Pot TN On MOT AU Ra OR ER PE EE , e “! s EN 0 &, y 4 ANT * | 1KT.} À : rit LE FRE + 1 Wa: JU CE , TES te et F4 nn î 4 184 4 + ù [! » | a r#à ve. vote | L " 0 u # LÀ IR L l (12 de ; SRE MU ge ed Lan ( HS ARTAMET ++ g va là MANS F, 4x, MA EUTE L s 8 SR DE AREA AUS k EAU AL HER RARTERRE again # ; : (En + Qu mur . | Re KW M EU ) fu | x HAE Mie es 4: EPA + + LATUNE RAA HE TU it elec sl end Car ; me: ls { #1 pen CRE . « LA REM : : Qi bee 19 45} M . nee lé 4 . 4 s dre , d EU ul 1 4 * ‘ : 4 ie 4l q 13 1! A fr IT + Me Di pR OU PAL te } 1 DR UD «“ tn } L . La . 1 n nn 41] d » t Qu f | EE ' : 4 0 19 à 11 nl À on t AU UN NON NES KAHH AIN) ‘ dpt) M'A Made ur ton là Date MANU ARE NENITEnNen, : he je VUUTHÈE ; bent 56 MODE DM ERNEST 4 UM Der . WA 1 ) 0 $ |] fa os 1h 1 ep { + « , ie . AU di + CRE x - . J ‘ RENE \W2984 Ror ; LFP 1.14 è tr ral 2: Cast A 4 9 14 1% A. J MA + M "ya sat C LA OAI T nl 1714. ‘ L jus f À : AUDE vue (2 + " s'Mpot) K, Dre PTE pr ne ils: 1194 EN TEEN Us k sy qUr ; Lter def dattes es TE rire 2" TÉ es PATR3 || FOR THE PEOPLE | FOR EDVCATION FOR SCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY * 2} 48 LR DATA LA: FSU +: , ER veut UV , EOY 4 si] @é: | À La d > | QUE Fr GE r * LOGE 7 ” ie À ee LS Æ fe ie 74 ‘à D > z FONDÉE EN 1871 - #4 ANNÉE 1882 + TOME IX RE Imprimeur) … Si — ournal LE HAVRE J n =< USTIN € 2 NEIL 7 L L] : . * * ‘ L 2 D Lu Las : LL + 7 Li BULLETIN DE LA $ SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE a FONDÉE EN 1871 TOME IX. — ANNÉE 1882 \ HAVRE | Imprimerie dn Journal LE HAVRE (E. HusriN, Imprimeur) 35 RUE FONTENELLE, 35 1884 AUTO pui | naar il U EX DTA \aler À it à CAE" : ve CRT MORUt —. BRUNE - Qu SUN Pr |: FH * ü - & éd rs CU Ÿ> . ts | Le P —— ee La MT = _ Ps ag à * PEN LMET UE . ; Fed BELLE TEEN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE RÉSUMÉ DES SÉANCES SÉANCE DU 16 JANVIER 1882 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Savalle annonce qu’il a eu dernièrement le plaisir de voir notre collègue M. l'abbé Deshayes, curé de Manneville-sur-Risle, et qu'il a pu examiner sa belle collection de silex préhistoriques. Il y a revu avec plaisir les superbes pièces que notre collègue de Manneville avait présentées à la Société en séance. Il à aussi examiné avec intérêt les séries d'instruments connus sous le nom de tranchets, dont certaines formes lui ont immédiatement rappelé des silex qu’il avait recueillis l’an dernier à Octeville. M. Lennier rappelle que, dans les études que les ingénieurs des Ponts et Chaussées vont entreprendre pour le tracé du tunnel projeté sous la Seine, ils auront besoin de connaître exactement l’allure des couches que ce tunnel devra traverser. C’est à la Société Géologique de Normandie qu’incombe le soin de donner ces renseignements. Il sera donc nécessaire que la Société termine Ja coupe détaillée des falaises entre le Havre et Villequier. Une partie de cette coupe a déjà été établie avec le concours de MM. Biochet et Bucaille pour la partie comprise entre Villequier et Tancarville. Il reste a relever la coupe entre Tancarville et Orcher. 6 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Ce travail devant être mené à bien le plus promptement possible, la Société décide d’y consacrer plusieurs excursions aussitôt que le temps le permettra. M. Lennier fait connaître qu’il a visité dernièrement les travaux du Neuvième Bassin. Les fouilles ont déjà dépassé le « galet noir », c’est-à-dire l’ancien sol marin; déja même, dans un son- dage auprès de l’ancien Parc-aux-Huîtres, le Kimmeridge a été atteint à la profondeur de 18 à 20 mètres. La coupe de ces fouilles montre une alternance de sables avec coquilles marines, et de lits tourbeux avec coquilles terrestres, ou d’eau douce, Hélix, Pupa, Cyclostome, etc. Le Cardium Edule, qu’on ne trouve plus actuellement que sur la côte Sud de la Baie, est très commun dans les couches sableu- ses profondes, et diffère un peu par sa forme plus carrée de l’espèce actuellement vivante. Ce fait avait été du reste déjà constaté par M. Fischer, dans des dépôts récents de la Méditer- ranée. M. Le Président engage ses collègues à suivre de près ces travaux, ainsi que ceux du Canal de Tancarville. Il y aura des observations intéressantes à relever pour l’étude de la formation de ces alluvions récentes. Il serait aussi possible que le tracé du canal rencontrât, dans la traversée des marais sous Orcher, Oudalle et Sandouville, des carcasses de quelques-uns des nombreux navires naufragés dans cette partie de la Seine. Ces débris, s’il en est rencontré, pour- raient servir comme de chronomètres naturels pour apprécier la rapidité des dépôts. À propos de la remarque de M. Lennier, sur la différence de forme observée sur les Cardium du Neuvième Bassin, M. Biochet rappelle qu’on rencontre à Lillebonne de nombreux dépris de cuisine de l’époque Romaine, dans lesquels se trouvent en majo- rité des coquilles de Cardium. Il croit qu’il serait utile de vérifier si ces coquilles, enfouies depuis environ 15 siècles, sont identi- ques aux coquilles actuellement vivantes, ou si elles indiquent dans leur forme un passage entre la forme ancienne représentée par les coquilles des alluvions du Neuvième Bassin et la forme actuelle, La constatation de ce fait aurait une grande importance. M. Savalle rappelle, à ce sujet, que l’année dernière, avec M. Prudhomme, il a remarqué, sur la route de Trouville à Villers, dans la traversée de la butte de Bénerville, près de la Chapelle, un dépôt assez important de coquilles, principalement RÉSUMÉ DES SÉANCES 7 composé de Cardium et de Mytilus, et ayant l’apparence de débris de cuisine. M. le Président dit que le fait de l’existence sur ce point de débris de cuisine serait très intéressant à constater, et engage M. Savalle à l’observer de nouveau. M. Savalle présente un Nautile qu'il a recueilli dans les sables aptiens, à Octeville. Il donne en même temps quelques rensei- gnements sur l’état'actuel de la falaise. Le Kimmeridge est presque partout recouvert, sauf entre Octeville et Cauville, où les argiles supérieures sont visibles sur quelques points. La séance est levée à dix heures un quart. SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1882 Présidence de M. G. LENNIER, Président Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Conformément à l’ordre du jour, il est procédé au renouvelle- ment du bureau qui, par suite des divers scrutins, se trouve ainsi compose : MM. G. LENNIER...... Président ; Ge ÉIONNET.. Vice-Président ; A. LÉCUREUR... Secrétaire ; F. PRUDHOMME. Trésorier ; CH. REAUGRAND. Archiviste. M. Le Président adresse ensuite à M. G. Drouaux, trésorier sortant, des remerciements pour le zèle et le dévouement avec lesquels il a &éré les finances de la Société. M. Beaugrand rend compte de la visite qu’il a faite dernière- ment, avec M. Parsy, aux travaux du Neuvième Bassin. Il y a recueilli diverses coquilles, qu’il soumet à la Société. La Paludina Muriatica est très commune, principalement à la limite des bancs tourbeux et des lits argilo-sableux, où elle forme des amas consi- dérables. M. Beaugrand a examiné au microscope l'argile de ces lits, et croit y avoir reconnu la présence de diatomées. M. Beaugrand poursuivra du reste ses études et tiendra la Société au courant. _ M. Lennier a aussi visité les travaux du Neuvième Bassin. S SOCIËÈTÉ GÉOLOGIQUE ‘DE NORMANDIE Les fouilles sont en ce moment arrivées à $ mètres au-dessous du niveau des plus basses mers. Le galet noir est à découvertsur 4 mètres de hauteur. On peut remarquer dans la coupe visible en ce moment des lits inclinés de galet s'étendant depuis le niveau moyen des hautes mers, jusqu’au niveau des basses mers de morte- eau; à ce niveau se trouvent des lits horizontaux de sable et de gravier, c’est-à-dire que nous sommes en présence d’une succes- sion de dépôts absolument semblables à ce que nous trouvons sur les plages actuelles. Ce sont évidemment les restes d’un ancien cordon littoral en avant duquel s’est, depuis, formé le rivage actuel. Les eaux qui filtrent à travers les couches tourbeuses, et que recueille le puisard des travaux, sont saumâtres et dégagent une forte odeur de soufre. Elles ont pour origine les sources des niveaux d’eau de la côte d’Ingouville, et se sont chargées de sel marin en filtrant à travers les alluvions de la plaine de l'Eure ; quant au soufre, il provient des matières en décomposition dans les bancs tourbeux. M. Lennier rappelle à ce propos que, dans les travaux déjà entrepris pour l'agrandissement du port du Havre, où.ces eaux se sont montrées dans les mêmes conditions, les conduits d’épui- sement par lesquels elles s’écoulaient ont été rapidement envahis par une petite algue inconnue auparavant au Havre, et caracté-. ristique des sources sulfureuses ; cette algue a du reste disparu aussitôt les travaux terminés. Il sera très intéressant de rechercher si elle reparaîtra dans les conduits d’épuisement des eaux du Neuvième Bassin. M. Lionnet fait la communication suivante : NOTES GÉOLOGIQUES ET MINÉRALOGIQUES SUR LA BOURBOULE ET LES ENVIRONS Le seul but que je me propose dans cette note rapide est de fournir à ceux de nos collègues qui pourraient être amenés à visiter la région de la Bourboule et du Mont-Dore, les indications nécessaires pour faciliter et abréger leurs recherches aux points de vue géologique et minéralogique. Je les engage tout d’abord à visiter, en passant à Clermont, le Musée Lecoq : ils y trouveront tous les documents géologiques désirables, relatifs à l'Auvergne, ouvrages spéciaux, coupes, vues RÉSUMÉ DES SÉANCES 9 diverses, fossiles, roches et minéraux. Dans un ouvrage paru récemment : Excursions Géologiques, M. Stanislas Meunier a décrit avec assez de soin l'itinéraire de la région de Clermont, le Puy- de-Dôme et les pics avoisinants, mais il n’y est pas question de la région de la Bourboule et du Mont-Dore. Dans le trajet de Cler- mont à Laqueuille, la dernière station de chemin de fer à laquelle s'arrête le voyageur pour Mont-Dore ét la Bourboule, on trouve plusieurs points fort intéressants à visiter, mais sur lesquels je ne puis non plus, malheureusement, donner aucun renseignement, car je n’y ai pas fait de séjour. J'indiquerai principalement Royat avec ses sources, sa caverne dite ‘‘ du Chien” dont le sol est traversé par des émanations d’acide carbonique ; Volvic, d’où l’on extrait la pierre (Téphrine) dite ‘‘ pierre de Volvic”, emplovée dans le pays pour la construction, et qui ne contribue pas peu, par sa couleur grisâtre ou noirâtre, à augmenter l’aspect désolé du pays ; enfin Pont-Gibaud, où sont des mines de plomb importantes. Letrajet de Laqueuille, station du chemin de fer de Clermont à Tulle, jusqu’à la Bourboule, s’accomplit par voiture en deux heures environ. La route s’enfonce graduellement dans les vallon- nements du sol jusqu'à Saint-Sauves, située à environ à moitié route et où l’on trouve un affleurement de grès rouge reposant sur un micaschiste ; c’est le seul échantillon de cette roche que l’on rencontre dans le Puy-de-Dôme (la Bourboule actuelle), Depuis Saint-Sauves jusqu’à la Bourboule, la route est fré- quemment bordée à gauche par des affleurements de granit qui ne dépassent jamais, paraît-il, la ligne tracée sur la droite par la Dordogne, coulant au fond d’un ravin à la profondeur de 30 ou 40 mètres. Au-delà, on ne rencontre que des roches volcaniques anciennes, Basaltés, Trachytes ou Tufs et Conglomérats trachy- tiques. Le oranit, que nous retrouverons plusieurs fois sur cette route, et dont un affleurement existe au-dessus de l’établissement Choussy, à l'entrée de la Bourboule, est un granit gris blanchître, souvent même jaunâtre ou verdâtre. Le feldspath blanc y domine et s’y présente en gros grains. Le mica est d’un noir verdâtre, le quartz est transparent : c’est le même oranit sur lequel reposent les Monts Dômes et dans lequel est creusée la vallée de la Limagne. Ce granit porte les traces nettement accusées d’une décomposition chimique constante, visible surtout aux abords de la Bourboule, et due sans doute aux émanations gazeuses qui ‘‘ transsudent ” au travers du sol. Aussi les pentes des côteaux sont-elles garnies des 10 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE produits désagrégés de cette roche, principalement le quartz, en grains amorphes de la grosseur d’une lentille ou même d’un pois. Partout où le granit affleure, les routes sont sableuses et le sol des collines, relativement fertile (vraisemblablement par suite de la présence de la potasse provenant de la décomposition du feldspath), est recouvert d’une végétation verdoyante qui tranche avec les parties recouvertes par la roche volcanique essentiellement sili- ceuse (trachyte, etc.). À l’entrée de la ville même de la Bourboule, en venant de Saint-Sauves, on peut signaler, au pied du calvaire, les vestiges d’un affleurement de micaschiste visible dans les joints du granit et dont l’origine ne peut être attribuée qu'avec réserve à une action sédimentaire. C’est au contact de ce granit avec les roches qui lui sont superposées, micaschistes et roches d’éruption, que se rencontrent les sources minérales de la Bourboule à des profondeurs très variées, de 80 à 136 mètres. J'ai déjà eu l'occasion de signaler, dans une note sur les sources de Bagnères-de-Luchon, cette particularité dans le gisement des eaux minérales, au voisinage des granits et des roches sédimen- taires ou adventives. Sur 229 sources minérales connues dans le département du Puy-de-Dôme, 152 proviennent des terrains cristallisés primitifs, 2 des trachytes, 3 des laves et 55 des terrains tertiaires. (La Bourboule actuelle, p. 68). Le granit dont nous venons de parler fait partie du terrain oranitique du plateau central qui est considéré comme une des régions les plus anciennement émergées de notre France. La vallée qui s'étend de la Bourboule au Mont-Dore et jus- qu'au Pic du Sancy (voir la carte d’état-major), est assez générale- ment considérée comme formée par l’égueulement successif des cratères de plusieurs volcans qui avaient primitivement occupé cette région. M. H. Lecoq, auquel il faut toujours revenir quand on s'occupe de l'Auvergne, voit dans le pic du Sancy, le marais de la Dore, la vallée d’Enfer et celle de la Cour, la gorge de Chau- defour, le roc de Cuzeau, les soupiraux des plus anciennes éruptions. ‘Le volcan, d’après M. Ramond, était unique et occu- pait le faite de la chaîne au voisinage du Sancy”. Telle est, également, l'opinion de Ch. Lyell et de Poulett Scrope. C’esr à la fin de la période tertiaire qu’on rapporte l'apparition des volcans de la France centrale. La nature des roches qui constituent toute cette région, quoique souvent fort variée, peut se rapporter à quelques types. Ce sont les Trachytes, les Basaltes et les Laves auxquels ont peut joindre les RÉSUMÉ DES SÉANCES II Tufs et Conglomérats trachytiques et basaltiques et les Trachytes porphyroïdes. La roche dominante sur les pentes qui entourent la Bourboule est presque uniquement constituée par les Tufs et Conglomérats trachytiques dont je soumets ici quelques types. Les tufs sont des roches plus ou moins pulvérulentes qui sont fort peu employées dans la construction. Ils contiennent parfois des Perlites, des Rétinites : nous y reviendrons. Les Conglomérats forment par contre la base des matériaux de presque toutes les maisons de la Bourboule : c’est ici une roche poreuse, empâtant des fragments de bois, de basalte, de ponce, de granit, et d’une couleur jaune terne qui donne à la ville un aspect assez peu enga- geant. On y trouve aussi de la pyrite de fer, de l'or, comme disent les ouvriers. Je crois utile de signaler deux points principaux où l’on peut distinguer les deux roches dont nous venons de parler. Les Tufs trachytiques sont représentés, à la sortie du village de la Bour- boule, du côté de Mont-Dore, par une épaisseur visible d’au moins so mètres d’une roche blanchâtre, poreuse, homogène, dont j'ai le plaisir de présenter un échantillon. Quantau Conglomérat trachy- tique, la carrière qui se trouve dans le sentier direct qui conduit à Murat-Quaire et auquel on accède en passant derrière la station des diligences du chemin de fer, permettra de létudier parfaite- ment. (Août 1881.) Presque toutes les crêtes et la masse des montagnes qui s’étendent au-dessus de la Bourboule, du côté Nord jusqu’à Mont-Dore et au-deh, sont constituées par des Trachytes ou des Basaltes. Je citerai notamment le village de Murat-Quaire, au-dessus de la Bourboule, où l’on peut observer, sur la route de Cler- mont-Ferrand, à la sortie du village même, de magnifiques orgues basaltiques, la Banne d’Ordenche, le Puy-Gros, autant de noms qui sont les équivalents des mots ordinaires « Sommet d’Ordenche, Pic-Gros ». À Murat Quaire, le Basalte est dense et fort lourd, d’un noir brillant, avec des paillettes d’Amphibole hornblende et de Pyroxène : c’est à vrai dire un Basalte, variété dolérite. A la Banne d’Ordenche et au Puy-Gros, la roche est également noire et compacte, mais elle est terne et tachetée de traces ferrugineuses. À moitié route environ de la Bourboule au Mont-Dore, on trouve un Trachyte noir assez compacte, avec cristaux de Feldspath blanc, d’un beau grain, et qui est fort employé pour les _ trottoirs, les dalles, les encoïignures et soubassements de mai- sons, etc., au Mont-Dore, et donne à la ville un aspect lugubre. 12 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE » Il est d’ailleurs assez difficile d'attribuer un caractère unique à ces diverses roches, car elles sont fort variables d'aspect. Tandis qu'à Murat-Quaire j'ai vu des prismes de Basalte compacte, à cassure conchoïde, noir de jais, à soo mètresde là, vers le Mont- Dore, au village de Pessy, se trouve une superbe chaussée basal- tique d’un gris tacheté, schisteux, et employé pour la couverture des maisons : cette chaussée est visible sur au moins 100 mètres de longueur ; les prismes qui la constituent ont de so centimètres à un mètre de diamètre, ils sont rangés avec une admirable symétrie et à découvert sur une hauteur de 4 à $ mètres. Les ouvriers les ont suivis jusqu’à 20 mètres de profondeur, mais les déblais successifs les ont enfouis. On retrouve ce même Easalte de l’autre coté de la Dordogne, vers le sud, au village de Preigneux, dans le val de Fenestre, etc. ; mais on ne le voit pas à découvert et ce n’est que sur quelques points que la roche perce le sol et peut être reconnue. Il serait d’ailleurs inutile d’entrer dans le détail de gisement de ces diverses roches, car on comprend, par la nature même de leur origine, qu’il y a des récurrences et des répétitions fréquentes : j’ai signalé quelques points principaux qui peuvent servir de repères après observation, pour les recherches ultérieures que le touriste géologue pourrait être à même de faire. Il sufhira seulement de rappeler l’ordre de superposition que l’on s'arrête à distinguer assez généralement dans leur apparition : 1° l’Époque plus ancienne des Trachytes; 2° l’époque intermédiaire des Basaltes ; 3° l’époque récente des Laves. J'ajouterai, mais ceci comme constatation personnelle, — car le bouleversement de ces roches, dû à leur origine volcanique, prête à une confusion forcée —, que partout où j'ai rencontré des prismes basaltiques, ces prismes semblent émerger d’un Tufd’aspect généralement ponceux présentant l’aspect de bois percé par une multitude de tarets, chaque cavité, pour compléter l'illusion, étant remplie d’une poudre blanchâtre qui n’est pas autre chose que de la chaux caustique hydratée à son contact avec l’air. C’est surtout dans l'ascension du Pic de Sancy (1982 mètres) que l’on peut recueillir des échantillons variés de Trachyte, depuis le Trachyte compacte grisâtre à grain homogène, à toucher parfois légèrement onctueux, jusqu’au Trachyte porphÿroïde qui forme le sommet du pic lui-même et sur lequel est fixé une croix de fer que la foudre avait abattue lors de notre visite. Le sommet du Sancy est, on le sait, un des points qui ont servi à établir la trigono- rat RÉSUMÉ DES SÉANCES 13 _ métrie de la France. La roche trachytique y est formée « d’une pâte feldspathique celluleuse et rugueuse de couleur grise, blanche ou rougeitre, dans laquelle sont disséminés une foule de cristaux de feldspath (Ryacolithe anorthite) d’Amphibole (Hornblende), de Pyroxène et de Mica ferro-magnesien. Quand les cristaux n’ont pu se souder pendant l'émission, ils sont sortis pulvérulents et c’est sous cette forme qu'ils entrent en forte proportion dans les Tufs et les Conglomérats ». Dans le flanc même du massif du Sancy, entre le Sancy et le val d’Enfer, se trouve une mine d’alunite qui n'était plus exploitée lors de mon passage. » En dehors des minéraux que j’ai eu l’occasion de désigner en passant, je signale deux gisements fort intéressants qu’il serait difiicile de découvrir seul à cause de leur situation. Le premier est un gisement de Perlites qui se trouve dans un Tuf basaltique jaunâtre (Trass) situé à 20 mètres au Nord du village de Pessy, en montant le sentier qui débouche au calvaire situé sur la route de Mont-Dore à Murat. Au bout de quelques instants de recher- ches dans le Trass, on découvrira quelques fragments brillants qui mettent sur la piste des Perlites noires enfumées, enchassées dans leur gangue de silice d’un aspect gélatineux blanc grisûtre. » À Preigneux, à 1 kilomètre de la Bourboule, après avoir traversé le village, on suit le sentier en lacet qui revient en montant vers le plateau de Fenestre, et, à environ 100 pas des dernières chau- mières, dans le talus du sentier constitué par un Tuf trachitique poreux blanchître, il suffira de s’arrêter sur un point où les brous- sailles sont, évidemment avec intention, rabattues sur le talus. En soulevant ces broussailles on découvrira une lentille de Retinite brune, enclavée dans une roche gris-jaunâtre (Tuf trachitique) et visible sur environ 2 mètres de longueur et $0 centimètres d'épaisseur dans la partie centrale. En cherchant dans les déblais on trouvera toujours des fragments détachés. Le mieux est d’ailleurs de s’adresser aux gens du village, qui sont à la piste des touristes, et, munis d’une pioche, les conduisent volontiers vers le gisement de ‘‘ pierre rouge. ” » DURÉE DU PARCOURS D rOnemled SHSauves, En voltire ss. han si Ne Le 3/4 d'heure D -nauves 2 1la Bauiboule;-en/vVoiture ..:..:44:.4:...5:., LÉ (le retour est beaucoup plus long à cause des pentes à gravir.) De Sr-Sauves th Bourboule, 4 pied, 1.....::,4,.07,.102. 1 heure 3/4 14 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE DURÉE DU PARCOURS De la Bourboule à Murat-Quaire, à pied, par la route de la Bourboule à Mont-Dore jusqu’à la bifurcation avec la route du Mont-Dore à Murat (route départementale).......... s:4 | 1 heure 1/2 De la Bourboule à Murat-Quaire, en ligne directe à travers les hérbapes:et les sentiers. , /,..%..4 5.4/0, CES 3/4 d'heure De’la Bourboule à Pessy, même route........:.. 40 3/4 » De la Bourboule à Preigneux, à 1 kilomètre de la Bourboule sur la rive gauche de la Dordogne. ........:..M5 CRE 1 heure De la Bourboule à Fenestre, à 1 kilomètre de la Bourboule sur la rive gauche de la Dordogne... 1 heure De la Bourboule à la Banne d’Ordenche et le Puy-Gros, à pied. s heures De la Bourboule au Mont-Dore, en voiture.................. 1 heure De la Bourboule au Mont-Dore, à pied.................... 1 heure 3/4 Mont-Dore au Pic de Sancy, à cheval ou à pied............. 4 à 5 heures On peut rayonner de Mont-Dore au val d’'Enfer, à la mine d’alumine, au lac de Chambon, à la roche Sanadoire, etc., mais les guides donnent sur ce point des renseignements à profusion. SÉANCE DU 6 MARS 1882 Présidence de M. G. LIONNET, Vice-Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Il est donné connaissance d’une lettre de M. le Ministre de l’Instruction publique annonçant que la Réunion annuelle des Sociétés Savantes aura lieu, à la Sorbonne, au mois d'Avril prochain, et d’une lettre de la Société Géologique du Nord demandant plusieurs numéros du Bulletin, manquant à sa collection. M. l’Archiviste est chargé de répondre à cette dernière lettre. M. Beaugrand fait connaître qu’il a commencé des études sur les Diatomces fossiles du Corallien et des grès siliceux du Gault; il entre dans quelques explications sur sa manière de procéder et les précautions dont il s’entoure pour donner à ses recherches toutes les garanties désirables d’exactitude. M. Lionnet donne lecture de quelques pages du travail de notre collègue M. G. Dollfus sur ‘* la Nomenclature des Étres organisés ” et fait ressortir tout l'intérêt qu'offre ce travail et la somme de recherches qu’il représente. RÉSUMÉ DES SÉANCES 15 SÉANCE DU 8 MAI 1882 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. MM. Lennier et Lionnet présentent comme membre corres- pondant, M. Elie Gauguet, éditeur, 36, rue de Seine, à Paris. M. Lennier rend compte de l’excursion qu’il vient de faire à Tancarville, où il a pu examiner les couches inférieures de la craie mises à découvert par les travaux du Canal de Tancarville. Les fouilles, poussées jusqu’à 6 mètres, ont entamé les bancs jaunes avec gros silex du Cénomanien supérieur. La surface de la craie qui formait autrefois le sol sous-marin avant le dépôt des alluvions, est couverte de Balanes encore adhérentes à la roche. On y remarque aussi des espaces circu- laires indiquant les endroits qu’affectionnaient les Patelles. La présence à Tancarville de ces deux espèces qui ne se trouvent plus maintenant au-delà de la pointe du Hoc, sur la rive nord de la baie et d'Honfleur sur la rive sud, indique que la faune marine remontait autrefois beaucoup plus avant dans l'estuaire. M. Lionnet fait connaître que lors de l’excursion faite pendant la semaine de Pâques par les élèves de la Sorbonne, un des élèves a recueilli, à Igneauval, une hache en silex poli. M. Lionnet à exploré depuis tous les champs environnants, mais sans succès. Cette découverte néanmoins mékite d’être signalée. M. Lionnet annonce 4 la Société la mort du savant naturaliste anglais Darwin. Il rappelle en quelques mots l’œuvre considérable de ce savant, principalement ses ouvrages sur la Sélection natu- relle et termine par ces paroles, auxquelles la Société s’associe : « Je ne puis analyser ici l’œuvre de Darwin. Je tenais seule- » ment à laisser dans les procès-verbaux de nos séances la trace » de nos regrets. La perte de Darwin doit être ressentie par » quiconque s'intéresse à la science et à l’humanité. » La Société décide ensuite de profiter des fêtes de la Pentecôte pour diriger, dans le département du Calvados, une course per- LA mettant d'étudier les terrains jurassiques inférieurs. L 16 SOCIËÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE SÉANCE DU 3 JUILLET 1882 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Gauguet, présenté à la dernière séance, est admis. Il est donné connaissance d’une circulaire du Ministre de : PInstruction publique réglant les conditions moyennant lesquelles la franchise postale peut être accordée aux publications échangées entre les Sociétés savantes. Cette circulaire est renvoyée à M. l’Archiviste, qui fera l’envoi de notre Bulletin, conformément aux règles qui y sont posées. L'ordre du jour appelle la discussion d’une proposition pour changer le jour des séances. M. le Président expose qu’un certain nombre de Sociétaires se trouvent, vu leurs occupations, le plus souvent empêchés d’assister aux séances du lundi. Il propose de fixer un autre jour, soit le mercredi ou tout autre jour que la Société jugera plus convenable. Après discussion, il est reconnu que le mercredi est le jour offrant le plus de facilité pour nos réunions, et l'assemblée décide, à l’unanimité que les séances auront lieu désormais le premier mercredi de chaque mois. Cette décision sera communiquée aux membres absents dans la forme ordinaire. M. Beaugrand fait la communication suivante : LE CENOMANIEN DE VILLERS-SUR-MER « Messieurs, » Permettez-moi d'attirer votre attention sur un niveau fossili- fère, bien connu de vous tous, quoique un peu délaissé peut-être, j'ai nommé le Cénomanien de Villers-sur-Mer. » Cet étage, très intéressant, est, il est vrai, d’un accès difhcile, et, faut-il le dire ? les argiles oxfordiennes qui sont au-dessous lui font, auprès du collectionneur, une redoutable concurrence ; on abandonne malgré soi ce Cénomanien si riche et si étendu ailleurs, espérant rencontrer à chaque pas, dans les argiles oxfordiennes, un débris de saurien, de crustacé, ou tout au moins un échinide nouveau, rencontres malheureusement très problèmatiques. RÉSUMÉ DES SÉANCES 17 » Malgré cela, peut-être même un peu à cause de cela, les Glau- conies de Villers contiennent et gardent un assez grand nombre de fossiles. Le facies des roches n’est point d’ailleurs absolument semblable à celui de nos falaises; tandis qu’à la Hève les roches glauconieuses présentent une composition assez homogène, le Cénomanien de Villers peut, je crois, être ainsi défini : « glauco- nies sableuses traversées par de nombreuses veines siliceuses irrégulières. » » La faune est aussi un peu différente, au moins en ce sens, que certaines espèces assez rares à la Hève sont très communes à Villers, et réciproquement. Voici du reste la liste des espèces les plus communes à Villers; cette liste permettra, je l’espère, à plus d’un géologue de combler quelques lacunes dans les séries de sa collection. » Les Echinodermes sont très nombreux et souvent d’une très belle conservation, citons: Hemiaster Bufo, Catopygus columbarius, Cidaris vesiculosa, Pseudodiadema pseudoornatum, Salenia petalifera, Cottaldia granulosa. » Parmi les Brachiopodes : Rhynchonella Cuviert, Terebratula bipli- cata (ces dernières très nombreuses et en général de grande taille). » Gasteropodes : dentalium. » Acéphales : Ostrea conica, Pecten asber, Janira (quinquecostata, novemcostata, æquicostata), Cardites ? » Mon intention n’est pas de dresser une liste de toutes les espèces que l’on peut trouver à Villers, il faudrait rééditer celle de presque toutes les espèces Cénomaniennes, et mon travail devien- drait par là même inutile. J’ai voulu simplement indiquer les principales, et en même temps apporter quelques paroles conso- lantes aux géologues, plus nombreux chaque jour, auxquels la falaise oxfordienne de Villers et de Dives ne donne que peu ou point d’espèces nouvelles. » M. Savalle pense que les différences signalées dans cette note entre le Cénomanien de Villers et celui de la Hève sont toutes locales et ne se trouvent plus à Octeville, où le faciès des couches est le même qu’à Villers. M. Lennier fait remarquer qu’en effet tandis que le Cénomanien inférieur est formé à la Hève par des Glauconies sableuses, à Villers, de même qu’à Fécamp, le faciès gréseux prédomine et rappelle les couches du Mans. Vers Pont-Audemer et Livarot, les dépôts sont semblables à ceux de la Hève, tandis qu’à Rouen ils sont différents. 18 SOCIÈTÉ GÉULOGIQUE DE NORMANDIE Les couches de la Hève paraissent représenter un dépôt central, où, soit sous L'influence de courants, soit à cause de la profondeur plus grande, les sédiments plus fins se sont déposés, tandis que Fécamp et Villers représenteraient des dépôts littoraux ou moins profonds. M. Prudhomme annonce que dans une excursion à Gonneville il a reconnu, dans le limon des plateaux, exploité sur ce point pour une Briqueterie, la ligne de cailloux légèrement roulés qu'il avait déjà observée dans le limon aux environs du Havre. M. Savalle donne lecture de la note suivante : NOTE SUR UN GISEMENT DE ‘CARDIUM EDULE” A BÉNERVILLE « Nous avions remarqué, l’année dernière, M. Prudhomme et moi, dans une excursion à Bénerville, un gisement de Cardium edule (Lamarck), situé à quelques pas de la vieille église, au bord de la route de Trouville à Villers, le long d’un chemin de vide qui part de la route et mène sur la butte. Une carrière venait d’être ouverte à cet endroit dans le corallien, et un grand nombre d'échantillons étaient encore en place ou étaient épars sur le sol de la carrière. | » En allant à Villers, je me suis arrêté hier pour revoir ce gisement, épais seulement de dix à vingt centimètres sur une longueur de cinquante mètres environ, et j’ai recueilli en quelques minutes, les espèces suivantes, Lamellibranches et Gastéropodes, que je viens vous soumettre : Cardium edule, Mactra stuliorum, Donax anatina, Mitylus edulis, Littorina littorea, Nassa reticulata. » À l’examen des Cardium, bien conservés, identiques aux types que nous pouvons nous procurer en ce moment au Havre, dans les fouilles du Neuvième Bassin et aussi au bord de la mer, sous la Villa des Falaises, on pourrait croire qu’on est en présence d’un dépôt puisqu'il est facile d’avoir des échantillons avec leurs deux valves, si l'altitude du gisement n’indiquait qu’il s’agit peut- être simplement ici de débris de coquillages ayant servi d'aliments à l'homme. » Je dois ajouter qu'à ce même niveau, séparé du gazon par quelques centimètres seulement, j'ai aperçu des hélices (helix nemoralis), dont la coloration est altérée et aussi des fragments d'ossements humains, un cimetière Mérovingien ayant existé à cet emplacement. Une auge avait même été mise à jour par les RÉSUMÉ DES SÉANCES 19 ouvriers, mais brisée en plusieurs fragments dont un est resté dans la carrière et dont un autre, grossièrement retaillé, a été jeté en travers de la rigole de la route et sert de marche pour pénétrer dans le cimetière de Bénerville. » M. le Président annonce que la Commission d'hygiène réunie par l'Administration Municipale a terminé ses travaux. Il rappelle que la Société Géologique de Normandie était représentée dans cette Commission par son Président et son Vice-Président. II ajoute que la connaissance de la composition Géologique du sol du Havre a été d’un puissant secours pour l’examen des questions soumises à la Commission, aussi engage-t-il vivement la Société à profiter de l’exécution des grands travaux projetés pour se livrer à l'étude approfondie du sol de notre cité, cette étude étant d’une grande importance, sous les points de vue, sanitaire, industriel, ou pûrement scientifique. SÉANCE DU 9 AOÛT 1882 Présidence de M. G. LENNIER À Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. MM. G. Lennier et F. Prudhomme présentent comme Membre actif résidant, M. Ernest Odinet. MM. A. Lécureur et l'abbé Deshayes présentent comme Membre correspondant, M. Homo, pharmacien à Pont-Audemer. M. Beaugrand fait le récit d’une excursion aux environs de Bou- logne-sur-Mer, pendant laquelle il a pu, avec MM. Ch. Lemesle, Sauvage et Rigaux, examiner les couches Devoniennes et Batho- niennes. M. Savalle à revu et exploré à Bénerville Le dépôt de coquilles dont il a parlé à la séance précédente, et l’examen auquel il s’est livré le conduit à penser que ce dépôt est bien réellement formé de débris de cuisine. M. Savalle, en outre, a recueilli, sur la butte même de Béner- ville, aux alentours de ce dépôt, un certain nombre de silex qui lui paraissent présenter tousles caractères d’une taille intentionelle. Ces silex, examinés par les membres présents, paraissent en effet, pour la plupart, présenter des traces de retailles. M. Savalle est vivement engagé à continuer ces recherches. 20 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE M. Lennier dit que, dans une excursion qu'il a faite récemment dans le département de la Manche, il a pu explorer, aux envi- rons de Montmartin-sur-Mer, des couches siluriennes inférieures aux couches de May. Il a pu aussi visiter le curieux retranchement préhistorique de Higue-Dicke. M. Beaugrand annonce que notre collègue M. Durand a trouvé, sous les Brindes, dans les calcaires coquilliers de l’étage Kimmé- ridgien, une tête de Saurien. M. Lécureur rappelle à l’assemblée la distinction si méritée dont notre cher Président vient d’être l’objet. Il est persuadé d’être l'interprète de la Société toute entière en offrant à M. Lennier ses vives félicitations. Ces paroles sont vivement approuvées par les Membres présents qui joignent leurs félicitations à celles de M. Lécureur. SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1882 Présidence de M. G. LIONNET, Vice-Président Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. MM. Odinet et Homo, présentés à la dernière séance, sont admis. MM. Ch. Beaugrand et F. Prudhomme présentent, comme Membre actif résidant, M. Ernest Collet, vérificateur des Douanes. M. Savalle fait la communication suivante : NOTE SUR DES SILEX TAILLES, DE LA PÉRIODE NÉOLITHIQUE, TROUVÉS A OCTEVILLE, HAMEAU DU Tor. « Messieurs, » Le 24 Août dernier, en traversant un champ, à Octeville, hameau du Tot, je fus frappé de la grande quantité de silex et de cailloux que le vent et les averses avaient mis à nu. Le sol avait été littéralement crible par la tempête, la récolte de betteraves déchaussée, anéantie; le sable, sur une épaisseur de 10 centimètres, s'était envolé. Grâce à des circonstances si favorables, j'avais, en moins d’une heure, ramassé une vingtaine de bons échantillons RÉSUMÉ DES SÉANCES 21 de pierre taillée; deux autres visites faites-depuis, ont été aussi fructueuses, et je puis, dès aujourd’hui, vous soumettre environ quatre-vingts spécimens de la période néolithique, tant pièces achevées et intactes que fragments ou éclats non douteux. En voici la nomenclature : 6 éclateurs, 8 grattoirs, $ couteaux, 4 ci- seaux, I percuteur, 1 pointe de flèche {avariée), $ forets ou poinçons, 4 nuclei, 6 pointes, 2 spécimens indéterminés, $0 à 60 fragments ou éclats. » Vous remarquerez, Messieurs, que toutes ces pièces sont taillées sur une seule face, et qu'aucune d’elles ne porte trace de polissage. Je n’ai pas encore, en effet, trouvé de hachette polie. » Les outils éclateurs sont tous très beaux, ainsi que les grat- toirs, finement retouchés. » Je doute que je réussisse à ramasser des couteaux intacts, le sol étant très meuble, souvent traversé et piétiné par les ouvriers d’un four à chaux voisin; les meilleurs spécimens risquant enfin ’être depuis longtemps cassés par la charrue ou le sabot des chevaux. Pourtant, j'en ai un entier, long de six centimètres, particulièrement conservé. » Les éclats, petits et grands, ont tous le bulbe de percussion très net, la patine très brillante, la tranche très vive; ils sont comme tout neufs. » La beauté des nuclei, en silex bleuâtre ou blond, est tout à fait remarquable. Le grand nombre d’éclats trouvés en si peu de temps dans un champ de médiocre étendue, leur bel état de conservation, la quantité, déjà assez importante, de pièces complètes, intactes, la qualité, la finesse du travail, tout me porte à croire que nous sommes en présence d'un atelier de l’époque néolithique, dont les labours profonds de l’automne et du printemps prochains nous révèleront la richesse. Soyez assurès, Messieurs, que je ferai, cet hiver, de fréquentes visites à cette station, dans l’espoir de trouver des polissoirs et des hachettes polies. » En même temps que ces silex provenant du Tot, je présente à la Société plusieurs grattoirs trouvés à Sainte-Adresse, au Stand; a Bléville, à la mare Gardin; à Cauville, plaine de Villequier; à Bénerville, et un percuteur trouvé à la sente Andrieux, hameau voisin du Tot, à Octeville. » Tels sont les résultats de mes recherches concernant la pierre de l’époque néolithique, depuis notre dernière réunion. » Avant de clore cette note, j’ajouterai qu’un ouvrier brique- 22 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE tier de Bléville, amateur et chercheur de silex de la période paléolithique, n’a confié dix celts que je vous soumets, celts recueillis, m’a-t-il afhrmé, à quatre mètres de profondeur dans une briqueterie sise à Graville-Sainte-Honorine. Je préciserai, une autre fois, quand j’aurai été le reconnaître, le niveau exact du gisement. Ces silex, taillés à grands éclats, sont de la même famille, du même type que ceux que j'ai présentés à la Société il y a deux ans {séance du 6 Décembre 1880). Ces dix échantillons, choisis, bien entendu, parmi les plus beaux qu’il possède, sont tout simplement admirables. Une hache en silex noir, une pointe de lance et une hache en silex blond sont des pièces merveilleuses comme dimension et comme hardiesse de travail. » M. Lionnet, tout en reconnaissant, sur les silex présentés par M. Savalle, les marques d’une taille intentionnelle, n’admet pas sans quelques restrictions l'ancienneté préhistorique de cette taille. M. Beaugrand fait de son côté quelques réserves relativement à la provenance locale de quelques-uns de ces silex, lesquels ont été cédés à M. Savalle et non trouvés par lui. Ces silex, par certains détails de leur coloration, paraissent à M. Beaugrand se rapprocher beaucoup plus de ceux du Boulonnais que des silex observés dans le pays de Caux. SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1882 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la derniège séance est lu et adopté. M. Ernest Collet, présenté à la dernière séance par MM. Ch. Beaugrand et F. Prudhomme est admis. | M. Lécureur offre à la Société un volume de M. Chevremont: Les mouvements du sol sur les côtes occidentales de France et particulié- rement dans le golfe Normanno-Breton et lit un compte-rendu de cet ouvrage. Suivant M. Chevremont, le soi tendrait à s’affaisser sur la côte ouest de France, les baies de Dol deviennent de jour en jour plus larges et plus profondes. Ce mouvement s’accentuant, dans un certain nombre de siècles, les plaines de Normandie seront elles- mêmes submergées. RÉSUMÉ DES SÉANCES 23 Ces conclusions sont vivement discutées. M. Lennier fait observer que dans ces questions d’affaissement du sol il faut tenir compte avec grand soin des obstacles que la configuration des côtes présente à l’action des marées et qui font que le niveau des hautes mers varie suivant les localités. M. Beaugrand présente une série de silex taillés recueillis par lui entre Saint-Jean-de-Folleville et Radicatel, au lieu dit : e Camp des Tuillots. M. Beaugrand a constaté, en outre, à cet endroit, la présence d’un mur romain, qui, à cause de son étendue ne devait pas appartenir à une villa, ainsi qu’il a été écrit, mais à une forti- fication. De l’autre côté de la vallée, à Grandcamp, les archéologues ont reconnu l'existence de murs semblables. A l’époque Romaine, Lillebonne aurait donc été protégé, à l’ouest, par le camp des Tuillots; à l’est, par le grand camp; au nord, par un castellum dont on a depuis steps reconnu les ruines auprès du château d'Harcourt. M. Lécureur insiste sur l'intérêt que présente cette découverte. Nous ne savons rien sur Lillebonne en tant que ville romaine, et les trois monuments qu’elle nous a livrés (le irque, la mosaïque et les thermes) prouvent qu’il y avait là une cité très vaste et très florissante. Toute recherche faite dans ce sens ne peut Es manquer de donner de très importants résultats. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1882 Présidence de M. G. LIONNET, Vice-Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Il est donné connaissance d’une lettre de M. le Préfet de la Seine-Inférieure annonçant que le Conseil général a bien voulu renouveler à la Société, pour l’année 1883, sa subvention de F. 300. M. Bucaille présente à la Société une série de silex trouvés à Saint-Wandrille, à la base du limon sur l'argile à silex. M. Bucaille annonce en même temps qu’il a, dernièrement, de concert avec M. Biochet, reconnu au Trait l’existence d’une ancienne terrasse quaternaire. Il y a recueilli, avec des coquilles 24 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE terrestres et fluviatiles, des ossements d’Elephas primigenius, de rhinocéros, de bœuf, etc. Le même membre annonce que notre collèoue, M. Homo, a observé, à Pont-Audemer, une couche de craie blanche sableuse, renfermant d'innombrables débris d’oursins. D’après ces indices, notre collègue pense que c’est là un dépôt de rivage. M. Bucaille annonce aussi que M. Couvet, instituteur à Condé- sur-Risle,-a découvert, dans cette commune, un affleurement d'argile du Gault. M. Bucaille présente ensuite et décrit en quelques mots 3 espèces nouvelles d’Ammonites du Cénomanien de Rouen. Il présente en même temps 3 Térébratules qu’il considère aussi comme nouvelles. M. Savalle présente quelques silex taillés trouvés à Bléville, quartier de la Mare-Rouge, parmi lesquels une splendide tête de flèche. SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1882 Présidence de M. G. LIONNET, Vice-Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Il est donné communication d’une lettre de notre collègue M. Bizet, annonçant qu'il s’occupe d’un travail sur la craie du Perche. M. Savalle tait les deux communications suivantes : NOTE SUR L'ÉTAT DES FALAISES, DU HAVRE A CAUVILLE, PENDANT LES ANNÉES 1881-1882 « Messieurs, » Si je n'ai pas donné à la Société de compte-rendu de l’état de nos Falaises pendant le courant de l’année 1881, c’est parce qu’il n’y avait pas eu d’éboulements notables, parce que l'hiver de 1880-1881 n'avait pas détérioré les valeuses au point de ren- dre leur réfection impossible ni même difficile, parce que très peu de blocs étaient éboulés nouvellement et qu’il n’y avait pas, par conséquent, lieu d'attirer sérieusement votre attention de ce côté. RÉSUMÉ DES SÉANCES 25 » Mais, depuis le mois d’Août dernier, une série de très violents coups de vent, accompagnés d’averses, a désagrégé les éboulis, entamé partout les basses Falaises, fait disparaître même presque complètement celles-ci dans plusieurs endroits. Si l'hiver, à son tour, vient aggraver encore les ravages, les dégâts de l’automne, et cette éventualité est très probable, c’est-à-dire si les pluies continuent à être abondantes et les coups de vent fréquents, il y aura à appréhender d'importants éboulements de la Falaise même, surtout à partir de la pointe des Phares, à Sainte-Adresse, jusqu’à la valeuse des nouvaux signaux à Octeville, et sous Heuqueville où de nombreuses crevasses traversent en haut le chemin suivi par les douaniers. Sous Octeville même, ce sont les basses falaises qui travaillent déjà, surtout à la rue d’Ecqueville. À ce dernier endroit, au bord de la mer, la roche Kimméridgienne qui supporte les éboulis a été entamée par les dernières tempêtes sur une pro- fondeur d’au moins trois mètres; la mer a avancé d’autant son domaine, et j'ai recueilli, là, lors de la dernière excursion que jy ai faite, une vingtaine de bons Apiychus, une vertèbre d’Zchthyosaure et une dent de Polyptychodon. : » La zone du balancement des mers offre, en ce moment, un aspect sur lequel j'appelle votre attention. Depuis quelques années, je vous signalais la présence constante de quantités consi- dérables de sables et de galets recouvrant les argiles du Kimme- ridge, depuis le Havre jusqu’à Cauville. Or, la percussion des vagues et le courant de flot les ont déplacés au point qu'à Cauville les silex des argiles tertiaires si 1bondants en avant du grand éboulement de 1879, sont arrivés déjà sous la rue d'Eque- ville ; ce sont des galets et des graviers venus d'Heuqueville qui les remplacent. Cette marche, si rapide, des sables et des galets vers le Havre, doit nous causer quelque inquiétude. Jusqu'où ira remonter dans l’estuaire de la Seine, une fois les jetées de notre port franchies, cette masse effroyable d’apports nouveaux qui se calculent par milliers de tonnes ? D’un autre côté, ces amas consi- dérables de galets démolissent chaque jour les basses falaises et menacent la falaise elle même. » 26 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE NOTE SUR UNE STATION NÉOLITHIQUE, DÉCOUVERTE A CAUVILLE, DANS LA PLAINE DE VILLEQUIER « Messieurs, » A la dernière séance, je vous ai soumis plusieurs échantillons de silex taillés trouvés à Bléville, lesuns Paléolithiques, provenant de la briqueterie de M. Thirel, quartier de la Jambe-de-Bois, parmi lequels vous avez surtout admiré deux grandes haches et deux épieux, et les autres, Néolithiques, recueillis dans un champ portant sur la carte du service vicinal de l’arrondissement du Havre la désignation de ‘‘à la Fougère”, parmi lesquels figuraient une superbe pointe de flèche et deux perçoirs. » En continuant mes recherches, j'ai recueilli, entre autres objets, la moitié d’une hachette aux anciens signaux de Bléville, et plusieurs bons types d'outils éclateurs et de grattoirs à Rogerville. » Pendant que j'étais à Rogerville, un ouvrier, que j'ai associé à mes excursions, Alphonse Badais, découvrait le même jour (12 Novembre dernier), en suivant mes indications, à Cauville, dans une pépinière de colza dévastée par l’ouragan, une nouvelle station Néolithique, où il ramassait, par une pluie battante, environ quarante bons spécimens, percuteurs, éclateurs, grattoirs et deux pointes de flèche. Le 19, je suis allé, avec lui, reconnaître l'emplacement situé dans la plaine de Villequier, entre l’église et la falaise, à droite du chemin de vide. Nous y avons recueilli chacun une vingtaine de pièces, parmi lesquelles les éclateurs dominent. Vous avez, sous les yeux, un carton garni de mes trouvailles faites lors de cette visite : deux pointes de lance et un poinçon attireront, je crois, votre attention par leur travail et leurs dimensions. | » Le 27, j'ai été favorisé d’une manière exceptionnelle puisque j'ai rapporté environ deux cents pièces, entre autres plusieurs pointes de flèches, la moitié d’une hache. Enfin, dimanche dernier, après avoir reconnu à Saint-fouin deux quartiers, l’un à quelques pas du village et l’autre au bord de la falaise, endroits où j'ai constaté la présence d’éclats et de grattoirs, et que je surveillerai dorénavant, nous sommes, mon fils Gaston et moi, revenus, malgré pluie et vent, à la plaine de Villequier, où nous avons trouvé une dizaine d’éclateurs, des grattoirs, des poinçons, des pointes, des lames, et surtout trois belles pointes de flèche, dont deux ramassées par moi et la troisième par Gaston. RÉSUMÉ DES SÉANCES 27 » Ces résultats, si encourageants, ont été obtenus, il est vrai, au prix de fatigues sérieuses ; mais je suis loin de me plaindre du mauvais temps que j'ai dû essuyer, car vous voyez que j'ai été amplement récompensé. » M. Noury présente une magnifique tête de flèche en silex finement retaillée, et trouvée parmi les Phosphares de Chaux de la Caroline du Sud, importés au Havre. M. Prudhomme fait la communication suivante : pe 4 e PR A nv mar v- ll NOTE SUR LA PosiTrioN pu Cap DE LA HEÈVE DANS LES ‘TEMPS cu. RES HISTORIQUES ne de On sait que lestuaire de la Seine, en outre des bancs mobiles formés par les alluvions, renferme aussi plusieurs bancs fixes constitués par des argiles dures. M. Lennier, dans ses Etudes Géologiques et Paléontologiques Sur l'Embouchure de la Seine à établi que ces bancs, de même que les couches de même nature du Cap de la Hève, formaient les sommets d’ondulations des argiles Kimméridgiennes entre lesquelles coulent les eaux de la Seine. Deux de ces bancs, ceux d’Amfar et du Rattier, parallèles entre eux, partagent l'estuaire en trois parties à peu près d’égale largeur. Le troisième, le banc de l’Eclat, plus à l'Ouest que ceux-ci et plus rapproché de la côte, forme la ceinture extérieure de la petite rade du Havre. Le prolongement au Moyen-Age de la falaise du Cap de la Hève jusque sur l’emplacement actuel du banc de l’Eclat et l’existence, sur ou près de ce banc, de l’ancienne Eglise du Chef de Caux, sont des faits généralement affirmés par les historiens Havrais. Cependant, si le fait géologique de l’ancienne existence sur ce point des couches crétacées peut être considéré comme certain, je crois qu'il faut en reculer considérablement l’époque, et que la ligne de côte n’a pas rétrogradé depuis les temps historiques autant qu’on est généralement porté à l’admettre. Remarquons d’abord que les auteurs qui ont parlé de l’ancienne position du Chef de Caux se sont en général contentés de répéter l'affirmation de leurs devanciers, et qu'aucun document certain n’a été produit à l'appui de leurs dires. | Notre plus ancien chroniqueur Havrais, de Marceilles, plus 28 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE préoccupé de noter les évènements au jour le jour que de décrire ou d'observer les phénomènes naturels, ne dit rien qui puisse nous’ fixer sur l’état ou la position du rivage à son époque. Dubocage de Bléville, à qui nous devons d’intéressantes et sérieuses obser- vations géologiques, ne paraît pas s’être occupé des falaises dont il a dû cependant connaître les éboulements. La première indication que nous connaissions date de 1667 : dans une histoire manuscrite conservée à la bibliothèque du Havre, et citée par F. de Coninck (1), G. de Nipiville dit : « Il est certain » que depuis que la ville est bâtie, la côte n’a point changé, que » lEclat était abimé comme :il est, et que les rades étaient » couvertes des mêmes bancs que nous remarquons encore » aujourd’hui, mais on s’aperçoit bien que |: pointe de la Hève » est raccourcie de plus de 200 pas. » Pleuvry, en exposant ses théories sur la formation de la plaine d’alluvions sur laquelle est bâti le Havre, émet le premier l’idée que le Cap s’étendait autrefois jusqu’à l’Eclat. La forme dubitative qu’il emploie montre bien que ce n’était chez lui qu’une opinion à l’appui de laquelle il ne connaissait aucun fait certain ni même aucune tradition. « Il n’est pas même hors de vraisem- » blance, dit-il, que le promontoire du Chef de Caux, autrement » appelé la Hève, ne s’étendit autrefois, dans des temps dont il » n’est pas possible de marquer l’éloignement, jusqu’au banc de » lPEclat, au-dessus de la petite rade. Ce banc de roche aurait » été la base du promontoire, et l’agitation des flots, qui auraient » battu continuellement cette pointe énorme, l’aura tellement » ruinée dans les endroits où elle s’écartait de la chaîne des côtes » (ce qui fait de longueur environ une demi-lieue, où elle aurait » eu moins de résistance), qu’elle l’aura entièrement détruite. Ce » que je conjecture est d’autant plus probable, que l’on sait que » ce promontoire a beaucoup perdu depuis un siècle, que j'ai vu » moi-même tomber de la hauteur des morceaux immenses, et » qu'il y a encore des fentes prodigieuses (2) prêtes à s'éclater. » Lamblardie, plus affirmatif, fixe des dates, et parle le premier de l'Eglise et de son ancien emplacement : « Il y a 700 ans environ » (1789) que l'Eglise paroissiale de Sainte-Adresse était sur le banc (1) Le Havre, son passé, son présent et son avenir, 1869, p. 22. (2, Histoire antiquités et description de la Ville et du Port du Havre, 1765, P. 4. RÉSUMÉ DES SÉANCES 29 » de l’Eclat, à 700 toises environ du Cap de la Hève; c’est un » fait que d’ancicns titres ne permettent point de révoquer en » doute. (1) » Puis, se basant sur cette distance de 700 toises pour 700 ans, et rappelant le passage ci-dessus cité de Nipiville qui concorde avec son calcul, il évalue à une toise par an la dégradation des falaises. (2). Il n’est pas inutile d'observer que le texte de Nipiville : « On » s'aperçoit bien que la pointe de la Hève est raccourcie de plus » de 200 pas », peut s'entendre de la pointe terminale du sommet de la falaise, raccourcie par des éboulements, aussi bien, sinon mieux que de la pointe du rivage pour laquelle des points de com- paraison sont moins faciles à saisir. Il aurait été difhcile, en effet, de s’apercevoir d’une rétrogradation du rivage tandis qu’il était facile d'évaluer à la suite d’un éboulement la quantité de terres tombées. Il est bon aussi de rappeler, au sujet des calculs de Lamblardie, qu'admettant, pour la destruction du Cap, une moyenne de une toise par an, il prédisait la chute à bref délai des deux phares et mème la séparation du Havre d’avec la côte. Un siècle s’est écoulé, et les phares, quoique menacés, sont encore debout. Au reste, on peut remarquer qu'à mesure que le régime littoral est mieux connu, les auteurs qui ont écrit sur ce sujet ont successivement diminué lévaluation des érosions de nos falaises : Lamblardie les évaluait à un pied au minimum par an. J.-J. Baude à 600 mètres depuis l’ère chrétienne, soit 30 centimètres par an en mo- yenne (3). M. Lennier ne les évalue qu’à 20 à 25 centimètres dans les années où les éboulements sont importants, ce qui donne une moyenne générale encore inférieure. On pourrait objecter, cependant, qu’en raison de la nature des couches, moins résistante à la Hève, où les étages inférieurs de la craie forment la base de la falaise, les éboulements y sont plus considérables et plus fréquents qu’à Antifer et Etretat où les masses compactes de la craie marneuse et de la craie blanche constituent toute la falaise de la base au sommet, et que, par conséquent les moyennes ci-dessus établies pour toute la côte ne sauraient être appliquées à la Hève seule. Celà peut être vrai, si l’on considère l’érosion du sommet des falaises, mais si l’on consi- (1) Mémoire sur les côtes de la Haute-Normandie, 1789, p. 31. (2) Ibidem, p. 38. (3) La Seine Maritime, Revue des Deux-Mondes, 1859. 30 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE dère seulement la ligne de rivage, il n’en est plus de même, car celle-ci, formée à la Hève par les argiles Kimméridgiennes, y est aussi résistante qu’à Antifer. Si la falaise supérieure s’éboule plus à la Hève qu'ailleurs, elle y forme une basse falaise dont la des- truction est beaucoup plus lente et l'écart entre la ligne de rivage et la falaise supérieure représente justement l’excédant de destruc- tion de celle-ci. Les auteurs postérieurs, Pinel, Labutte, Morlent etc., n’ont fait que répèter ou paraphraser Lamblardie, je crois inutile de les citer ici. Je rappellerai seulement le passage suivant de l’abbé Cochet, très pittoresque, mais où la fantaisie a le tort de tenir la place de la réalité : « De vieux pècheurs racontent que sur le » banc de lEclat, à plus de 800 mètres de la plage, ils voient, » dans les grandes marées, les fondements de cette Eglise de Saint- » Denis que la mer, dans un jour de fureur, sépara violemment du » Cap de la Hève. (1) » Dans les débats auxquels les projets pour l’agrandissement du port viennent de donner lieu, nous avons bien vu afhrmer que, lors de la création du Havre, le Cap de la Hève s’avançait jusqu’au banc de l’Eclat. Cette affirmation se trouve réfutée par ce qui précède. De toutes ces citations, il n’y a donc à relever, comme témoi- gnage sérieux, que le passage de Lamblardie : « D’anciens titres prouvent qu’en 1100 l'Eglise de Sainte-Adresse était sur l’Eclat. » Le seul titre que nous connaissions est celui cité par Freville (2) et relatif à l'amortissement d’une pièce de terre donnée par Robert de Noirepel, en 1378, à la paroisse pour la réedification de l'Eglise. Cette pièce porte que : « Par la fortune et force de la mer, » Ja terre sur laquelle séoit l'Eglise parrochiale avec le cimetière » de la dite Ville (de Chef de Caux) a été tellement gastée que la » dite Eglise est cheue en icelle mer, et que la place là ou iceulx » cimetière et Eglise souloient être regorge aucunes fois l’eaue de » la dite mer. » Le nouvel emplacement amorti par cet acte est connu. C’est celui de l'Eglise que nous venons de voir démolir (3). Si l’an- cienne Eglise « cheue en mer » avait été alors sur le banc de l’Eclat, (1) Les Eglises de l’arrondissement du Havre, Tome I, p. 51. (2) Histoire du Commerce Maritime de Rouen, Tomell, Preuves, Pièce XL. (3) Cochet, les Eglises de l'arrondissement du Havre, Tome [, p. 50. RÉSUMÉ DES SÉANCES 31 étant donnée la lenteur relative du recul de la côte, il n’est guère probable qu’on eût transporté la nouvelle Eglise, pour l’usage d’une population de pêcheurs fixée au bord de la mer, à une demi- lieue de celle-ci; d’un autre côté, cet évènement s’est produit en 1378. Lamblardie n’indique pas la date de destruction de l’Eglise qu’il dit avoir été sur l’Eclat, mais il ressort implicitement de son texte que cette destruction n’a pas dû être de beaucoup postérieure à 1100. Faut-il en conclure qu'entre 1100 et 1378 il y aurait eu une première destruction ? Toussaint Duplessis nous apprend {7} qu’au milieu du XIII siècle, l'Archevèque de Rouen conférait de plein droit à la cure du Chef de Caux; il cite deux procès en 1338 et 1342, entre l’Archevêque, le seigneur de Graville et celui de Vitanval pour le patronage de cette paroisse, tous deux terminés à l’avantage de lArchevêque par sentence du Bailli de Caux. Cependant nous voyons, d’aprèsle même auteur, que posté- rieurement ce patronage appartient au seigneur de Vitanval, notamment en 1544 et 1580. On serait en droit de supposer qu’à la suite du don fait, en 1378, par ce seigneur, d’un terrain pour réédifier l'Eglise, il ait acquis ce droit de patronage qu’on lui refusait auparavant. Ce qui permettrait de conclure qu’il n’y avait pas eu antérieurement une première destruction. L'abbé Cochet dit que de vieux pêcheurs ont vu des ruines sur le banc. Je n’ai pas besoin de faire ressortir l’invraisemblance de l’existence de ruines sur un point constamment battu par la mer. D'ailleurs, si ces ruines avaient résisté plusieurs siècles à l’effort des vagues pour arriver jusqu’à une époque si voisine, il devrait bien en rester encore quelques débris. Or, je ne sache pas qu’on ait rien vu de ce genre de nos jours. Si la Hève avait été sur le banc de l’Eclat à cette époque, le cordon littoral formé par le galet aurait suivi la direction des hauts de la rade, appuyé sur ces roches, et l'immense espace qui forme la petite rade actuelle aurait êté couvert, dans sa partie occidentale, par le prolongement de la falaise actuelle, de Notre-Dame-des- Flots au Barvalet, et, dans sa partie orientale, recevant les eaux de Sainte-Adresse et des sources de la côte, aurait formé un marais tourbeux analogue à celui de Criquebeuf. Il est difficile aussi de s’expliquer, dans cette hypothèse, comment aurait pu se former le dépôt sableux et manifestement d’origine purement marine de (1) Description géographique de la Haute-Normandie. 32 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE la petite falaise des Brindes. En outre, la vaste échancrure dont Harfleur occupe le fond, mise à l’abri du courant de flot et de Pagi- tation des vagues par cette pointe avancée, se serait dès alors trouvée dans les meilleures conditions pour recevoir des alluvions qui eussent entravé la navigation de la Lézarde et bordé les falaises du Nord de prairies qui ne s’y sont formées que beaucoup plus tard. En effet, nous voyons qu’au XII° siècle il y avait, à Orcher et Oudalle, des marais salants, ce qui prouve que non-seulement les falaises n’étaient pas bordées de marais, mais que ces deux petites vallées n'étaient pas encore entièrement colmatées. Harfleur, en pleine prospérité jusqu’au XII siècle, n’a commencé à décliner que depuis cette époque, tandis que l’Eure héritait de son commerce. Si la tradition invoquée par les paroissiens d’Ingouville, lors du procès de 1524 (1), d’une ancienne donation de marais que l’Impératrice Mathilde aurait faite au XII siècle à la paroisse, repose sur quelque fondement historique, ce qu’il est difhcile d'apprécier maintenant, il faudrait en conclure que des marais étaient déjà formés à cette époque. C’est un fait, du reste, quin'a rien que de probable, l'abri de la petite falaise des Brindes et l’appui qu’elle pouvait donner à une digue de galet, sufhsant pour favoriser la formation de dépôts dans l’angle qu’elle abritait. On a du reste reconnu que le banc de tourbe bordant immédiatement le pied de la côte d’Ingouville, jusque vers le cours de la Répu- blique, était formé d’une tourbe plus compacte et présentait plus d'épaisseur que les dépôts de mème nature existant dans le reste de la vallée, ce qui indique une origine plus ancienne, tandis que le reste des marais du Havre et de Graville commencçaient seulement aux XIT° et XII siècles à émerger, sous la protection d’un cordon littoral peu distant, sinon semblable à celui qui limite le rivage actuel. Je n'ai pas ici à étudier le processus de formation de ces marais. Ce travail a été trop bien fait par notre collègue M. Lionnet pour qu’il soit nécessaire de le recommencer ici. Si la côte de Sainte-Adresse et du Bas-Sanvic (le Perrey actuel), a reculé assez sensiblement, il faut attribuer ce recul à deux causes : d’abord la destruction, pour l’usage des briqueteries, du (1) S. de Merval, Documents relatifs à la fondation du Havre; Alphonse Martin, les Origines du Havre. RÉSUMÉ DES SÉANCES 33 banc d'argile Kimméridienne qui s’étendait autrefois le long du rivage et dont Dubocage de Bléville constatait déja, en 1753, la dislocation presque entière, puis à l'établissement du Havre même ; la construction de jetées fixes faisant l’office d’épis a eu pour résultat l’érosion du rivage en avant de cet obstacle. En somme, il me paraît probable que l’église détruite en 1378 était, comme le sont du reste presque toutes les églises bâties le long de lestuaire, établie sur une croupe du coteau comme l’est actuellement la chapelle Notre-Dame-des-Flots et dominant la vallée. C’est la position qu’ontles églises de Gonfreville-l’Orcher, Rogerville, sur la rive Nord; la Chapelle-de-Grâce, léglise d'Hennequeville et la petite Chapelle de Bénerville, sur la rive Sud; un éboulement se sera produit, qui aura entrainé l’église et nécessité sa translation, qui, par prudence, a été faite dans la vallée même. Si, dans un autre ordre d'idées, nous étudions la question au point de vue géologique, nous devons reconnaître d’abord, qu’à une époque donnée, la formation crétacée s’étendait d’une façon continue au-dessus de l'estuaire actuel de la Seine. Elle ne devait pas du reste s'étendre beaucoup au-delà, car la limite extrême atteinte par les dépôts Cénomaniens, qui marquent la plus grande extension de cette période, est indiquée par la vallée actuelle de la Dives, dont le prolongement au Nord passe un peu au large du cap d’Antifer. Le dépôt de ces couches fut suivi, dans le bassin parisien, par celui d'assises alternativement marines et lacustres appartenant à la formation Eocène, prélude de lémergement du bassin. Depuis cette époque, le Nord de la France paraît avoir été définitive- ment exondé et sa surface livrée aux érosions atmosphériques. Ces érosions ont dàù agir dans noscontrées avec une très grande énergie, car sauf de rares lambeaux restés comme témoins, les couches tertiaires ont absolument disparu du Pays de Caux, remplacées par les puissants dépôts d’argile à silex et de limon des plateaux. Soit que ces érosions se soient lentement produites depuis cette époque jusqu’à nos jours, soit que comme l’expliquait Belgrand, un violent mouvement d’eaux, dirigé du Sud-Est au Nord-Ouest ait déterminé au commencement de la période Quaternaire les orands traits du relief actuel, il est certain que le fleuve qui s'appelle aujourd’hui la Seine, coulait, à l’époque Quaternaire, dans un large lit actuellement représenté par sa vallée. Les ter- rasses des différents niveaux, étudiées par Belgrand, sont les 34 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE témoins de cet ancien état des choses. Le climat humide qui régnait à cette époque occasionnait un ruissellement considérable et la Seine quaternaire roulait un volume d’eau incomparablement plus fort que celui du fleuve actuel. A cette époque aussi, c’est-à-dire au commencement de l’époque Quaternaire, le sol du Nord de la France et de l’Angleterre était moins élevé au-dessus du niveau de la mer, qu’il ne l’est actuel- lement. L'extension du Boulder-Clay, en Angleterre, et l'existence dans toutes nos vallées de terrasses fluviales le prouvent. Belgrand évalue de 35 à 39 mètres au-dessus du niveau actuel de la Seine, l'altitude à Paris des anciennes berges de ce fleuve. L’ancienne terrasse récemment observée au Trait par nos collègues, MM. Biochet et Bucaille, est à l'altitude de 35 mètres environ. En tenant compte de la pente, la Seine devait déboucher dans la mer à une trentaine de mètres au-dessus de son niveau actuel. Il serait intéressant de continuer les observations de Belgrand, qui se sont arrêtées en amont de Rouen, et de suivre depuis Rouen jusqu’à la mer les traces des anciennes terrasses. La décou- verte de MM. Biochet et Bucaiïlle est déjà un précieux jalon et il est à désirer qu’elle soit suivie d’autres, qui permettent de tracer d’une façon certaine l’ancien niveau du fleuve jusqu’à son embou- chure. Nous ne pouvons actuellement que faire des conjectures. Cependant, un curieux passage de Pleuvry, que je crois devoir citer, nous montre qu’au siècle dernier on pouvait reconnaître, aux environs du Havre, des traces encore sensibles d'anciennes terrasses : « J’ai remarqué au-devant de ces côtes {d’Ingouville et » de Graville) une largeur de terrain dont la pente douce est » certainement une partie de la montagne. C’est comme un repos » que la nature a ménagé dans les différents étages de la hauteur, » ou comme un amphithéâtre où l’on trouve plusieurs degrés » pour arriver au faite. Cette terrasse forme un tout trop régulier » pour être l'effet du hazard. Il est peut-être permis de ER à fa de la Seine quaternaire, les deux petites falaises des. Brindes et de Villerville, si bien décrites par M. Lennier. Composées toutes deux de lits de sables avec coquilles encore dans leur position normale d’exis- tence, ce sont évidemment des plages de basse mer. Elles sont actuellement à une dizaine de mètres au-dessus du niveau des basses mers actuelles. Si lon admet que la Seine quaternaire coulait à environ 30 mètres au-dessus de son niveau actuel et que, comme il est généralement reconnu, la jonction de PAngleterre RÉSUME DES SÉANCES 3 avec le Continent existait encore, une amplitude de marée de 20 mètres n'a rien d'étonnant dans un golfe fermé comme l'était alors l’estuaire. Il faudrait, pour donner plus de poids à cette hypothèse, que d’autres traces fussent reconnues dans la Baie de la Seine, c’est ce que des recherches ultérieures permettront peut- être de reconnaître. La violence du courant résultant de la masse des eaux char- rites, devait opérer sur le lit du fleuve de puissantes érosions favorisées encore par la nature peu résistante du terrain dans lequel il était creusé. En effet, après avoir coulé jusqu'alors sur les assises compactes de la craie blanche, de la craie marneuse et des glauconies, le courant arrivant entre Harfleur et Honfleur rencontrait les masses incohérentes des sables néocomiens sur lesquelles son action pouvait s’exercer à son maximum de puis- sance, c’est du reste là que l’estuaire s’élargit tout-à-coup. Aussi est-il probable que dès cette époque la masse entière des sables avait disparu sous l’effort du fleuve dont le courant devait entamer déjà les argiles Kimméridgiennes. Plus tard, un exhaussement général suivit cette période d’affais- sement. La présence de terrasses inférieures, non-seulement dans la vallée de la Seine, mais encore dans celles de la Somme et des autes petites rivières de la Manche, est la preuve de ce mouvement qui affecta aussi l’Angleterre. La dénivellation causée par cet exhaussement força la Seine à creuser de nouveau son lit; des rapides se formèrent et, ainsi qu’il arrive toujours en ce cas, l’effort du courant, se portant d’une façon continue sur certains points, divisa l’embouchure en che- naux, séparés par des parties plus élevées et plus résistantes qui sont devenues les bancs fixes actuels. Ce travail fut d’autant plus facile que les ondulations du Kimméridge lavaient à l’avance préparé en fournissant au courant une route toute indiquée. Coïncidant avec cet exhaussement, un changement climatérique se produisit : les pluies, moins abondantes, firent diminuer le débit des rivières, et le régime de la Seine réduite à des propor- tions voisines de son état actuel étant établi, les apports de la mer commencèrent à se faire dans l'estuaire dégarni. Il est possible que le commencement du régime actuel et de la formation des tourbes, que Belgrand fait coïncider dans le bassin de Paris avec le commencement de la pierre polie, aît eu lieu plus tard dans la Seine Maritime, les différents seuils qui se formèrent 36 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE lors du dénivellement opéré par l’exhaussement du sol ayant dû nécessiter un temps assez long pour disparaître. Quoi qu’il en soit, au commencement des temps historiques dans notre région, c’est-à-dire vers la conquête Romaine, l’es- tuaire maritime de la Seine parait avoir remonté jusque vers Caudebec. Les marais de Radicatel et de Gravenchon, du côté de Lillebonne, le marais Vernier, du côté de Quillebeuf, n’existaient pas. À une époque probablement antérieure, la mer remontait dans la Vallée de la Risle jusqu’à Pont-Audemer, puisqu’on a trouvé dans cette ville du galet de mer à 3 pieds au-dessous du sol (1). Dans son mémoire sur le Commerce Maritime de Rouen, de Fréville remarque que la disparition de la célèbre île de Belcinac parait liée avec un changement dans le régime de l'estuaire. En effet, c’est après la disparition de cette île que l’on constate l'existence et l’appropriation de nouvelles terres en aval de Caudebec, à Vatteville et Aizier en 1112, à Gravenchon en 1208. Au XV° siècle, c’est devant Lillebonne que se font les attérisse- ments ; le marais Vernier, déja commencé au XI siècle, augmente considérablement à cette époque. La limite de l'estuaire, caracté- risée par la formation de bancs dans le lit même du fleuve, était donc à Caudebec jusqu’au X° siècle; l’île de Saint-Condéde était probablement un de ces bancs que des circonstances particulières avaient longtemps conservé. La formation des marais sur les bords du fleuve rétrécissant son lit, ces bancs furent balayés, mais pour se reformer plus loin. Jusqu'au siècle dernier, c’est devant Quillebeuf que se trouvait cette limite. Elle avait tendance à se déplacer en aval, quant un nouveau facteur est venu intervenir dans le travail d’alluvionne- ment : la construction des digues venant resserrer le lit du fleuve et l’espace soumis au mouvement des marées, la limite de l'estuaire s’est rapidement rapprochée du Havre. Je n’ai pas dans cette rapide esquisse à étudier les suites de ce mouvement des alluvions et les conséquences redoutables qui peuvent en découler pour l'avenir du Havre, j’ai voulu seulement rappeler la marche qui, je crois, a été suivie dans le temps parle fleuve. Il est aisé de se représenter ce que sera ce travail dans l'avenir ; le remplissage de l'estuaire se faisant toujours, la Seine débouchera enfin dans la mer au large du Cap de la Hève. (1) Canel, Essai sur l'arrondissement de Pont-Audemer, tome I, de 2 D NOTICE A L’APPUI DES PROFILS GÉOLOGIQUES pes CHEMINS pe FER DE MORTAGNE A MÉNIL-MAUGER & DE MORTAGNE A LAIGLE Par PAUL BIZET. ! Conducteur des Ponts-et-Chaussees & Belléme, Membre de la Societe Géologique de Normandie, etc. En présentant, l’année dernière, notre coupe géologique du chemin de fer de Mamers à Mortagne, nous prenions l'engagement de produire, dans un bref délai, celles des lignes de Mortagne à Ménil-Mauger et de Mortagne à Laigle. Nous venons aujourd’hui tenir la promesse que nous avons faite et nous espérons que notre travail ne sera pas sans intérêt, car les lignes dont il s’agit traversent toute la partie septentrionale de l'extrémité du départe- ment de l’Orne et elles entament Ja plupart des terrains représentés dans cette région. Elles rencontrent plusieurs failles qui modifient très sensiblement l'allure des couches et qui doivent se rattacher à un système de soulèvement et de dislocations de la croûte terrestre dont nos collègues pourront rechercher, chez eux, les principales directions. On pourra parvenir ainsi à déterminer l’âge de ces grandes perturbations du sol qui ont eu une si grande influence dans la distribution des mers anciennes sur la surface de notre sol normand, aux diverses époques géologiques. Chargé par M. l'Ingénieur en chef Aron de procéder à la recon- naissance des divers terrains traversés par ces deux lignes ferrées, nous avons eu la bonne fortune de les visiter au moment de l’exé- cution des travaux. Il nous a donc été facile d’en obtenir d'excellentes coupes détaillées qu’il serait impossible de se procurer maintenant à cause des plantations qui ont été faites et des perrés en maçonnerie établis pour le maintien des terres. Les terrains que nous aurons à examiner dans le cours de cette étude appartiennent aux périodes actuelle, quaternaire et secon- 38 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE daire. Les dépôts de la période primaire ne s’y rencontrent pas, non plus que les roches de cristallisation ou éruptives. Voici dans leur ordre de superposition les principaux étages que nous aurons à étudier au fur et à mesure que nous les rencontrerons : Dépôts meubles sur les pentes, éboulis, tourbières, ÉTAGE RÉCENT alluvions. modernes, sol des prairies. | Alluvions anciennes à cailloux roulés et gra- ÉTAGE QUATERNAIRE viers. { TERRAIN TERTIAIRE ÉTAGE SUESSONIEN | ÉTAGE TURONIEN | Argile à silex de la craie. Craie à Jnocerumus labiatus. | 4. Sables cénomaniens supérieurs ou sables du | | Perche. | 3. Craie à Armmonites Rholomagensis et à Scaphites ] ÉTAGE CÉNOMANIEN { ægualis (craie de Rouen). | | 2. Craie à Ammonites Mantelli et à Turrilites | tuberculatus. \ 1. Glauconie à Osfrea vesiculosa. \ ÉTAGE KIMMÉRIDGIEN | Argile à Ostrea deltoïdea et calcaires à astartes. ae Calcaire oolithique et pisolithique à dicerates et ÉTAGE CORALLIEN : ER ; nérinées. e reous-grtl. ÉTAGE OXFORDIEN ù 1. Ârgiles, marnes et calcaires argileux à Perna mytiloïdes. TER. JURASSIQUE TERRAIN CRÉTACE \ ( | 2. Sables et grès calcaires ferrugineux du Calca- 1° CHEMIN DE FER DE MORTAGNE A MENIL-MAUGER À partir de Mortagne, cette ligne est tracée sensiblement du Sud au Nord jusqu’à la station de Lignerolles, où elle s’infléchit vers l'Ouest et prend alors, jusqu’à Gacé, une direction générale N. 40° O. Au-delà de cette localité elle descend, au Nord, le cours de la Touques, si gracieusement encadré par de riants côteaux couverts d’une abondante végétation, puis, après avoir quitté Ticheville, elle revient de nouveau vers l'Ouest, par une courbe d'environ 50 degrés, gagner Vimoutiers avec une pente rapide et pénétrer dans la plantureuse vallée de la Vie, qu’elle suit, presque à fleur de sol, jusqu’à sa bifurcation avec le chemin de fer de Paris à Cherbourg. Pendant tout ce trajet, de près de 100 kilomètres de longueur, la ligne franchit plusieurs faîtes élevés, aux altitudes dépassant parfois 300 mètres, pour redes- cendre dans des vallées dont la surface ne se trouve guère à plus PROFILS GÉOLOGIQUES 39 de 150 mètres, voire même 80 mètres, au-dessus de la mer (Vallées de la Touques et de la Vie). Ce sont ces grandes diffé- rences de niveau qui expliquent les courbes prononcées et les pentes déclives qu’affecte la ligne sur divers points de son tracé et que n’ont pu éviter les ingénieurs, obligés qu'ils étaient de des- servir des localités importantes situées dans des lieux peu acces- sibles à une voie ferrée dans de meilleures conditions de traction. Ainsi que nous l’avons dit dans notre précédente notice (1), la gare de Mortagne est bâtie sur les assises supérieures de la En à Ammonites Rhotomagensis et Scaphites æqualis dite Craie de Rouen. Cette formation se continue jusqu’au village de Loisé où elle disparaît sous les remblais. On pénètre ensuite dans une tranchée ouverte dans les calcaires Kimméridgiens qu’une faille dirigée N. 62°30° E. a surélevés à un niveau supérieur à la craie de Rouen. On y constate une dénivellation de plus de 60 mètres et on remarque, en outre, que sous l'influence de l’action qui Pa produite, les diverses assises ont subi des .inflexions assez pro- noncées. Nous les avons indiquées sur notre profil mais, à cause de la différence des échelles, elles paraissent plus accentuées qu’elles ne le sont en réalité. Le lecteur s’en rendra facilement compte en les comparant aux inclinaisons de la ligne dont les plus fortes ne dépassent pas deux centimètres par mètre. Le terrain Kitnméridgien a une puissance d'environ 2$ mètres aux environs de Mortagne. Il se compose d’une alternance de bancs calcaires compactes ou marneux et de couches minces d'argile et parfois de petits lits d’un sable jaunâtre très fin. Voici une coupe prise dans la tranchée de Loiïsé qui fera connaître la composition de ce terrain. On trouve de haut en bas : Enr ein eue sat moe ns om40 D aulebx provemant.d'éhoulis,...1,...4., 4e seu a à ImSO 2 EI TE PU CES RER SR EEE omsO Calcaire compacte blanchâtre à cassure conchoïde avec empreintes de SN D lb hat one eus vi om2S DR nee ue da ee al moines à 0 om25 De una D O%e Draniruiana. 1 un du la stone om06 D Phone GES Compacte. EE LH ES om3S DE ER RER TITRE D MEN LUS à À M ÉEE AR OmIO Endless DL, PUNIUISRN Lilas delle PAC RS DETTES oM6S (1) Notice à l'appui du Profil Géologique du chemin de fer de Mamers à Mortagne. —- Bullelin de la Société Géologique de Normandie, année 1881, tome VIII. / 40 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Argile jaunâtre très tenace à Ostrea Bruntrutana................... Deux bancs de calcaire compacte, gris bleuâtre à cassure conchoïde.….. DE COMAIPES 0 one su RC ES Arpile prisatre très tendce. . .. ...:24.0 ste Rs CN able DOCTEUR... ed eee 0 TE ARR : Trois bancs de calcaire compacte, gris bleuâtre à cassure conchoïde... Sable jaunâtre, fin. .....,,5 4% CNRC NS Calcaire grisâtre argileux à Ostrea solitaria et Myilus Jurensis ........ Arpile blanchâtre onctueuse... :,....:. 4000 HG T4 Argile jaunâtre mélangée de fragments roulés de calcaire compacte... Argile brune, très tenace, mélangée de fragments roulés de calcaire bleuâtre compacte......... 8 SERA RICE Veiñe de sable isiliceux:..:..,/5,.1#%mm24 de 38 is GTI NIET Lits minces de calcaire sub-compacte, fragmentaire, à Astarte minima. Arpile grisâtre très compacte. .2....:,.-2+- 2 sai Calcaire compacte, gris bleuâtre à cassure conchoïde avec empreintes de Trigonia Bronnfis.. TETE PRES DR Eu TT 0. Nr Atpile noirâtre très compacte: : .9/2 44009898 se os 64/2 RARES Le Chlcaire compacté; gris bleuâtre ETES RSR EL LES Argile jaunâtre à nombreuses coquilles brisées d'Ostrea Bruntrutana et DUO ne sac Rs TC NOR RARE © PRES SaDie jdufiâtte, fin.:....:.... 048 Ne EN RE Argile sableuse très fossilifère, nombreuses coquilles d’Ostrea Bruntru- fi, et AUTTES. 5. 20.00 2 Nodetante ITR ARR EE a De Plusieurs bancs de calcaire compacte à Mytilus subpectinatus et Astarte MUTDUT. us dns due nues ee ae elone CCS EN ERES Le AI ACLTAÎES , à 0 7er 8 ane IPN PE ER dr CRT PRES Banc de calcaire compacte, gris bleuâtre, formant lumachelle à la partie supérieure... . 40454 5 0h eat MISSIONS J Afgile. noirâtre très tenace. . , 4.464401 ES F2 fui Argile jaunâtre compacte.....,... ni 25 RATER PEER 1 PER" Calcaire compacte à lnmachelle.......,. "RS Lit d'argile. sdbleuse huîtres. 5. COS Calcaire sableux, sub-compacte, très fossilifère (Mytilus Jurensis et Ostrea ‘solilaria) .. 44... NN Axelle Dre, à: 5,0. 2 «seat 28 TS GR Calcaire compacte, gris bleuâtre à cassureconchoïde (fond de la tranchée) om35 om30 omo8B om15 om20 omI2 Le contact du Kimméridgien avec le Coral-Rag ne se voit pas dans la tranchée de Loisé, mais on peut facilement l’observer près de Mortagne, dans la côte de la Grippe (route de Paris), et au sommet d’une petite carrière située non loin de l’établissement de la pompe à feu. Sur ce dernier point, le Coral-Rag est très développé et passablement fossilifère. Les dicerates, Diceras minor, et les nérinées y sont surtout fort abondantes. Diverses espèces d’oursins s’y rencontrent également mais elles sont rares : Hemicidaris crenularis, Hemicidaris stramonium, Echinobrissus scutatus, Notre ami M. le docteur Levassor y a recueilli une variété PROFILS GÉOLOGIQUES A1 renflée de Phymechinus mirabilis (Agassiz) que le savant paléonto- logiste, M. Cotteau, se propose de décrire prochainement. Les grès ferrugineux du Calcareous-grit qui servent de support au Coral-rag, se voient aussi au hameau du Pissot et dans plu- sieurs lavoirs du Val. Sur la ligne du chemin de fer le terrain Kimméridgien se continue jusqu’au piquet 6 kil. 2 où il est recouvert par la Glau- conte argilo-sableuse à très rares Ostrea vesiculosa. Au-dessus de cette assise, qui n’atteint jamais ici une grande épaisseur (4 ou 5 mètres au plus), on trouve la Craie glauconieuse dans laquelle sont ouvertes les tranchées de la Tuilerie (6 kil. 8) et du Bois-Joly (8 kil. — 8 kil. 6). Les fossiles y sont assez communs, principalement dans ces deux dernières coupures. Voici les espèces que nous y avons recueillies : Ammonites Mantelli (Sow.) type; Ammonites falcatus (Mant.); Turrilites tuberculatus (Bosc.) ; Nautilus elegans (Sow.) ; Cardium hillanum (Sow.) ; Cardium moutonianum (d’Orb.); Pecten asper (Lamk.) ; Janira quinquecostata (d’Orb.) ; Ostrea columba (Desh.); Epiaster distinctus (d’Orb.) La craie glauconieuse est constituée par une sorte de craie tuffeau, jaunâtre ou légèrement verdâtre à cause des nombreux grains de glauconie qu’elle renferme. Les bancs compactes sont séparés par des couches d’une craie marneuse jaunâtre qui s’altère. sous linfluence des agents atmosphériques. Cet horizon géolo- gique, toujours fort bien caractérisé dans nos régions par l’Ammo- nites Mantelli, se montre au jour jusqu’à la station de Lignerolles où il disparaît momentanément sous les assises de la Craie de Rouen, que l’on peut observer dans toutes les tranchées jusqu’au piquet 16 kil. $. On constate sur tous ces points que les caractères minéralogiques de cette craie sont plus ou moins altérés, sur une certaine épaisseur, et que même, en divers endroits, elle est réduite à l’état d'argile presque pure par l’action dissolvante de l’acide carbonique contenu dans l’air et dans les eaux pluviales. Pour cette raison, les fossiles avec leur test y sont rares; on ne trouve que quelques moules d Ammonites Rhotomagensis, de Nau- tilus triangularis, des fragments de Peignes et de petites huîtres (Ostrea columba et conica). Les Sables Cénomaniens supérieurs à Am. navicularis recouvrent la craie de Rouen depuis la station de Soligny-la-Trappe jusqu’au kil. 23. Une faille orientée selon une médiane S, 70° O0. à N. 70° E., coupe la ligne près du kil. 24 et ramène à la surface la craie de Rouen, puis, un peu plus loin, à la station de Moulins-la- 42 SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Marche, les argiles du Kimmeridge-clay. Ce terrain acquiert un certain développement autour du bourg où il présente identique- ment les mêmes caractères lithologiques que dans la tranchée de Loisé. En descendant la côte de la route de Courtemer on trouve, sur la droite, le Coral-rag à contexture oolithique et pisolithique avec ses principaux fossiles : Nerinea chemnizia, Diceras minor, Echinobrissus scutatus et Holectypus corallinus. Dans ie fond du vallon apparaissent les grès ferrugineux (Calcareous grit) puis, au- dessous, les argiles oxfordiennes à Perna mytiloides. En revenant sur le chemin de fer, on voit qu’à partir de la gare de Moulins-la-Marche les assises Kimméridgiennes plongent vers le Nord, de sorte que la Glauconie afeure au piquet 25 kil. $ et la Craie glauconieuse dans les tranchées que l’on traverse aux piquets 25 kil. 8, 26 kil. 2 et 27 kil. 3. Mais il existe quelques différences minéralogiques entre cette craie et celle du même horizon que nous avons déjà remarquée dans la tranchée du Bois-Joly. Celle des abords de Moulins est plus sableuse et même elle renferme des. veines d’une argile sableuse, roussâtre, un peu micacée, qui s’y montrent de place en place. A l'exception de quelques frag- ments de peignes et d’huîtres, les fossiles y sont peu communs. A deux kilomètres plus loin ce caractère se modifie et on retrouve la craie glauconieuse à l’état marneux, couronnée d’une couche : d'argile à silex d’une épaisseur variable (kil. 32 et 33). Nous n’y avons pas rencontré de fossiles malgré nos patientes recherches et nous en induisons que les vestiges de corps organisés y sont rares. | La craie de Rouen ne se montre plus que dans les tranchées des kilométres 30 et 31; elle y est également très altérée à la surface par les influences atmosphériques et recouverte par une couche d'argile à silex, pénétrant plus ou moins profondément dans la couche crayeuse, et formée aux dépens de ses éléments constituants. ) La craie Glauconieuse qu’on retrouve ensuite, se poursuit au delà de la station de Sainte-Gauburge, jusqu’au kilomètre 3 de la ligne de Sainte-Gauburge à Ménil-Mauger, qui fait le prolonge- ment de celle que nous venons d’étudier. En cet endroit, la continuité des diverses assises du sol a encore une fois été rompue par une faille qui relève inégalement sur ses lèvres les terrains dont elle a disloqué les strates. Cette faille, dépendante du soulè- vement du Merlerault, a occasionné un pli concave très prononcé dans la craie Glauconieuse, et elle a porté à une altitude de 278 PROFILS GÉOLOGIQUES 43 mètres la base du Coral-Rag d’Echauffour qui domine le système de la craie Cénomanienne inférieure de plus de 40 mètres. Son orientation, déterminée par une médiane entre les diverses direc- tions de la ligne brisée qu’elle affecte, est de Sud 55° Ouest à Nord 55° Està sa rencontre avec le chemin de fer. Elle s'incline entre Planches et les Authieux, puis, remontant vers l'Ouest en décrivant une ample courbe un peu aplatie, touche le Merlerault et va se perdre sous des alluvions au pied de la butte de Chaussorf, à un kilomètre et demi au Sud de Nonant. Après avoir passé cette faille, on rencontre immédiatement les grès calcaires ferrugineux du Calcareous-grit (piquet 3 kil. 5), puis des calcaires caverneux grisâtres ou jaunâtres très compactes, à cassure conchoïde, dépendant du Coral-Rag, que l’on à utilisés pour le ballastage de la voie. Ils renferment diverses espèces de terebratules : Terebratula insignis, Terebratula subsella, Terebratula (Zeilleria) Delemontana et plusieurs échinodermes : Hemicidaris cre- nularis, Cyphosoma Douvillei, Pygaster umbrella. Les pholadomies, la Pholadomya paucicosta, entre autres, y sont assez communes. On peut observer ces calcaires dans les talus vis-à-vis de la gare d’Echauftour. {ls sontsurmontés parle Coral-Ragsableux à dicerates et à nérinées (piquet 4 kil. 4), qui plonge à son tour (kil. $) sousles puissantes assises du Kimméridgien très développé sur le plateau élevé qui domine cette localité, et d’où le voyageur contemple avec üne vive satisfaction le splendide panorama qui s’offre à sa vue. La composition de ce terrain peut facilement être étudiée dans les profondes tranchées que traverse la ligne entre les kilomètres 6 et 9. Comme sur les autres points où nous l’avons remarqué (Loisé et Moulins-la-Marche) il présente une succession de bancs de calcaire compacte sublithographique, gris-bleuâtre, ou de cal- caire marneux blanchître, très désagrégé, séparés par des couches d’argiles diversement colorées, et des lits de sable fin. Lorsque ces sables ont été imprégnés par des eaux siliceuses, ils se sont transformés en un grès lustré très fin et assez résistant. Dans la partie supérieure existent fréquemment des sables avec plaquettes de grès présentant de nombreuses empreintes de Trigonia Bronni. Les caractères paléontologiques sont aussi identiquement les mêmes que ceux que nous avons déjà décrits. Les bancs calcaires renferment toujours le Mytilus subpectinatus (d'Orb.); etle Mytilus Jurensis (Rœm.); associés à l’Ostrea solitaria (Sow.), et à diverses espèces d’astartes parmi lesquelles on reconnaît l’Asfarte minima Goldf). Les argiles contiennent de petites huîtres de l’espèce 44 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Ostrea Bruntrutana |{Thurm.), et d’autres coquilles indéterminées, mais nous n’y avons jamais rencontré l’Ostrea virgula (d'Orb.). L'absence de ce fossile si caractéristique des argiles Kimmérid- giennes, nous conduit à penser que les calcaires que nous considérons forment seulement la base de létage; ils sont vraisem- blablement antérieurs aux argiles des falaises de Villerville et du cap de la Hève. Nous avons déjà eu lPoccasion de faire cette remarque en parlant de l’étage kimméridoien des environs de Bellème (r). Dans ses splendides études sur le département de la Sarthe, notre savant collègue et excellent ami, M. Albert Guillier, du Mans, n'indique pas non plus la présence de cette coquille dans les terrains analogues de sa région. Tout fait donc présumer qu'après le dépôt de ces calcaires à astartes, un mouvement ascensionnel du sol exonda nos contrées et repoussa la mer Kimméridgienne vers le Nord, par Trouville et Honfleur, où de nouveaux sédiments se produisirent. Entre les piquets 9 kil. 8 et 10 kil. 7, apparaissent de nouveau les calcaires à dicerates et nérinées du Coral-Rap, avec le même facies graveleux qu’ils possèdent à la sortie de la gare d’Echauf- four. Ils occupent, en cet endroit, le fond des ravins et le flanc des coteaux. Un peu plus loin, à la station de Cisay-Saint-Aubin, les grès calcaires ferrugineux du Calcareous-grit afleurent à leur tour dans les talus de la ligne, mais ils disparaissent bientôt par suite d’une solution de continuité occasionnée par des dénudations profondes, dans la vallée de la Touques, sur une largeur de 350 à 400 mètres. On ne trouve plus ces assises que près de la halte de Mardilly, à huit kilomètres plus loin (piquet 20 kil. $), mais elles existent toujours à la base des coteaux dans tout cet intervalle. Le fond de la vallée est alors constitué par des alluvions de deux à quatre mètres d’épaisseur qui reposent sur les argiles oxfor- diennes à Perna mytiloides. Pour montrer comment les couches se continuaient avant leur démantèlement, nous en avons indiqué l'allure par un léger pointillé sur notre profil. Mais si on veut se rendre un compte exact de l’importance de ces érosions, si manifestes à Gacé et dans les alentours, il faut quitter la ligne ferrée et gagner les hauteurs de Résenlieu. En descendant de ce point vers le chef-lieu du (1) Profil Géologique du chemin de fer de Mamers à Mortagne. PROFILS GÉOLOGIQUES 45 canton, on observe toute la série des divers terrains précédemment étudiés, et on reconnaît qu’ils ont été successivement détruits par Paction des courants qui ont ainsi donné lieu à des dépressions de plus de 80 mètres, de l'effet le plus pittoresque. Coupe transversale à la vallée de la Touque: ! passant par Gace. = = CE | .Ÿ À æ Ÿ & Ÿ Ë Da Ÿ & à = à Y è. N ES E F n° ss "à 2 ETES F j Ÿ F LEZ © æ À - CR è | | À Sr re + à À à STE 5 KR : & M Rae APE: Pr OÙ 8 Dr Es ee | à : Rss er JL. SR EN se = ni — S : es 1 Rs ES 8 ] Ses 1e Echelle de 97003 pour 100% pour les longueurs de 020005 pour 17 pour les Hauteurs 8 __ (xford-clay. se Calcareous-ÿrit. PE Corakrag. N __ Ximmeridge-clay. 12 ___ Glauconie. 13 __ Craie glaucomeuse. 14 __ Crarc de Rouen. 19 __ Ajhrvions modernes. Ainsi que le montre la coupe précédente, c’est d’abord la craie et le Kimméridgïen qui ont été enlevés sous forme de coin, puis ensuite le Coral-Ras, et enfin le Calcareous-grit qui n’existe plus au niveau des prés, mais dont on retrouve les assises de l’autre côté de la vallée, à la hauteur des premières maisons du bourg. En montant la route de Rouen, on peut faire les mêmes constatations, car dès la sortie de Gacé, presque entièrement bâti 46 _ SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE sur le Calcaréous-grit, (1) on marche sur les couches Coralliennes jusqu’au dessus de l’ancien four à chaux. Le Kimméridgien les recouvre et laisse voir ses strates dans les talus d’un chemin creux qui conduit à Saint-Evroult-de-Montfort. Au tiers de la côte commencent à apparaître les premiers dépôts de l’Etage Cénomanien, très puissamment développé sur ce point, et avec un facies assez différent de celui sous lequel il se montre aux environs de Mor- tagne et de Bellème. Ils se composent d’une craie jaurâtre plus ou moins argileuse, contenant des parcelles très tenues de mica blanc, et traversée par des cordons de calcaire siliceux gris-bleuâtre ou noirâtre, d'inégale épaisseur, mais régulièrement disposés. Dans les parties élevées, les silex deviennent tuberculeux, et ne forment plus de lignes stratifiées; ils sont disséminés sans ordre, noyés dans la pâte crayeuse et pour ainsi dire fondus avec elle. De place en place, il existe des couches plus fortement chargées de grains de elauconies qui se détachent sur la masse jaunûtre, comme des bandes légèrement verdâtres. Les diverses assises de cette craie sont très fossilifères, et nous signalons les environs de Gacé à l’attention des amateurs de collections paléontologiques. Les échinodermes y sont surtout assez communs, et d’une très belle conservation. Nous y avons recueilli, en quelques heures seulement, les espèces suivantes indiquant que la majeure partie de la masse crayeuse de ce coteau correspond à l'horizon de la craie glauconieuse à Ammonites Manielli : Nautilus elegans (Sow.); Ammonites Mantelli (Sow.); Cardium hillanum (Sow.) ; Trigonia crenulata (Lamk.); Mptilus Ligeriensis (d'Orb.) ; Arca Ligeriensis (d’Orb.) ; Janira quinquecostata (d'Orb.); Ostrea columba (Desh.); Spondylus striatus (Godf}; Terebratula biplicata? (Defrance) (2). (1) Les caractères pétrographiques du Calcareous-grit (le Roussier des ou- vriers) sont partout bien tranchés et d’une constance remarquable. Pour cette raison, ils forment un excellent horizon dont les géologues peuvent profiter pour rattacher leurs observations stratigraphiques. Sa couleur brune ou rouillée et les veines de fer hydroxidé qu'il renferme, le rendent d’ailleurs très facilement reconnaissable, même à une assez grande distance. (2) Nous indiquons la Terebratula biplicata avec un point de doute, parce que les exemplaires de Gacé et de Vimoutiers s'éloignent tellement du type que renferment les sables du Mans, qu’ils pourraient bien former une variété particu- PROFILS GÉOLOGIQUES 47 Parmi les Oursins : ÆEpiaster crassissimus (d'Orb.) ; Epiaster distinctus (d'Orb.); Hemiaster Bufo (Desor) ; Holaster carinatus (Agass) ; Pseudodiadema variolare (Brong) ; Pseudodiadema Miche- lini (Desor). Nous avons dit que la composition de la craie glauconieuse de Gacé différait un peu de celle de Mortagne et de Moulins. La disparité consiste principalement dans la présence des calcaires siliceux, qui font absolument défaut dans ces localités, à ce niveau géologique ; toutefois on les retrouve en gros bancs de o"50 à 0"60 d’épaisseur, dans les environs de Bellème, à Saint-Jean-la- Forêt et à Appenai, où ils sont employés comme pierre de taille. Les silex ne se montrent que dans la craie à Ammonites Rho- tomagensis, et encore y sont-ils généralement peu abondants. La craie de Gacé est aussi moins chargée de grains de glaucomie, que ne l’est celle des tranchées du Bois-Joly et de la sortie de Mou- lins, sur la ligne de Mortagne à Sainte-Gauburge. En s’approchant du sommet de la côte de Gacé, à une alti- tude de 250 mètres environ, on remarque la craie de Rouen, peu différente de la précédente comme composition minéralogique, mais cependant plus blanche et plus noduleuse, surtout dans les parties élevées. Elle est nettement indiquée par les fossiles qu’on y rencontre et dont voici quelques espèces : Cyprina Ligeriensis (d’Orb.); Corbis rotundata (d’Orb.) ; Janira æquicostata (d’'Orb.) ; Catopygus carinatus (Agass) ; Holaster carinatus (Agass) ; Discoïdea subuculus (Klein); Cottaldia Benettiæ (Cott.). Nous n’y avons pas recueilli le Scaphites æqualis ni le Baculites baculoides, si caracté- ristiques des parties supérieures de cette formation. Regagnons maintenant la halte de Mardilly, où nous avons laissé nos études des terrains traversés par la voie ferrée. En cet endroit, le Calcareous-grit affleure entre les piquets 20 kil. 3 et 21 kil. 6 dans plusieurs coupures du sol. Le Coral-Rag le recouvre, mais il est, au niveau de la vallée, dérobé à la vue par des alluvions. Le Kimméridoien qui lui succède se montre seule- ment dans la petite tranchée située en avant de la halte de Neu- ville ; sur les autres points il est également caché par des dépôts lière à ces parages, si ce n’est une espèce différente. Tous ceux que nous avons recueillis sont plus allongés, beaucoup moins dilatés sur les côtés, et on n’y voit pas de traces de stries fines rayonnantes. Les bords de la petite valve sont aussi moins brusquement abaissés, et les deux plis divergents qu’elle forme en son milieu ont l’arête plus arrondie. 48 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE d’origine récente. Tous ces terrains plongent vers le Nord-Nord- Ouest, et passent sous les puissantes couches crayeuses dont Pensemble constitue le faîte élevé qui sépare les bassins de la Touques et de la Vie. Après avoir décrit quelques amples ondulations, les assises jurassiques s’amincissent graduellement, et vont mourir dans le flanc des coteaux qui encadrent, au Sud, la ville de Vimoutiers. Au delà de la halte de Neuville, on voit successivement apparaître la Craie glauconieuse à Ammonites Mantelli, du kilomè- tre 26 au kilomètre 28, puis la craie de Rouen, proprement dite, jusqu’à l’origine de la grande tranchée de la Fauvelaye. Là se montrent les couches marneuses à Znoceramus labiatus de l'étage turonien. Malheureusement elles sont aujourd’hui altérées à la surface et presque entièrement masquées par un revêtement en maçonnerie qui empêche de les étudier. Le sommet de la tranchée est occupé par l'argile à silex, qui pénètre plus ou moins profon- dément dans la couche marneuse. | En descendant la pente, on retombe sur la craie de Rouen, (du kilomètre 34 au kilomètre 35), et ensuite sur la craie glau- conieuse qui se poursuit jusqu'au gigantesque remblai de Cutesson. Non loin de là, existent des carrières où l’on peut une dernière fois observer le Calcareous-grit, en rapport avec le Coral-Rag, et dans lesquelles on constate la disparition totale des assises Xsmmé- ridgiennes. Dans les pentes du ravin profond que franchit la ligne, on voit la Glauconie recouvrir directement le Coral-Rag, qui bientôt disparaît à son tour, ainsi que les grès ferrugineux. Elle repose alors immédiatement sur les argiles oxfordiennes et ce contact, fort à redouter par les constructeurs, a donné lieu à des sources abondantes, et à d'énormes glissements dont on n’a pu maîtriser les effets qu'au moyen d'importants travaux de consolidation. Au-dessus de la glauconie, se développe la craie glauconieuse dans les coteaux boisés qui entourent Vimoutiers, comme les bords verdoyants d’une vaste corbeille. Elle y est très fossilifère, et elle renferme presque toutes les espèces que nous avons précédem- ment signalées dans la craie de Gacé : Le Mytilus Ligeriensis ; le Spondylus striatus ; l'Epiaster distinctus ; l’'Hemiaster bufo et le Pseudodiadema variolare y sont surtout assez communs. En écrivant ces notes, nous avons sous les yeux quelques spécimens de ces fossiles, dans un remarquable état de conservation. Vers le sommet des coteaux, apparaissent les assises infé- PROFILS GÉOLOGIQUES 49 rieures et moyennes de la craie à Ammonites Rhotomagensis, mais, comme à Gacé, la zône à scaphites semble y faire défaut. Nous bornerons ici nos études, car, au-delà de Vimoutiers, elles ne présenteraient plus rien d’intéressant au point de vue stratigraphique. Depuis la sortie de cette gare, jusqu’à celle de Ménil-Mauger, la ligne est établie sur le Terrain Oxfordien recou- vert, sur les bords de la Vie, par une couche plus ou moins épaisse d’alluvions modernes, qui forme la partie superficielle de cette belle vallée, qu'ont rendue célèbre la richesse de ses pâturages et la qualité de ses nombreux produits. Pour reconnaître la constitution du pays, il faudrait s’écarter du chemin de fer, et donner plus d’étendue au plan que nous nous sommes tracé. . Nous laisserons ce soin aux savants professeurs de la Faculté de Caen, qui ont déjà fourni tant de précieux documents sur la géologie du sol normand. Il ne saurait d’ailleurs convenir à à notre modeste personnalité d’empiéter sur les attributions de ces maîtres de la science, et, ne serait-ce que pour cette raison, nous nous arrêterons aux limites du département de l'Orne. D 2° CHEMIN DE FER DE MORTAGNE A LAIGLE La ligne de Mortagne à Laigle se détache de celle de Sainte- Gauburge à 4 kil. 100 mètres au-delà de la gare de Mortagne. Son tracé est infléchi vers l'Est, de N. 40° E., jusqu’à la forêt du Perche, où la voie ferrée atteint, un peu au-dessus du village de Riantz, à l’altitude de 280"50, la grande ligne de faîte connue sous la désignation d’axe du Merlerault, qui sépare le bassin de la Loire de celui de la Seine. De ce point elle se relève et prend alors une direction Sud-Nord jusqu’à sa jonction avec le chemin de fer de Paris à Granville, avec lequel elle se raccorde, à deux kilomètres en avant de la gare de Laigle. De Mortagne à Riantz, le sol est très mouvementé et il a fallu vaincre de nombreuses difhcultés pour frayer le passage à la ligne, mais de l’autre côté de l’axe de soulèvement, le terrain ne présente plus que des ondulations peu sensibles qui ont permis de l’établir presque à fleur de sol, tout en admettant de grands alignements rectilignes. Les terrains traversés diffèrent peu de ceux que nous venons d'étudier entre Mortagne et Vimoutiers, seulement la craie Turo- nienne et l'argile à silex acquièrent, dans cette nouvelle direction, un développement beaucoup plus grand. so SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE En continuant la méthode de cheminement que nous avons employée, nous allons examiner les diverses assises au fur et à mesure qu’elles se présenteront dans ce parcours. Toutefois, pour éviter des redites inutiles, nous ne reviendrons pas sur les détails descriptifs des terrains compris entre la gare de Mortagne et la bifurcation de la ligne de Sainte-Gauburge. Entre ce point, que nous prenons comme origine de nos études, et le bourg de Villiers, on marche sur les assises Kimméridgiennes que l’on peut observer dans la tranchée qui précède la halté et près de l’église. Elles y sont recouvertes par la Glauconie qui bientôt disparait elle-même sous la Craie glauconieuse à Ammonites Mantelli, dans laquelle ont été ouvertes les tranchées de l’Hôtel Beaugis et de la Rondelière {(piquets 6 kil. 2 et 6 kil. 9). Les caractères pétrographiques de ce terrain sont exactement les mèmes que ceux que nous avons précédemment indiqués pour les tranchées de la Tuilerie et du Bois-Joly. C’est une sorte de craie tufteau verdâtre, à nombreux grains de glauconie et à contex- ture lâche dont les bancs sont séparés par des couches d’une craie marneuse, jaune verdâtre, qui s’altère facilement sous l’action de l'air et des pluies. Nous y avons recueilli les fossiles suivants : Nautilus elegans (Sow.) ; Ammonites Mantelli (Sow.); Ammonites falcatus (Mantell ; Ammonites Couloni (d’Orb.) ; Turrilites tuber- culatus (Bosc.); Cardium hillanum (Sow.) ; Cardium Moutonianum d’Orb.); Pecten asper (Lamk.) ; Janira quinquecostata (d'Orb.); Epiaster distinctus (Agas.); Epiaster crassissimus (d’'Orb.) On y voit, en outre, de nombreux vestiges de polypiers et spon- giaires. Dans les tranchées des kilomètres 10 et 12 on remarque dans les talus une craie marneuse grisâtre ou jaunâtre, très altérée par les influences atmosphériques. C’est le commencement de la craie à Ammonites Rhotomagensis, que l’on trouve beaucoup mieux représentée dans quelques excavations, près de la station de Tou- rouvre. Elle y est constituée par un tuffeau grisâtre. contenant peu de grains de glauconie et assez compacte pour être utilisé dans les maçonneries ordinaires. Il convient de rapporter cet horizon géologique à celui des carrières de Loisé, qui fournissent de bonnes pierres d'appareil, employées dans la plupart des constructions du pays, pour l’exécution de pilastres ou de corniches d’entablements et qui font l’objet d’une exploitation assez importante. Voici la liste des principaux fossiles que renferme cet étage, tant à Loisé qu’à Champaillaume et dont plusieurs se retrouvent à Tourouvre: PROFILS GÉOLOGIQUES SI Nautilus Laroilliertianus (d'Orb.); Nautilus triangularis (Mont- fort) ; Ammonites Rhotomagensis (Lamk.); Ammonites varians (Sow.); Ammonites falcatus (Mant.); Scaphites æqualis (Park.) ; Baculiles baculoides (d’Orb.); Hamites simplex (Park.) ; Turrihites costatus (Lamk.); Turrilites Desnoyersii (d'Orb.); Turrilites Scheuchzerianus (Bosc.); Avellana cassis (d'Orb.); Pleurotomaria Mailleana (d’Orb.); Cyprina Ligeriensis (d’'Orb.) ; Corbis rotundata (d'Orb.) ; Pinna Galliennei (d'Orb.); Lima clypeiformis (d'Orb.); Lima rapa (d’Orb.); Ostrea carinata (Lamk.) ; Ostrea columba (Desh.) ; Khyn- chonella alata (Lamk.). Parmi les oursins : Catopygus carinatus (Agas.); Cottaldia Benettiæ (Cott.); Holaster carinatus (Agas.) ; Discoïdea subuculus (Klein); Glyphocyphus radiatus (Desor) ; Pseudodiadema tenue (Desor). Après avoir quitté la gare, on pénètre dans une tranchée dans laquelle on peut une dernière fois observer la craie de Rouen (piquet 14 kil. 2). Malheureusement, elle y est encore très altérée à la surface et elle ne s’y présente pas sous son facies normal. Quelques parties mêmes passent à une argile sableuse, roussâtre, très micacée. ; Nous devons reconnaître que l’examen des espèces fossiles recueillies à Tourouvre nous laisserait supposer que le tuffeau de cette localité représenterait un niveau moins élevé dans la série des terrains que celui de Loisé. La couche à Scaphites et à Baculites qui termine la craie de Rouen, ne s’y serait pas déposée et les sables Cénomaniens supérieurs, qui la recouvrent dans toute la partie méridionale du Perche, reposeraient ici sur les assises moyennes de la craie à Ammonites Rhotomagensis. Ce fait, qui indiquerait une lacune dans la sédimentation, serait peut-être négligeable dans un travail d'ensemble, mais il mérite d’être signalé dans une étude locale, où les moindres détails ont toujours de l'importance au point de vue stratigraphique. Aussi, nous proposons-nous de poursuivre nos recherches et de revenir sur ce sujet dans une prochaine communication. Les sables Cénomaniens supérieurs ou sables du Perche constituent la majeure partie de la chaîne de collines qui entourent de trois côtés le bourg de Tourouvre. La ligne repose sur eux du piquet 14 kil. 6 au piquet 16 kil. 8. Ils sont plus ou moins fins et formés de petits fragments arrondis de quartz, de un à deux millimètres de diamètre, mélangés à des parties terreuses, avec nombreuses paillettes de mica blanc. Leur couleur est généralement ocreuse, mais ils sont souvent traversés par des veines de sable blanchâtre, 52 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE jaunâtre ou verdâtre, qui donnent à la masse un aspect bigarré. Ils renferment assez souvent des blocs de grès brun ou blond, résul- tant de leur agglutination par un ciment ferrugineux ou siliceux. Les corps organisés fossiles y sont rares et mal conservés. On n’y trouve guère que l’Ostrea columba, dont la coquille est presque détruite et couverte d’orbiculites, ce qui laisse à présumer que ces sables auraient été remaniés dans une zone d’une certaine étendue. Les sables véritablement en place ne se trouveraient qu’au des- sous de la craie marneuse à ]noceramus ‘labiatus, qui s’étend depuis l’axe de soulèvement dont il a été question, jusqu’à Laigle. Cette craie marneuse est recouverte, sur le sommet des plateaux, par une couche d’argile à silex de 15 à 20 mètres de puissance, qui la masque sur tous les points. Elle ne présente d’affleurements qu’en arrivant à Laigle, près du pont supérieur établi pour le passage de la route de Glos-la-Ferrière, et dans le talus vis-à-vis de la gare. C’est cette craie qui sert à l’alimentation des fours à chaux de Notre-Dame-des-Aspres, d’Irai et de Laigle. Elle fournit une chaux hydraulique très estimée. Les produits en poudre de l’usine de Laigle, dirigée par M. Hérissay, qui en est le proprié- taire, jouissent surtout d’une grande faveur de la part des constructeurs. Nous pensons que l’on doit attribuer cette préfé- rence, fort bien justifiée d’ailleurs, aux perfectionnements apportés à l'outillage et aux soins minutieux donnés à la fabrication, car, dans toute la région, la composition chimique de la craie à Inoceramus est sensiblement la même. Voici du reste des analyses faites sur notre demande, à l'Ecole nationale des Ponts et Chaus- sées, qui le démontreront de la manière la plus évidente. CRAIE DE LAIGLE CRAIE D'IRAI CRAIE DE SENONCHE &} ! | — — 4e Banc Résidu insoluble dans les acides.. 14.70 14.90 16.35 Alumine et peroxyde de fer..... 0.80 0.85 0.80 CP PR PONT ONE LAS sd 43.50 36.65 43.25 MORT En Ds sue Us 2 0.50 0,45 0.25 Vi CR. 0. HENRI 40 50 47.15 39.35 100,00 100.00 100.00 Les expériences chimiques ont montré également que la craie de Laigle contient 0.006 °/, d’azote et 0.07 °/. d’acide phospho- rique. Elle pourrait donc être utilisée avec de sérieux avantages, dans les amendements agricoles. Les fossiles qui caractérisent cet horizon sont peu nombreux, nous n'y avons rencontré que l'Inoceramus labiatus, V'Ostrea columba et la Rhynchonella Cuvierti. PROFILS GÉOLOGIQUES 53 Nous avons dit plus haut que la craie marneuse était recouverte par une couche d’argile à silex, qui s'étend comme un manteau sur toute cette formation, dans la contrée que nous traversons. Nous devons ajouter que la surface de contact entre ces deux terrains est toujours fort irrégulière; sur beaucoup de points, Pargile pénètre dans la nappe crayeuse et y forme des poches plus ou moins profondes. Pour montrer ces relations, nous présen- terons les deux coupes suivantes dont la première est prise à 3 kil. 1/2 au Sud-Ouest de la station de Crulai et la seconde sur le plateau qui domine, au Nord, la gare de Laigle. Coupe des puits dextraction Coupe des puits dextwaction de N.D-des-Aspres de l'usine de Laêèle. au village de la Brosse. (due aTobhgeance de MHérissay) Altitude :2367 Argile sabletise | sl RE RER ER —— x — = ——— us (= WW À È Es ë Craie marneuse (Echelle de 97002 pour 1 ) Dans tous les lieux où l’on constate sa présence, l'argile à silex a toujours une composition identique. C’est une argile jaunûtre, mouchetée de rouge et de blanc, contenant de nombreux silex tuberculeux blonds ou gris-noirâtre. Elle atteint généralement une puissance de 1$ à 20 mètres sur le sommet des plateaux. Les fossiles qu’on rencontre accidentellement dans l’intérieur des nodules, sont à l’état siliceux et les espèces sont propres à l’étage Sénonien. Mais il est à remarquer que, plus on s’approche S4 SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE des rivages de la mer Sénonienne, par Senonches et Châteauneuf, plus ces espèces sont abondantes et caractéristiques de la craie supérieure : Müicraster coranguinum, Echinocorys vulgaris, Echino- conus conicus, Ananchytes ovata. Dans nos régions, on trouve de temps à autre, dans l’intérieur des silex, ou fixés à leur surface, des fossiles particuliers à la craie Turonienne : Rhynchonella Cuvieri, Discoïdea subuculus, Cardiasier ananchytis, associés à quelques genres provenant d’un niveau plus élevé. La partie supérieure de l'argile à silex est souvent formée par une argile rougeâtre, mélangée de silex brisés. Cette sorte de couverture, qui n’a toujours qu'une faible épaisseur, est due à une action de remaniement et elle s'étend indifféremment sur les sables Cénomaniens, voire même sur la craie de Rouen. Les coupes précédentes montrent qu'avant de parvenir à argile à silex, on traverse, sur quelques plateaux, une sorte de limon argilo sableux, dont l'épaisseur varie de 3 à $ mètres, dans lequel on ne trouve pas de silex. Nous pensons qu’il convient de rap- porter ces dépôts superficiels à la période quaternaire, de même que les graviers et les cailloux roulés qui existent sur les rives de l’Iton, notamment près de Bonnefoi et des Genettes. Dans le fond des vallées, la surface du sol est presque toujours formée par des alluvions modernes qui résultent, soit de léboulis sur les pentes par l'effet des eaux pluviales, soit de l’accumulation successive des matières charriées par les rivières et ruisseaux, à l’époque des grandes crues. Mais tous ces dépôts n’ont jamais qu’une faible importance et nous ne les indiquons que pour com- pléter la série des terrains dont nous avons entrepris la description. RÉSUMÉ En dehors de l'allure générale des diverses assises du sol, nette- ment exprimée par nos profils, les faits principaux qui se dégagent de cette étude sont : 1° Les dislocations résultant de plusieurs grandes failles, dont trois surtout (Loisé, Moulins et Echauflour) se manifestent, vers l'Ouest, sur une étendue de plus de vingt kilomètres. Leur direc- tion a été déterminée par M. Albert Guillier, avec l'exactitude et la haute compétence qu’il apporte dans tous ses travaux ; 2° Les ravinements profonds constatés en divers points, notamment dans la vallée de la Touques, près de Gacé ; (PA T'2 bÉereisutéé amtte D E- PROFILS GÉOLOGIQUES s5 3° La superposition directe de la craie à Znoceramus labiatus en- dessus de la craie de Rouen, sans interposition des sables Céno- maniens supérieurs et même, vraisemblablement, de la zone à Scaphites, dans les environs de Ticheville et du Sap; | 4° La disparition des trois étages jurassiques (Kimméridge-clay, Coral-rag et Calcareous-grit) qui vont, en s’amincissant gra- duellement, mourir au ravin de Cutesson ; s° L'absence des trois étages jurassiques précités, à la gare de Vimoutiers et la superposition directe de la glauconie sur les argiles oxfordiennes, ce qui constitue un hiatus stratigraphique des plus manifestes ; 6° Enfin, sur la ligne de Mortagne à Laigle, l’absence de la zone à Scaphites à Tourouvre et la superposition directe des sables Cénomaniens supérieurs sur la série moyenne de la craie à Ammonites Rhotomagensis. Cette lacune, rapprochée de celle que nous avons signalée à Ticheville et au Sap, offre un véritable intérêt, car elle semble indiquer que vers la fin du dépôt de la craie de Rouen, un mouvement ascensionnel du sol se manifesta dans nos régions et exonda une partie de ces dépôts. Nous essaierons d’en rechercher les principales conséquences et d’en circonscrire les limites, mais, n’étant pas encore en possession de tous nos éléments de discussion, nous terminons ici la présente notice que nous soumettons au bienveillant examen de la Société Géologique de Normandie. COMPTE RENDU D’UNE EXCURSION GÉOLOGIQUE A SAINT-JOUIN, ANTIFER ET ETRETAT Par M. G. LENNIER. Accompagné de MM. Biochet et Bucaille, nous avons fait une excursion à Saint-Jouin afin de relever la coupe géologique entre ce point et Etretat. Arrivés à Saint-Jouin avant l’heure de la basse mer, nous sommes descendus par la Valeuse Sud, dont le sentier suit le som- met d’une partie considérable de falaise affaissée par l’écrasement des sables verts sur lesquels elle reposait. Cette partie de falaise affaissée est assez fortement inclinée, ce qui permet d’étudier facilement l’ordre de superposition des couches, et d’établir une coupe géologique que nous avons complétée par le raccorde- ment des assises supérieures de la falaise. Coupe prise à Saint-Jouin de haut en bas : 1. Epaisseur indéterminée. Craie grise noduleuse et gré- seuse avec fossiles assez nombreux : Cidaris sp. ?, Radioles ; Pentacrinus sp.?. Ce niveau, qui forme le sommet de la falaise crayeuse à Bruneval, nous paraît être identiquement le même que celui des couches qui forment la base du cap Fagnet, au sommet duquel est placé le phare de Fécamp. 2. Etage Cénomanien, lit de nodules verts. . . . . . . . 0"0S 3. Craie grise gréseuse avec glauconie intercalée; Ammo- nites, recueillies par M. Bucaille . . . . . . . . . O So 4. Rognons et nodules verts. . . . . s à PORN NES s. Craie compacte, grise, silex chetéts en rognons de couleur bleuâtre, formant des lits assez a FES TRE MONS Tes LU) CNTETS RE 6. Craie grise ou jaunûtre, nbléinidehà charts et his lits de sie noirs, fossiles rares. .:.. . Z + EN … 7: Craie grise, lits de cherts et nombreux nodules bras. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. EXCURSION A SAINT-JOUIN Cette couche, très fossilifère, nous a fourni de nom- breux fossiles : Pecten asper, Holaster subglobosus, (très abondants) Salenia personata ; Cidaris vesiculosa..…...… Craie grise glauconieuse, rognons de cherts, très fossi- lifère. Pecten asper, Rhynchonella compressa, Inoce- ramus striatus, Lima clypeiformis . . . . . , .. Craie grise glauconieuse, avec silex noirs en rognons, Étant Po Ci oUSe ec DaRTEs LE ner Le. . Même craie avec rognons cherteux et silex cornus épars. LA L L2 L L2 L2 LE + . L . . L2 L2 L L LL L LL L2 . Même craie, mêmes silex. Bancs de silex noirs, cherteux, cornus. Craie grise glauconieuse, quelques fossiles. Banc de ea noirs caverneux à cherts. Craie glauconieuse avec rognons de chert, lit très fossilifère. Pleurotomaria Archiacir, Inoceramus striatus très nombreux, ie quinquecostata, Holaster PTT T NN SEEN : . Rognons gris, REA à ie Re Craie grise très hate passant aù grès, en rognons avec remplissage de sable glauconieux; rognons de cal- Dre durs cassure saccharoïde. be... 2,2 Glauconie sableuse avec quelques nodules de eee siliceux. Ce lit forme une ligne blanchâtre qui se dessine nettement dans la falaise, plongeant vers le Nord et allant au pied de la falaise de Bruneval. (C’est sur ce banc que coule la belle source de Bru- neval qui jaillit de la base de la falaise un peu au- dessus du niveau des hautes mers) Nodules de grès à surface verditre. ne Craie grise très dure, passant au grès, avec HE glauconieux (comme le n° 17) très JAMATT AE Cara- iomus rostratus, Catopygus, Pecten asper, Inoceramus Hdi, die ‘ D RIT SCPI VENTE Gros bancs de ne Héralu née et cornus . . Craie jaunâtre avec calcaire siliceux en nodules, et bancs de silex noirs irréguliers. . . . . . . Sable! crayeux :: 4. . Craie jaunâtre avec lits re Fo dt Free RER NOM AC le ee nn Un A vo, Crdic-erisesableuse, 2 248 04 x OO. O1 LE 57 20 40 60 05 58 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE 26. Craie jaunâtre avec lits irréguliers de gros nodules de chert . 0. US RS SO RSS #7. Crée grise bableuse. JE ENS RO ANMENRSe 28. Craie grise avec plusieurs bancs de cite siliceux, et silex noirs et gris à surface très rugueuse. . . . 3 — 29. Craie grise avec banc de calcaire siliceux gris. . . . o so 30. Craie grise argileuse fendillée EME ER 31. Craie grise avec silex bleuâtrés EMI SERRES 32. Banc de gros silex bleuâtres à/centre noir: Sp 33. Craie grise glauconieuse CM 34. Banc siliceux, constant; bleuâtre Ma 35. Glauconies sableuses avec nombreuses pyrites et rognons siliceux bleuâtres disséminés dans la masse. Epaisseur inconnue. (1). Après avoir relevé cette coupe de la falaise de Saint-Jouin, nous remontämes la Valeuse et nous nous dirigeâmes vers la gorge de Bruneval, que nous suivimes pour redescendre au bord de la mer. Arrivés sur la plage, nous constatons, par des observations minutieuses, qu’il n'existe sur ce point aucun soulèvement, ce que la dislocation des couches, par la poussée au vide, des deux côtés de la vallée, pourrait faire croire de prime abord. Nous consta- tons cependant une ondulation semblable à celle que nous retrou- verons plus tard près d’Étretat. On sait que la mer bat toujours le pied du cap d’Antifer; il nous eut donc fallu remonter la falaise pour franchir ce cap et continuer notre étude jusqu’à Etretat, si nous n'avions rencontré des pêcheurs qui consentirent à nous transporter par mer dans leur canot, au Nord-Est du cap. Cette petite traversée au pied de la falaise battue par la mer, n’était d’ailleurs pas dépourvue d’intérêt pour nous : elle allait nous permettre de voir, ou plutôt de revoir, les cavernes que la mer a creusées sous le cap d’Antifer, par le choc répété de ses vagues. À environ 600 mètres de Bruneval, commencent au niveau de la mer cette série d’anfractuosités toutes ouvertes au niveau du plein. La première que. nous rencontrons est le Trou aux pigeons, qui a cent mètres de profondeur. Au-dessus de l’ouverturs et en formant en quelque sorte la continuation jusqu’au sommet de la falaise, nous relevons la direction d’une fente N. 40° O. Lans] (1) Ces sables forment la plage au-dessous des galets depuis la Valeuse Sud de Saint-Jouin jusqu’au Grouin. EXCURSION A SAINT-JOUIN 59 Au fond de cette première caverne, dans laquelle la mer pénètre chaque jour, il existe une fontaine d’eau douce. À quatre cents mètres plus loin, une autre cavité se présente sous la falaise ; c’est le Trou au galet, profond de 60 mètres. On ne remarque aucune fente dans la falaise, au-dessus de l’entrée. Cent mètre plus loin, on rencontre le Trou du navire, profond de so mètres, et cent cinquante mètres plus loin encore, le Trou du marin, profond de 100 mètres, avec fontaine au fond. Ce Trou du marin résulte de l'élargissement d’une fente orientée N. 40° O. Un peu plus loin on trouve une petite plage de galet désignée sous le nom : d’Anse du petit Galet. Puis, vient l’Anse du cap, au-dessous du sémaphore d’Antifer, le Trou du cul de sac, le vallon du Fourquet, avec une descente munie d’une corde, à laquelle il faut rester par moments suspendu à plus de 60 mètres au-dessus de l’abîme. Pour continuer notre route, nous sommes obligés, dans notre canot, de reprendre un peu le large afin d’éviter la pointe de l’'Ecamele, qui se prolonge en un banc de rochers jusqu’à environ 250 ou 300 mètres au large. Après avoir doublé cette pointe, nous revenons vers la terre pour débarquer au Nord du cap, au vallon d’Antifer. Au-dessus du niveau du galet, nous relevons sur ce point, au Nord du corps de garde, la coupe suivante : 1. Craie blanche avec bancs de silex plus ou moins CS TÉDUHCIS | HT ALES So 2. Bancs très ondulés de craie Manche oros silex gris jaunître. : Craie grise moins siliceuse que dessous, avec veines plus grises, silex noirs cornus, épars dans la masse, radioles et débris de Cidaris. . . . .. Oo 50 4. Calcaire blanc compacte, dur, siliceux, els és verts et jaunes, veines de petites zones Haies de FLE AC EME PRE RENTE DAT 0.60 . Epaisseur inconnue, autre couche 5 même DEA avec moins de nodules. Chacune de ces deux dernières assises présente des surfaces supérieure et inférieure plus dures et plus verdâtres que la masse du banc. Ces bancs, suivant l’opinion de deux de nos honorables collègues, sont l'équivalent du banc que les ouvriers désignent sous le nom de faïence à Tancarville, et de Tuf dans les carrières du Landin. LS] LEA! 60 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Nous continuons notre excursion par une visite à la falaise d'Etretat : | À la base de la falaise, la roche crayeuse est d’une grande dureté, aussi la côte est-elle taillée à pic sur un grand nombre de points et surplombe même, d’une manière effrayante, en d’autres endroits, comme à la Grotte des Mousses, à l'Est d’Etretat. Sous les arcades, à la basse mer, on trouve la craie Turonienne a Inoceramus labiatus, et en mème temps que cette espèce caracté- ristique nous recueillons : Rhynchonella Cuvierii et Echinoconus subrotundus. Au-dessus de ces couches, sur une épaisseur de 4 mètres, il existe un banc de craie jaunâtre, très compacte, pas- sant quelquefois au grès et au sable. Cette assise, bien facile a distinguer, représente, à Etretat, réduite a une épaisseur très minime, la craie à Micrater cor-testudisarium. Au-dessus de cette couche, on voit 60 mètres de craie à Micraster cor-anguinum placés dans la craie à silex zonés, au niveau des Bryozoaires. Nous recueillons à ce mème niveau plusieurs frag- ments de Cidaris personata. L’escalier de Benouville présente une très belle coupe de ce niveau, qui s’y rencontre à environ 7 mètres au-dessus du galet de la plage. Une des particularités les plus remarquables des falaises des environs d’Etretat, est la présence de nombreux puits naturels excessivement profonds, remplis des débris des terrains super- ficiels, et qui mesurent jusqu’à 60 mètres. Cès puits, plus ou moins cylindriques, affectent, à leur base, une forme conique, leur régularité est quelquefois si parfaite, qu’à Bénouville on y a établi un escalier pour monter la falaise. Les puits naturels sont très nombreux dans toute la région où affleure la craie Sénonienne. Ils font la terreur des ouvriers marneurs, qui peuvent se trouver engloutis, lorsque le plafond des marnières coupe ces puits, et que ceux-ci se vident par le fond, tout à coup, sans que rien puisse faire prévoir ce fatal événement NOTES A CONSULTER Voyez notes de M. Hébert : Ondulations de la craie dans le Bassin de Paris, 1875. Bulletin de la Société Géologique de Normandie, T. VI. Société Géologique du Nord, travaux de MM. Gosselet et Barrois. Bulletin de la Société Géologique de France, T. XX, 1862-1863. — Note sur la craie blanche et la craie marneuse dans le bassin de Paris, et sur la division de ce dernier étage en quatre assises, par M. Ed. Hébert. NOTE SUR LA PRÉSENCE A TILLY-SUR-SEULLES DU LEPIDOTUS ELVENSIS Par M. SKRODSKY La dernière assise du Lias moyen est représentée, à Tilly-sur- Seulles (Calvados), par une petite couche sableuse, surmontant le banc de roc (niveau du Pecten æquivalvis), et contenant principale- ment les Brachiopodes de ce dernier niveau. Le manquement de la couche à Leptæna, si voisine de Tilly- sur-Seulles, nous autorise à penser que le dépôt de la couche à Brachiopodes, a été suivi d’une période de retrait des eaux : mais, on comprend facilement que la période d’émersion a été fort courte, et que les eaux n’aient laissé aucune trace visible de ravinement, étant venues couvrir à nouveau un terrain sableux et peu consolidé. Les fossiles roulés et arrachés au niveau inférieur, qu’on retrouve englobés dans les premiers feuillets de la marne du Lias supérieur, viennent encore confirmer l’idée du retrait des eaux. La première assise du Lias supérieur, qui recouvre en stratifi- cation concordante la couche à Brachiopodes, a une puissance d'environ trois mètres. C’est une marne d’un gris noirâtre, surmontée par un mètre d’une marne jaunâtre, un peu plus calcaire. Nous ne saurions décider si ces marnes jaunâtres doivent être réunies aux assises à Ammonites bifrons et serpentinus qui les surmontent, ce qui paraît cependant très probable, ou aux marnes noirâtres qui leur sont subordonnées. Un mouvement du sol, ne déterminant qu’un changement du niveau du fond des mers, sans motiver pour cela leur retrait momentané, a pu en effet occasionner un changement dans la nature des sédiments, et il serait bien téméraire de vouloir tracer une ligne de démarcation entre deux niveaux, lorsque ceux-ci ne contiennent aucun fossile, comme à Tilly. 62 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE La carrière de Tilly-sur-Seulles, qui présente une magnifique coupe, non seulement du Lias moyen, mais encore des premiers niveaux du Lias supérieur, ne paraît pas avoir été décrite, et les géologues visitent toujours la carrière de Vieux-Pont, qui est loin de la valoir, mais dont M. E. Deslongchamps a donné la coupe dans ses études sur les étages jurassiques inférieurs de la Normandie. .M. E. Deslongchamps termine la nomenclature des divers niveaux de la carrière de Vieux-Pont par cette phrase: Environ trois mètres appartenant aux marnes Infraoolithiques. Ce sont ces marnes qu’on retrouve à Tilly, qui nous ont donné un poisson fossile permettant de les synchroniser avec les marnes de Curcy et de la Caine. Leur position, il'est vrai, ne per- mettait pas de leur attribuer un autre niveau. Les marnes formant la première assise du Lias supérieur présen- tent à o0"80 de la base de gros rognons de calcaire gris; nous avons trouvé, dans la carrière de Vieux-Pont, une Ammonites ser- pentinus (variété différant peu du type) à moité englobée dans lun d’entre eux. À une hauteur de 1"60, on rencontre un banc continu d’un calcaire gris, d’une épaisseur d’environ 0"40, qui contient, à Vieux-Pont, quelques petites Amimonites serpentinus. Ces fossiles font corps avec la roche, etleur test spathisé en rend l’extraction des plus difficiles. Ils sont rarissimes à Tilly-sur- Seulles. C’est peu au-dessus de ce banc que nous avons trouvé le poisson susdit. | M. G. Vasseur, docteur ës-sciences, et notre collègue de la Société Géologique de France, a bien voulu se charger de déter- miner notre trouvaille. Il a reconnu le Lepidotus Elvensis, poisson caractéristique du niveau des argiles de Curcy et de la Caine. Nous prions M. Vasseur d’agréer de nouveau nos sincères remerciements pour l’extrème bienveillance avec laquelle il s’est mis à notre disposition pour nous renseigner au sujet de l'espèce du fossile. . Sauf quelques morceaux de bois changés en lignite imparfait, et qui dénotent un assez long transport, les marnes ne contiennent pas d’autres fossiles que ceux que nous venons de citer. On rencontre, il est vrai, dans les feuillets de la marne quelques Belemnites, peut-être le Belemnites niger, mais ces fossiles, très RON NEC RENNES NOTE SUR LE LEPIDOTUS ELVENSIS 63 roulés, paraissent, comme nous l’avons dit plus haut, avoir été arrachés à la couche sousjacente. Nul doute, par exemple, qu’un examen microscopique des marnes ne fasse découvrir un grand nombre de foraminifères. La couche marneuse, d’un gris noirâtre, et qui forme, à Vieux- Pont et à Tilly-sur-Seulles, la première assise du Lias supérieur, doit donc être synchronisée avec les couches à miches de Curcy et la Caine, dont elle présente un facies un peu moins littoral. EXCURSIONS TANCARVILLE -— LILLEBONNE — BOLBEC MIRVILLE — FÉCAMP Par M. G. LIONNET EXCURSION A TANCARVILLE ET LILLEBONNE (EXCURSION FAITE LE 1° JUIN 1879) 1° Aspect et constitution des falaises depuis la pointe de Tancarville jusqu'à l'entrée de la vallée de Lillebonne. La constitution des falaises ou des coteaux, depuis la Hève et Ingouville jusqu’à Orcher et Saint-Vigor est fort connue, et nous ne les rappelons ici que pour y rattacher la portion de ces mêmes falaises qui s'étend de Tancarville à Lillebonne, et-forme aussi les coteaux de la presqu’ile qui s’avance vers le Sud, entre ce dernier point et Villequier. Les coteaux d’Ingouville sont constitués, dans la fartie visible, par l’étage Cénomanien que recouvrent les argiles à silex, elles- mêmes subordonnées à une couche généralement fort épaisse de limon des plateaux. Cette stratigraphie est constante jusqu’à l’ouver- ture de la vallée où est situé Harfleur ; si l’étage Turonien existe dans ces coteaux, les lambeaux de craie blanchâtre, qui affleurent sur quelques points, ne permettent pas toutefois d’en afhrmer la présence d’une manière certaine (1). Il en est tout autrement au-delà d'Harfleur, vers l'E. et le N.-E. Dans le flanc du côteau septentrional de la vallée de Gournay, un four à chaux exploite (1) Je crois que deux de nos collègues ont cependant trouvé un des pitons les plus élevés des coteaux de Graville, que les caractères paléontologiques permettent de rapporter à l'étage Turonien. Aux Monts Trottins, altitude 74, près Fontaine, les silex Turoniens sont visibles dans le bois de sapins. EXCURSION A TANCARVILLE 65 les marnes Turoniennes vers les trois quarts de la montée, soit à environ 80 mètres d’altitude. Les sources captées par la Ville du Havre au fond de la vallée de Gournay sont en grande partie Turoniennes. C’est également l’étage Turonien qui constitue le sommet de la falaise d’'Orcher, sur environ 30 mètres. Au-dessous, l'étage Cénomanien offre encore un développement d’environ 60 mètres, et il se termine à la base par des Glauconies sableuses, qui reposent sur les couches de la Gaize, visibles sur une très faible étendue au-dessous du château d’Orcher. Le plongement des couches dans la direction du N.-E. abaisse les strates supérieures de l’étage Cénomanien jusqu’à la pointe de Tancar- ville, où les éboulis et les chemins d’exploitation le cachent aux regards ; sa disparition au-dessous du niveau du marais doit s'effectuer à peu près sous le château de Tancarville. Le dernier point d’affleurement observé par nous est exactement à la pointe de Tancarville, sous le phare : les couches sont composées d’un calcaire légèrement sableux, avec débris de coquilles brisées, radioles d’oursins, etc. ; c’est en un mot le même aspect lithologique qu’à Bruneval, au niveau du galet du haut de la plage. Comme sur ce dernier point, nous avons également constaté un petit lit ferrugineux avec nodules verdâtres de chaux phosphatée (1). L’épaisseur visible est sur ce point d’environ 7 mètres. Quant à l'étage Turonien que nous avons vu à Orcher former le haut de la falaise, au-dessus de la craie Glauconieuse, on peut l’observer ici sur une épaisseur d’environ 20 mètres, c’est-à- dire sur une épaisseur beaucoup moins considérable qu’à Orcher. Les couches inférieures de cet étage s’enfoncent bien vite au-des- sous du niveau du marais et doivent être, autant qu’on peut juger, à ce niveau même au commeneement de la falaise située à l'Est de Tancarville (2). Le niveau supérieur par contre, est constamment visible jusqu’à Radicatel. Il paraît subir quelques ondulations qu’il faut peut-être rapporter en partie à un simple effet de pers- pective, car de Tancarville à l’entrée de Lillebonne, la falaise forme un golfe, un arc de cercie dont la corde serait dirigée S.-O.-N.-E. Quoi qu'il en soit, ce niveau est facile à distin- (1) Un échantillon, analysé par M. Ch. Marchand, de Fécamp, a donné 4 10 0/0 d’acide phosphorique. (2) D’après les coupes données par M. G. Lennier, l’étage Turonien est visible jusqu’au-delà de Radicatel. 66 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE guet ; il est partout marqué par une surface corrodée, usée, avec fragments arrondis de calcaires durs, siliceux, empâtés dans la roche : il offre, dans son expression la plus évidente, l’aspect de ce que M. Hébert a désigné sous le nom de banc-limite. Au-dessous, à 20 ou 30 centimètres, existe un autre banc moins régulièrement marqué, et qui semble comme une première ébauche d'arrêt dans la sédimentation. Peu de fossiles : nous y avons toutefois recueilli un ÆHolasier subglobosus, la Terebratula Obesa, une dent de poisson sélacien, quelques Rhynchonelles. L’étage Sénonien, qui fait sa première apparition vers Orcher, occupe à Tancarville, notre point de départ, la plus grande partie “de la falaise, et n’est recouvert que par une couche fort mince d'un terrain qui présente les caractères de l’argile à silex et du limon des plateaux remaniés. Dans quelques dépressions, la couche est un peu plus épaisse, mais jamais considérable: Dans notre région, toutes les falaises de craie blanche sont incultes et leur sommet est, ou à l’état de landes couvertes d’ajoncs, ou occupé par des bois. À partir de Tancarville jusqu’à Lillebonne, c'est ce dernier fait que l’on peut observer presque généralement. Notre rôle dans ce parcours de Tancarville à Lillebonne était limité à la simple constatation des terrains constituant la falaise. Quant à leur composition, elle offre tous les caractères des mêmes terrains dans les autres points de notre région où nous les avons observés : nous venons de rappeler ceux de la craie glauconieuse et de la craie marneuse. Quant à la craie blanche, ici comme ailleurs, elle se fait remarquer parles nombreux puits qui s'ouvrent de hauten bas, traversant les strates sans en modifier les allures (1). Par contre, et surtout dans toute la partie depuis la falaise à l'Est de Tancarville jusqu’à Radicatel, (c’est-à-dire dans la partie observable, car au-delà, les pentes et les escarpements sont envahis par la végétation), nous avons pu remarquer sur plusieurs points des traces de dénivellements dus à de petites failles partielles d’ailleurs peu importantes : l’une d’elies atteint une amplitude d'environ 50 centimètres. Partout on peut aussi suivre les deux directions N.-0.-S.-E. et N.-E.-S.-O. du système de failies observées dans tout le bassin (1) Nous ferons remarquer, par parenthèse, que nulle part on ne trouve dans ces puits la trace d'un épanchement.souterrain. Tout y porte au contraire les indices d'une formation par infiltration, c'est-à-dire d’un effet agissant de haut en bas et non pas de bas en haut. EXCURSION A TANCARVILLE 67 de Paris, par les lignes de brisures qui, du sommet de la falaise à la base, sillonnent ces coupes si nettes : il y a là toute une leçon de géologie écrite en caractères indiscutables et saisissants. Les coupes que l’on pourrait tirer de la craie blanche, notam- ment à Tancarville, et dans toute cette région, présentent la plus grande analogie avec les nombreuses coupes de la même formation sur les divers points classiques de Normandie. Je me bornerai à rappeler ici les nombreuses ondulations des couches de cette craie blanche, déjà signalées par M. Lennier, dans son ouvrage sur embouchure de la Seine, ainsi que leslignes de silex noir, en table, de quelques centimètres d'épaisseur, appelées Cheval de Bizet par les ouvriers, et qui coupent obliquement et dans deux directions, soit synclinales soit anticlinales, les autres lits sinombreux des silex de la craie blanche. Vers la partie inférieure de l’étage Sénonien, un peu au-dessus de la limite s1 bien marquée de étage Turonien, se trouve le banc galeux des ouvriers, qui, dans les parties exposées à la surface de la falaise, semble constitué par des silex autrefois empâtés dans la craie, mais dont le ciment crayeux aurait été enlevé par les eaux. Il y a là en effet un niveau d’eau, mais en raison du plongement des couches vers le N.-E., l'écoulement des eaux se fait dans la direction du centre du pays, et non dans celle de la partie extérieure, affleurant, des falaises. Nous n’obser- vons aucune source tant que ce niveau est à découvert ; mais, vers l’Est, ce niveau, s’abaissant au-dessous du sol, se trouve colmaté par les terres; l’eau s’accumule et reflue, produisant les nombreuses sources limpides que nous rencontrons du côté de Radicatel et qui sont Turoniennes. De ce point jusqu’à Lillebonne, ainsi que nous lavons dit, les constatations sont impossibles par suite de la végétation qui a envahi les pentes recouvertes des dépôts superficiels éboulés. Sur quelques points aussi les dépôts auxquels on à donné le nom de Diluviens sont éboulés jusqu’au niveau de la route du marais. Nous ne retrouvons la craie blanche à découvert que sur la gauche du chemin qui mène à Lillebonue, et c’est là que nous en consta- terons la présence tout-à-l’heure pour expliquer les recherches qui font l’objet de la deuxième partie de cette note. A Lillebonne, on trouve le Micrasier cor testudinarium, c’est-à-dire que nous sommes à la base de la craie blanche. Rappelons en passant que nous avons assisté vers le S.-O. de la pointe de Tancarville aux sondages qui s'effectuent en vue de la construction du canal de Tancarville. D’après les renseigne- 68 SOCIÈTÉ GÉULOGIQUE DE NORMANDIE ments que nous avons eus depuis, on a trouvé la craie à 6 mètres de profondeur au-dessous du sol du marais : les assises rencontrées doivent être par conséquent à peu près les assises supérieures du Cénomanien de la Hève, puisque à 200 mètres de là, vers le N.-E., et s’élevant (sur une épaisseur visible d'environ 7 mètres) jusqu’à environ 12 ou 15 mètres au-dessus du niveau de la mer, nous avons constaté les assises du Cénomanien de Bruneval, manquant à la Hève. On aura donc là un fond solide pour les divers travaux d’art à effectuer à cette sortie du canal, tant pour les écluses que pour un bassin d’amarrage (1). 2° Faille de Fécamp à Villequier dans la région de Lillebonne. Sur la carte géologique que M. Lennier a exposée en 1878, la ligne de faille de Fécamp à Villequier et au-delà a été tracée à peu près directement de Fécamp à Mirville et Bolbec, de ce point à Lillebonne, de Lillebonne à Notre-Dame-de-Gravenchon, pour obliquer vers l’'E.-N.-E. sur Viilequier, Caudebec, etc. Les études de MM. Lennier et Biochet n’ont laissé que peu de doutes sur la position de cette faille (2) ; il ne s’agissait dans lexcursion dont on rend compte ici que 4e préciser, dans les limites possibles, la zone enfaillée dans le voisinage de Lillebonne de façon à en resserrer le tracé. La région enfaillée de Caudedec à Villequier et Notre-Dame-de-Gravenchon a été décrite d’une façon définitive dans un travail de M. G. Lennier, conservateur du Musée du Havre et président de la Société Géologique de Normandie (3). Quant au tracé de ce dernier point jusqu'à Fécamp, quelques études restent à faire pour lui donner la précision complète, et cette excursion n’est que le commencement d’une série de courses destinées à compléter nos connaissances à ce sujet. La direction générale de la vallée de Lillebonne à Bolbec est N.-O.-S.-E. Un premier examen des hauteurs qui la dominent permet de remarquer que les coteaux de gauche en remontant la vallée offrent des pentes relativement fortes et brusques, la ligne générale n’en est interrompue que par quelques petites dépressions formant des vallons de peu d’étendue. C’est en un (1) Les travaux du canal à Tancarville même, sont maintenant fort avancés. 1 863. (2) Le tracé de M. Lennier est sensiblement le même que celui de la carte géologique détaillée. (3) V. Bulletin de la Société Géclcoique de Ncrmandie,t. VII, année 1881. OREGON | | | : 2 Em qe me ne ee ét did ee ue ee de EXCURSION A LILLEBONNE 69 mot laspect que présentent en général les collines de craie blanche de la vallée de la Seine. La ligne principale des coteaux à droite, c’est-à-dire au N.-N.-E., est au contraire fréquemment interrompue par des vallons secondaires pénétrant assez profon- dément dans le pays (500 à 1,000 mètres). De plus, et particuliè- rement dans la région de Lillebonne (N. et N.-E.), où viennent déboucher 4 à 5 de ces vallons secondaires, les pentes sont allongées et leurs déclivités ne suivent pas, pour un observateur attentif, la régularité que l’on est accoutumé de voir dans la région du pays de Caux, dont le sous-sol est le Cénomanien recouvert par les argiles à silex, le limon des plateaux, et, dans les dépres- sions le limon des terrasses qui allonge et adoucit les pentes des coteaux. Sur certains points, en effet, ces pentes sont irrégu- lières : elles subissent plusieurs arrèts ou se relèvent brusquement. On voit que ces accidents doivent tenir à la nature et surtout à la géologie du sous-sol ; il y a euyéboulement, et des blocs restés en place, et pointant même sur plusieurs points, ont formé des escarpements parfois mal comblés par les éboulis de terre et par la végétation. Un œil exercé signale encore: un autre fait: les coteaux de gauche, surmontés d’une faible couche végétale, ont été laissés couverts de bois ou de buissons comme dans toutes les parties du pays où la craie blanche affleure et ne fournit que des terrains de peu de valeur ; les sommets des coteaux de droite, au contraire, formés d’épaisses couches d’argiles à silex et de limon des plateaux plus ou moins remaniès et mélangés aux roches du sous-sol (craie verte, craie marneuse) constituent un sol excellent. Au point de vue géologique et puisque l'observation directe, à cause de la végétation, est difhcile, nous n'avions qu’à recher- cher les traces d’affleurement de la craie blanche, de la craie marneuse et de la craie verte, les seuls étages que laltitude du sol ainsi que l’amplitude de la faille, déjà reconnue par les études antérieures, permettaient de rencontrer. En remontant la vallée de Lillebonne, depuis les falaises qui bornent les marais de embouchure de la Seine, nous avions pu nous convaincre que les escarpements de droite ou de gauche sont formés de craie blanche à l’entrée de la vallée. Quant aux côteaux de gauche, de Lillebonne à Bolbec, nous les savions, d'après des recherches précédentes, également constitués par la craie blanche (nous parlons toujours de la région de Lille- bontie) jusqu’au delà de Saint-Antoine-la-Forêt. Enfin, à l'entrée de Lillebonne même, en venant par le chemin de Tancarville 70 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE à cette dernière localité, nous avions pu recueillir au niveau du sol (altitude 7 mètres) et jusqu’à une certaine hauteur, dans les talus de la route, le fossile caractéristique, Micraster cor testudi- narium, niveau d’ailleurs bien supérieur à celui de Tancarville où on ne trouve jamais ce fossile. Jusqu'au dessous du château, on trouve également des traces de craie blanche, laquelle apparaît au pied des coteaux ou vallons qui, vers la droite, viennent aboutir sur la route de Lillebonne à Quillebeuf {bois du Mesnil) : nous en avons constaté l’existence dans les talus d’un sentier voisin d’un chemin qui, du Manoir, va rejoindre la route de Lillebonne à Auberville-la-Campagne, ainsi que dans une carrière ouverte également au nord de ce sentier, en revenant sur Lillebonne. On est encore ici sur la lèvre surbaissée de la faille, mais la lèvre relevée n’est pas loin. En effet, si, revenant sur nos pas, nous remontons et cherchons dans les talus de ce sentier qui va de Lillebonne à Auberville, nous trouvons, dans l’herbe, peu après la jonction du sentier avec la route (1), et particulièrement en montant dans les flancs du coteau, à gauche, un peu au-dessus vers le Nord du point où est marquée l'altitude de 62 mètres sur la carte d'état-major, un affleurement de Cénomanien. Quelques traces, qu'on ne pourrait afhrmer en place, mais plutôt remaniées dans le sol du coteau au Nord du val Anfray, avaient déjà été remarquées. C’est donc exactement entre le point où se trouve les dernières traces de craie blanche, et le chemin vicinal de Lille- bonne au val Anfray, au pied des bois de la Houssaye, que passe la ligne de faille. Si l’on dirige ses recherches plus au Nord, on trouve plusieurs affleurements soit Cénomaniens, soit Turoniens vers l'E., le N.-E. et 12 N. de Lillebonne. Nous en avons constaté tout près de Lillebonrie sur le flanc occidental du coteau situé à l'E.-N.-E. de Lillebonne, au point que couronnent les bois de la Houssaye. Nous y avons recueilli divers fossiles Cénomaniens : Pecten asper, Ammonites Mantelli, Janira quinquecostata, etc., dans une sorte de grès friable, verdâtre, glauconieux. En conti- nuant à suivre les flancs de ce coreau vers le Nord, parallèlement à la route de Lillebonne à La Fresnaye, on trouve les mêmes fossiles empâtés dans une même roche gréseuse et glauconieuse. (1) Il s’agit ici non pas de la route départementale de Lillebonne à Auber- ville, mais du chemin vicinal qui passe par le val Anfray. peu: EXCURSION A LILLEBONNE 71 Dans une carrière ouverte dans la courbure de la grande route d’Auberville, nous avons constaté, à une altitude d’environ 100 mètres : en bas, la craie glauconienne ; au sommet, la craie marneuse avec ses bancs-limites supérieurs si caractéristiques. Le haut de la carrière estoccupé par de la craie remaniée, ffragmentée, sans fossiles. Cette carrière nous présente en même temps les traces évidentes d’une petite faille partielle très bien marquée. Les couches sont dénivellées d'environ $o centimètres. Cette faille en miniature peut en mème temps expliquer comment, sur certains points des parties déclives des coteaux, nous avons rencontré des roches Turoniennes ayant encore gardé une stratifi- cation régulière, à un niveau inférieur à celui où nous avions constate la présence de roches Cénomaniennes. Les terrains qui constituent le bord de la lèvre relevée de la faille, ont glissé et comblé le vide de la portion enfaillég. Cette action, dans les parties les plus voisines de la faille, s’est exercée par éboulement, plus loin par ‘inclinaison, et au-delà, par exemple sur le point observé dans cette carrière, par rupture (en gradins), par une suite de petites failles partielles qui ont successivement abaisse la partie supérieure des falaises, constituée par le Turonien, les argiles à silex et le limon, au-dessous de la limite supérieure de l’étage Cénomanien resté observé en place vers le N. et le N.-E. L'examen du coteau qui s'étend au N.-O. de la route de la Fresnaye, nous a donné les mêmes résultats et nous avons trouvé dans tout le parcours, et suivant l'altitude, soit le Cénomanien avec des caractères identiques à ceux observés, et très fossilifère, soit le Turonien, par exemple presque au sommet du coteau, et également, en redescendant sur Lillebonne à un niveau bien inférieur, sur la déclivité du coteau. La présence d’une zone de silex noirs, très caractéristiques, ne permet pas de doute sur la présence de la craie marneuse amenée sans doute sur ce point par glissement, par une action analogue à celle que nous avons citée plus haut. Ainsi donc, les coteaux au N.-E et à PEst du val Anfray, celui qui supporte le bois de la Houssaye, nous ont fourni les preuves de l'existence de la craie verte Cénomanienne ou de la craie marneuse souvent éboulée; nous les signalons encore au Calvaire, au bois des Chauffettes. Les coteaux au N.-N.-E. de la route de Bolbec en sont constitués, etsur la route de Bolbec, à la sortie de Lillebonne, M. Denize, l’aimable collègue qui nous servait de guide, nous signale encore la présence de Glauconies, rencontrées dans les fondations d’une maison en construction. Si 72 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE donc l’on joint par une ligne les points extrêmes reconnus à droite et à gauche de la vallée, nous pourrons affirmer que la faille, ou pour parler plus justement, que la zone enfaillée reconnue à Notre-Dame-de-Gravenchon, vient passer (on a reconnu que la direction offre une certaine convexité de ce point jusqu’à Lille- bonne) vers l’extrémité S.-O. des deux petits caps formés par les coteaux qui supportent les bois du Roi et de la Houssaye. Elle doit être ensuite prolongée un peu au Nord du Château de Lillebonne et occuper l’axe même de la vallée. On comprend qu’il est impossible, sauf par l’heureux hasard de sondages postérieurs, de fixer avec plus de précision la position de cette faille. Les affleurements, surtout pour le côté droit de la vallée sont forts rares, étant recouverts d’argiles et de limons qui descendent en pentes allongées jusque vers le fond de la vallée. On remarquera que sur un point, vers le Château, la zone inconnue par suite d’impossibilité de constatation directe ne dépasse pas beaucoup 200 mètres. Par suite des pentes allongées du côté droit de la vallée, cette zone est d’environ 600 mètres entre les points extrêmes repérés; mais le sous-sol sur lequel est bâtie Lillebonne appartient à la craie blanche jusqu’à peu près à la hauteur du Château. On peut, en résumé, représenter cette faille sur la carte par une ligne tirée de la Roserie passant un peu au Nord du Château jusqu'a 2 ou 300 mètres N.-E. de Bolbec. L'amplitude de la faille, en tenant compte de l'épaisseur totale des étages dans la région du pays de Caux, peut être évaluée à environ 120 mètres. EXCURSION DE LILLEBONNE A BOLBEC Nous avons reconnu dans la précédente excursion le passage de la ligne de faille dans la vallée au voisinage de Lillebonne. Cette ligne peut être prolongée jusqu’à quelques centaines de mètres au N.-E. de l’église de Bolbec; tous les coteaux S.-O., c’est-à-dire à gauche en remontant la vallée sont constitués par la craie blanche, plus ou moins facile à reconnaître sous la végétation. Le sous- sol de la vallée même, de Lillebonne à Bolbec, appartient à la même formation qui existe également en partie dans les coteaux de Gruchet, jusqu’à une faible attitude, mais recouverte par le terrain remanié des pentes. Par contre les sommets de ces coteaux EXCURSION DE LILLEBONNE A BOLBEC 73 du N.-E. de la vallée, c’est-à-dire à droite en remontant vers le Nord, révèlent la présence soit du Turonien, soit, dans les dépressions, du Cénomanien, avec les caractères observés antérieu- rement. Nous avons reconnu la présence du premier de ces terrains au Mont de Bolbec, et le second en redescendant un sentier encaissé de ce point sur Bolbec même ; mais le nombre des constatations est forcément rendu fort difficile par les remanie- ments successifs et les cultures avoisiniant la ville. Ce n’est le plus souvent que par déduction, par la nature du terrain superficiel que l’on peut arriver à un résultat. Les constatations directes devien- dront ensuite impossibles à établir jusqu’au voisinage de Fécamp : elles font l’objet de plusieurs autres excursions, dont le résumé vient ci-après : « De Fécamp à Lillebonne, suivant l’explication de la carte » géologique, même sur les plateaux où elle est masquée par » l’argile à silex, la faille peut se suivre, grâce à une série de » poches de sable éocènes qui se sont conservées sur son bord » abaissé. Les sablières de Saint-Léonard, les blocs de grés que » rencontre le chemin de fer avant Mirville, les sablières de la » Fontaine-aux-Veaux, du Galet, du Val-aux-Grés, du Vallot, de » Gruchet sont les plus remarquables parmi ces gisements. » On sait en effet que « la formation de l'argile plastique, repré- sentée par des sables, des grès et des argiles, a dû recouvrir autrefois le pays de Caux. Il n’en est demeuré en place que quelques lambeaux, notamment celui de Mélamare, constitué par des argiles à poteries et des sables et grés exploités pour pavages. Ces dépôts sont concentrés de préférence sur le bord abaissé de la faille de Fécamp à Lillebonne. » Ces argiles et sables de Mélamare ont été déjà décrits, et M. Lennier, dans une carte encore inédite, en a resserré le tracé d’une façon très précise. Nous ne nous y arrêterons pas dans le compte-rendu de cette excursion, mais avant d'abandonner la région de Bolbec, il est peut-être utile — maintenant surtout que les travaux d’art du chemin de fer ne permettent plus de rencontrer d'aussi heureux hasards — de signaler la coupe intéressante fournie par les tranchées du chemin de fer en construction à l’époque de cette excursion (1879). Le niveau d’exploitation se trouve dans les sables tertiaires avec blocs de grès souvent empâtés de silex roses, propres à la partie supérieure de l’étage Turonien de notre région et qui forment 74 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE brèche. Au-dessus, jusqu’au sommet, existe une couche de r5 à 25 mètres de sables jaunâtres avec traces d’argiles rouges tertiaires fargiles de Mélamare) et quelques lits de graviers ou galets crayeux aussi disséminés dans la masse, et qui se présentent alors le plus souvent sous forme de nodules calcaires blancs laiteux s’effritant sous les doigts en une poudre blanche. Dans la masse formée par ces sables, très homogènes, se voient, disséminés, de nombreux blocs de grès dit grés de Bolbec employés pour le pavage des rues. Le sommet de ces sablés n’a pas été visité, et leur séparation d’avec les sables appartenant au limon des plateaux est sans doute parfois difficile à cause de la ressemblance des caractères physiques. Cette séparation est nette- ment établie d’ailleurs sur d’autres points, par exemple à Méla- mare, où nous avons vu, dans une excursion antérieure, les argiles tertiaires à poteries et à foulon, dites de Mélamare, reposant sur les sables à grés de Bolbec et recouvertes par le limon des pla- teaux. On me pardonnera de ne pas m’étendre ici sur cette partie de la géologie des environs de Bolbec, ni sur lorigine probléma- tique de ces argiles boueuses que M. de Lapparent considère comme éruptives (1). | Sur l’emplacement où se trouve maintenant la gare des mar- chandises, nous avons observé, dans l'épaisseur des sables, 3 ou 4 gros blocs de grès placés au-dessus d’un cordon d'argile « avec silex » en partie noircis par de l’oxyde de manganèse (pyro- lusite) arrondis, quoique ne portant pas de traces de transport par les eaux, offrant même sur les surfaces convexes, généralement décomposées et calcaires, des traces de Bryozoaires. Nous ajoute- rons que ces grés étaient enveloppés (entourés en cercle), à la distance de 2 à 3 mètres, d’un cordon de ces argiles avec silex, qui formaient alentour comme une auréole elliptique ayant une longueur de 20 mètres environ sur 10 mètres de hauteur : l’espace compris entre cette sorte d’auréole était rempli de sables parfaite- ment homogènes et semblables à ceux des sables à grès tertiaires ; nous ne pourrions toutefois afhrmer que le cordon supérieur de ces argiles avec silex, bien qu’il présentàt toute l’apparence d’être la continuation, sans aucune trace visible d'interruption, du cordon inférieur, relevé à ses deux extrémités, nous n’osons, (1) Note sur la relation des failles et des gisements éocènes du Nord de la France avec l'argile à silex. Bulletin de la Société Géologique de France, -3° série, tome IV, p. 348. EXCURSION DE LILLEBONNE A BOLBEC 7 dis-je, affirmer que cette partie supérieure ne soit pas due à un remaniement déjà ancien sans doute, mais non pas improbable : nous n'avons en effet constaté cette disposition particulière que sur ce point. Les caractères physiques n’indiquaient toutefois aucune trace de remaniement artificiel. Partout, au contact de ces argiles avec silex, se trouvent les graviers ou galets calcaires déjà signalés et les traces noirâtres d’un enduit de pyrolusite recou- vrant les parties arrondies des silex ; ces silex, ainsi colorés, ont d’ailleurs la plus grande analogie avec ceux que l’on rencontre sur plusieurs points à la partie supérieure des falaisés de la Hève. Les traces manganesifères, du moins j'ai cru le reconnaître, se rencontrent surtout dans les parties qui renferment à la fois des silex noduleux, à cornes arrondies, à surface souvent décomposée et devenue calcaire, et des silex cassés, anguleux, en fragments. Mais nous reviendrons sur cette question des aroiles à silex et des terrains supérieurs qui occupe en ce moment tant de géologues. Nous avons reconnu la direction générale de la ligne de faille à Lillebonne et de Bolbec à Lillebonne : une autre excursion nous mènera jusqu’à Fécamp, où il résulte, si je ne me trompe, de constatations antérieures, qu’elle aurait une amplitude moins prononcée que dans la partie observée jusqu'ici. Rappelons toutefois ici qu’à défaut de constatation visible de la présence de la ligne de faille de Bolbec à Mirville, il est facile de trouver dans la disparition d’un petit ruisseau, dans un vallon au Sud du viaduc de Mirville, la preuve de la présence d’une faille sur ce point comme sur plusieurs autres aux environs de Triquerville et de Bolbec, où notre collègue de Caudebec, M. Biochet, à également vérifié l’enfouissement de la rivière dans les fissures déterminées par cette dénivellation des couches terrestres. Une autre partie de notre excursion comprenait la visite aux substructions romaines découvertes à Lillebonne par notre collègue M. Denize, et qu’il avait bien voulu faire mettre à découvert à notre intention. Notre actif secrétaire a fait de cette excursion un récit après lequel il ne reste que bien peu de chose à dire, pour le dire sans doute en de beaucoup moins bons termes; on trouvera ce compte- rendu ci-après. | 76 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE EXCURSION A MIRVILLE — BEC-DE-MORTAGNE FÉCAMP (26 SEPTEMBRE 1880) Faille de Fécamp à Mirvill: et Bolbec L’excursion du 26 Septembre 1880, entreprise par la Société Géologique de Normandie, avait pour but de reconnaitre, aussi approximativement que possible, le tracé de la faille de Villequier à Lillebonne et Bolbec, au-delà de Mirville jusqu’à Fécamp. De Bolbec à Mirville, on peut reconnaitre le passage de la ligne de faille en constatant sur plusieurs points, à l'Est du vallon, la présence de la craie glauconieuse, recouverte d’une couche épaisse d'argile à silex, tandis que les flancs des coteaux occidentaux sont constitués par la craie blanche que surmontent les sables et grès, et les argiles tertiaires de Mélamare. Dans le vallon même de Mirville, au Sud du viaduc, un petit ruisseau disparaît en tourbil- lonnant et se perd dans la faille. De ce dernier point jusqu’à Fécamp, il est impossible de suivre le tracé de la faille d’une manière absolue et par une constatation directe. Ce n’est que par déduction, par un examen attentif du sol superficiel, et surtout par l’étude des matériaux rejetés auprès des marnières, qu'il est permis d'arriver à un résultat approximatif. Si l’on joint par une ligne idéale Bolbec et Mirville à Fécamp, passant un peu à l’Est de Bréauté, on peut ainsi reconnaître que les débris de l’extraction des marnières, situées à l'Ouest de ce tracé, contiennent des fossiles de l’Etage Sénonien, particuliè- ment le Müicraster cor testudinarium, tandis que les marnières situées à l’Est fournissent des échantillons appartenant à la craie marneuse et à la craie blanche (marnière près de Mirville) (1) ou à la craie glauconieuse (Etage Cénomanien), par exemple à la marnière d’Annouville. Tous les escarpements de la vallée de Fécamp au Bec-de-Mor- (1) Où nous avons recueilli le Micraster cor testudinarium. EXCURSION A MIRVILLE 77 tagne et des vallons secondaires (Pétroval, etc.), appartiennent à l’Etage Cénomanien. La roche, surtout dans les environs du Bec-de-Mortagne, de Pétroval, se présente sous un aspect assez différent de celui des roches du même étage, à la Hève. Elle est principalement constituée par des grès glauconieux très durs, fort riches en fossiles bien conservés : Ammonites Rotomagensis, Pecten asper, Terebratula subglobosa, Scaphites æœqualis, Cidaris, etc. Un peu à l’O.-N.-O. du Bec-de-Mortagne, sur la déclivité Au coteau, se trouve, dans le jardinet du presbytère {ancien presbytère) un puits creusé dans les grès glauconieux, et qui va chercher le niveau d’eau des glauconies inférieures cénomaniennes à 60 mètres de profondeur, nous dit-on. Nous avons aussi, sur cette partie du pays, signalé, dans les carrières ouvertes au haut des coteaux en pleine craie cénomanienne, des puits naturels analo- gues à ceux que l’on n’est guère accoutumé de rencontrer que dans la Craie blanche. Sur ces points, la roche crayeuse n’est recouverte que de quelques centimètres d’argiles à silex d’une nuance rouge lie de vin excessivement foncée. En approchant de Fécamp, l’étage Cénomanien que nous avons particulièrement constaté en le flanc des coteaux de la vallée des Iés à Fécamp, présente également le facies glauconieux, mais la roche est beaucoup moins compacte, et les échantillons fossiles sont mal conservés. Elle présente une analogie frappante avec le facies des glauconies d’Orcher. La dénivellation produite par la faille est particulièrement visible à Fécamp. En effet, la falaise du S.-O. est entièrement constituée par la craie Sénonienne que l’on peut suivre jusqu’auprès de l’établisssement des bains, où des talus d’éboule- . ment, mélangés d’argiles à silex remaniées, viennent tout recouvrir. À une centaine de mètres de là, vers le Nord, derrière l’établisse- ment des bains, on voit affleurer, sur 20 ou 30 mètres, des bancs oréseux glauconieux qui appartiennent à l’étage Cénomanien, ainsi relevé jusqu’au niveau de l'étage Sénonien. La falaise du N.-E. est constituée, au niveau du galet, par les bancs de l'étage Turo- nien, qui s'élèvent aussi jusqu’à une grande hauteur dans l’escar- pement. À mer basse, on voit facilement, au « Saut-du-Chien, » les premières assises glauconieuses de l’étage Cénomanien. La faille de Fécamp à Notre-Dame-de-Gravenchon et Ville- quier, etc., paraît être en corrélation étroite avec le mouvement qui a donné lieu au soulèvement du Bray; elle n’en est sans doute qu'un des effets secondaires. 78 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Le soulèvement du Bray, dit M. Lennier (Etudes Géologiques et Paléontologiques sur l’Embouchure de la Seine, p. 141), aoccasionné, dans toute la masse de la craie, une quantité considérable de fentes parallèles orientées N.-O.-S.-E., et des refoulements ou pressions latérales des couches, qui, en abaïssant ici, exhaussant là, ont formé des failles. La plus importante de ces failles est celle qui s'étend de Fécamp à Villequier. A l'entrée de la vallée de Fécamp, les couches de la falaise du Nord se relèvent jusqu’au pied du Cap Fagnet, de manière à amener au-dessus du niveau des basses mers la craie glauconieuse. Le relèvement se continue sous la vallée jusque derrière l’établisse- ment des bains, près de la falaise du Sud ; à la batterie, les glauconies à Scaphites sont à 4 mètres au-dessus du niveau de la mer. La falaise du Sud, du côté d’Yport, a conservé son horizon- talité ; elle n’a point participé au mouvement des couches du Nord dont elle est séparée par une faille qui aboutit entre l'établissement des bains et la falaise du Sud. La craie glauconieuse s’étend partout sous la ville de Fécamp, où elle a été autrefois l’objet d'importantes exploitations souter- raines ; on la voit dans les vallées de Ganzeville et du Val-aux- Clères que suit le chemin de fer pour arriver à Fécamp, par une pente de plus de 1 0/0. M. Harlé a constaté que, dans cette dernière vallée, les bancs de la craie glauconieuse se relèvent vers le Sud avec une pente un peu plus forte que celle du chemin de fer, approchant par conséquent de 2 0/0. Elles ne tardent donc pas à atteindre une altitude de 100 mètres sous le plateau qui s’étend d’Annouville à Lanquetot, et de Bréauté à Hattenville. Dans la vallée de Bolbec, les craies glauconieuses apparaissent de nouveau à Mirville, à Bolbec, à Notre-Dame-de-Gravenchon et au Val-Anfray. À 7 kilomètres plus à l'Est, à Villequier, se trouve l’aboutissant de la faille de Fécamp. C’est en résumé le tracé reconnu antérieurement par MM. Bio- chet et Lennier, que la Société Géologique a constaté dans une série d’excursions dont nous venons de faire l’historique. LES RENNES RONCEINES DE LILLEBONNE # # EXCURSION A:-BOLBEC Par M. A. LÉCUREUR La Société Géologique de Normandie à fait une excursion à Bolbec, dans le but d'étudier la faille qui passe à quelques cen- taines de mètres à l'Est de cette ville, et les nouveaux découverts créés par les travaux du chemin de fer en construction. Malgré la chaleur intense, une vingtaine d’excursionnistes s'étaient réunis sous la direction de M. Lennier, et la course a été l’une des plus intéressantes qui se soient faites depuis longtemps. On a reconnu d’abord les affleurements du Cénomanien qui -jalonnent la ligne de faille, témoins irrécusables de la dislocation énorme survenue dans cette partie du Pays de Caux. En effet, cet étage serait enfoui à une centaine de mètres dans le sol, comme il l’est à l'Ouest de Bolbec, s’il n'avait été relevé, à l'Est, au niveau de terrains beaucoup plus récents, par une poussée formidable dont la cause n’est pas encore bien connue. Cette brisure gigantesque avait déjà èté étudiée avec soin l’année dernière à Lillebonne. Les documents réunis hier ont été ratta- chés avec soin à ces premières études et une prochaine excursion permettra de suivre la ligne de brisure jusqu’à Fécamp. Les tranchées du chemin de fer sont ouvertes exclusivement dans le terrain tertiaire qui se compose, à Bolbec, de sables diversement colorés, avec quelques veines assez rares d’argiles plastiques et d'énormes blocs de grès mamelonnés ensevelis dans la masse. Cette constitution du sol ne laissespas de créer des difhcultés sérieuses aux ingénieurs du chemin de fer, car, d’une part, le terrain n'est rien moins que solide, et, d’autre part, il faut briser, à l’aide de la mine, les roches de grès que la pioche ne peut guère entamer. 80 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Le lambeau tertiaire qui se trouve à Bolbec ne présente pas de stratification bien définie. Il paraît avoir été bouleversé, remanié de toutes les façons par les phénomènes diluviens qui ont donné à la région son facies tourmenté. On n’y rencontre pas le plus petit fossile, et c’est à peine si, dans des masses sableuses qui atteignent une vingtaine de mètres sur certains points, on trouve, en outre des grès mamelonnés, quelques galets de silex, d’une jolie forme et d’un poli parfait. Comme on le sait, l’excursion d’hier avait un double but : Après les recherches sur le terrain, on devait aller visiter les ruines romaines récemment découvertes à Lillebonne par un des membres . de la Société Géologique de Normandie, M. Denize, architecte. Bien que l'archéologie sorte entièrement du cercle des études ordinaires de la Société, l’excursion de Lillebonne n’en a pas moins été l’une des parties les plus intéressantes de cette journée si bien remplie. Les ruines qu’on allait voir ont été trouvées dans un enclos assez vaste, situé dans la ville même de Lillebonne, en arrière de l’église, et connu sous le nom de Manoir d’Alincourt. Entre un verger planté de pommiers et un assez grand jardin, s’élève un charmant castel Renaissance, bâti en pierres-pour le le rez-de-chaussée et en pans de bois pour le premier étage, posé en encorbellement. En avant du corps de logis s’élève une sorte de tourelle portée par des colonnes et rappelant, non par le style, mais par la disposition, la ravissante tourelle du Palais de Justice de Rouen. C’est devant ce manoir, au milieu du verger, que se trouvent les ruines que l’on a découvertes en créant des chemins pour la mise en valeur du terrain, déjà partiellement morcelé et vendu. La surface occupée par les ruines est énorme. Elles paraissent occuper tout le monticule sur lequei est bâti le manoir d’Alin- court, c'est-à-dire quelque chose comme 5,000 mètres carrés. Nous disons : « elles paraissent occuper », car on n’a fait des fouilles que sur un espace relativement restreint, etla continuation des murs montre qu’on est loin d’en avoir trouvé la fin. La configuration du monument antique ne saurait non plus être dès à présent établie. On trouve à certains endroits des tours construites en petit appareil, comme le cirque de Lillebonné; mais il n’est pas bien sûr encore que ces tours indiquent une limite. Le monument était de proportions énormes et d’une complication architecturale très grande; voilà ce qui est bien LES RUINES ROMAINES DE LILLEBONNE 8t certain. Il était aussi très somptueusement orné, ainsi que le prou- vent les marbres de diverses couleurs, richement sculptés pour la plupart, dont les débris, encore très importants, ont été recueillis à pleins tombereaux, dans la partie explorée des ruines., Quant à sa destination, le doute est encore permis,’ bien que tout semble indiquer qu’il renfermait un grand établissement thermal. | | La découverte d’un hypocauste absolument intact et de nom- breuses conduites d’eau et de chaleur, semble donner à cette hypothèse une grande vraisemblance. On remarque aussi, non loin de l’hypocauste, une salle qui devait être pavée en mosaïque (l'encadrement en dallage subsiste encore), et qui pouvait être le Frigidarium. Mais ce ne sont là que des suppositions, car l’hypo- causte pouvait bien être aussi l'appareil de chauffage d’un palais, sans qu'il ait servi à des thermes proprement dits. Quoi qu'il en soit, on remarque dans toutes les substructions, une foule de couloirs et de passages voûtés, étroits et dans lesquels un homme de taille moyenne a peine à se tenir debout. Sur les murs se voient encore, en certains endroits, des peintures aussi fraiches que si elles étaient faites d'hier. Quelle était Ia destination de ces couloirs souterrains, c’est ce qu’on ne saurait guère établir, croyons-nous, qu’en continuant les fouilles dans toutes les parties de l’ancien édifice. En outre des marbres qui témoignent, ainsi que nous l’avons dit plus haut, d’une grande richesse d’ornementation, on a touvé dans les ruines des poteries romaines, des monnaies, pour la plupart à l’eMfigie de Néron, des ossements humains en assez grand nombre et enfin des armes franques : deux sabres, une francisque, un couteau et un angon, le tout en fer, très oxydé, mais parfaitement reconnaissables. La découverte de ces armes franques ne peut surprendre quand on constate, parmi les ruines, des maçonneries évidemment postérieures aux constructions romaines de petit appareil. Une partie des ossements humains ont été offerts par M. Denize à M. Lennier, qui en fe:a l’objet d’une étude spéciale. Les crânes, notamment, présentent des particularités fort curieuses. NOTICE SUR LES VUES ET COUPES DU CAP DE LA HÈVE Publiées par C. A. LESUEUR Et rééditées par la Société Géologique de Normandie Les Vues et Coupes du Cap de la Héève publiées par Lesueur en 1843, sont encore, maloré leur date déjà ancienne, l’un des docu- ments les plus intéressants et les plus utiles à consulter pour ‘étude de la géologie Normande. La coupe si exacte de la falaise du Cap, les vues artistiques de la baie et des éboulements, les nombreux types de fossiles qui y sont reproduits, font de ce tableau, un véritable et complet résumé géologique et paléontologique de la station classique de la Hève. Cette œuvre importante du savant naturaliste Havrais, malheu- reusement la seule qu’il ait publiée, est devenue maintenant très- rare et fort recherchée. Aussi, la Société Géologique de Norman- die a-t-elle pensé rendre service à tous les géologues en rééditant l’œuvre de notre savant concitoyen, dans laquelle il avait con- densé et résumé ses nombreuses recherches. C’est en 1814 que Lesueur commença ses recherches géologi- ques. Interrompues par son départ pour l'Amérique, il les reprit à son retour, et jusqu’à sa mort, survenue en 1846, il ne cessa de s'occuper de ses chères falaises. « J'étais naturellement entrainé vers le Cap, dit-il dans ses » notes manuscrites, et c'était pour moi un plaisir de me trouver » au milieu de ces débris, d’y fouiller et d’en arracher quelques » fossiles. En 1814 j’eus l’idée d’en faire connaître l'aspect. J'avais » déjà collecté et dessiné quelques échantillons de fossiles et fait » plusieurs esquisses de ces falaises, dessiné même quelques » coupes, lorsque ce travail fut interrompu par mon départ pour VUES ET COUPES DU CAP DE LA HÈVE 83 » les Etats-Unis. À mon retour sur les lieux que j'avais aban- » donnés en 1815, je repris avec plaisir ces explorations. Les » éboulements successifs qui avaient eu lieu pendant mon absence » de 22 ans, ceux qui sont survenus depuis mon retour, et le » dernier, de 1841, qui a nécessité le changement des signaux, » en avaient changé l’aspect sur bien des points. » Les nombreux dessins de fossiles, coupes, vues d’éboulements etc., et les notes intéressantes qui les accompagnent, toutes malheureusement restées inédites, et qui, grâce à la générosité de son neveu M. Pelot, sont maintenant déposées au Museum d’his- toire naturelle du Havre, montrent avec quelle ardeur Lesueur s'était voué à cette étude, et nous font vivement regretter qu'il n'ait pu en publier les résultats. Toutefois, et c’est à ce titre que les vues et coupes sont précieuses à nos yeux, nous y trouvons le résumé de ces recherches. Dans une note que nous avons retrouvée dans ses manuscrits, Lesueur a fait la description de ce tableau. Nous ne saurions mieux faire que de lui laisser la parole. « Ce tableau représente deux sections ou coupes du terrain » glauconieux des falaises du Cap de la Hève. Il donnera une » idée des superpositions des couches et des terrains jurassique » supérieur, des sables verts, de la ligne des sources, de la craie » glauconieuse brune, blanche et grise, et du terrain diluvien » supérieur qui termine ces hautes falaises. « Sur le côté gauche, sont plusieurs séries ou groupes des » fossiles les plus notables appartenant à ces diverses formations, » avec des lettres qui indiquent leur correspondance avec les » sections des profils. Sur le côté droit, est le plan du littoral » depuis le Havre jusqu’au Cap de la Hève, sur le plateau » duquel sont élevés les Phares, et une petite vue isolée du » profil du Cap, tel qu’il se présente lorsque l’on est sur la jetée » du Nord de l'entrée du Port du Havre. « La base du tableau représente laf vue générale du Cap de la » Hève et son développement depuis le Cap d’Antifer, à gauche ; » à droite, le terrain bas où se trouve située la Ville du Havre, » quise confond avec l’embouchure de la Seine. Deux petits » croquis représentent les effets laissés par l’éboulementde 1841. » Le progrès des études géologiques et les nombreux travaux publiés depuis cette époque, en faisant connaître d’une façon plus approfondie la faune et les allures dés diverses couches, 84 | SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE ont nécessité des modifications dans la classification adoptée par Lesueur. Les coupes A et B, désignés dans le tableau comme /wrassique Supérieur, représentent l’étage Kimméridgien, le dernier de la formation jurassique qui existe dans cette partie de la Normandie, l’étage Portlandien y faisant défaut. | La coupe C, désignée comme Formation Wealdienne est pour sa partie inférieure : Sables Micacés, du Néocomien supérieur, et par sa partie supérieure, Poudingue Ferrugineux, représente l'étage Aptien. ; Les coupes D et E, désignés comme Subles Verts, représentent, la coupe D, l'étage Albien (Gault) et la coupe E, la partie inférieure de l’étage Cénomanien qui se continue dans les coupes F et G, désignées sous le nom de Craie Inférieure. Enfin en EF, sous le nom de Terrains Diluviens, Lesueur réunit la formation de l'argile à Silex, tertiaire, avec le limon du pla- teau qui représente dans nos contrées l’époque quaternaire. Nous avons dit plus haut que de nombreux dessins de fossiles avaient êté laissés par Lesueur; ces dessins, admirablement exécutés représentent toute la faune, si riche et si variée des couches dont le tableau que nous venons de décrire donne la succession. Leur réunion forme en quelque sorte l'Histoire Paléontologique du Cap de la Hève. Aussi, la Société Géologique de Normandie espére-t-elle en faire prochainement la publication. OPVRAGESIRECUS PAR LA SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE EN 1882 Séance du 16 Janvier 1. Mémoires de la Société d’Emulation de Cambrai, tome _XXXVII. 2. Atti della Societa Toscana di Scienze naturali di Pise, voi. Letase. 3 : D’AcHrARDI. — Coralli eocenici del Friuli. C.-J. Forsy rx Major. — Considerazioni sulla Fauna dei Mammi- feri pliocenici e post-pliocenici della Toscana. RicHIARDI. — Sulle variazioni individuali della Balœnoptera ‘musculus. 3. Annuaire du Muséum d'Histoire naturelle de Caen, publié par M. Eugène-Eudes DEsLONGcHAMPS, 1% volume, année 1880. 4. Revue des Travaux scientifiques, tome 1°", fasc. 12. . Bulletin de la Société libre d’Emulation du commerce et de l’industrie de la Seine-Inférieure, Rouen, ‘exercice 1881- 1882 : L. DE VEsLy. — Le Dolmen de la Bellée, commune de Boury (Oise). 6. Mémoires de l’Académie nationale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen. 7. First Annual Report of the U. S. Geological Society. 8. Compte rendu des Séances du Congrès international de Géologie. 9. Note on the Hidelsheim Treasure. LEA: 86 LES) Le) FR 1 : SOCIETE GEOLOGIQUE DE NORMANDIE Séance du 13 Février . Bulletin de la Société de Géographie de Paris. . Feuille des Jeunes Naturalistes. . Notices, Mémoires et Documents publiés par la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire naturelle du département de la Manche, Saint-Lô, $° volume, fasc. 1 ct . Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 16° année, 1881, 2° semestre. Séance du 6 Mars . Revue des Travaux scientifiques, table du tome I* et tome II (Travaux publiés en 1881), fasc. 1°. . Feuille des Jeunes Naturalistes. 3. Quarterly Journal of the Geological Society of London, A R vol. XXX VIII, n° 149 : J.-S. GARDNER. — On the Bournemouth Beds. Prof. T.-M.-K. HuGHEs. — On the Geology of Anglesey. P.-H. CaRPENTER. — On some new or little known Jurassic crinoids. G.-R. VINE. — On the Polyzoa of the Wenlock Shales, Wenlock Limestone, and Shales over Wenlock Limestone. Prof. P.-M. Duncax. — On the Genus Stoliczkasia (Dunc) and its distinctness from Parkeria (Carpenter). Rev. W. Dowxes. — On the Zones of the Blackdown Beds and their correlation with those at Haldon. R.-F. Tomes. — On a new Species of coral from the middle Lias of Oxfordshire. Dr H. Hicxs. — On the Land plants from the Pen-y-glog Slate- quarry near Corwen, N. Wales. . Bulletin de la Société de Géographie de Paris. . À. DE LAPPARENT. — La Symétrie sur le Globe terrestre. . Gust. F. Dozrrus. — Essai sur la Nomenclature des Etres organisés. Séance du 8 Mai . Revue des Travaux scientifiques, tome IT, travaux publiés en 188r, fasc. 2, 3 et 4. L La | 5 , & L LU 3 OUVRAGES REÇUS 87 Mémoires de la Société académique d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l'Aube, tome XVIIT, 3° série, année 1881. . Bulletin du Cercle pratique d’Horticulture et de Botanique de l’arrondissement du Havre, année 1881, s° et 6° Bulletins. Bulletin de la Société de Géographie de Paris. | Académie d’Hippone, Compte Rendu des Séances. . Feuille des Jeunes Naturalistes. Séance du 3 Juillet . Revue des Travaux scientifiques, tome IT, travaux publiés en 1881, fasc. 5. Bulletin de la Société de Géographie de Paris. 3. Feuille des Jeunes Naturalistes. Annales de la Société Géologique du Nord, tome VIII, année 1880-81 : Ch. Barrois. — Note sur le Terrain quaternaire de Sangatte. — Communications sur les fossiles Paléozoïques des Asturies. — Description sommaire des Terrains qui affleurent dans la carte de Rethel. — Sur les caractères lithologiques du terrain sédimen- taire des Ardennes. E. CHELLONEIX et ORTLIEB. — Sur les Couches tertiaires de Cassel. E. DEFERNEZ. — Atelier de Silex du bois Comte à Ablain, Saint- Nazaire. J. GossELET. — Observations sur les limites des Bassins hydrogra- phiques de la Mer du Nord et de la Mer de la Manche. — Description géologique du canton de Nouvion. — Note sur le Famennien : les Schistes des environs de Philippeville et des bords de l'Ourthe. — Résumé de lexcursion à Monchy-les- Preux et aperçu sur la Constitution géologique des environs d'Arras. JANNEL. — Des Nodules calcaires et de leur réduction en excoria- tion dans le Gédinnien supérieur. — De la connexité de quelques dépôts diluviens avec le Poudingve Liasique dans les Ardennes. J. TLADRIÈRE. — Les anciennes rivières. - Etude géologique sur les tranchées du chemin de fer du Quesnoy à Dours. LEGAY. — Coupe observée dans le limon renfermant des Poteries entre Beuvry et Béthune. R. LEPAN. — Les tranchées des forts du Vert-Galant et de Bondrus. À. RUTOT et VAN DEN BROECK. — Les Eléments du terrain quater- naire en Belgique. A. Six. — Note sur le Lias de l’Aisne et de l’ouest des Ardenries. 88 SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE s. Bulletin de la Société normande de Géographie, mars et avril 1882. 6. Annual Report of the Board of Regents of the Sam cp Institution, année 1880. 7. Articles on Anthropological subjects contributed to the Annual Reports of the Smithsonian Institution, from 1863 to 1877. By Charles Rau. 8. Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 3° série, s° volume, année 1880-81 : CARABŒUF. — Communication relative à plusieurs fossiles remar- quables de l’Oolithe ferrugineuse de Sully. — Note sur les Aptychus et sur une Ammonite operculée de l’Oolithe inférieure de Sully. MoRiÈRE. — Deux genres de Crinoïdes 4 la ee Oolithe. — Note sur les Equisétacées du grès liasique de Sainte-Honorine- la-Guillaume (Orne). Fossiles du grès armoricain de Bagnoles (Orne). Davipson. — Note sur les Brachiopodes trouvés dans le grès armoricain de Bagnoles (Orne). PINÇON. — Etude géologique des collines du Lieuvin. — Descrip- tion géologique du bassin supérieur de la Risle. LE CorNu. — Etude sur les Gisements métallifères de la Basse- Normandie. L'abbé DrAvET. — Coup d’œil général sur la géologie. 9. Annuaire des Musées cantonaux, 3° année, 1882. 10. Bulletin de la Société des Sciences et des Arts agricoles et horticoles du Havre, 24° et 25° Bulletins. 11. Atti della Societa Toscana di Scienze naturali, Pise : Procès- verbaux des Séances. 12. Académie d'Hippone, Bone : Procès-verbaux des Séances. 13. Catalogue de la Bibliothèque de la Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg, 1881. 14. D' ABBOTT. — Stone age in New-Jersey. 15. Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XXX VII, n° 150. Séance du 9 Août 1. Revue des Travaux scientifiques, tome IT, Travaux publiés en 1881, fasc. 6 2. Bulletin de la Société normande de Géographie, Rouen, mai et juin 1882. + OUVRAGES REÇUS \ 89 . Feuille des Jeunes Naturalistes. . Bulletin de la Société d’Horticulture et de Botanique du centre de la Normandie, Lisieux, tome IIT, Bulletin n° IV. . The Archeological collection of the U. S. Museum in charge of the Smithsonian Institut. 6. Académie d’'Hippone : Compte rendu des Séances. . Société de Géographie de Paris, décembre 1881 : Compte rendu des Séances. 8. À. DE LAPPARENT. — Notice nécrologique sur M. Delesse. . Canadian Journal of the Canadian Institut, Toronto. Séance du 13 Septembre 1. Bulletin de la Société de Géographie de Paris. Bulletin de la Société d'Etudes des Sciences naturelles de Béziers, compte rendu des séances, $° année, 1880 : Triapou. — Carte géologique des environs de Roquehaute. . E. Dupont. — Terrains Devoniers de l’entre Sambre-et- Meuse. — Les îles Coralliennes de Roly et de Philippe- ville : extraits du Bulletin du Musée Royal d'Histoire naturelle de Belgique. . Annales de la Société Linnéenne de Lyon, tome XX VIII, année 1881. . Feuille des Jeunes Naturalistes. Séance du 4 Octobre 1. Bulletin de la Société de Géographie. Feuille des Jeunes Naturalistes. . Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XXX VII, n° 151: E.-W. BINNEY and J.-W. KIrkBy. — On the upper Beds of the Fifeshire coal measures. ! A.-W. WATERS. — On fossil Chilostomatous Bryozoa from mount Gambier S. Austr. J.-S. GARDNER. — On the Geology of Madeira. E.-L Jones. — On two caves in the Neighbourhood of Tenby. Prof, Bonney. — On some Nodular Felsites in the Bala group of North Wales. 90 LEA SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE P.-H. CARPENTER. — On the relations of Hybocrinus, Baerocrinus and Hybocistiles. J.-E. Marr. -- On the Cambrian and Silurian Rocks ot Scandinavia. G. Arrwoop. — On the Geology of a part of Costa-Rica. J.-W. SHRUBSOLE. — On Thamniscus. — On a new species of Phyllopora from the Permian Limestone. ‘Prof. SEELEY.— On Neusticosaurus pusillus (Fraas).— On a remar- kable Dinosaurian caracoïd from the ivealden of Brook in the isle of Wight. J.. W. Harke. — On the os pubis and Ischium of Ornithopsis eucamerotus. G.-R. VINE. — On the Annelida Tubicola of the Wenlock Shales. Prof. Owen. — On the Femur of Nofotherium Mitchelli. Prof. J.-O. Daxa. — On the Geological age of the Taconic system. . CHEVREMONT. — Les Mouvements du sol sur les Côtes occi- dentales de France (don de M. Lécureur). . Revue des Travaux scientifiques, tome I, Travaux publiés en 1881, fasc. 7 et 8. Séance du 8 Novembre 1. Bulletin de la Société de Géographie de Paris. 2. Feuille des Jeunes Naturalistes. UV) ND +4 4. . Mémoires de la Société archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique de larrondissement de Valognes, tome I", année 1879, et tome 2°, année 1880-81. . Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques d'Angers. Séance du 6 Décembre . Bulletin de la Société de Géographie de Paris. Feuille des Jeunes Naturalistes. Revue des Travaux scientifiques, tome I, Travaux publiés en 1881, fasc. 9 et 10. Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XXX VII, n° 152 : R.-F. Tomes. — On the Madreporaria of the inferior Oolithe cf the neighbourhood of Cheltenham and Gloucester. . OUVRAGES REÇUS 91 E. WicsoN. — On the Rhætics of Nottinghamshire. Prof. SEELEY. — On ZThecospondylus horneri, a new Dinosaur from the Hastings sand. Prof. Jupp. — On the Relations of the Eocene and Oligocene Strata in the Hampshire Basin. W.-H. TwELVETREES. — On organic Remains from the Upper Permian Strata of Kargalinsk (Eastern Russia). A.-W. WaATERs. — On Chilostomatous Bryozoa from Bairnsdale (Gippsland). Prof. F. Scamipr. — On the Silurian (and Caribrian) Strata of the Baltic Provinces of Russia. . Prof. C. LAPwORTH. — On the Girvan succession. Searles W. Woop. — On the Newer Pliocene period in England. s. Smithsonian Institution. — List of foreign correspondants. nr en LL 92 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE COMPTE DES RECETTES ET DÉPENSES DE L'ANNÉE 1882 RECETTES En Caisse au 31 Décembre 1861: 0e ie 987 .10 Cotisations entaissées . .5.< AR RE EE 1.092 — Vente du Bulletin. . 1:76 2. MER EN SIREN 144 — Subvention du Conseil général pour 1881......... ... .... 300 — Subvention de la Ville du Havre pour 1882.........,.. .... 400 — Intérêts du Compte dépôt: 1/20 OR 24 35 F. 2.947 45 DÉPENSES Dépenses du Bulletin. 2,2%, F. -1.476°20 Frais d’Impression et d’envoi du résumé des Séances ........ 115 25 Frais d'envoi du Bulletin... 29 50 Frais d'encaissement des Cotisations.......... . ...... ... 31 Ôj Impressions, correspondance et Divers ......... .......... 102 60 F. 1.755 40 En Caisse le 31 Décembre 1882..... r+ 1.192 O$ FE," 42.094702 Le Trésorier, F. PRUDHOMME. PRETE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES Angers. Béziers. Caen. . Din > TEL pes Cambrai . Elbeaf:"°: Evreux. .. Le Havre . Lille. . Lisieux. . Lyon. Paris . FRANCE Société d'Études Scientifiques. Société d'Études des Sciences naturelles. Association Normande. Académie Nationale des Sciences, Arts et Belles- Lettres de Caen. Société Linnéenne de Normandie. Muséum d'Histoire naturelle. Société d'Émulation. Société d'Enseignement Mutuel des Sciences naturelles. Société libre d'Agriculture des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l'Eure. Cercle Pratique d'Horticulture et de Botanique de l'arrondissement du Havre. Société Havraise d'Études diverses. Socièté des Arts agricoles et horticoles. Société d’Initiative pour la propagation de l’Ensei- gnement Scientifique par l’Aspect. Société Géologique du Nord. Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie. Société d'Études Scientifiques de Lyon. Association française pour l'avancement des Sciences. Feuille des Jeunes Naturalistes. Institut des Provinces. Société de Secours des Amis des Sciences. Société de Géographie. Société française de Numismatique et d’Archéolo- gie. 94 Nimes. . .. LCL Rouen . . .. » O0 ere 2 | Toulouse. . . Tr Valognes. . . Londres . . . Ballaraat . . Toronto . . . Washington . SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Société d’Étudée des Sciences naturelles. Societé d'Histoire naturelle. Société libre d’Emulation du Commerce et de - PlIndustrie de la Seine-Inférieure. Société des Amis des Sciences naturelles. Muséum d'Histoire naturelle. Société Normande de Géographie. Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire naturelle du département de la Manche. Société Académique Franco-Hispano-Portugaise. Société Académique d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l'Aube. Societé Archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique de larrondissement de Valognes. ALGÉRIE Académie d'Hippone. ANGLETERRE Geological Society. AUSTRALIE School of Mines of Ballaraat. CANADA Canadian Institute. ETATS-UNIS Smithsonian Institute. U. S. Geological et Geographical Survey. U. S. Geological Society. ITALIE Societa Toscana delle Scienze naturali. BELGIQUE Société Géologique de Belgique. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ Bureau pour l’ Année 1882 MM. G. LENNIER, President ; G. LIONNET, Vice-Président ; A. LÉCUREUR, Srcrétaire : F. PRUDHOMME, Trésorier ; Ch. BEAUGRAND,, Archiviste. Membres honoraires : MM. G. COTTEAU, juge honoraire, Auxerre. A. DAUBRÉE, membre de l’Institut, directeur de l'Ecole des Mines, Paris. Eug.-E. DESLONGCHAMPS, professeur de géologie à la Faculté des “Sciences, Caen. HEBERT, membre de l’Institut, professeur de géologie à la Faculté des Sciences, Paris. Alb. de LAPPARENT, professeur à l’Institut Catholique, Paris. À. LETELLIER père, conservateur du Musée, Alençon. Eug. MARCHAND, pharmacien, membre du Conseil d'Hygiène de l'arrondissement du Hav re, Fécamp. MORIÈRE, doyen de la Faculté des Sciences, Caen. Marquis G. de SAPORTA, correspondant de l’Institut, Aix. Membres résidents MM. BARBIER. E. BASSET, négociant. Ch. BEAUGRAND. E. BÉNARD, architecte. L. BIDARD fils, chimiste. CHESNEL. E. COLLET, vérificateur des douanés, Albert COURANT. Th. COURCHÉ. G. DROUAUX, courtier. E. DUBOSC, négociant. J. DUPASQUIER négociant. Alfred DURET, négociant. ERNST. F. FOLLAIN, négociant. GAZÉ. GIBERT, docteur-médecin. L. HALLAURE. HAREL, négociant. 96 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE MM. H. JARDIN, négociant. KABLÉ, courtier. LEBRIS, négociant, LECADRE, oncle, docteur-médecin. A. LÉCUREUR, rédacteur au journal Le Havre. LEFRANÇOIS, courtier. Maurice LEMERAY. G. LENNIER, conservateur du Muséum d'Histoire naturelle. G. LIONNET, courtier. J. LOUER: E: LOUER: F. MALLET, président de la Chambre de Commerce. MAX MARANDE, courtier. Ernest MARANDE, courtier. MARICAL, pharmacien. Ph. MONOD, négociant. Raoul NICOLE, négociant. À. NOURY, professeur de dessin. PARSY W. PARTRIDGE, assureur. PÉLO'E pere: Constant PERRET, négociant. PORNIN aîné. POULAIN. F. PRUDHOMME. Ch. QUIN. Aug. RISPAL, négociant. J.- RŒDERER fils, négociant. E. SAVALLE. S CHLAGDENHAUFFEN, négociant. J. SIEGFRIED, maire du Havre. SOCLET jeune, conducteur des Ponts et Chaussées. TESSON. L. TORQUET, banquier. Membres correspondants : : J. ADAM fils, manufacturier Le en Sainte-Austreberthe BADIN, manufacturier :...,...44. 24404020 Barentin BAILLEUT,; ;:....0suesese re CS RON Caudebec BEAURAIN, bibliothécaire de limille..5,,..:.77.000. Rouen G, BIOCHET, notaire, ::,,, teen CON Caudebec BIZET, conducteur des Ponts et Chaussées....:....,....... Bellème Alph. BOUJU.., hist 00 RE RS Rouen BRÜLE.. hi 2: ue RES Vaas (Sarthe) M. BRYCINSKI, néyocrant..;:, 4834862008 RON RE Paris C. BRYLINSKI, négociant ‘,..:.,.1 0e Pret NAN ES Paris E, BUCAIELER or de ot TN ONE TONNERRE , Rouen LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÈTÉ 97 MMAL "BUREAU, professeur à l'Ecole de Médecine. ...::......... Nantes den du mea diau à e nain de dra due Lillebonne Médéric DESCHAMPS, conseiller général............... Montivilliers Apte DE SHATEN, curé de.,..1.7....::...Boïissey-le-Chatel A to! VOLE due dose à eee « Paris PRE phimacien Seti... Gournay-en-Brai Ne ntm té go ro: Rouen M um UE LL cute sue Paris TN nr one Mine andris en en Caen M DaAMAGIen en. ds. alu 4 5 oalioee e à Pont-Audemer LIRE LRU TEE RP PR PP PRE EEE Rouen mere pe Lions à à à Bolbec EEMARCHAND, constructeur : .….....,.. PAS EIRE, sie Petit-Quevilly RE CM APRES ES die de NS Me ne Rouen MN REP professeur de minéralogie }, 2... ...2:.4,3...,12 Rennes D Pa nee meme le jou à Paris IL ILE CINE ORPI RAP RE ER ER RER Paris Le docteur PENNETIER, conservateur du Muséum....... ... Rouen Lt al AN ARR NE A, 2: Bayeux PE NT Le Ses à dés Lille VACOSSIN, agent-voyer d'arrondissement .................. Yvetot D PL IP DIEU gen ee dE ue coco Eu DÉMÉÉED'AVRAYE. 0... DL 7 BRAIN Honfleur NÉCROLOGIE Au cours de l’année 1882, la Société Géologique de Nor- mandie a eu la douleur de perdre l’un de ses membres les plus distingués, M. Constantin Tuckskiewickz, décédé à la suite d’une longue et douloureuse maladie. M. Constantin était un chercheur infatigable et il avait constitué l’une des collections particulières les plus riches et les. plus complètes du Havre. C’est un véritable devoir pour la Société d’exprimer le resret profond que lui a causé la mort de ce collègue dis- tingué, qui était aussi le plus aimable des hommes. 0 re ñ ; i TABLE DES MATIÈRES 2 Mt. men pps des eo 0 Note géologique et minéralogique sur la Bourboule et les environs, ne ne man dé us ss à Le Cénomanien de Villers-sur-Mer, par Ch. Beaugrand ............. Note sur un gisement de Cardium Edule à Benerville, par E. Savalle.. Note sur des silex taillés de la période néolithique, trouvés à Octeville, OR A Ru nn, ee te à eumo de» Note sur l'état des falaises du Havre à Cauville pendant les années M nn ae empa dus sde à Note sur une station néolithique découverte à Cauville da à1s la plaine de a D Ole ie ME, Aime. Note sur la position du Cap de la Hève dans les temps historiques, ne db doser tqalase à aptes da a 5e Notice à l’apoui des Profils Géologiques des Chemins de Fer de Morta- gne à Ménil-Mauger et de Mortagne à Laigle, par Paul Bizet... .... Compte Rendu d’une excursion géologique à Saint-Jouin, Antifer et OR ne M side ns eme Note ‘sur la présence, à Tilly-sur-Seulles, du ZLepidotus Elvensis, par D ADS he 3 ntnus gen se = ARE Excursions à Tancarville, Lillebonne, Bolbec, Mirville, Fécamp, par dent ue «2 core Les Ruines Romaiïnes de Lillebonne, par À. Lécureur .............. Note sure vues et coupes du Cap de-la Hève:. ................. Ouvrages reçus par la Société Géologique de Normandie en 1882..... Compie des Recertes et/Dépenses de l'année. 1882... ............... PE EEE COFFESpONIdAntES 2 2, 1... dc... co. Pétds Membres de la Société _.:.......... LS NE RS PR STORE NU PR. DT en De à e cudigie me e Pages Mesnil < Mouger à Mezrdon IN rs ù | = Ÿ | = L a Livarot © ‘ | : É À | + FA | y à 4 | AN À. _ OYE | La Lo x = | | x 4 A X. +" st Ÿ | | Ge. 5 Le Li Verumbkers D Ÿ | : \ Xx— ; & 7 a fimoñtier He J((S ÿ | # f \ À Zicherille Ke A M Ÿ À 4 |. \ cz salt 42, R | 4 } | + -+ À “y N 7 $ y | ) euxille // Û * & lrun @ / ÿ x $ / 4 \ # © / Nafdilly / la Ferte pi x \ / £ & | Gacé \ : ? a re ® Gace Ke J * | E Resenlien Gsas St. fe . | @ xmes Î = "© J ZA | Ÿ Laqgle | x . : À \ a Lee LA j A à x 4 gi , noilly | \ s ) - \ | te con ‘ À Ndrnanl { à S°° Gauh L ea? : * > 3 \ Le, A / ft kR (e ra e 1", _— Pr RE — \ ; l pe NS 14 le Merlerault Z € l 12 Re ruc vous ae | 8e R. Fe Jude / are Le R l oul. À Mo alors la Mau P70Se) L LZ L TP, $ / Courtomer : aueul mn ok RS An narrlions d Rene e® se | 74 }. | ®"/ + | re É | / * 12 \à / HS Soliqru La Vrapke \ 4 x. SAÏD ; & DZ 1 A quille lourowré \ \ _— C x > \ à / à qu : 746 ALENÇON Ÿ \ Pe iVe ie -heré K Ë N # x + = D” MAME RS” =. ne 1 ni / w LE ; ) RS hu 7 & is "7 x Ce Q # à < à " Me Echelle de oki 5 74 des SR ee — +. 1: 425.000 © = ut pe T Chatel 172772 2e Ur EN x @® @ LT 7 da FFE TA A Menu Wlliers à | . Pre à . LA LS j* St —-YLongni e os AE DT L D Ÿ \ * Lo] ® Puits d'extraction de la marre luronienne- servanta la faër “calcon de La chaux lydraulique : Zith, Foullleut .r Jernville 29 - ] Herve ! * ! » TO 2 LME TL M RO CTTR eo dre LP MANU NE e | Profil 5“ gique du chemin de fer de Mortagne à SL Gauburge. | | LEGENDE FA Mluvions modernes IL. | AI | , | Alluvions anciennes | | Are à slex remanié | j DES Agile à silex en place | 17936 Halte du Châtel Station de Lignerolles 1806) Station de Soligni-la-fappe (7380) {ad Go) Slalion REN Craie manneuse (Etage Uieonien) de SE Gauburèe À Sables cénomaniens supérieurs (7 J PET Grace Rouet à Am Rhotomagensie EL Glauconie à Ustren vesioulosa == Kinmmeridée-clay Ex Coral-rag 472) Calcarenus-grit HS Odord'elay Callovien supérieure Lane forrupneuse) 5%] Callovien Moyen et fmeur = Bradfor delay et forest manble | ES Oolidhe miliamne | FE] Cole mienne à Am Parkinson pes. 41 j à î 2 5% olidhe infémeure a ere pévovalis : à ISRE ER Lux superieur à Am serpentnus Don 0 Cora N RIRES j Si on Su + u aE777 raie fjauconieuse à An Manuell Garetde Mortagne Ê (= gt Got 77? À ÿ À RASE EE RE ERU RER jrs fr A CES ls MAS — miss | | | ee =—# 15 el 2520 — 3 26636 Fr 25936 — 5536 25636 26286 26336 +56 s t _28+10 Soi, pe" _— 10. 4 cr 1 13870 Sol naturel Be UE D DR = less it e aol Le 97 î ki INT : US | 5 ét 26 2114 GONE 5 Dove RU =| ce) &) Grave chez L'Wübrer K de TAlie de LEgen he t Det QU pes CS Sn Un Dé | > . 1 L A L PU, - DE LUS ve .' Dre CR 0 "LP 8 du L chemin de “her d Î SE Gauburèe à Nrnoties D a ; | rues | Échelle de 02000025 pour les longueurs. Echelle de 00005 pour les hauteurs. Lau Bot Station TES SE G 5 ane de S! Gauburêe Je, ci à VS ‘ss Stat de Meheville Das 24 Halte de Neuville a” & SEVES ‘on Emi HT) PTE COTES D or | 1 | | | | . «“ “ de la route nationale de Verneuil à Alençon - Partie comprise entre la limite du Département de Vlure et le bourg du Méle-sur-Sarthe ) — | ; | | | | Echelle de 0,000025 pour les longueurs Echelle âe 0,0005-pour les hauteurs x Jarretière ÿ à à è & La érrine la Grippe Fe ä E à PS ? E ëÈ De Æ) à F EE Le GuëàLent | E | == à É È FLE ER CS) Ë \ 1 sis AE $ SM | ee e K ra à le SMéle-s-Sartle É , 4 4 Ja Houssaye À | =; ss 3 S | LL Muremsanctennes& mocternes Fi 2 re late PE | ondbe. JET; BIE + JE tard] 1 11 | = Le C4 La | EEE) phady ALT =] ee sut Hi =|2 | : . = | NA 4 à ASE à sd ASUS | THIN ANRT A #2 as our SA LA ù F4 éd MES AT PAL RTE à _ LE: PUBLICATIONS À DE LA G 4 SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE |. SSLASLPPSSPISLS IS SL PSP PPIISSIIINS - Pouf les Membres Pour le. Public : as Bulletin T- 74 A na Être LS RSS 3 3 2 | Ua LÉ 1879 (Exposition Géo- logique et Paléontologique de 1879. Résumé sur la Géologie normande) ..:..….. CASTRES 12 T. VII, 1880 | T. VIIE 1881 | TASSE Do ae rene S Bibliographie Géologique de là Norman- die, Fascicule I | ete sé ] A E = xl 7 o L , à Lr ‘ Li ie, : * VENT CINE or CPR ERNST 7e PERMET 1 FT A CR dr à ù | ave rer” ù T. APP 9: A < | BULLETIN DE LA: | | SOCIÈTÉ G LOGIQUE DE NORMANDIE FONDÉE EN 1871 TOME X. — ANNÉES 1883-84 ee LS SHANRE. 2 re | Imprimer du Journal LE HAVRE (E. HUSTIN, Imprimeur) 35; RUE FONTENELLE, 35 — DR ra _1888 PR er der ÉVRe À r. 0 ds $ | 2@ \ So f PELLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE » Les : LL * HET: Fr ñ \ AE LL VF +: PETER ‘ mn ; 1e e 3-08 4 + Mrs: "+ » e = ‘ . LL “ . L - LI L » . L I , CRT LA ù £ ° r ? L » ra BULLETIN SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE FONDÉE EN 1871 TOME X. — ANNÉES 1883-84 HAVRE Imprimerie du Journal LE HAVRE (E. HusTIN, Imprimeur) 35: RUE FONTENELLE, 35 1885 4 2 - 8qt26- QGuo. S 4: CEE 1 A IN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE RÉSUMÉ DES SÉANCES SÉANCE DU 1:17 JANVIER 1883 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la dernière séance, lu par le Secrétaire, est adopté. Il est ensuite procédé aux élections pour le renouvellement du Bureau. Le scrutin donne le résultat suivant : MM. G. LENNIER..... Président ; Ga LIONNET:.. Vice-Président ; AN LECOREUR... Secrétaire: F. PRUDHOMME.. Trésorier ; CH. BEAUGRAND. Archiviste. La correspondance comprend une lettre du Geological Survey des Etats-Unis, annonçant que la Société géologique de Nor- mandie recevra dorénavant toutes les publications du Survey. Le Secrétaire est chargé d’adresser au Geological Survey des Etats-Unis les remerciements de la Société. M. le Président rappelle que la Société avait déja demandé à 6 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE la Ville du Havre l’obtention d’un local pour y installer sa bibliothèque et ses collections. L’Administration avait bien voulu promettre de prendre cette demande en considération. M. le Président pense qu’il y aurait lieu maintenant de la renouveler. L’archiviste insiste de son côté pour qu’une décision soit prise. Il y a à son avis urgence à trouver d’une façon définitive un emplacement pour loger notre bibliothèque déjà nombreuse et qui s'accroît tous les jours. Il est décidé que le Bureau de la Société fera une nouvelle démarche auprès de la Municipalité. M. Biochet signale la présence de coquilles marines, princi- palement Cardium Edule, dans des débris de constructions romaines à Lillebonne. Ces coquilles étaient employées dans un but décoratif. M. Lécureur signale la découverte à Aïzier, d’un bois de renne ou d’élan auprès de ruines romaines. MM. Savalle et Parsy présentent une série de pointes de flèches et d'outils en silex trouvés dans les champs à Bléville. A propos de cette présentation, M. Lennier rappelle que l’industrie de la taille du silex, soit pour la construction, soit pour la fabrication des pierres à fusil, a été pratiquée aux en- virons du Havre jusque dans ces dernières années. Il signale l'intérêt que présenterait une étude sur l'extension de cette industrie en Normandie, la recherche des localités où elle a été exercée, et Les procédés de fabrication des ouvriers. M. Biochet émet le désir qu’il soit imprimé une table des ma- tières des deux premiers volumes du Bulletin. L’impression de cette table faciliterait les recherches dans ces deux volumes qui ont été publiés en fascicules. L’impression de cette table de matières est décidée. SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1883 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la dernière séance lu par le Secrétaire est adopté. Il est ensuite donné lecture d’une circulaire de M. le Ministre RÉSUMÉ DES SÉANCES 7 V de l’Instruction publique relative à la réunion annuelle à la Sorbonne des délégués des Sociétés savantes des départements. La Socièté sera représentée à cette réunion par M. Lennier, qui annonce son intention d’y faire une communication sur l’origine et la composition des sables qui bordent la côte du Calvados. D’après les expériences et les analyses de M. Lennier, ces sables sont en grande partie formés de débris de coquilles rejetées par la mer sur le rivage. La plus faible partie seulement provient de la destruction des falaises. Ce sont donc essentiellement des sables coquilliers. | M. Beaugrand annonce qu'il a été trouvé de nouveaux silex travaillés dans la briqueterie Dubosc, à Graville-Ste-Honorine. Le plus grand nombre de ces silex sont du type Chelléen, mais quelques-uns peuvent être rapportés au type du Moustier. SÉANCE DU 7 MARS 1883 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal lu par le Secrétaire est adopté. M, Lennier présente plusieurs fragments de schistes satinés de Cherbourg, provenant des ruines du château de Bléville où ces schistes avaient été employés comme ardoises pour la couverture. M. Beaugrand rappelle à ce propos qu’il a trouvé ces mêmes schistes dans les ruines de l’abbaye de Jumièges, où ils avaient été employés aux mêmes usages. M. Savalle présente trois pointes de flèches en silex trouvées à Octeville, au hameau du Tot, près du bord de la falaise, à peu près sur la ligne de crête des coteaux. M. Savalle à remarqué que c'est à très peu près sur cette ligne de crête que se trouvent les gisements de silex ; dès que l’on s’en écarte, soit d’un côté, soit de l’autre, les champs deviennent stériles. M. Savalle présente ensuite divers ossements provenant du Kimmeridge à Bléville et à Octeville. Ce sont : un bassin de Plesiosaure provenant d’Octeville, deux humerus et deux clavicules d’Ichtyosaure trouvés à Bléville. 8 SOCIËÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE SÉANCE DU 3 AVRIL 188; Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Parsy présente une belle série de silex taillés du type du Grand Pressigny, trouvés à Corneville-sur-Risle. M. Savalle fait la communication suivante : « Messieurs, » J'ai continué très régulièrement mes excursions, pendant les deux mois écoulés, à la recherche, depuis le Havre jusqu’à Heuqueville, des silex taillés” de la période néolithique. J'ai recueilli, dans ces dernières courses, de nombreux et beaux grattoirs, une centaine environ, plusieurs perçoirs, quelques pointes de flèches, — ces dernières pièces très remarquables, comme vous avez pu vous en convaincre à notre précédente réunion. C’est surtout le grattoir, sous une multitude de variétés, qui domine à cette période, dans les ateliers de Cauville et d’Octeville ; il semble avoir été alors l’outil prépondérant, l’outil à tout faire, avoir joué le principal rôle, de même que la hache amygdaloïde à l’époque acheuléenne. Malheureusement, depuis que je cherche avec passion, c’est-à-dire depuis six mois environ, je n'ai pu trouver que sept ou huit ciseaux, encore moins de lames, de couteaux, aucun polissoir, pas une hache. » Certes, en été, il est bon de saisir l’occasion, quand elle se présente, de visiter les terres sablonneuses ravagées par l'orage ; c’est peut-être à cette saison la seule chance favorable. Mais, à l'automne, comme au printemps, les circonstances ne sont plus les mêmes ; dans les labours récents, quand ils sont suivis d’un temps sec, quand les vents d’est dominent, par exemple, il y a peu à trouver, parce qu’alors les silex sont recouverts inévitablement de poussière ; au contraire, si l’on attend que la herse ait passé et surtout si l’on est assez heureux pour qu'une pluie fine soit survenue à point, la récolte sera bonne, pourvu, bien entendu, que l’on ne s’écarte pas de cette zone dont je vous parlais à la dernière séance, et qui, sur une largeur qui varie de 50 à 100 mètres, serre, en général, au plus près le haut de la falaise, c’est-à-dire la ligne de crête de la région. Cette bande, où les silex Li U 1® RESUME DES SEANCES 9 semblent être cantonnés, n’est sans doute pas continue; ilya probablement des lacunes qui seront plus tard confirmées ou supprimées ; mais il y a si peu de temps que je me livre avec assiduité à ce genre d’études, et que je me suis mis à parcourir ces champs, que je n’oserais avancer qu’il n’y a que dans cette zone qu’il soit possible de récolter des silex taillés, bien que chaque fois que je m'en suis éloigné, je n’ai rien trouvé, absolument rien de valable, et qu’au contraire quand je suis parti d’un atelier pour aller directement à un autre, en suivant une ligne parallèle à la ligne de crête, j'ai réussi à ramasser de bons éclats et même de bonnes pièces. Cette zone est sur le territoire de Sainte- Adresse, à gauche de la route des Phares : 1° le long du stand, 2° contre les signaux, et 3° devant les phares; sur Bléville : 1° contre les anciens signaux, 2° au sud de l’établissement Boquet, au bord même de la falaise, 3° À la Fougère, en face l’abou- tissant de la Valeuse ; sur Octeville : 1° au Tot, autour des deux fours à chaux, et 2° sur la butte qui sépare le Tot du Croquet ; enfin sur Cauville, dans la plaine de Villequier, à droite du sentier qui va du parc à l’ouest de l’église, à la falaise. » Je n’ai pas jusqu’à présent, à propos de la recherche de silex néolithiques, fait d’autres observations que je puisse vous signaler. » Quant aux silex des types mousterien et acheuléen, les beaux jours qui sont prochains me permettront d’aller étudier leur horizon exact dans le limon de notre contrée, d’autant mieux que les champs étant ensemencés, il me faudra attendre jusqu’après la moisson avant de songer de nouveau à la pierre néolithique. Les briqueteries, d’un autre côté, n’ont pas été abordables cet hiver. Pourtant à la Mare-Rouge, chez M. Raverat, j’ai ramassé récemment une hache, un épieu, une pointe de lance, ces trois pièces très endommagées. J’espère bien être plus heureux bientôt. Les dires des ouvriers, relativement aux niveaux où gisent ces belles haches que vous connaissez, sont si contradictoires, si exagérés, que je pense que je ferai mieux décidément de donner la parole à ma pioche à son tour pour me tirer d’embarras; je gratterai toutes les briqueteries des environs, s’il le faut, mais nous en aurons le cœur net cet année. » L ! u ° 10 SOCIETE GEOLOGIQUE DE NORMANDIE SÉANCE DU 6 JUIN 1883 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la dernière séance lu par le Secrétaire est adopté. Le Président annonce une présentation. La correspondance comprend : 1° Une lettre de la Société géologique de Belgique demandant l’échange de nos publications. Cette demande est acceptée et le Secrétaire chargé d’y répondre en conséquence ; 2° Une lettre de la Société Linnéenne de Normandie indiquant la date de sa réunion annuelle et invitant la Société à s’y taire représenter ; 3° Une lettre-circulaire de M. le Ministre de l’Instruction publique remettant un questionnaire relatif aux coups de foudre. M. Lennier offre à la bibliothèque de la Société un exemplaire de la note qu’il vient de publier dans le Bulletinsde la Société Zoologique de France sur les travaux de Peron et Lesueur. M. Savalle fait la communication suivante : « Messieurs, » Mes excursions pendant le mois dernier à la recherche des silex de l’âge de la pierre polie, ont été très-satisfaisantes malgré cette circonstance si défavorable, que presque tous les sillons sont ensemencés à présent. » La station de Cauville, dans la plaine de Villequier, nous a donné, à M. Tesson et à moi, bon nombre de grattoirs de toutes variétés, et quelques pointes. M. Badais y a recueilli, entr'autres silex, une pointe de flèche et un poinçon très remarquable. » À Octeville, au hameau du Tot, j'ai ramassé, en outre, des grattoirs, plusieurs ciseaux et une hachette-ciseau. » À Bléville, à la Fougère, M. Badais a trouvé la première hachette polie dans la zone dont je vous ai entretenus dans notre précédente séance. » À Rogerville, nous avons eu, dimanche dernier, la main heureuse, M. Tesson et moi. Nous avons rapporté, en effet, des RÉSUMÉ DES SÉANCES II poinçons, des pointes, des perçoirs, des lames de couteau, et surtout un beau grattoir en silex noir, une pointe de lance, une hachette-ciseau en silex blond, une hache-herminette en silex zoné, trouvés par moi, un magnifique ciseau en silex noir et une pointe de flèche en silex blond trouvés par M. Tesson. ‘Grâce à ces découvertes exceptionnelles, la station de Rogerville peut être considérée dorénavant comme indubitable. » À Sandouville, le même jour, j'ai encore réussi à recueillir un ciseau en silex noir, d’un travail très beau, une lame de couteau et un poinçon. » L'automne prochain, je me propose de parcourir Oudalle et Saint-Vigor. » Je n’ai fait qu’une visite aux briqueteries de la Mare-Rouge, à Bléville ; j’en ai rapporté deux pièces, l’une du type du Moustier et l’autre du type de St-Acheul. » M. Tesson présente une série de silex qu'il a recueillis à Cauville en compagnie de M. Savalle, et une autre série provenant de Trouville, près Pont-Audemer. M. Biochet présente aussi quelques pièces provenant de Saint- Wandrille, hameau du Genetay, où elles ont été recueillies sur le limon. M. Bidard annonce qu’on continue à trouver dans la briqueterie de M. E. Dubosc, à Frileuse, des silex chelléens. Il ne connaît de pièces néolithiques, recueillies à cet endroit, qu’une hachette polie en silex noir. M. Savalle annonce qu'il a dernièrement trouvé à Bléville, dans les argiles kimmeridiennes, une vertèbre de Polypiychodon. À Trouville, dans la Corallien, il a obtenu quelques oursins, entre autres un Cidaris florigemma, un Pygaster et plusieurs Pseudodiademes. Il a aussi trouvé, à Benerville, près la chapelle, une petite boucle en bronze qu’il soumet à l'examen de la Société. 12 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE SÉANCE DU 4 JUILLET 1883 Présidence de M. LÉCUREUR, Secrétaire. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. E. Dubosc, négociant au Havre, présenté par MM. Re et Lécureur, est admis. M. Bidard soumet à l’examen de la Société une belle série de silex néolithiques du département de l'Oise, parmi lesquels on : remarque deux superbes haches polies et une préparée pour le polissage. M. Lécureur, dans son dernier voyage à Post ete à à appris de notre collègue, M. l'abbé Deshayes, qu’il a été der- nièrement trouvé de nombreux silex chelléens sur les plateaux entre Pont-Audemer et Fourmetot. Toute cette région a une altitude sensiblement égale, sinon supérieure, à celle de la briqueterie Dubosc à Frileuse, soit environ 100 mètres. M. Lécureur a pu aussi observer, entre Fourmetot et Manneville- sur-Risle, deux gisements en poches, l’un d’argile plastique, l’autre de sable blanc à fondeurs, alignés nord et sud à 1 kilomètre l’un de lautre. M. Tesson présente quelques silex qu’il a trouvés à la bri- queterie Dubosc, à 2 mètres $o environ en profondeur. M. Prudhomme a pu examiner de nouveaux découverts à la même briqueterie, au bord de la déclivité vers la vallée, de Rouelles. Le limon y paraissait butter sur une arète d’argile à silex. SÉANCE DU 3; OCTOBRE 1883 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Lennier annonce qu’à la dernière session, à Rouen, du Congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences, il a signalé à la section de géologie les découvertes de silex taillés chelléens faites dernièrement aux environs du Havre et de Rouen. RÉSUMÉ DES SÉANCES 13 Il en a fait ressortir l’importance et combien le fait d’avoir ren- contré ces silex à la base du limon des plateaux au contact de l'argile à silex offre de gravité. Il ajoute que, grâce à l’obligeance de notre collègue, M. Bucaille, la section de géologie de l'Association française a pu constater le gisement de visu dans les briqueteries des environs de Rouen, où ces silex ont été recueillis en place à la base du limon par notre collègue M. Lemarchand. On a pu aussi constater que les lits de cailloux signalés par M. Prudhomme aux environs du Havre, dans la partie supérieure du limon, existaient aussi à Rouen. M. Prudhomme ajoute qu'il les a aussi reconnus près de Dieppe ; leur présence paraît donc être générale dans le limon du pays de Caux. M. Savalle n’est pas d'accord avec M. Lennier sur le gisement exact des silex chelléens. Selon lui, ils ne se trouveraient pas à la base du limon, mais à une certaine hauteur, c’est-à-dire au niveau du lit inférieur de cailloux. Il a, du reste, trouvé en place une pièce qu’il dépose sur le bureau. Ce silex a été recueilli au contact d’un épi d’argile à silex au niveau du lit de cailloux. M. Bucaille dit qu’il a recueilli lui-même en place, à Rouen, trois silex chelléens dans trois carrières différentes et que tous trois se trouvaient à la base du limon au contact de l'argile à silex. L’épaisseur de la couche de limon dans ces carrières peut être évaluée à 17 mètres. Les silex recueillis sont recouverts d’une patine blanche profonde, qu'ont aussi les silex naturels gisant dans la même couche. M. Bucaille ajoute que cette patine est bien différente d’aspect de celle des silex recueillis aux autres niveaux du limon. Il a pu observer qu’à Rouen les silex taillés sur les deux faces, du type chelléen,se trouvent à la base du limon, que 2 mètres plus haut on rencontre des silex taillés sur une face seulement et dont la patine est moins profonde, enfin qu’à 2 mètres au-dessus d’un lit de cailloux on trouve dessilex simplement éclatés, offrant le bulbe de percussion, très tranchants sur les bords, mais sans aucune retouche. M. Lennier, répondant à M. Savalle, lui fait remarquer que le fait d’avoir recueilli un silex dans la position qu’il indique ne permet de rien conclure sur l’époque de son dépôt. En effet, le limon des plateaux, de quelque façon qu’il se soit déposé, a rempli les cuvettes formées entre les épis de craie ou d’argile à silex. Le dépôt de ce limon ne s’est pas effectué en couches 14 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE horizontales, mais au contraire en couches concentriques plus épaisses au fond que sur les bords. Par conséquent, un objet déposé sur la pointe de l’épi limitant la cuvette peut fort bien être du même âge qu’un autre déposé au fond. Il en serait autrement pour deux objets situés l’un au fond l’autre au milieu de la cuvette et dont l’âge serait naturellement différent. M. Savalle persiste à penser que le gisement n’est pas tel que l’indiquent MM. Lennier et Bucaille ; il ajoute qu’il n’a pas trouvé le silex qu’il présente au contact de largile à silex, mais à une petite distance. M. Bucaille dit qu’aux environs de Rouen on rencontre quelquefois, à la base du limon, des sables, des argiles et des graviers que les auteurs de la carte géologique de France indiquent sous le nom de sables et argiles lithomarges. Ces sables et argiles doivent être, selon M. Bucaille, des dépôts tertiaires remaniés. M. Prudhomme rappelle qu’il a signalé dans sa note sur le limon des plateaux aux environs du Havre, insérée au Bulletin de de 1882, des sables avec argiles plastiques rouges ou panachées qu’il a aussi considérés comme tertiaires remaniés. M. Lennier ajoute que ces sables et argiles existent aussi à Bolbec et à Mélamare, où ils sont surmontés de grès tertiaires. Ces sables sont évidemment du même Âge; ce sont les restes de dépôts éocènes qui couvraient autrefois le pays de Caux et dont les couches remaniées ont fourni les éléments constitutifs du limon qui le recouvre actuellement. | M. Bucaille ajoute qu’à Rouen il a recueilli dans l'argile à silex des fragments de Poudingue tertiaire. M. Savalle annonce qu’il a reconnu, au sommet de la couche supérieure du limon (argilette des ouvriers), un petit lit de cailloux qui, à son avis, provient, de même que ceux reconnus par M. Prudhomme, de la dispersion sur le sol des silex constituant les épis qui émergent du limon. Le même membre présente un grattoir en silex trouvé par lui à la base de l’argilette dans le lit supérieur de cailloux.Ce grattoir, taillé à grands éclats, paraît à M. Prudhomme se rapprocher par sa forme grossière et sa taille des outils magdaleniens figurés par M. de Mortillet dans le Musée de Saint-Germain. M. Savalle présente aussi quelques pièces néolithiques trouvés à Octeville, à la surface du sol, ainsi qu’un petit silex chelléen qu’il a recueilli à Trouville dans les éboulis. je RÉSUMÉ DES SÉANCES 15 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1883 Présidence de M. G. LIONNET, Vice-Président. Le procès-verbal lu par le Secrétaire est adopté. Le Président annonce une présentation. - M. Lionnet donne lecture d’un article de la Revue scientifique sur la géologie au Congrès de Rouen. Dans cet article, où M. Cotteau analyse les travaux présentés à la section de géologie, il est parlé d’une communication de M. Clouet sur les gisements de phosphates de la Seine-Inférieure. M. Lionnet fait remarquer que cette question a déjà été traitée à deux reprises dans le Bulletin de la Société ; en 1877, par MM. Lionnet et Brylinski dans leur étude d'ensemble sur les phosphates fossiles, et en 1879, par M. Marchand, de Fécamp, dans sa note sur la composition chimique des marnes, et que, dans ces deux études, des analyses de nodules phosphatés des gisements du gault et des sables glau- conieux ont été publiées. Ces travaux antérieurs paraissent avoir été ignorés de M. Clouet, et M. Lionnet exprime le regret que les membres de la Société géologique de Normandie, présents à la séance où a été lu ce mémoire, n’aient pas pris la parole pour constater les droits d’antériorité de leurs collègues. M. Savalle présente plusieurs ossements fossiles qu’il a recueillis à Graville-Ste-Honorine, dans une cailloutière, le long de la route nationale, à gauche du chemin montant à l’église. Il a relevé dans cette exploitation la coupe suivante perpendiculairement à ja direction de la côte, c’est-à-dire sud-nord. De haut en bas : D: Perrevépèétile :_… D ul... 0"60 HU ON MONEERel see se sue done se A EME TRS 000. 60 3. Limon {argilette avec veines noires), lit à os....... O 20 li Le... se Ce ER SM NE NRRRRR e O 20 ÉD os age more alone ve ne Où 20 OO ee ee ee cute à » où 0 O 20 8. Limon avec silex..... SEAT NRA ATEN REC Pers Ai reporter... : LIN HTEU CORRE 6®50 16 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE KRoorts et dE TR 650 9. Limon {argilette) avec traces de blocs cénomaniens décomppsés f.:. het tee OR 0 25 10. Silex etatmile. 4. o 50 11. Argile rouge avec silex, base de l’extraction (éboulis ARCICNS) . . me esse ee ES » — 7725 La couche n° 3 s'étend sur une longueur de quelques mètres : seulement. | L’épaisseur et la composition des dépôts sont très variables, surtout à partir des lits de silex (n° 4) jusqu’à la base. Les dépôts sont inclinés vers la vallée. SÉANCE DU s DÉCEMBRE 1883 Présidence de M. G. LIONNET, Vice-Président Le procès-verbal de la dernière séance, lu par le Secrétaire, est adopté. Le Président annonce une présentation. M. G. Marchand, industriel à Paris, présenté à la dernière séance par MM. Ch. Beaugrand et Prudhomme, est admis comme membre correspondant. M. Tesson présente une série de silex taillés néolithiques provenant d’Octeville, hameau du Tot, et de Cauville. M. Savalle présente une nouvelle série d’ossements, provenant de la carrière de Graville-Sainte-Honorine, dont il a donné une coupe à la séance précédente. On y remarque plusieurs dents de carnassiers en bon état de conservation et de gros ossements de pachydermes. M. Bidard fait remarquer sur plusieurs dents la coloration verte de l’émail que l’on obtient dans l’industrie par le fluorure de calcium. C’est, dit-il, la première fois qu’il voit cette coloration résulter du phénomène naturel de fossilisation. RÉSUMÉ DES SÉANCES 17 M. Prudhomme, à propos de la découverte de M. Savalle, fait la communication suivante : SUR L'EXISTENCE D'UNE TERRASSE QUATERNAIRE A GRAVILLE- SAINTE-HONORINE « La découverte d’ossements quaternaires signalée par M.Savalle dans la séance du 28 octobre, présente d’autant plus d'importance que, jusqu’à ce jour, il n'avait encore à peu près été rien constaté en ce genre dans nos environs. — Aussi devons-nous féliciter notre dévoué collègue du succès de ses persévérantes recherches. » Bien que ces ossements n'aient pas été trouvés en place, la découverte n’en est pas moins du plus grand intérêt, et il est à désirer que leur description et leur détermination spécifique prennent place dans notre Bulletin. » Je viens de dire que ces pièces n’ont pas été trouvées en place : ’étude de la coupe relevée par M. Savaile et l'examen des lieux montrent en effet que les couches exploitées dans la carrière en question proviennent d’éboulis. » Ce sont des lits alternes de limon plus ou moins sableux et d'argile grossière avec silex; les dépôts sont inclinés du coteau vers la vallée ; leur épaisseur et leur composition sont très variables. » Il est évident qu’à plusieurs reprises l’argile à silex qui cou- ronne le sommet de la falaise de craie s’est éboulée sur les pentes. Puis que dans les intervalles de chaque éboulement le ruissellement a amené des matériaux fins qui ont constitué ces lits de limon plus ou moins sableux indiqués dans la coupe sous les termes argilette et sablonnette. C’est à la base d’un de ces lits et dans la partie supérieure du dépôt qu'ont été trouvés les os. » Je ne pense pas qu’ils proviennent du sommet de la falaise c'est-à-dire du limon des plateaux, ce serait jusqu’à présent le seul exemple d’un dépôt ossifère dans ce terrain. Il est beaucoup plus probable qu’ils proviennent d’une terrasse située à un niveau plus élevé et détruite par les éboulements. » Je suis d'autant plus porté à adopter cette explication qu’on peut justement reconnaître au-dessus du gisement actuel, et un peu à l’ouest sur l'emplacement occupé par l'antique église de Graville-Ste-Honorine et par les bâtiments de l’ancien prieuré, l’existence d’un reste de terrasse dont l'altitude (environ 40 mètres) correspond avec l’altitude moyenne des terrasses quaternaires 18 SOCIËÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE reconnues sur les bords de la Seine. — Cette terrasse, que les éboulements et la culture ont à peu près fait disparaître, se relierait par celle que nos collègues, MM. Bucaille, Biochet et Fortin, ont reconnue au Trait, aux terrasses étudiées par Belgrand, entre Rouen et Paris. » SÉANCE DU 16 JANVIER 1884 Présidence de M. LÉCUREUR, Secrétaire Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. M. l'abbé Diavet, curé de Saint-Martin-d’Aspres (Calvados), présenté par M. G. Lennier et F. Prudhomme est admis comme membre correspondant. ! x Il est ensuite procédé à l'élection du Bureau, qui est ainsi compose : MM. G. LENNIER...... Président ; G. LioNNer.. . Vice-Président ; A. LÉCUREUR .... Secrétaire ; F. PRUDHOMME... Trésorier ; CH. BEAUGRAND .. Archiviste. Le Trésorier donne ensuite connaissance de l’état financier de la Société. Le Président expose que le Conseil d'administration a décidé dans sa dernière séance, sauf approbation de la Société, de publier l'important ouvrage sur la géologie de l'embouchure de la Seine que M. Lennier vient de terminer. Cette résolution est vivement approuvée et la Société décide que la publication de cet ouvrage sera entreprise. , M. Fortin présente une série de silex qu’il a recueillis à Lille- bonne, carrière Campion. Parmi ces silex, on examine avec intérêt un superbe couteau et plusieurs bons grattoirs. M. Fortin a aussi recueilli dans la même carrière un fragment de mâchoire supérieure de ruminant ; ce fragment, encore enveloppé de sa gangue argileuse, gisait dans le limon à la profondeur de s mètres. L’altitude de la carrière est d’environ 40 mètres. RÉSUMÉ DES SÉANCES 19 M. Savalle a obtenu au hameau du Tot et à Cauville deux belles pointes de flèche et divers ciseaux et grattoirs. Il à aussi trouve à Cauville une hachette polie et à Sainte-Adresse une pièce paléolithique. M. Tesson, dans ia même excursion, a aussi recueilli une pointe de flèche et divers silex. M. Fortin annonce que nos collègues de Rouen, sous la direc- tion de MM. Bucaille et Lemarchand, ont l’intention de diriger, le dimanche 20 janvier, ure excursion à Fécamp et à Senneville, et invitent ceux des membres de la Société, qui désirent se joindre à eux, à les rejoindre à Beuzeville, où ils arriveront par le train du matin. M. le Président remercie nos collègues de Rouen de cette aimable invitation. SÉANCE DU s MARS 1884 Présidence de M. LÉCUREUR, Secrétaire Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations M. Lionnet fait la communication suivante : ExposiTioN DES PRrODUrrs DES DRAGAGES EFFECTUÉS PAK LE « TRAVAILLEUR » ET LE © TALISMAN » 1879 À 1883 « L'exposition, qui a lieu en ce moment au Muséum de Paris, des produits de dragages du Travailleur et du Talisman, en 1880- 81-82-83, est absolument digne d’attirer l'attention de tous ceux qui s'occupent d'histoire naturelle. Cette Exposition est importante à plusieurs titres : d’abord par le nombre et l4 nouveauté des espèces qui ont été découvertes, mais surtout au point de vue des déductions qu’on en peut tirer, et qui renversent sur certains points les idées admises jusqu’à-ce jour, particulièrement en géologie. | » La détermination des genres et des espèces, la description des espèces nouvelles ont été confiées aux savants spéciaux, et il faut espérer que le gouvernementet M. P. Bert — si ardents à défendre 20 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE À l'instruction primaire —. ne refuseront pas quelques milliers de francs pour satisfaire les malheureux affamés de recherches scien- tifiques plus élevées, en aidant à la publication des comptes rendus. Quant aux déductions, les savants qui ont fait partie des expédi- tions du Travailleur et du Talisman, M. A. Milne Edwards en tête, ont déjà publié nombre d’écrits. Je n’ai pas la prétention de redire après ces autorités les réflexions qui peuvent venir de l’examen des collections exposées, — d’autant plus que, pour les mêmes raisons de santé qui me font manquer à vos réunions depuis quelque temps, je n’ai pu les voir, — mais j’ai pensé qu’il pourrait être utile de rappeler ici les principales observations faites, ainsi que les conséquences qui en résultent. » Quelques mots d’abord sur l’origine des recherches du Tra- vailleur et du Talisman. Les découvertes scientifiques ont aussi leur légende. Voici la légende vraie sur les motifs de ces sondages effectués à de grandes profondeurs. < » Vous savez que l’on a longtemps admis que la vie — animale et végétale — au sein des eaux, diminuait avec la profondeur et qu’elle cessait même à peu près lorsque la profondeur devenait extrême. On avait bien ramené avec la sonde des débris d’ani- maux ou même des animaux entiers marins, coraux, polypiers, etc., en même temps que les vases ou les sables, dans des eaux profondes, mais on pensait que ces trouvailles étaient tout accidentelles. En géologie, l’absence de fossiles dans certaines couches indiquait des sédiments formés au sein des mers profondes, la présence — (et ensuite la présence de certains genres) — de débris fossiles nom- breux, marquait les points littoraux. C’était l'opinion de Forbes, en 1841, et d'Orbigny ne paraît pas avoir eu d’autre base pour établir sa distinction entre ce qu'il appelle aussi points littoraux, mers profondes, etc., etc. Il y a longtemps cependant que les géologues ont dû remarquer — et probablement ils l’ont fait — que la pré- sence simultanée de certaines espèces et de certains genres dans les mêmes couches gênait un peu les théories admises, mais on n'avait pas de faits à opposer, dans le monde vivant. La preuve de ces faits en est toute fortuite et due à la rupture à une profondeur d'environ 2,000 mètres, du câble sous-marin établi entre la Sardaigne et l'Algérie, en 1861. Le câble fut relevé avec soin, car on cherchait la cause de la rupture, et l’on fut fort étonné de trouver des animaux marins, polypiers, mollusques, etc., attachés à ce câble, et parfaitement vivants. M. Mangon, ingénieur des Ponts et Chaussées fut + aise RS Se de té rr Ps AR dl thin 2 ai PE Va ss ot Réréh his. 2 0 Lo L& RÉSUMÉ DES SÉANCES 21 frappé de ce fait et remit plusieurs fragments du câble ainsi incrusté à M. A. Milne Edwards. « Ce fut une révélation » : le savant professeur rendant peu après compte de cet événement, dont il devinait l'importance au point de vue scientifique, ne pût s’em- pêcher de dire « que d'aussi heureuses trouvailles valent bien un câble téléoraphique. » I] ajoutait même, proh pudor, « que les natura- listes ne peuvent s'empêcher de souhaiter timidement que des accidents aussi fructueux se renouvellent encore. » » Voilà la légende qui se trouve en même temps être la vérité. Dès ce moment, M. Milne Edwards, sentant l’importance de dragages effectués dans les grands fonds, demanda au gouverne- ment les sommes nécessaires. Comme il arrive souvent chez nous, c’est là que l’idée naît, mais les autres en profitent ou nous de- vancent. Dès 1867, la Suède, l’Angleterre et l’Amérique organi- sèrent des sondages qui confirmèrent « l’existence, annoncée » par M. Milne Edwards, d’une faune pour ainsi dire spéciale des » grandes profondeurs, faune constituée souvent, entre autres » animaux, tantôt par des êtres aux formes étranges, par des » êtres aveugles, tantôt par des genres que l’on n’avait pas encore » trouvés, sinon à l’état fossile. » » Notre gouvernement comprit enfin son devoir et mit à la disposition de M. Milne Edwards et d’une commission de savants, l’aviso à vapeur le Travailleur qui, de 1880 à 1882, explora le golfe de Gascogne, la Méditerranée sur les côtes de Provence, d'Algérie, de Corse et du Maroc, et l'Océan jusqu'aux îles Cana- ries. Mais cet aviso était trop petit et peu propre à de longues expéditions ; on voulait aller loin et il ne pouvait emporter du charbon que pour une semaine ; de plus, sa marche était peu rapide. En 1883, le gouvernement le remplaça par le Talisman, éclaireur d’escadre, que nous connaissons bien au Havre, où il a êté construit: ce navire fut commandé par le commandant du Travailleur ; la plupart des officiers de ce navire et autant que possible l'équipage furent les mêmes ; les explorations précéden- tes avaient servi d'école et permis d’apporter au nouveau navire toutesles améliorations jugées nécessaires. L'expédition pritla mer, explora cette fois les grands fonds, la côte d’Afrique jusqu’au Sénégal, les abords des îles du Cap-Vert, des Canaries, des Açores et la mer des Sargasses. Les résultats furent merveilleux et bien avantle terme de trois mois que devait durer l’expédition, on avait épuisé tous les bocaux et objets destinés à contenir les produits des dragages. 22 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE » Par une heureuse inspiration, Le savant directeur du Muséum a voulu réunir toutes les richesses obtenues dans l'Exposition ouverte en ce moment, salle Buffon. C’est donc une circonstance probablement unique de voir ainsi groupés tous ces objets et d’y pouvoir au premier coup d'œil distinguer les genres nou- veaux ou espèces nouvelles, et comparer les espèces trouvées encore vivantes à côté de ces mêmes espèces trouvées seulement jusqu'alors à l’état fossile ou encore les espèces vivantes trouvées à différentes profondeurs afin d’en suivre les modifications. » L’énumération succinte des objets exposés a été présentée par plusieurs savants, entre autres par MM. H. Filhol et E. Rivière. Nous renvoyons à la lecture de ces travaux, principalement à l’ar- ticle publié par la Revue scientifique du 1% mars 1884, et qui est dû à ce dernier. Cet article est très clair, très substantiel à la fois, il à le mérite d’être contenu dans un recueil facile et peu dispen- dieux à se procurer. » J’aurais voulu, comme je vous le disais au commencement de cette note, faire ressortir quelques-unes des conséquences qui résultent de l’examen des objets exposés, en tenant compte des conditions dans lesquelles ces objets ont été trouvés ; j’essaierai de le faire, du moins pour ce qui a trait au point de vue géolo- gique ; mais je suis obligé de vous avouer franchement ici que le temps m'a manqué pour un travail un peu complet, et je devrai me borner aux faits les plus saillants. Je me suis senti tout d’abord enthousiasmé à la vue des horizons nouveaux ouverts par ces récentes découvertes. Que d’erreurs dans le passé, quel boule- versement des idées recues ! On en est stupéfñé, et l’on est vite pressé de mettre la main à la pioche du démolisseur. « Bien coupé, mon fils, disait Catherine de Médicis, maintenantil faut recoudre. Voilà bien le difficile : j'aurais voulu, en abattant d’anciennes idoles, vous offrir quelque nouveau dieu présentable, et pour démasquer une erreur, une théorie maintenant erronée, ne pas vous en présenter une douteuse ; je me suis aperçu que, dans les sciences naturelles en général, et surtout en géologie, la somme des faits — si considérable qu’elle soit — est loin d’être encore suffisante. Les magnifiques travaux de M. Gaudry sur les enchaînements du monde animal, ceux que MM. Oswald Heer, Shimper, Marquis de Saporta et tant d’autres ont écrits sur la même question dans le monde végétal ; les résultats des dragages du fond des mers dont il est question, les innombrables quantités de découvertes fossiles dues aux travaux d’art si nombreux, voilà PE TE RL... bd er = She. à mm — | RÉSUMÉ DES SÉANCES 23 autant de documents pour bâur, on sent le but, on entrevoit la vérité, les théories de Geoffroy Saint-Hilaire et de Lamark, celles de Darwin, semblent chaque jour rencontrer de nouvelles preuves ; et pourtant — en toute sincérité — la science, à ce point de vue, nous laisse encore mal satisfaits. Pourquoi ? C’est que la somme des documents n’est pas encore assez nombreuse et que les vides existant soulèvent encore des contradictions. Sous ce rapport, et par les conditions dans lesquelles elle est présentée, — chaque objet accompagné des documents qui s’y rattachent — profondeur — caractères de l’animal vivant — thermalité des eaux, etc., etc., — entouré des espèces correspondantes prises sur des points très éloignés ou fossiles même, — sous ce rapport, disons-le, l'exposition actuelle du Muséum doit être féconde en déductions de toutes sortes. » Quel regret que cette exposition soit la seule, et pourquoi faut-il se dire que nous n’avons pas en France un seul Musée dont le budget permette l’exposition de ce qu’il possède, pas même le Muséum de Paris. Nous aussi nous avons des richesses, dit M. Gaudry, dans un article récent au sujet de sa visite à Londres, où il est allé recevoir la médaille Wollaston que lui a décernée la Société Géologique ; mais nous n’avons ni place, ni argent. Il énumère la splendeur et le nombre des Musées anglais dans la seule ville de Londres et ne peut s'empêcher de rappeler avec tristesse combien les nôtres sont peu disposés pour l’étude, avec leurs collections entassées en caisses faute de place et d'argent. » C’est aussi le cas de notre Musée du Havre, l'instruction pri- maire paraît y être le summum du savoir accessible à l’intelligence de nos édiles, et tandis qu’on dépense des centaines de mille francs pour édifier de jolis et gracieux édifices destinés non-seulement à combler des vides -— ce qui est bien — mais même à remplacer des locaux encore utilisables, on ne peut trouver quelques milliers de francs pour terminer l'installation de notre Musée, qui est pourtant aussi un élément d'instruction, même d’instruction pri- maire, sachez-le, Ô valeureux champions de lécole! Mais je reviens à notre sujet. En réfléchissant sur les déductions auxquelles on est amené par l’examen des collections exposées au Muséum, ce qui domine d’abord c’est, disions-nous, le renversement de beaucoup d’idées reçues. Ainsi, on pensait que la vie — au sein des eaux — diminuait avec la profondeur et même qu’elle « était » impossible dans les abîmes de la mer, que les eaux étaient con- 24 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE » damnées à l’immobilité, à l'obscurité, à la solitude. Les » hommes les plus compétents donnaient d’excellentes raisons » pour prouver que les lois de la nature s’opposent à l'existence » d’êtres animés dans les conditions réalisées au fond de l'Océan. » C'était la pression qu'une colonne d’eau de plusieurs milliers de » mètres exercerait sur des organismes délicats, c’était l’absence » de lumière, la lenteur du renouvellement de l’eau, le manque » d’algues et de toute matière végétale », on en était resté pour le surplus aux recherches de Forbes, en 1841. Eh bien, les sondages faits jusqu’à plus de 6,000 mètres ont prouvé que la vie est active dans le fond des mers et représentée à peu près par toutes les classes, familles et ordres d'animaux marins. — L’obscurité n’y existe pas, car la plupart des animaux ramenés, même les poissons, même un certain nombre d'animaux aveugles où dont nous ne connaïssons pas encore les appareils visuels (mollusques, crustacés) sont pourvus de phosphorescence et les fonds sont garnis sur beaucoup de points d’une sorte de boue phosphorescente. Beaucoup d’actinies, de spongiaires, de coraux, d'oursins, de crustacés même et de poissons sont lumineux ou portent des plaques lumineuses ; il est difhcile après cela de croire par surcroît à la lenteur du renouvellement des eaux profondes, et les températures prises par le thermomètre à diverses pro- fondeurs, suffisent bien, par leur variété, à expliquer l’existence de courants sous-marins analogues aux courants aériens. Un second grand fait paraît se dégager de ces recherches, c’est que la thermalité des eaux joue un rôle important, sinon prépondérant, dans la répartition des espèces marines, et que pour certaines classes d’animaux inférieurs vivant attachés ou immobiles, ou cantonnés, ce rôle est aussi important que la nature des fonds. On a trouvé sous l’équateur, mais à des profondeurs toutes différentes, des mollusques considérés jusqu’à présent comme arctiques et par des fonds de $ et 6,000 mètres des spongiaires dont l’habitat ne dépassait jamais dans la Méditerranée des profondeurs de $o à 100 mètres. Nous savions déjà que le Gulf stream, avec ses eaux plus chaudes, ramenait dans certains de nos parages une faune considérée comme appar- tenant à des zones plus tempérées. En géologie, les fameuses colonies de Barrande, de Leymerie, étaient connues ; mais l’explication n’en était peuts -être pas aussi naturelle. | » D'un autre côté, n’a-t-on pas admis généralement qu'aux spoques anciennes, la température des eaux était plus uniforme, ot à bled "2 — RÉSUMÉ DES SÉANCES 25 aussi bien que celle du globe terrestre lui-même : on rapportait à une méme époque la formation de telle. ou telle couche parce qu'on y rencontrait la même faune fossile — avec certaines modifications de forme et de taille, disons-le en passant, malgré la distance parfois considérable qui séparait deux gisements. Peut-on désormais juger d’une manière aussi absolue quand on trouve, vivant encore, des types depuis longtemps considérés comme éteints, et dont les représentants fossiles remontent au delà même de l’époque tertiaire ? Ne faudra-t-il pas dans l'avenir tenir compte de la thermalité des eaux qui, en repro- duisant un milieu identique et propice, sufht à expliquer cette répartition de mêmes espèces sur des étendues immenses, et sur des points fort éloignés les uns des autres. » On pourrait résumer ainsi cette question : » Dans le sens horizontal, la répartition des animaux marins, surtout de ceux qui vivent attachés ou immobiles, telle qu'on lacceptait jusqu'à présent, doit être rejetée car elle se trouve contredite par les faits. Les courants sous-marins, en identifiant la température de deux zones fort éloignées l’une de l’autre, et. de profondeurs bien différentes, variant de plusieurs centaines et même de milliers de mètres, peuvent ramener une faune iden- tique, si d’ailleurs la nature des fonds ne s’oppose pas à l'existence de cette faune. Par suite, dans le sens vertical, on peut trouver et l’on a trouvé dans une même région souvent très limitée, mais à des profondeurs différentes, des animaux que l’on n’était accou- tumé de rencontrer que dans des régions fort éloignées l’une de l’autre, ou de climat aussi différent que peuvent l’être la Norwège et le Sénégal. C’est là un fait considérable et dont les géologues devront FRE tenir compte avec le plus grand soin » Que d’idées à réformer, que de conséquences à tirer de ces rire, Que deviennent alors les divisions de la géologie en couches de mers profondes, points littoraux, basées jusqu'ici sur la présence de tels ou tels fossiles, quand on rencontre des oursins, des spongiaires, des mollusques, etc., jusqu’à présent considérés comme habitant les points peu profonds, jusqu’à s et 6,000 mètres ? » Que deviennent les distinctions — d’après les caractères éraux de la faune fossile — des couches géclogiques en couches formées dans des mers chaudes, etc., quand nous trouvons sous l’équateur des espèces seulement rencontrées jusqu’à présent dans les zones froides, en Norwège et dans les Lé 26 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE mers du Nord, et que le Gulf stream ramène sur nos côtes des animaux dont l’habitat était considéré longtemps comme plus au Sud. » Les diverses recherches effectuées depuis 1867 ont encore affirmé un fait que l’on soupçonnait il est vrai : c’est que beaucoup de types éteints et considérés comme tertiaires et même comme antérieurs ont des représentants qui vivent encore dans les profondeurs ; et que l’on a même trouvé des faunes qui se rattachent d’assez près aux faunes secondaires et même primaires (spongiaires, crustacés, polypiers, foraminifères, etc.). Woodward avait déjà dit, au sujet des coquilles fossiles que, bien que manquant encore de preuves suffisantes, il considérait les faunes des diverses provinces marines établies par lui comme d’âge différent, et qu’il pensait que leur origine se liait avec des change- ments géologiques antérieurs. Il est évident d’ailleurs que les idées que viennent d'appuyer encore les récentes recherches étaient, comme on dit, dans l'air ; mais quelle clarté nous apparaît tout d’un coup par cette confirmation des faits ? » Que deviennent en tout cas les théories d’Agassiz, de Cuvier, de d’Orbigny ? Notons en passant la modification observée dans la taille et même jusqu'à un certain point dans la forme des animaux, suivant la profondeur, et due sans doute aux conditions de milieu (pression, lumière, etc., etc.) que devient la fixité des espèces ? Si ce n’est plus une révélation — car depuis vingt ans la science « à fait du chemin », n’est-ce pas comme l’effrondement des derniers pans de murs encore subsistant des erreurs passées qui s’écroulent ? » La géologie, peut-être plus qu’une autre science, aura exercé sur la recherche de la vérité, au pointde vue dela connaissancede la nature, une influence considérable. Dès avant les recherches dont il est question ci-dessus, elle avait soulevé le voile qui écartait la vérité ; et il n’y a pas de géologue digne de ce nom qui n'ait, depuis longtemps, démonté pièces à pièces ou du moins entamé beaucoup des théories de la première heure. Par exemple, l’obser- vation géologique nous avait déjà donné des doutes sur la question des points littoraux ou des points profonds des mers : que de formations géologiques, en effet, contiennent alternativement des zones riches en débris organiques succédant — souvent avec des retours — à des couches absolument azoïques ou les précédant : aurait-il donc fallu supposer en prenant au pied de la lettre les idées reçues, -le sol se livrant à une série d’élévations et d’abaisse- LT" RÉSUMÉ DES SÉANCES 27 ments pareils à la respiration gigantesque d’un monstre endormi ou même à une série de sauts désordonnés ? Nous avions égale- ment remarqué le mélange dans les mêmes lits d'espèces pélagi- ques, d’espèces de grands fonds et d’espèces cotières, le démenti souvent donné pas les faits à la désignation d’espèces de mers chaudes ou de mers froides; mais, n’est-ce pas une véritable bonne fortune scientifique de posséder enfin par les recherches des dernières années des documents certains à l’appui de tant de sup- positions et de probabilités ? » Le passé n’en est pas moins respectable et il faut admirer ces hommes qui — sans autre moyen de raisonnement qu’un petit nombre de faits que leur génie et un certain don de double vue savaient féconder — ont posé les bases de la géologie et des scien- ces naturelles. Que de découvertes sont dues à des faits d’abord mal interprétés ou mal observés et qui pour cela même ont appelé l'attention des âges postérieurs ! Pouvons-nous, avons-nous le droit même de critiquer le passé, avec ses erreurs fréquentes, quand nous comparons les moyens dont les savants disposaient alors à ceux que nous avons aujourd hui. C’est pourtant avec ces moyens restreints que le génie des Cuvier, des Beaumont, des Brongniart, des d'Orbigny a su bâtir le premier édifice et le plus important. » Depuis, nous y avons fait nombre de réparations, de change- ments, et l'édifice primitif disparaît sous une accumulation de matériaux, — de valeur parfois fort discutable. — Nous aurions besoin que quelqu'un de ces « grands débrouillards » viennent même au prix de quelques erreurs nouvelles, éclaircir un peu tous ces réduits sombres que nous avons ainsi créés, et restaurer en un mot notre belle science. Quel triage à accomplir! j’en appelle à ceux qui étudient le tertiaire et le quaternaire ! » En dehors des déductions que les recherches sous-marines ont fourni à la science géologique, il faut ajouter que beaucoup d'espèces nouvelles ont été découvertes dans les différentes classes d'animaux. Nous ne citerons ici que le poisson Euripharynx pele- canoïdes, dont la forme est absolument différente de toutes les autres formes connues jusqu'ici, et des encrines d’une merveilleuse beauté. » On peut dire en résumé que M. Milne Edwards, en organi- sant l'Exposition actuelle avec les soins les plus minutieux, en juxtaposant, pour le contrôle. les objets déjà connus, afin de mieux aider le visiteur, a accompli une œuvre scientifique d’un intérêt considérable. Il serait sans doute prématuré — après avoir signalé Lé 28 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE les erreurs du passé — de tirer trop vite de nouvelles conclusions. La science à maintenant de bonnes raisons pour être prudente, mais nous n’hésitons pas à croire que l’heureuse idée qui a présidé à l’organisation de l'Exposition actuelle du Muséum sera féconde en résultats et que les sciences naturelles en montreront les effets merveilleux dans un avenir très prochain. » SÉANCE DU 2 AVRIL 1884 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est adopté sans obser- vation. M. le Président annonce une présentation. Il donne ensuite connaissance de la circulaire de M. le Ministre de Instruction publique invitant les Sociétés savantes des dépar- tements à envoyer leurs délégués assister au Congrès annuel qui sera tenu à Paris, du 15 au 19 avril. La Société y sera représentée par son Président, M. G. Lennier, et par M. Prudhomme. M. Parsy dépose sur le bureau une hache en silex qu’il a recueillie dans la terre végétale, à 80 centimètres de profondeur, à Bléville, sur le plateau, près du fond d'Tgneauval. M. Prudhomme pense, vu la forme PETER de ce silex, qu’ il doit provenir du limon, plutôt que de la terre végétale. Le limon est du reste réduit à une faible épaisseur dans cette partie du territoire de Bléville. M. Lennier fait remarquer que dans nos environs on recueille deux types bien distincts de silex taillés : à la surface, des éclats, des grattoirs, des ciseaux, des pointes de flèches appartenant à ce que, l’on appelle l’époque néolithique, puis dans les zones profondes, dans le limon, des silex beaucoup plus anciens, d’une taille plus grossière, offrant les types paléolithiques, soit mousterien, soit chelléen, comme celui qui est soumis à la Société. Sur le désir exprimé par M. Parsy, il est décidé que la Société dirigera une excursion pour examiner le gisement d’où provient ce silex. M. Bucaille fait remarquer que cette pièce offre une forme par- RÉSUMÉ DES SÉANCES 29 ticulière, grossière, ancienne, qui ne se rencontre à Rouen que dans les zones les plus profondes du limon. — Il a pu observer ce fait dans dix-huit briqueteries des environs de Rouen. Les pièces du type ordinaire de St-Acheul ne se rencontrent que environ 1 mètre 50 au-dessus de ce niveau — ce type plus grossier repré- senterait le vrai chellëen — plus haut encore que ces deux niveaux, dans le lit plus sableux du limon qui représente l’Ergeron, on ren- contre les silex du type mousterien ; enfin, dans la terre à briques qui forme la partie supérieure, on ne trouve plus que des silex d’une torme toute particulière, simplement éclatés, très tranchants et sans aucune retouche qui doivent représenter le magdalenien. Ces trois niveaux, du reste, sont toujours distincts, quelle que soit l’épaisseur des couches, aussi bien dans les briqueteries où le limon montre une épaisseur totale de 17 mètres que dans celles où il est réduit à 1 mètre 50. M. Lennier demande à M. Bucaille si parmi les silex rencontrés à Rouen il s’en trouve en silex noir et s’ils sont en ce cas recou- verts d’une patine. | M. Bucaille répond affirmativement à ces deux questions. Le silex qui a servi à fabriquer ces pièces provient des lits de la craie blanche sénonienne. M. Parsy présente une série de grattoirs et d’éclats provenant de la plaine de Bléville. M. Tesson, au nom de M. es donne lecture de la note suivante résumant leurs dernières excursions : « Les excursions que nous avons faites le mois de mars dernier, M. Tesson et moi, nous ont donné des résultats très encou- rageants. Le 2, nous sommes revenus d’Etretat à Cauville par le haut de la falaise en explorant les champs de labour. » Nous signalerons à la Société une pièce de terre située au haut du vallon qui aboutit au sud d’Etretat et est parallèle à la falaise ; trouvé un certain nombre de orattoirs et d’éclats. » Sur le territoire de la Poterie, à la naissance d’un vallon qui descend à la mer, trouvé encore plusieurs beaux grattoirs et une pointe qui a pu servir de pointe de flèche. Rien sur les hauteurs (nord et sud) de Bruneval. » Au cap d’Antifer, dans un champ aboutissant d’une part à la falaise et de l’autre à une ferme, ramassé quelques éclats et un orattoir. C’est un butin bien maigre au milieu de terrains sableux L. 30 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE qui nous semblaient devoir être si riches en silex taillés. Ce quartier là doit être battu à nouveau avec soin. D’ailleurs, le charivari que nous ont donné les hôtes emplumés et très mal em- bouchés des falaises du cap, nous a positivement forcés de battre en retraite, le vacarme était assourdissant, la position pas tenable, nous l’avouons humblement. » À Saint-Jouin, trouvé deux grattoirs dans le champ, abou- tissant à la falaise, que j’ai déjà signalé à la Société. » Quelques grattoirs à Cauville. » Dimanche 9. — Excursion à Trouville-sur-Mer. — Jai recueilli, dans le corallien, un Hemicidaris hemisphericus et deux beaux Pygaster, pendant que M. Tesson explorait de son côté les briqueteries et ramassait deux bons grattoirs en silex ocreux. » Le 16, excursion, d’abord aux briqueteries de la Mare Rouge, rien, — les travaux de découverte et d’extraction étant à peine commencés. Ensuite, battu le plateau de Fontaine-la-Mallet, visité la briqueterie de Fréville ; recherches infructueuses. Battu enfin les hauteurs à l’ouest de Montivilliers, depuis le Fontenay jusqu’à la côte de la Justice : reconnu dans un champ, en déclivité, affleu- rant le niveau des plateaux, traversé par un chemin qui mène de Montivilliers à Fontaine par la plaine, reconnu, dis-je, la présence de quatre beaux silex taillés. Endroit à surveiller à l’arrière saison, s’il a existé une station, un atelier à Montivilliers, c’est peut-être là que nous recueillerons les éléments nécessaires à la constatation de ce fait. » Le 20, à Sainte-Adresse, au fond d’Ignauval, dans un champ situé au sud du chemin qui monte du vallon au plateau de Bléville, trouvé quatre grattoirs en silex ocreux et un poinçon. Peut-être l'atelier que j'ai cherché vainement aux anciens signaux de Bléville et un peu plus au sud, à l’ancienne briqueterie, peut- être, dis-je faudra-t-il que je le cherche, à l’automne prochain, au haut de ce vallon même. » Le 23, à Bénerville, à mi-côte, à quelques pas de l'Eglise, dans un champ déjà signalé à la Société, trouvé trois grattoirs seulement. Nous nous promettons de battre prochainement le plateæu du Mont-Canisy. » Le même jour, à Villers-sur-Mer, j'ai recueilli à la falaise, malgré l’ensablement de la plage, quelques bonnes pièces fossiles, sous Auberville, où par places les argiles oxfordiennes sont à découvert. — M. Tesson, pendant ce temps, visitait la briqueterie d’Auberville et en rapportait une lame de couteau en silex. PP PS CPP TS PR PE PP OT OO PT RÉSUMÉ DES SÉANCES 31 » Le 30, en route pour Saint-Vigor-d’Imonville, à la recherche — si possible ! — d’un atelier de pierre polie. Trouvé plusieurs beaux grattoirs et un ciseau, dans un champ qui traverse .le plateau, et aboutit, à l’est, au Phare du Hode, et à l’ouest, au vallon de Navarre. Partout ailleurs que dans cette pièce de terre, aucune trace de pierre polie. Revenus par le camp de Sandouville et ramassé, dans la grande enceinte, à la pointe Est, à cinq cents mètres environ de l'Eglise, un fragment de ciseau et un fragment de hache polie. Absolument rien dans la dernière enceinte. » En somme, les récoltes (colzas, seigles et blés), sont déjà trop hautes, et les terres hersées nouvellement trop poussièreuses, pour notre genre de recherches. Il est trop tard pour la majorité des sillons et trop tôt pour le reste. Il est-bien évident que ces excursions de printemps seront toujours moins fructueuses que celles d'automne. Quoi qu’il en soit, les résultats que nous avons obtenus dans des conditions défavorables, nous paraissent très satisfaisants. » SÉANCE DU 7 MAI 1884 Presidence de M. G. LENNIER, Président Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Gouverneur, maire de Nogent-le-Rotrou, présenté par MM. G. Lennieret Bizet, estadmis commemembre correspondant. M. le Président présente quelques épreuves du tableau « vues et coupes de la Hève », de Lesueur, que la Société s'occupe à rééditer. Ces épreuves, sauf quelques détails qui seront à corriger, paraissent de tous points satisfaisantes. M. Lionnet signale le passage suivant du rapport du capitaine Olivry, du navire Cobija, arrivé récemment de Saïgon, et qui a rencontré près du détroit de la Sonde une immense quantité de pierre ponce provenant vraisemblablement del’éruption du volcan du Kra-Katoa: « Le 18 décembre 1883, aperçu l’île Watecher-Nord, dans le Sud ; le soir, nous étions en vue des Mille-Iles, calme, le navire ne gouvernant plus. Dans la nuit, la brise reprend : fait route pour le détroit de la Sonde. 32 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE » Vers six heures, au moment où le jour se fait, la brise deve- nue assez fraîche, notre attention est attirée par l’aspect d’une immense plaine, devant nous, dans laquelle, ça et là, des points noirs et très saillants, nous paraissent comme des îlots et des roches. Aussitôt, fait venir babord tout, diminué la voilure et attendu quelques instants ; mais nous n’avons pas tardé à recon- naître que ce n’était autre chose qu’une énorme couche de lave de volcan, qui entraînait avec elle de très grands arbres et d'énormes blocs de pierre ponce. » La vigie que j'avais envoyée sur la vergue du petit perroquet, n’en voyait pas la fin; nous avons donc continué notre route, évitant les plus grands arbres et les plus grosses masses de ces pierres, et après avoir parcouru ainsi quelques milles, voyant la marche du navire se ralentir sensiblement par la couche qui deve- nait de plus en plus épaisse, établi toutes voiles. : » Depuis le jour, le temps qui était très chargé, ayant mauvaise apparence, nous empêchait de reconnaître les terres formant l'entrée du détroit, desquelles nous n’étions pas très éloignés ; enfin, vers dix heures, nous arrivons à l’extrémité Sud de cette banquise, dans laquelle nous avons navigué quatre heures avec une vitesse d'environ $ milles. Peu après, le temps s’étant éclairci, nous donnions dans le détroit de la Sonde, où le calme nous a pris. Depuis lors, ma navigation n’a rien offert de remarquable. » M. Savalle fait la communication suivante : « Nous avons, M. Tesson et moi, continué, pendant le mois d'avril, nos excursions de printemps aux environs du Havre, à la recherche des silex taillés. » Le dimanche 6 avril, visite à la station de Cauville. Recueilli dans le champ qui, contre temps fâcheux, n'était pas encore retourné, quelques grattoirs, un ciseau brisé et une pointe de flèche triangulaire, en silex brun, plate sur les deux faces et retaillée seulement sur l’un des côtés et à la base. Après déjeuner, nous sommes allés droit à un champ fraîchement hersé, situé au Sud de la valeuse, au bord de la falaise; borné à l'Ouest, au Nord et à l'Est, de venelles de terre où croissent des joncs-marins, champ où j'avais trouvé, l’année dernière, des éclats qui avaient attiré mon attention. Là, malgré pluie et vent, nous avons ramassé des grattoirs, des pointes, des forets, des lames, soit une trentaine de très bons spécimens. tdi es hétiatipatantrs dé mt. 10 —: simnifis up RÉSUMÉ DES SÉANCES 33 » Le dimanche de Pâques, j'ai recueilli sur la côte de la Justice, en allant à Montivilliers, dans un champ situé au Sud de la ferme Haïize, plusieurs grattoirs et éclats qui me donnent bon espoir.— Le même jour, M. Tesson trouvait, dans les briqueteries voisines de Pont-Audemer, quatre beaux grattoirs. » Mais notre meilleure excursion du mois a été, sans contredit, celle du dimanche 27, à Cauville. Je crois, en effet, que nous avons mis la main sur une nouvelle station, au Sud de la valeuse. En effet, la pièce de terre que nous avions parcourue le 6, par un temps affreux, nous a fourni, à M. Tesson, à mon fils et à moi, une soixantaine de pièces bien caractérisées, grattoirs, pointes, poinçons, surtout une belle lame et un ciseau dont l’ouvrier, de l’âge néolithique, a poli le tranchant sur les deux faces. » M. Biochet présente une série de silex provenant des environs de Caudebec, particulièrement de la Haye-des-Prés, près Mau- levrier, et de Saint-Gilles-de-Cretot, près Saint-Wandrille. | M. Biochet présente aussi quelques ossements recueillis dans la briqueterie située entre le cirque de Lillebonne et le Val-Infray, à s mètres en profondeur. Ces ossements consistent en un os de rhinocéros, un bois de cerf et un os indéterminé. C’est tout ce que M. Decaux, pharmacien à Lillebonne, a pu sauver des objets trouvés à cet endroit. SÉANCE DU 2 JUILLET 1884 Présidence de M.:G. LENNIER. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations. La correspondance comprend une lettre de M. Morière, secré- taire de la Société Linnéenne de Normandie, invitant la Société à se faire représenter à la réunion annuelle, qui se tiendra à Cherbourg, les 5, 6 et 7 juillet. La Société Géologique sera représentée à cette réunion pa MM. Lennier, Lionnet et Prudhomme. M. le Président signale dans le quatrième fascicule de la Revue 34 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE des Travaux Scientifiques un rapport de M. Hébert, membre de l’Institut, sur le dernier Bulletin de la Société. Sur l'invitation de M. le Président, le Secrétaire fait lecture de ce rapport, dans lequel le savant professeur de la Sorbonne, après avoir résumé et apprécié les divers travaux insérés, félicite la Société de l’impor- tance de ces travaux et propose à M. le Ministre de l’Instruction publique d’accorder à la Société Géologique une subvention de F. 600. M. le Président fait connaître qu’il a reçu, du Président de la Société Havraise d'Etudes diverses, invitation à se réunir avec les Présidents des autres Sociétés savantes de la ville du Havre, pour étudier la question toujours en suspens d’un local commun, où ces Sociétés pourraient se réunir. et installer leurs Bibliothèques. A la suite de cette réunion, il a été adressé à M. le Maire du Havre une lettre collective, que M. le Président a crû devoir signer de concert avec ses confrères. La Société approuve cette démarche et espère qu’une combi- naison à étudier permettra de résoudre cette question si intéres- sante pour le bon fonctionnement des Sociétés scientifiques. M. Beaugrand rend compte d’une excursion: faite par lui et M. Parsy à Villers-sur-Mer, dans le but de rechercher le contact de POxfordien avec la craie, Il pense avoir reconnu ce contact à 2 kilomètres environ de Villers, dans une roche en place au sommet de la falaise oxfordienne ; l'argile renfermant de gros galets roulés était surmontée de glauconies sableuses avec nodules phosphatés et petits galets siliceux cénomaniens. M. Beaugrand présente à l'appui de sa communication des échantillons de cette roche. M. Lennier fait remarquer que les calcaires durs à mnucleolites scutatus de la base du Corallien, que l’on observe à Trouville aux Roches Noires à la base de la falaise, existent dans les falaises de Villers et même jusqu’au Saut-au-Chien, près Dives, où un bloc corallien éboulé de la falaise se voit sur le rivage. Ces calcaires recouvrent les argiles oxfordiennes, qui par conséquent ne peuvent se trouver en place en contact avec la craie. Il est possible, si la roche observée par M. Beaugrand est bien en place, que les argiles qu’il signale appartiennent à l’étage kimmeridgien qui peut s'étendre jusqu’à Villers, au moins remanié sur place. M. Beaugrand, n’ayant pu se procurer aucun fossile du niveau observé ne peut se prononcer ; au-dessous de la roche étudiée par lui il n’a pas remarqué de calcaires, mais à environ cent mètres RÉSUMÉ DES SÉANCES QU) VA plus loin, à un point de la falaise inaccessible, il a reconnu la présence d’un lit calcaire épais de cinquante centimètres environ, surmonté d’un lit argileux. M. Beaugrand se propose du reste de continuer ses recherches jusqu’à l'extrémité ouest de la falaise de Villers. | M. Lionnet, examinant les échantillons de roches présentés par M. Beaugrand, les croit inférieurs à la craie cénomanienne. Les nodules phosphatés lui paraissent provenir du Gault et plusieurs galets pourraient provenir de l’Aptien. M. Lionnetfait remarquer que nous sommes, à Villers comme à la Hève, sur l’extrème bordure des dépôts crétacés inférieurs, et que les différents niveaux de cette formation viennent s’y terminer en tranches minces, qui comme tous les dépôts de rivage ont pu subir des remaniements successifs, et où du reste les caractères distinctifs de chaque étage, quoique visibles quand on les observe avecattention, sont cependant très atténués. Il cite comme exemple les veines d’argiles pana- chées que l’on peut observer dans les sables néocomiens à la Hève, et qui sont l'indice très atténué des puissants dépôts analogues du néocomien du pays de Brai. M. Beaugrand présente un bloc ferrugineux de l’étage aptien de la Hève, couvert de nombreuses empreintes. M. Lennier observe à cette occasion que l’on possède déjà de nombreuses séries de fossiles des poudingues ferrugineux de l'étage aptien de la Hève. Malheureusement presque toutes ces pièces sont dans un état tel, qu'aucune détermination spécifique, quelque- fois même générique, n’est possible. M. Savalle fait la communication suivante : « Dans les deux mois de mai etjuin, nous avons, M. Tesson et mOi, continué nos excursions. | » Le 11 mai, visite de M. Tesson aux briqueteries de Trouville, quelques beaux grattoirs. Visite commune au Mont-Canisy, quelques grattoirs à patine blanche très pénétrante ; recherche rendue presque impossible par l’ardeur du soleil. » Le 18 mai, nous étions à Saint-Vigor. Nombreuses trou- vailles dans un champ d’avoine : ciseaux, rabots, pointes; grattoirs; station riche, station certaine, admirable poste d’observation, d’où l’on domine et découvre tout l’estuaire de la Seine. Nous comptons beaucoup sur cet endroit pour les prochains labours d'automne. £ » Le 22, en route pour Honfleur, la côte de Grâce, les défri- 36 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE chements. M. Lennier nous avait prévenus; rien à faire, bien entendu, dans le champ que nous avons parcouru. Plusieurs beaux grattoirs récoltés à la briqueterie Vivien, d’Equemauville et dans une pièce de terre voisine. » Le 25, à Montivilliers, une quinzaine de pièces, dont un rabot poli et un gigantesque grattoir. Mais attendons l’automne ; il y aura là aussi des surprises agréables. Rien, — mais absolument rien, — sur le plateau à l’est de Montivilliers. » Le 2 juin, j'ai visité une heure à peine la station nord de Cauville, plaine de Villequier ; champ poudreux, il fait si sec depuis quelque temps ; total une quarantaine de pièces, dont deux pointes de flèches. » Le dimanche 8 juin, nous avons clos nos excursions de prin- temps par une visite, une visite 2# extremis (l’état des récoltes ne nous permettant plus aucune recherche avant la fin de juillet), par une visite, dis-je, aux deux stations de Cauville (nord etsud) et à la station d’Octeville {le Tot). » À Cauville, nord, plaine de Villequier, trouvé une pointe de flèche, un poinçon, des grattoirs, des lames, des éclats, des pointes. » À Cauville, sud, endroit désigné sur la carte du service vicinal sous la rubrique : (Bruyères et joncs marins), trouvé fragment de hache polie, ciseaux, rabots, poinçons, forets, grattoirs. » Au Tot, grattoirs, serpette, racloirs. » Pendant ces deux derniers mois, j’ai eu peu d’instants à con- sacrer aux fossiles. Le résultat est presque désespérant. Jugez-en plutôt. » À Trouville, la carrière d’Aguesseau est actuellement en pleine exploitation ; des rails, hélas ! y sont instailés pour enlever plus rapidement le déblais provenant de cette belle station paléontologique. Le temps des beaux Hémicidaris n’est plus ! » À Villers et à Villerville, du sable, beaucoup de sable, trop de sable en vérité. » À Octeville, éboulement notable sous les fours à chaux du Tot. La basse falaise a été poussée d’une trentaine de mètres sur l’ancienne moulière. » À la Hève, du Havre à Cauville, rien; pardon, du galet, beaucoup de galet, trop de galet. » Vous avez admiré souvent, n’est-ce pas, ces énormes blocs de craie Cénomanienne, qui rendaient si pittoresque la falaise de Rogerville. Eh bien ! ces blocs gigantesques, ces splendides RÉSUMÉ DES SÉANCES 37 aiguilles chargés de lierre et de lianes vont disparaître. Les Ponts et Chaussés ont donné l’ordre d’ouvrir là une carrière à moëllons.» Le tableau de Lesueur « Vues et coupes de la Hève », réédité par la Société, est ensuite distribué aux membres présents. M. le Président annonce que le Conseil d'Administration a l'intention d’en offrir quelques exemplaires aux Ecoles de la Ville et de l’arrondissement. La Société approuve vivement cette déter- mination et espère que la vue et l’étude de cet intéressant résumé de la stratigraphie et de la faune à nos falaises, aura pour effet de propager le goût des études géologiques. SÉANCE DU 4 AOÛT 1884 Présidence de G. LENNIER, Président Le procès-verbal de la dernière séance, lu par le Secrétaire, est adopté. La correspondance comprend une lettre de M. le Ministre de l'instruction publique, qui accorde à la Société, sur le rapport du Comité des travaux scientifiques, une subvention de F. 1,000. Il sera adressé par le Secrétaire une lettre de remerciements à M. le ministre pour l’octroi de cette subvention. M. Lionnet donne lecture du compte rendu de la réunion annuelle de la Société Linnéenné de Normandie à Cherbourg. La Société géologique de Normandie était représentée à cette réunion par MM. G. Lennier, Lionnet et Prudhomme. M. Savalle fait la communication suivante : « Le 15 juin, dans la matinée, nous avons été, M. Tesson et moi, jeter un coup d’œil sur les valonnements que l’on remarque à embouchure de la vallée de la Lézarde, versant Ouest, valon- nements qui représentent les anciennes terrasses et que nous nous proposons de parcourir cet automne ou, au plus tard, lan prochain. | » Au retour, M. Tesson a trouvé, dans la briqueterie de Gra- ville-Sainte-Honorine, au-dessus del’Abbaye, unehache chelléenne 38 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE ovale, exactement au même niveau que celle que j’ai présentée à la Société dans la séance du 3 octobre dernier ; couche supérieure de la terre à brique, dans le voisinage d’un épi d’argile à silex, mais non en contact. » Le 22 juin, nous avons, dans les briquéteries de Trouville, recueilli quelques grattoirs ; toujours de la pierre polie, pas de silex quaternaires. | » Le 29, à la falaise, de Sainte-Adresse à Octeville, pas ramassé un fossile bon à citer ; au Tot, trouvé une belle lame de cou- teau. | » Le 6 juillet, les champs ne donnant décidément plus rien, nous nous rabattons sur les briqueteries. M.Tesson trouve, à la Mare Rouge, sa première hache polie complète, intacte. Dans la bri- queterie Manoury, j'ai aussi trouvé une hache polie, en silex zoné. Dans l’après-midi, aux briqueteries de Frileuse, j'ai enfin ramassé une hache chelléenne, mais pas complète. » Le 13, j'ai rapporté de Cauville, station Nord, une pointe et un ciseau. Le 14, M. Tesson rapportait de Lillebonne une mignonne-hachette chelléenne. » Le 20, nous avons constaté, dans deux briqueteries, à Gain- neville, la présence de fragments de silex moustériens. » Le 26, M. Tesson, que la veine poursuit, trouve à la Mare rouge une hache chelléenne, ovale, de 18 centimètres de long sur 12 de large. » Mis en appétit, M. Tesson partlelendemain, 27, pour Yvetot et Pavilly. Dans six briqueteries qu’il a parcourues avec soin, il n’a . pas vu trace de silex taillé. Rien, en définitive, mais absolument rien à se mettre sous la dent. | » Le 28, j'ai recueilli à Cauville, plaine de Villequier, plusieurs pointes et grattoirs, notamment une petite pointe de flèche, non achevée, et dont la soie et les barbes ont été cassées au moment de la fabrication, par l’ouvrier lui-même. Décidément, l'été est le carème des recherches néolithiques. » Pourtant, si je n’ai réussi à rapporter de Rogerville, diman- che dernier 3 août, que quelques piètres grattoirs et un ciseau, M. Tesson, lui, a pu se rassasier largement à Fécamp, où il a trouvé des lames, des éclats, des.grattoirs ; à Senneville, un grat- toir très remarquable ; à Saint-Léonard, un poinçon, entre autres objets. Particulièrement, dans une pièce de terre voisine du champ de courses de Fécamp, il a récolté de nombreux échantil- lons (parmi eux de très beaux), en silex noir, dont la taille est RÉSUMÉ DES SÉANCES 39 identique à celle des grattoirs et racloirs que j'ai déjà trouvés à Montivilliers. » M. Bucaille annonce qu’il a recueilli dans la briqueterie Loir, à Pavilly, trois silex, dont une hache chelléenne sans patine et deux couteaux moustériens. M. Bucaille demande ensuite à M. Savalle sur quels carac- tères il s’appuie pour indiquer comme ateliers les gisements de silex néolithiques qu'il signale dans la note dont il vient de donner lecture, et si particulièrement il a recueilli dans ces gise- ments des fragments d'os ou de débris de charbon indiquant une habitation prolongée. M. Savalle répond qu’il s’appuie seulement sur . extrême abon- dance des silex en certaines localités, contrastant avec leur rareté ou même leur absence complète dans les localités voisines. M. Bucaille ne pense pas que ce caractère soit sufhsant ; il a pu constater que les silex néolithiques sont abondants partout, pourvu qu’on les recherche avec attention. Il reconnaît, du reste, qu’ils se rencontrent en plus grande abondance sur les sommets que sur les pentes. M. Bucaille ajoute que cette observation lui est suggérée par la découverte qu’il a faite dernièrement, près de Darnétal, dans le limon des terrasses de ce qu’il considère comme un véritable atelier caractérise par la présence d’ossements, de coquilles marines (cardium, mytilus) et de débris de charbon avec d'innombrables silex. M. Biochet observe que presque toujours les silex se trouvent, non pas absolument sur les sommets mêmes, mais un peu en contre-bas, à la naissance des premiers vallonnements. Ont-ils été entraînés dans cette position par un ruissellement postérieur, ou sont-ils in situ, c'est ce qu’il serait intéressant d’éclaircir. M. Lionnet, en examinant les silex taillés, présentés par M. Savalle à l'appui de sa note, signale une pièce que, malgré son apparence, il ne croit pas être en silex zoné de la craie blanche. Il se base, pour cette appréciation, sur sa densité qui lui paraît être un peu élevée. M. Lennier ne croit pas qu’il y ait une différence sensible de densité entre les silex des divers niveaux de la craie, ni surtout qu'elle soit appréciable à la main. M. Bucaille n’est pas absolument du même avis. Il s'engage, du reste, à procéder à quelques expériences pour elucider cette ques- 40 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE tion et espère pouvoir rendre compte de ses recherches à une des plus prochaines séances. SÉANCE DU 8 OCTOBRE 1884 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. La correspondance comprend une lettre de M. l'abbé Diavet, demandant le concours de la Société pour la publication d’un grand ouvrage qu’il a préparé sur la paléontologie des mollusques de la Normandie et de l’Ouest de la France. La proposition de M. Diavet est Sp à la Commission du Bulletin et des Mémoires. L’excursion projetée dans la Manche par quelques Membres, pour étudier le tertiaire et faire quelques fouilles nouvelles sur des points maintenant remblayés, est remise au printemps, par suite de l’époque avancée de l’année, qui ne permettrait pas des recher- ches assez étendues. M. Lionnet annonce, au nom de M. Prudhomme, que l’impres- sion du Bulletin IX est terminée, grâce au zèle de notre actif Secrétaire. A ce propos, la Société, profitant de l’absence de M. Prudhom- me, est bien aise de consigner dans ses procès-verbaux toute la reconnaissance qui lui est dne pour le soin et le dévouement avec lesquels il s’acquitte de ses fonctions. La plupart des Membres qui font partie de la Société au Havre, ont des occupations qui ne leur laissent que peu de temps à disposer pour les études scientifiques. M. Prudhomme trouve assez de zèle et de dévouement à son œuvre, non-seulement pour publier dans nos divers Bulletins des études fort intéressantes, fruit d'observations patientes et ardues, mais encore pour s’oc- cuper seul de l'impression du Bulletin et pour la mener à bien depuis plusieurs années, au milieu de difficultés matérielles de toutes sortes, connues de ceux-là seuls qui ont eu à les surmonter. Les Membres présents sont heureux d’adresser, au nom de la Société, leurs félicitations ainsi que leurs remerciements les plus RÉSUMÉ DES SÉANCES 41 chaleureux à M. Prudhomme, Secrétaire-Adjoint de la Société géologique de Normandie. SÉANCE DU ; NOVEMBRE 1884 Présidence de M. G. LIONNET, Vice-Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Lionnet, au nom dela Commission du Bulletin, donne lecture du projet de lettre à adresser à notre collègue M. l’abbé Diavet, en réponse à sa proposition relative à la publication d’un grand ouvrage sur la paléontologie des mollusques de 1a Normandie et de l’ouest de la France. La Commission propose de répondre à notre collègue que, maloré l’importance et l'intérêt évident que présente son projet de publication, la Société ne peut, en raison des précédents et de la modicité de ses ressources, donner son concours que pour la publication de planches d’espèces non décrites ou de types connus, mais présentant des anomalies caractéristiques. Dans ces conditions, la Commission est d’avis de prier notre collègue de communiquer son manuscrit, lequel serait alors publié le plus tôt possible. ; Le projet de lettre de la Commission est approuvé, et le Secrétaire est chargé d’écrire à notre collègue dans le sens indiqué. SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1884 Présidence de M. G. LENNIER. Le procès-verbal de la dernière séance, lu parle Secrétaire, est adopté. Le Président annonce une présentation. 42 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE M. Savalle fait la communication suivante : « Messieurs, » Je viens vous rendre compte de mes excursions de l’automne dernier. » Comme je vous l'ai déjà dit, les labours profonds commen- cent seulement à la Toussaint aux environs du Havre ; une fois les terres hersées, ensemencées, roulées, il faut attendre qu’elles aient été lavées par des pluies avant que les recherches soient productives. Aussi n’ai-je trouvé pendant les trois mois écoulés que peu de silex taillés, mes trouvailles provenant des légers labours donnés À la suite de la récolte. En ce moment-ci la belle cueillette commence à peine. » Voici le résumé des résultats que j'ai obtenus; ilest bien entendu que je vous soumets seulement les pièces les plus remarquables. | » Cauville (Nord) : Plaine de Villequier. Des grattoirs, des lames, des pointes ; dans ce premier lot, comprenant des spéci- mens grossièrement ébauchés ou bien finis, vous distinguerez une pointe de flèche triangulaire en silex blond et un superbe ciseau. » Cauville (Sud). Trouvé des grattoirs, des lames, surtout des poinçons ; je vous prie d'examiner une pointe de flèche trian- gulaire en silex de couleur foncée (trouvée par Gaston, mon fils aîné}, et deux autres petites pointes. » Octeville : Le Tot. Nombreux grattoirs, tous très beaux, des lames, des ciseaux. Cinq échantillons sont sous vos yeux. » Bléville : Falaise. Quelques grattoirs. » Sainte-Adresse : les Phares. Rien. » Montivilliers (Ouest). Je vous apporte tout ce que j'ai ramassé, et c’est maigre : sept pièces pour trois visites ni plus ni moins. » Rogerville. Deux visites. Rien. » Sandouville. Deux visites aussi. Deux beaux grattoirs. » Graville-Sainte-Honorine. Frileuse. Quelques grattoirs aux briqueteries et dans les champs voisins. Enfin, entre le hameau de Caucriauville et Harfleur, dans une pièce de terre, où après la ré- colte de l’avoine apparaissait déjà le trèfle qui ne sera retourné que l’an prochain; j'ai, avec Georges, l’un de mes fils, trouvé presque en tas cinq ciseaux grossièrement taillés, deux grattoirs et trois poinçons. Champ à surveiller. RÉSUMÉ DES SÉANCES 43 » Mes trouvailles en pierre paléolithique sont des plus modestes. » Je vous ai apporté presque tout et cela se borne à deux coups de poing et une hachette de taille chelléenne. et à deux échan- tillons de taille moustérienne. » Les pièces que M. Savalle présente, à l’appui de sa communica- tion, sont examinées avec intérêt. On remarque surtout les grattoirs recueillis à Caucriauville, qui sont des pièces réellement remarquables. La Société décide de souscrire à 110 exemplaires de l’ouvrage l’Estuaire de la Seine, dont M. Lennier entreprend la publication. NOTE EXPLICATIVE SUR LE PROFIL GÉOLOGIQUE DE LA ROUTE DE VERNEUIL A ALENCON (PARTIE COMPRISE ENTRE LA LIMITE DU DÉPARTEMENT DE L’EURE ET LE BOURG DU MÊLE-SUR-SARTHE) Par PAUL BIZET Conducteur des Ponts et Chaussées à Bellème, Membre de la Societe Géologique de Normandie, etc. La meilleure méthode que l’on puisse employer pour faire connaître dans ses moindres détails la constitution géologique d'une région est, à notre avis, celle qui consiste à relever dans toutes les directions de nombreuses coupes montrant les relations stratigraphiques des diverses assises du sol. Non-seulement ces coupes indiquent clairement l’ordre de succession des couches, mais encore elles mettent en évidence toutes les modifications apportées à l’allure générale des terrains par l’action des forces centrales, comme les soulèvements, les ondulations et les failles. De même, elles accusent des dénudations et les érosions causées par les grands courants des époques tertiaires et quaternaires. Les retraits successifs des mers jurassiques vers le centre du bassin parisien, et le retour progressif des mers crétacées, sur nos con- trées occidentales, s’y révèlent parfois avec non moins de netteté. En un mot, ce mode de représentation fait ressortir de la manière la plus apparente et la plus précise tous les faits les plus importants de lhistoire de la terre. C’est pour cette raison que nous con- tinuerons nos études en produisant une série de coupes appelées à servir de complément à notre carte géologique détaillée du Perche-Ornais, aujourd’hui terminée, mais dont la publication ne pourra avoir lieu que dans le cours de l’année 1887. Lt à h. nn dés | PROFIL GÉOLOGIQUE 45 Nous avons déjà donné (r) les profils géologiques des chemins de fer de Mamers à Vimoutiers et de Mortagne à Laigle, qui traversent du sud au nord toute la partie orientale du département de l'Orne. Cette année nous présentons à la Société le profil d’une section de la route nationale de Verneuil à Alençon, dont la direction générale est sensiblement normale à celle des voies ferrées. Cette route est orientée N. 50° E, entre Saint-Maurice- le-Cherencei et Mortagne ; à partir de cette dernière localité elle se relève et prend, dans son ensemble, une direction Est-Ouest. Ce parcours est fort intéressant à suivre pour le géologue, car on y rencontre beaucoup d’affleurements qui permettent d’étudier la composition de six étages et de leurs subdivisions. À partir de la limite du département de l'Eure jusqu’à Sainte- Anne, on ne trouve que l'argile à silex remaniée à la surface du sol (2), mais, dans les nombreux puits creusés sur les communes de St-Maurice-le-Cherencei et de Normandel, pour l'extraction de la marne, on constate la présence de l’argile à silex en place sur une épaisseur de 12 à 15 mètres. C’est après avoir traversé cette puissante assise que l’on arrive à la craie marneuse à inoceramus labiatus. La coupe suivante, prise dans la plaine de St-Maurice, . montre les épaisseurs relatives des différentes couches traversées. DR a —_______ (paie marneuse & moceramus Labiztus. EEE — et Rynchonella Cuvieri. ————— (raie marneuse jaunâtre % D D —S << ST —_— 2 — = Marne -ÿlaucamtawre. a ditrupa déformis = Jable grossier & moules de trigonies. = Juble fèrrugineux & Ostrea Columba. >; Niveau du champ de. fire. SELLES 7 PTIT TT TT —— LCL OZL QD CZ, (1) Bulletin de la Socièté Géologique de Normandie, années 1883 et 1884. (2) Nous devons signaler un petit îlot de lwss situé sur le plateau du Rüiïlot, près de la borne 9 kil., qui sert à l’alimentation d'une tuilerie voisine. C’est une argile jaunàtre, un peu sableuse et totalement dépourvue de frag- ments de silex. Il serait fort intéressant de pouvoir observer les rapports de ce dépôt qua- ternaire avec les argiles à silex remaniées ; malheureusement l’exploitation atteint pas une profondeur suffisante pour donner lieu à une coupe franche qui se prête à uu examen sérieux des surfaces de contact. 46 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE La craie marneuse, exploitée à Irai, à Laigle et à Senonches pour la fabrication de la chaux hydraulique, n’est utilisée ici que pour l'amendement des terres. Elle produit de bons effets, lorsqu'on prend le soin de la laisser exposée à l’air pendant plusieurs mois, car elle apporte au sol de ces vastes plaines argi- leuses l’élément calcaire qui lui manque. Les marnes turoniennes à inocerames reposent toujours, dans cette région, sur les sables cénomaniens supérieurs ou sables du Perche que l’on peut observer à la ferme de la Mallière (kil. 10.7), puis dans la côte de Ste-Anne, où ils sont puissamment représentés. Le contact direct des sables et des marnes ne peut se voir sur cette route, mais, à 8 kilomètres vers le Sud, il est très apparent au champ de foire de Longny. La position géognostique de ces couches ressortira très nettement du croquis ci-dessous. | Aryile & sex remanties. (Sileæ brisés) Argile à sileæ en place aôec sileæ. tubereuleux non brises ni roules er mme ES à = = = — CLLLL LL LL TT IPIL LL IITI LIL TA s PZLZZLLLLLLILI LILI LLLILLT <<< — . n 1 RL ' ZZZZIZZZIZZILITTITIIIIIZ2ZAÀ 1 KZ ZIP PPT PL IITI TITI D IIIT TL en rer —_—_—— oo ! CZZLDZZZZZZZZI7ZZ2ZZLZIZ LL PZZZLLII TITI IT TITI LIT IITT TZ EE LR = —_—_———— Rs ee SES CL LIT LLL IT IT T LIT LIT III LIITTTT A Q BZZZLLILIIZILIIILIII7 27777. En PS a Alternance de couches de marne maigre | =? de. o Lo ao 750 depaisseur apec petits r DORTLIILISITIIT TS CLLLLLTLZLZ = . . ———— | bancs de silex noirs de 0712 & 015 —_—_———— = . CZLLLIID OT LILI I/TIIIID TITI CPSLLLIIIIIS DILLLLILI72 22 PR ep i EE — ro — LLLLLLIPLI LILI TZ ZZZ 22222 .: CET qe = — > VIII LUI ns op ———— Re Alternance de couches de marne grasse . TI LD VOD de 110€ à 129 Cdépainseur avec Es de ——— © | silex noirs empatés de o”"Lo® à o""5o° TZ 7222 Z 222 CUILLLLLLLLLL, (Couches exploitées.) Sur la route dont nous nous occupons on voit, aux Croix- Chemins, la craie à ammonites Rhotomagensis sortir de dessous les sables. Ses assises supérieures, rendues très argileuses par suite de la disparition du carbonate de chaux, y sont utilisées pour le service de la briqueterie de Bellegarde. Un peu plus loin on trouve la craie glauconieuse à ammonites Mantelli et turrilites tuber- culatus qu’une carrière ouverte au Guë-à-Pont permet d’étudier. Cet horizon géologique se continue jusqu’au village de la Jarretière béta: :° MAT 2 1 À PROFIL GÉOLOGIQUE 47 en s’élevant insensiblement de sorte que la glauconie à ostrea vesiculosa vient affleurer à son tour dans la côte du Mollet, près du kilomètre 24. Sur notre profil inclinaison des couches semble assez prononcée, mais il ne faut pas oublier que, par une nécessité de représentation, nous avons été obligé d’exagérer lés hauteurs en les rapportant à une échelle vingt fois plus grande que celle des longueurs. Au-dessous de la glauconie, qui forme la base du terrain crétacé de nos contrées, apparaissent les assises calcaires du terrain Kimmé- ridgien, visibles dans les côtes du Mollet et de la Grippe, puis, au delà de Mortagne, sur le plateau des Gaillons. Comme toujours, elles forment une alternance de bancs de calcaires compactes sublithographiques et de calcaires marneux avec lits minces d'argile noirâtre et de sable jaunâtre fin, quelquefois micacé. Ce système de couches est exceptionnellement développé entre le Mollet et la côte de la Grippe, où il atteint une puissance de plus de 30 mètres. Tout cet ensemble se termine à la partie supérieure par un calcaire grisâtre, finement oolithique et tachant les doigts, que l’on remarque dans le voisinage d’une petite fontaine située dans la pente du Mollet. On y constate l’absence de la zone à ostrea virgula. Près de Mortagne, la petite vallée de la Chippe entame les assises coralliennes et permet de les observer facilement en plusieurs endroits, notamment sur le chemin de Laigle ou. dans les carrières du Pissot, un peu au-dessus de la pompe à feu. De Mortagne aux Gaillons, la route est établie sur les roches kimméridgiennes, ainsi que nous venons de le dire, mais au delà de ce dernier endroit le sol s’abaisse et on retombe sur les strates graveleuses du Corallien, bien caractérisées dans les talus de la route et sur le chemin de Bazoches-sur-Hoëne. Non loin de là se trouve la butte de Surmont, dont la sommité est constituée par des roches coralliennes ayant subi une action métamorphique des plus curieuses. Les roches graveleuses du Coral-rag y sont passées à l’état de quartz-silex ou de quartz plus ou moins grenu, tenant dans sa pâte une grande quantité de moules de dicerates et de nérinées. Il y a eu là une substitution de molécules siliceuses aux molécules calcaires de la roche primitive, sous Pinfluence de sources chargées de silice, et cela à la fin de son dépôt, très vraisemblablement, car aucun terrain plus récent ne la recouvre. En descendant la pente de la Prévosté, au kil. 30.6, on aperçoit dans le talus droit les grès calcaréo-sableux, veinés de 48 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE fer hydroxidé, du Calcareous-grit, sur une épaisseur de quatre à cinq mètres. Un peu plus loin se montrent des bancs d’un calcaire argileux gris verdâtre et des couches d’argile bleuître ; c’est l’Oxfordien supérieur à perna mytiloïdes avec son facies régional le plus habituel. Cet horizon se poursuit jusqu’au chemin de Courgeoust, mais il est en grande partie masqué par les éboulis du côteau et par la végétation. Il repose sur l’'Oxfordien inférieur à ammonites Athieta et ostrea dilatata qui occupe la base de la butte de Surmont. Cette zone est formée par des calcaires grisâtres, parfois un peu ferrugineux, très fossilifères, et par des couches de sable fin, légèrement jaunâtre, rempli de petites rynchonelles (R. Thurmanni). Le terrain Callovien supérieur à ammonites coronatus ou kelloway- rock des Anglais, afleure aux Carreaux et au fond du vallon du Pissot. Recouvert par des éboulis et des alluvions il est, en général, peu apparent. Une faille, qui passe près de ces ee a soulevé et des terrains dont nous venons de parler, de sorte qu’on retrouve le Calcareous-grit et même quelques lambeaux du Coral-rag au sommet de la côte des Carreaux (kil. 32.8) à une altitude beaucoup plus faible que dans la rampe de la Prévosté du côté de Mortagne. L’Oxfordien supérieur se montre à son tour dans la pente de Courtoinon (kil. 33.2), vers le bas de laquelle une nouvelle faille le fait buter contre la craie glauconieuse à ammonites Mantelli par suite d’un abaissement de tout le système. La craie glau- conieuse existe depuis Boëcé jusqu'aux abords de la rivière de Montisembert où les alluvions de la vallée la masquent en grande partie. Ce n’est qu’au delà du pont, que la glauconie se montre de nouveau, puis, au sommet du monticule, la craie glaucomieuse, à cause d’une ondulation assez prononcée des couches. On remarque en ce point la disparition complète du Kimméridgien, du Coral- rag, du Calcareous-grit et même de l’Oxfordien supérieur ; on voit partout la glauconie reposer directement sur les assises à ammomites Athleta et Duncani. Ces terrains ne se trouvent plus d’ailleurs lorsqu'on s’avance dans la direction d'Alençon ; cela montre que cette région était exondée alors que les espaces occupés de nos jours par Bellème et Mortagne étaient encore en voie de forma- tion. Sous l'influence des soulèvements lents du sol, les mers jurassiques se retiraient peu à peu vers l'Est et, successivement, les terrains sortaient du sein des eaux. Ce n’est qu’à la fin du dépôt de l’étage portlandien qu’une oscillation en sens contraire PROFIL GÉOLOGIQUE 49 ramena les mers crétacées vers nos contrées. Ainsi doit s’expli- quer, sans doute, ’hiatus dont nous venons de signaler l’existence. Le joli bourg du Mêle-sur-Sarthe est bâti sur les calcaires de l'Oxtordien inférieur qui règnent depuis le sommet de la côte de la Houssaye, mais les érosions dues aux courants quaternaires qui ont tracé la vallée de la Sarthe ont interrompu la continuité de leurs strates. Tout autour de ce bourg, des alluvions anciennes et modernes s’étendent sur de larges surfaces et dérobent entière- meñt à la vue les assises inférieures. Telle est, en résumé, la succession des terrains que le géologue peut observer en parcourant la route de Verneuil à Alençon, dans la traversée du Perche. C’est une étude que nous conseillons aux jeunes naturalistes. Ils ne manqueront pas de recueillir, dans cette petite excursion, de précieux renseignements tant au point de vue stratigraphique que sous le rapport paléontologique. Les connais- sances géologiques sont encore loin d’être répandues en France, même dans les classes instruites, tandis que chez nos voisins elles font partie de l’instruction primaire. Nous nous estimerions très heureux si nos modestes travaux pouvaient contribuer à la diffusion d’une science aussi attrayante et qui ouvre à l'esprit de si larges horizons. Pour faciliter les recherches, nous allons indiquer sommaire- ment, dans le tableau suivant, les localités où les divers terrains peuvent être le mieux étudiés, ainsi que les stations fossilifères les plus voisines de la route dont nous venons de présenter le profil. | TERRAINS LIEUX D ÉMERGENCE | PRINCIPAUX FOSSILES Terrain Luronien| Nombreuses marnières dans|/noceramus labiatus (Brong.). la plaine de St-Maurice- 7 Rynchonella Cuvieri D raie su) kb) — Dinde à Inocerames.| j; ;oute de Longny. minima (Agas.). Sables Ne e Champ-de-Foire et talus de Ammonites navicularis ( Sow.). D jo eh eme Den), Moules de trigonies à la partie supérieure. Sables cénoma-|Côte de Ste-Anne. — Car-|Très peu fossilifères. Quel- niens rema-| ‘fière sur le chemin de] ques coquilles d'Osfrea co- née Tourouvre. lumba en mauvais état de i conservation. TERRAINS Craie de Rouen.l|Carrières de Loisé et del Nautilus SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE LIEUX D'ÉMERGENCE |PRINCIPAUX FOSSILES Champaillaume, près Mor- tagne.— Chemin de Boëcé à la Mésnière, vers le som- met du coteau. Largilliertianus (d’Orb.).— Nautilus trian- gularis (Montfort). — Ammonites Rhotomagensis (Lamk.). — Am. Varians (Sow.). — Am. falcatus (Mantel).— Scaphites æqua- lis (Sow.). — Baculites ba- culoïdes (d'Orb.). — Ha- mites simplex (d'Orb.). — Turrilites costatus (Lamk.). — Avellana cassis (d’Orb.). — Ostrea columba (Desh.). — Rynchonella alata Eat 7 0 Oursins : Catopygus carinatus (Agas.). — Cottaldia.Benettiæ (Cott.). — Discoïdea subu- culus (Klein). — Pseudo- diadema tenue (Desor.). Craie g lauco-|Carrière du Gué-à-Pont. —|Nautilus elegans (Sow.). — nieuse. Glauconie. Tranchée du chemin de fer et talus de la route, à la Jarretière. — Carrières dans la traversée de Boëcé. Talus de la route dans la côte du Mollet. — Base du monticule de Monti- sembert. — Bois de Mont- goubert. Kimméridgien Côtes du Mollet et de la Calcaires à as- tartes. Grippe. — Excavations à la sortie de Mortagne. — Talus de la route de Mou- lins-la-Marche. Ammonites Mantelli | Sow.). — Am. Couloni (d'Orb.). Turrilites tuberculatus (Bosc ). — Cardium hilla- num (SoWw.). — Cardium Moutonianum (d'Orb.). — Pecten asper (Lamk.). — Epiaster distinctus (Agas.). Ostrea vesiculosa (rare ). (Cette coquille n’est com- mune qu’au pied de la côte de Montgaudry, dans les talus du chemin vicinal qui relie cette localité à Mamers.) Ostrea delloïdea (Sow.). — Ostrea solitaria (d’Orb.). Ostrea Bruntrutana (Thurm.). — Mytilus sub- pectinatus (d'Orb.).— My- tilus Jurensis (Rœm.). — Pholadomya Protei (De- france). — Astarte mini- ma (Goldf). — Ceromya excentrica (Agas.). PROFIL GÉOLOGIQUE TERRAINS Coral 9: rières de la rue de Paris, à Mortagne. — Carrière -de Grosse-Fontaine, — Vieux chemin de Théval. — Talus du chemin de Bazoches-sur-Hoëne. Calcareous-grit.|Dans plusieurs lavoirs du Val à Mortagne. — Car- rière près du cimetière de St-Langis. — Ravins de Montméan etde St-Sulpice- de-Nully, au Nord des Gaillons.— Les Carreaux dans la tranchée du che- min de fer. Oxfordien supé- Côte de la Prévosté.— Vieux rieur chemin de Théval, près du Nuisement.— Les Car- 5 : reaux, dans la tranchée du - 4 PErNA MYU-| chemin de fer. loïdes. Oxfordien infé- La Bénarderie sur le vieux rieur chemin de Théval aux Carreaux.— Les Carreaux (loge du cantonnier). — Flanc de la butte de Sur- mont au-dessus des vil- lages de Vauboutin et de l'Hôtel Quentin. — Parc du château de Courtoulin (facies sableux). à Ammonites athleta. Callovien supé- |Affleurements peu apparents rieur masqués en partie par des éboulis ou des alluvions. (Village du Pissot, près Zone à Ammo- des Carreaux.) nites corona1- tus et à Am. anceps. SI LIEUX D'ÉMERGENCE | PRINCIPAUX FOSSILES Carrières du Pissot et car-| Moules abondants de dice- rates (diceras minor) et de nérinées. — Terebratula subsella (Leym ). — Phola- domya paucicosta (Rœm.). — Moules d’astartes.—He- micidariscrenularis(Agas,), — Pygaster umbrella (Agas.). — Phymechinus Thiollerei (Cott.). — Cy- phosoma Bizeti (Cott.). Moules de gervilies et de grandes trigonies, ÆEchi- nobrissus scutatus. (Fossiles en mauvais état de conser- vation.) Belemnites hastatus (Blainv.). — Ammonites Goliathus (d'Orb.). — Am. cordatus (Sow.). — Pholadomya de- cemcostata (Rœm.)— Tri- gonia clavellata (Park.). — Perna mytiloides (Lamk.). — Ostrea gregaria (Sow..). Terebratula insignis (Sch.). — Kynchonella inconstans (d’Orb.). — Millericrinus ornatus (d'Orb.). Belemnites haslatus (Blainv.). — Ammonites Athleta (Phill.). — Am. Duncani (Sow.). — Ceromya con- centrica (d’'Orb.).— Ostrea dilatata (Desh.). — Ryn- chonella T hurmanni (Voltz). — Beaucoup d’oursins : Collyrites ellipticus.— Col- lyrites dorsalis. — Echino- brissus Goldfussii. — Ho- lectypus depressus. Ammonites anceps. — Am. Bakeriæ.— Rynchonella Fis- cheri. — KR. Royeriana. — Collyrites ellipticus.— Holec- typus depressus. (Comme station très fossilifère, voir le Champ-Rouge, près de la station de St-Remy-des- Monts, ligne de Mamers à Mortagne.) 52 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE TERRAINS LIEUX D'ÉMERGENCE | PRINCIPAUX FOSSILES Callovien moyen Emprunt de terres. sur la|Ostrea amor.— Ostrea amata ligne de l'Orne au kil.| Plcatula peregrina. — Te- 1 Ammonitesl 338: rebratula Sœmanni. modiolaris. Callovien infé- Pasd’affleurementsdans cette|(Voir le profil géologique rieur région. du chemin de fer de Ma- mers à Mortagne.) à Ammonites macrocephalus et Hervey1. RÉUNION DE LA QUE TE LIN NÉENNE A CHERBOURG DÉS EU T-JUILLET-.r884: Sur l'invitation de M. Morière, doyen de la Faculté des sciences de Caen, la Société géologique de Normandie avait décidé de se faire représenter à la réunion annuelle de la Société Linnéenne de Normandie, qui était fixée aux journées des $ et 6 juillet. Le lundi, 7 juillet, était réservé à des excursions géolosi- ques et botaniques particulières, sous la direction de M. Bisor, préparateur à la Faculté des sciences de Caen, pour la géologie, et de M. Corbière, professeur au lycée de Cherbourg, pour la botanique. | MM. G. Lennier, G. Lionnet et F. Prudhomme, qui représen- taient l1 Socièté dans cette circontance, ont pris part aux excur- sions géologiques des $ et 7 juillet, ainsi qu’à la réunion du dimanche 6, à laquelle ils ont eu l’honneur de présenter diverses communications relatives à la géologie normande : JOURNÉE DU DIMANCHE 6 JUILLET. La journée du dimanche 6 juillet a été fort activement em- ployée. | D'abord, la visite aux jardins et aux serres de M. Em. Liais, ancien directeur de l'Observatoire de Rio-Janeiro, maire de Cherbourg. Il est difficile de rencontrer, ainsi réunies, une telle quantité de plantes rares représentées par des échantillons aussi S4 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE parfaits : toutes les plantes principales des tropiques y sont repré- sentées, et chaque serre est aménagée de telle sorte que les condi- tions de lumière, de chaleur, se rapprochent des conditions natu- relles particulières aux espèces qui s’y trouvent. Nous ne pouvons citer ici toutes les merveilles qui s’étalent dans un espace d’envi- ron 900 mètres carrés; nous tenons cependant à signaler une superbe collection de dix-huit espèces de Népenthès, collection très probablement des plus rares. La visite, nécessairement fort courte, ne nous a permis qu'un examen très superficiel, et nous attendons les chances d’un nouveau séjour à Cherbourg pour aller demander à l’aimable propriétaire de ces richesses l’autorisa- tion de les voir plus en détail. La visite à l'arsenal de Cherbourg n'offre plus, à notre avis, un grand intérêt et l’on sent que toute l’activité maritime est reportée sur d’autres points. Cependant, le creusement de nouvelles cales et la construction de quelques cuirassés garde- côtes montrent que le port n’est pas abandonné ; il a, toutefois, grand besoin d’être mis, croyons-nous, à la hauteur des dernières inventions et en état de défense appropriée aux progrès de l’ar- tillerie actuelle. La visite à l’arsenal, malgré son originalité, ne nous paraît présenter qu’un intérêt bien relatif et tout de curiosité. Quant aux plans relatifs à la construction de la digue, aux quelques modèles de navires, aux coupes représentatives des fonds de la mer au voisinage de Cherbourg et autres pièces intéressantes, il nous a paru que l’entretien de ces divers objets, ainsi que des locaux dans lesquels ils sont relégués, laissait fort à désirer. L’arsenal était d’ailleurs désert à cause du jour de fête, et l'impression ressentie a été, nous l’avouons, médiocre, surtout en la comparant avec celle que nous avions éprouvée dans une pre- mière visite, il y a quelques années — un dimanche aussi cependant. — Quant à l’autorité militaire, M. le vice-amiral Allemand, préfet maritime, avait autorisé la Société Linnéenne à visiter l’arsenal ordinairement fermé ce jour-là ; il avait de plus mis à la disposition des membres un des remorqueurs de la marine, et nous avons à le remercier de sa bonne grâce et de son urbanité. Grâce à lui, les excursionnistes ont pu admirer l’aspect de ce superbe port maritime, de la digue et des côtes grandioses de cette région de la Manche vues de la rade. Après le déjeuner et avant l’heure de la séance, la Société a visité le Musée de Cherbourg qui, malheureusement comme la plupart des Musées de provinces, est absolument insuflisant. Jamais EXCURSION A CHERBOURG s5 les députés et les gouvernants n’ont autant parlé d’instruction publique, de diffusion de l'instruction, et jamais ils n’ont moins fait, — ni plus il est vrai, — pour l'extension et l’amélioration des Musées — un des meilleurs moyens qui soient cependant d’ensei- gnement par l’aspect. Ce ne sont pas les richesses qui manquent et manqueraient surtout à Cherbourg, en raison du grand nombre de marins qui offrent des objets rapportés de tous les points du globe, ce sont les moyens de les exposer. Pour ne parler que de la géologie, le Musée de Cherbourg contient les collections de MM. Bonnissent et de Gerville, qui offrent un double intérêt, par leur valeur propre et par le côté historique des objets recueillis et dont beaucoup proviennent de carrières fermées maintenant, Nous faisons donc le vœu que la logique établisse ses droits dans lesprit des conseillers municipaux de Cherbourg et des autres villes de France. Voici le sommaire des discours prononcés ou des ouvrages lus en séance publique, à deux heures, dans la grande salle de l'Hôtel- de-Ville de Cherbourg : Allocution de M. Morière. Communication de M. Liais au sujet de la vie végétale sous les tropiques. Considérations générales sut la Terre de Feu, par M. Lephay, lieutenant de vaisseau. Communication de M. Quesnault sur les envahissements de la mer. La Nouvelle-Zélande et le peuplement de la Polynésie, par M. H. Jouan, ex-commandant de vaisseau. Nouvelles observations sur le Silurien de la Hague, par . M. Bigot. Sur quelques expériences que l’on peut faire avec le gaz de l'éclairage, par M. Neyreneuf. Sur la présence du terrain crétacé inférieur dans les falaises de la Hève, par M. G. Lionnet. Note sur le limon des plateaux dans le pays de Caux, par M. F. Prudhomme. Communication de M. Lennier sur l'opportunité de faire des dragages dans la fosse de la Hague. L'heure avancée n’a pas permis que toutes les communications ci-dessous fussent faites à la séance publique : elles sont toutefois 56 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE publiées dans le tome VIII, 3° série du Bulletin de la Société Linnéenne, qui contient en même temps le récit des excursions géologiques et botaniques effectuées pendant les trois journées des s, 6 et 7 juillet 1884, sous la direction éclairée de MM. Bigot, préparateur à la Faculté de Caen, et Corbière, professeur au lycée de Cherbourg. C’est à ces savants que nous avons emprunté le détail des excursions : nul mieux qu'eux n’est à même de décrire la géologie, si difhcile à débrouiller, de cette région. Le programme comportait ensuite une promenade au Roule. Le point de vue est merveilleux de ces hauteurs et l’espace em- brassé est immense. « À nos pieds, voici la ville et le port de commerce ; plus loin, l’arsenal avec ses ateliers... En face, la digue, les forts des Flamands et de l’île Pelée à l'Est, ceux de Chavaignac et de Querqueville à l'Ouest. » À droite, l’œil s’étend sur le Val-de-Saire ; c’est d’abord la plaine de Tourlaville, le village de ce nom..., puis les hauteurs de la lande Saint-Maur..., enfin Digosville, Maupertus et Fer- manville, ce dernier terminant à l’Est la baie de Cherbourg. A gauche, voici la Hague..., la pittoresque vallée de Quincampoix avec ses rochers abrupts ; la Divette qui coule dans cette étroite cassure et la ligne du chemin de fer qui cotoie la rivière ; plus loin, les hauteurs d’Octeville, et à l’horizon les landes de Beau- mont, qui forment le dernier plan. Enfin, derrière nous, la vallée de la Divette et les coteaux boisés qui la bordent. » | Le banquet traditionnel réunissait, à six heures et demie, les membres du Congrès à l'hôtel du Louvre, sous la présidence de l’excellent M. Morière, avec lequel les membres de notre Société sont toujours heureux de se retrouver, et le soir, on se rendait à la gracieuse invitation de M. E. Liais, maire de Cherbourg, dont les serres et le jardin éclairés à giorno présentaient un spectacle féerique. Dans le jardin, la musique remarquable de l’Union Cherbourgeoise faisait entendre ses accords harmonieux et les autorités civiles et militaires de la ville ajoutaient, par leur pré- sence, à l’éclat de cette réception si cordiale. Pour ce qui nous regarde, nous sommes heureux d’exprimer ici hautement à M. E. Liais l'expression de notre profonde gratitude pour son accueil vraiment si courtois et si cordial. Nous ne voulons pas terminer ce récit sans témoigner égale- ment nos remerciements à nos excellents amis, MM. Jouan, Corbière et Bigot, auxquels nous devons les trois heureuses jour- nées si bien remplies de notre séjour à Cherbourg. ns EXCURSION A CHERBOURG S7 EXCURSION DU 5 JUILLET 1884 EXCURSION DE LA SOCIËTÉ LINNÉENNE DE NORMANDIE ‘ La partie la plus importante pour les membres de notre Société qui s'étaient rendus à la réunion de la Société Linnéenne, à Cherbourg, consistait dans deux courses géologiques entreprises sous la direction intelligente de M. Bigot, préparateur à la Faculté de Caen (1). La première journée, celle du samedi $ juillet 1884, était con- sacrée à l'étude des tranchées du chemin de fer entre Sottevast et Martinvast. Les géologues présents étaient M. Bigot, M. Lecornu, ingénieur des mines, M. l’abbé Diavet, M. Hommey, trois - membres de la Société géologique de Normandie, MM. G. Lennier, G. Lionnet et F. Prudhomme, auxquels s'étaient jointes plusieurs autres personnes de Cherbourg. Les excursionnistes ont pris le chemin de fer pour se rendre à Sottevast, et de là revenir sur Cherbourg jusqu’à Martinvast, en suivant les tranchées du chemin de fer, nouvellement refaites et admirablement préparées pour l’étude. MM. Corbière et Bigot,.ont donné une excellente note pour venir à l’appui des coupes de ces tranchées, nous ne pourrions rien dire de plus exact et de plus précis, et nous comp- tons y puiser largement, Comme le font très bien remarquer les auteurs, la région nord de la Manche a été fort peu étudiée, ou pour parler plus exactement, ceux qui l’ont étudiée ne paraissent pas avoir trouvé le fil con- ducteur pour se & débrouiller » en présence de terrains extrèmement tourmentés, présentant souvent des récurrences par suite de failles existant dans une étendue très rapprochée, et où l’absence de fossiles ou leur rareté n’a d’égale que la difficulté de trouver des affleurements possibles à étudier. M. Dalimier seul paraît avoir bien compris cette géologie si tourmentée de la Manche, du moins dans la portion qu’il a étudiée; quant à M. Bonnissent, ses travaux, assez exacts au point de vue de l’observation ——— (1) M. Corbière qui, avec M. Bigot, a si bien décrit la géologie de cette région si embrouillée, si bouleversée, conduisait l’excursion botanique et n’a pu, à notre grand regret, nous accompagner. s8 SOCIËÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE matérielle des roches laissent absolument à désirer soit pour les déterminations minéralogiques, soit pour les rapports et les successions géologiques. M. A. de Lapparent, M. G. Dollfus ont apporté à la géologie de la Manche des travaux fort exacts, mais ils n’ont pas trait à la région qui nous occupe et quant à la carte de M. Vieillard, elle est en plusieurs points inexacte. Le point important à signaler dans les recherches de MM. Bigot et Corbière est la constatation de la présence du grès de May et des schistes à trinucleus, ce qui permet de reconstituer presque entièrement la série silurienne, à l’exception du minerai de fer. Nous donnons ici, avec l’autorisation des auteurs, une reproduc- tion de la coupe qui accompagne leur note et qui rendra d’une intelligence plus facile le résumé fort succinct ci-après, ren- voyant pour plus de détails à la note indiquée. L’espace parcouru comprend environ 3 lieues, et sur cette étendue on signale deux failles que nous prendrons pour points de repères naturels dans notre excursion. I. DE SOTTEVAST (GARE) AU RUISSEAU DE LA CAUDIÈRE. (Faille de la Caudiere. On rencontre successivement, à partir de la gare de Sottevast (a), les phyllades cambriens visibles en dehors de la voie, près d’un ancien four à chaux, à quelques mètres vers l’ouest du château de Sottevast. | . (b) Le grès armoricain, qui peut s’observer au kil. 353-8 dans la tranchée du Roquier avec ses caractères habituels dans le reste de la Normandie, c’est-à-dire sous l’apparence d’un grès à grain fin, rugueux, blanchâtre, peu solide, se résolvant facilement en sable, avec traces nombreuses de tigillites dont nous avons recueilli plusieurs échantillons soumis à votre examen. « Des traces bilobées, d'environ 3 millimètres de largeur, observées sur un point vers le milieu de la tranchée, dans de petits lits de schistes pailletés, verdâtres, à surface irrégulière, font croire que l’on pourra rencontrer à cette station les Cruziana du grès de Bagnoles signalés d’ailleurs à Vasteville dans le grès armoricain de la Hague » par l’un des auteurs de la note. (c) Schistes à Calymene Tristani. — Ne sont pas visibles dans la tranchée sur ce point, mais ils existent dans le chemin de la Guillaume-Laiserie au moulin Saint-Jouvin, dans la vallée de la EXCURSION A CHERBOURG 59 Douve, qui sépareles deux tranchées. Comme nous retrouverons, dans des conditions meilleures pour l'étude, ces schistes à Calymene Tristani, nous ne les sipgnalons ici que pour faire suivre l’enchaîinement des étages. (d) Grès de May. — Cet étage forme les paroïs de la tranchée avant et après le pont de la Brière, et est visible depuis le poteau kil. 354-3 jusqu’au kil. 354-8. Il est constitué par des psammites de couleurs très variées alternant avec des grès : ils présentent la même allure que le grès armoricain que nous avons observé jusqu'au kil. 353-8 et semblent au premier abord en être la conti- nuation; un étage se trouve pourtant entre les deux, c’est les schistes à Calymene Tristani. « Il nous a été impossible, jusqu’à » présent, d’y découvrir les Homalonotus et les Conulaires » caractéristiques de la formation à laquelle nous les rapportons, » mais leur position stratigraphique nous semble suffisante pour » légitimer cette identification. Ajoutons que nous y avons trouvé » des Cténodontes tout à fait semblables à celles de May, et un petit » nombre de fossiles que nous n’avons pas encore déterminés > spécifiquement et qui appartiennent aux genres Dalmanites, » Orthoceras, Arca. Nous avons observé dans les psammites » intercalés des formes bilobées, peut-être des Cruziana. » « Les grès de Sottevast sont d’abord à grain fin, pailletés, » généralement peu solides, de couleur rouge ou blanchitre ; » mais avant le pont qui précède la tranchée de la Brière, ils » acquièrent une plus grande dureté par suite de la présence de » nombreuses veines de quartz, de jaspe sanguin et de calcédoine. » Fréquemment le quartz a éprouvé autour des fragments » de grès une cristallisation diffuse qui donne à la roche » une apparence pseudopoudingique très curieuse. Les psammites » qui alternent avec les grès et qui constituent même la roche » prédominante offrent les teintes les plus diverses : ils sont » blanchâtres, rosés, violacés, jaunâtres, bruns ou noirs. C’est à » leur présence qu’il faut attribuer le creusement d’une étroite » vallée dans laquelle la Douve s’est frayé un passage, et qui sépare » le massif en deux parties. C’est également à ces psammites que » sont dues les dislocations produites lors du soulèvement des » assises et qui troublent la régularité des strates. — Abstraction » faite de ces accidents secondaires, le plongement des couches » est exactement celui du grès armoricain de la tranchée du » Roquier : relevé près de la maisonnette n° 117, il se fait vers O. » 10° N. par 40-45°. » 60 SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE « Au piquet 354-8, à la limite des trois communes de Sotte- » vast, Brix et Rauville-la-Bigot, ia vallée sinueuse de la Douve » interrompt de nouveau la tranchée ; mais 100 mètres plus loin, » celle-ci reprend dans la partie supérieure du grès de May. Déjà » des lits de schistes commencent à alterner avec les psammites ; » ils ne tardent pas à constituer seuls les parois de la tranchée : » ce sont les Schistes à trinucleus. » « (e) Schistes à trinucleus. — Ces schistes sont de couleur jaune » sale, verdâtres ou blanchâtres par places, très peu solides et à » peine fissiles : quelques couches sont bleu foncé, d’autres » remplies de petits nodules argileux, quelques-unes enfin forte- » ment ferrugineuses. On y rencontre, comme dans certaines » parties du grès de May, des bombes d’un volume variable, pré- » sentant à la surface une croûte peu épaisse de fer hydroxidé, et » formées à l’intérieur de sable blanchâtre ou teinté par de l’oxyde » defer. » « Ces schistes par leur aspect nous rappelant ceux qui, à » Briquebec, contiennent, dans des nodules, des fossiles du » Silurien supérieur, nous avions cru d’abord qu’ils en étaient la » continuation ; mais une surprise plus complète nous était réser- » vée, car nous n’avons pas tardé à y reconnaître la présence du » genre Trinucleus qui caractérise l’assise supérieure des schistes » ardoisiers de l’étage moyen dans le nord-ouest de la France. » Ces schistes sont très fossiifères. MM. Bigot et Corbière y ont signalé : Trinucleus ornaius, Sternb. ; les genres : Dalmanites, Phacops, Orthoceras, Cyrtoceras, Pleurotomaria, Nucula, Ctenodonta, etc., Conularia, Orithis, des Cystidées et des Polypiers, parmi lesquels des Graptolithes du genre Diplograpsus, M. Coy. (Diprion. Barr.) | I. Du RuissEAU DE LA CAUDIÈRE À LA HÉRONNIÈRE. (Fælle de la Héronnière). Faille. — La tranchée de la voie où l’on peut suivre les schistes à trinucleus dont nous venons de parler, s'arrête à peu près au kil. 355.1 ; au delà, cette formation s'enfonce au-dessous de la voie ferrée qui est formée par un remblai ; et lorsque, environ 200 mètres plus loin, se présente une nouvelle tranchée, on s'aperçoit qu’elle est formée de grès armoricain. — Il est facile de faire la preuve de visu de l’existence d’une faille sur ce point, : EXCURSION A CHERBOURG 6I car « si on quitte la voie pour étudier le sous-sol dans la vallée » qui sépare les deux tranchées du chemin de fer, on reconnait » du côté Ouest, où l’investigation est la plus facile, la présence » exclusive sur la rive gauche du ruisseau (ruisseau de Caudière, » tributaire de la Douve), du grès armoricain formant une chaîne » courant vers le S.-O., tandis que le coteau méridional de la » vallée est formé par le prolongement des schistes à trinucleus. » Remarquons que la série est sur ce point incomplète et qu’il manque ici les phyllades cambriens. (b) Grès armoricain. — Observable dans la tranchée du chemin de fer, au kil. 355-4, près du moulin désigné sous le nom de moulin Capel ou moulin Cabourg, et sur une faible étendue. Sur ce point « les caractères minéralogiques en sont un peu différents » de ceux qu'il a généralement : il est à grain fin, un peu jaunûtre, » micacé, avec écailles de talc. Les schistes a Calymènes le recou- » vrent à l’extrémité de la tranchée du côté ouest de la voie. » (c) Schistes à Calymènes. — Ils forment le sous-sol de la vallée du ruisseau de Mauvassons et sont visibles dans la tranchée même du chemin de fer, du kil. 356 au kil. 356.7. Ils n’ont pas jusqu’à présent offert sur ce point de traces de fossiles et c’est à la strati- graphie qu’il faut faire appel pour en indiquer la position dans le temps.— On a d’ailleurs constaté « que ces couches se rattachent à » travers la lande de St-Martin-le-Gréard aux schistes du moulin » de la Bissonnière, continuation des grès noirs alternant avec » des schistes du hameau les Niepces à Breuville, dans lesquels » Bonnissent cite Calymene Aragoi très abondante et quelques » orthis. » Dans la tranchée que nous étudions ici, les schistes à Calymènes se présentent sous l’aspect de « schistes gréseux très micacés, » alternant avec des grès ferrugineux noirs ou jaunûtres, très » disloqués, dont le plongement est N.-O. par 60°. Vers le milieu » les couches sont très bouleversées. C’est le résultat de la venue » au jour d'un filon de roche éruptive, incliné au N. par 30° et » d’une épaisseur de 1 mètre 20. Cette roche entièrement » décomposée est jaunâtre, un peu micacée et à grain fin, » les » auteurs pensent que c’est une fraidonite. (c) Schistes à Calymënes. (b) Grès armoricain. — La voie ferrée continue ensuite sur un remblai pendant environ 11 à 1,200 mètres, jusqu'à la maison de garde n° 119 (à peu près au kil. 357-8), où l’on retrouve d’abord, au début de la tranchée, des fragments de schistes qui doivent représenter la base de l’étage à 62 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Calymene Tristani, puis le grès armoricain en blocs dans les argiles qui forment la tranchée jusqu’à la gare de Couville. En approchant de cette gare, un poiñtement montre que ces blocs ont un plongement S.-E. par 45°, c’est-à-dire tout opposé à celui que nous avions reconnu dans les terrains observés jusqu’à la maison- nette 119. Cette inclinaison commence même avant ce point et est figurée par les auteurs de la coupe que nous reproduisons ici pour plus de clarté, à partir de la hauteur du kil. 357. Il manque donc dans ce parcours, depuis la faille observée à peu près à la maisonnette 118, au ruisseau de la Caudière, deux termes de la série : le grès de May et Les schistes à trinucleus. Grès feldspathique. — Nous avons dit que peu avant la gare de Couville, on observait un plongement des couches au S.-E. « À 50 mètres plus loin, vers le N., on reconnaît la présence du » grès feldspathique en décomposition, pour lequel les lignes de » galets indiquent un plongement vers le N. par 40°. Il y a » donc entre ces deux points un axe de bombement figuré sur la » coupe en pointillé, mais dont la constatation sur place est » actuellement impossible par suite de la végétation. » « De la station de Couville au pont de la Neuvillerie, le sous- » sol est formé de ce même prés feldspathique, exploité au Sud de » l’église de Couville, où il plonge O. 10° N. par 35°, et contient » de nombreux galets roulés. » « La tranchée de la Neuvillerie, qui s’étend du piquet 359-8 au piquet 360-4, est des plus intéressantes, car elle donne, sur une longueur d’environ 600 mètres, la superposition du grès felds- pathique, du grès armoricain, des schistes à C. Tristani et du grès de May. | » Le grès feldspathique, que l’on rencontre au début de la tranchée, existe d’abord seul; il est à grain moyen, peusolide, blanchâtre, et à l’état de métaxite comme celui que nous venons de voir. Mais 50 mètres plus loin, on rencontre sur une épaisseur d’une dizaine de mètres, un quartzite très dur, d’un blanc un peu violacé, passant insensiblement au métaxite dans sa partie inférieure, sans fossiles, que MM. Bigot et Corbière avaient cru devoir représenter le grès armoricain. Lors de notre excursion du s juillet 1884, M. Bigot, adoptant l’opinion de M. Lecornu qui nous accompagnait dans cette excursion et qui a déjà signalé de semblables filons dans sa Notice sur la feuille géologique de Coutances (Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 3° série VI, p. 30}, reconnaît que cette formation n’existe pas au pont de DÉS nat SE ef RS RS a hd an à VO ve 40 Le C] rate ‘ar 2 ne à s 4 le re LR, A, 1, ns, ASE, LS EXCURSION A CHERBOURG 63 la Neuvillerie. Il faut donc supposer, « soit que les schistes à » Calymènesse sont déposés directement sur le grès feldspathique, » — ce qui serait, ajoute M. Bigot, le seul exemple d’une » pareille superposition, — soit plutôt qu’une faille, remplie plus » tard par le filon de quartz, ait relevé les schistes au niveau du _» grès. D’autre part, immédiatement sur ce filon de quartz et au- » dessous des schistes, il a constaté un filon de fraidonite qui » avait d’abord échappé, et d’autres plus petits dans les schistes » eux-mêmes. » (Bulletin de la Société Linnéenne, 3° série, 8° vol., p: 498.) » Une nouvelle alternance signale la base des schistes à C. Tristani. Ces schistes se continuent jusqu’au piquet 360-1 où ils sont recouverts par les psammites roses et jaunâtres du grès de May que l’on suit jusqu’à l’extrémité de la tranchée. Les couches des divers niveaux sont en stratification concordante, et plongent N. 25° E. par 50/60. » Après avoir traversé une vallée assez large, dans laquelle coule un affluent de la Divette, on reconnaît de nouveau, dans ia tranchée du Pont-aux-Etienne; la présence des psammites du grés de May, puis des schistes à C. Trisiani, mais plongeant en sens inverse des couches de la tranchée précédente. L’épaisseur des psammites est ici d’une centaine de mètres; quant aux schistes, ils se continuent du piquet 360-9 au piquet 361-4, où ils font place au grès armoricain, jusqu’à l’extrémité de la tranchée. Le plongement des couches de ces trois niveaux se faitS. E. par 50°. » Les schistes à C. Tristani sont constitués dans la partie observée par des schistes grossiers, ferrugineux, nullement ardoisiers, mais très fragmentaires, d'apparence brun jaunâtre sale, et contiennent des nodules gréseux fossilifères. Les fossiles, assez rares dans la tranchée de la Neuvillerie, sont très nombreux près du Pont-aux- Etienne : on y signale, outre de nombreux exemplaires de C. Tristani, des gastéropodes et la présence du genre Didymograpsus signalé au même niveau à Sion par MM. G. de Tromelin et Lebesconte. On retrouve le grés armoricain au kil. 361-4 au-dessous des schistes à Calymëne Tristani, puis au nord de la vallée de la Louerie « où il est remanié au milieu d’argiles ferrugineuses en sorte qu'il » est difhcile de mesurer rigoureusement sa direction. Il est lui- » même très ferrugineux à cet endroit, de couleur brun rougeitre, » et ses fragments offrent presque toujours à leur surface une 64 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE » mince couche de sanguine. » Ces caractères peuvent s’obser- ver dans la tranchée du chemin de fer jusqu’au kil. 362. IT. DE LA HÉRONNIÈRE A LA GARE DE MARTINVAST ET CHERBOURG Faille de la Héronnière. — Lorsque la voie ferrée se retrouve plus loin, vers le kil. 362-2, établie entre deux tranchées, les roches qui constituent ces tranchées sont bien différentes du grés armo- ricain que nous venons de quitter à environ 200 mètres plus au : sud. Leur direction est, en outre, fort différente et leur plongement se fait E. 25° N. par 45°. « La vallée de la Héronnière est en effet le résultat d’une faille qui a ramené les anagénites au niveau du grès armoricain.» Nous nous trouvons par là en présence du niveau le plus ancien que nous ayons eu l’occasion d'examiner dans cette excursion. Il se compose de roches clastiques « ordi- » nairement barytinifères avec lits de quartz laiteux contenant de » la pyrite et de la galène... La plupart du temps pondingiques à » ciment de quartz calcédonieux, ces roches sont aussi à grain » moyen, peu solides, de couleur gris verdâtre ; sur certains » points elles deviennent presque exclusivement quartzeuses et » sont alors d’un blanc rosé. A leur partie supérieure surtout, les » anagénites contiennent beaucoup de barytine, quelquefois pulvé- » rulente ou en cristaux crêtés. » Plus loin, au kil. 362-4 environ, on retrouve les Phyllades cam- briens très barytinifères à cet endroit, en contact avec les anagénites. Sur ce point (à Sideville, tranchée de la Héronnière) on peut observer une limonite qui ne doit pas être considérée comme une formation intercalée entre les Phyllades et les anagénites, ainsi qu’on pourrait le croire par un examen superficiel, mais qui, en réalité, occupe « une sorte de poche au voisinage des deux for- mations ci-dessus. Cette limonite contient des fragments de grès armoricain remaniés dans sa masse et par conséquent est « pos- » térieure au dépôt des assises voisines ; elle est peut-être con- » temporaine des argiles avec blocs de grès remaniés qui occupent » le sommet de presque toutes les tranchées. Les couches, du » reste, sont à peu près horizontales et en complète discordance » avec les formations précédentes. » Sur ce point, au voisinage du contact des anagénites et des Phyllades cambriens, la barytine « forme une véritable roche, de » couleur rosée ou blanchitre. Elle existe tout à la fois à la partie EXCURSION A CHERBOURG 65 » supérieure des anagénites et surtout à la base des phyllades, où » on la rencontre en gros blocs isolés ou en couches peu épaisses, » sans aucune concordance entre elles ni avec les phyllades, au » milieu desquelles elle se trouve. » Ces phyllades, d’abord d’un blanc jaunâtre, peu schisteux, » deviennent bientôt vert sale, plus fissiles, et c’est dans ces con- » ditions qu'ils se continuent jusqu’aux abords du tunnel de » Cherbourg. » MM. Bigot et Corbière résument dans le tableau suivant les roches examinées dans le parcours de l’excursion du $ juillet : 1° Anagénites ordinairement barytinifères, avec lits de quartz (La Héronnière) ; 2° Phyllades, ferrugineux à leur partie supérieure où ils offrent des traces d’organismes (depuis la Héronnière jusqu’à Cherbourg) ; 3° Grès feldspathique (Couville) ; 4° Grès armoricain (Le Roquier, Les Mauvassons, Couville, La Neuvillerie, La Héronnière) ; | s° Schistes à Calymene Tristan (La Langevinerie, Les Mau- vassons, Le Pont-aux-Etienne) ; 6° Grès de May (anagénites et grès anagénitiques schisteux, Bonnissent.) — La Brière, Couville ; 7° Schistes à trinucleus (schistes grisâtres supérieurs au grès armoricain, Bonn.) — Moulin Capel ou Cabourg. Les mêmes auteurs font suivre leur note de déductions que l’on nous saura gré de rappeler ici : 1° L'absence du minerai de fer entre le grès armoricain et les schistes à Calymènes. Il est pourtant à remarquer que la partie supérieure du premier et la partie inférieure des seconds sont toujours plus ferrugineuses que les autres parties des mêmes for- matiOns ; 2° La concordance de stratification des diverses formations étudiées, tellement établie, que souvent « il y a alternance et » même passage minéralogique entre elles, de sorte qu'il est » impossible de dire absolument où commence l’une et où finit » l’autre ». Cette régularité dans la succession et la stratification n'est pas toujours possible à vérifier dans les tranchées même du chemin de fer ; mais on peut en constater l'exactitude sur des points voisins et on l’a signalée en temps et lieux : « Cette concordance 66 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE » de stratification a une grande importance quand on la considère » entre les phyllades inférieurs et le grès feldspathique. C’est en » effet entre ces deux niveaux que les auteurs de la carte géolo- » gique de France, se fondant sur la discordance de stratification » des buttes de Clécy, ont établi la ligne de démarcation entre » le Cambrien et le Silurien. » 3° Assimilation des phyllades Cambriens aux phyllades de St-Lô. Les auteurs les considèrent comme des phyllades affectés d’un métamorphisme particulier, dont l’action a été en diminuant à partir du port militaire (Daubrée). 4° Absence du poudingue et des schistes pourprés, bases de la série silurienne, d’après M. de Tromelin. — Les auteurs supposent — se basant sur ce qu'ils ont rencontré les schistes bourprés à la Hague — que ces deux formations se trouvent « sans doute au-dessous du métaxite de Couville, mais qu’elles » n'apparaissent pas à la surface du sol. » s® Le grès feldspathique doit peut-être être considéré comme un niveau spécial, si l’on se base sur la superposition immédiate du grès armoricain aux phyllades, près du château de Sottevast et du tunnel de Cherbourg, sans trace de grès feldspathique. 6° La présence du grès de May et des schistes à trinucleus aux environs de Cherbourg, et la superposition du grès de May aux schistes à C. Trisiani déjà reconnue par M. Morière à la Brèche- au-Diable, près Falaise, et à May, par M. Ch. Renault. 7° La constatation de l'existence de deux failles dans un parcours relativement si péh étendu, l’une (faille du moulin Capel), a relevé le grès armoricain au niveau des schistes à trinu- cleus ; la seconde (faille de la Héronnière), a ramené les anagénites à la surface du sol et au niveau du grès armoricain. EXCURSION A CHERBOURG 67 DEUXIÈME JOURNÉE (Lundi 7 Juillet 1884) DE NÉHOU À SAINT-SAUVEUR-LE-VICOMTE ET A BRICQUEBEC (1) \ Nous emprunions à M. Bigot le récit de cette excursion qu'il a bien voulu nous autoriser à reproduire : Le lundi matin, dès cinq heures, les géologues de la Société se réunissaient à la gare, pour aller continuer, dans les environs de St-Sauveur-le-Vicomte et de Bricquebec, l’étude des terrains paléozoïques de la région. L'accès de la région dévonienne est de beaucoup facilité maintenant par le percement de la ligne stratégique de Cherbourg à Coutances, mais, dans la partie que nous avons explorée, la stratigraphie n’a à tirer que peu de renseignements de l’étude des tranchées qui ont entamé le sous-sol. Il est en effet difhcile de voir terrain plus disloqué ; à chaque pas, des filons de fraidonite viennent couper les couches que des failles multipliées font encore plonger en divers sens et de la manière la plus inattendue. _ Heureusement nous avions pour nous guider dans ce dédale l'étude si minutieuse de Dalimier, qui, le premier, a bien com- pris la constitution du dévonien de Normandie. A Néhou, où nous débarquons, quatre kilomètres nous séparent de St-Sauveur-le-Vicomte, mais cette distance, sur la ligne du chemin dé fer, est bientôt franchie, car les tranchées n'ont que peu d'intérêt. Nous constatons cependant, à quelques cents mètres de la halte de Néhou, la présence de sables quartzeux et ferrugineux, jaune rouille, à grain fin, sans fossiles, inférieurs aux galets roulés du diluvium gris. C’est le limon infe- rieur, sableux et stérile de MM. Vieillard et G. Dollfus, qui y voient une dune du rivage tertiaire (2). En approchant de St-Sauveur, les dislocations nombreuses subies par les grés et schistes dévoniens nous annoncent la présence d’un important massif éruptif : c’est une fraidonite qui (1) Bull. de la Soc. Linn. de Normandie, 3e série, 8e vol. 1883-84, p. 439. (2) » » » 1 (2 7 9 » Dp. 169. 6S SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE s’étend sur plus de deux kilomètres de largeur : elle est, aux abords de la gare et à l'entrée du bourg, complétement décom- posée ; mais, dans la tranchée de la Griffonnerie, elle forme des boules d’une dureté excessive. Dans la tranchée de la Griffonnerie, le silurien supérieur, plon- geant vers le nord, a été soulevé par un porphyre grossier rougeâtre. Malheureusement, nous ne trouvons pas ici ces calcaires noirs, compactes, mis à nu pendant quelque temps aux Moulineaux, et qui ont fourni de magnifiques échantillons de Cardioles, Orthocères répandus dans un grand nombre de collec- tions. Le Silurien supérieur est constitué ici par des schistes ampéliteux friables, avec Graptolithes et Orthocères ; les quelques boules qu’on y trouve sont très difficiles à briser, et il est presque impossible de dégager les Orthocères qu’elles contiennent. Nous touchons ici à un des points de la limite sud de la bande dévonienne septentrionale. Toute cette région emprunte un caractère particulier à la présence de hautes crètes formées par le grès de May et qui contrastent avec le faible relief du dévonien. C’est sur le revers nord-ouest de l’une de ces crètes, le mont de Besneville, que d'importantes carrières ont fourni un grand nombre d’échantillons de la faune du grès de May. Le temps nous a manqué pour visiter cette intéressante localité ; nous croyons bon cependant de faire connaître les échantillons que nous avons recueillis à Besneville, dans uné excursion, au mois d'avril dernier : Homanolotus contumax, Trom. ; H. Brongniarti, Desl. ; H. serratus, Salt. ; H. Vicaryi, Salt. ; H. fugitivus, Trom. Lebesc. ; Conularia pyramidata, Desl. ; Ctenodonta Ribeiroï, Jh. ; Modiolopsis prima, D’Orb. ; M?? Dollfussi, Trom. ; Orthonota Normaniana, D’'Orb. ; Orthis Budleighensis, Dav. ; Paleaster ? Sp. Après avoir étudié la tranchée du chemin de fer, à Saint- Sauveur-le-Vicomte, nous nous transportons à la lande du Part, à Néhou. Les carrières de cette lande sont depuis longtemp. célèbres par l’immense quantité de fossiles qu’elles ont fournies Aujourd’hui, les échantillons y sont devenus rares, les carrières n'étant plus exploitées d’une façon aussi suivie. Cependant, les déblais nous ont fourni quelques bonnes espèces et surtout de gros polypiers ; mais c’est surtout dans la tranchée du chemin de fer, au nord du passage à niveau de la lande du Part, que nous avons fait une ample moisson des espèces les plus communes dans le calcaire dévonien de la Manche. La roche est un calcaire argileux, avec fossiles d’une conservation parfaite, qui se dégagent d’eux- EXCURSION À CHERBOURG 69 mêmes par la désagrégation de la roche. C’est à cette circons- tance et à l’abondance des fossiles que nous avons dû de recueillir en quelques instants : Homanolotus Gervillei, de Vern.; Dalmanites sublaciniata, de Vern.; Murchisonia intermedia, d’Arch.; Turbo, sp.? Avicula et Pierinea, pl. sp.? Conocardium clathratum, d’'Orb.; Terebra- tula, sp. Meganteris Archiaci, de Vern.; M. Deshavesi, Caillaud ; Athyris undata, Defr.; Spirigerina reticularis, Linné ; Hemithyris sub-Wilsoni, d'Orb.; Retzia, sp.? Orthis striatula, Schloth ; Orthis, sp.? Léptœæna Murchisoni, de Vern.; L. laticosta, Conrad ; L. Phillipsi, Barr ; Strophomena depressa, Dav.; Chonetes Boulangeri ? Rou.; Crania sur Orithis striatula ; Encrinites, Resp. ; Favosites polymorpha, Gold.; Cyathophyllum, sp.? Aulopora cucullina, Mich.; Retepora, Tentaculites. On sait que Dalimier a divisé la formation dévonienne infe- rieure de la Manche en trois niveaux, qui sont de bas en haut : 1° Grès verts à Spirifers ; 2° Calcaire à Athyris undatïa ; 3° Grauwacke à Orthis Monnier. Mais il ne faut pas considérer ces divisions comme absolues, et nous pensons, avec M. Dollfus, que le calcaire « constitue d’im- » menses lentilles à faune spéciale, d’étendue locale, et doit » perdre, malgré la bonne conservation de ses fossiles, la pré- » pondérance sur la grauwacke, comme valeur d’assimilation » géologique » (1). Il faut noter, du reste, que Dalimier ne considérait pas lui-même le calcaire comme un élément constant, puisqu'il avait parfaitement remarqué sa disposition, en lentilles intercalées au milieu d’un dépôt schisteux, et le rapport entre l’épaisseur du calcaire et la profondeur de la mer où ils se sont formés (Strat., p. 90). Nous en avons eu la preuve dans la tranchée du chemin de fer au Nord de la Douve. Les calcaires manquent presque compléte- ment, tandis que les schistes noirs sont très développés. Dans les grèsferrugineux situés au-dessous, nous avons trouvé Pleurodyctium (1) Bull. Soc. Linn. Norm. 3e série, t. I, p. 7. 70 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE problematicum (var. À. Dal.); c’est le niveau des grès verts infé- rieurs qui se retrouvént plus au Sud, où ils contiennent Spirifer lœvicosta, Orthis striatula, Hemithyris sub-Wilsoni, etc. Vers le nord, c’est dans les monticules formés par les couches assez bouleversées de ce niveau que sont ouvertes les tranchées jusqu’au pont d’Aizy. | | Ici se termine notre excursion, etnous reprenons, à Bricquebec, le train de Cherboure. s SUR LA PRÉSENCE DU TERRAIN CRÉTACÉ INFÉRIEUR DANS LES FALAISES DE LA HÈVE Par G. LIONNET. Dans le Résumé sur la Géologie normande, que nous avons publié en 1879, nous avons insisté sur la présence du terrain crétacé inférieur dans les falaises de la Hève, niée ou fortement mise en doute par plusieurs auteurs. M. Alc. d’Orbigny entre autres, dans son Cours élémentaire de géologie et de paléontologie, t. IT, fasc. 2, p. $S8r, s’exprime ainsi : . € Tout l’ouest du bassin anglo-parisien, depuis le Havre jusqu’à » Honfleur, jusqu’à Châtellerault, manque des trois étages Néo- » comien, Aptien et Albien, puisque partout l'étage crétacé » inférieur est l'étage Cénomanien. » Les études faites depuis par M. de Lapparent, les recherches de M. G.Lennier montrent que cette opinion doit être réformée et que ces trois étages existent bien dans le pays de Caux; seulement, tous les termes de la série — en majeure partie observables dans le pays de Bray — ne sont pas représentés à la Hève. Quoique chaque étage y soit peu développé, et bien que la rareté et aussi la mauvaise consérvation des fossiles en aient rendu la constata- tion difhcile, les recherches des géologues voisins de la localité permettent aujourd’hui d’en affirmer l’existence : nous ajouterons que cette existence était probable à priori, car peu de terrains ont une allure aussi régulière que ces terrains crétacés dans la région N.-O. du bassin de Paris. Ils viennent tous se terminer vers l'ouest considérablement amincis, mais la constatation de l’exis- tence du Gault et du Néocomien en Angleterre, peut-être même 72 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE de l’Aptien, sous un faciès analogue à celui des falaises de la Hève, en indiquant l’extension de ces terrains beaucoup plus à l’ouest, en rendait fort probable également la présence sur ce point inté- ressant de la Hève. La Société a fait rééditer, à la mémoire de l’auteur, la coupe de la falaise de la Hève par Lesueur, une de nos oloires peu connues, le compagnon de Péron, dans son voyage au- tour du monde, et le fondateur du Musée du Havre, auquel il a légué de nombreuses collections (1), des manuscrits, des croquis et des planches d'histoire naturelle qui sont en même temps des œuvres d'art. Cette coupe montre que — à la Hève — les couches que nous rapportons à la série crétacée inférieure occupent une épais- seur de 30 à 35 mètres, soit environ le développement de l’étage Cénomanien lui-même. Sur place, les étages Néocomien, Aptien, Albien sont parfois d’une distinction difficile, car leur nature minéralogique présente une certaine analogie, et les éboulements fréquents dus à l'existence d’un niveau d’eau important, situé entre l’Albien et le Cénomanien, qui le surmonte, ne laissent voir que sur quelques points des coupes bien nettes : disons, toutefois que, sur ces points, la division des couches, dans une certaine mesure, est assez facile à établir. On peut, en un mot, hésiter sur cette question de savoir si les trois étages sont repré- sentés dans les falaises de la Hève ; il ne peut y avoir de doute sur la présence du Néocomien et de l’Albien : la présence de l’O. aquila en place rend pour nous évidente l’existence de l’étage Aptien. Le terrain crétacé inférieur repose à la Hève directement sur le terrain Kimméridien, en stratification discordante. Le terrain Portlandien manque (2) et la surface du Kimmeridge-clay porte les traces d’érosions bien caractérisées. | Nous allons maintenant étudier successivement les couches (1) Bibliothèque particulière du Muséum du Havre. — Manuscrits etc., de Lesueur, donnés par la famille ou recueillis et mis en ordre par M. G. Lennier. (2) A moins qu’on en veuille reconnaître les traces dans un petit lit que l’on rencontre sur certains points, entre Bléville et la Hève, à la partie supérieure du Kimmeridge. Ce lit contient en effet des Nérinées, et quelques espèces com- munes aux étages Kimméridien et Portlandien. TERRAIN CRÉTACÉ INFÉRIEUR 73 rapportées aux trois étages Néocomien, Aptien et Albien, en y comprenant la Gaize. NÉOCOMIEN Dans « le Pays de Bray » M. A. de Lapparent a distingué trois niveaux de l'étage Néocomien : Le NÉOCOMIEN INFÉRIEUR, essentiellement constitué par des sables blancs èt des argiles réfractaires ; Le NÉOCOMIEN MOYEN, niveau des grés ferrugineux et argiles à poteries ; Le NÉOCOMIEN SUPÉRIEUR, ou niveau des glaises panachées ou argile rose marbrée. Vers l’ouest, dans la région de l’embouchure de la Seine, les assises argileuses inférieures manquent complèment, à moins qu’on en veuille voir les traces dans les petites veines d’argile excessivement fine, grisâtre, qui se rencontrent en certaines pat- ties des sables blancs ou ferrugineux de la Hève. | C’est, en effet, sous l’aspect de sables blancs grisâtres, plus ou moins micacés ou jaunâtres, ferrugineux, que se présente 1ci l'étage Néocomien. Pendant longtemps, l'attention des géologues ne paraît pas s'être arrêtée sur ces assises de l’ouest du pays de Caux, offrant pourtant un développement d’une certaine importance. Dans une série d’études publiées en 1859-1860, dans le Bulletin de la Société Géologique de France (2° série, t. XVIT), M. Cornuel établit une comparaison entre les grès verts d'Angleterre et de France, mais paraît ignorer l’existence dans nos falaises de la Hève, de ce terrain qui s’y présente cependant sous un faciès assez semblable aux faciès anglais (sables de Hastings). M. d’Orbigny, dans son Cours élémentaire de Géologie (loc. cit.), en nie l'existence, et cette opinion est partagée par M. Hébert. Ces assises, 1l faut l’avouer, sont parfois difficiles à distinguer. Bien qu'elles soient sur certains points assez développées (25 à 30 mètres à la Hève), les fossilés y sont fort rares ou difficiles à déterminer. Elles ne sont pas, d’ailleurs, séparées des couches supérieures d’une façon très nette, car ces couches supérieures, rapportées par nous à l’Aptien, sont elles-mêmes, comme le Néo- comien, dans la partie supérieure, constituées par des sables gros- 74 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE siers, avec gros graviers. Il semble qu’on se trouve ici en face d’un dépôt littoral, et que les couches aptiennes se soient constituées en partie aux dépens des sables néocomiens. Les sables aptiens, en effet, sont également grossiers et remplis de graviers, surtout à la base, et il est parfois difficile de les distinguer des sables subor- bordonnés (néocomiens), également graveleux au sommet, quoi- que la masse en soit constituée par des sables généralement assez fins, micacés, analogues aux sables de Hastings. Les fossiles y sont à l’état de moules, souvent informes, qui se: trouvent localisés particulièrement à la partie supérieure. La partie inférieure est absolument azoïque et présente seulement des lignes charbonneuses et ferrugineuses, dues sans doute à des couches de végétaux décomposés — probablement des algues — et dont on devine quelquefois plutôt qu’on ne distingue les empreintes. Vers la partie supérieure se trouve une quantité de formes, offrant l'apparence de rognons ou de rouleaux sableux phosphatés, de géodes et de nombreux fragments de bois fossiles. L'absence de formes caractéristiques, d’une part, et la position de ces sables entre le terrain jurassique supérieur et l’étage du Gault, assez bien caractérisé, les avait fait ranger, ainsi que l’étage Aptien, maintenant parfaitement reconnu et délimité, dans la série appelée en Angleterre Sables de Hastings. Les coupes des Sables ferrugineux de la Hève (Seine-Iuférieure, fig. 2, pl. IT), données par M. Passy, manquent d’exactitude ; ce qu’il faut attribuer à la difficulté d'observation, par suite des talus ’éboulement. | Leur position avait été mieux comprise par Lesueur dans la coupe dont nous venons de présenter un exemplaire, et où ils sont indiqués par la lettre C. M. Hébert a figuré la position de l’étage Néocomien à la Hève, mais il comprend dans cette série la partie que nous distinguons comme aptienne (Bull. Soc. Géol. de France, 2° série, t. XXIX, 1871-72). M. Lennier, outre d’excellentes coupes, a décrit ces couches de sables ferrugineux qui reposent dans les poches ou les ondulations formées par la dénudation du terrain jurassique supérieur qui est à la Hève le Kimméridgien. Il pense que « le dépôt de ces sables » aété postérieur aux dénudations, puisqu'il a rempli toutes les » cavités existant à la surface du jurassique ; de mème il a été » postérieur aux oscillations du sol qui ont produit les ondula- » tions des couches kimméridgiennes, puisqu'il s'étend au-dessus » d’elles en couches parfaitement horizontales. » PORTE 1 PONT TERRAIN CRÉTACÉ INFÉRIEUR 75 « L’épaisseur des sables ferrugineux, dit-il encore, est variable au cap de la Hève, par suite de l'inégalité des surfaces sur les- quelles ils reposent. De là, les différences que les auteurs ont don- nées à l'épaisseur de cet étage. » On rappellera, en outre, à ce sujet, que ce ne sont pas partout les mêmes niveaux du Kimmc- ridge qui se trouvent en contact avec les sables néocomiens. A la Hève, ils recouvrent les marnes à Piérocères (partie moyenne du Kimméridge), tandis que, plus au nord, ils sont en contact avec les argiles à Ammonites (partie supérieure), et qu’ils reposent très pro- bablement à Villerville, de l’autre côte de la Hève, sur la côte du Calvados, sur les calcaires à Astarte (partie inférieure). Sur ce point, les éboulements ne permettent pas d’afhrmer le fait, quoi- qu’il soit très vraisemblable. Nous reproduisons ci-dessous une série de coupes prises par M. Lennier. COUPE PRISE DANS LA CARRIÈRE DEHORS, A SAINTE-ADRESSE (DE BAS EN HAUT) 1. Kimmeridoe, 2. Sables siliceux blancs ou jaunâtres avec gros blocs et rognons ferrugineux cloisonnés, géodiques, avec fossiles (Ammo- nites, Mytilus, Turritelles, etc.), surtout au sommet. La partie inférieure est surtout formée de sables plus blancs, micacés, sans fossiles, avec veinules d’argile gris-rosé. 7"— À la partie supérieure, au-dessous d’un banc oré- seux disloqué, on trouve des nodules avec crustacés. nEddesable/avec dents eraviers.s ste ab stage de Ô 40 4. Sable verdûtre veiné de teintes ferrugineuses ........ oO $0 s. Marne argileuse grise, sableuse, passant à la base à un Fihleaunenveiné darsiletetiderfernu.qiuenta lc. I SO 6. Poudingues ferrugineux (Ostrea aquila) ............ 543% La couche n° 3 est remaniée visiblement; les couches 4, $ et 6 doivent rentrer dans ce qui sera décrit sous le nom d’étage Aptien. | COUPE PRISE A BLÉVILLE On trouve au-dessus du Kimmeridge (sur ce point le niveau des 76 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE marnes à Ptérocères), terminé par de petites veines d’argile rema- niée. 1. Sables blancs, jaunâtres, ferrugineux, surtout au sommet, pas- sant quelquefois à un grès friable, avec veines de fer oxydé hydraté, d’argile bleue et de poussière noire provenant de végétaux décomposés, ‘environ 1.414 4240008 20® — 2. Lit de sable, d'argile et de rognons ferrugineux...... O 50 3. Poudingue ferrugineux à Ostrea aquila, Hinnites, Tere- bratula ? (ETAGE APTIEN). COUPE PRISE A OCTEVILLE, A $00O MÈTRES AU NORD DE LA MOULIÈRE. AU-DESSUS DU KIMMERIDGE, ET REPOSANT EN STRATIFICATION DISCOR- DANTE SUR LES MARNES A PTÉROCÈRES OU SUR LES ARGILES A AMMoO- NITES, SUR LE POINT OBSERVÉ, ON TROUVE : Sables blancs ou jaunâtres analogues aux précédents ... 18"— Banc disloqué de grès Guen? RS Re ES oO 50 Sables blancs alternant avec des lits de sables ferrugi- neux passant à un grès friable 2 3202 TRES 7 — Grès glauconieux très dur, en rognons aplatis entourés d’une couche mince d’oxyde de fer hydraté............ O 20 Poudingues ferrugineux à O. Aquila (ETAGE APTIEN).. 2 $0 On voit, en résumé, que le terrain Néocomien (sans doute la partie moyenne du pays de Bray) est constitué par une couche plus ou moins épaisse de sables blancs ou ferrugineux, micacés, sans fossiles autres que des traces végétales, dont M. de Saporta a décrit quelques types, contenant des veinules d’argile rosée ana- logue à celle du pays de Bray (Sainte-Adresse — La Hève) ou des dépôts ferrugineux appliqués sur les lèvres des brisures qui se ren- contrent de la base au sommet des falaises de la Hève, dont le plan est orienté, d’une part N.-E. S.-O. et de l’autre N.-O. S.-E. — Ces premières assises reposent en stratification discordante, et suivant le point observé, sur les marnes à Plérocères ou sur les argiles à Ammonites de l'étage Kimméridgien, elles sont d’épais- seur variable, atteignant en certains endroits jusqu'à 20 ou 25 mètres d'épaisseur. Elles sont surmontées de sables grossiers avec graviers et lits de blocs ferrugineux géodiques, en banc disloqué, contenant la Thetis lævigata, et au-dessous desquels on trouve dis- séminés des rognons ou boudins ferrugineux dans lequel on recon- Deer. TERRAIN CRÉTACÉ INFÉRIEUR 77 naît parfois des crustacés qu’un de nos collègues, M. Savalle, à rapportés au genre Glyphea, des fragments de bois, Cedroxylon reti- culatum, Sap., un fruit de Conifère (échantillon unique) Cedrus Lennieri, Sap , etdes Algues (Tænidium pinnatisectum, Sap.), le plus souvent indéterminables. Les couches supérieures, formées de sables grossiers, avec Ostrea aquila, doivent, selon nous, être rapportées à létage Aptien. Nous y reviendrons ci-après. Les sables Néocomiens dont nous venons de parler sont visibles depuis la Hève jusqu'à Cauville, vers le N.-E. Dans les coteaux d’Ingouville, ils sont recouverts par les éboulis et on ne les retrouve vers l’est qu'à Villequier où, par l'effet d’une faille reconnue et décrite aujourd’hui, ils réapparaissent à environ 30 mètres au-dessus du niveau de la Seine, avec les mêmes carac- tères qu’à la Hève. (Bull. Soc. G. N., année 1881, t. VIII.) On les retrouve encore avec les mêmes éléments pétrogra- phiques sur le chemin qui conduit de Honfleur à Villerville, près des bains de Honfleur; on peut distinguer sur ce point, recou- vrant le Kimmeridge en discordance, $ ou 6 mètres de sables siliceux blancs ou ferrugineux, avec veines noires de végétaux décomposés, surmontés de 3 mètres de poudingues ferrugineux et sables grossiers. Ils disparaissent ensuite vers l’ouest, cachés sous les éboulis et on ne les retrouve plus dans les falaises au-dessus de Trouville ; mais vers l’est, ils ont été observés dans les falaises de l’embou- chure de la Rille, avec des caractères minéralogiques absolument analogues à ceux de la Hève. APTIEN La division de l’étage Aptien d’avec les sables rapportés par nous à la Série Néocomienne est, comme nous l’avons dit, assez difficile à établir d’une façon précise parce que la nature des élé- ments qui le constituent — des sables grossiers à graviers roulés — a dû faciliter le mélange et les remaniements des dépôts limi- tes, et c’est là ce qui a fait nier longtemps l'existence de cet étage à la Hève. La présence de l’Ostrea aquila, non pas roulée, mais en parfait état de conservation, avec ses stries écailleuses intactes, nous a paru trancher la question d’une manière indiscutable. Cet étage est d’ailleurs fort peu développé dans la région cauchoise et 78 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE n'atteint guère que 3 mètres à 3" 50 d'épaisseur. Aussi sa pré- sence a-t-elle été longtemps niée (x). Pour nous, l’éxistence de l'étage Aptien ne fait pas de doute, depuis que nous avons trouvé dans les sables ferrugineux avec graviers qui surmontent les sables Néocomiens, plusieurs exem- plaires d’Ostrea aquila en parfait état de conservation. L’étage Aptien, disions-nous, en 1879, dans notre Résumé sur la Géologie normande, est visible depuis le cap de la Hève jusqu’à la descente de Cauville, où il disparaît au niveau du galet, suivant en cela le plongement général des couches géologiques dans cette région. M. Savalle (2), qui a étudié particulièrement ces terrains, place la limite de séparation des sables néocomiens et des sables aptuens un peu au-dessus du banc géodique ferrugiueux à Thetis levi- gata, signalé dans les coupes précédentes et qui se trouve au sommet des sables néocomiens micacés, toujours plus fins et moins remplis de oraviers que les sables que nous séparons sous le nom d’aptiens. En certains endroits (par exemple le Becquet, au nord de la Hève), la ligne blanchâtre des sables néocomiens tranche nettement sur les sables glauconieux, noirâtres sur ce point, de l’Aptien. La faune fossile des deux niveaux est bien dis- tincte. La limite supérieure de l’Aptien est également difhcile à vérifier d’une façon absolue, à cause de la similitude des éléments quile composent et qui sont communs à la partie inférieure de l’Albien, c'est-à-dire des sables plus ou moins grossiers. C’est à ce niveau qu’on a trouvé à la Hève un fruit de Conifère, Pinus mammilifer, décrit par M. de Saporta (3). Cependant il existe, à la limite de ces deux étages, une petite zone formant un léger cordon blan- châtre ou grisâtre, au-dessus des grès et poudingues ferrugineux, rouge foncé, placés à la partie supérieure des sables grossiers dis- tingués sous le nom d’Aptiens, et dans lesquels se trouve l’Ostrea aquila. Cette zone est formée de graviers mélangés à des coquilles brisées, des fragments de bois fossiles, d'algues, Cy/indrites lati- (1) Alc. d'Orbigny, Cours élémentaire de géol. et de paléont. stratigraphique. (2) Bull. de la Soc. Géol. de Normandie, années 1880, 81, 82. (3) Bull. de la Soc. Géol. de Normandie, tome VI, 1879-1880, p. 654. — M. de Saporta fait observer que ce cône est absolument remarquable en ce qu'il représente une espèce nouvelle intermédiaire entre les Pinus et les Abies, et ne ressemble à aucune espèce crétacée connue jusqu'ici. TERRAIN CRÉTACÉ INFÉRIEUR 79 frons, Sap., et des nodules phosphatés avec glauconie sableuse : Cette glauconie n’existe pas dans les couches des sables Aptiens ou Néocomiens. L'existence de l’Ostrea aquila n’a pas paru suffisante à M. Hé- bert pour admettre l’existence de la série aptienne dans les falaises de la Hève, et quoique, dans sa coupe des falaises de la Hève à Fécamp (Bull. Soc. Géol. Franç., 2° série, t. XIX), il ait distingué le Néocomien par la nuance jaune et le chiffre 4, il range poste- rieurement (Bull. Soc. Géol. Franc., 3° série, t. TI, p. $15) toute la série des sables ferrugineux dans l’étage Albien. « Jai considéré, dit-il, comme appartenant au Néocomien supérieur les sables ferrugineux terminés par un poudingue, où l’on rencontre de temps à autre de grosses valves d’O. Aquila ; aujourd’hui, j'incline plutôt à ranger ces sables dans le Gault. En effet, j'ai détaché moi-même, en 1865, entre Bléville et Octeville, de lits durcis qui se trouvaient à la base de ces sables, à 1,50 au- dessus des argiles de Kimmeridge, deux fragments d’Amm. Mille- tianus, d’Orb., espèce considérée jusqu'ici comme caractéristique du Gault; un exemplaire de grosse taille de la même espèce a été recueilli par M. Lennier dans le conglomérat à O. Aquila. » M. Lennier (Etudes Géologiques, p. 119), cite dans les sables ferrugineux : Amm. Deluci, Nautilus Bouchardianus, Trig. Fit- toni, etc. Ces citations semblent résoudre la question en faveur du Gault ; mais il restait la difhculté de gisement assez constant de l'O. Aquila dans le poudingue qui est à la partie supérieure de ce système. Cette difficulté n’en est plus une depuis que M. Lennier m'a montré ün bloc de granit empâté dans le conglomérat, et ce fait ne paraît pas exceptionnel. Les eaux qui ont apporté ces blocs ont certes bien pu charrier les quelques exemplaires d’O. Aquila que l'on rencontre de temps à autre. » Nous croyons pouvoir afhrmer que l’assertion ci-dessus pro- vient d’une erreur d'observation. L’Amm. Deluci, ne se rencontre jamais dans les sables grossiers ferrugineux avec poudingues, que nous rapportons à l’Aptien, mais bien dans les sables glauconieux plus ou moins grossiers qui surmontent ces poudingues et que nous pouvons facilement distinguer par les caractères paléontolo- giques et rapporter à l'étage Albien. Nous en parlerons plus loin. Il n’est pas possible de nier que l’on ait pu trouver l’Ammonites Milletianus à la base des sables dont parle M. Hébert, mais ce qui est certain, — si ces sables étaient à 1" $o au-dessus des argiles de Kimmeridge, — c’est qu’ils y avaient été apportés par un ébou- 80 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE lement, car il faudrait supprimer entre ces sables et le Kimmeridge toute la série des sables fins, micacés, très constants et d’une épaisseur minimum de 1$ mètres, ce qui ne se constate nulle part. L’erreur provient évidemment d’une observation que la con- naissance des lieux permet de s’expliquer. En effet, il arrive sou- vent à la Hève que la falaise, au lieu de s’ébouler, glisse simple- ment en énormes tranches dans lesquelles chaque terrain compacte garde sa stratification relative : c’est ce qui arrive pour toute la partie moyenne et supérieure de la falaise composée des calcaires de la Gaize et du Cénomanien. Au contraire, la partie inférieure, Gault-Aptien-Néocomien, composée d’éléments sableux, se trouve tassée par la partie supérieure qui s’y enfonce comme un énorme bloc, repoussant les couches du Gault et de l’Aptien, d’une nature relativement plus compacte que les sables néocomiens et gardant encore, sur certains points, une apparence de stratification trom- peuse, — en avant de ces derniers et les recouvrant. On peut observer ce fait depuis longtemps à Cauville, ou une longue bande de sables ferrugineux aptiens et de sables et marnes glauconieuses du Gault ont glissé jusque sur la plage, gardant leur stratification relative, et pouvant donner lieu — lorsqu'on n’est pas familier avec la localité — à des erreurs analogues à celle dont nous avons parlé. Pour notre part, nous avons trouvé plusieurs fois et nous avons vu trouver l’O. Aquila dans le pou- dingue ferrugineux, entière et non pas roulée, mais ayant gardé toutes les stries esquilleuses de sa coquille, en un mot dans un état qui exclut toute idée de transport. Au contraire, les blocs erratiques dont parle M. Hébert, sans être roulés, portent les traces visibles d’une certaine action de transport : nous avons nous-même déposé au musée du Havre un bloc de grès schisteux micacé noir, qui provient de ces sables, et dont les angles étaient parfaitement arrondis. La zone Aptienne est visible depuis la Hève jusqu’après Cau- ville (au sud de Saint-Jouin), quoique les éboulis la recouvrent fréquemment. Comme les sables ferrugineux néocomiens, on ne la retrouve vers l’est que dans le relèvement dû à la faille de Ville- quier, à environ 30 mètres au-dessus du niveau de la Seine, et avec les mêmes caractères géologiques. . Les sables et poudingues à O. Aquila existent également dans les falaises de Honfleur, où M. de Chancourtois, maintenant directeur de l'Ecole des Mines, a recueilli ce fossile dans les tran- chées de la route de Honfleur à Criquebœuf et Trouville. Au- nd on ess TERRAIN CRÉTACÉ INFÉRIEUR SI delà, vers l’ouest, ils sont cachés par les éboulis ; mais à l’est, ils ont été observés à l’embouchure de la Rille. ALBIEN Pas plus que pourles étages précédents, M. Alc. d’Orbigny n’ad- met l’existence du Gault dans les falaises de la Hève. « Bien qu’il » n'existe pas au Havre, dit-il cependant, on trouve quelques » restes organisés de l’étage Albien, remaniés à l’état fossile dans » les couches inférieures de l'étage Cénomanien. » (Cours élémen- taire, t. II, fasc. 2, p. 69). Depuis, de nombreuses observations ont établi la présence de cet étage dans le pays de Caux, et si la plupart des fossiles qu’on y rencontre sont remaniés et générale- ment à l’état de moules internes, ils ne diffèrent pas, sous ce rap- port, de ceux que l’on rencontre dans les Ardennes (environs de Varenres — les Islettes, etc.) ou sur les autres points de la France où ils ont été trouvés dans ure roche dont les caractères minéra- logiques sont très constants (Gisements de la perte du Rhône, des environs de Nevers, etc., etc.). Partout, la gangue est un sable argileux verdâtre, de nuance plus ou moins foncée, toujours très glauconieux, contenant des nodules phosphatés et des fossiles remaniés, à l’état de moules, et également phosphatés à un haut degré (60 à 70 o/o de chaux phosphatée). Les sables glauconieux du Gault avaient été parfaitement dis- tingués par M. de Caumont, dont le nom ne peut être prononcé sans émotion dans une réunion de la Societé Linnéenne, car son souvenir évoque en même temps celui d’une pléïade de noms illustres qui ont fait de la Normandie la terre classique de la géo- logie. M. de Caumont avait distingué les sables terreux d’un vert très foncé, placés à Honfleur entre l'argile de Honfleur, le Coral- rag et les glauconies inférieures de l’étage Cénomanien. Il les avait encore reconnus sur « divers points de la Basse-Normandie, » à Canapville, aux Authieux, à Saint-Julien-le-Faucon, etc., le » long des rives de la Touques et de la Calonne, et dans presque » toutes les vallées des arrondissements de Lisieux et de Pont- » l’Evêque. » À Pont-Audemer, on les a rencontrés dans les son- dages établis pour un puits, à « environ 2$ mètres au-dessous du » niveau auquel ils se trouvent dans les falaises de Honfleur ; 82 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE » elles auraient sur te point un développement de 30 à 35 » mètres. » (1) Les falaises de l'embouchure de la Seine nous montrent létage Albien formant une couche très constante au-dessus des sables ferrugineux et au-dessous des couches glauconieuses du Cério- manien. Dans cette région, M. Lennier a rangé sous la même dénomination d’étage Albien les marnes plus ou moins sableuses du Gault, ainsi que la partie reconnue par M. de Lapparent comme synchronique de la Gaize. Dans la coupe de Lesueur, que nous avons présentée, la lettre D représente les lits de marne argi- leuse, bleue, noire, glauconieuse, pyriteuse, avec un lit de silex calcédonieux qui, dans les falaises de la Hève, représentent le Gault et la Gaize (Et. Albien, d’Orb.). Le faciès minéralogique des couches albiennes varie bien peu de la vallée de Sainte-Adresse, au nord de Cauville, où elles disparaissent au niveau du galet : leur épaisseur est de 6 à 7 mè- tres. On peut y distinguer les trois niveaux suivants, de bas en haut : 1° — 2 à 3 mètres d’argiles (2) sableuses, très glauconieuses, vertes lorsqu'elles sont sèches, noirâtres lorsqu'elles sont mouil- lées, et qui renferment à la base des graviers et des nodules phos- phatés (dont j'ai parlé dans une étude sur les phosphates de chaux fossiles) (3), des moules de coquilles, des pyrites, du bois, quel- ques rares échantillons de fruits de Conifères. C’est à ce niveau, en effet, que se rencontre le Cedrus reticulatus, décrit par M. de Saporta. | 2° — 2 mètres à 2" 50 d’argile, sableuse, glautonieuse, noi- râtre, pyriteuse, avec lits irréguliers, peu épais, de marne jaunâtre plus ou moins dure. Nous y avons trouvé, sous Heuqueville, au nord de Cauville, à 4 lieues nord du Havre, des morceaux d’une craie fossile très friable, de nuance rougeûtre, variant de la gros- seur d’une noisette à celle du poing. 3° — Environ 2 mètres de lits de marnes micacées, grises, - (1) A. Passy, Description géologique de l'Eure. p. 191-194. (2) Résumé sur la Géologie Normande, par G. Lennier et G. Lionnet, Bull. Soc. Géol, Normandie, t. VI, 1879. (3) Phosphates de Chaux fossiles, par Brylinski et G. Lionnet, Bull. Soc. Géol. Normandie, t. IV, 1877. TERRAIN CRÉTACÉ INFÉRIEUR 83 alternant avec des bancs de calcaire siliceux, très compacte, gris (la Gaixe). La limite inférieure de cet étage est marquée par une ligne de graviers mélangés à des débris de coquilles et de bois fossiles et nodules phosphatés qui se trouvent au-dessus du conglomérat à Ostrea aquila considéré comme représentant l’Aptien. La partie supérieure est constituée par des calcaires siliceux grisâtres, avec Am. inflatus, Micraster acutus, M. crassissimus, etc. On retrouve, au-dessus des couches du Gault, ce niveau très constant dans toutes les falaises de l'embouchure de la Seine, à la Hève, à Bléville, à Cauville et à Orcher. On le voit encore, par échappées, de Honfleur à Trouville, mais on ne le retrouve plus vers l’ouest. Il réapparaît à l’est à Villequier, par suite du relèvement des couches dû à la faille signalée sur ce point. On sait que ce niveau existe dans le pays de Bray, où il a été décrit par M. de Lapparent (Le pays de Bray). Dans les falaises du Calvados, l'étage Albien se retrouve dans les mêmes conditions que sur la côte nord de l'embouchure de la Seine, de Honfleur à Trouville. Au-delà de Trouville, vers l’ouest, en n’en voit pas d’affleurement dans les falaises de Villers à Dives, non plus qu’au sommet de la butte de Canisy, qui est Corallien. Les vallées de la partie S -O. du pays de Caux, voisines de l'embouchure de la Seine, ne permettent de voir aucun affleure- ment des glauconies albiennes, mais leur présence est révélée par l'existence de nombreuses sources provenant du niveau d’eau retenu par les argiles sableuses de cet étage, et qui reflue sur cer- tains points (Sources de Belle-Fontaine, près Rouelles, partie des: sources de Saint Laurent et des ruisseaux dont la réunion forme la Lézarde, les rivières de Rouelles, de Fontaine, de Gournay, etc.). Par suite de la faille de Villequier, le Gault, avec ses deux divisions de la Gaize et des sables argileux glauconieux réapparaît sur ce point et, comme nous l’avons déjà dit, a été observé et décrit dans le « Pays de Bray », par M. A. de Lapparent. Rappelons ici que c’est à ce niveau des sables verts, qui cons- titue l'étage du Gault dans les falaises de la Seine-Inférieure, que l’on 2 recueilli un échantillon du Protopteris Duplessyana, du Pinus Parsyii, décrits par M. de Saporta, ainsi que quelques fragments de Cycadée (Clathropodium foratum), Saporta. Le Cylindrites lati- frons (Sap.) a été trouvé dans la zone limite entre le Gault et l’Ap- tien. Ces échantillons, fort rares, ou même uniques, sont deve- 84 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE nus la proprièté du musée du Havre. Les animaux fossiles repro- duisent toutes les espèces reconnues dans le Gault et la Gaize du pays de Bray et des Ardennes. En résumé, s’il est parfois difficile, par suite de l’analogie des caractères physiques et minéralogiques, d’établir très nettement une division précise, d’une part : entre les sables ferrugineux Néocomiens et les sables avec graviers, également ferrugineux, de lAptien ; et de l’autre, entre ces dernières couches et les sables verts glauconieux de la partie inférieure de l’Albien, dans les falaises de l'embouchure de la Seine, — il ne peut y avoir de doute sur la présence du terrain crétacé inférieur dans cette région; c’est ce que fait remarquer M. de Saporta dans ses conclusions au sujet des végétaux fossiles de la craie inférieure. (Bull. de la Soc. géol. de Normandie, t. VI, 1879-1880, p. 657 et suiv.). La rareté des échantillons trouvés à la Hève, appartenant à la flore fossile, ne permettaient pas à l’illustre botaniste de prendre des conclu- sions plus absolues. Nous avons vu que la présence de certains fossiles caractéristiques enlève toute raison de doute sur la division qu’il convient d’établir au sujet des roches observées, dans la région qui nous occupe, entre le Kimméridgien et le Cénomanien inférieur. Ce sont de en haut bas : 1° Le Gault, sous un faciès sensiblement semblable à celui des autres gisements de l'étage Albien, avec les fossiles identiques et caractéristiques (Am. mamillaris, A. Deluci, Trigonia aliformis, etc., etc.) et des nodules phosphatés semblables à ceux des Ardennes (1). 2° L’Aptien, affirmé par la présence de l’Ostrea aquila, en place, non roulée. 3° Le Néocomien, probablement correspondant à la partie moyenne du Néocomien du pays de Bray, dont les caractères minéralogiques sont absolument identiques à ceux que l’on retrouve en Angleterre et accompagnés des mêmes fossiles et empreintes d'algues (Tænidium pinnatisectum, Sap.à. Disons, en terminant, que, dans son Traité de Géologie, rècem- ment paru, M. de Lapparent a admis l’existence du terrain crétacé inférieur dans les falaises de l'embouchure de la Seine, avec cette classification. (1) M. Eug. Marchand, l'éminent chimiste agricole, a fait l’analyse des nodules phosphatés des deux niveaux de la Hève : on trouvera dans son ouvrage les plus utiles renseignements et les plus précis à ce sujet. DIATOMÉES DU HAVRE Ba DEL EMBOTICHURE'DE LA SEINE Par M. E. GRENIER. EUNOTIÉES Genre Epithemia ..... Ep. gibba (Havre et Harfleur). - marina (Harfleur). musculus (Sainte-Adresse). Genre Himantidium... im. pectinale (Havre). LICMOPHORÉES Genre Podosphenia ..... Pod. Erhenbergii (Sainte-Adresse). Genre KRhipidophora .... Rhip. tenella (Havre). Genre Sceptroneis ...... Sc. caduceus (Havre, — estomac d’un Pecten). FRAGILARIÉES Genre Denticula.......… D. elegans (Havre). Genre Diatoma......... D. grande (Harfleur). marinum (Havre). CHERE: 1. ie N. Brebissonii (Havre). inflata (Havre). latestriata (Harfleur.. sigma (Havre). siomoidea (Havre). amphyoxis (Havre). 86 Gente Nitzchia......... SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE N. vivax (Havre). carinata (Havre). gracilis (Harfleur). serians (Harfleur). subtilis (Harfieur). Genre Amphipleura ..... Amp, pellucida (Jardin Saint-Roch). SURIRELLÉES Genre Bacillaria!] 20: B. cursoria (Havre). paradoxa (Havre). Genre Syneduie CORRE S. acus (Havre). Genre Tryblionella...... Genre Cymatopleura . ... L2 Genre Surirella......... Lé Genre Campylodiscus ... C. S. acuta (Havre). fasciculaia (Havre). fortis (Havre). notabilis (Havre). pulchella (Harfleur). Ulna (Harfleur. Tr. gracilis (Jardin Saint-Roch et Harfleur). Cym. ovum (Havre). solea (Havre et Jardin Saint- Roch). gemma (Havre). lata (Harfleur). minuta (Jardin Saint-Roch). himosa (Honfleur). ovalis (Havre). ovata (Havre). salina (Havre). striatula (Harfleur). subsalina (Havre). Brebissonii (Harfleur). elegans (Havre). marina (Harfleur). spiralis (Havre). clypeus (Huîtres de la rade). decorus (Huîtres de la rade). cribrosus (Havre). DIATOMÉES 87 STRIATELLÉES Gente striateld: 412210: St. unipunctaia (Havre). Genre Rhabdonema..... Rh. arcuatum (Havre). | | mirificum (Harfleur). Genre Grammatophora .. G. marina (Havre). serpentina (Havre). subtilissima (Havre). MÉLOSIRÉES Genre Stephanogonia.... St. polygona (Harfleur). Genre: Melosira......0t, Mel. arenaria (Havre). nummuloides (Havre). roseana (Havre). varians (Havre). CosCINODISCÉES Genre Coscinodiscus .... C. gigas (Estomac d’un Pecten). oculus iridis (Havre). radiatus (Havre). bombus (Havre). Genre Actinocyclus ..... Act. Erhenbergii (Jetée du Sud). Ie “subtilis (Estomac d’un Pecten). Genre Actinoptychus.... Ac. undulatus (Havre). __ EUPODISCÉES Genre Eupodiscus ...... E, argus (Havre). radiatus (Havre). BIDDULPHIÉES Genre Biddulphia....... B. lœvis (Harfleur). pulchella (Harfleur). ANGULIFERÉES Genre "“Lriceratium. . . . :. Tr. favus (Havre). | PL :spinosum (Havre). Genre Amphitetras...... Amph. antediluviana (Havre). 88 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE CHÆTOCERÉES Genre Rhizosolenia . .... Rb. styliformis (Havre). COCCONEIDÉES GenréLoëtoneis.…..:11.. G. americana (Graville). costata (Havre). excentrica (Devant Frascati). gemmata (Estomac d’un Pecten). Grevillei (Havre). punctata (Harfleur). scutellum (Havre). transversalis (Havre). ACHNANTHÉES Genre Achnanthes ...... Achn. brevipes (Havre). longipes (Havre). exilis (Jardin Saint-Roch). subsessilhis (Havre). parvula (Havre). CYMBELLÉES Genre Cocconema...... Coc. Cistula (Havre). lanceolatum (Jardin Saint-Roch). Genre Amphora........ Amph. marina (Harfleur). imembranacea (Bassin-Dock). ovalis (Havre). GOMPHONEMÉES Genre Gomphonema.... G. Capitatum (Jardin Saint-Roch). clavatum (Jardin Saint-Roch). geminatum (Havre). NAVICULÉES Genre Navicula ........ N. amphsbæna (Estomac d’un Pecten). elliptica (Estomac d’un Pecten). cruciforuis (Estomac d’un Pecten). DIATOMÉES 89 Genre Navicula.…...... N. liber (Estomac d’un Pecten). longa (Estomac d’un Pecten). subsalina (Estomac d’un Pecten). convexa (Havre). | cuspidata (Jardin Saint-Roch). decora (Havre). entomon (Bassin-Dock). fusca (Jetée du Sud). granulata (Sainte-Adresse et Hon- fleur). humerosa (Sainte-Adresse et Hon- fleur). littoralis (Sainte-Adresse et Hon- fleur). limosa (Havre). lyra (Sainte-Adresse et Honfleur.. fortis (Sainte-Adresse et Honfleur). musca (Jetée du Sud). palpebralis (Honfleur). prætexta (Huîtres de la rade). pygmæa (Havre). scopulorum (Havre). suborbicularis (Havre). treveliana (Havre). tumida (Sainte-Adresse, Parc aux Huîtres, Harfleur, Embou- chure de la Lézarde). gregaria (Harfleur). Pinnularia viridis (Commun. P. Ergadensis (Havre). GenresStaurones . ;..... St. aspera (Estomac d’un Pecten). granulata (Harfleur). striata (Havre). Genre Pleurosigma...... PI. acutum| Havre). angulatum (Havre). balticum (Flaques de l'Eure). formosum (Havre). rigidum (Jetée du Sud). speciosum (Havre). sinuosum (Havre). strigile (Havre). 90 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Genre Pleurosigma...... PI. strigosum (Havre). elongatum (Harfleur). bippocampos (Harfleur). littorale {Harfleur. macrum (Harfleur). Parkerii (Harfleur. inflatum (Havre). naviculaceum (Havre). quadratum (Havre). curvulum (Havre). gracile (Havre). marinum (Havre). tenuissimnm (Havre). Genre Toxonidea....... Tox. Gregoriana (Saïinte-Adresse). Genre Donkinia........ D. carinata (Sainte-Adresse). | minuta (Sainte-Adresse). Genre Amphiprora...... Amp. alata (Flagues de l'Eure). Genre Schizonema...... Sch. capitatum (Havre). Grevillei (Havre). Genre Micromega ...... Mic. Erbenbsrgii (Havre). ACTINISCÉES Genre Dictyocha ....... D. fibula (Sainte-Adresse, Parc aux | Huîtres, Havre, — Esto- mac d’un Fecten). PS ET OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE EN 1883-84 Séance du 17 Janvier 1883 Mémoires de l’Académie nationale des Sciences, Arts et Belles- Lettres de Caen, 1882. Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1882, 1° semestre. Bulletin de la Société de Géographie, 1882, 4° trimestre. Feuille des Jeunes Naturalistes. Revue des Travaux scientifiques, tome II, fasc. 11. Séance du 7 Février Bulletin de la Société d’Emulation du Commerce et de l'Industrie de la Seine-Inférieure, Rouen, année 1881-82. Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Nimes, 1882, fasc. 8 à 12. Revue des Travaux scientifiques, tome IL, fasc. r2. Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, Caen, année 1881-82 : * LETELLIER PÈRE. — Note sur le quartzite des environs d'Alençon. LEcorNu. — Note sur la feuille géologique de Coutances. Morière, — Le grès armoricain dans le Calvados. A. Bicor. — Excursions géologiques à travers la Hague. 92 SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE MoriÈRE. — Note sur une plaque vomerienne de Pycnodus trouvée dans la grande Oolithe au Maresquet. H. Douvirzé. — Note sur la partie moyenne du terrain Jurassique dans le Bassin de Paris et sur le terrain Corallien en particulier. MoRIÈRE. — Première note sur les crustacés de l’Oxfordien trouvés dans le Calvados. MorièrE. — Note sur un fossile trouvé à Amblie dans la grande Oolithe. Feuille des Jeunes Naturalistes. Société de Géographie, Paris, Compte-rendu des Séances. Séance du 7 Mars Revue des Travaux scientifiques, tome III, fasc, 1°. Bulletin de la Société d’horticulture du Centre de la Normandie, Lisieux, tome IIT, n° 4. Feuille des Jeunes Naturalistes. Société de Géographie de Paris, compte-rendu des séances. Quarterly Journal of the Geological Society of London, v: XXXIX, n° 153: Prof. BoNNEY. —- On the Hornblendic and other Schists of the Lizard district, with some additionnal notes on the Serpentine. Dr R. HAUSLER. - On some upper Jurassic Astrorhizidae and Lituolidae. Prof. CLAYPOLE. — On Helicopora, a new Genus of North American Fenestellids. J. W. E. Davip. — On the evidence of Glacial Action in south Brecknockshire and East Glamorganshire. Prof. SEELEY. — On the dorsal region of the Vertebral column of a new Dinosaur indicating a new Genus (Sphenospondylus) from the Wealden of Brook (Isle of Wight). Rev. A. IRvING. — On the Mçchanics of Glaciers with especial reference to their supposed Power of excavation. Rev. A. IRVING. — On the origin of Valley lakes with especial reference to the Lakes of Northern Alps. Séance du 3 Avril Mémoires de la Société d’'Emulation de Cambrai, tome XXX VIII. Bulletin de la Société libre d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres de l’Eure, Evreux, 4° série, tome V : G. BourBoN. — Note sur des objets en bronze découverts au Plessis-Grohan. OUVRAGES REÇUS 93 Bulletin de la Société d'Enseignement mutuel des Sciences naturelles d’'Elbeuf, 1° année, 1882, 2° semestre. Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Nîmes, PROS 1009,:n° 1,2 €t 3 : TorcarEL. — Sur les alluvions tertiaires et quarternaires du Gard et de l’Ardèche. Annales de la Société Géologique du Nord, tome IX, 1881-82 : Cx. Barrois. — Sur le genre Gosseletia. — Sur le terrain silurien supérieur de la Haute-Garonne. — Analyses des recherches de M. Johannes Kühne sur les Ophites des Pyrénées. — Note sur les galets de la Baie d’Audierne. — Sur les plages soulevées de la côte occidentale du Finistère. CAMBESSEDÈS. - Sondage de Mesnil-les-Ruit. L. CARTON et BOUSsEMAER. — Note sur les dépôts dits Aachéniens dans quelques poches du calcaire de Tournai. CossERAT. — Fossiles marins dans les sables Landeniens près de Mortagne. E. DELvaux. — Observations à propos du Diestien. DELPLANQUE. — Excursion à l’Hempempont. JANNEL. — Excursions géologiques dans le golfe Rhénan de Char- leville. J. Gossecer. — Note sur la tranchée entre Aubigny-au-Bac et Somain. — Sur l’origine des calcaires dévoniens de la Belgique, d’après M. Dupont. — Sur le forage de puits artésiens dans la Flandre. — Sur l’origine de la stratification entrecroisée dans les sables. — Observations sur le Heersien. — Analyse d'une note de M. Purves sur le terrain houiller inférieur. — Oursins ter- tiaires. — Etude sur la partie supérieure du Bathonien dans le département de l'Aisne. — Remarque sur un sondage à Etreux.— Description géologique du canton de la Capelle. GRAND'EuRY. — Notes sur les empreintes houillères récoltées dans les Asturies, par M. Ch. Barrois. J. DE GUERNE. — Observations sur le transport des roches par les glaces. J. LaoRiÈRE. — Les limons des vallées de la Deule et de la Lys. LAHOUSSAYE. — Note sur le terrain ardoiïisier de Rimogne. CH. MAURICE. — Exposé des recherches de M. W. Branco sur l’'Embryogénie et les affinités des Céphalopodes fossiles. DE MERcEY. — Nouvelles observations sur quelques travaux relatifs au quaternaire du Nord. J. ORTLIEB. — Sur la carte géologique des environs de Renaix. A. Six. — Fossiles trouvés dans un Aérolithe. ZEILLER. — Sur la Flore houillère des Asturies. 94 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Séance du 6 Juin Académie d’'Hippone, Compte-rendu des Séances. Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Nîmes, ri année, 1883, n® 4e LomBarp-Dumas. — Constitution géologique et hydrologie souter- raine de la vallée inférieure du Vidourle. Feuille des Jeunes Naturalistes. Bulletin de la Société d’initiative pour la propagation de l’Ensei- gnement scientifique par l’Aspect, Havre, 1883. | Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XXXIX. n° F5: T.-M. READE — On the Drift-beds.of the North-west of England and North-Wales. Prof. Owen. — On generic Characters in the order Sauropterygia. - T. Gray and Prof. J. MINE. -— On the Elasticity and Strength- constants of Japanese Rocks. Dr Hicks. — On the Metamorphic and Overlying Rocks in part of Ross and Inverness Shires. R.-F. Tomes. — On the Fossil Madreporaria of the great oolite of Gloucester and Oxford. J.-S. GARDNER. — On the Lower Eocene section between Reculvers and Herne bay and on the classification of the Lower London, Tertiaries. E. WETHERED. — On the Lower carboniferous Rocks of ce forest of Dean, T. Gray. — On Gray and Milne’s seismographic apparatus. E.-A. WaALFoRD. — On the relation of the Northampton sand of North Oxfordshire to the clypeus-Grit. Prof. H.-G. SEELEY. — On some maestricht Dinosaur. Bulletin de la Société Géologique de Belgique, Liège, n° 1 à 8. L. MORIÈRE. — Première note sur tes crustacés de l’Oxfordien trouvés dans le Calvados, Caen, 1883. À. Bicor. — Excursions géologiques à travers la Hague, Caen, 1883. ŒLuerr.— Notes géologiques sur le département de la Mayenne. Séance du 4 Juillet Revue des Travaux Scientifiques, tome II, fasc. 2 et 3. OUVRAGES REÇUS 95 Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1882, 2% semestre : R. FORTIN. — Rapport sur l’excursion du Trait. — Procès-verbaux du Comité de géologie. Bulletin de la Société d’Etude des Sciences mures de Béziers, 6° année, 1881 : SABATIER DESARNAUDS. — De l’homme primitif et des âges de la pierre. CANNAT, — Excursions géologiques dans l’Aude. Bulletin de la Société Française de Numismatique et d’Archéo- logie, Paris, 1883, 1° trimestre. Bulletin de la Société de Géographie, Paris, 1883, 1°” trimestre. Feuille des Jeunes Naturalistes. Atti della Pau Toscana di Science Naturali di Pise, vol. V, fasG. 2° M. Peu: et C. F. PARONA. — Brachiopodi oolitici di alcuna localita dell’Italia settentrionale. Séance du 3 Octobre Bulletin de la Société Linnéenne de Lyon, tome XXIX, 1882 : G. COUTAGNE. — Note sur l’emploi de cartes géologiques spéciales pour l’étude des ploiements, contournements et ruptures que pré- sentent les terrains stratifiés. Î F. GoNNaRD. — De l'existence d’une variété de gédrite dans le gneiss de Beaunau. Bulletin de la Société académique Franco-Hispano-Portugaise de Toulouse, tome III, fasc. 2. Feuille des Jeunes Naturalistes. Bulletin de la Société de Géographie, Paris, 2° trimestre 1883. Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XXXIX, n° 155: Prof. T.-G. BonNNEy. — On Boulders of Hornblende-Picrite near the Western coast of Anglesey. A. GEIKIE. — On the supposed Pre-cambrian Rocks of St David's. Prof. Owen. — On the skull of Megalosaurus. H.-W. MoNCKTON. — On the Bagshot Beds of the London Basin. Dr C. CaLzLaway. — On the age of the Newer gneissic Rocks of the Northern Highlands. 96. SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE A.-W. WATERs. — On fossil Chilostomatous Bryozoa from muddy Creek Victoria, etc. Prof. Jupp and G.-A.-J. Core. — On the Basalt- “glass (Tachylyte) of the Western Isles of Scotland. C.-J. WoopwaRD. — On a group of minerals from Lilleshall salop. Prof. T.-G. BoNNEY. — On a section recently exposed in Baron Hill Park near Beaumaris. Prof. T.-G. BoNNEy. — On the Rocks between the Quartz-felsite and the Cambrian Series in the neighbourhood of Bangor. G. LENNIER. — Observations sur le Tablier des femmes Hottentotes par F. Peron et C.-A. Lesueur, avec une Note sur l’Expé- dition française aux terres Australes, par G. Lennier, et une. Etude critique sur la Steatopygie et le Tablier des femmes Boschimanes, par le D' Raphael Blanchard. Paris, 1883. Marie ROUAULT.— Œuvres posthumes publiées par P. Lebesconte, suivies de : les Cruziana et Rysophycus connus sous le nom général de Bilobites, sont-ils des végétaux ou des traces d'animaux. Rennes, 1883. Séance du 7 Novembre Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Nimes, 11 année, n® 6, .7168letæ0t Corot. — Lettre à M. Torcapel à propos des alluvions tertiaires et quaternaires. A. Torcapez. — Quelques fossilés nouveaux de l'Urgonien du Languedoc. Mémoires de la Société académique d’Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres de l'Aube. Tome XIX, année 1882 : Ph. SALMON. — (Cartes paléoethnologiques du département de l'Aube. Bulletin de la Société de Géographie, Paris, 1883, 3° trimestre. Feuille des Jeunes Naturalistes. Revue des Travaux scientifiques, tome TI, fasc. 4, 5, 6 et 7. MoriÈre.— Note sur une Eryonidée nouvelle trouvée à la Caine dans le Lias supérieur, Caen, 1883. L.-Ch. Quix.— Etude Ethnologique du Nord-Ouest de la France, Havre, 1883. OUVRAGES REÇUS 97 Séance du $ Décembre Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Nîmes, HI née, 10993, à 11: A. TorcAPEL. — Quelques fossiles nouveaux de l’'Urgonien du Languedoc. Revue des Travaux scientifiques, tome III, fasc. 8 et 9. Société de Géographie, Compte-rendu des Séances. Feuille des Jeunes Naturalistes. Séance du 16 Janvier 1884 Association française pour l'avancement des Sciences, Informations et documents. Bulletin de la Société de Géographie, Paris, 1883, 4° trimestre. Bulletin de la Société libre d’'Emulation du Commerce et de l'Industrie de la Seine-Inférieure, année 1882-83. Rouen, 1883. Feuille des Jeunes Naturalistes. Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XXXIX, n° 156. List of Geological Society : Rev. G. F. WHIDBORNE. — On some fossils from the inferior oolite. Prof. W. J. Sozcas. — On fossil sponges from the inferior oolite with a notice of some from the great oolite. R. F. ToMEs. — On Madreporaria from the Coral Rag and Port- land oolite of Wiltshire, Oxfordshire, Cambridgeshire and Yorkshire. TAwNEY and KEEPING.— On the section at Hordwell Clifis. Prof. W. Boy Dawxins. — On the alleged Existence of Ovibos Moschatus in the forest-Bed. W. H. HUDLESTON. — On fossils and Rock specimens from West Australia. . À. J. Jures-BRowNE. — On the relative ages of certain River- Valleys in Lincolnshire. Prof. W. J. Sozzas. — On the estuaries of the Severn and Its tributaries. J- S. Dizrer. — On the geology of the Troad. Proceedings of the Canadian Institute, vol. 1, fasc. $, Toronto, 1882. 98 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Séance du $ Mars Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Fire 11° année, n° 12. Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, Caen, année 1882-83 : A. BiGor. — Note sur la base du Silurien moyen dans la Hague. RENAULT. — Etude stratigraphique du Silurien et du Cambrien dans les vallées de l'Orne et de la Laize. | RENAULT. — Note sur le Lias de la prairie de Caen. MokièRE. — Sur une Eryonidée nouvelle trouvée à la Caine. LECORNU. — Sur la composition de certains sables et de certaines alluvions, SAUVAGE. — Note sur le genre Pachycormus. : MoriÈèRe. — Note sur une empreinte de corps organisé offerte par le grès de May. RENAULT. — Nouvelle station de schistes à Calymene Tristam dans le bois de Maltot et découverte du genre Nereites dans les Phyllades d’Etavaux. Académie d’Hippone, Compte-rendu des Séances. | Feuille des Jeunes Naturalistes. | Annales de la Société Géologique du Nord, tome X, 1882-83 : A. Six. — L’éboulement d’'Elm., J. DE GUERNE. — Observations géologiques faites à l'Ile de Jean Mayen, d’après les travaux du professeur Mohn. JANNEL. — De la présence de quelques substances métalliques et autres dans le Revinien. OLRY. — Coupe du sondage de Divion. J. GosseLET. — Note sur la zone dite métamorphique de Paliseul. À, Six. — Les Iguanodons«e Bernissart. J. GossELET. — Observations sur les formations marines du port de Dunkerque. J. GosseLer. — Note sur les formations continentales prétertiaires du Nord de la France. C. BARRoIS. — Aperçu de la constitution géologique de Quimper, Pont-l’Abbé, Lorient et Chateaulin. J. GossELET. — Les schistes de Fumay. J. LADRIÈRE. — Le terrain quaternaire du fort de Vert-Galant, comparé à celui des régions voisines. J- GossELET. — Quelques remarques sur la Flore des sables d'Os- tricourt. J- GossELET. — Une excursion dans les Pyrénées. E. VAN DEN BROECK. — Sur les dépôts oligocènes du Limbourg. OUVRAGES REÇUS 99 A. Six. — Sur l'origine et le mode de formation des minerais de fer liasiques. L. Doro, — Etude sur les Dinosauriens de Bernissart, . C. DE CANDOLLE. — Les Ripple-marks. C. MaLaise. — Echelle stratigraphique du massif du Brabant. Fayo. — Note sur la nomenclature des terrains de sédiment. C. Barrois. — Sur les faunes siluriennes de la Haute-Garonne. C. Barrois, — Note sur les recherches du Dr J. Lehmann dans la région granulitique de la Saxe. J. Gossezer., — Note sur l'Arkose d'Haybes et du Franc-bois de Willerzies. J. GosseLer. — Note sur les collines de Cassel. Séance du 2 Avril Revue des Travaux Scientifiques, tome II, fasc. 10 et 11. Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Nîmes, 12° année, n°” 1, 2et 3: L. LAFoN. — Compte-rendu de l’excursion faite à Sauve. Bulletin de la Société Académique Franco-Hispano-Portugaise de Toulouse, tome IV, n° 3 et 4. Société Toscane des Sciences naturelles de Pise, compte-rendu des séances. À. Bicor. — Note sur le Silurien moyen dans la Hague, Caen, 1884. Séance du 7 Mai Revue des Travaux scientifiques, tome IL, fasc. 12, et tome IV, fasc. 1 et 2. Mémoires de l’Académie nationale des Sciences, Arts et Belles- Lettres de Caen, année 1883. Bulletin de la Société de Géographie, Paris, 1884, 1° trimestre. Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1883, 1" semestre. Bulletin de la Société d'Enseignement mutuel des Sciences naturelles d’Elbeuf, 2° année, 1883, 1°” semestre. Feuille des Jeunes Naturalistes. Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XL, 2 3 À À ARE Prof. T.-G. BoNNEY. — On the geology of the South Devon Coast from Torcross to Hope Cove. 100 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE . Dr J. Gex Jerasrs. — Notes on Brocchis collection of Suba- peumee Shells. r E-7. Jouxsrox-Lavis — The geolosy of Monte Somma and : Vesenes, bang 2 study = Volcmolosr. Se RicmanD Owes. — On the Cramil and Vertebral Characters of the cockhan gencs Plesosuches. AT. Juzzs-Bsowxe — On some Post-glscal Ravines in the Cult Wolës of Lincolesure Prof. P_ Mass Duscax. — On Siroécdasms Rormeri 2 new corail from the Wenlock Shale. Ë Prof. P. Mans Duwcax. — On Cole Flächeri Ed. et H SP. £om the Wenlock Sie, wih remarks on the group 1 | winch à belonss 4 Pro. T. Mc K_ Hucues. — On some tracks of Terrestrial and | feshwxer ammals. Dr © Hxxs — On the Cambrian conslomerates resting upon znd in he wvicmty of some precambrian Rockes (the so-called mirusve masses) m Angiesey and Caemarvonshire. Prof. T.-G. Bosxer. — On Some Rock specmens cœllected by Dr Hisckes m Anglesey and N.-W. Csemarvonslire. Societz Toscana di Science naturaki, Pise, procés-verbaux des SÉ2nces. Annales de L Société Géologique de Belgique, Liège, tome IX : G. Correat. — Description des Echimides fossiles de File de Cube L.-G. ne Koxmwcx — Sur quelques Céphalopodes nouveaux du calcasre carbomiéère de F'Irlande- P_ Cocas et O_ Vax Exrsozs. — Sur La constitution géologique & L vallée de L Senne. L-G. æ Koxmxcz — Notice sur la famille des Bellerophontidae, Séance du 2 jJullet Revue des Travaux scientifiques, tome IV, fisc. 3 et 4. Bulletin de l: Société d’Emulation de Cambrai, tome XXXIX, année. Bullenn de L Société d'Etude des Sciences naturelles de Nimes, 12° année, n° 4 et 5 - G. Fésmeree. — La grotte sépulcrale de Rousson (Gard). Société de Géographie, Paris, Procès-verbaux des Séances. OCVHRAGES HECLS 5QE Feuille des Jeunes VMorises Soccer Toscuz & Scene em Pie Puces mu ds Semees. Und ses Geolescal Savez - Cuasesre E_ Dorros — Ter Eur he Gemt Com Disme Wir ide cle Edo Gaour. — Aonuzre des Muse=s Comme, 1884 E- Bucanse — Nom su L pme des Ecnmmdes us E système Crée de égatment de L Sene-Efsen M Sommes — Se E Ealnc dore € Os. 7 game M Scenic — Sur orales amer € Or. En. Her. — Nous sx LE Golose de dem & FAnse. Quarecy Jour of he Gealomcl Socess of Lame, vel XL. m'1SS - I Te — On some Norir-of Engimi Duke C Pamenses — Qi de Drame Bone-Sgcves am Siiieous rs AT rue — On Veetese emans 2 de Essese suce Bof T-MX Eu — On de mails pres Frames on de RE an Wie Chik € Enscem ET. Newrus. — Qn Æmeiope Semans me Newes Eligemne Bis me Bocur, wii + descopounr @ 2 new seces Gore Ængicz Rex. RE Besse — On de vaicume group of & Dans 102 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE G.-W. LAMPLUGH. — On a recent Exposure of the Shelly Patches in the Boulder clay at Bridlington Quay with notes on the fossils by Dr J. Gwyn Jeffries, M. E.-T. Newton and Dr H.-W. Crosskey. À SHRUBSOLE and VINE. — On the Silurian species of Glauconome. Atti della Societa toscana di science naturali di Pise, vol. VI, fase, A L. BusATTI. — Fluorite dell Isole del Giglio. M. CanavarI. — Contribuzione alla conoscenza dei Brachiopodi degli Strati a ferebratula aspasia mgn). V. SIMONELLI. — Faunula del calcare ceroïde di campiglia maritima. Procès-verbaux des séances. Boletim da Associaçao dos Jornalistas e Escriptores HOLOBNEE Lisbonne, 1'° série, n° 1. Séance du 8 Octobre Revue des Travaux Scientifiques, tome IV, n° 6 et 7. Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Nîmes, 17 a0mpe 1/7. Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1883, 2’serhestre, Procès-verbaux du Comité de Géologie. Bulletin de la Société de Géographie de Paris, 1884, 2° trimestre. Bulletin de la Société de Géographie commerciale du Havre, 1° année, fasc. n°1. Bulletin de l’Académie d’'Hippône, n° 18 : V. REBOUD JULLIEN. =— Matériaux pour servir à l'Histoire des monuments mégalithiques des provinces de Constantine et d'Alger. Feuille des Jeunes Naturalistes. Mémoires de la Société Nationale des Sciences naturelles et Mathématiques de Cherbourg, tome XXIV, 1882 : L. CorBiÈRE et A. BiGor. — Etude géologique de la tranchée du chemin de fer, entre Sottevast et Martinvast ; découverte d’une nouvelle station de Grés de May et de Schistes à Trinucleus. Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XL, n° 159 : Sir R. Owen. — On a Labyrinthodont Amphibian (Rhytidosteus capensis) from the Trias of the Orange Free State. ne * OUVRAGES REÇUS 103 F. RUTLEY. — On strain in connexion with Crystallization and the development of Perlitic structure, Prof. L.-C. Mraz. — On a new specimen of Megalichthys from the Yorkshire coal-field. R.-F. TomEs. — On the Madreporaria of the White Lias of the Middle and Western Counties of England and of the SE RER at the base of the South Wales Lias. P. Dawson. — On the geology of the Line of the Cas Pacific Railway. Rev. A. IRvING. — On the Dyas and Trias of Central Europe. Rev. E. Hizz. — On the Rocks of Guernsey. with an Appendix by Prof. Bonney. Dr Buxpyro KoTo. — On some Japanese Rocks. J.-H. CocziNs. — On the Serpentine and associated Rocks of Porthalla Cove. H.-G. SPEARING. — On the Recent Encroachment of the Sea at Westward Ho. G. VARTY SMITH. — On footprints of Vertebrate animals in the Lower new Red Sandstone of Penrith. H.-J. EuNsoN. — On the Range of the Palaeozoic Rocks beneath Northampton. A. CHAMPERNOWNE. — On some Zaphrentoid corals from British Devonian Beds. : Dr H. Hicxs. — On the Precambrian Rocks of Pembrokeshire, with an appendix by M. T. Davies. Prof. P. MARTIN DUNCAN. — On the Internal structures and classi- ficatory Position of Micrabacia Coronula Goldf. sp. Dr C. CazLAwAY. — On the Archæan and Lower Palæozoic Rocks of Anglesey, with an appendix by prof. Bonney. R. KIDSTON. — On the fructification of Zeilleria delicatula, with remarks on Urnatopteris tenellaand Hymenophyllites quadridactylites. Lieut.-col. H.-H. GoopwiN AUSTEN. — On the new-Railway- Cutting at Guildford, with introductory notes on the Eocene Beds by M. W. Whitäker. Proceedings of the Canadian Institute, Toronto, vol. II, fac. 1°. Annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian Institu- tion, 1882 : Prof. HENRY HUNT. — Record of Scientific progress for 1882, Geology: Boletim da Associaçao dos Jornalistas e Escriptores Portuguezes, Eishonne, x° série, n° 2. Societa Toscana di Science naturali di Pise, procès- -verbaux des séances. ‘ 104 SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Séance du $ Novembre Bulletin de la Société libre d’Emulation du Commerce et de l’Industrie de la Seine-Inférieure, année 1883-84. Rouen, Société de Géographie de Paris, Procès-verbaux des Séances. Feuille des Jeunes Naturalistes. United states Geological Survey: Alb. WILLIAMS. — Mineral Resources of the United States. - Washington, 1883. Proceedings of the Canadian Institute, Toronto, vol. II, fasc. 2. Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Neuchatel, tome XIII, 1883 : A. Jaccarp. — Note sur le Gypse Purbeckien du Locle. M. DE TRIBOLET. — Notes géologiques et paléontologiques sur le Jura Neuchatelois. Séance du 10 Décembre Revue des Travaux scientifiques, tome IV, fasc. 8. Bulletin de la Société normande de Géographie, Rouen, sept. octobre 1884. Société de Géographie de Paris, Compte-rendu des séances. Bulletin de la Socièté académique de Brest, années 1883-84. Bulletin de la Société d'Enseignement mutuel des sciences natu- relles d’Elbeuf, 1883, 2° semestre. Feuille des Jeunes Naturalistes. Quarterly Journal of the Geological society of London, vol. XL, n° 160 : | J.-W. Davis. — On some Remains of Fossil Fishes from the Yoredale series at Leyburn in Wensleydale. T. RoBERTS. — On a new species of Conoceras from the Llanvirn Beds, Abereiddy, Pembrokeshire. J.-J.-H. TEALL. — On the Chemical and microscopical characters of the Whin Sill. W.-H. PENNING. — On the High-level Coal-Fields of South Africa. A.-W. WATERS — On fossil Cyclostomatous Bryozoa from Australia. R.-F. TomEs. — On the Oolitic madreporaria of the Boulonnais. OUVRAGES REÇUS 105 Prof. J.-W. Jupp. — On the nature and relations of the Jurassic Deposits which underlie London. T.-R. JoNEs. — On the Foraminifera and Ostracoda from the Deep Boring at Richmond. Dr G.-J. HiNDE. — On fossil calcisponges from the Well-Boring at Richmond. G.-R. VINE. — On Polyzoa found in the Boring at Richmond. Dr G.-J. HINDE. — On the structure and affinities of the family Receptaculitidae. G.-R. VINE. — On some cretaceous Lichenoporidae. Lieut.-col. H.-H. GooDwiIN-AUSTEN. — On certain tertiary Forma- tions at the South base of Alps in North Italy. COMPTE DES RECETTES ET DÉPENSES DE L'ANNÉE 1883 RECETTES En Caisse au -xer Japvièr., JTE MT 614 5 VE F.::1:192:0$ Cotisations encalssées. 2 RER 1.026 — Subvention du Conseil général pour 1882...............,.. 300 — Subvention municipale pour 1683 EEE EN ERE 400 — Intérêts du Coiipte dépôt: v. 12,2 RS Re 22 25 F. 2.940 30 DÉPENSES Dépenses du Bulléte,...:.: RSR F. 1.956 35 Frais d’envoi du Bulletin. Je 25 40 Impression et frais d'envoi du Compte-Rendu sommaire... ... . 73 — Frais de recouvrement.des Cotisations 2°... 26 20 Impressions, Correspondance et Divers.............,....... 67 25 F: 2,148 29 Solde en Caisse au 31 Décembre....... 792 10 F, "2.040 30 COMPTE DES RECETTES ET DÉPENSES DE L'ANNÉE 1884 RECETTES En Caisse autre JTanviér, 4: Re ee Fa 792 10 Cotisations éncaissées :....,:,,: 14400 ea D CRE 876 — Subvention du Ministre de l’Instruction publique............. 1,000 — Subvention du Conseil général pour 1883 ............,...... 300 — Subvention municipale pour 1884:4,:4:./.444-..70.0000 . 400 Vente du Bulletin... RSR 26 — Intérêts du Cornpte dépôt... 7 RENE ONE 13 90 F. 3.408 — DÉPENSES Dépenses duBulietin.. ::,, OR REe Tr iVrar j 795 — Frais d'envoi du Bulletin. ; ,.; SRE 73 20 Versé à valoir sur les F. 3,300 votés pour contribution à la publication de l'Estuaire de la Seine...................... 240 — Impression et frais d'envoi du Compte-Rendu sommaire. ..... 86 — Frais et recouvrement des Cotisations. ...,......,.,........ 22 60 Impressions, Correspondance et Divers.........,........... 36 — F,. 1.242289 En Caisse au 31 Décembre... ...:4 2.155 20 F. 3.408 — Le Trésorier, F. PRUDHOMME. BRSRE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES Angers. MARS NS 2 re hit Cambrai . Cherbourg . 15 7 PR Evreux. ... Le Havre... » FRANCE Société d'Etudes Scientifiques. Société d'Etude des Sciences naturelles. Société Académique. Association Normande. Académie Nationale des Sciences, Arts et Belles- Lettres de Caen. : Société Linnéenne de Normandie. Museum d'Histoire naturelle. Société d’'Emulation. Société Nationale des Sciences naturelles et Mathématiques. Société d'Enseignement Mutuel des Sciences naturelles. Société Libre d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l'Eure. Cercle Pratique d’Horticulture et de Botanique de l'arrondissement du Havre. Socièté Havraise d'Etudes diverses. Société des Sciences et des Arts Agricoles et Horticoles. Société d’Initiative pour la propagation de l’Ensei- gnement par l’Aspect. Société de Géographie commerciale du Havre, Société Géologique du Nord. Société d'Horticulture et de Botanique du Ce de la Normandie. Société Linnéenne de Lyon. Association Française pour lPAvancement des Sciences. Saint-Lé ... Toulouse ... Londres ... Manchester... Ballaraat... Vienne. ... Toronto ... SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Feuille des Jeunes Naturalistes. Société de Géographie. Société Française de Numismatique et d’Archéo- logie. Société d'Etude des Sciences naturelles. Société Libre d'Emulation du Commerce et de l'Industrie de la Seine-Inférieure, Société des Amis des Sciences naturelles. Socièté Normande de Géographie. Museum d'Histoire naturelle. Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire naturelle du département de la Manche. Société Académique Franco-Hispano-Portugaise. Société Académique d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l’Aube. Socièté Archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique de arrondissement de Valognes. ALGÉRIE Académie d'Hippone. ANGLETERRE Geological Society of London. Geographical Society. ._ AUSTRALIE School of Mines. AUTRICHE Kaiserlich Kônigliche Geologische Reichsanstalt. BELGIQUE Société Géologique de Belgique. CANADA Canadian Institute. LISTE DES SOCIÈTÉS CORRESPONDANTES 109 ÉTATS-UNIS Washington. Smithsonian Institution. » . ‘U.S. Geological Survey. ITALIE Pains Societa Toscana di Science Naturali. PORTUGAL Lisbonne... Section des Travaux Géologiques. » . Associaçao dos Jornalistas e Escriptores Portuguezes. RUSSIE Moscou..... Société Impériale des Naturalistes. SÉUBSE Neuchatel... Société des Sciences Naturelles. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ Bureau pour l'Année 188; MM. G. LENNIER, Président ; G. LIONNET, Vice-Président : A. LÉCUREUR, Secrétaire ; F. PRUDHOMME, Trésorier ; Ch. BEAUGRAND, Archiviste. Membres honoraires : MM. G. COTTEAU, juge honoraire, Auxerre. A. DAUBRÉE, membre de l’Institut, directeur de l'Ecole des Mines, Paris. Eug.-E. DESLONCHAMEPS, professeur de géologie à la Faculté des Sciences, Caen. HEBERT, membre de l’Institut, professeur de géologie à la Faculté des Sciences, Paris. Alb. de LAPPARENT, professeur à l’Institut Catholique, Paris. A. LETELLIER père, conservateur du Musée, Alençon. Eug. MARCHAND, pharmacien, membre du Conseil d'Hygiène de l’arrondissement du Havre, Fécamp. MORIÈRE, doyen de la Faculté des Sciences, Caen. Marquis G. de SAPORTA, correspondant de l’Institut, Aix. Membres résidents : MM. E. BASSET, négociant. Ch. BEAUGRAND. E. BENARD, architecte. L. BIDARD fils, chimiste. CHESNEL. Albert COURANT. Th. COURCHÉ. G. DROUAUX, courtier. E. DUBOSC, négociant. J. DUPASQUIER, négociant. Alfred DURET, négociant. ERNST. F. FOLLAIN, négociant, GAZÉ. GIBERT, docteur-médecin. L. HALLAURE. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ETS MM. H. JARDIN, négociant. KABLÉ, courtier. LEBRIS, négociant. A. LÉCUREUR, rédacteur au journal Le Havre. LEFRANÇOIS, courtier. Maurice LEMERAY. G. LENNIER, conservateur du Muséum d'Histoire naturelle. G. LIONNET, courtier. J. LOUER. ELOUER. F. MALLET, président de la Chambre de Commerce. MARICAL, pharmacien. Ph. MONOD, négociant. Raoul NICOLE, négociant. À. NOURY, professeur de dessin. PARSY: W. PARTRIDGE, assureur. PELOT père. Constant PERRET, négociant. POULAIN. F. PRUDHOMME. Ch. QUIN. Aug. RISPAL, négociant. J. RŒDERER fils, négociant. ÉASANAELE: J. SIEGFRIED, maire du Havre. SOCLET jeune, conducteur des Ponts et Chaussées. FESSON. L. TORQUET,, banquier. Membres correspondanis : OUR ADN fils, manufacturier... ...2.:.......... Sainte-Austreberthe BADIN -mmmfcturiérn. ...1.:.....2% CV LR PE EUR Barentin ac uen di me ne nine e © à e Caudebec PAU AIN -Hbhlothécare: de la ville. :...,2%. 1... Rouen RTE D ROMANE SU ee ve eee pote s'auie se De «+ Caudebec BIEEP Conducteur des Ponts ét Chaussées.%.5.5............ Bellème Alph: BOUJU..........................,,........u.. Rouen L'AIR ARNO RTS ARS ER LE EN REA SE Vaas (Sarthe) MONA LEINSRT désdcant,.: 1120 5, Re dune Paris CPR TLINSRI, nésoëlant ..::.:.:..: Re UT ES PT PERREE Paris RER RE OR Rouen PABURPALL professeur à PEcolerdé: Médécme... .......... Nantes CLOUET, professeur de chimie à l'Ecole de Médecine. ....... Rouen DENIZE, architecte, ....... OT PSS PT ALP CREER PRE Lillebonne Médéric DESCHAMPS, conseiller général... . ...... Montivilliers PAPA LE RER EAN ESTeuré des Au een. à Boissey-le-Chatel 112 MM. À. de VILLE-D'AVRAY SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE L'abbé DIAVET, curé de:,.,%--2Hau LM GT UT IEEE N.-D.-d'Asprès G: DOLLFUS.... en Enr 4T es RIRES Paris ÉTIENNE, pharmacien 502-2120 il Gournay-en-Brai FORTIN 4555.48 Jon url SÉURMRRDS AI CONS Rouen GOESLE, professeur... 2224400 - DTEN ORNE Caen GOUVERNEUR. 27... 20m AU INT SR Nogent-le-Rotrou HOMO, phatmacen: "4e ea ee sa ARE Pont-Audemer Georges JAUGEY...:.:.. 254 053 IMMO ....Rouen LACAILEE,: pharmacien". "Oin. 0) JS HORE Bolbec LEMARCHAND. constatent 2.0. JtMRet Petit-Quevilly Emm. de MALSABRIERE SEE Nes 20803 cle &. 3 ATEN .... Rouen G. MARCHAND, indusmiel 2500. 21 LS RENE Paris MASSIEU, professeur de minéralogie. ...................... Rennes J. de MORGAN... 00 Haba - » à JUS ARE Paris Paul NICOLE... ; 22220 R 20. SN LOS Paris Le docteur PENNETIER, conservateur du Muséum ........... Rouen SKRODSKY... Sousse stade » 28 TL ES RRES Bayeux VACOSSIN, agent-voyer d'arrondissement. .................. Yvetot VARAMBAUX, ingénieur civil.............. RS Eu NÉCROLOGIE La Société Géologique de Normandie a eu la douleur de perdre, dans le cours de l’année 1884, deux de ses Membres résidents : MM. E. Harez, Négociant ; D' LEcapre Oncle, Médecin. C’est un devoir pour la Société d’exprimer ici les regrets que lui cause la mort de ces dévoués confrères. | Su TABLE DES MATIÈRES Pages ee na pm tdi eds oo uere 6 Note explicative sur le profil géologique de Ia route de Verneuil à Peu die sh den à à 44 Réunion de la Société Linnéenne à Cherbourg, par G. Lionnet....... 53 Sur la présence du terrain crétacé inférieur dans les falaises de la Hève, ln ee de sd nai u 71 Diatomées du Havre et de l'embouchure de la Seine, par E. Grenier .. 85 Ouvrages reçus par la Société Géologique de Normandie en 1883-84... 9I Compte des Recettes et Dépenses...,...... 4 PARTIS PETER EE 106 DOCIPIES. GOFEESDONdANLES" . : .. 0... re dabosis o « 107 D ns Membres de la SOcÆée -22.-...,.:.......,:. ETES 110 RO nn. re co cR RE ee en s à as « 113 : , LA , i “ 0 2 a ! D rd 3 . 2 . - rt + “ >, ( . , #. cr x a ré * à FA LL 2 . _ L She « | L # 4 _. . ET . È : À SP 7 - e « 2 47 Eye * nf r 7 R LA n AY ! 3 F < F pe. . ÿ He s 2: nn. A : : p « | 3 . “ 1 ARE A à 3 . : È ue | _ x. + ‘ > 1? 1 2 te! : ‘ Va € "4 j Û { L 4 \ ; i 1 ç L : d “ “ L- - . . + . \ rés n À \ { r| ». x } : $ L p * - 4 w , LL - | . 7. "M | ! : . Fe se È ï . | ., h ” us “ “ | . + < 0 » 2 . L2 L L " y ] Le \ 7 an. . , * v j ‘ | x + 1 + ; - , d T7 à 4 . à . Li à : + A NE La “ . es L se L C2 { | … ] [4 21 1HER "LP " : 22. re ani +, QU n 0 È es ‘ ‘ e ; 5 | 1! : ’ L ; | x l fr: ie . ‘! 344 121 ' « . + E ei * pl ' cu vi it : * "4 sc , ne. 1 Te: 2 ch nn + TS 54 + : nr : , : je à : 30% . Bulletin Société Géologique de Normandie. T. IX. COUPE GE OL 0 GIQUE DE LA TRAN CHÉE du Chemin de fer entre Sottevast &Martinvast. (Manche) d'après MM.L CORBIERE &A BIGOT N << $ 119 ANA RS NS TE ER \ \ NN NS AS à LOST EKRRNRE I 2 LL Lx la Bniere à DA SNEDEERRRNNNEn Ÿ & > LL . SAS ORNE Tes Manvassens se > Louve ED de | le Roquier : , : , C2 Ex LES ouve rpm Moulin S° Jouvin Dottevast (are) Gres armoricain UT à CORTE TE LE ES mme Schistes à Calymene Tristan Bree Schistes TRES Z Zz A 2 Trinucleus > Ma KE rm Z ] — de la ETHONRES Grès de May Schistes à DZ Voie. Faille. C Tristani dé À Altitude EE | L L Le L I EE re ie (ess ne RE PO Te à _. 2 K358 8 6 4 CORIGESTRR ES € 4 CEA OUR 6 4 PRIE € 4 STORE Ne € # TT: n 4 la Neuvillerie Couville (gare) >120| Pont aux Etienne. LL LL b _— 121 | ! LS L ER et — = 57 , ; = è + Ra NS OT ; ) EN: Fr SE la Heéronnière SR BA NE PT Ghost > je RSS DOTE ESS NES = î K One = : LD ÈS RSS ARS NNINRQQQ À E Grès feld 2 : Grés armoricain. Mar { OLD RSS 5 FA T'es Spathiqt Î Martinvast (gare) À LL RÉRSRRRRRRRRRRERRRE te Grès de My CTrsn Da PA) HN C.Tristani Î W/ Grès Armoricæin (7 barytinifires Phyllades : Faille Aragenites à (LL CE HO . yllades Extrait des Mémoires de la Soc. des Sc Nat & Math de Cherbourg T. XXIV. Aubry. F Fouilleul. r. dn Canon 30 - Hrvre. =. +ha 9e d ME AIX. PTT LATE Echelle de 0,000025 pour les longueurs Profil géologique de la route nationale de Verneuil à Alençon - plrtie comprise entre la limite du Departement de l'liure et le bourg du Méle-sur-Sarthe ) Echelle de 0.0005 pour les hauteurs Bulletm Sométe Géologique de Normandie .T IX Gaillons Les Mortagne CTOrE, NDISS UT SN z Jarretière og ur NO RS 2 À NAT je m7 ie LT SR re PRE RE LM 3 Pig ep ere eusog HORDE FF = Ro -E _ EG OF 108 TETE 030 703 ENT SRE 502 | ag 003 2 1e 218 60% Bss ra GT 10% 218 608 | 303 60% 509 078 = #16 8m A £36 çe3 F6 63 ë) 690 83 EL] les Croix Chemins ÉSE 57 | EE je 109 995 fa THE 360 073 #55 &97 NRITS j T0 857 | ave (: = TO ETES È = À s à È È ELLE LES ë & ! 3 PP EST * Lai è = È is 627 CRIE à LINE LR ds sn 510 #07 ] { Maurice-Zes-(herencer S HAT. 1? 3440 2 de Caunes 50 Haure Fauilissl Astagraphie N . ; 2 7 ve | | Profil géologique de la route nalionale de Verneuil à Alençon . Pertie comprise entre la limite du Departement de llure et le bourg du Méle-sur-Sarthe) Echelle de 0,000025 pour les longueurs | Echelle de 0,0005-pour les hauteurs ———_— Ja Jarretière les Gaïllons \/ pr er les Croix Chemins Al DES E PE) WA UT gai AN) Q "2 Sarthe Méle-s-Sartlle | le Ses de Fn£ de MontisemberEt Ja Houssa \pe urière AC W LL - SI C7 as F4 lurrensancrennes d moderrur ar CP à = —= SRE UE ET © | dun TE î fs | PURE PRE : à Pat E \44 AS }| C | | es | É Dopex We e PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Buletih TL rer Re CEE DE D PRE PET tre ele AE ns + Mecs ESC TON T0 a der EE) DT CIN ART RE Na ECS 0) Ra NES D 2. 41 MSP PE Va HORS »_ T. VI, 1879 (Exposition Géo- logique et Paléontologique de 1879. Résumé sur la Géologie HOFRANTER AT tire 120 NS DOS LPS 21 M TR PR EL) pe Er NIMES te ARE RD OR PES De REA à à à SR TR ee rue É-19 Bibliographie Géologique de la Norman- Me RSGICUB IS Loterie r Fr. so Pour les Mebité Pour le Public ES à D S » $ » IO » S2294 207: IO » 10 » [0 » 3 >) 4 [4 ? L - " es à 198 ; TA PR UE TE J PS CTP AP, 7 PTS RE A PP PET ARRET AA k é L Sd re, Lie 16 18 en La . : A ee “£+ KO E% =. 3 = a Te SUR : 2 È , S S | fl À = 27 à : à GE Na! @ÿ<, LS BULLETIN DE LA A RP D EE SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE ntepetiness DE NORMANDIE “_ FONDÉE EN 1871 ——— — — — v 1 » * il UV \ h à. 3 nthétisthtetsiesss Or NOUS DS ER 2e SEX ADN RECRNRE HR ECS AA à | $ i 4 € 1g r à FA | 1 : Te 1 AR TA , : J L 4 $ 4 t x k F L ‘ r 2 a L TA i ! | L Ÿ È TOME XL — ANNÉE 1885 a. Los 22122224 berf {2 LES LA + F* a à. De TE 1 [Aa ! : de: _ PP, Ÿ r RPE L: Jet 1 # [4 Vv a “ | 02 + de M1 à PELLE € +. Ce ‘ Pn ‘à ‘#4 } 5 A4 1 r $ : è à : u e ' 6 , | pif | : : : } L ra! + > 4 * H 7e ; Fer da ! en a : | TR É té dev? , ; ; c L | LS \ P \ 4 V h v j : : KW « | ‘ 1 5 . \72 4 \ À DM L M4: 4 #8 \ Û { e + v ALTA À ; | 3 } ) | { L [ : 4 Û ta 4 À f ML : U 8 ex 1 ‘1 ( $ j Ê * { | n ; W \ AT î } À x s AE DE AU LUE TO AN ia SURESNES PEER PS NE EE A PNR RO RL TRE ES NA PRO EE US AIRES CRUEL EURE EAU ARE RAIN TA l'an ' ‘ k rit = ri Y 4 ‘ pe TPE, { fi [1 / ; (l t : ‘ N \ ‘ e À D HAVRE Imprimerie du Journal LE HAVRE (E. HUsTIN, Imprimeur) SR re re 35: RUE FONTENELLE, 35 re 1886: UM Lan ee de ra t ñ + £ & ns + Fa * DRE LET.IN DE LA SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE à perl É ti X À 18 \ UK, \ PULEETIN POCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE FONDÉE EN 1871 TOME XI. — ANNÉE 1885 HAVRE Imprimerie du Journal LE HAVRE (E. HusriN, Imprimeur) 35 RUE FONTENELLE, 35 1886 PLEERE-TAN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE RÉSUMÉ DES SÉANCES SÉANCE DU 14 JANVIER 1885 Présidence de M. G. LENNIER, Président. Le procès-verbal de la séance du r0 Décembre 1884 est adopté. M. Poussier, pharmacien à Rouen, présenté à la dernière séance par MM. Lemarchand et Fortin, est admis comme membre correspondant. M. G. Lionnet fait la communication suivante : NOTE SUR QUELQUES PHOSPHATES DES INDES OCCIDENTALES, PAR M. GEORGES HUGHES, ET COMMUNIQUÉE PAR W. Z. BLAN- FORD, SECRÉTAIRE DE LA SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE LONDRES, LE 17 NOVEMBRE 1884, TRADUIT DE L'ANGLAIS PAR G. LIONNET. À propos des échantillons de phosphate et de$ coraux prove- nant de l'Amérique méridionale (Bolivie-Venezuéla) que j'ai l'honneur de vous soumettre, je désire appeler votre attention sur ce fait que, dans de certaines conditions, la roche de corail (coral stone) peut être transformée en phosphate de chaux. Dana, dans 6 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE son travail sut les coraux et les îles de corail, en parlant de la for- mation de l’ile de Howland, s'exprime ainsi : « Les guanos de ces » îles renferment certains exemples de pseudomorphisme minéra- » logique fort intéressants. On y a trouvé des fragments de coraux » de diverses espèces, recouverts depuis longtemps et ensevelis » sous le dépôt de guano, et dont plusieurs offraient cette par- » ticularité que l’acide carbonique y avait été presque entièrement » remplacé par l’acide phosphorique ; j’ai trouvé dans certains » échantillons jusqu'à 70 o/o de phosphate de chaux. Dans » beaucoup d’autres, le pseudomorphisme était seulement partiel, » et si l’on en cassait quelques-uns, on trouvait le centre, Île » noyau, encore à l’état de corail gardant encore sa dureté ainsi » que sa composition primitive, tandis que les couches extérieures » étaient transformées de carbonate en phosphate de chaux qui, » bien que mou au toucher et friable, avait conservé tout l’aspect » primitif, la structure du corail. » Mon attention fut pour la première fois dirigée sur ce fait dans l’île de Barbuda, où je trouvai un petit lit riche en phosphate de chaux s’étendant du fond d’une caverne jusqu’à l’ouverture d’un escarpement corallien. La couche terreuse de cette caverne consistait en guano phosphaté formé par les excréments de chauves-souris, et de composition analogue à celles que l’on rencontre généralement dans les cavernes similaires des régions tropicales. Les eaux d'infiltration au travers de la roche de guano devaient avoir contenu de l'acide phosphorique en dissolution, probablement sous forme de phosphates de potasse, de soude et d’ammoniaque ; cette eau, pénétrant ensuite les couches de corail, détermina le changement indiqué dans la composition de la roche avec laquelle elle se trouva en contact. L'échantillon de roche provenant de cette veine montre bien que, tandis qu’une partie reste blanche et composée de phosphate de chaux, l’autre partie de cette même roche, qui forme aussi une partie de la veine, est colorée en jaune par une substance organi- que, et l’acide carbonique y a été presque entièrement remplacé par l'acide phosphorique. Toutefois, c’est sur le dépôt trouvé dans l’île de Aruba que je désire appeler votre attention tout spécialement, parce que, sur ce point, l’action de phosphatisation du corail s’est faite sur une plus large échelle. On estime que le dépôt n'est pas inférieur à 500,000 tonnes ; il s’étend, à l’extrémité ou cap d’une presqu'ile de corail. Le promontoire est appelé Sierra Colorado RÉSUMÉ DES SÉANCES n (ou montagne rouge)et s’élève d'environ 300 pieds au-dessus du ni- veau du banc corallien qui le relie avec l’île de Aruba. Mon opinion est que, lorsqu'elle existait sous forme d’une petite île, ou « cay » et que la bande de corail existant entre elle et ce qui est aujour- d’hui l’île d’Aruba, était encore sous marine ; cette colline était le refuge des oiseaux de mer, et leurs excréments, comme le guano de chauve-souris, contenant des phosphates solubles, détermina la modification de la roche calcaire sur laquelle ils furent déposés. Il n'y a pas trace de phosphate dans le guano de la surface, mais la roche sur laquelle il repose est maintenant riche en phosphate. D’après l’examen des échantillons il est facile de voir combien le changement a été complet, et en même temps on peut juger avec quelle perfection la structure du corail a été gardée dans ses moin- dres détails. Les échantillons de ces coraux transformés en phosphorite donnent à l’analyse de 78 à 80 o/o de phosphate de chaux, et jusqu’à présent les chargements qui en ont été faits ont donné une moyenne supérieure à 76 0/0 de phosphate. Analyse d'un échantillon de phosphate de l'ile Aruba al huit 0.62 Eau de combinaison et traces de matières organiques... 2.91 OUR me mn ee gite cc 15170 (équivalent à 77.93 de phosphate de chaux tribasique). ER DR MIE NE SP. 46.37 BG de Er. 7 ER A AU PSQEONELS E| 1.80 Re MPa en. 2.95 EC DOME LU SA RS D UE Lie 153 (équivalent à 3.54 de carbonate de chaux). LL EL TU RL CNRANI PNR RRRMENEERER RER ETES ss A MEN IQ MR URL D HIS à 20 4.22 A OO NME AH ul, Le us D igS 100.— D’autres dépôts de phosphates trouvés dans les Indes occiden- tales indiquent une origine par un dépôt marin formé directement par des os, par exemple, celui de Curaçao. Dans Pile voisine de Curaçao (I. Bonaire) j’ai vu le corail recouvert sur une étendue de deux milles par des ossements et des dents fossiles éparpillés dans 8 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE toutes les directions. Les échantillons que j’ai eu le plaisir de vous montrer provenant de cette ile, donnent une idée parfaite de la manière dont ces ossements se rencontrent ; s'ils avaient été déposés en masse, comme à Curaçao, nous aurions sans doute eu affaire à un excellent dépôt de phosphate. Discussion M. B. B. Woodward demande si, dans les Indes occidentales, on a trouvé les mêmes conditions réunies que dans certaines îles du Sud du Pacifique, ‘c’est-à-dire si l’on a constaté l’apport de phosphate dans les masses des couches de corail et le déplacement _subséquent du carbonate de chaux des coraux par le phosphate de chaux. | Le professeur T. Ruppert Jones demande s’il n’y a pas actuellement d’autres îles de guano aux Indes occidentales. M. Hudleston demande si les faits observés peuvent jeter quelque lumière sur les gisements de phosphorite dans les terrains crétacés. L'auteur répond à M. Woodward qu'il n’a observé aucun fragment de corail dans les phosphates en question ; à M. le pro- fesseur Rupert Jones, que les dépôts de guano se forment encore actuellement, par exemple dans les îles Monks, près d’Aruba. Cependant, sur ce point, la pluie dissout et entraîne les phosphates solubles qui sont perdus, car les roches sur lesquelles ces dépôts s'effectuent sont de nature siliceuse ; la partie du guano insoluble forme une croûte sur le rocher ; à M. Hudleston que le remplace- ment de l'acide carbonique par l’acide phosphorique peut, en effet, éclairer sur la formation des dépôts phosphatés des terrains crétacés (1). La note qui précède, et que l’on a tenu à présenter dans sa traduction littérale, laisse peut-être un peu trop dans l’ombre les conditions géologiques des gisements observés. Le processus de formation, sous le rapport minéralogique, pouvant servir à des conclusions sur la constitution du dépôt phosphaté a été mieux noté, et c’est par là que ce document a attiré notre attention. On y voit, en résumé : 1° Que l’acide phosphorique drainé par les (1) Quarterly journal of the Geological Society. Vol. XLI, partie 1, n° 161, page 80. MS « tes à diet Le … RÉSUMÉ DES SÉANCES 9 eaux pluviales à travers les couches supérieures, guanos ou débris et détritus organiques d’origine animale, a pénétré jusqu’au sol constitué par la roche calcaire (coraux), et a peu à peu transformé cette roche en phosphate de chaux jusqu’à une profondeur plus ou moins grande, ou par pénétration dans les fissures ; 2° que dans certains endroits (île Monks, près de l’île Aruba) où le sol, sous-jacent aux guanos, s’est trouvé formé de roche siliceuse, l'acide phosphorique en dissolution dans les eaux d'infiltration a été impuissant à remplacer lacide silicique, et s’est perdu par écoulement, ne laissant à la base du lit de guano qu’une couche formée par le phosphate insoluble. Ces conclusions ne sont pas nouvelles pour nous, puisque nous les avions signalées dans la note publiée en 1877, en colla- boration avec notre collègue et ami M. Brylinski. Les circonstances ne nous ont pas permis depuis cette époque de mettre à jour cette monographie des phosphates de chaux. D’ailleurs les découvertes de gisements nouveaux sont devénues si fréquentes que le travail serait à recommencer perpétuellement pour de nouvelles additions. Ce qu'il nous importait de rechercher dans l’article qui précède, c’est un exemple de plus à Pappui des déductions que nous avions cru pouvoir tirer, au sujet des conditions qui ont concouru à la for- mation des dépôts phosphatés ou des phosphorites dans les terrains sédimentaires et de l’origine de l’acide phosphorique dans nombre de dépôts observés et décrits. SÉANCE DU 4 MARS 1885 Présidence de M. G. LENNIER, Président Le procès-verbal de la dernière séance, lu par le Secrétaire, est adopté sans observation. | MM. Lennier et Bucaille présentent comme Membre correspon- dant M. Montier, avocat, maire de Pont-Audemer. Le Secrétaire donne lecture d’une lettre de la Société des Sciences naturelles de Neuchâtel (Suisse), acceptant l'échange de nos Publications. : M. Bucaille a dernièrement exploré les tranchées de la nouvelle lhgne de chemin de fer en construction de Glos-Montfort au Neu- 10 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE bourg. Il se propose de publier le profil géologique de cette ligne. Il veutseulement signaler dès à présent un certain nombre de points intéressants. Dans les talus de la station de Glos-Monfort, et sur une longueur de cent mètres environ, on voit la craie cénomanienne avec des poches d’altération remplies par de l’argile à silex. Un examen attentif démontre clairement que cette argile est le résultat de la décomposition sur place de la craie ; décomposition si bien étudiée par M. Van den Broeck dans son remarquable travail sur les Phénomènes d'altération des dépôts superficiels. Les lits de silex qui existent dans la craie ont conservé leur continuité. Ces lits ont seulement subi un léger affaissement. À 1,500 mètres environ de cette gare et en allant vers le Neubourg, un relèvement des sables verts, sans aucun indice de faille, amène au niveau de la voie la craie glauconieuse inférieure. On y trouve abondamment l’Ostrea canahculata. En suivant la voie vers le Sud, on arrive dans une petite tran- chée ouverte en plein dansla craie blanche inférieure. Cette craie, caractérisée par la présence du Micraster cor testudinarium, apparaît sur une épaisseur de 5 à 6 mètres. M. E. Bucaille en a relevé la coupe, à l'endroit appelé le Moulin des Mangeanis ; elle offre la succession suivante : | Six mètres de craie blanche inférieure. Au-dessous, l’étage turonien, avec Rhynchonella Cuvieri, Inoce- ramus labiatus, réduit à une épaisseur de quatre mètres. Vient ensuite la craie cénomanienne {type de Rouen). Epaisseur visible : 1 mètre 70. Elle renferme Holaster subglobosus, Holaster nodulosus et autres fossiles caractéristiques. Ces diverses assises ont une inclinaison prononcée vers Monfort- sur-Risle. Il existe à la surface de la craie à Mücraster cor-testudinarium une petite bande de craie délayée, sableuse, de 10 à 20 centimè- tres d'épaisseur, analogue à celle qui a été signalée aux environs d’'Evreux, par M. Caffin. Elle renferme de très petits éclats de silex anguleux, ainsi que de nombreux débris d’échinides et de bryozoaires. Au-dessus se trouve le Diluvium de M. Hébert, c’est-à-dire un limon rougeitre, altéré et renfermant de nombreux silex éclatés. | Cette intéressante tranchée est longue d'environ 150 mètres. Au-delà de ce point, à une vingtaine de mètres plus loin, et à la RÉSUMÉ DES SÉANCES II même altitude, apparaît la craie cénomanienne, dont les couches ont une inclinaison très prononcée dans l’autre sens. Il y a donc là une faille avec dénivellation très apparente. M. E. Bucaille ajoute qu’il lui semble résulter de ces observa- tions que la faille ne suit pas la direction de la vallée, mais qu’elle est plutôt parallèle à celle de Rouen. En suivant les travaux de la nouvelle ligne qui deit aller à Honfleur, et depuis Toutainville jusqu’au Torpt, M. E. Bucaille a constaté que la voie est construite dans les sables glauconieux, presque noirs, de la base de l'étage cénomanien. Il n'y a trouvé qu’un seul fossile, POstrea canaliculata. Au Torpt, M. E. Bucaille a observé une exploitation de sables olauconieux, semblables à ceux de la Hève. On y voit quinze mè- tres de sables glauconieux qui lui ont donné quelques nodules de fer et quelques galets de quartz de la grosseur du poing. Vient ensuite un lit, de 2$ centimètres d’épaisseur, de poudingue ferru- gineux très dur, au-dessous duquel se trouvent de nouveaux sables également glauconieux. Ce dépôt appartient-il à l’Aptien ou au Gault remanié ? M. E. Bucaille serait porté à croire qu’il se rattache plutôt à ce dernier. Il y a, en effet, trouvé, dans la partie supérieure, des nodules pétris de fossiles parmi lesquels il a déterminé : Ammonites mamillaris, un fragment d’ Ammonites au- ritus, et une grande Panopée analogue à celle qui se trouve dans les falaises de Cauville. M. Savalle présente une série de silex recueillis par lui à Octe- ville, hameau du Tot, et à Cauville. On y remarque spécialement une belle pointe de flèche à talon, provenant du Tot et une autre pointe triangulaire, provenant de Cauville. M. Savalle présente aussi un Æemicidaris crenularis du Coral- lien, de Trouville, offrant cette remarquable particularité, qu’une des aires interambulacraires, brisée pendant la vie de l’animal a été en partie reconstruite. 12 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE SÉANCE DU 2 SEPTEMBRE 188; Présidence de M. G. LENNIER, Président Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Montier, avocat, maire de Pont-Audemer, présenté à la der- nière séance par MM. Lennier et Bucaille est admis. MM. Lennier et Prudhomme présentent comme membre résidant, M. Forget, du Havre. M. Savalle fait la communication suivante : Depuis notre dernière réunion, j'ai continué mes excursions dans les environs du Havre, àla recherche des silex préhistoriques. Comme je pense qu’il serait fastidieux de vous donner le détail de chacune dê ces excursions, je vais me borner à vous signaler très rapidement les résultats que j’ai obtenus aux différents endroits que j'explore d'habitude et aussi dans d’autres localités que je n'avais pas encore visitées. Les deux stations de Cauville, au Nord et au Sud de la valeuse ont enrichi ma collection de nombreux silex, beaucoup de grat- toirs, de lames, plusieurs ciseaux, une pointe de flèche ; au Sud jai recueilli une superbe hachette polie. À Octeville, hameau du Tot, j'ai recueilli, entre autres objets remarquables, la moitié d’une hache polie et quatre pointes de fièches. Les trois sillons auxquels était réduite la station Nord de Cau- ville, et les meilleurs sillons de la station du Tot, vont être à automne convertis en herbage. Montivilliers m'a favorisé dans ces derniers temps. | Le mont Cabert m'a aussi donné quelques bonnes pièces. A Rogerville, à Oudalle, à Sandouville, à Saint-Vigor, rien. Entre temps j'ai parcouru les communes de Sainneville, de Saint-Martin-du-Manoir, de Gainneville, et je fonde quelques espérances sur trois points surtout: au Ronçay, au Château d’Aplemont, au hameau d’Enéaumare. C’est cette année que finit le compost de trèfle qui couvrait la plupart des terres où j'avais à chercher ; les labours profonds qui vont précéder les semailles de blé, seront à n’en pas douter très avantageux. RÉSUMÉ DES SÉANCES 13 SÉANCE DU 7 OCTOBRE 1885 Présidence de M. G. LIONNET, Vice-Président Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observation. | L’admission de M. Forget, du Havre, présenté à la dernière séance par MM. Lennier et Prudhomme, est prononcée. MM. Lennier etPrudhomme présentent comme membre résidant M. Clermont, contrôleur des tabacs, au Havre. M. Vacossin présente plusieurs séries de silex néolithiques provenant des environs d’Yvetot, particulièrement des territoires d’Yvetot, Ste-Marie-des-Champs, St-Clair-sur-Monts, Ecretteville- les-Baons, Touffreville, Louvetot. Tous ces territoires sont à l’alti- tude moyenne de 154 mètres. M. Vacossin présente, en outre, un superbe outil chelléen à patine blanche profonde, provenant d’Yvetot, briqueterie Blicque. M. Biochet a recueilli dernièrement à Yvetot, dans le limon des plateaux, à une profondeur de 4 mètres, une pointe solutréenne parfaitement caractérisée. | M. Prudhomme rapproche cette trouvaille de celle faite par M. Savalle, d’un grattoir du type magdalenien dans le limon supé- rieur. Il serait intéressant de constater si les diverses industries paléolithiques se trouvent bien réellement à des niveaux échelon- nés en profondeur. M. Savalle fait la communication suivante : Pendant le mois de Septembre écoulé, je n’ai à vous signaler que deux excursions où j'ai été spécialement favorisé. À la ferme Dutuit, sur la côte de la Justice (Montivilliers), j'ai trouvé deux très bonnes pièces: une pointe de flèche en silex blond, et un ciseau en silex bleuâtre. Au Tot (Octeville), j'ai eu la main heureuse il y a quinze jours : j'ai recueilli une très belle pointe de flèche avec soie et barbes ; le même jour, j'ai ramassé quelques grattoirs dans la pièce de terre qui borde au Sud les: siznaux d’Octeville ; à la Fougère (Bléville) un beau fragment de lame, etenfin au Sud du four Boc- quet, une pointe et un remarquable fragment de hache polie. Beaucoup de sillons sont déjà labourés ; les recherches seront ce mois-ci fructueuses à n’en pas douter, à cause surtout des pluies abondantes de ces jours derniers. 14 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Des exemplaires de l’Estuaire de la Seine sont distribués aux membres présents. Le Secrétaire donne lecture de la notice bibliographique que le” journal Le Havre a consacré à cet important ouvrage. La Societé décide que cette notice sera publiée #n-extenso dans le Bulletin : L’ESTUAIRE DE LA SEINE Notre savant concitoyen, M. Lennier, vient de faire paraître un travail du plus haut intérêt pour notre ville. On y trouve réunis tous les documents nécessaires à l’étude du régime de l'estuaire et de ses ports : mémoires, rapports, cartes de toutes sortes. De ces divers documents, les uns sont dispersés dans des recueils spéciaux ; d’autres, tirés à petit nombre, sont introuvables ; quelques-uns, et ce ne sont pas les moins précieux, sont inédits. L'auteur ne s’est pas contenté de les coordonner, il en a abordé la discussion, en y ajoutant ses observations person- nelles faites depuis vingt années. Nous aurons à revenir plus d’une fois sur une œuvre aussi importante ; mais nous tenons à donner, dès aujourd’hui, à nos lecteurs, un avant-goùt des richesses qu'elle contient. La première Perte est consacrée aux études géologiques et aux modifications qu’a subie la baie de la Seine ; nous suivons, dans un exposé fait de main de maître, les érosions qui en ont agrandi successivement le périmètre ; nous voyons les matériaux enlevés aux falaises, tantôt s’allonger sous forme de cordons littoraux, de galets, à l'abri desquels sont venus se déposer les sables et les vases qui ont formé le sol du Havre et obstrué les anciens ports de la baie; tantôt se répandre dans l’estuaire même en bancs changeants jusqu’aux approches du Havre, où les apports sont déjà sensibles. Dans la seconde partie sont analysés ou reproduits tous les tra- vaux hydrographiques ; on y trouve #n-extenso les importants rap- ports de MM. les Ingénieurs Estignard (1875), Germain (1880) et Héraud (1883). Ils servent de base à une étude remarquable des courants et des marées, qui conclut par ces mots : « Le port du Havre est dès maintenant menacé par des chan- gements dans les courants et par l’envahissement des sables, qui, chaque année, se rapprochent davantage des passes, et qui fatale- ment les combleraient, dans un temps malheureusement peu éloi- gné, si on ne changeait bientôt la position du chenal et de l'entrée RÉSUMÉ DES SÉANCES IS du port pour les reporter plus au Nord, et surtout, c’est là le point le plus important, si on laissait prolonger les digues de la Seine vers la mer. » La troisième partie du travail de M. Lennier passe en revue tous les projets qui ont si vivement passionné l'opinion publique : canal de Tancarville, endiguement de la rade, nouvelle entrée, endiguement de la baie de la Seine. Chacun d’eux est l’objet d’une étude spéciale et approfondie, aussi bien pour les projets encore en discussion que pour le canal de Tancarville dont l'achèvement s’annonce à brève échéance. Viennent ensuite la faune et la flore de l’estuaire, son histori- que, et, ce que l’on trouve trop rarement dans les ouvrages de ce genre, une bibliographie très complète de tous les travaux publiés ou manuscrits relatifs aux sujets traités par M. Lennier. A quelque point de vue que l’on se place, ce livre, on le voit, s'adresse à tous, au curieux, au marin et à l'ingénieur. Nous n'avons rien dit encore de Atlas qui accompagne et qui a une valeur exceptionnelle. Il comprend 31 planches et cartes, parmi lesquelles de magnifiques chromos de M. A. Noury, re- présentant toutes les côtes de la baie et les plages de Trouville et de Sainte-Adresse, des dessins inédits de Lesueur, d’anciens plans de la plaine de Leure, des cartes de l'embouchure de la Seine en 1677 et 1717, et ce que nous signalerons en particulier, de splen- dides reproductions en couleur et en très grand format des derniers sondages d’après le dépôt des cartes de la marine et sur une auto- risation spéciale du ministère. Faut-il aujouter pour le bibliophile que les deux grands volumes in-4° de l’ouvrage sont d’une exécution irréprochable, et que les planches en couleur sont sorties des presses de Lemercier. Grâce à M. Lennier, chacun pourra étudier par lui-même les grandes questions d’une importance vitale pour notre port, puisqu'il trouvera ici, réunis et condensés, tous les éléments propres à déterminer une conviction raisonnée. Nul, plus que lui, n’était en position d’élever un semblable monument, qui est, en quelque sorte, le résumé d’une existence entière d'observations et de recherches, et nous n’hésitons pas à dire qu’il a admirablement réussi. Le Havre avait déjà ses histo- riens ; son port et ses approches on trouvé le leur, auquel il sera impossible de ne point avoir recours toutes les fois qu’on voudra en connaître le passé ou prévoir l'avenir. 16 SOCIËÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE SÉANCE DU ; NOVEMBRE Présidence de M. G. LENNIER Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. M. Clermont, contrôleur des tabacs, au Havre, présenté à la dernière séance par MM. Lennier et Prudhomme, estadmis comme membre résident. M. Lionnet fait la communication suivante : CONTRIBUTIONS À L’'ETUDE DES ROCHES ERRATIQUES DU TERRAIN CRÉTACÉ INFÉRIEUR DE LA HÈVE, PAR G. LIONNET. J'ai l'honneur de soumettre à votre examen des fragments de quartz qui m'ont été gracieusement offerts par M. Romain, un de nos chercheurs infatigables. Ils ont été trouvés à la base des cal- caires gris glauconieux qui forment eux-mêmes la partie inférieure de l’étage cénomanien dans les falaises de la Hève. M. Romain a trouvé d’autres fragments plus volumineux que l’on peut exa- miner dans sa collection. Il m'a semblé que l’étude de cette roche erratique pouvait présenter un véritable intérêt scientifique. Comme vous pouvez le constater, cet échantillon est un morceau de quartz, aplati, un peu roulé, paraissant provenir d’une veine de quartz intercalée dans une roche amphibolique. Il est légèrement gras au toucher dans les parties où le quartz est à nu, mais il a retenu de son gisement, de sa gangue primitive, certains éléments minéralogi- ques qui, dans les portions où ils adhèrent encore, donnent aussi au toucher une impression onctueuse. On y constate en effet un minéral verdâtre que nous considérons comme magnésien — sans doute une amphibolite — du mica blanc et une sorte de mica appelé séricite, également onctueux au toucher. L'idée m'est venue de rechercher de quelles roches pou- vaient provenir les divers fragments trouvés par M. Romain. Je ferai d’abord remarquer que, parmi les formations diverses qui se trouvent représentées dans nos falaises de l’embouchure de la Seine, il en est fort peu dans lesquelles on rencontre des fragments erratiques. Je n’étends pas bien entendu cette dénomination aux fragments RÉSUMÉ DES SÉANCES É7 roulés ou non qui se trouvent aux limites des formations, prove- nant ordinairement et visiblement de la formation immédiatement inférieure. Tous les étages et même les subdivisions d’étages contiennent de ces roches adventives à leur contact. Je veux parler seulement des fragments appartenant à des roches qui proviennent de formations bien antérieures, séparées dans le temps par de nombreux étages et dont les affleurements sont plus ou moins éloignés. L’Oxfordien, le Corallien, le Kimméridgien de notre région ne contiennent aucun fragment reconnaissable de roches anciennes. Il en est de même pour les étages Sénonien et T'uronien. Je ne crois pas, quoique la plupart d’entre nous aient souvent eu l’occasion de rechercher la provenance de fragments étrangers à cette for- mation, je ne crois pas, dis-je, que le Cénomanien ait jamais offert de roches erratiques originaires de terrains anciens dans la plus grande partie de son épaisseur : c’est mème je crois la pre- mière fois — sinon que pareille trouvaille à celle dont il est ques- tion aujourd’hui ait été faite — du moins qu’elle ait été signalée à la base des calcaires gréseux qui forment la partie inférieure de notre étage cénomanien. Par contre, l’étage du Gault, ainsi que les deux étages Aptien et Néocomien, composés en grande partie dans nos falaises d’élé- ments de transport, nous ont fourni déjà des roches fort intéres- _santes. On y a signalé un grès absolument analogue au grès de May. M. Beaugrand, un autre de nos plus ardents chercheurs, a trouvé dans le Gault et signalé dans une de nos séances un grès noir micacé dont il est difficile, en l’absence de tout débris fossile d’af- firmer la position géologique, mais qui ressemble à s’y mépren- dre, soit à certains grès dévoniens à pleurodyctium problematicum à moins que ce soit aux grès charbonneux du Silurien supérieur visibles à Rauville. Ces deux grès sont noirâtres, micacés et exis- tent tous deux dans la région qui avait déjà fourni à l’observation plusieurs blocs de grès de May, dont un échantillon a été signalé par M. Lennier, Président de la Société. Si je ne me trompe, on m'a une fois montré, comme provenant de ces mêmes niveaux, un fragment de fer oxydulé magnétique, analogue à ceux de Diélette, près Cherbourg, et il existe au Musée du Havre un échantillon de granit analogue aux granits du Cotentin. Dans les calcaires glauconieux du Cénomanien, c’est, je crois, la première fois que l’on rencontre des fragments de roches anciennes assez volumineux et assez caractérisés pour qu’on puisse 18 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE essayer d'en tirer une conclusion, relative à leur origine probable. | « Si nous cherchons à connaître, par l’étude des sédiments et » des fossiles, sous l’influence de quelles conditions physiques » s’est déposée l’assise n° 2 » (l’assiseimmédiatement supérieure à celle dans laquelle a été trouvé le fragment en question) « nous » constatons que ce dépôt a dû se former non loin d’un rivage, » dans une mer médiocrement profonde et peu agitée. L’assise » n°1 (celle ou M. Romain a faitsa trouvaille) semble au contraire » et à raison surtout des nombreux cailloux roulés qu’elle ren- > ferme, s'être formée sur un rivage battu par les vagues. » (Etudes géol. et pal. sur l'embouchure de la Seine, page 130). Ainsi s'exprime M. Lennier dans ses études géologiques et paléontologiques sur embouchure de la Seine, page 130. Ses conclusions me paraissent excellentes : j'ai voulu aller plus loin et essayer de retrouver la roche d’où pouvait provenir le fragment présenté. Me basant sur les faits déjà connus, que tous les fragments rencontrés dans le terrain crétacé inférieur de nos falaises ont la plus grande analogie avec des roches anciennes de la Manche, ou plus vraisemblablement de leur prolongement vers l’Angle- terre, j'ai cherché des analogies entre les roches similaires de cette région et le fragment en question, et je crois que les caractères pétrographiques se rapportent entièrement à ceux des filons de quartz qui coupent les schistes satinés verts magnésiens à séricite que l’on rencontre au Nord de la Manche, visibles notamment au Sud-Ouest et à l’Ouest de Cherbourg, et qui se prolongent certainement sous la mer, puisque lors d’une dernière visite (juillet 1885) il y a un an, j'ai pu constater que les nouvelles cales en construction dans l’enclave du port militaire sont entièrement creusées dans ces schistes verdâtres coupés de petits filons de quartz retenant sur leur contact du mica et ce que je crois être de lamphibole. Je me fais un plaisir de présenter à vos'yeux des échantillons prélevés à cette époque etque je n’avais certes pas alors l'intention de faire servir à cette comparaison. Vous y trouverez les plus grands rapports. Je n’ai pu malheureusement pas me procurer d'échantillons de l’amphibolite verdâtre en roches signa- lée sur ce point par M. Bonissent ; ajoutons qu’il n’y a d’ailleurs aucune autre formation, dans un rayon possible, d’où un pareil fragment — d’ailleurs peu roulé — pourrait provenir, et je sou- mets avec confiance à votre jugement la conclusion que j’ai tirée de l’origine de cet échantillon, basée sur ses caractères physiques et RÉSUMÉ DES SÉANCES 19 ses analogies avec les roches présentées provenant du Nord de la Manche. Le terrain crétacé inférieur de l’embouchure de la Seine est constitué dans l’ensemble par des apports sableux, dont le quartz est l'élément dominant; on y trouve aussi du mica et rien n’em- pêche de supposer — beaucoup de petits fragments déterminables porteraient à le croire — que ces formations sableuses ont été cons- tituées par la destruction des roches anciennes et des roches grani- tiques de la Manche, ou peut-être de la portion maintenant dis- parue qui reliait cette région aux régions de même époque géolo- gique en Angleterre. Quant aux fragments plus volumineux, analogues à ceux qui ont été déjà signalés, par exemple le Grès signalé par M. Beaugrand et qui avait un poidsd’environ 10/12kil., ils ont pu être transportés par la percussion des vagues dans une mer peu profonde, suivant l'opinion émise par M. Lennier. Il est toutefois bon de remarquer qu’en général tous les fragments d’un certain volume semblent avoir été peu roulés, quoiqu’ils se trouvent, au milieu de roches constituées par des sables plus ou moins grossiers, mais paraissant avoir subi une action de transport énergique. Sans faire intervenir ici une action de transport glaciaire, il y a sans doute des catégories à établir. Si le Granit et le Grès (Grès de May) trouvés par M. G. Lennier sont peu roulés, ainsi que le Grès noir micacé trouvé dans le Gault par M. Beaugrand, les quartz trouvés dans la partie inférieure glau- conieuse du Cénomanien par M. Romain et que je vous soumets ici, portent les traces d’un transport bien accusé. SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE Présidence de M. G. LIONNET , Le Procès-verbal de la dernière séance est adopté. M. Savalle fait la communication suivante : Depuis notre dernière réunion, je n'ai pu visiter que les sta- tions de Cauville. Au Nord de.la Valeuse, plaine de Villequier, j'ai trouvé le champ ensemencé de trèfle, et j’ai le regret de vous annoncer 20 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE qu'il faut se résigner à considérer cette belle station comme à peu près perdue. Si, d’après ce qui m'a été assuré, les herbages de cette contrée reçoivent un léger labour tous les trois ans, je devrai désormais me contenter à cet endroit de maigres trouvailles, à de longs intervalles seulement. Au Sud du vallon, dans le champ enclavé dans les joncs- marins, où l’on peut se procurer des silex taillés, un tiers des ter- res est retourné et ensemencé ; j y ai recueilli plusieurs bonnes pièces, grattoirs, lames, perçoirs, nuclei, que j'ai l'honneur de vous soumettre. | J'ai aussi honneur de vous soumettre un fragment de fruit de conifère, provenant des sables néocomiens de Sainte-Adresse ; c’est une pièce rarissime, quoique incomplète. Dans une excursion du 1$ Novembre 1885, à Graville-Sainte- Honorine, plaine de Frileuse : 1° à l'Est de la ferme d’Aplemont, dans le champ contigu, trouvé plusieurs grattoirs et un racloir ; 2° au Sud-Est du hameau de Cancriauville, dans le champ déjà signalé, trouvé une seule pièce, une hachette polie, en silex ocreux, ferme appartenant à M. Binet, du Havre. NOTES POUR SERVIR À L'ÉTUDE DE LA PALÉONTOLOGIE NORMANDE Par G. LENNIER. SUR UNE DENT DE POLYPTYCHODON TROUVÉE DANS LA CRAIE CÉNOMANIENNE, AU CAP DE LA HÈVE. Phortie. et 4. Le genre Polyptychodon réunit plusieurs espèces de grands reptiles, dont les dents ont une forte couronne conique avec une section transversale sub-circulaire ; cette couronne est couverte de stries longitudinales très rapprochées, d’où le nom de Polypty- chodon (grand nombre de dents rayées) Les vertèbres trouvées dans les mêmes couches que les dents dont nous venons de parler présentent le type plésiosaurien. Deux espèces de Polyptychodon ont été découvertes dans le terrain crétacé inférieur d'Angleterre : 1° Le P. continuus, Owen(:1) des grès verts de Maidstone (terrain aptien) ; 2° le P. interruptus, Owen (2) de la craie marneuse et des grès verts supérieurs. (:) Owen, Report Brit. Assoc., 1841, p. 156. Odontography pl. 72, fig. 3 et 4, et dans Paleont. Soc., Rept., part. 3, p. 47, pl: 12, 13, 14. (2) Owen Paleont. Soc., loc cit, p. 55, pl. 10, 11 et 14. 22 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Nous avons fait connaître en 1868 (1)le Polyptychodon Archiaci, que M. E. Deslongchamps a bien voulu décrire dans notre ouvrage et dont nous avons publié plusieurs dessins représentant des dents et diverses portions importantes de la tête. Depuis cette époque nous avons recueilli, à Bléville, dans les argiles kimméridiennes, une mâchoire inférieure complète, des parties très considérables de machoire supérieure et du crâne d’un animal de même espèce. Un de nos collègues de la Société géologique de Normandie, M. Romain, avait de son côté recueilli plusieurs vertèbres, qu’il nous a obligeamment communiquées pour en prendre des mou- lages pour la collection du Muséum. Tous ces ossements feront l’objet d’une prochaine publication. Aujourd’hui nous présentons une dent de Polyptvchodon recueillie au cap de la Hëve, dans le Cénomanien, et donnée au Muséum du Havre, par notre collègue, M. Vacossin, agent-voyer d'arrondissement. Cette dent mesure 78 millimètres de long, bien que la pointe soit cassée ; la partie brisée pouvait avoir dix millimètres de long, ce qui donnait à cette dent une longueur de 88 millimètres. La forme générale est conique lorsqu'on regarde la dent en avant; vue de profil, elle est léaèrement recourbée en arrière ; la partie émaillée, la couronne, ne mesure que 32 millimètres en comptant la partie brisée de la pointe ; la partie qui était enfoncée dans l’alvéole a $6 millimètres de long, elle est un peu renflée au-dessous de la partie émaillée. A la base de la couronne, on compte vingt- et-une stries, quelques-unes de ces stries se dédoublent avant d'atteindre la pointe de la couronne, d’autres, au contraire, s'arrêtent avant d'atteindre cette pointe. | Au-dessous de la couronne, sur la partie renflée, on ne trouve plus que quatorze stries longitudinales arrondies qui correspondent chacune à deux ou trois stries de la couronne. À la base on retrouve l’ornementation du sommet de la dent, c’est-à-dire que les stries longitudinales se reproduisent semblables à celles de la couronne, mais elles sont plus fines et moins régulières. En somme cette dent diffère peu comme taille et comme orne- mentation, de la dent de Polyptychodon Archiaci, Eug. Desl. figurée dans notre ouvrage (2) pl. xt, fig.+5, 6 et 6 4. (1) Etudes géol. et paléont. p. 30. (2) Etudes géol. etc. A2 PALÉONTOLOGIE NORMANDE 23 IT NOTE SUR DES DENTS DE POLYPTYCHODON TROUVÉES PAR LESUEUR, EN 1844, AU CAP DÉ LA HÈVE. Dans les notes manuscrites de Lesueur, données par M. Pellot, son neveu, au Muséum du Havre, nous avons trouvé le dessin d’une dent de Polyptychodon d’une taille gigantesque. Cette dent avait été trouvée en 1844, le 4 novembre, à Ste-Adresse. Dans la collection de fossiles kimméridiens donnée au Muséum par M. Pellot, nous n’avons malheureusement pas retrouvé lPéchan- tillon original qui a dû être envoyé à Paris par Lesueur. Le dessin de Lesueur, que nous reproduisons par une litho- graphie due au crayon de M. Noury, pl. 1 fig. 1, est accompa- gné d’une note au crayon écrite par Lesueur, et que nous reproduisons ici : « 1844. Novembre 4. — Dans la deuxième couche aux huîtres » (ostrea delioidea), celle qui divise le grand lit de glaise (terre à » brique) dé 10 pieds d’épaisseur, j’ai rencontré pour la première » fois des dents, dont l’une d’assez grande dimension (voyez celle » que j'ai figurée et qui mesure 7 à 8 pouces de long) et d’autres » plus petites de 3 à 4 pouces de long, dont la forme, la tenture, » la couleur noïre et la même apparence, semblent indiquer » qu’elles ont appartenu à un même animal. Les petites dents » furent trouvées à trois pieds de distance de la grande, dans » le même lit d’huîtres (ostrea deltoidea). Ces dents sont fragiles » et imprégnées de sulfure de fer. Elles sont formées par une » superposition de lamelles posées les unes sur les autres comme » une succession de cornets arqués cylindriques ; ces lamelles » entourent un noyau central qui remplit toute la cavité de la » dent. » A la suite de cette note de Lesueur, il est dit qu’il retourna le lendemain au même endroit, qu’il continua ses recherches et qu’il trouva encore deux autres dents beaucoup plus petites dans le même banc d’huîtres. Ces dernières dents étaient éloignées de trois pieds environ de l'endroit où avait été trouvée la première, celle que nous avons figurée à la fin de cette note, pl. r, fig. 1. 24 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE La dent figurée est couchée dan une valve d’ostrea deltoidea, elle mesure 0"23 centimètres de long, la circonférence à moitié de la longueur, partie la plus forte, a 1$ centimètres. La fig. 2 de la même planche reproduit une dent de Polypty- chodon Archiaci (Desl. et Lenn.) (1) trouvée à Bléville, au Nord du Cap de la Hève, par un amateur du Havre, et dont le moulage se trouve dans la collection du Muséum du Havre. Le dessin re- produit la dent de grandeur naturelle. I SUR UNE PORTION DE SQUELETTE DE TORTUE MARINE FOSSILE RECUEILLIE A VILLEQUIER (SEINE-INFÉRIEURE) DANS LES ARGILES KIMMÉRIDIENNES. Nous avons eu déjà l’occasion de signaler la découverte de parties plus ou moins complètes de tortues dans les argiles kimméridiennes du cap de la Hève. Sous le nom d’Emys Dolfusi, nous avons décrit une espèce nouvelle (2) qui fait partie des collections du Muséum de la ville du Havre. Dans le même genre Emys, nous avons signalé (3) une seconde espèce dont il n’a jusqu’à présent été recueilli que des fragments. Ces fragments, recueillis par Lesueur, au cap de la Hève, vers 1843, sont surtout remarquables par leur grande épaisseur ; nous en avons figuré quelques uns (4), qui font partie des collections de notre Muséum. Nous avons à signaler aujourd’hui d’autres fragments d’un animal de même genre, qui ont été recueillis à Villequier, dans les argiles virguliennes (partie supérieure du Kimmeridge). C’est à notre collègue, M. Biochet, que nous devons la com- munication de cette pièce, qui fait partie du Musée de Caudebec- en-Caux. Bien que le fragment de Villequier ne paraisse pas appartenir à la même espèce que les fragments trouvés à la Hève et à (1) Voyez Description des falaises. (2) Etudes géol. et pal., etc., pl. VII, fig. 1, 2, p. 55. (3) Etudes géol. et pal., etc., pl. VII, fig. 3, 4, 5, 5° p. 59. (4) Etudes géol. et pal., etc., pl. VII, fig. 3, 4, 5, 5? p. 59. PALÉONTOLOGIE NORMANDE 25 Bléville, nous ne croyons pas devoir lui assigner de nom spécifique, ne possédant rien de complet ; les os de la tête, la colonne vertébrale et des os des membres manquant. La partie de carapace recueillie à Villequier est un morceau du bouclier dorsal formé par la réunion de trois côtes, dont une porte encore sa tête et la tubérosité par laquelle elle s’attachait à la colonne vertébrale. La direction de ces parties de côtes, la forme renflée du bord marginal de la carapace qui se termine au pourtour extérieur par une partie anguleuse, ne nous laissent aucun doute sur la position que le fragment de Villequier occupait dans le squelette du bouclier dorsal : c’est la partie postérieure du côté gauche. La ligne médiane, le pourtour externe en arrière, manquent sur sur le côté droit de notre fragment. Ce pourtour existe sur le côté gauche et on distingue la partie échancrée qui laissait passer le membre gauche postérieur. A la surface externe de cette pièce. on remarque des lignes creuses qui limitaient l'emplacement occupé par les écailles. | L’épaisseur du bouclier dorsal, que nous décrivons est de 10 à 12 millimètres. IV TEUDOPSIS BOUTILLIERI (Lennier) FER Mess: Sous le nom de Teudopsis Boutillieri, nous avons signalé, en 1863, dans nos Etudes géologiques et paléontologiques sur l’embou- chure de la Seine, la présence d’un fossilé nouveau recueilli, par M. L. Boutillier, au cap de la Hève, dans la craie cénomanienne. Cet exemplaire unique n’a jamais été figuré, bien que nous en possédions une photographie et un dessin depuis fort longtemps. Jusqu'à prèsent, nous avions attendu que de nouveaux exem- plaires de cette espèce se présentassent aux chercheurs si nom- breux qui explorent nos falaises ; notre attente a été vaine, lé Teudopsis Boutillieri n’a jamais été retrouvé et c’est l’exemplaire unique de la collection de M. Boutillier que nous décrivons ici et dont nous donnons la figure. Description. — Coquille d'apparence cornée, de forme lancéo- lée dans son ensemble, ornée de stries d’accroissement trans- 26 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE verses, flexueuses ; la partie médiane dorsale, présente une carène peu saillante, arrondie, qui se prolonge sur toute la lon- gueur de la coquille en s’accentuant un peu vers la base qui est légèrement recourbée. , Les expansions latérales qui se développent à la base, sont formées par l’élargissement brusque des côtés qui commence à la moitié de la longueur totale et se termine par une pointe obtuse, un peu recourbée vers la partie terminale restée adhérente à la roche crayeuse. Dimensions. — Longueur totale 63 millimètres, largeur au point de la plus grande expansion de la pointe lancéolée 17 millimètres. Figure. — La pl. 1, fig. $, représente le Teudopsis Boutillieri vu par la partie dorsale grandeur naturelle. V NOTES SUR DES DÉBRIS D'ÉLÉPHANTS FOSSILES TROUVÉS DANS LA SEINE-INFÉRIEURE I. — Un très grand nombre d’ossements d’Eléphants ont été recueillis dans la partie du sol normand comprise entre la Seine et le Pays de Bray. Nous espérons pouvoir publier bientôt, grâce aux promesses qui nous ont été faites, la liste complète de ces importantes découvertes. Les Eléphants fossiles appartiennent à plusieurs espèces et caractérisent plus ou moins nettement les différents niveaux de l’époque quaternaire. D’après M. de Lapparent{r) : « Dans l’Europe occidentale, les Elephas antiquus, Rhinoceros Mercki, Hippopotamus major, paraissent former un groupe plus ancien que celui qui est formé par ÆElephas primigenius, et Rhinoceros tichorhinus, Ursus spelæus, Hyæna spelæa. Mais ces deux groupes, au lieu d’être nettement séparés, se pénètrent mutuellement. De même qu'Elephasantiquus est associé dans le forest-bed à Elephas meridionalis et à Elephas primigenius, de même ce dérnier, quand ÆElephas meridionalis a disparu, est souvent en compagnie d'Elephas antiquus, (1) Voyez A. de Lapparent, Traité de géologie, 1878. PALÉONTOLOGIE NORMANDE 27 auquel il doit survivre assez longtemps pour coexister avec le renne, quand celui-ci sera devenu l’espèce dominante. En réflé- chissant que le grand Hippopotame appartient toujours au groupe le plus ancien, tandis que le Mammouth (E]. primigenius) et le Rhinoceros tichorhinus étaient munis, l’un d’une épaisse crinière, l’autre d’une peau laineuse, il paraîtra raisonnable d'admettre, depuis l’époque pliocène de lElephas meridionalis jusqu’à la fin de l’âge du Renne, un refroidissement progressif, ayant entraîné d’abord l'extinction d’Elephas antiquus et dHippopotamus major, puis celle de leurs survivants mieux armés. De cette manière, l’époque quaternaire ancienne, jusqu’au rétablissement du régime humide avec les tourbières, pourrait se diviser en trois âges se fondant insensiblement lesuns.dans les autres : 1° l’âge de l’Elephas antiquus dominant ; 2° l’âge de lElephas primigenius ef du Rhinoceros tichorhinus ; 3° l’âge du Renne dominant. » Si on cherchait à rapprocher les espèces du genre éléphant des époquesdela pierre, on verrait que lElephas antiquus est contempo- rain du type acheuléen et que l’Elephas primigenius est surtout con- temporain du Moustérien (1) Les dents d’éléphant sont de grosses molaires longues et épaisses composées d’un grand nombre de lames liées les unes aux autres par de la substance cémenteuse. Ces lames sont formées de deux substances : la dentine qui forme l’intérieur, l’émail qui revêt la surface. Les lames sont en nombre variable suivant l’âge, l’usure, la position de la dent. Par l’effet de la mastication, le sommet de ces dents s’use assez rapidement, et la surface usée laisse voir au milieu du cément, la coupe de la dentine entourée de son cordon "émail. Il existe à chaque mâchoire, de chaque côté, une ou deux molaires qui, au lieu de se remplacer verticalement comme chez les autres mammifères, se remplacent d’arrière en avant de manière qu'à mesure qu’une dent s’use, elle chemine dans l’alvéole poussée en avant par celle qui vient après. Il en résulte que suivant les époques, le degré d’usure, l'animal peut avoir, tantôt une, tantôt deux dents machelières de chaque côté. Suivant M. de Mortillet, d’après la largeur des lames, l'épaisseur de l'émail, la forme du ruban, on peut déterminer assez facilement l'espèce d'Eléphant à laquelle appartient la dent que l’on veut déterminer. Des lames étroites nombreuses, des cordons d’émail (1) Voyez de Lapparent, loc. cit. 28 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE très minces formant seulement des lignes ondulées, peu sinueuses, caractérisent l'Elephas primigenius, espèce qui se rapproche de PEléphant qui vit aujourd’hui en Asie. L’Elephas antiquus est caractérisé par des dents plus rétrécies que celles de l’espèce précédente, ce qui leur donne un aspect plus allongé. Les lames plus grosses et moins nombreuses que celles de la dent du Mammouth (Elephas primigenus) sont pour- tant moins épaisses que celles de lElephas meridionalis, le cordon d’émail est aussi plus large que celui du premier de ces éléphants et moins large que celui du second. Il forme des sinuosités au lieu de présenter un ruban; il a une tendance à prendre la forme de losange qui est caractéristique de l’Eléphant d’Afrique. L’Elephas meridionalis est caractérisé par l'épaisseur générale de ses dents, la grosseur des lames, l’épaisseur du cordon d’émail et surtout l’irrégularité de ses sinuosités. (1) Les dents d’Eléphants dont nous avons à parler dans cette première note proviennent : de dragages en mer, du vallon de Ste-Adresse, de St-Aubin-Jouxte-Boulleng et des environs d'Elbeuf. En 1885, le patron d’un bateau de pêche de Villerville m’ap- porta au Muséum une belle molaire d’éléphant qu’il avait recueillie au fond de la mer, d’où elle avait été ramenée par le cha- lut, au large de Cauville, à la distance d’environ 3 milles au large. Cette dent, bien qu’elle soit brisée en arrière, mesure encore 29 centimètres de longueur, sa plus grande largeur en arrière est de 8 centimètres, à la base des lames ; la partie la plus large de la lame antérieure qui est près de la couronne est de 7 centimètres. Les lamelles qui composent cette dent sont au nombre de 17, mais nous le répétons, l’échantillon est incomplet. Les dents d’éléphants fossiles trouvées jusqu'ici dans notre région proviennent des dépôts quaternaires ; elles sont quelque- fois très fragiles et tombent en poussière au contact de l'air. La dent que nous décrivons ici est dure, solide, d’une couleur brune qui rappelle celle des ossements qui ont longtemps séjourné dans la tourbe. La surface est couverte en partie par des sécré- tions d'animaux marins modernes, tubes de serpules, cellules de bryozoaires (Membranipora pilosa). (1) Voyez Musée Préhistorique, par Gabriel et Adrien de Mortillet, pl. XV. =" PALÉONTOLOGIE NORMANDE 29 Etant donnée la connaissance de l’endroit où cette molaire d’élé- phant a été trouvée, a été draguée par le chalut, il est assez dificile d’en indiquer la provenance originaire avec une précision indiscutable; cependant nous croyons pouvoir dire qu’elle provient du terrain quaternaire de la vallée de Cauville qui, autrefois, avant le recul de la falaise rongée par la mer, devait s’étendre beaucoup plus loin, jusqu’à l'endroit où a été recueillie la dent. On admet généralement qu’à Cauville la falaise recule devant les attaques de la mer de o"2$ centimètres par an ; il y aurait donc près de 20 mille ans que cette dent serait éboulée à la mer avec le dépôt quaternaire qui formait terrasse des deux côtés de la vallée de Cauville prolongée jusqu’au niveau de la mer (1). Cette découverte n’est pas isolée ; nous avons appris récemment que M. Noury, fondateur du Musée d'Histoire naturelle d’Elbeuf, avait acheté, à Etretat, une dent molaire d’éléphant (Elephas pri- migenius) draguée au large de St-Jouin. Cette dent est de même taille que celle dont nous venons de parler, de même couleur brune, et aussi couverte de tubes de serpules et de bryozoaires (1). IT. — Dents d'Elephas primigenius trouvées à Sainte-Adresse. PL. II. PI. IL, fig. 1. Nous avons vu, il y a une vingtaine d’années, une dent d’élé- phant fossile, probablement d’Elephas primigenius dans la collec- tion d’un douanier de Ste-Adresse, nommé Flambart, qui avait été le porte carnier de Lesueur ; cette dent avait été trouvée lors de la fondation des bains Fouâche, à l’emplacement aujourd’hui occupé par l’amorce du Boulevard Maritime. Une autre dent appartenant à un animal de même espèce faisait partie de la collection géologique de M. Joseph Foc, vendue à M. d'Orbigny pour le Muséum de Paris. Cette dent avait été trouvée à l’entrée du vallon de Ste-Adresse, près de la mer. Une nouvelle découverte de molaire d’éléphant (Elephas primi- genius) a été faite dans la vallée de Ste-Adresse, dans les fouilles pratiquées dans la proprièté de M. Masquelier. Cette dernière dent a été recueillie par M. Alleaume, ancien maire de Ste-Adresse, elle fait partie desa collection de fossiles de la Hève. M. Alleaume, avec une obligeance dont nous tenons à le remer- cier ici, a bien voulu nous communiquer cette pièce, pour .en prendre un moulage destiné au Muséum du Havre. (1) Voyez la dent draguée au large de Cauville, pl. 111, fig. 2. 30 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE La dent molaire de Ste-Adresse est incomplète, il manque en avant un certain nombre de lamelles. La longueur totale d’avant en arrière est de 0"20 centimètres. La plus longue lamelle qui est la treizième, en comptant d’arrière en avant, mesure 0"20 centi- mètres de longueur. Le nombre total des lamelles est de 19, mais nous l'avons dit, il en manque un certain nombre en avant. En même temps, et dans le même endroit on a trouvé une au- tre partie de dent, figurée pl. II. fig. t. M. A. Noury, notre collègue à la Société Géologique de Normandie, a bien voulu nous prêter son précieux concours pour figurer la dent molaire d’éléphant trouvée à Sainte-Adresse. Voyez pl. Il. III. — Denis d'Eléphant (Elephas primigenius) et défenses trouvées à Rouen, à Elbeuf et au Trait. À l'exposition organisée par la Société géologique de Nor- mandie en 1877, lors du Congrès de l’Association française pour avancement des sciences, figuraient dans les collections de MM. Bucaille et Noury, des dents molaires d’éléphant trouvées aux environs de Rouen et d’Elbeuf. Ces dents ont été étudiées par M. le docteur Hamy, et signa- lées par lui dans les Notes d’ Anthropologie qu’il a publiées dans le compte rendu de l’Exposition géologique et paléontologique du Havre (1). Elles appartenaient à l’Elephas primigenius, et avaient été recueillies dans les bas niveaux d’Oissel et de Saint-Aubin-Jouxte- Boulleng. Dans la même note, M. le docteur Hamy signale une apophyse épineuse d’Elephas primigenius. La même espèce a encore été signalée dans la Vallée de l’Epte par M. Lerefait, associée à des silex taillés par l’homme, dans la ballastière d’Amécourt (Eure), sur la rive droite de l’Epte. Près d’Elbeuf, à la côte de Neubourg, chemin d'Orléans, M. Noury a recueilli deux fragments de défenses d’Elephas, dont nous donnons le dessin, pl. IV, fig. 1-2. Le même naturaliste a trouvé dans la carrière Lecalier, à Martot, deux molaires et deux défenses d’éléphant placées les unes près des autres, comme l'indique la pl. V, fig. 1, 2, 3, 4 ; la planche VI reproduit les molaires grandeur naturelle). (1) Voyez Bulletin de la Société Géologique de Normandie, t. VE, p. 791. PALÉONTOLOGIE NORMANDE 31 M. Bucaille, président de la Société des Amis des Sciences de Rouen, a bien voulu nous communiquer plusieurs dents d’élé- phant provenant de sa collection, en nous autorisant à les faire figurer. Voici d’après les déterminations de M. Gaudry, professeur au Muséum de Paris, les désignations des dents d’éléphant de la collection Bucaille : 1° Une molaire d’un jeune Elephas primigenius trouvée dans le limon quaternaire qui recouvre les graviers et galets à Oissel, dans la ballastière du chemin de fer de l’Ouest, pl. VIL fig. 3 ; 2° Dent d’Elephas primigenius qui se rapproche de lElephas antiquus. Cette dent a été recueillie au Trait dans le quaternaire (tranchée du chemin dé fer près l'Eglise, à une altitude de 33 mètres au-dessus du niveau de la Seine, pl. VIE, fig. 2 (1). La figure 1, même planche, représente une molaire d’Elephas Sp. ? recueillie à Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng, dans le qua- ternaire, par M. Bucaille). (1) Deux dents semblables avaient été trouvées, la seconde a disparu, elle sert probablement à décorer les dessus de quelque cheminée. NOTE SUR LE. FULLER’S EARTH ROCK (VÉSULIEN AUCTORUM) DE PORT-EN-BESSIN (CALVADOS). PAR J. SKRODZKI. Le calcaire marneux de Port-en-Bessin, le sous étage le moins étudié de ceux que renferme le département du Calvados, repré- sente — réuni au calcaire de Caen — le Fuller’s earth rock des anglais qui, du reste, n’est que la continuation de ces couches. L’excessive dureté des bancs calcaires inférieurs, la rareté des fossiles que renferme la marne, principalement aux environs d’Arromanches-les-Bains, où elle atteint son maximum de puis- sance, le mauvais état de conservation des spécimens par rapport à ceux des couches liasiques et bajociennes, ont peut-être été cause que les géologues, attirés par l'abondance des échantillons de choix des gisements voisins, aient négligé l’étude du Fuller’s earth de Port-en-Bessin, malgré tout l'intérêt qu’il présente. Il est d’autant plus urgent de s’occuper sérieusement de l'étude de ce niveau que les déblais provenant des travaux de creusement de l'arrière bassin tendent à recouvrir les bancs calcaires inférieurs quise trouvent tout proche du village de Port-en-Bessin{1), lorsque l’on se dirige, à marée basse, vers Arromanches-les-Bains, et rendront impossible, dans un temps fort rapproché, l’examen de ces couches si curieuses, tangibles, pour ainsi dire, en ce seul endroit. Grâce au glissement d’un énorme bloc de bajocien supérieur qui, entre Ste-Honorine-des-Pertes et la chapelle St-Siméon, pro- che Colleville-sur-Mer, avait entraîné avec lui, dans sa chute, les premières strates du calcaire marneux, nous avons eu l’heureuse chance de pouvoir prendre une seconde coupe du terrain dans un endroit où les différents bancs, d’une horizontalité relativement parfaite, n'étaient pas fracturés par ces fissures si nombreuses dans le voisinage des failles, et assez éloigné de l’endroit où nous avons (1) Septembre 1886. | $ NOTE SUR LE FULLERS EARTH 33 relevé la première pour démontrer d’une façon irréfutable que les diverses couches du Fuller’s earth de Port-en-Bessin offrent, en général, partout le même caractère. En dressant le tableau ci-après, nous nous sommes conforme à la classification adoptée par les géologues normands, nous réser- vant d'établir ensuite la limite exacte des différents étages. LOUPE COUPE prise entre le village de Ste Honorine- prise près le village de Port-en-Bessin, des-Pertes et la chapelle St-Siméon, proche Colleville. (FALAISE D’AVAL) en se dirigeant vers Arromanches- les-Bains. (FALAISE D’AMONT) BATHONIEN INFÉRIEUR VII Calcaire compacte, gris blanchâtre, séparé en couches de faible épaisseur par des cordons sableux ; lits de silex à diverses hau- teurs. Les couches inférieures, un peu plus épaisses, renferment quelques rares fossiles et de nombreuses traces d’annélides. Vers Colleville, le Bathonien ne se voit que dans l’intérieur des terres. FULLER'S EARTH > e : VII 2 Assise argilo marneuse d’un ce . A Ô gris bleuâtre, avec bancs de TV calcaire marneux ayant Om 10 < à om 12 environ. SJ Fossiles rares ; quelques be- + | lemnites, quelques huitres et S des rhynchonelles. 3 bn k le à eu La puissance du Fuller’s # “| earth (visible le long de la [D] v . . . . -+ à | falaise) diminue à mesure que P. 2 | l’on se rapproche de Colleville ; SEA DU à & y | en cet endroit, il a environ de © E | 10 à 15 mètres d'épaisseur. So |» 4 D TJ D = "à +— 2 < VI 15 Cordon de marne, jaunâtre E au bord de la falaise et près se des fissures. Fossiles nom- el L Li 3 breux : belemnites, ammonites, = limes , térébratules , spon- À | giaires, etc. Epaisseur de ce ss cordon : om 15. FULEER’S EARTH Assise argilo marneuse d'un gris bleuâtre, avec bancs de calcaire marneux ayant om 10 à OM 12 environ. Fossiles rares : quelques huîtres, des rhynchonelles iso- lées ou en lumachelle et quel- ques térébratules. Les couches inférieures four- nissent quelques nautiles et ammonites de grande taille, des huïitres, des morceaux de lignite avec serpules et indi- quant un long charriage. Puissance maximum : 35 à 40 mètres (près Arromanches). Cordon de marne, jaunâtre près des fissures. Fossiles nom- breux : belemnites, ammonites, limes, rhynchonelles, térébra- tules, spongiaires, etc. Epais- seur de ce cordon : om 15. 4 < 4 4 Lam IT TT SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE e Du cours élémentaire de paléontologie et de géologie de A. d’Orbigny. Tome I, page 483. d Du cours de paléontologie et de géologie de A. d'Orbigny. Tome II, page 483. Banc calcaire, gris bleuâtre, passant au jaunâtre au bord de la falaise, avec petits filons de _marcassite et de calcite. Fos- siles nombreux : ammonites, gastéropodes, limes, térébra- tules, bois, etc. Le sommet du banc, forte- ment corrodé par les eaux qui ont déposé les sédiments supé- rieurs (VI), offre un magni- fique exemple d’érosion — avec trous de vers et empreintes d'algues. Deuxième banc limite. | Epaisseur du banc : om25. : Cordon de marne, gris bleuâtre, jaunâtre par places, avec plaquettes de calcaire. Fossiles nombreux : ceux du banc V. Epaisseur de ce cor- don : om 10. Banc calcaire, gris bleuître, jaunâtre au bord de la falaise. Fossiles nombreux : ceux des couches IV et V. Le som- met du banc, corrodé par les eaux qui ont déposé. les sédi- ments supérieurs (IV), offre des traces d’érosion. Premier banc limite. Epaisseur du banc: om 20. Cordon de marne, jaunitre, avec noyaux de calcaire gru- meleux de même couleur. Quelques belemnites. Epais- seur de ce cordon : om 10. | Banc calcaire, gris bleuâtre, passant au jaunâtre près des fissures, avee petits filons de marcassite et de calcite. Fos- siles nombreux : ammonites, gastéropodes, limes, térébra- tules, etc. Le sommet du banc, forte- ment corrodé par les eaux qui ont déposé les sédiments supé- rieurs (VI), offre un magni- fique exemple d’érosion — avec trous de vers et empreintes d’algues. Deuxième banc limite. Epaisseur du banc : om 25. Cordon de marne, gris bleuâtre, jaunâtre près des fissures, avec plaquettes de calcaire. Fossiles nombreux : ceux du banc V. Epaisseur de ce cordon : om 10. Banc calcaire, gris bleuâtre, jaunâtre, près des fissures. Fossiles nombreux : ceux des couches IV et V. Le som- met du banc, corrodé par les eaux qui ont déposé les sédi- ments supérieurs (IV), offre des traces d’érosion. Premier banc limite. Epaisseur du banc : om 20. Cordon de marne, gris bleuâtre, jaunâtre par places, avec noyaux de calcaire gru- meleux de même couleur, Quelques belemnites.Ep.:oMm10 BAJOCIEN SUPÉRIEUR Calcaire compacte, blanc grisâtre, bleuâtre par places, séparé en couches d’inégale épaisseur par des cordons de marne jau- nâtre contenant de petits noyaux de calcaire grumeleux de même couleur. Fossiles nombreux : ammonites et nautiles (rares), gastéro- podes (rares), limes, peignes, brachiopodes, spongiaires (com- muns),. NOTE SUR LE FULLER’S EARTH 35 Ces deux coupes, parfaitement identiques, ayant été relevées à une assez grande distance l’une de l’autre, nous sommes en droit de penser, ainsi que nous l’avons déjà dit plus haut, que non-seulement l’assise argilo-marneuse mais encore les bancs calcaires inférieurs, qui échappent le plus souvent à l'observation, soit en plongeant au-dessous du sol ou encore à cause de leur altitude, conservent partout le même fuciés. Toutefois, un peu avant d'arriver à Ste-Honorine-des-Pertes, l’on voit sur une étendue d’une cinquantaine de mètres, à l'endroit où, par suite . d’une faille perpendiculaire au rivage, le Fuller’s earth s’abaisse presque au niveau du rivage, les bancs calcaires inférieurs se transformer en bancs de calcaire marneux ; c’est le seul exemple que nous en ayons rencontré, et dans certains endroits où il ne semblerait exister qu’un seul banc calcaire inférieur, au lieu de deux, nous croyons que ce faciès est causé par la diminution de l’épaisseur du cordon IV, et la couleur jaunâtre que présente, en beaucoup de places, le banc III et qui, au bord de la falaise, le fait paraître ne faire qu’un avec l’assise bajocienne. Examinons maintenant les différents niveaux de la falaise : (1) Nous voyons par l’ensemble des strates du bajocien supérieur, et par les fossiles, si connus, qu’elles renferment, que les sédi- ments qui ont donné naissance à ce terrain se sont déposés à un niveau supérieur à celui du balancement des marées, et dans une mer ouverte, assez profonde et fort calme. D’assez courtes et peu importantes modifications dans la nature du dépôt sont seulement venues former, de temps en temps, ces petites couches, plus marneuses que le reste de l’assise, et dont le cordon II est le dernier représentant. Une oscillation locale du sol occasionna ensuite une diminution de la profondeur des eaux, puisque la couche III contient de nombreux fossiles littoraux dont le gisement horizontal annonce d’une façon indiscutable le voisi- nage d’un haut-fond; puis, le retrait des eaux s’accentuant, eut alors lieu la première période d’émersion du sol ; et, après un laps de temps plus ou moins long, les eaux revinrent envahir le sol, dès lors suffisamment altde pour garder les traces de leur ravinement — premier banc limite. Après avoir laissé un nouveau dépôt littoral {couches IV et V), les eaux, peu profondes encore, se retirèrent de nouveau, et cette seconde période d’émersion du sol fut suivie, après une période de repos, relativement assez courte, par le retour définitif des eaux de la mer du Fuller’s earth — second banc limite. (1} Abstraction faite du bajocien inférieur et du bathonien supérieur. 36 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Ce dernier affaissement du sol fut sans doute lent, comme semble l’indiquer le dépôt littoral, mais il fut certainement con- tinu ; car si les périodes d’extension et de retrait des eaux dont nous venons de parler ne furent ni d’une assez iongue durée ni d’une assez grande étendue pour modifier la faune de la station de Port-en-Bessin, en transformant le modus vivendi de cette région côtière, cette dernière oscillation du sol amena, en éloignant le rivage et en augmentant la profondeur des eaux, un espèce de hiatus paléontologique dans l’échelle des êtres. En effet, si les fossiles que nous fournit la couche IV indiquent encore une mer peu pro. fonde et très voisine du rivage, on ne rencontre dans l’assise VII que des fossiles de plus en plus rares. Les belemnites et les mor- ceaux de lignite indiquent clairement, par les serpules qui les recouvrent et par leur usure, qu’is se sont trouvés envasés après up long charriage. La mer, très profonde et surchargée de troubles, déposait seulement de temps en temps, sous l’influence de causes diverses, des lits de sédiments un peu plus calcaires. Enfin, une oscillation lointaine du fond de la mer fit que, les eaux étant sou- mises à une circulation plus active, l’élément calcaire remplaça définitivement l'élément vaseux, puisque les couches calcaires qui surmontent le calcaire marneux, et qui forment le Bathonien infé- rieur dont les gros bancs inférieurs renferment seuls quelques fos- siles clair-semés, n’ont pu se déposer que dans une mer profonde, largement ouverte, et à grande circulation. Le caractère argilo-marneux que présente le Fuller’s earth de Port-en-Bessin ne lui est pas particulier, les divers étages du littoral du Calvados étant souvent plus marneux que dans l’inté- rieur des terres. Pour en donner une nouvelle preuve, bien que ce fait soit reconnu de tous les géologues, nous dirons que tout dernièrement encore nous avons rencontré à la Chapelle-Yvon, près Lisieux, le Kimmeridgien transformé en calcaire silicieux. Dans les couches supérieures, le Fuller’s earth de Poit-en- Bessin perd son caractère argilo-marneux et sa teinte bleuâtre ; il passe visiblement au calcaire marneux et on le retrouve à l’état de calcaire marneux, jaunâtre, à Commes, près l’école, à Villiers-sur-Port, à la ferme de Neuville, aux buttes de Ryes, et sur la route de Bayeux à Longues. Dans ces différents endroits, le calcaire marneux atteint déjà une assez grande épaisseur, et se métamorphose, progressivement età mesure que l’on s'éloigne de notre station, en ce calcaire connu sous le nom de « calcaire de Caen », mais il présente tou- NOTE SUR LE FULLER’S EARTH 37 jours à sa base une couche d’argile bleue, de moins en moins épaisse, reposant directement sur l’oolithe blanche et « donnant lieu à une nappe d’eau que viennent atteindre la plupart des puits ouverts à Caen et dans les parties hautes de la ville (1). » Une nouvelle période d’émersion du sol a-t-elle précédé le dépôt des couches du Bradfordien inférieur ? Pour le calcaire de Caen, cette période a été constatée par M. E. Deslongchamps, à Clopée, au sortir du faubourg de Vaucelles, aux Vaux-de-la-Folie, au Moulin-au-Roi. On y voit, dit le savant géologue, loolithe mi- laire, formée de calcaires sansÂossiles (pierre de taille de Ranville), reposer sur le calcaire de Caen dont les couches les plus élevées- reconnaissables à leurs nombreux silex gris, sont durcies et forte- ment usées et perforées. Aux Vaux-de-la-Folie, M. E. Deslong- champs a même reconnu deux niveaux d’usure dont le supérieur appartient aux couches de l’aolithe miliaire (2). Ce dernier niveau paraîtrait se retrouver dans le bathonien inférieur de la falaise de Longues. À Port-en-Bessin, une période d’émersion du sol a pu également avoir lieu, et un fragment de calcaire marneux, trouvé sous les feux, tout proche du village (falaise d’aval), semblerait donner raison à cette conjecture ; mais, malheureusement, cet échantillon, ramassé dans les éboulis, n’a pas été observé in situ, et nous croyons même qu’il ne provient pas du niveau supérieur du Fuller s earth. Nous pensons aussi que, si le retour des eaux avaient été lent, nous trouverions un dépôt littoral ; si, au contraire, le retour des eaux a été brusque, on comprend facile- ment qu’elles n’ont pu laisser des traces bien visibles de leur pas- sage sur un terrain aussi peu résistant que le calcaire marneux. Du reste, partout ailleurs, il nous a été impossible d'observer les traces du retrait et du retour des eaux entre le dépôt des couches du Vésulien et. celui des couches du Bradfordien inférieur. Et, lorsque l’on considère le passage progressifdes marnes vésuliennes en calcaire bathonien, cette période d’émersion du sol paraît des plus problématiques. Résumons : l’un des hauts-fonds de la mer vésulienne, qui était toujours resté voisin de la station de Port-en-Bessin lors du dépôt des couches IE, IV, V et VI, malgré les différents mouvements du sol, avait disparu au moment où se formaient les dernières strates du calcaire marneux ; seul, le changement minéralogique des me 2 (1) E. Deslongchamps. Etudes sur les Etages Jurassiques inférieurs de la Normandie, p. 121. (2) E. Deslongchamps. Loc. cit., p. 125. 38 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE assises supérieures de la falaise, modification: survenue à la suite de la circulation plus rapide des eaux de la mer du Fuller’s earth, permet donc de tracer une ligne de séparation entre le Vésulien et le Bradfordien inférieur (1). Les différentes périodes de retrait et d’extension des eaux peuvent se résumer ainsi qu’il suit : VIII Mer profonde et ouverte à grande circulation | des eaux, éloignée du rivage ; dépôt de sédiments calcaires. | Ouverture d'une côte (?) établissant une circulation Deuxième plus rapide des eaux. | VII période . Mer profonde, éloignée du rivage; dépôt de d'extension des sédiments vaseux. ï VI eaux. Mer peu profonde et voisine du rivage; dépôt littoral vaseux. Mouvement local d’affaissement du sol ; érosion * de la partie supérieure du banc V. — Deuxième banc limite. V Deuxième Emersion du rivage. Mouvement local d’exhausse- période de retrait ment du sol. des eaux. 5 IV | Première période Mer peu profonde et voisine du rivage ; dépôt d'extension littoral vaseux. des eaux. Mouvement local daffaissement du sol ; érosion de la partie supérieure du banc III. — Premier banc limite. HI Prémiste Emersion du rivage. période de retrait Mer peu profonde et voisine du rivage : dépôt de ae littoral vaseux. Mouvement local d’exhaussement du sol. II Mer profonde et ouverte, éloignée du rivage ; Période dépôt de sédiments un peu vaseux. TL | de stagnation de Mer généralement calme, profonde et ouverte, la ligne des éloignée du rivage ; dépôt de sédiments calcaires, eaux. avec courtes périodes de dépôts un peu plus vaseux. N. B. — Les numéros de ce tableau, qui peut avantageusement être lu de bas en haut, correspondent aux numéros de la coupe de la falaise qui a été donnée plus haut. (1) Le passage du calcaire marneux au calcaire compacte peut s'observer : 19 dans la demi-falaise d’aval, avant d'arriver sous le sémaphore ; 20 dans la demi-falaise d’amont, après la Goulette-de-Vary, dans un petit chemin qui descend à la mer, près de la maison isolée connue sous le nom de « maison Lemaignan. » MNT CN pi NOTE SUR LE FULLERS EARTH 39 Dans notre premier tableau, nous avons été obligé, pour l’exac- titude de la coupe des différentes couches de la falaise de Port-en- Bessin, de séparer les niveaux IV et V, VTet VIT, mais l’on voit par le précédent tableau que ces couches appartiennent aux mêmes périodes de dépôt. D’après Sir C. Lyell, le Fuller’s earth d'Angleterre qui, comme nous l’avons déjà dit, se rattache aux couches que nous venons d'étudier, n’a fourni que vingt-deux mollusques, savoir : dix-sept bi- valves lamellibranches, quatre brachiopodes et un céphalopode{r), le Belemnites giganteus qui, dans les environs de Bayeux, ne se trouve que dans le conglomerat à Ammonites Sauxei (base de l’oolithe ferrugineuse à Ammonites Humphriesianus. La station de Port-en-Bessin, dont nous donnons ci-après la liste des fossiles est donc beaucoup plus riche, et cependant notre liste est loin d’être complète ! | ASSISE VII ( COUCHES SUPÉRIEURES) Térebratula. | Rhynchonella varians. | Ostrea obscura. Total : 3. (COUCHES INFÉRIEURES) Ossements de sauriens. |L. impressa. | Rhynchonella varians. Belemnites Bessinus (type). | Lima. Hemithyris spinosus B. Bessinus (var.). | Inoceramus (se retrouve | Terebratula sphæroidalis Belemnites (se rapproche | dans le Bajocien). (type et variétés). beaucoup du Belem- | Pecten articulatus. T.carinata nites hastatus). | Plicatula Bajocensis. | Serpula. Belemnites. | Ostrea acuminata (var.). | Serpula. Belemnites. |O. obscura (type et|Pentacrinus Bajocensis. Nautilus clausus. variétés). Lignite. Ammonites Parkinsoni. | O. crenata — subcrenata Mitylus gibbosus. | (No 432 du prodrome Total : 26. Lima proboscidea. | de A. d'Orbigny). | COUCHE VI Belemnites Bessinus (type). | Ammonites procerus.\ | Pleurotomaria. B. giganteus (débris du | A. subradiatus ? | Pterocera Lorieri. cône alvéolaire, venu | A. aspidoides. 3 | Purpurina Bellona? peut-être d’une station | A. polymorphus. 5 | Purpurina. anglaise). | À. dimorphus. 4 Pleuromya tenuistria. Nautilus clausus. a | À. zigzag. |P. varians (peut-être des Ammonites Parkin- Ê | Natica Bajocensis, | moules internes de la soni. ©, | Pleurotomaria Palemon. | Panopæa Jurassica). 1 (1) Eléments de Géologie de Sir C. Lyell. Traduction J. Ginestou, t. I, p. 634. 40 Pholadomya ovulum. P. Murchisoni. P. texta. Pholadomyàa. Goniomya scripta. Isocardia Bajocensis. Pinna. Myoconcha Bajocina. Myoconcha. | Mitylus gibbosus. Lima proboscidea. | L. gibbosa. Lima. Pecten articulatus. P. Silenus. Pecten. Hinnites tuberculosus. Plicatula Bajocensis. Ostrea acuminata (va- riété). O. crenata — subcrenata, et, riété). | Hemithyris spinosus. | Terebratula sphæroïidalis Avicula digitata. (type .et variétés). BANCS III, IV & V O. obscura (type et va-| SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE riétés). |T. carinata. | Serpula | les 2 variétés de .Serpula ! lassise VII, Collyrites ovalis. _C. ringens. | Pentacrinus Bajocensis. Pentacrinus. Pentacrinus. Lignite(petits morceaux). Fe globata (type et va- | ! | | Total : ÿ2. (CES DIFFÉRENTS BANCS RENFERMENT LA MÊME FAUNE) Belemnites Bessinus (type). ! B. giganteus (débris du | cône alvéolaire). Nautilus clausus. N. excavatus.. Ammonites Parkinsoni. . arbustigerus. . aspidoides. . polymorphus. . dimorphus. . Zigzag. Natica Chauviniana. N. Bajocensis. Pleurotomaria armata. P. Bessina. P. discoideà. Pleurotomaria (moules internes à peu près in- déterminables, mais à faciès bajocien). Chemnitzia (2 moules petits indéterminables) Pleuromya varians (peut- être les moules internes de la P. Jurassica). >>» Pholadomya. Pholadomya. Thracia vicealensis. Cypricardia cordiformis. Trigonia costata. Cardium. Cardium. Isocardia Bajocensis. Pinna ampla ? Myoconcha crassa. Mytilus gibbosus. | Lima Hector. L. proboscidea. | L. (voisine de la L. gib- bosa). L. gibbosa. Lima. Avicula digitata. Pecten articulatus. | P. Silenus. Hinnites tuberculosus. | Plicatula Bajocensis. Ostrea crenata — subcre- nata, etc. O. acuminata (var.). | O. obscura (type et var.). | Hemithiris spinosus. Terebratula sphæroiïdalis | (type et variétés). LT. globata (type et var.). T. Phillipsii (type). T. Morieri ? Traces d annélides dorsi- branches (banc V). Bryozoaire (Bajocien). | Acrosalenia ? ? | Raguettes d’oursins bajo- | ciens ; 4 espèces. | Cribrospongia subfenes- | tra. j | Autres spongiaires bajo- ciens , 4 espèces. Chonderites et Cancello- phycus (empreintes sur le sommet du banc V). Bois fossile. | | | | | | Total : 63. | | Si l’on considère le caractère de leur’ faune, plutôt bajocienne que bathonienne, les bancs limites, indiquant une période d’émer- sion du sol, l’espèce de hiatus paléontologique existant entre les couches fossilifères du Fuller’s earth de Port-en-Bessin et celles du NOTE SUR LE FULLERS EARTH 41 Bradfordien supérieur de Longues (1), les couches IT, IV et V doivent certainement être réunies à l’étage bajocien, et il n'existe peut-être pas de raisons bien sérieuses, pour en séparer les cou- ches VI et VII. Quelle que soit l’opinion que l’on adopte, il est toutefois impossible de séparer le banc IIT (le premier niveau du Fuller’s earth, pour presque tous les Géologues) de lPétage Bajocien, car le géologue doit mettre autant que possible en concordance avec les phénomènes locaux la limite, souvent un peu arbitraire, qu’il se trouve appelé à tracer entre les différents étages dans le but d’en faciliter l’étude. À. d’Orbigny avait déjà fait remarquer que les calcaires bleus de Port-en-Bessin contenaient les mêmes fossiles que les couches bajociennes, et fait connaître, le premier, l’une des oscillations du sol ; il voulait parler, sans nul doute, de la seconde (banc V) beaucoup plus facile à constater que la première (2). Il la compa- rait, avec raison, à celles que l’époque actuelle nous montre à Pouzzoles (Italie) (3). Bien que l’énonciation de ce fait infirmât sa théorie des perturbations finales, A. d’Orbigny reconnait que les oscillations du sol avaient dùû être locales à Niort (Deux-Sèvres et à Port-en-Bessin. Il en est de même, il est vrai, pour tous les mouvements du sol qui ont eu lieu ou qui sont encore en train de s’accomplir ; plus ou moins étendus, ils ne sont jamais généralisés à l'étendue de la croûte terrestre, et ce fait nous explique comment certains êtres ont continué d'exister dans des localités où le modus vivendi ‘n'avait pas été radicalement transformé alors qu’ils étaient déjà disparus depuis longtemps dans d’autres stations. Aussi, on ne peut afhrmer lorsque l’on étudie deux gisements, éloignés l’un de l’autre, que les couches qui renferment les mêmes fossiles datent de la même époque ; leur dépôt, effectué il est vrai sous les mêmes conditions, a très bien pu avoir lieu à des époques différentes, et bien que les différents niveaux paléon- tologiques n'aient jamais mis le même temps à se former dans chacune des localités où on les rencontre, leur série complète (1) Le Bradfordien supérieur de Longues, village situé entre Port-en-Bessin et Arromanches-les-Bains, offre deux dépôts littoraux superposés, séparés par un banc azoïque de faible épaisseur. (2) Cours de Géologie et de Paléontologie. T. III, p. 483. (3) Loc. cit., p. 486. | 42 | SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE peut seule permettre d'affirmer si deux sous-étages sont à peu près synchrônes | Ces réserves faites, nous pouvons déclarer: que le Fuller’s earth de Port-en-Bessin, malgré son caractère vaseux, particulier à beaucoup de sous-étages et d’étages géologiques du littoral, est synchrône du calcaire de Caen, ainsi que l’a, du reste, victorieu- sement démontré M. E. Deslongchanps (1), et qu'il doit être considéré comme dépendant plutôt de lPétage Bajocien que de. ‘étage Bathonien. La station de Port-en-Bessin n’est pas la seule, du reste, où le Fullers earth présente un caractère qui doive le faire considérer comme formant la partie supérieure du Bajocien. M. de Lapparent, à l'autorité duquel l’on ne saurait trop faire appel, établit que le Fullers earth des Ardennes se réunit mieux au Bajocien qu'au Bathonien (2), et M. de Goussouvre est arrivé à la même conclusion au sujet du Fuller’s earth de la vallée de la Loire (3). Persuadé que les études locales de chacun des divers sous- étages peuvent seules permettre d’arriver à des vues d’ensemble à peu près exactes, nous serons heureux si notre travail, tout imparfait et incomplet qu’il puisse être, peut venir en aïde à celui de nos Collègues qui voudra s’occuper de la monographie du Fuller’s earth rock. (0 (1) Etudes sur les Etages jurassiques inférieurs de la Normandie, p. 127. 2) Bull. Soc. Géol. de France. 3e série, T. LIL, p. 146 êt suiv. (3) Bull. Soc, Géol, de France. 3e série, T. XIII, p. 410. te de UN NOUVEL AFFLEUREMENT DE L'ÉTAGE KIMMÉRIDGIEN DANS LE CALVADOS Par M. J. SKRODZKI. Si cette découverte ne devait pas engager les géologues à visiter les environs du nouveau gisement afin d’étudier l'étage kimmé- ridgien, encore peu connu dans l’intérieur des terres, notre titre serait, eu égard au peu d'importance de ce gisement, bien long et surtout bien prétentieux ; mais la réflexion qui précède nous a. engagé à ne pas laisser ignorer la présence de l'étage “HDpEndSIEn à la Chapelle-Yvon. Le kimméridgien se présente sur le littoral du département du Calvados sous un faciès généralement argileux ou marneux qu’il partage, du reste, avec la majorité de beaucoup de niveaux des autres étages, et, de même que la plupart de ces niveaux, il devient rapidement calcaire à mesure que l’on s’avance dans l’intérieur des terres ; il a déjà ce dernier aspect à la Chapelle-Yvon. Ce village sur la ligne de Lisieux à Orbec est bâti dans une vallée dont les coteaux sont formés par le Cénomanien, niveau du P. Asper, surmonté par l’argile à silex (suessonnien inférieur pour M. de Lapparent etla majorité des géologues contemporains) ; la petite rivière de l’Orbiquet coule dans le thalweg de la vallée. C’est du lit même de la rivière, un peu en avant de hydraulique de la filature de coton, construite sur la rive droite de l’Orbiquet et occupée par M. A Chauvin et M®° Ve Armand, que la pioche d’un ouvrier arracha dernièrement, sous les sables chlorités du céno. manien inférieur, amenés par les eaux pluviales, plusieurs morceaux d’un lourd et dur calcaire silicieux, grisâtre, compacte et pétri de fossiles. La filature étant bâtie sur le cénomanien — on le retrouve dansla cour — ce calcaire, d’après ce que nous savons des divers étages du 44 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE canton, devait appartenir soit au kimméridgien soit au Corallien. Rien que par son faciès, il se séparait trop des différents niveaux du corallien du Calvados et de l'Orne pour que l’on püût s'arrêter à l’idée de voir en lui un représentant de cet étage ; restait donc le kimméridgien, argileux ou marneux sur le littoral mais offrant déjà d’épais et nombreux bancs calcaires aux environs de Bellème (Orne). Il ne nous restait plus qu’à déterminer les fossiles renfermés dans nos morceaux de calcaire pour être définitivement fixé à ce sujet. Notons, en passant, que ces morceaux n'étaient nullement roulés ; leurs arêtes vives, et les marques du pic de ouvrier prouvaient qu'ils avaient été arrachés 21 situ ; les cailloux roulés que l’Orbiquet renferme en cet endroit, peu nombreux du reste à cause des nombreux déversoirs, établis pour le service des usines, ct par suite des fréquents curages du lit de la rivière, appartiennent tous aux silex de l’étage cénomanien. Le plus gros morceau de calcaire, un peu moins grisâtre que les autres et moins silicieux, renfermait entre autres fossiles, peu déterminables ou communs au Corallien supérieur de Glos, plu- sieurs moules de Chemnitzia (chemnitzia striata ?) Les autres mor- ceaux nous ont donné un Îort bon exemplaire de Mitylus jurensis, et plusieurs autres fossiles caractéristiques de l’étage kimmeridgien du Calvados. Ainsi, la paléontologie est venue encore une fois confirmer les indications fournies par la stratigraphie. Maintenant, à quelle subdi- vision de l’étage appartient le kimméridgien de la Chapelle-Yvon ? Lorsque l’on voit, par exemple, les divisions du Corallien des environs de Lisieux si peu correspondre à celles du même étage que l’on rencontre dans l’intérieur des terres, il serait évidemment fort téméraire de vouloir comparer, avec si peu d'éléments, cette station calcaire avec des stations argilo-marneuses comme celles de Honfleur, Criquebœuf, etc. Des recherches ultérieures peuvent seules nous renseigner à ce sujet ; tout ce que nous pouvons affirmer c’est que l'étage kimmé- ridoien, à faciés argilo-marneux le long d’une partie du littoral du Calvados, afleure à la Chapelle-Yvon sous forme d’un calcaire silicieux, grisâtre, compacte et fort lourd, renfermant des fossiles caractéristiques de l’étage. EXCURSION DE LEA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE NORMANDIE A VIMOUTIERS Par PauL BIZzET Conducteur des Ponis et Chaussées à Bellème, Membre de la Societe Geologique de Normandie, etc. La Société Linnéenne de Normandie avait fixé cette année le : lieu de saréunion à Vimoutiers, dans le but d'explorer les terrains de cette contrée au double point de vue botanique et géologique. Le Samedi 4 Juillet dernier se rencontraient dans la petite cité normande : MM. Moriëre, doyen de la Faculté des sciences de Caen, secré- taire de la Société Linnéenne ; BEYOT, président ; BEaujour Sophronyme, trésorier ; JouAN, capitaine de vaisseau en retraite, à Cherbourg ; Bicor, licencié ès-sciences, archiviste de la Société ; DANGEARD, licencié-ès-sciences ; TAvIGNY, ancien avocat à Bayeux ; LE BORGNE, ex-vice-consul des Etats-Unis d'Amérique, à Fécamp ; Osmoxr, géologue et entomologiste à Caen ; Huer, botaniste, élève de la Faculté des sciences de Caen; DunamEL, botaniste à Camembert ; Lecœur, pharmacien de première classe à Vimoutiers ; HavARD, agent-voyer à Vimoutiers ; | LERECULEUR, architecté à Vimoutiers ; MELLION, pharmacien à Vimoutiers ; L'abbé LeTAco, curé de Saint-Germain d’Aunay ; PoTeL, botaniste à Fresnay-le-Samson ; DEMELLE, botaniste à Caen. 46 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE La Société géologique de Normandie n’était représentée que par M. Gouverneur, maire de Nogent-le-Rotrou et M. Bizet, Conducteur des Ponts et Chaussées à Bellème. Des devoirs de famille et des obligations professionnelles avaient empêché MM. Lennier, Lionnet et Prudhomme de pouvoir se rendre à l'invitation qui leur avait été faite et ils avaient envoyé l’expres- sion de tous leurs regrets. Les excursionnistes, sous la direction de M. Lecœur, se sont rendus à Chambois et à Fel, afin d’y étudier le Callovien à la base de l’Egrefhin et la partie supérieure de la Grande Oolithe dans les carrières ouvertes sur le territoire de ces deux communes. Les géologues sesont également rendus à Sainte-Eugénie pour visiter les quartzites siluriens exploités, dans cette localité, pour lentretien des voies de communication. De leur côté, les botanistes se sont répandus dans les environs pour recueillir les plantes rares dont ils ont pu faire une ample moisson, grâce aux indications très précises de leur aimable et dévoué conducteur. Les paléontologistes ont èté moins heureux car, malgré l’activité de leurs recherches, ils n'ont rencontré que quelques fossiles dans un médiocre état de conservation. À Fel, comme partoutailleurs, la faune bathonienne est pauvre et cause toujours de profondes déceptions aux amateurs de collections géologiques. Quant aux couches calloviennes, elles sont la plupart du temps masquées par la végétation et il est bien dificile d’y reconnaitre les successions d’assises signalées par M. Eugène Deslonchamps, dans ses coupes d’Argentan à la butte de lPEgrefhin et à Exmes. Si ces coupes ont été classiques à une certaine époque, c’est-à-dire au moment de l'ouverture des voies de communication, elles sont loin de présenter maintenant une netteté sufhsante et nous engageons vivement les géologues à les délaisser pour étudier celles qu’offrent les terrains similaires des environs de Mamers et de Bellème. (Le Champ-Rouge.— Origny- le-Roux.— Chemilly.— La Basse-Sussaye, etc). Après un déjeuner fort bien servi par M. Feuillet, dont l'hôtel, pour la circonstance, était pavoisé aux couleurs nationales, les membres dela Société Linnéenne, sur l'invitation fort gracieuse de M. Ganivet, conseiller général et maire de Chambois, visitèrent avec un grand intérêt le donjon de l’ancien château fort. Je ne saurais résister au désir d’ouvrir ici une parenthèse pour dire quelques mots sur cette antique demeure féodale qui est assurément un des monuments les plus importants et les mieux EXCURSION A VIMOUTIERS 47 conservés de toute la Normandie. Il ny manque pour ainsi dire que la toiture et le plancher bien qu'aucun soin n'ait été pris Pour réparer des ans l’itréparable outrage. DATE æ! li fl rt, ain j ll HRL LÉ UE Fr} ——— — 5 | 1 AO e ii TT VD TES Eu Re ae Donjon de l'ancien Château de Chambois Canton de Trun ( Orne }. C’est une architecture peu commune en France et dont la disposition générale rappelle assez exactement les formes extérieures de quelques parties de la Tour de Londres et du Château de Douvres. Cette construction doit remonter à la fin du XI siècle ; on y remarque en effet une corniche intérieure avec modillons très-ornés de cette époque et, dansles fenêtres géminées, un essai, encore fort timide del’ogive. Il me semble donc difhicile de lui assigner unèé origine moins ancienne, ainsi que certains archéologues l’ont fait en le rapportant au XIIT° siècle. La porte d'entrée se trouve àsix mètres au moins au-dessus dusol, eton n’y accède encore aujourd’hui qu’au moyen d’une échelle, ainsi que cela se pratiquait dans les donjons du moyen-âge. Cette porte est ouverte dans une tour appliquée sur la façade méridionale. Aux quatre angles du donjon existent des tourelles carrées, peu sail- lantes, terminées par des guérites ; une galerie crénelée formant encorbellement et supportée par d’élégantes consoles, couronne l'édifice en reliant entre elles les guérites des angles. Au premier étage était un vaste appartement, qui devait être somptueux si l’on 438 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE s’en rapporte aux richesses d’ornementation qu’on y aperçoit encore. Dans les angles se voient des arceaux qui relient les murs latéraux et forment des espèces de baldaquins. Quelques personnes croyaient que ces arceaux avaient pour but de prévenir l’écarte- ment des murs et devaient participer à la stabilité de lédifice. Mais, après un examenattentif, j’ai émis l’opinion que l’on ne devait voir là qu'un simple appareil d'architecture servant à lPembellissement des appartements particuliers du seigneur, et: non pas y rechercher un moyen de consolidatiou. MM. Tavigny, Gouverneur, Havard et Lereculeur ontété entièrement de cet avis. On montre encore, à la base d’une des tours, un cachot obscur, où les comtes de Chambois renfermaient les malheureuses victimes de leur vengeance et de leur barbarie. Des fouilles opérées dans ces sortes d’oubliettes ont mis au jour, paraîtAl, de nombreux ossements humains. — En sortant du Château, les excursionnistes ont visité l’église de Chambois dont le clocher semble également remonter à la deuxième moitié du XII° siècle (1) et qui présente encore de bons spécimens de modillons et de chapiteaux de l'époque romane dans les arcatures et les baies supérieures. Le portail a aussi attiré l’attention des visiteurs à cause des colonnes qui supportent l’archivolte et d’une ornementation en palmettes d’une forme particulière assez rare dans nos églises normandes. Vraisemblablement léglise et le château ont dù être édifiés pendant la domination anglaise, car on y trouveles caractères qui distinguent beaucoup de monuments de la région bâtis à cette époque. Après cette petite incursion dans le domaine de l’archéologie, les botanistes reprirent le chemin de leurs vertes pelouses et les géologues celui de leurs carriéres, puis, la nuit venue, tous se réunirent de nouveau pour faire honneur à un substantiel diner, où la gaîité du meilleur aloi ne cessa de régner en maitresse (1) Je pense que l’église est un peu antérieure au château. Elle a dû être édifiée au commencement de la deuxième moitié du XIle siècle, c’est-à-dire vers 1150,tandis que le château daterait de la fin de ce siècle (de : 180 à 1200). On sait, en effet, que c’est vers cette époque où l'arc en tierspoint fut employé dans nos monuments dela France occidentale, mais avec hésitation par les architectes qui, n'étant pas certains de sa stabilité, commencèrent par lui donner une forme très obtuse. C’est là le cas du donjon de Chambois où l'ogive n’est pour ainsi dire usitée que comme voûte de décharge au dessus d'ouvertures en plein cintre. EXCURSION A VIMOUTIERS 49 souveraine.Ce n’est que vers neuf heures et demie du soir que nous fimes nos adieux à M. le maire de Chambois qui avait bien voulu assister à notre réunion et que nous primes congé de nos hôtes pour regagner la ville de Vimoutiers, autour de laquelle devaient avoir lieu le lendemain de nouvelles excursions. DIMANCHE $s JUILLET À peine l’aurore aux doigts de rose avait-elle entr'ouvert les portes de l’Orient, comme eussent dit nos pères, que déjà les géologues, les yeux encore gonflés de sommeil, prenaient place dans un vaste char-à-bancs traîné par un vigoureux percheron, aussi fier de nous conduire que Bucéphale létait de porter Alexandre. — Il s'agissait d’étudier le Cénomanien dans cette partie du département de l’Orne et de voir si les sables des collines du Perche, si abondants dans l'arrondissement de Mortagne, étaient représentés dans cette contrée ; nous avions aussi à examiner la craie turonienne de Boscrenoult et la composition de l’aroile à silex qui la recouvre. Et, pour toutes ces recherches, nos heures étaient parcimonieusement comptées car nous devions être de retour à midi, afin d’assister à la séance publique. Toujours sous la conduite de notre vaillant guide, M. Lecœur, nous visitimes rapidement les carrières et les tranchées où le Cénomanien est apparent et le plus facilement accessible. Malgré cette étude hâtive il nous fut possible néanmoins de reconnaître que l’assise à Ammonites Mantelli et à turrilites tuberculaius prend un grand développement dans le flanc des coteaux, où elle atteint une puissance de 20 à 25 mètres; que la craie à Ammoïntes Rhotomagensis et à turrilites costatus la recouvre sur les hauteurs, mais que les sables Cénomaniens supérieurs ou Sables du Perche n'existent pas, même à l’état rudimentaire. La zone à scaphites, sur la présence de laquelle j'avais élevé quelques doutes, s’y rencontre aussi en approchant des faîtes. M. Bigot a recueilli, en ma présence, un fragment du scaphites œæqualis dans une petite excavation voisine de la gare de Ticheville ; toutefois il nous a été impossible d'y découvrir de baculites pourtant si abondantes, à ce niveau, dans le canton de Mortagne et de Rémalard. Le temps nous a manqué pour rechercher si la couche à Belemnites plenus se rencontrait dans cette région entre la craie à scaphites et la craie turonienne, mais, grâce à l’activité de nos collègues de Vimoutiers, peut-être serons nous bientôt fixés sur so SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE cette question s’ils ont la bonne fortune de découvrir une coupe bien nette où ces assises soient visiblement en contact. Quant à la craie turonienne, elle a au Sap et à Boscrenoult le même aspect et les mêmes caractères pétrographiques que dans l'Est et le Sud-Est du département. Sa composition chimique est aussi sensiblement la même et, sous ce rapport, il n’est pas sans intérêt de rapprocher les analyses qui en ont été faites sur divers points assez éloignés les uns des autres. BOSCRENOULT. LAIGLE IRAI SENONCHES Résidu insoluble dans bancs suprs 4e banc les aeides ss ire 14.55 (4.70 14.90 12.20 16.35 Alumine et peroxide de fer, sh HI 7.10 0.80 0.8$ 0.65 0.80 CRE EE TS tee 45.10 43.50 36.65 47.15 43.25 Maghésie, 724 RAT 0.45 0.50 0.45 0.25 0.25 Pertes an 1m 38.80 40.50 47.15 39.75 39.35 L’argile à silex en place recouvre partout la craie turonienne aveç une surface de contact des plus irrégulières ; elle forme parfois dans la couche marneuse des puits plus ou moins profonds, ainsi que cela peut s’observer lorsqu'on voit ce contact dans les parois d’une tranchée. C’est un fait constant dans toutes nos contrées. L’aroile à silex a été fort bien étudiée par M. Lecœur dans ces parages. Ce géologue a montré qu’elle renferme accidentellement des poches de sable siliceux d’une. étendue et d’une puissance variables. Plusieurs points restaient encore à explorer, mais les heures s’envolaient avec une rapidité désespérante et il nous fallut songer à regagner Vimoutiers. D’ailleurs nos estomacs surmenés criaient famine et le moment était venu de faire droit à leurs énergiques revendications. En descendant la longue côte de la route de Gacé, onrencontre, après avoir passé le pont du chemin de fer, deux carrières où il est facile d’observer les assises inférieures du terrain corallien. Nous y avons constaté des traces de discordances très sensibles dans les diverses strates qui composent le Calcareous- grit. Il y a certainement eu là, pendant le dépôt de ce sous-étage, des mouvements du sol dont il serait intéressant de rechercher les causes. A l'heure fixée pour l’ouverture de la séance publique, tous les membres de la Société se sont réunis dans la salle du Tribunal de commerce, qui avait été gracieusement mise à leur disposition par ne EXCURSION A VIMOUTIERS SI M. le Président. À ce petit aréopage. s'étaient joints quelques membres de la municipalité et plusieurs habitants de la ville. Tout d’abord, M. Morière, après quelques paroles bien senties, a décerné deux médailles de Linné : lune à M. Duhamel, pour ses belles découvertes dans laflorenormande, et l’autre à M. Lecœur, pour reconnaître le zèle et le dévouement dont il a fait preuve dans l'organisation de l’excursion. M. le Secrétaireabien voulu m'adresser aussi de flatteuses paroles au sujet de mes modestes travaux et de la toute petite part que j'avais prise à la préparation de ces promenades scientifiques. J’ai été très sensible aux félicita- tions de l’éminent professeur, et je le prie de vouloir bien agréer l'hommage que je lui adresse ici de toute ma gratitude pour sa trop grande bienveillance à mon égard. M. le commandant Jouan a pris ensuite la parole et, dans un style charmant et plein d'humour, nous a fait l’historique de ce petit coin des côtes d’Afrique que l’on nomme la Guinée. I] nous a décrit, avec une grande clarté, son origine, sa position géogra- phique, l’aspect général des côtes et de l’intérieur des terres, son climat, ses productions, les mœurs et les coutumes de ses habi- tants. Il a su captiver au plus haut degré l'attention de l’auditoire par la justesse de ses observations, la hauteur de ses aperçus, la précision et la simplicité de son langage. M. le commandant Jouan est plus qu’un conférencier savant et agréable : c’est un charmeur dans la bonne et vraie acception du mot. Plusieurs communications fort intéressantes ont été faites au cours de cette séance. Je citerai d’abord celle de M. Morière sur la présence du genre Banksia dans le terrain crétacé de Vimoutiers. Ensuite, une étude très complète swr les tranchées du chemin de fer de Caen à Vire, entre Louvigny et Verson, par M. Bigot, un jeune géologue du plus grand avenir. Puis de curieuses observations sur les parasites des anguillules, par un autre jeune savant d’un mérite réel, M. Dangeard, prépa- rateur de botanique à la Faculté des sciences de Caen. M. Lecœur a également donné une très bonne étude sur l'argile à silex de Boscrenoult. M. Guyerdet, conservateur des collections bone à PEcole des mines, a soumis à li Société wne coupe du terrain crétacé à Gacé. Quoiqu'il m’en coûte toujours de relever des inexactitudes chez un auteur, je dois cependant constater, dans l'intérêt de la science, que le travail présenté par M. Guyerdet comporte une lacune regrettable. Dans sa coupe, passant par Gacé, il figure le terrain s2 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Cénomanien comme reposant directement sur le Corallien. C’est une erreur ; le crétacé recouvre les calcaires à astartes du Kimmé- ridgien, ainsi que cela peut se voir dans les talus d’un vieux che- min qui s’embranche sur la grande route de Rouen et se dirige vers Saint-Evroult-de-Monfort. À l'Ouest du bourg de Gacé, on retrouve les mêmes calcaires sur le chemin de Falaise, en de çà de la mairie de Résenlieu, mais ils sont masqués par la végétation. Au Nord, on les voit encore près de l’église de Mardilly et à la halte de Neuville. Ce n’est qu'entre ce dernier point et le ravin de Cutesson que les assises kimméridgiennes finissent par disparaître, en s’amincissant graduellement (1). Je signalerai en dernier lieu, et avec tous les éloges qu’elle mérite, une très savante communication faite par M. l’abbé Le- tacq, sur des mousses rares trouvées par lui dans le département de Orne. Ce zélé bryologue en a déjà publié un catalogue de 280 espèces, provenant des environs d'Ecouché. Il en a aussi découvert une grande varièté dans l’arrondissement de Mortagne. J'ai indiqué simplement, sans oser les analyser dans la crainte de les amoindrir, les excellents Mémoires qui ont été lus, étant persuadé que la Société Linnéenne sera heureuse de leur réserver, dans ses annales, la place qu’ils doivent y occuper. À l’issue de la séance, un banquet familial réunissait, à l'hôtel du Soleil-d’Or, tous les excursionnistes ; puis, l'heure de la sépa- ration trop tôt venue, il fallut se rendre à la gare pour reprendre le chemin de nos demeures respectives. Avant de se diviser, la Société Linnéenne voulut bien, sur ma demande, désigner la ville de Bellème comme centre de sa première excursion en 1886. J'ose espérer que les membres de la Société Géologique de Normandie, dont je m’honore de faire partie, tiendront, dans cette agréable circonstance, à me prêter leur bon et utile concours (2). (1) Voir ma Notice à l'appui du chemin de fer de Mortagne à Mesnil- Mauger. — Bulletin de la Socièté Géologique de Normandie, année 1882, t. IX. (2) Ce compte rendu était envoyé à l'impression et je m'occupais déjà de préparer l’excursion projetée lorsque j'appris, par une simple note que, reve- nant sur sa première décision, la Société Linnéenne avait fixé ses assises de 1886 dans la ville de Falaise, COMMUNICATION FAITE PAR M. BIZET Dans la Séance publique du $ Juillet 188$ MESSIEURS, ’éminent professeur que vous avez institué votre Secrétaire a bien voulu me convier à votre excursion, en me demandant de vous diriger sur les terrains dont j'ai étudié la stratigraphie aux abords de la voie ferrée. Je saisis avec empressement l’occasion qui m'est offerte de me rapprocher de vous, afin de prendre part à vos intéressants travaux et vous soumettre les projets dont je poursuis la réalisation. C’est dans ces réunions fraternelles, sortes d’agapes scientifiques, que l’humble travailleur doit venir retrem- per son énergie et chercher aide et protection. Il faut s’être occupé d'histoire naturelle dans de petites cités, éloigné des musées où sont réunies d'immenses richesses paléontologiques et privé du secours qu’apportent les bibliothèques publiques, pour pouvoir apprécier, dans toute leur valeur, les précieux avantages que nous procurent les assemblées annuelles des diverses Sociétés savantes. Ces réunions d'hommes instruits, d’observateurs consciencieux, de chercheurs infatigables, amènent toujours les meilleurs résul- tats au point de vue de l'avancement et de la diffusion des sciences ; car, de leur échange de pensées et de leurs discussions, jaillissent des traits de lumière qui éclairent de la façon la plus vive les ques- tions qui s’offrent à leur examen. L’homme livré à lui-même s'évertue, cherche, hésite, souvent s’égare, et n'arrive à produire un travail sérieux qu’au prix de grands efforts d’esprit et de peites de temps considérables. Mis en relation avec vous, ses idées s’élargissent, se classent, se complètent ; les erreurs, dans lesquelles il se trouve trop souvent entraîné, s’éliminent, et il arrive promptement en possession de faits certains dont les maîtres peuvent se servir avec confiance pour édifier leurs savantes syn- thèses. $é +. SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Depuis plusieurs années je poursuis l'exécution de la carte géologique du Perche-Ornais, comprenant la presque totalité de l’arrondissement de Mortagne ; cette carte, que j’ai eu l’honneur de vous présenter, est terminée, et sera prochainement livrée à la publicité. Elle est destinée à servir de base à des études agrono- miques, que j ai également entreprises. Puissamment encouragé par M. Hétier, Ingénieur en chef de l’Orne, comme je l’avais été au début de mes travaux par son prédécesseur M. de la Tour- nerie, aujourd'hui Inspecteur général des Ponts et Chaussées, j'espère étendre mes recherches jusqu'aux terrains anciens qui occupent la partie centrale et occidentale de notre département. Plusieurs de vos membres ayant déjà fourni de précieux docu- ments sur la géologie de ces contrées, j’éprouve donc la plis vive satisfaction à vous faire part de mes vues, et j'espère que, tout en m'’accordant votre bienveillance, vous voudrez bien ne me ména- ger ni vos observations, ni vos critiques ; c’est le seul moyen d’assurer une véritable valeur à mon œuvre. Mais, je dois vous le déclarer tout d’abord, mon intention n’est pas de faire de la science purement spéculative ; je tiens aussi à diriger mes modestes études vers un but pratique, afin d’engager nos cultivateurs à modifier leurs procédés de culture et conjurer ainsi les périls qui menacent notre agriculture régionale. Lorsque l’on considère les améliorations qui ont été introduites dans les arts, dans l’industrie et dans toutes les branches du commerce, on est bien forcé de reconnaître que, sur beaucoup de points, lagri- culture n’a pas suivi ce mouvement ascensionnel et qu’elle est restée stationnaire et obstinément attachée aux pratiques les plus improgressives. Cependant, je ne saurais méconnaître que, grâce aux persévérants et patriotiques efforts de l’Association normande, de grandes améliorations ont déjà été réalisées, surtout au point de vue de lhygiène de nos campagnes, du mode de culture et du perfectionnement des instruments aratoires. Des défrichements de bruyères et de landes ont été exécutés dans le but d'augmenter les emblavures ; des biens communaux improductifs ont été ren- dus à la culture ; des irrigations, des assainissements de terrains et des drainages ont été également entrepris, avec un plein succès, sur beaucoup de propriétés. Mais ce que nous constatons avec regret, c’est que, jusqu’à ce jour, on ne s’est pas sufhsamment préoccupé des moyens de restituer au sol les engrais minéraux que lui enlèvent les récoltes chaque année. C’est un capital sur lequel le cultivateur emprunte constamment sans jamais songer à EXCURSION A VIMOUTIERS 55 le reconstituer, sans jamais chercher à établir, pour ainsi dire, le bilan de ses terres. Aussi qu’arrive-t-il ? Les éléments fertilisants qu’elles renferment s’épuisent peu à peu, et elles deviennent de plus en plus improductives malgré les soins de culture qu’il leur donne. Dans le désir d'accroître leur rendement, il arrive parfois que nos fermiers ont recours aux amendements préconisés par la science, mais alors ils les emploient trop souvent sans discerne- ment et au hasard. Il en résulte des dépenses considérables qui n’amènent aucun résultat sérieux, si même le mal ne se trouve pas augmenté par l’addition d’engrais contraires ou déjà en excès dans le sol. Cela est si vrai que, maintes fois, j’ai vu marner des terres chargées de carbonate de chaux assimilable ou répandre des boues siliceuses provenant du curage des routes dans d’autres terres qui renfermaient jusqu’à 80 o/o de silice ou de matières insolubles, mais à peu près dépourvues de chaux et de potasse. Cependant, l'analyse montre que les principaux éléments qui entrent dans la constitution de nos plantes industrielles, des gra- minées par exemple, sont l’acide phosphorique, les alcalis et la magnésie pour la graine, la silice, la potasse et la chaux pour la formation de la tige. Il est donc essentiel qu’il y ait toujours dans le sol un certain équilibre entre ces divers éléments, autrement la terre s’appauvrit et devient improductive, puisque Les racines ne rencontrent plus dans la couche arable les sucs qu’elles doivent y puiser pour l'alimentation de la plante. | On voit donc, par ce simple exposé, quelle importance auraient pour l’agriculteur des indications précises sur la composition des terres, quelles erreurs elles pourraient prévenir et quels avantages elles devraient procurer. Nos Sociétés, Messieurs, ne sauraient rester étrangères à ces améliorations du sol, dont les produits constituent la vraie, la seule richesse stable de notre pays ; car l’agriculture est, et sera toujours, la source la plus abondante et la plus certaine de la prospérité publique. Si je voulais aborder un ordre d’idées plus élevé, mais que ne comporte pas le cadre de cette simple note, je pourrais vous démontrer que la fertilité du sol a encore sur la destinée de ses habitants et sur leur moralisation une influence si prépondérante qu'on ne saurait s'imposer de trop lourds sacrifices pour dévelop- per les qualités naturelles des terrains et accroître la valeur des propriétés territoriales. Ce sont ces considérations qui m'ont donné la pensée d'appor- 56 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE ter mon modeste tribut à cette œuvre de relèvement, à laquelle, je l'espère, vous voudrez bien vous associer. La base de toute étude de ce genre doit être une carte agrono- mique ; mais Vous n’ignorez pas combien de difficultés présente l'exécution de ces sortes de travaux. Il faut que ces cartes com- portent un grand nombre de renseignements utiles, sans cesser pour cela d’être intelligibles à première vue. De toutes celles qui ontiété produites, beaucoup sont loin d’offrir une clarté suffsante, et c’est là un écueil à éviter. Voici le projet auquel je me suis arrêté : il consisterait à dresser une carte géologique très détaillée, à l’échelle de 1/80.000°, sur laquelle viendraient s’appliquer, en feuilles de retombe transparentes, d’abord wne carte botanique indi- quant la configuration des zones où croiïssent les plantes natu- relles ayant des rapports physiologiques avec nos plantes culti- vées ; puis, par dessus cette dernière, une autre feuille, également transparente, sur laquelle seraient tracées les limites de nos diffé- rentes cultures. C’est cet ensemble qui composerait la carte agro- nomique, laquelle montrerait à la fois : 1° la nature du terrain; 2° les espaces occupés et la distribution des plantes naturelles sur les divers étages ; 3° les affinités existant entre les plantes cultivées et les plantes naturelles par rapport aux assises géologiques. En outre de nombreuses analyses des sols et des observations météo- rologiques et climatériques viendraient compléter cette série de documents. Je ne me dissimule pas, Messieurs, tous les embarras qu’éprou- veront les botanistes à dresser, sur des terrains de composition assez souvent peu différente, une carte telle que je la conçois ; néanmoins, je crois le projet réalisable dans une certaine mesure. J'attends, d’ailleurs, la décision de votre Société à cet égard. Quant à la carte géologique, on arriverait assez promptement à la produire si plusieurs de vos membres s’en occupaient avec une certaine activité, chacun dans sa région, ou seulement s'ils vou- laient bien marquer sur une feuille de l’Etat-Major, au moyen de crayons de couleurs, les affleurements de nos terrains dans la direction des principales voies de communication. A l’aide de ces renseignements, je m’engagerais à terminer cette carte dans un espace de temps relativement restreint. Ce serait une dangereuse erreur de croire que les indications de la science suffisent seules pour rendre à la terre ses facultés pro- ductives ; il ne faut les considérer que comme des conseils dont le cultivateur doit savoir tenir compte, selon les circonstances, pour EXCURSION A VIMOUTIERS 57 marcher sûrement dans la voie du progrès. Mais, hélas ! bien peu de personnes, dans nos campagnes, sont assez éclairées pour en reconnaître toute l'importance. A mon sens, le moyen le plus propre à assurer le développe- ment de l’agriculture et à répandre les saines doctrines dans nos populations rurales, serait de créer, dans chaque chef-lieu d’arron- dissement, un cours d'agriculture et de chimie agricole, et de livrer au professeur chargé de cet enseignement, des terrains dont il aurait, pour l’exemple, à poursuivre l’amélioration. De plus, des notions générales d’agronomie pourraient être données, dans les écoles normales, aux instituteurs que l’on exercerait égale- ment à faire l’analyse des sols en ce qui a trait aux principaux amendements à y introduire. Par leur situation et par l'influence si légitime qu'ils exercent sur les jeunes intelligences, dont la direction leur est confiée, ces utiles fonctionnaires seraient à même de rendre à la cause que nous soutenons les plus grands services. Et plus tard, Messieurs, l'enfant de nos écoles communales, devenu chef de famille, se montrerait moins rebelle que ses devanciers aux pratiques nou- velles et écouterait avec plaisir et avec fruit les conseils de la science ; il saurait comprendre alors qu’elle est le flambeau le plus lumineux dont l’agriculture puisse se saisir pour éclairer sa marche sur la route du progrès ; que, sans son secours, l’agricul- ture n’est qu'une pratique aveugle, esclave des préjugés, sujette à toutes les erreurs et exposée à tous les mécomptes. Ces idées répandues par vos soins, Messieurs les Professeurs de nos Facultés, parmi cette studieuse et brillante jeunesse qui vous entoure, amèneront les possesseurs de grands domaines à prendre goût à ces améliorations du sol. Entrainés par leur exemple et surtout convaincus par les succès obtenus, les petits propriétaires et leurs fermiers n’hésiteront plus à les suivre dans la voie qu’ils leur auront tracée. J'aurais encore à vous parler, Messieurs, des syndicats profes- sionnels, si utiles pour obtenir les engrais chimiques à prix réduits, mais je dois borner ici ces considérations; je craindrais en continuant de mettre votre patience à une trop rude épreuve. Ce n’est pas d’ailleurs à Vimoutiers, origine des vallées du pays d’Auge, si belles et si riches, que ces doléances sur l’agriculture peuvent avoir de l'écho. Les luxuriants coteaux qui les encadrent si gracieusement ne sauraient répercuter, jusque dans les plaines, mes trop faibles accents. Je remets donc à une autre occasion ces 58 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE discussions, si elles peuvent avoir pour vous quelque intérêt, etje - vais aborder la description succincte des terrains sédimentaires qui sont représentés dans notre département. Cette étude pourra être utile à ceux qui voudraient devenir mes collaborateurs dans la confection de la carte géologique. Vous voudrez bien me pardonner, je l'espère; les détails dans lesquels je vais me trouver entrainé ; ils me semblent indispensables pour fixer nettement les . idées sur les caractères des différentes roches et pour procurer des types locaux destinés à servir de base à nos futurs travaux. APERÇU GÉNÉRAL SUR LES TERRAINS SÉDIMENTAIRES REPRÉSENTÉS DANS L'EST DU DÉPARTEMENT DE L'ORNE. Les traces les plus anciennes que nous possédions dela grande formation jurassique sont des assises peu épaisses de grès ou de calcaire argileux dépendant du système liasique. C’est aux actives recherches de votre honorable secrétaire, M. Morière, doyen de la Faculté des sciences de Caen, que l’on doit la découverte du lias dans le département de l'Orne. Ce savant géologue le signale à Sainte-Opportune et Sainte-Honorine, dans les grès ; dans les communes de Lougé, des Yvetaux, de la Lande-de-Lougé, de Saint-Brice et de Rânes: M. Eugène Deslongchamps, professeur de géologie à la même Faculté, l’a également reconnu à Bazoches, sous forme d’un calcaire tendre, très marneux, d’environ cin- quante centimètres d’épaisseur. M. Morière fait remarquer que la composition des sédiments liasiques se trouve modifiée suivant la nature des terrains sous- jacents. Aïnsi le facies du lias est principalement composé d’alternances de calcaires, de marnes et d’argiles lorsqu'il repose sur le terrain de transition ; il consiste, au contraire, en sables siliceux et en grès lorsque le dépôt s’est opéré sur le granit. Ces constatations sont exactement conformes à mes propres observa- tions. Dans une récente excursion que j'ai faite aux environs d'Ecouché, j'ai également reconnu la présence du lias sur le chemin de ce chef-lieu de canton à Falaise, à Sentilly, à EXCURSION A VIMOUTIERS 59 Habloville et à Fresnay-le-Buffard, où il affleure au fond des vallons. Il est formé par un calcaire argileux bleuâtre, lardé de * belemnites, alternant avec des couches peu épaisses de sable jaunâtre fin contenant de nombreuses rynchonelles et térébratules. M. l’Ingénieur en chef des mines Blavier avait déjà remarqué ce terrain, mais sans oser lui assigner une place certaine dans la série géologique. Voici comment il s’exprime à ce sujet : (1) « En » s’avançant du hameau de Bissey vers Habloville, on voit ces » couches (la grande oolithe) s’appuyer sur un banc assez épais » d’argile blanchâtre qui repose lui-même sur des couches de » calcaire gris bleuâtre ou brunâtre, lequel renferme dans sa pâte » une quantité assez considérable de belemnites. En marchant » vers Fresnay-le-Buffard, on revoit, dans les vallons, le même » Calcaire à belemnites. Ce calcaire renferme généralement » beaucoup de térébratules. Il est un peu sableux et paraît même » alterner avec de petites couches de sable.Ce système de couches » inférieures correspond-il à l’oolithe inférieure ? ou bien doit-on » le rapprocher de l’étage moyen ou supérieur du /ias ? La » grande quantité de belemnites qui semble caractériser ces » couches de calcaires sableux pourrait faire pencher peut-être » pour cette dernière position. À quelques pas plus loin, on » peut observer des bancs d’un calcaire compacte, gris bleuûtre, » avec de petits points brillants d’encrine, très peu coquillier du » reste. La présence de ces bancs, qui paraissent servir de base » aux couches de calcaires à belemnites, pourrait appuyer encore » l’opinion que ce système doit être considéré comme inférieur » À l'étage de l’oclithe inférieure, attendu que, en aucun des points » où nous avons observé cet étage dans le département, nous » n'avons trouvé nice calcaire gris bleuâtre (probablement un » peu magnésien), ni le calcaire à belemnites qui le surmonte. » Quoique très disposé à classer ces assises dans le lias, la perplexité de M. Blavier est cependant évidente et cela se conçoit à une époque où la science paléontologique était insuffisamment fixée. C’est pour cette raison que je me suis rendu sur le terrain, objet de ces hésitations, pour essayer de déterminer l’âge de ces calcaires à encrines et à belemnites. Ma conviction n’a pas été longue à se former, car il m'a été facile de recueillir, en peu de temps, une série de fossiles qui ne peuvent laisser de doute sur (1) M. Blavier.— Etudes géologiques sur le département de l'Orne, page 51 (1840). 60 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE l'horizon auquel appartiennent les calcaires argilo-sableux d’'Habloville. De nombreuses rynchonella tetraedra et d’abondantes terebratula identata et fimbrioides, accusent nettement le /ias à ammonites margaritatus. Près du bourg de Sentilly, sur le côté droit du chemin de Falaise, on trouve une carrière de sables jaunâtres, très fins, de plus de six mètres d'épaisseur. Ces sables sont fort peu fossilifères, mais ils sont traversés par des veines noirâtres de grès ferrugineux grossiers renfermant des rymchonella tetraedra associées à des belemnites à l'aspect fruste et friable dont nous n'avons pu déterminer l’espèce à cause de leur mauvais état de conservation. Ces couches, qui vraisemblement représentent encore le lias, avec son facies sableux, sont recouvertes par des calcaires du Fullers earth à rynchonella (bemithyris) spinosa. SYSTÈME OOLITHIQUE. L'OoLtTHE INFÉRIEURE, bien développée dans le Calvados, près de Bayeux et de Port-en-Bessin, est moins nettement représentée dans le département. On la trouve cependant aux environs d'Alençon, de Sées et d’Ecouché, avec des caractères qui ont été parfaitement décrits par M. Blavier et, plus récemment, par MM. Eugène Deslongchamps et Letellier père. Elle existe égale- ment dans la commune de Suré, non loin de la ville de Mamers (Sarthe), autour de laquelle ses couches acquièrent une assez grande puissance. Dans nos régions, l’oolithe inférieure est presque toujours formée par des calcaires friables et des sables calcaires oolithiques, mais on n’y rencontre pas l’assise ferrugineuse qui existe à sa base dans la plaine de Bayeux. En général, elle est peu fossilifère et fort loin de présenter les nombreuses espèces que l’on trouve si bien conservées dans la carrière de Sully et dans la falaise des Hachettes. On n’y rencontre guère que le Belemnites giganteus, le ceromya bajociana, le lima proboscidea avec quelques brachiopodes : Rynchonella Wrightii, terebratula globata et submaxillata. L’arkose d'Alençon doit être rapportée à cet étage géologique. D'après M. Letellier, à qui la science est redevable de si complètes études sur les terrains avoisinant notre chef-lieu, on doit y reconnaitre trois séries : 1° l’arkosecompacte, formée d’un grès cristallin barytifère, plus ou moins chargé de grains de quartz hyalin et de feldspath ; EXCURSION A VIMOUTIERS 61 2° l’arkose calcarifére, constituée par des grès siliceux lithoïdes, calcarifères, de couleur grise, pauvre en baryte ; 3° enfin les sables ferrugineux de couleur rougeitre, contenant des fossiles en baryte sulfatée. Le FuzLer’s EARTH, duquel dépendent les calcaires de Caen, bien connus des constructeurs, ne se montre dans l’Orne que dans l’arrondissement d’Argentan où, sur plusieurs points, il dépasse les limites de l’étage précédent et repose directement sur le lias à belemnites, voire même sur les terrains anciens. On le voit à Sentilly, à Habloville (carrières de Bissey), et près de nos limites départementales, sur les hauteurs de Falaise et à Fresney-la-Mère. Partout les calcaires de cet horizon contiennent une grande quantité de rynchonelia spinosa qui semble en être le fossile le plus caractéristique. M. Deslongchamps a établi d’une manière nette et précise le synchronisme de ces calcaires avec les marnes noirâtres de Port-en-Bessin. Nous ne saurions trop engager les géologues à consulter les mémoires publiés à ce sujet, par le savant professeur, dans les annales de votre Société. Les stations qui méritent d’être visitées, sont les carrières de Sentilly (calcaires fossilifères au-dessus des sables), les grandes carrières de pierres de taille de Bissey, et, sur le chemin de fer du Mans à Caen, la tranchée précédant la station de Fresney-la-Mère. OOLITHE MILIAIRE Où GRANDE OOLITHE PROPREMENT DITE. — Au-dessus des calcaires à rynchonella spinosa se montrent plusieurs bancs de calcaires tantôt compactes, tantôt grenus, formés de fines oolithes, qui, sur presque tous les points, se font remarquer par leur extrême pauvreté en débris organiques. Ces diverses assises constituent chez nous le système de l’oolithe miliaire, qui prend un assez grand développement dansles plaines d'Alençon et de Sées, où elle est assez souvent masquée par des dépôts d’une époque plus récente. Elle forme des lambeaux plus ou moins larges entre Nonant et le Merlerault, entre Neauphe, Essay et Bursard, ainsi que des petits îlots de peu d’étendue à Gäprée, à Saint-Germain-le-Vieux et à Courtomer. | L’oolithe miliaire occupe de grands espaces dans l’arrondisse- ment d’Argentan, notamment près d’Ecouché, où elle est exploitée sur une vaste échelle pour la fabrication de la chaux grasse. Dans le Sud-Est du département, on la trouve aussi à Suré. De là elle pénètre dans la Sarthe et ses bancs acquièrent une assez grande épaisseur à Mamers et autour de cette ville. C’est dans 62 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE cette localité (rue de Marolette), que M. Desnoyers, bibliothé- _caire actuel du Muséum d’histoire naturelle de Paris, a découvert, à sa partie supérieure, des empreintes de plantes terrestres de la famille des fougères et des cycadées. J’ai pu en réunir quelques spécimens que M. Crié, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Rennes, s’est chargé de déterminer. Assez communes à une certaine époque, ces empreintes sont aujourd’hui fort rares. Les caractères pétrographiques de POolithe miliaire sont des plus fugaces ; tantôt elle se présente sous l’aspect d’un, calcaire compacte à pâte fine et à cassure conchoïde, tantôt elle est constituée par des calcaires grenus ou finement oolithiques, assez consistants, ou bien encore par des calcaires friables, sableux, alternant parfois avec des couches plus ou moins marneuses. Dans les carrières de Mamers (Marcoué), on remarque sur la dernière assise une surface durcie, criblée de trous de lithophages, couverte d’huîtres plates et de serpules ; c’est à ce niveau que furent trouvées, dans la rue de Marolette, les empreintes végétales dont je viens de parler. Cela semble indiquer qu’à la fin du dépôt de l’oolithe miliaire les eaux étaient très peu profondes puisque le fond des mers commençait déjà à émerger sur quelques points. Les localités à visiter pour l’étude de cet étage sont les carrières d'Ecouché, les carrières de Bissey (partie supérieure); Sées : (tranchée du chemin de fer entre la gare et la route d’Argentan) ; Mamers : carrières de Marcoué et de la rue de Marolette ; chemin de fer de la Hutte aux kil. 21 et 22. 6. Braprorp-CLay. — (Cette assise, que l’on a improprement nommée calcaire à polypiers, recouvre l’Oolithe miliaire dans les environs d’Argentan, de Sées et du Merlerault ; elle est égale- ment très bien caractérisée entre Trun et Chambois. On la ren- contre aussi, mais fort réduite en épaisseur, en plusieurs autres points, notamment près d'Alençon et de Mamers. Le Bradford-Clay, qui termine chez nousle système de la grande Oolithe, est formé par des calcaires compactes en plaquettes ou par des calcaires lamelleux, fissiles, séparés par de minces couches de sable oolithique rempli de bryozoaires et de débris d’encrinites. Ses fossiles les plus communs sont: Rynchonella concinna et obsoleta ; terebratula bicanaliculata, digona et coarctata ; quelques Echinobrissus clunicularis avec fragments d’apiocrinus Parkinsoni. Localités à visiter : Environs de Chambois; chemin de Laigle, EXCURSION A VIMOUTIERS 63 à la sortie de la ville de Sées;. gare d’Argentan et alentours ; carrières de Mamers : Marcouë et rue de Marolette (la partie supérieure aux bancs exploités comme moellons ou comme pierre de taille). En examinant attentivement dans nos régions l'allure des couches de la grande Oolithe et de l’Oolithe inférieure, on reconnaît que leur dépôt correspond bien au mouvement d’affais- sement du bassin de Paris reconnu par M. Hébert. Ce mouve- ment a dû s’accentuer à la fin de l’Oolithe inférieure, car on voit, dans plusieurs endroits, le fuller’s earth et l’Oolithe miliaire déborder sur les formations antérieures ; à Sentilly, par exemple, le calcaire à Rynchonella spinosa recouvre directement les sables du lias sans qu’on y aperçoive aucune interposition des assises bajociennes, mais, immédiatement après le dépôt de la grande Oolithe, une période d’exhaussement à commencé ; nous allons donc voir dans le cours de ces études la mer reculer constamment vers le centre du bassin et les terrains se placer en retrait les uns sur les autres jusqu’à la fin de la série jurassique. TERRAIN CALLOVIEN Par suite de l’exhaussement dont nous venons de parler, les rivages successifs de la mer rétrogradèrent vers l'Est et des sédi- ments d’une nature différente de ceux de la période précédente se déposèrent aux fond des eaux. Le Callovien commença par une série de dépôts argileux d’un bleu noiïrâtre et de calcaire marneux de la même couleur, qui tranchent d’une façon très apparente avec les calcaires oolithiquesqu’ilssurmontent. Lorsqu'on - suit la succession des diverses assises de ce terrain, on voit les calcaires de la base prendre une couleur moins foncée et une texture plus sableuse à mesure qu’on s'élève; ïls passent au jaunâtre par degrés insensibles st même leur nuance se modifie dans le même banc (tranchée de Mamers). A la partie supérieure ils deviennent brunâtres ferrugineux et prennent un facies qui rappelle assez exactement l’Oolithe de Bayeux (Champ-Rouge près de Mamers). La composition de la faune, bien plus que la nature minéralo- gique de la roche, permet d’établir trois divisions dans ce terrain, Savoir : 1° Les argiles et les calcaires marneux noirâtres de la base avec Ammonites macrocephalus, Ammonites bullatus, Ammonites 64 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Herveyi ; terebratula digona et obovata ; Echinobrissus clunicularis et orbicularis, etc. | 2° Les calcaires argilo-sableux à Ammonites modiolaris, Phola- domya crassa et decussata, Plicatula peregrina ; Rynchonella Fischeri et spathca ; terebratula umbonella, pala, reticulata et Sœmanni avec abondantes serpula quadrangularis. 3° Enfin les calcaires marneux pénétrés d’oolithes ferrugineuses avec nombreuses Ammonites coronatus, lunula, anceps, Jason et pustulatus ; Pholadomya carinata, inornata et clytia ; Pinna rugoso- radiata ; Rynchonella Fischeri et Royeriana ; terebratula biappendicu- lata, dorsoplicata et sublagenalis ; de nombreux échinodermes de genres variés: Collyrites elliptica et dorsalis ; Holectypus depressus ; Pedina Gervillii ; Stomechinus calloviensis et Heberti, etc., beaucoup de gastéropodes dont on ne retrouve que les moules. C’est la zone la plus fossilifère de tous nos terrains et pour cette raison la plus facile à reconnaitre partout ; elle constitue, pour l’observateur, un repère aussi précieux qu’infaillible. Le terrain callovien inférieur et moyen est assez bien représenté à Trun, Chambois, Exmes, Almenèches, Chailloué, Sées, Cour- tomer, Boitron, le Chevain et Alençon. Dans larrondissement de Mortagne, il s'étend sur les communes de Suré, d’Origny-le- Roux et de Chemilly. L’assise la plus inférieure peut surtout être bien étudiée à la sortie de Sées (route de Merlerault), et dans la grande tranchée de la gare de Mamers. La partie moyenne, à la base des buttes d’'Exmes et de l’Egrefhn, à la gare d’Almenèches, à Origny-le-Roux, sur le chemin de Mamers et dans la côte du pont d’Aulne, sur la route de Bellème. Près de Mortagne nous l’avons reconnue avec M. l'Ingénieur Moreau, sur la ligne de l'Orne, au piquet 33 k. 8. Quant à l’assise supérieure (Callovien ferrugineux), on peut l’observer près de Trun (côte desbois d’Auge et butte de l’Egrefhin), à Exmes, sur le chemin d’Argentan et à Chemilly, au moulin de la Bergerie et à la carrière de la Basse-Sussaye, Mais la station la plus fossilifère que nous puissions indiquer aux géologues est, sans contredit, la tranchée du Champ-Rouge, située à la bifurca- tion des chemins de fer de Mortagne et de Saint-Calais, à deux kilomètres et demi au Sud de Mamers. On y trouve, admirable- ment conservées, toutes les nombreuses espèces données par Alc. d’'Orbigny, dans son prodrome de paléontologie, comme provenant de Pizieux et de Courgains (Sarthe), localités voisines, aujourd’hui à peu près sans intérêt pour le collectionneur. EXCURSION A VIMOUTIERS 65 J'ai bien des fois fouillé le talus du Champ-Rouge avec divers géologues, particulièrement avec M. Gouverneur, maire de Nogent-le-Rotrou, le savant et sympathique historien de nos cités percheronnes, et toujours nous avons fait une ample moisson de fossiles d'espèces variées. Les ammonites surtout sont dans un état de conservation tel que bon nombre d’exemplaires possèdent encore une partie du test avec sa nacre brillante. Afin d’éviter les déceptions, je dois prévenir les explorateurs que ce sont les bancs les plus ferrugineux qui renferment les coquilles les plus nettes, seulement il faut avoir la précaution de fendre les blocs dans le sens de leur lit de carrière si on ne veut s’exposer à briser ou à détériorer les échantillons. TERRAIN OXFORDIEN Selon lPavis de M. Eugène Deslongchamps, mais contrairement à l'opinion de M. Hébert, professeur de géologie à la Sorbonne, je crois devoir ranger dans lOxfordien les assises à Ammonites athleta et Lamberti qui surmontent en divers endroits les calcaires ferrugineux du Champ-Rouge. Si lon admet avec la plupart des géologues, M. Hébert entr’autres, que l’Oxfordien constitue un grand ensemble dont le Callovien occupe les parties inférieures, je pense que rien ne s’oppose à ce que l’on placele trait de démar- cation entre ces deux sections immédiatement au-dessus de l’assise ferrugineuse, si remarquable par ses caractères pétrographiques et les fossiles spéciaux qu’elle renferme et qu’on fasse des couches à Ammonites athleta la base de la zone supérieure. Dans toute la série de ces dépôts, en ce qu’il m’a été donné d’observer, du moins, aucune trace de discordance n’autorise à placer le trait de division à un endroit plutôt qu’à un autre. Dans cet ordre de choses, on semble donc autorisé à limiter le Callovien aux couches ferrugineuses à Ammonites coronatus, et établir comme il suit la succession des assises oxfordiénnes : 1° Calcaires gris verdâtres ou brunâtres et couches sableuses à Ammonites athleta, Lamberti et Duncani, Belemnites hastatus, Ostrea dilatata, Rynchonella Thurmanni, etc. 2° Argiles bleues et calcaires argileux bleuâtres à Ammonites cordatus et Goliathus, perna mytiloides, myoconcha obtusa, trigonia monhifera, mytilus subpectinatus, etc. Dans le département de l'Orne, la première de ces sections se 66 | SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE rencontre sur les hauteurs de Champhaut et de Brullemail ; à Ste- Scolasse ; au Mèêle-sur-Sarthe ; à Courtoulin: à la base de la butte de Surmont, près de Mortagne ; à Origny-le-Butin, à Vaunoise et à Saint-Fulgent-des-Ormes. La division supérieure peut s’observer à Vimoutiers, à Gacé dans la tranchée des Authieux ; aux Carreaux (commune de Courgeoût) ; dans le flanc Sud de la butte de Surmont; dans la tranchée des Cerisiers (commune de Vaunoise), à la Tuilerie du Vaux-Chaperons, sur la route nationale de Bellême à Mamers et à la briqueterie du tertre Lorillière (commune d’Igé). CALCAREOUS-GRIT Au-dessus des argiles bleues à perna mytiloïdes se voient en beaucoup d’endroits des sables roussâtres, plus ou moins ferrugi- neux, renfermant des concrétions gréseuses, alternant presque toujours avec des calcaires noduleux ou des grès calcaires, veinés de fer hydroxidé, d’un brun rougeâtre ou de couleur de rouille. Ce sont ces diverses assises qui constituent, dans nos régions, le sous-étage désigné dans la série anglaise sous le nom de Calcareous- grit. On peut les observer dansles localités suivantes : Vimoutiers, Gacé, Croisilles, Echauffour, Champhaut, Fay, Mahéru, au fond des vallons à l'Ouest de Moulins-la-Marche, Saint-Hilaire- les-Mortagne, Bazoches-sur-Hoëne, au bas de la ville de Morta- gne (Le Val), Saint-Langis, Courgeoût, le Gut-de-la-Chaîne (la Bigotière et Grand-Mont), dans la tranchée du Moulin d’Aulnaye, sur la commune de Saint-Martin-du-Vieux-Bellème et enfin sur sur le tertre Lorillière, commune d’Igé. Dans ses études géologiques sur le département de l'Orne, M. Blavier s'exprime ainsien parlant de ce terrain : « Ces bancs » ordinairement succèdent aux couches d’argile de l’'Oxford-Clay » et quand ils prennent un certain développement, leur partie » supérieure devient ordinairement sableuse. Ce sont alors des » couches de calcaires sableux et de sable qui alternent parfois » sur une grande épaisseur, comme près de Courtomer, où ce » dépôt présente une puissance de plus de 60 mètres. « Dans cette localité on voit, en approchant du sommet des » buttes, ces calcaires sableux passer à une roche jaune brunître » pétrie de fragments de coquilles, sorte de lumachelle qui se » développe sur les hauteurs de Brullemail et qu’on retrouve EXCURSION A VIMOUTIERS 67 » ensuite sur la butte de Champhaut couronnant la formation » d'argile à gryphées dilatées qui constitue cette sommité élevée. « Cette lumachelle passe elle-même à une sorte de grès calca- » réo-sableux, roussâtre, très coquillier, qu'on voit dans les » environs de Gacé, de Croisilles, d’Orgères et à Vimoutiers, » servant de support aux couches de calcaire oolithique et com- » pacte du Coral-Rag. » Cette description, si consciencieuse au point de vue pétrogra- phique, me semble cependant inexacte sous le rapport stratigra- phique. J'ai visité les localités indiquées par le savant ingénieur et il résulte d’une observation attentive que les calcaires sableux et les sables appartiennent, ainsi que la lumachelle des hauteurs de Brullemail, à la série oxfordienne et non au Calcareous-Grit. Nous y avons reconnu les fossiles les plus caractéristiques de l’Ox- ford-Clay, tels que Belemnites hastatus, Ammonites athleta et Dun- cani, ostrea dilatata, et aussi la rynchonella Thurmanni tort abon- ee dans les sables. Dans la lumachelle du Brullemail se trouvent la perna mytiloides et des empreintes d’ammonites cordatus avec un grand nombre d’autres coquilles peu déterminables. C’est, à mon avis, au-dessus de cet ensemble de couches, faciles à observer dans un vieux chemin existant sur le sommet de la butte de Montdamain (Courtomer), que commence le véritable Calca- reous-Grit, toujours très nettement accusé chez nous par ses sables _ roussâtres et par ses grès calcaires ferrugineux. Les assises de ce terrain sont EE assez es mais les espèces qu’on y rencontre sont mal conservées ét le plus souvent à l’état de moules intérieurs. On y voit de grandes trigonies de l’ordre des clavellées, l’echinobrissus scutatus, des gervilies et des articulations d’encrines et de pentacrines. CORAL-RAG Le terrain corallien est très développé dans les: environs de Gacé, d’'Echauffour, de Moulins-la-Marche, de Mortagne et de Bellème. Sa puissance y atteint de 20 à 2$ mètres. On peut y considérer trois assises qui apparaissent partout avec une assez grande constance, notamment dans l’arrondissement de Mortagne, savoir : | 1° Calcaires marneux à moules de grandes trigonies et d’astarte Npysa (partie inférieure); 68 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE 2° Calcaires à grosses oolithes et à pisolithes (partie moyenne) ; 3° Calcaires compactes ou graveleux à dicerates et nérinées (partie supérieure). Ces trois divisions peuvent s’observer près de Moulins-la- Marche, sur le chemin de Courtomer ;.à Ste-Céronne ; à Morta- gne, sur le vieux chemin de Theval et aux abords de la gare de Bellême, sur la voie ferrée. Dans nos régions, les couches coralliennes renferment beaucoup de fossiles, mais le nombre des individus dépasse notablement celui des espèces. Les dicerates (diceras minor), les nérinées et les astartes sont surtout fort communes, mais les brachiopodes y sont rares, sauf à la gare d'Echauffour où les calcaires compactes de la base contiennent des ferebratula insignis, subsella et Delamontana. Lés parties plus élevées présententaussi de mauvais exemplaires de trigonies et de pholadomies, mais les échinodermes sont, la plupart du temps, dans un excellent état de conservation ; nous y avons recueilli les espèces suivantes : hemicidaris crenularis, hemi- cidaris stramonium, pseudodiadema Orbignyanum, pygaster umbrella, bolectypus corallinus. Dernièrement nous avons fait parvenir au savant M. Cotteau, un pygurus, dont l’espèce n’est pas encore déterminée, ainsi qu’une variété renflée de phymechinus mirabilis, qu’il se propose de décrire prochainement dans la paléontologie française (1). TERRAIN KIMMÉRIDGIEN Immédiatement au-dessus de ces assises à dicerates, on remar- que, dans nos contrées, des bancs de calcaires compactes subli- tographiques gris bleuâtres, ou des calcaires marneux grisâtres, en alternance avec de petites couches d’argile et des lits minces de sable fin, jaunâtre, quelquefois un. peu micacé. C’est là le faciès le plus habituel du kimméridgien dont on peut constater la pré- sence sur presque tous les points où affleure le Coral-Rag qu'il semble recouvrir en stratification concordante. Néanmoins on reconnait, en quelques endroits, que la surface supérieure de ce dernier terrain est corrodée et percée de trous de lithophages, ce qui paraîtrait indiquer une certaine discordance entre ces deux étages. (1) Phymechinus Thiollerei, — Paléon. française. PI, 485. EXCURSION A VIMOUTIERS 69 La partie inférieure du kimméridaien, c’est-à-dire le calcaire à astartes (astarlé minima), est seule représentée dans l'Orne; la zone à ostrea virgula ne s’y rencontre pas ; du moins, jusqu’à ce jour, il n’a été trouvé aucun fossile pouvant se rapporter à cet horizon géologique. Cela prouve que nos régions étaient exondées bien avant la fin de l’étage dont nous nous occupons ; elles durent même rester au-dessus des eaux pendant tout le temps que dura la sédimentation du dernier terrain jurassique (Portlan- dien) et pendant les premiers dépôts de la formation crétacée, puisque nulle part les calcaires à astartes ne sont recouverts par ceux-ci ; à Bellème (gare), à Nocé (moulin du Blanchard) et en bien d’autres endroits, les calcaires argileux à astartes sont sur- montés par un petit banc de 0"30 à o"50 d’épaisseur d’un calcaire ou d’un grès ferrugineux, en fragments plus ou moins gros, dont la surface est polie et les angles arrondis par le frottement, ainsi que cela se remarque dans les alluvions anciennes. Je l’ai égale- ment retrouvé au-delà de Nogent-le-Rotrou, dans la tranchée du chemin de fer, près du bourg de Souancé. La surface de ce banc porte aussi, sur ce point, des traces non équivoques d’usure et de polissage. La glauconie à ostrea vesiculosa le recouvre partout. Je considère ces corrosions comme le résultat de l’action des eaux pluviales et des courants superficiels pendant tout le long espace de temps que ces terrains sont restés émergés, c’est-à-dire jusqu’au moment de l’oscillation terrestre qui mit fin à la série jurassique. Le terrain kimméridgien est assez fossilifère, mais les coquilles qu’on y recueille sont, en général, mal conservées. Voici les prin- cipales espèces : Nautilus giganieus, Pholadomya Protei, Trigonia Bronnii (contre-empreintes), mytilus Jurensis et subpectinatus, ostrea bruntrutana et solitaria ; natica turbiniformis ; terebratula subsella, Rynchonella inconstans ; Equisetum Guillieri. Nous le répétons, lostrea virgula n’a jamais été trouvée dans ces couches, contrai- rement à l’afhrmation de plusieurs géologues qui, vraisemblable- ment, auront pris pour elle l’osirea bruntrutana, dont la forme générale s’en rapproche, mais qui en diffère toujours par l’absence de stries rayonnantes. | Les localités à visiter pour l’étude du kimméridgien sont : la grande tranchée du chemin de fer entre Echauffour et Cisai-Saint- Aubin ; les hauteurs au Nord et à l'Ouest de Moulins-la-Marche, les hauteurs autour de Sainte-Céronne et de Saint-Hilaire; les Gaillons et Mortagne (route de Paris) ; la grande tranchée de Loisé ; les talus vis-à-vis de la gare de Bellême:; les carrières de 70 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Bellème et du Bois Fézédin (au-dessus des bancs à dicerates exploités comme pierres de taille. SYSTÈME CRÉTACÉ Au commencement de cette période, le sol de notre pays était com- plètement émergé, ainsi que nous venons de le montrer, et il resta danscette position pendantlestrois premiers étages crétacés, c’est-à- dire du Néocomien, del’ Aptien et du Gault, qui paraissent antérieurs au grand mouvement d’affaissement du Nord de l’Europe. Mais posté- rieurement au dépôt de l’Albien ou Gault, une action énergique des forces centrales produisit une oscillation, qui, de nouveau, ramena la mer vers nos contrées. Déjà vers la fin de l'étage albien, elle de- vait effleurer les limites de notre département, car j'ai recueilli près de Ceton des fossiles caractéristiques de cet horizon, lAmmonites inflatus et aurilus, empâtés dans des nodules de phosphates de chaux noyés dans une couche d’argile glauconieuse. De son côté, M. Gouverneur, notre excellent collègue de la Société géologique de Normandie, a trouvé près de Souancé, à 9 kilomètres Sud- Ouest de Nogent-le-Rotrou, au kilomètre 82 du chemin de fer de Patay, une Ammonites splendens dans un tel état de conservation qu’on ne saurait élever aucun doute sur l’âge des couches qui la renfermaient. Le gisement où clle a été rencontrée est recouvert par la glauconie à Ostrea vesiculosa. Toutefois ce n’est qu’à l’époque cénomanienne que Paffaisse- ment fut assez considérable pour que la mer put regagner tout l’espace qu’elle avait perdu depuis lorigine du système pré- cédent. Mais à ce moment elle s’avança vers l'Ouest en couvrant tout notre territoire jusqu'aux roches anciennes qui en occupent le centre et dont les arêtes saillantes dessinaient alors son rivage de ce côté. Elle y laissa de vastes et puissants dépôts que les géologues ont désignés sous le nom de Terrain cénomanien, à cause du développement qu’ils acquièrent autour de la ville du Mans. Dans nos régions, ce terrain peut se subdiviser de la manière suivante, à partir de sa base : 1° Glauconie et argile glauconieuse à Ostrea vesiculosa ; 2° Craie glauconieuse à Ammonites Mantelli et Turrililes tuber- culatus ; 3° Craie de Rouen à Ammoniles Rholomagensis, Turrililes costatus et Scaphites æqualis ; EXCURSION A VIMOUTIERS 73 4° Sables cénomaniens supérieurs, ousables du Perche, à Ammo- niles navicularis. | GLAUCONIE A OSTREA VESICULOSA.— Cette assise, qui atteint rare- ment plus de quatre à cinq mètres de puissance, se rencontre toujours à la base du Cénomanien. Elle occupe les plus fortes dépressions du sol sur les communes de Ceton, de Montgaudry, de Coulimer, de Saint-Jouin-de-Blavon, de Saint-Julien et du Mêle-sur-Sarthe. On la trouve également par Mortagne, Moulins- la-Marche, Gacé et Vimoutiers où elle repose, soit sur le Kimmérid- gien ou le Coral-Rag, soit sur lOxfordien ou même sur le Callo- vien. Comme fossiles on n’y recueille que l’Ostrea vesiculosa. Cette coquille y est généralement assez rare, mais, sur quelques points, elle se trouve en si grande quantité qu’elle forme de véritables lits, comme au pied de la butte de Montgaudry, par exemple. C’est dans cette couche que se rencontrent le plus fréquemment les: nodules de phosphate de chaux dont l’emploi est si précieux en agriculture. CRAIE GLAUCONIEUSE.— Au dessus de la glauconie, on voit de puissantes couches d’une marne sableuse verdâtre, plus ou moins argileuse, alternant avec des bancs d’une craie jaunâtre, tendre, ou des bancs de calcaires siliceux très résistants. Parfois les couches marneuses de la base acquièrentune assezgrande puissance, ainsi que cela se voit à Gacé et, sur la route de Bellème à Nogent- le-Rotrou, dans les côtes de la Chevrolière et de la Madeleine, J'ai indiqué quelques bons types de cet horizon dans la notice qui accompagne mon profil géologique du chemin de fer de Mortagne à Mesnil-Mauger (1). Parmi les fossiles les plus communs et les plus caractéristiques, je citerai : Naulilus elegans, Ammonites Mantelli, Ammonites couloni, Turrilites tuberculatus, Myrilus lige- riensis, Cardium billanum, Cardium moutonianum, Pecien asper, Ostrea columba, Ostrea baliotidea, E piaster crassissimus, Epiaster distinctus, Guettardia stellata.* Très réduite à la côte Sainte-Catherine, la craie glauconieuse atteint chez nous une puissance de 25 à 30 mètres; c’est ce quim’a porté à la séparer de la craie de Rouen, dont elle diffère sensible- ment par ses caractères minéralogiques et paléontologiques. CRAIE DE ROUEN.— La craie de Rouen repose en stratification rm (1) Bulletin de la Société Géologique de Normandie, tome 1X, année 1882. 72 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE concordante sur les couches de la craie glauconieuse. Dans l'arrondissement de Mortagne, elle est formée d’une craie tuffeau presque blanche assez consistante, renfermant des noyaux siliceux grisätres ou bleuâtres pour aïnsi dire fondus dans sa pâte. Dans les parties supérieures, elle est plus marneuse et lécèrement micacée. Au delà de l’axe de soulèvement du Merlerault, cette craie devient jaunâtre et elle est constituée par une succession de: couches, plus ou moins chargées de glauconie qui donne à certains bancs une teinte légèrement verdâtre. A Gacé et à Vimoutiers elle devient noduleuse à la partie supérieure. Les fossiles de la craie de Rouen sont nombreux et assez bien conservés ; voici les principales espèces dont j’ai reconnu la pré- sence dans nos régions : Nautilus triangularis et Largilliertianus ; Ammonites Rhotomagensis, varians, Largilliertianus et falcatus ; turrilites costatus, Desnoyersii et Scheuchzeurianus ; Scaphites æqualis et obliquus ; Hamites simplex ; Cyprina Ligeriensis et quadrata ; Trigonia crenulata, Deslongchampsi et spinosa ; Corbis rotundata ; Arca carinata et Ligeriensis ; Lima clypeiformis, simplex, rapa et texla; Inoceramus striatus ; Janira quinquecostata et œquicostata ; Spondylus striatus ; Ostrea columba, conica et curinata ; Rynchonella alata et Grasiana ; Terebratula-biplicata ? lima, lacrymosa ; Avel- lana cassis ; holaster carinatus ; hemiaster bufo ; catopyous carinatus ; Discoïdea subuculus ; Pseudodiadema variolare et tenue ; Glyphocyphus radiatus ; Goniopygus Menardi ; Cotialdia Benettiæ. Parmi les stations fossilifères, j'indiquerai les carrières de Maures, de Loisail et de Loisé, près de Mortagne ; les talus de la route de Rouen à la sortie de Gacé ; les talus d’un chemin qui part de la halte de Mardilly et s’élève sur le coteau en passant près de PEglise (on peut y suivre toute la série des couches, depuis la glauconie) ; les tranchées qui précèdent la gare de Vimoutiers (kil. 34) et le sommet des coteaux qui dominent la ville. SABLES CÉNOMANIENS SUPÉRIEURS OU SABLES DU PERCHE. — Dans tout l’arrondissement de Mortagne, de puissantes couches de sables micacés roussâtres, souvent ferrugineux, reposent sur la craie de Rouen à Scaphites æqualis. Ce sont ces sables qui cons- tituent, en grande partie, les coteaux si accidentés du Perche; aussi leur a-t-on donné le nom de cette ancienne province dans la carte géologique de France, publiée par le service des mines. MM. Tri- ger et Guillier les ont appelés Sables cénomaniens supérieurs, pour les distinguer de quelques sables du département de la Sarthe qui EXCURSION A VIMOUTIERS 73 occupent un niveau inférieur et avec lesquels plusieurs auteurs les ont confondus. | J'ai déjà montré, dans un précédent travail (1), que la craie de Rouen que nous possédons dans l’Orne à létat de craie ou de marne, se trouvait à l’éfat de grès et de sables dans le département de la Sarthe, mais que, malgré cette différence minéralogique, le synchronisme de ces deux dépôts était évident; que le dépôt sableux n’était qu’une modification latérale des couches crayeuses résultant des changements de direction des courants. On a publié, et même, ce qui est plus regrettable, on a professé, dans une de nos plus hautes écoles, que les grès à échinides du Mans étaient placés au-dessus de la craie de Rouen à Scaphites æqualis. C’est Là une erreur stratigraphique des plus profondes. Les grès à échinides (Anorthopygus orbicularis, Codiopsis doma, etc.) se trouvent intercalèés entre la craie à Ammonites Mantelli et la craie à. Scaphites, mais 1/s ne sont jamais supérieurs à cette dernière, ainsi qu’on peut le reconnaître dans les communes de Théligny et de Lamnay. Sur la route de la Ferté-Bernard à Saint-Calais, par exemple, on peut voir dans les talus, au kil. 10, la marne à Scaphites recouvrir des grès et des sables du Maine, dans lesquels se rencontrent la plupart des nombreux fossiles de la craie de Rouen. J’engage vivement les stratigraphes à vérifier cet état de choses, afin de ne pas laisser une erreur se propager plus long- temps. D'ailleurs, feu M. Albert Guillier, le savant géologue du Mans, dont la science et de nombreux amis déplorent la perte prématurée, a fait, de son côté, les mêmes constatations qu'il a dû consigner dans ses magnifiques travaux sur le département de la Sarthe (2). Il ne saurait donc y avoir de doute, je le répète, sur le synchronisme de la craie de Rouen et des grès du Maine. Quant aux sables du Perche, ils sont foujewrs supérieurs à la craie de Rouen. Ce fait peut très bien s’établir en divers endroits, notamment près de Saint-Mard-de-Réno (canton de Mortagne), dans des excavations pratiquées dans un vieux chemin aboutissant au château de la Goyère, où on peut observer le contact des sables avec la marne à Scaphites et à Baculites. On trouve assez souvent dans les sables du Perche des bancs (1) Notice à l'appui du Profil géologique du chemin de fer de Mamers à Mortagne.— Bulletin de la Société Géologique de Normandie, t. VIII, année 1881. (2) Explication de la grande carte géologique et agronomique du départe- ment de la Sarthe (ouvrage en cours de publication). 74 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE ou de gros blocs de grès, dont l’aspect rappelle ceux de l’époque tertiaire que l’on utilise pour le pavage des rues, mais, le plus géné- ralement, les grès qu’on y rencontre sont grossiers et ferrugi- neux. Comme fossiles, les sables et les grès de cet horizon ren- ferment l” Ammonites navicularis,\ Ostrea carinata, l'Ostrea columba et des moules intérieurs de frigonies. Les sables du Perche semblent avoir été l’objet d’un remanie- ment énergique sur plusieurs points, car les fossiles y sont brisés ou roulés. Dans quelques localités (Longny, Monceaux, Boissy- Maugis), ils sont recouverts par la craie turonienne et paraissent en place ; dans ce cas, les coquilles sont bien conservées. Quel est ’age de ce remaniement ? C’est là une question sur laquelle il est encore bien difhcile de se prononcer. Assurément, il est antérieur à l’époque tertiaire, puisque les sables remaniés sont toujours recouverts par une calotte d'argile à silex plus ou moins épaisse (Chartrage, près de Mortagne, forêt de Bellème et de Réno, butte de Croisilles, environs du Theil et de Nogent-le-Rotrou). Ici se termine, dans nos régions, l’étage Cénomanien, les marnes à ostrea biauriculata, qui se développent entre Connerré et le Mans, n'existent pas chez nous. ÉTAGE TURONIEN A la fin de l’époque Cénomanienne, un soulèvement de l'Ouest repoussa la mer vers la partie centrale du bassin de Paris, de ma- nière à faire émerger presque tout notre pays. À cette époque géologique, les eaux ne couvraient plus que les parties les plus orientales de notre département par le Sap, la Ferté-Fresnel, Laigle et Longny. C’est durant cette période que se déposèrent les couches de l’étage Turonien, lesquelles reposent en stratifica- tion concordante sur les sables du Perche. Elles se composent d’une craie marneuse blanche, plus ou moins compacte, avec lits de silex noirâtres, s’appuyantsur une couche, de un mètre environ d'épaisseur, d’une craie légèrement glauconieuse, peu fossilifère. Les affleurements sont peu étendus dans l'Orne ; on ne la ren- contre guère qu’à flanc de coteau, près de Longny et de Boissy- Maugis. Elle existe néanmoins dans les cantons de Vimoutiers (Bosc-Renoult, le Sap), de la Ferté-Fresnel, de Laigle, de Tou- rouvre et de Longny, où elle est masquée par une puissante couche d’argile à silex. EXCURSION A VIMOUTIERS 75 La craie turonienne est exploitée pour la fabrication de la chaux hydraulique (Bosc-Renoult, Laïigle, Irai, Notre-Dame- d’Apres), ou comme marne pour l’amendement des terres (Lon- gny, les Ménus, le Pas-Saint-L’homer). Dans le bourg de Longny, on voit nettement son contact avec les sables cénomaniens (Champ-de-Foire et route du Mage), et, pour cette raison, c’est là une des localités les plus intéressantes à visiter. L’étage Turonien est donc ainsi constitué dans le département : 1° Craie glauconieuse à ferebratella carentonensis et ditrupa defor- mis à la base ; 2° Craie marneuse, plus ou moins consistante, à Rynchonella Cuvieri et inoceramus problematicus. Au-dessus, vient la couche à ferebratella Bourgesisii que l’on trouve, non loin de n°s limites, au four à chaux de la Plante, et à Margon, près de Nogent-le-Rotrou, et dans la tranchée du che- min de fer voisine du bourg de Connerré (Sarthe). ÉTAGE SÉNONIEN Le sol continuant de se soulever après le dépôt des sédiments dont nous venons de parler, la mer fut chassée de plus en ‘plus vers le Sud-Est, et notre région se trouva alors entièrement émer- : gée ; aussi n’y trouve-t-on aucune assise de cet étage, ni du sui- vant (étage Sénonien). Cependant, nous n’étions pas éloigné du rivage d’un petit golfe de la mer Sénonienne qui s’avançait jus- qu’auprès de l'emplacement où s’élève, de nos jours, le vieux château de Nogent-le-Rotrou. Aux carrières de la Plante, on peut, en effet, observer un lambeau de ce terrain avec spondylus trun- catus, ostrea auricularis et terebratula semiglobosa. Mais pour retrou- ver des dépôts de cet âge de quelque importance, il faut s’avancer dans la direction de Courville et de Chartres, ou bien, dans la Sarthe, vers Le Lude et Château-du-Loir. ÈRE TERTIAIRE Les terrains de l’époque tertiaire n’ont plus le développement de ceux de la période secondaire, mais leur variété est encore très grande dans certaines régions ; les sédiments d’eau douce y prennent une grande importance. 76 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Le groupe tertiaire comprend trois systèmes : Etage Suessonien. Etage Parisien. Etage Tongrien. Etage Falunien. Monts Appennins. Crag des Anglais. Dépôts de la Bresse, de la Limagne, de Saint-Prest, près Chartres. Système Eocène … | » Miocène.. » Pliocène.. Nous ne possédons, dans le département, que des terrains dé- pendant du système éocène (étage Suessonien), représenté par l'argile à silex, qui y couvre de larges surfaces. Jusqu'à présent, on n’a pas découvert de traces de l’étage Parisien, qui, cependant, s’avançait assez près de ses limites, puisque la meulière et les cal- caires lacustres de Nogent et de la forêt de Bonnétable en sont des parties constituantes. ARGILE A SILEx. — Elle se compose d’une argile rougeâtre ou jaunâtre, de composition fort variable, tantôt pure, tantôt sableuse, contenant des silex blonds ou bleuâtres, souvent tuber- culeux, qui ne sont jamais roulés. L’argile à silex ne constitue pas, à proprement parler, un dépôt marin; d’après plusieurs géologues, elle proviendrait d’une simple décomposition sur place de la craie, soit par Parrivée d’eaux acidulées provenant de l’intérieur de la terre, soit par l’ac- tion continue des agents atmosphériques. Les fossiles, que lon trouve parfois à l’intérieur des silex et qui sont les mêmes que ceux de la craie, viennent appuyer cette hypothèse. Mais com- ment cette action dissolvante s’est-elle produite ? Toutes les théo- ries proposées pour en donner l’explication se trouvent en défaut sur plusieurs points, et la question est encore loin d’être résolue d’une manière satisfaisante. D'après les observations de M. Hébert (1), la position strati- graphique de l’argile à silex est actuellement bien établie ; elle est placée à la base des terrains tertiaires, au-dessous des sables qui supportent l'argile plastique. Ce fait a été reconnu dans une excursion faite par le savant professeur, entre Courville et la forêt de Dreux. (1) Bulletin de la Société Géologique de France, 2e série, t. XXI. — Séance du 16 Novembre 1863. EXCURSION A VIMOUTIERS Fa . Dans nos contrées, elle repose sur la craie marneuse à inoce- rames, ou bien sur les sables du Perche. Son épaisseur varie entre 12 et 20 mètres sur les plateaux. On la trouve aussi sur la craie de Rouen, dont ellé est une décomposition très superficielle causée par les agents atmosphériques. Sur tous les sommets et dans les plaines, l'argile à silex en place est recouverte par une nappe généralement peu épaisse d’aroile à silex remaniée, sur l’âge de laquelle les géologues ne paraissent pas encore bien fixés. CoONGLOMÉRATS. — On rencontre très fréquemment, dans l'argile à silex, de gros blocs très durs formés de fragments de silex, le plus souvent anguleux, cimentés par une pâte siliceuse. Ils sont communs sur les hauteurs de Condé-sur-Huisne {la Fourche) et de Marchainville, où ils ont été utilisés dans les soubassements de plusieurs constructions. C’est surtout aux abords des bassins d’eau douce que ces blocs sont abondants (Nogent- le-Rotrou, — Forêt de Bonnétable). Quelquefois ils sont formés en partie de conglomérats et en partie de grès. D’après l’opinion de M. Albert Guillier, il y aurait lieu de classer ces conglomérats dans l’étage parisien, en raison des rapports intimes qu’ils ont avec les calcaires d’eau douce et la meulière. ÉPOQUE QUATERNAIRE Les dépôts rapportés à cette époque sont le limon des plateaux et les alluvions anciennes. LIMON DES PLATEAUX OU Læss.— Ce limon forme un dépôt argilo-sableux, jaunâtre, contenant une certaine proportion de calcaire. Il ne renferme guère que des coquilles terrestres d’espèces actuellement vivantes et encore y sont-elles très rares. Son âge est discuté et on suppose qu’il a pu se déposer à diverses reprises. Types locaux : Moulicent, la Ventrouse (briqueterie), Feings (la Brosse), Condé-sur-Brionne (la Fourche). ALLUVIONS ANCIENNES OU DILUVIUM Gris.— Elles se composent de cailloux roulés, de graviers et de sable plus ou moins argileux, provenant de terrains enlevés et entraînés souventfort loin par les grands courants qui donnèrent au sol son relief actuel. Ces sortes de dépôts acquièrent une certaine importance dans les vallées de nos principales rivières, notamment sur les bords de l’Huisne à Condé, Dorceau, Rémalard, Bellou et Boissy-Maugis. En 78 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE quelques endroits ils s'élèvent à une assez grande hauteur au-dessus du lit actuel des cours d’eau. Pour expliquer ce fait, M. Lodin, ingénieur des mines, croit qu’il n’est pas nécessaire d’attribuer leur formation à de gigantesques cours d’eau dont la surface autait dépassé le niveau le plus élevé où l’on retrouve les alluvions anciennes ; selon lui, nos profondes vallées n'étaient à l’origine que de faibles dépressions des plateaux qui ont été creusées lentement par les cours d’eau qui y circulent, de sorte que le fond des vallées, occupé par les alluvions, s’abaissait lente- ment en laissant sur les pentes des témoins qui indiquent son ancienne composition. Il résulterait de cette explication que les alluvions sont d’autant plus anciennes qu’elles occupent une posi- tion élevée par rapport au thalweg actuel de la vallée. J'aurais encore à vous parler des terrains qui se forment de nos jours, comme les tourbières, les alluvions modernes etc., mais cela aurait pour vous peu d’intérèt. Je dois donc borner ici cette trop longue description et considérer comme terminée la tâche que je me suis imposée. Il ne me reste plus, Messieurs, qu'à vous pré- senter mes excuses pour avoir retenu si longtemps votre bienveil- jante attention. SO NOTE EXPLICATIVE SUR LE PROFIL GÉOLOGIQUE A TRAVERS LE PERCHE-ORNAIS SUIVANT L’ANCIENNE GRANDE ROUTE DU MANS A PARIS. Par PAUL BIZzET Conducteur des Ponts et Chaussées à Bellëme Exposé. — Le profil géologique que nous avons l’honneur de présenter cette année à la Société Géologique de Normandie, traverse normalement une grande partie des collines percheronnes. Il a pour origine le bourg de St-Cosmes-de-Vair (Sarthe) et il se termine à celui de La Loupe (Eure-et-Loir) en passant par Bellème et Rémalard ; son étendue est d'environ 53 kilomètres. Les altitudes de tous ses points ont été relevées au moyen d'opérations de nivellement faites avec des instruments de préci-. sion. Les inflexions et les épaisseurs des couches ont été déter- minées aussi exactement que possible, à l’aide d’observations barométriques et de calculs basés sur l’inclinaison et la direction des différentes assises du sol dans cette région. Toutes les fois _ que les dépressions du terrain l’ont permis, les épaisseurs ont été constatées d’une manière rigoureuse. La direction que nous avons adoptée est celle de l’ancienne grande route du Mans à Paris, aujourd’hui fort déchue de son ancienne importance et descendue, en grande partie, au modeste rang de chemin vicinal de grande communication. ORIENTATION. — De St-Cosmes à Bellème, notre profil est, dans son ensemble, orienté N. 35° E. — Entre Bellème et Colo- nard, cette direction devient N. 60° E ; de Colonard jusqu’à Rémalard elle continue encore à s’infléchir vers l'Est et atteint N. 75° E. — Au delà de ce bourg, la route remonte vers le Nord-Est (N. 50° E.) ; ce n’est qu’à partirdu hameau de Freule- mont qu’elle prend, jusqu’à la limite du département d’Eure- et-Loir, une direction générale N. 73° E. Ensuite elle court à l'Est (E. 10° S.) jusqu’à La Loupe. 80 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE En somme, la médiane de ses diverses inflexions peut donc être orientée N. 67°30 E. entre Bellème et La Loupe. OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES ET PALÉONTOLOGIQUES. — La route que nous avons suivie repose à St-Cosmes sur les couches graveleuses du TERRAIN CORALLIEN à astartes (astarte nysa). Des carrières ouvertes sur le chemin de Contres, à 1 kilomètre à l’Est du bourg, permettent d'étudier la composition de la roche. On y rencontre des trigonies et des astartes en assez grande quantité, mais ces fossiles sont tous à l’état de moules et assez mal con- servés. On y trouve aussi des fragments d’encrines et de penta- crines. | La roche, de nature graveleuse et blanchâtre dans les parties éle- vées, devient dure et de couleur brune dans les bancs inférieurs. Une autre carrière existe au sommet de la côte du Loup-Pendu; elle est ouverte dans les assises supérieures. Ce calcaire repose sur les sables roussâtres du Calcareous-grit visibles sur le bord de la route, au hameau du Vivier. Là une sablière permet de les observer. Ils renferment des nodules de grès concrétionné et ils sont traversés par de petites veines interrompues d’argilithe à la surface desquelles on rencontre des trigonies (trigomia Bronni), quelques astartes, des encrines et des pentacrines. On retrouve ces sables dans les flancs du coteau, à gauche de la route, depuis le Vivier jusqu’au Loup- Pendu. Ils acquièrent en quelques points une puissance de près de 15 mètres. En deça d’Igé, au hameau du Loup-Pendu, une faille a causé l’abaissement du système oolithique sur une de ses lèvres, avec relèvement sur l’autre, de sorte que les assises supérieures du Corallien viennent, au sommet du coteau, buter contre la craie glauconieuse à turrilites tuberculatus. — En s’approchant d’Igé, on voit la glauconie affleurer à son tour et recouvrir directement le Coral-Rag sans aucune interposition du Kimméridgien. Dans le bourg d’Igé des carrières assez importantes permettent d’examiner de nouveau le Coral-Rag. C’est un calcaire graveleux, à grosses oolithes et à pisolithes, avec de nombreuses nérinées et quelques astartes. Il repose sur un calcaire ferrugineux compacte qui sur- monte les sables du Calcareous-Grit et que l’on doit rencontrer à petite ‘profondeur en cet endroit. Ce même calcaire compacte se montre dans les talus de la route au hameau des Rocs. On le voit reposer sur les sables roussâtres du Calcareous-Grit, sur les bords escarpés de l’étang de Chanteraine situé, non loin de là, sur PROFIL GÉOLOGIQUE 81 la droite. À partir d’Igé, le Coral-Rag se poursuit d’une façon con- tinue jusqu’à Bellème, en augmentant constamment en puissance, de sorte que ce sont les assises supérieures à dicerates qui appa- raissent aux abords de cette ville. Là on peut encore, une dernière fois, voir son contact avec le calcaire compacte ferrugineux et les sables roussâtres du Calcareous grit (hameaux de la Guinguette et de la Fuie). Les fossiles que l’on trouve le plus communément dans le Coral-Rag sontles suivants : Pholadomya paucicosta{Roœmer), diceras minor (Deshayes), Astarte Nysa (d’Orb.), Rynchonella inconstans (d’Orb.), Echinobrissus scutatus (d’Orb.), Pygaster umbrella (Agas., Hemicidaris crenularis (Agas.), Cyphosoma Bizeti (Cott.). On y rencontre aussi, surtout à la base, de nombreux moules de Trigo- nies, d’Astartes et de Nérinées d'espèces indéterminables. Après avoir dépassé le petit monument dit La Croix Feue-Reine, élevé en souvenir du siège de Bellème, par Blanche de Castille, on aperçoit, sur les hauteurs, les premières strates du TERRAIN KIMMÉ- RIDGIEN, constitué, dans toute la région, par une alternance de couches argileuses ou marneuses et de bancs, peu épais, d’un cal- caire compacte sublithographique, gris bleuâtre. Le contact de ce terrain avec le Coral-Rag se voit dans plusieurs carrières ouvertes dans la ville même, pour l'extraction de pierre de taille et l’alimen- tation du four à chaux de M. Loriot. En s’avançant vers Réma- lard, on retrouve encore plusieurs excavations où le Kimméridgien peut être étudié. Les calcaires compactes de cet étage ne peuvent donner que de la chaux grasse, mais certains bancs des calcaires mar- neux paraissent susceptibles de fournir de la chaux moyennement hydraulique, ainsi qu'il appert de diverses analyses dont nous présentons ci-dessous les résultats : Calcaires compactes|| Calcaires marneux Carrière | Carrière || Carrière |Talus vis-à-vis L Qi E de la Gare Loriot | Guérin Loriot | de Bellême DE RUN ET SRNSSSNESRRES a. F:30 0.25 0.30 Résidu insoluble dans les acides... 4.00 LES 8.60 Alumine et peroxide de fer....... 1.35 0.80 1.80 , PET ORNE C1 ENST PE SI.45 54.00 48.55 LT TL ER ORNE ENRRRR TEREE 0.40 0.25 0.35 Pertes au feu et produits non dosés.|| 41.50 | 43.55 40.40 100.00 100.00 100.00 100,00 82 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Les propriétés hydrauliques des calcaires marneux du Kimmé- ridgien semblent être constantes dans nos régions, car l’analyse d’un échantillon provenant des carrières du bourg de Ceton ont fourni des résultats encore plus probants ; il ont donné une pro- portion de 13.40 d'argile pour 45.65 de chaux. On a même constaté dans un banc un rapport de 23.30 d’argile pour 38.90 de chaux, c’est-à-dire la composition des meiïlleurs ciments de Portland. Il est regrettable que, jnsqu’à ce jour, l’industrie n'ait pas essayé de tirer parti de ces roches qui deviendraient alors une véritable source de fortune pour le pays. On nous trouvera toujours disposé à étendre nos recherches de manière à seconder ceux qui voudraient tenter une semblable entreprise. La partie de route comprise entre St-Cosmes et Bellème est particulière- ment intéressante, en ce qu'elle a été l’objet d’études de la part d'un de nos plus savants géologues. M. Hébert, membre de l’Institut et professeur à la Sorbonne, l’a parcourue et y a relevé plusieurs coupes qu'il a présentées dans son mémoire intitulé : « Les Mers anciennes et leurs rivages. » A partir de Bellème, le terrain Kimméridgien se continue jus- qu’à la maison dite de Belle-Vue, avec une puissance de couches d'environ 15 mètres sur les sommets, mais bientôt ses assises disparaissent sous les dépôts de la formation crétacée; elles ne montrent plus d’afleurements que dans les bas fonds de Colonard et de Nocé. Les fossiles du Kimméridgien sont : | Nautilus giganteus d'Orb.), Nerinsa Gosæ (Rœmer), Natica turbiniformis (Rœmer), Pholadomya Protei (Defrance), Ceromya excentrica (Agas.), Astarte minima (Sow.), Trigonia muricata (Rœmer), Mytilus Jurensis (Merian), Mytilus subpectinatus (d’Orb.), Pinnigena Saussurii (d'Orb.), Ostrea deltoidea (Sow.), Ostrea solitaria (Sow.), Ostrea Bruntrutana (Thurm), Terebratula subsella (d’Orb.). — Sur les hauteurs de Sérigny, dans les couches marnéuses des talus du chemin du Theil, nous avons recueilli des fragments de tige d’une presle à laquelle M. Crié, professeur à la Faculté des Sciences de Rennes, a donné le nom d’Equisetum Guillieri. Un peu au delà de Belle-Vue commencent à apparaître les pre- mièrescouches crétacées, dont le premier membreest la GLAUCONIE à Ostrea vesiculosa, caractérisée par sa couleur vert foncé, surtout lorsqu'elle est pénétrée d'humidité. Bientôt la CRAIE GLAUCONIEUSE apparaît à son tour et des carrières assez vastes sont ouvertes dans cette formation au lieu dit La Mariette. Ces carrières sont assez TS CE } PROFIL GÉOLOGIQUE 83 fossilifères, on y trouve : Nautilus elegans (Sow.), Ammonites Mantelli Type (Sow), Am. Couloni (d'Orb.), Turrilites tuberculatus (Bosc.), Spondylus striatus (Goldf.), Mytilus liveriensis (d'Orb.), Arca ligeriensis (d’Orb.), Cardium hillanum (Sow.), Cardium Mou- tonianum (d’Orb.), Pecten asper (Lamk.), Janira quinquecostaia (d’Orb.), Ostrea columba (Desh.), Ostrea haliotidea (d’Orb.), Ostrea carinata (Lamk.), Epiaster distinctus (d’Orb.), Epiaster crassissimus (d’Orb.), Hemiaster bufo (Desor), Polypiers : Gueltardia Stellata (Michelin), Siphonia costata d’'Orb.), Halliroea costata (Lamou- roux). Sous le rapport paléontologique, ces carrières ont été, avec celles de St-Jean-la-Forêt, des plus intéressantes. Leur exploita- tion ayant été très réduite depuis plusieurs années, les découverts sont devenus moins importants et, partant, les fossiles moins communs. | Les carrières de la Mariette et de St-Jean fournissent un cal- caire silicifié qui donne des pierres de taille d’un très beau grain ; malheureusement quelques bancs en contiennent qui résistent mal à l’action des agents atmosphériques lorsqu'elles n’ont pas perdu entièrement leur eau de carrière, ou qu’elles sont posées en délit. Sur les sommets de Colonard, du Boudin-froid et du Haut- Chêne, la craie glauconieuse est recouverte par la CRAIE DE ROUEN à Ammonites Rhotomagensis et à Turrilites costatus. À un kil. environ après le Haut-Chêne, une faille a interrompu la continuité des cou- ches.Tout le système s’est abaissé vers l’Est, de sorte qu’à Réma- lard on retrouve, à une altitude de 130 mètres, les mêmes assises qui affeurent à 200 mètres près du Haut-Chêne. Cette faille fait buter les sables cénamoniens supérieurs contre la base de la craie de Rouen alors que, stratigraphiquement, ils devraient lui être supé- rieurs. De la maison de Bruxelles à Rémalard, la craie de Rouen est masquée par des alluvions anciennes résultant, sans doute, des déplacements successifs du cours de l’'Huisne. Nous devons faire remarquer ici que sur cette rivière, comme sur toutes celles de la région d’ailleurs, les alluvions se sonttoujours déposées du côté opposé à la partie la plus déclive des coteaux et parfois se sont élevées à d’assez grandes hauteurs par rapport au thalweg des vallées actuelles. N’est-il pas très présumable, dans le cas particu- lier dont nous nous occupons, que les eaux de l’Huisne, incom- parablement plus abondantes aux temps géologiques qu’elles ne 84 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE le sont de nos jours, attaquaient, dénudaient, corrodaient cons- tamment le flanc du versant Est et s’avançaient peu à peu de ce côté en laissant vers l’Ouest des traces de leur ancien séjour, traces consistant en des amas de cailloux et de graviers ? Cette explication semblerait plus plausible que l'hypothèse de certains géologues tendant à attribuer aux cours d’eau des dimensions excessives à l’époque quaternaire. Comment pourrait-on, dans cette dernière supposition, expliquer le fait constant des alluvions anciennes déposées sur un des versants seulement, soit à droite, soit à gauche, mais presque jamais sur les deux rives à la fois ? Les cailloux roulés et les graviers des alluvions anciennes sont utilisés pour l’entretien des routes : plusieurs carrières sont ouvertes près de Bellon-sur-Huisne, aux villages de la Taheudière et de la Coudorière. En montant le coteau sur lequel est bâti le bourg de Rémalard, on marche sur la Craie à Ammonites Rhotomagensis, très développée dans toute cette contrée. C’est une craie tuffeau blanche et assez consistante pour pouvoir être utilisée, comme pierre d'appareil dans les constructions. Cette pierre produit un fort bon effet et elle n’est pas gelive. Celle qui a été employée à l’école commu- nale provient de la carrière de Pontillon. D’autres carrières sou- terraines existaient aux environs de ce bourg, mais la plupart sont abandonnées aujourd’hui.—Avant d'arriver à la Craie consistante, on traverse généralement une couche de craie marneuse plus ou moins épaisse qui dépend du même horizon géologique. Cette marne est employée en agriculture pour l'amendement des terres pauvres en carbonate de chaux. Celle des environs de Rémalard est particulièrement précieuse en raison de la proportion relative- ment forte d’acide phosphorique qu’elle contient. Voici sa composition d’après l’analyse qui en a été faite, sur notre demande, au laboratoire de l’Ecole des Ponts-et-Chaussées : Résidu insoluble dans les acides............. 26.25 Alumine et peroxide de fer....... N Let Er 3 a fs 6.30 Chaux. scene both 32.45 Magnèésie.. 4,5%" apr D RSR 0.83 Pôtasse . 5, 2 VC PRESSE : NS —,.— AZOtR 5 62 es vatone éobpe NP es ea 0.02 Acide phosbhonique 4,5%: 2008. 0. 0.60 Pertes au feu et produits non dosés .......... 31.< PROFIL GÉOLOGIQUE 85 Dans toute la contrée de Réimalard, la craie de Rouen renferme les fossiles suivants : Nautilus Largilliertianus (d'Orb.), Nautilus Irionpularis (Mon- fort), Ammonites Rhotomagensis | PE X ), Ammonites varians (Sow.), Am. falcatus (Mantell.), Scaphites Doi (Sow.), Baculites bacu- loides (d'Orb.), Hamites simplex (d’Orb.), Ostrea Sete (Desh.), Ostrea carinata (Lamk.), Trigonia crenulata (Lamk.), Trigonia spinosa (Park.), Corbis rotundata (d’Orb.), Cyprina Ligeriensis (d’Orb.); Lima clypeiformis (d'Orb.), Avellana cassis (d'Orb.), Pleurotomaria Mailleana (d'Orb.), Rynchonella alata (Lamk.), Ryn- chonella Lamarckiana (d'Orb.), Terebratula lima (Defr.), Terebra- tula lacrymosa (d’Orb.), Oursins : Caïopygus carinatus (Cott.), Holaster subglobosus (Agas), Coitaldia Benettiæ (Cott.), Discoidea subuculus (Klein.), Pseudodiadema variolare (Cott.), Glyphocyphus radiatus (Hæœning.), Goniopygus Menardi (Desm.), Peltastes aran- thoides (Agas). C’est sur les hauteurs de Rémalard, vers le château de Voré, que commencent les SABLES CÉNOMANIENS SUPÉRIEURS (I) ou SABLES DU PERCHE qui constituent la plupart des collines dont les formes diverses contribuent puissamment à donner à cette belle région son aspect si pittoresque. D’abord peu développés à Saint- Jacques-de-Voré et à Freulemont, ces sables acquièrent une puis- sance de plus de $o mètres à la côte du Libérot et à la Madeleine- Bouvet. (2) Il est hors de doute que les sables du Perche ont dû subir une puissante action de remaniement, car sur certains points ils renferment des fossiles bien conservés, tandis que sur d’autres, toutes les coquilles ont été brisées et triturées sous l’éner- gie des courants qui ont raviné et déplacé les premières masses sableuses. Mais quel est l’âge de ce remaniement ? C’est là une question bien difficile à élucider dans l’état actuel de nos connais- sances. Assurément il est antérieur à l’époque tertiaire, puisque partout, sauf sur les pentes de quelques vallons, les collines per- cheronnes, constituées par les sables remaniés, sont couronnées (1) Les sables du Perche contiennent des grès grossiers, micacés, résultant de leur agglutination ; les ouvriers les nomment pierres de sable. Ils sont com- muns près du bourg de Moutiers et ils renferment divers fossiles. Aimmonites Navicularis, Ostrea Columba, Ostrea carinata, Moules de Trigonies etc. (2) On a donné le nom de sables cènomuniens supérieurs aux sables situés au- dessus de la craie à Scaphites, pour les distinguer des sables et grès qui, aux environs du Mans, tiennent lieu et place de la craie de Rouen, voire même de la craie glauconieuse, dans toute cette région. 86 SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE par l'argile à silex en place, que l’on sait être le premier membre de la série tertiaire, d’après les travaux de M. Hébert. Les sables du Perche auraient donc deux âges, l’un correspondant à leur sédimentation et parfaitement déterminé ; l’autre se rapportant à eur remaniement, celui-ci d’une date incertaine, quoique cepen- dant compris dans la période secondaire. Il nous a été impossible de pouvoir délimiter exactement, sur le terrain, ce qui doit être rangé dans l’une et dans l’autre de ces deux divisions, aussi notre profil ne présente-t-il que l’ensemble de la masse sableuse. Sur plusieurs points, les sables cénomaniens ont été enlevés par dénu- dation et la craie de Rouenreste à découvert, mais, sous l'influence des agents atmosphériques, ses caractères minéralogiques se sont profondément modifiés sur une certaine épaisseur ; elle s’est alors transformée en argile plus ou moins pure, renfermant quel- ques silex roulés. Lorsqu'on a traversé cette couche superficielle, on retrouve la craie de Rouen avec tous ses éléments constitutifs et tous ses fossiles les plus caractéristiques. Des marnières, jadis ouvertes près du château de Guilbault, ont fourni à M. Desnoyers, le savant bibliothécaire actuel du Muséum d’histoire naturelle de Paris, de beaux spécimens qui ont été décrits par Alcide d'Orbigny et figurés dans sa paléontalogie française, avec l'indication de celieu de provenance, notamment deux espèces fort rares de Céphalopodes: Turrilites Scheuchzerianus (Bosc) et Turrilites Desnoyersi (d'Orb.). Au-dessus des sables du Perche vientune couche de marne glau- conieuse 4 Ditrupa deformis et Terebratella carentonensis de 1 mètre à : mètre 30 d'épaisseur qui forme la base des marnes turoniennes à Inoceramus labiatus et Rynchonella Cuvieri. Ces marnes ne présen- tent aucun effleurement dans cette région ; leur extraction s’opère au moyen de puits de 20 à 25 mètres de profondeur. Elles sont riches en carbonate de chaux et, partout, excellentes pour les emplois agricoles. Voici l’analyse d’un échantillon provenant de la commune du Pas-St-Lomer, près de la Fourche. Résidu insoluble dans les acides......... 4.45 Alumine et peroxide de fer.......... ÉAMATES Che. 22 AR Us SÉRIE | 50.65 Mapniésie 25e Se SA RES À 0.52 Potasse LE dos ds dd MERE: à —.— Asples nr 2 Pour ouate ERRER,, 0.02 Acide phbpborique.:.: 1.1.4)" 0.18 Pertes au feu et produits non dosés...... 42.56 100.00 PROFIL GÉOLOGIQUE 87 La puissance de la craie marneuse à inocerames peut être esti- mée, en moyenne, à 10 ou 12 mètres. Elle est recouverte par une nappe d'argile à silex en place de 12 à 15 mètres d’épaisseur, cons- tituant le sous-sol d’une grande partie des vastes plaines qui s’éten- dent vers Courville et Chartres. Cette argile est souvent dérobée à la vue par un dépôt superficiel d’argile à silex remaniée d’épais- seur variable. . Sur les hauteurs de la Loupe, on rencontre des dépôts meubles sur les pentes et des poudingues de grès de Fontainebleau. Comme nous l'avons dit dans le mémoire qui précède ces notes, il semble- rait rationnel de ranger ces conglomérats dans l’étage parisien en raison des rapports intimes qui les lient avec les calcaires d’eau doucs. RésuMé.— Le profil géologique de Saint-Cosmes à La Loupe rencontre presque toutes les formations représentées dans le Perche-Ornais et il fait voir que les relations entre les différentes assises du sol ont, par Bellème et par Rémalard, une grande analogie avec celles des terrains de la route de Verneuil à Alençon, dont la coupe a été publiée, l’année dernière, dans le Bulletin de la Société. Il montre que, dans cette nouvelle direction, les premiers mem- bres de la série crétacée n’existent pas non plus; que toutes les couches plongent vers l’Est, c’est-à-dire vers le centre du bassin parisien, à l’exception toutefois des terrains avant Bellème, dont le pendage a lieu vers l'Ouest. Une partie de cette ville serait donc située sur une ligne anticlinale, une arête de soulèvement, que n'aurait pas atteint le réseau de failles si compliqué de ces alen- tours. | Notre profil indique, en outre, la place exacte qu’occupent les sables du Perche, dont la position stratigraphique a ététant discutée. Enfin les analyses de diverses roches font ressortir les avantages que l’industrie et l’agriculture pourraient retirer de l’exploitation de ses principales assises, soit pour la fabrication dela chaux hydrau- lique ou des ciments, soit pour l'amendement des terres. OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE EN 1885 Séance du 14 Janvier Revue des Travaux scientifiques, tome IV, fasc. 9. Bulletin de la Société de Géographie, Paris 1884, 3° trimestre. Académie d'Hippone, Table générale des documents épigra- phiques publiés par l’Académie. Feuille des Jeunes Naturalistes. Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XLI, n° 161. ForsyTH-MAJOR. — On the Mammalian fauna of the Val d’Arno. PIDGEON. — On the recent discoveries in the submerged forest of Torbay. W. Dowxnes. — On the cretaceous Beds at Blackven near Lyme Regis. Sir R. OwEN. — On the Resemblance of the upper molar Teeth of Neoplagiaulax to those of Tritylodon. A.-T. METCALFE, — On the discovery at Creswell Crags ofa portion of the upper Jaw of Elephas primigenius, containing the first and second milk-molars. Sir R. OwEN. — On remains of ÆElephas primigenius from one of the Creswell Bone-caves. WALFORD. — On the Stratigraphical positions of the Trigoniae of the Lower and middle jurassic Beds of North Oxfordshire. CLAyPOLE. — On the recent discovery of Pteraspidean fish in the Upper Silurian Rocks of north America. V, Woop. — On a deposit of Pliocene Age at St-Erth near the Land’s End. A.-H. GREEN. — On a section near Llanberis. S. HUGHES. — On some West Indian Phosphates. S. GARDNER. — On the Lower Eocene Plant-Beds of the Basaltic formation of Ulster. OUVRAGES REÇUS 89 Stanislas MEUNIER. — Traité pratique de Paléontologie française, Paris 188. | JANNETAZ. — Les Roches, Paris 1885. Don de M. J. Rothschild, éditeur. Séance du 4 Mars Revue des Travaux scientifiques, tome IV, fasc. ro. Bulletin de la Société de Géographie de Paris, 1884, 4° trimestre. Bulletin de la Société de Géographie Commerciale du Havre, n° 2, Novembre 1884. Bulletin de la Société des Amis des Sciences Naturelles de Rouen, 1884, 1* semestre. R. FORTIN. — Compte-rendu de l'Excursion de Lillebonne à Tan- carville, partie géologique. Annales de la Société Géologique du Nord, tome XI, 1883-84 : Cx. BaRRoIS. — Sur les Schistes métamorphiques de l'Ile de Groix. Cx. BarRois.— Sur les Dictyospongidae des Psammites du Condroz. GossELET. — Fossiles des Psammites du Condroz. RENARD. — Sur la Révision des Terrains des environs de Saint- David’s, par M. Geiïkie. Ach. Six. — Analyse des Travaux de M. L. Dollo sur les Dino- sauriens du crétacé supérieur de la Belgique. E. Van den BroEcK. — Nouvelles observations faites dans la Campine en 1883, comprenant la découverte d’un bloc erratique scandinave. Cx. Barrois. — Constitution Géologique de la Bretagne.— Sur les grès métamorphiques du massif de Guéméné. CH. MAURICE. — Observations sur une espèce de Conularia du calcaire d’Avesnelles. À. Six. — Les Poussières des Glaces. Jupp. — Sur le Puits foré à Richmond. | À. Von LasauLx. — Sur une roche de Glaucophane de l’Ile de Groix. K. ZITTEL. — Sur la Géologie du désert Lybien. HYATT. — Evolution des Céphalopodes. CH. GossELET. — Sur la Faille de Remagne et sur le métamor- phisme qu'elle a produit. ORTLIEB et À. Six. — Une excursion à Pernes. AcH. Six. — Les Fougères du Terrain houiller du Nord. ACH. Six. — Un oiseau landénien en Belgique. ACH. Six. — Les crocodiles de Bernissart. BARROIS. — Sur les ardoises à néréites de Bourg-d'Oueil (Haute- Garonne). Barrois. — Sur l'étage aptien de la Haute-Garonne. 90 | SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Acx. Six. — Les appendices des Trilobites. Ac. Six. — Un nouveau Dinosaurien. BoussemaER — Notes sur les couches supérieures du Mont-Aigu. GosskLET. — Note sur quelques affleurements de Poudingues devonien et liasique. HAssENPFLUG. — Sur l'Ozokérite. GosseLer.— Note sur les Schistes de Saint- Hubert dans le Luxem- bourg. CH. Barrois. — Observations sur la constitution de la Bretagne. Ac. Six. — Compte-rendu de l’excursion annuelle. AcH. Six. -— Le Batracien et les Chéloniens de Bernissart, d’après M. Dollo. Acx. Six. — Les Dinosauriens carnivores % Jurassique américain, d’après le professeur Marsh. CH. BARRoOIS. — Note préliminaire sur les Schistes à Staurotide du Finistère. Acx. Six. — Le Challenger et les abîimes de la mer. AcH. Six. — Les hydrocarbures naturels de la série du pétrole. GossELET. — Remarques sur la Faune de l’assise de Vireux à Grupont. GosseLET. — Note sur deux roches cristallines du terrain devonien du Luxembourg. CH. Queva et H. FocKEN. — Compte-rendu de l’excursion dans le massif de Stavelot. CH. Queva et H. FocKEN, — Compte-rendu de l’excursion dans les environs de Mons. Cu. Queva et H. FocxEN. — Compte-rendu de l’excursion dans le terrain jurassique entre Maubert-Fontaine et Lonny. GossELET. — Etude sur les tranchées du chemin de fer de l'Est, entre Saint-Michel et Maubert-Fontaine. Académie d'Hippône, Bône, bulletin n° 20, fasc. 2. Mémoires de l’Académie nationale des Sciences, Arts et Belles- Lettres de Caen, année 1884. Bulletin de la Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres de l’Eure, Evreux, tome VI. Bulletin de la Société d'Etudes des Sciences naturelles de Nîmes, 12° année, fasc. 8, 9 et 10. Bulletin de la Sociéte Linnéenne de Lyon, tome XXX, 1883. Bulletin du Cercle pratique d’'Horticulture et de Botanique du Havre, 1834, n° 4. Feuille des Jeunes Naturalistes. Annäles de la Société Géologique de Belgique, Liège, tome X. Table générale des tomes I à X : E. Dezvaux. — Note sur le forage d’un puits artésien exécuté à la fabrique de MM. Dupont frères, à Renaix. C. MALAISE. — Sur la composition du massif ardoisier du Brabant. OUVRAGES REÇUS 9I UBAGHs. — La mâchoire de la Chelonia Hoffmanni Gray. CESsARO et DEPREr. — La Richellite, nouvelle espèce minérale des environs de Visé. FRAIPONT. — Recherches sur les crinoïdes du Famennien de Belgique. Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Neuchatel (Suisse), tome XIV, année 1884. Proceedings of the Canadian Institute, Toronto, vol. 3, fasc. 3. Boletim da Associaçao dos Jornalistas e Escriptores Portuguezes Lisbonne, 1'° série, n° 3 et 4. Societa Toscana di Scienze naturali di Pise. Procès-verbaux des séances. Séance du 2 Septembre Revue des Travaux scientifiques, tome IV, fasc. 11 et 12. Bulletin de la Société de Géographie de Paris, 1° trimestre 1885, et Procès-verbaux des Séances. Bulletin de la Société normande de Géographie, Rouen, Janvier, Février, Mars et Avril 1885. Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, Caen, année 188 3/84. CorBiÈRE et BIGOT. — Etude géologique de la tranchée du chemin de fer entre Sottevast et Martinvast. Eug. DESLONGCHAMPS. — Note sur les modifications à apporter à la classification des Terebratulidae — Note sur une anomalie observée sur un échantillon de Liothyris vitrea. — Note sur l'appareil bra- chial de diverses terebratules du Lias et du système oolithique inférieur. — Note sur des Brachiopodes nouveaux ou peu connus du Lias et du système oolithique inférieur. — Note sur plusieurs espèces de cranies du système oolithique inférieur. GUYERDET. — Granulite du Mont-Cerisi (Orne). MoriÈre. — Note sur un Homalonotus du Grès de May. Bicor. — Nouvelles observations sur le Silurien de la Hague. G. LIoNNET. — Sur la présence du terrain crétacé HEtr dans les falaises de la Hève. * PRUDHOMME. — Notes sur le Limon des plateaux dans le pays de Caux. Bulletin de la Société d’Horticulture et de Botanique du centre de la Normandie, Lisieux, tome III, n° 6. Bulletin de la Société d'Etudes des Sciences naturelles de Nimes, XII° année, n“x1r et 12. Bulletin de la Société Académique Franco-Hispano-Portugaise Toulouse, tome V, n° 3. Annuaire, année 1884-85. 92 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Bulletin de l'Académie d’Hippône, Bône, tome XX, fasc. 3. Feuille dès Jeunes Naturalistes. Bulletin de la Societé des Sciences naturelles de Neuchatel (Suisse) tomes [IV à XIII. Annales de la Société Géologique de Belgique. Liège, tome XI, années 1883/84 : E. DELvAUx. — Des puits artésiens de la Flandre. W. SPRING. — Note sur la véritable origine de la différence des densités d’une couche de calcaire dans les parties concaves et dans les parties convexes d’un même pli. E. DELvaAUux. — De l'extension des dépôts glaciaires de la Scandi- navie et de la présence de blocs erratiques du Nord dans les plaines de la Belgique. E. PROST. — Sur la Salmite de Dumont. J. FRAIPONT. — Notice sur une caverne à ossements d’Ursus Spelaeus. J. FRAIPONT. — Recherches sur les crinoïdes du Famennien de Belgique. W. SPRING et E. PROST. — Etude sur les eaux de la Meuse. À. FIRKET. — Composition chimique de quelques calcaires et de quelques dolomies des terrains anciens de la Belgique. G. CEsaro. — De la Koninckite, de la formule de la Richellite, et de l’oxifluorure de fer. E. DELvAUx. — Découverte de gisements de phosphate de chaux appartenant à l'étage yprésien dans le sous-sol de la ville de Renaïx et dans celui de la région de Flobecq. M. LoHEsT. — Recherches sur les poissons des Terrains paléozoïques de Belgique. Poissons de l’ampelite alunifère des genres Campodus, Petrodus et Xistracanthus. Atti della Societa Toscana di Scienze Naturali di Pise, vol. IV, fasc.. 3 G. Risrori. — Contributo alla Flora fossile del valdarno superiore. CANAVARI. — Osservazioni intorno all” existenza di una terra ferme nell” attuale bacino adriatico. F. PARONA. — Sulla eta degli Strati a Brachiopoda delle croce di Segan in val Tesino. Section des Travaux Géologiques du Portugal, Lisbonne, tome I, sci, Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XLI, n° 162 : Meccaro READE. — On Boulders wedged in the falls of the Cyn- prel Festiniog. GARDNER. — On the tertiary basaltic formation in Iceland. : MELLARD READE. -- On the Drift deposits of Colwin bay. OUVKAGES REÇUS 93 VINE. — On species of Phyllopora and Thamniscus, from the Lower Silurian Rocks near Welshpool. JuKEs-BROWXE. — On the Boulder-Clays of Lincolnshire. L. MoRGAN. — On the S. W. Extension of the Clifton Fault. RUTLEY. — On Fulgurite from Mont-Blanc and on the Bouteillen- stein of Moldautheim. RUTLEY. — On Brecciated porfido rosso antico. CoLE. — On hollow spherulites and their occurence in ancient british Lavas. TomEs. — On Madreporaria from the Great oolite of Oxford, Gloucester and Somerset. HuTToN. — On the Geology of New-Zealand. CaLLawaAy. — On the granitic and Schistose rocks of Northern Donegal. DawxINs. — On a Skull of Ovibos Moschatus from the Sea-Bottom. U.S. Geological Survey, Washington, bulletins n°° 4, 5, 6 : No 4. — On Mezozoïic Fossils. » $. — À dictionary of Altitudes in the United States. » 6. — Elevations in the dominion of Canada. Séance du 7 Octobre Bulletin de la Société de Géographie. Paris, 2° trimestre 1885. Bulletin de la Société libre d’'Emulation du Commerce et de l’In- dustrie de la Seine-Inférieure, Rouen 1884-85 (1° partie). Bulletin de la Société normande de Géographie, Rouen, mai- Juin 1885. Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1884, 2° semestre. R. FORTIN. — Procès-verbaux du Comité de Géologie. Feuille des Jeunes Naturalistes. U. S. Geological Survey. Washington. Monographs : G.-F. BECKER. — Geology of the Comstock-Lode and the Washoe district, with atlas. Eliot Lorp. — Comstock mining and miners. Roland D. IRvING. — Copper Bearing Rocks of Lake superior. Wm.-M. FONTAINE. — Contributions to the knowledge of the older Mezozoic flora of Virginia. Verhandlungen derKaiserlich Kœniglische Geologische Reichsans- taldt, Vienne 1885, n° 9. A. BITTNER. — Ueber das alter der Tüfferer Mergesls und Ueber die Verwendbarkeit von orbitoiden zur Trennung der ersten von der zweiten Mediterranstufe. 94 QAR SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE À. BITINER. — Ueber einen Aufrchluss von Sarmatischen Schichten bei Pfaffstaedten. HoFFMANN. — Beitrag zur Diluvialfauna der obersteiermark. — Ueber einige Petrefakten aus dem sung im Pallenthale. SCHMIDT. — Bemerkung ueber den Rothen Sandstein im Leuckenthale. V. Duxixowskr. — Einige Bemerkungen ueber die Gliederung des Westgalizischen Karpathensandsteines. Quarterly Journal of the Geological society of London, vol. XLE,, n°63. CoLrLiNs. — On the geology of the Rio Tinto mines. HUTTON. — On the Geological position of the « Weka-Pass stone » of New Zealand. WATERS. — On chilostomatous Bryozoa from Aldinga and the River Murray cliffs, South Australia. R. JoNES. — On the Ostracoda of the Purbeck formation with notices on the Wealden species. Jupp. — Onthe T'ertiary and older peridotites of Scotland. DuxcaAN. — On the structure of the ambulacra of some fossil genera and species of regular Echinoïdea. MELLARD READE. — On the action of Land-ice at Great Crosby Lancashire. WoopwaARD. — On an almost perfect skeleton of Rhytina gigas from the Pleistocene Peat-deposits on Behring Islands. HuIKkE. — On the Sternal apparatus in Iguanodon. Marr and ROBERTS. — On the Lower. paleozoic Rocks in the neighbourhood of Haverfordwest. IRVING. — On a general section of the Bagshot strata from Aldershot to Wokingham. » Séance du $ Novembre Revue des Travaux scientifiques, tome V, n° 1, 2. Société de Géographie de Paris, Compte-rendu des séances. Bulletin de la Socièté normande de Géographie, Rouen, juillet- août 1885. Bulletin de la Société Linnéenne de Lyon, 1884. Roux. — Coup-d'œil géologique sur le canton d’Ardes-sur-Couze (Puy-de-Dôme). Verhandlungen der Kaiserlich Kænigliche geologische Reichs- anstalt, Vienne 188$, n° 10-11. F. Toura, — Ueber den Marinen Tegel von Walbersdorf bei Mallersdorf. F, Toua. — Ein Neuer Aufschluss in den Congerienschichten bei Margarethen. Loge. — Controlbohrungen im Steinkohlengebiete bei Lorlau in Oberschlesten. KisparTic. — Die Erdbeben Kroatiens im Jahre 1883. ke + id OUVRAGES REÇUS 9$ CoBaLcescu. — Die geologische Beschaffenheit des Gebirges bei Buzen. | V. FouLLoN. — Veraederte Eruptivgesleine aus dem Kohlenberg- bauen bei Kladno. Séance du 2 Décembre Bulletin de la Société de Géographie, Paris, 3° trimestre 1885, et Compte-rendu des Séances. Bulletin de la Société normande de Géographie, Rouen, Sep- tembre-Octobre 1885. Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1885, 1° semestre : CH. BRONGNIART. — Les insectes fossiles des Terrains primaires. R. FoRTIN. — Excursion à Pont-Audemer, partie géologique. Bulletin de la Société Académique Franco-Hispano-Portugaise, Toulouse, tome V, n° 4. Quarterly Journal of the Geological Society of London, vol. XLI, n° 164. BoNNEY. — On the so-called Diorite of little Knott with further remarks on the occurence of Picrites in Wales. Juppa-HoMERSHAM. — On the Diep-Boring at Richmond, Surrey. LYDEKKER. — On the Geological position of the genus Microchoerus (Wood) and its apparent identity with Æyopsiodus Leidy. WATTS. — On the igneous and associated Rocks of the Breidden Hills. HuTToN. — On the correlations of the ‘‘ curiosity Shop Bed ” in Canterbury New-Zealand. Von ETTINGHAUSEN. — On the fossil flora of Sagor in Carniola. PENNING. — On the goldfelds of Lydenburg and de Kaap in the Transvaal, South Africa. RICKETTS. — On some Erratics in the Bouider clay of Cheshire and the conditions of Climate they denote. Atti della Societa torcana di Scienze naturali di Pise. Memorie, tome VI, fasc. 2. MENEGHINI. — Nuove ammoniti dell’ Apennino Centrale. Bulletin de la Société Impériale des Naturalistes de Moscou, TL. br. Proceedings of the Canadian Institute, Toronto, vol. IT, fasc. 2. Verhandlungen der Kaiserlich Kænigliche geologische Reïichsans- talt, Vienne 1885, n° 12. GEYER. — Ueber die Lagerungsverhaltnisse des Lias in den œæstlichen bayerischen Kalkalpen. COMPTE DES RECETTES ET DÉPENSES DE L'ANNÉE 1885 RECETTES En Caisse au 1° Janvier. 52 EL OSEO Cotisations encaissées: 21 MER RECENT. VO 1.680 — Subvention du Conseil Général pour 1884....... 300 — Subvention du Conseil Municipal pour 1885...... 400 — Vente du Bullétns pute EE TOR. RS 9 — Intérêts du Compte dépot: :. 305 EIRE 10:55 F. 4.555 75 DÉPENSES Dépenses du Bulletin. ....:.2 360863: F. sso — Frais d’envoi:de Bulletin. :4,54450t 4000 Ce 24 15 Contribution à la publication de lEstuaire de la ISERE sus s 2 se 17e ER ne EE VE 2.890 90 Impression et frais d’envoi du Compte-Rendu SOPRIMAITE. 4 00 «408 JMS CE MERS En OR 93 — Frais de recouvrement des Cotisations........... 43 60 Impressions, Correspondance et Divers.......... 33 45 6: 4:63 "708 En Caisse au 31 Décembre........ 920 65 F. 4.555 75 Le Trésorier, F. PRUDHOMME. LISTE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES Brest :..-.. CH S4 um » Cambrai... Cherbourg . “bent... Evreux .... Le Havre... FRANCE Société d'Etudes Scientifiques. Société d'Etude des Sciences naturelles. Société Académique. Association Normande. Académie Nationale des Sciences, Arts et Belles- Lettres. Société Linnéenne de Normandie. Muséum d'Histoire naturelle. Société d'Emulation. Société Nationale Mathématiques. Société d'Enseignement Mutuel des Sciences naturelles. Société Libre d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l'Eure. Cercle Pratique d'Horticulture et de Botanique de l'arrondissement du Havre. Socièté Havraise d'Etudes diverses. Société des Sciences et des Arts Agricoles et Horticoles. . Société d’Initiative pour la propagation de l’Ensei- gnement Scientifique par l’Aspect. Société de Géographie Commerciale du Havre. Société Géologique du Nord. Société d’'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie. Société Linnéenne de Lyon. Société d'Etude des Sciences naturelles. des Sciences naturelles et Toulouse ... Londres . ... Saint-Lô ... SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE Association Française pour l’Avancement des Sciences. Feuille des Jeunes Naturalistes. Société de Géographie. Société Française de Numismatique et d’Archéo- logie Société Libre d'Emulation du Commerce et de l'Industrie de la Seine-Inférieure. Société des Amis des Sciences naturelles. Société Normande de Géographie. Muséum d'Histoire naturelle. Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire naturelle du département de la Manche. Société Académique Franco-Hispano-Portugaise. Société Académique d’Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l'Aube. Société Archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique de l’arrondissement de Valognes. ALGÉRIE Académie d'Hippone. AUTRICHE Kaiserlich Kôniglische Geologische Reichsanstalt. BELGIQUE Société Royale Malacologique. Société Géologique de Belgique. GRANDE-BRETAGNE Geological Society of London. Geographical Society. ITALIE Societa Toscana di Scienze Naturali. LISTE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES 99 PORTUGAL Lisbonne... Section des Travaux Géologiques. » .... Associaçao dos Jornalistase Escriptores Portuguezes. RUSSIE Moscou .... Société Impériale des Naturalistes. SUBSE Neuchatel... Société des Sciences Naturelles. CANADA Toronto .... Canadian Institute. ÉTATS-UNIS Washington. Smithsonian Institution. ) . U.S. Geological Survey. . AUSTRALIE Ballaraat... School of Mines. MM. MM. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ Bureau pour l'Année 1885 MM. G. LENNIER, Président ; G. LIONNET, Vice-Président ; A. LÉCUREUR, Secrétaire ; F. PRUDHOMME, Trésorier ; Ch. BEAUGRAND,, Archiviste. Membres honoraires : G. COTTEAU, juge honoraire, Auxerre. A. DAUBRÉE, membre de l'Institut, directeur de l’Ecole des Mines, Paris. Eug.-E. DESLONCHAMPS, professeur de géologie à la Faculté des Sciences, Caen. | Ed. HEBERT, membre de l’Institut, professeur de géologie à la Sor- bonne, Paris. Alb. de LAPPARENT, professeur à l’Institut Catholique, Paris. A. LETELLIER père, conservateur du Musée, Alençon. Eug. MARCHAND, pharmacien, membre du Conseil d'Hygiène de l’arrondissement du Havre, Fécamp. MORIÈRE, doyen de la Faculté des Sciences, Caen. Marquis G. de SAPORT A, correspondant de l’Institut, Aix. Membres résidents : E. BASSET, négociant, 19, rue Mare. Ch. BEAUGRAND, contrôleur-adjoint des Douanes, 50, rue Louis- ‘Philippe. E. BENARD, architecte, 9, rue des Pénitents. L. BIDARD fils, chimiste, 39, rue Saint-Thibaut. CLERMONT, contrôleur des Tabacs, 83, rue d'Etretat. Albert COURANT, manufacturier, 42, rue Demidoff, Georges DROUAUX. courtier, 8, place de la Sous-Préfecture. E. DUBOSC, négociant, 16, rue Jules-Lecesne. J. DUPASQUIER, négociant, 26, rue de la Côte. Alfred DURET, négociant, 8, rue aux Cailloux. ERNST, rentier, 25, rue de la Paix. F. FOLLAIN, négociant, 1, place Louis-Philippe. FORGET, 55, rue Saint-Quentin. GAZÉ, 21, rue Diderot. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ IOI MM. E. GIBERT, médecin, 41, rue Séry. MM. L. HALLAURE, maire de Bléville, 24, place de l'Hôtel-de-Ville. H. JARDIN, négociant, 273, rue de Normandie. KABLÉ, courtier, 84, rue d'Orléans. LEBRIS, négociant, 56, rue du Lycée. A. LÉCUREUR, rédacteur en chef du journal Le Havre, 35, rue Fon- tenelle. E. LEFRANÇOIS, courtier, 38, rue de la Bourse. Maurice LEMERAY, 19, rue Escarpée. G. LENNIER, directeur du Museum d’Histoire Naturelle. G. LIONNET, courtier, 17, rue Escarpée. J. LOUER, rentier, 20, rue d’Etretat. F. MALLET, président de la Chambre de Commerce, 25, rue de l’'Orangerie. MARICAL, pharmacien honoraire, $s, rue des Elus. Ph. MONOD, négociant, 57, rue de la Côte. Raoul NICOLE, négociant, 59, rue de la Bourse. A. NOURY, professeur de dessin au Lycée du Havre, 14, rue Molière. PARSY, 32, rue Séry. W. PARTRIDGE, assureur, 17, rue de la Bourse. PELOT père, à Saint-Adresse. Constant PERRET, négociant, 11, rue aux Cailloux. POULAIN, 2, rue Charlemagne. F. PRUDHOMME, 13, rue Piedfort. Charles QUIN, 2, rue Piedfort. Aug. RISPAL, négociant, 200, boulevard de Strasbourg. J. RŒDEÉRER fils, négociant, $1, rue de la Côte. E. SAVALLE, 90, rue de la Mailleraye. J. SIEGFRIED, député, 22, rue de la Côte. SOCLET jeune, conducteur des Ponts-et-Chaussées, 17, rue de Paris. TESSON, rue de Fauville, à Sanvic. Léon TORQUET, banquier, 17, rue Jeanne-Hachette. VACOSSIN, agent voyer d'arrondissement, 13, rue Lemaistre. Membres correspondants : J- ADAM fils, manufacturier, Sainte-Austreberthe, par Pavilly (Seine- Inférieure). BADIN, manufacturier, Barentin (Seine-Inférieure). BAILLEUL, Maire, Caudebec (Seine-Inférieure). BEAURAIN. bibliothécaire de la Ville, Rouen (Seine-Inférieure). G. BIOCHET, notaire honoraire, Caudebec (Seine-Inférieure). Paul BIZET, conducteur des Ponts et Chaussées, Bellème (Orne). Alph. BOUJU, S2, rue de la République, Rouen (Seine-Inférieure). BRULÉ, entrepreneur des Travaux Publics, Chenu (Sarthe). M. BRYLINSKI, négociant, 7 rue d’Uzès, Paris (Seine). C. BRYLINSKI, négociant, 7, rue d’Uzës, Paris (Seine). . E. BUCAILLE, 132, rue Saint-Vivien, Rouen (Seine-Inférieure). 102 SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE MM. CLOUET, professeur de chimie à l'Ecole de Médecine, Rouen (Seine- Inférieure). DENIZE, architecte, Lillebonne (Seine-Inférieure). Médéric DESCHAMPS, maire, Montivilliers (Seine-Inférieure). L'abbé H. DESHAYES, curé, Boissey-le-Chatel (Eure). L'abbé F. DIAVET, curé, Saint-Martin-d'Aspres, par N.-D.-d’Aspres (Orne). G. DOLLEFUS, 45, rue de Chabrol, Paris (Seine). ETIENNE, pharmacien, Gournay-en-Brai (Seine-Inférieure). Raoul FORTIN, 24, rue du Pré, Rouen (Seine-Inférieure). GOESLE, professeur au Lycée, 31, rue Saint-Martin, Caen (Calvados). GOUVERNEUR, maire, Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loire). : HOMO, pharmacien, Pont-Audemer (Eure). LACAILLE, pharmacien, Bolbec, (Seine-Inférieure). - Eug. LEMARCHAND, constructeur, aux Chartreux, Petit-Quevilly (Seine-Inférieure). Emm. de MALSABRIER, avenue de Caen, Rouen (Seine-Inférieure). G. MARCHAND), industriel, Passy, Paris, (Seine). MASSIEU, professeur de minéralogie, Rennes (Ille-et-Vilaine). E. MONTIER, maire, Pont-Audemer (Eure). J. de MORGAN, 10, rue Sainte-Catherine d’Enfer, Paris (Seine). Paul NICOLE, rue de Lancry, Paris (Seine). E. PENNETIER, couservateur du Muséum, Rouen (Seine-Inférieure). POUSSIER, pharmacien, rue Armand-Carrel, Rouen (Seine-Inférieure) J.- SKRODSKY, Domfront (Orne). VARAMBAUX, ingénieur avil, Eu (Seine-Inférieure). Arthur de VILLE-D’AVRAY, Horfieur. NÉCROLOGIE La Société Géologique de Normandie a eu la douleur de per- dre, au cours de l’année 1885 : M. Ernest Louer, Membre Résidant. C’est un devoir pour la Société d'exprimer les regrets que lui cause la mort de ce dévoué confrère. TABLE DES MATIÈRES nn mu han an ne a eo à dos 3 Note sur quelques Phosphates des Indes Occidentales, par M. Georges Hughes, traduit de langlais, par G. Lionnet ..................... Contributions à l'étude des roches erraliques du terrain crétacé inférieur A ÉRRR 2 cnsdamen es sn ss ne de Notes pour servir à l'étude de la Paléontologie Normande, par G. Lennier : I. Sur une dent de Polyptychodon trouvée dans la craie céno- EE D de 'EHÈge.: Rs de eur II. Sur des dents de Polyptychodon trouvées par Lesueur, en A QE M ERNE iiseiieue a soso III. Sur une portion de squelette de tortue marine fossile recueillie à Villequier (Seine-Inférieure), dans les argiles TRE ET | Le UPSNORARNENER PR CET PRES RER DR LE Todopes Donlriiers. LS UD une are. à modo ue V. Sur des débris d’éléphants fossiles trouvés dans la Seine- LOLDRE. RARE 2 PRES ERRE RE en PARENT RTE Note sur le Fuller’s Earth Rock de Port-en-Bessin, par J. Skrodzki.... Un nouvel affleurement de l'étage kimméridgien dans le Calvados, par nd at ut re = Excursion de la Société Linnéenne de Normandie à Vimoutiers, par L'URL RE RORE PAU COE EAERECAEERRRERRERR Aperçu général sur les terrains sédimentaires représentés dans l'Est du onde POrne, par Paul Biet.....45... 1... 5. Note explicative sur le profil géologique à travers le Perche-Ornais, suivant l’ancienne grande route du Mans à Paris, par Paul Bizet..... Ouvrages reçus par la Société Géologique de Normandie en 1885 Comptes des recettes et dépenses de l'année 1885 ................... Liste des Sociétés correspondantes................. AE ne en Liste des Membres de la Société. ......... .. . Nécrologie... .: PPT REX À à Ê V HT L hà À PT LES d + 2 de ee L A + À ‘ 4 pa Fr Ld &. . + y $ # à + L , … # A + 3 LES D = . -. LS + + = b » iv, ÿ » C2 “ , . es s 2 LL N - - ç . ie.” e » di AE o FR . : DE” ON RIS ". -- - Lu “+ ri »" re #7. TOR R 5 É Ar FA Mie EU: GA ER 2 d« Ge DA sù 2. Æ: LE PT un Le | <: … "7% Le Û E è s . a: J - V ÉE d r t = : É "é # . | = u N , 1 0 . i ’ £ \ f PET Past Pr } ve Du { À 81023 HA ES ta l] Le d ù LL L2 . E rÊ 2 r . + ICS € 11 ML è tri ui ARC | ee L 1 î À el qé Er [13 Mi » t - : 2 ’ LE ”. A Det ( E . 25 & H ré k n L L + « re ES à e 4 4? \TI ae DEAE [RES 6 TT as E $ L à | Eu Cabine NRC en # r Ca à * ) > # É LA 2 "4 : J : ge 4 > oO t se oo" * LL. = DE { ut à | 4e L et | ë à . 2° NME i LA > « * 4 MAO it + 17 " À Lex CUT +" (re br Li. ; è . 2 NL PAR CASE TE SEE CEEAAQN ET DERONE PAIT Sr TR À VE + OU E PRE 4 TT tie TE (US GE + à Jde RE AA ATEN CO HT me ER ne. AM ‘ La .] nl AR Pr PF sons 1 . . NT a VE en +239 1 tr 2 Xi 159 LL Th : 72 ‘re + 1 ullehn de la Societé Géologique de Normandie. _ TomeX!. PA ( \ Bulletin. de la Société Géol. e de Norr die .— Tome XI ebn ociéte olopiqu e Normandie om PL Il Lith.Fouilleul. Havre À. Noury.dd &hih 7 a = [er F y del & lih | Nour Fouilleul. Havr ITEE É à S Ê e à à e S” “ LS ON D MERER ke Bulletin de la Société Géolopique de Normandie ,_ Tome XI PLV Eu SES è EPS A Noury,del &lith. LithF Fouilleul.- Havre. ce MéLObe. "6 ÉtRie À 1) ie LAS Hi, she Û 4 "2 Ph : ME a + i | ‘ . ; {? - À 4 NA A ES ” E 6 { L L L PL 2 e PL.VI. Lith.Fouilleul._Havre. Élin dela Oociété Géolopique de Normandie . _ Tome XI y, del.ek lith Boulletin de la Societe Géologique de Normandie .- Tome XI] PL.VII Arcade. Noury, del. à hit Havre —. Lith.F. Fouilleul RO trs mar Neue. (un sai L à. +2 =)! “ _— SI à ei De te PE MN ge mnt a, ii ue «a à | LS sai Là = w Le e | | | » to es , « | . | Bélletin de La Soctété Gédlogique de Normandie » Tome X1.— PL VIT | | rofil géologique à lravers le Perche-0 PNAIS , suivantl'ancienne grande route du Mans à Paris Lee | | par Paul BIZET, Conducteur des Ponts et Chaussées | thent—— Echelle de 07025 par Kilomëtre pour les longueurs Echelle de 070005 par Mètre pourles hauteurs Colonard. ÈME vrelle) La Mariette La Croix feue eme 1e H! Chiéne nd ni EN PORN TI DT ñ ON | at j Pal EE >. 1e 7 NE | À = | les Villes Je Loup pendu SL (73 mani S'en | 1 ACL) AE re . Rémalard Bellou. Hinsne s! x . Cosmes { Sarthe) Le Vivier: bc SE L'ORNE 233.858 Cherun de No HR RÉF ÉRIERECEECER PRE ERSEREE ÿ fl EME à SIEIAIE ED Ë S5 2 A 49 2 AAA à 3 2 ASE 2 das 3 1 el | 11e) AIR EE [AUS 21e! p L LE JL Orientation gérée in Profil, N,359E Es = PRE me S Orientations N750È 0 ers le Pe rche- Ornais , suivant l'ancienne grande route du Mans à Paris. par Paul BIZET, Condacteur des Ponts at Chaussées | tire | | ? Echelle de 07025 par Kilomètre pour les longueurs. | à Echelle de 00005 par Métre pourles hauteurs | | | À | è ù Commencement des grands plateaux de là Beauce HLasLonpe le Liberot L Ë À À le Boudin frord. | Mr. Ÿ re ARR | à on les Hares 3 SPRL Hd 17-Argile à | L Slheques de Voré | Freulemont DEA deg ù st. les Villes J Bruxelles Rémalard This ne RE Ca k 4 db à ty le Re. is men SLT ie os 217.068 Bifurealien 204 150 (209.545 Gare) 226300 Eglise de Tommmral À 155060 PE Pl RE EP PS TD ER NE 2 [ne Dremtaten | | | Jalnjraphie F POUIUEUE , ren de Canen)|de Maire HEIN O) es LPC % PUBLICATIONS SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE NORMANDIE ‘ : | Pour les Membres Pour le Public Bulletin T. L | Pts EE | 1874-75 - 1875-76 NE se (Exposition Géo- logique et Paléontologique de 1879. Résumé sur la Géologie Normande) T. VIL, FN Lx E.SX Bibliographie Géologique de la Norman- die, Fascicule I LI L: à. ee” 1 » Ml NAT A VLiF . (] : Î ex pa - : e = A h le red r, f net Ta A Jets? LE » 3 … A LAS. À 21 LEE | 1 2 f / : | , Lo: LV UTAPR V4 MA 4 : \ PR Le Ÿ! 1 éd 4 LS, CEA : 1 ’ } | x 4! U VA Le! { ire " { a IL + À mm G mprmte ir + tt { _ p : [à u { Le : at si + Lt s i C * v - e } —: Fee Re D pe Ee 1 ÉTÉ 7 NE AE ps û 0 à pe Le Ld ” sd RE L'ART SL) À - vs DT 100209700 | |