55><:«>* '' V BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE NORMA^^DIE. 3c SERIE. 9° VOLUME. AIVIVEE lSS-£-S£$. IHE — 1 f"^ CAEN, • CHKZ HENRI DELESQUES, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, Successeur de F. Le Blanc-Hardel , Rue FiiOiDE , 2 et 4. PARIS, F. SAVY, LIBRAIRE, 77, Boulevard St-Germain. éh. ^ / 1^) Afin de ijcrmettreà ses membres correspondants, qui ont adhéré aux nouveaux Statuts, de compléter leur collection, la Société Linnéenne leur donnera, à prix réduits, les volumes suivants de la première série : MÉMOIRES. Tome 1 5 fr. au lieu de 8 fr. Tome VI 8 — 4 0 Tome VIII 15 — 20 ' Tome IX 12 — 15 Tome X 15 — 20 Tome XI 15 - 20 Tome XII 12 — 15 Tome XIII 15 — 20 BULLETIN. f^^ SÉRIE. Tome I • 3 fr. au lieu de 4 fr. Tome II. ... ■ 3 — à Tome 111 3 — ù Tome IV 3 — à Tome V i — 5 Tome VI 3 — à Tome VII 5 — 6 Tome VIll 6 — 7 Tome X 6 — 7 Pour obtenir ces volumes h piix réduits, les correspondants devront en adresser la demande à M. l'abbé Moncoq, bibliothé:uire de la Société. MEMOIRES. Tome XIV 20 fr. Tome XV 20 fr. Tome XVI iO fr. BULLETIN. «• EX 3« SÉRIE. Chaque volume 10 fr. d BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE NORMANDIE. Les opinions émises dans les publications de la Société sont exclusivement propres à leurs auteurs; la Société n'entend nullement en assumer la responsabilité (art. 22 du règlement intérieur. La Société Linnéenne de Normandie ayant été reconnue éta- blissement d'utilité publique, par décret en date du 22 avril 1863, a qualité pour accepter les dons et legs dont elle serait gratifiée. BULLETIN DE LA p p SOCIETE LINNEENNE DE NORMANDIE. 3» SERIE. — 9« VOLUME. ;%ivive:e iss-fl-s». CAEN, CHEZ HENRI DELESQUES, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, Successeur de F. Le Blanc- Hardel , Rue FnoiDE , '2 et à. PARIS, F. SAVY, LIRRAIRE, 77, Boulevard St-Gekhain. 1886. J ^6'/ ('' COMPOSITION DU BUREAU DE LA SOCIETE Pour l'année 1884-1885. Président. . . . Vice-Président . Secrétaire. . . . Vice-Secrétaire Trésorier .... Bibliothécaire . Arcliiiuste. . . . MM. Berjot. BOUTARD. MORIÈRE. Lecornu. Beaujour ( Sophronyme). Tcibbé MoNcoQ. Bigot. La Commission d'impression, formée du Prési- dent, du Secrétaire, du Trésorier et de six membres de la Société , se trouve ainsi composée pour l'année 1884-1885 : MxM. Berjot, Président. MoRiÈRE, Secrétaire. Beaujour , Trésorier. Fauvel. MONCOQ. BOURIENNE. BOREUX. Lecornu. Fayel. 30517 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1884. Présidence de M. VIEILLARD. A 7 heures 3/4, la séance est ouverte; le procès- verbal de la séance de juin est lu et adopté. ' Il est procédé au dépouillement de la correspon- dance. Parmi les pièces qu'elle renferme se trouvent : 1° Une lettre de M. le Ministre de l'Instruction pu- blique, à laquelle est joint le programme du Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne,en 1885. Ce programme comprend cinq parties distinctes, répon- dant aux cinq sections du Comité des travaux histo- riques et scientifiques ; le Secrétaire fait connaître les quatorze questions comprises dans la section des sciences naturelles et géographiques. Divers membres de la Société Linnéenne manifestent l'intention de se rendre au Congrès de 1885 et de prendre part à la discussion de plusiciu-s de ces questions ; 2° Une lettre, par laquelle le Président du Comité formé en vue d'ériger une statue à la mémoire de Jean-Baptiste Dumas, dans sa ville natale, à Alais ( Gard ) , sollicite la souscription de la Société Lin- néenne, après avoir rappelé les services rendus par l'illustre savant à la science , à l'agriculture et à l'industrie. Le Trésorier n'assistant pas à la réunion, la Société remet à la séance du premier lundi de décembre la décision qu'elle prendra à cette occasion; 3*^ Plusieiu'S lettres , par lesquelles diverses So- 1 _ 2 ciélés accusent réception du dernier Bidlethi et réclament les années des publications de la Société Linnéenne qui manquent dans leur bibliothèque , sont remises à M. l'abbé Moncoq ; 4° MM. le D' Ghancerel , le D'' Reverchon , de Mar- seul , Colas, adressent leur démission basée sur divers motifs. Les nombreux ouvrages reçus depuis la séance de juin sont déposés sur le bureau et mis à la dispo- sition des membres de la Société. Le scrutin est ouvert sur diverses présentations qui ont été faites dans la séance publique de juillet, tenue à Cherbourg. Par suite de son dépouillement, MM. Delavigne^ herboriste, à Alençon ; Roger, ancien chef d'institution, à Paris, et d'Hacqueville, proprié- taire , à Orbec , sont proclamés membres correspon- dants de la Société. L'ordre du jour appelle le renouvellement du bu- reau qui , par suite du dépouillement de divers scrutins, se trouve ainsi constitué pour l'année 1884-8.5 : Président ,WSl. Berjot , chimiste, secrétaire de la Chambre de Commerce ; Vice-Président, Boutard , inspecteur- ingénieur des Postes et Télégraphes ; Secrétaire, Morière, doyen de la Faculté des Sciences ; Vice-Secrétaire, Lecornu, ingén'' au Corps des Mines ; Trésorier , Beaujour (Sophronyme), notaire hon"""; Bibliothécaire , l'abbé Moncoq , curé de St-Ouen ; ArcJiiviste , Bigot, étudiant à la Fac. des Sciences. Cotnmission d'impression : MM. Fauvel , l'abbé MONCOQ, D*" BOURIENNE, BOREUX, LeGORNU, D' FaYEL. M. Chervet, professeur de sciences physiques au Lycée, donne lecture du travail suivant : ÉTUDE DE LA DISTRIBUTION DU POTENTIEL DANS DES CONDUCTECRS HOMOGÈNES DE FORMES DÉTERMINÉES Traversés par uu courant électrique dont le régime est permanent Par A. CHERVET Professeur de physif|ue au Lycoe do Caca (I). DISTRIBUTION DU POTENTIEL SUR UNE PLAQUE RECTANGULAIRE. I. ' ' Prenons comme axes des coordonnées deux côtés du rectangle, et supposons qu'en deux points P et N, pris à l'intérieur du rectangle, soient deux électrodes circulaires de très-petit diamètre, communiquant chacune avec un pôle d'une pile ; -}- Vo sera le po- tentiel sur le contour de l'électrode P; — Vo sera le potentiel sur le contour de l'électrode négative N. (i) Voir comptes- rendus de l'Académie des Sciences : séances des 17 et 24 septembre 1883, 31 mars et 15 juillet 1884. — Anna/es de Chimie et de Pfiysiqne, tome I, G" série, p. 25^)-, février 1884. L'équation différentielle des courbes de niveau, qui passent par les points d'égal potentiel, s'obtien- dra en écrivant que la densité électrique est nulle en tout point d'un conducteur traversé par un cou- rant dont le régime est permanent : est une solution de cette équation, les fonctions «p et «]> étant arbitrairement choisies. On les déterminera en remarquant : 1° que les courbes de niveau doivent couper orthogonalement les quatre côtés du rectangle ; 2° que le potentiel V doit rester Uni pour tous les points du rectangle, sauf aux deux points P et N ; alors V prend les va- leurs -{- OD et -- ce. II. PLAQUE RECTANGULAIRE DE LOxNGUEUR INFINIE. Équations des côtés : x — o , x ^=- a. Coordonnées des électrodes : x =z o, y -- o pour l'électrode positive au potentiel -|- Vo. X = a, y = 0 pour l'électrode négative au poten- tiel — Vo. p. est le rayon des électrodes circulaires. Par raison de symétrie, les courbes de niveau seront normales à l'axe des abscisses, et V doit con- server sa valeur et son signe quand on transforme -\-1l en — ?/ ; les deux fonctions ? et (|^ sont donc identiques : (2) V = cp(^ + y «/■^) + 9(^-?/v/^^). Puisque les courbes de niveau coupent orthogo- nalement les droites a: = o , a; = « , Y doit conserver sa valeur et son signe , quand on transforme -^-x en -- X Qw en 2a— X ; V doit s'annuler pour // = il: co ; V == -f- ^ pour x = o, y = 0 ; V — — co pour X = a, y = 0. La fonction définie par l'équation (3), dans laquelle M désigne un facteur constant, satisfait à toutes ces conditions. y JJ a a ^ e -\- e -{-2 cos. r.- (3) V = M. log. -. a a j. e 4-6 — 2COS.7:- ' a On peut, en etfet, en remplaçant la somme des exponentielles : ' a a par sa valeur e -f- e ti — 2 cos. t: - v^ — 1 , mettre cette fonction sous la forme a de l'équation (2). Mlog.cotang. X ^^ [- M log. colang. r, ^ rX -r.y a a — 6 — On voit immédiatement que V satisfait à toutes les autres conditions. Pour déterminer le facteur constant M , écrivons que le potentiel en + Vo au point dont les coor- données sont y = 0, a:— p, qui est sur le contour de l'électrode positive. V = M. log. colang. ^ ^ et finalement : X— — z — a a ^ e -\- e -\- 2 cos. % - Y = — . log. log. cotang. 2-^ /CCI Lt LC/ fp e -\- e — 2 cos. % - a sera l'expression du potentiel en chaque point de la plaque. III. Équations des côtés de la plaque : x^=o ; x=a; y = o;y = b. Coordonnées des électrodes : x = o, y = o ; élec- trode positive ; au potentiel -J-Vo. x = a, y~o; électrode négative au potentiel — Yo- Supposons que la plaque soit indéfiniment étendue dans le sens des y positifs, et dans celui des y né- gatifs ; nous aurons une plaque indéfinie limitée par les côtés : x—o, x = a. n désignant un nombre entier, positif uu négatif, on place une électrode positive au point : x = o, y — 2nh; au point x — a, y = 2nb, on place une électrode négative. Sous l'influence de ce couple d'électrodes, en tout point X, y de la plaque indéfinie, le potentiel sera donné parla formule (3), en changeant y en y — 2nb: y — 27ib y — 27ib Vn = M. log. + e -|-2cos.7c- a y — 2iîb y — 2nb %'■ — TZ A- e — 2 COS. %- a Si on donne à n toutes les valeurs entières posi- tives ou négatives, depuis — co jusqu'à -{- co , nous aurons une infinité de couples d'électrodes fonction- nant simultanément, et en chaque point x, y , OlQ la plaque indéfinie, le potentiel V résultera de la su- perposition de tous les potentiels Vn; on aura : Il est clair que, par raison de symétrie, les courbes de niveau définies par l'équation précédente coupe- ront orthogonalement toutes les droites définies par l'équation y = /tô_, dans laquelle /•; désigne un nombre entier positif ou négatif. Si nous ne considérons que les points du rectangle limité par les quatre droites a; = o, x — a, y=o, y = b, ces courbes de niveau seront normales aux quatre côtés du rectangle; pour x = o, y = o, le terme Vo devient -f- oo, les autres termes Vn demeu- rant finis, donc V = -|-oo ; pour x~a, y = o, le terme Do prend la valeur — oo, et les autres termes restent finis, donc V = — oo ; est, par conséquent, la solution du problème cherché. Désignons par O [^, y) la fonction définie par la série : y-{-2nb y-\-27ib a a js ;?, = + c« ^ + c +2C0S. TT- a a ^ e -\- e — 2 COS. t. - ' a dans laquelle n prend toutes les valeurs entières , négatives ou positives, depuis — co jusqu'à -h co. Le potentiel en chaque point de la plaque sera : V=M. «I> {x, y). Pour déterminer le facteur M, on écrira que le potentiel est + Vo au point x = ^, y = o, sur le con- tour de l'électrode positive. Alors A^ _ tl> [x, y) V^ "" * (p, o)' IV. ÉTUDE DE LA SÉRIE ifj y + "inb TU- a X e H- 2 cos. t: - a n—cn S = - log. TT-, ; r n = i _U-\-2nb jj-\-2nb a a j. e -}- e —2 COS. ::- a y — 2?ib y — 2nb K ' — t: a a j; n = œ ^ + ^ -f2cos. x- S'= :S loR. f^^i JJ — 2nb ^ y — '2nb a a X e -\- e — 2 cos. x - a Ces deux séries sont convergentes. Pour le démontrer, on remarque tout d'abord que si j:: en < - , chacun des termes des deux séries est - 10 — positif ; si on change x en a — x, cliaque terme change de signe ; il suffît donc de démontrer la con- a vergence dans le 1" cas, en supposant ^<-, et cos X -> 0. a Soit la série S. Le terme général Sn peut s'écrire : Sn = lOg. (1 -f \n) en donnant à X», la valeur : X 4 cos. x - y + 2nô y 4- 2nô 7ï — t: ' a j, -\- e — 2C0S.X- a A partir d'une certaine valeur de n^ le dénomi- nateur de An devient très-grand , le numérateur X 4 cos TT- conserve toujours la môme valeur, et X,t a devient de plus en plus petit ; si on développe le logarithme : s„ = iog. (1 + kn] = 7-Y + — - — +•-• on voit que l'on a : Sn < \i. Désignons par ^h la quantité : X 4 COS. z. ~ y-\-2iib f/-\-2nb + e —2 nous aurons — il À« < Ainsi , à partir d'une valeur de 7i suffisamment grande pour que \n soit inférieur à l'unité, nous aurons identiquement : Su < 'An < P/i- Si la série B, dont le terme général Pn est positif, est une série convergente, la série S, dont le terme général Sn est toujours plus petit que Ç>,i, sera aussi convergente. La convergence de la série B se démontre en appli- quant une règle bien connue. On a identiquement : 7/ + 2nù a 2t.ô r (^, y), en supposant que les électrodes sont aux deux — 12 — points {x = o, i/ = o), [x — a,y — o) ; la fonction * étant définie par Féquation (4). <^[X,2J)-- jj-\-2nb ^y-^2nb a a ^ n^^r^ ^ + ^ +2C0S. t:- a a ^ e -\- C- — 2 COS. r.- a Cette série définit, en effet, une fonction de deux variables , paire par rapport à chacune d'elles , à deux groupes de périodes : (o, 2b) et {^a, o) ; c'est- à-dire que Ton a identiquement : f * (a;, y) ^ * {x, — i/) = ^ {— X, i/) = 'i' {— X, — ij) (5) \<^{x,ij) = ^{x-]^o,2j-{- 2b) r= $ (j: -f 2a, y -\- o) ( * [x, y) = ^[2a — x, 7j) = 4- {x, 2b — y) Le 3" groupe de ces équations s'obtient en com- binant les équations du 1" et du 2^ groupe. 11 résulte de là que les courbes définies par l'équa- tion * {x, y) = G, couperont orthogonalement les quatre côtés du rectangle. Enfin, cette fonction «p se ramène facilement à des fonctions connues : ,^, . , , - 09 (x 4- 7/ V — i). Qcix— y v — 1) Gj (j: -f ?/ 1/ — 1). 01 (^ — y V^ — 1) les fonctions 62 et 6, étant définies par les équa- tions (18) page 314 de la Théorie des fonctions elliptiques. MM. Briot et Bouquet, 2° édition. - 13 — On fera , dans ces équations : V/-1 , a) = 2«, w'=2ôv/ — 1. ^ = e Sous la forme de l'équation (G), on voit immédia- tement que la fonction «i» satisfait à l'équation diffé- rentielle : dx^ drp- Enfin, * [x, y) demeure flni quand le point [x, y) se déplace à l'intérieur du rectangle; toutefois, à l'origine des coordonnées, * (0,0) =-|-co, c'est le siège de l'électrode positive ; au point x=a, y — o, la fonction * {a, 0) = — co. C'est le siôge de l'élec- trode négative. VI. Plaque rectangulaire : Équations des côtés : x=^o, x — a, y = o, y — b. Électrodes placées symétriquement dans le rec- tangle : en (a, [â) électrode positive ; en {a — a, (3) électrode négative. En chaque point a:, ?/, le potentiel sera : V — M [4> (^ — a, y — 3) + * (x — a, y -h [5) En effet, cette fonction satisfait .à l'équation diffé- — 14 — rentielle (1) , puisque chacun de ses quatre termes y satisfait séparément. Ce cliangement de x en — x, ou en 2a — x, fait permuter le l""' avec le S" terme, le 2° avec le 4" ; d'après les équations (5) , le chan- gement de y en — y, ou en 2b — ?/. fait permuter le l'^r avec le 2« terme, le 3* avec le 4°. Enfin , si le point X, y, se déplace dans le rectangle V, demeure fini, sauf aux deux points : (a, jB), («, — a, 3). Dans le premier cas , le 1°" terme est infini positif ; il est infini négatif dans le deuxième cas. YII. Plaque rectangulaire : équations des côtés : x=o ; x = a;y = o;y==d. Electrodes sur une parallèle à l'un des côtés du rectangle. Coordonnées de l'électrode positive : a', p. Coordonnées de l'électrode négative : a, ^. Pour obtenir l'expression du potentiel , nous con- sidérerons la série : (7) F ^l±l±2nù _y-{-^ + 2nù a a x-^a. n = -\-^^ ^ + ^ _2cos. Tu-^ log. n = — en jjj^t^j^'lnb _.y + 3 + 2??<^ 2 COS. T^ — ■ a - 15 - dans laquelle n est un nombre entier qui varie depuis — co jusqu'à -|- oo ; a, a' et ^ satisfont aux inégalités : a < rt, y-' < a, [î < b. Cette série définit une fonction de deux variables qui admet les deux groupes de périodes : (o, 2é) ; [2a, o) ; et qui satisfait à l'équation différentielle : dx^ dy'^ ~ La fonction F peut se ramener facilement à la fonction ôj, définie par l'une des équations (18) p. 314 de la Théorie des fonctions elliptiques , de MM. Briot et Bouquet, 2* édition. On a identiquement : x-\-y. ,y + '^ = log, 6^((a: + a) + (y+p^l/-l). 6, (ix + a )-(y+ ^j i/-l) 0^ [(x-\-a')-\- (y+ P) V~i) . 6, ((^+a')-(y-f p.) \/^i) On fera dans cette équation : w = 2«, i>i'-2b\/ —i, et ^-v/-i. q = e Cela posé , l'expression du potentiel en un point X, y , sera , à un facteur constant près : (8) V=F X -\- 7. X-\- X ,y+M + F X X -\-ct. ,y + F X — a X — a r — 16 — En effet, chacun des quatre termes de V satisfait séparément à l'équation différentielle (1). Le changement de x en ^x ou en 2a — x fait permuter le 1" avec le 2° terme, le 3° avec le 4« ; Le changement de y en —y, ou en 2b — y , fait permuter le l*"" avec le 3° terme, le 2° avec le 4"' ; Donc, les courbes V = G coupent orthogonalement les quatre côtés du rectangle. V demeure fini en tous les points du rectangle, sauf aux centres des deux électrodes. Au point j:=a' y = ^, le 4" terme prend la valeur 4-co; au point x = cf., ?/=3, ce même terme est infini négatif. Remarque. — Supposons les deux électrodes sur une parallèle à l'autre côté du rectangle : soient a', ^' les coordonnées de l'électrode positive ; a', ^ les coordonnés de l'électrode négative. On se servira de la série : (9) F,g+^,,x + a' 5? 4- a' -f- 2?ia x -)- a' -|- 2na '^ b '^ b y_^^ n = -\-rj, e H- e _2cos. tt^-^ 2 10°" 11 — — <:/:, '^' _X'-\-'x> -\-2na ^x -\- rx' -^ 2na '^ b '^ b yA^J e 4- e —2 COS. r. \ et, par analogie , avec le problème précédent , le potentiel sera , en tout point [x ,y) : — 17 — r7/4-i (10) V, = F, >^^\--\\-^^_l-^-^^] F, ^ + ^.-a'] + F.gIJ,.-a>] à un facteur constant près VIII. Électrodes en des points quelconques. Coordonnées de l'électrode positive : a.', [â' ; coor- données de l'électrode négative : ol , p. Soit P l'électrode positive, au point o.', P'; N l'élec- trode négative en a, p, je considère un point M, dont les coordonnées sont a' p ; soit, en ce point, deux électrodes, l'une positive au potentiel -f-Vo, l'autre négative au potentiel — V», la distribution du po- tentiel dans la plaque ne sera pas modifiée ; les effets des deux électrodes se neutralisent. Nous avons alors deux couples d'électrodes : -j- P et — M , — N et -f M , qui superposeront leurs po- tentiels V et Vj, définis par les équations (8) et (10). Ce potentiel résultant sera donc à un facteur constant près : 18 — 111 + F, y + ^' ^ — a y- 3 ,^ + -1 cT — a' Telle est la solution du problème dans le cas le plus général. Quant au facteur constant, on le dé- termine en écrivant que le potentiel est H-Vo sur le contour de l'électrode positive, en un point dont les coordonnées sont: 'x'-j-p, [3'; p désignant le rayon de l'électrode circulaire. IX. ETUDE EXPERIMENTALE. Sur les bords d'une lame de verre bien plane , large de 0'",28, longue de0'"j.36, on a coulé quatre bandes de brai, matière qui, en se solidifiant^ reste adhérente au verre. On obtient ainsi une sorte de bassin rectangulaire dont la largeur est 0"',26 et la longueur 0"',3i. Aux deux coins A et B sont , aux trois quarts noyés dans le brai , deux cylindres en cuivre de 0"',003 de diamètre ; ce sont les électrodes. La lame étant bien horizontale , on verse dans le bassin une solution étendue de sulfate de cuivre ; c'est le conducteur. Dans une expérience, l'épaisseur — 19 — du liquide était 0"\004 ; les électrodes communi- quaient avec les deux pôles d'un élément Daniell monté aux deux sulfates. Le point G, milieu du côté EV opposé à la base AB , communique avec le sol et avec l'un des pôles d'un éleclromètre ; l'autre pôle de l'électromètre communique avec un point H dont les coordonnées sont connues. On mesure donc à l'électromètre le potentiel du point H. Sur les côtés AE, BF, sont deux règles graduées en parties égales au dix-huitième de AB ; une règle mobile CD porte dix-neuf crans équidistants de cette même quantité ; la règle CD est placée parallèlement à AB , les crans extrêmes coïncidant simultanément l'un avec AE, l'autre avec BF, el le fil de cuivre en communication avec le pôle de l'électromètre est fixé en H en l'un des crans de la règle ; les coordonnées 1 CL o, , du pomt explore seront donc x = ??î-- y — n — . ?nei?i 18 18 étant deux entiers quelconques. L'électromètre était un électromètre capillaire à tube horizontal. Les potentiels mesurés, en prenant pour unité la force électro-motrice d'un élément Daniell, doivent être proportionnels aux valeurs que prend la série (4), en 26 26 y faisant: « = 26, ô = 34, x = 7n—,fj=^7i—. Si la 26 plus grande valeur de y ne dépasse pas 9 X — = 13. on peut, dans le calcul de la série (4), se borner à celui des termes correspondant h?i==o, et négliger les deux séries complémentaires S et S^ ce qui re- vient à considérer le conducteur comme indéfini dans le sens AE. — 20 — Alors, les potentiels mesurés doivent être pro- portionnels aux nombres : X— — % — a a j, e ~\- e -\-2 cos x - N =log. ,y JJ 7C — X - a a e + e — 2cos.x- a En multipliant ces nombres par un facteur con- stant convenablement choisi, on obtient les potentiels calculés. La concordance est satisfaisante entre les poten- tiels observés et les potentiels calculés. Par exemple, les valeurs des potentiels sont, pour les différentes valeurs , de y et de a; ; a 2a 3« 4« 5« 6« la 18 18 18 18 18 18 18 y= 0 _3rt Observé. 0,138 0,134 0,118 0,102 0,092 0,074 0,062 0,050 ^~Ï8 Calculé. 0,138 0,132 0,119 0,103 0,089 0,074 0,064 0,049 _ 4« Observé. 0,104 0,102 o,090 0,082 0,072 0,064 0,052 0,046 ^""18 Calculé. 0,106 0,102 0,087 0,085 0,074 0,064 0,054 0,046 _ l_a_ Observé. 0,037 0,037 0,033 0,0.30 0,030 0,025 0,020 0,018 "^"18" Calculé. 0,037 0,036 0,035 0,032 0,029 0,026 0,023 0,019 — 21 — DISTRIBUTION DU POTENTIEL DANS UN CONDUCTEUR LIMITÉ PAR DEUX PLANS PARALLÈLES. I. ÉQUATION DES SURFACES DE NIVEAU. Soit un conducteur homogène limité par deux plans parallèles verticaux que je suppose indéfinis. Les deux électrodes sont aux deux points 0 et A,, aux extrémités d'une perpendiculaire commune aux deux faces ; ce sont deux sphères de petit diamètre, elles communiquent avec les deux pôles d'une pile, et un point G du plan médian BG est relié au sol ; appelons ±: Vo les potentiels sur les contours des deux électrodes. En général , ar^ ?/,, Zi, étant les coordonnées du centre d'une électrode , le potentiel en un point {x, y, z) sera : V = -, en posant : r^ = {x-x,y-\-{?/-y,)^-^{z-z,)\ M La fonction V = - satisfait, en effet, à 1 équation ditférentielle : ^^ dx^ "^ dif '^ dz^~^ — 22 — qui exprime que la densité électrique est nulle en tout point d'un conducteur à trois dimensions, qui est traversé par un courant électrique dont le régime est permanent. Si plusieurs électrodes sont disséminées dans le conducteur, les potentiels émanant de ces électrodes se superposeront. Soit a l'épaisseur OA, du mur considéré ; suppo- sons le conducteur indéfini dans le sens de OAjZ et dans celui de AjOZ', et en des points A», situés sur Taxe ZOZ'', à des distances (^kn — na, n étant un entier positif ou négatif, imaginons des électrodes positives au potentiel -|- Vo aux points d'indice pair, et des électrodes négatives au potentiel — Vo aux points d'indice impair ; p est le rayon de toutes ces électrodes. Étant donné un point P du conducteur, ro étant le rayon vecteur OP, et /'« la distance PA», le poten- tiel au point P sera : V=M2±— rn Cette série , dans laquelle n prendra toutes les valeurs entières, positives ou négatives, depuis — co jusqu'à -j- ^' 6St convergente. Les termes sont pré- cédés du signe -h. si n est pair ; ils sont précédés du signe —, si n est impair. On aura, en groupant les termes : (2) Sous cette 'forme , la convergence est évidente , — 23 — puisque les termes étant alternativement positifs et négatifs , le terme général que l'on peut écrire ± — I 1 tend vers o quand n augmente indé- \r„ r-nj Animent. Par raison de symétrie , les surfaces de niveau définies par l'équation (2) dans laquelle on considère V comme constant, sont normales à tous les plans verticaux qui passent par les points 0, A,, ... An. Si nous isolons le mur compris entre les plans verticaux 0 et A,, l'équation (2) déterminera encore les surfaces de niveau dues aux deux électrodes 0 et A,. Si le point P est sur le plan médian BG, rQ — i\, ^( = ^2, etc., et V = o; si le point P est au point 0 ^0 = 0 et V = + ^ ; si le point P coïncide avec Aj , centre de l'électrode négative , 7\ = o et V = — co. L'équation (2) donne donc bien la solution du problème. On détermine la constante M en écrivant que V=Vo sur le contour de l'électrode positive; alors ro=p, r^ — r—^ — a, r^ — r—,^-=1a, r,i = na; ceci n'est exact que si p est très-petit par rapport à a. Vo=M ■1__2 H 11 _ 1 }~ a U~2~^8~4 Ml'i-^-"" P a le double du logarithme népérien de 2 est le nombre 1,396, et on aura finalement, pour l'expression du potentiel en chaque point : 1 1,396 1 -(,- + / ) + (r + .M- \/ j '—1' V2 ' —ti /l V'3 p a *^j+ — 24 — IL ETUDE DE LA SÉRIE. Proposons-nous de calculer des nombres propor- tionnels aux potentiels des différents points de OA, et de la droite horizontale OX perpendiculaire à OAi- La série définie par l'équation (2) n'est pas très-rapidement convergente, et il convient de la transformer pour abréger les calculs. Nous supposerons d'abord le point P situé sur la droite OX, à une distance 01? = x qui ne dépasse pas a. Soit 6n l'angle que fait PA,, avec OZ ; 6« = 6_„ ; et on a identiquement : x = rn sin 6» = 7ia. tang. 6,i ; d'oii on tire : 1 sin 6« , , ^ X -, et tang. 6„ = — donc : rn X na 11. . X — = -. sm. arc. tang. — , remarquons que r_„ = r«, d'après la position du point P ; le potentiel sera donc proportionnel aux nombres : 1 2 N = X X OC oc T 1 sin. arc. tang. sin. arc. tang. — + sin. arc. tang. ^ ... Nous représenterons par /^n la différence qui existe entre le sinus et la tangente de l'angle ô»; alors Sin. arc. tang. — = An, na ^ na et le nombre N devient OU ,,, ^, 1 1,396 , 2 / ^ A , A A \ Les différences A se calculent au moyen d'une table des sinus et des tangentes trigonométriques des arcs de degré en degré. Si x est inférieur à -, la série des /\ est rapidement convergente ; on peut se borner aux quatre ou cinq premiers termes de la série. Supposons que le point P se déplace sur OA, , et désignons par z la distance OP, qui sera inférieure à - ; alors rn = na — z, r—n = na-\-z, et le terme général de la série (2), alternativement positif et négatif, devient : 11 2na na — z na-\-z n^ a'- — z^ 2 expression qui diffère très-peu de — ; la différence 26 2?îa 2 2z^ 1 2z'' ^ , 71^ cî^ — z^ na a n i/ii^ a} — z^) a en posant n [IV œ expression qui tend rapidement vers o, quand le nombre n augmente. Le terme général de la série (2) est donc : r 2 2z^ — + — A'« \na a et la série devient (^>-4-^^-?(a'.-A'..awa'....) la série entre parenthèses est très-convergente si z a ne dépasse pas -. III. ETUDE EXPERIMENTALE. Le conducteur était une dissolution de sulfate de cuivre renfermée dans une cuve en verre , ayant la forme d'un parallélipipède rectangle , et dont voici les dimensions : épaisseur OA, =0'",093 ; profondeur OY:^0'",250 ; largeur XX'^O-^.SOG. A la condition de n'évaluer le potentiel qu'en des points dont la distance à l'électrode ne dépasse pas -, - 27 - soit 0",046, on pouvait considérer le mur comme in- défini dans le sens de la profondeur et de la largeur. En 0 et en A^ étaient fixées les deux électrodes ; deux fils de cuivre de 0",0005 de diamètre, reliés aux deux pôles d'une pile qui était composée de deux éléments Daniell associés en batterie. Suivant OX était une graduation en parties égales au dix-huitième de OAj ; une règle graduée portait dix-neuf crans équidistants de cette même quantité — ; la règle DE était toujours parallèle à OA, ; le cran extrême coïn- cidait avec une des divisions de OX. Le point P, de n a ma , . , ^ coordonnées -— , -— — , 71 et m étant des nombres 18 18 entiers , communiquait par l'intermédiaire d'un fil de cuivre avec l'un des pôles d'un électromètre ca- pillaire , le point G situé sur le plan médian était relié au sol et à l'autre pôle de l'électromètre ; on mesurait le potentiel du point P, en prenant pour unité la force électro-motrice d'un élément Daniell. Les potentiels mesurés doivent être proportionnels aux valeurs que prend la série (2) pour les points explorés. Si le point P se déplace sur OX , à des -,. , ■ « 2« 3« , . ^ , distances —, —, — du point 0^ les potentiels me- 18 lo 18 sures seront proportionnels aux nombres N (équa- tion 4) ; ils seront proportionnels aux nombres N' (équation 5) , si le point P se déplace sur OA,. En multipliant ces nombres N et N' par un même fac- teur constant convenablement choisi, on obtient les potentiels calculés. Les tableaux qui suivent montrent que l'accord est satisfaisant. - 28 - a "Ha Sa ia ba 6a 7a 8a 9a Distance à l'électrode : IgïSÎSIsTs'îsIslsIS Observé. 0,084- 0,038 0,023 0,018 0,012 0,008 0,007 0,005 0,004 Ligne OX. q^^ç^^^^ q^084 0,038 0,023 0,016 0,012 0,009 0,007 0,005 0,003 Observé. 0,082 0,040 0,023 0,017 0,012 0,008 0,005 0,002 0,000 Ligne OAi. q^^^,^^^^^ Q^Qg^ 0,038 0,023 0,015 0,010 0,007 0,004 0,002 0,000 ÉLECTROMÈTRE CAPILLAIRE, L DESCRIPTION. L'appareil que nous allons décrire a servi pour étudier la distribution du potentiel dans des masses liquides traversées par des courants permanents. Le potentiel étant inférieur aux neuf dixièmes de la force électro-motrice d'un élément Daniell, on l'évalue avec une approximation égale à un millième de Daniell. La simplicité de l'appareil est telle qu'on peut très-facilement le construire dans un labora- toire. Deux flacons A et B sont munis de deux tubulures latérales , fermées par des bouchons de liège aux- quels est fixé un tube à thermomètre CDE, dont le réservoir a été coupé au point G. La portion CD est large ; en D elle est reliée à la partie capillaire DE par une surface que l'on peut considérer comme l'enveloppe de plusieurs cônes dont l'angle passe par un maximum, puis diminue jusqu'à devenir nul. En - 29 — un point R , très-rapproché de la portion du tube cylindrique capillaire, là oii l'angle du cône est très- petit, on a fixé une bande de papier à bords nette- ment coupés. Une loupe est fixée devant le repère. Le flacon A contient du mercure M qui remplit le tube horizontal jusqu'au repère. Le fond du flacon B est occupé par du mercure M^; le tube capillaire et la partie supérieure du flacon B contiennent de l'eau acidulée au dixième de son volume. Les hauteurs du mercure dans le flacon A et de l'eau acidulée dans le flacon B sont réglées de telle sorte que, dans le tube horizontal, la surface de séparation des deux liquides soit au repère. On s'en assure en visant à travers la loupe. Quand l'appareil ne fonctionne pas , les masses mercurielles M et M' sont reliées entre elles par des fils de platine et un commutateur ; elles sont au même potentiel. Si, au moyen du commutateur, on intercale une différence de potentiel ne dépassant pas un Daniell, en ayant soin de rendre positif le mercure M', le ménisque se déplace du côté du flacon A ; on exercera dans le flacon A une pression compen- satrice p pour ramener la surface de séparation à coïncider avec le repère. On a mesuré une fois pour toutes la pression compensatrice po qui correspond à la force électro-motrice d'un élément Daniell ; si la pression p compense une différence de poten- tiels égale à V, on déduira V du rapport connu —, Po en se servant de la table de graduation qu'a donnée M. Lippmann [Annales de Chimie et de Physique , 5' série, tome V). — 30 - II. SENSIBILITE DE L ELEGTROMETRE A TUBE CONIQUE HORIZONTAL. Soit h la dépression capillaire, quand le ménisque s'arrête au point R, et soit r le rayon du tube en ce point, et a l'angle du cône évalué en minutes. Sui- vant la loi de Jurin , h=—. Comme l'a démontré r M. Lippmann , la quantité A est une fonction de la différence des potentiels intercalée entre les deux masses mercurielles M et M' ; si cette différence est 0",001 (un millième de la force électro-motrice d'un élément Daniell), A augmente de la sept cent cin- quantième partie de sa valeur, et comme h demeure r constant , r doit augmenter de — - ; si o désigne le déplacement du ménisque, on aura : _^ ^ _«_ . , g _ 3438 r 750 3438°' 750 a' La sensibilité sera donc d'autant plus grande que le rayon du tube au repère sera plus grand et que l'angle du cône sera plus petit ; c'est pourquoi le repère doit être peu éloigné du point oii le tube devient cylindrique. Dans l'appareil qui a servi aux expériences rap- portées précédemment , la dépression était environ de la pi. II, appartient à \Ilonudonotus fuijiticiis Trom. Lebesc. Elle a été trouvée à Besneville. Les têtes, qui ont été nommées provisoirement //. fiKjitivus par MM. de Troraelin et Lebesconte, et qui recevront peut-être le nom de //. Vicanji, sont tron- quées presque carrément en avant; on peut, d'après M. de Tromelin , les comparer à celles de H. bisiil- catus Sait.; H. inexpectatus Barr; H. omaliusi iMal. — L'extrémité frontale est légèrement relevée, et, quelquefois, elle disparaît lors de l'ouverture de la roche, parce qu'elle reste attachée à l'empreinte exté- rieure. — Le bord frontal de //. fittjitivus est largo, comparativement étendu en longueur; la glabelle présente deux paires de sillons dans le jeune âge. Dans l'échantillon de Besneville, la hauteur de la tête égale 30 millimètres à peu près, et sa largeur 32 à 34 millimètres ; les yeux sont placés aux 2/3 de la tête ; le sillon occipital est peu marqué. L'appa- — 84 — rence générale de ces têtes, auxquelles manquent les joues mobiles, est très-peu bombée; elles varient beaucoup de dimensions. La réunion de ces têtes et du pygidium de H. Vicaryi dans les mêmes bancs, à l'exclusion de toute autre forme, permet de supposer que la tête de VH. fugitlvus est celle de VH. Vicaryi; la découverte ultérieure d'individus complets, per- mettra probablement de le démontrer. ASAPHUS ? CARABEUFI Mor. La fii4'. 0 de la pi. II représente un grand pygi- dium qui fut trouvé dans les carrières de May, par M. Carabeuf, et qui m'a été gracieusement prêté par M. Deslongchamps, acquéreur de l'importante col- lection de noire regretté collègue. La longueur de ce pygidium est de 65 millimètres, et sa largeur la plus grande de 96 millimètres en- viron; son contour est parabolique, sans appendice caudal. Les trois lobes sont bien distincts ; l'axe , longuement conique et de 50 millimètres de lon- gueur, ressort en relief sur le limbe; il comprend 12 à 13 anneaux, dont le plus rapproché de la région thoracique a pour largeur 20 millimètres , et il se termine à 15 millimètres de l'extrémité du pygi- dium. Le test ayant disparu à la partie postérieure du pygidium et sur une partie des lobes, on peut faci- lement reconnaître le dessin de la doublure du test. Cet ornement consiste dans des sillons de forme parabolique, dont les sommets sont situés entre le bout de l'axe et le bord du pygidium. Les branches — 85 — divergentes de ces paraboles s'étendent inégalement vers le thorax ; leur longueur croît en raison de la distance de l'axe, de sorte que les plus voisines du contour atteignent le bord thoracique du pygidium. Les anneaux de Taxe sont limités par des lignes parallèles, et n'offrent pas ces deux courbes concen- triques en accolade dont le sommet est aigu et dirigé vers l'arrière, caractère que l'on rencontre presque toujours dans le genre AsapJ/ns, mais qui n'existe pas dans le jeune âge. Les lobes latéraux présentent neuf côtes environ, dont la direction est courbée vers l'arrière et qui vont en augmentant de largeur de l'axe au bord du limbe. Les côtes sont séparées par des sillons intercostaux, assez profonds, qui viennent marquer leur empreinte sur les lignes paraboliques de la doublure. — Les côtes et les rainures intercostales paraissent s'éva- nouir avant d'avoir atteint le bord plat qui forme le contour de ce pygidium et qui est légèrement con- cave. Le pygidium que nous venons de décrire doit-il être rapporté au genre Asaplms? Quoique les ouvrages spéciaux que nous avons été à même de consulter ne nous aient offert, soit comme figure, soit comme description, rien qui puisse s'ap- pliquer à notre échantillon, c'est avec le genre Asa- plms qu'il nous a paru offrir le plus grand nombre de caractères communs, et nous l'appellerons Asa- plms Car al) eu fi. 86 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. Fig. 1. Homalonotus Bannisse iili },lov., vu de iacG. — 2. Le même, vu de profil. — 3. Thorax et pygidium appartenant probablement à VH Bonn'issenti Mor. PLANCHE II. Fig. 1. V^giàinm A' Homalonotus Serntliis , wi de face. — 2. Le même, vu de profil. — 3. Tète de Y Homalonotus Broiigniarti Desl., vue de face. — 4. La même, vue de profil. — 5. Tète de VHoinalonotas fiirjittrus Trom. Leb. , vue de face. — (). Pygidium de VAsaphus? Carabeufi Mor. A 9 heures, la séance est levée. BiiUel.Soc.LiTiTi.de N''.^^J^Sërie,T.9. PI. I. v:: ;?;-$sai?îî&*.. ;î\^ .'^1^,'>^: H .Por-mant litK. Imp .Becauetfr. Pans. Bull. Soc.lmn de N^.^^ J" Série, T. 9. PI. IL \TTr ■^■ï H .PoTTnaTit lith Imp Jj ecau et fr . Pan s . SÉANCE DU 4 lïlAI 1885. Présidence de M. BERJOT. A huit heures, la séance est ouverte. Le procès- verbal de la séance précédente est lu et adopté. Il est donné connaissance de la correspondance : M. Lecœur, notre confrère de Vimoutiers, pro- pose à la Société de consacrer les journées du samedi 4 et du dimanche 5 juillet à son excursion de 1885, et il indique un programme de l'emploi de ces deux journées-, la proposition de M. Lecœur est adoptée et le secrétaire, après s'être entendu avec MM. Lecœur et Bizet, qui doivent diriger, le premier , l'excursion botanique , le second , l'ex- cursion géologique , est autorisé à adresser aux membres de la Société le programme de l'excursion annuelle. Les livres reçus depuis la dernière séance sont passés en revue. M. Dangeard lit la note suivante : — 88 — NOTE SUR LE CIIYTRIDWM SUBANGULOSUM A. Br Par M. DANGEARD, Préparateur h la Faculté des Sciences. Le Cliytridiimi siihaiiQuIomm. fut signalé, pour la première fois, par A. Braun sur VOsdllana teimis. Il en donne (1) la description suivante : Cliytridimn stihanfjulofuon. — Der vorigen art ahnlich ( Chytridium latérale ) aber etwas grusser (m — ^'"") Kugelformig , reif etwas eckig, mit meh- reren weniger stark vorspringenden Miindungen sich offnend. Sch^varmzellem ^ "^"^ lang. FindetSich einzeln oder paar weise auf dem Spitzen der Faden von Oscillaria tennis var. Subfusca K. bel Frei- burg (1848). M. le professeur Schenk (2) a rencontré ce même Chytridium sur des germinations de spores d'Aspi- dium \'iolascens et a vu très-distinctement le cil des zoospores. Le mode de nutrition n'était pas connu. Ayant rencontré ce Chytridium sur FOscillaria tennis, j'ai fait quelques recherches à ce sujet. (1) Uber Chytridium, p. 5, 1885. (2) Uber das Vovhommen contraclller Zellen in Pflavzcnreicli. Wurzburg, 48.Ô8, p. 8. Sans Faction des réactifs , le parasite semble com- posé d'une simple ampoule terminale fixée à l'extré- mité du filament d'Oscillaire ; Taxe de l'algue est incolore dans toute la partie attaquée. M. le docteur Bornet, à qui j'avais communiqué ce Cliytridium, voulut bien me faire remarquer que ce parasite envoyait, à l'intérieur des cellules del'Oscil- laire, un prolongement radiciforme. D'après ses conseils, j'essayai plusieurs réactifs pour le colorer, indépendamment de l'algue; la nigrosine et le picro-carmin ont très-bien réussi après fixation par l'alcool ou l'acide osmique. Voici comment les choses se passent : les zoos- pores sont sphériques, possèdent un noyau très- rcfringent duquel part un long cil, leur mouvement est vif et ne diffère pas de celui des autres Chytri- dinées. Elles se fixent en grand nombre sur les filaments d'Oscillaires , mais celles qui se trouvent aux extré- mités se développent seules. Ces zoospores émettent bientôt un prolongement d'abord très-fin, qui digère le protoplasma de la pre- mière cellule. Devenu plus fort, ce prolongement perfore la cloison qui le séparait de la seconde cel- lule , et parcourt ainsi le filament d'Oscillaire en présentant ordinairement une série d'étranglements qui correspondent aux cloisons. Le protoplasma y est très-clair, renferme quel- ques globules oléagineux et des granulations réfrin- gentes qui proviennent de la division du noyau de la zoospore. On peut voir après coloration que ce prolongement — 90 - radiciforme vient se terminer en pointe sur la sur- face convexe d"un article encore sain ; il n'a pas de paroi. La partie de l'Oscillaire attaquée est de couleur jaunâtre, ce qui est dû aux résidus chlorophylliens non absorbés par le Chytridium. Si le filament d'algue est d'une longueur assez grande, il n'est pas digéré en entier. La petite ampoule extérieure du Chytridium grossit peu à peu sous l'afflux de protoplasma que lui fournit le prolongement radiciforme et atteint ses dimen- sions normales (9 à 12 micr.); c'est le sporange, il n'est pas rare d'en rencontrer deux sur le même filament et l'action des réactifs montre leur complète indépendance. Le sporange se sépare par une cloison de son pro- longement radiciforme, et développe trois ou quatre papilles; c'est par là qu'aura lieu la sortie des zoos- pores dont la formation a lieu exactement comme dans les autres Chytridinées. Le nombre des zoospores varie avec la longueur du filament d'Oscillaire, de dix à soixante environ. D'après ce qui vient d'être exposé, ce parasite se rapproche beaucoup des Rhizidium (1) ; il va cher- cher sa nourriture dans les cellules de l'algue et son sporange se sépare de la partie nourricière par une cloison. La présence de trois ou quatre papilles au spo- range fournit-elle un caractère suffisant pour le (1) Nowakowski , Beitrar/ zur Keutniss der Chytridiaceen (Cohîi'B Beitrage, II). — 91 — mettre avec Rabenhorst dans le genre Rhizophydium? Il est permis d'en douter. M. Berjût fait fonctionner devant ses collègues un allume-gaz électrique (système Arnould) qui offre les avantages suivants : 1° suppression de la flamme, et, par suite, plus aucun danger d'incendie; 2° éco- nomie importante sur l'emploi de tous les appareils servant au môme usage ; 3° appareil sans mécanisme, fonctionnant par le seul fait du renversement de l'appareil et ne s'usant pas au repos ; 4° propreté. L'appareil fermant hermétiquement, il n'y a à craindre ni taches ni mauvaise odeur. M. Bigot donne lecture d'un Mémoire de M. Qué- nault, sur le calcaire carbonifère de Montmarlin. — Ce travail est renvoyé à la commission d'impression. M. Le Sénéchal , préparateur à la Faculté des sciences, donne lecture du travail ci-après : CATALOGUE DES AilMAOX RËGOEILLIS AU LABORATOIRE MARITIME DE LUC PENDANT LES ANNÉES 188i ET ISSrJ Par R. LE SÉNÉCHAL Licencié es sciences naturelles, conservateur des collections zoologiques de la Faculté des Sciyiices, membre de la Société Linnéenne. Le travail que j'ai l'honneur de présenter à la Société Linnéenne est le résultat des recherches que — 92 — j'ai entreprises pendant les années 1884 et 1885 sur la faune marine du Calvados. Notre côte est assez mal connue et les animaux qui Thabitent n'ont été jusqu'ici l'objet que d'un très-petit nombre de publi- cations ayant trait à la description ou à l'anatoraie de quelques types isolés. Le but de ce catalogue est de combler une lacune regrettable. La tâche est vaste sans doute , mais n'ofTre pas toutes les difTicultés qu'on serait tenté d'y voir au premier abord. Bâtes, Westwood, Hincks, Gosse, Bowerbank, Forbes, ont doté leur pays d'excellents ouvrages sur la faune des côtes anglaises. Au point de vue zoolo- gique, on peut l'afïïrmer, la partie française de la Manche diffère peu de la partie anglaise. Les natura- listes précités deviennent donc de précieux guides dans l'étude des animaux de nos côtes. Ils n'ont pu connaître toutefois une foule de particularités tenant à l'habitat, à la température, à l'exposition de nos mers, particularités très-importantes, puisqu'elles donnent à une faune sa physionomie propre. Des espèces leur ont certainement échappé, peut-être même en existe-t-il de spéciales à la côte, mais à cet égard il convient d'user d'nne grande réserve afin de ne pas augmenter le fatras des classifications actuelles. L'étude des animaux qui vivent sur une côte quel- conque exige des conditions particulières que, ré- duit à ses propres forces, il est presque impossible de réunir. Il faut avoir à sa disposition le matériel nécessaire aux explorations sous-marines, à l'étude et à la conservation des animaux recueillis et des locaux appropriés. Il faut, en un mot, pouvoir Ira- — 03 — vailler dans un laboratoire maritime , et c'est au laboratoire de Luc-sur-Mer que je dois d'avoir en- trepris un travail auquel je n'aurais jamais songé. Cet établissement, dont le département a doté la Faculté des Sciences , a eu des commencements difficiles. Pendant les premières années de son existence, il ne fit que végéter. Lorsqu'au mois de janvier 1883 , M. le professeur Delage en prit la direction, tout était à créer ou à refaire. Le bateau que possédait le laboratoire avait été emporté par un coup de mer en novembre 1882. Une excellente embarcation de cinq tonneaux et demi de jauge et sortie des chantiers de Roscotf^ le iSauplius, le rem- place aujourd'hni. 11 n'avait pas été possible jusque-là de faire vivre les animaux provenant des récoltes faites en mer ou à la plage, la station manquant à ce point de vue d'une installation môme rudimentaire. A la fin de 1883, un moulin à vent, prenant l'eau dans un puits, creusé au milieu de la grève , l'amenait dans une vaste cuve en ciment d'où elle se distribuait au rez- de-chaussée et au premier étage. Au rez-de-chaussée , une salle tout entière était consacrée aux bacs oii vivent très-bien les hôtes ha- bituels de la côte, à l'exception cependant des Echi- nodermes. Nulle part, d'ailleurs , on n'a encore pu conserver ces animaux vivants. Trois autres pièces au lieu d'une, comme jadis, sont aménagées pour recevoir les travailleurs (1). Il s'y trouve, en outre , un magasin, le matériel et le logement du concierge. La bibliothèque, création nouvelle, est située au premier étage. Elle contient déjà un nombre respec- — 94 — table d'ouvrages de détermination, de mémoires originaux sur toutes les branches de la zoologie et les principaux périodiques publiés en France, en Angleterre et en Allemagne. A ce propos, je ne puis m'empecher d'exprimer le regret que les règlements de la bibliollièque universitaire apportent tant d'en- traves aux travaux de toutes sortes. Le laboratoire n'eût pas grevé lourdement son budget déjà si res- treint. Cette môme année, la station acheta six micro- scopes. Elle en possède huit actuellement, dont un de Zeiss, l'un des meilleurs constructeurs allemands, et n'en possédait pas un seul avant 1883. C'était une grosse dépense, mais elle s'imposait. Les études mi- crographiques dominent aujourd'hui la zoologie tout entière. Elles n'ont , d'ailleurs , pas seulement pour but l'étude de la structure intime des tissus; elles assignent encore aux êtres vivants leur place dans la classificalion. Sans le microscope , le monde des infiniment petits échapperait aux regards du natu- raliste. Au laboratoire de Luc-sur-iMer comme dans les établissements que nous possédons aujourd'hui en France, les travailleurs ont à leur disposition tous les produits, réactifs, colorants, nécessaires à leurs études. Cependant il est fait, suivant un usage con- sacré d'ailleurs , une réserve à l'égard du chlorure d'or^ de l'acide osmique et de l'alcool absolu. Mais, hâtons-nous de le dire, le directeur du laboratoire n'applique pas le règlement dans toute sa rigueur. Un excellent marin, Emile Palfresne, enfant du pays et connaissant fort bien la côte, est attaché à la — 95 — station en qualité de concierge. Patron de l'embar- cation, il se tient à la disposition des élèves et des personnes qui viennent travailler au laboratoire. Très-dévoué, intelligent, et sachant fort bien son métier, il a su rendre de grands services dans les draguages qui ont été etfectués depuis Grandcamp jusqu'à VilIers-sur-Mer, Il ne sera question toutefois dans ce travail , que des parties du littoral qui avoi- sinent le laboratoire. Les autres, plus éloignées, feront l'objet d'une étude postérieure. La côte courant N.-N.-E., est largement ouverte, et les abris y sont rares. Des falaises à pic, d'une hauteur assez considérable, entre Lion et Luc d'une part, entre Langrune et St-Aubin de l'autre, très- basses à Luc même, dominent le rivage. Elles sont constituées par les assises riches en fossiles de la grande oolilhe. Il s'y est formé çà et là de profondes excavations qu'ont remplies les alluvions anciennes et modernes. Telles sont les poches que l'on observe à peu de distance du Laboratoire, sur le chemin de Lion. A la partie inférieure de l'une d'elles, nous avons découvert, en 1 tangus piirpureus Muller. Dragué devant Luc par un fond de quinze brasses. Amphidetus cordatus Muller. Cette espèce se trouve plus particulièrement sur les fonds vaseux qui s'éten- dent entre Lion et Oyestreham. Embranchement des VERS. Classe des ANNÉLIDES. Je suis obligé de dire, à propos des vers, ce que j'ai déjà dit au sujet des Méduses et des Cténophores. N'ayant pu les étudier sérieusement , je remets à une autre époque la publication de cette partie du catalogue. Classe des BRYOZOAIRES. Ordre des STELMATOPODES. Sous-ordre des CYCLOSTOMES. Fam. GaisuDiE. Cris/'a denti.culata Lam. Crampons des Laminaires , pierres et coquilles. Commun dans les draguages. Crisia eburnea Lin. Dragué par quatorze brasses, à trois lieues, au nord du Quihot. Fam. DiastcporidjE. Diastopora patina Lam. Mêmes parages. Pierres et coquilles. Fam. TuBULTPORiD^. Tubulipora flabellaris Fabr. Pierres et coquilles. Région des huîtres. Idmonea serpens. Sur un sertularien. Même prove- nance. — 104 - Fam. LicHENOPORiD^. Lichenopora hispida Flem. Même provenance. Sous-ordre des CTÉNOSTOMES. Fam. Algyonidiid^. AlcyonidiumgelatinosumlAmié. Commence à se montrer dans la zone des laminaires. Très-commun. Alci/onidium lursutum Flem. Même habitat. Alcyonidium polyoïtm Hassal. Sur les frondes du Fucus se/ratus aux limites de la grève. Commun. Fam. Vesicularid.e. Walkeria iiva Linné. Zone des laminaires. Trouvé une seule fois sur un JSitophyl- lum. Très-commun sur les côtes anglaises, au dire de Hincks. Amathia lendigera Linné. Zone des laminaires. Se rencontre fréquemment sur les crampons de celles-ci et les frondes du Chondnis aispus. BowerbanJda imbricata Adams. Zone des lami- naires. Sur le Cladostephus spojicjiosus. Sous-ordre des CHILOSTOMES. Fam. i^ETEiD^. JEtea anguina Lin. Crampons des laminaires. Fam. Cellularudte. Scnipocellaria reptans Lin. Zone des laminaires. Commun dans les draguages. Algues, pierres ;, coquilles. Scrupocellttria scruposa Linné. Même provenance. Fam. Bicellarud^. Bugula avicularia Lin. Commun dans la région des huîtres. Pierres et coquilles. Bugula flabellata J. V. Thompson. Même prove- nance. — 105 — Bugula plumosa Pallas. Même provenance. Fam. Flustridte. Flustra foliacea Lin. Se rencontre dans la zone des laminaires, mais est bien plus com- mun par des fonds de dix à quinze brasses. Flustra securifrons Pallas. Môme provenance. Fam. CELLARUDiE. Cellaria fistulosa Linné. Sur les pierres et les coquilles, dans les eaux profondes. Cellaria sinuosa Hassal. Même provenance. Fam. MEMBRANiroRiD^. Membranipora pilosa Linné. Sur les frondes des Laminaires , du Rliodymenia pal- mata, etc. , que parfois il recouvre complètement de ses inscrustations. Var. dentata, commune sur les sertulariens. Membranipora lineata Lin. Sur les laminaires. Fam. EscHARipoRiD^ ( Microporellid^ ). Microporella impressa Audoin. Région des huîtres. Fam. MyriozoïDuE. Sdiizoporella linearis Hassal. Même provenance. Fam. EsGHARiDiE. Mucronella variolosa Johnston. Môme provenance. Fam. Celleporid^e. Cellepora pumicosa Linn. Habite les eaux profondes comme les espèces précédentes. ARTHROPODES. Classe des CRUSTACÉS. Ordre des GIRRIPÈDES. Pédoncules. Fam. Lepadidje. Lepas anatifcra Linné. Sur une pièce de bois rejetée à la grève. Fam. PoLLiGiPEDiD^. Scalpellum vulgare Leach. Sur — 106 — hydraire, \ Antennularia antennma par dix ou douze brasses de profondeur. Operculés. Fam. Balanid^. Balanus crenatus Bruguière. Le Quihot et roches circumvoisines. Très-commun. Je n'ai pas encore déterminé les autres espèces qui existent sur notre côte. Ordre des KENTROGONIDES. D'après les travaux tout récents de M. le profes- seur Delage , l'ancien groupe des Rhizocéphales doit constituer un ordre nouveau , celui des Kentro- gonides. Les études de M. Delage ont porté sur la SarxuUna carcini dont on peut lire et voir les trans- formations remarquables dans les archives de M. de Lacaze-Duthiers. Pour les résumer^ en un mot , la larve à la phase Cypris se fixe sous l'abdomen de l'hôte qui doit l'héberger. La deuxième partie de sa vie active a lieu dans le corps même du crabe d'oîi elle ressort à l'état de sacculine , c'est-à-dire de sac gorgé d'œufs. L'évolution de Peltofjaster, parasite sur l'abdomen des pagures et que l'on trouve, quoique rarement sur nos côtes , est probablement identique à celle de la Sacculine. Ordre des ARTHROSTRAGÉS. Sous-ordre des AMPHIPODES. Lemodipodes. Fam. GAPRELLiDiE. CaprellaUnearis Linné. Le Quihot vit sur les algues. Crevé ttines. Fam. Coropiuid^. Corophium cras- — 107 — sicorne? Bruguière. Je mets un point d'interrogation, car bien que Tunique spécimen du Laboratoire réponde bien à la description du C. crassicorne, je l'ai trouvée dans le canal de Caen à la mer, non loin des bassins, et l'eau du canal n'a certes point la salure de la mer. A peine a-t-elle un léger goût saumâtre. Fam. ORCHESTiDiE. Orchestia litiorea Mont. Espèce très-commune à la grève. Montagua Alderi Sp. Bâte. Commensal du Podo- coryne carnea. Dragué à trois lieues au nord du Quihot par quatorze brasses. Fam. Gammarid^. Gammarus locusta Linné. Très- commun sur la grève. Sous-fam. Lysianassin^. ^wowya: Holdolliliroyer. Dragué par dix ou douze brasses devant Luc. Fam. Ampelisad^. Ampelisca Gaymardii Kroyer. Môme provenance. Hyperines. Fam. HypEKiDiE. Hy perla galba Mont, Dans les canaux gastro-vasculaires des Méduses. Sous-ordre des ISOPODES. Euisopodes. Fam. SpiijEROMiDiE. Sphœroma serra- tinn Fabricius. Sous les pierres à la grève. Sphœroma curtwn Leach. Vit dans les eaux pro- fondes par dix ou douze brasses. Sphœroma Hookeri Leach. Canal de Caen à la mer. Fam. iDOTEiDiE. Idotea tricuspidata Desm. Com- mune sur les algues flottantes. Fam. BopYRiD^. Bopyrus squillaimm Latr. Vit dans les cavités branchiales du Palemoyi serratus. Fam. OxisciDiE. Lygia oceanica Linné. Très-com- mune dans les anfractuosités des falaises. — 108 — Ordre des THORACOSTRAGÉS. Sous-ordre des CUMACÉS. Fam. Dyastilid^. Cinna A?idouimEà\\dLvd.s. Trouvé une fois sur une algue flottante. Sous-ordre des SCHIZOPODES. Fam. MysidjE. Mfjs?'s vulgaris J. V. Thompson. My- sis chamseleon J. V. Th. On rencontre déjà ces deux espèces aux limites de la grève ; mais c'est sur le Quihot et les autres rochers que l'on a le plus de chances d'en trouver sûrement. Sous-ordre des DÉCAPODES. Macroures. Fam. Caridid^. S.-fam. Paljëmonidje. Paicemon serratus Fabricius. Le P. serratus ne quitte presque jamais la mer. 11 est très-rare de le ren- contrer dans les flaques d'eau oii pullulent les cran- gons. Très-commun. Certains individus atteignent près de six pouces de longueur. Pandaius annulicumis Leach. Cette espèce , qui paraissait propre aux mers du Nord , a été signalée à Cherbourg par M. Joseph-Lafosse , en 1883. Je l'ai depuis maintes fois recueillie dans nos draguages. Sous-fam. Alphein^. Nika edalis Risso. Le Quihot. Très-rare. Àthanas nitescens Leach. Commence à se montrer aux limites de la grève. Commun sur le Quihot. Sous-fam. Crangonin^. Crcmgon vulgaris Fabr. Très-commun dans les flaques d'eau sur la grève. En — 109 - multitude énorme à la limite des basses mers, niveau qu'il ne paraît pas dépasser. Au-delà , il devient de plus en plus rare. Crangon trispinosus Hailstone. Espèce très-rare. Limites de la basse mer. Fam. AsTAciD.E. Homarus vidgaris Edwards. Le homard n'est pas commun sur le point du littoral qui nous occupe. C'est, d'ailleurs, un habitant des eaux profondes, que l'on prend quelquefois cependant sur le Quihot, les Essarts, etc. Fam. PALi]NURiDiE. Paliniinis vidgaris Latreille. Plus rare encore que le homard. Fam. (lALATHEiDiE. Gcdathea squamifera Leach. Espèce commune sur le Quihot et les rochers circum- voisins. Galathea nexa Embleton. Bell classe , avec doute, cette Galathée parmi les habitants des eaux pro- fondes. Sur notre côte, elle doit être rangée, sans hésitation , parmi ces derniers. Tous les spécimens que possède le Laboratoire ont été dragués au nord du Quihot par des fonds de soixante-dix à quatre- vingts pieds. Cette espèce est plus petite que ses congénères, dont elle se distingue aussi par sa cou- leur d'un beau rouge. Fam. Thalassinid^. CaUianassa subterranea Mont. Habite dans le sable à quelques pouces de profon- deur. Limites de la grève : le Quihot. Paraît rare partout. Fam. PAGURiDiE. Sous-fam. Pagurinjî. Pagurus Berii- hardus Linné. Commun. Mais les individus de grande taille et ceux-ci peuvent atteindre cinq pouces de longueur, habitent seulement les eaux profondes. - 110 — Brachyures-Notopodes. Fara. PoRCELLANiDiE. Por- cellana platycheles Lamarck. Espèce très-commune aux limites de la grève et sur les rochers. Sous les pierres. Parcellana longlcornis Eow. Même observation. Fam. Dromiad^. Dromia vulgaris Edwards. Habite les hauts fonds. Rare sur la côte. Oxystomes. Fam. LEUcosiADiE. Ebalia Crmichii Leach. Les trois espèces d'Ebalies que possède la Manche sont peu communes au dire de Bell, et celle- ci serait particulièrement rare sur la côte anglaise. Sur la nôtre, c'est la seule que j'aie rencontrée, mais toujours dans les eaux profondes par cinquante ou soixante pieds. Oxyrhinques. Fam. Maïd^. Sous-fam. Maïn^. Inachus Dorsettensis Leach. Le Quihot. Draguages. lïiachus Dorynchiis Leach. Le Quihot. Draguages. Ces deux espèces habitent également les eaux pro- fondes et, sans être communes, ne sont pas rares. Maïa sqidnado Rondelet. Le Quihot. Draguages. Peu commun. Pisa Gibsd Leach. Le Quihot. Rare. Je dois faire remarquer en passant que , si je ne cite guère que le rocher du Quihot, c'est que je l'ai plus particulière- ment exploré à cause de sa proximité du Laboratoire. Mais j'ai pu m'assurer que les Essarts, les roches de Lion, etc., donnent asile à la même population. Pisa tetraodon Leach. Le Quihot. Plus commun que l'espèce précédente. Hyas coardatus Leach. Trouvé une seule fois au Quihot. Commun sur la côte anglaise, au dire de Bell. — 111 — Sous-fam. Leptopodin^. Stenorhynchus phalan- fjiwn Pennant, Commence à se montrer aux confins de la grève. Commun sur les rochers. Stenorhynchus teniUrosiris Leach. Plus rare que le précédent. Aclœus Cranchii Leach. Très-rare sur la côte an- glaise , cet intéressant petit crustacé paraît l'être moins chez nous. Je Tai maintes fois rencontré dans les draguages. Fam. Parthenopid^e. Earynome aspera Leach. VEu- rynome aspera est le seul représentant connu jus- qu'ici de la famille des Parthénopiens dans les mers septentrionales oii il est fort rare, aussi bien en Angle- terre qu'en France. Cyclométopes. Fam. CANCRiDiE. Cancer pagurus Linné. Commun sur les rochers de Luc, Langrune, etc., mais il n'atteint tout son développement que dans les eaux profondes. Pirimela denticulata Edwards. Rare. Je ne l'ai trouvé qu'une seule fois sur le rocher du Quihot. Fam. ERiPHiDiE. Piliimnus liirtellus Leach. Limites de la grève : le Quihot. Très-commun. Fam. PoRTUNiD^E. Portunus puber Linné. Rare aux limites de la grève. Très-commun sur les rochers de Luc^ Langrune, Lion, etc. Portunus corrufjatus Leach. Rare. N'habite que les rochers. Portunus arcuatus Leach, Moins rare. Même habi- tation. Po?'tîmus depurator Leach. Même observation. Sous-fam. PLATYONicniNiE. Carcinus menas Leach. Pullule sur la grève et sur les rochers. — 112 — Fam. GoRYSTiD^. Corystes dentatus Latr. Habite les eaux profondes, suivant Bell. L'exemplaire du Laboratoire a été trouvé à la grève, mais mort. Catométopes. Fam. Pinnotherid^. Pinjiotheres pisum Linné. Très-commun. Vit dans la cavité pal- léale de la moule comestible. Classe des ARACHNIDES. Ordre des ACARIENS. Fam. Hydrachnidve, Ealacarus rhodostirjma Gosse. A peine visible à l'œil nu. Vil sur les Hydraires et les Bryozoaires. A la suite des Acariens, l'on place aujourd'hui le petit groupe des Pantopodes (Pycnogonides) que l'on classait autrefois parmi les crustacés. Il ne comprend qu'un petit nombre d'espèces. Fam. Pycnogomd.e. Nymplion gracile Leach. Com- mun sur les algues. Pallene hrevirostris Johnston. Même habitation. Ces deux espèces sont d'ailleurs très-petites. Je ne parle point des mollusques, parce que je compte en faire l'objet d'une publication spéciale qui comprendra les espèces de la côte figurant dans les collections de la Faculté. — 113 — Embranchement des VERTÉBRÉS. Classe des POISSONS. Sous-classe des CIIOT«iri>ROFTÉK,IOIElSrS. Ordre des PLAGIOSTOMES. Sous-ordre des SQUALES. Fam. ScYLLiD.E. Scf/llium canicidaCuyiev. Vulgai- rement, chien de mer. Très-commun. Fam. SouATiNiDiE. Squatina angélus ( vulrjaris Risso). Moins commun. Sous-ordre des RAIES. YdJQ.lMQOiiiiDs.. Tryr/on pastenaca\Àx\néi. Je n'en ai jamais vu qu'un seul spécimen à Luc ; mais il faut dire que les pêcheurs n'en font aucun cas et ne considèrent pas la pastenague comme un poisson comestible. Fam. Myliobatid.e. Myliobates aquila Linné. Les pêcheurs ayant grand soin de couper la queue au- dessus de l'aiguillon dont la piqûre est dangereuse, il est très-difficile de s'en procurer des individus com- plets. Fam. Raïd^. Raia bâtis Linné. Espèce très-com- mune. Raia davata Linné. Toutes les espèces qui précèdent ne se pèchent qu'au large à plusieurs kilomètres de la côte. — 114 — Sous-olasse des TÉIjI:OSTÉe:NS. Ordre des LOPHOBRANGHES. Fam. SYNGNATiDiE. Sous-fam. Syngnathin^. Syn- gnathus acus Linné. Commun sur les rochers de Luc, Lion, etc., dans les flaques d'eau. Aux limites de la basse mer, l'on en prend parfois de grandes quantités dans les filets à crevettes. Nerophis lumbricoïdes Ch. Bonaparte. Commun. Même habitat. Sous-fam. HippocAMPiNiE. Hippocampus aniiquorum Leach. Rare sur la cote. Môme habitat. Ordre des PHYSOSTOMES. Apodes. Fam. Murœnid^. A ncjuilla vulgaris Linné. Embouchure de l'Orne. Conger vulgaris Cuvier. Le Quihot, les roches de Lion, etc. Les gros individus viennent du large. Abdominaux. Fam. Clupeid^. Clupea harangus Linné. Alausa vulgaris Valenciennes. Remonte l'Orne jusqu'à Caen et, au-delà, à l'époque du frai. Alausa fenita Cuv. Fam. Salmo^'id/E. Salmo salar Linné. Remonte l'Orne à l'époque du frai. Ordre des ANACANTHINES. Fam. Ophidudte. Ammodytes tobianus Linné. Ex- trêmement commun dans le sable aux environs des équinoxes. Lyon, Oyestreham, Dives. - 115 — Fam. Gadidjë. Gadus morrhua Linné. Commun. Gadus merlangus Linné. Très-commun. Motella mustela Ch. Bonaparte. N'est pas rare sur les rochers, dans les flaques d'eau. Fam. Pleuronectid.e. Rhombus maximus Linné. Pleuronectes platessa L. Pleuronectes Ibnanda Linné. Ces trois espèces sont très-communes et habitent les eaux profondes ; cependant il n'est pas rare de prendre de jeunes plies dans les filets à crevettes. Solea viih/aris Quens. Même habitation. Hypoglossus viiUjaris Fie. Je n'ai jamais \u cette espèce ; mais je tiens, de source certaine, qu'elle a été prise sur la côte. Fam. ScoMBRESociD^. Belone vulgaris Fleming. Commun. Okdre des AGANTHOPTÈRES. Pharyngognathes. Fam. Labrid^. Lahrus ber- gylta Ascan.' On rencontre fréquemment de petits individus de cette espèce aux limites de la basse mer. Acanthoptères. Fam. Percid.e. Labrax lupus Cu- vier. Commun. Habite les eaux profondes. Fam. GASTEROSTEiDJi. Spinachia vulgaris Linné. Le Quihot, les roches de Lion. Peu commun. Fam. Mullidte. Mullus siirmuletus Linné. Assez rare. Eaux profondes. Fam. TRiGLiDiE. Cottus scorpio Linné. Commun. Roches de Lion^ etc. Trigla gunardus L. Très-commun. Eaux pro- fondes. — 116 — Fara. Traciiinid.e. Tradibius draco Linné. La pi- qûre des épines operculaires de celte espèce est très- redoutée des pêcheurs. Des travaux récents ont établi qu'à la base de ces épines existe une glande à venin. Eaux profondes. Fam. ScoMBERiD^. Scomber scombrus Linné. Com- mun. Eaux profondes. Zeus faber Linné. Plus rare que le précédent. Même habitation. Caranx trachwms Linné. Commun. Môme habitat. Fam. GoBUDip;. Gobiiis 7nmutus Cuv. et Val. 6e ren- contre fréquemment aux limites de la grève. Gobius jiaganellus Lin. Même habitation. Fam. DiscoBOLiD.E. Cyclopterus lumpus L. La peau rude, épaisse, semi-cartilagineuse de ce poisson, ses nageoires ventrales transformées en ventouse ronde, sa forme courte et ramassée en font Tun des hôtes les plus étranges de la côte. On ne le prend qu'au large, d'ailleurs, et il est rare. Liparh viilf/aris Flem. Petit poisson qui n'a rien que de très-ordinaire et qui passerait fort bien ina- perçu s'il n'offrait la même singularité que le cyclop- tère , c'est-à-dire des nageoires ventrales transfor- mées en ventouse. Limites de la grève, dans les flaques d'eau. Rare. Fam. Blennud^. Giinellus vulrjaris Linné. Le Quihot, dans les flaques d'eau. Peu commun. Toutes les espèces qui précèdent ne ligurent pas dans la collection du Laboratoire , mais je les ai vues et déterminées. — 117 — Classe des MAMMIFÈRES. okdre des Cétacés. Sous-ordre des CÉTACÉS CARNIVORES. Fam. Delphinid^. Phocœna cominuim Less. Les marsouins ne sont pas rares dans les eaux de Luc; mais il est difficile de s'en procurer, car les pêcheurs ne les recherchent point. La classe des Crustacés, surtout celle des Poissons, fournissent , à l'alimentation publique , un grand nombre d'espèces qui sont l'objet de pêches suivies. Sur le point du littoral ;, dont je me suis occupé , l'on prend, à marée basse, des quantités considérables de Palœmon serratus et de Crangon vuUjaris. Le Palœ- mon , connu sous le nom de bouquet ou de crevette franche, est plus estimé et a une valeur commerciale plus grande que le Crangon, auquel on donne le nom de crevette grise. Les deux espèces se rencontrent aux limites de la basse mer, mais tandis que les crangons aiment les eaux très-basses et les fonds de sable fin ; les pakemons, au contraire, préfèrent les fonds rocailleux et des eaux plus profondes. Sur le Quihot et les rochers circumvoisins, les pêcheurs vont, à chaque grande marée, chercher des Portwius puber , vulgairement étrilles , qui, parfois, y fourmillent. La chair de ce crustacé est assez déli- cate et très-estimée sur notre côte. Je ne citerai que pour mémoire le homard [Eomarus milgaiis), la lan- gouste (Palinums vulfjaris), et le iowviQdM (Ccmcer — 118 — paguriis), qui sont relativement rares dans les eaux de Luc. Quant au Cancer menas, le crabe enragé des pêcheurs, il n'y a guère que les pauvres gens qui le mangent. C'est un mets, d'ailleurs, parfaitement détestable. C'est la classe des poissons qui fournit le plus d'animaux comestibles, et la pêche de ceux-ci fait vivre la population du littoral une grande partie de l'année, d'avril à octobre. Pendant l'hiver, l'on tire à sec les bateaux. Quelques-uns vont se réfugier dans le port de Courseulles oii ils passent la mauvaise saison. Ils sont d'un tonnage trop faible et la côte trop dépourvue d'abris pour leur permettre d'affronter les gros temps de l'hiver. Cet usage se pratique sur toute cette partie du littoral de Saint-Aubin à Lion. Les espèces que l'on pêche le plus communément, celles qui ont une importance commerciale, sont : la raie, Raia bâtis et clavata ; le chien, Scyllium canicula ; le congre, Conger vulgaris ; le hareng, Clupea harangiis. Le hareng se trouve quelquefois en assez grande abondance sur la côte, mais jamais en bancs énormes, comme dans les mers du Nord. Il apparaît vers la fin d'octobre et on le prend au moyen de tîlets tendus sur la grève à mer basse. Le bar (Labrax lupus) et le maquereau (Scomber vulgaris) se prennent à la ligne. Dans l'Océan, oii ce dernier abonde, on se sert de filets. Le turbot, la sole, la plie, la barbue sont aussi l'objet de pêches suivies sur la côte pendant la belle saison. On les prend au moyen de filets spéciaux établis au large et que l'on relève généralement au bout de trente-six ou quarante-huit heures. ~ 119 — Le rouget, la morue, le surmulet, l'équilie (A)n- modi/tes tobiajius) terminent la liste des poissons de nos côtes, qui jouent un rôle dans l'alimentation publique. Dans les pages qui précèdent, j'ai certainement omis bien des espèces, mais celles-là je ne les ai pas encore rencontrées. J'ai même passé sous silence des groupes tout entiers, parce que je ne possédais pas d'éléments suffisants. C'est que seul ou à peu près, j'ai dû recueillir, tant à la mer qu'à la grève ou sur les rochers , les animaux qui figurent dans ce catalogue, les déterminer et les classer. La tâche était vaste, c'est là mon excuse. Il est bien difficile, pour ne pas dire impossible de porter également son attention sur l'ensemble presque entier du règne animal. Plus tard, d'ailleurs, je compléterai cet essai sur la faune de notre littoral. Les matériaux ne manquent pas , il ne s'agit que de les mettre en œuvre. A 9 heures, la séance est levée. SÉANCE DU I" JUIN. Présidence de M. BERJOT. A 8 heures , la séance est ouyerte. Le procès- verbal de la séance de mai est lu et adopté. Communication est donnée de la correspondance : Par une lettre, en date du 12 mai, M. le Ministre de l'Instruction publique appelle l'attention de la Société sur l'utilité qu'il y aurait à préparer, dès à présent, le programme du Congrès des Sociétés savantes en 1886. Il fait connaître son désir de rece- voir, le plus tôt possible , le texte des questions que la Société Linnéenne jugerait dignes de figurer à l'ordre du jour de l'an prochain et voudrait que le programme définitif pût être publié à la fin de juin. Une autre lettre de M. le Ministre de l'Instruc- tion publique est relative à la création d'une Com- mission ornithologique, chargée de centraliser les documents relatifs aux mœurs , au régime et à la nidification des oiseaux de la France. Cette Commis- sion a rédigé un questionnaire dont il transmet plu- sieurs exemplaires destinés aux Membres de la So- ciété qui s'occupent d'ornithologie et il prie de lui retourner au plus tard, dans le courant du mois de .^ — 121 — janvier prochain , les feuilles remplies suivant les indications du questionnaire. MM. le commandant Jouan , Lecornu , Bizet , Tavi- gny, docteurs Goulard et Delavigne font savoir qu'ils assisteront aux excursions que doit faire la Société Linnéenne , les 4 et 5 juillet, aux environs de Vi- moutiers. Dans une lettre qu'il a adressée au secrétaire, M. Gotteau annonce qu'il vient de terminer, dans la Paléontologie française, la description des Échénides jurassiques de la France et qu'il commence la publi- cation des Échénides tertiaires éocènes. M. Colteau serait très-heureux de recevoir en communication les oursins tertiaires du Cotentin qui se trouveraient dans des collections publiques ou particulières. M. Deslongchamps sera prié de donner satisfaction au désir de M. Gotteau, en recherchant, soit dans la collection de la Faculté, soit dans sa propre collection, ce qu'il peut y avoir d'Échénides tertiaires du Gotentin. M. Bigot fait savoir qu'il a déjà communiqué à M. Gotteau les échantillons de cette nature qui se trouvent au musée de Gherbourg et qui proviennent de la collection de Gerville. Le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Le- cœur dans laquelle notre dévoué collègue donne tous les renseignements relatifs à l'emploi des journées des 4 et 5 juillet, que la Société Linnéenne doit con- sacrer à son excursion annuelle. M. Huet fait une communication relative à la dimension des éléments anatomiques des Mammi- fères : V — 122 — NOTE SUR LA DIMENSION DES ÉLÉIVIENTS ANATOWIIQUES DES MAMMIFÈRES Par L. nu ET, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences. D'une façon générale , les hisiologistes admettent que les éléments anatomiques, c'est-à-dire les maté- riaux constitutifs des tissus et des organes, ont les mêmes dimensions chez les animaux d'une môme classe. 11 en serait donc des animaux comme de nos constructions architecturales : toutes les maisons, qu'elles soient grandes ou petites, étant construites par exemple avec des briques, recouvertes avec des ardoises de même grandeur. Dans une grande maison, il y en a plus que dans une petite , voilà toute la différence. Formulée en ces termes , cette opinion n'est pas tout à fait exacte, elle n'est vraie que d'une manière approximative. En réalité, il y a un certain rapport entre la taille des animaux et la dimension de leurs éléments ana- tomiques. C'est la baleine, échouée il y a quelques mois à Luc, qui m'a donné l'idée de cette étude. Mon travail n'a porté que sur les éléments muscu- — 123 — laires , sur ce qu'on appelle les faisceaux primitifs des muscles, et cela pour deux raisons : la première, parce qu'il est toujours facile de s'en procurer, puisque les muscles constituent la viande de bou- cherie ; la seconde, c'est que la baleine de Luc était arrivée à un état de putréfaction assez avancé, pour que son tissu musculaire seul se prêtât à des re- cherches de ce genre. Voici comment j'ai procédé : j'ai pris, sur un cer- tain nombre d'animaux adultes , des fragments de muscles , choisis parmi ceux dont les fonctions sont les plus actives : chez les quadrupèdes, ce sont ceux de la cuisse ; chez les animaux volants, les pectoraux qui animent les ailes ; chez les animaux aquatiques , ceux de la queue. Puis, j'en ai fait, avec les procédés usuels, des coupes transversales fines que j'ai montées sur des lames de verre. Sur des préparations de ce genre , le microscope permet de voir très-nettement la coupe des faisceaux musculaires primitifs et d'en faire la mensuration. A la rigueur, on pourrait s'en tenir là et comparer les chiffres obtenus ; mais il m'a paru préférable de recourir à une méthode un peu plus longue, mais qui fait sauter en quelque sorte aux yeux des per- sonnes, même les moins habituées aux observations microscopiques, les résultats obtenus. Au moyen d'une chambre claire, j'ai projeté les coupes de muscles sur un papier quadrillé, puis j'ai dessiné le contour des faisceaux musculaires et j'ai rempli avec une matière noire les espaces qui les séparent. - 124 — Ces espaces sont , en réalité , remplis par du tissu cellulaire, des vaisseaux et des nerfs ^ objets qui n'auraient fait que compliquer le dessin , sans rien ajouter à la démonstration. Le papier quadrillé est divisé en centimètres et en millimètres ; le grandis- sement est tel que 4 milimètres représentent 5 \x. Un centimètre, par conséquent^ équivaut à 25 \j.. ou 2 centièmes et 5 millièmes de millimètre. Ceci étant connu , il est facile de se rendre compte immédiate- ment de la grandeur absolue des éléments muscu- laires et de leur grandeur relative chez les différents animaux observés , soit qu'on se contente de com- parer leurs diamètres, soit qu'on préfère comparer leurs surfaces. Voici les nombres obtenus : Diamètres. Baleine : Gros faisceau musculaire 128 \u sur G8 [x. Petit id. id 38 [x. sur 37 [x. Bœuf : Gros faisceau musculaire 85 ;j.. sur 80 [x. Petit id. id 37 \x. sur 30 [>.. Mouton : Gros faisceau musculaire (1) . . . 85 [i. sur 63 [x. Petit id. id 23 [x. sur 15 \i.. Chien : Gros faisceau musculaire 80 [x. sur 76 [x. Petit id. id 10 [x. sur 5 [x. (l) Le faisceau dont je donne ici les diamètres est excep- tionnel, les autres sont tous notablement plus petits. — 125 — Diamètres. Otaria Californiana. Gros faisceau musculaire 55 [x. sur 45 ]). Petit id. id 17 \i.. sur 15 i* Lapin : Gros faisceau musculaire 55 [x. sur 38 \i. Petit id. id 8 [x. sur- 5 \i. Souris : Gros faisceau musculaire 48 \>.. sur 30 i^. Petit id. id 28 \u sur 20 [x Chauve-souris (Oreillard) : Gros faisceau musculaire 35 [j.. sur 20 [x. Petit id. id 30 [x. sur 25 [x. CONCLUSIONS. Il ressort de l'inspection de ces chiffres que les éléments musculaires sont loin d'avoir des dimen- sions égales chez les différents mammifères , et que , considérés en général, ils sont d'autant plus grands que les animaux auxquels ils appartiennent sont plus volumineux. L'Otarie, cependant, fait excep- tion ; car ses faisceaux primitifs sont notablement plus petits que ceux du chien , quoiqu'il atteigne la longueur de 2 mètres. De plus , la grandeur des faisceaux primitifs n'est pas proportionnelle à la taille de l'espèce à laquelle ils appartiennent. La baleine et la souris forment à peu près les deux termes extrêmes du groupe des Mammifères. Or, si les muscles de la baleine sont plus gros que ceux de la souris , ceux de la souris ne sont pas très-éloignés — 126 — de ceux du lapiu , mais sont considérablement plus volumineux que ceux de la chauve-souris, qui est à peu près de la même taille. Enfin , on pourrait ajouter que , chez les petits animaux, l'écart entre les faisceaux musculaires, grands et petits , est moins grand que chez les ani- maux plus volumineux. M. Dangeard fait la communication suivante : NOTE SUR LE CATENARIA ANGUILLUL/E Sorok. CHYTRIDIUM ZOOTOCUM A. Br. Par M. DANGEARD, Préparateur a la Faculté des Sciences. Sous le nom de Chytridium zootocum , A. Braun a décrit (1) un parasite des Anguillules, déjà vu et signalé par Claparède. Un zoologiste, M. A. Villot, dans l'étude qu'il a faite des Dragonneaux, parle de formations parasites qu'il rapporte à des algues d'eau douce et dont il donne le premier une bonne description et des des- sins exacts (2). (1) Auszug aus dem Monalsbcrich der Konigl. Akadémie der Wisenchaften za Berlin. Dzbr. 1856, — p. 591. ;!2) Archives de zoologie cxpéritnenlale el générale, tome III , p. 185, 1874. — 127 — Trois ans plus tard, en 1877, M. N. Sorokin, dans une note sur les végétaux parasites des anguillules, rencontra le même organisme qu'il nomme Catenaria anguillulœ (1). Il avance quelque peu nos connaissances au sujet de cet intéressant parasite. Après avoir nous-même étudié le Catenaria pen- dant plusieurs mois et sacrifié des centaines d'an- guillules , nous n'étions parvenu qu'à rectifier la description des zoospores et à obtenir leur germi- nation ; mais de nombreuses incertitudes nous res- taient sur son organisation même. Vu l'impossibilité d'arriver ainsi à des résultats satisfaisants , il fallait chercher une autre voie et trouver un hôte plus favorable à l'observation. Divers essais furent entrepris sans succès ; un seul réussit. Dans le vase oii se trouvaient les anguillules , avaient été déposés quelques tubes de Nitella tenuis- sima. Le Catenaria y développa plusieurs thalles qui furent étudiés avec le plus grand soin. M. Yillot avait déjà figuré une dichotomie des filaments sporangifères , mais M. N. Sorokin, allant plus loin , avait représeaté (fig. 24), trois sporanges se réunissant deux à deux. On était ainsi conduit à supposer une soudure des filaments ou une conju- gaison quelconque, ce qui n'a jamais lieu. Les filaments sporangifères peuvent se ramifier un plus ou moins grand nombre de fois par dicho- (I) Annales des Sciences naturelles , tome IV, n" 1, 2, 3. — 128 — tomie (lig. 1), et souvent (rune façon très-irrégulière (fig. 3). C'est la seule partie du parasite qui avait été vue et décrite jusqu'ici et encore d'une façon assez imparfaite. Cependant on peut voir partir, soit des isthmes (lig. 1 a), soit des sporanges eux-mêmes (fig. 1, 2, 3), d'autres filaments plus fins qui vont en se ramifiant former un réseau dans la cellule de Nitellc ; ce sont à n'en pas douter les fikunents absorbants ; leur té- nuité seule a empêché de les voir sur les anguillules, oii j'avais déjà fortement soupçonné leur existence. En elTet, plusieurs fois les individus attaqués mon- traient des fils extrêmement tenus, qui se répan- daient au dehors en grand nombre ; mais, malgré toutes les probabilités, il était impossible démontrer leur liaison avec les filaments sporangifères (fig. 'i). Leur présence permet d'expliquer le mode de nutrition du parasite ; ils vont puiser la nourriture dans toutes les parties de l'hôte, absolument de la même manière que les filaments radiculaires des Rhizidium, des Obelidium, des Cladochytrium, etc. (1) ; le rôle est le même ; ce sont des fUa- meiits absorbants. Arrivons à quelques considérations sur le déve- loppement. Voici ce que l'on peut lire , à ce sujet, dans la note de M. N. Sorokin : « D'abord , on remarque dans ranguillulc des fils rameux , divisés par des cloisons. Bientôt ces fils deviennent deux fois plus gros qu'ils ne l'étaient (Il Nowakowski. — Beitrarj ziir Keulnlss der Chytr'tdiaccen. — Breslou, 1870. — 129 — au commencement et se remplissent non de proto- plasma granuleux, mais de grandes gouttes d'huile suspendues dans le liquide incolore. Les filaments du mycélium , ainsi métamorphosés , commencent h se gonfler par places, u Or, tout ce que j'ai vu, tant sur les Anguillules que sur les Nitelles , me porte i\ croire qu'il n'en est pas ainsi et que le Catenaria est, au début, uni- cellulaire. Autrement, comment expliquer l'utilité de fda- mcnts nourriciers pour les isthmes qui n'auraient, dans l'hypothèse du cloisonnement primitif, aucun rôle à remplir et ne seraient que des cellules sté- riles ? La présence de deux cellules, consliluaiil nu isthme entre chaque sporange, n'est pas un carac- tère constant; dans quelques cas, il n'en existe qu'une et môme toute trace de cloison venant ù. disparaître, les deux sporanges communiquent li- brement (fîg. 1 ô). La faiblesse des cloisons est telle, qu'elles peuvent céder sous la pression d'une zoosporc (fig. 5^0' La dislance qni sépare deux sporanges est ex- cessivement variable. Ces faits s'expliquent naturellement, si Ton consi- dère ces cloisons comme l'indice d'une int(Tru[)lion , d'un repos dans le mouvement de reirait du proto- plasma pour la formation des sporanges ; elles sont analogues à celles du Rhizidium, de l'Ancylistes, etc. Personne ne songera ù contester que la petite cloison des filaments absorbants ne se forme qu'en dernier lieu, lorsque tout besoin de nourriture a 9 — 130 — cessé; — on ne peut pas davantage clouter que la for- mation des autres cloisons n'ait lieu en même temps. Il nous a été complètement impossible de trouver, avant l'apparition des sporanges, aucun filament cloisonné , tandis que plusieurs fois , à ce même moment, nous ne pouvions eîicore découvrir trace de cloisons. La formation des zoospores a lieu de la manière suivante : les globules oléagineux disparaissent ; le protoplasma s'épaissit et devient très-refringent (,fîg. 5 b), puis de nombreuses vacuoles se montrent (fig. 2 a) et bientôt on voit les zoospores s'indivi- dualiser sous l'aspect de petites masses , irrégulière- ment sphériques et contenant de nombreuses gra- nulations , le tout plongé dans une sorte de mucus qui remplit le sporange (fig. 0). Les cous des sporanges dépassent ordinairement peu ou point la paroi (fig. 5); dans un cas, cepen- dant, ils ont atteint une longueur considérable (fig. 8) et les zoospores, qui étaient toutes formées , ne pouvaient sortir ou sortaient difTicilement. La sortie des zoospores peut se faire de deux façons différentes , comme cela a lieu d'ailleurs pour d'autres organismes voisins : elles sortent ou une à une, en éprouvant des déformations, par suite de l'étroitesse du passage (fig. 5) , ou plusieurs en- semble , englobées dans du mucus qui se dissout au bout de deux ou trois secondes et les met en liberté (fig. 6 a). Malgré les détails suivants que donne M. N. So- l'okin , il est impossible d'accepter ses opinions : 0 b. i5. — u La sortie des spores, dit-il, com- — 131 — mençait. De l'ouverture du cou sortait, en rampant lentement, la première spore ; elle avait l'aspect d'une petite boule, au milieu de laquelle on voyait distinctement un nucléus brillant, qui ne se trouvait pas exactement au centre, mais un peu de côté. « Au bout de deux ou trois secondes, à la surface de la boule , apparaissait un cil à peine visible , courbé comme une virgule et immobile (flg. 20 à). Mais presque aussitôt l'extrémité du col commença à faire de faibles mouvements , comme s'il vacillait ; puis ce mouvement se communiqua de l'extrémité supérieure du cil à la base. Le cil se détacha de plus en plus du corps de la spore mobile qui commença à s'ébranler de plus de plus, et, enfin, lorsque le cil se fut complètement détaché, la spore s'éloigna rapidement de l'ouverture du sporange. » A quoi tiennent les divergences que nous avons rencontrées ? Nous l'ignorons ; mais ce que nous pouvons affir- mer, c'est que, dans aucun cas, les zoospores ne présentent de noyau comme celui dont il vient d'être question. Elles sont absolument semblables aux zoospores des Olpidiopsis, pour le caractère du protoplasma; ainsi , on y trouve une partie aqueuse et une partie condensée, de forme très-irrégulière (fig. 6 b) , dans laquelle se trouvent des granulations réfringentes petites et plus ou moins nombreuses. Elles ont un long cil qu'elles traînent à l'arrière, soit en sortant du sporange, soit pendant la loco- motion : très-souvent on peut le voir tout formé à l'intérieur du sporange. — 132 — Les zoospores, restées les dernières, rampent sur les parois en quête d'une issue; c'est alors une sorte de mouvement amiboïde incompatible avec la forme sphérique du corps. Le mouvement consiste bien dans un « déplace- ment rapide continuel, et circulaire de l'organe », mais il se ralentit peu à peu , et , au bout d'une dizaine de minutes , la zoospore se fixe sur sou cil et là continue de s'agiter brusquement pendant quelque temps encore. La germination de ces zoospores offre un caractère particulier et qui la distingue nettement de ce qui a été vu jusqu'ici dans les genres voisins : Ghytridium, Rhizidium, etc. En effet, dans ces derniers, les zoospores émettent d'un seul côté un mince filament, qui se développe en se ramifiant. Ici , et les germinations ont été observées sur les Anguillules et sur les Nitelles à deux mois d'inter- valle au moins , les choses se passent différemment. La zoospore émet aux deux pôles opposés un ou plusieurs filaments très-fins qui se ramifient (fig. 7, 9). Le corps de la zoospore augmente peu en grosseur, mais dans son protoplasma, devenu très-aqueux, on peut distinguer quatre ou cinq granules brillants. Dans le liquide de la préparation, on ne trouve pas de germinations à un état plus avancé ; sur des an- guillules déjà remplies de Calenaria, il n'est pas rare de pouvoir obtenir de nombreux intermédiaires. On peut même suivre une germination en parti- culier, et la conduire jusqu'au moment ou les spo- ranges vont se constituer (fig. 8). — 133 — Par suite de répuisement du milieu ou pour d'autres causes , le Catenaria prend la forme d'une outre et alors on croirait avoir affaire à un Ghytri- dium endogenum (fig. 11, 12); il est facile sur les Nitelles de vérifier l'erreur^, en constatant la présence de filaments absorbants (fig. 12j. D'autres fois, les cous des sporanges atteignent une grande longueur (fig. 3) et présentent, en tra- versant la paroi ce caractère de rétrécissement qui a valu son nom à l'Achlyogeton (?) rostratum Sorok. On doit donc admettre provisoirement que cette espèce n'est qu'une des formes du Catenaria anguil- lulœ. On ne saurait nier , d'ailleurs , que le Chytridium endogenum ne puisse , de même que TAcblyogeton entopbytum, habiter sur les Anguillules ; car, dans le cours de cette étude, un Chytridium (le Chytri- dium globosum) , a été observé plusieurs fois^, ses sporanges , souvent groupés par trois ou quatre , étaient tantôt complètement sphériques, tantôt avec trois ou quatre papilles, ce qui en est un état plus avancé. M. N. Sorokin , rencontrant le Catenaria en com- pagnie du Polyrhina , « se demandait, inv((iontaire- ment, si ces deux organismes n'étaient point deux phases du même champignon. » A cette question, il faut maintenant répondre néga- tivement. J'ai pu constater aussi l'indépendance de cette espèce avec le Chytridium gregarium , qui a été trouvé par M. Nowakoski dans des œufs de Rotifères : Ce dernier , n'ayant pu voir le Chytridium zootocum — 184 - de Braunii ignorait, jusqu'à quel poiut, ces deux parasites se ressemblaient [L. c, p. G). Leurs rap- ports ne sont que très-éloignés. Quelle place doit-on réserver au Catenaria dans la classification ? Sans méconnaître les rapports qu'il présente avec quelques Chytridinées, la présence de filaments spo- rangifères cloisonnés lui donnent un air de famille avec l'Ancylistes , dont il diffère, d'ailleurs, par la présence de filaments absorbants. C'est un type intermédiaire, dont les plus proches parents ne sont pas connus ou n'existent pas. Sa place est dans la famille des Ancylistées , en attendant que des recherches nouvelles puissent appuyer celte opinion ou la rectifier. EXPLICA-TION DE LA. FLANCHE!. Toutes les figures ont été dessinées à l'aide de la chambre claire d'Oberhausen, avec les objectifs d'Hartnack, n'S et n» 7. Fig. 1. — Tube de Nitella tenuissinm avec le Catenuria anguil- luke Sorok. — Les sporanges sont vides ; les filaments nourriciers r sont encore visibles ; — en c c') deux zoospores ont germé sur la paroi du tube. — Oculaire 7. = Réduc- tion 1/2. Fig. 2. — Un sporange (a) dans lequel s'organisent les zoos- pores et montrent de nombreuses vacuoles; — b] spo- ra.ige moins avancé. Oculaire 7. — Réduction 1/2. Fig. 3. — Catenaria , dont les sporanges présentent des cous très-longs ; ces cous se rétrécissent en traversant la paroi, comme dans l'Âclilyogeton ? rostratrum Sorok. — Réduc- tion 4/2. 4,>as Da/iyea/'d û'e/. ^arùn se. /mfi. laffyufAtxri/.^-£e//ireâ. Caf/i . — 135 — Fig. 4. — Extrémité d'anguillule , remplie par le Catenaria ; — le mycélium extérieur est formé par les filaments nour- riciers r. — Objectif 5- Fig. 5. ~- Deux sporanges du Catenaria dans l'anguillule : a) sortie des zoospores ; on en voit une qui, après avoir forcé une cloison, a pénétré dans l'isthme de séparation. — Obj. 7. Fig. 6. — Un sporange du Catenaria vient d'émettre 7 ou 8 zoos- pores, englobées dans du mucus a) : deux secondes après, elles s'échappent dans toutes les directions •,h,c), zoospor.es fixées, mais s'agitant encore vivement. — Obj. 7. Fig. 7. — Les mêmes, germant dans la préparation. — Obj. 7. Fig. 8. — Extrémité d'anguillule déformée par la présence du Catenaria ; a a' deux sporanges , dont les zoospores sont formées, mais ne peuvent sortir, à cause de la longueur des cous, dont la figure ne représente qu'une partie ; — h) spo- ranges peu avancés et extérieurs aux corps de l'anguillule ; r leurs filaments nourriciers. — Obj. 5. Fig. 9. — Germination des zoospores du Catenaria, des Nitelles: état au 2« jour, après leur sortie. — Obj. 7. Fig. 10. — Extrémité d'Anguillule, où se sont fixées un grand nombre de zoospores. — Obj. 5. Fig. 11. — Catenaria sur anguillules ayant la forme du Chy Iri- dium endogenum. — Obj. 7. Fig. 12. — Même forme de Catenaria sur Nitelle ; mais à la base, on distingue le point de départ des filaments nourriciers. - Obj. 7. M. Osmont met sous les yeux de ses collègues plusieurs pieds CCAsperula arvensis L. qu'il a recueillis récemment à Périers près Gaeu : celte Rubiacée n'a- vait pas encore été signalée dans l'arrondissement de Gaen. M. Bigot entretient la Société de l'étude qu'il a faile récemment des tranchées du chemin de fer de — 136 — Gaen à Villers , entre la halte de Loiivigny et le kilo- mètre 42. A la maisonnette du Chemin-Hausse et au puits de la route de Carpiquet, il a pu constater la présence des couches à poissons qui se présentent sous la forme d'argiles feuilletées très-tenaces dont il montre un échantillon recouvert de débris de poissons. A 9 heures 1/2, la séance est levée. s ^5 -2 ^' -,^ ^ ^■^ ^ .^ ^ is î: î-i; .^<» ^ <; •o ^ ^ ^2^ ^ ~0 tfs h "o^ ■^ N ^ •^ 00 Q) 10 0 0 a T5 fcn 3 EXCURSION DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE A VIMOUTIERS ET A GHAMBOIS (Orne) Les samedi 4 et dimanche 5 juillet 1885 Par M. LECŒUR, Pharmacien de 1"' classe, à Yimoutiers. Dans le but d'explorer une des stations botaniques les plus curieuses de notre province, la Société Lin- néenne avait déjà tenu, le dimanche 14 juillet 1872, une séance à Chambois. Ce jour-là , malheureuse- ment, une pluie diluvienne, que doivent se rappeler les intrépides excursionnistes qui répondirent à l'appel de MM. le D'' Perrier et Duhamel, empêcha de faire une récolte fructueuse et nombre de plantes rares échappèrent aux recherches des botanistes. Cette lacune devait être comblée. La rotation adoptée désignant, en 1885, le départe- ment de l'Orne pour y faire l'excursion annuelle, notre cher secrétaire, M. Morière, me pria d'organiser la réception de la Société à Yimoutiers et une excur- sion à Chambois, pour aller recueillir les anciennes plantes rares signalées par MM. leD"" Perrier et Duha- mel;, et celles qui ont été découvertes plus récem- ment par M. Duhamel. — 138 — Grâce au concours aimable de M. Paul Bizet, con- ducteur des ponts et chaussées, à Bellême, un des géologues les plus savants de l'Orne , nous pûmes étendre le programme de l'excursion , qui devint géologique autant, sinon plus, que botanique. Aussi, cette excursion fut-elle doublement intéressante ; car si Ghambois offre tant de plantes rares , il le doit certainement à son sol très-calcaire, formé presque partout par la rjrande ooUthe. En outre, cette plaine sèche, difficilement cultivée, peu fertile, offre çà et là des pelouses en friches et, de temps immémorial, vierges de toute culture. Terrain calcaire et aride, voilà donc le secret de la richesse botanique de la localité de Ghambois , choisie comme but d'excursion du samedi 4 juillet. I'° JOURNÉE. Partis de Gaen de grand matin, les Membres de la Société, ayant à leur tête MM. Morière et Beaujour , sont reçus , à 9 h. 1/2, à leur arrivée à la gare de Vimoutiers , par leurs collègues du canton , auxquels s'étaient joints M. Paul Bizet, M. Gouverneur, maire de Nogent-le-R(itrou , géologues , et M. Le Borgne , inspecteur de l'Association normande, arrivés delà veille. Après les présentations d'usage et de cordiales poignées de main échangées , les excursionnistes prennent place dans cinq voitures, et le cortège joyeux file, à toute vitesse, vers Ghambois. Grâce à un profil géologique teinté, figurant la route suivie depuis Yimouliers jusqu'un peu au-delà — 139 — de Ghambois, que j'avais préparé d'avance et distri- bué à chacun de nos collègues, les excursionnistes se rendent très-clairement compte de la constitution géologique du canton de Yimoutiers, qui forme la partie supérieure de la vallée d'Auge. Yimoutiers est bâti à 100 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans le fond de la vallée de la Vie. sur V argile oxfordieniie , ou de Dires, qui a été entamée d'une quinzaine de mètres pour former le bas-fond imperméable de la vallée. De Yimoutiers à Ghambois , la route va conti- nuellement en montant jusqu'au haut de la butte de l'Egrelin , et nous passons, successivement, de V ar- gile oxfordienne au calcareous-grit , à la Chlorite ou Gaize ; puis, à la Craie à Ammonites Mantelli, dans laquelle est ouverte une carrière de sable calcaire à bâtir , et oîi sont recueillis quelques fossiles , tels que : A. Mantelli, Trigonia crenulata , Arca Ligeriensis , Janira quinqiie-costata , Pecten asper , Nautihis elegans , Epiaster distinctiis , Turrilites tuberculatus. De ce point , situé à 180 mèlres au-dessus du niveau de la mer , par conséquent à 80 mètres au- dessus du fond de la vallée , l'œil embrasse un pano- rama enchanteur : la partie supérieure de la ver- doyante vallée de la Vie avec ses nombreux vallons — 140 — latéraux en formes d'mff/es , d où ce pays a tiré, sans doute , son nom de « Pays-d'Auge. » Au haut de la vallée , à son origine, à deux lieues environ , on aperçoit le château d'Osmont, adossé à un monticule couronné de pins, superbe résidence d'été, d'oiî Ton jouit d'une vue splendide. Nous remontons en voiture, et cheminons sur le Diluvium roufje ou Argile à silex qui recouvre les formations secondaires ou crétacées jusqu'à la butte de TEgrefin oii reparaîtra la craie à Ain. Mantelli, ainsi que nous le verrons tout à l'heure. A un kilomètre de la carrière de sable , se trouve la maison d'habitation de M. Duhamel, notre collègue; les Membres de la Société s'arrêtent pour visiter son jardin botanique oii nombre de plantes pyrénéennes et alpines surtout, se reproduisent depuis longtemps, soit par graines ou par rhizomes ; c'est un jardin botanique d'acclimatation. On remarque, entre mille autres plantes : Scolymus grandiflorus , Phloîïiis Samia , lierba veiiti, Veratrum album et nigrwn , Alliinn 7'oseum et nigrum , Rosa alpina , Morijia longifolia , Géranium aconitifolium , Papaver alpinum , Corthiisa Matthioli , Saxifraga aizooji, oppositifoUa, brijoïdes. Sedum buxifolium, ajiacam.pteros , Ramondia pyrenaica^ — 141 — Canipanula latifolia , Rumex alpinus, Eijacinthus aniethystinus , Lbiiim Narhonense , Omitliogaimn Narhonense , Aspleniuin HallerL Cà et là, clans le beau désordre de l'acclimatation, se trouvent les plantes les plus rares de la contrée, telles que : Equisetum hyemale , BotrycJdwn lunaria , Osmunda regalis , Hermuiium monorchis, en fleur. Maianthemwn bifolia, id. Vaccinium vitis-idsea, id. Vacciniwn oxycoccos, id. Buplevrum ranimcidoides, id. Buplevnini Perrierii id. Getle dernière trouvée seulement à Chambois jus- qu'à présent. Je passe sous silence une grande quantité d'autres plantes plus jolies et non moins curieuses ,• de peur d'être trop prolixe ou fatigant. Après cette halte , trop courte , hélas ! (l'heure da déjeuner arrivant trop vite au gré de notre esprit, mais trop lentement au gré de nos estomacs) , nous remontons en voiture, et notre cortège s'augmente alors de M. Duhamel , notre hôte de quelques mi- nutes ; de M. Mellion, notre collègue, pharmacien — 142 — honoraire ; et enfin de M. Postel (Désiré), botaniste à Fresnay-le-Samson_, ancien maire. Arrivés à la butte de l'Égrefln , sur le haut de laquelle jadis existait un télégraphe aérien et sur laquelle existera peut-être bientôt un télégraphe optique ? (230 mètres au-dessus du niveau de la mer), nous faisons encore une fois Jialle pour visiter une carrière de sables fins, située sur le côté gauche de la route et formée de couches alternatives de grès siliceux et de sables, que M. Paul Bizet n'hésite pas à considérer comme appartenant à la couche de craie à A?n. Mantelli, différant absolument comme aspect des sables cénomaniens supérieurs qui sur- montent, dans le Perche, la craie à Am. Rhotoma- (jensis et qui n'existent pas par conséquent autour de Yimoutiers. Le niveau auquel reparaît ici la craie à Am. Man- telli indique le relèvement de cette couche, depuis l'endroit oîi nous l'avons observée sur le flanc de la vallée de la Vie (carrière précédente). A partir de ce point , la route descend assez rapi- dement vers Ghambois , et nous voyons affleurer successivement au-dessous de la craie chloritée à Am. Mantelli, les sables verts ou chlorités, appelés gaize par quelques géologues, et l'argile oxfordienne. La cote de ces couches indique encore qu'elles ont subi, depuis Yimoutiers, un relèvement assez con- sidérable. De cette route, on jouit d'un coup d'oeil véritablement enchanteur , l'un des plus beaux et des plus vastes que présente la Normandie. Cette vallée de la Dives , au fond de laquelle on aperçoit, à une lieue, le donjon féodal de Ghambois, — 143 — est très-large et profonde et bordée, à droite, par des contre-forts semblables à celui sur lequel nous sommes et, à gauche, par une forêt qui recouvre la pente douce d'une colline dont la constitution géo- logique présente les mômes couches de terrains que celles que nous allons voir en descendant à Ghambois. Au fond de la vallée, comme en un jardin minia- ture, de nombreux villages, avec leur clocher et leurs maisons , entourées de bosquets , de peupliers ; des herbages , avec leurs pommiers et leurs poiriers ; des champs cultivés , rapetisses par la distance , pré- sentent à l'œil l'illusion d'un vaste Eden. En continuant à descendre, nous voyons, à gauche et h droite, les fossés fraîchement taillés dans les argiles du callovien supérieur^ puis plus bas dans le callovien inférieur. Enfin, un peu avant d'entrer dans le bourg de Ghambois, on cesse de descendre, et la route. est creusée dans Voolit/ie supérieure en plaquettes (partie supérieure de l'oolithe). Ghambois est donc bâti sur la grande oolitlie. Nous entrons enfin ; M. Ganivet, conseiller général et maire de Ghambois, notre collègue, prévenu de notre arrivée , hisse le drapeau tricolore sur sa tour féodale, et nous descendons à l'hôtel du Gommerce, tenu par M. Feuillet, qui nous avait préparé, avec une très-grande compétence, un plantureux déjeu- ner, auquel nous faisons une brèche formidable. Le traditionnel trou normand est creusé avec mainte eau-de-vie de cidre dont l'âge , d'après M. Ganivet qui nous la présenta, se perd dans la nuit des temps 1 — 144 — Cette libation fut faite en Tlionneur de M. le Maire de Ghambois. Réparée par ces succulentes agapes , la Société se divise et chacun se livre à ses études préférées. Les uns visitent le château de Ghambois , au point de vue architectural ; ce donjon est assez curieux, c'est un vieux donjon féodal , construit en pierres de taille provenant de Voolithe miliaire qui se trouve, non loin de là;, à Fel. Les géologues partent pour Fel, visiter les carrières en exploitation. Elles sont ouvertes dans Voolithe miliaire. L'oolithe forme là un monticule qui a ré- sisté à l'érosion des eaux, à cause de sa plus grande dureté. Elles fournissent une pierre à gros grains d'oolithe, susceptible de taille ; malheureusement, certains lits se délitent trop facilement en hiver. On n'y trouve que quelques rares fossiles : des Perna , Rynchonelles , et des débris d'oursins ou de Grinoïdes. Quelques géologues s'enfoncent dans la forêt , qui couvre l'autre versant de la vallée de Ghambois (vallée de la Dives), pour étudier le callovien, qui, de ce côté, recouvre également l'oolithe, et qui est très-fossilifère. M. Bigot recueille, dans la grande oolithe de Sainte-Eugénie : Lima proboscidea Sow. — Lima cardioïdes d'Orb. — Hippopodium Bajocense d'Orb. -- Lithodomits perforant des polypiers du groupe des Astrées. — Rhynchonella obsoleta Sow. — Terebra- tula bicanaliculata Schl. Pendant ce temps-là, M. l'abbé Letacq explore les pierres, les vieux arbres et les rochers, pour recueillir — 145 — les mousses, encore inconnues et inexplorées, de la localité de Chanabois. Nous devons, à son obligeance, la liste suivante : LISTE DES JSIUSOINÉES RARES OU PEU GOAIMUNES Recueillies aux environs cle ChainLois Le 5 juillet dernier Lors de l'Excursion de la Société Linnéenne de Normandie Par M. l'uijbé Letacq , Curé de Saint-Germain-d'Auiiay (Orne). Fissidens decipiens De Not. — Sainte-Eugénie. Didymodon linvdus Horn. — Chambois, Sainte- Eugénie. Leptotriclaim flexicaule Hpe. — Chambois , Fel , Ste-Eugénie. Trichostonmm topliaceum Brid. — Chambois , var. elatum. — Chambois, Fel. Barbiila inclinata Schw. — Chambois , Fel , Ste- Eugénie. (Espèce nouvelle pour l'Orne.) Barbula ruralis var. calva. — Ste-Eugénie. Orthotriclium pumilum Sw, — Chambois. Encahjpta vulgaris Hedw. — Chambois. Encalypta streptocarpa lledw. — Chambois. Bryum atropiirpureum B. E. — Chambois. CylindrotlLecium concinnum Schp. — Chambois, Ste-Eugénie. Thyidium abietiniun^. E. —Chambois, Ste-Eugénie. Hypnum tenellam Dicks. — Ruines du château de Chambois. Hypnum stellatum^ohv. — Marais à Ste-Eugénie. 10 - 146 Hypniim co77î7nutatum Hedw. -- Ruisseaux h. Ste- Eugénie. H)/p7U(mfalcaii(m]inû. — I{u[ssea.u\hSle-Eugéme. Hi/pnum fiUcinum L. forma prolixa — Ruisseaux à Ste-Eugénie. Marchantia polymorplia var. minor. — Ruines du château de Chambois. Les Phanérogaraistes, sur les friches qui recouvrent d'anciennes carrières abandonnées à Fel , font une récolte fructueuse. Citons d'abord : VOimit/iogalinn sulfureutyi , VËu- horbia Germ^dimia , dans les friches, avec le Carex luimilis , le Phyteiima orbiciilare , le Betonica fjrcmdi- fîora alba. Nous entrons ensuite dans la région des Orchidées, où nous récoltons successivement : Ydrchis conopsea, à fleurs violettes et Manches, les Orphrys api fera, muscifera , aranifera , un Ophrys , hybride de Vapi- fera et de V aranifera, et enfin, en abondance, le superbe Ophrys arachnites, avec de nombreuses va- riétés, notamment deux très-remarquablement belles: l'une, variété albescens , dont les pétales externes sont blanc rosé et le labelle coloré en brun noi- râtre ; l'autre, \d.v\é{Qvirescens, dont les pétales ex- ternes sont tout à fait blancs et le labelle coloré en vert tendre. Plus loin, sur l'emplacement d'une carrière aban- donnée, nous trouvons l'élégant Plialangiimi /^- liago , aux petites clochettes d'argent, et VArabis sagittala, droit comme une flèche. Une voiture nous attendait près des carrières de — 147 — Fel , pour nous conduire aux carrières de qitartzite silurien de Ste-Eugénie. Ces quartzites forment une arête de soulèvement sur les flancs de laquelle l'oolilhe s'est déposée. Cette arête court de l'ouest à l'est , de Ste-Eugénie à Bail- leul. Ces grès sont exploités pour l'empierrement des routes. Les couches plongent et sont séparées par des couches schisteuses et souvent perforées par des tir/illites. Non loin de Ste-Eugénie se trouve une petite pelouse aride où croissent : le Buplevrwn Perrierii, cette plante si rare qu'elle n'a pas été signalée ailleurs en France ; V Anémone pulsatilla, la Spirœa filipendula, la CoronlUa ininimn, le lihamnus cathar- ticiis et le Campanula (jlomenUa. De Ste-Eugénie à Aubry , nous traversons des champs cultivés où nous trouvons : les Fumaria média ^ variétés scandens, micrantha,parviflora; Va- lerianella Morisonii, eriocarpa ; Medicago média ; Adonis âsstivalis. Sur un second afïleurement de qnai^tzite , tou- jours recouvert par l'oo/^Y/zp^ à Aubry^ nous cueillons VOnonis striata , le Ranunculus gramineus ( en graines), Dianthiis prolifer , Trifolium scabrum,, Phleum Bœhmeri , Eryngium campestre, sur les racines duquel nous récoltons une belle plante para- site, VOrobanche amethystina. Un petit marais voisin, parcouru à la hâte, nous offre le Gentiana pneumonanthe , VEpipactis palus- tris, le Pedicularis palus tris. Puis les voitures nous ramènent à Chambois pour le dîner. — 148 - Une surprise agréable nous attendait. Le comman- dant Jouan, notre fidèle ami , arrivé dans la journée à Vimoutiers , s'était fait indiquer le chemin de Chambois pour nous rejoindre , et avait accompli allègrement un trajet de plus de 18 kilomètres en trois heures. Aussi chacun s'empresse-t-il de lui faire fête et de le féliciter sur sa santé, qui lui permet de faire aussi lestement une telle course pédestre. Au dîner, un toast est porté par M. Beaujour à M. le Maire de Chambois, et par M. Morière aux deux botanistes, dont les infatigables recherches nous ont fait connaître cette flore si remarquable des environs de Chambois ! A la mémoire du D"' Perrier et à la santé de M. Duhamel ! L'heure nocturne du départ fait que la Société ne rentre à Vimoutiers que vers minuit. Chacun va se coucher et prendre un peu de repos pour l'excursion du lendemain , dont le départ aura lieu à six heures du matin. 2» JOURNÉE. ^ EXCURSION AU BOSCRENOULT. Le dimanche matin , à six heures , les géologues , sous la direction de M. Paul Bizet, partent pour le Boscrenoult, accompagnés de quelques botanistes. Après avoir passé par dessus l'étroite colline qui sépare la Yie de la Touques , on arrive à Pontchar- don , sur la Touques, oii se trouve une fonderie de fonte, autour de laquelle croissait jadis VUrtica pilulifera. On remonte le versant opposé de la vallée par — 149 — le chemin de la Butte-Blanche , ainsi appelé parce qu'il est creusé dans la craie glauconieuse à Am. Mantelli , qui recouvre ici indirectement Vargile oxfordienne sans interposition de calcareous-grit qui manque. A la partie supérieure de cette craie, des carrières souterraines, appelées « boves », ont été creusées par l'exploitation de la craie plus compacte et nommée alors carreau. Au plafond de ces carrières, nous voyons plusieurs superbes Ammonites de 0'",50 de diamètre , qui sont une variété indéterminée de la Mantelli et de nombreux fossiles, parmi lesquels M. Paul Bizet reconnaît la plupart des fossiles ex- posés à Yimoutiers pour la séance publique. Le terrain crétacé de Pontchardon (côte blanche) a fourni à M. Bigot les fossiles suivants : Crdie k Ammonites M a?ite m. — Ammonite : grande espèce indéterminée. — Itioceramus latus Mantell. — Pecten asper Lamk. — Janira quinqiiecostata Lamk, — Ostrea haliotidea Lamk. — Terebratula biplicata Lamk. — Discoidea subuculus Leske. Craie à Ammonites Illiotoïnagensis. — Scaphites œqiialis Park. — Turrilites costatus Lamk. — Amm. Rhotomagejisis La.mk.—Ja?îira cjninquecostata d'Orb. — Ostrea conica d'Orb. — O. columba Destr. La craie à Am. Mantelli est recouverte par la craie à Am. Rhoto7naqensis ; le point de séparation de ces deux formations géologiques semble être une couche siliceuse compacte de 0"',50 d'épaisseur formant table. Plusieurs d'entre nous furent assez heureux pour mettre la main sur plusieurs fossiles caractéristiques — 150 - de cette craie ; une Ammonite de Rouen , notam- ment, fut trouvée par M. le professeur Huet. Les fossiles sont rares, parce que les affleurements le sont eux-mêmes et que la craie semble d'ailleurs avoir été corrodée par le diluviuin ronge poussant au vide qui la recouvre sur le penchant supérieur des collines oi^i pourraient être vus ces affleurements. Dans l'épaisseur des massifs , celte craie est re- couverte par la craie, marneuse qui la sépare du diluvium rouge ^ ainsi qu'on peut le voir dans le puits d'extraction de la marne de M. Cordier , au Boscrenoult. Ce puits, d"oii Von extrait la craie marneuse à Inoceramiis labiatns et à RynclioneUa Cuvieri pour en fabriquer une chaux moyennement hydraulique, semblable à celle de Laigle , traverse la formation de l'argile à silex, dont l'étude détaillée se trouva dans le compte-rendu de la séance publique qui suit le rapport sur l'excursion. Enfin, la Société rentra à Vimoutiers , parla grande tranchée du chemin de fer, entre Ticheville et Vi- moutiers, creusée dans Vargile à silex , et qui pré- sente les alternances et ondulations curieuses for- mées par les sables . les argiles et les silex remaniés ou non de cette argile à silex. Ces sables uns ne peuvent être rapportés aux sables cénomanicns supérieurs; ils sont, d'ailleurs, sans fossiles. — 151 — SÉANCE PUBLIQUE TENUE A VIMOUTIERS Dans la Salle du Tribunal de Conimerce Le Dimanche 5 Juillet i88j, à 2 heures de raprès-)nidi. Les membres de la Société se rendirent à THôtel- de-Ville, dans la salle du Tribunal de Commerce , oii ils furent reçus par MM. Lesueur, premier adjoint, et Boutigny, deuxième adjoint. Nous remarquons , parmi les membres de la So- ciété, outre MM. le commandant Jouan ; Beaujour, trésorier ; Tavigny, de Bayeux ; Osmond, Dangeard, Topsent, Bigot, Huet, Delavigne. Lesénéchal, D'" Gou- lard,deTinchebray; Duhamel, Mellion, Piquot, de Vi- moutiers : MM. Paul Bizet, conducteur des ponts et chaussées, de Bellême ; Gouverneur, maire de No- gent-le-Rotrou ; Lereculeur, architecte à Yimoutiers ; Desveaux, juge de paix ; lïavard, agent-voyer à Yi- moutiers ; Le Borgne, inspecteur de l'A-Ssociation normande, et M. Letacq. curé de St-Germain-d'Aunay. MM. Demellc , pharmacien de 1'* classe; Boutard, inspecteur-ingénieur des postes et télégraphes, etc.. étaient venus de Caen pour assister également à la séance publique. Cent cinquante personnes de la ville de Yimou- tiers assistaient à la séance et témoignaient, par leur — 152 — présence, tout rinlérct qu'ils portaient aux travaux de la Société. Après avoir examiné la belle exposition de fossiles de la craie à Ajmnonites Mcmtelli , disposée sur une table dans l'hémicycle du Tribunal , et réunie par plusieurs habitants de la ville , la Société forme son bureau. M. Berjot occupe le fauteuil de la présidence , et appelle , à sa droite , MM. les adjoints Lesueur et Boutigny , et, à sa gauche, MM. Beaujour et le com- mandant Jouan. M. Moriôrc , secrétaire , prend place également au bureau. M. le Président déclare la séance ouverte, et M. le Secrétaire prononce l'allocution suivante : « Messieurs, « A l'ouverture de cette séance, permettez-moi de rappeler que la Société Linnéenne de Normandie, fondée en 1823, s'est proposé d'étudier les diverses productions naturelles du sol normand, et que, dans ce but, elle va, chaque année , planter sa tente sur un des points de la province , y organiser des ex- cursions et tenir une séance publique. Notre Com- pagnie arrive ainsi à mettre en rapport des hommes qui, s'occupant des mêmes études, sont heureux de se connaître , d'échanger leurs idées et de se communiquer leurs découvertes. « La Société Linnéenne saisit aussi l'occasion de ces réunions pour signaler les hommes qui ont rendu le plus de services à réludc des sciences naturelles — 153 — dans la contrée qu'ils habitent et leur offrir une médaille d'argent à l'effigie de Linné, notre illustre patron. « Personne i)lus que notre cher confrère , M. Du- hamel, n'a contribué à faire connaître les richesses végétales de votre pays ; c'est à son zèle , à son infatigable ardeur, à ses recherches faites avec tant de sagacité et de persévérance qu'il faut attribuer la découverte des plantes rares et parfois nouvelles que l'on rencontre aux environs de Chambois, et qui ont fait de cette localité une véritable oasis pour les botanistes. M. Duhamel a bien mérité la médaille que j'ai l'honneur de lui offrir au nom de la Société tout entière. « Un autre confrère, M. Lecœur, s'est montré le digne continuateur de M. Duhamel. Botaniste et géologue à la fois , M. Lecceur s'est adonné avec passion à l'étude de la flore et de la topographie géognostique du canton de Vimoutiers. On lui doit déjà d'importantes découvertes ; on lui doit égale- ment d'avoir propagé le goût de l'étude des sciences naturelles ; il a donc bien mérité, lui aussi, la mé- daille que ses confrères lui ont décernée. « M. Lecœur, vous le savez, a mis la plus grande complaisance à organiser nos excursions , dans les- quelles il a été pour nous le guide le plus aimable et le plus compétent. Nous tenons à lui exprimer publiquement , au nom de tous ses confrères , les plus vifs sentiments de gratitude. » M. Morièro remet, avec émotion ;, la médaille;, à l'etrigie de Linné , à son vieil ami Duhamel, qui ne \;^>. ^ ..c> ^ h- — 154 — peut malheureusement la voir et lui donne l'acco- lade fraternelle. M. Lecœur , pharmacien , reçoit également , à titre d'encouragement, ainsi qu'il le déclare, cette pré- cieuse médaille et embrasse aussi notre excellent secrétaire. M. le commandant Jouan fait, avec sa verve habi- tuelle et spirituellement gaie , la communication suivante : LA GUINÉE Fai' m;, le commandant Henri .TOtTiViS', Membre de la Société. Attaquée de tous côtés depuis quelques années, l'Afrique a déjà révélé beaucoup de ses secrets, et, parmi les hardis explorateurs qui tentent de sou- lever le voile qui couvre le continent mystérieux, les Français ne sont pas les derniers à l'honneur. Du reste, ce n'est pas d'aujourd'hui que l'Afrique attire nos compatriotes. Dès le milieu du XIV^ siècle, des ma- rins de Dieppe montraient à ceux des autres nations le chemin de la Guinée, et ramenaient au port de départ leurs navires chargés de riches marchandises, de la poudre d'or, de l'ivoire, des bois de teinture, des graines oléagineuses, etc., etc. En 1364 et 1365, ils s'installaient à Boulombcl (1) , fondaient à la Côte des Graines les comptoirs de Petit-Dieppe et de (1) Appelé depuis Sierra- Leone, par les PnrtiiGjais. - 155 — Petit-Paris , et dix-huit ans après bâtissaient, à la Côte d'Or, le fort de La Mine (1). Des factoreries fran- çaises s'élevèrent tout le long de la côte de Guinée. De tout temps , le caractère des Français a été sym- pathique aux peuples primitifs ; aussi les indigènes accueillaient-ils nos compatriotes avec empressement ; notre commerce devint vite très- florissant. Mais cette prospérité ne fut pas de longue durée; les guerres civiles et étrangères^ l'état d'anarchie du royaume pendant le XY' siècle, firent renoncer aux entreprises lointaines ; les comptoirs furent aban- donnés, et le souvenir môme de ces aventureuses expéditions se perdit chez nous. Elles furent reprises deux siècles plus tard, mais alors en compétition avec les autres nations maritimes qui s'étaient lan- cées dans la voie que nous avions délaissée. Aux différentes branches de commerce que je citais lout à l'heure, il s'en était joint une autre : la traite des esclaves et leur transport en Amérique, et cet hor- rible trafic, pratiqué alors avec la sanction des gou- vernements et de l'opinion publique , était devenu le plus important. Aujourd'hui , il n'existe plus (2) , mais à l'époque où les hasards de ma carrière me (Il Aujourd'hui San Jorge d'à Mma, ou plus communément El Mina, en la possession des Anglais, après avoir successive- ment appartenu aux Portugais et aux Hollandais. (2) Depuis que les débouchés manquent pour la marchan- dise humaine, les colonies espagnoles et portugaises et le Brésil ayant fermé leurs portes aux négriers , mais le commerce des esclaves n'a pas cessé entièrement pour cela ; on en vend aux marchands musulmans qui viennent de l'intérieur , du Fouta- Djallon , du Soudan, etc., etc. — J56 — conduisaient sur les côtes occidentales de l'Afrique, il se faisait encore sur presque toute leur étendue , les bénéfices considérables qu'on en retirait faisant passer par dessus les risques à courir du fait des croiseurs qui couraient sus aux navires négriers , les croiseurs anglais surtout qui menaient à la répres- sion de la traite un acharnement, une rigueur que le motif en vertu duquel ils agissaient rendait à peine excusables. Les nombreux comptoirs échelonnés le long de la côte étaient, en général^ protégés par des forteresses qui, subissant les chances politiques de leurs métro- poles respectives, changeaient souvent de maîtres.' Pour notre part, aux premiers coups de canon des guerres de la Révolution , nous avions abandonné nos divers établissements de la Guinée , toutefois en réservant nos droits pour des temps meilleurs (1). (!) J'ai encore vu en 1843 , dans le vieux fort français de Wi- dah, à la Côte des Esclaves, prêté à une maison de Marseille pour y établir une factorerie, quelques vieux nègres ayant fait partie de la garnison du fort en 1792 , date de son abandon. L'un d'eux s'intitulait « commandant », et, danslef; circonstances qu'il jugeait importantes, il arborait notre drapeau sur ses ruines. Peu de temps avant notre passage, il avait remis les archives, précieusement conservées par ses soins, à un de nos navires de guerre qui les avait portées à Gorée. Il était néanmoins resté à Widah quelques papiers assez curieux , entre autres un état de payement des employés du poste, d'après lequel on doit croire que la coiffure de nos aïeux était très-appréciée par les indigènes, car les vieilles perruques figuraient en première ligne dans les objets d'échange avec lesquels on payait les émolu- ments. Je ferai remarquer que le a commandant » nègre , très- peu au courant des événements survenus en France, arborait — 157 — A la paix générale , les seules puissances , ayant des postes militaires en Guinée , étaient l'Angleterre , la Hollande et le Danemarck. Des commerçants d'autres nations s'étaient, en beaucoup d'endroits, installés sous la protection de ces forts. Depuis 1843 nous avons deux postes à la Côte d'Ivoire, Grand Bassam et Assinie (1) ; celui de Dabou , fondé en 1853 , n'existe plus. Le petit royaume de Poi-to-JSovo , à la Côte des Esclaves , est sous notre protectorat sous lequel viennent de se ranger^, tout récemment (2), deux territoires voisins : Grand Popo et Petit Popo. Il a quelques années les Anglais ont acheté les établissements des Hollandais et des Danois, en sorte qu'eux et nous , nous étions restés seuls en Guinée , eux ayant de beaucoup la part la plus grosse ; mais, tout récemment, de nouveaux acteurs sont entrés en scène, les Allemands qui avaient déjà de nombreuses factoreries , mais pas d'occupation officielle. En 1884^ encore le drapeau blanc en 1838. 11 y avait aussi à Widah un fort anglais et un fort portugais , tous deux à peu près en ruines en 1843; le premier était occupé par une factorerie anglaise qui, de même que la factorerie française, ne se livrait, bien entendu, qu'au commerce licite , mais la traite des esclaves se pratiquait dans une factorerie espagnole, et surtout, sur une très-grande échelle, dans un établissement brésilien. (l) Ces deux postes, évacués en 1872, ont été occupés de nou- veau il y a deux ans environ. Ce n'était pas la première fois que les Français s'établissaient à Assinie ; ils y avaient eu un fort de 1701 à 1704; les naturels, en 1843, en avaient gardé le sou- venir par tradition. (■2) En avril 18S5 — 158 — des navires rie guerre sont venus planter le drapeau allemand au fond du golfe de Biafra et dans le golfe de Bénin. Comparés aux grands voyages récemment exécutés dans l'intérieur de l'Afrique, les quelques souvenirs que j'ai rapportés de la Guinée ne peuvent paraître que bien pâles ; cependant, le fait que nous en avons montré la route aux autres, que nous y avons des établissements, que, grâce à quelques négociants entreprenants que ne rebutent ni le climat, ni les tracasseries suscitées trop souvent par les chefs in- digènes , nous y faisons un commerce important, peut, il me semble, donner un certain intérêt à cette région encore peu connue , quoique fréquentée depuis plusieurs siècles. Je vous demanderai donc de me suivre, pendant quelques instants, sur cette côte que j'ai visitée , il y a déjà longtemps il est vrai, mais elle a dû subir peu de changements, si même il y en a eu ; la caractéristique est en Afrique, tout autant qu'en Chine, l'immutabilité : à l'époque où je parcourais la côte occidentale, les relations des anciens voyageurs, bien que datant pour la plupart de près de deux siècles, nous semblaient écrites de la veille. I. Pendant longtemps , les géographes étaient loin de s'entendre sur l'étendue et les limites de la con- trée à laquelle on devait appliquer le nom de Guinée ; aujourd'hui, on est à peu près d'accord pour ne le donner qu'à la bande littorale s'étendant ~ 159 — sur un développement de près de 500 lieues ma- rines depuis le cap d'O Monte (latit. N. G° 35' ; long. 0. 13°) jusqu'à l'estuaire des Cameroons (1), dans le fond du golfe de Biafra (latit. N. 3^' ; long. E. 7° 30'). A partir du cap d'O Monte, la côte se dirige, pendant 90 lieues environ, vers le S.-E., jusqu'au cap des Palmes oii elle s'infléchit dans la direction moyenne de l'Est sur un développement de près de 400 lieues, formant ainsi la rive septentrionale du grand enfon- cement connu sous le nom de Golfe de Guinée, dont l'autre rive, à peu près à angle droit avec la pre- mière, se dirige vers le sud. La rive septentrionale se creuse vers le nord en trois endroits , formant ainsi trois golfes secondaires dont le premier, à vrai dire peu prononcé, n'a pas reçu de nom parti- culier ; les deux autres ;, situés dans la partie orien- tale , ont été appelés golfe de Bénin et golfe de Biafra. Une question se pose encore : d'oii vient le nom de Guinée ? Quelques-uns expliquent ainsi son ély- mologie : dans les rapports de commerce qui s'éta- blirent, au commencement du XV° siècle, entre les Maures et les Portugais, ceux-ci recevaient souvent en paiement de l'or provenant du pays de Djenny (2), danslaNigritie ; c'est de ce nom, Djenny, que serait dérivé, par corruption , le nom de Guinée , appliqué (1) Le véritable nom est Camaroes , mot portugais qui signifie « crevettes » , mais Cameroons, Camerouns, sont généralement employés aujourd'hui. (2) La ville de Djenny {Jenné des voyageurs anglais) est située sur le Niger, dans le Bas-Bambara ; elle a été visitée par René Caillé en 1829. — 160 — primitivement par les Portugais et les Espagnols aux pièces de monnaie fabriquées avec cet or. Pour d'autres, le nom de Guinée viendrait de Ghina, qui est, dans la région de Sierra-Leone, celui des idoles des Génies malfaisants : je ne saurais me prononcer entre les deux explications. Dès les premiers tem.ps de sa fréquentation par les Européens , la côte de Guinée fut divisée en six parties qui sont, en allant de l'ouest à l'est : 1° La Côte des Graines , appelée aussi Côte du Poivre, Côte de Malaguette , du cap d'O Monte au cap des Palmes ; 90 lieues environ (1) ; 2° La Côte d'Ivoire ou des Dents ; 115 lieues jus- qu'au cap des Trois-Pointes ; 3° La Côte d'Or; 65 lieues jusqu'au cap St-Paul; 4° Ls. Côte des Esclaves ; jusqu'aii-ûelQ. de Lagos, 60 lieues ; 5° La Côte de Bénin ; 60 lieues jusqu'au cap For- mose ; 6° La Côte de Kalebar ; 80 lieues jusqu'à l'estuaire des Cameroons. Bien que la Guinée soit très-fréquentée depuis quatre siècles, que les Européens y aient des éta- blissements depuis cette époque^ presque partout, dès qu'on s'avance à quelques lieues du rivage , on tombe dans l'inconnu. De tout temps les naturels ont cherché à empêcher les étrangers de pénétrer dans l'intérieur, et, à plus forte raison, d'y fonder des comptoirs oii ils auraient pu commercer direc- (I) Ce nombre et ceux qui le suivent ne sont que des nombres ronds, des « à peu près. » — 1(51 — tement avec les populations, et faire ainsi perdre aux habitants de la côte les bénéfices du courtage. Cette longue bande de terre est, en général, basse au bord de la mer jusqu'à une distance plus ou moins grande dans l'intérieur , où elle s'élève par gradins successifs jusqu'à la chaîne encore peu connue des monts Kong. A la Côte des Graines ;, du cap d'O Monte au cap des Palmes, les montagnes se rapprochent du rivage. A l'autre extrémité, au fond du golfe de Biafra , le système montagneux des Ca- meroons se dresse au-dessus des terres basses du littoral, dominé par le pic Albert dont le sommet dénudé, formé de laves, parfois couronné de neige, d'une altitude de près de 4,000 mètres^ a été gravi pour la première fois par M. G. Mann en 1861. Les naturels du pays affirment qu'on a vu souvent de la fumée et des flammes s'échapper du sommet et que la contrée est sujette aux tremblements de terre. Les flancs du pic et des montagnes coniques qui lui font cortège^ les vallées intermédiaires, sont couverts de forêts touffues. A ce système se rattachent évi- demment les îles mon tueuses de Fernando Pô_, du Prince, de St-Thomas etd'Annobon, dont la pre- mière n'est séparée du continent que par un canal large de six lieues , qui s'étendent en ligne droite, à peu près également espacées entre elles , sur une longueur de 120 lieues, entre 3° 45' de lalit. N. et 1" 50 de latit. S. Presque partout ailleurs l'aspect de la côte est à peu près uniforme ; elle n'offre que de rares points de reconnaissance aux navigaleurs, le plus souvent de simples bouquets d'arbres ayant de loin l'appa- 11 — 162 — rence de petites collines, dont l'existence est garantie par les croyances superstitieuses des naturels qui ont, de toute antiquité, fai-t de la plupart d'entre eux des fétiches. Les cours d'eau sont nombreux, et quoique quel- ques-uns — sans compter le Niger — soient impor- tants, il n'y en a relativement qu'un petit nombre qui puissent recevoir des navires de faible tirant d'eau, leurs embouchures étant obstruées par des barres. Le cours supérieur de ces rivières est, en gé- néral , inconnu ; elles sont souvent torrentueuses , barrées par des rapides , ayant à franchir des ter- rasses avant d'arriver aux terrains plats voisins de la mer. Une fois là, le plus souvent leurs eaux re- foulées par le cordon littoral formé, dans le cours des âges, par les apports incessants de l'Océan, s'extra- vasent en grandes lagunes alimentées par des pluies abondantes, et rejetant leur trop plein à la mer par des ouvertures dont la configuration et la position sont quelquefois variables. Une série de ces lagunes, communiquant entre elles, s'étend en arrière du rivage tout le long de la Côte d'Ivoire^ recevant de nombreux cours d'eau dont quelques-uns sont des fleuves déjà volumineux : tels ceux qui viennent se déverser près de nos postes de Grand Bassam et d'Assinie. Une suite de lagunes semblables se voit plus à l'est , le long de la Côte des Esclaves; le plus im- portant des fleuves qui s'y jettent est VOgoun, le seul sur cette côte dans lequel puissent entrer des navires. Lagos (en langue du pays ylozm?), le chef-lieu des possessions anglaises dans cette partie de la Guinée, est sur une île un peu en amont de son embouchure. — 163 — Quelques roches schisteuses ou ferrugineuses s'a- vancent, çà et là, sur le rivage à la Côte d'Ivoire et à la Côte d'Or; mais, le plus ordinairement, entre la mer et les montagnes, on peut marcher pendant des lieues et des lieues sans voir une seule'pierre. La structure de la Côte des Esclaves et de la Côte de Bénin peut être définie en deux mots : sable et vase (1). Dans la partie ouest du golfe de Bénin, le littoral est une longue et monotone bande de sable sur laquelle, du large, on ne distingue pas une émi- nence : il est rare que 1 élévation du sol excède trois mètres. Dans la partie sous le vent (S.-E.) , le rivage n'est plus bordé par une plage de sable d'un jaune brillant , mais par une masse épaisse et continue d'arbres qui s'avance jusquà la laisse de haute mer. Il en est de même plus à l'est, à la côte de Kalebar. Toute cette contrée constitue le delta du Niger, dont les eaux arrivent à l'Océan par 12 ou 13 bras prin- cipaux reliés entre eux par un lacis inextricable de canaux. Chaque jusant amène à la mer une grande quantité de débris végétaux et de vase qui la cou- vrent, jusqu'à plusieurs milles de la côte, d'une écume fangeuse et puante. Par suite de ces apports, le banc des sondes s'accroît de plus en plus. Al'ancre devant la rivière de Bonny, à 3 lieues 1/2 de terre, nous n'avions qu'une profondeur d'eau de 13 mètres, et à peine distinguions-nous, à l'horizon , les cimes de quelques grands arbres. La Guinée, à vrai dire, manque de ports : à l'ex- (i) Darondeau, Instruct. nautiques sXir les côtes occidentales d'Afrique, 1851. — 164 - ception des entrées des fleuves accessibles aux navires, — non sans difficulté , le plus souvent , — la côte est à peine dentelée par de rares petites anses sans aucun abri. L'accès du rivage est défendu par des brisants qui rendent souvent le débarquement impossible, surtout depuis juin jusqu'en septembre. Pour franchir cette barre , comme les embarcations de construction européenne seraient infailliblement brisées, il faut employer les pirogues des indigènes faites d'un seul tronc d'arbre, et il est rare d'arriver à terre parfaitement sec. Les navires mouillés en pleine côte sont tourmentés par la houle , mais ils ont peu à craindre pour leur sécurité , la tenue du fond étant, en général ;, ferme ^ et le vent venant de la terre ou parallèlement à elle , suivant qu'il est nuit ou qu'il est jour. Aujourd'hui qu'on a de bonnes cartes , la navigation est facilitée par des sondes régulières qui accusent, à chaque instant, la position du navire par rapport à la côte ; mais , à certaines époques, il y a à se tenir en garde, sur les navires à voiles, contre des grains et des orages très- violents. On ne peut se faire une idée des éclairs qui vous aveuglent en plein jour, du fracas du tonnerre pendant les tornades, grains giratoires dans lesquels le vent fait le tour delà boussole. Par un temps lourd qui paralyse toute énergie, un calme ofi ne se fait pas sentir le plus léger souffle de vent, on voit se former à l'horizon, du côté de l'est, un tout petit nuage noir. Quelques faibles éclairs , des roulements de tonnerre lointains, commencent à se succéder de plus en plus rapidement. Les nuages s'amoncèlent de plus en plus sombres, le tonnerre — 165 — se rapproche. L'obscurité, qui envahit presque tout le ciel;, est rendue encore plus lugubre par une lueur blafarde du côté de Touest. Une petite brise se lève , augmentant graduellement , puis . tout à coup , la tourmente éclate avec une violence irré- sistible. Malheur au navire qui n'a pas tenu compte des avertissements que lui donne l'état du ciel, au moins une demi-heure à l'avance, pour plier ses voiles : une pluie torrentielle, chassée horizontale- ment par le vent comme une nappe d'eau, paralyse les efforts des meilleurs matelots. La tornade dure rarement plus de vingt minutes dans toute sa force. La température est influencée par ces météores ; le thermomètre baisse subitement de 7 à 8 degrés. Après un de ces grains, on se sent plus à l'aise-, plus vigoureux; l'esprit retrouve aussi une partie de l'élasticité que tend à émousser une chaleur pro- longée. Ce n'est pas que la température accusée par le thermomètre soit plus élevée que celle qu'on enre- gistre souvent dans d'autres contrées , mais comme elle se fait sentir constamment avec intensité, elle est plus fatigante. La moyenne de l'année est de 25° environ ; — maximum, en avril et mai, de 28° à 35° ; — minimum, de 23° à 19°, en juillet et en août. Quant au baromètre, on ne peut guère compter sur lui pour la prévision du temps. La continuité de la chaleur, une humidité sura- bondante , un développement considérable d'électri- cité, concourent pour faire de la côle de Guinée — si elle est habitable pour les Nègres — un pays des plus malsains pour les Européens, quoi qu'en ait dit — 166 — autrefois un voyageur français, Villaud de Belle- fond (1);, qui prétendait que la mauvaise réputation de la Guinée n'était qu'une invention des Anglais^ des Hollandais et des Danois pour faire tomber nos établissements dont la prospérité excitait leur ja- lousie. Il est vrai que tous les points ne sont pas également insalubres, mais on peut cependant poser en principe que, par toute la côte, la vie est difficile pour les Blancs. Il n'est pas rare de voir les nou- veaux arrivants succomber au bout de quelques mois, souvent même en quelques jours seulement. Ceux qui résistent voient leurs forces diminuer; leur sang s'appauvrit, et, au bout de quatre ou cinq ans au pluS;, ils sont obligés d'aller demander au sol natal un renouvellement de forces qui ne vient pas tou- jours. En outre, comme si ce n'était pas assez des affections morbides propres à la région, depuis quel- ques années la fièvre jaune fait de fréquentes appa- ritions, et même elle paraît sévir maintenftnt en per- manence sur certains points, entre autres dans le delta du Niger. Dans cette partie de la Guinée et aux Cameroons, les résidents européens vivent sur des pontons ancrés dans les rivières qui servent d'ha- bitation et d'entrepôts pour les marchandises, n'allant à terre que lorsque leurs affaires l'exigent impérieu- sement, n'y passant jamais la nuit ; malgré le confor- table qu'on y trouve , la vie ne doit pas être gaie sur ces navires ! Les vents dominants sont ceux du S.-O. à l'O.-S.-O. Les brises de terre et les brises du large se font (1) Relation des côtes de Guinée, dédiée à Colbert, iCyCl. ~ 167 — alternativement sentir clans les vingt-quatre heures , avec plus ou moins de régularité suivant l'époque de l'année. Presque tous les malins, surtout pen- dant la « bonne saison » {la grande saison sèche) ^ règne une brume, épaisse qui se dissipe entre sept et huit heures. Dans cette contrée très-rapprochée de l'Equateur, le soleil passe deux fois par an au zénith , ce qui détermine quatre saisons dont le retour a lieu, à peu de choses près, à la même date d'une extrémité de la Guinée à l'autre , du cap d'O Monte aux Came- roons , ces deux points n'étant séparés en latitude que par une différence de trois degrés. Delà mi-mars à la mi-juillet, règne la r/rande saison des pluies, époque des orages violents , des tornades, des pluies torrentielles, des mauvaises barres ; la température est élevée, le temps lourd, énervant. De la mi-juillet à la lin de septembre, c'est la. petite saison sèc/ie pendant laquelle la brise de S.-O. (va- riable à rO.-S.-O.) est très-forte. La petite saison des pluies yieni ensuite, saison malsaine pendant laquelle le vent rafraîchissant du large est souvent remplacé par des calmes. En décembre commence, pour durer jusqu'en mars . la r/ra7ide saison sèche , pendant la- quelle la brise de terre et la brise du large alternent régulièrement. Les barres sont alors faciles à fran- chir. La végétation est languissante, se dessèche même tout à fait sous le souffle de Xharmattan, vent de N.-E. qui se fait sentir deux ou trois fois en janvier et en février, soulevant des nuages de poussière au travers de laquelle le soleil s'entrevoit comme un disque rouge. A son souffle, les feuilles — i68 — des arbres se crispent ; LouL craque à l'intérieur des maisons; j'ai tu les reliures des livres se racornir comme cela arrive quand on les approche d'un feu ardent. La peau se gerce ; on est dévoré par la soif, et pourtant cette saison est la « bonne saison » pour les Blancs. Par contre, les Nègres se plaignent alors du froid, quoique la température se maintienne en moyenne à 25°. La Flore présente un grand caractère d'uniformité en tant que genres et espèces, mais l'aspect delà végéta- tion varie, naturellement, suivant les localités. Assez maigre et assez chétive sur les terrains sablonneux du littoral, elle est plantureuse, encombrante, au bord des lagunes et aux embouchures des fleuves , mais, en somme, peu variée, composée surtout de Palétuviers, de Mangliers et d'autres végétaux affec- tionnant les terrains baignés par des eaux saumâtres. Mais, en gagnant l'intérieur des terres , elle devient plus variée, plus riche; là, on rencontre les mon- strueux Baobabs, les Fromagers, les Gailcédrats, les Ébéniers et d'autres géants du monde végétal. Les plantes fournissant des textiles, des matières tinc- toriales, sont communes. VElaïs giiineoisis , le Palmier d'oii l'on retire l'huile, aujourd'hui le prin- cipal article de com.merce de la côte, forme d'im- menses forêts, depuis le cap des Palmes jusque bien au-delà de l'équateur; la zone dans laquelle il croît n'est pas très-élevée. Un autre palmier lui succède, le Rônier, qui porte des fruiîs donnant également de l'huile. Tout le monde a entendu parler du vm de palme, boisson enivrante, très-agréable au goût, qui n'est autre que la sève d'une espèce de Dattier. — 169 — Les Cocotiers ne se voient que près des lieux habités Tiu voisinage desquels sont aussi les diverses cul- tures, variant suivant les localités, quelquefois éten- dues, mais le plus souvent très-rudiraentaires : riz, manioc, millet , patates douces, ignames, canne à sucre, haricots divers, arachides, etc. Les fruits les plus communs sont les bananes dont on fait une grande consommation, les oranges, les citrons, les ananas, la papaye, le corossol, etc. Notons la noix de kola (appelée aussi gourou, ombène) , graine du Sterculia acuminata, très-appréciée dans l'Afrique occidentale comme nutritive , tonique , astringente et aphrodisiaque : on s'entre offre des kolas en signe d'amitié. Une graine, qui a été pendant longtemps l'objet d'un grand commerce, celle de VAmomuin fjranum Paradisi, a donné à la Côte des Graines son autre appellation, « Côte de Malaguette », parce que les premiers explorateurs y avaient trouvé en abondance cette épice connue dès le XIP siècle , sous les noms de Melegeta, Melegete, dans l'Europe méridionale, oii elle parvenait par la voie des ports africains de la Méditerranée qui la recevaient de l'intérieur du continent par les caravanes (1). D'après M. Mann , la Flore des montagnes des (!) Suivant quelques auteurs , l'oi'igine du nom a Côte de Malaguette « serait tout autre ; il ne serait qu'une corruption des mots portugais mala gente, « mauvaise race », appliqués aux haljitants à cause de leur naturel farouche et perfide ; mais, dans une savante dissertation sur la Malaguette (Mémoires de l'Acadéiiiie des Sciences de Lisbonne, nouvelle série, t. VI , 1881) , le comte de Ficalho ne fait aucune allusion à cette der- nière étymologie. La Malaguette (appelée aussi Maniguette), — 170 — Cameroons, à partir d'une altitude de 5,000 pieds^ présenterait les caractères suivants :une assez grande pauvreté ; la prépondérance des genres et des es- pèces de la Flore de l'Abyssinie, malgré une dis- tance de 1,800 railles entre les deux régions ; une grande proportion de plantes européennes ; très-peu de genres et d'espèces de l'Afrique australe ; très-peu de genres nouveaux ; l'absence complète de types de l'île Ste-Hélène. Les plus grands quadrupèdes et les plus féroces , les Éléphants, les Lions, les Léopards et d'autres félins, les Hyènes, les Chacals, etc., quoique leur nombre ait beaucoup diminué — le nombre des premiers surtout, à la suite des chasses faites en vue de se procurer leurs défenses — sont encore répandus dans l'intérieur qu'habitent, en outre, des animaux moins imposants, mais moins dangereux , des Anti- lopes, des Gazelles, des Lièvres, des Écureuils, des Civettes, des Pangolins, une grande variété de Singes, parmi lesquels le Chimpanzé qui représente en Guinée TOrang-Outang de la Malaisie. Les grands cours d'eau sont peuplés d'Hippopotames. La plupart des genres d'Échassiers et de Palmi- pèdes des contrées tropicales sont représentés, quel- ques-uns par des espèces particulières, sur la côte et sur les lagunes. Parmi les Rapaces, on remarque un Vautour ( Pércnoptère), commun au voisinage des rechei'chée autrefois comme condiment, est à peu pi'ès délaissée aujourd'hui. Elle commence à se montrer, vers le nord, au cap Vert, et devient très-commune à partir de Sierra Leone en allant vers le sud, où sa limite paraît être le 7' degré de latitude méridionale. — 171 — lieux habités, où il n'est jamais dérangé, à cause des services qu'il rend dans un pays oii l'on abandonne en plein air les cadavres des animaux et très-souvent aussi ceux des hommes. L'Avifaune guinéenne n'est encore qu'imparfaitement connue, mais il est acquis qu'elle compte de nombreuses espèces dont quel- ques-unes sont remarquables par leur brillante parure. De charmants Nectarins remplacent les Coli- bris et les Oiseaux-Mouches de l'Amérique. Tout le monde connaît les loquaces Perroquets gris de l'Afrique occidentale. Les Crocodiles sont un danger permanent dans les lagunes et la plupart des cours d'eau. Les Iguanes sont communs , les Caméléons également. Un gros Lézard noir , à tôte rouge , s'introduit familièrement dans les habitations, d'oîi l'on se garde de le chasser parce qu'il fait la guerre aux fourmis et aux cousins : il en est de même des Geckos. Outre les Pythons, qui atteignent une très-grande taille, il existe plu- sieurs espèces de serpents dont quelques-uns passent pour venimeux, entre autres un noir à collier rouge. Les Batraciens, — Grenouilles et Crapauds, quelques- uns de ces derniers très-gros^, — sont communs. Les Chéloniens sont représentéspar des Tortues terrestres et des Tortues marines. La pêche, à la mer et dans les lagunes, est une ressource pour les habitants , mais la première , quoique les côtes soient, en général, poissonneuses, est souvent impraticable quand la barre est mau- vaise.- Les formes tropicales. Bonites, Coryphènes, Sphyrènes, Moles, Silures, etc., sont les plus répan- dues ; il faut y ajouter des Raies , des Muges , — 172 — plusieurs espèces de dupées. Les Requins fourmillent sur certains points ; ils offrent un danger sérieux au passage des barres dans le cas oîi les pirogues cha- virent. Outre le poisson, la mer et les lagunes four- nissent à l'alimentation de grandes espèces de Crevettes, des Crabes, des Langoustes, des Moules, des Huîtres, etc. Dans cette région chaude et humide, les insectes foisonnent, et un grand nombre, Cancrelas, Fourmis, Moustiques, en y joignant les Scolopendres, les Scorpions, les Araignées de toute taille, semblent n'avoir été créés que pour le tourment de l'homme. On rencontre très-fréquemment dans les campagnes des monticules coniques en terre blanchâtre, hauts quelquefois de trois à quatre mètres : ce sont les habitations des Termites dont tout le monde a entendu raconter les ravages. Les chevaux, qui viennent de l'intérieur, sont très- rares à la -côte et n'y vivent qu'à grande peine, les ânes également. Les bêtes à cornes, peu nombreuses, sont de petite taille. Les moutons , rares, ont du poil au lieu de laine. Les chèvres sont communes, ainsi que les porcs et les volailles de toutes sortes, mais ces dernières, mal soignées, sont le plus souvent de très-médiocre qualité. Les chiens et les chats sont au besoin mangés par les indigènes. IL L'Afrique occidentale, entre les Tropiques, est par excellence la terre des Nègres , mais c'est surtout parmi les i-iverains du golfe de Guinée qu'on ren- — 173 — contre, exagérés d'une manière fâcheuse, les carac- tères physiques , moraux et intellectuels peu at- trayants des races noires ; ainsi , sauf quelques exceptions dont il sera question tout à l'heure, quand on les compare, par exemple, aux Ouolofs du Sé- négal, qui pourtant ne répondent pas à l'idée que nous nous faisons de la heauté, on les trouve laids. La couleur de leur peau, au lieu d'être d'un beau noir d'ébône comme chez ces derniers , est brun rouge, quelquefois noir cendré; leurs traits sont plus grossiers , leur physionomie est hébétée, presque bestiale. Le littoral est habité par une foule de petites na- tions — quelques-unes ne dépassant pas en impor- tance les limites de la tribu — parlant des langues particulières, plus ou moins apparentées avec le lan- gage de leurs voisines, mais quelquefois s'en écar- tant beaucoup, ce qui, joint à des dissemblances dans le fades des individus, semblerait indiquer des diffé- rences d'origine. Ces langues , de la catégorie des langues dites agolutinantes , forment trois ou quatre groupes linguistiques principaux. Le delta du Niger et le fond du golfe de Biafra sont habités par des races diverses ; ainsi on voit dans le pays d'Ibo , à 40 lieues de la mer , des individus au teint cuivré, de forte stature , ayant presque tous les yeux bleus, passant pour être dangereux et féroces. Dans cette partie de la Guinée, le nombre des idiomes indépen- dants les uns des autres est très-notable. Sur toute la côte , les relations avec les Européens ont intro- duit dans le langage des mots étrangers, portugais, anglais, français — principalement des mots portu- — 174 — gais — qui sont depuis longtemps usités dans le parler courant. Deux monarchies fortement constituées, le royaume d'Ashcmti et le royaume de Daho?ney, s'étendent, le premier, en arrière de la Côte d'Or, le second, en arrière de celle des Esclaves. A côté de ces monar- chies, il faut signaler des espèces de républiques ; telle est , à Test du Dahomey, la ville à\iôeokiita à laquelle on donne plus de 100,000 habitants (1). L'As- hanti et le Dahomey cherchent à s'étendre jusqu'à la (1) Cette ville est de fondation assez récente. Le royaume d'Ashanti et de Dahomey sont également peu anciens. Le pre- mier n'est guère connu des Européens que depuis la fin du der- nier siècle. Le Dahomey ne date que de 1625. Ces états ont rem- placé les royaumes de Commando, de Cormantin, d'Ardra, etc., qui figurent sur les anciennes cartes et dans les récits des vieux voyageurs. Dans toute l'Afrique occidentale , on peut noter la tendance des populations de l'intérieur à se rapprocher de la mer ; ainsi les M'Pahouins (ou Fans] venus probablement, par des migrations successives, de la région du Haut-Nil où l'on trouve aujourd'hui les Mombouttous ayant avec eux de très- grands rapports, s'approchent de plus en plus de notre colonie du Gabon. Ces migrations de l'est à l'ouest, au nord de l'Equateur, paraissent s'être continuées depuis un temps dont il est impos- sible de dire la durée à des siècles près, et viennent corroborer l'opinion de ceux qui voient, dans les riverains du golfe de Guinée, les représentants de la souche nègre primitive repoussée de plus en plus vers l'ouest par les invasions d'autres races dans la partie nord-est de l'Afrique. On estime la population de l'As- hanti, et des pays ses tributaines, à B millions d'habitants, mais ce chiffre est probablement beaucoup trop élevé. Les succès militaires et les conquêtes du Dahomey lui avaient aussi fait attribuer une nombreuse population , mais, en réalité, on aurait de la peine à arriver à un demi-million d'habitants. (V. La Côte des Esclaves, par l'abbé Bouche, 1885.) — 175 — mer; celui-ci y est arrivé, mais jusqu'à présent les établissements européens de la Côte d'Or ont été un obstacle au progrès des Ashantis : tout le monde con- naît l'expédition heureuse des Anglais contre eux, il y a quelques années , dirigée par le général Wol- seley. Mais quelle que soit l'importance relative des di- verses sociétés qui se partagent la côte de Guinée, elles ont toutes entre elles , grandes et petites , des traits communs ; leur état social et leur état religieux sont à très-peu près les mômes. Partout régnent l'es- clavage et la polygamie : avoir beaucoup de femmes et d'esclaves est signe de puissance et de richesse. Aux esclaves et aux femmes sont dévolus les travaux du ménage et des champs pour lesquels on n'a pas recours à l'aide des animaux domestiques. L'enfant suit la condition de sa mère. Sauf de très-rares ex- ceptions, les générations se suivent par la ligne fémi- nine : les héritiers d'un homme sont les enfants de sa sœur. Le noir, à juste titre très-peu confiant dans la fidélité de ses femmes, se croit plus sûr de retrouver son sang dans ses neveux du côté de sa sœur que dans les enfants de ses épouses. Chez tous ces peuples, on trouve le mélange de bonnes et de mauvaises qualités de tous les sauvages, mais, ici, les secondes l'emportent notablement sur les premières. Les Guinéens reconnaissent un Être suprême, un Dieu créateur , mais il est trop loin d'eux ; leurs sentiments religieux ne s'élèvent pas jusqu'à ce Dieu invisible qui se manifeste d'une façon plus à leur portée en se logeant un peu partout, non-seulement dans la nature ambiante, dans les animaux, les — 176 — arbres, les pierres, les rivières, la mer, les astres, etc., mais encore dans les idoles fabriquées par leurs adorateurs, dans toutes sortes d'objets capricieuse- ment choisis, un morceau de bois ou de métal, un chiffon , etc. Tous ces objets sont des fétiches (i). Chacun a le sien dont il doit conjurer le mauvais vouloir, obtenir les laveurs quoi qu'il entreprenne, par des prières et des offrandes , et pourtant , — inconséquence bizarre ! — le fétiche est souvent battu quand les désirs de son client ne se réalisent pas. Outre les fétiches particuliers , il y en a qu'on peut appeler nationaux. Ils ont leurs prêtres dont l'in- fluence est considérable, leurs temples (les cases- fétiches) où l'on voit amoncelés les objets les plus disparates , mais inévitablement des crânes et des ossements humains. Dans les villages, on voit des idoles monstrueuses, obscènes, toujours accompa- gnées de ces lugubres accessoires ; il faut des vic- times humaines à ces farouches divinités, et comme elles doivent avoir les mêmes besoins que les hommes , on dépose auprès d'elles des aliments et des boissons. A Widah, ville de 20,000 habitants à la Côte des Esclaves, les fétiches nationaux sont les Pythons. Une cinquantaine de ces serpents sont logés au milieu de la ville, dans une case percée d'ouver- tures pour donner passage aux dévots qui leur apportent de l'eau, de la farine, du rhum, des étoffes, des cauris (2) , etc. Les reptiles sortent de leur de- meure quand bon leur semble. Une fois la nuit (1' Du mot portugais feitiço , charme, philtre. [^} Cyprœa moneta, -petits coquillages qui sei'veut de monnaie. — 177 — \enue, on nous escortait avec des torches pour que nous ne fussions pas exposés à marcher irrévéren- cieusement sur les dieux en promenade, ce qui, par ailleurs , n'aurait peut-être pas été sans quelque inconvénient pour nous, quelques-uns ayant plus de 3 mètres de long. La mort à la suite de maladie n'est jamais consi- dérée comme un accident naturel, mais comme provenant d'un maléfice : malheur à celui qui est soupçonné d'en être l'auteur, s'il n'est pas en bons termes avec les féticheurs chargés de lui faire subir les épreuves qui doivent démontrer son innocence ou sa culpabilité ! 11 n'y a pas que les requins des barres, les cro- codiles des rivières et autres fétiches, qui réclament des victimes propitiatoires : il faut aussi apaiser les esprits des morts qui peuvent causer toutes sortes de maux aux vivants. Comme ils ont les mêmes besoins que ceux-ci, on leur otfre toutes les choses nécessaires à la vie, et en plus des femmes et des serviteurs en nombre correspondant à leur situation en ce monde. Telle est, sans doute, l'origine des massacres eliroyables qui ont lieu dans l'Ashanti et le Dahomey à la mort du roi et des grands, et à l'époque de certaines fêtes annuelles oii les victimes se comptent par milliers. Ces tueries , pour être moins effrayantes dans les petits centres de popu- lation , ne s'y pratiquent pas moins. Quelquefois , les membres palpitants des victimes sont dévorés par la foule. On comprendrait encore ces actes de cannibalisme de la part de sauvages excités par le bruit , la vue et l'odeur du sang, des libations pro- 12 — 178 — longées, mais les cas d'anthropophagie à froid ne sont pas rares, principalement dans le delta et sur le cours inférieur du Niger ; à l'époque oii j'étais au Kalebar, le roi de Bonny, Pepel, était accusé de manger plus de ses sujets que de poulardes. Nulle part . peut-être , on ne fait aussi bon marché de la vie humaine. La mort est le châtiment de la plupart des délits ^ son image se présente à chaque pas; dans la campagne on rencontre, à chaque ins- tant, des cadavres mutilés abandonnés aux oiseaux de proie. On se demande comment un peuple peut supporter journellement de pareils spectacles, com- ment ils n'éveillent pas en lui l'horreur naturelle pour le néant. Il n'en est rien pourtant; ces actes, commândés'par la superstition, consacrés par des habitudes séculaires, ne révoltent personne^, et môme leur suppression serait probablement vue d'un mau- vais œil. Au milieu de ces horreurs, sans cesse sous le coup des caprices de despotes qu'on n'aborde qu'avec les marques du servilisme le plus abject^ les Nègres, ces grands enfants, tout à l'impression du moment, montrant dans leur conduite les contra- dictions les plus surprenantes, passent de l'extrême férocité à la gaîté expansive qui est un de leurs prin- cipaux caractères de race^, gaîté qu'on retrouve dans leurs chants et leurs légendes, toujours fous déplai- sir, de danse, de tapage, de parure. Les anciens voya- geurs ont rapporté, des fêtes que donnent les despotes guinéens, oii les grands se montrent surchargés d'or, vêtus de riches étoffes , des récits tels qu'on les aurait taxés d'exagération si des explorations ré- centes ne prouvaient leur véracité. On prendrait — 179 — volontiers pour des contes ce qu'on dit du roi de Dahomey, de ses bouffons de cour, de ses armées, de son corps régulier d'anthropophages , de sa garde royale composée de plusieurs milliers de femmes qui sont ses meilleurs soldats. Ces populations, en se trouvant satisfaites d'un état de choses pareil, sans tenter d'y rien changer, sem- blent bien ajouter une preuve de plus à l'appui de l'opinion que le Nègre, livré à lui-même, est inca- pable d'atteindre un niveau un peu élevé sur l'échelle sociale (1). Depuis quatre siècles que la Guinée a des rapports constants avec les Européens , on n'y re- marque pour ainsi dire pas de changements, et même , s'il y en a eu , ils ont été plutôt en mal qu'en bien, résullat auquel on devait, du reste, s'attendre avec des professeurs en civilisation tels que des né- griers ou des commerçants souvent très-peu scrupu- leux. On ne lui a guère pris que ses vices ; ainsi, la (1) Il y a évidemment des exceptions qui prouvent que , sous l'inlluence du milieu , le nègre n'est pas rétif au progrès. Sans sortir de la Guinée, je citerai le cas d'Ad/aï, né dans le pays d'Ichechin, au N.-E. d'Abeokuta. Vendu comme esclave, en 1821, à Lagos, il fut conduit, par suite de la capture du navire qui l'emmenait en Amérique, à Sierra-Leone oii on le baptisa sous le nom de Samuel Crowther. D'abord maître d'école, il fut en- voyé plus tard comme missionnaire à Abeokuta , ovi il retrouva sa mère qu'il baptisa avant qu'elle ne mourût (1846). Nommé évêque en 1864, il est depuis lors chargé de diriger les missions protestantes du Niger. Sous le rapport de l'intelligence, de la distinction des manières, du savoir, le R'' Crowther ne le cède à aucun Européen. Je poun-ais également citer quelques ecclé- siastiques noirs de notre colonie du Sénégal, mais ces exemples sont encore bien rares. — 180 — passion pour les liqueurs fortes dépasse toute me- sure. Les gains faciles faits par les habitants du bord de la mer comme intermédiaires , comme courtiers avec ceux de l'intérieur, ont encore accru leur im- prévoyance, leur paresse, naturelles. La traite avait achevé la démoralisation en suscitant des guerres continuelles, guerres de razzias pour se procurer des esclaves à vendre. Tout ce qui était trop vieux ou trop faible était massacré, ou gardé pour être sacrifié dans les fêtes annuelles. Cependant, — il est juste de le dire, — depuis la cessation de la traite , les nègres commencent à s'habituer au commerce licite dont les produits sont rémunérateurs, ne les exposent pas aux mêmes dangers que la chasse aux esclaves, et ne leur demandent pas beaucoup de travail. En effet, ce qu'on échange avec les indigènes de l'Afrique occidentale, pour des fusils (très-répandus aujour- d'hui), de la poudre, du corail, du tabac, des étoffes, des liqueurs fortes recherchées par dessus tout, etc., consiste généralement en matières premières , de l'ivoire, de la poudre d'or, des écorces, etc., qu'ils n'ont guère que la peine de recueillir. La culture des arachides, pratiquée sur cer'tains points, la fabrica- tion de l'huile de palme, l'article de commerce le plus important aujourd'hui à la côte de Guinée, de- mandent bien une certaine somme de travail, mais en réalité peu considérable (1). L'Islamisme, qui a conquis à sa doctrine les popu- (1) Quand on gagne l'intérieur, on trouve plu.s d'industrie. Les riverains du Bas-Niger et du Bénoué travaillent le fer et le cuivre. Dans l'Ashanti et le Dahomey, on fabrique des bijoux et — 181 — lations du Soudan et de la Sénégambie, et qui, tout altéré qu'il est par des pratiques fétichistes, a été un progrès réel pour ces contrées, ne compte pas encore beaucoup d'adhérents en Guinée ; cependant il gagne du terrain. On rencontre des centres musulmans sur le cours inférieur du Niger et aux confins de l'Ashanti; les gri-gri (amulettes) sénégambiens sont considérés à l'égal des fétiches. Quant aux missionnaires des différentes communions chrétiennes , qui tentent depuis longtemps déjà d'évangiliser la Guinée, leur action commence à s'étendre , mais encore bien peu au-delà des limites dans lesquelles s'exerce l'in- fluence des établissements européens, Rien ne dé- courage ces courageux pionniers, ni les entraves que les naturels opposent souvent aux Blancs, ni le cli- mat qui fait de nombreuses victimes dans leurs rangs; mais ils auront fort à faire pour lutter contre les pré- dicateurs musulmans dont les doctrines, beaucoup moins sévères sur certains points , sont beaucoup plus du goût des Nègres. La simple énumération des peuplades diverses vivant sur le littoral de la Guinée me mènerait beaucoup trop loin : je me contenterai de citer les principales, celles qui présentent quelques particu- larités. D'abord, les Veys , des environs du cap d'O Monte, qui savent écrire, se servant d'un alphabet syllabique inventé par un des leurs, Doala Boiikara, converti à ITslamisme, qui vivait encore il n'y a que des étoffes. Le capitaine anglais Forbes cite les cultures du DahonTiey comme comparables, pour le soin et la bonne tenue, à celles de la Chine. — Î82 — quelques années. La partie de la Côte des Graines où a élé fondée la République pseudo-américaine de Libéria (1), jusqu'au cap des Palmes et même jusqu'à la rivière Saint-André (Côte des Dents), porte aussi le nom de Côte de Kroii. Les Kroiimeîi {nom collectif sous lequel les Européens connaissent les indigènes ré- partis en plusieurs tribus) sont avant tout marins. Ils s'engagent sur les navires qui commercent à la côte pour faire, sous la direction d'un chef élu par eux, les travaux auxquels les matelots européens ne pourraient résister longtemps, batelage, chauffe des machines , etc. Ils s'embarquent aussi , du reste , pour des voyages au long cours , en Europe , en (1) Vers 1820 , le Congrès des États-Unis acheta aux indigènes le pays compris entre le cap d'O Monte et le cap des Palmes, afin d'y établir un refuge pour les hommes de couleur affran- chis auxquels les préjugés des Blancs rendaient la vie à peu près impossible sur le territoire de l'Union ; cette colonie devint la République de Libéria. En 1843, quand je la visitai, la capitale Monrovia n'était encore qu'une bourgade naissante, à l'embou- chure de Rio Mesurado, mais ayant déjà deux journaux , VAfri- can Luminar et le Libéria Herald, adversaires acharnés l'un de l'autre, ne le cédant en rien, pour l'emphase et le ton acerbe de leur polémique, aux organes les plus exagérés de la presse américaine, ce qui n'est pas peu dire. Tout était prétexte à meetings et à commiltees , — sans compter les querelles de sectes religieuses. Malgré cela, l'établissement, dont le climal et des luttes avec les indigènes avaient rendu les commencements difficiles, était assez prospère, mais il paraît que cela n'a pas duré, et qu'aujourd'hui la République de Libéria, sur laquelle les philanthropes, les négrophiles, avaient fondé de grandes espérances , ne présente plus que le tableau du chaos . d'un dé- sordre grotesque. — 183 — Amérique, mais toujours avec l'idée du retour, quand ils auront amassé un pécule leur permettant d'acheter une ou plusieurs femmes, et de vivre à peu près oisifs , à fumer la pipe et à boire du rhum. A bord, ce sont des travailleurs infatigables, pourvu qu'ils chantent en travaillant (1), d'une inaltérable gaîté, mais il est très-difficile de les engager pour des voyages dans l'intérieur qui les effraient. A terre, ils perdent les bonnes qualités qu'ils montrent sur les navires ; ils sont défiants, inhospitaliers ; les petites tribus sont souvent en guerre entre elles. Les Kroumen ont presque tous des formes athlé- tiques. Ils naissent libres , et , pour se faire recon- naître comme tels , ils portent un tatouage con- sistant en une bande bleue descendant du haut du front jusqu'au milieu du nez. J'ai eu l'occasion de voir à Monrovia des gens des environs dont la peau était plutôt cendrée que noire, et qui étaient tatoués ou plutôt tailladés par tout le corps. Ils avaient les incisives du milieu de la mâchoire supérieure limées en pointe ; les dents correspondantes d'en bas étaient arrachées. Les villages se succèdent à courts intervalles à la partie ouest de la Côte des Dents oii, au lieu des jolies petites pirogues de Krou, qui ne peuvent porter que trois ou quatre individus , on commence à voir les grandes et lourdes pirogues montées par vingt, (1) On peut dire la même chose de tous les Nègres ; pour exé- cuter un travail quelconque, il y a toujours un certain nombre d'individus qui n'ont d'autre mission que de chanter et de battre des mains pour marquer la mesure. — 184 — trente pagayeurs à couple , en usage jusqu'au fond du golfe de Guinée. Les naturels de ces cantons passent pour être perfides ; en tout cas, ils nous ont paru très-défiants. Comme nous longions la côte, une pirogue portant douze grands gaillards presque nus, ornés de bracelets d'ivoire , de colliers de ver- roteries , les cheveux retroussés de manière à faire une toulfe au sommet de la tête, — genre de coiffure que nous n'avions pas encore vu , — vint rôder autour du navire rendu à peu près immobile par le calme. On eut beaucoup de peine à les engager à venir assez près pour leur acheter du poisson et quelques fruits, et ce ne fut qu'après bien des hési- tations que l'un d'eux se hasarda à se cramponner en dehors du navire ; mais quelqu'un lui ayant tapé sur l'épaule pendant qu'il avait la tête tournée en parlant à ses compagnons, il se précipita à la mer, sans même regarder derrière lui, pour regagner la pirogue. Par ailleurs, cette défiance pouvait trouver sa justification dans des enlèvements commis fré- quemment par des négriers, pratiquant ainsi un genre de traite économique. Les indigènes de la Côte des Dents, de la rivière Lahou à Assinie, Quaquas [i) (ou Avev)kom],Jacks- Jacks, Denkeras , etc., sont très-commerçants; les lagunes sont le théâtre d'une navigation active pour la traite de l'huile de palme ; il vient un peu d'ivoire de l'Ashanti ; Assinie est un marché de poudre d'or qui y est très-pure. Quoique les habitants soient (1) Ce nom leur a été donné par les Européens, de raffirma- t4on qua-qua, a oui, oui. « — 185 — plus sociables qu'à la Côte des Graines, on a eu cependant à réprimer quelquefois des actes de vio- lence de leur part. Les Fantis et les Glias sont les principaux occu- pants de la Côte d'Or, où les établissements euro- péens s'étaient multipliés. Autour des forts se sont créées de petites villes habitées par des indigènes et les traitants représentants de maisons de commerce, le plus souvent des mulâtres et même des noirs. Ces bourgades, composées en très-grande partie de ma- sures en terre, sont le plus souvent d'une saleté défiant toute description. Les Fantis d'El-Mina sont grands et forts, mais très-laids de ligure. Les né- gresses de la Côte d'Or sont réputées les plus coquettes et les plus jolies de la Guinée ; il faut que j'aie été mal servi par le hasard à El-Mina, car je n'y ai vu que d'affreuses créatures. La vase de la petite rivière qui coule près du fort passe pour contenir de l'or ; il est certain que les naturels en ont en quantité notable: ils vendent aux visiteurs d'assez jolis bi- joux, bagues, colliers, etc., de leur fabrication, ou venant de l'Ashanti ; mais, comme il n'y a aucune espèce de contrôle, les vendeurs ne se font pas le moindre scrupule de tromper des gens qui ne font que passer, et les acheteurs s'aperçoivent souvent, au bout de quelques jours , qu'ils n'ont em- porté que des bijoux de cuivre : c'est ce qui arriva à plusieurs d'entre nous. Les vieux voyageurs se plaignaient déjà d'être victimes de cette industrie malhonnête. Widah, Y\\\q ^Q 20 à 25,000 habitants, à la Côte des Esclaves , était , quand je la visitai en 1843, un — 186 — des plus grands foyers de la traite (1) dans l'Afrique occidentale. Aujourd'hui on n'y fait plus que le commerce licite ; on y voit plusieurs factoreries fran- çaises florissantes. Les naturels de cette région, Aounas, Minas, Djedjis, Nagos, etc., se tailladent les joues, les épaules, d'autres parties du corps, les dessins différant suivant les tribus. On rencontre des individus qui se distinguent du reste de la popula- tion par leur teint plus clair, leur costume rappelant celui des orientaux, coiffés d'un turban, chaussés de sandales, alors que les vrais nègres vont à peu près tout nus, quelques-uns montant des chevaux riche- ment harnachés. Ces Mali — nom qu'on donne aux musulmans à la Côte des Esclaves — ont apparu pour la première fois sur le littoral au commencement du XVIIP siècle, venant primitivement on ne sait trop d'oii, en dernier lieu, probablement, du pays de Mali (ou Manlii) au nord du Dahomey. Ils parlent et écrivent, dit-on, l'arabe avec facilité. En continuant vers l'est, on arrive au petit royaume de Porto-Novo [Adjashé, la capitale : 20,000 habi- tants, dit-on) oiî il y a plusieurs maisons françaises , (1) Sous la direction d'un Brésilien, Francisco d'à Souza, établi depuis 1793 dans le pays dont il était le véritable roi. Pour ce commerce, il s'était associé avec le roi de Dahomey. Cet homme, - le « Prince des négriers », comme on l'appelait sur toute la côte d'Afrique, — qui n'était pas certainement le premier venu et qui, malgré son horrible métier, faisait à chaque instant preuve d'une bienveillance et d'une générosité remarquables, est mort chargé d'années, en 1850, ayant vécu, grâce à son excessive so- briété, 57 ans en bonne santé sur cette côte ordinairement si fatale aux Blancs. — 187 — et qui est depuis quelques années sous notre Protec- torat, ce qui — il faut du moins l'espérer — fera cesser les sacrifices humains , plus rares, il est vrai, qu'au Dahomey, mais encore trop fréquents. Vient ensuite la colonie anglaise de Lagos, datant de 1861, mais où des commerçants anglais et d'autres nations étaient déjà établis ; on y voit des factoreries fran- çaises florissantes. Le delta du Niger était aussi un des principaux théâtres des exploits des négriers Les populations {Iboits, Bonnys, Efiks, etc.) sont encore plus sau- vages que celles que je viens de passer en revue ; les navires de guerre européens ont eu souvent à les châtier. Les Anglais ont eu pendant longtemps le monopole du commerce dans les rivières du delta [oil rivers) ; ils commencent à se plaindre de la concurrence des autres nations maritimes (i). Un certain nombre de factoreries anglaises, ainsi que des missions protestantes , sont aujourd'hui éche- lonnées sur le Niger jusqu'à une dislance de cent lieues de la mer. Ces divers établissements sont (1) Il y avait encore en 1884 trente-deux comptoirs français dans la région du bas Niger, sur des terrains cédés à la France par les indigènes. Depuis lors, les deux compagnies françaises qui exploitaient cette région ont vendu en partie leur matériel et leurs établissements à des maisons anglaises, ou ont fusionné avec elles , mais cela ne doit pas infirmer les droits territo- riaux de la France ; aussi des protestations commencent-elles à s'élever contre les actes du gouvernement anglais qui aurait, paraît-il, pris tout récemment sous son protectorat les rives du Niger depuis son embouchure jusqu'à Lokodja, soit 100 lieues, et celles du Bénoué, depuis son confluent avec le Niger jusqu'à Ibi , soit 65 lieues. — 188 — occupés par des Noirs de Sierra Leone , vu l'impos- sibilité pour les Blancs de résister au climat. Les Anglais étaient également les seuls à com- mercer aux Cameroons oii les Allemands viennent de planter leur drapeau. Les naturels des Cameroons sont, dit-on (je ne les ai pas vus), des hommes magnifiques. Leurs pirogues, montées par quarante pagayeurs, ont quelquefois jusqu'à 25 mètres de long sur 2 de large. m. Il ne sera peut-être pas hors de propos de joindre à ce qui précède quelques remarques sur les deux îles du golfe de Guinée que j'ai eu l'occasion de visiter, Fernando Pô et \Ile du Prince. Fernando Pô , située à six lieues du continent, longue de 38 milles, large en moyenne de 2.5, pré- sente une suite de collines et de montagnes étagées que domine un pic de 3,240 mètres d'altitude. L'aspect de cette terre, toute couverte de bois, justifie plei- nement le nom d'Ilha For?nosa « Belle-Ile », que lui donna, quand il la découvrit en 1486, le Portugais Fernao do Poo, dont le nom corrompu en Fernando Pô a prévalu pour la désigner. Deux ports princi- paux, Santa Ysabel et La Conception, s'ouvrent sur son contour, le premier au nord-est, l'autre au sud- est. Il n'est guère possible de voir quelque chose de plus joli, de plus riant que Santa-Ysabel, une anse demi-circulaire dont l'eau est toujours calme, où, quand on regarde la terre, l'œil se repose partout sur le vert tendre des bananiers, sur une profusion — 189 - de lianes, de plantes grimpantes, d'où s'élancent les stipes des palmiers ou les troncs énormes de grands arbres à la cime touffue, et cette riche végétation monte à perte de vue vers les sommets. Malheureu- sement, au bord de la mer le climat ne vaut pas mieux que celui du continent voisin , mais dans les montagnes il devient moins insalubre, et on a au moins l'avantage, à mesure qu'on s'élève, de respirer un air plus frais , et même on a froid quand on dé- passe une certaine altitude. Dans les parties basses, le sol, formé par une couche de terreau épaisse de deux ou trois mètres, produirait tout ce qu'on lui demanderait, mais à peine y a-t-il quelques petites parcelles cultivées. Il repose sur des grès dans lesquels pointent des laves. Les montagnes sont dues à des épanchements volca- niques ; le sommet du pic est formé par le côté le plus élevé d'un cratère^, dans lequel on ne voit percer que quelques roches au travers d'une couche épaisse de terre végétale. Quelques cratères plus petits font cortège au grand, à une altitude inférieure. A ces hauteurs, on ne voit plus guère que des broussailles, mais il paraît que si la végétation n'est pas plus plantureuse, ce n'est pas parce que le sol est mau- vais, mais parce que les indigènes mettent souvent le feu aux buissons pour chasser le gibier vers les parties basses de l'île. La Flore tempérée de Fernando Pô présente les mômes particularités que celle des Garaeroons : la prépondérance des espèces abys- siniennes, des plantes européennes, très-peu d'espèces de l'Afrique australe. La Flore des parties basses ressemble à celle de la côte voisine, la Faune égale- — 190 — ment, mais celte dernière est moins variée, moins riche pour ce qui est des animaux supérieurs ; pourtant les singes (quelques-uns de grande taille), sont nombreux. L'île renferme beaucoup de chèvres sauvages; un ruminant (une espèce d'antilope?) habite les hauteurs, mais ces animaux , d'un naturel farouche^ pourchassés par les indigènes, seraient peu nombreux. Après avoir plusieurs fois changé de maîtres, Fer- nando Pô fut cédée, en 1778, à l'Espagne qui, après une tentative malheureuse d'établissement, l'aban- donna en 1782, tout en réservant ses droits. Quelque temps après, des Anglais vinrent s'y installer, y amenèrent des travailleurs du continent et fondèrent une petite ville dans la baie de S.-Ysabel. En 1843, quand je visitai l'île , si elle était espagnole de nom, elle était anglaise de fait. Les 1,200 ou 1,500 indi- vidus, nègres, métis, quelques Blancs, demeurant dans la ville et dans plusieurs villages , parlaient anglais ; la ville s'appelait Clarence ; la baie de Santa Ysabel était devenue Clarence Cove , la Conception , Melvil Bay ; le yacht britannique flottait sur plu- sieurs établissements , les noms des rues étaient anglais; dans une école oii j'entrai , un catéchiste noir faisait lire une vingtaine de négrillons dans une Bible anglaise. Un beau jour , l'Espagne se réveilla et réclama ses droits, devant lesquelsle gouvernement anglais s'inclina avec une bonne grâce donnant à penser qu'il avait reconnu qu'il n'y avait pas grand chose à faire de Fernando Pô. En tout cas, il paraî- trait que l'île n'a pas gagné à revenir à ses anciens maîtres, au contraire. — 191 — Lors de la découverte. Fernando Pô était habitée par une race d'hommes complètement différente des races de la côte, les Adeyahs, ou Boubis (1), dont les descendants, au nombre de 5 à 6,000, dit-on, vivent dans les montagnes. Ce nom, « Boubi », qu'on re- trouve pour désigner un village à l'embouchure de la rivière de Bénin, est à peu près tout ce qu'on reconnaît de commun entre eux et les populations de la côte de Guinée ; leur langage n'a aucun rapport avec le langage de ces dernières. J'ai eu l'occasion de voir un certain nombre d'Adeyahs à Clarence. C'étaient des individus de taille moyenne, en général de formes élégantes. Leur peau était jaunâtre ou couleur café au lait un peu foncé ; leurs dents fortes et blanches ; leurs cheveux, autant qu'on en pouvait juger sous un épais enduit d'argile rouge et d'huile de palme, étaient plus longs et beaucoup moins laineux que ceux des Nègres. Les hommes portaient un tout petit chapeau de paille sans fond, orné de plumes, attaché sur le sommet de cette tignasse graisseuse ; autour du cou, une grande quantité de colliers faits avec des dents de chien et d'autres animaux enfilées; h leur ceinture étaient attachées tout entières des peaux de singes ou de jeunes antilopes , leur couvrant en partie les cuisses. Ils portaient tous, au bras gauche, un brassard de paille tressée dans lequel était passé (1) Boubi, ou Bouvi, serait, paraît-il, le xTiot employé par ces gens pour s'entre-saluer, siceiVest pas plutôt, tout simplement^ le mot anglais booby, » imbécile », a benêt i», que leur auraient 4onné les colons Anglais. — 192 — un mauvais couteau. Quelques-uns, au lieu de peaux, avaient pendues à la ceinture une infinité de petites lanières de cuir, des filières de noyaux de fruits , de griffes d'animaux, de vertèbres de serpents. La plu- part tenaient en main une sagaïe ou un méchant fusil à pierre. Les femmes étaient nu-tête ; leurs cheveux ramenés en arrière formaient une toufi'e retenue par une grosse boule d'argile rouge. Leur vêtement ne consistait qu'en un pagne roulé autour du corps. Hommes et femmes avaient la figure sillonnée de coupures transversales bordées d'épais bourrelets , ce qui leur donnait un air féroce. En réalité, ce sont des gens doux, inoffensifs, mais n'aimant pas à recevoir des visiteurs dans leurs villages; à peine quelques rares missionnaires, aux- quels on doit à peu près tout ce qu'on sait d'eux, y ont-ils pénétré. Ce défaut de sociabilité proviendrait, paraît-il, des tristes souvenirs que leur ont laissés leurs premiers rapports avec les Espagnols. D'oii les Adeyahs sont-ils venus? Sans doute de l'est de l'Afrique, toujours refoulés par des popula- tions mieux armées pour la lutte pour l'existence; quand la terre leur a manqué, ils ont passé la mer et fini par trouver un asile à Fernando Pô. Peut-être étaient-ils venus primitivement de l'Asie. Ils pra- tiquent la circoncision , sont polygames et punissent l'adultère avec rigueur. Au lieu d'être dévergondées comme celles de la côte, les femmes sont très-chastes, au moins à l'égard des étrangers. On retrouve chez les Boubis le fétichisme des Guinéens , mais sur une échelle infiniment moindre; il ne se traduit chez eux que par des pratiques inolfensives, et non par - 103 - des tueries d'êtres humains. Ils reconnaissent un Dieu créateur de toutes choses, un démon instiga- teur des mauvaises actions, une âme immortelle, des peines et des récompenses après la mort. Vile du Prince a tout au plus trois lieues et demie de long du nord au sud, sur deux de large. Beau coup moins haute que Fernando Pô, elle n'a que 800 mètres d'altitude à son point culminant, mais son profil est beaucoup plus accidente, se présentant comme une suite de mornes abrupts, d'aiguilles, de pics aux formes bizarres. Ces montagnes sont cou- vertes de bois, et de leurs flancs descendent d'innom- brables ruisseaux. On reconnaît les vestiges d'un volcan éteint, et, sur beaucoup de points, on voit de vastes espaces couverts de roches volcaniques. Le sol est i'erlile dans les endroits oii il consiste en une terre noire mêlée de petits graviers, mais ailleurs, formé par une argile très-compacte, imperméable, il est à peu près réfractaire à toute culture. L'île était inhabitée quand les Portugais, qui la possèdent encore, s'y établirent. La nature a fait beaucoup pour elle, l'homme fort peu de choses. Cependant, lors de ma visite, on y récoltait un peu de café , à vrai dire excellent , du gingembre , do l'arrow-root, des ignames, des bananes, des mangues, des ananas et d'autres fruits, principale- ment pour les vendre aux navires de passage. Les plantations de cacao ont beaucoup à souffrir des déprédations des singes. Un certain nombre d'arbres fruitiers, échappés des cultures, poussent partout à Tétat sauvage; c'est les cas de l'Ânone, de TAvoca- 13 - 194 — lier, du Papayer, du Goyavier, etc. Le Baobab, qu'on ne rencontre pas à Fernando Pô, est, au contraire, assez commun à l'Ile du Prince. Les principaux ancrages sont Praia-Grande et la baie de San- Antonio, au fond de laquelle est la ville du même nom où demeure une grande partie de la population de l'île, environ 4,000 individus, parmi lesquels 150 blancs ou métis. La baie est vaste , bordée de hauteurs oii s'étale la végétation la plus luxuriante. La ville est bâtie entre deux rivières dont les eaux, refoulées par la marée, débordent fréquemment dans une plaine boueuse que la moindre pluie, — et les pluies diluviennes sont communes, — change en marais ; aussi, à l'exception de deux ou trois grandes maisons en pierres, dont l'état de délabrement faisait peine à voir, quoiqu'elles fussent habitées par les mulâtres et les quelques blancs composant l'aristocratie du pays, les demeures du reste de la population sont exhaussées sur des pilotis. — « Le rez-de-chaussée, formé de l'assemblage « de ces pieux soutenant l'édifice, sert d'abri et de « logement aux animaux domestiques , depuis le « cheval, la vache, les chèvres et l'âne, jusqu'aux « poules, aux canards et aux porcs. Toutes ces mai- « sons sont en planches, fort sales, tombant en « ruines, et ont un aspect repoussant. Si les plus " simples notions d'hygiène sont inconnues dans « cette ville cloaque, en retour, à chaque coin de « rue, on trouve une église en pierres, et les céré- « monies d'un catholicisme grimacier à chaque pas : « il ne se passe guère de jour à Sant'Antao sans que (' des processions défilent dans les rues, escortées de - m - •i la milice, tambours en tète. Presque tous les ecdé- « siastiques sont des mulâtres ou des nègres , et « les six églises (la ville n'en compte pas moins), (( dépourvues de tout autre ornement qu'un Christ « monstrueux suspendu devant le chœur, sont toii- « jours remplies de négresses vêtues d€ blanc, dans « la posture de l'adoration, mais riant et caquetant à « qui mieux mieux, sans respect pour l'enceinte (' sacrée dont le pourtour extérieur, véritable os- « suaire, étale à tous les yeux les crânes étroits des « habitants de cet Eldorado (1). » J'ai pu vérifier la justesse de ces lignes, écrites quelques années avant mon passage à l'Ile du Prince. Qu'il me soit permis de citer encore ce qu'écrivait un gouverneur au ministre de la marine, à Lisbonne, au sujet de la milice dont il est question plus haut : « Je vais dire à Votre Excellence ce que c'est « qu'un soldat milicien des îles de St-Thomas et du '( Prince : figurez-vous un automate noir^ la tête iiialcs wari' limes, 1839. — 106 — s'ils ne sont pas brillants d'aspecl, ils ont pourtant des qualités solides dont ils ont maintes fois donné des preuves dans les postes portugais de la Séné- gambie. Pour commander celte milice , comptant peut-être huit cents soldats, il n'y avait pas moins de cent ofliciers. I. COUPE GÉOLOGIQUE DES CARRIÈRES DU FOUR A CHAUX DE VIMOUTIERS (Orne) II. PROFIL GÉOLOGIQUE DE CHAUMONT A GAGÉ ET RÉSENLIEU (Orne) Fb.v ]M. a., guyerdet La coupe et le profil géologique que j'ai l'honneur de présenter à la séance de la réunion de la Société Linnéenne de Normandie ont été établis dès l'année 1878. C'est à cette époque qu'ayant été chargé, par le service central de la Carte géologique de France, du relevé géologique détaillé des feuilles de Bernay, Falaise et Alençon , je faisais mes premières excur- sions sur la feuille de Bernay. Cette première feuille a paru en 1881 , mais les coupes sont restées inédites. J'ai pensé que , cette année, il y aurait peut-être un certain intérêt géologique à faire connaître aux Coupe géologique des carrières du four à chaux de Vimoutiers ( Orne ) 1 m" Calcaire oolithique fragmenté en plaquettes jau- nâtres. ... 1"' ., » Calcaire gréseux ferrugineux jaune caverneux spa- th'que, corrodé par des émanations acides, avec polypiers, etc i"' 50 Gros bancs de calcaire oolithique blanc fissuré, avec nérinées, cidaris, etc., (pierre h chaux) 2°' 50 Gros bauc du calcaire oolithique blanc très-fissuré avec pholadomya, etc., (pierre à chaux) 2"' » ■> Les fissures sout remplies d'argile brune. Calcaire gréseux ferrugineux compacte avec lits d'argile et perforé par des pholades, à sa base 1"» I'.) Grès calcaireux ferrugineux fragmenté, et concré- tionné, zone, avec nodules géodiques do lirao- nite, renfermant des plicatules, trigonies et Ammonites cordatus, etc. .... 3"" SO Sable quartzcux ferrugineux jaune avec nodules de limonite et fossiles en débris. . . 2" 50 A. GUYERDET, 1885. ■-■ m ~ M m > O O O E H o li — — ? 1 2' c T3 O 13 c a S' •^ 'G o- -~» ^ o; w û. 6 1 m c; t> 3 CL c E — a *ï a 3 o D^ - re 2_ a ÔT 3 o c re o D. 2 i » 12 o S' 02_ ^ O S" a S « s 3 i> c ?î- m ï. ô 3 r: D. o; >< •:r S S.' „ c ■y! —• o ■O B^ 2 B O o •-3 a H o. a c 5" S- 3 at •-1 c 3 eu •i " a S D. 1 ? Ô -. > 2 33 o c =- ïï. V c CbaTnnoni.lSO, f ' ; WXêlè^a-pl) e, 308. ;/ J^LesBoa]aies,2S5 /La Porte-Laiiciei-e . tn Saint-Chri3iojjlie,270 La Toucmes R.1Ô0. , Saint- Evronlt-de-MjnîfortJSS C *" — 197 — membres de la Société, surtout au moment où ils seraient réunis à Vimoutiers, la coupe détaillée des carrières du four à chaux de Vimoutiers et le profil géologique de Chaumont à Gacé et Résenlieu que j'avais relevés. I. Les deux carrières du four à chaux de Vimou- tiers sont situées à la sortie de la ville, en montant la route de Gacé. Dans la première carrière, quoiqu'on ne voie pas à la base le contact immédiat du sable quartzeux ferrugineux avec l'argile grise oxfordienne qui s'é- tend sous la ville de Vimoutiers, on sait cependant que c'est à ce contact qu'existe le niveau d'eau important qui alimente la ville, indépendamment de la rivière de Touques qui coule sur cette argile grise. Le sablo de la base est très-quartzeux et ferru- gineux , jaunâtre , presque roux , renfermant de nom- breux nodules d'oxyde de fer hydraté (limonite). Sa puissance peut être de 2™, 50 environ. Sur ce sable se trouvent des grès quartzeux ferru- gineux plus ou moins agglutinés et fragmentés, renfermant des concrétions souvent zonées , parfois géodiques d'oxyde de fer ou limonite. C'est dans ces grès que l'on rencontre abon- damment des plicatules , des trigonies peu dé- terminables, mais surtout YAymnonites cordatus , si caractéristique de cette zone supérieure de l'étage oxfordien. Sa puissance est d'environ B"*, 50. Cet ensemble de sable et de grès ferrugineux ou ocreux a pu être comparé très-exactement au — 198 — calcareous-grit anglais, donl il esl certainement l'équivalent dans la région normande. Dans la deuxième carrière, qui est située immé- diatement au-dessus de la première , on trouve encore à la base quelques parties du grès ferrugi- neux sur lequel repose un calcaire gréseux ferru- gineux plus ou moins compacte avec petits lits d'ar- gile brune , tout perforé à sa base par des pholades dont on ne trouve plus que les nombreux trous. Ce calcaire gréseux peut avoir 1 mètre. C'est à ce niveau que commence l'étage corallien qui succède à l'étage oxfordien par des transitions presque insensibles. Il faut admettre qu'il y a eu un certain temps d'arrêt dans la sédimentation pour que des mollus- ques lithophages aient pu s'y développer et entamer les premiers sédiments calcaires. Ce banc de calcaire peut donc marquer assez exac- tement la limite entre les deux étages corallien et oxfordien. Au-dessus on trouve encore un banc de calcaire assez puissant, souvent oolithique, blanc et très- flssuré, renfermant surtout des moules de phola- domies indéterminables. Ce banc de calcaire a environ 2 mètres, et sert principalement de pierre à chaux. Dans les fissures , il y a souvent de l'argile brune. Sur ce dernier reposent d'autres bancs de calcaire oolithique blanc, plus ou moins fissuré, renfermant surtout des moules de nérinées presque toujours brisées et des traces de cidaris. — 199 - Ces bancs, qui ont une puissance de 2'", 50 environ, sont très-exploités et employés comme pierre à chaux. Au-dessus , on trouve un calcaire gréseux ferru- q gineux jaune, un peu spalhique et caverneux, très- / corrodé, probablement par des eaux acides, renfer- mant de nombreux polypiers très-souvent brisés. Ce calcaire a environ 1°',50 de puissance et sert surtout comme moellons de construction. Tout à fait au sommet de cette deuxième carrière, on rencontre un calcaire oolithique jaunâtre, plus ou moins friable, fragmenté et en plaquettes, sur lequel est situé le four à chaux de Yimou tiers. Ce calcaire peut avoir 1 mètre environ et sert aussi de pierre à chaux. II. Le profil géologique qui s'étend de Ghaumont à Gacé et Résenlieu , montre assez nettement la suc- cession des couches des étages oxibrdien supérieur (calcareous-gTJt) et corallien, sur lesquelles reposent, sans interruption, celles des terrains crétacés infé- rieurs et du terrain tertiaire. En effet, si Ton part de Résenlieu pour se diriger sur Gacé, on rencontre d'abord en face de l'église, une carrière qui est ouverte dans les sables et grès ferrugineux calcarifères de l'étage oxfordien supé- rieur (calcareous-grit) qui s'étendent jusque près de la rivière de Touques et au-delà du chemin de fer en montant à Gacé. La ville de Gacé est sur les sables et grès ferrugi- neux; tandis que le fond de la rivière de Touques est très-près de l'argile grise oxfordienne , comme — 200 — j'ai pu le constater lors des travaux pour la construc- tion de la gare de Gacé et les fondations du pont, oii Ton voyait au-dessous de l'alluvion l'argile grise. Après Gacé , à la montée de la grande route de Bernay, qui conduit à Saint-Évroult-de-Montfort, on rencontre d'abord une première carrière ouverte dans le calcaire oolithique blanc corallien ànérinéos, avec traces de cidaris et autres fossiles indétermi- nables, surmontés de quelques lits de calcaire mar- neux sans fossiles, pouvant'peut-étre se rapporter au calcaire à astartes. Sur ce calcaire se trouvent les premières assises du terrain crétacé inférieur, qui s'annonce par une couche de glauconie argilo- sableuse verte, avec traces de nodules de phosphate de chaux et des fragments de VOstrea vesiculosa. Au-dessus arrivent les premières couches de la craie glauconieuse, d'abord très-chargées de glau- conie, qui passent à une craie glauconieuse sableuse micacée jaunâtre, renfermant de nombreux lits de silex spongiaires, comme on peut le constater. Cans la grande carrière qui est située à gauche de la route de Bernay, en montant. Ces couches de craie, avec lits de silex, de la base de la carrière, sont assez régulières, et on y trouve un grand nombre de fossiles souvent à l'état de moules, mais principalement VAmmoiiites Mantelli et VEpiaster crassissimus très-bien conservés, ainsi que de beaux spongiaires, totalement transformés en silice. Dans le haut de la carrière existe un banc important de craie glauconieuse , très-fossilifère , pouvant représenter exactement le niveau fossili- — 201 — fère de Rouen, et dans lequel on trouve générale- ment : ISautilus trianfjidaris, Ammonites Rotoma- gensis (Acanthoceras l{otomaï/e?isfi), Tiirrilites costa- tus, tuberculatus, Scaphites œqualis, obliqmis, Pieu- votomaria perspectiva, Arca Rotomagensis , Tere- hratula obesa , Rh>/7îchonella lata , Discoïdea cylindrica, etc. Après la carrière, en montant encore cette môme route , on rencontre bientôt l'argile à silex rema- niée assez puissante du terrain tertiaire miocène, reposant sur la craie, et couvrant tout le sommet de la côte et le plateau élevé de Saint-Christophe. A la descente sur Saint-Évroult-de-Montfort, on traverse successivement les mêmes couches du terrain crétacé inférieur, que Ton a rencontré à la montée de Gacé. Saint-Évroult de Montfort est situé à la limite de la glauconie sableuse verte et du calcaire corallien. En sortant de Saint-Évroult de Montfort, si l'on prend le chemin qui conduit directement à 'Chau- mont, en quittant la grande route de Bernay, on traverse encore les mêmes couches de terrain cré- tacé inférieur jusqu'à l'endroit oi^i, en montant, le chemin devenant creux , on trouve sur les talus de nombreux fossiles, parfaitement conservés, et tout à fait semblables à ceux de la grande carrière située au-dessus de Gacé. C'est encore le niveau fossilifère de Rouen. En continuant à monter, on trouve l'argile à silex remaniée, et en se dirigeant sur le télégraphe de Chaumont, on rencontre au sommet le limon jaune des plateaux du terrain tertiaire pliocène, re- posant sur l'argile à silex du terrain tertiaire miocène. — 202 — A la descente sur Chaumont, on traverse de nou- veau les couches du terrain crétacé inférieur, jus- qu'au village de Chaumont, qui est situé sur la craie glauconieuse et sableuse à silex spongiaires. COMMUNICATION FAITE Par m. BIZET, Conducteur des Ponts et Chaussées à BeUcme , Membre de la Société géologique de Normandie, etc. Messieurs , L'éminent professeur, que vous avez institué votre secrétaire, a bien voulu me convier à \otre excursion en me demandant de vous diriger sur les terrains dont j'ai étudié la stratigraphie aux abords de la vole ferrée. Je saisis avec empressement l'occasion qui m'est offerte de me rapprocher de vous , afin de prendre part à vos intéressants travaux et vous sou- mettre les projets dont je poursuis la réalisation. C'est dans ces réunions fraternelles , sortes d'agapes scientifiques , que l'humble travailleur doit venir retremper son énergie et chercher aide et protection. Il faut s'être occupé d'histoire naturelle dans de petites cités , éloigné des musées oii sont réunies d'immenses richesses paléonlologiques et privé du secours qu'apportent les bibliothèques publiques , pour pouvoir apprécier dans toute leur valeur les — 203 — précieux avantages que nous procurent les assem- blées annuelles des diverses sociétés savantes. Ces réunions d'hommes instruits, d'observateurs conscien- cieux , de chercheurs infatigables , amènent toujours les meilleurs résultats au point de vue de l'avance- ment et de la diffusion des sciences, car de leur échange de pensées et de leurs discussions jaillissent des traits de lumière qui éclairent , de la façon la plus vive, les questions qui s'offrent à leur examen. L'homme livré à lui-même s'évertue, cherche, hésite, souvent s'égare et n'arrive à produire un travail sé- rieux qu'au prix de grands efforts d'esprit et des pertes de temps considérables. Mis en relation avec vous, ses idées s'élargissent, se classent, se com- plètent ; les erreurs dans lesquelles il se trouve trop souvent entraîné s'éliminent et il arrive prompte- ment en possession de faits certains dont les maîtres peuvent se servir avec confiance pour édiûer leurs savantes synthèses. Depuis plusieurs années, je poursuis l'exécution de la carte géologique du Perche-Ornais comprenant la presque totalité de l'arrondissement de Mortagne ; cette carte , que j'ai eu l'honneur de vous présenter, est terminée et sera prochainement livrée à la publi- cité. Elle est destinée à servir de base à des études agronomiques que j'ai également entreprises. Puis- samment encouragé par M. Hétier, ingénieur en chef de rOrne, comme je l'avais été, au début de mes tra- vaux, par son prédécesseur, M. de La Tournerie, au- jourd'hui inspecteur général des ponts et chaussées , j'espère étendre mes recherches jusqu'aux terrains anciens qui occupent la partie centrale et occidentale — 204 — de notre département. Plusieurs de vos membres ayant déjà fourni de précieux documents sur la géo- logie de ces contrées, j'éprouve donc la plus vive satisfaction à vous faire part de mes vues et j'espère que, tout en m'accordant votre bienveillance, vous voudrez bien ne me ménager ni vos observations ni vos critiques ; c'est le seul moyen d'assurer une véri- table valeur à mon œuvre. Mais, je dois vous le déclarer tout d'abord, mon intention n'est pas de faire de la science purement spéculative ; je tiens aussi à diriger mes modestes études vers un but pratique, afin d'engager nos culti- vateurs à modifier leurs procédés de culture et con- jurer ainsi les périls qui menacent notre agriculture régionale. Lorsque l'on considère les améliorations qui ont été introduites dans les arts, dans l'industrie et dans toutes les branches du commerce, on est bien forcé de reconnaître que, sur beaucoup de points, l'agriculture n'a pas suivi ce mouvement ascensionnel et qu'elle est restée stationnaire et obstinément atta- chée aux pratiques les plus improgressives. Cepen- dant je ne saurais méconnaître que, grâce aux per- sévérants et patriotiques etforts de l'Association normande, de grandes améliorations ont déjà été réalisées, surtout au point de vue de l'hygiène de nos campagnes, du mode de culture et du perfec- tionnement des instruments aratoires. Des défriche- ments de bruyères et de landes ont été exécutés dans le but d'augmenter les emblavures ; des biens com- munaux improductifs ont été rendus à la culture ; des irrigations, des assainissements de terrains et des drainages ont été également entrepris avec un — 205 - plein succès sur beaucoup de propriétés. Mais, ce que je constate avec regret, c'est que, jusqu'à ce jour, on ne s'est pas suffisamment préoccupé des moyens de restituer au sol les engrais minéraux que lui enlèvent les récoltes chaque année. C'est un capital sur lequel le cultivateur emprunte constamment sans jamais songer à le reconstituer, sans jamais chercher à éta- blir, pour ainsi dire, le bilan de ses terres. Aussi qu'arrive-t-il? Les éléments fertilisants qu'elles ren- ferment s'épuisent peu à peu, et elles deviennent de plus en plus improductives, malgré les soins de culture qu'il leur donne. Dans le désir d'accroître leur rendement, il arrive parfois que nos fermiers ont recours aux amendements préconisés par la science, mais alors ils les emploient trop souvent sans discernement et au hasard. Il en résulte des dépenses considérables qui n'amènent aucun résultat sérieux, si même le mal ne se trouve pas augmenté par l'addition d'engrais contraires ou déjà en excès dans le sol. Gela est si vrai que, maintes fois, j'ai vu marner des terres chargées de carbonate de chaux assimilable ou répandre des boues siliceuses^ prove- nant de curages de routes , dans d'autres terres qui renfermaient jusqu'à 80 "/o de silice ou de matières insolubles^ mais à peu près dépourvues de chaux et de potasse. Cependant , l'analyse montre que les principaux éléments qui entrent dans la constitu- tion de nos plantes industrielles , des graminées par exemple, sont l'acide phosphorique, les alcalis et la magnésie pour la graine ; la silice, la potasse et la chaux pour la formation de la tige. Il est donc essentiel qu'il y ait toujours dans le sol un certain — 20(3 — équilibre entre ces divers éléments, autrement la terre s'appauvrit et devient improductive, puisque les racines ne rencontrent plus dans la couche arable les sucs qu'elles doivent y puiser pour l'alimenta- tion de la plante. On voit donc , par ce simple exposé , quelle im- portance auraient pour l'agriculture des indications précises sur la composition des terres, quelles erreurs elles pourraient prévenir et quels avantages elles devraient procurer. Nos Sociétés, Messieurs, ne sauraient rester étran- gères à ces améliorations du sol, dont les produits constituent la vraie, la seule richesse stable de notre pays, car l'agriculture est et sera toujours la source la plus abondante et la plus certaine de la prospérité publique. Si je voulais aborder un ordre d'idées plus élevé, mais que ne comporte pas le cadre de cette simple note, je pourrais vous démontrer que la fertilité du sol a encore , sur la destinée de ses habitants et sur leur moralisation, une influence si prépondérante qu'on ne saurait s'imposer de trop lourds sacrifices pour développer les qualités naturelles des terrains et accroître la valeur des propriétés territoriales. Ce sont ces considérations qui m'ont donné la pen- sée d'apporter mon modeste tribut à cette œuvre de relèvement à laquelle, je l'espère, vous voudrez bien vous associer. La base de toute étude de ce genre doit être une carte agronomique, mais vous n'ignorez pas combien de difTicultés présente l'exécution de ces sortes de travaux. II faut que ces cartes comportent un grand — 207 — nombre de renseignemeiils utiles, sans cesser pour cela d'être intelligibles à première vue. De toutes celles qui ont été produites, beaucoup sont loin d'oirrir une clarté sutlisante et c'est là un écueil à éviter. Voici le projet auquel je me suis arrêté : il consisterait à dresser une carte géologique très-dé- taillée , cà l'écbelle de J^^^^ , sur laquelle viendraient s'appliquer, en feuilles de retombe transparentes, d'abord une carte botanique indiquant la configu- ration des zones où croissent les plantes naturelles ayant des rapports physiologiques avec nos plantes cultivées; puis, par dessus cette dernière, une autre feuille également transparente, sur laquelle seraient tracées les limites de nos dilférentes cultures. C'est cet ensemble qui composerait la carte agronomique, laquelle montrerait à la fois : 1" la nature du terrain ; 2" les espaces occupés et la distribution des plantes naturelles sur les divers étages; 3° les affinités existant entre les plantes cultivées et les plantes naturelles par rapport aux assises géologiques. En outre, de nombreuses analyses des sols et des observations météorologiques et climatériques viendraient com- pléter cette série de documents. Je ne me dissimule pas, Messieurs , tous les em- barras qu'éprouveront les botanistes à dresser, sur des terrains de composition assez souvent peu diffé- rents, une carte telle que je la conçois, néanmoins je crois le projet réalisable dans une certaine mesure. J'attends d'ailleurs la décision de votre société à cet égard. Quant à la carte géologique , on arriverait assez promptement à la produire si plusieurs de vos membres s'en occupaient avec une certaine activité. - 208 - chacun dans sa région , ou seulement s'ils voulaient bien marquer sur une feuille de rétat-major, au moyen de crayons de couleurs, les atïleuremenls de nos terrains dans la direction des principales voies de communication. A l'aide de ces renseignements, je m'engagerais à terminer cette carte dans un espace de temps relativement restreint. Ce serait une dangereuse erreur de croire que les indications de la science suffisent seules pour rendre à la terre ses facultés productives ; il ne faut les con- sidérer que comme des conseils dont le cultivateur doit savoir tenir compte, selon les circonstances, pour marcher sûrement dans la voie du progrès. Mais hélas ! bien peu de personnes, dans nos campagnes, sont assez éclairées pour en reconnaître toute l'im- portance. A mon sens, le moyen le plus propre à assurer le développement de l'agriculture et à répandre les saines doctrines dans nos populations rurales, serait de créer, dans chaque chef-lieu d'arrondissement, un cours d'agriculture et de chimie agricole, et de livrer au professeur chargé de cet enseignement des terrains dont il aurait, pour l'exemple, à poursuivre l'amélioration. De plus, des notions générales d'agro- nomie pourraient être données, dans les écoles nor- males, aux instituteurs que l'on exercerait également à faire l'analyse des sols en ce qui a trait aux princi- paux amendements à y introduire. Par leur situation et par l'influence si légitime qu'ils exercent sur les jeunes intelligences dont la direction leur est confiée, ces utiles fonctionnaires seraient à même de rendre à la cause que nous soutenons les plus grands ser- — 209 — vices. Et plus tard, Messieurs, renfanl de nos écoles communales, devenu chef de famille, se montrerait moins rebelle que ses devanciers aux pratiques nou- velles et écouterait avec plaisir et avec fruit les con- seils de la science ; il saurait comprendre alors qu'elle est le flambeau le plus lumineux dont l'agriculteur puisse se saisir pour éclairer sa marche sur la route du progrès; que sans son secours l'agriculture n'est qu'une pratique aveugle, esclave des préjugés, sujette à toutes les erreurs et exposée à tous les mécomptes. Ces idées répandues par vos soins, Messieurs les Professeurs de nos Facultés, parmi cette studieuse et brillante jeunesse qui vous entoure, amèneront les possesseurs de grands domaines à prendre goût à ces améliorations du sol. Entraînés par leur exemple et surtout convaincus par les succès obtenus , les petits propriétaires et leurs fermiers n'hésiteront plus à les suivre dans la voie qu'ils leur auront tracée. J'aurais encore à vous parler, Messieurs, des syn- dicats professionnels, si utiles pour obtenir les engrais chimiques à prix réduits, mais je dois borner ici ces considérations ; je craindrais, en con tinuant, de mettre votre patience à une trop rude épreuve. Ce n'est pas d'ailleurs à Vimoutiers, origine des vallées du pays d'Auge, si belles et si richeS;, que ces doléances sur l'agriculture peuvent avoir de l'écho. Les luxuriants coteaux qui les encadrent si gracieusement ne sau- raient répercuter jusque dans les plaines mes trop faibles accents. Je remets donc à une autre occasion ces discussions ., si elles peuvent avoir pour vous quelque intérêt^ et je vais aborder la description 14 — 210 — succincle des terrains sédimentaires qui sont repré- sentés dans notre département. Cette étude pourra être utile à ceux qui voudraient devenir nos collabo- rateurs dans la confection de la carte géologique. Vous voudrez bien me pardonner, je l'espère, les détails dans lesquels je vais me trouver entraîné ; ils me semblent indispensables pour fixer nettement les idées sur les caractères des différentes roches et pour procurer des types locaux destinés à servir de base à nos futurs travaux. Aperçu général sur les terrains sédimentaires repré- sentés dans l'Est du département de l'Orne. Les traces les plus anciennes que nous possédions de la grande formation jurassique sont des assises peu épaisses de grès ou de calcaires argileux dépen- dant du système liasiqiie. C'est aux actives recherches de votre honorable secrétaire, M. Morière, doyen de la Faculté des Sciences de Gaen , que l'on doit la découverte du lias dans le département de l'Orne. Ce savant géologue le signale à Ste-Opportune et Ste-Honorine, dans les grès; dans les communes de Lougé, des Yvetaux, de La Lande-de-Lougé, de St- Brice et de Rânes, M. Eugène Deslongcharaps, pro- fesseur de géologie à la même Faculté, Ta également reconnu à Bazoches, sous forme d'un calcaire tendre, Irès-marneux, d'environ cinquante centimètres d'é- paisseur. M. xMorière fait remarquer que la composition des sédiments liasiques se trouve modifiée suivant la - 211 — nature des terrains sous-jaccnts. Ainsi, le faciès du lias est principalement composé d'alternances de calcaires, de marnes et d'arg'les, lorsqu'il repose sur le terrain de transition; il consiste, au contraire, en sables siliceux et en grès lorsque le dépôt s'est opéré sur le granit. Ces constatations sont exactement conformes à mes propres observations. Dans une récente excursion que j'ai faite aux environs d'Écouché, j'ai également reconnu la pré- sence du lias sur le chemin de ce chef-lieu de canton à Falaise : à Sentilly, à Habloville et à Fresnay-le- Bulfard, oii il affleure au fond des vallons. Il est formé par un calcaire argileux bleuâtre, lardé de belemnites, alternant avec des couches, peu épaisses, de sable jaunâtre fin contenant de nombreuses rhyn- chonelles et térébratules. M. l'ingénieur en chef des mines Blavier avait déjà remarqué ce terrain, mais sans oser lui assigner une place certaine dans la série géologique. Voici comment il s'exprime à ce sujet (1) : « En s'avançant du hameau de Bissey vers K Habloville, on voit ces couches (la grande oolithe) « s'appuyer sur banc assez épais d'argile blanchâtre, « qui repose lui-même sur des couches de calcaire K gris bleuâtre ou brunâtre, lequel renferme dans sa « pâte une quantité assez considérable de belemnites. « En marchant vers Fresnay-le-Buffard, on revoit, « dans les vallons, le même calcaire à belemnites. Ce 1 calcaire renferme généralement beaucoup de téré- « bralules. Il est un peu sableux et paraît même al- (1) Ed. Blavier, Eludes géologiques sur le dcparlemenl de VOrne, pagoSl (18i0). o• livraison, 1884 , Paris. 18. Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Clermont- Ffrrand , t. XXV, 1883. 19. Annales de la Société d' Horticulture de Maine- et-Loire, 1884, 3° et 4" trimestres. 20. Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences naturelles, 2" s., vol. XX, n» 91. Lausanne, 1885. 21. Cotnmunicaçôes da Secçâo dos Trabalkos geo- logicos de Portugal, t. I, fasc. 1. Lisboa , 1885. 22. Extrait des travaux de la Société centrale 18 — 274 — cT Agriculture du département de la Seine-Inférieure, 206' cahier, 4* trimestre, 1884. 23. Bulletin de la Société centrale cl' Horticulture de Caen et du Ccdvados^ année 1882. 24. Proceedings ofthe Academy ofnatural Sciences of PlnladelpJiia, part. III, november, tlecember 1884. 25. Entomologisk Tidskrift af Jacob Spângberg , 1884, arg. 5, af. 3 et 4. — Stockkolm. 26. Bulletin historienne et scientifique de l'Auvergne, w" 30, février 1885. Séance du ler Juin 1885. 1. Second annual report of the Bureau of Ethno- logy to the secretary of the Sniithsonia?i Institution , 1880-1881, by J.-W . PoAvel, director. — Washington, 1883. 2. Mémoires du Comité géologique de St-Péters- bourg, vol. II, n° 1, 3. Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. — Mémoires de la section des Sciences, t. X, 3° fas- cicule, années 1883-1884. 4. Mémoires de l'Académie des Sciences , Inscrip- tions et Belles-Lettres de Toulouse , 8" série, t. VI, 1" et 2» semestres 1884. 5. Bulletin de la Société acculémique franco- hispano-portugaise de Toulouse, t. V, 1884, n° 4; t. YI, 1885, n» 1. 6. Ministère de llnstruction ^Vi\Àu[\iQ. — Revue des travaux scientifiques, t. IV^ n° 12 ; t. V, n° 1. 7. Bulletin de la Société géologique de Normandie, t. IX, année 1882. ■^ 275 — 8. Proceedinfjs ofthe Acadetnij of nalural Scieiices of Philadelphia, ^diTi. 1; january, i'ebruary, march 1885. 9. T/te Quaterly Journalof the Geolo-■ série, t. XXXII, n° 13, 1884. 62. Nova acta regiœ Societatis Scientiariuin Up- salie?isis, série lertiœ, vol. XII, fasc. 11, 1885. 63. Acta Universitatis Lundensis, t. XX, 1883-84. 64. Schriften der PJiysikalïsch-Okonomischen Ge- sellschdft. Zu Konigsberg. Enste abtlieilunq 1884, Zioeite abtheilunfj 1885. 65. Beitràfje zur Kenntnifs der Flora der Vorwelt. Band. 2. Die Carbona- Flora der Schatzlarer schichten von D. Stur. XI Band. 1 Abtheiliing. Vienne, 1885. 66. Memoirs of the Geolorjical Survey of India. Palœontologia India. Ser. X. — Indicm tertiary and post-tertiary vertebrata, vol. III. Part. 2. — Siioalik and narbada bunodont Siiinu. Part. 3. — Rodents and 7iew-Ruminants from the Siiraliks. — 281 — Part. 4. — Shoalik brids. Ser. XIV, vol. I-III. — The Fossil ecliinoidea. Calcutta, 1884. (57. Jahrbucli des Kaiserlich Ceologischen Reicli- sanstaltJaltrfjang, 1885, 1, 2 und3 heft. Vienne, 1885. 68. VerhandlwKjen der KK. Geologischen Heich- sanstcdt, n°^ 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. Vienne, 1885. 09. Fuldtani Kôzlôny XV, Kôtet , 3-5, Fuzet. Budapest, 1885. 70. Verhandlunfjen der KK. Zoologisdi-botanischen Gesellscliafl in Wien. Jahrgang, 188.3, XXXIII band. Id. Jahrgang, 1885, XXXV band. 71. 24 und 25. Bericht ûber die Thâtiqkeit des Offen- bûcher Vereins fier naturkunde in den Vereins jahren vom 4. Mai, 1882 bis; mai, 1884. 72. Berliner Entomologische Zeitsclirift, XXIX, 1885 , heft 1. 73. Nederlandsch Krindkundig archief, 2* ser. IV, 3. 74. Bulletin de la Société d'étude des Sciences na- turelles de 'Nîmes, 1885, n"' 1 à 3. 75. Société des Sciences et Arts agricoles et horti- coles du Havre, 31« bulletin, 2" trimestre, 1885. 76. Société d'Histoire naturelle de Toulouse, 19* année, 1885. — Bulletin trimestriel , janvier, février, mars. 77. Bulletin hebdomadaire de l' Association scienti- fique de France, du n° 264 au n° 282. Séance de décembre 1885. 1. Histoire des Enfants abandonnés et délaissés, par Léon Lallemand ; ouvrage couronné par l'Aca- — 282 — flémie des Sciences morales et politiques. Paris, 1885. 2. Mémoires de la Société d'Émulation de Camhrai, t. XL. 3. Bulletin hebdomadaire de l'Associalion scienti- fique de France, n°' 28.3 à 290, année 1885. 4. Bulletin de la Société Botanique de F/'ance,t. XXXII. — Co}npte-re7idu des séances, VI. 5. Bulletin de l Académie d'Hippone, n°21, fasci- cule 1. Bône, 1885. G. Bulletin de la Société d'Étude des Sciences na- turelles de Nîmes, n"^ 4 à 6. 7. Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Bouen, 1" semestre 1885. 8. Société cV Histoire naturelle de Toulouse , 19* année, 1885. — ' Bulletin trimestriel, avril, mai, juin. 9. Annales de la Société d' H oiHi culture de Maine- et-Loire, 1885, l'"" et 2" trimestres. 10. Bulletin de la Société cVétudes scientifiques d'Angers, 14" année, 1884. 11. Maître Jacques, journal d'Agriculture. Niort, septembre 1885. 12. Sitz4mqsberichte der Jenaischen Gesell schaft fur medicin und naturwissenschaft, fur das Jahr. 1884. Jena 1885. 13. Ofversight af Finska vetenskaps Societetens Fôrhandlingar, XXVI, 1883-1884. 14. Bidrag till Kônnedom af Finlands natur och Folk, H. 39, H. 40, H. 41, H. 42. Helsingfors, 1885. 15. Acta Societatis Scientiarum Fennicœ, t. XIV. IG. Memoirs of the geological Survey of India, vol. XXI, partes 1 et 2. — 283 - 17. Memoirs of the fjeolofjkal Siirvey of India (Palœontologia India), séries XIII, vol. 1, part. 4, (fasc. 3 et 4). Calcutta. 18. Memoirs of the geological Surveij of India [PaliBontologia hidia), ser. X, vol. III, part. 6. 19. hl, ser. IV, vol, I, part. 4. 20. Id., ser. X, vol. II, part. 5. 21. Id., ser. XIV, vol. I, part. 3. 22. Bijdrarjen tôt de Dierkunde nitgec/even door het geïiootschap natura artis magistra te Amsterdam. 11* et 12* Afîevering, 2' et 3° Gedeelte. Amsterdam, 1884-1885. LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DE LA SOCIETE Au 15 Avril 1886 MEMBRES HONORAIRES. Date de la noinination MM. S. M. l'Empbbei'r du Brésil 1877 Capellini, professeur de gâ)ljgie ù rUniversîté, à Bologne (Italie) 1878 Desnoyf.rs (Jules), membre do rins'.iliit, liiblio- Ihécaire en chef du Muséum, à Paris . . . 1825 DouviLLÉ, professeur de paléontologie à l'École des niiues, boulevard St-Germain, 207, à Paris. 1882 Hébert, membre de l'Institut, doyen de la Faculté des Sciences de Paris. ...... 18G0 Leboucher , professeur honoraire à la Faculté des Sciences de Caen 18/i8 Le Jolis, président de hi Société des Sciences naturelles de Cherbourg 18C0 Lennieb, président de la Société Géologique de Normandie, au Havre 1880 Letellier, professeur ;m I j céc, nio Desge- netles, 5, à Alençon 1869 Liais (Emmanuel), ancien directeur de l'Obser- vatoire de Rio-de-Janeiro (Brésil), maire de Cherbourg 187i Miers , vice-président de la Société Linnéenne de Londres, 84, Addison Road, Kinsington. 1874 McELLER (de), professeur de paléontologie à l'In- stitut des mines, à St-Pétersbourg (Russie) . 1878 Saporta (le marquis Gaston dei, correspondant de l'Institut, à Aix (Bouches-du-Rhûne) . . 1878 Salvace (D'), directeur de la Station aquicole, ù Bouiogne-sur-Mer 1883 - 285 — MEMBRES RÉSIDANTS. Date de la nomination MM. AiZE, professeur libre d867 Annoville (d'), président de la Société de Tir . 1883 Beaujour ( Soplironyme ) , notaire iionoraire , rue Vilaine, 25 1872 Berjot, secrétaire de la Chambre de Commerce, président 1863 Bigot, licencié es sciences naturelles, secrétaire- adjoint 1881 BoREux, ingénieur en chef des ponts et chaussées 1875 BouRiEN.NE { docteur), directeur de l'École de Médecine 185A Bouta RD, ingénieur, inspecteur des Lignes télé- graphiques, vice-président 1880 Brécourt (de), ancien officier de marine . . . 1873 Catois (DO, professeur suppléant à l'École de Médecine 188A Charbonnier, professeur à l'École de Médecine, trésorier delà Société, rue Froide, 22 . . . 1869 Dangeard, préparateur à la Faculté des Sciences. 1883 Demelle, pharmacien del" classe, à Caen . . 1880 E^JDES-DESL0^GCHA5IPS ( Eugène ), professeur de géologie à la Faculté des Sciences ..... 1878 Fauvel (Albert) , avocat 1859 Fayel ( D""), professeur à l'École de Médecine. 1869 l'^ORMiGNï BE La Londe (de). Secrétaire de la So- ciété d'Agriculture 1864 GossELiN (docteur), professeur à l'École de Mé- decine, rue de Lengannerie 1878 HuET, maître de conférences à la Faculté des sciences 1885 JouANNE, professeur au Lycée. ....... 1869 Le Blanc-Hardel, imprimeur-éditeur .... 1869 Leroeuf, pharmacien de première classe. . . . 1879- Le Chevallier, docteur-médecin, rueSt-Manvicu. 1877 — 286 — Date de la nomination MM. Lecornu, ingénieur des mines, maître de con- férences à la Faculté des Sciences de Caen. 1879 Leroux (Marc), préparateur à la Faculté des Sciences 1877 Le Itoï DE Langevinière (docteur), directeur honoraire de l'École de Médecine 1875 Le Sénéchal , docteur en droit, licencié es sciences naturelles , conservateur des collec- tions zoologiques 1883 Letellikh, docteur en médecine 1875 LuBiNEAU , receveur municipal . 1875 MoiNcoQ (l'abbé), curé de St-Ouen, bibliothécaire. 1864 MoRiiiRE, doyen de la Faculté des Sciences, secrétaire de la Société. lbli!i MouTiER (docteur), professeur à l'École de Médecine 1870 MuLLOis, pharmacien, rue St-Pierre 1882 NeiRENEUF, professeur i la Faculté des Sciences. 1870 OsMONX, vérificateur des douanes 1873 PiHiEB, professeur à l'École de Médecine, . . 1881 PucuoT, préparateur de chimie à la Faculté des Sciences < . • 1 868 Rarut, ingénieur des ponts et chaussées. . . . 1882 Renémesml (Pierre de), chef de bureau ù la Mairie 1878 TESNiÈne, membre de plusieurs Sociétés savantes. 1879 TopsENT, licencié es sciences naturelles. . . . 1885 Vieillard, directeur du Jardin des Plantes. 1801 MEMBRES CORRESPONDANTS MM. Appert (Jules), membre de plusieurs Sociétés savantes, ù Fiers (Orne) 1878 Barré (Edmond), docleur-médeciu , boulevard Clichy, i9, Paris 1877 — 287 — Date de la noinination MM. Basscrie, colonel en retraite, 12, rue de Flore, au Mans 1873 Bavay, professeur à l'École de Médecine navale, Grande-Rue, 45, Brest 1871 Beaumont (Félix Éliiî de), ancien procureur de la République, rue des Sainis-Pères, 1 1, à Paris 1 877 Beugounioux, médecin-major à l'hôpital militaire, 'lierret (province d'Oran, Algérie) 1882 BliRTOT, inspecteur des pharmacies , président du Tribunal de commerce, rue des Chanoines, à Bayeux 1851 Besnaiiu, propriétaire à St-James (Manche) . . 1885 BizET, conducteur des ponts et chaussées, à Bel- lême (Orne) 1885 Blieu (Paul), professeur au Ljcée de Coutances. 1880 BoispRÉALX (de), propriétaire, à Gisors. . . . 187i) BoNNECHOSE (de) , membre de plusieurs Sociétés savantes, ù Monceaux, près Bayeux 1824 BoNVOULOiR (de), entomologiste , rue de l'Uni- versité, 15, à Paris 186/1 BouDiER (Emile), pharmacien, 20, rue de Grétry, h Montmorency 1870 BocGON (docteur), 45, rue Lafayelte, ù Paris. . 1872 BouTiLLiEK, géologue, à Roncherolles , par Darnetal (Seine-Inférieure) 1866 BouTROLX (Léon), professeur à la Faculté des Sciences de Besançon 1881 Brébisson (René de), conchyliologiste , au châ- teau des Forges, par Longni (Orne) 186U Briquel, avocat, conservateur du Muséum, à Lunéville 1879 Brongniart ( Charles) , membre de diverses Académies et Sociétés savantes, rue Guy-de- La-Brosse, 8, à Paris 1879 Brinaud (Paul) fds, avoué, à Saintes (Cha- rente-Inférieure) 1874 — 288 — Date de la nomination MM. BucAiLLE, géologue, rue St- Vivien, 132, à Rouen (1866 Bureau, professeur au îînsénm , quai de Bé- thune, 2/i, à Paris 1858 Bureau (Louis), directeur du Muséum d'iiisloirc naturelle, rue Gresset, 15, ù Nantes. . . . 1882 Canivet, conseiller général de TOrnc cl maire de Cliambois 1872 Cabdine, pharmacien , à Courseulles 1875 Chervrt, professeur au Lycée Henri IV, à Paris. 1884 Chevrel, professeur au Collège d'Avranciics . . 1884 Clément (l'abbé) , vicaire de Touques 1878 Corbière, professeur au Collège de Cherbourg. 1878 CoTTEAu, membre du Comité de la paléon- tologie française, à Auxerre (Yonne). . , . ^863 CouRTiN (Raymond), capitaine des Douanes en retraite, à Alger-Mustapha 1873 Courtois, instituteur, ù St-Vaast (Manche). . 1881 Decon , négociant, ancien maire d'Isigny. . . 1882 Delachapelle, naturaliste, 55, rue des Corderies, à Cherbourg 1883 Délace (Yves\ chargé de cours à la Sorbonne. 1882 Delavigne, herboriste, à Aleiiçon 1884 Demagn\, négociant, maire d'Isigny 1882 Despor tes ( Henry ), ancien conseiller de pré- fecture, 28, place St Georges, à Paris. . . . 1878 Dewalqde (Gustave), professeur de minéralogie, géologie et paléontologie, à l'Université de Liège (Belgique ) 1857 DiAVET ( l'abbé } , curé de St-Martin-d'Aspres , par N.-D. d'Aspres (Orne) 1879 DoiNEL, docteur de l'École professionnelle de la Haute-Marne, à Joinville 1874 DoLLFus (Gustave), membre de la Société géolo- gique de France, rue de Chabrol, 45, à Paris 1873 - 2i\) Date de la nomination MM. DouTTÉ, maître-adjoinl à l'École normale , à Chàloiis-sur-Manie 1873 DucHESNK-FouRNET ( Puiil ) , Conseiller général du Calvados, à Lisieux 1875 Duhamel, botanisle, à Gainemberl (Orne). . 1856 Dupont, pharmacien, à Mézidon ( Calvados ) . 1872 DuQUESNE, pharmacien, à Pont-Audemer (Eure) . 1873 DuRET, aide d'anatomie à la Faculté de Paris , ruedeCondé, 10 1870 DuTERTË, ancien pharmacien, à Alcnçon . . . 1372 BuTOT, avocat, à Cherbourg 1883 Farcy (de), membre de plusieurs Sociétés sa- vantes , rue Dorée , à Chàleau-Gontier (Mayenne) 1879 FiCHET, ancien notaire , à Méry-Corbon. . . . 1878 Fleuriot ( docteur ), conseiller général du Cal- vados, à Lisieux 1873 Fontaine, naturaliste, à La Chapelle-Gauthier par Broglie (Eure) 1881 Fort, pharmacien de 1'= classe, rue St-Jacqucs, à Paris 1880 For.TiN (Raoul), 2i, rue du Pré, à Rouen . . . 18bi Frébet (l'abbé), professeur au Pelit-Séminaire de La Ferlé-Macé 1881 Fromentel (nii), docteur-médecin, membre du Comité de la paléontologie française , à Gray (Haute-Saône) 1866 Gaiiéhy, receveur municipal, ù Lisieux. . . . 1804 Gasme», ancien pharmacien, ù Vimouliers (Orne) 1869 Génevoix (docteur), licencié es sciences, 1/i, rue (les Beaux-Arts, à Paris 1879 Gentil (Ambroise), professeur au Lycée du Mans 1878 Gervais, secrétaire de l'Inspection académique, à Évreux 1875 10 - 290 — Date de la nommation MM. GiLLF.T, botaniste, rue de l'Adoration, 23, à Aleiiçon J867 GoDEFROY, pharmacien, à Littry 1875 GouLARD, docteur-médecin, à Tinciiebray . . . 1880 GouRBiNE, ancien sous-préfet, rue de Lille, 71, à Paris 188i Gouverneur, maire de Mortagne (Orne). . . . 1885 GuiDERT, pharmacien, à Trévières 1875 GuYERDEi, conservateur des collections géologi- ques, ù l'École des Mines, rue du Canivet, 3. 1833 Hacqurville (d'), propriétaire, au chûteau de Launey, près Orbec 188Zi Hamel (l'abbé), curé des Moutiers-en- Cinglais. 1880 HiRcouRT (duc d') ancien député, au château de Thury-Harcourt 1882 Harel, homme de lettres , à ÉcliauHbur. . . . 1881 Hommey, docteur-médecin, à Sées (Orne) . . . 1868 HoMMEY (Joseph), étudiant en médecine, bastion 87, porte d'Italie, à Paris 1884 HuET, externe des Hôpitaux, 6, place de l'Odéon, Paris • 1879 HuBPY, docteur-médecin, 18, rue de la Barre, à Dieppe 1879 HusNOT, botaniste, àCahan, par Athis (Orne). . I86/1 Joseph-Lafosse , naturaliste , à Sl-Cûme-du- Mont (Manche) 1873 JouAN, capitaine de vaisseau eu retraite, 18, rue Bondor , à Cherbourg 1874 JouviN, pharmacien, à Condé-sur-Noireau . . . 1875 Klein, principal du Collège de Condé-sur- Noireau 1882 Lacaille, naturaliste, membre de plusieurs So- ciétés savantes, à Bolbec (Seiue-Inférieure) . 1869 Lange, docteur-médecin, à Fiers (Orne). . . 1880 Langlais , professeur départemental d'Agricul- ture, Ix Alençon 188." — 291 - Date de la nominal'un MM. La UOQUR, chimiste, à Balleroy 1800 Leblanc, conseiller d'État, inspecteur généra! des ponts et cliaussées, ai , lue des Vignes, à Passy-Paris 1873 Leborgne (Ernest), propriétaire, rue Gaslon-de- Saint-Paul, 6, à Paris 1874 Leboucher, docteur en médecine, rue du Fau- bourg-Poissonnière, 12, à Paris 187a Leclerc, aide d'anatomie à la Faculté de Mé- decine de Paris 1883 Lecoeuh , pharmarien, à Vimouticrs , 1880 Lecointe, professeur ù l'École normale d'Évieux. 1882 Lecovec , directeur des postes et des télé- graphes, à Rennes 1873 Le DiE\ (l'abbé ), à Sées (Orne) 1877 Lelièvbe, pharmacien, ù La Cambe (Calvados]. 1875 Léllt, docteur-médecin, à Orbcc 1877 Lemarchand, médecin principal de l'armée, en re- traite,à Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales). 186(5 Letacq (Arthur), curé de St-Germain d'Aunay (Orne; 1877 Letei.lier fils, professeur au Collège d'Alençon. 1881 Levavasseur, pharmacien, à Évrecy (Calvados). 1875 LoDiN, professeur à l'École des mines, h Paris. 1875 Loriol (de), géologue, à Frontenex , près Ge- nève (Suisse) 1869 LouTREiJL, président de la Société d'horticulture et de botanique du centre de la Normandie, à Bayeux 1872 Li'GAN fils, pharmacien de 1" classe, à Orbec. 1875 Macé (Adrien), rue de la Duché , à Cherbourg. 188/1 Malinvaud ( Ernest ), secrétaire général de la Société botanique de France, rue Linné, 8, à Paris 1804 Manoury , ancien principal du Collège de l.isieux, ù Villerville 1809 __ 202- — Hnle de lu )wmin(ilion MVï. MANorRY, pharmacien, à Bayeux 1875 Marais, docteur-iTiédecin, 21, rue des Buttes, à Honneur . 1877 IVfAr.cnAND(Léon), professeur à l'École supérieure de pharmacie , docteur en médecine et ès- sciences naturelles , à Thinis , par f'hoisy (Seine) 1868 Marchand (E.) , adjoint au maire d'Alençcn. . 1878 Marie (Almyre), pharmacien, ù Isigny. . . . 1882 Mart.é, propriétaire, 166, rue Blomet , à l'aris. 1881 Mathieu, ancien pharmacien, à La Rivière-St- Snuveur 1869 Mélion, ancien pharmacien, à Vinioutiers(Ornel. 1859 MoNcoQ, docteur en médecine, à Thorigny-sur- Virc (Manche) 187Zi MouTiF.R , notaire, à Orbec 1877 Olivier (l'abbé), i\ Aulheiiil, parTourouvrc(Orne) 1874 Parsaï (de), botaniste, à Verneuil (Eure) . . . 1872 Patrouii.lard , pharmacien de 1"^ classe, à Gisors 1877 Pelvkt, docteur médecin, à Vire 1883 Perdriel, ancien notaire, à lirolleville-sur- Odon 1877 Péroche (Jules), directeur des Contributions indirectes, à Lille (Nord) 1882 Perrier ( Henri ), propriétaire, à ChamposouU (Orne) 1879 PiERRAT, ornithologiste, à Gerbamont , prcs Vagney (Vosges) 1865 Pinçon, instituteur, à Échauffour (Orne) . . . 1881 PiQi'OT (Alphonse), propriétaire à Vimoutiers (Orne 1883 PoiNCARRÉ, chargé de cours à la Sorbonne, 66 , rue Gay-Lussac, à Paris 1881 PoRQUET, docteur en médecine, place de l'Hôtel- de-Ville, à Vire 1866 — 20n — Date de In nominalinn MM. Poussier, pliarmacien, pbicc Rau-de-Robec, i, ù Rouen \88!i QuÉiiUEL, pharmacien honoraire, place Nationale, 12, à Vire 1866 Ravenel (Jules), propriétaire, à Falaise. . . . 1875 Renailt (Bernard), aide-naturaliste au Muséum, professeur de Paléontologie végétale 1B85 Renailt, professeur de Sciences plijsiques et naturelles au collège de Fiers (Orne) .... 1881 Renémesnil (G. de), professeur au Collège Sta- nislas, rue Honoré Chevalier, à Paris .... 1882 Renou, avocat, naturaliste, quai de la Fosse, 68, à Nantes 1823 l'onflatcur Retout, professeur au Collège de Donifront (Ornej 1878 RiCHEii, professeur au Collège de Mortagnc (Orne) 1881 RoGEU , ancien cher d'Institution, 161, rue St-Jacques, à Paris 1884 Saint-Amant (de), ingénieur en chef des pouls el chaussées , à Orléans 187A Skrodski, membre de la Société géologique de France, à Domfront 1881 Société Géologique de Normandie, au Havre. . 1880 Tavigny, propriétaire, à Bayeux 1879 Thiiié , ingénieur des mines, à Rio-Janeiro . . 1877 TissoT ( Amédée ) , secrétaire de la Sociélé d'horticulture et de botanique du centre de la Normandie, à Lisieux 1877 TiîANCHAND, professeur au Collège de Lisieu\ . 1878 Vasnieu , docteur-médecin , i\ Lassy 1882 ViEiLLARo, visiteur des Douanes, à Monaco. . . 1871 Ville-d'avray (de), propriétaire, à Honfleur. . 1879 ViLLERS (Georges de', secrétaire de la Sociélé académique de Bayeux i5â5 — 294 — Date de la nomination Weber (docteur), directeur du service de santé du 3* corps d'armée, à Rouen 1863 Zl'rcher , ingénieur des ponis et cliaussées , à Toulon 1883 TABLE DES COMMUNICATIONS Pi%K :%'OIMS D'AUXEURN. M VI. Bigot. Étude géologique des Iraiichées de la ligne de Cacn à St-Lo par Vire, p. 252. BizRT. Aperçu général sur les terrains sédinienlaires repré- sentés dans l'Est du département de l'Orne, p. 202. BuoNGNiART. DécouYcrte d'une aile d'insecte dans les couches silu- riennes du grès de Jurques (CaivadosJ, p. !i3. (luEUVET. Étude sur la distribution du potentiel dans des conduc- teurs homogènes déformes déterminées, p. 3. Dangeauu. Note swr le C/iy Iridium sitbaiigutosum, p. 88. — Note sur le Catenai'ia aiiguillutœ, p. 126. Df.lage. Observation du feu St-Elme faite à Langrune, p. 60. DuTCRTR. Additions et rectificalions au Catalogue des plantes phanérogames ou ciyplogames vasculaires des envi- rons d'Alençon, p. 72. (lUïF.RDET. Coupe géologique du four à chaux de Vimouliers et profil de Chaumont à Gacé et Resenlieu (Orne), p. 196. HuET. Note sur la dimension des éléments anatomiques des Mammifères, p. 122. JouAN. La Guinée, p. 15i. Lecoelr. Procès-verb il de l'excursion de la Société Linnéenne à Vimouliers et à Chambois, p. 137. — Description de l'argile à silex de Boscrenoult, p. 245. Lkcornu. Empreinte sur une grauwacke schisteuse du Dévonien de St-Sauveur-Ie-Vicomte (Manchel, p. 21. — Note sur la coloration artificielle des pierres de construc- tion, p. à!i. Lesénéchal. Spongiaires et Bryozoaires d'eau douce, p. à2. — Ca- — 200 — lalogue des animaux recueillis au Laboratoire ma- ritime de Luc pendant les années 188i et 1885, p. 0\. Letacq. Observalions sur quelques espèces de Musciaées rares ou critiques, récemment découvertes aux environs de Vimoutiers, p. Ii9. MoRiÈRE. Note sur quelques Trilobiles de l'étage du grès de May, p. là, — Note sur VAzoHa Caruliniana, p. 2il. — Note sur la présence du genre Banksia dans la craie de Vimoutiers, p. 260. Qlénallt. Vlouvemcnts lents du sol, p, 35. — Différence entre les déiiivellements du sol causés par une action in- térieure et ceux qui sont occasionnés par une action astrale, p. 67. TABLE DFS MATIERES SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1884. l'a;; es Composition du iiureau de la Société 2 Élude sur la distribution du potentiel dans des ronilucteiirs iio* mogènes de formes déterminées, par M, Cliervet 3 Distribution du potentiel sur une plaque reclangulaiie 3 Distribution du potentiel dans un condi:cteur limité par deux plans parallèles 21 Élcr.troniètre capillaire 28 SÉANCE DU !"■ DÉCEMBRE 1884. Médaille d'argent à l'cfligie de Linné, offerte à la Société d'Horti- culture 33 La Société vote une somme de 50 fr. pour coopérer ù rércclin delà statue de Dumas 33 Vœu le'alifà dos sondages à exécuter dans la fosse de La Hngue. 34 Mouvements lents du sol, par M. Quénault 35 Grauwacke schisteuse du Dévonien de Sl-Sauveur-leVicomte (Manche), ofTrant à sa surface drs ondulations irrégulières, par M. Lecornu 41 Spongiaire et Bryozoaire d'eau douce présentés par M. Le Féné- chal 42 SÉANCE DU 5 JANVIER 1885. Découverte d'une aile d'insecte dans les couches Siluriennes du grès de Jurqucs (Calvados), par M. Brongniart 43 Note sur la coloration artificielle des pierres de construction, par M. Lecornu 44 — 298 — SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1885. * Observations sur quelques espèces de Muscinées rares oucriliques, récemment découvertes aux environs de Vimoutiers (Ornp), par M, l'abbé Letacq 49 SÉANCE DU 2 MARS 1885. Sur une curieuse obseivation du feu Saint Elme, fnile à I nn- grune par M. Delage 60 SÉANCE DU 13 AVRIL 1885. DilTérences entre les dénivellements du sol causés par une action intérieure et ceux qui sont occasionnés par une action astrale dans leurs elïels sur l'écorce terrestre, par M. Quénanlt. . . 67 Additions et rectifications au Catalogue des plantes plianéio- games et cryptogames vasculaires des environs d'Alençon, par M. Duterle 72 Note sur quelques Irilobitcs de l'étage du grès de May, par M. Mo- rière 74 SÉANCE DU à MAI 1885. Note sur le Cliy iridium subangulosum A. Br. , par M. Dangeard. 88 Catalogue des animaux recueillis nu h^boratoire maritime de Luc, pendant les années 1884 et 1885, par M. Le Sénéchal. . . . 91 SÉANCE DU 1" JUIN 1885. Note sur la dimension des éléments anatomiques des Mammifères, par M, Huet 122 Note sur le Catenavia Anguillulœ Sor,, par M Dangeard. . , 126 SÉANCES DES /i ET 5 JUILLET 1885. Excursion de la Société Linnéenne à Vimoutiers et à Chanibois. Compte-rendu par M. Lecœur 137 — 299 — SÉANCE PUBLIQUE Tenue à Viwoiitierx, le Dimuiiche 5 juillet i8b5. AllociUion du Secrétiiire 152 La Gu'iiée, par M. le coinin;indant Mcnri Jouaii )5i (^oupe géologique des curriî'ics du four ù chaux de Vimoutiers et profil géologique de Cliaunionl à Gacé et Resenlieu (Orne), par M. Guyerdet : 196 Aperçu général sur les terrains sédimeniaires représentés dans l'Est du département de l'Orne, par ftL [3izet 202 ^ole sar VA zol la CaroUitiana, par M. Morière 2il Description de l'argile à silex du Boscrenoult, pir M. Lecœur. . 2/i5 Étude géologique des tranchées de la li;;ne de Caen ù St-Lo par Vire, par M. Bigot 252 Note sur la présence du genre Batihnia dan< le terrain crétacé des environs de Viniouliers, par M. Morièie 260 Visite chez M. Gasnier 268 Ouvrages reçus par la Société en 1885 270 Liste générale des membres de la Société au 15 avril 1886. . . 28i Table des communications par noms d'auteurs 2S5 Table des matières. .... 297 Caen, Iin|.). Henri Delesqiies. «???? * ^^RP^^ i ■R iM^tl ÉÉ