P ■ p ■ i i w^V^^^W^VOTWWJMWWBVJ -580.0- Y S 8a8~ U?5<& 2. Série vp9-10 1917-18 BULLETIN DK LA I 3111e série Volume IX« 1917 BULLETIN DE LA I PUBLIÉ SOUS LA IlIltECTION DE Robert CHODAT, D' es se. Professeur à l'Université 2me série Volume IX> 1917 AVEC 4 CHROMOGRAVURES HORS-TEXTE, 2 CARTES ET*7 PLANCHES IN-TEXTE 215 VIGNETTES ET 3 INDEX BIBLIOGRAPHIQUES -»-n»*-£ j£-**-Jsj- GENÈVE Siège Social : INSTITUT DE BOTANIQUE Université (bale) — H. GEORG & C° LIBRAIRES-ÉDITEURS Corraterie, 10 (LYON) ks BULLETIN DE LA r r l'UHLIE SOUS LA DIRECTION DE Robert CHODAT, Dl es se. Professeur à l'Université 2m e série Volume IIX> 1917 AVEC 4 CHROMOGRAVURES HORS-TEXTE, 2 CARTES ET 7 PLANCHES IN-ÎEXTE 215 VIGNETTES ET 3 INDEX BIBLIOGRAPHIQUES *£*-$-♦?♦- GENÈVE Siège Social : INSTITUT DE BOTANIQUE Université (balk) H. geor<; & <;° LIBBAIRÉS-ÉDITEURS — (LYON) Corraterie, 10 Les abonnements au Bulletin de la Société botanique de Genève. 2m«' série Suisse, 10 fr. Union Postale, 12 fr. 50 sont perçus an Siège Social. Institut de botanique, Université de Genève Bulletin des travaux de la Société botanique de Genève — N° 2, année 1879-1880, 122 p. in-8", 1 pi Fr. 2.50 Contenu : Millier l'vof. D1' J. Les Characées genevoises. — Idem. Nouvelle classification du règne végétal. — Calloni. La pistillodie des étamines chez le Persica vulgaris, avec 1 pi. — Idem-. Mons- truosité (rime (leur d'Erythroniùm Ucns-Canis. — Idem. Le corme du Rannnculus bulbosus; N° ::. années lNNl-lxs:J,, 159 p. in-8- Fr. 3.— Contenu : Brun, Prof. .1. Végétations pélagiques et microscopi- ques du lac de Genève au printemps 1881. — Calloni. IMiyllodie de la Heur dans l'Anémone Coronaria L — Idem . Caractères distinc- tifs nouveaux entre Gentiana verna L. et G. utriculosa L. — Idem. Deux tonnes hybrides entre Drcliis odoratîssima L. et Nigritella àngustifolia Rien. — Idem. Développement des glandes sur la sur- face supérieure des feuilles du Pinguicula vulgaris L. — Idem. Noté sur la Germination du Daphne ftfezereum L.. et Daphne Laureola L. — Schmidely. Note sur le Salix liapini Kt Ayasse. — Idem. Note sur deux formes hybrides t\\\ Verbascuin Lychnitis X nigrum. — Idem. A propos de quelques plaides (l'origine étrangère signalées par .M.M. Vetter et Barbey dans le canton de Vaud. — Idem. Nol< sur le Rubus rigidus Merc. — Idem. Annotations au Catalogue des plaides vasculaires des environs de Genève de G. - Y. Renier s 2"" éd.. 1861. N° 4, années 1884-1887, 340 p. in-8», 1 pi Fr. 4.— Contenu : .\n. 9. 4 Liste des membres de la Société botanique de Genève, p. 10. .Y <:. Beauverd : Nécrologie du docteur Alfred Chabert, p. 15. 6. A. Lendner : Un Sclerotinia parasite du Matthiola vallesiaca fGay) Boiss. •'! vi- gnettes i. p. '21. 7. 11. (ii yot : Une Mucorinée cyanogène, p. 30. s. F. Ducellieb : Notes sur le Pyrénoïde dans le genre Cosmarium Corda (5 vi- gnettes, 1 planche in-texte), p. 36. 9. L. Iv'everdin : Un nouveau genre d'Algue (Leptochromadineœ), le genre Diceras il vignette), p. 45; Une nouvelle espèce de Raphidium planktonique, le Raphi- dium spirochroma nov. spec. L. Reverdin il planche in-texte) p. 48; Un nou- veau genre d'Algue (Desmidiacée ?), le Closteriospira (2 vignettes), p. 52. II. R. Chodat et W. Vischer : Résultats de la Mission botanique suisse au Para guay. chapitres V <44 vignettes), p. 55. 10. .1. BRUDERLEIN : Le RMzopUS Mtlijilis 11. Sp.. p. lus. 1-J. Ch.-Ed. Martin : Les Champignons de la région des pâturages h des bois de mélèzes du val Ferret, p. 113. 13. A. de Putmaly : Sur une Siphonée d'eau douce, le Dichotomosiphon tuberosus A. Br. Ernst, p. 120. Il •;. Beauverd : Pulsatilles du Valais, p. 125. COMPTE RENDU :SS:î'''< séance. Lundi I» Janvier 191*7. - Ouverte à S heures et demie, dans la salle de bibliothèque de l'Institut de bota- nique, Université, sons la présidence de M. le D1 F. Ducellier. prési- dent. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N°s 1-2-3, parus le 2(1 jtlill 1 '.M 7 . I 2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Le compte rendu de la 382me séance (11 décembre 1916) est adopté sans modification. Les candidatures de MM. André Pierroz (villa Saint-Jean, Nyon), Louis Reverdin (Frontenex, Genève), Nikola Smoladka (rue de la Baillive, 3, Genève) et de M11, Sophie Lilien (rue de l'Aubépine, 3, Genève), présentées au Comité par MM. Chodat et Lendner, soûl admises conformément aux statuts. M. le Président a le chagrin d'ann ;er deux nouveaux deuils qui viennent de frapper notre Société dans la personne de M. le Docteur Alfred Chabert Ancien médecin principal de l'année française, à Chambéry Savoie) Membre correspondant de la Société botanique de Genève décédé le lô octobre 1916, dans sa 81""' année, en sou domicile de Chambéry el de M. Jules Allemand laysagiste, auteur du Jardin alpin de la i ibre actif de la Société botanique de Gei décédé en son domicile, après une longue maladie, en décembre 1916. Architecte-paysagiste, auteur du Jardin alpin de la Console, etc. Membre actif de la Société botanique de Genève Quelques mots retraçant les principaux traits de l'activité botanique des deux défunts sont prononcés par MM. Ducellier et Beauverd. puis l'assistance se lève pour honorer la mémoire de nos regrettés collègues. Sur la proposition du Comité, qui a pris connaissance (\i's motifs entraînant la démission irrévocable de M. le D1 Eugène Penard, rassemblée décide à l'unanimité et conformément aux statuts, de nommer membre honoraire notre ancien collègue, en reconnaissance des éminents services qu'il nous a rendus, soit comme membre fonda- teur de la Société botanique, soit comme collaborateur estimé de plusieurs fascicules du Bulletin; .M. le Président est chargé de porter cette nomination à la connaissance de M. le D1' Penard. Publications déposées sur le bureau : ALLEMAGNE : Mitteilungen difficultés du passage de la frontière savoisienne, l'herborisation bryologique au Salève, projetée sous la direction de \l. Auguste Guinet, ne réunit pas un nombre suffisant de participants. L'c\ciirsion. dirigée par M. G. Beauverd, dans le Valais central, les Ier, 2 et X juin 1916 (étude de la flore des Pinèdes valaisannes) eut un plein succès : les participants firent d'intéressantes constatations ei récoltèrent d'abondants matériaux d'étude dont le rapporteur nous m l'exposition et la démonstration dans la séance du mois de juin. L'exploration des environs et des tourbières de Seinsales (Fribourg), projetée pour la lin de juin, dut être abandonnée, soit en raison du mauvais temps persistant, soit à cause des vacances prochaines. Enfin, le S octobre, l'herborisation mycologique dans les bois de Saint-Livres (Vaud) montra, par ses beaux résultats, que les absents eurenl torl de ne pas imiter l'optimisme du vaillant et toujours dévoué chef de course, M. le professeur Martin el de trop consulter leur baromètre : le temps fut magnifique et l'excursion 1res réussie. «Je ne saurais terminer ce court aperçu de l'activité de notre Société sans exprimer en son nom au Département de l'Instruction publique nos sincères remerciements pour la confortable hospitalité qu'il veut bien nous accorder dans les locaux de l'Université et sans témoigner à M. le professeur li. Chodat, notre très vive gratitude pour tout ce dont la Société botanique lui est redevable. « Permettez-moi aussi de constater que le meilleur esprit d'entente n'a cessé, durant celte année, de régner parmi nous. Grâce à celle union el à cette bonne volonté de tous, nous pouvons dire que l'année 1916 a été fructueuse, non seulement pour notre instruction mutuelle, mais aussi pour les bonnes relations personnelles entre les sociétaires. Au nom du Comité, j'adresse à tous nos remerciements pour l'aide constante qui lui a (Hé donnée dans ses faciles fonctions. «Jetons enfin un regard vers tous ces citoyens dévoués et patriotes qui ont assumé, en ces temps difficiles, la charge écrasante de veiller sur notre pays et de nous conserver les inestimables bienfaits de la paix. C'est ,màce à leur dévouement qu'il nous a été donné de pouvoir poursuivre dans le calme nos travaux scientifiques. A nos chers soldats, l'arme au pied à nos frontières, à noire Haut Conseil Fédéral, va l'expression de toute notre reconnaissance! » Décembre Ifllli. I)' F. DuCELLlER. RAPPORT DU TRÉSORIER. -- M. le D- Henry Guyot expose comme suit la situation financière de la Société : " Les effets de la guerre ont continué, comme par le passé, à nous priver t\c> cotisations de ceux de nos collègues domiciliés en lîussie et :, COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 à restreindre les recettes résultant de la vente d'anciens volumes du Bulletin; en raison de ces circonstances, l'on peut considérer comme satisfaisante la situation financière de la Société équilibrée par des restrictions dans la publication de notre organe : COMPTES DE LA SOCIÉTÉ POUR 1916 : l)(»IT Solde en caisse 1915 Fr. 32 . 20 Cotisations et abonnements » 718.25 Prélévation d'intérêts » 1050. - Vente de Bulletins » 25.-- Contributions de l'Herbier Boissier » 195.25 Solde du compte Bulletin >■ 0 . 50 Total.. . Fr. 2027.20 A Vdlli Frais de convocations et expéditions Fr. Ni .33 Versements » 150 . - Imprimerie (Bulletins et divers) » 1789.25 En caisse » 3.72 Total. . . Fr. 2027.20 La fortune de la Société au Ier janvier 1947 s'élevail à 6-436 francs, comprenant le fonds de réserve du Bulletin (titre de 5000 francs), une obligation 3°/o Genevois et le fonds de réserve inaliénable de 1336 francs. Le budget voté pour 1917 à la suite de ce rapport prévoit 2650 francs aux recettes et 2350 francs aux dépenses. RAPPORT DU DIRECTEUR DU BULLETIN. M. le professeur D1 R. Chodat résume verbalement son rapport sur l'activité du Bulletin durant l'année 1916 : « En reprenant la succession de M. le I)1 Viret, la nouvelle direction assumait la responsabilité de la publication des trois derniers fasci- cules de 1915 (numéros d'octobre, novembre et décembre), ce qui devait grever (Fautant les dépenses courantes de l'exercice de 1916; afin de liquider cette situation désavantageuse, une somme de 600 francs a dû être demandée aux ressources budgétaires de la Société, indépendamment des autres sommes destinées à la publication exclusive du volume de 1916. Ce dernier, entièrement composé, à l'exception des tables générales ei du répertoire annuel, a été considé- rablement retarde dans sa publication par l'effet de la grève des typographes dont la solution, actuellement réglée, va permettre la prochaine distribution des numéros i, 5 et 6 en un seul fascicule qui sera rapidement suivie de celle des numéros T. 8 et 9, terminant le volume. - - La continuation de la guerre a eu sa répercussion prévue sur les difficultés de rentrée partielle des finances d'abonnements; en revanche, les dispositions inscrites aux statuts pour régler la partici- pation financière aux publications (U^ thèses ont avantagé le Bulletin de deux travaux de valeur pour la plus grande satisfaction des auteurs et des abonnés. Enfin les frais d'illustration maintenus à la charge des auteurs ont également favorisé le volume de 1916 de vignettes forl G BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) appréciées, pour la publication (lesquelles la Société est heureuse d'ajouter aux noms des auteurs celui de la Société auxiliaire des sciences de Genève, à laquelle s'adressent nos sentiments de vive gratitude pour son importante contribution. — La Commission de rédaction n'a pas eu l'occasion d'être convoquée; elle le sera prochainement ». A la suite de cet exposé, qui est approuvé par l'assemblée, M. Chodat demande à la Société de voter un budget pour l'exercice de 1917 et propose à cet effet la somme de 1000 francs comme allocation en laveur du Bulletin, somme à prendre exclusivement sur les ressources budgétaires de la Société, indépendamment de tout autre subvention assurée par dispositions étrangères à la Société botanique (Herbier Huissier, etc.). Cette proposition est adoptée après quelques données de MM. Guyot et Beauverd et conformément au budget général proposé par le trésorier. RAPPORT DES VÉRIFICATEURS DES COMPTES. — Les vérifica- teurs des comptes pour 1916, M. le professeur Charles-Ed. Martin et M. Jean Brùderlein, après vérification des comptes de la Société, les ont trouvé parfaitement en ordre et proposent de donner entière décharge au trésorier, M. Henrj Guyot, en lui adressant tous leurs remerciements pour sa gestion durant l'année 1916. Ces rapports, mis aux voix, sont acceptés à l'unanimité. ÉLECTIONS DU BUREAU POUR 1917. - Contrairement aux vœux exprimés par plusieurs membres désirant l'élection du bureau par acclamations, M. le président désire l'observation stricte des statuts prévoyant les élections au scrutin secret. L'assemblée s'incline devant ce désir et constitue à l'unanimité le Bureau et les Commissions comme ci-dessous : MM. le Docteur F. Ducellier Président Auguste Guinet Vice-président Gustave Beauverd Secrétaire-rédacteur Henrj Guyot Trésorier Marcel MlNOD Secrétaire-adjoint Vérificateurs (1rs comptes pour 1917 : MM. le professeur Charles-Ed. Martin Jean Brùderlein, pharmacien Commission de rédaction du Huile lin : MM. le professeur D1 B. Chodat, Directeur Gustave Beauverd, Rédacteur le D1 John Briquet, Directeur du Conservatoire botanique Augustin de Candolle, de l'Herbier de Candolle le D1 Louis Viret, ancien Directeur du Bulletin En revanche, sur le préavis du Comité, l'assistance décide la sup- pression pure et simple de la Commission des herborisations et avisera ultérieurement aux moyens de suppléer à cet organisme. (7) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 7 UNE PÉRIDINIACÉE NIVALE, LE GLENOD1NIUM PASCHERI - Communication, par M. le professeur Chodat. sur une Algue colorée d'un nouveau type, découverte dans les neiges d'hiver du plateau de Montana (Valais), par notre collègue M. le Dr Victor Demole Les détails de cette communication feront l'objet d'un mémoire spécial à publier dans un prochain fascicule du Bulletin. Séance levée à 9 heures trois quarts; seize membres présents : MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Minod, Beauverd, Brûderlein, Chodat, M,lcs Christin, Jauch, MM. Lendner, Martin, Mégevand, Pierroz, Reverdin, Viret et Vischer. Le secrétaire-rédacteur , G. Beauverd. :*84,ue séance. - Lundi 12 Février 1ÎM7. — Ouverte à »« séance (12 mars 1917) est accepté après lecture par le secrétaire. (9) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 9 Les candidatures de M. le professeur D1 Gustave Hegi et de M. Jos. Chiaverio, présentées au Comité par MM. Chodat et Lendner, sonl acceptées conformément aux sl;iluls. Les publications déposées sur le bureau seront annoncées avec celles du prochain fascicule. PROJETS D'HERBORISATIONS POUR 1917. M. le Président annonce qu'après expériences, le Comité propose de supprimer l'an- cienne Commission dès herborisations et de confier ses fonctions au seul bureau, qui recevra avec reconnaissance toutes les propositions des membres pour les soumettre à l'assemblée de mars ou d'avril après examen. Ce point de vue étanl accepté pour motifs d'économie, les explorations floristiques des marais de Rouelbeau et Sionnet, vallée dé Zermatt, tourbières de Semsales et régions de la Brévine à Pont-Martel sont acceptées en principe pour les mois de mai, de juin el commencement de juillet, indépendamment de la course mycologique d'automne pour la lin de septembre; les dates définitives avec noms des chefs de course pour chacune de ces herborisations seront fixés pour le moment propice et annoncés au local de la Société avec le programme détaillé. SUR UN NOUVEAU GENRE D'ALGUES DU LAC DE GENÈVE. Communication, avec dessins à la planche noire, sur la découverte dans le port de Genève d une Algue d'un genre inédit, affine du genre Dynobryon, pour laquelle noire collègue, M. L. Reverdin, propose le nom de Diceras Chodat i l!e\ . i voir description au mémoire de la p. 52). SUR UNE NOUVELLE MUC0R1NÉE DU MAÏS. Lecture, par .M. Lendner, d'un mémoire adressé du service militaire par noire collègue M. J. Bruderlein el décrivant un nouveau Rhiz-opus de la farine de maïs portugaise, dénommé Rhiz-opus May dis Bruderlein, sp. nov. ( Voir détails à la page K>X). NOUVELLES ÉTUDES BIOLOGIQUES SUR LA VÉGÉTATION Dl PARAGI AV. - Conférence par M. le professeur Chodat mettanl en relief des faits inédits concernant la biologie et Panatomie de Moracées, d'Urticacées et de Bignoniacées de la flore paraguayenne, avec présen- tation d'échantillons, dessins à la planche mure et projections lumi- neuses artiste ment coloriées (voir au mémoire illustré). Séance levée à H> heures et quart; vingt-cinq assistants : MM. Du- cellier, Guyot, Minod, Beauverd, Mme Beauverd, Mlle C. Beauverd, M. Chodat, MllesChirtoiu,Christin et Gampert, M. Hausser, MmeJacobson, M11- Jauch et Kaspar, MM. Lendner et Letellier, M11' Lilien, MM. Martin, Mégevand, Mme Naville, M11'' Pétrovitch, MM. Rehfous, Reverdin, .1. Romieux el Smoladka. Le secré taire-rédacteur , <;. Beauverd. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE au 1er Janvier 1917 Comité pour 1917 Président M. le Docteur I". Ducellier. Vice-Président.. . M. Aug. Guinet. Trésorier M. Henrj Guyot. Serré luire M. Gustave Beauverd. Secrétaire-adjoint M. Marcel Minod. Directeur du Bulletin M. le Professeur Dr I!. Chodat, Institut de botanique, Université (Genève). Membres honoraires MM. Burnat, Emile, Nant sur Vevej (Vaud). Hauri, Charles, 16, boulevard du Pont-d'Arve, Plainpalais. Penard, Eugène, I)' se, :î, rue Tôpffer, Genève. Privât, Eugène, Acacias, 2i, Plainpalais (Genève). Membres correspondants MM. Besse, Maurice, chanoine, I!'1. Curé à liiddes (Valais). Bouchard, Michel, officier d'Académie, Annemasse (Hte-Savoie). Christ, Hermann, Drjur., Riehen, prés Bâle. Guinier, Philibert, chargé de cours à l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts, Nancy (Meurthe-et-Moselle). Hassler, Emile, I)1 médecin, Pinchat-Carouge, Genève. (2) LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE I 1 MM. Le Roux, Marc, l>' se, conservateur du Musée d'Annecj (Haute- Savoie). Penzig, 0.* directeur du Jardin botanique de Gênes (Italie). Trabut,L., professeur à l'Ecole de Médecii I Pharmacie, Alger. Membres à vie MM. Barbey, Auguste, Bel-Coster, chemin du Levant, Lausanne. Barbey, Camille, avenue Marc-Monnier, 11, Genève. Membres actifs MM. Beaumel, Jacques, <>v2, boulevard de St-Georges, Plainpalais, Genève. Beauverd, Gustave, conservateur de L'Herbier Boissier, 12, Voie- Creuse (Genève). Berro, M.-B., Calle Uruguay, 1108, Montevid Uruguay). Boubier, Alph.-Maurice, I)1 es se., 5, avenue Beaulieu, Grange- Canal, Genève. Bonati, G., pharmacien de 1"' classe, Lure, Hte-Saône (France). M11"' Breslauer, A., avenue Gaspard-Vallette, Genève. MM. Briquet, John, Dr es se, directeur du Conservatoire et du Jardin botanique, 33, chemin des Clos. Genève. Bruderlein, Jean, pharmacien, 20, rue Stiirin, Genève. Burnat, Jean, viticulteur à Veyrier, Genève. CALLONi,Silvio,Dr es se, professeur au Lycée de Lugano (Tessin). Candolle (dei, Augustin, 2, place Claparède, Genève. Candolle (de), Casimir. Cour de Saint-Pierre, Genève. Capitaine, Louis, I»1 es se, ix, boulevard Baspail, Paris, VIe. MlIe Charitonoff, Sophie, I, chemin Miremont, Genève. MM. Chenevard, Paul, 6, rue de la Cloche, Genève. Chodat, Robert, I)1 es se. Directeur de l'Institut botanique de l'Université, Pinchat par Carouge, Genève. Mlles Chirtoïu, .Marie étudiante, 64, Florissant, Genève. Ciiristin, Antoinette, 3, avenue de la Grenade, Genève. M. Comte, Ernest, médecin-dentiste, 10, Corraterie, Genève. Mllc Cretier, chemin Filion, Pinchat-Carouge, Genève. M. Damazio, Léonidas, Avenida Pavauna, 1249, Villa Juanita, Bello Horizonte (Minas Geraës), Brésil. M"-' Daszewska, I)1 es se, Pilawa-Siedzow, Varsovie (Pologne). 1-2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) MM. Demole, Victor. H1 méd., Institut pathologique, boulevard de la Cluse, Plainpalais, Genève. Droz, Camille, botaniste, Hauts Gene\e\s (Neucliàlel). Ducellier, Fr., D1 méd., Pinchat-Carouge, Genève. Mmc Eldaroff-Sergueeff, Marguerite, I)1 es se. Smolenski Bou- levard, Dolgi pereouloqne, 14, log. 15, Moscou. MAI. Felippone, Florentino, I)1 méd., Calle 18 de Julio. 750, Monte- video i Uruguaj . Flaii.mi.t.CIi.. D1 se. Prof, à l'Université de Montpellier, France. Frev-Gessner, conservateur du Musée entomologique, 23, Roseraie, Plainpalais, Genève. M11, Gampert, Marcelle, 9, rue Bellot, Genève. MM. Glaser, J., cand. pharm., I. avenue de Frontenex, Genève. Goudet, Henri. H1 méd., li. Cours-des-Bastions, Genève. Guignard, Léon, l>' es se., directeur de l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, 6, rue Val-de-Grâce, Paris. Guinet, Auguste, Acacias, Grand-Bureau, II. Plainpalais, Genève. Mlle Grouitch, Vera, avenue du Mail, 2.">, Plainpalais-Genève. MM. Guyot, I»1 es se, I'.». rue Général-Dufohr, Genève. Hausser, Edouard, pharmacien, 1<>. Bourg-de-Four, Genève. Held, directeur du Conservatoire de Musique, Au Vallon, Chêne- Bougeries, (ienève. Hochreutiner, Georges, H1 es se. conservateur du Conservatoire botanique, 19, avenue Wendt, Petit-Saconnex, Genève. Mmes Hofmann-Gbobéty, I)1 es se. Villa Hohenstein, Glaris. Jacobson, Reissa, stud. se. 34, rue des Peupliers, Plainpalais- Genève. MUe Jauch, Berthe, 7, rue des Alpes, (ienève. i\l"ie Jossa, Marguerite, 6, chemin Raichlen, Plainpalais-Genève (actuellement en Russie). Mlles Kaznatcheff, étudiante, Villa Espérance, Petit-Lancy, Genève. Korniloff, Marie, étudiante Yegdyr, Gouvernement d'Erivan, Caucase. MM. Larderaz, Charles, jardinier-chef du Jardin botanique La Console, Sécheron, Genève. Le Brun, Pierre 16, avenue de la République, Paris, XIe. Lendner, Alfred, I)1 es se, professeur extraordinaire à l'Uni- versité, 9, rue Ami-Lullin. (ienève. (4) LISTE DES MEMBRES DE I.A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 13 Mlle Leska, Anna, stud. se. 8, rue Saint-Léger, Genève. Al. Letellier, Aug., stud. se, 89, I levard Carl-Vogt, Plainpa- lais-Genève. Mllc Lilien, Sophie, 3, rue de l'Aubépine, Plainpalais-Genève. MM. Ludwig, Ed., phann., ô, me Saint-Léger, Genève. Marret, Léon, botaniste, ô, rue Michelet, Paris, VTne. Martin, Charles-Edouard, professeur, 14, Roseraie, Plainpaiais, Genève. Mazel, Antoine, l>' es se, 3, rue de la Monnaie, Genève. Mégevand, Alph., I)1 inéd.,7, Rond-Point de Plainpaiais, Genève. Mllc Mendrewska, Sophie, lirw inuw près Varso\ ie (Pologne, Russie). Mme Menthon i la Comtesse Antoine de), Les Charbonnières, Menthon- Saint-Bernard, Haute-Savoie. MM. Meyer, Paul, cand. se, 99, boulevard Carl-Vogt. Micheli, .Iules, I. boulevard des Philosophes, Genève. Minod, .Marcel. Giand'Rue, 17. Genève. Mollof, Marcel, D' méd., 18, avenue du Mail, Genève. Moreillon, Maurice, Inspecteur forestier du VII111" arrondisse- ment, ">. avenue de la Harpe, Lausanne. Mllie Naville, Edouard, Versoix, Genève. MM. Naville, Gabriel, i, chemin de la Pelouse, Plainpaiais, Genève. Nitzschner, Guillaume, inspecteur, Parc Mon-Repos, Genève. Palibine, Jean, I)1 es se, Administrateur du Jardin botanique de Batoum < Russie . Mlle Petrovitcii, Vera, 25, avenue du Mail, Plainpalais-Genève. MAI. Pierroz, André, Villa Saint-Jean, à Nyoiî. Rabinowitch, Jérémie, 23, roule de Chêne, Genève. MUe Rayss, T.. le se, Chotin, Bessarabie. AI)!. Reverdin, Louis, roule de Frontenex, Genève. Rœthlisberger, André, étudiant, 8, roule de Malagnou, Genève. Rehfous, Laurent, le se, i, boulev. des Tranchées, Genève. Romieux, Henri. ±~>. roule de Florissant, Genève. Romieux, Jean, étudiant, ï2ô, route de Florissant, Genève. Sartorius, pharmacien, 6, avenue de Warens, St-Jean, Genève. Sciiiess, Emile, médecin-dentiste, Oberstadt, Schaffhouse. Mlle Schlesinger, Marguerite, étudiante, 64, Florissant, Genève. MM. Schœllhorn, Kust, cand. se, 40, boulev. Helvétique, Genève. Schmidely, Auguste, i, rue de l'Université, Genève. Smodlaka, Nikola, 3, rue de la Baillive, Plainpalais-Genève. 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (5) M. Stuckert, Teodoro, botaniste à Cordoba (Répub. Argentine). Mme et M. Sigrianski, Alija Szucka, n" 7, Varsovie VI (Russie). Mlles Stàbinska, Tscheslawa, étudiante, 4, rue Lombard, Plainpalais, Genève. Thury, Alice, Dr méd., 79, Florissant, Genève. MM. Tonduz, Adolfo, botaniste, Museo Nacional, San José de Costa- Rica (Amérique centrale). Viret, Louis, D1' es se, privat-docent à l'Université, 77, rue Jean-Jàquet, Genève. Vischer, Wilhelm, Dr phiL, Institut botanique, Genève. NÉCROLOGIE Le Docteur Alfred Chabert 29 février 1836 + Ier octobre 1916 Pour la troisième fois dans l'espace de Imil mois, le deuil vienl frapper à notre porte et nous enlever l'un de nos plus sympathiques confrères en la personne du l)1 Chabert, enfant de celle contrée de Savoie que nous avons appris à aimer en la choisissant comme hul principal de notre champ d'études floristiques. Alfred Chabert, né à Chambérj le ^'.» février 1836, est mort dans sa villeMiatale le 1er octobre 1916, après avoir parcouru une brillante carrière scientifique qui se révéla dès l'âge le plus tendre, alors qu'il était encore collégien à Chambéry, par un goût bien décidé pour la botanique. Ses études universitaires se tirent à la Faculté de médecine de Turin, alors capitale des Etats sardes, où il reçut le titre de docteur en médecine le 12 juillet 1858. Il était médecin de bataillon lorsque survint l'annexion de la Savoie à la France en 1860; il opta pour la nationalité française et fut nommé aide-major, pins médecin-major de deuxième classe; c'est en cette qualité qu'il lit la campagne de 1870-71, s'j distingua à l'armée du Rhin où il fut cité à Tordre du jour et reçut la croix de Chevalier de la Légion d'honneur. Après un premier séjour en Algérie durant les années KSCi^à 1865, il retourna dans ce pays de 1871 à 1875, puis de 1880 à 1886; entre temps, il avait été envoyé en Corse : chacune de ces contrées lui fournit d'intéressantes contribu- tions botaniques qui ont été publiées en différents fascicules du Bulle- tin de la Société botanique de France (années 1X82 à 1892; voir plus loin l'index bibliographique). En qualité de médecin militaire, la carrière du docteur Chabert fut brillante; elle se termina par les nominations suivantes : médecin principal de première classe en 1883; officier de la Légion d'honneur en 1887; directeur du service de santé en 1888. Il prit sa retraite en 1889 et s'installa à Chambéry où, durant la belle saison, il habitait la campagne dans son domaine de Verel-Pragondran, tandis qu'il passait l'hiver en ville dans sa maison de la rue Vieille-Monnaie, où il est mort dans sa 81me année à la suite d'une douloureuse maladie qui avait nécessité, une année auparavant, une opération chirurgicale1. 1 C'est à l'obligeante amabilité de M. Maurice Denarié, vice-président de la Société d'histoire naturelle de Savoie, à Chambéry, que nous sommes redevable de la par- tie essentielle de ces renseignements : en cette occasion, nous sommes heureux de réitérer à notre distingué confrère l'expression de toute notre reconnaissance. (Réd.) 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 2) Durant ses \ iii^t-lniil ans de retraite, le docteur Chaberl a déployé nue grande activité scientifique comprenant, entre autres, Imites les ramifications de la botanique : ses études de médecine l'ayant familia- risé avec les travaux d'anatomie et de physiologie végétale, il se tenait au courant des publications de ce domaine, les traduisant parfois de l'allemand ou de l'italien et les vérifiant le plus souvent avec le secours iln microscope. Ces exercices lui furent tout particulièrement utiles dans ses travaux de systématique, monographies fort bien équi- librées où tout parti pris était rigoureusement exclu, malgré les grandes tentations que pouvaienl lui offrir des genres aussi contro- versés et aussi encombrés de concurrents que peuvenl l'être les Leontodon, les Euphrasiu et les lihinanlhm, à la lisle desquels il venail d'ajouter les Acer et s'apprêtait à \ l'aire passer les Hieracium, qu'il avait naguère qualifiés de « nébuleuse irrésoluble ». Indépendamment de la physiologie, de Panatomie et de la systéma- tique, le docteur Chaberl s'intéressait vivement aux questions de géographie botanique; en outre, il cédait volontiers à nu goùl très prononcé pour la biographie; grâce à son sens inné de bon écrivain, il se distingua dans ce domaine par de savoureuses études sur maints botanistes anciens ou contemporains, se complaisant de préférence aux notices autobiographiques où il commentait avec esprit les lettres ou les travaux botaniques de ses... défunts confrères : c'est ce qu'il appelait, dans sa correspondance, la « galerie des botanistes peints par eux- mêmes o. Les auteurs notoires tels que Villars \ sont étudiés à côté de modestes amateurs tels que l'écrivain de ce manuscrit intitulé Campo bolanico Pincroliese, opéra délie spez-iale Bonifacio Felice. Bochiardo, di Pinerolo, exhumé du sac d'un soldai mortellement blessé à la bataille de Solférino et qui vint rendre le dernier soupir le soir même à l'am- bulance du docteur Chabert1. C'est à ce titre qu'il lui l'historiographe désintéressé de \\ école de Chambérj <<-. cette remarquable cohorte de naturalistes dont la seule existence, perpétuant une tradition vieille de plus d'un siècle, atteste combien le pays de Savoie esl propice au développement spontané des sciences naturelles; en cette occasion, on peut constater qu'avec André Songcon (fChambéry, 18 avril 1905 et Eugène Perrierde la Bâthie (fConflans, :'»l mai 1916), le docteur Chabert fut, de Ions ces naturalistes, celui dont l'érudition, la solidité des con- naissances et l'esprit d'investigation se manifestèrent le pins brillam- ment et cela sans aucune recherche de réclame, bien an contraire : il lu fuyait en toute occasion, rappelant Tort en cela son ami et premier maître Songeon,de qui lui-même devait publier par la suite un impor- tant mémoire posthume3. Enfin, sa connaissance des dialectes de la Savoie et ses relations avec les paysans et montagnards de cette con- trée, dont le commerce lui était particulièrement facilité par ses devoirs 1 Cf. W. Barbey, Bochiardo, botaniste italien inconnu», in Bulletin de l'Herbier Boissier, vol. III. p. 51 (1895): M""' Irène Chiapusso-Volli et ( >. Mattirolo, Les Bochiardo, botanistes piémontais», in I. c, 2me série, vol. IV. p. 497 et 841 'l!K)4). 2 Voir entre antres 'Herborisations aux environs de Chambéry», île Songeon et Chabert, chapitre Biographie», in Bulletin dé I" Sociétt d'histoire naturelle de Savoie, tome H, p. 95-101 (1895): puis Souvenirs d'antan», par A. Chabert, in Bulletin de l'Herbier Boissier, vol. VI '18901 et P. Gave, Liste des contributions à la flore de la Savoie . 16 1906). 3 Cf. A. Songeon, Recherches sur le modo de développement des organes végé- tatifs de diverses plantes de la Savoie », préface du Docteur A. Chabert (Chambéry, 1907, 258 pages . (3) G. BEAUVERD. LE DOCTEUR ALBERT CHABERT 17 professionnels, en firent l'auteur compétent de nombreuses notices sur les uni us patois et remploi populaire des plantes de son pays natal; de plus, son amour passionné des voyages et tout particulièrement de l'alpinisme contribua pour une bonne pari à la création de son herbier que, pour des raisons de santé, il légua vers 1910 à l'Institut botanique de Florence, où il comptait dorénavant passer l'hiver. Ce fut au cours de ses voyages, plus exactement au reloue des eaux de Nauheim, que le docteur Chabert entra en relations avec les bota- nistes suisses et devint en particulier un fidèle correspondant de l'Herbier Boissier : dès l'année 1891, nous le voyons consulter assidû- ment la bibliothèque et les collections de celle institution, à laquelle, en retour, il faisait part de précieuses contributions tendant à combler quelques déficits de bibliographie ou de floristique locale et algérienne; aussi, dès que fui fondé, en 1893, le Bulletin tic V Herbier Boissier, voyons-nous notre confrère compter an nombre des fidèles collabora- teurs de ce périodique. Plus tard, avec le développement de la Société botanique de Genève, il nous fil l'honneur de s'inscrire au nombre des membres actifs de cette Société (séance de mai 1909) et de s'intéresser aux travaux que publiait son Bulletin; il lit également partie de la Société suisse de botanique dont il reçut l'honorarial en 1912, et de la Société Mu rithienne du Valais, participant quelquefois à ses sessions et contribuant aussi à son Bulletin parla publication de notes appréciées. Malgré quelques infirmités pour le soulagement desquelles il suivait périodiquement et avec succès le traitement des bains de Nauheim, le docteur Chabert conserva jusqu'à la date de 1914 le tempérament d'un botaniste herborisant infatigable, maintenant intactes ses facultés de polémiste tout pétillant d'esprit ; les contrariétés de la sai- son froide l'éloignaient de Chambéry, dont il préférait à son climat neigeux celui plus doux et plus ensoleillé de Palerme ou simplement île Nice; mais, dès le retour du printemps, il reprenait le chemin de sa chère Savoie qu'il parcourait avec une ardeur juvénile ; qu'il soit permis d'en juger par l'extrait de correspondance suivant, daté du 30 août 1909, alors que son auteur était âgé de plus de 73 ans : a Me ■< trouvant cette année à peu près guéri de la maladie d'oreilles qui m'a « tant fait souffrir depuis douze ans et me rendait le travail très diffi- « cile, avant le cœur tout à fait tranquille à la suite de mon onzième « traitement ( 15 avril- lô mai) à Nauheim, j'en ai abusé pour parcourir " la Savoie en tous sens : je suis allé deux fois à Chamonix, cinq par « Anneev à la Balme, à Ugine et à Flumet; par Moutiers, quatre fois »à Bourg-Saint-Maurice, Pralognan, montagnes au-dessus de Brides; a trois fois dans les alentours d'Albertville; plusieurs en Mauiïenne, « Valloires, Galibier, Lautaret, Briançon, Oulx, Suze, Mont-Cenis, " Bonneval, etc., (de. Saint-Marcel! in, où j'ai vu une localité épatante « d'Acer : plusieurs formes dont /'. paradoxum . . . , mais c'était en auto! o l'as moyen de les faire arrêter assez longtemps pour grimper sur les «arbres...-- Cependant, la sénilité m'envahit; deux lois cet été j'ai " manqué me tuer : une fois sur le Roc de Chère où j'ai glissé sur le « gazon et allais tomber à pic de cent-cinquante mètres dans le lac si " je ne m'étais retenu à une souche qui dépassait le sol ; une autre fois « sur le Roc de Dard, près Conflans, où le vertige m'a pris au moment « où je cassais des rameaux d'un Acer perché au bord d'un rocher BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, i\os 1-2-3, paiMIS le 20 jllill 1917. 2 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (A) « vertiea] d'une vingtaine de mètres : pendant une demi-heure, j'\ suis c resté cramponné comme une huître; enfin, désespérant de voir venir « personne, je suis parti en rampant, toujours avec le vertige... Oh ! la « vieillesse, quelle triste chose! » Les lettres subséquentes nous présentent notre vénéré collègue se maintenant dans la même verdeur d'esprit, ne quittant l'étude achevée des Acer de Savoie que pour controverser à propos des Pedicularn et aborder finalement le bloc enfariné des Epervières : nous attendions sa visite à ce sujet lorsque se déchaîna l'infâme agression de 1914, apportant le trouble dans le service ' Westerdijk, qui a l'ail une élude1 très approfondie sur le parasitisme de ce cham- pignon, signale (pie sur les Crucifères, il ne cause pas de 1res gros défais. On l'observe cependant sur les choux et notamment sur le chou-fleur où il produit des pourritures avec formation de sclérotes. La saison d'hiver n'étant pas propice à des expériences d'inocula- tions, je me suis borné, pour le moment, à cultiver simultanément les deux espèces, afin de voir comment elles se comporteraient sur différents milieux de culture et de les comparer au point de vue morphologique. 'Westerdijk. ,1. Mededeelingen uit het Phytopathologiach Ldboratorium «Willie Commelin Scholteu », II, 1911. (3) A. LENDNER. UN SCLER0T1N1A 23 Comme on pourra s'en convaincre par les résultais qui suivent, nous pouvons considérer le Sclerotinia de nos Crucifères comme une espère différente du Sclerotinia Libertiana, c'est pour cette raison que je proposerai de lui donner le nom de Sclerotinia Matthiolse n. sp. Cultivés tous deux sur moût agarisé, dans un même vase de Pétri, les deux champignons ont un aspect différent. Le Sclerotinia Matthiolse se présente sous forme de flocons d'un blanc- éclatant, connue de la Fig. 1 . — Sclerotinia Matthiolse n. sp. — Origine des anastomoses. ouate; le mycélium est de densité très différente en divers points de la culture. Mince en certains endroits, le gazon devient plus luxuriant en d'autres et il se forme souvent un sclérote au milieu du flocon. Dans les mêmes milieux de culture, le Sclerotinia Libertiana a produit un gazon blanc crème, très dense, régulier, atteignant deux milli- mètres de haut; il n'a pas formé de sclérote. Au microscope, la différence entre les deux espèces est tout aussi saillante. Le Sclerotinia Matthiolse l'orme des filaments mycéliens assez réguliers dont le 24 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE diamètre varie de i ;j. à 6 a. On trouve des filaments plus petits (2 ji.) et »e série (1910), 59. - Bukslauf.k. A. Bulletin de la Société botanique de Genève, IV. 2»" série, (1912) 228. (.")) A. LENDNER. IN SCLEROTINIA ±~> les filaments copulateurs des Mucorinées (flg. 2). M. le professeur Ciiodat3 avail fait, du reste, les mêmes observations chez les Spyrogira en conjugaison. Cependant, en dessinant à la chambre claire des anastomoses à leur début et en les reprenant le lendemain, j'ai pu voir parfois aussi une soudure se faire par l'extrémité du filament. Cela laisse présumer que l'origine des ponts pourrait aussi avoir lieu par la soudure de deux filaments qui se rencontreraient par hasard par leurs extrémités. Il en résulte que les anastomoses peuvent se produire de trois façons : I" par la formation d'un pont, produil par des hernies, formées elles- mêmes au poiid de contact de deux filaments; 2° par la soudure de l'extrémité d'une hyphe, louchant le liane d'un autre filament; 3° à la sin le de l'attouchement, parleurs extrémités, de deux hyphes cheminant en sens inverse. Ce dernier mode est plus rarement observé. Tandis que les hyphes les plus fines ont un contenu homogène, oléagineux, les plus grosses, souvent cloisonnées, sont entièrement vacuolisées. Certains filaments soûl recouverts partiellement d'un enduit gras incolore, colorable en rouge par la teinture d'Alkanna. Le diamètre des filaments du Sclerotinia Libertiana est généralement plus petit (4 a en moyenne). Un rencontre aussi, ça et là, bien que très rarement, des filaments qui atteignent 8 a de diamètre, pins, plus rarement encore, des hyphes anastomosées. Enfin, des cristaux d'oxa- late de chaux en octaèdres accompagnent souvent ce mycélium. En examinant de vieilles cultures sur carottes ou sur moûl agarisé, j'ai pu 5 trouver des conidies. Ces dernières, isolées ou en chapelets, sont fixées à l'extrémité de stérigmates, lesquels sont réunis d'une façon très irrégulière sur un conidiophore cloisonné. Les conidies qui mesurent 3 a de diamètre ont été observées par Appel et Bruck2 el figurées dans le livre de Lafar3. Comme je ne parvenais pas à obtenir, dans les vielles cultures du Sclerotinia Matthiolte, de ces mêmes états conidiens, j'essayai d'ense- mencer le champignon sur un milieu agarisé acide. Comme l'acidité risque de produire, lors de la stérilisation, une hydrolyse de l'agar, j'ai tout d'abord mélangé, d'une pari, une solution (diluée au tiers) de Detmer avec I V2 °/° d'agar, puis j'ai stérilisé, d'autre part, solution d'acide citrique. Les deux solutions sont mélangées au sortir de l'auto- 1 Chodat, R. Bulletin de 1" Société botanique de Genève, II. '-'""■ série (1910), 158. - Appel et Bkiïck. Arb. d. Kais. Biolog. Anstalt fur Land und Fortsurirtschaft, 5, (1906) 189. 3 Lafar, F. Handbuch der technischen Mykologie, Il (1905-1908), 355, lit;'. 28. 26 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (6) clave et donnent, après refroidissement, un milieu solide renfermant 1 °/o d'acide citrique. Après un mois de culture, le champignon s'est peu développé en un feutrage très discret formant une sorte de voile cotonneux. Cependant, la culture a produit des conidies. Celles-ci naissent comme celles du Sclerotinia Libertiana sur des filaments irrégulièrement ramifiés. Elles sont tantôt portées par des stérigmates amincis au sommet, tantôt elles sont fixées en petites chaînettes, sur le flanc d'un bourgeon arrondi. Ou en trouve, enfin, qui sont fixées latéralement sur des articles courts de filaments cloisonnés (fig. 3), les conidies sont légèrement plus grandes que celles du Sclerotinia Fig. 3. — Sclerotinia Matthiolae n. sp. — Appareils conidiens. Libertiana. Elles sont rondes et mesurent i à 5 [i de diamètre. Le même état conidien a pu être observé sur des cultures sur moût agarisé vieilles de deux mois. Quant à la structure du sclérote du Sclerotinia Matthiolœ, elle est caractérisée par des cellules polyédriques, d'un brun noirâtre, tandis (pie l'intérieur est formé de gros filaments, présentant souvent une membrane épaisse à double contour. Afin de mieux les comparer, j'ai ensemencé les deux espèces sur différents milieux. Tout d'abord, sur pommes de terre et corolles stérilisées, les deux Sclerotinia se développent très bien, tout en présentant des différences notables. Le Sclerotinia Libertiana forme un feutrage court, blanc, le (7) A. LENDNER. I.\ SCLEROTINIA 27 mycélium pénètre dans le substratum et s'en nourrit avidement. Après quelques semaines, la carotte s'amincit, puis disparaît presque entiè- rement. Le champignon se comporte de même sur pomme de terre, mais le milieu est moins fortement attaqué. .Noire espèce se développe tout différemment : les fragments de candie mi de pomme de terre gardent à peu près leur forme el leur volume. Le champignon foisonne tout autour produisant un feutrage blanc semblable à du colon. Le milieu de pain .v/mY/V convient également bien aux deux espèces; mais tandis que le Sclerotinia Matthiolœ pousse rapidement el forme de nombreux sclérotes, l'espèce voisine possède un développement moins lapide el ne forme pas de sclèroles. J'ai ensemencé ensuite les deux espèces sur de la tri lui ose, c'est-à- dire sur du papier buvard, lequel est humecté de liquide d'Omélianskj , milieu utilisé par Mlle Daszewska, dans son travail sur la désagrégation de la cellulose1. Après quinze jours de culture, les deux champignons désagrègent également la cellulose en produisant de nombreux cristaux d'oxalate de chaux. Cependant, te Sclerotinia Matthiolœ l'attaque moins fortement; il produit à la surface du liquide des sortes de crampons ramifiés dichotomiquement, organes observés par Appel el Bruck et désignés par les auteurs allemands sous le nom de « Appressorien ». Cultivé swv moût liquide, le Sclerotinia Matthiolœ s'est bien développé. Il forme après quinze jours, à la surface de la solution, une croûte épaisse d'un millimètre, dont la surface exten si cotonneuse, tandis que le mycélium, au contact du liquide, forme un feutrage très serré. L'examen microscopique de celle culture, qui n'a pas produit de sclérotes, n'a pas non plus décelé de conidies. Le Sclerotinia Libertiana, ensemencé sur le même milieu, ne s'est pas développé. Sur moût gélatinisé, les deux champignons se comportent aussi différemment. Tandis que la culture du Sclerotinia Libertiana se plisse fortement en liquéfiant rapidemenl la gélatine, celle de l'autre espèce reste plane et la liquéfaction ne commence qu'après sept jours. Le liquide placé sur papier tournesol neutre rougit fortement, ce qui démontre que le champignon secrète, une substance acide. Pour déterminer la nature de cet acide, j'ai cultivé les champignons sur un milieu artificiel et j'ai choisi le liquide de Raulin neutre préconisé par Lutz2, auquel j'ai ajouté quelques gouttes de teinture de tournesol. Tandis qu'une partie du milieu est laissée liquide, l'autre est agarisée 1 Daszewska, \V. Bulletin de lu Société botanique de Genève. IV, 7 (1912), 274. 2 Lutz et Quequen. Actes du Congrès international de botanique (19U0), 417. Paris. 28 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) à 1 72°/°- ^u bout ''" sixième jour, les milieux liquides comme les solides oui viré au rouge. Le liquide filtré précipite abondamment par la solution de chlorure de calcium, ce qui démontre la présence d'acide oxalique ou d'oxalatës acides. Des recherches ultérieures élucideront ce dernier point, mais il sera aussi 1res intéressant de savoir si le champignon se laisse cultiver sur l'acide oxalique libre el quelle close il sera capable de supporter. Selon de Bary1, le Sclerotinia Libertiana secrète, en même temps qu'un ferment, de l'acide oxalique. La présence de cet acide serait nécessaire à l'action destructive du ferment, car, neutralisé par le carbonate de chaux, il deviendrait inactif. D'après les expériences précédentes, nous pouvons conclure que les champignons du genre Sclerotinia contiennent plusieurs de ces ferments solubles qui sont capables de produire des hydrolyses diverses, soit de l'amidon, soit de la cellulose, du saccharose, de la gélatine, etc. Os hydrolyses sont favorisées par l'acidité que prend le milieu, acidité due surtout à une sécrétion d'acide oxalique. Cela explique pourquoi, lorsque au mois de mai, les Matlhiola sont attaqués, les pétales, de violets qu'ils sont naturellement, virent au rouge comme si on les avait trempés dans un liquide acide. Les sclérotes sauvages, ainsi que ceux obtenus par culture, ont été mis en terre ou dans du sable humide; les uns en plein air, exposés à toutes les intempéries de l'hiver, les autres, au laboratoire, à l'étuve à 2">" ou à la température du local; d'autres, enfin, à la lumière. Actuellement, ces essais de culture ne m'ont pas encore donné île résultats. .le dois doue attendre sur le développement des apothécies pour pour pouvoir donner une diagnose définitive de celle nouvelle espèce. Cependant, les résultats comparatifs obtenus jusqu'ici nous permettent de conclure que le Sclerotinia Mallhiolœ, bien que très voisin du Sclero- tinia Libertiana, en diffère par toute une série de caractères tirés soit de ses cultures, soil de sa morphologie. Par ses conidiophores et la dimension de ses conidies, notre espèce est aussi 1res voisine du Sclerotinia Panicis, décrit par Rankin2 et qui produit, en Amérique, une maladie du Panax quinquefolium. Comme noire espèce ne s'est développée que sur des plantes de la 1 Bary (de), A. ("'lier einige Sclerotinlen un Asparagine 2,0 Carbonate de potasse . . 0,6 Carbonate de magnésie . 0,4 Sulfate de magnésie . . . 0,25 N°2. Eau lôoo,o Acide tartrique 4,0 Asparagine 2,0 Carbonate de potasse . . 0,6 Carbonate de magnésie . 0,4 Sulfate de magnésie . . . <>,2r> Sucre candi 70,0 Trois jours après l'ensemencement, il n'j avait aucun développement dans le flacon 11" I. tandis que dans celui contenant le sucre, la crois- sance tMait très lionne. Huit jours après, le développement est moyen pour le 11" I. l'ai- conséquent, l'asparagine avec sucre est facilement assimilée, niais sans sucre sa valeur est bien diminuée. Essai avec l'amygdaline Deux milieux identiques aux précédents ont été préparés, dans les- quels l'asparagine fut remplacée par l'amygdaline (source glucosidique d'azote). Dans le flacon sans sucre, le développement ne commence (pie vers le vingtième jour et il reste chétif, tandis qu'avec le sucre candi, la Mucorinée se développe fort bien après quelques jours. Par conséquent, l'amygdaline sans sucre est presque sans valeur pour ce champignon. .',ll BULLETIN DE LÀ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 3j Essai avec le cyanure de potassium Dans cinq Erlenineyer, contenant chacun 50 ce. de Kaulin, un a introduit des quanti lés croissantes de CNK de ' '100, ' 200, ' 300, l/40°i ' ,n An bout de quelques jours, on constate que les concentrations de ' 1 1 ' i le CNK permettent seules la croissance du champignon. La limite esl i\lus élevées de ce sel. Pour vérifier cette supposition, nous avons repiqué, après huit jours, le champignon du milieu à 0,25 " u de CNK dans celui à 0,33 " 0. Huit jours après, le développement étant très bon, nous avons repiqué ce dernier dans le flacon de concentration à 0,5 " 0. Dix jours après, on pouvait constater un bon développement dans un milieu à concentration double de la concentration limite initiale. Celle accoutumance s'arrête là, mais elle esl d'autant plus intéres- sante; car on sait qu'en solution, le cyanure de potassium esl très fortement dissocié; par conséquent, l'alcalinité du milieu augmente rapidement par la formation de potasse caustique. Cette dernière ayant une action nocive très marquée arrête la croissance. Essai nvrc u u acide Nous avons remplacé, dans lu formule de Raulin, l'acide tartrique par 10,0 gr. d'acide citrique pour 1500,0 gr. de liquide, ce qui corres- pond à 0,66 " 0 d'acide. Le développement a été faible. Essai avec le nitrite de potassium (in a également utilisé le liquide Raulin dans lequel les sels azotés furent substitués par du nitrite de potassium en concentration allant de ' 000 à 0,1 °/o. Dans aucun cas, le champignon ne s'est développé; les nitrites sonl donc des substances 1res toxiques pour cette Mucorinée. Origine de l'acide cyanhydriaite Ce champignon étanl le premier exemple d'une plante qui dégage, en quantités très fortes, de l'acide cyanhydrique libre, il > ;i\;iil un grand intérèl à rechercher quelle était son origine. (À) II. GUYOÏ. LUNE MUC0R1NÉE CYANOGÈNE 33 Dans ce but, nous avons extrait quelques grammes de cette Mucorinée par de l'acétone. Ce procédé a l'avantage de dessécher en même temps le mycélium. Celui-ci fut ensuite pulvérisé. Nous avons alors effectué les réactions suivantes : Nos I. Poudre de Mucor. 2. » » | amygdaline. 3. » » -f- émulsine. i. Emulsine. 5. Amygdaline. Les cinq éprouvettes étaient fermées par un bouchon auquel était suspendu un morceau de papier picro-sodé de Guignard. Dans aucun cas, il \\"\ eut rougissement du papier, ce qui indique qu'il n'j a pas, dans ce champignon, de glucoside susceptible d'être attaqué par l'émulsine. De son côté, l'acétone lui évaporée et le résidu essayé connue la poudre; le résultat lui également négatif. On pouvail alors supposer qu'il existait un ferment spécifique d'un glucoside cyanogénétique d'un autre l\ pe «pie ceux connus jusqu'ici. Tour vérifier cette hypothèse, nous avons procédé comme suil : I" Le ferment lui extrait et précipité par l'alcool selon les méthodes coi ii un 's cl ajouté ;'i la poudre de Mucor; aucun rougissement n'eut lieu. 2° Un extrait glycérine lui préparé et ajouté à la poudre; aucun rougissement ne s'est produit. 3° Le champignon Irais lui broyé et ajouté à la poudre, tandis que dans un second flacon on introduisait une quantité identique de cham- pignon fraîchement broyé, mais sans poudre. Dans les deux llacons il \ eut un rougissement qui se produisit avec la même \ilesse et provenait de la faible quantité d'acide cyanhydrique contenue dans le champignon fraîchement broyé. De ces expériences, on peut conclure que l'acide cyanhydrique, selon toutes probabilités, ne provient pas de la décomposition d'un glucoside, mais qu'il est une production inhérente à la vie du champignon. Dés qu'on tue celui-ci, cette fonction disparaît, c ■ li fait penser qu'il contient une enzyme spécifique attaquant un corps de nature non glucosidique. Mais ce qui nous importe pour le moment, c'est de savoir qu'il existe une plaide où l'acide prussique se- dégage à Vriai libre conti- nuellement id cela en quantités 1res notables. Un grand nombre de BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE «ENKVK, N«s \-"2-'-\, parus le 20 juill 1917. '.i 34 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (o) discussions ont porté sur cette question. Treub1, en particulier, a soutenu qu'à côté de sa liaison glucosidique, l'acide cyanhydrique pouvait se trouver à l'état libre; mais Ravenna et Tonegutti2 ont, à la suite d'opérations remarquables, vivement attaqué les idées de Treub. Or, la méthode de distillation qu'employa ce dernier étant sujette à caution, on pouvait toujours se demander si l'acide cyanhy- drique libre décelé par Treub ne provenait pas d'un commencement de dégradation du glucoside pendant le temps nécessaire aux manipu- lations. Bien que notre Mucor ne soit pas une plante en tous points comparable aux végétaux à chlorophylle, il apporte cependant une confirmation indirecte aux expériences de Treub. Si l'acide cyanhydrique dans cette Mucorinée ne provient pas, d'après nos expériences et selon toutes probabilités d'un glucoside, il n'est pas non plus vraisemblablement le premier produit de l'assimilation des substances azotées. Nous pensons qu'au contraire l'acide cyanhydrique serait le produit ultime dune dégradation d'un corps albuminoï- dique. Il est probable que, par un type spécial de respiration, cette plante met en liberté des réserves accumulées; au cours de cette dislocation, se forme de l'acide cyanhydrique qui est exhalé à l'état libre par suite de l'impossibilité d'être insolubilisé dans des cellules spéciales, comme chez les végétaux supérieurs. D'ailleurs on sait, depuis les travaux de Jorissen3, que pendant la germination des graines de lin à l'obscurité, la teneur en HCN aug- mente; il laid bien admettre dans ce cas que les substances protéiques de réserves ont été mises à contribution, la plantule ayant germé sans autre substratum que de l'eau. Il en est de même pour les amandes douces qui n'ont point de principe cyanhydrique à l'état de repos. Soave4 a confirmé ces laits et a même pu constater que dans les amandes ainères en germination, l'amygdaline augmente comme dans les semences tfÈriobotrya japonieab. 1 Treub, M. Nouvelles recherches sur le rôle de l'acide cyanhydrique dans les plantes vertes, Annales du Jardin Botanique Buitenzorg, XXI (1907). 2 Ravenna, C. et Tonegutti, M. Alcune osservazzioni sulla presenza dell'acido cianidrico libero nelle piante, Rendiconti délia Reale Accademia dei lAncei (1910,, XIX 3 Jorissen, A. Recherches sur la germination des g-raines de lin et des amandes douces, Bulletin de l'Académie Royale de Belgique, VII (1SS4>. ' Soave, M. Sulla funzione fisiologïca dell'acido cianidrico nelle piante. Stazione sperimentale agricola italiana (1898/, XXXI. 5 Soave, M. 1 glucosidi eianog-enetici délie piante e la utilizzazione deU'azoto délie riserve. Annali délia Reale Accademia di Agricoltura di Torino, XLIX (190C). (6) II. GUYOT. UNE MUCORINÉE CYANOGÈNE 35 Treub1 lui-même, pour les semences de Pangium edule et de Sor- ghum vulgare, a constaté pendant la germination la formation d'acide cyanhydrique à partir des matériaux de réserve. Pour le sorgho, qui ne contient pas d'HGN à l'état de vie ralentie, celle formation a élé confirmée par Ravenna et Zamorani2. Ainsi, il se peut que l'acide cyanhydrique soit, dans certains végé- taux, d'origine primaire, tandis que dans d'autres, il esl le dernier terme d'une dislocation d'un corps complexe. Rien qu'il ne nous ait pas été possible jusqu'ici de classer ce cham- pignon, nous pensons que, pour simplifier, il serait utile de lui donner un nom provisoire. Ce sera, si Ton veut, une espèce physiologique en attendant de connaître sa valeur comme espèce taxinomique. Nous proposons de l'appeler provisoirement : Mucor cyanogènes Guyot, nov. sp. sensu physiolog. Mycélium gris-blanc, formé de filaments non cloisonnés, ramifiés, à plasma follement granuleux, souvent en mouvement. Filaments s'en- roulant quelquefois autour des autres. Cultivé sur moût de \in géla- tinisé (10 °/o), la culture atteint quatre centimètres de hauteur. Au bout de vingt jours, elle devient blanc crème. Ce champignon est caractérisé surtout par son dégagement d'acide cyanhydrique. Il ne fermente aucun des sucres suivants : glucose, fructose, galac- tose, saccharose, maltose, lactose, raffinose. Il contient de la catalase, mais pas d'oxydases, ni d'émulsine, de sucrase ou d'amylase. Il a été extrait à partir (Tune terre du Salève, Haute-Savoie < France), à 600 mètres d'altitude environ, en novembre 1915. L'automne dernier, nous avons recherché dans 47 espèces de cham- pignons des environs de Genève, la présence d'acide cyanhydrique. Trois espèces seulement ont donné un résultat positif; ce sont : Clytocibe infundibuliformis (déjà signalé par Greshoff3); Pholiota caperata (nouveau); Tricholoma nudum (nouveau). Le Mycélium du Marasmius oreades en culture pure dégage également de l'acide cyanhydrique. Travail , avec deux pyrénoïdes par hémisomate. l'as une seule de ces cent soixante-neuf espèces n'est mentionnée eut/une pouvant tiroir trois OU plus de trois pyrénoïdes pur demi-cellule. Lûtkemuller a cependant montré dans ses « Beobachtungen ûber die Chloropbyllkôrper einiger Desmidiaceen » iDsterr. botan., Zeitschrift, XLII1, Jahrg. 1893, p. 5 et suivantes), <|u"il était possible d'observer parfois plusieurs pyrénoïdes par demi- cellule chez des Cosmarium à chromatophores axiles, comme Cosma- rium pyramidatum Bréb. et Cosmarium pseudoprotuberans Kirchn., Cosmarium Botrytis (Bory) Menegh., Gosmarium pseudobotrytis lia\ et Cosmarium s peciosu m Lund. Il lit la même remarque dans d'autres genres, chez Arthrodesmus convergens, Staurastrum echinatum Bréb., etc. .Mais les constatations de cet excellent observateur ne paraissent pas avoir suffisamment attiré l'attention des desmidiologues. Playfair (Growth, Development and Life-Historj in the Desmids, 1(.U2, p. 288- 289) a observé un Cosmarium subspeciosum (3 validius Nordst. forma qui avait, dans une demi-cellule, trois pyrénoïdes : l'un près de l'isthme, les autres au-dessus de lui. Dans une autre récolte, de nom- breux Cosmarium pseudoprotuberans kirclni. a\ aient, les uns, un seul pyrénoïde, les autres, deux pyrénoïdes par demi-cellule; ces deux formes étaient en nombre à peu près égal. J'apporte ici des faits qui viennent corroborer et confirmer les observations de ces deux desmidiologues, surtout celles de Lûtke- muller. Je rappellerai d'abord que j'ai déjà signalé (Contribution à l'étude de la Flore desmidiologique de la Suisse, première partie. 1916, p. 44-4â, fig. 20 et 22), deux espèces riiez lesquelles existaient tantôt un pyrénoïde dans une demi-cellule et deux dans l'autre : Cosmarium crenatum lialt's et Cosmarium speciosum Lund. var. simple. r Nordst. forma inlermeilia Wille; tantôt soit un, soit deux pyrénoïdes par hémisomate : Cosmarium re.ra/um West (Ducellier, loc. cit. supr., p. 78). Dans nies « Etudes critiques sur quelques Desmidiacées ». j'indiquais [tour nies Cosmarium rectangulare du lac Champex un seul pyrénoïde par hémisomate; les exemplaires trouvés récemment dans une récolte provenant de la tourbière de Kruzelried (Tburgovie) n'avaient qu'un seul pyrénoïde par demi-cellule. Cependant, Playfair (loc. cit. p. 289) dit avoir toujours vu, chez cette espèce, deux pyré- noïdes dans chaque hémisomate. (4) DUCELLIER. .NOTES SUB LE l'YISKNOIHK 39 Fie. 1 Les formes de Cosmarium vexatum West que j'ai recollées à Zermatt, bien que tout à fait comparables comme contour cellulaire ;ï celles du Salève, en diffèrent cependant par leurs dimensions un peu plus fortes. Peut-être sont-elles identiques à celles de Schmidle (Alg. (iel>. Ober- rhein, 1893) et pourrait-on en faire une forma major. Elles ont le centre de la demi-cellule ponctué, connue l'exemplaire lig. ."> de West (Brit. Desm., III, pi. \ C 11). J'en ai dessiné et mesuré un 1res grand nombre; plus de 60 °/o avaient deux pyrénoï- des par demi-cellule (lig. 1, lp et leurs dimensions moyennes étaient : iSx-iO.SX 14.5 îj,. lies exemplaires à un seul pyrénoïde par hémisomate (tig. 1, II) avaient, en moyenne : 46 X 37 X 14. 5 p.; plusieurs échan- tillons avaient »>/ pyrénoïde dans une demi-cellule et deux dans l'autre (tig. I, III et IV). Les exemplaires du Salève, récoltés en très grand nombre et dont j'ai dessiné et mesuré 200 exactement, m'ont donné les résultats suivants: Un pyrénoïde par demi-cellule : 59°/°; dimensions moyen- nes : 36.5X^2X10 {x. Un pyrénoïde dans une demi-cellule et deux dans l'autre : 2°/°- Deux pyrénoïdes flans chaque demi-cellule : 37 %; dimensions moyennes : 37.7X31X "> ;j. 'lig- 1, I <'t H'- Deux pyré- noïdes dans une demi-cellule et trois dans l'autre : 1 °/°- Trois pyrénoïdes dans une de- mi-cellule el quatre dans l'au- tre : 1 °/o. Dans la même petite mare du Salève, j'ai récolté des Cos- marium subprotumidum Nordst. la plupart munis d'un seul pyrénoïde par demi -cellule; mais plusieurs exemplaires avaient, par hémisomate, soit deux, soit, dans un cas, trois pyrénoïdes, ces derniers disposés en ligne horizontale (fig. 2). Fig. 2 * Les Quatre images de la fig. I sont à la même échelle que les autres figures de ces notes, soit 600/1. 40 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (5) m Fig. S Dans une récolte provenant de la tourbière de Kruzelried (Thurgovie) et que je dois à l'obligeance de Mlle A. Rauch, de Zurich, se trouvaient, parmi de nombreux Cosm-arium conspersum forma minor, à deux pyré- noïdes par hémisomate, quelques échantillons à trois pyrénoïdes et, dans un cas, à trois et quatre pyrénoïdes (fig. 3). Parmi ïesCosmariu pachydermum Lund, aussi très bien repré- sentés dans cette localité, deux échantillons avaient trois pyrénoïdes par demi-cellule (fig. 4). Dans cette même récolte de Kruzelried se trouvaient de très uombreux Cosmanum répondant parfaitement, par leur forme cellu- laire et leurs dimensions, à Cosmarium pyra- midatum Bréb. et remarquables par leurs pyré- noïdes multiples (pi. I, fig. I-Vh. Afin (Peu faire une étude aussi complète que possible, je me suis astreint ;ï en mesurer et dessiner 300 exemplaires passant successivement sous l'objectif au moyen d'un plateau à chariot adapté à la platine du microscope. Les dimensions moyennes de ces Cosmarium étaient: 70.5x42.ô\ 17.4 a. Le plus petit avait 66X K)X 15 ;j.; le plus grand : 7:>>x43xl,.> ;j- Sur ce nom- lire de 300 exemplaires, 226, soit 75° o, avaient trois pyrénoïdes dans chaque demi-cellule. Leurs dimensions moyen- nes étaient : 70 X 42 X H ;j. ; 38 exem- plaires, soit 13 "ii, avaient trois pyré- noïdes dans une demi-cellule et quatre dans l'autre; leurs dimensions moyennes étaient : 70.5x43X19 jx; 33 échantil- lons, soit 11 u/o, montraient quatre py- rénoïdes par hémisomate; dimensions moyennes : 72 X 43 X IN a; enfin trois exemplaires, soit I %, avaient quatre pyrénoïdes dans une demi -cellule et cinq dans l'autre; dimensions moyennes : 72X43x18 ;j.. Pas un seul exemplaire sur ces ;',0t), ni aucun autre semblable sur mes préparations, n'avaient seulement deux pyrénoïdes par demi-cellule, comme c'est le cas chez Cosmarium pyramidatum Bréb. typicum. Aucun, non plus, n'avait deux pyrénoïdes dans une demi-cellule et trois dans l'autre. Dans Fig. 4 (6 F. DUCELL1ER. NOTES Sl'li I.K PYRENOÏDE 41 Fig. 5 le cas le [tins fréquent, celui de trois pyrénoïdes, ils étaient disposés en triangle, deux près de la base de l'hémisomale cl le troisième passablement loin au-dessus, près du sommet (pi. I, fig. 1 i. Os pyré- noïdes se montraient en voie 1res active de division i pi. I, fig. 2, :>, 5 et 6). (les Cosmarium pyramidatum de Kruzelried m'ont engagé à revoir nies récoltes de Zermatt, où j'avais trouvé abondant un Cosmarium pyramidatum forma Klebs., Desm. Ost- Preuss., p. 31, pi. III, fig. XIX. Ce Cosmarium (fig. 5), qui pourrait bien être une espèce distincte, intermé- diaire entre Cosmarium py- ramidatum llréb. et Cos- marium galeritum Nordst., étail assez, semblable au Cosm a ri h m pyramidatum Lutkem., loc. cit. p. H, pi. Il, fig. 8. Sur 1<><> exemplaires, :!<>, soit 30 °/o, avaient un seul pyrénoïde et "<>, soit 70°/o, deux pyrénoides par bémisoinate. Les dimensions moyennes des premiers étaient : 62.5X46.5X1^.5 [i; celles des seconds : 64.3X47.7X19-2 -j- Dans la récolte de Kruzelried se trouvaient aussi, 1res abondants, des Cosmarium plus petits, à côtés nu peu plus convexes, offrant Ions les caractères de Cosmarium pseudopyramidalum forma major, Lundell. Doiii. Suce, 1871, p. il, pi. I., fig. 7 et 12. Leurs dimensions moyennes, sur cent exemplaires dessinés et mesurés, étaient : 5ix:J>">-NXb">.x ,j,. Sur ces cent exemplaires, nonante-quatre, soil 94 " o, avaient un seul pyrénoïde pur demi-cellule. Trois échantillons, soil )!" o, montraient un pyrénoïde par demi-cellule et deux dans l'autre. In exemplaire avait deux pyrénoïdes par hémisomate; un autre avait '/" pyrénoïde dans une demi-cellule et trois dans l'autre; enfin dans un échantillon se trouvaient deux pyrénoïdes dans un hémisomate et trois dans l'autre. Dans ces cas les pyrénoïdes n'affectaient pas une disposi- tion symétrique connue cela se voyait chez Cosmarium pyramidatum (pi. I, fig. 1 et 2); l'unique pyrénoïde de la demi-cellule se montrait en voie très active de division (pi. I. lig. X. '■', l<>, H <'t 12) et les nouveaux pyrénoïdes restaient accolés ensemble, quoique leur amylos- phère fût distincte. Les figures de la planche I e1 celles des autres 4-2 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE IIE GENEVE 0) rt S (8) F. DUCELLIER. NOTES SIR LK PYRÉNOIDE 13 espèces montrent mieux qu'une description qu'elle était, en général, la disposition respective des pyrénoïdes dans les hémisomates. Il en est de même pour ies dimensions des pyrénoïdes, ceux-ci étant dessinés exactement à la même échelle. On peut conclure de ces faits, comme de ceux observés par Lùtke- mûller et par Playfair, que chez les douze espèces suivantes de Cosmarium à chromatophores axiles : Cosmarium pyramidatum Bréb., Cosmarium pyramidatum /'. Klelis lig. XIX, Cosmarium pseudopyrami- datum Lund., Cosmarium Botrytis (Bory) Menegh,, Cosmanum pseudo- botrytis Gay, Cosmarium speciosum Lund., Cosmarium speciosum var. simplex Nordst., Cosmarium subspeciosum J3 validius Nordst., Cosmarium pseudoprotuberans Kirchn., Cosmarium crenatum Ralfs, Cosmarium rc.It//iiiii West forma, Cosmarium rectangulare Grun., le nombre des pyrénoïdes, tenu pour constant par les auteurs, peut varier et dépasser celui de un ou de deux admis pour le genre Cosmarium vrai, c'est-à- dire comprenant seulement des espèces à chromatophores axiles. Par conséquent, une classification des espèces de ce genre, basée sur le nombre des pyrénoïdes, comme celles de RaciroRski iDesmidyje Nowe, p. 7), de De Ton] (Sylloge Chloroph., p. 931, 969) et de Delponte (Spécimen Desm. subalp., IK7:î, p. 275) ne peut être que provisoire; elle n'a pas une vaieur absolue, puisque le nombre des pyrénoïdes peut varier chez un certain nombre d'espèces. En ce qui concerne spécialement Cosmanum pyramidatum, la forme pluribus pyrenoidibus, que Lûtkemûller et moi avons étudiée, doit- elle être regardée comme une espèce ou une variété distincte de Cos- marium pyramidatum Bréb. typicum ou n'est-elle qu'une « possibilité», un état histologique et physiologique particulier de la cellule, dû, peut-être, à une influence spéciale du milieu favorisant la multiplica- tion des pyrénoïdes? C'est là une question qu'il parait impossible de trancher actuellement, en l'absence non seulement (V[i\w meilleure connaissance de la structure du chromatophore, niais surtout d'obser- vations plus nombreuses, d'expériences et de cultures. Mais le fait que cette multiplication des pyrénoïdes peut se voir chez diverses espèces, dans le même milieu, rend plus plausible celte dernière hypothèse. Cosmarium pseudopyramidatum Lund., la constance de ses dimensions et son taux élevé de formes à un seul pyrénoïde, paraît être une espèce distincte de la précédente. Malgré une certaine analogie dans la forme cellulaire, celle-ci est cependant différente : les côtés il BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (9) sont un peu plus arrondis, la ponctuation de la membrane est autre et les dimensions n'atteignent pas celle de Cosmarium pyramidatum. On ne sail pour ainsi dire rien du pyrénoïde chez les Desmidiacées sons le rapport de sa fonction dans la vie cellulaire. Une remarque doit cependant être faite : Sur cent douze espèces de Cosmarium vrais à mi pyrénoïde, de la monographie de West, onze seulement ont une dimension (longueur) pouvant dépasser 50 u, chiffre arbitraire- ment choisi, tandis que cent une espèces, soit 90,1 " o sont plus petites '/ne 50 [t.. Sur cinquante-sept espèces à deux pyrénoïdes, quinze seulement, soit environ 27 °/o, ont une longueur moindre que 50 «j., lundis que quarante-deux, soi/ 73°/o, sont plus grandes (pif 50 u. On peut doue en conclure, d'une façon générale, que, dans le genre Cos- marium, les espèces à deux pyrénoïdes par demi-cellule sont plus grandes que celles à un seul pyrénoïde. En est-il de même au sein d'une espèce ? et le nombre des pyrénoïdes est-il en relation avec la taille de l'individu? Lutkemuller ne le croyait pas et si les chiffres , le lac de Genève, entre l'Ariana et le Port-Noir, presque à la surface. Il présente une forme très caractéristique qui le fait de suite distinguer des autres espèces. Ses extrémités se rétrécissent subitement et se prolongent en une pointe hyaline ;ui bout plus ou moins obtus. En moyenne, s;i longueur est de 59 ;j. et sa largeur de 5,5 a. Parfois, les terminaisons ne sont pas aussi brusques, la partie centrale s'alténuant progressivement en pointe (v. II. fig. 2). Ce Raphidium se distingue aussi i\c* autres par un chromatophore très net. ce qui est rare chez ce genre. Il forme une bande pariétale d'aspects divers; demi-bande traversant obliquement la cellule (v. I, fig. h; bande centrale se divisant en deux liras laté- raux obliques (pi. I. fig. 2); bande spiralée à I, I xj-i, I ;!/4 tour de spire. Le cas le plus fréquent est celui de la bande spiralée. Ce n'est que par de très lins mouvements de la vis micrométrique que l'on se vr\\t\ compte de ces diverses structures. Sa couleur est vert clair. Les bords du chromatophore ne sont généralement pas rectilignes; ils sont plus ou inoins sinueux et même échancrés dans certains échantillons. Il contient des pyrénoïdes fort difficiles à distinguer sans le secours de réactifs connue l'eau iodée ou l'iodure de potassium iodé. Après bien des recherches, nous pouvons dire qu'il \ a deux pyré- noïdes répartis à peu près symétriquement à partir du centre de la cellule. Sans réactif, on en voit point du tout, ou bien un. ou bien deux. quand on est averti. Voir pi. 1. liii'. 1, chromatophore sans pyrénoïde; (ï) 1,4 L. REVERD1N. LE RAPH1D1UM SPIROCHROMA I. 3 I. 2 1,1 II, 2 49 il. î « 1-2-3, parus le 20 juin 1917. 4 50 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) v. I, fig. 2, 3, 4, chromatophore à un pyrénoïde; v. II, fig. 2, cbro- matophore à deux pyrénoïdes. Dans l'individu de la \. VII, fig. 1, traité à l'eau iodée, on voit très nettement, dans une cellule fille, un pyrénoïde et dans l'autre deux pyrénoïdes. Le protoplasma remplit complètement la cellule dont la membrane est très fine ne présentant pas de double contours. On remarque fréquemment de grosses vacuoles, spécialement aux deux extrémités de la cellule; ces vacuoles obligent le protoplasma à se rassembler en bandelettes transversales en forme d'échelles, ce qui donne au contenu de ce Raphidium un aspect particulier. Le protoplasma montre un aspecl granuleux, surtout dans la partie centrale de la cellule, il est plus clair et transparent aux deux extrémités. On trouve souvent de grosses inclusions, sans doute liquides, appliquées sur les bandelettes décrites ci-dessus. Sans l'aide de réactif, nous avons observé les faits suivants : V. III. Deux cellules accolées I une à l'autre par une extrémité obtuse; il s'agit sans doute d'une division transversale tendant à devenir oblique, cas fréquent. V. IV. Deux cellules adultes en liaison par une gelée invisible. Les deux cellules bougent ensemble à la moindre secousse sur la lamelle. V. V. Colonie de quatre individus réunis par une gelée non visible; deux cellules sont déjà individualisées, on voit, dans la troisième, le plan de segmentation devenu oblique. Cas unique. V. VI. Deux cellules formant un V, réunies par deux extrémités obtuses, cas fréquent devant être rapproché du cas de la pi. III. Après division, une des cellules décril un demi-cercle en pivotant sur l'extré- mité obtuse de la cellule voisine. Une autre particularité de ce Raphidium réside dans le fait qu'il présente un noyau bien visible entouré d'une zone grisâtre, au centre de la cellule, occupant environ le quart du diamètre. Par l'emploi de réactifs, nous nous sommes parfaitement rendu compte de la nature de la gelée des colonies décrites. Voir V. VII. Fig. 1. Cellule colorée à l'eau iodée; on voit la mem- brane mère non gélifiée contenant deux cellules filles à bande pariétale simple montrant un ou deux pyrénoïdes. Le plan de division est premièrement perpendiculaire au grand axe de la cellule. Fig. 2. Colonie à deux individus, colorée à la fuchsine. Les deux cellules filles ont atteint leur complet développement en glissant Tune sur l'autre; la membrane mère n'existe plus que sous forme d'une (i) I.. REVERDIN. LE RAPHIDIUM SPIROCHROMA ."> | légère gelée colorée <'ii rouge, elle est spécialement visible aux deux extrémités de la colonie; en gonflant, elle linil par éloigner les deux cellules, puis disparaît complètement; voir aussi la pi. IV. Fig. 3. Coloration ;ï la fuchsine. Cellule dans un état intermédiaire n a cité en effet de cette catégorie: le Banisteria prœcox (iris., buisson de Goyaz, de Minas et de Ceara, le Tetrapteris Stephaniana (iris. < Tetrapteris Turnerœ .Mari. e\ Warming1 non Juss.) plante des bosquets xérophytes de Conception et qui va jusqu'à Minas-Geraes, et enfin le Pterandra pyrenoidea qui toutes sont aphylles au moment de la floraison. Dans les halliers i\v> îlots de forêts ou au pourtour des bois, au mois de septembre, on voit les bâtons tordus du Banisteria Hassleriana Chod. garnis, tout le long, d'ombelles opposées et parfois très serrées; les axes volubiles ont parfois jusqu'à quatre ou cinq métrés de hauteur. (l'est alors connue une spirale fleurie de grandes étoiles, portées sur de très tins et longs pédicelles; chaque fleur est connue un admirable bijou ajouré (filigrane) aux pétales longuement onguiculés et d'une extrême délicatesse. Quant au jaune d'or vient, comme dans plus d'une (leur, s'associer des taches orangées à la base des pétales, elle est encore plus belle. Il laid aussi mentionner une belle Malpighiacée, dans le nord du Paraguay, le Schwannia elegans Juss. aux longs pétales roses, gracieu- sement fimbriés et qui, en panicules admirables, viennent égayer les Campos du plateau d'Amambay. Mais on se tromperait, lisant nos descriptions, en croyant qu'au Paraguay, les (leurs seraient particulièrement et vivement colorées. Il 5 a tant d'insectes que les plus insignifiantes sont visitées. Chez ces plantes d'ailleurs, la présence bien connue de glandes extranuptiales contribue à attirer les insectes. Citons encore celles d'un buisson des rochers du Centre, le Banisteria crotonifolia Juss.; de couleur carnée, assez grandes, elles se détachent sur le feuillage ferrugineux. 1 Wakminc. E. Lugoa Santa (1892) 341. -- Et Bidrag til den biologiske Plante- geografi. Avec résumé en français ; Mémoir< •'■ l'Académie des Sciences et Lettres du Danemark, VIme série, tome VI. 58 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE ( 161) Quant à colles des Stigmaphyllum, plus grandes sur nu feuillage plus foncé, elles méritent d'être signalées plus en détail. Elles ont été soi- gneusement étudiées, au point de vue de la biologie florale, par M. IIai \i.\.v\-.Mkiu;k. La fleur du Stigmaphyllum litorale Juss. présente comme beaucoup d'autres Malpighiacées toul d'abord cette particularité d'avoir un sépale dépourvu de nectaires. Il y a dès lors, comme chez la plupart des autres espèces, huit glandes sur le calice. Vis-à-vis de ce sépale, le pétale opposé est dressé, tandis que les autres sont défléchis. C'est ce qu'on voit aussi chez le Mascagnia anisopetala (Juss.) (iris, et le Dicella nuci fera Chod. Ainsi (pie nous eu avons pu aussi nous en assurer chez plusieurs espèces paraguayennes, chez le Sligmaphyllum étudié par Haumann-Merck1, les sépales sont relevés entre les onglets des pétales et forment une espèce de poche urcéolée hors de laquelle sortent les anthères (fig. 124 et fig. 125). Ce sont surtout des abeilles, le Centris lanipes Y. var. tarsata Sin. qui \ isitent ces Meurs : « De suite après qu'il s'est posé sur la Heur, on voit ranimai s'orienter, chercher vers le haut le pétale dressé doid il saisit l'onglet un peu au-dessous du limite, entre ses mâchoires cl poser ses pattes sur le sépale dépourvu de glandes; une fois l'insecte placé et fixé de la sorte, on remarque que par l'espace «pie laissent entre eux les onglets des pétales réfléchis, chacune des quatre pattes antérieures tombe tout naturellement sur un des sépales glandulifères et l'on voit l'insecte se mettre en quelque sorte à «pédaler» de ses quatre pattes antérieures sur les quatre paires de glandes qu'il frotte énergiquement, j recueillant ainsi un nectar abondant. Le sillon interglandulaire aide à maintenir dans la bonne direction chacun des membres qui passent alternativement de l'une à l'autre des glandes de chaque sépale. Pendant ce temps sa face ventrale se cou\re de pollen qu'il va porter sur les papilles stigmatiques des fleurs visitées par la suite » il. c. p. 24). L'auteur a fait d'intéressantes expériences pour s'assurer de la régu- larité de ce manège qui se répète si souvent et d'une manière si peu équivoque qu'on peut la considérer comme normale. D'autres insectes se promènent sur ces tleurs mais se bornent à butiner les glandes du calyce avec leurs organes buccaux. Remarquons que ces glandes manquent rarement aux calyces des Malpighiacées sud-américaines. Chez les Galphimia même (Galphimîa brasiliensis (L.) Juss.) où on les dit absentes, elles sont parfois remplacées 1 Haumann-Merck, Observations d'éthologie florale sur quelques espèces argentines et chiliennes, in Recueil de l'Institut botanique, Bruxelles. IX (1913), 4. (162) 11. CHODAT. LA VEGETATION Id PARAGUAY 59 par des glandes alterni-sépales situées à l'extérieur, immédiatement au-dessous de l'angle de ces derniers. Ces nectaires extra-nuptiaux paraissent ainsi remplacer le disque intra ou extrastàminal nectarifère des Sapindacées, des Rutacées, etc. Faisons remarquer que dans certaines espèces comme le Hirsea bahiensis Moric < Hirsea Salzmanniana Grisb.), liane assez commune dans les halliers et où les inflorescences en sorte d'ombelles alternent avec de grosses feuilles, il \ a des variétés totalement dépourvues de glandes calycinales sans qu'on trouve dans la corolle un appareil nectarifère qui les remplacerait (environs de Valenzuela, Hassler n. 7074). On a souvent observé en Amérique les abeilles butinant ces nectaires, ainsi dans les genres Malpighia, Bunchosia, Byrsonima. Dûcke1 indique aussi comme visiteur une femelle de Centi*is. .Notons que l'étroitesse ^A Fi»-. 125. — Fleurs asymétriques de l'Heteropteris hypericifolia Juss. — (In les a dessinées exactement en situation normale; remarquer la manière dont les anthères sont ramenées au centre par le redressement des sépales et les lacunes lais- sées par l'étroitesse des onglets: on a représenté les nec- taires extra-nuptiaux en noir sur les sépales. (Dessin de R. C, d'après une photographie.) des onglets des pétales dans ces plantes et la position dressée des sépales favorise l'insecte dans son travail. II importe peu (Tailleurs la catégorie d'insecte, même les fourmis d'après nos observations (R. (1). qui visitent régulièrement ces fleurs de Malpighiacées peuvent provo- quer la fécondation croisée. Parmi les espèces paraguayennes particu- lièrement intéressantes à ce point de vue et qui ont une organisation 1 Dûcke, A. Beobachtungen liber d. Blûtenbesuch der bei Para vorkommenden Bienen, Allg. Zeitschr. f. Entomolog., VII (190-2). 60 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE J)K GENÈVE (163) qui rappelle celle du Stigmaphyllum, étudié par Haumann-Mebck, nous citons le Mascagnia anisopetala avec sou pétale géant opposé au sépale dépourvu de glandes. Du même type le Dicella rweifera Chod. (fig. 121). On voit bien dans le dessin comment cet arrangement facilite, à la fois, la fécondation croisée et la récolte du nectar. On pourrait mettre en parallèle de cette structure biologique celle du Cyathium des Euphorbia, avec leurs quatre glandes et leur espèce de zygomorphie. Ici aussi les glandes sont extra-nuptiales, l'intérieur du cyathium étant totalement dépourvu de nectar. Dans la série des Gaudichaudia (sections : Janusia, Camarea, Aspi- carpa) ou voit à cette curieuse forme adaptée à la visite des insectes, se joindre, comme chez plus d'une famille étroitement dépendante (\v^ insectes pour su fécondation, une réduction du nombre des étamines qui sont normalement au nombre de di\ (6-5); les étamines épipétales disparaissent, celles qui sonl en alternance avec les sépales persistent; puis on remarque que de ces cinq, ordinairement deux sont transfor- mées en staminodes dont l'anthère stérile est modifiée en un appareil chiffonné et massif, ce qui contribue ;ï ramener les étamines fertiles vers le centre de la fleur; I une de ces dernières est opposée au sépale sans glande, les deux autres rapprochées et souvent soudées sur une certaine partie de leur filet (parfois à une troisième étamine supplémentaire), lie cette façon, l'abeille se plaçant ainsi qu'on peut le supposer d'après l'observation de .M. Haumann-Merck à propos du Stigmaphyllum, trouve en avant et en arrière, dans une même ligne, les anthères à pollen normal. Il > aura sur place bien des détails à compléter mais il n'est pas trop téméraire de penser que, dès mainte- nant, la structure si curieuse de ces Malpighiacées à corolle rotacée et ;'i indice de zygomorphie est relativement élucidée dans les traits princi- paux de sa biologie florale. Mais il \ a plus, chez les Gaudichaudia ou ne voit souvent qu'un seul style et cependant parfois se développent plusieurs fruits! Le style est d'ailleur gynobasique, ce qui expliquerait peut-être une fécondation possible de plusieurs carpelles (il y a parfois deux styles). Enfin, rappelons que, dans ce genre, il y a constamment, en plus des fleurs normales, des tleurs cleistogames, apétales et dont les sépales sont, comme il convient à des fleurs qui ne seront pas visitées par des insectes, totalement dépourvues de glandes. La fécondation se fait de très bonne heure dans ces minuscules tleurs; ces dernières n'ont qu'une étamine dont l'anthère est pleine de gros grains de pollen. Comment (164) I!. CIIOllAT. LA VEGETATION M l'AliAlil AV CI germent-ils? Comment les carpelles (2-3) sont-ils fécondés'.' c'est ce que des recherches ultérieures, sur place, nous apprendront, Os fleurs sont ordinairement sessiles ou très brièvement pédicellées. Elles sont toujours fructifères et même de très bonne heure. Dans les (Janusia) Gaudichaudia 11. P». K. ou peut parfois observer, sur le même rameau, les fruits normaux pédicellés et 1rs fruits des Heurs cleistogames subsessiles. On a souvent décrit les fruits des Malpighiacées qui soutirés variées; beaucoup son! samaroides, par exemple, ceux île la plupart des lianes appartenant aux genres Hirœa, Mascagnia, Tetrapteris, Peixotoa, Hete- ropteris et Banisteria. Parmi les plus gros, il faut citer ceux du Mascagnia anisopetala (iris. (Hirœa macrocarpa Chod. olim.). Fit;-. 126. — Comparaison du Dicella nucifera Chod. et du Dicella brac- teosa (Ois.: de gauche à droite, mêmes organes; dans le Dicella nuci- fera les filets des étamines sont plus longuement eoncrescents. (Dessin de 1«\ C.) Il serait d'ailleurs hasardé d'essayer de montrer qu'il s'agit dans chacune de ces formes d'un type adapté. Le fruit, dans sa structure générale, est anémochore, mais dans le détail il semble suivre la loi du hasard, les formes les plus variées étant possibles; il montre cependant une dépendance marquée avec certains caractères végétatifs avec lesquels il semble être en corrélation. Ainsi dans le Banisteria metal- licolor Juss., aux grandes feuilles, correspondent de grandes samares allongées, coriaces, roses-pruineuses comme ces dernières ou argentées et à aile membraneuse; aux feuilles minces et poilues du Banisteria Hassleriana Chod. correspondent des ailes du fruit, papyracées; mais la dimension des samares n'est pas toujours en corrélation avec celle des feuilles. Ainsi aux petites feuilles et petites samares de VHeteropteris umbellata s'opposent les petites feuilles et grandes samares de YHeterop- 62 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (165) (cris paraguariensis Ndz. Ces deux espèces sont d'ailleurs voisines par leurs caractères végétatifs (cfr. Ndz., I. c). L'autre espèce affine, VHeteropte?is glabra II. et Arnott possède encore une autre samare. Constatons cependant, dans un groupe naturel, celui des Gaudichaudia, où l'on peut saisir tous les degrés d'évolution du carpelle, que seules les espèces lianes ont des samares vraies, bien développées, tandis qu'à mesure que ce caractère de volubilité se perd, comme dans le Gaudi- chaudia linearifolia. Saint-Hil. qui, pour le reste de s;i morphologie florale, se rattache aux espèces ;ï cinq étamines fertiles et ;'i vraies samares, cette dernière n'a plus qu'un rudiment d'aile. Comparez en ell'et les samares à aile circulaire des Gaudichaudia pentandra .liiss. el Gaudichaudia cynanchoides II. li. K. ou à aile en hallebarde du Gaudichaudia guaranitica Saint-Hil. avec l'aileron de cette espèce graminoïde i\r<~ Campos. Dans les espèces buissonnantes, basses ou même plus ou moins herbacées, dont on avait précédemment constitué les genres Camarea1 et Aspicarpa, les appendices aliformes sont, ou réduits à la plus simple expression ou totalement absents. Alors ces protubérances ne sont plus qu'indiquées sous forme de crêtes, le carpelle est devenu un nucule-akène plus ou moins crochu qui peut adhérer aux animaux qui passent. Ce qui correspond au mode de vie, les fruits grappinants étant l'apanage des plantés basses. Il en est de même des deux genres Mionandra Grisb. etCordobiaNdz., dont les espèces camaréoides (Mionandra camareoides Grisb., Cordobia argentea (Gr.) .Ndz.) ont dt's acharnes. (atons un autre type de fruit anémochore, chez les grands buissons ou petits arbres du genre Ptilochœta aux feuilles canescentes ou tomenteuses {Ptilochœta elegans .Ndz., Ptilochœta densiflora Ndz.) des ci ix irons de Concepcioii ; la présence sur les carpelles d'appendices pliinieux, espèces d'aigrettes, les rend transportables par le vent. C'est un type.de fruit qu'on rencontre parfois au Paraguay, par exemple, dans la Tiliacéc Heliocarpus americanus L. (fig. 127). A ces espèces (\c<, forêts \éroph\ les du plateau de Conception se mêle le Tetrapteris Stephaniana (iris., buisson aux feuilles tomenteuses de Mascagnia elegans et aux inflorescences ombelliformes. Il \ a encore les fruits bacciens des Buncho&ia et des Byrsonima et les capsules des Galphimia. 1 CiKniAT. Malpighiaeées in M. Micheli Contribut. Mémoires delà Société de physique et d'histoire naturelle, XXXI. Genève (1S92) : efr. Xiehenzc. in Chodat et Hassleb, Enum. (166) i;. CHODAT. LA VEGETATION 1)1' PARAGUAY 63 Nous ne savons si au Paraguay les drupes des Byrsonima sont comestibles; dans la région amazonienne, au Pérou, ils font l'objel d'une récolte et se vendent sur les marchés. Mais, de tons ces fruits, le plus intéressant est celui des Dicella, du Dicella nucifera Chodat, espèce voisine du Dicella bracteosa i.luss. » Grisb. Cette grande liane est vraiment une liane sylvatique; dans la forêt au sol nu. elle suspend ses grands câbles et si elle n'était pas seule de son anatomie, il sérail peut- ^ ( ! Àwm être parfois difficilede l'iden- tifier. Nous l'avons rencon- trée en grande abondance dans les parties les plus sombres de la forêt du Cer- rito près du lac Ypacaray, sur les pentes de la colline elle laisse tomber ses fruits spliériques qui roulent sur le sol nu, connue les noix chez nous en automne. Elle se retrouve aussi dans le nord, dans la région de Fig. 127. - Acharnes plumeux de : 1 : Ptilochaete ., . .„ ., ... densiflora; 2 : Ptilochaete elegans Ndz. lApa. Lest d ailleurs une Gros. 3 fois. (Dessin de R. G.) plante commune des fonds de la Cordillère centrale. Là, dans ces stations où la lumière est trente à cent fois plus faillie qu'aux endroits ombragés du pourtour de la forêt, on trouve des milliers de ces grosses noix qu'on foi de en nia reliant ; là, il n\ a plus ni lapis tfOplismenus setarim llœrm. el Scliult.. la (iraininée habituelle des bois ombragés, ni d'Hydrocotyle callicephala Chain., Hydroeolyle leucocephala Chain., ni même de l'Intrus micranlhus Schrad., la Grâminée aux larges feuilles qui joue dans ces stations le nde du Lii-nht nemerosa (Poil.) Iv Mey, ou de VElymus europaeus L. et qui de même que ces deux Monocotylées sylvatiques de die/, nous, présente le phénomène de la résupination foliaire. (Test là, dans ces forêts sombres, que germe le fruit du Dicella nucifera Chod. (fig. L2.S). Celui-ci esl d'ailleurs bien construit pour cette vie dans la grande obscurité des forêts. La germination y est épigée. Il y a sans doute une période de repos prolongée pour ce fruit. Au moment où il pousse sa radicule, le péricarpe, qui atteint trois centimètres de diamètre 64 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (167) est épais de quatre à cinq millimètres; il est lisse à sa surface mais il est formé, au-dessous de cellules scléreuses, d'un tissu assez élastique de Fig\ 128. — Dicella nucifera Chod. — Plantules germant dans la forêt; les cotylédons restent enfermés dans la coque: à gauche, double plantule; hypocotyle renflée réservoir d'inuline) et racine primaire avec radicelles. Gross. - -.<. (Dessin de R. C.) cellules parenchymateuses un peu épaissies et interrompues par des fibres disposées eu cordons rayonnants. Cette portion du péricarpe est un tissu spongieux qui est capable de s'imbiber (elle absorbe pour un (168) K. CHODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY 65 gramme de poids sec, 1,7 gr. d'ëau) et, par conséquent, d'amener l'eau jusqu'à l'embryon ou aux deux embryons, quand ils sont géminés. Fii;-. 129. — Dicella nucifera C'hod. — 1 : Section dans un pétiole de cotylédon (le faisceau marginal est figuré en fig. 130); 2 : Section dans l'hypocotyle au passage cle la racine (trois fais- ceaux). (Dessin de R. C.) Les cotylédons charnus remplissent complètement la cavité; le tégument séminal est mince, papyracé. Dans ces cotylédons est déposée une réserve abondante d'a- midon en grains arrondis ou dimidiés. A la germination, ces cotylédons restent en- fermés dans le péricarpe : on ne voit à l'extérieur que leur pétiole; la radicule et l'axe hypocotylé se renflent de bonne heure; il reste au centre une moelle assez abondante (fig. 128, 129) qui grossit beaucoup avec l'âge par multiplication des cel- lules à des niveaux divers, dette radicule est triarebe on tétrarche (fig. 129 H.) et présente ceci d'intéressant, c'est qu'elle est rapidement tubérifiée, soit par la multiplication des cellules médullaires (fig. 132), soit par le grand développement de l'écorce. Autour du noyau de chaque cellule, on voit un anneau de petits grains d'amidon; mais il bulletin de la société HOTANiQUK ue genkve, Nos 1-2-3, parus le H) juin 1917. 5 Fig. 130. — Dicella nucifera Chod. — Faisceau marginal dans le pétiole d'un cotylédon (cfr. fig. 129). On voit l'endoderme amylifère. Com- parez avec fig. 129. (Dessin de R. C.) 66 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (169 j Fis. 131. -- Dicella nuei- fig. 128), anneau fibreux péricyclique ; bois axial surmonté d'un bois pé- riaxial en voie de for- mer des ponts ligneux par dessus le xylème criblé intercalé. (Dessin de R: C.) est particulièrement intéressant de constater que dans une plante qui accumule dans ses cotylédons des réserves amylacées abondantes, les polysaccharides peuvent apparaître autre part, c'est-à-dire dans ces parenchymes, sous forme d'inuline qui, dans les objets conservés dans l'alcool, cristallise en formant des grosses concrétions blanches. visibles à l'œil nu. On a déjà cité la présence de Pinuline dans les tissus des Malpighiacées. On peut, par la méthode de Tunmann1, s'assurer que ces cristaux sont bien des dépôts d'inuline. On emploie à cet effet nue solution fera chod. Section a parlies égales d'alcool et d'acide chlorhydri- dans une jeune tige (cfr. que, à deux pour cent de p\ rogallol. En chauf- fant, il se l'ait une coloration rose violacée là où étaient les concrétions d'inuline. On peut suivre admirablement le dévelop- pementdu bois anormal dans les longs stolons qu'on voit, dans la forêt sombre, courir sur le sol puis tendre vers la lumière; ces tiges excessivement allon- gées ont des entrenœuds de deux à trois décimètres de longueur; elles sont connue autant de flagelles à nidations géotropiques et qui finissent par trouver un support. Dans des tiges qui n'ont pas plus d'un ou deux millimètres de diamètre, on voit déjà se dessiner le com- mencement des anomalies. Ainsi que je l'ai déjà dit en 18U2 le cambium reste normal, mais en certains points, sur une certaine largeur le parenchyme centrifuge cesse de se différencier en cellules ligneuses; il se forme ainsi des plages parenchymateuses allongées dans lesquelles se différencient bientôt des tubes criblés. Un peu plus tard s'établit un pont ligneux qui enferme la zone criblée interfascieulaire. On a représenté ce mode d'inclusion dans les ligures 131 et 134; d'ail- leurs, à ce moment, le liber normal est très peu développé; l'endoderme Fig. 132. Dicella nucifera Chod. - Parenchyme du centre de l'axe hypoçotylé figuré en 128. (Dessin de II. C.) ' Tunmann, O, zur Mikrochemie des Inulins. Bericht der deutscher pharmaz. Gesell- schaft, 20 (1910), 577-585. (170) H. CHODAT. LA VEGETATION DU IWliAllUAY \)t qui déjà à la germination, soit dans l'hypocotyle, soit dans la racine primaire, était bien marqué à la fois comme assise amylifère et comme assise plissée, enferme maintenant un péricyCle fibreux à cellules à gros diamètre qui annoncent et la flexibilité (fig. 137 et 138. A. et B.) et la résistance de ces grands flagelles. Souvent, au-dessous du poid ligneux, qui commence parfois à se différencier ainsi que nous l'avons déjà décrit en 18921, par l'apparition d'un gros vaisseau (fig. 14-0, A.) ou bien procède des deux côtés par la production (Tune barre ligneuse régulière (fig. 138, 139) et sans vaisseaux, il reste un tissu embryon- naire capable de se diviser ou qui plus tard fournit un petit arc géné- rateur \is-à-vis des tubes criblés différenciés dans le bois secondaire parenchymateux2 (fig. 1 -10, BJ. Fig. 133. — Dicella nucifera Chod. — Section dans le limbe foliaire d'une plantule (efr. fig. 1283 dans la forêt sombre. Le parenchyme palissadique en gris. (Dessin de R. C.) Lorsque les tiges ont acquis une dimension considérable, par exemple deux ou trois centimètres de diamètre, on remarque que lepériderme et l'écorce n'occupent qu'une zone mince à la périphérie, à peine un millimètre dans les parties les plus épaisses. Le bois est alors irrégu- lièrement zone, zébré de xylème criblé (v. fig. 142) dans lequel les arcs générateurs, dont il vient d'être question, produisent de nouveaux tubes criblés tandis que les anciens sont progressivement écrasés. Il s'en 1 Chodat, R., Sur l'origine des tubes criblés dans le bois Archives des sciences physiques et naturelles. IIIe période, XX VII (1892) 229., PI. L, fig. 1-3. 2 Viket, L. Contribution à l'étude des liaisons du phloème médullaire et interli- gneux, etc. Travaux de l'Institut Botanique de Genève, VIe série, VI« fascicule (1904) - 68 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (171) faut de beaucoup que cette tige qui, pendant son développement juvénile a subi une torsion qui s'est continuée pendant le développement ultérieur, suit particulièrement flexible; il y a maintenant un axe très rigide, sans doute moins rigide que si sa structure était uniforme, mais cependant assez raide pour ne pas rappeler mie branche flexible de Clématite; le parcours des éléments dans cette tige tordue, est nettement spirale. Le liber normal es! presque absent au début, puis il s'épaissit un peu mais reste toujours réduit; un faible périderme subéreux par Fig. 134. — Dicella nucifera. — 1 : Section faite dans une jeune tige dressée (ger- mination, cfr. fig. 128), il n'y a pas encore de tubes criblés intercalés: 2 : Section à un stade plus avancé : en gris, l'anneau péricyclique, la ligne pointillée indique le cambium au-dessous duquel est déposé le xylème et le xylème criblé. L'anneau ligneux avec ses vaisseaux, en blanc. (Dessin de E. C.) dessus une mince écorce, complète cette liane peu flexible. On ne peut s'empêcher de reconnaître dans cette structure une tendance vers la multiplication du tissu criblé lequel, par la diflérentiation des plages irrégulières du xylème parerichymateux, acquiert une importance consi- dérable. Notons que dans cette liane la moelle est presque absente. Sur un diamètre de 2,5 cm., elle atteint à peine 1,5 à 1,6 mm.de diamètre. Ainsi se constitue un appareil qui, pour n'être guère flexible, est cependant, à la façon des racines, construit de manière à résister à la traction longitudinale. (172) R. CHODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY IV.) Ces Dicella développent des racines qui vont se ramifiant dans le sol el qui, de loin en loin, se renflent en des tubercules ellipsoïdes ou fusiformes de 5 à 10 cm. de longueur sur 3 à 4 cm. d'épaisseur. Les racines, dès leur structure secondaire, montrent, dans le bois secon- daire, deutéroxylème, la même structure que les tiges, c'est-à-dire une masse conductrice et fibreuse interrompue par des bandes de tissu Fig-. 135. — Dicella nucifera Chod. tant longtemps rudimentaires. Sommet d'une branche volubile; feuilles res- ( Dessin de R. 0.) mou du même type que celui des tiges et à tubes criblés primitifs écrasés sous la pression du phloème produit par les arcs générateurs locaux dont il a été question (fig. 14-1). Mais ce qui nous intéresse ici, c'est le fractionnement du deuté- roxylème qu'on n'observe pas dans le développement de la lige. Ce fractionnement procède à partir des parenchymes intercalés, par dilatation et division de ces cellules ; tout autour des portions détachées, il se forme souvent une espèce d'assise génératrice qui donne naissance à des parenchymes de dilatation tout autour du fragment lignifié, paquet de filtres, paquet de fibres et vaisseaux (fig. 143, 143 a ). lue section longitudinale montre • pie ces portions de bois restent unies en réseau, un peu comme les tissus résistants des libers di- latés par le parenchyme en divi- sion et qui distend le liber en un réseau dont les inailles sont occupées par le tissu mou. Les tubes criblés dans ces parenchymes de dilatation peuvent être Manques d'un côté ou entourés par une assise génératrice. Finalement, les parenchymes rem- portent de beaucoup sur les portions lignifiées : tout le centre de la racine est ainsi fragmenté tandis que le cambium normal en anneau, continue Fig. 136. - Dicella nucifera Chod. - Périphérie d'un stolon jeune : péri- derme, écoree; anneau scléreux péri- cyclique; bois à bandes criblées, en noir. (Dessin de R. G.) 70 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (173. à détacher du déutéroxylème dans lequel se fait la différenciation déjà décrite. On peut, sur une racine renflée, suivre jusqu'à la périphé- rie, l'action du parenchyme de dilatation et le fractionnement du deiîté- ro\> lème. Ces tubercules entourés par un périderme peu épais ne con- tiennent pas beaucoup d'amidon. S'il y a des réserves hydrocarbonées, elles doivent s'y trouver à l'état de solutions d'innlinë. D'ailleurs ces Fig. 137 et 138. — Dicella nucifera Chod. - Sections dans des flagelles adventifs. 1 : écorce et péricyele sçléreux; 2 : pérîcycle, liber, cambium et formation d'un pont par dessus le parenchyme criblé (cfr. fig. 135). (Dessin de R. CI.) parenchymes contiennent beaucoup de cellules secrétrices à contenu brun (phloblaphènes) et les éléments conducteurs y sont en grande partie gommifiés. Il faut y voir, dans ces tubercules, surtout des réservoirs d'eau et secondairement de nourriture. Ces Dkella sont donc particulièrement intéressants puisque, chez eux, on peut constater, dans la racine, nu fractionnement du bois qui l'ait défaut à la tige dont cependant la structure primitive est très rapprochée de celle de la racine. On voit, dès lors, que le fractionne- 1171) R. CHOMAT. LA VKI.ÛTATION DU PARAGUAY 71 ment du deutéroxylème, si commun dans les grosses tiges des lianes, paraît bien clairement ne pas être en relation avec la vie grimpante puisque, an moins dans celle plante, ce phénomène est localisé dans h m organe souterrain. Par le fractionnement se forment des paren- chymes profonds en rap- port avec le tissu con- ducteur préexistant. L'anomalie de la tige se marque ainsi comme une m ii 1 1 i p I ica I ion dn tissu criblé et une loca- lisation de ce tissu dans le corps du bois, c'est-à- dire loin de la périphérie. Nous voudrions com- parer cette structure avec celles de certains pétioles où alternent des tissus conducteurs pour l'eau et des tubes criblés pour la sève élaborée. Toute la structure anor- male des lianes est domi- née, indépendamment du principe bien connu du câble, mais dont on a certaine nt exagéré l'importance, par une espèce de rupture d'équi- libre entre les fonctions de la couronne, étalée sur les arbres, et celles des racines, les deux groupes d'organes réunis par une tige relativement étroite, insuffisante dans les conditions ordinaires, pour relier pbysio- logiquement ces deux surfaces. Ici, dans les Dicella, l'augmentation énorme «In nombre des tubes criblés et leur renouvellement assure nue adéquate nutrition des racines; l'absence presque complète de moelle dans la tige et le maintien en fonction de tous les hydro- et badrocytes dn bois secondaire assure le ravitaillement de la cou- ronne en eau. Ajoutons que l'interposition de tissus mous et le fait qu'autour de chaque bande ligneuse se forme un revêtement de libres, isole ces conduits et assure leur pression négative. L'accès de l'air est rendu difficile (fig. 144). Fig. 139. — Dicella nucifera Chod. — Section à la périphérie d'une jeune tige; on voit se constituer au-dessus du xylème criblé et, au-dessous du cambium, le pont ligneux. On voit dans le xylème criblé les gros tubes criblés et, au-dessous du pont, se former une assise génératrice. Le cam- bium normal est externe au pont. (Dessin de K. Ci ri IUILLET1N DE LA SOCIETE DOTAMOIE DE GENEVE (17-5) Le Mascagnia anisopetala Gris, est aussi excessivement commun autour des bois, dans les «picadas». C'est une liane qui atteint trois à douze mètres. Elle est franchement sylvatique! Remarquons, en passant, que les feuilles de ces lianes Malpighiacées n'ont pas ordi- Fig. 140. — Dicella nucifera Chod. — 1 : formation du parenchyme ligneux criblé avec cambium développé dans lequel .se différencient les premiers vaisseaux du pont en voie de formation; 2 : bande criblée interlig-neu.se avec tubes cribles et assise génératrice formée à la marge externe de l'îlot. (Dessin de E. C.) nairement la forme en cœur qu'on rencontre chez tant d'autres plantes grimpantes. Par son écorce secondaire, elle diffère fortement de la liane précédente dont le bois occupe non seulement le cylindre presque jusque sous le faible périderme, niais comme il a déjà été dit, ne laisse qu'une moelle qui atteint à peine deux millimètres en diamètre! en effet, ici, le péri- derme fortement fissuré atteint trois mm. dans une tige de trente-cinq mm. Remarquons qu'à ce point de vue, il y a de grandes différences entre les espèces des lianes. Ainsi le Banisterià Hassle- riana Chod. a un puissant périderme, il en est de même des lianes Mendoncia Velloziana Mail, et Mendoncia Sehomburghkiana .Nées.,, de YAristo- lochia Giberti, tandis que les Sapindacées du genre Serjania, Urvillea n'ont qu'un faible périderme. Ici comme dans le Mendoncia Sehomburghkiana, étudié par mon élève O.Tchouproff1, le bois est tout d'abord en anneau régulier autour 1 Tchouproff, O. Fractionnement du bois axial chez Mendoncia Sehomburghkiana Nées. Travaux de l'Institut botanique, Université de (ïenève, Bulletin de l'Herbier Boissier, V. (1898), 328. Fig. 141. — Dicella nu- cifera Chod. — Sec- tion dans une racine près du tubercule: en noir, xylème cri- blé. (Dessin de R.C.) (176] R. CIIOliAT. LA VEGETATION HT l'AliAlil'AV 73 d'une moelle à scléréides arrondies et à cellules oxaligènes nombreuses, puis, autour de ce bois axial, lorsqu'il atteint quelques millimètres de diamètre, le cambium prend bientôt une marche sinueuse, des coins libériens se forment, ce qui a naturellement pour conséquence la pro- duction d'ailes périaxales obovales, à vaisseaux très nombreux, très dilatés; les éléments conducteurs du bois axial sont de petit diamètre. Chacun de ces coins en éventail allongé est traversé par des rayons médullaires plus ou moins cristalligènes, à grosses cellules alternant avec de gros tubes criblés; les lianes de ces ailes ligneuses sont tapissés par une assise génératrice à grosses cellules qui descend presque jusqu'au fond du coin parenchymateux. Avec le temps, l'activité de ces cambiums latéraux s'ac- centue, un liber à cellules en tiles per- pendiculaires à la surface de ces ailes ligneuses, à très grosses cellules, s'accu- mule, tandis que les anciens tubes cri- blés soid écrasés, mais les l'ayons oxa- ligènes persistent et gardent leur tur- gescence. C'est probablement, grâce à cette tension, '-comme le suppose Schengk, qu'est due la rupture du bois axial. Schenck1 cependant suppose, dans le cas un peu analogue d'un Tetrapteris non spécifié, provenant de la forêt du Corcovado, près de Rio de Janeiro, que cette tension provoque un réveil dans un rayon médullaire du bois axial. «J'ai l'impression — dit-il — que le fractionnement prendrait son origine à partir des sillons principaux, dans la partie interne desquels le cambium à droite et à gauche reprend toi ou tard son activité et dépose de nouveaux éléments de bois et de liber sur les côtés des sillons. Par ceci, il se fait une forte tension, en sens tangenliel, dans l'intérieur du bois (du corps ligneux), tension qui agit comme excitant sur les cellules des rayons médullaires situés dans le prolongement des sillons et les provoque à un allongement et à une division, ce qui produit les larges bandes de parenchyme de dilatation. Ces bandes se prolongent dans la moelle... » Celte description n'est juste qu'en partie si nous l'appliquons à notre espèce: la rupture ne se fait pas ici par le réveil de rayons médullaires; 1 Schenck. Beitràge sur Anatomie der Lianen, léna (1893), 115-119, Taf. VI. Fig. 142. — Dicella nucifera Chod. Portion de deutéroxylème dans une liane âgée. Au centre, la moelle, tout autour, un an- neau de bois axial: dans le bois périaxiâl, bandes de xylème criblé, en noir. (Dessin de II. C.) 74 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 177') mais, ou bien par la torsion on par une pression qui brise le bois axial au milieu ou sur l'un des côtés du fond du sillon (fig. 145, 1-6). Il est certain que dans cette rupture, le rayon médullaire dans le bois axial, le long duquel se dessine la fente, ne prend aucune part active. Cela ressort du fait que dans les stades observés tout à fait au début, on voit bien clairement une fente s'établir, par laquelle ces cellules de rayon médullaire lignifiées se détachent des stéréides ligneuses adja- centes. (Test dans cette l'ente que s'engage le tissu de dilatation qui provienl du parenchyme situé au-dessous du cambium, du fond du sillon libérien, ou bien aussi de cellules-rayons médullaires de cette Fig. 14.'5. — Dicella nucifera Chod. — Dilatation dans le tubercule; les portions ligneuses sont en gris, les vaisseaux y sont rares: cellules à pigment brun. Dessin de R. C.) même région. On voit dans la ligure 149 un rayon médullaire qui a été détaché en deux morceaux, l'un est resté adhérent à droite. l'autre est accolé au bois à gauche. Néanmoins, l'examen de ces cellules (voir lig. 149, 150) semble parler en faveur «rime action dissolvante, les cellules détachées paraissant plus ou moins corrodées. Autant que nous avons pu nous en assurer par de nombreuses sections faites dans des liges de tout âge que nous avons collectionnées et fixées à l'alcool sur place (Cerrito de San Bernardino), l'initiative procède (178) 11. CHODAT. LA VEGETATION 1)1' PARAGUAY i.> toujours de l'extérieur. Mais bientôt la moelle devient active. Cela commence souvent peu après la première fente. Dans la moelle presque complètement sclérifiée naît un parenchyme de dilatation en continuité avec celui de la fente du bois axial (fig. 147). On voit clairement dans cette dernière figure comment se constitue la première bande de dila- tation au travers de la moelle (cfr. fig. 145, 5) et comment se forment des assises génératrices aux dépens de cellules déjà différenciées. Finalement le bois axial et les portions sclérifiées de la moelle sont dispersées, noyées dans le tissu médullaire de dilatation libériens se sont dilatés transversalement. Ce mode de faire amène tout d'abord à la séparation d'un anneau axial eritouré de plusieurs corps ligneux découpés, comme il a été dit, par des bandes de paren- chyme ligneux. Peu à peu les bandes de parenchyme des ailes, agissant de la même manière que les précédentes, plus profondes, détachent successivement de nouveaux arcs ligneux. Dans les figures 154, 155, 156 on a figuré la dilatation dans Tune des bandes de parenchyme tangentielle. On \oil cette dilatation se produire aux dépens de rayons Fijr. 148. — Début du fractionnement du bois axial de Mascagnia anisopetala Gris.: à l'extérieur, le périderme; gros vaisseaux dans le bois. (Dessin de K. C.) médullaires secondaires qui dans la fig. 154 ne sont indiqués que par les traits noirs qui aboutissent aux bandes tangentielles de dila- tation, représentées dans ce dessin par la zone en pointillé. Dans la ligure 156, on a représenté la dilatation telle qu'elle se fait à l'extré- mité d'une bande tangentielle, celle qu'on voit au fond du parenchyme du milieu de la figure 154.. On saisit comment sont isolées progres- sivement les niasses lignifiées et comment le coin que, dans la tig. 154 l'on voit se dilater dans la direction de droite, le fait pat- gonflement de cellules et puis ensuite, à droite, par production de tissus générateurs. On trouve, ici et là, des groupes de tubes criblés .184 R. CHODAT. I>A VEGETATION 1)1' PARAGUAY 81 en dehors des arcs libériens normaux. Nous ne savons s'ils se forment vraiment aux dépens du parenchyme de dilatation, ce qui est douteux, ou s'ils ne peuvent naître qu'à partir des assises libéroligneuses, ce qui nous paraît probable. Fig\ 149. — Mascagnia anisopetala (irisb. — Rupture du bois axial. Remarquer la dissolution du rayon médullaire à droite (2; et la rupture du rayon à gauche. (Dessin de R. C.) Dans le cas précédent d'ailleurs, les tubes criblés ne naissent qu'aux dépens des canibiums, en continuité avec le cambium normal. Comme il a déjà été dit plus liant, le périderme subéreux est très épais, fissuré; les vaisseaux sont enveloppés d'un manteau fibreux. La structure anormale est donc d'un tout autre type que dans les BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3, parus le 20 j 11 i II 1917. b' 82 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (185) Dicella, sans qu'on puisse saisir une raison biologique à ces différences. Quoi qu'il en suit, dans ces deux dernières lianes, la tige devient non seulement un cable, mais un réservoir à parenchyme abondant qui a pour effet d'isoler, dans des tissus vivants, les portions conductrices pour l'eau. Fig. 150. Mascagnia anisopetala Grisb. — Rupture du bois axial, fié- but. 1 : Ou voit le rayon médullaire dissocié et des cellules actives pé- nétrer. 2 : cellules du rayon mé- dullaire en dissolution. (Dessin de R. C.) Dans les deux cas, avec l'âge, plus lot chez Mascagnia ovatifolia ill. I!. K.) Gris, et Mascagnia elegans (Juss.) (Iris., un peu plus tard dans le Banisleria Hassleriana Cbod., par la production de profonds coins libériens, le nombre relatif des tubes criblés augmente selon le mode bien connu des Bignoniacées et des Mendonciées. Encore ici faudrait-il se garder de vouloir expliquer chaque structure anatomique de ces lianes comme une réponse adéquate au milieu. Il ( 1 86 ) I!. ClloiiAT. I.A VEGETATION M PARAGUAY 83 faut y voir bien plus un compromis, une résultante entre la réactivité spécifique et les sollicitations exercées soit par l'activité des racines, suit par celle des feuilles et enfin les phénomènes de tension auxquels sont évidemment soumises les lianes1. Rappelons que ces trois lianes vivent dans les mêmes localités, le Dkella nucifera Cliod. étant la plus franchement sylvatique. !|3f|»o0 Fig. 151. - Mascagnia anisopetala (Tiisli. — Assise génératrice nais- sant à la périphérie de la moelle. (Dessin de R. C.) Cependant, si les lianes Malpighiacées n'onl pas toutes une structure anormale, il n'v a jamais, dans cette famille, d'anomalies dans les espèces érigées, frutescentes ou arborescentes, (liiez ces dernières aussi, le bois est beaucoup plus compact, la dimension des vaisseaux beaucoup plus réduite, les tubes criblés peu nombreux et de petite dimension. .Nous pensons qu'en biologie il faut, pour établir des comparaisons valables, les chercher à l'intérieur ^^^ groupes naturels, des familles naturelles. Kl il n'y a guère de famille [ibis naturelle que celle-ci. Chodat, R., 1. e. et Congrès international de Botanique, Gênes [1893). Hi BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (187) Fig. 152. Mascagnia anisopetala Grisb. — Cambium qui tapisse le fond d'un coin et l'angle vers les ailes ligneuses. (Dessin de W. V.) ^V^5^ ,0 & .o 0 oO o ° o0 ° °o ° o o • O0 O O 00 o 0 o,%» ooo n 0 ° o O ° °o h ° ° Q o o h o o ° Fig. 153. — Comparaison de deux deutéroxylèmes de Malpighiacées. - A droite, Banisteria crotonifolia Juss., buisson; à gauche, Mas- cagnia anisopetala Grisb., liane. (Dessin deW. V.) (ISS) 1!. CHOMAT. LÀ VEGETATION DU PARAGUAY 85 Or, le caractère de fournir des anomalies de structure qui est si répandu dans les lianes, n'appartient, dans celle-ci, qu'aux seules plantes volubiles, les Imis- ûVWVoO0 sons en étant totalement dépourvus. Compare/, ainsi Mascagnia ovatifolia (II. B. K.) (ois. (Mascagnia elegans GrisJ qui a aussi une struc- lure anormale avec l'autre liane Mascagnia anisopetala Gris.; Banisteria Hassleria- na, liane, avec Banisteria crolonifotia .luss., buisson, etc. (fig. 153)) On ne connaît pas encore les racines de beaucoup de lianes, mais les tubercules du hier lia nucifera Chod., ressemblent extraordinaire- menl aux tubercules du Bignonia wnguis cati L. On pourrait dès lors faire la supposition que l'anomalie d< u 0 Fig. 154. — Banisteria Hassleriana Chod. Ban des tangentielles dans le deutéroxylème en dilatation; on voit les rayons médullaires (cfr. fig-. 155) dans le coin en voie de dilatation. Comparer avec fig. 155. Dessin de R. C.) structure Fig. 155. — Banisteria Hassleriana Chod. - Rayons médullaires en voie de dilata- tion (çfr. fig. 154 et fig. 158) dans les ailes du deutéroxylème. (Dessin de R. C.) aurait pris naissance dans la racine e1 que cette structure déviée du type habituel aurait retenti sur les tiges. On connaît en effet un nom- 86 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (189) bre considérable de racines charnues qui ont dans leurxylème, plus ou moins parenchyraateux, des groupes de tubes criblés, ainsi Atropa, Oenothera l. Fia'. 156. — Banisteria Hassleriana Clmd. - Région d'une bande tangentielle du deutéroxylème : on y voit les rayons médullaires de gauche à droite en voie de dilatation (cfr. ny. 154). (Dessin de R. G.) Mais, chez ces plantes, cette anomalie qui est adéquate à une l»< et rapide circulation de la sève élaborée dans des parenchymes massifs, ne retentit pas sur celle de la lige qui est érigée et normale. Ainsi le fractionnement du bois qui peut paraître constituer une adapta- tion à la production de la structure en câble dont on a si souvent parlé, n'a certainement pas que celte signification puisqu'il s'observe chez 1 Perrot, Tissu criblé, Paris (1899), 15. il'.tO) II. CHODAÏ. LA VEGETATION DU PARAGUAY 87 Dicella, dans le tubercule, tandis que la tige fortement tordue ne montre aucune tendance au fractionnement. D'autre part, clic/ les lianes des genres Mascagnia, Tetrapleris cl Banisteria, l'anomalie de structure n'apparaît qu'avec l'âge et le frac- Fig. 156 b. — Lianes devant un gros Ceiba (Bombacée), dans la forêt du Cerrito, près du lac Ypacarai. La liane centrale est un Banisteria, les plus minces, à «-anche, îles Heteropteris, sur un tronc de Fagara, aux rameaux épineux. Sur le Ceiba et pendant de la fourche de son tronc, le Phyllocactus phyllanthus L. Iv. mêlé à un jeune Ficus épiphyte comme lui. (Phot. deW.Y.) s tionnement du bois ne se marque que tardivement, tandis que chez Dicella, l'intercalation de tubes criblés interiigneux (xylème criblé) se fait dès le début et par conséquent, aussi dans une certaine mesure, l'irrégularité de la masse ligneuse alternant avec des parenchymes. 88 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (191) Il s'agit, selon nous, en première ligne, canaux aquifères, exagération des rayons médullaires et du parenchyme tangentiel du bois habituel, le tout logé dans le plus petit cylindre possible ainsi qu'il a déjà été dit [dus haut. Or, ce résultat est réalisé dans les différentes lianes, par des \oies différentes^ tout com- me la stabilité ou la résistance peuvent être obtenues par des appareils variés. .Ainsi, tandis que dans la tige de Dicella, les tubes criblés dans le liber nor- mal sont peu nombreux et peu importants, chez les Mascagnia et le Banisteria étudiés, qui ne développent [tas de tubes cri- blés interligneux, ces éléments restent et nombreux et gros dans le liber normal. Les Malpighiacées étudiées sont totalement dépourvues de vrilles; leur couronne ne peut donc se fixer comme celle des Bignoniacées, des Sapin- dacées, desSmilacinées,etc.,qui se retiennent indépendamment de leur volubilité, par des racines adventives ou d'autres organes préhensiles. A pari certains Stigmaphyllum (S. jairophifolium .luss. S.) qui ont des feuilles d'Àmpélidées, les autres ne sont guère caractéristiques comme appareils assiniilateurs. Les feuilles y sont souvent bâties sur le type des xérophytes à feuilles de laurier; plusieurs sont enveloppées dans un in- dûment soyeux, brillant, argenté ou cuivré(/>'. metallicolor Juss.) qui se fait remarquer sur les feuilles, les bourgeons floraux, le calice, les pédicel- les jeunes, les fruits en développement. Dans le M. anisopetala Gris., les feuilles sont fortement tomenteuses en dessous, de même que les jeunes pousses. On voit là une tendance à la protection contrela transpiration. Fig. 157. — Seguiera Spec. Deux li.- s. l'une pin* mince, entourée par deux autres lia- nes: celle qui a un périderme à cites saillantes est l'Aristolochia Giberti Hook., l'autre est un jeune exemplaire du Mas- cagnia anisopetala Grisb. Forêt de San Bernardino. (Phot. île M. Ci II. Géobotanique et Systématique par R. CHODAT Il > ;i un groupe de Malpighiacées bien typiques [tour le Campo Serrado et pour cette partie de la formation des Parcs que nous appel- lerons la » Chamédendrée », c'est-à-dire ces formations <|iii interrompent Fig. 158. — Banisteria Hassleriana Chod. — Section à travers une liane d'épaisseur moyenne: a: périderme; b: limite du liber: c : liber: d : coin libérien au-dessus des ruptures du bois secondaire: f : groupes de tubes criblés dans le paren- chyme de dilatation: au centre, l'anneau de bois axial. On voit ici que la masse ligueuse a été rompue en morceaux inégaux. (Dessin de R. C.) les Campos et qui, au lieu d'être simplement constituées par des plantes sociales ou des sous-arbrisseaux ou petites brousses, sont constituées en partie au moins, par des arbres nains. C'est un spectacle peu banal que 90 BULLETIN I»K LA SOCIETE (liiïAMlil'K DE GENEVE (193) celui de ces associations de végétaux ligneux à grosses feuilles qui semblent être comme des branches de grands arbres qu'on aurait fichées dans le sol. .Nous reviendrons plusieurs fois sur ce sujet intéressant. Disons seulement ici que dans la Chamédendrée de la région de l'Ipané et plus Fig. 151». Banisteria Hassleriana Chod. -- Section d'une liane furée, grossissement, 2 fois et demi. - Comme fig\ 158, mais e, bandes tangentielles de di- latation, grâce auxquelles les masses ligneuses sont disloquées; dans ce parenchyme apparaissent et plus particulièrement autour de l'anneau continu du bois axial, des îlots de xylénie et de phloème. (Dessin de I{. C.) au Nord de l'Apa, les Byrsonima jouent un rôle important; il Tant citer parmi les plus typiques de ces arbres nains, VAnacardium pumilum Saint-Hil:, Talisia pygmœa f\a.d\.,Simab~a prœcox H2LSs\.yChry$ophyllum pumilum Chod. et Hassl., Andira retusa II. B. K., Anona spec, Ery- throxylon suberosum Saint-Hil., Cocos campiçola Barb. Rodr., Cocos sp. caudice subterraneo, Caryocar brasiliense Gambess., Clavija llass- Uri Mez. (voir fier. 161 et 162). (194) U. CIIODAT. LA VEGETATION IU' PARAGUAY 91 Des plantes qui nous intéressent ici, ce sont surtout le Byrsonima inlermedia var. lalifolia N'dz. et le Byrsonima crassa y><\/. avec ses variétés nombreuses. Ce sont là des plantes aux troncs rampant sons le sol ; ils \ atteignent jusqu'à un ou deux centimètres d'épaisseur ; leur bois compact, ;'i vaisseaux étroits, est enveloppé dans un périderme scléreux. Le niveau se maintient parce que les nouveaux rameaux commencent par être ascen- dants et rampants sur une cer- taine longueur. Ici. les pre- mières feuilles de la portion aérienne sont rudinientaires. Les feuilles assimilatrices sont portées ;'i une certaine hauteur au-dessus du sol, couvert lui- même par de petits sous-ar- brisseaux variés. Os derniers sont, en quelque sorte, les arbres de ces espèces de ma- quis. Parfois la tige principale, de trente centimètres à peu près^ ayant Henri, les feuilles de l'année précédente tendent à tomber et hors (rime des bractées de la luise de l'inflo- rescence sort un rameau répa- rateur qui se termine à son tour par une inflorescence spi- ciformè à grosses Heurs. I )a 1 1 s le Byrson im II. U.K. qui est un arbre de quatre à dix mètres, des Campo Serrado, aux feuilles curieusement rapprochées en rosettes au sommet t\c> branches ce qui esl justement caractéristique. Cette association naine où voisinent des Acajous (Anacardium sp.), des Byrsonima, se retrouve sous la forme arborescente dans la région amazonienne, par exemple dans les Campos de Santarem1 où elle constitue les « [lhas do Mato». 1 Bâtes, The naturalist on the Amazons, II (1863), 22, 23. (1%) I!. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 93 Un peu moins robuste pour ce qui est des feuilles, le Byrsonima inter- m \edia Juss. !'. latifolia (Gris.) Ndz., développe un sytème de branches souterraines étendu, ce qui permet à cette plante de prendre l'apparence d'une piaule sociale; elle couvre le sol d'un gazon de grosses feuilles. Il peut s'agir, soil d'un nanisme d'espèces boréales brésiliennes "ie série . M., des dépressions vers le Mbaei (Sacarello); 4""' série : H. an- ceps Ndz.; série à gauche : pe- tites samares d'H. umbellata .luss. (Ypoa). il'liot. de W. Y i 96 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (199) rives de l'Ypo'a, de Trinidad, de Conception. Ce sont probablement des espèces élémentaires non encore systématiquement définissables. Déjà Niendenzu : « Heteropteris aneeps, stylorum indole neglecta, Hete- ropteris umbellatee maxime affinis ». Le même auteur comprend aussi sous le nom A' 'Heteropteris paraguariensis Ndz., Y Heteropteris umbellata Juss. (e Chodat) qui est Balansa n. 2399, certainement la même plante qu' Heteropteris umbellata Ndz. in Chod. et Hassler Enumerat I. c. En plus, V Heteropteris angustifolia (iris., dans ses formes macro- phylles, passe à Y Heteropteris syringifolia Griseb. Il nous reste à dire quelques mots des espèces du genre Galphimia que Niedenzu réunit en une seule, le Galphimia brasiliensis Juss. Celle espèce, l'ondée sur des exemplaires brésiliens, est représentée au Paraguay par des formes qui s'écartent beaucoup du type de Minas. En effet, dans le Galphimia australis Chod., les feuilles sont subsessiles et glaucescentes, le calyce muni de glandes au-dessous des sinus (cfr. Balansa n° 2393). Si Ton veut cependant réunir ces formes en une seule unité spécifique, on ne saurait méconnaître les différences (var. australis Chod). On rencontre aussi au Paraguay, assez communément, une autre variété à feuilles larges, la var. platyphylla (Chod.) Niedenzu. Ce sont des herbes gentianoïdes des Campos secs ou des arènes des fleuves. On connaît actuellement une soixantaine d'espèces de Malpighiacées paraguayennes; les suivantes sont des endémismes: M a. sait/ ni a multi- glandulosa .Ndz.. Mascagnia sericans Ndz., Tetrapteris Hassleriana Ndz., Tetraptefis paraguariensis Ndz., Banisteria Hassleriana Chod., Heterop- teris paraguariensis Ndz., Heteropteris Hassleriana Ndz., Stigmaphyllum Hasslerianum Ndz., Gaudichaudia lanata (Chod.) Chod., Gaudichaudia salieif'olia (Chod.) Chod., Gaudichaudia robusta (Chod.) Chod., Mionandra paraguariensis Chod., Ptilochsete elegans Ndz., Clodonia? paraguariensis Chod., Bunchosia paraguariensis Ndz., Dicella nucifera Chod.. Ptilochsete densiftora Ndz., Heladena Hassleriana Ndz. Si j'ajoute que dans les Galphimia il y a, comme dans Y Heteropteris angustifolia, plusieurs variétés nouvelles, on verra que le Paraguay est un centre créateur. Presque toides les espèces se rattachent à des groupes brésiliens de Minas, Goyaz ou Saint-Paul; le Banisteria Hassle- riana Chod. paraît, par les deux espèces affines, Banisteria nitrisiqdora Gris., Banisteria lutea Pavon, appartenir à une souche andine. Gaudichaudia, Gamarea, Janusia ETUDE CRITIQUE par R. CHODAT En faisant la révision des Janusia et «les Camarea paraguayens, je suis arrivé à cette conclusion c'est nue le système adopté par M. Aiedeinzu, dans les « Natûrlichen Pflanzenfamilien » et dans sa publication postérieure de 1912, doit être modifié et qu'il faut revenir au système plus ancien^ qui réunissait sous le nom de Gaudichaudieae, les genres Gaudichaudia II. B. K., Aspicarpa Rich., Camarea St-Hil., Janusia Ad. .luss. et Schwannia End. C'est le groupe des Meiostémones d'Ad. \)V, Jiissieii, moins le genre Dinemandra A. de Juss. Il est, en effet, impossible aujourd'hui qu'on connaît un plus grand nombre d'espèces, de trouver entre ces genres des caractères différen- tiels qui permettraient des coupures génériques définies. L'essai qu'a letdé dernièrement .M. Niedénzu, ne me parait pas heureux. Tout d'abord, il éloigne des Pyramidotorées-Banisterieae-Baniste- riinae, série 1.1, le Gaudichaudia 11. 15. K., pour le placer parmi les Ptilochaete Hireae-Mascagniinae, à la suite de Dinemandra. L'auteur n'a d'ailleurs pas trouvé de trait inéquivoque pour séparer les Hireeae des Banisterieae (cfr. I. c. 53). D'autre part, il ne tient pas compte de toute une série de caractères qui font des Gaudichaudia les plus proches parents des Janusiq,,. Camarea et Aspicarpa, ce sont les fruits samaroïdes des types Janusia, la réduction des pièces de l'androcée, le style unique intérieur, la présence de fleurs cleistogames exactement semblables chez les espèces de ces trois « genres ». Or je ne sache pas 1 Endlicher, S. Gênera (1836-1840) 1057. A. de Jussiei-, Syn. Gen. Malpigu. in litt. ad. Endlicher 1. c. (1839). Bentham et Hook. Gênera I. (1862) 261. Niedenzc, F. Malpighiacea- americante in Verzeichnis der Vorlesungen, Brauns- berg (1912). 4. BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE, N°s 1-2-3, parUS le 20 jllill 1917. 98 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE I)i: GENÈVE (201) que ce caractère, qui esl uniforme ici, se soit rencontré autre part dans cette famille. Il y a trop de corrélations pour que le systéma- ticien puisse les briser au profit de je rie sais quelle analogie de samare et de torus. Niedenzu, l'habile monographe de la famille se trouve d'ailleurs très emprunté quand il essaye de définir les genres qu'il laisse dans l'ancien groupe des «Méiostémones». En désaccord avec d'anciennes déterminations1, il rapporte au genre Aspicarpa un certain nombre de Camarea (Camarea pulchella (iris., Camarea robusta Chod., Camarea lanata Chod., Camarea salicifolia Chod. ) qu'il l'ait voisiner avec l'ancien Janusia linearifolia (S'-Hil.) Juss. auquel il attribue maintenant le nom d'Aspicarpa linearifolia (S'-Hïl.) Ndz. Mais, pour souder ces Janusia, Camarea et Aspicarpa, il est forcé de diviser ce genre en trois sections Archiaspicarpa2 Ndz., Ckamsea Ndz., Euaspicarpa Ndz. Il n'est cependant pas douteux que son Archiaspi- carpa linearifolia ne se rattache aux Janusia proprement dits et par le fruit réellement samaroïde et par les cinq ('lamines toutes fertiles, encore plus aux vrais Gaudi- chaudia (Gaudichaudia pentan- dra .Inss. I ,-'i samares du type Eumascagnia. Quant aux Ca- marea qui maintenant sont placées ici, elles ont des Cama- rea, les staminodes typiques; dans le Camarea lanata Chod., les étamines fertiles sont à filets soudés, moins longue- ment il esl vrai que dans les Camarea à six étamines. Mais même chez ces dernières la sixième étamine fait souvent défaut. Dans le Camarea salicifolia Chod., les staminodes sont du type Aspi- carpa à anthère stérile peu développée (fig. 163), taudis que Camarea Fig. 163. — Gaudichaudia salicifolia (Chod.) Chod. — 1 : pistil: 2, 3, 4, 5 : étamines et staminodes. (Dessin de R. G.) 1 NiEKExzr, in Chodat et Hassler, Enumération, Bulletin île l'Herbier Boissier, ll"ie Série, V (1!X)."m. 292 2 Niedenzu lui-même 1. c. (1012), 55, parlant des fruits des Aspicarpa : samarum forma conjici licet, Aspicarpam, Hirœis adjudicandum esse fere paruni minore jure, quant quo Banisterieis attributa sit : certe in utraque série formam maxime pro- gressam prœstat. Selon nous les Gaudichaudia sont aussi intermédiaires entre les Hirœeœ-Masca- gniinœ, et les Banisterieœ-Banisleriinœ. On ne saurait donc sans violence découper ce genre pour en distribuer les morceaux dans deux groupes distincts. (202) I!. CHQDAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 99 pulchella (iris, a les staminodes des Camarea hexandres, mais les filets presque libres. Dès lors, on reconnaît une gradation insensible entre toutes ces tonnes et entre celles-ci et le genre Gaudichaudia qui, par sa samare, est voisin de Janusia et, par son androcée parfois à deux staminodes, se rattache aux Aspicarpa liidi. ce qu'avait déjà reconnu Endlicher (1. c. 1058); ce genre Gaudichaudia étant le plus ancien en date, il doit être préféré. Gaudichaudia II. B. K. (Charact. einend Chod.i. Calyx X-IO glandulosus (sa'pins sepalum unuin eglandulosum) ; petala limbo integro, denticu-lato vel flmbriato ; andrœceum typice K» niernni abortu 6 vel 5 merum, staminibus 5 semper alternipetalis, staminé sexto si adest fertili a sepalo eglanduloso recesso i. e. oppo- sitipetalo (petalo interiore), aut 5 fertilia tum nulluin staminodiale, aut 6, quorum 4 fertilia, aid 5 quorum tria fertilia, 2 staminodiaanthe- ris sterilibus eyanescentibus vel in corpus subcapituliforme contortu- plicatumvel rngosuiu mutatis; carpe! la 2-4(saepius 3) uno stylifero, stylo plus minus gynobasico (rarissime styli duo) ; samarœ dorso alatse vej etiain basLalùliferae vel ala plus minus reducta nuciformes et pins minus dorso cristata1. (Aspicarpa liicli. p. p.; Janusia Juss. p. p.; Camarea S'-llil. p. p.) A. Species samariferae Sectiol. EUGAUDIGHAUDIA Samarœ Eumascagniae Gaudichaudia pentandra .Inss. On peut dans celle-ci suivre tous les passages entre les fleurs normales à cinq étamines et les anormales. Elle est du Mexique. Gaudichaudia cynanchoides 11. B. K. Mexique. Gaudichaudia linearifolia Saint- Hil. (Janusia linearifolia Juss., Aspicarpa linearifolia (Saint-Hil.) Ndz.). Goyaz an Paraguay Etamines normales, cinq. Sectio II. TRITOMOPTERIS Samarse ala latéral i triloba Gaudichaudia Galeottiana (Ndz.) Chod. Un ne connaît pas les fleurs normales. Mexique. 100 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (203) Gaudichaudia congestiflora Juss. (Tritomopteris congestiflora (Juss.) Ndz. i. Mexique, Gaudichaudia subverticillata Rose. Tritomopteris subverti- eillata (Rose) .Ndz. Etamines fertiles, cinq. Mexique. Gaudichaudia mollis Benth. {Tritomopteris mollis (Benth.) Ndz.). Etamines fertiles, trois, stériles, deux. Mexique. Gaudichaudia hexandra (Ndz.)Chod. (Tritomopteris hexarutra Ndz.). Etamines fertiles, cinq à six. Guatemala. Gaudichaudia albida Cbam. et Schldl. Etamines fertiles, trois, stériles, deux. Mexique-Venezuela. Gaudichaudia Karwinskiana Juss. (Tritomopteris Karwins- kiana (Juss.) Ndz.). Etamines fertiles, cinq. Ain. centrale. Gaudichaudia Schiedeana Juss. (Tritomopteris albida (Cham. et Schldl.) Ndz.». Mexique. Gaudichaudia diandra (Ndz.) Chod. (Tritomopteris diandra Ndz.). Etamines fertiles, deux, stériles, trois. Mexique. Sectio III. EUJANUSIA1 Samarse ;d;i membranacea basi bastata Gaudichaudia guaranitica Saint-Ilil. (Janusia guaranitica (Saint-Hil.) Juss.). Etamines fertiles, cinq. Brésil méridional, Para- guay. Gaudichaudia Barbeyi (Chod.) Chod. (Janusia Barbeyi Chiod.). Paraguay, Argentine Sectio IV. EROSTRAT^l Samarœ ala rostro basali destitua Gaudichaudia gracilis (Gray) Chod. (Janusia gracilis Gray). Etamines fertiles, deux. Mexique. Gaudichaudia californica (Benth.) Chod. (Jamisia californica Benth.). Etamines fertiles, deux. 1 Cfr. Niedenzu, Verzeichnis der Vorlesungen, Braunsberg. Malpighiacese ameri- canse, II (1!U2), Arbeiten ans dem botanischen Institut, ihid. II (1912). (204) '!• CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY H>l li. Species nuculiferae Sectio Y. CAMAREA Samarse exalatse vel brëviter alatœ-; staminà 6, tria posticaalte connata. Gaudichaudia Glaziowiana (Ndz.) Chod. (Camarea Glazio- wiana Ndz.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Goyaz. Gaudichaudia Hilairiana Chod. {Camarea linearifolia Sainl- llil.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Goyaz. Gaudichaudia ericoides (Saint-Hil.) Gho,d. {Camarea eiïcoides Juss.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Bahia, Minas, Saint-Paul. Gaudichaudia Niedenzua Chod. {Camarea sm'cea Saint-Hil.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Brésil, Serra dos Pyreneos. Paraguay. Gaudichaudia affinis (Saint-Hil.) Chod. (Camarea afflnis Saint-Hil.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Bahia, Paraguay. Gaudichaudia hirsuta (Saint-Hil.) Chod. {Camarea hirsuta Saint-Hil.). Minas, Saint-Paul. Gaudichaudia triphylla (Juss.) Molli. (Camarea triphylla Juss.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Sectio VI. ASPIGARPA Samarse exalatae; stamina minus quam 6, saepe 5 haud alte connatse. Gaudichaudia sericéa Saint-Hil. {Camarea putchella Saint-Hil.). Jamisia sericea Juss.). Etamines fertiles, deux à trois, stériles, deux. Saint-Paul, Paraguay, Argentine. Gaudichaudia argentea (Grisb.) Chod. {Aspicarpa argentea Ndz.). Paraguay, Argentine. Gaudichaudia robusta (Chod.) Chod. {Camarea robusta (Chod.). Paraguay. Gaudichaudia lanata (Chod.) Chod. {Aspicarpa lanata (Chod.) Ndz., Camarea lanata Chod.). Etamines fertiles, trois, stériles, deux. Paraguay. Gaudichaudia salicifolia (Chod.) Chod. (Camarea salicifolia Chod.). Paraguay. Gaudichaudia mollis (Ndz.) Chod. {Aspicarpa Rosei Ndz.). Mexique. Gaudichaudia humilisB(Mith.(,t.v/^/y7w////^///s(Benth.)N(lz., {Aspicarpa Hartwegiana Juss.). Mexique. Ki-2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (205) Gaudichaudia urens i Lagasca) Chod. (Aspicarpa urens Lagasca, Aspicarpa hirtella Rich.). Mexique, Arizona. Gaudichaudia hyssopifolia (Graj i Chod. (Aspicarpa hyssopi- J'olia Gray). Mexique. Il y a donc pour le genre Gaudichaudia, comme pour beaucoup d'au- tres genres sud-américains, deux aires de distribution, l'une de L'Amé- rique centrait', l'autre du Sud du Brésil et de la région paranaenne. Les espèces à sainai'es (9) ont leur centre au Mexique-. Ce sont des plantes volubiles dont deux seulement apparaissent dans notre région. < / Fig. 164. — Mionandra camareoides Griseb. [d'après la plante de Kuntze, Cordoba). — 1 : involucre à deux feuilles rudimentaires et deux paires de stipules: 2 : étamines. staminodes, pistil; 3 : fleur vue de l'extérieur; 4 : carpelles et carpelle isolé. Dessin de II. Ci D'ailleurs l'une, le Gaudichaudia linearifolia S'-Uil. est devenu, comme on l'a déjà indiqué plus haut, une herbe de Campo qui n'est plus guère volubile. Les formes sous-frutescentes, buissons bas ou herbes pérennantes, ont leur aire principale dans la région paranaenne. Ainsi, sur dix-sept espèces, quatre seulement sont mexicaines (incl. Arizona), des autres treize, neuf sont paraguayennes et parmi elles, trois sont des endémis- mes de ce pays. Les quatre espèces non paraguayennes sont de Goyaz (Sierra dos Pyreneos)ou de la côte brésilienne. C'est donc un groupe i\r<> Campos du bassin du Parana avec prédominance dans la région para- guayenne. Nous avons déjà vu une distribution analogue à propos de Pétunia et nous en signalerons plusieurs autres. Les Gaudichaudia ne paraissent pas être des plantes chacoennes. (206) li. CIIODAT. LA VEGETATION 1)1' PARAGUAY 103 Dans les plaines de celte dernière catégorie, on trouve mêlé aux buis- sons, le Heteropteris hyperieifolia .luss., le Heteropteris glabra Hook. et Arn. qui grimpe jusque sur les Prosopis et les Celtis des terrains argileux et salés; on Le reconnaît de loin à ses magnifiques disamares d'un rouge carmin intense mêlé d'une teinte jaunâtre très brillante. Ainsi, dans la dépression de la lagune Ypoa et plus à l'Ouest vers le Canabé, où elle constitue avec les Arrabideea rhodantha Bur. et Sclium., les Passiflora Giberti N, E. Brown, l'un des pins beaux halliers de ces formations assez tristes par elles-mêmes. On trouve, en outre, parmi les Espinillares de Trinidad, de la grève argileuse du Lambaré, de Paraguari, du Rio Mbsei, de Concepcion, les Fig. 165. — Mionandra paraguariensis Chod. — 1 : sépale et deux étamines et staminôdes; 2 : pistil dont on voit le réceptacle interne: 3 : carpelle isolé; 4 : dos du sépale avec deux glandes; 5 : sépale avec staminode. (Dessin de E. C.) Heteropteris umbellata .luss. aux petites feuilles et petites samares, Heteropteris anceps Ndz. et Heteropteris glabra II. et Arn., non loin de VHeteropleris hypercifolia qui se plaît au milieu des Capparis Twee- diana Kicbl. et Polygala Klotzschii Chod., VHeteropleris paraguariensis Ndz.) bien reconnaissable à ses glandes pétiolaires longuement pédi- cellées et son faciès d' Heteropteris umbellata S'-llil. Ce sont toutes des espèces à fleurs jaunes, qui gravitent systémati- quement autour de V Heteropteris glabra Hook. Arnott. et dont la défini- tion avant la fructification n'est pas chose aisée. C'est aussi parmi ces buissons (pie croit le Tetrapteris Stephaniana Griseb. (Tetrapteris helian- tkemifolia Ndz. non Griseb.) et le Tetrapteris Hassleriana Ndz. Mionandra paraguariensis Chod. nov. spec. (fig. 165, 166). Suffrutex parvus trunco crassiusculo corticato repente vel subter- raneo :5-4 mm. crasso, ramoso e quaque dupliei axilla caules erectos 10 i 1SIIJ.ET1N I)K LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE ( 21 17 | 20-80 n n. longos edente ; ("iules vetustiores glabrati, rubro-fusces- eentes, Internodiis 1,5-4 cm., demum plus minus decumbentes, horno- liui villosi, ad 1,2-1,5-2 mm. crassi, pilis patulis flexuosis. Folia < * 1 1 ï p— tica vel lanceolato elliptica 45/23, 40/i4, 32/is, -2 n, breviter aeuta, minute mucronata, margine plana, supra pilis subadpressis laxe tonientosa, sulitus sublanata Dec sericea, margine dense piloso-marginata, demum supra glabrescentia nervis vi\ su h tamento prominulis ; petiolo dense \ illoso-lanato, 2-4 mm. longo. Stipula' connatœ ovato-lanceolata? plus minus profunde bicuspidatœ 4-6 mm. longœ dorso adpresso pilosa* vel villosa1. Peduncuii crassi villoso-Ianati 6-20 mm. longi bibracteolati et stipulis bicuspidatis quasi involucrum i foliatum Fiii. 106. — Mionandra paraguariensis Chod. — 1 : pétale: 2 : bouton: 3 : insertion des carpelles. (Dessin île R. C. ferentes, 1-5 mm. crassi., pedicelli propii 6-8 mm. longi. Sepala sul» anthesi erecla deinde extus curvata lanceolato linearia ce. 6 mm. longa e\tus villosa, i nt vis glabra demum fusco-sanguinea, glandulas s ovatas vel ellipticas ad 2 mm. longas ferentia. Petaia lutea ad 15 mm. longa, ungui ad i mm longo, limbo'niargine sat regulariter flmbriato. Andrœ- ceura 5 ineruin haud zygomorphum, QJamentis crassiusculis prorsum 1 i bei is, récris antheris normalibus pluries longiores, anllieris glabris. Staminodia staminibus V3 vr' breviora, filamentis tenuibus apice oblonge clavatis ; styli tenues cylindrici ventrales staminibus paullo longiores apice dilatati et àlbo-capitati. Sainarœ haud suppetunt. Species nova proxïma Mionandrm camareoidi Grisb. a qua diffèrt indumento, stipulis majoribus, petiolis longior.ibus filamentis andrœcei et staminodiis 5 regularibus, floribusque majoribus, affinis etiam. , 208 1 R. CIIOIiAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY 10.-) Cordobise. argentex Xdz. a qua differt liabitu liand volubili, androeceo Ii.hkI zygomorpho, petiolis-brevioribus, staminodiis etfloribus majori- bus, indumento. An sint Mionandra Grisb. et Cordobia Ndz. in genus nnii'iiii) reducendœ (Chod. et Vischer, u"2:J>. Clonodia? biglandulosa Chod. nov. spec. (fig. 167). Liana. raiiiis foliosis internodiis 2-5 cm., 1-5-3 mm. crassis, longi- trorsum rogosis vel lenticellatis. Folia lanceolata juniora piïis albis sericeo-vestita moxglabrâta deraum glaberrima, subcoriacea 60/is, 70 .a, 70/29, fi0/22; subtils venis pennatis adscendentibus 5-1) tenuiter exsculp- lis, Qervo medio stricto parum robustiore vé\ ad basin 0,6-0,8 mm. crasso, limbo basi apiceque sequaliter attehuato vel apice obtusius- JwA Fig. 1157. — Clonodia biglandulosa Chod. — 1 : Calice sous le fruit : ou voit les glandes et les étâmines desséchées; 2 : deux carpelles mûrs. 'Dessin de li. C.) culo. Petioli sigmoideo-torti e basi fere uncinata supra profunde canaliculati, basi biglandulosi, glandulis retusis ad I mm. latis orbicularibus subsessilibus, 6-8 mm. longi. Inflorescentiœ desunt, fructiferse axillares basi annulo crassiusculo distincte articulatae 8-5 cm. longœ subsimpliciter, racemosas vel basi ramis iterum ramo- sis, bracteïs carinatis brevibus 1-1,5 mm. louais, pedicellis fructiferis patnlis "-X mm. longis suberosis, apice ad I mm. crassis, calyce patulp glandulis oblongis albescentibus, andrœceo dessicato aucto. Sta- iniiia filamentis basin versum sat distincte dilatatis et plus minus inter se connatis. Torus planus. Carpidia tria. A Clonodia verrucosa (iris. differt foliis basi et apice sequaliter acutis, nucibus ecristatis. Chod. et Vischer. te 139, Altos. 106 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20V)) Gaudichaudia robusta Chod. Camarea robusta Chod. Mémoires de la Société Physique de Genève, XXXI ( 189,2), 24, var. Fiebrigii Chod. nov. var. Fruticulus ad 50 cm. altus, caulihus lignosis 2-3 mm, crassis, ramis rtovellis foliosis 10-15 cm. longis, dense molliterque velutino- lanatis ;hI folia parum incrassatis; foliis ovato-acutis, vel ovato lanceolatis, subsessilibus, subcordatis vel basi obtusis, leviter mucronatis, petiolo ad 1-2, l-ô mm. rarius ultra 2 mm. loup), limbo 55/3o, 50/25, i0/u, 35/i3 mm., supra subtusqùe velutino-lanato. Inflôrescentise axillares pedunculo 8-10 mm. longo, simpliçes i,-e. uniflorse vel ramosse, pedi- cellis bibracteolatis pedunculo \i\ brevioribus; calyce extus tomentoso, glandulis oblongis, segmentis triangularibus ; floris diametro ad 2:5 mm. petalis longe unguiculatis, staminibus fertilibus 3, sterilibus 2 anthe- rarum loco capul rugosura dilatatum ferentibus; nucibus alula dorsali mediana cristata lateralitèr angulosis. Il n'est pas possible de consen er en toute occurence le nom de Aspicarpa argentea Ndz. adopté par Niedenzu (Synonyme : Mionandra argentea (Juss.i (iris, ex Nîedz., e speciminibus, liaud e descriptione. Janusia argentea (Iriseb. Symlt. 68. PL Lorentzianœ (1X71), 53, car Grisebagh entendait bien décrire un Mionandra, il indique les stipules du type Peixbtoa et les fruits. Or, il ne peut s'agir d'un Aspicarpa. Et si, dans la collection, il s'est glissé un vrai Aspicarpa, ou qu'il ait exté- rieurement confondu son Mionandra avec le Camarea robusta Chod., cela ne veut pas dire qu'il avait l'intention d'inclure dans son genre Mionandra une espère dUAspicarpa ; d'aidant plus qu'il n'ignore pas l'existence de <•<■ genre, puisqu'il établit peu après (voir page 68), un Aspicarpa, YAspicarpa sericea (Iris, qui, d'après NlEDENZU, est mon Camarea robusta Chod. Il y a simplement eu fausse attribution d'échantillon. Cela ressort aussi clairement de sa seconde description qui se fait sous le binôme de Janusia argentea (iris, et où il décrit un fruit ailé et non pas un fruit de Aspicarpa (sensu Grisebachii). Or, ceci (dant établi, la plante décrite ici et les deux autres variétés connues doivent s'appeler ou Aspicarpa robusta (Chod.) Chod., si l'on veut retenir le genre Aspicarpa ou Gaudichaudia robusta (Chod.) Chod. var. a genuina (Aspicarpa) Camarea robusta Chod. I. c. ,-210) R. CIIODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 1<»7 var. J3 sericea (Gris.) haud Saint-llil. (Aspicarpa sericea (iris, nec Ndz.). var. y Fiebrigii Chod. Ptilochaeta densiflora Ndz. Descriptio samarse : Pedicelli 5-10 mm. tenues; samarse i. e. nuculi duo sœpius iiiiiis setis ramoso pilosis dense tomentosi; diametritm fructus fini) setis 5-7 mm. (fig. 127). Difï'erl ;i fructu Ptilochœtss elegantis, sclis niulto brevioribus in quo snnt ad 10 mm. longis, in hoc vi\ 4-5 mm. vol brevioribus, minus slellatis magis condensatis. In dumetis prope Goncepcion (Chodat etVischer n. 138). Niedenzu, dans notre Enumération, n'avait pas à sa disposition les fruits de celte seconde espèce. (A .suivre). Le Rhizopus May dis, n. sp. par J. BRUDERLEIN (Communiqué en séance du 11' mars l'JlT) Parmi les organismes nouveaux que nous avons trouvés dans la farine de maïs portugaise, nous mentionnerons un Rhizopus, dont I»' Garactère principal réside dans le fait que ce champignon ne donne que 1res difficilement des sporanges. Cette particularité n'a pas encore e partie, tome 4. 2 A. Lendner. Les Mucorinées delà Suisse. Matériaux pour la flore cryptogamique ae la Suisse, volume III, fascicule I, Berne 1908. 3 Jun Hanzawa. Studien iiber einige Rhizopus Arten. Mykolog. Centralblatt, 12 A. 1915, 230-246, 257-281. (2) .1. BRUDERLEIN. LE RHIZOPUS MAYDIS 109 La première fois que nous réussîmes à trouver des fructifications à ce Rhizopus, ce fui à la suite d'une infection due ;ï un Penicillum. Supposant (pic ce dernier permettait la formation m Sur les milieux sans acide, nous n'avons pas obtenu de sporanges, tandis que, de rares qu'ils étaient à 0,1 °/°, leur nombre a varié inver- sement avec la quantité d'acide. A 4°/o, le champignon n'a plus qu'un très petit nombre de filaments ténus, adhérant au verre et semblant fuir le milieu. A 3°/o, on constate de nouveau l'absence complète de sporanges. En milieux liquides (Raulin acide) le Rhiwpus Maydis se développe facilement et donne de nombreux filaments, tendant toujours à gagner la surface et à émerger du liquide. Dans ce cas, il ne donne non plus de fructifications. En culture dans du moût de raisin, nous avons pu constater que cet organisme donne de l'alcool dans la proportion de 3,42 °/o, au bout de sept jours, quantité qui n'a plus augmenté ni après quinze jours ni après vingt et un jours. D'après ce qui précède, il semblait que ce champignon ne pouvait fructifier facilement, lorsque, pendant une étude sur son action ainy- (I) .1. BRUDERLE1N. LE RH1Z0PUS MAYDIS NI lolytique vis-à-vis de la farine de maïs, nous avons obtenu, sur le milieu à demi desséché et parmi des filaments en voie d'autolyse, quelques sporanges noirs bien formés. Haînzavva, dans sa monographie du genre Rhizopus, classe ces cham- pignons d'après leur température optima de culture sur pomme de terre et les différencie en psychrophiles, ne croissant pas à 37°; mésophiles, croissant de :!'.) à 12° et thermophiles, croissant à partir de 42°, méthode déjà citée sommairement par Lendner. Hanzawa mentionne l'action fermentescible de ce champignon sur différents sucres, expériences que nous n'avons pu entreprendre à cause de la difficulté à se procurer ces produits actuellement. Le Rhizopus Maydis n. sp. cultivé aux températures ci-dessus, sur pomme de terre, carotte, moût agarisé, se comporte connue le Rhizopus nodosus Namyslowski, dont il diffère par son feutrage plus clair, plus court et plus dense et par une croissance beaucoup plus rapide, quelle que soit leur température. Il doit donc être considéré comme mésopfaile. En effet, à la température de 10". sa croissance est presque nulle; a 20°, sur les trois milieux, le développement est rapide et donne un gazon vigoureux; à 32°, la croissance est encore plus forte; à :!(.»" elle atteint son optimum. Elle est ralentie sur pomme de terre, presque arrêtée sur carotte, et nulle sur moût agar à 12°. Au moment où la culture à 32° sur pomme de terre commence à se dessécher, apparaissent quelques rares sporanges. Cultivé sur des milieux amylacés (farine à 10° o), ce champignon les fait rapidement fermenter, les liquéfie et donne de l'alcool dans une proportion de 3,22°/o; il les envahit facilement et au bout de peu de temps Commence à s'autolyser. Au bout de vingt et un jours, la dessi- cation est assez avancée et l'organis produit quelques sporanges, à une température toujours inférieure à 32°. Si le milieu reste suffisam- ment humide, il n'y a jamais d'appareils reproducteurs. Nous avons observé que, sur une pâte non stérilisée formée de farine de maïs et d'eau dans la proportion de50°/o,ce Rhizopus s'est fortement développé; et, aux endroits les plus secs, adonné des sporanges en plus grande quantité que dans les mêmes conditions, mais en culture pure. L'examen microscopique de cet organisme montre de nombreux filaments de 6-7-8 et 17 a de large, non cloisonnés, fortement enchevêtrés. Les sporanges ont une membrane incrustée de spicules d'oxalate de chaux. Leur dimension varie entre 30, 50, 70 et 130 «j. de 112 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (5) diamètre. Les spores, noires bleuâtres, lisses et quelquefois striées, ovales ou arrondies, polyédriques lorsqu'elles sont amoncelées, de dimensions peu variables, soit, de 5 à 5. 2">e série. Les champignons de la région des pâturages et des bois de mélèzes du val Ferret Charles-Ed. MARTIN (Communiqué en séance du 13 novembre 1916) Plusieurs séjours de courte durée (fin août, début de septembre) dans le haut du val Ferret, au pied du glacier de la Neuvaz et du Tour- Noir, m'ont permis, non pas d'établir la flore mycologique de cette région, cela va sans dire, mais au moins de reconnaître quelles sont les espèces dominantes et de récolter quelques espèces qui présentent de l'intérêt, soit dans les bois de mélèzes, soil dans les pâturages qui bordent la route de Prazriond aux chalets Ferret. Le sous-sol de la vallée en ce point est constitué par d'énormes éboulis de rocs granitiques, les uns arrondis par l'eau des torrents du glacier de la Neuvaz ou du glacier du Dolent, les autres de dimensions plus fortes et conservant leurs formes anguleuses. Le sous-sol se montre à découvert dans le lit de la Dranse et dans les parties de la vallée qui avoisinent immédiatement les glaciers; ailleurs il est recou- vert d'une couche de terre végétale plus ou inoins épaisse parsemée de blocs de dimensions variables. Le massif du Mont-Blanc s'arrête à la rive gauche de la Dranse; les montagnes de la rive droite sont schisteuses, mais les pâturages de la rive droite aussi bien que ceux de la rive gauche reposent sur un fond de rocs granitiques. Les mélèzes ne se trouvent guère dans cette région qu'au milieu des roches granitiques polies provenant des glaciers ou dans les parties voisines des reuses où le sable blanc granitique affleure encore. Ail- leurs, ils sont remplacés par le sapin. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3, parilS le 20 juin 1917. 8 114 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Les champignons des pâturages J'ai trouvé dans les pâturages un petit nombre d'espèces seulement, parmi lesquelles il en est deux qui présentent un intérêt particulier, tant au point de vue botanique qu'au point de vue alimentaire. La première est Tricholoma cnista, non pas proprement Tricholoma cnista de Fries : elle n'a pas l'odeur de chair brûlée, les lames n'ont pas de veines transversales, elles ne rougissent pas quand on les froisse et le champignon ne croît pas dans les hêtraies; ni le Tricholoma cnista de Quélet à chair blanche souvent rosée et à lames striées transversa- lement des pâturages de montagnes; mais c'est très exactement l'espèce que Bresadola a décrite sous le nom de Tricholoma cnista, sous-espèce evenosum, à lames non veineuses et ne rougissant pas, à odeur de farine et croissant dans les pâturages subalpins du Trentin ; c'est aussi la variété (/radie à lames subdécurrentes. Otte espèce fait partie d'un groupe que Fries aurait certainement détaché du genre Tricholoma s'il avait tenu compte des caractères microscopiques et qui Comprend, pour autant qu'on peut le déduire des données <\vs flores, Tricholoma grammopodium, melàleucum, brevi- pes, Itumile, arcuatum, cognatum, turntum, excissum, subpulverulentum el oreinum, espèces caractérisées par la présence, sur les laines et à leur marge, de cystides plus ou moins pointues et empanachées et par des spores verruqueuses. Parmi les espèces de ce groupe, il en est trois qui son! dominantes et qu'on rencontre fréquemment chez nous; ce sont Tricholoma melà- leucum, Tricholoma grammopodium, Tricholoma cnista sous-espèce eve- nosum. Cette dernière espèce semble se rencontrer partout dans nos pâturages de montagne. Je l'ai récoltée entre la Faucille et le Mont- Kond, à la Seiche des Embornats, près du Marchairuz, dans le gazon des lapiats du Parmelan, dans les pâturages au-dessous du Marchairuz, à la rioche-Parnal. M. H. C.uyot l'a trouvée lors de l'herborisation du 16 mai 1912, près de Montferront, M. Jaccottet à la Dôle et au Chasse- ron, M. le professeur Wilczek à la Tète des Etablons, dans le Valais, entre 1300 et 2000 mètres. Le cas de ce champignon est bien propre â donner une idée de la difficulté qu'on éprouve parfois à identifier des espèces relativement communes. Je l'ai longtemps considéré simplement comme une forme montagnarde de couleur claire du Tricholoma melàleucum. Fries, dont (3) Cil. -ED. MARTIN. LES CHAMPIGNONS LIE VAL EERRET 11") la description ne convient pas à celle sous-espèce, méconnaissant ses affinités, l'a en outre placé dans une autre section que Trkholoma melaleucum (dans les Spongiosa, tandis que Trkholoma melaleucum est dans les Hygrophana). Quélet, qui le situe le mieux, attribue à son Trkholoma enista des caractères que n'a pas notre sous-espèce. Sac- cardo, après Frics, l'a logé au milieu ' d'espèces où je n'avais point Tidée (Palier le chercher et c'est vraiment un hasard que je sois tombé sur l'excellente description <\\\ Trkholoma melaleucum, sous-espèce evenosum de liresadola. La seconde espèce des pâturages dont je veux parler ne m'a pas embarrassé moins que la première. L'ayant trouvée d'abord avec un pied central, je l'ai prise pour un Clitocybe et j'ai vainement cherché à l'identifier. Je l'ai récoltée ensuite avec un pied excentrique et je l'ai cherchée dans les espèces humicoles du genre Pleurotus, mais inuti- lement. La découverte de Pleurotus nebrodensis dans les varappes du Salève par M. Jaccottet m'a donné celte année l'idée d'extraire la moite de terre sur laquelle avait poussé le champignon cl j'ai pu constater alors qu'il était parasite sur une souche de Laserpitium, probablement panaœ (il ne restait de la plante, après la fenaison, que la souche et les nervures de la base des feuilles). L'était le Pleurotus nebrodensis Inzenga, dont l'espèce était particulièrement abondante cette année dans les pâturages. J'en ai même compté plus de cent individus dans un espace très restreint, très rocailleux, au bas de la Combe-des-Fonds. J'en ai vu dans les pâturages jusqu'au-dessous de Prazriond, mais pas plus bas dans la vallée. Son sort en tout cas est lié à celui du Laserpitium. Cette espèce a passé longtemps pour être confinée dans le midi de la France, mais M. Kr. Bataille l'a signalée dans le Jura sur Laserpitium lulifolilllll. Les deux espèces dont je viens de parler sont comestibles toutes deux et de saveur très agréable, surtout Trkholoma enista sous-espèce evenosum (je regrette que l'adjectif evenosum choisi par Bresadoia ne permette guère, brev.itatis causa, de faire de celte sous-espèce l'espèce Trkholoma evenosum ). Les champignons des bois de mélèzes L'espèce dominante dans les bois de mélèzes est le Boletus larkinus Berk. On l'y rencontre par milliers; il fait littéralement litière; aussi le nom de Boletus larkinus lui convient-il parfaitement, beaucoup 116 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (4) mieux que celui de Boletus visàidus L. (bolet des bois feuillus selon Fries) préféré par les mycologues français. Cette espèce est comestible, mais de saveur peu agréable. A coté du Boletus laricinus, mêlé avec lui, mais un peu moins abon- dant, on trouve dans les bois de mélèzes Boletus elegans Scb., très voisin de Boletus //unis, dont il diffère surtout par la couleur ferrugi- neux doré du ebapeau et son port plus robuste. On le dit comestible, mais je n'ai jamais essayé d'en manger. Le Boletus laricinus se rencontre partout où il y a un mélèze, dans la plaine aussi bien qu'à la montagne. Je n'ai, en revanche, jamais constaté la présence de Boletus elegans dans noire région genevoise. Mais ce qui m'a beaucoup surpris, c'est de voir à Pregny, au voisinage d'un mélèze et en assez grande abondance, une espèce de bolet dont j'ai trouvé un très petit nombre d'individus sous les mélèzes du val Ferret. (Je bolet, évidemment très voisin de Bote/us flavus et Boletus elegans, mais beaucoup plus rare, s'en distingue par la couleur plus pâle et plus brouillée du ebapeau et surtout par des pores d'un superbe orangé. 11 présente, comme les deux autres espèces, un collier blanc, large d'un centimètre environ, étroitement appliqué contre le pied, les pores descendant en réseau très marqué jusqu'à l'extrémité inférieure de l'anneau. C'est sans doute le Boletus aurantiponis Howse, un peu sommairement décrit par son parrain. Une troisième espèce propre aux bois de mélèzes, mais que je n'ai jamais vue dans la région genevoise, est le Boletinus cavipes Kl. Il se rencontre aussi dans le val Ferret, mais il y est beaucoup moins abon- dant que les espèces dominantes. Si, des Polyporacées, nous [tassons aux Agaricacées, je signalerai dans les bois de mélèzes visités un Gomphidius, dont je ne sais pas au juste ce qu'il faut faire, parce qu'il ne répond exactement à aucune description. On trouve dans notre région deux Gomphidius qui, malgré l'avis contraire ou le point de doute de quelques mycologues, sont deux espèces comestibles excellentes, Gomphidius glutinosus et Gomphidius viscidus; on y rencontre aussi, mais plus rarement, Gomphidius roseus (je n'en ai jamais récolté qu'un exemplaire, au bois d'Yvre). Outre ces trois espèces, nettement caractérisées et facilement détermi- nantes, les flores complètes en décrivent d'autres, ainsi Gomphidius maculatus et Gomphidius gracilis. L'espèce qui croît sous les mélèzes de la Neuvaz participe à la fois aux caractères de Gomphidius roseus et (5) Cil. -EL). MARTIN. LES CHAMPIGNONS DU VAL FERRET 117 à ceux de Gomphidius maeulatu». Certains exemplaires ressemblent absolument à mou Gomphidius roseus du bois d'Yvre, sauf qu'ils n'ont pas le renflement du sommet du pied que Gillet figure aussi dans sa planche et qu'il mentionne dans sa description, mais que les autres auteurs ne signalent [tas; d'autres exemplaires, la plupart, présentent les taches noires de Gomphidius maculatus, que nul auteur n'attribue à Gomphidius roseus. (In pourrait peut-être en faire un Gomphidius roseus var. laricetorum. Je mentionnerai encore quelques espèces vues dans les pâturages et dans les bois de sapins. Ce n'est pas sans une certaine surprise que j'ai trouvé, le 20 août et le 8 septembre, des individus de Pholiota prtecox, espèce qui dans la plaine est très printanière; le 7 septembre, Entoloma clypeatum, espèce très printanière aussi dans la plaine, où, toutefois, d'après M. Jaccottet, on Ta récoltée tardivement cette année. Les pâturages présentent peu de champignons en dehors de ceux dont j'ai parlé, l'as de Marasmius oreades, pas de. Psalliota campes/ris. J'ai découvert une seule ronde de Tricholoma irinum en haut du pâtu- rage de la Neuvaz, à proximité de la Combe-des-Fonds. Toutefois, dans les premières semaines de septembre, on voyait apparaître en troupe une Rhodosporée, Nolanea versatilis Fr., en même temps, en plus petit nombre, Hygrophorus miniatus, Clitocybe adora, Tricholoma Hudum, Stropharia semiglobatû et, autour de tas de pierres, de jolies petites espèces comme Leptonia nef/rus, Nolanea rufocarnea, Panseolus campanulatus et une espèce évidemment voisine du groupe de Tricho- loma melaleucum, à spores verruqueuses, mais sans cystides empana- chées, sans doute l'espèce appelée Collybia slridula par Fries. Dans le bois de mélèzes, Omphalia maura et Flammula spumosa. La crainte de baptiser de nouveau une espèce déjà nommée m'a empêché de donner un nom à un petit Tricholoma trouvé dans les graviers de la Dranse, sous le Clou, au voisinage de mélèzes et qui est la réduction de Tricho- loma aurantium (== Armillaria aurantia Fr.). Il appartient évidemment aux espèces qui se groupent autour de Tricholoma albobrunneum, mais je n'ai pu trouver sa description nulle part. La Combe-des-Fonds, dont la partie située sur la rive gauche de la reuse du Dolent se trouve au pied d'une superbe paroi de sebistes lustrés, a une végétation très pauvre. Les blocs de granit \ sont recou- verts par la fine poussière et les débris des sebistes de la paroi, revè- 118 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) tement tirs meuble que la reuse s'amuse parfois à emporter. J'y ai toutefois trouvé, tapis dans le gravier et l'herbe maigre, Leptonia euchiora L., beaucoup moins élégant et de couleurs moins vives cpie dans la plaine, avec son odeur de souris et de poisson pourri, un Enioloma, blanc, jaunissant, que je n'ai pas su déterminer et Tnocybe calamistrata. Sous des \ crues, au bord de la Dranse, sur la rive gauche, en face de l'Amône, j'ai trouvé une fois Lactarius lilacinus en troupe. Je ne l'y ai plus revu depuis. Boletus edulis, plutôt rare; on en trouve quelques-uns dans l'herbe à la lisière des bois de sapins. Cafilharellus cibarius un peu plus abon- dant, surtout dans les gazons des mêmes lisières. Un bois de sapins qui l'ait face à l'Amône, sur la rive droite de la Dranse, produit en août, dans une partie où le sous-bois fait défaut et où la couche d'aiguilles est épaisse, le Sarcosphœra coronaria, pézize qui, dans la plaine, appa- raît au premier printemps sous les pins. Dans le même bois, quelques rares Psalliota sylvicola et un petit nombre d'espèces d'Inoçybe fgeo- phylla et surtout sa variété fuira, prœtervisa). Sous les sapins encore, en plus ou moins grand nombre suivant les années, Pholiota capèrata, assez abondante Tannée dernière, très rare cette année, l'eu de rus- sules cette année, à part une petite espèce comestible à lames jaunes que j'estime être la forme violacée âeRussulachamasleontina. Lactarius scrobiculatus , Lactarius deliciosus, Amanita muscaria, assez abondants en 1915, l'étaient moins en 1916. En troupe serrée, sur une épaisse couche d'aiguilles de sapins, près de Prazriond, Clitocybe ditopoda. Peu de Cortinaires (Cortinarius infractm, orichalceus, cinnamomeus, stillatitius, cumatile). Peu de Tricholomes (Tricholoma sulfure uni). Peu de Collybies (Collybia confluens, près de la rive gauche de la Dranse et Collybia maculata, dans un bois de la rive droite). Chose curieuse, un seul individu iïHygrophoms lucorum, qui ne se trouve que sous les mélèzes, mais Hygrophorus agathosmus et chrysodon, abondants l'année dernière, et quelques Hygrophorus erubescens. Clitocybe Lorin- seri, abondante l'année dernière, absente en 1911». Sous les sapins, Clitocybe infudibuliformis. Quelques Mycena pura. Plu/eus umbrosus sur une souche au bord de la route. Dans les bois de sapins, Boletus pipe ru lus, Hydnum imbrication et Hydnum violascens. Quelques due- pi nia helvelloides. Dans les Ascomycètes, outre Sarcosphœra coronaria, Lachnéa hirta, scutellata et hemispherica, Spalhularia flavida, Cudonia circinans. Un seul Mwoimeète, Comatricha nigra. (7) CM. -MI). MARTIN. LES CHAMPIGNONS 1)1 VAL FERRET 149 Il est évident que les soixante et quelques espèces que je viens d'énumérer n'épuisent pas la liste des champignons de la région. Mais la brièveté de mes séjours et le fait que c'étaient des séjours de vacances, destinés avant tout au repos, ne m'ont pas permis d'en récolter et d'en examiner davantage. Les dessins coloriés que j'ai fait circuler montrent toutefois que j'ai fait une étude assez serrée, macros- copique et microscopique, des espèces dont j'ai parlé. Sur une Siphonée d'eau douce Le Dichotomosiphon tuberosus (A. Br.) Ernst par le Dr A. DE PUYMALY (Communiqué en séance du 10 janvier 19 LU) Le Dichotomosiphon tuberosus, assez répandu dans l'Amérique du Nord (Ontario, Michjgan, Pensylvanie, Minois, Géorgie, Texas), a été trouvé rarement en Europe : en septembre 1848, par Al. Braun1, près de Grandson; en août 1901, par A. Ernst, près de Genève; en août 1909, parVmiEUX, aux environs de Besançon; et par Lauterrorn dans le haut bassin du Rhin, au milieu des Characées. Enfin, d'après ce dernier auteur, Baumann l'aurait rencontré dans le lac de Constance. Toutes ces stations se trouvant situées dans la Suisse et le Jura, je crois intéressant d'indiquer la présence de cette algue dans les Pyré- nées, où elle croit en abondance aux environs de Bagnères-de-Bigorre. Au premier abord, elle n'est pas sans ressemblance avec un Vaucheria et Braun, qui la découvrit, la nomma Vaucheria tuberosa. Kûtzing, puis Walz l'ont étudiée sous le même nom, d'après les échantillons de l'herbier de Braun. Rarenhorst a reproduit plus ou moins textuelle- ment les caractères relatés par les auteurs précédents. Aucun de ces botanistes n'a mentionné les organes reproducteurs sexués, car les spécimens de Braun, ainsi qu'ERNST l'a vérifié, sont stériles. La reproduction sexuée n'a été connue qu'en l'J02, grâce aux recherches d'ERNST, qui a créé pour cette plante le genre Dichotomosiphon, plus voisin des Udotées «pie des Vauchériées, conclusion à laquelle est également arrivé Pi. Mirande dans son mémoire sur la membrane des Sipbonales. Ernst a acquis d'une manière purement fortuite les matériaux qu'il a utilisés dans ses recherches. En août 1901, pendant une excursion aux environs de Genève, il récolta dans la région marécageuse de Crevin quelques échantillons de Sitella tenuissima; ceux-ci, en partie 1 Cet auteur, d'après Walz. l'aurait également récolté dans le lac de Zurich. Mais (ï. Hiekonymus, cité par Ernst, affirme que Grandson est la seule station figurant actuellement dans l'Herbier de Beaux. s (2) A. DE PUYMALY. I>K DICHOTOMOSIPHON TUBEROSUS 121 souillés de vase, furent placés dans des aquariums où le D. tuberosus se développa quelques mois après. Cet auteur, n'ayant pas observé l'algue dans la nature, n'a pu envisager certaines questions que je désire examiner iei. La station que je viens de découvrir aux environs de Bagneres-de- Bigorre, à une altitude d'environ 600 mètres, consiste en une cuvette de dix à vingt mètres de superficie, profonde d'un à deux mètres et remplie d'une eau limpide, peu agitée, tiède au toucher, abondamment renouvelée, qui semble soudre en cet endroit1. Au début de novembre, un thermomètre, plongé dans cette eau le matin et l'après-midi de deux journées consécutives, accusait la même température de 20", tandis (pie les températures de l'air ambiant étaient respectivement 13° et 15°. Dans ce milieu, le l>. tuberosus se développe avec une telle exubérance qu'il recouvre d'un lapis vert sombre presque entièrement le fond de la cuvette et il y a lieu de penser que sa croissance ne subit pas d'interruption; tout au plus, éprouverait-elle un ralentissement pendant les mois à faible éclairement. Cette végétation luxuriante du //. /iiberos h a dans une eau thermale représente un fait nouveau, d'autant plus intéressant que cette algue se rapproche beaucoup, par sa consti- tution anatomique, du groupe des Udotées, plantes des mers chaudes. Collins, d'ailleurs, a décrit un Dichotomosiphon marin (/). pusilliis Coll.) qui vit sur le Bostrychia tenella et qui serait commun aux Antilles. Tandis que les Vaucheria forment habituellement soit des gazons réguliers et serrés, soit des amas floconneux, plus ou moins denses, de filaments embrouillés où les individus voisins se confondent, le l). tuberosus comprend des parties dressées, buissonnantes, hautes de cinq à dix centimètres, dont les filaments présentent une disposition assez régulière : ils s'élèvent plus ou moins verticalement et se groupent parfois en petits faisceaux peu serrés, ressemblant assez bien à des mècbes de cheveux. Ces buissons dressés émergent d'une partie rampante, souvent brunâtre, qui court sur du limon et se compose de filaments rhizomatoïdes enchevêtrés. C'est aux dépens de la partie ram- pante que se développent surtout les «tubercules» (Brutkeulen), qui prennent une si grande paît à la multiplication de la plante. Les filaments rhizomatoïdes, connue Ernst l'avait déjà remarqué, produisent de distance en distance des renflements irréguliers munis de papilles, dont les unes deviennent de nouvelles pousses vertes 1 Cette pièce d'eau se trouve située derrière le nouveau bâtiment de l'établisse- ment thermal de Salut. 122 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE [3) dressées, tandis que d'autnes se transforme ni en filaments rhizoma- toïdes; ceux-ci, à leur tour, sont capables de donner naissance à de nouveaux renflements papilleux et ainsi de suite. Grâce à ce processus, la plante se propage abondamment et peut s'étendre sur de grandes surfaces. Il doit arriver ainsi (pic des pieds voisins et primitivement isolés finissent par confondre leur thalle. C'est probablement ce qui a dû se produire dans la station où j'ai recueilli l'algue, car les différents individus ne s'\ montrent pas distincts, comme ils l'étaient dans les cultures Û'Ernst. Toutefois, dans un autre bassin où se déverse l'excès d'eau thermale, j'ai trouvé quelques buissons clairsemés de I). iuberosm ayant l'apparence d'individus isolés. En tout cas, je ne l'ai jamais observé sous l'aspect décrit par Virieux. D'après cet auteur, « le thalle esl formé d'un grand nombre de filaments assez lâchement intriqués et groupés en flocons assez vastes, de six à dix centimètres, qui nageaient à la surface de l'eau. 1res calme en cet endroit et profonde d'environ un mètre». «...Tranchant sur la teinte jaune .sale du reste delà plante, l'extrémité de quelques-uns (\v^ tubes est de couleur vert foncé très intense et fortement renflée en massue. » Ces données suffisent, je crois, pour affirmer que Virieux a eu affaire à des algues plus ou moins étiolées et détachées de leur substratum depuis un certain temps. Elles n'étaient donc pas comparables aux plantes vigoureuses et parfaitement saines que j'ai récoltées près de liagnères, à la même époque de l'année. Dans celte station pyrénéenne, je désirerais aussi signaler l'existence d'individus sexués. Ce fait a été rarement observé, puisque les spéci- mens de Braun étaient stériles et que les échantillons américains examinés par Wolle l'étaient également, ainsi qu'en témoigne sa diagnose. Il en serait de même, d'après Virieux, de l'échantillon qui, sous le n° loi, ligure dans les American Algœ de TlLDEN. Quant aux plantes étudiées par Ernst, certaines ont bien produit des anthéridies et des oogones, mais on pouvait se demander si la reproduction sexuée axait réellement lieu dans la nature. Nos doutes, à ce sujet, ont été levés en décembre 1900, lorsque le Pftycol liera boreali-americana publia un échantillon de /t. tuberosus muni d'organes reproducteurs sexués. Grâce à l'obligeance de M. Sauvai, eau, j'ai pu examiner l'échantillon (classé sous le n° 764 et étiqueté Vaucheria tuberosa) de l'exemplaire «le la Faculté des Sciences de Bordeaux et j'ai reconnu qu'il portait des oogones semblables à ceux figurés par Ernst1. Mais ces plantes fertiles 1 Dans l'inscription portée par l'étiquette, ces oogones sont indiqués connue étant «les tubercules. (4) A. DE PUYMALY. LE D1CH0T0M0SIPH01N TUBEROSUS lv2:> restaient ignorées en Europe, lorsque ;ui mois d'août 1909 Virieux eu découvrit dans les environs de Besançon. Or, le 20 septembre dernier, sur des échantillons sains et vigoureux, j'ai constaté la présence d'oospores, d'oogones et d'anthéridies normalement constitués et semblables à ceux décrits par Ernst. Le I). luberosus se reproduit donc dans la nature par voie sexuée. Mais ce mode de reproduction parait être exceptionnel et la multiplication par « tubercules » semble nette- ment prédominante. Cette conclusion, déjà présumée par Ernst, est confirmée par mes observations. En effet, les oogones et oospores que j'ai recueillis en septembre et novembre 1916 étaient en si petit nombre qu'il m'a fallu examiner des thalles de plusieurs décimètres carrés pour en découvrir à peine une dizaine, tandis (pie les mêmes échantillons m'ont facilement fourni plus d'une centaine de « tubercules ». A celte époque de l'année, par conséquent, le nombre des «tubercules» parait remporter de beaucoup sur celui des oospores. Bien que ces résultats ne s'appliquent pas à une année entière, ils sont cependant suffisamment significatifs car, d'après les recherches d'ERNST, les oospores restent incluses dans les oogones et ces derniers demeurent pendant plusieurs mois adhérents aux individus qui les ont produits. Il faut donc admettre que les quelques oogones fournis par les échantillons examinés sont d'âge très différent et représentent l'ensemble des organes femelles formés depuis quelques mois. Ainsi, dans la nature, la reproduction sexuée du 1>. tuberosus paraît être relativement rare. Cette algue, par contre, dispose de plusieurs modes de multiplication végétative, laquelle est assurée, non seulement par les filaments rlii/.oniatoïdes, mais également par les « tubercules » toujours très abondants. Aussi peut-on supposer que la multiplication végétative est en train de se substituer à la reproduction sexuée. Celle-ci, d'ailleurs, est encore inconnue chez le I). pusillus décrit par Collins. Les résultats différents accusés par les auteurs qui ont étudié la nature chimique de la membrane chez le D. tuberosus m'ont engagé à examiner de nouveau celle question. Pour Ernst, en effet, la mem- brane primitive aussi bien que les couches d'épaississement donnent exclusivement les réactions de la cellulose. Cet auteur cite la coloration bleue qu'il a obtenue avec l'iode et l'acide sulfurique; toutefois, il ajoute que le chlorure de zinc iodé ne lui a pas fourni de coloration violette, mais une teinte faiblement jaunâtre. Virieux, en 1909, confirme ces données et prétend que les épaississemenls internes de la membrane sont « de nature cellulosique dans toute leur épais- 124 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (5) seur ». Quatre mis plus tard, Mirande examinée nouveau celle mem- brane. A l'inverse dos ailleurs précédents, il constate qu'elle diffère considérablement de celle des Vaueheria el qu'elle est essentiellement constituée, comme celle des Udotées, par de la callose associée à des composés pectiques, conclusion à laquelle j'ai été également conduit en traitant comparativement Vaueheria sp. et Dichotomosiphon par les réactifs suivants : liqueur de Schweitzer, chlorure de calcium iodé, bleu coton (1 i l>, rouge de ruthénium. .Mes recherches sur ce point concordent donc entièrement avec celles de Mirande. En terminant, je ferai une remarque concernanl la germination des oospores. Ebnst, qui a obtenu dans ses cultures de nombreuses oospores, n'a jamais pu provoquer leur germination malgré les pro- cédés multiples qu'il a employés dans ce but. En particulier, il a soumis les oospores à une phase de sécheresse pensant que celle-ci était nécessaire pour que la germination pût se produire ultérieu- rement. Or, celle manière de voir me semble en désaccord avec ce l'ait que Virieux et moi avons trouvé des piaules munies d'organes sexués et en particulier d'oospores dans des stations toujours abon- damment pourvues d'eau durant toute l'année. Les résultats obtenus par Ernst furent d'ailleurs complètement uégatifs. .le me bornerai ici à cette remarque, car j'ai l'intention de consacrer au D. tuberosus mi travail plus Important dans lequel j'étudierai notamment cette germination. BIBLIOGRAPHIE Collins, F. Sli. — «Thee green Algae of Norlh America» {Tufls Collège Studies, vol. II, no 3? ji)09; p. 430). Ernst, A. — « Sur un nouveau genre et une nouvelle espèce de Siphonée, le Dichotomosiphon tuberosus» (Bulletin de l'Herbier Boissier, 2me série, vol. II, p. 892). Eknst, A. — « Siphoneen-SUuiien. 1. Dichotomosiphon tuberosus (A. Br.) Ernst » (Beihefte z. bot. Centralbl,, Bd. XIII, 1902, p. lia). Kûtzing, F. T. - Tab. phycolog., Bd. VI, 1856, p. 23, no 1785, t. 65. Lvuterbobn, B. - « Die Végétation des Oberrheins» (Verhandiwng des nat. med. Ver. zu Heidelberg, N. F. X, 4, 1910, p. 35, 485). Mirande, B. — « Becherches sur la composition chimique de la membrane et le morcellement du thalle chez les Siphonales » (Annales des sciences naturelles, 9m« série, Bot., tome XVIII (1913), p. 147). Bahknhorst, L. - - Flora européen Algœ aqu. d. et subm., tome III, p. 272. Viribux, J. — « Note sur le Dichotomosiphon tuberosus (A. Br.) Ernst et le (Bulletin de la Société d'histoire nalur. du Doubs, 1910, p. 36,) Wai,z, J. — « Beilrâge zur Morphologie und Syslemalik der Gattuim Vaueheria 1). C. -> (Jahrb. fur iciss. Bot., Bd. V, 1866-1867, p. 153). Woi.i.e, F. — « Fresh-waler Algœ of the United States», 1887, p. 154. Notes sur les Pulsatilles du Valais l>ar Gustave BEAUVERD (Communiqué en séance du 19 juin 1916) Le genre Pulsatilla, dont l'autonomie avait été proposée par Tour- nefort dès 1694- (Eléments de botanique, 1, 239, lab. 148), puis recon- nue par Linné cm 1735 (Syst. mi/., éd. I) et confirmée dans le Gênera plantarum de cet auteur (éd. I [1737], 103), a depuis lors subi bien des vicissitudes dans sa systématique. En effet, en le subordonnant au genre Anémone, A. I*. DE CANDOLLE le scindait en deux sections : «Pulsatilla» et « Preonanthus » [Prodr., I 1X24-, 16-47), tandis (pic Prantl (in Naliirlichen Pflanzenfamilien, III, 2 1.S91 , 62) en faisait un sous-genre et que Ed. de Janczewski (in Revue générale de botani- que, IV,' ,1892, 241 et, plus spécialement, 215) n'y voyait qu'une section unifiée; d'autre part, il fut de nouveau admis comme genre autonome selon l'opinion d'auteurs anciens ou modernes tels (pie Miller, Willdenow, Reichenbach, Cariot et St-Lager, Dalla Tjorre et Sarnthein, puis, [ilus récemment, Ulbrich (cf. Engler, Bot. Jahvh., XXXVII 1900], 334) qui, tout en reconnaissant chez le genre Anémone sept sections distinctes i 1° Anemonanthea DC. : 21 sp. ; 2' Rivularidium Janczewski : 13 sp.; 3° Pulsatilloides DC. : ± 11 sp.; &° Eriocephalus [look f. et Thompson : 24 sp.; 5° Anemonidium Spach : 23 sp.; 6° Homalocarpus DC. : i sp.; 7" Hepatica Pérsoon : 5 sp.), en détachai! résolument les Barnéoudia (Amérique du Sud) et les Pwlsalilla ^hémis- phère boréal i au même titre que le genre démolis! Sans insister ici sur les arguments qui nous engagent à admettre cette dernière manière de voir, nous estimons que les nombreuses formes hybrides que nous avons eu le plaisir de récolter durant la récente herborisation de la Société botanique de Genève, en Valais1, tout en renforçant la liste dv> hybrides décrits par M. A. v. 1 1 a y i: k dans son mémoire de 19042, contribuent pour une part à souligner les étroites affinités qui relient entre eux les divers membres de ce groupe générique et en font une entité très homogène englobant, avec les Campanaria, la petite section des Preonanthus DC. ; en outre, celte récolte nous a permis de constater un cas intéressant de polymor- phisme de Pulsatilla Halleri Willdenow, ainsi que l'existence incon- testable (fune combinaison hybride entre celte nouvelle race de Pulsa- tilla Halleri et le Pulsatilla vernalis, combinaison dissipant ainsi les doutes exprimés dans le Flora (1er Schweiz, de Sciijnz et KELLER (éd. III, 11. Teil [1914], 110). Avant de passer aux descriptions ébauchées dans notre compte rendu de 1910, nous tenons à rappeler «pie la flore valaisanne compte quatre représentants spécifiques du genre Pulsatilla, tous plus ou 1 Cf. Bulletin de la Société Botanique de Genève, VIII [1916], 17:5-174. 2 Cf. Hayek, A. von : « Kritische Uebersicht liber die Anemone-Arten ;ius der Section Campanaria Endlicher, und Studien iiber deren phylogenetisclien Znsani- menliang», in Festcjirift filr P. Ascherson [19041. 451-475. 12f> BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) moins polymorphes à l'exception du seul Pulsatilla vernalis Mill.;en outre, chacune de ces espèces et parfois leurs variétés décèlent des appétences chimiques ou physiques souvent 1res caractérisées; ce sont : 1" Pulsatilla alpina (L.) Schrank, en deux sous-espèces polymorphes dont lune, ssp. eît-alpina Ilegi, à corolles blanches, se montre indiffé- remment calcieole ou silicicole, tandis que l'autre, à corolles jaune vif ou plus ou moins soufrée i ssp. sulphurea Schinz et Keller), paraît rigou- reusement calcifuge. Des métis entre ces deux sous-espèces (Pulsatilla ochroleuea Briigger Dalla Torre et Sarnth.) ont été signalés en Suisse et au Tyrol. - - Stirpe suhsilvatique des prairies alpines ou subalpines, entre 800 et -2700 mètres. 2° Pulsatilla Halleri (Ail.) Willdenow, en plusieurs variétés locales indifférentes quant au substratuni, bien que généralement .arénicoles. Stirpe essentiellement steppique et plus particulièrement de la steppe alpine, mais descendant parfois dans les vallées (Ô12 mètres d'altitude à Suse, Piémont! mais remontant jusqu'à 3000 mètres sur Zermatt!). 3° Pulsatilla montana (Hôppe) lîchh., en plusieurs races chromo- gènes dont Tune, à (leurs I î las pâle, a induit quelques auteurs à prendre cette plante pour le Pulsatilla vulgaris et à indiquer à tort la présence de cette dernière espèce en Valais; mêmes appétences chi- miques que le Pulsatilla Halleri, mais aire plus abyssale : commun dans les steppes de l'étage du vignoble, entre 400 et 1000 mètres d'altitude, beaucoup plus rare dans l'étage subalpin, où il existe toute- fois jusqu'à 21.~>o mètres, sur Chandolin, dans le val d'Anniviers. 4° Pulsatilla remal/s (L.) .Miller, pins on moins calcifuge; stirpe xérosilvatique de la région du mélèze on des forêts claires de Pinus montana, ;iinsi que des pâturages secs et substeppiquesà N ardus strie fa mi landines ;'i Callunà vulgaris et Arctostaphyllos, auprès des neiges fondantes; en Valais, de 1400 à 3100 mètres. L'édaphisme de ces plaides ne permet que difficilement de rencon- trer des stations réalisant les conditions d'existence commune à ces quatre espèces, d'où résulte la difficulté d'en constater des hybrides* Ce n'est qu'en quelques stations favorables de la localité aquilonaire de Visperlerminen qu'à partir de 1912 (c\'. Bulletin de la Société botanique de Genève, IV IUI2 , 3XX et 413), nous avons constaté le mélange absolu de toides les Pulsatilles et l;i présence de nombreux Pulsatilla montanaX. vernalis; l'excursion de 1916 nous réservait en celle loca- lité de nouvelles surprises : Pulsatilla Halleri var. polyscapa Beauverd, coud», nov. Anémone Halleri var. polyscapa Beauverd in Bulletin de la Société bota- nique de Genève, VIII 1916 , 17i -uliagn. gall.). — Herba uni- vel multi- ceps, caudice 2-3 scapa ; folia basilaria post anlhesin evoluta, vagine glabra vel parce sericea, limbo pennatisecto argenteo-villosissimo, lobis lobatis lobulis lan.ceolato-linearibus apice + acuminatis; scapus sub anthesi + 10 cm. allus, post anthesin duplo elongatus, lanuginoso- sericeus; folia involueralia sessilia, basi connata, limbo profunde digitato-laciniata, extus argehteo villosissima, intus atro-viridia sub- glahra; pedunculus dense lanuginoso-argenteus, sub anthesi brevissi- nuis (± 8 mm. longus), post anthesin valde elongatus (+ 120 mm. longa); corolla magna (diam. = = 50-70 mm.), erecta, inodora, extus versicolor argenteo-sericea, intus + pallide lilacina glaberrima; styli creberrimi apice j'osei. (3) (i. BEAUVERD. NOTES SUR LES PULSAT1LLES DE VALAIS I "27 Hab. : IIELVKT1A. Vallesia : supra Vispam pr. viciiluin «Visperter- minen», ad nivem deliquescentem 1800 in. altus, 2. VI. 1916, leg. G. Beauverd! H. Garas! H. Guyot! IMi. de Palézieux! H. Van Dedem! — Variété insigne, bien distincte du type de Haller (Jocalisé aux environs de Zermatt) par les caractères suivants : souche ramifiée ou unique, toujours multicaule (type : unicaule!); gaines foliaires 1res élargies et presque glabres extérieurement (type : gaines foliaires allongées et fortement soyeuses extérieurement!); limbe des feuilles basilaires brièvement et finement disséqué (type : limbe grossièrement disséqué, à serments cunéiformes et plus ou moins allongés!); corolle pâle à intérieur délicatement nuancé de rose lilacé (type : corolle d'un violet vif et uniforme à l'intérieur!). Le type de Haller, qui caractérise le climat piémontais alpin, manquant à Visperterminem qui joint du climat aquilonaire valaisan le mieux caractérisé, nous pouvons consi- dérer la présence de ce petit endémisrae dans le bassin inférieur de la Viège comme important élément d'un problème phylogénétique dont la solution nécessitera un supplément d'enquête avant de pouvoir être abordée utilement. X Pulsatilla vispensis Beauverd, comb. nov. = X Anémone ri s pat si. s Beauverd in Bulletin de la Société botanique de Genève, VI 11 1916 , 114, diagn. gall. = Pulsatilla Hallevi var. polyscapa X mon- tant Beauverd nom. nov. = Anémone Halleri \ montana Beauverd, I C- — Herba uni- vel multiceps, caudice mono- vel polyscapa ; folia petiolo basi vaginante subglabro paulo longiora, Isete viridia, utrinque hirsuta, juniora pilis longis sericeis argenteis copiose villosa, 2-3 juga, lobis pinnatisectis laciniis oblongis breviter lanceolalo-linearibiis, sub- oblusis; scapus parce villoso-lanalus sub antbesi K-12 cm. longus, post anlliesin \ix duplo longior; folia involucralia basi connata, multipar- lita, laciniis lineari-lanceolatis apicem versus Hh divisis vel trifidis, extus sericeo-griseis, intus viridibus et hirsutis; peduneulus dense lanuginoso-incànus, sub antbesi brevissimus (± l() min. longa), posl anthesin ± elongatus (60-80 mm. longa); corolla mediocris (± 45 mm. diam.), erecta vel subnutans, extus cinereo-villosa, intus + intense violacea, glabra, subgraveolens ; styli creberrimi âpice purpureo- violacei. Hab. : HELVETIA. Vallesia : supra Vispam prope viculum dictum Visperterminen, inter pareides in pratis subalpinis ad 1800 m. ait., 2. VI. 1917, leti. T.. Beauverd ! 11. Gains! H. Guyot! IMi. de Palézieux! H. Van Dedem ! — Plante exactement intermédiaire entre les deux parents : l'influ- ence du Pulsatilla Halleri se reconnaît à la forme des deux feuilles basilaires et à la multiplicité fréquente des scapes dans chaque soudie (ramifications de la racine), ainsi qu'à la pubescence des pédoncules ; celle du Pulsatilla montana se retrouve partiellement dans la forme des feuilles basilaires et des lanières de l'involucre, la tendance a la nidation de la corolle dont elle offre aussi le parfum suave en une plus faible mesure; la forme des gaines foliaires et la nuance des pétales sont exactements intermédiaires entre les deux parents. Produit des semences fertiles! X Pulsatilla refulgens Beauverd nom. nov. = X Anémone spuria in Bulletin de la Société botanique de Genève, VIII [ 1 «.» 1 T , 174, non Camus 1898J; = Pulsatilla Halleri var. polyscapa X Pulsatilla 128 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) vemalis Beauverd nom. nov. = Anémone HallerïXvernalis Beauverd, I. c. 1916 . — Herba uni- vel multiceps caudice mono- vel polyscapa; folia basilaria basi vaginante subhirsuto paulo longiora, sub anthesi evoluta, erecta vel patula, parce villosa, pinnatiloba 2 juga, lobis subsessilibus ± profunde cuneato-sublobatis, terminalis apice trifidus ; scapus folia paulo superantus, sericeo-villosus, sub anthesi ± 10 cm. altus, posi anthesin paulo accrescens (vix 15 cm. long.); folia involu- cralia basi connata, multipartita, laciniis auguste lineari-lanceolatis apiceiu versus divisis, extns pilis copiosis aureo-refulgantibus texta; pedunculus griseo setaceus, snb anthesi ±40 mm. lôngus, post anthesin paulo longior I h 30 mm. longa), subnutans; corolla mediocris (diain. + 45 mm.) suberectis, cito nutans, extns violaceo-purpurea selis aurais et argenteis dense tectis, intus pallide lilacina yersicoïorve ; petala post anthesin cito conniventia; slyli crebérrimi apice violacei; semina slerilis. Hab. : HELVETIA. Vàllesia : inter parentes supra « Visperterminen -, in pascuis ad 1800 m. ait., 2. VI. 1917, leg. G. Beanverd! II. Gains! II. Guyot! IMi. de Palézieux! II. Van Dedem ! — Sons le nom de X Anémone EmilianaWotf, le Bulletin de la Société Murithienne XXV 1897 , 70, a publié le nomen mutin» d'un hybride présumé Anémone Halleri X vemalis, provenant de Kindelen sur Zermatt. L'auteur lui-même — feu F.-0. Wolf, de Sion -- n'ayant pins donné suite à cette manière de voir lorsqu'il reprit la description d'antres hybrides certains qu'il publia valablement dans ses «Floris- lisclien Miscellancen » de 1900, du même Recueil, la question de l'existence de cet hybride reste douteuse pour ce qui concerne la loca- lité de Kindelen, conformément à l'opinion émise dans la troisième édition du « Flora der Schweiz», de Sçhinz et Keller (II. Teil 1914], 116), qui, d'antre part, nie formellement l'existence de l'hybride Anémone sulfuréa X vemalis indiqué par F.-0. Wolf dans le même travail de 1S97, et dont, malgré toutes nos recherches, nous n'avons pu. en effet, examiner un échantillon authentique. - En revanche, nous avons acquis la certitude de l'existence d'un hybride pléiomorphe \ Pulsatilla vispensis par vemalis Beauverd, nom. nov. (== Pulsa- tilla Paleueuxii Beauverd, nom. nov. = Anémone Palezieuxii Beauverd in Bulletin de tu Société imlauU\\u< de Genève, VIII 1916], 174 = Ané- mone Halleri X montana X vemalis Beauverd, I. c. !), dans cette même station de Visperterminen : nous attendons plus ample docu- mentation d'après les cultures de M. Van Dedem pour décrire ce cas d'une façon détaillée. En cet instant (30 mai 1917), AI. IMi. de Palézieux nous soumet de splendides exemplaires de deux nouveaux hybrides indiscutables pro- venant de sa récente excursion à Visperterminen, et pour lesquels il propose les noms de : Pulsatilla Knappii Palézieux (= Pulsatilla alpina ssp. sulphurea X Pulsatilla montana, hybr. nov. !) etX Pulsatilla Mathildœ Palézieux (== Pulsatilla alpina ssp. sulphurea X Pulsatilla Halleri var. polyscapa, hybr. nov.!) : ces deux nouveautés, sur lesquel- les nous reviendrons, confirment avec évidence la possibilité de croise- ments entre les sections Campanaria et Preonanthus du genre Pulsatilla ! BULLETIN SOCIÉTÉ Biniïlli DÉ liÉlÈVÉ PUBLIÉ PAR LA SOCIETE Chaque collaborateur est responsable de ses travaux LES ABONNEMENTS (SUISSE : 10 fr. - UNION POSTALE : 12 fr. 50) sont perçus au siège social : Institut de botanique, Université, Genève 2>«e SÉRIE, Volume IX. Nos i. 5 et 6 GENEVE, Avril. Mai et Juin 1917 SOMMAIRE : 1 Compte rendu de la séance du 16 avril 1917 : Affaires administratives, p. 129. L. Reverdis : Quelques algues nouvelles du lac de Genève, p. 130. - G. Beau- vekd : Sur une race inédite de Primula vulgaris Huds., p. 130. — G. Beauverd : Quelques Phanérogames xérophytes des Andes de Bolivie et du Pérou, p. 130. 2 Compte rendu de la séance du 14 mai 1917 : Affaires administratives, p. 131. - Mile Chiktoïu : Sur les Symplocacées, p. 131. — ftP* D* T. Rayss : Sur le Cœ- lastrum pulchrum, p. 131. — R. Chodat et W. Vischer : Nouvelles études bio- logiques sur la végétation du Paraguay, p. 132. — W. Vischer : Deux Phané- rogames critiques de la flore suisse, p. 132. -- Auguste Guinet : Nouvelle station de Ceterach offleinarum au Salève, p. 132. — I. Thériot : Contribution à la flore bryologique de l'Afrique australe, p. 132. 3 Compte rendu de la séance du 11 juin 1917 : Affaires administratives, p. 133. - M"e b. Jauch : Quelques points de l'anatomie des Polygalées, p. 133. — Lau- rent Rehfous : Etude sur les stomates, p. 133. — Auguste Letellier : Sur les gonidies des lichens, p. 133. — G. Beauverd : La flore vernale du bassin de Zermatt (Valais), p. 133. — Dr Mégevand : Le Cardamine impatiens à Genève, p. 134. — Herborisations du mois de juin, p. 134 . 4. I. Thériot : A propos du Braunia diaphana (C. M.) Jseg. et du Leucodon sehistos Welw. et Duby, p. 135. 5. H. Christ (de Bâle) : Un pionnier de la flore des Alpes occidentales au xvi« siècle. p. 137. 6. R. Chodat et W. Vischer : Résultats de la Mission botanique suisse au Para- guay (4 planches en couleur et 59 vignettes), p. 165. 7 . Laurent Rehfous : Etude sur les stomates (125 vignettes), p. 245. 8. G. Beauverd: A propos du Gentiana baltica Murbeck, p. 351. COMPTE RENDU :;*«;■"<• séance. — Lundi 16 Avril 191Î. Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de l'Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D1 Ducellier, président. Le procès-verbal de la 385™c séance (12 mars 1917) est accepté sans modification. Publications déposées sur le bureau : DONS D'AUTEURS (reçus avec reconnaissance). F. Borgesen : The marine Algœ of the danish West Indies; C. et A. de Candolle : BULLETIN DE I.A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 4-5-6, partis le 25 Sept. 1917. 1 130 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Sur la ramification des Séquoia; D1 L. Trabut : 1° La galle du Tamarix articulata; 2° Le Sapin du Maroc (Aptes Maroccana Trab.); 3° Les Poiriers indigènes dans l'Afrique du Nord. AUTRICHE : Annulât des K. A". Naturhist. Hofmuseums, XXX, nos 3-4 (Wien, 1916); DANEMARK : Botanisk Tidskrift, Band XXXIV, Heft 7 (Copenhague, 1917); ETATS-UNIS : Bibliograp/iical Contributions to Lloyd Library, vol. II, n° 11 (Cincinnati, Oliio, octobre 1916); Jour- nal of Agricultural Research, vol. VII, n° 13 et vol. VIII, nos 3, 4, 5, 9 et 11 (Washington, 1916 et 1917); RUSSIE : Acta Flora Rossiese, II, 4 dalla, 1916); SUISSE : Le Jardinier Suisse, n° 3 (Genève, mars 1917). ni ELQUES ALGUES NOUVELLES DU LAC DE GENÈVE. — Au nom de M. Reverdin, retenu au service militaire, M. le professeur Chodat donne lecture d'un mémoire relatant la découverte d'Algues nouvelles pour la science telles que Closteriospira lemanensis Reverdin et Raphidium spirochroma Reverdin, qui toutes ont été récoltées dans les eaux du lac aux abords immédiats de Genève et contribuent à démontrer la grande richesse du plancton d'hiver de nos environs. Voir détails au mémoire illustré de la page 45 du Bulletin précédent. SLR UNE RACE INÉDITE DE PRIMULA VULGARIS Huds. — Pré- sentation, par M. G. Beauverd, d'échantillons d'herbier et d'exem- plaires vivants récoltés en plusieurs lieux des environs de Chambésy (Genève), d'une variété à pétales tronqués et surlobés de Primula vul- garis (var, '.' truncata Rvrd.), comparés à ceux de la forme typique à pétales cordés (de même couleur jaune ou de nuances variées passant du rose pâle au pourpre le plus foncé), telle qu'on peut l'observer soit à l'état spontané dans nos prairies ou nos bois, soit cultivée dans nos jardins où les métis et les hybrides les plus divers se propagent spon- tanément à proximité des parents. (Voir détails dans un prochain Bulletin). M. le professeur Chodat, en rappelant les faits connus concernant la biologie des Primevères, met en évidence le rôle de la culture hor- ticole dans la pollinatioh croisée des diverses races de Primula appa- rues spontanément et d'une manière plus ou moins fugace dans notre flore locale; il pense, avec l'auteur de cette communication, que cette race a lobes tronqués pourrait cadrer avec l'hypothèse d'un cas de dissociation d'hybride. QUELQUES PHANÉROGAMES XÉROPHYTES DES ANDES DE RO- LIVIE ET DU PÉROU. Présentation, par M. G. Beauverd, de diverses collections de plantes andines récoltées soit en Rolivie (Man- clon, Herzog), soit au Pérou (Pavon, Godet, etc.), représentant pour la plupart des types xérophytes figurés dans le Chloris andina de Weddell et adaptés aux conditions altitudinales qu'offrent les montagnes de ces "pays entre 4600 à 5400 mètres d'altitude. Un choix de Composées les plus typiques, représentant les genres essentiellement xérophiles du Chili, de la Rolivie et du Pérou (par exemple : Chuquiragua, Nassauvia, Perezia, Trixis, Tafalla), complétait cette communication en faisant ressortir les ressources variées dont dispose le règne végétal pour se (3) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 131 maintenir avec succès dans un milieu de haute altitude où la brièveté de la période végétative le dispute à l'extrême sécheresse des lieux pour entraver l'extension du tapis végétal. Séance levée à 9 heures trois-quarts; dix-huit assistants : MM. Du- cellier, Guinet, Guyot, Minod, Beauverd; Chodat, Mlles Charitonoff, Chirtoïu, Ghristin, Gampert, M Jacobson, Mlle Jauch, MM. Lendner, Letellier, M"" Lilien, MM. Penard, Pierroz et Viseher. Le Secrétaire-rédacteur, G. Beauverd. :«87"ie séance. — Lundi 14 Mai J91Î. — Ouverte à 8 h. et demie, dans la grande salle de l'Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D1 Ducellier, président. Le procès-verbal de la 3815""' séance (16 avril 1917) est adopté sans modifications, après lecture par le secrétaire. La liste des publications déposées sur le bureau sera communiquée avec celle de la séance de juin. HERBORISATIONS DU MOIS DE MAI. - Au nom du bureau, le président annonce que, pour motif d'économie et à titre d'essai, il ne sera dorénavant plus imprimé de cartes de convocations pour herbo- risations officielles : ces dernières se décideront en séance mensuelle pour l'intervalle de quatre semaines et seront affichées à l'Institut de botanique en vue des inscriptions. Conformément à cette décision, M. Beauverd propose pour les 24, 25 et 26 mai courant, avec prolon- gation éventuelle sur les deux journées subséquentes, une herborisa- tion aux environs de Viège et de Zermatt, ayant pour but l'étude de la flore vernale de l'étage alpin et son raccordement avec celle des étages inférieurs explorés à pareille époque l'année précédente. - Adopté. SUR LES SYMPLOCACÉES. — Exposé, par M. le professeur Chodat, du travail de Mlle Chirtoïu, qui sera publié dans le prochain Bulletin. SUR LE CŒLASTRUM PULCHRUM. — Communication, par M. le professeur Chodat, du résultat des nouvelles recherches que MUe D1 T. Rayss a entreprises sur cette Algue, résultats confirmant ceux qui avaient été formulés antérieurement. Les expériences qui sont à la base de cet exposé autorisent h réfuter les critiques de M. le D1 Senn, adressées au premier travail de Mlle Rayss. - - Voir détails au Mémoire qui sera publié clans le prochain Bulletin. 132 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) CABPOLOGIE DU PARAGUAY. - - Conférence, avec présentation de matériaux préparés, de dessins à la planche noire et de belles tables coloriées, sur les études carpologiques entreprises au cours du voyage botanique de 4914 par M. le professeur D1 R. Chodat au Paraguay (voir Mémoire illustré de la page 165). - Au nom de la Société, le président remercie vivement le distingué conférencier pour son exposé fort applaudi. DEUX PHANÉROGAMES CRITIQUES DE LA FLORE SUISSE. — M. le D1 W. Vischer présente : 1° de beaux exemplaires d'herbier d'un Saponaria ocymoides de Branson (Valais), remarquable par ses grands pétales rétus et par son faciès général, à pubescence beaucoup plus accusée que celle du type et de ses manifestations polymorphiques décrites jusqu'alors; 2LI un Draba tomentosa du val Sesvenna (Basse- Engadine, Grisons), distinct du type par la forme et la couleur jaunâtre de ses pétales. — Des recherches ultérieures seront entreprises pour formuler une conclusion éventuelle sur ces deux cas de polymorphie. NOUVELLE STATION DE CETERACH OFFICINARVM AU SALÈVE. — M. Auguste Guinet présente un exemplaire de cette Fougère pro- venant des environs de l'Abergement, vers l'extrémité sud du versant oriental du Grand Salève; cette localité inédite constitue une troisième station pour le Ceterach officinarum dans la chaîne du Salève, les deux autres appartenant au môme versant de la montagne, mais vers son extrémité septentrionale (Mornex et les Esserts). CONTRIBUTION A LA FLORE BRYOLOGIQUE DE L'AFRIQUE AUSTRALE. - Au nom de M. I. Thériot, le secrétaire présente les résultats de l'examen comparatif des types de Brmnia diaphana C. M. et Leucodon sekistos Welwitsch ex Duby conservés à l'Herbier Boissier, dont les exemplaires authentiques du Cap et du Transvaal démontrent la nécessité d'identifier ces deux Mousses sous le nom le plus ancien de Braunia diaphana C. .M. — Voir la note spéciale, page 135. Séance levée à 10 heures et quart; assistance, vingt-quatre membres : MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Minod, Beauverd; Bruderlein, Chiaverio, Mlles Charitonoiï, Chirtoïu, M. Chodat, Mlles Christin, Grouitch, Mme Jacobson, M11" Jauch, MM. Lendner, Letellier, Mégevand, Mme Minod, M11? Petrovitch, MM. Pierroz, Reverdin, .1. Romieux, Vischer et X. Le Secrétaire-rédacteur, G. Beauvebd. (5) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 133 388n,e séance. — Lundi \\ «Juin 1{>17. — Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de l'Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. Auguste Guinet, vice-président; M. le D1' Ducellier, président, fait excuser son absence. Le procés-verbal de la 38711,e séance (14 mai 1917), lu par le secré- taire, est adopté sans modification. Au nom du Comité, M. Guinet annonce la réception comme mem- bres actifs de MM. Glaser, Meyer cl Schœllhorn, dont les candidatures ont été présentées conformément aux statuts par MM. Chodat et Lendner. Publications déposées sur le bureau : ESPAGNE : Publicaciones de la Junta de Ciencès naturelles, année 1917, nos 1, 3, 5, 6 et 7 (Barcelone, 1917); ETATS-UNIS : Armais ofthe Mis- souri Botanical Garden, vol. III, n°* 2 et 3 (Saint-Louis, 1917); Journal of Agricultural Research, vol. IX, nos 5, 6 et 7 (Washington, 1917); SUISSE : Le Jardinier Suisse, n° 6 (Genève, juin 1917). QUELQUES POINTS DE L'ANATOMIE DES POLYGALÉES. — Communication, par Mlle B. Jauch, d'un mémoire, illustré de nom- breux dessins à la chambre claire, mettant en évidence quelques points inédits qui permettent de mieux orienter les affinités de la famille des Polygalées. — M. le professeur Chodat fait ressortir l'importance de ce travail qui modifie en quelque mesure certaines notions relatives à la placentation, aux tissus sécréteurs, etc. ETUDE SUR LES STOMATES. — Exposé, par M. Laurent Rehfous, de l'étude comparative de différents types de stomates, précédé de l'historique de la question et accompagné de nombreux dessins à la planche noire. Voir au mémoire spécial page 245. SUR LES GONIDIES DES LICHENS. Conférence, par M. Aug. Letellier, avec dessins et présentation de matériaux d'étude. Voir détails à un mémoire ultérieur. LA FLORE VERNALE DU BASSIN DE ZERMATT (Valais). — Rap- port, par M. G. Beauverd, sur l'herborisation des 24 au 28 mai 1917, aux environs de Viège, de Zermatt et de Visperterniinen. Au nombre des plantes présentées à la fin de cette communication, il convient de citer deux intéressantes anémones hybrides découvertes par M. Ph. de Palézieux, les X Anémone Knapii Palézieux (= Anémone alpina var. sulphuréa X Anémone montana) et X Anémone Maihihhe Palézieux (= Anémone alpina var. sulphuréa X Anémone polyscapaj. Voir détails au mémoire spécial. 134 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) LE CARDAMIXE IMPATIENS A GENEVE. — Communication d'échantillons de cette Crucifère par M. le D1 Mégevand, qui en a trouvé tout récemment de nombreux exemplaires fleuris en pleine ville de Genève, aux abords de l'ancien Jardin botanique, désaffecté depuis plus de douze ans. M. Beauvebd cite quelques autres stations de Carda mi ne impatiens observées dans la périphérie immédiate de la ville de Genève (par exemple au voisinage de l'ancien orphelinat de Varembé). HERBORISATIONS DU MOIS DE JUIN. — Lecture est donnée par le secrétaire d'un projet d'herborisation proposé par Mme Edouard Naville, aux grèves de Saint-Aubin, lac de Neuchâtel. La date la plus propice serait fixée soit au jeudi 28 juin, soit au dimanche 1er juillet. — Mis aux voix, ce projet est accepté en principe; le Comité est chargé de faire le nécessaire pour recueillir les inscriptions. Aucun autre projet d'herborisation n'étant présenté, Monsieur le président souhaite de bonnes vacances à l'assistance tout en se rappe- lant à l'activité botanique des membres pour la reprise des séances en octobre prochain. Séance levée à 10 heures et quart; dix-neuf assis- tants : MM. Guinet, Guyot, Beauverd; M11"' Breslauer, .AI11'' Chirtoiû, M. Chodat, Mlles Christin, Grouitch, Jauch, MM. Lendner, Letellier, Mégevand, M1'1' Petrovitch, MM. Behfous, Reverdin, Henri Romieux, Jean Romieux, Schtellhorn et Vischer. Le Secrétaire-rédacteur, G. Reauvebd. A propos du Braunia diaphana (CM.) Jseg, et du Leucodon sekistos Welw. et Duby par I. THÉRIOT (Communiqué en séance du i4 mai igij) V. F. Brotherus (in «die Naturlichen Pflan&enfamilien », Musci, p. 717), rattache avec doute à la section Macromidium le Braunia diaphana (C. M.) Jseg., dont la capsule lui est inconnue. Il fait remar- quer de plus que, d'après Gepp, le Leucodon sekistos Welw. et Duby est identique au Braunia diaphana. La section Macromidium C. M. est caractérisée, en partie, par un pédicelle court (2 à 3 mm.) portant une capsule ovale, sillonnée à sec. Or, j'ai eu récemment la bonne fortune d'avoir à étudier un Braunia récolté au Natal par M. H. A. Wager et communiqué par M. Potier de laVarde. Ce Braunia, que j'ai pu identifier avec Braunia diaphana (C. M.) est muni de capsules mûres; ces capsules sont oblongues-cylin- driques, lisses à l'état sec et le pédicelle mesure de 7 à 9 mm. Il n'est donc pas douteux que le Braunia diaphana doit être rayé de la section Macromidium est transporté clans la section Eubraunia C. M. Il est, au surplus, très voisin du Braunia Schimperiana Br. eur. par la taille et le port; il n'en diffère que par des caractères assez légers : feuilles un peu plus petites, moins largement révolutées, un peu plus fortement plissées; le caractère le plus net et le constant s'observe dans l'acumen qui reste vert chez Braunia Schimperiana et qui est brièvement hyalin chez Braunia diaphana. S'il en était besoin, le Leucodon sekistos confirmerait le bien-fondé du reclassement que je propose pour Braunia diaphana. Grâce à l'obligeance de M. G. Beauverd, conservateur de l'Herbier Boissier, j'ai pu faire un examen approfondi du Leucodon sekistos. 136 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Cette plante est représentée dans l'Herbier Boissier par deux spécimens récoltés dans le district Huilla par Welwitsch, l'un à Tarchonanti (n° 34), pourvu de capsules mûres, déoperculées, l'autre à Mumpulla (n° 33), avec des fructifications jeunes, sans capsules. Tout d'abord, j'ai eu l'impression que l'opinion de Gepp était erronée et que Leucodon sekistos était une espèce propre : les feuilles du n° 33. diffèrent en effet sensiblement de celles du Braunia dïaphana (étudié sur le n° 598, Rehmann, Transvaal) par leur forme plus allongée, leur acumen plus long, beaucoup plus large et composé de cellules très allongées; mais j'ai observé ensuite que ces caractères ne sont pas constants et que le n° 31 a des feuilles qui, sans être absolument con- formes à celles du Braunia diaphana, rappellent davantage celles-ci que celles du n° 33. Les deux plantes de Welwitsch n'étant pas identiques entre elles et le n° 31 établissant une transition par ses feuilles vers le Braunia diaphana, j'ai reconnu l'impossibilité de justifier le maintien du Leucodon sekistos comme espèce propre et la nécessité de me rallier à l'opinion de Gepp. Par suite, on doit considérer que Braunia diaphana est une espèce à aire assez étendue et qu'elle est susceptible (Tune certaine variation dans la forme des feuilles, leurs dimensions, le degré de plissement, l'allongement des cellules de l'acumen. J'ai également observé que le périchèse est quelque peu variable : les feuilles périchétiales sont plus ou moins longues, plus ou moins plissées; alors que Braunia diaphana (Rebmann, n° 598) et Leucodon sekistos n" 31 ont des feuilles périché- tiales très longues et vivement plissées, le Leucodon sekistos n° 33 a des feuilles péricbiétales plus courtes et à plis peu apparents. Je me résume : Leucodon sekistos est bien la même plante que Braunia diaphana. Et comme la fructification du n° 33 de Welwitsch nous présente une capsule oblongue, lisse à sec, portée par un pédicelle de 7 mm., elle justifie d'une façon indiscutable ma proposition de rattacher Brau- nia diaphana (C. M.) à la section Eubraunia. Le Havre, Ier mai 1917. I. ÏHÉRIOT. Jacques Dalechamp Un pionnier de la flore des Alpes occidentales au XYIme siècle PAR H. CHRIST, de Bâle (Communiqué en séance du 14 juin 1917) Ce sont nos savants suisses de la Renaissance : Conrad Gesner, de Zurich (Descriptio Montis Fracti, 1555 in\). G. Sclieuchzer Orographia, 1716) ; Benoît Marti dit Aretius, de Cerne (Stocchornii et Nessi Descr. post Valer. Cordi Annot, 1561); et Jean Fabricius, de Coire (Galandse montis stirp. enum. post Valer. Cordi Annot), qui, les tout premiers, au milieu du XVI"" siècle, ont exploré et fait connaître la flore alpine. Ils nous ont donné non seulement des relations géo-botaniques de leurs ascensions au Pilate, au Niesen et au Calanda, mais ils ont énuméré et décrit une à une les plantes récoltées1. Plus de vingt ans après, le Flamand Charles de l'Ecluse (Clusius), dans un magistral travail d'ensemble, a publié ce qu'on peut appeler une flore des Alpes orientales (Rarior. Stirp. per Pannon. Austr. Histor. Antwerp., 1583). Reste à savoir si, à cette époque, une œuvre analogue a été entreprise pour les Alpes occidentales aussi. La seule source de renseignements botaniques sur cette partie de la chaîne dont nous ayons connaissance, c'est ce volume énorme en latin. 1 H. Christ. Die erste Erforschung der Schweizer Alpenflora im 16 Jahrk. Schioeis. Apothek. Zeitung., 1915, n°s 25-2G. 138 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) parsemé de citations grecques, arrangé à l'instar des Historia? planta- rum ou Kràuterbiïcher parus jusqu'alors, qui porte le titre : « Historia Generalis Plantarum. Lugduni apud Gulielmum Rovillium », en deux parts, dont la seconde est datée de 1586, tandis que le titre général porte l'année 1587. Ce livre imposant contient, en deux mille pages in folio, une infinité de descriptions de plantes et 2086 gravures sur bois, empruntées en partie, avec un sans gène éton- nant, aux ouvrages des auteurs antérieurs, mais surtout au beau livre de Clusius sur les plantes d'Espagne de 1576. La végétation mondiale connue alors y est rangée en dix-huit classes et on soumet au lecteur tout ce qui est contenu dans les auteurs classiques : les Grecs, les Latins, les Arabes, tout ce qui, jusqu'à ce jour, a été découvert en Orient et en Occident, les noms des plantes de toutes les nations, la description explicite des espèces, leur provenance et leurs vertus médicales. Donc, ira règne végétal universel dans le sens le plus hardi du mot, à propos duquel nous nous étonnons une fois de plus comment on a osé offrir au public l'acliat d'un bouquin au milieu de tant d'autres qui venaient de paraître un peu partout. Mais n'oublions pas que le commerce des livres- était florissant malgré ou peut-être à cause de l'agitation fiévreuse de ce temps là et que les besoins des foires annuelles où les livres s'échangeaient et se vendaient étaient considérables. Mais ce qui est plus étonnant encore, c'est que ce livre est anonyme. Il n'y a pas de nom d'auteur au titre, qui ne porte que celui de l'éditeur- libraire, Maître Guillaume Houille. C'est pourquoi, en littérature, cet ouvrage n'est cité que « Lugd. Ilislor. » ou « Lugd.» Ainsi Gaspard Bauiiin qui, dans son joli cata- logue de la flore de Bàle, de 16*22, édition de poche, le cite une dou- zaine de fois. Quant à la coopération de botanistes pour son livre, Maître Rouille s'exprime ainsi dans sa préface : « Il \ a plus de vingt ans, en entrant dans le Musée (cabinet d'études) « de Jacques Dalechamp, je trouvai cet excellent médecin maniant « un gros volume contenant maints portraits de plantes et j'estimai que « cela pourrait former l'enfance et l'origine d'un ouvrage étendu. » Et ainsi Maître Rouille, comme il nous l'explique longuement, donna suite à cette idée, en éditant son histoire à l'aide d'un savant capable et digne d'une telle entreprise. Heureusement, il trouva l'homme voulu en la personne de Johannes Molin.eus, médecin fameux, élève et cama- rade du célèbre Guillaume Rondelet. Molinams ne manqua pas de se vouer à la tâche avec zèle, soutenu efficacement par le «Conseil sub- (3) H. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 139 sidiaire'» de Dalechamp lui-même, qui contribua libéralement avec tout ce qu'il avait collectionné en fait de figures et d'histoires de plantes. Beaucoup (l'ainis de tous les pays : d'Afrique, d'Espagne, d'Italie y apportaient leur part. Houille continue ainsi : «Cependant, comme des circonstances variées, des maladies, etc., « différaient l'achèvement du travail, de nombreux ouvrages analogues « ont vu le jour, ainsi celui du très louable André Mattiiiolus, ce qui « ne tue rebutait point, car je ne voulais pas entasser pêle-mêle la « masse des espèces, mais les répartir artificieusement en classes défer- ez minées, car le dit Matthiolus s'est contenté encore de l'arrangement « de Dioscorides. » On sait qu'un contemporain de Dalechamp, l'Italien Césalpin a créé une disposition des espèces qui, d'après un juge aussi compétent que Ch. Linné (Philosoph. Botan., 1751, p. 18) mérite le n le système et qui est basé sur la constitution du fruit. Mais cela n'empêchait pas (jue les classes des « Historiae plantarum » de cette époque sont établies d'après des vues pratiques, extérieures, concernant l'usage, les dimen- sions, l'habitat des plantes et les classes ou livres de l'HistoriaLugdun., tant vantées par l'éditeur, ne font pas d'exemption. Voici les rubriques de ces di.r-luiit classes : 1. Arbres croissant spontanément au bois. 2. Arbrisseaux se trouvant spontanément dans les haies et les buissons. :{. Arbres plantés dans les vergers. 4. Les blés et légumineuses et les herbes sauvages qui les accom- pagnent. 5. Légumes et herbes croissant dans les jardins. 0. Les ombellifères. 7. Les plantes qui plaisent par leurs fleurs. 8. Les plantes aromatiques. 9. Les plantes palustres. 10. Plantes croissant dans les lieux rudes, rocheux, sablonneux et arides. 11 . Celles qui viennent dans les lieux ombrageux, humides, fangeux et gras. 12. Celles qui croissent à la mer ou dans la mer. 1 -Il s'agit des commentaires de P. A. Matthioli in Dioscoridem, 156S, dont Gaspard Banhin a donné une nouvelle édition en 1598. 2 And. Cfesalpinus Aretinus. De plantis lib. 10, Florent., 1583. 140 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) 13. Celles qui grimpent en «'attachant à d'autres plantes. 14. Les chardons et autres plantes épineuses et piquantes. 15. Plaides bulbeuses, à racines charnues et géniculées. H). Plantes purgatives. 17. Plantes vénéneuses. 18. Plaides étrangères. Mais, hàtons-nous d'ajouter (pie les systèmes de ces Krâuterbûcher sont en réalité un peu moins chaotiques que leur apparence. Les auteurs commencent déjà à grouper par affinités. Déjà les catégories des Légumineuses, des plantes à bulbes, des aromatiques (Labiées), de l'Historia Lugdiin. nous fait entrevoir ces nouvelles aspirations. Le flair pour les affinités naturelles était plus développé que les «classes» laissaient supposer. Le plus avancé de tous, c'était CTusius, dans l'esprit duquel « la recherche de la parenté » était bien en éveil. Mais chez Dalechamp aussi, les Graminées1, les Joncs, les Crucifères, les Renonculacées, les Fougères ne sont pas trop mal réunies, quoique souvent l'autorité d'un nom classique, du vieux Théophraste peut-être, décide de la place d'une espèce au milieu d'un groupe fort hétérogène, malgré la mauvaise conscience botanique de l'auteur. Le Lichen Pulnionaria (= Sticta Achar.J à côté de la Borraginée Pulmonaria chez Dalech., 1317, et même chez Clus. Pann., 675, en est un exemple type. Un mauvais nom en dépit du meilleur savoir de l'auteur c'est Verbascum minimum, 1305, Dalech., dont la Heur est ainsi décrite : « flore Senetionis luteo copioso in pappos evolante ». Il s'agit en effet du Senecio nemorensis L. Les soins que Dalech. met à conserver à chaque auteur classique sa part à l'honneur d'avoir reconnu et nommé le premier telle et telle espèce sont touchants, et ne le cèdent en rien à ceux de nos «nomen- clateurs» modernes à établir irréfutablement une priorité. Avant d'admettre un nom nouveau, il fouille à fond les textes pour être sur que ni Théophraste, ni Dioscorides, ni Pline n'ont connu la plante. Je parlerai d'un de ces casa propos de p. 1 10. Un autre, c'est le nom saugrenu dont il affuble le Rhododendron. Il connaît bien les noms (pie déjà, il y a trente ans, lui a donné C. Gesner, mais le respect poul- ie vieux Théophraste, qui a vécu en Grèce trois siècles avant l'ère 1 Pour les Graminées, voici un passage très significatif : « 424. Hic multa (i. e. gramina) tamen potissimum ex Dalechampii sententïa et observatione describentur, quse etsi non omnia in agris inter segetes nascantur, cognatione tamen quadam inter sese conjuucta, apte disjungi non possunt. » (5) II. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 111 chrétienne, est si profond qu'il croit bien faire de l'appeler Evonymus Theophrasti. Et pour sa découverte toute nouvelle du bel Eryngiuiu des Allobroges, il déterre un nom de Dioscorides, grec et contempo- rain de Néron : Spina alba. Cette manie était un obstacle aussi pour le développement de notions géographiques. Mais ajoutons que le brave Dalech. n'était pas le seul. Le grand Clusius même, qui savait bien que Gaspard Bauhin avait rangé avant lui la Pomme de terre parmi 1rs Solanum et qu'elle nous est venue d'Amérique, s'est obstine à l'appeler Arachidna forte Theophrasti ! Quant aux auteurs contemporains, Dalech. les traite plus cavalière- ment. Ce que Cordus et Lonitzer ont appelé Gramen Parnassi, est rebaptisé par lui Unifoliuni(= Majanthemum bifolium Schm.). Sans remords et mal à propos, il change le nom de J u nca ria Glus, llisp. 502 (Paronychiée d'Espagne = Ortegia Lœfl. L.) en Synanchice, 1185, et le place avec Aspertda cynanchica L. Il reproduit Veronica fœmina Fuchsii avec figure 1240 (= Linaria Elatine Mill.) et la répèle avec la même figure sous le nom de Verbasculutn q.uorundam, 1303. Ce qùorundam qui se répète cent fois dans l'ouvrage veut dire « uiilii i. e. Dalechampii. » Quand l'auteur présente une plante comme nouvelle, il se sert presque toujours de l'introduction : Quidam Herbariivocant... C'est pour prendre date d'une manière élégante et modeste. Généralement, Dalech. n'oublie guère de munir les espèces de l'in- dication de l'auteur qui les a l'ait connaître, avec nom et citation de leurs livres en marge: Matth., Dodon., Lobel, Pena, Corn. Gemma, etc. Mais nue part notable porte Dalechamp comme auteur. Et à juste litre, car cette pari contient une quantité d'espèces qui apparaissent pour la première fois, et de renseignements curieux et nouveaux, au point que déjà Linné, dans sa Pliilos. Dot. (Stockholm, 175 1, p. 3 et 7) a pris Dalech. au sérieux et rémunère parmi les botanistes du XVI1" siècle sous l'année 1587, qui est celle de la publication de l'Hist. Lugd. Linné le cile aussi (eod. p. 6) comme commentateur de mine. En effet, une partie notable du volume est destinée à une philologie et syno- nymie poussées à l'excès, où tous les classiques, mais Pline surtout, sont analysés à l'aide d'un art dialectique, pour ne pas dire scolastique, redoutable. 11 se perd dans les controverses avec une passion volup- tueuse et fait des conjectures d'une désinvolture inouïe. Pour nous autres épigones, auxquels il est défendu de remonter au delà du millé- sime de 1753, tout cela — hélas — est de la peine perdue. Mais quoique Dalechamp ait dû taxer ses mérites philologiques plus liant U2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) que sa botanique, déjà un changement de système se fait sentir chez lui dans le sens de l'observation directe de la nature. Derrière la rigidité du commentateur se fait jour distinctement r« Allobroge» éveillé, à l'œil ouvert et à vues plus modernes, qui aime ses rudes montagnes et qui nous parle éloquemment de la beauté de leur flore. En peu de mots, mais vigoureusement, il décrit les gorges profondes, les arêtes balayées par le vent (loca perflata et frigida) des hautes régions. Il observe la faculté des Crocus et des Soldanelles de suivre pas à pas la neige fondante et il relève tant de fois l'élégance des plantes, non seulement de celles qu'on appréciait alors générale- ment, mais de buissons insignifiants et de chardons que le vulgaire méprise encore aujourd'hui. Avec une verve toute nouvelle pour l'épo- que, il relève la beauté âpre des deux Eryngium alpins, surtout de sa découverte: l'Eryngium Spina Alita, 1(3-42: « sa tète florale est entou- rée d'une couronne d'aiguillons dressée qui, de tous les chardons, n'est propre qu'à cette plante et à l'Eryngium cœruleum et qui est du plus bel effet (aspect u pulcherrimo). » L'humble Genista pilosa 173, sur la route de Salins, ne laisse pas de lui plaire : « la couleur safran de sa fleur, qui flatte les yeux des passants foculis prsetereùntium adblandiente) orne d'un agréable spectacle le sol où la plante s'étale». Même le port automnal du Genêt à balai (Sarothamnus) le charme : « Il perd ses feuilles en automne et ses verges verdissent entre les neiges tout l'hiver, offrant un aspect charmant.» Le rhizome du Dentaria l'inté- resse du côté pittoresque : « La racine est tellement composée d'articu- lations vertébrales qu'elle paraît être faite de dents jointes entre elles: «c'est une œuvre d'art merveilleuse de la nature. De là le nom de Dentellaria, 1207. » Il nous raconte encore comme, aux montagnes de La Mure, il a essayé de faire manger aux chèvres des feuilles de Rosage en leur offrant des branches arrachées, mais cpie ces bêtes ont refusé net, ce qui lui a confirmé ce que les pâtres lui disaient. Dalechamp nous donne régulièrement des noms vernaculaires très curieux. Le Rosage s'appelle en Savoye Des Ourles. Ce sera le Bâren- hlust de la Suisse au XVI"'e siècle d'après Simler (Clus. Pann., 76). Notre auteur était explorateur, non seulement compilateur. L'« Historia Plantarum » est dédiée par son éditeur à Chartes-Emma- nuel, Duc de Savoye, non sans allusions aux mérites de ses parents Philippe II et Charles V. De la France il n'est pas question. Pourquoi? Comme de la plupart de tels livres, il existe une seconde édition de L'Hist. Lugd. aussi, en langue française : « Histoire des plantes, deux (7) II. CHRIST. JACQUES DALECIIAMP 143 vol., tirée de l'exemplaire latin de la Bibliothèque de Maître J. Dale- champ, puis faite française par Maître J. Des Moulins, Lyon, chez Barde, Armand et Bigaud, 1658»1. Dans ce titre on reconnaît, avec une netteté suffisante, Dalechamp non seulement comme conseiller subsi- diaire, mais comme auteur, et Des Moulins comme simple traducteur, ou tout au plus comme rédacteur technique. Du reste, en parcourant l'Historia, nous trouvons des passages où Dalechamp s'avance de son rôle indirect à la locution directe. C'est Dalechamp qui parle, 1388, en ces termes : «Tragus verus (= EpKedra distachya L.) pridem a Dalechampio cognitus et amieis communicatus atque ita descriptùs, antequam recentiorum ullus de eo quicquain literis mandasset ». On reconnaît l'auteur qui réclame énergiquement sa priorité: 781. Ego olim monui rei herbarii studiosos... id quod valde proba- ble mihi visum est. 1020. Florem et fructum non vidi. 1036. Ego Banuncuhiin phœniceum (=- Ranunculus gramineus L.) semper vocavi. 1738. 11 raconte une histoire où parait un Herbarius quidam mihi cornes. Nous savons bien qu'il y a encore un compétiteur pour la coopéra- tion à l'Hist. Lugd. C'est Jean Bauhin le fils, qui a écrit — longtemps après, bien entendu — ceci2 : « Cum ego Lugduni Lugdimensem incepissem Historiam conscribere generalem, in qua mulluni laborabat Dalechampius. » Mais cette affir- mation tardive me semble fort sujette à caution. Or, le séjour de .1. Bauhin à Lyon, comme médecin de la ville, n'a duré que de 1563 à 1568. A cette époque, au dire de Maître Bouille, éditeur de l'Hist. gen. (voir sa préface de 1587: Vigesimus annus est et eo quidem amplius) Dalechamp avait déjà réuni un gros volume avec quantité de figures et de descriptions encore inédites, mais parfaitement mises en ordre (apto ordine positis). C'est la vue de ce volume qui a suggéré à Bouille l'idée d'une entreprise aussi vaste que l'Hist. gen. Lugd. Pour réaliser ce projet, il a dû chercher avant tout un rédacteur qu'il a découvert eu la personne de Molimeus. Quant à Bauhin, Bouille n'en dit pas un mot, tandis qu'il ne cesse de vanter les mérites de Molinauis et de Dalechamp. 11 me semble qu'en vue de cette genèse de l'Hist. gen.. 1 E. Chodat en connaît encore mie autre de 1615. - Voir Ludovic Legeé, Les Deux Bauhin. Marseille, 1904. 15. 144 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) racontée en long et en large par son éditeur lui-même, la supposition d'une coopération de Bauhin est peu probable et, si ce dernier s'est servi des expressions ci-dessus mentionnées, il ne peut guère s'agir que d'une intention non réalisée ou d'un commencement frustré peut- être par le départ prématuré de Bauhin. Et si Conrad Gesner a écrit au père de Jean Bauhin (6 octobre 1565, Epist. éd. Casp. Bauhino Basil. 1591) : «Audio et filium tuum integros de plantis commentàrios parare, etsi ipse hactenus cœlavit», ce passage s'explique assez bien par les propres paroles de Jean Bauhin (préface du quatrième livre de son Historia Fontis et Balnei admir. Bollensis, Montis belgardi 1598). «At vero qui historiam il lam Lugdunensem consarcinavit, omnia nostra hahiiit. Snl mehercle eadem ha?c, aliaque plurima paruni considerate congessit, tuin divulsis èorundem generum speciehus, tuni iisdeni eàrundem stirpium tain iconibus quam descriptionibus ssepius imprudenter inculcatis. Nec certe potuit aliter, ut qui vel stirpium et plantarum fuerit imperitus vel doctas doctissimi Dalechampii medi- tationes neutiquam perspectas habuerit, quas promiscue cum nostris aliquorumque scriptis confundit. Et eccam nunc historiam illam confusam potius quam ordine digestam, et sine judicio, dicam fere lectoris philobotani utilitate. Mihi quidem tum generalis illa historia fuerat demandata, ut qui ad eam vel ultro me accinxerium, nec infœliciter etiam cœpta, ut nmltis viris clarissimis uolum est, et ex Gesneri editis epistolis patet. » Il appert de cette plaidoirie, qu'on n'aurait guère cherchée dans un guide du baigneur au Wurtemberg, que Jean Bauhin avait l'intention de rédiger ce livre Lyonnais avec Dalechanip ou à lui seul, qu'il s'y croyait appelé même (on ne sait par qui) qu'il y a livré aussi des contributions, mais par une circonstance qu'il ne daigne pas nous révéler, cette rédaction a été confiée finalement à ce Molmaeus peu habile que nous connaissons et dont le travail est critiqué par Jean Bauhin, aussi amèrement que par son frère Gaspard qui a cru devoir vouer à son ressentiment un petit livre ad hoc, dont nous reparlerons. Donc, il ne s'agit que d'une coopération souhaitée mais ratée. N'oublions pas que Bauhin a écrit cette préface plus de trente ans après son séjour à Lyon. La rancune des savants ne s'endort pas si tôt. Ce qui, du reste, semble décisif dans cette question litigieuse, c'est que dans l'Hist. Lugd., on trouve à chaque page les vestiges de Dale- (9) H. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 145 champ, mais nulle part ceux de Bauhin, sauf quatre ou cinq fois où il est fait mention d'autant de trouvailles qu'il a faites1. Ici se pose la question, pourquoi Dalechamp n'a pas voulu se pré- senter comme auteur attitré. Il ne pouvait être gêné par le fait d'avoir reproduit un grand nombre de figures empruntées à des auteurs anté- rieurs, car tous ont fait la même chose, avec ou sans autorisation. Et la part de travail nouveau et original, tant philologique que botanique, qu'il a apportée à son livre était assez importante pour l'autoriser à se nommer. «Non liquet. » Si nous nous rappelons quelles poursuites le grand Clusius avait à subir dans sa patrie et à Vienne à cause de son hérésie réformée, on est porté à soupçonner un motif analogue pour la retenue de Dalechamp. Il connaissait peut-être trop bien le chemin entre Lyon et Genève par Saint-Cergue. Page 1297. Ce qui nous frappe aussi, c'est que les trois poésies d'usage par les- quelles des amis de l'auteur ont coutume de lui présenter ses gratula- tions sont anonymes. Ni le poète n'osa se nommer, ni l'auteur, ni même l'éditeur n'y sont mentionnés. Il est question seulement d'un « quidam vir doctus » qui chante les mérites du livre. On ne saurait pousser l'incognito plus loin. A ces temps là, on craignait partout se compromettre. « Latet anguis in herba», et c'était l'époque de la Saint- Barthélémy. La part de Dalechamp à ce livre est pourtant si grande que nous comprenons bien que l'exemplaire de la Bibliothèque de Baie porte son nom à la tète de la première page, écrit au crayon d'une main déjà assez moderne. D'autres citent le livre par la désignation de Pseudo- Dalechampius. Le dit exemplaire bàlois(Univ. B. Bot. 3819) a, du reste, un intérêt particulier relatif à l'histoire de cette université. Il s'y trouve une feuille manuscrite collée en face du titre, contenant en latin un peu chargé la dédicace suivante: « Ingrates înanet pœna etiam sub orco quam Machaonii Discipuli evi- taturi Casparo Bauhino Colle. Asclep. apud. Basilien. Decurioni lectiss. ejusdemq. Botanico et Anatom. profess. ordin. Prsecep. et Patrono fldeliss. Hocce volumen botanicum oit labor. in instit. rei herb. habi- tes non mercedis sed grati animi symbolum prox. pag. inscrip. offe- runt D. Q. D. anno 1589 Kal. Aug. » Suivent dix-neuf signatures : douze Allemands, deux Français, un Hongrois, un Brabançon, un Danois, un Anglais et un Bâlois : Georgius Léo. 1 Voyez Hist. Ludg., pages 8, 231, 321, 782. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 4-5-6, parUS le 25 Sept. 1917. 2 146 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) Le volume, du reste, montre des annotations et des soulignements de la main de Gaspard Bauhin ; en outre, il y a une preuve bien évi- dente que le botaniste bàlois s'est occupé assidûment de ce livre, car il a publié en 1600, à Francfort, un in quarto intitulé : « Animadversiones in Historiam generalem Lugduni cusam », où il démontre qu'environ 400 figures de cet ouvrage se répètent deux et même trois fois. Je pense que c'est là la faute moins de Dalechamp que de celui qui a mis la dernière main à la rédaction technique et qui avait à coordonner les notes. C'est peut-être Maître Molinseus qui y est pour quelque chose. Dalechamp était lui-même en relation avec les Bauhin, ce qui appert de différentes citations de Fllistoria. Il attribue à Bauhin la trouvaille d'un chêne particulier dans un petit bois à S. Viti entre Dùle et Besançon, 8. 231. Dalechamp parle d'un «Le du m planta in Gallia Narbonensi a Bauhino repertum » qu'il figure Ce doit avoir été l'aîné des frères, Jean. 782. Il dit : « Addo Stœchadem a Bauhino missatn » = Lavandula Stœchas L. Mu avait lié connaissance sans doute auprès de Guillaume Rondelet, à Montpellier, médecin, ichthyologue beaucoup apprécié plus tard, joyeux et hospitalier compagnon cité quelquefois par Dalechamp, le même qui a aussi reçu De L'Ecluse et Félix Flatter clans son intimité. Mais Conrad Gesner aussi était lié avec le botaniste lyonnais. Dale- champ décrit 199 comme Epimelis altéra, Gotoneaster Gesneri le Cotoneaster tomentosus Lindl. et ajoute : « Cotoneastrum Gesnerus clarissimus philosophus et medicus et pleri- que herbarii nommant. Ejus ramuni fructu onustumcumad Dalecham- pium il le misisset, Epinielidis genus esse judicavit. » 201. « Idem Gesnerus in variarum rerum cognitione optime versatus, banc etiam fruticis effigiem ad Dalech. misit, quae nascitur, ut scripsit in montis Generosi Insubrise crepidinibus, clivis ac prœcipitiis. » L'image semble représenter Bibes petraeum Wulf. 260. « Cytisus cujus imago hic appictaest(= C. nigricans L.) Conra- dus Gesner ad Dalech. misit.» D'autre part, C. Gesner nous dit, 1561, dans ses Horti Germanise, 253, qu'il a reçu de Dalechamp le «Cicer silvestre» (-= Ononis rotun- difolia L. ) qui se trouve figuré aussi chez Dalechamp, 463. Dans une lettre du 16 août 1561, adressée à Cratftheim, Gesner s'exprime ainsi : « Literas tuas superiore anno ad Bondeletium scriptas, quas ego ad (11) II. CHRIST. JACQUES DÀLECHAMP 147 doctissimum viruin et summum Rondeletiiamicum*JaeobumDalecham- piuin nomiue, Lugduni medicum miseram, intercidisse doleo ». On se demande pourquoi Daïechamp a si peu utilisé l'ouvrage impor- tant de Clusius, Rar. Stirp. l'an non. Austr. paru déjà 1583 et qui contient une grande partie de la flore alpestre et de la mi-montagne traitée par Daïechamp. La consultation de ce travail lui aurait épargné de présenter comme nouvelles, tant d'espèces déjà décrites et figurées par Clusius et d'en donner des figures souvent inférieures à celles-ci. Je ne citerai que quelques exemples : 1743. Aconitum candidum Dalech. = Ranunculus alpinus narcissi flore Clus. Pann. 367 = Anémone narcissiflora L. X21. Aquilegia minor Dalech. = Ranunculus thalictrifolius ("Jus. Pann. 379 = Isopyrum thalictroides L. 1206. Cucullata Dalech. = Pinguicula Gesn. Clus. Pann. 361 Piriguicula vulgaris L. 431. Gramen pinnatum Dalech. Spartium austriacum Clus. Pann. 719 = Stipa pennata L. 1180. ïhlaspi montanum minimum Dalech. = Cardamine alpina mini ma Clus. Pann. 475 = Hutchimia alpina Br., etc. Et pourtant Daïechamp a connu l'ouvrage de son rival. 11 copie par exemple, 1052, les ligures de Tussilago alpina I et II de Clus. Pann. 497, 498 (== Homogyne Cass.) Il copie sans gêne, 946, la ligure de l'Absinthlum montanum de Clus. Pann., 553, qu'il rebaptise Alt s in L li i ii m al hum et il ajoute : « a nullo adhuc scriptore memo- ratum, uni Clusio cognitum ». II s'agit d'Achillea ClavennàB L. Mais ce qui est plus fort, c'est qu'il reproduit très exactement la gravure de Clus. Pann. 666, Càrduus eriocephalus -(=; Cirsium eriophorum Scop.), mais en lui infligeant l'inscription Jaçea lutea Clusii, espèce espagnole (voir Clus. Dis., p. 362) absolument étrangère a la dite ligure. Daïechamp expose au grand complet tout ce que les Anciens racon- tent des qualités médicales des espèces et ne néglige même les Arabes Avicenna, Averrhoes et Mesues : qu'on aille voir ce qu'il a su réunir en quatre pages in-folio sur les vertus du Cucumer agrestis (== Ecbal- lion, elaterium (L.) et de l'Elaterium, qu'on en confectionne. Mais il est sobre où il s'agit de ses propres conseils et observations sur les simples. En comparaison des immenses dissertations des Kniu- terbùcher allemands sur Tormentilla, Pimpinella Saxifraga et Pi ni pine 1 la Sanguisorba, Daïechamp qui voue à chacune de ces 148 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) Panacées, une page seulement : 787, 1807, 1267, peut passer pour réservé. C'est qu'il est plus antiquaire que praticien. Quelques images fantastiques nous surprennent ci et là. On sait que les rhizomes du Doronicum pardalianches L. jouent un rôle à cet égard. Dalechamp nous régale, sur les traces de Mattliiole, de trois de ces ûgures : 1203, 1735, 1738. Page 1735 montre la queue de scorpion dont déjà C. Gesuer s'est moqué. 1738 est une racine déformée en un gros scorpion et 1203, un fouillis de nombreux scorpions appartenant à une seule plante. Mais l'auteur va plus loin, Append. 16 : il coiffe la ligure 1735 du Doronicum sans tige, de Mattliiole, d'une inflorescence de Petasités albus Grtnr., qu'il décrit très bien; il appelle le tout Aconitum par- dalianches primum et nous décrit pittoresquement la station : « nascitur copiose in Allobrogibus, hand procul a primario ccenobio cartliusianornm in confragoso et arduo monte quem ideo scalas nomi- nant, vulgo les Eschelles, oh angustos tramites in saxo velut gradibus excisos, pei' quos iu cacuminis fastigium conscenditur». Du reste, cette hallucination de scorpions qui a tant hanté nos botanistes du XVIme siècle s'est perpétuée jusqu'à Linné et au-delà, car nous appelons encore la plaide Aronicum seorpioides. (Test ainsi que ces bons pères de la botanique du XVIn,c siècle devaient patauger péniblement dans l'obscurité pour nous frayer le chemin. Et quelquefois, Dalechamp nous donne des figures fort réussies : 421. Granien vulgare Dalech. (= Cynodon Dactylon Pers.) 1267. Quinquefolium album (= Potentilla alla L.) et 1392 Cichorium bulbosum Dalech. (= Crépis bulbosa L.) représentent très bien le système radical de ces plantes. Par ci, par là, il arrive à l'auteur de traiter une espèce deux fois. 1637. Elleborns niger adulterinus Kuchsii, naît dans les montagnes rudes et pierreuses et entre les broussailles et lleurit en hiver ou à sa fin. Les Allobroges le nomment Massitr.e. 1638. Elleborns maximus. Fréquent dans les cultures: circa Biturigos et variis arvis Vidugassum (Beauciam vocant) Gallise Aquita- niaeet Narbonnensis, et juxta Ladumamnem Mouspeliisvicinum. Floret Christi natalibus fere. Les deux figures, excellentes, ne laissent aucun doute qu'il s'agit deux fois du même Elleborns fœtidus L. Ces fréquents doubles emplois ont tellement impressionné notre Gaspard Bauhin qu'il a cru devoir écrire ce petit livre ad hoc dont nous avons déjà parlé (voyez page 10). Cela nous rappelle un peu les « Décades errorum » qu'un (13) II. CHRIST; JACQUES DALECHAMP 149 des botanistes modernes les plus distingués a lancé contre un confrère non moins distingué ! Quant aux espèces nouvelles ou peu connues de la France orientale du Midi et des Alpes que Dalechamp introduisit dans la science, il faut du courage pour les repêcher dans l'océan de sa compilation immense, mais ce courage est récompensé. Si notre auteur avait voulu se concentrer et, au lieu d'éparpiller ses belles trouvailles parmi les redites et les citations sans nombre, s'il avait voulu nous donner un abrégé, une flore illustrée de sa région, à l'instar de Clusius sur l'Espagne et l'Au- triche-Hongrie, quel joli petit livre n'aurait-il pu nous laisser! Surtout s'il avait daigné écrire, comme C. Gesner sur le Pilate et Ben. Marti sur le Niesen, des récits de voyages et des aperçus de la végétation du Dauphiné et du Lyonnais! Espèces de la région inférieure Naturellement notre intérêt se porte de prime abord vers les [liantes alpines el montagnardes de Dalechamp, qui constituent, dans leur ensem- ble, la première et principale contribution à la flore des Alpes occiden- tales que nous connaissions. Mais avant de recueillir cet élément floral, il nous semble utile de démontrer combien la flore xérothermique, la flore des Garrigues et des Garides aussi, est redevable à notre auteur. Dalechamp a herborisé autour de Montpellier, où il a l'ait ses études, le long du littoral, jusqu'à la Montagne de Cette, aux Saintes-Mariés où il a vu un bois de Styrax, à Saint-Guilhem-le-Désert où il a cueilli le premier l'Iberis, et il cite souvent le riche pays entre Lyon et Valence. Il sVst intéressé particulièrement à la flore des bords de la mer cl If douzième Livre de son ouvrage contient un nombre surprenant de plantes maritimes, dont quelques-unes peu voyantes et difficiles à observer. Quant à V identification des espèces de Dalechamp, les figures m'ont servi beaucoup, quoiqu'il y en ait pas mal d'indéchiffrables. Quelquefois, l'ouvrage classique de Gaspard Bauhin: «Piriàx ïheatri Botanici Basil. Lud.» Kœnig 1623, vrai Index Kewensis du XYll""' siècle, qui est une synonymie complète des auteurs jusqu'à Bauhin, m'a donné la clef de l'énigme. 150 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) Dalechamp s'est intéressé particulièrement aux Graminées, et on peut l'appeler un des premiers spécialistes agrostologiques, surtout en comparaison de Clusius qui a négligé les Gramens au point d'en décriée, pour des pays aussi riches que l'Espagne et l' Autriche-Hongrie, deux ou trois seulement. Après avoir énuméré les espèces déjà publiées par ses prédécesseurs, par Lobel et Dodoens surtout, Dalechamp, 424 à 432, décrit et ligure pus trop mal une vingtaine de Graminées, la plupart pour la première fois. Il vaut la peine de les énumérer : 421. Gramen vulgare Dalech. = Cynodon Dactylon Pers. Figure excellente. Dalechamp ignore que Clusius, Hisp. 498 (1576), a déjà figuré la plante ! 424. Gramen minimum Dalech. = Mibora renia. 425. Gr. lanatum Dalech. = Holcus lanatus L. Gr. junceum Dalech. = Corynephorus caneseens P. B. Gr. pratense Dalech. -- Alopecurus utriculatus Pers. 120. Gr. anthoxanthon Dalech. = Anthoxanihum odoratum L. Gr. leiicanthemum Dalech. = Luzula albida L. 427. Gr. bulbosum Dalech. == Pou bulbosa L. Gr. spicatum Dalech. = Dactylis glomerata L., cité par C. Pau h in, Catal. 6 (1622); Gr. hordeaceum = Hordeum mu ri mon L. 428. Gr. muroruni = Brémus secalinus L. Les paysans le pren- nent pour un vice du blé. Les Lyonnais le nomment « Rue» et les Segu- siani « Gurguet. » Gr. polyanthes = Briza minor L. Les filles et lès garçons le cueillent volontiers et « in sertorum delitias cogant et nectanl. » Gr. fil ici nu m seu polyanthes = Eragrostis poasoides P. B. C'est ce que Clus. Hisp. 500, a déjà figuré comme Gramen Amourettes. 429. Gr. nodosum = Triliciim repenti L. Les porcs déterrent les racines charnues et en prospèrent merveilleusement. Gr. nemorum Dalech. = Luzula pilosa W. Gr. glumosuni Dalech. = Trisetum flavescens P. B. 430. Gr. au réuni Dalech. = Lâmarckia aurea Mnch. Gr. tomentosuin Dalech. = Lagurus avqtus L. 431. Gr. pinnatum Dalech. = Stipa pennata L. Déjà figuré par Clusius, Pann. 720, comme Spartium austriacum. 1391. Gr. maritimum Dalech. = Schœnus mucronatus L., Galilaea mucronata Pari a tore. (15) 11. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 151 432. Àlopecurus graminea Dalech. = Polypogon maritimus W. C'est sur les traces de Dalechamp, que Gaspard Bauhin s'est occupé des gramens. 1579. Pancratium Dalech. = Hemerocallis Valentin Clus. Ilisp. 288 = Pancratium maritimum L. 1566. Satyrium rubrum Dalech. = Dentalis Clus. Pann.,228 = Erythronium De us Canis L. 429. Solea equina Dalech. = Hippocrepis unisiliquosa L. 509 . Lotus Ly.bica Dalech . = Drycnium sp . 510. Lotus enneaphyllos Dalech. == Coronilla minima L. 513. Tri bu lu s iiiiuor Dalech. == Medicago minima Desr. 194. Jovis Barba == Anthyllis Barba Jovish. « Pulcherriinam banc plantam nions Setius, hodie Cap de Sette (= Cette C.) vocant, ab Agatha (= Agde C.) et Bliterris non admodum semotus nutrit. » 464. Cicer silvestre I Dalech. = Astragalus Cicer L. «Insaltuoso saliceto quod Rhodanus alluit prope Lugdununi. »> On sait que cette espèce entre par la vallée du Rhône, en Suisse, et jusqu'en Valais, C. 464. Cicer silvestre II Dalech. = - d'après la figure très réussie, le rare Ononis fruticosa L. 486. Ornithopodium tuberosuni Dalech. = Ornithopus perpu- sillus L. La figure et la description rendent bien et je pense pour la première fois, les tubercules de la racine, propres à beaucoup de nos Légumineuses. 718. Daucus pratensis Dalech. = C arum ver ticillatum Kach. 748. Fœnieulus tortuosus Dalech. = Seseli tortuosum L. 1031. Ranunculus hederaceus Dalech. = Ranunculus hedera- ceus L. Figure excellente. 1360. Leucoium maritimum Dalech. = Maleolmia maritima Br. 1393. Thlaspi maritimum Dalech. = Koniga marilima Br. 1318. Myosotis par va Dalech. = Draba verna L. Figure très bonne; la première? 1234. Alsine verna = Holosteum umbellatum L. 1198. Phyteuma quorundam Dalech. = Reseda phyteuma L. 1386. Polygonum marinum Dalech. = Polygonum maritimum L. 1151. Styrax == Styrax offlcinalis L. « Viret silva iis arboribus non procul ab eo religioso templo quod incola? vocant Les Maries Provincia Romana Gallica, verum gummi non emittunt. » (J'ai trouvé ce magnifique arbrisseau en fleur, en avril 1890, sur les rochers en face des Baux, près d'Arles, C.) 152 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (16) 95. Acer monspessulanum Dalech. = L. C'est Dalechamp qui a découvert et fort bien figuré cet arbre « in silva Valena urbi Mons- peliensi vicina. » 151. Lycium Dalecb. = Rhamniis infectoria L. « Ilaud absurde Lycium dici posse Dalecbampius arbitratur. In asperis et saxosis circa Avenionem et Carpentoracte locis provenit. Baccis ad tingendum aureo colore sericum infectores utuntur, easque vocant. » Graine à teindre, graine jaune, graine d'Avignon. 1671. 1680. Empetrum pbacoides. Alypum Penœ = Global laritt alypum L. = Hippoglossum Valentinum Glus. Hisp. 179. «Obsvio- ientiam in purgando facultate. » Cette plante s'appelle au Languedoc « Herba terribilis. » 1668. Sesanioides majus Dalecb. = Passerina Tartonraira Scbrad. « In Iota ora Massilise et Ligurise, Corsica ac Sardinia gignilur, illicque vernacula lingua Tartouraire appellatur. » (Le mot reçu Tartonraira n'a donc pas l'approbation de Dalechamp. C.) 592. Altbœa lignosa Dalecb. Lavatera maritima Gou. = Althsea frutex Glus. Hisp. 90. « Nascitur prope Miramvallem Monspel. agri vicuin in confragoso saxo, cui Anachoritse domuncula imposita est. Caudice non minus crassum quain est nostri corporis truncus, bomine proeeriorem» (!). •492. Antbyllis claviculata = Astragalus monspessulanus L. 446. Hedysarum minimum = Trigonellamonspeliaca L. 497. Cannabis silvestris Dalecb. = Galeopsis Teirahit L. 110. Rhus sylvestris Plinii Dalech. = Coriaria myrtifolia L. Dalechamp met en tête de sa diagnose la remarque suivante : « Quoiqu'on aille voir de la description suivante, que, évidemment, ce buisson ne cadre pas entièrement avec celui de Pline, je préfère le figurer sous ce nom là, puisq'il a bien des caractères du Rhus de Pline, au lieu de perdre notre temps avec une discussion ambitieuse et trop curieuse pour un nom, comme nous avons fait trop souvent déjà. » Ce buisson croît autour de Montpellier dans les baies, en une terre grasse et ferme. 167. Buxus = Buxus sempervirens L. Buys. Les Allemands (Germain. De quels Germains l'auteur parle-t-il ici?) exportent des endroits de la Gaule narbonnaise voisins de l'Espagne, surtout des Pyrénées autour de la ville de Limons, non loin de Carcassone, de grandes masses de racines de buis madré (crispis) qui sont recherchés pour des travaux de ciseleurs à cause de leurs taches bigarrées et lignes tortueuses et (17) II. CHRIST. JACQUES DALECIIAMP 153 dont ceux surtout qui habitent la célèbre ville S. Claudii (= St-Claude), dans les montagnes du Jura, confectionnent des quillers, manches de couteaux, latrunculi (= mannequins) et petites images. On appelle ces racines des Brouchias, connue aussi les racines madrées de l'Erable. 1363. Cneorum album Dalech. = Convolvulus Cneorum L. 1425. Volvulus terrestris Dalech. = Convolvulus Contabrica L. 186. Erica tertia Dodonœi = Erica tetralix L. « On en fait en France des brosses (scopse) pour écarter la poussière « des. habits. 11 croit beaucoup en Auvergne, pago quem Divum Anthe- « mium vocanl. Ailleurs on n'en fait pas d'usage. Les brossiers (Scopa- « rii) de Rouen (Rothomagenses) et de Lyon en achètent sur les lieux « et le transportent dans leurs boutiques (Tabernœ) où ils coupent les «tiges très minces avec des couteaux et les entortillent (diligentes « contorta) pour qu'ils s'adaptent aux brosses.» Y a-t-il encore des ves- tiges de cette industrie ? 1190. Statice Dalech. = Ami cri a sp. 1185. Synanchica = Asperula cynanchica L. 831. Digitalis = Digitalis purpureà L. Dalech. le cite seulement comme plante des jardins. Il dit des différentes espèces de Digitale: « hodie tamen nullus ejus in medicamentis est usus. Flos soïus sola venustate et forma placet. » Donc ce remède, aujourd'hui des plus en vogue, serait postérieur au XYIme siècle. 1290. 1291 . Centauri u m I uteuni prius et alterum == Chlora perfo- liata L. et Chlora serotina Kocb. 11-44. Asclepsias nigra Dalech. == Cynanchum nigrum Br. 1650. Tithymalus verrucosus Dalech. Euphorbia verrucosa Lam. = Tithymalus myrsinites C. Bauhin Cat. Bas. 84. 1660. Chamsesyce Dalech. = Euphorbia chamsesyce L. Déjà chez Clus. Hisp. 441. 1659. Peplion Dalech. = Euphorbia Peplis L. Déjà chez (Uns. Hisp. 440. 1659. Peplis miiior Dalech. = Euphorbia exigua L. 1239. Elatine polyschides Dalech. = Alchimilla arvensis L. Bien ligure. 696. A m mi qu or un dam Dalech. = Falcaria Rivini Host. 647. Sinapi échina tu m = Banian erucago L. 647. Sinapi amarum Dalech. = Nasturtium pyrenaicum Br. << i iï agris Arari vicinis juxta Insulam et cœnobium D. Barbarie prope Lugduuuui. » 154 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) 1649. Tithymalus ser rat-us Dalech. = Euphorbia serrata L. 1464. Leucahtha quorundam = Centaurea solstitialis L. «Inagro Vâlentino Allobrogum et in agro Gesteriensi reliquaque Galloprovincise frequentissima nascitur, agricolis, messoribus et viatoribusinfestissima, quod eorum crura spinis suis validissimis conflgat et saucîat. Seste- rienses Àuriole vocant, Monspelienses Spinam Solstitialem. » 1386. Erythrodamum mari nu m Dalech. = Galiùm marûimUm L. 1360. Tribulus marinus quorundam = Echinophora épinosa L. 1356. Clymenum minus Dalech. = Stachys pain si ris L. 1349. B elli s lutea Dalech. = Buphthalmum su /ici fol in m L. 1 177. Lithospermum nigrum Dalech. = Lithospermum arvense L. 1168. Sinapi album = Tumtis glabra L. 1150. Linaria ccerulea Dalech. = Linaria striata De. 1150. Linaria tenuifolia Dalech. = Linum tenuifolium L. 1384. Asterias sive Stellaria = Sherardia arvensis L. 1393. Nasturtium ni a ri l i nui ni = Cakile maritima Scop. 898. Satureja Intea Dalech. = Melampyrum pratense L. 1253. Bal Iota crispa == Lamium ampleaticaule L. 1253. » » major = L. hybridum Vill. 5(.»7. Satureja durior Dalech. Satureia montana L. «in niniitosis et saxosis oarbonensibus et Pedemontanis eopiose provenit. » On en use comme condiment an lieu de poivre. \)[H. Polinin luteum Dalech. = Teucrium flavum L. 569. Hic ça ci u ni magnum Dalech. Urospermum Dalecham- pii (L.) Desf. 1387. Gnaphalinin marinum Dalech. == Stœhelina dubia L. 1366. Coniza marina Dalech. = Phagnalon sordidum (L.) 1387. Gnaphalinin marinum tomentosum Dalech. = Diotis candidissima Desf. 1427. Crocodilium Monspeliense Dalech. = EchinopêRitroL. lD.tO. Catanance = Catananche cœrulea L. 1082. Britannica vera Dalech. == huila britannica L. 1116. Sonchus lanatus Dalech. = Andryala integrifplia L. 1 i72. Onopyxus alter. La figure rend assez bien Cirsium spino- sissi m mu Scop. mais les localités ne cadrent pas. 1466. Silybum sive Leucanthe Lo ni ce ri. La figure représente très bien YOnopordan Âcanthium, et non Silybum marianum Gàrt. 1472. Onopordon. 1er la figure rend bien le Cirsium laneeolâtum Scop. et l'auteur ajoute : « Dalechamp croit que ce chardon peut à juste (19) II. CHRIST. JACQUES DALECHÀMP [55 titre s'appeler Onopord on, caries Parisiens le nomment, en s'adaptant au nom grec, Pet d'Asne, ajuntque et affirmant, asinos eo gustato sub- sultare crebroque pedere. » Terminons cette liste par: 1180. Thlaspi montanum çàndidum Dalech. = Tberis saxa- tilis L., avec une ligure passable au moins pour la plante sinon poul- ies fleurs qui sont dessinées en ombelles au lieu d'en corymbes. « Ad vicuin quein incolae vocant D. Guilielmum Deserti, haud procul ab Agrtania cœnobio gignitur in prseruptissimo saxo. » ("est donc la première et célèbre localité méridionale de cette espèce qui, d'un saut prodigieux, passe sans station intermédiaire du Midi de la France aux gorges du Doubs et à Kavellen dans notre Jura Soleurois. .rajoute encore une découverte espagnole : 831. Au rien lu ni ursi Myconi = Ramonda pflrenaica Lam. Dalechamp nous donne la figure et la description de Myconus, la première médiocre, la seconde très suffisante. La plante est un remède contre les maladies de la vessie, « id quod Myconus vir bonus et doctus se expérimente confirmasse asserit.» Les Espagnols en usent aussi contre la toux et l'appelent Yerva lussera, aussi Peluda (== poilu C). Fran- ciscus Myconus ou Miconius était (voir 559 et 1304) médecin à Barce- lone, d'où il a envoyé à notre auteur des plantes espagnoles. En son honneur;" Linné a appelé cette espèce Verbascum Myconi. Espèces montagnardes et alpestres, établies par Dalechamp Quant au rayon que l'auteur a exploité, il semble que Grenoble, Die et la Mure lui ont servi de centres, d'où il a visité la montagne, la Grande Chartreuse, Les Echelles, etc. Mais il a atteint aussi Bourg d'Oisans où il indique le Sabinetum. Le Haut-Jura est cité souvent, une fois Saint-Cergue entre le Bugey et Genève, la basse montagne aux environs de Salins, etc. Je n'ai pas trouvé le Mont- Venteux. Il a poussé jusque dans la région du Rhododendron et du Crocus, et jusqu'aux arêtes qu'il appelle « loci frigidissimi et perllati. » Il semble que le vent de ces parages Ta impressionné particulièrement. A l'ouest du Rhône, il a été en Auvergne, au Mont-d'Or, à Gergovie, en Lozère où il a vu le Viola lutea en Heur. C'est, pour un citadin du XVIme siècle, un rayon d'exploration fort respectable et nous verrons qu'il a su y rassembler 156 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) un nombre de plantes nouvelles et d'observations fructueuses qui, s'il avait entrepris un travail d'ensemble sur cette flore, lui aurait valu une appréciation assez égale à celle dont Clusius a joui. 1460. Eryngium aliud inuntanum Dalech. — Eryngium alpi- num L. Figure bonne, mais tige trop raccourcie. C'est la première mention du Chardon Bleu depuis sa découverte par Ben. Aretius au Niesen 1558. Dalechamp indique comme localité: « in salebrosis montibus nasci- tur. » U62. Spina alba Dalech. = Eryngium Spina alba Vill. Figure excellente et la description vaut la peine d'être relatée ici : « Dalechampius Spina Alba arbitratur quse hic depicta est, notis omni- o lins a Dioscoride traditis ei aptissime quadrantibus. » On déplore la manie scolastique de notre auteur qui s'obstine à attribuer à un vieux Grec une espèce que lui-même a découverte dans les Alpes ! « Cignitur in « nivosis asperis et lapidosis montibus Allobrogum, locis ad orientera « solera aut meridiem conversis, qua celsi montium vertices in clivosos a tractus suramittuntur. Planta cubito procerior assurgit radiée pedali, « intus candida,fôrisex albo llavescente,paruinsurculosa,gustuadstrin- « gente, caule anguloso, superne ramoso inani, pollicis crassitudine ; « l'oliis Chamœleonis albi, candidioribus, angustioribus, altius incisis, « spinosis, subhirsutis, echinis oblongis, ovatis, aculeis innumeris <( rigentibus, dipsaci sati\ i echino prorsus similibus, horrido spinarum « erectarum vallo cinctis, quod huic uni ac Eryngio cœruleo ex omni- o bus spinosis plantis ab eo (i. e. Dalechampio) visis peculiare est, « adspectu pulcherrimo, flore purpureo, in echino subaculeorum velut « radice prodeunte. Semine Cnici minore. Haec descriplio ex planta « viva expressa omnibus notis Spinam albam ita représentât, ut nihil « desiderari queat et ejus cognitio herbariorum de Spina Alba dissen- « sionem dirimere debeat. » C'est seulement en 1779 que Villars, dans son Prospectus de l'Histoire des plantes du Dauphiné, est revenu sur celte plante. 1307. Arction quorundam Dalech. == Berardia subacaulis Vill. Bonne figure. « Nascitur in asperis montibus Allobrogum. » Comme pour l'espèce précédente, c'est Villars cit. qui a redécrit cette rareté en 1779. Le trio des hautes raretés allobroges serait complet avec Heracleum minimum La Marck fl. Fr. 1778 (Heracleum pumilum Vill. 1779), mais Dalechamp n'a pas su mettre la main sur celui-ci. (21) H. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 157 Aussi le Leontopodiiïm n'est cité par Dalechamp, 1343, que d'après Matthiolus, il ne l'a p;is vu lui-même. Mais le Rosage ne lui est pas resté inconnu : 270. Evohymus Theophrasti = Rhododendron ferrugineum L. On a de la peine à reconnaître la ligure assez manquée, surtout sous un nom apocryphe de Théophraste dont Dalechamp se glorifie, quoi- qu'il connaisse bien les synonymes : Balsamum Gesnero et Rosa alpina. Dalechamp dit que son Evonymus croît dans les montagnes rocheuses et rudes des Allobroges près de la petite ville de Mura (La Mure) à dix lieues de Grenoble, qu'il a des fleurs pourpre d'un aspect très beau, mais à odeur forte, tanquam virus cruores elTusi et corrupti naribus aillante. Au dire des pâtres, les chèvres et moutons fuient cette plante. Les Allobroges appellent ce buisson, qui atteint à peine la taille du grenadier, « Des Ourles. » 1533. Crocus silvestris, 1, II, 111, Dalech. = Crocus vernus Ail. « In Allobrogibus potissiinum nascitur liquente nive et sub finem Maji florem et folia statim promunt. » 1631. Elleborus albus = Veratrum album L. La figure est plutôt V. îiigruin L. empruntée quelque part. 1513. Hyacinthus latifolius Dalech. = Scilla liliohyacinthush. (probablement) in Monte Aureo Arvernise sponte crescens. 1556. Orchis rotundus Dalech. — Orchis globosa L. Dalechamp emploie le genre masculin pour Orchis et en forme le génitif Orcheos. Clusius se sert du- genre féminin et prend Orchidis comme génitif. Combat de classicisme. 1569. Palma Christi minor Matth. = Nigriteïla angustifolia Rich. Figure reconnaissable. Dalechamp ne connaît pas la plante, mais répète la description pittoresque de Matthiolus : «foliis angustis croci, caule dodrantali junceo hevique, in cujus cacumine flos emicat purpureus, Amaranthi semulus, qui recens odorem quam suavissimum reddit, radicibus aliorum (i. e. Satyriorum) similibus, sed qiue magnitudine ipsis cédant. Horum duo (Le. Satyria, majus et minus) reperiri gênera in Anani;eVallis monlibus Matth. ait. Vallis Anania3estinagroTridentino.)) 173. Genista minima = Genista pilosa L. « In sabulosis et lapidosis tumulis Œno (== Ain) fluvio per Sequanos labenti propinquis nascens qua e Liono Salinario (= Salins) Nozeretu m (— Nozeroy) oppidum itur. » 172. Genista angulosa Cordi = Sarolltamnus scoparius Wimm. « Hoc Arvernise montes maxime scatent. » 1ÔX BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (22) 1736. 1738. Thora Valdensium ex C. Gesnero. Limeum Parda- lianchis geiius Dalech. = Ranunculus Thora L. Au temps de l'Historia Lugdun., cette plante est à l'apogée de sa célébrité comme vénéneuse. Dalechamp, après avoir récapitulé longue- ment ce que C, Gesner et Pena ont déjà « traditionné » du Thora, nous dit qu'il se trouve près La Mure et in Jura' cacumine, où elle se lève sous la neige même ou sitôt après la neige fondue. Son venin est si puissant qu'un certain Herbarius qui m'accompagnait et qui de trop près et trop souvent a flairé cette herbe exhalant son odeur mortelle, s'est affaissé comme inanimé. On peut aisément comprendre qu'on peut avec elle tuer des poissons. 11 est connu que les montagnards de la vallée de Puta (où est-ce?) humectent le fer de leurs flèches avec le suc et que les animaux tombent morts infailliblement quand une seule goutte de sang sort de la blessure. Nous avons vu aussi un pigeon (Columbum) qui a été piqué légèrement avec une aiguille trempée dans ce suc et qui mourut peu après, lorsque nous le soumîmes à celle expérience délétère. On a quelque peine à croire que Dalechamp a vu tout cela lui- même! Les deux figures, 1738-1739, sont très bonnes et évidemment d'après nature. 17-48. Anthora sive Aiilithora Mal th. = Acônitum Anthora L. Il va sans dire que l'auteur, après sa dissertation sur le Thora, nous initie dans les vertus de l'antidote ou alexipharmacon dit Anthora. « Le genre humain serait trop mal partagé (pessime consultum) si aux venins il n'y avait pas d'antivenins à opposer. C'est pourquoi nous offrons, à la tin du livre que nous avons voué aux poisons, une herbe souveraine contre tous, mais surtout contre l'Aconit.» Anthora croît avec l'Aconit ou tout près, dans les Alpes rhétiennes et savoisiennes, aussi ailleurs. Les Liguriens de Turin et les habitants du Léman sont convaincus que cette plante a été créée par Dieu idivi- nitus) à rencontre du poison mortel du Thora et envoient une quantité de ses racines à Venise. Elle croît très abondamment près de Die en Dauphiné et s'y appelle Maclou, ce qui veut dire herbe contre le mal de ventre. L'un des bulbes radicaux devient flasque et l'autre vigoureux. Les Herbarii de ce pays-là croient que le bulbe flasque excite le dit mal et le bulbe vigoureux le guérit. 1743. Acônitum candidum acaulos Dalech. = , 4 ne m une narcissi- /lora L. « In opacis excelsiorum jugis. » 850.851. Pulsatilla, I, III, Dalech. = Anémone alpina L. (23) II. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 159 851. Pulsatilla, II, Dalech. == Anémone vernalis L. Les deux o in monte Mura oppidulo Allobrogum vicino. » 1033.1034. Ranunculus flore gîoboso = Trollius européens L. « Ostensis vallis. Arverniae. » 1297. Dentellaria rubra Dalech. = Dentaria digitatq Lam. «A Dalech. collecta vertice montis per quem Geneva itur ad Sequanos proxime pagum quem incolae vocant Sainct Sorgue quasi Divuin Sergium (Saint-Cergue). » 1180. Thlaspi montanura minimum Dalech. = Hutchinsia al pi nu Br. 1314. Linaria lutea Dalech = Biscutella lœvigata L. 1195. Phyllum arrhenogonum et Phyllum arrhenogonum majus Dalech. = Draba aizoides L. « In Sequanis ad Silli fluvii origi- neum haud procul a cœhobio Balmensi. » 1234. Alsine muscosa = Mœhringia musebsa L. «In truncis putrium arborum museosis, in udis aspergine parietibus et aliis opacis humidisque locis prosilit. » Figure excellente, fleurs à quatre péta- les. 1151. Anthyllis iiiontana = Thesium alpinum L. «In umbrosis inontihus. » 491. Onobryehis lutea Dalech. Thesium spec. «In nivosis Jura' montis cacuminibus. » 213. L auréola ferai n a = Daphne Mezereum L. Les Sequaniens rappellent « Ligniimnobile», bois-gentil, à cause de l'élégance des fleurs et le mettent, au commencement du printemps, avant l'apparition d'autres fleurs, dans des verres pour s'en diver- tir. 211. 213. Daphnoides = Daphne Laureola L. 1204. Melanium montanum = Pinguicula grandiflora Lam. Figure mauvaise. « In algidis montiurâ verticibus. >» 1204. Glastum montanum = Cerinthe alpina Kit. 876. Chryssea = Impatiens noli tangere L. «Nascitur in montium pratis. Elegantissima certe et admiranda peculiarique structura. Hœc Dalechampius. » 1133. Aizoon das\ phyllum Dalech. = Sedum dasyphyllum L. « quod Dalech. in parietibus et mûris Yiennie Allobrogum nasci observabat. » 1195. Phyllum thelygonum Dalech. == Saxifrago Aizoon L. «In saxis et rupibus apricis Allobrogum et Sequanorum. » 100 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (24) 1106. Echium montanum Dalech. = Campanula thyrsoideah. «In montium udis recessibus. Rara quidem certe et adspectu pu 1 die m nia hœc est planta. Flore pallido vasculi instar. » loo."). (Iranien pâmas si = Viola biflora L. = Viola montana 1 Clus. Pann. 357. 800. Viola flanimea sive tricolor major Matth. = Vieialutea Hds. « In Vallauuviorum montosis pascuis prope cœnobium qnod moïiasterium Divi Chofredi vocant, on voit cette fleur toute jaune en grande masse sur les montagnes les pins hautes et les plus froides que la neige couvre durant six mois, mais surtout sur ce joug élevé où se trouve la source de FAI lier (Ligeris) en croit une telle abondance qu'elles cachent la terre. Les habitants les ramassent clans des sacs et les envoient à Marseille, d'où elles vont par mer à Alexandrie en Egypte, où les gens les achètent pour les faire macérer dans l'eau pour la rendre potable et saine. » 1184. Ageratum purpureum = Erinus qlpinush. 828. Gentianelhi latifolia = Gentiana acaulis L. « In aridis nivosis perflatis montosis. » 829. Gentianella angustifolia = Gentiana vernah. Ces deux Gentianes s'appellent chez les Allobroges«Reperet» et servent de remède. 824. Càlamintha verna Dalech. = Gentiana campestris L «In pràtis editissimis jugoruni Jurœ montis. » 1158. Gentiana = Gentiana lutea L. Vient sur les sommités les pins élevées des montagnes, à des endroits ombragés et mouillés; il est si semblable à l'Ellébore blanc (= Veratrum) pour la feuille et les localités, que ceux qui sont peu expérimentés se trompent facilement. 1148. Ambrosia montana = Pyrôla secunda L. = Pyrola II Glus. Pann. 505. « Ex observatione Dalech. in Allobrogum monte Gratiano- poli (Grenoble) vicino quem Dix i .Enardi vocant.» 193. Idsea radix = Vaccinium vitis Idœah. « In allissimis Allo- brogum monlibiis. » 99. Epimelis = Cotoneaster integerrimus Med. « In excelsi montis jugo qui apud Allobroges Divi Ramberti Cœnobio imminet, frutex hic copiose nascitur. » 1314. Linaria alia minor cœrulea Dalech. = Soldanella alpina L. « In nivosis montibus provenit, etiani sub nive ipsa, ita ut nive liquata statini exsurgat. » 1248. Galeopsis lutea Dalech. = Salvia glutinosa L. «Hic minime prcetermittenda Galeopsis lutea herbariorum quam descripsit et depinxit (25) II. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 164 Dalech. Invenitur frequens in montibus ^Eguebelletii summo jugo qua Lugduno Cameriacum itur. o 11 faut s'étonner que cette piaule si com- mune a paru nouvelle à l'auteur. Elle est décrite par Dodonseus comme Orvala [II, par Lobelius comme Colusjovis et C. Bauhin, Cat. Bas. 69, rappelle Horminum luteum glutinosum. Il faut s'étonner davantage parce que le même Dalechamp a déjà figuré et décrit, 060, le même Coleus Jovis de Lobel. Notre auteur a ses ments de distraction. 1177). Tormentilla candida Dalech. Alchimilla alpina L. «In gelidissimorum et altissimorum montium pratis. » Les montagnards assurent qu'il suffit de porter la racine au cou pour empêcher de saigner par le nez. 1 164. Chamsedrj s montana Dalech. = Dryas octopetala L. Plagiai surClus. Pann. 611, sauf que la ligure de Dalechamp est moins bonne, à cinq pétales seulement. 1453. Chamasleou albus Maltli. = = Carlina sp: probablement. 6T. acaulis L. et C. acanthifolia AU. Se trouve abondamment dans les mon- tagnes allolirogesel on rappelle à Die, Chardousse. Les habitants pèlent ses têtes non encore fleuries et fermées, en leur ôtant leur enveloppe épineuse et leurs lamelles marginales, les coupent en disques et les cuisent connue légume à la manière des raves, ou ils les préparent dans la poêle avec du beurre, du sel et du poivre. Elles ont un goût plus plaisant que les têtes d'artichauts et que les cardons. 759. .M eu m aliud == Meum Mutellina Grtnr. Figure passable. «Sunt herbarii qui Meum aliud hiedepictum pro genuino habeant, quod in Allo- broguni et Sequanorum montibus frigidissimis et allissimis nascitur. » 1454. 1476. Chamaeleon niger = Carlina «raidis L. forma cau- lescens. 1184. Ageratum ferulaceum = S,enécio adonidifolius Lois. 860. Aster purpure.us montanus = Aster alpinus L. Dale- champ ignore que Clus. Pann. 537 a déjà publié cette plante. 1169. Ptarmica montana = Arnica montana L. «In altissimis et asperrimis Allobrogum montibus.» Ligure mauvaise, tandis que celle de Clus. Pann. 522 est excellente. 1125. Chrysoco'ma lan uginosum Dalech. = Gnaphalium pro- bablement norvegicum Gunn. « In aridis collibus Alpium. » 1116. Gnaphalium mon ta nu m Dalech. Gnaphalium .sa pi- an m L. ? 1291. Centauriuui nothum Dalech. == Cephalaria alpina Schrad. 1308. Cacalia Dalech. = = Adenosty les alliariœ Gou. BULLETIN DE I.A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N°s 'l-O-('), |KIIMIS le 25 Sept. 1917. 3 162 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) 1052. Tussilago alpina sive montana Dalech. = A. alpina Bl. Fig. Glus. Pann. 501. 1446. Acantliiuin m on tan uni Dalecli. Figure et description représentent quelque chose d'inouï. « Foliis araheosa lanugine obtectis, quam neri posse et in vestes texi omnino credrbile, cuin digitis sum- niis tractata non abrumpatur et quam Longissime ducatur. La figure donne un chardon colossal à capitules en cylindres tronqués. In gelidis montibus, ut in Monte Jura, unde et hoc advectuni est. Est-ce qu il s'agit de Cirsium eriophorum Scop. ?» Ici Dalechamp est tombé victime d'un « Herbarius quidam» un peu farceur. Les arbres 47.48. Teda arbor, cembro Italorum — Pinus cembrah. Figure h, unie. Le texte de Dalechamp nous démontre qu'il a connu Parole bien mieux que Jean Bauhin, Histoire universelle, 1650, septante -trois années plus tard. Voici ce qu'il dit : «Cet arbre fructifère, appelé par Pline Tœda, par Bellonius Pinas- ter,par les Italiens, aujourd'hui, Cembro, parles Allobroges Au via, croît dans les montagnes les plus hautes et les plus froides, exposition Nord et ne craint ni neige, ni frimas, au point (Ken jouir plutôt (exhi- laretur) que d'en souffrir, de manière que, depuis ses dernières et plus hautes stations de montagne, il plane sur tous les autres arbres. Il est généralement plus court que le pin silvestre, quelquefois son égal, il lui ressemble pour les rameaux, mais il est plus touffu que lui et que tout autre conifère, à cime en colonne, l'écorce est vers la terre rude et sillonnée, mais lisse en haut et aux branches, mince et blanchâtre comme celle du sapin blanc, non rougeâtre comme le pin silvestre, et on en fait des \ases, des corbeilles et autres objets comme du cuir. Les branches ne sont pas étalées latéralement comme chez le sapin, l'épicéa et le mélèze, mais courbées et très rameuses. Celles qui sont vertes regorgent de sève, les sèches deviennent rugueuses. Les feuilles sont de la longueur de relies du pin silvestre et sortent de petits nœuds au nombre de cinq, tandis 3 encore.) Les feuilles se trouvent entassées à l'extrémité des rameaux, en forme de pinceau ou d'une touffe de cheveux et au milieu se trouve le jeune fruit, qui se développe peu à peu à un cône d'un rouge noirâ- tre, ressemblant au cône de pin, mais plus court, plus mou et très résineux. Les noix sont petites, trigones et ne diffèrent guère en goût de celles du pin domestique, sauf qu'elles blessent la langue, comme tous les fruits sauvages, par une certaine rudesse. Kl les sont minces et fragiles et cèdent facilement, non seulement aux dents des hommes, mais aussi aux becs des oiseaux, que les Mlobroges appellent Piquerelles et Gesner Caryocatactes. Celui qui compare ce que nous donnons ici sur cette espèce de Pinus avec l'article de Bellonius1 sur le Pinaster, trou- vera que tout cadre avec sa description, sauf qu'il a employé mal à propos le nom Pinaster. Matthiolus nous apprend que les Italiens appellent cet arbre généralement Cembro et Cirmolo et qu'il se trouve fréquemment au Tridentino, mais aussi in Gavia Phœbese Vallis, in Flemensibus, dans les vallées de Vulturna et de la Rhétie et dans le comté de Tirol non loin d'Innspruck. Il ajoute qu'il en découle une résine blanche et odorante et que son bois sert aux Allemands à la construction de maisons et est très recherché, non seulement comme très beau et plaisant par ses veines ondulées, mais aussi par son parfum agréable. 49. Les parties grasses de la racine du l'm silvestre s'appellent chez les Allobroges Tiè et Thèse, ce que Dalechamp déduit de Tseda. Ils en usent, taillées et allumées, comme des chandelles, ce qui se voit encore de nos jours dans la Forêt-Noire; à comparer J. P. Hebel. Les Sequaniens nomment le Pin silvestre, aujourd'hui, «Pesse », les Allobroges, « Soiffe.» 53. Le sapin blanc s'appelle Avet, Sap ou Sapin. 55. Dalechamp ne mentionne pas le Mélèze pour sa région. 183. IL connaît le Sabina « in convallibus Alpinis supra Gratiano- polim prope vicum Bourgduisantz. » 92. Betula, Bouleau et Besse. On en fait, chez les Allobroges et les Sebusiens, les cerceaux pour les tonneaux. Dalechamp aurait bien mérité s'il nous avait dit comment il fixe les limites entre les Allo- broges, les Sebusiens et les Sequaniens. Au lieu de cela, il nous apprend que, aujourd'hui encore, les verges du bouleau sont la terreur des gamins de la Gaule. 1 Petr. Bellonius de Arbor. Conifer. Paris 1553. 4. 164 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (28) Dalechamp nous laisse dans le doute s'il a connu le Quercus Cerris L., tant il mêle ses «espèces» de chêne: les .Kgilops, les Haliphlœos, les Esculus. Il dit page 4, que le Cerrus est un arbre inconnu aux Français, mais il nous parle page 8, d'un chêne que Bauhina trouvéprèsdu village S. Viti entre Dôle et Besançon, et qu'on pourrait nommer « Haliphlœos Sequanorum : sine pediculo, calice valde hispido» (qui pourrait bien être le Quercus (À'ri'i.s L. (',. \. L'Esculus que Dalechamp cite ;'i Amblerieu et dans les carrières et gorges voisines, que les habitants appellent petil chêne, est probable- ment le Quercus pubescens \Y. 31. Dalecbamp loue beaucoup les châtaignes des Allobroges qu'on envoie dans toute la Provence, mais elles prospèrent mieux encore chez les Petrocorii (Poitou?) où il > en a des forêts immenses et où on en nourrit Ions les quadrupèdes et la volaille. Dalechamp ne connaît pas la charmille. Il déclare que le Carpinus est un Erable. '.)."). Acer montanum Acer ptatanoides L. que les Alpini et les Auvergnats appellent Plane. 95. Acer campestre sert comme soutien de la vigne, dits Hautains en Savoie, aujourd'hui Huttins (C.) La ligure n'est pas Acer campestre mais Acer pseudo-platanus L. 103. Laburnum - Cytisus Laburnum L. « In alpibus et montibus l'ère omnibus Delphinatus, Sabaudise, Terras cognomento Novae» (où est-ce? C). S'appelle Albour, Aulbour. Laburnum alterum = Cytisus alpinus Mill. est connu à Dale- champ seulement par Matthiolus «ex agro Tridentino. » 276. Sans lui donner un nom, Dalechamp nous décrit un Saule alpestre: «Dans les vallons des montagnes les plus hautes et les plus froides de la chaîne Segusia, près des ruisseaux et des mares, dans les prés, il y a un arbuscule de ce genre, comme avorté, à feuilles rondes et très petites, à peine larges d'un tierce de pouce, très rapprochées, dessus et dessous blanchâtres et laineuses, tout le buisson haut comme la main et à peine reconnaissable pour un saule à cause du port si raccourci et si condensé des branches et du feuillage». La Végétation du Paraguay Résultats scientifiques d'une Mission botanique suisse au Paraguay PAK lî. CHODAT aiec la collaboration rt> W. VISCHER VI. PODOSTÉMACÉES par R. CHODAT et W. VISCHER Un des buts de notre voyage était, si L'occasion s'en présentait, de rechercher au Paraguay , les Podostéinacées qui jusqu'à présent n'avaient pas été rencontrées dans ce pays par les voyageurs botanistes. C'est ce que nous fîmes lors de notre campement au Paso de l'Yagui. Cet endroit, (Tune beauté sauvage est, pour le botaniste comme pour le géographe, une station du plus haut intérêt. La rivière puissante coule dans une vallée aux flancs escarpés, constitués par des terrasses de grès qu'on descend successivement en venant de Piribebuy; les berges y sont garnies de grandes Eupliorbiacées, le Croton Urucurana Baill., dont les feuilles, semblables à celles d'une grande Malvacée, mêlent à leur frondaison grise, en parasol, la note gaie de limbes pendants rouges ou jaune d'or si caractéristique pour cette espèce au moment du renou- vellement de sa végétation. Après un parcours tranquille, la rivière fait un saut brusque, puis, en plusieurs bonds, chacun de plusieurs mètres de hauteur, forme une belle cascade toute blanche d'écume qui ensuite coule sur un lit assez incliné et continue sa course sur un fond de grès roses. Un peu au-dessous de la 166 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE 212) chute la berge rocheuse est garnie, dans les fentes humides, de Lyco- podium alopecuroides L. et, dans les fissures plus sèches, du feuillage raide et étage du Gléichenia dichotoma \\\, fougère qui accompagne une variété à ileurs blanches d'une Ericacée (Leucothoe sp.)1 tandis que plus près de l'eau, par dessus le torrent, les frondes ajourées des Alsophila mêlent leur gracieuse dentelle au menu feuillage du Galliandra bicolor Benth., pendant que des oiseaux-mouches, couleur de saphir ou d'émeraude, survolent les pompons roses aux longues étamines de cette délicate Mimosée. Vn peu en arrière, un petit marécage eu pente nous fait connaître une Burmanniacée, li. capitala Mart. et un intéres- sant Potygak. Tout au fond, on voit s'étager les gradins gréseux qui portent les cuvettes sablées déjà mentionnées- entourées ftEchinocactus (Echinocactus paraguayensis k. Sch.) de Cereus {Cereus paragua- riensis K. Schum.) et de dopai [cru Langsdorjfïi Desf. Au pied des rochers, dans la haute futaie, deux de nos « péons» sont occupés à abattre un Palmier, le «Pindo» {Cocos Romanzof- fituia Cham.) pour fourrager nos chevaux; dans la forêt sombre, pleine d'énormes nids de guêpes, accrochés aux troncs des grands arbres, Emilio, notre domestique, est occupé à cueillir, pour nous, de savou- reuses oranges. Pendant ce temps, nous examinons mé- thodiquement le lit du torrent, cherchant des Podostémacées, car si cette famille a des re- présentants au Paraguay, ce serait bien ici, dans ces eaux bouillonnantes, au milieu de ce paysage tropical que nous devrions les rencontrer. Notre attente n'est pas vaine; tout d'abord, sous l'eau claire d'une Fig. lfts. — Bord méridional des cent chutes ... de l'Yguazu. (Phot. de k. c.) petite anse de la rivière, au 1 Genre nouveau pour le Paraguay. 2 Cfr. Introduction, p. 15, fig. 8. t-213i It. CHOMAT. LA VÉGÉTATION JH PARAGUAY lt>7 pied de la cascade principale, sur des dalles de grès violacé, puis dans la chute elle-même, il \ a en abondance un Podostemon que nous avons plus lard reconnu être voisin du Podostemon (Un noria mis Warming, plante du Rio Trinidade et du Rio Cassu, au Brésil. Onsaitdepuis Aihlet, Wed- DELL et TULAS- NE1 «pièces Po- il os té tnacées son! des végé- taux aquatiques tropicaux ou subtropicaux, qu'on ne trouve que dans les eaux fortement aérées et plus particulière- ment dans les cascades. Notre espèce ( Podoste III 0 II atrichus Chod. et Visch.), dans l'eau transpa- rente, s'étalait, connue un ver plat et rose, sur la surface usée de la pierre, se ramifiant près- Fig. H».- Végétation du Podostemon atr ichus Cbodat et Vlscher 1 dans la cascade de l'Yagué. Les thalles pendants sont en< ore qu'à angle droit couverts de gouttelettes d'eau. A gauche, sur le grès rouge, on t 4,.^, lllf .,:„„• voit les racines rampant sur les aspérités de la P^rre. et traçant ainsi (Gj.ossissement v°) CPhotw.-vj de curieux des- sins, ou des réseaux plus ou moins géométriques. Il s'agit de racines en lanières qui, aplaties du côté inférieur, sont un peu pins bombées 1 Auiîlet, F. Histoire des plantes de lu Guyane (1775), t. I et IV. Weddell, A. A., in DC. Prodr, XVII (1873), 39. . Tulasne. L. R., Podostemarum Monographia, Archives du Muséum dhistoire naturelle, VI (1852). les BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (21 -ii du côté supérieur et qui tiennent au substratum par des rhizoides et par une sécrétion qui se fait principalement le long de la ligne médiane. Elles sont, on l'a déjà dit, de couleur rouge, par quoi elles rappellent certaines Floridées marines. Dans cette partie de la rivière où l'eau est moins tumultueuse et on le lit est plus égal, les racines émettent des pousses feuillées dig. 182), souvent opposées, dressées, de cinq centimètres de hauteur; celles-ci ont, à leur hase, des premières feuilles rudimentaires, puis brusquement, des feuilles munies d'une gaine, d'une stipule intrapétiolaire, fleuve semblait, qu'on me pardonne l'expression, rou- ler sur un tapis de roses. Il est très probable qu'on Fig. 175. - Antre vue de l'Ygazu. Ail premier trouvera des Podostémacées plaiL le Cocos KmumMln^botm de R (, dans plusieurs des rivières paraguayennes. On pourrait par exemple les chercher dans les belles chutes de Sapucay, mais peut-être ces dernières sont-elles trop ombragées. Chaque affluent paraguayen de I'Alto-1 1a se termine par un saut brusque; le plus connu est celui du \londay, situé à quatre kilomètres à l'intérieur avant d'arriver au fleuve. On doit \ trouver, sans nul doute, plusieurs espèci famille. Il en est de même du Rio Apa qui, d'après Garni ,r plus d'une rupture île pente. Nous sommes fortifiés dans cett supposition par le l'ait que 174 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (220) plus au Sud encore, au Salto Grande de l'Uruguay, Osten (ciï.Wabming V, 127 et 133) a récolté deux Podostémacées,les Podostemon Ostenia- num Warm. et Podostemon uruguayen-sis Warm. Lors de notre visite aux cent chutes de l'Ygdazu (fig. 168), en octobre 1914, nous avons également trouvé des Podostémacées (fig. 173) et ceci dans la première de ces grandes cascades, du côté de l'Argentine. Il va de soi que lorsque cet admirable cirque de cascades mugissantes qui se développe sur plus de quatre kilomètres et qui, dans un paysage tropi- cal d'une inexprimable beauté, constitue sans nul doute un des phéno- mènes naturels les plus extraordinaires du momie entier, l'une des sept Fig-, 170. - 1, 2, 3, 5 : Podostemon Warmingii Chodat et Vischer. 1 : fleur; 2 : feuille et calyptre rompue laissant sortir le pédicelle et la fleur; 3: stipules intrapétiolaires : 5: dèhiscence de la calyptre et sortie de la fleur; 4,6,7: Apinagia yguazuensis Chodat et Vischer. 4: base du thalle: 6: portion de tliaile avec feuilles branchies et thalle à feuilles en éventail, portant deux boutons floraux: 7, entre 2 et 6 : fleur jeune qui était incluse dans le bouton 6. (Dessin de R. C.) (±2h R. GHODAT. LÀ VEGETATION DU PARAGUAY 175 merveilles de la nature tropicale, aura été minutieusement exploré, les Podostémacées s'y révéleront aussi nombreuses que variées. Les nôtres sont au nombre de trois, deux Podostemon (Podostemon Warmingii Cliod. et Vischer, Podostemon aguirensis Chod. et Vischer) et un Apinagia (Apinagia yguazuensis Chod. et Vischer). Elles vivent ;'i < 1 1 1 < * I - Fig. 177. — Podostemon Warmingii (Jhodat et Vischer. 1: bouton floral, sur rameau dont la base fournit une haptère; 2: racine rubannée vue de dessous avec bourgeon floral muni d'une haptère; 3: racine rubannée, on voit les bourgeons naître de des- sous, en haut, à droite, radicelle: 4: id., montrant les haptères qui sont à la base de chaque pousse. (Dessin de H. C. 176 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE 222) ques niètres de distance les unes des autres; les deux Podostemon étaient, par places, mélangées. Le plus abondant, Podostemon Warmin- gii Chod. et Vischer s'installe le long des fentes et des canaiicules du rocher sur lequel courent les eaux d'un des nombreux bras (celui de gauche) du RioYguazu, juste au moment où elles vont se précipiter dans l'abîme bordé de Bambusées, de Faramea eyanea, de Lacistema et dont les pierres, dans la buée, se garnissent de dentelles de Fougères, de brillants Bégonia, d'Aroidées et d'Orchidées. Fig. 17S. — Podostemon Warmingii Çhod. — 1 : fouille dithécique à deux limbes inverses: 2 : id,; 3 : on y voit une plus petite feuille à gauche et le pétiole d'une plus grosse: 4 : id., avec deux limbes rudimentaires; 5 : bourgeon avec bouton floral et, à droite, feuille dithécique; 6 : feuille dithécique avec bourgeon dans la gaine à droite. (Dessin de R. C.) En s'avançant prudemment et en se couchant sur le rebord vertigi- neux de la corniche, on récolte aussi ce Podostemon Warmingii, sur toute la partie avancée du rocher, battue par l'écume des eaux bondis- santes. A l'époque ou nous \isitions le Salto de l'Yguazu, les eau\ avaient suffisamment baissé pour que cette espèce fut, par places', en partie ou totalement exondé. Cependant, là aussi, les plantes étaient continuellement mouillées par les projections ou les variations sacca- dées du courant. Or, ceci est important à signaler, car nos échantillons étaient en fleur et beaucoup avaient déjà commencé à mûrir leurs capsules. Il en était beaucoup où l'embryon remplissait de ses cotylé- dons tout le pseudo-sac embryonnaire. Les semences étaient donc peu éloignées du temps de leur parfaite maturation. (223) R. CHODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY 177 Cette espèce se comporte en principe comme le Podostemon airiehus Chod. et Vischer, de l'Yagué, niais nous n'avons pas observé chez elles de tiges anciennes. La plante s'élève à peine au dessus de 3-4 cm., y compris les appareils de dissémination. L'enracinement, le mode de ramification, l'origine endogène des rameaux et des radicelles, la posi- tion des haptères sont les mêmes dans les deux. Mais celte espèce de l'Yguazu est beaucoup plus débile, les stipules proportionnellement plus courtes. Il n'y a jamais ici d'entre-nœuds, les feuilles, par leur Fig. 179. — Podostemon Warmingii Chod. et Vischer. - : feuille bicarénée sans limbe, fortement grossie, de la base d'un bour- geon; 2 : id., le pétiole épaissi (double); 3 : on voit ici la con- crescence de deux feuilles (inégales), chacune avec sa gaine. (Dessin de R. C.) succession, constituant tout l'appareil axial. Ceci fait que les fleurs paraissent presque sessiles au sommet de ramuscules courts et disposés régulièrement, en opposition, un peu à la manière des Dicrsèa (cfr. Dicrœa erythrolkhen Tul et Weddell in Tulasne1, Monogr. PL X.). (Fig. 180.) Les pousses foliifères y sont très courtes; parfois elles sont initiées par quelques feuilles rudimentaires réduites à Sa gaine et à un petit limbe, simple protubérance ou appendice trifurqué, puis elles se conti- nuent par deux à trois feuilles munies de pétioles (fig. 177). Le dévelop- pement des feuilles des Podostémonacées de ce type a déjà été suivi et 1 Weddell, Podostem. in DC. Prodr.. XVII (1873). Tulasne, Monogr. Podostemon. (1852) 1. c. BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos ï-5-6, pai'US le 25 Sept. 1917. 4 178 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (224) décrit en détail par Warming1, ce qui nous dispense d'y revenir. Cepen- dant nous pensons utile de donner quelques détails sur le:? stipules intrapétiolaires qui sont, chez cette espèce, particulièrement bien développées. Tantôt elles se présentent (fig. 17)'), 3) comme un simple rebord, tantôt elles produisent latéralement deux oreillettes aiguës, tantôt aussi elles sont plus divisées. Les premières feuilles écailleuses les ont seulement rudimentaires pour ce qui est de la portion adaxiale. Déjà Warming1 indiqué qu'il n'y à pas de sommet vrai de Taxe dans les pousses stériles et que la jeune feuille parait naître au sommet, la suivante se développant du côté ventral de cette dernière, entre sa base et la Fig. 180. — Podostemon Warmingii Chod. et . Visch. - Racine» rampantes avec pousses latérales (cfr. fig. 177). (Phot. deW.V.) précédente. Si Ton examine à ce point de vue les feuilles «dithèces» dont il va être question, on voit que la nouvelle feuille se forme comme aux dépens delà base de la feuille précédente; il faut donc admettre qu'ici, Taxe et la base de la feuille sont confondus. On pourrait aussi supposer avec Gœbel2 que, chez ces plantes, il y a des pousses spéciales qu'on ne peut homologuer ni aux axes, ni aux feuilles. Cependant la présence d'entre-nœuds allongés chez plusieurs Podostemon et, en particulier, chez notre Podostemon atrichus, permet de traiter de la question des pousses selon la nomenclature habituelle. Autant qu'on le sait, à la germination, le thalle commence par une 1 Warming. E., Familien Podostemacere, Ait. I-VI. in Vidensk. Selks. Skrifter, 6me série, I et II, in vol. II (1881); III, in IV (1888); IV, in VII (1891); V, in IX (1899) : VI, in XI (1901). 2 Gœbel, Pflanzenbiolog. Schilderungenïl. (1889), 331. (225) li. CIIODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY racine adventive qui nuit au-dessous des cotylédons cl qui est peut- être l'origine de tout le reste (cfr. Willis1, 1. c. ex. Velenovsky, 390, fi g. 245). Cependant, à en juger par les ligures, entre les cotylédons se développe un bourgeon feuille qui, peut-être, se continue el qui serait la véritable pousse axiale, tandis que celle qui, sur le thalle (racine), naît par prolifération endogène, serait d'une nature particulière? (in indique ordinairement que, sur les racines dorsi ventral es, les pousses feuillées sortent de la face dors.de; chez nos espèces de Podostémacées, on Ta vu, cette origine est toujours ;'i la face inférieure. Il est encore un point sur Lequel il convient d'insister plus longue- Fig. 181 et 182. — Podostemon atrichus Chodat et Vischer. — Pousses foliifè- res sur racines dorsiventrales. 181, dans la cascade; 18'2. sur une dalle, eau tranquille (cfr. fig. 212). tPhot. de W. V.) nient, c'est à propos de ce que Warming-2 a nommé la feuille « dithé- cique» et qu'il décrit en ces ternies : «Lorsque se forment des ramifications latérales (chez les Eu-podo- «stémées plus particulièrement étudiées à ce point de vue), celle-ci « ne sont pas exactement à Taisselle de la feuille et de Taxe, mais, «comme la feuille elle-même est fortemen tordue et le rebord « notoscope (vwxoç dos) tourné vers l'extérieur, alors le bourgeon 1 Willis J. C, Studios in the Morpnology and 3 of tbe l'odostemonaeeae Annals of the Royal bot. Garden Peradenya (1902 '-' Wauming, É., in Engl. Nat. Pflanz. Fam., lii., Ii. a. 180 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (226) «axillaire ne naît pas, en apparence, de l'axe, niais an rebord de la «feuille, tourné à l'extérieur et en dehors de la gaine quand elle est «présente, mais il est muni alors d'une gaine nouvelle spéciale, la «gaine externe, dans laquelle le «bourgeon est tout d'abord caché, «avant d'apparaître. » Dans celte description de War- mîng, les termes dorsal ou ventral (notoscope on gastroscope) se rap- portent aux pousses qui, dans leur en- semble, sont souvent dorsiventrales. Mais, dans nos espèces de Podoste- mon, le phénomène est plus simple, car les (tousses \ sont bien bilatéra- les mais, comme elles sont dressées, la dorsiventralité ne s'y fait guère remarquer. Les feuilles ont alors des stipules symétriques et, quand il y a torsion, celte dernière frappe surtout le limbe dont les ramifications finissent par présenter leur face supérieure du côté interne (notoscopie). Warming a l'ail connaître que Fig. 183. — Podostemon Warmingii Cliod. et Vischer. — Phyllome bi- carené avec limbe rudimentaire poilu; deux aspects du même. (Dessin de R. G.) Ci 1 Fig-. 184. — Apinagia yguazuensis Chodat et Vischer. Gr. 1 */i. (Dessin de II. C.) souvent la feuille « dilhécique » qui suit immédiatement une fleur (considérée sans doute avec raison comme terminale) paraît comme ter- minale et que parfois la ramification se fait en dichotomie (au moins en apparence). Chez nos Podostemon, il n'y a jamais cette dichotomisation (227) I!. CIIODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY 1X1 la nouvelle p«»i"ssc parait latérale (sympodium). Nous nous sommes efforcés, puisque les Podostemon Warmingiï C. et V. et le Podostemon aguirensis C. et V. présentaient une relative simplicité (à cause de leur symétrie moins déviée et presque seulement bilatérale et non pas dorsiventrale accentuée), de comprendre la valeur morphologique de la feuille «dithécique». Elle nous apparaît (flg. 178-179), chez Podostemon Warmingii, connue un organe de double nature, en quelque sorte comme le résultat d'une Fig. isr>. — Apinagia yguazuensis. — Dans la figure d'en bas, on voit encore la racine primitive qui a donné naissance à la pousse. Réduc. '/«. (-Phot. de W. V.) concrescence de deux feuilles. Il y a d'abord le fait que le pétiole de cette feuille dithécique est souvent plus renflé que les pétioles des feuilles situées plus bas. En outre, si on en examine un grand nor ire, on voit que chez beaucoup on peut reconnaître, par une I e décurrence du segment mineur qui aboutit à la stipule externe, qi I s'agit d'appa- reils génétiquement réunis. Le dessin que : tonnons d'une sem- blable feuille dithécique, prise sur le Pod WarmingiiC. et \ ., vient définitivement expliquer cette curieu e structure. On voit en effet la stipule externe entourer une feuille insérée justement à son sommet 182 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (2281 et qui ne peut être que l'homologue du segment décurrenï figuré autre part. La théorie qui nous paraît la plus plausible est que cette feuille, parfois réduite à sa stipule, esl la première feuille d'un rameau qui est situé devant elle et qui, à son tour, peut se terminer par une fleur. Cette première feuille esl rudimentaire ; elle possède à sa hase un bourgeon qui souvent reste enveloppé et dormant dans la stipule enroulée en forme de sac (fig. 178, 2, 3, 6 et fig. 17(.t, 183). Ou pourrait maintenant se demander quelle esl la valeur morphologique de la spalhelle? .Nous n'avons pas eu à notre disposi- tion des étals qui permettaient de ré- soudre organographiquement cette ques- jâ^Èt lion. Non- pencherions pour adopter la -*i>ÉgLj^p^j bjÊà solution suivante : Il s'agirait ici d'une ^Êfâf^^^ stipule intrapétiolaire d'une feuille ré- ^kÊr % duile cel organe : l'absence de ner- W \nre, la forme en sac rappellent les M organes analogues des Dicotylédonées et desMonocotylédonées,parex. plus parti- culièrement la coléoptile des Graminées. Fig-. 18G. - Apinagia Yguazuensis. . , Réduct. »/«• (Phot. de w.v.) Dans le Podostemon olivacews (Gardn.) Tul., la spalhelle est comme naviculée, elle rappelle alors tout à l'ait une stipule intrapétiolaire sans limbe développé (cfr. WarmiNg in Nat. /'//:■. Fam., I. c 6, fig. 5). Nos Podostémacées ont toutes des fleurs zygomorphes ; Warming, Bâillon1 (p. 2(31 ), etc., considèrent les languettes latérales comme des écailles d'un périanthe et celle qui est intermédiaire aux deux étamines portées sur Pandrophore, comme équivalente aux deux autres, mais elle serait soulevée par une espèce de disque unilatéral commun à cette pièce périgonéale et aux deux (''lamines. Chez nos deux Podostemon Warmingii Chod. et Yischer et Podoste- mon aguirensis Chod. et Yischer, la spathelle est particulièrement inté- ressante car elle se rompt comme par une incision presque circulaire. ce qui détache un couvercle qui, en forme d'opercule, est renversé en 1 Bâillon, Histoire des plantes, IX (1886), -263. (229) I!. CHODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY [83 arrière, ne tenant au tube de la spathelle que par une courte charnière. Tout à côté de ce Podostemon Warmingii croissait, seul ou en mélange, un autre Podostemon que nous appelons Podostemon aguirensis Chod. et Vischer et dont la biologie est semblable à celle de L'autre espèce. La spathelle, dont la déhiscence est analogue, est plus aiguë et plus atté- nuée à la base, le fruit muni de côtes saillantes en forme de bande- lettes, sauf celles qui correspondent au milieu des carpelles, c'est-à-dire antéro-postérieurs (flg. 195), qui soid plus étroites. Huant à VApinagia yguazuensis Chod. et Vischer, c'est une plante thalloïde (\u type de VOenonelatifolia figuré par Ggebel (cfr. Pflanzbiol. Schild. I. c. tab. XXVI, fig. 1 ) fixée par un seul crampon (flg. 184 > Fig. 187. — Sections comparées dans les «tiges» des Podostemon atrichum, Apinagia yguazuensis et Podostemon aguirensis. — 1 : Podostemon atri- chus, trois conçues externes de cellules silicifiées: 2 : collenchynie en noir: 3 : deu» couches silicifiées et collenchynie autour des faisceaux. (Dessin de W. V.) Sur quelques plantes, on pouvait voir que ce crampon correspond à une haptère d'une pousse latérale issue d'une racine dorsiventrale pri- mitive; la pousse seule prend un grand accroissement, la racine ne joue comme appareil assimilateur et fixateur qu'un rôle subordonné. On pourrait peut être mettre cette structure différente en parallèle avec le mode de vie. En effet, VApinagia yguazuensis Chod. et Vischer se développe dans les eaux courantes mais non pas dans la cascade proprement dite. Les pousses foliifères étalée ntail ou thalloides sont flexibles et suivent, en se déplaçant, ' u. L'apparence de la plante est un peu celle d'une Fucacée ou, mieux comparée, elle res- semble à un Lichen du genre Cetraria, par exemple au Cetraria cucul- l(i/d ou au Cetraria islandica dans ses formes foliacées (fig. 185, 186). 184 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTAMOUE DE GENEVE (230) Son «stipe» est muni de lignes saillantes, renflées, provenant de la décurrence des ramifications (fig. 184); de ce stipe, la plante va se dilatant en entonnoir ouvert d'un côté ou en lames largement canali- culées tournant leurs concavités vers le centre organique de la plante puis se divisant en dichotomies. Fig. 188. — Podostemon Warmingii Chodat et Vischer. — 1 : ovule avec nucelle et sac embryonnaire, constitution du pseudo-sac embryonnaire, téguments externes et internes; 2: section transversale à un stade analogue, on voit l'amidon dans le tégument, au centre, le pseudo-sac: 3 : extérieur de l'ovule presque mûr. (Dessin de R. C.) Elle se développe par la concrescence de ses feuilles disposées sur deux rangs, mais à limbe tordu, de manière à constituer un thalle dor- si vent rai. Comme on l'a décrit pour d'autres, les fleurs, dans cette espèce sont logées, avant l'anthèse, clans une cavité formée par la concrescence des bases des feuilles. Chaque fleur est cependant entourée par une spa- tlielle. (231 R. CUODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY 185 Sur les feuilles naissent des touffes de lobes filiformes entiers (fig 184-, 176, 186) qui ont évidemment la fonction de branchies; elles augmentent la surface de respiration et d'assimilation ; parfois aussi. les feuilles se continuent en des lobes ramifiés qui rappellent, comme (railleurs certains rameaux à ramification dorsiventrale scorpioïde, des dispositions analogues de VApinagia Riedeiii Warm. Mais ceci est exceptionnel. Par la force du courant, les portions chargées des feuilles sont dilacérées (fig. 186). Dans l'anatomie de ces quatre plantes, nous avons constaté les faits suivants qui, au point de vue biologique, nous paraissent dignes de remarque. Il \ a tout d'abord la distribution des gros corps siliceux bien connus pour plusieurs espèces de cette famille. Fig. 1S9. — Podostemon Warmingii Chodat et Viseher. Section longitudinale d'ovules (tégument interne): : au centre, cellules utriculaires latéralement décollées, chacune avec son noyau. (Dessin de R. C.) Dans le gros Podostemon àtrichus Chod. el Viseher, de l'Yagué, il \ a trois à quatre couches de cellules à silice, en (raidies tenues, une cara- pace solide qui se fait reconnaître tout de suite à la cueillette dans leur station par la consistance rigide et friable de ces végétaux. Dans le Podostemon aguirensis Chod. et Viseher, il n'> a que deux couches de ces cellules silicifiées et dans YApinagia yguazuensis Chod. i Viseher, cette silicification fait défaut. Le revêtement silice parait donc correspondre à leur fonction de résistai- i en mouve nt. On peut déjà, en les récoltant, constater que da espèce robuste, le Podostemon àtrichus, il n'y a pas de accentuée. Ceci est (railleurs adéquat à leur station qui lopper sous la cor- niche (plus ou moins rongée) de la chi unie de l'eau aérée. 186 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (232) alors que lesdeux autres paraissent préférer l'eau courante et limpide. Ceci est vrai surtout pour VApinagia yguazuensis. Cette dernière espèce joint à cette plus grande flexibilité, duc à l'absence d'un manteau silicifié, une intéressante concentration du système mécanique proprement dit. Ici il est représenté parmi man- chon de cellules prosénchymateuses, espèces de fibres à ponctuations en feules obliques, concentrées autour du cylindre central et nettement lignifiées. Ceci a été vérifié par remploi du réactif à la phloroglucine. Dans les deux autres Podostemon la lignification fait défaut, même aux hydrocytes spiralées, tandis que chez VApinagia, les trachées sont lignifiées. Le collenchyme est diffus dans le Podostemon atrichus Chod. et Visch.JI est localisé en un à trois groupes dans le Podostemon Fig\ 190. — Podostemon Warmingii Chodat et Yiseher. bryon et introduction de celui-ci dans le pseudo-sac. Développement de l'em- (Dessin de R. C.) aguirensis Chod. etVisch.,, ce qui lui donne, comme à VApinagia, la con- centration de ses filtres, la valeur mécanique d'un câble flexible (fig. 18 7). Signalons, pour terminer cet exposé de l'appareil végétatif, une curieuse particularité de l'épidémie des feuilles du Podostemon u/riclni.s, caractère que nous n'avons pas trouvé chez les autres espèces étudiées par nous. Chaque cellule épidermique de la feuille adulte, présente, au milieu de sa péricline externe, un disque circulaire ou ellipsoïde de cutine, plus épaissi à son pourtour, ce qui lui donne l'apparence d'un anneau. Le reste de la paroi est cellulosique. Il va de soi que ces cellules sont celles par lesquelles se fait la diffusion des gaz et des sels dissous dans l'eau du rapide ce qui peut se faire par la portion cellulo- sique perméable, tandis que le couvercle cutinisé a la valeur d'une perle d'épaississement cùtinisée comme on en rencontre sur les épidémies de beaucoup de plantes (Gladiolus spec, etc.). On pourrait (-233) li. C.llOhAT. I,A VEGETATION 1)1' PARAGUAY 1X7 voir dans celte structure un compromis entre la fonction d'absorption et la fonction mécanique. Rappelons en passant, ce qui a déjà été signalé souvent, que nos Podostémacées n'ont pas non plus de lacunes aérifères. L'espèce de l'Yagué n'était pas en fleurs; ces dernières n'y étaient même pas sous forme de rudiments. Chez les autres, les fleurs attei- gnenl dans la spathelle leur développement complet. Au moment où, crevant cette dernière, le pédicelle floral élève la fleur, les appareils Fig. 191. — Podostemon Warmingii (_'liodat et Vischer. — 1 : ovule avec nucelle et pseudo-sac en voie de formation; 2 : sommet de l'ovule avec sac embryonnaire écrasant les cellules du nucelle et les cellules qui s'allongent pour tonner le pseudo-sac; 3 : base de l'ovule, tégument externe seulement indiqué ;'i la base, l'interne différencié en deux assises, l'externe encore fortement amylifère, l'in- terne réservoir d'eau et de nourriture: on y voit les cellules cylindriques du pseudo-sac. (Dessin de R. C.) sexués sont mûrs (fig. 176, 1, 2, 5) et la fécondation par les insectes peid se faire. Chez le Podostemon Warmingii, les fleurs étaient d'un vert-jaune olivâtre; il n'y a donc rien qui favoriserait la visite par les insectes. Le vent agissant sur les anthères oscillantes peut aussi trans- porter le pollen. Les stigmates sont remarquablement développés. Warming1 avait déjà soigneusement examim igine et le dévelop- pement îles ovules et des anthères chez plusieurs Podostémacées; il 1 Warming, E. Pamilien Podostemacese r, [1 Vfli.. Vidensk. Selsk. Skr VI« Raekke, Bd. III (1882), 119. ISS BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (234) ii aussi décrit minutieusement le développement de l'embryon. Went a complété ces recherches en ce qui concerne les appareils du sac embryonnaire. Ses recherches ont élé confirmées par Magnus. De ces études comme des nôtres, sur le Podostemon Warmingii, il résulte que l'ovule a deux téguments; le nucelle comprend des cellules basilaires et un bec qui fait saillie, ce qui le fait ressembler à un nucelle de Gamopétale engagé dans le micropj le. Sous l'épiderme de ce minuscule nucelle, une Fig. 192. -- 1 : semence avec tégument amylacé; le tégument interne réservoir d'eau et d'albumine: 2 : section dans une semence mûre, deux cotylédons; 3 : paroi de la capsule. (Dessin de R. C.) tétraspore, après avoir refoulé les autres, s'organise en sac embryon- naire (fig. ISS, 191, 1). Mais d'une manière analogue à ce que nous avons décrit en 19001, pour le Helosis guyanensis Rien., le développe- ment dû sac s'arrête avant la production de huit noyaux. Dans le sac, prêt à être fécondé, on reconnaît une oosphère, deux synergides, un noyau polaire, l'autre, qui devrait fournir les antipodes, est dégénéré. Pendant que s'organise cette mégaspore, les cellules au-dessous du sac. comme celles du tégument, s'allongent, ces dernières en se subdi- \ isant, les autres sans se subdiviser mais en se développant en de longs 1 Chodat, R. et Bernard, C. Sur le sac embryonnaire de YHélosis guyanensis in Journal de Botanique, XIV. (235) R. CHODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY ! utrieules qui se libèrent latéralement, ce qui permet leur contrad durant la fixation cl la coloration du matériel (fig. 188, 189, 191 ». Par la production de ces cellules qui, sans se diviser, traversent tout l'espace compris entre les deux assises du tégument interne et par la dilatation de ce dernier, dans la région moyenne, se constitue un espace relativement large. On a appelé celle région « Pseudo-sac embryonnaire ». WeNt1 et Magnus? en ont fait mention et \ ont vu les cellules se désorganiser et les noyaux parfois accolés et contractés dans une niasse protoplasmique gé- nérale. Je n'ai, dans mon étude sur le Podostemon Warmingii, pas réussi à voir de même; au moment où l'embryon formé dans le sac embryonnaire, au- dessous d'une cellule suçoir à gros noyau qui reste dans le sac primitif, est poussé au moyen d'un suspenseur pluri- cellulaire (fig. 19,0), ces cellu- les tubuleuses ont encore leur noyau, un noyau normal. Dans cette espèce au moins, il ne peid s'agir d'une désorganisa- tion qui ferait disparaître les membranes et confondre les plasma. Pendant tout ce temps, ces cellules insérées sur de petites cellules chalaziennes fig. 191, 3) et tendues entre celle région et l'épiderme du nucelle saillant ou sa base, semblent servir d'appareil conducteur ; en quelque sorte, elles prennent pendant celte première période la fonction d'antipodes cl je suis d'accord avec Wettsteix et Ehxst8 en leur attribuai!1 action analogue a Fig. 193. — Région argentine du cirque des chutes de l'Yguazu; on ne voit do ce cirque qu'une petite partie. (Phot. do K. ('. 1 Went. Recherches sur les Podostémacées, C'omi ( l'Académie, Amster- dam, XVI (1910). 2 Magnus, W. Le développement atypique des 1 icées, 2 lora, < V 1913), 275. 3 Ernst, A. Article sur la reproduction des Ang ies, in Handwôrterbuch der Naturwissenschàften, IV (1913), '261. îyo ltt'ELETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE celle qui est reconnue aux antipodes des Composées, Graminées, Pipé- racées, Convolvulacées, etc., ou aux suçoirs d'origine albuminique chez beaucoup de Gamopétales ou chez les Linacéés. Cependant elles ne paraissent pas être des suçoirs proprement dits : il leur manque l'hypertrophie du noyau, lequel, ici, reste normal. D'ailleurs cette fonction n'est probable que pour la pre- mière période du développement du sac embryonnaire et du tégument du pseudo- sac embryonnaire, car avec la pénétra- tion de l'embryon et la différenciation des cotylédons, l'apport de nourriture digérée, par le chemin de la chalaze, est entravé par la cutinisalion des petites cellules qui occupent l'espace cohipris entre les deux rangées internes des cel- lules du double tégument. Au début, toutes les cellules sont far- cies d'amidon; l'épais placentaire (fig. 194) reste pendant tout le développe- ment de l'ovule, un réservoir amylacé. Le polysaccharide disparaît des cellules du pseudo-épithélium du faux sac em- bryonnaire (fig. 191, 192) à mesure de la dilatation de ces cellules qui devien- nent aquifères. La seconde couche con- serve son amidon beaucoup plus long- temps. Dans une jeune semence, dont l'embryon remplit presque tout l'espace du pseudo sac embryonnaire, on trouve encore de l'amidon dans cette couche à cellules cutinisées. Le tégument e\- Fig.194.- Podostemon Warmingii terne reste aill\lacé (fig. 192) et forme Chodat et Vischer. Section Ion- c gitudinale par un pistil avec comme U1I double ou triple Sac autour gros placentaire. ,. -, ■ . , , (Dessin de r. c.) (' "" n°yau interne, maintenant large- ment incrusté ; ce n'est que tardive- ment que la paroi externe de la couche limite, gélifie sa membrane. On l'a déjà dit, l'une des caractéristiques des semences des Podosté- macées, c'est que ces dernières sont à peine plus volumineuses que les ovules au moment de la fécondation ; c'est aussi l'absence totale (237) I!. CHODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY 191 d'albumen, même à l'étal de vestige; c'est encore le développement de l'embryon dans un espace qui n'est pas le sac embryonnaire. A ce point de vue, les Podostémacées sont isolées dans le règne végétal. Magnus, W., veut voir dans le pseudo-sac embryonnaire un réservoir d'eau el n'\ \<>il que cela. Nous pensons que les cellules filamenteuses servent aussi de cellules actives, amenant de la nourriture an sac embryonnaire el facilitant, par leur pouvoir dissolvant, l'hydrolyse des réserves dans l'épithélium du pseudo sac embryonnaire. En outre, par leur, développement, l'embryon trouvée se loger dans une cavité qui, dès Fio-. 195. — Podos- temon aguirensis Chod. et Viscner. Jeune capsule. (Dessin de W.V.) Fis'. 196. Podostemon aguirensis. Fleur jeune. En haut, sommet de la capsule et diagramme. (Dessin de \Y. V.i le début, est de dimension calcu lée pour le recevoir (fig. 190). Ceci permet un développement rapide de la plantule, assure le développement d'un grand nombre de semences sans que la capsule qui, au moment de la fécondation, a déjà presque atteint son développement définitif, subisse de nouvelles modifications. Constituée en appareil imperméableà l'eau, la capsule est quasi mûre avant la fécondation ou tout au moins au moment de la fécondation. C'est sous la protection i oque imperméable que se termine rapidement le développement de l'embryon. Wn.i.is di1 qu'il suffit de huit jours pour permettre aux Podostémacées étudiées par lui de mûrir après l'anthèse. Or, tout ceci ne peut se passer qu'à l'air; il 1U-2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (238; faut que le niveau de Peau baisse. Pour ce qui est du Patios! mm h Warmingïi nob., il mûrissait ses capsules à un moment où ses racines étaient encore inondées et ses fruits aspergés régulièrement par les projections de l'eau bondissante. Nous ne voulons pas généraliser, mais pour cette plaide au moins, nous devons bien affirmer que si le déve- loppement de ses semences se fait à l'air pendant cette période, les occasions pour la capsule d'être aspergée d'eau ne manquaient pas. Nous n'avons pas assisté à la germination de ces semences. On sait pour d'autres espèces qu'elle peut se faire par viviparie, dans la capsule même; pour d'autres, si rapidement qu'on trouve des plantules fixées par des haptères primaires sur le pédicelle de la capsule. Cette germi- nation hâtive permet donc à ces plantes-dese maintenir dans une même station, puisque la floraison et par suite la dissémination, se faisant quand Fig\ 197. — Apinagia yguazuensis Chodat et Yîseher. — Fleur encore enfermée dans la spathelle (4). 1 : fleur sans spathelle; 2 : pistil: 3 : androcée et sépales; 4 : spathelle. (Dessin de E. C.) le niveau de l'eau baisse, les conditions de réussite, de colonisation, sont données an\ semences qui, à ce moment, ne sont pas entraînées par le courant. Je suis, comme M. Went, persuadé que les progrès de la science biologique ne sont possibles qu'en se posant des problèmes à résoudre en dehors de toute téléologïe. Mais il est, d'autre part, inutile et anti- scientifique de refuser de voir les nombreuses coïncidences que l'étude de la nature nous révèle entre la structure des organes et leurs fonctions, l'époque de la manifestation de ces fonctions et la possibilité de les effectuer d'une manière utile. Les Podostémacées ne vivent pas en épiphytes aériens comme les Tillandsiées. A chaque milieu cor- respond une certaine structure et ce n'est pas un des moindres charmes d'un voyage d'exploration comme le nôtre d'avoir été mis en présence de contrastes aussi significatifs. Nous ne pouvons ici nous laisser (2o(.>) li. CHODAT. LA VÉGÉTATION IUT PARAGUAY entraîner à discuter sur l'origine probable de ces plantes. Avec \\ nus1, du peul admettre que leurs fleurs, ;ï développement aérien, parlent en faveur d'une descendance à partir de plantes terrestres qui, pour une cause on une autre, oui pris des habitudes aquatiques et plus particu- lièrement relies de plaides de cascades. Mais ou ne saurait admettre a dans les éludes, les cascades, les rapides, les sauts, des variations suffisantes d'implantation, de luminosité et d'actions méca- niques pour que la scolastique évolutionniste ne coure grand danger de s»1 voir priver d'un canevas pour y broder ses fantaisies. Constatons, cependant, que tous les auteurs sont d'accord pour reconnaître que presque chaque station a ses espèces particulières-. Parfois, dans une région accidentée, à rapides nombreux, chaque cascade a son espèce. Les nôtres n'ont pas pu être identifiées avec des espèces connues. Cette multiplicité des espèces est-elle due à un polymorphisme étourdissant qui fait que les mêmes espèces, dans des conditions variées, prennent aisément un aspect différent? Seule la culture pourrait nous renseigner. Nos espèces nouvelles sont voisines d'espèces rencontrées dans le sud du Brésil ou l'Uruguay. La proximité morphologique se traduit encore une fois de plus par une concordance géographique. 1 Wiixis. L'origine des Tristichacées et des Pod es. Annals of Botany, XXIX (1915), 303. 2 Willis. Sur le défaut d'adaption chez les Tr i acées et les Podostémacées Proceed. Royal Society, LXXXVII (1014), 532. BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE, N°S ' 5-6, paiMIS le 25 Sept. 1917. 5 194 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (240) Podostemon Warmingii Chod. et Yiscli. Radiées applanatse vittiformes 5-10 cm. longae repentes (fig. 176, 177, 180) saxo medio connatae, ramosse, juvéniles apice calyptrjferae ad 2,5 mm. latae; caules latérales suboppositi e facie inferiore radicis orti haud longe a marin ne ejus, primo discum brevem verticalem cylindri- ciiiii apice dilatatum et substrato adnatum edentes, folia inferiora inter- diim limbo destituta vel loco limbi procession obtusum ferentia, alia basi vaginantia et stipulam intrapetiolarem bidentatam ferentia, petiolo quam vagina multo longiore, limbo dissecto segmentis flliformibus plus minus distantibus altérais, repetite similiterquedissectis; ambitus limbi lanceolatus i. e. longior quam latus; lacinii 6-8 mm. longi, 0,3 lati ; petiolus ad 1 mm. latus vel angustior ce. 1 cm. longus. Rami foliosi saepe oppositi ad 3 cm. longi rarius longiores. Flores false terminales interdum conspicue latérales primo spathella inclusi spatliella ovato-umbonata, umbone sublaterali nec conspicue apjcali pubescente, granulato ; s|)alhella ruptura circumscissa calyptrifera, cucullo reflexo, vagina dentata vel irregulariter laciuiata. Pedicellus quam vagina duplo longior ad 5 mm. longus ; ovarium ad 2 mm. longuiii oblongo-ellipsoideum basi leviter atlenuatum. stigmatibus ovato-acutis quam ovarium duplo brevioribus, acutissimis, papillosis. Capsula l'uscala, conspicue costata. A Podostemone Osteniano Wàrm. differt foliis loiigius et repetite dissectis, stigmatibus acutissimis, laciniis cylindricis. Hab. ad rupes inundatas in Salto Grande Yguazu ad confines ArgentiiicT (n° 339, Chodat et Vischer). Podostemon aguirensis Chod. et Vischer. Radix dorsiventralis, ad ^ mm. lata, média parte, substrato adnata, modo Podostemonis Warmingii Chod. et Visch. ramosa et caules edens; caules marginibus radicis insidentes oppositi erecti, teretes ad 7 cm. alti (sine foliis) cicatricibus foliorum semilunaribus obtecti, internodiis liasalilius confertis, aliis ad 7 mm. distantibus, lineis foliorum decurrentibus striatis, saspius simplicibus rarius ramosis. Folia iu speciminibus nosiris ineompleta, juvenilibus ad 3 cm. longis, petiolo ; -2 cm. longo, repetite laciuiata, segmentis flliformibus, adulta multo majora, petiolo ad 1 mm. crasso ; stipula? foliorum itarise, aliai longiores quam lata?. Flores aut terminales, aut saspîus cujusve rami iu axilla foliorum inferiorum pauci 3-4 min. longa pyriformis basi parum attenuata, apice (211 l R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 195 umboue papilloso coronata, circumscisse operculata, cucullo reflexo vagina demum lacerata. Flores (flg. 195, 196) pedicello in anthesi vaginam ]/s superante, ad 3 mm. longo. Ovarium ellipsoideum 2 mm. longum, 1-5 mm. crassum carpidiis duobtis in£equalibus,sessile,la?ve, stigmatibus duobus brevibus duplo longioribus quam latis, ovato-acutis. Stamina 2 in androphôro ovariohaud bre\ iora filamentis liberis antheras longitudine sequantibus; antheras ovario duplo breviores. Capsula 2,r> mm. Longa valvis imequalibus, qua staminibus opposita apicem versus paulo dilatata nervis S longitrorsum striata, nervis lateralibus i. e sutursé validio- rilms S formiter curvatis, medianis i. e andrœceo adversis patilo magis promineatibus et angustioribus. Perigonii squamœ filiformes capsula breviores, intermedia antheras aequans vel paulo superans. Flab. in rupibus inundatis cataract. Yguazu ad confines Argentinœ. Af'finis Podostemoni Warmingii Chod. et Vischer a quo differt habitu majore, internodiis, capsulas forma e1 nervatione (n° :5:>>hos lineari -filiformes 196 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (242) ramosos longos soluta, vel çaule foliifero plus minu alcicorni vario modo plus minus canaliculato. Flores primo axillse ramificationum insidentes quasi vaginis foliorum confluentibus occulti, spathella sacciformi inclusi, obovata apice rotundata e1 pilosula, in antbesi non visi. Slamina 3 filamentis longiuscule triangularibus, antlieris basi sagittatis, eœ duplo longiores quam latse, haud lineares, staminodià 3 aciculiformia sensim attenuata, ante anthesin i. e flore in spathella incluso quam slamina fere dupld breviora. Ovarium compressione staminum leviter asymetricum, oblongum, laeve, indistincte nervosum; stigmata linearia basi haud dilatata apice breviter acutiuscula. Ilab. in aipia rapide fluente limpida Rio Ygiiazu ad confines Argentine (n° 341, Ciiodat et Visgher). Affinis Apinagise Riedelii cui similis floribus, differt caulibus latius vaginatis, internodiis brevioribus, i. e e vaginis fere prorsum cons- tantibus, laminis Mis répandis lobis iindulato rotundatis more Ligese Richardianse sed latioribus vel Oenones latifolise Gœbel quoad est insertione fasciculorum loborum filiformium, habituque h»lo. VII BIGNONIACEES par R. CHODAT (AVEC 4 PLANCHES EN COULEUR) PLANCHES IV A VII Le botaniste qui, en été, se rend d'Europe dans le sud de l'Amérique, tnil ordinaire ni escale à Lisbonne, puis à Madère. A Lisbonne, il ne peut manquer de visiter le fameux jardin botanique qui le familiarise avec quelques typés de la More qu'il va rencontrer dans l'autre hémis- phère. C'est ainsi qu'il salue, déjà ici, le Cocos Romanzof flâna, le (Ceiba) Chorisia speciosa, une Myrtacée importante, le Feijoa Sellowiana qui > fructifie, mais ce qui le frappe le plus, c'est l'admirable Bigno- niacée, le Jacaranda miiïiosœfolm Don. fleuri comme un immense bouquet de violettes, ("est aussi cet arbre qui, "à Madère, à ce moment, vers la lin juin, attire le [dus son attention. Dépassant les tonnelles couvertes de plaides grimpantes, mêlé aux Bananiers, aux Figuiers, aux Fougères arborescentes, il égaie celle verdure aussi uniforme qu'exubérante. A Buenos-Ayres, puis en juillet et en août, à l'Assomption et plus lard encore, dans le Paraguay central et le nord, les Jacaranda sont encore dépourvus de feuilles et portent leurs gros fruits lourds; il laid attendre le printemps pour assister au réveil de cette admirable flo- raison. Il y a ainsi renversement des saisons, non seulement pour les espèces indigènes, mais ce qui est encore plus frappant, pour les espè- ces introduites. C'est ainsi qu'au Jardin botanique de Buenos-Ayres, ce même Jacaranda mimosœfolia Don., à ce moment en (leurs et eu feuilles à Madère, est en fruits au mois de jui i's sommes ici encore en hiver. Le Cerasus Malaheb, le 'tukis, le Quercus Robur, nos Fagus, le Fraxinus excelsior, VA ido-platanus, Ions sont secs comme ils le sont chez non février; mais voici que les Calycotpme et les Magnolia, q ii : déjà en mars en Provence, commencent à pousser que leurs. UHibiscus rosa sinensis qui, dans les jardins du lac M, u , fait éclater ses magnifiques us BULLETIN I)K LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (214) passeroses, au mois de septembre ou au commencement d'octobre, fleurit ici en juillet. Lorsqu'en novembre nous reviendrons à Buenos- Ayres, nous trouverons les Lauriers-Tin (Viburnum Tinus), les Ornes (Fraxinus OrnusJ couverts de fleurs. Toutes ces plantes d'Europe se sont acclimatées; leur périodicité n'était donc pas héréditaire- ment fixée. Ils fleurissent et se feuillent à la saison qui, dans cet hémisphère et sous ce climat, correspond à celle de leur pati'ie d'origine. En remontant, à ce moment, le Rio de la Plata, puis le Rio Parana, on quitte insensible- ment l'hiver de la Plata pour entrer dans une saison précur- seur du printemps, ce qui se voit ;ui\ Saules (Salix Mar- tiana Leyl). i des rives qui rou- gissent leurs branches et se cou\ rent de chatons jaunes. A Diamante, où nous taisons escale, dans les halliers de la berge, nous récoltons notre première Bignoniacée, c'est le Pith.ecocten ium ce h inatum Scliuin.. liane qui grimpe dans les buissons des Mayt'enus, les grands arbres (Pieùrnia dioica), les Lycium épineux, lesCestrum Parqui L'Hérit. Mais ce n'est qu'à Empedrado que nous avons un avant-goûi des beautés Morales du Paraguay. Une cabane de bûcheron est ombragée par un bel arbre sans feuilles, à la couronne compacte, d'un rose tendre. C'est l'admirable Tecoma Tpe .Mail. Au Paraguay, les Bignoniacées arbres sont parmi les plus impor- tantes essences forestières. Elles appartiennent aux genres Tecoma, Tabebuia, Cybistax et Jacaranda ; ce sont des végétaux à feuillaison et floraison périodiques. Mais il va de soi que ces changements sont Fig. 1!>S. — Au bord de la lagune Ypoa, vers l'extrémité de la Cordillère Carnier. On voit dans le lointain, à gauche, les pro- montoirs rocheux qui pénètrent dans le lac. Palmier à gauche : Acrocomia Totai Mart. ; trois Tecoma argenteum. (Phot. de R. C.) (2451 II. CHODAT-. LA VEGETATION 1)1" PARAGUAY 199 amenés par l'alternance des périodes sèches et humides1. D'autre part, la (((''feuillaison des Tecoma a lieu même dans la région amazonienne, ce qui indique une périodicité inhérente à l'espèce, une espèce de rythme qui peut être déplacé, troublé, niais non pas supprimé. Fig. 199. — Tecoma ochraceum Cham., près d'un «rancho > à Horqueta, Paraguay septentrional. (Phot. deW. V.) Le Jacaranda cuspidifolia Mari, des bosquets secs < la Cordillère, du massif central ou même du Nord, un gran la couronne largement étalée, porte des fruits ligneux qui restent longtemps 1 Dingler, in Sitzbèr. Bayr. Akademie *<• ch (1911), 127; Simon, Sv., Stud. iiber die Periodizitât der Lebensprozesse in Jahrbûcher fur Wissenschaft Bot, 54 (1914); Jaccard, P., Que savons-nous de "t en épaisseur des arbres (1915); Kiebs. tîber das Treiben der e Baume, Heidelberg (1914) ; Kxebs, Ueber die Kliytmik. in Siteber. Heidelb. Akademie der Wissenschaft (1911). 200 BULLETIN ItK LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (246) fermés avant le renouveau de la feuillaison. Son congénère, le Jaea- randa decurrens Cham., est bien le représentant caractéristique de la Chamédendrée des Campos du plateau d'Amambay. C'est un arbre nain (0,5 m.), un arbrisseau dont la végétation est bien curieuse. A Fig. 200. — Tecoma argenteum dans un bosquet à la Lagune Ypacarai. tPhot. deW. \". chaque période de végétation, il ne porte qu'un petit nombre de feuilles opposées, une ou deux paires de trente à quarante centimètres de longueur, dépassant de beaucoup l'inflorescence pauciflore termi- nale. Les feuilles bipénnées sont du type d'une fougère Gleichéniacée ; comme chez ces frondes, elles se développent successivement; les cinq mi) R, CIIODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 201 ou six étages des pinnules inférieures sont déjà complètement déve- loppées pendant que croissent encore les pinnules supérieures. Chez sou congénère des Campos de Punta Pora, le Jacarânda mula- bilis Hassler, le feuillage, du type du Schinusiveinmanniœfolius,es\ pins Ou moins condensé au sommet des tiges dressées, en une espèce de bouquet parfois latéral; plus lard, les entrenœuds s'allongent, l'inflo- rescence terminale à grandes fleurs* beaucoup plus grandes que celles des deux autres espèces, forment un beau thyrse terminal. A la maturité, sur les pédicelles durcis, les fruits ellipsoïdes à valves moins ligneuses que celles du Jacarânda cuspidifolia, sont penchés, leurs Fig. 201. — Grau Châco, sur la rive et ±)\ , planches VI, VI h. Le « Lapacho »> I Tecoma I pe .Mail.) est l'un.*1 des ipales essences forestières «In Paraguay2. Son bois très compa • ■ très solide, est débile en poutres de vingt mètres de long ■ ante centimètres d carré. On l'utilise comme bois de charpente la construction d 1 Novit, parag. X, 57. J Fischeiî-Treuenfeld (von). Le Paraguay e es — < > î BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (250) navires. Sa résistance à la traction est de dix à douze kilogrammes par millimètre carré; sa densité est de 0,952 à 1,072 et sa flexibilité de H», il K C'est donc l'un des pins résistants des bois paraguayens. Avec le « Cedro» (Cedrela ftssilis Vell.) et le « Curupay»2, c'est l'un des bois les [tins exploités. En raison de sa grande résistance, on en fait des poutraisons, des chevrons, des lattes, des poteaux, des éclmffaudages et des pilotis. Les fabricants de voiture l'estiment particulièrement. Il résiste longtemps en terre, niais on lui préfère, pour cet usage, l'I rundei-mi (Âslronium juglandifolium). Quant an Tecoma argenteum, son bois pins clair est beaucoup inoins estimé. Le Tabebuia Avellanedœ de Lor. (iris. Symb. Kl. Arg. 2ô « Lapachos » roses, roses comme de grands pêchers en Heurs, pour avoir une idée de l'incomparable beauté du printemps paraguayen. Parmi les admirables passages des ondulations du Paraguay central, celui qui comprend, pardessus les Campos et les collines, le semis pur, rose el blanc, de ces deux arbres, e.sl le plus charmant, le plus poé- tique. On se croirait transporté au milieu des vergers d'amandiers et de pêchers des Algarves ou de Majorque, au premier printemps. Dans la forêt même, lorsque trottant à cheval par une étroite « picada », on lève la tête pour observer, on ne peut se lasser d'admirer la haute cime rose des « Lapachos ». Car, à ce moment et presque en toute saison, la forêt tropicale ou subtropicale est peu fleurie, les Rutacées, Lauracées, Sapotacées, Myrsinacées qui s'ont parmi les plus communs des arbres, ne brillent guère par leurs Heurs. A ce moment aussi, le grand Peltophorum Vogelianum Benth. secoue encore, de sa ramure 1 .José RODEIGUEZ, El Paraguay en Marcha (1907). - Manuels 1. c. 197. s (251) I!. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 205 puissante et étendue qui dépasse toutes les autres cimes, ses innom- brables samares, tandis que, aussi robuste et tout aussi chauve, le gigantesque « Timbouva » 1 laisse tomber un à un ses lourds haricots verts en colimaçon. (Test donc dans cette monotonie une pâture pour les yeux i[iie la floraison des Tecoma Ipe Mari. l'eu à peu, les plus beaux exemplaires sont abattus; mais la difficulté des charrois, dans un pays où les meilleures routes (camino real) ne sont «pie de mau- vaises pistes, rend toute exploitation loin des fleuves onéreuse. Pour exploiter les immenses forêts du .Nord, entre Concepcion et Horqueta, .MAI. Guggiari, nos aimables compatriotes, ont établi un pelil chemin de fer Decauville. La grande forêt qui va du Tebicuarj au Parana, commence aussi à être attaquée par le même procédé. De toutes les essences forestières (\u Paraguay, c'est celle du Tecoma Ipe qui est la plus exportée en Argentine. Selon E. Hassleh2, son bois serait très résistant aux termites, ces terribles xylophages. .Nous l'avons rencontrée un peu partout, sauf dans les forêts très sèclies; cependant elle ne l'ail pas défaut aux éboulis du Cerro San Tomas; sur les montagnes taupinières entre Paraguari et Acahy, elle est 1res abondante, ('/est aussi un des arbres importants des grandes forêts du Nord. Nous en avons vu d'énormes exemplaires à Horqueta. Son bois est de couleur foncée, olivâtre ou même brun verdàtre; ou voit le « Lapachol » parfois cristalliser en paillettes jaune soufre sur la section transversale; celle-ci présente souvent de singuliers reflets métalliques; il est d'une remarquable uniformité, les vaisseaux isolés ou deux par deux dans des fibres qui en occupent la majeure partie et dont le diamètre est de dix à quinze fois plus étroit q ;elui des badrocytes. Des rayons médullaires étroits divisent régulièrement ce deutéroxylème ; entre chaque rayon médullaire, il y a un ou deux vaisseaux. Autour de ces derniers, des cellules vivantes épivasales qui se mettent en communication par quelques cellules de parenchyme tangentiel avec les rayons médullaires. Une variété intéressante du Tecoma Ipe occupe les terrains chacoéens de la région centrale du Paraguay, c'est le Tecoma Ipe var. intégra Sprague3 et qui paraît être le Tabebuia araliacet ' el Britton4 non DC. 1 Enterolobium Timbouva Mart. '- Cfr. Chodat et Hassler, Enumération, 1. c. 78 (53 à part). 3 Sprague, in Bulletin de V Herbier Boiêsier (1904), 86. 4 Morong and Britton, Enumération in Ami, . ' Se, Vil (1893), 190. 206 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE ,■ lharmakognosie des Pflanzenreiches (1832), -1W. [NGAULT, Annales de Chimie et de Physique, 27 1824), 31ô. 3 Schomburgk. R. IL. Reise in brit. Guiana, Leipzig (1841). 5 Erdman, Journal fur praktische Chemie, 71 (1857. 1!»8. (259} I!. CHODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY 213 Broyé avec des matières grasses, huile d'ceufs de tortue ou graisse d'alligator1, le pigment qui ne se dissout d'ailleurs ni dans l'eau, ni dans les huiles, constitue un fard avec lequel se peignent les Indiens. Cette matière rouge, que nous avons étudiée sommairement, se dissout dans l'alcool dilué; sa solution est d'un rouge orangé. Sa dilution dans l'eau qui, dans ces conditions, ne précipite pas le pigment, est rose-rouge. L'addition d'un acide orga- nique, même faible, comme l'acide tartrique ou l'acide acétique, fait virer cette couleur au jaune d'or magnifique. Il s'agit sans doute d'un corps flavonique. On peut ex- traire du bois du Lapacho rose un pigment qui présente les mêmes réactions, rouge avec les alcalis, jaune avec les acides. Il est probable que la superbe coloration jaune des Heurs de Bignonia, de Melloa et des Tecoma argenteum et Técotna ochraceum est due à une llavone de la même famille. Il n*> a cependant pas lieu d'attribuer la belle couleur rose ou violacée des autres Bigno- niacées à ce rouge « Chica » (d'ailleurs inso- luble dans l'eau). Il s'agit ici d'anthocyanes proprement dites2. Perkun et BRIGGS3 ont extrait du bois de Jacaranda ovdlifolia une flavone ((lu H12 Or»?). Il y a donc dans celte famille des problèmes de chimie végétale à peine abordés et qui promettent! Les Indiens, dont la chimie se borne à l'extraction de pigments ou de fécules des végétaux ou à la préparation de poisons pour leurs flèches, nous ont ouvert la voie! On a déjà beaucoup écrit sur la biologie et l'anatomie des Bignonia- cées. Nous ne voulons que dire ici ce qui nous parait du nouveau ou disposé d une manière nouvelle. La première plante-liane qui s'impose Fig. 206. — Doxantha (Bigno- nia) unguis (L.) Miers. Jeune liane volubile à pétioles prenants et à vrilles griffes ; racines adventives. Forte- nii'ut grossi. (Dessin de R. C.) 1 Hâtes, I. c, décrit la récolte de cetti graisse, I. c. II (1863), --'70 - Wheldale, M., Anthocyan. Pigments, Cambridge (1916). 3 Uehkin et Briggs, Proceed. Chemist Society, vol. XYIII (1902), 11. 214 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 260) à notre étude, c'est le Daxantha (Bignonia) unguis cati Miers et ses variétés {Bignonia exoleta Vellozo). On voit dans le dessin (207) comment, an moyen de crampons, la feuille s'accroche à la surface Fig. 207. - Doxantha (Bignonia) unguis (L.) Miers. Jeune plante qui grimpe contre le tronc d'un palmier (Acrocomia Totai). Dans ces conditions, la tige ne montre aucune volubilité ; elle se dresse verticalement et s'accroche à l'écorce, assez lisse, par ses griffes. Remarquez la flexion des pétioles et la disposition des limbes des deux folioles qui se placent presque dans un plan vertical (lumière latérale dans le bosquet). (Dessin de R. C. d'après photographie.) (261) li. CHODAT. LA VEGETATION 1)1' PARAGUAY' 215 lisse d'un Palmier (fig. 207); le pétiole de la dernière paire de feuilles s'esl courbé de manière à dispose]' les griffes, non pas perpendiculai- rement à la direction négativement géotropique delà tige, mais dans le même sens, tandis que les folioles, peu géotropiques, se tournent vers la source lumineuse. On conçoit (prune telle disposition est particuliè- rement efficace. Mais ce n'est pas toujours que le Doxantha (Bignonia) unguis cati s'élève ainsi verti- calement contre le tronc lisse d'un arbre. Tout aussi souvent (fig. 206), les tiges sont volu- biles dans les buissons; alors les pétioles sont prenants par haptotropisme, le crochet ve- nant seulement compléter l'en- roulement de ces derniers en suivant fidèlement la direction de courbure, ce qui lui permet d'embrasser une tige: Mais déjà à ce moment, alors que la pousse possède encore ses fo- lioles, on peut voir naître des racines adventives qui chemi- nent le long de l'écorce de l'hôte-support et se ramifient en radicelles-crampons. Grâce à la sensibilité complexe des pétioles, des griffes- vrilles et des folioles, la plante volubile dispose ses feuilles de manière adéquate. Remarquons en pas- sant que dans la région florifère, les feuilles ne développent pas de vrilles-griffes1, mais que les pousses nouvelles exagèrent au contraire le développement de cet appareil de fixation. Plus lard, à mesure que la tige s'accroît en épaisseur, naissent de nouvelles racines adventives fixatrices par lesquelles le tronc est soli- dement cramponné à l'écorce (voir fig. 208). Fig. 208. Doxantha (Bignonia) unguis Miers. — Liane cramponnée au tronc d'un arbre par de nombreuses racines adven- tives. (Phot. de R. C) 1 L'absence de vrilles dans la région florifère est ;issez générale chez les lianes Bignoniacées. 2 1 6 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEV.E 262 ) >;\,v. Fia. 209.— 1 : Chodanthus splendens Bassl. — Section faite dans une liane qui a rompu ses ailes ligneuses et qui les a séparées du bois axial: section faite au commen- cement de l'individualisation des câbles cfi\ fis:. 225); 2, 3 : Sections dans le Do- xantha (Bignonia) unguis Miers. L'expli- cation est donnée à propos des schémas 212 et 213. (263) I!. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 217 Nous avons mesuré des troncs qui atteignenl 16 ;ï 2."> centimètres de diamètre. On remarque que le périderme \ es1 peu développé et que tonte la masse solide y esl formée de nombreux xylèmes en coins interrompus par un parenchyme de dilatation. Chaque coin porte devant lui un leptome très fibreux à fibres disposées en séries et en bandes. Le parenchyme de dilatation qui se forme ici comme chez la Fig. 210. Doxantha (Bignonia) unguis Miers. — Sec- tion dans une grosse liane de seize centimètres de diamètre. On voit tout le centre occupé par les coins ligneux plus ou moins défléchis et formant, par leur ensemble, comme une fronde d'Adiantum ; à la péri- phérie, la série des coins non encore modifiée. Malpighiacée décrite, non seulement détache les ailes ligneuses, mais par la dilatation du parenchyme ligneux transversal, brise les coins ligneux en travers ou obliquement. Ce parenchyme est farci d'amidon; l'acide oxalique, qui y est abondant, indique aussi un métabolisme actif. Les racines fixatrices ont, connue on peu! le supposer, une structure particulière; le bois y esl complètement formé, à part les éléments pri- 218 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (261) maires (trachées) de fibres disposées en cordon compact; le libéra petites cellules, un manteau de libres, puis une écorce à grosses cellules, aniylifères, enfin, un périderme à quelques assises. On voit donc que ces organes n'ont pus l'anatomie de racines absorbantes, Fig. 211. Doxantha (Bignonia) unguis L. Miers. — 1 : début de la dilatation dans la tige (cfr. fig. 212). Au-dessous du coin libérien, le bois axial est déta- ché à droite et fendu en V, puis rom- pu à gauche, tandis que les rayons marginaux sont en dilatation: a : pro- toxylème; h : faisceau adventif. (Dessin de R. C.) mais, par leur cylindre presque exclusivement fibreux, elles ont comme adaptées à leur fonction de crampon. On sait depuis longtemps (pie les tiges du Doxantha (Bignonia) unguis cati (L.)1 Miers appartiennent au type des lianes à bois t'rac- i mann. K., in Engler, Natiirliche Pflanzenfamilien, Bignoniacées ; Hovelacque, Appareil végétatif des Bignoniacées (1888V. ,265) I!- CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 219 tionné. Mais on n'avait jusqu'à présent aucune observation relative a l'origine de ce fractionnement de l'anneau ligneux. Les travaux de Schenck, quoique intéressants puisqu'ils nous font connaître des riais moyens, demandaient à être complétés comme l'exige Schumann, dans son étude monographique. Des tiges de 5 millimètres de diamètre ne montrent encore aucune indication de fractionnement; au pourtour ,|e la moelle, à cellules déjà un peu srlériliées, on voit, en utilisant le réactif genevois, se détacher sur le fond lignifié de la moelle et du bois, autour des pointements trachéens, l'endoxyle non lignifié qui constitue de petits îlots roses (à cellules restées cellulosiques). Ces îlots de tissu, non sclérifiés, sont plus importants autour du protoxy- Fig. 212. - Doxantha (Bi- gnonia) unguis (L.) Miers. Début du fractionne- ment. (Dessin de R. C.) lème situé au-dessous des quatre coins libériens, à ce moment très réguliers et séparés de la moelle par des assises de deutéroxylème. tl est probable que l'initiative du fractionnement vient de ce tissu; dans tous les cas, le parenchyme de dilatation qui se forme au pourtour de la moelle, naît exactement au-dessous des coins; il est sou\eiil directement en relation avec ces îlots d'endoxyle qui paraissent agir pour rajeunir les cellules médullaires voisines, lesquelles se dilatent. se divisent sur une certaine surlace; cette excitation se prolonge au travers de la moelle et intéresse bientôt l'anneau du deutéroxylème axial. Dans les stades les plus jeunes que j'ai pu examiner, Parc se trouve rompu par le milieu, des cellules d'un rayon médullaire médian ayant commencé à se dilater. On voit, avant même que Tare de bois axial ne soit rompu dans toute sa profondeur, celui-ci comme rongé par 220 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE JiK GENEVE (266 un tissu (le dilatation dont L'activité est certainement provoquée par une modification qui s'est laite dans la région péri médullaire (fig. 212. 2 lf, ri 214). D'ailleurs, et c'est un point qui n'a pas été signalé, cette dilatation peut être, pour un temps, compensée par la dilatation correspondante cl successive de Tare cambial au fond du coin libérien; il produit ainsi en direction centrifuge, du deutéroxylème, postérieur comme temps de Fit:. 213. Doxantha (Bignonia) unguis (L.) Miers. — Suite du phénomène figuré en 212, Chaque éventail de la figure 212 est maintenant fendu en deux selon le même procédé : il en résulte des tronçons en forme de trompe au-dessous de chaque coin libérien profond et de fragments latéraux: en- fin, rupture transversale des éventails. 'Dessin de R. ('. formation, à la dilatation incipiente. ('/est ce qui se lit très bien dans la ligure 2ir>. Mais, en même temps, les rayons médullaires marginaux du coin libérien oui commencé à se dilater corrélativement : le coin va donc se dilatant vers le cambium actuel, le rayon médullaire marginal rétablissant le diamètre. De ces observations, on lire la conclusion que, contrairement à ce qu'on pensait, l'initiative du fractionnement n'est pas prise nécessairement par les rayons médullaires marginaux. ( 267 > R, GHODAT. LA YEUKTATION UV I'AlïAlU'A Y -2-2\ D'autre part, que l'initiative vient de la zone périmédullaire et sans doute du parenchyme vasculaire (endoxyle). D'autre part, il est indiscu- table que les cellules médullaires sont comme « infectées » : elles se dilatent et se divisent. Dès lors le parenchyme de dilation n'est pas ici comme un tissu allogène qui, à la façon d'un parasite, viendrait péné- trer dans les tissus déjà différenciés en les écartant et/en les disjoignant. L'irritation commencée se propage et, corrélativement, d'autres cellules vivantes, mais déjà différenciées, se rajeunissent et reprennent une nouvelle activité. Dans les figures 21 1 et 2tr>, qui représentent un autre stade où la dilatation s'est faite en partie par un des rayons Fig. 214. — Doxantha (Bignonia) unguis (L.) Miers. - Deutéroxylème étoile. Protoxy- Lèmes au pourtour de la moelle, indiqués par 0 0 '.' :| Fig. 216. — Doxantha (Bignonia) unguis i" dilatation en |t, diamètre est minimum; au-dessous, se noir; la moelle fractionnée en gris: deux cordons de tubes détache dès lors un coin ligneux, tandis que criblés tertiaires dans le tissu „., .. .. de dilatation; on voit à, droite des deux cotes, les ;ules ligneuses COllll- pTacrvoTr\n\auïifd1bt <™nt à . se' sillonner et à se fractionner de de ce phénomène. |a même manière. Si ce phénomène se pas- Dessin (le R. C.) sait très régulièrement, on devrait obtenir une disposition en cercles superposés, de ces fragments ligneux, mais le parenchyme de dilatation déplace ces coins ligneux, tantôt à droite, tantôt à gauche et chacun d'eux conti- nuant à croître, en concordance avec les autres, ils subissent des flexions qui se marquent sur une section transversale d'un gros arbre, en forme de feuilles ftAdiantum (fig. 210). Avec l'âge, les portions externes allongent leurs ailes ligneuses, sillonnées de profonds coins libériens qui finissent par être emprison- nés dans les lames ligneuses qui se sont, par dilatation, rapprochées vers le bord du bois, tandis qu'elles-mêmes se sillonnaient de nouveaux (274) R. CHODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY 225 coins libériens. La périphérie du tronc paraît alors comme bordée par un anneau ligneux qui serait interrompu par des faux rayons médul- laires. Cette région atteint 15 millimètres, dans un tronc de 16 centi- mètres de diamètre (flg. 210). Les racines des Bignoniacées-lianes paraguayennes présentent les mêmes anomalies que les tiges. Dans les Doxantha (Bignonia) unguis Fig. 218. - Doxantha (Bignonia) unguis (L.) Miers. -- Passage de la moelle et du parenchyme de l'endoxyle au tissu de dilatation; bois axial dilate par un rayon de dilatation. (Dessin de R. C.) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTAINMQUE DE GENÈVE, Nos 4-0-6, parus le 25 Sept. 1917. 220 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (272) (L.) Mïers et Bignonia exoleta Vell., il y ;i des tubercules, les uns sur les racines enfouies, les autres sur des racines aériennes. Ces tubercules se forment dès la germination : en déterrant de jeunes pousses de celle liane, on les rencontre en grande abondance (fig. 222). Les tubercules de cette espèce atteignent de deux à quatre centimè- tres de diamètre. La section transversale montre, si elle est pratiquée par le milieu, une grosse moelle à cellules parenchymateuses, zébrée par un réseau de cellules cristalligènes et de cellules réservoirs. Celle Fig'. 219. - Doxantha Bignonia unguis (L.) Miers. -■ Faisceau adventif issu à partir du parenchyme qui entoure le protoxylème (qu'on voit en foncé). Comparez avec fier. 220 où on voit ce faisceau en place. (Dessin de IL G.) moelle ne comprend que peu d'éléments lignifiés provenant du frac- tionnement du cylindre central plein, primitif. Une assise génératrice ondulée limite iiii bois en anneau à quatre ou cinq angles saillants, correspondant aux ailes ligneuses primitives, le reste comprend des xylèmes fortement parenchymateux par développement, mais d'une manière 1res irrégulière, de bandes parenchymateuses cellulosiques. La coiiclie de liber supra-cambiale a des tubes criblés actifs, de beau- coup plus petit diamètre que ceux des axes aériens, puis des libres en bandes étroitement interrompues par les rayons médullaires; les -213 > R. CHODAT. LA VEGETATION 1)1' PARAGUAY couches suivantes, c'est-à-dire externes, du liber secondaire stratifié, ont leurs tubes criblés, écrasés (Kératenchyme), le tissu de dilatation prenant le dessus. Il j a dilatation non seulement des bandes tangen- tielles mais séparation et morcellement des bandes de libres en les isolant par petits groupes, au moyen de cellules appartenant aux rayons médullaires secondaires. Dans la racine non tubérisée, par exemple avant d'arriver au tuber- cule, le bois esl plein au centre comme dans la plupart des racines de Bignoniacées, des coins libériens typiques i 1-5) avancent profondément ^3^^ ê^ Fis'. 220. — Doxantha (Bignonia) unguis (L.) Miers. - Parenchyme de dilatation médullaire et de rayons médullaires (en pointillé): faisceau adven- tif en relation avec le protoxylème (cfr. fig. 219 : à droite le bois axial est coupé, au-dessous de lui le protoxylème et une portion de moelle. (Dessin de R. C.) dans le bois. La rupture de l'axe ligneux se l'ait de la manière suivante : un parenchyme de dilatation se l'orme, en bandes, un peu au-dessous du bois infra-libérien, c'est-à-dire au-dessous des coins, pendant ce temps les rayons médullaires marginaux des coins et leur prolongation dans le bois axial se dilatent. Ainsi sont isolées des ailes ligneuses encore adhérentes à des portions de bois infra-libériens tandis que provisoirement tout ou partie du bois centra! est entraîné avec les ailes restantes; finalement ce bois central est lui-même définitive ni morcelé et une moelle parenchymateuse apparaît, dans laquelle sont isolés les débris de Taxe central ligneux. Les ailes ligneuses ne conti- 228 R. CII0DAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY (274) nuent pas à se lober comme dans la tige par production de nouveaux coins libériens; rapidement elles se développent, par le cambium qui s'étend, en ailes plus larges, ce qui fait que bientôt elles ont une forme en éventail à bords en V dont les jambages sont courbés exté- rieurement en divergeant. Peu à peu, le cambium s'étend, sa conti- nuité s'accuse, il tend à devenir circulaire et finalement ne montre plus que des sinuosités sans véritables coins, sans de profondes invaginations. Dans un tubercule de vingt-quatre millimètres de diamètre, la zone libérienne et corticale atteignait cinq millimètres dans les larges Fig. 221.— Doxantha (Bignonia) unguis (L.) Miers. — Rayon médullaire qui se dilate (cfr. fig. 216, dont ceci est le sommet); la pointe du parenchyme de dilatation. (Dessin de R. C.) sillons du pentagone cambial, trois millimètres vis-à-vis des saillants; la moelle adventive de dilatation qui est singulièrement zonée et plus ou moins marbrée à l'œil nu, atteignait à peu près seize millimètres de diamètre. Il ne se forme pas de tubes criblés dans cette moelle adventive, ni dans le parenchyme de ce bois de troisième venue. Cela est intéres- sant car si l'on compare ces tubercules avec ceux de certaines plantes herbacées (Gentianées, Oenothera, Atropa, etc.), on constate que chez ces dernières des tubes criblés apparaissent dans le parenchyme ligneux. C'est qu'ici les réserves albumineuses et hydrocarbonées sont déjà (275) H. COUDAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY 22«J Fig. 222. — Doxantha (Bignonia) unguis (L.) Miers. — Souche jeune avec racines tubé- rifiées C/i). (Dessin de R. Ci 230 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (276) localisées le long de toute la liane dans les tubes criblés des libers fractionnés et intercalés. Il y a un peu d'amidon dans les parenchymes. Quant à Y Adenocalymma marginatum DC, ses racines accumulent leurs réserves dans un liber charnu qui est dilaté successivement par un parenchyme de dilatation puissant, mais qui respecte le cylindre ligneux au pourtour duquel on ne voit que des coins peu profonds. Le périderme est au contraire puissant autour des Bignoniacées, arbres plus ou moins xérophytes. Ainsi chez lé Tecoma argenteum Iî. Sch. dont on utilise l'écorce secondaire (fig. 223 B.) comme fébrifuge à la Fi«. -223. — Cybistax antisyphilitica. — 2: Tecoma argenteum (gross. */*)■ façon du quinquina, sous le nom de « paratodo » - - bon pour tout - de là le nom espagnol de cette essence au Paraguay. Le Tecoma ochraceum (main., qui est encore plus xérophyte, a son périderme encore plus épais; mêlé-au Cybistax antisyphilitica Mart., dont il a sensiblement la même apparence (fig. 223 A. i, il abonde dans les forêts très xérophytes où il s'associe à des arbres du mémo type : Swietia elegans Vog., Piptadenia Cebil Griseb. var. rapestris, Tecoma Hassleri Sprague, etc. Sur les rameaux florifères et les jeunes rameaux foliifèresdu Cybistax, on observe un périderme lisse et brillant qui semble envelopper la branche comme dans une membrane épaisse; il s'agit ici d'un suber excessivement régulier à cellules minces remplies d'air et à assises {lit i) R. CIIODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY -2:;i de cellules isodiamétriques. De là, l'apparence argentée brillante de ces gros rameaux. La moelle y est parfois traversée par des faisceaux sur- numéraires représentés par quelques trachées et, autour desquels, se découpe une assise génératrice. Les cellules résiduelles sont faiblement sclériftées. Dans des brandies plus âgées, celle moelle se divise en étages par absence d'allongement; le cylindre médullaire est doue en partie creux mais divisé par des diaphragmes. Les cellules \ sont allongées dans le sens du rayon; celle moelle es! comme la prolon- gation des rayons médullaires secondaires. En présence de l'eau, celle Fig1. 224. — Chodanthus splendens Hassl (gross. »/i). moelle gonfle beaucoup et l'apparence cloisonnée disparaît par foison- nement. C'est sans doute un réservoir d'eau. D'ailleurs les faisceaux primaires se prolongent bien avant dans ce tissu, ce qui expliquerait sa fonction aquifère. Ces deux bois présentent des couches annuelles 1res nettes, déterminées sans doute par l'appel d'intensité variée de la sève selon .pie l'arbre est feuille ou qu'il est chaîne avant la floraison. On y rémarque aussi une forte excentricité du bois, ce dernier étant plus développé du côté de la convexité. 0 saurait parler de la biologie des Bignoniacées sans mentionner quelques particularités de leurs organes tactiles et prenants. Chez beaucoup d'espèces, les vrilles des jeunes pousses prennent immédia- tement un grand développement; ce sont alors de longs flagellums un peu recourbés au sommet; cependant les folioles restent rudimentaires. 232 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (278) Il s agit donc d'un précurseur et crime division du travail. Cela est surtout frappant dans ces espèces où, plus lard, les appendices assimi- lateurs se développent en de grosses folioles coriaces comme chez VArrabidœà mutabilis Bur. et Scliuni. ou Le (Rojasiophytoji tuberculatum Hassler), Xylophragma pratense Sprague1. Chez quelques-unes, les folioles prennent la forme bien connue des feuilles de Liseron (7pomœ«volubiles),cordiformés avec sommet acùminé (Pithecoctenium echinatum K. Schum., Pithecoctenium vitalba DC, Pithecoctenium clematideum (iris.). Le plus souvent les folioles restent elliptiques. Ces vrilles des Biguoniacées paraguayennes sont de deux sortes, les vrilles ordinaires et les vrilles-grilles. Celles de VArrabidm triplinervia H. Baill. sont simples; consécutivement à l'enroulement elles se lignifient et durent indéfiniment après avoir augmenté en épaisseur pendant plusieurs générations. Dans une vrille lignifiée qui avait fait plusieurs tours autour du support et qui avait atteint 2,5 à 3,ô millimètres de diamètre, on reconnaît dans le bois compact qui entoure une moelle excessivement réduite, trois couches ligneuses (annuelles?); le bois compact est interrompu par d'étroits rayons médullaires; les vaisseaux très rares, à peine plus nombreux dans le bois de première végétation. C'est une masse fibreuse qui, tordue, cède à la tension; cela se voit en section transversale à la direction sinueuse des rayons médullaires. En outre, on remarque surtout l'excentricité du bois qui s'épaissit deux à trois lois plus fortement du côté concave que du côté convexe. Ceci est d'autant plus remarquable que, par la torsion inévitable de la vrille qui s'enroule, les faces se déplacent dans le sens de la torsion. Celte excentricité persiste successivement de la base enroulée jusqu'au sommet de la vrille fixée. Arrabidœa chica VerL, Arrabidsea rhodantha Bur. et Schum., PeriartUtomecja Vellozoi Bur., Adenocalymma margïnatum DC, Adenoca- lymma bracteatum DC, présentent la même excentricité du bois de leurs vrilles indurées. (Dans le Perianthomega Vellozoi, il s'agit de pétioles prenants). Elle est particulièrement bien accentuée dans VAdenoca- lymma anguillicarpa Hassl. où elle se combine avec un aplatissement transversal. Ici la vrille lignifiée atteint une épaisseur de neuf à quatorze millimètres (ex. Hb. Hassler). Les causes de l'excentricité du bois ont fait l'objet de plusieurs travaux. Le géotropisme, la pression du vent, la compression, ont été 1 Urban, J., Ranken und Pollen der Bignoniaceen, in Ber. d. d. bot. Ges., XXXIV (1916), 730. (279) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 233 successivement envisagés. Ici, il ne peut s'agir de géotropisme puisque ces vrilles soûl simplement sensibles au contact. Il n'j a pas non [dus d'action mécanique venant du dehors. Il ne reste dès lors comme cause Fig\ 22 Chodanthus splendens Hassl. -- Pas- sage de la liane à la portion dissociée en câbles isolés; on voit les nœuds et la faible torsion. (Phot, de W. V.) que la compression de la face concave, résultat de l'enroulement dû à rallongement inégal, comme chez toutes les vrilles, excessif sur la face non directement excitée tactilement. Cette «endoxylie» paraît donc devoir être rapportée à un effet de compression sur le côté interne. 23i BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (280) On ne saurai!: invoquer en effet, dans ce cas, la dorsiventralité de l'appendice foliaire puisque, par l'enroulement sui\ i de torsion, ce sont toujours de nouvelles faces qui arrivent en contact avec le support. D'autre part, ces vrilles n'étant p;is ramifiées, ni même appendiculées, ne sont pas sollicitées à modifier leur structure interne par l'appel qu'excerceraient sur elles des appendices en voie de développement. Il n'est peut-être pas non plus inutile de souligner que la forte torsion de ces vrilles qui se lignifient et s'épaississent chaque année, n'amène pas à la formation des «anomalies» connues des tiges des lianes, par exemple, au sillonnement du bois, tel qu'il se marque chez la plupart des Bignoniacées ! Il faut, à ce sujet, remarquer que chez les espèces arborescentes comme Tecoma argenteum B. et S. et Cybistax antisiphylitica Mart., lorsque le tronc esl courbé, l'excentricité du bois est opposé à la con- vexité (fig. 223). L'endoxylie des vrilles citées et que nous ramenons à un effet de compression, correspond à l'excentricité des rameaux horizontaux des Dicotylées qui résulte d'une épixylie due peut-être an géotropisme. Le côté comprimé est évidemment, dans une pousse qui tend à se relever par géotropisme, le côté supérieur. (liiez le Doxanlha (Bignonia) unguis cati Miers., la vrille bifide est portée sur un pétiole qui peut s'allonger beaucoup. Généralement, les folioles sont renversées par nue courbure particulière de leur pétiole; dans les pousses qui grimpent verticalement, la vrille trifurquée est alors presque sessile et les griffes dressées se cramponnent connue il i élé dit. Mais si la pousse est volubile, le pétiole lui-même peut devenir prenant; pins lard, dans les rameaux plus élevés, la vrille devient portée par un pétiolule qui présente souvent un haptotro- pisme excessif, s'enroule autour (\v^ supports comme une vrille du type précédent, ses griffes terminales complétant par leur disposi- tion en crochet la fonction crampon. Dans ces conditions, pétioles et vrilles se lignifient, mais sans atteindre le grand développement des vrilles d'Arrabidœa. Plusieurs de ces lianes combinent le type griffe avec le système vrille, ainsi Pyrostegia venusta Miers, Pithe- coctenium echinatum Schum., Pithecoctenium clematideum Gris. On sait que les pétioles et les vrilles du /'gros tegi à venusta l'ont des nidations autonomes; Darwin nous a appris que la vrille allongée du Pyrostegia est sensible sur toute sa surface, tandis que les trois griffes le sont seulement du côté inférieur (cfr. Darwin d'après Schenk, I. c, 189). (281 I R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DÛ PARAGUAY 2:!.") Nous avons observé que ces vrilles1 s'attachent principalement par leurs griffes ; ces dernières ayant saisi le support autour duquel elles se moulent, l'excitation tactile se communique à la portion libre de la vrille proprement dite, qui s'enroule en tire-bouchon, par quoi la liane est attirée contre le végétal support. Les lianes Bignoniacées, qui s'accrochent au moyen de vrilles, se présentent Ordinairement, dans la forêt, comme de gros câbles de deux a cinq centimètres de diamètre, munis de renflements, comme des nœuds éloignés les uns des autres par des entre-nœuds de 6-10 centi- mètres de longueur. Elles sont, à ce point de vue, si caractéristiques qu'on les reconnaît sans peine au milieu des autres lianes, (les grands câbles ne montrent qu'une faible torsion. Dans une très longue liane que nous avons observée à la Cordillère de San Tomas, dans la profon- deur de la forêt, tout l'extérieur est fortement sillonné, les saillants arrondis formant de grosses nervures, arrondies sur le dos. La section montre un bois profondément sillonne (flg. 224); la moelle est presque absente, les coins libériens aux libres abondantes, de couleur jaune, les vaisseaux nombreux dans les couches au-dessus du bois axial. Sur un long parcours, la liane était divisée en câbles isolés (fig. 220». comprenant tout d'abord quatre masses qui correspondent à celles que séparent les quatre principaux coins, puis chacune de ces masses subdivisées selon les sillons; les portions ligneuses profondes prennent une coloration rouge caractéristique. Le bois jeune, actif, conserve une coloration jaune. Cette coloration qui ressemble beaucoup â celle des feuilles de Y Arrabidsea chica est due sans doute â un pigment analogue. Dans tous les cas l'extrait alcoolique (50°/o) présente les mêmes propriété chimiques que celui des feuilles de YArrabidœa chica Verl. Nous avons essayé d'identifier cette curieuse liane, mais n'ayant pu atteindre la partie feuillée à vingt mètres, nous restons dans l'incerti- tude. La seule de nos lianes paraguayennes qui, pour les stades «pie nous possédons, rappellerait cette structure serait le Chodanthus ■s plein/ m .s i Dur. et Schum. ) Hassler. Dans cette espèce la moelle est en effet excessivement réduite et la forme des coins libériens identique. .Nous avons aussi songé à YAmphilophium Vauthieri DC. qui devient noueux, mais ici la moelle est plus développée et les vaisseaux d'un autre diamètre. 1 Urban, J., Kanken und Pollen der Bignoniaceen, in Berichte der deutschen bota- nisch. Gesellschaft, XXXIV (1916). 730. S -236 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (282) Fig. 226. — Cuspidaria pterocarpa. — Fruits suspendus au moyen rie la marge de leur placenta fonction- nant comme ressort. (Dessin de R. C.) Quanta la signification biologique de ces structures (dites anormales) des tiges des lianes nous voulons faire les remarques suivantes : Il est incontestable que la structure en câble est de nature à donner à (283) R. C.IIODAT. LA VEGETATION DU PARAGUAY -2:57 ces tiges suspendues une certaine élasticité. Lorsque la tempête fail osciller les arbres de la forêt et que, secoués avec la couronne des arbres qui est balancée par le vent, les lianes résistent à ces mouve nts Fig. 227. — Semences de Bignoniacées. 1 : Doxantha (Bignonia) unguis; 2: Perianthomega Vellozoi; 3: Cuspidarîa pterocarpa; 4: Arrabidaea chica; 5; Chodanthus spiendens ; 6 : Arrabidaea craterophora ; 7 : Atnphilophium Vaathieri ; 8 : Dolichandra; 9; Tecoma argenteum ; 10: Jacaranda cuspidi- folia; 11 : Adenocalyma marginatum ; 12: Perianthomega. (Dessin de R. C.) d'extension et de compression, leur structure anormale doitcertaiiicment leur conférer une résistance particulière à la ru [dure : moins compactes «haricots», il faut citer ceux du Doxantha (Bignonia) unguis (L.) Miers (40-50 cm.), Perianthomega Vellozoi Bur. (60 cm.), quelques- uns ont des valves qui durcissent et finalement se lignifient : Xylo- phragma pratense Sprague, Chodanthus splenderis i Bur, Schum.) Hassler, (285) I!. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 239 Anemopxgma marginalum DC. Dans V Amphilophium Vauthieri DC, ces valves sont de grosses coques ligneuses, couvertes d'aspérités, de piquants dans les Pithecocleninm . Le plus aberrant esl celui du Jacaranda cuspidifolia .Mari, qui reste longtemps sans déhiscence, niais finit par s'ouvrir et laisse s'échapper les semences ailées, parla feule de ses \al\es ligneuses, suborbiculaires comme les carpelles durcis d'un Aspidosperma. Dans le Cuspidaria plerocarpa (Cham.) DC, les valyes du fruit se détachent de bas en haut, tandis que par le sommet du fruit, elles restent plus longtemps unies; il \ a, comme on le sait, déhiscence sep titrage ; alors la cloison, couverte de semences ailées, est retenue par le sommet (\c^ valves déhiscentes sur le reste de leur longueur. Cependant, des deux côtés de la cloison, son bord filiforme desséché et durci se sépare dans toute sa longueur de la paroi du péricarpe. Il se forme ainsi chez celte espèce, parlant du pédicelle, deux cordons élastiques qui supportent le fruit maintenant renversé et suspendu par son sommet non fendu. Il faut remarquer que ces filaments sont élas- tiques connue des fils d'acier : on le voit dans le dessin à la façon dont ils soutiennent le fruit lourd. Os capsules sont groupées par deux on par quatre sur une même branche lignifiée; le vent les secoue les uns contre les autres, ce qui est facilité par le développement des ailes des valves (fig. 226). Tout ceci rappelle, niais en grand, la manière dont sont suspendues certaines semences des Magnolia ou des Acacia. A part le mode de déhiscence sur lequel est basé la différence des Teioinées et Bignoniées (loculicide ou septifrage), il y a, chez ces plantes, une relative conformité dans le mode de dissémination, (liiez presque toutes il s'agit de laisser échapper, d'une espèce de long « haricot», les semences ailées disposées sur une membrane entre les valves qui s'écartent peu à peu. Fruits plats *\>^ Arrabidœa, plus ligneux des Chodranthus et des Anemopœgma, mais encore linéaires, très allongées des (Bignonia) et des Perianthomega. Cet énorme allon- gement des capsules, 30-60 cm. chez les espèces de ces di'u\ derniers genres et la flexibilité des pédicelles pendants, amènent les semences dans une région libre d'où elles peuvent être dispersées latérale- ment. C'est un arrangement à comparer à celui des capsules allongées linéaires des Apocynacées sylvatiques i\n genre Forsteronia. Mais ici les semences ont d'autres appareils d'aviation. La mobilité de ces capsules varie d'ailleurs beaucoup; portées sur des pédicelles épaissis et 240 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÉ GENÈVE (286) lignifiés, elles sont relativement lîxes dans les Jacaranda et surtout chez le Xylophragma pratense Sprague (RojasiopAyton tuberculatum Hassler). Chez toutes les espèces, les semences nombreuses sont munies d'ailes, niais la valeur de ces appendices comme moyen de suspension est loin d'être égal. Les plus lourdes, spécifiquement les plus lourdes, sont les grosses semences samaroïdesdu Xylophragma pratense Sprague qui fendent l'air avec vitesse et tombent comme du plomb. Il s'agit ici (Tune espèce sylvatique des forêts d'Esperanza sur le plateau d'Aman- bay. Nous retrouvons des fruits analogues, épais et tuberculeux, chez le Chodanthus splendens Hassl. et VAdenocalymma marginatum : leurs semences sont aussi lourdes et grandes. .Mais le Xylophragma a la plus grosse capsule, de trente centimètres de longueur sur sept à huit centi- mètres fie largeur, les valves atteignant 0,5-0,8 millimètres d'épaisseur. Le pédicelle est de la grosseur du petit doigt et court. Rien n'y tend donc à la mobilité (tig. 227). J'ai mesuré la valeur des appareils de vol ou d'aviation sur plusieurs de nos Bignôniacées. Elle s'exprime expérimentalement par la vitesse de chute des semences détachées selon une certaine position initiale, il va de soi que, en plus de cette faculté de suspension, leur aviation est encore favorisée par l'agitation de l'air, par les courants de convexion, les courants ascendants et la force mécanique du vent durant les tempêtes1: Il ne laid pas juger de celle valeur par une simple comparaison morphologique ou de grandeur absolue. En effet, le poids spécifique et l'augmentation de surface sont deux facteurs essentiels; vient ensuite la construction de l'aéroplane, la position de son centre de gravité, la forme de l'aile sustentatrice. Ainsi les semences du Doxanlha (Bignonia) unguis Miers peuvent tom- ber de trois manières différentes : 1° par la pointe, alors elles décrivent une espèce de rotation en cône de révolution, tout en se dirigeant verti- calement en tire-bouchon ; 2° en vol plané, l'aile se maintenant presque horizontale et la semence décrivant des spires étendues; 3° en vol plané avec balancement pendulaire dans un seul plan vertical de chute; i eu propulsion par rotation régulière autour du grand axe. C'est ce dernier mode qui amène la semence vers un but éloigné de la verticale passant par le point de départ. Ici le premier mode permet un trajet i 1 Dingler, H., Die Beivegung der pflanzlichen Flugorgane, Munich (1889). (287) R. CHODAT, LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 241 vertical de un mètre à la seconde, le second et le troisième (vol plané), quatre-vingts à quatre-vingt-dix centimètres, le dérider, quarante centimètres à la seconde. Celle même différence s'observe dans l'aviation de la semence de VArrabidsea eraterophora Bur. La hauteur de la chute était de 2 m. 55. Le temps d'aviation était, si la semence tombe, sa marge épaissie tournée en bas, ce qui facilite le mouvement rotatoire autour du grand axe, 4", M1',8 (mesuré au chronomètre); parla marge mince, ce temps descend à 2",8-3", par la pointe à 2", 6, parla surface 2",6-3". Si on projette les semences, la vitesse n'est guère diminuée. Lorsqu'il \ a rotation mise en train dès le début de la chute, le déplacement latéral est sensiblement égal à la hauteur de chute. Ces mesures ont été faites dans un air parfaitement calme. Ceci indique une suspension qui se traduit dans les meilleures conditions par un déplacemenl vertical de cinquante-six centimètres à la seconde. Les autres semences étudiées ont fourni des résultats moins avanta- geux. Les moins lions parachutes, Perianthomega Vellozoi Bur., Chadanthus splendens llassl., chez lesquels on voit se faire un mouve- ment hélicoïdal particulièrement bien réussi chez la première espèce. parcourent 1,1 mètre à la seconde. Dans VArrabidsaa ehica Yerl., la semence exécute un vol plané qui la dirige latéralement; dans le Jacaranda cuspidifoliaMsL¥t;,à aile presque circulaire et à structure en coupe évasée, le mouvement hélicoïdal giratoire se combine avec un déplacement en grandes spires. La légèreté de ces semences les rend propres à être facilement soulevées par le vent, remuées et reprises à chaque coup, mais ne leur confère nullenienl la fonction d'avion (pie nous avons reconnue aux semences beaucoup plus lourdes de VArrabidsea eraterophora Bur. Un mouvement singulier s'observe dans l'aviation de la semence du Mertiora cuspidata Hassl.; elle se promène en voltigeant comme certains grands papillons des bois sombres. Il y a ceci d'intéressant que la capacité de planer est indépendante delà grandeur absolue; de grosso semences comme celles du Tecoma Ipe Mart. ne tombent pas plus vite que celles t\\i Cuspidaria pterocarpa DC. Il s'agit de poids spécifique et d'augmentation de surface. La faculté de planer plus longtemps suppose des courants ascendants qui existent réellement, même par le calme, à la lisière y\^ bois, ou des courants plus efficaces, comme le vent ou la tempête. Sans vouloir m'aventurer dans une téléologie absurde, je ferai remarquer que deux BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos i-S-6, pai'US le 25 Sept. 1917. X 242 BULLETIN DE LÀ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (288) des moins bons voiliers, le Perianthomega Vellozoi Bur. et le Chodanthm splendens Hassl. sont des lianes de forêt. Les deux meilleurs voiliers, Arrabidœa cratenophqra Bur. et Doxantha (Bignonia) mguis Miers, sont des lianes de lisières, celles du Jacaranda, arbre souvent isolé dans les stations xéropbytes, sans être capables de planer longtemps, sont assez légères pour pouvoir être facilement déplacées par le vent et entraînées par bonds successifs à travers les campos. Certains auteurs ont mis en doute l'importance des appareils voiliers des fruits ou des semences pour la dissémination. Il ne s'agit pas de savoir quelles sont les intentions de la .Nature, ni même de choisir entre les différentes théories qui tendent à «expliquer» l'origine des formes adaptées. Le problème est plus simple, ces formes étant cons- tatées, quelle est leur manière d'être, comment se comportent -elles dans un milieu donné? Y a-l-il coïncidence entre la morphologie et la fonction? Comme autre part, nous constatons ici plus de formes qui ne sont pas particulièrement adaptées que de structures parfaitement adéquates. C'est sans doute, comme dans beaucoup d'autres cas, une question de probabilité. La plupart des Bignoniacées citées sont des lianes répandues dans tout le Paraguay, ainsi le Cuspidaria pterocarpa DC. que nous avons vu aussi abondant sur les buissons et les arbres d'Encarnacion, que du Centre et du Nord. Elle va jusqu'au cœur du Brésil. Il en est de même de VArabidœa rhodantha Bur. et Scbuin. des stations ebacoennes ; VArrabidœa chica VerL, va jusqu'aux Guyanes, V Arrabidœa florida DC. est aussi connu de la région amazonienne. Avec l'Argentine, le Paraguay partage par l'intermédiaire du Chaco, le Tecoma integrum (Sprague) Chod.,le Tabebuia nodosa Grisb., comme une grande épine aux petites feuilles digitées, dressées, presque sans pétiole et presque linéaires ou spatulées. Dans les sables salés de ïrinidad, sur la berge du Bio Paraguay.au pied du Lambaré, de l'autre coté, le long du Rio Pilcomayo, dans les arènes sèches de Concepcion et partout dans le Chaco, d'après les indications des voyageurs (Palo Cruz) il fait partout l'effet d'un Tecoma argenteum Bur. et Schum. «subspinescent». C'est un bois- dur comme le fer. D'après HERZOf^cet arbre ouvre ses tleurs avant la pluie (signe de pluie): «Palo sin verguënza ». 1 Herzog's, Boliv. Pfl. in Mededel. van Rijks Herbar., Leyden, n° 28-30 (décem- bre 1916), 40. 1 Venturi y M. Lillo. Coutribucion al Conocimiento de los arboles de la Argen- tina, Buenos-Ayres (1910). ( 28*.») R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 213 Le Dolichandra cynanchoides Cham., avec ses Heurs à calice et corolle rouge, suit cette dernière espèce dans sa distribution chacoenne et argentine. De même, Pithecoctenium cynanchoides P. DC. qui va du Chaco bolivien à l'Argentine. Très répandu dans toute l'Amérique du sud, le Doxantha (Bignonia) un nuis Miers est représenté plus au Sud par la var. exoleta qui va jusqu'au Rio de la Plata. Parmi les endémismes il faut citer : Arbres: Tecoma Hassleri Sprague, affine au Tecoma ochraceum Cham. Arbres nains ou arbrisseaux de la Chamédendrée : Jacaranda mutabilis Hassler, du plateau d'Amambay; Memora cuspi- (Iii/ii Hassler, du plateau d'Amambay ; Anemopsegma longipetiolatum Sprague, du Nord, aux feuilles grandes de Phaseolus. Lianes : Paradolichandra Chodati Hassler ; Chodanthus splendens (Pur. el Scbuiii.) Hassler; Mansoa truncata Sprague, liane des buissons dans les arènes de Concepcion ; Doxantha (Bignonia) unguis var. microphylla Chod., qui sont toutes des plaides d'affinités brésiliennes. Doxantha (Bignonia) unguis var. microphylla Chod. nov. var. Caules filiformes, tenuissime puberuli; foliola ovato-oblonga 18/e, 12/4> 19/ô,5 mm. glabra, distincte et longiuscule mucronata, internodiis cirrbis 3 petiolulo brevi, tenuissime tomentellis, uncinatiis. Trouvée à la Cordillère de Altos, dans un bosquet mêlé à des Lygo- (lium. Cette variété méritait d'être signalée car elle se distingue des (ormes juvéniles du Doxantha (Bignonia) unguis (L.) Miers, par ses folioles beaucoup plus petites régulièrement égales le long des longs sarments, ce qui lui donne l'apparence d'un type réduit, diminutif de l'espèce. Dans les formes juvéniles du Doxantha unguis (L.) Miers, les folioles sont proportionnellement plus larges, plus ovales et deux à trois fois plus développées. Arrabidsea tobatiensis Chod. nov. spec. Alte scandens, foliis trifoliolatis aliis simpliciter cirrhiferis bifoliola- lis, foliolis basi conspicue et eximie rotundato cordatis, ovalibus sensim acutatis tempore floris lœte viridibus, siccis subpellucidis,o0/28, 52/32,52/2smni. junioribus minoribus, cirrbis simplicibus mox induratis, petiolo 15-18 mm., petiolulis ad mm. haud excedentibus. Capsula ignota. In arboribus Copaiferœ Langsdorfpli ad marginem sylvse Tobatj sean- driis (Chodat cl Vischer, n. :>il ». Habitu similis Cuspidarise pterctcarpœ DC. a qua differt forma folio- ruin i. e basi sequaliter rotundatis, calyce margine excepto, glabro, dentibus calycis aliis, disco distincte ànnulari, stigmatibus angustis, antlicrarum Forma cl loculis glabris. Cette espèce dont nous ne connaissons pas les fruits parait bien appar- tenir au genre Arrabidœa dont elle a les traits généraux de la structure florale, mais clic en diffère par le calice, ce qui la ramène \ers les espèces anormales comme Arrabidœa pulchella (Cham.) K. Schm. que Schumann supposait devoir appartenir au genre Cuspïdaria (cfr. Nat. Pflanzenfamilien, III. h. 21 i>, mais dont le fruit ultérieurement décrit esl certainement d'un Arrabidœa (cfr. Mart. Flor. bras.). Par ses petites glandes calicinales et ses dénis saillantes du calice, elle constituerait une section de ce dernier genre : Cuspicalix Chod. nov. sectio, calycis dentés plus minus filiformes nec obsoleti. Etude sur les stomates l'Ai! Laurent REHFOUS INTRODUCTION ET HISTORICITE Les travaux traitant des stomates sont déjà fort nombreux et cela s'explique par l'importance de ces appareils au point de vue de la phy- siologie de la plante Ce sont, en effet, ces derniers qui lui permettent d'effectuer les échanges gazeux, tels que la transpiration, la respiration et l'assimilation. Parmi ces travaux, il en est de très anciens. Grew.1 est le premier anatomiste qui ait observé ces appareils à la surface des feuilles, niais sans les désigner par un nom particulier. Arrachant la peau qui recouvre les feuilles, il constate que, comme clie/ les animaux, la peau de beaucoup de plantes est percée de pores ou orifices on « Pass-ports» qui doivent servir à une meilleure «avo- lation » de la sève superflue de même qu'à l'admission de l'air, (le savant constate en lf>82 déjà que ces pores doivent servir aux échanges gazeux. Grew ajoute que ces pores ne sont pas les mêmes sur toutes les feuilles; ils varient par la forme, la grandeur, le nombre et la posi- tion. Ce savant nous donne même une figure représentant la surface d'une feuille avec un grand nombre de ces pores (pi. 48, fig. 2). En 1747, mi autre botaniste, Guettard2, publia sur cette question un intéressant ouvrage intitulé: Observai ions sur les piaules. 1 Grew, N. A. The Anatomy of Plants. Royal Society, Liv. IV, Chap. IV, § 2, 3, 4, p. 153 (1682). 2 Guettard. Observations sur les plantes. Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris (1747). 246 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Voici ce que Guetta bd nous dit dans son « épître» : «Cet ouvrage regarde les glandes des plantes et leurs vaisseaux excrétoires. Ces organes dignes d'être observés ue l'avaient pas été jusqu'ici. On n'avait pas, apparemment, pensé que les singularités qu'elles nous offrent peuvent être rangées sous différents ordres et que par là elles étaient propres, comme les fleurs, à faire distinguer les unes des autres les plantes des différentes classes et de différents genres, à les caractériser et à nous conduire à les connaître...». Plus loin : « Ces glandes sont des organes admirables par le moyen desquelles se font certaines sécrétions dans les plantes ». L'auteur a en effet observé sur les feuilles de certaines plantes de petits points ordinairement blancs, arrangés sur différentes lignes et d'où il sort une matière blanche, très fine, qui s'enlève aisément par le toucher* Ces points, vus au microscope, paraissent irréguliers, ronds ou longs et ouverts. Guettard a cru pouvoir, à cause de leur petitesse, de leur arrangement et de leur usage, les appeler « glandes mîliaires». Ce savant nous donne plusieurs figures représentant des feuilles recouvertes de glandes miliaires. Je citerai également un autre savant, Bonnet1, qui, bien que n'ayant pas étudié ces appareils, a cependant, à la suite d'expériences, constaté le premier, un fait intéressant pour nous : c'est la différence qui existe entre les deux faces d'une feuille. Poursuivant ses recherches, Bonnet classe les feuilles en deux catégories, les feuilles herbacées dont les deux faces pompent également l'humidité et les feuilles des arbres dont les faces inférieures sont différentes et en pompent une plus forte quantité. Bonnet fit ses recherches, poussé par Calandrinj qui s'était demandé déjà si les surfaces inférieures des feuilles ne sont pas desti- nées « à pomper la rosée et à la transmettre à l'intérieur de la plante». En 1762, H. B. de Saussure2 reprend à nouveau l'étude de ces appareils et les décrit avec soin dans son opuscule sur Pécorce des feuilles. Il les appelle «glandes corticales» (glandulse corticales) et ajoute que «ce nom leur convient parce qu'elles tiennent toujours au réseau cortical des feuilles; un caractère qui leur est essentiel et qui nous permettra toujours de les distinguer des autres, consiste en ce 1 Bonnet, Ch. Recherches sur l'usage des feuilles dans les plantes (1754). = H.-B. de Saussure. Observations sur l'écorce des feuilles et des pétales, p. GO. Genève (1762). (3) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES ÏV, que ces glandes tostioles) sont constamment embrassées par une fibre ou vaisseau (cellule de bordure) dont la figure est à peu près celle que présente la circonférence de la glande; ce vaisseau ne rampe jamais immédiatement sur la glande, mais il y a entre eux un intervalle sensible ». De Saussure continue sa description en disant : « Dans toutes les [liantes que j'ai observées, la ligure de ces glandes m'a paru un ovale plus ou moins allongé; dans quelques-unes, elles sont presque circu- laires; dans d'autres, deux ou trois fois aussi longues que larges; quelquefois les côtés de l'ovale paraissent un peu comprimés. La figure du vaisseau qui environne la glande était donc dans toutes les espèces à peu près elliptique ». Plus loin : « J'ai toujours observé que deux, trois, quatre, cinq, six, sept vaisseaux du réseau cortical viennent s'aboucher ou s'anastomoser avec le vaisseau qui environne la glande. (Cellules annexes.) De Saussure ajoute : « Le vaisseau qui environne chaque glande paraît être de la même nature que les vaisseaux du réseau cortical des feuilles.» Dans quelques espèces, H. B. de Saussure nous dit « qu'il a découvert aux deux extrémités de toutes les glandes un vaisseau très délié qui traversait en droite ligne l'intervalle qui est entre la glande et le vaisseau qui l'environne et vient s'anastomoser avec ce même vaisseau ; il y a lieu de préluder que ces vaisseaux ou d'autres, desti- nés aux mêmes fonctions, sont donnés à toutes les glandes. » Ce savant constate que la grandeur de ces glandes est variable mais que cette variation a des limites. Ensuite, il se demande quel est l'usage de ces glandes chez les végé- taux. Etant donnés leur position et l'appareil de vaisseaux qui les entourent, il est plus que probable qu'il existe une analogie entre les fonctions de ces glandes et celles des animaux. Il lui paraît que ces glandes sont destinées à la sécrétion ou à la préparation de quelque suc particulier. Il continue en disant : « Leur position constante à la surface de la feuille, leur organisation, ne rendent-elles pas probable qu'elles sont destinées à séparer les sucs qui doivent faire la matière de la transpi- ration ou à préparer et à assimiler aux végétaux les vapeurs et les exhalaisons qu'ils absorbent par leurs feuilles? Ce qu'il > a de certain, c'est que dans beaucoup de végétaux, il y a un rapport cons- tant entre l'état de ces glandes et l'état de santé ou de maladie des feuilles. Ce qui porterait de Saussure à croire que les glandes miliaires 248 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) ou corticales sont des vaisseaux absorbants, c'est le rapport qu'il a observé entre la position de ces glandes et les expériences qu'a faites Bonnet sur la nutrition des plantes par les feuilles (voir plus haut recherches de Bonnet). H. B. de Saussure conclut en disant : « Il parait dohe que le degré d'aptitude à pomper les sucs est dans les surfaces des feuilles à peu près en raison de la quantité des glandes corticales de ce* feuilles». Plus loin : « Il ne s'ensuit pas que ces glandes ne puissent faire aussi l'office de vaisseaux excrétoires, il y a même plusieurs faits qui semblent indi- quer qu'elles ont celte fonction aussi bien que l'autre ». On ne peut qu'admirer l'exactitude des observations d'il. B. de Saussube; il dépasse en cela de beaucoup ses prédécesseurs qui n'avaient presque rien dil de l'organisation de ces appareils. De plus, de Saussube a donc précédé Gabbeau dans l'étude du rapport existant entre le nombre des stomates el les échanges gazeux. Hedwig, par contre, désigna ces appareils sous le nom de pores d'évaporalion ou pores évaporatoires. C'est Link1 qui, le premier, les désigna sous le nom de stomates. Il \ a près d'un siècle, dans son ouvrage d'organographie végétale, A. P. de CANDOLLE2, traitant de l'anatomie de la feuille, nous dit : « La cuticule porte deux organes, savoir, les stomates et les poils. Ces stomates sont de petits orifices ou glandes nichés dans la cuticule et ouverts du côté extérieur; ils ont presque tous la forme de pores ova- les, presque arrondis, quelquefois assez allongés; leur grandeur varie; les plantes à tissu lâche les ont ordinairement plus grands et moins nombreux, celles à tissu serré les ont plus petits mais plus rapprochés. A. P. de Candolle constate que l'ouverture de ces appareils varie de grandeur selon les circonstances où ils se trouvent. Ouverts à la lumière du soleil et chez les plaides bien portantes, ils sont fermés dans l'obs- curité et chez les plantes souffrantes. Comme ces appareils n'existent que dans les végétaux vasculaires, on est porté à croire qu'il y a un rapport entre le rôle des vaisseaux et celui des stomates. Ce savant nous parle de leur situation à la face inférieure de la feuille principa- lement, tantôt sur les deux faces, tantôt à la face supérieure seulement 1 Link. Ann. Muséum, 19, pi. 17, f. 11. 2 A. P. de Candoi.le. OrganograpMe végétale, p. 78 (1827). (5) L. REHF0US. ETUDE SUR LES STOMATES 249 chez les plantes flottantes (Nymphéacées). Dans divers ouvrages, A. P. de Candolle a appelé ces appareils des fores corticaux, niais tous ces ternies précédemment employés par divers ailleurs ne sont pas rigou- reusenients exacts et un terme simple étant d'un emploi plus commode, A. I'. de Candolle se décida à adopter l'expression de «stomate» employée pour la première fois par Link. Ce mot, signifiant « bouche », ('■tait applicable en effet aux diverses hypothèses admises alors au sujet du rôle de ces appareils. Dans son traité de physiologie végétale, par- lant de l'émanation aqueuse des végétaux, A. P. de Candolle1 nous parle à nouveau des stomates. Il constate que chez les organes revêtus (Tune cuticule munie de stomates, on observe l'exhalaison dans un temps très court d'une immense quantité «Peau. Il dit que cette émanation se t'ait donc par l'intermédiaire de ces appareils et est en relation directe avec leur nombre. Il constate en outre que cette éva- poration cesse considérablement dans l'obscurité. Parmi les circons- tances influençant ce phénomène, il faut citer la lumière qui paraît agir avec le plus d'intensité pour exciter l'exhalaison. Il rappelle les observations de Sénebier qui, plaçant une plante dans l'obscurité totale, nous montre qu'elle cesse subitement de transpirer; reflet de la lumière est proportionné à l'intensité de celle-ci et l'exhalaison est beaucoup plus grande dans Pair sec (pie dans Pair humide. On peut résumer ainsi les idées d'A. P. de Candolle à ce sujet : 1" L'usage habituel des stomates est la transpiration aqueuse qu'il faut distinguer de la simple évaporation. 2° Il n'est pas impossible qu'ils servent dans quelques cas à l'absorp- tion, mais les expériences s'expliquent tout aussi bien par l'hygros- Copicité du tissu. 3° Il est également possible qu'ils aborbent de Pair pendant la nuit, mais A. P. de Candolle ajoute que les expériences ne sont pas assez multipliées pour pouvoir s'en assurer. A. P. de Candolle termine en disant qu'indépendamment des stomates, la surface des végétaux doit être criblée de pores invisibles qui la rendent perméable. A. P. de Candolle a donc abandonné l'idée soutenue autrefois par Grew que les stomates jouent un rôle dans les échanges gazeux, exclu- sivement. En 1850, Garreau2 publia un 1res intéressant travail sur l'absorption et l'exhalaison des surfaces aériennes des plantes. Après II. B. DE 1 A. P. de Candolle. Physiologie végétale, p. 10? (1832). 2 Garreau, M. Recherches sur l'absorption et l'exhalaison des surfaces aérien- nes des plantes. Annales des Sciences naturelles, IIIe série, vol. XIII, p. 336 (1850). 250 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) Saussure, Garreau est le premier qui insiste sur le rapport qui existe entre le nombre des stomates et la transpiration et sur les variations de celle-ci sur les diverses parties d'une feuille. Voici les principales idées de cet auteur à ce sujet. Etudiant tout d'abord l'absorption, il arrive à la conclusion que la couche de cutine (cuticule) possède (\v<~ propriétés endosmiques très prononcées; de même que cette cuticule absorbe Peau, de même aussi, elle absorbera les gaz, l'acide carbonique entre autres. Parlant des végétaux aériens,' dont les feuilles sont criblées de sto- mates, Garreau se demande si l'acide carbonique gazeux est absorbé également par les surfaces dépourvues de ces appareils. Après expériences, il conclut par l'affirmative; la cuticule absorbe l'acide carbonique gazeux. 1. Fonctions et structure des stomates Les prédécesseurs de Garreau qui étudièrent l'exhalaison aqueuse des feuilles, n'ont guère cherché à reconnaître que la quantité absolue d'eau exhalée par les plaides et la quantité de ce tluide retenue dans le végétal; or, la seconde partie du travail de ce savant est fort inté- ressante, car c'est la première fois (H. B. de Saussure n'avait fait à ce sujet que quelques observations) qu'on cherche à savoir d'une façon complète quelles sont les quantités d'eau exhalées par les feuilles dans leur totalité et par leurs faces supérieure et inférieure prises isolément, ces organes étant placés dans des conditions identiques; cette étude de Garreau était donc nouvelle, elle a été faite avec grand soin. On peut la résumer brièvement en disant que : 1" Les quantités d'eau exhalées par les faces supérieure et inférieure des feuilles sont le plus ordinairement comme un à trois et plus rare- ment un à cinq et au-delà; que ces quantités relatives ne tiennent pas à la disposition respective des faces, puisque les feuilles renversées donnent les mêmes résultats que dans leur position naturelle. 2° 11 existe quelques rapports entre la quantité d'eau exhalée et le nombre des stomates. 3° La transpiration se fait en proportion plus considérable sur le trajet des nervures et sur la partie des épidémies la moins pénétrée de matière grasse. (7) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 2,") I Après Garreau, je dois citer également les intéressants ouvrages de Stahl et de Francis Darwin. Ces savants étudièrent plus spécialement la transpiration et le rapport de cette transpiration avec l'ouverture des stomates; Staiii, imagina une méthode nouvelle qui porte son nom et qui consiste à employer le papier de Cobalt. Quant à la méthode de Darwin1, elle est très récente et consiste à recouvrir la surface des stomates d'une couche de beurre de cacao ou de vaseline, puis de pratiquer des incisions à la surface de la feuille pour permettre la transpiration; d'habitude, l'ouverture du stomate diminue dans l'obscurité et avec elle la surface d'évaporation; la méthode de Darwin a donc l'avantage d'éliminer les variations pro- duites par les stomates et nous permet ainsi d'avoir une surface d'évaporation qui reste constante. Darwin compare alors la transpira- tion qui a lieu alternativement à la lumière et dans l'obscurité et nous montre que celle transpiration est très variable et est parfois deux fois plus grande dans le premier cas que dans le second. Citons aussi Wiesnei!- qui étudia également la transpiration chez les plantes et publia d'intéressantes observations. Plusieurs auteurs (1880-1900) étudièrent à nouveau le rôle physiologique des stomates et précisèrent certains points. Parmi ceux-ci, citons Schwendener3. Ce dernier constate qu'un éclairage suffisant effectue l'ouverture de l'appareil, tandis qu'un obscurcissement en produit la fermeture. Mais il ajoute que différentes sortes de stomates et même les stomates de la même plante, suivant leur âge et leur fonction, ne réagissent pas éga- lement; il réfute la déclaration de Leitgeh que de nombreuses plaides possèdent de nuit des stomates ouverts et ajoute que, d'après ses expé- riences, celte idée est fausse. Il se demande si la température peut jouer un rôle sur le fonction- nement du stomate et il constate qu'une élévation de température de 10° à 15° C, sans lumière, n'effectue aucun mouvement d'ouverture. Un apport d'eau suffisant ou une pression d'eau n'effectuent aucun mouvement des cellules de bordure. Par contre, d'après ses expérien- 1 F. Darwin. The effect of Light on the Transpiration of Leaves. Proceedings of the Roi/al Society, B., vol. 87, p. 281 (1913). 2 Wiesner. Sitzb. d. k. Akad. Wïss., vol. 74, p. 477 (1877). 3 Schwendener, S. Ober Ban und Mechanik der Spaltoffnungen. Monatsbericht. der Berline,)- Akademie (1881). S 2.~)2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) ces, tous les facteurs comme l'air sec, le sol sec, qui sont susceptibles (ramener la flétrissure, produisent une rapide fermeture de l'ostiolè. Quelques années plus tard, Leltgeb1 publia un travail spécialement sur la physiologie du stomate; je le résumerai rapidement, car les idées de cet auteur ont souvent été combattues et réfutées par d'autres botanistes. 1" Tout d'abord, contrairement à ce que nous dit Schwendener, si un grand nombre de plantes ferment leurs stomates pendant la nuit, il n'en est rien pour un tout aussi grand nombre d'autres, vivant dans les mêmes conditions. 2° En expérimentant sur des plantes différentes et en produisant pendant un certain temps une obscurité artificielle, on obtient des résultats différents : tantôt la fermeture est complète, tantôt elle n'a pas lieu. 3° On peut constater l'ouverture ou la fermeture dans la lumière ou dans l'obscurité, ce qui peut être favorable à certaines catégories de plantes. i° il y a fermeture du stomate dès que l'humidité du sol n'est pas suffisante et avant même que Ton aperçoive aucune trace de flétris- sures. 5° Chez quelques plaides, il \ a réduction ou fermeture de l'ostiolè quand bien même la quantité d'eau est suffisante, ceci quand ces plan- tes sont exposées à la lumière directe du soleil. 6° Chez beaucoup de plaides, l'humidité du sol étant suffisante, l'ou- verture de l'ostiolè aura lieu à cause de l'humidité de l'air environnant; l'ouverture est par là indépendante de la lumière. D'ailleurs, toutes les plaides ne se comportent pas de la même façon; ainsi une atmosphère saturée de vapeur d'eau empêche chez quelques-unes la fermeture et la provoque chez d'autres. 7" Leitgeb en arrive à la conclusion que quand il y a fermeture nocturne (constatée par Schwendener et d'autres avant lui), cette dernière ne doit pas être considérée comme provenant d'un manque de lumière qui abaisse la turgescence des cellules de bordure, mais «pie celle-ci s'opère par une pression latérale des cellules épidermiques sur les stomates, pression qui augmente en même temps que l'éléva- tion de la turgescence se fait sentir. ' Leitgeb, H. Beitrage zur Physiologie des Spaltoffnungsapparates. Mitteil. ans d. bot. Instit, Gras., Iena (1886). (9) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 253 Leitgeb ajoute que la plante grâce à la fermeture de ses stomates, sera protégée contre Le danger d'une trop grande perle d'eau. Comme on peut le voir, les principales hypothèses de Leitgeb sont contraires à celles de Schwendener ; en effet, ce dernier nous [tarie dans son travail de la fermeture du stomate qui a toujours lieu pendant la unit et du fonctionnement autonome de ces appareils. En 1888, Scilefeb1 étudie à nouveau le fonctionnement du stomate; il arrive aux mêmes conclusions que Schwendener, savoir que ce fonctionnement est indépendant des cellules épidermiques et n'est possible (pie par la variation de turgescence des cellules de fermeture. Scii.efer admet bien cependant que la turgescence des cellules épi- dermiques influe partiellement sur le fonctionne id du stomate, en empêchant la libre expansion des cellules de fermeture. L'ouverture sera donc la résultante de deux forces inégales agissant Tune contre l'autre, Tune plus grande, la turgescence des cellules de fermeture, et l'autre, moins grande, la turgescence des cellules épider- miques. Ce que Sgii.efer n'admet pas, c'est l'affirmation de certains auteurs comme Leitgeb, que les cellules de fermeture sont comprimées par la turgescence des cellules épidermiques. Au contraire, dans toutes ses recherches, Sch^fer a constaté le fonctionnement indépendant des cellules de fermeture; l'anatomie elle-même des cellules stomatiques le [trouve (railleurs. Scii.efer parle ensuite des recherches du Dr Volkens qui venait de trouver, cette même année, chez les Graminées, un nouveau mécanisme du stomate et il ajoute que, bien que différent, ce mécanisme n'en est pas moins lié à des variations de turgescence. Schwendener a (Tailleurs repris en détail l'étude des stomates de Graminées dans un travail bien connu. D'après Schellenberg2, seul le point de vue de Schwendeneb est juste. La lumière est le seul facteur qui peut faire ouvrir les stomates par suite de l'élévation de turgescence due à l'assimilation des cellules de fermeture. 1 Scilefeh, R. Crber den Einfluss des Turgors der Epidenms-Zellen auf .lie Funktion des Spaltbffrmngsapparates. Pringsh. Jahrb., XIX (1888). 2 Schellenberg, II. V. Beitrage zur Kenntnis von Bau imd fcunction der Spaltoffnungen. Botanigche Zeitung (1896), 169. 2ôi BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) Quant à la fermeture, elle est due à la diminution de la turgescence de ces cellules, par suite de la consommation ou de l'émigration de la matière osmotiquement efficace qui rend possible le mouvement. La pression des cellules annexes favorise évidemment ce mouvement et permet d'opérer la fermeture complète des ostioles. Nous voyons donc que le travail de Schellenberg est intéressant en ce qu'il confirme les idées de Sciiwendener et démontre l'inexactitude de celles de Leitgeb. Pendant fort longtemps, après avoir constaté la présence des slo- mates sur les feuilles (Grew), les botanistes ne s'occupèrent de ces appareils qu'au point de vue de la physiologie de la piaule. Ils consi- déraient un stomate comme une sorte de bouche pouvant s'ouvrir ou se fermer, mais, de la structure de cet appareil, il n'était pas question; ce n'est que plus tard, en effet, qu'on examina ces appareils en coupe, jusqu'alors on ne les étudia que de face et très superficiellement. Ce n'est que vers le dernier quart du xixrae siècle que parurent des ouvrages importants, traitant du détail de la structure anatomique de ces appareils. A. Tschirch1, en 1880, publia un intéressant travail sur l'anatomie des stomates. Il reconnaît deux types différents de stomates; le pre- mier est le type Angiosperme que l'on trouve chez les Monocotylédonées comme chez les Dicotylédonées, il est caractérisé par la présence d'un puits et d'une antichambre. Le second, c'est le type rencontré chez les Conifères, Cycadées, Gnétacées, Fougères, Equisétacées et aussi chez les Casuarinées; ses cellules de fermeture possèdent une paroi exté- rieure très considérablement épaisssie, tandis que la paroi intérieure est amincie; chez ce type, sauf chez quelques Conifères, nous ne rencontrons jamais de puits, mais seulement une antichambre. Comme ce type est constant et se retrouve tard chez les Gymno- spermes que chez les Cryptogames, Tschirch l'appelle le type Arché- gonial. L'auteur insiste sur le fait que ces deux types ne sont pas séparés d'une façon absolue, il existe des transitions et des exceptions, mais cependant, d'une façon générale, on peut fort bien en tirer la conclu- 1 Tschirch, A. Beitràge zur vergleichenden Anatomie des Spaltoffnungsappa- rates. Verhandl. d. bot. Ver. il. Provinz Brandenburg, Berlin (1880). ill) l>. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 255 sion que : par la structure anatomique des stomates, les Gymnospermes sont plus voisins des Cryptogames que des plantes supérieures. Les considérations de Tschirch sont évidemment suggestives au point de vue du développement phylogénétique du stomate. En terminant son exposé, l'auteur se pose sans y répondre, paire que ne connaissant pas assez complètement la structure de ces appa- reils, la question suivante : le type Archégonial est-il un type à ferme- ture moins bonne, donc un type inférieur à celui des Angiospermes? La question posée par Tschirch est suggestive, j'en reparlerai au sujet d'un ouvrage de PoRsch1 paru en 1905. L'année suivante, en 1881, Schwendener2 termine un ouvrage au cours duquel il explique la structure et le fonctionnement du stomate. Voici en quelques mots les principales idées de cet auteur à ce sujet. Les cellules de fermeture sont construites de telle sorte que, sans la coopération (\c<, cellules épidermiques (fonctionnement autonome), par diminution de la turgescence, elles diminuent leur courbure convexe externe, rétrécissant d'abord, puis fermant bientôt complètement l'ostiole; si, au contraire, la turgescence augmente, la courbure a lieu et, par suite, l'ostiole s'ouvre. Il insiste sur la structure de cette cellule inégalement épaissie, dont seul le coté aminci pourra s'allonger; c'est la première fois qu'un auteur précise cette structure et en explique la raison. Schwexdener ajoute qu'il est évident que les cellules épidermiques exercent une pression latérale sur les cellules de fermeture, mais cette pression, tout en favorisant le rétrécissement de l'ostiole, ne suffit pas à sa fermeture; l'auteur parle aussi de l'amincissement t\r^ parois des cellules épidermiques du côté des cellules de fermeture; c'est donc lui qui, le premier, signala la présence des charnières sans lesquelles on ne saurait comprendre le mouvement d'ouverture et de fermeture du stomate. Schwende.xer est le premier également qui expliqua le mouvement des stomates des Graminées par gonflement des vésicules polaires. En 1899, YYestermaier3 publia un intéressant travail sur les stomates et les cellules annexes; il décrit soigneusement la structure 1 Pokbch. Der Spaltôffnungsapparat im Lichte der Phylogenie, lena (1905). 2 Schvvendenek, S. rber Bau und Mechanik der Spaltoffnungen. Monatsberichi der Berliner Akademie (1881). 3 Westermaiek. Ober Spaltoffnungen und ihre Nebenapparate. Festschrifb Schwen- d-ners, vol. XXVII (1899), 61. 256 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) des stomates et nous montre le rôle que jouent les cellules annexes sur le fonctionnement de ces appareils. En 1 90 i , Habeblandt1 publia un important travail an cours duquel il essaie de lier la physiologie à l'anatomie et de démontrer la relation qui existe entre elles. Habeblandt traite dans un chapitre spécial des pores; ces derniers appartiennent à trois catégories; ceux qui se trouvent sur l'épidémie, les stomates, ceux qui font partie du périderme, les lenticelles et enfin ceux que Ton trouve sur les racines aériennes, les pneumathodes. Voyons plus spécialement ce qu'il nous dit des stomates. Je résumerai les idées générales contenues dans cet ouvrage, suivant un plan adapté par l'auteur lui-même; je laisserai de côté le chapitre traitant de la physiologie des stomates car l'auteur n'\ énonce aucune idée nouvelle, il ne fait que résumer les idées (''mises à ce sujet par ses prédécesseurs. 1. Gonstruction et mécanisme de l'appareil stomatique L'auteur reprend la description des cellules de bordure; il nous parle entre autres des anticlines dorsales amincies; des charnières remarquées autrefois par Schwendener, d'un type le plus communé- ment rencontré, le type << Iris», il nous montre ensuite que l'ouverture du stomate est en relation avec le degré de courbure des cellules stomatiques et il explique ce mouvement en répétant l'expérience de II. v. Mohl, c'est-à-dire en plongeant la préparation dans Peau pure (ouverture) et dans l'eau sucrée (fermeture). Haberlandt cherche ensuite à établir une sorte de classification de différents types de stomates rencontrés chez les plantes. Il les l'ail rentrer dans deux catégories. A. : type de stomate dont la largeur générale est à l'état ouvert plus grande qu'à l'état fermé. I" Stomate du type courant, spécialement répandu chez les Môno- cotylédonèes, mais rencontré aussi chez les Dicotylédonées ; les épais- sissements de cellules de bordure sont asymétriques et avec eux, par conséquent, les lumens. 1 Haberlandt, G. Fhysiologische Pflanzenanatomie, Leipzig' (1904). (13) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 257 2" Stomate dont les épaississements des cellules de bordure sont symétriques, comme exemples : ceux des Graminées et Cypéracées. Il rappelle, à ce propos, le fonctionnement de ces derniers et cite l'explication donnée par Sghwendener1 (gonflement des vésicules polaires). B. : type de stomate, dont la longueur et la largeur restent inchan- gées, qu'il soil ouvert ou fermé. Comme exemple de ce type, Haber- landt cite le stomate que Ton rencontre sur la capsule de Mutin» caspidatum ; il serait caractérisé par l'absence de charnières, des cel- lules de bordure à anticlines dorsales épaisses, tandis que les anticlines ventrales, c'est-à-dire du côté de l'ostiole, sont au contraire minces; donc, sou fonctionnement est bien différent de celui du type précédent. Entre ces deux types, A et B, tout à fait différents, nous avons des formes de passage par exemple les stomates de Liliacées, Orchidées, etc. Par suite du rôle que joue le stomate dans le système d'aération, nous avons à la partie inférieure de celui-ci une sorte de lacune, à laquelle on a donné le nom de chambre sous-stomatique ; la disposition et la forme des cellules qui bordent cette dernière ne subissent aucune modification pendant le fonctionnement du stomate; ces cellules sont tantôt en nombre restreint, deux par exemple, elles sont alors réunies en forme djarc; tantôt elles sont plus nombreuses et constituent une sorte d'anneau. II. Influence des facteurs extérieurs sur l'ouverture et la fermeture des stomates Pour servir à l'échange des gaz et à la transpiration, le mouvement d'ouverture et de fermeture des stomates doit pouvoir être influencé par les facteurs extérieurs. L'auteur arrive à la conclusion que les cellules stomatiques doivent réagir vis-à-vis de la plus ou moins grande intensité lumineuse, comme vis-à-vis de l'humidité relative de l'air. Pour cela, il faudra que les facteurs extérieurs influent sur la tur- gescence des cellules stomatiques, puisque c'est de cette dernière que dépend l'ouverture et la fermeture de ces appareils. Il rappelle alors 1 Sghwendener, S. Die Spaltôffnungen der Gramineen und Cyperaceen. Sitzungs- bericht der Berliner Akademie (1889). BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 4-5-6, pai'llS le 25 sept. 191 7. 9 258 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) divers ouvrages déjà plusieurs fois cités de Mohl, Schwendenei;, Leitgeb, Staiil, entre autres, sur l'ouverture des stomates à la lumière et la fermeture de ceux-ci dans l'obscurité. Haberlandt cherche à s'expliquer la raison de cette fermeture et fait diverses hypothèses sans rien conclure. Par contre, il arrive à la certitude que les stomates sont spécia- lement sensibles à l'humidité de l'air et du sol; ils seraient donc d'excellents régulateurs de la transpiration. Pour cet auteur, le facteur humidité l'emporte sur le facteur lumière; l'expérience faite sur des plantes fanées, chez lesquelles les stomates se ferment de suite et ceci en pleine lumière, vient à l'appui de cette idée. Haberlandt insiste enfin sur la présence de grains de chlorophylle et d'amidon dans les cellules de bordure. 111. Structure du stomate et ses relations arec le climat et le lieu L'auteur, à ce propos, passe en revue toute une série de particula- rités indépendantes du mécanisme, mais en relation avec la fonction du stomate et qui ont été spécialement étudiées par Tschirch1. Habeblandt résume alors que les principales découvertes de Tschirch2 et cite un grand nombre d'adaptations intéressantes; il con- sidère deux cas : 1" Quantité d'humidité moyenne : la respiration sera donc normale; le stomate est alors du type courant et au même niveau que les cellules épidermiques. 2° Humidité faible, lieux secs : l'auteur commence par nous montrer comment la plante va se protéger contre son principal ennemi, la sécheresse, en diminuant la perte de sa vapeur d'eau, ceci au moyen de toute une série d'arrangements secondaires et adaptatifs. Les stomates seront alors enfoncés et situés au fond de puits. C'est Pfitzer, le premier, qui constata la présence de cette adaptation contre une trop grande transpiration; puis Tschirch retrouva des particularités anatomiques semblables chez des plantes désertiques et 1 Tschirch, A. Beitrage zur vergleichenden Anatomie des Spaltoffnungsapparates. Verhandl. d. bot. ver. d. Provins Brandenburg, p. 116, Berlin (1880). 2 Tschirch, A. Beitrage zur vergleichenden Anatomie des Spaltoffnungsapparates. Verhandl. d. bot. ver. d. Provins Brandenburg, p. 110, Berlin (1880). (15) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 259 épiphytes, il en lit une étude approfondie; Haberlandt en a trouvé d'analogues chez certaines plantes tropicales à feuilles très grandes; le développement excessif des limbes pouvant être un danger pour la plante, celles-ci s'en protègent par l'enfoncement de ses stomates; il cite comme exemple les feuilles de Ficus elastica. Haberlandt nous parle ensuite d'un procédé un peu différent de protection par la croissance exagérée des becs cutinisés extérieurs des cellules de bordure; nous avons ainsi formation d'une petite anti- chambre extérieure ou léger puits. Dans d'autres cas, ce sont des papilles cuticulaires qui viennent surplomber le stomate ou bien c'est l'épidémie qui subit un enfonce- ment, il y a alors formation d'une crypte au fond de laquelle sont situés les stomates protégés en outre par de longs poils (Nerium ole- ander). Ou bien les stomates sont situés au fond d'une véritable rigole, c'est le cas de ceux de Casuarina; chez d'autres, enfin, il y a oblitération de l'appareil au moyen de cire. Comme type de stomate enfoncé, l'auteur rappelle celui de Dasyli- rion, où nous avons formation d'un véritable puits divisé en deux parties reliées par un étroit canal. Enfin, il nous cite les observations de Tschirch sur la réduction et l'occlusion partielles de la chambre sous-stomatique. On peut observer ces occlusions chez beaucoup de plantes. Tantôt après une longue période de sécheresse, tantôt par suite de la perte de mobilité des cellules de bordure. Schwendener, autrefois, avait déjà constaté chez Camellia japonica, entre autres, les occlusions de la chambre sous-stomatique par proli- fération de cellules vers l'ostiole. Haberlandt a observé un cas d'occlusion intéressante sur une plante épiphyte de .lava : Dischidia bengalensis; quand vient la séche- resse, il a constaté l'apparition d'une masse résineuse qui produit l'occlusion. En terminant, l'auteur insiste sur le fait que ces caractères secon- daires varient dans une même feuille suivant les régions; renfonce- ment des stomates, entre autres, est plus ou moins marqué, suivanl qu'on examine la face inférieure ou supérieure t\n limbe. L'auteur passe alors en revue les plantes vivant dans les lieux humides et spécialement les plantes flottantes phanérogames; il cons- tate la présence chez ces plantes de grandes chambres sous-stomatiques, 260 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (16) ce qui s'explique non seulement par le minime besoin de protection contre une trop forte transpiration, mais aussi dans le but d'éviter la fermeture des ouvertures par capillarité, au moyen de l'eau. Après avoir passé en revue les différentes structures de stomates chez les différents groupes de plantes, Haberlandt nous parle des cellules annexes. 11 les considère comme appartenant, dans le sens le plus large, à l'appareil stomatique; tantôt elles constituent des charnières, tantôt elles contribuent à la formation d'une antichambre, tantôt enfin, elles peuvent déterminer l'occlusion. Elles établissent, en outre, un passage utile entre les cellules de fermeture et les cellules épidermiques. IV. Position qu'occupent les stomates sur les feuilles Leur nombre et le diamètre de leur ouverture varient beaucoup; cependant, on peut dire qu'avec l'augmentation de sécheresse, leur nombre va constamment en diminuant; sur les feuilles dorsi-ventrales, les stomates occupent principalement la face inférieure; quelquefois, cependant, on les trouve sur les deux faces; dans d'autres cas, chez les plantes flottantes, par exemple, ces appareils ne se trouvent qu'à la face supérieure. Au sujet de leur position, l'auteur cite trois cas : I" Stomate au même niveau que les cellules épidermiques : plantes n on xêrophytes. 2° Stomates enfoncés : plantes xêrophytes, spécialement étudiées par TSCHIRCH. 3° Stomates surélevés : Fougères de lieux humides. L'auteur cherche à expliquer cette surélévation de l'appareil de diverses manières ; ce pourrait être une tendance à augmenter la trans- piration ou bien une protection contre l'occlusion capillaire par l'eau. Y. Perte et changement de fonction des stomates Haberlandt constate que chez beaucoup de plantes, avec rage, le mouvement des cellules stomatiques diminue ou disparaît, la ferme- (17) L. REHF0US. ETUDE SUR LES STOMATES 261 ture n'est alors plus possible. Cette modification a lieu de bonne heure chez les plantes flottantes et aquatiques ou d'endroits humides. Ni Haberlandt, ni Leitgeb n'ont trouvé de cas où cette modification apparaisse dès le commencement. Chez les plantes aquatiques, l'auteur constate la présence de stomates qui, bien que modifiés, rappellent ceux des plantes terrestres. J'arrive enfin au travail le plus récent que l'on aie sur le stomate, c'est celui de H. Chodat1. Ce savant donne une idée absolument exacte et complète de la structure intime de ces appareils; en effet, la plupart des botanistes qui l'ont précédé, à l'exception de Sghwendener, se sont contentés, dans la plupart des cas, de représenter et de décrire le stomate de face et en coupe transversale équatoriale seulement; or, comme R. Chodat l'a montré et comme je l'ai moi-même constaté, le plus souvent une coupe transversale équatoriale ne suffit [tas, pour expliquer le fonctionnement probable d'un de ces appareils; c'est pour cette raison que l'auteur dont je parle ne s'est déclaré satisfait et à même de comprendre la structure intime et le fonctionnement de tel ou tel stomate, qu'après son examen de face, en coupe transversale équatoriale, transversale polaire et enfin longitudinale. I». Chodat commence par étudier l'origine et le développement de ces appareils; c'est le. premier botaniste qui nous donne une idée exacte de ce mode de développement et j'en reparlerai plus tard au cours de mon exposé au sujet du développement du stomate iïEvony- mus japonica. Plus loin, étudiant la structure des cellules de bordure, il arrive à considérer plusieurs types : 1° Type << Iris-Conifères». 2° Type « Gladiolus-Helleborus ». 3° Type « Buxus- Graminées ». Le type Buxus a été trouvé pour la première fois par ce savant. R. Chodat explique le mouvement de ces appareils comme étant le produit de variations de turgescence. Il nous montre ensuite les différents types d'adaptation que nous rencontrons le plus souvent; les stomates enfoncés, d'une part, qui caractérisent les plantes xérophytes et les stomates surélevés d'autre part; puis il étudie le rôle que jouent les stomates dans la vie de la ' Chodat, R. Principes de Botanique, Genève (1913). 262 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) plante; tout d'abord, Vévaporation dont les principaux facteurs sont la surface, l'humidité ou la sécheresse, la température; quant à la lumière, elle ne joue aucun rôle. Puis la transpiration; ici, par contre, la lumière joue un rôle considérable, c'est elle, en effet, qui règle l'ouverture et la fermeture des stomates. Enfin, R. Ciiodat termine en expliquant les causes du mouvement d'ouverture et de fermeture de ces appareils; il admet la théorie de la variation de turgescence; mais, d'autre part, comme ces mouvements sont souvent rapides, il complète cette théorie en disant qu'il faudrait admettre peut-être la présence de ferments de dislocation ou de condensation moléculaire dans les cellules de bordure. En un mot, le m ou roue ni d'un stomate serait la résultante de pressions variées agissant sur des appareils à parois inégalement extensibles. Ces dernières années enfin, des savants anglais ont construit des appareils ingénieux dont je dirai quelques mots, étant donné leur importance au point de vue expérimental. C'est tout d'abord, en 1911, le «Porometer», de F. Darwin. F. Darwin et M. Pertz1 ont trouvé expérimentalement que la transpiration est en relation d'une part avec l'humidité relative de l'air et, d'autre part, avec le degré d'ouverture du stomate. Ces savants ont construit un appareil nouveau auquel Darwin donna le nom de «Porometer ». L'emploi de cet appareil donne des résultats préférables à ceux obtenus par la méthode du papier Cobalt de Staiil; il permet d'étudier d'une façon continue tout un groupe de stomates vivants; Darwin, tout en reconnaissant les avantages de la méthode microscopique de Lloyd2, nous montre la supériorité que nous offre l'emploi du « Porometer » . Après études faites au moyen de cet appareil, Darwin nous montre que les deux principaux facteurs qui influent sur l'ouverture des stomates sont la lumière et l'humidité. L'année suivante, en 1912, un autre savant anglais inventa le " Stomatographe ». 1 Darwin, F. and Pertz. M. On a new Method of estimating the aperture of Stomata. Proceedings of the Roijal Society. B. Vol. 84, p. 136 (1911). 2 Lloyd, F. The physiology of stomata. Carnegie Institution (1908). L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 263 Cet appareil, inventé par L. Balls1, est une modification du « Pommeler » de Darwin ; c'est une sorte de pompe à air qui permet de mesurer et d'enregistrer la quantité d'air qui passe delà feuille dans la chambre du «Pommeler » de Darwin; on enregistre ainsi chaque changement d'ouverture du stomate. Cet appareil a l'avantage d'être indépendant des changements de temps, il est spécialement construit en vue de l'étude de plantes vivant dans les conditions normales. Il, Philogenie de l appareil stomatique Certains botanistes ont étudié le stomate à un autre point de vue, celui de la phylogénie; ils ont, en outre, cherché à nous montrer toute l'importance que l'on pouvait donner à cet appareil comme expression des relations de parenté existant entre les diverses familles du règne végétal. Citons à ce sujet, le très intéressant travail de Vesque2. L'auteur cherche déjà (c'était en 1878) à faire ressortir l'impor- tance que jouent les caractères anatomiques (faisceaux libéro-ligneux, poils, cristaux, stomates, etc.) dans la classification. Au cours de son travail, Vesque utilise plusieurs fois une structure particulière de l'appareil stomatique pour rapprocher telle famille de telle autre. Puis en 1892, Vuillemin3 insiste sur le fait que chaque caractère, tiré de l'organisation de la feuille, présente une importance au point de vue phylogénétique. La structure foliaire est, selon lui, tout aussi importante que la morphologie florale. L'appréciation des caractères de la feuille suffit souvent pour introduire des rectifications dans les divisions admises et pour révéler des connexions imprévues. En phylogénie, dit-il, le moindre détail de structure peut devenir caractéristique d'une catégorie étendue. En 1905, parut un ouvrage de Porsch4 sur le stomate au point de vue phylogénétique. 1 Balls, L. W. The Stomatograph. Royal Society of London, Séries B., vol. LXXXV 33, London (1912). 2 Vesque, J. Anatomie des tissus, appliquée à la classification des plantes. Nou- velles archives du Muséum d'Histoire naturelle. IV, 2e série (1878). 3 Vuillemin, Paul. La subordination des caractères de la feuille dans le Phy- lum des Anthyllis. Bulletin de la Société des Sciences de Nancy, Nancy (1892). * Porsch, O. Der Spaltôffnungsapparat im Lîchte der Philogenie, lena (1905). 264 BULLETIN I>E LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) Dans la préface de son travail, l'auteur insiste particulièrement sur la liaison intime qui existe entre la structure et la fonction; il nous cite les différents cas qui peuvent se présenter; tantôt la plante crée quand elle en sent le besoin, tantôt cela lui est impossible, tantôt enfin, elle crée sans en avoir besoin. Les deux premiers cas indiquent le présent, tandis que le dernier indique le passé; nous aurions alors régression. L'auteur a choisi un caractère physiologique et veut en démontrer l'importance au point de vue phylogénétique. Le caractère choisi par l'auteur est le stomate, il intitule son premier chapitre : 1. Le Stomate connue caractère phylétique Il constate l'existence de deux indices : 1° Indices phylétiques, produits d'une adaptation historique qui, par fixation héréditaire, sont devenus des indices de constitution. 2" Indices d'adaptation, produits de l'adaptation actuelle. Porsch passe en revue différents types. Tout d'abord le type Gymnosperme; il constate la constance de ce type chez les différents représentants de ce groupe; en résumé, grande uniformité. Le type Casuarina se rapproche beaucoup du type précédent. J'en reparlerai du reste au cours de mon travail à propos de Casuarinées, dont j'ai moi-même étudié les stomates. Le type des Graminées que l'on peut considérer comme type de l'adaptation xérophyte. Ce type, d'après Porsch, dans son perfection- nement actuel, est bien sûrement le produit final du développement phylogénétique d'un type primitif. Type des Mousses. Le stomate de ces plantes est presque d'un type unique, malgré le grand nombre de formes de Mousses. Porsch termine son premier chapitre en insistant sur le merveilleux indice phylétique qu'est le stomate; il ajoute que cet appareil peut servir à exprimer très clairement les liens de parenté qui existent entre les diverses familles et les divers groupes. (24) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES ^'»:> Enfin, il attire notre attention sur le rôle important que joue le passé adaptatif sur un grand nombre de formes et sur la valeur des caractères archaïques et il résume en ces mots : « C'est le passé qui nous penne/ d'expliquer les si rue! tires actuelles ». If. SI o m aie et hérédité Il cite, cà ce propos, les cas spécialement intéressants et instructifs où le stomate n'est transmis que comme un héritage du passé et ceci même quand cet appareil est déjà en partie ou complètement superflu et même nuisible à la plante, ajoute l'auteur, sans crainte d'aller trop loin. Selon Porscii, les transformations de la structure du stomate appa- raissent tout d'abord comme indices de l'adaptation, puis, par une plus longue constance des facteurs extérieurs, ces derniers deviennent des indices de constitution. Il cite, à l'appui de cette théorie, divers exemples : lu Le stomate des Orobanchacêes, stomates arriérés complètement sans fonction. 2" Les stomates des plantes submergées. Ces derniers nous donnent le plus parfait exemple de la fixation héréditaire du stomate qui est ici, non seulement un héritage superflu, mais aussi un danger. La plante, dans son incapacité de le faire dispa- raître complètement, lui imprime des transformations secondaires qui aboutissent par exemple à des obturations. Chaque fois donc que les stomates deviennent physiologiquement superflus ou même nuisibles, leur structure subit une régression. C'est le cas de tous les sporophylles dont l'assimilation est très réduite, sinon nulle, mais qui proviennent phylogénétiquement de feuilles assimilatrices (pétales, anthères) el de tous les holoparasites et saprophytes. Dans tous ces cas, Porsch prétend que le stomate, héritage du passé, est arriéré et sans fonction . Sur les plantes submergées, dont l'adaptation à la vie aquatique ne remonte pas très en arrière, on constate la présence de stomates encore bien développés. Le stomate est donc un organe complexe qui, une fois acquis, sans égard usa nécessité de fonction présente, apparaît fi.ee héréditairement à 266 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (22) un haut degré ; ceci nous donne une claire indication sur l'importance que joue le passé de l'organisme sur sa structure présente. III. Le stomate vis-à-vis de Vontogénie Porsch, dans ce chapitre, compare les stomates des organes rudimentaires avec ceux des organes différenciés et il insiste sur la simplicité et la grande uniformité de structure des premiers. Il cite, comme exemple, les stomates de cotylédons de familles bien différentes et attire notre attention sur leur grande uniformité, qui pourrait s'expliquer par la nécessité qui se fait sentir pour la plante de créer l'appareil avec le minimum possible de matériel; cet appareil suffirait aux exigences des facteurs extérieurs relativement favorables qui exercent, à ce moment, une influence sur la plante, mais il ne suffit qu'à celles-là. L'auteur examine ensuite les stomates que l'on rencontre sur les pbyllodium et les axes; il considère les types de structure de ces stomates comme des précurseurs phylogénétiques du stade final qui paraît achevé seulement sur le phyllodium d'Acacias. II étudie aussi le stomate de Zea mays qu'il considère comme un stade ancien, précurseur phylo génétique du type Graminée. Si cet auteur considère le genre Zea mays comme un genre primitif, ne serait-ce pas peut-être à cause de l'idée fausse que l'unisexualité est la caractéristique des types anciens? Porsch termine en nous disant que si l'on étudie le développement de la structure du stomate, depuis le cotylédon jusqu'à la feuille, nous pouvons suivre les différents stades d'un développement ascendant, dans une direction définie; ces stades peuvent être regardés comme des étapes du développement phylogénétique. IV. Le stomate et le changement de génération Porsch passe alors en revue les différents groupes constitués par les Bryophytes, Hépatiques, Ptéridophytes, Gymnospermes et Angiospermes. Bryophytes. — Ces plantes, d'abord aquatiques, sont devenues terrestres, d'où apparition de stomates. (23) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 267 Ce groupe est arrivé, par sou travail d'adaptation phylogénétique continuelle et toujours dans le même sens, à la possession d'un véritable stomate; on le rencontre sur le sporophyte des Muscinées. Porsch cite alors comme premiers indices probables delà formation du stomate l'apparition des chambres intercellulaires intercalées entre les cellules épidermiques; puis la jonction de ces chambres intérieures avec les pores de là peau. Pour ma part, je ne vois vraiment pas ce que tout ceci a à faire avec la formation des stomates. Hépatiques. L'auteur constate l'incapacité du Gamétophyte de former de véritables stomates; il explique cette incapacité par le fait du long passé aquatique et du très court passé terrestre du Gamé- tophyte, lequel serait insuffisant à produire l'adaptation qui devrait en découler. 11 cite ensuite le genre le plus perfectionné des Hépatiques, le genre « Anthoceros », qui représente la plus grande réduction du Gamétophyte et la plus haute organisation du Sporophyte. Si le stomate tf Anthoceros reste en arrière par rapport à celui des Ptéridophytes, il se rapproche cependant du type qui devient dominant chez ces derniers partout où les conditions de vie extérieures ne produisent aucune adaptation secondaire. Ptéridophytes. — Type du stomate très voisin de celui rencontré chez Anthoceros; certains stomates de Ptéridophytes adaptés xérophytement, constituent des précurseurs directs du type Gymnosperme. Gymnospermes.-- On constate, au cours du développement phylogé- nétique de ce groupe, un amoindrissement de la grandeur absolue de l'appareil et peu à peu la réduction de la chambre sous-stomatique. L'auteur insiste sur la dérivation du type Gymnosperme à partir du type Ptéridophyte. Angiospermes. — Parmi les Angiospermes, la famille des Casuarinées nous montre un stomate qui représente, par sa structure, le type le plus élevé des Gymnospermes; ce fait explique l'intime parenté de cette famille avec les Gymnospermes. Par suite de la puissante extension systématique des Angiospermes, l'auteur nous fait constater chez ce groupe la présence de toute une série de types phylétiques, parmi lesquels le type des Graminées est spécialement intéressant. Enfin Porsch termine son ouvrage par ces mots : « le passé nous donne l'explication du présent». 268 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (24) Puis il nous fait ressortir la grande fixité héréditaire du stomate, admirable caractère phylétique et admet que la plante formera toujours par habitude, de ces appareils dont elle annulera la fonction éventuel- lement nuisible, par des caractères secondaires, obturations par exemple. Puis il nous montre un développement continu de ces appareils, d'abord primitifs et arriérés chez les plantes inférieures et qui se différencient bientôt et arrivent au stade le plus perfectionné chez les Angiospermes. A cette idée du fervent évolutionniste qu'est Porsch, on peut répondre par la question que se posait Tschirch1, en 1880 : le type archégonial est-il un type à fermeture moins bonne, donc un type infé- rieur, comparé à celui des Angiospermes? Tout est là, en effet; il est plus que probable que ces notions d'infériorité, d'arriéré et de primitif d'une part et de perfectionné d'autre part, sont fausses; chaque type de stomate répond admirablement aux exigences respectives de chaque plante et, pour ma part, au cours de mes recherches, j'ai constaté chez les plantes inférieures, des stomates tout aussi compliqués, si ce n'est plus, que ceux des plantes supérieures. Je terminerai mon exposé des travaux publiés jusqu'à ce jour sur la question du stomate et de la phylogénie, en disant quelques mots d'un travail de II. Thomas et N. Bangroft2. Au cours de ce travail, les auteurs ont constaté que les caractères du stomate et des cellules épidermiques des Gymnospermes sont très impor- tants connue indices des relations qui existent entre les différentes familles de ce groupe. Spécialement chez les Cycadées, ils ont trouvé quelques caractères qui n'ont subi, comparativement, que de petites modifications depuis le jurassique jusqu'à nos jours et ces auteurs sont en conséquence amenés à considérer la structure du stomate bien plus comme l'expression des caractères ancestrau.r que comme le produit d'adaptations temporaires et locales. 1 Tschirch, A. Beitrâge znr vergleichenden Anatomie des Spaltiiffnungsappara- tes. Verhandl. d. botan. ver. d. Provins Branderiburg, Berlin (1880). - H. TnoirAs-N. Bangroft. Of the cuticles of some Récent and Fossil Cycadean Fronds. Linnean Society of London (1913). (25) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 269 RECHERCHES PERSONNELLES Les figures de stomates représentées plus loin ont toutes été faites à la chambre claire; elles représentent des stomates vus de face, en section transversale équa- toriale, en section transversale polaire et en section longitudinale. POLYPODI ÂGÉES POLYPODIUM VULGARE L. Si Ton arrache l'épidémie et que l'on examine celui-ci de face, on observe un nombre constant de trois cellules annexes autour des cellules stomatiques (fig. 1). Fig. 1. — Polypodium vulgare. Stomate de face. Les membranes de ces cellules annexes sont à contours ondulés, sauf du côté de leur insertion sur le stomate; elles sont partout épaisses, il en est de même pour celles des cellules stomatiques. Ces dernières sont ovales, larges, presque hémisphériques et ne laissent entre elles qu'une ostiole fort mince. 270 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) Dans les coupes transversales, c'est en vain que nous avons cherché à voir les communications qui relient habituellement le lumen de la cellule stomatique à celui de la cellule annexe. Peut-être existe-t-il des plasmodesmes? (fig. 2 et 3). Fig. 2. — Polypodium vulgare. Section trans- Fig. 3.— Polypodium vulgare. Section versale. transversale. Ce qifil y a de frappant dans ces coupes, c'est la faible longueur de Panticline qui sépare les deux cellules annexe et stomatique. I! s'ensuit un rétrécissement de la couche épidermique à cet endroit, provoquant la formation d'une véritable articulation. Les coupes très minces nous montrent l'existence à l'articulation d'une incurvation très marquée de Pépiderme supérieur, sorte d'encoche qui faciliterait le mouvement. L'anticline située du côté de l'ostiole présente deux becs cutinisés, l'un supérieur qui correspond à un épaississement plus marqué de la membrane et l'autre, inférieur, avec au contraire de son côté, un amincissement de cette dernière. Fig. 4. — Polypodium vulgare. Section polaire. Fig. 5. — Polypodium vulgare. Section oblique. L'absence de communication entre les cellules annexes et les cellules de bordure est constante. On la retrouve aussi bien dans les coupes polaires (fig. 4) que dans celles longitudinales ou obliques (fig. 5). Les (27) L. REHFOUS. ETUDE SUT, LES STOMATES 271 coupes polaires nous montrent en outre un amincissement très prononcé entre les deux cellules de bordure. Ce qui nous frappe en examinant la structure des cellules stomatiques, c'est la présence constante dans la membrane de quatre zones amincies; ces amincissements (par suite du gonflement dû à la turgescence de la cellule), provoqueraient un certain jeu des membranes, entraînant un changement de forme; la cellule stomatique, d'abord semblable par sa forme à un losange nor- mal, s'écraserait latéralement par suite du gonflement et deviendrait semblable à un losange aplati; ce changement de forme produirait l'ouverture. Cette dernière pourrait en outre être facilitée par un léger gonflement des cellules de bordure dans la région polaire. Platycerium alcicorne Desv. Son stomate, vu de face, présente deux cellules de bordure abon- damment pourvues de chlorophylle et séparées par une ostiole fort bien marquée (fig. 6); ces deux cellules de bordure sont entourées par une Fig. G. — Platycerium alcicorne. Stomate de face. seule cellule annexe (cas peu fréquent); cette dernière possède (comme d'ailleurs, les cellules de bordure) des membranes relativement minces, beaucoup moins épaisses, en tout cas, que celles de Polypodium vulgare ; la forme en est également régulière, aucune ondulation des membranes. On sait que Platycerium est constitué par une écaille appliquée sur le substratum, d'où émergent plusieurs feuilles ramifiées en forme de 272 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (28) corne ; or, nous avons constaté chez Platycerium deux types de sto- mates, ceux que l'on trouve sur l'écaillé, d'une part, et ceux du pétiole et de la portion foliaire, d'autre part. Examinons les premiers: nous n'en avons rencontré qu'un très petit nombre sur l'écaillé comme sur le pétiole; plusieurs, parmi eux, de formation récente, à en juger par l'extrême minceur des parois. Fig. 7. — Platycerium alcicorne. Section trans- versale équatoriale dans l'écaillé. C'est d'ailleurs la caractéristique de ce premier type de stomate en opposition avec ceux rencontrés dans la portion foliaire; on peut le définir ainsi (fig. 7 et 8): les cellules de bordure possèdent un large lumen, des parois minces, une couche de cutine ne recouvrant que Fig. 8.— Platycerium alcicorne. Section transver- sale équatoriale dans le pétiole (stomate jeune). la péricline externe, constituant vers l'ostiole un bec bien marqué; des cellules annexes également à paroi mince, une chambre sous- stomatique de grandeur moyenne. Les stomates rencontrés sur la portion foliaire rappellent les pre- miers par leur forme générale, par l'étranglement assez marqué de la couche épidermique dans la région de l'anticline dorsale de la cellule (29; L. REHFOUS, ETUDE SUR LES STOMATES 273 de bordure (fig. 9 et 10). Ils en diffèrent, par contre, par une série de caractères nouveaux dûs, la plupart, à l'épaississement très marqué des membranes; si l'on examine, en effet, un des dessins ci-dessous, on Fig. 9.— Platycerium alcicorne. Section trans- versale équatoriale clans la portion foliaire. observe la grande diminution des lumens dans les cellules de bordure, comme dans les cellules annexes; réduction qui provient de l'épais- sissement cellulosique de leurs membranes. Fig. 10. — Platycerium alcicorne. Section trans- versale équatoriale dans la portion foliaire. Au premier abord, si les coupes ne sont pas suffisamment minces, on peut croire à l'absence de communication entre les lumens respec- tifs, des cellules annexes et des cellules de bordure (comme c'est probablement le cas dans Polypodium), par contre, si les préparations BULLETIN OK LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR GKNÈVE, >""s 1-5-6, pai'US le TÔ Sept. 1917. H» 274 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (30) sont soigneusement faites, on voit de suite que non seulement il n'en est rien, mais qu'au contraire les lumens correspondent entre eux par toute une série de pores superposés et fort bien marqués. La division des cellules annexes n'est pas constante, on la rencontre cependant dans bien des cas. Quant à la cutinisation, elle est cette fois- ci, fort bien marquée, recouvrant non seulement la péricline externe, mais aussi l'anticline voisine de l'ostiole (où elle constitue deux becs, l'un supérieur, l'autre inférieur), de même que la péricline interne et les parois des cellules qui bordent la chambre sous-stomatique; cette dernière est plutôt réduite. En un mot, nous avons là un bel exemple de stomate de plante xérophyte. GLEICHÉNIACÉES Gleiciiema dichotoma Sm. Il existe une grande analogie entre les stomates de Gleichenia dichotoma et ceux tfOsmunda regalis ; en effet, vues de face (fig. 1 1), les deux cellules de bordure sont également trapues, bémispbériques, très fortement adhérentes à leurs deux extrémités, de sorte que l'ostiole n'occupe que Fig. 11. — Gleichenia. Sto- mate de face. Fig. 12. — Gleichenia. Section transver- sale équatoriale. le tiers de la longueur de ces cellules; le stomate, par contre, est entouré d'un nombre constant de trois cellules annexes; en section transversale (fig. 12), l'analogie persiste; la seule différence que nous trouvons, c'est que le lumen, étroit et allongé, se prolonge jusqu'aux deux membranes anticliniques, permettant ainsi une communication avec les deux cellules annexes. (31) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 275 Les coupes polaires (fig. 13) et longitudinales présentent les mêmes caractères avec communication également très bien marquée. Fig. 13. — Gleichenia. Section polaire. La section longitudinale (fig. U et 15) nous montre aussi deux vésicules polaires dans chaque cellule stomatique. Quant au fonctionnement, il serait le même que chez les Osmunda. Ces ressemblances de structure anatomique parlent en faveur d'une Fig. 14. — Gleichenia. Section longitudinale. Fig. 15. — Gleichenia. Section longitudinale. affinité entre les Gleichéniacées et les Osmundacées; par contre, Poly- podium possède des stomates d'un autre type; ceci confirmerait les idées de Monsieur le professeur R. Ciiodat, qui considère les Osmun- dacées, Gleichéniacées, Schizéacées comme des familles voisines et se rapprochant davantage des plantes supérieures, tandis que les Polypo- diacées seraient à part et auraient davantage d'affinités avec les plantes inférieures. 276 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (32) OSMUNDACÉES OSMUNDA BEGALIS L. Vu de face, le stomate d'Osmunda regalis présente un aspect différent de celui que l'on est habitué de voir chez les Fougères. En etîet, les cellules de bordure, larges et trapues, sont bien appliquées l'une contre l'autre, laissant au centre une ostiole dont la longueur n'atteint que le tiers de celle du stomate. Les cellules épidermiques sont toutes à contour fortement ondulé; les cellules annexes sont caractérisées par la grande variabilité de leur Fig. 16. — Osmunda regalis. Stomate de face. nombre, on en trouve tantôt sept, quatre, trois, six, cinq (fig. 16); quant aux stomates, ils sont souvent appliqués deux par deux et Fig. 17. — Osmunda regalis. Section transversale équatoriale. présentent en coupe transversale les caractères suivants (fig. 17) : la section de la cellule de bordure est ovoïde et la partie pointue est (33) L. REHFOUS. ETUDE SUT. LES STOMATES 277 surmontée d'un petit bec cutinisé (fig. 18); ces cellules de bordure présentent des périclines égales et fortement épaissies; au centre, le lumen aplati, sans aucun prolongement du côté de la cellule annexe, lout au plus, la membrane est-elle un peu plus amincie à cet endroit. Par l'examen d'une section longitudinale (fig. 19), il nous semble que les communications ne pourront se faire qu'avec les cellules annexes qui sont situées aux extrémités des cellules de bordure Fig. 18. — Osmunda regalis. Section transversale équatpriale. Fig. 10. — Osmunda regalis. Section longitudinale. En coupe optique, on voit que la communication peut se faire par la totalité de l'anticline, séparant les deux cellules de bordure et annexes: au contraire, si nous tournons la vis inicroinétrique, le lumen apparaît plus petit et la communication, bien que marquée, n'a lieu que sur la région médiane. Si l'on cherche à s'expliquer le fonctionnement de ce stomate, on ne peut le comprendre qu'en supposant une dilatation de la cellule de bordure par l'intermédiaire de la région polaire; les cellules de bor- dure augmentant de longueur et emprisonnées qu'elles sont au milieu des cellules annexes, il en résulterait une accentuation de la courbure en croissant, de celles-là, d'où dilatation et, par suite, ouverture de l'ostiole. 278 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (34) MARSILIACÉES Marsilia L. Son stomate, du type «fris», est intéressant par les différences qu'il présente à divers endroits du limbe, quant à la disposition des cellules annexes; en effet, tandis que sur certains points de la coupe, on trouve Fig. 20. — Marsilia quadrifolia. Section transver- sale. Type 1. Fig-. 21.— Marsilia quadrifolia. Section transversale. Type 2. des cellules annexes qui dépassent légèrement les cellules de bordure (fig. 20), sur d'autres, ces mêmes cellules annexes prolifèrent fortement au-dessus des cellules de bordure, constituant un puits plus ou inoins profond (fig. 21). (35) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 279 LYCOPODIACÉES Lycopodium Selago L. Son stomate présente une grande analogie avec celui de la plupart des Fougères; il est surtout caractérisé par un épaississement cellulo- sique marqué des parois de ses cellules de bordure; les périclines des cellules annexes et épidenniques sont également fortement épaissies (fig. 22 et 23). Fig. 22.— Lycopodium Selago. Section transversale équatoriale. Fig. 23. — Lycopodium Selago. Section transversale équatoriale. Le fonctionnement de ce stomate doit cesser de bonne heure, par suite de l'apparition des épaississements cellulosiques dont je viens de parler; sur les feuilles jeunes, on trouve des stomates avec des cellules de bordure à anticlines dorsales amincies et permettant une communi- cation entre les lumens respectifs des cellules annexes et de bordure ; comme j'ai pu m'en rendre compte en faisant des coupes longitudinales et polaires, cette communication est spécialement bien marquée dans la région polaire, comme c'est d'ailleurs souvent le cas chez les stomates de plantes bien différentes. 280 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (36) PSILOTACÉES PSILOTl M TRIQUETRUM S. W. Comme on peut le voir, en observant les ligures ci-contre, les Psilotum sont des Cryptogames vasculair.es à structure nettement xérophyte, due à un mode de vie épiphyte. J'ai tout d'abord examiné des tiges jeunes que j'ai comparées à d'autres plus âgées. J'ai rencontré sur les deux, de beaux types d'occlusion, celle-ci se faisant au moyen d'une couche de cire qui s'étend à la surface du stomate. Ces occlusions, très nombreuses sur les tiges âgées, apparais- sent cependant de bonne heure, puisque j'en ai rencontré, bien qu'en petit nombre, sur les tiges jeunes. Je citerai, à ce propos, un travail de W'ULFF1. Haberlandt et Tschirch oui déjà montré que les revêtements de cire diminuent la transpiration cuticulaire; il faut admettre que ceux, rencontrés sur la face extérieure des stomates, remplissent le même rôle. Cette fermeture de cire caractérise spécialement les individus xéro- phytes et quelquefois ceux à qui la réduction de la transpiration est favorable pour d'autres raisons que le climat. Quelquefois les obturations ne sont pas complètes; la transpiration n'est alors que ralentie. Cette couche de cire sert aussi à les protéger contre l'humidité et le bouchage capillaire par l'eau. Tschirch dit que la couche de cire est incompatible avec les stomates, mais Wulff le critique en disant qu'il oublie que cette couche n'est pas homogène; elle est formée de grains séparés par des espaces pleins d'air; même si cette masse était encore plus homogène, réchange des gaz réduit au minimum, pourrait bien tout de même avoir lieu ; Stahl a prouvé que cette idée était juste, au moyen d'une expérience; il a recouvert la surface des feuilles par une couche de cire de cacao et il a constaté tout de même la formation d'amidon. Wulff a fait la même expérience avec le papier de Cobalt. Par contre, dans les feuilles âgées, où cette couche de cire atteint des proportions considérables, il faut bien admettre que toute communication avec l'extérieur est arrêtée définitivement. 1 Wulff. Studien iïber verstopfte Spaltuffungen. Ôsteweich. bot. Zeitschrift, B<'. XLVIII (1898). (37) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 281 Chez Capparis spinosa, Volkens a constaté que les jeunes feuilles qui poussent pendant la saison des pluies ont les stomates faiblement recouverts de cire; ceux-ci ont donc une fonction assimilatrice qu'ils perdent définitivement au moment de la sécheresse par l'apparition d'une forte couche de cire. Cette cire apparaît très tôt et De Bary admet qu'elle provient d'une sécrétion à la surface, d'une substance engendrée à l'intérieur de la cellule; on explique ainsi l'apparition précoce des petits grains de cire sur les jeunes cellules de fermeture. Au cours de ses recherches, VVulff a constaté que les organes qui fonctionnent spécialement comme organes conducteurs et dont la fonc- tion assimilatrice n'est que secondaire, ont des stomates beaucoup plus Fig. "24 A. — Psilotum de face. abondamment recouverts de cire que ceux des feuilles dont la fonction principale est l'assimilation et qui ont par là même besoin d'un échange plus fort de gaz. Ces occlusions des stomates le long des organes conducteurs, ditWuLFF, seraient très favorables puisqu'elles empêche- ront l'eau de s'évaporer pendant son ascension. lia constaté également que quand la plante a peu de stomates, ceux-ci sont généralement dépourvus de cire. L'auteur résume en disant que ces couches de cire sur les stomates sont avantageuses, en ce qu'elles amoindrissent la sortie de la vapeur d'eau à travers l'ostiole et abaissent la transpiration, spécialement grande, des cellules de bordure. Les stomates du Psilotum sont disposés sur toute la surface de la tige; en examinant ceux-ci de face, ils présentent une structure très particulière. Dans la figure 24 A, on voit, au centre, l'ostiole bien 282 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (38) marqué, mais très étroit ; il est entouré d'une zone (a) plus foncée qui correspond à un puits, d'une deuxième zone (b), colorée en jaune, cutinisée, entourée d'une troisième (c), dont la membrane est cellulo- sique. Si l'on met au point, dans une région plus profonde, on voit que l'ostiole disparaît presque; la région (b), c'est-à-dire cutinisée, s'est Fig. 24 B. — Psilotum de face. Fig. 25. — Psilotum. Section transversale équa- toriale dans un axe jeune. élargie, mais on voit mieux aux deux extrémités, apparaître des vési- cules polaires (fig. 24 B). Dans la coupe transversale équatoriale (fig. 25), un retrouve faci- lement les trois régions que nous venons de décrire; ce qui frappe, c'est la grande épaisseur de la membrane péricline externe de la cellule de bordure et le fait que cette membrane n'est que partiellement (39) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 283 imprégnée de cutine (fig. 2(> et 27); les régions cutinisées correspondant à la zone b (vue de face dans le dessin ci-dessus) ne sont pas homo- gènes, mais sont distribuées en lamelles partant en éventail à partir de la région du bec ; la zone correspond à la partie de la membrane Fig-. 26. — Psilotum. Section transversale équa- toriale dans un axe vieux. Fig. 27. — Psilotum. Section transversale équa- toriale clans un axe vieux. non cutinisée et se colore en rose par le réactif genevois. Le lumen de la cellule de bordure présente une section piriforme, très large vers la base et rétrécie près du bec; la péricline interne, c'est-à-dire située du côté de la chambre sous-stomatique, n'est pas très fortement 281 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE [401 épaissie, la communication entre les deux lumens (cellule annexe et cellule de bordure) se fait au moyen d'un amincissement bien marqué de l'anticline dorsale et ceci sur une assez grande surface. L'absence de charnières, en cette région médiane, nous a amenés à vérifier si elle n'existait pas clans une autre région du stomate, dans la Fig. 28. — Psilotum. Section polaire dans un axe plutôt jeune. région polaire par exemple (fig. 28); là, en effet, la péricline externe présente un amincissement sur les deux cellules de bordure. Par contre, celles-ci sont à peu près soudées et l'on remarque que les Fig. 29. — Psilotum. Section longitudinale dans un axe jeune. membranes, en général, sont assez épaisses, ce qui empêcherait une communication avec les cellules annexes en cet endroit, mais permet- trait cependant un certain gonflement. Dans les coupes longitudinales (fig. 29), on voit nettement que les périclines externes et internes sont très épaisses et que les vésicules (41) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 285 polaires (fig. 30 et 31) ne communiquent entre elles, dans la région médiane, que par un fin canalieule; lorsque la coupe passe légèrement à droite ou à gauche de cette zone, ce canalieule ne se voit pas. En résumé, si au premier abord, la structure des stomates des /'.si loi ii m rappelle quelque peu la disposition de ceux des Graminées, il Fig. 30.— Psilotum. Section longitudinale dans un axe vieux. Fig. 31. — Psilotum. Section longitudinale dans un axe vieux. semble cependant que les communications des cellules de bordure avec les cellules annexes ne se font pas par les légions polaires, mais par la région équatoriale; ce caractère est d'ailleurs secondaire au point de vue du fonctionnement du stomate, puisqu'il n'empêche pas le gonfle- ment des vésicules. En un mot, nous aurions un fonctionnement semblable à celui des Graminées, mais par un mode légèrement différent. 286 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE m GYGADAGÉES Cycas bevoluta L.1 En général, la structure des stomates de Çycas que j'ai eu l'occasion d'examiner, présentent de merveilleux cas de formes adaptées à la lutte contre la sécheresse. Voyons tout d'abord le stomate de Cycas revoluta; ce stomate est fort enfoncé, il est surmonté d'une antichambre, très large vers la base et se rétrécissant vers Je sommet (fig. 32). Cette Fig. 32. — Cycas revoluta. Section trans- versale équatoriale. antichambre est limitée par deux cellules épidermiques, allongées radialement, dont les parois, très épaisses et parcourues de canalicules, rappellent une scléro-stéréocyte. En dessous de cette cellule, se trouve la cellule annexe, à paroi mince, puis, plus profondément, une autre cellule qui appartient proba- blement au mésophylle; cette dernière est épaissie avec seulement quelques grosses ponctuations qui la relient à la cellule annexe. Quant à la cellule de bordure, ses membranes sont fort épaisses, cutinisées, ne laissant dans sa région médiane, qu'un lumen très étroit; celui-ci se prolonge en un canalicule du côté de la cellule sous-jacente, qu'il borde sur un certain espace, arrivant finalement au contact de la 1 Bertrand. Anatomie comparée des Gnetacées et des Conifères. m L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 287 cellule annexe; si nous examinons la figure ci-dessous, nous voyons de suite que la position de ce canalicule est telle qu'elle permet une double communication, d'un côté avec la cellule sous-jacerite, de l'autre avec la cellule annexe. Un amincissement de l'anticline du côté ei Lomleren, lier. nous montrent des Fig. 45. — Casuarina. Section trans- versale équatoriale. Fig. 16. Casuarina. Section polaire. Fig. 47. Casuarina. Section polaire vésicules polaires fortement appliquées Tune contre l'autre, communi- quant avec les cellules annexes par une paroi amincie bien marquée et située à la base de la cellule. La communication existe donc sur loute la longueur, aussi bien dans la région médiane que dans la région polaire. Mais, si l'on veut comprendre le fonctionnement de ce stomate, on est obligé d'avoir recours à l'examen de l'épiderme vu de face. (53 L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES _>(.f Dans la figure 18 A, l'ostiole est un peu ouvert et représente l'entrée «In puits ; dans la figure 48 I!, la coupe optique passe au niveau des lices, l'ostiole est fermée; enfin la figure 48 C esl une coupe optique qui passe plus lias et représente l'antichambre. Il esl à remarquer qu'aux deux extrémités de l'ostiole se trouve un épaississement cutinisé, en forme de hune de couteau dont la partie effilée confine à deu\ vésicules polaires; lorsqu'on examine la figure ix I), par exemple, on remarque que les cellules de bordure rappellent la H I) E Fig. 48. Casuarina. Stomate de face. structure de celles des Graminées par la présence de vésicules polaires, mais que ces dernières sont séparées aux deux extrémités par tes épaississenienls en lame de couteau cités plus haut. En outre, la surface présente un renforcement de cutine avec des striations qui partent en éventail à partir de l'ostiole (fig. 48 E et F). Les bords extérieurs de cet éventail forment un arc dont les rayons en forme de stries sont fixés à l'autre extrémité, au bord de l'ostiole. 298 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE 04) Lorsque, par l'augmentation de turgescence, les vésicules polaires gonflent, elles agissent sur cet arc qui se redresse, attirant avec lui la légion striée en contact avec l'ostiole, produisant ainsi l'ouverture de celte dernière. Donc, par leur mécanisme, les stomates de Casuarina rappellent beaucoup ceux des Graminées; mais, tandis que chez ces dernières, le gonflement des vésicules polaires provoque directement l'.ouverture de l'ostiole, il n'en est pas de même ici. En effet, chez Casuarina, le gonflement des vésicules polaires produit bien l'ouverture de l'ostiole, mais seulement indirectement. Comme on le sait, la position systématique des Casuarinées a été l'objet de nombreuses discussions, je citerai à ce propos un travail de Treub1. L'auteur ne s'occupe que du sac embryonnaire et de la chala- zogamie; il ne dit rien de Panatomie en général et ne [tarie, par consé- quent, aucunement des stomates. Sa conclusion est la suivante : on aurait tort de considérer les Casu- arinées comme famille transitoire entre les Gymnospermes d'aujourd'hui et les autres Angiospermes vivant actuellement. Selon cel auteur, le genre Casuarina est l'unique représentant d'une classe à pari parmi les Angiospermes, auquel il donna le nom de Chalazogames. Beaucoup plus récemment, Porsch2 a étudié à nouveau celle ques- tion, mais au point de vue anatomique et plus spécialement du stomate. Voici ses conclusions : le stomate de Casuarina présente Ions les prin- cipaux caractères du type Gymnosperme ; il s'en distingue cependant spécialement par sa remarquable petitesse; en effet, seul, parmi les Gymnospermes, le genre Gnetum possède des stomates avec des dimen- sions aussi réduites. Il ajoute qu'il ne faut pas voir seulement dans les caractères t\o^ Casuarinées des signes d'adaptation, mais bien plutôt l'expression des liens de parenté d'autrefois, de cette famille avec les Gymnospermes. Pour ma part, il me semble que le stomate de Casuarina rappelle beaucoup celui de certaines Monocotylédonées, comme les Graminées et surtout par sa structure xérophyte, celui d'une Liliacée, le genre Dasylirion. 1 Treub, M. Sur les Casuarinées et leur place dans le système naturel. Annales du Jardin île Buitenzorg (1891). - Porsch, O. Der Spaltoffnung-sapparat von Casuarina und seine phyletische Bedeutung. Verhandl. il. zool. bot. Gesellsch., Wien (1904). (.).)) I.. REHF0US. ETUDE SUR LES STOMATES 299 JUGLANDACÉES JUGLANS REGIA L. Dans les feuilles jeunes, les stomates en section transversale ne présentent pas de membranes très épaissies, si ce n'est la péricline interne (flg. t9); niais on y trouve déjà deux becs supérieurs liés prononcés; la chambre sous-stomatique est naturellement encore peu marquée et les proliférations des cellules annexes nulles; les stomates Fig. 49. — Juglans regia. Section transversale équatoriale sur une feuille jeune. situés sur la nervure médiane sont un peu différents (flg. 50); ils sont légèrement proéminents et accompagnés de 1res grosses cellules annexes qui communiquent avec la cellule de bordure par une longue Fig-. 50. — Jnglans regia. Section trans- versale équatoriale sur une feuille jeune; stomate près des nervures anticline amincie; outre les becs supérieurs, on remarque deux petits becs internes du côté de la chambre sous-stomatique qui, du reste, est également très peu développée. :io() BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE I 56 Les stomates rencontrés sur des feuilles plus âgées sont très modi- fiés ('fi g. 51); les périclines supérieures et inférieures sont fortement et également épaissies; les becs internes sont plus prononcés; la communication se fait sur une moins grande surface; le lumen, par Fin. 51. — Juglans regia. Section transversale équatoriale; feuille bien développée. sa forme, rapproche ce stomate de celui du type «Iris»; les cellules annexes, épaissies ;'i leur partie supérieure, prolifèrent légèrement sous les cellules de bordure, constituant une charnière bien marquée (fig. 52); une fine couche de cutine recouvre la péricline interne des Fig. 52. — Juglans regia. Section transversale équatoriale, feuille bien développée. cellules annexes. Le parenchyme est très lacuneux, la chambre sous- stomatique très grande. On a déjà parlé de l'analogie qui existait entre les Térébenthinées, Anacardiacées et les Juglandées, certains botanistes ont même ajouté (57) • L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 301 que si Juglans possédait des poches sécrétrices, il faudrait le mettre parmi les Térébenthinées ; or, à l'examen des stomates, on ne peut qu'être frappé par l'homologie qui existe entre la structure de ceux de Juglans et de ceux de Pistacia lentiscws. CUPULIFÈRES Betula alba Comme nous pouvons le voir en examinant la ligure ci-dessous, le stomate de Betula ressemble beaucoup, à part quelques caractères de détail, à celui de Juglans regia; on peut bien, en effet, le considérer comme appartenant au type «Iris»; les caractères nouveaux absents ou peu développés chez Juglans sont, chez Betula a/ha, beaucoup mieux Fig. 53. — Betula alba. Section transver- sale èquatoriaîe. marqués. En outre, la couche de cutine qui constitue ces becs inté- rieurs, se prolonge non seulement le long de la péricline interne de la cellule de bordure, mais aussi le plus souvent le long de celle de la cellule annexe. Cette dernière, dont la péricline externe seule était épaissie chez Juglans, possède, chez Betula, un deuxième épaississe- rnent qui vient renforcer la péricline interne; seule donc, la région médiane ne subit aucune modification; il est à remarquer que les anticlines sont spécialement minces dans cette dernière région, per- mettant ainsi, non seulement la communication de la cellule annexe avec la cellule de bordure, mais aussi celle des cellules annexes entre elles. Quant à la couche de cutine qui recouvre les cellules de bordure et les cellules annexes et épidermiques, elle est assez forte et mieux marquée que chez Juglans. 302 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE 58 QUERCUS PEDUNCULATA Klll'll. Quercus pedunoulata présente un type de stomate différent de celui rencontré chez Juglans regia et Betula alba; en effet, chez Quercus pedunculata, le stomate se rapproche bien plus du type « Gladiolus > que de celui dWm»; eu outre, si ou examine la cellule de bordure en coupe transversale, on s'aperçoit que sa section présente une autre forme, due non seulement au lumen, qui est ici différemment situé, mais aussi au grand développement de la périçline interne qui est à peu près deux l'ois plus grosse que la périçline externe (fig. 54)', ces deux périclines épaissies sont légèrement cutinisées. Fig. 54. Quercus peduncu- lata. Section transversale équatoriale Fig. 5ô. - Quercus pedunculata. Section transversale équatoriale. Quant aux lices, ceux situés du côté de la chambre sous-stomatique (fig. 55) et qui sont si caractéristiques pour Betula, ne sont ici qu'in- diqués et passent inaperçus si les coupes ne sont pas suffisamment minces; {•{•\\\ par contre situés à l'extrémité de la périçline externe sont normalement développés. Les cellules annexes sont larges, bien développées, avec des charnières marquées surtout du côté de la périçline externe; ce qu'il y a d'intéressant, c'est d'observer la répar- tition de la cutine; en effet, la couche n'est pas partout également épaissie; bien marquée sur les périclines des cellules épidermiques et des cellules annexes, constituant même en quelques endroits, par suite d'épaississement, des perles, cette couche s'amincit brusquement quand elle arrive à peu près vers la moitié de la périçline externe des cellules de bordure; cet amincissement constituera une sorte de dénivélation tout autour de l'ostiole et cette dernière se trouvera ainsi an fond d'un léger puits. (OU) I .. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 303 PLATANACÉES Platanus orientalis L. Son stomate présente de grandes analogies avec celui du Quercus pedunculala ;en effet, nous retrouvons le même type dé cellules annexes; elles sont longues, à parois minces, avec une charnière extérieure bien marquée (fig. 56); la seule différence, c'est l'accentuation des proliférations qui sont ici bien marquées, tandis qu'elles étaient à peine Fig. 56. Platanus orientalis. Section trans- versale équatoriale. \isibles chez Quercus; les cellules de bordure présentent les mêmes caractères que chez Quercus pedunculata; en somme, un seul caractère est vraiment nouveau, il ne réside pas tant dans la structure du stomate lui-même que dans la couche de cutine qui, par la présence de nom- breuses [telles, tantôt arrondies (au-dessus des cellules annexes et épidermiques), tantôt acérées (au-dessus des cellules de bordure). présente un aspect assez particulier. LINAGÉES LlNUM CATHART1CUM L. Les stomates du Linum catharticum, plante très commune dans nos prairies sèches, se trouvent sur les deux laces de la feuille; ils sont légèrement surélevés, petits, du type «Iris» (fig. 57), mais ne présen- tent aucun caractère saillant, à part le fort épaississeinent des périclines externes et inter- nes des cellules annexes et épidermiques. Les cellules annexes prolifèrent légèrement sous les cellules de bordure Fig. 57. Linum cathar- ticum. Section trans- versale équatoriale 304 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (60) BUXACÉES SlMMONÛSIA Californica Nlîtt. Simmondsia californica, d'après Engler et Prantl, est une Euphor- biacée appartenant à la tribu des Buxeœ. Son stomate rappelle, par sa structure générale, celui des lin, rus. Il est surtout intéressant par sa cutinisation extraordinairement développée, qui recouvre non seulement la périclihe externe, mais aussi la péricline interne des cellules annexes et épidermiques, de même que la plus grande partie (un tiers ou deux tiers» de leurs anticliues : fig. 58). Fis'. 58. — Simmondsia californica. Section transversale équatoriale. Les cellules annexes sont divisées comme chez les Célastracées, elles prolifèrent également sous les cellules de bordure; leur forme est triangulaire et leurs extrémités confluent vers la péricline externe. La cutinisation pénètre le long des anticliues des cellules épidermiques, puis s'épaississant, écarte les extrémités de ces dernières, dont le lumen est pyriforme ; il en sera de même pour les cellules fdles des cellules annexes comme on peut s'en rendre compte en examinant la figure ci-dessous ; à droite, la couche de cutine a déjà écarté la partie supé- rieure des cellules filles, tandis qu'à gauche, le développement n'est pas encore effectué; les cellules filles sont encore rapprochées les unes des autres. (61 !.. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 305 Parfois, parmi les cellules faisant partie du mésophylle qui horde la chambre sous-stomatique, une ou deux de ces dernières se prolongent en pointe du côté de l'ostiole, tendant à effectuer une occlusion. Il est à remarquer que les becs, généralement connivents chez les autres stomates, sont ici dressés, constituant avec la surélévation de la couche de cutine, un double puits. EMPÉTRACÉES Chez cette famille, j'ai examiné deux genres, Ceratiola et Corema qui, au point de vue de la structure des stomates, offrent de grandes analogies. Ceratiola ericoïdes Mieux. Ses feuilles ne possèdent des stomates qu'à la face inférieure; mais nous avons examiné également la face supérieure, intéressante par la présence de cellules épidermiques ;ï périclines fort épaissies. Fig. 59. Ceratiola ericoïdes. Section transversale équatoriale. Quant aux stomates, légèrement surélevés et protégés par des poil-. ils sont petits; on peut les rattacher au type -, fris » ; ils ne possèdent pas de becs de cutine intérieurs, seuls les extérieurs sont bien marqués (fig. 59); quant aux cellules annexes, elles prolifèrent légèrement du BULLETIN DE I.A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N«s 4--*)-fi, parUS le 2.*) sept. 1017. 12 306 BULLETIN DE LA SOCIETE HOTAMOdE DE GENEVE (62) côté de la chambre sous-stomatique ; cette dernière est de grandeur normale. I ii caractère que nous avons signalé déjà plusieurs fois chez Cyrilla, Coriaria, par exemple, qui, bien que secondaire, a son intérêt, c'esl la présence d'une fine couche de cutine recouvrant la péricline interne des cellules annexes; chez Ceratiola, elle ne s'étend pas aux autres cellules épidermiques, comme c'est le cas pour d'autres genres; par contre, chez Corema album, genre voisin, les périclines internes des cellules épidermiques sont également légèrement cutinisées; quant aux autres caractères signalés chez Ceratiola, on les retrouve tous chez Corema album. GORIARIAGEES CORIARIA MYRTIFOLIA L. Celle plante, des Alpes maritimes, possède des stomates sur les deux laces; ils sont tous du même type; les cellules de bordure, petites, nettement du type «Iris», possèdent des becs intérieurs bien marqués venant s'appliquer l'un contre l'autre; quant aux cellules annexes, elles Fig. 60. — Coriaria myrtifolia. Section tram versale équatoriale. ont, comme (railleurs les cellules épidermiques, une forme assez spéciale, très allongée; si la coupe passe à travers une feuille âgée, on constate un épaississement marqué des périclines externes et internes de ces cellules (lig. 60); de plus, les cellules annexes prolifèrent au-dessous des cellules de bordure, constituant des charnières sem- blables à celles rencontrées chez Juglans regia. (63) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 307 Une fine couche de cutine se prolonge à partir des becs intérieur! \iciii recouvrir non seulement les proliférations des cellules annexes, niais aussi toute la périctine interne de celles-ci, ainsi que relie d'un grand nombre de cellules épidermiques. La chambre sous-stomatique esl bien développée; quant à la cutine, elle constitue une couche qui peut être fort ondulée dans la région des lien lires. CYRILLACÉES Chez les Cyrillacées, petite famille 6> il appartient nettement au type « Iris», ses cellules annexes, bien que plus larges, sont également épaissies du côté de la péricline externe et prolifèrent légèrement vers la chambre sous-stomatique ; nous retrou- vons également chez Pislacia, la fine couche de cutine qui, partant des becs intérieurs, se prolonge le long des péiïclines internes des cellules annexes et des cellules épi- dermiques dig. 64). Jusqu'à présent, tous les caractères rencontrés se re- trouvent chez les stomates dt1 Juglans regia, un seul est vraiment nouveau, qui donne un aspect différent à cet appareil stouiat ique, c'est le très gros développe- ment de la couche de cutine qui recouvre la péricline externe des cellules de bordure, des cellules annexes et épidermiques ; cette cutinisation se prolonge même le long des anticlines, séparant les cellules annexes des cellules épidermiques; de plus, elle n'est pas uniforme ; tandis qu'elle l'ait presque défaut exactement au-dessus des charnières, elle constitue ailleurs de nom- breuses perles fort bien marquées et des becs extérieurs beaucoup plus développés que ceux du stomate de Juglans. Nous devons ajouter que cette cutinisation s'étend quelque pénaux cellules de bordure; en effet, les parois de ces dernières étaient, dans nos préparations traitées avec le réactif genevois, faiblement jaunes, ce qui indique une légère cutinisation. Fi^. U4. — Pistacia Lentiscus. Section trans- versale équatoriale. CÉLASTRACÉES ËVONYMUS JAPONICA !.. Développement de ses stomates.— Kfiockeb1, Unger2, Meyer3, H. v. Mohl4, N.EGELI5, Gabreau6, (de, furent les premiers savants qui 1 K.EOCKER. De Plantarum epidermide, Vradislaviae d833>. 2 Ûnger. Exantbemum (1er Pflanzen. Boit. Zeit,, vol. II, p. 522 (1834 Meyer, J. Nevr* System cler Pflanzenanatomie (1837). 1 H. v. Mohl. Ûber die EntwicJdung cler SpaltBffnung'en. Linnœa 1838 5 X,egeli. ûber die Entwickhme: fier SpaltSffnungen. Linnœa (1842). Gareeatj. Mémoire sur la formation des stomates. Annales des Sciences naturelles, I \ série, vol. I, p. 213 (1854). (67) l: rehfous. étude sur les stomates s'occupèrent du stomate et plus spécialement de son développement. Parmi ces botanistes, il se forma bientôt deux courants d'idées diffé- rents; les uns considèrent que la cellule mère du stomate est une cellule épidermique, les autres la regarde comme provenant du parenchyme sous-épidermique. Parmi tous ces savants, N.eueei principalement, défendit l'idée de l'origine épidermique. En 1848, Karsten émit une idée tout à fait nouvelle, mais évidem- ment fausse ; la formation du stomate ne provient pas d'une, niais de trois cellules; deux cellules de chaque côté produiraient les cellules de bordure et une cellule centrale, se résorbant, produirait l'ostiole. Mirbel, il \ a très longtemps, énonça également quelques considé- rations curieuses au sujet de la formation du stomate; il dit avoir constaté deux modes : 1° par disparition d'une cellule; 2" par séparation on division (Tune cellule; mais H. v. Moue, qui reprit cette étude, ne retrouva jamais que le second mode de formation. Oudemans qui admit, avec d'autres botanistes, que la cellule mère des stomates était de formation sous-épidermique, publia en 1862, un travail intitulé : « Mémoire pour servir de réponse à la question : les stomates sont-ils d'origine épidermique ou dérivent-ils de cellules parenchymateuses sous-épidermiques '.' ». Contrairement à ses idées précédentes, Oudemans1 déclare dans ce travail que les cellules mères sont de formation épidermique et, d'un autre côté, il voit chez elles des produits de division d'éléments épider- miques ordinaires. Celte idée nouvelle contribua à l'avancement de l'histoire de la for- mation du stomate. En 1866, Strasburger2 confirma ridée d'OuDEMANS d'une façon absolue, en étudiant le stomate de différentes plantes; il observa d'abord les modes de division les moins compliqués (Iris, TulipaJ pour passer ensuite aux modes de plus en plus compliqués (Conifères, Gra- minées); il donna d'intéressantes explications sur les questions con- cernant la provenance de la cellule mère. L'année suivante, Irmich3 reprend les idées d'OuDEMANS et de Strasburger; il étudie des représentants de Monocotylédonées, Dico- 1 Oudemans. Mémoire pour servir de réponse à la question : Les stomates sont- ils d'origine épidermique ou dérivent-ils de cellules parenchymateuses sous-épi- dermiques? (1832). 2 Strasburger. Ein Beitrag zur Entwicklungsgeschichte der Spaltoffnungen. l'nngsheim Jahrb., V (1866-1867). 3 Irmich, E. Zur Entwicklungsgesehichte der Spaltoffnungen. Fh>m, îv 2s iss, 312 BULLETIN DE LÀ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (68) tvlédonées, Gymnospermes (Conifères) et nous donne quelques figures où les détails sont malheureusement bien peu marqués; la conclusion de sou travail esl la même que celles d'OuDEMANS et de Strasrjjrger ; c'est-à-dire que la cellule mère du stomate est de formation sub-épider- mique. Le travail le plus complet que Ton aie, sur la formation du stomate est, sans contredit, celui de R. Chodat1. Ce savant est le premier à avoir constaté et décrit l'apparition dune lamelle moyenne pectosique dans la membrane de cellulose qui divise la cellule mère. i il m Fig. 65., 1. II. III. — Développement du stomate d'Evonymus japonica (section transversale). I!. Chodat a étudié le développement du stomate chez Buxus sem- pervirens et mes observations sur le développement du stomate chez Evonymus japonica ne l'ont que confirmer les siennes. En effet, si nous examinons les ligures ci-dessous, qui représentent des coupes faites dans de toutes jeunes feuilles, nous voyons tout d'abord la paroi des deux cellules stomatiques provenant du dernier cloisonnement des cellules épidermiques, se différencier en membrane mitoyenne pectosique séparant les deux membranes cellulosiques; celte paroi s'épaissit bientôt aux deux extrémités et c'est au milieu de . ces portions épaissies que Ton voit, un peu plus tard, apparaître de petites fentes qui marquent le premier stade de développement (fig. 65, h; puis la membrane pectosique continuant à se dissoudre, la l'ente s'allonge des deux côtés vers la région équatoriale (fig. 65, Il : bientôt les deux cellules de bordure ne seront plus attachées que par les becs d'épaississement cellulosiques intérieurs et extérieurs (fig. 65, III); si nous colorons les préparations au bleu de méthylène, nous 1 R. Chodat. Principes de Botanique (1911). (69 L. F.EHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 313 voyons que l'espace compris entre les becs est rempli d'un mucilage pectosique qui disparaît un peu plus tard au moment du décollement et de la séparation définitive des deux cellules storaatiques (fig. 05, a, b, c). A B c Fig. 65, A, B, C. -■ Développement du stomate cl'Evonymus japonica (section transversale); coloration au bleu de méthylène. Ces becs extérieurs et intérieurs sont donc des épaississements cellulosiques, la cutinisation n'apparaîtra qu'un peu plus tard, au moment de la cutinisation des cellules épidermiques, par accentuation de cette dernière aux deux extrémités des becs; quant aux lumens, ils sont naturellement très larges, puisque nous avons à faire à des cellu- IV IV Fig. 65, IV. — Développement du stomate d'Evonymus japonica (section transversale). les stoinatiques jeunes, chez lesquelles, par conséquent, les épaississe- ments n'ont pas encore eu lieu ; ils se réduiront petit à petit à mesure que les parois s'épaissiront. Si nous comparons le développement des stomates d'Evonymus japo- nica, avec celui observé par Monsieur le professeur It. Chodat, chez 314 BULLETIN lii: LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (70 Buxus sempej'virens , nous yoyons que les différents stades se retrou- vent, avec cette différence cependant, que tandis que chez Huxus sempervirens le décollement se fait sur toute la longueur de la paroi, sauf aux deux extrémités, chez Evonymm japonica, il n'a lieu, v VII Fig. 65, V, VI, VII. — Développement du stomate d Evonymus japonica (section transversal»". dans la région équatoriale, que plus tard, constituant tout d'abord deux zones de décollement au milieu des épaississements ; ces différences ne sont d'ailleurs que secondaires. Quant à la chambre sous-stomatique, 1res réduite étiez ces premiers stades, elle existe cependant; elle apparaît doue 1res tôt. avant même que le décollement des cellules de bordure ne soit définitif (fig. 65, IV. V. VI, VII i. vm IX Fig. 65, Vm,lX. — Développement du stomate d'Evonymus japonica (section transversale). Les stomates ci-dessus appartiennent à des feuilles extrêmement jeunes, dont le limbe a neuf millimètres de long sur deux millimètres et demi de large (fig. 65, VIII, IX ; cependant, j'ai rencontré ces mêmes 71) I.. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 3 ! 5 stades primitifs sur des l'cuilles beaucoup plus grandes (fig. 65, X* mesurant jusqu'à deux centimètres de long sur un centimètre de large. Cela n'a d'ailleurs rien d'étonnant puisque tanl que la feuille n'a pas atteint sa grandeur définitive, de nouveaux tissus intercalaires appa- raissent et avec eux de nouveaux stomates. Fig. (15. \. - Développement du stomate il'Evony- mus japonica (section transversale). Si l'on examine les stomates de feuilles plus grandes, dont le limbe atteint trois à quatre centimètres de longueur, différents caractères apparaissent; l'épidémie est recouvert d'une couche de cutine déjà plus (''paisse qui, au lieu de s'arrêter un peu au-dessous des becs exté- Fig. 65, XI. — Développement du stomate d'Evonymus japonica (section trans- versale); cloisonnement des cellules annexes. rieurs, vient recouvrir toute la partie inférieure des cellules de bordure constituant deux petits becs inférieurs déjà bien visibles. Les cellules annexes dont la division est si caractéristique pour le> Célastracées, se cloisonnent de bonne heure; ce mode de cloisonnement peut être variable; tout d'abord, on remarque souvent que les cellules annexes se cloisonnent au moyen d'anticlines (fig. 65, XI); la répétition 346 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (7^2, de cette division permet à l'épiderme de s'étendre en formant de nouvelles cellules. La cellule annexe conserve cette propriété de se cloisonner, car, en définitive, on y voit apparaître des cloisons obliques pouvant se répéter plusieurs Ibis et en diverses directions (fig. 65, XII). Fig. 65, XII. — Développement du stomate d'Evonymus japonica (section transversale); cloisonnement des cellules annexes. On remarque alors que la dernière cellule fille formée à proximité du stomate, qui est la cellule annexe définitive (fig. 65, XIII, a déjà une tendance à proliférer du côté de l'ostiole (fig. 65, XIV; quant à la chambre sous-stomatique, elle est à ce stade déjà bien développée. Fig. 65, XIII. — Développement du sto- mate d'Evonymus japonica (section transversale) ; cloisonnements. Fig. 65, XIV. - Dévelop- pement du stomate d'E- vonymus japonica (sec- tion transversale); pro- lifération des cellules annexes. Il est intéressant de suivre l'origine et le développement de la cham- bre sous-stomatique; elle débute de très bonne heure par un décolle- ment des cellules hypodermiques qui tapissent la partie inférieure du stomate; à ce moment déjà, les cellules annexes prolifèrent légèrement, (73) L. REHFÔUS. ETUDE SUR LES STOMATES Fig. 66. — Evonymus japonica. Feuilles adultes; sections transversales équato- riales. Différents types de cloisonnements et proliférations des cellules annexes. 318 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVU Ti se glissant entre les cellules de bordure et les cellules soiis-jaeentes, tendant à accentuer l'écartement; il s'ensuit l'apparition d'un nié;il qui grarfdit et donne bientôt naissance à une lacune : la chambre sous- stomatique; cette dernière est donc le résultat de nombreux cloisonne- ments des cellules avoisinantes (fig. 4-, 6, 7, 9, 10). Fig. <;7. — Evonymus japonica. Type de sto- mate que l'on rencontre sur les feuilles prêtes à tomber en automne. J'ai également examiné ces mêmes stomates sur des feuilles de plus grandes dimensions et chez des feuilles adultes (fig. (>6); chez ces dernières, les caractères décrits plus haut s'accentuent encore; la cuticule est très fortement et uniformément épaissie, on remarque pourtant des amincissements au-dessus des charnières. Fig. 68. — Evonymus japonica. Type de stomate que L'on rencontre sur les feuilles prêtes à tomber en au- tomne. Les cellules annexes, obliquement cloisonnées, présentent (U's pro- longements papilleux très bien marqués qui tendent à se rencontrer, mais restent à une certaine distance l'un de l'autre, de telle sorte qu'il iè\ a jamais d'occlusion. La chambre sous-stomatique est hien déve- loppée. I 10) !.. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES En résumé, le stomate définitif est du type Buœus, décrit autrefois par l«. Chodat1. Monsieur le professeur Alf. Lendner2 a également trouvé une struc- ture analogue, à part le cloisonnement des cellules annexes, dans [es Aquifoliacées. En automne, l'étude des stomates des feuilles jaunies, prèles à tom- ber, m'a donné l'occasion d'observer de nombreux et 1res beaux cas d'occlusion. La disparition de la chambre sous-stomatique se fait non-seulement par la rencontre des extrémités des proliférations des cellules annexes, mais encore par l'augmentation de volume d'une ou de plusieurs cellu- Pig. 69. Evonymus japonica. Type de stomate que l'on ren- contre sur les feuilles prêtes à tomber en automne. Fig. 70. — Evonymus japonica. Type de stomate que. l'on rencontre sur les feuilles prêtes à tomber en automne. les sous-jacentes qui viennent s'appliquer contre la partie inférieure des cellules annexes. J'ai plusieurs fois remarqué que la cellule sous-jâcente qui produit l'occlusion possède une membrane fort épaissie du côté de l'ostiole; elle présente aussi quelquefois une cloison oblique (fig. 70). Ces occlusions peuvent s'expliquer par l'âge avancé de ces feuilles: elles auraient pour effet de les protéger contre une trop forte transpi- ration, mais, en même temps, en supprimant les échanges gazeux, elles provoqueraient à bref délai leur mort. 1 R. Chodat. Les dunes lacustres de Sciez et les garides (1908). 2 Alf. Lendner. Contribution à l'étude des falsifications du maté. Travaux a atrophie dans le fonctionnement du stomate. A ce propos, je dois citer un intéressant travail de Mademoiselle Rodrigue, « Les feuilles panachées et les feuilles colorées.). Quant aux cellules annexes (V Evonymus latifolia, elles sont souvent divisées, avec prolifération sous la cellule de bordure. Evonymus macroptera var. Mackii lîupr. Cette variété à feuilles caduques, répandue en Mandchourie, est très caractéristique par la surélévation de son stomate et le développement de la chambre sous-stomatique ; celte variété ne craint donc pas une forte transpiration. (79) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 323 La cellule annexe n'est, en général, pas divisée (fîg. 80); elle possède, le plus souvent, une seule prolifération bien marquée, la deuxième ne l'est qu'exceptionnellement (fig. 81). Il y a donc, chez la variété Mackii, une différence sensible avec Evonymus verrucosa, puisque chez cette espèce, la double prolifération est toujours très marquée. Fig. 80. — Evonymus macroptera var. Mackii. Section transversale. Fig-. 81. -■ Evonymus macroptera var. Mackii. Section transversale. Fig-. 82.— Evonymus japonica var. radicans. Section transversale. Dans la variété radicuns, iï Evonymus japonica, à feuilles panachées, j'ai retrouvé les mêmes caractères (fig. 82), sauf pour la chambre sous-slomatique qui est plus réduite; ces caractères restent semblables dans les parties claires et les parties foncées. 324 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (80) CELASTRUS El P.OI'.El'S L. Nous retrouvons ici la prolifération de la cellule annexe ainsi que sa division, mais un caractère nouveau apparaît (fig. 83). En effet, la subdivision de In cellule annexe se continue dans l'épiderme, consti- tuant ainsi un faux hypoderme et non pas un hypoderme connue le prétend Stenzel,1 (fig. 84). Fig. 83. — Celastrus europaeus. section trans- versale éqnatorialc Fig. 84. - Celastrus europaeus. Hy- poderme. J Fig-. 85. - Celastrus europaeus. Section trans- versale équatoriale. Dans certains endroits, j'ai trouvé jusqu'à trois couches de cellules épidermiques. Les proliférations des cellules annexes restent toujours minces, de telle façon que le stomate puisse fonctionner. ; c'est. donc là que se trouve la principale charnière (fig. 85). 1 Stenzel. Anatomie (1er Laubblatter nnd Stamme der Celastracese imd Hippo- crateacese. Thèse d'Erlangen (1892-1893). (84) I.. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES Gatha edulis Forsk. La chambre sous-stoniiatique est réduite; la cellule annexe est divisée, mais celle division ne s'étend pas ;m\ cellules épidermiques (fig. 86); la prolifération de la cellule annexe est unique; on voit éga- lement que la cloison de cette dernière n'aboutit pas toujours à la cellule stomatique; on peut donc en conclure que ce cloisonnement esl tantôt transversal, tantôt oblique (fig. 87). Fig-. 86. — Catha edulis. Sec- tion transversale éqnatoriale Fig. 87. - Catha edulis. Section transversale équatoriale. Il nous semble que nous pouvons tirer des observations précédentes les conclusions suivantes publiées précédemment1 : I" On peut dire que le caractère de subdivision des cellules annexes s'est continué dans l'épidémie inférieur, chez le genre Celastrus. •2" Les familles voisines, Aquifoliacées, Célastracées, Buxacées, présentent toutes des caractères communs plus ou moins marqués, selon les espèces : cloisonnement des cellules annexes et prolongement de celles-ci en un bec se glissant sous les cellules de bordure; chambres sous-stomatiques généralement réduites. 3° Warming.2 place (VymQ part les Célastracées, Aquifoliacées, Ampé- lid.ieées, Rhamnacées, dans l'ordre des Frangulinées, d'autre part, il place les Euphorbiacées, Buxacées, Callitrichacées, Empétracées, dans un autre ordre, celui des Tricocées. (Je dois citer, à cette occasion, un travail tout récent du même auteur3.) Si, au contraire, nous consultons Engleh (Syllabus), nous trouvons dans l'ordre des Sapindales, les Buxacées à côté des Célastracées et des Aquifoliacées. Les observations que je viens de faire sur les stomates de ces l'ainilles confirment donc la nouvelle classification d'ENGLER. 1 L. RehfOus. Les stomates des Célastracées. Bulletin de I" So ciétê botanique de Genève (janvier 1014). J Warming, E. Handbuch der systematischen Botanik, Berlin (1890). 3 Wakminu. E. observation* sur la valeur systématique de l'ovule (1013). 326 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (82) STAPHYLÉACÉES Stapiiylea pinnata. L. Les cellules annexes sont grandes et beaucoup plus allongées que celles des stomates des Célastracées ; seul, le caractère de prolifération persiste; il n'y a plus de cloisonnement; la chambre sous-stomatique est également plus réduite. Les cellules de bordure rappellent absolu- ment celles du type «Iris» (lig. 88). Pig. 88. Staphylea pinnata. Section transver- sale équ&torïale. Une autre caractéristique, c'est la présence de cellules hypodermiques, du type de celles rencontrées chez les Conifères et chez le genre Bam- busa; es cellules présentent, en effet, du côté extérieur, un repli de la membrane qui partage ces dernières en deux parties à peu près égales, augmentant de la sorte la surface de respiration et d'assimilation. STACKHOUSIACÉES Stackhousia spathulata Sieb et Zucc. Le type du stomate des Stackhousiacées est tout à fait semblable à celui rencontré chez les Cyrillacées et Hippocrateacées ; la fermeture se fait, en effet, exactement comme chez ces dernières, par la région médiane aplatie et bordée de perles de la cellule de bordure; nous retrouvons la même structure des cellules de bordure par rapport au plan tangentiel-médian ; les becs supérieurs et inférieurs sont presque (8:5: !.. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES :!27 aussi bien marqués l'un que l'autre; il j a donc aussi une antichambre extérieure, dont la forme conique se répète en sens inverse clans la partie supérieure de la chambre so'us-stomatique et, enfin, une troisième chambre médiane très petite (fig. 8'.)). Fig. 89. — Stackhousia spathulata. Section trans- versale éqnatoriale dans une feuille âgée. Fig. 90.— Stackhousia spa- thulata. Section trans- versale éqnatoriale dans une feuille jeune Les cellules annexes et épideriniques ont leur péricline externe fort épaissie; si, au lieu d'examiner des feuilles adultes, nous faisons des coupes à travers des feuilles jeunes, les mêmes caractères se retrouvent (fig. 90); cependant, les becs internes ne sont alors qu'indiqués et les périclines des cellules annexes et épideriniques ne sont pas encore épaissies; la cuticule n'est pas encore bien développée. HIPPOGRATEACÉES Engler place cette famille dans l'ordre des Célastrinées à côté des Célastracées, Aquifoliacées, Stackhousiacées. J'ai examiné plusieurs espèces des genres Salaria et Hippocratea. SALÂ'CIA CRASS1FOLIA L. Les feuilles présentent de nombreuses libres parcourant le limbe en tous sens, comme c'est le cas chez VOlea eurqpœa. Les stomates ne se trouvent qu'à la face inférieure; leur structure rappelle beaucoup celle du stomate des Cyrillacées. 328 HULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (84) En effet, on retrouve ici lé même type de fermeture (fig. 91 >: elle a lieu non seulement au moyen des becs supérieurs, mais encore par une région médiane épaissie en forme de perle, qui ferme l'ostiole à l'endroit où l'antichambre, d'abord évasée, se rétrécit le pins. Fig. 91. Salacia crassifolia. Section transversale équatoriale. Parcontre, chez Salacia crassifolia, les épaississements des périclinos externes des cellnles ;uiiie\es et épidermiques, de même que le prolongement de la couche de cutine le long des anticlines, l'ont défaut. On retrouve cependant le cloisonnement de la cellule annexe. Salacia paniculata L. dette espèce est assez différente de la précédente par la structure de son épidémie fort épaissi; parcontre, les cellules de bordure, tout en présentant nue structure générale analogue, sont dépoun nés des perles médianes qui constituaient précédemment la principale fermeture. Fig. 92. - Salacia paniculata. Section trans- versale équatoriale. Ici, elle a lieu par les becs supérieurs. Les proliférations (U^ cellules annexes sont ici bien marquées, même mieux <|iie chez Salacia crassi- folia; leurs parois bordant la chambre sous-stomatique sont recouver- tes le pins souvent d'une forte couche de cutine; la chambre sous- stomatique est réduite I fig. 92). (85) RE1IF0US. ETUDE SUR I.KS STOMATES 329 Les cellules annexes sont quelquefois cloisonnées et l'épiderme, en général, es! caractérisé par un fort épaississement des périclines exter- nes; ce* épaississements se retrouvent le plus souvent dans les péri- clines internes. La présence de cristaux est aussi caractéristique ; Ces derniers sont tantôt seuls, tantôl deux par deux, comme chez le genre Hippocratea • il est à observer que la couche de cutine est faillie en comparaison de celle de l'espèce précédente; on penl expliquer ceci, par le l'ail ([ne l'épiderme est toujours suffisamment protégé par le tort épaississement des périclines. HIPPOCRATEA VERRUCOSA l'e\r. .Nous avons trouvé des stomates sur les deux laces, cependant, ceux à la lace supérieure sont rares; ils présentent le type rencontré égale- ment che/. les Cyrillacées et dans le genre précédent Salacia ; tandis (pie chez Salacia crassifolia la fermeture se l'ail par les perles médianes, cliez Salacia paniculata, par les liées externes, ici, elle doit être dou- ille; elle doil se faire, d'une part, par la région médiane qui présente mi ne présente pas de perles et, d'autre part, par les proliférations très Fig. 93. Hippocratea verrucosa. Section transversale èqua- toriale. Fig. 94. — Hippocratea verrucosa. Section transversale équatorial* • . marquées des cellules annexes qui tendent à se rencontrer ili^. 93). La conclie de enline est intermédiaire entre les deux genres pré- cédents; elle recouvre la plupart des anticlines; la chambre sons- stomatique esl réduite (fig. 94). Dans certaines cellules épidermiques miicilagiiieiises, à des intervalles égaux, nous avons constaté la présence de cristaux rhomboédriques toujours an nombre de deux. 330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (86) ICAGINACÉES VlLLARESIA CONGONHA Miei'S. Cette plante, souvent employée comme falsification de Vllex maté-, a été, pour cette raison, déjà étudiée par Monsieur le professeur A. Lendner1; ce dernier nous donne, dans son travail, quelques figures du stomate de Villaresia congonha qui rappellent beaucoup relui de Buxus; j'ai retrouvé tous les caractères cités par cet auteur, un seul, cependant, me paraît nouveau, c'est la présence, du côté de la chambre sous-stomatique, à la face intérieure des cellules de bordure, de petits liées cutinisés opérant la fermeture du stomate-; ils sont liés visibles dans la figure ci-dessous (fig. '.».">). Fia. 95. — Villaresia congonha. Sec- tion transversale équatoriale. Les stomates sont nombreux et relativement grands; les cellules de bordure sont entourées de cinq ou six cellules annexes qui prolifèrent fortement comme celles des Buxus et des Célastracées. En résumé, on peut dire que le stomate de Villaresia congonha se rapproche tout à fait du type de ceux tfllex, Buxus, Evonymus; ces familles seraient donc bien voisines et ceci confirmerait l'opinion des systématiciens. ' Lendneh, AIL Contribution à l'étude des falsifications du maté. Travaux de chimie alimentaire et d'hygiène, vol. II, fascic. 5-6. p. 37 (1911). 87 I,. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 331 ACERACÉES Acer pseudo-platanus L. Les cellules de bordure des stomates de V Acer pseudo-platanus rap- pellent le type vins» avec cette différence que la péricline externe est épaissie en forme de cône: sur le sommet de ce dernier, qui constitue le bec, se trouve un grand nombre de granulations cutinisées; quant aux cellules annexes et épidermiques, elles possèdent un lumen grand ri allongé; ce qu'il y a d'intéressant, c'est que chacune de ces cellules est surmontée d'un épaississement en forme de perle très élargie, dont la nature, d'abord cellulosique, finit par s'imprégner de cutine; on retrouve, à la surface de ces épaississements, les mêmes granulations de cutine que celles rencontrées sur les becs des cellules de bordure (fl'ff. 96). Fig\ 96. — Acer pseudo-platanus. Section transversale éqiiatoriale. Il est à remarquer que cet épaississement des périclines externes n'est pas uniforme; la membrane reste mince, en effet, au-dessus des charnières, de même qu'au-dessus de chaque anticline. La chambre sous-stomatique est fort aplatie. Le rôle de ces larges perles est tout d'abord de protéger le stomate par la formation d'un puits, ensuite de permettre une fort.' adhérence de l'air contre cet épidémie inférieur qui serait ainsi protégé contre le mouillage; cela empêcherait de cette façon l'obturation du stomate par l'eau. Or, si l'on songe qu'Acer pseudo-platanus est une plante de montagne, où le brouillard, à un certain moment de l'année, peut être fort épais, on conçoit que cette structure puisse être une admirable protection contre la condensation de l'eau. 332 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE 1 88 1 HIPPOGASTANEACÉES .KSC.LI.US H1PPOCASTANUW L. (liiez Msculm hippocasianum , dit Marronier d'Inde, nous retrouvons des cellules de bordure du type « [ris >• ; des cellules annexes et épider- miques semblables à celles des Acéracées et des Staphyléacées ; les proliférations des cellules annexes sont comme chez Acer pseudo-plata- nus, à peine marquées (fig. 97); la chambre sous-stomatique bien Fig. H7. - iïsculus hippocasta- nutn. Section transversale équa- toriale. développée; «niant à la cutine, elle est uniformément répandue sur un épidémie absolument lisse : ce dernier caractère est donc eu opposition très marquée avec celui rencontré chez Acer pseudo- platânus; cela n'est pas à dire que ce stomate soit d'un type différent. En effet, leur l'orme générale parle bien en laveur d'une parenté; chez Acer pseudo-platanus, les grosses perles,' dont nous avons parlé, sont 1res probablement de simples caractères adaptatifs. MELIANTHACÉES J'ai examiné, dans cette famille, deux espèces du genre Melianthus : Melianthus comosus L. et Melianthus major L. Par la structure des stomates, ces deux espèces sont très voisines l'une de l'autre; les seules différences se rencontrent chez Melianthus comosus, où le stomate est légèrement surélevé et où l'on constate la (S<) I.. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES .)■>■> présence de l'épaississement des périelines externes des (•«•Unies annexes et épidermiques (fi g, 98). Chez ces deux espèces, la couche de ciitine, qui se prolonge à la partie inférieure «les cellules de bordure et se continue le long des périelines internes de l'épiderme, constitue deux becs inférieurs et une perle en avant de la légère prolifération des cellules annexes (fig. 99). Fig. 98. — Melianthus cotnosus. Section transversale équatoriale. Fig, 99. — Melianthus major. Section transversale équatoriale. Dans l'hypoderme de la l'ace supérieure, nous retrouvons les mêmes cellules plicaturées que celles rencontrées déjà chez les Conifères et les Staphyléacées. En résumé, nous pouvons dire que, d'une part, les stomates des Mélianthacées rappellent ceux des Staphyléacées et, d'autre part (présence des becs inférieurs), ceux des Stackhousiacées et (U'<, Terns- trœmiàcées. OCHNACÉES OURATEA INUNDATA Alibi La disposition générale des stomates et la forme de l'épidémie rappellent beaucoup celles rencontrées chezles Hippocratéacéés et plus spécialement dans Salaria paniculata. Etant donné l'épaississement considérable dés périelines externes des cellules annexes et épidermiques, la couche de cutine est plutôt faible 334 lil U.riLN DE LA SOCIETE BOXAWQUE DE GENEVE (90) (flg. 100); elle s'arrête un peu au-dessous des becs supérieurs; ne se prolongeant [tas du côté de la chambre sous-stomatique, il n'y a, par conséquent, aucune trace de perle dans la région médiane; ce dernier caractère permet de les différencier de ceux des Salacïa; par contre, les cellules annexes prolifèrent fortement, elles tendent à se loucher.; ce même caractère se retrouve ehez Hippocratea venmcosa. Fig. 100. Ouratea inundata. Section transversale équato- riale. .Nous avons fait remarquer, à propos des Hippocratéacées, les différents types de fermeture qui pouvaient être réalisés, soit par les becs supérieurs, soi! par la région médiane, soit enfin par la rencontre des proliférations des cellules annexes; or, ici, les trois systèmes de fermeture sont réunis; elle se fait, en effet, parles becs supérieurs. par la région médiane légèrement aplatie, enfin, par la rencontre des proliférations des cellules annexes; par celte triple fermeture des stomates, la feuille doit se trouver admirablement protégée; cela explique le fait que ces stomates sont à la surface et non pas enfoncés. I ii seul caractère nouveau, rencontré pour la première fois, c'est fépaississement cellulosique, légèrement cutinisé, qui renforce la péricline interne des cellules de bordure. La chambre sous-stomatique est également réduite comme chez les Hippocratéacées. MARCGRAVIACÉES Marcgravia CORDACEA Vabl. Les stomates de Marcgravia cordacea présentent un aspect assez spécial, dû principalement à la disposition de la couche de cutine; cette dernière n'est en effet pas uniforme, elle présente de petites proliféra- (91) I.. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 33.') lions irrégulières qui donnent à la surface de l'épiderme un aspect très particulier; la cuticule se prolonge, non seulement le long des anticlines, mais également tout autour des cellules sous-jacentes (fig. loi i. Fig-. 101. — Marcgravia corda- cea. Section transversale équatoriale. Les becs de euline extérieurs sont fortement marqués; quant aux cellules de bordure, elles se ferment par une partie médiane cutinisée et convexe et, de plus, par des becs inférieurs proéminents et 1res bien marqués, du type de ceux rencontrés déjà chez les Stackhousiacées et les Ternstrœmiacées. TERNSTRŒMIAGÉES En faisant des coupes dans les feuilles de Ternstrœmiacées et plus spécialement dans celles du genre The'a, j'ai découvert un type de sto- mate vraiment caractéristique et fort intéressant. En effet, chez ce stomate, les cellules de bordure possèdent sur la péricline interne, nue couche de cutine fort bien marquée, qui se pro- longe en un deuxième bec; ces becs, en s'appliquant l'un contre l'au- tre, ferment les stomates; ceux-ci n'utilisent donc plus les becs supé- rieurs, d'où l'explication de celte remarque faite par Tschirch et Oes- terle1 : «-L'ostiole est très large, ce qui provient des becs qui restent éloignés l'un de l'autre». J'ai, de plus, constaté un épaississement de la péricline externe des cc-llules annexes et des cellules épidermiques en général. Voulant savoir si les caractères dont je viens de parler plus haut étaient constants chez les différents Thés employés dans le commerce, je les ai tous examinés, voici les résultats de nos recherches : 1 Tschirch et Oesterle. Anatomischer Atlas der Pharmakognosie und Nahrungs- mittellcunde, 1. (1895). 336 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE 1 02 • Thé pecco Son stomate possède une cutinisation déjà bien marquée (indiquée dans nos ligures par un trait noir), avec formation des crochets carac- téristiques (flg. 102); les cellules annexes ont des proliférations presque nulles, la chambre sous-stomatique est très grande, ceci s'explique par le fait que le Thé pecco est formé de jeunes bourgeons. La péricline externe des cellules annexes n'est p;is épaissie-gélifiée, les autres cellules épidermiques non plus. Le Thé de Ceylan est formé de feuilles plutôt jeunes. Je n'ai trouvé que peu de stomates définitivement constitués, cependant, j'en ai ren- Fig. 10-2. — Thé Pecco. Section transversale éqnatoriale. Fig. 103. - Thé de Cey- lan. Section transver- sale équatoriale. contré quelques-uns (flg. 103); la cutinisation est faible, les crochets, quoique moins marqués, sont cependant bien visibles. Les proliféra- lions des cellules annexes sont nulles, l'épaissi s sèment caractéristique des périclines externes, également. Fig. 105. — Thé noir (Souchong). Sec- tion transversale équatoriale. Fig. 104. - Thé de Java. Section transversale équatoriale. Le Thé de Java (fig. 104-), formé de feuilles de grandeur moyenne, d» même que le Thé noir (fig. 105) (Souchong) présentent également les ;93] L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 33' deux caractères cités plus haut (présence des crochets et épaississement des périçlines externes des cellules annexes). On les retrouve d'ailleurs fort bien marqués, dans les antres Thés constitués de feuilles âgées, comme le Thé impérial (fig. 106), le Thé Congo (fig. 107), le Thé russe du Fig. 10(j. Thé impérial. Section transversale équatoriale. Fig'. 107. — Thé Congo. Section transversale équatoriale. Fig. 108. Thé russe du Caucase occidental. Section transversale équatoriale. Fig. 109. Thé vert de Shangaï. Section trans- versale équatoriale. Fig. 110. - Thé jaune chinois. Section transversale équato- riale. F;g. 111. - Thé vert de Mongolie méridionale. Section transversale équatoriale. Caucase occidental (fig. 108), le Thé vert de Shanghaï (fig. 109), le Thé jaune chinois (fi»-. 110), le Thé vert de Mongolie méridionale (fig. 1 1 1 i, de BULLETfN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE, N"s 4-5-6, partis le 2*> Sept. 1917. 14 338 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (94) même que dans les sépales du Thea sinensis (fig. 112, 113, 114), où ils sont tout aussi bien marqués. Comme on le sait, les falsifications du thé sont nombreuses, elles ont fait précédemment l'objet d'une communication de ma part à la Société botanique de Genève ; parmi ces falsifications, la plus intéressante est l'utilisation des feuilles de Camellia L. ; or, ces dernières possèdent des cellules scléreuses assez semblables à celles que Ton rencontre dans les Fig-. 112. — Thea sinensis. Section transversale équatoriale: Fig. 113. — Thea sinensis. Section transversale équatoriale. Fig. li.— Thea sinensis. Sépales. Section trans- versale équatoriale. Fig. 115. — Camellia. Sec- tion transversale équa- toriale. Fig. 116. Camellia. Section transversale équatoriale. feuilles du Thea; par contre, comme je l'ai montré précédemment, les stomates sont bien différents (fig. 115 et 116), la eutinisation est très forte, les becs internes très peu marqués, répaississement des périclines externes des cellules annexes fait défaut; j'en suis arrivé à cette con- clusion ([ue, vu la constance des caractères du stomate du genre Thea et, étant donné l'aspect différent de ceux du Camellia, on peut fort bien utiliser la structure anatomique des stomates pour distinguer les feuilles de Thé de ses falsifications1. 1 Rehfous, Lt. Les stomates du Thea sinensis et une nouvelle méthode pour i rmaître les falsifications du thé. Bulletin de la Société botanique de Genève (1910). (95) L. REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 339 HYPERICINÉES J'ai examiné deux espèces du genre Hypericum : Hypericum lanceola- luiii Lam. et Hypericum balearicum L. Les stomates de ces deux espères sont tout-à-fait du même type ; un seul caractère secondaire permet de les différencier; c'est le prolonge- ment de la cutine le long des anticlines chez Hypericum balearicum (fig. 117). Le stomate des Hypericinées est du type «Iris», il est enfoncé; cet enfoncement estdûà la différence de grandeur des cellules Fig. 117. — Hypericum balearicum. Section transversale équatoriale. Fig. 118.— Hypericum lanceo- tatum. Section transversa- équatoriale. de bordure et des cellules annexes et épidermiques (fig. 118); il est encore accentué par une légère prolifération de la couche de cutine au-dessus des cellules de bordure; il y a ainsi formation, non seulement d'un puits, mais aussi d'une antichambre, grâce à la présence des becs supérieurs très bien marqués. Nous retrouvons ici un système de protection du stomate en relation avec le genre de vie de la plante. TAMARICAGÉES TAMARIX GALL1CA L. Le stomate du Tamarix gallica offre une analogie frappante avec celui ^Hypericum figuré plus baul ; on \ retrouve cet enfoncement des cellules de bordure provenant, cette fois-ci, d'une prolifération en papille de la partie supérieure des cellules annexes. La couche de 340 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (96) cutine, assez forte, constitue deux lires externes très bien marqués (fis. 119). Fig. 119. - Tamarix gallica. Section transversale équa- tmiale. .Nous retrouvons «loue, au-dessus du stomate, comme précédemment, huit d'abord un puits, enfin une antichambre formée entre les liées connivents; quant à la chambre sous-stomatique, elle est assez réduite. FOUQUIÉRACÉES FOUQUIERA SPLENDENS Engelttl. Le stomate de celle plante rappelle beaucoup, d'une part, celui ren- contré chez les Staphyléacées et, d'autre part, chez les Mélianthacées. Fig. 120. — Fouquiera splendens. Sec- tion transversale éqnatoriale. 11 diffère de celui des Staphyléacées par l'absence complète de pro- lifération des cellules annexes (fig. 120); il se rapproche davantage de ceux des Mélianthacées; on y retrouve, en effet, la même forme générale des cellules de bordure; les becs supérieurs sont connivents, (97) I.. KEIIF0US. ETUDE SUR LES STOMATES 34 assez, bien développés, quant à ceux situés du côté de la chambre sous-stoniatique, ils font complètement défaut. On retrouve, par contre, comme chez Melianthus, une fine couche de cutine, le long des périclines internes. Le stomate de Fouquiera rappelle un peu celui du Tamarix galli'ca, spécialement par la forme des cellules allongées-palissadiques qui entourent la chambre sous- stomatique. FRANKENIACÉES FRANKENIA H1RSUTA L. Son stomate, petit, se trouve au fond d'une crypte ; quelquefois des poils le protègent ; les cellules de bordure sont du type « fris » et les cellules annexes ne montrent aucune prolifération (fig. I°2b. Il \ a Fit»-. 121.— Franke- nia hirsuta. Sec- tion transversale équatoïiale. donc ici une analogie avec Nerium oleander, avec cette différence que .•lie/. Frankenia hirsuta, le stomate se trouve seul au fond de la crypte H BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (100) Van Tieghem fait rentrer cette famille dans l'alliance des Géra- oiales ; tandis qu'ENGLER la considérait comme voisine des Pentaphy: lacacées et Iliacées. Van Tieghem, au contraire, insiste sur le fait qu'elle en est très éloignée; il propose le démembrement de la série îles Sapindales d'ENGLER, et ce démembrement opéré, il place les Gôry- nocarpacées à côté des Sapindacées, Acéracées, .Esculacées, Anacar- diacées, Geraniaeées, plantes ayant la même structure ovulaire, jointe à la dialypétalie, à la diplostémonie et au pistil supère ; il en l'ait Tordre des Pernucellées bitegminées. Il serait donc intéressant de voir si, par l'anatomie du stomate, on ne peut pas tirer des conclusions sur les affinités des Gorynocarpacées. Fig. 124. — Corynocarpus lœvi- gatus. Section transversale équa- toriale. J'ai fait des sections dans les feuilles qui ne présentent de stomates qu'à la face inférieure ; les cellules annexes de ces derniers prolifèrent assez fortement du côté de la chambre sous-stomatique (fig. 124) ; les cellules de bordure, fortement cutinisées, sont du type » Iris » ; les becs extérieurs sont très marqués et la fermeture est double ; elle se fait à la fois par la région médiane et par les becs; je n'ai constate aucune trace de bec ou de perle cutisinés, soit dans la partie médiane, soit dans la partie inférieure. Si nous comparons la figure 124, représentant le stomate des Coryno- carpacées avec celles représentant Jes stomates des familles considérées par Vax Tieghem comme lui étant voisines, Acéracées et esculacées ou Hipocastanéacées, entre autres; si nous comparons ensuite cette ligure avec celle représentant le stomate de Pentaphylax wryoides, il <'sl ('vident qu'au point de vue de ce caractère le genre Corynocarpus • ■si bien plus voisin de Pentaphylax que d'Acer pseudo-platanus, Mscu- lus, etc.; en effet, on retrouve chez Pentaphylax la forte cutinisation et surtout la prolifération marquée 'des cellules annexes; ces observa- tions confirmeraient donc les idées d'ExGLER. (101) L. REHTQUS. ETUDE SWI! LES STOMATES 345 PENTAPHYLACACÉES Pentaphylax euryoides Gard, et Champ. Le stomate de Penlaphylax euryoides présente une forme tout à fait particulière; taudis que le lumen des cellules de bordure est très étroit, les périclines internes sont considérablement épaissies ; les périclines externes le sont beaucoup moins, mais par contre elles sont surmontées d'une large arête cutinisée, se terminant par des becs (fie:. 125). Fis'. 1 25. — Pentaphylax euryoides. Sec tlon transversale équatoriale. Entre ces prolongements se trouve une profonde antichambre au point de contact des cellules stomatiques ; en cet endroit la cuticule se surélève légèrement, ce qui a pour effet de produire une fermeture médiane; de plus, cette cuticule se continue à la partie inférieure, constituant des becs inférieurs du type de ceux des Ternstrœmiacées, etc. ; enfin, au contact de la cellule annexe, cette eutine forme une petite perle. Les cellules annexes, qui prolifèrent assez fortement vers la chambre sous-stomatique, sont régulièrement divisées. La couche de eutine qui recouvre l'épidémie inférieur est excessive- ment épaisse, elle pénètre le long des ànticlines et écarte les parties supérieures des cellules épidermiques. . Par l'ensemble de ses caractères et par sa forme générale, le stomate de Pentaphylax euryoides rappelle beaucoup celui d'une tcacinacée, Villaresiâ congonha. 346 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (102) CONCLUSIONS I. Importance des caractères du stomate et des cellules épidermi- ques comme indices des relations qui existent entre différentes familles ou différents groupes. II. La structure du stomate, à l'intérieur d'un groupe naturel, pos- sède, en général, une grande fixité, elle est bien pins l'expression de caractères ancestraux que le produit d'adaptations temporaires et locales. III. Tel ensemble de familles sera défini par une série de caractères plus ou moins importants et constants. Exemple : les Sapindales pré- senteront un cloisonnement des cellules annexes et la prolifération de celles-ci sous les cellules de bordure; en outre, une réduction des chambres sous-stomatiques. Telle famille sera caractérisée par tel caractère secondaire mais constant. Exemple : présence d'un deuxième bec interne cùtinisé chez les Tersnstrœmiacées. IV. Avant de tirer une conclusion au point de vue phylogénétique, il faudra observer si on ne se trouve pas en présence de phénomènes adaptatifs qui nous fournissent souvent de forts beaux exemples de convergences. V. Si l'on étudie la structure anatomique des stomates des Ainenta- <■('<•>, on en conclut que ces familles se rapprochent bien davantage des Dicotylédonées que des Gymnospermes et des Ptéridophytes. VI. Après examen de la structure anatomique des stomates, on arrive à la conclusion que les Polypodiacées constituent un groupe spécial. Les Osmundacées, Gleicheniacées, Schizeacées. par contre, sont des familles voisines et se rapprochent davantage des plantes supérieures. VIL II existe une grande analogie entre les stomates des Cycadacées et ceux des Conifères; si l'on se base sur ce caractère, on est amené à considérer ces familles comme de même origine. (103) I.. REIIFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES 34i VIII.-- L'examen du stomate des Gorynocarpacées confirme la classi- fication (I'Engler ; cet auteur considère en effet Corynocarpus comme type d'une famille autonome; il l'a placée entre les Pentaphylacacées cl les Niacées; or, les stomates de ces trois familles présentent des caractères ayant une grande analogie. IX. — Mes recherches sur la structure des slomates confirment éga- lement les idées d'ENGLER, au sujet de différentes familles comme les Buxacées, Célastracées, Aquifoiiacées, qu'il a groupées dans Tordre des Sapindales ; elles ne s'accordent pas avec celles de Warming, qui avait classé ces différentes familles en deux ordres différents, celui des Frangulinées et celui des Tricocées. X. La structure du stomate des Casnarinées rappelle beaucoup relie des stomates de certaines Monocotylédonées, comme les Graminées el quelques Liliacées xérophytes. XL L'examen des stomates de plantes inférieures amène à une con- clusion opposée à celle formulée par Porsch ; cet auteur considère, en effet, les stomates de ces plantes comme arriérés et primitifs, tandis ([ne seuls ceux des plantes supérieures seraient perfectionnés ; pour ma part, je trouve le stomate d'un Polypodium ou d'un Platycerium tout aussi compliqué, si ce n'est plus, comparé au stomate de telle ou telle Phanérogame. XII. Confirmation des conclusions de H. Chodat au sujet du déve- loppement du stomate et de la formation d'une lamelle moyenne pec- tosique, précédant le décollement et la division de la cellule mère. Mil. Utilisation de la structure du stomate pour reconnaître le Tin'' de ses falsifications. XIV. Découverte de plusieurs types nouveaux de stomates dont j'ai représenté les figures au cours de ce travail. Je cite ceux de Polypodium, Platycerium, Cycas, Casuarina, entre autres. XV. Nombreuses descriptions et figures de stomates jusqu'alors incomplètement décrits, exemples: ceux de Polypodium, Platycerium, Osmunda, Gleichenia, Psilotum, Cycas, Ephedra, Taxus, Pinus, Casua- rina, Stackhousifl, Acer pseudo-platanus, Thea, Ouratea, etc. Mis BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (loi Ce Iravnil a été fait sur le conseil et sous la direction de M. le pro- fesseur li. Chodat auquel je liens ;'i exprimer ici ma plus profonde reconnaissance. .le veux aussi remercier Monsieur le professeur Lendneb pour tous les renseignements qu'il a bien voulu me donner, ainsi que Monsieur (',. de Candolle qui ;i mis si obligeamment sa bibliothèque ;'i ma disposition. Institut de botanique, Genève, le 1 1 juin lit 11 . (.105) I- REHFOUS. ETUDE SUR LES STOMATES miiLKXilUIMIl Balls, L. \V. The Stomatograph. Royal Society of London, Série B., vol. LXXXV, p. 33, London (191?). Bertrand, P. Etude sur la fronde des Zygoptéridées, Lille (1909). Bertrand, 1'. Anatomie comparée des Gnétacées et des Conifères. Boussingault. Comptes rendus de l'Académie des sciences, LVII1, p. 883 (1864). Bonnet, Ch. Recherches sur l'usage des feuille* dans les plantes (1754). Brown, II. et Escombe, F. Proceedings of the Royal Society, Bd. 62, p. 160 (1897). Candot.de (de), A. P. Organographie végétale, p. 7S (1827). Candot-le (de), A. P. Physiologie végétale, p. 107 (1832). Chodat, 11. Principes de botanique (1911). Chodat, R. Les dunes lacustres de Scier: et les garides (1908). Darwin, F. The effect of Light on thé Transpiration of Leaves. Proceedings of the Royal Society, B., vol. 87, p. 281 (1913). Darwin, F. and Pertz, M. On a new Method of estimating the operture of stomata. Proceedings of the Royal Society of London, B., vol. 84, p. 136 (1911). Di trochet, .M. Annales des Sciences naturelles. 1I« série, Bd. XIII, p. 65 (1840). Gravis, A. A propos de la genèse des tissus de la feuille. Archives de r Institut botanique de Liège (1908). Garreau, M. Recherches sur l'absorption et l'exhalation des surfaces aériennes îles plantes. Annales des Sciences naturelles, 3= série, vol. XIII, p. 336 (1850). Grew, X. A. The Anatoiny of Plants. Royal Society, Liv. IV. ehap. IV. s 2, 3, 4, p. 153 'H ;s2). Guettard. Observations sur les plantes. Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris (1747). Garreau, M. Mémoire sur la formation des stomates. Annales des Sciences naturelles. 14" série, vol. I. p. 213 (1854). Haberlandt, G. Zur Kenntnis des Spaltbffhungsapparates. Flora, n° 70 (1887). Haberlandt, G. Physiologische Pflanzenanatomie. III Aufl., p. 395 (1904 hiMicii. E. Zur Entwickïungsgeschichte der Spaltoffnungen. Flora, n° 28, p. 435 (1887). Krocker. De Plantarum epidermide, Vradislaviae (1833). Karzel, R. Die Verholzung der SpaltbTfnungen bei Cycadeen. Wiesner-Festschrift, Wien (1908). Leitgeb, H. Beitrâge zur Physiologie des Spaltoffnungsapparates. Mitteil. ans d. haï. Instit. Graz., p. 182, Iena (1880). Lendner, Alf. Contribution à l'étude des falsifications du maté. Travaux de chimie alimentaire et d'hygiène. Service sanitaire fédéral, vol. II, cahier 0, lierne (1916). Link. Annales du Muséum, XIX, pi. 17, f. 11. Lloyd, F. E. The Physiology of stomata. Carnegie Institution (1908). Mer&ET. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, Bd. 84, p. 376 (1877). M,:,/.. A. Anatomie der Laubblatter der Celastrineen mit besonderer Beriicksichti- gung des Vorkommens von Kautschuck. Beih. Bat. Centralbl., XV. p. 315 (1903). Mirande, M. Recherches physiologiques et anatomiques sur les Cuscutacées, thèse, Pans (1900). Mohl (von), H. Ober die Entwicklung der Spaltb'.ffnungen. Unncea. p. 544 (1838). Meyer, .1. Xeues System der Pflanzenphysiologie (1837). Njegeli. Sur le développement du stomate. Linnœa (1842). 350 BULLETIF DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (106) Oudemans. Extrait des comptes rendus de l'Académie royale des Sciences. Sect. Se. exact., vol. XIV. Amsterdam (1862). Pfitzer. Jahrb. fur wissenschaft Botan., Bd. 8. p. 16 (1872). Pobsoh, ( >. Der Spaltôffnungsapparat im Lichte der Phylogenie, Iena (1905). Porsch, O. Der Spaltoffnungsapparat von Casuarina und seine phyletiscne Bedeu- tung. Verhandl. d. zool. bot. Gesellsehaft, p. 125, Wien (1904). Sachs, .F. Vbrlesungen liber Pflanzen-Physiologie, Leipzig (1882). Sanio. Untersuchungen liber die Epidermis und die SpaltBffnungen der Equiseta- ceen. Linnœa, XXIX (1858 . Saussure (de), H. B. Observations sur l'écorce des feuilles et des pétales, p. 60. Genève (1762). SrH.F.iEi;. K. Ober den Einflnss des Turgors der Epidermiszellen auf die Punktion des Spaltoffnungsapparates. Pringsh. Jahrb.. XIX. p. 204 1888). Schwabach, E. Zur Entwicklnng der Spaltoffnungen bei Coniferen. Ber. d. deutsch. l„,t. Ge8éllsch., XX (1902). Sénebieb. Physiologie végétale, Bd. 3, p. 314 (.1800). SOLEREDER. System. Anatomie d. Dicotylen (1899). Sghellenberg, H. Beitrage zur Kenntnis von Bau u. Eunktion der Spaltoffnungen Botan. Zeitung, n" ">4. p. 183 (1896). SchWendener, S. Die Spaltoffnungen der Gramineen und Cyperaeeen. Sitzungsber. der Berline r Akailemie (1889). Schwendener, s. Dber Bau und Mechanik der Spaltoffnungen. Monatébericht der Berliner Akademie (1881). Scott. I). II. Stùdies in Fossil Botany, Londres (1900). Stahl, E. Zur Biologie des Chlorophylle. Lavbfarbe und Himmelslicht. Vergiibung und Etiolement, Iena l'ion . Sïrasbi kger, E. Ein Beitrag zur Entwickliingsgeschichte der Spaltoffnungen. Pringsh. ■ Tahrb., V (1866-1867 . Thomas, H. and Banckoft, X. Of the cuticlea of sonie récent and Fossil Cvcadean Fronds. Linnean Society of London, 2« série. Botany, vol. VIII, p. 200 (1913). Treub, M. Sur les Casu'arinées et leur place dans le système naturel. Annales du Jardin de Buitenzorg '1891). Tschirch, A. Beitrage zur vergleiclienden Anatomie des Spaltoffnungsapparates. Verhandl. d. bot. \' BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) sur le terrain de la station des marais de Ràncës. Voici les premiers résultats de nos investigations : 1" La culture expérimentale, remise aux soins de M. Paul Besson, jardinier de l'alpinéum Barbey-Boissier, à Valeyres, a eu pour point de départ les semences obtenues d'échantillons très raineux el hauts de 150 à 180 millimètres, récoltés le 15 septembre 1916 aux marais de Ranees, par G. Beauverd et ll. Besson. Sans donner de résultat en pleine terre (dégâts de mollusques?), ces graines ont germé dès le mois d'avril 1917 dans un pot de « terre franche >• du pays, ne réagis- sant pas au calcimètre; sur les trente et un exemplaires levés, un seul était épanoui dès le 16 septembre 1917, tandis (pie les trente autres, à celle date, étaieid tous en boutons plus ou moins avancés et aptes ;'i l'anthèse; leur caractère dislinrtif résidait dans leur nanisme excessif. Kl à °2ô millimètres (influence de l'insolation directe, sans atténuation par végétaux protecteurs?) et la l'orme presque orbiculaire des feuilles, dont aucune ne rappelait celles du porte-graines (plasticité de l'appareil foliaire dans ses réactions au milieu?); cotylédons tous persistants. 2° Les échantillons d'herbier, d'accord avec l'examen des faits sui- te terrain, démontrent : a) «pie le caractère attribué à la persistance des cotylédons et des feuilles basilaires n'est pas un apanage exclusif du Gentiana baltica Murbeck : nous l'avons constaté chez maints exemplaires alpicoles du Gentiana campes/ris (par exemple, Ici:. Paiehe : Reculet, 7 juillet 1S7N; leg. Jacob : Pouillereï, août 1880 in herb. MoreiJlon; leg. Beauverd: Alpes de Sallanches, v21 juin 1908 : In «pie le caractère attribué à la forme des feuilles se retrouve assez fréquemment chez des exemplaires du Gentiana campeshis L. (par exemple, leg. M. Moreillon : pâturages boisés sur sol calcaire aux envi- rons de Sainte-Croix, lob» mètres, 10 août 1917, etc.); c) «pie les deux caractères précités, admis comme constantes essentielles du Gen- tiana baltica Murbeck, manquent fréquemment chez cette race elle- inèiiie ou \ subissent souvent des modifications très appréciables (par exemple, leg. Reichenbach : environs de Ratzburg, août 1870; leg. G. Beauverd et P. Besson: tourbières de Ranees et marais de l'Orbe, septembre 1916 et 1917. etc.). Ces expériences, qui demandent à être poursuivies avec le concours du temps, combinées aux investigations dont nous n'avons donné qu'un résumé très sommaire, nous autorisent néanmoins, dès maintenant, à formuler les conclusions suivantes : Les caractères admis pour Légitimer la dignité spécifique du Gentiana baltica Murbeck n'offrent certainement pas la valeur de constantes qualitatives susceptibles de confirmer cette autonomie; toutefois, la présence de ces mêmes caractères constitués chez le Gentiana campes- tris L. dans un ordre quantitatif différent, autorise, d'accord en cela avec les résultats vérifiés en culture, à proposer la subordination du Gentiana baltica Murbeck au Gentiana campestris L. à titre de sous- espèce et variété, soit : Gentiana campestris L., ssp. et var. baltica Beauverd. comb. nov. ; Gentiana baltica Murbeck in Acta Horti Bergiani, Bd. II, n° M [1892 . 4. — Area : Suecia meridionalis; Dania; Anglia; Belgium; Gallia; Helvetia occidentalis et Rhsetia; Gërmania el Bohemia septentrionalis. Pu IV. ESPINILLARES A CONCEPCION L ARRABIUAEA RHODANTHA COUVRANT UN PROSOPIS ET S ELEVANT JUSQU AU SOMMET DUN PHYLI-OSTYLON m D ta J ta z, ta ta -ta o < I— I z o z o 5 < o < Oh D Q X O p < o ta > / < Q on O ai CQ Pi.. VI. PARATODALES » DU CHACO PARAGUAYEN TECOMA ARGENTEUM IMMHa RIVE DROITE DU RIO PARAGUAY GRAN CHACO < eu J > O CL, e SEP.IE. Volume IX. Nos 7. 8 et 9 GENEVE, Oct., Nov. et Dec. 1917 SOMMAI RE : Compte rendu de la séance du 8 octobre 1917 : Affaires administratives, p. 353. II. Chodax : Bibliographie de l'action 8. -- Dr II. Chodat : Li ss mouvements floraux du Lilium Martagon L.. p. 358. Compte rendu de la séance du 10 décembre 1917 : Affaires administratives, p. 35'.i. — I>'' G. Keller : Sur la florale paludéenne du canton de Genève, p. 35'.). — G. Beauverd : Esquisse synécologique comparative de deux marais des environs de Baulmes (pied du Jura vaudois), p. 300. G. Beauverd: Deux races inédites du Primula vulgqris Huds., (1 vignette), p. 362. A. Letellier : Etude de quelques gonïdies de lichens (6 vignettes et 1 planche), p. 373. T. Rayss : Cœlastrum reticulatum (Dang.) Lemni. (Hariotina reticulata Dang.) (1 planche), p. 413. A. Lendxer : Nouvelles recherches sur le Sclerotinia Matthiolœ n. sp. (4 vignet- tes), p. 421. 1L-E. Ludwki : Etude de quelques levures alpines (31 vignettes, 1 planche), p. 431. 9. W. Vischer : Quelques remarques sur des espèces alpines rencontrées hors de leur station habituelle, p. 462. 10. Répertoire et Tables du volume IX (1917), p. 467. 8 COMPTE RENDU :««!>■'«« séance. Lundi 8 octobre 1917. — Ouverte à N heures et demie, dans la grande salle de l'Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le Dr Ducellier, président. Par suite d'une erreur, la lecture du procès-verbal de la 3881' séance (juin 1917) ne peut être donnée : elle sera remise à la séance de no- vembre. BULLETIN DE I,A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N04 7-8-9, par IIS le .'10 mars 1918. 1 354 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) HERBORISATION MYCOLOGIQUE. - Sur le préavis de M. le pro- fesseur Ch.-Ed. Martin, l'herborisation habituelle d'automne n'aura pas lieu, la saison se montrant cette année par trop défavorable. BIBLIOGRAPHIE. - M. le professeur Dl R. Chodat donne l'analyse d'un Mémoire publié récemment par MM. Eriksson Jacob et Ed. Gain, intitulé «Bibliographie de l'action du cuivre sur les végétaux», mémoire dont un exemplaire a été gracieusement offert à la Bibliothè- que de la Société botanique par M. Gain. En présentant cet exemplaire, pour l'envoi duquel il remercie bien vivement M. Gain au nom de la Société, M. Chodat fait ressortir toute l'importance de ce beau mé- moire et rappelle les travaux précurseurs de Prévost sur le rôle des sels de cuivre en physiologie botanique. - Par cette même occasion, M. Chodat présente le travail intitulé « Monographie du genre Melam- pyrum», par G. Beauvebd, mémoire couronné du prix A. -P. de Can- dolle par la Société de physique cl d'histoire naturelle de Genève et publié dans Je volume 38, fascicule VI des Mémoires in 4° de cette Société ipages 291 à 658, Genève, 1916-1917). Le plan du travail comprend : une Introduction, un Exposé historique du genre Melampyrum, des Notes morphologiques et biologiques, un Résumé des propriétés et usages, un Aperçu détaillé sur la distribution géographique et sur les Affinités du genre Melampyrum, une discussion sur les Principes de classification, cent cinquante pages de Descriptions et diagnoses, des Conclusions et un Index bibliographique de quatre cent cinquante-neuf numéros, suivi d'un Répertoire des noms et synonymes, d'une Table des figures et d'une Table des matières. Vingt-cinq figures analytiques, trois cartes et trois graphiques biométriques accompagnent ce travail pour lequel M. Chodat adresse ses bien vives félicitations à notre collègue. LE CIRSIUM TVHEIWSUM DC. DANS LE CANTON DE GENÈVE. — Depuis l'époque où Rabin avait signalé cette Composée entre Saint-Loup el Divonne, sur territoire genevois, commune de Versoix (rive droite Ome séance. — Lundi 12 novembre 1ÎH7. - Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de l'Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D1 Ducellier, président. La lecture du procès-verbal des 388""' et 389me séances (juin et octobre 4917) est acceptée sans observation. Les publications suivantes sont déposées sur le bureau : AUTRICHE : Zeitschrift des Tiroler Landes- Muséums F erdinandeum, Bd. LIX (Innsbruck, 1917); ETATS-UNIS: Journal of Agricultural Research : vol. IX, n°s 8, 9, 10, 11 et 12; vol. X, nf,s 1 à 10 (Washing- ton, 1917); ESPAGNE : Publicaciones de lajunta de Ciences (Barcelone; 19.17); FRANCE : Bulletin de la Société des Naturalistes de l'Ain, n° 36 (Bourg, juin 1917); HONGRIE : Magyar Bolanikai lapok, XV (Buda- pest, 1916); SUISSE : Bulletin de la Société euudoi.se des sciences natu- relles, vol. LI, n"s 6 et 12 (Lausanne, 1916-191") ; Jardinier Suisse, nos 8, 9, 10 et 11 (Genève, 1917); Journal de la Société d'horticulture de Genève, nos 6 à 9 (Genève, 1917); Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle, vol. XXXVIII, fasc 6 (Genève, 1917). SUR LA SEXUALITÉ D'UNE LEVURE DE EIGUE. -- Communication par M11'- Chaborsky des résultats de ses recherches sur la sexualité d'une levure de ligue; ce très intéressant travail, accompagné de dessins à la planche noire, de photographies et de cultures sur diftérents milieux, fera l'objet d'un mémoire spécial à publier dans le Bulletin. SUR LA VARIATION DE QUELQUES OMBÈLLIFÈRES. - - M. le D' H. Guyot développe le résultat de ses recherches biométriques sur les Aslranlia et les ChserophyMum elegans et Chœrophyllum Villarsii, précédemment communiquées à la session de la Société helvétique des Sciences naturelles (Zurich, septembre 1917). Des graphiques relatifs à ces deux dernières plantes, tendant à admettre leur complète autono- mie et à démontrer la plus grande ancienneté phylogénétique du Chœrophyllum elegans (contrairement à l'opinion des auteurs mo- dernes qui subordonnent le Chœrophyllum elegans au Chœrophyllum Villarsii) accompagnaient cet exposé qui fera l'objet d'un mémoire spécial. QUELQUES RUANTES NOUVELLES DU VALSOREV (Valais). - Pré- sentation par M. le D1 Henry Guyot de plusieurs phanérogames cons- tituant des nouveautés soit pour la science, soil pour la flore du Valais, soit plus spécialement pour le territoire floristique du Valsorey dont notre collègue entreprend actuellement l'étude phytogéographique. Les plantes suivantes sont communiquées à l'assistance : Saxifraga muscoides var. Iri/ida ; X Carex xanthocarpa (= Carex /laça X Homs- chuchiana); Rununeulus flaccidus var. confervoides (à 2330 mètres); Callitriche palus/ris var. homoiophylla ; Phyteuma hemisphœricum var. longihracteatum. ; X Dianthus spurius Duner (=■- Dianthus earthusiano- rum X inodorus : nouveau pour le Valais!); X SaHx Valsoreyana Guyot (= Salix herbaceaX serpyllifolia, hybr. nov.); X Salix ovata Sef. (= Salix helvetica x herbacea); X Salix Huteri (= Salix hastata X helvetica) ; X Salix spuria (= Salix arbuscula X helvetica) ; X Achil- lea Jauchiana Guyot (== Achillea millefolium X moschata, hybr. nov.); 358 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) Polygalâ alpina var. Chodatiana Guyot var. nov. Cette dernière plante, remarquable par ses fleurs blanches lavées de rose, étend son aire aux environs de Zermatt et de Visperterminen, où elle avait été récoltée lors de l'excursion botanique en 1916. Voir détails au mémoire ultérieur. CONTRIBUTION A LA FLORE DU JURA SUISSE. Présentation par le Secrétaire de beaux échantillons récoltés et communiqués par M. Ch. Meylan (Sainte-Croix) et se rapportant à de nouvelles stations jurassiennes de Trifolium spadiceum (tourbière du Grand Cachot, à la Brévine, 1060 mètres, Jura neuchâtelois, juillet 191 7) et de Vicia sepium var. eriocalyx Celack. fl. albo (subv. nov. ! ), de La Chaux (Jura vaudois). NOUVELLES RECHERCHES SUR LE SCLEROTINIA MATTH10L.E Lendner. — Exposé par M. le Professeur D1 Alf. Lendner de ses nou- veaux essais d'infection sur Crucifères du Sclerotinia qu'il a découvert en 1916 sur le Matthiola vallesiaca de son jardin; les résultats de ces recherches, cjui ont abouti entre autres à la découverte de la propaga- tion du parasite par les limaces, seront publiés in extenso dans un prochain Bulletin. LES MOUVEMENTS FLORAUX DU LIUUM MARTAGON L. — En présentant une planche coloriée de celte Liliacée destinée à illustrer renseignement de la biologie, M. le Professeur D1 R. Chodat fait remarquer une erreur de cette planche qui ligure un insecte pollinisant (Macroglossa stellatum) dans une position quin'est pas compatible avec celle de la fleur dans le rôle biologique qui lui est attribué : selon les observations de M. Chodat, la pollination des Heurs de Lis Martagon ne peut être effectuée ni par les mouches, ni par les abeilles; lorsque leur fécondation est provoquée par les insectes, il s'agit avant tout de différents papillons, principalement de Vanesses dont le conférencier a suivi les divers mouvements le long des tépales où elles descendent,, puis glissent et battent les étamines de leurs ailes pour reprendre leur équilibre après un mouvement de bascule involontaire. D'autre part, l'autopollination des fleurs s'effectue aussi par l'anémophilie des étamines qui, en vacillant, viennent toucher le stigmate. D'autres mouvements floraux, tels que le géotropisme des pédicelles, celui du stigmate, les courbures du pistil et des tépales, ainsi que le mode de déhisçence des capsules combiné à l'anémochorie des semences sont tour à tour décrits par M. Chodat, qui fait toucher du doigt le grand intérêt biologique que peut offrir une plante vulgaire telle que le Lilium Martagon, dont l'ensemble des caractères décrits en font un représentant de la flore des prairies ou des steppes alpines plutôt qu'une plante silvatique. Séance levée à 10 heures; seize assistants : MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Minod, Beauverd; Mlles Chaborsky, Chirtoiû, Chodat, M. R. Chodat, M,le Jauch, MM. Lendner, Letellier, Martin, Mégevand, II. Romieux et J. Romieux. Le Secrétaire-rédacteur, G. Beauverd, 0) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 359 :-t$Hme séance. — Lundi 10 décembre i917. - Ouverte à K LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) l'organe de M. Chodat, les riches stations d'Orchidées distinguant la florule des marais de Sionnet et de Rouëlbeau (canton de Genève) et demande, à ce sujet, si le projet de travaux d'assainissement et de mise en valeur de ces terrains ne pourrait pas comporter une exception en faveur d'un territoire de réserve où les végétaux notables de ces stations seraient placés sous la sauvegarde du « Heimatschutz » suisse, comme le cas s'en est présenté pour d'autres régions du territoire hel- vétique? Au nom de la Société botanique et pleinement d'accord avoc la pro- position de M. le D1 Kelleb, M. Ducellieb remercie M. Chodat de nous avoir transmis ce projet; mis au voix, il est adopté par l'unani- mité de l'assistance, qui désigne MM. R. Chodat et H. Romieux pour entreprendre auprès du Conseil d'Etat de Genève les démarches sus- ceptibles de satisfaire le vœu de M. Kelleb et de tous les amis de la protection des richesses naturelles végétales de notre sol national. ESQUISSE SYNÉCOLOGIQUE COMPARATIVE DE DELA MARAIS DES ENVIRONS DE BAUEMES (610 mètres, pied du JURA VAUDOIS). — Présentation, par M. G. Beauverd, d'un mémoire lu à la Société I (induise des Sciences naturelles (Lausanne), le 7 novembre 1917, et aboutissant à la distinction de deux types synécologiques caractérisant la florule des marais appartenant à un même domaine floristique donné et situés tous deux à la même altitude ((HO mètres), la même exposi- tion (S.-E.) et dans les mêmes conditions géologiques. Le plus grand de ces terrains, nommé «Marais de Rances», repré- sente un ba'ssin fermé, réceptacle naturel d'eaux pluviales et de sources, jadis alimenté ou tout au moins imprégné par une partie des eaux du ruisseau de la Baumine : actuellement partiellement mise en valeur agricole par des travaux de canalisation entrepris en 1857-1863, cette station a conservé son ancienne végétation sur une faible portion de sa superficie primitive et offre alors le premier des deux types synécolo- giques distingués par l'auteur, soit le type autonome fixé; l'on j reconnaît : a)X& présence des « Gentiana bultica Miirbeck» et « Phyt&uma ten&rum Schulz», ainsi qu'une variété spéciale du Thalictrum flavum (var. vaudense Beauverd) comme témoins de l'ancien cage de la station; b) des réactifs silvaliques (Veronica officinale, Melandrium dioîcum, Viola silvatica, etc.), comme témoins de l'existence d'une ancienne forêt en ces lieux; c) des réactifs montagnards localisés dans les parties asséchées des formations praticoles (Turritis ylabra, Thlaspi alpestre ssp. brachypetalum, Dianthûs silvester et l'hybride X Dianthus spurius, Alchimilla pastoralis, etc.), comme témoins d'une ancienne période de continuité avec la flore montagnarde jurassienne ; d) de nombreuses manifestations polymorphiques spontanées- (endémismes en petit : Lysimachia vulgaris var. nov. rubro-punctulata, Mentha aquatica var. Lobeliana f. nov. uliginosa, Thymus Serpyllum var. silvicola f. nov. turficola, Knautia arvensis var. nov. turfosa, Phyteuma orbiculare var, nov. vaudense, Centaurea Jacea ssp. jungens var. nov. bicolor et Hiera- cium Auricula var. nov. foliosum), propres aux terrains récemment exondés : mises en regard des anciennes formes conservées dans les bas-fonds, elles attestent pour ces dernières leurs possibilités d'adap- tation lente; e) existence d'un élément subrudéral (dont Pàtentilla (9) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 301 Anserina, Viola tricolor, Bellis perennis, Vicia sepium, etc.), comme témoin de la persistance d'un passage des troupeaux et de son influ- ence sur la modification du tapis végétal. Le plus petit marais, dit « Marais de la Baumine », vient d'être à son tour l'objet de travaux d'assainissement durant les années 1915 et 1916; il représente le second type synécologique ou type erratique actif : le ruisseau montagnard de la Baumine y continue l'apport de plantes jurassiennes telles qu'Alliu-m Schœnoprasum, Melandrium diurnum, Trollius européens, Ranunculus aconiiifolius, Primula farinosa, Gentiana vcrna, qui forment là de vastes colonies au sein de la florale autoch- tone; les «endémismes en petit» (Cardamine pratensis var. nov. silvi- cola, Glejcoma hederacea var. parviflora I'. nov. uliginosa cl Scabiosa Colùmbaria var. nov. palùstris) s'y rencontrent aussi en colonies popu- leuses, mais se rattachant à de tout autres types que ceux du marais de Rances. L'analyse générale d'éléments floristiques d'autres marais de la même contrée («Planches de Yaleyres», «Source du Mugeon » et « Marais de l'Orbe») démontre l'exactitude des deux types synécologi- ques reconnus par l'auteur, types qui peuvent se réaliser simultané- ment dans des cas spéciaux tels que celui représenté par les grands marais de l'Orbe, où le type erratique se reconnaît sur les points accessibles aux affluents montagnards du marais, tandis que le type autonome ou «reliquat» se retrouve dans les stations hors d'atteinte de L'influence de ces mêmes affluents. Une présentation de graphiques climatologiques et de plaides criti- ques accompagnait cette communication. Séance levée à 10 heures; onze membres présents : MM. Ducellier, Guyot, Beauverd; Mlle< Chirtoiii et Chodat, M. R. Chodat, M11" Jaucli, MM. Martin, Mégevand, Pellegrih et Vischer. Le Secrétaire-rédacteur, G. Beauverd. Deux races inédites du Primula vulgaris Huds. par Gustave BEAUVERD (Communiqué en séance du 16 avril igij) 1. Primula vulgaris var. truncata Beauverd, var. nov.; scapus millus vel + brevis (10-20 mm. Ig. i laxe villosus 2-5 floribus; pedicelli (25-100 mm. Ig.) et costae calycis (± 12-20 lg.) + molliter pilosi; corolla pallide lutea, tubus cylindricus calycem duplo longior paulp superans, limbus planus (25-35 mm. diam.), lobi triahgulati apice truncato-retuso obsolète quadridentato ; caetera ul in forma typica. Dans leur Monographie des Primulacées, publiée en 19051, Pax et Knuth n'attribuent au polymorphisme du Primula vulgaris Hudson ( 1762)2 que trois variétés distinctes susceptibles à leur tour de donner naissance à des formes subdivisionnaires3 basées sur des caractères fixes et héréditaires tels que ceux offerts par le pigment (f. lactea Ljungstrom)4 ou par la pubescence foliaire (var. hypoleuca Halacsy)5, soit sur des caractères instables tels que ceux dérivant de la polymérie 1 Cf. Pflanzenreich, IV, 237 : Primulaceœ von Fr. Pax and R. Knuth, p. 54-56. 2 Soit Primula acaiilis Hill. 1765; Primula sylvestris Scop. 1772; Primula grand iflora Lamk. 1778; Primula hybrîda Schrank 1789; Primula vernalis Salisb. 1796: Primula uniflora (Imelin 1805; Primula bicolor Eafinesque 1810; Primula veris var. acaulis L. 1753. — L'article 49 des Règles de nomenclature de Vienne (1905) n'admet pas le point de vue de Pax et Knuth : le binôme de Hill qu'ils ont adopté est de trois ans postérieur à celui de Hudson. s 1° var. genuina Pax, 1889 = var. grandiflora C. Koch, 1850: 2° var. halèarica Wili- komm, 1876; 3° var. y rubra Sibth. et Smith., 1813 = Primula amœna var. acaulis M. B., 1808: Primula amœna var. Sibthorpii C. Koch., 1843; Primula grandiflora fl. pur- pureo Duby in DC, 1844; Primula acaulis var. ïberica G. F. Hoffmann, 1808; Primula Sibthorpii Hoffniannsegs', 1824; Primula acaulis var. rosea Boissier, 1879; Primula aedulis var. colorât a Ljungstrom, 1888; Primula acaulis var. Sibthorpii Pax, 1889. 4 Cf. E. Ljungstrom in Bofanisch Centralblatt, XXXV [1888], 181 : «Eine Primula- Excursions nach Mœn ». 6 Cf. E. de Halacsv, ' Conspectus Flora; Grœcœ », III [1904], 6. — Après examen de cette plante, nous la considérons comme une bonne variété. (2). (i. BEAUVEP.D. PR1MULA VULGARIS HUDS. et de la présence plus ou moins accusée d'un scape (var. caulescens Auct. nonnuJl. ex Pax; Primula pseudo-acaulis Schur ex Pax in Engler Jahrb. X [1889] 180), etc. Indépendamment des laits d'hété- rostylie, qui se rattachent plus spécialement au domaine de la biologie, d'autres auteurs avaient antérieurement noté diverses manifestations de polymorphisme intéressant surtout la systématique; c'est ainsi que Ljungstrôm signalait dès 188", dans File danoise de Mœn, des Primula acaulis f. breviealyx, f. longicalyx, f. tatiloba et f. angustiloba, dont les noms désignent d'eux-mêmes le caractère saillant de la for mi- sa gée. C'est sur un l'ait de cette nature que notre attention a été attirée dés l'année 1906 en examinant différentes touffes de Primula acaulis épanouies en plusieurs points du verger des Jordils : non seulement les cas de f. latiloba et de f. angustiloba s'y présentaient avec des transitions douces sous les deux formes dolichostylées et brachy stylées, niais encore, en quelques points soit ombragés, soit ensoleillés, une forme latilobée se distinguait à première vue par le dessin particulier du limbe de la corolle, dont la périphérie affectait un contour franche- ment pentagonal et non point rayonnant-obcordé comme les formes jusqu'alors décrites en offraient l'exemple (voir la vignette, fig. 2 et 3). En poursuivant nos investigations, durant les années subséquentes jusqu'au printemps de 1917, nous avons constaté la présence de nouvelles touffes de cette race en d'autres points du territoire contigu, notamment dans un massif de rhododendrons exotiques où le renou- vellement de la terre arable avait provoqué un apport de diverses espèces rustiques telles que Géranium silvaticum, Viola odorata, Vero- nica Çhamsedrys, Gardamine pratensis, etc.; la touffe de cette station (premières fleurs : épanouies en avril 1914- et 1915) prenait belle apparence dès 1916 et donna une vingtaine de corolles dont l'anthèse successive s'effectua durant la seconde quinzaine du mois d'avril et jusqu'au début du mois de mai 1917; enfin durant le mois d'avril de la même année 1917, nous avons récolté deux exemplaires de cette l'ace hybridisée avec le Primula officinalis. L'étude attentive des matériaux récoltés et conservés à l'Herbier Boissier nous a permis de reconnaître les formes ou états suivants chez cette race : 1° Une f. breviealyx, dont le sommet des dents calicinales n'atteint, à l'anthèse, que les deux-tiers ou les trois-quarts du tube de la corolle (fig. i <■). 364 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) 2. Une f. longicalyx dont les dents calicinales atteignent, à l'anthèse, le sommet du tube corollin (fig. 5 c). 3. Différentes formes établissant la transition entre les deux précé- dentes. i. Une tendance aux deux formes respectives «latiloba» (fig. 1 et I /) et « angustiloba » (fig. 5 /). "). Un état caulescent assez accusé et plus fréquent que chez les individus de la variété commune. 6° Dolichostylie et brachystylie individuelles cbez toutes ces formes. Ces manifestations de polymorphisme, gravitant autour d'une cons- tante aussi saillante que celle qui résulte de la forme et de la serrature des lobes corollins, indiquent à notre sens une race autonome présen- tant tous les degrés de parallélisme offerts par la var. grandiflora du Primula acaulis; nous avons proposé le nom de Primula acaûlis var. tmncata pour désigner provisoirement cette plante qui nous paraît mériter tonte l'attention des phylogénistes, comme c'est le cas (railleurs pour bon nombre d'autres espèces chez le genre Primula. Qu'il nous soit permis, à cette occasion, de faire part de quelques observations ayant pour but d'orienter les recherches qui pourraient être entreprises sur l'origine de cette forme; nous grouperons ces observations en deux catégories distinctes concernant : 1° l'édaphisme et la phénologie; 2° les affinités morphologiques. 1" Edaphisme et Phénologie. — La localité, nous l'avons vu, com- porte les stations suivantes : a) le gazon ensoleillé d'un verger plus on moins moussu à faible déclivité orientée au levant; b) riiiunus de quelques bosquets de feuillus (Corylus, Acer, Carpinus, Sambùcus) faiblement mélangés de Buis ou de Conifères (Taxus, Pinsapûet Thuya) orientés au septentrion; c) l'humus plus on moins gazonné d'un bosquet de lilas et de coudriers, orienté au midi; d) le terreau d'un parterre de rhododendron, orienté au septentrion. L'état du verger et des bosquets mixtes est antérieur à l'année 18851; celui du parterre de rhododendron date de l'année 1889, avec remaniements périodi- ques du terrain de dix en dix ans approximativement; enfin le bosquet de lilas n'a pas subi de modifications depuis l'année 1885. Avant cette date, les stations où ces observations ont été faites se répartissaient entre deux villas distinctes dont l'une comme l'autre entretenaient des parterres de plantes d'ornement d'entre lesquelles très vraisem- blablement des Primevères horticoles : à l'appui de cette hypothèse, 1 Date de l'acquisition des parcelles pour y transférer l'Herbier Boissier. (4) (i. BEAUVERD. PRIMULA VULGARIS Ill'ItS. 365 il suffit de citer les Primiila vulgaris à corolles plus ou moins rosées ou blanches qui s'j rencontrent encore à l'état subspontané. — Dans toutes ces stations, l'anthèse s'effectue à une époque plus tardive" que celle (les variétés concomitantes. m l à :> : Primula vulgaris lluds. : 1 : corolle de la var. truncata f. latiloba vue ). - Bornet. Recherches sur les Gonidies des lichens. Annales des Sciences natu- relles. Botanique, 5e série, XVII (1873). (3) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 375 dies, qui peuvent être de types fort différents, se laissent ramener à des espèces d'algues et il constate que la théorie de Schwendener «ôte toute étrangeté à la coïncidence dans le même thalle de gonidies dissemblables, à la présence simultanée sur un même individu, de gonidies contenant de la chlorophylle et de gonidies renfermant de la pnycochrome, différence très importante dans les algues et sur laquelle est fondée la distinction des deux grands groupes d'algues inférieures. On comprend à la fois l'extrême ressemblance ou plutôt l'identité qui existe entre les gonidies de lichens très divers (Roccella, Lecanora, Opegrapha) et la différence profonde que présentent les gonidies de lichens dont le thalle et la fructification sont identiques (Sticta et Stic- tina, Omphalaria et Arnoldia, Opegrapha varia et Opegrapha filicina)». Enfin Tidée de Schwendener put encore s'appuyer sur les expérien- ces d'analyse et de synthèse de lichens faites surtout par Môller1 et Bonnier2. Le premier put infirmer une expérience de Tulasne3 qui était un sérieux argument contre In théorie de la nature double des lichens. Tulasne ayant semé des spores du Verrucaria muralis, les avait vu germer et produire des filaments. «Après quelque temps, nous dit-il, ces filaments formaient un plexus assez serré sur lequel il se développa une couche blanchâtre de petites cellules arrondies, de quatre à six tu de diamètre, intimement unies entre elles et aux filaments desquels elles procédaient, les unes vides en apparence, les autres remplies de matière plastique. Bientôt après, on vit çà et là, sur cette première assise d'utricules, apparaître des cellules remplies de matière ver te et il ne fut plus permis de douter qu'un nouveau thalle du Verrucaria mu- ralis était né des spores mises en expérience; ces cellules vertes étaient en effet telles, par leur aspect, leur volume, leur agencement et leurs rapports avec les utricules placées au-dessous d'elles qu'il était impos- sible de les confondre avec des cellules de Protococcus ou autre algue inférieure unicellulaire ; et d'ailleurs elles ne différaient aucunement des gonidies du thalle adulte du Verrucaria muralis. » Il était clair que Tidée de Schwendener ne pouvait s'accorder avec cette expérience qui, (Failleurs, avait été vérifiée par d'autres. Môller sema des spores 1 Moli.ek. Ûber die Kultur flechtenbildender Ascomyceten ohne Algen, Dissert. Munster in W. (1887). 2 Bonnier. Recherches sur la synthèse des lichens. Annales des Sciences naturel- les. Botanique. 7e série, IX (1889). 3 Tulasne. Mémoire pour servir à l'histoire organographique et physiologique des Lichens. Annales des Sciences naturelles, Botanique, 3e série, XVII (1852). 376 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) de lichens sur des milieux artificiels, il eut soin d'éviter les infections et il obtint des mycéliums sans gonidies; ces mycéliums ne donnèrent pas d'apothécies, mais il obtint des spermogonies. Il est cependant bien regrettable que Moller ne nous donne pas plus de détails techniques sur sa façon de procéder. Bonnier décrit la synthèse de lichens en partant des deux compo- sants et ses expériences ont été considérées comme établissant défini- tivement la théorie de Schwendener, quoique on puisse se demander si la pureté de culture revendiquée par Bonnier soit celle qu'on exi- gerait de nos jours. La théorie de Schwendener est devenue classique, mais, malgré les preuves en sa faveur, elle ne s'est pas imposée sans difficulté. Ce furent surtout les lichénologues systématiciens qui lui firent opposition, car le groupe des lichens était de toute évidence un groupe si naturel et si bien défini qu'il leur semblait impossible d'admettre que les plantes qui le composaient ne fussent que la résultante de la vie en commun de deux êtres très différents et on comprend fort bien leurs scrupules. Le dernier ouvrage s'opposant à la théorie srbwendenérienne est d'ailleurs tout récent. C'est un travail d'ELFViNr, l, paru en 1913. L'auteur veut prouver que, dans certains, cas, il est hors de doute queleshyphes produisent les gonidies. Il nous montre les Cystoeoccus du Parmelia furfuracea et du Physcia pulvérulente/,, les Trentepohlia de VArthonia radiata, le Stigonema de VEphebe pubescens, les Nostoe des céphalodies du Peltidea aphthàsa et du Nephroma arcticum et ceux du thalle du Peltigera. canina, produits sur ou dans des hyphes. Il attribue le fait que Moller n'a pas obtenu de gonidies dans ses thalles de champignon de lichens aux conditions anormales que présentent les expériences de laboratoire, ce qui aurait été également la cause que Moller n'a pas obtenu d'apothécies. Il semble en outre ranger les synthèses de Bon- nier parmi les expériences d'inoculation. Il résume ses recherches en disant que « les gonidies de lichens naissant comme organes du thalle peuvent vivre et se reproduire en dehors du thalle et sont alors des algues. Certaines algues descendent donc des lichens»; mais il ne pense pas que tout ce qu'on appelle Cystoeoccus, Nostoe, Trentepohlia, etc., dérive des lichens. Cependant les figures du mémoire d'ELFViNG ne sont guère convaincantes et nous aurons l'occasion, à la lin de ce travail, de revenir sur les idées de cet auteur. 1 Elfving. Untersuchungeu iiber die Flechtengonidien. Acta Societatis Scientiarum Fennicœ, XLIV, 11° 2 (1913). CHAPITRE II Les relations entre les deux composants Les botanistes ayant admis L'idée de la vie en commun d'un champi- gnon et d'une algue dans les lichens se sont alors trouvés devant un nouveau problème, la question des relations entre les deux compo- sants. Quel était le lien entre ces deux êtres si disparates, leur permet- tant de former un ensemble dont les qualités différaient à ce point de celles des composants? La question est difficile à résoudre, comme nous pouvons le déduire du fait que les trois théories possibles à ce sujet ont trouvé t\os défen- seurs. On peut supposer en effet : 1° que le champignon est parasite sur l'algue; 2° ou bien que les avantages de chacun des constituants sont égaux ; 3° ou enfin que l'algue est parasite sur le champignon; en comprenant toujours le mot «parasitisme» dans un sens très large, à savoir qu'un des composants retire de l'association plus d'avantages (pie l'autre. Nous allons passer en revue les arguments de quelques défenseurs de chacune de ces théories en insistant un peu sur cette controverse, parce que les différentes opinions n'ont jamais été réunies ensemble et que nos recherches ont porté sur le même objet. I. Comme nous l'avons vu plus haut, selon l'avis de Schwendeneu, il s'agit de parasitisme du champignon sur l'algue. Les algues sont les 378 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÉ GENÈVE (6) esclaves, le champignon le maître. Schwendener n'entre pas dans le détail de ces rapports au point de vue physiologique, mais il est pro- bable que, selon sa pensée, l'algue assimilait la nourriture carbonée pour le champignon et pour elle-même, le champignon n'ayant qu'à transmettre l'eau et les sels du substratuin et, ainsi, le travail de l'algue lui semblait plus considérable que celui du champignon. A un autre endroit de son mémoire, Schwendener note cependant que certains champignons de lichens sont des parasites doubles, à la fois algophy- tes et épi-, endo-, ou saprophytes; en d'autres termes : l'algue est incontestablement le fournisseur principal de la nourriture carbonée, mais le fait qu'il y a des lichens qui ne peuvent vivre que sur certains milieux organiques bien déterminés, montre que le substratuin inter- vient également dans ces cas pour fournir l'aliment carboné. Bornet1 adopte la manière de voir de Schwendener et remarque que « la théorie du parasitisme explique l'origine des gonidies mortes qu'on trouve dans toutes les parties des lichens, au milieu de la couche corticale, ainsi que dans la profondeur de la couche médullaire». Il a vu cependant que «dans certains cas, la végétation des algues paraît singulièrement activée par l'hypha. C'est ce qu'on peut conclure (}u développement tout à fait insolite que prennent les colonies de Glœo- capsa, les frondes des Stigonema, etc., transformées en Ompkalaria, Synalyssa, Ephebe, etc. ». ïÏ'lnfstùck2 fait ressortir l'avantage suivant que trouve le champi- gnon à s'associer avec l'algue : le champignon, dit-il, ne saurait, sans l'algue, produire les différents acides Helléniques qui permettent à de nombreux lichens de pénétrer dans les roches les plus dures pour y vivre. Le fait que certaines autres substances (pariétine) ne sont pro- duites par des champignons de lichens qu'en présence de l'algue a été démontré expérimentalement par Tobler3 et Frank4 a trouvé que chez YArthonia vulgaris la présence de la gonidie est indispensable pour la production d'apothécies par le champignon ; cette observation de Frank explique peut-être l'insuccès de Môller sur ce point. Frank insistant sur le fait que l'association des deux composants des lichens 1 Boknet. (1873i. 1. c, 54 et 52. 2 Funfstuck. In Englek-Pkantl : Die Katuriichen Pflanzenfamilien, I. Teil, Abt. 1* <1898). 15. , , 3 Tobler. Das physikalische Gleicligewicht von Filz und Alge in den Flechten. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXVII (1909), 421. 4 Frank. Ùber die biologischen Verhâltnisse elniger Krustenflechten. t'ohn's Tleitriïge sur Biologie, 11 '1877). (7) A. LETELLIER. QUELOUES GONIDIES DE LICHENS 379 aboutit, dans la plupart des cas, à une nouvelle individualité, a proposé le nom d'« homobium » pour caractériser l'association de deux êtres qui s'unissent en un seul individu et qui se rendent réciproquement des services indispensables. Warming1 se prononce également pour la théorie du parasitisme du champignon sur l'algue; il trouve que, même si au point de vue nour- riture, l'apport est à peu près égal de chaque côté, il n'y a cependant pas réciprocité si on envisage les avantages en général. En effet, le champignon a besoin de l'algue, celle-ci, au contraire, peut et préfère vivre seule. La grandeur et l'activité de croissance des gonidies pour- raient être dues à une hypertrophie maladive. L'argument que l'algue serait protégée contre la sécheresse par le champignon serait de peu de valeur vu que ces algues supportent bien la sécheresse et que les lichens se dessèchent parfois complètement. En outre, l'algue est empêchée de se reproduire par zoospores. Le champignon serait un parasite d'une espèce particulière, différant des parasites ordinaires parce qu'il héberge sa victime dans son corps et lui fournit une partie de sa nourriture; Warming a nommé ce parasitisme particulier de V« hélotistne ». Bonnieh2 croit aussi « à une sorte de parasitisme atténué du cham- pignon sur l'algue, car celle-ci ne semble pas recevoir du champignon autant de services qu'elle lui en rend». En effet, elle doit lui fournir I»' carbone, ce qui permet aux lichens de vivre là où les champignons ordinaires ne le pourraient faire et, par cela, elle est d'une incontes- table utilité. Il a cependant remarqué «que les algues atteintes par les hyphes s'accroissent plus et se multiplient plus vite que les algues libres»; mais, comme les gonidies sont ordinairement déformées et (pie leurs appareils de reproduction ne se forment pas, il compare «l'accélération de croissance produite par le contact des hyphes aux excroissances provoquées sur certaines plantes par la présence d'un parasite. A un autre point de vue, il est cependant incontestable que le champignon protège l'algue contre la dessication ». En 1910, paraît un travail de DANiLO\v3qiii défend l'idée de ce para- sitisme poussé à l'extrême. Les figures nous montrent le champignon 1 Warming. Lehrbuch der œkologïschen Pflanzengeographie (1902), 103. ! Bosnier et Leclerc du Sablon. Cours de Botanique, Paris (1905), 1798. 3 Danilow. Ûber das gegenseitige Verliâltniss zwi.schen den Gonidien und dem Pilzkomponenten in der Flechtensymbiose. Bulletin du Jardin impérial de botanique de Saint-Pétersbourg, X (1910), 33. s 380 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) attaquant et finalement tuant les gonidies au moyen d'un réseau de filaments suceurs. L'auteur conclut de ces observations « qu'il est im- possible d'admettre que les fonctions du champignon et de l'algue concordent au point que les produits superflus de l'activité de l'un des composants comble les lacunes de l'autre, comme l'exige la théorie de la symbiose mutualiste; les rapports sont, sans aucun doute, antago- nistes et reposent sur le parasitisme du champignon sur l'algue ». Danilow lait encore l'intéressant rapprochement suivant : certaines portions des filaments suceurs intracellulaires joueraient peut-être le rôle du mycoplasma d'EmKSON1. Peut-être que les gonidies, déjà en sortant de l'algue mère et en quittant le champignon, portent dans leur protoplasma un embryon protoplasmique du champignon et qu'elles sont ainsi le berceau de leur propre parasite. Enfin Treboux2 accepte la théorie de l'hélotisme de Warming, car. eu comparant des Cystococcus gonidies à des Cystococcus libres, il trouve que les premières se reproduisent beaucoup plus lentement et présen- tent un aspect maladif, ce qui ne peut provenir que de l'action du champignon. 11. Passons maintenant à la seconde hypothèse, celle des avantages égaux des deux côtés. Déjà en 1872, Iîeinke3 défend l'idée que les avantages des deux composants sont réciproques. Il appelle le lichen un «consortium » et il compare les rapports entre l'algue et le champignon à ceux existant entre les feuilles et les racines d'un arbre. C'est aussi l'avis de de Baby4 qui s'exprime ainsi : « Le champignon est l'hôtelier et la fixation au substratum lui incombe; l'algue est l'hôte. L'hôtelier a besoin de l'hôte pour vivre, ainsi qu'il arrive souvent dans la vie. Aussi l'hôte est-il traité avec tous les soins possibles et sa crois- sance, nullement retardée, mais au contraire favorisée, suit régulière- ment celle de l'hôtelier». De Baby range les lichens parmi les cas de symbiose m utualiste . 1 Erikson. Voir par exemple : uber das végétative Leben der Getreidepilze. Kungl. Svenska Vetenskap-Akademiens Handlingar, 38, n° 3 (1904). 1 Treboux. Die frei lebende Alge und die Gonidie Cystococcus humicola in Bezug auf die Flechtensymbio.se. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXX (1912), 69. * Reinke. Abhandlungen uber Flechten. Prîngsheim's Jahrbiicher fur wissenschaft- liche Botanik, XXVI (1894). 4 De Barv. Die Erscheinung der Symbiose. Strasbourg (1879). <9) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS S. S Van Tiegiiem1 croit aussi à une association à avantages réciproque Il suppose, entre autres rapports, que l'algue prend au champignon une partie des matières azotées et albuminoïdes qu'à l'aide des hydrates de carbone (formés par l'algue), il sait créer plus rapidement qu'elle. III. Enfin, la troisième théorie, celle du parasitisme de l'algue sui- te champignon, a surtout pu s'appuyer sur un certain nombre d'expé- riences que nous allons exposer. Beijerinck2 ne réussissant pas à cultiver le Cystococcus, gonidie du Physcia parietim, avec de l'azote nitrique ou ammoniacal additionné de sucre, mais seulement avec de l'azote peptique, suppose que la nutrition des lichens se fait ainsi : Pascomycète est un champignon se nourrissant de l'azote ammoniacal et de sucre; ce sucre et cet azote ammoniacal produisent le protoplasma du champignon et dans celui-ci des peptones qui diffusent à l'extérieur et rendent possibles, avec l'anhydride carbonique, la croissance et la formation de sucre du Cys- toeoccus humicola. Il croit que, pour les Cystoeoccus libres également, la peptone est une nourriture indispensable. Ces recherches furent continuées par Artari3 qui fit d'intéressantes expériences physiologiques comparées sur certaines gonidies et des algues libres. Les résultats lui montrèrent que les premières se dis- tinguent des algues libres par leur préférence pour la peptone comme source d'azote ; c'était la preuve que dans les lichens l'algue reçoit des substances peptiques du champignon. Van Tiegiiem, Beijerinck et Artari défendent donc l'idée que l'algue dépend du champignon pour sa nourriture azotée. Mais on est allé plus loin et on a voulu la considérer comme parasite même poul- ie carbone. Il y a lieu, à ce propos, de rappeler les expériences de Bonnier et Mangin4 qui ont montré que chez le Cladonia rangiferina, YEvernia prunastri, le Parmelia caperata et le Pelti(/cra couina, l'action chloro- phyllienne de l'algue ne compense pas la respiration de l'algue et du 1 Van Tieohem. Traité de Botanique, Paris (1884), 1089. - Beijerinck. Kulturver'suche mit Zoochlorellen, Lichenengonidien und anderen niederen Algen. Botani&che Zeitung (1890). 3 Artari. 1. Ûber die Entwicklung der griinen Algen uuter Ausschluss der Be- dingungen der CO2 Assimilation. Bulletin des Sciences naturelles, Moscou (1899). - 2. Zur Frage der physiologischen Rassen einiger griinen Algen. Ber. d. deutsch. bot Ges.. XX (1902), 172. u . 4 Bonnier et Mangin. Sur les échanges gazeux entre les lichens et 1 atmos- phère. Bulletin de la Société botanique de France (1884), 118. 382 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) champignon et ces auteurs en concluent que « ce n'est pas à l'air que les lichens empruntent tout le carhone qui leur est nécessaire. Il reste à déterminer si c'est à des matières organiques attaquées par les hyphes ou à l'anhydride carbonique dissous dans l'eau que ce carbone est emprunté». Cependant, les essais de ces deux savants n'ont pas été confirmés par d'autres expériences faites plus tard par Jumelle1. Cet auteur a étudié ces mêmes lichens et beaucoup d'autres et il a trouvé que « chez tous les lichens, au moins dans certaines conditions, l'assi- milation peut, à la lumière, prédominer sur la respiration. L'algue semble, par suite, suffire [tour fixer dans la plante, aux dépens de l'atmosphère, le carbone nécessaire; le lichen est, sous ce rapport, indépendant du substratum. L'intensité assimilatrice varie toutefois énormément suivant l'espèce considérée. Relativement forte, en géné- ral, dans les lichens fruticuleux et foliacés, elle peut, chez la plupart des lichens crustacés, devenir si faible que le dégagement d'oxygène n'est plus observable qu'à un fort éclairement». Tobler2 se range également parmi ceux qui admettent que l'algue reçoit une partie de son carbone du champignon. De prime abord, dit- il, le saprophytisme du champignon des lichens terricoles et corticoles est cliose fort probable; il rappelle, à ce propos, des observations de Kitting3 qui a étudié un Slrigula épipliylle et montré que les deux composants de ce lichen, le champignon et la chroolépidée gonidie (Cephaleuros mycoidea) sont parasites dans le tissu des feuilles. Cette chroolépidée est d'ailleurs parasite également à l'état libre. Tobler fait ensuite valoir la mauvaise situation de l'algue dans le thalle en vue de l'assimilation de l'anhydride carbonique et de la res- piration. Enfin, invoquant les expériences de ïreboux4, qui a montré 0,33 KC1 0,08 Mg S04 0,08 KH2 P04 0,08 Fe Cls traces Agar 15 et contenus dans des vases d'Erlenmeyer de cent centimètres cubes. On laisse refroidir ces milieux jusqu'à une température un peu supé- 1 Chodat. (1913), 1. c, 193. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-9, paiMlS le 30 lïiaiN 1918. 3 386 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) rieure au point de solidification de l'agar et puis on les ensemence, en prélevant, au moyen de l'anse de platine, une ou deux gouttes des dernières éprouvettes. Sur ces milieux peuvent apparaître bientôt des Pénicillium, des levures, des Mucoiïnées, des Fungi imperfecti, des bactéries, etc., plus tard, des colonies d'algues épipbytes et les gonidies. On peut admettre que ces colonies d'algues proviennent chacune d'un seul individu. Les gonidies formeront ordinairement un plus grand nombre de colonies que les algues épipbytes. Si une colonie est bien isolée, on peut la prendre et un repiquage sur milieu sucré montrera si elle est bien libre d'autres organismes. Si ce n'est pas le cas, il faudra procéder à un second triage par dilution. La mise en culture pure d'une gonidie dure au moins deux mois, généralement plus longtemps. CHAPITKK III PARTIE EXPÉRIMENTALE Nostoc Peltigerae Leteilier N° 169 de la collection Les Cyanophycées sont 1res souvent gonidies de lichens. On trouve, d'après Zahlbruckner ', des Nostocacées chez certaines Pyrènidiacées, Collémacées, Pannariacées, Peltigéracées et Stictacées. Nous avons isolé d'un Peliigera (soit Peltigera eanina, soit Peltigerq horizontalis, la détermination spécifique de l'échantillon a été malheu- reusement perdue), le Nostoc qui en est la gonidie. Il semble d'ailleurs que la détermination spécifique ait peu d'importance, car les spores des champignons des deux espèces s'y cramponnent en germant, quand on ensemence spores et Nostoc sur des plaquettes de porcelaine dégour- die qui trempent dans un liquide nutritif. 11 est difficile d'obtenir une culture pure de Cyanophycées et on2 conseille ordinairement l'emploi de plaques de porcelaine dégourdie ou de milieux à silice pour faciliter le triage. Nous avons cependant réussi à obtenir ce No.stoc en culture absolument pure sur des milieux de Detmer au tiers sans sucre agarisés et simplement eu repiquant A plusieurs reprises des extrémités en pleine croissance. 1 Zahliskucknek. In Enui.er-Prantl : Die NatUrlichen Pflanzenfamilien, I. Teil Abt. 1* (1898). 2 Chodat et Goldfluss. Note sur la culture des Cyanophycées. Bulletin de l'Her- bier Boissier, V, no n (1897) 388 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (46) Assimilation azotée Nous avons d'abord étudié l'assimilation azotée de notre algue. Pringsheim1 a déjà fait de nombreuses expériences avec un Nostoc et trouvé que la nourriture azotée organique ne convient guère à ces Cyanophycées. Nous avons pu confirmer ses vues; en effet, si on rem- place par de la peptone le nitrate de calcium qui se trouve dans le milieu de Detmer sucré, on constate que le Nostoc meurt dès que la concentration de peptone dépasse 0,1 °/o à la lumière comme à l'obscu- rité. Même de l'azote en combinaison organique plus simple, tel que le glycocolle, ne peut servir; l'algue pâlit et meurt sur un tel milieu. De même le Nostoc ne peut vivre sur un milieu de Detmer au tiers sucré et solidifié par de la gélatine, ni à la lumière, ni à l'obscurité. Il liquéfie fortement la gélatine; les cellules deviennent petites, jaunâtres et se désagrègent; la cyanophycine en sort et teinte en violet la gélatine liquéfiée. Tous ces phénomènes sont plus marqués à l'obscu- rité qu'à la lumière. Pringsheim nous dit que son Nostoc \it longtemps sur gélatine sans croître, il ne parle pas de liquéfaction. Ajoutons que l'azote ammoniacal a la même valeur que l'azote nitrique. Assimilation carbonée Les expériences entreprises pour étudier l'assimilation carbonée de notre Nostoc nous ont donné des résultats intéressants et fort inattendus. En général, les Cyanophycées ne peuvent guère se servir de surre comme source de carbone. Bouilhac2 a observé qu'une dose de glucose supérieure à 1 °/° faisait périr un Nostoc panel 'i forme qu'il étudiait. Pringsheim, à propos de ses expériences déjà citées, dit, en parlant des monoses comme source de carbone, que le Nostoc ne profite guère de ces sucres; seuls le galactose et l'arabinose en faible concentration (0,05; 0,1 ; 0,2 °/o) ont un effet favorable, effet qui ne se fait sentir qu'après un temps assez long. Quant aux bioses et aux polyoses, il trouve que seulement le saccharose, le maltose, la dextrine et le glyco- 1 Piungsheim. Kulturversuche mit chlorophyllfulu-enden Microorganismen, III. Mitteilung. Zur Physiologie den Schizophyceen. C'ohn's Beitr. s. Biologie, 12 (1914). 57. 2 Bouilhac. Recherches sur la végétation de quelques algues d'eau douce. Thèse, Paris (1898). (17) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 389 S s gène, à des concentrations de 0,02 à 0,05 °/o, accélèrent faiblement aprè un certain temps la lente croissance du Nostoc. Pringsheim se servait de cultures liquides. Chodat a également trouvé qu'une Oscillatoriée (Oscillatoria amphibia) qu'il a en culture pure, ne se développait pas sur les milieux sucrés. Nos expériences avec le Nostoc Peltigèrœ ont donné des résultats tout autres. Cultivé d'abord comparativement sur un milieu de Detmer au tiers agarisé sans sucre et, sur le même milieu avec 20°/o de glucose (miel), la quantité d'algues sur le milieu sans sucre était, après deux mois, beaucoup moins considérable, que sur le milieu sucré (planche, fig. A et fi). La grandeur et l'aspect clés cellules, examinées au micro- scope, sont différents sur les deux milieux; sans sucre, les cellules ont eu moyenne 3à4/« de longueur (planche, fig. C et D) et leur couleur est bleuâtre; avec sucre, leur longueur esl de 5« en moyenne, leur couleur plus jaune-vert et on voit souvent, dans ce cas, des granulations brillantes à l'intérieur des cellules. En général, la gaine es! peu développée quand les cellules sont bien portantes. Dans le thalle du lichen les cellules ont une longueur moyenne de 5 u. En étudiant l'influence de différents sucres à différentes concentra- tions, nous avons trouvé, après deux mois, que leur valeur était la suivante en ordre décroissant : glucose 2 °/o glucose 1 °/o mallose 1 °/o saccharose l°/o galactose l°/o mallose 2 °/o saccharose 2 °/o galactose 2 °/o Ce n'est guère que dans les deux derniers cas où le développement n'est pas favorisé par le sucre. Après cinq mois cet ordre change et nous avons constaté que : Sur maltose 1 °/° et saccharose 1 °/o, la couleur est normale et la croissance très vigoureuse. Sur glucose 1 °/o, la croissance est arrêtée et la couleur jaunit. Sur galactose 1 °/o, la décoloration croît. Sur glucose 2 °/o, maltose 2 °/o, saccharose 2 °/o et galactose 2 %, la décoloration est complète. 390 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) Il en résulte qu'au moins pendant deux à trois mois, le Nostoc Peltigerœ non seulement supporte, mais profite de quantités de naonoses et de bioses beaucoup plus fortes que celles que supportent les Cyanopbycées en général. Ajoutons que, même après six cà sept mois, les sucres plutôt difficilement assimilables en faible concentration ( maltose 1 °/o, saccbarose 1 °/°)> entretiennent une croissance bien plus active que dans le cas où L'algue est réduite à l'assimilation de l'anhy- dride carbonique seul. Ce sont les plus vigoureuses cultures que nous ayons jamais obtenues. Le pouvoir de croître à l'obscurité dépend évidemment de la facilité avec laquelle une algue supporte le sucre. Bouiliiac a pu cultive)' son Nostoc à l'abri de toute lumière, mais il trouve qu'une température de 30° est indispensable dans ce cas. Pbingsueim n'a pas réussi à cultiver son espèce à l'obscurité complète. Nous avons essayé de cultiver notre iVos/oc-gonidie à l'obscurité, sur un milieu sucré, à la température ordinaire et avons constaté que la croissance y est beaucoup plus lente qu'à la lumière; mais, qu'après cinq mois, la colonie couvre presque toute la surface du milieu de culture. Examinées au microscope, les cellules sont de grandeur et de couleur normales, leur gaine est cependant fortement développée. Nous avons encore essayé de cultiver cette algue dans un milieu liquide. Le Nostoc y forme d'abord un voile vert, mais supporte mal ce milieu. Après quelques mois, le voile cesse de croître et blanchit; la cyanophycine, sortie des cellules mortes, donne alors une magnifique couleur bleue à fluorescence rouge au liquide. Ces expériences de nutrition nous ont donc appris que la nourriture azotée doit être présentée au Nostoc sous une forme inorganique comme aux autres Cyanopbycées étudiées à ce point de vue. Cependant, le fait qu'il possède des ferments protéoh tiques lui permettant de liquéfier la gélatine, indique une tendance parasitique et, par sa préférence pour la nourriture sucrée, le Nostoc Peltigerœ se montre franchement plus parasite que les autres algues bleues pour le carbone. Influence !•: LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) inar, Cystococcus Cladonise pyxidatsa et Cystococeus cohaerens, tapeptone favorise la croissance et cela proportionnellement à sa quantité dans les limites de l'expérience; que la croissance est à peu près la même à la lumière et à l'obscurité et que la couleur des colonies est toujours un peu plus foncée à la lumière. Par contre, le Cystococeus maximus peul moins facilement utiliser la peptone; ses colonies sont toujours plus petites que celles des autres algues (planche, fig. E) ce qui n'est pas le cas sur des milieux à nitrate; cependant leur taille augmente avec le pourcentage en peptone. La ligure 2 montre en outre que les cellules Pig. 3. — Cystococcus maximus Chocl., sur milieu de Detmer au tiers agarisé et sucré contenant 1 % de peptone ; culture âgée de six mois; le trait = 50 ». du Cystococcus Xanthoriœ parietinse ont un aspect assez normal sur les milieux à peptone; la figure 3 montre que celles du Cystococeus maxi- mu* sont malades sur ces milieux; que leur chromatophore est ratatiné et qu'on y voit de grosses gouttes réfringentes. Nous avons également cultivé ces quatre algues sur des milieux de Detmer au tiers sucrés et solidifiés par la gélatine. Les expériences ont été laites à la lumière et à l'obscurité. En examinant les cultures après trois mois, on voit que les Cystococcus libres ne liquéfient pas la gélatine; la gonidie du Xanthoria parietina liquéfie très fortement; le (27) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 399 Cystococcus Cladonise pyxidatse, moins fortement. La colonie du Cysto- coccus maxlmus se fait remarquer par sa petit*' taille à l'obscurité, les autres colonies ont à peu près les mêmes dimensions à la lumière et à l'obscurité. Les colonies sont un peu plus pâles à l'obscurité qu'à la lumière. Pour terminer la question de l'azote, il nous restait encore à comparer la valeur de l'azote pep tique et de l'azote ammoniacal pour examiner l'affirmation de Treboux1 que l'azote ammoniacal convenait mieux que l'azote peptique aux gonidies du Xanthoria parietina. Nous avons cultivé le Cystococcus Xflnthoriœ parietinss et le Cystococcus maximus sur des milieux de Detmer au tiers sucrés et agarisés, contenant une même quantité d'azote sous forme soit de peptone, soit de chlorure d'ammonium. Ces expériences ont montré qu'après un mois, la colonie du Cystococcus Xanthorise parietinss est plus développée sur peptone et, qu'au contraire, celle du Cystococcus maximus est plus vigoureuse sur le chlorure d'ammonium. Il est donc clair que le Cystococcus Xanthorise parietinse préfère la peptone aux autres sources d'azote et nous ne pouvons, sur ce point, confirmer les résultats de Treboux. Assimilation carbonée Nous avons encore étudié l'assimilation carbonée de quelques Cystococcus en voulant vérifier les expériences de Treboux2 mention- nées au début de ce travail. Cet auteur avait trouvé que beaucoup d'algues vertes peuvent vivre à l'obscurité complète, à condition d'avoir à leur disposition des acides organiques. Les partisans de l'idée que les gonidies sont plus ou moins parasites, ont alors naturellement pensé que ces gonidies, tout particulièrement, devaient pouvoir se servir des acides organiques et Tohler3 avait été conduit par des expériences, à conclure que dans le Xanthoria parietina le champignon nourrissait l'algue avec de l'oxalate de calcium. Korniloff4 a essayé la valeur de l'acétate, du tartrate et du citrate de potassium comme source de carbone, ajoutés à t\c± milieux de Det- 1 Treboux. Die freilebende Alge uncl die Gonidie Cystococcus hwnicola in Bezug anf die Flechtensymbiose. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXX (1912), G9. 2 Treboux. Organische Sauren als Kohlenstoffquelle bei Algen. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXIII (1905), 432. 3 Tobler. Das physikalische Gleichgewicbt von Pilz and Alge in den Fleehten. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXVII (1909), 421. : 4 Korniloff. 0913). 1. c KHI BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (28) nier au tiers agarisés, pour la culture du Cystococcus Cladonuc pyxidatse et du Cystococcus Clddonisè furcatœ. Les milieux convenaient très mal aux cultures qui ne périrent pas, mais dont le développement se fit avec une extrême lenteur. Nous avons fait des expériences comparatives avec ces deux gonidies de Cladonia et le Cystococcus cohœrens (malheureusement, au moment de l'expérience, nous n'avions pas encore isolé le Cystococcus Xanthorise parietinœ, mais il est bien probable qu'il se serait comporté comme les autres Cystococcus) sur des milieux agarisés contenant du glucose, de l'acétate onde l'oxalate de potassium ou pas de carbone. Nous avons eu soin de laver aux acides et aux bases notre agar et d'employer, au lieu de milieux de Detmer, un milieu indiqué par Tbeboux lui-même et contenant : (NHé)2 S04 0,033 °/o K2HPO4 0,01 °/o Mg SCu -|- 7 H2 0 0,0025 °/o K2 SOi 0,0025 °/o Fe S04 -f 7 IL» 0 0,0005 °/o plus une quantité de glucose, d'acétate ou d'oxalate de potassium, con- tenant 0,025 de carbone; d'autres milieux, comme nous l'avons dit, ne contenaient pas de carbone. Ces expériences ont été laites à la lumière et à l'obscurité. Les résultats furent les suivants : le glucose esl de beaucoup la source de carbone la plus favorable, à la lumière comme à l'obscurité ; l'acétate et l'oxalate empêchent le développement à la lumière (car les colonies, sur ces milieux, sont plus petites qu'avec l'anhydride carbonique seul) el ne provoquent aucun développement à l'obscurité; le développement esl faible avec l'anhydride carbonique seul à la lumière. Les trois algues se sont comportées de la même manière. Ces résultats montrent clairement que les acides organiques ne peuvent servir de source de carbone à nos Cystococcus et que si les gonidies sont parasites pour le carbone, il faut que le champignon le leur fournisse sous une forme plus complexe, sous forme de sucre par exemple. Résumons ce que nos expériences sur les Cystococcus nous ont appris. 1. Dans les lichens à Cystoeoccus-gomdies, ces Cystococcus sont des races différentes. 2. La facilité avec laquelle différents Cystococcus assimilent la peptone n'est pas un caractère permettant de distinguer gonidies et algues libres » s (29) A. LET£LLIER, QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 401 en effet, les gonidies supportent bien la peptone et Le Cystococeus maximus préfère l'azote inorganique, mais le Cystococeus coheereiis se comporte comme les gonidies. Ce résultat peut expliquer des observa- tions contradictoires, car, en comparant le Cystococeus Xanthorvœ parie- tinsc au Cystococeus maximus, on conclurait, comme Artari, qu'il y a une différence fondamentale dans leur manière de se nourrir; en com- parant le Cystococeus Xanthoriœ parietinsc au Cystococeus eohœrens, on conclurait, comme Treboux, qu'il n'y en a pas. 3. Les gonidies semblent avoir en commun de pouvoir liquéfier la gélatine. 4. Les acides organiques ne peuvent servir d'aliment, ni aux Cystococcus-gonidies, ni aux Cystococeus libres. Les Stichococcus Stichococcus Coniocybes Letellier (N° 135 de la collection) Les Stichococcus sont rarement gonidies des lichens, on en trouve cependant chez les Caliciacées par exemple. Nous avons pu comparer cm Fig. 4. — Stichococcus Coniocybes Let., sur milieu de Detmer au tiers agarisé sans sucre ; le trait = 50 ». différents Stichococcus libres avec un Stichococcus gonidie du Coniocybe furfuracea, isolé il y a quelques années par Mademoiselle D1 Rayss. Les cellules de cette espèce, quand on la cultive sur des milieux de Detmer au tiers sans sucre, sont des bâtonnets droits ou légèrement bulletin de la société botanique de genève, Nos 7-8-9, parus le 30 mars 1918. 4 402 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (30) arqués, d'une longueur de 6 à (J« et d'une largeur de 3u en moyenne et on voit bien le chromatophore en forme de plaque sur un des côtés de la cellule (iïg. 4). Si le milieu est sucré, les bâtonnets sont un peu plus grands et contiennent des gouttelettes réfringentes. Les colonies, sur ce même milieu, forment des disques brillants, verts, atteignant un diamètre de douze millimètres après quatre mois. Quand elles pâlissent. on voit des stries rayonnantes foncées sur les disques d'un vert plus clair. Dans le thalle du lichen, l'algue a environ 5 ;i de longueur. Neubner1 fut le premier à étudier les gonidies des Caliciaeées. Il trouva trois espèces d'algues comme gonidies chez ces lichens, le Cystococcus humicola, le Pleurococcus vulgaris et le Stichococcus bacillaris. Ses observations Font amené à des conclusions assez curieuses : il pense que les Pleurococcus se transforment dans le thalle de ces lichens en Stichococcus sous l'influence mécanique des hyphes; celles-ci soid placées parallèlement les unes aux autres et, comprimant latéralement les Pleurococcus sphériques et les forçant à se diviser toujours dans le même sens, produisent finalement une file de cellules cylindriques, c'est-à-dire des Stichococcus. Par conséquent, il faudrait ranger les Pleurococcus et les Stichococcus dans un même genre. Neubner nous informe encore qu'en dehors du thalle, les Stichococcus peuvent redevenir des Pleurococcus ou bien rester des Stichococcus et que, dans ce dernier cas, nous sommes en présence d'un bel exemple d'hérédité des caractères acquis. FùNFSTùCK et Zahlbruckner2 admettent également cette théorie et le premier rapproche cette mécanomorphose de celle qui produit les gonidies hyméniales. Cependant, les Pleurococcus semblent assez éloignés systémati- quement (U^ Stichococcus et il n'est guère possible d'admettre pareille transformation d'un genre en un autre, d'après nos conceptions actuelles. Les auteurs appellent généralement Slichococous bacillaris Nseg. la gonidie des lichens à Stichococcus. .Mais notre plante n'est pas la même que le Stichococcus bacillaris. Nous verrons qu'il y a de grandes diffé- rences physiologiques entre ces deux algues et il y en a aussi de mor- phologiques. En effet, les cellules du Stichococcus bacillaris sont, en général, plus courtes et plus larges que celles du Stichococcus Conio- cybes sur milieu sans sucre; les colonies du Stichococcus bacillaris sont 1 Neubner. Beitrag-e zur Kenntni.ss (1er Calicieen. Flora (1883). s Funfstuck et Zahliîruckner. In Englee-Peantl : Die natûrlichen Pflanzenfami- lien, I. Teil, Abt. 1* (1898), 17 et 79. C31) A. LETELLIER. QUELQUES GÔNIDIES DE LICHENS 403 plus grandes que celles du Stichococcus Coniocybes et jaunissent plus vite sur milieu sucré en commençant par la périphérie (examen après quatre mois). Assimilation azotée Artari1 a fait des expériences avec le Stichococcus bacillaris et a vu que cette algue peut se nourrir tout aussi bien de nitrate d'ammonium que de peptone. Il n'a pas étudié de Stichococcus-gom&ies, mais il sup- pose que, dans ce cas, on observerait une préférence pour la peptone d'après sa théorie que les gonidies se distinguent des algues libres semblables par leur préférence pour la peptone. Pour examiner cette idée, nous avons comparé à la gonidie quatre Stichococcus libres. Stichococciis dubius Chod. (N° 59 de la collection) Stichococcus bacillaris Nseff. (N° 16 S' » Stichococcus minor Chod. (JN° 17 » ) Stichococcus viscosus Let. (N° 14-0 » ) Les cultures ont été faites sur des milieux de Detiner au tiers sucrés et agarisés contenant de 0,1 à 1 °/° de peptone, placés soit à la lumière, soit à l'obscurité, avec les résultats suivants : la taille des colonies est à peu près la même a la lumière et à l'obscurité et 0,5 °/o de peptone est la concentration la plus favorable. La couleur augmente avec le pourcentage en peptone et est, comme toujours, un peu plus foncée à la lumière qu'à l'obscurité. Sur tous les milieux, les colonies du Sti- chococcus dubius et du Stichococcus bacillaris sont beaucoup plus gran- des que les trois autres colonies qui ont à peu près la même taille (planche, fig. F). Cependant, sur les milieux où l'azote est fourni par un nitrate, les colonies des cinq Stichococcus sont à peu près de la même grandeur (la colonie du Stichococcus bacillaris est un peu plus grande que les autres). Le diamètre des colonies sur ce milieu est, pour les Stichococcus dubius et Stichococcus bacillaris, plus petit que sur les milieux à peptone ; pour les Stichococcus Coniocybes, Stichococcus minor et Stichococcus viscosus, plus grand que sur les milieux à peptone. ' Aktari. Zur Ernahrungsphysiologie «1er griinen Algen. Ber. d. deutsch. bot. Gex., XIX (1901), 7. AOi BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (32) La déformation des cellules du Stichoeoccus (loniocybcs (fig. 5) par ces milieux montre bien que cette gonidie supporte mal la peptone. Sur les milieux gélatinisés, le Stichoeoccus dubius et le Stichoeoccus bacillaris se distinguent de la même manière par la grandeur de leurs colonies. Nous avons enfin comparé la croissance du Stichoeoccus 0 O O i Fig. 5. — Stichoeoccus Coniocybes Let.. sur milieu de Detmer au tiers agarisé et sucré, contenant 1 °/„ de peptone ; culture âgée de six mois; le trait = 50 tJ.. bacillaris sur milieux à azote ammoniacal (NHU Cl) à celle sur milieu à peptone. La taille de la colonie sur les deux milieux est à peu près la même ; ceci confirme l'expérience d'ARTARi qui avait trouvé que le nitrate d'ammonium avait la même valeur que la peptone. Ces expériences sur les Stichoeoccus nous montrent donc que dans ce genre quelques espèces qui ne sont pas des gonidies se distinguent d'autres espèces dont une est gonidie par la facilité avec laquelle elles absorbent la peptone et nous pouvons en tirer la même conclusion que de nos essais avec les Cystococcus, à savoir que l'assimilation de la peptone n'est pas un caractère permettant de distinguer gonidies et algues libres. (33) A. LETELL1ÉR. QUELQUES GOMMES DE LICHENS 405 Les Coccomyxa Des Coccomyxa sont les goriidies d'un certain nombre de lichens, en particulier de la famille des Peltigéracées. Nos expériences ont porté sur la comparaison de l'assimilation azo- tée et carbonée de quelques espèces dont trois sont des gonidies de Solorina (fig. 6), les autres des Coccomyxa libres. C3 O \= e Fig. *>. — Coccomyxa Solorinae saccatœ Chod. sur milieu de Detmer au tiers agarisé, sans sucre: le trait = 50 «. Déjà Chodat1 a indiqué que les Coccomyxa isolés de lichens sont, de tous les Coccomyxa de diverses provenances, ceux qui gardent avec le plus de ténacité la couleur verte de leurs cellules lorsqu'on les cultive en présence de matières organiques. Si les autres Coccomyxa blanchis- sent à la longue sur des milieux sucrés, cela n'est cependant pas un signe de dégénérescence, puisque la croissance reste très active, mais indique probablement une disproportion entre l'azote et le carbone à leur disposition. Dans ce cas, les algues absorbent beaucoup de carbone 1 Chodat. Monographies d'algues en culture pure (1913), 224. •400 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (34-) facilement assimilable et la production de la chlorophylle, devenue moins utile, est ralentie par le manque relatif de substances azotées qui toutes sont employées pour former du protoplasma. Assimilation azotée Four l'étude de l'assimilation azotée, nous avons d'abord cultivé neuf espèces, dont trois gonidies, sur des milieux de Detmer au tiers sucrés, solidifiés par de la gélatine, à la lumière et à l'obscurité. Nous avons constaté que les colonies des trois gonidies ont commencé par blanchir; puis elles sont redevenues aussi vertes que les autres après quatre à cinq semaines à la lumière, après neuf à dix semaines à l'obs- curité. Le verdissement commençait a l'intérieur du milieu. Nous avons ensuite cultivé les trois gonidies avec deux Coccomyxa libres sur des milieux de Detmer au tiers sucrés où l'azote était fourni par de la peptone à raison de 0,1 à 1 °/o, avec les résultats suivants : la grandeur des colonies est à peu près la même à la lumière et à l'obs- curité; elle augmente proportionnellement à la quantité de peptone et les colonies des gonidies sont toujours un peu plus petites que les autres, surtout sur les milieux à fortes doses de peptone. Assimilation carbonée Nous avons ensuite étudié comparativement l'assimilation du carbone de ces neuf espèces en les cultivant sur des milieux de Detmer au tiers, agarisés, contenant 2 °/o d'un des hydrates de carbone suivants : galac- tose, saccharose, maltose ou glucose. Après quatre mois, toutes les colonies sont d'un même vert foncé sur le galactose. La couleur est la même que sur un milieu ne contenant pas de carbone, mais les colonies sont plus grandes. Chodat1 indique que ses expériences lui ont tou- jours montré que le galactose, probablement à cause de sa configura- tion stéréochimique, se comporte autrement que les autres sucres et ne diminue pas la production de la chlorophylle. Avec les autres sucres, 1 Chodat. (1913), 1. c, 99. (35) A. LETELLIËR. QUELQUES GONIDIES l)K LICHENS 407 glucose, maltose et saccharose, après plusieurs mois, on voit bien la tendance des gonidies à conserver la couleur verte plus longtemps que les autres Coccomyxa. Il semble donc que, dans ce cas, les gonidies se servent moins de ces sucres que les algues libres et sont donc moins saprophytes qu'elles. Il résulte de ces expériences que les Coceom^a-gonidies sont plutôt moins parasites que les Coccomyxa d'autre provenance. Elles suppor- tent mal la gélatine au début, semblent moins bien pouvoir se nourrir de peptone et assimilent moins facilement le sucre que les Coccomyxa libres. Il est très intéressant de voir que sur tous les milieux les goni- dies forment toujours un groupe à part. CHAPITRE IV CONCLUSIONS Les résultats de nos recherches peuvent se résumer ainsi : nous avons trouvé que : a) le Nostoc Peltigerœ se distingue des Cyanophycées libres étudiées jusqu'ici, par son pouvoir d'assimiler facilement différents sucres et par ses ferments protéolytiques. b) Parmi les Cystococçus, les gonidies de différents genres de lichens sont des races différentes; elles assimilent de préférence la nourriture organique; les Çystàcoccus libres peuvent se comporter de même ou préférer une nourriture azotée inorganique. ej Les Stic/wcoccus gonidies semblent moins parasites que certains Stichococcus libres pour leur nutrition azotée. (I) Dans le groupe des Coccomyxa, les gonidies préfèrent une nour- riture inorganique tant carbonée qu'azotée. Nous croyons pouvoir, de ces faits, tirer les conclusions suivantes : I. Il n'existe aucun caractère distinctif constant entre les gonidies et les algues semblables libres. Tantôt ce sont les gonidies, tantôt les algues libres qui préfèrent une nourriture organique, ce qui montre clairement que les rapports physiologiques entre champignons et algues des lichens ne sont pas toujours les mêmes et ne peuvent se résumer en un mot tel que hélotisme, consortium, etc. Même les conclusions sur ces rapports, tirées du substratuin où vit le lichen, ne sont pas toujours exactes. En effet, il est tout naturel de penser que dans les lichens enfoncés dans la pierre et où le champignon (37) A. LETELLIER. QUELQUES G0N1DIES DE LICHENS 109 ne trouve guère de substance organique, c'est L'algue qui est le four- nisseur principal de carbone. Cette supposition a d'ailleurs trouvé un appui expérimental dans une étude faite par Chodat 1 sur le Coccobolrys gonidie du Verrucaria nigrescens, qui ;i montré «pic cette gonidie de lichen saxicole ne supporte pas les milieux sucrés; elle se multiplie d'une façon exagérée sur ces milieux, mais se décolore déjà au bout de deux mois et meurt. De même que certaines plaides calcifuges ne sup- portent pas les milieux calcaires parce qu'elles y absorbent trop de calcaire, de même celle algue meurt sur les milieux sucrés parce qu'elle absorbe trop de sucre. En outre, le Coccobolrys Verrucariae ne peut pas se développer à l'obscurité. Le Verrucaria nigrescens serait donc un lichen où le champignon est parasite sur l'algue. De même les Cystococcus des Cladonia et du Xanthoria préfèrent une nourriture organique, ce qui indiquerait que le champignon de ces lichens vit en saprophyte sur l'humus de la terre et de l'écorce et que l'algue s'en remet en partie ;'i lin pour la fourniture du carbone, el parlerait en faveur d'un certain parasitisme de l'algue sur le champignon. Par contre, les Stichocoecus et les Coccomyxa ne sont guère saprophytes el cependant les Coniocybe vivent sur les écorces el les Solorina sur des terrains souvent riches en humus; nous ne pouvons donc nous baser uniquement sur le substratum pour résoudre celle question. 2. Il est curieux de voir que, d'une part, la gonidie du Xanthoria parietina diffère de celle du Cladonia pyxidata el de celle du Cladonia furcata, de même que le Coccomyxa du Solorina .sacra/a n'est pas le même que celui du Solorina crocea, d'après les recherches de Chodat2. En outre, rappelons que ce savant a trié deux races différentes de Cystococcus-gonidies, d'une même espèce de lichens (Cladonia pyxidata) récollé en deux endroits différents et deux races différentes de Coccomyxa-gomdïes d'une même espèce de Solorina, provenant de deux stations différentes; enfin, nous avons vu le même Nostoc entrer en symbiose avec deux champignons qui auraient fait de l'association soit un Peltigera canina, soit un Peltigera horizontalis. D'autre part, nous avons trouvé, dans les deux cas où nous avons pu l'étudier (Cystococcus et Coccomyxa), que les gonidies d'un groupe se comportent de la même manière. De nouvelles recherches devront montrer si toujours les 1 Chodat. (191.4). I. c, 217. 2 Chouat. (11113), 1. c, 223. 410 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (38) gonidies d'un genre se ressemblent physiologiquement en différant par leur morphologie et ceci sera un point très intéressant. 3. Enfin, nos résultats peuvent également servira soutenir la théorie de Schwendener et se laissent difficilement expliquer selon l'ancienne théorie reprise par Elfving. Il nous semble impossible d'admettre, maintenant que nous connaissons mieux quelques-unes des différentes races d'algues et de gonidies, que des organismes qui se ressemblent tellement soit tantôt produits par des lichens, tantôt par des algues. Pourrait-on comprendre, par exemple, qu'un Stichococcus ConiocybeH ail une origine toute différente de celle des huit mitres Stichococcus se trouvant dans la collection de l'Institut botanique, qui proviennent de sources très variées et qui n'en diffèrent que peu morphologiquement? Le caractère «homobium» des lichens, qui ;i toujours été la pierre d'achoppement de la théorie schwendenérienne, doit trouver son explication, non pas dans une production de gonidies par les hyphes, mais dans une longue adaptation d'un champignon de lichen à sa gonidie; l'évolution phylétique de la plupart des lichens, comme le dit Reinke1, ne s'explique pas par une évolution séparée de l'algue et du champignon, mais par l'évolution du « consortium » ; de plus, il nous semble fort peu probable que les lichens, qui produisent des sorédies, naissent actuellement par synthèse-. Or, les sorédies n'étant que des boutures, transmettent tout naturellement les caractères d'homogénéité et de parfaite adaptation réciproque à chaque nouveau lichen; cette homogénéité fait par contre souvent défaut chez tes lichens qui ne forment pas de sorédies et qui naissent probablement plus facilement par synthèse dans la nature, comme c'est le cas pour beaucoup d'espèces sous-corticales. 1 Reinke. Abhandlungen iiber Flechten. Prinysheim'* Jaivrb . wiss. Bot., 28 (1895). - D'où peut-être la difficulté de réaliser expérimentalement ces synthèses. (39) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 414 Explication des figures de la Planche Fig. A. Nostoc Peltigerse Let., sur milieu de Detmer au tiers agarisé sans sucre; culture âgée de deux mois. Fig. />'. Nostoc Peltigerse sur milieu de Detmer au tiers agarisé, avec 2 °/o de glucose (miel); culture Agée de deux mois. Fig. C. Na.s/oc Peltigerse sur milieu de Detmer au tiers agarisé sans sucre; culture âgée de six mois. X 550. Fig. If. Comme Fig. C, on voit des cellules à gaine fortement développée. X 300. Fig. E. Différents Cystococcus sur milieu de Detmer au tiers sucré et agarisé, contenant o, îy/o de peptone, culture placée à l'obscurité, âgée de quatre mois; 1. == Cystococcus maximus Chod. (n° 128 de la collection). U. — Cystococcus cohœrens Chod. (n° 103 » i. III. = Cystococcus Cladonise pyxidatœ Chod. (n° 63 » ). IV. = Cystococcus Xanthoriœ parietinse Let. (n° 149 » ). on voit que la colonie du Cystococcus maximus (épiphyte) est beaucoup plus petite que les autres sur milieu à azote organique. Fig. F. Différents Stichococcus sur milieu de Detmer au tiers sucré et agarisé, contenant l°/o de peptone; culture placée à l'obscurité, âgée de quatre mois; I. = Stichococcus bacillaris Nieg. (n° 16). II. = Stichococcus Coniocybes Let. (n° 135). III. = Stichococcus viscosus Let. (n° 140). [V. -== Stichococcus dubius Chod. (n° 59). Y . = Stichococcus minor Chod. (n° 17). ou voit la grandeur des colonies des Stichococcus bacillaris et Stichococcus dubius (épiphytes) sur milieu à azote organique. 412 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (40) Fig. B Fis-. A Fig. D :f f r:>* # a,* I - J* I ' ••'.' ,#•» .1"* **»>-•. ■ Fis-. C Fig. F 'I ,J Fis. E A. L. (ad) nat. photugr. Cœlastrum reticulatum (Dang.) Lemm. (Hariotina reticulata Dang.) par Tcharna RAYSS (Communiqué en séance du 22 mai igi/) Le Cœlastrum reticulatum présente des cénobes formés de cellules arrondies dont la membrane se prolonge autour du pôle externe en formant six à huit bras qui s'unissent à des prolongements analogues des cellules voisines. Sous Tare formé par la jonction de ces bras se forme un méat dont la forme est due au fait que les cellules constituant le cénobe sont rondes. Le contenu cellulaire et le mode de reproduction sont ceux d'un Cœlastrum ordinaire. Les synonymes du Cœlastrum reticulatum et sa place dans le groupe des Cœlastrum sont indiqués et discutés dans le travail sur le Cœlastrum proboseïdeum. Lors d'un triage des Algues provenant d'un petit étang à poissons de M. L. Reverdin, j'ai réussi à trier le Cœlastrum reticulatum en culture pure sur le milieu solide de Detmer agarisé; deux eboses différentes se sont présentées au commencement : dans certains flacons, les cellules étaient toutes arrondies, isolées ou agrégées en des espèces de boules cœlastroïdes, sans aucune trace de prolongement, j'ai cru avoir affaire à un Çhlorella eœlaslroides. Dans d'autres flacons, les cénobes du Cœlastrum reticula- tum avaient leur apparence typique. Pour mieux se rendre compte de la différence entre ces deux lignées et pour étudier les variations de 414 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) cette espèce avec le milieu extérieur, j'ai cultivé les deux séries sépa- rément et parallèlement dans les concentrations croissantes de la solu- tion Detmer. Les milieux employés étaient les suivants : 0,04 Detmer - 0,05 - 0,1 - Y3 - Y2 - 2/3 _ Detmer de solution normale, deux Detmer i sels nécessaires pour deux litres d'eau dissous seulement dans un litre). Le développement s'est fait dans tous les flacons, très faible toutefois dans les milieux trop peu ou trop concentrés, avec l'optimum pour la concentration de V2 Detmer. Cet optimum est plus élevé que celui qu'on trouve chez d'autres Algues vertes f1/3 Detmer pour le Cœlastrum proboscideum et plusieurs Scenedesmus, 0,1 pour Hœmalo- coccus pluvialis) et ceci est conforme au fait qu'on trouve toujours Cœlastrum reticulatum dans de petits étangs riches en matières dissou- tes. Les deux séries ensemencées simultanément ont donné après un certain temps des résultats absolument^ identiques. D'ailleurs, même sur le milieu solide, où la différence était si tranchée au début, on ne voyait plus de différence après, les formes typiques de Cœlastrum reliai la lin» ayant partout fait leur apparition. Il étail désormais im- possible de maintenir la différence. Contrairement à ce qui se passe chez Cœlastrum proboscideum, cette espèce-ci s'est rencontrée dans différents milieux comme étant très peu polymorphe. A 0,01 Detmer, le développement est très faible; on y trouve de préférence les cénobes formés de huit ou quatre cellules agrégées en boule assez compacte et munis de prolongements typiques, nombreux et très longs, dont la disposition est en tous points conformes à la description donnée par M. Ciiodat1. L'encre de Chine a permis d'\ voir, ce qui est nouveau, tout autour une immense auréole de gelée qui augmente presque du double la surface du cénobe. On trouve aussi dans ce milieu des cellules isolées, également entourées d'une gelée abondante. Déjà à V20 Detmer les cellules isolées sont plus fréquentes et leur nombre croit jusqu'à égaler celui des cénobes dans les milieux les plus concentrés. Elles sont tantôt complètement arrondies, sans aucune espèce de prolongement, tantôt elles portent deux ou trois becs plus ou moins irréguliers, tantôt leur membrane forme un replis, comme l'a dessiné Senn2. Si elles se forment par désagrégation du cénobe, elles se présentent, de face, munies de six à huit cornes disposées en étoile, dont quelques-unes sont encore réunies aux cornes de leurs 1 Chodat et Hubeh. Bulletin de la Société botanique de France (1894). 1 Senn, G. Ûber einige colonie bildende Algen, Botanisch. Zeitschrift, LVII (1899). (3) T. RAYSS. CŒLASTRUM RETICULATUM il.") voisines. De profil, on n'en voit que deux et on peut alors se rendre facilement compte que ce sont là des épaississements de la membrane analogues aux cornes du Cœlastrum proboscideum ; comme chez ce dernier, le plasma y pousse parfois également ses prolongements, ce qui rend ces cornes colorées au centre. Ces cornes deviennent du reste de plus en plus irrégulières à mesure que la concentration du milieu augmente et quelquefois elles disparaissent complètement : Cœlastrum reticulatum prend alors l'apparence du Cœlastrum microporum ou Cœlastrum monts, même du Chlorella cœlastroides, sans que rien n'in- dique sa nature différente. Mais quelles que soient les concentrations de la solution Detmer, on n'arrive pas à trouver les conditions néces- saires pour produire exclusivement ces formes aberrantes : partout se forme un mélange d'une constance remarquable, renfermant les formes typiques, Chlorella cœlastroides, Chlorella à cellules isolées et des cel- lules isolées munies de prolongements. Cette Algue manifeste ainsi une plasticité assez peu prononcée et qu'il est difficile de mettre en [•apport avec les concentrations. D'ailleurs, ceci était à prévoir : en effet, la formation des cénobes de Cœlastrum proboscideum dans les milieux dilués pouvait être mise en rapport avec le besoin de la sus- pension, l'Algue en question réalisant par ce moyen une augmentation de surface par rapport au volume, donc une augmentation de sa surface spécifique. Ceci ne serait plus le cas pour les petits cénobes compacts, presque sans lacune centrale, du Cœlastrum reticulatum avec ses cellules très rapprochées. Les cornes polaires du Cœlastrum reticulatum n'éloignent pas non plus ses cellules, n'étalent pas le cénobe comme le font les cornes périphériques des autres Cœlastrum; en définitive, un cénobe de Cœlastrum reticulatum présente, au point de vue de suspension, peu de différence avec une cellule isolée de même diamètre et si différence il y a, seules les mesures et les moyen- nes peuvent en rendre compte. Tout d'abord, j'ai pris au hasard douze cénobes dans un milieu très dilué (0,05 Detmer) et douze cénobes dans un milieu concentré (3 /2-2 Detmer) et j'en ait fait les mesures comparatives : 416 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (4) Diamètre du cénobe = D = 2R Diamètre des cellules consti- tuantes = d=2r Nombre des cellules consti- tuantes = n Surface du cénobe calculée S = n (4 77 1-2) Volume du cénobe calculé -R3 Rapport de la surface au volume S = V Epaisseur de la gelée Caractères 0,05 Detmer 16 10 4 1146.4 2145 0,53 5 jj. Tétraèdre, longs becs 18 8 4 800 3054,8 0.26 10 20 10 4 1146,4 4290 0.27 8 » 16 8 4 800 2145 0.37 6 Etalé dans un plan 26 10 8 2272 9207 0.24 8 Cénobe aux longs becs 16 8 4 800 2145 0,37 10 en croix, longs becs 16 10 4 1146,4 2145 0,53 8 longs liées 18 0 8 896 3054,8 0,29 8 r> 18 6 8 896 3054,8 0.29 8 » » 16 8 4 800 2145 0.37 0 Tétraèdre, longs becs 14 6 4 448 1437 0,31 10 y » » » 16 S 4 800. 2145 0,37 10 // Mi lieux concentrés (1 72-2 Detmer) 30 10 8 2272 1414,3 0,16 2 // Cénobe compact sans prolongement 20 8 16 32(111 4290 0.70 8 // j- y> » 34 10 16 5056 205S.8 0,24 2 18 6 8 896 3054.8 0,29 4 » » 30 10 12 37H2 1414.3 0,26 0 3> 26 8 12 2400 9207 0.26 5 » ?■ 30 10 12 .".792 lli 1,3 0,26 4 30 10 16 a i5( i 1414.3 0,35 Q O becs courts et irréguliers 24 1(1 6 1896 7211 0.26 O sans becs 20 8 8 1600 4290 0,38 •> » » » 20 6 16 1792 4290 0,41 Point ■» » » 30 12 14 6328 1414.3 0,44 3 » » » Kn comparant ces deux tables, on voit que dans les milieux dilués les cénobes ont en moyenne moins de cellules que ceux des milieux concentrés, peut-être en relation avec la nutrition moins abondante. On voit ensuite que la gelée y est beaucoup plus considérable et ceci ne doit pas être sans influence sur la suspension. Le développement des prolongements dans les milieux dilués appartenant à la même catégorie d'adaptation. Enfin, le résultat le plus intéressant est le rapport entre la surface et le volume; la surface spécifique : elle pré- sente la moyenne de 0,35 pour les milieux dilués et de 0,33 pour les milieux concentrés. L'expérience, même dans le cas de Cœlastrum (5) T. RAYSS. CŒLASTRUM RET1CULATUM 417 reiiculatum, relativement si peu variable, semble confirmer la théorie cI'Ostwald : augmentation de la surface spécifique avec la diminution de concentration, donc diminution de la viscosité. Cette réponse à la diminution de viscosité est même beaucoup plus considérable que ne le montrent les chiffres, car la production de la gelée dans les milieux dilués réagit également en diminuant la vitesse d'immersion. Une deuxième série de calculs a été entreprise pour comparer tout spécialement les cellules isolées. Cent cellules isolées ont été mesurées dans les milieux dilués et concentrés et les mêmes calculs ont été faits pour mesurer leur surface et leur volume respectifs. Les résultats ont été les suivants : dans les milieux dilués de V20 Detmer sur cent cel- lules isolées, il y avait cent-dix cénobes; la surface moyenne des cel- lules isolées est de 313,36; le diamètre de chaque cellule en moyenne = 10 tu, le volume moyen = 524; le rapport de surface au volume = V : S = 100 : 52. En outre, chaque cellule est entourée d'une gelée en moyenne (sur cent cellules) de 4 tu, ce qui augmente sa surface, mais diminue son poids spécifique. Dans les milieux concentrés, par contre, les cellules isolées n'ont plus de gelée; pour cent cellules, on ne trouve plus que soixante-dix cénobes. Le diamètre moyen des cellules isolées est de 11 p, leur surface moyenne = 419,04 et leur volume = 693,8 et le rapport de la surface au volume est de 0.60. Donc, tout d'abord, dans les milieux concentrés, il y a plus de cellules isolées que dans les milieux dilués, ce qui est aussi le cas, mais d'une manière infiniment plus prononcée chez Cœlastrum proboscideum ; ensuite, la gelée ne se forme que dans les milieux dilués, ce qui facilite certainement la suspension des cellu- les; enfin, le diamètre des cellules isolées augmente dans les milieux concentrés, ce qui résulte certainement d'une nutrition plus abondante. L'augmentation de taille avec la nourriture se retrouve également dans les cultures du Cœlastrum proboscideum. La différence essentielle entre les deux Algues en question consiste à ce que l'adaptation à la concen- tration diminuée se fait chez Cœlastrum reticulatum non plus tant par la formation des groupements légers, que par la sécrétion de la gelée. Dans les milieux concentrés, l'isolement des cellules se fait également chez Cœlastrum reticulatum, mais d'une façon beaucoup moins intense. On peut pourtant forcer Cœlastrum reticulatum à former presque exclu- sivement des cellules isolées : si on le cultive sur des milieux solides avec sucre et peptone, le développement ne s'y fait que très lentement et seulement pour des quantités de peptone assez faibles : 0,1 °/o, très bulletin de la société botanique de genève, Nos 7-8-9, parus le 30 mars 1918. 5 ilS BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE In difficilement à 0,25°/o; dans des concentrations plus élevées, l'Algue périt. Ce qui se développe présente des cellules isolées, pour la plu- part, parfaitement rondes. L'isolement «1rs cellules est ici donc fonction d'une nourriture qui ne convient pas et non pas une réponse à l'aug- mentation de concentration. Il e>l curieux également de comparer, par l'apport à la peptone, Cœlaslrum reticulatum à Cœlastrum proboscideum : ce dernier, tout en n'étant pas peptophile, supportai! {\i^ concentra- tions jusqu'à 1 °/° de ce produit et en était, en général, peu gêné en présence de sucre, tandis que Cœlaslrum reticulatum, tout en suppor- tant des concentrations beaucoup plus grandes des sels inorganiques que le Cœlastrum, n'a pas du tout des tendances saprophytes. Malgré celte différence de tonus, les deux Algues en question se comportent également vis-à-vis de l'augmentation de nutrition et semblent réagir toutes les deux conformément à la théorie d'OsTWALD en réglant leur pouvoir de suspension, bien que d'une manière différente, mais tou- jours en relation avec la viscosité du milieu. Il n'était pas sans intérêt de les comparer encore, au point de vue de leur manière de se com- porter vis-à-vis de l'oxygène. Comme le Cœlaslrum proboscideum, j'ai cultivé Cœlastrum reticulatum sous l'huile et dans des tubes étroits, mais [tour pousser l'anaérobiose plus loin encore, les deux Algues en question étaient ensemencées dans des vases d'Orneliansky où l'absorption d'O par l'acide pyrogallique est absolument complète. Après un mois dans ces conditions, le Cœlastrum proboscideum a formé un petit dépôt vert au fond de l'ép rouverte constitué par des cellules complètement isolées. D'autre part, la respiration ne pouvant pas se faire normalement en absence d'O, l'Algue a brûlé le sucre se trouvant dans la solution nutritive et a fabriqué de l'alcool (Bichromate de K -|- Ns SO4 à chaud = formation de sulfate de Cr vert avec odeur d'aldéhyde); le même milieu non ensemencé ne donne pas la même réaction). La formation des cellules isolées normales en absence com- plète d'O est conforme aux résultats obtenus précédemment et infirme une fois de plus la théorie de Senn. Il n'en est pas de même dans les expériences avec Cœlastrum reticu- latum : le développement de cette Algue en anaérobiose complète est excessivement faible, la réaction de l'alcool est moins intense et microscopiquement, les cénobes s'y trouvent en quantité un peu plus grande que les cellules isolées. Sous l'huile, Cœlastrum reticulatum forme plus de cellules isolées que de cénobes et celles-ci ont l'air morbide, tandis que les cultures sous huile du Cœlastrum proboscideum / ) T. RAYSS. CŒLASTRUM RET1CULATUM \\\) montrent encore après deux ans une apparence normale et un déve- loppement assez intense : les cellules isolées \ sont normales et en quantité encore plus grande que lors de la publication de ma thèse1. I>u 11 15 18 10 14 17 Cœlastrum reticulatum. — 1, 2, 3, 4, 5 : dans Detmer dilué (0,01 - 0,05); gel»'" par L'encre de Chine; 6 : Detmer '/*) : 7 : tube étroit; 8 : (0,1 Detmer); 9 : (0,05 Detmer); 10 : (0,1 Detmer): 11, 12, 13, 14 : cénobes en voie de désagré- gation (11 : [0,1], 12 : [0,5], 13 : [1 Detmer], 14 : [2 Detmer]): 15, 16, 17 : cel- lules monstres (Detmer Ç* agarisé). 1 Cfr. T. Rayss. Le Cœlastrum proboscideu-m Bohl. in Mater, pour la flore crypto- gamique suisse (1915), avec vingt planches. 120 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) reste, cette espèce finit par périr après deux mois aussi bien en anaé- robiose complète que sous L'huile, ce qui n'est pas le cas de Cœlastrum proboscidewm ; ici ces deux Algues montrent un tonus différent. Les cultures sous l'huile ne montrent plus la réaction d'alcool : la quan- tité d'air, aussi minime soit-elle, paraît ainsi suffire aux besoins de respiration. Enfin, au fond des tubes étroits, sous dix-sept centimètres cubes d'eau, Cœlastrum reticulatum se développe aussi facilement et forme des cellules isolées et des cénobes en nombre presque égal; les cénobes y sont à peine plus nombreux. En résumé, Cœlastrum reticulatum est beaucoup moins variable que le Cœlastrum proboscideum. Comme ce dernier, il réagit toutefois à l'augmentation de la concentration du milieu en diminuant sa surface spécifique, dans les milieux dilués, sa suspension est facilitée par la formation d'une grande auréole de gelée. L'isolement des cellules y est moins fréquent et semble être moins l'effet de la concentration que de la nutrition (influence du peptone, par exemple). Cette Algue est moins saprophyte et plus aérophile que le Cœhish-mii proboscideum. Nouvelles recherches sur le Selerotinia Matîhiolx n. sp par le Professeur Dr A. LENDNER [Communiqué en séance du 22 mai i')ij) Dans un travail antérieur1, j'avais étudié un nouveau parasite, le Selerotinia Matthiolse; il avait été découvert sur ma rocaille à Couches où il attaquait plusieurs Crucifères telles que Aubrietia, Biscutella, Erysimum, en leur causant i\c* dommages passagers. Au contraire, lorsqu'il se développait sur Malthiola vallesiaca, il en déterminait la destruction complète. Pour m'assurer, d'une façon certaine, de l'identité de ma nouvelle espèce, je la cultivai, en même temps que le Selerotinia Libertiana, sur différents milieux. Il me fut facile de démontrer qu'il s'agissait bien de deux champignons distincts. Cependant, connue je n'avais obtenu jusqu'alors que des sclérotes et des appareils conidiens, je ne pus donner de cette nouvelle espèce qu'une diagnose provisoire. Actuellement, le cycle évolutif de ce champignon est élucidé, je l'exposerai tout à l'heure, mais auparavant, il me semble plus logique de revenir sur les questions que je m'étais posées dans le travail pré- cédent, concernant la physiologie de notre espèce. m On sait que beaucoup de champignons du genre Selerotinia ont la curieuse propriété de sécréter des quantités appréciables d'acide oxa- lique. Dk Bary2 a démontré chez le Selerotinia Libertiana que c'est grâce à cet acide qui accompagne des enzymes, que ce champignon vit en parasite indirect. En effet, ces substances agissent comme un venin, de sorte que si le mycélium se trouve au contact d'une plante vivante, les cellules qu'il touche s'altèrent et meurent. Le champignon pénètre dans ces tissus morts, s'en nourrit, puis, comme il continue à répandre ses sécrétions, la mort des cellules s'étend, de proche en proche. 1 Lendner, A. Un Selerotinia parasite du Matthiola vallesiaca (Gay) Boiss. Bulletin de la Société botanique de Genève, IX, 2me série (1917), 21. 2 Bary (de), A. Ûber einige Sclerotien uncl Sclerotinien-kranklieiten. Botanische Zeitung (1886). 422 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE 2> Dans mes précédentes recherches, j'avais remarqué que les deux espèces, Sclerotinia Libertiana et Sclerotinia Matthiolé, cultivées sur le liquide «le Raulin neutre, produisaient de l'acide oxalique. Afin de pousser plus loin la comparaison, j'ai de nouveau cultivé les deux espèces sur le même milieu, puis j'ai titré la quantité d'acide formée au bout de trois semaines. Os quantités sont différentes selon les espèces; tandis que pour Sclerotinia Matlhiolse l'analyse ;i décelé 0,318 pour cent d'acides totaux calculés en acide oxalique, pour Sclerotinia Libertiana celle quantité n'a été que de o.l i t i c- de la surface. Culture plus forte occupe toute la surface. \ Bolrylk 3 " no .s'. Libertiana 1 S. Mallhiolu; Quelques flocons isolés. Flocons immergés nombreux. Flocons émergeant quelque peu. i Botrytis 5 °/oo . S. Libertiana f S. Mallhioln- Rien. Un petit flocon inycèlien. In flocon plus gros immergé. \ Botrytis 10 °/oo \ S. Libertiana ( S. Matthiolœ Aucun développement. Aucun développement. Aucun développement. (3) A. I. KNh.NKI!. SCLEROTIiNlA .M AÏTIIIOL.K 423 On voit par ces expériences que les trois champignons sont inégale- ment sensibles à l'action nocive dé l'acide oxalique. Dans les meilleures conditions de culture, c'est-à-dire en présence de glucose, les trois espèces se développent également bien en présence de un pour mille d'acide oxalique, moins bien à trois pour mille el presque plus du tout à cinq pour mille. Le plus sensible est le Botrytis cinerea, puis vient Sclerolinia Liberliana et enfin le Sclerolinia Matlhiolse. Ces faits sont en relation avec les expériences précédentes, car nous avons vu que le Sclerotinia Liberliana sécrétait moins d'acide que le Sclerolinia Mal- thiolse • que, chez ce dernier, la quantité maximale supportée corres- pond à peu près à la quantité sécrétée dans les cultures. En l'absence de glucose, les champignons ne peuvent vivre que sui- des solutions faibles d'acide oxalique comme le montre le tableau suivant : Liquide d'Omeliansky sans glucose Acide oxalique Espèces Observations l Botrytis 1 ° on .s'. Liberliana ' S. Mallhiôlœ Faillie développement. Faillie développement. Faible développement. i \ Botrytis :i °/oo \ N. Liberliana \ S. Malthiolx Très faible développement. Très faillie développement. Très faible développement. i Botrytis ."> ° oo .s'. Liberliana ' S. Mallhiôlœ Le champignon a germé. Très faible développement. Très faible développement. \ Botrytis l<( ° oo \ S. Liberliana \ S. MatthioU Rien. Rien. KM en. Dans une série d'autres expériences, j'ai remplacé l'acide oxalique libre par son équivalent de sel acide et pour cela j'ai «lu augmenter le pourcentage (Tune quantité correspondante au poids moléculaire du potassium. De celle façon, les cultures contenant de l'acide libre ou le 424 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (4) sel acide de potasse, auront quand même les mêmes proportions d'acide oxalique. En présence de glucose, les champignons supportent mieux l'acide oxalique combiné que libre. Le tableau suivant nous montre que, tandis que dans l'acide libre, les cultures étaienl déjà arrêtées avec cinq pour nulle, on constate encore un faible développement dans les solutions contenant la quantité correspondante (5,80) d'oxalate aride de potassium. Liquide d'Omeliansky -f- glucose 2 °/o Oxalate Acide de potasse Espèces Observations Botrytis 1,16 °/oo^ S. Libertiana S. Matthiolœ Bon développement, conidies. Mycélium blanc, abondant. Mycélium blanc encore plus abondant. Botrytis :ï. ix o/oo^ S. Libertiana S. Matthiolœ Bon développement, conidies. Flocons blancs moins nombreux. Flocons plus nombreux. Hoir a lis 5,80 °/o°i S. Libertiana S. Matthiolœ Culture faible, pas de conidies. Quelques flocons. Culture Légèrement plus forte. Botrytis 1,60 °/oo^ S. Libertiana S. Matthiolœ Flocons très rares. Aucun développement. Aucun développement. Quant ;m cultures sans glucose, elles m'ont donné à peu près les mêmes résultats que précédemment. Klles prouvent simplement que les champignons peuvent, en l'absence totale de toute substance orga- nique, se développer faiblement en utilisant l'acide oxalique ou l'oxalate de potassium. Vers la lin de mai, an moment où je terminais ces expériences, les sclérotes que j'avais mis en terre l'automne passé, se mirent à produire des apothécies. J'avais vainement essayé de faire germer les sclérotes pendant l'année, dans (\u sable humide, au laboratoire, tandis que feux qui étaient restés au dehors, exposés ;'i toutes les intempéries de l'hiver, germèrent le 25 mai. Ce serait donc seulement à cette époque que les sclérotes seraient capables de produire des apothécies; c'est là (5) A. LENDNER. SCLEROTINIA MATT1II0L.K 425 un caractère de plus qui permettrait de distinguer notre espèce du Sclerotinia Libertiana . Cependant, en ce qui concerne ce dernier, je dois ajouter que les auteurs qui ont étudié la germination de ses sclérotes ne sont guère d'accord. Tandis que selon l'opinion û'Appel1, les sclérotes formeraient leurs apothécies deux mois après leur ensemencement. Mademoiselle Westerdijk2 nous dil n'avoir jamais observé ce fait; (pie les sclérotes devaient toujours passer l'hiver. Ceux qui sont laissés eu plein air germent vers la lin de mars ou au commencement d'avril, tandis que d'autres, laissés en pots, dans une serre chauffée à 16 ou 1. Arbeiten der Kaiserlichen biol. Anstalt, Band V. (190(3). - Westerdijk, J. Unterstichungen iiber Sclerotinien Libertiana Fuckol als Pflan- zenparasit. Mededeelingen uit het. PhyiopathoJoçiisrh Lahoratorium 117//// Commelin Schollen*, Il (1911). 3 Bary (de). A. Loc. cit. 1 Frank, A. B. Die Krankheiten de Pflansen, Breslau (1896). 5 Westerdijk, J. Loc. cit., p. 21. im iui.i.kti.x de la socicte botanique de geneve 0) rôle dans cette infection du Selerotinia ; peut-être prépare-t-il, pour ainsi dire, le terrain. J'ai essayé d'élucider ce point en ensemençant sur de jeunes semis de Crucifères, le Selerotinia pur et, sur d'autres, le même champignon accompagné des conidies du Bolr-ylis. Malheureusement, je n'obtins aucun résultat, les plantes continuant à croître sans devenir malades. Iles essais faits sur \\r<. plantes adultes telles que Matthiola Irislis, Cheiranlhus Çheiri, même après blessures, ne furent guère plus heu- reux, tandis qu'une plante de Malthiola Irislis, implanté dans le terrain à proximité de Matthiola vallesiaca, eut une branche souillée par les limaces. Elle se dessécha avec Ions les symptômes de maladie, mais il ne s'\ forma pas de sclérote. Monsieur le professeur Fischer, ainsi que son élève, Monsieur Sgiiweizer, m'ayant très obligeamment envoyé des scinciircs de diverses Crucifères, je les lis germer en pois et, de chaque espèce, je lis trois lois : un loi témoin, un loi avec Selerotinia Malthiolx, un troisième loi avec Selerotinia Liberliana, mais sans pratiquer de bles- sure, .le n'obtins de nouveau qu'un résultat négatif, .le recommençai le •ï.\ juillet, en choisissant qu'un petit nombre des piaules suivantes : Hesperis malronalis, Hesperis violacea, Erysimum beïvelieum, Cheiran- lhus Sendleri, Lunaria hii'imis, Lunaria annua, Draba lomenfosa, Draba alpina, Malthiola incana, Malthiola vallesiaea, Thlaspi alpestre, Ârabis albida, Yesicaria ulrieulosa. J'en lis quatre lois : un témoin, le deu- xième avec Bolrylis einerea, le troisième avec Bolrylis -j- Selerotinia , le quatrième avec Selerotinia seul. J'eus soin, celle l'ois, de tremper le mycélium de chaque champignon dans une solution de deux pour cent de glucose, afin de lui permettre de m' développer eu saprophyte au contact de la plante. Malgré cela, les résultats furent de nouveau négatifs. Les mêmes expériences furent renouvelées sur les mêmes plantes que précédemment, mais en ayant soin de blesser le point d'infection. Même en entourant ce dernier d'un pansement d'un coton, humecté de solution de glucose ou d'acide oxalique, les résultais restèrent peu satisfaisants. Je n'ai obtenu, par ce dernier procédé, qu'une infection sur Matthiola vallesiaea et deux sur Cheiranthus Cheiri. J'en ai lire la conclusion que l?infection doit être liée à des coj spéciales. Tout d'abord, la maladie ne peut être contractée q difficilement par (]cs inoculations au moyen du mycélium. suppose que l'époque de l'ensemencement joue aussi un rôle. ( ri \. LENDNER. SCLEROTINIA M ATÏ'II IOI..K VÀl Dans son Lravail sur le Sclerotinia Libertiana, Mademoiselle Westkr- dijk, ayant toujours obtenu de bons résultats en inoculant le mycé- lium, j'étais persuadé d'obtenir des résultats analogues; c'est pour cette raison que je n'ai pas cru devoir essayer d'inoculer les spores. Dû reste, le petit nombre d'apothécies obtenues ont été sacrifiées pour l'étude complémentaire du champignon; dès lors, il ne m'en restail plus assez pour faire des expériences. Celles-ci devront être refaites l'an prochain si les sclérotes mis actuellement en terre se mettent à germer. L'étude des apothécies confirme les conclusions que j'avais tirées des cultures comparatives du Sclerotinia Libertiana et du mien: il Fig. 1. Sclerotinia Matthiolae n. sp. Sclérotes et apothécies s'agit bien de deux espèces distinctes. Tout d'abord, le nombre des apothécies formées sur un même sciérote es1 beaucoup plus faible. Tandis qui' Sclerotinia Libertiana peut eu produire plus de vingt; noire espèce n'en for guère plus de deux ou trois (fig. h. Ensuite, je constate des différences dans les dimensions des asques, des spores. Les paraphyses, un peu plus courtes que les asques, mesurent 130 tu sur :! u de large. Les asques ont li<> a sur 10//. de large, elles soûl arrondies au sommet ou parfois terminées par une petite faute aplatie "(fi»-. 2). Les spores ellipsoïdes, légèrement en pointe au sommet, mesurent 11 a sur 7 «de large. J'ai comparé ces diverses dimensions rrvec celles du Sclerotinia Libertiana, elles résument dans le tableau suivant : 428 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIOEE DE GENEVE (8) Sclerotinia Libertiana Sclerotinia Matthiolae Apothécies Diamètre = 3 à 10 millimètres Disque brun fauve pâle Diamètre = 3 à 4 millimètres Disque brun clair Asques Cylindriques obtus au sommet Mesurent 120 à 140 p de long sur 8 à !i n de large Allongés, arrondis aux extrémités ou aplatis Mesurent 140 y de long sur 10 ij de large Spores Ellipsoïdes Mesurent 11 à 12 f de long sur 4,5 à 6 )> de large Ellipsoïdes mais légèrement appointies Mesurent 14 i> de long sur 7 i> de large Fiir. 2. — Sclerotinia Matthiolae n. sp. Asques et spores. (9) A. LENDNER. SCLER0T1NIA MATTIIIOL.K 429 J'ai pu observer, au laboratoire, l'éjaculation des spores, sous forme d'un petit nuage gris et qui avait lieu toutes les fois que je soulevais la plaque de verre qui servait à maintenir L'humidité dans le vase. En tenant à proximité une plaque de Pétri, remplie d'un milieu stérilisé, je pus obtenir, quelques jours après, le mycélium caractéris- tique. Enfin, j'observai la germination des spores en chambre humide de lïanvier. Elle a lieu déjà dix-huit heures après l'ensemencement; les spores gonflent, puis elles poussent un seul prolongement latéral ou terminal. J'ai suivi la germination d'une de ces spores dont le filament avait déjà atteint 'Mu (fig. 3 : a, b); trois heures plus lard (fig. 3 : c), Pig. 3. — Germination des spores en chambres de Ranvier. A et b, après 18 h.; c, après 21 h.; d, après 24 heures. se forma un premier cloisonnement, le filament ayant atteint 72 y.. Enfin, vingt-quatre heures après, le même filament, long de 100 a, commença à se ramifier (fig. 3 : d). Il m'a été possible d'observer cette même germination sur le pédon- cule floral de Matthiola vallesiaca (fig. 4). Dans ce cas, le premier cloisonnement de la spore a lieu de très bonne heure; Tune des cel- lules reste courte, tandis que l'autre se prolonge en un filament qui pénètre par les stomates et envahit l'intérieur des tissus. En résumé, mon étude antérieure sur Sclerotinia Matthiola se trouve ainsi complétée. Il m'a été possible de suivre le cycle complet de cette nouvelle espèce. L'infection de la plante a lieu au moment de l'appa- rition des apothécies par l'intermédiaire de limaces, lesquelles rongent ces fructifications et se chargent des spores. En se transportant sur le Matthiola, les mollusques infectent ces plantes après les avoir blessées. 43i » l!l I.I.KTI.N DK I.A SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE CIO) Je n'ai jamais réussi ;'i infecter artificiellement les plantes an moyen «lu mycélium. Enfin cette étude m'a permis de donner de cette nouvelle espèce une diagnose définitive. Diagnose : Mycélium albo-eandidum, liyphis anastomosantibus et seplatis, i-6 u. lalis (max. 8 10: sclerotiis magnis, irrégulariter de- presso-globosis, solitariis, nigris. 0,3-0,8 cm. lalis; conidiis globosis Fig-. 4. — Germination îles spores sur le pédoncule floral du Matthiola vallesiaca. i-.~w/. diam., in conidiophoiïs irrégulariter ramosis sitis ; apolhecis non numerôsis vel solitariis, stipitatis, pallide brunneis 3-4 mm. diam. latis. Ascis cylindraceis apice rotiindatis 140 u X 10 u, octosporis. Sporidiis eliipsoideïs, apice plus minus acuminatis li a X " ''■■ Para- pbysibus sparsis 130;/. X 3 u- Hab. : In caulibus Matthiolœ vallesiacse cultas, Genevse ; Sclerotiniai Pnnieis et Sclerotinùe LibeHianw admis. Etude de quelques levures alpines par Robert Edouard LUDWIG (C&fnmuniffiié en séance du 22 mai i2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Si les levures des fermentations industrielles sont assez bien connues et définies, il n'en est pas de même de celles qui vivent dans les milieux sucrés naturels. Beaucoup de fruits servent à la fermentation et donnent des quantités d'alcool assez considérables. Les baies sont un excellent habitat pour beaucoup de levures1. C'est ce qui nous a engagé à étudier, sur le conseil et la direction de M. H. Chodat, quelques-unes des baies sauvages des Alpes valaisannes. L'altitude, le milieu et le climat sont autant de facteurs qui peuvent agir sur ce inonde de végétaux. Aucun travail n'ayant été entrepris, du moins à notre connaissance, sur cette question, on pouvait supposer qu'il y aurait un intérêt spécial à l'approfondir. Nous avons tout d'abord trié puis fixé les caractères taxinomiques de chaque race suivant les méthodes bien connues. Puis le côté biolo- gique a été étudié d'abord au point de vue du cycle évolutif, c'est-à- dire des relations entre les levures récoltées sur les baies et celles prises dans le sol. Comme ces levures vivent sur un milieu essentiel- lement riche en acides organiques, nous avons consacré un chapitre à l'étude de l'action de quelques acides organiques sur chaque espèce pure et la résistance de ces mycètes à ces mêmes acides. Enfin, nous avons repris la question de la diminution de l'acidité dans les liquides fermentes. Bien que nous ayons l'impression de ne pas avoir épuisé le sujet, on verra que les résultats acquis sont intéressants et à comparer avec ceux de divers auteurs. On sait, depuis les recherches de Pasteur, que dans la préparation des vins de raisins et de fruits divers, il s'introduit régulièrement des germes, agents de la fermentation alcoolique. Hoffmann2 est le premier qui, en raclant l'épicarpe d'une groseille (Ribes grossufaria) au moyen d'un scalpel, trouva à côté d'une multitude de spores de cham- pignons, des cellules rappelant des levures. Il les identifia comme appartenant aux genres Monilia, Oïdium et Tondu. Pasteur3 démontra plus lard que la pulpe saine d'un fruit est exempte de microorganismes et que ceux-ci sont localisés à la surface même des fruits. Il y a lieu de distinguer deux catégories de champignons saprophytes des fruits : en 1 Hansen, E. C, Compte rendu des travaux du laboratoire de C'arlsberg, I (1882). * Hoffmann, Botanische Zeitung, XVIII (1860) et Annales des Sciences naturelles, XIII (1860), 21. 3 Pasteur, L., Etude sur la bière (1876), Paris. (3) l!.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 433 premier lieu ceux qui vivenl en épiphytes, strictement localisés à la surface et deuxièmement ceux qui sont à l'intérieur du fruit lorsque celui-ci <'st endommagé et qui viennent fructifiera la surface. Los plus importants sont les épiphytes qui appartiennent presque tous à la famille des Saccharomycétacées, producteurs d'alcool. A la surface do fruits en pleine maturité, ont été trouvés, à part les espèces bien connues telles que Saccharomyces ellipsoideus E. C. Hansen, Saccharomyces Marœianus E. C. Hansen : Willia anomala E. C. Hansen sur des pruneaux, puis Saccharomyces llicis Grônlund et Saccharomyces Axifolii Grônlund sur les baies dé houx (Ilex aquifolium). Diverses levures des raisins de Corintheont été isolées par Beyerinck1. Des fruits de V Opuntia, Rolants2 sélectionna un micolevure: Et plus lard, Ulpiani et Sarcoli3 isolèrent du même fruit une levure qu'ils appelèrent Saccharomyces Opuntisc. Kayser4 démontra la présence de levures sur les fruits d'ananas (Ananas sativusj. En Angleterre, Pearce et Barrer5 ont étudié les levures dont l'habitat de prédilection se trouve à la surface des pommes et des poires. Les levures sont très abondantes et de grande utilité pour la fermentation des cidres. Meissner6 a isolé une levure à pouvoir fermentatif faible des fruits du Vaccinium Myrtillus en Suède, etc. On trouve presque régulièrement sur l'épicarpe des fruits sucrés un champignon très répandu, le Dematium pullulons de Bàry, ainsi (pie Monilia candida. Beaucoup de champignons imparfaits (fungi imperfecli) ont été trouvés dans la flore épiphyte des fruits. Torules, Mycodermes et d'autres. Toutefois, il est certain que les levures du genre Tondu, trouvées dans les moûts pendant et après la fermentation, parviennent de l'épicarpe i\c^ fruits dans le moût; tel est le cas des levures mucila- gineuses de Meissner et les levures roses de Kramer, Peglion, Kayser, ainsi que les levures formant les voiles. Les premières recherches quantitatives sur la microflore épiphyte des fruits ont été entreprises par Martinant et Puetscii7 sur des baies de raisins d'Alger, (les auteurs ont décelé la présence de 4.320.000 microorganismes vivants, par gramme de baies. Il y avait surtout 1 Beyerinck, M. VV., Centralblatt fur Bakteriologie, II, XVI (1894), 49. 1 Rolants, Annales de l'Institut Pasteur, XIII (1899), 4û'-'. 3 Ulpiani, C. et Sarcoli, T., Kochs Jahreslericht, XIII (1902), '2-24. ' Kayser, E., Annales de l'Institut Pasteur. V (1891), 45(1. 5 Pearce, E. B. and Barker, P. T., Jauni, of. agric. se. III (1908), 55. 8 Meissner, R., Jahresbericht d. Vereinig. /'. angew. Botanik, III (1906), 441. 1 Martinant, F. et Rietsch, M., Compte rendu acad., ('XII (1891), 73G. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-V», parilS le ',10 mars 1918. t) 434 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) prédominance de Saccharomyces apiculatus ainsi que des moisissures; le Saccharomyces ellipsoideus était moins fréquent. Mûller Thurgau1 confirma ces recherches. Plus récemment, Rommel2 a étudié la flore épiphyte des fruits des environs de Berlin. Les framboises (Rûbus Idœus) récelaient des bacté- ries (lactiques, acétiques), des levures du type apiculé et ellipsoideus. Enfin, on sait depuis les dernières recherches de Hansen, Mûller Thurgau et d'autres, que dans les fruits drupacés et bacciformes, les levures du type apiculatus sont plus répandues que les levures habituelles des moûts de \ ins. Si, comme nous l'avons vu, l'épicarpe des fruits mûrs est un habitat de prédilection pour beaucoup de levures, il n'est pas moins intéressant de savoir comment elles \ parviennent et quel est leur cycle évolutif. Comme dans nos recherches, nous nous sommes occupés des levures de haies alpines et du sol avoisinant, il est intéressant de citer brièvement les auteurs qui ont pris à tâche de nous renseigner sur les données actuelles du cycle évolutif des Saccharomycétacées. Hansen3 est le premier qui, en 1880-1881, en étudiant le Saccharo- myces apiculatus nous renseigne sur le cycle évolutif dé celle levure. Ses déductions sont les suivantes : l'habitat le plus fréquent pendant la bonne saison se trouve être pour le Saccharomyces apiculatus les haies mûres et avariées très riches en matières sucrées. En hiver et au printemps, le champignon se trouve en grande quantité dans le sol sous les arbres fruitiers ou sous les arbrisseaux porteurs de baies. Il y parvient par la chute des fruits et par la pluie. Hansen est d'avis que le vent est le facteur le plus important pour le transport de la levure du sol sur les fruits tout en mentionnant le concours efficace de la pluie el des insectes. Une pluie abondante peut très facilement projeter des particules de terre à la surface de plantes telles que des fraisiers, par exemple. Les insectes ne jouent le rôle de propagateurs que pen- dant une certaine période de Tannée, tandis que le vent est le facteur principal de la dissémination des levures. A l'époque où Hansen commença ses recherches, plusieurs auteurs s'étaient déjà occupés de la question et avaient formulé des avis con- traires. 1 Muller Thur I. Saccharomyces Saccharomyces ellipsoideus H. Jeunes colonies croissant légèrement en hauteur, de couleur blanc jaunâtre et à pourtour franchement crevassé. ^pfctrjr. Fig. I. Saccharomyces ellipsoideus H. Jeune colonie '/»; en bas, sec- tion de la colonie sur moût gélatinisé. Fig. 2.— Saccharomyces ellipsoideus H. Colonie géante. Colonie âgée, mamelon à courbes de niveau se succédant en forme d'escalier. Pourtour sinueux, plis radiaires fortement crevassés, ne liquéfie pas la gélatine au bout de deux mois. & ° à 7 u. de longueur. 1-:'.// de largeur. ' IIansen (E. Cln-.), Compte rendu des travaux du laboratoire de Carlsberg, V (1902). 440 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (10) Le bourgeonnement est latéral et la cellule devient à ce moment même typiquement anguleuse. Inoculée au moût de vin, cette levure provoque une fermentation active qui n'est précédée d'aucune formation de voile. Le dépôt est uni, très volumineux et le liquide très clair. ^i*11 ' Fig. 5.— Saccharomyces Ribis nov. spec. Jeune colonie: en lias, section «le la colonie. Fig. (i. — Saccharomyces Ribis nov. spec. Colonie géante sur moût gélatinisé. Ensemencée sur carotte, elle sporule facilement. L'asque est arrondi ou de forme ovale. Les ascospores sont au nombre de quatre, typique- C? QO. % cÇ> °oV X) C» ° l Fig. 7. — Saccharomyces Ribis nov. spec. Jeunes cellules bourgeon- nantes. © 9 Fig. s. — Saccharomyces Ribis nov. spec. Sporulation et déhiscence de l'asque. ment groupés en tétrade. La déhiscence a lieu à l'extrémité de l'asque. La fermentation dans le moût de vin donne 6,4 °/o d'alcool en volume. Sucres fermentes Monosaccharides Disaceharides Trisaecharides (ilucose Saccharose 0. Fructose Galactose (Il) R.-E. LUDW-IG. QUELQUES LEVURES ALPINES lil Les caractères précédents font rentrer celle levure dans le genre Saccharomyces ; premier sous groupe de Hansen. Elle diffère de la précédente par l'aspect des colonies, le nombre d'ascospores et leur déhiscence et en ce qu'elle ne fait fermenter ni maltose, ni rafflnose. Nous n'avons trouvé aucune espèce décrite analogue, si ce n'est la levure A isolée des cidres anglais par Pearce et Barker1 qui a certains points communs avec noire levure, maisquien diffère en faisant fermenter la maltose. Aussi en avons nous fait une nouvelle unité. II. Torula Torula Sambuci nov. spec. Cette levure a été trouvée sur l'épicarpe du Sa m haras racemosus. Les jeunes colonies de cette levure ont l'aspect d'une petite tache circulaire, farineuse, très étalée. Le pourtour de la colonie est très peu régulier et ne présente aucune sinuosité. jUïwWiW-,. 8P.. o oa >•*.*,.., \ ' \ ■ F1 " v a ( o o Fie:.!».— Torula — — -*" O Q Wj Sambuci nov. spec. Jeune Fig. 10. — Torula Sambuci colonie. nov. spec. Colonie géante. Fig IL— Torula Sambuci. Plus tard, la colonie s'étale en gâteau de couleur brun grisâtre et d'aspect ciré. Le centre s'enfonce peu à peu par liquéfaction de la gélatine et les bords se plissent très finement et en même temps apparaissent des sillons radiairés très accentués. Les cellules sont ovales et très souvent arrondies. Elles mesurent 3 à ~ ;i de longueur sur 1,5 à bu de largeur. Elles prennent quelquefois la forme d'un filament mycélien. Les vacuoles sont très peu visibles et les cellules ne renferment pas de globules de graisse. 1 Pearce, B. et Barker, 1'., Journ. of agr. Se, 111 (1908). 442 BULLETIN J)E LA SOCIETE BOTANIQUE l>E GENEVE (12) Nous n'avons obtenu aucune formation de spores, ni sur plâtre, ni sur carotte. La fermentation du moût de vin est précédée de la formation d'un voile 1res dense et d'aspect mat et farineux. La température limite pour la formation du voile est la suivante : 33° - 34° après deux jours voile 1res dense 37° » » » taches isolées 40° » » » presque nul Au bout de trois jours à la température du laboratoire, ce \oile remonte très fortement sur les bords. La fermentation n'est pas très active et nous a donné 3,3 °/o en volume. Nous n'avons observé que la fermentation du glucose et du fructose par celte leuil'e. Par l'absence des spores, le voile et les autres caractères précédents, cette levure se rattache typiquement au genre Torula. Nous n'avons trouvé dans la li lié rature aucune Torula présentant des caractères analogues qui pourraient permettre d'identifier cette levure. SACCHAROMYCES APICULATUS (lato sensu ) Cette levure a été isolée des fruits du Ribes rubrmn et trouvée aussi dans les échantillons de terre avoisinant le framboisier. s? K? Fig. 12. - Saccharomyces apiculatus II. A droite, jeune colonie '/»; à gauche, colonie géante (six semaines); en bas, section des colonies sur moût gélatinisé. Les jeunes colonies de cette levure forment, sur moût gélatinisé à 10°/o, un petit mamelon jaunâtre, rond, à contours non définis. La surface présente un aspect granulé et de nombreux plis radiai res'. (.13) li.-K. LUBWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 143 Les colonies géantes accentuent leurs plis radiaires. Les bords deviennent festonnés, crevassés. La Liquéfaction de la gélatine débute par les Lords et n'est complète qu'au boni de huit semaines. Les jeunes cellules son! typiquement apiculées, c'est-à-dire que la cellule prend la forme d'un petit citron. Les bourgeons qui en résultent sont rarement apiculés, plus souvent de forme ovale. La cellule est fortement vacuolisée. La forme apiculée n'a été observée que dans de L'es jeunes colonies. Plus tard, la cellule change de tonne, s'allonge en forme de boudin mi prend l'aspect de demi-lune. Les cellules mesurent "2 à G u. de long et 1,5 à 3,."> a de large. L'essai de sporulation souvent répété n'a pas donné de résultats positifs. •A (.A ts' ^ ïï 0 Ë,% C'a <3 O o rs\ o ~o" Ql3 * © «3> Fig. 25. - Torula Ribis. Jeunes cellules bourgeonnantes. à leur intérieur un petit globule de graisse. Les cellules sont bourgeon- nantes. On obtient aucune formation de spores, ni sur carotte ni sur plâtre. Ensemencée dans le moût de vin, cette levure forme après trois jours un voile et un anneau puissant. Le voile reste uni et le dépôt muqueux. Elle fermente très mal le moût de vin; Le distillât nous a donné 3,5 °/o d'alcool en volume. Seuls le glucose et le fructose sont attaqués par la levure et le milieu fermenté dégage une odeur d'éthers assez aromatiques. Cette levure correspond assez bien à la Torula décrite par Will2. Torula Rubi nov. spec. Isolée des fruits du Rubm Idseus et Ribes rubrum, cette levure forme sur Le moût gélatinisé au début une petite taclie circulaire peu élevée, d'aspect humide. Le centre est grisâtre et le pourtour blanchâtre, presque uniforme. 2 Will, H. Beitrâge zur Kentnis d. Sprosspilze ohne Sporenhildung'. Centralhlatt fur Bàkteriologie, XVII (1307), XXI (1908). •(19) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 449 Les colonies géantes donnent, par liquéfaction de la gélatine, des petites cuvettes de l'orme très régulière. Le pourtour en est finement plissé et présente un trèsjoli dessin. Le centre est légèrement granuleux (cfr. Planche, lig. h. »**&> Fig. 26. — Torula Rubi nov. spec. .Jeunes colonies. A droite, colonie de trois jours; à gauche, eolonie de six jours. '/•• Fig. 27. — Torula Rnbi nov. spec. Colonie géante. En lias, liquéfaction de la géla- tine en forme de cuvette. Les cellules sont de formes variées, tantôt ovales ou plus allongées, tantôt rondes; elles mesurent 3 à 1 ft de long sur 1,5 à 3^ de large. Leur contenu est transparent et possède une vacuole et des petites granulations brillantes, principalement localisées aux deux extrémités. Les cellules sont bourgeonnantes. c~> © O f( Fii^-. 28. — Torula Rubi nov. spec. Cellules frises dans une colonie géante. Dans le mont de vin, cette levure ne provoque aucune fermentation et le milieu distillé, au bout de trois mois, ne présente aucune trace d'alcool. BULLETIN IJK LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N08 7-8-9, parus le 30 mars 1918. 7 450 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20)- .Nous n'avons constaté aucune formation de spores sur carottes ou sur plâtre. Les cellules deviennent plus grandes et la vacuole centrale diminue. Ensemencée dans des milieux nutritifs glucoses ainsi que dans du moût de Ain, cette levure tonne au bout d'un à deux jours, un beau voile de couleur blanc grisâtre et finement plissé. Ce voile est très dense et les cellules qui le forment sont plus allongées et si compactes que l'on a beaucoup de peine à les séparer. Le milieu nutritif prend une odeur très désagréable. .Nous avons remarqué que le voile est encore plus dense dans le milieu Scbukow glucose. Otte levure n'hydrolise aucun disaccharide. Etude de la résistance et de l'action des acides organiques vis-à-vis des levures étudiées dans ce travail L'étude de l'action des acides organiques sur les levures est d'un intérêt tout particulier, non seulement au point de vue scientifique, niais aussi au point de vue pratique. Elle nous donne des renseignements précieux en ce qui concerne la nutrition de la levure et son pouvoir fermentât il'. Pratiquement et industriellement, elle est non moins précieuse dans la question de la diminution de l'acidité dans les vins pendant et après leur fermentation. Pasteur avait déjà démontré que des levures cultivées dans des milieuxà acide tartrique s'emparent de (assimilent) la modification droite et laissent la gauche intacte. N^egeli1 a trouvé que les levures prennent le carbone nécessaire à leur nutrition aux acides organiques, toutefois, elles ont besoin à cet effet du concours de l'oxygène. 1 N.kuei.i, Sitzung8ber. . il y a augmentation d'acidité du milieu (probablement acide succi nique). Pendant les trente derniers jours, la diminution a lieu, mais sans atteindre après les quarante-cinq joncs, la quantité obtenue par les levures asexuées. Il ne faudrait pas évidemment penser que les chiffres calculés comme diminution d'acidité ne représentent uniquement que cette diminution pendant quarante-cinq joues. Il \ a lieu, dans chaque cas, même si la couche n'est pas ascendante à un certain moment, de défalquer du chiffre trouvé une certaine quantité correspondante à l'acide sécrété (27; R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES \.) par le chimisme de la levure. Pour ce qui nous intéresse, ces chiffres sont justes, ayant été établis dans les mêmes conditions d'expérience. Il y aurait lien, dans un travail subséquent, de séparer nettement le facteur acide sécrété du l'acteur acide ajouté. Comparaison des courbes pour l'acide citrique On reconnaît ici également deux faisceaux de courbes traduisant, d'un côté, la diminution de l'acidité des levures sporulantés et, d'un autre côté, des levures asexuées. Pour ces dernières, l'acide citrique est fortement attaqué pendant les trente premiers jours et cela d'une façon presque constante. Un trentième au quarante - cinquième jour, la diminution continue, niais d'une façon plus modérée. 100 IVK ^ 0% \ Q&5 0ft> ^ N (IIS \ V \ N o.^o ^ ^x> \ 0^ \ \ \ 0 o0 \ X ^ ^ Offi ^ n.So N OtS — 0.^0 0^5 ^cide Cifcrïnue. o}. \S 3a « 11 4 10 "Fig. -'il».— Courbe de la diminution de l'acidité (acide citrique) en présence de levures i.")S KULLET1N DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (28) Quant aux levures sporulantes, la dégradation se fait pendant la première période d'une manière constante^ niais moins accentuée que pour les levures asexuées. A partir du trentième jour, contrairement à ce qui se passe pour les levures non sporulantes, il \ a diminution très sensible de l'acidité à tel point que les deux faisceaux semblent converger. Comparaison des courbes pour l'acide malique [ci les deux faisceaux sont encore mieux marqués de sorte, qu'aussi bien pour les levures à spores que pour les levures asexuées, la diminution d'acidité se l'ail (Tune manière presque constante dans les deux cas. Cependant, il esta remarquer que connue pour les acides tartrique et citrique, la diminution est ici du double plus forte pour les levures sans spores que pour les levures sporulantes. 4 1n 100 >> \\ 0,95 \ ^T~~\ 0.90 \ — 0.85 ^n. \ 080 ^ 032 \ 0-TO OiS o.to 0.SS os ncideniflltaue. s crt- IS . ft t5 10 11 Fig. 31.— Courbe delà diminution de l'acidité (acide malique) en présence de levures. 1 29 1 K.-E. l.lhWKi. QUELOUES LEVURES ALPINES 159 En outre, les levures sporulantes manifestent dans les quinze premiers jours on une légère augmentation d'acidité ou celle-ci reste sensiblement constante. D'après ce qui précède, on peut différencier 1rs levures sporulantes des levures asexuées |>;ir la manière dont elles attaquent 1rs acides organiques (tartrique, citrique et malique). Les courbes de chaque acide, pour les six levures étudiées, se groupent en . Il, représentant les levures asexuées. Ainsi, nous pouvons établir, à côté (1rs caractères taxinomiques, un nouveau caractère physiologique distinctif pour séparer les levures à spores des levures s;ms spores. Il ressort également de relie étudequeles levuresà spores attaquent beaucoup moins les acides organiques (tartrique, citrique cl malique) «pie les le\ lires salis spores. Il esta noter que, pour les acides tartrique et malique, le milieu dans lequel on cultive la levure N" 8 présente, pendant les premiers quinze jours, une augmentation d'acidité. Cette levure utilise l'acide citrique plus faiblement que toutes les autres levures, mais d'une façon très constante pendant les quarante-cinq jours (courbe -ligne droite). Nous pouvons donc en conclure que pour les levures sporulantes, même si la courbe décroît les quinze premiers jours, i! \ ;i formation d'acide tandis qu'au contraire, pour les levures asexuées, il \ a une disparition d'acide plus forte pendant celle même période que lors des quinze derniers jours. Eu faisant les totaux de la diminution de l'acidité pendant quarante- cinq jours, on constate que, entre les leuires à spores et les levures sans spores, le rapport pour l'acide tartrique est de I : 2,8 ; pour l'acide citrique l : 2 et pour l'acide malique I : 2,7, ce qui nous montre que les levures non sporulantes utilisent trois lois pins d'acide tartrique et malique et deux l'ois plus d'acide citrique (pie les levures sporulantes. Cette observation se laisse résumer par le tableau suivant : Moyenne de la diminution de l'ac. tartrique pendant 45 jours Rapport Acide citrique Rapport Acide malique Rapport Le\ ure sporulante . . ■ 116 327 1 2.X 796 1603 1 2 522 1419 1 2,7 ; Le\ ure non sporulante 460 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (30) i I. Torula Rubi nov. spec. Colonies géantes (trois mois) sur moût ti-éla- tinisé. 11 II. Saccharomyces Ribis nov. spec. Colonies géantes sur moût gélatinisé (vues de haut). !li i!.-K. i.rnwin. quelques levures alpines il'»] ...i i BIBLIOGRAPHIE UTILISÉE Pasteur, L.. Mémoire sur la fermentation de l'alcool. Annales de Chimie et de Phy- sique, LVII et LVIU (1859). Hansen, E. C, Compte rendu des travaux du laboratoire de Carlsbey, 1 (1879-1881). Buchner, E., Ber. der deutsch. Chem. Gesellschaft, XXXVI (1903). Hoffmann. Botanische Zeitung, XV1I1 (1860), 49. Hoffmann. Annales des Sciences naturelles, XIII (1860), 21. Pasteur, Lv Etude sur la bière (1876). Taris. Beyekinck, M. W., Centralblatt fin- Bakteriologie, II Sèf., XVI (1894), 49. Eolants. Annales de l'Institut Pasteur. XIII (1899), 152. Ei.i'iani. C. et Sarcoli, T., ex Kochs Jahresbericht, XIII (1902), 324. Kavseh, E., Annales de l'Institut Pasteur, V (1891;, 456. Pearce, E. li. and Barker, P. T.. Journ. of. agric. se. III (1908), 55. Meissner, K., Jahresbericht d. Vereinig. /'. angeto. Botan., III (1906), 44. Majrtinaud, W. et Rietsch, M., Compte rendu académique, CX1I (1891), 730. Miii.i.EK Thurgau, II.. Jahresbericht der deutsch. schw. Vers. St. (1896), 320. Rommel, W.. Woch. f. Brauerei, XIX (1902), 320. Hansen, E. C. Hedwigia, XIX (1880), 75. Hansen, E. C, Compte rendu des travaux du laboratoire de Carlsberg, I (1881), 159. Brefeld, O., Landw. Jahrh.. IV 0875), 414. Brefeld, ().. Landir. Jahrb., V (1876), 332. Pasteur, F.tudc sur la bière (1876). J50, 155. Hansen, E. C, Compte rendu des travaux du laboratoire de Carlsberg, l (1882), 203. Hansen. E. C. Annals of Dot.. IX (1895), 549. MULXER TKURSAU, Weinbau und Weinhandél, XL. XLI (1889). Wortmann, .1.. Ber. il. kônigh Lehranst. /'. Wein <>bst. und Oartenhau (1896), 42. Boutroux, L.. Bull. Soc. Linn. Normand., VI (1881), VII (1883). Boutroux, L.. Annales des Sciences naturelles. Botanique, XVII (1884). 144. Hansen. E. C. ccntralidott Bactériologie, X (1905). I. Hansen. E. C. Centralblatt Bakteriologie, XIV. 545. N.v:<;eli. Sitzungber. d. baur. Akad. (1879). Henneberg, W.. Centralblatt fur Bakteriologie, XV (1906), 264. Henneberg, W.. Centralblatt fur Bakteriologie. XIV (1907). 633. Johannessohn, Fritz. Biochem Zçitschrift.. XLVI1 (1912), !»7. Beneke. W., Ilandbuch techn. mycoîog., I (1904). 420. KjtŒMEiî. K.. Uandtnich techn. mycolog., V (1913). 425. Gœthe, IL. Jahrbuch fur Gartenkunde und Botanik (1884). A. Czéh und II. Mi'u.LEK Thurgau, Weinbau und Weinhandél, XIV et XV (1888). KuniSCH, Weinbau und Weinhandél. XLII et XLIV (18889i. Wortmann, J., Landio. Jahrh. (1894). E. Mach et Portele, Landw. Versuchstanionén (1892). KULISCH, Weinbau und Weinhandél. XLIII (1889), 60. Kulisch, Weinbau und Weinhandél. XLII (1889), 450. Schukow, .1., Centralblatt fur Bakteriologie, II (1896), 001. Quelques remarques sur des espèces alpines rencontrées hors de leur station habituelle par W. VISCHER (Communiqué à la séance du 8 octobre kjiji Dans la plaine, un certain nombre de plantes se rencontrent dans les forêts; dans les stations plus élevées des préalpes et des alpes, elles préfèrent les lieux ouverts et ensoleillés (par exemple, le Lilium Mar lagon L.). La majorité ^\v> auteurs modernes s'intéresse plutôt à des questions de formations et d'associations et s'occupe rarement d une unité systématique dans ses milieux différents. Mais pour mieux comprendre les détails de la biologie, il n'est pas seulement nécessaire d'établir des listes d'espèces différentes qui peuplent des stations données; il faudrait de nouveau étudier plus à fond une espèce ou un genre donné dans ses stations différentes.. Quelques travaux, en partie déjà un peu anciens, démontrent à quels beaux résultats aboutit celte méthode. Je ne cite que quelques-uns (\t^ plus importants1. Dans la plaine, le Lilium Martagon L. se trouve surtout dans les forêts de hêtres (Fagus silvatica L). «Dièses slallliclie Liliengewachs tritt bei uns besonders gern in den Bucfienwàldern in Gesellschaft von Mercurialis perennis, Viola silvatica, Riviniana, Asarum europseum, Brachypodium silvàticum, Milium effusum, l'on nemoralis, Carex digi- tata, Majanlhemum bifoliuni, Sanicula europsea, Paris, Arum, Asperula 1 A. de Candoli.e. Géographie botanique raisonnée, Paris. 1855 (surtout le chapitre III. sur la délimitation îles espèces). — Kerner, A. Pftanzenleben, Leipzig- (1888), 453. Bonnier, G. Recherches expérimentales sur l'adaptation des plantes au climat alpin. Annules des sciences naturelles, série VII, 20, page 217. — Bonnier, G. Expé- rience sur la production des caractères alpins des plantes par l'alternance des températures. Comptes rendus de l'Académie des Sciences de Paris (1898). 307. Steensïrôm. ï'ber das Vorkommen derselben Arten in verschiedenen Klimaten und an verschiedenen Standorten. Flora (1895), 200: Wiesner und seine Schule, Wien, 1903 (voir surtout la littérature du chapitre « Lichtgenuss »). — Schimper, A. F. W. Pflansengeographiè, lena. II. édition (1908), 755. z W. VISCUER. REMARQUES SUR 1>KS ESPÈCES ALPINES 463 odorata, Anémone nemorosa uncl hepalica, Ranuneiilvn nemoroms, Actaea, Aquilegia, Phyleuma spicalum, Oxalis aceiosella, Neottia, Euphorbia dulcis, Galium silvaticum, Uieracium murorum, Vinca minor, de., oder in Bergwâldern (hier mit Ranunculus lanuginosns, Aconilum lycoctonum, etc. i auf1. » Plus nous avançons dans la région montagneuse, préalpine et alpine, plus nous voyons cette plante sortir de ces endroits ombragés pour devenir une plante de prairies et de pâturages. Avec quelques modifications, le.Peucedanum ostruthium ( L.) Koch, Aquilegia vulgarisL., Equisetum Mentale L., Géranium rivulare Vill . , etc. , présentent la même particularité. En juin 1907, nous a\oiis observé le Pirola chloranlha Sw. dans une forêt sombre d'Epicéa (/'/<■<■ . Au-dessus d'Aren se trouve nue futaie de Solanum dulcamara L. sur une pente ensoleillée. A cet endroit, on peut observer de nombreux pieds de cette plante, accompagnés de Turritis glabra L, Anthericum liliago I... Ononis Natrix L.rSaponaria ocymoidesh., Erysimum helveticum DC. et. ;ï une petite distance, Oxytropis pilosa (L.) DC. Apparemment, c'est du terrain neuf, un talus, où ta surface a glissé en bas, ou qui ;i été déboisé et qui s'est repeuplé récemment par cette association. Cependant, nous pouvons constater avec netteté que le Solanum dulcamara L. se trouve transporté' dans une association de plantes de pins en [dus xérophiles à mesure qu'augmente l'altitude. Parallèlement, nous pouvons observer une différence morphologique. Dans les lieux humides de la plaine, les rameaux sont longs et leur extrémité souvent légèrement volubile. Dans la pinède, au-dessus de Neubrûcke, au contraire, la plante forme un petit buisson ; toutes les feuilles sont simples et non lyrées. A Aren, on on ;i l'impression d'une plante vigoureuse, de cinquante centimètres de hauteur, le Solanum dulcamara L forme comme de grands pinceaux érigés et à ramification basale1. On pourrait confondre, à une certaine dislance, ces buissons avec le Vincetoxicum officinale Mônçh. des pentes chaudes. Ce fait que certaines espèces sont plus on moins volubiles selon la quantité de lumière et d'humidité qui est à leur disposition, est parmi les plus intéressants de la phytogéographie écologique. (Comparez le chapitre sur les Solanées par R. Chodat et W. Visciieb dans La végétation du Paraguay, paru dans ce Bulletin en 1916, par exemple : Solanum Rojasii Chod.) Nous avons en culture la forme d'Aren2 et nous espérons pouvoir faire quelques expériences sur les causes de ces différences morphologiques, si le service militaire nous le permet. .Monsieur le professeur Chodat nous a fait remarquer que le Vinceto- 1 Les exemplaires correspondent à la variété indivisum Hoiss., tandis que ceux de Neuenbriicke sur Viège à la variété ovatum Rony et. à Kalpetran, se retrouve le type. 2 C'est mon ami, Monsieur Henri Guyot, qui, en mon absence, a bien voulu se charger de ces déterminations. Il a aussi vérifié une partie des notes bibliogra- phiques et je lui exprime mes meilleurs remerciements. (4) \V. VISCHER. REMARQUES SUR DES ESPÈCES ALPINES 4B5 àcicum officinale Mônch présente la même particularité que le Solarium dulcamara L. Au bord des forêts du canton de Genève, on peut observer des rameaux légèrement volubiles, se glissant entre des brandies de buissons mieux soutenues leur servant de support. Au pied des pentes chaudes du Valais et du Jura, les branches sont droites et dressées par leur propre force. Pour terminer, nous mentionnons encore une station intéressante du Corallorhiza innata R. Br., déjà connu par le chanoine Favre1. Elle se trouve près de la galerie de Kaltenwasser, à 1980 mètres, bien au-dessus de la limite actuelle de la forêt, entre les Rhododendron ferruginewm L., Salix helvetica Vill., S. arbu&cula Wahlenb., etc. Il est intéressant de constater qu'au point de vue de sa nutrition, le rhizome n'est pas entouré par des aiguilles de sapin en voie de décomposition, mais qu'il est placé dans un sol pauvre en matières organiques, ce qui se voit clairement aux particules de mica adhérentes au rhizome. Il faut se demander si la limite de la forêt n'était pas plus élevée. Dernièrement, en constatant une association analogue. Monsieur Wilczek s'est posé la même question2. A cette altitude, aujourd'hui au inoins, l'ombre des Conifères fait naturellement défaut. Derrière l'hospice, VEquisetum hiemale monte presque dans la Toundra alpine. On l'a d'ailleurs indiqué jusqu'à 2600 mètres3. Il existe probablement plusieurs causes, qui forcent une plante de choisir des stations mieux éclairées avec l'altitude croissante. Il n'est pas probable que des espèces comme le Lilium Martagon L. ne puissent pas supporter l'insolation totale de la plaine, puisque précisément celle-ci est moins forte que dans les alpes. La température et In concurrence jouent probablement un rôle évident. Jusqu'à un certain degré, il y a aussi coïncidence entre la pression amoindrie du (',02 des hauteurs et le besoin d'une lumière plus forte; on pourrait supposer que dans la plaine une lumière atténuée suffît pour l'assimilation, tandis que la pression amoindrie nécessite une lumière plus efficace* Cependant, les différences qui entrent en ligne de compte ne dépassant pas .r>°/oà 10°/o, ce rôle de la pression doit être considéré comme minime. En premier lieu, il faut penser à la diminution delà somme de température, cette dernière étant nécessaire pour le développement d'une période de végétation. 1 Jaccakd, H., 1. C, 342. 1 Wilczek, E. Voyage botanique clans le Valais supérieur, Bulletin de la SociHè Muriihienne (1916), » Hegi, G., 1. c. Volume I (190G), 60. bulletin de la société botanioue de genèvb, Nos 7-8-8. parus le :)<) mars I01S. S 466 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (5) Cette diminution esl compensée en partie par l'augmentation de la quantité de Lumière. Une telle compensation paraît avoir été constatée pour plusieurs plantes, par exemple pour la vigne1. Dans certaines parties des alpes (Berner Oberlând), la quantité des jours uuagèux est considérable et, par conséquent, 1rs plantes sont forcées de choisir les endroits mieux exposés. Il esl ('vident qu'un équilibre doit exister entre la pression de COa, la somme de température, l'insolation et la durée dune période de végétation. L'étude de ces rapports mutuels et de l'influence de chaque facteur, ne peut se faire qu'à l'aide de beaucoup d'observations exactes et d'expériences. Un large champ de travail est ouvert aux laboratoires alpins. A part le beau travail de Monsieur Riïbel sur la végétation de la Bernina2, dans lequel cet auteur a introduit et développé des méthodes exactes, les résultats des travaux sur l'influence du climat alpin sont trop contradictoires pour en tirer des conclusions générales exactes. Ceci provient du fait que les auteurs sont partis d'une base très générale et u'ontpas séparé les différents facteurs. Leurs résultats, quel que soit leur intérêt, ne sont donc pas comparables. A ce propos, qu'on examine les résultats bien connus obtenus par Monsieur Bonnier, dans le Dauphiné, au ciel bleu, avec les conclusions que Monsieur Leist a tirées de ses expériences faites dans le nuageux Oberlând bernois : «Dass die in den Alpen an freien, sonnigen Standorlen gewachsenen lilàtlerin Bezugaufdie Konu und Struktur des Mesoplnlls mit den Schattenblattern der Ebene iibereinsliinmen, indem sie die fur die Schattenformen charaeleristischen Yeranderungen erleiden », exception faite de l'épiderme qui tend à s'épaissir3. Les expériences et les observations sur la durée du développement pendant une saison, ont aussi donné des résultats contradictoires. Les modifications de cette durée sont différentes pour des espèces différentes et la nécessité d'expérimenter avec des unités xyslématiques dans des conditions aussi comparables que possihle, s'impose catégoriquement. 1 Schkqtek, ('., 1. c. page 640. 2 Rùbel, E. Pflanzengeographische Monographie des Berninagébietes, Leipzig' (1912). 3 Leist, K. Cber den Einfluss des alpinen Standortes auf die Ausbildung der Pflanzen. Naturforschende Gesellschaf't, Bern (1889). RÉPERTOIRE DES NOMS NOUVEAUX DE GENRES, ESPÈCES ET VARIÉTÉS PUBLIÉS DANS CE VOLUME IX, ANNÉE P.H7 * Les chiffres précédés d'un astérisque se rapportent aux pages où figure une vignette Anémone Knappii Palézieux (= «Anémone alpina var. sulphureaX Ané- mone montana» Palézieux : nomen nudum!), p. 133; X Anémone Malhildœ Palézieux (== « Anémone alpina var. sulphurea X Anémone polyscapa» Palé- zieux : nomen nudura!), p. 133. - Apinagia ygnazuensis CHodat et Vischer, 180*, 181*, 182*, 183*, 192*, 19o*. — Arrabidœa tobatiensis Chodat, 243. Llonodia (?) biglandulosa Chodat, 105*. - Closteriospira Reverdin, nov. gen., 52, 53*, 54*; Closter. lemaniensis Reverdin, 54*. -- Cystococcus Xanihoriœ pqrietmœ Letellier, 394, 395*, 397 el 412, fig. E IV. Uicella nucifera Chod. (1892), 56*, 61*, 64* à 76* (fig. 128 à 144), - Diceras Reverdin, nov. gen., 47; Diceras Cliodati Reverdin, 46*, 47. — Doxantha unguis var. microphyila Chodat, 243. Uaudichaudia II. 15. K. emend. Chodat, 99; Gaudichaudia affinis (Saint- llil.) Chod., eorab. nov., 101; Gaudichaudia avgenlea (Griseb.) Chod., comb. nov.. 101 ; Gaudichaudia Barbeyi(Choâ.) Chod., comb. nov., 10,0 ; .Gaudichau- dia calilornica (Benth.) Chod., comb. nov.. 100; Gaudichaudia diandra (Ndz.) Chod., comb. nov., 100; Gaudichaudia ericoides (Saint-Hil.) Chod., comb. nov., 101; Gaudichaudia Galeottiana (Ndz.) Chod., comb. nov., 99: Gaudichaudia Glazioioiana (Ndz.) Chod., comb. nov., 101; Gaudichaudia gracilis (Gray) Chod , comb. nov., 100; Gaudichaudia hexandra (Ndz.) Chod., comb. nov.. 468 BULLETIN UE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) 100; Gaudichaudia Rilairiana Chod., nom. nov., 101: Gaudichaudia hirsuta (Saint-Hil.) Chod., comb. nov., LOI; Gaudichaudia hyssopif'olia (Gray) Chod., comb. nov., 102: Gaudichaudia lanata (Chod.) Chod., comb. nov.. 101; Gau- dichaudia mollis (Ndz.) Chod., comb. nov., 101; Gaudichaudia Xiedenzuana Chod., nom. nov., 101; Gaudichaudia robusta (Chod.) Chod., comb. nov., 106: var. Fiebrigii Chod., 107; var. genuina Chod., 106: var. sericea (Griseb.) Chod. 107: Gaudichaudia salicifolia (Chod.) Chod., comb. nov., 101; Gaudichaudia urens (Lagasca) Chod., 102. — Gentiana campestris var. haltica (Murbeck) Bèauverd, comb. nov. M N P, ionandra paraguariensis Chodat, 10)5*, 101*. ostoc Pelligerœ Lelellier, 387, 412*, fig. A, #, C et 1). _ odostemon atrichut Chodat et Vischer, 167*, 168*, 169*, 170*, 179*, 183* 195*: Podostemon aguirensis Chodat et Vischer, 191*, 194; Podostemon Warmingii Chodat et Vischer, 174*, 177*, 176*, 177*, 178*, 180*, 184*, 185* 186*, 187*. 188*, 190*, 194. — Primula vulgaris; var. ealva Bèauverd, 370: id., var. genuina (Pax) Bèauverd, comb. nov., 371: id. var. hypoleuca (Halacsy) Bèauverd, comb. nov., 372: id. var. truncata Bèauverd, 362*. 365*. — Pulsatilla Halleri var. polyscapa Bèauverd, X Pulsatilla Knappii Palézieux [_ pHiSatilla qlpina ssp. sulfurea X Pulsatilla montana] (nomen), 128: X Pulsatilla Malhhdœ Palézieux [= Pulsatilla alpina ssp. sulfurea X Pulsatilla Halleri var. polyscapa] (nomen). 128; X Pulsatilla vefulgens Bèauverd [= Pul- satilla Italien var. polyscapa X Puisai, lia vernalis], 127: X Pulsatilla vispen- sis Bèauverd [= Pulsatilla Halleri var. polyscapa X Pulsatilla montana), 127. hhaphidium spirochroma Beverdin, 49*, 51. — Rhizopus Maydis Bru- derlein. 108 et 112. Oclerotinia Matlhioke Ledoer, 42., 427*, 428*. 429* et 430*. - Sac- charomyces Ribis Ludwig, 439, 440*, 460*. — Stichococcus Coniocybes Lelellier. 401*. iOi* 412*. fig. F III — Sclerotinia Matlhiolœ Lendner, 23*, 24*. 26*. 29. 127*. 428*. 129* et 430*. — Sempervivum urachnoideuni var. subacaule Bèauverd, 355. I orula àlpestris Ludwig, 446*: Torula Ribis Ludwig, 447*. 148; Torula Rubi Ludwig, 4'iS. 149*. 460*; Torula Sambuci Ludwig. 441*. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE •>me Série. — Volume IX, 1913 TABLE DES TRAVAUX PAR NOMS D'AUTEURS Pages Beauverd, G. — Compte rendu des séances 1, 7, H, 129, 131, 133, 353, 357 et 359 » Le Docteur Alfred Chabert (nécrologie) 15 » lies Pulsalilles du Valais 125 » A propos du Gentiana baltica Murlieck 351 Deux races inédites de Primula vulgaris Huds., 1 vignet. 362 Bruderlein, .1. — Le Rh/zopus Maydis Rruderl., n. sp 10b! Chodat, H. et Vischkr, W. — Résultats de la mission botanique suisse au Paraguay, 44 vignettes 55 » » Résultats de la mission botanique suisse au Paraguay, 4 planches coloriées et 59 vignettes 105 Christ, H. — Vn pionnier de la flore des Alpes occidentales an XVIe siècle 137 Ducei.likr, F. — .Notes sur le pyrénoïde dans le genre Cosmarium, 5 vignettes et une planche in-texle 30 Ouyot, H. — Une Mucorinée cyanogène 30 Lendner, A. — Un Sclerotinia parasite du Matlhiola vallesiaca, 3 vignet. 21 » Nouvelles recherches sur le Sclerotinia Malthiolce Lend. 4 vignettes 421 Letellier, A. — Elude de quelques gonidies de Lichens, 0 vignettes et une planche 373 Ludwig, R.-E. — Etude de quelques levures alpines, 31 vignettes, 1 pi. . 431 Martin, Ch.-Ed. — Champignons des pâturages et des bois de mélèzes du Val Ferret (Valais) 113 Puy.maly, A. de. — Sur une Siphonée d'eau douce, le Dichotomosiphon Tuberosus (A. Br.) Ernst 120 Rayss, C. — Cœlastram reticulatum (Dang.) Lemm., 1 planche 413 Rehfous, Laurent. -- Etude sur les Stomates, 125 vignettes 245 Reverdin, L. — Le genre Diceras, nouvelle Leptocbromadinée, 1 vignette. 45 Le Raphidium spirochroma Reverd., nouvelle espèce planctonique, l planche in-texte 18 Une nouvelle Algue, le genre Closteriospiva Reverd., 2 vignettes 52 Thériot, .1. — A propos du Braunia diaphana Jaeg. et du Leucodon sehishis Welw. et Duby 1 35 Vischkr, \V. — Quelques remarques sur des espèces alpines rencontrées hors île leur station habituelle 402 Rkpkrtoirr des noms nouveaux de genres, espèces et variétés publiés dans ce volume IX, 1917 407 TABLE DES TRAVAUX PAR ORDRE DE MATIÈRES 1. Anatoinie. — Biologie. Morphologie. — Physiologie. (générales ou spéciales) Pages Bkuderleix. Le Hhizopus May- dis n. sp 9 et 108 Chaborsky. Sur la sexualité d'une levure de figue . 357 Chodat. Une péridiniacée nivale 7 » Mouvements floraux du Lilium Martagon L. . 358 Chodat et Vischer. Biologie vé- gétale du Paraguay. . 9 et 35 Chodat et Vischer. Nouvelles études biologiques sur la végétation du Para- guay 132 et 165 Dcceli.iku. Pyrénoïdes des Cos- marium 8 et 36 » Zoocécidies des envi- rons d'Arolla 355 Guyot. Une mucorinée eyan. . 7 et 30 Jauch, M11». Anatoinie des Po- lvgalacées 133 Lendner. Un Sclerotinia du Mat- thiola vallesiaca. . . 7 et 21 Letellier. éonidies des Lichens 133 et 373 Penard. Chytridiuée antartique 7 Puymaly (A. de). Sur le Dicko- tomosipkon tnberosus. 120 Rayss, M11''. Le Cœlastrum pul- chrum 131 Rehfous. Etude sur les stomates 133 et 245 Reverdin. Nouvelles algues du lac de Genève. 9, 45 et 1311 Vischer. Dispersion de quelques espèces alp. en plaine . 354 2. Systématique. Oéobotaniqne. Pages Beauverd. Pulsatilles du Valais 125 » Phanérogames xéro- phytes des Andes 1 30 » l ne race inédite du Primul'â vidgaris 130 et 162 » Herborisations à Zer- matt 133 « Gent iana baltica Mur- beck 351 » Etude synécologique de deux marais du Jura 300 » Observations sur le genre Sempervium . . . 355 Chjrtoiu, Mlle. Sur les Symplo- cacées 131 Chodat. Les formations aquati- ques au Paraguay. . . . 356 Christ. Un pionnier de la flore des Alpes occidentales au XV'îrae siècle 137 GnxET. Ceterach officinarum au Salève 132 Guyot. Plantes nouvelles du Valsorey 357 » Sur la variation de quelques Ombelliteres. 357 Martin. Champignons du Val Ferret 113 Mégevand. Cardatnine Impa- tiens à Genève 134 Mégevand et Romieux. Le Cir- sium tuberosum dans le canton de Genève.. 354 Meylan. Contributions à la flo- re du Jura suisse 358 Minod. Les Stémodiées 8 (5) TABLES DES MATIERES 47 Pages Theriot. Flore bryologique de l'Afrique australe 132etl3."> Visgher. Deux phanéroganes cri- tiques de la flore suisse 132 3. Comptes rendus. — Nécrologie. I>ii ers. Pages Beauverd. Compte rendu des séances 4, 7, 8, 129, 131. 133, 353, 357 et 359 » Nécrologie D1' A. Cha- bert 15 Brcderlein et Martin. Rapport des vérificateurs •'» Chabert, Dj A. Sa nécrologie, (i. Beauverd 15 •Chômât. Rapport du directeur du Bulletin "i » Résumé du Mémoire de T. Jacob et E. Gain. Pages « Bibliographie de l'ac- limi du cuivre sur les végétaux » 354 Ducellier. Rapport présidentiel 2 Frey-Cessner, Dr E. Sa nécro- logie, par fi. Reauverd 359 Gain et Jacob. «Bibliographie de l'action du cuivre sur les végétaux <> (ré- sumé par R. Chodat). 354 Guyot. Rapport financier 4 Keller. Florule paludéenne du canton de Genève. . . . 359 Liste des membres 10 Nécrologie. Alfred Chabert . 2 et 15 » Jules Allemand 2 » Emile Frey-Gessner. 359 Répertoire des noms nouveaux de ce volume IX 467 Table des travaux par ordre al- phabétique 4 INDEX DES ILLUSTRATIONS 4 Chromogravures hors-texte : PI. IV. «Espin illares» à Concepcion (Arrabidœa rliodantha et Phylloslylon). PI. V. Berges de la rive gauche du Hio Paraguay : Bignoniacées eu fleurs. PI. VI. « Paralodales» du Chaco paraguayen (Teconm argentèum) et rive droite du Rio Paraguay (Gran Cliaco).. PI. VII. Ilôt de foriH dans le Campo vers Flpané (Tecomn argentèum). 5 Planches in-texte : Pages Pyrenoïdes du genre Cosmarium (F. Ducellier) 42 Raphidium spirochroma L. Revertlin, nov. spec 49 Nostoc Peltigerw, Cyslococcus et Stichoeoccus en culture (A. Lelellier) 412 Cœlastrum reticulatum (Dengeard) Lemm. en culture (ï. Bayss) 419 Torula Rubi et Saccharomijces Ribis Ludwig en culture (B. E. Ludwig) . . 460 276 Vignettes et 3 Graphiques in-texte : Beauverd, G. Baces nouvelles du Primula vulgaris, p. 36o, 1 vignette. — Chodat et Visohkr. Malpighiacées du Paraguay, p. 56, 59, 61, 63 à 92, 102 à 105, 4't vignettes; id. Podostémacées du Paraguay, p. 166 à 192, 30 vignettes; id. Bignoniacées du Paraguay, p. 198 à 202, 207, 209, 210, 213 à 231, 233, 236 et 237, 30 vignettes. Ducellier, F. Pyrenoïdes du genre Cosmarium, p. 39 à 41, 5 vignettes. — Lendner, A. Sclerolinia Matthiolœ sp. nov., p. 23, 24, 26, 127 à 430, 7 vignettes. — Lkteluer, A. Gonidies de lichens, p. 395, 397, 398, 401, 404 et 405, 6 vignettes. — Ludwig, B. E. Cultures de levures alpines, p. 438, 440 à 449, 156 à 458, 25 vignettes, 3 graphiques et 7 tahleaux synoptiques. — Behfous, L. Etude sur les stomates, p. 269 à 279, 281 à 297, 299 à 310, 312 à 345, 125 vignettes. — Bkverdin, L. Algues nouvelles du Léman, p. 16, 53 et 51, 3 vignettes. Les abonnements au Bulletin de la Société botanique de Genèse, 2me série, Suisse', 10 fr. Union Postale, 12 fr. 50 sont perçus au Siège Social, Institut de botanique, Université de Genève graphiœ Labiatarum, fascicule Ier. — C/wdut, DT B. Revision et cri- tique des Polygala suisses. — Idem. Ophrys Bottèroni jChod. — Briquet, John. Notes floristiques sur les Al [tes Lémaniennes. — Chodal, Dy R. &i Martin', Ch. Contributions mycologiqués. — Calloni, /)' S. Contribution à l'histoire des violettes. — Idem. Observations floristiques sur le Tessin méridional. N.° 6, année 1894, 72 p. in-8°, «pi Fr. 3.50 Contenu : Chodat, DR. Rapport du Président. — Lisle des merû- bres. — Penard, D* Eug. Les l'éridiniacées du Léman. — Schim, ÏP- Huns. Observations sur une collection de plantes du Transvaai. N° 7, années 1892-1894, 241 p. in-8«, 1 carte. Fr. 3.50 Contenu : Beauverd, Gustave. Herborisation de la chaîne des Ara- vis. — Briquet, John. Le Mont Vuacbe, étude de floristique, avec l carte. — Schmitfety,, Aug. Une nouvelle Rose hybride. — Idem. Note sur le Dentaria digitata X pinnata. — Crépi n, François. Les Roses du Mont Salève. — Martin, Ch.-Ed. Contribution à la Flore mycologique genevoise. — Paiche, l'h. Observations sur quelques espèces critiques du genre Hieracium. — Briquet, John.. Additions et corrections à la monographie du Mont Vuacbe. — Statuts de la Société botanique de Genève, section de la Société suisse de botani- que, discutés et votés en janvier et février 189 \. — Liste des membres. — N° 8, années 1895-1897; 80 p., in-8° (Avec vignettes in- texte) Fr. 2.50 Contenu : Introduction. Communications scientifiques faites pen- dant les années 1895-1896. Extrait des rapports présidentiels de 1895-1896.— Chur/es-Ed. Martin. Les champignons chez les auteurs grecs et romains.— Aug. Schmidely. Notes floristiques. — Gustave Beauverd. Quelques plantes du versant valaisan des Alpes vaudoises. — C. de CandoUe. Sur les phyllomes hypopeltés. — ./. Briquet et /'. CItenevard. Observations sur quelques plantes rares ou critiques des Alpes occidentales. — Modification aux statuts de la Société.— Liste des membres. Les abonnements au Bulletin de la Société botanique de Genève, 2me série, Suissk. 10 fr. Union Postale, 12 fr. 50 sont perçus au Siègn Social, Institut de botanique, Université de Genève iN" 9, minées 1898-1899, 144 p. in-8° (Avec six planches) Fr: 5. — Contenu : C. de Candolle. Sur les feuilles peltées. — Charles-Ed, Martin. Contribution à la Flore mycologique suisse et plus spécia- lement genevoise. — /'. Chenevard. iNotes Holistiques. — Àug. Scftmi- dely. Notes floristiques. — Venance Payot. Enumération des Lichens des rochers des Grands-Mulets sur le chemin du . Mont-Blanc. — Liste des membres. ■ .\" 10, années 1899-1903, loi p. iu-N" Fr. Contenu: Charles-Ed. Martin. Rapport présidentiel (année 1902). — Gustave Beauverd. Index des tra\au\ présentés aux séances de la Société botanique de Genève d'octobre 18(.ty à juin 1903. — Idem. Happorl sur une excursion Horistique au vallon de la Fillière (Haute-Savoie;, le 2 juin 1901. — Alice Rodrigue, I»1 es sciences. Etude comparative des mouvements ei de la structure de Porliera hygrométrie;! (avec gravures dans le texte >. — Gustave Beauverd. Notes Holistiques sur le massif de la Fillière (Haute-Savoie ». Paul Chenevard. Viola montana X stagnina. -- Liste des membres. N" 11, années 1904-1905, 134 p.. I pi Fr. 1.50 Contenu : C. de Candolle. Observations tératologiques (avec une planche et une gravure dans le texte). — H. Chodat. Une excursion botanique à Majorque (avec gravures dans le texle). — Charles-Ed. Martin. Contribution à la flore mycologique suisse et plus spéciale- ment genevoise. — Liste des membres. 2me Série, Volume Ier, 190'.» (396 pages, avec 4 planches hors texte et 8(.) vignettes) Fr. 16.— Id., Volume IIe, 1910 (275 pages, avec 1 planche hors le\te, 74 vignettes et 2 tableaux graphiques) Fr. 45.— Id., Volume IIIe, 1911 (372 pages, avec 78 vignettes, 2 cartes et 22 tableaux) Fr. 16.— Id., Volume IVe, 1912 (452 pages, avec 107 vignettes, 2 cartes et 49 tableaux in-texte) Fr. 16.— Id., Volume Ve, 1913 (336 pages, avec 3 planches hors texte, 75 vignettes et 4 tableaux in-texte) Fr. 18. — Id., Volume VIe, 1914 (252 pages, avec 1 planche hors texte en trichromogravure et 101 vignettes) Fr. 15.— Id., Volume VIIe, 1915 (336 pages, avec 4 planches in-texte. 108 vignettes et 3 index bibliographiques). . . . Fr. 16.— Imprimerie .lent, Boulevard Georçes-Favon, n et 26, Genève BULLKTIN DE LA SOCIÉTÉ BOilIQi IIE 2n>e Série Volume ]X> 1918 BULLETIN 1)15 LA r r un m l'i'itlli sur-, i.\ DIUKCTIOB l>IÎ Robert CHODAT, IV es se. Professeur à l'Université Volniixe Xe 1918 AVEC 5 PLANCHES IN-TEXTE, 8 TABLEAUX, 2 GRAPHIQUES ET 206 VIGNETTES ><Ù~&îll&-' GENEVE Siège Social : INSTITUT DE BOTANIQUE Université BALE II. GEORG & Co UHKAIHKS-KIMTKURS — (LYON) Corraterie, 10 BULLETIN DE LA PUBLIE SOUS LA DIRECTION DE Robert CHODAT, D' es se. Professeur à l'Université 2m« série Volume X« 1918 AVEC 5 PLANCHES IN-TEXTE, 8 TABLEAUX, 2 GRAPHIQUES ET 206 VIGNETTES •<4~<8»2£<&~£>' GENEVE Siège Social : INSTITUT DE BOTANIQUE Université H. GEO KG & C° (hALE) — LIBRAIRES-ÉDITEURS — (LYON) Corraterie, 10 Les abonnements au Bulletin la Sncièt* liulnniqiie de Genèce-, 2.rafi série Suisse, 10 fr. Unios IWauï, 12 fr 50 sont perçus au Siège Social, Institut de botanique, Université de Genève Bulletin des travaux de la Société botanique de Genève — iV 2, année I87U-18NO, 122 p. in-8«, 1 pi Fr. 2.50 Contenu : Militer Prof. Dr /. Les Characées genevoises. — Idem, Nouvelle classification du règne végétal! — Calloni. La pistiUodie des élaniines cliez le Persica vulgaris; avec I pi. — Idem. Mons- truosité d'une fleur d'Erythronium Ilens-Canis. - Idem. Le corme du P.anunrulus bulbosiis. N° a, années 1881-1883, 159 p. in-8° Fr. B.— Contenu : Brun, Prof. ,/. Végétations pélagiques et microscopi- ques du lac de Genève au printemps 1884. — Calloni. Phyllodiè de la fleurdans l'Anémone Coronaria L.-r-ldem. Caractères distinc- tifs nodvèaux entre Gentiana vèrna L. et G. ntriculosa L. — Idem. lieux formes hybrides entre Orchis odoratissima L. et NigritelJa angustil'olia Rien. — Idem. Dévelopoenlent des glandes sur la sur- face supérieure des feuilles du Pinguicuia vulgaris L. — I marécages, avec I pi. — CattoniD* S, Su rdeux nouvelles formes de violettes. — Idem. Mélanges lératologiques. N" f>, minée 1. — Rapport des vérificateurs des comptes, p. 5. — Elec- tion du bureau pour 1918. p. 5.— R. Chodat et G. Beauverd : Bibliographie, p. 6.— R. Chodat: Les arbres amphibies, p. 6. — W. Vischer : Nouvelles recherches sur le Baphidium Braunii, p. (!. 2. Compte rendu de la séance du 11 février 1918: Affaires administratives, p. 7. - Dr F. Ducellier : Recensement floristique des points d'eau de la région ge- nevoise, p. 7. — G. Beauverd : Distribution géographique des Hydrocotvles, p. 7. — R. Chodat : Bibliographie des Vitamines, p. 8. 3. Compte rendu de la séance du 11 mars 1918: Affaires administratives, p. 8. - Dr F. Ducellier: A propos de la protection des stations botaniques gene- voises, p. 8. — W. Vischer : Un chapitre de biologie silvatique au Paraguay. p. 9. M™ Marcelle Bariîey-Gampert : La flore des . 4. Compte rendu de la séance du 15 avril 1918: Affaires administratives, p. 10. - Dr A. Lendner : Mucorinées récoltées à Bourg-Saint-Pierre (Valais), p. 10. - Dr F. Ducellier: Desmidiacées de la Suisse, p. 10.— Herborisations de 1918, p. 10.— G. Beauverd : Un Erable hybride inédit (X Acer Guyoti Beauverd), p. 11, 5. F. Ducellier : Trois Cosmarium nouveaux de notre flore helvétique (3 vignettes). p. 12. il. L. Reverdin : Notes préliminaires sur un nouveau Stephanodiscus minor nov. spec. et sur la revision du genre Stephanodiscus, p. 17. 7. YV. Vischer : Sur une monstruosité syncaulaume du Taraxacum officinale Weber (2 vignettes), p. 21. 8. C MÉREscHKowsivY : Sur une nouvelle forme de Parmelia vivant à l'état libre il vignette;, p. 20. 9- F. Ducellier: Etude critique sur Euastrum ansatum Ralfs et quelques-unes de sos variétés helvétiques (29 vignettes), p. 35. 10. M>ie B. Jauch : Quelques points de l'anatomie et de la biologie des Polygalacées (15 vignettes), p. 47. 11 . F. Ducellier : Contribution à l'étude de la flore desmidiologique de la Suisse. suite et fin (134 vignettes), p. 85. 12. M. Minod : Contribution à l'étude du genre Stemodia et du groupe des Stéino- diées en Amérique '41 vignettes), p. 155. HLH.I.KTIX DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Y'6 lï2 3-4, [KII'IIS le 30 Sept. 1ÎHS. 1 -2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) COMPTE RENDU :{»2me séance. — Lundi 14 janvier 1ÎM8. Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de l'Institut de Botanique Université), sous la présidence de M. le Docteur F. Ducellier, prési- dent. Le procès-verbal de la précédente séance n'ayant pu élre retiré à temps de l'imprimerie où il était en composition, sera lu en séance de lévrier prochain. La liste des publications déposées sur le bureau sera publiée en même temps que celle des futures séances de février et de mars. RAPPORT PRÉSIDENTIEL SUR L'ACTIVITÉ DE LA SOCIÉTÉ EN 1917, — Selon nos statuts, M. le Docteur F. Ducellier donne lecture du rapport suivant : Mesdames et .Messieurs, chers Collègues, « N'était, pour votre président, l'obligation réglementaire de vous faire un rapport de lin d'année, il aurait pu caractériser l'activité de In Société botanique pendant l'année qui vient de s'écouler par ce simple mot : prospérité. Notre Société a tenu ses neuf séances régulières qui ont été fréquentées par une moyenne de vingt participants. Pendant ces séances, nous avons eu le plaisir d'entendre les communications de MM. Beauverd, Bruderlein, Mademoiselle Chaborsky, Professeur I». Chodat, Mademoiselle Chirtoiû, I)1 Christ (corresp.), MM. Ducellier. Guinet, Guyot, Mademoiselle Jauch, MM. G. Keller (corresp.). Prof. A. Lendner, Letellier, Martin, Mégevand, Meylan (corresp.), Minod, Penard, de Puyinaly (corresp.). Mademoiselle Rayss, MAI. Rehfous, Reverdin, Romieux, Thériot (corresp.) et Vischer. Les sujets traités sont mentionnés dans les comptes rendus et la plupart ont été ou seront publiés par le Bulletin. « Monsieur le professeur Chodat a bien voulu continuer à nous entretenir de la biologie végétale au Paraguay et ses conférences, illustrées par d'admirables projections en couleurs, ont laissé sous le charme ses nombreux auditeurs. A tous ces collaborateurs, fidèles soutiens de la Société botanique, nous adressons nos remerciements. <« Merci aussi ;'i notre dévoué secrétaire-rédacteur, M. Gustave Beau- verd, dont les procès-verbaux consciencieux sont toujours l'image vivante de l'activité de notre Société. Nous avons été heureux de lui exprimer nos félicitations pour sa belle Monographie du genre Melam- pyrum L., travail modèle qui a valu ;'i l'auteur la flatteuse distinction du prix de Candolle. « Comme \oiis le verre/ d'après le rapport de notre trésorier, nos finances sont en bon ordre. Nos meilleurs remerciements vont ;ï M. le Docteur Guyot, pour s;i parfaite gestion. (3) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1918 3 « .Nous tenons aussi à exprimer toute notre gratitude au Département de l'Instruction publique et à Monsieur le professeur (limitât pour l'hospitalité qu'ils nous offrent dans les locaux de l'Institut de Bota- nique. «Nous avons eu le plaisir de recevoir, pendant l'année écoulée, cinq nouveaux membres : MM. le professeur G. Hegi, J. Chiaverio, Meyer, Schoellhorn et J. Jacottet. Un ancien membre, M. A Sprecher, a demandé à être réintégré dans la Société. « Nous avons eu le regret d'enregistrer le décès de M. Frey-Gessner, enlevé à la science à un âge 1res avancé. Tous les anciens membres qui onl eu le privilège de le connaître, conserveront de lui le meilleur souvenir. Conformémenl à une décision prise par la Société, le nombre des herborisations officielles, pendant l'année 1U17, a été très réduit. Une excursion à Zermatt, avec quatre participants, a donné de beaux résultats qui nous ont été exposés par M. G. Beauverd. En septembre, une herborisation inycologique projetée n'a pu avoir lieu à cause de la sécheresse et de l'absence relative des champignons dans la région choisie. Quani aux recherches individuelles, elles ont été aussi nom- breuses que le permettaient la difficulté des voyages et les circons- tances. « Au mois de mai, nous avons reçu du comité de la Société botanique sidsse une demande de préavis sur un projet de création d'un «Journal suisse de botanique» permettant, disait la proposition, «de grouper les articles et mémoires qui étaient souvent obligés de se placer dans des recueils étrangers, journal qui, peut-être après la guerre, pourrait contribuer au rapprochement des savants séparés des pays belligé- rants ». Ce projet comportant l'absorption, au profit de l'organe projeté, de notre Bulletin, une des principales raisons d'être de la Société botanique de Genève, pouvant, par conséquent, menacer celle-ci dans son existence et n'étant pas, d'autre part, dune opportunité actuelle bien démontrée, nous n'avons pas cru devoir entrer en pour- parlers sur ce sujet. La conversation se limita à un simple échange de vues entre Comités et nous y exprimâmes ce que nous savions être l'opinion prédominante dans la Société botanique. Le peu d'enthou- siasme de notre Société à sacrifier actuellement son bien le plus précieux ne signifie en aucune façon que ses membres se désintéres- sent du projet en question. Un organe central de botanique n'impliquant pas nécessairement la disparition de témoins des activités locales et le fait que la création désirée l'est par des botanistes les plus compétents pour juger des besoins de la science botanique suisse, sont des indi- cations amplement suffisantes pour que l'étude de cette question soit envisagée avec la plus sérieuse attention. On peut être assuré qu'en temps opportun la Société botanique de Genève l'étudiera avec le plus sincère désir de bonne entente entre Confédérés et avec l'unique souci de mettre en valeur nos richesses scientifiques nationales. «Comme conséquence de sa situation géographique, du blocus et de la guerre sous-marine, notre pays, subissant une très grave crise éco- nomique, s'est vu obligé, pour remédier au manque de charbon et de céréales panifiables, à mettre en valeur ses tourbières et de vastes étendues de terrain jusqu'ici impropres à la culture. Il en résultera dans l'avenir la disparition d'une foulé de stations intéressantes poul- ies naturalistes. Aussi la protection de noire flore, par la constitution 4 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK GENÈVE (4-) de «réserves», est-elle de huile actualité. Dans le canton de Genève, les marais de Sionnet et de Roëlbeau sont appelés à faire place à la culture; les naturalistes qui les fréquentent et en connaissent les richesses ne verraient pas sans regret disparaître ces stations si pré- cieuses à divers titres. (Test pourquoi nous avons été heureux d'ap- prendre qu'au Conseil des Etals, M. le député Keller (Argovie) avait prié le Conseil Fédéral d'examiner s'il n'y aurait pas lieu de constituer dans les marais susdits une réserve botanique. Dans la même séance iln Conseil des Etats, M. Rutty, député de Genève, en remerciant les autorités fédérales pour l'intérêt porté aux travaux projetés, a tait prévoir la création d'étangs destinés à conserver la faune et la flore de celte intéressante région. Nos sincères remerciements vont au savant député argovien pour son opportune initiative et à notre député aux Etats. M. Rutty, pour l'intérêt qu'il porte à nos richesses scientifiques nationales. En présence des lionnes volontés manifestées, notre Société, dans sa séance de décembre, a émis le vœu que l'étude de ces futures « réserves» soit entreprise au point de vue botanique; M. le professeur Chodat et M. Henri Romieux ont bien voulu accepter de s'inléresser à celte question et de la suivie de près. Espérons donc qu'il nous sera encore permis d'aller étudier et récolter sur place, dans ces parapet, les plantes rares qui en sont un des principaux charmes. « .Mesdames et Messieurs, si nous sommes heureux de constater que notre groupe d'études est bien vivace et plein de promesses, nous n'oublions pas à qui nous le devons. Au Maître infatigable et à l'iné- puisable complaisance, toujours prêt à nous conseiller et à nous guider dans nos travaux et qui a bien voulu, malgré l'énorme besogne qui lui incombe déjà, diriger le Bulletin, nous exprimons ici la profonde gratitude de la Société botanique de Genève. » En déposant notre mandai, nous vous remercions, .Mesdames et Messieurs, pour votre assiduité à nos séances et pour le concours de toutes vos bonnes volontés; nous faisons des vœux pour la prospérité toujours plus grande de notre chère Société. » Décembre 1917. Docteur F. DuCELLIER. RAPPORT DE TRESORIER. Le rapport financier annuel de M. le docteur Henry Guyot peut être résumé comme suit, selon comptes détaillés consignés au registre des procès-verbaux : « Le Débit accuse une somme de fr. 3453,39 comprenant le montant des cotisations annuelles, les abonnements au Bulletin, la vente d'an- ciens Bulletins, les contributions de l'Herbier Boissier, le solde en caisse de 1916 (fr. 3,75) et surtout une importante rentrée d'anciennes notes dont le retard était imputable aux effets de l'interminable guerre dont nous subissons forcément les contre-coups. « Le Crédit équilibre cette somme de fr. 3453,39 par les frais d'im- pression du Bulletin, le règlement de diverses factures, les étrennes annuelles et le solde à nouveau en caisse au 31 décembre 1917. « La Fortune île la Société, comprenant le fonds de réserve inalié- nable et les titres dont les intérêts sont affectés à la publication du Bulletin, s'élève au 1er janvier 1918 à la somme de IV. 6490,05; les Disponibilités sont de fr. 3742,04. (,",) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1918 5 « M. le trésorier attire l'attention sur le côté exceptionnel de cet exercice, dont le boni provient d'une rentrée de fonds arriérés sans laquelle nos comptes auraient dû boucler en déficit. « Le Budget voté pour 1918 à la suite de ce rapport prévoit fr. 2300. — aux recettes contre IV. 1900.— aux dépenses, avec solde en caisse de fr. 400.— au 31 décembre 1918. RAPPORT DU DIRECTEUR DU BULLETIN. M. le Professeur D1 R. Chodat résume comme suit son rapport sur l'activité du liai le Un en 1917 : « Pendant Tannée 1917, trois fascicules ont été publiés: le dernier de 1916 et deux fascicules de 1917 ; le dernier fascicule de 1917 est sous presse et va paraître incessamment. On a publié les mémoires au fur et à mesure de leur remise au directeur. Une légère modification dans la nature du papier a été faite, vu l'impossibilité dans laquelle notre imprimeur était de se procurer exactement la même qualité. Mais le nouveau papier n'est guère inférieur et les clichés réussissent tout aussi bien sur le nouveau que sur l'ancien. L'imprimeur a pris l'engagement de nous maintenir pour toute l'année courante les prix et le papier de 1917. « Comme précédemment, les mémoires ont été réglés par les auteurs des mémoires. Grâce à divers concours (Herbier Boissier, Institut botanique, Société auxiliaire, etc.), l'étendue du Bulletin n'a pas eu à être restreinte et, cette année encore, le budget alloué l'an dernier n'a pas été dépassé. » I». Chodat. RAPPORT DES VÉRIFICATEURS DES COMITES. Les vérifica- teurs des comptes, MM. le Prof. Ch.-Ed. Martin et le D1 J. Bru- derlein, après un examen attentif des livres et des documents qui leur ont été fournis par le caissier de la Société, M. le Dr Guyot, ont reconnu la parfaite exactitude des dits comptes et leur conformité au\ documents. Ils ont constaté que M. Guyot avait bien en main la somme qui constitue le solde créditeur des comptes conformément au passif et à l'actif i\\\ livre des comptes. Us expriment à M. le Dr llenrv Guyot, au nom de la Société, toute la reconnaissance de celle-ci pour le zèle et le soin avec lesquels il a géré ses finances. ÉLECTION DU BUREAU POUR 1918. En confirmant pour 1918 la décision prise Tannée dernière de renoncer à nommer une Commis- sion des herborisations, M. le président demande l'observation stricte des statuts prescrivant le scrutin secret pour l'élection du Comité. celle de la Commission du Bulletin et celle des Vérificateurs des comptes, qui sont constituées comme suit : MM. le D1 T. Ducellier Président Auguste GUINET Vice-président Gustave Beauverd Secrétaire-rédacteur le D1 llenrv Guyot Trésorier le D1 Marcel Minod Secrétaire-adjoint Vérificateurs des comptes pour 1918 : MM. le Professeur Ch.-Ed. Martin le I)' Jean Bruderleim (') BULLETIN I>E LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) Commission de rédaction du Bulletin : MM. le Professeur D1 I». Chodat, Directeur Gustave Beauverd, Rédacteur le Dr John Briquet, Directeur du Conservatoire botanique Augustin de Candolle, de l'Herbier de Candolle le D1 Louis Viret, ancien Directeur du Bulletin En prenant possession du fauteuil présidentiel, M. le Docteur Ducellteb remercie l'assistance pour la confiance qui est renouvelée au bureau sortant de charge et lui donne l'assurance que le Comité fera tout ce qui lui est possible pour mériter cette confiance. BIBLIOGRAPHIE : Geschichte der Medizinische Fakultàtzu Basel, 1 160-1900 (par Albrecht Burkhardt, professeur d'hygiène à l'Univer- sité de Bàle, 1917). - M. le professeur Chodat désire dire tout le bien qu'il pense du travail dont le titre ligure ci-dessus et qui met en valeur une tradition de l'antique Université de Bâle, eu vertu de laquelle la chaire de Botanique a eu fréquemment le même titulaire que celle de Médecine dans la plus ancienne des hautes Ecoles de la Suisse : les noms des deux Bauhin, Lachenal, Schimper et bien d'autres attestent de l'éclat donné à l'enseignement botanique de cette Université. Sur une maladie du noyer due à l'Armillaria Mellea, par Ph. Guinier (tiré du Bulletin de la Société de Pathologie végétale de France, tome IV, lac. 1, 1017). - M. G. Beauverd présente cette notice mycologique en même temps que les bonnes salutations de son auteur à ses collègues delà Société botanique de Genève; le secrétaire esL chargé de remercier M. Guinier en lui transmettant les meilleurs souvenirs de la Société. LES ARBRES AMPHIBIES. Conférence de M. le professeur Chodat qui nous fait constater les divers cas d'adaptation des plantes ligneuses à la vie amphibie, soit par disposition particulière de l'appareil radiculaire, soit par la structure du tronc, soit encore par le mode de dissémination des graines. — Cette captivante communication accompagnée de présentation d'échantillons et de projections lumineu- ses, fera l'objet d'un ouvrage spécial à publier prochainement. NOUVELLES KECHEUCHES SUB LE BAPHIDWM BRAUNII. Consciencieuse contribution a l'étude du polymorphisme des Pleuro- coccacées, par M. le Dr W. Vischer, avec accompagnement de dessins et présentation de cultures en divers milieux; ce travail fera l'objet d'un mémoire spécial pour le Bulletin. Séance levée à 10 heures et quart; vingt-trois assistants : MM. Du- cellier, Guyot, Minod, Beauverd; M""' et M11'' Beauverd, M. Biéler, M11, Biéler, M. Boubier, Mlle Chirtoiu, MM. Chiaverio, Chodat, Jacottel, Mme Jacobson, Mlle Jauch, MM. Lendner, Martin, Reverdin, J. Romieux, H. Romieux, Viret, Vischer et Mme X. Le secrétaire-rédacteur, G. Beauverd. (7) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE IUIS 7 3»»me séance. i.uiMli 11 février l!M§. Ouverte à x heures et demie dans la grande salle de l'Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le Dr F. Ducellier, président. Le compte rendu de la 392me séance, lu par le secrétaire, est adopté après une légère modification. La lisle des publications reçues sera publiée avec celle de la séance de mars. RECENSEMENT FLORISTIQUE DES POINTS D'EAU DE LA RÉGION GENEVOISE. — M. le Dr Ducellier expose la situation de la flore aquatique du bassin genevois, rendue tout à l'ail précaire par les tra- vaux de drainage entrepris par le Département de l'Agriculture; il conviendrait de prendre les mesures nécessaires pour enregistrer en temps utile toutes les observations d'ordre systématique, biologique et statistique que ces stations pourraient encore nous fournir, en les accompagnant si possible de relevés topographiques et de photo- graphies, avec herbier ad hoc, de manière à pouvoir documenter sérieusement une publication d'ensemble mettant à contribution tous les algologues, mycologues, lichénologues, bryologues et phanéroga- tnistes de la Société. Après un échange d'opinions auquel prennent part MM. Chodat, Ducellier, Guinet, Martin et Beauverd, le programme des explorations est remis aux soins du bureau qui se munira des renseignements nécessaires et rapportera dans une séance ultérieure en prévision d'une décision ferme. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES HYDROCOTYLES. — En pré- sentant deux types extrêmes du genre Hydrocotyle tel que Linné l'avail établi au sens le plus ample (en lui subordonnant l'ancien genre Centella établi par Linné lui-même), M. Beauverd attire l'attention sur les différents types de structure foliaire qui relient, par transitions douces, la forme a< pratique et bypopeltée de notre Hydrocotyle vulgaris à la forme xérophile et aciculaire du Centella virgata (L.), des rochers du Vlaggeberg (Cap) : au nombre des types de transition, il convient de citer le Centella villosa du Cap, à feuille de Violette et le Centella Hermannœfolia à port de Malvacée. - Les auteurs modernes, notam- ment Dkudk, ont distingué génériquement les Hydrocotyle àesCentella, ce dernier genre offrant, outre le port de la plupart de ses espèces, des caractères carpologiques faciles à reconnaître aux sept ou neuf côtes de ses méricarpes tandis que les fruits ft Hydrocotyle n'offrent que cinq côtes par méricarpe. Sur cette base, le genre Hydrocotyle compte une soixantaine d'espèces divisées en trois sections principales : I" Umbellatse Drude (Amérique et Eurasie); 2° Leucocephalae Drude (Amérique tropicale); 3n Chamae- mori Drude (Australie, Nouvelle-Zélande, Insulinde, Extrême-Orient et Amérique). — Les Centella comprennent vingt espèces, la plupart sud-africaines, divisées en quatre sous-genres : lu Trisanthus Loureiro (Amérique, Cap, Tasmanie, Nouvelle-Zélande); 2° Micropleura Lagasca (Mexique et Chili); 3" Solandra L. (Afrique australe); i" Austro- bowlesia Bl. (Australie occidentale). Une présentation d'une cinquantaine de types spécifiques et variétés saillantes accompagnent cette communication. X BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) BIBLIOGRAPHIE DES VITAMINES. — M. le professeur Chodat donne une conférence sur la valeur nutritive des céréales et plus spécialement sur la bibliographie des substances azotées nommées vitamines par les chimistes modernes; d'entre les travaux de ces der- niers, il analyse en détail le récent ouvrage anglais de Bôttomley intitulé : Les Auximones (Proceed. R. S. 1917). Séance levée à 10 heures et quart; vingt-cinq assistants. Le Secrétaire-rédacteur, !.. Beauverd. 894me séance. Lundi If mars 1ÎMH. — Ouverte à S heures el demie dans la grande salle de l'Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D1 Ducellier. Le compte rendu de la 393me séance est adopté après lecture par le secrétaire. Publications reçues depuis le mois de janvier jusqu'à celui de mars 1918 : DONS D'AUTEURS (reçus avec reconnaissance) : Prince Roland Bonaparte : Fougères du Congo belge; Fougères de l'Herbier du Muséum de Paris (trois fascicules : 1913, 1911) et 1917); Noies ptéridologiques fascicules I, II, III et IV, années 1915 à 1917).-- Dr Paul Dorveaux : La botanique dans les Satyres de la cuisine papule. ETATS-UNIS : .tournai of Agricultural Research, vol. XI, nos 11, 12 et 13; vol. XII, n- 1 et 2 (Washington, 1917 et 1918); SUISSE : Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, vol. XXVI (Neuchâtel, 1917); Jardinier Suisse, nos 1, 2 et 3 (Genève, janvier-mars 1918); Journal de la Société d'Horticulture, nos 1, 2 et 'A (Genève, janvier- mars 1918). A PROPOS DE LA PROTECTION DES STATIONS BOTANIQUES GENEVOISES. -- Après avoir pris connaissance du plan d'assainisse- ment des marais du canton de Genève, M. le D1 F. Ducellier a pu se convaincre de l'inutilité de toute démarche tendant à sauver une partie des marais de Sionnet comme réserve botanique; il ne resle plus qu'à en faire l'inventaire flori.stique dans les meilleures conditions possibles pour en sauver le souvenir. — La conservation d'autres points d'eau reste problématique et Ïcva l'objet d'un rapport ultérieur. l'.l) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE I *.H S 9 m CHAPITRE DE BIOLOGIE SILVATIQUE AU PARAGUAY. - Intéressante conférence de M. le D1 W. Vischer < su i te nouvelles pour la science et se rattachant notamment aux genres l'oie titilla, Helianthemum, Crépis, etc., ont été présentées au cours de cette communication, qui fera l'objet d'un mémoire illustré à publier dans un prochain fascicule du Bulletin. REMARQUES LICHÉNOLOGIQUES. - - Au nom de M. le Professeur Merewschkowsky, M. Chodat présente une étude sur une forme inédile de Lichen ambulant, le Parmelia conspersa f. vagans Merewschk., qui fail l'objet d'un mémoire spécial ;'i la page 26 du présent Bulletin. INC NOUVELLE ALGUE Dl LAC DE ZURICH. -- Notre collègue, M. L. Reverdin, a découvert dans le phytoplancton du lac de Zurich une variété nouvelle du Stephanodiscus Zachariasii, qui fera l'objet d'une note détaillée dans un prochain Bulletin (voir page 17). L'HERBIER BOISSIEB A L'UNIVERSITÉ DE GENÈVE. M. le Professeur Chodat, en annonçant officiellement le don des collections botaniques et de la bibliothèque de l'Herbier Boissier à l'Université de Genève, et en exprimant sa reconnaissance à la famille Barbey-Bois- sier, tient à aviser les membres de la Société de botanique que ces collections seront mises à leur portée aussitôt que les travaux d'instal- lation seront achevés; l'Institut de Botanique tiendra à honneur de recevoir tous les botanistes dans les mêmes conditions que celles qui 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) leur étaient offertes par le passé à Chambésy; dans ce but, le conser- vateur actuel de l'Herbier restera attaché au service du Laboratoire botanique de l'Université. Séance levée à 10 heures. Vingt assistants. Le sewétaire-rédactew , G. Beauvebd. 3!>»me séance. — Lundi 1» avril I1H8. Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de l'Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D1 Ducellier, président. Le compte rendu de la 394me séance (1 1 mars 1 V) 1 8 ) est accepté après lecture par le secrétaire. La liste des travaux déposés sur le bureau sera publiée en même temps que celles des séances de mai et de juin. MUCORINÉES RÉCOLTÉES A BOURG-SAINT-PIERRE (VALAIS) - Conférence par M. le Professeur D1 A. Lendner, avec dessins et pré- sentation de cultures expérimentales sur les Mucorinées terricoles récoltées par M11'' B. Jauch au cours de ses travaux au laboratoire de biologie alpine que l'Université possède à Bourg-Saint-Pierre. Les résultats détaillés, comprenant entre autres deux espèces nouvelles, les MucorJauehse et Mucorvallesiacus, feront l'objet d'un mémoire spécial à publier dans un fascicule du Bulletin. DESMIDIACÉES DE LA SL'ISSK. — Très importante contribution à la flore desmidiologique de la Suisse, d'après les dernières récoltes de M. le D1 F. Ducellier et de ses correspondants; ce travail, résumé de trois mémoires spéciaux : 1° sur le genre Cosntarium : -2" surune étude critique des groupes polymorphes et sur de nouvelles stations du territoire suisse, était accompagné de nombreux et très intéressants dessins de l'auteur mettant en relief la grande richesse de la flore desmidiologique de notre patrie; il sera publié en détail à la page 8.~> du présent Bulletin. HERBORISATIONS DE 4918. -- Le Comité propose, pour la prochaine campagne d'herborisation, l'étude des points d'eau du canton de Genève, conformément aux projets exposés en séances de février et de mars écoulés, ainsi qu'une excursion de deux ou trois jours dans une vallée du Vidais, afin de compléter les études relatives ;ï la géobotanique de ce canton, selon le plan exécuté avec succès à partir de 1915; cette excursion aura lieu vers la fin du mois de mai ou au commencement de juin et son programme détaillé sera tenu à la disposition des intéressés au local de la Société, où seront également affichés les projets d'herbo- risations aux points d'eau. 11) COMPTE RENDE DES SÉANCES DE 1918 II UN ÉRABLE HYBRIDE INÉDIT (X ACER Gtf 7077 Beauverd.) — Présentation par M. Beauverd de quelques échantillons d'une combinaison hybride entre les Acer campestre L. et Acer Opulus var. opulofolium, découverte en commun avec M. H. Guyot lors d'une herborisation à la Tournette (Haute-Savoie), le 23 septembre 1913 et retrouvée l'année suivante dans la même station (inter parentes) à l'al- titude de 1300 mètres environ, au haut du vallon des Nantets, le 18 juin 1914; malgré l'absence de Heurs, les divagations foliaires de cet arbre ne laissent aucun doute quant à sa nature hybride, les types de chacun des deux parents se retrouvant parfois sur un même rameau, accom- pagnés de plusieurs feuilles aux caractères exactement intermédiaires. L'auteur propose le binôme de Acer Guyoti, en l'honneur de sou pre- mier collecteur, pour désigner cette combinaison hybride dont il avait précédemment communiqué l'existence à la nouvelle édition du Flora (1er Schweiz de MM. Schinz et Keller (cf. 1. c, II" Teil [1914] 243) et dont il a vu ensuite quelques exemplaires récoltés aux environs de Martigny par M. Pli. Farquet. Séance levée à 9 heures à trois quarts; douze assistants : MM. Ducel- lier, (iuinet, Minod, Lenclner, Beauverd; M. Chodat, Mlle Christin, Mme Jaçobson, M. Jacottet, MlleJauch, MM. Martin et Pierroz. Le Secrétaire-rédacteur, G. Beauverd. TROIS COSMARIUM NOUVEAUX DE NOTRE FLORE HELVÉTIQUE par F. DUCELLIER (Communiqué en séance du 2> mai 'Q/7) 1. Cosmarium obliqua m Nordstedt forma minutissima f. nov. Cf. Nordstedt, Norges Desmid., 1873, p. 23, n°65; West, lirit. Desmid., III, p. 49-51, pi. LXIX, fig. 18-24. CellLiles très petites, une (ois un tiers plus longues que larges, subrectangulaires à sinus enlr'ouverl extérieurement, à constriction peu profonde. Demi-cellule subrectangulaire, côtés latéraux légèrement concaves; apex plan ou très légèrement convexe; angles supérieurs et inférieurs rectangulaires-arron- dis. Caractères distinctifs remarquables : 1° sur la vue de côté, la constriction de la cellule est 1res légère et plus profonde d'un côté que de l'autre; 2" sur la \iie du sommet, un t\r<. côtés est fortement convexe, l'autre est droit ou très légèrement con- cave. C'est là un exemple assez rare d'asymétrie dans la cellule chez les Desmidiacées. Un seul pyrénoïde par demi-cellule. Cette espèce est très variable comme taille; les formes ipie j'ai récoltées sur une roche inondée et dans de Peau courante sur la prairie tourbeuse du Val d'Arpette (alti- tude 1687) mètres, Valais), toutes semblables, sont les plus petites connues dans cette espèce. Fig. 1. — Cosma- rium obliquum Nordst. l'orme minutissima t. nov. — Roche inondée, Val d'Arpette (Va- lais). (2) F. DUCELLIER. TROIS COSMARIUM NOUVEAUX 13 A côté d'une var. trigonum Nordst., West, Alg. W. Freland, 1ND2, p. [49, pi. XXIV, fig. I ; Brit. Desmid., III, pi. LXIX, fig. 2. Long. 17,5//; lat. 14//; lat. isth. 8,5 //, on peut distinguer, sons le rapport do la taille, cinq formes : 1. F. major Nordst. Long. 23-26 // ; lat. 18-20//; lat. islli. 13-15 ^. 2. F. médit/ Nordst. Long. 18,5 /«; lat. 13//. 3. F. minor Nordst. Long. 15 w; lat. 11 //. 4. F. minima West, loc. cit., fig. -22-23. Long. 11-14//; lat. 8-9 //. 5. A', minutissima Mihi f. woi>. Long. 7-8 /«; lat. 4,2-5//. (Fig. 1.) 2. Cosmarium crassangulatum Borge, Siissw., Chloroph. Arkangel, 1894, p. 2."), u" 41, pi. Il, fig. 25, var. Champesianum var. nov. Cellules de taille moyenne, 1,22 fois plus longues que larges, à constriction profonde et sinus étroit, linéaire. Demi-cellules subrec- tangulaires ados légèrement convexe; angle supérieur largement arrondi; base de la demi-cellule droite; angle inférieur rectangulaire, muni d'un épaississement de la membrane, robuste, conique et obli- quement dirigé en bas el en dehors. Vue de côté de la demi-cellule presque circulai re, souvent à apex légè- rement aplati. Vue verticale elliptique - rhomboïdale ou sub- rhomboïdale. Paroi cellulaire finement ponctuée, légèrement épaissie au niveau du sommet où elle se montre traversée de stries fines, nombreu- ses et parallèles. Deux pyrénoïdes par demi- cellule. Dimensions de quelques échantil- lons : long. 46,4 //, 47,5//, fô,2//,40,2//, 49,8 //, 46,4 //, 45,2 //; lat. 37 //, 37,5 //, 36,5 //, 34,8 //, 40,6 //, 38//, 38,2//; lat. isth. 14//, 15//, 15//, 14 //, 16,2//, 14 //, 15//; dimensions extrêmes: long. 40,2-49,8 //; lat. 34,8-40,6//; lat. isth. Fig. 2. — Cosmarium crassangulatum Borge var. Champesianum var. nov. (Tourbière de Champex, 1916). 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE liENÈVE (3) 14-16,2 u\ dimensions moyennes: long. 45,8 ju; lai. 37,5^; lai. istli. 15/*. Cette variété se distingue du type de Bobge par sa forme cellulaire pins allongée, sa taille plus grande, son isthme plus large, sa vue du sommet moins renflée au milieu et sa membrane finement ponctuée (fig. 2). Elle diffère de Cosmarium smolandicum Lundeli, Desm. Suec, 1871, p. 39, pi. II, fig. 17 et Wolle, Desmid. U. S., 1892, p. 72, pi. XIX, fig. 35-36, surtout par la forme de sa vue frontale. Chez Cos- marium smolandicum typicum, la cellule est subcirculaire à angle inférieur arrondi, muni d'une vraie papille faisant saillie en bas et en dehors. Chez Cosmarium crassangulatum var. Champesianum, la taille est un peu plus faible, la cellule est subrectangulaire à angles arrondis; l'angle inférieur de l'hémisomate est simplement épaissi sous forme de saillie conique, plus ou moins robuste et accentuée, parfois absente et le sommet est plus aplati. Cette variété de Cosmarium crassangulantum est moins rectangulaire que Cosmarium smolandicum var. angustatum West, Uni. Desmid., II, p. 135, pi. LVI, fig. 6-7. Les angles supérieurs de la demi-cellule sont, non pas rectangulaires comme dans la variété de West, mais largement arrondis; l'apex est aussi plus convexe et non pas plan. Cosmarium crassangulatum var. Champesianum ressemble déjà beaucoup plus à Cosmarium obsoletum i llantzsch) Reinscii var. angustatum West, Al;/. W. Ireland, l p, maximum 37, 5^. Eu étudiant de près les différentes espèces de Stephanodiscus, spécialement ceux de la collection de Brun, déposée au Conservatoire de botanique à PAriana, Genève, nous n'avons rien trouvé qui soit semblable à notre espèce. (3 I.. REVERDIN. NOTE SUR l'.N NOUVEAU STEPHANODISCUS 19 Celle qui s'en rapproche le plus serait le Stephaiiodiscus Hantzschii Griïu. var. pusilla Griin. Cette variété pusilla en diffère cependant par sa taille plus grande et sa sculpture plus forte. Voici les dimensions prises sur îles séries de dix individus aiguilles est plus grand chez les autres espèces; huit à seize, chez le Stephanodiscus Hantzschii (voir Schrœder I. c); dix à vingt, chez le Slephanodiscus Zachariasii d'après Zacharias. 1 Otto Zacharias. dber die Schwebborsten von Stephanodiscus Hantzschii in Biolog. Zentralblatt, 22 (1902), 215. 2 Lemmekmann. Das Plankton der Weser bei Bremen in. Archiv. filr Hydrobiologie und l'hinktonkunde, II (1907), 116. Bkuno Schr avril i espèces selles. Il n'est guère nécessaire d'ailleurs que ce suit une l'orme à lobes étroits connue la tonna stenophylla qui ait donné naissance au Parmelia vagans, cela aurait tout aussi bien pu être arrivé avec la for typique qui, petit à petit, après s'être déta- chée de la pierre, aurait transformé avec le temps ses lobes raccourcis plus ou moins larges et arrondis en lobes allongés étroits et linéaires du Parmelia vagans. Malheureusement, tout cela n'est que théorie - - « graue Théorie » - basée sur des suppositions, dont la première est l'admission que des fragments du thalle du Parmelia conspersa peuvent se détacher de la pierre et vivre à l'état libre. Pour devenir un l'ait scientifique bien établi, il faudrait qu'une expérience directe vienne nous démontrer que des fragments du Parmelia conspersa se détachent réellement du thalle de celte espèce, que ces fragments continuent à mener leur existence à l'état libre, continuent à croître et à se reproduire et que la formation d'une nouvelle forme puisse en être le résultat. Celle expérience, je viens sinon de la faire, du moins de l'observer. Elle a été faite en Crimée par un expérimentateur de grande habileté, le plus grand et le plus habile qui ail jamais existé. Son nom est : Dame Nature, ,1e n'avais qu'à en constater les résultats. 1 Ei.I'-.nkin. A.. Floni Lichenum Roux/n1 Mediœ, p. 143. 28 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3j C'est dans les environs de Siniféropol, près de la grande route magistrale qui conduit de Siniféropol à Alousehta, sur une petite plaine au-dessus des «Jardins de Vorontzoff» que se trouve le laboratoire où l'expérience a eu lieu et où une nouvelle forme du Parmelia conspersa vient, probablement tout récemment, de prendre naissance. Je vais d'abord donner la description de cette nouvelle forme que je propose de nommer forma vaga Mer., pour passer ensuite à l'examen des conditions dans lesquelles je l'ai trouvée. Le thalle est libre, petit, environ deux à deux centimètres el demi de diamètre, variant peu en grandeur (le plus petit échantillon est de deux centimètres en longueur sur onze millimètres en largeur, le plus grand est long de trente et un millimètres), de forme irrégulière, un peu aplati dans son ensemble, ne formant pas de buisson, les lobes s'étendant plus ou moins horizontalement; lobes irréguliers, raccour- cis, plus ou moins arrondis, découpés el par place crénelés, de largeur très variable, les plus larges allant jusqu'à cinq millimètres, avec les bords fortement enroulés en dedans. La couleur du thalle (vert clair grisâtre, plutôt un peu bleuâtre que jaunâtre) ainsi que le caractère de la face supérieure et de la face inférieure sont tout à l'ait semblables à ceux de l'espèce type. Toujours stérile. Diagnosis. — Thallus liberus, parvus, vulgo 2 — 2,."» cm. latus, irré- gularité!' lobatus, lobis irregularibus, abbreviatis, plus minusve rotundatis incisisque, passim crenulatis, valde convolutis. Colore el facie snperiore et inferiore ut in typo. Semper sterilis. On peut toujours distinguer la face supérieure du thalle ou plus exactement du lichen (celle qui est représentée par les ligures ci- jointes) de la face inférieure, mais, grâce à l'enroulement des lobes, on ne voit que peu de chose de la face inférieure du thalle même, celle-ci étant presque entièrement recouverte par les lobes ou les bords des lobes recourbés. D'ailleurs le lichen se retournant constamment sous l'effet du vent et de la pluie, en présentant à la lumière tantôt l'un de ses côtés, tantôt l'autre, c'est plutôt d'une face intérieure (au 1 Mes recherches récentes sur le Parmelia conspersa, faites dans le canton du Tessm (près Lugano), semblent indiquer qu'il y a lieu de distinguer deux formes de cette espèce, une à lobes très larges bien arrondis, avec un thalle de couleur plus claire et un peu jaunâtre et une autre à lobes plus étroits et plus découpés, dont le thalle est plus foncé (ou plus ternet et plutôt un peu gris bleuâtre que jaunâtre. Ce serait à cette dernière que la f.-a vaga Mer. de la Crimée se rappro- cherait davantage. (4.) C. MÉREWSCHKOWSKY. UNE NOUVELLE FORME DE PARMELIA 2'.) lieu d'inférieure) invisible ou presque et d'une face extérieure visible dont on devrait parler. Cette forme est toujours stérile. Et pourtant elle est très répandue dans la localité où je l'ai trouvée. Ce n'est que par hasard, sans la connaître encore, que je l'ai ramassée, on récoltant pour mes exsiccata le Parmelia vagans forma elegans Mer., qui s'y trouve en abondance et, (•cpcndanl, j'en ai pris prés de cent cinquante exemplaires; certes, si je l'axais connue et que je Taie récoltée avec intention, j'aurais pu en avoir des milliers d'exemplaires. .Mais, si celle forme est si répandue. Fig. I. — Parmelia conspersa (Ehrb.) Acli. f.-a vaga Mer.1 clic doit bien se reproduire. Comment le fait-elle? Elle se reproduit de ta même façon que le font les Aspicilia libres, appartenant à la section Sphxrothallia (la manne Hellénique), c'est-à-dire par scission spontanée du thalle. Toutes les espèces de cette section sont complètement ou presque complètement stériles. L1 Aspicilia fruticulosa (Eversm.) Mer. dont j'ai récollé, la forma taurica Mer. y comprise, bien pins de dix mille exem- plaires, ne m'a donné que deux ou trois exemplaires portant des apothécies, dans ['Aspicilia affinis i Eversm.) Mer., elles sont également 1 Des spécimens originaux de cette forme se trouvent dans ma collection privée à [vazan < Russie) et dans l'Institut botanique de l'Université de Genève. :J,() BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (5.1 très rares, du moins dans les localités où j'ai observé cette espèce el Aspicilia hispida (Mer.) (plusieurs milliers d'exemplaires), n'en possède jamais. Et pourtant toutes ces espèces se reproduisent à profusion. J'ai expliqué ailleurs le mode de reproduction de ces lichens1. C'est par une scission spontanée du thalle, occasionné par un accroissement inégal de celui-ci. accéléré en certains endroits, retardé ou même complètement arrêté en d'autres, que le thalle finit par se séparer en deux ou trois morceaux-. La plaie se cicatrise bien vite (on ne la retrouve que rarement), la partie médullaire se recouvrant d'une couche corticale; dans VAspicilia fruticulosa, les bords de la plaie forment une couronne de tubercules qui, en s'allongeant et en se ramifiant, pro- duisent de nouveaux rameaux et le nouvel individu est ainsi recons- titué. J'ai aussi expliqué que ce mode de reproduction qui a pour résultat que la taille des individus ne descend jamais au-dessous d'un certain minimum, très élevé, peut être considéré comme une adapta- tion aux conditions d'existence de ces lichens dans les steppes et dans les déserts sur un sol friable où les spores n'ont guère de chance de trouver les algues nécessaires pour la formation d'un nouveau thalle; si même elles les trouvaient, le jeune thalle, encore microscopique, sérail bien vite enfoui dans la poussière, dans le sable ou dans la terre soulevés par le premier vent venu. Dans ces conditions, une espèce qui ne se reproduirait que par des spores ou des sorédies(on ne trouve jamais de sorédies dans les espèces vagabondes) disparaîtrait bien vite. Voilà pourquoi les apothécies, étant devenues inutiles pour la conser- vation de l'espèce, ont disparu complètement ou sont en voie de dis- paraître. Il en est de même des Parmelia à thalle libre. J'ai récolté des milliers d'échantillons de ces Parmelia (bien sûr pas moins de cinq mille), j'en 1 Mereschkowsky, C. Excursion lichénologique s les steppes kirghises (Mont Bogdo). Travaux de la Société des Naturalistes de l'Université Impériale de Ivazan, année 1911, Ka/.an 1911. 2 Pour voir si le procédé de division du thalle en plusieurs parties peut être favorisé par la pluie et par le gonflement du thalle qui en résulte suivi de son état ratatiné après dessication, j'ai fait l'expérience suivante. J'ai pris cent exem- plaires de VAspicilia affinis (Eversm.) Mer. en choisissant parmi les individus qui s'étaient déjà préparés à la division et je les arrosais tous les jours le matin avec un pulvérisateur, les laissant ensuite se dessécher. Après un mois environ, un cer- tain nombre d'exemplaires s'étaient divisés et un surcroît de près de vingt ou trente individus a pu être constaté. (N'ayant pas pu me procurer mes notes, qui sont restées en Russie, il m'est impossible de préciser le nombre.) (6) C. MÉREWSCHKOWSKY. UNE NOUVELLE FORME DE PARMELIA 31 ai observé, sans les prendre, un nombre plus grand encore et je n'ai jamais rencontré un seul échantillon avec des apothécies (les sorédies \ manquent également). Ici encore, la reproduction se l'ail par scission du thalle en deux ou trois parties. Et cVst comme cela que se reproduit aussi la var. vaga. La plaie étant insignifiante et se cicatrisant bientôt, du n'en trouve, le plus souvent, pas de trace. Dans la grande majorité des échantillons récoltés et notamment dans lous ceux de la figure I l'examen le plus attentif ne démontre pas de trace de plaie Ce sont tous des individus complets, intactes et non pas des fragments de thalle comme on aurait pu le supposer. Passons maintenant à l'examen des conditions d'existence du lichen en question. C'est sur un plateau légèrement incliné vers le nord situé à gauche de la route qui conduit de Simféropol à Alouschta que se trouve cette forme. D'un côté, le plateau descend assez abruptement vers le fleuve Salguir, du côté opposé, se prolongeant quelque peu au-delà de la route, il est limité par des escarpements de rochers calcaires (de l'époque tertiaire). Le plateau lui-même porte tous les caractères d'une steppe avec la disposition caractéristique de l'herbe en touffes distantes lais- sant entre elles des espaces de terre nus. Parmi les touffes d'herbe, on trouve dispersés sur la terre de nombreux individus du Parmelia vagans forma clef/ans Mer. (voir Mereschkowsky, Lichenes Rossise exsiccati, n" 58)1. Il n'y a pas de pierres sur le plateaux et par consé- quent pas de trace de Parmelia conspersa type, comme il n'y en a pas non plus dans les environs immédiats. Mais, à une distance d'un demi kilomètre environ et bien au-dessous du plateau se trouvent, ras du sol, des rochers d'espèce dure (conglomérat), faisant irruption à la surface du sol et portant en abondance le Parmelia conspersa type. C'est en récoltant, pour mes Lichenes Rossise exsiccati, le Parmelia vagans forma elegans que, sans le savoir et sans le vouloir, j'ai ramassé un certain nombre d'échantillons de la nouvelle forme du Parmelia conspersa. Et ce n'est que plus lard, à Kazan, en faisant la distribution des parts du Parmelia rat/ans que je me suis aperçu de la présence de la nouvelle forme en question. Tout d'abord, je Pavais prise | r des 1 Cette forme se trouve aussi sur la montagne Tczatyr-Dag, comme ou peut le voir d'après les exsiecata de Elenkin (Lich. p. Ross., n° (i. pr. p.). L'auteur y con- fond sous le nom de forma alpina l'espèce type et ma forma elegans (Elenkin, Wanderfl., Bulletin du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg, T. I. 1901, p. 57). 32 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (7) débris du Parmelia vagans, la couleur du thalle étant presque identique à celle de ce dernier; cependant, il y a une légère différence de la nuance, qu'on ne saisit pourtant que lorsqu'on y est préparé. Mais la forme du thalle dans son ensemble ainsi que la forme des lobes et leur recoquillement en dedans m'ont vite fait voir qu'il y avait là autre chose que le Parmelia rouans. Une fois reconnue, je n'avais plus de peine à distinguer la nouvelle forme du lichen d'après ses caractères morphologiques et même d'après la nuance dans la couleur du thalle et à le séparer du Parmelia vagans. C'est ainsi que je parvins à en mettre de côté, pour mes «Tabula' Generum Lichenum», près de cent cinquante exemplaires. Etant donné la petitesse de ces exemplaires et la façon toute for- tuite et accidentelle dont elles ont été ramassées, il est légitime d'ad- mettre que la forma vaga doit s'y rencontrer en très grande quantité; si seulement j'en avais eu connaissance, j'aurais pu en récoller des milliers d'exemplaires. Que j'avais à faire là au Parmelia conspersa, c'est ce que j'ai vu du premier coup, car il n'était pas difficile de reconnaître cette espèce d'après la forme des lobes; mais ma première pensée était que c'étaient de simples fragments du thalle de cette espèce qui, par un hasard quelconque, s'étaient introduits dans la récolte du Parmelia vagans. Mais un examen attentif des pièces même ainsi que des conditions d'existence de ce lichen m'a finalement conduit à la conclusion qui si autrefois, au début, c'étaient de simples fragments de l'espèce type, aujourd'hui on ne pouvait plus les considérer comme tels, que nous avions là des représentants d'une unité systématique bien délimitée du hpe, une forme nouvelle de celui-ci. En voici les raisons : 1° En examinant attentivement les exemplaires de la forma vaga, on s'aperçoit que dans la grande majorité des cas, il n'y a pas de trace de rupture du thalle, pas de plaie qui, certainement, devrait exister si tous ces exemplaires n'étaient que des débris, des fragments chaque fois accidentellement détachés du thalle normal du Parmelia conspersa. Presque tous les échantillons que je possède sont, comme je l'ai dil plus haut, entiers, absolument intacts. 2° L'espèce type du Parmelia conspersa ne se trouve ni sur le plateau, où se trouve la forma vaga, ni dans les environs immédiats de celui-ci. D'où donc, en admettant que ce soient des fragments du Parmelia conspersa, viendraient-ils? Si encore les rochers qui portent le Parme- (8) G. MÉRESCHKOWSKY. UNE NOUVELLE FORME DE PARMELIA 33 lia conspersa, distants de plus d'un demi-kilomètre du plateau, étaient siL Liés au-dessus ou ne fût-ce qu'à côté du plateau, on aurait pu suppo- ser qu'ils y ont été apportés par le vent. Mais ces rochers sont situés bien au-dessous du plateau, ce qui rend tout à fait inadmissible la transportation des fragments clebas en liant qui devrait avoir lieu con- tinuellement. 3° Vient enfin le nombre considérable tics individus. Est-il admis- sible que des milliers de petits fragments du thalle du Parpnelia cons- persa, presque Ions de la même grandeur, soient continuellement trans- portés par le vent à une hauteur d'une centaine ou plus de mètres".' Il me reste encore à dire quelques mots à propos d'un Parmèlia à thalle libre de l'Amérique du Nord (montagnes de l'Ouest) décrit et ligure par Williams1 sous le nom de. Parmèlia molliuscula. L'auteur le considère comme identique au Parmèlia vagans de nos régions et Elenkin2 le suit dans cette manière de voir en l'indiquant dans la synonymie de cette espèce. C'est une erreur. Rien qu'à voir la figure on peut s'assurer que ce lichen n'est pas l'espèce connue sous ce nom. .Moi, qui ai examiné et récolté des mil- liers d'échantillons de cette espèce dans les steppes kirghises, dans les steppes du Volga, en Crimée, j'affirme que ce n'est pas le Parmèlia vagans, dans tous les cas, pas le type de l'espèce. Il est impossible de dire au juste ce que c'est, sans en avoir vu plusieurs échantillons1. Cela pourrait être : 1" la var. desertorum (Ëlenk.) Mer. de cette espèce, quoique celle-ci n'atteigne jamais de pareilles dimensions. 2° Une forme ou variété nouvelle du Parmèlia vagans. 3° Une forme ou variété du Parmèlia conspersa ;ï thalle libre, analogue à ma forma vaga, mais dans tous les cas, pas identique avec celle-ci. 1 Williams. T.-A., The fruiting of Parmèlia molliuscula. Third animal Report <>t' the Missuri Botanical Garden, 1892, p. 169, plate 57. 2 Elenkin, A., Lichenes florœ Rossia-, Acta Horti Petropol.. XIX (1901), 20. 1 M. Williams, ou toute autre personne qui pourrait le taire, m'obligerait bien en m'envoyant quelques échantillons (ne fut-ce que stériles) de cette forme en les adressant à Genève, Université, Institut botanique. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N°« 1-2-3-4-, partis le 30 Sept. 1918. 3 34 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (9) La taille de la forme américaine qui dépasse dix centimètres, tan- dis que le plus grand échantillon de la forma vaga, parmi les cent cinquante que j'ai récoltés, ne surpasse pas trente et un millimètres, est à lui seul, un caractère qui s'opposerait sérieusement à leur identification. Et c'est cette dernière hypothèse, appuyée qu'elle semble être par la l'orme des lobes, qui me paraît être la plus probable. Si elle se con- firmait un jour, on pourrait donner à la forme américaine le nom de forma vaga magna. ETUDE CRITIQUE SUR EUASTRUM ANSATUM RALFS ET QUELQUES-UNES DE SES VARIÉTÉS HELVÉTIQUES par F. DUCELLIER (Communiqué en séance du 22 mai 1917) Euastrum ansatum Ralfs, répandu dans le monde entier et hôte habituel de nus tourbières, est une de ces espèces dont on peut dire «pie l'on ne sait bien ni où elle commence, ni où elle finit. Parmi les auteurs qui, depuis Ralfs, ont décrit cet Euastrum et l'ont figuré, les uns se sont bornés à copier Ralfs, les autres ont signalé des variétés et formes s'écartant plus ou moins du type de Ralfs, jusqu'à même ne plus lui ressembler du tout; les autres enfin, ont décrit une des formes connue étant le type quasi-officiel, sans penser à nous éclairer sur ses variations possibles. Il n'entre pas dans le cadre de ce travail de faire l'historique iVEuastrum ansatum, ni de passer en revue les variétés diverses signalées par les auteurs depuis l'époque lointaine déjà où Ralfs décrivit cette espèce et la figura. Toutefois, il importe d'être bien fixe sur le type que virent les premiers observateurs. Hassall (Brït. Freshw. Alg., 1845, t. I, p. 383 et t. II, pi. XC, fig. 5), après une courte et très incomplète description, nous montre, sous le nom tf Euastrum circulare, un Euastrum dont il ne faut retenir qu'un enseignement : la présence, sur la face frontale de la demi-cellule, de sept protubérances; deux au sommet et cinq à la base, ces dernières disposées comme suit : trois près de la base et deux au-dessus d'elles en quinconce. Ralfs (Brit. 36 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Desmid., 1848, p. 85, n" 10, pi. XIV, fig. 2), est beaucoup |»lns précis; il nous donne des mensurations et de bonnes figures. Si l'on réduit en u les mesures indiquées en fractions de pouces anglais, on voit que YEuastrum ansatum de Ralfs avait comme dimensions moyennes : long. 73/7., lat. 38^, lat. apic. 19 11. Le contour cellulaire nous montre deux formes très rapprochées, mais cependant distinctes; sur la demi- cellule supérieure de la fig. 2 a, le bord latéral de Phémisomate est pourvu, vers son milieu, d'une légère élevure ou ondulation, tandis : celui de la base de la demi-cellule, elliptique allongée avec, au milieu, la forte saillie de la protubérance médiane et, de chaque côté, l'ondu- lation à peine marquée des deux protubérances naissantes près des angles basaux. Constatons tout de suite que la vue du plan inférieur (fig. 4), correspond avec la vue du sommet dessinée par Ralfs. Sur la vue d'ensemble du sommet (fig. 5), la protubérance apparaît entre les deux protubérances inférieures. Mesurons maintenant quelques-unes de ces cellules et nous trouvons comme termes extrêmes : long. 68-73, lat. 35-36,5, lat. isth. 11-13 a. Remarquons dès maintenant que cet Euastrum; sauf l'absence de ponctuations, répond assez bien à Euastmm ansatum Ralfs, fig. 2 b (fig. 6 = vue latérale). Continuons l'examen de nos préparations de Piora et de Louvie; nous trouvons facilement, côte à côte avec les cellules précédemment décrites, d'autres semblables comme dimensions, le plus souvent plus grandes de quelques u.. Elles n'en diffèrent (fig. 7) qu'en ce que le côté latéral de la demi-cellule, au lieu d'être largement arrondi près de la base, fait avec celle-ci un angle presque droit et montre une coudure brusque ou une légère élevure à l'union de la partie convexe avec la partie concave. Cette forme, tou- jours sans ponctuation nette, répond comme contours à Euastrum ansatum Ralfs, fig. 2 a, demi-cellule supérieure. Enfin, on peut voir souvent des cellules (fig. 8) comme la fig. 2 a de Ralfs, doid une des demi-cellules est de la première forme et l'autre hémisomale de la deuxième. La première forme (fig. 1 ) est une forme junior; la deuxième (fig. 7) une forme senior et la troisième (fig. 8) une forme mixta. Chacune d'elles peut se reproduire et persister comme telle : forme junior, si le processus de reproduction par division se fait rapidement ; forme senior, s'il est plus lent; phénomène identique à ce qui se voit chez Euastmm Didelta et qui est commun aussi chez plusieurs espèces du genre voisin Micrasterias. 2. Var. commune Ducell. Si nous passons maintenant à l'examen de récoltes provenant de Champex, du Grimsel, du Galvernbord, de Kruzelried, des Marécottes, 40 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) etc., nous trouvons les trois formes junior, senior et mixta représentées lig. 9, 10 et 11. La première (lig. 9), à bords latéraux convexes sur le tiers inférieur, puis concaves et se continuant avec un lobe polaire à côtés parallèles, à apex presque plan, à angles apicaux arrondis et parfois légèrement projetés en dehors; la deuxième (fig. 10) de taille un peu plus forte, munie d'une élevure ou petite ondulation un peu au-dessus de son tiers inférieur; la troisième (lig. Il) ayanl une demi-cellule de chacune de ces formes. SûA Fie. 9 à 12. Si nous procédons comme précédemment, nous voyons cinq protu- bérances sur la moitié inférieure de la face frontale, les deux latérales inférieures mieux marquées que dans la variété simplex et une de chaque côté de l'incisure apicalé. Présence constante d'une fossette entre les deux protubérances supérieures. Sur des échantillons de la tourbière d'En Plex, cette fossette se trouvait au point de jonction de trois sillons, en forme d'Y renversé, dont le plus long, situé dans Taxe de la demi-cellule, pouvait être suivi jusque vers le fond de l'incisure apicalelfig. 9). Paroi cellulaire à ponctuation le plus souvent indis- tincte, parfois plus nette, disposée alors en lignes plus ou moins parallèles sur le lobe apical et sans ordre défini sur le reste de la demi-cellule. Long. 80-87; lat. W-iô; lai. istb. 14-15 /*. ( /) F. DUCELLIER. EUASTRUM ANSATUM RALFS il Celle variété, sons ses trois formes, est de beaucoup la plus fréquemment rencontrée. La variété tout à t'ait identique comme caractères et dimensions trouvée à Kuhboden (Galvernbord, Valais), an Simplon, à Louvie et au col des Gets (Haute-Savoie) montrait, par contre, nue ponctuation très nettement disposée en lignes parallèles (fig. 13). Chez beaucoup d'échantillons, les deux" protubérances infé- rieures étaient insignifiantes, pratiquement nulles. La forme senior de Fig. 13 à 15. cette variété répond donc à Euastrum ansatum Halls tel que Tout décrit MM. West dans leur «Traité-), vol. Il, p. 27. (Fig. 10 b = vue du sommet; fig. 12 = vue latérale). Dans une préparation prove- nant de la tourbière d'En Plex se trouvait une cellule isolée (fig. U> ayant, au premier abord, une assez grande ressemblance avec Euastrum cuneatum Jenner(cfr. BôrgeseN, Danemark, Expédition N. E. Grbnland, 1910, p. 24, fig. 5), niais elle mesure : long. 75, lat. :W//.; sa demi- cellule esl plus pyramidale que celle de Euastrum cuneatum. Vue du sommet (fig. M In elliptique avec légères ondulations, au lien d'être largement elliptique. Qu'est-ce donc que cet Euastrum? Une cellule voisine (fig. 15) va nous le montrer: la demi-cellule supérieure est conforme à ce pseudo Euastrum cuneatum; l'hémisornate intérieur est analogue à la forme junior de la var. commune. Cet Euastrum est donc l'analogue de celui rencontré avec Euastrum Dideltà i Ducellier, loc, cit. [». 82-84, lig. 5-7) et des formes bizarres que Ton rencontre chez différentes espèces de Micrasterias. Ce sont là des 42 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE J>K GENEVE (8) formes régressives, passagères, dont la vitalité est faible puisqu'un ne peut voir ces types qu'occasionnellement, isolés au milieu d'innom- brables échantillons normaux. 3. Var. dideltiforme Ducell. — La ligure 16 montre une forme fréquemment rencontrée (col des Gets, Champex, Marécottes, massif de la Dent de Mordes, Kruzelried, Hudelmoos, etc.). Taille un peu plus élevée que chez la précédente forme. Long. 98-105; lat. 49-52; lat. istli. 15 u. Base delà demi-cellule plus large; ondulation du bord latéral bien marquée, souvent arrondie comme un lobule et située au milieu du bord latéral, c'est-à-dire un peu plus haut qu'elle l'était dans la précédente. Ici, les cinq protubérances sautent aux yeux; il n'est pas besoin de les chercher. Vue oblique : lig. 16 bo; vue du sommet : flg. 16 b; vue latérale : fîg. 16 c. Fossette constante entre les deux protu- bérances supérieures. Ponctuation sans ordre défini. Cet Euastrum, véritable Euastrum Didelta en miniature, correspond en partie à Euastrum sublobatum Delponte. A celte forme senior, figure 16, cor- respond une forme junior, figure 18, sans ondulation des bords latéraux, à base largement arrondie, trouvée à Champex, Hudelmoos, etc., et une forme mixta, figure 19, de cette dernière station. La figure 17 montre une forme plus élancée de la même variété, forme de passage avec la précédente. m F. DUCELLIER. EUASTRUM AiNSATUM RALFS 43 4. Var. robustum Ducell. — Dans la tourbière de Champex, ainsi que sur la boue du fond du lac, à quatre mètres de profondeur, on trouve communément un Euastrum plus robuste, plus trapu (pic If précédent, mais avec les mêmes caractères généraux (fig. 20, 21 et 22). Il s'en distingue cependant par la teinte jaune-rose de la membrane chez les vieux échantillons et surtout par ses grosses granulations arrondies, parallèles sur le lobe polaire, irrégulièrement disposées Fie-. 20 à 25. ailleurs. Fossette constante entre les deux protubérances supérieures, reliée au fond de rincisure apicale par un sillon bordé de granulations plus saillantes que les autres. Vue latérale : fig. 20 c; vue du sommet: fig. 20 b. Cette variété possède aussi une forme junior (fig. 23) plutôt rare, à bords sans ondulation, à angles inférieurs de la demi-cellule largement arrondis, ressemblant à un Euastrum obesum (Grimsel, Piora, Louvie, Champex). Dans cette dernière station se rencontrait une forme mixla (fig. 24) et d'assez nombreuses formes monstrueuses (fig. 25). Des échantillons plus grands que la moyenne, avaient deux pyrénoïdes par hémisomate (fig. 22). u BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIOUE I»E GENEVE (10) .">. Var. rhomboïdale Ducell. — Cellules rhomboïdales à pôles tronqués. Demi -cellules pyramidales à base droite faisant,, avec les côtés latéraux, un angle arrondi de 66 à 67". Côtés latéraux rectilignes, convergeant vers un lobe apical court, à côtés parallèles ou presque parallèles, à bord supérieur plan et à angles arrondis. Vue latérale de la demi-cellule (fig. 26c) : partie inférieure subquadrangulaire bilobulée ; partie supérieure pyramidale à sommet arrondi. Vue du sommet ellip- tique allongée, munie de chaque côté de quatre ondulations : les deux Fig 26 à --'8. médianes bien dessinées, les deux extrêmes à peine marquées. Paroi cellulaire lisse ou très finement ponctuée. Sur la vue frontale : cinq bosselures, le plus souvent à peine visibles, trois près de la base et deux au-dessus d'elle, en quinconce, entre ces dernières et un peu au-dessus : une scrobiculation arrondie. Dimensions : long. 100-107 lai. 50-53 ; lat. istb. 15-16 a. On peut distinguer trois formes dans cett< variété : forme communis (fig. 26), la plus fréquente; rapport long. = lat. 2 a\ forme gracilis (fig. 27) long. : = lat. 2,2 u; forme lata (fig 28), long. : =lat. 1,8 n. Ces cellules, assez semblables à celles de Borge (var. submaximum, Tropische nnd subtropische Sûssw. Chtoroph., 1899 p. 24, pi. II, fig. 53) en diffèrent par leur vue latérale et du sommet Tandis que, sous ce rapport, la forme de Bouge répond bien au type «ansatum», celle décrite ci-dessus est déjà mieux un «didelta». Elle se (11) F. DUCELLIER. EUASTRUM ANSATUM RALFS 15 rapproche aussi de la forme locale de cette espèce figurée par West dans ses Variation in the Desmids, 1899, pi. VIII, lig. 14 et de celle que, sous le nom de var. Blea-Tarhiense (Ducellier, Polymorphisme, 1915, p. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) les espèces de la desmidioiogïe classique, les formes déjà classées comme variétés de celles-ci et enfin des types tels que ceux qui viennent d'être passés en revue. Ceux-ci, en raison de leur abondance dans certaines de nos tourbières, de la constance de leurs caractères principaux, mériteraient peut-être d'être élevés au rang d'espèces ; mais, d'autre part, leurs très grandes affinités et leur étroite parenté avec d'autres membres du même groupe ne permettent pas de les en séparer complètement. C'est en les étudiant dans leurs affinités qu'on se rend compte de la difficulté d'une conception parfaitement claire de l'espèce chez ces algues encore si mal connues dans leur évolution et dont l'immense majorité nous apparaît cependant comme dotée d'une constance de caractères très grande. Quelques points de l'anatomie et de la biologie des Polygalacées pal- Mademoiselle Berthe JAUCH (Communiqué <>n séance du t4 mai 1917) INTRODUCTION Ces recherches oui porté principalement sur le Polygala Chamœbuxus^ sa biologie, son anatoinie florale, son embryologie, les analogies ou les différences qu'il peut présenter avec les Polygala de la même section, avec ceux d'autres sections et même avec d'autres Polygalacées. A cet effet, nous avons passé en revue divers Polygala, tels que Polygala Klotzschii, Polygala microphylla, Polygala renenosa, Polygala timoutoides, Polygala oxyrhynchos, Polygala obovata, Polygala myrtifolia et Polygala vulgmiê et, en dehors des Polygala proprement dits, une espèce du genre Securidaea. Le Polygala Chamsebuœus a été étudié sur place, dans sa station la plus proche de Genève, soit sur les derniers contreforts du Petit Salève, ;m-dessus du château d'Etrembières. Le Polygala venenosa avait été envoyé à Monsieur Ghodat, de Java, par Monsieur le docteur Bernard. Le Polygala myrtifolia provenait des serres du Jardin botanique de la ville de Genève. 48 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (2) f Quant aux espèces américaines, elles faisaient partie des collections rapportées par M. le professeur Chodat et M. le docteur Vischer, lors de leur voyage au Paraguay (Mission botanique suisse au Paraguay). Les objets qui ont servi à cette étude ont été fixés, sur place, par un mélange d'alcool et d'acide acétique. Le matériel, une fois fixé, fut paraffiné, coloré et distribué en coupes minces, ce qui permit une élude complète de la fleur. Le genre Xantophyilum fut aussi examiné en détail : Gagnepain axant créé une famille nouvelle des Xanthophyllacées indépendante des Polygalacées, il s'agissait de savoir si cette famille pouvait être main- tenue; ce fut donc un des premiers points que nous avons cherchée éclaircir et la discussion de cette question constituera le premier cha- pitre du présent travail ; ensuite, nous examinerons le Polygala Cha- msebuxus, nous le comparerons aux espèces voisines de la même section, plus particulièrement au Polygala venenosa, puis nous mon- trerons quelques caractéristiques des autres Polygalacées étudiées par nous, ce qui permettra de faire des suppositions sur la place systéma- tique qu'occupe cette famille parmi les Dialypétales. Il m'est très agréable de pouvoir exprimer ici à Monsieur le profes- seur IL Chodat ma profonde reconnaissance pour les conseils qu'il n'a cessé de me prodiguer au cours de ces recherches et durant toutes mes études. Je voudrais aussi remercier Monsieur le docteur Lendner pour la bienveillance avec laquelle il m'a toujours fourni tous les rensei- gnements demandés. CHAPITRE PiiEMIKIi Faut-il placer les Xanthophyllum parmi les Polygalacées? Le premier point que nous ayons cherché à élucider était de savoir si M. Gagnepain avait eu raison de sortir les Xanthophyllum des Poly- galacées où les avait laissés Chodat, pour en constituer une famille spéciale, celle des Xanthophyllacées. (3) I!. .IAUCII. ANATOMIE ET BIOLOGIE DES POLYGALACÉES 49 Dans un article publié dans le Journal de Botanique, intitulé : «Con- tribution à la connaissance des Xanthophyllum ?>x, Gagnepain citant Chodat : « Monographià Polygalacearum», I, p. 66-73, examine L'idée de cet auteur que le genre Xanthophyllum est le plus régulier de la famille et que ce type régulier ne se rencontre qu'à l'état embryonnaire dans les l'olygalacées; il trouve que cette observation serait à retenir pour justifier rétablissement, qu'il se propose, d'une famille des \an- thophyllacées. «Les pétales latéraux de [tins, déclare-t-il, existent toujours chez les Xanthophyllum. » Mais au point de vue de l'asymétrie, nous ferons remarquer que, même dans le style et le stigmate qui paraissent réguliers, lorsque nous avons examiné des coupes de Heurs de Xanthophyllum, nous avons trouvé, au sommet du stigmate, une espèce de poche rappelant celle des autres Polygalacées dans leur stig- mate el qui amène à une certaine zygomorphie dans cet organe. Nous y voyons une tendance à l'asymétrie qui s'accentue chez les autres l'olygalacées. En ce qui concerne les pétales latéraux, Chodat a déjà montré, à bien des reprises, que les pétales latéraux existent au moins à l'état de rudiments (protubérances) chez les Polygala /dans le groupe Chamœbuxus seul, il n'en avait pas constaté; en faisant nos recherches, nous avons eu l'occasion de remarquer que le Polygala venenosa, espèce asiatique de la section Chamsebuaius, possède lui aussi des pétales laté- raux rudimentaires soudés aux autres pièces de la corolle et ne s'en détachant pas. Chez les autres Polygalacées, dans les genres Monnina, MuraUia, etc., ces pétales latéraux se rencontrent assez souvent, même tout à fait normaux. Chez Securidaca, nous avons parfois trouvé des pétales latéraux qui se séparent des autres pièces, se libèrent com- plètement, jouent vraiment le rôle de pétales normaux. Le fait que les Xanthophyllum conserveraient toujours ces pétales latéraux ne pourrait pas être invoqué en faveur de la constitution d'une nouvelle famille. Pour faire une nouvelle famille, il ne faut pas se contenter de diffé- rences de degré, mais il faut s'appuyer sur des différences essentielles relatives à la symétrie, sur la présence de caractères qui donnent au nouveau groupe un cachet qu'on ne retrouve ni qualitativement, ni quantitativement dans les familles avec lesquelles il pourrait être comparé. Gagnepain fait aussi état de ce que, d'après Chodat, les étamines sont libres entre elles et que les anthères sont couvertes de 1 Gaunepain, F. Contribution à la connaissance des Xanthophyllum, Journal de Botanique, XXI (1908), 241-2Û3. . BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQCK DE GENÈVE, Nos 1-2-3-4, pai'llS le 30 sept. 1918. 'l 50 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) poils chez Xanthophyllum, mais depuis lors, Chodat a publié la des- cription de plusieurs Xanthophyllum nouveaux auxquels ces deux caractères l'ont défaut : Xanthophyllum eïlipticum, Xanthophyllum Kingii, Xanthophyllum eitrifoliufn1. Quant au disque, Chodat a montré, dans sa Monographie2, quelles variations nombreuses il subit dans la fleur des Polygalacées et plus particulièrement dans la section Chamœbuxus où cet organe, comme nous le décrirons aussi, montre tous les passages entre une simple glande et une gaine. D'ailleurs, chez les espèces de Securidaca, ce disque est du type de celui des Xanthophyllum. Gagnepain (loc. cit., 97) fait remarquer aussi que l'ovaire des Xan- thophyllum est porté par un gynophore, mais ce dernier se retrouve à l'état rudimentaire chez beaucoup d'espèces et il est particulièrement visible dans le Polygala vulgaris. L'ovaire uniloculaire et la placentation pariétale auraient pu entraîner la conviction de Chodat quand il écrivait sa Monographie; mais son sens systématique l'a averti du danger qu'il \ aurait à détacher, pour cette raison seule, les Xantho- phyllum des Polygalacées pour en faire une nouvelle famille. Nous verrons, en effet, que l'ovaire des Polygalacées, en général, conduit, par sa nervation, la position de l'ovule et le rattachement au moyen de la chalaze à des faisceaux pariétaux, tout naturellement au type réalisé dans le gynécée des XanthophyMum. C'est un des résultats les plus importants du travail que nous publions actuellement. Quant à la structure analomique des Xanthophyllum, il ne faut voir là que le résultat d'une plus grande vigueur; dans aucun autre groupe des Polygalacées, on ne voit des feuilles aussi grandes; il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'une vigueur plus grande, à des limbes plus développés, corresponde une complication plus grande de la structure du pétiole. Gagnepain relève ensuite les analogies que présentent les Xantho- phyllum avec les Polygalacées : 1° les feuilles alternes sans stipules; 2° la même préfloraison quant au calice ; 3° les anthères introrses en même nombre; 4° le pollen assez semblable à celui des Polygalacées. Caonepain, évidemment gêné par cette dernière coïncidence, dit : a Donc, si la forme du pollen rapproche assez bien les Xanthophyllum des Polygalacées, elle ne peut réussir à distinguer une Bixacée d'une 1 Chodat, IL Conspectus systematicus generis Xanthophylli, Bulletin île l'Herbier RoiKsier. IV <1890), 254-256. 1 Chodat, IL Monographia Polygalacearum, I (1891), 91. (5) 1!. JAUCII. ANATOMIE ET BIOLOGIE J)KS POLYGALACÉES 51 Crucifère et sa valeur est sujette à caution dans l'établissement d'une famille ». D'après Chodat et les systèmes de classification qu'il a tou- jours préconisés, il n'y a pas de valeur sujette à caution ou pas sujette à caution dans rétablissement des familles : il y a ce fait que dans une famille naturelle, un caractère est constant, il est alors de première valeur s'il s'associe d'une manière générale avec d'autres caractères qu'il fait prévoir. Or, si Pou relit l'introduction à la seconde partie de la Monographie des Polygalacées ou les considérations sur la liaison des caractères des familles naturelles (voir aussi les Principes de bota- nique1, du même auteur», Ton comprend que le seul critérium, pour cet auteur, est, dans l'ordre d'importance, la constance du caractère, puis sa corrélation avec d'autres caractères. Or, le pollen polygalacéeu est absolument isolé dans le règne végétal; les bandes longitudinales coupées par une bande équatoriale ne manquent à aucun genre, à au- cune espèce de cette famille, l'une des plus variées des Dicotylées, à lel point qu'il suffit de constater la présence de ce pollen pour être sûr KS POLYGALACEES 53 naturelle, se demander «nielle serait la position des genres Carpolobiu, Moutabea, Salomonia, dans sa nouvelle classification et si pour eux, il ne conviendrait pas aussi de créer une nous elle famille. -i. De la placentation pariétale dans l'ovaire uuiloculaire, il dit que ce caractère n'est encore l'objet d'aucune discussion et qu'il constitue sans doute la différence la plus marquée avec les Polygalacées. Mais nous allons voir qu'ici encore, il n'y a que des différences de degré, en particulier au point de vue de l'innervation des ovules; d'autre part, il serait bien difficile et peu méthodique de comparer l'orientation des ovules dans un genre uniloculaire, pluriovulé avec l'ovule unique par loge des Polygalacées. Les conclusions de Gagnepain que sur vingt-deux espèces étudiées par lui, il n'a vu aucun passage aux Polygalacées sont pour surprendre, ('.lie/ les Polygalacées, les genres sont admirablement définis, il n'y a point de passage entre eux et dans la classification du genre Polygala, il en est de même de section à section; nulle autre famille, peut-être, ne se prête mieux à montrer que, par derrière une diagnose générale, fami- liale, on peut placer des diagnoses génériques et subgénériques aussi définies que le sont souvent autre part les diagnoses familiales, ce qui semblerait donner raison à Gagnepain, mais, si Ton voulait être con- séquent, cette absence de passage qui a permis à Chodat de subdiviser le genre Polgyala eu sections qui n'ont jamais été modifiées par aucun auteur et qui ont permis à foutes les nouvelles espèces décrites depuis (et elles sont nombreuses) d'être, sans hésitation, placées dans des casiers comme préparés à l'avance, pourrait être invoquée par Gagne- pain pour faire de chacune de ces valeurs systématiques, une nouvelle famille; mais la famille des Polygalacées est une famille par enchaîne- ment; il faut relire les considérations exposées dans les introductions à la première et à la deuxième partie de la Monographie pour s'en convaincre. Gagnepain veut bien accepter que le groupe des Xanthophyllum présente quelques similitudes avec les Polygalacées et doit se placer dans son voisinage immédiat. Il conclut en disant : «Tous ceux qui pensent, avec raison, que les familles embrassant trop de genres dis- parates sont celles que l'on comprend le moins par l'imprécision même des caractères absolus et différentiels consacreront, par l'usage, cette petite famille naturelle, homogène, distincte par des caractères de premier ordre. » Nous nous permettrons de rappeler au savant systématicien du ."Vi BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) .Muséum la famille qui a servi de point de dépari el d'exemple pour la classification naturelle, celle des Renonculacées qui, elle aussi, com- prend un nombre considérable de genres disparates et que la perspi- cacité d'un de Jussieu avait, du premier coup d'œil, reconnus comme appartenant à une seule et même famille. Il n'y a, en conclusion, selon nous, aucune raison sérieuse pour détacher le genre Xanthophyllum des Polygàlacées dont il constitue, comme les genres Carpolobiu et Moutabea, l'une des formes extrêmes rattachée aux autres par une foule de caractères de première impor- tance. C1IAIMTI5K II Polygala Chamaebuxus Quelques observations biologiques Au commencement du printemps, sur les pentes du Mont Gosse, au Petit-Salève (Haute-Savoie), dès que la neige fond, aux premiers rayons du soleil, le Polygala Chamœbuxus fleurit. Les boutons se forment vers la lin de septembre, passent foui l'hiver sous la neige et sont donc prêts à fleurir aux premières chaleurs. En mars, les fleurs sont souvent complètement épanouies. En juin, toutes les plantes sonl en fruit; chaque tige est surmontée d'un panache vert clair, formé par les nou- velles feuilles qui n'ont pas encore l'aspect vernissé des feuilles adultes el qui rappellent un buis rabougri. Comme aspect extérieur, les (leurs foui penser à une Papilionacée, mais elles en diffèrent par leur structure; elles sont composées de cinq >ép;iles en deux verlicilles : trois sépales au cycle externe dont l'impair est postérieur, les deux sépales du verticille interne sont pétaîoïdes • liez cette espèce el particulièrement bien développés; ils forment les ailes, trois pétales, le médian plus grand, la carène, est inférieure et porte une crête découpée; les deux pétales latéraux manquent. Ces fleurs sont d'un blanc crème, les ailes sonl bordées de jaune ainsi que la crête; lorsqu'elles sont placées à l'ombre, les ailes et la carène sont alors lavées de rose pâle. Quand les Heurs vieillissent ou quand on les coupe et les conserve en bouquet dans l'eau, la teinte jaune fonce et passe au mordoré. ('.)) B. .I.vrcil. ANÀTOMIE ET BIOLOGIE DES POLYGALACÉES 55 Les fleurs sont placées latéralement sur la tige à l'aisselle des feuilles ou entre les feuilles. Au nombre de deux, parfois plus, elles sont por- tées par un court rameau, c'est ce qui représente les grappes axillaires d'autres espèces du même genre; assez souvent, l'une de ces fleurs avorte. A la base du minuscule, se trouvent de petites bractées qui persistent et se retrouvent près du fruit. Ces Heurs dégagent un parfum doux et pénétrant rappelant celui d'un abricot ou d'une prune 1res mure. Le nectaire a la forme d'un petit mamelon accolé à l'ovaire, s'attacbant à la base des étamines. Nectaire Ce nectaire a des formes excessivement variables dans la famille et, dans le groupe Chamssbuxus lui-même, on peut voir tous les passages entre un disque complet et une glande ainsi que l'a indiqué Chômât dans sa Monographie des l'olygalacées1. Les espèces africaines et asiatiques ont un disque complet, annulaire, avec cependant, chez quelques espèces, une tendance à un épaississe- nient plus marqué du côté postérieur (Polygala arillata, Polygala Heinii, Polygala Mannii, Polygala tricholopha, Polygala venenosa, Poly- gala pulchra, Polygala Maries//, Polygala Wattersii, Polygala Engleri, Polygala Cabrée, Polygala Galpini, Polygala myrtifolia, etc.2). Chez les espèces américaines, le disque devient subannulaire, il se développe obliquement, du côté antérieur, il est nul, il atteint son maximum au côté postérieur où il forme presque une glande (Polygala liasbyi, Polygala cucullata, Polygala Câlifornica, Polygala Lindheimeri, Polygala Arizonm, Polygala subspinosa, Polygala acawthoclada, etc.3). Quant aux espèces européennes et méditerranéennes nord-africaines, elles ne conservent plus que la partie postérieure, soit une glande au lieu d'un disque (Polygala Hulansse, Polygala Chamœbuxus, Polygala Munbyana, Polygala Vayredêe, Polygala Webbiana). La position de cette glande étant tout à fait semblable à celle de la protubérance terminant le disque des espèces américaines, permet de l'homologuer à un disque complet dont elle ne représenterait que l'angle médian, postérieur. La glande de Polygala Chamœbuœus se présente donc comme un petit mamelon situé au-dessous de l'ovaire du côté postérieur; elle est 1 Chodat, 1{. Monographia Polyi>alacearuni, Mémoires de la Société île Physique et d'Histoire naturelle de Genève (1891), 90, 91. 2 Chodat, R. Polygalacif africante, IV, Engler's Botanische Jahrbiïcher, XL VIII (1912). 3 Chodat, E. Polygalacse andinse, Engler's Botanische Jahrbiïcher, XL1I (1908 56 BULLETIN UK LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE .(10) constituée par un parenchyme à cellules polyédriques à parois minces; ces cellules deviennent plus petites à mesure que l'on approche du Centre. Toute la glande est recouverte d'un épidémie à parois épais- sies; elle sécrète un liquide sucré, abondant. Autofécondation et fécondation croisée Attirés par le parfum que les fleurs de Chammbuxus dégagent, les insectes, et nous avons observé tout spécialement des bourdons, vien- nent les visiter, mais très souvent, ils usent d'un subterfuge, ils arri- vent au nectaire par un trou latéral, percé dans le tube de la fleura la hauteur de l'ovaire. Ce fait était déjà signalé par Knuth1. .Nous avons constaté aussi des visites normales : le bourdon, en planant, descend sur la carène, pose ses pattes sur les bords, le poids de son corps fait légèrement basculer la carène; écartant les ailes de sa tète, il peut alors introduire sa trompe dans le tube de la Heur et arriver à la glande qui se trouve du côté opposé à la carène. Le mou- vement d'abaissement de la carène fait sortir les étamines et le stigmate qui s'y cachaient et si le pollen est mûr, l'insecte partira saupoudré et lorsqu'il entrera dans une autre fleur, il abandonnera ce pollen sur le stigmate. Nous avons voulu savoir si celle fécondation croisée était obliga- toire ; si l'autofécondation pouvait avoir lieu, ou encore si Pautofécon- dation ayant eu lieu, elle donnait quelque résultat. Pour cela, nous avons choisi, sur place, des Heurs en bouton, très vigoureuses ; nous les avons enveloppées d'un vaste capuchon de mousseline suffisamment mince pour laisser passer Pair et la lumière mais dont les mailles étaient assez serrées pour empêcher la pénétra- lion des insectes; laissées à elles-mêmes, ces Heurs se sont ouvertes puis se sont fanées dans le même laps de temps que leurs voisines non encapuchonnées mais n'ont pas fructifié. Les étamines étant situées plus bas que le stigmate, l'autofécondation n'avait pu se produire, ou peut-être aussi la Heur est-elle autostérile. L'est ce que nous allons voir. Nous avons alors [tris, avec une herbe fine, du pollen d'une fleur et l'avons placé sur le stigmate de cette même fleur ; après quoi, nous lui avons mis son capuchon ; les résultats furent les mêmes que précé- demment. Les insectes peuvent produire celte autofécondation ; Mùller l'indique aussi dans son livre sur les Heurs des Alpes2. Quand ' Knuth. Handbuch <1er BlûtenMolqgie, II (1898), 152. 2 Miii.i.ER, H. Alpenblumen, ihre Befruchtung dureh Insekten und ihre Anpass- imgen an dieselben (1881). 165. (Il) H. JAUCH. ANAT0M1E ET BIOLOGIE DES POLYGALACÉES 57 le bourdon arrive sur la carène, celle-ci bascule el c'est doue ce mou- vement qui permet au stigmate et aux étamirtes de sortir; ces dernières frôlent la partie concave de la carène et déposent leur pollen contre la paroi, pollen que le stigmate récoltera quand, au départ de l'insecte, la carène reprendra sa position primitive. Pour être sûrs aussi que la mousseline ne gênait pas lu fleur dans son développement, nous avons prélevé le pollen (Tune Heur el l'avons transporté sur le stigmate d'une Heur voisine; après encapuchonne- inenl, la fructification eut lieu. Ces expériences, répétées plusieurs fois, donnèrent toujours les mêmes résultats. La fécondation croisée est donc nécessaire pour la reproduction du Polygala Chamœbuxus qui, dans nos expériences, s'est montré auto- stérile. Knuth cite Ricca comme ayant trouvé 95 % des (leurs de Chamœ- Uuxus perforées ; la proportion de nos observations est moindre, elle donne environ 75 °/o. Ces mêmes essais répétés avec le Polygala vulgaris ont prouvé que chez cette espèce par contre, fautofécondation accompagne la féconda- tion croisée et donne de bons résultats. Le petit nombre de visites Observées montre que l'autofécondation doit même l'emporter sur la fécondation croisée. Chodat, du reste, avait déjà indiqué pour les Polygala suisses une prédominance de l'autofécondation malgré des dispositifs pouvant faire penser à une fécondation croisée. Chez Polygala vulgaris, pendant le développement de la plante, mi peut observer toute une série de mouvements. Groupées en un boulon serré, les fleurs sont d'abord négativement géotropiques, donc dres- sées ; les deux sépales internes comme cbez Chamœbucous, sont péta- loïdes : ils constituent les ailes qui sont les deux pièces les mieux déve- loppées de la (leur, elles sont colorées de même que les pétales en bleu ou en rose et parcourues de nervures 1res marquées si bien qu'elles sont veinées de vert. Quand la fleur s'ouvre, les ailes s'érarleiit et une flexion du pédoncule l'amène dans une position diagéotropique ; avec les ailes étalées au-dessus d'elle, la Heur semble planer, c'est à ce moment que doit avoir lieu la fécondation ; aussitôt que celle-ci s'est produite, le pétiole continue son mouvementde descente et sa position devient positivement géotropique. Tendant ce mouvement, la corolle s'est fanée et elle est tombée, les ailes perdent leur couleur, les bords restent plus longtemps frangés de rose ou de bleu, puis finalement, elles deviennent vert clair, veinées de vert plus foncé; elles oui à ce s ">N BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (42) moment l'aspect de véritables sépales; elles demeurent et entourent le fruit, 1rs trois sépales extérieurs persistent aussi mais ils sont minus- cules. Pendant la fructification, l'axe de la grappe s'est considérablement allongé, augmentant ainsi les espaces interfloraux ; la grappe longue primitivement de deux à trois centimètres peut l'être finalement de dix à quinze centimètres. Anatomie. — Course des faisceaux En examinant les coupes successives d'une fleur, de la base vers le sommet, nous avons pu nous rendre compte de la course exacte des faisceaux. Tout d'abord, d'un groupement central, se détachent trois brandies dans la direction des trois sépales extérieurs; ces nervures se trifur- quent à leur tour et vont rayonner dans les sépales; du centre, outre un faisceau qui reste central, se détachent un supérieur, un inférieur et deux latéraux ; le supérieur et les latéraux se dédoublent assez vite, formant ainsi sept faisceaux groupés autour d'un centre. Le faisceau inférieur se surmonte d'une petite protubérance qui va se libérer et qui produira les faisceaux de la carène, puis alors, à son tour, il se dédoublera; nous aurons donc, avec les six faisceaux restants, les huit faisceaux des étamines. De chaque côté, un faisceau latéral supérieur flétàche aussi un rameau qui va innerver les ailes dont on voit, du reste, apparaître le contour sur la coupe ; les faisceaux supérieurs font de même et vont innerver les pétales supérieurs. Toutes les pièces étant apparues, le faisceau central, à son tour, se subdivise pour donner quatre faisceaux : deux antéro-postérieurs, très petits, et deux latéraux beaucoup plus gros ; ces deux derniers vont persister sans se multiplier à nom eau, ils innerveront les ovules, parcoureronl le style alors que les antéro-postérieurs, après s'être ramifiés dans la paroi de l'ovaire, disparaissent. Les liuit faisceaux staminaùx ne sont pas répartis symétriquement, car dès qu'on aperçoit l'indication de la glande, on remarque aussi que l'espace entre les deux faisceaux des étamines placées du côté de cette glande est plus grand que celui qui sépare les étamines situées du côté de la carène. Cette position des faisceaux montre que la fleur des Polygàla, dès le début, a une ten- dance à l'asymétrie en ce sens que la multiplication <\v<. cellules du (13) 1!. JA.UCH. ANATOMIE ET lîlOMKilK ItKS POLYGALAGEES 59 coté de la glande v est accélérée; ceci amène à une inégalité des espaces qui séparent les étamines. Chez toutes les espèces, étudiées par nous, le point de départ est le même; ce qui varie, ce sont les ramifications subséquentes de chacun «les faisceaux dans les différentes pièces (flg. 1 ). Nous n'avons jamais observé de pétales latéraux chez cette espèce. Fig 1. — Polygala Chamaebuxus : Course des taise-eaux dans la fleur. 1. Fais- beaux «les étamines supérieures; 2. Faisceaux des étamines latérales; 3. Faisceaux des étamines inférieures; 1'. Faisceaux des pétales supérieurs; 2'. Faisceaux des ailes; 3'. Faisceaux de la carène. Sur les deux dernières coupes apparaissent les quatre faisceaux de l'ovaire. 60 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) Androcée Toutes les pièces de la fleur soûl reliées entre elles au moyen de l'andro'cée dont les huit pièces sont aussi soudées entre elles jusqu'à mi-hauteur. L'anthère basiflxe est longuement stipitée, elle est portée sur un lilet large et aplati, parcouru dans toute sa longueur par un faisceau; vue de profit, l'anthère montre, sur sa face interne, un bourrelet lon- gitudinal, médian, qui s'arrête un peu au-dessus du sommet et qui correspond à une logette. Cette anthère, Chodat l'a on lu reste fait remarquer déjà maintes fois, présente la particularité d'avoir trois logettes ; parfois, et ceci est nouveau, mais assez rarement, une quatrième loge est visible; il nous semble, dès lors, probable que la loge impaire, antérieure, doit être considérée comme résultant de la fusion congénitale de deux logettes; on comprend pourquoi la plus \asle logette est celle qui est tournée vers l'intérieur; il existe quel- quefois un sillon comme pour indiquer l'existence (rime double archi- die du côté interne. A sa base et à son sommet, l'anthère est bilocu- laire; les trois loges n'existent que sur environ la moitié de la hauteur. Une section fait»1 à travers une jeune anthère montre successive- ment : une couche externe, l'épiderme, puis en général, deux ou trois couches de cellules non différenciées avant d'arriver aux logettes. Bordant celles-ci, une couche de cellules un peu plus grandes qui se modifieront au cours du développement, c'est l'assise transitoire. A l'intérieur, les tétrasporanges : ce sont des cellules plus grandes, à protoplasma plus dense, à noyau bien développé; elles proviennent de la division d'une cellule dite cellule-mère; le nombre des tétraspo- ranges est variable, assez fréquemment quatre. Entre les deux loges externes, au centre de l'anthère, se trouve un faisceau fibro-vasrulaire dig. 2). Dans les anthères plus âgées, les cellules transitoires s'hyper- trophient, le noyau subit force modifications, tout spécialement un grand nombre de divisions; certaines cellules contiennent jusqu'à Imil noyaux accolés les uns aux autres. Elles se désorganisent, déchirent leur membrane et lorsque les tétraspores sont lihérées, elles dispa- raissent. Chaque tétrasporange se divise en quatre tétraspores arrangées en tétrade et séparées les unes des autres par une cloison; c'est elle qui se gélifiera pour libérer les tétraspores à maturité, l'eu avant leur libération ou aussitôt après, on voit la périphérie du protoplasma se vacuoliser; ce protoplasma se lobe et, comme par une espèce de plas- (15) li. .IAIC11. ANATOMiE ET BIOLOGIE DES POLYGALACEES molyse, se sépare de la line membrane. La partie externe du grain apparaît comme dentelée, ces dentelures correspondent à des sillons dans la membrane cuire lesquels celle-ci s'est épaissie. Quand le grain est complètement développé, il a l'aspect caractéristique du pollen des Polygalacées, décrit par Çiïodat, c'est-à-dire un petit tonnelet orné de côtes longitudinales coupées en leur milieu par une ceinture équato- riale. Fia-. _' — Polygala Chamaebuxus : (Joupe transversale d'une anthère jeune. Chez quelques étamines de /'. Çhamwbuœns, nous avons constaté un fait assez curieux. Les anthères présentent un archéspore non cloi- sonné qui remplit les logettes. Les cloisons primitivement existantes ont disparu ; les noyaux hypertrophiés sont dispersés dans un proto- plasma unique, homogène. Ce qui se passe dans ces loges n'est autre chose que l'exagération de ce qui a lieu dans les cellules transitoires (formation et exagération d'un périplasmodium). Les trois logettes d'une même anthère peuvent être ainsi modifiées ou bien l'une d'elles reste normale. De même, toutes les étamines d'une fleur montrent cette anomalie ou quelques-unes d'entre elles possèdent un archéspore normalement subdivisé. Ces anthères sont ordinairement stériles et ne peuvent donner naissance à des grains de pollen (fig. 3). 62 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (16) l.a déhiscence de l'anthère s'opère grâce à un tissu spécial qui se différencie lorsque les grains de pollen sont prêts. Ce tissu de déhis- cence prend naissance dans la couche sous-épiderniique; il est formé de grandes cellules qui ont des épaississements en étoiles se réunissant vers le centre de Panthère; les parois externes de ces cellules restent donc minces et cellulosiques. Les cellules placées entre cette assise à bandes sôus-épideririiques el les logettes sont résorbées. Mais, ces Fig. :i- — Polygala Chamaebuxus : Coupe transversale d'une anthère stérile. Cellule-mère constituant un plasmodium. cellules spéciales ne se rencontrent pas seulement sur le pourtour de l'anthère dans la paroi externe, toutes les cellules persistantes de l'an- thère (parois de séparation des loges) subissent cette même transfor- mation et se présentent avec des épaississements lignifiés semblables ; épaississements qui partent d'un angle de la cellule, se recourbent en demi-cercle, touchent la paroi opposée en son centre et reviennent aboutir à un autre angle. Plusieurs cintres s'entrecroisent ainsi dans une cellule se rencontrant tous en un point qui forme comme le fond de cette petite corbeille. Chaque cellule possède deux à trois de ces arceaux. De la base vers le sommet de l'anthère, toutes les coupes (17) If. .I.U'CII. ANAT0MIE ET BIOLOGIE DES POLYGALACÉES 63 montrent ce tissu ; le faisceau se trouve englobé au milieu de ces cellules spéciales. L'anthère à ce moment comprend donc l'épidémie, le tissu de déhiscence et le faisceau. Dans les loges, les grains de pollen sont mûrs et prêts à être disséminés (fig. i). Fij>-. 4. Polygala Chamaebuxus : Coupe transversale d'une anthère. Cellules mécaniques occupant le con- nectif . (Test sans doute à la suite de la contraction de toutes les cellules de l'anthère, après dessication, que se fait la déhiscence. La rupture a lieu selon une ligne semi-circulaire, apicale, interne; cette fente, comme le décrit Cuodat, détache une valvule à la partie antérieure et fait ressembler l'anthère, vue de côté, à une gueule bilabiée entr'ouverte, dont la lèvre inférieure est plus courte que la supérieure. La cloison disparait peu à peu, l'anthère devient uniloeulaire ; les bords de la lèvre inférieure se dissocient, la lèvre se rétrécit, elle ne consiste plus qu'en une pointe qui se dresse à la rencontre de la lèvre supérieure, puis elle disparaît en même temps que la cloison; l'anthère a alors l'aspect d'un petit cornet évasé au sommet. La déhiscence semble s'être faite par des pores apicaux comme chez les Ericacées, elle est du reste, indiquée comme poricide par bien des auteurs1. Placentation. Ovule. Sac embryonnaire. L'ovaire est formé de deux carpelles. La concrescence des carpelles peut se faire de plusieurs manières lors de la formation d'un ovaire : les bords des carpelles se soudent 1 Wakming. Handbiich der systematischen Botanik (1911). • >i BULLETIN DE LA SQCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (48) deux à deux et donnent un ovaire uniloculaire, quoique formé de plusieurs carpelles. Les marges concrescentes deviennent les placentas qui pénètrent plus ou moins profondément dans la cavité de l'ovaire, mais qui n'atteignent cependant jamais Taxe; chacun des placentas porte au moins deux ovules (un pour chaque carpelle) et la placenta- tion est dite pariétale. Lorsque les placentas se réunissent au centre île la fleur, l'ovaire est divisé en loges, le nombre des loges correspond au nombre des carpelles; les ovules naissent sur l'axe dont ils semblent être des dépendances directes et la placentation est dite axile. Les placentas sont toujours innervés, leur rôle est donc important dans l'ovaire, ils fournissent par leurs faisceaux la nourriture aux ovules. Dans la placentation pariétale, les faisceaux marginaux des carpelles peuvent demeurer distincts, côte à côte, mais plus souvent ils s'unissent en un faisceau unique qui envoie des branches aux ovules des deux bords. Lorsqu'il y a placentation axile, dans la colonne parenchyma- teuse centrale, qui résulte de la concrescence des cloisons, les faisceaux marginaux se disposent en cercle1. Chez Polygala Chamœbuxus, comme chez les Polygalacées en général, l'ovaire bicarpellaire comprend deux loges séparées par une cloison peu épaisse; au milieu de cette cloison, de chaque côté, dans chaque loge, naît un seul ovule. Il semblerait que nous avons affaire ici à une placentation axile. .Mais, en réalité, cette cloison ne peut pas être considérée comme un placenta, elle ne renferme pas de faisceau. L'ovaire est innervé, connue nous l'avons déjà indiqué, par quatre faisceaux principaux dérivant du faisceau central primitif : deux anté- ro-postérieurs qui se ramifient dans la paroi et deux latéraux placés des deux ciMés de la paroi de séparation des deux loges qui elle, nous le répétons, ne possède jamais de faisceau. Les ovules sont innen es par les faisceaux latéraux, pariétaux ; chaque ovule est innervé des deux côtés, aussi bien par le faisceau marginal droit que par le gauche; le faisceau de la raphé a une double origine. Il ne peut donc s'agir ici d'une placentation axile; la paroi de séparation n'est, à proprement parler, qu'une fausse cloison dans le genre de celle des Crucifères. Cependant, chez les Crucifères, les ovules sont attachés à la paroi de l'ovaire, au point de rencontre avec la fausse cloison et non pas à la cloison elle-même. Si l'on avait véritablement reploiement de carpelles, on devrait, au inoins dans l'un ou l'autre des cas, trouver des capsules de l'olygalacées qui montreraient deux rangées d'ouiles 1 Van Tieghem. Traité de Botanique (1891), 890. (19) B. JAUCH. A.XAT0M1E ET BIOLOGIE DES POLYGALACEES 65 dans chaque loge ou, à défaut de deux rangées, deux ovules dans chaque loge. Au contraire, dans les ovaires biloculaires des Polygalacées, l'ovule est toujours unique, placé exactement au milieu de la cloison et, comme nous Pavons décrit, innervé des deux côtés également (flg. 5). Il n'y a donc pas de vraie placentation axile chez les Polygalacées. Comme, par l'ensemble de ses caractères, Xanfhophyllum paraît cons- tituer un type plus régulier, probalement plus primitif et, comme ce type plus simplifié possède la placentation pariétale, aussi indiquée chez les autres Polygalacées parle mode particulier de la course des faisceaux dans l'ovaire, il devient évident que les Polygalacées paraissent avoir comme origine une souche chez laquelle la placentation pariétale était la règle. La placentation curieuse des Polygalacées doit donc, nous semble-t-il, être interprétée comme une placentation pariétale simplifiée. Par suite de la disparition d'un ovule dans chaque loge, l'ovule restant n'aurait pas conservé sa place contre la paroi, mais serait venu occuper une position intermédiaire au milieu delà fausse cloi- son tout en demeurant innervé latéralement des deux cotés (fig. 6). Les ovules sont épitropes pendants, ils sont attachés par un funicule très court qui est tra- versé, dans toute sa longueur, par un faisceau lihro-vasculaire s'épanouissant en chalaze à la hase du nucelle. Les ovules sont entourés de deux téguments; la secondine qui apparaît, com- me un bourrelet circulaire, au sommet du nucelle, lorsque les mamelons ovulaires se sont formés et la primine qui naît un peu après comme un second bourrelet circulaire, placé au-dessous du premier lorsque le funicule s'est différencié et libéré de Taxe; ces deux téguments ne diffèrent d'abord que par la hauteur de leur insertion. La secon- dine, formée de deux couches de cellules super- posées, s'allonge légèrement au-dessus du nucelle pour former un tube micropylaire très court; la primine s'allonge aussi et, grâce à un développement plus rapide, dépasse la secondine et surplombe le nucelle. A l'intérieur du nucelle, les différenciations ont lieu, ainsi que BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GKNH.VK, \0S [-2-3-4, parUS le 30 Sept. 1918. ."i Fis - Polygala Chamaebuxus : Coupe tranversale de l'ovaire. .Sché- ma montrant la double innerva- tion de chaque ovule. 66 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) l'indique Chodat : une cellule sous-épidermique du nucelle grandit, devient la cellule-mère du sac embryonnaire, elle donne naissance à trois cellules-filles dont l'inférieure constituera le sac embryonnaire. Les cellules de 1'épiderme du nucelle, par des divisions tangentielles puis radiales, forment une calotte épaisse, le sac embryonnaire est refoulé vers le centre de l'ovule ; d'abord court et elliptique, il s'allonge, s'amincit dans la partie inférieure, prend une forme ovoïde ; il se trouve séparé du sommet du nucelle par une couche assez épaisse, cinq rangées de cellules au minimum. Des deux côtés du sac, le tissu du nucelle est aussi assez considérable. Le noyau primaire du sac donne, par bipartitions successives, l'appareil reproducteur qui comprend : au sommet, deux synergides assez volumineuses avec un protoplasma granuleux, leurs noyaux sont placés vers l'extérieur du sac embryonnaire; au-dessous de chacun de ces noyaux, on peut voir une assez grande vacuole. Les synergides descendent presque jusqu'au contact du noyau de l'oosphère; elles sont symétriques ou disposées obliquement; elles ne se prolongent pas en bec comme chez les Gamopétales, elles sont toujours surmontées de cellules écrasées par la dilatation du sac embryonnaire. L'oosphère, un peu plus grande que les autres cellules de l'appareil, comprend un gros noyau refoulé vers la base de la cellule et surmonté par une grosse vacuole. La position de cette vacuole est donc l'inverse de celle des vacuoles des synergides; c'est ce qui permet, dans le doute, de distin- guer l'oosphère des synergides. Les deux noyaux polaires ne se trouvent pas tout à fait au milieu du sac, mais un peu plus près du sommet; ils ne se réunissent que tardivement, peu avant la fécondation, en un gros noyau secondaire qui possède un nucléole énorme. Les noyaux polaires peuvent être placés l'un à côté de l'autre ou l'un au-dessus de l'autre quand ils s'accolent. Les trois antipodes reposent sur une hypostase très faiblement cutinisée, mais nullement différenciée en suçoir. Elles sont disposées toutes trois sur un même niveau ou sur des niveaux différents, si bien que l'une d'elles devient alors latérale. Elles persistent après la fécon- dation, alors que les synergides contractent leur vacuole, perdent leur semi-perméabilité et forment une masse protoplasmique désorganisée, au-dessus de l'oosphère fécondée (fîg. 7). Pendant la préparation du sac embryonnaire, la primine subit diverses modifications; au début, chez Pohjgala Chamœbuams, elle comprend trois couebes de cellules : une assise interne qui deviendra l'assise (-21) B. JAUCH. ANATOMIE ET BIOLOGIE DES POLYGALACEES 67 palissadïque du tégument séminal, une couche moyenne à parois minces et cellulosiques et une assise externe, futur épidémie de la semence. L'assise moyenne se subdivise fortement et donne le parenchyme arillaire qui forme une sorte de calotte recouvrant en partie le sommet de l'ovule; le tissu constitue Parille de la semence sans que le funicule intervienne. La secondine ne prend pas part à la formation du tégu- ment séminal, ses cellules se désagrègent et Unissent par être écrasées par le développement de la primine1. Fig. 6. — Polygala Chamaebuxus : Coupe transversale de l'ovaire. Partie médiane de la figure précédente. Le tube pollinique suit le canal stylaire, tapissé de cellules conduc- trices, traverse l'aiïlle, s'incurve un peu et arrive par le tube micropylaire sur le nucelle. Au moment de la pollinisation, les cellules de la calotte se désagrègent un peu et facilitent le passage du tube jusqu'au sac embryonnaire. 1 Rodrigue, A. Recherches sur la structure du tégument séminal des Polygala- cées, Bulletin de l'Herbier Boissier, I (1893), 150. 68 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (2-2; Le développement de l'albumen commence avant celui de l'embryon, il est tout d'abord formé de noyaux épars avec des plaques nucléaires sans véritable cloisonnement. Stigmates et papilles Le style formé par les deux carpelles est parcouru, dans toute sa longueur, par deux faisceaux qui sont la continuation des faisceaux marginaux de l'ovaire, ceux mêmes qui innervent les ovules. Le style se termine par deux stigmates qui, déjà très tôt, dans le bouton tout Fig. 7. - Polygala Chamaebuxus : Sacs embryonnaires. 1-6 : fusion des noyaux polaires; 2: synergides et oosphère; 3: fécondation du noyau secondaire; 4 : sac complet; 5: fécondation de l'oosphère; 6: fusion des noyaux polaires. (23) B. .IAUCII. ANATOMIE ET BIOLOGIE DES l'OLYGALACÉES 69 jeune, présentent une asymétrie marquée; à ce moment là, le style est encore très court, il s'allonge en même temps que les autres pièces florales, sa partie basilaire reste mince alors que sa partie supérieure, au-dessous des stigmates, s'élargit fortement et subit une courbure qui correspond à celle de la corolle et qui lui permet d'être enveloppé par la carène. Tandis que le stigmate antérieur reste lisse et rudimentaire, le stigmate postérieur s'arrondit et se couvre de papilles. Ces papilles sV présentent d'abord comme de grandes cellules rectangulaires, allongées, possédant un gros noyau, près du sommet et une membrane uu peu gélifiée qui n'absorbe pas le colorant (fuchsine acide ) ; à ce stade, ces papilles sont encore sans fonction; puis, peu à peu, parallèlement au développement de la fleur, elles changent d'apparence, leur paroi se gonfle, leur membrane s'épaissit et leur noyau est refoulé vers la hase où le sac protoplasmique reste normal alors que, plus près du sommet, il ne se présente que comme un mince filet; c'est à ce moment que les papilles sécrètent une sorte de graisse destinée à retenir les grains de pollen (fig. 8). C'est aussi à ce moment que les anthères s'ouvrent pour laisser échapper le pollen. CHAITITiE III Comparaison entre Polygala Chamaebuxus et les Polygala de la même section Le Polygala Chamwbuxus est le type de la section X de Chodat; dans cette section sont groupées des espèces qu'où réunissait autrefois dans le genre Chamaebuxus de Spach. Nous avons déjà vu que l'appareil nectarifère permet de classer les Polygala de cette section en trois groupes géographiques distincts, présentant une évolution plus ou moins grande depuis le disque com- plet jusqu'à la glande unique. On remarque aussi chez les Chamaebuxus uu développement progressif de la crête1 : crête plissée chez Polygala Balansae, Polygala ,'Munbyana ; crête subdivisée à cinq lobes de Polygala Vayredse, Polygala arillata ; crête surmontée de protubérances allongées 1 Chodat, R. Monographia Polygalacearum (1891), 68. 70 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (24) -et entières, Polygala Mannii; crête ondulée, un peu émarginée, membraneuse de Polygala pulchra; crête cornue, chez les espèces américaines ; ouverte vers le centre de la fleur chez Polygala subspinosa ; creuse à l'intérieur chez Polygala Lindheimeri, Polygala california, Polygala cucullata. Cette section, au point de vue du développement de la crête représente peut-être un type primitif, une tendance qui se marque à une plus grande complication de la crête chez les autres. Sur la face interne des étamines, on rencontre chez les Polygala Chamsebuxus, Polygala Balansœ, Polygala Vayredse, Polygala Munbyana, Polygala Webbiana, un bourrelet médian longitudinal qui renferme la troisième loge de l'anthère (type intermédiaire entre les Polygala à quatre loges et ceux à deux loges beaucoup plus nombreux). Os mêmes espèces ont leurs pétales supérieurs soudés à peu près sur les trois quarts de leur longueur et, à leur partie libre, ils montrent un épaississement qu'on ne retrouve pas chez les autres. Au point de vue de la répartition géographique des espèces, la section Chamsebuxus présente une extension tout à fait discontinue Les représentants de l'Afrique du Nord, soit Polygala Balansse, Polygala Webbiana, Polygala Munbyana, se trouvent former un petit groupe naturel avec Polygala Vayredse qui est localisé aux Pyrénées orientales et Polygala Chamsebuxus que l'on rencontre dans les Alpes1. Les espèces du centre de l'Afrique : Polygala Mannii, Polygala Câbrœ, Polygala Engleri, Polygala Galpini se séparent de ce groupe et se rattachent par leurs grandes feuilles, leur disque annulaire aux espèces asiatiques (Polygala arillata, Polygala venenosa, etc.). Les espèces américaines forment aussi deux groupes distincts, tant géographiquement que morphologiquement (Alleghanys d'une part et région Mexique-Californie d'autre part). Cette localisation des sous-groupes et la remarquable homogénéité des caractères essentiels dans chacune des subdivisions de cette section, semblent montrer que l'on a affaire ici à un pliylum très ancien qui, autrefois répandu d'une façon beaucoup plus régulière, aurait été disloquée par les grands mouvements géologiques et dont les fragments n'auraient subsisté que dans les régions les plus favorisées2. 1 Chodat, R. Monographia Polygalaeearum '1891), Géographie botanique des Poly- galacées, 125. • Chodat, R. Die Geographische Gliederung der Polygala-Arten in Afrika. B<>t<<- nische JahrMcher fin- Systematik P/lanzengeschichte und Pflanzengeographie. A. Enokler (1914), 113. (25) Ji. JÀUCII. ANATOMIË ET BIOLOGIE DES POLYGALACEES 71 Il existe donc dans celle section trois grandes subdivisions morpho- logiques et géographiques tout à la t'ois : 1° les espèces européennes et nord-africaines dont l'aire a certainement été disjointe au moment des dislocations delà Méditerranée occidentale; 2° les espèces américaines; 3° les espèces africaines et asiatiques1. Nous allons maintenant examiner la pins connue des espèces asiatiques, le Polygala venenosa. L'anatomie de cette espèce rappelle tout a l'ait celle de Polygala Chamœhuxus; la course des faisceaux est la même avec cette différence que les espaces entre les faisceaux des étamines sont égaux, cette espèce n'ayant pas une glande mais un disque régulier. Ce disque est innervé parles faisceaux des étamines. En coupe longitudinale, on voit nettement la nervure qui va aux étamines se bifurquer et aller inner- ver le disque qui par conséquent, par ce signe anatoinique, appartient bien plus à l'androcée qu'au gynécée. Les pétales latéraux apparaissent assez fréquemment comme des protubérances placées entre les ailes et la carène; ils restent rudimentaires, ne sont pas innervés et ne se libèrent pas. L'ovule, comme chez. Polygala Chamœbuxus, est innervé des deux côtés et, très tôt aussi, le tissu médian qui sépare les deux loges de l'ovaire se résorbe partiellement, la zone intermédiaire ne peut donc 1 2 a Fia-. 8. - Polygala Chamœbuxus : Papilles stigmatiques. 1-2: dans une jeune fleur: 3: dans une fleur adulte au moment de la sécrétion. pas être considérée comme un carpelle replié, pas plus que la placenta- tion ne peut être regardée comme axile. Le sac embryonnaire y naît comme chez Polygala Chamœbuxus, il est aussi surmonté de deux 1 Chodat, R. Polygalacre Africain*'. IV. Engler's Botanische Jahrbiicher, XLVI1I, 310. 72 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (26) cellulés-sœurs, la calotte est peut-être encore plus épaisse; les deux téguments cheminent parallèlement, l'externe dépasse vite l'interne et forme une sorte de long col (fig. 9). L'étamine, et c'est la plus grande différence entre les deux espèces, possède dans sa partie médiane quatre loges; les régions supérieures et intérieures sont à deux logetles; il apparaît une sorte d'appendice ventral qui porte les deux autres logettes (fig. 10). Fig. 9. — Polygala venenosa : Coupe longitudinale d'un ovule jeune montrant la cellule-mère du sac embryonnaire. Poli/gala venenom montrerait ainsi un caractère plus primitif, se rapprocherait du type habituel. Nous ne savons comment se présentent les autres représentants de la section, n'ayant pas eu l'occasion de les étudier. 27) li. JAUCH. ANATOMIE ET BIOLOGIE DES POLYGALACÉES 73 CHAPITRE IV Anatomie florale de quelques autres Polygalacées Nous avons passé en revue quelques Polygala pour nous rendre compte de la structure de l'anthère. Jusqu'alors, la présence de deux et trois logettes par anthère avait été seulement signalée1. Le type à deux loges était considéré comme le type normal ; par subdivision d'une d'entre elles, il aurait donné naissance au type à trois logettes2. Actuellement, il semble au contraire, que les deux logettes représentent un type réduit, le type normal étant à quatre loges, le type trois serait donc un intermédiaire. Le tableau suivant montre les résultats obtenus quant au nombre des logettes; les Polygala ont été replacés, d'après la classification de Chodat, dans leurs subdivisions respectives : Différents Polygala étudiés et le nombre de loges de leurs anthères Section 11 Acanthocladus Polygala Klotzsehii 4- loges Section VIII Brachytropis Polygala microphylla 2 loges Section IX Chamaebuxus Polygala Chamœbuxus 3 loges Polygala venenosa 4 loges Section X Orthopolygala Subsection 1 B Timoutoideae Polygala Timoutoides 2 loges C Glochidiatae Polygala oxyrhynchos 2 loges Ericoideae Polygala obovata 2 loges Subsection XII Polygala myrtifolia -1- loges Subsection XIV AVulgares Polygala vulgaris (v. pyramidalis} 2 loges Les coupes faites clans ces diverses espèces nous ont permis de constater les particularités suivantes : en premier lieu, chez toutes, 1 Chodat, R. Monographia Polygalacearum (1891), Androcée, 77. - Chodat, R. Polyg-alacées. Die Natiïrlichen Pflanzenfamilien, Engler et Phantl III, 4 (1896), 327. 74 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (28) l'ovule se trouve innervé latéralement, il n'y a pas de faisceau médian, donc pas de placentation axile. 2° les espèces dont les anthères pos- sèdent quatre loges ne les conservent pas sur toute la longueur de la synarchidie, le nombre des loges varie avec les niveaux. Nous signalerons aussi ce qui, pour chaque espèce, nous a paru le pins intéressant en faisant l'étude de ces coupes. Polygala Klotzschii. — Chez cette espèce, nous avons trouvé plusieurs fois une neuvième étamine placée dans la ligne médiane, en face de la carène. Quand elle n'existait pas, les faisceaux de l'androcée étaient situés de telle sorte que sa place était marquée par un vide. Cette neuvième étamine a été signalée par Chodat, pour le Pohjgalu Chamœbuxw. Le sac embryonnaire est spécialement dilaté dans sa partie supérieure, alors que les antipodes sont logées dans une sorte de tube qui pénètre dans la partie basilaire du nucelle. La cavité du style est tapissée d'un tissu conducteur à longues cellules, possédant un protoplasma granu- leux, un gros noyau, cellules qui absorbent particulièrement bien le colorant (fuchsine). Ce tissu aboutit devant le micropyle qui est un peu refoulé latéralement. Fig. 10. — Polygala venenosa: Coupe transversale d'une anthère jeune. 1 29 1 I!. JAUCH. ANATOMIE ET BIOLOGIE DES POLYGALACEES /o Polygala obovata. — Les étamines sont soudées jusqu'à mi-hauteur avec les pièces de la corolle; elles restent soudées entre elles jusqu'au haut de la fleur, les anthères sont portées parmi Illettrés court et très mince (fi». H). Le stvle est traversé par mi gros canal; les cellules conductrices rappellent tout à fait celles de l'espèce précédente. Les deux stigmates sont asymétriques; le supérieur porte une aigrette formée par des poils curieux qui sont caractéristiques pour les sections américaines ^ortho polygala : ce sont de gros poils ramifiés, possédant une paroi épaissie, cutinisée, qui n'absorbe pas le colorant (fuchsine), un proto- plasma irrégulièrement réparti ; un noyau déjeté de côté, un peu aplati ; ce ne sont pas ces poils qui récoltent le pollen, mais bien plutôt les papilles stigmatiques de la lèvre inférieure qui sont du type habituel (fig. 12 et 13). De plus, cette espèce de même (pie Polygala limoutoides, possède un tissu sécréteur sur lequel nous revien- drons. Polygala myrtifolia. -- Chez cette espèce africaine (du Cap ) on rencontre au-dessous des papilles stigmatiques un tissu conducteur formé de cellules à parois extrêmement minces. Les étamines, comme chez Poli/gala Cha- msebuxus, sont longuement stipitées. Les anthères ont quatre loges. Le tissu de déhiscence de l'anthère se présente comme celui de Poli/gala Chamtebii- xus, mais les cellules sont plus étroites et plus hautes et le nombre des arceaux lignifiés est plus grand dans chaque cellule ; la cellule parait posséder une armature beaucoup plus solide. Lorsque l'anthère est occupée par le tissu de déhiscence, à maturité, les parois qui séparent les loges sont excessivement minces, elles sont même en partie désorganisées et font prévoir la confluence des quatre loges en une seule plus grande. La partie de l'anthère qui sépare les deux loges externes, renferme le faisceau et reste bien développée; elle s'avance vers l'intérieur et donne à la loge unique, finale, une forme de rein. Ce Polygala se prête tout particulièrement bien à l'élude de la structure des grains de pollen, si difficile à interpréter. Fig. 11. Polygala obovata : Etamines jeunes brièvement pédicellées. 76 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (30) On peut nettement reconnaître l'existence d'une exine assez mince se superposant à une intine, qui va s'épaississant vers l'équateur où elle est amincie selon une ligne circulaire. L'exine est sillonnée ; on voit bien que l'intine est comme interrompue dans la région équatoriale et que la striation appartient, chez cette espèce du moins, exclusivement à l'exine. C'est le dessin fournit par Ciiodat, mais la zone d'amincisse- ment y est beaucoup plus réduite1; les bandes de cutine arrivent plus près les unes des autres, l'isthme de cellulose pure est moins bien développé. L'intine ne doit se former que tardivement, car dans le grain de pollen jeune on voit le protoplasma et les vacuoles dessiner dans la cellule-mère la sculpture extérieure. La présence de bulles d'air, selon une ligne équatoriale (préparation insuffisamment déshydratée) montre qu'il y a bien, à travers l'intine, des pores; il semble que ces pores ne sont pas en ligne continue, mais en granules distincts, car on voit, en effet, une série de granules noirs comme s'il y avait des canalienles correspondant à autant de plasmodesmes. Polygala vulgaris. — Les sections transversales de la Heur oui montré, assez communément, chez ce /'oh/gala, des protubérances nettement marquées, correspondant aux pétales latéraux et opposées, comme toujours, à la troisième étamine en partant de la carène. Les étamines sessiles s'élèvent concurremment avec les pétales, au moyen d'un tissu intercalaire qui ne se sépare des pétales qu'à une certaine hauteur. Ce tissu ne se forme pas entre les deux étamines supérieures, ceci donne lieu à un tube fendu, en arrière, portant à son bord supérieur les anthères sessiles. Entre les deux étamines inférieures, il existe une sorte de sillon qui semble répartir les anthères en deux groupes distincts (diadelphie des Xantkophyllum). Dans l'anthère, on trouve les couches suivantes : un épidémie, une première couche sous-épidermique, une couche fibreuse, deux couches de cellules transitoires et l'archéspore. Au début, l'archéspore se forme à partir de la troisième couche au-dessous de l'épidémie et ce n'est qu'après que la deuxième couche se multiplie. Il n'y a que très peu de tétrasporanges, visibles en section transversale, parfois même un seul qui occupe le centre alors que les cellules transitoires fortement vacuolisées se dilatent beaucoup et se prolongent vers l'intérieur. Plus tard, quand la division sporangiale est faite, les cellules transitoires se 1 Ciiodat, R. Monog-raphia Polyg-alacearum (1891), I, Tab. VII. (31) I!. JAUCH. ANATOMIE ET BIOLOGIE DES POLYGALACÉES 77 contractent, se désagrègent et disparaissent; la cavité augmente aussi de dimension, les quelques grains de pollen nagent alors dans deux cavités fortement dilatées. En coupe longitudinale, on voit fort bien cette disposition des tétrasporanges en une seule file. Chez cette espèce nous avons trouvé une fleur qui ne possédait que six étainines. Chez une autre fleur, deux anthères s'étaient soudées et simulaient une étamine à quatre logettes qui seraient placées sur un même plan. L'ovaire est porté par un gynophore. Le style ne s'élargit que peu à sa partie supérieure ; le stigmate antérieur reste membraneux et forme une sorte d'appendice dressé dominant le stigmate postérieur qui, lui, porte les papilles du type habituel, (les divers caractères se retrouvent chez Polygala microphylla. Polygala oxyrhynchos. — Il ne présente, de même que le précédent, qu'un très petit nombre de tétrasporanges en série dans chaque logette. Les deux loges sont très symétriques. Sous l'épiderme, il existe deux couches de cellules Iransitoires qui persistent jusqu'à la constitution complète des grains de pollen. Chez lui, mieux encore que chez les autres Polygala, on constate l'absence complète d'un axe placentaire, proprement dit, la cloison médiane sans faisceau est très mince. Dans la section X de Ciiodat, Orthopolygala, Polygala myrtifqlia semble, en raison de ses quatre logettes, représenter un type plus primitif que les autres Polygala de ce groupe. Le type à deux loges paraît, en effet, comme nous l'avons déjà dit, dériver de celui à quatre par réduction du nombre des loges. Polygala myrtifolia, par ses quatre loges, se rattacherait donc aux Polygala primitifs, Chamœbuxus venciwm et aussi aux Polygala de la section Âcanthocladus, dont les fleurs, très peu polygalacéennes présentent, outre les quatre loges, d'autres carac- tères primitifs, le disque plus développé, le pistil plus symétrique, par exemple. Polygala myrtifolia habitant surtout l'Afrique australe, ce serait un fait qui viendrait appuyer une théorie de Chodat relative à l'origine des groupes. Cet auteur, en effet, suppose le sud de l'Afrique comme étant l'un des points de départ du genre. Il a du reste montré qu'aucune des subsections ou séries de l'ancien monde n'a sa patrie hors d'Afrique et que toutes les subsections, ou tous les groupes d'espèces tfOrthopo- lygala asiatiques sont aussi représentés en Afrique, mais qu'il n'y en a aucun, par contre, qui se retrouve en même temps, en Amérique. Pour les groupes d'espèces qui vivent en Asie et en Afrique, ou bien le 78 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (32) nombre des espèces asiatiques et africaines est le même ou bien les africaines l'emportent de beaucoup1. Dans cette même section X, la subsection des Vulgares présente avec lirachytropis (sous-genre espagnol ) des analogies marquées. Polygala vulgaris et Polygala microphylla possèdent, tous deux, un ovaire porté par un gynopbore court, un de leurs stigmates, l'antérieur, développé en un long appendice membraneux, des étamines sessiles à deux loges et un tégument séminal formé de deux assises de cellules, soit un épidémie à parois minces et une couche de cellules palissadiques particulièrement longues. L'absence de la crête seule différencie Polygala m icroph y lia . La répartition actuelle de Polygala microphylla prouve que Ton a affaire à un type primitif à aire très disjointe, qui n'a aucun pouvoir de variation ni d'extension. II présente aussi des affinités avec Polygala Garcini et Polygala pseudo-Garcini (pistil, pétales supérieurs triangu- laires, bec de la carène) deux espèces sud-africaines appartenant aussi aux Orthopolygala. Ceci parle pour un âge très ancien. C'est le dernier débris en Europe, semble-t-il, delà souche des Polygala du groupe des Vulgares qui ont varié en produisant une crête2. Ceci ferait supposer que le sous-genre Orthopolygala serait d'origine polyphylétique, rattaché par les Myrtifolise aux espèces primitives à quatre loges sud-africaines et par les Vulgares aux Brachytropis espagnols et portugais, à deux loges. CHAPITIiK Y Comparaison entre le Polygala Chamsebuxus et le genre Securidaca En dehors des Polygala, nous avons étudié comme Polygalacée une espèce du genre Securidaca. Nous avons suivi la course des faisceaux dans la jeune fleur; elle s'est trouvée la même que chez Polygala Chamsebuxus. Les faisceaux des pétales se détachent aussi de ceux des étamines. Le faisceau de la carène se sépare le premier, de bonne 1 Chodat, R. Die geographisehe Gliederung der Polygala-Arteu in Afrika. Bota- nische JahrbïteJier fur Systematiï Pflanzengeechichte und Pflansengeographie. A. Engler (1914), 115. - Chodat, R. Remarques sur quelques Polygala espagnols. Boletin de la Sociedad Aragone&a de Ciencias Naturales, XII (1913), 154. (33) !!. JAUCH. ANAT0MIE ET BIOLOGIE DES POLYGALACEES 79 heure ; les faisceaux des ailes dérivent du faisceau staminal des pénul- tièmes éfamines. Les pétales supérieurs apparaissent les derniers; ils sont encore soudés à l'androcée alors que les ailes et les pétales latéraux sont déjà formés. Chez Securidaca, nous avons trouvé des pétales laté- raux, non seulement sous forme de protubérances, mais des pétales beaucoup mieux développés qui se libéraient et qui étaient traversés par une nervure médiane (fig. 14). Le faisceau qui se rend dans le lunicule de l'ovule, prend son origine des deux faisceaux latéraux que Fig. 12. — Polygala obovata : 1. Pistil montrant l'asymé- trie des deux stigmates. Dans la paroi de l'ovaire, les poches sécrétrices s'aperçoivent par transparence : 2. Etamines mûres après déhiscence. Ton voit descendre du style et qui se multiplient tout autour du péri- carpe. On ne peut donc pas parler ici de placentatiun axile. La crête, formée d'une seule pièce, est moins découpée que chez les Polygala. Le disque, en collerette oblique non plissée, va en s'atténuant de la partie antérieure à la postérieure où il s'épaissit; il rappellerait ainsi le type des Channebuxus américains. L'ovaire, comme celui de Xanthophyllum, est porté sur un court gynophore et est recouvert de poils. Il est primitivement formé de deux carpelles mais à un âge peu avancé, l'un d'eux s'arrête dans son développement ; à l'anthèse, la seconde loge n'est déjà plus visible ; l'ovaire définitif est aussi gros que chez les IJol>/(/ala, car le carpelle 80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (34) subsistant a un développement excessif. Le style parait inséré latéra- lement; il a l'apparence d'un ruban large et plat, replié sur lui-même. L'asymétrie des stigmates est peu marquée et n'apparaît que tard. Ces stigmates sont un peu aplatis, l'antérieur reste rudimentaire et le postérieur, mieux développé, porte des papilles semblables à celles du Polygala Chammbuxus. Dans la partie supérieure du pistil, on aperçoit deux cavités, mais Tune tend à disparaître (asymétrie). La cavité stylairé, centrale, ellipsoïde, est tapissée de cellules conductrices analogues à celles du Polygala Klotzschii, peut-être encore mieux développées et munies de gros noyaux. Les étamines possèdent quatre loges à leur niveau médian. Cette espèce appartient, autant qu'il paraît par d'autres raisons, à un groupe liés ancien ; les quatre logettes parleraient, elles aussi, en faveur de l'idée d'un type primitif. Ce genre est assez voisin du groupe Chamsebuxtis dans le genre Polygala, dont il ne serait que le type samaroïde. Les espèces sont dispersées tout autour des Tropiques, des Andes el du Brésil, par l'Afrique jusqu'aux Philippines; extension ancienne, car le fruit est trop lourd pour être facilement transporté. Il faut admettre, en effet, que c'est à la lin de la période géologique secondaire, au moment où les continents brésiliens, africains et indiens étaient encore reliés, que le genre Securidaca a atteint son aire de répartition actuelle autour des Tropiques et différencié ses espèces dans chaque province. Les espèce américaines sont différentes de celles de l'ancien inonde. CHAPITRE VI Place des Polygalacées. Leur parenté. Les affinités des Polygalacées sont très obscures. Chodat1 a montré que, par la zygomorphie florale et la monadelphie des étamines, les Vochysiacées et les Trigoniacées se rapprocliaient des Polygalacées-. Warming les a placées dans l'ordre des Esculinées, avec les Acéracées. Erythroxylacées, Sapindacées, Méliantbacées, Malpigbiacées à côté des Trémandracées qu'il a même appelées des Polygalacées actinomorphes; 1 Chodat, R. Monographia Polygalacearum (1891), Affinités des Polygalacées, 128. 5 Chodat, R. Polyg-alacées-Trémandracées, Die Ndtùrlichèn Pflanzenfamilien, E.n- t;i.EK et Pranti., III. 4 (1896), 329, 322. (35) lî. JAUCH. ANATOMIE ET BIOLOGIE l»ES POLYGALACEES 81 niais toutes ces familles possèdent un disque extrastaïninal et n'ont, en réalité, aucun rapport avec les Polygalaeées1. Hallier groupe sous le nom de Polygalines les Violacées, Onagracées, Yochysiacées, Trigoniacées, Dichapétalacées, Malpighiacées et Polyga- laeées. Il l'ait dériver ces Polygalines de Berbéridacées éteintes, en [tassant par les Linacées2. En étudiant les Polygala obovula et Polygala timoutoides, notre attention a été attirée tout spécialement par les poches sécrétrices, excessivement nombreuses, qui s'y rencontrent aussi bien dans les fleurs que dans les feuilles et qui avaient déjà été signalées dans les feuilles par Chodat. Tissu sécréteur Ces poches sont déjà entièrement développées dans des fleurs très jeunes; pour trouver leur origine, il fallut rechercher des fleurs où les diverses pièces étaient à peine différenciées. Si Ton n'était averti, l'apparence de ce tissu jeune rappellerait celle d'un tissu sporogène, d'un archéspore par l'accumulation et la densité du plasma. WOo Fig. 13. — Polygala obovata : Poils spéciaux du stigmate supérieur. Les poches se forment rapidement par destruction de cellules : ce sont des poches lysigènes. Dans les cellules en voie de désorganisation, 1 Warming, Handbuch der Systematischen Botanik (1911). 1 Hallier, H. L'origine et le système phylétique des Angiospermes exposés à l'aide de leur arbre généalogique (1912), 26. BULLETIN DR LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GKNÈVE, N°s 1-2-3-4, parus le 30 Sept. 1918. 6 82 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (36) le noyau s'allonge, le protoplasma se vacuolise et la membrane finit par se dissoudre ; les noyaux résistent plus longtemps que les autres parties de la cellule, car on en trouve qui persistent isolés dans la cavité. A mesure que la désorganisation avance, les cellules qui entourent la poche s'aplatissent, par suite de la compression et de leur division, parallèlement à la surface; la poclie s'agrandit ainsi toujours plus; née à l'intérieur des tissus, elle arrive parfois jusqu'à l'épiderme. Les pièces florales qui possèdent ces poches ont un système conducteur réduit, (liiez le Polygàla obàvata, elles se rencontrent dans la paroi de l'ovaire, dans la carène et dans les trois sépales extérieurs; les ailes et les pétales supérieurs n'en ont pas (fig. 15). Chez Polygàla timouloides, toutes les pièces de la fleur en possèdent, sauf les étamines où nous n'en avons jamais trouvé. Ici, leur nombre et leur position varient d'une fleur à l'autre, mais elles sont toujours nombreuses, très l'approchées les unes des autres; plusieurs, deux à trois, peuvent même se souder; dans l'épaisseur d'une même pièce, on peut en comp- ter jusqu'à trois séries super- posées. L'ovaire peut porter sur son pourtour cinq à six glan- des. L'axe même de la grappe en renferme. On a signalé ces poches sécré- trices chez plus d'une espèce des groupes suivants : i Fig'. 14. — Securldaca : Coupes transvei • sales d'une fleur. 1 : Apparition des pétales latéraux. 2: Leur libération et nervation. Orthopolygala Section I A Galioideae B Timoutoideae D Trichospermae I Ericoideae Section III Hebecarpa Subsection : Euhebecarpa Poli/gala macradenia Polygàla glu n dulosa Toutes ces espèces sont américaines. (37) 1}. JAUCH. ANATOMIE ET BIOLOGIE DES POLYGALACÉES 83 Ce tissu sécréteur rapprocherait les Polygalacées des Térébinthinées tout spécialement des Rutacées, qui ont aussi des poches lysigènes, réparties dans toutes les pièces de la fleur. De plus, cette famille possède aussi un disque annulaire intrastaminal, un gynophore plus ou moins Pig. 15 _ Polygala obovata : Poches secrétrices. 1 : Origine de la poche (sépale) : 2": Paroi extérieure de la poche (carène) ; 3 : Apparition de la poche (ovaire) : 4 : Désagrégation plus avancée (carène) ; 5 : Poche complète (carène). développé, des ovules épitropes, caractères communs avec les Polyga- lacées. Mais, sur d'autres points, les familles diffèrent passablement, par exemple, à part quelques exceptions, L'actiïiomorphie est de règle «•liez les Rutacées, les étamines sont au nombre de dix et les carpelles au nombre de cinq. 84 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (38) Conclusions La famille des Xanthophyllacées de Gagnepain ne peut pas être maintenue; les Xanthophyllum se rattachent, comme l'avait indiqué Ciiodat, aux Polygalacées dont ils ont la structure florale et le pollen caractéristique et dont ils ne forment que le type régulier. Les étamines des Polygalacées ont quatre loges; par réduction des deux loges inférieures, on obtient le type à trois loges, puis le type à deux loges; le type à quatre loges semble primitif. Le fait que l'une des espèces de Polygala de l'Afrique du sud possède quatre loges à son anthère, est une preuve de plus en faveur de l'idée que c'est dans l'Afrique du Cap que doit être cherchée la racine phylo- génétique des espèces de l'ancien inonde. Le disque des Polygalacées est innervé par l'androcée et non par le gynécée; c'est peut-être un appendice de l'androcée. L'ovule des Polygalacées est innervé par des faisceaux pariétaux. Quoique l'ovaire possède une paroi qui le divise en deux loges, la placentation n'est pas réellement axile, mais bien plutôt pariétale. Parles poches lysigènes, que l'on rencontre chez quelques espèces américaines, les Polygalacées se rapprochent des Térébinthinées, dont elles possèdent aussi le disque intrastaminal et l'ovule épitrope. CONTRIBUTION A L ÉTUDE DE LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE m DEUXIÈME PARTIE par F. DUCELLIER (Communiqué en séance du 22 mai nji-j) Les stations (tourbières), en majeure partie alpines, passées en revue dans ce mémoire, sont au nombre de dix-sept. Ce sont : le col du Grimsel, la tourbière de Kubboden, près de l'Eggishorn, celle de la Laxeralp, quatre mares du Galvernbord, le Betmersee, les tourbières de Luy Sottoz, d'En Plex, de Demètre et le lac de Fully dans le massif de la Dent de Mordes, la tourbière de Muottas Celerina en Engadine, celles de Zugerberg, de Kruzelried, de Hudelmoos, de Hedwilermoos, dans les environs de Zurich. Afin d'éviter trop de répétitions, j'ai groupé ces stations suivant leur position orographique en cinq divi- sions : le col du Grimsel, le Galvernbord, Muottas Celerina, le massif de la Dent de Mordes et enfin le groupe des tourbières de la Suisse orientale. Si ce groupement ne m'a pas permis d'éviter toutes les répétitions d'espèces et si ces redites prennent peut-être une trop grande place dans ce travail, elles ont cependant leur raison d'être : la comparaison des dimensions, soigneusement prises cbez tous les exemplaires rencontrés et l'intérêt qu'il y a, au point de vue de la connaissance des associations d'espèces, à savoir avec quelles formes se rencontraient celles trouvées isolément dans telle ou telle station. En effet si, comme on le verra à la tin de ce travail, il existe un grand * Voir Bulletin de la Société Botanique de Genève, vol. VU, 11°* 1, 2, 3. 1916, p. 23-79. 86 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) nombre d'espèces que Ton retrouve toujours dans nos tourbières alpines, il y en a aussi beaucoup qui n'ont été trouvées jusqu'à présent qu'isolément. IV. COL DU GRIMSEL (Berne et Valais) Le col du Grimsel s'ouvre à l'altitude de 217ô mètres (Atlas topogra- phique de la Suisse, feuille 490), entre le Petit Sidelborn et le Nâgelis- grâtli, faisant communiquer le bassin de l'Aar avec celui du Rhône. Cette région est bien connue depuis le temps (dès 1840) où, pendant plusieurs étés successifs, les savants Agassiz, Desor, Vogt, etc., séjournèrent à l'Hospice, au-dessous du col sur son versant nord et à leur fameux «Hôtel des Neuchâtelois», sur le glacier de l'Unteraar. Au point de vue géologique, le col est entièrement sculpté dans les roches cristallines (H. Schardt, Dictionnaire Géographique de la Suisse, VIe fascicule, p. 381 et profil géologique). Sur le col et son versant sud-est, que j'ai plus particulièrement exploré, les roches polies et moutonnées, portant les traces de l'érosion glaciaire, donnent au pay- sage un aspect caractéristique. Tandis que tout près de la ligne de partage des eaux repose le Todtensee (ait. 2 1 14 mètres), sur le versant dominant Glelscb et Oberwald se voient, dans les creux des rochers et entourés de courts gazons, des flaques d'eau, de nombreuses mares, dont quelques-unes d'assez grandes dimensions, alimentées par la fonte des neiges de l'hiver et par celle des névés permanents (cet aspect de la région est mieux montré par VExcursionskarte des S. A. C. fur 1885-1886 que par VAtlus topo graphique). La région du Grimsel est une des plus humides des Alpes. La chute d'eau annuelle y atteint deux cent vingt-six centimètres. La neige persiste tout Tété dans les dépressions du col; à fin juillet 1916, le Todtensee était encore à moitié recouvert de glace et des glaçons flottaient sur sa partie libre. Partout ailleurs les plaques de neige alternaient avec les gazons rever- dissants ; sur la Maienwand, exposée au soleil levant, la floraison était en I ilein épanouissement ; mais, sur le col, l'hiver finissait seulement el cette contrée offrait l'aspect désolé des régions septentrionales de l'Europe. Le versant sud-est était resté jusqu'ici inexploré au point de vue algologïque ; le versant nord, de Guttanen à l'Hospice et de celui-ci au Todtensee, furent visités d'abord par Perty, avant 1852 et, plus tard, en 1893, par Schmidle qui fit une récolte dans la prairie tourbeuse située immédiatement à côté du Todtensee. J'ai pensé rendre service aux chercheurs en rappelant ici les listes des espèces récoltées par ces (3) E. DUCELL1ER. LA FLOUE DÈSMIDIOLGGIQUE DE LA SUISSE 87 deux observateurs et en les accompagnant de remarques relatives à la nouvelle nomenclature. Le nombre des espèces et variétés trouvées par Perty est d'environ vingt-sept; je dis «environ», en raison du doute qui subsiste pour quelques-unes, soit parce qu'elles ne sont pas indiquées formellement comme trouvées dans cette région, soit parce que l'auteur a réuni sous un même nom des espèces différentes, soit enfin parce qu'il n'est parfois pas possible d'identifier avec certitude l'appellation de Perty avec une espèce actuellement connue. Ces espèces trouvées par Perty sont les suivantes : 1. Mesotsenium spec. (?). Bien que Perty n'ait pas mentionné ce genre, il est très probable que Mesotsenium Endlicherianum, ou une espèce voisine, est bien l'espèce qu'il a figurée planche XVI, figure 16 (Perty, Zur Kenntniss Kleinst. Lebensformen, Bern, 1852) et qu'il a réunie à son Penium polymorphum, en raison de la méconnaissance que l'on avait, à cette époque, de la structure des chromatophores. 2. Closterium Lunula (Mùll.) Nitzsch, sub Closterium Lunula Nitzsch. 3. Closterium moniliferum (Bory) Ebrenb. sub Closterium monili- ferum Elirenb. A. Closterium Ehrenbergii Menegh. (?). Peut-être confondu avec l'es- pèce précédente. 5. Closterium Dianse Ebrenb. Très fréquent dans les flaques tour- beuses près de l'Hospice. 6. Closterium ceralium Perty. 7. Closterium Kûtùngii ou Closterium setaceum (?) sub Stauroceras subulatum Kutz. 8. Penium curlum Bréb. 9. Penium margaritaceum (Ehrenb.). 10. Netrium Digitus ( Ehrenb. ) itzigs et Bothe sub Penium lamellosum Bréb. Peut-être le Penium latiusculum Perty n'est-il pas autre chose que les formes jeunes de Netrium Digitus; l'absence de renseignements sur le chromatophore ne permet pas d'identifier avec certitude celle espèce de Perty. 11. Penium polymorphum Perty. 12. Penium polymorphum f. alpicola Heimerl. Sous le nom de Penium polymorphum, Perty a sans doute englobé non seulement un Meso- tsenium, mais deux formes distinctes de Penium 'polymorphum : celle de Lundell, Desm. Suée-., p. 86, pi. Y, tig. 10 et celle de HEIMERL : f. alpicola Heimerl, Desm. Alp., p. 590, pi. V. lig. 4. 13. Pleurotsenium Ehrenbergii (Bréb.) De Bary (?) sub Docidium 88 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) Ehrenbergii Bréb. Peut-être doit-on aussi comprendre sous ce nom Pleurotsemum trabeeula (Ehrenb.) Nâg. ou Pleurotsenium truncatum, communs au Grimsel, car à cette époque il y avait encore confusion des genres Docidium et Pleurotsenium. 14. Micrasterias rotata (Grv.) Balfs sut) Micrasterias rota Menegh. = Euastrum rota Ehrenb., pi. XII, fig. 1 e parte. 15. Micrasterias truncala (Corda) Bréb. sub Micrasterias semiradiata Bréb. Perty indique cette espèce comme se trouvant « vraisemblable- ment» mêlée à la précédente dont on ne la distinguait pas à celle époque. Cette supposition est très probable, car Micrasterias truncala. esl commune au Grimsel. 16. Euastrum oblongum (Grev.) Balfs sub Euastrum pecten Ehrenb. 17. Euastrum vernicosum Ehrenb. 18. Euastrum elegans (Bréb.) Kûtz. 19. Euastrum spec. (?) sub Euastrum ansatum Ehrenb., pi. XII, lig. 6. Euastrum ansatum Balfs étant commun au Grimsel, il est probable que c'est cette espèce, plutôt que Cosmarium ansatum (Ehrenb.) Rabenh. que Pekty a observée. 20. Tetmemorus Brebissonii (Menegh.) Halls. 21. Tetmemorus granulatus (Bréb.) Balfs. 22. Cosmarium orale Balfs. 23. Cosmarium tetraophtalmum Bréb. sub Cosmarium tetraophtalmum Menegh., Kûtz., Spec. Al//., p. 175 = Euastrum margaritiferum Ehr., p. WA, pi. XII, hg. 7. 24. Staurastrum hirsutinn (Ehrenb.) Bréb. sub Xanthiiiium hirsutum Kûtz., Spec. Alg., p. 177 (sensu Menegh.). 25. Staurastrum granulosum Balfs sub Phycastmm granulosum kiïlz. 20. Xanthidium spec. (?) sub Asleroœanthium furcatum Kûtz. La ligure 27, planche XVI, de Perty, ne permet pas d'identifier celle espèce. Peut-être s'agiMI de Xanthidium antilopeum f., très fréquent au Grimsel. 27. Desmidium Swart&i Ag. Les espèces et variétés récoltées, au nombre d'une vingtaine, par Schmidle (Eimellige Algen ans der Berner Alpen, Hedwigia, Bd XXXIII, 1894, p. 87-91) sont les suivantes : t. Mesotœnium Endlicherianum Nàg. var. e.rif/uum llansg. Dim. 22- 28 /r, 0-10/7.. 2. Netrium Digitus (Ehrenb.) Ilzigs et Bothe sub Penium lamellosum Bréb. (5) F. DUCELLIER. LA FLORE DESM1DIOLOGIQUE DE LA SUISSE 89 3. Penium Heimerlianum Schraidle = Pentium closterioides var. minus tlansg. ~- Penium libellula var. (?). \. Closterium striolatum Ehrenb. sub Clostéritim striolatum var. tumidum Rabenh. 5. Euastrum Dïdelta Ralfs, Brit. Desniid., pi. XIV, fig. I. (>. Euastrum Didelta Ralfs var. .s/// îmtaw . Ga Y,Conjug., 1 884, [il . I, (îg. 1 1 . 7. Telmemorus Isevis Ralfs. 8. Cosmarium Gârrolense Roy et Rissett sub Cosmarium alpinum Schmidle. Dimensions: 27-20//; loc. cit., pi. VI, fig. 11. '.). Cosmarium cucurbita, Rréb. forma sub Disphinctium cucurbita Reinsch. Dimensions : forma? 32X35X19 //.; loc. cit., pi. VI, fig. 3. II). Euastrum montanum West et ('.. S. West sub Cosmarium sub Reinschii Schmidle var. Boldtiana Scbmidle = Cosmarium Meneghinii Rréb. forma Roldt Desm. Grônland, 1888, p. 13, pi. I, fig. 15. 11. Cosmarium ornatum Ralfs. 12. Cosmarium nasutum Nordstedt sub Cosmarium ornatissimum Scbmidle. Il n'y a pas de doute que le Cosmarium ainsi désigné par Schmidle n'est autre que Cosmarium nasulum Nordst. dont j'ai recueilli, au même endroit, plusieurs exemplaires parfaitement caractéristiques. 13. Slauraslrum punctulatum Rréb. 14. Slauraslrum muricatum Rréb. 15. Slauraslrum liieneanum Rabenh. var. ellipticum Wille. lit. Slauraslrum Meriani Reinsch. forma. 17. Slauraslrum granulôsum (Ehrenb.) Ralfs. 18. Slauraslrum margaritaeewi Ehrenb. var. alpinum. Schmidle (loc. cit., pi. VI, fig. 5). 19. Sphœroiosma depressum Rabenh. Pendant mon séjour dans la région du Grimsel (fin juillet 1916), j'ai récolté dans les mares du versant sud-est et aux environs immédiats du Todtensee, les espèces suivantes : (Une pèche au filet fin dans les eaux glacées du lac n'a ramené aucune algue.) 1. Spirottenia condensata Rréb. Long. 110-150 a\ lai. 18-21,5 u.. Assez rare. 2. Mesoteenium spec. Les exemplaires observés variaient tellement comme dimensions et comme formes (les uns étant droits, les autres légèrement courbés), qu'il n'était pas possible d'attribuer un nom spéci- fique à des organismes aussi polymorphes. Seules des cultures pures pourraient nous renseigner, dans ce genre, sur la réalité des espèces créées par les auteurs. 90 BULLETIN' DE LA SOCIETE BOTANlOl'E DE GENEVE (6) 4. Cylindrocystis Brebissonii Menegli. var. minor, West, W. et G. S., A/g. N. Ireland, 1902, p. 20, pi. II, fig. 7; Brit. Desmid., I, p. 59, pi. V, fig. 11. Long. 33//; lat. 15 //. Fréquent aux alentours du Tod- tensee. 3. Netrium Digitus (Ehrenb.) Itzigs et Rotlie, forma lata. Long. 190- 220 /z; lat. 70-78//.. Fréquent. 5. Netrium TSàgelii(Rrèb.) West. Long. 112-127//; lat. 25-32 //. Rare. 6. Penium truncatum Bréb. Long. 22 n: lat. 11 «. Rare. 7. Penium margaritaceum (Ehrenb.) Bréb. Long. 165 u\ lat. 30 a. Fréquent. 8. Penium cylindrus (Ehrenb.) Bréb. Long. 50-58 //; lat. 15-16 //. Assez fréquent. 9. Penium polymorphum Perty forma alpicola Heimerl., loc. cit. Long. 60 fi\ lat. 23 fi. Je n'ai pas retrouvé la forme de Lundell. 10. Penium cueurbitinum Biss. West, Brit. Desmid., I, p. 94, pi. IX, fig. 15. Paroi cellulaire finement ponctuée. Chromatophore muni de quatre bandelettes verticales visibles sur la face frontale et d'un seul pyrénoïde. Long. 91-96^; lat. 40-42 a; lat. istb. 35-37 u. Rare. (Fig. 621.) 11. Penium Heimerlianum Schmidle, Einz. Alg. nus K LA SUISSE 91 p. il», pi. I, fig. 8. Exemplaires semblables à ceux du Simplon (Ducel- lier, première partie, p. 58-59, fig. 37), mais moins colorés. Sur quelques échantillons, pâles, presque incolores, les stries n'étaient pas visibles et, dans ce cas, il était impossible de savoir s'il s'agissait de Closterium Nilsonii ou de Closterium abruptum, tant ces deux espèces se ressemblent sous le rapport de leur forme extérieure et de leurs dimensions. Long. 175-180;/.; lat. 17//.. Assez fréquent. 15. Closterium Mon* var. minus. Comme pour les Desmidiacées de Prantin et du Simplon (Ducellier, première partie, p. 59), je range sous ce nom, en raison de la forme particulière de leurs extrémités à dos épaissi et obliquement tronqué, des Closterium, assez fréquents au Grimsel, dont les dimensions étaient : long. 13,5-168//; lat. 13,5-19//; angle 120"; plusieurs granules mobiles; trois à six pyrénoïdes par demi-cellule, il s'agit là d'une forme alpine assez commune paraissant bien être une variété de Closterium Dianse. Heimerl (Desm. alp., 1891), l'a déjà signalée pour les Alpes autri- chiennes, ainsi «pie Lûtkemûller (Desm. Attersees, 1892, n° 28). Comme ces auteurs,, j'ai observé parfois sur beaucoup d'échantillons une légère convexité du milieu du bord ventral, rappelant en plus faible celle de Closterium Leibleinii. Ces Closterium sont faciles à confondre avec Closterium parvulum; ils ne s'en distinguent souvent que par des extré- mités moins aiguës, car l'aplatissement de l'extrémité dorsale de la cellule, ainsi que son épaississement, sont parfois à peine accusés. Long, moyenne 165//; lat. 21 a. 16. Closterium stfiolatum Ehrenb. Long. 240//; lat. 29-30 )i. Assez rare. 17. Closterium Lunula (Mûll.) Nitzsch. Remarquable par ses chro- matophores à arêtes a bords découpés, rappelant ceux des Netrium. .Nombreux pyrénoïdes. Long. 120-435//.; lat. 70-80; lat. apic, 19-20//. 18. Pleurotœnium truncatum i Bréb.) Nàg. Long. 325 //.; lat. 50 //.. Long. 348 u.\ lat. basis 58 /*; lat. apic. 40 //; lath. isth. 46//. l'eu fréquent. 1«). Tetmemorus granulatus (Bréb.) Ralfs. Long. 170-190//; lat. 32- 40 //.. Commun. 20. Tetmemorus granulatus forma lato. Long. 169//; lat. 49//; lat. isth. 48//. 21. Tetmemorus granulatus var. attenuatus West, .1///. VF. Ireland, 1892, p. 133, pi. XX, lig. 7; Brit. Desmid., I, p. 221, pi. XXII, fig. 10. Lu seul exemplaire. Long. 185 u\ lat. 40//.. 92 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE 22. Tetmemorus lœvîs (Kutz.) Ralfs. Long. 65-76 //.; lat. 20-21 n. Assez rare. 23. Euastrum humerosum Ralfs. Dimensions moyennes : long. 100/^; lat. 60 u; lat. isth. 17,5//. Assez fréquent. (Fig. 63.) A C-Jk. Fig-. 63. 21. Euastrum oblongum (Grév.) Ralfs. Très commun. 25. Euastrum Didelta Ralfs, forma'. Comme dans la plupart de nus stations., Euastrum Didelta avait une grande tendance à donner nais- sance à des formes s'écartant notablement du type. Très fréquent. La planche II (p. 93) montre quelques-unes de ces formes. 26. Euastrum abœnse ElfV., type West, Brit. Desmhl., Il, pi. XXVI, fig. 5. L'unique échantillon de cette espèce concordait en tous points avec la figure 5, planche XXXVI, de West, loc. cit. Il ne portait pas, comme mes exemplaires de Piora (Ducellieb, Etude critique, 1911. p. 19) d'épaississement de la membrane au niveau de l'ondulation marginale. Long. 68 u; lat. 42//.; lut. isth. 12^. 27. Euastrum ansatum Ralfs. Commun. 2S. Euastrum insigne Hass. Je n'ai trouvé cette espèce que dans les environs du Todlensee. Les exemplaires étaient tous un peu plus petits que ceux que j'ai signalés pour différentes stations. Long. 97-104 ju; lat. 54 u; lat. isth. 12-15^. Beaucoup d'échantillons se distinguaient par les angles inférieurs de la demi-cellule arrondis et non dentelés. (9) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMID10LOG1QUE DE LA SUISSE 93 94 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) Fia-. 64. 29. Euastrum bidendatum Nàg. Long. 50 u ; lat. 35 #; lat. istli. 12 u. Nombreux exemples de division anormale. (Fig. 64.) 30. Euastrum elegans (Bréb.) Kûtz. (West, Brit. Desmid., Il, pi. XXXVIII, fig. 24.) Long. 29//; lat. 19//; lat. istli. 5,5//. Commun. 31. Euastrum binale (Turp.) Ehrenb. forma hians. WEST, Alg. )Y. Ireland, 1892, p. 140, pi. XX. lig. 1 i ; Brit. Desmid., II, p. 53, pi. XXXYIII, fig. 33. Long. 19,5//; lat. 15//.; lat. istli. 3,5-4.//. Rare. 32. Euastrum denticulatum (Kirclni. i Gay. West, Brit. Desmid., II, p. 50, pi. XXXIX, fig. 4. Long. 22,5 //; lat. 19 //; lai. istli. 5,5-0//. Assez rare. 33. Euastrum montanum West, Brit. Desmid., Il, p. 58, pi. XXXIX, fig. 8 = Cosmarium su- breinschii Schmidle var. Boldtiana Schmidle, Berner Alp., 1894, p. 90, pi. VI, fig. 8. Long. 20-23,5//; lai. 14,5-19//; lat. istli. 10,5-11/,. Voisinage du Todtensee ; assez rare. .34. Euastrum insulare (YYittr.) Roy. West, Brit. Desmid., II, p. OS pi. XL, lig. 11-13. Long. 24//; lat. 14,5//; lath. istli. 5«. Peu fréquent- 35. Euastrum verrucosum Ehrenb. Très abondant; Pnne des Desmidiacées les plus communes du Grirrisel. 36. Micrasterias truncata (Corda) Bréb. Nombreuses formes anormales d'une des demi-cellules. 37. Micrasterias papillife- ra Bréb. Assez fréquente. 38 . Micrasterias ru ta la (Grév.) Rails. Dimensions moyennes : long. 254//; lat. 234//. Commune. Nombreu- ses formes en voie de déve- loppement, dont la ligure 65 est un exemple. 39. Micrasterias denticulata Bréb. Dimensions moyennes : long. 230//; lat. 220 //. Commune. La ligure 66 montre une anomalie de Fig. 65. (11) F. DUCELLIEH. LA FLOUE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 1».") ut;. cette espèce. Jacobsen (Desm. Danemark, 1875, pi. VIII, fig. 1) avait déjà observé un cas presque semblable. C'est là un exemple frappant de ce polymorphisme spécial qui affecte des espèces des gen- res Micrasterias et Euastrum. 40. Micrasterias américain) (Ehrenb.) Ralfs. Espèce parais- sant localisée à quelques mares peu profondes: des exemplai- res montraient leur surface recouverte de papilles comme il est indiqué ligure 67 B. •il. Cosmarium undula- linii Corda var. minutum Wittr. = Cosmarium cre- natum Ralfs var. al pi au m Raciborski, Desm. Poloniœ, 1855, p. 76, pi. Il, fig. 2 = Cosmarium aipi a ma var. helveticum Schmidle, Ber- ner Alpen, 1894, p. 89. - West, Brit. Desmid., II, p. 149, pi. L1X, fig. 7. Cellules petites, largement ellipti- ques ; demi-cellules subsemi-circulaires à angles inférieurs presque rectangulaires et arrondis; bord muni de quatorze ondulations. In seul pyrénoïde. Long. 35-38//; lat. 27-28 //; lat. isth. 12-20//. Très rare. (Fig. 68.) 42. Cosmarium undulalum Corda. Cel- lules moyennes; demi-cellules subsemi- circulaires, à contours «réguliers, douze à quatorze ondulations; angle inférieur largement obtus -arrondi. Plusieurs Fig-. 68. échantillons à demi-cellules dissembla- bles. (Fig. 69.) Long. 44 //; lat. 30//; lat. isth. 21/*. Assez fréquent. 43. Cosmarium tinctum Ralfs. Long. 11-12//.. Assez fréquent. 44. Cosmarium rctusum, Perty, Zur Kentniss Kleinst. Lebeasf., Bern, 1852, sub Euastrum (Cosmarium) retusum, p. 208, pi. XVI, fig. 12. Cel- lules petites, un peu plus longues (pie larges, à sinus étroit, ouvert en Fig. 67. Fig'. 69. 96 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) dehors. Demi-cellules subpyramidales à sommet largement tronqué. Côtés latéraux à moitié inférieure convexe arrondie ; à moitié supérieure con- cave, formant avec le bord supérieur un angle droit ou presque droit, tranchant ou, le plus souvent, légèrement arrondi. Vue decôtéde lademi- cellule : losangique à angles tronqués, parfois presque ovalaire. Vue verticale : elliptique renflée au milieu de chaque côté. Paroi cellulaire apparemment lisse, en réalité et dans de bonnes conditions d'observa- tion : scrobiculée ou ponctuée, avec une scrobiculation plus grosse située sur Taxe vertical de la demi- cellule, à l'union du fiers supérieur avec les deux tiers inférieurs, c'est-à- dire plus près du sommet que de la hase de l'hémisomate. Long. 27-29,5 u: moyenne 28 «; hit. 22-2."),.") u; moyenne 24^; lat. islh. 9,5- 10/*. Un pyrénoïde par hémisomate. (Fig. 70.) Ces Cosmarium étaient assez nombreux dans une des petites mares du versant sud-est du Grimsel et paraissaient être localisés à cette place. Il n'y a aucun doute qu'il s'agit là du Cosmarium retusum que Perty avait trouvé au col du Simplon, c'est-à-dire sur un terrain et à une altitude tout à fait comparables à ceux du Grimsel. Bien que la description de Perty soit très brève et incomplète, elle est cependant assez significative, ainsi que les figures qui l'accompagnent, pour qu'on ne s'explique pas l'erreur d'interprétation dont l'espèce en question paraît avoir été l'objet. Ce qui caractérise surtout cette espèce, ce sont ses vues latérale et du sommet, ainsi que l'absence de granulations sur la surface de l'enveloppe. Cette espèce (dont j'ai trouvé aussi, en automne 1916, quelques rares exemplaires dans la tour- bière de Champex, Valais) me paraît, en effet, avoir été méconnue des auteurs, en particulier de Lundell (Desm. Suec, 1871, p. 36;. Bien que reconnaissant les différences notables qui séparent l'espèce helvé- tique de la forme suédoise, Lundell les a réunies cependant sous la même enseigne de «Cosmarium retusum (Perty) Rabenli. » et, par conséquent, toutes deux sous le même patronage de l'illustre natura- liste bernois. 11 est regrettable que Lundell n'ait pas donné un nom nouveau à l'espèce qu'il avait découverte. Celle-ci, bien que facile à confondre, surtout dans ses formes jeunes, avec l'espèce helvétique, en diffère par des caractères de premier ordre. Sans cette fusion des deux types, la forme « retusi forme » des auteurs subséquents ne serait (13) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 97 pas née et une confusion aurait été évitée, car celle dernière se rap- proche beaucoup de l'espèce de Perty ou même se confond avec elle. J'ai pu étudier, sur un assez grand nombre d'exemplaires provenant des tourbières de Kruzelried et du Zugerberg(fig.71 el 7t bis) des formes Fig. 71. Fig- 71 bis. Cosmarium retusum Lundell. 5-20/1. Tourbières de la Suisse orientale. concordant avec le type de Lundell. Ce dernier diffère de l'espèce de Perty : 1" par l'angle inférieur de la demi-cellule qui est non plus arrondi (sauf chez les jeunes hémisomates), mais rectangulaire, obtus ou tronqué; 2° par la moitié inférieure des côtés latéraux de la face frontale qui est non pas largement convexe, mais anguleuse ou tron- quée; 3" par la présence de granulations caractéristiques, décrites et figurées par Lundell. Ces granules sont cependant très variables ou très difficiles à voir, souvent épars ou visibles seulement au niveau des angles inférieurs; parfois ils sont absents ou réduits au nombre de quelques-uns; ce fait explique bien des confusions; 4° par l'apparence de la demi-cellule sur la «vue latérale» qui est ovalaire, tandis qu'elle est, le plus souvent, rhomboïdâle à angles tronqués dans le type de Perty; 5° par la vue du sommet, elliptique non renflée au milieu. Ce sont ces différences, constatées par \Yille, Gutwinski, Schmidle, LûtkeMvULLEr, etc., qui ont conduit ces auteurs à créer le type «retu- siforme ». Déjà JACORSEN (Aperçu systématique cl critique sur les Desmi- çliacées du Danemark, 1875, p. 195), dont les observations exactes el les vues quelque peu prophétiques sont trop oubliées, disait, à propos de Cosmarium retusum Lundell : «Il est possible que l'espèce dont il «s'agit soit identique au Cosmarium retusum Perty, mais ce n'est «qu'une simple supposition, car loin de pouvoir le conclure du dessin «et de la description de Perty, on serait plutôt porté à croire qu'ils « sont différents; voir, par exemple, la coupe transversale et la granii- « lation régulière)). Ces vues trouvent aussi confirmation dans Schmidle, BULLKÏ IN DE I,A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, l\<>S 1-2-3-4, pi'US le 30 Sept. 1918. 7 98 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) Beitr. var alpinen Algenflora, 1895, p. 450, où il est dit : « Cosmarium retusiforme Gulw. = Cosmarium Hammeri var. retusiforme Wille == Cosmarium retusum apud Perty (non Lundell, pi. XVI, fîg. 12 ». Le type « retusiforme » (Cosmarium Hammeri (3 retusiforme Wille, .Yo/y/r* Ferskvandalger, 1880, p. 32, pi. I, iig. 10) est, en effet, en tous points importants, comparable an Cosmarium retusum de Perty : même vue latérale (figure et non texte), même vue verticale «in medio utrinque tumida». Quant à la mention «subtilissime punctata» de la membrane, il n'en est pas question dans le texte de Perty, mais la ligure 12 de cet auteur montre cependant une ponctuation de l'enve- loppe. Eu égard *à la manière de dessiner de cette époque, il ne faut pas être trop difficile sur ce point. Ce qu'on \oit sur cette ligure, c'est une ponctuation générale de la membrane, mais non les granules typi- ques du Cosmarium retusum de Lundell avec leur disposition irrégu- lière caractéristique. Il se peut aussi que Perty ait voulu seulement indiquer l'aspect finement granuleux du chromatophore. En outre, si Perty n'a pas l'ait mention, dans son texte de la ponctuation, c'esl qu'elle n'est le plus souvent visible que dans de très bonnes conditions d'observation, l'aspect le plus fréquent étant celui d'une surface lisse. Les différences de taille entre l'espèce de Perty et celle de Wille ne soûl pas suffisantes pour légitimer la création d'une nouvelle espèce el le Cosmarium retusiforme de GuTWINSKl, Flora Leopol., p. 55, a des dimensions presque semblables à la moyenne de mes exemplaires. J'estime donc que les appellations « retusiforme » de Wille et de Gut- winski, ainsi que «retusum» (Perty) Rabenh, de Lundell, devraient disparaître de la nomenclature. Sous le nom de Cosmarium retusum Perh seraient, à mon sens, compris : 1. Cosmarium Hammeri $ retusiforme Wille, Norgcs Ferskvandalger, ISXO, p. 32, ri" 32, i>l. I. Iig. 16. 2. Cosmarium relu.si/brme (iulw inski, Flora Glonoiv Okolic Lwoiva, 1891, p. 55. pi. II, tig. 12-13. 3. Cosmarium retusiforme var. alpinum Sehinidle, Beitr. z-ur alp. Algenfl., 1895, p. 150, pi. XV, (Ig. 27 a et />. 4. Cosmarium retusiforme f. scrobiculata Schmidle, Vite Lappmark, 1898, p. 24, pi. I, tig. 18 (?). 5. Cosmarium retusiforme \ar. inerassala Gutw. in LûTKEMÛLLER, Desmid. ans der Umgebung des Millstdttersees, 1900, pi. II (séparât) n° 18. - - (J'ai observé souvent des Cosmarium retusum dont la mem- brane était épaissie, surtout aux angles ; c'est là un phénomène commun (15) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 99 à une multitude d'espèces, probablement accidentel et, par suite, ne méritant pas de caractériser une variété.) 6. Cosmarium rétusiforme (luhv. pro parte in West, lin'/. Desmid}, IL p. 180, pi. LXII, fig. 17-18. Quant à Cosmarium retusum de Lundell, il serait mieux nommé Cosmarium pseudo-retusum, la priorité du terme «retusum» apparte- nant à Perty. Entre le type de Perty et celui de Lundell, il existe des formes intermédiaires qu'il est encore difficile de classer. La var. vagans de Nordstedt, De Algis cl Char., I, 1880, pi. I, fig. 5 a et a\ en est un exemple. Peut-être faut-il aussi considérer comme telles : 1" Cosmarium Hammen f. abvissa Schmidle, Al;/, aus Sumatra, Hedwigia, 1X90, Bd. XXXIV, llefl 6, i». 302, pi. IV, fig. 8; 2" Cosmarium rétusiforme (Wille) Gutw. in Borge, AUj. 0 mieux visible sur les vues latérale et du sommet. Un seul pyrénoïde par demi-cellule. Les exemplaires Fia. 72. — Cosma- r' , ... , rium Novae Sem- recueillis sont plus petits que ceux de Wille et de aM3fi2L West. Long.. 11,5-13 /,.; lat. 9-9,5 /,; lat. isth. 5 ,<. Rare. (Fig. 72.) 52. Cosmarium quadratum Ralfs. Long. 65-70//.; lat. 39,5-43//. 53. Cosmarium Iruncatellum l'erly, Kleinst. Lebensf., 1852, p. 209, pi. XVI, lig. 13. Long. 10-11 //.; lat. 13-15//. Très rare. 54. Cosmarium impressulum Elfving, Anteckningar om Fisnka lles- midiéer, 1881, pi. MIL lig. 9. - - West, Brii. Desmid., III, p. 86, pi. LXXII, fig. 17. Long. 28-29,5//.; lat. 23-25//.; lat. isth. 9,5-10//. Assez rare. 55. Cosmarium impressulum forma inlegrala lleiinerl, Desm. alp., (17) F. DUCEL1IER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 101 1891, p. 599, pi. V, fig. 12. Celle forme (fig. 73 A), qui se trouvait en nombre à peu près égal au type, offre des aspects assez variables : tantôt et le plus souvent la demi-cellule hexagonale, avec angles infé- rieurs, a la forme, d'un Cosmarium rectangulare var. hexagonum West (Cosmarium hexagonum Elfv. — Cosmarium Elfvingii Racib.), tantôt avec ses angles inférieurs obtus, à coté latéral divergent, elle ressemble ;'i un Cosmarium sexangulare forma minor; d'autres fois, enfin, des bémisomates de ce dernier aspect, avec un apex concave, rappellent la parenté avec Cosmarium impressulum typieum. - Des formes mixtes Cosmarium impressulum, Cosmarium impressulum forma integrata n'étaient pas rares. Dimensions moyennes : long. 25/*; lat. 20 je, lai. istb. 9,5 n. (Fig. 7:! II.) Fig. 74. 56. Cosmarium Regnellii Wille forma minima Virel, Desmidiacées du vallon de Salanfe, Bulletin de la Société Botanique de Genève, 1910, p. 191, pi. I, fig. 11. Formes tout à lait semblables à celles de Salanfe. Long. 10-11 m; lat. 10-11 «. 57. Cosmarium cucurbita Bréb. Long. 10-42 u.\ lat. 22-24 /<; lat. islb. 20-22 u. Commun. 58. Cosmarium cœlatum Ralfs. — DuCELLIER, Çontrib., I, 1946, p. 41, pi. I, lig. 2. Dimensions moyennes : long. 46 «; lat. 40//; lai. istb. I i /<. Flaques d'eau peu profondes près du Todtensee. 59. Cosmarium Portianum var. nephroideum Wittr. — \\ EST, Brit. hesmid.. 111, p. 167, pi. LXXX, lig. 10. Long. 28-32//; lat. 22-27//; lat. istb. 9,5-10 u- Assez rare. 60. Cosmarium polonicum Racib. var. al pi nu m Scbmidle, AV/7/'. sw àZjnneii Algenflora, 1895, p. 457, pi. XV, fig. 21. - BORGE, Beitr. zur Algenflora von Schweden, 1906, p. 40, pi. II, lig. 28. Dans la première partie de ce mémoire (1916, pages 64 à 68, figure i5), j'ai attiré l'attention sur ce Cosmarium peu connu que j'avais trouvé abondant dans quelques mares tourbeuses du col du Simplon. Ce Cosmarium (lig. 74) parait avoir une distribution géographique assez restreinte : quelques localités de Pologne, de Suède et du Tyrol 102 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) (Ôtzthaler Alpen). MM. West, dans leur Monographie, ne le mention- nent qu'incidemment (Brit. Desmid., III, p. 209 et 214); ils iront pas observé notamment la variété alpinum de Sciimidle, si caractéristique et que l'un peut considérer maintenant comme un Inde plutôt commun de nos tourbières alpines. J'ai retrouvé ce Cosmarium non seulement au Siniplon et au Grimsel, mais encore dans les localités suivantes : mares des roches moutonnées de Saas-Fee, tourbière du lac Champex, mares du Galvernbord, «gouille» de Luy-Sottoz (Dent de MorcleS) et d'En IMex, enfui dans les petits étangs de Pinchat près de Genève. Dans toutes ces stations, la forme c fmihi) représentait l'immense majorité des formes de Cosmarium polonicum. Le type de Uaciborski était excessivement l'are; il en était de même pour les formes h, '.) Long. 10-42 u; lat. 32-33 «; lat. istb. 12-13 u. 21) F. DUCELLIER. LA FLOUE DESMIDIOLOGIOUE DE LA SUISSE 105 A B Fig. 78. — Cosmarium nasutum Nordst. 520/I. (Grimsel, 1916). 66. Cosmarium speciosum Lund. Long. ôO//; lat. 37,5^; lat. isth. 19,5^. Rare. 67. Cosmarium tetraophtalmum Bréb. Long. 100-102 //.; lat. 80 //; lat. islli. 20-22 u. Assez commun. 68. Cosmarium Bôtrytis Menegh. Di- mensions moyennes: long. 80 //.; lat. 65 //; lai. isth. 21 u. 69. Cosmarium Bôtrytis var. mediolœve, West, Brit. Desmid., IV, p. 6, pi. XCVIII, lig. 5. — Long. 67//; lat. 57-57,5^; lai. isth. 17,5^. Rare. 70. Cosmarium ochtodes Nordst., Desm. Aretœ, 1875, p. 17, pi. VI, fig. 3. - - West, Brit. Desmid., IV, p. 10, pi. XCVIII, Og. 1. Long. 80- ///• laite 0^nc£, 1892, p. 733, pi, IX, fig. 34. (Fig. 83.) 95. Staurastrum Sebaldi Reinsch. Exemplaires semblables à ceux du Siniploii. 96. Desmidium Swartzii (Ag.) Rails. '.)7. Sphserozosma excavatum Ralfs. V. GALVERNBORD (Chaîne de l'Eggishorn, Valais) Le Galvernbord (,4//«* topographique de la Suisse, feuille 493) est le vaste plateau incliné qui s'étend au pied sud-est du Bettmerhorn, rive 108 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (24) sud de la partie inférieure du glacier de l'ÂIetsch. Sur cette immense terrasse, couverte de pâturages, se trouvent, outre le Bettmersee, un certain nombre de mares et d'étangs dont les principaux sont indiqués sur VAtlas topographique. Je les ai explorés pendant la première semaine d'août 1916. Ce sont, en allant de l'Hôtel Jungfrâu au Bett- mersee : II. La petite tourbière de Kùhboden (2192 mètres d'altitude); à l'époque susdite, elle était déjà en voie de dessèchement; mes récoltes se firent, en grande partie, dans le petit ruisseau qui en sort. II L'étang de la Laxeralp (2 170 mètres d'altitude) grande mare triangulaire, presque entièrement occupée par un épais tapis de Cal- liergon sarmentosum (Whbg.) Kindb.2. III. Une petite mare, située plus à l'Est, près de la limite commu- nale. IV. La mare située au point de départ du Laxgraben, à l'altitude de 2233 mètres. V. Une petite mare située au-dessous et à peu de distance au Sud de l'h'ôtel Bettmerborn, à l'altitude d'environ 2200 mètres, non indiquée sur la carte. VI. Une mare située près des chalets Bettmeralp. Vil. Enfin le Bettmersee (2008 mètres d'altitude), petit lac poisson- neux, aux eaux limpides, de dix-sept mètres de profondeur, alimenté par la cascatelle d'un ruisseau sur sa rive nord. 1. Spirohenia condensata Bréb. Long. 110-130//.; lai. 18-19//.. II-V. 2. Cylindroeystis Brebissonii var. minor West. Long. 28-32 u', lat. 13,5-L") u. I-Y. 3. Cylindroeystis erassa De By. Long. 39 a\ lat. 22 m. Y. ■4. Netrium digitus (Ehr.) Itzigs et Bothe. Long. 184-188//; lat. 50- 65/^. l-ll-lll-V-YI. 5. Netrium Nàgelii (Bréb.) West. Long. 96//; lat. 28//.. Y. 6. Penium Libellula (Locke) Nordst. var. intermedium, Roy et Bissett, Scottish Desmid., 1894, p. 252; West, Brit. Besmid., 1, p. 71. I g. 130 u: lat. 23 ,i. IV. 7. Penium margaritaceum (Ehr.) Bréb. Long. 160-165//.; lat. 26- 28 //.IL i 8. Penium cylindrus (Ehr.) Bréb. Long. 50//; lat. 15//. I-Y. 1 Dans les pages qui suivent, ces stations seront indiquées h propos de chaque espèce par les chiffres romains : I, II, III, IV, Y, YI, VII. 2 Je dois la détermination de cette mousse à l'obligeance de M. Auer. Guinet, à (ienève. (25) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQ.UE DE LA SUISSK L09 9. Penium cucurbitinum Biss. Cellules assez semblables à celles du Grimsel pour la forme et les dimensions; variables dans leur ponctua- tion : tantôt à ponctuations à peine visibles, tantôt à points plus gros aux extrémités où, dans quelques cas, ils rappellent la disposition qu'ils ont dans Penium Clevei Lundell, Desmid. Suce, p. -37 fjt.l. 10. Penium minulum (Ralfs) Cleve. Long. 1 96 ^ ; lat. basis 27 //; lat. apic. 12//; lat. istli. 9//. I. Très rare. 11. Closterium Dianse var. minus. Ducell. Exemplaires semblables à ceux de Prantin, du Simplon et du Grimsel. Long. 155-170 «; lat. 19-21 u; angle 120°. l-li-III-V. 12. Closterium parvulum Nàg. Long. 65-80 /*; lai. 8-9//. V. 13. Closterium Venus kiitz. Long. 54-62 //; lat. 8-9 //; angle 150°. I. Rare. 14. Closterium Lunula (Miïll.) Nitzsch. Long. 480-556//.; lat. 80/!. [-II. Assez fréquent. 15. Closterium moniliferum (Bory) Klir. Long. 290/!; lat. 49-52//. I-II-III-VII. 16. Closterium abruptum West. Long. 126-145/!; lat. 16-19/!. I-V. 17. Closterium atlenuulum forma Borge, Sûsstv. Chlorophyc. Archan- gel, 1894, pi. I, fig. 6. Les exemplaires observés, très semblables comme contours à ceux de Borge, étaient les uns lisses, les autres pourvus d'une striation extrêmement fine et délicate, très difficilement visible. Série de six à sept pyrénoïdes par demi-cellule; nombreux granules mobiles dans la vacuole terminale. Long. 430-438//; lat. 35- 36 //; lat. apic. 6-7 //. I-IIL 18. Closterium rostratum Klir. Long. 348-420//; Int. 27-30//. [-IV. 19. Closterium angustatùm Kiitz. Forme à deux ou trois grosses stries. Long. 390^395//; lat. 25-26//. II. 20. Closterium Jeuneri Ralfs. Long. 70-100 //; lat. 14-18//. IL 21. Closterium Cynthia De Not. Beaucoup d'exemplaires lisses et, incolores, comme l'avait constaté Klebs, Desmid. Ost-Preuss, 1879 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) p. 13, sub Closterium Archerianum cJCynthia; d'autres, au contraire, sont jaunâtres et possèdent quatorze stries peu visibles. Le plus souvent un, quelquefois deux granules trépidants. Long. 84-125 p.; lat. 1 i- 16 a. 111. 22. Closterium Mlsonii Borge. Long. 240-280 u.; lat. 30-32 p. YI-YII. 23. Closterium didymotocum Corda. En petit nombre sur les bords du liettinersee. VIL Long. 380-390 ^; lat. 32-35 .j.. 21. Closterium slriulalum Llir. Long. 2-40-284 [i; lat. 30-35 jj.; long. 408 p.; lat. 28 jx. Vl-Yll. -25. Pleurotœnium truncatum (Bréb,) Nàg. Long. 330-370 [j.; lat. 52- 60 a; lat. apic. 30 jj.. I-1II-IY. 26. Pleurotœnium trabecula (Ehr.) Nàg. Long. 400 p.; lat. 36-39 jj,; Lit. apic. 20 jj.. 1-I1-YIL 27. Tetmemorus granulalus (Bréb.) Halls. Long. 158-200 ;x; lat. 32- 42 a; lat. istb. 30-38 ul. I-V-Vll. 28. Tetmemorus Isevis (Kûtz.) Halls. Long. 67-70 jj.; lat. 20-21 .j.. I-V. 29. Èuastrum humerosum liall's. Long. 104 jx; lat. 58 -j. ; lat. istb. 17 a. I-V. 30. Euastrum Didelta (Turp.) Balfs forma'. Celle espèce se montrait 1res variable comme contours et taille. Présence constante (Lune scro- biculation au milieu de la l'ace frontale. Sur un exemplaire à ponctua- lion particulièrement nette, les cinq protubérances de la face frontale étaient ponctuées comme le montre la ligure 84. Scubodeb, Alg. Riesengebirg , 1898, pi. 11, fig. 2, a signalé un Euastrum humerosum var. subintermedium ayant le même aspect. Comme toujours, Euastrum Didelta f. avait une grande tendance à don- ner naissance à des formes monstrueuses dont la ligure 85 est un exemple. l-lll-Y. 30 bis. Euastrum ublongum (Crév.) Balfs. Long.l66;j.; lat. 80 [j.; lat.istli.33w. I-III-Y. 31. Euastrum ansatum Balfs forma (voir pages 25 et 26). 32. Euastrum oblongum (Crév.) Balfs. Dimensions moyennes : long. 166 jj.; M. 80 (x; lat. istb. 23 jj.. I-V. 33. Euastrum bidentatum Nàg. Long. 50-54 jj.; lat. 35 jj.; lat. istb. ll-12{j.. I-II-HI-V. 34. Euastrum elegans (Bréb.) Kûtz. Long. 26-29 •).; lat. 18-19 jj.; lat. isth. 5,5-6,5 ji. I-V. (27) F. DUCÈLLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 411 Fig\ 85 35. Euastrum binale (Turp.) Ehr. forma Gutwinskii, SCHMIDLE, Weitere Beitr. sur Alg. Flora Rheinebene und Schiuartzwald, 1X95, p. 79, pi. I, fig. 14; Gutwinski, Flora Glonoiv Okolïc Lwowa, 1891, p. 73, pi. III, fig. 25; West, Brit. Desmid., Il, p. 53-54, pi. XXXVI, fig. 31. Long. 23-25 jj.; lai. I i-17 [j. ; lat. isth. 5 «j,. I. 30. Euastrum binale (Turp.) Ehr. West, Brit. Desmid. , loc. cil., sup., fig. 2. Long. 16 ;j. ; lai. 13 u. IV. 37. Euastrum denticulatum (Kirchn. ) Gay. Long. 21 [j.; lai. 21 p.; lai. isth. 11 .j.. I-II- 1V-V. 38. Euastrum verrucosum Ehr. Dimensions moyennes : long. 90 |j, ; lat. 80 p.; lat. isth. 30 jj.. l-11-lll-IV-V-VII. :!9. Micrasterias Iruncalu (Corda) Bréb. Long. 93 j, ; lai. isth. 29 [j.. I. 40. Micrasterias papillifera Bréb. Les exemplaires, très nombreux, de cette espèce, montraient une nssez grande variabilité relativement aux subdivisions des lobules. Long. 95-136 jj.; lat. 90-122 «j. ; lat. isth. 20-30 jj.. I. ■41. Micrasterias papillifera tonna. La ligure 80 montre une l'orme qui est dérivée de Micrasterias papillifera Bréb. et dont je n'ai vu que l'exemplaire dessiné. Il diffère du type par sa largeur plus grande et par la réduction de moitié de ses lobules; mais il s'y l'attache avec évidence par son lobe apical et ses papilles. Long. 92 jx ; lat. 97 y. ; lat. isth. 20 p.. I. 42. Micrasterias rotata (Grév.) Halls. Comme Micrasterias papillifera, cette espèce commune montrait une grande variabilité dans sa division lobnlaire; les cellules à deux hémi- somates typiques étaient pins rares que celles à demi-cellules dissem- blables. Long. 230-204 p.; lat. 208-230 jt; lat. isth. 42 p. 1-1I-VI. 43. Micrasterirs americana (Ehr.) Halls. Long. 128 (j. ; lat. 112 p.; lai. isth. 17 jj.. III. 4t. Cosmarium cyclicum Lund. var. Nordstedtianum (Reinsch) West. Fig. 86. ■112 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE ( 28 ) Ducellieb, Contrib., 1, 4916, p. 35, fig. 5 et p. 78. Long. 50 p.; lat. 51 ji; lat. isth. 20 p.. I. 45. Cosmarium tinctum Ralfs. Long. 14-13 jx; lat. 10 a; lat. isth. 5-6 jx. I-V. 46. Cosmarium galeritum Nordst. Duckllieb, Contrib., I, p. 36, fig. 7. Long. 61-62 a; lat. 48-50 a; lat. isth. 18 p. II. 47. Cosmarium granatum Bréb. Long. 27-28 a; lat. 19-20 «x; lat. isth. 8-9 a. I-II-VI1. * 48. Cosmarium obtusatum Schmidle. Long. 53 jx; lat. 50 ;j. ; lat. isth. 10 .[t. (Fig. 87.) I. 49. Cosmarium Carrolense Roy et Biss. Long. 27-33 ;j. ; lat. 20-25 a: lat. isth. 10-11 ix. 1. 50. Cosmarium Novœ-Semlise Wille var. grarmlatum. Exemplaires semblables à ceux du Grimsel. 51. Cosmarium anceps Lundell, Desm. Suce, 1871, p. 48, pi. III. fig. 4. Long. 27-29 |x; lat, 15-16 |x; lat. isth. (.» jx. I-V. Aa Fig. 87. Fig. -88. 52. Cosmarium quadratum Ralfs forma H7//t>/ West. Long. 53,5-65 |j. : lat. 35-39 |x; lat. isth. 22-27 p/. I-V. 53. Cosmarium De Baryi Arch. Long. 95-100 jx; lai. 47-52 ^; lai. isth. 37-39 [x. l-ll-Ill-IV. 54. Cosmarium impressulum Elfv. Long. 30 ix; lai. 25; lat. isth. 10 , on n'hésiterait pas à classer ces formes comme Cosmarium Meneghinii forma'. Cosma- rium difficile esi présent dans les stations suivantes où je l'ai trouvé assez abondant : Saas-Fee (Valais, 1800 mètres d'altitude environ), dans de petites flaques d'eau provenant du débordement du «bisse» qui longe la base du Plattje; bords de la tourbière de Champex, dans de l'eau courante; col du Simplon,; tourbière de Prantin (Vaud); petite mare • lu versant sud du lac Ritom (Tessin); tourbières du Zugerberg, de Hudelmoos et de Hedwilermoos (environs de Zurich, matériaux obli- geamment envoyés par M11' A. Rauch et M. &AMS, de Zurich); enfin sur les bords du Bettmersee (VII). Dimensions dans cette dernière station : long. 30 jj. ; lat. 19 •),; lat. istli. 6 p,. 58. Cosmarium Cucurbita Iiréh. Long. 39-41 jj.; lat. 22-24 pv, lat. isth. 19-22 p.. Y. 59. Cosmarium cselatum Ralfs. Long. 45-46 p.; lat. 40 p.; lat. isth. 14-15 p.. V. 60. Cosmarium quadrifarium Lund. forma hexastica (Lund.) iNordst. Forme semblable à celle de BORGE, Beitr. mr Algenflora von Schweden, 1906, p. 42, pi. 111, lig. 33. Long. 50-51 p.; lat. 38-39,5 p/, lat. isth. 19.x. V. 61. Cosmarium reniforme (Ralfs) Arch. Long. 48-53 p.; lat. 48-52 a; lat. isth. 11 a. 1-II-V-V1I. 62. Cosmarium Logiense Bisself. Roy et Bissett, Scott. Desmicl., 1894, p. 105, pi. Il, fig. 15; West, Brit. Desmid., III, p. 163, pi. LXXX, lig. 1-2. Demi-cellules reniformes élevées; angle basai subrectangulaire- arrondi; apex légèrement convexe. Vue de côté subcirculaire ; vue du sommet largement elliptique. Paroi cellulaire couverte de petits gra- nules disposés en seize ou dix-sept séries verticales de chacune huit à neuf granules. Vingt-huit granules visibles sur le pourtour de l'hémi- somate. Deux pyrénoïdes par demi-cellule. Long. 58-60 p; lat. 47-48 p.; lat. isth. 17 ;j.. Quelques rares spécimens dans le ruisseau de la tour- bière de Kiihboden. I. 63. Cosmarium portianum Arch. Long. 38-40 p.; laf. 30-32 p,; lat. isth. 11,5 .j.. I-V. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR GENÈVE, N°s 1-2-3-4, parUS le 30 sept. 1918. 8 114 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (30) 04. Cosmarium prœmorsum Bréb. forma1, dette espèce, dont l'orne- mentation est assez variable, comme l'ont montré Raciborski {Desm-. Nowe, 1889, p. 89) et Schmidle (Alp. Algenflora, p. 455, pi. XV, fig. 21-26) était représentée par des exemplaires assez disséminés. Le plus grand nombre avec huit granules sur les bords latéraux de la demi- cellule; ceux situés près de l'angle apical étant toujours plus gros que ceux situés près de l'angle basai. En dedans des bords latéraux : deux rangées parallèles de granulations moyennes; au centre de la demi- cellule : un nombre variable de granules plus petits, disposés tantôt irrégulièrement, tantôt groupés de façon plus serrée vers le centre. Chez plusieurs échantillons, il existait une irrégularité particulière des granulations des bords latéraux. Les dimensions moyennes étaient : long. 58 fi\ lat. 50-53 a ; lat. istli. 14-15 a. Enfin, mêlées à ces Cosma- rium prœmorsum, étaient d'autres cellules dont l'aspect rappelait un peu le Cosmarium Ungerianum de iX.EGELi (Gatt. einz. Ah/., 1849, pi. VII. 4, lïg. 10). (Fig. 89. ) J'ai retrouvé des cellules identiques dans une récolte provenant de la tourbière de Rabenhausen (près du Pfsefli- kersee) obligeamment com- muniquée, en octobre 1915, par M. II. Gams. 65. Cosmarium punctulatum Bréb. En petit nombre dans le Bett- mersee. VII. 66. Cosmarium hu mile (Gay) Nordst. iu De Toni, Syllog. Ah/., 18X9, p. 965, var. striatum (Boldt) Schmidle; Gay, Conjug., 1884, p. 59, pi. I, fl'g. 7 suh Euastrum (Cosmarium) celatum; Schmidle, Alpin. Algenftora, 1895, p. 389; West, Brit. Desmid., [II, p. 221-225, pi. XXXV. Cellules très petites, à peine plus longues que larges; demi- cellules trapéziformes ; angle basai presque droit; moitié inférieure concave; angle apical légèrement saillant en dehors; apex plan et légèrement 5-ondulé, y compris les angles apicaux, à membrane por- tant quatre stries correspondant au creux des ondulations. Paroi cellu- laire munie d'un granule aplati, au milieu, près de l'isthme. Quatre petites granulations tout près du bord supérieur, vis-à-vis des striations de la membrane; quatre granulations disposées en carré au-dessus du granule central; deux granulations de chaque côté, entre les précé- Fig. 89. (31) F. DÙCELL1ER. LA FLORE DESM1DIOLOGIQUE DE LA SUISSE 115 dentés et le bord latéral; trois autres près du bord latéral : deux cor- respondant aux ondulations de la partie inférieure de ce bord, l'autre située au niveau de la concavité supérieure. Variations assez considé- rables dans la disposition des granulations sur beaucoup d'échantillons. Vue du sommet elliptique avec, au milieu, de chaque côté, un granule peu proéminent. Un seul pyrénoïde par hémisomate. Long. 16^; lai. Il u: lat. isth. 7 u. II. (Fig. 90.) 67. Cosmarium Blyitii Wille var. Novse Sylviœ West. Exemplaires en tout semblables à ceux du Grimsel. Très rare. II. 68. Cosmarium subcrenatum Hantzsch. Long; 27 //, lat. 25-32//; lat. isth. 10- Il u.. I-V. (Fig. 91.) Fig. 90. Fi«-. 01. Fig. 02. 69. Cosmarium subprotumidum Nordst. DUCELLIER, Etude critique, 1914, p. 77-78, fig. 55. Long. 30//.; lat. 25//; lat. isth. 10//.. Rare, I. 70 Cosmarium Bazckii Wille, Xorges Ferskvandalg., 1880, p. 28, ii" 27, pi. I, fig. 10, forma Borge, Algenfï. von Schweden, 1906, pi. Il, fig. 17, sub Cosmarium anisochondrum ; West, Brit. Desmid., III, p. 234-235, pi. LXXXVI, fig. 26-32. Cette espèce, dont MM. West ont montré la variation en ce qui concerne le nombre et la disposition des granules sur la face frontale (et dont le Cosmarium staurochondrum de Lemaire, Desmidiées des Vosges, 1883, p. 18, pi. I, fig. 1, est certaine- ment un exemple) n'était représentée dans mes récoltes que par un seul spécimen. Apex tronqué, légèrement convexe, ondulé, quinze petits granules en dedans du bord cellulaire; deuxième rangée formée de neuf granules plus gros. Au centre de l'hémisomate, disposition cruci- forme des granulations. ( Fig. 92). Long. 37/*; lat. 33/*; lat. isth. 11 //. I. 71. Cosmarium subcostatum Nordst., forma minor, West, Brit. Desmid., III, p. 23N, pi. LXXXVII, fig. 7. Long. 23-21 //.; lat. 22-23,; lat. isth. 10//.. Ill-VII. 72. Cosmarium formosulum llolfni. var. Nathorstii (Boldt) West. NORDSTEDT, Desmidiéer frau Bornholm, 1888, p. 194, pi. VI, fig. 6-7 ; Boldt, Desmid. Gronland, 1888, p. 20, pi. I, fig. 21 sut» Cosmarium I If. BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (32) Nathorstii; West, Uni. Desmid., LU, p. 242, pi. LXXXVIII, tig. 4-5. Cellules de taille moyenne, un peu plus longues que larges, à constric- tion profonde et à sinus étroit. Hémisoinates trapézifôrmes, à sommet tronqué, saillant, très légèrement quadri-ondulé ; à côtés convexes munis de six crénelures, les trois inférieures arrondies, souvent à peine saillantes; les supérieures émarginées, souvent bigranulées. Sur la face frontale de l'hémisomate : séries concentriques et radiées de granula- tions (le plus souvent quatre) correspondant à chaque crénelure des bords; les plus rapprochées de ceux-ci sont doubles, ainsi que celles du deuxième rang; les autres, ainsi que celles près de l'isthme, sont simples. Au centre de la demi-cellule, sur une large protubérance de la membrane, se voient — souvent très difficilement — cinq ou généralement six à sept séries verticales et parallèles de quatre granules carrés toujours assez, indistincts. Un exemplaire montrait, en outre, entre ces séries verticales et l'isthme, une rangée horizontale de six petites granulations, arrondies, très nettes. Chromatophore muni de deux pyrénoïdes. Long. 40-45 ;j.; lat. 34,5-40; lat. islh. 12,5-13 ;j. ; lat. apic 17 jx. (1-V. (Fig. 93.) Fi-. 93. Fie. 94. 73. Cosmarium speciosissimum Schinidle. Exemplaires semblables à ceux du Grimsel. Eau courante du ruisseau de Kùhboden. J'ai retrouvé cette même espèce dans de petites flaques d'eau légèrement courante à PAlpe de Corbassière (Valais, 2326 mètres d'altitude). 74. Cosmarium tetraophtalmum Bréb. Long. 96-103 {x ; lat. 76-80 fj, ; lat. isth. 20-22 y.. 1-1 1. 75. Cosmarium liotrytis Menegh. ad var. tumidwm Wolle acced. West, Brit. Desmid, IV, p. 5, pi. XCV1I, fig. 2, non 3. Exemplaires encore plus arrondis que ceux de West, loc. cit. Long. 58-62 y. ; lat. 56-58 {i; lat. isth. 16-17 [j,. IManctonique dans le Bettmersee, avec Staurastum gracile, Cosmarium reinforme, Slaurastrum hirsutum, etc. (Fig. 94.) (33) F. DUCELL1ER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE M" 76. Cosmarium Botrytis Menegh.,ad var. mediolœve West, Brit. Des- w«/.,IV,p.6,pl.XCVII,flg. 5. Long. 67 ji; lat.57{j.. 1-1 1-1 1-1 V-V- VI-\ II. 77. Cosmarium ochtodes Nordst. forma apiç. rotundatis. Long. 82 ;x; lat. 62 a; lat. isth. 18 -x. I-II-III-IV. 7'/•//. Desmid., IV, pi. XCII'I, lig. 14. Exemplaires semblables à ceux du Grimsêl. II. 81. Xanthidium cristatum Bréb. Long, sine spin. 58 «j. ; cum spin. 71 ;x ; lat. sine spin. 54 [j. ; cnin spin. 68 ^ ; lat. islh. 17 [x. I-III-IV. (Fig. 95.) 82. Arthrodesmus incus (Bréb.) Has- sall, Brit.Freshw-Alg., 1845, pi. LXXXV, fig. 10; R.ALFS, Brit. Desmid., 1848, pi. XX, fig. 4 //. ; West, Brit. Desmid., IV, p. 90-91, pLCXIII, lig. 14. Long, sine spin. 22-25 jx; cum spin. 44-50 jx ; lat. sine spin. 19-21 jx ; cum spin. 54-70 jjl; Fig. 95. lat. islh. 8-9 -j.. I. 83. Arthrodesmus incus var. Balfsii West = var. [3 Balfs, pi. XX, fig. if et 4 £. COOKE, Brit. Desmid., 1887, pi. XXXXVil, fig. 4//.; West, /?/■*/. Desmid., IV, pi. CXIV, fig. 4. Long. 23 -x ; lat. sine spin. 23 -x; cum spin. 38 |j.; lat. isth. 9 |j.. I. 84. Arthrodesmus convergens Ehrenb. Long. 38-40 jx ; lat. sine spin. 15 p.; cum spin. 60-65 ;j.; lat. islh. 12-13 |j.. [-11. 85. Arthrodesm us triangularis Lagerh. var. inflatus West, Brit. Desmid., IV, pi. CXIV, fig. 14. Long. 28 a; lai. sine spin. 30 [j.; cum spin. 47-48 u; lat. isth. 7,5 jx. Vil. 80. Staurastrum insinue Lundell. Long. 28 [x; lai. 2:! K LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (38) Iransitoria. Schmidle, ;"i (\c-\w reprises, éinil l'opinion que Cosmarium pachydermum var. minus Nordst. devrait être compté comme espèce distincte. L'espèce qui s'en rapproche le plus est Cosmarium Lundellii var. ellipticum West; niais ce qui fait de la variété minus Nordst. une proche parente de Cosmarium pachydermum, malgré sa taille plus faible, c'est sa vue du sommet à pûtes largement arrondis; chez Cosmarium LtmdelliïDêl\)., elle est plus longuement elliptique et les pôles sont plus étroits. Mais, en raison de sa taille constamment plus faible que celle de Cosmarium pachydermum lypicum et de sa paroi cellulaire mince, Cosmarium pachydermum var. minus mériterait d'être élevé au rang d'espèce; le nom /<; lat. 17-lx //; lai. isth. 6,5-8//. 21. Cosmarium globosum Itnlnli. Long. 33-33,5 //; lai. 21 //; lai. isth. I" n- 25. Cosmarium cucurbita forma latior. West, Brit. Desmid., III, I». 108, pi. LXXIV, fig. I. Long. 37-40//; lai. 24-26//; lat. isth. 22-23//. (Fig. 106.) 10 ,u Fig. Kit Fig. 105. Fig. L06, 20. Cosmarium lœve Rabenh. Long. 1/.; lai. isth. 17-20//. :>l . Cosmarium Portianum var. nephroïdeum Wittr. Seize granulations visibles sur le pourtour de la demi-cellule. Long. 30-34 //; lai. 19-24//; lai. isth. 10,5-1 1 >/.. 124 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (40 32. Cosmarium margaritiferum Menegh. Long. 59-60 ^ ; lat. 52-56 a: lat, isth. 16-17 a. 33. Cosmarium pimctulatum Bréb. Long. 34 u; lat. 28 a; lat. isth. 1 1 a. 34. Cosmarium ameenum Ralfs. Long. 50-56 a; lat. 24-30 a; lai. isth. 14-20 [x. 35. Cosmarium Blyttii Wille. Long. 19 u; lat. 16 a ; lat. isth. 5 |j.. Fig 109. 36. Cosmarium crenatum Ralfs. formae. Long. 30-33 fi,; lai. 23 a; lai. isth. 12-13 a. 37. Cosmarium nasutum Nordst. Long. 45 u; lat. 35 a; lat. isth. 14 a. 38. Xanthidium armatum (Bréb.) Rabenh. forma et forma' mons- trusote. (Fig. 108 el 109. ) (il) F. DUCELLIER. LÀ FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 125 3'.). Staurastrum punctulatum Bréb. Long. 28 a; lat. 25 -..; lat. isth. 8,5 a. il t. Stawrasirum mucronatum Ralfs, forma Borge, Algenfl. Srhweden, 2, pi. Il, fig. 28. Long. 23 pi; lat. eu m. spin. 2(')-27 p.. ( Fig. 110.) Fi-'. 110. VII. MASSIF DE LA DENT DE MORCLES •le dois à l'obligeance de M. H. Gams, de Zurich, des matériaux pro- venant de récoltes de printemps et d'automne faites dans différentes stations de ce massif qu'il a exploré à fond pendant plusieurs années, ainsi que dr* renseignements sur les suivantes : I. Tourbière ou Maretse d'En Plex; II. Gouille de Luy Sottoz; III. Gouille de Demètre; TV. Lac de Fully. I . Maretse d'En Plex (P. ». — En Plex, sous-alpe de Collonges (Outre- Rhône, Valais). La tourbière est située à 1200 mètres d'altitude, sur une ancienne moraine du glacier du Rhône, au-dessus des schistes du Carbonifère. Il y a environ un mètre cinquante de tourbe au-dessus d'une argile glaciaire fossilifère. Petites mares peuplées de Calliiriche stagnalis, Spyrogira spec. et Cheetophora elegans. Tout autour : Sphagnum ■spec, Carex canescens, etc., Drosera rotundifolia, etc. Le zooplancton est formé surtout de Daphnia pulex et de Anurea aculeata var. valga. II. Gouille de Luy Sottoz (L. S.). — Petite mare à la montagne de Fully, au sud des chalets, vers le «Portail» (2150 mètres d'altitude), dans les creux d'une moraine formée de roches acalciques du terrain Mouiller sur le contact du gneiss et de l'arkose triasique. La profondeur des mares ne dépasse guère vingt centimètres; partout il y a des Carex c[ Juncus fèliformis. En été, un Mougeotia violacé, probablement Mou- geotia capucina (Rory) Ag. est très fréquent. Dans le plancton, dominent Chydorus sphsericus et Trachelomonas volvocina. III. Gouille de Demêtre, à environ 2200 mètres. IV. Lac de Fully, à 2130 mètres dans les schistes carbonifères. Pro- fondeur cinquante mètres. 1. (Ji/l/ndrocystis Brebissonii Menegh. Long. 43-44 p ; lat. 17 [j.. (P.) 2. Netrium Digitus ftzigs et Rothe. Long. 210-240 u. ; lat. 70-75 ^. (P. et L. S.) 3. Penium didymocarpum Lund. Exemplaires semblables à ceux du Simplon (P.) 126 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (4-2) i. Penium navicula Bréb. var. crassum West. Long. 40-43 //; lat. 15-18 p.. (P.) 5. Penium navicula Bréb. var. inflatum West, />V//. Desmid., I, p. 77, pi. VII, fig. IX. Long. 70//.; lat. 24//.. (P.) 6. Penium cylindus Bréb. Long. 30//; lat. 10 //. (L. S.) 7. Closterium Dianœwav. minus. Ducell. Long. 152//; lai. 21 //. Exem- plaires rares, plus courbés que les types des autres stations, mais caracté- ristiques par leurs extrémitées tronquées et épaissies dorsalement. (L. S. > 8. Closterium parvûlum Nâg. Long. 120-125//; lat. 13-15/*; angle 130-140°. (L. S.) 9. Closterium Nilsonii Borge. Echantillons semblables à ceux du Simplon. Long. 135-1 10 // ; lat. 17-18//. (L. S.) I<>. Closterium juncidum var. brevior Roy in Journal <>/' Botany, 1890, p. 336 = Closterium juncidum var. [i liall's, Prit. Desmid., 1848, p. 172, pi. XXVII, fig. 7; West, Prit. Desmid., I, p. 129, pi. XIV, fig. 15. — Huit pyrénoïdes par demi-cellule. Lu granule mobile. Long. 168 //; lat. 12//. (P.) I I. Closterium roslralum Klir. Long. 240-250//; lat. 19-20//. (P.) 12. Closterium tivulum var. Linea (Perty) West, Prit. Desmid., 1, p. 178-17'.), pi. XXIII, fig. 15. Long. 150//; lat. 5//. (P.) 13. Closterium spec. (?) Closterium ressemblant à Closterium acerosum [Schrank) Ehr. mais beaucoup plus petit. Long. 90//.; lat. 10//. Lu seul exemplaire privé de cbromatopbores. (L. S.) 14. Closterium striolalum (Ehr.). (P.) 15. Closterium Kùntzigii Bréb. Nombreux échantillons, presque tous avec zygospore d'un vert brillant, octogonale à côtés rectilignes. (Fig. 114.) (P.) 16. Tetmemorus lœvis (Kùtz.) lialfs. Rare à L. S. 17. Tetmemorus Prcbissonii (Menegb.) liall's var. minor Be Bary. Kxemplaires semblables à ceux du Simplon. Long. 64-65//; lat. 17-18//. (L. S.) 18. Euastrum oblongum (Grév.) Ralfs. (L. S.) (P. espèce prédominante.) (F.) 19. Euastrum humerosum Ralfs forma scrobiculata. Long. 95 //; lai. 52 n\ lat. islh. 16 u. (D.) 20. Euastrum Didelta (Turp.) liall's forma scrobiculata. Nombreuses Fie. m. (43) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 127 formes monstrueuses (Fig. 113) et divisions anormales. Variabilité de la forme cellulaire, comme dans la plupart des stations étudiées. (Fig. 112.) (L. S.) 24. Euastrum ansâtum Ralfs. Long. 72 /r, lat. 34/«; lat. islli. 12 /«. (P. - L. S.) 22. Euastrum bidentatum Nàg, forma biscrobiculata. Long. 50 y.: Fig. 112. Fig. 113. al. 32^; lat. isth. ' ;i. Forme remarquable par la présence, au-dessus de l'ornementation centrale, de deux petites fossettes disposées trans- versalement. (Fig. 444.) (P.) Fig. 114. Fie:. 115. 23'. Euastrum montanum West. Long. 24-25 /*; lat. 17-48/*; l;i isth. 5-7 ft. (L. S.) (Fig: 115.) 24. Euastrum insinue Hass. Long. 140-420 /j.; lat. 57-59 p. (L. S. i 128 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (44) 25. Euastrum blinde (Turp.) Ehr. West, Brit. Desfnid., II, p. 51, pi. XXXVIII, fig. 28. Long. 21 ;i; lat. 15 ji. (L. S.) 26. Euastrum denticulatum (Kirchn.) Gay. Long. 23,5 a; lat. 18 ;j..( L. S. ) 27. Micrasteriat \ papillifera Bréb. (L. S.) 2 a. (P.) il. Xanthidium fasciculatum Ehr. forma. Cellules réniformes poly- gonales; six paires d'épines simples sur le pourtour; sur un échantillon il \ avait six groupes de trois épines. Au centre de la demi-cellule : cercle de dix granulations autour d'un granule central. Long, sine spin. 60-63 u.\ cum spin. 77-NO a\ lat. sine spin. 58-63 u; cum spin. 75-80 u; isth. 23-21 <,.. (Fig. 116.x P.) i2. Arlhrodesmus incus var. Ralfsii West. Exemplaires semblables à ceux du Simplon (Ducellier, loc. cit., p. 70). 13. Staurastrum muticum Bréb. Long. 28 («; lat. 25 /z. (L. S.) il. Staurastrum punctulatum Bréb. Long. 32^; lat. 28/*; lat. isth. 15;*. (P.) 15. Staurastrum hirsutum Bréb. Long. 38-43 «; lat. 33-38 «. (L. S.) 46. Staurastrum teliferum Ralfs. Long. 36-41 «; lat. 30-36^. (L. S.) i~. Staurastrum monticulosum Bréb. Long, sine spin. 40-42 u\ eu in spin. 54-57 /*; lat. sine spin. L5-47 //. ; cum spin. 54-60^. (L. S.) 18. Staurastrum controversum Bréb. formse. Schmidle, Alpin. Algen- flora, pi. XV! I, fig. 1-2; Lutkemùller, Millstàttersee , 1900, p. 20, cum fig. zincogr. Long. 2:5-27 ^; lat. 27-37 «. (L. S.) il). Staurastrum spongiosum Bréb. var. Griffithsianum (Nâg.) Hansg. Diaui. 15-50 a. (P. et L. S.) 50. Staurastrum echinatum Bréb. forma. Long. 2K-35«; lat. 35-40 «. (L. S.) 51. Hyalotheca dissiliens. (L. S.) 52. Sphœrozosma spec. i L. S.) Staurastrum spec. plur. indéterminées. Fig. 116. VIII. QUELQUES TOURBIÈRES DE LA SUISSE ORIENTALE I. Tourbières du Zugerberg (Geissboden). (Z.) à 925-990 mètres d'altitude. (.1. Fiu'iii et C. Schrôter, Die Moore der Schweiz, 1904, p. 638-643 ; Atlas topographique, feuille 193; Dufour, Géolog., VIII.) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVK, .N"s 1-2-3-4, parus le 30 sept. 1918. 9 130 BULLETIiN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE fi EN EVE W> II. Tourbière de Kruzelried (K.). Entre Gfenn et Schwerzenbacli, au nord-est de Zurich; connue pour son argile à Dryas. Mares à Sphag- III. Tourbière de Hudelmoos (Thurgovie). (Hud.) (J. Fiiïin et G. Sciirôter, loc. cit., p. i96; Aglas toptoraphiquc, feuille 74; Dufour, Géolog., I \ . > IV. Tourbière Heldswilermoos, enlre Bischoffszell et Heldswill; à 555 mètres d'altitude, a Hochmoor» typique, de 600 mètres de long cl loi) mètres de large, avec de grandes mares à Sphagnum. Liste des plantes dans : N.egeli, <)., Ùber die Pflanzengeo graphie d. Thurgan Milteilung d. Thurg., mal. Gesellschaft, llell 13-14. (Held.) Je dois Ions les matériaux de ces stations à Mademoiselle A. Bauch et à M. II. Gams, de Zurich, qui, avec nue grande complaisance, m'ont à plusieurs reprises envoyé des matériaux Irais. La liste ci-dessous ne représente certainement qu'une partie des Desmidiacées qui vivent dans ces tourbières; telle qu'elle est, cette liste m'a cependant paru mériter d'être publiée, en raison de la présence d'espèces intéressantes, soit nouvelles pour notre pays, soit peu connues. Comme dans mes autres éludes, j'ai laissé provisoirement de côté plusieurs espèces de Slaurastrum, me réservant de faire plus lard une revision de nos espèces helvétiques. I. Gonatozygon monotœnium De Bary. Long. 115 .: lat. 34 <>.. Hud.) 1. Penium navicula < Bréb.) Long. 55 a; lat. 34 ;x. (Z.) 5. Penium polymorphum forma alpicola Heimerl. Long. 50-60ji; lat. 21-23 a; lat. isth. 19-22 u. (K. et Hud.) 6. Penium cylmdrus (Ehr.) Bréb. Long. \~1 ;j. : lat. 10-10,5 ;j.. (Hud.) 7. Penium Heimerlianum Schmidle, Einz. Alg. aus d. Berner Alpen, 1894, p. S(.l = Penium closterioides Italfs forma minor, Heimerl., Desmid. Alpin., 1891, p. 590, pi. V. fig. 3. Long. 107 p.; lat. 24 -x.;x ; lat. 26 ;ju (Z.) 9. Penium crassiusculum De Bary. Long. 17-53 >i; lat. 17-18 >i: lat. isth. 15 a. (K.) 10. Penium minulum (Ralfs) Cleve. Long. 86-106 y.: lat. basis lv2..V 14,5 p,; lat. apic. 8,5-10 a; lat. isth. 11,5-13,5 ja. (Hud.) 11) [t. DUCELUER. LA KLORE DESMIDIOLOUIQUE DE LA SUISSE 134 U) 11. Closterium Cynthia De Not. Long. L00 p.; lat. 12 p.; angle 125°. Sur beaucoup d'échantillons les stries étaient à peine visibles. (Z.) 12. Closterium Ulna Fockè. Un seul exemplaire observé. Long.230pt,; lat. 12 a. (Z.) 13. Closterium parvulum Nâg. (Z.) M. Closterium costatum Corda. Six côtes; six pyrénoïdes; un gra- nule trépidant. Long. l(.i>.. Fréquent. (Z.) 15. Closterium costatum Corda [QYm&iiilermedia. Intermédiaire entre Closterium costatum cl Closterium . Euastrum ansatum Rails forma. Long. 1\\ ,,\ lat. 35 u: lat. istb. 13-14». (Hud.) 31. Euastrum ansatum Ralfs var. didel- tiforme. Long. 98-105 /r, lat. 47-52 u; lat. Isth. 15/*. < K. et Z.) (Voir Ducellier, Etude critique sur Euastrum ansatum, etc.) 31 />/*. Euastrum ansatum Ralfs var. Fig. 121. rhomboïdale (loc cit. sup.) (Z. et K.) 32. Euastrum sinuosum Lenorin. West, />'/•//. besmiil., Il, p. 20. 1 3 i BULLETIS DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE ( 50 1 Espèce fréquente an Zugerberg. A remarquer (fig. 122, A, II, lh. la scrobiculation ;iu centre de chacune des protubérances. Vue latérale : fier. 122 G: vue du sommet : fig. I22 />'. Cette espèce donne naissance à une forma junior, fig. 122 /> c[ à une forma mixta, fig. 122 />. Long. 64-73 a; lat. 39-45 ;J.; lat. isth. 13-45 ;j.. Fig. 122. 33. Euastrum sinuosum forma junior (voir ci-dessus). (Z.) 34. Euastrum insigne Ilass. Long. 7:> -27 \x\ lat. 17-18 jjl; lat. islli. 6,5-7 |a. (Ilud.) Rare. Cet Euastrum, dont je n'ai pu étudier qu'un petit nombre d'exem- plaires, se montrait sous deux formes : Tune à côtés latéraux munis, en leur milieu ou un peu au-dessus du tiers inférieur, d'une 1res légère ondulation (fig. 123 />), l'autre à bonis latéraux plus dressés, sans ondulation (fig. 123,4, //, C). Cette dernière est une forme je provenant d'une multiplication par division rapide. Sur un exemplaire, les deux formes étaient représentées (fig. 123 E). L'aspect des angles apicaux diffère aussi un peu suivant les échantillons; tantôt ils sonl presque droits, arrondis, tantôt ils sonl plus aigus, suivant que la concavité du bord latéral est plus ou moins prononcée; le plus souvent ils sonl nettement projetés en dehors. La première de ces formes, la forme adulte, s'identifie presque entièrement avec Euasrumt binale var. elongaturn Liïtke- tikûller (loc. cit.); dans les exemplaires que j'ai pu bien observer, la vue du sommet a cependant des pôles plus étroits, moins largement arrondis; en outre, en dedans du bord latéral, au niveau de l'ondulation, j'ai noté dans un cas un léger épaississemenf delà paroi (fig. 123 F). Lue espèce très voisine est Euastrum erispulum (Nordst.), West, Brit. Desmkl., Il, p. 72, pi. XL, fig. 15-18, qui n'en diffère que par son apex ondulé de chaque côté de l'émargination apicale. Les formes sans ondulation des bords latéraux se rapprochent aussi de certains Euastrum sublobatum; mais chez celte espèce la demi-cellule est plus large, moins pyramidale. En résumé, cet Euastrum, observé et décrit pour la première fois par Lutkemuller, possède des caractères qui en font un type bien défini; il m'a paru qu'il ne pou- vait y avoir qu'avantages à le sortir des variétés de Euastrum binale. il. Tetmemorus granulatus (Grév.) Halfs. Long. 133 >x: lat. -7 >j. ; lat. istb. 25 «•.. < llud.) 12. Tetmemorus lœvis (Kiitz.) Ralfs. Long. 71 a; lat. 21 y. ; lat. islh. 18,5 y.. (K.) 36 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE 52) (53) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 137 13X BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (54 13. Telmemorus minutas De Bary. (Long. 55 ;j. ; lai. 17 a; lat. islli. 15 >).. ( K. ) t i i. Micrasterias pinnatifida i Kiitz. ) lialfs. Long. 70-72 ;j. ; lat. 73-78 a : lat. lob. pol. 42-48 u.; lat. isth. 13-15 -... (Z.) i.). Micrasterias truncata (Corda) Bréb. (K.) if). Micrasterias rotata (Grév.) Ralfs. (K.), (Hud.), (Held.) 17. Micrasterias denticulata Bréb. (Z.), (Hud.), (K.) ÏS. Micrasterias papillifera Bréb. (K.) i'.l. Micrasterias Crux Melitensis (Ehrenb.) Mass. (K.) Dans toutes ces stations, mais particulièrement à Kruzelried, les formes anormales de ces cinq dernières espèces étaient très nombreuses : pour Micrasterias rotata, elle représentaient, à Kruzelried, environ trente à quarante pour cent des exemplaires observés. Je me suis borné à figurer (planches III et IV) les tonnes les plus fréquentes. Particuliè- rement remarquable est la forme (fig. 6, pi. III i qui ne rappelle plus que de loin le type dont elle dérive. Jacobsen (Besm. Danemark, 1875, pi. VIII, fig. I ) avait déjà figuré une forme assez semblable; comme on l'a vu pins liant, elle était représentée au Grimsel. Jacobsen doc. cit., fig. 2 et 8), ainsi que Playfaib (Polymorphism., 1910, pi. XIV, fig. I et 10) ont aussi signalé chez Micrasterias truncata des formes issues d'une division rapide et l'on trouve dans Gutwinski {Flora Leopol., 1891, pi. III, fig. 22-loi u. : lat. G9-78 ul; lat. isth. 29-35 u.. (K.) Long. 104 u.; lat. 80 a; lat. isth. 37 a. (Held.) Long. 101 a; lat. 75 a; lat. isth. 28 a. (Hud.) In exem- plaire géant, à parois épaisses; long. I2i p.; lat. Ni ; lat. isth. 32 ;j.. (Hud.) (Fig. I2i). 51. Cosmarium Ralfsii Bréb. in Halls, Brit. Desmid., 1848, p. 93, pi. XV, fig. 3; Cooke, Brit. Desmid., DS87. pi. XXXVI, fig. 12; Klebs, Desm. Ost.-Preuss., 1X73, p. 33, pi. III, fig. 34-35; West, Brit. Desmid., (55) I'. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 139 II. |». III, pi. LVII, fig. 10; pi. LVIII, ftg. I. Cellules subcirculaires, iiii peu plus longues que larges, à constriction très profonde. Demi- cellules subcirculaires pyramidales, à apex tronqué arrondi ou simple- ment largement arrondi. Vue verticale elliptique rhomboïdale. Paroi cellulaire finement ponctuée, souvent aussi d'apparence tout à fait lisse. Chromatophores pariétaux; six bandelettes visibles sur la face frontale, dirigées obliquement el comme en spirale du milieu de la base de l'bémisomate jusqu'à l'apex. Iians chaque bandelette, plusieurs pyré- noïdes de différentes dimensions. Long. 88-93 a; lai. 76-80 u,; lai. isth. 20-22 u. (Z. Juin 1917). (Fis. 125). Fis-. 124. Fia. 125. r>2. Cosmarium perforai «m Lundell, Desmid., Suce, 1 NT 1 , p. io. pi. II. lig. 16 typicum. Long. 60-65 ;x ; lat. 57-1 >2 jjl; lai. isth. :>o-:!i »jl. (K.) (Fig. 10 a, b; vue latérale c; vue du sommet b). Long. 63 <^\ lat. 59 ;x; lai. isth. :î2 ;x. dleld.) Long. 66-70 \x ; lat. 60-62 ji; lat. isth. 35-36 [i. (Z.) 53. Cosmarium perforatum var. Rauchii Ducell. var. nov. Cosmarium perforatum Lund. a été trouvé en 1894, près de Grindelwald, par 0. Borge qui n'a fait que mentionner relie espèce (Algologische Notizen, Berichte schwêiz. bot. Gesellschaft, llel'l. XI, p. loi i. Nous n'avions donc pas jusqu'ici de données sur les particularités et les dimensions des exemplaires de notre pa\s. J'ai pu étudier Cosmarium perforatum dans 140 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (56) trois récoltes qui me furent adressées par M,le A. Rauch. Les Cos?na- n a m perforation de ces trois stations (K. Z. Held.) ne se ressemblent pas en tous points. Ceux de Kruzelried et de lleklw ilermoos répondent parfaitement au type de Lundell. Ceux du Zugerberg ont des dimensions un peu plus fortes. Les scrobiculations centrales sont généralement plus petites que dans le type dessiné par Lundell; parfois même elles sont absentes et ces exemplaires ressemblent à Cosmarium perfora lin» var. porosum. Gutwinski, Flora Glonow Okolic Lwowa, 1891, pi. I, fig. 32. Mais ce qui caractérise surtout ces échantillons (fig. 126 C) du Zugerberg et Fig. 126. aussi une partie de ceux de Kruzelried, c'est la présence à l'angle basai de l'Iiémisomate d'une papille ou petite dent conique, courte et trapue, plus ou moins développée suivant les exemplaires et rappelant celle de Cosmarium smolandicum Lund. Parfois cette papille ou dent n'est représentée que par léger épaississement delà paroi cellulaire. Il s'agit alors de cellules jeunes provenant d'une division hâtive (fig. 126 5). Beaucoup d'échantillons se présentent, en effet, avec un hémisomate denté et avec l'autre comme chez le type de Lundell ou même arrondi, sans angle tronqué (fig. 126 D). Ces particularités de la paroi, non (57) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOG1QUE DE LA SUISSE 141 encore signalées, m'ont paru mériter de classer une partie de ces Cosmarium perforatum, spécialement ceux du Zugerberg, comme variété nouvelle : Cosmarium médiocre, paullo longius quam latins, sinu acu- tangulo, extrorsum dilatato, isthmo lato, semicellulis subsemicircula- ribus sed medio dorso subtruncato, angulis inferioribus in apicem brevem acuminatis; a vertice visis elliptis apicibus subacutis, a latere visis fere circularibus sedbasi lala confluentibus dorso lato rotundatis ; membrana distincte punctata et in area basali scrobiculis (18-20) punctata; pyrenoidibus binis. 54. Cosmarium undulatum Corda. Long. 58 m; lai. il u\ lai. istb. 15//. (K. Ilud. Ileld.i 55. Cosmarium Cucumis (Corda) lîall's. Long. 82//; lat. 50//; lai. islh. 30//. (K.) 56. Cosmarium Phaseolus Bréb. Long, et lat. 31 u; lat. islh. 10 u. i K.) 57. Cosmarium bioculatum Bréb. {Cosmarium tenue Arcli. ?). En l'absence de zygospore, il ne m'a pas été possible de distinguera laquelle de ces deux espèces se rapportaient les exemplaires rencontrés. La forme elliptique de Cosmarium tenue et celle plus aplatie de Cosma- rium bioculatum se trouvaient parfois, l'une sur un hémisomate et la deuxième sur l'autre. Long, et lat. 15//; lat. islb. 7 a. (Hud.) 58. Cosmarium tinctum Ralfs. Long. 12-13//; lat. 10//; lat. istb. 6//.(K., Z) 59. Cosmarium depressum (Nâg.) Lundell, Desm. Suec., 1891, p. 38. N.egeli, Gatt. eiin. Alg., 1849, p. 114, pi. VII, C, Qg. 2. Delponte, si 1 1 > Cosmarium scenedesmus, Desmid., subalp., 1873, p. 100-102, pi. VII, fig. 28, 29, 30, 31, 34. WEST, Brit. Desmid., Il, p. 176, pi. LXII, fig. 3 et 5. Cellules de teinte légèrement rosée. Long. 42 u: lat. 50 u: lat. istb. 13 u. (K.) 60. Cosmarium dépression | Nàg. ) Lund. var. achondrum (Boldt). West W. et G. Fi* 127- S., Brit. Desmid., Il, p. 177, pi. LXII, fig. 6 et 9. Boldt, Siber. Chloroph., 1885, p. 103, pi. V, fig. 7. Long. 44 //; lai. 50//; lai. islb. 13-14 «. (Held.) (Fig. 127.) 61. Cosmarium orthopunctulatum Schmidle. Beitr. sur alp. Algen- flora, p. 389-390, pi. XV, fig. 15. Playfair, ISew South Wales, 1907, p. 195, pi. V, fig. 27. Les échantillons trouvés dans une récolte prove- nant du Zugerberg se rapportent à la figure donnée par Playfair, 112 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE f58 ru mieux qu'à celle de SCHMIDLE. Tandis que, dans celle dernière, la hauteur est plus grande que la largeur, chez mes exemplaires, comme dans celui de Playfair, la largeur l'emporte sur la longueur. Long, i i u • lai. 50 u.; lai. islh. 23 >).. La taille des échantillons du Zugerberg est généralement plus grande que celle indiquée par ces deux auteurs. Plusieurs échantillons étaient ponctués sans ordre apparent ; mais chez d'autres, la ponctuation était 1res nettement disposée en lignes parallèles. La vue du sommet, plus caractéristique que l'ornementation, était toujours subrhomboïdale à angles arrondis, coi l'a ligure SciiMiDLE (dans la ligure donnée par Playfair, les angles sont [dus largement arrondis). Chez Cosmarium depressum, fréquent dans la même récolle el avec lequel on pourrait facilement confondre Cosmarium orthopunctulatum, la vue du sommet est longuement elliptique. Ces caractères séparent nettement ces deux espèces. .Mais la présence d'échantillons a ponctuations sans ordre apparent el parfaitement semblables connue contours, laisse planer un doute sur la spécificité : ce Cosmarium à ponctuations parallèles. (Fig. 128). 62. Cosmarium pyramidal uni Bréb. Très fréquent. (IL), (Z.), (Hud.), (Held. . Voir Ducellier, Notes sur le pyrénoï de, Bulletin delà Société Bota- nique de Genève, vol. IX, 1917. f>3. Costa a ri uni pseudopyramidatum Lund. Très fréquent. Mêmes stations. 64. Cosmarium oblusalum Schmi- sth. lô a. (Z.), (K.) 65. Cosmarium Holmiense var. integrum Lundell, forma Borge, Algenflora ma Schweden, II, 1943, p. 10, pi. I, fig. (.». Long. i~-.V2u; lat. 30-31 a; lai. isth. 20 ji. CL.) 66. Cosmarium venuslum (Bréb.) Arch. forma ocellala. Cellules à constriction 1res profonde; demi-cellules pyramidales tronquées ; côtés Irioudulés y compris les angles supérieur et inférieur; angle inférieur presque droit, arrondi; angle supérieur obtus; ondulation médiane largement arrondie. Vue du sommet elliptique légèrement renflée au milieu. Apex plan ou légèrement ou plus souvent légèrement concave. Paroi cellulaire finement ponctuée et munie sur la ligne médiane, environ au tiers supérieur de l'hémisomate, (Tune scrobiculation, constante chez tous les exemplaires. Un pyrénoïde par demi-cellule. Celle fossette n'est pas généralement signalée par les auteurs pour Fig. 128 die. Long. W ;j.; lat. 12 |t; lai (T>9) I'. DUCELLIER. LA ELORK DESMIDIOLOG1QUE DE LA SUISSE 14.1 Fie-. 129 Cosmarmm venuslum typicum. Lundell, Uesm. Suce, 1K71, p. 23, n° 2i, l'a cependant mentionnée; Borge la ligure pour la forme « semicel- lulis a hasi sensim attenuatis» (Borge, Austral. Sûsswasserchloroph., 1896, p. 23, pi. III, (ig. 10). Les dimensions des échantillons du Zuger- berg : long. 38 a; lat. 2 .j,, concordent ave»- celles de la forme de Borge (39-40, 26-27, 5-6,5 ij.i. (Fig. 129 A et B.) Ces formes munies d'un épaississement au lieu (Tune scrobiculation au milieu de la face frontale de l'hémisomate, bien que de taille plus faible, sont à comparer avec : 1. (3 induratum, Nord- stedt, Freshw. Alg. New Zealand, 1888, p. 57, ii" 29, M 1 o pi. III, fig. 13 « membrana "fc in centro excavatione nulla predita sed incrassata prse- cipue a latere inferiore ». 2. (3 indurata, Playfair, A. S. Wales, 1907, p. 197, pi. V, fig. 24. 3. Forma cdobo polari apice leviter dilatato, membrana supra médium granulo instructa », Borge. Nord. Amerik. Siissw. Alg., 1909, p. 8, pi. 1, fig. 5. i. Var. Borgei, Playfair, Alg. of Lismore, 1945, p. 327, pi. XLI, fig. 19. 5. Enfin Cosmarium Irilobulatum, Eichler et Gutwinski, DeNonnu- lis Spec. Alg. Nov., 1894, pi. IV, fig. X, se rapproche de Cosmarium oenustum f. scrobiculata, bien que la scrobiculation soit moins haut placée et la vue du sommet munie en son milieu de deux saillies arrondies, une de chaque côté du petit axe. West, Journal of Botany, 33, .Mardi 1895, a l'ait de celle forme un Cosmarium venuslum var. excavatum. (Z.) Assez, rare. 67. Cosmarium retusum Lundell. (Voir col du Grimsel : Cosmarium retusum Perty.) (K. et Z.) 68. Cosmarium monili forme (Turp.) Halls. Long. 37-38 ;j.; lat. 20 ;j. ; lat. islb. 8-8,5 a. (K.) 69. Cosmarium alpestre l!o\ et Bissett var. ellipticum (Delp.) mihi. Dans les récoltes du Zugerberg, se trouvaient deux exemplaires d'un Cosmarium tout à fait semblable à celui de la tourbière de Prantin CDucellier, I, p. 39, fig. 14). L'un de ces échantillons était vide et l'autre n'avait pas [\e<~ chromatophores assez bien conservés pour qu'il 141 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (60) fût possible de les étudier. Ces Cosmarium diffèrent du type décrit par l!ov et Bissett par un isthme légèrement plus étroit et une forme cellulaire un peu plus allongée, Delponte {Spécimen Desmid. subalpin.. 1873, p. 230, pi. XXI, tig. 14) a décrit sous le nom de Dysphinctium ellipticum une forme très rapprochée, sinon identique, de Cosmarium alpestre; en raison de la priorité de l'appellation de Delponte, le terme ((ellipticum » aurai! dû être donné à l'espèce de Roy et Bissett, si Delponte n'avait pas déjà, sous le nom de Cosmarium ellipticum, décrit une autre espèce, voisine de Cosmarium obsoletum (Hantzsch) Reinsch. Wolle, Desmid. /'. S., 1892, p. 58, pi. XV, lig. X, a signalé nu Calocylindrus connatus forma qui parai! être la même espèce que Cosmarium alpestre. Long. 90-105 // ; lat. 75-90//; lat. islli. 7 1-N7//. (Z. i 71. Cosmarium connatum Bréb. Long. 88//; lat. 63//; lat. islli. :><> n. (Z.). Long. 88-89//; lat. 63-65//; lat. isth. 50-52 //. (K.). Long. 105 u; lat. 70 u; lat. isth. 50 a. (Hud.) 72. Cosmarium rectangulaire Griin. Long. 12 //; lat. 35-36//; lat. isth. 12 u. (K.). 73. Cosmarium quadratum Ralfs. formœ. Long. 56//; lat. 30-31//; lai. isth. 20//. (K.). Long. 60//; lat. :!<>-:'> 1 //; lai. isth. 18//. (Hud.). Long. 62 a\ lat. 33//; lat. isth. 20 u. (Held.). 74. Cosmarium quadratum Ralfs. ad var. angustatum West., AV/7. Desmid., III, p. .V.), pi. LXXXII, fig. 20 acced. Long. 76//; lai. 39-40//; lai. isth. 29 a. (Hud.). 75. Cosmarium pygmteum Arch. Long. 9-10//; lat. 11-12//; lai. isth. 5 u. (Hud.). 71». Cosmarium De Baryi Arch. Chromatophore pariétal; cinq bande- lettes visibles sur la face frontale; nombreux pyrénoïdes. Long. 104//; lai. i8-49//; lai. isth. 35-36//. (K.). 77. Cosmarium difficile Lûtkem. Tandis que sur quelques exemplaires les ponctuations caractéristiques sont bien visibles, quoique fort diffi- ciles à voir sans un bon objectif et un éclairage approprié, sur d'autres, elles paraissent manquer complètement. Long. 29-30//; lai. 18//; lat. isth. 5,5-6//. (Held. Z. Hud.). 7 u; lai. isth. li a. (Z, lludel.-IIeld.). 80. Cosmarium turgidum Bréb. {Pleur otseniopsis turgidum Bréb.)- De Tom, N///%t' .1///., p. ,.H)7. Long. 210-212//; lat. 85//; lai. isth. 70//. (51) r. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 145 (t»l ) (Z.). Long. 190-248 ^ ; lat. 78-88 /r, lat. isth. 65-75 /*. (K.). Long. 190^; lat. 90//; lat. islh. 66//. (Hud.). 81. Cosmariutn reniforme (Ralfs.) Axch. l'n seul exemplaire. Long. 59 u.\ lat. 52,5 //. ; lat. islh. 17 //. (K.). 82. Cosmarium Portianum Arch. Long. 34-35 // ; lat. 22-27//; lat. isth. 10-1 I //. i K.). 83. Cosmarium solidum Nordst. suit Cosmariutn punclulalum in Nordstedt, Desmid. Spetsberg, 1872, p. 26, pi. VI, fig. I et Freshw-Alg. New Zealand ami Australia, noir au bas de la page 18. West, Brit. Desmid., III, p. 170, pi. LXXX, fig. 23. Cellules petites, plus longues que larges, à constriction moyenne, à sinus entreouvert, à côtés droits et parallèles; demi-cellules quadrangulaires subpyramidales, à côtés légèrement convexes, 6 ondulés-crénelés, ;ï apex tronqué légèrement i ondulé; angle basai presque droit; angle apical obtus. Vue de côté de la demi-cellule ovale tronquée à sommet légèrement ondulé. Vue. du sommet largement elliptique, à bords un peu ondulés. Paroi cellulaire ornée sur la face frontale de sept séries verticales et parallè- les de six à sept granulations, celles du milieu de la demi-cellule à peines distinctes. Long. 35//; lat. 28//; lat. isth. 14//. Celle espèce. dont je n'ai vu qu'un seul exemplaire, ne diffère de la l'orme de Nord- stedt que par un isthme un peu plus large. (Fig. 130.) (K.) Fie. 130 84. Cosmarium margaritiferum Mengeh. forma. Forme de grande taille, un peu allongée; demi-cellule munie sur chaque boni latéral de huit à neuf verrues coniques très saillantes. Long. 63//; lat. 54//; lat. islh. 17-18//.. (K.) 85. Cosmarium binum Nordst. Wittr. et Nordstedt, Alg. Exsicc, 1880, ii" 383, fascicule 21, 1889, p. 39; Raciborski, Desm.Nowe, 1889, p. 93, pi. V, fig. -25; Gutwinski, Flora Glonow Okolic Lwowa, 1891, p. 5li, p|. Il, fig. 21; Lutkemûller, Desm. Attersee, 1893, p. 559; SCIIMIDLE, Alij. aus Sumatra, 1895, p. 304, pi. IV, fig. 2; BORGE, Ah/. Règnell-Expedit., Il, 1903, p. 101, pi. III, fig.. 34 ; West, Brit. Desmid., BCL1.KT1N l)K LA SOCIÉTÉ BOTANIQUH DE OBNÈVK, N'"s 1-2-3-4, [KII'IIS le 30 Sept. 1918. Il) 16 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE ((32) III, p. 246-247, pi. LXXXVIH, tig. 10-44; MlGULA, Kryptogamenflora, II, l«)i >7. p. 17."). Cette rare cl belle espèce était représentée par quelques beaux échantillons dans une récolte (octobre 1916) provenant du Zugerber» cl que je dois à l'obligeance de Mademoiselle Rauch. Ces exemplaires avaient les caractères suivants : Demi-cellules pyramidales-trapézifor- mes à apex tronqué ; entes légèrement arrondis; angle basai subrec- tangulaire; seize (16) crénelures sur le pourtour de la demi-cellule, suit six (6) sur chaque côté et quatre (4) sur l'apex. Crénelures carrées et émarginées. Sur la face frontale, de dehors en dedans: quatre séries concentriques cl radiées de granulations, les trois premières bigranu- lées, la plus interne à un seul granule. Au centre de l'hémisomate : large protubérance ornée de si\ arêtes verticales parallèles, chacune décomposée eu quatre granules quadrangulaires Irréguliers, sépare- t®V]]M. v^%;J QCDûû O X' < Fig. 131 Fig. 132 par un très petit intervalle. Immédiatement au-dessus de l'itshme : une rangée horizontale de six granulations petites et arrondies. Vue de côté de la demi-cellule oblongue-ovalaire, munie de chaque côté, près de la base, d'une protubérance granulée. Vue du sommet oblongue-elliptique, à extrémités du grand axe arrondies; munie aux pôles du petit axe d'une grosse protubérance largement arrondie et ornée de granulations. Chromatophores à deux pyrénoïdes. Long. 52-56 jjl ; lai. i:>— i i «j ; lat. isth. 16-18 a. (Fig. 131). Cosmarium binum se distingue des autres espèces du groupe speciosum par son apex tronqué, par ses séries verticales parallèles de granules carrés qui n'occupent pas, suc la protubérance médiane, toute la largeur (63) F. DUCELL1ER. LA FLORE DESM1DIOLOGIQUE DE LA SUISSE 14" de l'hémisomate et par sa caractéristique rangée de petits granules ronds située ii îdiatement au-dessus de l'isthme. Cette rare espèce n'a été signalée en Europe que dans un nombre 1res restreint de localités : Ecosse, Pologne et Autriche. Elle paraît préférer les pays tropicaux, car on la rencontre à Ceylan, Sumatra, au centre de l'Afrique, au Brésil, en Australie, etc. 86. Cosmarium speciosum Lund.WEST, Bril. Desmid ,111, pi. LXXX1X, lîg. 3. Long. 58-60 p.; lai. 10-41 p.; lai. isth. 20-21 p.. (Z) 87. Cosmarium teiraophtalmum Bréb. Long. 104 p.; lai. T.\ p.; lat. isth. 28 a. (K) SX. Cosmarium Botrytis Menegh. I'. Long. 70 p.; lat. 57 ;j.; lat. isth. IX .j.. (K.) 89. Cosmarium conspersum (Bréb.) var. latum West, Uni. Desmid., IV, p. 15. Cosmarium très fréquent et assez variable comme contours. La majorité des formes observées répondait, comme contours et dimensions, à Cosmarium latum Bréb. in l!ov et Bissett, Scottish Desmid., 1894, pi. Il, flg. 10. Long. 66-72 p.; lat. 53-55 p,; lat. isth. IX-20 -j.. (Z.-K. Hud.-Held.). Dans les échantillons de Kruzelried se trouvaient des formes de taille plus grande. Long. 86 p.; lat. 68-70 p.; lai. isth. 25 p.. Remarquer (fig. 132) la présence de quatre pyrénoïde.s dans la demi-cellule inférieure. (.io. Cosmarium crenalum lialt's. Long. 27-30 p,; lat. 2l-2i;j.; lat. isth. 12-13 p.. (K.) «.M. Cosmarium crenatum Halls, ad forma li<>l<> [i; lai. isth. H'»- 17 p.. (K.) (.)2. Cosmarium amœnum Bréb. Long. 02 ;j. ; lai. 30 p. ; lat. isth. IX ;j.. (lllld.) (.>:!. Cosmarium eleganlisshnum Lund. forma minor. West, Brit. Desmid., IV, p. il, pi. CIL lig. 20-21. Long. 50-52 p.; lat. ±2 ...; lat. isth. 20 {j.. (K.-Hud.). Chez plusieurs échantillons, les crénelures mar- ginales étaient arrondies et non émargïnées comme dans la variété simplicius West, Some Desmid., U.S., Journal of Botany, vol. XXXIII, p. 308, n" 1 12. pi. XVII, lig. 7. «.li. Arlhrodesmus 'meus (Bréb.) Hass. forma minor. West, Bril. Desmid., IV, p. 92, pi. CXIII, lig. IN. Long, sine spin. 12-13 p.; cum. sine 20-23 p.; lat. sine spin. 12-12,5 y.; cum. spin. 20-23 p,; lai. isth. 6-7 j.; lat. isth. 22 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE <<\^ ; * 1 o 8. li). 11 * 12. 13. 11. n;. * 17. 18. 19. * 20 . Peniuni cucurbitinum. *22. Penium navlcula var. inflatum. *23. Closterium juncidum var. brevior. Euastrum ansatum var. dideltifor- *24. me v. nov. >i= 25. Euastrum ansatum var. rhomboi- *26. dale v. nov. 27 . Euastrum ansatum var. robustum v. nov. 2s. Euastrum Liïtkeinïïllerii = Euas- trum binale var. elongatum. 29. Tetmemorus granulatus var. atte- nuatus. 30. Cosmarium subcostatum forma mi- 31. nor. * 32 Cosmarium venustum forma ocel- lata. 33 Cosmarium venustum var. Tumerii. Cosmarium retusum Lundell. 34. Cosmarium Nbvse Semlise var. gra- nulatum. 35 Cosmarium portianum var. nephro- ideuin. 36. < 'osmarium vogiesacum. Cosmarium speciosissimum. 37. Cosmarium difficile. Cosmarium Logiense. 38. Cosmarium lminile var. striatum. Cosmarium formosulum var. Na- :;:» tliorstii. Cosmarium Ralfsii. Cosmariumperforatum var. Rauchii. Cosmarium depressum var. achon- ili'imi. Cosmarium ortkopunctulattun. Cosmarium solîdum. Cosmarium binum. Cosmarium elegantissimum forma minor. Cosmarium pachydermum var. mi- nus. Arthrodesmus triangularis var. in- flatus. Arthrodesmus incus forma minor. Xanthidium Nmithsii. Staurastrum punctulatum var. mu- ricatiforme. Staurastrum margaritaceum ad co- ronulatum acced. Staurastrum spongiosum var. per- bifidum. Staurastrum sexcostatum ail pro- ductum acced. Staurastrum Meriani forma eampa- nulata. Cosmarium obliquum forma minu- tissima f. nov. Cosmarium Hornavanense forma lielvetica f. nov. Cosmarium crassangulatum var. Champesianum var. nov. Si l'on compare, parmi les stations passées en revue, deux d'entre • •Iles : le Siniplon (première partie, p. 49, 21) et le Grimsel, de condi- tions identiques : mares tourbeuses dans les creux des roches silicieuses sculptées et polies par les anciens glaciers; altitude et climat semblables, etc, on constate que soixante espèces et variétés, soit environ le 05 °/o des espèces récoltées, existent dans ces deux stations. On peut les considérer comme les formes habituelles de nos tourbières alpines • plus (le cinquante parmi ces formes se retrouvent aussi dans la moitié des localités étudiées dans ce mémoire). Ces soixantes espèces, variétés el formes communes sont les suivantes (le genre Mesotsenium étant mis à part) : 1 Los espèces précédées d'un astérique ont déjà été signalées dans le Bulletin de la Société Botanique de Genève, 1916, page 282. (un •'. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE L>l m il 12 13. 14 15. 16 17. 18 r.i 20 ■M •24 25 26 '.'7 28 29 30 Spirotsenia condensât a. Cylindrocystis Brébissonîi. Netrium Digitus. Netrium Nâgelii. l'enium margaritaceum. Penium cylindrus. Peniïim polymorplium f. alpicola Closterium striolatum. Closterium Nilsonii Closterium in- termedium forma minor. Closterium Dianse var. minus. ( losterium parvulum. Closterium Jenneri. Closterium Lunula. Closterium abruptum. Pleurotamium trabecula. Pleurotaenium truncatum. Tetmemorus granulatus. Tetmemorus lsevis. Euastram oblongum. Euastrum Didelta forma;. Euastrum ansatum forma'. Euastrum insigne. Euastrum bideutatum. Euastrum elegans. Euastrum binale formse. Euastrum abœnse. Euastrum denticulatum. Euastrum montanum. Euastrum verrucosum. Micrasterias rotata. 31. Micrasterias papillifera. 32. Micrasterias denticulata. :;:; Cosmarium tinctum. 34. Cosmarium granatum. 35. Cosmarium pseudopyramidatum. 36. Cosmarium quadratum. 37. Cosmarium cselatuni. lis. Cosmarium cyclicum forma-. 39. Cosmarium Portianum. 40. Cosmarium crenatum. 41. Cosmarium nasutum. 4_. Cosmarium ochtodes. 43. Cosmarium Cucurbita. 44. Cosmarium polonicum var. alpinum. 45. Cosmarium Blyttii fonme. 40 Cosmarium anuennm. 47. Cosmarium difficile. 48. Cosmarium retusum Perty. 49. Xanthidium armatum. 50. Xanthidium antilopeum. 51 Artlirodesmus incus. 52. Staurastrum punctulatum. 53. Staurastrum controversuiii. 54. Staurastrum margaritaceum formse. 55. Staurastrum echinatum. 50. Staurastrum insigne. 57. Staurastrum spongiosum. 58. Staurastrum hirsutum. 59 Staurastrum trapezicum. 00. Staurastrum teliferum. I);his la liste commune au Simplon el au Grimsel, une consta- tation doit être faite : la proportion inusitée des représentants ni genre Euastrum, qui est du 20 °/o des espèces observées. Si, an contraire, on envisage les espèces et variétés dénombrées dans l'ensemble des stations étudiées, on voit que ce genre ne repré- sente plus que le 9°/o des espèces récoltées, chiffre assez conforme à ce qui existe dans les listes publiées par les ailleurs pour différentes slations hors de Suisse. Peut-être cette proportion des Euastrum dans les tourbières (\\\ Simplon et du Grimsel n'est-elle qu'apparente et valable seulement pour l'époque de Tannée où ont été faites les recher- ches; il est certain aussi (pie beaucoup d'espèces appartenant à d'autres senres, surtout des Staurastrum, liront échappé ou avaient déjà disparu en raison de la dessication rapide des mares en été. Il en est de cette constatation comme du nombre d'espèces récoltées dans une station quelconque lorsque cette station n'est visitée que d'une façon acciden- 152 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (68) telle. Le pécheur an filet fin, dans sa manière encore primitive de travailler, se trouve dans la situation d'un chasseur d'insectes qui serait aveugle et qui, néanmoins, s'escrimerait de sa coiffe au-dessus des fle.urs d'une prairie. Sa maigre récolte finale ne saurait être qu'une Faillie expression de la réalité présente sous ses pas. Des examens répétés. fréquents, dans une même station, ainsi «pie la pêche par filtration à la pompe d'une énorme quantité d'eau, peuvent seuls donner nue repré- sentation un peu exacte de la flore algologique d'une localité donnée. C'est pourquoi les listes ci-dessus n'ont aucunement la prétention d'être complètes; elles ne sont qu'une contrihution au dénombrement de nos espèces helvétiques. Enfin, j'ai tenu à mesurer aussi exactement que possible les espèces passées en revue dans ce travail; il résulte de ces chiffres que nos espèces d'altitude ne se distinguent en rien de celles de la plaine ; leurs dimensions sont apparemment les mêmes et la diminution de la taille qu'on a voulu voir chez nos espèces alpines me parait être une vue subjective qui attend encore sa démonstration. Lorsqu'en 1914, j'entrepris de publier un catalogue (Annuaire du Conservatoire ci du Jardin botaniques de Genève, volume XVIII, pages 1-66) des Desmidiacées récoltées jusqu'alors en Suisse, frappé surtout • In fait i[iie des ouvrages qui sont entre les mains de tous les algologues, n'indiquaient que rarement notre pa,\s comme habitat d'espèces répan- dues cependant dans le monde entier, je réunis quatre cent trente-deux espèces, variétés et formes dont cent quatre-vingt huit déjà signalées par l)i<; Wildeman, deux cent onze citées par différents auteurs tels que Borge, Chodat, Huber, Mûhlethaler, N^geli, Perty, Schmidle, Schrôter, Steiner, Vibet, West, etc., et trente-trois que j'avais récol- tées à IMora, Louvie, Champex, Semsales, le Jura, etc. En ajoutant les formes nommées dans les deux parties de ce mémoire, on arrive au chiffre de plus de cinq cents espèces, variétés et formes dénombrées pour notre pays. Il est naturel de supposer que, dans ce nombre, une partie des es- pèces citées-, extraites de listes anciennes déjà et dressées à une époque où l'œuvre magistrale de West ne simplifiait pas encore le travail comme aujourd'hui, est sujette à caution et demandera vérification. Quoiqu'il en soit, comme on devait s'y attendre après les trouvailles faites dans les pays \oisins, par Lemaire dans les Vosges, Heimerl, Lûtkemûller en Autriche, Schmidle, Rabanus, etc., dans la Forêt-Noire, notre flore desmidiologique helvétique se montre riche en formes appartenant à presque Ions les genres européens. Le genre Genicularia De Bary, (69) F. DUCELLIER. LA FLORE DESM1D10LOGIQUE DE LA SUISSE 15.1 signalé en Allemagne et en Galicie, manque toujours à l'appel, comme le genre Roya; Docidium estasse/, rare et Staurastrum prendra, lorsqu'il sera mieux connu chez nous, une 1res grande extension; nos Desmi- diées filamenteuses sont peu étudiées et le genre Mesotœniutn attend encore des cultures qui u<»us renseigneront peut-être sur la spécificité des formes dénommées par les auteurs. Au point de vue des localités explorées, ce sont surtout uns Alpes qui ont été visitées; il est douteux qu'on y trouve maintenant encore beaucoup de nouveautés. Mais il reste nos points d'eau de la plaine, du plateau suisse et du Jura où des trouvailles sont probables. L'intérêt devra aussi se porter sur la recherche des zygospores, très rarement trouvées Jusqu'ici et sur la variation d'espèces bien choisies; l'explora- tion méthodique et régulière d'une lionne station pendant toute l'année ne manquera [tas de donner des résultats intéressants. Au sujet de la variabilité des Desmidiacées, lorsqu'on débute dans l'étude de ces Algues, on est porté tout d'abord à la trouver assez grande; mais, avec l'expérience acquise, cette opinion se modifie peu à peu dans le sens contraire. La grande majorité des espèces connues est apparemment très stable en ce qui concerne les caractères fondamentaux; beaucoup moins sous le rapport, secondaire, de l'ornementation. Mais, à côté des types classiques que Ton retrouve toujours partout avec les mêmes caractères, il en existe d'autres (regardés parfois connue variétés ou même espèces distinctes) moins connus, ou dont les descriptions géné- ralement succintes sont éparses dans les publications, qui ne sont pas de véritables variétés au sens habituel du mot, mais des formes spéciales résultant de divisions hâtives chez les types spécifiques classiques. La preuve de l'existence et de la provenance de ces formes particulières (forma juniores Mihi ; forma immatures de Playfair, pro parte) réside dans le l'ait, maintes fois constaté, de la présence côte à côte : I" du type spécifique : 2° de la forme issue de lui et : 3° de formes mixtes, c'est-à-dire à demi-cellules l'une du type, l'autre de la forme. Jusqu'à présent, ces faits n'ont été vérifiés que chez un petit nombre d'espèces, appartenant surtout au genre Euastrum et Micraste- rias, mais leur nombre ira probablement croissant à mesure que l'attention se portera davantage sur ce polymorphisme spécial. Si ces formes juniores sont le plus souvent passagères, transitoires ou accidentelles et dues probablement à des causes physico-chimiques qui nous échappent encore (ce qui explique peut-être pourquoi beaucoup d'observateurs n'ont pas crû devoir les mentionner et pourquoi aussi 154 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (70) d'autres ne les ont pas rencontrées), il en est cependant qui paraissent jouir d'une certaine stabilité; on les rencontre, en effet, dans des lucidités différentes, mais dont les conditions physico-chimiques sont probablement les mêmes. C'est le cas de certains Euastmm par exemple. L'étude de ces formes ne sera vraiment fructueuse que lorsqu'elle sera faite parallèlement à celle des conditions du milieu où on les trouve généralement. L'expérimention soit in situ, soit au pis aller in vitro, est probablement appelée à nous éclairer sur ces questions aussi com- plexes qu'intéressantes. Ce polymorphisme particulier de certaines espèces, qu'il serait très dangereux de vouloir ('tendre hâtivement et sans preuves à l'appui à la généralité des Desmidiacées, n'est nullement en contradiction avec l'opinion de presque tous les desmidiologues expérimentés qui admettent une grande lixilé de la plupart des espèces; il n'est iprune exception atténuant un dogme trop absolu. Contribution à l'étude du genre Stemodia et du groupe des Stémodiées en Amérique par Marcel MINOD (Communiqué en séance d/i 22 mai if/17) 1NTK0DLTCTION Le présent travail entrepris et poursuivi sur les conseils de Monsieur le Professeur Chodat, visait primitivement à être une monographie du genre Stemodia dans toute son extension. Des difficultés de diverse nature ont empêché la réalisation intégrale de ce plan, en particulier les circonstances créées par la guerre qui, nous fermant l'accès de plusieurs herbiers, entravant nos rapports avec les antres, ne nous ont pas permis de nous procurer la totalité des espèces actuellement dé- crites : nous avons dû renoncer, en particulier, à étudier les espèces australiennes et à élucider, par leur intermédiaire, les affinités du genre Stemodia avec d'autres Stémodiées, celles d'Asie et d'Afrique notamment. Nous n'avons l'ail qu'effleurer ce sujet et nous nous réser- vons d'y revenir ultérieurement, lorsque nous aurons pu compléter les matériaux qui sont déjà entre nos mains. Nous nous sommes bornés en conséquence à faire une revision du genre en le considérant tel qu'il est représenté en Amérique : nous avons visé à établir des cadres précis pour la classification des espèces. BULLETIN DE LA SOCIETE JtOTAMOUE DE GENEVE (-2) Nous pensons que les formes qui n'y figurent pas, viendront par la suite enrichir ces cadres, sans les modifier, comme cela s'est produit à plusieurs reprises pour des espèces non encore examinées qui nous sont parvenues au cours de nos recherches. Nous avons terminé notre étude par un rapide examen d'ensemble du groupe auquel se rattache notre genre et afin d'en donner une vue suffisamment complète, nous l'avons examiné dans toute son extension, en insistant toutefois sur les points qui intéressent spécialement le continent américain. Les matériaux que nous avons utilisés appartiennent aux herbier suivants : Herbier du Prodrome et .Nouvel Herbier de Candolle i Genève i. Collection de L'Institut de Botanique (Université de Genève) Exem plaires rapportés du Paraguay par Monsieur le Professeur Chodat. Herbier Reuter (Université de Genève). Herbier Boissier et Herbier général Barrey-Boissier (Chambésy Genève), actuellement propriété de l'Institut de Botanique. Fia. 1. -■ Fli, fleur de Stemodia stricta à corolle largement ou- verte: FI., fleur de Stemodia jorullensis à corolle étroite, re- courbée vers le haut. - Cf. fier. 10. FI; fis-. 13,1 et fig-, -25 C1. Fig. 2. - Mode de nervation de la corolle. Herbier Hasslei; (Pinchat-Genève) : Plantée paraguarienses. Herbiers Delessert (Conservatoire Botanique, Sécheron-Genève). Herbier de Paris (Muséum). Herbier de Copenhague. Herbier de New-York (Jardin botanique de Bronx-Park). Herbier de Saint-Louis (Missouri Botanical Garden). Herbier de Berlin (Daiilem). 3) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE 1)1' GENRE STEMODIA 15' En plus, nous avons examiné quelques exemplaires isolés provenant des héritiers de Petrograd, . Stemodia hu- milis, étamine à lo- ges inégales. Sauvalle); Jamaïque : [Grisebach, Hartweg, Macfadyen , (Sloane, Bro- wne); Saint-Domingue: Bertero!, v. Tûrckheim !, Prendleloup ! , Fuertes! ; Porto-Rico : Stahl!, Sintenis! , (Cook et Gollins) ; Antigua : Lane, Wullschlegel ; Guadeloupe : [L'Herminier ! ; Martinique : Bélanger! ; Saint-Vincent: [Guild.j; Trinidad : Eggers!, Lockh. .- Brésil: Blanchet!, Schniidt !, Lliotsk> !, Gardner!, l'If!, Glaziou !, Rie- I !, Sellow !, Luschnath !, Spruce !, Damazio !, Salzmann !, Claussen !. Czermaket Reineck!, Martius, Langsdorff, Pohl, T\veedie,Graham,Schlechtendal , (Saint-Hilaire, Velloso).— Andes : Sprnce!, Hartweg !,Pa von!, Jameson!, Mathews!, Miers!, Mandon !, Spegazzini !, Gil- lies . Bolivie : Bang! , Kuntze, Rusby, Fries). — Chili : Philîppi !, Gay !, Pœppig!, Bertero!, Lech- ler!, (Kuntze). — Argen- tine: [Bâcle!, Hieronymus! , Hicken, Grisebach, Pries).— Paraguay: Balansa!, Morong!, Hassler!,Chodat!, Lindman !,de Llamas!, Muniez!, Fiebrig!, Rojas!, Kuntze!, Kerr, Anisits , Saint-Hilaire, Fritsch). — Uruguay : Berro! . Afrique.— Sénégambie : Leprieur !, Perrottet! . — Galla : Riva! , (Engler). — Abyssinie : [Riva !, Ehrenberg!, Schweinfurt!, Schimper! . — Cordo- fan : [Kotschj ! . — Egypte: Boissier!, Croptier!, Schweinfurt!]. — Ile Maurice : (Johnston). — Asie. Orient : [Aucher Eloy!]. — Syrie: Schimper!, Croptier!]. — Arabie : Schweinfurt !, Ehrenberg !,Deflers! . — Indes: Duttie!,Clarke!, Hohenacker!, Falkoner!, Hooker I'. ei Thompson!, Schlagintweit!, Wight!, Campbell!, Drummond! . — Himalaya. Népal : Hallier!, Bentham!, Rox- burgh! , (D. Don). - Ceylan : Thwaites! . — Bengale : Gammie! . — Assam : Hooker!, Proins!'. — Burma: Shaik Mokim!]. Péninsule malaise : Griffith!, Lobb!, Helfer! .-■ Iles de la Sonde: Zollinger!, Labillardière ! . Chine : Henrj !, Fortune! . — Philippines : Cuming!, Elmer! . - Samoa : Reinecke ! . - Australie : Oldfried! . Fig. (3. — Stigmate linguiforme de Stemodia tenui- folia. 1 : de prn fil : 2 : de face : en -, l'ovaire est représenté de profil, le style étant supposé tordu ; 3 : étami- ne postérieure à loges égales : 4 : étamine anté- rieure à loges inégales. (5) M. MIOND. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA I 59 1rs dessins qui accompagnent notre étude sont Ions originaux et ont été exécutés à la chambre claire. Les dimensions son! indiquées par des échelles placées à côté des figures. Nous avons mis à contribution les diverses bibliothèques botaniques de Genève : Bibliothèque de Candolle. Bibliothèque de L'Institut de Botanique. Bibliothèque Barbey-Boissier. Bibliothèque du Jardin Botanique. 0 10 r Fis:. 7. — l'ollen Fig. S. - - Stigmate du type habituel (Stemo- dia palustris forma salicifolia), à opposer au stigmate linguifor- me de la fig. 6. L'examen critique des caractères constants propres au genre Stemo- dia des auteurs, tels qu'ils ressortent de l'analyse des espèces améri- caines, nous a conduit à détacher de ce genre un certain nombre d'entre elles, qui se distinguent chacune du type moyen par un ensem- ble de caractères difïérenciels bien nets. Ce soid tout d'abord Stemodia ericifolia, Slemodia parviflora, Stemo- dia maritima (type du genre !), Stemodia Hassleriana, Stemodia trifo- liata, dont nous avons l'ait cinq genres monotypes, dont quatre por- tent des noms nouveaux, que nous décrirons plus loin : Chodaphyion, Lendneria, Stemodiacra, Verena et Valeria. Dans la plupart de nos figures les diverses parties de la plante ont été désignées comme suit (sauf indications spéciales): Ca, calice: S,, sépale médian: S., S:, sépa- les latéraux : lorsque tous les sépales sent sensiblement pareils, on n'en a représenté qu'un seul; C, ou Co, corolle étalée: FI, fleur entière: Pi, eu P, pistil: St, Stigmate; 0v, ovaire ou coupe de l'ovaire: PI, placentaires ou schéma de la placentation ; Fr, fruit: V, valve 'lu fruit: S, Sm, ou G, semence: Pf, préfeuille; F, feuille. Mil) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) es c ['ne sixième espèce, Stemodia radicam, bien que présentant quelqu particularités qui pourraient, à la rigueur, la faire considérer connu le type d'un genre distinct, n'est en réalité qu'une forme aberrante du groupe des Axillares. — Une de nos nouvelles espèces, Stemodia Cho- dati, présente des caractères qui doivent la faire regarder comme également aberrante. Stemodia cruciflora Casarelto est identique à Stemodia trifoliata cl rentre par conséquent dans notre genre Valeria. Stemodia polystachya Brandegee doit être transféré parmi les Conobeu un dans leur voisinage. Stemodia crenatifolia Kuntze n'est autre que Beyrichia (Aehetaria) saitellarioides Benth. La plante récoltée par Bang en Bolivie et décrite par lirsuv sous le nom de Stemodia pusilla n'appartient pas à cette espèce non plus qu'au genre : elle doit être rapprocbée des Limnophila. Son attribution cer- taine à ces derniers demeure néanmoins douteuse tant que la corolle n'est pas connue dons les exemplaires que nous avons examinés sont en fruits). Stemodia linearifolia Morong est identique à Stemodia paluslris. Stemodia erecta durantifolia est une espèce collective dont Stemodia Berteroana est inséparable et dont Stemodia chilensis ne se laisse sépa- rer que très artificiellement. De même on doit y rattacher une plante récoltée par FlEBRIG dans le voisinage du lac Ypacaray et que Chodat et Hassleb ont désignée par erreur comme étant Stemodia maritima. Stemodia Purpusii Brandegee ne se distingue pas spécifiquement de Stemodia Schottii Holzinger; tout au plus conviendrait-il d'examiner s'il lui esl absolument identique ou s'il en est une variété. — Les trois plaides décrites sous les noms de Stemodia jorullensis, Stemodia angu- lata et Stemodia ageratifolia ne sont que des formes à peine distinctes d'une seule et même espèce dont Taire embrasse l'Amérique centrale et les Antilles. Il est probable qu'on sera amené un jour à réduire de même à une seule les deux espèces suivantes : Stemodia neglecla, /m si lia. Stemodia Ehrenbergiana est une espèce (?) non décrite et doit sortir définitivement de la littérature. Stemodia suri a a ai ru si h ne nous est pas suffisamment connu pour * 1-2-3-4, parus le 30 Sept. lt*I8. I 1 162 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE ME GENÈVE (8) exclure quelques-unes d'entre elles, qu'il convient de regarder désor- mais comme genres distincts; or, parmi ces dernières, figure précisé- ment celle que Linné a seule décrite comme Slemodia et que Browne, trois ans avant lui, avait nommée Stemodiacra maritima. La règle de priorité veut que ce nom soit rétabli1. Si le Congrès de Vienne a rejeté la désignation « Stemodiacra», il avait sans doute moins en vue l'unique Stemodiacra maritima, que les quelque trente espèces qui lin avaient été rapidement adjointes. Nous estimons donc rester dans IVsprit des décisions du Congrès en conservant le nom de Stemodia à l'ensemble du groupe, tel qu'il a été systématisé par les auteurs à par- tir de 17U1, le type linnéen étant exclu de ce groupe et ramené au genre Stemodiacra de Patrick Browne. Il est vrai que cet auteur n'en a pas donné de diagnose générique, mais sa diagnose spécifique très exacte et ses figures analytiques en tiennent suffisamment lieu. Il est vrai aussi qu'il a lui-même écrit «Stemodia maritima» au-dessous de ces figures, tandis qu'il écrivait «Stemodiacra» dans le texte. Mais notre objet, ici, n'est pas d'entrer dans des subtilités : nous désirons avant tout faciliter les recherches à qui voudra pénétrer plus avant dans l'étude du groupe et, pour cela, nous avons jugé lion d'introduire le moins possible de changements dans la nomenclature, de façon qu'il soit aisé de s'orienter dans la littérature et dans les herbiers. Nous n'axons pu cependant nous dispenser de faire droit à la règle de prio- rité en ce qui concerne trois espèces : Stemodia erecta doit remplacer Stemodia durantifolia ; Stemodia tetragona doit remplacer Stemodia lobelioides et Stemodia tomentosa doit remplacer Stemodia itnmltt. \\w outre. Stemodia yarviflora des auteurs devient notre Lendneria humilis. Les autres plantes du genre Slemodia conservent le nom spécifique communément usité. Pour le détail, voir les tables bibliographiques et synonymiques annexées à chacune de nos descriptions. 1 Kr.NTZF., Bevisio gentrum, Il (1891), 46 (9) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 163 Le genre Stemodia (sensu stricto) en Amérique Veronica : Sloane, Catalogus (1696), SI : Voyage to... Jamaica (1707), 196, l. 124. f. 2. -- ? Lysimachia, lu., I. c. (1696), 91 : (1707), 174 (ex Browne, I. c). — Ageratum : Houstoun rass (ex Miller, 1. c). — Erinus : Miller, Gar- deners Dictionary, I (1731), p. p. — Phœlypea : 1J. Browne, Civil and natural History of Jamaica (1756), 269. — ? Matourea : Aublet, Plantes de Guiane, Il (177.*)), 641, t. 259 (v. ohs., p. 48) : « Cal. — Perianthium monophyllum, qua- dripartilum. . . Capsula oblonga, unilocularis, lu val vis. » Cetera Stemodia' cha- ractera! — ?Dickia : Scopoli, ïntroductio ad Historiam naluralem (1777), 199 : « . . . Antherae quime, unico lilainento suslentata>. Bacea triloeularis, trisperma. Seinina ad basim arillata. [llaud Stemodiearum charactera!] = Matourea Au- blet. » — Capraria : Linné, Amœnitaies Academiœ, V (178S), 399. — ?Anger- villa : Neckkr, Elementa botaniea, I (1790), 351 = Matourea Aublet : »... Cap- sula unilocularis. . . Perigynanda propria'... extérior i-partita. . .» Cetera Ste- modiearum charactera! — Stemodia : Svartz, Observationes botanicœ (1791), 240. — Willdenow, Species plant.. III, I (1800), 344. — Batsch, Tabula (1802), 193. — Saint-Hilaire, Expos., I (1805), 273 (ex Pfeiffer). -- Lamarck, En- cyclopédie méthodique, VII (1806), 424. — Persoon, Enchiridîum botanicum, Il (1807), 167. -- Humboldt et Bonpland, Nova Gênera, II (1817), 286. — Spren- gel, Anleitung, Ed. Il, I (1817), 398: Novi proventus horlorum, etc. (1819), 13. — Steudel, Nomenclator botanicus, 1 (1821), S13. — Ljnk, Enumeratio Plan- larum, II (1822), 144. - - Kunth, Synopsis, II (1823), IIS. -- Saint-Hilaire. fiantes re)iiarquables du Brésil et da Paraguay (1824), 216; Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, XII (1825), 314 et suiv. - Sprengel, Systema (1825), 810. — Beichenbach, Iconographia botaniea exotica, Il (1827-1830), 20, t. 149; Conspeclus (1828), 124. -- Ciiamisso et Schlechtendal, Linnœa, III (1828), 8. — Dumortier, Analyses (1829). 24. — Bartung, Ordines naturales Plantarum (1830), 170. — Spren.jei., Gênera. Il (1831), 494. — Lindley, liotanical Regisler (1831), aduot. ad t. 1471). — Bentham, Scrophular. Revisio in liât, Beyister (1835), 1770. — D. Don, Edinbg. n. phil. Journal. XIX (1835), III. — Lehmann, Linnœa, XI (1836), litt. bl. 91. — Lindley, Nat. syst . of Bot. (1836), 292. — G. Don. General System of Gardening and Bolany. IV (1837), 539.— Lehmann, Deleclus seminum, in Linnœa, XI (1837), litt. bl. 91. — Beichenbach. Handbuch nat. Pli. *yst. (1837), 199. — Bentham, Planta' Hartwegianœ (1839), 23, 147, 265: Contrib. Flora S.-Am., in Journal of Bo- tany, II (1840), 46. — Meisner. Plantarum vascularium Gênera. I (1840), 311) et II, 221. — Spach, Hist. nat. vég. phanér., IX (1840), 269. --Endlicher, Gênera (1840), 679; Enchiridion (1841), 339. — Dietrich, Enumeratio sysle- 16i BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK GENÈVE (40) matica (1843), 60. — Schlechtendal, Botanische Zeitung, I (1843), 161). — Bkntham, Botany of the Voyage of H. M. S. «Sulphur» (1844), 144. — Wal- pers, Repertorium, III (1845), 266. — Casaretto, Nov. slirp. brasil., decas IX (1845), 78. -- Bentham, Scraphular., in DC. Prodromus, X (1846), 380. — M., in Lindley, Veget. Kingd. (1847), 685. — Miguel, Symbolœ ad Floram Surina- mensem, in Linnœa, XXII (1849), 475. -- Gay, Flora ehilena, V (1849), 138. - Bkntham et Oersted, Scrophular. centralamerican., in Kjœbenhavn. Vidensk. Meddel (1853), 21. -- Walpers, Annales botanicœ, III (1853), 194. — Pritzel, Index Iconum botanic. (1855), 1071. — Walpers, Annales, V (1858), 628. — Emory, Repoii. on the U.S. and Mexico Boundary Survey, II (1859), 117. — (iRisEBACH, Flora of the brit. W.-indian Islands (1864), 429. — Schmidt, in Martius, Flora bra'siliensis, VIII, I (1857-1864), 296. — Grisebach, Calât. Plant, cubensium (1866), 182. — Pfeiffer, Synon. bota'n. (1870), 220.— Wright, in Sauvalle, Flora cubana (1873), 99. — Pfeiffer, Nomenclator bot'anicus, II, II (1874), 1270. — Grisebach, Planta? Lorentzianœ (1874), 164. - Bentham et Hooker, Gênera Plantai uni, II, Il (1876), 919 et 950. - - Gray, Geological Survey of Califurnia, 1 (1876), 547 et 570: Synoptical Flora of N.- Am. (1878), 247 et 279. -- Grisebach, Symbolœ ad Floram argenlinam (1879), 238. — Phïlippi, Gâtai. Plant, vase. Chili (1881), 243. — Godman et SalVin, in Hemsley, Biologia centraliamericana, II (1882), 450. — Gray, Contrib. to amer. Bot., in Proceed. of the Amer. Acad., XIII sive XXI, II (1886), 403. — Bâillon, Histoire des Plantes, IX (1886), 393. — Durand, Index generum Pha- ner. (1888), 294. — Stahl, Estudios sobre la Flora de Puerto-Bico, VI (1888), 237. — Branukgee, Plants from baja Califurnia, in Proceed. Calij. Acad. Se, Ser. II, II (1889), 117. — Rose, List of PI. coll. by Ed. Pai.mer in W. Mexico, in Contrih. U.S. Nal. Herbar, I, IV (1890), 109. — Rusby, Enumeralion of the Plants coll. by Dr Rusby in S.-Am. in Bull. Torrey Club, XXVII (1900), 24. — Wettstein, in Engi.er-Prantl, PpZanzen (ami lien, IV, 3 b (1891), 74; Nachtràge 294. — Kuntze, Bevisio generum, II (1891), 465. — IIolzinger, Descr. of 4 new Plants from Texas and Colorailo, in Contrib. U.S. Nat. Herbar., I, VIII (1893), 286. — Hitchcock, List of Plants, in Missouri Bot. Gard. Rep., IV (1893), 113. — Coulter, Botany of. W. Texas, in Contrib. U. S. Nat. Herbar., II (1891-1894), 310. — Karscii, Vademecum botanicum (1894), 629. — Smith, Enumeratio Plantarum Guatemaliensium (1889-1895), v. ind. — Index Keicensis. (1895), 987. — Spegazzini, Contrib. al Estud. de la Flora de la Sierra Venlana, (1896), 48. — Busry, Enum. PI. coll. in Boliv. by Mig. Bang, in Bull. Torrey Club, VI, I (1896), 93. — Fritsch, iiber einige Regneu/sc/j^ Gamopelalen, Bihang till K. sv. Vet.-Akad. Handl, Bd XXIV, Afd. III, n. 5 (1898), 10. — Smith, in Pittier, Primitiiv Florœ Coslaricensis, II, II (1898), 178. — Spegazzini, Contrib. al Estud. de la Flora del Tandil (1901), 39. — Cook et Collins, Eco- nomie Plants of Porto-Bn-o, in Contrib. U.S. Nat. Herbar. (1903), 245. — Small, Flora of the S.-E. U.S. (1903), 1063. — Hali.ier, Scrophular. in Bul- letin de l'Herbier Boissier, sér. Il, lit (1903), 201 . — Chodat, Plantœ Hasslerianœ, in Bul. de l'Herbier Boissier, série II, 1(1901), 404. — Chodat et Hassler, ibid.. IV (1904), 286. — Fries, Phanerog. Flora v. Boliv. u. Argenlinien, in Arkiv for Botanik, VI. XI (1906), 17. - Bobinson, New or otherwise noteworthy Spermatophyts, in Proceed. Amer. Acad., XLIII (1907), 27. — Hallier, in (11) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 165 Engler Pranti., Pflanzenfamilien, Nachtrâge III zu IV, 3 b (1908), 312. — IIasslku, Contribuciones a la Flora del Chaco argentino-paraguayo (1909), 110. — Hicken, Chloris Platensis Argentina (1910), 219. - - Urban, Symbolœ antil- lanœ, IV, IV (1911), 558. -- Brandkgee, in Univ. Calif. Publ. Bol., IV (1911), 189. — Grkenuanx el Thompson, Diagnoses of floioering Plants S.-W. U.S. and Mexico, in Annals of the Missouri Bot. Gard., I (1914), 409.— Bbandegee, PI. mexic. Purpus., VI, in Univ. Calif. Publ. Bol., VI, n. 4 (1914), 03. — ?Mecardonia : Ruiz et Pavon, FI. peruv. el chilens. Prodr. (1794), 9;> : secnn- duni auctorum descriptionem incerUe est sedis in gratiolearum tribu : sepalis tribus exterioribus ovatis generi noslro haud est referenda, nec bracteolis déci- dais : : : Herpestes sec. Endlicher (a Stkudel, Nom., Il (1841), 108, citatus); genus distinctum sec Small, FI. S.-E. U.S. (1903), 10(35, ex Britton et Brown, ///. FI. Novth. Slales and Canada, Ed. II, III (1913), 193. — Conobea : Sprengel, Noiv Proventus (1819), 13. — Schranck, Sylloge PI. nov., Il (1828), 01 — Scrophularia : Velloso, Flora fluminensis, VI (1827), t. 88. — Lobelia : Kuze uiss. (ex Walpers). — Herpestis : Chamisso et Schleciitenhal, in Linnœa, V (1830), 106. — Gratiola : Hooker, Botanical Magazine (1832), t. 3134. — Walpers, Repertorium, III (1845), 236. — ?Gomphipus : Rafinesqur- Schmaltz, Flora telluriana, IV (1830), 761. -- Unanuea : Rinzet Pavon, Icônes Flor. Peruv. ined. (ex Benth.) = Unannea : Steudei., Nomenclator, Ed. II, II (1841), 729 : genus indescriptum 1 — Stemodiacra : Kuntze, Revisio generum, Il (1891), 465. — Morong, Parag. PI. (1892), 183. — Britton, in Bull. Torrey Club (1892), 61. Kuntze, I. c, III, II (1898), 122, 239. — von Post et Kuntze, Lexfeon Gen. Plumet. (1904), 534. (Non Meisner (1840) nec Pfeiffer (1870) nec Durand (1888) quorum auctorum errore2 Stemodiacra = Lindenbergia) . — ?Gomphopus : von Post et Kuntze, Lexicon (1904), 253. STEMODIA auct. (non L), gen. entend. (Speciebus nonnullis cl generis prototypo Brownei et Linn/EI exclusis) Calyx 5-partitus, segmentis subaequalibus linearibus-subulatis vel lanceolatis \ ulgo glanduloso-pubescentibus. 1 Ces lignes étaient déjà sous presse lorsque, grâce h l'extrême obligeance de .Al. le Prof. A.-lî. Rendle, nous avons pu nous procurer une copie du passage cité, de cet ouvrage très rare. Nous le reproduisons ci-dessous ; on voit que la plante décrite par Rafinesque n'est pas un Stemodia, non plus par conséquent que Gow- phopus de Kuntze, ni d'ailleurs Dickia de Scopali. Si nous avons cité ces noms, c'est afin d'être complet, parce qu'ils sont énumérés dans la plupart des tables de synonymie. Nous les avons accompagnés des renseignements utiles au lecteur, pour lui permettre d'apprécier lui-même la valeur qu'il convient de leur attribuer. C. S. Rafinesque. Flora Telluriana, Pars IV, p. 76. Philadelphia, 1836. — 1024, Gomphipus R. (club under) diff. exactly like Decaloba except corolla Semi 5 fiel, not 10 lobed. Type M. Setosa R. Ipom. do bot. rey; 335 setosa hispida, fol. cord. trilob. dent. acum. pedunc. mnltifl. pedic. clavatis. Brazil, said to be akin to Ip. liatatas and platanifolia, are they of Same group V Never could meet Ip. batatas in bloom. 2 L'erreur remonte peut-être ;i Hamilton (1822) qui nomme Stemodia grandifiorç, le Lindenbergia grandiflora. Elle est reprise par Linui.ey (1831). qui fait de Linden- bergia une section du genre Stemodia. 166 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) Corolla glanduloso-pubescens, lubo cylindraceo vel campanulato, labio superiore emarginato, labio inferiore trilobo, lobis irregulariter rotundatis vel rarius lanceolatis aut obtuse acuminatis. Stamina 4 tubo inserta, 2 postica breviora, 2 antica longiora, orania inclusa, antherarum loculis disjunctis, connectivo subgloboso breviter bibracbïato utrinque dorsifixis. Stylus teres, apice in stigma foliaeeum obliquum vel linguiforme explanatum deflexus. Capsula in valvas 4-, vel 2 bifldas, septicide et loculicide + perfecte dehiscens. Placenta' 2, nonnumquam bifidae, maturae cohaerentes vel raciiis disjunetse. Semina parva numerosa, piriformi-cylindracea sub- sessilia, nonnumquam epidermatis cellularum reliquiis quasi horrida. Plantse erectae vel + decumbentes foliis oppositis vel verticillatis integris, ssepissime dentatis, sessilibus-amplexicaulibus vel petiolatis glanduloso-pubescentibus vel rarissime glabris, floribus axillaribus solitariis vel glomeratis, subsessilibus vel pedicellatis, bracteolatis, brâcteolis basi calyce concrescentibus, vel ebracteolatis. Ce genre comprend des plantes terrestres, à l'exclusion de plantes halophytes ou aquatiques. Plusieurs sont xérophytes, la plupart méso- phytes et quelques-unes habitant les sols humides ou même maréca- geux. Le port est varié : on peut distinguer deux types essentiels qui formeront la base de notre classification; dans Tune, les fleurs sont groupées à Faisselle des feuilles supérieures plus ou moins transfor- mées en bractées et l'inflorescence affecte l'allure d'un épi (Spiciflorse). Dans l'autre, les fleurs sont isolées ou groupées par deux ou trois, mais insérées à l'aisselle de toutes les feuilles (Axillares). Les feuilles sont toujours entières (chez Verena, elles sont pinnatifides, de même que chez Çonobea) opposées ou verticillées, mais jamais les ver- ticilles ne comptent plus de quatre à cinq feuilles (chez Chodaphi/ton, il y en a jusqu'à sept). Elles sont ordinairement sessiles dans le pre- mier groupe et assez souvent pétiolées dans le second. Les fleurs, plus ou moins longuement pédicellées, parfois subsessiles, possèdent un calice à cinq pièces allongées à peu près égales. Cependant, la pièce postérieure est quelquefois plus linéaire et plus obtuse. Ces pièces sont presque toujours étroites, excepté chez Stemodia microphylla et vero- nieoides. (Chez Verena, la pièce postérieure est assez large; chez Ade- nosma, on rencontre fréquemment trois pièces très larges, parfois presque orbiculaires et deux pièces allongées; quelquefois aussi la (43) M. M1N0D. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA l(>7 pièce postérieure diffère seule des quatre autres par sa grandeur; chez Dizygostemon, trois pièces du calice sont plus larges que les deux autres; chez Lindenbergia et chez quelques Limnophila, les cinq sépales sont fortement concrescents.) Ce calice est flanqué, chez les vraies Spiciflores, de deux préfeuilles étroites à nervures parallèles ; chez Stemodia microphylld et veronieoi- des, les préfeuilles sont larges, lancéolées, à nervures réticulées; chez Stemodiaera, les préfeuilles sont très grandes et très larges, insérées directement au-dessous des sépales, concrescentes, par conséquent, avec la hase du calice, de sorte qu'entre celui-ci et les préfeuilles, il n'j a aucun interstice appréciable (tandis sépales et ceux des préfeuilles et E LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) sept à huit millimètres. Pétiole long de trois à quatre millimètres. Fleurs solitaires. Sépales longs de sept millimètres1, doublant de lon- gueur à la maturation. Corolle (blanche) à lobes obtus. Capsule globu- leuse ovale. Semences ridées, brunâtres Stemodia microphylla Schm. b. Plante procombante à rameaux rampants, flexueux, émet- tant à leurs nœuds des racines adventives. Feuilles longues et larges de neuf à vingt millimètres. Pétiole long de sept millimètres. Fleurs opposées. Sépales longs de huit millimétrés et demi1, s'àccroissant 1res peu lors de la maturation. Corolle (bleue) à lobes courts. Capsule oblongue obtuse. Semences côtelées, jaunes Stemodia veronicoides Schm ::::: Préfeuilles étroites; feuilles sessiles, petites, épaisses, forte- ment auriculées; fleurs brièvement pédicellées; sépales étroits, lan- céolés-subulés ; tube de la corolle régulièrement évasé. .Nervures anastomosées dans les loties de la corolle. a. Plante fortement laineuse Stemodia tomentosa Greenm et Th. b. Plante à indûment très court . . . Stemodia Schottii Holtz. II. Calice non accompagné de préfeuilles h 1)1**10 te Olîltîl' * Pédicelle court. a. Feuilles ovales portant plus de sept dents ovales de chaque côté; limbe portant quelques poils sur le parcours des nervures spécia- lement à la face inférieure Stemodia tenuifolia Minod. b. Feuille rhomboïdale portant moins de sept dents subtrian- gulaires de chaque côté; limbe sensiblement glabre, devenant noir sur le sec Stemodia glabra Oersted. -;:::: Pédicelle long. 7 Pétiole (''galant ou dépassant la moitié de la longueur (\u limbe. Etamines à loges inégales. Stigmate étroit, allongé en languette, appendiculé laté- ralement et postérieurement. Etamines postérieures insérées beaucoup plus haut et de longueur beaucoup plus faillie que les etamines anté- 1 Ces dimensions, que nous empruntons aux descriptions de Schmidt (3 lin., 4 lin.) nous semblent très exagérées et ne correspondent nullement avec les mesures que nous avons prises nous-mêmes : nous n'avons pas trouvé de calice dépassant 4,5 mm (21 i M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 47") rieures. Lobe médian de la lèvre antérieure lancéolé, étroit. Sépale impair linéaire obtus. Valves du fruit légèrement arrondies au sommet Stemodia jorullensis II. I». K. 1. Feuilles à dents subaiguës. Sépales étroits subsp. genuina Minod. 2. Feuilles à dents subobtuses. Sépales (droits, riante dressée subsp. ageratifolia < Wrgt) .Minod. 3. Feuilles à dents subobtuses Sépales un peu plus larges. Plante radicante très rameuse subsp. reptans .Minod. ] Stigmate large, étalé en spatule. Etamines égales on peu inégales, les postérieures insérées sensiblement au même niveau que les autres ou un peu au-dessus. Lobe médian de la lèvre antérieure aussi large que les lobes latéraux. O Corolle n'atteignant pas un centimètre de long. a. Plante dressée, limbe de la feuille dépassant fréquemment un centimètre de long. Feuilles supérieures verticillées par trois. Sépale- linéaires portant des poils lins et serrés. . . Stemodia neglecta Minod. b. Plante décombante, limbe triangulaire très petit, n'attei- gnant [tas un centimètre de long. Feuilles opposées. Sépales linéaires à longs poils épais Stemodia pusilla Itenlb. c. Plante flexueuse de très petites dimensions, à très longs poils argentés Stemodia micrantha Brand. d. Plante dressée, à rameaux diffus, à feuilles opposées por- tant une double serrature. Sépales linéaires atténués portant un indû- ment court Stemodia Palmeri (ira) OO Corolle dépassant un centimètre Stemodia humilis < Pa\ . ) Min. yy Pétiole plus court que la moitié du limbe ou feuilles sub- sessiles. Etamines à loues égales ou subégales. ] Fleurs atteignant ou dépassant seize millimètres de long. O Lèvre postérieure très large et arrondie, bilobée : lè\ re antérieure à lobe médian, ovale, plus étroit que les lobes latéraux. Etamines postérieures trois fois e1 demi plus courtes que les anté- rieures et insérées beaucoup plus haut que ces dernières. Groupe de gros poils en massue à la base de la lèvre postérieure. (Feuilles ovales, lancéolées, dentées^. généralement opposées. Pédicelles atteignant cinq centimètres. Sépales étroits. Tube de la corolle cylindrique. Stigmate relativement étroit, latéralement appendiculé.) a. Feuilles portant des poil> tous de même grandeur. Pédi- 17») BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (22) celle dépassant généralement la longueur de la feuille axillante. Tous les intervalles entre les nervures de la corolle sont égaux Stemodia peduncularis Benth. b. Feuilles portant des poils de grandeurs différentes. Pédi- celle souvent moins long que la feuille. Très larges espaces dépourvus de nervure entre les points d'insertion des etamines et les échan- crures de la corolle Stemodia macrantha Rob. O O Lèvre postérieure un peu moins large; lèvre anté- rieure à lobe médian sensiblement aussi large ou plus large que les lobes latéraux. Etamines postérieures d'un tiers plus courtes que 1rs (''lamines antérieures et insérées un peu au-dessous de ces dernières. Tas de poils dans la portion supérieure du tube de la corolle. X Lèvre postérieure assez large, bilobée. Lobes de la lèvre antérieure subégaux, émarginés. Feuilles cordées suborbiculaires lobées. Pédicelles ne dépassant pas trois centimètres. Sépales très larges. Tube de la corolle un peu évasé, étroit à la base. Style long et mince. Stigmate étalé en spatide, non appendiculé. Etamines égalant le tiers ou la moitié de la bailleur de la corolle. a. Rameaux rigides, finement pubescents (glabres en appa- rence). Feuilles à lobes arrondis, entiers, toujours ternées. Sépales longs de cinq à six millimètres, dépassés par la capsule à la maturité Stemodia Damaziana Bvd. b. Rameaux flexueux, veloutés, blanchâtres. Feuilles à lobes sublobés. Sépales longs de huit à neuf millimètres dépassant un peu la capsule à la maturité Stemodia lobata Sclun. XX Lèvre postérieure relativement étroite, subrect- angulaire; lèvre antérieure à lobes ovales lancéolés subobtus : le lobe médian un peu plus large que les lobes latéraux. Feuilles ovales-lan- céolées, atténuées à la base, subsessiles, de grandes dimensions. Sépales étroits et longs. Tube de la corolle globuleux à la base. Style court et trapu surmonté d'un stigmate en massue. Etamines égalant le septième ou le cinquième de la hauteur de la corolle Stemodia Chodati Minod. ] Fleurs n'atteignant pas seize millimètres de long. O Feuilles verticillées par trois. Plantes dressées de .mandes dimensions. X Lèvre postérieure beaucoup plus courte que la lèvre antérieure (la face interne du lube fortement villeuse à la base) Stemodia foliosa lientli. s (23) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 177 XX Les deux lèvres de la corolle égales. a. l'hmlc villeuse. Tube de la corolle sans constriction nié- diane, nervures interstaininales trifurquées 1res liaul Stemodia villosa (Benth.) Min. b. Plante modérément pubescente. Tube de la corolle forte- ment rétréci aux deux tiers de sa longueur. Nervures interstaininales normales Stemodia suffruticosa II. B. K. O O Feuilles opposées, plantes rampantes à allure de Micranlhemum Stemodia radicans Griseb. A _\ Fleurs disposées en épi ou concentrées vers le sommet de la plante en une inflorescence u spidforme Spicinorse - bracteolata? I. Plantes sensiblement glabres. a. Feuilles fortement engainantes, distinctement dentées Stemodia tetragona (Leliin.) Minod. b. Feuilles moins engainantes à peine dentées ou à bords presque entiers Stemodia palustris Saint-Hil. a. Feuilles un peu coriaces. Fleurs dépassant les bradées de l'inflorescence forma genuina Minod. (3. Feuilles minces. Bractées dépassant de beaucoup les fleurs forma salicifolia Minod. II. Plantes plus ou moins pubescentes. O Etamines postérieures plus courtes que les antérieures et insérées passablement plus liant que ces dernières. Feuilles linéaires très étroites. Plante extrêmement laineuse Stemodia scoparioides Hassl. et Minod. Feuilles ovales ou ovales lancéolées ordinairement auriculées. X Dents nettement écartées du bord de la feuille. * Préfeuilles dépassant souvent la longueur des sépales. Feuilles opposées ou verticillées par trois. Stemodia erecta < Itr.) Minod. a. Feuilles verticillées par quatre et cinq var. chilensis (Benth. > Min. ;::;: Préfeuilles plus courtes que les sépales (bractées florales semblables aux feuilles, deux fois plus longues que les fleurs qu'elles cachent en partie. Style épais à la base. Valves du fruit longues de quatre millimètres et demi) Stemodia bartsioides Benth. XX Dents s'écartant peu du bord de la feuille (brac- HUI.l.KTIX DE I.A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, xN"s 1-2-3-4, parus le .'il) Sept. PU.S. P2 178 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE ( w2 i ■> tées florales nettement distinctes des feuilles, égales aux fleurs qu'elles laissent bien visibles. Style minée à la hase. Valves du fruit longues de trois millimètres et demi) Stemodia lanceolata Benth. 1. Feuilles étroites, piaule élancée var. angustifolia (Chod.) Minod. 2. Feuilles larges, piaule ramassée var. latifolia (Chod.) Minod. OO Etamines postérieures plus courtes que les anté- rieures et insérées un peu plus haut que ces dernières. Préfeuilles presque aussi longues ou aussi longues que les sépales. (Feuilles auri- culées, orbiculaires, tout au moins celles de la base. Fleurs ne délias- sant pas ou dépassant à peine les bractées) Stemodia orbiculata Minod. O O O Etamines postérieures à peine plus courtes que les antérieures et insérées presque au même niveau. Préfeuilles plus courtes que les sépales de la moitié ou du tiers de leur longueur. Feuilles opposées plus ou moins engainantes. X Plante villeuse ou fortement pubescente, à inflores- cences denses, coniques, les fleurs ne dépassant pas ou dépassant à peine les bractées. Feuilles ovales acuminées. a. Feuilles assez grandes, un peu épaisses, à indu- ni, 'lit serré Stemodia hyptoides Ch. et Schl. b. Feuilles 1res grandes, minces, à indûment épars Stemodia pilcomayensis Minod. XX Plante à faible indûment, inflorescences moins denses, les Heurs épanouies dépassant de beaucoup les bractées Stemodia stricta Ch. et Schl. 1. Feuilles portant quatre à onze dénis de chaque côté varietas paucidentata Minod. 2. Feuilles portant sept à dix-huit dents de chaque côté varietas multidentata Minod. (125) M. M1N0D. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU HKMiK STEMOD1A Axillares Bracteolatse Stemodia tomentosa (Mill.) Greenra ri Thomps. Ageratum americaimm procumbens Gnaphalii t'acie, floribus ad foliorum noilos : Houstoun mss (ex Miller, I. c). - Erinus tomentosus : Miller, Gardeners Dic.ùionary, I (1731), Erinus 2. - Herpestis tomentosa : Chamisso et Schlechtenual, in Lunui'ii, V (1830), 106. -- Stemodia lanata : [Ruiz et I'avon, in Hh. DC. mss] Bentham, m DC, Prodr., X (1846), 383. - - Godman et Salvin, in Hk.msi.kv, Biol. centr. am., Il (1882), io'0. -- Coulter, Coll. PI. mnde by Nealley in the Reg. of the Mo (inm.de, Conlrib. U.S. Nat. Herbar (1890), 46; Bolanij of II'. Texas, id. (1891-1894), 310. -- Small, Flora S.-E. United-States (1903), 1063. — Stemodiacra tomentosa : Kuntze, Rev. gev. (1891), 4f)6. — Stemodia tomentosa : Greenmann et Thompson, Annals Missouri Bot. Gard., I (1914), 409. Fit;-. 10. — Stemodia tomentosa; C, la corolle, portant deux étamines abortives et deux fertiles; C, partie supérieure de la corolle, à plus grande échelle, pour montrer le détail des anastomoses entre les ramifications des nervures interstaminales ; S., semence à surface réticulée. Voir aussi fig. 4, II. Plante entièrement recouverte d'un tomentum blanc, surtout épais sur 1rs tiges, à la hase et sur la face inférieure des feuilles, notamment le long de leur nervure médiane. Elle est plus ou moins décombante ou même rampante, sans racines adventives. La lige couchée, épaisse au plus de deux inilimèlres, émet à chaque nœud un rameau dressé, dense- 180 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) ment feuille et généralement assez court; s'il s'allonge,son entre-nœud basilaire peut atteindre cinq centimètres, tandis que les entre-nœuds supérieurs sont toujours très courts. Dans quelques cas cependant. l'élongation est plus considérable (var. elongata de Moricand : Herbier Pavon !) ou, au contraire, très faible (var. abbreviata de Moricand : Berlandier, n. 208 !); il n'y a pas là, pensons-nous, autre chose que des états de croissance différents, conditionnés par le milieu, car nous avons trouvé (Pringle, n. 6642!) les deux extrêmes réunis sur un même échantillon. Les feuilles (1-4 X" mm.) sont sessiles et légèrement amplexicaules, ovales-lancéolées, acuminées, à base faiblement atténuée, dentées depuis le milieu jusqu'au sommet; les dents obtuses, un peu rabattues en dessous sur le sec et donnant ainsi à la feuille l'apparence d'être ourlée. Fleurs axillaires subsessiles à calice tomenteux, à corolle deux luis pins longue (neuf millimètres) que le calice, à préfeuilles d'un tiers pins courtes que les sépales. Le tomentum général est formé de longs poils, 1res nombreux, enchevêtrés, 1res fins, donnant à la piaule un aspect cendré passant au blanc vers les sommités et au gris à la face supérieure des feuilles. Les poils de l'intérieur de la corolle sont lins et peu nombreux, uniformément répartis à la partie inférieure du tube ; à la base de la lèvre postérieure sont groupés de gros poils unicellu- laires en massue. Cette plante présente un phénomène très général chez les Adenosma, très rare au contraire chez Slemodia: l'avortement d'une partie des étamines, le plus souvent deux, soit placées du même côté de la \\<'y\\\ soil les deux postérieures. Elle offre encore une particularité qu'elle partage avec l'espèce suivante [Slemodia Schotlii) , avec Slemodia Damaziana et avec bon nombre d 'Adenosma et de Limnophila, c'est que les dernières ramifications des nervures de la corolle s'anastomosent entre elles dans les lobes de celle-ci. A la déhiscence du fruit, le placentaire reste isolé au centre, entouré (\f> quatre valves, d'abord adhérentes deux à deux. Mexique : Tampico (Etal de Tamaulipas), sables de la plage SPringle, n. 6642 !, Berlandier, n. 208 ! . — Nueva Espana _ Pavon!]. — In low places (Small). — North Mexico, Reg. of San Luis Potosi, 6000 to . Boiss., I. III (1895), 453. -- Smith, in Pittier, Primitiœ jlorœ cortaricensis, II, Il (IS98), 178. — Stemodiacra angulata: Kuntze, Rev. gen., Il (1891), 466. Stemodia ageratifolia : Wright, in Sauvaij.e, Flora cubana (1873), 99. Examinées isolément, les trois plantes citées (soit : Stemodia jorul- lensis, Stemodia angulata et Stemodia ageratifolia), présentent, ;'i la vérité, des différences assez sensibles, niais entre elles les passages sont si nombreux et si complexes qu'il est impossible de les définir el de les maintenir en tant qu'espèces : si en effet, la plante de Humboldt el Bonpland possède des feuilles à dénis aiguës, qui semblent s'opposer bien nettement aux feuilles arrondies, à dénis obtuses, des plaides d'OEiiSTED et de Wright (auxquelles il convient d'adjoindre mie plaide récoltée par LÉVYdans une île du lac de Nicaragua), ces dernières, par contre, possèdent chacune un certain nombre de particularités qui les rapprochent à divers litres du Stemodia jorullensis II. I!. K. Ainsi le Stemodia angulata Oerst. en possède les sépales étroits el 1rs valves largement arrondies an sommet, mais par ses feuilles, il se confond avec les plantes de LÉvv et de Wright. Celles-ci paraissent identiques rntre elles, cependant la première seule est radicanle et ses sépales sont pins larges que ceux du jorullensis type. Ainsi, nous sommes [NX BULLETIN DE LA SOCIETE BOTA.MOIE DE GENEVE CM amené ;'i réunir les quatre plantes sous un nom spécifique unique, tout en reconnaissant qu'il s'agit d'une espèce polymorphe susceptible de se laisser diviser en un certain nombre de sous-espèces. Envisagée ;iu sens large, l'espèce offre les caractères suivants : les feuilles sont opposées, obovales à base tronquée, atténuée en un pétiole égalant le tiers ou la moitié du limbe. Les fleurs sont isolées ou géminées, à pédicelle long, mince, pubescent. Les quatre sépales latéraux sont Swiw» a mm. Fis' 14. -■ Stemodia jorullensis; I. ssp. genuina, à sépales étroits Si, S2, Sa; F., feuille. II. ssp. reptans, à sépales plus larges. S'i, S:; Sm., semences: a, échelle pour toutes les pièces à l'exception des stigmates et des semences; b, échelle pour les stigmates. Voir aussi fis»-. 1, FI. longuement atténués en pointe. Le sépale médian est linéaire et obtus: la corolle possède un tube fusifornie rende, soit vers le milieu, soit à sa partie supérieure, une lèvre postérieure émarginée ou légèrement bilobée, une lèvre antérieure trilobée à lobes latéraux ovales acuminés, à lobe médian lancéolé présentant un pli longitudinal qui le rend, en apparence, aigu et très étroit. Les poils de la corolle sont groupés au niveau de la gorge, à la base de la lèvre postérieure. Les étamines (35) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 189 antérieures, longuement arquées à la base, sont insérées au tiers inférieur du tube; le Blet est grêle, le connectif globuleux, les loges de l'anthère inégales et petites. Les étaraines postérieures, trois à quatre fois plus courtes que les précédentes, ont des loges égales et un peu plus grosses. La cinquième étamine est réduite à un rudiment puncti- forme. Le style est droit, mince, défléchi très brusquement en un stigmate oblique étroit, linguiforme, portant deux appendices très visibles sur ses côtés au point d'inflexion et un troisième appendice médian, entre les deux premiers, du côté supérieur. La face supérieure, creusée en gouttière et les bords libres du stigmate sont papillifères. L'ovaire renferme deux placentaires indivis. Les semences sont brunâtres, foncées. Par le lobe impair étroit de la corolle, par le stigmate étroit, allongé en languette, par les étamines antérieures à loges inégales, l'espèce est étroitement affine avec Stemodia tenuifolia. Elle en diffère par les dimensions plus réduites de ses Heurs et de ses fruits et par la longueur des pédicelles. Subspecies GENUINA (II. IL K) Minod. Limbus 5 mm. latus, (.i mm. longus; pedicellum + \ 0 mm. longum. Calyx lobis augustissimis : late- ralibus 4,5 mm. longis 0,25 min. latis longe subulatis; medio 5 mm. subaequali obtusato. Corolla (expansa) 2 Va mm. lata, 7 mm. longa. Fructus valvis latissime apice rotundatis, dehiscentia loculicida imperfectissiina. Subspecies AGERATIFOLIA (Wright) .Minod. Folia ovato-cordata obtusa v. suborbiculata, basi breviter attenuata, dentibus obtusis sœpe denticulo minore comitatis. Pedicelli filiformes 13 mm. longi. Calyx segmentis lateralibus 4 min. longis, 72 mm. latis, subulatis, segmento medio obtuso lineari. Corolla (expansa) 7-S mm. longa, 31/2inm. lata. Capsula valvis quam in prasceden- le subspecie angustioribus minusque apice ro- tundatis. Subspecies REPTANS Minod. Caulis primarius I mm. crassus, periderinate grosse longitrorsum nervato, radiées adventivos, tîbroso-ramosos pro- ducens, internodiis ina3qualibus sati^ brevibus. Ex ejus nodis oriuntur caules erecti 5-10cm. longi, pubescentissimi, pilis argenteis caulium diamelrum sequantibus vel superantibus. I'oi.ia opposita latissima ovato-cordata obtusa vel suborbiculata, basi breviter in petiolum limbi dimidiam longitudinem a?quantem s. superantem Fig. 15. Stemo- dia j o ru llensis ssp. reptans: femlle. 190 BULLETIN liK LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE l>K GENÈVE (3(>) attenuata, dentibus obtusis sa3pe denticulo minori comitatis, nervis optime conspicuis, pilis paginse superioris longis haud numerosis porro proeumbentibus, pagina inferiore grisea. Flores solitarii vel gemini, pedicello filiformi pnbescente, 13 mm. longo, bracteolis nullis. Calyx segmentis lateralibus i mm. longis, V2 """• latis, subulatis, segmente medio lineari obtuso. Corolla (expansa 7-8 mm. longa, 3 x/2 mm. lata) tubo fusiformi-inflato, lobis ô subsequalibus, ovato-lanceolatis in labium anticum trilobum et posticum emargihatum dispositis. l'ili in corolla ad faucis altitudinem glomerati, labio postico subjecti. Stamina antica ad basin longe arcuata 4 mm. longa, ad l/3 tubi altitndinis inserta, filamentis gracilibus, connëctivo globoso, loculis parvis. Stamina postica I mm. longa, loculis majoribus. Stamen quintum in rudimentum stamiriodiale reductum. Stylus rectus, stigmate stricto utrinque leviter appendiculato. Capsula stricta, valvis apice longe acuminatis, placentis 2, seminibns obscuris cylindrico-globulosis \. ovalis. Aire géographique. - Sons les différentes formes décrites ci-dessus, l'espèce possède une extension assez vaste embrassant le .Mexique méridional, Cuba et l'Amérique centrale. Mexique : S. Andres Taxtla Seler, n. 4984!]. — Locis asperrimis in radicibus montis ignivomi Jorullo, ail. 490 hex II. B. K. : floret septembri : Subspecies genuina. — Cuba : En las margenes de los arroyos en bosipies sombrios; Luis Lazo y Arroyo-Hondo : jurisdiccion de Pinar de] Rio Wright, ii. 2993!] : Subspecies ageratifolia. — Guatemala : In dept. Escuintla in area Finca los Diamantes prope S. Andres Osuna Seler, n. 2414 a]. — Locis apricis, Chojaja p. Mazatènango [Bernouilli, n. 65!] : Subspecies genuina. -- Nicaragua : Ile d'Omatèpé, mes du village de Moyagulpa, ail. 40 m. LÉVY, n. loi ! : Subspecies replans. - Costa-Rica : Près de Cartago (Oersted, A. Tonduz, sub Stemodia angulata). — Panama, bords de la route de San José de Costa-Rica au Sapota [Tondu/., ii. 72'.)3 (ex Smith) . — In .Monte Agvacato [Typus ! Oersted, sub Stemodia angulata : Forma inter ssp. genuinam et q '.- .2? ^ •s r u as i T 2 2; Q.-CD S i » .(D 5 5 rt "*■ ~ en — J- 4> - ■o " -s -a o a * g S s. -s :Z 3 s r «> ~ c — o 2 g"* *_ « r: ces c 4. I. ncée enco r 3 ~ - c - — D — « -C, ci -, te S û^! CD' - H3 ©*- - ? — i /. * « :S +f © t-a-CC CD 03 «Œ - i — '— es &t +j ^ ^ et CD ■*-< ci ^ 1.& S ™ " i 3 Bt C> O ^) - CS — S ■ S 5 r; es o , - -i-' _ O t, ,25 © — X c 3 « CD .. j">, i— i a., c l'o\ une g - -y. - ■d fl S S-N as.. rant atiq : la ppé Sa s 3 s rt mac hém mit vélo .befl w 00 «^ - &« Q cpt!«i o — ^ e - .. cd ™ c/: S g g g "o S ,«9 -" s u' i » 2 '•£ S S * .5 S| O .Z 3 3 «a s: -r cas '-l Q.-CD * , 3 & 5 & 192 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (38) des corolles. Les tiges sont dressées, très élevées eu général, cylindri- ques, pubescentes, hautes d'un à deux mètres. Les feuilles opposées, ovales, minces, atteignant jusqu'à six centimètres de long et trois centimètres de large, ont des dents obtuses; elles sont entièrement parsemées de poils qui se rapprochent beaucoup sur les bords des dents. La face inférieure ne porte guère de poils que le long des ner- vures qui sont bien visibles mais peu saillantes. Les fleurs sont insérées par groupes de trois à quatre à l'aisselle de chacune des feuilles. Leur pédicelle atteint cinq centimètres ; leur calice huit millimètres et leur corolle deux centimètres. Cette corolle possède des lobes très larges à l'exception du lobe médian qui est ovale. Les étamines postérieures. 1res courtes, sont insérées beaucoup plus liant que les antérieures. Ces caractères se retrom enta peu de chose près chez Stemodia pedunctilaris. Cependant, les deux espèces se distinguent nettement par le fait que chez Stemodia macrantha, il existe de larges zones longitudinales dépourvues de nervures, s'étendant entre les points d'insertion des étamines et les échancrures qui séparent les lobes. L'intérieur de la corolle est tapissé de poils lins dans toute la partie inférieure du tube, au-dessous des étamines el de poils plus forts, en massue, au niveau de la gorge, à la base de la lèvre postérieure. Mexique : Etat de Michoacan, chute du Tzararacua, quatre mille pieds (treize cents mètres environ) Pringle, 10356 ! . Stemodia peduncularis Benth. Stemodia peduncularis : Bentham, in D. G.., Prodr., X (1846), 382. - Stemodiacra peduncularis : Kiwtzk. Rev. gen., II (1891), 166. Cette plante a une corolle qui correspond 1res exactement à celle de l'espèce précédente. Elle en diffère principalement par les feuilles dont le développement est beaucoup moins considérable (longueur du limbe deux centimètres et demi à trois centimètres, largeur ± un centimètre et demi, longueur du pétiole, cinq millimètres). Les pédicelles ne dépassent guère quatre centimètres et demi. La fleur est à peu près de même dimension, mais un peu plus étroite. L'indument des feuilles est plus fin et plus régulier. Le stigmate, très large, est flanqué de deux appendices latéraux assez proéminents. Fleurs blanches, fleurissant en décembre. -- Mexique : pr. Vera-Cruz [Sumichrast, n. 932 !, Purpus, n. 5874 !, Galeotti, n. 1024 ! : endroits humides, à trois mille mètres . — Prov. Miradores Linden, n. 10U8 ! . - - Guatemala : Chojaja pr. Ma/.alenango, locis apriçis Bernouilli, n. 64! : forma typo villosior et pedicellis brevioribus ! . (391 M. MINOD. CONTRIBUTION A L ETUDE 1)1' GENRE STEMODIA 193 Stemodia pusilla Beuth., non Rusby Stemodia pusilla : Bëktham, Holany <>/ llm voyai/e of H. M. S. «Sulphur» (1844), 144. - h»., in D C, Prod., X (1846), 381. - Godman et Salvin, in IIkmsi.ky, BioloÇfin ceidriihamcncaini. Il (1882), \'M. — Hrandegee, Addit. Flora o/ the (Jupe Région <»/ Baja California, 11, in Zoe, IV (1894), 405, n. 773. — Smith, limimenitio Planlarum Guatemaliensium, VI (1903). 29. — Stemodiacra pusilla : Kuntze, Rev. Oen., Il (1891), 466. Plante à tige principale plus ou moins rampante. Racine pivotante, passablement ramifiée et fibreuse. Les tiges secondaires nombreuses, simples ou modérément ramifiées, sonf grêles et atteignent quinze centimètres de hauteur. Les feuilles sont fort semblables à celles des espèces précédentes, mais en moyenne beaucoup plus petites. Longueur du limite cinq à sepl millimètres, largeur trois à quatre millimètres. Fig. 17. — Stemodia pusilla: Si, le sépale médian, long et obtus; Ss, l'un des quatre sépales latéraux. Les entre-nœuds mesurent deux à trois centimètres. Les fleurs ont une corolle de huit millimètres de hauteur, remarquable par le (ait «pie tous les lobes sont émarginés. Les quatre étamines sont insérées exactement à la même hauteur; les anthères des étamines antérieures sont beaucoup plus petites (pie celles des élaniines postérieures. Le sépale impair est plus long que les autres, linéaire et obtus comme nous Lavons déjà vu chez plusieurs des espèces précédentes. Le stigmate est large. Californie : « Plants less dense and plaids less hirsute Ihan spécimens l'roin California. Seen onlj in San Bernardo Canon, w hère it IU l.i lïTIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE l>K GENÈVE, .\os l-^-.'i-'l , liai'US le 30 seill. 1918. 13 loi 94 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 40) maj hâve been introduced». - Mexique : Prope Tepic Barclay (ex Benth.). — Guatemala: Chojaja, near Mazatenango Bernoi 11,1.1 (ex Godm. et Salvin). - Cubilquitz, Départ. Alla Verapaz, altitude 350 mètres v. Tûrckheim] (ex Smith). Nicaragua : Chontales Tate, n. 22:i, Herbier Kew] (ex Godm. et Salvin). Observations: La plante récoltée par Banc eu Bolivie n. 1388 et décrite par Rusby1 sous le nom de Stemodia pusilla, n'appartient pas au genre. L'absence de fleurs sur les exemplaires mis à notre dispo- sition, ne nous a pas permis de préciser d'une façon certaine la place systématique qu'il convient d'attribuer à celte plaide dans le groupe des Stémodiées : son fruit, par son mode de déhiscence, est identique à celui des Limnophila et rappelle celui de Lendneria, dont la plante s'écarte d'ailleurs par sou calice ^l\\nv. à sépales larges, à marges subhyalines et pour son habitus. Stemodia micrantha Brandeg. (non Benth.)2 Stemodia micrantha: Brandegee, Plantœ mexicanœ Purpusianœ, VI. in Univ. Calif. publ. Bot., VI. n. 4 (1914), 63. Plante de petite dimension, à tige grêle, flexueuse, portant de longs poils argentés qui se retrouvent sur les feuilles. Celles-ci son! ternées, opposées d'après Brandegee, de forme semblable à celles de Stemodia jorullensis ssp. ageratifolia, mais de dimension beaucoup plus réduite. D'après l'auteur, le calice est deux fois plus court (quatre millimètres) que la corolle. Les Heurs de notre exemplaire n'avaient pas atteint leur développement complet. (Test pour- quoi, dans notre figure, la corolle est représentée comme plus courte que les pièces du calice, qu'elle n'arrive à dépasser qu'à son entier épanouissement. L'espèce ne se rattache intime- ment à aucune autre. Rappelons néanmoins que Stemodia jorullensis, Palmeri, humilis, etc. possèdent comme elle des anthères à loges très inégales. Mexique : Cerro de Tonala, Chiapa Purpus, 11. 6806! . Typus in Herb. Univ. Calif. sub. n. 1724X7. 1 Rusby. An Enumeration of the Plants collected in Boliv. by Mig. Bang. in Memoirs Bot. Torrey Club. VI, I (1896), 93. 2 Stemodia micrantha Benth. Scroph. ind. (1835). 23 et in Wall. eut. (1827), n. 3936 = Limnophila micrantha. Fi»-. 18.— Stemodia micrantha, jeune fleur. I il ) M. M1N0D. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE 1)1 GENRE STEMOD1A 195 Stemodia Palmer] Gray. Stemodia Palmeri : A. Hray, in Proceed. Amer. Acad., XXI » 1 886) , 403. - Kosr, Coutrib. Nul. Herbar., I. IV (1891), 109. riante dressée ou à rameaux flexueux, portanl un iiuliiiiienl 1res lin et à peine visible à l'œil nu. Les feuilles sont opposées, jamais ternées, presque glabres, à serrature double, à luise tronquée, portées par un pétiole égalant la moitié du limbe. La corolle ressemble beaucoup à celle iln Stemodia humilia, mais elle est deux fois plus petite dans tous les sens. De plus, les élaïuines antérieures sont insérées un peu au- dessous des postérieures. Les sépales sont recouverts de poils très courts, ce qui les distingue à première vue de ceux de Stemodia humilis, neglecta, jorullensis, tenuifolia et espèces affines. Les loges des anthères sont inégales, d'après Rose, caractère que nous avons observé chez Stemodia humilis, Stemodia jorullensis, Stemodia micrantha, Stemodia pusilla, Stemodia neglecta. Le seul exemplaire de l'espèce qui soit entre nos mains, a été récolté par Palmer en 18UI et porte le numéro 1615. Il concorde avec la description originale de Gray par tous ses caractères, à l'exception de la longueur des pédicelles. Cet auteur indique qu'ils sont égaux au pétiole alors que sur notre échantillon ils atteignent le douille ou le triple de cette longueur : Mexique : Pr. Batopilas, shaded grounds Palmer, n. 221 : Corolle pourpre à gorge jaune ; n. 250 : corolle blanche .-- Lodiego Palmer, n. 1615!]. - Near Alamos, on a rocky ridge in Ihe sliade [Palmer, n. 321 et 727 : Corolle pourpre foncé . Stemodia neglecta Minod, n. sp. Çaulis erectus cylindricus dense pubescens, pilis crispulis, paulo ramosus, ramis erectis; intemodia variabilia 12-30 mm. Folia opposita vel ternatim verticillata, parte superiore triangulari dentata, dentis obtusis, margine in sicco revolulis, basi laie cuneata, breviter in petiolum 5 mm. longuin, attenuata, nervis pagina inferiore prominulis pilosis. Indumentum limbi non densum uniforme. Flores axillares solitarii, 3-6 mm, pedicellati, pedicellis et calyce dense pilosis, calycis laciniis subulatis; corolla 7-8 mm. longa, calycem ' 3superante. Corol- le tubus ampliatus ; LABIUM ANTICUM trilobum, lobis late l'otundatis ; labium posticum emarginaluui, lobis duo obtusissime acuminatis. Stamina antica posticis vix duplo majora, antheris parvis, tubi V4 inserta. Stamina postica antheris majoribus paulo altius inserta. H M» BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (4-2) Ovarium ovatum; si vus rectus, in stigma foliaceum latum inflexus. Fructus valvis acuminatis, calyce V3 minoribus. Semina parva, nume- rosa, fusco flava. Fig. 19. — Stemodia neglecta Nueva Espana Pavon !].' Ottc espèce ressemble à s'y méprendre à Stemodia jorullensis. Elle en diffère néanmoins par l'insertion des étamines et par les valves du Fig. 20. — Stemodia hutnilis. Disque bien apparent à la base du pistil. Voir aussi fig. 5. fruit qui sont aiguës et non largement obtuses, par le stigmate large e par l'indument du calice, beaucoup plus dense et régulier. ilî) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 197 Stemodia humilis Minod, n. sp. Capraria humilis : Pavon, mss. in herbario p. p. Caulis erectus, simplex vel rainosus, ia mis proruinbentibus ; indu- mentum caulium dense, pilis tenuibus; internodia 2-4 cm. Folia opposita, parle snperiore triangulari-lobata, lobis obtusis dentibus ininoribus acutiusculis comitatis basi cuneata in petiolum limbo fere aequilongum attenuata; limbus tenuis, viridis ; indumento raro. Flores axillares, omnium foliorum axillo inserti, pedicellis usque ad LJ> mm. longis, lilil'ormilms irregulariter arcuatis. Calyx pubescens, segmentis linearibus subulatis obtusis. Corolla tennis l(t-ll mm. longa, calyce -2 l/2 plo longior, tubo obconico, labio antico trilobo patente, labio postïco emarginato. Stamina fere sequilongia, filamento tenuissimo, omnia ad tubi V:î inserta, antica loculis antherarum subcontiguis hue- qualibus, postica loculis inap.qualibus connectivo bifido insertis valde discretis. Stylus filiformis in stigma spathulatum ampiiatus. Fructus? Nueva Espana :* I'a von, s. n. ! . A Stemodia Palmeri, cui affinissima, foliis, lloribiis ininoribus prsecipue differt. Stemodia Damaziana Bvd. Stemodia Damaziana: Beau- verd, in Bull. Herb. Huissier, sériel!, VII (1907), 151, fig. V. Plante décombante à gran- des feuilles et grandes fleurs. Les feuilles présentent une particularité très rare dans le genre ; elles sont lobées, à lobes 1res régulièrement arrondis et 1res larges. Les feuilles sont verticillées par trois tandis que chez Stemo- dia macrantha el Stemodia peduncularis , qui possèdent également de grandes fleurs, les feuilles sonl opposées. Mais, tandis que ces deux espèces sont extrêmement affines par fous leurs caractères, le Stemodia Damaziana se distingue à première vue par ses organes végétatifs. Il va ordinairement une Heur à l'aisselle de Fig. 21. — Stemodia Damaziana des deux éta- iniiies de gauche ont été enlevées). Voir en mitre les dessins publiés par Beauvebd. 1. e. 198 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (U) chaque feuille. Le pédicelle mesure environ vingt millimètres ; il est recouvert de poils extrêmement petits. Les fleurs ont environ dix-huit millimètres de longueur. Le calice est remarquable par la largeur de ses sépales, qui atteint un millimètre et demi, lundis que leur longueur ne dépasse pas quatre millimètres et demi. Les lobes de la corolle sont très larges comme chez les espèces précédentes, mais le tube est beau- coup plus régulièrement évasé et la corolle rappelle de ce t'ait celle de Stemodia Schottii et de Stemodia tomentosa. La ressemblance est encore accentuée par la présence, chez Stemodia Damaziana, de quelques anastomoses entre les dernières ramifications des nervures interstami- nales; en revanche, l'absence de préfeuilles, la longueur des pédicelles et des pétioles ne permettent pas de rapprocher Stemodia Damaziana des autres espèces citées. Les étamines sont insérées toutes quatre sensiblement à la même hauteur, tandis que chez Stemodia macrantha et Stemodia pedaneulari.s, elles le sont à des hauteurs 1res différentes. Chez les trois espèces, le connectif est globuleux; mais ici, le filet des étamines postérieures est beaucoup plus long. Le fruit a quatre valves très larges, à sommet obtus ou faiblement acuminé. Fleurit de décembre à mars. Brésil : Morro de S. Sebastiao [Damazio, n. 294!, unieuiii in Herb. BOISSIERÎ. Stemodia lobata Schm. Stemodia lobata : Schmidt. in Martii s. Flora brasiliensis, VIII. I (1864), 299. A en juger d'après la description de Schmidt, cette espèce serait très voisine de la précédente avec laquelle elle correspond par les caractères suivants : dimension des feuilles, i\\\ pétiole, du pédicelle, delà corolle et de l'ensemble de la plante; forme de la feuille, des sépales et de la corolle; longueur du style par rapport aux étamines et à la corolle; couleur et consistance de la feuille. Elle en diffère, par contre, par les rameaux flexueux et non rigides, veloutés blanchâtres et non finement et faiblement pubescents, par les pétioles tomenteux, par la serrature («créais sub lente crenulatis » ) , par la longueur des sépales (quatre lignes au lieu de deux et demi) et le rapport entre ceux-ci M. .MI.Mil». CONTfUBUTlOJN A L ÉTUDE M' GENRE STEMODIA 199 Stemodia Ciiodati * Minod, n. sp. Radix... Caulis erectus, longitrorsum sliïalus, pubescens, 3-4 mm. crassus. Folia Lisque ad 6 V? cm. Iqnga, 2 cm. lata, subsessilia, ternata, ovato-lanceolata, h;isi attenuata, pagina superiore bullulata, puberula pilis minimis, marginibus dentatis dentibus rotundatis vel ohtnsis, pagina infèiïore subglabra. Flores pedicellati, pedicello 15 mm. longo. Sepala 11 mm. longa, V2 1,im- 'al;i> subulata. Corolla I" mm. longa, basi globosa, in média parte constricta; LABIÛM ANTIGUM llïloblim lobis late- ralibus ovatis lanceolatis acuminatis, lobo medio latiore ovato vix acumi- nato. Labium posticum rotundatnm \i\ emarginatum. Stamina antica longiora altius insertaquam postica, quorum filamentum crassius. Ova- rium ovatum. Placenta 2 bifidse. Stylus crassus in stigma clavatum apice incrassatum. Fructus? Habitat Peruviam, Prov. de Cha- chapogos Inf. Cette espèce est nettement aberrante dans le genre. Par ses feuilles, elle rappellerait passablement celles qui vont suivre, mais la disposition des étamines est toute particulière, car chez les autres Stemodia (excepté cependant chez Stemodia Dama&iana et Stemodia suff'ruticosa), les étamines les plus longues sont insérées le pins lias. Ici, c'est le contraire qui a lieu. De même, les lobes acuminés de la lèvre antérieure uni une forme anormale. Enfin le stigmate en massue est unique dans tout le groupe, lue étude plus approfondie amènerait peut-être à faire de cette espèce un genre nouveau. Malheureusement, nous n'en avons entre les mains qu'un échantillon unique, dépourvu de fruit et ne portant (Tailleurs aucun nom de collecteur ni aucune date. Fis. 22. — Stemodia Chodali. Stemodia suffiîuticosa II. B. K. Stemodia suffruticosa : Humboldt, Boxpland et Kunth, Nov. Gen., II (1817), 287. — Kunth, Synopsis, II (1823), 118. — Sprengki., Systenia (182o), 810. - Chamisso et Schlechtendal, m Linnœa, III (1828), (5. - - G. Don, Gen. Syst. (1838), 541, n. 18. — Bentham, Plantée Hartivegianœ (1839), 147. -- Walpers. ' Eo-regio Doctori Roh. Chopat dedicata. 200 liULLETIN DK LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE 1 16 1 Itepert, III (1845), 26'V -- Bkntham, in DC. Prodr., X (1846), 382. — Erbera «IGevaeut, Bull. Soc. roy. Bot. Belg., XVII (1878) 222. — Stemodia frutescens : Ueichenbach, Horttts botanicux sive Botanica exolicu. I (1827), III. -- Unanuea febrifuga : Ruiz el Pavon, Icon. ined. (ex Benth.). - Unannea febrifuga : Steudel, Nomenclator, II (1841), 729. — Stemodiacra suffruticosa : Kuntzk. liev. Gen., II (1891), 466.- « Stemodiae » [= Valeriae!] trifoliatse liane speciem auctores plures non jure similem liahenl : Sphk.ngki., Walpehs, Kkichenbach. Cette espèce, dont la suivante a été jusqu'ici considérée connue une variété, s'en distingue cependant d'une façon suffisamment nette, pat- son indûment, par s;i corolle, moins longue et plus évasée, à lobes plus arrondis, par son calice à segments plus étroits et par les nervures interstaminales normales. C'est une plante dressée, rameuse, de Fig. 23.— Stemodia suffruticosa: Fr., fruit encore surmonté du style; V., une des valves du fruit et coupe de celle-ci ; I., déhiscence loculicide du fruit : II., déhiscence septicide : par ces deux déhiseences successives, la colonne placentifère se trouve divisée en qua- tre placentaires distincts. s-s\ plan septal. grande dimension, à rameaux très ouverts. Les entre-nœuds de la lige principale atteignent cinq centimètres, taudis que ceux des rameaux sont beaucoup plus courts et dépassent rarement quinze millimètres. Les feuilles à pétiole très court (deux millimètres), sont ovales-lancéo- lées, à bords faiblement dentés et repliés en-dessous sur le sec. La surface du limbe est irrégulièrement bullulée, spécialement chez les feuilles adultes et les nervures, bien visibles, y apparaissent en creux. La longueur du limbe est de trois à quatre centimètres; sa largeur de quatorze à dix-sept millimètres. Os feuilles sont très régulièrement ternées; à l'aisselle de chacune d'elles sont insérées deux à trois fleurs, à pédicelles longs de cinq à six millimètres. Andes de l'Equateur et du Pérou : lu Andibus Ecuadorensibus IL (17) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 201 Spruce, h. 5966!].-- In raontibus Loxa Hartweg, ii. 819!]. — Inter pagum Ona et (lumen Saraguru in regno Nova Granatensi, ait. 4200 hex. (ex II. I!. K.). - jAMESONr Mathews, h. 1533 et 3142 . - Herbier Pavon (Nueva Espana) ! In montibus Paccha Hartweg (ex Bentham,1.c, I«s:{(.)i.- MiERS,n.3018 ! ,ped.usq.ad I 1-12 mm. long. Forma dentata Minod. - Foliis ovatis dentibus majoribus interno- diis majoribus, pedicellis 11 mm., fructu globuloso majore. In Andibus Ecuadorensibus I». Spruce, ii. 5066 !]. Stemodia villosa Minod Stemodia suffruticosa II. B. K., var. villosa Bknth. miss, in herb. liAinx ?... Caulis erectus ramosus, 40 cm. et ultra altus, :!-:J),r> min. crassus, |>ilis robustis crispulis breviter tomentosus, demum subcalva- Ins. striatus; rami adscendentes, paniculam formantes, juniores dense villoso-subtomentosi; internodia caulis primarii 7-8 cm., ramorum 2-.") cm. Folia rhomboidalia petiolo vix 2-:> mm. loup» crassiusculo insidentia, limbo basi breviter curieato, altéra parte majore triangulari acuta, crenato-dentata, dentibus brevibus obtusiusculis in sicco ni revohttis Qiargine,' textura sat cras- siuscula nec herbacea, adulta supra mgoso-bullulata, juniora keviora et dense tomentosa, dein magis rugosa i'l margine distincte scabra, pagina inferiore simili nervis pennatis ad- scenclentibus inconspicuis, 26-30 mm. longa, 11-13 mm. lata 3-natim ver- ticillata. Flores axillares solitarii vel 1-3 fasciculati, pedicellis 7-12 mm. longis, tenuibus subfiliformibus cris- pulo-hirsutis vel tomentellis, pilis diametrum 2-:}-p!o superantibus. BRACTEOL^nullœ.CALYXjunior dense tomentosus; sepala lanceolato-linearia 5-pio longiora quam lata, pilis in marginibus diametrum sepalorum sequantibus vel superantibus, subœqualia, 6-7 mm. longis 1-5 mm. latis. Corolla valde exserta 7-9 mm. longa, expansa circa duplo longior quam lata, extus puberula nec tomentosa, tubo subcylindrico non ampliato; nervi interstaminales sal procul a basi, supra Y9-1/5 corollœ longitudinem, trifurcati, ramis erectis nec adscendentibus ; nervi staminales simplices sicut in céleris Fig. 24. Stemodia villosa. -20-2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4-8) speciebus. Stamina ad médium corollae i. e. ad 2/"' tubi inserta glabra, inaequalia : superiora breviora, filamentis quam antherce fere duplo longioribus, connectivo distincto ramis tenuibus brachiatis; inferiora longiora, filamentis quam antherse 4-plo longioribus ; stamino- (liiim filiforme variabile brève. Ovarium glabrum. Stylus subaequalis, apice in stigma foliaceum explanatum deflexus. Habitai in Andibus ecuadorensibus, 1. non addicto Spruce (1857- 1859), n. 5967 !, in Herbario Boissier-Barbey . Cette plante, bien caractérisée comme espèce distincte, présente dans quelques-unes de ses fleurs des anomalies dans le nombre ri le développement des pièces Morales des divers verticilles : nous avons trouvé par exemple six sépales, six à sept lobes à la corolle, cinq à sept étamines plus ou moins parfaitement développées, il est possible que celle plante soit un hybride de Stemodia suffrutico&a avec une autre espèce qu'il serait du reste malaisé de désigner plus explicitement. Celle hypothèse permettrait d'expliquer les anomalies de structure de la plupart des Heurs, niais elle demeure, jusqu'à plus ample informé, une simple vue de l'esprit. Stemodia foliosa Benth*. ? Matourea pratensis v. guyannensis K Aublet, Hist. pi. Guyane franc., Il (I77.*i), 641, t. 2.')!''. — Stemodia foliosa : Bentham, in Hooker's, Journal o/ Uotany, Il (1840), 46. - Wai.pkrs, Repert., III (1845), 269. -- Bentham. in DC. Prodrl, \ (1846), 382. -■ Schmidt, ni Martius, Flora brasil., VIII. I (I86i), 297. — Stemodiacra foliosa : Kuntze, Revis. Gen., Il (1891), 466 et III. Il (1898), 239. 1 Le nom de Matourea a subi des vicissitudes nombreuses; en voici le résumé : Aublet (1775), décrit et figure une plante ayant tous les caractères de Stemodia foliosa, mais avec un calice à quatre pièces. — Gmelin orthographia « Maturea Scopoli (1777), remplace le nom par celui de «Dickia . indique le calice comme ayant cinq pièces, mais les autres caractères cités (Antherœ quinœ, uno filamento sustentâtes. Bacca trilocularis, trispei'ma, semina ad basim anllata) ne conviennent pas au genre Stemodia et ne correspondent pas à la diagnose d'AuBLET. - Neckek U790), reprend cette dernière telle quelle, mais substitue le nom d'Angervilla à celui de Matourea. -- Reichenbacb (1828) et Bartling (1830), indiquent : Vandellia R. Br. = Matourea Aubl. — Signalons que Spach (1840), admet, comme Pfeiffeh le fera après lui, la synonymie de Matourea avec Mecardonia, mais il attribue ce der- nier genre à Martius! -- Walpers (1845), indique comme synonymes : Matourea pratensis Aubl. = Herpestes pratensis Benth. == Vandellia Vahl, Willd. - Bentham. qui avait d'abord fait de Matourea une section du genre Herpestis (idée qui sera reprise par Pfetffer, en 1.S70. ce dernier ajoutant connue synonyme Mecardonia Hz. et Pav., plante décrite comme ayant deux préfeuilles caduques, trois sépales larges et deux étroits!), Bentham, puis avec lui. Hooker, admettent que Matourea — Stemodia foliosa (1840. 1876). -- Bâillon (1886). fait de Matourea un synonyme de Beyrichia ou de Achetaria Ch. et Schl. Ailleurs (art. Otacanthus), il orthographie par erreur Matelea (ex Taubert). — A côté de ces divers auteurs, citons ceux qui se sont bornés à admettre purement et simplement le genre créé par Aublet, comme Meisner (1843) ou G. Don (1837), ce dernier lui attribuant trois espèces. ■- Von Post et Kuntze reprennent le genre avec sa diagnose initiale (calyx i-fldus) et en font, avec doute, une des sections de leur genre Stemodiacra (1904). I 19) M. MIN0D. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEM0D1A 203 Plante dressée, à entre-nœuds assez allongés (jusqu'à six centimètres) à feuilles [)éli(ilées lernées. A l'aisselle de chaque feuille se trouve rarement une Heur unique; plus souvent un rameau secondaire por- tant jusqu'à quinze ou vingt fleurs disposées par verticilles de trois à l'aisselle de feuilles réduites et donnant l'apparence générale d'un épi. Ces Heurs sont brièvement pédicellées, trois à quatre millimètres. dette tendance à la formation d'inflorescences spiciformes se retrouve chez les espèces précédentes avec lesquelles foliosa forme un groupe 1res naturel. La corolle présente une disposition très particulière : la lèvre postérieure esl extrêmement courte par rapport à la lèvre anté- rieure. Celle-ci est formée de trois lobes très larares et fortement émar- Fig. 25. Stemodia foliosa: C, corolle entière; Fr., fruit, face antérieure et face latérale: déliisceuce seuticide. ginés et le lobe médian dépasse passablement les deux autres. Les ('lamines antérieures assez longues, les postérieures deux fois plus courtes et la cinquième rudimentaire sont toutes insérées sensiblement au même niveau. L'intérieur du tube esl tapissé de poils extrêmement denses disposés, ;'i partir de l'origine de la nervure interstaminale antérieure, en divergeant jusque vers la hase des deux (''lamines posté- rieures. En outre, il se trouve un groupe de poils en massue, immé- diatement au-dessus de la cinquième étamine rudimentaire. Guyane britannique : (Bentham, 1840). ? Guyane française : (Aublet). — Brésil : près de Bahia et de Pernambouc : Blanchet, n. 348!, 407! 2156!, 95!, 29! (11. bleues), 3056!-, 848!, 1226!, 3989 (Moritaba : forma foliis maximis usque ad s cm. longis, 3,5 cm. latis)]. 204 IJULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIOUE DE GENEVE 1 51 ) . [Martius, ii. 643!]. — [Gardner, h. 1093! (Mont d'Organ), 898]. - Saltzmann, n.i09! (inaridis), s. n.! (environs de Bahia), s. n.! (Bahia in collibus)]. — [Lhotsky, s. n.J. — Sumpfe hei Maracâs, Estado de Bahia : Ule, n. 7230! Entre Pomba et Catagnas, dans le bois, environs de Rio de Minas. [Glazion, ii. 13105!]. « In sylvis sestu aphyllis Catingas dictis inter Malhada et Caitetè prov. Bahiensis; in sabulosis ad Serra dos Montes Altos prov. Bahiensis : Martius; alibi in prov. Bahiensi : Luschnath. Ad Tamburil et Valo, pro\ . Minarum reg. orient.; Prov. Vidensis, Gardner, ii. 898 et 1093. In prov. Goyaz ad praediuni Manoel Jésus : Pohl» (Ex Schmidt, I. c). - - Bolivie : Prov. Velaseo (ex Kuntze, I. c, 1898). Stemodia radicans Griseb. Stemodia radicans : Griskbach, Catalogus plantarum cubensium (IS(iii), 182. riante rampante à allure de Micranthemum. De la racine principale pivotante, mince, partent ordinairement deux tiges opposées très grêles, portant aux nœuds, espacés d'un centimètre environ, de petites racines adventi\es ramifiées. A charpie nœud est insérée une paire de Fig. 26. — Stemodia radicans : l'échelle n'est pas valable pour le stigmate et la coupe de l'ovaire. feuilles snhsessiles. Les fleurs sont isolées et peu nombreuses. Les feuilles très petites, arrondies, faiblement acuminées, portent de une à trois dents obtuses sur les côtés. Indûment faible sur la tige et à la l':tri' supérieure des feuilles. Nous n'avons pu examiner la fleur com- plète, par suite de l'insuffisance de notre matériel. Le calice a des pièces larges; le stigmate est extrêmement petit, mais il appartient (51) M. M1N0D. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODJA 20i) bien au type Stemodia, de même que le fruit. Cependant, celte plante, qui mériterait une étude |»lus complète, nous paraît aberrante par son habitus. Grisebach pense qu'elle pourrait être considérée comme voi- sine des Conobea, à cause de ses anthères et de la déhiscence anormale, d'abord loculicide, de la capsule. Cuba : Partie occidentale Wright, n. 3006! . Dans les savannes, près de Hanabana Wright, a. 1865 , (ex Grisebach, I. c). Spiciflorae bracteolatse Stemodia tetragona (fcefem.) Minod Gratiola tetragona : Hooker, in Bolanical Magazine (183ÎSS), t. 3134 (non Ei.liot. Sketch, I (1821), 15, nec G. Don, I. c, Gratiola, a. 9 = Ilysanthea (jratioloides, ex Kew lnd.). Stemodia lobelioides : Lehmann, in Linnœa, XI (1836), litlbl. 91. — Bentham, in D.C., Prod., X (1846), 384. -- Schmwt, Flor. Bras., VIII, I (1864), 299. — Hicken, Chloris Plùtensis Auj. (1910), °21fl Fig. 27. - Stemodia tetragona : 1-1V., «liver.s degrés de réduction de la cinquième étaininp. — Gratiola Hookeri : « Species melius forte ad Stemodiam referenda», Walpkks, Hepertorium, III (1845), 286. - Stemodiacra tetragona : Kuntze, lievisio Gen., H (1891), 4(i6. - Stemodia? chilensi similis errore a Wai.pkus, liep., III (1845), 268 et Phimppi, Cat. Cub. (1881), 243 dicta. Plante verbénoïde à feuilles très allongées, lancéolées, un peu coria- 206 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (52) ces, légèrement engainantes, tirs atténuées à la hase, dressées, oppo- sées. L'inflorescence est concentrée dans les verticilles supérieurs à Faisselle de feuilles très réduites*. Ce caractère se retrouvera constam- ment dans toutes les espèces que nous allons étudier. La tige est carrée, glabre, ainsi que toute la plante. Cette absence d'indûment se retrouve seulement chez les deux, espèces suivantes, ce qui nous a engagé à les réunir toutes trois dans une série distincte. Cependant Stemodia tetra- gona présente un faciès très spécial et ne montre d'affinité intime avec aucun autre Stemodia. Nous avons pu étudier chez cette plante les diverses apparences et les divers états de développement que peut prendre la cinquième étamine; tantôt elle est réduite à une petite languette à peine détachée du tube de la corolle, tantôt cette languette s'allonge en une lamelle staminodiale plus ou moins contournée; ou bien elle porte des rudiments de loges, tantôt filiformes, tantôt globuleux. Chili : (Lehmann). - - Brésil : in paludosis liras, merid. — In Banda orient. Tweedie . — Uruguay : île S. Gabriel (Rio de la Plata) Berro, 1845 . — Ad tl. Uruguay (ex Bentham et Schmidt). - Argentine : ad Buenos Ayres Bâcle, ii. 99! . — In Bonaria (plus abondant que Stemodia palus/ri* avec lequel il \it, ex Hicken). Stemodia palustris St-tlil. Stemodia palustris : Sai.m-IIii.aihi:. Histoire des plantes remarquables du Rrésil et du Paraguay (1824). 216: Empoisonnement par le miel de la guêpe Lecheguana, in Mém. du Muséum d'Uist. nat., XII (1825), 314. — Sprengel, Systema (1825), 811. — Chamisso et Schi.echtkndal, in Linnœa, III (1828), 0 et 8. -- G. Don, Gen. syst., IV (1837), 541, n. Si. — Walpers, Repert., III (1845), 269. — Bentham, in D.C . Prod., X (1846). 382, n. 16. -- Schmidt, in FI. bras. (1864), 301. — Grisebach, Symbol, ad Floram argent. (1879), 238. - Kk.rr. lîotany of the Pilcomayo Exped., in Transact. and Proceed. bot. Soc. Edinbg., XX (1894), 66. — Hassi.kk. Contvib, FI. Chaco (1909), 110. — Hicken, Chloris Pla tenais Argentina (1910), 219. — Stemodia gratiolsefolia : Saint-Hilaire, I. c. (1824), 216; I. c. (1825). — Sprengel, I. c. (1825). — Chamisso et Schlechtendal, I. c. (1X28), 6. - G. Don, I. c. (1837). n. 22.— Walpers, I. c. (1845).- Bentham, I. c. (1846), n. l"i. — A. Schmidt, I. c. (1864) : ibi species cadem ac praecedens dicta. — Stemodia palustris var. /3 simplex : Schmidt, I. c. (1864). — Stemo- diacra gratiolifolia : Kuntze, Revisio Gen., II (1891), 466. — Stemodiacra linearifolia : Morong (and Britton), Enum. Plants Parag., in Aimais N.-Y. Acad. Se, VII (1893), 183. - Stemodiacra palustris : Kuntze, Revisio Gen.. III, Il (1898). 239, qui Linnaeo, errore «Stemodiam palustrem» tribuit. — Stemodia linearifolia : et ejusd. var. acutifolia (qure vix speciei forma!). - Ciiouat el Hassi.kr, in Rail, de l'Hb. Roissier, II, IV (1904), 286. — Hassler, Contr. FI. Chaco (1909), 110. — Greenmann et Thompson, Annals Missouri Rot. Gard., I (1914), 409. (53) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 207 Plante stolonante, émettant des racines adventives. L'extrémité des stolons se recourbe en une tige dressée, carrée, portant des feuilles opposées, tétrastiques, linéaires, coriaces, ayant jusqu'à six et sept centimètres de long sur cinq à Imil millimètres de large. Les fleurs sont en épis terminaux ou axillaires, insérées à l'aisselle de bractées linéaires, verticillées généralement par quatre, ordinairement pins (•ourles que la Heur ou la dépassant à peine. La corolle présente une 1res grande inégalité entre les deux lèvres. La postérieure est beaucoup plus courte. Toute la plante est glabre; elle noircit en se desséchant. Elle habite les prairies marécageuses envoie de dessèchement. Fig. 2S. — I. Stemodia palustris : II. Ead. forma salicifolia. Voir aussi fig. 3 et fig. 8. Brésil : In pascuis humidis vel paludosis prope prsecipitem aquaj lapsum fluminis Uruguay dictum. Salto grande rivulumque Gara- puita et ad margines sylvarum quae rivum Toropasso cingunt, in Prov. Rio Grande do Sid, haud longe a Prov. Missionum Saint-Hilaire ; flor. Januar. - Prov. Uruguay et Rio Negro [Sellow, Tweedie (ex Rentham). Paraguay : Pilcomayo River [Balansa, ii. 2162!; Morong, n. Iô34 ! . - Grillas de los esteros Rojas, n. 378 . -- Con- cepcion (Kuntze, 1898). - Dans un territoire de quelques nulles à l'entour pr. Cerro Aparepy Fiebrig, n. 806! . -- Campos bajos Camina à Tacivaral Rojas, n. 1099! = Hassler, n. 99! , pet. (07) AI. \ll.\Oh. CONTRIBUTION A L ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 21 I lilac, herba suffrut. 0,6-0,8 m. — In regione collura «Cerros de Tobat) » Hassler, n. 6385! , pet. alb., Iierba 0,6-0,8 ni. folia gluti- nosa, in palude. — Anisits, n. 2248 (ex Pries). - Bolivie : Chaco, Tatarenda, loco uliginoso Pries, n. 1521 . - Argentine : Entrerios, Cordoba, pr. Las Peîïas, Santiago de Estero juxta prsedia Grisebacii , quœ specimina sec Pries huic varietati pertinent. - Entre San Roque \ Malaguena, Sierra Chica, prov, deCordoba Hieronymus, 1886, s. n.! : Erecta pluricaulis, a basi ramosa, ramis erectis crassis teretibus v. + quadrangularibus parle superiore, strictis pubescentibus, demum + decalvatis, foliis oppositis lanceolatis, indumento brevissimo, 5 cm. longis, 1 cm. latis, fere appressis, superioribus Qoriferis angustioribus inargine intégra ! an varietas distincta ? = forma lutifuliiCUod. et llassl. Varietas latifolia (Chod. et llassl. i Minod. -- Foliis latis lanceolatis aiirirnlalis basi non, nisi rarius, angustatis. Planta caule breviore compacta (0,2-0,5 ni. alta). Paraguay : Villa-Concepcion, dans les prairies humides [Balansa, n. 2164!], pet. alb. -- Gran Chaco, Santa Elisa, latitude Sud : 2:!" 10', in paludosis Hassler, n. 2404! , pet. alb., herba 0,3-0, 5 ni. — Gran Chaco, ad ripam occid. Iluin. Paraguay, latitude Sud : 23° 20' -23° 30', in campis humidis Hassler, n. 2404 a! , pet. cœrul. — Prope Con- cepcion, in stagnis ad marginem sylvse Hassler, n. 7473!], pet. dilute rosea, suffrut. 0,2-0,.") ni. - Prope Concepcion, in stagno Hassler, n. 7173 a! , Iierba similis 7173 sed petalis albis. - Chaco, Rio Pilco- mayo, in nemore (ex Pritsch) Lindmann, 1XU7 : cf. Pries . Stemodia bartsiojdes Benth. Stemodia bartsioides : Bentham, in Botanical Register (1831), t. 147U: Planlœ Harlioegianœ (1839), 2:5. — Walpers, Repertorium, III (1845), 266. — Bentham, in U.C.. Prodr., X (1846), 384. — Gouman et Salyin, in JIkmsi.ey, Biologia cenlraliamericana, II. Il (1882), 450. — Iikhina, Catalago île Plantas mexicanas (1897), 259,260. - Stemodiacra bartsioides : Kuntzk, Revisw Gen., Il (1891), 'ifiii Apparentée (?) à Stemodia lanceolata, cette plante s'en distingue surtout par une différenciation moins grande des bractées florales par rapport aux feuilles : il en résulte que la partie supérieure de Hullo- rescenre est incluse dans une rosette dense de feuilles qui dépassent passablement les fleurs. L'indument, à la fois moins serré et plus long, est aussi plus abondant que chez l'espèce précédente : alors que chez Stemodia lanceolata,, les poils de la tige sont courts, roux, raides et 212 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (58; atteignent à peine le quart de son épaisseur, chez Stemodia bartsioides, ils sont pins longs, atteignant et dépassant même le diamètre de la tigej plus blanchâtres et plus crépus. Les feuilles ont le sommet et les dents plus obtus. Mexique : pr. Lagos Hartweg, n. 196 . - - State of Michoacan : low meadows bordering Lake Cuitzeo Pringle, n. il90 . - Plain of Topetongo [Graham, n. 273 . - Colombie: pr. Bogota, chemin Frère Apollinaire, 1909 , forma foliis appressis, habitu Stemodiacrse, foliis quam in typo minoribus ! Fig\ 31. — Stemodia bartsioides. Stemodia erecta (Browne) Min'od Veronica caule hexangulari. foliis salureite ternis, serralis : Si.oane, Gâtai. (1696), 91 ; Nat. Hist. o/Jamaica, 1 (1707), 196, t. 124, f. 2. — ? Lysimachia cœrulea galericulata, Si.oank, 1. c. (1696), 66 et (1707), 174 (ex Browne, qui errore «Lisimachia galearica» scribit). — Phaelypea erecta; foliis sessililms, angustatis, auritis, ad apicem serratis, oppositis vel verticillalis ; floribus singu- laribus, alaribus : P. Bhowne, Civil and natural Hist. of Jamaica (1756), 269. — Capraria durantifolia : Linné, Amœnitates Académies, V (1788), 379. — Stemodia durantifolia : Swartz, Observaliones bolanicœ (1.791), 240 (qui auctor errore capsulâm 5-gonam et foliola duo, calycis simillima, ad basin inter cœlera inserta [ut calyx quasi 7-phyllus] dicit). - Willdenow, Species Plantarum, 111, I (1800), 344 (— Dreyblàttrige stemodie). — Spbengel, Systema (1825), 810, il. 8. — Lindley, Bot. Reg. (1831),. 1470. — G. Don, General System. IV (1837), 541, n. 24. — Bkntham, Planta' Hartwegiana' (1839), 265; Botany «Sulphur» (1844), 144, n. 646. — Walpkrb, Repertorium. III (1845), 269. -- Bentham, in U.C., Prodromus, X (1846), 383. — Oersted, Scroph. centr. am. (1853), 23. — Grisebach, Plantée Wriglhtianœ cubenses, II (1862), 522.— Schmidt, in Flora brasil., VIII. I (1864), 299. — Grisebach, Flor. brit. W. ind. hl. (1864), 129; (59) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 213 Calai. PI. Gubens. (1866), 182. - Wright, in Saiivahe, Flora cubana (187:5). 99, n. 1340. — Gray, Geol.. Sur.vey of Calif., I (1876), 570; Synopt. Flora of N. Amer. (1878). 279. -- Godman et Salvin, in Hemsley, Biolog. centr. amer.. 11(1882) 450. — Stahl, Estudios sobre la Flora de Puerto-Riço, VI (1888), 237. — Curran, Botanical Notes, in Proceed. Calif. Acad. Se.. II. I (1888-1889), 235. -- Branjjhgke, Plants fr. Baja Calif., in Proc. Calif. Acad. Se., sér. II, II (1^89). 191. — Rose, Lisl. PI. Palmer, W. Mexico, in Contrib. U.-S. Nat. Herb. I, IV (1890), 109. - Watson, in Proceedings américain Acad.. XVIII (1890), 130. — Brandegee, Flora of the Cape Région, in Proceed. Calif. Acad.. II. III (1890-1892), 157. — Hitchcock, List Plants, in Missouri Bot. liant.. IV ! 1893), 113.— Couxter, Bot. W. Texas, in Contrib. U.-S. Nat. Herb., II (1891- [894)} 310. — Tonduz, Herboris. Costa-Rica, in Bull. Herb. Boissier, sér. I, III (1895), 8. — Urbina, Calalogo de Plantas mexicanas (18,.)7), 2li. - - Combs, Fis'. 32. Stemodia erecta sous ses trois formes principales : I. Stemodia Berteroana ; II. -Stemodia chilensis • ; III. «Stemodia durantifolia . Plants coll. in the district of Cienfuegos, Prov. Santa Clara, Cuba, in Transite!. Acad. Se. Saint-Louis.. VII, n. 17 (1897). 449. - Smith, in Piïtier, Prim. FI. coslaric, II, 11(1898), 178. — Huber, Plantœ cearenses, in Bull. Herb. Boissier, sér. II, I (1901), 324. — Small, Flora of S.-E. U.-S. (190:5). 1063. -- Cook et Coluns, Economie PI. of Porto-Rico, in Contrib. U.-S. Nat. Herb., VIII (1903), 245. _ Conobea verticillaris : Sprengel, Novi Proventus (1819), 13. — Conobea viscosa : Scbrangk, SyUoge PI. nov., Il (1828), 61.-- Stemodia verticillaris: Link, Enum. Horl. Rend.. Il (1822). 144. — Sprengel, Systema (1825) 810. — Chamisso et Schxechtendai,, Linnœtt, III (1828), 7. — Reichen- 214 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (60) bach, Icon. bot. exot., sive Hortus bot. (1828), 20, I. 149. -- Lwdley, Bol. lie,,. (18:51), 1470. — G. Don, lien. Syst., IV (1837), 541, -- Lobelia verticillata : Ki/zk, iiiss., in Pceppig, Coll. PL Chilens (ex Walpers). — Stemodia chilensis : Bkntham, Bot. Reg. (1831), 1470. - Gay, Flora chilena, V (1849), 138. - Walpers, Reperl., 111 (1845), 268, qui speciem Stemodiœ lobelioidei siinilem dicit. — Bkntham, in D.C., Proir., X (1846), 384. -- Phiuppi, Cat. pi. oaxe. Crhilens (1881), 243: «Syn. Iobelioides Lehni. ?, Lobelia verticillata Kze. Glabra Spr...= Gratiola peruviana L. ». — Rusby, Enum. PI. Coll. by II. II. Rrsuy in S. Amer., in Bull. Torrey CL, XXVII (1900), 24. — Reiche, Grundz. ,1. /'//. verbr. in Chile (1907), 366, noineii citatum ! — Stemodia Berteroana : Benth wi. I. c. (1846), 384. — Stemodiacra durantifolia . Morong, Plants coll. in Parau. (1888-1890), 183.— Kuntze, Rev. Gen., II (1891), 466. — Stemodiacra Berte- roana : Kuntze, 1. c. (1891). - Stemodiacra chilensis : Kuntze, I. c. et ni III, II (1898), 239. — Stemodia maritima : A non. mss. in dovo Herb. DC. sub n. 1336. — Chodat et Hassi.er, Planlœ Hasslerianœ, II. in Bull. Herb. Boissier, sér. II, IV (1904), 286. C'est l'espèce, de tout le genre, dont l'extension géographique est la plus considérable. Cette extension embrasse, en effet, toutes les reliions chaudes des deux Amériques, allant de l'Arizona, de la Californie et des Antilles jusqu'à l'Uruguay et au Chili. .Mais il s'en faut de beaucoup que la plante présente, dans cette aire si étendue, une parfaite unité morphologique. On pourrait diviser, grosso modo, en deux groupes, les innombrables formes que celle plante est susceptible de revêtir : d'un côté, on aurait des formes à feuilles (droites, à fleurs petites. habitant l'Amérique centrale et les Antilles; d'un autre côté, on aurait des formes plus robustes à feuilles plus larges et à fleurs plus grandes. Mais, tous ces caractères sont tirs relatifs. Chacun des types que Ton essayerait de définir se présente sous une multiplicité d'aspects qui échappe à l'analyse, même lorsqu'on considère des exemplaires récol- tés dans une même station. Gbisebach avait déjà signalé le fait pour ce qui concerne la Jamaïque. Il décrit, en effet, deux formes : l'une, a, à feuilles larges, dilatées à la base; l'autre, (3, à feuilles (droites, lan- céolées, linéaires, graduellement atténuées à la base, croissant dans les mêmes localités. C'est dire combien il est difficile de grouper sous un petit nombre de types, à la fois géographiquement et morphologi- quement délimités, les formes nombreuses sous lesquelles se présente l'espèce. Nous nous bornerons donc à décrire quelques-unes des plus caractéristiques d'entre elles; en commençant par celles qui croissent le plus au nord. Au Mexique, nous rencontrons des plantes ne dépassant guère soixante centimètres, atteignant en moyenne vingt-cinq centimètres. (61) M. M1N0D. CONTR1RUT10JN A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 215 La tige est dressée, souvent unique ; les entre-nœuds ont deux centimètres chez la plante jeune et jusqu'à cinq centimètres chez la plante en fruit. Les tiges ont à peine deux millimètres d'épaisseur, elles sont souvent subquadrangulaires ; elles s'arrondissent à la hase chez les formes robustes. Les feuilles sont opposées ou verticillées par trois (partie supérieure), ovales lancéolées, à hase atténuée et ensuite légèrement auriculée, embrassante. Les Heurs isolées sont disposées en nombre égal aux feuilles à chaque verticille, pédicellées (de deux à onze millimètres). La corolle mesure environ huit millimètres, le calice trois à quatre millimètres. Les bractées florales semblables aux feuilles, mais plus étroites, atteignant ou dépassant souvent la longueur de la (leur. Indûment très disséminé sur les feuilles, un peu plus dense sur les liges. La serrature des feuilles est bien nette dans la plupart des échantillons; elle peut devenir presque nulle exceptionnellement. L'angle des dents est toujours très ouvert, leur sommet obtus, glandu- leux. Connue exemple de ce type, nous pouvons citer les piaules sui- vantes : Parry et Palmer, n. 679; Palmer, ii. 71; Wright, n. 1304, au Mexique; Palmer, n. 28i; Pringle, s. n. (Santa Catalina Monts), en Californie et dans l'Arizona. Parmi les plantes insulaires, nous rencontrons des formes ressem- blant beaucoup aux précédentes, mais plus rameuses, à feuilles plus aiguës et plus étroites, à fleurs plus petites. Sintems, n. 1057, Porto- l'dco. ! La plaide récoltée à Cuba par Wright, n. 1639, se distingue de la précédente par ses feuilles extrêmement minces, plus larges, son indûment formé de poils argentés, plus lins, irrégulièrement crépus. nombreux sur la tige, plus rares sur la feuille où ils sont implantés principalement le long des nervures par ses bractées florales très sem- blables aux feuilles bien que plus petites et dépassant de beaucoup la fleur. A cette forme se rattache la plante décrite par Bentham sous le nom de Stemodia Berteroana1 : elle possède des bractées Morales assez larges, plusieurs inflorescences spiciformes, condensées, à brac- tées Morales semblables aux feuilles. Ces dernières soid lancéolées, fortement auriculées et peu atténuées à la base. L'indu ment est un peu rude, formé de poils crépus, clairsemés, implantés sur la tige et le long de la nervure principale des feuilles à la face inférieure. La plante de Prendleloup, n. 102, diffère de celle de Bertero par ses feuilles plus longuement et plus fortement atténuées à la base. 1 (Jkisf.i'.acu considère cette, plante comme une simple forme rameuse du type x. 216 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (62) .Nous arrivons maintenant aux formes continentales de l'Amérique du Sud. Les unes (comme Balansa n. 2165, p. p.) possèdent de grands entre-nœuds (cinq à sept centimètres), des feuilles exceptionnellement larges, un peu épaisses, glanduleuses, à dénis grossières et irréguliè- rement espacées, fortement atténuées et auriculées, un indûment assez long et irrégulier sur la tige. Les feuilles des verticilles supérieurs sont cependant plus étroites et rappellent les feuilles des formes sui- vantes. A ce premier type, nous rattachons une [liante récoltée par Chodat, à Paraguary. D'autres (Fiebrig, n. 1312, Hassler, n. 8248 et 2546, Balansa, n. 2165, p. p.), sont à feuilles un peu plus étroites, en général très faiblement atténuées à la hase, auriculées, à dents plus on moins grossières, parfois aiguës, plus souvent obtuses. Les feuilles supérieures sont beaucoup plus étroites, souvent linéaires, à bords entiers ou faiblement dentés. Les fleurs sont très variables : la lon- gueur de la corolle varie de sept à treize millimètres; Pindument est court, formé de poils réguliers, rectilignes. Les liges assez robustes ont jusqu'à quatre millimètres d'épaisseur. A ce type se rapporte une plante récoltée par Chodat, à Trinidad, à feuilles linéaires, lancéolées, passant insensiblement aux bractées florales longues et étroites, et trois exemplaires (Morong, n. 78, Hassler, ii. 3848, Chodat, s. n. : Incarnacioii), à formes élancées, grêles, à corolles minces, à feuilles liés fortement dentées, étroites, à bractées souvent dentées. Un troisième type se groupe autour des plaides n. 2772 el 2772 a, de HASSLER : ce sont des formes robustes à feuilles lancéolées de grande dimension, à grosses dents, opposées (ou verticillées par trois ou quatre dans la partie supérieure;. La corolle. 1res grande, alteinl quinze millimètres; les bractées étroites, peu ou pas dentées, arquées vers l'extérieur, dépassent généralement la longueur des fleurs (forma bracteosa nobis). Cette forme se distingue des types précédents par sa robustesse et par ses feuilles généralement opposées, mais elle s'y rattache par d'autres caractères, tels que la longueur des bractées, qui atteignent (par exemple, dans la piaule de Hassler, ii. 3248) les mêmes dimensions. Les formes du Chili décrites par les auteurs sous le nom de Stemodia chilensis se rattachent aux véritables erecta par laid d'intermédiaires qu'il est difficile de continuer à les considérer comme appartenant à une espèce distincte. Parmi ces intermédiaires, nous citerons des formes mexicaines très rameuses, à feuilles minces, larges, amplexicaules, très auriculées, à serrature grossière (Pringlk, ii. 6035), ainsi que des (63) M. MIN0D. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 217 formes paraguayennes (Chaeo : Fiebrig, m. 1312). Les exemplaires les plus typiques possèdent des feuilles en verticilles dépassant souvent trois, atteignant fréquemment cinq ou six feuilles, bien que l'on puisse rencontrer également des plantes à feuilles opposées. Les tiges sont ('■puisses (quatre à cinq millimètres) et portent autant d'arêtes longitu- dinales que les verticilles comptent de feuilles. Ces dernières sont grossièrement dentées, lancéolées, plus larges à la hase que dans la partie moyenne; les bractées florales s'en distinguent par leur déve- loppement un peu moindre, mais possèdent la même forme et dépas- sent souvent la Heur, bien qu'il puisse \ avoir sous tous ces rapports de très grandes variations1. Californie : San Pablo, Jesus-Maria, Purisima (Brandegee). Sou- lliern parts of San Diego Co Palmer, ii. 28-4! . — Baja California (Curran). — Cape Région, San José delCabo (Brandegee). -- Arizona : Wel grounds : Southern bords of the State Coulter, Palmer (ex Gray; Godman et Salvin). By streams of [lie Santa Catalina Monts, ait. 2000-3000 ft. Pringle, s. n. ! . - (Small). — Texas : In wet soil (Small). VVet grounds, southern borders of Texas (Coul- ter). Mexique : in Mexici regione calidiore Beechev (ex Ben- tfiam). - - Alamos, among a water-course halfway up the mountain I'ai. .m i:i!, n. 337 (ex Rose). - - Norlh .Mexico, Sonora Alla Coulter, n. 12931. Région of San buis Potosi, 6000-8000 ifeet. Parry et Palmer, n. 679 !j (ex Godman et Salvin).- - Montes de los Morales (San buis Potosi) (i. Schaffner, ii. 714 ; Arroyos Guadalajara Prin- gle, s. n. (ex Urbina). — Morelia, dans les fossés .Nicolas, 1908! , petite forme à entrenœuds très courts - eu moyenne, quinze milli- mètres — à feuilles de six millimètres de large et vingt-sept de lon- gueur, généralement ternées, plante de trente-cinq centimètres de hauteur, très rameuse, à rameaux dressés. Oaxaca, Cuicatlan, 2000 feet. Pringle, ii. 6035J.- S.-W. Chihuahua Palmer, n. 74! .— Mountain at headwaters of Ma/.atlan Hiver [Wright, ii. 1304!]. Nueva Espana Pavon, s. n. . - - Antilles : Cat Island, Port Morant (Hitchcock). - Indes occidentales : (Swartz, Godman et Salvin); Linden, n. \H\VM . - Jamaica : Hartweg, Macfadyen] (ex Ben- tham); in the sandj Savannas (Sloane). In Jamaica' inundatis 1 II va sans dire que les formes les plus caractérisées de chilensis constituent bien réellement un type qui ne se laisse pas confondre avec le type moyen des erecta, mais, par leurs variations étendues, ces deux types interfèrent l'un sur l'autre A tel point (pie telle forme verticillée d'erectà pourra facilement être prise pour un chilensis alors que l'inverse aurait lieu pour un chilensis à feuilles opposées et à bractées quelque peu réduites. 218 RULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (04) (Linné). - Kingston (Hitchcock). — « Varions médicinal pfoperties are attribued to il » (Cook et Collins). lu paludosis maritimis argillaceis (Willdenow). - - Common in canefields and moist places {sub formis a, p, Grisebach ).— Cuba : SantYago, Sagna : planta habitu Stemodiacrse ! - Prov. Havana, Madruga, endroits humides Curtiss. n. 529! foliis magnis auriculatis, bracteis foliis similibus, ilores duplo superantibus! - Wright, n. 375, p. p., n. 1639! (ex Sauvalle et Grisebach). — In damp or tnarshy upland woods (raaniguas) fertile soil. Cieneguita S. W. Combs, n. 422]. Saint-Domingue : Mons Balbis Bertero, n. 1821! = Stemodia Berteroana Benth. ; Prend- leloup, n. 402! . - - Prov. Barahona, am Ufer von Bâchera Fuertes, n. 1138! , planta elatior, ramosissima, ramis gracilibus! - Dans les marais, près de Maniel de (leva v. Turckheim, ii. 3637!], foliis magnis, tenuibus auriculatis, internodiis longis! - - Porto-Rico : herbaceous, animal Stahl, ii. 237 (ex Cook et Collins). - Prope Bayamon loc. Immidis et ad vias prope Palo seco, prope Anasco in campis humidis ad llalillo : Sintenis, n. 1057 !, 5596; Stahl. ii. 845 . -- Guadeloupe, Grenada, Curaçao : (ex Urbain ). - Hispaniola : (ex Sphexoel, etc.). — Antigua : Lane, Wullschl. (sub forma a, Grisebach). - - Nica- ragua : Oersted]. -- Costa-Rica : Guanacaste Oersted, Tonduz . - Bord d'un torrent desséché dans les bois «le la baie de Salinas Pittier, n. 2760 ; Los Conventillos, baie de Salinas Pittier, n. 2895 (ex Smith i. Panama : Hayes, ii. 340 (ex Godman et Salvin). Colombie : Ad 11. Magdalena II. I!. K. (ex Bentham). -- Santa Marta Smith, n. 1360! . - - Equateur : Guayaquil Himis, Oersted (Ben- tham) Pavon! ; in savannah JAMES0N,n. 363!]. — Pérou : Pavon!]. — Brésil : In ripis 11. Amazonium Spruce, n. 3858! . — Brésil tropi- cal Blanchet, n. 964! , Gardner, n. 172s (ex Bentham); (Link). — Bahia Lhotsky, n. 1831 ! . -- Sierra Jacobina Blanchet, n. 2652!, 2654 !, 3897 !]. - - Endroits humides près Quixadâ ; aire géographique : Goyaz, Bahia, Minas (Huber). — Brasilia tropica et extratropica [Sellow (ex Chamisso et Schlechtendal), (Lindley). - - Montagnes d'Organ, Pernambouc Gardner, n. 101)2! : bracteis angustissimis ! - Ressaquintra, dans les bourbiers, prov. Rio de Janeiro [Glaziou, n. I ii'.)! ! . — Porto de Rio Paracalu, prov. Minas Glaziou, n. 2182»'»!. 13106! . — Bahia Blanchet, n. 577 ! : Bracteis longissimis, serrulalis, utrinque dentibus 3! — In desertis prov. lialiiensis loris subsaisis ad aquas stagnantes MAirnrs ; in deserto prov. Minarum Gardner, n. 1092, Sellow, in prov. Goyaz ad Maranhâa fluvium Pohl! (ex (65) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 219 Schmidt). -- Paraguay : A.ssuhcion, dans les lieux humides [Balansa, n. 2165!]: fl. bleues; ibid. n. 2164 : fl. blanchâtres. — Prov. Limpio, in campo humido Hassler, m. 3248!] : herba 0,2-0,5 m., corolla \ï<»- lacea. -- Pr. 11. Apa, in humidis Hassler, n. 2546! : fl. roseo-lilaci- nus. - Prov. San Bernardine-, in campo IIassi.ki:. n. 3447!] : folia Lanceolata I » a s i minus dilatata ni in typo = forma f'oliis lanceolalis (Chodat). - Chaco septentrional, Puerto Talavera Fiebrig, n. K!I2! . Ad ripam lacus Ypacaraj Hassler, n. 3848! sub Stemodia maritima ! . — Paraguay central, Assuncion Morong, n. 78!] : herba 0,3-0,4 m. ramosa, foi. opp. v. 3-4-natim vert, lanceolata-acuta, sess.-auric; 11. a/nr. in long, spicis terminalib. dispos. : wet grounds in the river hanks. — Trinidad Chodat, s. n.! . — Incarnacion Chodat, s. n.! . - Chaco, Santa Elisa, lat. Sud : 23° 10', in campis paludosis IIassi.ki;, n. 2772! : cor. cœrulea ; ibid. n. 2772 a cor. lilacina. — Chili : Juxta Valparaiso [Gay, 1833!, I!rsi;v, n. 1072; Anoiiyin., n. 1336! : sub Stemodia maritima! . Prov. Coquimbo Gay, 1839! . Quintero et Valparaiso, in arenosis humidis, torrenles Bertero, n. 1336!]. Quillota Philippi, 1861 !]. - - Ad Antuca, in pratis paludosis Pœppig, 1845! . -- Prov. Valdivia, in pratis humidis [Lechler, n. 281 !]. - - S. loc. Philippi, n. 335!, Pœppig, 1830!]. - ■ ? «Amer, merid.» locis humidis 11. apr. Goudot, 1845! : herb. 1-2 ped., 11. cœrul. - Manie (Kuntze, 1898). - Prov. Santiago [Philippi, 1876! . Bertero, n. 736 (ex BentHam). Stemodia subhastata (Vell.) Benth. Scrophularia subhastata : Veu.oso, Flora fluminensis, VI (1827), t. 88. - Stemodia sabhastata : Bkntham, in D.C., Prod., X (1846), 381. — Schmidt, Flor. hras., VIII, I (1864), 296. - Stemodiacra subhastata : Kuntze, Hev. Gen., II (1891), 466. Celle plaide, qui ne nous est connue que par les dessins de Velloso et les descriptions de Bentham et de Schmidt, ressemble énormément par ses feuilles 1res auriculées, amplexicaules et par son Faciès d'en- semble, à certaines formes luxuriantes de Stemodia erectadoni il paraît difficile de la séparer spécifiquement cf. Fiebrig, n. 1312, Puerto Talavera, Chaco sept. . Brésil : Pr. Rio de Janeiro, in umbrosis Riedel, Langsdorff, Schlechtendal . Stemodia hyptoides Cham. et Schl. Stemodia hyptoides : Chamisso et Schlechtendal, in Linnœa, III (1828), 8. — Lindley, Botanical Register (1831), 1470. - - G. Don, Gen. Syst., IV W2U20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (66) (1837), 541, 11. 25. — Walpehs, ReperL, III (1845), 269. — Bentham, in D.C., Prodr., X (184(3). 384. — Schmidt, in Flor. liras . VIII, I (1857-1864), 302, t. LU, f. 2. — Griskbach, Symb. FI. arg. (1879), 238. — Spegazzini, Contr. FI. Sierra Ventana (1896), 48: Contr. FI. Tandil (1901), 39. — Hai.likh. Seropli., in Bulletin de l'Herbier Boissier, sér. II, III (1903), 201. — Chodat el Hassleh, Planlœ Hasslerianœ, II, in Bulletin de l'Herbier Boissier, sér. II, IV (1901), 287. — Hicken, Ckloris PI. Arg. (1910), 219. — .Non Hassi.er, Contr. FI. Chaco (1909), 110! — Stemodiacra hyptoides : Kuntze, Rev. Gen. (1891), 466. — Stemodia hyptioides, in Just's Jahresb., XXXII, I (1904). 454. Var. ;? Platensis Bentham, I. c. (1846), Hicken, I. c. (1910), a me non visa! Var. auriculata Chodat et Hassler, I. c. (1904), Hassleh, I. c. (1909), \i\ forma, ad typum specificum intermediis multis gradatim vergens ! Plante de grande dimension, à tige dressée, simple ou ramifiée dans sa partie supérieure, à rameaux dressés. La tige est villeuse-pubescente cl porte (|ii('l(|iics stries longitudinales bien marquées. Les feuilles sont ovales-oblongues on ovales-lancéolées, le plus soin cul rétrécies dans leur partie Inférieure, parfois acuminées, parfois obtuses, toujours plus un moins engainantes, dilatées à la base; niais Ions ces caractères subissent de grandes variations. Elles sont munies, sur les bords, d'un très grand nombre de dents. Le limbe est le plus souvent de grande dimension, atteignant jusqu'à dix centimètres el plus de long sur quatre de large. L'indument est très variable : villosité légère ou poils courts, dressés sur la face supérieure; villosité ou pubescence assez forte le long des nervures à la face inférieure. Les nervures sonl toujours proéminentes en dessous el s'anastomosent en un réseau grossier. Sur le sec, les feuilles gardent sur leurs deux faces une couleur vert jaunâtre grisâtre, assez caractéristique. Elles sont presque toujours opposées, rarement verticillées par trois. Elles font place, dans la partie supérieure des liges, à des bractées florales étroites, portant seulement quelques dénis, verticillées par trois ou six. L'inflorescence a une forme conique 1res ramassée, mais ses entre-nœuds s'allongent dès la fécondation de sorte que la base de l'épi peut grandir beaucoup. Les entre-nœuds ont alors de quatre à quinze millimètres. Le caractère essentiel qui permet de distinguer cette espèce de la suivante, c'est que chez Stemodia hyptoides la corolle des Heurs ouvertes dépasse de fort peu l'ensemble des bractées de l'inflorescence; au contraire, chez Stemodia stricta elle dépasse toujours de beaucoup les bractées. Les Heurs ont un calice à cinq pièces linéaires subulées, pubéscentes, accompagné de deux préfeuilles plus courtes et plus étroites que les sépales. La corolle possède une lèvre antérieure fortement incisée à trois lobes larges, (67) M. M1N0D. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 2:2 I portant un léger mucron; une lèvre postérieure très peu émarginée, subrectangulaire. Les étamines sont insérées à des hauteurs très peu différentes, caractère qui se retrouve chez les trois espèces suivantes el permet de les grouper toutes quatre dans une même section. Brésil méridional : locis humidis inundatisque Sellow!, RiedeiA — Porto Alegri, Rio Grande do Su! Reineck, ii. 115! , 11. violet foncé; dans 1rs fossés et les fourrés profonds, sur les sols humides autour des plantes flottantes, épars et isolé. — Uruguay: .Montevideo (ex Hicken). — Vera, in locis uliginosis Berro, n. 66 ! : 11. azur. ; in locis humidis et herbosis n. 4091 ! : 11. viol. Montevideo, Punta Gorda, in uligi- nosis Corn. Osten, n. 4667! : parce viscosa, 11. azureo-violacea. - Ceibal (Salto) in locis paludosis [Berro, n. 3457 ! : 11. violacei. - Varietas vel forma serratura tenui, indumento foliorum brevissimo, inflorescentia Stemodise erectse, bracteis floralibus lanceolatis denticulatis 4-natim verticillatis. Caule quadrangulari, fol. oppositis : Cerro Betete, in rupibus Berro, n. 3919! : 11. viol. -- Canelones, in humidis inter l'ando et Olinos Corn. Osten, n. 4632! . - Paraguay: Yaguaron, dans les prairies humides Balansa, n. 4636 ! : 11. blanches; n.3284! : 11. d'un blanc veiné de violet. - [tangu, pr. Villa-Rica, dans les marais Hassler, n. "2163! . - Ad ripam rivuli pr. Arezua n. 1963! : Herb. 0,8-1 m.,cor.lilacina.— InpaludeTucongua n.3928! : Herb. 0,5-1 m., pet.rosea.— Inçampopr. Patino eue [n. 1289 ! .— Pr. Villaricaincampis humidis n. 8740!; : Herb. 0,3-0,8 m., cor. alba. — Villa sana, inter Rio Apa et Aquidaban, campo bas Fiebrig, n. 5208 = 5195! : blanc avec ponctuations \ iolettes; parfois sous les eaux en compagnie d'autres herbes et gazons de marécage. -- In valle fluininis Y-acâ, in campis pr. Valensuela Hassler, n. 6932!]: Herb. 0,8-1,2; pet. lilacina. Argentine : Sierra de! Tandil : frecuente al borde de casi todos los arroyos y pantanos (Spegazzini, I. c, 1901). — Sierra Ventana : Mu) escasa en los islotes al medio de los arroyos de! valle (id., 1896). - Entrerios, Bonaria, Tucuman, Prov. de Buenos-Ayres : S. et W. de la prov. ; pas dans les environs de la capitale (janvier-février) (ex Grise- bach et Hicken). — Var. (3 plàtensis, villosior, foliis crenulatis, floribus paulo majoribus, in prov. la Plata Tweedie (ex Bentham). - Se trouve dans une partie de Lincoln, pa* dans les environs de Buenos-Ayres. Stemodia stricta Cham. et Schldl. Stemodia stricta : Chamisso et Schlechtendal, in Linncea, lit (lN2fy, IU. - Walpkrs, Repert., 111(1845), u26l>.- Bentham in D.C., Prodr., X (1846), 384.- Schmidï, Flora Bran'L, VIII, I (1864), :W2. — Chodat et Hassler, in Bulletin 222 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (68) de l'Herbier Boissier, sér. II. IV (1904), 287. -- Pries, Flor. Boliv. et An/eut. m Arkiv. for Bot., VI. XI (1906), IS. -- Stemodiacra hyptoides : Morong, PI. coll. in Parag. (1892), 184. - Stemodiacra stricta : Kuntzk. Hev. (ien., III. Il (1898), 239. — Stemodia hyptoides var. stricta : Hassler miss, m lierbar. Très voisine de Stemodia hyptoides1, dont plusieurs ailleurs la considèrent, ou presque, connue une variété (Bentham, Hassler), cette espèce s'en distingue toutefois par son port moins luxuriant, ses dimensions constamment pins faillies et par le fait que les fleurs dépassent toujours nettement, d'environ la moitié de leur longueur, l'ensemble des bractées de l'inflorescence. Ile plus, chez Stemodia stricta tous les poils des sépales sont glanduleux et sensiblement égaux, tandis que chez Stemodia hyptoides il \ a prédominance de longs poils pluricellulaires aigus. Les deux espèces semblent (Tailleurs capables de s'hybrider et telle est peut-être l'origine de la piaule de Hassler, n. 6326 (voir uotamment à ce point de vue la forme du lobe médian de la lèvre inférieure et la disposition des poils vers l'extrémité des sépales) et de la piaule n. ô:!l du même auteur var. ambigua ejus . La plaide esl dressée, le plus souvent rameuse, parfois à tige unique {forum rupestris llassl. inss. in herb., forma minor Chod. et llassl., PI. Hassl. Il (lUOii, 287). Mais on trouve, dans un<' même station, t\r<. échantillons dont les uns sont rameux, les autres pas. Les feuilles sont 1res variables, engainantes, rétrécies à leur hase. D'après Fries, ce rétrécissement peut aller jusqu'à simuler presque un pétiole. Les feuilles sont de deux types qui nous oui paru assez constants pour justifier l'établissement de deux variétés : a) Varietas PAUCIDENTATA, foliis elongatis marginibus pauciden- lalis (utrinque 4-1 1 dentés). Cette variété comporte des plaides à faciès xérophyte extrême Hassler, n. L1606 et 11018 a , d'autres d'un type moyen beaucoup plus répandu. (3) Varietas MULTIDENTATA, foliis ovato-rotundatis, apice uonnun- quam obtusato, saepius acuto, marginibus multidentatis (utrinque 7-18 dentés). Cette variété es! représentée souvent par des exemplaires de petite taille subspecies pusilla Hassler inss.; forma minor Chod. et llassl. , dont ('indûment est parfois réduit ssp. glabriuscula 0. K. ; niais ces variations ne nous paraissent pas suffisamment caractérisées pour motiver la création de sous-espèces, tout au plus peuvent-elles être décrites à titre de formes; encore celles-ci présentent-elles tant de 1 La corolle est identique chez les deux espèces. (69) M. MIN0D. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMOD1A 223 passages entre elles que leur caractéristique est malaisée à établir; elles sont des jalons permettant d'apprécier l'amplitude de variation de l'espèce dont elles relèvent. Les autres caractères de Slemodiu slricta sont les suivants: les feuilles basilaires sont larges; celles du sommet, ainsi que les bradées florales, sont linéaires, de même que les préfeuilles. L'inflorescence forme un épi terminal subpaniculé au début, s'allongeant beaucoup lors «le la fructification. La corolle est deux luis plus longue que le calice. Les placentaires se séparent à la maturité. La déhiscence septi- cide est parfaite, la déhiscence loculicide moins parfaite ou incomplète, ce qui fait que le fruit se partage en deux valves, presque doses, enveloppant chacune, et très tardivement, l'un des placentaires. Brésil méridional : Sellow (ex Bentham).— Pr. San Ignacio et in prov. San Pauli pr. Ypanema Sellow, Riedel . locis paludosis (ex Schhidt]. — Bolivie : Toldos pr. Bermejo, altitude 1800 mètres Fiebrig, n. 2415! |. — Gran Chaco Taferende (Fries, n. 1515 : o Die Blâtter sind and der Basis etwas mehr zusammengezogen, sodass sic l'ast einen Stiel bilden, und weniger Stengel umfassend als in den Exempl. d. Berl. Bot. .Mus.,. Die Art wuchs auf feucbten Lokalen und besass an der Stammbasis ein ausgepràgtes Aèrenchymgewebe, woruber an anderen Orte nâher berichtet werden soll. »). - Paraguay : Var. paucidentata : In regione calcarea cursus superioris fluminis Apa Hassler, n. 11606!, n. 11018! : forma rupestris llassl. niss. ; n. 7975 a ! : in stagno, suffirait. 0,4-0,9 m., pet. rosea; n. 7975 !]. - - Reg. C. Margarita,Limeira n. 1 1018 a ! , in fructibus,denudata nisi ad basim ! - San Ignacio Misiones H. M. 532! : forma minor llassl. mss.— Incampo n. 1018! : pet. azuera.-- Parag. central., near Trinidad [Morong, n. 833 ! sub Stemodia hyptoide! . -- Typus intermedius (aiinon hybridus inter Stemodias strictam et hyptoidem?) : San Ignacio Hassler, II. M., 531 ! : 11. lilacinus: var. ambigua llassl. mss. - Var. multidentata : In campo pr. San Bernadino Hassler, n. 1180 ! : subsç.pusilla llassl. mss., forma minor Chod. et llassl. - Plaine de Paraguary, lieux humides Balansa, n. 2165 a! : 11. bleues. - L'Assomption, lieux humides n. 2165! : 11. bleues. -- In campo pr. Tobaty [Hassler, n. 6326! : llerb. 0,3-0,8 m., pet. violacea, f. glutinosa. - Paraguay du sud Kuntze, s. n.! : p glabriuscula 0. K. Argentine : Jujuj (KUNTZE, 1898). Stemodia orbiculata Minod sp. u. Radix?Caulis primarius erectus, :> mm. crassus et ultra, superne 224 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE C.ENÈVE (70) ramosus, tomentosus pilis erispis, irregulariter insertis; rami erecti, subalati. Folia tenuia op.posita, magna, rotundata, superiora ovata, omnia basi attenuata, laie auriculata amplexicaulia ; dentata vel crenulata dentis oblusis + mucronatis. Limbususque ad 5 cm. longus, 3Valatus. Indumentum foliorum irregulare, non densum nisi nervis longitrorsum, pili longiores in medio limbo; brevissimi, id est glandulis sessilibus similes, ad marginem. [nflorescentise densae, spiciformes breviter conicse, post anthesin elongatœ. Bbacteol^e florales verticillata! sat, l;il;e, foliis superioribus similes nisi longius subulatae. Flobes Fig. 33. C. Stemodia pilcomayensis ; Ci, Stemodia orbiculata ; Cs, Stemodia hyptoides; Cs, Stemodia stricta : Fr., fruit encore surmonté du style. Voir en outre fig. 1. Fli. bracteas paulo superantes. Calyx bibracteolatus, bracteolis sepalis triplo augustioribus paulo brevioribus. Sepalis basi latiusculis dein sensim augustatis. Cobolla basi subglobosa, in medio tubo leviter constricta dein in labia lala expansa Iabiis iisdem Stemodise hyptoidis similibus. Stamina antica postiris duplo longiora ; postica paulo altins inserta. Ovabium ovatum. Stylus reclus basi crassior usque ad médium attenuatum, dein breviter in stigma spathulatum latum explanatum. ( / 1) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 225 Fruçtus valvis latisobtusis; columna placentifera breviterovato-conica, pedicellata. Semina numerosa subsessilia pallida, eylindriGo ovata. Uruguay: Habit. Vera in lotis humidis Berro,3150! : cor. violacea. Stemodia pilcomaygnsis Minod s|i. n. Sremodia hyptoides \ar. auriculata : Hassler, Contnb. Floia Chaco (1909), lit). Radix? Planta maxiraa. Caulis 7 mm. crassus erectus simplex, vel superne breviter ramosus ramis 2 mm. crassis. Folia in sicco viridia lata tenuissima maxima, ovato lanceolata, versus basin attenuata nec petiolatâ, auriculata -amplexicaulia, nervis prominulis conspicuis, marginibus serratis, dentibus multis triangularibus obtusis. Limbus folionini Lisque ad 11 cm. long, 4 Va cm. lat. Folia ramorum augus- tiora 4 cm. longa, 1 cm. lata. Indumentum irregulare, pilis magnis crispulis rarioribus minimis rectis dentioribus. Flores bracteas vix superantes; BRACTEOL^lirïeares,sepalisbrevioribus;sEPALA lanceolata, breviter pubescentia, marginibus tenuibus. Corolla tennis tubo cylin- drico. Labium anticum in lobos 3, latos, rotundatos obtuse acuminatos profnnde incisum; labium posticum incisum. Stamina antica posticis duplo longiora, fere cadem altitudine inserta. Stylus reclus, stigma latnni. Fructus? Habitat Paraguariam in regione cursus inferioris fluminis Pilcomayo Uo.ias, n. 251 : Herbacea, perennis, U,.V1 m. alta, en los campos humedos, 11. junio (Hassler). Incertœ Sedis Stemodïa Ehrenbergiana Stemodia Ehrenbergiana : Schlkchtendal, Botan. Zeitung (1843), 169, sine descriptione : Mexique. Stemodiacra Ehrenbergiana Kuntzk, Revisio Gen. (1891), 466. - Species delenda ! Stemodia surinamensis Stemodia surinamensis : Miquel, in Linnien, XXII (1849), 47o. Plante dressée, à indumeni 1res tin, devenant glabre dans ses organes adultes; feuilles opposées elliptiques-ovales ou plus ou moins linéaires- lancéolées à hase rétrécie, longues de treize à dix-neuf millimètres. BULLETIN DE I.A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos [-2-3-4, parus le 30 Sept. 1918. 15 22d BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE UK GENÈVE (72) Celles du somme! étroites. Pédicelle, cinq à sept millimètres. Calice, deux millimètres. Corolle, quatre millimètres et demi. La description de Miguel ne mentionne pas de préfeuilles. Leur absence obligerait de classer l'espèce à côté de Stemodia glabra ; leur présence, au contraire, la rapprocherait des nombreuses formes de Stemodia crédit à petites feuilles allongées, n dents écartées, à petites fleurs. Cependant, par son fruit ;'i deux valves entières par suite d'une déhiscence purement septicide, cette plante semblerait occuper une place ;'i pari dans le genre. Guyane : Pr. \\\. J.-igtlusl. Species e Génère expellendse Stemodia azurea : Linden, Cat., n. 17 ( l2), 6 = Otacanlhus cœruleus. Stemodia crenatifolia : (Kuntze, Rev. lien. (1898), 239), Schum. = Achetaria sculellarioides. Stemodia cruciflora : Casaretto, Nov. stirp. brasil, diras IX (1845), 78 = Valeria tri foliota. Stemodia ericifolia : (Kuntze, Rev, Gen. 1 1898), 239), Schum. = Chodapkyton ericifolium. Stemodia glabra : Spreng., *t/sl . Il (1825), 811 [non Oerst.] = Gratiola peruviana. Stemodia Hassleriana : Ghodat, PI. Hassl., Il (1904), 383 = Verena Hass- leriana. Stemodia maritima : i\ Browne, Jam. (I7."itj). t. 22.. f. 2 = Stemodiacra maritima. Stemodia micrantha : Bentham, Wall. Cat., n. 3936 [non Buandegee] = Limnophila micrantha. Stemodia multifida : Spreng., I. c. (1825), Nil — Gonobea multiflda. Stemodia parviflora : Aiton, Hort. Kew, [V(1812),52= Lendneria Immilis. Stemodia polystachya : Buandegee, PI. Calif. (1889), 191 = Gonobea pqlystachya Muiod. Stemodia tomentosa : G. Don, Gen. Syst. (1837), 542 [non Green. et Th.] = Mozti* vugosus ? Stemodia trifoliata : B<:hb., le. exot., I (1827), III, t. 1 = Valeria tri foliota. .Nous sommes arrivés au ternie de rémunération des espèces américaines actuellement connues. 11 reste à en donner une vue synoptique à la fois systématique et phytogéographique. Nous avons cherché, dans le tableau qui suit, à condenser toutes les indications utiles pour l'intelligence de la classification du genre : (73) VI. MIMiD. CONTRIBUTION \ I ETUDE DL' GENRE STEMODIA 227 Axillares bracteolatae Nervures réticulées dans la corolle tomentosa Schottii Mexique. Texas F. orbicul aires, sépales larges veronicoides ., ■ ., Brésil mierophylla Ebracteolatae Pédicelles courts glabra tenuifolia > jorullensis Nicaragua Mexique » Amérique centrale c 'S ii x S it o. 3 O u o Lobe médian de la corolle étroit | Stigmate linguif orme, étamines antérieures à loges inégales i 1 2 grandes espèces très affines Etamines à loges égales. Lobe médian de la corolle étroit macrantlia peduncularis Mexique Mexique. Guatemala Petites fleurs, stigmate large, étamines insérées sensiblement au même niveau. Les quatre étamines à loges inégales pusilla micrantlia neglecta Palmeri humilis Mexique Etamines antérieures insérées plus haut que les postérieures Chodati villosa suffruticosa Andes de l'Equateur et du Pérou s •5 s ù O Damaziana , , L Brésil lobata Espèce à part par la forme de sa corolle foliosa Brésil, Guyane, Bolivie Espèce aberrante radicans Cuba Spiciflorae bracteolatae Espèces totalement ou sensible- tetragona ment glabres, les deux premiè- palustris res très affines seoparioides Chili, Brésil. Urug., Argent. Brésil, Paraguay. Argentine Paraguay Parenté pi. apparente que réelle Ressemblance par la serrature 1 lanceolata bartsioides erecta Chili. Brésil. Urug.. Parag.. Bolivie. Argent. Mexique, Colombie Toute l'Amérique tropicale et subtropicale Quatre espèces intimement ap- parentées. hyptoides stricta orbiculata pilcomayensis Brés., Urug., Parag., Argent. Bres.. Parag.. Boliv., Argent. Uruguay Paraguay 228 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (74) Les Stémodiees Bibliographie : Outre les ouvrages cités eu tête de nos différents genres, voir plus spécialement : P. Browne, Hist. of Jamaica (1756), 269 : Phœlipea [== Stemodia nobis], 261 : Stemodiacra et t. 22, f. 2 : Stemodia [=-. Stemodiacra]. — Linné, Systema, Ed. X (1759), 11 IX : Stemodia [== Stemodiacra]. - 11. Brown : /W. //. /Votf. ffbtt. I 1810), 441-442 : Limnophila, Adenos- ma, Morgania. — Lehmann, in Link, le. pi. rar. (1820), 95, l. 48 : Lindenbergia. - - Hamilton, Prodr. fi. //"/. occ. (1825), 46 : Poarium. — I). Don, /W. AV. Népal. (1825), 87 : Cybbanthera [== Stœchlado- mentha]. — Chamisso et Schlechtendal, /A' p/aw^s A>/>. Romanz. obs., Il (1827), 566 : Achetaria; in Linnsea, III (1828), 21 : Beyrichia. — Bartling, Ordines naturales (1830), 170. - Lindley, in Botanical Register (1831), 1470. - - BENTHAM, Botanical Register (1835), 1770 : /'feront if/ma [= Stœchladomentha]. - G. Don, General System, IV (1837), 534. - Meisner, forcera /'/. vase. (1836-1813), I, 310, et 11, 220. -- TURCZANINOW, in Bulletin de la Société Impériale des Natura- listes de Moscou, XVI, I I 1X13), 53 : Telraulaciam. -- WALPERS, Reper- lorium, III (1845), 962. Bentham, in D.C., Prùdromus, X (1846), scrophulariac. - Lindley, Vegetable Kingdom 1 1847), 684. -- Sciimidt, in Martius, Flora brasiliensis, VIII, 1 (1857-1864), 235, etc. Von Mueller, Fragmenta Phyl. Austr., VI (1864), 104. - - Lindley, Flore des Serres, II, 53 (1862-1865), t. 1526 : Otacanthus. — Pfeiffer, Synon. bol. (1870), 220; Nomenclator, II, Il (1874), 1271. - Bentham ei Hooker, Gênera, II, Il (1X76), 919. Von Mueller, Fragmenta Phyt. Austr., X (1877), X'.». - - Radlkofer, Ùber Tetraplacus [= Ota- canthus!}, in Bayer. Akad. i oui tous une aire limitée. Il en est de même si l'on envisage les espèces elles-mêmes : ainsi, chez les Stemodià, la perle des préfeuilles constitue une spécialisation et nous voyons les espèces ébractéolées m1 cantonner au Mexique et dans le nord de l'Amérique méridionale, d'une façon bien plus étroite que les espèces bractéolées dont l'extension est beaucoup plus considérable. L'apparition d'anastomoses entre les dernières ramifications des ner- vures inlerslaininales représente une autre spécialisation: or, les espèces qui possèdent ce caractère {Stemodià Scholtii, Stemodià tomen- tosa, celte dernière également remarquable par son indûment tout particulier) occupent chacune un territoire de minime étendue. L'on pourrai! nous objecter que le Lendneria humilis, issu sans doute par une spécialisation de son fruit, des Stemodià mexicains, déjà spécialisés par l'absence de bractéoles, pullule néanmoins dans toutes les contrées chaudes de l'Amérique, à l'égal du Stemodià erecta, avec une permanence morphologique bien plus élevée. Mais, dans ce cas spécial, il semble que le fruit soit précisément disposé de façon à favoriser une énorme dissémination de la piaule; il s'ouvre, en effet, sous l'influence de l'humidité et les semences peuvent alors germer dans des conditions spécialement favorables. On pourrait également nous faire observer que les Limnophila sont en majeure partie des plantes adaptées par leur structure à la vie aquatique; mais, il s'agit ici d'une tendance générale d'un groupe à adopter un certain mode de vie. non d'un caractère fixé et nécessaire. Cette tendance admet une série de degrés, d'atténuations, d'exceptions, ce qui confère en somme au genre une assez grande souplesse d'adaptation et lui permet de s'étendre sur un domaine assez considérable, d'avoir des habitats assez variés. En résumé, on peut esquisser la physionomie du groupe en disant qu'il comporte un noyau indifférencié et riche en virtualités variées ; c'est le genre Stemodià et, en particulier, ceux d'entre les Stemodià qui comportent des bractéoles, puis ce genre se spécialise tout en conser- (NI M. MIMOD. CONTRIBUTION A [/ÉTUDE DU GENRE STEMODIA H'.li vant ses Iraits généraux : ce sont les Stemodiu s;nis bractéoles ou bien, au contraire, ceux à larges bractéoles (Stemodiu microphylla, Stemodia veronicoides), ou ceux à nervures anastomosées (Stemodia tomentosa et Stemodia Schottii), ou ceux à grandes fleurs. Puis, nous sortons des limites du genre et nous trouvons, sur le même territoire que lui, des genres très voisins <|iii m' s'en distinguent que par un seul caractère, comme Lendneria, ou par quelques caractères comme Stemodiacra, Chodaphylon, Valeria, Verena, Morgania, Tetraulacium, Dhygostemon et Âchetaria. Dans d'autres cas, l'aire des genres immédiatement apparentés aux Stemodia est contiguë ou ne correspond qu'en partie à celle de ces derniers : il en est ainsi pour Limnophila et Slœchladomentha. Enfin viennent les genres qui ne se rattachent plus à notre groupe (pie d'une façon lointaine et dont Taire est presque (Lindenbergia) ou tout à fait distincte de celle des genres précédents (Stemodiopsis et Hydrotriche). L'Amérique c pie actuellement dix genres de Sté (liées : Quatre sont exclusivement brésiliens : Dizygostemon, Valeria, Tetraulacium et Otacanthus; deux sont exclusivement paraguayens : Verena et Chodaphylon; deux occupent toutes les parties chaudes des deux Amériques: Stemodia, Lendneria; Stemodiacra est limité aux Antilles; les Achetaria vont du Mexique au Brésil eu passant par la Guyane. Si Ton admet que le «Stemodia pusilla - de lit sisy soit en réalité un Limnophila, le nombre des genres américains se trouve de ce t'ait porté à onze et ce dernier occupe un territoire de minime étendue (Bolivie). CHODAPHYTON Mînod gen. nov.1 Calyx 5-partitUs, segmentis sequalibus margine liyalina denticulis, sive papillis acutis numerosis vulgo protentis denticulata. Corolla glanduloso - pubescens tubo cylindraceo, labio superiore emarginato, inferiore trilobo, lobis emarginatis. Stamina 4 tubo inserta, inclusa, tilamentis brevibus, loeulis anthe- rarum distinctis, breviter pedicellatis. S t \ lus. cylindricus apice bifidus, lobis supra stigmatosis, primum late patentibus, post anthesin autem alius alio appressis. Capsula ovala septicide et loculicide in valvas i columnâm placenti- t'ei-am integram libérantes, dehiscens. Placentse i id est duo bifidae2. 1 Genus egrefiio Doctori Professori Rob. Chodat dedicatum. i Hassi.er indique dans sa description «Placenta indivisa». 23C) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (82) Semina parva numerosa cylindrico-ovoidea reticulata v. longitrorsum costulata. Planta' ereetœ foliis 4-7-natim verticillatis linearibus-acicularibus glabris, floribus breviter pedicellatis axillaribus, bracteolù a calyce paulo distantibus. Genus a Stemodia indumento, stylo, bracteolarum insertione et habitu differt. Chodaphyton ericifolium (0. K.) Minod Stemodiacra ericifolia : 0. Kunïze, Revisio Genemm, III. Il (1898), *2'.W. — Stemodia ericifolia: K. Schumann in Just, Jahresb., XXVI. I (1898), 395. — Stemodia ericifolia subsp. vera Hassler et subsp. genuina Hasslkr, in Fkddk, Repert. nov. sp. regni veg., VIII (1910), 210 Herbe vivace à racine pivotante verticale ou oblique d'où s'élèvent plusieurs tiges, généralement ramifiées très près de la base, ce qui forme un arbuscule. [.es rameaux atteignent au plus trente centimètres ; ils sont d'abord dressés, puis rétombants ou traînants et, dans ce cas, les ramifications secondaires qui en sonl issues sont dressées à leur tour. Tons les rameaux onl une tendance à perdre leurs feuilles infé- rieures, ce qui accentue le caractère xérophyte de la plante. Leur calibre est assez uniforme; ils portent des verticilles comptant quatre feuilles près des sommités et jusqu'à sept dans les parties basses. Ces verticilles sont séparés par des entre-nœuds très courts vers l'extrémité des tiges, oscillant entre deux et trois millimètres e1 demi dans la région médiane et atteignant six à sept millimètres chez les liges les pins âgées. Les feuilles étroites, arquées vers l'extérieur et convexes à la face supérieure, ont mie nervure médiane très marquée en dessous, séparée des deux marges, également recourbées vers le bas, par deux sillons probablement stomatifères. Les fleurs sont insérées isolément sur le côté des tiges, jamais très près des sommités, contrairement à ce qui est constant chez les Stemodia de la même région. Floraison en août (ex Fiebrtg). L'examen auquel nous nous sommes livré nous a convaincu que celte plante ne pouvait être plus longtemps considérée comme rentrant dans le genre Stemodia : par l'insertion des préfeuilles à une distance appréciable du calice; par les sépales à marge scarieuse; par le style bifide; par l'absence des poils glanduleux si caractéristiques et si constants dans tout le genre Stemodia, poils qui sont ici remplacés par dt'> épines aiguës bordant les feuilles et les pièces du calice, mais qui (83) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 237 se retrouvent néanmoins à la face externe delà corolle, démontrant ainsi que Stemodia et Chodaphyton sont proches parents, sinon congé- nères; par l'existence de verticilles comprenant ordinairement pins de quatre feuilles; par le port éricoïde si particulier, par tout cet ensemble Fis- 3o. - Chodaphyton ericifolium : Pj., pistil jeune; Stj., jeune stigmate a lobes .'■(•artes: Pa., pistil adulte: Sta., stigmate adulte à lobes apprîmes: Cj., calice jeune: les prefeuilles touchent encore les sépales parleurs bases: Ca., calice adulte : les prefeuilles distantes du calice par suite de l'allongement de l'entre- nœud interposé : Pi., poils unicellulaires à la face interne du tube de la corolle; Pm., poils semblables mais renflés en massue, insérés à la base de la lèvre postérieure; PL, poils pluricellulaires glanduleux, insérés à la face externe de la corolle (chez les Stemodia, des poils semblables forment, en outre, 1 indû- ment général de la plante); x, schéma de la préfloraison: f, feuille; d, dents sur la marge de la feuille. de caractères, cette plante représente bien un type générique distinct. Sans doute a-t-il la corolle d'un Stemodia et si les étamines sont plus courtes, an moins sont-elles du même type. Sans doute aussi lroii\e-t-on des Stemodia à feuilles glabres, d'antres ayant plus de trois feuilles par verticille, mais aucun d'eux ne réalise, même approximativement, cette mosaïque de caractères : (leurs à la fois bractéolées et isolées, feuilles 238 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE C.ENÈVE (84) très étroites, glabres, vertieillées par quatre à sept, style bifide, calice à marge hyaline denticulée. Le type érieoïde réalisé par Chodaphyton n'existe chez aucun Stemodia, ni même chez aucune Stémodiée. Tout au plus pourrait-on rappeler que certains Limnophila d'Extrême-Orient présentent également des verticilles à feuilles nombreuses, niais ce caractère n'existe que dans la partie submergée de la [liante, par suite d'une morphose qui affecte la forme îles feuilles, en même temps que leur disposition et les rend nmltilides; il cesse d'exister dans la partie émergée qui ne porte plus que des feuilles entières, assez larges et ordinairement opposées. <>n ne saurait songera établir un rapproche- ment sérieux entre des formes aussi disparates. Par son style bifide, Chodaphyton s'éloigne de l'ensemble du groupe auquel il se rattache crailleurs fort étroitement par la plupart de ses caractères. Les préfeuilles sont légèrement distantes du calice comme cela se retrouve chez certains Limnophila et chez Morgania;ce dernier genre est encore de tous les Stémodiées, celui qui rappellerai! le plus Chodaphyton par son port, sans que celle analogie se poursuive du reste très loin, (liiez Stemodiopsin, l'écart entre le calice et les préfeuilles s'accentue à tel point que celles-ci occupent le milieu du pédicelle1. .Mais ces genres appartiennent respectivement à l'Asie, à l'Australie et à l'Afrique; il ne peut donc \ avoir entre eux et Chodaphyton qu'une parenté relativement éloignée. D'autre part, notre genre ne se rattache nettement à aucune des Stémodiées de sa propre région phytogéographique. Cependant, la forme de la corolle et le mode d'insertion des étamines rappellent les Stemodia du groupe andin {Stemodia Chodati, suffruticosa, etc.). Par sa spécialisation remarquable, son adaptation à la vie xérophytique, il peid être considéré comme un genre ancien, ce qui expliquerait son isolement relatif au milieu du groupe dont il relève. Cette plante a été décrite, pour la première fois en 1W.IN, par 0. Kuntze, sous le nom de Stemodiaera ericifolia. La même année, K. Schumann rectifiait cette appellation en celle de Stemodia ericifolia, rectification qui se retrouve chez Hassler (1910). Ce dernier auteur reprend la description de Kuntze, montrant qu'elle est erronée sur plusieurs points. Il estime d'ailleurs que la plante de Kuntze (qu'il n'a pas vue) et la sienne, ne peuvent différer spécifiquement, parce que récoltées en deux points très rapprochés du Paraguay, respectivement : Puerto Esperanza et Puerto Talavera dans le Cran Chaco. En consé- ' Chez Stemodia. par contre, elles se laissent difficilement séparer du calice tant leurs points d'insertion sont rapprochés de ceux des sépales. (85) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 239 quence, Hassler propose une description nouvelle sons le nom de Slemodia ericifolia (0. K.) Hassl., subsp. vera Hassl. , à laquelle ii oppose une subsp. genuina Hassl. qu'il réserve, non pas à la plante de Kuntze, mais à la « description » de Kuntze, en sorte que celle subsp. genuina « n'existe que sur le papier ». Nous n'avons pas vu l'échantillon original de Kuntze, mais nous estimons comme Hassler, qu'il s'agil sans aucun doute d'une seule el même espèce, examinée trop superfi- ciellement parle premier de ces auteurs, qui semble du reste n'avoir eu sons les yeux que des échantillons jeunes et faiblement développés. Les deux descriptions diffèrent notamment en ce qui Louche le nombre des feuilles insérées sur chaque verticillè. Kuntze en admet quatre; Hassler cinq à sept. Sur ce point, il est aisé de rétablir l'accord entre les deux «descriptions»: il \ a quatre feuilles dans les verticilles supérieurs et sept dans ceux de la hase. Il est probable, au surplus. que ce nombre doit s'élever encore chez les plantes particulièrement luxuriantes. Les deux descriptions diffèrent encore sur les points suivants (nous citons en regard les données des deux auteurs) : Kuntze: Caulis simplex vel in- Hassler: E radiée crassa subli- ferne ramosus ramis simplicibus. £nosa oriimtur caule* plure* inter- ne longe- et apicein versus lu e\ i- ramosi. Polia... + I min. lata margine Lolia juniors superiora inargi- involuta nibus subtus usque ad costam revolutis acicularia, aduitiora line- ari-subulata, costa inediana subtus crassiuscule prominenle, inargini- \)\\a révolu lis, facie superiori le\ iter convexa, ener\ ia. Calyx bibracteatus bracleis par- Bracteohe (h and parrw) calyce vis. 1ère gequilongce. Corolla tubo + 6 mm. longo. Corolla # mm. longa. Stigma dilatatum subinflexum. Stigmatis lobi 2 divaricati. Delà comparaison entre ces deux citations, il ressort évidemment que Kuntze n'a pas suffisamment examiné les racines et le mode de ramification de la plante. Quant aux feuilles, nous les avons nous-même trouvées conformes à la description de Hassler. Les préfeuilles, Lien qu'égales au calice, en longueur absolue chez la jeune Heur non ouverte, sont beaucoup plus courtes au moment de l'anthèse parce que leur croissance cesse de bonne heure tandis que les sépales s'allongent encore d'un quart environ. De plus, leurs points d'insertion respectifs (ils ne sont pas exactement opposés) sont situés à une dislance appré- 240 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (86) ciable du calice et cette distance s'accroît peu avant l'épanouissement de la fleur, ce qui rend les prêle ni Iles encore plus courtes en apparence. Enfin, la corolle a huit à neuf millimètres de long, niais son tube ne dépasse pas six millimètres et le stigmate est bifide el mm infléchi des lobes sont contenus dans deux plans parallèles et mm dans le même plan comme chez Valeria Irifoliata); mais les deux lobes s'appliquent étroitement l'un contre l'autre après l'anthèse, ce qui peut simuler un stigmate simple et expliquer l'inexactitude de Kuntze. Nous concilie- rons que les deux auteurs ont réellement eu entre les mains la même plante, mais que celle de Kuntze était moins développée (tiges six à dix centimètres; verticilles de quatre feuilles; pas de fruits) que celle de Hassler (tiges de cinq à trente centimètres; verticilles de quatre ! à sept feuilles; fruits mûrs nombreux). Aire géographique : Limitée jusqu'ici à une petite portion du Paraguay : Puerto Esperanza (û. Kuntze). - Gran Chaco, Puerto Talavera, in campo humido [Fiebrieg, n. 122N, in herbario Hassler!] LENDNERIA1 Minod, gen. nov. ?Poarium [Desvaux] Hajmlton, Prod. FI. Ind. occ. (1825), 4(î [Capsula... loculis dispermis !]. Calyx 5-partitus, segmentis aequalibus linearibus, margine pellucida, pubescentibus glandulosis. Corolla Lubo cylindraceo v. subconico, basi globoso, labio superiore \i\ einarginato, inferiore trilobo. Stamina 4 didynama inclusa : antica longiora, antheris minoribus, postica breviora antheris majoribus; antherarum loculis distinctis breviter pedicellalis v. subsessilibus. Stameii quintum in rudimentum reductum. Stylus brevis, apice in stignia obliquum foliaceuni rotundatum, supra et margine papillosum, dilatatus. Capsula superne septicide et loculicide in valvas 4 dehiscens, basi non dehiscens nec seplum placent if erum totaliter libérons, bygroscopico motu in sicco subclausa sphsericam, in humido aperta liliiformem- campanulatam formam praebens. Placenta1 2 septo stricte adnatœ non partibiles, utrinque septi lateribus, quasi alis membranaceis undulatis marginatœ2. Semina parva numerosa, cylindrico-piriformia, sessilia, longitrorsum costata. 1 Genus egregio Doctori Professori Alf. Lendner dedicatum. 2 Ce caractère est parfaitement figuré par Jacqitin fils, comin.. t. 149. (87 M. MIN0D. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 241 Planta' Immiles, diffusa?., procurribentes; ramosissimse, pubescentes- glandulosœ, foliis longe petiolatis verticillatis, floribus axillaribus breviter pedicellatis, bracteolis nullis. A Stemodia genus fructu differt. A Poario (v. siïpr.) capsula i valvis nec bivalvis, loculis polyspermis nec dispermis foliisque verticillatis nec oppositis. Lendneria humilis (Solander) Minod ? Ageratum americanum procumbens., foliis subrotundis serratis glabris : Houstoun mss. (ex Millkb, I. c.) = ? Erinus verticillatus, caule ramoso pro- cumttenle, foliis ovalis serratis glabrjs opposilis, floribus verticillatis : Miller, Gardeners Dictionary, Ed. VIII (1768), Erinus n. 5. - Capraria humilis : Solander, in Aiton, Hort. Kew.., Ed. I, II (1789), 353 (non Pavon!). ■ Stemodia parviflora : Aiton, Hort. Kew., Ed. II, IV (1812), 52. — Lamarck, Fig. 3G. — Lendneria humilis : Corolle Enc. méth., suppl., V (1817), 244. — Steudel, Nom. bot., i (1821), 813. — Link, Enumer., II (1822), 144. — Chamisso et Schlechtendal, in Linnœa, III (1828), 6. ■ • Lindlky, Bot. Register (1831), 1470. - - G. Don, Gen. syst., IV (1837), 541, n. 17.— Walpers, Rep., III (1845), 268. - ■ Bentham, Plantœ Hartwegianœ (1839), 147: in D.C, Prodr., X (1846), 382.- Bentham et Oersted, Scroph. centr. amer. (1853), 22. — Schmidt, in Martius, Flora brasil., VIII, 1 (1857-1861), 298. — Grisebach, Plantœ Wrightianœ cubenses, II (1862), 522; Flora ofbrit. W.-ind. hl. (1864), 429; Cat. PI. cubens. (1866), 182, n. 11. _ Wright, in Sauvalle, Flora cubana (1873), 99. — Grisebach, Symb. ad FI. argent. (1879), 238. — Godman et Salvin. in Hemsley, Biol. centr, amer., Il (1882), 450. - Smith, Enum. PI. Guatem., 1 (1889), n. 826; III (1893), 57; TV (1895), 115. -- Johnston, Aild. U> the FI. of Mauritim, in Travs. lia/. Soc, Edinbg., XX (1895), 398. -- Tonduz, Herbor. au Costa-Rica, in Bull. Herb. Boi&sier, sér. 1, III (1895), 455. — Loesener, Plantœ Selerianœ, ibid. (1894), BULLETIN UE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3-4, parus le 30 Sept. 1918. 16 24-2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (88) 562: Beitrdge z. Kenntn. d. FI. von Centr.-Am., in Engler, Bol. Jahrb., I, XXIII (1897), 119, n. 338. — Smith, in Pittiek, Primit. FI. Costar., II, II (1898), 178; Enumer. PI. (huit., VI (1903), 29. -- Loesener, Plantœ Selerwnip, in Bull. Ilerb. Boissier, sér. II, III (1903), 283. - Chodat, Plantœ Hasslerianw, I (1901), 404. — Chodat et Hassler, ibitl., Il (1904), 286. — Stemodia arenaria : Humboldt, Bonpland et Kunth, Nova gênera, II (1817), 287, l. 175. — Steudel, Nomencl. bot., I (1X21), 813. - - Kunth, Syn. PL, II (1823), 118. — Sprengel, Systema (1825), 811.— G. Don, Gen. Sysl., IV (1838), 541, n. 16. — Walpers, Repert., III (1845), 268. ? Conobea pumila : Srengei., Nov. Prov. (1819), 13 [ex Link (1822), 1. c. et Sprengel, I. c. (1825), 811 ; synon. a Chamisso et Schleghtendal (1828), I. c, excl.]. - ? Poarium veronicoides [Desvaux], Hamilton, Prodr. FI. Ind. occ. (1825), 46 [ex Bentham et Hooker, Gen., II, II (1876), 950] : «Cal. ail basim profunde (|iiinqiiepartitus. Cor. tubulosa oblique quinquelobata. Slam. inclusa. Slyl. elongatusapice subincurvus. Caps, bivalvis bilocularis; locul/s dispermis. — Gaule humifuso divaricato ramoso ; ramis subtomentosis ; fol. opposilis ovatis insequaliter dentatis basi subdeiiurreiitibus longe petiolatis; flor. axillaribns sessilibus solitariis. ». — Herpestis diffusa : lierb. Wflldenow, n. 11.444 (ex Gh. et Schl. (1828), I. c). — Conobea ovata IIortorum (ex Walp. (1845), I. c. ; Ch. et Schl. (1828), 1. c. ; an Sghranck, Sylloge, II (1828), 62? ex Benth. (1846), I. c). — Capraria crustacea : herb. Pavon. - Capraria humilis : herb. Pavon, nec specimina omnia ! v. p. 43. Stemodia pauciflora : Rusby, Enum. PI. Boliv., Ba.ng, in Bull. Torrey CI., VI, I (1896), 93. - Stemodiacra verticillata : Kuntze, liev. Gen., II (1891), 466 et III, Il (1898), 239. — Morong, PI. coll. >n Parag. (1892), 184.- Stemodia verticillata: Hassler, Contrib. FI. Cbaco (1909), MO. Herbe à racine fibreuse, 1res rameuse, tiges externes procombantes, parfois rampantes sur une assez grande longueur, liges internes dressées ou flexueuses, toutes pubescentes. Feuilles ordinairement ternées, presque glabres (les plus jeunes sont faiblement pubescentes, les adultes ne portent guère de poils que le long des nervures). Elles sont ovales-lancéolées, à base triangulaire brusquement atténuée en un pétiole aplati, dentées à dents ovales obtusément acuminées, en nombre variable (en moyenne six à douze de chaque côté), fréquemment accompagnées d'une dent plus petite. Entre-nœuds et grandeur des feuilles variant beaucoup d'un échantillon à l'autre. Fleurs brièvement pédicellées (pédicelle = deux millimètres). Calice à cinq sépales lancéolés, pubescents, subtiles, un pou obtus. Corolle longue de quatre millimètres et demi, à tube large, légèrement et régulièrement évasé (Linck, qui a vu la plante cultivée à Berlin, indique que le tube est incurvé), avec une très faible constriction à la hauteur de la gorge et une plus forte au premier tiers delà longueur. L'intérieur delà corolle est tapissé de deux sortes de poils : les uns allongés, minces, unicellu- laires, flexueux, répartis uniformément dans l'espace situé au-dessous (89) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 243 des étamines et un peu plus densément dans l'intervalle et au-dessus des étamines postérieures; les autres, également unicellulaires mais courts, droits et fortement renflés en massues, concentrés en un petit groupe à la base de la lèvre postérieure. L'ovaire ressemble beaucoup à celui des Stemodia : le stigmate, en forme de languette rappelle celui de plusieurs Stemodia du groupe mexicain. Mais le fruit est absolument distinct par sa forme et son mode de déhiscence de celui de tous les autres genres de Stémodiées : la déhiscence en est, en effet, septifrage et non septicide, moins complète aussi que chez la généralité des Stemodia. Ce fruit présente en outre des mouvements hygroscopiques curieux : il se ferme sous l'influence de la sécheresse et s'ouvre large- ment dès qu'il est mouillé. L'inverse est fréquent; mais, à noire connaissance, un fait semblable à celui que nous signalons n'a été noté, parmi les Scrophulariacées, que chez certaines Véroniques1. Un autre caractère, qui ne se retrouve pas an même degré chez les Stemodia, c'est l'inégalité très grande entre la dimension des anthères des éta- mines antérieures et postérieures. Fleurs blanches (Link), roses (Ro.i as ii. 665), lilas (Griseb.) ou bleu pâle avec le tube blanchâtre (Ciiamisso et Schleciitendal). Floraison en avril (Lœsener), mai (H. B. K.), juillet-août au nord et octobre-mars au sud de l'Equateur. Bien que cette plante possède l'indument et la plupart des caractères lloraux des Stemodia et que les particularités qui la distinguent de ce dernier genre soient peu nombreuses, leur valeur est néanmoins assez .mande, pensons-nous, pour justifier la création d'un genre nouveau ; le fruit de Lendneria rappellerait plutôt celui de Limnophilia, chez qui le septum médian déborde également sur les côtés de la colonne placen- tifère lors de la déhiscence du fruit. Mais le faciès de notre genre ne permet pas de le rattacher autrement aux Limnophila. En revanche, ses affinités avec les Stemodia du groupe jorullensis, à fleurs solitaires sans préfeuilles, sont évidentes. Aire géographique : Cette plante rudérale est extrèment répandue dans toutes les régions de l'Amérique comprises entre les tropiques : « East Indies » (Solander, 1789) ; « South America » (Aiton, 1812) ; « in America australiori » (Wali\, 1845) ; « ad ripas fluvioruin et in maritimis Americae australis» (Benth., 1840); «Haïti, Mexico! to South Brazil! and Peru! » (Griseb., 1864); «du Mexique méridional et des Antilles, jusqu'au Brésil et au Pérou» (Smith, 1898). - - Mexique : Antigas ap. Vera Cruz [Liebmann, 1841 !, Hb. Copenh. !]. - - [Sumiciihast, 1858!]. 1 Steinbiunck, in Ber. deutsch. bot. Gesellsch., I (1883), 339, t. XI. 244 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (90) — Orizaba [Botteri, n. 612!]. - - Antiguas ap Vera Cruz Lieumann, 1841, s. il. !]. — In prov. Hidalgo pr. Iluejutla [Seler, n. 028 (ex Lœsener). — Chimalapa Allaman, 1832, s. n. !]. - - Sine loco Sumi- chrast, 1858], Pavon, s. n. ! suh Ca fraria crustacea et Capraria humilis p. p. - Guatemala : Coban. Dep. Alta Verapaz, ;ilt. 4300 pp, [v. Tûrckheim (ex Smith). -- Santa Rosa, ait. 3000pp. HevdkcI Lux (ex Smith). -- Cubilquitz, dep. Alla Verapaz, ait. 350 m. v. Tûrckheim - Area Finca los Diamantes pr. S. Andres Osnna Si;u:i!, n. 211 i h. : Fig. 37. — Lendneria humilis: Fruit: a, b.. ouvert sous l'action de l'humidité: c, d., fermé sous l'action de la sécheresse; q, r, t, colonne placentifère ; E, étamine postérieure; e., étamine antérieure; C, corolle entière. fl. cl IV.: nov. (ex Lœsener).— Honduras : San Pedro Sula, dep. San- ta Barbara, ail. 1000 pp. Thienne (ex Smith). -- Nicaragua: Canada Yasica, dep. Matagalpa, Lichtung des Regenwaldes in 1000 ni. Hôhe; 0,10 in. Uohes Kranl. Die violetten Blûten unddie Frûchte in Febr. ex Lœsener). — Costa Rica : Aguacaliente à 2 k. an sud de Carthago (Œrsted, Tonduz, Godman d Salvin).— Sine Iocik Kuntze).— Savanes de Boruca [Tonduz, n. 4573J. -- Chemins cl cultures à San José, ait. 113.") m. n. %21 ic\ Smitiii. — Panama : Chagres Fendler, n. 215, 216 ; Empire Station Hâves, n. 232 (ex Godman et Salvin). — Colombie : Caucan : La Paila [Holton, n. 580!]. - - Prot. Santa Maria, ail. t'.OOO [FUNCK, n. 504! : 11. viol.: jan. - - Sine loco H. II. Smith, n. 1328! . — in ripa innndata lluininis MagdalciKc, pr. Banco et El Penon, inter Mompox et Morales (H. B. K.) : (1. Majo. — Venezuela : (91) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 2 i5 Caracas Funck, ii. 298 ! j. ■ Antilles: Cuba Wright, n. 374 (ex Sauvalle et Griserach). S. Domingo : Mons Balbis Bertero, I.S-2I ! . - [Hb. D.C.] (ex Bentham), (Griserach). - Martinique: Bélanger, m. 193 ! (Urran, mss.). St-Vincent Guild.] (ex Griserach). Guadeloupe L'Herminier, s. h.!] (Urban, mss.). Hispaniola [?Herb. Desvaux (ex Hamilton : Poarium veronieoides). Trinidad Lockh. (ex Griserach i, (Bentham ). Pérou orien- tal : pr. Yurimaguas, ad 11. Huallaga [Spruce, h. 3866!]. Sine |(,r(, m, . Pavon!].- lu vicis urbis Paccha Hartweg, h. 820! (Bentham i. — Bolivie : région andine : pro\ . Larecaja, viciniis Sorata, Moyabaya et Tani, in cultis et incultis; ait. reg. temp. 2600-2700 m. Mandon, n. 467! : forma villosiuscula, foliis augustioribus ! Guanai-Tipuanai Bang, ii. 1387! : forma aana, dentibus acutissimis ! Rio Juntas, 1600 m. (Kuntze). - Carapi Matiiews, n. 322 (ex Bentham).— Brésil tropical et austral Sellow,Tweedie, Langsdorff, Poiil (ex Bentham). - - Brésil méridional Sellow, 1828!, Hb. Berol!]. Brésil Schmidt, s. n.!, III». Petrop. ! . Insula Santa Catharraa Chamisso (exLiNDLEY). — Tn agris, pascuis, locis arenosis.aut lui midis prov. M i 1 1 ; 1 1 1 1 1 m Sellow, Riedel ; in deserto intervicum Est'rema et 11. S. Francisci Poiil, ii. 31X7 ; i sditerraneis prov. Bahiensis et Pianhensis (ex Schmidt).- Paraguay: Asuncion Morong, 800 et 800 a ; Pilcomayo River n. 972! : oct.-mart. «Herb. 5-25 cm. high. Cor. azuré, lighter colorée! within, the tbroat delicatelj fringed. This little pi. has the odor of mini when freshl) gathered. In grassj grounds or in wettish places in the woods. o (ex Morong). - Plaine il»' Capi- tindu, à l'est de la Cordillère de Villa-Rica Balansa, ii. 2128 b!j. - Chaco arg.-parag. Rojas, ii. 665 : peren. cor. ros., camp. hum. il. aug. (ex Hassler). - San Ignacio Misiones \'! n. 530 ! : fl. roseo- violaceus et roseo-purpureus. - - In campo pr. lac. Ypacarai Hassler, n. 3534!]: suffr. 0,1-0,3; pet roseo-violacea. - - Ad marginem sylvae pr. Altos n. 915!]. — Villa occidental Balansa, n. 2128! . - - Agul Morado, campos Tajos Rojas, n. 1282! . -- Santa Ana Misiones, campo de Llamas, n. 257! . -- Misiones, pasadas ,\ suburbios A. -A. Muniez, ii. 35 ! Fac. Ci. Med. Buenos-Ayres ! .— Nord (2-2-2)1" lat.) inter Rio Apa et Aquidaban, Massa Gampo Waldinselrand Fierrig, h. H39! : 11. violaceus.- In campis, San Bernardino Hassler, n. 2104 ! : 11. roseus, herb. 0,04-0,08 m. - Concepcion (Kuntze). Uruguay: Laguna Guayaca [Berro, 1906! .— Cuarim, in locis sabulosis [Berro, n. 1554!]: 11. viol.— Argentine : Piqueté, prov.Jujuy, in ripa arenosa humida 11. 246 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (92) San Francisco [Fbies, n. 473 et 473 a]. - - Tucuman, prov. Oran (incl. Tarija et Chaco) (ex Gbisebach). — Jujuy (Kuntze). - Ile Maurice : naturalisé (JoHNSTON). STEMODIACRA Bbowne Scordium : Sloane, Calalog. (1696), 66; Jam., I (1707), 175, t. 110, f. 2. — Stemodiacra : P. Browne, Civil, and Nat. Hist. of Jamaica (1756), 261 [Genus indescriptum !] : non recentiorum auctoruru sensu nisi pro parte [vide Stemodiœ synonym.]. — Stemodia : Linné, Systema, Ed. X (1759), 1118, 1374, n. 1154. — Jussieu, in Hort. Trianon (1759), ex Pfeiffer. — Linné, Spec, Ed. II (1763), 881 et 111 (1764), id. -- Adanson, Fam., II (1763), 210. - Gleditch, Systema (1764), 179, n. 737. — Linné, Gênera, Ed. VI (1764), 320, n. 777: Uni. Nat. (1764); Systema, Ed. XII (1767), 422. - Murray, Systema (1774), 479. — Scopoli, Introd. ad hisl. nat. (1777), 177. — Reichenbach, Gênera (177S), 322, n. 839. — Murray, Systema (1784), 573. — Tussac, Gênera (1789), IIS, ex Ppeiffer. - - Necker, Elementa, I (1700), 348, n. 543. — Schrerer, Gênera, II (1791), 420, n. 1043. — Gmelin, Systema (1791), 95i, nec auctorum recentiornni sensu, nisi pro parte, post introductionem Caprarim durantifoliœ a Swartz, Obs. but. (1791), 2UI, in Slemodiam genus, quain speciem, quia fre- quentissimam, anctores omnes tacite ab eo tempore quasi generis typum intuiti sunt. [Cf. tamen Gisecke, Prœlectiones (1792), 486-487. — Mouton-Fontf.ville, Syst. d. pi. exlr. et trad. des ouvr. de Linné, III (1805), 125 et Kunth, Synojisis planlarum, II (1823), 118.] Calyx 5-partitus segmentis linearibus laneeolatis subsequalibus, pubescentibus glandulosis. Corollatubo obconico, labio superiore rotundato subintegro, inferiore trilobo, lobis regulariter rolundatis basi non plicata nec constricta. Stamina 4 inclusa, sequalia (vel rarissime 1 inferius + abortiviun), filamentis in connectivuni 2-ramosum furcatis, ramis teretibus oblique extensis, apice antberarnni loculos valde disjunctos dorsifixos ferenti- bus. Stamen quintum totaliter suppressum. Stylus apice in stigma vi.r dilatatus. Capsula ovata, superne crassior, septicide et loculicide in valvas 4, columnam placentiferam deniuni libérantes, debiscens. Placenta? 2 integrœ. Semina parva nunierosa. Planta3 suffrutescentes, viscoso-pubescentes, caulibus dûris subqua- drangularibus, dense foliosis, ramosis, ramis erectis vel rarius procumbentibus ; folia opposita tetrastica, sessilia ainplexicaulia sa'pis- sime uppresm ; bracteolœ calycis segmentibus latiores, iisqueappressa\ Genus a Stemodia corolla, staminïbus, stigmate et babitu differt. Stemodiacba mabitima (Sloane) Browne Scordium maritimum, fruticosum procumbens, tlore cœruleo Si.oane, Cata- logua plantarum quœ in Ins. Jamaica sponte proveninnt (1696), 66; Vuyaye tu... Jamaica with llte nat. Hist., I (1707), 175, t. 110, f. 2. — Stemodiacra mari- (93) M. MINOD. CONTRIBUTION A [,'ÉTUDE DU IIENDE STEMODIA 247 tima odorata ; foliis minoribus, sessilibus, denticulalis, hastatis, lloribus soli- tariis alaribus, P. Browne, Hist. Javiaica (1756), 261. (ïhe Sea-side, or Bastard Germander.) — Stemodia maritima : P. Bkowne, ibid. (1756), lab. 22, lig. 2. — Linné (1759), 1. c. (v. bibliographiaw sub generis Slemodiacrœ tilulo, ad quam adde :) Jagquin, American Pïctures, t. 261, f. 48 (ex auct.); selectarum Stirpium americanarum Hisloria (1763), INI, t. 174, I'. 66 [foliuml]. — Scopoi.i, Inlr. ad Hist. nal. (1777), 177. — Vahl, Symbolœ botanicœ, 11 (1791), 69. — Wili.denow, Species pi, III, 1 (1800), 344, n. 11*3, I (Meer- strands Stemodie). — Lamargk, Encyclopédie méthodique, Vil (1806), 424; Illustr., t. 534, f. 1 — Persoon, Synopsis si ^e Enchiridium, II (1807), 167, n. Fi g . 38. — Stemodiacra maritima: Br., bractée florale ; Ca., calice flanque de deux grandes préfeuilles villeuses dont l'une est représentée à part, Pf. ; E., une eta- niine avortée (exceptionnellement); V., fruit ouvert en deux valves suivant le plan vertical de symétrie. 149H, 1. — Humboldt et Bonpland, Nova Gênera, 11 (1817), 287. — Steudei,, Nomenclator bot., I (1821), 813. - - Spkengel, Systema (1825), 810, n. 7. — CHAMissoet Schlechtendal, Linnœa, III (1828), in secl. Diamoste. — Lindley, Bot. Req. (1831), 1470, n. 18. — G. Don, Gen. System, IV (1837), 541, n. 23. — Bentham, in D.C., Prodr., X (1846), 382, n. 13. - Schmidt in Martius, FI. brasil, VIII, I (1857-1864). 299. - - Gkisebach, Plantœ Wrightianœ cubenses, II (1862), 522; Flora Brit. W.-Ind. hlands (1864), 429; Catal.pl. Cub. (1866), 182. — \Vrk;ht, in Sauvai.le, Flora cubana (1873), 99, n. 1539. -- Pickkring, Chronol. Hist. of Plants (1879), 982 nomen ! — Hitckcock, List. PL in Missouri Bot. Garden, IV (1893), 113. - Urban, Symbolœ antillanœ, IV, IV (1911), 558, n. 3. [V. etiam opéra pleraque sub Stemodiœ generis Litulo cilata.] - -Non Heyne (in Wall, cat., n. 3931)= Stemodia viscosa Roxb. [ex Benth. (1846), 1. c.]. — Non Chodat et Hasslkr (Plantœ Hasslerianœ, II) = Stemodia erecta. — Stemodiacra maritima : Kijntzk, Rev. Gen., II (1891), 466. Plante dressée, à tige principale verticale ou plus rarement modéré- ment flexueuse, épaisse de deux à trois millimètres, arrondie à la base, subquadrangulaire dans la partie supérieure, pubescente, rameuse, à 248 i:i I I I : il N DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (94) rameaux isolés, dressés, pouvant naître à n'importe quelle hauteur. Les entre-nœuds peuvent dépasser deux centimètres près de la base, mais ils se raccourcissent beaucoup vers les sommités. Les feuilles sont opposées, tétrastiques, engainantes, auriculées, lancéolées, dentées dans leur moitié apicale, généralement assez dressées, même apprimées. Le faciès est nettement halophyte. Les fleurs toujours pins courtes que la feuille axillante. Ce gehre diffère essentiellement des Stemodia par ses étamines à long connectif bifurqué et par la forme de son style. Un premier de ces caractères ne se retrouve à un tel degré chez aucune plante du groupe; le second se répète à peu de chose près chez Verena ; de même, Stemodiacra et Verena ont tous deux une corolle apparemment tétramère à lobes régulièrement arrondis et à tube évasé, ce qui les éloigne (\v>~ Stemodia donl le tube est généralement cylindrique sauf dans legroupe Schottii-lanata où il es! aussi évasé que chez Stemodiacra et donl la corolle n'est jamais d'apparence tétramère. dépendant, par la ner- vation de la corolle et par les étamines. Verena se confond avec Stemodia, ce qui n'est pas le cas pour Stemodiacra, chez, qui les quatre éta- mines sont très spéciales, nous l'avons vu. la cinquième étant totalement supprimée ce qui amené une légère modification, un rapproche- ment, presque une union des deux nervures qui auraient été adjacentes, de part et d'autre à cette étaniiue. si elle axait existé. Les larges préfeuilles rappellent celles du groupe veroni- coides-microphylla doid l'analogie avec notre genre ne se poursuit pas d'ailleurs en ce qui louche les autres caractères. Quant au faciès, bien que très particulier, il s'explique suffisamment par l'adaptation de cette plante à une vie halophyte et il ne sUffiraitpas à lui seul à la faire séparer des Stemodia, car plusieurs d'entre ces derniers, notamment ceux du groupe erecta, présentent des feuilles de même tonne et simulent parfois assez bien notre plante parleur aspect d'ensemble. Aire d'extension : Littoral atlantique du continent et des îles d'Amé- rique, des Bahamas au Brésil méridional. - - Bahamas : Long Island Eggers, u. 4016! procumberis. - New Providence [Northrop, n. Fig. 39. Stemodiacra maritima : Etamine ' normale. (95) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMODIA 249 205!).- Nassau [CilRTiSS, n. 1 19 !], (Hitchcock). — Eleuthera, Grand Cayman (Hitchcock). - Antilles : Cuba : in humidis insulœ, juxta Havanam (H.B.K.).-- [LiNDEN,n. 1853!], [Wright, 1873!], [Wright, n. 374 et "2992»] (ex Grisebach), (Bentham). - Jamaica : lu arenosis et maritimis, et copiose in oppidi Kingsdom viis extremis (Jacquin, 1763). In inundatis maritimis (Willdenow, 1800). — Common in wet places along Ihe southern coast [Pd., Wils.] : mart. (ex Grisebach) (Lindley, 1831; Bentham, 1846). Il grew among. the loose sand jnst by the Town of Old Harhour (Sloane, 1707).- San Domingo [Poiteau, s. n.!]. - - Monte Redonda, in savannis [Eggers, rv. 2472!]. -- Portorico : Coanio, ad lagunas [Sintenis, n. 3316!], circa salinas in fruticetis apricis. - Hispaniola (Lindley, 1831; Urban, 1911). - - Curaçao (Urban). - Brésil : Ponço d'Areia [Blanchet, 11. 3897 ! | ; P.aliia [n. 2283 !, 145 !]. -- Mont. Jacobina pr. Bahia | n. 2562 ! | : Porto do Lagoa. - Pernambuco [Casaretto, n. 2309!]; Montagnes d'Organ [Gardner, n. 1088! sub Stemodia fol/osa'}. - In udis ad oppidum Joazeiro prov. Bahiensis et alibi in parte lmjiis prov. déserta ad piscinas et aquas salsuginosas [Blanchet); in prov. Minarum [Riedel, Pohl, Gardner, m. 1088]; var p rigida Schm. : tota planta pilis hyalinis densis canescens et glandulis viscosa; foliis rigidis oblongo-lanceolatis serratis, subrevolutis, basi cordata subamplexicau- libus, auriculis rotundatis vix patulis 4-5 lin. long., 2-3 lin. lat. : Brésil, similibus locis in Bahia [Blanchet] ex Schmidt. - Nouvelle Andalousie (Bentham, 1846), pr. Bordones (H. B. K., 1817). VERENA Minod, gen. qov. Calyx 5-partitus segmentis insequalibus : postico longiore latiusculo lineari obtusato, céleris linearibus, versus basin dilatatis, suba3qualibus, anticis tamen paulo minoribus, pubescentibusglandulosis,/ré&s minimis. Corolla l'ère tetramera; tubus brevis latus eonicus ; labium superius \i\ bilobum, inferions labii lobis magnitudine et forma quasi simile; labium inferius trilobum, lobis rotundatis lalis obtuse acuminatis subaequalibus, antico \i\ majore. Stamina 4 inclusa aequajia, antheris posterioribus majoribus, anthe- rarum loculis distinctis subsessilibus. Ovariuni ovatum. Stylus teres, subaaqualis, reclus, snb apice (éviter dilatatus, dein retusus et stigmatosus, stigma inde haud discretum. Capsula ovata septicide et loculicide in valvas 4 dehiscens. Placentas 2 bifidae. Semina parva numerosa cylindrico-piriformia subsessilia longitrorsum costata. 250 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (96) Plantœ erectae ramosa\ foliis pinnatifidis oppositis vel ternatim verticillatis, floribus axillaribus, pedicellatis, bracteolis nullù. Genus a Stemodia calycis lobo postico, corollae lnlto conico, nec cylindrico, et lobis rotundatis, stylo haud deflexo nec apice explanato, et foliis pinnatifidis differt. Verena Hassleriana (Ghodat) Minod Stemodia Hassleriana : Chodat, Plantœ Hasslerianœ, II, in Bulletin de l'Herbier Boissier, II, IV (1901), 383. Plante dressée, robuste, modérément ramifiée, à rameaux opposés, à Feuilles pinnatifides, à Heurs pédicellées; le sépale médian est plus Fig\ 40. — Verena Hassleriana. long que les autres, linéaire obtus. La corolle possède un large tube conique et quatre lobes presque identiques, ce qui la rend tétramère. Les étamines sont insérées toutes quatre très près de la base du tube; leur filet est allongé, grêle et les loges de l'anthère sont de dimensions relativement grandes. Le pistil et le fruit sont semblables à ceux de la plupart des Stemodia, à l'exception toutefois du stigmate qui est ici terminal et à peine plus large que le style. Cette espèce est fort remarquable parla forme de ses feuilles, qui rappellent très exactement celles du Conobea multiflda et, à un moindre (97) M. MINOD. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU GENRE STEMOD1A 254 degré, celles moins découpées de la plaide appelée Stemodia polystachya par Brandegee ou celles, beaucoup plus divisées au contraire, de la partie immergée de plusieurs Limnophila. Les fleurs sont solitaires et dépourvues de préfeuilles, ce qui éloigne noire genre des Stemodia de la même région et le rapproche au contraire de ceux du Mexique. Par l'absence complète d'indûment, il se distingue de l'ensemble des Stemodia (à l'exception toutefois du Stemodia tetragona avec lequel du reste il montre peu d'affinités), dont il s'éloigne également par sou sépale impair très différent des quatre autres. Par contre, si l'on n'envisage que le fruit, la semence el la nervation de la corolle, Verena et Stemodia s'identifient. Parle stigmate, notre genre rappelle un peu Stemodiacra, ainsi que par le contour de la corolle, mais chez celui-ci on trouve de grosses préfeuilles el des étamines d'une forme toute spéciale, tin somme, il s'agit d'un type très spécialisé, tendant à la vie aquatique par son habitat ainsi que par la forme el la disposition verticillée de ses feuilles. Leur ressemblance avec celles de Conobea et Limnophila n'est sans doute qu'un phénomène de convergence, tout au moins en ce qui concerne le premier de ces genres. Le genre Verena, toid comme Stemodiacra et Chodaphyton, apparaît donc comme un type spécialisé et sans relations systématiques immédiates avec les végétaux qui lui ressemblent le plus. Aire géographique: Paraguay; in argillosis humidis, in regione cursus superioris fluminis Apa [Hassler, n. 77-47!]; in allaplanitie et declivibus « Sierra de Amamhav » [Hassler, n. 9732!]. VALERIA Minod, gen. nov. Calyx 5-partitus, segmentis iequalibus pubescentibus linearibus- subulatis. Corolla glânduloso-pubescens, tubo cylindraceo basi subglo- hoso, labio superiore bilobo, lobis bifidis, labio inferiore trilobo, lobis bifidis. Stamina 4, tubo inedio inserta, inclusa, antherarum loculis dis- lit i c t i s utrinque connectivo lamelloso lixis. Stylus teres apice in stigma bifidum explanatum. Fructus capsularis in valvas 4, columnam placentiferam integram libérantes, dehiscens. Placentas 2 intégra' Semina parva numerosa mutua compressione arigulata sive subalata. Planta* erect» foliis 3-natim verticillatis ovato-lanceolatis crenulatis subsessilibus, floribus longe pedicellatis ebracteolatis axillaribus solitariis. Genus a Stemodia corollse labiis, connectivo, stigmate et se- minibus dilïert. Valkkia trifoliata (Link) Minod Columnea trifoliata : Link, Enumer. PI. Eort. lierol., II (1822), 145. — Columnea violacea : Jagquin (ex Steuuel, Nomenclator et Reichenbach, teonographie). - - Stemodia trifoliata : Reichenbach, Iconographia bolanica exotico, I (1827), 3, t. I. — Chamisso el Schi.echikndal, Linnœa, III (1828), 6. — Lindley, Botanical lieu/sler (1831), 1470. -- Benïham, in D.G., Prodr., X (1S46), 382. — Schmiot, in Maktius, Flora bvasiliensis, VIII, I (1857-1864), 252 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (98) 298. — Bkntham, Journ. of Bol., II (1840), 46. - Beauverd, Bulletin de l'Herbier Boissier, sér. II. VII (1907), 152. ■ Stemodia vel «Stamandia» paniculata hort., ex Reichenbach, Le- Stemodia cruciflora : Casaretto, Novarum slirpium brasiliensiuvi, decas IX (1845), 78, n. 87. — Stemodiacra trifoliata : 0. Kuntze, lievisiu generum, II (1891), 406. — Stemodiae suffru- ticosae H. 15. K. errore hsec species similis dicta est a Sphkngei.-, Syst. (1825), 810, guem auclorem Walpehs, Rep., III (1845), 269: Stkùdel, NomencL, 11 (1841), fi38 et Miers, n. !i018, in Herb., secuti sunl. — Errore alio scripsit Reichenbach, I. c, (jui cilatani similitudinem non certain crédit, uStemodia frutescens» pro Stemodia suffruticosa. Fig. 41. Valeria trifoliata: an des lobes de La lèvre antérieure est réduit, ce qui est exceptionnel; At., anthère, face dorsale, le connectif aplati en lamelle: PI., placentaires après la chute des semences, dont on distingue les alvéoles d'insertion disposées chacune sur une petite proéminence. Plante dressée, robuste, rameuse, à tige principale ronde, pubescente, à rameaux pubescents-tomenteux dressés, à feuilles ternées subsessiles ovales, rbomboïdales dentées, cette serrature pouvant être double. Ces feuilles sont faiblement pubescentes. Elles atteignent trente millimètres de long sur seize millimètres de large. Les pédicelles atteignent quinze à dix-huit millimètres. La fleura un tube très étroit et un limbe très étalé : la lèvre postérieure esta peine plus large que chacun des pétales de la lèvre antérieure, ce qui donne à la fleur épanouie une apparence tétramère. L'ensemble de la plante rappelle d'une façon frappante Stem. suffruticosa dont elle reproduit le mode d'insertion des étamines, mais l'analyse florale décèle une structure tout autre par son stigmate et ses pétales bilobés, par le connectif lamellaire, cette espèce s'écarte fortement du genre Stemodia. Aire géographique: Brésil [Steven, 1820!, LHOTSKY,n. 8)11 !, Miers, n. 3018!, Ventenat (berb. lires, envoyé à l'impératrice Joséphine)!]. Prope Rio de Janeiro [in ruderatis et in campis udis : Martitjs. -- Lund, n. 300!, Gaudichaud, n. -439!] ; in ruderatis et campis udispr. Sorocaba [Martitjs, Riedel]; in Monte Corcovado [Pour, Gardner, CasarettoJ; circa Praia Grande [CasarettoJ; [Glaziou, n. 1108, 3712]. BULLETIN DE LA PUBLIE l'Ait LA SOCIETE Chaque collaborateur est responsable de ses travaux LES ABONNEMENTS (SUISSE : 10 fr. - UNION POSTALE : 12 fr. 50) sont perçus au siège social : Institut de botanique, Université, Genève •2»>e SÉRIE, Volume X. N°» ô. 6, 7, 8 et 9 GENÈVE, Mai. Juin. Octob. et Dec. 1918 SOMMAIRE : 1 Compte rendu de la séance du 13 mai 1918 : Affaires administratives, p. 253.— R. Chodat: Géographie humaine de Bourg-Saint-Pierre (Valais), p. 254.— jy[me Jacobson : Sur l'embryogénie d'un Sivertia longifolia, p. 254.— W. Vischer : Une anomalie de Taraxacum officinale, p. 254. 2. Compte rendu de la séance du 10 juin 1918: Affaires administratives, p. 255. - II. GtjyÔt : Esquisse géo-botanique du Valsorey (Valais), p. 255.— F. Pellegrin : Sur les Dioseoréaeées du Paraguay, p. 255. — G. Iîeauverd : Nouveautés flo- ristiques du bassin rhodanien, p. 255. 3. Compte rendu de la séance du 14 octobre 1918 : Affaires administratives, p. 256.— 4. Séance du 11 novembre 1918: Supprimée pour cause d'épidémie. 5. Compte rendu de la séance du 9 décembre 1918 : Affaires administratives, p. 257.— R. Chodat : Nécrologie Casimir de Candolle, p. 257. - Ang. Guinet : Nécro- logie Auguste Schmidely, p. 257. — Eug. Penard : Mallonionas insignis, Fla- gellée de la florule algologique genevoise, p. 258. — W. Vischer : Notes préliminaires sur la floraison du Xanthoceras sorbifolium, p. 258.— F. Ducellier: La grippe et la poussière, p. 258 G. G. Beauverd : Excursions phytogéographiques aux environs de Viège et de Zermatt (4 vignettes), p. 259. 7. Marie Chirtoiû : Recherches sur les Lacistémacées et les Syniplocacées i35 vignettes), p. 317. 8. A. Lendner: Mucorinées géophiles de Bourg-Saint-Pierre (3 tableaux, 2 graphi- ques et 1 vignette), p. 3G2. 9. A. Guinet : f Auguste Schmidely (1838-1918), souvenirs personnels, p. 377. 10. F. Pellegrin : Polymorphisme des feuilles du Lierre commun au Portugal (1 vignette et 4 tableaux), p. 380. 11. F. Pellegrin: Quelques remarques sur les Dioseoréaeées du Paraguay, p. 383. 12. E. Warming, Lehrbuch der ôkologischen Pflanzengeographie, 3me éd. (résumé cri- tique), p. 389. 13. Répertoire des noms nouveaux et table des matières de ce volume X (1918), p. 391. COMPTE RENDU :{iM»me séance. — Lundi \ Ï5 mai 1ÎMH. — Ouverte à huit heures et demie, dans la salle de cours pratique de l'Institut de bota- nique, Université, sous la présidence de M. le D1 F. Ducellier, pré- sident. BULi.KTiN ue i.A société botanique de genève, o-ti-7-8-9, parus le 8 mai I9Ï9-. 1 2oi BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Le compte rendu de la 395me séance (15 avril 1918) est accepté sans modification après lecture par le secrétaire. Les candidatures de MM. Jacquet, Lelay, Pellegrin et Surgis, étu- diants internés de l'armée française, présentées par le Comité confor- mément aux statuts, sont acceptées à l'unanimité; Monsieur le prési- dent souhaite une cordiale bienvenue à ces nouveaux collègues. La liste des travaux déposés sur le bureau sera communiquée avec celles des séances d'avril et de juin dans le présent fascicule. Monsieur le président rappelle les herborisations aux points d'eau du canton de Genève, dont le programme sera affiché au local par les soins du comité; une reconnaissance aux marais de Valavran et de Collex-Bossy a été fixée au 2 juin prochain. GÉOGRAPHIE HUMAINE DE BOURG-SAINT-PIERRE (VALAIS).— Au cours des travaux mettant à contribution les ressources que possède le laboratoire de phytobiologie alpine de Université de Genève à Bourg-Saint-Pierre, M. le professeur Ghodat a consigné toutes les particularités offertes par les mœurs et coutumes des habitants de la contrée et nous donne tous les détails qu'il a pu réunir sur ce sujet dans ses rapports avec la botanique (horticulture et pharmacopée indi- gènes, linguistique botanique, floriculture, etc.). — Cette communica- tion, pour laquelle M. le président exprime toute la reconnaissance de l'assemblée au conférencier, était accompagnée de projections lumi- neuses, de dessins, etc.; elle fera ultérieurement l'objet d'une publica- tion spéciale. SUR L'EMBRYOGÉNIE D'UN SWERTIA LONGIFOLIA. — A l'occa- sion de l'étude d'un Stueriia cultivé à la station biologique de Bourg- Saint-Pierre, Madame Jacobson donne communication d'un mémoire accompagné de très remarquables dessins anatomiques sur l'étude complète qu'elle a entreprise de cette plante. Ces résultats qui mettent en lumière de nombreux faits inédits, seront publiés in extenso dans le Bulletin. UNE ANOMALIE DU TARAXACUM OFFICINALE. — M. le D1 W. Vischer présente une préparation et des dessins analysant un cas singulier de fasciation florale d'un Tnraxacum officinale L., provenant des environs de Genève. — Voir au mémoire détaillé de la page 21. Séance levée à dix heures et demie; trente assistants: MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Lendner, Minod, Beauverd ; Mme Beauverd, Mn« Beau- verd, Chirïoiu, L. Chodat, M. R. Ghodat, MlTcs Chrislin, Demole, MM. Demole, Jacottet, Jacquet, M""' Jacobson, Mlle Jaucli, MM. Lelay, Letellier, Martin, Mégevand, Pellegrin, Pierroz, J. Romieux, Smodlaka, Surgis, Vischer, X., M"es Y et Z. Le secrétaire-rédacteur, G. Beauverd. 1,3) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1918 255 3»7»'<- séance. - - Lundi f O juin \ »1 8. — Ouverte à huit heures et demie, dans la salle de cours pratique de l'Institut de bota- nique, Université, sous la présidence de M. Auguste Guinet, vice- président; M. le président a fait excuser son absence. Au nom de la Société, M. Guinet félicite M. le D' Henry Guyot en sa qualité de lauréat du «prix Planta.mour-Prévost » pour un travail qu'il a présenté sur la géobotanique du Valsorey (Valais) : c'est un heureux début de notre jeune collègue qui fait bien augurer de l'avenir. — A ce propos, M. Guinet fait remarquer que le Journal de Genève (numéro du 6 juin), ordinairement mieux informé, a annoncé le fait sous le titre de « Géologie alpine du val Ferret ». ESQUISSE GÉOBOTANIQUE m VALSOREY (VALAIS). — M. le D1' Henry Guyot expose les traits principaux de son élude approfondie sur la géographie botanique du Valsorey et accompagne sa liés capti- vante conférence de nombreux dessins" et projections lumineuses. Ce consciencieux travail, qui prévoit un complément d'enquête durant la prochaine campagne d'herborisation, fera, en temps voulu, l'objet d'un mémoire détaillé. SUR LES DIOSCORÉES DU PARAGUAY. - M. le D1 Pellegrin, du Muséum de Paris, fait part du résultat de ses récentes recherches sur les Dioscoréacées du Paraguay étudiées dans les différents herbiers de Genève et tout particulièrement de celles provenant des récoltes faites dans ce pays en 1914 par M. Ciiodat et ses assistants. — Voir au mémoire spécial de la page 383. NOUVEAUTÉS FLORIST1QUES DU BASSIN RHODANIEN. — Pré- sentation par M. G. Beauverd de la plupart des plaides des environs de Zermatt provenant de ses récoltes estivales de 1916, ainsi que des hybrides de Pulsatilles provenant de Visperterminen où M. Ph. de Palézieux les récolta en mai 1917 avec deux combinaisons nouvelles décrites dans un précédent fascicule (voir aussi Bulletin, vol. X 1918 , p. 259 et seq.). Au nombre des échantillons présentés, les deux variétés suivantes du Géranium silvaticum L. étaient inédites : 1° Géranium silvaticum L. var. nov. glabriusculum Beauverd : caulis basi nitidus caLvescens vel rarius parce hirsutus; calycis folia apice brève aristata, semper nuda. — Hab. : in silvis subalpinis supra Vivis- cum, loco dicto « Dent de Jaman » (1500 mètres d'altitude, 5. VI. 1909, leg. Madame Beauverd). Race remarquable par le vert brillant de ses tiges, le faible degré de division de ses feuilles caulinaires et le inucron de ses sépales toujours court et glabre; la culture de cette plante aux Jordils n'a altéré aucun de ses caractères durant les années 1910 à 1918 où sa floraison a été régulièrement observée. 2° Géranium silvaticum var. nov. subvelutinum Beauverd : caulis basi cinereo-velutinus, valde hirsutus; calycis folia apice longe aristata et perspicue glanduloso-ciliata. - Hab. : in silvis subalpinis loco dicto « Montferront » prope « Magland », Sabaudiae, 1300 m. ait., 21. V. 1909, 256 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) leg. Beauverd; id. inter castanetis prope vicum « Fully » Vallesise, 500 in. ait., 15. V. 1915, leg. Beauverd, dams, Guyot, Minod, Sartorius et Schiess. La tige veloutée et blanchâtre de cette race attire de loin l'attention, tandis que le degré accusé de ses divisions foliaires ainsi que les sépales à longues arêtes visiblement ciliées affirment son autonomie variétale ; probablement répandu ! Séance levée à dix heures et demie; vingt-six assistants : MM. Guinet, Guyot, Minod, Lendner, Beauverd; Mlle Chirtoiu, MM. Chodat, Combe, M""' Jacobson, M"° Jauch, MM. Jacottet et fils, Jacquet, Latour, M1,es Latour, Leuba, MM. Lelay, Martin, Mégevand, Minod, M"113 Minod, MM. Pellegrin, Pierroz, Reverdin, Henri Romieux et J. Romieux. Le secrétaire-rédacteur, G. Beauvehd. 3ï>8,ne séance. — Lundi il octobre I î» I H. — Ouverte à 8 heures et demie dans la salle de cours pratiques de l'Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. Auguste Guinet, vice-président; Monsieur le présidenl a l'ait excuser son absence. La lecture du procès-verbal de la 397mc séance (10 juin 1918) est remise à la séance de novembre pour permettre l'impression du texte qui est déposé à l'imprimerie.- Les ouvrages suivants sont déposéssurle bureau : DONS D'AUTEUR (reçus avec reconnaissance) : M. Moreillon : 1° L'enneigement temporaire du Suc/iet (Jura vaudois) ; 2° Dégâts causés aux chênes par le Dia porta tateola Tul. \UTRICHE : Annalen des k. /,. Natûrhist. Hofmuseums, Bd. XXXI, ii- 1 et 4 (AYien, 1917); DANEMARK : Botanisk Tidskrift, Bd. XXXV, nos -4 et 5; Bd. XXXVI, n° 3 (Copenhague, 1918); Ch. Ostenfeld : Con- tribution to West Australian Botany, Part. II, 1918; F. Bôrgesen et C. Raunkier : Mosses and Lichens collected in the former Danish West Indies. — ETATS-UNIS : Annals of the Missouri Bot. Garden, vol. III, n" 4 et vol. IV, nos 1, 2, 3, 4 (Saint-Louis, 1918); Bibliographical Gon-? tributions front Lloyd Library, vol. II et III, janvier et avril (Cincinnati, Ohio, 1917); Bull, of the Netv-York Bot. Garden, vol. IX, n° 26 (New- York, 1918); Journal of Agricultural Besearch, vol. III, nos 3, 4, 5 (Washington, 1918); Proceedings of the Indiana Academy of Sciences, (Indiana 1915); Transactions of the Wisconsins Academy, vol. VIII, part. II (Wisconsin, 1916). — PARAGUAY : Anales Gientificos Para- guayos, sér. II, n" 2 (Concepcion, 1917). — SUISSE : Le Jardinier Suisse, nos 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 (Genève, mars-septembre 1918) ; Journal de la Société d'Horticulture de Genève, nos 7, 8 et 9 (Genève, juillet- septembre 1918); Comptes rendus de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, vol. XXXV, n° 1 (Genève, janvier-mais 1918). Monsieur le président a le grand chagrin d'annoncer le décès. survenu le 3 octobre 1918, de M. Casimir de Candolle, membre actif (5) COMPTE - RENDU DES SÉANCES DE 1918 257 de la Société botanique de Genève depuis Pannée 1891 et ancien pré- sident de notre Société. En raison de la part très active prise par le regretté défunt à la prospérité de notre corps, M. Aug. Guinet demande à l'assistance de se lever en signe de deuil, puis déclare la séance close pour honorer la mémoire de notre ancien président, dont la carrière botanique sera retracée au cours d'une prochaine assemblée. Séance levée à 8 heures quarante. — Dix membres présents. Le secrétaire-rédacteur, G. Beauverd. :È99n,e séance. — Lundi 11 novembre li)18. Selon préavis du Comité et pour être d'un bon exemple de la part d'une société scientifique où les questions de bactériologie sont couramment traitées, cette séance a été supprimée en raison delà violente épidémie de grippe qiïi décime actuellement la population de notre pays. Le secrétaire-rédacteur, G. Beauverd. I particularités d'un climat favorable au développement des Achillea nobilis, Achillea setacea, Àrtemisia Absinthium, Ariemisia çampestris, Echinops sphœrocephalUs, Cèntaurea vallesiaca, Linaria italica, Thymus Serpyllum, Papaver Ârgemone, Pa parer dubium, Chenopodium Batrys, Echinospèrmum Lappula et autres plantes xérophiles qui, sans être déjà fleuries', préparent avec les senteurs du Juniperus Sabina l'été aromatique et chaudement coloré des garides valaisannes. Ailleurs, partout où les canaux d'irrigation développent leur système intelligemment subramilié, de grasses prairies, rutilantes d'esparcette et de Melandrium roseiuu, ou azurées de Veronîca Teucrium et de Myo- sotis silvatica, tempèrent la pureté de ces francs coloris par le violet des Géranium silyaticum, le pourpre livide des Aquilegia vulgaris var. al râla, le jaune des Anthyllis, des Lotus et parfois du Trollius europ&sus, moins communs toutefois que le Tragopogon pratensis tout à la fois svelte et trivial, les Leucahthemum aux grands l'ayons blanc pur, ou les ombelles plus timides des Anthriscus silvestris, Chserophyllum Cicu- laria, Heracleum Sphohdylium et Carum Carri ; par ci, par là, les longs épis rigides et lilacés de MOrchis militaris attirent l'attention malgré la gaze discrète que leur octroient les panicules diaphanes de mille hautes Graminées fourragères. Mais, dès que les accidents du sol s'opposent à l'action fertilisante des «bisses», la steppe valaisanne reprend le des- sus avec l'apparition des Festuca rallesiaea, Poa bulbosa, Pou continua, Dianthus. raginalus, Pùlsatilla montana (en graines) et Sempervivum divers formant de rares îlots — nous n'osons dire «oasis» — dont l'ensemble glauque ou grisâtre oppose la sobriété de sa livrée à la luxuriance chamarrée des prairies artificielles. .. Après la Neubriicke, où quelques vergers plantureux accompagnent d'antiques chalets roussis, groupés dans le voisinage de la chapelle et du svelte pont de pierre francbissant la Viège écumeuse, une région d'éboulis, tourmentés par les torrents et les avalanches, précède la montée de Slalden; c'est là que d'innombrables bouleaux balancent au vent de la vallée leurs rameaux flexibles, embaumant l'atmosphère des eftluves toniques que répandent leurs bourgeons fraîchement éclos. Sous leur jeune feuillage prospèrent les Ononis rotundifolia Thymus Serpyllum Viola mirabilis Var. carniolicns Kfderia rallesiaea Yincelo.riev») af/ieinale 2(Î2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) tous en pleine floraison : d'autres représentants de la flore valaisanne érigent leurs jeunes pousses un peu partout. Aux abords immédiats de Stalden, les prairies et les vergers ont repris le dessus; leur acte de bourgeoisie valaisanne y est confirmé par la présence de sveltes Knautia arvensis var. laeiniata, tandis que YOnolrychis vieiifoliu à fleurs blanches s'impose aux regards à droite du chemin. De toutes parts, les lilas et les pommiers fleuris en- chantent le paysage et embaument l'air; au flanc des vieux murs du vil- lage, une forme saillante du Saxifraga tridactylites lutte de modestie avec les touffes du Parietaria officinalis, contrastant en cela avec le chrome triomphant des Erysimum helvetieum à fausse allure de Giroflées. Plus haut, la garide à Juniperus Sabina alterne avec la sylve où les mélèzes, les pins de montagne et très souvent les bouleaux ne laissent que peu de place au Picea excelsa pour y coloniser en petits groupes, et moins encore aux prairies et aux champs qui détonnent dans ces masses sombres par tout l'éclat de leur damier d'émeraudê. Puis vient l'étroit couloir de Kalpetran, où le talweg fuit le jour entre deux for- midables massifs de condensation, celui du YVeisshorn (4512 mètres) et celui des Mischabel (4554 mètres), au-dessus desquels le firmament, jusqu'alors serein, se couvre de nuages orageux... Nous décidons que la suite de l'herborisation se fera à la lorgnette et, dans ce but, nous attendons le train. Plus ou moins bien installés dans un wagon bondé d'indigènes, nous notons, chemin faisant, les caractères essentiels du trajet Stalden- Zermatt (780-1620 mètres d'altitude) : Prairies artificielles. — Maintenues à la faveur des «bisses» en quelques rares points d'élargissement du talweg, tels que Kalpetran, Saint-Nicolas, Schwiedernen, Herbrigen, Manda et Ta'sch. A l'époque de notre passage, le premier éclat de leur floraison est dominé par le coloris bien harmonisé des masses de Trollius europxus, Melandrium roseum et Géranium silvaticum ; au sujet de. cette dernière plante, il convient de remarquer que malgré l'altitude, la floraison offrait cinq à six jours d'avance sur les exemplaires cultivés à Genève (Jardin bota- nique et cultures des Jordils); les Anthriscus silvestiHs n'offraient que peu de retard (huit à dix jours) sur ceux des prairies les mieux expo- sées de Genève, tandis que les Heracleum Sphondylium étaient en avance pour le moins autant que les Géranium. Le retard des arbres fruitiers (cerisiers, poiriers et pommiers) équivalait à celui des An- thriscm, ainsi que la floraison de mirobolants Prunus p3 observés principalement entre Herbrigen et Randa (localités inédites!). Auprès des murs eu pierres sèches et des haies à Sambucus racemosa, morcelant les prairies aux environs de Schwiedernen, nous notons en particulier la floraison de Narcissus poëticus vraisemblablement intro- duits ou échappés de jardins : il s'agit probablement d'un cas analogue à celui des environs de Saas, considéré cependant par M. H.-W. Pugsley comme appartenant à une station spontanée du «Nareimis recurvus llaworth » (cf. Journal of Botany [1915], Supplément, page 2). Garides. — Leur développement est de plus en plus morcelé à par- tir de Stalden, où elles sont constituées par des étendues assez consi- dérables de Juniperus Sabinu accompagné de divers Artemisia, Achillea, Astragalus, Oxytropis, etc. (cf. Bulletin de lu Société botanique de Genève [1912], 390-393), où les Juniperus communis, Prunus Mahaleb et Berberix vulgaris y sont généralement fréquents. Deux espèces anémochores les caractérisent plus particulièrement : les Pulsatilla montana et Vineetoxicum officinale, qui toutes deux n'atteignent guère ou en tout cas ne dépassent pas, vers le Sud, le défilé de Kalpetran; dès l'automne, la dernière de ces espèces est reconnaissable à la belle nuance de son feuillage qui devient alors orangé et offre des placages contrastant violemment avec le gris feutré des herbes de la garide ou le vert sombre des Sabines, comme c'en est le cas pour sa colonie la plus méridionale en face de la station de Kalpetran, dans les précipices de la rive droite de la Viège. — Quant à la Pulsatille, elle ne remonte pas même aussi loin vers le Sud; mais, à partir de Zermatt, elle est rem- placée par un congénère tout aussi brillant, le Pulsatilla Halleri, que nous rencontrerons aussi parmi les acolytes du genévrier Sabine. En revanche, une troisième espèce anémochore, le SU pu pennata, est tout aussi commun dans le bassin inférieur de Stalden que dans le bassin supérieur de Zermatt. — Ajoutons qu'à partir de Saint-Nicolas, les garides proprement dites disparaissent de la vallée de la Viège pour ne réapparaître qu'aux abords de Zermatt sous l'aspect le plus caracté- risé des «Garides alpestres» (cf. Bulle I in de la Société botanique de Genève [1912], 389 et 392). Sylves. — Mieux encore qu'en automne, les essences forestières trahissent de fort loin leur identité par la nuance juvénile de leur feuillage, alliée aux particularités de leur ramure. A l'époque de notre visite, tous les bourgeons venaient d'éclore, gagnant de vitesse les étages supérieurs avec un empressement inaccoutumé! — Là encore, trois caractères essentiels accusent les subdivisions parallèles observées 264 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) chez la garide : le bassin inférieur, avec son fouillis de pins., d'épicéas, de sapins, de bouleaux et de mélèzes, s'arrête aux abords de Stalden avec les Hippophaë, les Cratseguëj les Quercm et YAcèr campcslre : dès lors, les Pinus montàna, Beiula pubescens, Picea excelsà (de pins en plus rare à partir de Saint-Nicolas, puis nul au-delà de Taesçh) et sur- tout Larix decidua se partagent, pour le bassin moyen, les flancs boisés des deux versants de la vallée, tandis que les lisières de l'étage silva- tique supérieur sont frangées de Pinus cembra tout comme le talweg favorise quelques colonies &Alnus viridis et surtout de S'aUx divers; connue sous-bois, citons la floraison des Pmnus spinosa (Saint-Nico- las!), Sorbus Aucuparia (jusqu'à Randa !), Sorbus Aria (Schwiedernen- Herbrigen!) et d'innombrables Myrtilles; leurs acolytes herbacés com- prennent surtout des Petàsites niveus, Tussilago Farfara, Bellidiaslrmn Michelii, Primula fariimsa, Caltha palustris et Valeriand tripteris, auxquels s'ajoutent, à partir de Taesch, les copieuses touffes blanches du Thlaspi alpinum alternant avec les toisons pourprées du Primula hirsuta. Par ci, par là, nous avons aussi noté la pleine floraison de colonies erratiques de Linaria alpina, Saxifraga ainoides et Gypsophila répens; le Cerastium arvenst ne manque nulle part et paraît s'adapter aussi bien aux conditions xérophiles de la forêt de mélèzes qu'au milieu irrigué et ensoleillé de la prairie subalpine, où il accompagne le Myosotis pyrenaica, le Primula officinalis et le vulgaire Tara.vacum. Avec la disparition du Pinus montana el du Picea e.vcelsa à partir de Taesch, les formations pures de mélèzes ou d'arolles caractérisent la sylve du bassin supérieur ou de Zermatl, que nous reverrons demain à loisir. Telles sont les principales notes édaphico-phénologiques relevées au cours dû trajet en chemin de fer-; pour les compléter, il convient d'ajouter que le ciel, fortement assombri au-dessus du bassin moyen (couloir Kalpetran-Randa), tandis qu'il était encore radieux sur Viège et l'axe de la vallée du Rhône, se montrait de nouveau serein sur le bassin de Zermatl : en abordant la bourgade alpestre, à sept heures et quart du soir, le Cervin dressait sa silhouette d'obélisque clans un ciel rassurant, tandis que le massif du Breithorn trônait sur la frontière italienne dans toute sa majesté drapée de glace et de neige immaculée. Tout cela nous promet un merveilleux lendemain. 25 mai 1917 : Findelen et abords du Bodengletscher. — Ce qui était autrefois le vallon solitaire de Zermatt et qui est devenu, de par la splendeur du site, l'un des centres du cosmopolitisme estival (7) G. BEAUVERD, EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPHIQUES 26Ô les plus réputés du monde, est resté pour la richesse de sa flore un incomparable Eldorado. Cet avantage est dû à plusieurs causes d'entre lesquelles nous citerons brièvement les plus connues : richesse des affleurements géognostiques, grande diversité des ressources altitudi- nales et, par leur combinaison avec les multiples manifestations topo- graphiques, variété illimitée des possibilités édaphiques. Nous nous en rendons compte dès notre réveil, alors que les pre- miers feux du levant viennent embraser la cime isolée du Cervin : tout alentour du farouche colosse, un chaos harmonieux de rocs dentelés, de parois dénudées, de hautes prairies alpines ou de sombres déclivités boisées opposent à l'étincellement des glaciers qui le couronnent les bleutés monochromes des ombres matinales. Parois, forêts, prairies, berges des torrents et lacs alpestres, autant de mystères que nous nous proposerons d'approfondir. Il y a pour cela deux moyens fondamentaux : le premier a pour guide le hasard ; il renie toute méthode digne de ce nom, mais peut aboutir à des trouvailles intéressantes, bien qu'entachées d'empirisme. Le second nécessite la consultation raisonnée d'une carte géolo- gique, combinée si possible à la documentation floristique des contrées adjacentes, le tout mis en rapport avec les conditions phénologiques. Ce deuxième moyen, qui prévoit en quelque mesure la limite 7 feuilles vernissées des deux Colchiques (Colchicum alpinum et (Juldii- ciim autumnale) achèvent d'indiquer le caractère mixte de cette asso- ciation praticole où sont superposées les steppes montagnardes, les prairies alpestres et les sous-bois de l'étage subalpin. — Dans les rocailles bordant le sentier s'épanouissent les premières corolles du Cerastium arvense. En abordant la forêt — de splendides mélèzes dans toute la gloire de leur floraison à cônes de corail -- on se trouve incontinent au bas de l'étage du rhododendron, avec accompagnement d'Alnus viridis et de Sambucus racemosa abritant à leur tour les touffes blanches ou violacées de Y Anémone Hepatiea; de ci, de là, YArabis alpina leur fait cortège pendant que, de toutes parts, le Vaccinium Myrtillus expose avec discrétion ses toisons de grelots rosés. Tout en devisant sur la sereine splendeur du paysage mise en regard de tout ce que les événements actuels offrent d'inexorablement dra- matique, nous atteignons l'étage du Pinus Cembra avec les abords des mayens de Zum Stein (1890 mètres), au bas du lumineux vallon de Kïndelen. Quittant brusquement l'ombre bleutée du versant occidental, le décor change subitement d'aspect sous les chaudes caresses du soleil méridional : « mazots » roussis et ravins formidables, steppes à sabines ombragées d'arolles tortueux, sentier vertigineux à marges émaillées d'anémones, rochers et torrents combinent leurs charmes pour former un cadre aux grands glaciers qui portent au zénith les clochers d'argent du Rimplischhorn, du Strahlhorn, du Slockhorn et de la Cinia di .lazzi. Ce bain dans la lumière intense des hautes solitudes constitue pour nous un danger redoutable, tant il sollicite à trahir nos devoirs bota- niques pour un abandon sans arrière-pensée à la douceur de vivre. Fort heureusement, la flore vernale n'offre pas encore de ressources inépuisables en celte saison précoce : quatre phanérogames, huit toid au plus, émaillenl les gazons steppiques tout récemment abandonnés par la neige; leurs taches ochracées alternent en zébrures sinueuses avec les placages vert foncé du Junipems Sabina et de YArtemisiacam- pestris. Ce sont tout d'abord les irrésistibles constellations du Pulsatilla Halleri, aux rayons lilacés auréolant la tète d'un androcée aux mille anthères d'or pâle, qui protègent à leur tour la fine aigrette améthyste d'un élégant gynécée; leurs boutons aux reflets soyeux se blotissent frileusement dans le duvet argenté d'un involucre aux franges élan- cées : au sein des Graminées abattues par troupes sous les coups des- séchants de l'hiver alpin, cette apparition de la vie rutilante, harmo- 268 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK GENÈVE (10) nieuse, uniquement belle, nous fail oublier sans repentir toutes les amertumes de la deslinée humaine. . . Tout à côté des Pulsatilles, une autre fille de la steppe, VOxytmpis Ualleri expose au soleil ses corolles soyeuses aux reflets nacrés; puis la grande urne bleu-outremer delà Gentiane acaule rivalise d'éclat avec les anémones pour souligner la puissance de résurrection de la flore alpine; le Gentiana renia l'accompagne avec plus de modestie, tout en faisant ressortir le charme infini des corymbes dorés du Draba aizoides ou des ombelles purpurines du Primula farinosa trahissant la présence d'un petit canal d'irrigation. Des touffes discrètes de Carex ericetorum ou de Luzula campent ri h accompagnent en sourdine cette symphonie polychrome pendant que les Taraxamm lœvigatum, Potentilla puberula var. longifolia et le Viola tricolor var. Zermattemis se chargent du décor habituel des abords immédiats du sentier. .. « Findelen, 2100 mètres, alpage situé dans un vallon dirigé de l'Est «à l'Ouest et parcouru par le Findelenbach, émissaire du glacier de « Findelen qui couvre à peu près la moitié de la longueur du vallon. « Le pâturage en occupe la rive droite et s'élève du mayen de Findelen «jusqu'à l'altitude de 3000 mètres, point où il n'est plus accessible « qu'aux chèvres et aux moutons. La rive gauche est tapissée de forêts «qui montent jusque vers les grands plateaux du Riffelberg. C'est là « qu'on peut admirer l'une des plus belles forêts d'arolles du Valais. — « L'alpe nourrit cinquante-trois vaches laitières et beaucoup de menu . «bétail; vente de lait aux hôtels de la contrée; nombreux chalets. Le « seigle arrive ici à l'altitude extraordinaire de 2100 mètres : les « champs sont ensemencés dans la seconde quinzaine d'août, le grair «germe et la plantule se développe suffisamment avant l'arrivée de la «première neige persistante; vers la fin de mars, le cultivateur sau- ts poudre ses champs avec de la terre noire pour hâter la fonte de la «neige, laquelle disparaît dans le courant d'avril; dans la seconde «quinzaine d'avril, le seigle fleurit et peut être récolté vers la fin du «mois d'août; l'année suivante, le champ est laissé en jachère. Cette « culture du seigle à Findelen permet d'élever le Getreidegrenze (cf. « Physikalische Atlas de Berghaus) de 1500 à 2000 mètres. — Findelen, « autrefois Finelen, du latin fenile, grange, fenil. » Cette description succincte, tirée du Dictionnaire géographique, de la Su/s.se (tome II, pages 80 et 90), se trouve confirmée de tous points lors de notre passage. Le damier des cultures fait alterner le vert émeraude des jeunes seigles avec l'ocre des jachères; les prairies (11) (i. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPHIQÙES 269 abondamment ensoleillées s'émaillent, tout comme à Saint-Nicolas (1160 mètres), de Trollius, de Melandrium et de Géranium silvaticum en état de floraison à peine moins avancé que celui des stations ana- logues de Zermatt situées 500 mètres plus bas. Au sein de ces déclivités verdoyantes un semis de chalets roux, contrastant avec la blancheur d'une rustique chapelle, forme un premier plan bien digne de mettre en valeur tout ce que le fascinant Cervin et la citadelle démantelée du Trift offrent de prestigieux au soleil d'Orient qui les isole clans an ciel sans nuage. Avec des Taraxacum sans nombre, les prairies bien irriguées pré- sentent encore des traînées de Crocus ver nus alternant avec des Gagea Liottardi, Ranuneulus geraniifolius, Thlaspi virens, Primula farinosa, Viola l'iipes/ris, Gentiana verna et quelques Bellidiastrum Michelii; le Garum Carvi commence à s'épanouir dans ses stations abritées, où nous trouvons aussi les premières panicules d'Antoxanthum odoranlum bien déve ppées : sous le rapport phénologique, c'est à 2100 mètres la tlore même que nous avions constatée quelques jours auparavant aux environs de Baulmes (pied du Juravaudois), à l'altitude de 610 mètres. Dans les zones inaccessibles aux canaux d'irrigation, la steppe alpine reprend toute son allure : Juniperus Sa h in a Oxytropis. Halleri Sesleria cœrulea v. angustifolia Arctostaphylos uva-ursi Carex ericetorum var. membra- Gentiana verna nacea Taraxacum lœvigatum avec Pulsatilla Halleri débris hivernes cYArteatisia Draba uiwides Absinthium et CCArtcmisia Efrysimum helyeticum campestris. Les interstices des rochers enrichissent parfois cette liste de Poljipodium vulgare var. Silène rupestris Thlaspi alpinum Primula hirsuta Saxifraga opposilifolia Pedicularis verticillala tous entièrement épanouis. — Enfin, sur un dos d'âne gazonné, encore roussi des effets de l'hiver, les constellations de Pulsatilles alternent avec les corolles lactées du Ranuneulus pyrenieus, les clochettes fran- gées des Soldanelles et les périanthes dorés du Gagea Liottardi ; dans le voisinage, la jachère est toute égayée de Viola tricolor var. Zermat- tensis (Wittrock). En prenant d'assaut les talus herbeux de l'adret dominés par l'aligne- ment des chalets d'Eggen (2189 mètres), nous retrouvons toute cette bulletin de la société kotanique ue genéve, 5-6-7-8-9, parus le 8 mai 1919. 9 270 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) végétation vernale en plein développement : rien de pins émouvant que ce vigoureux épanouissement de la steppe alpine, où les glumiflores encore desséchées et abattues par les masses de neige qui viennent à peine de les abandonner, s'empressent d'affirmer leur vitalité par l'apparition de quelques obscurs Sesleria, Catex et Luzula qu'éclipsent des myriades et des myriades de Pulsatilles nonchalamment balancées par la brise du glacier et toutes plus radieuses, toutes plus fraîches,* toutes plus captivantes les unes que les autres; l'éclat de leur coloris est si harmonieux, le charme de leur port si séduisant, que plus rien ne détourne nos regards de ce spectacle singulier : tout au plus, en nous penchant pour mieux contempler, prêtons-nous une attention distraite aux modestes Draba aizoides, Draba frigida, Oxytropis Halleri et Androsace earnea qui se blottissent à l'abri des restes encore dessé- chés de Dianthus silvester cl d'Artemisia divers attendant à leur tour l'heure du réveil estival. Au-dessus de 2200 mètres, cet appel à la vie ralentit graduellement ses échos : les corolles épanouies se font de plus en plus rares et, tou- jours plus petits, apparaissent les boutons frileusement blottis dans leur collerette chatoyante; de plus en plus roussie par les morsures du gel, la steppe résiste encore aux sollicitations du soleil et ne livre qu'avec la plus grande parcimonie, ici une étoile d'or de Gagea Liot- tardi, là une étoile d'azur de Gentiana verna ou une étoile d'argent du Ranuticulus pyrenaeus. A 2100 mètres, sous la moraine du Stellisée, les ravines ombrées sont jalonnées de taches de neige auprès desquelles cent cohortes de Crocus vernus, de Ranunculus alpestris, RQxyria digyna et de Soldanelles content le charme intense de ce monde polaire que souligne tout l'éclat du glacier de Findelen étalé à nos pieds dans un chaos imposant de roches dénudées. Les complaintes de la brise alternent avec les mugissements des torrents pour interrompre, par intervalles réguliers, le silence de néant qui plane sur cette scène, infiniment impressionnante par l'évocation qu'elle nous suggère des jours de mort, sinon des premiers âges de la création... Un repas pris dans ces solitudes ensoleillées nous remet en état de continuer nos observations. Renonçant à poursuivre l'exploration du Stellisée et des moraines du glacier de Findelen, où le règne minéral seul affirme ses droits en ce moment, nous reprenons l'ascension des crêtes qui, du Rothorn de Zermatt, s'abaissent jusqu'à l'épaulement que franchit le sentier de la Tufterenalp : il y a là-haut des placages de bruyères et de sabines qu'il serait intéressant de scruter. (13) <;. BEAUVERD. EXCURS10HS PHYTOGÉOGRAPHIQUES 271 Ce sont tout d'abord des déclivités herbeuses à caractère saillant de steppe alpine : Carëx membranacea, Pulsalilla Huiler i, Draba a isoides à profusion, avec accompagnement plus ou moins discret de Gagea Liollardi, Ranunculus pyrenœus, Thlaspi alpinum, Gentiana excisa, Androsace carnea et Taraxacum lœvigatum. Le petit plateau où repose une «gouille» pompeusement décorée du nom de «Laisee» constitue une landine de grande étendue : Calluna valgaris en livrée d'hiver, encadré de Juniperus nanti, Rhododendron ferrugineum, Vaecinium uliginosum, Empetrum nigrum et Loiseleuria procumbens aux plates- bandes émaillées de boutons, sinon de leurs premières fleurs. C'est là surtout que resplendissent dans toute leur fraîcheur les corolles si délicatement versicolores du PulsatiUa verna alternant avec les touffes insignes du PulsatiUa sulfurea : vite à la recherche de l'hybride que P.-O. Wolf signala jadis entre ces deux espèces ainsi qu'entre les PulsatiUa Halleri et PulsatiUa renia qui cbevauchent sur le sommet de la moraine. Vaincs recherches qui nous conduisent à l'exploration des dernières limites des manifestations florales de la saison : 2400, 2500, 2600 mètres, toujours la même exubérance de Pulsalilla Halleri tant que nous confinons à la steppe à Armoises et Oxytropes, ou de Pulsalilla sulfurea et PulsatiUa vernalis quand la steppe tourne à la landine. Vers 2600 mètres, brusque arrêt de toute floraison avec les derniers Arctostaphylos uvâ-ursi aux urcéoles entr'ouvertes et con- templant à leur abri une touffe bleu pâle de Polygala alpina auprès de Potentilla verna. Rebroussant chemin en descendant l'échiné morainique, nous retrouvons la limite supérieure des arolles à 2250 mètres; les mélèzes les suivent de très près, en lutteurs isolés tout d'abord, puis en cohor- tes de plus en plus compactes. Leurs groupements respectifs obéissent à un ordre comparable à celui des formations berbacées ou sous- ligneuses précédemment signalées : aux steppes à sabines qui dis- tinguent l'adret de la moraine, viennent se substituer les mélèzes aux rameaux déjà verdoyants et agrémentés d'intlorescences purpurines; aux landines à callunes et à Arctostaphylos de l'ubac font escorte les arolles dont l'ombrage plus massif ne convient que malaisément à la végétation herbacée. Aussi voyons-nous celle-ci émigrer vers l'adret et contracter en quelque sorte un traité d'établissement unilaté- ral avec les herbes de la steppe constituée en pré-bois : dès lors Pulsalilla Halleri, PulsatiUa sulfurea et Pulsalilla vernalis vivent en parfait accord avec les Viola calcaraia, Gentiana Kochiana, Ajuga pyrami- 272 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) dalis et Homogyne alpina des bois clairs de mélèzes. Et c'est là que nous finissons par découvrir, au sein des Arctostàpkyios uva-ursi en fleurs, l'hybride désormais indiscutable Pulèatilla Hallcri X vernalis (^ Puhatilla Emiliana F..-0. Wolf) dont nous donnons plus loin la diagnose; quant au Puhatilla sulfurea X v&malis, il nous faut renon- cer à le pourchasser, malgré l'abondance des parents mélangés dans ces parages. Avec la densité croissante des bois de mélèzes, disparaissent gra- duellement les Puhatilla Hallcri et Puhatilla vernalis; en revanche, les Puhatilla sulfurea font longtemps escorte aux airelles et s'abritent même sous les arolles lorsque ceux-ci restent suffisamment clairsemés pour favoriser l'extension de la rhodoraie; les Anémone kepatica réapparaissent progressivement à mesure que nous descendons sur Zermatt par le versant occidental. D'ailleurs les clairières, assez fré- quentes à l'adret, sont nulles sur ce versant qui établit la transition entre l'adret et l'ubac : le sous-bois constitue une vaste vaccinaie avec alternatives de rhododendrons et d'Alnus viridis aux chatons balsami- ques. Quelques instants de balte s'imposent sur un petit belvédère herbeux faisant face au Cervin et au massif du Trift dont les glaciers scintillent à travers les ramures de nos mélèzes. Une brise discrète agile les rameaux légers avec un rythme de berceuse, en même temps que le grondement des torrents monte de la vallée ou descend des hauts cirques où finissent les névés : ce sont les palpitations vitales de la terre livrée à elle-même et inconsciente i\c^ convulsions de l'huma- nité. . . Soudain, un fracas terrifiant nous arrache à nos réflexions : sem- hlable au tonnerre des avalanches, une grave détonation répercutée par cent échos éclate des hauteurs du Kifîelberg; nous accourons dans cette direction, où des successions de décharges, tantôt sourdes, tantôt stridentes, mais se rapprochant progressivement du lit du Findelen- bach, finissent par nous renseigner sur les causes de notre émotion. Tout au sommet d'un couloir perpendiculaire au talweg, une poche d'eau vient de rompre sa digue, entraînant tout sur son passage; un torrent de houe avance irrésistible, cbarianl d'énormes rochers et des arolles séculaires; le sillon creusé par les flots dévastateurs s'appro- fondit sous nos yeux, gagnant de proche en proche le sentier de la rive gauche qu'il engloutit sans résistance avant de s'abîmer avec un vacarme indescriptible dans les flots du Findelenbach. Longtemps encore le roulement tumultueux des rochers et cailloux de moindre (15) (i. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉQGRAPHIQUES 273 taille, entraînés dans la catastrophe, prolonge cet épisode émouvant dn lent anéantissement des Alpes... Avec le pont de Winkelmatten, nous retrouvons à quatre heures de l'après-midi le théâtre de nos herborisations dn malin, où errent deux de nos collègues qni, lancés dans la poursuite de l'introuvable hybride des Pulsatilla sulfufea X ventalis, nous avaient perdu de vue et com- mençaient à s'inquiéter de notre sort. Complètement rassurés en nous retrouvant sains et saufs, ils déclinent notre invitation de participer à une reconnaissance floiistique du cirque de Sehwegmatten, au bas du Bodengletscher; ils préfèrent rentrer au quartier général pour presser leurs récoltes. D'un pas mesuré, nous gravissons le chemin du Riffel bordé de mélèzes et d'arolles sous lesquels s'étalent de luxuriantes touffes (VAnemone Hepatica blanches ou bleues, puis prenons à droite le sen- tier de Bâche aux mélèzes géants boisant un dédale de rochers formi- dables : autant de fortins de serpentine couronnés de rhododendrons et admirablement décorés de Primula hirsuta dans toute la gloire de leur première floraison. Leur rencontre étant un des buts de cette excursion complémentaire, nous nous mettons en devoir, avec M. Guyot, d'examiner en détail chaque toison pour elle-même, puis de les comparer à celles qui décorent les rochers adjacents; à la suite de ce travail analytique, nous tâcherons de reconstituer une synthèse établissant une classification logique des races de cette plante. Indépendamment de la dolichostylie et de la brévistylie qui présen- tent une valeur parallèle chez toutes les possibilités observées et ne sauraient entrer en ligne de compte dans un système de classification, nous distinguons les catégories suivantes de variations qui pourraient être prises en considération comme bases d'un groupement de races : I. Serrature foliaire. — Trois possibilités principales : à) crénelure égale et serrée (± six paires de dents latérales), à dents et sinus arrondis-obtus ; b) dentelure grossière et plus ou moins irrégulièrement lâche, à quatre ou six paires de dents marginales aiguës ou n'excédant pas 45° d'ouverture, sinus très obtus ou arrondi; c) dentelure lâche et peu accusée, â sinus et sommet des dents très obtus ou plus ou moins arrondis. - - Les dimensions sont variables, de même que les formes, qui comprennent toutes les transitions entre la feuille spatulée 274 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (16) à base cunéiforme-àtténuée et la forme numinulaire-arrondie, en pas- sant par la forme elliptique-acuminée ou plus ou moins atténuée aux deux extrémités. — Inutile de chercher une constante variétale dans ces caractères, qui se trouvent parfois réunis sur un même individu et paraissent répondre à un état de vétusté de la plante (les plus ancien- nes offrant les feuilles à serrature la plus fine et la plus serrée). II. Divisions calicinales. — Trois possibilités : a) deids courtes et obtuses (tube = 3 mm. Jg. ; superficie des dents : ± 2 X 2 mm.), à sommet entier; h) dents très courtes (tube = 4 '•/-' mm. Ig. ; dents = 1 1/2 mm. Ig.), à sommet très obtus, tronqué ou rétus, parfois bifur- qué; c) dents allongées à Sommet aigu (tube Hh 3 min. Ig.; superficie des dents = 3X1 V2 mm.) — Les caractères tirés de la révolution tant extérieure qu'intérieure des dents, avec port transitoire franche- ment érigé, n'offrent aucune constante et ne paraissent répondre, selon multiples observations faites en culture, qu'à Tétai d'avancement de l'anthèse. III. Corolles. — Les possibilités doivent être envisagées selon les sous-groupes suivants : 4" tube de la corolle; 2° forme des lobes ; 3° tache faucale; un quatrième sous-groupe, selon M. Guyot, pourrait être établi sur la complète uniformité ou sur la grànuJationdu pigment i semis de fines granulations blanches); toutefois, à noire sens, ce dernier point exigerait des observations ultérieures pour vérifier l'hy- pothèse de son caractère normal. — Résultats de notre enquête préli- minaire (à vérifier en culture) : 1° Le tube de la corolle pourrait être envisagé sous le double point de vue des dimensions et du coloris. Les dimensions permet- tent de constater : a) un tube court (4 à 6 mm. Ig.); b) un tube allongé (10 à 13 mm. Ig.), tous deux comprenant une forme brachystylée (milieu du tube brusquement rétréci au point d'insertion des étamines) et une forme dolichostylée (à tube rectiligne insensiblement évasé au sommet). — Le coloris n'offre à son tour que deux possibilités : u) tube concolore (de même nuance pourprée que le limbe) et b) tube discolore (blanc ou à peine rosé, tandis que le limbe est pourpré). — Ces deux sous-groupes sont d'importance essentiellement biologique : selon que le tube est long ou court, ce sont des insectes différents qui, en assurant la pollination, peuvent contribuer à l'isolement ou au croisement des races ; et selon qu'il est concolore ou discolore (carac- tère correspondant à l'absence ou à la présence d'une tache faucale), ce sera une autre catégorie d'insectes qui, répondant ou non nux sollici- s (17) (i. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPHIQUES 275 talions de l'appareil vexillaire, constitueront à leur tour le véhicule de la pollination croisée. Formulons à cet égard les constatations suivan- tes : Chez les fleurs dolychostylées, le stigmate n'atteint que le milieu du tube ou n'excède que de fort peu ce milieu (en aucun cas, il n'atteint l'orifice du tube comme le cas s'en présente chez le Primula auricula)', les étamines sont insérées tout au bas de la corolle, où elles sont en outre protégées par l'enceinte du tube calicinal. Chez les fleurs brachystylées, ce sont les étamines qui sont insérées vers le milieu du tube, alors que le stigmate reste blotti au bas de la corolle, dans la zone de protection du tube calicinal : toutes conditions rendant l'autofécondation d'autant plus illusoire que la maturité du stigmate est plus tardive que celle des anthères d'une même corolle donnée. Enfin, tandis que nous n'avons constaté aucun cas de perforation chez les individus à corolles brachysiphonées (tube court), nous axons au contraire récolté des individus à corolles dolychosiphonées dont le tube était manifestement perforé par un insecte (lequel?; exactement à la hauteur du stigmate. 2° La forme des lobes de la corolle présente trois possibilités : a) lobes à peine relus ou faiblement émarginés; b) lobes cordiformes franchement émarginés au sommet; c) lobes plus ou moins étroits et profondément êchancrés au sommet. — La première possibilité réalise un pouvoir vexillaire d'autant plus accusé que la masse de l'inflores- cence est plus considérable tandis que le troisième cas est de beaucoup le moins favorisé sous ce rapport (un seul exemplaire, que nous avons mis en culture!; ajoutons que sur le terrain, c'est le second cas qui nous a paru être le plus répandu. 3° La tache faucale nous a offert quatre possibilités : a) tache blanche exactement circulaire; b) tache blanche en étoile; c) tache blanche pentagonale; d) absence totale de tache faucale, ou tout au plus d'un rose carminé à contour imprécis et à peine distinct du reste de la corolle. — Ce caractère nous paraît être pour la classification le plus constant de tous ceux que nous avons énumérés et le plus important sous le point de vue biologique, en raison du pouvoir vexillaire de cette tache. 4° L'uniformité ou la granulation du pigment feront l'objet d'une note spéciale de M. le D1 Guyot, qui a plus spécialement tenu compte de ce caractère après l'avoir observé le premier sur les lieux. 276 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) Ces diverses constatations intéressent autant la biologie que la sys- tématique du Primula hirsuta; elles doivent être complétées par une remarque d'ordre plus exclusivement biologique, concernant la longé- vité de l'individu : indépendamment des nombreuses plantes fleuries dont la souche reste cachée dans les interstices de la roche, nous observons que les toisons les plus anciennes retombent d'un point supérieur du rocher en présentant une souche d'apparence dénudée, mais en réalité ingénieusement revêtue de fibres desséchées dans les anciennes feuilles qui, dirigées vers les extrémités, conduisent et retiennent l'humidité en préservant les rosettes terminales des effets d'une sécheresse prolongée : avec la glandulosité des feuilles et tiges fraîches, il s'agit là d'un merveilleux appareil d'adaptation pour xéro- phyte. D'autre part, un entre-nœud plus allongé que les autres accuse l'espace estival de croissance, de telle sorte qu'il est aisé de déterminer l'âge de celles de ces plantes dont la souche, faute d'interstice favora- ble dans le rocher, est restée plus ou moins aérienne ; nous comptons plus d'un individu dépassant douze, quinze et même dix-neuf ans de développement à partir des dernières manifestations radicellaires. Et si ces dernières sont adventives comme la partie dépourvue de toute fibre (mais annelée de cicatrices dénudées) permet de le supposer, ce chiffre doit être augmenté sans pouvoir être aisément précisé, car la confusion des cicatrices à partir de ce point ne permet pas de recon- naître les intervalles annuels de croissance. Telles sont les observations que nous consignons à la suite d'un examen détaillé de toutes ces roches divinement tapissées de prime- vères; nous en prélevons de nombreux exemplaires destinés à être observés en culture, tandis que M. Guyot se propose de les comparer aux colonies des abords de la « Linnsea», près Bourg-Saint-Pierre. Aux chalets de «Bâche», ces primevères purpurines, plus éclatantes que jamais, opposent leur coloris aux touffes blanc pur des Thlaspi alpinum; plus loin, les prairies de Schwetzmatten (1823 mètres) sont toutes rutilantes de Primula farinosa, Ranunculus pi/remnis, Thlaspi virens, Crocus vcrnus, Soldanella alpina et Caltha palustris. Les gorges mystérieuses du Gorner, où bondissent dans un fracas infernal les flots écumeux de la Mattervisp, sont franchies par un rustique pont aérien du haut duquel les parois de serpentine delà rive gauche sont densément tapissées de Thlaspi alpinum sur leurs moindres replats qui paraissent alors saupoudrés de neige. De l'autre côté du gouffre, les mayens de Fuhri, avec leurs alternatives de (19) G. REAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPHJQUES 277 roeailles steppiques et de bas-fonds et de mélèzes, nous fournissent à Sesleria cœrulêa var. angustifo- lia Ilackel. Carex ericetorum var. membra- nacea Koch. Carex orriithopodioides Hausin. Luzula campestris Lamk. et I)C. Gagea ftstulosa lusus fragifera Vill. Crocus ver nus L. Salix myrsinites. Salix arbuscula. Salix nigrieans. Ran unculus pyrcmeus. Ranunculus geranii /'oliusVourv ', Pulsatilla Halleri. Puisai Hla, sulfure a. Pulsatilla vernalis. herbeux, parfois ombragés d'arolles nouveau un mélange hétéroclite de Draba ai soldes L. Draba fladnizensis Wulfen. Thlaspi virens Jord. Saxifraga opposi/ifolia L. Viola ealearata L. Carum Carvi L. Vaecinium Myrlillus L. Primula farinosa L. Prima la elatior L. Soldanella alpina L, Gentiana Kochiana Perr. et Song. Gentiana renia L. Sambucus racemosa L. Homogyne alpina Cass. Bellidiaslrum Michelii Cass. Un peu plus bas, dans les prairies d'Aroleit, cette liste s'enrichit d'exemplaires typiques de Polygala alpina et de sa variété à Heurs blanc rosé récoltée dès 491(3 sur Visperterminen et retrouvée au Val- sorey en 1917 par M. Guyot, qui l'a désignée sous le nom de var. Chodatiana Guyot dans un mémoire inédit. Les ombres du soir emplissent la vallée; dans les mélèzes voisins, la grive musicienne répète ses mélodies vespérales pendant que les échos d'alentour murmurent en sourdine les grondements atténués de cent torrents. C'est l'heure de la retraite; après une nouvelle vision de Soldanelles, d'Anémones hépatiques et de Viola ealearata, trahissant la récente fonte des neiges à l'orée d'un bois de mélèzes, nous hâtons le pas et arrivons au gîte avec le sentiment d'avoir consciencieusement exécuté notre programme. 26 mai 1917. — Talus du Trift et vallon de Z'mutt. — La diane, chantée avant l'aurore par le pinson des neiges, nous attire à la fenêtre pour admirer le Cervin et ses. satellites rougis dans un ciel pur; puis, le déjeuner enlevé, nous abordons par un rapide sillon les déclivités peu recommandables exposées au levant sous les 278 BULLETIN DE LA* SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) parois de Recheten : flore de garide alpestre appauvrie par l'excès de pâture ovine et caprine, puis achevée par les nécessités de l'industrie humaine qui, dans ces parages, trouve moyen de mettre les précipices en culture ou en jachère. Sans nous attarder aux détails de l'herborisation, qu'il nous soit permis d'exposer les grandes lignes du programme exécuté, puis de passer à l'examen des résultats acquis. Le programme comportait l'exploration de cinq stations distinctes : 1° le talus exposé au levant et dominant les abords immédiats de Zermatt sous les parois du Trift (de 1620 à 1790 mètres d'altitude); 2° les gorges du Trift (1790 à 1900 mètres); 3° le talus de Herbrigen et le plateau du Triftelhaupt (de 1760 a 2000 mètres d'altitude); A» le vallon de Z'mull, jusqu'au-delà de 2000 mètres; 5° végétation du Hubelwald et talweg adjacent, sur Zermatt (1900-1650 mètres). Ce programme devait être effectué dans l'espace d'une matinée, de façon à pouvoir prendre le train de l'après-midi pour explorer les abords immédiats de Yiège avant le passage de l'express pour Genève; seul .M. de Palézieux restera jusqu'au lendemain pour compléter l'explora- tion du vallon de Zermatt, puis exécuter le programme primitif qui prévoyait une visite supplémentaire à Visperterminen, suivie d'une exploration des garides sur Ra rogne, dont notre vénéré confrère M. le Docteur Christ nous avait chaudement recommandé la visite. Voici les résultats obtenus : I". Talus du Trift. — La lisière des parcelles cultivées est consti- tuée par une étroite bande steppique où V Artemisia campestris prédo- mine en compagnie de quelques Artemisia Absinthium et d'assez nom- breux Arlemisia vulgaris; la recherche d'hybrides entreprise en ces lieux l'année précédente nous avait conduit à récolter une grande quantité d'exemplaires offrant toutes les apparences extérieures d'un Artemisia Absinthium X vulgaris; en réalité, il s'agissait de la plante même que Gremli donnait comme hybride sous le nom d'X Artemisia taraspensis après avoir constaté que le binôme X Arlemisia vestita proposé par Magnier (Flora selecta exsicc, n° 3289; Serin/a [1894 , 307) avait été employé, dès 1828, par Wallicii, pour une espèce liymalayenne; les recherches approfondies que nous avons faites à ce sujet ont abouti au rejet absolu de toute origine hybride et font l'objet d'une note spéciale publiée à la page 307 du présent mémoire. — Avec les Artemisia foisonne le Juiu'perus Sabina, piqué parfois de Berberis vulgaris et plus souvent cerné de Festuca vallesiaca ; les Carex (21) G. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPHÎQUËS 27'.) prœcox, Carex erieetonim et même Carèx tomentosa apparaissent dans cette association en même temps que les Taraxacum Isevigatum et YEuphorbia Cyparissias qui, avec Vtfrlica dioica. constituent l'un des plus surs réactifs du passage des chèvres et des moutons. — Vers le sillon d'un très mince filet d'eau, cette végétation s'agrémente de quelques Saules (Salix myrsinites, Salir purpurea, Salix nigricans var. «« + 2mm. lg. stylo quadruplo longior; fructus maturus perigonium œquans; semina ± 17* mm. lg. (cum caruncnla ± V4 mm. lg.). — Hab. : In locis siccis prope vicum dic- tumZeneggen, supra Vispam Vallesise, ad 1300 m. ait. (leg. Beauverd, 3-VI-1916). Race bien distincte de toutes les autres manifestations polymorpbi- ques du Luzula campestris de nos contrées : les trois variétés les plus voisines seraient : 1° la var. sudetica (Willd.) Celak., à soucbes moins cespiteuses et tiges nullement bulbeuses à la base; 2° la var. cdngesla, à limbe foliaire beaucoup moins long et proportions du fruit et du périgone différentes; enfin 3° la var. multiflora ( Retz.) Celak., à feuilles basilaires moins calvescentes, à bractées moins longues que l'inflo- rescence cl ses semences à caroncules deux fois plus grandes. — A rechercber dans les garides alpestres du Valais. Minuartia verna L. var. no\ . fragilis Beauverd. — Herba eglan- dulosa laxissime csespitosa caulibus parce glandulosis 3-7 floribus + 10 cm. altis basi ramigei'is; folia basilaria sub antbesi destructa; f. caulina glaberrima paria 3-5 lineari-lanceolata (superf. ± 8 X 2/3 mm.) e basi ad apicem caulis gradatim remota (internodia ± 7-30 mm. lg.); inflorescentia composita rainis brevibus (+ 12 mm. lg, sub an- tbesi) villosiusculis 1-3 floribus; corolla mcdiocris + 6 mm. diam.; cœtei-a ut in var. typica. — Hab. : Inter larices in decli\ibus solis ardore tostis circa locum dictum «Tschainpingen » vallis Binnensis Vallesise (leg. Beauverd, 30-VII-1889) et circa vicum «Zermatt» (leg. 18-VIII-1916). Les manifestations polymorpbiques du Minuartia verna en Suisse avaient été notées dès 1828 par Gaudin qui distinguait {Flora lielee/i- cœ, III : 201) une var. slricta, très cespiteuse, multifiore et caracté- ristique pour la flore du Jura; une var. diffusa, non cespiteuse, 1-3 (29) G. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPH1QUES 287 flore, caractéristique pour la flore alpine; 3° une var. lati/blia, naine et subtriflore, à calice hirsute et à larges feuilles plus longues que les entrenœuds, caractérisant la chaîne du Reculet (Ain); enfin 4° une variété anonyme désignée par cette très brève diagnose : « § calycibus obtusiusculis == Arenaria saxatilis tlegetschweiler I : 311 » signalée par Schœfler dans les montagnes d'Appenzell, mais inconnue de Gaudin (= Minuartia verna var. Gerardi [Willd.] SchinzetThellung?). En 1860, Brugger {Flora von Ostrâthien : 109) distingue un « Alsine verna var. rhsetica» ( — Arenaria austriaca Rôsch non Jacq.) distinct de la var. stricta par sa souche lâchement cespiteuse, ses tiges glan- duleuses et ses fleurs plus petites : race caractéristique des Alpes orientales, des Grisons et de la Valteline, assez voisine de notre forme qui possède des tiges très fragiles et des inflorescences plus pauciflores à petites corolles rappelant celles du Minuartia tenuifolia (L.) Hiern. Dianthus carthusianorum var. nov. discolor Beauverd. — Herba cœspitosa + 10-20 cm. al ta; caulis rigidus crassitie ± 1 mm. simplex, folia caulina 2-3 paria gerens; inflorescentia congesta 4-9 flora; calyx atro-purpureus ± 14 mm. 1g. (cum dentibus + 3 mm. Ig.); petala longe unguiculata limbo ± 4 mm. lg. intus pallide roseo, extus atro- sanguineo; caetera ut var. lypicum et var. vaginatum (Chaix) vergens! — Hab. : In pascuis siccis super viculum «Finelen» Vallesia», 2400- 2540 m. ait., ubi copiosissime (leg. Beauverd 25-YIII-1916). Bace intéressante exactement intermédiaire entre la forme typique du Dianthus carthusianorum et sas sp. vaginal us (Chaix) Bouy et Fou- caud : elle combine rinflorescence pauciflore de la sous-espèce typique à la forme des écailles, la couleur du calice et les dimensions des pétales de la sous-espèce vaginatus; ces derniers, très pâles à l'inté- rieur, offrent à l'extérieur la nuance d'un pourpre profond du Dianthus atro-ruhens Allioni. — Remarquablement abondante, cette variété inédite constitue l'un des ornements de l'ancienne moraine glaciaire du «Stellisee», où, en compagnie du Dianthus silvester, elle atteint l'altitude maximale de 2540 mètres. CC (huis la vallée de Saas (Christ in litt. !) Pulsatilla Halleri W'illdeiiow 1 1809), var. nov. vallesiaca Beau- verd. — Herba uni- vel mnlticeps caudice uniscapa; folia basilaria post anthesin evoluta, vagine elongata dense argenteo-setacea in petiolo teretiusculo villosissimoque sensim attenuata, limbo pennati- 288 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (30) secto lobis primariis 5 remette, lobatis, basi in petiolulo atlenuatis, lobulis lanceolato-lineaiïbus apice + trifidis subdentatisve ; scapim densissime sericeo-argenteus sub anthesi ± 80 min. lg., post anthesin paulo elongatus; folia involucralia basi connata limbo profimde digi- tato-laciniato lacinïis angustissimis (± l min. iat); pedmeulw dense argenteo-sericeus, sub anthesi brevis (10-30 mm. lg.); corolla magna (diam. = 35-70 mm.) erecta, inodora, extùs cœruleo-violaceus dense argenteo-sericea, intus lsete lilacina vel violacea, glaberrima; styli creberrimi ± 12 mm. lg. apice pallide purpureo-violacei, sub anthesi + 13 mm. lg., maturus ± -H) mm. lg. — Hab. : Circa loeuin dictum « Zermatt » Vallesise copiosissime ! — Cf. tig. 1 : 1 et fig. 2 : 2 et 3. C'est la forme de beaucoup la plus répandue, à feuilles variables quant à la serrature des lobes qui offrent toutes les transitions entre les divisions cunéiformes ou subentières1 et les lanières surlobées du même dentées-crénelées selon le type assez maladroitement figuré dans la flore d'ALLiONi (FI. pedem., tab. LXXX, fig. 2) : le caractère commun de ces feuilles est de présenter, à l'état adulte, deux paires de segments primaires séparés l'un de l'autre par un entrenœud de t 10 mm. et bien distincts du segment terminal, dont la base est atténuée en pétiolule de ± 6 mm. au minimum2. Après l'anthèse, le pédoncule est beaucoup plus accrescent que le scape, même chez les cas de floraison tardive, où le scape déjà très allongé avant la floraison reste parfois plus long que le pédoncule à la maturité des fruits; la couleur de la corolle varie du lilas pâle au violet parfois intense; tou- tefois, elle ne rappelle jamais le pourpre noirâtre caractérisant les Heurs du Pulsatilla montana, dont la structure foliaire, au surplus, ne permet aucune confusion entre les deux espèces. Ead. f. nov. coaetanea Christ (mss. ined.) : herba uni- vel rarius multiceps caudicemonoscapa, folia basilaria sub anthesi evoluta; seapun sub anthesi ± 160 mm. lg., post anthesin paulo elongatus, pédunculm sub anthesi ± 30 mm. lg., post anthesin 2-3 plo longior; cœtera est in f. vallesiaca. — Hab. : In pascuis subdumosis loci dicti «Tufteren» supra Zermatt, 2200 m. ait. (leg. C. H. Christ, VI-1917). 1 Telles, par exemple, que Reichenbach les représente dans le type foliaire de gauche pour l'hybride *pratensi X patens a latisecta*, in le. fl. Germ.. tab. LV, fig. 4655 X 4461. 2 Observés en culture dans la plaine (aux Jordils, Chambésy près Genève), les quatre exemplaires de cette variété nous ont cependant offert des feuilles autom- nales et même prévernales d'un pur type « Pulsatilla païens », sauf les dimensions qui étaient réduites à l'échelle de petites feuilles du Pulsatilla vemaliè : nous con- servons en herbier les types foliaires de ces cultures (voir fig. 1). Cil) G. BEAUVERD. EXCURSIONS I'Il VTO<; K( )(ilt A l'EIKjUES 289 Forme bien caractérisée par ses feuilles évoluées contemporaines de l'anthèse, à subdivisions des lobes foliaires plus fréquemment den- tées au sommet que chez la forme typique; le scape, souvent flexueux, reste plus long que le pédoncule à la maturité des fruits : « C'est la « forme de Tufteren-Alp, croissant parmi les buissons, à feuilles et à «fleurs simultanées ; eu juin 1917, il n'y avait que celle-là, par cen- taines, point de fruits formés! » (Christ mss.) Pulsatilla Halleri Willdeuow (1809), var. nos. pedemontana Beauverd. — Herba -uni- vel mullieeps caudice uniscapa; folm basilaria post anthesin evoluta, dense cinereo ianuginosa, vagine elongata in petiolo sensim attenuata, limbo pennatisecto segmentis primariis 3 (rarius 5) remotis, lobatis, basi petiolulatis, lobulis ovato-lanceolatis apice integris rarius bitklisve; folia involucralia limbo digitato-laci- niato laciniis post anthesin mediocriter latis (± 2 mm.); scapus post anthesin valde elongatus (± 70-150 mm. Ig.) pedunculo subbrevior vel pequans; corolla magna (+ 70 mm. diam. vel ultra»; fructus matu- rus ± 45 mm. long, (eu m stylis brunneo-purpurascentibus pilis sordide albidis tectis); cetera ut in var. vullesiaca. — Hab. : In pratis alpinis Pedemontii, Sabaudiœ Delphinatique, circa 2000-2800 m. ait. : Mte Musini Pedemontii, 20, V, 18G0 in fructu (leg. A. Chabert in herb. Barbey-Boissier !). — Cf. fig. 1 : 2. Bace précoce et très vigoureuse, à segments primaires des feuilles basilaires moins nombreux que chez la race valaisanne ou tout au moins à seconde paire, lorsqu'elle existe, beaucoup plus rapprochée du seg- ment terminal avec lequel elle se confond le plus souvent (voir, par exemple, in Rchb. 1c. fl. £mw.,tab. LV,fig. 4055,4661, seconde feuille en partant de la droite) ; le scape, beaucoup plus accrescent que chez la forme valaisanne, atteint à maturité un peu moins delà longueur du pédoncule floral (soit en moyenne 120 mm. lg. scape et 180 mm. lg. pédoncule); les styles, d'un gris sordide, sont sensiblement plus longs que chez la variété de Zermatt et les divisions de Pinvolucre sensible- ment plus larges et moins subdivisées ; dans son ensemble, la plante rappelle davantage l'aspect du Pulsatilla païens de l'Europe orientale. Ead. var. Segusiana Beauverd comb. nov. (= Anémone Segu- siaua Beauverd in Bulletin de la Société Botanique de Genève, VI, 1914, 159, diagn. gall.). — Herba uni- vel multiceps caudice monoscapa sub anthesi 4- 70 mm. alta (scapus = 37 mm., pedunculus = 35 mm. lg.); folia basilaria post anthesin evoluta basi anguste breveque vagi-' 290 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (32) nata limbo pennatisecto segmentis primariis 3 ± approximatis grosse lobatis basi cuneatis vel snbpetiolulatis, lobulis triangulatis apice integris vel leviter trifidis; folio, involucralia basi connata, limbo ± trisegmentato segmentis latiusculis (± 2 mm. lat.) apicem versus irre- gulariter trifidis; scapm pednnculusque post antbesin paulo accrescenti ; corolla stellata submagna (460 mm. diam.) intense violacea; styli ^&<~ï%è Fig. 1. — Variations foliaires du Pulsatilla Hallerl. — 1 : cycle évolutif de la variété vallesiaca, observé en culture sur un même individu; a et b : feuilles juvéniles apparues en automne sur une pousse stérile (stade vernalis, du type 5) ; c et d : feuilles juvéniles apparues au printemps sur une pousse stérile (stade patens, du type 4) ; e : type parfaitement évolué de la feuille estivale, observé après l'anthèse sur une pousse florifère; I et II: segments primaires latéraux, III: segment pri- maire terminal; i, feuille de l'involucre. — 2 : feuille évoluée de la variété pedemon tana : la paire de segments primaires I fait souvent défaut : i, feuille de l'involucre. — 3 : feuille évoluée de la variété segusiana (la paire de segments primaires I fait défaut même chez les échantillons vigoureux observés en culture!); i, feuille de l'involucre. — 4 : type évolué du Pulsatilla patens (à comparer avec 1 c). — 5 : type évolué du Pulsatilla vernalis (à comparer avec 1 d et 1 b: dans les massifs calcaires à sous-sol plus ou moins décalcifié, la paire de segments I fait généralement défaut). creberrimi apice atro-purpurascenti, sub antbesi ± 14 mm. lg. ; fructus maturus ± 35 mm. lg. (cum stylis brunneo-olivaceis pilis griseis tectisV — Hab. : In collibus siccis loco dicto «La Brunetta » prope urbem Segusium Pedemontii, V, 1014 (leg G. Beanverd, H. Guyot et H. vanDedeuï). Cf. fig. 4:3. (33) G. BEAUVKRD. EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPHIQUES 291 Race abyssale très distincte des autres variétés du Pulsatilla Halleri par la forme de ses feuilles basilaires pourvues, à l'état adulte, d'une seule paire de segments primaires libres, la paire supérieure, lorsqu'elle existe, restant soudée au segment terminal et acquérant par ce fait un aspect absolument identique à celui qu'offrent les feuilles du X Puisa- tilla Haôkelii Pohl (= Pulsatilla patens X nigrieans) ou mieux encore de V«Anemone slyriaea Hayek » dont notre plante se distingue par un port beaucoup plus réduit, surtout à l'époque de la maturité des fruits. Observée en culture dans l'alpinéum de M. H. van Dedem durant les années 1915, 1916 et 1917 (où les pieds rapportés de Suze en 191 i ont régulièrement fleuri), nous avons pu nous convaincre de la constance de cette race singularisée d'ailleurs par la stucture de son involucre, la brièveté relative de ses akènes, la faible accrescence des tiges après l'anthèse et les rapports du scape au pédoncule, qui se maintiennent dans les mêmes proportions dès avant l'anthèse et jusqu'à la maturité du fruit (alors que chez toutes les autres races le pédoncule est beau- coup plus accrescent que le scape). C'est la constatation d'une variété pedemontana, établissant la transition entre la plante de Suze et le type valaisan, qui nous a conduit à abandonner notre point de vue de 1914 tendant à admettre l'autonomie spécifique de cette bonne race qui prospère à la Brunetta de Suze en compagnie du Pulsatilla montana, sans paraître offrir d'hybride. X Pulsatilla Ghristii Beauverd, hybr. nov. inter Pulsatilla Halleri X montana (— Anémone Halleri X montana Christ mss. in herb. ; Anémone Christii Beauverd in herb.). — Herba uni- vel multi- ceps caudice monoscapa; folia basilaria post anthesin evoluta vagine elongata dense argenteo-sericea, limbo 2-3 juga lobis pinnatisectis laciniis breviter lanceolato-linearibus apice trilobulatis subobtusis; folia involucralia ut in var. montana ; seapus argenteo-lanuginosus sub anthesi ±60 mm. lg.; pedunculus sub anthesi in involucro inclusus, ± 12 mm. lg.; corolla mediocris (zb25 mm. lg., sive 52 mm. diam.) inaperta, erecta subnutansve extus violacea cinereo-villosa, intus ± intense violaceo-purpurea, glabra ; fructus maturus a me non visus. — Hab. : In pascuis alpinis dictis « Riffelalp», supra Zermatt, circa 2200 m. (leg. H. Christ, VI-1916). ■ Plante à port de Pulsatilla Halleri, mais à segments des feuilles basilaires nettement orientés sur le type du Pulsatilla montana, dont elle offre d'autre part la corolle fermée et légèrement subnutante dans 292 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (34) l'un des deux échantillons récoltés par M. le D1 Chbist, qui nous écrit avec cet envoi : «J'ai vu V Anémone montana un peu au-dessus du sentier de Finelen, à l'endroit où commencent les premiers petits champs de seigle; les pieds étaient déjà très hauts en herbe et très verts; hien que je n'en aie pas cueilli, je ne pouvais guère me tromper, car mes séjours antérieurs à Sierre m'ont rendu très familiers les différents états de développement de l'Anémone montana. Du reste, cette même station héberge tout l'ensemble de la flore xérophile valaisanne, tandis qu'immédiatement au-dessus commence la flore alpestre avec Astra gains aristatus et quantité d'Anémone Halleri. » X Pulsatilla Emiliana (Wolf) Beauverd, comb. nov. = X Anémone Emiliana F. 0. Wolf in Bulletin de la Société Mur ithienne, XXV, 1897, 76, nomen nudum. — Herba insignis variabilisque inter Pulsatilla Halleri et Pulsatilla vemalis hybrida, sub formis duobus sequentihusprope vicum dictum « Zermatt », anno MDCCCCXV1I lecta: Var. a Finelensis Beauverd var. nov. = Pulsatilla Halleri var. vallesiaca < Pulsatilla vemalis : herba uniceps caudice monoscapa ± 80 mm.alta; folia basilaria vêlera hibernantia, sub anthesi viridia vel partim exsiccata; f. juvenilia sub anthesi vix evoluta, vagine ampla (superf. ± 20 X 7 mm.), glabriuscula vel parce sericea laete viridia, limbo subhirsuto 5-7 segmentis approximatis subsessilibus latis bre- visque trilobatis, lobis imequalibus latis obtusis acutisve, apice integris vel ± trifidis; f. involueralia sessilia, basi connata, limbo profunde digitato-laciniato, extus pi lis copiosis argenteis vel subrefulgentibus dilutis texta, intus viridibus ciliatisque; scapus validus (crassitie ± 3 mm.) folia valde superantus, cinereo-lanuginosus; pedunculus dense griseo-setaceus, sub anthesi + 14 mm. lg., erectus; eorotta magna (±65 mm. diam.) sub anthesi valde aperta, extus lilacina-versicolor setis argenteis dense tecta, intus albida vel + violaceo-dilttta ; stgli creberrimi argenteo-plumosi apice pallide purpurei. — Hab. : inter parentes supra locum dictum «Finelen», Vallesia?, 2300 m. ait., in callunetis siccis, (leg Beauverd, 25- V, 1917). Magnifique exemplaire présentant, avec quelques feuilles détruites, une feuille bien hivernée et trois jeunes feuilles de l'année, dont une entièrement développée à l'anthèse, du type vemalis presque pur; la tige et l'involucre sont du type Halleri, reconnaissable à son duvet dense et argenté, à l'exception de quelques soies de l'involucre à peine (35) G. BEAUVERD. EXCURSIONS PIIYTOGEOGRAPHIQUES 293 diluées de cette belle nuance fauve qui caractérise le Pulsatilla vernalis; la corolle d'un type plus franchement vernalis, possède à l'extérieur violacé la belle pubescence argentée du Pulsatilla Halleri ; stigmates du Pulsatila vernalis . Var. [5 Plattensis Beauverd var. nov. = Puisai /lia Halleri var. &allesiaca> vernalis, Herba uniceps (multicepsve?) caûdice morioscapa ± 80 mm. alta; folia basilaria vêlera sub anthesi destructa vel partini exsiccata, vagina lata extus parce villosa, intus glaberrima; f. juveniliu post anthesin evoluta; /'. invoktcralia ut in var. Finelensi sed pubes- centia exterior perspicue aureo-refulgens; coro//«mediocris(±55 mm. diam.) post anthesin cito inaperta, extus laete violacea setis aureis dense tecta; styli apice violacei. — Hab. : in pratis siccis apricisque ad locum dictum «Bodengletscher» supra «Platten» prope Zermatt, 1850 m. ait., (leg. Ph. de Palézieux 52, V, 1917). Chez cette forme, conservée dans l'herbier de M. de Palézieux, le port général, la couleur de la corolle et celle des stigmates sont plus franchement du type Halleri; en revanche, l'influence du Pulsatilla vernalis est nettement accusée par la pubescence or fauve de l'involu- cre et de l'extérieur de la corolle ; les feuilles comptent deux paires de segments exactement intermédiaires entre ceux des parents et se détruisent généralement en hiver comme chez le Pulsatilla Halleri. Pulsatilla polyscapa Beauverd, comb. nov. = Pulsatilla Halleri var. polyscapa Beauverd in Bulletin de la Société Botanique de Genève, IX, 1917, 126 ; Anémone HaUertysr. polyscapa Bvrd., 1. c, VIII, [1916] 174 (diagn. gall.) ; Anémone polyscapa Bvrd, mss. in herb.(1916) et nomem nudum in Bulletin de la Société Botanique de Genève, IX [1917] 133. — Cf. fig. 2: 1 et 4. Sans avoir rien à changer à la diagnose de cette plante telle que nous l'avons publiée en 1917, les essais de culture réussis par M. H. van Dedem, ainsi que l'examen sur le terrain et en herbier de tout le cycle évolutif du Pulsatilla Halleri Willd., nous ont convaincu de l'autonomie spécifique de la plante de Visperterminen : la forme très constante des gaines foliaires, la polyscapie habituelle de chaque souche adulte et la nuance particulière des stigmates ne permettent plus de confondre cette plante avec le Pulsatilla Halleri ni de la rattacher à ce type en qualité de race subordonnée. Quant à l'hypothèse d'une formule hybride Pulsatilla montana X vernalis que les différents caractères intermé- 294 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (36) diaires des feuilles et des fleurs paraissaient justifier, nous avons dû l'abandonner à la suite de la découverte par M. de Palézieux de l'hy- bride incontestable Puisât Ma sulfurea X polyscapa, qui possède de cette 0^^&w«3A Fig. 2. - Pulsatilla polyscapa et espèces affines. — 1 : schéma d'un pied de Pulsatilla polyscapa présentant deux pousses polyscapes, I et II, avec fleurs f1 ef p, pour la plus jeune souche et ff\ ff'1 et ff" pour la souche la plus ancienne (les Pulsatilla vulgaris et Pulsatilla montana, généralement monoscapes, présentent parfois des souches discapes résultant d'un cas de dimorphisme saisonnier partiel) ; 2 : schéma d'un pied de Pulsatilla Halleri ; les deux souches, I et II, sont monoscapes (type de la grande majorité des espèces du genre Pulsatilla, y compris les Pulsa- tilla vernalis et alpina). 3: évolution foliaire, du Pulsatilla Halleri: a = préfeuille.s du premier degré ou écailles du bourgeon florifère, très velu, 5-nervié et pourvu au sommet d'un limbe sessile et rudimentaire l; b = préfeuilles du deu- xième degré, apparaissant sur une pousse florifère après l'éclosion des écailles, le limbe est sessile ou brièvement pétiole, mais parfaitement développé: c ==, feuilles complètement évoluées après l'anthèse : le limbe est longuement pétiole : 4: évolution foliaire du Pulsatilla polyscapa; mêmes légendes que pour 3, niais observer la gaine glabre, 7-nerviée et + échaucrée au sommet dont la marge est soyeuse; 5: évolution foliaire du Pulsatilla vernalis: mêmes légendes que pour 3 et 4, mais observer la gaine glabre ou peu hirsute. 3-5-nerviée acu- minée ou obtuse au sommet dont la marge est à peine ciliée : 6 : évolution foliaire du Pulsatilla alpina (y compris var. sulfurea) : les préfeuilles, très nombreuses sont toujours du type a, dépourvu de limbe rudimentaire: le stade b ne se présente que très rarement chez les pousses florifères (souche diphylle), plus fréquemment chez les pousses stériles. Type de la section Preonanthus, mono- phylle, à très long pétiole et gaine excessivement réduite. dernière espèce la forme si particulière des gaines foliaires, la forme et la couleur des stigmates, ainsi que le caractère polyscape, des souches: l'hybride sulfurea X vernalis n'aurait donné ni siguiates carminés, ni corolle fortement diluée de violet, ni souche polyscape, et toute eombi- (37) G. BEAUVERD. EXCURSIONS l'IIYTOGÉOGRAPHlQUES 205 naison hybride Pulsatilla mlfurea X montana aurait éliminé de iiièine la souche polyscape ainsi que la gaine foliaire évasée et glabriuscule; enfin, l'hybride ternaire hypothétique montana X mlfurea X vernalis n'aurait pas offert la polyscapie caractéristique de notre plante telle que M. de Palézieux la représente dans sa vignette de la page 296, iig. 2, pour son X Pulsatilla Mathildœ Palzx., tandis qu'elle aurait offert la pubescence plus ou moins diluée de fauve qui distingue, non seulement les produits croisés Pulsatilla montana X vernalis, mais qui se retrouve encore, bien qu'à un faible degré, chez le X Pulsatilla Paleùeuxii dont l'origine ternaire montana X polyscapa X vernalis ne fait pour nous aucun doute. En résumé, nous estimons que le Pulsatilla polyscapa constitue un cas de convergence avec le X Pulsatilla Bohanensis dont il possède la forme du limbe foliaire et celle de sa gaine; ce cas de convergence serait en quelque sorte comparable avec celui que le Pulsatilla styriaca (Hayek) ou, moins fortement, notre Pulsatilla Halleri var. segusiana Bvrd., offre vis-à-vis du X Pulsatilla Hackelii Pohl considéré, avec raison, comme hybride Pulsatilla païens X pratensis. X Pulsatilla Knappii Palézieux, hybr. nov. = Pulsatilla alpina ssp. sulphurea x montana Palézieux (X Anémone Knappii Paléz. apud Beau\erd, nomen in Bulletin de la Société Botanique de Genève, IX, 1917, 133 == Anémone alpina var. sulphurea X Anémone montana Paléz. apud Beauverd, 1. c). — Herba uni- vel multiceps, caudice mono- vel discapa ; folia basilaria petiolo basi vaginante sericeo- hirsuto, oblique erecta, ± villosa, ternato-pînnatifida, lobis petiolatis tripartitis, laciniis 2-3 juga oblongis ± lanceolato-Iinearibus, circa 10 cm. (rarius 15 cm.) alta; folia involucralia sessilia, basi connata multipartita, laciniis ± longe petiolatis lanceolato-Iinearibus trifidis apicem ± divisus, supra glabris subtus + sericeo-villosis; pedunculus ± dense lanuginoso-argenteus circa 3 cm. longus; corolla magna (3;- 6-(7 cm. diam.) erecta, sub anthesi fragrans, extus sericeo-villosa, sordide lutea violaceo diluta, intus glabra pallide sulphurea ; styli creberrimi apice purpureo-violacei. — Hab. : Helvetia, Vallesia : supra Vispam prope viculum dictum Visperterminen inter parentes in pratis subalpinis ad 1800 m. ait. (leg. Ph. de Palézieux, 25-V-1917). [3 var. subsulphurea Palézieux : corolla mediocris (30-45 mm. diam.) erecta, aureo-sulphurea, extus lutea ± roseo diluta, parce villosa; styli apice purpurei. 296 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (38) Plante intermédiaire entre les deux parents, se trouvant au bord des bois de mélèzes, à proximité du Pulsatilla alpina ssp. sulphurea ; l'influence du Pulsatilla montana, qui est prédominant dans les garides voisines, se reconnaît à la coloration des styles qui sont violets, ainsi qu'à la forme des feuilles involucrales à larges lanières subpétiolulées plus divisées et plus glabres; l'influence du Pulsatilla alpina ssp. sul- phurea se reconnaît facilement aux fleurs plus ou moins jaune-soufre, présentant à l'intérieur quelques taches d'un rouge-brun ou lavées, comme à l'extérieur, mais moins fortement, d'une couleur rose ou Fig. 3. — X Pulsatilla Knappil Pal. et Pulsatilla Mathildae Pal. — 1 : Port du X Pulsatilla Knappii ; 2: X Pulsatilla Mathildcv ; 3: Involucre du Pulsatilla montana; 4: Involvcre du Pulsatilla sulfurea: 5: Involucre du Pulsatilla polyscapa. (Dessin de Pli. de Palézieux). violet sordide; à l'état frais elles exhalent, à un plus faible degré, le parfum caractéristique du Pulsatilla montana. Je suis heureux de dédier cette plante à mon ami Léopold Knapp, mon compagnon de belles herborisations dans les Alpes. X Pulsatilla Mathildœ Palézieux, hybr. nov. == Pulsatilla alpina ssp. sulphurea X Pulsatilla polyscapa Palézieux ; X Anémone (39) G, BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉOUHAI'IIIQUES 297 Malhildœ Palé/ieux apud Beauverd, noiiien solum in Bulletin de la Société Botanique de Genève, IX, 1917, 133, sive «Anémone alpina var. sulphurea X Anémone polyscapa » Palézieux apud Beauverd, I. e. — Herba uni- vel multiceps, caudice mono- vel polyscapa \folia basilaria petiolo basi vaginante, vagine lata, glabra vel parce sericea, limbo pennatisecto argenteo-villoso, lobis lobatis, lobulis lanceolato-linearibus ■£ Iripartiis ; folia involucralia sessilia basi connata, niultipartita, laciniis lanceolato-linearibus non divisus vel trifidis, apice 2-3 parlilis, extus argenteo-setacea, intus viridia subglabra; pedunculus 5-9 cm. longus, cinereo-hirsutus apicem versus ± dense lanuginosus; corolla magna 7-8 cm. diam., erecta, extus sericeo-villosa, violacea luteo dilatai intus glabra sordide lilacina; styli creberrimi, apice purpurei. — Hab. : Helvetia, Yallesia : supra Vispam prope viculum dictum Visperterminen, inter parentes in pratis subalpinis ad 1800 m. ait. (leg. P. de Palézieux, 27- V, 1917). Cette plante, dont trois pieds se sont trouvés parmi des exemplaires du X Pulsatilla refulyens, croît à proximité des bois de mélèzes où se trouve le Pulsatilla alpina ssp. sulphurea. L'influence de cette dernière espèce se reconnaît, d'une part, à la forme des feuilles involucrales à lanières larges plus ou moins divisées et dentées, d'autre part, à la couleur des pétales d'un violet sordide lavé, surtout à l'extérieur, d'un jaune verdàtre; elle ressemble beaucoup à un vigoureux Pulsatilla polyscapa, à fleurs plus ouvertes et d'un violet sordide. Je dédie cette plante rarissime à ma mère Mathilde de Palézieux. Les deux trouvailles ci-dessus, décrites par M. de Palézieux, revêtent pour la systématique du genre Pulsatilla un caractère de plus grande importance que celui qui se dégageait jusqu'à présent des autres bybrides de la section Campanaria. En effet, à l'exception d'une vague citation par F. 0. Wolf d'une combinaison «sulfurea X vernalis» (cf. Bulletin de la Société Murilhienne, XXHI-XXV, 1896, 66 et Schinz et Keller, FI. der Schweiz, 3e Aufl., II. Teil, 1914, 116), l'on n'avait jusqu'à présent signalé qu'un cas unique de croisement entre les sec- lions Campanaria et Preonanthus (cf. «Anémone alpina X vernalis», iu D. Stur, Beitr. s. Kennln. der Flora Lungnau's, Œsterr. bot. Wochenblalt, V, 1855, 94): dorénavant, il conviendra de tenir compte non seulement des croisements existant entre la section des Preonanthus et celle des Campanaria subs. vernales, mais encore de ceux qui existent entre la première de ces sections et celle des Campanaria subs. eu-Pulsalilla, 298 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (40) cas tout nouveau que nous venons de vérifier sur les sept exemplaires appartenant en commun au Pulsatilla alpina ssp. sulfurea et à deux espèces distinctes delà subsection eu-Pulsatilla : les Pulsatilla montanu et Pulsatilla polyscapa. Pulsatilla alpina ssp. sulfurea var. nov. lucida Beauverd. — Herba nana sub anthesi + 80 mm. alta; folia basilaria sub anthesi evoluta, vagine lata + elongata vel in petiolo brevissimo attenuata, glabra vel extus parce sericea, limbo pennatisecto utriuque glabro vel margine nervisque sparse ciliato; foliorum involucralium pubescentia ut in foliis basilariis; 6'cbrevis(+25mm.lg.)glabervel subciliatus; pedunculus elongatus (+ 50 mm. lg.) glaberrimus; corolla minima (± 30 mm. diam.) intense sulfureo lutea; antherse brèves (1/2 mm. lg.); styli sub antbesi ± " mm- 'g-— Hab. : in pratis alpiuis solo dolomitico silictosove supra vicum dictum «Binnen», Vallesiae, circa 2100 in., 30, Vil, 1889 et supra vicum « Zermatt», circa 2600 m., 18, VIII, 1916 (leg. Beauverd). Bace remarquable par la forme de ses feuilles basilaires, sessiles sur une gaine à peine atténuée en pétiole et à limbe absolument glabre ainsi que le scape et le pédoncule; la corolle, à tépales relativement étroits, n'excède guère les dimensions de celle de X Anémone baldensis dont elle se distingue d'ailleurs par sa nuance d'un beau jaune vif; stigmates d'un jaune blanchâtre. Dans les deux stations où nous avons rencontré cette race praticole haute-alpine, la surface du sol était plus ou moins recouverte de détritus dolomitiques; en revanche, le sous-sol était nettement siliceux: yneiss au col d'Albrunnet serpentine au Biffel. Cardamine resedifolia var. nov. laricetorum Beauverd. — Herba laxe caespitosa ± 120 mm. alta; folia basilaria +25 mm. lg., limbo integro (superf. +5X4 mm.) vel basi + leviter subruncinato in petiolo longe attenuato, sub anthesi partim exsiccata; folia caulina 3-5 pennatilobata loborum lateralium paribus 1-3 quam loba terminalis minores, base petioli acute hastato-auriculata; caulis centrait medio ramosus ramis l-3foliosis paucifloribusque; coules latérales simplices; caetera ut in formis ceteris. — Hab. : inter laricetis supra vicum dictum « Visperterminen », ait. 1500 m., ubi copiosissime (leg. G. Beauverd, H. Gams, H. Guyot, Pli. de Palézieux et H. van Dedem, 2-VI-1916). Bace bien caractérisée par la structure de ses feuilles dont le lobe terminal, au lieu d'être atténué en pétiolule distinct, reste largement (41) G. BEAUVERD. EXCURSIONS PlîYTOGÉOGRAPHIQÛES 299 soudé aux deux lobes latéraux supérieurs; en outre, les appendices auriculaires sont nettement aigus ou même falciformes et le nombre des lobes latéraux est fréquemment de trois paires chez les feuilles du milieu de la tige centrale, elle-même ramigère à l'aisselle des 1-3 feuilles inférieures, les 1-3 supérieures restant nues. Barbarea vulgaris var. nov. multicaulis Beauverd. Herba biennis subvalida caudice multicaulis ; caulis erectus simplex vel supèrne ramosus, sub anthesi ± 20 cm. altus; folia basilaria longe petiolala limbo intégra vel obscure pinnatitïdo lyrata pinnulis laterali- bus duobus minutissimis, lobo terminali maximo subrotundo (supeiï. + 20 X ^ mm.) basi cordato margine integro vel obscure sinuato; folia caulina 8-15, inferiora ± petiolata, pinnatifido-Iyrata, superiora gradatim amplexicaulia, late obovata, basi ± runcinata, lobo terminali grosse et inœqualiter sinuato; pedicelli ±4mm.lg. sub anthesi oblique patuli, post anthesin perspicue arcuati ; siliquse erecta; vel ± arcuatse (== 23 mm. lg. cum stylo lineari ± 2,5 mm. Ig.); caetera ut in var. typica. — Hab. : in locis herbosis ad rivos sultalpinos prope locum dictum «Egerberg» supra Vispam, Vallesise, ait. 1100-1300 m., ubi frequens (leg. (i. Beauverd et Ph. de Palézieux, 3-VI-1916). Race nettement singularisée par sa soucbe multicaule, la structure de ses feuilles basilaires le plus souvent entières et rappelant alors la forme des feuilles du Viola rupestris, ses feuilles caulinaires médianes n'offrant qu'une à deux paires de très petits lobes latéraux; la forme des siliques marque un acheminement prononcé vers la variété arcuata (Opiz) Fr., dont elle n'offre d'ailleurs ni les pédicelles étalés à angle droit, ni les grandes corolles, ni la profonde division des feuilles cau- linaires supérieures. Comme intérêt géographique, cette station recule de quelques kilomètres vers l'est les localités connues de la rive gauche du Rhône pour l'aire pennine du Barbarea vulgaris, dont le terminus le plus oriental était, jusqu'à présent, la station de Tourtemagne. Sisymbrium Sophia var. nov. speluncarum Beauverd. - - Herba nana ± 80 mm. alta basi valde ramosa ramis procumbentibus valde florigeris siniplicibus rarius subrainificatis; folia basilaria sub anthesi destructa ; folia caulina griseo-virescentia, bipinnatilîda, segmentis secundariis elliptico-lanceolalis integris subdentatisve. — Hab. : in spelunculis alpinis loci dicti «Kalbermatten» supra vicum «Zermatt», Vallesia>, ait. 2000 ubi copiose (leg. G. Beauverd, 18-VIII-19K5). 300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (42) Race altitudinale bien distincte dn type, outre son nanisme, par la forme arquée des siliques mûres; se distingue aussi de la variété p alpinum Gaudin (FI. helv., VI, 1830, 360) par ses vigoureux rameaux basilaires étalés horizontalement, sinon rampants, et par la structure de ses feuilles caulinaires à segments primaires alternes profondément pinnatiséqués et à lanières secondaires souvent dentées à la base. Sedumvillosum var. alpinum Hegetschweiler, Flora der Schweiz, 1840, MO. Race alpine bisannuelle ou vivace, à souche fortement cespiteuse, tiges longues de ± 6 cm., pourvues à la base de nombreux rameaux le plus souvent stériles, tandis que ceux du sommet sont florigères. Cette plante constitue l'un des ornements de choix des rives de l'émissaire du Stellisee, dont elle émaille les tapis de mousses de ses myriades de corolles au pourpre éclatant. Hegetschweiler, qui la décrivit le premier, la connaissait des Alpes de Glaris, des Grisons et du Saint- Gothàrd.— Hab. : sur Findelen,2450m. (leg. Reauverd, 25-VIIH916). Sedum dasyphyllum var. nov. vallesiacum Reauverd. — Herba laxissime ca'spitosa ± 9 cm. alta caulibus subrepentibus basi glabris apicem versus sensim glanduliferis ramigerisque; folia caulina (superf. ± 5,5 X 3 cm.) opposita, valde remota (internodia = 10-25 mm. lg.); inflorescenlia ramificata ramis simplicibus subramificatisve obsolète glanduliferis ; petala roseo diluta medio longitudinaliter violaceo- striata, caetera ut in var. typica. — Hab. : in rupibus alpinis loci dicti «Thâlenen» supra Finelen Valleske, 2500m. (feg. Reauverd, 2t>-VlI-1916). Le polymorphisme du Sedum dasyphyllum portait principalement sur la localisation ou l'absence de pubescence caulinaire ; la race hébergée dans les rochers de Findelen s'impose à l'attention par l'aspect parti- culier que lui confèrent ses entrenœuds très allongés, par la belle couleur violacée de ses corolles et par l'altitude même de la station, qui dépasse de cinq cents mètres la limite extrême assignée au type dans la flore valaisanne (cfr. Jaccard, Calai., 1893, 159). Linum perenne L. — Cette belle espèce, d'origine orientale, est complètement naturalisée à Rarogne où M. le Dr Christ l'a découverte en 1914 et d'où M. de Palézieux en a rapporté de beaux exemplaires lors de son herborisation du 28 mai 1917. (43) G. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPHIQUES 301 Polygala alpina Perr. et Song. et var. Chodatiana Guyot (ined.). — Ces deux plantes ont été récemment présentées à la Société Botanique de Genève par M. Guyot, qui les avait récoltées au Valsorey ainsi qu'aux environs de Zermatt, lors de notre herborisation du 25 mai 1917; à ces deux stations, il convient d'ajouter celles dont nous a fait part M. le Dr Christ : environs de Zermatt, 1800 mètres et abords de Findelen, 2000 mètres, juin 1916, ainsi que celles de Visperterminen, lisière des bois de mélèzes, dès 1400 mètres d'altitude (leg. G. Beauverd, H. Gains, H. Guyot, 2-VI-1916). Cette constatation permet d'attribuer au Polygala alpina et à sa nouvelle variété la qualité de réactif du mélèze, en même qu'elle abaisse de six cents mètres au moins le niveau inférieur qui lui était attribué pour la flore valaisanne (cf. Jaccard, Calai., 1895, 42). X Viola Wilczekiana Beauverd, hybr. nov. (=- Viola hirta X Viola rupestris var. arenaria). — Herba multiceps valde floribunda (adspectu Violes permixtae Jord.!); «/«/«'sbrevissimus (2-3 mm. Ig.) valdè foliosus; folia subbasilaria approximata, miniina (superf. + 12x8 mm.), + griseo velutina vix birto-cinerea vel rarius subglabra-, margine leviter crenulata, apice rotundata, basi cordata, supra viridia, subtus ± violaceo-diluta; stipulée ovato lanceolata^ (superf. ±5X2 mm.) mar- gine subintegra? vel irregulariter obsolète fimbriatse ; pedunculus ± 50 mm. 1g. infra medio bracteolatus cinereo-velutinus vel subglaber, rarius pilis sparsis reflexis ± praditus; bractea- lineari-lanceolata^ (superf. ± 4X V2 mm.) margine anguste subscariosae- leviter ciliatse (sub lente!); sepala obtusa, rarius cum sepala sublanceolata niixta (superf. ±4X2 mm.); corolla ± 18 mm. diam. petalis apice rotun- datis vel subemarginatis; ealcar brève (± 3 mm. 1g.) apice rotundato- clavatum ± falcatum. Capsula matura a me non visa. Hab. — Inter parentes supra locum dictum ((Montana» in pratis subalpinis 1500 ait., 17-V-1915 (leg. Beauverd); id. in loco dicto « Trift» supra vicum « Zermatt», 1700m. ait., 26-V-1917 (leg. Beauverd). En dédiant cette nouvelle combinaison hybride à notre ami M. le Professeur Dr E. Wilczck, le sagace explorateur de la flore valaisanne, nous attirons l'attention sur l'aspect de cette violette qui rappelle, nu premier abord, par ses souches très multicaules, les touffes de Viola permixta Jord., si connues dans nos contrées partout où les parents (Viola hirta et Viola odorata) se trouvent en contact. Le Viola odorala n'existant pas dans la station de Montana où nous avions une première BULLETIN OE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, O-G-7-8-9, par US le 8 Iliai 1919. 4 302 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (44) fois observé notre plante, nous avons aussitôt reconnu que cette der- nière empruntait au Viola rupestris var. arenaria (au milieu desquels elle prospérait en compagnie de grands Viola hirta) une partie de ses caractères saillants, notamment la forme des feuilles avec la couleur caractéristique de la page inférieure du limbe, qui est dilué de violet; les stipules sont intermédiaires entre les deux espèces, avec variations rappelant tantôt le type Viola hirta, tantôt le type Viola rupestris; les pédoncules offrent une pubescence variable sur une même souche donnée, où Ton remarque côte à côte le fin duvet velouté du Viola rupestris avec la pubescence plus grossière du Viola hirta, tandis que de nombreux pédoncules restent glabres ou partiellement pubcscents vers la base; les bractéoles sont insérées au-dessous du milieu du pédoncule, selon le type Viola hirta ; les sépales sont aussi du type Viola hirta avec anomalies partielles marquant un acheminement au type Viola rupestris par la forme plus acuminée du sommet. Les souches ramifiées, nues à la base et densément recouvertes au sommet par les débris des anciennes feuilles, rappellent évidemment le type rupestris. Bupleurum ranunculoides var. nov. Sabinorum Beauverd. — llerba valida ± 30 cm. alta, ramosa, ramïs 2-3 ± elongatis ; folia basilaria elongata (superf. ± 180x6 mm.); folia caulina quam inter- nodia manifeste longiora (superf. ± 140X7 mm.); involucrum 1-2 phyllum pedicelli longe superantum; involucelli phylla 6-7 (superf. + 9 X 6 mm.) flores longe superanlia. — Hab. : inter Juniperos Sahinas circa vicum «Zermatt», Vallesiae, 1800-1900 m. ait., ubi non rarum (leg. G. Beauverd, 18-VIII-1916). Bace distincte de celles décrites par M. Briquet (cf. Monographie des Huplèvrcs des Alpes Maritimes, 1897, 80), notamment des variétés lati/blium Gaudin (== Burserianum Briq.), obtusalum Briq. et elatius Gaudin, par : ses feuilles basilaires plus larges et ne conservant au sommet que trois nervures saillantes (les deux autres des cinq nervures de la base étant évanescentes à partir des deux tiers apicaux du limbe); ses trois feuilles caulinaires, plus longues que deux entrenœuds et pourvues à leur base d'un rameau florigère court et pauciflore; son involucre 4-3 phylle à feuille inférieure sensiblement plus longue que les plus longs rayons de l'ombelle ; ses involucelles à 5-6 larges folioles quatre fois plus longues que les rayons de l'ombellule. Belle plante de l'association du Juniperus Sabina, où elle est souvent concomitante de la variété humile Gaudin (à port nain et folioles de l'involucre plus (45) G. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPHIQUES 303 courtes que les rayons de l'ombelle) et de la variété elatius Gandin (à feuilles caulinaires non ramigères et plus courtes ou excédant à peine la longueur d'un entrenœud ; involucre 2-3 phylle beaucoup plus court que les rayons de l'ombelle). Androsace alpina Lamck. f. nov. filiformis Beauverd. — Herba non caespitosa basi laxe ramosa ramis flliformibus longe repentibus apice unifions; eorolla intense rosea; caetera ut in forma typica. — Hab. : in saxetis ad nives déliquescentes cum forma typica non rara : «Mt-Gelé» supra vicum dictum «Isérables», ait. 3000 m. (leg. G. Beauverd, 2-VI1I- 1891 ; in Mte «Ofenhorn», supra Binnen, Vallesiae, ait. 2600 in., (leg. G. Beauverd, 31-VII-1889); «Gornergrat», supra Zermatt, ait. 3000 m. (leg. Beauverd, 25-VIII-1916). Race bien distincte du type par son aspect moins vexillaire : les rameaux très divergents sont terminés, non point par une rosette de feuilles, mais par une colonnette souvent très allongée, isolant les corolles à de grandes distances les unes des autres ; la corolle est d'un rose violet plus foncé que celui du type et ne parait pas offrir de variété blanche. Gentiana verna var. alata Grisebach. — Rare en Valais, cette race bien caractérisée par ses tiges à trois entrenœuds relativement allongés et par son long calice fortement ailé, est assez communément répandue sur la croupe du Schwarzsee de Zermatt, où nous l'avons récoltée le 23 août 1916. Gentiana nivalis var. nov. pallida Beauverd. — Herba nana ± 5 cm. alta; folio, nummulariformia e basi ad apicem gradatim ampliora; eorolla minima pallide lilacina; caetera ut in var. typica. — Hab. : in pascuis alpinis solo silic, ait. 2530 m. in loco dicto «Passo d'Arbelo» supra «Binnen» (leg. Beauverd, 30-VII-1889) ; in Mte Riffel, supra Zermatt, ait. 2600 m., 25-VI1I-1916). Corolle de même nuance que celle du Gentiana tenella avec laquelle un examen superficiel permettrait de la confondre ; les feuilles basilaires très petites augmentent graduellement de dimensions vers le sommet de la tige ; elles sont très obtuses, arrondies dans leur pourtour apical ou, en tout cas, beaucoup moins franchement lancéolées que chez la race à fleurs bleues. 304 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (46) Gentiana campestris (ssp. suecica) var. nov. flagelliramis Beauverd. — CauHs basi raro nudus, sed ssepius inultiramigeris, ramis flagelliformibus elongatis unifions rariusve 2-3 floris, midis vel paria foliis 1-2 valde remota praeditis ; internodia axi primarii valde elon- gata (30-100 mm. vel ultra); folia caulina paria 1-2 (rarissima 3-4) basi florigera; flores pedunculis ± elongatis midis vel rarïus foliatis, inferioribus quam folia longioribus, apicalibus quam folia brevionbus; calyx sub anthesi tubo corollse aequans sublongiorve ; corolla tubo luteo (+: 14 mm. lg.) limboatro-violaceo ±20 mm. diam. ; caetera ut invar, alpina. — Hab : in pratis subalpinis supra vicurn dictum «Lens» prope urbem «Sideris» Vallesiae, ait. 1200-1500 m. 6-VII-1901 ; supra locum dictum «Mont-Chemin» prope «Octodurura», ait. 1400 m., 14-V-1915 (leg. G. Beauverd); circa vicum «Zermatt» (YÏ-4916, leg. 11. Christ; id.25-V-1917, leg. Beauverd). Race à floraison très précoce, remarquable aussi par ses rosettes pourvues le plus souvent de longs rameaux flagelliformes et 1-3 flores, atteignant au moins les deux tiers de la longueur de Taxe primaire; les nombreux exemplaires que nous fit aimablement parvenir M. le D' Ciibist, étaient de tous points conformes à ceux de Lens (1911) et de Mt-Cbemin (1915) que nous avions récoltés antérieurement et étaient accompagnés de cette mention : «forme prinlanière à fleurs violet foncé, en masse dans les prés de Zermatt, juin 191G. » Veronica alpina var. nov. floribunda Beauverd. — Caulis ± 8 cm. altus basi procumbens nudusque, e inedio ad apicern sensim villoso-lanuginosus; folia caulina paria 3-4 remota, obsolète crenulato- dentata ; infiorescenlia niultiflora (10-18flora) in spicam elongatam disposila; capsula matura birsuta (± 4 mm. lg.) calyx villosus paulo superans; caetera ut in var. typica. — Hab. : in pascuis apricis circa locum dictum « Schwarzsee » supra Zermatt, Vallesia?, ait. 2600 m., ubi frequens (leg. Pli. de Palézieux et G. Beauverd, 25-VI1I-1917). Le polymorphisme de Veronica alpina nous paraît mériter quelque attention : toutes les formes que nous avons observées, y compris la variété pygmsea (Schrank) Schinz et Keller, présentent une inflorescence courte et pauciflore (4-8 fleurs par épi) et une villosité assez faible; aux abords du Schwarzsee, notre plante présente une inflorescence longue de 40 à 50 mm. avec cinq à neuf paires de fleurs à calice très velu-laineux; les axes principaux sont parfois accompagnés, au pied (47) G. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÈOGRAPHIQUES 305 de la même souche, de rameaux florigères secondaires paucillores, comme chez les autres formes typiques, mais à sommet de l'axe, calice et capsule beaucoup plus velus-laineux. Phyteuma hemisphaericum var. longibracteatum Bornmûller, in Bulletin Herbier Bousier, VI, 1890,156; id. var. càrinthiacum R. Schulz, Monogr. Phyteuma, 1904-, H9 et 150. Découverte aux abords du lac Ritom (versant tessinois du Gothard) par M. Bornmùllèr, cette jolie Campanulacée a été retrouvée depuis lors en Carinthie et en d'autres localités des Alpes orientales; M. Wilczek vient de la signaler dans sa première station valaisanne (dis- trict de Couches), M. A. Beciierer l'a trouvée ensuite dans la vallée de Binn et M. le Dr Guyot dans le Valsorey, qui paraît fixer le terminus occidental de l'aire de cette plante, dont nous avons relevé en 1910 une station au Gebudem, sur Visperterminen, puis en 1917 au Gornergrat (2900 mètres) et sous le Hôrnli (2800 mètres) : les jalons de cette race dans les Alpes pennines autorisent l'hypothèse d'une origine italienne ou alpine-orientale qui pourrait être mise à profit pour la justification d'un cas de mutation ou de polytopisme. Phyteuma pauciflorum ssp. et var. pedemontanum (R. Schulz) Bvrd., comb. nov. = Phyteuma pedemontanum R. Schulz, Monogr. Phyteuma, 1904-, 153 et 163 ; Phyteuma globularin'folium Hegetschweiler, Reise, 1819, 146, fig. 13-15 et Gaudin, Flora helv., II, 1828, 170, non Stkrnrerg et IIoppe, 1818. Les nombreuses formes de transition qui relient cette race aux autres variétés du Phyteuma pauciflorum, considérés par R. Schulz comme espèces autonomes (notamment le Phyteuma ylobulariœfolium Sternb. et Hoppe) ne permettent certainement pas de maintenir la manière de voir de cet auteur : les caractères distinctifs qu'il évoque pour établir ses espèces n'ont, à notre sens, qu'une valeur purement qualitative et se retrouvent chez maintes autres espèces du genre Phyteuma ; ils nous paraissent tout juste suffisants pour proposer le rang de «sous-espèce» à ce groupe qui constitue une bonne variété dont le polymorphisme, mis en évidence par R. Schulz sous les noms de forma typicum, forma intermedium et forma humillimum, se manifeste abondamment aux environs de Zermatt, notamment au Riffel, au Gornergrat et aux abords du Hornli, de 2400 à 3000 mètres d'altitude. L'aire générale de cette race comprend les Alpes italiennes et orientales jusqu'aux Carpathes 306 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (48) de Transylyanie, avec avant-postes dans les Alpes du bassin du Rhône, de la Linlh et de Saint-Gall ; atteint à l'ouest le col de Tende (Alpes Maritimes) et se retrouve dans les Pyrénées, selon échantillons déposés à l'Herbier Boissier. Phyteuma betonicifolium var. nov. helveticum Bvrd. — Herba laxe csespitosa caulibus subgracilibus (± 22 cm. altis); folia basilaria basi truncata vel cuneata sa'pe subsessilia; folia caulina basilaris multo minora, omnia sessilia, basi semiarnplexicaulia, sequentia gradatim breviora vix squamiformia; inflorescentia subpauciflora ; caetera ut in var. typico et in var. lanceolato B. Schulz. — Hab. : in pascuis alpinis supra silvam dictam «Vordere Wâlder», prope Zermatt, 2300 m. ait. (leg. G. Bauverd, 20-VIII-1916) ; «St-Gothard», aug. 1831 (leg. Reuter, in Herbier-Boissier) ; «vallée d'Evolène, Valais » anno? (leg. Conti, in herb. Barbey-Boissier). Plante remarquable par son port grêle, ses feuilles basilaires à pétiole beaucoup plus court que le limbe tantôt tronqué à la base, tantôt insensiblement atténué entrés court pétiole fortement dilaté; les feuilles caulinaires, toutes sessiles, sont beaucoup plus courtes que les basilaires et d'apparence généralement squamiforme. Variété poly- morphe quant à l'aspect de la tige, qui est tantôt fortement feuillée (forma foliosum Bvrd : caulis ±5-7 folia caulina pneditus), tantôt pres- que nue (f. subnudum Bvrd : caulis ± 2-4 folia caulina prseditus). Erigeron uniflorus var. nov. subpulvinatus Beauverd. — Herba multiceps csspitoso-pulvinata valde floribunda (± 50 cephala); caulis 10-20 mm. altus, viridis, hispidus; folia basilaria ovato-spathulata (superf. ± 35 X 4 mm.) subcarnosa, utrinque hispidula, margine ± horizontaliter lanuginoso-ciliata, apice obtusa vel rotundata obsolète mucronulata, basi inpetiolo complanato :.h longe attenuata ; folia caulina 1-3, sessilia, lineari-spathulata (supef. ± 15 X 1 mm.), margine lanu- ginoso-ciliata ; involucri sguamm -anguste lineares (superf. + 6 X V3 mm.), exteriores latiores (lat. = ± 1 mm.), virides; interiores angus- tiores (± V4 mm.) dorso atro-purpurea1, margine ± scariosae ; liguhe albidœ vel pallide rosea1 filiformes (superf. ± 8 X V4 mm.); aehœniâ matura a me non visa. — Hab. : in locis apricis adnives déliquescentes loci dicti « Gornergrat » supra Zermatt, ait. 3000 m., ubi non rara (leg. Beauverd, 20-VIII-1916). Bace très saillante, dont nous avons observé et récolté plusieurs ( i-9) G. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPHIQUES 307 individus tous semblables entre eux : souches polycéphales à tiges naines et capitules serrés les uns contre les autres à la façon des Hostia pulvinala de la Nouvelle-Zélande; les anciennes plantes comptent jusqu'à une douzaine de souches et une soixantaine de capitules, ce qui permet de les distinguer à première vue de la /'. nantis Rickli (= Erigerait vallesiacus Reuter ex Vierhapper, Monogr., 1005, 511), dont les souches sont monocéphales,plus rarement oligocéphales, mais non polycéphales. Erigeron glandulosus Ilegelschw. var. sciaphilus Bvrd. in Bulletin de la Société Botanique de Genève, IV, 1912, 438 : les exemplaires typiques de cette variété que nous avons rencontrés sous les mélèzes de la forêt de Tufteren, vers 2250 mètres d'altitude, nous ont convaincu de la nécessité de maintenir l'autonomie de YErigeron glandulosus Hegetschw. (== Erigeron Schleicheri GremU, 1880) contrairement à notre opinion de 1904 (cf. Bulletin de l'Herbier Boissier, IV, 606; Briquet, in Burnat, FI. Alp. Marit. V, 1915, 291-294, suhsp. Gaudini). Gnaphalium Hoppeanum Kocli. — Beaux exemplaires récoltés à 2600 mètres d'altitude, dans les gazons alpins des Grieskummen, sous le Gornergrat, 23-VII1-1916. Voir à ce sujet H. Jaccard, Calai. Val., 1895, 192 et Briquet, Flore des Alpes Maritimes, vol. VI 1917, 275. Artemisia vulgaris var. vestita Brùgger suhv. nov. Zermattensis Bvrd. in Soc. fr. éch. pi., XVI, 1917, 35, exsicc. 2124 (cum diagn. gall.) : herha perennis ± 50-60 cm. alta, simplex vel ramosa, adspectu hybridae .4. Absinthii X vulguri ; folia basilaria sub anthesi destructa ; f. caulina discoloria sed utrinque pubeseentia : supra griseo-sericea ± cito calvescens, infra incano-cinarescens; capitula multitlora (20-28 11.) polymorpha, hinc cylindrica, hinc oheonica, hinc hemisphserica, pallide fusca vel atro-violacea, extus semper lanuginoso cinerea; flores fertiles 14-18 : fl. exteriores 6-8 $ circa 1 s/i mm. lg. (cum achaenia ± 3/d mm. lg.) stigmate longe exserto; 11. discales 8-10 $ circa 2 3/4 mm. lg. (cum achaenia ± 3/4 mm. lg.) tubo luteo, limbo purpureo; //. stériles 8-18 centrales corolla minima (± V* mm. vel brevior) staniinis abortivis ovarisque nullo vel imperfecto. — Hab. : propre Zermatt in locis siccis et sole ardore tostis 1650 m. ait. ubi copiose inter^I. vulgarem var. vul- gatissimam Bess,, .4. campestrem L. et A. Absinthium L., sed non hybrida ! — VIII-IX 1916, leg. Beauverd. Cf. fig. IV. C'est la forme anonyme signalée par Morthier et Favrat dès 1879 308 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (50) dans le Bulletin de la Société Murithienne, fasc. VII-VIÏI, 59, et prise par différents botanistes pour un hybride A. AbsinthiamXvulgaris. Le type de Brùgger des environs de Tarasp (== subv. taraspensis, [Gremli] cf. Beauverd in Soc. fr. éch.pl. fasc. XVI, 1916,35) se distingue de la plante de Zermatt par ses capitules pauciflores à 6-7 fl. périphériques?, 4-5 fl. discales § et 3-5 petites corolles centrales stériles. Dans chacune de ces races, les capitules terminaux sont plus multiflores que les laté- raux d'un même ramuscule donné; toutefois la répartition des fl.Çpar rapport aux fl. §5 et cf reste en proportions constantes; en outre, cha- cune de ces sous-variétés présente un degré hiérarchique inférieur (la forme) basé sur les possibilités du polymorphisme foliaire ou de la forme des capitules. Artemisia campestris var. alpina Lamk. et DC, Fl. franc. IV, 1805, 194; (= id. var. alpestris Gremli Excurs. Fl. Schw. 1896, 230; Oligosporus alpinus Jord. et Fourr., 0. argyrea Jord et Fourr., 0. brevicaulisL et F., 0. Delphincnsis J. et F., 0. laxata J. et F., 0. monlicola J. et F., 0. orophila J. et F. in Drev. II, 1868, 75 à 77). — Aux environs de Zermatt, cette plante se présente en plusieurs sous-variétés qui, avec le Juniperus Sabina, caractérisent la « garide alpestre» jusqu'à plus de 2000 m. d'altitude (.par ex. aux environs de Findelen, ainsi qu'aux abords du Trift et sous les escarpements de Schusslauenen). Elle ne se distingue pas toujours du type par son port nain, car elle atteint sou- vent 40 centimètres de hauteur ou davantage : le critère le plus sûr réside, à notre sens, dans la forme des corolles 9, qui sont irréguliè- rement trimères chez les races planitiaires (lobes ou languettes atténuées et de longueur très inégale) tandis qu'elles sont régulière- ment trimères ou tétramères chez les formes alpines (lobes en lan- guettes brièvement triangulaires et tous de même longueur); en outre, la brosse stigmatique § qui nous a paru toujours campanulée- hypocratériforme chez les plantes de plaine, s'est montrée constamment rayonnante-étalée chez les variétés alpines. Notons en passant qu'à l'inverse de Y Artemisia vulgaris, dont les fleurs § sont pourvues d'un akène à ovule susceptible d'être fécondé, les corolles § de VA. cam- pestris sont normalement sessiles ou plutôt à ovaire excessivement court, totalement dépourvu d'ovule et par conséquent stérile («genus» Oligosporus Cassini!): bien qu'il existe des formes de passage (éta- mines avortées) entre les corolles § et les corolles '$, les premières se distinguent toujours des secondes par leur akène allongé et par la (51) G. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGEOGRAPHIQUES 309 forme de leur stigmate à deux longues branches elliptiques-lancéolées; en revanche, VA. campestris possède comme VA. vulgaris des fleurs centrales cf très petites à étainines avortées et à brosse stigmalique généralement nulle. Enfin, un complément d'enquête nous a toujours montré les capitulesdes formes plajiitiaires beaucoup moins mullitlores que ceux des formes alpines : ± 10 fl. $ accompagnant 6fl. $ normales Fig. 4. — Artemisia campestris, Artemisia vulgaris et variétés. — I. Artemisia cam- pestris var. nanti (Gaudin); 1 = subv. genuina ; 2 == subv. intermedia (Grml.); 3 = capitule (deux formes).— II. Artemisia campestris var. alpina Lamk. et DC ; 1 = subv. straminea Bvrd.; 2 = subv. alpestris (Grml.); 3 a = capitule de la subv. straminea ; 3b = capitule de la subv. alpestris; III. Artemisia campestris var. genuina Gr. et Godr.; 3 = forme du capitule ; 7 b = développement d'une corolle Ç? ; IV. Artemisia vulgaris var. communia Ledeb. ; V. Artemisia vulgaris var. vestita subv. Zermattensis Bvrd. — Chez les cinq formes, 4 = écailles du péricline, 5 = fleurs ç ; 6 = stigmate Ç ; 7 = corolle £ ; 8 = stigmate ^ ; 9 = étamine ; 10 = fleur o" au centre du disque. Composition des capitules: chez I 1, 8-14 écailles (4), ± 12 fleurs Ç (5), 14-26 fl. Ç (7) et 0-4 fl. cf (10); chez II 1, 8-10 écailles (4); 10-12 fl. Ç (5); 7-10 fl. $ (7) et 2-5 fl. cT (10); chez II 2, 8-12 écailles (4); 5-7 fl. Ç (5); 10-12 fl. $ (7) et 1-3 fl. cf (10); chez III, 6-8 écailles (4); 8-10 fl. Ç (5); ±6 fl. $ (7): 0-3 fl. cf ; chez IV, 8 écailles extérieures (4 b); 8 écailles intérieures (4 a); 8-10 fl. Ç (5); 8-10 fl. % (7); 4-5 fl. tf (10); chez V, 18-24 écailles (4); ± 8 fl. Ç (5); 8-10 fl. Ç (7); 6-8 fl. o" (10) -f- 2-3 fl. avortées dans un capitule planitiaire, tandis que les variétés alpines comptent ± 10 fl. $ et un total de 18 fl. g normales ou avortées; ces nombres peuvent doubler pour le capitule terminal. Sur cette base, nous distinguons à Zermatt les sous-variétés sui- vantes -.Artemisia campestris var. alpina Lamk. et DC. subv. alpestris (Gremli) Bvrd., comb. nov. = Artemisia campestris var. alpestris 310 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (52) Gremli in Excursionsfl. Schw. éd. V, 1896, p. 230; Artemisia campestris alpicola Rouy, Fl. Fr., VIII, 1903, p. 293 et 296, -|- var. argyrea (J. et F.), Arvet-Touvet, in Bulletin de la Société daup/iAWi, 355, — Caulis 200-400 mm. altus griseo-viridescens ± atro-violaceo dilutus, apice rainosus ramis erectis brevibus (± 50 mm. Ig.) simplicibus rarius subramificatis, valde florigeris; capitula mediocria, obconica (± 2 i/2 mm. lg.) pauciflora : 11. $ 5-7 corolla brmmeo-lutea ± purpureo diluta, stigmate purpureo; fl. v 1.0 normales corolla lutea apice pur- pureo striata, cum 1-3 11. centralibus ± abortivis. — Hab. : in locis siccis sole ardore tostis, inter Juuiperos Sabinas supra « Zermatt » et prope locuin dictum « Fineleu », ait. 1600-2100 m. (leg. Beauverd, VIII-IX-1916). — Cf. lig. 4, II: 2. Chez cette sous-variété, les rameaux inférieurs présentent fréquem- ment un capitule terminal très multiflore et de taille beaucoup plus développée (± 5 mm. diam.) (pie chez les capitules latéraux du même rameau : nous y voyons un exemple de c< lignée intermittente » que nous ne jugeons pas opportun 1 2/3 mni. lg. obscure glanduloso, limbo sub- quadrato ± 2 mm. lato apice perspicue trilobo, stigmate in tubo incluso; flores discales ± 3 mm. lg. (cum achsenia ± 1 mm. lg.) corolla lutea apice purpureo diluta. — Hab. : inter saxas loci dicti « Angstkammen » supra Zermatt Vallesise, ait. 2100 m. (leg. Beauverd, VIII-IV-1916). Race digne de remarque par ses longs capitules cà écailles du péri- cline fortement bordées de noir et à ligules d'un violet-pourpre intense, 1 D'après l'analyse florale d'Artemisia nana Gaudin considéré soit comme espèce autonome, soit comme sous-éspèce de VA. borealis Pallas (qui n'est à notre sens qu'une race arctique et polymorphe de VA. campestris), nous sommes arrivés à la conviction absolue que la plante de Gaudin doit être subordonnée à VA. campestris Linné et, comme telle, porter le nom d'Artemisia campestri» var. nana = A. nana Gaudin, Fl. helv. V, 1829, 231. Des trois sous-variétés (1° subv. genuina P.vrd, « caulis capitulaque ± setacea-villosa », 2° subv. intermedia Gremli in Excurs. fl. Schw. 1896, 229 sub A. nana var. intermedia et 3° subv. Allionii DC, Prodr. VI, 1837, 98 pro A. nana varietate ex p. = var. norica Leyb, p. p.), les 2 premières se rencontrent en Valais, dans la station classique de Gaudin. — Voir fis-. 4, 1 : 1, 2 et 3. 312 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (54) bien différent de la nuance habituelle des races à Heurs rose-vif, d'ailleurs abondantes à Zerniatt. Les segments foliaires rappellent quelque peu ceux de YAchillea alrata des Alpes calcaires et leur rachis largement ailé, pourvu de quelques dents vers le sommet, est compa- rable à celui de la var. magna Rouy (FI. Fr., VIII, 1903, 247), plutôt que de la var. lanuginosa Gandin {FI. Iielv., V, 1829, 374); les ligules ont le limite trilobé de la var. alpeslris Wimm. et Grab. (FI. siles., II, 2, 1829, 169), tout en étant d'un tiers moins longues. — Hors de nos contrées, la var. rubra Sadl. (PI. Comit. Pesth, II, 1826, 286) spéciale à l'Autriche et à la Hongrie, présente aussi des feuilles caulinaires à rachis élargi et à pinnules relativement amples, d'où le nom tfAchillea asplenii folia Ventenat (Descr. .lard. Cels., 1800, cum tab.) appliqué aux échantillons cultivés, tandis que les échantillons spontanés, à lobules fortement épaissis au sommet, avaient reçu le nom de « var. crustata Rochel» (PI. lianat. rar., 1828, 71, tab. 65). X Centaurea Besseana Beauverd, hybr. nov. inter Centaurea Scabiosa h. et Centaurea vallesiaca DC. (sive Centaurea Scabiosa subv. calcarea (Jord.) Gugler X Centaurea Stœbe L. var. vallesiaca (DC.) Gugler). — Herba polymorpha 10-28 cm. alta mono- vel oligocephala : var. a Lensensis Beauverd, var. nov. = Centaurea Scabiosa > < vallesiaca : caulis simplex ± 25 cm. altus, calvescens vel subara- chnoideo-floccosus, apice 2-3cephalus, sed abortive saepius mo- nocephalus ; folia basilaria sub anthesi destructa ; folia mutina 5-9 uni- vel bipinnatisecta, inferiora basi in petiolo ± longe attenuata (superf. ± 120X56 mm. cum petiolo ± 40mm. lg.), sequen- tia gradatim minora sessiliaque, subtus viridia calvescentisque vel rarius subvelutina, infra ± velutino-pubescentia, rachide griseo-floc- cosa vel ± dense canescente, integro vel dentato, segmentibus paribus 6-10 angustis ± profunde dentatis disseclisve ; capitula solitaria vel subgeminata, mediocria, basi dilatata, apice ± contracta (± 15 mm. lg. X 11 mm. lat.); involucri squamse subtriangulatœ stramineo-lute?e flores pallide roseœ, magnitudine inter parentes transiantes. — Hab. : inter parentes vicum diction «Lens», Vallesiœ, ait. 1120 m. (4eg. Beau- verd, lO-VlII-4914). ■ Var. p. vispensis Beauverd, var. nov. = Centaurea Scabiosa > vallesiaca : caulis simplex 11-25 cm. altus + Iloccoso-canescens, apice monocephalus; folia basilaria uni- vel bipinnatisecta, patula, utrinque (55) G. BEAUVERD. EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPHIQUES 313 scabriuscula, basi in petiolo arachnoideo attenuata, segmente terminale amplo (superf. ± 60 x 40 mm.) ± profunde irregulariterque dentato, segmentis lateralibus paribus 3-5quam terminale minoribns, pernnati- sectis vel± profunde dentatis; folia caulina 4-5 bipinnatisecta, supra obsolète velutina, infra sericeo-velutina, basi ± petiolata vel amplexi- cauli-sessilia, apicalia gradatim minora; capitulum solitarium basi ± attenuatum (± 15 mm. lg. X 14 min. lat.); involucri squamœ ovato- lanceolatae, luteo-viridesvel straminese ± viridi striatae, margine apice- que ± pallide brunneo-scariosae regulariter arguteque stramineo fim- briatae ; flores pallide rosei Centaurea Scabiosee magnitudine vel submino- res. — Hab. : inter parentes in rupibus loci dicti « Châtelard » supra Lcns Vallesise, 1200 m. ait. 5-VIII-19M ; id. supra urbem Vispam ad vicum « Visperterminen » dictum, ait. 1200 m., 28-VII-1912, legd. Beauverd. La forme et la pubescence des feuilles, ainsi que la structure des écailles du périclirie, ne laissent aucun doute quant à la nature de ces hybrides, dont M. de Palézieux a aussi récolté, aux abords de Riedji sur Visperterminen (ait. 1500 m.) en juillet 1917, un exemplaire beaucoup plus Scabiosa "> vallcsiaca que les nôtres; il reste toutefois à rechercher la combinaison Scabiosa <; vallcsiaca qui serait facile à reconnaître par les ramifications de la panicule, absente ou tout à fait rudiinentaire chez nos échantillons. Nous avons le plaisir de dédier cette nouvelle combinaison de Centaurée hybride à notre cher collègue et ami M. le chanoine Maurice Besse, président de la Société Murithienne du Valais et ancien vicaire de Lens, où il a fait d'importantes trouvailles floristiques. Carduus defloratus L. var. nov. pseudo-crispus Beauverd. — Herba multiceps valida, spinosissima, apice ramosa ; caulis 45 cm. altus, foliosissimus; folia basilaria sub anthesi destructa vel exsiccata; /'. caulina 8-12 e basi adapicem caulis sensim minora, auguste lanceolata (superf. limbi f. inf. ± 100 X 20 mm.) lobis lateralibus paribus 8-12 triangulatis spinosissimi-vulnera]dil)us, descrescentia alata spinosis- sima; rami 2-3 brevi vel ± elongati (80-100 mm. lg.), foliosi, mono- cephali; capitula breviter pedunculata (pedunculus ± 35 mm, lg.), erecta vel subnutantia, sub anthesi ± 25 mm. diam.; cœtera ut in formas typicas. — Hab. in declivibus apricis herborisque, ait. 2600 m. vel ultra, loco dicto « Hôrnli» supra Zermatt, ubi non rara, leg. Beauverd 23-V1II 1916. Race caractéristique de l'association des Eçstuca varia et pumila, où 314 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (56) en compagnie du Leuntopodium alpinum elle décèle les affleurements calcaires ou dolomitiques du sous-sol ; se rencontre aussi dans le vallon de Z'mutt, sentier de Scbœnbiïhl : c'est la forme prise à lort par Gremli pour l'hybride « C. crispas X déflora tus » (in Nette Beitr, IV 1887, 15), bien que le C. crispus manque totalement dans la contrée. Taraxacum officinale (ssp. alpinum Chenev.) var. nov. aurantia- cum Beauverd : herba nana multiceps perfecte glabra, oligocephala ; folia brevia (superf. ± 40 X 10 mm.) profunde runcinata lobi paribus 3-4 deltoidea vel triangulati-lanceolata ; pedunculus ±30 mm. altus, crassitie±2 mm. apice perspicue contractus; çàpitulum + ib mm. lg. ; involucri squamae biserise, erecta? : squamae exteriores 8-10 ovato- acuminatae (superf. ±4X1,5 mm.) olivaceo-atratae : squamœ irite- riores 10-12 elliptico-lanceolata? (superf. ± 10 X 1,5 mm.) olivaceo- virides margine ± anguste scariosœ ; ligulae ± 15 mm. lg. (cum ovario immaturo) intus anrantiacae, extus brunneo-purpureîe ; caetera id in ssp. alpinus (Hoppe) Cbenevard. — Hab. in locis apricis ad nives déliquescentes loci dicti « Gornergrat » supra Zermatt Vallesiae, circa 3000 m. ail. ubi non rarum, leg. G. Beauverd 20-VIII-1916. Nous ne connaissons pas les fruits mûrs de cette plante remarquable par son port de petit Crépis aurea L. dont elle partage aussi la belle nuance brune orangée des ligules et avec laquelle elle a pu être confondue, le C. aurea existant aussi dans la même station. Pour terminer ces notes, signalons encore les belles formes d'hybrides héréditaires caractérisant la flore hiéraciologique des environs de Zermatt, et tout particulièrement des déclivités de Findelen, deTufteren et de la Taeschalp, où nous avons récolté de nombreux exemplaires de Hieraeium alpinum X vulgatum, H. Auricula X glaciale et H. prenanthoides X vulgatum, qui caractérisent également les stations analogues de la flore grisonne. (57) G. BEAUVERI». EXCURSIONS PHYTOGÉOGRAPIIIQUES 315 C. Conclusions Confirmant les résultats de nos précédentes herborisations printa- nières en Maurienne, en Tarentaise, dans la vallée de Suze et en diffé- rentes localités de l'axe rhodanien valaisan, la présente excursion ren- force, comme l'on pouvait s'y attendre, la grande homogénéité du territoire floristique naturel que Perrier et Songeon, les premiers, ont reconnu sous le nom de zone alpine du « Sud-Est » et que les travaux de L. Vaccari ont précisé plus tard en donnant les limites définitives de la zone floristique des «Alpes Graies1 ». Les subdivisions principales qui peuvent être reconnues à l'intérieur de ce territoire exigeant plus amples investigations, nous ne tenons à indiquer ici que les deux grands districts signalés par L. Vaccari et dont le plus septentrional, contigu au massif du Mont-Blanc et aux Alpes pennines valaisannes, peut être désigné sous le nom de « sous- district valdùtain », tandis que l'autre, plus méridional, reliant en large voie rectiligne les massifs français de la haute Isère et du Dau- phiné au noyau valaisan du Mont-Rose, a été comparé à la corde du grand arc, par Vaccari (I. c. p. 131) et pourrait être désigné provi- soirement comme « sous-district de Cogne » à raison de l'importance floristique de la vallée qui occupe la position principale du sous-district : M. Vaccari lui attribue vingt-neuf espèces caractéristiques manquant au sous-district valdôtain, mais réapparaissant soit en Savoie, soit au Valais; ce sont, pour le massif du Mont-Rose, les Callianthemurn rutspfolium, Matthiola varia, Alyssum monlanum, Petroeallis pyrenaica, Erysimum pumilum, Alsine Villarsii (découvert par Bernet aux envi- rons de Zermatt : voir herbier Boissier!), Saponaria lulea, Polenlilla multifula et Phyteuma pauciflorum, auxquels il convient d'ajouter le Pulsalilla Halleri, que Vaccari signale en un seul point du sous- district valdôtain alors (pie dans le sous district de Cogne, cette plante est communément répandue (exactement comme Y Alsine Villarsii que nous avons récolté en 1902 avec MM. Vaccari et Wilczek dans la vallée d'Ollomont). A notre sens, le Pulsalilla Halleri, en tant qu'espèce anémochore particulièrement apte à une large dispersion, constitue le représentant 1 Cf. L. Vaccari, «La continuité délia flora délie Alpi Graie intorno al Monte Bianco » (avec une carte en couleurs), in Nuovo Giornale botanico italiano, vol. VU [1900], 129-153. :ilO BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (58) le plus typique de la flore vernale piémontaise en Valais : à lui seul, sa grande abondance aux environs de Zermalt suffit pour rattacher cette station à l'aire du sous-district de Cogne, à l'exclusion des autres bassins valléculaires du Valais; des neuf autres représentants de la flore alpine estivale énumérés ci-dessus, les cinq Callianthemum rutœ- folium, Alsine Villarsii, Saponaria lutea, Potentilla multifida et Phy- teuma pauciflorum, soit le 17 V-*0/0 des plantes caractéristiques de Cogne, sont ainsi localisés aux environs de Zermatt et de Saas à l'exclusion de toute autre localité valaisanne : cet apport contribue pour une large part à justifier notre point de vue. Quant aux autres éléments alpins provenant de la flore estivale de Zermatt et communément représentés dans les Alpes italiennes, il convient de faire le départ entre : 1" les bonnes espèces du versant sud-oriental des Alpes, telles (pie Silène Saxifraga et Senecio abrotani- folius dont la présence en cette unique station valaisanne n'a été cons- tatée qu'à de longs intervalles par des explorateurs sagaces et 2° les petites espèces, sinon les cas de mutation, telles que les nombreuses races décrites dans ce travail ; si la plupart d'entre elles n'ont encore été obsenérs avec certitude qu'à Zermatt, d'autres, au contraire (par exemple Phyleuma hemisphœricum var. longibracteatum Bornniuller, Polygala alpina var. Chodatiana Guyot, etc.) ont été l'objet d'observa- tions diverses en plusieurs localités appartenant soit au versant méri- dional des Alpes tyroliennes, lombardes ou tessinoises, soit à la lisière exclusive des Alpes pennines. Enfin, pour ce qui concerne les Pulsatilla dont cette excursion a enrichi la liste des hybrides de deux bonnes unités nouvelles pour la Morille de Visperterminen et confirmé l'existence du Pulsatilla Halleri X vernalis pour les environs de Zermatt, nous estimons ce résultat comme la meilleure démonstration de la réussite de notre excursion, puisqu'il constituait l'un des buts avoués de notre entreprise ; en outre, à propos du Pulsatilla poli/scapa de Visperterminen, nous avons touché du doigt un cas de tous points analogues à celui que M. von Hayek a signalé pour son «Anémone Styriaca» (v. Hayek, in Oslevr. bot. Zeit., LU, 1902, 4-77), c'est-à-dire celui d'une espèce autonome simulant une combinaison hybride entre deux parents dont l'un n'existe pas dans la station ! Observations sur les Lacistema et la situation systématique de ce genre p ai- Mademoiselle Marie CHIRTOIU Les Lacistema, car il n'y a qu'un seul genre dans cette famille, ont des feuilles simples qui sont souvent décrites comme entières; mais, en cherchant parmi des matériaux nombreux, on finit pareil trouver de dentées même parmi les espèces qui, d'après la diagnose d'A. de Candolle, sont placées dans cette première catégorie. Glabres, le plus souvent, elles deviennent poilues dans le Lacistema pubescens Mart., Lacistema Pœppigii A. DC, Lacistema ellipticum Schnitzl., Lacistema grandifolium Schnitzl. Leur forme varie de lancéolées à elliptiques ou elliptiques-obovales; elles sont rarement franchement coriaces, Je plus souvent herbacées et brièvement péliolées. Au cours du développement des branches on voit, au fur et à mesure que chaque feuille se développe, les deux stipules envelopper la suite de l'axe, tandis qu'à l'aisselle de chacune on aperçoit deux bourgeons superposés, le supérieur plus développé que l'inférieur. Les stipules écailleuses tombent de bonne heure; dans le Syllabus d'ËNGLER, les feuilles de cette famille sont décrites comme étant dépourvues de stipules. Il n'en est rien. Ces stipules que nous avons étudiées chez le Lacistema Hassleriunum , sont ici longues (dix millimètres et plus), Ce travail a été fait sur le conseil et sous la direction de M. le professeur Chodat, à l'Institut Botanique de l'Université de Genève. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR GENÈVE, 3-G-7-8-9, parus If 8 mai 1919. g 318 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (2) scarieuses, un peu de la nature de celles d'un Fagus. Elles ne sont pas en relation organique avec la feuille adulte et lorsque celle-ci s'épa- nouit, elles sont soulevées par un allongement de l'axe à leur hase, si bien qu'elles semblent alors situées à un niveau plus élevé que l'inser- tion du pétiole. Il s'agit donc ici de stipules du type habituel, car elles sont complètement indé- a b pendantes quand même leurs cica- trices, lors de la chute de ces organes, dessinent presque un cer- cle autour de l'axe (flg. 1). Ainsi, pendant le développement, les feuilles sont régulièrement protégées et elles n'apparaissent que successivement, se dégageant chacune à son tour de son enve- loppe stipulaire. Dans le Lacistema serrulatum Mart., les stipules sont plus courtes (trois ou quatre millimètres). Nous avons examiné le déve- loppement des feuilles jeunes du Lacistema Hassleviamtm Chod., en pratiquant des coupes minces au travers d'objets fixés et paraffinés. Les feuilles dans le bourgeon, sur la spirale 2/s, présentent sur leurs bords et au sommet qui corres- pond aux denticules de cette espèce, de curieux organes que nous signalerons également chez les Symplocos. Il s'agit à ce moment d'émergences qui, dans les feuilles entières, ne se développent pas et qui, ici même, sont assez rapidement caduques. A cet endroit, la feuille donne naissance à une glande formée de cellules parenchymateuses, glande qui n'est réunie à ce limbe ou aux dents du limbe que par un pédicule étroit. Elle est tout entourée par un épidémie sécréteur fait de cellules papilles allongées, à gros noyau et à plasma dense; le tout a l'apparence d'une assise palissadique ; par gélification, les parois latérales écartent les cellules allongées qui se présentent maintenant comme autant de poils sécréteurs. Il y a, en effet, une forte sécrétion d'une matière Fig. 1. — Lacistema Hasslerianum Chod.— a : jeune branche montrant les cicatrices foliaires et stipulai- res; une stipule est en place. Voir les bourgeons superposés; b : deux feuilles épanouies dégagées des enveloppes stipulaires. (3) M. CHlRTOliï. LACISTÉMACÉES ET SYMPLOCACÉES 319 pectique ou gommeuse, laquelle remplit l'espace situé autour de la glande qui termine la marge enroulée du limbe à cet endroit. Il s'agit évidemment d'un dispositif qui assure à cette marge à la fois une protection contre la dessication et contre les effets d'un traumatisme possible. La disposition distique qu'ont plus tard les feuilles est, par consé- quent, une modification de croissance comme cela se voit chez beau- coup de plantes frutescentes et arborescentes. Fig. 2. — Lacistema Hasslerianum Chod. — a : vue de face ; b : sec- tion. Fig. 2 bis. — Lacistema Hasslerianum Chod. — Marge foliaire. Les feuilles des Lacistema sont, d'après le monographe de la famille, ou entières, c'est la majorité, ou dentées {Lacistema serrulatum Mart., Lacistema fûgifolmm Chod., Lacistema Hasslerianum Chod.). L'auteur y voit une caractéristique systématique de première impor- tance puisqu'il s'en sert pour définir deux sections dans ce genre. 11 nous semble que ce caractère est de valeur secondaire car, en y regar- dant de plus près, on découvre ici et là, des dents rudimentaires. On trouve des feuilles dentées dans des espèces d'affinités diverses. Le 320 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (4) Lacistema serritlatum Mart. avec son long style est très éloigné du Lacistema Hasslerianum Chod. et celui-ci ne ressemble guère au Lacistema floribundum Miq. (plante de Surinam vid. in Herbier Boissier). Dans le Lacistema aggregatum Rusby, les feuilles sont nettement denti- culées, au moins dans leur moitié supérieure. Cette espèce se rap- proche du Lacistema Hasslerianum Chod. par la brièveté de son style, absent ou très réduit. Dans le Lacistema Hasslerianum Chod. étudié pour son anatomie, il s'agit d'une plante de bois humides ou dans le cas de celui de l'Yguazu, d'une plante récoltée sur le bord même de la cascade, dans des stations largement inondées aux grandes eaux, mais cependant ombragées par les grands arbres amphibies de la forêt- galerie. Ces deux facteurs, humidité et ombre, se traduisent ici, comme autre part, par le faible développement du parenchyme palissadique à une seule assise, la seconde n'étant guère caractérisée comme telle et plus ou moins oxaligène; de grandes lacunes qui vont jusqu'à la gaine fasciculaire divisent le mésophylle. Mais le caractère xérophyte de la plante exposée, aux basses eaux, à la chaleur et à la sécheresse se marque par une épaisse cuticule sur les deux faces et les fibres qui, des deux côtés, accompagnent nervures et nervilles. Les stomates, largement ouverts, ne sont pas entourés d'un nombre défini de cellules annexes (trois ou quatre) et en situation variable. Celte absence de caractère très spécialisé se voit aussi en section transversale. Dans les feuilles adultes, ces cellules de bordure ont pris une forme qui est intermédiaire entre celle qui caractérise un stomate du type Gladiolus et «in stomate aquifère. L'abondance des fibres périfasciculaires s'observe jusque dans les nervures submarginales et la cutinisation s'accentue encore comme un revêtement particulier autour de la tranche, d'ailleurs peu amincie, du bord de la feuille (fig. 2 bis). D'après M. Chodat, ce caractère semi-xérophyte des feuilles et leur cuticularisation intense s'observe chez plusieurs des espèces les plus caractéristiques du sous-bois tropical et subtropical. Que ce revêtement puisse avoir sa valeur dans ces forêts humides et qu'il n'y ait pas de contradiction entre les stomates largement béants et ce signe, se voit à la quantité d'épiphylles qui élit domicile sur ces feuilles de sous-bois : Hépatiques, Mousses, Algues, Lichens. Ce sont des jardins en minia- ture. La cuticule épaisse est dès lors un dispositif qui est de nature à protéger ces feuilles. Le collenchyme concave est le seul tissu de soutien de l'écorce qui (5) M. CHIRTOIlï. LAGISTÉMACÉES ET SVMPLOCACÉES 321 ne contient ni fibres, ni cellules pierreuses. On y trouve des oursins d'oxalate de calcium et beaucoup de tanin. L'endoderme peu différen- cié est amylifère. Les rameaux et les branches se recouvrent rapidement d'un péri- derme peu subéreux, d'origine épidermique ou plus rarement hypo- dermique (fig. 3). L'écorce externe est modérément collenchymateuse ; le périeyle est fibreux, les tubes criblés petits et étroits. Quant au bois secondaire, il est compact, les rayons médullaires étroits, les fibres abondantes et Fig. 3. — Lacistema Hasslerianum Chocl. — Périderme hypodermique. épaisses mêlées à des trachéides fibreuses à ponctuations elliptiques dont l'orifice est en fente oblique. Sur les parois de ces fibres trachéi- dales, il y a des ponctuations multisériées disposées par plages (fig. 3 bis). Les vaisseaux communiquent par des pores en échelle, dont le pourtour est en ellipse allongée ; parfois les fentes oblongues et elliptiques des orifices sont entremêlées de pores isolés ou disposés en série horizon- tale. Aux pores font suite des ponctuations plus ou moins confondues, puis des ponctuations petites à contour brièvement elliptiques. Les inflorescences sont des épis isolés ou plus souvent groupés en glomérules sessiles. Dans l'établissement des diagnoses spécifiques, il y a lieu de tenir compte de ce fait que les jeunes épis (chatons) sont souvent ovoïdes, puis s'allongent à l'anthèse; il faut donc ne comparer que des chatons ouverts (fig. 4). 322 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) Chaque fleur est précédée par une bractée qui, par son limbe dilaté, assez épais dans sa partie moyenne et un peu sacculiforme sur une large insertion, rappelle la bractée d'une Bétulacée. Elle est irréguliè- rement denticulée dans les Lacistema serrulatum Mart., Lacistema aggregatum Rusby, Lacistema angustum Schnitzl., ordinairement aussi Fig. 3 bis. — Lacistema Hasslerianum Chod. — Section longitudinale montrant les com- munications entre les vaisseaux (pores en échelles). large que haute, un peu denticulée et cachant la fleur à son aisselle. Celle-ci, qui est toujours unique, est sessile, persistante, jusqu'à la maturité du fruit, précédée par un ensemble de pièces linéaires ou filiformes, parmi lesquelles il faut toujours distinguer tout d'abord deux préfeuilles, a, j3. Celles-ci sont latérales, habituellement plus (7) M. r.llin FOUI. LACISTEMACEES ET SY.MPLOCACEES 323 étroites que les sépales filiformes et ordinairement terminées par une glande allongée et articulée. Chez le Lacistema angustum Sclmitzl., ces sépales sont particulièrement développés, serretés, même les deux préfeuilles gland ulifères. Parfois, comme dans le Lûcistema myricoides Svv. (Kappler, Surinam, ex Herbier Boissier), la bractée est en forme de coupe inégalement évasée et échancrée du côté de l'insertion. Rarement elle est accompagnée de deux productions filiformes laté- rales qui paraissent constituer des stipules (Lacistema Pœppigii A. DC). a b Fig. 4. — Lacistema Hasslerianum Chod. — a : jeunes inflorescences groupées ; b : épi portant deux fruits. Le calice comprend toujours des pièces libres dont Tune est toujours située en arrière dans la médiane, tandis que les préfeuilles, qui sont latérales, ne sont pas exactement dans la transversale, mais dans un plan parallèle situé un peu plus en arrière. Le nombre des sépales varie de quatre à cinq dans les espèces étudiées par nous ; étroitement linéaires et à peine distinctes des préfeuilles dans le Lacistema Hassle- rianum Chod., étroites encore dans le Lacistema grandifolium Schnitz., elles sont sépaloïdes, un peu carénées et denticulées dans le Lacistema polystachyum Schnitz., alors elles diffèrent absolument des préfeuilles filiformes, trois ou quatre fois plus étroites. Plus larges encore dans le Lacistema myricoides Sw. (Jamaïca Swartz, Guyana angl., Schom- 324 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (8) bubgk, Kappleb, ex Herbier Boissier), elles constituent un vrai calice dialysépale à quatre pièces; dans le Lacistema piibesçens Mart., on en compte six de moyenne largeur mais toujours denticulées (fig. 5 et 6). La collerette plus ou moins cupulaire est décrite comme une corolle, surtout par Schnitzlein1 : « corolla lobis 3 suba*qualibus postico majore». En réalité, le disque est très irrégulier et ce n'est qu'exceptionnellement qu'il montre à son pourtour des sinuosités définies. Dans tous les cas, malgré les passages qui existent entre les squa- mules de chaque fleur, on peut constater constamment deux préfeuilles Fig. 5. — Lacistema myrteoides (Jamaïca). — a : fleur vue du côté de l'axe ; b : (Suri- nam) idem. Les deux pièces étroites sont des préfeuilles. La cupule est en foncé. insérées plus bas que le calice et qui tombent assez facilement lorsqu'on analyse la fleur. Ces pièces varient beaucoup de forme : tantôt étroite- ment filiformes, elles deviennent plus ou moins carénées dans le Lacis- tema polystachyum Schnitz., le Lacistema angustum Schnitz., le Lacis- tema aggregatum Rusby. Elles sont fortement dilacérées à lobes filiformes, tordus et terminés parfois chacun par une glande, dans le Lacistema serrtilatum Martius; ici les glandes peuvent terminer le sommet de l'un ou l'autre sépale. 1 Schnitzlein, 1. c, in Martius, FI. brasil. m M. CHIRTOlfi. LAG1STÉMACÉES ET SYMPLOCACEES 325 Quant aux pièces de l'enveloppe florale, toujours sans vraies ner- vures, un peu semblables aux lodicules (gktmellules) des fleurs des Graminées, leur orientation est assez constante. Fig\ 6. — Lacistema pubescens Mart. — a : sans les pièces pérîgo- néales ; b : avec l'enveloppe florale. Fig-. 6 bis — Lacistema pubescens Mart. — a : bractée ; b : étamine : c : pistil. 326 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (10) Si nous prenons comme point de départ la disposition réalisée dans le Lacistema serrulatum Mart., on verra qu'il- y a toujours dans le plan médian, en avant et en arrière, une pièce ; deux sont latérales, les deux autres sont situées entre celles-ci et la pièce postérieure. Ceci fait six pièces à cette espèce de périanthe (fig. 7). Ces six pièces sont sur deux rangs; cela est évident pour les deux pétales pos- térieurs (Lacistema serrulatum Mart., Lacistema aggregatum Rusb.). On reconnaît aussi dans leur texture une différence entre les pièces exté- Fig. 7. — Lacistema serrulatum Mart. e, androcée. c d e a, b, c : diverses formes du pistil ; d, rieurs plus nettement carénées et les intérieures plus voisines du type glumelle.S'il en était ainsi, le diagramme de cette plante serait: préfeuilles a et p, calice 3 (sépale médian postérieur) 3 ; corolle 3 ; androcée (3) -|- (2) 1 ; étamine fertile antérieure ; gynécée 3. Même chez le Lacistema serrulatum, Mart., les deux pétales, postérieurs peuvent n'être qu'im- parfaitement développés, alors, il n'y a plus que quatre pièces au périgone, deux antéro-postérieures et deux latérales. C'est ce qui est réalisé chez plusieurs espèces, par exemple, dans le Lacistema Hassle- nianum Chod. "(voir fig. 18). Nous ne pensons pas qu'il faille chercher une autre interprétation. Lorsqu'il semble y avoir encore un plus grand nombre de pièces, cela provient du fait que les squamules divisées dès la base semblent comme accompagnées de stipules. Tout ceci est encore à comparer avec ces Flacourtiacées dont l'enveloppe florale est trimère avec pétales plus ou moins réduits (Prockia sp.). Il est difficile de dire si chaque fleur donnerait ces mêmes résultats; mais celles que nous avons examinées en assez grand nombre se (14) M. CHIRT011Ï. LAC1STEMACEES ET SYMPLOCACEES 327 laissent classer ainsi. Les fleurs étant très petites, l'analyse n'est pas chose facile. C'est à l'intérieur de ce calice que se dresse, mais sans aucune adhérence avec lui ni avec les sporophylles, une cupule en forme de coupe, charnue, une espèce de disque plus ou moins membraneux qui varie d'importance d'espèce à espèce. Dans les Lacistema -polystachyum Sçhnitz. (flg. 8), Lacistema pubescens Mart et Lacistema grandifolium Schnitz., ce n'est qu'une collerette assez évasée trois fois plus courte que l'ovaire et dont le bord est un peu ondulé ; un peu plus développé dans certaines formes du Lacistema grandifolium Schnitz. (fîg. 0 b) et Fig. 8. — Lacistema polystachyum. — a : fleur vue de côté; b : androcée. surtout dans le Lacistema leptostacliyum nob., il devient cupuliforme dans le Lacistema myricoides S\v. et ses variétés, plus encore dans le Lacis- tema Hasslerianum Chod. (voir flg. f 8), où son bord peut être plus ou moins sinueux, parfois échancré en arrière. C'est à l'intérieur de cette enveloppe demi-charnue que se développent les feuilles sexuées. ïl n'y a jamais qu'une étamine, toujours placée dans la médiane et en avant. Il y a donc zygomorphië si on accepte l'interprétation habi- tuelle de considérer l'enveloppe externe comme un calice. C'est surtout dans le Lacistema aggregatum Rusby que la cupule à 328 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE OENÈVE (12) marge presque égale présente en arrière une fente qui va jusqu'à sa base parfois, souvent seulement à mi-hauteur; ici et là l'échancrure est munie d'une languette. On voit dans les espèces où comme chez le Lacistema Hasslerianum Chod. la cupule est très développée, qu'elle correspond comme le pen- sait A. de Candolle, à une effiguration de l'axe. Soit du côté externe, soit du côté interne, les organes sont adhérents à cette production. Ainsi les pétales sont fixés parfois vers le tiers inférieur de cette collerette charnue; l'étamine est aussi un peuconcrescenteparsabase. Chaque étamine a une anthère dont les deux moitiés sont séparées par un connectif un peu dilaté (Lacistema polystachyum Schnitz.) ou plus dilaté et subbifide (Lacistema myrieoides S\v.) largement dilaté, mais Fiff. 9. — Lacistema grandlfolium Schntz. — a : fleur avec bractée, vue de l'intérieur b : bractée enlevée. entier {Lacistema Hasslerianum Chod., Lacistema recurvum Schnitz.), plus dilaté et presque ramifié {Lacistema pubescens Mart., Lacistema angustum Schnitzl.), nettement ramifié et à branches horizontales ou plus ou moins divergentes (Lacistema grandlfolium Schnitzl. (fig. 9), Lacistema htcidum Schnitzl., Lacistema rolnistum Schnitzl.). Chaque moitié d'anthère est à deux logettes finalement confluentes et déhis- centes par une fente correspondant à la limite des deux logettes. La couche à cellules de déhiscence est largement développée sous l'épi- démie de l'anthère. 13) M. CHIRTOlii. LÀC1STEMACEES ET SYMPLOCACEES 329 Une étamine particulièrement intéressante est celle du Lacistema Pœppigii k. DC. Ici le disque est court; il est entouré de deux bractéoles et de quatre ou trois sépales elliptiques (fig. 10) plus nettement sépaloïdes que dans les autres espèces. L'étamine est courbée en dedans et les deux loges de l'anthère sont placées plus nettement que chez les autres à la l'ace interne du conneetif, ce qui rappelle beaucoup plus l'anthère (Tune Violacée que les étamines plus ou moins ramifiées des espèces déjà citées. On peut, quant au pistil, établir deux catégories : 1° les Lacistema à style court ou absent, et à pisli! plus ou moins inclus dans la cupule. Nous ferons pour ces Lacistema une section : I. Eulacistema, car le Lacistema myricoides de Swartz, plante des Antilles, est de cette caté- gorie. Il faut y adjoindre le Lacistema Hasslerianum Chod., le Lacistema aggregatum Rusby, Lacistema fa- gifolium Chod. Chirtoïu, Lacistema Pœppigii A. DC, Lacistema angus- tum Schnitz. 2°Ceuxdes Lacistema dont l'ovaire est surmonté d'un style allongé. II. Stylolacistema. comprenant les Lacistema gran- di fol in m, Lacistema polystachyum Schnitz., Lacistema pubescens Mart., Lacistema leptostachyum Chod., Lacistema intermedium Schnitz., Lacistema robustum Schnitz., Lacistema lucidum Schnitzl., chez lesquels on a, à la fois le style allongé et la fente de déhiscence des demi-anthères dirigée dans le sens de l'allongement du conneetif, tandis que dans l'autre, cette fente est quasi-perpendiculaire à cette direction. L'ovaire poilu chez Lacistema grandifolium Schnitz., Lacistema pubescens Mart., Lacistema polystachyum Schnitzl., Lacistema interme- dium Schnitzl., Lacistema robustum Schnitzl., Lacistema lucidum Schnitzl., Lacistema recurvum Schnitzl.; glabre dans le Lacistema leptostachyum Chod., Lacistema serrulatum Mart.; il l'est aussi dans les espèces de la section Eulacistema. L'orientation des carpelles est constante; il y a un des trois car- pelles qui est médian postérieur. Parfois, comme dans le Lacistema polystachyum Schnitzl., le stigmate postérieur est plus court (de moitié) Fig. 10. — Lacistema Pœppigii A. DC. — a, b : étamines; c: étamine à plus faible grossissement, vue de côté. 330 BULLETIN DE LA SOCIETE HOTANIQUE DE GENÈVE (14) que les deux autres. C'est ce qu'où voit aussi dans les Lacistema pubescens Mart. et Lacistema recurvum Schnitzl. On verra, par un exemple, tout le parti que la systématique peut tirer de ces caractères. Scunitzlein dit du Lacistema lucidum «vix differt a Lacistema myricoides)) et cependant l'analyse florale montre que chez le Lacistema lucidum l'ovaire est poilu, il est glabre dans le Lacistema myricoides, le style est long chez Lacistema lucidum et absent ou réduit dans le Lacistema myricoides, l'anthère fortement ramifiée chez Lacistema lucidum, le connectif simplement dilaté dans le Laci- stema myricoides. L'ovaire est uniloculaire et la placen- tation pariétale; les ovules étant relati- vement gros et portés sur un funicule épais, allongé; ils se gênent mutuelle- ment et souvent sont sinueux dans la cavité ovarienne jeune; plus tard, celle- ci se dilate considérablement. Ces ovules, souvent au nombre de deux vers la base de l'ovaire, sur chaque placentaire, sont, comme il a été dit, semi - anatropes pendants; avec la maturation l'anatropie s'accentue. Mais, dès après la fécondation, l'ovaire grossit et c'est alors surtout sa base qui s'allonge ; de cette manière, les ovules sont élevés progressivement. Il y a donc lieu de corriger dans la diagnose de Scunitzlein « ovula 3-C> adversus apicem germinis affixa pen- dilla» par «ovula geminata vel solitaria plâcentis tribus supra basin inserta, demum ovario accrescente adversus apicem germinis affixa». Un seul est fécondé. On le voit alors dans une capsule presque mûre suspendue à un niveau élevé, soit vers le quart supérieur, si bien que l'insertion de la semence paraît subapicale. L'ovule du Lacistema Hasslerianum Chod. présente des particularités qui pourront servir à préciser certains points de systématique. On sait le parti qu'en tire Van Tieghem au point de vue de la classification. 11 distingue, si nous laissons de côté les innucellées qui ne nous inté- ressent pas ici, des ovules tegminés, c'est-à-dire, enveloppés par un Fig. 10 bis. — Lacistema luci- dum. — a: capsule vue d'en bas; on voit encore la brac- tée, les pièces du périgone et l'étamine : b : section lon- gitudinale montrant l'inser- tion de l'ovule. (15) M. CHIRTOIlï. LACISTÉMACÉES ET SYMPLOCACÉES 331 ou deux téguments et dès lors se croit fondé de grouper ces derniers en unitegminés et en bitegmiués. Mais il faut éviter, en utilisant les dénominations de Van Tieghem, d'oublier que dans une même famille naturelle comme les Renonculacées, cette différence existe entre les genres; mais il s'agit ici, dans le passage de l'ovule bitegminé à l'ovule unitegminé, d'une concrescence des deux téguments. Les Lacistema ont l'ovule nettement bitegminé; il y a lieu cependant de remarquer que pendant longtemps les téguments restent rudimentaires. Alors que déjà le sac embryonnaire s'est largement dilaté et que les appareils s'y sont développés, les téguments n'y constituent encore qu'une double cupule basilaire. Nous n'avons pas vu de stade où ces téguments, dépassant le nucelle, formeraient un bec micropylaire tubuleux. De bonne heure, le nucelle, assez gros (par ce caractère, il fait partie du groupe des Crassinucellées, de M. Warming et, par conséquent, des perpariétales de Van Tieghem) produit tout à son pourtour une calotte abondante. Dès lors, la cellule-mère du sac embryonnaire, la mégas- pore, se trouve refoulée vers le milieu du nucelle. Ces cellules de calotte existent non seulement au-dessus du sac, mais, par leur déve- loppement sur les côtés, le nucelle se dilate en une espèce de mamelon arrondi. Il y a aussi lieu de citer le développement considérable des funicules sur lesquels l'ovule, au début, n'est que semi-anatrope. Pendant la maturation du fruit (fig. 10 bis), qui commence par res- sembler à une petite drupe, on voit celui-ci soulevé par un petit carpophore formé à la base de l'ovaire, saillir, isolé ou accompagné d'un autre fruit, de la surface du chaton qui persiste avec tous ses organes. Ce n'est que très tardivement que ceux-ci se détachent. Peu de fleurs mûrissent, une ou deux. Finalement, le péricarpe s'ouvre en trois valves par une déhiscence qui coupe les valves par leur nervure médiane. La semence qui est attachée aune seule valve est donc située sur la face même de cette valve. Cette déhiscence est facilitée par un tissu particulier qui tapisse la face interne du carpelle. Jamais la semence ne remplit complètement la capsule qui est habituellement largement trigone. L'embryon est ainsi enveloppé dans un albumen peu copieux; sa longue radicule est bien caractéristique comme aussi les cotylédons foliacés. Ce sont des caractères qui se retrouvent identiques dans la famille des Flacourtiacées. Nos matériaux ne nous ont pas permis de trancher définitivement la 332 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (46) question de Carille; on en est encore aujourd'hui à la seule indication de Martius; Schnitzlein lui-même, qui a décrit minutieusement les espèces brésiliennes, n'ajoute rien de nouveau à ce sujet. Les semences que nous avons pu examiner étaient trop jeunes. «Arillus carnosus albus complétas fasciculo vasorum a placentse cicatrice adversum testœ liilum usque producta percursas. » Autant que nous pourrons en juger, il s'agit du tégument externe qui, pendant longtemps, au cours du développement de l'ovule, reste éloigné du nacelle légumenté par la secondine. Anatomie des feuilles Lacistkma myricoides S\v. Epiderme supérieur à cellules deux fois plus grandes que celles de l'épidémie intérieur; cuticule mince; absence de poilsdig. 11). Palis- Fig. 11. — Lacistema myricoides S\v. limbe foliaire. Section transversale du sades courtes peu caractéristiques en une seule assise à peine différen- ciée des cellules du mésophylle et atteignant à peine le tiers de l'épaisseur du limbe. Mésophylle très lacuneux jusqu'à l'épidémie inférieur; pas de cellules étoilées. Stomates à la face inférieure situés (17) M. CHIKTOIIÏ. LAC1STEMACEES ET SYMPLOCACEES 333 au même niveau que les cellules d'épiderme, du type Helleborus, à hcc antérieur bien développé; chambre sous-stomatique large. Nervure médiane (fig. 12) à l'initiale comprenant : 1° un arc polyfaseiculaire un peu incurvé à ses marges, sans fibres péricy cliques et deux faisceaux Fig. 12. — Lacistema myricoides Sw. c : nervure médiane du limbe. a : initiale du pétiole: b : médiane; monarques rapprochés de la page supérieure de ce pétiole; le liber est largement développé. A la médiane, l'arc polyarque est en système fermé entourant une faible moelle et au milieu d'une écorce épaisse; les deux faisceaux isolés sont les mêmes qu'à l'initiale. Dans le limbe, cette nervure comprend un épaississement cortical (partie saillante de la nervure); le système libéro-ligneux est encore bulletin de la société botanique de genève, 5-6-7-8-9, parus le 8 mai 1919. 6 334 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) fermé, niais l'anneau en croissant comprend un arc inférieur en coupe évasée et deux masses ligneuses supérieures à orientation inverse et disposées horizontalement. Le liber abondant est flanqué d'un collen- chyme à bandes discontinues. L'oxalate de calcium se trouve dans les courtes palissades, dans le mésophylle et en grande quantité dans les cellules corticales du pétiole. Lacistema Hassleiuanum Chod. Cellules épidermiques du même type que celles du Lacistema myri- coides, mais à la face supérieure recouvertes d'une épaisse couche de cutine; stomates du même type. Palissades en une couche plus allon- gée que dans Lacistema myricoidcs, parfois suivies d'une seconde assise moins caractérisée. Mésophylle fortement lacuneux, à cellules oxali- gènes (cristaux agrégés en oursins). Nervure médiane, mêmes caractères que ceux signalés pour l'espèce précédente mais dans le pétiole déjà un anneau de sclérenchyme ou de fibres. Dans le limbe, la nervure n'est presque pas saillante en dessous et le système libéroligneux entouré d'une gaine fibreuse assez épaisse comprend deux arcs séparés par une barre transversale de scléren- chyme. C'est donc une structure plus héliophile et plus xérophyte que celle de l'espèce précédente! Lacistema aggregatum Rusby Il y a grande analogie entre la structure des Lacistema Hassleriunum Chod. et Lacistema aggregatum Rusb., mais le parenchyme est moins lacuneux. La nervure y est du même type. Ces trois espèces sont dépourvues de poils et ne sont différentes anatomiquement que par des caractères secondaires. B. Stylolacistema Lacistema grandifolium Schnitzl. Epiderme du type habituel; palissades courtes, à peine différenciées; poils abondants à la face inférieure et à la face supérieure, très singu- lièrement sclérifiés pour un epiderme à péricline peu épaissi. Ces (19) M. CHIRT01Û. LÂCIS'FEMÀ-CKÉS ET SYMPLOCACEES 335 poils simples sont bi- ou triceilulaires, leur paroi externe épaissie, les diaphragmes minces; eneliàssés profondément dans l'épiderme, leur cellule hasilaire montre, soit vers les cellules annexes épidermi- Fig. 13. — Lacistema grandifolium Schn. — a : initiale ; b; médiane; c: caractéristique; d : nervure médiane au milieu du limbe. ques, soit aussi vers les cellules de l'hypoderme, des ponctuations canaliculaires très caractérisées. Il s'agit peut être de trichomes sus- ceptibles d'absorber la rosée. Mésophylle largement lacuneux. Nervure comprenant à l'initiale un anneau fermé de faisceaux indépendants et les deux faisceaux marginaux supérieurs. Pas de sclérenchyme dans cette région (fig. 43, U et 45). 336 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) La médiane est très caractérisée : 4° par un anneau en croissant à bois continu, dépourvu de fibres péricycliques, puis par un faisceau à orientation normale situé peu au-dessus de la selle de l'anneau fermé et de deux séries de trois faisceaux mineurs marginaux supérieurs qui innervent des espèces de crêtes qui jalonnent la ligne médiane de la face supérieure du pétiole. A la caractéristique, même structure, mais les crêtes aliformes se sont individualisées; elles sont innervées cha- cune par un faisceau, tandis que les deux faisceaux internes de la double triade se sont fusionnés et sont maintenant rapprochés du Fig. H. — Laclstema grandifoliutn Schn. — Poil du pétiole. faisceau médian. Ici aussi s'accuse la sclérification du péricycle qui se poursuit dans la nervure du limbe. Au milieu de ce dernier, la nervure fait saillie des deux côtés et engaîriês dans des fibres, on y remarque : 1° un anneau en croissant libéro-ligneux continu et trois faisceaux a orientation normale situés au-dessus de l'anneau précédent. Lacistema pubesgens Mark Epidémie habituel ; poils de l'espèce précédente; stomates habituels. Palissades en deux rangées fonctionnant comme tissu aquifère (capa- cité de s'effondrer en soufflet d'orgue). Mésophylle moins lacuneux. Nervure du type précédent. (21) M. CI11RT0IU. LAGISTEMÀCEES ET SYMPLOCÀCÉES 337 LACISTEMA l'OLYSTACHYUM Scllllitzl. L'anatomie foliaire (lig. 16 et 16 bis) se présente en gros comme celle des espèces déjà citées des Stylolacistema, soit à l'initiale, soit à la caractéristique. Mais il y a lien de donner les caractères spécifiques suivants: poils assez courts bicellulaires à ponctuations basilaires, plus courts à la face inférieure et à sommet obtus. Stomates comme suspen- dus par un épiderme à grosses cellules, c'est-à-dire au moins deux fois Fig. 15. — Lacistema grandifoliutn Schnitzl. — Section du limbe. moins épais que la hauteur des cellules épidermiques ; cellules annexes parfois à processus digitiforme se glissant au-dessous de la fente de Postiole. La différence entre les deux épidermes y est moins marquée que dans les congénères. Les épidémies y sont plus nettement consti- tués en manteau aquifère. Palissades allongées atteignant plus du quart de l'épaisseur du limbe ; mésopbylle moins lacuneux et moins oxaligène que dans les espèces citées. En somme, espèce qui paraît plus béliopliile que son congénère immédiat, le Lacistema pubescens Mari. 338 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (22) Lacistema lugidum Schnitzl. Même type d'épiderme que dans le Lacistema polystàchyùm, niais les poils sont très différents sur les deux faces; deux à trois fois plus longs et aigus, ils sont très courts et ordinairement obtus du côté inférieur; on y remarque toujours les pores caractéristiques qui mettent sa cellule socle en communication avec les cellules de l'épi- Fig. 16 a — Lacistema polystàchyùm.— a : initiale. derme; ici, les cellules stomatiques sont un peu surélevées. Les pa- lissades assez peu allongées. Dans le limbe, l'anneau ligneux en boucle aplatie persiste long- temps; il est flanqué de fibres. Lacistema robustum Schnitzl. Par la nervure, cette espèce se rattache à celles déjà énumérées des Stylolacistema, mais à l'initiale, les faisceaux à orientation normale supra-annulaires médians, sont peu robustes (2); idem à la médiane. A la caractéristique, l'anneau est fragmenté comme la section, étiré (23) M. CHIRTOlii. LACISTÉMACÉES ET SYMPLOCACEES 339 transversalement et passant insensiblement à la structure du limbe qui, dans la nervure principale, comprend trois rangées de faisceaux, deux à orientation normale et le médian (appartenant à l'anneau) à orienta- tion inverse. Le tout est engaîné dans du tissu mécanique. Nous n'avons pas observé de poils. C'est de toutes les espèces examinées, celle où les palissades sont le moins caractéristiques; elles sont parfois rem- placées par un tissu à cellules presque isodiamétriques. Beaucoup d'oursins d'oxalate de calcium. Fig. 16 b — Laclstema polystachyum. — b : médiane. Lacistema floribundum Miq. Epidémie à grandes cellules entremêlées de quelques poils courts. Palissades en une seule série bien caractérisée. Mésopbylle à peine lacuneux. Lacistema purpureum A. DC. Epiderme à petites cellules sans poils. Palissades en deux • rangées;, parfois en une seule rangée. Oursins nombreux. Anatomie très sem- blable à celle du Lacistema .polystachyum Schnitzl. ; , 340 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (24) On voit dès lors que l'anatomie de la feuille des Lacistema est remarquablement uniforme. Cependant nos études anatomiques con- firment la division basée sur les caractères des organes floraux, c'est- à-dire la constitution de deux sections du genre : 1° Eulacistema. — 2° Stylolacistema Nulle part, on ne voit le système palissadique se différencier bien nettement. Ceci montre une structure qui appartient aux plantes d'ombre. Le mésophylle très lacuneux facilite la transpiration ; les stomates ne sont pas protégés. Fig. 16 c. — Lacistema polystachyutn. — a : caractéristique. Au point de vue géographique, on peut considérer les Lacistema comme des plantes tropicales et subtropicales du Sud de l'Amérique. L'espèce la plus septentrionale est le Lacistema myricoides Sw. de la Jamaïque qui, en plusieurs variétés, se retrouve dans les Guyanes. On trouve dans l'Herbier Boissier une espèce indéterminée du Venezuela. Des Guyanes, Lacistema floribundum Miq., Lacistema grandifolium Schnitz. atteignent le Brésil. De l'Amazonie, nous avons Lacistema elongatum Schnitzl., Lacistema angustum Schnitzl. (Para, Surinam), Lacistema polystachyum Schnitzl. (Santarem, Para). Le Lacistema pubescens Mart., l'une des espèces les plus communes, les plus répandues, va de la Serra do Mar et Rio de Janeiro, jusqu'au (25) M. CHIRTOIli. LACISTEMACEES ET SYMPLOGACEES 341 Rio Negro; Ladstema intermedium Schnitzl., de Rio à Para; le Lacis- tema recurvum Schnitzl., de Rio à la Guyane anglaise. D'autres espèces paraissent plus confinées : Ladstema fagifolium Chod. et Chirtoïu, à Minas, Ladstema leptostadigum Chod. et Chirtoïu, Rio de Janeiro, Lacistema luddum Schnitzl., Ipanema, Rio Negro prope Barra; Ladstema robustum Schnitzl., Bahia. Le Ladstema Hasslerianum Chod. a été trouvé par M. Hassleh dans la Sierra de Maracayu; une variété de cette espèce a été découverte par MM. Cuodat et Vischer autour des chutes de l'Yguazu, aux confins de l'Argentine et du Brésil. Enfin le Ladstema Poeppigii A. DC. paraît, comme la dernière, être une plante du versant oriental des Andes : Ladstema aggregatum (Berg.) Rushy. Fig. 16 cl. - médiane. Lacistema polystachyum. — b : nervure Lacistema serrulatûm Mari. Sous ce nom, dans l'Herbier du Prodrome, sont réunies plusieurs espèces que nous considérerons comme distinctes : 1° Ladstema serrulatûm Martius ex Herh. Prodromi. C'est une espèce qui se reconnaît aisément à ses petites feuilles herbacées dentées. Les épilets sont groupés à l'aisselle des feuilles par trois ou six. Le calice comprend quatre sépales relativement larges et deux pré- feuilles du type habituel. L'étamine a un filet à peine plus long que le connectif bifide qui finit par écarter en une barre horizontale ses deux branches légèrement plus longues que les demi-anthères. L'ovaire glabre turbiné est surmonté par un style distinct presque deux fois plus court que l'ovaire, terminé par trois stigmates aigus et nettement divergents. 342 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (26) Il y a dans le même groupe identifié par A. de Candolle, avec le Lacistema serrulatum, d'autres espèces : 2° Lacistema fagifolium Chod. et Chirtoïu (voir ci-après). 3° Lacistema leptostachyum Chod. et Chirtoïu (voir ci-après). 4° Lacistema affinis, Lacistema serrulatum Mart. leg. Steven : les feuilles y sont un peu plus grandes. Lacistema fagifolium Chod. et Chirtoïu Lacistema serrulutum A. DC. p. p. non Mart. Rami robusti ad 3 mm. crassi foliiferi, albicantes, ultimi curvati, adultiores defoliati sed glomeruliferi; folia subcoriacea, elliptica, bre- viter acumiuata, glabra serrulata, dentibus brevibus, basin versus Fig. 16 bis. — Lacistema polystachyum. — Section du limbe. intégra limbo 70/s4, 70/3o, 60/25, 80/s5 mm., petiolo 3-5 mm. lg. ad \ mm. crasso; ament. 3-5 mm. longi, crassiusculi, juniores in capitula glome- rata; bractea3 floriferse suborbiculares irregulariter serrataehaudsacci- formes; bracteolae filiformes apice glanduligerœ, sepalis lanceolatis 4, discum x/s superantibus ; discus cupuliformis filamento paulo brevior (27) M. CII1FST0IU. LACISTKMACEES ET SYMPLOCAGEES 343 pislilluni oceultans ; filamenlum connectivo longius; antherae connec- tivo breviter ramoso vel tantum dilatato insidentes si connectivum est ramosum, ramis longïores; pistillum turbinatum stylo nullo vel sub- nullo sitgmatibus tribus erectis obsoletis. Minas Geraës, Lund. leg. 1834. AHînis Laçistema Hassleriano Ghod. a quo differt foliorum forma et magnitudine, amentis brevibus, sepalis minus longe attenuatis, forma connectivii. e ramis evidentius bracbiatis (fig. 16 ter). Fig\ 16 ter.— Laçistema fagifolium Chod. et Chirtoiii. — a : étamine ; b : fleur sans la bractée; c : pistil: d : bractée. Laçistema leptosachyum Cbodat et Chirtoiii Laçistema serrulalnm A. DC, I. c. p. p. non Mart. Frutex ramis virgatis glabris, lucidis; folia glabra subcoriacea oblonga, 120/32, 85/2.-,, 100/25, 95/28, 80/i2 mm. vel minora, fere usque ad basin remote serrula, dentibus minutis 4 mm. distantibus, petiolo 4 mm. lg.; amenti 18-22 mm. longi, 1,5 mm. crassi, inde graciles et radiantes; sepala 4 lanceolata disco duplo longiora quam braeteola* filiformes vix longiora; discus cupuliformis basin ovarii amplectans, ovario glabro ellipsoideo sensim in stylum desinente, stigmatibus 344 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (28) tribus inaequalibus postico V3 breviore, acutissiniis suberectis stamen multo superantibus; filamentuni staminis brève connectivo longiore brachiato angulo late aperto ramis patentibus vel liorizontalibus, antheris longioribus. Affinis Lacistema serrulato Mart. a quo differt foliis multo longiori- bus, amentis 7-10 mm. longis, fere 2 mm. crassis, stigmatibus erectis baud patulis. Praia grande, Rio de Janeiro, in siccis (ex Herbier DC.)(fig. 17). Lacistema Hasslebianum Cbod. Cette espèce, décrite par R. Chodat, dans YEnuméralion des plantes du Paraguay, appartient au groupe du Lacistema myricoides à cause de son pistil à style obsolet ou presque absent (fig. 18) et aussi à cause de son anthère peu ramifiée à connectif comme tronqué et non ramifié en angle plus ou moins ouvert. Mais ses feuilles, bien nettement dentées en scie en font un type à part. Le disque s'élève proportionnellement plus haut, il atteint au moins les deux tiers de la longueur du filet staminal, tandis que dans les variétés du Lacis- tema myricoides, il ne dépasse pas la moitié de ce filet; les sépales sont chez le Lacistema Hasslerianum à peine un quart plus longs que le disque en cupule, tandis que "dans le Lacistema myricoides ils sont presque deux fois plus longs. D'ailleurs, les feuilles beaucoup plus grosses, entières et d'une autre forme font de suite reconnaître le Lacistema myricoides. On peut aussi le comparer au Lacistema fagifolium Chod. et Chirtoiii qui en diffère par la forme des feuilles et les chatons en glomérules très courts. Il conviendrait maintenant de dire quelle est la situation systéma- tique qu'il faudrait attribuer à la petite famille des Lacistémacées Fig. 17.- Lacistema leptostachyum Cliod. et Chirtoïti— . a: fleur sans bractée; b : étamine. (29) M. CHJRTOllï. LACISTEMACEES ET SYMPLOCACEES 345 représentée par le seul genre Lacistema qui ne comprend que des espèces américaines, dont la plus nordique est le Lacistema myricoides Swartz, la plus méridionale le Lacistema Hasslerianum Chod., tandis qu'une espèce andine, le Lacistema aggregatum Rusby, nous délimite bien la distribution du genre. Engler, dans les Natiirliche P/lamenfamilien, place cette famille dans les plantes à chatons et la fait voisiner avec les Pipéracées, les Cbloranthacées et les Salicacées. Endlicher1 en fait une Juliflore, ce groupe comprenant les ordres suivants : (86) Casuarinées, (87) Myricacées, (88) Bétulacées, (89) Cu- pulifères, (90) Ulmacées, (91) Moracées, (92) Artocarpées, (93) Urti- (•acées (Thelygonym et (humera sont apparentées aux Urticacées), Fig. 18. — Lacistema Hasslerianum Chod. — a : fleur sans la bractée, à gauche une préfeuille: en arrière, à droite et à gauche, deux des sépales; on voit par transparence le pistil enfermé dans le disque; b: étamine; c: pistil: d : préfeuille. viennent ensuite (94) Cannabinées, (95) Antidesmées, (96) Balsami- flnées, (97) Platanacées, (98) Salicacées. C'est ici qu'il rattache les llensloviées et les Lacistémacées. Depuis lors et avec raison sans doute, les Platanacées ont été rapprochées des Saxifragacées et des Rosacées, les Balsamifluées sont devenues des Haniamélidées2. Par contre, cette classe ne comprend pas les Pipéracées qu'EwGLEP, conserve à cet endroit. A. de Candolle3 fait des Lacistémacées un ordre voisin des Résé- dacées, mais il cite l'opinion des auteurs qui rapprochent cette famille ' Endi.icher, St., Gênera plantant»), Vindobonse (1830), 291. 2 Hallier, H., Juliana. s de Candolle, A., Pr'odromua, XVII, II (1864) 590. 346 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE ( .J»0) des Samydâcées, des Bixacées ou des Violacées. Mais, d'après lui, les Lacislema seraient plus voisines des Résédacées à cause de leur disque. Pour Bentham et Hooker, les Lacislema vont près des Pipéracées à cause de leur inflorescence et de leur gros embryon. D'après ces au-r leurs, les Lacislema n'ont rien de commun avec les Bixacées. Encler1 les place à côté des Cbloranthacées, cette dernière famille étant, d'après lui, comme les Lacislémacées, apparentée avec les Pipé- racées, dont les Lacislema ne différeraient que par la placentation pariétale et l'absence d'un double tissu nourricier à la semence. Il insisté sur la structure de l'étamine et la présence du disque qui carac- térisent nettement ces plantes. Bâillon2 les avait mis dans sa grande famille des Bixacées, compre- nant les séries des : Rocrouyers, Flacourtia, Samyda, Lacislema,... Pangium, Papaya, Turnera, Cochleospermum , soit des plantes que les systématiciens modernes font graviter autour des Flacourtiacées. Les Larislema seraient, d'après lui, le type réduit des Bixacées. Wettstein3 à son tour choisit pour cette famille une place dans le voisinage des Pipéracées comme on l'a fait déjà pour les Saururacées et les Chloranthacées. Van Tieghem4 les rattache aussi aux Pipéracées, ce qu'il précise dans ses Eléments en constituant l'alliance des Pipérales, comprenant aussi les Renonculinées (Perpariétales bitegminées à périanthe nul); il les laisse ici à côté des Leitnériacées, Cercidiphyllacées, Casuarinacées, Salicacées, Liquidambaraeées, Myrothamnacées, Euptéléacées, Lacisté- uiacées. Hallier5 ne partage pas cette opinion, il les met à côté des Mélios- mées et il les considère comme un type réduit des Sabiacées. Il convient, dès lors, devant une si grande divergence d'opinions, d'examiner le pour et le contre de ces appréciations. Si nous compa- rons les Lacistémacées aux Pipéracées à côté desquelles les auteurs cités les placent, nous dirons que les Lacislema ne possèdent pas les cellules sécrétrices des Pipéracées qui ne manquent dans cette famille qu'au genre Symbrion6. * Enoler, A., in Engler et Prantl, Nat. Pflanzenfamilien, III. Teil, I. Abt (1899). 1 Bâillon, H., Histoire des Plantes, IV (1873), 412. 3 Wettstein, IL, Handbuch der Syst. Bot. (1901), 239. * van Tieghem, Traité de botanique, Paris (1884), 401. — Id.. Eléments de botanique, II (1906), 384. 5 Hallier, H., Système phylétique des Angiospermes (1912), 51. * Hallier, H. Ueber den polyphyletischen Ursprunq der Sympetalen und Apefalen und die Anordnung der Angiospermen iiberhaupt (1901 (31) M. CHIRTOU'l. LACISTÉMACÉES ET SYMPLOCACÉES 347 On n'y trouve pas non plus de canaux lysigènes. Les poils des Pipé- racées sont glanduleux. L'épiderme multiple des Pipéracées ne se retrouve pas ici. Les stomates dans les deux familles sont à la face inférieure des feuilles, mais, chez les Pipéracées, les appareils sont entourés de cellules annexes disposées en couronne comme chez les Crucifères, tandis qu'ici ces cellules annexes sont arrangées sans ordre défini. L'oxalate de calcium abondant dans les deux familles, en oursins chez les Lacistema, est varié chez les Pipéracées; quant à la structure anatomique, elle est bien connue soit chez les Peperomiâ à faisceaux épars monocotyléens, soit chez les Piper avec leur anneau continu et leurs faisceaux épars au centre. Ici rien d'analogue. La perforation des vaisseaux est simple ou scalariforme, scalariforme chez les Lacistémacées. L'ovule, avec son sac embryonnaire particulier dans les Peperomiâ, redevient habituel chez les Piper, mais ici nous avons la placentation pariétale qui se retrouve, il est vrai, chez les Saurura- cées. Même au point de vue morphologique, les ressemblances sont très superficielles. Soit chez les Pipéracées, soit chez les Saururacées, la fleur est nue. Ici elle a préfeuilles et calice, même un disque annu- laire, l'ovule unique, orthotrope des Pipéracées est remplacé par les ovules semi-anatropes ou anatropes qui ne donnent pas naissance à des semences à double albumen comme cela serait chez les Saurura- cées, Pipéracées, Chloranthacées. Ces dernières ont des cellules à essence, des canaux à gomme, des rayons médullaires larges, un liber fibreux, des cellules annexes en couronnes, caractères étrangers aux Lacistémacées. Comme on le voit, il n'y a, ni morphologiquement, ni anatomique- ment d'analogies suffisantes pour justifier un rapprochement; l'uni- sexualité remplacée par la fleur hermaphrodite, la zygomorphie, l'albumen présent, suffisent pour obscurcir une comparaison qui est complètement exclue. Parmi les Juliflores, les Garryacées sont unisexuées à ovule apotrope à petit embryon; ce sont d'ailleurs des plantes à placer dans le voisi- nage des Cornacées. 1 es Myricacées, avec leur ovule basilaire ortho- trope à un tégument sont également exclues. Les canaux sécréteurs oléo-résineux périmédullaires éloignent aussi les Leitnériales. Les Juglandacées, avec leur ovaire infère, leur ovule basilaire, leurs fleurs diclines, leurs ovules unitegminés sont tout aussi éloignés. II y a aussi trop de différences chez les Batidales et les Julianales. Les chatons des Bétulacées sont d'un autre type et toujours 348 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (32) à fleurs unisexuées. On ne trouve, dans le groupe hétéroclite des Juliflores aucune famille vers laquelle on pourrait amener les Lacisté- macées. A. de Candolle propose de rapprocher les Lacistémacées des Résé- dacées. On ne saurait nier qu'il y ait quelques Donnes raisons à faire valoir en faveur de cette attribution. Les stipules, la production d'un disque extrastaminal, l'ovaire à trois carpelles et la placentation pariétale sont des caractères communs, mais il y a, d'autre part, trop de différences d'un autre ordre pour étayer une conviction sérieuse; s'il est vrai que la zygomorphie s'affirme dans les .deux, on ne voit pas de tendance chez les Résédacées à produire des étamines du type Laeistema; la faciès général est aussi totalement différent. Nous ne saurions donc suivre la majorité des auteurs qui, avec End- licheb, Bentham et Hookeb, Engler, Wettstein et vanTieghem, font des Lacistémacées non seulement une Apétale juliflore (Amentacées), mais un membre de l'alliance des Pipérales proprement dit. Mais on nous dira qu'ENDLiciiER les rapproche des Salicacées. A vrai dire, les Sali- cacées, comme les Lacistémacées, font mauvaise figure parmi les .lu lianes. Depuis longtemps, on se doute que, soit les Apétales, soit les Gamopétales constituent des groupes peu naturels et on ne s'étonnera pas de voir beaucoup d'auteurs éloigner soit les Salicacées, soit les Lacistémacées des Apétales proprement dites. Des Salicacées, les Laeistema ont les feuilles simples stipulées à sti- pules souvent caduques, les fleurs en chatons simples, la placentation -pariétale, l'ovule pachy-nucellé. Il y a aussi un disque tantôt en deux glandes plus ou moins confondues en anneau (Saules alpins) oh remplacé par une cupule-disque comme chez les Populus. Mais le bois est à vaisseaux à perforation simple chez les Salicacées. Il nous reste à examiner l'attribution des Lacistémacées aux Parié- tales conçues au sens le plus large. Placées par Bâillon parmi les Bixacées (voir plus haut), comprises au sens d'ENGLER, les Bixacées ne présentent avec nos plantes que de lointaines analogies. Elles n'ont qu'un style et stigmate; les semences nombreuses sont munies de papilles rouges et charnues; les étamines sont à longues anthères introrses. Il serait plus facile de les apparenter aux Flacourtiacées(Samydacées des anciens auteurs). Tout d'abord, les anthères sont courtes, les styles et stigmates y sont indépendants. On y constate une étourdissante variété de formes, depuis les fleurs presque nues aux fleurs brillantes. (33) M. CHIRT01Û. LACISTÉMACÉES ET SYMPLOCAGÉES 349 Dans les Xylosniâ, il y a un disque analogue à celui des Lacistema autour de l'ovaire, la perforation des vaisseaux est chez quelques représentants de cette famille aussi, scalariforme. Si nous prenons la diagnose des Flacourtiacées(cfr. Engï. Syllab., 173) : gynécée libre sur axe convexe ou dans un axe tubuleux, rarement adhérent latéralement. Albumen copieux, huileux et aleurone. Ces caractères vont avec les Lacistémacées dont l'albumen n'est pas amylacé comme chez les Cistinées. Quant à la diagnose générale des Fla- courtiacées, elle peut aussi s'appliquer aux Lacistema, en grande partie encore : fleurs hermaphrodites ou unisexuées, souvent spiralées au moins en partie, radiaires. Calice 2-15, P. 11-10, étamines habituelle- ment en nombre indéfini, carpelles (2-10) à ovules nombreux anatro- pes à deux téguments sur placentaires pariétaux. Baie ou capsule, semence souvent avec arille et albumen. Plantes ligneuses à feuilles alternes rarement opposées ou verticillées, à limbe simple, entier ou denté, à petites stipules. Fleurs souvent petites. De cette diagnose, il faut enlever le mot radiaire pour qu'elle puisse aussi s'appliquer aux Lacistema. Mais remarquons que chez les Viola- cées, la fleur peut être zygomorphe. Or, cette famille paraît constituer un rapprochement des Lacistémacées et des Pariétales : le type haplo- stémone des Flacourtiacées ; de plus, les loges de l'anthère y sont souvent séparées par un connectif large. L'anatomie du bois est souvent à perforation scalariforme. La différence, la plus essentielle serait dans l'orientation inverse de toutes les parties. Chez les Lacistémacées, il y a un sépale adaxial, toutefois l'étamine impaire n'est pas antérieure comme ici, mais posté- rieure. 11 y a aussi des Violacées à style trifide et à ovules semi- anatropes, bitegminés, pachynucellés produisant des semences albuminées à embryon droit. Il nous reste à comparer le Lacistema aux Sabiacées qui ont été considérées par Hallier comme proches parentes de cette famille. Mais de toutes les assimilations qui ont été tentées, celle-ci paraît la moins plausible. En effet, l'absence d'albumen, l'embryon à hypocotyle gros et enroulé et à cotylédons plissés sont des caractères qui les éloignent définitivement des Lacistema. Notre conclusion sera que les Lacistémacées doivent être placées parmi les Flacourtiinées et y constituer un ordre à situer entre les Violacées et les Flacourtiacées. bulletin delà société botanique de genève, 0-6-7-8-9, parus le 8 mai 1919. 350 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (34) IL Remarques sur le Symplocos Klotzschii et les affinités des Symplocacées Si les Apétales on Juliflores des anciens auteurs, que les modernes ont conservés tout en changeant le nom des alliances, sont comme l'exprime Hallieb, d'origine polypliylétique, les Gamopétales le sont peut-être à un titre tout aussi certain; c'est ce qu'enseigne M. R. Chodat dans son cours de systématique. C'est ainsi qu'il en détache tout d'abord les Cucurbitacées pour les rattacher aux Passiflorinées; puis il considère les Ebénales comme un groupe artificiel introduit arbitrairement parmi les Gamopétales. Déjà d'autres en ont retiré les Plombagïnées pour les rattacher aux Cyclospermes. Selon Warming, les Sapotacées qu'on met en tête des Ebénales sont apparentées aux Convolvulacées dont elles ont le latex, l'ovule uniteg- miné. Si l'affinité des Ebenacées avec les Styracacées et les Symplo- cacées n'est pas hors de conteste, il semble bien que Symplocacées et Styracacées sont étroitement apparentées. Mais ces dernières années, les systématiciens ont, pour la plupart, maintenu séparées ces deux familles qui diffèrent semble-t-il plus par l'apparence et des caractères secondaires que par des raisons de première importance. Rappelons cependant que les anthères sont toujours courtes dans les Symplocacées, longues chez les Styracacées. Il y a aussi des différences anatomiques. Ainsi les poils chez les Symplocacées sont simples et cloisonnés. Le bois secondaire dur est riche en fibres de remplacement ; les rayons médullaires et la moelle sont farcis d'amidon; les vaisseaux sont à perforation scalari forme comme les Styracacées, tandis que les Ebenacées ont dans leurs vaisseaux une perforation simple. Le périderme est hypodermique dans l'espèce étudiée, tandis qu'on l'indique comme épidermique clans les Styracacées1. L'anatomie de la feuille a été plusieurs fois étudiée. Mais on n'a pas signalé les glandes que nous figurons et qui sont du même type et de la même fonction que celles que nous avons décrites pour les Lacistema. Ces glandes se retrouvent sur les écailles protectrices (fig. 19). Ces jeunes feuilles s'enroulent dans le bourgeon, la face inférieure à Pex- tèrieur. Les stomates ne sont pas enfoncés; vues de face, les cellules de bordure sont accompagnées de deux cellules annexes parallèles à la fente stomatique (stomate du type Rubiacées). 1 Cfr. Wennerth, Cador, Lendner. (35) M. CHIRTOllï. LACISTEMACEES ET SYMPLOCACÉES 351 Cette structure du stomate fait défaut aux Styracacées. Il est assez singulierde constater que les Styracacées sont si différentes des Symplocacées par ce caractère anatomique qui a certainement une valeur systématique primaire. En effet, soit Vuillemin, soit Porsch et enfin Rehfous ont montré la remarquable constance d'un type donné de stomate à l'intérieur d'un groupe naturel et le parti qu'on peut en Fig\ 19. — Symplocos KlotzschU Brd. figurée en noir. Glande marginale de la jeune feuille avec sécrétion tirer pour la systématique1. Si on ajoute à cette différence celle tout aussi significative des poils dans les deux familles, on sera peut-être tenté de penser que la parenté qu'on a cru constater et qu'on a exprimée parfois en réunissant les deux en une même famille est beaucoup moins rapprochée qu'il ne paraît d'après la seule inspection de la morphologie florale. On serait même en droit de se demander si ces caractères, joints à ceux de la forme différente des anthères, à la situation différente de l'ovaire, ne suffisent pas pour supposer une filiation toute différente pour les deux familles qui seront dès lors comme des types convergents mais d'origine différente. Linné2 place les Symplocacées dans sa classe des Polyandria ' Comparer Rehfous L., Etude sur les stomates, Bulletin de la Société Botanique de Genève, II, Série IX, 1917. 2 Linné, Gênera plantarum. éd. VI (1764), 272. 352 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (36) monogynia à côté de Seguiera qu'on place actuellement parmi les Phytolaccacées, puis de Prockia et Cistus, le premier genre appartenant aux Flacourtiacées, le second aux Cistacées. De Jussieu1 les met parmi les Guiaeanae, les Plaqueininiers, c'est- à-dire près de Diospyros (Ebénacées), Pouteria (Sapotacées), Styrax (Styracacées) et d'Àlstonia dont on a fait une section du genre Symplocos (ne pas confondre avec Alstonia B. Br. Âpocynacée). C'est donc chez Jussieu que nous trouvons pour la première fois les Symplocos mis à côté des Styracacées, des Ebénacées et des Sapotacées. Cette opinion a prévalu chez Endliciier2 qui les place parmi les Styracacées ou dans une tribu des Symplocées; il groupe Symplocos et Schn'pi'ui «aujourd'hui considéré comme Olacacée). ^QlP* Pig. 19 bis. — Symplocos Klotzschii Brd. — Glandes (section trans- versale) qui se trouvent sur les écailles protectrices des jeunes feuilles; en noir, la sécrétion. Pour Alph. de Candolle, il faut éloigner Schœpfia de cet ordre mal défini par les auteurs et cependant bien distinct; leurs proches parents seraient les Ebénacées. Il considère les Styracacées connue voisins des Humiriacées et des Méliacées ; actuellement on les rapproche des Linacées, ces dernières selon Engler de la série des Terebinthales. A. de Candolle3 a fait aussi observer qu'il y avait proche parenté avec les Olacacées et en particulier avec le genre Hypocarpus, Olacinea A. DC (Liriosma Pœpp. et Endl.) dont Bâillon faisait une Loranthacée. ' Jussieu de, Gênera plantarum (1789), 157. 2 Endlicher, St., Gênera plantarum (1833), 741. ' de Candolle, Prodromus, VI11 (1844), 245. (37) M. CH1RT0IU. LAeiSTÉMACÉES ET SYMPLOGACÛES 353 Bentiiam et Hooker1 suivirent Endlicher, niais considèrent Sym- plocos comme un genre particulier des Styracacées. Bâillon2 semble suivre A. de Candolle, car pour lui les Symplo- cacées vont dans les Loranthacées, espèce d'arcane dans laquelle il fait l'entrer les Styrax, les Grubbia, les Vilis et d'autres plantes qui, d'après les autres systématiciens, vont dans des familles différentes. Gurke, dans «Natûiiiehe Pflanzenfamilien»3, accepte la famille fondée par Miers4. C'est aussi l'opinion du monographie A. Brand5 dans le «Pflanzenreich ».Van Tieghem6 les replace dans les Styracacées et les définit : androcée méristémone, ovaire infère. Il dit : «Par leur grand nombre d'étamines, elles feraient passage vers les Marcgra- viacées.» Il les met dans l'ordre des Primulinées qui sont des transpa- riétés biteguminées et dans le sous-ordre des Oxalidinées dans l'alliance VI des Primulales à côtédes Primulacées, Myrsinacées, Théopbrastacées, Kouquiéracées, Diospyracées, Marcgraviacées, Caryocaracées. Warming7 les remet dans les Styracacées et ces dernières sont placées parmi les Diospyrinées. Au contraire, dans son ouvrage postérieur, il voit une telle diversité dans cet ordre qu'il se demande si on peut con- sidérer ces familles comme proches parentes. Il passe en revue toutes les différences qui sont principalement la structure et la position de l'ovule. Selon lui, les Ebénacées ont deux ovules apotropes pour chaque carpelle, les ovules pendants du type dichlamydé leptosporangié, les Styracacées un ovule par loge, apotrope du type leptosporangié inono- chlamydé. Les Sapotacées ont un ovule par loge, anatrope apotrope, du type leptosporangié monochlamydé. Les Symplocacées diffèrent des précédentes par leur placentation pariétale à placentaires, qui se touchent au milieu de la loge ; par leurs ovules qui sont à la partie supérieure de l'ovaire, amphitropes et à la partie inférieure, épitropes; du type leptosparangié monochlamydé. Hallier8, dans son arbre généalogique des Angiospermes, fait une divi- sion Ochnigenœ(IV) comprenant entre autres les Guttales (XVIII); il fait 1 Bentham et Hooker, Gênera plantarum, II (1876), 666. 2 Bâillon, Histoire des plantes, XI U892), 416. * Engler et Prantl, Die Naturlichen Pflansenfamilien, IV, I. Abt (1891), 165. 4 Miers, in Lindl. Veg. Kingd., éd. III (1853), 593. 6 Brand, Bas Pflanzenreich, IV, 242 (1901). 6 Ph. van Tieghem, Eléments de botanique, Il (1906), 657. ' Warming, Eug., Handbuch der Systematischen Botanik (1911), 426. ld., Observations sur la valeur systématique de l'ovule in Mindeskrift for Ja- petus Stunstrup Kobenhavn (1913). 8 Hallier, Haus, L'origine et le système ■phylétiqiie des Angiospermes exposés à l'aide de leur arbre généalogique (Extrait des Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, série III B, 1 (1912), 146). 354 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (38) dériver des Guttales (18) les séries suivantes : Primulinées (25), Bicornes (26) et par l'intermédiaire des Linacées (90) il fait dériver des Guttales proprement dites les : Ochnacées (88), les Marcgraviacées (101), Terns- troemiacées (100), Peutaphylacées(99),Syniplocacées (98), Chlaenacées (97), Rhopalocarnacées (96), Octoknémacées (93), Aqui foliacées (95), Celastracées (94). Il en résulte que dans ce système les Symplocacées sont éloignées des Gamopétales proprement dites (qui ont d'ailleurs déjà perdu les Bicornes) pourles rapprocher desTernstrœmiacéesetdes Marcgraviacées et naturellement aussi des Linacées. Il a d'ailleurs traité de cette question en outre dans les travaux suivants : 1. Ûber Juliania1. 2. Uber die Verwandtschaftsverhàltnisse der Tubifloren und Ebenalen2. 3. liber die Verwandtschaftsverhàltnisse bei Engler's Rosalen, Parietalen, Myrtifloren3. Dans ce dernier travail il montre qu'il existe une ressemblance entre quelques espèces de Thea. et de Symplocos dans la forme et la dentelure de la feuille, la coloration vert-jaune du feuillage, la concrescence des étamines, les anthères courtes et l'embryon courbé. Wettstein4 montre la situation classique dans les Dyospirales; il en fait une famille différant des Styracacées par les étamines disposées en faisceaux devant les pétales, à anthères arrondies, et à ovaire constam- ment infère et complètement cloisonné. Comme on le voit, la situation des Symplocacées est pi us qu'incertaine; il y avait lieu de revoir cette question. En disposant de matériaux fixés à l'alcool, nous avons entrepris une revision critique de la fleur et des autres organes de Symplocos. Nous discuterons, après avoir énuméré la structure des organes, les questions d'affinité. L'espèce que nous avons examinée, le Symplocos Klotzschii (récolté par MM. Ciiodat et Vischer dans leur voyage au Paraguay) a des grappes pauciflores de une à cinq fleurs, à l'aisselle des feuilles persis- tantes. Chaque fleur a ici une bractée et deux préfeuilles qui tombent 1 Hallier, Hans, Uber Juliana eine Terebinthaceen-Gattung, Dresden, C. Heinrich (juin 1908), 210, in-8°. 1 Hallier, Hans, liber Vericatidtschaftsverhdltnisse Tubifloren Ebenalen den poly- phyletischen Ursprung der Sympetalen und Apétale» und die Anordnvng der Angiosper- men tiberhaupt, Hamburg, XVI, 2 VI, (1901), 40. s Hallier, Hans, Ûber die Verwandtschaftsverhàltnisse bei Engler's Rosalen Parie- talen Myrtifloren Abhandl. Ver. Hamburg, XVII (1903), 72. • Wettstein, R., Handbuch der Systematischen Botanik, Band II (1901), 410. (39) M. CHIRTOIÛ. LA.C1STÉMACÉES ET SYMPLOCACÉES 355 à l'épanouissement du boulon floral (douze millimètres). Elles sont remarquablement grandes pour le genre, car le monographe Brand indique parmi les plus grandes celles qui atteignent treize millimètres. On sait que l'ovaire est infère ou semi-infère et q'ue les pétales, con- crescents par le bas, le sont surtout par le moyen de l'androcée. Il y a des Symplocos à cinq étamines (Sy m plaças phaeoclados), d'autres à cinq faisceaux d'étamines (Symplocos imctoria, Symplocos Fig. 20. — Symplocos Klotzschii Brd. — Section longitudinale d'un jeune ovule; cellule-mère du sac embryonnaire. japonicu) alternipétales. Mais le plus souvent cette disposition n'est plus visible, les étamines nombreuses deviennent plus ou moins monadelphes et leur nombre s'élève jusqu'à cent. On les trouve alors disposées sur deux, trois ou quatre rangs. Dans l'espèce étudiée, il y a trois rangs avec plus de trente-cinq étamines. Van Tieghem considère l'androcée habituel des Symplocos comme formé d'étamines épipétales ramifiées. Nous avons suivi dans un jeune bourgeon fixé et paraffiné, en coupes minces successives, la course des faisceaux de l'androcée. Dans le pédicelle floral, nous comptons quinze faisceaux; à la base de l'ovaire, ce nombre devient plus élevé, il y en a trente ou à peu près. Des fais- ceaux passent dans les sépales, d'autres, deux par deux, vont innerver , les cinq styles fusionnés. A la base de la corolle annulaire, il y a un 356 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENÈVE (40) grand nombre de faisceaux qui se dédoublent et émettent des faisceaux vers l'intérieur. Mais on ne saurait reconnaître dans cette plante une disposition déterminée des faisceaux qui indiquerait un groupement pentamère principal. On trouve dans cette espèce assez souvent des étamines pétaloïdes. Par la forme de leur filet rubanné et leurs anthères ovales, les Syni- plocacées diffèrent nettement des Styracacée.s. Nous avons pu vérifier dans cette espèce l'intéressante observation de Warming, qui a reconnu au moins dans une partie de l'ovaire, une placenation pariétale. Les Fig. 21. — Symplocos Klotzschii Brd. — Sommet de l'ovule: tégu- ment, nucelle avec archéspore pluricellulaire. ovules sont anatropes épitropes pendants. Le stigmate à grosses papilles sécrète beaucoup de graisse, ce qui est visible par l'action de l'acide osmique. S'il est vrai que l'ovaire infère, par la pénétration des parois, est dans sa partie inférieure pluricellulaire, dans la partie supérieure la placentation est pariétale et c'est là qu'est la seule région ovulifère. L'ovule a un seul gros tégument et un petit nucelle. Il est donc du type monochlamydé, ténuinucellé. De bonne heure le nucelle est écrasé (41) M. CIMUTOIli. LACISTËMACEES ET SYMPLOCACEES 857 par le développement cm sac embryonnaire. Le tégument se forme avant l'apparition de la cellule-mère tétrasporange ; cette dernière est sous-épidermique (fig. 20). Il y a parfois un espèce d'archéspore un peu analogue à celui des Rosacées (fig. 21), c'est-à-dire quelques cellules-mères côte à côte. Du tétrasporange, tantôt c'est la cellule inférieure qui devient sac em- bryonnaire, tantôt c'est l'avant-dernière (.fig. 22 et 22 bis). Le sac est Fig. 22. — Symplocos Klotzschil Brd. — Ovule enveloppé par le tégument, avec tétrasporange, dont la mégaspore commence à se différencier. allongé; les synergides à bec allongé se dirigeant dans le canal mic.ro- pylaire. Les trois antipodes n'ont rien de particulier et les deux noyaux polaires tardent à se fusionner. A ce stade, il y a une quantité notable d'amidon dans le sac embryonnaire. 358 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE m La couche épithéliale, si caractéristique pour beaucoup de Gamopé- tales monochlainydées ténuinucellées, se différencie à peine ici ; dans tous les cas, ces cellules, qui parfois sont un peu allongées et disposées en palissades, sont loin de fonctionner comme cellules digestives spécialisées (fig. 23 et 23 bis). Fig. 22 bis — Symplocos Klotzschii Brd. — Ovule enveloppé par le tégument, avec tétra- sporange, dont la mégaspore commence à se différencier. Nous avons rencontré des embryons adventifs qui paraissaient procéder des cellules du tégument. Le fruit est une espèce de drupe au début, puis la paroi formée par Phypanthium se sclérifie. Il y a une ou deux semences à albumen réduit. Nous avons fait cette recherche embryologique dans le but de (43) M. CHIRTOlli. EAGISTEMACEES ET SYMPLOCACEES 359 préciser les affinités des Symplqcos avec les autres Gamopétales ou avec les Dialypétales avec lesquelles on a pu les apparenter. Les Symplocacées ont donc bien l'ovule monochlamydé et, dans une certaine mesure, l'épithélium caractéristique de beaucoup de Gamopé- tales. Mais il ne faut pas oublier que le nucelle ténuinucellé se rencontre chez bon nombre de Dialypétales, à commencer par le genre Parnassia dans les Saxifragïnées. Chez les Priinulacées, l'ovule est à deux téguments. Fig. 23. — Symplocos Klotzschli Brd. — Embryon adventif. Dans l'alliance des Pariétales, dont certaines familles rappellent les Symplocacées, les Dilléniacées ont un ou deux téguments, les Ochnacées de même, chez les Caryocaracées il y a deux téguments. On en indique également deux dans les Théacées auxquels on a parfois rattaché les Symplocacées. Hallier les ramène vers les Ternstroemiacées, les Marc- graviacées et éventuellement les Linacées. En effet, des Diospyrales elles s'éloignent par leur tendance à la multiplication indéfinie des étamines, cas excessivement rare chez les Gamopétales. 300 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (44) M. C.-R. Stuabt a étudié l'ovule du Camellia theifera. Ici l'ovule est bitegminé; mais d'après le dessin de cet auteur, le nucelle est aussi rapidement résorbé. Il y a aussi une ressemblance entre l'archéspore décrit, mais si l'on suit Stuabt1, le sac embryonnaire ne naîtrait pas d'une cellule de la tétrade d'un tétrasporange, mais directement de la cellule-mère elle-même. {Camellia theifera (Grill*.) Dyer), Fig. 23 bis — Symplocos Klotzschii Brd. — Embryons adventifs qui paraissent procéder des cellules du tégument. La recherche des affinités des familles critiques présente, comme on le voit, de sérieuses difficultés. Ceci provient du fait que nous sommes encore trop peu renseignés sur la valeur à attribuer à chaque caractère, en particulier à ceux tirés de la placentation, de la nature des ovules et de l'origine des sacs embryonnaires. Il va de soi que si on maintiennes Styracacées parmi les Gamopétales, il devient difficile d'éloigner de ce groupe les Symplocacées. Engleb, 1 Cohen Stuart, C. P., Sur le développement des cellules génératrices du Ca- mellia theifera (1916). (45) M. CHIRTOlii. LAC1STÉMACÉES ET SYMPLOCACÉES 36J qui les rattache aux Diospyrinées, attribue à ce groupe des ovules à deux téguments. Or, nous avons montré qu'au moins chez le Symplocos étudié ce caractère fait défaut. Chez les Styracacées, on indique un ou deux téguments. Cependant, il ne faudrait pas y mettre trop d'impor- tance. Warming a émis une théorie intéressante, à savoir que les ovules à un tégument le sont par concrescence de deux ; il y aurait une espèce de progrès réalisé chez beaucoup de Gamopétales et, à divers niveaux, des Dialypélales. Si l'on acceptait cette théorie, il n'y aurait pas trop lieu de s'étonner que dans les Diospyrinées cette même simplification ait aussi eu lieu. La plupart des auteurs ont d'ailleurs essayé de ramener ces familles vers les Dialypélales. Bâillon assimile les Ebénacées aux Aquifoliacées ; c'était déjà l'opinion de Le Maoùt et Decaisne1, tandis que Warming2 leur trouve des analogies avec les Cucurbilacées déjà ramenées vers les Passiflorinées, autre série des Pariétales. On a comparé les fleurs des Symplocos à celles des Philadelphie dans les Saxifraginées. War- ming ne sait que faire de cette famille (1. c). C'est, selon lui, un type très évolué. On y trouve, en effet, l'isoslémonie, la polyandrie par division et disposition en verticilles complexes, l'hypogynie et l'ovule unitegininé et tenuiuucellé, tous caractères qui, joints à la gamopé- lalie (incomplète il est vrai), peuvent être considérés comme apparte- nant aux types les plus évolués. Quoiqu'il en soit, nous considérons les Symplocacées comme réalisant dans l'alliance des Pariétales le type Gamopétale de même que les Cucurbitacées dans ce même groupe et, par d'autres adaptations, s'approchent de ce terme de la simplification et de la spécialisation du bourgeon floral. 1 I.e Maout et Decaisne, Botanique (18G8). 224. ' Warming, Ovule, 1. c. Les Mucorinées géophiles récoltées à Bourg-Saint-Pierre par M. le Prof. Dr A. LENDNER (Communiqué en séance du 22 mai iyi8) Les divers auteurs qui se sont occupés des champignons récoltés dans le sol, ont pu constater que les Mucorinées s'y trouvaient très fréquemment. Certaines d'entre elles y sont môme habituelles. Dans mon travail sur les Mucorinées1, j'avais d'ailleurs insisté sur le fait que c'est bien dans ce milieu que l'on peut s'attendre à isoler le plus grand nombre d'espèces nouvelles. Les travaux ultérieurs de Hagem-, Dazewska3, Dale4, Jensen5 et d'autres ont confirmé cette opinion. La présence dans le sol de champignons très divers, laisse présumer que ces organismes jouent un rôle dans la décomposition des matières organiques. Mademoiselle Dazewska a démontré ce rôle dans la désa- grégation de la cellulose. Mademoiselle B. Jauch, élève de l'Institut botanique, a entrepris sur ce sujet un travail de longue haleine. Les champignons qu'elle a déjà isolés de terres récoltées à Bourg-Saint- Pierre sont très nombreux, de sorte que, dans la nécessité qu'elle éprouve de se restreindre, elle a eu l'obligeance de me remettre toutes 1 Lendner, A. Les Mucorinées de la Suisse, Matériaux pour la flore cryptogamique suisse, III (1908). 2 Hagem, O. Untersuchungen liber norwegische Mucorineen, Videnskabsselskabets Strifter, I. Mathem. naturw. Klasse, n° 7 (1907). ' Dazewska, W. Etude sur la désagrégation de la cellulose dans la terre de bruyère et la tourbe, Bulletin de la Société botanique de Genève, 2e série, IV (1912). * Dale, E. On the Fungi of the Soil, Annal, mycologid, X (1912), 453. 5 Jensen, C. N. Fungous flora of the Soil, Cornell University, Agricultural Station, Bull. 315 (1912). (2) A. LENDNER. LES MUCORINÉES GÉOPHILES 363 les Mucorinées trouvées au cours de son travail. Je saisis cette occasion pour l'en remercier bien vivement, car cela me permet d'apporter une contribution aux travaux que poursuivent Monsieur le professeur Chodat et ses élèves au jardin alpin de la «Linnsea», à Bourg-Saint- Pierre. Comme Mademoiselle Jauch m'a déjà remis six cultures, parmi lesquelles se trouvent deux variétés et deux espèces nouvelles, il m'a paru intéressant de publier dès maintenant le résultat de mes premières recherches. Voici, du reste, la liste des Mucorinées étudiées : 1. Mucor Ramannianus A. Mœller ; 2. Mucor plumbeus Bonorden; 3. Mucor hiemalis (— ) var. albus ; 4. Mucor hiemalis (-}-) var. foundrœ ; 5. Mucov Jauchse n. sp.; 6. Mucor vallesiacus n. sp. Mucor ramannianus Mœller Lors de mon travail sur les Mucorinées de la Suisse, je ne connaissais cette curieuse espèce que par les cultures qui m'en avaient été expédiées de la station centrale d'Amsterdam. Elle a été isolée, pour la première fois, par Mœller1, des mycorrhizes de sapins, à Eberswalde. Plus tard, Hagem2 l'a signalée comme une Mucorinée très fréquente des forets de conifères, sur le bois pourri et même sur le Sphagnum des tourbières. Dale3 la mentionne aussi dans son travail sur les cliampi- gnons des sols; elle l'a récoltée également sur du bois pourri d'un mélèze. Il y a deux ans, je l'avais moi-même isolée de terres provenant des environs de Bourg-Saint-Pierre. Mademoiselle Jauch l'ayant retrouvée dans ses cultures, j'ai ensemencé sur un même milieu les Mucors de diverses provenances. Je n'ai jamais réussi à en obtenir des Zygospores. Hagem signale, du reste, le même fait et exprime l'opinion que cette espèce est probablement asexuée. Le Mucor Ramannianus est immédiatement reconnaissable par son exiguïté, la petitesse de ses columelles et sporanges ; ces derniers colorés donnent à toute la culture l'apparence d'un velours carmin brunâtre. Il rappelle, par plus d'un caractère, certaines espèces du geure Mor/ierella. Comme elle se rencontre fréquemment dans le sol des forêts, elle joue probablement un rôle dans la décomposition des matières organiques de l'humus. 1 Moller, A. Zeitschrift fur Forst und Jagdicesen Heft 5-6 (1903). 2 Hagem, O. Untèrsuchungen uber norwegische Mucorineen, Videnskabsselskabets Strifter, I. Mathe.m. naturw. Klasse, n» 7 (1907). * Dale, E. On-the Fiingi of the Soil, Annal, mycologici, X (1912), 453. :U')4 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) Mucor plumbeus Bonorden Cette Mucorinêe, décrite par Van Tiegiiem sous le nom de Mucor spinosus, avait déjà été trouvée antérieurement par Bonorden. Comme à la station centrale d'Amsterdam elle est mentionnée sous les deux noms, j'ai fait venir chacune de ces cultures pour les comparer. Il s'agit bien d'une seule et même espèce. Mucor plumbeus est très fréquent, car ses spores sont abondamment répandues dans l'air et dans le sol. II se distingue, au microscope, par sa columelle munie de spinescences et par ses spores rondes. Hagem, qui l'a également observé ;'i maintes reprises, signale une forme plus petite, produisant un gazon serré et gris clair. Il est fort probable qu'il s'agit de l'espèce que j'avais décrite antérieurement1 sous le nom de Mucor spinescens et que je n'ai pas réussi à retrouver depuis lors2. L'espèce isolée par Mademoiselle Jauch a été mise en culture sur le même milieu, en compagnie de celles du laboratoire et de la station centrale d'Amsterdam. Je n'ai pas réussi à obtenir des Zygospores. Ces dernières oui pourtant été observées par Bainier2. Mucor hiemalis Wehmer Wehmer3, qui a signalé cette espèce pour la première fois sur le chanvre lors du rouissage, lui attribue la propriété de dissoudre les cellules parenchymatcuses. Hagem, qui l'a souvent rencontrée dans le sol des forêts de sapin, sur le bois pourri, le Sphagnum des tourbières et même dans le sol arable, en a isolé deux races [(-[-) et(- -)j. Elle est également décrite dans ma publication sur les Mucorinées, car je l'avais rencontrée à plusieurs reprises dans des boues glaciaires, à Tète Rousse et au glacier des Bossons. En 1912, Jensen la signale aussi. Il y aurait lieu de revenir, à propos de cette espèce, sur les descriptions données parles divers auteurs. D'après Wehmer4, le gazon atteindrait un centimètre de haut; Hagem donne les dimensions de un à deux centimètres. Or, sur des milieux favorables, tel que le mélange Raulin neutre 4- riz et peptone, j'ai obtenu des cultures pouvant atteindre jusqu'à quatre centimètres et demi de hauteur. Ces dimen- sions, pouvant être très variables selon les milieux, j'avais déjà insisté antérieurement sur la nécessité qu'il y avait de décrire une espèce ' Lendner, A. Bulletin de l'Herbier Boissier, VIII (1908). 5 Cette espèce a été de nouveau isolée du sol par A. Povah, Bull, of the Bota- niad Club, 44 (1917), 302. 3 Bainier. Annales des Sciences naturelles, 6e série, XIX (1884). * Wehmer. Annal, mycolysio. vol. I (1903), 36. (4) A. LENDNER.^LESMUCORINÉES GEOPHÏLES 3»).r> préalablement cultivée sur le milieu qui lui conviendrait le mieux. Généralement, les milieux amylacés, pain, riz, etc., satisfont à ces condi- tions. Dans le courant de Tliiver dernier, Mademoiselle Jauch avait trouvé parmi ses cultures un Mucor désigné provisoirement d'un numéro «1 », provenant de terres de prairies artificielles à Bourg-Saint-Pierre. Bien qu'ayant toutes les dimensions du Mucor hiemalis (-J-) ou ( — ), le Mucor en différai! par son gazon d'un blanc éclatant. L'ayant ensemencé sur le même vase de Pétri, en compagnie des Mucor (-f)et(- ) du labora- toire, je pus constater l'apparition de zygotes entre le Mucor numéro « 1 » et le Mucor hiemalis (-}-). Je pouvais donc conclure qu'il s'agissait de la race opposée ( — ); mais comme elle persistait à se présenter sous son aspect blanchâtre, j'en ai fait une variété que j'ai désignée sous le nom de Mucor .hiemalis ( — ) var. albus. Comparé au Mucor hiemalis ( — ) du laboratoire sur moût agarisé, la variété albus s'est montrée plus vigoureuse, restant d'un blanc éclatant, même après dix jours de culture. Quant aux autres caractères, ils sont semblables à ceux du Mucor hiemalis, car sur moût liquide ils ne produisent pas de fermen- tation. Les gemmes et oïdiospores sont très nombreuses. Le Mucor hiemalis & déjà ètêle sujet de plusieurs études physiologiques exécutées à l'Institut botanique de Genève. Tout d'abord, Mademoiselle Koni'ATCiiEWSKA 1 a réussi à mettre en évidence, en les cultivant dans des milieux appropriés, l'hétérogamie chimique et physiologique des deux formes sexuées du Mucor hiemalis. Elle put démontrer que certaines substances étaient absorbées plus facilement parle sexe(-f), d'autres par le sexe (— ). Par exemple, Mucor hiemalis (-f-) est plus vigoureux que Mucor hiemalis ( — ) sur liquide de Paulin avec maltose; le contraire se manifeste si l'on remplace ce sucre par du saccharose. Quelques années plus tard, Madame Breslauer1, entreprenant une étude analogue, réussit même à démontrer que, cultivé sur saccharose, le Mucor hiemalis (•{-) sécrétait de la sucrase, tandis que Mucor hiemalis ( — ) n'en produisait point, établissant d'une façon plus nette la différence d'appétence des deux sexes pour un même hydrate de carbone. Etant en présence d'un Mucor quelque peu différent des deux sexes (-f-) et ( — ), j'ai comparé ces trois races en les cultivant sur le milieu de Raulin neutre, dans lequel j'ai fait varier les hydrates de carbone. J'ai procédé, comme dans les deux travaux précédents, en utilisant chaque fois des solutions de 2°/o des divers sucres, puis, après m'être 1 Korpatschewska, J. Sur le dimorphisme physiologique de quelques Mucorinées hétérothalliques, Bulletin Je la Société botanique de Genève, 2e série, I (1909), 317-352. bulletin iik la société botanique DR Genève, 5 6-7-8-9, parus le 8 mai 1919. 8 366 l'.l'LLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (5) assuré au microscope de la répartition égale des spores dans un même volume d'eau, j'ai ensemencé dans chaque milieu, le même nombre de gouttes, à l'aide d'une pipette stérilisée. Enfin, après un mois de culture à la température de 22°, j'ai pesé la récolte. Pour cela, j'ai versé la culture sur un filtre taré ; après lavages, j'ai desséché la récolte à l'étuve, puis à l'exsiccateur, jusqu'à poids constant. Les résultats sont réunis dans le tableau suivant : Cultures dans le liquide de Raulin en présence de divers sucres à 22" Milieux Mucor hiemalis (+) Mucor hiemalis (— ) Mucor hiemalis (— ) var. albus Raulin neutre Glucose 2°/0 Mycélium abondant Mycélium moins abondant Mycélium plus vi- goureux que Mucor hiemalis ( — ) mais moins que (+) Poids de la récolte 0,175 grammes 0,128 grammes 0,157 grammes Raulin neutre Saccharose 2 °/0 Mycélium très abondant Mycélium très a' ondant Mycélium plus vi- goureux que ( — ) et moins abondant que (+) (intermédiaire) Poids de la récolte 0.144 grammes 0,102 grammes 0,104 grammes Raulin neutre Maltose 2°/0 Mycélium très'abondant maximum de déve- loppement sporanges Mycélium seul faible Mycélium seul plus abondant que (— ) Poids de la récolte 0,070 grammes 0,010 grammes 0,041 grammes Raulin neutre Lactose 2> Mycélium seul abondant Dèveloppem Mycélium très fai- blement développé ent faible dans les t Mycélium très faible également rois cultures Poids de la récolte 0,008 grammes 0,001 grammes 0,006 grammes Un examen attentif de ce tableau nous montre que, tandis que sur les milieux qui lui sont favorables, tels que glucose et saccharose, Mucor hiemalis var. albus donne une culture de vigueur moyenne entre (-}-) et ( — ), il n'en est plus de même si le milieu ne convient pas également aux deux sexes. Quant au poids de la récolte, il est intermédiaire pour la variété albus sur glucose, tandis que sur saccharose il se rapproche de celui du type. Les recherches de Madame Breslaueb1 nous ayant appris que seul Mucor hiemalis (-}-) sécrétait de la sucrase, nos expériences viennent confirmer ce résultat. Sur maltose, la différence est très marquée. Mucor hiemalis (-}-) se développe bien, tandis que Mucor 1 Breslauer, A. A propos du dimorphisme sexué des Mucorinées, Bulletin de la Société botanique de Genève, IV (1912), 228-237. (6) A. LENDNER. LES MUCÔRINEES GEOPH4LES 367 hiemdlis ( — ) et sa variété albus croissent faiblement. Enfin, sur lactose, Mucor hiemalis (-f) S('u' se développe abondamment. Ce sucre ne con- vient pas au sexe ( — ) et cependant la variété albus donne un poids de culture se rapprochant de celui de Mucor hiemdlis (-|-). il résilie donc de ces premières expériences que l'on peut bien considérer Mucor hiemalis (—) var. albus comme différent du type par ses appétences vis-à-vis des divers milieux sucrés. Dans le but d'obtenir des différences morphologiques plus marquées, j'ai cultivé les trois formes sur divers milieux solides, que je pensais être plus favorables. J'ensemençai, en même temps, sur des milieux semblables, soit les deux sexes du Mucor hiemalis, soit Mucor hiemalis (-J-) et Mucor hiemalis ( — ) var. albus. Les cultures furent mises dans deux étuves, l'une chauffée à 23°, l'autre à 35° pendant un mois. Les résultats sont consignés dans les deux tableaux suivants : Cultures sur divers milieux solides à 23" Milieux Mucor hiemalis (+) Mucor hiemalis (— ) Mucor hiemalis (— ) var. albus Mucor (— ) var. albus (+) Mucor (+) Mucor hiemalis (-J-) et (-) Raulin neutre Riz Bien développé Gazon jaune clair liant. 3,5 cm. Plus faible- ment développé Gazon jaune plus clair Haut. 3 cm. Bien développé Gazon blanc Haut. '2,5 cm. Var. albus plus blanc 3 cm. de haut. Mucor hiemalis (-{-) jaune 2 cm. de haut. Zygotes abondantes (+) jaune (— ) jaune pâle Haut. 3 cm. Zygotes abondantes Raulin neutre Riz-Peptone 1> Bien développé Gazon gris Haut. 4,5 cm. Bien développé Gazon gris Haut. 4 cm. Bien développé Gazon blanc Haut. 4 cm. Le milieu convient également aux trois Var. albus = blanc Mucor hiemalis (-)-) = jaune Haut. 4 cm. Zygotes abondantes (+) = jaune (— ) = grisâtre Haut. 4 cm. Zygotes abondantes Raulin neutre Agar-Peptone Bien développé Gazon jaune d'or Haut. 2 cm. Moins développé Gazon blanchâtre Haut. '/: cm. Bien développé Gazon blanc Haut. 1,5 cm. Très grandes différences entre les trois cultures Var. albus = blanc Mucor hiemalis (-)-) = grise Différences 1res accentuées Zygotes plus rares (+) = jaune ( ) = plus clair Zygotes fréquentes Raulin neutre Agar-Peptone 1% Maltose 20/0 Faible développe- ment Gazon blanc Haut. 0,5 cm. Encore phjs faible léger voile Haut, pas appréciable Mieux développé que Mucor (+) Gazon blanc Haut. 3 mm. Faible développe- ment Zygotes nombreuses Faible développe- ment .Zygotes nombreuses 3<>8 Ul'LLETHV DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE I) Cultures sur divers milieux solides à 35 Milieux Raulin neutre Riz Raulin neutre Riz-Peptone Raulin neutre Agar-Peptone Raulin neutre Agar-Peptone Maltose Mucor hiemalis (+) Faible déve- loppement Culture jaune Sporanges rares Haut. 2,5 cm. Gazon court jaune d'or Haut. 2,5 cm. Mucor hiemalis (— ) Développe- ment plus fort (lue Mucor (+) Culture jaune clair Sporanges nombreux Haut. 2 cm. Gazon court blanc crème Haut. 2 cm. Mucor hiemalis (— ) var. albus Comme le précédent mais culture blanche Sporanges nombreux Haut. 2,5 cm. Gazon court blanc pur Haut. 2,5 cm. Mycélium rampant jaune puis gazon jaune Haut. 1 cm. Mycélium rampant très faible Mycélium rampant puis gazon plus clair Haut. 2 mm. Mycélium formé de filaments rampants très clairsemés Mycélium rampant puis gazon blanc Haut. 0,5 cm. Mycélium comme (-+-) donc plus fort que le type ( — ' Mucor (— ) var. albus et Mucor (+) Var. albus = blanche Mucor hiemalis (-\-) = jaune Zygotes très rares Var. albus = blanche Mucor hiemalis (+) = jaune Zygotes rares Mucor hiemalis (+) et (-) Mucor hiemalis (-\-) — jaune Gazon bas Mucor hiemalis (-J-) = jaune pâle Gazon plus élevé Zygotes rares (+j = jaune (— ) = blanc crème Zvgotes rares Var. albus = blanche Mucor hiemalis (+) = jaune Haut, o mm. Zygotes très rares l'eu de diffé- rences entre les deux cultures Pas de zygotes (+) = gazon jaune (— ) = plus clair Haut. 3 mm. Pas de zygotes (+) gazon rampant (— ) filaments rares Pas de zygotes Considérons tout d'abord les cultures faites à la température de 23". Dans Ions les milieux, la différence morphologique est plus ou moins marquée. Mucor hiemalis (-J-) est toujours plus jaune que (■*—). Sur Raulin neutre 4- riz, le milieu et la température étant favorables, la différence est moins accentuée; elle consiste surtout dans une hauteur variable du gazon. Il est à remarquer que Mucor hiemalis(—) var. albus est le moins élevé de tous. Sur Raulin-riz-peptone, milieu le plus favorable au développement des trois variétés, le Mucor (+) peut atteindre le maximum de quatre centimètres et demi de hauteur. Les zygospores se forment également en abondance si l'on ensemence, en regard de Mucor hiemalis (+), le type (— ) ou sa variété albus. Le Raulin neutre agarisé et peptonisé est déjà moins favorable qu'un substratum amylacé; C'est sur ce milieu que l'on constate une très grande différence dans les cultures. Tandis que Mucor (-L) donne un (8) A. LENDNER. LES MUCORINÉES GÉOPHILES 369 gazon jaune d'or qui atteint deux centimètres, celui de Muéor ( — ) est plus blanchâtre et a à peine mi demi centimètre. Mucor ftiemalis (.— ) var. «Zèws se révèle de nouveau comme intermédiaire et se caractérise nettement par son gazon d'un blanc éclatant. On peut, eu outre, distin- guer une affinité sexuelle plus faible entre Mucor (-f) et Mucor ( — ) var. «M>ms, car les zygospores y sont plus rares que dans la culture des deux types. En ce qui concerne les cultures sur Raulin neutre -|- peptone + inaltose, j'ai été fort étonné de voir que, bien qu'en milieux liquides, ce disaccharide s'est montré très favorable au développement, au moins en ce qui concerne la race (+), l'adjonction de ce sucre en milieu solide, eu présence de peptone, donne un substratum très insuffisant. Si la hauteur du gazon atteint encore un demi centimètre pour Mucor (-f-), au contraire, Mucor (— ) reste très faiblement développé, même après un mois de culture. Mucor (—) var. albus se comporte d'une façon intermédiaire. Malgré ce faible développement, les zygospores ont pu se former. Dans les cultures soumises à la température de 35", nous observons partout, en général, un faible développement, mais la différence de couleur entre Mucor ( -f- ) jaune d'or, Mucor (— ) jaune pâle et Mucor (— ) var. albus, est beaucoup plus nette. L'élévation de températutre a accentué encore la défectuosité du milieu. Les conditions sont plus défavorables pour le sexe (— ) que pour le sexe (-|-); les affinités sexuelles diminuent aussi dans les mêmes proportions. Sur Raulin -f riz et Raulin -f- riz + peptone, les zygospores se forment, bien qu'elles y soient rares. Elles deviennent très rares sur Raulin -[ agar -f- peptone et n'apparaissent plus sur le milieu de Raulin -\- agar -f peptone -f inaltose, qui s'est montré déjà à 23° le plus défa- vorable. La coloration jaune, signalée dans les cultures du Mucor (-f-), est due à de l'huile. Lorsqu'il se forme des zygospores, on remarque une différence de grandeur entre les deux suspenseurs. L'un, plus gros, est gorgé d'une huile jaune, tandis que l'autre, plus petit, est incolore. Cette hétérogamie, signalée dans mon travail sur les Mucorinées de la Suisse, se confirme donc; le sexe (-f-), plus vigoureux et jaune, peut donc bien être considéré comme femelle. Un caractère frappant du Mucor hiemalis, est son hétérosporie très marquée; aussi me suis-jc demandé si elle était la même chez lesdeux sexes. Eu faisant, à la chambre claire, le dessin de toutes les spores 370 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (9) rencontrées dans le champ du microscope, on constate déjà une diffé- rence. Chez Mucor (\-) les spores sont plus régulières; chez Mucor ( — ) Longueur des spores. 3 4 5 6 7 8 Fie:. 1. — 10 il 12 15 14 tS 16 17 Mucor hiemalis + Mucor hiemalis — Mucor hiemalis — var. albvs on trouve, à côté des spores de grandeur moyenne, de plus petites et de plus grandes (spores géantes). Ces dernières sont plus nombreuses que chez Mucor (-f-). (10) A. LENDNER. LES MUCÔRINÉES GÉOPHILES 371 Néanmoins, cette différence ne ressort pas d'une description telle qu'elle se fait habituellement. Il en est tout autrement si Ton procède par la méthode biométrïque. Cette méthode a été utilisée, pour ce qui est des champignons, par M. Ed. Fischer et ses élèves, qui ont pu en tirer parti dans la distinction des espèces biologiques1. J'ai dessiné, à la chambre claire, et mesuré plus de cinq cents spores dans chaque sexe (+) et (— ). Je n'ai tenu compte que de la longueur, bien que les caractères de longueur et de largeur ne soient pas forcé- ment en corrélation. On remarque, en effet, à côté de spores trapues, d'autres plus allongées, ovales, plans-convexes. Cette étude biomé- trique donne des résultats très précieux, permettant de distinguer plus nettement les deux races (+) et (— '). En effet, tandis que pour Mucor hiemalis (+) le mode est sur 7 pu il se trouve sur 5 p chez Mucoi hicmalis (— ). En faisant la même étude des spores du Mucor hiemalis (_) var. an,us, on trouve quelle mode tombe aussi sur 5 p, bien que le polygone de variation conserve une allure particulière (voir fig. 1). Il en résulte qu'au premier abord, il semble difficile de distinguer le sexe (_j_) du sexe (— ), lorsqu'il se présente dans la nature; le procédé peut rendre de précieux services dans la détermination des races et même des espèces, car on pourrait souvent l'appliquer avec fruit dans la détermination, parfois si délicate, des espèces du genre Mucor. Plus récemment, j'eus à examiner parmi les cultures de Mademoiselle Jauch, un Mucor trouvé dans la toundra qui, par ses caractères mor- phologiques, répondait aussi au Mucor hiemalis. Ensemencé sur du moût agarisé, dans un même vase de Pétri en compagnie des Mucor (_|_) et (— ) du laboratoire, il forma des zygospores cette fois du côté (_)5 de sorte que je me trouvai en présence d'un sexe opposé (-}-). Cependant, ce Mucor, que je désignerai sous le nom de Mucor hiemalis (_[_) var. toundrœ, ne possède pas les mêmes affinités que le type, vis- à-vis de la variété albus. Les deux variétés, mises en présence, ne for- mèrent des zygospores que sur un milieu amylacé tel que le riz, tandis qu'ils ne réagirent pas du tout sur moût agarisé. Une nouvelle comparaison entre ces quatre variétés s'imposait. Pour cela, je choisis un milieu se rapprochant davantage de celui que ces champignons devaient rencontrer dans la nature. Dans une première série d'expériences, j'ai fait une infusion de 750 1 Gina. J. Centralblatt fur Bakteriologie, 2. Abt., XLIV (1915), 653; Gaùmann, E. Id. 2. Abt, XLV (1916), 576; Hasler, A. Id., 2. Abt. XLVIII (1918), 263; Fischer, Ed. Actes de la Société helvétique des Sciences Naturelles, Zurich 1917, 224. 372 BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE Cil) grammes de tourbe dans 1500 grammes d'eau maintenue, pendant une heure, à 80°. En pressant, j'obtins un liquide légèrement acide, que Longueur des spores Fig. 2. W 11 12 13 K 15 le 17 = Mucor hiemalis + var. toundrœ impur. ----- = Cultures A et B, obtenues à partir d'une seule spore. —.—.—. = Cultures C et D, obtenues à partir d'une seule spore. je neutralisai exactement. J'ai l'ait quatre parts : une première sans peptone -j- agar; la deuxième avec 0,4 °/° de peptone -f-agar; la troi- sième avec 0,3 °/°; la quatrième avec 0,5 °/o de peptone -f agar. M 2) A. LENDNER. LES MUCORINÉES GÉOPH1LES 373 Dans toutes ces cultures, les deux nouvelles variélés, var. albus (—) et var. toundra- (-f), n'ont pas réagi. Il s'est formé cependant des zygospores entre Mucor hiemalis (+ ) et (— ) du laboratoire, puis entre Mucor var. albus (— ) et Mucor (+) du laboratoire; enfin, entre Mucor var. toundra (-J ) et J/ww hiemalis (-) du laboratoire. Dans une autre série d'expériences, j'ai mis dans la même infusion de tourbe -f- agar, des quantités croissantes (0,5 °/o, 1 °/o, 3°/o, 5°/o) d'amidon soluble, puis une même à laquelle j'ai ajouté 3°/o depeptone. Les résultats ont été les suivants : Mucor var. albus i— ) et Mucor var. toundra (-|-j n'ont jamais formé de zygospores dans aucun de ces milieux. Par contre, la variété albus (— ) réagit toujours vis-à-vis de Mucor hiemalis (-f) du laboratoire. La variété toundra (-f) »e forme des zygospores en présence du Mucor hiemalis (— ) du laboratoire, que si la quantité d'amidon soluble atteint 3 °/o ou 5 °/o. L'adjonction de peptone ne modifie en rien le résultat. Comme nos deux variétés du Mucor hiemalis ont été rencontrées, l'une dans le sol d'une prairie artificielle (fumée), l'autre dans le sol de la toundra, nous pouvons supposer que ces deux sexes, qui possèdent vis-à-vis des substances chimiques des appétences différentes, se com- portent de même dans la nature; elles s'.\ distribuent, pour ainsi dire, géograpbiquement, selon le milieu rencontré. Comme la faculté de produire des zygospores est conditionnelle, qu'elle n'a lieu, au labora- toire, que sur milieux fortement amylacés, il est à supposer que dans la nature ces organes n'ont pas beaucoup de chances de se former. Il se peut aussi que cette faculté ne pouvant pas être facilement réalisée, certaines espèces l'ont finalement perdu. C'est ainsi que l'on pourrait expliquer l'absence totale de zygospores cbez Mucor Ramannianus et d'autres. Le Mucor hiemalis var. toundra' a encore une autre particularité morphologique intéressante. En cherchant à obtenir, par la méthode statistique, la courbe de variation des spores, j'ai été fort surpris d'obtenir une courbe bimodiale (voir fig. 2). Je devais alors supposer que ma culture n'était pas pure. Je fis donc des triages à partir de la spore unique; j'obtins des cultures dans lesquelles le mode tombait sur 5 u et d'autres sur 7 //.. Toutes ces cultures se comportèrent de même vis-à-vis du Mucor hiemalis ( — ), c'est-à-dire qu'elles produisi- rent des zygospores. Ce résultat nous montre que chez les Mucorinées hétérotballiques, il peut encore y avoir des variations indépendemment de la race (-{-) et 374 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (13) (— ), dans un seul de ces sexes. Du reste, Bubgeff1 est arrivé à un résultat analogue, car il parvint à isoler du Phyeomyces nitens des var. plicans et var. piloboloides. Four compléter ce travail, j'aurais désiré, comme l'a fait Bubgeff, isoler à partir de zygospores obtenues entre Mucor hkmalis (-[-) du laboratoire et Mucor var. albus, des spores donnent de nouveau les races ancestrales. Tous les efforts tentés pour faire germer les zygospores sont restés jusqu'ici infructueux. Cela tient certainement au fait que ces dernières n'ont pas encore atteint un temps de repos suffisant. Bubgeff, qui a étudié ces conditions de germination pour les zygo- spores du Phyeomyceè nitens, a trouvé que ce laps de temps est de cinq à six mois; que la lumière et l'oxygène étaient aussi des condi- tions favorables. Mes cultures n'étant pas encore suffisamment âgées, je compte reprendre cette dernière parti© du travail. Mucob Jaucile n. sp. Ce Mucor, trouvé dans la terre d'une forêt de sapins, est un Racemo- mucor rappelant au premier abord les Mucor genevensis et Mucor erectus. Il en diffère cependant sensiblement par toute une série de carac- tères. S'il rappelle la première espèce par ses columelles ovales à diamètre parfois plus large que long, il n'en possède pas les spores plan-convexes ni les zygospores. Ces derniers organes se forment, par contre, très facilement chez le Mucor genevensis. Il diffère aussi du Mucor erectus, dont les sporanges sont plus gros et les spores de dimensions très inégales. Cultivé sur bouillon agarisé, le champignon a produit un gazon blanc grisâtre haut de trois à quatre centimètres. Les sporangiophores peu ramifiés mesurent 10 à 14^ de largeur. Les sporanges ronds ont 42 à 50^ de diamètre, mais on peut en rencontrer qui mesurent exceptionnellement 70 à 78 p.. La membrane est diftluente, car il ne reste autour de la columelle qu'une très petite collerette. Les columelles variables de formes et de grandeurs sont tantôt rondes, tantôt ovales, souvent plus larges que hautes, légèrement teintées de bleu grisâtre. Elles mesurent 25 y, de diamètre ou 25 ju de large sur 20 p. de haut ou bien encore ovales et 1 Burgeff, H. Untersuchungen iiber Variabilitât, Sexualitât und Erhlichkeit bei Phyeomyces nitens Kuntze Flora Neue Folge, 7 (1914) et 8 (1915). (14) A. LENDNUfi. LES MUCORIINÉES (lÉOPIULES 375 normales, 36 u. de large sur 44 p de hauteur. J'en ai même rencontré de panduriformes, présentant une éclianermv tout près de l'insertion du sporangiophore. Les spores ovales, assez régulières, sont presque arrondies; elles ont 5 p de long sur 4 p (au maximum 7 p de long sur 5 p de largeur). Cultivée sur du pain stérilisé, la Mucorinée s'est très bien développée; el'e a formé, au contact du substratum, des cblamydospores rondes ou ovales, mesurant 16^ de diamètre (ou 12// sur 16 p) et portées sur un filament grêle (fig. 3). Dans le moût liquide, le champignon n'a pas produit de fermentation ; les filaments mycéliens grêles (12//), très réfringents, se ramifient et portent, «à leur extrémité, tantôt deux ou trois, tantôt une seule oïdiospore. Sur moût agarisé, les oïdiospores ne se forment que rarement, mais par contre, les cblamydospores y sont très nombreuses. Fig'. 3. — Mucor Jauchae n. sp. Sporanges, cuhunelles, spores. A gauche une chlamydospore sur un filament grêle. Diagnose. -- Hypbae sporangiferse parce ramosse, 3-4 cm. altse, 10-14 p latae. Sporangia globosa, 42-50 p diam. (70-78 p max.), in aqua dissilientia. Columella sphserica25 //diam. vel ellipsoidea(36X 44 p), vel 25 p lata X 20 p longa. Sporse ovales 4 // latse — 5 p longa? (5X7// max.). Cblamydosporœ ellipsoidese 12 X 16 p vel sphgerica' 16 p diam. Zygosporse incognito. Hab. : In solo abietineti pr. Bourg Saint-Pierre (Vallesia;). 37C) BULLETIN DK LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK GENÈVE (15) MUCOR VALLES1ACUS 11. Sp. Cette espèce, rencontrée dans le sol d'un pâturage naturel, a formé sur pain un gazon blanc grisâtre, pouvant s'élever jusqu'à six centi- mètres dans des cultures d'un mois. Sur moût agarisé, le gazon est plus court (un centimètre), gris souris. Cultivé dans le moût liquide, il fermente assez fortement au bout de cinq jours. Il y produit alors de longues chaînettes d'oïdiospores ou même des gemmes en levures. Les filaments immergés qui les portent sont souvent munis de renflements. Les oïdiospores sont aussi très fréquentes sur moût agarisé; par contre, les chlamydospores y sont plus rares. Le sporàngiophore, faiblement ramifié, mesure 16 u. de largeur mais il est plus aminci près de l'inser- tion du sporange, où la largeur n'est plus guère que de 12 a. Le sporange, grisbrun foncé, mesure 70 à 80 p. de diamètre (84- u. au maximum). Les columelles rondes ont 20-40 p. de diamètre ou ovales, 50 sur 40m; elles sont légèrement teintées de gris bleuâtre. La mem- brane, qui est diflluente, ne persiste que sous forme d'une très faible collerette. Les spores, très inégales de formes et de grandeurs, généralement ovales ou plan-convexe, mesurent en moyenne 6-7^ de long sur X p. de large. Mais on rencontre de plus petites, 4 x2,5a, ou de très grandes (14 j« au maximum). Par l'inégalité de formes de ses spores, ce Mucor rappelle le Mucor hiemalis ; cependant, mis en présence de cette espèce, il n'a jamais produit de zygospores. Diagnose. — Hyplme sporangiferae parce ramosae 6 cm. altae, 16 ^ latse, apice attenuatœ 12« latae. Sporangia globosa 70-80 u diam. (8-4 « max.), in aqua dissilientia. Coluinella sphaerica, griseo-cyanea vel l'uli- ginea, 20-40/* diam., vel ovoidea 50 X -10 u. Sporae ovales syepe plano-gibbosœ 6-7 u. longa?, 4 p. latae (vel 4x2,5^, vel U u. max.) oidiosporœ fréquentes, chlamydosporae rariores. Zygosporœ incognitae. Hab. : In solo pascuorum alpinorum supra Bourg-Saint-Pierre. NÉCROLOGIE AUGUSTE SCHMIDELY (26 janvier 1838-28 octobre 1918) SOU YEN 1RS PERSON NELS par Auguste GUINET C'est au commencement de la période décennale de 1870 à 1880 que je fis la connaissance de notre regretté collègue Auguste Schmidely et, pendant plusieurs années consécutives, nous eûmes des relations très suivies sous la forme d'herborisations dans nos environs. Elles eurent pour but l'exploration de la plaine du Léman, du Mont Salève, du Vuacbe et du Haut Jura. Les Voirons ne furent visités qu'après la construction des voies ferrées de la Haute-Savoie. De la plaine, je n'ai retenu que le souvenir de la récolte du Pottntilla albo- fragariastrum au bois de Ray et de la recherche des Saules le long des cours d'eau, particulièrement de l'Arve. Ce fut le Salève qui attira et retint le plus longtemps notre attention : nous en explorâmes les pentes du versant nord-ouest ainsi que le sommet, mais nous ne connûmes guère du versant sud-est que le Petit et une partie du Grand Salève. Une seule fois, nous franchîmes les Usses pour récolter le Cyclamen neapolitanum aux environs d'AUon- y.ier. Les espèces à station unique ou restreinte telles que Atmgene alpina, Dentaria pinnata X digitaia, Viola mirabilis y^sUvattca, Serra- tula nudicaulis, les Hjeracia et surtout In helle série du genre Rosa firent l'objet de nos recherches. Il est à remarquer que, dès son début, Schmidely s'attaqua aux genres critiques : Rosa, Hïerâcium, Ment ha, Salix, puis, plus lard, AlcKimilla sous l'influence de M. le D1' R. Buser, conservateur de l'Her- bier de Candolle. Pour le genre Rosa particulièrement, de nombreuses herborisations furent entreprises pour les récolter en fleurs et en fruits, et la connaissance que Schmidely en avait acquise lui permit de décrire dans ce genre des espèces et variétés nouvelles. C'était, d'ail- 378 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) leurs, une excellente préparation pour entreprendre plus tard l'élabo- ration du genre critique entre tous, je veux parler du genre Ilubus, pur l'étude duquel Sciimidelv couronna sa carrière et auquel son nom icstera attaché. La belle flore vernale du Vuache nous était devenue familière et nous retrouvâmes la station du Bulbocodium vemum découverte par M. Emile Tiiubv. Nos excursions dans le Haut Jura consistèrent à explorer la région qui s'étend de la Dole au Crédoz. Nous visitâmes surtout le Keculet où nous étions attirés par la riche végétation du vallon d'xVrde- rens, bien délaissé aujourd'hui ; nous y récoltions LigusHcum ferula- ceum, Allium viclorialis, etc., et nous ne manquions pas, pour le retour, de passer par le creux de IVanciaux qui héberge une belle colonie de Cephalaria alpina. Un jour, Sciimidelv franchissant la crête près de la montagne de Saint-Jean, descendit seul le long des pentes très raides du versant nord-ouest et revint après un temps qui me parut mortelle- ment long, porteur d'une provision iVEri/tif/ium alpinum. Cette belle espèce paraît localisée çà et là dans la région alpine du Haut Jura, aux Colombiers, par exemple. Sciimidelv lit en outre des excursions dans le Bas et le Haut Valais; je l'accompagnai au Grand Saint-Bernard, en 1877, Déséglise partici- pait à la course, et en 1890, au Grammont, puis dans les Alpes de la Haute-Savoie; nous visitâmes ensemble le Billiat, en 1882, ensuite le Môle et, en 1893, deux herborisations nous amenèrent aux chalets de Flaine, dans les Alpes lémaniennes: la première consista à remonter la Combe de Véret et à descendre sur la vallée du Giflïe; la deuxième, en compagnie de M. le D1' Buser, se borna à explorer le lapié de la Plaine Joux à la recherche des Alchemilles alpines. Pendant toute la période de nos herborisations en commun, Sciimi- dely en avait la direction et arrêtait les itinéraires; excellent marcheur, ayant le pied sûr et la tète solide, il ne craignait pas à l'occasion de s'exposer quand il s'agissait de récolter une espèce difficile à atteindre. Sous l'influence de quel mobile ces berborisations étaient-elles entreprises à cette époque? Je dois avouer que la floristique pure en était l'objectif; c'était aussi un sport, la chasse à l'espèce rare; les questions d'origine, l'influence que peuvent avoir sur la dispersion les différents facteurs écologiques nous étaient étrangères. Depuis, on a évolué et la génération qui nous suit a fourni des représentants auto- risés auxquels nous sommes reconnaissants d'avoir agrandi notre horizon. (3) A. GUINET. AUGUSTE SCJIMIDELY 879 Comme membre de la Société, Sciimidely en faisait partie depuis l'époque où le groupe des cinq : Lemaitre, Penard, Privât, Romieux et Tschumi, désireux d'élargir les bases de leur association, convoqua en 1875 les botanistes d'alors à une assemblée d'où sortit notre Société actuelle. Il lit partie du Comité pendant quelques années en qualité d'archiviste et tant que ses forces le lui permirent, il compta parmi les membres les plus zélés et les plus assidus aux séances, à l'intérêt des- quelles il participa par de nombreuses communications. Je donne ci-dessous la liste de ses publications : 1. Quatre nouvelles formes de Rosiers, Bulletin de la Société bota- nique de Genève, I, 1879, p. 21. Simple résumé; les descriptions ont paru dans le Bulletin de la Société botanique de Lyon. 2. Note sur le Sali.r Bapini Et. Ayasse, ibid.. lit, 1884, p. 68-74. 3. Note sur deux formes hybrides du Verbascum LychnitisX nigrum, ibid., III, 1884, p. 75-76. 4. A propos de quelques plantes d'origine étrangère, ibid., III, 1884, p. 77-78. 5. Note sur le Hubus rigidulus, ibid., III, 1884, p. 79-81. 6. Annotations au Catalogue des plantes vasculaires des environs de Genève de G. -H. Reuter, ibid., III, 1884, p. 82-155. 7. Association pour la protection des plantes, ibid., III, 1884, p. 156-159. 8. Catalogue raisonné des Ronces des environs de Genève, ibid., IV, 1888, p. 1-237. 9. Une nouvelle Rose hybride, ibid., VII, 1894, p. 147-152. 10. Notes sur le Dentaria digitata X pinnata, ibid., VII, 1894, p. 153-157. 11. Notes floristiques, ibid., VIII, 1897, p. 46-53. 12. Notes floristiques, ibid., IX, 1899, p. 132-136. * 13. Herborisations batologïques en 1902, Bulletin de l'Herbier Bois- sier, 2ll,e série, 1903, n° 1, p. 76-80. 14. Quelques Bubi de la Haute-Savoie, ibid., 1904, n° I, p. 94-96. 15. Les Ronces du bassin du Léman, Annuaire du Conserv. et tard. bot. Gen., 15 et 16"'us années, 1911-1913, p. 1-143. Polymorphisme des feuilles du Lierre commun au Portugal par François PELLEGRIN Docteur es sciences Attaché au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris (Communiqué à la séance du i3 octobre igij) Une série d'échantillons de Lierre commun, Hedera Hélix L., récoltés par M. I*1 professeur Chodaï et ses élèves pendant plusieurs voyages au Portugal septentrional (Porto, Vallongo) et central (Bussaco, Coïmbra, Naz. Aleobaca, Telha, Montserrat, Cintra, Jardin de Lisbonne, Cascaes et Serra d'Ossa) présente un polymorphisme remarquable dans la forme et le nombre des lobes du limbe foliaire. Les poils étoiles des feuilles permettent de faire deux lots de ces échantillons : les uns ont des poils identiques à ceux cpie Tobler {Die Gattung Hedera, Iéna, 1912, p. 51) décrit pour VHedera canariensis Willilcnow ; les autres, des poils plus profondément découpés et à branches de l'étoile moins nombreuses, que ce même auteur (Tobler, loc. cit., p. 45) attribue à VHedera Hélix L. (cfr. fig. 1 et 11 du dessin). Pourtant, les quelques rares infrutescences dont je disposais semblaient indiquer que cette population appartenait tout entière à l'espèce Hedera Hélix. Etions-nous en présence d'une ou plusieurs espèces ou races? Pour m'en rendre compte, j'ai appliqué les méthodes statistiques de la biométrie à 1216 feuilles de rameaux non fertiles se répartissant en 750 feuilles ayant des poils iïHedera canariensis et 466 ayant des poils de VHedera Hélix. Cinq à six feuilles, sur ce total, manifestement déformées par traumalismes pendant leur développement, ont été volontairement laissées de côté dans ces statistiques. Les résultats obtenus pour cette population sont les suivants : lu2) P. PELLEGRIN. POLYMORPHISME DES FEUILLES DU LIERRE :J>X I bulletin dk la société botanique de GHNÈvE, 5-6-7-8-9, parus le 8 mai 1919. 9 382 BULLETIN I>K LA SOCIETE BOTANIQUE DE GENEVE (3) I. Feuilles ayant les poils de YHedera canàriensw Variantes : Feuilles : Fréquences (pour 100 feuilles) entières 22.5 3 lobées 34.6 5 lobées 37.7 7 lobées 2.4 înulti- lobées 2.6 II. Feuilles ayant les poils de YHedera Hélix Variantes : Feuilles : Fréquences (pour 100 feuilles) entières 30.6 3 lobées 28.9 D looees 36.2 7 lobées 2.5 niulti- lobées 1.5 Si l'on établit les courbes de ces deux séries de valeur, on voit qu'elles ont même allure et même mode. Leur superposition donne : Variantes : Feuilles : Fréquences (pour 100 feuilles) entières 26.5 3 lobées 31.7 5 lobées 36.9 7 lobées 2.4 multi- lobées J'ai voulu constater en outre s'il y avait relation entre la grandeur des limbes et leur l'orme. Mesurant les limbes dont ta hauteur dépasse huit centimètres, j'ai obtenu les nombres suivants : Variantes : Feuilles : entières 3 lobées 5 lobées 7 lobées inulti- lobécs Fréquences (pour 100 feuilles) — — — — — j Feuilles à poils de lledera 5.3 1.3 14.2 2.9 26.8 16.5 50 25 ! 70 28.5 Feuilles à poils de Hedera Hélix Résultats pour les deux séries mélangées 3 3 8.5 21.6 37.5 49.2 Nombres qui nous permettent d'établir des courbes particulièrement régulières. Conclusions: Malgré le polymorphisme frappant des feuilles, nous nous trouvons en présence d'un matériel homogène. Le caractère des poils qui rapproche une partie de cette population de YHedera caria- riensis doit être laissé de côté. Nous avons affaire à une seule espèce. ■YHedera Hélix L. En outre, on peut remarquer que chez ce Lierre les feuilbs sont en moyenne crantant plus grandes qu'elles oïd un nombre plus élevé de lobes. Quelques remarques sur les Dioscoréacées du Paraguay par François PELLEGRIN Docteur es sciences Attaché au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris (Communiqué en séance du lojam i<)ij) Sur l'instigation de M. le Professeur Chodàï, j'ai entrepris une courte révision des Dioscoréacées du Paraguay. Le travail m'a été grandement facilité par son amabilité et ses précieux conseils, car M. Cuodat a lui-même parcouru ce pays, comme on le sait, et acquis une compétence toute particulière au sujet de cette flore. J'ai plaisir aussi à remercier M. Briquet, directeur du Muséum municipal botanique, MM. Bèàuverd et Hàssler qui mirent à notre disposition les riches collections des herbiers Barbey-Boissier, Delessert, Hassler et dont l'inlassable complaisance à mon égard n'a jamais l'ait défaut. J'ai pu mettre ainsi ;'i profit des matériaux d'étude beaucoup plus complets que ceux dont on disposait jusqu'alors, ce qui me permit de rapprocher certaines espèces que l'insuffisance des échantillons avait fait séparer et de compléter certaines diagriôses. Mon travail touchait à sa lin, lorsque j'eus connaissance de la note de M. R. Knuth (Dioscoreaceœ américaine nova-, in Nofizblatl Ed., Vil, 1911, p. 1 Xr> ) à qui avait été communiqué une partie du matériel que j'ai moi-même étudié de mon côté. Il confirmait, en général, ma 1 Nous désignons par les abréviations suivantes les différentes régions géogra- phiques du Paraguay: P. N. Paraguay Nord: P. N. E. Paraguay Nord-Est; P.C. Paraguay Centre: P. S. E. Paraguay Sud-Est. 384 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) manière de voir, l'infirmait dans. quelques cas. Il m'a paru intéressant de publier ces quelques divergences d'opinions et de citer toutes les espèces étudiées qui constituent une monographie du genre pour le Paraguay. Sous-genre : Helmia Ailes des graines elliptiques, la graine occupe l'un des foyers. Section Damatostemon Grisb. Dioscoreà adenoearpa Mart. ex Grisb., in Mart. FI. Bras., III, 1, 29. P. N.1. Fiebrig, n° 702; 4090; 5322 b, ; Hassler, n° 8523, Apa. — P.C., Bàlansa, n° 3037, Cerro San Tomas, près Paraguari; 3038, Yaguaron; Hassler, n° 3739. — P.S.E., Fiebrig, n°6353, Alto Parana; Missiones, Parow, nos 78, 79 (ann. 1904). Remarques: 1. J'ai rapporté à cette espèce le numéro 5322b de Fiebrtg qui avait été attribué au Dioscoreà campestris Grisb. car l'échantillon, une extrémité de rameau seulement, à feuilles très réduites et rares, est tout à fait identique aux rameaux de même Age du Diosco- reà adenoearpa. Je n'ai rien trouvé de distinct dans la fleur. 2. 11 faut, dans la diaghose de ['adenoearpa, préciser la description des graines. Elles sont dites dans la Flore de Martius : « Semina com- planata, angulo centrali inserta, superposiia, subrotunda, ala vix 1 cm. cincta». Or, si cela est vrai pour la graine inférieure, dans chaque loge et c'est elle qui a été figurée dans la Flore de Martius, cela est faux pour- la graine supérieure dont l'aile elliptique se prolonge vers le bas de quatre millimètres, vers le haut d'un millimètre, la graine elle-même ayant en diamètre trois à quatre millimètres. Section Sphaerantha Uline Dioscoreà midtifiora Mart. mss. Grisb, in Mart., loc. cit., III, I, 35. Var. asuncionensis Uline in mss. ex Knuth, loc. cit., VII, 1917, p. 190. P. C., Asuncion, Lindmann, n° 1707 '/a (d'après M. Knuth; je n'ai pas vu cette plante). Var. concepeionis (Chod. et Hassl.) F. Pelleghin, Dioscoreà concep- donis Chod. et Hassl., in Bul. Herb. Boiss., série II, III, 1111. P. Balansa, n° 622, Cerro Lambare; Fiebrig, n° 724 a, 4106; Hassler, n° 7368, Chacoy près Concepcion. — P. C, Hassler, n° 2123, San Bernardino; n° 6861, près Chololo; Missiones A. de Liamas, n° 579, Santa Ana. (3) F. PELLÊGR1N. REMARQUES SUIS LES DIOSCOREÀCÉES 385 Remarque : J'ai cru devoir rapporter le Dioscorea concepeionis au Dioscorea multiflora, car le grand nombre d'échantillons dont je disposais m'a permis de trouver toutes les transitions entre cette forme et 'des échantillons de l'Herbier de Berlin, collecteur Sello. La description du Dioscorea concepcionis indique bien que les fdets des étamines sont un peu plus grands que les anthères au lieu de les égaler et que la capsule est «obovato-cuneata'», tandis que Kuntii (Enum. 5, 431) Ta dit pour le Dioscorea mulliflora : «subobovato elliptica>, utrinque rotundata?, perigonio persistente, coronatse...», mais ces caractères ne sont pas constants et j'ai trouvé tous les passages. Dioscorea nitidu, R. Knuth, loc. cit., VU, 1917, p. 191. P. N., Fiebrig, n° 5149, entre Apa et Aquidabam; n" 5322 b., Villa Sana (ex Herb. Delessert, non ex Herb. Hasslei-. : l'échantillon de l'Herbier Hassler est un Dioscorea adenocarpa); Hassler, n° 7833, Apa. Dioscorea sukala, R. Knuth, loc. cit., Vil, 1917, p. 192. 1». N., FiebriG, n° 4572, entre Apa et Aquidabam. Remarque : Une erreur d'impression, sans doute, a l'ait attribuer à M. R. Knuth (loc. cit., p. 192 et 195) le même nom spécifique à deux espèces différentes de Dioscorea. Nous conservons ce nom pour cette espèce du Paraguay, la première publiée, mais il est nécessaire de changer celui de l'espèce de l'Equateur (Lehmann, n° 5125). Dioscorea gouanioides (Chod. et Hassl.), R. Knuth, loc. cit., VU, 1917, p. 192 = Dioscorea multi/lora Mark var. gouanioides Chod. et Hassl., loc. cit., série II, III, 1903, 1111. P. N., Fiebrig, S. 87; Hassler, m- 8298, in silvis Apa; n» 11.010, in reg. calcaribus Apa. Section Centrostemon Griseb. Dioscorea paranensis, R. Knuth, loc. cit., VII, 1917, p. 195. P. S. E. Fiebrig, nos 5914, 6118, 6185, 6210, 6387, Alto Parana. Dioscorea pedicellata Morong(1892) (teste Hassleiî, in litt. 1918) - Dioscorea tamifolia Chod. et Hassl., loc. cit., série II, t. III, 1903, 1111. - P. N., Hassler, n° 8154, Haut Apa, n° 12002 a. Les matériaux abondants dont nous disposons maintenant, permettent de compléter la description de cette espèce. Inflorescence femelle : épi très lâche, dressé, dépassant les feuilles. Fleur femelle glabre, sessile à l'aisselle d'une bractée. Pièces du périanthe à parties libres 3-f-3 imbriquées, subégales, obtuses, arron- dies au sommet, recourbées en cuillerons, longues de 2 millimètres, larges de 0,8 à 1 millimètre, les pétales un peu plus larges que les 386 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) sépales. Etaiiiint's == 0. Ovaire infère triquètre, triloeulaire, inarqué de trois petites côtes dans chaque sillon, haut de trois millimètres; trois stigmates, sessiles, papilleux, en forme de doigts de gants diver- gents; dans chaque loge, deux ovules pendants, anatropes, épitropes, à placentation axile. Capsule haute de deux centimètres, large d'un centimètre, elliptique triquètre, à arêtes des trois angles frangés de deux petites ailes, chaque sillon marqué de trois petites ailes minces et tuyautées, restes des stigmates persistants. Deux graines par loge (non tout à fait mûres dans les échantillons ohservés) superposées, brunes, légèrement scro- biculées, elliptiques, longues de quatre millimètres, larges de deux millimètres, cunéiformes au sommet non ailé, prolongées vers le bas en une aile mince longue de 1,5 millimètre pour la graine supérieure, de 0,5 millimètre pour la graine inférieure. /Hoscorea pilcomayensis Hauinan, nom. nov. in Hauman, Dioseor. Argentin., 1916, 502. Pilcomayo, Alorong, n° 975. (Je n'ai point vu cette plante, que sa description, malheureusement trop courte, rapproche de la précédente.) Section Monadelphia Pline Uioscorea guaranitica Chod. et Hassl., loc, cit., 111, série II (1903), 1112 = Dioscorea lagoamnta Uline mss., R. Knuth, loc. cit., Bd. VII, 1917, p. 201. P. C, Balansa, n° 626 a, Assomption; Fiebbig, nos 970, 971, Ypa- caray; Hassler, n°466, San Bernardino; n"3096, Cordillera de Altos; n° 12653, Ypacaray; Rojas, n° 1231, Cordillera de Altos; Chaco : Ex hort. J. A. Doininguez, Resisiancia, 10,1,1907; Hassleb, n" 2692. Santa Elisa. Remarque : Plantes très voisines du Dioscorea funa ta Grisb. in Mart., loc. cit., III, I, 45, mais différant absolument de la description par les étamines dont Gbisebacu dit : « Filamentis tribus anthera duplo longioribus tubo insertis» et Kunth (Enum. 5, 420): «Anthera' 3 (sepalinse), fauci perigonii absque lilamento insidentes». Elles sont, dans cette espèce, soudées à un disque central pédoncule. Les anthères sont sessiles sur ce disque en forme d'entonnoir ou de coussinet qui se détache au centre de la fleur comme une toupie sur sa pointe. C'est ce qui fait placer ces plantes dans la section Monadelphia. La diagnose du Dioscorea guaranitica devra être précisée sur ce point, comme cela a été fait dans la diagnose du lagoa-santa qui est synonyme : à a Anthera? (5) F. PELLEGRIN. REMARQUES SUR LES OIOSCORÉACÉES 387 3 circadiscum centralura applanatum disposili» on substituera comme le décrit R. Knutii : «Àndrocei columna obovata vel subglobosa, 2-4 mm. alta, basi constricta, parte inferiore observe pyramidiformis, parte snperiore depresso conica; antherse 3 ad médium columna1 in se ri a1. » Yar. Balansœ Peilegrin : Plante non pas dioïque, mais monoïque. Heurs à lépales plus aigus el à trois antbères sessiles sur nue colonne Iriquètre centrale et non sur un coussinet. Ailes des graines, vers le bas plus longues que dans le type : 15 millimètres sur 5 millimètres. P.C., Balansa, ii" 024, Assomption; n° 626, Arrayos y Esteros; Hassler, n° 3002, Cordillera de Altos. Section Obsophyton Uline Dioscorea sativa L.-P. C, Hassler, n° 8535, Ht. Apa. Jeunes pousses trouvées à l'état sauvage dans la forêt. Sous-genre Eudioscorea Pax Ailes des graines circulaires, la graine occupe le centre. Section Brachystigma Uline Diosconàsïnmtaim,,¥\. Flum., X., t. 129. P., Fiebrig, ri" 760, Correos de Tobati ; P.C., Balansa, n° 624 bis, Coaguazu ; n° 3036, Yaguaron; Hassler, n° 1727, Cordillera de Altos; n° 3702, Ypacaray; n° 3958, San Bernardino; Hassler, nos 2866 et 2866 a, Grand Cbaco. Section Lychnostemon Uline Dioscorea congestiflora B. Knuth, loc. cit., p. 208. P. N., Fiebrig, n° 4691 ; n° 5323, entre Apa et Aquidabam, Villa Sana. Section Cryptantha Uline IHoHcorca ffassleriana Cbod. et Hassl., loc. cit., série II, III, 1903, p. 111t. Guarapi, Balansa, n» 4737 ; P., Fiebrig, n° 7, Correos de Tobati, et sans numéro; P. N., Fiebrig, S. 130; nos 5322 a, 5324, 5343, entre Apa et Aquidabam; Hassler, n° 8260, Ht Apa; P. C, Balansa, n" 623, racine comestible, Santa Barbara, près Villa Rica; n" 623 a, Assomption; n° 713, Villa Rica; Hassler, n° 3917, Cordillera de Altos; n" 0853, Cbololo. Remarque : 1. Les écbantillons types de l'espèce : Dioscorea Hassle- riana sont certainement identiques aux écbantillons de Balansa, nos 388 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÉ GENÈVE (6) 623 et i 737, déterininés par UliNÈ (étiquettes de sa main dans l'Herbier Boissier) comme Dioscorea hastata Vell. et Dioscorea hasiata Vell. var. Balansse LIline (voir B. Knuth, foc. cit., Bd. Vil, 1917, p. 213), mais nous n'avons pas osé faire ce rapprochement qui nous semble manquer de certitude. Dans le Flora Fluth. X. t. 126 (1827) en effet, Yelloso donne seule- ment pour|e Dioscorea hasiata une figure représentant un tubercule et des feuilles se rapportant très approximativement aux échantillons du Paraguay avec l'unique indication : Diœc. Éexandr.; Kunth, dans Eau m. Vlanl., 5, p. 414, cite seulement le Dioscorea hastata Vell. parmi les «Species nonnisi domine notse», après un autre Dioscorea hastata C. B. Presl de Mexico, espèce différente. Devant cette incerti- tude et en l'absence du type de Yelloso, nous maintenons à cette espèce le nom de Dioscorea ffàssleriana. 2. On complétera la diagnose du Dioscorea Hassleriana par la description suivante : Capsule triquètre, haute de \ingt-deux millimètres, large de vingt- deux millimètres, obcordée ou tronquée au sommet, un peu mucronée, atténuée à la base en pédoncule long de sept millimètres, glabres; graines lenticulaires de trois à quatre millimétrés en diamètre, entou- rées d'une aile circulaire mince de trois à quatre millimètres. Section Strutantha Uliné Dioscorea amaranloides Presl. Bel. Hsénk, I, 134, var. elegaatuta R. Knuth, loc. cit., Bd. Vil, 1917, p. 215. P. N., Hassleh, n- 8469. Var. crumenigera (If art.) Pline mss. in Knuth, loc. cit., p. 215 == Dioscorea apacnsis Ghod. et llassl., loc. cit., série II, 111, 1112. A l'est d'ïbitimi, Balansa, n"025a; P. N., Hassleh, n» 809b, Ht Apa; P. C, Balansa, n» 625, Coaguazu; V. S. E., Fiebrig, n»592b; n" 6166, Alto Parana. Section Lasiogyne Uline Dioscorea dodecanciira Vell., loc. cit., X, t. 123. P. N. E., Hasslek, n" 762, Mt. Esperanza ; n" 10762, Sierra de Amambay, plante sauvage de lieux humides; P. C, Balansa, n° 027, Coaguazu; n° 4738, route de Paraguari à Yaguaron; Hassler, n° 12581, San Bernardino, cultivé pour les tubercules comestibles; P. S. E., Fiebrig, iv 0121, Alto Parana. Eug. Warmini Traité de Géographie botanique écologique M""* édition (en allemand) par E. WARMING et P. GRAEBNER (chez Geb. Borntrâger, Berlin, 1918) 988 PAGES ET 64 PAGES DE L'INDEX BIBLIOGRAPHIQUE ET 394 FIGURES DANS LE TEXTE En général, la première édition d'un livre est la meilleure. Et ceci est encore vrai de ce livre. A mesure qu'il grossissait, le volume con- sacré du fondateur de la géographie écologique, perdait de sa primitive clarté sans s'enrichir notablement. C'est que du premier coup Warming avait su grouper bio logiquement les faits géographiques. Le cadre primitif est resté sensiblement le même, mais il disparaît presque sur la frondaison touffue des développements. Ce n'est pas que nous n'estimions à leur valeur les précieux renseignements accu- mulés dans cette nouvelle édition et qui la rendent indispensable à tous ceux qui veulent parler de géo-botanique dans ses rapports avec la biologie. Mais ce volume n'est plus un traité au sens propre du mot et nous le regrettons au point de vue de l'enseignement. L'élève se perdra dans la niasse des détails et l'étudiant n'y trouvera que l'énoncé de la plupart des questions, la place manquant pour les développer. Toute cette critique est en somme à la louange de l'auteur principal, puisque cette richesse, cette exubérance de faits, d'ailleurs bien grou- pés, montre tout le succès qu'à eu son premier volume, point de départ d'une foule de travaux intéressants. W:\rming n'est pas responsable du développement qu'a pris la scolastiquc biologique dans la géo-botanique. Lui-même a toujours su éviter l'abus d'une nomenclature pédante et rigide. Au contraire de 390 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) beaucoup de débutants peu au courant de la systématique et de la physiologie, il a toujours su. distinguer l'écologie de la physiologie et de la géographie botanique proprement dite. . Nous assistons ces dernières années à des tentatives multiples d'enserrer la théorie des associations et des formations dans un cadre rigide et qui devrait, selon l'opinion de leurs auteurs, être eompréhensif el universel. Or, Warming sait échapper, grâce à son bon sens, à ce pédantisme, à ces nomenclatures limitatives auxquelles ne veut pas se plier le matériel biologique si plastique et si variable dans son apparence comme dans ses groupements. Et c'est cet éclectisme de bonaloi que je ne saurai assez louer encore dans cette nouvelle édition qui permet d'envisager les faits de géo- botanique sous divers aspects, tous aussi justifiés les uns que les autres, associations, formations, écologie, physiognomie, distribution, etc. A parcourir ce beau volume richement illustré, on reste un peu ahuri devant le nombre et la complexité des problèmes soulevés; on se rend compte que le progrès n'est possible que sur la base classique de l'ana- tomie et de la physiologie, sans le secours constant desquels l'écologie deviendrait rapidement le terrain préféré de la scolastique biologique et de la nomenclature stérile. R- C. REPERTOIRE DES NOMS NOUVEAUX DE GENRES, ESPÈCES ET VARIÉTÉS PURLIÉS DANS CE VOLUME X, ANNÉE 1918 * Les chiffres précédés d'un astérisque se rapportent aux pages où figure une vignette A, Icer Guyoti (= Acer eampeslre X Opulus var. opulifolium Beauvenl), p. 11. — Achillea millefolium var. purpiireo-violacea Beauverd, p. 31 1. — Androsace alpina f. pliformis Beauverd, p. 303. — Anémone H al 1er iy^ mon tan a Christ, p. 291. — Artemisia campestris var. alpina subv. alpestris (G rem II) Beauverd, p. 309*; subv. confusa (Greinli) Beauverd, p. 309*; subv. slraminea Beauverd, p. 310*; Artemisia campestris ssp. et var. nuna (Gaudin) Beauvenl, p. 309 et 311* in nota; subv. Allionii (DC.) Beauverd, p. 311 ; subv. genuma Beauverd, p. 311; subv. intermedia. (Greinli) Beauverd, p. 311 ; Artem/sia val- lesiaca var. vestita subv. Zermattensis Beauverd, p. 307 et *309. B. larbarea vulgaris var. multicaulis Beauverd, p. 299. — Bupleurum ranunculoides var. Sabinorum Beauverd, p. 302. c, >ardamine resedifolia var. laricelorum Beauverd, p. 298. — Carduus defloratus var. pseudo-crispus Beauverd, p. 313. — X Centaurea Besseana (= Cenlaurea Scabiosa X vallesiaca) Beauverd, p. 312; var. Lensensis Beauverd, p. 312; var. Vispensis Beauverd, p. 312.— Chodaphyton Minod, gen. nov., p. 235 ; Chodaphyton ericifolium (O. K.) Minod, p. 230, 237*. — Cosmarium alpestre var. elUpticum Ducellier, p. 143; Cosmarium crassangulatum var. C hampe-, sianum Ducellier, p. 13*; Cosmarium Hornavanense f. helveticum, Ducellier, p. 15*; Cosmarium obliquum f. minutissimum Ducellier, p. 12*; Cosmarium venustum f. ocellala, Ducellier, p. 122, 123*, 142 et 143*. Uianthus carthusianorum var. discolor Beauverd, p. 287. — Dioscorea multiflora var. concepcionis Pellegrin, p. 384; Dioscorea guaranilica var. Balansa> Pellegrin, p. 387. 392 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) E. .rigeron unïflofus var. subpulvinatus Beauvenl, p. 31)6. — Euastrum ansatum var. commune Ducellier, p. 40* et 41*; var. didelti forme Ducellier, p. 42*; var. rhomboidale Ducellier, p. 44*, 45* et formœ commtinis, gracilis et la/a Ducellier, p. 44*; var. robiistum Ducellier, p. 43* ; var. simplex Ducel- lier, p. .37 et 38*; Euastrum Didelta f. scrobiculata Ducellier, p. 126*, 127; Euastrum Lutkemulleri, Ducellier, nom. nov., 134*, 135. F estuca pumila var. gemo'na f. clatior Beauvenl. p. 284. Uentiana campestris var. flagelliramis Beauverd, p. 304; Gentiana nivalis var. pallida Beauverd, p 303. — Géranium silvaticum var. glabriusculum Beau- venl, p. 255; Géranium silvaticum var. subvelntinvm Beauverd, p. 255. L ■acistema fagifolium Cliodal et Cliirloiii, p. 342,*343 ; Lacistema leptos- tachyum Chodal et Chirloiii, p. 313, *344. - Lendneria Minod, gen. uov., p. 240 : Lendneria humilis (Solander) Minod, p. 2'tl*. 242*. — Luzula campestris var. nov. vallesiaca Beauverd. p. 285. M linuartia verna var. fragiUs Beauverd, p. 280. — Mucor Jaucluv Lendner, p. 374, *375; Mucor vallesiacus Lender, p. 376. P, armelia conspersa f. vaga Meresclikowsky. p. 28 et 29*. — Phyteuma béton ici fol ium var. Itelvelicum Beauverd, p. 306. — Polygala alpiua var. Choda- liana (iuyot (noinen), p. 301. — Pulsatilla alpina ssp. sulfurea var. hicida Beauverd. p. 298; X Pulsatilla Gbrislii (= Pulsatilla Halleriy^monlana) Beau- verd, p. 291 ; X Pulsatilla Emihana (= Pulsatilla Halleri y^vernalis) Beauverd, p. 292 ; id. var. Finelensis Beauverd, p. 292 ; /< R. eiMarïin, Ch. Contributions myrologiques. — Calloni, Ih S. Contribution à l'histoire des violettes. — Idem. Observations llorisliques sur le Tessiii méridional. N« i», année 1891, 72 p. in-K'\ b pi Fr. 3.50 Contenu : Chodal, WÈ. Rapport du Président.— Liste des raem- 1)R.S. ,_ Pcnard, Ih Euij. Ces l'éridiniaeées du Léman. — Schinz-, D\ Huns. Observations sur une collection de plantes du Iransvaal. P 7, aimées 1892-1894, 24{4 p. in-X\ I carte Fr. 3.50 Contenu: Beaurerd, Gupàm. Herborisation dans la ebaîne des Ara- vis. — Briquet, John. Ce Mont Vuaclie, étude de tloristique, avec I carte. — Sclnuideh/, Àug. Une nouvelle Rose h,\ bride. - - Idem. Note sur le Dentaria digitata X pinnata. — Crepin, François. Les Roses «lu Mont Saléve. — Martin, Ch.-Ed. Contribution à la Flore mycolo»ique genevoise. — Paiçke, l'h. Observations sur quelques espèces critiques du genre Hieracium. Briquet, JoHn. Additions et corrections à la monographie du Mont Vuache. — Statuts de la Société botanique de Genève, section de la Société suisse de botani- que, discutés et votés en janvier et février I K(.) i . Liste dès membres. N° 8, années t-89o^1897, 8(> p., in-X" (Avec vignettes iu- texle) * Vw 2.50 Contenu : Introduction. Communications scientifiques laites pen- dant les années [§95-1896. Extrait des rapports présidentiels de 1895M896, - Charles-Ed. Martin. Les champignons chez lesaideurs grecs et romains.— Aug. Sehmideli/. Notes llorisliques. — Gustave Beaiivèrd. Quelques plaides du \ersant valaisan des Alpes vaudoises. — C. de Candolle, Sur les pbvllomes bypopellés. — ./. Briquet et /'. C/ieitevard. Observations sur quelques plantes rares ou critiques des Alpes occidentales. — Modification aux statuts de la Société. — Liste des membres. Les abonnements au Bulletin de la Société botanique de Genève, 2me série, Suisse. 10 fr. Union Postale, 12 fr. 50 sont perçus au Sièg*i Social, Institut de botanique, Université de Genève \" 9, années 189*8-1899, 144 p. in-8d (Avec six planches) Fr. 5. — Contenu : G. de Candolle. Sur les feuilles peltées. — Charles-Ed. Martin. Contribution à la Flore mycologique suisse et plus spécia- lement genevoise.— /'. Chenevard. Notes lloristiques.— Aug. Sc/imi- ilrhi. Notes lloristiques. — Venance Payot. Enumération des Lichens des rochers des Grands-Mulets sur le chemin <\u Mont-Blanc. — Liste des membres. N- 10, années 1899-4903, 104 p. in-8" Fr. 3.— Contenu : Charles-Ed. Martin . Rapport présidentiel (année 1902). — Gustave Beauverd. Index des travaux présentés aux séances de la Société botanique de Genève d'octobre 1899 a juin 1903. — Idem. Rapport sur une excursion Holistique au vallon de la Fillière (Haute-Savoie), le 2 juin 1901. Alice Rodrigue. Dr es sciences. Etude comparative des mouvements et de la structure de Porlierâ hygrometrica avec gravures dans le texte). — Gustave Beauverd. Notes floristiques sur le massif de la Fillière (Haute-Savoie). — Paul Ghenevard. Viola montanâ X stagnina. -- Liste des membres. N" 11, années 1904-1905, 134 p.. I pi Fr. 4.50 Contenu : G. de Candolle. Observations tératologiques (avec une planche et une gravure dans le texte). — R. Ghodal. Une excursion botanique à Majorque avec gravures dans le texte). — Charles-Ed. Martin. Contribution à la Bore mycologique suisse et plus spéciale- ment genevoise. — Liste des membres. 2me Série, Volume Ier, 1909 (396 pages, avec 4 planches hors texte et 89 \ igriettes) Fr. Id., Volume IIe, I9I(> (275 pages, avec I planche hors texte, 71 vignettes et 2 tableaux graphiques; . . . Fr. Id., Volume IIIe, 191 I (372 pages, avec 78 vignettes, 2 carte> et 22 tableaux Fr. Id., Volume IVe, 1912 (452 pages. avec 107 vignettes, 2 cartes et 19 tableaux in-texte) Fr. Id., Volume Ve. 1913 (336 pages, avec 3 planches hors texte, 75 vignettes et i tableaux in-texlei Fr. Id., Volume. VIe, 1914 (252 pages, avec 1 planche hors texte en trichromogravure et 101 vignettes) Fr. Id., Volume VIIe, 1915 (336 pages, avec ï planches in-le\le. 108 vignettes et 3 index bibliographiques). . . . Yv. Id., Volume VIII'-. 1916 (360 pages, avec 3 chromo- gravures hors-texte. 2lô vignettes, 2 cartes, 7 planches in-lexte et 3 index bibliographiques) Yr. Id., Volume IXe, 1917 i i7l pages, avec 1 chromogra- vures hors-texte. 215 vignettes, 2 cartes. 7 planchés in- lexte et 3 index bibliographiques) Fr. Imprimerie Jent, Boulevard Georges-Favori, u et 26, Genève 10.— 15.- 16- 16.— 18.- 15- 16.- 18.- 18. New York Botanical Garden Libra 3 5185 00259 71 34