y a observées : 1 . Parmelia acetabulum Neek, Rare et stérile. 2. Physcia parietina L. , avec la var. sorediosa Nyl. 3. — .«e//am Ach. , avec la var. rewe/^a Scop. k. — obscura Ehrh. , avec la var. sorediosa. Rare et stérile. 5. — pulverulenia , var. pityrea Ach. Stérile. 6. — caudeiaria Ach. Stérile. 7. Placodium murorum Hffm. , var. corticola (F. con- tracta) Nyl. 8. Lecanora cerina Ehrh. Fertile. I — 245 ~ 9. Lecanora sophodes , var. exigua Ach. 10. — parisiensis Nyl. H. — scrupulosa Ach. 12. — umbrina Ehrh. 13. Lecidea parasema , var. enieroleuca Ach. 14. — atroalba , var. athroa Ach. 15. Arthonia tenellula Nyl, Ainsi , un seul arbre de nos campagnes m'a offert près de trois fois autant d'espèces que tous les arbres du jardin du Luxembourg, au D"^ Nylander. Si nous ne rencontrons qu'accidentellement autour de nous des arbres aussi riches en espèces que celui que je viens de citer, la plupart cependant présenteront générale- ment un nombre d'individus beaucoup plus considérable que ceux des promenades et des places publiques des grandes villes. §». L'influence d'un air pur sur le développement des lichens m'a été encore démontrée par la pauvreté relative de ces plantes sur les arbres des bosquets où viennent s'abriter ks bestiaux. Je choisis encore un exemple dans le beau parc du château de Balleroy, à quelques centaines de mètres de mon peuplier blanc , sur des points tout aussi bien exposés , afin de rendre la comparaison plus frappante : Là existent des bouquets isolés d'arbres d'essences variées frênes, ormes, chênes, érables, hêtres) , visités à chaque instant du jour par les nombreux bestiaux qui peuplent les riches pelouses du parc , soit qu'ils s'y abritent contre la pluie ou contre les rayons d'un soleil trop ardent. Eh bien , — 266 — ces arbres qui reçoiveni seulement de temps en temps les émanations azotées de ces animaux , n'offrent qu'un très- petit nombre d'espèces de lichens , toujours les mêmes sur les diverses essences et beaucoup moins d'individus que les arbres des alentours ; mais ce qui n'est pas moins digne de remarque , c'est que ce sont les espèces les plus communes du jardin du Luxembourg qui dominent également ici. £x. : Physcia parietina, — steUaris et la var. tenella, — pulverulenta, — obscur a, Lecidea parasema. Ajoutons-y quelques formes du Lecanora subfusca et du Ramalina calicaris , quelques Parmelia caperata , perlata et saxatUis peu développés et stériles , et nous aurons la liste à peu près complète des lichens qui peuvent se développer sous l'influence d'un air de temps en temps vicié, bien que sur des arbres situés dans une exposition qui réunit d'ailleurs les autres conditions les plus favorables. § lo. Je crois avoir sufiQsammenl démontré que les lichens exigent , pour leur complète évolution , le contact sans cesse renouvelé de l'air atmosphérique le plus pur , que celte con- dition est nécessaire à tous et indispensable au plus grand nombre ; qu'il en est cependant de moins difficiles et de moins délicats , mais qu'ils sont toujours de rares exceptions. L'importance que je semble donner à l'insolation , comme condition très-favorable aux lichens, pourra paraître exa- gérée , si l'on se place dans un pays découvert ou dont la température moyenne est plus élevée que dans le nôtre. — 267 — Là nous savons que la lumière diffuse suffit à ces plantes dans le plus grand nombre des cas , que dans les régions tropicales elles recherchent même les troncs d'arbres les plus ombragés , et qu'en général le côté nord des troues et des roches est le plus couvert de ces productions ; mais , qu'on n'oublie pas que nos observations sont limitées au Bocage normand. Dans cette partie ouest de notre province nous remaniiioiis constamment que les côtés sud et ouest des arbres et des rochers , et que le versant des vallons à celte même orientation présentent toujours une plus grande abondance de lichens que les autres côtés. De plus, les pluies que le vent chasse si tré(iuemment dans celte direction , en apportant un bain intermittent aux lichens , en facilitent la multiplication ei en accélèrent le développement de ce côté. En résumé , notre contrée boisée , humide et tempérée , exposée à des vents très-variables, où l'air rencontre peu d'obstacles à sa libre circulation , est aussi une des plus ri- ches en lichens , non-seulement par les espèces, mais surtout par les individus , à tel point que sur certaines essences (les pommiers entr'autres) l'épiderme des branches et des ra- meaux en est complètement envahi. Dire que ces productions ne nuisent en rien à la végétation des arbres serait répandre une erreur ; mais d'un autre côté , ce serait entretenir ua absurde préjugé que de laisser croire qu'ils vivent aux dépens de leurs supports. Les Lichens n'empruntent rien à leur substraïlm ; ces plantes ne sont donc point parasites ; telle espèce végète aussi bien sur la roche la plus dure que sur l'écorce la plus tendre. iM'est-il besoin de rappeler que Fries a vu des lichens sur le 1er et les fenêtres d'un vieux temple de la Scanie ; mais , j'ai moi-même rencontré le Physcia parietina D. N. et le Placodmm canescens DC. dans les mômes conditions , à — 268 — l'ancienne abbaye de Hambye ; et, dernièrement encore, j'ai trouvé incorporée à un vieux mur d'argile de nos environs une semelle de soulier avec ses clous , toute couverte du Lecanora viieUina Ach. parfaitement développé. Qui ne sait enfin la valeur qu'attachaient les anciens (je n'ose dire nos ancêtres) à YUsnée , qu'ils recherchaient sur le crâne des pendus , persuadés de ses propriétés curatives contre l'épi- lepsie ? Les lichens peuvent donc se développer sur tous les corps , pourvu que leur surface offre quelque résistance et demeure stable au moins quelques années ; car ils ont, pour la plupart, une évolution très-lente et fréquemment interrompue dans une sorte de léthargie par les variations atmosphériques ex- trêmes, qui expliquent la durée plus que séculaire de quelques espèces. Si l'excès d'humidité qu'ils peuvent entretenir à la surface des branches et l'obstacle que leur multiplicité peut apporter aux fonctions de l'épiderme, doivent être pris en considération et inviter nos agriculteurs à s'opposer à leur envahissement , il croît, h côté d'eux, un vrai parasite que leur incurie laisse toujours trop pulluler : je veux parler du Gui (Viscum album L. ). C'en est fait du rameau qui le nourrit depuis quelques années. Qu'on se rappelle seulement que cette plante , cu- rieuse à plus d'un titre, peut être, pendant l'hiver, d'une grande ressource pour l'alimentation des vaches laitières. Armez-vous donc de vos serpes, agriculteurs, pour en purger vos pommiers au bénéfice de vos bestiaux , et s'il vous reste quelques loisirs , badigeonnez d'un lait de chaux les principales branches de vos arbres fruitiers , puisque les lichens vous effraient tant ; cette couche calcaire deviendra pour eux un sable mouvant sur lequel ils ne sauront se fixer. . Je ne crois pas pouvoir mieux terminer cet aperçu qu'en — 249 — citant la proposition remarquable de notre grand maître en lichénographie , le D' Nylander : n Les Lichens donnent à leur manière la mesure de la « salubrité de l'air et constituent , pour chaque localité , une « sorte d' hygrotnètre d'une grande sensibilité. » LICHENS NOUVEAUX. Je proûterai de cette réunion , Messieurs , pour vous annoncer la découverte de quelques espèces de Lichens , non-seulement nouvelles pour notre flore normande, mais encore pour la flore européenne. La première , par ordre de date , est le Pannaria micro- leuca Nyl. , trouvée une seule fois sur la terre humide des bords du ruisseau de la Gorette , dans la forêt de Cerisy : c'est une espèce presque microscopique , mais intéressante par le genre peu nombreux où elle vient prendre place. La seconde est le Lecidea interserta Nyl., qui vient s'in- tercaler dans le groupe des Gyalecta Ach., auprès du L. carneola Ach. Je l'ai rencontré invariablement sur le tronc des chênes dont l'écorce n'est plus lisse , sans être encore très-rugueuse. Son thalle ochracé-ferrugineux en décèle au loin la présence , et grâce à ce caractère , j'ai pu en récolter , tant dans le parc de Balleroy que dans la forêt de Cerisy , un nombre d'échantillons suffisant pour lui faire donner l'hospitalité dans les exsiccata que publie M. Malbranche. Enfin , tout récemment , le Verrucaria pycnosligma Nyl. Ce curieux lichen vient s'ajouter aux rares espèces qui ont pour substratum le thalle d'autres lichens , tels que le — 250 — Sphinctrina lurbinata Fr. et le Trachylia stigonella Fr. de la tribu des Caliciés (1). M. Pierre donne connaissance d'une note de M. Puchot sur l'électricité statique. NOTE SUR LE POUVOIR DES POINTES ET LA TnÉORlE DU PARATONNERRE. Par E. PUCHOT, préparateur à la Faculté des Sciences de Caen. Depuis la découverte de Franklin , les études d'électricité statique ont eu pour application principale l'électricité atmos- phérique et le paratonnerre. (Cependant , quelques faits re- latifs au paratonnerre n'ont encore reçu qu'une explication incomplète. Ainsi , il est établi par des observations suffi- santes , qu'un bon paratonnerre est quelquefois frappé de la foudre ; mais on n'indique pas dans les ouvrages de physique comment peut se produire ce phénomène qui , au contraire , a paru en contradiction avec les démonstrations expérimen- tales. (Ij Jai récolté dans le Calvados le Trachylia sliyonella Fr., au Tronquay, sur le Parmelia -perlata L. ; à Falaise, sur le Pannelia saxniilis L. et sur le Physcin parietina D. N. (corticoles) ; et enfin à Balleroy, sur une Varifllaria que je n'ai su à quel Pcrinsavia rap- porter. Jusqu'ici, cette espèce n'avait élé indiquée que sur le Pertusaria commun J.s DC. — 251 — Cette note a pour objet, d'abord d'exposer certaines conditions dans lesquelles le pouvoir des pointes se modifie , et ensuite d'en faire l'application au paratonnerre. I. EXPÉRIENCES SUR UNE PROPRIÉTÉ DES POINTES MÉTALLIQUES. Si on place sur le conducteur d'une machine électrique une pointe métallique , la machine ne peut se charger ; la pointe laisse écouler le fluide. Si devant le conducteur de la machine on présente une pointe communiquant avec le sol , de l'électricité s'écoule par la pointe et va neutraliser celle de la machine ; mais dans ces deux cas , l'électricité s'écoule sans explosion. Il ne faut pas trop généraliser et regarder comme impos- sible de faire jaillir une étincelle électrique sur une pointe aiguë. Les expériences suivantes montrent que, en se plaçant dans des conditions bien définies, on obtient des étincelles entre une pointe et un corps arrondi , ou même entre deux pointes. Expérience 1. On dispose devant le conducteur A de la machine électrique un conducteur B isolé , puis on présente devant B une pointe C communiquant avec le sol , et on fait fonctionner la machine. A se charge de fluide positif; les conducteurs B et C sont électrisés par influence ; si , au lieu de la pointe C, il y avait une surface arrondie, on obtiendrait, comme on le sait, — 252 — des étincelles entre A et B et des étincelles entre B et C ; mais avec la pointe C, on serait porté à croire qu'il s'écoulera de C du fluide négatif allant neutraliser le fluide positif de B, et que le fluide négatif s'accumulant sur B, produira des étincelles entre A et B. Il en est tout autrement , si les dis- tances sont convenablement choisies : il éclate simultanément entre k et h et entre B ef C des étincelles très-bien carac- tériséeSf atteignant facilement une longueur de 1 décimètre. On détermine sans difficulté , par quelques tâtonnements , les positions à donner aux conducteurs pour que l'expérience réussisse. Si , en laissant invariable le corps B , on éloigne C. peu à peu , il arrive un moment où les étincelles cessent d'éclater à la pointe , mais en même temps elles disparaissent entre A et B, et l'électricité s'y écoule sous forme d'un trait lumineux continu. Il est à remarquer que , lorsqu'il se produit des étincelles à la pointe C, elles ont visiblement une intensité moindre que dans le cas où la pointe serait remplacée par une surface arrondie. Expérience 2. On fixe une pointe sur le conducteur A de la machine ; devant cette pointe , on place le conducteur isolé B ; enfin on présente à B un conducteur C arrondi , communiquant avec le sol , et on fait fontionner la machine. Ici, comme dans la 1" expérience, on se serait attendu à un écoulement continu d'électricité par la pointe fixée sur A ; mais , comme précédemment , si les dislances sont conve- nables , il se produit des étincelles simultanées aux deux in- lervjilles. — 255 — Expérience 3. Le conducteur isolé B, qui se place devant la machine , est arrondi du côté de la machine et porte une pointe de l'autre côté ; le conducteur C communique avec le sol et présente à B une extrémité arrondie. L'expérience réussit également bien ; on obtient encore des étincelles simultanées aux deux intervalles. Si le conducteur C présentait une pointe en face la pointe de B , les effets resteraient les mêmes : il y aurait des étin- celles entre les deux pointes. Expérience k. Le conducteur B de l'expérience 3 est retourné , sa pointe est dirigée vers le conducteur de la ma- chine ; le conducteur C , communiquant vers le sol , est arrondi vers B. Avec cette disposition , on obtient les mêmes résultats que dans l'expérience précédente. Si le conducteur A de la machine portait une pointe dirigée vers celle de B , les effets observés resteraient les mêmes : on aurait des étincelles entre les deux pointes. Au lieu d'employer immédiatement l'électricité de la ma- chine , on peut arriver à des résultats tout à fait semblables , en se servant de l'électricité accumulée dans les condensa- teurs. Si on met une pointe en communication métallique avec la panse d'une bouteille de Leyde , et qu'on présente à la pointe l'armature intérieure , la bouteille se décharge sans — 254 — explosion ; mais si on interpose une sphère métallique isolée, il y a explosion et étincelle aux deux intervalles. Une dispo- sition de ce genre se trouve réalisée dans l'appareil qu'on emploie pour l'expérience du perce-carte. Dans toutes ces expériences , un des intervalles où s'ob- servent les étincelles n'a pas de pointe , l'étincelle y jaillit entre deux corps arrondis ; s'il y avait une pointe à chacun des intervalles, l'écoulement serait continu sans explosion. Au lieu de deux interruptions entre la machine et le sol , il peut y en avoir un plus grand nombre ; alors la condition de succès est que l'un au moins de ces intervalles soit limité par deux surfaces arrondies. Il est à remarquer aussi que , lorsqu'on obtient des étin- celles à une pointe , il y a néanmoins à cette pointe un écou- lement d'électricité. On l'observe aisément en choisissant des distances telles que les étincelles se succèdent à des intervalles assez considérables ; alors entre les étincelles con- sécutives , on voit un écoulement de fluide , qui est accusé par une aigrette à la pointe , et mieux encore par le trait lumineux qui , à l'autre intervalle , indique le passage de l'électricité. C'est ce qui explique pourquoi l'étincelle ac- quiert de l'intensité lorsqu'on remplace la pointe par une surface arrondie. Les deux expériences suivantes peuvent encore offrir do l'intérêt en vue des applications. Expérience 5. Les choses étant disposées comme elles l'étaient pour l'expérience 1 , on éloigne la pointe C jusqu'à ce que les étincelles cessent d'éclater , mais en restant près de la limite ; puis on pratique une interruption dans le con- ducteur qui établit la communication entre la pointe et le sol , en ayant soin de terminer cette interruption par deus surfaces arrondies. En taisant fonctionner la machine avec la même vitesse , — 255 — on obtient de nouveau des étincelles: d'on celte conséquence, que les deux intervalles terminés par des surfaces arrondies ajoutent leur action pour favoriser la production du phé- nomène. Expérience 6. iVlênie disposition que pour l'expérience 1, seulement au lieu d'une pointe , on en présente plusieurs au conducteur B ; une de ces pointes est à une distance un peu moindre que les autres. On observe , en faisant fonctionner la machine , qu'il éclate des étincelles entre A et B , et en même temps entre B et celle des pointes qui est la plus rapprochée. Aux autres pointes , il existe en même temps un écoulement continu d'électricité , que l'on constate , soit par les aigrettes lumi- neuses qui en résultent , soit eu pratiquant une petite in- terruption sur les liges qui les mettent en communication avec le sol. Si on remplace une des pointes par un corps arrondi et situé à une distance plus grande que la pointe la plus rap- prochée , l'étincelle continuera de jaillir à cette pointe. Le corps arrondi no prendra l'étincelle que s'il n'y a pas de pointe plus rapprochée que lui du conducteur isolé; mais l'étincelle ne paraît rien gagner en intensité ; le voisinage des pointes s'y oppose. II. APPLICATION AUX PARATONNERRES. Les physiciens ont pendant longtemps regardé comme im- possible l'explosion de la foudre sur un paratonnerre bien établi , et ils attribuaient exclusivement à des imperfections dans ces appareils, les coups foudroyants dont il n'est pas rare de les voir atteints. — 256 — Ce qui a pu accréditer cette opinion théorique , c'est que les coups de foudre qui frappent un bon paratonnerre, ne laissant que peu ou point de traces de leur passage, restent ignorés la plupart du temps ; tandis que , lorsqu'il s'agit du paratonnerre défectueux , les dégâts , ordinairement considé- rables, qui ont lieu, appellent l'attention. Les considérations sur lesquelles on s'appuyait pour dire qu'un bon paratonnerre ne peut être frappé de la foudre , n'expliquent pas davantage pourquoi une solution de con- tinuité dans le conducteur , ou une mauvaise communication avec le sol , permettent à la foudre de tomber sur un para- tonnerre qui présente ces défauts ; elles peuvent même prouver qu'un tel paratonnerre ne sera pas foudroyé. Pour qu'il y ail étincelle il faut, dit-on, que l'électricité acquière une certaine tension ; elle ne peut en acquérir à la pointe : donc le paratonnerre , h l'extrémité duquel l'élec- tricité de nom contraire à celle du nuage s'écoule sans ré- sistance , ne sera pas foudroyé ; mais, dans la même théorie , si le paratonnerre présente une interruption , le fluide de nom contraire à celui du nuage ne s'y accumulera pas da- vantage ; la pointe le laissera écouler ; si quelque tension existe sur la tige ou sur le conducteur, ce sera de l'électricité de même nom que celle du nuage , ce qui peut avoir son danger , mais ne peut provoquer d'explosion entre la pointe et le nuage. Aujourd'hui les savants, en admettant comme possibles les coups de foudre sur un bon paratonnerre , disent que cela peut se faire par le développement subit, dans le voisi- nage du paratonnerre, d'une force électrique considérable dont l'origine n'est pas connue. Toutefois , ce phénomène semble n'être admis qu'avec hésitation , car il est regardé comme très-rare , très-exceptionnel ( Instruction de 185i ). Il est donc important de montrer quelles circonstances — 557 — peuvent déleranner la production des coups foudroyants sur un paratonnerre , il est facile de le faire en se reportant aux expériences qui viennent d'être décrites. Souvent pendant un orage, on voit des nuages à diffé- rentes hauteurs ; on peut très- bien concevoir que, au-dessus d'un paratonnerre , il y ait un nuage chargé d'électricité , et qu'un autre nuage , à l'état naturel , vienne à passer entre deux, ou bie;i encore, que deux nuages étant au-dessus d'un paratonnerre , celui qui est le plus élevé reçoive une charge d'électricité. Ce sont les conditions de l'expérience 1; la machine électrique représente le nuage supérieur électrisé, le nuage inférieur est figuré par le conducteur isolé B, et le paratonnerre par la pointe C. La foudre , si les distances relatives sont convenables, tombera sur le paratonnerre, puisque, dans ces conditions, l'étincelle éclate sur une pointe. On peut se demander comment, à ce point de vue, doit être appréciée l'importance de chacune des conditions pres- crites pour la construction d'un paratonnerre. On a vu , par la remarque faite à la suite de l'expérience 1, que l'étincelle est moins intense sur une pointe que sur une surface arrondie , substituée à la pointe dans les mêmes con- ditions ; il conviendrait donc, alors même qu'on ne voudrait voir dans le paratonnerre qu'un instrument destiné à re- cevoir les coups de la foudre , d'adopter la terminaison en pointe et non la terminaison obtuse , puisque les coups qui atteindront le paratonnerre seront moins violents. On peut aussi chercher à se rendre compte de l'influence d'une communication imparfaite avec la terre ; il y a ici à dislingi:er le cas où cette mauvaise communication est duc à un défaut de conductibilité des matériaux que le fluide doit traverser , et celui où il y a une solution de continuité dans le conducteur. 17 - 258 — Si le fluide trouve quelque diCfi culte pour se rendre au réservoir commun , il est probable que, toutes choses égales d'ailleurs, le paratonnerre sera moins exposé à être foudroyé, ou qu'il le sera moins fortement ; car dans l'expérience 1 , la pointe communique bien avec le sol ; mais ce n'est pas là un avantage , ce serait protéger le paratonnerre aux dépens de l'édifice; il n'est pas besoin de rappeler tous les dangers qui sont à craindre avec un tel paratonnerre. La mauvaise communication provient-elle d'une solution de continuité , que l'électricité puisse traverser sous forme d'étincelle , alors c'est une condition favorable aux coups foudroyants ; en effet, en examinant la disposition de l'expérience 5, on conçoit qu'il peut en résulter des explosions qui sans cela n'auraient pas lieu. Dans le cas où le paratonnerre présente une solution de continuité , on peut aussi chercher quelle en sera l'influence lorsqu'on écarte la condition de plusieurs nuages superposés, et qu'au-dessus du paratonnerre se trouve un seul nuage. Alors la partie du paratonnerre supérieure à l'interruption est assimilable à la pointe isolée de l'expérience k ; mais ici , un des intervalles est très-petit par rapport à l'autre ; ce qui , dans l'expérience faite avec la machine , ne permet pas d'ob- tenir d'étincelles ; c'est aussi ce qu'on a observé sur quelques paratonnerres, on y a vu des solutions de continuité tra- versées pendant toute la durée d'un orage par un trait de feu ; mais il peut arriver qu'une interruption assez grande soit cause do la chute de la foudre sur un paratonnerre. Toutes ces considérations confirinent la nécessité d'une bonne communication avec la terre. Enfin, l'expérience G montre que , si o^ diminue la lon- gueur de la tige d'un paratonnerre , il peut être préservé de certains coups qui l'auraient atteint , et qui alors se portent sur d'autres objets. En oifet , dans l'expérience 6, un faible — 259 — (léplacemeiU suffit pour faire passer l'éiincello de la poiiile au conducleur h surface arrondie. En diminuant la longueur de la lige du paratonnerre, on augmente la distance de sa pointe au nuage; cet éloignement peut suUire pour que l'induence du nuage sur un autre objet devienne prépondérante et que l'étincelle y éclate. Cela revient à dire qu'en diininiiant la hauteur de la tige on restreint l'espace préservé par le para- tonnerre , et montre aussi qu'un paratonnerre peut être frappé , alors qu'en son absence l'édifice qui le porte ne l'eut pas été. i\J. Morière présente à la Société, de la part de >i. le D' W. Nylander , le travail suivant : ÉNUMÉRATION LICHKNS RECOLTES PAU M. T. IIUSNOT JL.TJX. J^TsTTILLES FRANÇAISES, Par M. William NYLANDER. i\l. Ilusnot a bien voulu me soumettre les Lichens qu'il a rapportés de son voyage à la Guadeloupe et à la Martinique en l'année 1868, et il m'a communiqué, au sujet de la distribution géographique de ces végétaux , les notes sui- vantes que je suis heureux de reproduire ici. (c Aux Antilles françaises, les Lichens ne sont abondants que sur les arbres plantés dans le voisinage des habitations et autour des cultures ; c'est sur le rocou qu'on en trouve le plus grand nombre. — 260 — Le Bœomyccs eryihrelLus croît sur la terre, le Stereo- caulon furcatum sur les rochers; les autres espèces sont corticoles. Dans la région inférieure, les rochers du littoral, ex- posés à toute l'ardeur du soleil des tropiques , ne présentent aucune végétation. On rencontre sur les arbres quelques espèces des genres Graplus , Verrucaria , etc. Dans la région moyenne, les Collémacées sont communes de 500 à 700'" sur le rocou, les palmiers, etc. Dans les forêts, les arbres sont tellement couverts de Mousses, d'Hépatiques et de Fougères , que les Lichens ne peuvent que rarement s'y développer. La zone supérieure ne m'a offert que deux espèces : Bwomyces eryihreiliis et Stereocaulon furcatum. n Voici rénumération de tous les Lichens que j'ai trouvés dans la collection de M. Husnot : IRIB. l. — COLLEMEL 1. COLLEMA (Dichodium) BYRSINUM Ach. , Nyl. Syn. p. 113. Coll. Husn. n" Zi26. Sur les arbres, dans le voisinage des habitations; il forme de larges plaques arrondies atteignant jusqu'à 30 centimètres de diamètre. Alt. 150-650'". Le camp Balala (Mart.). — Le Hoiielmonl; sur les palmiers du vieux gouvernement, au Matouba (Guad.). 2, LePTOGIUM TRtMELLOIDES Ach. , Nyl. Syn. p. \1h. Coll. Ilusn. n's^SO, h'à\. Al!. /lOO-SSO"". Assez abondant à la Martinique et à la Gua- deloupe. — 261 — 3. LtPTOGlUM PHYLLOCARPUM (Pors. ) ]Nyl. Syu. p. 130. Cuil. Husn. n° 627; var. isidioswn Nyl. n" /i32. Alt. 300-7Ô0". Sur les arbres, autour des habitations, prin- cipalement sur le rocou. Le Houeimonl ; le camp Jacob; le Matouba (Guad.). (\. Leptogium corrugatulum Nyl. Syn. p. 132. Coll. Husn. n» 429. Alt. 500-700". Assez commun sur le rocou. Le camp Jacob et le Matouba (Guad.). TfilB. II. — B^OMYCEI. 1. B^OMYCES ERYTHRELLUS (Mnt.) Nyl. Syn. p. 181. Coll. Husn. n's hh^, 666. — Apothecia carneo-testacea vel carneo-pallida ( latit. 1-2 millim. ) , stipite carneo-albido longitudinaliter plicato-corrugato ( interduinque squamulis thallinis parcis exasperalo ). Alt. 650-1350°'. Sur la terre dans les montagnes. Le Matouba; morne de la Découverte (Guad.). — Montagne Pelée (Vlart.). ÏRlB. III. — STEREOCAULEI. 1. Stereocaulon furgatum Fr., Nyl. Syn. p. 265. Coll. Husn, n" khi. Çà et là sur les rochers depuis 500"" jusqu'à 1^,80". Vïart. et Guad. Trie IV. — CLADONIEI. 1. CLADONIA FIMBRIATA f. FIBULA (Acli.) Nvl. Lick. Scandin. p. 51. Coll. Husn. w 669. — 262 — Alt. 700". Sur les arbres de l'habitalion Planel (Guad.). 2. CLADOINIA ATHELIA f, MACROPHYLLIZA Nvl. (vidstur). Coll. Hiisn. 11" ^52. Cfr. coll. Ch. Wright e Cuba, n° 26 ( Nyl. in I.eiglit. Cladon., not. lichenol. Xî, p. 8). Alt. 700. Sur les ariires de l'habitation l>lanel. 3. Cladonia MA^,lLE^TA f. CARCATA (Acli. ) Nyl. Lich, Scandin. p. 62. Coll. Husn. n" 450. — Thallus hydrate kalico flavescit. Avec l'espèce précédente. Trib. V. — IISNEEI. 1. USKEA BAKBATA f. FLORIDA (L.). Coll. Husil. lî" /i6i. Ail. ZiôO". Sur les arbres. Le camp Balala (Mari.). Trib. VI. — RAMALINEI. 1. Ramalina cowplanata Sw. , Nyl. Lich. N. Caied. p. 13. Coll. Husn. n" ^60. Alt. ZiSO"". Sur les arbres. Le camp Balata (Mart.). 2. Ramalina gracilis (Pers.) Nyl. Syn. p. 296 (excluso synonynio R. gracilenta). Coll. Husn. n" /i62. — Sporae ellipsoideae rectœ, longit 0,010-15 millim., crassit. 0,007-8 millim. Avec l'espèce précédente. 3. Ramaliina A^f;EPS Nyl. Syn. p. 200. Fertilem in — 263 ~ Cuba Icgit Cil. Wright, ex hb. Tuckerman. Apothecia pallida in geniculislhalli adnala (latil. 1,5 inillim vel minora), sporœ ellipsoideae rectae, longit. 0,012-17 millira. , crassit. 0,007-8 millim. Coll. Husn. n" /i59. Avec Pespèce précédente. IRIB. VII. — PAKWELIEI. 1. Stictina quercizans (Mich. ) Nyl. Syn. p. 2>hh. St. Weigelii Ach. , et forte sit hoc nomen praeferendum (1). Coll. ni« 433, kZh, Ù35, 437. Alt. ôO-llOO-". Commun sur les arbres et les rochers (Mari, et Guad. ). Var. SCHIZOPHYLLIZA Nyl. Coll. Husn. n" 436. Differt lïiarginibus thalli lacinialulis vel laciniatulo-proliferis. Alt. 500-700'". Sur la terre et les vieilles souches. Vallée St-Louis; le Matouba (Guad.). 2. SncTA AURATA Ach. , Nyl. Syn. p. 361. Coll. Husn. n" 438. Alt. GOO"". Très-rare. Vallée St-Louis (Guad.) 3. Pai'.melia sulphukata Nées et Flot. Nyl. Syn, p. 377. Coll. Husn. n" hhl. — Hydrate kalico thallus supra flavens (vel flavo virescens) , meduUa eodem lutescens vel ochraceo-lutescens. Alt. 400-750"'. Le Morne rouge (Mari. \— Le Matouba (Guad.). (1) Cette espèce est voisine AnSikiina macropliylla (Bor., Del.), qui ne doit aucunement être rapporté au genre Sticta ni être rapprôclié du Sticla clamcecornis. Voy. Nyl. Lich, Brasil, (Flora 1869, p. 118). — 26k — 4. Parmelia Antillensis Nyl. Coll. Husn. n'-^iS. — Simi- lis Parmelicc perlatce, sed noniiihil minor, apoiheciis testaceo- pallidis vcl albiilo-pallidis ( lalil. '2-Zj inillim. ) , margine receptaculari subciislalo (vel subisidioso) , sporis longe mi - noribus (longit. 0,008-0,010 millim. , crassit. 0,005-6 millim. ). Gonidia diam. 0,006-9 millim. Thallus glau- cescens , bydrate kalico flavo virescens , mcdulla eodem mi- niato-rubens ( liypochlorite ralcicn nuUam oiïorens coloris mutationem ). AU. 700™. Sur les arbres de riiabilalion l'Ianel , au Matouba (Guad.). 5. Parmelia rf.voluta Flk. , Nyl. Syn. p. 385. Coll. Husn. n" 502. — Extiis similis Parmeliœ laviyaiœ {Sm.), sed medulla thalli inox bypochlorite calcico erylhrinice tincta 61 sporse longil. 0,0!ù-17 millim., crassit. 0,008-0,011 millim. Hydrate kalico ihalkis supra tlavescit, intus non tingilur (contra in P. sinuosa supra non lingitur, at me- dulla cito e flavo ocliracco-rubricose coloratur); in P. l(t- vigata easdem reactioncs kalicœ, sed medulla post liydratem kalicum applicalum rcaclionem saltcm levem erythrinicam offert addilo bypocblorite calcico (1). Allit. 500-700'". Sur le rocou. Le camp Jacob et le Matouba (Guad.). 6. Parmelia sublj:vigata (Nyl. Syn. p. 383). Coll. Husn. n° 503. — Cfr. Nyl. Lich. N. Gran. Additam. p. 538. Differt P. sublœvigata a P. revoluta reactione ery- (1) Les Parmelia sinuosa (Sm.) Ach. (ou P, Despreaitxii Del. in Dub. Bot, Gall. p. 602, P. velicina Fr. L. E. p. 70, non S. O. F, p. 283) ont été trouvés ù la (iuadcloupe par L'Herniinier. — 265 — thrinica , hypochlorite calcico effecla , déficiente et sporis mi- nutis (loiigit. 0,009 millim. , crassit. 0,006 millini. Avec Pespèce précédente. 7. Physgia flavicans (Sw.) DC. , Nyl. Syn. p. Zi06. Coll. Hiisn. n" ^58. — rhallus et apothecia ex acido cliryso- phanico hydrate kalico purpurascunl. Ail. /|50'". Très-rare. Sur les arbres. Au camp Balala (Mart.). 8. Physcia llugomela Mich., Nyl. Syn. p. klk. Coll. Husn. n" ^51. AU. /lôO-TôO". Sur les arbres. Le Vauclin (Mart.). — Le Matouba (Guad.). 9. Physcia spegiosa (f. isidiophora) Nyl. Coll. Husn. n° hhh. — Etiaoïf. Domingensis (Ach.) Nyl. Syn. p. M7, /|23. Coll. Husn. n" UhO. Et var. HYPOLEUCA (Ach.) Nyl. 1. c. p. ^17. Coll. Husn. nis iZil, kh^. — In omni Ph. speciosa ihallus supra et me- dulla hydrate kalico flavo-tinguntur (vel supra flavovirens). Alt. 50-750". Commun à la Martinique et à la Guadeloupe. 10. Physcia obsessa (Wnt.) Nyl. Syn. p. 626. Coll. Husn. n" ZiSO. ~- Sporœ longit. 0,018-32 millim., crassit. 0,007-0,015 millim. Reactio kalica sicut in priore. Alt. 500-700". Sur le rocou , au camp .Jacob et au Matouba (Guad ). Trib. VIII. - PYXINEI. 1. Pyxine Meissnekii Tuck.jNyL Syn. Lich. N. Caled. p. 20. Coll. Husn. n° 505 ( thallo aihido-subviresceute). — 266 — Apothecia lecideifonnia ; sporœ Iniigit, 0,011-17 millim. , crassit. 0,006-7 millim. Hydrate kalico in hac specie thallus non lingitur (nec in P. cocoës , ad quam etiam pertineat P. sorediata var. cœsiopruinosa Tuck.) ; sed in P. reii- rugelia Nyl. flavo-coloraïur (medulla non tincta) , et similiter in P. sorediata Fr. , Tuck. (cui variai thallus ifitus flavescens, et tum sœpe pro P. Meissneri sumpta fuit) ihaiio lœvi fere solum ut varietas ab eadeni difîerens; in P. coccifera Fée pigmentum inlernum thalli coccineum hydrate kalico vio- iaceo-dissolvitur. Ail. 500-700". Sur le rocou. Le camp Jacob el le Matouba (Guad.). Trib. IX. ~ LECANOREI. 1. Erioderma Wrightii Tuck., Nyl. Syn. II, p. 48. Coll. Husn. n° 639. Alt. 500-700™. Assez abondant sur le rocou. Le camp Jacob el le Matouba (Guad.). 2. Pannaria PANNOSA (Sw.) Del, Nyl. Syn. II , p. 29, Syn. Lich. N. Caled. p. 21. Coll. Husn. n° Zi28. Alt. eSO-». Sur les palmiers du vieux Gouvernement , au Matouba (Guad.). 3. Pannaria lurida (Mnt.) Nyl. Syn. W, p. 28. Coll. Husn. n° Zi53. Alt. 650". Le Matouba (Guad.). k. Pannaria rubiginosa (Thunb.) Del., Nyl. Syn. II, p. 29. Coll. Husn. \V^ hh^ , hbh. Alt. 600-750°». Le camp Balata (Mari.)— Le camp Jacob ; le xMalouba (Guad.). — 267 — 5. CoccocARPiA MOLYBD^A Pcr?. , Nvl. Syn. II, p. ^2, Syn. Lich. N. Caled. p. 22. Coll. Husn. n" 508. Alt. 350. Le IloiielmoDl ;Guad.) 6. Lecanora DoMIiNGENSiS Ach. Syn. p. \l!x {Parmeiia (jyrosa Spr. , Mnl.). Coll. Husn. ;i57 , ù65. — Sporae 8-12- locnlares, longit. 0,033-48 millim. , crassit. 0,011-13 mitlim. Alt. 50-600'». Sur les arbres. Jardin-des-Plantes (MartO- t'orêt de Houelmont (Guad.). 7. Lecanora subfusca var. subgranulata Nyl. Syn. Lich. N. Caled. p. 26, Lich, N. Granat. Additam. p. 5Zi2, Stzb. Lecan. subf. p. 9. Coll. Husn. n" ù70. — F. ihallo albido subgranulalo-inaequaii ; apotheciis testaceo-pallidis , margine thallino crenulalo; sporis longil. 0,011-18 millim., crassit. 0,007-0,010 milliii). , paraphysibus non discretis , epithecio graïuilis lutescenlibus insperso. lodo gelatina hy- menialis cœrulescens. Jungenda esset cum var. chlarona Ach., sed sporae majores et thallus granulato-inaequalis ; tangit tamen hancce. Alt. 500-700 Sur le rocou. Le camp Jacob et le Matouba (Guad.). 8. Lecanora granifera var. leucotropa Nyl. Coll. Husn. n° 49^. — Differl a typo thallo inlus non ilaveule. Avec l'espèce précédente. 9. Lecanora PUNiCEA Ach. , Nyl. Syn. Lich. N. Caled. p. 30. Coll. Husn. n" 507. Alt. 500"". Sur le rocou. Le camp Jacob (Guad.). — 268 — 10. Pertusaria velata (Turn.) Nyl. Lich. Scandin. p. 179, Syn. Lich. N. Caled. p. 31. Coll. Husn. n" Zi98. Avec l'espèce précédente. 11. Pertusaria flavens Nyl. Enumér. Lich. p. 116. Coll. Husn. n" hli. — Thalliis sulphureo-flavus sat tenuis firmus, sublaevigatus aiU rugoso-inaequalis, delerminalus ; apothecia in verrucis thalli difformibus inaequalibus parum prominulis iiiclusa (1-^ in quavis verriica), epilhecio pallido punctiformi ; sporae 8"* longit. 0,060-70 millini. , crassit. 0,026-30 millim. lodo thecae intense cœrulescentes (gelalina hymenialis ceteroquin vix tlncta). Alt. 500". Le camp Jacob. 12. Pertusaria leioplaca var. trypetheliiformis Nyl. in Ann. Se. nat. h, XI, p. 241 et XV, p. 45, Syn. Lich. N. Caled. p. 32. Coll. Husn. n" 683. - F. ostiolis thallo concoloribus. Spora? 4-8"-^ longit. 0,050-0,150 mil- lim., crassit. 0,025-45 millim. Alt. 500-700"°. — Sur le rocou , au camp Jacob el au Ma- touba (Guad.). Var. octospora Nyl. Lich. Scandin. p. 182, Lich. N. Granat. p. 37. Coll. Husn. n° 482. Ibidem. 13. Pertusaria leioplacella Nyl. Syn. Lich. N. Caled. p. 32. Coll. Husn. n° 485. —Sporae longit. 0,050-75 millim. , crassit. 0,025-35 millim. Thallus albido-subfla- vescens tenuis, iiydrate kalico leviter (addito tune hypochlo- rite calcico aurantiacum sumens colorem). Ostiola lutescenti- pallida. Avec l'espèce précédente. — 269 — iZi. Pertusaria verrucosa Fée Ess. Suppl. p. 73; Trypethetmm verrucosum Fée Ess. p. 66, t. XVIII, f. 3. Coll. Husn. n° U91. — Sporœ h''^ , longit. 0,080-0,120 milliui. , crassit. 0,035-48 millim. Avec l'espèce précédente. 15. Pertusaria GiBBEROSULA Nyl. (1) Coll. Husn. n°Zi99. — ïhallus albidus subnitidiusculus lenuis determinaïus col- liculoso-inaequalis , colliculis sai conferlis convexis inœquali- bus ( latit. 0,6-1,2 millim.), hydrate kalico non tinctus ; apothecia in his colliculis innata, epithecio nigro piano (latit. 0,5-0,7 millim.); sporae 8"-^', longit. 0,110-0,170 millim., crassit. 0,045-0,060 millim. (endosporio saepe transversim plicatulo ). Facie qiiodammodo Lecmiorœ muiabiiis, sed col- liculis magis irregularibus , saepe confluenlibus. Alt. 500-700"". Sur le rocou. Le camp Jacob et le Matouba (Guad.). Trib. X. — LECIDEEI. 1. Lecidea lutea (Dicks.) Schaer. , Nyl. Lich. Scandin. p. 192. Coll. Husn. n° 456 (adraixlus thallus Lecidece par- vifoUce). Ail. 700". Le Matouba (Guad.). 2. Lecidea parvifolia Pers. , Nyl. Lich. N. Gran. éd. 2, p. 54. Coll. Husn. n" 455. — Sporae oblongaî sim- plices, longit. 0,009-0,016 millim.^ crassit. 0,0025 millim. (1) Celte espèce, ainsi que le Pertusaria chioclecloicles Fée Ess. Suppl. p. 73, ont été déjà trouvés en l'année d8Zi7 à la Guadeloupe, par Ducbassain-;. — 270 — Alt. 50-700». Sur les arbres. Jardin-des-Plantes (Mari.). — Le Maloiiba (Guad.) 3, Lecidea MUTABiLis Fée Ess. Siippl. p. 105 , Nyl. Lich. N. Gran. p. 55. Coll. Husti. n" /i95. — Thallus albidus tenuis delermiiiatus ; apothecia rufofusca planiiis- cula iniraarginala (latil. circiter 0,5 inillini.), iiitus pallido- incoloria ; sporae 8"* incolores ellipsoideie siniplices, longit. 0,011-Î6 millim. , crassit. 0,008-0,010 iiiillin)., parapbyses non bcne discreta?, cpitheciuin lutco-rufe.scens, hypotheciiun incolor. lodo gelatina hymenialis cœrulescens. Alt. 500-700™. Sur le rocou. Le camp Jacob et le Matouba (Guad). h. Lecidea leptocheila Tuck. Observ. (186i), p. 280, Nyl. Licli. N. Gran. p. 66, var. eucheiia INyl. Coll. Hiisn. n° ^88. — Thallus albidus tenuis rraiiulato-inœqualis vel granulosus vel subk'prosus, sat delermiiiatus: apothecia nigra vel livido-nigra , plana, crassiusculc marginala vol demuui convexa immarginata , margine albido, iiilus parte supera nigricanle ; sporœ 8"* incolores ellipsoideae 1-septatae, lon- git. 0,012-18 millim. , crassit. 0,006-8 raillim, , parapbyses (médiocres) non bene discretce, epithecium nonnihil nigri- canti-obscuratum, hypolhecium str;:to supero violaceo-infus- catum. lodo gelatina hymenialis cœrulescens, deinde nonnihil vinose rubescens. Avec Tespèce précédente, Vix hœc eucheiia tanquain varietas differt a Lecidea lep- tocheila Tuck. ( quara ex specimine ab auclore misso m«- moravi , 1863, I. c. ) margine apoliieciorum crassiore ; nam etiain in L. leptoclieila Cubensi conceplaculum esl albiduiu, modo margo tenuior. In L. leptocheila ex Orizaba ( lecta a — 271 — Fr, Mueller) vidi spermogonia spermaiiis oblongis rectis (longit. 0,003 miiiirn., crassit. 0,001 milliai.), sterigmatibus siniplicibus. — L. endochroma Fée affinis difîert pi'cTserlim paraphysibus gracilibus discrelis et gelalina bynieniali iodo cœrulescente ( nec dein vinose rubescente ) ; sporae ei longit. 0,011-21 millim. , crassit. 0,006-7 millim. Pcrlinere vidctur haec species ad stirpem Lecidece iniermixtœ ( sub qua specie lapsu subjungitur « var. iignaria )) in ÎNyl. Lich. Scandin. p. 19Zi ; nam ea sic ibi dicta perlinet ad Lecideam gyaiizam ÎNyl. ibid. p. 208 identicam cum L. adpressa Hepp, Nyi. Lich. Lapp. or. p. 153). 5. Lecidea leucoblephara Nyi. in Lich. N. Gran. éd. 2 , p. 52, Stzb. Lecid. sabulet. p. 08. Coll. Husn. n" Zi9G, — Facile agnoscenda apotheciis lecanoroideis f etiani intus) nigris albo-marginatis ( conceptacnlo albo ) ; sporae fnsiformi-oblongae 3-septatae, longit. 0,012-16 millim., cras- sit. 0,00'4-6 millim., paraphyscs non discretae, hypothecium fusconigrum. Iodo gelalina hymenialis cœrulcscens, dein violaceo-tincta. Avec l'espèce précédente. Spermatia oranino peculiaria lageniformia, longit. 0,004-5 millim., crassit. 0,002 millim. ( scilicet apice subgloboso- incrassato crassiore) ; ejusdem formae nulli alii Licheni visa quam Lecideœ rubicoUv Crouan. in Flora 1869, p. 294. Pertinet lunec species fere ad slirpem Lecidece trachonœ Flot. , Nyl. Lich. N. Gran. x\dditam. p. 554, quae ipsa lecta fuit in Guadalupa a Duchassaing; sporas habet fusiformi-obldngas 3-seplatas, longit. 0,010-16 millim., crassit. 0,0030-0,0035 millim. In Stzb. Lecid. sabulet. p. 11, perpcram disjuncta legitur var. chloroticoides a L. irachona et relaia tanquam var. sub L. cupreo-rosella. — 272 — '6. Lecidea PEUPALLIDA Nyl. Z. N. Grau. éd. 2, p. 69, not. — Thallus albido-virescens subnitidiusculus lenuissi- mus ; apothecia carneopallida opaca (vel lenuiter albo-suf- fusa), plana vel planiuscula (latit. 0,5-0,9 inilliin.), margi- natula vel (margine demum excluso) couvexiuscula ; thecœ monosporae, sporae incolores oblongae inurali-divisae, longit, 0,055-0,100 millim., crassit. 0,015-25 inillim., paraphyses gracilescentes, hypolhecium incolor ( varians supra luteo- rufescens). lodo gelatina hymenialis intense cœrulescens (interdum postea violaceo-tincta ). AU. 0". Sur les arbres. Poinle-à-Pilre (Guad.). Trib. XL GRÂPHIDEI. 1. Opegrapha Fusco-MACULANS Nyl. Coll. Husn. u°Zi77. — Similis 0. atrorimaii Nyl. in Flora 186^, p. /i88, et forsan eadem thallo ad maculam satis vagani vel subdetermi- natam fuscarn nitidiusculam (hypothaliinam ? ) reducto. Apo- thecia et spermogonia sicut in 0. atrorimaii. Sporae 8"^^ in- colores 3-septatœ, longit. 0,023-27 millim., crassit. 0,006-7 millim. Spermatia cylindrica recla , longit. 0,0035-0;00/i5 millim., crassit. 0,0010 millim. Corticola. AU. 500-600"'. f3ans les forêts du ilouelmonl (Guad.). 2. Opegrapha MlCROPHLEBiA Nyl. — Thallus macula di- luta pallido-lutescente indicalus ; apothecia nigra simplicia lineari-vermicularia (longit. 0,5-1,2 millim.) tenella (lalil. circiter 0,15 millim.) cpithecio rimiformi-anguslato, spar^a ; sporœ 8"'*^^ fuscœ oviformes vel oblongae 3-septatœ (interdum ad septa constrictiusculœ), longit. 0,011-12 millim., crassit. 0,00/i0-0,00^5 millim., pcrilhecium cum hypothecio ni- — 273 — grum. lodo gelalina hymenialis cœrulescens, dein vinose rubescens. Avec l'espèce précédente. Cfr. 0. subcentrifuga Nyl. Lich. exot. p. 2^5 , quae paruin differt apotheciis subradiatis et sporis incoloribus. Forsitan ambae ad unain eamdeinque speciem pertinent. 3. Arthonia CINNABARINA f. adspersa (^Jnl.) Nyl. Syn. Lich. N. Caled. p. 60. Coll. Husn. n" 512. Avec l'espèce précédente. k. Arthonia aleurodes Nyl. Coll. Husn. n° 510. — Thallus albo-glaucescens tennis opacus; apoihecia alba fari- nosa, non prominula, difibrmia, indeterminata (latit. circiter 0,5-1,5 millim. ), intus concoloria ; sporae 6-8"» incolores ellipsoideae murali-divisae, longit. 0,068-75 millim., crassit. 0,030-35 millim. Thecae vetustae iodo vinose rubentes. Cor- ticola. Avec l'espèce précédente. k^\n\?, Arthonice aieurocarpœ , A. subsimillimcs et scri- biiteUœ, sed mox dislinguitur nolis definitionis hic datas si- mulque reactione ope hypochloritis calcici roseo-erythrinica farinae albae apolheciorum ( qui color tune oritur sine ulla dissolulione granulorum) , thallus autem non tingitur. In A. scribLiieUa (cui apothecia alla) contra ihallus addiia solu- lione hypochloritis calcici erythrinicum sumit colorem , a apothecia non mutantur. 5. Arthonia gyrtodes (Tuck.) iNyl. L. N. Gran. éd. 2, p. G6. Coll. Husn. n° 511. — Sporoe oblongae 9-11-septatae, 18 — 21li — 0,060-75 inillim. , crassit. 0,018-22 millim. Gelatina hy- menialis iodo intense cœrulescens. Avec l'espèce précédente. 6. Arthonia complanata Fée, Nyl. L. N. Gran. |). 106c Cloll. Hnsn. n° 1x19. — Sporas oviformes incolores (vel (lilute fuscescenies) 3-5-septatye, longit. 0,022-27 mil- lim., crassit. (),0()S- 0,010 millim. Iodo gelatina hymenialis cœrulescens. Avec l'espèce précédente. 7. Pr.ATYGHAPHA OCliLLATA Nyl. /.. A^. Gran. p. 9ù. - Sporae fusiformes 3-septatas, longil. 0,017-18 millim., cra.ssit. 0,00/i millim. Avec le Vorriicarni mamillana. 8. Stigmatidium elegans (Escliw. Brasil. p. 103, sub Sclerophyto) Nyl. Syn. /Jcli. N. Caled.,p. 58, (loll. Hnsn. n- Ul'l. — Thallns macula albida vel glaucescenie indicatus ; apotliecia demnm longissima dendritico-divisa gracilia (latil. circiter 0,05 millim.), Iiypolhecio fusco; sporae oviformes vel oviformi-oblongae, 3-septatae, longit. 0,01Zi-21 millim., crassit. 0,006-8 millim. Spermalia arcuata tenella, longit. fore 0,0150 millin). crassit. vix 0,0005 millim. Alt. 500-600"'. Sur les arbres, dans les l'orèls du ilouelmont (Ciiad. ) 9. Graphis .scripta var. slrpentina Ach. ( accedens ad var. subvirgineam Nyl. vix distinguendam ). Coll. Husn. n" 509. — Sporae incolores 8-10-loculares, longit. 0,021-30 millim, , crassit. 0,007 millim. Avec l'espèce précédente. — 21S — Var. SLBVIRGINEA Nyl. (f. subcœsia). Coll. Husn, n" ^90. — Thallus glaucescens opacus lenuis exteiisus, circa apo- Ihecia indelerminale caesius ; apothecia elongata flexuosa glaucocaesio-obducta, peritliecio su|)ra (vel lateribus ) fusces- cente; sporae S"''» incolores, cylindiaceo-oblongae, 8-12 locu- lares, longit, 0,032-46 iniilira. , crassit. 0,007-9 miliim. (iodo cœrulescentt's). Alt. 0»". Pointe-à-Pilre (Giiad.). Accedens subvirginea (Gr. virginea Mut., non Eschw. ) datur in Lepr. Guyan. n° 207. Reactio ilialli hydrate kalico efîecla leviter iuieo-fiiscescens, similiter ac in Gr. scripia var. serpentina, etc. 10. Graphis gomma (Ach.) Nyl. Coll. Husn. n° 487. — Esse videtur Gr. scripta simples, apotlieciis brevioribus. Spora^ incolores (i-ld-loculares, longit. 0,02.5-70 niillini. , crassit. 0, 009-0, Oli miliim. Alt. 500-700'". Sur le rocon , au camp Jacob et au Vlalouba Guad.). 11. Graphis GLAUCESCENS Fée, >yi. L N. Gran. Addi- tam. p. .561. Coll. Husn. n" 478. — Sporae oblongae vel cylindraceo-oblongae, 6-8-loculares, longit. 0,020-26 miliim. , crassit. 0,007-8 miliim. Alt. 500-600™. Dans les forèls du Houelmont (Guad.). 12. Graphis striatula (Âcli.) Nyl. Syn. L. N. Cated. p. 71. Coll. Husn. 500. — Sporap incolores, 10-16-loculares, longit. 0,036-70 miliim., crassit. 0,010-12 miliim. Hypo- thecium (connivens) interdum nonnihil infu.scatum. — 276 — Alt. ÔOO-TOO"". Sur le rocou. Le camp Jacob et le Matouba (Giiad.). 13. Graphis scalpturata var. plurifera Nyl. Lich. N. Gran. Additam. p. 56/4. Coll. Husn. n' ù69. — Sporae 8"* fuscae inuiaii-divisae, longli. 0,0/40-85 millim. , crassit. 0,0H-22 millim. (iodo violaceo tinctae). Avec l'espèce précédente. 1/4. Graphis PUNCTiFORMis (Eschw. L. BrasiL. p. 98, le. sel., I. 7, f. h, sub Lecanaciide) . (]o\\. Husn. n" h9>h. — Thallus macula pailida indicatus , saepe obscure limitalus ; apotbecia nigra innato-adpiessa , margine proprio cincta , rolundaia aut suboblonga ; sporae 8"* nigrescenli-infuscatae, t)blongap, 8-10-loculares , longit. 0,027-Zi5 millim. crassit. 0,008-0.010 millim. ( rite evolutae iodo violaceo nbscuratae) , hypothecium incolor. Avec l'espèce précédente. 15. Graphis rigida var. Acharii Fée, Nyl. Lich. N. L. Gran. Additam. p. 562. Coll. Husn. sine n°. — Sporae 1-8"*, longit. 0,065-0,175 millim., crassit. 0,018-27 millim. Avec l'espèce précédente. 16. Graphis vernicosa var. hyperbolizans Nyl. Lich. N. Gran. p 52, t. 2, f. 35, éd. 2, p. 76. Coll. Lindig. 11° 2852. Coll. Husn. n" 506. Alt. 0">. Poinle-à-Pître (Guad.). 17. Graphis TUMIDULA Fée, Nyl. L. N. Gran. p. 53, t. 2, f. 32, 33, éd. 2, p 77. Coll. Husn. n" Zi81. Alt. 500-700"". Sur le rocou, au camp .Jacob et au Matouba (Guad.). — 277 — 18. Graphis chlorocarpa var. iîxcellens Nyl. Coll. Husn. 501. — Similis Graphidi chiorocarpœ Fée, sed sporis [incoloribiismurali-divisis) 1-4»'^ (vulgo 2"'^), longil. 0,035- 0,100 millim., crassit. 0,018-28 millim. (iodo cœruleo- violaceo tinctis). — Minus bene linec convenit cum Graphide chLorocarpoide Nyl. in Flora, 1866, p. 133, Javanica, quae apotlipcia habet prominnla facieque accedentia ad Graphidem frumentariam longiorem , sporas denium fuscescenles, ge- latinani liyinenialem iodo dilute vinose rubescentem (sporas eodem non tinctas, nisi fuscescenles). Avec l'espèce précédente. 19. Graphis virginea (Eschw.) Nyl. Coll. Husn. n° 489. Leiogramma înrgineum Eschw. Brasil. p. 98 — Forma thecis 8-sporis , .sporis incoloribus murali-divisis , longit. 0,037-65 millim., crassit. 0,015-18 millim. (iodo cœruleo tinctis , etiam tlialamio sœpius infra vel hypothecio sic tinclis). Thallus hydrate kaUco flavescit. Corticola. Alt. 0". Pointe-à-Pître (Guad.). Non différât specie Gr. homographa Nyl. nec Gr. holo- teuca Mm. Syll. p. 346 a Graphide virginea Eschw. Typus Eschweilerianus e Brasilia sporas offert longit. 0,035-70 mil. , crassit 0,011-16 millim. Gr. cometia Fée Ess. Supplém. p. 35, t. 35, f. 9, ex specimine ipsius lecto a Poiteau in S. -Domingo , sine sporis, gelatina hymeniali iodo cœrule- scente , jungenda sit cum Graphide virginea, cui sporoe variant 1 8"* in thecis. Cfr. Nyl. L. N. Gran. cd. 2 , p. 83. 20. Glyphis cicaïricosa var. favulosa (Ach. ) Nyl. Lich. N. Gran. éd. 2, p. 108. Coll. Husn. n" 486. — Sporae 8"» incolores 8-10-loculares, longit. 0,027 -37 millim., crassit, 0,008-9 millim. — 278 — AU. 500-700". Sur le rocou . au camp Jacob et au Matouba (Guad.). TiiiB. XII. — PYRENOCARPEI. 1, NORMAlNDIiNA PULCHELLA ( BoiP. ) Nyl. Coll. HuSIl. Il" 50^. Normandina jungermanniec (Del.) Nyl. Pyrenoc. p. 10. .Sur le Parmclia rcvolula. 2. Verkucaiua mclla (Ach.) Nyl. Pyrenoc. \\ UO,Syn. Lich. N. Caled. p. 85. Coll. Husn. n" ù73. — Thallus albido-cinerascens vel glaucescens vel glauco-virescens, le- nuis vel leiiuissimus, leviter granulato-inaequalis vel rugu- losus ; apolliecia in \enuculis uiastoideis i lotit. 0,6-0,9 millim. ), iiiiiaia, osliolo depressulo icsiaceo paliido vel lule- scente ; spoi ae 8"* incolores, fusiforrnes, 7-1 l-septata2,longit. 0,000-80 millim. , crassit. 0,016-20 millim. (compuialo pariett', saepc haloiiiformi). (iorticola. AU. 500-600". Dans les t'orèls du Ilouelinonl (Guad.j. Vix dilfcri haecce a lypn Acharii iiisi sporis noimiliil ina- joribus et septis saepe 9-11, sed œgre ([uideiii ut varietas sit disliugueiida Porina endochrysea ÎMiit. îiatius distinguatur var. granulatula iNyl. , in Carolina lecta, ex hb. ïuck. , difforens ihallo albido conl'eiie granulato-inaequali, verruculis apolhecia includenlibus mastoideis huit. , 0,6-0,7 nnliitn. , sporis 7-11-septalis lougioribus, longit. 0,075-0,100 mil- lim., crassit. 0,012-16 millim. 3. Verrucaria duplicans Nyl. /Jclu N. Gran. éd. 2, p. 116. Coll. Husn. n" Zi76. — F. sporis 2-6-8"'^ subinco- loribus (vel vetustate fuscis) murali-divisis, longit. 0,065- - 279 ~ 0,120 milliin. , crassit. 0,025-0,0^0 millim. Apothccia saepius intrusa, extus tum parum visibilia. Thccae iodo sœpissinie dilute roseo-tinctae. Variai demum apotheciis extus denudatis dilTormibus et sporis saepius in ea forma 2-/!i"'\ longit. 0,100-0,185 millim., crassit. 0,028-0,040 millim., fuscescentibus. Corticola. Avec l'espèce précédente. U. Verkucaria scbducta iNyl. Lich. N. Gran. p. 75 , t. 2, f. 52, éd. 2, p. 116. Coll. Husn. ii" /i91. — Extus similis vel subsiuiilis Verrucariœ nitidce, sed sporis multo majoribus (longit. 0,050-70 millim., crassit. 0,018-27 mil- lim.). Gclatiîia hymenialis passim dilute viiiose rubescens. Spermatia arciiata. longit. circiter 0,017 millim., crassit. vix 0,001 millim. adtingenlia. AU. 0"'. Pointe-à-l'itre (Giiad ). A Verriicaria nitida nonnisi microscopio dignoscenda. 5. Verkucaria mamillana Ach. Meih. p. 120, t. 3, f. 2, L. (J. p. 279, Syn. p. 92. Coll. Husn. n° Zi67 (sporis sicut in lypo hb. Ach. Guineensi, longit. 0,016-18 millim., crassit. 0,005-8 millim.) et 475 (sporis longit. 0,017-24 millim., crassit. 0,007-0,010 millim.). Alt. 350-600"". Sur les arbres. Le Houelmont (Guad.). 6. Veurucaria convexa Nyl. Lich. N. Gran. éd. 2. p. 117. Coll. Husn. 463. — Sporae 4-loculares, longit. 0,030-40 millim., crassit. 0,012-16 millim. Alt. 1150"°. Sur les arbres à écorce cariée Morne de la Découverte (Guad). — 280 — I. Verrucaiua NITIDA Schrad., \yl. Pyrcnoc. p. kb. Coll. Husn. n" k^% — Sporae longit. 0,018-23 miilim. , crassit. 0,008-0,012 miilim. Alt. 0-600". Sur les arbres. Poinle-à-Pilre ; le Houelinont , le camp Jacob (Guad.j. 8. Verrucaria aspistea ( Acli. ) Nyl. Syn. Lich. N. Caled. p. 88. Coll. Husn. u° ^93. — Spor;e longit. 0,012- 18 miilim., crassit 0,007-9 miilim. Alt. 500-600"". Sur les arbres Le llouelmonl, le Matouba (Guad ). 9. Verrucaria limitans Nyl. in Flora 1866, p. 295. Coll. Husn. Il" klf\. — Similis ferc Verrucarùv biformi. Sporae incolores fusiformi-oblongae vel oblongœ vel fusiformi- oviformes I-septalae, longit. 0,019-26 miilim.. crassit. 0,007- 0,010 miilim. Spermatia tenella ohlonga. Avec l'espèce précédente. 10. Verrucaria diluta Fée, Nyl. Syn. Lich. N. Caled. p. 21. Coll. Husn. n" ^66. — F. sporis minoribus incolo- ribus 4-locularibus vel 3-septatis, longit. 0,016-23 miilim., crassit. 0,007-0,011 miilim. Spermatia cylindrica tenuia recta, longit. 0,007 miilim., crassit. vix 0,001 miilim. Alt. 0". Sur les arbres de la savane de Fort-de-France (Mari) II. Trypethelium annulare Mnt. (primarium). Coll. Husn. n" 468. — Sporae longit. 0,046-58 miilim., crassit. 0,018-22 miilim. Corticola. Alt. 500"". Le camp Jacob (Guad.). Vix specie diiïert Verrucaria thelotremoides Nyl. Lich. N. Gran. Additam. p. 578, et rêvera boc Trypethelium an- nulare ÎMnt. fere satius sit Verrucaria. — 281 — M. le docteur Léon Liégard est invité à donner , pour le prochain Bulletin , une notice biographique sur le docteur Leclerc. M. Liégard accepte cette proposition. On procède à la nomination d'un trésorier ; le dépouille- ment du scrutin attribue ces fonctions à M. Berjot , qui sera informé de la décision de la Compagnie. !\11M. Pierre et Morière ont l'honneur de proposer comme membre résidant de la Compagnie M. Puchot , préparateur de physique à la Faculté des Sciences. Il sera statué sur cette présentation dans la prochaine séance. A 9 heures la séance est levée. SEANCE DU k MAI 1868. Présidence de SI. KAVLIH, vice— président. A 7 lieures 1/2 la séance est ouverte. — Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Il est donné connaissance à la (Compagnie de la corres- pondance et des ouvrages reçus depuis la dernière séance. M. Pierre annonce à la Société la perte nouvelle qu'elle vient de faire dans la personne de l'un de ses membres fondateurs , M. le docteur Fourneaux. M. Morière de- mande qu'une notice biographique soit consacrée à cet ex- cellent et regretté collègue dans le BiiUetin de 1868; la Société prie IM. le docteur Fayel de vouloir bien rédiger cette notice. M. Berjot , nommé récemment tiésorier de la Société Linnéenne, rend compte à ses confrères des démarches qu'il a faites auprès de M™' Leclerc pour que les pièces et les comptes relatifs au Trésor lui fussent remis. — Tous les papiers viennent de lui être délivrés ()ar M. Laigle-Desma- zures, beau-frère de M. Leclerc, et, à la prochaine séance, il sera en mesure de donner un compte détaillé de l'état actuel des ressources de la Société. M. Morière rappelle à ses collègues que, dans la dernière séance, il leur avait transmis une invitation que la Société des amis des sciences naturelles de Rouen faisait à la Socicié — 283 — Linnéenne de se réunir à elle pour une excursion qu'elle avait l'intention de faire au Marais-Vernier (Eure) dans la première quinzaine de mai, et, de plus, que la Société Lin- néenne avait remis à la séance de mai à se prononcer relati- vement à cette proposition. M. Modère demande à la Société, avant qu'elle ne prenne une délibération, la permission de lui donner connaissance d'une lettre (ju'il vient de recevoir de l\]. le président de la Société des amis des sciences natu- relles, et qui est ainsi conçue : Houeii, le '2 mai 1868. " Mon CHER COLLÈGUE , (( Vous savez que noire Société se propose de faire cette « année une herborisation au Marais-Vernier ; elle souhaite (( vivement s'y reuconirer avec la Société Linnéenne , mais ' encore faul-il que celte dernière choisisse une époque à « sa convenance. Or, une herborisation au Marais-Vernier, « pour être fructueuse, doit être faite avant le nioment où « Ion ne peut plus récolter ni Cypéracées . ni Joncées , " c'est-à-dire avant le 15 juin. Plus lard, l'herborisation " peut encore être produciive , mais il faut renoncer aux Il Carex. « Nous avons une réunion jeudi prochain. Si, avant ce (( jour, vous savez positivement la date de l'excursion de la " Société Linnéenne, soyez assez bon pour m'en informer. « Veuillez recevoir l'assurance nouvelle de mes sentiments « affectueux. E. Blanche. » M. Deslongcharaps fait valoir les avantages qu'il y aurait à choisir cette année la ville du Havre comme lieu d'excur- k — 284 — sion. Les géologues pourraieni étudier une assez grande diversité de terrains dans les falaises de La Hève et faire une abondante provision de fossiles ; les environs du Havre, et surtout les marais de l'Eure, offriraient aux botanistes des localités intéressantes à explorer. Knfin, il y aurait pos- sibilité de joindre à l'excursion une séance publique que l'on tiendrait dans la salle du cercle ùeV Exposition interna- tionale maritime. Cette exposition sera ou\erte le T"^ juin, et les excursionnistes pourraient en même temps la visiter et l'apprécier. M. le Président met aux voix les deux propositions; la majorité reste acquise à la seconde. Il est alors décidé que l'excursion annuelle de la Société Linnéenne aura lieu au Havre en 1868; l'époque de celte excursion et les diverses conditions qui s'y rattachent seront arrêtées dans la séance du 10 juin. Sur la proposition motivée de M. Fauvel, la Société adopte la résolution suivante: a Considérant que la Société Linnéenne n a pas seulement pour but l'étude des produits du soi normand ; — qu'elle a toujours favorisé les études d'histoire naturelle en général, et notamment les excursions scientifiques, soit en Normandie , soit sur d'autres points de la France ; « Considérant qu'un certain nombre de membres de la Société Linnéenne, en vue d'étendre davantage le cercle de ces explorations, proposent de faire annuellement un voyage scientifique sur un point éloigné , — qu'en 185S la Savoie a été choisie et le rendez-vous fixé à Genève, dans les premiers jours de juillet ; « Invite le président à faire auprès de MM. les directeurs des chemins de fer de l'Ouest et de Lyon- .Méditerranée les démarches nécessaires en vue d'obtenir pour nos excursion- nistes Linnéens les réductions de prix de parcours, que ces — 285 — compagnies veulent bien accorder à d'autres Sociétés savantes pour leurs excursions annuelles. » M. le docteur Ogier Ward montre une carte géologique de l'Angleterre qui ne se vend que 6 fr. , et qui contient des détails très-nombreux et très-utiles sur la nature des ter- rains. Ce travail, d'une exécution remarquable, peut servir de type pour les cartes de même genre. M. le docteur Liégard lit la notice biographique suivante : NOTICE BIOGRAPHIQUE m:, le D^ JLiECILiElRC, Trésorier de la Société Linnéenne de Normandie ; Par M. LE D' Léon LIÉGARD, Membre de cette Société et vice-président de la Société de médecine. Messieurs et chers confrères, Dans notre précédente séance, vous avez bien voulu me demander une notice biographique sur un excellent collègue, M. le D" Eugène-Alexandre Leclerc , décédé en mars 1868. Je vais donc essayer de rendre hommage à la mémoire de cet homme de bien si regretté et que nous avons accom- pagné récemment jusqu'à sa dernière demeure. r>a vie du D' Leclerc s'est accoiuplie dans le bien; sa mort est venue d'un coup soudain, imprévu, mais non pas inoui, car notre heure est marquée parles décrets divins; — 286 — chacun de nous arrive h celte période ultime de l'épreuve, soil après de longues et pénibles infirmités, soit au milieu de cruelles souffrances, soit encore, quand la sagesse éter- nelle l'ordonne , sans secousse, doucement , au milieu d'un sommeil paisible; c'était de cette manière que devait s'ac- complir pour notre cher confrère le |)assage à un monde meilleur. — La Providence a sans doute voulu le dispenser des dernières angoisses de la vie , pour le récompenser, dès à présent, de son dévouement, de son empressement à porter secours à nos frères malheureux : elle a décidé qu'elle épar- gnerait à celui qui fut toujours prêt à alléger les souffrances des pauvres malades les dures rigueurs du moment suprême. L'histoire de notre collègue est simple comme il fut simple: l'amitié seule peut prendre intérêt à l'entendre raconter. IM. l'abbé Chemin, vénérable prêtre qui avait émigré pour ne pas forfaire à sa foi, distingua le jeune Leclcrc, son neveu, très-studieux dès l'enfance, et lui fit faire au collège de Caen des études qu'il termina au collège Stanislas, à Paris. Livré ensuite à ses seules ressources, M. Leclerc suivit les cours de la Faculté de médecine, employant les rares loisirs que lui laissaient d'aussi sérieuses études à suivre des cours d'histoire naturelle ou à donner des répétitions de latin à des jeunes gens, dont quelques-uns sont devenus des illus- trations (1). et qui tous avaient conservé pour leur précep- teur les meilleurs souvenirs et la plus solide affection. — Après avoir vaillamment conquis son grade de docteur en médecine , le D'' Leclerc revint se fixer à Caen , sa ville natale , vers 1828, et pendant quarante ans il y exerça son honorable profession. La Société Linnéenne l'admit conime membre résidant, (1) Nous citerons surtout l'illustre géologue M. Élie de Beaumont. — 287 — vers 1830. Lié par des goûls communs pour les sciences naturelles avec ^IM. les D" Lesauvage et Hardouin et avec M. Reiiou , il faisait chaque année avec ces trois collègues des excursions botaniques qui lui permirent de réunir les matériaux d'un catalogue de plantes vasculaires du (Calvados , ouvrage qu'il publia en 18-'j9 en collaboration avec MM. Har- douin et Renou. On doit à notre collègue la connaissance de plantes nouvelles ou de localités de plantes rares dans notre département. A la mort du D*^ Hardouin , qui était depuis longues années trésorier de la Société Linnéenne , ces fonctions furent confiées au D"^ Leclerc, qui s'en acquitta avec le plus grand zèle depuis 1858. Chaque année la Com- pagnie se plaisait à féliciter M. Leclerc de la régularité de ses comptes et de sa bonne gestion. En 1856 , iM. le Ministre de l'Instruction publique voulut attacher M. Leclerc à l'École de médecine et pharmacie de notre ville, et le chargea du cours de matière médicale et de thérapeutique. Les connaissances spéciales que notre regretté collègue possédait en histoire naturelle , particulièrement en botanique, justifiaient le choix de Son Excellence, et sans nul doute les élèves de cette école eussent trouvé un grand avantage à rencontrer dans l'enseignement du professeur cette forte assise scientifique. Mais la timidité naturelle se surmonte difficilement quand elle a vieilli ; elle se dissipe insensiblement, au contraire, lorsque le jeune homme, au sortir des amphithéâtres, commence à parler aux étudiants comme un frère aîné instruit des frères plus jeunes, leur répétant la parole du maître et la leur commentant ; puis , la distance se marque et grandit chaque année entre le jeune docteur et ses élèves, à mesure que leurs générations se suc- cèdent ; l'autorité vient en son temps , et , par une pente in- sensible, le professeur devient maître à son tour. Cet appren- tissage, ce stage, cette éducation du professorat manquaient — 288 — à iM. Lecleic; il craignit d'alTroiiler un auditoire jeune, conséquemment mobile et passionné. — Son entrée en fonc- tions, sa première leçon surtout le préoccupaient vivement ; il se retira donc devant cette crainte bien excusable, mais sa retraite affligea sincèrement toute l'École. Médecin du dispensaire de la paroisse St-Gilles, notre collègue donna gratuitement ses conseils à la population pauvre, si nombreuse en ce quartier , pendant de longues années, sans que son zèle se soit jamais démenti ; et pourtant le service de cette paroisse , avec son territoire étendu, ac- cidenté, si boueux et si froid dans les journées humides, avec ses habitations disséminées, est un des plus pénibles de la cité. L'administration de l'assistance publique chargea, en outre, M. Leclerc de la réglementation des entrées dans nos hôpi- taux, réglementation dangereuse à beaucoup d'égards, sur- tout parce qu'elle retarde , au grand péril des pauvres malades, le moment où des soins médicaux valables pour- ront leur être donnés. L'occasion presse, disait Hippocrate, occasiû prceceps ; arrêtez le mal dès qu'il paraît, disait en- core un ancien ; si vous le laissez prendre force en tardant à le combattre, vos remèdes seront frappés d'impuissance. Nous devons rendre ce témoignage à notre collègue qu'il sut se multiplier assez pour diminuer beaucoup le danger de cette fâcheuse mesure , tant son excellente nature était obli- geante et serviable. Médecin du couvent de la Charité, M. Leclerc eut maintes fois l'occasion de porter les secours de notre art el de mul- tiplier ses soins, dans des circonstances qui n'étaient pas sans péril, auprès de la triste population des lilles réprou- vées que l'on reçoit dans cet asile, et son courageux dévoue- ment doit peser de tout son poids dans la balance du Souve- rain-Juge, car il resta modeste et ignoré. Sachons aujourd'hui ^ 289 — que, deux années durant, notre collègue lutta sans cesse contre une terrible épidémie de variole qui se conservait, foyer re- doutable de contagion , dans cette communauté si malheu- reusement éprouvée , qui ne respecta pas toujours les clô- tures de la sainte maison , mais qui les franchit, au contraire, à plusieurs reprises pour frapper bien douloureusement les habitants de notre ville. La Charité était à peine délivrée de ce fléau quand le choléra vint à son tour la visiter. Nous savons avec quelle rigueur elle en fut flagellée, quel nomhre il y fit de victimes et combien de temps il y prolongea son séjour. Notre confrère sut se tenir à la hauteur de la mis- sion qui lui incombait ; il la remplit avec son ardeur con- sciencieuse, sa douceur et sa bienveillance accoutumées, sans ostentation et avec la simplicité qu'il mettait à Taccomplisse- ment de tous les devoirs de sa profession. Parlerai-je enfin , Messieurs , des bons rapports que notre cher collègue sut conserver avec ses confrères. Ce n'est pas au milieu de ses collègues de la Société Linnéenne que j'ai besoin d'insister sur ce point. Nous avons tous été à même de reconnaître qu'il était doux , affectueux, exempt d'envie, toujours disposé à rendre service. Tous, sans excep- tion, nous l'aimions autant que nous l'estimions. — Il fut le véritable type de celte bonne confraternité, moins rare et plus facile à pratiquer qu'on ne le pense aujourd'hui, pour qui le désire sincèrement : aussi emporte-t-il avec lui les re- grets douloureux de la Société Linnéenne, du corps médical et des nombreux concitoyens qui l'ont connu. M. iMorière soumet à l'examen de ses collègues un cal- caire qu'il a eu l'occasion de recueillir la veille aux environs de Blangy, dans l'arrondissement de Pont-l'Évêque. — Ce calcaire paraît assez compacte et à grain assez fin pour pou- voir être essayé comme pierre lithographique ; il a beau- 19 ■^ m - coup d'analogie d'aspect avec le calcaire lithographique de Solcnhofen, et il se rapporte comme lui au Corallien. Ce calcaire contient rarement des fossiles , mais dans l'argile qui le surmonte on trouve diverses huîtres et autres genres qui pourraient bien se rapporter au calcaire à dicérates, qui est une des formes sous lesquelles se présente le calcaire coral- lien ; nous aurions alors dans le Calvados cette nouvelle forme du corallien qui n'y a pas encore été signalée. Le faciès du corallien à Hennequeville , à Bénerville , dans les tranchées du chemin de fer entre Pont-l'Évèque et Honfleur est durèrent dans chacune de ces localités , et sous le rapport pétrologique et sous celui des fossiles qu'il renferme. Aux environs de Lisieux , il constitue le calcaire à Nérinées ; à Glos, il est représenté par des sables qui contiennent en abondance le Trigonia Bronnii, et qui renferment des len- tilles de p,rès dans lesquelles se trouve le même fossile. A ces faciès déjà nombreux , le Calvados joindrait-il encore le calcaire à dicérates qui se montre d'ailleurs dans le dépar- tement de l'Orne ? C'est ce que viendront prouver de nou- velles recherches et une étude spéciale du calcaire de Blangy auxquelles M. iMorière se propose de se livrer. MM. Bin-Dupart et Morière proposent, comme membre résidant , M. Sipière , vétérinaire en 1" au dépôt de re- monte. A 9 heures 1/2 la séance est levée. I SEANCE DU 8 JUIN 1868. Présidence de SI. le lï' FALCO!W-S>rQl]ES\AY. A 7 heures i j'I la séance est ouverte ; le procès-verbal de la séance précédente esi lu et adopté. Il est donné connaissance à la Société d'une lettre de la Société malocologique de Bruxelles , qui réclame quelques volumes du BuUeiin qui manquent à sa collection , offrant d'ailleurs d'agir de réciprocité vis-à-vis de la Société Lin- néenne pour celles de ses publications qu'elle n'aurait pas reçues. — Renvoi au Bibliothécaire, qui est chargé de faire droit à cette demande. On revient sur l'excursion annuelle de la Société Lin- néenne au Havre, qui se trouve définitivement fixée aux U, 5 et 6 juillet. M. Deslonchamps pense que ces trois jours pourront être fructueusement employés ; la séance publique aurait lieu le dimanche 5, dans ia salle du Cercle interna- tional maritime. — M. le Président parle de la nécessité d'arrêter d'avance l'ordre des lectures qui seront faites dans celte circonstance. M. le I)"^ Léon Liégard appuie la propo- sition de IM. le D"^ Faucon, et engage une discussion avec M. Deslongchamps sur l'organisation de la séance publique. On décide qu'une réunion aura lieu à Caen le dernier lundi de juin pour arrêter le programme de la séance publique du Havre. W. Goesle lit le travail suivant : — 292 — LE SQUELETTE DU KAGU OU RHYNOCHETUS JUBATUS. D'après les renseignements pris dans les notes sur la Faune Ornitliologiqiiede la Nouvelle-(JaI(''donie (par iM. Henri Jouan), le Rkynocheius jubaïus est un oiseau des côtes de la Nouvelle-Calédonie, que les habitants appellent Kagu ou Cagou, et qui tient le milieu entre les Gallinacés, les Ralles et les Hérons. Il se nourrit de vers, de sauterelles, de viande crue. Ses ailes et sa queue sont courtes et garnies de plumes dont l'extrémité est soyeuse et peu résistante. Quand on le poursuit il ne s'envole pas, m^is court très-vite en se faisant mince et en allongeant le cou, comme les Ralles. D'après les détails donnés par le D"" Georges Bennett, de Sydney, dans le Sxjdney- M oming- Herald du 20 juin 1861, le Kagu serait une transition entre les Grues et les Ralles. Mais le D"" Georges Bennett ajoute (lu'on ne pourra décider ce point que quand on aura quelques observations sur son anatomie et principalement sur la conformation de son squelette. iM. Deplanche a rapporté dernièrement de la Nouvelle- Calédonie un grand nombre d'objets intéressants pour l'étude de l'histoire naturelle, et les a donnés au musée de la Fa- culté de Cacn. Parmi ces objets se trouvent deux squelettes complets de Kagu, sur lc.s(iueis j'ai |)u faire le.s observations suivantes, en attendant une description plus détaillée que je me propose de faire prochainement. Têie. La crête occipitale est très-saillante , la protubé- rance cérébelleuse est presque insensible et surmontée d'une crCle verticale, ce qui le rapproche des Hérons. Les perlais — 293 — cérébelleux sont grands, passent sons un pont, et se pro- longent ensuite en gouttière de chaque côté du trou occi- pital, entre ce trou et l'apophyse masloïde. De chaque côté de la fossette sous-condylienne se trouve un petit pont par- dessous lequel elle communique avec les fossettes basilaires latérales. Les tubérosilés basilaires sont très-saillanles, ne se réunissent pas sur la ligne médiane et se prolongent un peu en arrière. J.a crête sphénoïdale transverse est assez saillante et se termine en avant par une pointe aiguë. Les apophyses sphénoïdales latérales sont peu développées. La crête temporale supérieure, irès-saillante, se rejoint au milieu avec la crête occipitale au moyen d'une double crête verticale. Le trigone temporal est très-nettement dessiné. L'angle postorbitaire est très-saillant. L'apophyse zygoma- tique , très-saillante , présente une deuxième proéminence prolongée en forme de corne en avant de la fossette glé- noïdale. Les orbites sont énormes et le bord sourcillier excessive- ment saillant. La fenêtre interorbitaire a la forme d'un demi- cercle dont la convexité est en haut et le diamètre horizontal en bas. La partie antérieure du frontal est très-solidement soudée avec les os du bec , d'abord de chaque côté, avec les deux prolongements de l'os maxillaire, et ensuite, au milieu, avec les os nasaux, qui, réunis en ce point, s'écartent ensuite en entourant l'os interniaxillaire qui s'enfonce au-dessous de cette soudure. Les os lacrymaux sont soudés au frontal, et leur branche supérieure se continue tout d'une pièce avec la crête sour- cillière qui fait en ce point une très-forte saillie ; leur branche inférieure va rejoindre l'arcade jugale, qui présente une protubérance rugueuse en ce point. Ils ont de plus un prolongement antérieur qui se dirige vers l'intérieur des fosses nasales. — 29k — Le trou palatin est petit et la voûte palatine très-déve- loppée. Les os palatins, quoique très-rapprochés sous le sphénoïde , ne sont pas soudés ensemble en ce point et se prolongent latéralement en deux lames très-larges, se re- courbant vers l'intérienr de la bouche. Leur bord interne présente également, au dessous du vomer, deux lames plus petites, verticales, prolongées en arrière en forme de cornes et diminuant insensiblement de largeur en avant, pour se terminer à la hauteur de la naissance de l'arcade jugale. L'arcade jugale présente, en avant, une large expansion devant les arrière-narines. Celte lame se soude avec une expansion semblable à l'os maxillaire. L'os tympanique présente à sa face inférieure trois lobes, un postérieur, un externe s'articulanl avec l'arcade jugale , et un interne s'arliculanl avec l'os ptérygoïdien. La mandibule inférieure ne présente rien de particulier. Les osselets du j^Io'oe de l'œil forment un limbe circulaire plus large en arrière qu'en avant. Cette tête osseuse a, dans toutes ses parties, une constitu- tion très-robuste. Tronc. — Les vertèbres sont au nombre de 41 ou /i2, savoir : Cervicales — 15, Dorsales — 6 (celle de la 7^ paire de côte étant soudée au sacrum et en faisant partie), Sacrées — \h ou 15 (celles du milieu étant trop intime- ment soudées entre elles pour qu'il soit possible de les bien distinguer), Coccygiennes — 6 (en comptant comme une seule ver- tèbre les pièces dont la réunion forme l'os en soc de charrue). L'arc postérieur de l'atlas est très-large. L'axis présente, en arrière, une masse assez volumineuse , formée par la soudure des apophyses articulaires, et épineuse. ~ 295 — La même masse se présente moins développée à la troisième vertèbre cervicale. Elle est très-petite à la quatrième et nulle à la cinquième, ainsi qu'aux suivanteSo Les vertèbres cervicales sont larges et courtes et n'ont pas de stylets aux apophyses transverses. Les 2*, 3% k^ et 5"" vertèbres dorsales sont soudées entre elles, et leurs apophyses épineuses, égalenient soudées, for- ment une crête longitudinale continue. La 3*^ et la à^ ver- tèbre dorsale ont une apophyse épineuse bifurquée. Les os iliaques ont leur bord supérieur soudé avec la crête épineuse du sacrum, laissant ainsi de chaque côté de cette crête un conduit longitudinal. L'écusson pelvien présente de chaque côté de la dernière vertèbre une fossette profonde. L'apophyse iliopectinée est peu développée. Le trou sciatique, presque rond , ne s'avance qu'au quart de la longueur de l'os ischiatique, qui est ensuite soudé à l'os iliaque jusqu'au-delà du milieu de sa longueur. Les pubis ne sont pas soudés à l'ischion. Les vertèbres sacrées sont toutes , excejUé la dernière , soudées de chaque côté aux os iliaques. Les angles sus-ischiatiques, prolongés en forn)e de cornes, s'avancent à la même longueur que le coccyx et que l'angle posléro-inférieur de l'ischion. Le bassin tout entier offre une irès-robustc constitution. Le coccyx ne présente rien de remarquable. Il est un peu petit. Les côtes sont au nombre de sept paires. La première paire est libre et les .six autres sont articulées avec le ster- num, par l'intermédiaire des côtes sternales. Les 2% 3% A" et 5' paires sont munies d'apophyses récurrentes. Ces côtes sont très-grêles. L'un des deux squelettes que j'ai sous les yeux offre une anomalie : les six dernières côtes du côté — 296 — droit ont une arliculaiion supplémentaire entre l'apophyse récurrente et l'articulation avec la côte sternale. Le bréchet est presque rudimentaire. Le corps du ster- num, Irès-étroit, est complètement dépourvu d'échancrures en arrière et ressemble, pour les proportions, au sternum de l'Agami. Sa face supérieure offre un seul trou pneuma- tique, situé à la partie antérieure. Cependant celui dont les côtes droites ont une articulation supplémentaire en a un autre très-petit , à l'angle antérieur gauche. Les os coracoïdiens sont étroits, faibles, peu élargis à leur extrémité sternale , parcourus du haut en bas, en avant , par une ligne intermusculaire assez saillatJte. La fourchette est en forme d'I.', plane d'avant en arrière , et ressemble à celle du pigeon domestique, quoique sa s our- bure soit plus grande. L'omoplate est très-étroite. En général, la constitution tout entière du thorax est très- faible. Membres antérieurs. — L'humérus , plus court que le sternum, est d'un tiers seulement plus long que l'os cora- coïdien. Il est faible, et sa courbure en S est très-prononcée. Les os de l'avant-bras, de la même longueur ((ue l'humérus, sont assez grêles. Le cubitus est très-courbé. Le métacarpe et les doigts sont petits et faibles. Membres postérieurs. — Le fémur est robuste et les at- taches des muscles y sont nettement dessinées. En avant, la ligne intermusculaire, bien marquée, le parcourt de haut en bas. 11 n'a pas de trous pneumatiques. Le tibia est très-long. Au-dessus de la gorge intercondy- lienne, la gouttière du tendon de l'extenseur commun des doigts est recouverte par un pont osseux. La coulisse du court péronier est bien nette. Les crêtes de l'extrémité supérieure sont bien marquées. — 297 — Le métalarse est presque aussi long que le tibia. La ru- gosité pour l'insertion du pouce est peu apparente. La face antérieure de cet os est creusée du haut en bas par une gouttière large et profonde, nu fond de laquelle , en haut, les deux perluis supérieurs sont très- rapprochés. Il n'y a qu'un seul pertuis inférieur, et il est grand. Les deux trochlées la- térales sont égales , celle du milieu les dépassant un peu. La coulisse du long péronier est très-marquée , et séparée en arrière, par une petite crête, d'une autre coulisse presque semblable. La coulisse du muscle extenseur des doigts n'est pas recouverte d'un pont. Le talon est composé de deux crêtes verticales irès-forles, séparées par une gouttière pro- fonde ; la crête interne est beaucoup plus saillante que l'autre. La face postérieure du métalarse est creusée d'une gouttière peu profonde, dont le bord interne présente une crête très- aiguë. Telles sont les particularités les plus remarquables du squelette du Kagu. Je me borne h les indiquer simplement , me réservant d'en faire plus tard la comparaison avec les oiseaux qui offrent le plus de ressemblance avec lui, afin de déterminer d'une manière précise la place que, selon nous , il doit occuper dans la classification des oiseaux. M. Modère soumet a l'examen de l'a-ssemblée plusieurs échantillons de fossiles qui ont été trouvés récemment au ha- meau du Fresne, conjmune d'Argences, dans de l'argile ex- ploitée pour une tuilerie. La couche qui contenait les fossiles paraît appartenir à la base de l'oxfordien. M. IMorière a eu connaissance de la trouvaille faite au Fresne par notre collègue M. l'abbé Moncoq , qui, en examinant Fargile pour y recueillir quelques fossiles, apprit par les ouvriers que plusieurs os , trouvés récemment , avaient été offerts au D' Laville, maire d'Argences. Quel- - 298 — ques jours plus tard, IMIM. Moncoq et Morière se rendirent chez 3J. Laville , qui offrit généreusement pour le musée d'histoire naturelle de Caen les quelques vertèbres qu'il pos- sédait. Ayant été avertis qu'il était resté sur place plusieurs débris, ils crurent devoir aller visiter la carrière, et ils purent acquérir des ouvriers, pour une modique somme, des frag- ments de ludus qui avaient été regardés d'abord comme ayant peu de valeur et qui paraissent contenir la majeure partie d'une mâchoire supérieure de reptile. Les échantillons apportés par iM. Morière à la séance sont: 1" des vertèbres qui semblent pouvoir être rapportées à un Metriorhyncus ; lorsque la portion de tète que possède M. Worière sera dégagée, on pourra sans doute déterminer l'espèce ; 2° une dent de reptile très-forte, cannelée, et qui appartient probablement au genre Pliosaurus. C'est la pre- mière de cette forme, au moins à la connaissance de M. Mo- rière, qui ait été rencontrée dans l'oxfordien du Calvados. M. Eug. Deslongchamps annonce à la Société qu'une nou- velle espèce de Sietteosaurus, intermédiaire entre le Sieneo- saurus Edwarsïi et le Steneosaurus Rossyi vient d'être trouvée dans le Jura. La Société est appelée à voter sur la présentation qui lui avait été faite , dans la dernière séance , de M. Sipière , comme membre résidant. M. Sipière est admis à l'unani- mité. A 9 heures 1/2 la séance est levée. -œe. ^^ -SC=- — 299 — COMPTE-RENDU DE L'EXCURSION ENTOMOLOGIQUE AU HAVRE Les A , 5 et G juillet S 868 (i). iM. Albert Fauvel reiul compte en ces termes des re- cherches de la section d'entomologie : MESSIEtIKS , La première excursion des entomologistes les conduisit , le samedi k juillet, à La Hève , sur les falaises de Bléville. Ces falaises , d'une très-grande élévation et d'où l'on jouit d'un horizon magnifique sur la Manche , offrent encore au naturaliste un attrait puissant : c'est dans leurs parois escar- pées que nichent en paix une foule d'oiseaux de mer , plus ou moins rares , qu'on ne trouve pas ailleurs sur nos côtes. Çà et là, nous aperçûmes plusieurs de ces oiseaux , les uns quittant leurs nids pour aller en quête de pâture , d'autres en observation sur une dent de roche, mais toujours « chez eux •> , comme disent les chasseurs , c'est-à-dire hors portée du plomb mortel et paraissant, du reste, très-convaincus de la sécurité de leurs habitations inaccessibles. Nos recherches sur les falaises mêmes nous fournirent (1) Nous regrettons vivement que deux collègues, qui avaient pris rengagement de rendre compte de l'excursion de la Société Linnéenne au Havre , à d'autres points de vue , ne nous aient pas adressé leur travail en temps opportun. ( Noie du secrétaire. ) — 300 — peu de chose : dos Carabiques, Stapliylinidcs , Clavicorncs , Ciirculionides et Alticides vulgaires , quelques IMalacodermes trop connus , un petit nombre d'Hémiptères sans intérêt. L'aridité extrême des escarpements , à cette époque avancée , avait détruit une partie de la végétation et la plupart des insectes ; sous les pierres , on ne découvrait plus que des débris ou, par accident, deux ou trois Ocypus pedaior retar- dataires. Nous descendîmes sur le rivage ; mais la masse énorme de cailloux roulés qui le recouvre empêche aux algues ame- nées par les flots de s'étendre en tapis , et nous dûmes renoncer à. une chasse si productive sur les plages sablon- neuses. On se rejeta sur les rochers submersibles , que la marée couvre et découvre alternativement et où vivent di- verses espèces sous-marines. Celte fois, nos recherches furent plus heureuses. Dans les interstices de ces rochers, au milieu de petites algues chevelues, habitaient en familles nombreuses le curieux Micraiymma brevipenne (larve et insecte parfait) et sa compagne inséparable, V/^clwrutes mariiima , dont le D"" Laboulbène a savamment illustré les mœurs. Nous en prîmes une cargaison complète , regrettant seulement de ne pouvoir y joindre les Mpm marinus et Robini des côtes du Calvados (Luc et Arromanches) , et surtout le microsco- pique Aciocharis Readingii , qui vit dans le même milieu, sur les falaises de Portsmouth, en Angleterre. Le lendemain , dimanche , plusieurs membres de la sec- lion, guidés par "SX. Auvert, interne à l'hôpital, parcoururent une partie des marais de l'Eure , à l'est de la ville ; mais , à part quelques Hydroporus , notamment le confluens , on n'aperçut que des espèces indignes du flacon. Un des mem- bres présents nous fit voir plus lard , dans ses cartons , le beau Stenus asphaiiinus , pris aux environs du Havre , et probablement dans le même marais. — 301 — L'après-midi de ce jour fut consacrée d'abord au Mu- séum d'histoire naturelle , dont l'aimable conservateur , M. Lennier, nous fît les honneurs avec sa complaisance ordi- naire ; nous en trouvâmes les insectes en ordre et assez nombreux , mais mieux représentés en exotiques qu'en européens. De là nous rendîmes visite à l'exposition zoolo- gique , pariiculièrement à l'exposition néo-calédonienne , si complèlc l't si bien organisée par M. Eugène Deslongchan)ps. L'exhibition calédonienne occupait toute une .salle, con- cédée spécialement à noire savant collègue par le comité de l'exposition internationale , et installée avec un ordre et un goût remarquables. A côté de trésors scientifiques , dont je n'ai pas à m'occuper, votre section d'entomologie y remarqua surtout la belle série des insectes de la Nouvelle-Calédonie , provenant des envois successifs de M. Deplanche , membre correspondant. Aucun musée public ou privé ne renferme une suite aussi complète des insectes de cette colonie. Ajou- tons que tous les types, exposés dans de grands cadres vitrés, portaient leur nom spécifique et étaient classés dans l'ordre naturel, contrairement à ce qu'on voit dans les expositions de ce genre , où les insectes sont d'ordinaire entassés pêle- mêle dans des cadres , sans aucun profit pour la science. Vous apprendrez avec plaisir, Messieurs, que cette collection, comme toutes celles de M. Deplanche , fait aujourd'hui l'ornement de notre musée d'histoire naturelle de Caen. Après la visite à l'exposition havraise , qui ne renfermait , du reste , aucuns autres insectes , on se rendit au Cercle international, où se tenait la séance publique de la Société. Je n'iii pas mission de vous rendre compte des communica- tioiis pkiiK's d'intérêt qui furent faites à cette séance ; je me bornerai à rappeler , comme de mon ressort , que votre rap- porteur présenta un exposé sommaire des richesses admirées dans l'exposition néo-calédonienne , en payant un juste — 302 — tribut de remercîments au zélé collègue qui nous les avait ofTerles. Le lendemain, lundi, était le jour du départ. Un petit groupe d'excursionnistes décida de rentrer |)ar Honfleur et d'explorer, en passant, cette localité. Deux ans auparavant, pendant les fêtes de la Pentecôte , nous y avions récollé de bonnes espèces : Bembidiwu lunatum {('..), Trichophya piUcornis (TH.), TrogopkUitis halophilus (R.), habitant sous les pierres ou les herbes des prairies maritimes. Mais cette fois , probablement à cause de la saison plus avancée et d'une sécheresse exceptionnelle , nous ne revîmes aucune de ces espèces, et il fallut nous contenter de Ciivina V. coUaris, Pogonus Luridipennn {C), clialceus, Bembidiwu. Littorale , varium , pusilUcin (Tlî.), Cercyon hœmorrhoum, Bryaxis Heiferi (AR.), Heterocerus femoraiis, etc. Tels furent, Messieurs, les résultais sommaires de notre second « voyage en ioiyiiain pays « , c'est-à-dire hors des limites du département ; à défaut de récolles abondantes , nous rapportâmes du moins des trois journées havraises ce que nous sommes toujours sûrs de trouver dans nos courses annuelles : le souvenir d'heureux moments passés une fois encore avec de bons amis et de joyeux linnéens. TABLE DES COMMUNICATIOINS PAR NOMS I>'AUTëURS. MM. Dk Caimont. Les objets appartenant au premier âge de l'homme devraient être rechercliés avec plus de soin dans le (liliiviu»! du Calvados, p. 225. Dkslo.ng(,hami's Eug.) Comniunication relative aux donations faites au musée d'histoire naturelle par M. Emile Deplanche, p. 1. — Pian d'un Prodrome des Téléosauriens de la Normandie, p. 2. — Note sur deux espèces de Térébratules vivantes : T. eryihroleuca et T. sanguinea, p, 18. — Capture de VOtis tarda femelle, dans les marais de Bures (Calvados), p. 122. — Communication sur divers reptiles fos- siles trouvés dans les falaises de Lu Hève, p. 122. — Mémoire sur les Téléosauriens de la Normandie (suite). — Sous genre, Pelagosaurls, p. 124 ; Pela- gosaunis typits (Broun), p. 124. — Teleidusuurus Calvadosii {Eud. D.), p. i39. — T. Joberli (Eug.D.), 155. — Genre Metriorhynchls, p. 159. — Me- triorhynclnis Dlainvillei (Eug. D.) , p. 162. — M. superciliosus ( de Blainv. ), p. 174. — M. Moreli (Eug. D.J, p. 187. — M. hracliyrynclnis (Eud. D.), p. 200. — M. hastifer (Eud. D.), p. 209. — M. ? incerius (Eug. D.), 220. — Observations faites sur le fœtus de caïman à museau de brochet et constatation d'un fait très-important dans l'ana- tomie des crocodiles, p. 222. — Découverte d'une nouvelle espèce de Stetieosaurus dans le Jura , p. 298. Dlhawel. Découverte, à Chambois (Orne), d'une nouvelle espèce de Buplevrum, appelée /?. Perierii, par M. de Bré- bisson. Fauvel (Albert). Faune Gallo-Rhénane, ou description des insectes qui habitent la France, la Belgique, les provinces — 30Zi — rhénanes et le Valais (suite). — Chapitre iv. De l'espèce et de ses variations, p. 26. — i. De l'espèce et de ses dérivés, p. 26. — Des variations, p. 71. — Chapitre v. Lois de la nomenclature, p. 91. — Chapitre vi. Classification, p. 95. — Compte-rendu de l'excursion faite par la Société Linnéenne au Havre, les i, 5 et 6 juillet 1868, p. 299. GoDEY (docteur). Quelques observations sur les Lichens dans la Basse- Normandie, p. 231. — Lichens nouveaux pour la Flore normande et pour la Flore européenne , p. 249. GoESLE. Remarques sur le Kagu ( Rhynockeius jubalus) , p. 15, — Le Squelette du Kagu, p. 292. GoiLAHD. Le Boslrychia scorpioïdes, trouvé à l'embouchure de la Dives, p. 121. — Présence de YEurynclàum cirdnnaium, ù l'entrée des carrières d'Allemagne, et de VHypnum armatum Hartm., dans les falaises de Longues, p. 230. LiÉGABD yD' Léon). Découverte d'un très-beau nid de Guêpes faite à Bavent, p. 230. — Notice nécrologique sur le docteur Leclerc, p. 285. .Maiinvald. Noies sur quelques plantes nouvelles on douteuses pour la Flore du déparlement du Lot, p. 19. MoRiËiiE. Communication sur le Calcaire corallien de Blangy, p. 289. — Découverte d'ossements fossiles de rep- tiles, dans l'oxfordien inférieur, au Fresne, près Argences, p. 297. Nyla^nder. Note sur les Lichens de Port-Natal, p. U. — Énumé- ration des Lichens récollés par M. Husnot aux Antilles françaises, p. 259. PucHOT. Note sur le pouvoir des pointes et la théorie du para- tonnerre, p. 250. Raulin. Note sur la végétation des Mucédinées dans les mi- lieux artificiels. — De leur application dans l'ana- lyse chimique, p. 227. Ward (D'Ogier). Fragments de Glyphca Rcglegana, trouvés dans le Fuller's earth, p. 16. — Communication relative à des silex taillés, 121. TABLE DES MATIERES. Pages Composition du bureau de la Société pendant rannée 18G7-68. v Liste générale des membres vu Membres honoraires Ibid. Membres résidants H'id- Membres correspondants ix SÉANCE Di: 11 NOVEMBP.E 1867. Communication de M. Eug. Deslongchamps relativement aux donations faites au Musée d'iustoire naturelle par M. Emile Deplanche 1 Plan d'un prodrome des Téléosauriens de la Normandie, par M. Eug. Deslongchamps 2 Note sur les Lichens de Port-Natal, par le D"" W. Nylander. . . à Remarque sur le Katixi {Rlijiiwclietus jubatus), par M. Goesle. . 15 Fragments de Crangon Maijnevillei E. D. (Glyphea Rcgtegana Meyer), trouvés dans le Fuller's carth, par MM. le docteur Ogier Ward et Gandy 16 M. Fauvel annonce la publication prochaine du Catalogue des livres contenus dans la bibliothèque de la Société Linnéenne. Ibid. SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE. Communication de M. Eug. Deslongchamps sur deux espèces de Térébralnles vivants: T. errjthroleuca et T. sanguinea, . 18 Note sur quelques plantes nouvelles ou douteuses pour la Flore du département du Lot, par M. Ernest Malinvaud. ... 19 Faune Gallo-Rhénane ou description des insectes qui habitent la France, la Belgique, les provinces rhénanes et le Valais (swiïe), par M. Alb. Fauvel 26 Chapitre TV. De l'espèce et de ses . variations Ibid. l. — De l'espèce et de ses dérivés Ibid IL — Des variations 71 20 — ;u)o — Chapitre V. Lois de la nomenclaturr 91 Ciiapitre VI. Classiliration 1)5 Compte du Trésorier poui l'année 186(i 114 Nomination des membres du Burean et de la Commission d'im- pression pour l'année 1868 115 ISomination de M. Leroux, professeur au Lycée de Caen, comme membre résidant, et de MM. Ricliard, docteur Ledemay, docteur Bignon et l'abbé Croquet, comme membres corres- pondants ]1(i SEANCK ni) 13 JANVIEU 1868. Allocution de M. le D' Faucon-Duquesnay en prenant place au fauteuil de la présidence 117 Notice nécrologique sur M. Octave Fauvel, par un membre de la Société Ibid. Carte du Vésuve offerte à la Société par M. le major Le Hon, de Bruxelles 120 Communication de M. le D' Ogier Ward, relativement à des silex qu'il a ramassés sur plusieurs points du Calvados. . 121 Découverte du Bostrychia scorpioïdes à l'embouchure de la Dives, par M. Goulard Ibid. M. Eug. Deslongchamps annonce la capture d'une femelle A^Otis tarda, faite récemment dans les marais de Bures. ... 122 Le même membre fait une comnn\nication sur divers reptiles fossiles trouvés dans les falaises de la Hèvo /bid. SÉANCE DU 3 KÉVR1EI5. Mémoire de M. Eug. Deslongchamps sur les ïéléosauriens [suite]. 124 Sous-genre Pelagosaurds Jbid. Pelagosauvus typus (BronnJ Ibid. Teleidosaurus Calvadosii (Eud. D.î 139 Teleidosaunis Joberti (Eug. D.) 155 Genre Métriouuynchls 159 McA r io r liy nchus Blainvillei (EmA. D.) 162 — 307 — Mciriorliynchus superciliosus (De Blainv.) 174 — Moreli (Eug. D.) 187 — brachyrynchus (Eud. I) ^ 200 — hastifer (Eud. D. ) 209 — "i incertus (Eug. D.) 220 Découverte d'une nouvelle espèce de Buplemunt, appelée par M. de Brébisson Buplevrum Perierii, à Chauibois (Orne), par M. Duhamel 221 Nomination de M. le colonel Glendowyn Jjcott comme membre résidant, et de MM. le major Le Hon, de Bruxelles, D' Léon Marchand, de Paris, et Rabauld, de Bagnoles, comme mem- bres correspondants JbiiL SÉANCE DU 2 MARS. Hommage à la mémoire du D' Leclerc, Trésorier de la Société. 222 Observations faites par M. Eug. Deslongchamps sur le fœtus de Caïman à museau de brochet à différents degrés de déve- loppement , et constatation d'un fait très-important dans l'anatomie des crocodiles Ibid. M. de Caumont appelle l'attention de la Société sur le Diluvium du Calvados, dont l'exploration faite avec soin devrait fournir un plus grand nombre d'objets appartenant au premier âge de l'homme 225 Note sur la végétation des Mucédinées dans les milieux artiû- ciels. — De leur application dans l'analyse chimique , par M. Raulin, professeur de physique au Lycée deCaen. . . 227 SEANCE DU 6 AVIllL. M. Goulard annonce avoir recueilli V Eurynchium circinnatum à l'entrée des carrières d'Allemagne , et YHypnum armatum Hartm. dans les falaises de Longues 230 M. le D' Léon Liégard signale la découverte d'un très-beau nid de guêpes, à Bavent Jbid. Quehiues observations sur les Lichens dans la Basse-Normandie, par le D' Godey 231 — ;îi)8 — Lichens nouveaux pour la Flore normande et pour la l'Iore eu- ropéenne, parle Même 249 Noie sur le pouvoir des pointes et hi lliéorio (hi ])ar;ilonnerre , par M. Puciiot 250 Knuuiération des Lichens récoltés par M. Husnot aux Antilles françaises, par le D'' William N^lander 259 Nomination de M. Berjot aux fonctions de trésorier de la Société. 281 SEAi^CE DU à MAI. Lettre de M. Emm. Blanche, président de la Société des Amis des sciences naturelles de Rouen 283 La ville du Havre est choisie comme lieu de l'excursion annuelle de la Société Linnéenne eu 1868 284 Notice nécrologique sur le docteur Leclejc, par M. le docteur Léon Liégard 285 Communication sur le Calcaire corallien de Blangy , par M. Mo- rière 289 SÉANCE DU 8 JUIN. Le Squelette du Kagu (llfiyitoclictus jubatus), par M. Goesle, professeur au Lycée 292 Découverte d'ossements fossiles de reptiles au hameau du Fresne, près Argences , dans l'oxfordien inférieur , par M. Morière 297 M. Eug. Deslongchamps annonce à la Société qu'une nouvelle espèce de Steneosaui-us vient d'être découverte dans le Jura. 2!)8 Nomination de M. Sipière comme membre résidant il>U. /(, 5 ET G JUILLET. KXCURSION UK LA SOCIF.Tl'. LINIVKEMSE AU HAVI.E. Compte-rendu de cette excursion (section d'entomologie), par M. Albert Fauvel 299 Caen, Typ. F. Le Blanc-Hurdel. / BULLETIN DE LA r r SOCIETE LINNEENNE DE NORMANDIE. 3« SERIE. — 3^ VOLUME. AJ^IVEE 1S6S. CAEN, CHEZ F. LE BLANG-HARDEL, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, Rue Fhoide, 2. PARIS , SAVY . LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE, Rue Hautefevillb, 2â. iseo. S^a Afin de permetlre à ses membres conespoiidaiils, qui ont adliéré aux nouveaux Statuts, de compléter leur collection, la Société Linnéennc leur donnera, à prix réduits, les volumes suivants de la première série : MÉMOIRES. lonie F 5 fr. au lieu de 8 fr. TomeVI 8 — 10 Tome VIII. 15 — 20 Tome IX 12 — 15 Tome X 15 — 20 Tome XI 15 — 20 Tome XII.' " . . 12 — 15 Tome XIII 15 — 20 BULLETIN. (!'* SÉRIE.) Tome 1 2 fr. au lieu de 3 fr. Tome II 3 — U Tome m 3 ■ — 4 . TomelV 3 — h Tome V k — 5 TomeVI 3 — i Tome VII 5 — 6 Tome VIII 6 — 7 Tome X 6 — 7 MM. les correspondants qui prendront toute la collection de la i"* série du BuUèlin ne paieront qu'un prix uniforme de 2 fr. pour chacun de ces volumes, moins le IX^ qui est épuisé. La collection des 9 volumes ci-dessus leur sera donc fournie pour la somme de 18 fi-. Pour obtenir ces volumes à prix réduits , les correspondants devront en adresser la demande à M. Albert Fauvel, avocat, bibliothécaire de la Société , rue d'Auge, 1<5 , à Caen. Pour les prix des autres publications de la Société ^ voir les Mémoires et Bulletins précédents. 9* SERIE. Chaque volume de mémoires .... 20 fr, de bulletins .... 10 \ Û\'Û^hÏ\%Î^^